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Full text of "Glossaire étymologique montois; ou, Dictionnaire du Wallon de Mons et de la plus grande partie du Hainaut"

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GLOSSAIRE    ÉTYMOLOGIQUE    MONTOIS 


DICTIONNAIRE  DU  WALLON  DE  MONS 


DE    LA    PLUS   GRANDE   PARTIE    DU    HAINAUT. 


r.ruiellcs.  --  Typographie  Uc  C-H.  et  A.  Vanderauwera,  rue  de  la  Sablonniè'.'C,  8. 


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GLOSSAIRE  ÉTYMOLOGIQUE  MONTOIS 


ou 


mCTWlAIRl  De  WAlli  m  MOI 


DE  LA  PLUS  GRANDE  PARTIE  DU  HAINAU 


Docleur  en  médecine,  ancien  représentant,  Membre  correspondant  de  la  Société  des  Sciences, 
des  Arts  et  des  Lettres  du  Hainaut,  Chevalier  de  l'Ordre  Léopold. 


Ouvrage  publié   sous    le  patronage   de    la   Société   des   Sciences, 
des  Ai-ts  et  des  Lettres  du  Hainaut. 

Si   les   patois  étaient   perdus,  i!   faudrait  créer 
une  acadéiiiip  spéciale  pour  en  retrouver  l-i  trace. 
Ca.  Nodier,  .\otioiis  de  linguistique. 


Deuxième    édition. 


BRUXELLES 

LIBRAIRIE    POLYGLOTTE    DE   PERD.    CLAASSEN 
8G,  RUE  DE  LA  Madeleine,  8ti 

PARIS 

MAISONNEUVE    ET    c'",    LIBRAIRES-ÉDITEURS 

If),    (ji:AI    VOLTAIRE,     iti 

1870 


PC 

Sa' 

1270 


/H-  s 


AVANT-PROPOS. 


L'ouvrage  que  je  livre  au  public  sera  sans  doute  bien  incom- 
plet; on  sent  qu'il  est  impossible  à  une  seule  personne  de  con- 
naître les  dialectes  de  toutes  les  localités,  je  ne  dirai  pas  d'une 
province,  mais  même  d'un  arrondissement.  II  est  des  mots  qui  ne 
sontusités  que  dans  un  seul  village,  d'autres  qui  changent  de  signi- 
fication d'une  commune  à  l'autre  ;  mais  connût-on  tous  les  mots 
usités  dans  le  Hainaut,  il  serait  bien  difficile  de  n'en  point 
omettre.  En  effet,  aucun  autre  ouvrage  n'est  là  pour  aider  la 
mémoire  et  cette  privation  de  toute  espèce  de  guide  est  sans  doute 
cause  que  beaucoup  de  mots  qui  me  sont  connus  auront  été 
oubliés. 

Mais  si  une  seule  personne  ne  peut  improviser  un  glossaire  com- 

4 


6  AVANT-PROPOS 

plet,  le  livrer  parfait  est  une  tâche  bien  autrement  difficile. 
Gomment  traduire  une  foule  de  mots  qui  n'ont  point  d'analogues 
en  français,  comment  surtout  donner  une  signification  à  des 
expressions  dont  la  valeur  est  douteuse  dans  la  bouche  de  ceux 
mêmes  qui  les  emploient?  un  pareil  travail  ne  pourrait  guère 
réussir  que  dans  les  mains  d'une  réunion  de  personnes  versées 
dans  la  matière  ;  disons  le  mot,  une  académie  montoise  pourrait 
seule  l'exécuter  avec  succès.  A  son  défaut,  j'ai  dans  mes  loisirs 
ébauché  cet  essai  que  je  jette  en  avant,  sans  prétention  autre  que  de 
faciliter  le  travail  de  quiconque  voudrait  parcourir  la  même  voie. 

Cependant  je  crois  que  mon  travail,  quelque  faible  qu'il  soit, 
pourra  être  utile  aux  personnes  qui  n'ont  pas  une  connaissance 
parfaite  du  français:  elles  trouveront  ici  tous  les  mots  qu'elles 
doivent  éviter;  elles  y  verront  même, comme  contre-épreuve,  une 
série  de  mots  français  qu'elles  pourraient  croire  wallons.  Ces 
mots,  placés  à  la  fm  de  l'ouvrage,  sont  bien  loin  d'être  recom- 
mandés à  l'usage  :  les  uns  sont  bas,  les  autres  triviaux,  quel- 
ques uns  obscènes  ou  inusités  ;  mais  s'il  est  peu  convenable  d'en 
employer  le  plus  grand  nombre,  toujours  est-il  avantageux  de  les 
connaître;  de  plus,  dans  le  cours  du  dictionnaire,  à  la  signification 
montoise  d'un  mot  j'ai  ajouté  la  signification  française,  lorsqu'elle 
est  peu  connue  ou  assez  peu  éloignée  pour  ne  pouvoir  être  facile- 
ment distinguée. 

On  pourra  aussi  trouver  utilité  à  se  servir  de  cet  ouvrage  pour 
obtenir  l'explication  de  beaucoup  de  mots  qui  sont  employés  dans 
certains  écrits,  quoiqu'ils  ne  soient  pas  français:  c'est  ainsi  qu'il 
n'est  aucun  mémoire  d'avocat  dans  un  procès  de  charbonnage, 
qui  ne  renferme  les  mots  de  costeresse,  vau-iierne,  etc.,  que  l'on 
chercherait  en  vain  dans  les  dictionnaires  français. 

On  pourra  encore  trouver  ici  l'origine  de  certains  mots  français 
qu'il  serait  impossible  ou  difficile   de  débrouiller  :  les  mots 


AYANT-PROPOS  7 

français  sont  restés  moins  âdèles  que  les  nôtres  à  leur  ori- 
gine celtique,  franque  ou  latine  :  ils  se  sont  modifiés  davantage  ; 
quelques-uns  sont  disparus  et  laissent  une  lacune,  v.  gourié,  cabot. 
Voici  comment  s'exprime  Diez  {dict.  étym.  p.  vij)  :  «  Les  patois 
offrent  des  trésors  inappréciables  et  inépuisables  aux  recherches  ; 
ils  donnent  des  résultats  surprenants  sous  le  rapport  de  la 
lettre  et  sous  celui  de  la  signification.  »  Ce  livre  aura  en  même  temps 
le  mérite  d'établir  une  filiation  entre  divers  patois;  ce  sera  un 
trait  d'union.Tel  mot  liégeois  devient  reconnaissable  à  Valenciennes 
ou  à  Amiens  par  l'interposition  du  mot  montois. 

Enfin  il  est  une  foule  de  choses  qui  ne  sont  connues  des  personnes 
mênie  instruites  que  par  leur  nom  patois  ;  demandez  aux  neuf 
dixièmes  de  la  population  montoise  comment  on  appelle  en  français 
les  craquelins,  les  vits  de  velours,  les  io  io  campion,  ils  ne  sauront 
que  répondre.  Ils  n'ont  pas  même  de  moyen  de  s'en  instruire,  à 
moins  de  s'adresser  à  un  botaniste  qui  connaisse  son  patois  ;  car 
un  ouvrage  de  botanique  n'apprendrait  rien  ;  mais  demandez  à  un 
botaniste  montois  ce  que  c'est  que  lliierbe  de  feu,  el  lopin,  el 
tampon,  mots  inusités  à  Mons,  mais  en  usage  dans  les  villages 
circonvoisins,  il  y  a  probabilité  qu'il  n'en  saura  rien.  Ce  que 
je  dis  de  la  botanique  peut  s'appliquer  à  la  médecine,  à  l'anatomie, 
à  la  zoologie  et  à  une  foule  d'autres  sciences  ;  mais  sans  sortir  du 
cercle  des  choses  vulgaires,  il  serait  facile  de  produire  une 
immense  quantité  de  mots  dont  presque  personne  ne  connaît 
l'équivalent  français. 

Quoiqu'on  puisse  dans  un  ouvrage  spécial  trouver  des  rensei- 
gnements sur  les  poids  et  mesures  du  Hainaut,  on  ne  sera  sans 
doute  pas  fâché  de  trouver  ici  la  valeur  de  la  lieue,  du  hotteau,  du 
vassiau,  etc.  J'ai  pensé  que  ces  mots  n'étant  pas  français,  au  moins 
dans  leur  signification  rigoureuse,  étaient  de  mon  domaine  et  je 
m'en  suis  emparé. 


8  AVANT-PROPOS 

Quoi  qu'il  en  soit  de  l'utilité  de  mon  travail,  je  ne  puis 
m'empècher  de  penser  que  tous  les  cœurs  vraiment  montois  vont 
s'émouvoir  à  la  seule  nouvelle  de  son  apparition:  il  leur  sera 
doux  de  retrouver  des  mots  à  demi  oubliés  qui  leur  rappelleront 
le  souvenir  des  jeux  de  leur  enfance  ;  il  leur  sera  agréable  de  voir 
fixer,  par  l'impression,  un  langage  qui  tend  incessamment  à  s'ef- 
facer (1),  et  si  je  ne  me  suis  pas  trompé,  si  je  suis  sinon  utile,  au 
moins  agréable  à  mes  compatriotes,  je  serai  bien  payé  de  mes 
peines. 


(1)  Les  patois  comme  les  langues  cultivées  sont  dans  un  travail  constant  de  tranformation; 
cependant  je  crois  ceux-là  plus  vivaces  que  celles-ci,  comme  on  voit  les  costumes  et  les  usages 
se  conserver  intacts  dans  les  localités  reculées,  tandis  que  dans  les  villes  et  les  capitales 
surtout  ils  sont  extrêmement  variables.  On  aura  souvent  à  remarquer  que  nos  campagnards 
sont  restés  bien  plus  fidèles  au  vieux  patois  que  les  montois  (v.  pour  ex.:  les  mots  rage,  en 
rage]  :  aussi  les  savants  pour  trouver  les  vieilles  étymologies  tudesques  vont  fouiller  presque 
sous  le  pôle  :  en  Islande. 


ORIGINE  ET  CARACTERE 


AVALLON  MONT  OIS 


Les  patois  wallons  en  général,  et  celui  de  Mons  en  particulier, 
ne  sont  autre  chose  que  le  vieux  français,  ou,  plus  exactement,  le 
vieux  patois  (Tgil  un  peu  nuancé,  puis  par  l'effet  du  temps  un  peu 
altéré. 

Ce  vieux  patois  lui-même  s'est  composé  de  plusieurs  couches  : 
celtique  d'abord,  latine  ensuite,  puis  tudesque. 

Des  trois  couches,  la  couche  latine  domine  sans  contestation 
possible.  Le  tudesque,  teuton  ou  vieux  ail.  forme  à  peu  près  un  sei- 
zième de  la  langue  française  usuelle  (i).  Quant  au  celtique,  on 


(1)  Diez  indique  sept  cents  mots  germaniques  anciens  introduits  dans  les  langues  romanes 
parmi  lesquels  40  ou  50  douteux.  11  estime  le  contingent  allemand  à  plus  du  double  sans 
compter  les  composés  et  les  dérivés.  Il  attribue  la  plus  grande  partie  au  français,  une  plus 
petite  à  l'italien,  une  moindre  encore  à  l'espagnol,  la  plus  petite  de  toutes  au  valaque  ou 
dacique. 

Chevallet  attribue,  dans  la  formation  du  français,  TS^mots  à  l'élément.germanique,  231  à 
l'élément  celtique.  Il  en  cite  24  à  double  racine. 

Diez  assigne  une  durée  d'environ  quatre  cents  ans  à  l'existence  de  l'idiome  germanique 
sur  le  sol  gaulois. 

Pendant  que  les  envaliisseurs  parlaient  leur  langue  sous  le  nom  de  linguafrenkhca,  plus 
ia.ràfranckca,francica,\6s  indigènes  dits  gallo-romains  parlaient  la  langue  appelée  romana, 
gallica,  gallicana.  Elle  méritait  assez  le  nom  de  romana  dans  le  midi  ;  car  c'était  le  bas-latin 
dégénéré.  Celui  de  gallica  convenait  mieux  dans  le  nord  ;  car  même  dans  les  villes  assez  rares 
alors,  elle  devait  avoir  une  forte  teinte  celtique.  Le  celtique  régnait  probablement  encore 
exclusivement  dans  les  campagnes  écartées.  Lorsque  l'allemand  francique  s'éteignit,  son  nom 


\0 


ORIGINE  ET  CARACTÈRE 


n'est  pas  d'accord  :  il  y  a  des  philologues  celtomanes  et  des  phi- 
lologues celtopliobes.  Quelques  modernes  n'admettent  qu'une 


V.  fr. 

fr. 

fl.,  holl. 

Déern 

fille 

deern 

Stivelle 

botte 

stevel 

Tregenier 

voiturier 

dragen  porter 

Schelm 

coquin 

schelm 

Ebe 

reflux 

ebbe 

Dringuer 

boire 

drinken 

Hère 

armée 

heer 

Herde 

troupeau 

Herdier 

berger 

herder 

Huve 

coiffure  de  femme 

huif 

Trose 

troupe 

Momme 

mascarade 

vermommen  n 

Beube 

vol 

se  transmit  à  la  langue  populaire:  ce  fut  le  français  barbare  (langue  d'oil).  Pendant  toute  la 
période  franquc,  le  latin  fut  la  langue  des  légistes. 

Le  latin  a  fourni  au  français  et  au  wallon  presqu'esclusivement  les  articles,  pronoms,  con- 
jonctions, prépositions,  adverbes.  L'allemand  et  le  celtique  n'ont  guère  fourni  que  des  subs- 
tantifs, des  verbes  et  un  petit  nombre  d'adjectifs. 

A  la  quantité  de  mots  germaniques  dont  parle  Diez,  il  faut  ajouter  la  masse  de  ceux  qui 
n'ont  fait  que  passer  et  qu'on  ne  retrouve  que  dans  les  très-vieux  ouvrages.  Ils  y  sont  fort 
nombreux,  très-curieux.  En  voici  quelques-uns  des  plus  caractéristiques  : 

ail. 
Dirne 
stiefel 
tragen 
schelm 
Ebbe 
trinken 
heer 
heerde 
hirt 
baube 
Tross 
r  mummen  vermummen 
raub 

Souvent  on  peut  ad  libitum  angmentet  le  contingent  lat.,  germanique  ou  celtique  ;  car  on 
retrouve  à  la  fois  des  analogues  dans  ces  trois  langues.  Diez  a  adopté  pour  principe  de  pré- 
férer la  source  la  plus  abondante  :  en  cas  de  conflit  il  préfère  l'ail,  au  celt.  et  le  lat.  à  l'ail.; 
il  a  en  effet  de  cette  manière  plus  de  chance  ;  il  préfère  tirer  de  l'ail,  bilck  belette,  iarn  har- 
nais, Aaie  havre,  helmheaurae,  iwa  if  plutôt  que  du  celt.  bêle,  haiam,  aber,  helm,yw.  il  aime 
mieux  faire  la  politesse  à  l'étranger  qu'à  l'indigène,  quoique  la  comparaison  des  formes 
semble  devoir  donner  l'avantage  au  dernier. 

A  la  rigueur  on  pourrait  concilier  les  opinions  et  admettre  qu'il  y  a  eu  souvent  double  ori- 
gine. On  conçoit  que  quand  un  mot  était  à  la  fois  celtique  et  allemand,  les  gallo-romains 
pour  leurs  relations  avec  les  Germains  l'adoptaient  ou  le  conservaient  à  l'exclusion  du  mot 
lat.;  d'après  cette  idée,  l'ail,  des  Francs,  des  Goths,  des  Burgundes  aurait  contribué  à,  con- 
server un  peu  de  celt.  dans  le  fr.  et  le  wallon,  ou  bien  le  celt.  aurait  contribué  à  l'introduc- 
tion de  l'ail. 
Voici  une  petite  anecdote  : 

En  1815  nous  avions  en  logement  un  capitaine  saxon.  Un  soldat  se  présente  et  dit  :  Knecht 
des  hauptmanns.  Après  bien  des  débats,  on  m'appelle  pour  la  traduction,et  jedis  :  domestique 
du  capitaine.  Grands  transports  du  soldat  en  voyant  que  j'étais  compris,  et  partout  il  allait 
conter  cette  merveille  à  ses  camarades.  Sans  doute  l'ail,  domestik  et  captain  est  sorti  du  fr., 
mais  cela  ne  fait  rien  à  l'affaire.  N'est- il  pas  vrai  que  si  nous  avions  encore  été  Gaulois,  noua 
aurions  abandonné  centurio,  et  que  les  franks  auraient  abandonné  Hauptmann  1 

Quoi  qu'il  en  soit,  j'évite  le  plus  souvent  de  me  prononcer  sur  les  étymologies  ;  je  me 
contente  ordinairement  de  citer  les  mots  analogues  de  forme  et  de  signification. 


DU  WALLON-MONTOIS  H 

vingtaine  de  mots  celtiques.  A  coup  sûr  le  patois  d'oil,  qui  a  formé 
le  français,  contenait  plus  d'allemand  et  de  celtique.  Notre  patois, 
wallon  en  contient  encore  davantage  relativement  à  son  vocabu- 
laire moins  étendu. 

Les  mots  forment  le  corps  d'une  langue  ou  d'un  patois.  Leur 
flexion  et  leur  disposition  en  forment  l'âme,  si  on  ose  le  dire. 

D'après  l'opinion  la  plus  répandue,  lorsque  la  langue  latine  a 
fourni  le  corps,  a  été  la  mère  du  français  et  du  wallon,  la  langue 
des  Francs  leur  a  insufflé  l'àme,  a  été  leur  père  (ij^. 

Il  est  bien  vrai  que  les  inflexions  des  verbes  et  des  substantifs 
latins  ont  été  en  grande  partie  remplacées  par  des  pronoms  per- 
sonnels et  des  verbes  auxiliaires  dans  les  conjugaisons,  par  des 
articles  et  des  prépositions  dans  les  déclinaisons,  et  que  les  alle- 
mands emploient  les  pronoms  personnels,  les  verbes  auxiliaires, 
les  articles  correspondants  et  même  les  prépositions  à  l'ablatif, 
quelquefois  au  génitif  et  au  datif;  mais  il  faut  faire  une  remarque 
importante,  c'est  que  l'allemand  classique  actuel  n'est  nullement 
en  cause  :  il  faut  se  reporter  aux  patois  tudesques  d'il  y  a  qua- 
torze siècles,  lesquels  possédaient  des  inflexions  terminales  ana- 
logues aux  inflexions  latines,  et  chez  qui  l'emploi  de  l'article  était 
aussi  borné  qu'en  latin  (2). 

Quant  à  la  construction  wallonne,  elle  admet  bien  quelques 
tournures  allemandes,  notamment  l'antéposition  des  adjectifs; 
elle  dit:  blanc  gvau,  borgne  agasse,  cronque  rue,  mais  elle  n'admet, 
de  même  que  la  construction  française,  ni  les  inversions  latines 
ni  les  inversions  allemandes,  sinon  dans  de  rares  exceptions. 
L'ordre  de  la  phrase  est  en  rapport  complet  et  constant  avec  l'ordre 
des  idées. 

On  a  donc  à  choisir  entre  deux  hypothèses  :  ou  bien  que  tout 
cela  est  celtique,  c'est-à-dire  fort  antérieur  à  la  conquête  romaine 


(1)  So  dass  man  also  gleiehsam  die  deutsehe  Sprache  als  deii  Vater  der  romanischen 
Sprachen  betraehtet,  wâhrend  die  lateinische  fiir  ihre  Mutter  gilt  (Fuchs  p.  17). 

(2)  Die damaligen  dentschen  Mundarten eine  ebenso bestimnat  ausgeprilgte  Umeiidung  hat- 
ten,  wie  lateinische  Sprache  und  ihnen  der  Gebrauch  des  Eiuzlers  noch  eben  so  beschrânkt 
war  wie  dort  (id.,  ibid.)- 


i^2  ORIGINE  ET  CARACTÈRE 

et  surtoiU  aux  invasions  franques,  ou  bien  que  tout  cela  s'est  crée 
au  moment  de  la  transformation  du  langage  des  Gaules;  qu'en  tout 
cas,  c'est  le  produit  d'une  création  sur  place. 

Peut-être  vaut-il  mieux  encore  prendre  quelque  chose  des  deux 
hypothèses. 

Nous  savons  bien  peu  de  positif  sur  le  celtique  de  l'ancienne 
Gaule.  Nous  n'en  avons  authentiquement  que  quelques  mots  que 
des  auteurs  latins  ou  grecs  nous  disent  avoir  été  employés  par  les 
Gaulois  (1).  Pour  le  reste  nous  n'avons  que  le  langage  de  la  Basse- 
Bretagne,  du  pays  de  Galles,  de  l'Irlande  et  de  la  Haute-Écosse 
qui  constitue  le  neo-celtique  :  c'est  là  qu'il  faut  s'adresser  pour 
conjecturer  quelle  pouvait  être  la  construction.  Si  j'ose  en  juger 
par  quelques  phrases  traduites,  sa  construction  est  la  construc- 
tion logique  (2).  Un  témoignage  plus  sérieux  que  le  mien  est  celui 
de  BuUet  qui  dit  expressément  (p.  21  de  ses  mémoires  celtiques) 
que  la  marche  de  la  phrase  est  toujours  la  marche  logique. 

Pour  la  seconde  hypothèse  v.  l'art,  suair. 

Cette  langue  celtique  était-elle  uniforme?  oui  et  non  :  les  auteurs 
semblent  varier.  César  dit,  dans  ses  commentaires  :  Hi  omnes 
igaili)  institutis,  tegibiis,  linguâ  inter  se  differunt.  Strabon  dit  : 
eâdem  non  usquequâque  linguâ  utuntur  omnes,  sed  plerisque  pauiu- 
liim  variatâ.  Peut-être  après  tout.  César  a-t-il  voulu  dire  la  même 
chose  que  Strabon,  c'est-à-dire  qu'il  y  avait  des  dialectes,  quoique 
ce  fût  la  même  langue  au  fond.  On  comprenait  parfaitement  les 
voisins.  A  certaine  distance  il  y  avait  plus  ou  moins  de  difficulté  : 
ceux  des  deux  extrémités  ne  se  comprenaient  plus.  Il  parait  y 
avoir  eu  trois  principaux  dialectes  répondant  aux  trois  grandes 


(1)  Je  ne  sais  quelle  valeur  on  doit  attacher  au  fait  suivant  cité  par  M.  Tell  (mécanisme  de 
la  langue  française,  p.  42)  ;  car  il  ne  dit  pas  où  il  l'a  puisé. 

Quand  César,  dit-il,  s'empara  des  Gaules,  il  y  avait  peu  de  Romains  qui  entendissent  le 
celtique,  peu  de  Gaulois  qui  comprissent  le  latin. Le  vainqueur  se  fit  présenter  le  druide  Gio- 
rix,  qui,  après  avoir  fait  ses  études  à  Athènes  et  à  Rome,  était  venu  diriger  les  écoles  de  son 
pays.  Il  lui  demanda  entr'autres  choses  en  quoi  le  latin  différait  du  celtique.  Gioris  lui  ré- 
pondit que  le  celtique  exigeait,  avant  tout,  la  clarté,  la  précision,  les  désinences  faibles  et  la 
phrase  directe,  tandis  que  le  génie  latin  voulait  l'inversion,  des  désinences  métalliques  et 
une  structure  sévère,  sans  particules  détachées. 

(2)  Voir  les  dialogues  traduits  mot  à-mot  à  la  fin  de  la  grammaire  de  Legonidec. 


DU  WALLON-MONTOIS  1ô 

divisions  de  la  Gaule  :  l'Aquitaine  au  sud,  la  Celtique  au  centre,  la 
Belgique  au  nord.  Le  dialecte  du  midi,  (celui  des  Vascons,  Basques) 
semble  subsister  dans  la  langue  Escuara  qui  règne  des  deux 
côtés  des  Pyrénées  occidentales  ;  d'autres  disent  que  cette  langue 
Escuara  est  celle  des  Ibères;  le  celtique  proprement  dit  parait 
s'être  réfugié  dans  la  Basse-Bretagne  (Breyzad),  le  pays  de 
Galles  (i).  Reste  la  langue  de  la  Gaule  Belgique.  11  est  à  croire  que 
le  celtique  septentrional  était  déjà  plus  germanisé  que  celui  du 
reste  de  la  Gaule.  Je  dis  que  le  reste;  car  le  bas-breton  contient 
aussi  beaucoup  d'allemand,  à  moins  que  ce  ne  soit  l'allemand  qui 
contienne  du  celtique,  soit  par  l'effet  d'invasions  antérieures  à 
l'histoire,  soit  par  suite  d'une  origine  commune. 

Les  belges  avaient  dû  subir  plus  d'invasions  germaniques  que 
les  autres  Gaulois,  à  charge  de  réciprocité. 

Tacite  (de  moribus  germanorum  chap.  xxviij)  après  avoir  parlé 
du  faible  obstacle  qu'opposait  le  Rhin  k  ce  que  la  nation  la  plus 
forte  occupât  un  pays  sans  frontière  :  occuparet  permutaret  que 
sedes  promiscuas  adliuc  et  nuUâ  regnorum  poteuliû  divisas,  dit  que 


(1)  César  nous  apprend  que  les  Belges  conquirent  la  partie  méridionale  de  l'Angleterre; 
ef  bello  iUafo  ibi  remanserunt  et  agros  colère  cœperunf.  Les  belges  sans  doute  y  auront  porté 
leur  langue,  dit  Pelletier  (diet.  celt.  introd.  p.  jv)  ;  on  pourrait  ajouter  qu'elle  fut  acceptée 
d'autant  plus  facilement  qu'elle  devait  différer  peu  de  la  langue  du  pays  ;  ce  qui  prouve  cette 
affinité  c'est  le  dialecte  celtique  connu  sous  le  nom  de  gaélique  divisé  en  deux  rameaux  : 
l'Erse  que  parlent  les  paysans  d'Irlande  et  qui  est  la  langue  des  poëmes  d'Ossian  et  le  Calé- 
donien qui  est  l'idiome  des  montagnards  écossais.  Je  dois  dire  qu'une  autre  opinion  peut 
être  soutenue.  On  peut  prétendre  que  le  Kymrique  armoricain  est  venu  d'Angleterre  :  un  peu 
après  l'invasion  des  Franks  dans  les  Gaules,  les  Anglo-Saxons  conquirent  la  Grande-Bre- 
tagne a  laquelle  ils  donnèrent  le  nom  à'Ang\eteTre{England).lie'i  vaincus  opprimés  passèrent 
dans  la  Gaule armorique,  s'établirent  auprès  de  Vannes  etappelèrent  la  province:  Bretagne. 

Tout  cela  peut  très-bien  au  reste  se  concilier  :  le  celtique  belge  transporté  dans  la  Grande 
Bretagne  a  très  bien  pu  périgriner  en  Armorique  et  y  retrouver  un  celtique  semblable  ou  au 
moins  fort  analogue. 

Ce  qui  est  certain  c'est  que  les  Gallois  qui  ne  sont  pas  compris  par  les  Anglais  le  sont  très 
bien  par  les  Bas-Bretons. 

Selon  BuUet,  cette  affinité  s'étendrait  aux  basques.  Il  rapporte  d'après  de  la  Martinière 
dictionnaire  géographique,  art.  celte)  une  anecdote  qui  semble  le  prouver  :  n  Un  jour  ayant 
chez  moi,  dit-il,  un  gentil  homme  bas  breton,  un  voyageur  du  pays  de  Galles  et  un  Biscayen, 
chacun  d'eux  croyait  sa  langue  inintelligible  à  tout  autre  qu'à  ses  compatriotes.  Ils  en  firent 
l'essai  et  furent  surpris  de  pouvoir  s'entendre  et  se  parler  les  uns  aux  autres,  u 

■Je  lai.sse  à  Pe  la  Martinière  la  responsabilité  de  l'anecdote. 

•i 


li  ORIGINE  ET  CARACTÈRE 

ce  furent  d'abord  les  Gaulois  qui  envahirent  la  Germanie,  puis  les 
Germains  qui  envahirent  la  Gaule.  Il  cite  pour  ex.:  les  Helvètes  et 
les  Boïens,  nations  gauloises  qui  s'établirent  entre  le  Rhin,  le 
Mein  et  la  forêt  hercinienne.  Puis  il  dit  que  les  Tréviriens  et  les 
Nerviens  portaient  jusqu'à  l'affectation  l'orgueil  de  sortir  des 
Germains, comme  si  par  cette  gloire  du  sang  ils  voulaient  répudier 
toute  ressemblance  avec  la  mollesse  des  Gaulois  (i).  Trevirl  et 
Nervii  circa  affectationem  germanicœ  originis  ultro  ambitiosi  sunt, 
tanquani  per  liane  gloriam  sanguinis  a  similitudine  et  inertiâ  gnlio- 
rum  separarentur. 

Un  demi-siècle  avant  notre  ère.  César  porta  jusqu'au  nord  des 
Gaules  les  armes  romaines,  La  politique  des  maîtres  du  monde 
imposait  leur  langue  aux  vaincus.  La  Gaule  méridionale  dont  la 
civilisation  était  avancée,  qui  avait  des  villes  nombreuses  accepta 
la  langue  des  vainqueurs.  La  Gaule  septentrionale  encore  barbare 
fut  moins  docile  et  cependant  on  parla  latin  dans  les  villes  qui 
s'établirent  pour  être  le  siège  de  l'administration  romaine  ;  mais 
ce  n'est  pas  chose  facile  que  de  changer  la  langue  des  paysans. 
L'ambition  dans  les  villes  peut  déterminer  à  renier  le  langage 
maternel;  mais  on  connaît  ropiniàtreté  campagnarde.  Nous  pou- 
vons voir  qu'à  Dunkerkeet  à  Strasbourg  on  parle  le  français  ;  mais 
sortez  des  portes,  vous  n'entendrez  que  du  flamand  d'un  côté,  de 
l'allemand  de  l'autre. 

Il  est  à  croire  qu'à  l'arrivée  des  Franks  on  ne  connaissait  guère 
de  latin  dans  les  villages.  Les  vieux  Kelt-Kymr-Bolg  ou  Belg  (2), 
(hélas!  tel  était  le  nom  que  nos  ancêtres  se  donnaient  eux-mêmes) 
se  seraient  beaucoup  mieux  accommodés  des  Franks  qu^  des 
Romains,au  moins  sous  le  rapport  de  la  langue  ;  il  y  avait  bien  plus 
d'analogie. 


(1)  Cette  origine  germaine  des  Nerviens  et  des  Trévires  n'emporte  pas  la  conséquence  que 
ces  deux  peuplades  parlaient  l'ail,  au  temps  de  César.  Selon  Diefenbacli,  les  envabisseurs 
étaient  trop  peu  nombreux  pour  substituer  leur  langue  au  celt.  et  ils  ne  firent  que  lui  don- 
ner une  teinte  german.  D'ailleurs  on  parlait  celt.  sur  quelques  points  de  la  rire  droite  du 
Rhin.  Si  le  pays  de  Trêves  a  été  tout  à  fait  germanisé,  ce  n'est  que  quelques  siècles  plus 
tard,  comme  on  va  le  voir. 

2)  Kclt,  la  classe  ou  famille.  Kymr,  le  genre.  Belg,  l'espèce. 


DU  WALLON-MONTOIS  15 

A  ces  considéralions  nous  ajouterons  les  suivantes  extraites 
d'un  ouvrage  de  haut  mérite,  récemment  paru  (die  romanisclien 
Spraclie).  L'auteur,  Auguste  Fuchs,  soutient  l'opinion  que  la 
langue  latine  n'a  pas  i)énétré  jusqu'aux  limites  de  la  domination 
l'omaine  et  que  son  influence  allait  s'aflfaiblissant  d'une  manière 
décroissante  vers  les  frontières:  «  A  la  fin  du  3^  siècle,  dit-il,  l'em- 
pereur Maximian  introduisit  dans  le  nord  de  la  Gaule  une  peu- 
plade germanique  à  titre  de  Lète.  Le  pays  wallon  en  fut  environné 
formant  des  îles  de  langue  {Sprack  Insel)  et  on  y  parlait  à  la  fois 
les  langues  celtique,  allemande  et  romaine,  comme  on  voit  au- 
jourd'hui en  Hongrie,  dans  certains  petits  domaines,  le  magyare, 
le  slave  et  l'allemand  se  rencontrer  et  se  croiser.  C'est  dans  cet 
état  que  deux  siècles  plus  tard  l'invasion  franke  aurait  trouvé  la 
Wallonie.»  Ace  sujet  if  fait  une  citation  (Léo  1,41  f.):  «  Au  temps  de 
(^ésar,  nous  trouvons  encore  partout  la  frontière  belge  au  bas- 
Rhin  ;  mais,  sous  Julien,  c'est  la  Meuse  et  pas  encore  partout  qui 
sépare  des  Allemands.  Les  frontières  dépeuplées  par  la  guerre 
furent  livrées  à  des  germains  et  pour  la  culture  et  pour  la  défense 
delà  contrée.  Dans  un  demi-cercle  partant  du  pays  desTrévires, 
s'élevant  vers  le  Brabant  septentrional,  la  Zélande  et  la  Flandre 
pour  redescendre  vers  la  frontière  nord-ouest  de  la  France 
actuelle,  un  peuple  germain,  partie  en  masse  compacte,  partie 
isolément  (mais  en  foule)  fut  interné,  dans  la  dernière  moitié  du 
-i" siècle,  avec  divers  degrés  de  dépendance  et  de  droit  de  posses- 
sion du  sol.  Partie  auprès  d'eux,  partie  au  milieu  d'eux  se  trou- 
vaient des  Celtes  jouissant  comme  I^œti  des  mêmes  prérogatives. 
Le  pays  wallon  a  conservé  à  peu  près  les  mêmes  limites.  »  Après 
([uelques  autres  considérations,  Fuchs  termine  ainsi  :  «  Partout 
où,  dans  l'intérieur  des  ci-devant  frontières  de  l'empire  romain, 
on  parle  une  langue  germanique  :  en  Belgique,  en  Alsace,  en 
Suisse,  cela  n'est  pas  arrivé  parce  que  l'allemand  a  vaincu  le 
latin.  11  a  succédé  immédiatement  au  celtique  et  au  contraire  les 
envahisseurs  ont  abandonné  leur  langue  partout  où  ils  ont  trouvé 
un  pays  bien  cultivé;  ils  ne  l'ont  conservée  que  dans  les  pays 
dévastés  et  dépeuplés  dont  le  latin  s'était  déjà  retiré  avant  de 
devenir  langue  populaire.  Nous  devons   admettre  en  général 


16  ORIGINE  ET  CÂUACTËRE 

(luc    les    fronliùres    n'ont    change    (luc    d'une    manière   très- 
insignifiante.  » 

Ainsi  s'explique  comment  la  Gaule  septentrionale  el  orientale 
lut  tout  à  fait  germanisée  et  pourquoi  le  wallon  contient  beaucoup 
l)lus  de  celtique  et  d'allemand  que  les  patois  français  de  notre 
voisinage.  Bientôt  nous  verrons  d'autres  causes  nuancer  plus 
fortement  notre  teinte  germanique. 

Nous  devons  reclierclier  le  motif  des  deux  dialectes  français 
d'oc  et  d'oil  dont  la  limite  est  la  corde  de  l'arc  formé  par  la  Loire, 
de  sa  source  à  son  emboucliui'e,  puis  la  raison  des  divers  patois 
de  ce  dernier. 

]/à  Gaule  méridionale  était  devenue  tout  à  fait  romaine.  Les 
Burgondes  s'étaient  bien  établis  à  l'est,  les  Golhs  au  sud,  mais  ils 
ne  le  tirent  pas  d'une  manière  violente  comme  les  Franks.  Ce 
n'était  pas  tout  à  fait  une  conquête.  Ces  jjeuples  avaient  émigré 
par  nécessité  avec  femmes  et  enfants  ;  c'était  par  des  négociations 
réitérées  plutôt  que  par  la  force  des  armes  qu'ils  avaient  obtenu 
leurs  nouvelles  demeures.  Ils  étaient  chrétiens,  quoique  de  secte 
arienne.  C'étaient  des  gens  de  métier,  la  plupart  charpentiers  ou 
menuisiers;  ils  étaient  déjà  à  demi  romanisés  avant  leur  arrivée  ; 
il  serait  inexact  de  dire  que  leur  premier  établissement  fut  exempt 
de  violences;  mais  elles  se  calmèrent  bientôt  (i);  en  peu  de 
temps  la  langue  tudesque  disparut,  le  latin  triompha  de  la 
langue  des  envahisseurs  et,  immédiatement  de  ce  latin  commença 
à  se  former  la  langue  d'oc.  Il  est  bien  entendu  que  par  latin  il 
ne  faut  pas  comprendre  celui  de  Virgile  et  de  Cicéron,  mais  une 
espèce  de  patois  nommé  lingua  rustica,  vulgaris,  provinciatis, 
tmialis,  milituris,  ce  que  Sidonius  Appollinaris  appelait  celtici 
sermonis  squammœ;  car  les  patois  ne  se  forment  ([ue  sur  les 
langues  parlées,  surtout  sur  les  patois  et  non  sur  les  langues  des 
livres. 

L'invasion  des  Franks  eut  un  tout  autre  caractère,  elle  fut 
marquée  par  les  massacres  et  les  pillages.  Les  envahisseurs 


(1)  Lettres  d'Augustin  Thierry  sur  riiistoire  de  France,  p.  66  et  67. 


DU  WALLON-MOMOIS  17 

entrèrent  animés  par  la  féroce  religion  d'Odin  et  vécurent  dans 
les  désordres  de  l'oisiveté  militaire.  La  politique  de  Clovis  lui 
lit  adopter  la  religion  chrétienne  et  il  en  relira  plus  d'un 
bénéfice. 

Les  Sicambres  en  courbant  la  tête  pour  recevoir  le  baptême 
ne  se  dépouillaient  nullement  de  leurs  mœurs  féroces;  mais 
les  prêtres  seuls  étant  en  possession  d'écrire,  les  moines  écri- 
vaient, en  latin  corrompu,  de  mauvaises  chroniques,  oîi  ils  je- 
tèrent un  voile  ofticieux  sur  les  horribles  crimes  des  KunimjH  et 
des  Heri-zogs  du  temps,  parce  qu'ils  étaient  devenus  chrétiens 
orthodoxes. 

Après  avoir  inondé  le  nord  de  la  Gaule,  les  Franks  pénétrèrent 
dans  l'est  et  le  midi  où  les  Wisigoths  et  les  Burgondes  s'étaient 
fondus  avec  les  indigènes,  les  Gaulois  roraanisés;  ils  s'en  ren- 
dirent maîtres  et  y  commirent  d'horribles  exactions;  mais  ils  n'y 
eurent  jamais  d'assiette  ;  au  temps  des  rois  franks  ils  ne  s'y  éta- 
blirent point  en  masse. 

Ici  je  copie  l'ouvrage  déjà  cité  d'Augustin  Thierry,  p.  98. 

«  Au  temps  des  rois  franks,  de  la  race  de  Clovis  et  de  Charle- 
niagne,  lorsque  ces  rois  envoyaient  des  gouverneurs  de  leur 
nation  dans  les  provinces,surtout  dans  les  provinces  méridionales, 
il  n'était  pas  rare  de  voir  ces  chefs  étrangers  aider,  contre  leur 
propre  gouvernement,  la  rébellion  des  indigènes.  La  présence 
d'un  intérêt  national  toujours  hostile  envers  l'autorité  qu'ils 
avaient  juré  de  servir,  excitait  leur  ambition  et  quelquefois  exer- 
çait sur  eux  un  entraînement  irrésistible.  Ils  entraient  dans  le 
parti  des  serfs  romains  contre  la  race  noble  des  Franks  EdiL  fran- 
konu  liudi  comme  elle  se  qualifiait  dans  sa  langue;  et  devenant 
chefs  de  ce  parti  ils  lui  prêtaient  l'autorité  de  leur  nom  et  de  leur 
expérience  militaire.  Ces  révoltes,  qui  offraient  le  double  carac- 
tère d'une  Insurrection  nationale  et  d'une  trahison  de  vassaux,  se 
terminèrent,  après  bien  des  fluctuations,  par  le  complet  affran- 
chissement de  la  Gaule  méridionale  ;  de  là  naquirent  une  foule 
d'Ëtats  indépendants.  » 

La  langue  d'oc  était  toute  formée  et  c'est  cette  langue  que 
choisit  Louis  le  Germanique  pour  prononcer  le  fameux  serment 


18  ORIGINE  ET  CARACTERE 

bilingue  de  8i2  (i)  ;  car  la  langue  d'oil  était  trop  informe  pour  être 
placée  dans  la  bouche  d'un  souverain.  L'autre  partie  prononcée 
par  Charles  le  Chau ve,est  en  allemand  de  l'époque:  ait  hoch  deuUch 
et  non  en  un  dialecte  voisin  du  flamand,  comme  le  dit  la  préface 
du  comi)lément  du  dictionnaire  de  l'Académie,  erreur  qui  n'em- 
l)êche  pas  que  cette  préface  soit  un  chef-d'œuvre. 

Pendant  que  la  langue  d'oc  (le  patois  actuel  du  Midi)  florissait, 
la  langue  d'oil  était  restée  à  l'état  de  patois  barbare  et  la  raison 
en  est  que  les  chefs  ne  la  parlaient  pas;  la  langue  de  l'aristocratie 
et  de  la  cour  était  l'allemand.  M.  Augustin  Thierry  s'indigne  avec 
raison  de  la  manière  dont  les  auteurs  traitent  l'histoire  de  France 
qu'ils  défigurent  comme  à  plaisir  :  ils  font  commencer  cette  his- 
toire à  l'invasion  des  Barbares  Franks  et  à  la  chute  de  l'empire 
romain  dans  les  Gaules.  Il  semble  à  les  entendre  que  les  Kunimjs 
de  la  1^*^  et  de  la  2«  race  étaient  des  rois  comme  Louis  XIV  et 
Louis  XV.  Ils  nous  disent  entre  autres  choses  curieuses  que  Char- 
lemagne,  outre  le  français,  sa  langue  maternelle,  savait  le  latin,  le 
flamand,  l'allemand.  Il  n'y  avait  pas  de  français  alors  et  la  langue 
maternelle  de  Charlemagne  était  l'allemand.  L'allemand  a  été  la 
langue  des  châteaux  et  de  la  cour  pendant  cinq  siècles  et  demi, 
c'est  à  dire  jusqu'à  la  fm  de  la  seconde  race  en  987.  Jusque  là  il  y 
a  eu  un  royaume  frank  Vrankryk,  qui  se  divisa  en  Osternjk  et  en 
Neosterryk,  royaumes  d'Orient  et  de  non  Orient,  Austrasie  et  Neus- 
trie.  Ces  noms  seuls  annoncent  bien  la  langue  que  parlaient  les 
chefs.  Pendant  que  les  troubadours  faisaient  retentir  de  leurs  doux 
chants  les  caslels  de  la  Provence,  les  poètes  d'outre-Rhin  venaient 
encenser  en  idiome  tudesque  les  maîtres  de  la  Gaule  septentrio- 
nale. Dans  le  recueil  de  Wackernagel,  se  trouve,  parmi  d'autres,  le 


(1)  Qaelques  uns  ont  soutenu  que  la  langue  des  serments  était  l'ancien  italien.  Pour 
expliquer  la  dissidence  des  auteurs,  Chevallet  dit  que  l'on  pourrait  aussi  bien  prétendre  que 
c'est  de  rancien  espagnol.  Selon  lui,  à  cette  époque,  toutes  les  langues  romanes  se  ressem- 
blaient et  n'ont  pris  que  peu  à  peu  leurs  différences.  Faut-il  croire  que  la  langue  d'oc  était 
sinon  parlée  au  moins  comprise  par  les  personnes  un  peu  instruites  du  pays  d'oil  et  que  les 
souverains  s'adressaient  aux  généraux  non  aux  soldats.  Comp.  le  langage  des  serments  avec 
celui  des  lois  de  Guillaume  le  Conquérant,  avec  celui  de  la  trad.  de  la  Bible,  œuvres  qui  sont 
postérieures  de  plnsieurs  siècles. 


DU  WALLON-MONTOIS  19 

chant  triomphal  en  l'honneur  de  Louis  iij,  fils  de  Louis  le  Bègue, 
à  l'occasion  d'une  victoire  remportée  sur  les  Normands  (i). 

Si  les  chefs  dédaignaient  la  langue  du  peuple,  les  soldats,  en 
contact  immédiat  avec  lui,  durent  bien  la  parler.  Il  se  forma  du 
latin  celtique  déjà  barbare  (2)  un  latin  celtico-tudesque  d'une 
horrible  barbarie  ;  les  désinences  latines  déjà  altérées  dispa- 
rurent ;  elles  furent  remplacées  par  des  tons  sourds,  les  con- 
sonnes rauques  dominèrent.  Langue  de  sauvages  en  rapport  par- 
fait avec  les  mœurs  brutales  de  l'époque!  Le  complément  du 
dictionnaire  de  l'Académie,  représente  les  Gallo-Romains  refusant 
noblement  de  devenir  Teutons  et  la  langue  des  vaincus  domptant 
les  vainqueurs;  ils  auraient  mieux  fait  d'adopter  tout  à  fait  l'alle- 


1)  n  commence  ainsi  : 

Einen  kuning  weiz  ich 
Heisset  heer  Ludwig 
Der  gerne  Oott  dienef 
Weil  er  ihms  lohnef. 

Je  connais  un  roi 

Il  s'apjjelle  le  seigneur  Louis 

n  sert  volontiers  Dieu 

Parce  que  Dieu  l'en  récompense. 

12)  On  peut  se  faire  une  idée  de  la  barbarie  Un  lat.  des  vieux  Gaulois,  lors  même  qu'il 
n'emprunte  rien  à  l'étranger,  si  l'on  tient  pour  légitimes  les  origines  qu'assignent  les  éty- 
mologistes  à  une  foule  d'adverbes,  pronoms,  prépositions  devenues  françaises  : 

depuis,  de  post, 

h  fait,  ad  factum, 

autant,  aliud  tantum, 

oui,  hoe  illud, 

ensemble,  in  simul, 

dedans,  de  inius, 

avec,  ab  hoc, 

lez  (auprès),  ad  lattis. 

adonc  (alors),  ad  tune, 

dont,  de  unde, 

désormais,  de  ipsâ  horâ  magis, 

encore,  hanc  horam, 

jamais,  jam  magin, 

maintenant,  in  marm  ientns, 

ici,  ecce  hic, 

etc.,  etc.,  etc. 


20  ORIGINE  ET  CARACTÈRE 

mand  que  d'accepter  un  mélange  adultc;re.  Cet  allemand  était  dur 
et  guttural,  j'en  conviens;  mais  enfin  c'était  déjii  une  langue  qui 
a  laissé  des  monuments.  Le  patois  d'oil  ne  s'écrivait  même  pas, 
que  nous  sachions,  et  ce  qu'on  appelle  le  monument  d'une  langue 
devenue  presque  française,  le  serment  de  Strasbourg  n'est  pas  du 
tout  en  dialecte  d'oil,  mais  en  dialecte  d'oa 

Ce  n'est  qu'à  cette  date  de  1)87,  que  la  France  commence  sous 
Hugues  Capet.  Ce  n'est  qu'alors  que  commence  le  français  ;  on  le 
parle  à  la  Cour,  dans  les  assemblées;  dès-lors  le  patois  grossier 
devient  une  langue  qui  se  polit  ;  on  écrit  dans  cette  langue  :  on  a 
des  historiens,  on  a  des  poètes  ;  mais  la  langue  française  eut  une 
longue  enfance,elle  n'atteignit  l'âge  viril  qu'après  plusieurs  siècles. 
Son  usage  dans  les  actes  publics  ne  fut  généralisé  que  par 
François  i"  (i). 

Quelle  langue  parlaient  cependant  les  Wallons?  Us  avaient,  à 
peu  de  chose  près,  le  même  langage  que  les  Parisiens.  Le  patois 
d'oil  s'était  formé  simultanément  et  se  parlait  depuis  la  Meuse 
jusqu'à  la  Loire  avec  des  difterences  assez  analogues  sans  doute  à 
celles  que  nous  avons  signalées  pour  la  vieille  Gaule,  à  celles  que 
nous  pouvons  encore  remarquer  de  nos  jours  dans  les  patois. 
Nous  avions  une  teinte  un  peu  plus  Celto-Germanique  qu'eux; 
mais  ils  ne  nous  dominaient  pas.  Jusqu'au  xi'^'siècle,  les  influences 
étaient  réciproques  (i). 

Ces  différences  ne  tenaient  pas  aux  degrés  de  germanisation 
seulement,  elles  tenaient  aussi  à  la  qualité  de  la  germanisation. 
Les  Franks,  quoique  tous  de  race  tudesque,  appartenaient  à 
diverses  peuplades  dont  la  langue  n'était  pas  tout  à  fait  uniforme  ; 
c'est  le  franc  Salien,  celui  des  premiers  envahisseurs,  un  dialecte 
bas  allemand  assez  semblable  au  flamand  qui  a  laissé  le  plus  de 
traces  partout. 


(1)  Les  ordonnances  qui  défendent  d'expédier  les  actes  en  latin  sont  de  1512  et  1539. 

(2)  Ainsi  quand  un  des  mots  de  notre  patois  est  du  v.  fr.  ou  y  ressemble,  on  ne  peut  pas 
dire  qu'il  en  provienne.  L'un  et  l'autre  ont  les  mêmes  droits  à  rancienneté.  Ce  n'est  qu'un 
ou  deux  siècles  après  la  révolution  indiquée  que  l'égalité  a  été  rompue  et  que  le  fr.  a  acquis 
la  supériorité.  Il  n'y  avait  pas  une  langue  centrale  dont  découlaient  les  patois.  Ce  sont  au 
contraire  les  patois  qui  ont  formé  la  langue  centrale. 


DU  WALLON-MONTOIS  21 

Les  Franks,  dit  Tliierry,  établis  entre  le  Rhin  et  la  Meuse  et  qui 
s'intitulaient  liipewares,  hommes  de  la  rive,  mot  composé,  selon 
toute  apparence,  d'un  mot  latin  et  d'un  mot  germanique,  ne  se 
confondaient  pas  avec  les  Franks  Saliens  situés  entre  la  Meuse  et 

la  Loire Us  étaient  séparés  par  quelques  différences  de 

lois,  de  mœurs  et  de  langage;  car  le  haut-allemand,  si  l'on  peut 
employer  cette  locution  moderne,  devait  dominer  dans  le  dia- 
lecte des  Franks  orientaux  et  le  bas-allemand  dans  celui  des 
Neustriens  (p.  115  et  116)  (i). 

De  là  une  des  causes  de  la  différence  entre  le  liégeois  et  le 
montois.  Le  liégeois  n'a  guère  plus  de  mots  allemands  que  le 
montois,  mais  ce  ne  sont  pas  toujours  les  mêmes;  il  me  semble 
en  emprunter  plus  au  haut-allemand,  et  le  montois  au  bas-alle- 
mand (2)  V.  l'art,  liégeois.  ' 

Quant  à  la  teinte  germanique  générale,  elle  devient  de  plus  en 
plus  foncée  en  marchant  du  midi  au  nord. 

Indépendamment  des  causes  ci-dessus  indiquées,  il  faut  dire 
(]ue  la  langue  d'oil  en  cessant  d'être  patois,  en  devenant  langue 
française,  est  devenue  envahissante  et  s'est  étendue  à  nous  ;  mais 
il  est  à  remarquer  que  nous  n'appartenions  pas  à  la  monarchie 
française,  quoiqu'ayant  appartenu  à  la  monarchie  franque;  nos 
comtes  de  Hainaut  ont  quelquefois  été  comtes  de  Flandre  et  môme 
comtes  de  Hollande  et  de  Frise  ;  de  là,  des  garnisons  étrangères. 
Un  moment  nous  avons  été  un  peu  francisés  par  les  ducs  de 
Bourgogne,  mais  bientôt  est  venue  la  domination  espagnole,  puis 


(1)  On  peut,  d'après  divers  indices,  présumer  que  les  rois  franks  de  la  première  race  par- 
laient le  bas-allemand  et  ceux  de  la  seconde,  le  haut-allemand. 

n  y  a  notamment  la  grande  révolution,  qui,  au  commencement  du  viii'  siècle,  transporta 
la  domination  des  Saliskes  aux  Ripewares  et  la  royauté  des  Merowings  aux  Karolings. 

(2)  Le  bas-allemand  dominant  partout, comme  je  l'ai  dit,  il  faut  entendre,par  cette  phrase, 
qu'il  domine  un  peu  plus  à  Mons  sur  la  masse,  un  peu  moins  à  Liège. 

Je  crois  pouvoir  faire  prétérition  des  invasions  normandes.  Les  Normands  ont  commis  à 
la  vérité  d'épouvantables  dévastations  dans  notre  pays,  mais  ils  n'ont  fait  que  passer  chez 
nous.  Là  même  où  ils  se  sont  assis,  en  Normandie,  leurlangue  s'est  promptement  effacée  et 
assez  peu  de  temps  après  (un  siècle  et  demi)  quand  Guillaume  envahit  l'Angleterre,  oe  n'est 
pas  le  normandqu'il  y  importa,  mais  c'est  la  langue  d'oil  qui  se  mêlant  à  l'anglo-saxon  forma 
la  langue  anglaise. 


22  ORIGINE  ET  CARACTÈRE 

encore  une  domination  allemande  :  celle  de  rAulriche.  Il  sort  de 
là  que  nous  suivions  le  développement  du  français,  mais  de  loin 
et  que  nous  lui  prenions  ses  locutions  quand  elles  cessaient  d'être 
en  usage,  comme  aujourd'hui  nous  portons  les  modes  de  Paris 
souvent  quand  on  ne  les  y  porte  plus. 

Enfin  comme  dernière  cause,  cause  toute  géographique,  nous 
sommes  les  plus  rapprochés  de  la  Flandre  et  les  Liégeois  les  plus 
rapprochés  de  l'Allemagne. 

La  principauté  de  Liège  toujours  isolée,  a  reçu  de  la  France  une 
influence  encore  plus  éloignée  que  nous.  Ses  mots  sont  encore 
plus  vieux.  Il  en  est  sans  doute  qui  figuraient  dans  le  patois  d'oil 
avant  qu'il  ne  fût  écrit,  à  l'époque  franque;  d'autres  doivent 
remontera  la  période  celtique. 

Les  couches  germaniques  superposées  à  diverses  époques,  se 
confondent  souvent  ;  mais  il  est  quelquefois  possible  de  les  distin- 
guer et  de  dire  leur  âge  en  étudiant  les  transformations  qui  se  sont 
opérées  dans  les  langues  du  Nord.  Il  est  un  phénomène  très- 
curieux,  c'est  que  le  même  mot  a  parfois  été  déposé  à  plusieurs 
reprises  dans  des  temps  différents.  C'est  au  moins  ce  que  je  crois 
pouvoir  inférer  de  l'histoire  du  mot  chuiner  (voir  cet  ait.).  Il  est 
un  autre  phénomène  linguistique  non  moins  remarquable  :  c'est 
que  nous  avons  assez  souvent  des  mots  synonymes  dont  les  uns 
n'ont  d'analogues  qu'en  flamand,  les  autres  qu'en  allemand  : 
Dadiard  est  allemand  ou  celtique  ;  Berdelard,  Malot  et  Rélard,  sonl 
flamands. 

Parmi  les  familles  les  plus  intéressantes  de  mots  montois  qui 
semblent  bien  légitimement  d'origine  teutonique,  il  en  est  une 
très-nombreuse  qui  mérite  l'attention,  c'est  celle  des  verbes  en 
sk,  sp,  st  : 

Sklefer. 

Skreper. 

Spiter. 

Skarder. 

Striquer. 

Stiquer. 

Skiter,  etc. 


DU  WALLON-MONTOIS  23 

Quelques  uns  de  ces  mots  appartiennent  au  haut-allemand,  le 
dialecte  qui  a  formé  l'allemand  classique,  quelques  autres  au  bas- 
allemand  qui  a  formé  le  flamand  ou  hollandais  et  les  patois 
répandus  tout  le  long  de  la  Baltique  ;  la  plupart  de  ces  mots 
appartiennent  aux  deux  dialectes  à  la  fois. 

Cette  famille  de  mots  s'éteint  à  peu  près  aux  limites  du  Hainaut, 
on  en  retrouve  à  peine  un  ou  deux  individus  dans  le  dict.  de  Cor- 
blet  (v.  art.  Sko7i.)  On  en  retrouve  un  peu  plus  dans  le  liégeois, 
transformés  ordinairement  comme  il  est  dit  :  art.  Liégeois. 

Mais  quel  étonnement,  si  l'on  ouvre  le  dictionnaire  de  Ducange, 
de  trouver  un  grand  nombre  de  ces  mots  sous  forme  latine  avec 
une  signification  quelquefois  la  même,  souvent  plus  ou  moins 
éloignée  des  significations  montoise  et  germanique!  représentez- 
vous,  ami  lecteur,  toute  mon  extase,  quand  j'ai  vu  des  mots 
comme  : 

Esclafare 
Stricare 
Sticare,  etc. 

Comment  expliquer  l'énigme?  11  est  permis  de  penser  que  ces 
mots  existaient  déjà  dans  l'antique  langage  des  Nerviens.  Quand  ils 
ont  parlé  latin,  ils  ne  l'ont  fait  qu'en  latinisant  leurs  mots  locaux  en 
les  revêtant  d'un  habit  latin  :  cettici  sermonis  squammœ,  pour  répé- 
ter l'heureuse  expression  de  Sidoine  Apollinaire,  et  à  l'arrivée  des 
Franks  ils  se  seront  empressés  de  les  dépouiller  des  désinences 
latines  pour  eux  très-gênantes  et  qui  d'ailleurs  n'ont  dû  être 
employées  que  dans  les  villes,  chez  nous  fort  rares  à  cette 
époque.  Ou  bien  ce  sont  les  Franks  qui  en  commençant  à  parler 
la  langue  du  pays  conquis  ont  latinisé  des  motstudesques.  Cette 
dernière  opinion  est  moins  soutenable  puisque  l'influence  germa- 
nique a  surtout  porté  sur  la  forme  latine  qu'elle  a  détruite  en 
conservant  le. squelette  de  la  plupart  des  mots  latins  (i). 


(1)  Ce  dictionnaire  de  Ducange  est  un  ouvrage  immense  :  il  a  huit  volumes  énormes  ;  et 


tl  ORIGINE  ET  CARACTERE 

Outre  les  cléments  latin,  tudesque  cl  celli([ue  qui  ont  formé  le 
vieux  fnuK-ais  et  le  wallon,  la  domination  espagnole  a  déposé  un 


cela  se  conçoit  ;  car  ce  sont  toutes  les  langues,  tous  les  patois  du  monde  romain  avec  des 
désinences  latines. 

C'est  la  tendance  de  tous  les  conquérants  d'imposer  leur  langue  aux  vaincus  ;  car  ce  n'est 
qu'après  le  changement  de  langue  que  la  conquête  est  bien  assurée  et  assimilée. 

C'est  ce  que  firent  presque  tous  les  envaliisseurs  ;  c'est  ce  que  firent  les  Gaulois  dans  les 
provinces  de  la  Grèce  qu'ils  soumirent.  Saint  Jérôme  nous  rapporte  que,  de  son  temps,  on 
parlait  encore  en  Galatie  la  langue  de  nos  voisins  les  Trévires  :  lia  galli,  dit  Ducange,  nostri 
veieres,  expugnatis  Grœciœ  provinciis  nomen  stiiim  indiderunt  ac propriam  linguani  retintierunt 
quant  caindenipenè  fuisse  qtiâ  utehantur  sud  œtafe  Ti-eviri, scribit  S.  Hier ony mus,  exeepto  sermone 
grœco  quo  omnis  oricns  loquelatur.  [In  proœmium  ad  libr.  ij  in  ep.  ad  galat.) 

C'est  ce  que  tenta  avec  un  demi  succès  en  Angleterre  Guillaume  le  Conquérant. 

C'est  ce  qu'avait  commencé  la  France  impériale  à  Hambourg,  à  Amsterdam,  à  Turin,  a 
Rome. 

C'est  ce  qu'avait  tenté  récemment  Guillaume  I"  dans  notre  pays. 

Mais  c'est  surtout  ce  que  fit  Bome  sur  une  vaste  échelle.  Elle  réussit  parfaitement  sur 
certains  points  :  dans  quelques  parties  de  l'Espagne,  la  langue  nationale,  en  assez  peu  de 
temps,  était  tout-à-fait  oubliée. 

Il  n'en  fut  pas  de  même  partout.  On  pouvait  forcer  à  parler  latin  dans  les  rapports  poli 
tiques  ;  mais  on  ne  pouvait  forcer  à  parler  bien.  Déjà  Quintilicn  nous  rapporte  qu'il  était 
entré  dans  la  langue  une  foule  de  mots  carthaginois,  ibères,  gaulois  (libr.j,  chap.  vj]. 

Verba  sunt  aut  latina  aut  peregrina,  peregrina  porro  ex  omnibus  propè  dixerim  gentibus. 
Taceo  de  Tuscis  it  Sabinis  et  Prœnesfijiis  quoque  :  nam  ut  eorum sermone  ute-.tem  Vectizcm  Lu- 
ciniusitisectatur  qucmadmodum  Pollio  deprchendit  in  Livio  patavinitatem  Uceat  omnia  ilalica 
verba  pro  romanis  haheam.  Flurima  gallica  valuerunt  ut  Rheda  ac  Fetoritum.  Quorum  altero 
Cicero  tamen,  altero  Soratius  utitur  et  Mappam  usitatum  quoque  circo  nomen  Pœni  sibi  vindi- 
cant  et  Gurdosquos  pro  stolidis  accipit  vulgus  ex  Kispaniâ  origincm  duxisse  audivi. 

Si  Horace  et  Cicerou  purent  admettre  quelques-uns  de  ces  mots,  la  plupart  furent  avec 
une  juste  indignation  repoussés  comme  barbares  et  ne  sortirent  pas  du  lieu  de  leur  nais- 
sance. Quel  moyen  que  l'on  accueillit  à  Rome  des  mots  tels  que  : 

Traugus,  trou  {trau). 
IVatare,  Tegarder  {Weitier). 
Buctus,  Butuni,  bout. 
Colpus,  coup. 
Broca,  broche  [broque) . 

Notre  langage  celto-cymrique  fournit  un  ample  contingent  au  dictionnaire  de  Ducange,  ce 
serait  une  chose  curieuse  que  d'y  trier  ce  qui  lui  revient.  Mais  ce  ne  serait  pas  un  travail 
facile  ;  combien  de  mots  tordus  au  passage  du  celtique  au  latin,  puis  retordus  d'une  autre 
manière  pour  entrer  dans  le  patois  d'oil,  ainsi  devenus  méconnaissables  et  perdus.  Cepen- 
dant il  est  probable  que  quelques  mots  latinisés  dans  les  villes  ou  aux  environs  des  villes, 
ont  été  conservés  dans  toute  leur  pureté  native  au  milieu  des  campagnes  écartées  sans  subir 
de  latinisation.  Ceux-là  durent  être  retrouvés  sains  et  saufs  avec  joie  et  recevoir  une  hospi- 
talité empressée  dans  le  patois  d'oil  à  la  chute  de  l'empire  romain.  Peu  de  mots  de  notre 


DU  WÂLLON-MOiNTOIS  25 

petit  nombre  de  mots  dans  notre  pays.  On  peut  citer  et  encore 
en  hésitant  argousiUe  qui  peut  provenir  d'alnuasii,  lequel  est  d'o- 
rigine arabe.  On  peut  ajouter  avec  un  peu  plus  d'assurance  Plii- 
mion,  Escaveclie. 

iMais  il  ne  faut  pas  croire  que  certains  mots  espagnols  qui  res- 
semblent aux  nôtres  en  soient  les  pères;  ils  n'en  sont  que  les  frères; 
ils  ont  seulement  une  origine  commune  :  tels  sont  :  Serrer  (pour 
fermer)  serrar  qui  est  celtique  ou  latin,  saquer,  [sacar)  qui  est  tii- 
desque  (V.  ces  mots). 

Indépendamment  du  latin  qui  a  servi  à  former  le  langage  d'oil, 
il  nous  en  est  entré  quelque  peu  à  une  époque  plus  tardive.  11  en 
est  de  lui  comme  du  flamand  et  de  l'allemand  reçus  par  nous,  il 
a  différents  âges.  Il  est  à  noter  que  jusqu'à  l'époque  de 
l'empire  français  toutes  les  études  humanitaires  se  faisaient 
en  latin.  Dans  ma  jeunesse,  les  collèges  entre  les  mains  du 
clergé  imposaient  le  latin  dès,  ce  qu'on  appelait,  la  grammaire, 
c'est-à-dire  après  deux  ans  (petite  et  grande  figure).  Même  en 
récréation  on  ne  pouvait  parler  que  latin  :  au  collège  dit  de  St- 
Ghislain  ce  régime  dura  jusqu'en  1810  ou  1811. 

On  avait  inventé  un  procédé  assez  curieux  :  c'est  ce  qu'on  nom- 
mait le  s'ignum  :  le  1"  surpris  en  flagrant  délit  de  causerie  fran- 
çaise ou  patoise  le  recevait,  mais  avait  le  droit  de  le  tran^nettre 
à  quiconque  se  rendrait  coupable  de  la  même  faute.  Gomme  le 
dernier  détenteur  à  la  fin  de  la  journée  était  passible  d'un  pensum, 
le  porteur  du  signum  avait  liàte  de  s'en  débarrasser  et  épiait  ses 
camarades  avec  le  plus  grand  soin. 

On  comprend  quel  latin  devait  être  le  latin  des  grammairiens. 
Les  professeurs  eux-mêmes,  pour  consoler  leurs  élèves,  disaient 
en  riant  ce  vers  : 

Sumus  philosoplws,  possumus  forgere  verbos. 


patois  antérieurs  à  notre  ère  ont  dû  échapper  â  la  latinisation.  Ces  privilégiés  n*ont  du  être 
que  ceux  à  l'usa!,'e  exclusif  des  campagnards  et  des  gens  de  la  plus  basse  classe,  par  ex.:  des 
mots  comme  chëniau,  chiniau,  ont  pu  rester  purs  de  toute  latinité  chez  les  Nerviens,  tandis 
que  dna  se  maintenait  de  même  chez  les  Eburons  et  saiiailh  chez  les  Armoricains  (v.  cA'- 
niau,  Reinguier,  gagot]. 


-2G  ORIGINF  ET  CAIIACTÉIŒ 

On  ne  pouvait  manquer  d'abusor  de  cette  tolérance  du  solécisme 
et  du  barbarisme.  On  se  livrait  aux  plus  grands  excès.  On  ne  rou- 
gissait pas  de  dire  des  phrases  comme  celle  ci  :  iUe  sticat  suum 
digitum  in  suo  nasn,  skafotandl  gratiâ  ou  même  pro  ibi  skafotare. 
On  renouvelait  ainsi  les  procédés  des  anciens  Nerviens  venant  à 
Bavai,  capitale  de  la  forêt  charbonnière,  pour  payer  l'impôt  aux 
fonctionnaires  romains  ou  des  paysannes  nerviennes,  venant  au 
marché,  vendre  leurs  denrées  aux  matrones  romaines. 

En  sortant  des  études,  on  sentait  peu  le  besoin  du  français  :  on 
plaidait  à  la  vérité  en  français  à  la  cour  souveraine  du  Hainaut, 
mais  la  plaidoirie  orale  n'était  pas  usitée,  on  plaidait  par  mé- 
moires. 

Une  double  conséquence  résultait  de  cet  état  de  choses  : 
triomphe  du  patois  et  introduction  dans  le  patois  de  bribes  de 
latin.  Quelques  personnes  pouvaient  écrire  le  français,  bien  peu 
étaient  capables  de  le  parler,  par  défaut  d'exercice. 

Quant  au  grec  il  n'y  faut  guère  penser.  A  grand'  peine  peut-on 
trouver  deux  ou  trois  étymologies  douteuses.  Ce  que  nous  avons 
de  grec,  nous  est  venu  médiatement  à  travers  le  latin. 

On  sait  que  les  langues  grecque,  latine,  allemande,  slave,  ma- 
gyare, celtique  appartiennent  à  la  famille  des  langues  indo-euro- 
péennes. Les  savants  vont  rechercher  dans  le  sanscrit  la  racine 
d'une  foule  de  mots  qui  se  rencontrent  à  la  fois  dans  plusieurs  de 
ces  langues.  Nous  n'avons  certainement  rien  emprunté  directe- 
ment au  sanscrit;  mais  le  sanscrit  nous  a  envoyé  bien  des  mots 
par  des  voies  souvent  multiples.  11  n'est  pas  ordinairement  pos- 
sible de  reconnaître  laquelle,  quand  il  y  en  a  plusieurs,  si  c'est  la 
voie  latine,  celtique,  grecque  ou  allemande.  Prenons  le  mot  : 
Lekier. 

Le  latin  lambere,  quoique  de  même  souche,  est  bien  éloigné. 
Lingere,  employé  par  Plante  s'en  rapproche  un  peu,  surtout  au 
parfait  :  linxi;  mais  nous  qe  pouvons  penser  au  latin,  quand  nous 
avons  le  grec  /£«w  et  l'allemand  Lecken.  Quant  au  français  lécher, 
même  lescher  et  leschier,  il  doit  être  beaucoup  plus  jeune  que 
lekier.  Nous  pouvons,  si  nous  voulons,  croire  que  lekier  nous 
vient  des  établissements  fondés  sur  nos  côtes  pour  commercer 


DU  WALLON-MONTOIS  27 

avec  l'AngleteiTe  et  où  l'on  parlait  grec;  sinon  nous  admettrons 
que  nous  le  devons  à  l'allemand  ieckeii  et  c'est  là  l'opinion  la  plus 
plausible.  A  présent  lecken  ne  vient  pas  de  :isixw;).£izw  vient  encore 
moins  de  Lecken;  mais  tous  deux  sont  frères,  comme  je  l'ai  dit  à 
l'occasion  de  l'espagnol  ;  ils  ont  pour  mère  commune  soit  la 
langue  sacrée  des  Indons  soit  (4uelqu'aulre  langue  antique  de 
l'orient. 

Enfin  il  est  quelques  mots  qui  sont  comme  un  produit  du  sol 
qui  les  a  créés  à  diverses  époques.  J'ai  en  vain  cherché  une  éty- 
mologie  satisfaisante  de  bien  des  vocables.  Alors  même  que  j'en 
donne  d'analogues  de  langues  étrangères,  je  suis  loin  d'affirmer 
que  les  nôtres  en  proviennent.  Je  ne  fais  que  l'oflice  de  rappor- 
teur fidèle.  A  chacun  de  juger. 

Si  le  royaume  franc  avait  subsisté  plus  longtemps,  le  patois  d'oil 
se  serait  uniformisé  (à  peu  près)  par  les  rapports  nécessaires  entre 
les  diverses  parties  d'une  même  nation  et  nous  avions  chance  de 
faire  dominer  notre  nuance  du  nord,  puisque  nous  nous  rappro- 
chions du  langage  des  dominateurs;  mais  une  grande  révolution 
s'opère;  une  nouvelle  dynastie  s'élève.  Le  patois  devient  langue 
politique.  Cette  langue  politique  s'établit  sur  la  nuance  du  patois 
régnant  dans  l'Ile  de  France,  surtout  dans  la  capitale.  Paris  a  dès 
lors  une  influence  prépondérante.  Quoique  séparés  de  la  France. 
quoiqu'appartenant  au  Lother-Rijk,  Lotharingie  ou  Lorraine,  nous 
ne  pouvons  comprendre  des  écrits  allemands  et  nous  sommes  tri- 
butaires de  la  France  :  nous  ne  lisons  guère,  cependant  nous 
lisons  un  peu  les  chroniques  de  Ville-IIardouin,  du  sire  de  Join- 
ville  sur  les  croisades,  puis  d'autres  livres  divers;  mais  nous 
sommes  toujours  en  arrière  à  cause  de  la  difficulté  des  relations. 

Ce  qui  domine  dans  notre  patois  c'est  le  vieux  français.  Il  est 
bien  plus  facile  à  un  montois  (ju'à  un  français  de  lire  les  vieux 
livres.  Nous  avons  conservé  une  foule  de  mots  qu'un  français  non 
savant  ne  comprendra  pas,  des  mots  tels  que  : 

Estriver 
Reciner 
Estouper 
Courttt 


-28  ORIGINE  ET  CARACTÈRE 

à  plus  forte  raison  ceux  qui  ont  reçu  qnelqu'altération,  par  ex.  : 
eiukmye,  mat  en  vie,  mau  ein  vie,  mais  il  ne  comprendrait  proba- 
blement pas  mieux  le  v.  fr.  accoué,  envy. 

Le  nombre  des  mots  que  nous  prononçons  tels  qu'on  les  écri- 
vait il  y  a  huit  siècles  n'est  pas  à  dire  et  il  est  facile  de  deviner 
([u'un  grand  nombre  se  prononçaient  h  la  période  d'oil,  lorsqu'on 
n'écrivait  pas  encore,  absolument  comme  nous  prononçons 
aujourd'hui  :  il  va  sans  dire  que  nous  prononçons  :  il  alloit,  i 
(lisoit  (alhva,  diswa).  Il  y  a  des  exceptions,  par  ex.  :  anglais, 
français  que  nous  prononçons  francé,  einglé. 

En  général  nous  suivons  l'orthographe  :  nous  disons  peinser, 
conteint.  Nous  nous  garderions  bien  de  dire  :  y  deinze  ou  y  keinte. 
Il  est  vrai  que  nous  disons  meinger;  mais  meinger  est  un  mot  un 
peu  bâtard.  Le  mot  légitime  est  mier  ;  et  puis  le  v.  fr.  a  dit  mengier. 

Quand  un  mot  vient  du  latin  ou  de  l'allemand,  nous  sommes 
presque  toujours  plus  près  de  la  racine  que  le  français  :  nous 
disons  scrire,  escrire,spine,  espine,  lat.  scribere,  spina;  nous  disons 
arreiuger,  beinde  ou  beinder,  ail.  ringen.  binden.  Il  est  vrai  que 
ces  verbes  font  rang,  baiid  à  l'imparfait.  Au  reste  arranger  pour- 
rait bien  appartenir  au  celt.  Ryngli.  {V.  Ringlée)  et  le  v.  fr.  disait 
ai'eger. 

Même  remarque  pour  la  quantité  des  voyelles  et  des  diphtongues: 

Nous  disons  :  Paûi,  latin  PaTdus  Les  français  disent  Paul. 

Nous  disons  par  contre  :  /{(m«g,  latin  Rôsa.  Les  français  disent 
Tiôsine. 

Beaucoup  de  nos  mots,  quoique  français,  n'ont  pas  la  significa- 
tion française  :  pour  le  montois  le  bouffon  est  un  gourmand. 

Le  mot  brave  signifie  propre,  endimanché,  en  toilette. 

»       vaillant  vayan  signifie  actif,  laborieux. 

»       malin  »        habile,  adroit,  pénétrant,  spiri- 

tuel, industrieux. 

»        cacher  »        chercher. 

»        franc  »        hardi,  téméraire,  audacieux. 

))        sage  »        savant,  tranquille,  instruit,  stu- 

dieux. 


DU  WALLOiN-MOiNTOIS 


29 


»        habile 
»        fade 
»        ruses 


»        vite,  promptemént. 
»        paresseux,  nonchalant. 
»        embarras,  tracasseries. 


Quelques  verbes  n'ont  éprouvé  cette  déviation  que  dans  cer- 
tains temps  : 

ej  saurai,  saurais.  Je  serai,  serais. 

ej  perdrai,  perdrois.  Je  prendrai,  prendrais. 

ej  verrai,  verrais.  Je  viendrai,  viendrais. 

11  y  a  mieux  :  dans  certains  villages  du  Borinage,  quelques 
mots  ont  une  signification  opposée  :  elle  à  l'abri  du  temps,  c'est 
être  exposé  aux  intempéries  des  saisons.  Ette  fortuné,  c'est  être 
infirme,  estropié,  impotent. 

Des  verbes  neutres  sont  actifs  et  réciproquement. 

Des  masculins  sont  féminins,  des  féminins  sont  masculins,  sur- 
tout lorsqu'ils  sont  tels  en  latin  ou  en  allemand. 


Du  coioplion, 
Enne  sau. 
Fin  boutique, 
Del  gin  ette. 
Fin  prison, 
Del  came. 
Du  canelle, 
Ein  deint, 
Enne  ratte. 


ail. 


ein  laden, 

ein  kerker, 

der  caneel, 
ein  zahn, 
eine  ratte. 


lat. 

coloplionium  n. 
saiix  f.    . 

(jenista  f. 
carcer  m. 
cannabis  f. 
cinnamomum  n. 
dens  m. 


Nous  agréons  les  pluriels  étrangers  au  français  :  nous  disons  : 

Lés  argein,  l'argent,  die  gelder. 

Lés  rougeurs,       la  rougeole,      die    lll^'l^gill'     morlnlli. 


r.O  ORIGINE  ET  CARACTÈRE 

Sans  doute  nous  avons  quelquefois  altéré  le  français;  mais  le 
plus  souvent  c'est  le  français  qui  s'est  altéré  lui-même.  Nous 
avons  été  bien  plus  constants  que  les  français  et  ce  n'est  pas  un 
reproche  que  nous  leur  adressons  :  une  langue  est  toujours  en 
mouvement  de  progrès  ou  de  décadence.  Selon  l'expression  de 
Varron  :  cousuetudo  loquendi  est  in  motu  :  itaqne  solet  fieri  ex 
détériore  melior,  ex  meliore  deterior.  La  mobilité  est  l'essence  du 
langage.  Un  patois,  quoique  vivant  aussi,  a  des  mouvements  plus 
lents.  Dans  les  lieux  très-reculés,  l'immobilité  est  à  peu  près  com- 
plète. Il  est  des  localités  presqu'isolées,  presque  sans  routes  dont 
le  langage  est  comme  momifié  :  telle  est  la  Basse-Bretagne.  Les 
grands  centres  intellectuels  sont  les  lienx  où  la  langue  s'use  le 
plus  vite.  Les  voies  rapides  et  faciles  de  communication  trans- 
portent la  langue  nouvelle  par  les  hommes,  par  les  livres,  par  les 
journaux.  Les  chemins  de  fer  sont  les  ennemis  mortels  des  patois. 

De  tous  les  patois  wallons  qui  se  parlent  en  Belgique,  le  wallon 
du  Hainaut,  particulièrement  le  wallon  des  villes  est  celui  qui 
s'éloigne  le  moins  du  français.  Assez  facile  à  comprendre  par  un 
français  à  Mous  et  à  Tournay,  il  devient  déjà  plus  difficile  à 
charleroy,  très-difiîcile  à  Namur,  inintelligible  à  Liège  et  à 
Verviers.  Aussi  Walter-Scott,  dans  son  Quintin  Dnrivart,  fait  par- 
ler flamand  aux  liégeois.  Quelques  feuilletonistes  français  ont 
récemment  commis  la  même  erreur  et  fait  beaucoup  rire  en  Bel- 
gique. Le  montois  lui-même  qui  arrive  à  Liège  ne  comprend  pas 
plus  que  si  l'on  parlait  sanscrit.  Lorsqu'il  s'est  attaché  à  étudier 
la  loi  de  transformation  des  lettres,  autrement  dit  la  prononciation, 
il  s'aperçoit  que  c'est  bien  son  patois  qui  se  parle  à  Liège  (i). 

Et  chose  étonnante  !  en  devenant  de  plus  en  plus  difticile  à  com- 
prendre, il  dépose  sa  dureté  quand  il  se  rapproche  de  la  Moselle  et 
du  Rhin,  il  prend  une  douceur  dont  on  lui  reproche  avec  raison 
de  manquer  vers  la  Haine  et  l'Escaut. 

Le  montois,  dans  une  foule  de  mots,  enchérit  sur  l'allemand 
même;  en  effet,  comme  les  flamands,  il  change  en  sk,  Vscli  alle- 


(1)  Pour  en  avoir  la  preuve,  voyez  l'art,  liégeois. 


DU  WALLON-MOiNTOIS  51 

mand  qui  se  chuinte  avec  la  même  douceur  que  le  ch  français  : 
shetter,  skarder.  11  change  en  eu  Vu  allemand  qui,  quand  il  est 
surmonté  du  tréma  ou  umlaut,  a  le  son  de  Tu  français  :  comme 
dans  skeute,  reube. 

Dans  les  mots  français  dont  il  se  saisit,  il  change  Va  et  le  ç  en 
ch  comme  dans  cfiavate,  il  change  le  ch  en  c  dur  ou  k  comme  dans 
capiau.  J  et  g  doux  en  g  dur  comme  dans  guenisse,  gartiev;  g  dur 
en  w  comme  dans  wé,  warde,  rumiffe  (ces  deux  derniers  mots  usi- 
tés seulement  dans  les  villages)  et  il  choisit  des  désinences  extrê- 
mement dures  comme  gnié,  hié. 

Si  je  dois  confesser  la  dureté  du  wallon  montois,  que  dire  du 
wallon  borain?  Celui-ci  l'emporte  sur  tout.  Ce  doit  bien  être  cette 
prononciation  rauque  et  gutturale  des  anciens  Gaulois  qui  faisait 
frémir  l'empereur  Julien,  lorsqu'il  habitait  Lutèce.  11  la  comparaît 
au  croassement  des  grenouilles.  Du  reste  ce  défaut  est  racheté  par 
bien  des  qualités. 

La  dureté  du  wallon  montois  et  du  wallon  borain  comparés  aux 
autres  dialectes  wallons,  provient  peut-être  de  ce  que  les  per- 
sonnes cultivées  ne  le  parlent  guère;  tandis  qu'à  Liège  le  wallon 
est  parlé  par  toutes  les  classes.  Là,  le  gouverneur  de  la  province, 
le  président  de  la  cour  d'appel ,  s'ils  sont  nés  dans  la  province , 
parlent  le  liégeois  entr'eux  et  n'abordent  le  français  que  dans  l'ex- 
ercice de  leurs  fonctions,  ou  lorsque  la  politesse  leur  en  fait  un 
devoir  en  présence  d'étrangers. 

Le  montois  n'aime  pas  la  difficulté  de  prononciation  qui  résulte 
de  l'accumulation  de  consonnes  différentes,  il  préfère  en  redoubler 
une  :  il  dit  : 


Modesse 

pour 

modeste. 

Masse 

)) 

masque. 

A2ig  lisse 

)) 

auguste. 

Praitte 

» 

prêtre. 

Minisse 

» 

ministre 

Théâtte 

» 

théâtre. 

La  lettre  R  lui  est  particulièrement  antipathique.  On  prétend 
([u'un  montois  ne  peut  prononcer  le  mot  carotte  (v.  l'art,  caliotte). 


32  OIUGINE  ET  CARACTÈRE 

Il  rûvite  autant  ([ifil  le  peut.  Outre  le  procédé  général  ci-dessus 
indi(iué  du  redoublement  de  la  môme  consonne,  il  en  a  encore 
un  autre  particulier  pour  échapper  à  ce  son  grinçant  et  odieux. 
Il  consiste  à  renverser  les  lettres  de  la  syllabe  et  à  poslposer  l'R. 

Kerver  pour  crever. 

Kerson  »  cresson. 

Berwetle  »  brouette. 

Bertdle  »  bretelle. 

Persure  »  présure. 

Ou  bien  encore  il  interpose  une  lettre  comme  dans  ouvérier  iï). 

Le  monlois  a  tous  les  défauts  des  langages  qui  ne  sont  parlés 
ni  dans  les  cours,  ni  dans  les  tribunaux,  ni  dans  les  assemblées 
législatives. 

Faites  du  wallon  la  langue  politique  du  pays,  répudiez  le  fran- 
çais, bientôt  le  wallon  deviendra  une  langue  polie  qui  aura  sa 
littérature.  Ce  serait  même  le  seul  moyen  d'en  avoir  une,  à  moins 
encore  d'adopter  le  flamand.  L'une  des  choses  est  aussi  impos- 
sible que  l'autre,  nous  devrons  donc  nous  résigner  k  être  privés 
de  littérature  nationale.  Notre  langage  restera  patois.  Le  flamand, 
qui  a  été  autrefois  une  langue  cultivée,  qui  est  déjà  déchue,  pro- 
bablement se  dégradera  de  plus  en  plus,  malgré  les  honorables 
efforts  de  quelques  littérateurs  thiois. 

Que  mes  compatriotes  flamands  mêle  pardonnent!  ce  que  je 
dis  ici  est  général.  Tout  ce  qui  n'est  que  dans  la  bouche  du  peuple 
se  flétrit  et  s'abaisse.  La  romance  gracieuse  du  salon  se  souille  si 
elle  descend  dans  la  rue.  Les  flamands  et  les  wallons  subissent 
un  sort  commun. 

Le  wallon  donc,  à  l'usage  de  la  populace,  en  exprime  les  idées 
habituellement  peu  élevées,  peu  nobles,  peu  polies.  11  abonde  en 
mots  bas,  il  abonde  en  mots  obscènes  (2).  Rabelais  aurait  puisé 


(1)  Les  Flamands  ont  aussi  peine  à  prononcer  des  mots  comme  ministre,  théâtre.  Ils  disent 
ainsi  qu'ils  écrivent  dans  leur  langue  minider,  theater  (la  dernière  .«syllabe  fort  brève  . 

(2)  A  cette  occasion,  je  dois  faire  une  remarque.  Dans  un  ouvrage  qui  retrace  un  langage 
populaire,  on  doit  bien  se  permettre  certaines  choses  que  la  bonne  société  réprouve.  Si  je 


DU  WÂLLON-MONTOIS 


deins  tés  caches  de  quoi  ajouter  h  la  longue  Kirielle  du  chapitre 
intitulé  :  l'adolescence  de  Gargantua. 

Le  patois  de  Mons  est  aussi  éminemment  propre  à  rendre  toutes 
les  idées  qui  se  rapportent  aux  querelles,  rixes,  combats.  Et 
cependant  bien  que  les  \Yallons  en  général  et  les  montois  en 
particulier  jouissent  d'une  grande  réputation  de  courage  sur  le 
ciiamp  de  bataille,  nous  n'avons  pas  remarqué  que  le  peuple  y 
fut  plus  querelleur  ou  plus  batailleur  que  celui  des  autres  pays; 
mais,  quoi  qu'il  en  soit,  toujours  est-il  qu'indépendamment  des 
mots  français,  qui  ont  aussi  la  plupart  un  fréquent  usage  à  Mons, 
un  montois  peut  disposer  de  la  synonymie  suivante  : 


Volée. 

Dandine. 

Danse. 

Dégelée. 

boijuette. 

Dusse. 

Dossée. 

Dossade. 


coup  ou  CD. 

Andocke. 

MaxUjrogne. 

Poque. 

Estaf. 

Gob. 


coup  de  pied, 
[co  rf'  pié]. 
Vilure. 
Roulée. 
Tampon. 
Tampon  à  s'  eu. 


soufflet  ou  calotte. 

Gilfe. 

Tappe. 

Atout. 

Chaffe. 

Marnioufe. 

Mnrniafe. 

Gniole. 


n'écrivais  que  pour  les  philologues,  je  jetterais  bas  tout  voile  ;  mais  il  y  a  des  oreilles  que  je 
dois  respecter .  Il  faut  dire  et  ne  pas  tout  dire .  La  difficulté  est  de  tracer  la  limite.  L'omissiou 
des  mots  tout  crus  n'est  nullement  regrettable  ;  mais  pour  certaines  locutions,  c'est  vrai- 
ment dommage  ;  car  c'est  dans  le  langage  obscène  que  s'exerce  incessamment  et  que  réussit 
le  mieux  notre  basse  classe.  Il  y  a  des  expressions  d'une  brutale  énergie,  qui  feraient  trouver 
fades  les  langues  cultivées  qu'étiolent,  que  châtrent  les  convenances.  Notre  société  un  peu 
élevée  n'a  pas  d'idée  de  ce  langage  vivant,  imagé;  car  nos  paysans  ou  nos  pauvres  ne  pro- 
duisent pas  devant  les  monseux,  les  trésors  de  leur  verve.  Ce  n'est  qu'entre  eux  qu'ils  les 
étalent,  il  faut  les  surprendre  sans  qu'ils  s'en  doutent.  Un  jour  dans  une  maison  de  ferme  où 
je  séjournais,  j'avais  pris  un  livre  et  j'étais  allé  à  la  grange  m'étendre  sur  un  tas  de  foin  dans 
un  endroit  reculé.  Viennent  ein  varlet  et  enne  mcsquenne  à  vak  pour  prendre  cl  rafourée  dés 
hictten  (la  ration  des  bestiaux).  J'avais  bien  remarqué  qu'ils  étaient  intelligents  tous  deux, 
mais  leur  langage  ne  m'avait  offert  jusque  là  rien  de  saillant.  La  conversation  s'engage. 
Quelle  surprise!  jamaisje  n'avais  rien  soupçonné  de  semblable.  Du  feu,  de  l'esprit,  une  bru- 
talité sauvage,  cependant  mélangée  souvent  de  bien  des  délicatesses.  On  n'a  pas  été  a.  l'uni- 
versité sans  entendre  des  choses  fortement  épicées.  On  en  revient  un  peu  blasé  sur  cet  article. 
Eh  bien!  àdiversesreprisesj'éprouvai  de  véritables  frémissements.  Pironeut  parupàle  auprès 
d'eux.  J'écrivis  immédiatement  en  cryptographie  cet  entretien  curieux;  mais  impossible  d'en 
donner  ici  lamoindreparcelle.  Remarquez  que  c'était  un  pur  jeu  d'esprit,  une  espèce  d'assaut 
d'obscénité  et  que  les  deux  interlocuteurs  ne  paraissaient  avoir  aucun  goût  l'un  pour  l'autre. 


ôi  OlUGi.NE  ET  CAKÂCTERE 

Doublure.  Giroflée  à  clion  feuyes. 

Soudure. 

Sauce. 

Désoiidure. 

Deguesine. 

Rifiodaine. 

Roulée. 

Drogue. 

Ranctienée. 

Randouyade. 

Trique. 

Erpassade,  repassade,  râpasse. 

Pile  (1). 

J'en  oublie  sans  doute  et  des  meilleurs. 

Le  catalogue  des  injures  est  aussi  très-étendu.  Je  ne  le  présen- 
terai pas  ici  au  lecteur;  mais  je  ferai  une  remarque  qui  paraîtra 
singulière,  c'est  qu'il  est  une  foule  de  qualifications  insultantes 
qui  ne  s'adressent  qu'aux  femmes.  Je  citerai  les  mots  de  godau, 
sottrau,  balou,  babot,  babin,  qui,  quoique  substantifs  masculins, 
ne  s'appliquent  pas  aux  hommes,  tandis  que  les  appellations  inju- 
rieuses qui  s'adressent  à  ceux-ci  peuvent  prendre  un  féminin. 
Cette  observation  n'est  pas  en  faveur  de  la  galanterie  montoise  ; 
mais  on  fera  attention  que  le  peuple  qui  fait  les  patois  n'est  poli 
nulle  part. 

Après  avoir  humblement  confessé  les  défauts  de  notre  patois, 
nous  pouvons  bien  en  dire  les  qualités. 

Pour  qui  sait  bien  le  manier,  il  a  une  énergie  et  une  précision 
que  l'on  chercherait  parfois  en  vain  dans  les  langues  les  plus 
riches  et  les  plus  cultivées.  Aussi  voit-on  assez  fréquemment  des 
personnes  très-instruites  qui,  au  milieu  d'une  conversation  fran- 
çaise, s'arrêtent  tout-à-coup  et  prennent  le  patois  qui  a  mieux  à 


(1)  Cette  liste  était  écrite  depuis  plusieurs  années,  lorsque  le  glossaire  picard  de  Corblct 
m'est  tombé  en  main,  j'y  ai  trouvé  l'analogue  de  ce  que  je  donne  ici.  En  y  réfléchissant  on 
est  obligé  de  croire  que  tout  patois  doit  fournir  un  pareil  catalogue. 


DU  WALLON-MONTOIS  ôr; 

leur  offrir  pour  donner  à  leur  pensée  l'expression  convenable.  On 
cite  un  vieux  professeur,  extrêmement  bon  latiniste,  qui,  faisant 
remarquer,  en  latin,  les  énergiques  beautés  de  Tacite  ou  d'Horace, 
ne  trouvait  souvent  rien  de  mieux  que  de  latiniser  quelques  mots 
ou  phrases  montoises  pour  monter  à  la  hauteur  de  son  sujet. 

Disons  pour  finir  un  mot  de  l'accent  montois.  Il  va  sans  dire 
que  cet  accent  déplaît  à  tous  les  autres  wallons,  surtout  aux  plus 
voisins  qui  ne  se  doutent  pas  qu'ils  en  ont  un  analogue.  Ils  ne  se 
doutent  pas  que  l'accent  wallon  en  général  n'est  pas  trop  éloigné 
de  l'accent  allemand  ou  au  moins  de  celui  des  provinces  rhénanes. 
Vus  à  assez  courte  distance,  tous  les  wallons  sont  confondus. 
Déjà  à  Paris  on  nous  confond  avec  les  flamauds  dont  on  nous 
donne  le  nom,  quoique  notre  accent  soit  bien  plus  ressemblant  à 
l'accent  allemand.  Il  est  vrai  que  nous  avons  plus  de  mots  flamands 
que  de  mots  allemands. 

Un  jour  que  je  revenais  d'Allemagne,  l'oreille  pleine  de  la  mé- 
lopée allemande  et  que  je  me  trouvais  entre  Verviers  et  Liège,  j'en- 
tendais des  paysans  parler  très-haut  entre  eux  de  trop  loin  pour 
que  je  pusse  saisir  les  mots.  En  entendant  ainsi  les  sons,  j'aurais 
juré  que  j'étais  encore  en  terre  germanique. 

il  y  a  une  assez  notable  différence  entre  l'accent  du  verviétois 
ou  du  liégeois  et  celui  du  montois,  et  cependant  j'ai  retrouvé  jusque 
dans  le  Palatinat  des  accentuations  montoises.  J'ai  été  servi  un 
petit  temps  à  Creutznach  par  une  fille  qui  disait  souvent  pour 
repousser  un  reproche  : 

Icli  luusste  es  nicht 

ou 

Mail  hatte  es  nicht  ijesagt. 

.l'aurais  cru  entendre  une  servante  montoise  disant  : 

fil  ci  savoi  gnié 
On  n'I'avoi  gnié  dit. 

On  aurait  pu  noter  presque  de  même  les  mots  des  deux  lan- 
gages. 


50  ORIGINE  ET  CAUÂCTËRE 

L'accGiit  traînant  et  chantant  de  Mons  a  sans  doute  dans  cer- 
taines bouclies  quelque  chose  de  fade  et  de  réiJUgnant,  mais  il 
faut  bien  dire  que  dans  certaines  autres  qui  savent  le  moduler,  il 
donne  de  la  grâce  au  discours  et  enlève  à  certains  mots  leur 
dureté. 


GRAMMAIRE. 


Je  donne  bien  quelques  parties  du  discours,  mais  je  n'ai  pas  la 
prétention  de  faire  une  grammaire  complète  ;  par  ce  que  ce  serait 
la  grammaire  d'un  patois,  qu'on  ne  s'imagine  pas  que  ce  serait 
œuvre  facile.  Voici  une  petite  anecdote  qui  le  prouve  : 

Un  jeune  flamand,  fort  instruit,  devenu  aujourd'hui  sénateur, 
avait  le  désir  d'apprendre  le  montois.  Ses  camarades  s'en  amu- 
saient. Un  jour  il  arrive  dans  un  café  et  on  l'interpelle  en  entrant  : 
Eli  bé,  Diun,  pa  iu  avée  v'nu,  lion?  Pau  Crue  dé  fCoupe,  répond 
Jean.  Éclats  de  rire  universels.  Mais,  malheureux,  lui  dit  un  de 
ses  amis,  fais  donc  attention  que  rue  est  du  genre  féminin,  on  dit 
sans  doute  :  pan  ptit  marché  ou  markié,  mais  c'est  que  markié 
est  masculin.  C'est  une  barbarie,  digne  d'un  flamand,  de  dire 
pau  rrue,  il  faut  dire  pa  frue.  Alors,  réplique  le  flamand,  pour- 
quoi vous-même  avez-vous  dit  hier  que  vous  étiez  passé  pau 
grancfrue.  Le  petit  cénacle  de  professeui's  de  montois  resta  inter- 
dit. Faut-il  résoudre  la  question  en  disant  que  grand'rue  quoique 

5 


58 


GRAMiMAIRE 


féminin  et  simple  abréviation  de  grande  rue,  donne  l'impression 
d'un  masculin?  Mais  il  y  a  des  difficultés  bien  autrement  sérieu- 
ses. Pour  les  aborder  il  faudrait  passer, la  revue  mentale  de  tous 
les  cas  possibles,  alors  on  pourrait  s'élever  jusqu'aux  règles  et 
défalquer  ce  qui  n'est  qu'exception.  Ce  serait  un  travail  énorme. 


Quelques  parties  du  discours  sont  variables  selon  le  cas,  le 
genre,  le  nombre,  le  temps,  le  mode.  Nous  donnons  ci- dessous 
quelques  déclinaisons  et  conjugaisons. 

ARTICLE. 


Sing. 

Masc. 

Fém. 

Nominatif 

» 

El.,  I.' 

EL,  l' 

el  père, 

,  el  mère 

le 

père. 

,  la     11 

iièi 

Génitif 

» 

DU 

DEL 

du    » 

del  )) 

du 

)) 

de  la 

)) 

Datif 

» 

AU 

AL 

au    )) 

al    » 

au 

)) 

à  la 

» 

Accusatif 

» 

EL,  l' 

EL,  l' 

el      )) 

el     » 

le 

» 

la 

)) 

Ablatif 

)) 

PAU,  PA  l' 

PAL 

pau  )) 

pal  » 

par 

le  » 

par  la 

» 

PLURIEL  DES  DEUX  GENRES. 


Nomin. 

LÉS  OU  LEZ. 

Genit. 

DÉS. 

Dat. 

A  LÉS. 

Accus. 

LES. 

Abl. 

PA  LÉS. 

PRONOMS  PERSONNELS. 

Les  pronoms  personnels  varient  beaucoup  dans  les  villages  au- 
tour de  Mons,  comme  la  plupart  des  mots  fort  employés  ;  on  y  dit  : 
DiÉ,  ED,  d'i,  Diu,  Dj'  DJU,  ctc;  clié  vie,  ed  vie,  cCiu  vie,  dju  vie.  Je 
viens;  dHai,  dfai.  Quelques-uns  pour  les  besoins  de  l'euphonie 
s'empruntent  aux  voisins.  Certaines  cacophonies  sont  par  là  esqui- 
vées: on  serait  regardé  de  travers  si,  voulant  imiter  nos  paysans, 
on  disait  :  dfai  dfà  v^nu.  Je  suis  déjà  venu.  Quelquefois  sans 
doute  le  choix  est  arbitraiie,  mais  souvent  il  est  impérieusement 


GRAMMAIRE 


59 


commandé  par  l'oreille  qui  veut  un  mélange  de  voyelles  longues 
ou  brèves,  sourdes  ou  accentuées. 


Nomin.    je,  j',  ej,  mi, 
Gen.        d',  dé,  mi, 


ejvié,mi.  Je  viens,  moi. 
y  n'a  gnié  peu  d'ini,  peur  dé  mi.  Il  n'a 
pas  peur  de  moi. 
Dal.  A  MI,  EMMEj  MÉ,  m',      f'  Cà  mi,  ccss'  fàmi.  C'est  à  moi.  Baye 

mé  lé,    bayél  mé   lé,  bay   emme  lé. 
Donnez-le  moi,  donne-le  moi. 
Accus,      mé,  m',  tié-mc.  Tiens-moi.  Y  m' lié.  Il  me  lient. 

Abl.  PA  MI,  PAR  MI. 


Nomin.     ette,  té,  t',  ti, 
Gen.         DE  TI,  d'ti, 


Dal. 


A  TI,  T  , 


Accus.      TÉ,  t', 

Abl.  PAR  TI,  PA  TI. 


viette,  est-ce  quel' vie?  ti?  Viens-lu?  loi? 

/  n'ai  gnié  danger  d'  li.  Je  n'ai  pas  be- 
soin de  toi. 

y  C  el  l'a  bayé,  y  V  l'a  bayé.  Il  le  l'a 
donné.  Est-ce  à  ti? 

taille -té,  taige-té,  tait~C  Tais-toi. 


Masc. 

Nomin.     il,  y,  li. 
Gen.         DE  LI. 
Dal.  Ll,  A  Li,  l' 


Fém. 
ELLE. 

d'elle. 

A  ELLE,  l'.  /  li  prain.  Je  lui  prends. 

Ç  t'  à  li  s'courtiau  là. 
Accus.     EL,  l'  elle,  l'.  .feîpraùi.  Jelejelaprends. 

Abl.      PAR  Ll,  PA  LI.   PAR  ELLE,  PA  ELLE. 


Nomin.  no,  nou,  nolz,  n',  noz.  No  d'allons,  noxiz  autle.  Nous  par- 
lons. D'allon  n'.  Partons-nous? 
Noz'  allon.  Nous  allons. 

Gen.         DÉ  NOUS,  d'  nous. 

Dat.  A  nous,  no,  noz.  /  no  'II'  a  dit.  Il  nous  l'a  dit.  Y  nos  a 

dit. 

Accus,      no,  nos.  y  noz  a  buqué.  Il  nous  a  frappé. 

Abl.  PA  NOUS. 


40 


GRAMMAIRE 


Noniiii. 


Gcn. 
Dal. 
Accus. 
Abl. 

Noniin. 

Gen. 
Dat. 

Accus. 
Abl. 


VO,    VOLF,   vouz,   voz. 


1)E  VOUS. 

.V  VOUS,  VO,  voz. 
VO,  voz, 

PAR  vous,   PA  VOU. 


Vo  d'allé,  voz  ave.  Vous  parlez,  vous 
avez.  Dans  l'iiKerrogation  ou  dit  : 
Avce?  parfec ?Avez-vous?  parlez- 
vous?  C'esl  une  alléralion  du  pa- 
lois  campagnard  qui  dil  avêve. 


EU,    EUSSE,    YEUSSE,  Y,  YZ, 
IL,  ELLE. 

d'eu,  d'eusse. 
a  eu,  a  yeu,  a  eusse,  a 
yeusse,  leuz. 

LES,  EU. 
PA  EU,  YEU. 


y  sain  vont,  eusse,  il  ou  yz  oui. 
Us  s'en  vonl  eux,  ils  oui. 


Nom 
Gen. 
Dal. 


PRONOMS  POSSESSIFS. 

Singulier.  Pluriel. 

EMM,  m',  mon,  ma  ;  ess,  s,  son,  sa  ;  ett,  ï',  ion,  la  ;  mé,  mes. 

d'emm,  d'em';  d'ess,  d'e  s';     d'ette,  dé  t';      d'mé,  d'mes. 

A  m';  ass,  a  s';  att,  a'  f;  amé,  a  mes. 

Accus.  EMM,  m';  ess,  s';  ett,  t';  mé,  mes. 

Abl.       pamm,  PA  m';  pass,  pa  s';       patt,  pa  t';        pa  mé,  pa  mes. 

Nota.  Lorsque  le  subslanlit'  suivant  a  une  voyelle  initiale,  emtn, 
ess,  elle,  se  changent  en  :  emm'  n',  ess  «',  ett  n'  :  emm  rCamisse,  mon  ami. 

Par  pléonasme  on  dil  emme  mon  père  ;  on  dit  aussi  :  ctl  ma  sœur,  ess 
moyi  onkc. 


Dans  quelques  villages 
on  dil  :  noss,  voss 
au  singulier. 


Nom.  NO,  notre;  vo,      votre;  leu,      leur, 

Gen.  d'  no,  d'  vo,  d'  leu, 

Dal.  A  NO,  A  vo,  A  leu. 

Accus.  NO,  vo,  léu, 

Abl.         PA  NO,  PA  vo,  PA  LEU. 

Même  remarque  que  ci-dessus  ;  on   doit  dire  :  No  n'amisse,  leu 
n'amisse. 


GRAMMAIRE 


M 


VERRES  AUXILIAIRES. 

AVOI.    AVOIR. 
Indicatif. 

j'ai.      no  z'avon. 
t'a,       vo  z'avé. 

IL  a,        il  ou  y  z'0>. 

Imparfait. 

j'avoi,    no  z' avion.  Dans  quelques  villages  ou  dil  :  No  s'avine. 

t'avoi,    vo  z'avié,  Vo  zavile. 

IL  Avoi,  IL  ou  y  z' avion.  /i OU  yz  avinlc{\). 

Le  parfait  manque  dans  le  patois. 

Prétérit. 

j'ai  Eu(pron.  comme  dans  feu,  jeu),  euwe,  vu,  yel.  Dans  quelq.  local,  oyu. 
Prétérit  antérieur  manque. 

Plus-que-parfait. 

j'avoi  eu,  euwe,  yu,  yeu. 

Futur. 

j'arai,     no  z'aron. 

ï'  ARA,     VO  z'aRÉ. 

IL  ARA,     IL  OU  Y  z'aUON. 

Futur  passé. 

j'arai  eu. 

Conditionnel  (2). 

j'aroi,        NO  z'arion.  Noz  arine. 

t'aroi,        VO  z'arié.  Voz  arile. 

IL  AROi,       il  OU  Y  z'arion.  Il,  yz  arinlc. 

Conditionnel  passé. 

j'aroi  eu,  eue,  yu,  yeu. 


(1)  Bien  n'est  plus  variable  que  l'imparfait  :  selon  les  loealités  il  se  transforme  en  j'avo, 
faveu,  j'avau,  j'au,  dj'au,  diau,etc. 

(2)  Le  mot  si  peut  se  dire  avee  le  conditionnel  comme  en  ail.;  seulement  la  redondance 
n'est  qu'une  faculté  pour  le  montois,  tandis  qu'elle  est  obligée  pour  l'ail.  On  peut  dire  : 
Si  j'avoi  et  si  j'aroi. 


42 


GRAMMAIRE 


Subjonctif  présent. 
QUE  j'aUE,  j'aISSE  (i),  QUE  NO  z'aYON. 

QUE  t'aIJE,  que  VO  z'aYÉ. 

qu'il  aije.  qu'il  ou  qui  z'aye 

Imparfait. 

que  j'usse,  j'u,  j'eusse,  que  no  z'ussion. 

QUE  t'uSSE,  que  VO  Z'USSIEZ. 

qu'il  EUSSE,  U,  USSE,        QU'iL  OU  QUI  Z'USSE. 

Infinitif. 
AVOI. 

AVOI,  AVOIR  U,  EUE,  YU. 

AYAN. 


OU  aille  ou  aillé. 

EUSSION. 
EUSSIEZ. 
EUSSE,  EUSTE,  EUSTÉ,,USSION. 


U,  EUE. 

Par  interrogation. 
AI-JE,  AI-JOU,  AI-JTI, 
ATT, 
ATI, 

AVONNE, 
AVÉE, 
ON  t'y, 

Ind.  présent. 
EJ,  J'SUE, 

t'  É,  t'  et,  t'  es-t', 
il'  é,  et,  es-t', 

Imparf. 


Dans  quelques  localités  avan. 

d'ai-je,  d'ai-jou,  d'ai-jeti  ;  ain  d'ai-je  ou  d'at  jou 

d'att  ;  ain  d'ail. 

d'atti  ;  ain  dtalli. 

d'avonne;  ain  d'avonne. 

d'avée  ;  ain  d'avée. 

d'on  t'y  ;  ain  d'on  Cy. 
ETTE. 

NO  STON,  NOS  ESTON,  ASTON, 

VO  z'  ASTÉ,  VOS  ESTÉ,  VO  STÉ,  {C  el,  f  cs  lainhommc), 

Y  SON. 


i  ETOl,         NO  ZETION, 

t'  etoi,     VO  z'etié, 

IL  ETOI,      IL  OU  Y  z'eTION. 


Dans  quelques  villages  on  dit  : 
feslou,  j'aslou,  feslève,  j'csleu,  felone   ou 

fetione,  no  z'elone  ou  elione,  vo  z'clole, 

y  z'elonnte,  y  z'clouinlc,  y  louinte. 

Dans  quelques  autres  on  dit  : 
No  zcline  ou  csline  ou  slinc,  vo  z'elile  ou 

eslile  ou  slile,  il  ou  y  zelôle  ou  eloinle. 


(1)  Les  deux  temps  du  subjonctif  sont  également  facultatifs.  On  peut  dire  indifféremment 
après  y  faut,  y  f aurai,  soit  que  faisse  on  que  fusse.  C'est  l'oreille  seule  qui  doit  décider  en 
raison  des  mots  qui  suivent. 


GRAMMAIRE 


dans  fiuolques  villages  ;  J'ai  slu,fennc  n\i  slu. 


no  srine,  sarinc,  sauruie. 


Le  parfait  manijiie. 
j'ai  sté,  esté, 
j'ai  eu  sté, 

EJ,  j'  s'rai,  sarai,  saurai, 
j'arai  sté, 

EJ  j'  s'roi,  saroi,  sauroi, 
j'aroi  sté, 

QUE  j'  soi,  que  nos  SEYON,  SEYIEZ,  SOITTE,  SOITTÉ,  SOIVTE,  SOIVTÉ, 

QUE  j'  FUSSE, 

QU'  TU  FUSSE,  QUE  t'  FUSSE. 

qu'y  FUSSE. 

ETTE,  ESSE, 

ETAN,  ESTAN,  STAN, 

ÉTÉ,  STÉ, -ESTÉ. 

Par  interrogation. 

SUE-JOU, 

ETTE, 

ETI,  ESTI,  STI, 

ESTONNE,  STONNE, 

ETÉE,  ESTÉE,  STÉE. 

SONT-Y. 

Pas  plus  à  celle  conjugaison  qu'à  la  précédente,  je  ne  donne  loule  la 
forme  inlerrogalive.  L'imparfait,  le  futur  et  le  conditionnel  se  comportent 
de  même. 

l^^  CONJUGAISON. 

Indicatif  (1). 


J  ,  EJ  DANSE, 
TE,  ETTE  DANSE, 
Y,  ELLE  DANSE, 


NO  DANSON, 

VO  DANSÉ, 

Y  DANSTE  OU  DANSTÉ. 


La  o"^  personne  du  pluriel  se 
forme  bien  singulièrement 
dans  la  partie  orientale  de  la 
province  :  elle  se  fait  en  Inu. 
Un  étranger  entend  dire  avec 
consternation  :  cl  jour  dcl 
ducasse ,  y  danslnu  su  f 
place. 


(1)  Les  verbes  en  iee  sont  souvent  irréguliers  :  coickier,  rakier  îont  j'em  couJie,fem  coukie 
et  j'em  coukeye;  ej  rake,  ej  rakeye  et  ej  rakie.  Les  verbes  en  1er  font  à  l'indicatif  e;  ciit- 
felle,  ej  roukelle,  ej  ronfdle,  ej  joiiguelle. 


Al  CRAMiMAlRK 

Imparfait. 

.)',  i:,i  it\Nsoi,  NO  D.VNSiON,     L'imparfait  est  lo  pliisvariabledelous  les 

rr,,  ETTF  DVNSoi,     vo  D.VNSI1-.  leiiips.  Il  fait  selon  les  localités  dan- 

Y,  F.F.i.E  DANsor,       Y  DANSioN.  seu,     (lanso,    dansou.    Au    pluriel, 

nos  dansine. 

Le  parfait  manque  dans  toutes  les  conjugaisons  comme  en  allemand. 
Mais  en  allemand  il  se  remplace  par  Timparliiit,  tandis  qu'en  wallon,  il 
est  suppléé  par  le  prétérit.  Il  y  a  pourtant  quelques  exceptions,  surtout 
dans  les  villages  voisins  de  Mons  :  on  peut  dire  par  ex.  :  ej  preindis, 
je  pris;  ej  requis,  vécus;  ej  conslraindis,  je  serrai. 

Prétérit. 
.l'.\I  D\NSÉ. 

Prétérit  antérieur. 

j'ai  eu,  yu  d.vnsé. 

Plus-que-parfait. 

j'avoi  dansé. 

Futur. 
J,  EJ  DANSERAI. 

Conditionnel, 

j',  EJ  DANSEROI,  NOS  DANSERION,  NOS  DANSeRlNE, 

TE,  ETT,  TL"  DANSEROI,      VO  DANSERIÉ,  VOS  DANSCRITE, 

Y  DANSEROI,  Y  DANSERION.  V  DANSCRINTE. 

Subjonctif  présent. 
QUE  j'  DANSE. 

Imparf. 

QUE  j'  DANSISSE,  QUE  NOS  DANSISSION,  NOS  DANSISSE. 

QUE  TU  OU  Qu'eTTE  D.VNSISSE,  QUE  VO  DANSISSIÉ,  VOS  DANSISSE. 

qu'y  DANSISSE,  QU'y  DANSISTE  OU  DANSISTÉ. 

Notez  que,  quoique  ces  deux  temps  du  subjonctif  existent,  ils  n'ont 
cependant  pas  l'emploi  qu'ils  remplissent  en  français.  Ce  n'est  pas  le 
temps  précédent  qui  les  détermine,  c'est  l'arbitraire  chez  le  plus  grand 
nombre,  c'est  l'oreille  pour  les  mieux  organisés.  On  peut  soutenir  que 
le  subjonctif  n'a  qu'un  seul  temps  et  que  le  second  temps  n'est  qu'un 
emprunt  fait  à  une  commune  voisine  pour  pouvoir  varier  le  discours. 


GRAMMAIRE 


45 


•   Les  subj.  qui  diffèrent  de  l'indic.  n'ont  guère  de  flexions  dans  les  per- 
sonnes el  les  nombres  :  que  faimissc,  que  nos  aiinisse,  que  f  baisse,  que 
no  baisse.  Cependant  le  son  du  t  se  fait  sentir  à  la  o'  personne  du  pi.  : 
qu'il  aimisle,  qui  baille  ou  boisle. 
qui:  j'ai  ou  QiÉ  j'aye  dansé, 

QUE  j'eus  ou  QUE  j'eUSSE  DANSÉ, 

Infinitif. 
DANSER. 

Dans  quelques  localités  on  dit  :  dansé,  dansi,  dansie. 

Participe. 
DANSAN, 

DANSÉ,  féminin,  dansée  et  dansète. 

Les  verbes  réguliers  ont  une  forme  interrogalive  comme  les  auxiliaires, 
mais  l'euphonie  ne  permet  pas  toujours  de  l'employer.  On  la  rompiace 
alors  par  esl-rc  que?  esl-ce  que  c'est  que? 

2«  CONJUGAISON. 


Indicatif, 
j'j  EJ  PUNI, 
ETTE  PUNI, 
Y,  ELLE  PUNI, 

Imparfait, 
j',  EJ  PUNISSOI, 
ETTE  PUNISSOI, 
y',  elle  PUNISSOI, 

j'ai  puni, 
j'ai  eu  puni. 

j',  EJ  PUNIRAI. 
j'aRAI  PUNI. 

j'arai  eu  puni. 

j',  EJ  PUNIROI. 

j'aroi  puni. 

J'aROI  EU  PUNI. 


NO  PUNISSON. 

VO  PUNISSE. 

Y  PUNISSE,  PUNISTÉ. 

NO  PUNISSION. 
VO  PUNISSIEZ. 
Y  PUNISSION. 


4G  GRAMMA[RE 

Impératif. 
Pi;iSI. 

Subjonctif. 
QUE  j'  PUNISSE. 
QUE  J'W'E  PUNF. 

L'imparfait  manque. 

Plus-que-parfait. 
QUE  j'eusse  puni. 

Infinitif. 
PUNI. 

Participe  présent. 
PUNISS.\N. 

Participe  présent. 

PUNI,  féminin  punise  et  punite. 

o»  C0N.1UGAIS0N. 

Indicatif. 

j'erçoi,    no  r'cevon  ou  noz  ercevon. 
TÉ  u'çoi,  vo  r'cévez  ou  voz  ercévé. 
u.  ERçoi  ou  V  r'çoi,     y  r'çoitte  r'çoitté  ou  iz,  n.  erçoiyte,  y  z'erçoiyté. 

Imparfait. 

no  r'cévion  ou  noz  ercévion. 
vo  r'céviez  ou  voz  ercevié. 
Y  r'cévion     ou  il,  iz  ercévion. 


J  ERCEVOI, 

TÉ  r'cÉVOI, 

IL  ERCEVOI  OU    Y  r'cEVOI, 

i'ai  r'çu 

ou  j'ai  erçu. 

j'avoir'çu 

))     ERÇU. 

.i'ai  eu 

»       » 

.i'avoi  eu 

»        )) 

j'ercévrai. 

j'ercévroi. 

.i'arai 

r'çu. 

j'arai  yu 

» 

j'aroi 

)) 

j'aroi  yu 

)) 

ERÇOl 

[qu'il  erçoive,  erçoisse. 

QUE  j'eRÇOISSE. 

NOS  ESCEVRION,  NOZ  ERCEVRINE. 


■»SÉ' 


GUÂMMAIUE 


47 


yU    J  LRCEVISSE. 

ERCÉVOI,  ircÉVOI. 

ERCÉVAN,  n'cÉVAN, 

ERÇU,  l\ÇV, 


ERÇUTE,  RÇUTE,  ER(;USE,  R  ÇUSE. 


i«  CONJUGAISON. 

Indicatif, 
j',   EJ  REIN,  NOS  REINDON. 

ETTE  REIN,  VO  REINDÉ. 

Y,  ELLE  REIN,  Y  RElNTTE,  REINTTÉ. 

Imparfait, 
j',   EJ  REINDOI,  NO  REINDION. 

ETTE  REINDOI,  NO  REINDIEZ. 

Y  REINDOI,  Y  REINDION. 

j\vi       REINDL. 

j'avoi       » 
j'ai  U         )) 
J'WOI  EU   » 
EJ,  j'  REINDRAI. 
j'  REINDROI. 

j'arai  reindu, 
j'arai  vu   » 
j'aroi        )) 
j'aroi  yu  » 

REIN  (l),  RAINDON. 


(1)  Dans  toutes  les  conjugaisons  l'impératif  est  remarquable  par  ses  contractions  avec 
les  pronoms  :  Lé,  mi,  a  mi  :  bayemme,  hayell.  bayemme  lé  ou  hayelle  mé  lé,  donnez-moi,  donnez- 
le,  donnez  le-raoi.  Bayonle,  donnons-le.  Au  singulier  la  contraction  n'a  pas  lieu  dans  la 
première  conjugaison;  il  faut  dire  :  baye  mé  lé,  donne-le-moi. 

Dans  les  trois  autres  elle  a  lieu  au  singulier  comme  au  pluriel  :  finille,  erçoillo,  preinle, 
preimme.  Finis-le,  reçois-le,  prends-le,  prends-moi. 

Il  y  a  quehiues  exceptions  :  faites,  dites  n'acceptent  pas  la  contraction  ;  il  faut  dire  : 
faites-mé,  dites-lé.  Mais  si  on  rend  le  verbe  régulier,  la  règle  reprend  ses  droits  ;  disemme  es 
que  VO  savez. 


-18  GUAMMAIKl-: 

QUE  j'  REINDE  Cl  QUE  j'  REI.NSSE,       QUE  NOS  REI.NDION,    KKINSSIOX. 

REINDE. 

REIND.VN. 

REINDU,  REINDUSE,  REINDUTE. 

11  n'est  pas  possible  d'énumcrer  lous  les  verbes  irrégulicis.  Eu  voici 
quelques  exemples  : 

Aller  :  Que  f  vasse,  que  f  vausse,  que  f  allisse. 

Boire  :  Ej  biivrai,  que  f  baisse,  que  f  ouvrisse,  buvisse. 

Savoi,  savoir  :  Que  f  scusse,  que  f  savisse,  sachisse,  suisse,  cj  sarai. 

V'ni  :  J'  vérai,  qu'y  viesse,  quy  vnissc. 

D'voi,  DÉvoi  :  Y  doilte,  y  doillé. 

Lever  :  Ej  lièvc,  cj  yève. 

Souteni  :  Ej  soûlerai. 

Par  contre  il  est  des  verbes  irrégulicres  en  français  qui  devicnneni 
réguliers  pour  les  montois  : 

Pouvoi  :  Pouvu. 

Plainde  :  No  plaindon. 

Voir,  vir  :  No  voij'on,  no  viron. 

Prainde  :  No  praindon  et  perdon. 

Beaucoup  de  verbes  émigrent  d'une  conjugaison  à  une  autre  : 

Osoi  (oser). 

Rascoyer,  ercoyer  (recueillir.) 

Grouper. 

Tous  si,  lossi. 

Seki  (sécber). 

Vessi. 

Plaindcr,  plander.  On  dit  également  :  Plainde  et  plandc. 

Bainde  (bander). 

Poner.  On  dit  aussi  :  Ponde. 

Beaucoup  aussi  cbangent  leur  auxiliaire  : 

Il  a  v'nu. 
Y  s'a  leyc  heï. 


GRAMMAIllE  iî) 


SUBSTANTIFS. 

Les  subslanlifs  on  général  ne  reconnaissent  pas  de  nombre.  C'est 
Tailicle  ou  le  pronom  qui  le  détermine.  On  dit  :  lés  homme  eyc  Icuz 
ainfan  ont  'sic....  et  non  lés  hommes  eyé 

Les  substantifs  en  al  qui  en  IV.  (ont  le  pluriel  en  mix,  font  au  en 
montois  dès  le  singulier  :  el  Iccvau,  ain  gvau,  marichau,  il  a  mau 
s  panse  ou  à  s'panse.  Il  a  mal  au  ventre.  On  dit,  mais  assez  rarement, 
ain  animau.  On  se  sert  plus  volontiers  du  mol  :  bielle. 

Caporal,  général,  eonfessionnal,  arsenal,  tribmial  font  aux  deux 
nombres  :  caporâlc  ou  corpordlc,  générale,  confcssiondlc,  arscnâlc,  lii- 
bundle. 

Les  substantifs  en  ail  prennent  aux  deux  nombres  le  son  d'aye  :  baye, 
ayc,  travaye.  Ce  dernier  mot  est  peu  usité.  On  dit  plus  volontiers  ou- 
vrage, ouvrache,  onrvrache.  Soupirail  ïail  soupiruellc  aux  deux  nombres. 

Dans  quelques  villages  les  subst.  masc.  fr.  en  cur  font  le  féminin  en 
esse  :  docteur,  doclresse.  Mayeur,  mairesse. 

Dans  d'autres  vers  la  frontière  de  France  ils  le  font  en  oire  :  ara- 
toire, haijoire,  crachoire,  criioire.  Alors  le  masc.  wallon  est  toujours 
en  eu  :  avaleu,  baijeu  (baiscur).  cracheu  (cracbeur),  crieu  (crieur). 

visiN     fait  visenne. 

COUSIN         coiisenne. 

MUAu,  MUYAU,  MOUYAU  (muet),  muelle,  muycllc,  mouyelle. 

BORGNE,  borgnelle  el  borgncssc. 

LEU,  louvesse. 

Riou  (réjoui,  rieur),  riourle. 

piCHOu  (pisseur),  pichourfe. 

« 

ADJECTIFS. 

Les  adjectifs  ne  paraissent  pas  au  premier  abord  plus  privilégiés  que 
les  substantifs,  sous  le  rapport  du  nombre  :  on  dit  :  Y  son  égale  Vun 
avé  Vaulre.  Ils  sont  égaux.  Elle  sonl  laile  et  sale  el  non  lailes  et  sales. 

Mais  quand  l'adjectif  précède  immédiatement  un  substantif  comnten- 
çant  par  une  voyelle,  il  peut  prendre  la  marque  du  pluriel  :  einmichan 
einfanl,  dés  michans  einfant,  il  tant  dire  :  dés  michan  cl  laids  einfan, 
parce  que  einfan  ne  suit  pas  imniédialemenl  michan. 


50 


GRAMMAIRE 


H  csl  une  remarque  à  faire,  c'est  que  si  le  monlois  a  le  pouvoir  d'ac- 
ccnluer  au  pluriel  certains  e  selon  son  caprice,  ce  pouvoir  lui  est  ravi 
au  singulier  ;  il  peut  dire  :  dés  laite  bielle  ou  dés  lailé  bielle,  il  ne  pour- 
rait pas  dire  :  enne  lailé  bielle.  L'accentuation  convient  toujours  mieux 
au  pluriel  ;  ce  ne  serait  pas  une  foute  de  dire  :  dés  monvaise  gein,  mais 
il  est  plus  correct  de  dire  dés  monvaise  gein.  Il  faut  toujours  dire  :  enne 
monvaise  gein. 

On  dit  par  exception  :  il  a  bons  el  eau,  ein  lil  bons  cl  caM(plus  rarement 
bonne  el  eau),  mais  il  faut  remarquer  que  bons  el  eau  ne  signifie  pas  bon 
et  chaud,  mais  convenablement  chaud,  d'une  température  agréable.  On 
dit  de  même  :  ein  biau\  el  gros,  ein  bons  el  gros. 

Quand  l'adjectif  se  termine  par  un  s  au  singuliei',  on  supprime  ce  s 
et  ne  on  le  reprend  qu'au  pluriel  :  ein  gro  einfanl ,  dés  gros 
einfanls. 


Quant  au  genre,  il  diffère  souvent  des  analogues  français  : 


MEUU  (mur), 

meurle. 

SUR  (acide), 

surle.  seur  (certain)  est  régulier 

BLEU, 

bleusse. 

Nom, 

noir  le. 

GUÉRI, 

guérile  et  guérise. 

POURI, 

Ponrile. 

MEYEUR,  MIEUR,  MIEU, 

meyeurle,  meyeuse,  micusse. 

CONTEIN, 

conleinse. 

MALIN, 

maline  el  malennc. 

CHAGRIN, 

chagrenne. 

BLANC, 

blanke. 

FRANC, 

franke. 

SEC, 

scke. 

PRETTE  (prêt), 

des  2  genres. 

NETTE, 

id. 

MOLLE, 

id. 

LENTE, 

id. 

LIGÈRE, 

ligerle. 

FLAMAKN, 

flamainke. 

UUR, 

dur  le. 

GRAMMAIRE  51 

Pour  tous  les  villages  entre  Mous  et  Quiévrain,  même  rcmariiiic  quant 
aux  adjectifs  que  quant  aux  substantifs  : 

IL  EST  c.vQCETEU  (bavaid),  elle  est  caqueloire. 

»     MOULiNEU  (qui  travaille  au  treuil),  moulinoire. 

Tous  ceux  en  able  ont  conservé  la  vieille  forme  française  en  aule  : 

LOGEAiii.E,  logeable. 

HABiTAULE,  habitable. 

C'est  une  règle  de  syntaxe  wallone  que  l'adjectif  doit  précéder  son 
substantif.  Mais  elle  n'a  toute  sa  rigueur  ail.  que  dans  nos  villages  et 
même  elle  ne  s'applique  pas  aux  participes;  on  dit  :  ein  preincheu  skoHé, 
del  morve  dessekie.  11  y  a  aussi  quelques  adjectifs  privilégiés;  on  dit  : 
ei  Iclié  rispeux,  ein  einfanl  cachivcux.  A  Mons  on  est  encore  moins 
sévère;  on  se  permet  de  dire  :  el  cal  noir,  des  grouscyes  verles,  ce  qui 
ne  serait  pas  toléré  au  village.  Mais  cela  doit  être  moderne,  témoin  le 
nom  des  rues  :  dés  blancs  Mouchons,  d'  borgne  Agasse,  etc. 


ORTHOGRAPHE. 

Ce  sei^ait  ici  le  cas  de  déterminer  les  bases  de  l'orthographe. 
J'en  aurais  bien  le  droit,  car  venu  le  premier,  je  puis  poser  les 
jalons  de  la  route. 

Avia...  peragro  loca  non  pniis  mite 
Trita  solo....  (lucréce). 

Mais  c'est  une  tâche  que  je  n'ose  entreprendre. 

Je  dois  dire  pourquoi. 

Les  bases  de  l'orthographe  d'une  langue  sont  l'usage,  l'étymo- 
logie,  la  prononciation. 

L'usage  pour  notice  patois  est  nul.  Tous  nos  anciens  documents 
sont  en  vieux  fr.,  non  en  patois.  Notre  ancien  camarade  d'étude 


:>i  GIIÂMMAIKE 

Dol motte  a  fait  en  patois  quelques  cliansoiis  charmantes,  quelques 
dialogues  gracieux.  Les  Fauves  du  curé  de  ^Yasmuël  sont 
pleines  de  grâce,  de  finesse.  Quelques  autres  Montois  ont  publié 
de  petites  pièces  remplies  de  mérite.  (Je  regrette  de  ne  pas  con- 
naître leurs  noms).  Mais  ces  essais  ne  sont  pas  assez  nombreux. 
D'ailleurs  les  auteurs  ne  sont  pas  d'accord  entr'eux,  pas  toujours 
avec  eux-mêmes  et  ce  n'est  pas  un  reproche  que  je  leur  adresse; 
car  il  retomberait  sur  moi  :  quand  un  mot  est  écrit  deux  fois,  je 
ne  puis  pas  toujours  la  seconde  fois  me  souvenir  comment  je 
l'ai  orthographié  la  première.  Ainsi  cette  base  de  l'usage  est 
nulle  dans  l'espèce. 

L'étymologie  serait  une  base  solide  si  la  source  était  incon- 
testable. On  pourra  voir  dans  cet  ouvrage  combien  il  est  difllcile 
de  s'assurer  de  l'origine  des  mots.  J'ai  déjà  dit  que  les  migra- 
tions, que  les  simples  communications  des  peuples  avaient  tout 
confondu.  Toutes  les  langues  indo-européennes  sont  parentes. 
H  est  des  mots  (j'en  cite  plusieurs,)  qui  appartiennent  à  toutes 
les  langues.  Quelle  est  l'origine?  Ce  qu'est  l'origine  de  bien  des 
choses,  elle  se  perd  dans  la  nuit  des  temps.  Mais  admettons  que 
la  langue  mère  soit  bien  reconnue,  on  n'en  sera  pas  plus  avancé  : 
les  divers  dialectes  écrivent  différemment  :  le  Breton  écrit  qest 
catoire  ruche,  le  Gallois  écrit  cest,  puis  dans  le  môme  dialecte 
les  auteurs  différent  :  Rostrenen,  à  la  vérité  écrit  qest;  mais 
Pelletier  écrit  kest.  Vous  pouvez  donc  écrire  catoire,  katoire, 
qatoive.  Ainsi  j'ai  le  droit  de  conclure  que  l'étymologie  ne  peut 
souvent  servir  de  base. 

La  prononciation  prise  pour  base  a  bien  des  défauts  dont  on 
peut  l'accuser,  et  d'anord  l'exécution  ne  serait  pas  commode, 
il  faudrait  inventer  cinq  ou  six  lettres  nouvelles,  plusieurs 
accents  et  esprits  à  la  manière  des  Grecs  ;  puis,  nous  ne  devons 
pas  oublier  que  la  principale  étoffe  de  notre  patois,  c'est  le  fran- 
çais. Il  faudrait  donc  écrire  tous  nos  mots  français  ou  presque 
français  comme  on  les  entend,  par  ex.  :  écrire  om  pour  hommes. 
Si  nous  voulions  imiter  les  ail.  qui  écrivent  comme  ils  pro- 
noncent ou  à  peu  près,  nous  serions  inintelligibles,  nous  révol- 
terions nos  habitudes  françaises. 


GRAMMAIRE  55 

Que  faire  donc  si  les  bases  exclusives  manquent?  Le  plus 
sage  est  sans  doute  de  s'appuyer  quelquefois  sur  l'une,  quelque- 
fois sur  l'autre.  Mais  c'est  une  chose  d'appréciation.  C'est  de 
l'arbitraire,  c'est  le  règne  du  bon  plaisir  qui  durera  jusqu'à  ce 
qu'un  pouvoir  académique  montois  ail  édicté  ses  décrets. 

Pourrait-on  promulguer  ces  deux  lois? 

Respect  pour  Tétymologie  lorsque  la  prononciation  est  désin- 
téressée; orthographe  française,  quand  l'étymologie  et  la  pro- 
nonciation ne  la  proscrivent  pas.  L'arbitraire  régnerait  provi- 
soirement en  cas  de  conllit. 


LITTÉRATURE. 

J'aurais  voulu  terminer  par  quelques  pièces  en  patois  ancien; 
mais,  je  viens  de  le  dire,  tous  nos  anciens  documents  sont  en 
V.  fr.  de  la  langue  d'oil.  Je  n'ai  rien  trouvé  en  patois  qui  eut 
quelque  ancienneté;  les  pièces  citées  de  Delmotte,  etc.,  sont 
récentes  :  on  peut  se  les  procurer  facilement.  Ce  que  j'ai  trouvé 
de  plus  ancien  ne  remonte  qu'au  temps  de  l'empire  :  c'est  la 
parabole  de  l'enfant  prodigue. 

L'idée  heureuse  vint  alors  à  Paris  de  colliger  des  spécimens 
de  tous  les  patois  français  :  un  thème  uniforme  :  la  traduction 
française  sur  le  texte  Syriaque  de  la  parabole  de  l'enfant  pro- 
digue fut  envoyée  à  tous  les  préfets  avec  ordre  de  translater 
cette  traduction  en  patois  local. 

On  franchit  même  les  limites  de  la  France  de  l'époque  et  on 
alla  puiser  jusque  dans  la  haute  et  basse  Engadine  du  canton 
suisse  des  Grisons.  Les  patois  suisses  ne  sont  pas  trop  étranges 
pour  nous  (même  le  vieux  rhétique  de  la  vallée  de  l'Inn).  Ils  le 
sont  bien  moins  que  les  patois  basques  et  bas-bretons.  Ceux-ci 
pour  un  Montois  sont  du  vrai  Syriaque  comme  le  texte  lui- 
même. 

Cette  collection  est  des  plus  intéressantes  en  ce  qu'elle  nous 

7 


oi  GRAMMAIRE 

montre  comment  tous  ces  patois  se  touchent,  se  fondent  l'un 
dans  l'autre  par  teintes  successives,  sous  la  réserve  ci-dessus 
du  bas-breton  et  du  béarnais,  qui  tranchent  et  crient  sur  leurs 
voisins.  Quelque  précieuse  qu'elle  soit,  on  ne  m'aurait  pas  par- 
donné de  la  copier  et  de  la  transporter  ici.  La  seule  pièce  qui 
ait  rapport  direct  au  présent  ouvrage  est  celle  que  le  préfet  de 
Coninck.  envoya  en  1807  pour  le  département  de  Jemmapes. 
Hélas!  on  peut  voir  au  premier  coup-d'œil  que  ce  n'est  pas  du 
montois.  C'est  pourtant  bien  du  Hennuyer,  il  n'y  a  pas  à  s'y 
tromper.  De  quel  village?  Probablement  celui  du  traducteur. 
Mais  où?  Elle  contient  trois  mots  que  je  ne  connaissais  pas. 

Rekeu 

Assilié 

Ratuarde 

Je  les  ai  déposés  pieusement  et  de  confiance  dans  ce  diction- 
naire. 

Mais  je  n'ai  pas  voulu  introduire  ici  la  pièce  elle-même  que 
l'on  trouvera  dans  plusieurs  ouvrages  de  philologie,  entr'autres 
dans  celui  de  Richard.  Schnakenburg,  qui  donne  une  partie  de 
la  collection,  omet  l'œuvre  Hennuyère. 

Il  y  a  bien  quelques  chansons  anciennes.  Dire  leur  âge  est 
chose  impossible  ;  mais  les  unes  sont  trop  épicées  pour  trouver 
place  ici  (il  en  est  de  fort  spirituelles),  les  autres  transmises  par 
tradition  ont  perdu  quelques  pieds  de  vers  à  chaque  généra- 
tion de  nourrices  et  ne  nous  sont  arrivées  qu'en  tronçons.  J'en 
ai  enfoui  quelques  lambeaux  dans  le  glossaire.  Je  pense  qu'elles 
offrent  quelqu'intérêt  pour  un  ouvrage  comme  le  mien,  mais 
elles  n'ont  pas  assez  de  mérite  ou  sont  trop  mutilées  pour  être 
mises  en  relief  dans  un  chapitre  spécial. 


GLOSSAIRE. 


A. 


A  {Y)  prend  quelquefois  à  peu  près  le  son  de  I'e,  surtout  dans  les 
mots  en  ar  :  Erguer  l'ernair;  regarde  le  renard.  L'a  se  transforme 
franchement  en  e  au  passage  de  beaucoup  de  mots  du  vieux  français 
dans  le  patois  :  carue  fait  Kerue,  Carrelon  fait  Kerlon.  etc.,  a  se  pro- 
nonce dans  pays,  payer,  haïe,  assayer,  tandis  qu'en  français  on  pro- 
nonce peys,  etc.;  la  quantité  de  I'a  montois  diffère  fort  souvent  de  celle 
de  l'A  français  et  reste  ordinairement  fidèle  à  l'origine  :  nous  disons 
Basile,  quand  les  français  disent  Basile. 

Abacher.  v.  a.  abaisser. 

Abatte,  v.  a.  t.  de  charb.  faire  tomber,  détacher  la  houille  du  toit  de 
la  mine. 

itbatue.  s.  f.  en  indiquant  ce  mot,  le  complément  du  dict.  de  l'acad. 
renvoie  à  l'art,  retombée  du  diction.;  là, retombée  est  définie....  portion 
de  voûte  qui  porte  sur  le  mur  ou  sur  un  pied  droit.  Notre  —  est  un  petit 
toit  portant  sur  des  piliers  et  adossé  à  un  mur  ;  à  Liège  on  dit  ahal-lou. 
appentis,  <ou=toit. 


56  ABA— ABR 

Abaiijsa.  profit  que  les  fripiers  de  connivence  dans  une  vente  pu- 
blique font  en  revendant  ensuite  la  marchandise  enlr'eux.  Diez  cite  le 
provençal  :  abauza,  tromperie  ;  batizar,  tromper. 

Al»e.  s.  m.  instrument  au  moyen  duquel  on  hauspcle  le  fil.  v.  haspeler. 
{abe  est  une  corruption  du  mot  arbre),  v.  hâpc. 

yibiette.  adv.  en  bêle  :  kervé  à  bielle,  complètement  ivre. 

AliÉstoquer.  v.  a.  arranger,  accoutrer  :  comme  té  via  abisloqué. 

Ablo.  s.  m.  morceau  de  bois,  de  pierre  qui  sert  à  abloqncr.  v.  ail. 
bloc  (cippus).  Vieux  français,  abloc,  ablot,  aWogs.  Gaël.  bloc. Bret.  bloc'b. 

Abloquer.  v.  a.  fixer,  affermir  (une  pierre,  une  poutre).  Vieux  fran- 
çais, abloquier,  ablochier. 

Abon.  adv.  tout  de  bon,  vraiment  ;  ne  s'emploie  guère  que  dans  la  forme 
interrogative.  à  bon?  est-ce  à  bon?  c'est-il  vrai,  cela  est-il  sérieux? 

A  bon  droit,  s.  m.  profits  particuliers  d'une  place,  d'une  charge;  il 
diffère  de  lour  de  bâton  en  ce  que  ce  dernier  profit  n'est  point  légitime; 
d'ailleurs,  tour  de  bâton  est  français,  quoique  peu  usité. 

A  bonne  heure,  adv.  de  bonne  heure,  tôt. 

Aboner.  v.  a.  aborner;  le  mot  aborner  est  fr.  mais  vieilli;  on  dit 
aujourd'hui,  selon  l'acad.:  placer  des  bornes  à  un  champ,  v.  fr.  bonne, 
bas-lat.  bonna. 

Abouler.  v.  n.  venir,  accourir;  c'est  un  terme  d'argot  ;  selon  M.  Fran- 
cisque Michel,  ce  mot  dérive  du  verbe  gascon  aboula  (advolarc) 
V.  bouler,  Iribouler. 

Abourser  ou  s^abourser.  se  former  en  abcès;  se  dit  du  "onflemenl 
particulier  qui  se  forme  dans  un  phlegmon,  lorsque  la  suppuration  suc- 
cède à  l'inflammation  ;  à  Liège,  abosé,  abcèder.  Le  mot  montois  provient 
sans  doute  de  la  forme  de  bourse  que  présente  l'abourscmain;  le  liégeois 
serait  une  corruption  ;  mais  on  peut  soutenir  qu'abcèder  a  formé  abosé 
d'où  serait  venu  abourser.  v.  pourciau. 

Abre.  s.  m.  arbre. 

Abri.  s.  m.  exposition.  On  a  donné  à  ce  mot  précisément  le  contraire 
de  sa  valeur  française:  ainsi  on  dit  qu'on  est  à  l'abri  du  temps  pour  ex- 
primer qu'on  est  exposé  à  ses  intempéries,  qu'on  est  sur  la  rue  ;  au 
figuré  cela  signifie  avoir  de  quoi  vivre.  M.  Grangagnage  explique  ce 
mot  en  remontant  au  vieux  français  aubère,  âbère,  v.  ail.  âber,  âpir 
repondant  à  l'expression  latine  :  in  aprico,  in  aperto.  Ménage  est  du 


Â3R-ÂCH  57 

même  avis  ;  ce  sont  donc  les  français  qui  ont  renversé  la  signification  du 
mot  abri.  Je  dois  dire  que  dans  lappendice  de  Monet,  abri  est  défini  : 
douce  température  de  lair. 

4broki.  v.  a.  mettre  en  perce  ;  littéralement  embroeher  (arrondisse- 
ment de  Charleroy). 

Abrunoqiie.  v.  habrunok. 

Abiivroi.  s.  m.  abreuvoir. 

Acater.  v.  a.  acheter;  bas  latin  accaplare. 

i&ccideinté,  ée.  adj.  atteint,  affecté,  malade  (ie...accidemtcd'  Veslou- 
mac,  dés  gouttes,  dés  hémoruiles. 

Accrochage,  s.  m.  l.  de  charb.  lieu  où  l'on  accroche  les  cufat. 

A  celle  un  de.  conj.  afin  de;  locution  tirée  du  vieux  français. 

Acëlheiire,  auteur,  adv.  à  cette  heure,  à  présent.  François  1"  dans 
la  letire  par  laquelle  il  annonce  à  sa  mère  la  victoire  de  Marignan  em- 
ploie le  mot  ASETEURE, 

Ache.  s.  f.  espèce  de  corniche  sur  laquelle,  au  village,  on  pose  en 
étalage,  les  ustensiles  de  cuisine  et  de  table  dont  on  ne  se  sert  pas 
usuellement. 

Achelle.  s,  f.  assemblage  de  courtes  planches  en  forme  de  petite 
bibliothèque  et  dans  lequel  se  posent  des  ustensiles  de  ménage.  On  trouve 
dans  le  dict.  cambrien  ou  gallois  de  Davies  :  Ais,  qui  est  traduit  par 
assula,  assiculus,  asserculus,  puis  aslel  asser,  assula.  Le  v.  fr.  aisselle, 
petite  planche  et  le  wallon  achelle  ont  certainement  été  contemporains  ; 
ce  n'est  qu'une  différence  de  prononciation.  Mais  que  dire  de  l'antiquité 
relative  du  celt.  ais  et  du  lai.  assicula?  étaient-ils  aussi  contemporains, 
ou  bien  l'un  est-il  né  de  l'autre?  le  radical  ais  est  demeuré  fr.,  mais 
peu  usité. 

Chaque  fois  que  l'ancien  curé  de  Quaregnon  Godart  entendait  pronon- 
cer le  mot  — ,  il  ne  manquait  jamais  de  conter  l'anecdote  suivante  : 

Un  jour  une  femme  vient  tout  éplorée  lui  dire  :  que  s'n  homme  d'allo 
mon,  le  curé  s'empresse,  et  en  entrant  dans  la  maison  ne  voit  pas  le 
malade;  il  s'étonne  :  eh  bié,  monseu,  il  est  d'allé  poiirmcner  ein  avec 
d'sus  lés  campsjivant  que  d'mori.  Et  moi,  dit  le  curé,  qui  suis  venu  en 
hâte  au  bout  du  village,  et  lui  apportais  le  Seigneur.  —  Meinl  !  ré|)on(l  la 
femme,  i  n'a  rié  d'mau  fait.  Lcyel  là  d'sus  Tacuelle  :  quand  Vhommc 
crveira,  fly  barai. 


58  ÂCI— ADK 

Aoî.  s.  111.  acier,  b.  lat.  aciarium. 

/Iclaircit  (V  temps  s'),  le  temps  devient  beau. 

Aconinioder.  v.  a.  faire  la  toilette  de  la  tète  :  raser,  arranger  la 
queue,  les  faces,  poudrer.  Je  n'ai  pas  entendu  ce  mot  depuis  peut-être 
quarante  ans,  et  il  va  nécessairement  se  perdre,  puisque  la  mode  a  détruit 
ce  qu'il  représentait. 

Aeondiiirc.  v.  a.  amener,  puisqu'on  disait  amener,  on  a  pensé  pou- 
voir dire  :  aconduire;  cette  espèce  de  combinaison  se  retrouvera  fré- 
quemment, voyez  flani,  foére,  etc. 

Acoré.  adj.  avare,  ladre,  vilain,  en  v.  fr.  acorer  signifie  arracher  le 
cœur.  Gall.  angor,  anghawr  avarus  (Davies). 

Acoufter  (s'),  v.  réf.  se  blottir,  se  garantir,  se  tapir,  v.  fr.  acoveter, 
couvrir,  garantir,  abriter;  de  acoi,  abri. 

Aeoiitiiniauce.  s.  f.  habitude,  coutume,  à  V  —  comme  d'habitude. 

Acruï.  V.  a.  mouiller  (v.  cru). 

On  raconte  que  l'infante  Isabelle  ayant  frappé  la  houille  d'un  droit 
élevé,  les  borennes  se  rendirent  en  députation  auprès  d'elle;  arrivées  à 
l'audience,  elles  s'écrièrent  que  :  c'ée  ein  biau  gran  èfanl,  quelle  ée  toute 
â  marianve  ;  puis  elles  lui  débitèrent  une  harangue  en  vers  commençant 
ainsi  : 

It'  aussi  impossipe,  Dame  Zabia, 

d'  payer  c  drou  là, 

qu'à  vous  d' picher  conte  el  veint  d'  biche 

san  ACCRUi  vo  k'  miche. 

AoJîoner.  v.  a.  interpeller  vivement,  interroger  brutalement. 

Acurî.  adj.  fort  sale,  qui  doit  curer  longtemps  ou  qui  a  grand  besoin 
d'être  recuré,  v.  ces  mots. 

M.  Grangagnage  explique  son  liégeois  Ecuri,  encrassé,  par  :  rendu 
comme  du  cuir  (cur)  à  force  de  saleté. 

Adon  alors,  ainsi,  v.  français  adonc,  tiré  du  latin  ad  tune. 

Adreni.  adv.  convenablement,  d'une  manière  appropriée  à  la  cir- 
constance, du  lalin  ad  rem,  selon  la  chose  (connu  en  France). 

Adresser,  aderser.  v.  a.  toucher,  atteindre  (un  but).  J'ai  tiré 
d'sHs,  f  l'ai  adersi.  En  liégeois,  adiersi,  réussir,  v.  fr,  adercicr,  adrecier. 
dérivé  du  lat.  directus. 


ADV— AGA  59 

Adiiner.  v.  a.  deviner.  Esp.  advinar. 

Advinetle.  s.  f.  énigme,  v.  f.  adevinal  (à  deviner),  voici  une —  mon- 
loise  :  boule  boule  su  V  keyere,  boule  boule  par  terre;  y  n'a  nu  z  homme 
ein  Einglélerre  pou  Ver  faire,  le  mot  est  :  œuf. 

Afaire.  dé  ou  pou,  va  pour,  passe  pour,  soit  pour. 

A  fait,  fait  à  lait,  au  fur  et  à  mesure,  c'est  du  v.  fr.  provenant  du 
lat.  ad  faclum. 

Afaiti  (s').  V.  p.  s'habituer,  v.  fr.  afaiter. 

JLfilan,  ante.  adj.  ne  signifie  pas  eiïilé,  pointu;  mais  taillant,  qui  a 
reçu  le  fil.  Le  fr.  affiler  veut  dire  donner  le  fil. 

Alilet.  s.  m.  cordon  attaché  à  la  bride  d'un  cheval  et  dont  les  divers 
mouvements  lui  indiquent  de  quelle  manière  il  doit  marcher.  En  fr. 
mener  au  filet,  est  se  servir  du  filet,  espèce  de  bride,  bridon. 

Afiqne.  adj.  adroit;  ne  se  dit  guère  que  d'une  petite  fille. 

Alique  ou  AfGque  (affiquet)  :  porte-aiguilles  à  tricoter.  PI.  parures, 
petits  ajustements  de  femme  :  A  la  BénoUe  affique  de  Sle-Waudru  étaient 
attachés  certains  fiefs  dont  les  comtes  de  Hainaut  devaient  faire  le  relief 
en  leur  qualité  d'abbé  séculier  du  chapitre  de  celle  sainte. 

Afisfoler.  V.  a.  arranger,  v.  fr. 

Africaue.  s.  f.  œillet  d'inde,  lagèle.  fl.  africaen,  même  signif. 

Aforain.  s.  m.  habitant  d'une  commune  voisine,  v.  fr.  venant  du 
b-lal.  a  foris,  du  dehors. 

Afrèriation.  s.  f.  acte  par  lequel  on  mettait  filles  et  garçons,  aînés  et 
cadets  sur  la  même  ligne  pour  la  succession,  avant  l'égalilé  devant  la  loi. 

Afronté.  adj.  effronté,  v.  langage  fr. 

Afronter.  v.  a.  suborner,  en  fr.  vieilli,  affronter  signifie  tromper. 

After.  V.  hafler. 

Afuter  (s'),  v.  a.  s'arranger,  s'accommoder  :  qui  s'afute  comme  i pou- 
dra, fr.  vieilli,  affûter,  disposer  (un  canon). 

Agaïubée.  s.  f.  enjambée. 

Agasse  ou  Agache  est  un  mot  fr.,  mais  aujourd'hui  à  peu  près 
inusité  en  France  et  remplacé  par  le  mot  pie.  Le  savant  étymologisle 
Ménage  prétend  qu'on  disait  autrefois  —  pour  agallie  en  changeant  Th 
en  ch,  comme  Macieu  pour  Mathieu,  Macé  pour  Matthias  ;  or  on  a  nommé 
les  pies,  agaces,  ainsi  que  les  geais,  margots:  les  élourneaux,  richards;  les 
ânes,  marlins;  les  moineaux,  pierrots. 


00  AGE— AGU 

Mais  le  savant  n'a  pas  de  mémoire  :  il  oublie  qu'il  a  déjà  l'art.  Agace 
el  qu'il  lui  a  donné  pour  origine  l'inusité  acax,  acacis  formé  de 
aceo. 

Diez  invoque  le  vha.  agalastra,  bas-ail.  aglasler,  pie. 

Agés.  s.  m.  plur.  êtres,  disposition  intérieure  d'une  maison,  v.  fr. 
qu'on  a  tiré  du  bas-lalin  aggestus;  mais  aggestus  signifie  amas,  mon- 
ceau, entassement.  Ducange  le  fait  venir  d'agéa  :  via  in  navi  dicta  ;  on 
peut  invoquer  le  prov.  aizi,  demeure,  le  goth.  azets,  commode,  le  celt- 
gall.  azev,  est  très  procbe,  le  cello-irl.  asaid,  demeurer,  adhbadt,  habita- 
tion, sert  de  transition  au  sanscrit  ad'ivisa,  habitation. 

A  gein.  adv. (littéralement  en  gens)  convenablement  :  allaule-lé  agein, 
par  opposition  à  :  à  bielle.  Comportez  vous  à  table  en  personne  qui  a 
l'usage  du  monde. 

Ag'ligner  (s'),  s'agenouiller,  b.-lat.  geniculare.fl.  knielen.  bas-bret., 
glin,  genou. 

Agloiili.  V.  a.  rendre  glou,  v.  ce  mot. 

itgobille,agobye.  s.  f.  vieux  meuble,  mauvaise  guenille,  ||  personne 
d'une  santé  ruinée  :  no  guernié  est  lout  reinpli  dé  vielé  s'  agobyes.  Ce 
mot  n'est  autre  chose  que  le  fr.  la  gobille,  boule  de  terre  cuite,  que  nous 
nommons  kcnik  ou  courliau.  v.  fr.  agobille,  outil. 

Agon,  liagon.  s.  m.  fleuret,  coin  de  fer,  outil  pour  briser  la  pierre, 
le  roc,  instrument  de  fer  des  bouilleurs.  Ago  :  mendosé,  pro  ligo. 
Angon  :  haslae  quibus  franci  ulebanlur,  Belgae,  haekcn,  nos  galU 
bâche  appellamus ,  aichou  et  achou  scurriculus  vacant  Ai'verni  (Du- 
cange). 

Agoni,  v.  a.  (d'  sottise)  accabler  d'injures,  il  est  fr.  mais  pop. 
"  Agrapc.  s.  f.  agraffe. 

Agraper.  v.  a.  agrafer,  accrocher,  saisir,  v.  fr.  agraper.  ail. 
greipen,  saisir,  vha  krapfo  crampon,  Kymr.  crap,  crochet. 

Agi'catioH.  s.  f.  convenance,  acceptation,  agrément,  v.  fr. 

Agrîper.  v.  a.  voler,  attraper,  enlever.  Fr.  gripper,  agripper,  ail. 
angreilïen,  mettre  la  main  sur  quelque  chose.  Greipen,  dans  cette  der- 
nière langue,  signifie  prendre,  attaquer.  En  flam.  grypen,  empoi- 
gner. 

Agpoyei*.  v.  a.  même  signification,  v.  grau. 

Aguisteyer,  Aguistiller.  v.  a.  arranger,  habiller,  décorer,  accou- 


AHE-ÂIW  61 

irer.  Ce  verbe  de  même  que  rachemer,  goder,  ne  s'emploie  qu'ironi- 
([uemonl  ou  avec  un  adv.  tel  que  droldémcinl  :  comme  (é  co  aghisteyé. 
Ess  fiye  là  est  loudi  droldémeint  aguisleyée .  —  n'esl  aulre  chose  que  le 
h\  ajuster,  avec  une  terminaison  dimiuulive  comme  qui  dirait  ajusliller, 
le  j  remplacé  par  le  g  dur.  X'un  et  l'autre  sont  formés  .du  lai.  adjuœla 
(v.fr.  Jouxte,juste,conlre,  auprès  ;) ilsn'ontdù  signifier dansTorigine que 
poser  aliprès  ;  ils  ont  un  peu  dévié  dans  leur  signif.  pour  arriver  à  celle 
d'adapter,  arranger  ;  alors  ils  ont  pris  des  dérivés  :  le  fr.  ajustement,  le 
montois  aguistyage.  Le  fr.en  avait  déjà  pris  sur  sa  valeur  propre  :  ajus- 
tage, ajusteur,  le  v.  fr.  avait  passé  par  ajouster,  attacher. 

Aheuré.  adj.  accoutumé  à  manger,  travailler,  etc.,  à  heures  fixes. 

Aiiisiiuiii.  conj.  ainsi  (Borinage)  (i). 

Aîrc,  Aide  de  feu.  âlre,  v,  fr.  aistre,  lat.  area,  b.  lat.  astricus,  v. 
ail.  astrich,  plancher  carrelé. 

Aire  du  soir  {su  V).  vers  le  soir.  gall.  or,  lat.  ora,  bord. 

Airelte.  s.  f.  aiTOche,  plante. 

Aisile.  adj.  aisé,  facile;  combinaison  d'aisé  et  de  facile. 

Aiwen.  s.  m.  évier  (petit  puisard)  égout.  A  Liège  et  déjà  vers  Char- 
leroy,  aiwi.  Irau  d'  —  trou  par  lequel  s'écoulent  les  eaux,  lorsqu'on  lave 
les  maisons.  Ce  mot  n'est  conservé  dans  toute  sa  pureté  que  dans  les 
villages  écartés  ;  ailleurs  on  dit  trau  d'ai  yeu,  Irau  dein  ycu.  J'ai  même 
entendu  dire,  ô  monstruosité  !  trou  d'un  lieu  :  c'est  que  nos  paysans 
disent  ai  et  ein  pour  un,  yeu  pour  lieu;  voilà  comment  un  mot  wallon 
passe  souvent  pour  du  français  moderne  altéré;  or  s'il  y  a  altération, 
c'est  une  altération  du  très  vieux  français  :  l'ancien  français  disait  aiguë, 
ève,  aivc,  iauve,  eau.  Éveux,  marécageux.  Yawier,  évier,  lat.  aqua. 
goih.  ahva.  On  décompose  en  cell.  ancien  le  mot  Genève,  ville  de  Suisse 
à  l'angle  du  lac  Léman,  Gen+ev  pointe,  sortie  de  l'eau,  Avignon  (Avenio) 
ville  sur  les  eaux.  gall.  wysg  et  gwysg,  celto-irl.  abh  et  uisge,  sanscrit 
ap  et  vis'a.  Avant  que  le  patois  d'oil  ne  fut  écrit,  les  paysans  gallo- 


(1}  Je  ne  dis  pas  toujours  où  un  mot  s'emploie:  c'est  d'abord  pour  une  bonne  raison,  c'est 
que  quelquefois  je  ne  sais  pas  moi-même  où  un  mot  se  dit,bien  que  je  sache  positivement  son 
existence;  ensuite  les  mots  émigrent  par  l'effet  des  changements  de  domicile,  des  relations 
de  famille.et  quand  je  mets  en  parenthèse  Borinage,  je  neveux  pas  dire  que  le  mot  n'est 
connu  que  la,  je  veux  dire  seulement  que  c'est  là  que  je  l'ai  entendu. 


(l-i  AK— ALE 

romains  (nos  ancêtres  en  étaient)  ne  disaient-ils  pas  aiwe  comme  les 
liégeois  le  disent  encore?  cet  aiwe  est  la  prononciation  wallone  de  aiguë. 

Cette  supposition  était  écrite  depuis  trente  ans  lorsque  j'ai  trouvé  : 
cspucher  le  eatve,  puiser  les  eaux,  dans  l'antique  traduction  de  la  bible, 
chap.  xxjv,  versiet  11^  le  mot  fr.  eau  aurait  donc  passé  par  des  transfor- 
mations successives  avant  d'arriver  à  son  état  actuel,  et  il  y  a  au  moins 
autant  de  raison  (pour  la  forme)  de  rattacher  son  origine  au  celtique  et 
au  gothique  qu'au  latin  ;  aussi  y  a-t-il  bon  nombre  de  philologues  qui 
soutiennent  qu'il  n'y  a  pas  de  langue  mère  en  Europe,  qu'il  n'y  a  que  des 
langues  sœurs  toutes  nées  du  sanscrit.  Il  vaudrait  mieux  dire,  pensons- 
nous,  que  la  langue  sacrée  de  l'indoustan  est  l'aïeule  ou  la  bisaïeule  ; 
que  les  langues  gothique,  latine  et  celtique,  sont  sœurs  ou  cousines,  que 
dans  le  cas  présent,  le  wallon  et  le  v.  fr.  sont  frères,  et  que  la  mère  est 
inconnue,  mais  que  les  probabilités  sont  en  faveur  de  la  langue  latine. 

La  même  racine  a  causé  une  seconde  erreur  toute  pareille,  v.  sauvé. 
voir,  en  outre,  les  mots  eau  et  évier,  pour  leur  historique,  dans  le  Dic- 
tionnaire de  la  langue  française,  par  E.  LITTRÉ. 

Ak  {fai  (Tsés).  mot-à-mot:  faire  de  ses  actes.  Commettre  une  incon- 
gruité, une  inconvenance,  une  faute,  un  délit,  faire  une  espièglerie,  une 
incartade,  des  frasques,  des  extravagances,  des  étourderies  :  el  ca  a  co 
fait  (Tsés  —  le  chat  a  encore  enlevé  un  morceau  de  viande,  il  a  encore 
fait  ses  ordures. 

Aklaper.  v.  a.  acculer,  adosser,  appliquer  (arrond.  de  Charleroy), 
ail.  klappen,  fermer,  pousser  avec  violence. 

Akoiti.  V.  a.  poser,  reposer,  coucher,  étendre  (Frameries).  s'akoiti. 
rester  coi,  v.  coyelle,  v.  fr.  quatir  et  acoitir. 

Alain,  s.  m.  veau  de  dix-huit  mois  à  2  ans. 

Alant.  adj.  valide,  bien  conservé  :  bé  alant  pou  s'n'  âge. 

Albaudeu.  s.  m.  menteur,  trompeur,  fainéant,  museur.  ital.  badare, 
regarder,  b.  bret.  albader  (le)  badaud,  bada,  badoui,badauder.  racine, 
bàd,  badauderie.  V.  fr.  bade,  badise,  baliverne,  bêtise,  d'où  fr.  badin  qui 
a  signifié  imbécille. 

Allmte.  V.  halbute. 

Alever.  v.  a.  élever,  nourrir,  v.  fr.  alever,  lat.  alere. 

Aleze.  s.  f.  vêtement  de  femme  pour  négligé.  A  Fleurus  où  ce  mot 
est  usité,  on  croit  qu'il  signifie  à  Vaise  ;  ne  vient-ilpas  plutôt  du  fr.  alèze, 


ALl-AMU  63 

toile  pliée  en  quatre  pour  soulever  les  malades?  mais  voilà  que  M.  Sche- 
1er  croit  que  le  fr.  alèze  pourrait  bien  provenir  d'à  l'aise. 

Alierpe.  adj.  alerte,  vif.  Ne  se  dit  guères  que  des  hannetons. 

Alînger(s').  se  dit  du  linge  qui  s'est  un  peu  usé  et  qui  alors  paraît 
plus  lin.  Ce  mot  est  aussi  français  :  il  signifie  se  fournir  de  linge;  alinger 
veut  dire  donner  du  linge. 

itiler  avek  ou  avé.  accompagner.  Fig.  courtiser. 

Si  m  ri'  homme  d'iroi  avec  Dede(fe,  né  pas,f  T  i  ainrache  ses  i,  eyé 
f  kie  dain  lé  tro.  Remarquez  le  pléonasme  germanique  :  Si,  avec  le  con- 
ditionnel d'iroi. 

Alnioile,  armaile,  ormoire,  ormoile.  s.  f.  armoire,  lat.  arma- 
rium.  gall.  almari,  abacus.  v.  fr.  almaio,  almarie. 

Alonge.  s.  f.  action  de  chanceler,  mouvement  rapide  d'un  ivrogne 
pour  rétablir  son  équilibre.  ||  Pièce  servant  à  allonger  une  table,  etc. 

Alou.  s.  m.  alouette.  L'origine  du  celtique  ancien  n'est  contestée  par 
personne:  avis  galeritdquœ  gallicè  alauda  dicilur,  Sextusempiricusc.  39, 
Pline  X,  57.  Les  auteurs  latins  donnent  au  mot  une  terminaison  con- 
forme à  leur  langue;  mais  les  Gaulois  disaient  sans  doute  alaud  ou  alau 
peut-être  alauw  dont  alouette  n'est  qu'un  diminutif.  Le  v.  fr.  disait  aloe, 
aloue.  Le  cymr.  dit  alaw-adar,  littéralement  oiseau  d'harmonie.  Bret. 
alc'houeder. 

i^niagn.  excl.  gare,  prenez  garde  (à  vos  mains). 

.4iuberquiii.  v.  einberquin. 

Amdé  ée.  adj.  châtré  (Borinage)  v.  hamder. 

Amicieu.  adj.  affectueux,  caressant. 

itmiincr.  v.  a.  dépenser  complètement  une  somme  d'argent,  ||  con- 
sommer du  bois,  du  charbon  ||  vaporiser:  d'suseinavée  clos  là  a  II' aminé 
n  pièche  de  chon  francs.  No  mekenne  a  aminé  tout  no  carbon;  lat. 
imminuere. 

Attiolilion,  amonition.  s.  f.  munition,  v.  fr.  amonition. 

Auioiirettc.  s.  f.  thlaspi,  plante.  En  fr.  on  donne  ce  nom  à  une 
graminée  et  à  une  solanée. 

Aniouscaye,  amonscade.  s.  f.  noix  muscade. 

JLnipniau.  s.  m.  jeune  mouton,  v.  antniau. 

Jiiuusetle.  s.  f.  personne  qui  s'amuse  d'une  vétille,  qu'un  rien 
détourne  de  son  travail.  En  fr.  il  signifie  bagatelle,  elc. 


(ii  AND— AiNG 

Andaehes.  s.  pi.  quand  un  eufanl  gourmand  cl  importun  demande 
à  sa  mère  quel  ragoût  elle  prépare,  elle  répond  :  c'est  dés  —  que  lés 
grand  mcrcs  mâchent.  Mais  qu'est-ce  proprement  que  des  — ?  dans 
rignorance  de  la  valeur  du  mot,  il  est  hasardé  de  produire  des  vocables 
de  langues  étrangères  :  quel  rapport  possible  avec  leb.  lat.  andasium, 
chenet?  avec  l'ail,  andacht,  dévotion?  avec  l'esp.,  port,  endccha,  com- 
plainte, chant  funéraire? 

Andoche.  s.  f.  coup,  blessure  légère  :  bayer,  attraper  enne  —. 
V.  andocher. 

Andocher,  adocher.  v.  a.  toucher,  atteindre,  heurter,  cogner. 
s'  — ,  se  cogner. 

De  même  qvCcrduchcr  vient  du  fl.  herdoen,  —  vient  de  aendoen,  atta- 
quer, aborder.  On  doit  prononcer  andoun,  mais  les  fl.  et  surtout  les 
enfants  ont  coutume  d'appliquer  leur  diminutif  je  ou  tje,  ce  qui  fait 
andounje,  andountje,  lequel  mal  saisi  par  les  oreilles  wallones  a  pu  fa- 
cilement dégénérer  en  andoche{\.  crducher).  On  pourrait  encore  prendre 
aenbotsen,  heurter  contre  ;  cependant  je  ne  dois  pas  omettre  que  le  v.  fr. 
avait  andosse,  endosse,  épaule  :  Je  te  donnerai  sur  l'endosse. 

Andorioiu.  v.  Landoriom. 

Andouin.  s.  m.  gouffre  (Jeramapes,  St-Ghislain). 

Andu.  s.  m.  échoppe.  ||  guenille.  ||  vieux  meuble.  ||  vieille  feraille.  v. 
fr.  landier,andier,  foyer  de  cuisine,  chenet,  b.  lat.  andena,  instrument  de 
fer  du  foyer,  b.  bret.  lander.  Jura,  andin,  chenet. 

Andiiteax.  s.  m.  qui  étale  ses  marchandises  sur  une  échoppe. 

4neaa.  s.  m.  p.  débris  de  lin  après  le  teillage  qui  servent  en  place  de 
poils  pour  le  plâtrage. 

Anges,  s.  m.  pi.  onglée.  Il  ne  se  dit  guère  que  dans  cette  phrase  : 
avoi  lés  anges  à  lés  doigts,  avoir  les  doigts  engourdis  par  le  froid.  On 
pourrait  faire  provenir  ce  mot  du  latin  angor,  v.  fr.  anger,  incom- 
moder. 

Angon.  ad.  et  subst.  tricheur,  joueur  qui  querelle  volontiers.  ||  trom- 
peur. En  fr.  un  angon  est  une  demi-pique  pour  pêcher  les  cruslacées. 
Nous  avons  un  jour  entendu  donner  à  ce  mot  une  origine  grecque  que 
nous  osons  à  peine  rappeler  :  on  disait  que  par  une  métaphore  sem- 
blable à  celle  qui  donne  à  Crombin  la  valeur  de  fripon,  a.y/.ov  coude, 
qui  n'est  pas  droit,  avait  donné  naissance  à  Angon. 


ANG— AxNT  65 

M.  de  Reiffenberg  rorihographie  Engon,  et  le  fait  dériver  de  l'italien 
Ingannare  et  de  l'espagnol  Enganar:  il  approche  certainement  de  la 
vérité;  mais  nous  n'avons  rien  emprunté  aux  italiens,  et  nous  avons 
quelque  chose  plus  près  de  nous  :  le  v.  fr.  nous  offre  enganer,  enganner, 
engeigner  (La  Fontaine)  plus  anciennement,  engigner,  tromper;  d'où 
peut-être  le  fr.  guignon.  Il  nous  offre  encore  l'adj.  gane,  traître,  par- 
jure et  le  s.  ganelon,  traître.  Le  complément  du  dict.  de  l'acad.  fait  venir 
gane  de  ganelon,  personnage  odieux  des  romans  de  chevalerie  ;  c'est 
peut-être  le  contraire  :  gane  m'a  bien  la  tournure  d'un  radical  celt.;  la 
circonstance  qu'on  retrouve  le  mot  en  Italie  et  en  Espagne  sans  le  voir 
dans  le  lat.  ni  l'ail,  me  l'avait  déjà  fait  croire  tel  a  priori.  J'ai  trouvé  en 
effet  dans  Pelletier  qu'on  disait  ganas  en  cornwaille,  ganés  en  Léon  pour 
traître,  fourbe,  fripon  ;  cependant  Davies  n'a  rien  d'analogue.  Ducange 
explique  ainsi  le  b.  lat.  ganelo  :  Sic  dictus  a  Walinole  seu  Guanilone 
archiepiscopo  senonensi  qui,  beneficiorum  a  Carolo  Calvo  acceptorum 
immemor,  ad  partes  transiit  Ludovici  Germanici. 

Angoner.  v.  n.  tricher  ;  d'où  le  s.  angoncrie. 

Ania.  s.  m.  anneau,  bague  :  d'aller  à  zania,  aller  chez  l'orfèvre 
acheter  des  bagues  de  mariage.  ||  se  disposer  à  se  marier,  v.  fr. 
aniax. 

ii.uie.  s.  m.  pièce  de  bois  qui  se  passe  en  dessous  d'un  sommier  dont 
le  bout  est  pourri  et  qui  s'attache  au  dit  sommier  par  un  boulon  de  fer 
qui  le  traverse. 

ytnoire.  s.  f.  aunaie,  lieu  planté  d'aunes.  La  terminaison  provient, 
selon  quelques  uns,  <le  la  teinture  noire  qu'on  relirait]  de  l'écorce  des 
aunes. 

4nsenne.  s.  f.  fumier  (arrond.  de  Charleroy).  mori  su  V  —  mourir 
sur  la  paille,  v.  f.  ansenne,  \\  fr.  ensainer,  engraisser,  sain,  graisse, 
(v.  sayain)  bret.  sam.  lat.  sagina. 

Anspec.  s.  m.  perche  armée  d'un  crochet  dont  se  servent  les  bate- 
liers. En  fr.  t.  de  marine,  Anspcct,  levier,  celt.  bret.  spec  levier.  An  est 
l'art,  le.  Irlandais,  spakigs.  Ail.  spake. 

Antille  {laque  d).  tâche  de  rousseur,  éphelide.  De  lentille. 

itntiliettc,  anJyeJit?.  s.  f.  targette,  petit  crochet  de  fer  pour  fermer 
une  porte,  une  armoire.  Ducange  définit  anaclita  :  cardo  qui  in  foribus 
cireumstantibus  vcrlilur,  v.  bilbol  pour  1'  —  de  bois. 


66  AM— ARA 

Anintan.  l.  de  boucher,  agneau  déjà  vieux.  C'est  comme  si  l'on  disait 
entr'  agneau,  v.  fr.  anlcnois,  agneau  d'un  an,  ante  annum. 

Antoiuic.  {sC  ain)  c'est  un  squelette,  une  personne  très-maigre. 
Corruption  d'analomie. 

Anzincr.  v.  n.  n'être  pas  ferme,  branler.  ||  tourner  autour.  ||  hésiter: 
—  à  V  porte,  chercher  à  ouvrir  ou  à  fermer  la  porte.  L'ail,  ansinnen 
signifie  prélendre,  exiger,  rechercher. 

Aonlcu.  s.  m.  moissonneur.  Août  (moisson,  temps  de  moisson)  est 
fr.,  mais  se  perd  en  France,  tandis  qu'il  gagne  à  l'étranger  et  a  pénétré 
jusque  dans  les  patois  allemands. 

Api»,  s.  m.  perche  pour  le  lir  à  l'arc  (Borinage,  comme  les  deux  sui- 
vants). V.  fr.  appast,  appât,  appau  (ad  pastum),  amorce.  A  Liège,  ha])d, 
volet  d'un  pigeonnier. 

Apa.  s.  m.  pas,  enjambée. 

Apasser.  v.  n.  marcher,  faire  des  pas,  mesurer  par  le  nombre  des 
pas.  fl.  afpassen,  mesurer.  Passer,  compas.  Ail.  abpassen,  corapasser. 
lat.  spatiari,  passus. 

Apeler  toutes  sortes  de  noms,  injurier. 

Aplaidié.  v.  a.  annoncer  (sa  marchandise).  Borinage. 

Aplolin.  s.  m.  v.  Iiaplopin. 

Apoin  (mette),  panser  une  blessure. 

Apotager.  v.  a.  arranger,  accommoder.  S'emploie  surtout  par  déri- 
sion. Ressemble  un  peu  à  hypothéqué,  dont  on  se  sert  dans  le  même  sens 
en  fr.  pop. 

Appe.  s.  f.  V.  happe. 

Appiettc.  s.  f.  v.  happiette. 

Après  {demander).  Idiotisme  ail.,  demander  quelqu'un,  quelque 
chose;  le  régime  est  souvent  sous-entendu  :  lu  né  V  vois  gnié,  eh  bel 
cache  après,  tu  ne  le  vois  pas,  eh  bien  !  cherche  le. 

Apreintié.  s.  m.  apprenti. 

Aprouver.  v.  a.  éprouver. 

A  que  rcsse,  à  quoi  reste,  à  quoi  manque  que.  à  quoi  tient  que, 
pour  quel  motif,  v.  rei>se. 

Aragiie.  s.  f.  araignée,  v.  fr. 

Aragnie.  s.  f.  toile  d'araignée,  v.  fr.  araingnie. 

Aragone.  s.  f.  estragon,  v.  dragone. 


ARA— ARE  67 

Araî  (/).  j'aurai,  v.  fr. 

jtraskié  (cite),  rester  en  rage  ou  en  »'ac/ie,  être  arrêté,  être  embourbé. 
V.  rage  et  en  rage. 

Arayer.  v.  a.  enrayer. 

Arayoi.  s.  ni.  ce  qui  sert  à  enrayer. 

Arbalelte.  s.  f.  s.  martinet,  hirondelle  qui  a  les  A  doigts  en  avant. 
Le  martinet  a  sans  doute  reçu  ce  nom  de  la  rapidité  de  son  vol  qui  l'a 
fait  comparer  à  un  trait  d'arbalette. 

Archellc.  v.  harchclle. 

Arder,  darder,  v.  n.  menacer  de  mordre  ;  se  dit  des  chiens.  Ardre, 
arder  en  v.  fr.  signifie  brûler,  v.  darder. 

Arener.  v.  n.  vanner,  séparer  le  grain  des  petites  pailles  qui  y  sont 
mêlées.  En  fr.  arener  est  un  terme  d'archit. 

Arestation.  s.  f.  station  de  chemin  de  fer  (dans  quelques  villages). 

M.  Corblet  dans  son  excellent  livre  sur  le  patois  artésien  se  plaint 
du  défaut  d'oreille  de  ses  compatriotes  comparés  aux  hommes  du  midi. 
L'oreille  dans  le  Hainaut  est  peut-être  encore  moins  délicate  que  dans 
l'Artois;  cependant  ce  n'est  souvent'pas  pour  avoir  mal  entendu,  mais 
parce  qu'il  croit  devoir  reformer  ce  qu'il  a  entendu,  que  le  bas  peuple  fait 
subir  aux  mots  les  transformations  les  plus  singulières. 

Lorsque  l'armée  française  entra  en  Belgique  en  1831,  les  soldats  en 
marche  chantaient  le  refrain  de  Casimir  Delavigne  :  courons  à  la  Vic- 
toire. Le  nom  de  baptême  Victoire  étant  très-connu,  nos  paysans  n'ont 
pas  douté  qu'il  y  avait  là  invitation  à  M'"'  Victoire  de  courir,  et  ils  chan- 
taient en  accompagnant  les  Français  :  courons,  allons,  Victoire. 

Pour  revenir  à  Varrestation,  disons  que  nos  paysans  ont  cru  qu'on  se 
trompait  en  disant  station.  Il  s'agit  d'un  lieu  où  l'on  arrête,  c'est  donc 
arestation  qu'il  faut  dire  ;  ils  ne  sont  pas  tenus  de  savoir  qu'il  existe  un 
mot  latin  :  stare,  et  ce  que  signifie  ce  mot. 

La  remarque  de  M.  Corblet  n'en  est  pas  moins  applicable  aux  Montois, 
et  je  pourrais  la  confirmer  par  des  exemples  curieux  ;  mais  il  ne  faudrait 
pas  l'appliquer  à  notre  Borinage.  Cette  contrée  populeuse  est  remarquable 
par  sa  délicatesse  musicale,  ce  qui  n'empêche  pas  que  son  langage  ne  soit 
le  plus  rude  du  Hainaut. 

J'ai  entendu  bien  des  fois  les  ouvriers  montois  rentrer  chez  eux  en 
chantant  en  chœur  le  soir  des  jours  de  fête.  Je  n'ai  pas  souvenir  d'en 


es  ARG— ARN 

avoir  jamais  entendu  chanter  autrement  qu'à  l'unisson  ;  heureux  quand 
ils  n'adoptaient  pas  chacun  un  ton  particulier.  Il  en  est  tout  autrement 
;hi  Borinagc  :  sans  avoir  reçu  d'éducation  musicale,  les  borains  procèdent 
harmoniquoment.  Ceux  de  Frameries  sont  surtout  remarquables  (et 
c'est  ce  qu'il  y  a  de  plus  borain).  Je  me  suis  plus  d'une  fois  arrêté  dans 
1(!S  cabarets  écartés  del  Boiiverieeldu  eu  du  gvau  pour  entendre  lescon- 
certs  des  ouvriers  charbonniers  qui  organisent  leurs  chants  en  raison 
de  leurs  voix,  attribuant  la  basse  à  l'un,  la,  haute-contre  à  l'autre. 

Après  cela  on  peut  faire,  si  l'on  veut,  une  distinction  entre  les  sons 
musicaux  et  les  sons  articulés;  il  est  sous  ce  dernier  rapport  très  curieux 
d'entendre  les  borains  chanter  un  air  d'opéra  fr. 

Argot,  s.  m.  articulation  des  doigts  avec  le  métacarpe.  ||  doigts  dispo- 
sés pour  lancer  rcour^mw.  métaph.  ongles.  —  d'cuinche,  vilain,  mauvais 
argot.  D'avoi  d'su  ses  argots,  être  puni  ;  r'kéi  su  ses  argots,  retomber  dans 
les  mêmes  habitudes,  les  mêmes  fautes.  Le  mot  patois  provient  du  fr. 
ergot;  car  argot,  quoique  fr.  aussi,  a  des  significations  trop  éloignées  de 
celles  qui  sont  ci-dessus  indiquées. 

Argoter.  v.  a.  soutirer,  escamoter,  voler  avec  adresse.  En  fr.  l'ar- 
got est  le  langage  des  voleurs  :  on  dit  le  royaume  argotique,  les  finesses 
argotiques,  etc.  Les  étym.  sont  fort  embarrassés  par  le  mot  argot.  Ne 
peut-on  pas  penser  au  lat.  argutus,  subtil,  adroit? 

Argoasille.  s.  m.  homme  de  police,  gamin  ;  peut-être  de  l'espagn. 
alguazil,  peut-être  du  fr.  argousin. 
Arlaqiie.  v.  harlaquc. 

Arna,  Arnisknre,  Arnichure.  v.  harnas,  harniskure. 
Arnaisc  (fai  dés),  se  dit  au  propre  d'un  cheval  qui  s'emporte,  au 
fig.  d'un  homme  qui  se  livre  à  des  écarts  (Borin.).Ce  mot  peut  se  lier  à 
argnaga  par  le  namurois  Ernauje.  (v.  arniaga)  Cependant  je  hasarde  le 
V.  fr.  arnauder,  tourmenter,  et  le  t.  d'argot  arnache  tromperie.  Pourrait-on 
invoquer  l'esp.  et  l'it.  arnèse,  équipage?  le  fr.  a  bien  équipée.  M.  Grandga- 
gnage  soupçonne  une  parenté  entre  reniaga,  ernauje  et  le  liég.reni'',  cou- 
rir, tracasser,  ail.  rennen,  courir. 

Arniaga,  Ergnaga,  Reniaga.  s.  m.  pétulant,  espiègle.  A 
Namur  ernaj/Je  (v.  arnaisc).  Diez  cite  une  série  de  mots  espagnols  aux- 
quels il  assigne  une  origine  ibère  :  Arriaga,  arnaya,  anaya,  arteaga.  Ce 
sont  des  noms  de  famille.  Le  seul  devenu  nom  commun,  qui  se  trouve 


ARN— ARS  69 

dans  les  dicl.  espagn.  est  sans  rapport  de  signif.  avec  notre  — .  On  peut 
croire  qu'à  l'époque  de  la  domination  espagnole,  il  y  a  eu  un  individu 
nommé  —  remarquable  par  sa  pétulance,  et  qui  est  devenu  terme  de 
comparaison  iy.magrilé).  On  trouve  dans  le  basque  arraya,  poisson.  En 
lorçant  un  peu,  on  interprêterait  — :  vif  comme  un  poisson  !!  La  forme 
rcniaga  pourrait  induire  à  penser  à  renégat  ;  mais  c'est  la  première  opi- 
nion qui  est  la  plus  soutenable. 

Arnitoile.  toile  d'araignée. 

Arnu,  Arnen.  s.  m.  orage,  temps  orageux.  On  m'assure  que  ce  mot 
d'origine  celto-bret.  est  employé  dans  quelques  communes  du  Hainaut. 
Je  ne  l'ai  jamais  entendu  en  Belgique,  mais  je  l'ai  entendu  dans  le  Hai- 
naut français.  Bret.  arneu,  temps  d'orage.  Gall.  erniwnoxa,  damnum. 

ii.rok.  s.  f.  chose  qui  arrête,  accroche  :  Lés  belle  fiye,  lés  vieyé  loque, 
irouve-lé  louais  dés  arok. 

itrokicr,  aroker.  v.  n.  et  a.  arrêter,  accrocher,  v.  fr.  ahoquer, 
ahoquier,  accrocher.  Le  v.  fr.  aroquer,  arocher,  signifie  mettre  en  pièces. 
Diez  rattache  ces  derniers  mots  à  roche,  roc.  Jusque  là  pas  trop  de  diffi- 
cultés ;  mais  quand  le  docte  germain  essaye  ensuite  de  tirer  roc  du  lat. 
rupes,  je  ne  puis  m'empêcher  de  m'insurger  contre  son  autorité,  quelque 
respectable  qu'elle  soit;  roc  a  bien  la  physionomie  celt.:  on  trouve  en 
effet  dans  le  bret.  roc'h,  dans  l'écossais  roc.  Quant  à  ahoquer  il  se  rap- 
porte au  lat.  hoccus,  picard,  hoc,  crochet  de  tanneur. 

4romain.  s.  m.  sillon  qui  sort  de  limite  à  deux  champs.  A  Liège, 
rainure  d'une  bure  pour  arrêter  les  eaux  et  les  conduire  au  carihou. 
roye,  raie.  prov.  arrega,  aussi  raie,  basque,  arroila,  rigole. 

Arotte.  s.  f.  mauvais  cheval,  mauvaise  vache,  mauvais  âne.  En  lié- 
geois, harolle,  haridelle,  v.  ail.  hreinno. 

Arpcyant,  arpillant,  harpiyant.  adj.  v.  harpeyant. 

Ai'poi.  s.  m.  poix.  En  ail.  harz.  en  holl.  et  en  fl.  hars,  résine.  Arpoi 
serait  un  mélange  d'un  mot  fr.et  d'un  mot  german.;  il  signifierait  mot-à- 
mot  poix-resine.  En  holl.  harpuis  est  la  courée,  mélange  de  suif,  de 
soufre  et  de  résine  pour  calfater.  En  liégeois,  harpih  et  haurpih.  On  peut 
soutenir  que  ïarpoix  n'est  autre  chose  que  la  poix  au  moyen  de  l'art, 
avec  addition  d'un  R. 

Arsouille,  Arsouyc.  s.  m.  vagabond,  vaurien,  va-nu-pied,  gamin  ; 
usité  dans  les  patois  bourguignon,  normand,  comtois,  picard.  Selon  Cor- 

9 


70  ART— ASS 

Iil(M  (ii;lossairc  Picard)  c'est  une  apocope  du  v.  fr.  garsouillc.  Il  se 
trompe  :  11.  aers,cul  (prononcez  ars)  hol,  lrou...niais  c'est  un  peu  cru 
à  dire. 

Arlayop.  v.  a.  admirer,  regarder,  contempler.  Ce  v.  ne  s'emploie 
qu'à  rimpéralif  :  artayc  cin  pau  !  que  c'est  biau!  tailler  a  été  employé  en 
V.  l'r.  pour  estimer,  compter. 

Articliaiid  sauvage,  s.  m.  Joubarbe,  sempervivum  teclorum  (L.), 

^Irtoile.  s.  f.  orteil,  v.  fr.  arteil  et  ortoile.  bas-lat.  orlellus  et  ortil- 
lus.Lat.articulus.  —  de  princheu,  fève  de  marais,  ainsi  nommée  parce- 
qu'elle  a  quelque  ressemblance  avec  les  sales  orteils  des  carmes  déchaus- 
sés qui  allaient  prêcher  de  village  en  village. 

Asbayi.  adj.  ébayi.  v.  fr.  abayi. 

Asca.  excl.  pour  chasser  un  chat. 

y^sconsc.  adj.  garanti,  caché,  à  l'abri  (Jemmapes).  v.  fr.  esconsé, 
absconse,  caché,  lat.  abscondere. 

/Iscoiitcr,  acontei*.  v.  a.  écouter,  ascouler  lés  aveine  lever,  écouter 
pour  en  faire  profit,  avoir  l'ouïe  assez  délicate  pour  entendre  les  moindres 
bruits  (même  celui  que  pourrait  faire  l'avoine  en  germant).  Vir  lés  aveine 
lever,  signifie  tout  autre  chose  :  c'est  attendre  les  événements.  Bret. 
scoùarn,  oreille,  lat.  auscultare.  gr.  àxoùw.  Pétrarque  se  sert  du 
verbe  ascoltare  (sonnet  217).  Ascouter  et  acouter  appartiennent 
au  V.  fr. 

Askeï.  V.  n.  arriver,  écheoir.  v.  fceiet  alomher.  v.  fr. eskeïr. 

itskinblot,  lakinblo.  en  bloc  et  en  tâche,  sans  compter,  v.  fr. 
cnsembl'od.  Od  signifiait  auprès,  avec.  Du  latin  ad  :  puis  sont  justez  par 
amour  et  par  feid  ensembl'  od  els  tels  XX  mille  Français  (chanson  de 
Roland). 

Aspergetle.  s.  f.  goupillon,  aspersoir,  aspergés. 

Aspcrt.  s.  m.  et  adj.  expert. 

.Ispirail.  s.  m.  spirale  (de  montre). 

Aspouycr.  v.  a.  appuyer,  bas-lat.  appodiare.  podium,  appui. 

essayer,  v.  a.  essayer.  On  ne  prononce  pas  comme  en  fr.  esseyer; 
Ta  se  fait  sentir.  Bas-breton,  œczaèa.  dialecte  de  Vannes  açzai.  Italien, 
assagiare.  Basque  Enseiatcea.  v.  sayi. 

itssazin.  s.  m.  assassin,  fai  ain  — ,  commettre  un  assassinat. 

4âselet.  s.  m.  t.  de  charp.  pièce  de  bois  placée  en  dessous  d'un 


ASS-ATA  71 

sommier,  afin  que  par  son  poids  il  n'écrase  pas  la  maçonnerie,  fr.  aisse- 
lier,  t.  de  cliarp. 

Assez,  adv.  nous  ne  parlons  de  ce  mot  que  pour  mentionner  sa  syn- 
taxe empruntée  à  l'ail.;  on  dit  :  bin-aise  assez  d'ain  elle  quille.  Il  est  assez 
content  d'en  être  débarrassé.  Dm  mau  et  dés  ruse  —,  à  peine,  difficile- 
ment. /  n^sait  temps  — ,  il  lui  tarde. 

Assî.  s.  m.  essieu,  latin,  axis.  AU.  achse.  fl.  as.  ||  acier;  dans  la  der- 
nière signification  v.  aci. 

itssilier.  dépenser  (n'est  usité  que  dans  quelques  villages,  v.  l'art,  lit- 
térature) essillé  est  un  v.  mot  fr.  qui  signifie  ravagé.  On  trouve  dans 
Perceval  :  l'agent  et  la  terre  essillée,  qui  fut  tondue  et  pareillée. 

Assire.  (s'),  ej  m'assis,  ej  m'assisoi,  ej  m'ai  assi,  cj  m'assirai,  que 
j' m' assise,  que  f  m'assisse. 

Astakier.  v.  a.  attacher,  appliquer,  bret.  stag,  staga,  provenant  de 
lach,  gaël.  tac,  clou  (v.  tachette)  d'où  l'it.  tacco,  l'esp.  tacho,  le  port, 
tacha,  le  v.  fr.  tassel  (v.  lassiau).  basque,  estequatcea,  attacher.  Pour 
rendre  attaquer,  le  bret.  se  sert  de  taga  au  lieu  de  staga.  Nous  aussi,  nous 
nous  gardons  de  rendre  attaquer  par  — . 

Astarge.  s.  f.  retard. 

Astai'gei*.  V.  u.  et  a.  retarder,  s'attarder.  Liégeois,  astargi.  v.  Ir. 
atarger.  Du  lat.  tardare. 

Astoker,  Astokier.  v.  a.  fixer,  arrêter,  dresser,  étayer.  ||  figur. 
étouffer  :  esse  bielle  là  est  astokie,  cet  animal  a  mangé  un  trop  gros  mor- 
ceau, il  ne  peut  l'avaler,  ||  s' — ,  se  tenir,  se  mettre  debout,  v.  slokié.  AH. 
stock,  bâton.  V.  fr.  estoquier,  boucher. 

Astrouer  et  slroner.  v.  n.  et  a.  recouper  les  branches  (ketrons) 
d'un  arbre,  d'une  haie.  fl.  stronk,  tronc,  lat.  truncus. 

Astruc  (à  V).  en  étançon.  se  dit  de  la  position  d  une  b  irre  de  fer 
fixée  d'une  part  dans  le  sol,  de  l'autre  au  milieu  d'une  colonne  pour  la 
soutenir,  de  celle  d'une  poutre  étayant  une  maison  qui  menace  de 
s'écrouler,  v.  strukié. 

Ataque  de  uiouliii  (fort  comme  enne).  Gall.  atteg  fukrum,  fulci- 
mentum. 

Ataqiiier.  v.  a.  appliquer,  porter.  —  enne  calotte,  donner  un  soufflet. 

Ataquoi.  s.  m.  rondelle  de  cuir  mouillé  dont  les  enfants  se  servent 
pour  soulever  les  pavés. 


72  ATA— AUL 

Atanlcr  (s'),  se  mellre  à  table. 

Aleliciier.  aliacher  comme  un  chien  l'est  à  son  maître;  ne  se  dit 
guèrcs  que  dans  les  parties  du  Borinage  où  un  chien  s'appelle  Iché. 

iitehil.  éternuement. Onomatopée. Les  Romains  par  une  espèce  de  jeu 
de  mol  disaient  :  tibi  Jupiter  adsit,  comme  nous  disons  :  Dieu  vous  assiste. 

Atciri.  V.  a.  attendrir,  v.  ter. 

Allevcc,  anllevce.  v.  hallevée. 

Aloiubcr.  V.  n.  écheoir,  arriver,  coïncider  :  ça  s'roi  hé  atombé,  ce 
serait  une  nécessité  bien  singulière,  une  coïncidence  bien  remarquable. 
Esse  raindage  alombe  au  sainl- André,  son  fermage  écheoit  à  la  St- André. 

Alout.  s.  m.  soufflet,  coup.  Ce  mot  est  français,  mais  peu  usité 
pour  signifier  triomphe  (au  jeu  de  cartes). 

A  tous  les  jours,  chaque  jour  :  c'est  s'  casaque  d'à  tous  lés  jours, 
c'est  son  habit  ordinaire,  par  opposition  à  :  habit  de  fête. 

Atriau.  V.  halriau. 

Atricaye,  s.  p.  attirail,  bagage,  lat.  tricse,  bagages. 

Au,  Ayu.  adv.  oîi:  ayu  d'allée,  où  allez-vous?  les  écoliers  s'amusent 
à  écrire  ainsi  l'appel  d'un  enfant  égaré  dans  un  bois  :  E,  P,  A,  U,  S,  T. 
eh  !  père,  où  étes-vous? 

Quand  Ayu  est  suivi  de  est-ce,  il  se  contracte  en  Ayuss  :  Ayuss  que  vo 
d'allcz,  hon?  où  donc  allez-vous? 

Aubcr.  s.  p.  argent,  fortune,  écus:  c'  C  enne  coumère  qu'a  bramein 
dés  — ,ce  n'était  pas,  comme  on  pourrait  le  croire,  une  monnaie  frappée 
à  l'effigie  des  archiducs  Albert  et  Isabelle;  car  le  mot  existait  dans  le  v. 
fr.  avant  leur  règne.  Il  existe  encore  dans  l'argot  fr.,il  se  traduit  dans  le 
fourbesque  (argot  ital.)  par  albume  (i). 

Aubun,  aubin.  s.  m.  aubier.  ||  fig.  fraude,  de  mauvais  aloi.  En  fr. 
c'est  l'allure  qui  lient  le  milieu  entre  l'amble  et  le  galop. 

Anlc.  ce  suffixe  fort  fréquent  dans  le  langage  borain  :  logeaule,  habi- 
taule,  etc.,  est  une  vieille  forme  fr.  changée  plus  lard  en  avle,  able, 
pour  se  rapprocher  du  lat.;  c'est  un  reste  de  la  prononciation  celt.  :  awl 
est  extrêmement  fréquent  en  gallois.  Avl  est  commun  en  basse-Bretagne  : 


(1)  Un  Aubert  (ou  plutôt  haubert)  était  une  cotte  de  mailles  dont  se  revêtaient  à  21  ans 
les  fils  des  barons  possesseurs  d'un  fief,  nommé  Azihert  dans  le  moyen-âge.  Voilà,  sans 
doute,  l'origine  de  l'expression  patoise  :  il  a  des  auierts,  en  parlant  d°un  homme  qui  a  de  la 
fortune. 


AUM— AVE  75 

les  mots  taol,  staol,  diaol,  sont,  selon  Pelletier,  la  bretonisalion  de  ta- 
bula, slabuluni,  diabolus. 

Auniaic.  s.  f.  génisse  (Charleroy).  Liège,  amaie.  v.  fr.  amaille,  au- 
maille.  Lat.  animal.  Barbazancite  le  lat.  aumeus,  qui  serait  plus  rappro- 
ché; mais  je  ne  connais  pas  cet  aumeus. 

Aune  (de  Mons).  mesure  de  deux  pieds  et  demi  Hainaut.  v.  pied. 
L'aune  se  divise  en  demie,  quart,  huitième,  taille  ou  seizième,  demi-taille 
ou  trente-deuxième  ;  elle  égale  O".  73424. 

Aunelle.  s.  f,  aune  qui  n'est  pas  encore  arbre. 

Au  preuni.  adv.  seulement.  Les  Liégeois  disent  a  preum  ou  a  prum. 
On  ne  l'emploie  que  par  rapport  au  temps,  tandis  que  foque  se  dit  du 
nombre  etc.  y  f%il  au  preum  brun.  Y  n'est  qu'au  preum  temps  de  fciner. 
au  prisme  est  un  mot  du  v.  langage  français,  prima  sous-entendu  hora. 

Avaler,  v.  n.  et  a.  t.  de  charb.  creuser  un  puits  d'extraction.  En  v. 
f.  avaller,  signifie  abattre,  abaisser,  enfoncer,  lat.  vallis. 

Avaleresse.  l,  de  charb.  bure  que  l'on  creuse. 

Avalon.  s.  m.  gorgée  de  boisson. 

Avalon-tout.  s.  m.  goinfre. 

Avau.  prép.  sur.  avau  lés  camps,  sur  la  campagne,  dérivé  du  v. 
français.  On  dit  encore  à  présent,  à  vau l'eau,  au  gré,  selon  le  cours  de... 

Avau-ci,  avau-là.  adv.  ici,  là,  aux  environs. 

Avec,  avé,  aveu,  avou,  avu.  adv.  aussi.  I  d'à  avec,  il  en  a  aussi,  v. 
fr.  avoec,  aveuque.lat.  ab  hoc.  Quand  avec  est  prép.,  il  a  la  signification 
fr.,  et  prend  un  régime.  Alors  on  prononce  souvent  avé:  vie  avé  mi. 
Selon  le  génie  des  langues  du  Nord,  ce  mot  vient  en  composition  avec 
les  verbes  et  sans  régime  :  aller  avec,  fréquenter,  rechercher  en 
mariage  ;  v'ni  avec,  accompagner.  Em  capiau  est  tout  neu;  pau  monvai 
temps,  je  n'  peu  gnié  sorti  avec,  mon  chapeau  est  neuf,  je  ne  puis  le  por- 
ter par  le  mauvais  temps,  avec  ou  avé  s'emploie  pour  outre  :  avé  ça 
qu'elle  est  laide  et  vieille. 

Aveni.  v.  n.  venir,  y  venir,  avié  co,  viens-y  encore. 

Aveine.  s.  f.  avoine.  Je  ne  donne  ici  ce  mot  qu'à  cause  de  sa  pro- 
nonciation. Nos  campagnards  prononcent  avaine  ou  à  peu  près  ;  mais  les 
Montois  donnent  à  la  diphtongue  un  son  difficile  à  représenter  :  c'est  à 
peu-près  comme  avouaine  ou  avuaine.  Il  en  est  de  même  pour  d'autres 
mots  comme  Antoine. 


7i  AVE— AVO 

jtvcrlii.  ailj.  résolu,  guilleret,  sémillant.  Le  v.  fr.  averlanl  signifie  au 
contraire  lourd,  grossier,  et  vient  de  l'ail,  haverlinj,',  selon  le  complé- 
ment du  dici  de  l'Acad.;  je  ne  comiais  pas  cet  haverling. 

itvcrtaiicc.  s.  f.  avertissement,  v.  fr, 

Avctu.  adj.  couvert  de  récolles.  Latin,  veslitus. 

Aictues.  s.  f.  p.  récolles  sur  pied, 

A  vierge,  s.  f.  madone,  représentation  de  la  Mère  du  Christ.  Fiiels 
d'à  vierge,  lils  d'araignée  qui  volent  dans  les  champs  en  automne.  A 
r  pourcession  il  avoil  brameindés  belle  z  avierges.  Il  est  clair  que  c'est  : 
l'avierge  substituée  à  :  la  vierge  ;  mais  on  ne  colle  à  vierge  une  portion  de 
l'art,  que  quand  il  s'agit  d'une  statue  :  ainsi  on  dit  par  exclam.  :  sainte 
vierge  ! 

.4viné  ée,  adj.  vif,  remuant,  frétillant. 

J'ai  n'  petite  fiye  qui  n'a  qu'  dix-sept  mois; 

Méfai  bé  du  bonheur  : 

Elle  s'<  AVINÉE  comme  enne  marcotte. 

Aviner,  Ce  mot  en  français  signifie  imbiber  de  vin.  Figurément, 
l'homme  aviné  est  celui  qui  boit  beaucoup.  La  jambe  avinée  est  celle  de 
l'homme  ivre.  Le  patois  donne  à  ce  mot  une  valeur  plus  étendue  :  il  l'em- 
ploie pour  élrenner,  commencer,  pénétrer,  imbiber,  mettre  en  train. 
On  dit  avincr  n"  pipe.  —  enne  fiye  (obscène). 

Aviser,  v.  a.  Ce  verbe  qui  a  en  fr.  moderne  diverses  significations,  a 
entr'autres  celle  de:  voir  de  loin.  En  patois  il  a  conservé  la  valeur  de 
l'ancien  langage  gaulois  ;  c'est-à-dire  qu'il  signifie  :  voir  de  loin  ou  de 
près  indistinctement,  ou  plutôt  regarder,  contempler,  bret.  Arvest, 
regarder  un  spectacle,  lai.  videre,  visere. 

Avisse.  s,  f,  invention,  idée,  moyen  subtil,  procédé  ingénieux, 
fr.  avisé,  s'aviser.  Avisse  en  fr.  signifie  fer,  cuivre,  etc.,  à  vis. 

Avissieiix.  qui  a  de  Y  avisse. 

Avoir,  avoi.  v.  a.  aimer  mieux,  moins,  autant.  Taroi  mieux  eu 
(en  quelques  villages  oïu)  stici  que  stilà,  j'aurais  mieux  aimé  celui-ci 
que  celui-là.  Ou  peut  croire  que  la  confusion  a  eu  lieu  à  cause  du  peu  de 
différence  qui  se  trouve  dans  la  prononciation  entre  j'ai  et  j'aime;  ce- 
pendant il  faut  savoir  que  les  ail.  disent  lieber  haben,  irad.  lilt.  avoir 
mieux.  J'ai  mieux  ein  voleu  qu'ein  meinteu.  ||  Avoi  hier,  chérir,  aimer 


AVR— BAB  75 

(Borinnge)  ;  celui-là  bien  décidément  est  un  germanisme  :  lieb  haben, 
traduit  littéralement.  Comme  en  ail.,  les  deux  mots  se  séparent  :  on  ne 
dit  pas  :  fai  hier  es  rCainfant  là,  mais  fai  s'  n'ainfant  là  Mer.  v.  hier. 
Au  reste  le  v.  fr.  a  usé  de  ce  germanisme  :  que  si  voisin  orent  molt  chier. 
(fabliau  du  boucher  d'Abbeville,  par  Eustacbe  d'Amiens). 

Avron.  s.  m.  folle  avoine.  Le  v.  fr.  écrivait  avron  et  liavron.  La 
i^^  orthographe  lui  assigne  une  origine  latine:  avena;  la  seconde  une 
origine  german,:  ail.  haber,  hafer.  fl.  baver. 

Avruelle.  s.  f.  espèce  de  filet  pour  la  pèche,  ableret.  Les  Liégeois 
disent  havroul.  En  fr.  havenet,  est  un  petit  filet  en  forme  de  sac  adapté 
à  deux  perches  croisées,  v.  fr.  baver,  prendre,  saisir,  gothique,  haban. 

Axixie.  interj.  pour  exciter  les  chiens  à  se  battre. 

Aye.  interj.  de  douleur,  v.  f.  hay. 

Ayie,  Ayîc,  aillé,  s.  m.  narcisse  des  prés,  narcissus  pseudo-nar- 
cissiis.  Ce  nom  d'ayé  lui  vient  de  celui  d  ayant  qu'on  lui  donne  quelque- 
fois en  fr. 

Ayep.  adv.  hier.  Espagnol,  ayer. 

Ayon,  aillou.  s.  m.  v.  hayon. 

Azan.  adj.  qui  est  sans  travailler,  les  bras  croisés,  fr.  oisif,  lat.  oliosus. 
Nannir.  auje,  ^ise. à- z'auje,  à  l'aise?  v.  naic.  goth.  azet,  commode,  v.  fr. 
azaut  recréatif,  prov.  azautar,  réjouir,  irl.  azaids,  s'asseoir.  Dans  cette 
accumulation  de  mots,  je  ne  vois  rien  de  très-satisfaisant.  Il  ne  faut  pas 
confondre  le  liégeois  adjau  avec  notre  —  :  esse  adjau  signifie  au  contraire 
être  en  train,  en  mouvement  ;  corruption  probable  d'être  en  jeu,  et  non, 
comme  Je  veut  Diez,  dérivation  de  ad.  aptus. 

Azouil,  Azouye.  interj.  pour  annoncer  que  l'on  confisque.  Fai 
azouye  sur  lés  cour liaux,  saisir  les  marbres. 

M.  Grandgagnage  compare  ce  mot  au  v.  fr.  ouïe,  oulle,  esp.  olla 
(pron.  olia),  gouffre. 


B 


B  se  change  quelquefois  en  P  :  hierpe,  herbe,  garbe,  gerbe. 
Babagne.  s.  f.  amas  d'eau  trop  petit  pour  mériter  le  nom  de  flaque. 


70  BAB— BAL 

Babak  ou  niinlon  babak.  menton  saillant,  menton  de  personne 
ayant  perdu  les  dents.  Enall.kinn  backen,  signifie  mâchoire.  Kinn  iso- 
lément signifie  menton  et  backen,  joue. 

ISabiclies.  s.  f.  p.  grandes  lèvres,  ||  pattes  d'une  cornette,  fr.  babine, 
lèvre  des  vaches,  des  singes. 

Rabin,  s.  m.  imbccille.  se  dit  des  femmes,  fr.  babouin,  espèce  de 
singe;  babouiner,  en  fr.  signifie  faire  le  bouffon.  Cymr.,  irl,  baban, 
enfant,  poupée. 

ISablutle,  babnsc,  faflntlc.  s.  f.  bagatelle,  basse  carie.  Les  Liégeois 
donnent  à  une  basse  carte  le  nom  de  fafloUe.  BabluUe  à  Tournay  est  la 
mêlasse  cuite  que  nous  nommons  lablelle.  v.  fr.  baboie,  fr.  babiole. 

Babot.  s.  m.  femme  bonasse.  En  fr.  bijbeau  signifie  fantôme, 
ombre,  en  v.  fr.  sot,  niais  (babulus  1.)  fl.  babok,  lourdaud,  rustre. 

Bac.  s.  m.  auge,  mangeoire,  bietle  à  boire  au  bac,  bête  à  manger 
foin.  Flani.  bak  auge,  jatte.  Ail. back,  plat  de  l'équipage,  gamelle.  Enfr. 
grande  cuve  de  pierre. 

Bâcher,  v.  a.  baisser.  De:  bas,  qui  lui-même  est  celt.rgall.  bas.  Bas- 
bret.  Baz  (en  parlant  de  l'eau). 

Bacon,  s.  m.  pièce  de  lard.  En  v.  fr.  lard  salé.  b.  lat.  baco.  gall. 
baccwn  lardum,  tudcsq.  bâche,  porc. 

Baffe,  s.  f.  gueule,  gourmandise,  goinfrerie,  dialecte  d'Aix-la-Cha- 
pelle Baef,  gueule. 

Baffer.  v.  n.  bouffer,  manger  avidement.  J'ai  donné  ce  mot  que  l'on 
peut  pourtant  entendre  en  France  avec  bâfrer,  brifer  et  bouffer.  En  v.  fr. 
baufrer,  signifiait  manger  goulûment.  Armor.  brifa,  manger  avidement. 

Baije,  baise,  s.  f.  baiser.  —  a  pinchette,  c'est-à-dire  en  pinçant 
les  joues. 

SSaijc-cu,  s.  m.  baijoire,  s.  f.  barrière. 

Baijer.  v.  a.  baiser.  A  Namur,  bauji.  A  Liège,  bâhi. 

Baijnre.  s.  f.  jonction,  baisure. 

Baille,  baye.  s.  f.  barrière,  clôture  de  prairie,  v.  fr.  baille,  holl. 
balie,  garde-fou,  balustrade. 

Bajour.  s.  m.  abat-jour. 

Bakter  {s),  se  courber  (en  parlant  du  bois),  irl.  bac,  gall.  bac'hu, 
sanscrit,  bak,  courber. 

Balau,  balou.  s.  m.  sotte, étourdie.  A  Fleurus,  balouche,à  Liège,  ba- 


BAL— BAN  77 

!o\v,  hanneton,   b.  brct.  balavcn,  papillon.  Comparez  noire  mol  mou- 
CUETTE.  V.  fr.  baloyer,  voltiger. 

Balayette,  baliette.  s.  f.  petit  balai. 

Balle-à-capiaii.  jeu  d'enfants.  On  place  l'un  près  de  l'autre  les 
chapeaux  ou  boniicls  des  joueurs.  On  cherche  à  loger  dans  l'une  des 
coiflures  une  balle  jetée  d'assez  loin.  Si  cela  réussit,  celui  à  qui  appar- 
tient le  chapeau,  la  ramasse  prestement  et  la  jette  contre  l'un  ou  l'autre 
de  ses  camarades  qui  s'enfuyent.  Celui  qui  est  atteint  doit  venir  offrir 
son  dos  et  chacun  lui  lance  la  balle  à  assez  courte  distance.  Si  personne 
n'a  été  touché,  c'est  le  maladroit  qui  doit  subir  la  punition. 

ISaller.  v.  n.  se  précipiter.  Se  dit  surtout  des  scions  qui  ont  rompu  leur 
frein  et  que  l'ouvrier  ne  peut  arrêter  sur  le  plan  déclive  qu'il  parcourt,  etc. 
6a)j&)  en  grec  signifie  lancer, d'oîi  le  fr.  balle;  cependant  il  est  permis  dje 
douter  que  le  grec  soit  pour  quelque  chose  dans  le  mol  baller.  Le  mot 
balle  y  aurait  plutôt  donné  lieu  en  servant  de  terme  de  comparaison  : 
partir  comme  une  balle.  En  v.  fr.  baller  signifie  danser  les  bras  pen- 
dants, etc. 

Ballon,  s.  m.  cerf-volant.  En  fr.  ballon  signifie  aérostat. 

Balouche.  hanneton  (Fleurus). 

BaioufTe.  s.  f.  p.  joue  (on  ajoute  presque  toujours  :  grosse). 

Baluf^se.  balustrade.  Celt.  bret.  balusd. 

Baizin.  s.  m.  tremblement,  défaut  de  fermeté,  surtout  chez  les  vieux 
ivrognes.  Il  ne  se  dit  pas  du  tremblement  par  la  crainte,  par  le  froid, 
par  la  fièvre  ;  alors  c'est  trianage,  triancr. 

Balziner.  v.  n.  hésiter,  trembler.  Avoi  V  baizin  et  balzincr  ne  sont 
pas  du  tout  la  même  chose;  le  second  n'est  que  le  figuré  du  premier. 
Baizin  doit  avoir  la  même  origine  que  l'italien  balzare,  bondir,  balzillare, 
sauter,  sautiller.  On  serait  tenté  de  rattacher  balziner  au  fr.  balancer. 
Celio-breton,balançzi  ;  mais  tous  ces  mots  se  rapportent  à  la  racine  bal. 

Bnlziiia^c.  s.  m.  hésitation. 

BSaniiioelic.  s.  f.  orgie,  fête,  ivresse,  ribole. 

Baïuhochcr.  v.  n.  riboler,  se  divertir,  s'enivrer. 

Banibochcur.  s.  m.  qui  aime  à  bambocher. 

Bancal,  s.  m.  sabre.  En  fr.  pop.  personne  à  jambes  tortues. 

Banni  (au),  poisson  qui  n'est  pas  friis.  v.  pichon. 

Banse.  s.  f.  manne  (arr.  deCharleroy).  C'est  un  vieux  mol  fr.,  encore 

iO 


78  BAN— IJAR 

employé  eu  langage  commercial,  pour  désigner  une  grande  manne  carrée. 
C.all.  bancyr,  corbeille,  bas-lat.  bansilla,  cista,  corbis. 

Baii§li.  s.  m.  vannier,  l'abricaul  de  hanses. 

QSaour,  Paour.  s.  m.  paysan,  ruslre,  lourdaud.  11.  boer,  ail.  bauer, 
paysan,  IV.  balourd. 

Baquet,  s.  m.  bateau  servant  à  la  navigation  deMons.  Indépendam- 
ment de  la  partie  réservée  à  l'habitation  des  bateliers  qui  se  nomme 
rouf,  il  est  divisé  en  7  compartiments  qui  se  nomment  kise,  maclaire, 
pannilan  en  avant,  parmilan  en  arrière,  overgan,  pied  de  dertière,  et 
derrière. 

Baqiiulei'ie,  baclrie.  s.  I'.  lieu  ou  l'on  fait  les  baquets. 

Baquctcur,  bacteii.  s.  m.  ouvrier  qui  travaille  à  confectionner 
des  baquets. 

Kav  {elle  à),  t.  du  jeu  de  gueriam,  qui  s'emploie  au  figuré  pour  dé- 
signer :  être  en  lieu  de  sûreté.  C'est  la  locution  fr.  loucher  barre.  Ledict. 
de  l'Acad.  définit  le  jeu  de  barre  :  jeu  de  course  entre  des  écoliers  ou  des 
jeunes  gens  qui  se  partagent  en  deux  camps  opposés,  marqués  ordinai- 
rement par  un  sillon  ou  une  branche  d'arbre. 

Le  mot  avec  ses  dérivés  pourrait  bien,  d'après  cela,  provenir  du 
celto-bret.  bar,  branche.  Il  n'existe  pas,  que  je  sache,  en  fl.;  mais  en 
ail.  on  trouve  barren. 

Barbette,  s.  f.  peau  qui  pend  en  dessous  du  bec  des  gallinacés.  Ce 
mot  en  fr.  signifie  guimpe,  grelin,  batterie,  etc. 

Barbillon,  s.  m.  péricarpe  des  fruits  à  pépins  ||  opercule  des  pois- 
sons. En  fr.  espèce  de  poisson,  ses  moustaches. 

Barbouyeu.  s.  ni.  peintre  en  bâtiment.  En  fr.  barbouilleur,  mau- 
vais peintre,  etc. 

Barbusette.  s.  f.  fleur  mâle  du  noisetier.  En  v.  fr.  berbigeotte. 

Barette,  barrette,  s.  f.  bonnet.  Celto-breton,  barret,  ail.  barrett, 
b.-lat.  birrelum,  lat.  birrus.  En  fr.  barrette  signifie  bonnet  rouge 
de  cardinal,  petite  barre,  etc.  Y  fait  dé  conte  à  tuer  dé  beu  à  eau 
d'  barette. 

Barguette  {al),  cri  de  menace  des  bateliers  en  grève.  En  t.  de  navi- 
gation, barguette  est  une  sorte  de  bac  pour  passer  les  rivières. 

Bari.s.  m.  t.  de  ch..  somme  donnée  au  maître  du  jour  pour  obtenir  le 
payement  d'une  créance. 


BAR— liAT  79 

Bariolen.  s.  m.  percepteur  de  la  taxe  des  barrières. 

Baron,  s.  ni.  Heur  des  champs,  gilhago  segelum.  |(  Marron,  fruit. 

Barof.  s.  m.  tombereau;  il  est  singulier  que  baroter  et  barotier 
soient  français  et  queB\uoT  ne  le  soit  point,  au  moins  dans  le  sens  mon- 
tois;  car  barots  signifient  les  pièces  de  bois  qui  soutiennent  le  pont  d'un 
navire. 

Barquette,  s.  f.  barque.  Celto-brel.,  gall.,  11.  bark.  bas-lat.,  ital., 
esp.  barca.  ail.  barke. 

Barre  du  cou.  s.  f.  nuque. 

Barre  à  canettes,  s.  f.  planche  attachée  à  une  muraille  et  que  l'on 
arme  de  clous  ou  de  crampons  pour  suspendre  divers  ustensiles  et  no- 
tamment les  cannelles,  v.  ce  mot. 

Bartiau.  s.  m.  école  buissonnière.  A  Liège,  barelle. 

Barcliau  et  Barclte  sont  bien  de  même  souche,  sont  bien  frère 
et  sœur;  mais  quel  est  le  père  commun?  v.  dcbartc. 

Bas  de  sang,  exsangue. 

Basilic  sauvage,  s.  m.  plante,  cuphorbia  hcUoscopia. 

Basse-canibe.  s.  m.  et  f.  latrines,  lieu  d'aisance,  v.  fr.  basse-cham- 
bre. Esp.  baxia,  b-.lat.  bacia,  bassia,  gall.  siambr,  caméra,  conclave. 
V.  fr.  cambrois. 

Bassée.  s.  f.  horizon,  partie  du  ciel  qui  semble  toucher  à  la  terre. 
el  bassée  est  kierkiée,  l'horizon  est  chargé  de  nuages. 

Basse-note  {al),  loc.  adv.  secrètement  ||  sans  bruit  ||  sans  éclat  !| 
modestement. 

Basser.  a.  bassiner,  étuver.  En  fr.  ce  mot  signifie  tremper  la  laine 
de  colle. 

Bassiner,  v.  a.  foire  un  charivari.  De  bassin.  V.  ail.  bechi,  bechin. 

Bassinet,  s.  m.  1/12  d'Hotteau.  v.  ce  mot. 

Bastic.  s.  m.  Sebastien. 

Baston.  s.  m.  bâton.  Esp.  baslon,  ital.  bastone,  bas-lat.  bastonerius 
et  bastonicum,  d'où  l'on  peut  conclure  que  la  forme  primitive  est  basto. 
v.  balle. 

Bâtante,  s.  f.  contrevent. 

Bâtard  (rcinde).  déshériter. 

Batiau.  s.  m.  homme  heureux  ||  sot.  En  fr.  bateau,  signifie  personne 
étourdie,  troublée.  El  paroisse  du  —  de  St  Julien  patron  des  fous, 


80  BAT— HÂU 

On  reprcsenlc  St  Julien  dans  une  barque.  On  nommait  St  Julien  ou 
Si  Juyé,  la  maison  des  fous  à  Mons. 

Datonnicr.  s.  m.  bedeau. 

Battcc.  s.  f.  pierre  cubique  do  8  poiPces  de  coté  dans  laquelle  on 
scelle  les  pièces  de  fer  qui  servent  à  suspendre  les  portes,  fenêtres.  Le 
mot  est  fr.  pour  désigner,  en  t.  de  menuis.,  lenlaille  faite  à  une  porte, 
fenêtre,  afin  qu'elle  joigne  mieux.  En  fr.  c'est  aussi  le  papier  baltu  en 
une  fois. 

Balte  lés  îan.  t.  de  cb.  vaincre,  dompter,  maîtriser  les  eaux,  en 
débarrasser  une  mine. 

Cliose  assez  remarquable  !  ni  balle  ni  ses  composés  aballe,  s"  comballe, 
déballe,  quoiqu'empruntés  au  fr.,  n'ont  la  signification  fr.  On  donne 
pour  origine  à  battre,  un  mot  inusité  dans  la  latinité  classique  :  batucre 
ou  baltuere,  employé  par  Plante  dans  la  signifie,  de  s'escrimer,  faire  des 
armes. 

Ceux  qui  aiment  les  origines  celt.  trouveront  satisfaction  dans  l'irl. 
bâta,  l'arm.  baz,  bâton,  le  gall.  baeddu  verberare.  Le  lat.  et  le  celt.  ont 
une  origine  commune  dans  le  sanscrit  bat,  battre  (Pictet,  p.  115). 

Battes,  s.  f.  p.  compagnie,  accoinlance,  rendez-vous  :  aooi  ses 
balles,  avoir  des  sociétés  particulières.  Ce  mot  provient  sans  doute  du 
V.  français  bast,  ébat,  ou  du  v.  fr.  bade,  frivolités, v.  cependant  Albaudeu. 

Batt-fcu.  V.  lap-feu. 

Bâti  nionnoye.  battre  monnaie. 

Bail.  s.  m.  arbre  abattu  et  ébrancbé.  Allemand  baum,  arbre,  bauen, 
bâtir,  bau-bolz,  bois  de  charpente.  En  fr.  solive  mise  en  travers  pour 
atïermir  le  bordage  d'un  navire. 

Bauclicllc.  s.  f.  jeune  fille  (Charleroy).  Liège,  bacelle,  fr.  un  peu 
vieilli,  bacbelette.  V.  fr.  bace,  bacelle,  bacbelle,  vacelle,  baiselette,  v. 
fr.  bassier,  baissier,  jeune  garçon,  fr.  bacbelier,  b.  lat.  baccalarius. 
M.  Grandgagnage  croit  qne  la  racine  est  lehoU.  baas  qui  signifie  maître 
et  garçon.  Chevallet  le  rapporte  au  celt.  :  gall.  baçgen  garçon,  écoss. 
beag,  petit. 

Baiidesse.  s.  f.  ignorante. 

Baudet,  s.  m.  instrument  dont  se  servent  les  personnes  qui  filent  au 
rouet,  pour  dévider  leurs  bobines.  —  est  français  quand  il  signifie  âne. 
Baudet  de  nature,  qui  sait  gnié  lire  es  nécrilure.  El  baudet  partage  avec 


BAU-BEA  81 

cl  pourciau,  cl  ca,  cl  kié  le  privilège  de  fournir  le  lexle  d'une  foule  de 
proverbes  : 

llaindes  service  à  nain  baudet 
y  vo  fai  ain  pé  à  vo  nez. 

Pu  vo  Jcierhrez  vo  baudet,  pus  qu  il  ira  rade. 

ISaudi.  V.  n.  mettre  à  prix.  Qui  baudil?  demandent  les  ofllciers  pu- 
blics préposés  aux  ventes.  Eu  fr.  c'est  un  terme  de  chasse,  qui  signifie 
exciter  les  chiens  à  aboyer,  v.  fr.  baud,  il.  baldo,  insolent,  joyeux,  v.  h.  a. 
bahi,  goih.  balths,  hardi,  à  cœur  ouvert. 

Ifiaunic,  baune.  s.  f.  on  donne  ce  nom  aux  diverses  espèces  de 
menthes  qui  croissent  sans  culture  et  même  à  des  genres  qui  y 
ressemblent  comme  le  laniium  —  en  fr.  subst.  m.  dont  la  signif.  est 
peu  diflérente  :  herbe  odoriférante,  espèce  de  menthe,  etc.  Gall.  bawm 
melissa  apiasirum  (Davies).  Ce  gallois  est  probablement  emprunté. 

Dayard.  s.  m.  brancard  ne  servant  qu'à  porter  les  morts.  En  fr. 
on  donne  le  nom  de  baillard  au  brancard  des  teinturiers  pour  égoutter 
les^oies.  Le  bayard  est  une  civière  pour  porter  toutes  sortes  de  fardeaux. 
Namurois  bayau,  liégeois  baie,  bas-lat.  bajanula  (lectica)  ;  bajulusdans 
Amniien  Marcellin  semble  signifier  porteur  de  morts.  Ail.  bahre,  civière, 
bière,  fl.  baer,  brancard,  bière. 

Bayer,  v.  a.  donner,  v,  fr.  bailler.  Bayer,  v.  n.  signifie  en  fr.  regar- 
der bouche  béante  —  après  :  désirer.  Le  v.  fr.  disait  comme  nous  au 
fut.  Je  barrai.  Ccst  si  bon  quain  kié  n'ain  bâroi  gnié  à  s'  mère. 

Belle  fiye  à  marier 
Rie  à  leu  bhyer. 

Bazenne.  s.  f.  tarte  commune,  grossière  ]|  peau  de  mouton  tannée. 

Bazou.  s.  m.  imbécillo,  esprit  bouché. 

Bé,  bîe,  bié,  bin.  adv.  bien  ||  s.  m.  plaisir,  bien-être,  satisfaction. 

Beau,  bcyau.  s.  m.  imbécille  ||  bègue.  Ce  doit  être  la  même  chose 
que  badaud  ;  mais  badaud  répond  surtout  au  brct.  bader,  tandis  que  — 
se  rapporte  plus  particulièrement  à  fécoss.  baoth,  même  signif.  peut- 
être,  pourtant  n'est-ce  que  le  fr.  béat  malgré  la  différence  de  signif. 


82  BEI]— liEiN 

Rébèfc.  s.  f.  viande  (enfantin). 

Bccbot.  s.  m.  pivert,  oiseau,  Espagn.  bequebos. 

Keehc.  s.  f.  habit  d'ouvrier,  liabit,  veste. 

Bceliuron.  s.  m.  bec  d'un  poi  pour  qu'on  verse  plus  facilement. 

Bccof .  s.  m.  baiser.  Ce  mot  provient  sans  doute  de  bec.  Selon  Sué- 
tone (vitell.  18)  les  Latins  ont  emprunté  aux  Gaulois  leur  mot  beccus 
qui  a  ensuite  formé  i'italien  becco.  bas-bret.  beg. 

Bedot.  s.  m.  mouton  (enfantin)  ||  vers  des  noisettes,  des  poires. 

Diez  cite  ce  mot  avec  le  fr.  bidet  et  le  berrichon  Bide,  vieux  mouton. 
Il  leur  donne  pour  origine  commune  le  gaël.  bideach,  très-petit,  bidein, 
petite  créature.  Il  compare  le  kymr.  bidan,  être  faible,  bidogan,  petite 
arme. 

Bëgbof.  s.  m.  bègue.  A  Liège  bâbo,  beldcu.  v.  bol. 

Begne.  appellation  d'amitié  usitée  à  Quaregnon  ;  elle  ne  s'adresse 
qu'aux  enfants.  On  dit  aux  très-petits  enfants  bebegne,  aux  personnes  de 
certain  âge  chegne.  La  terminaison  en  egne  est  chère  aux  habitants  de 
Quaregnon.  Us  prononcent  ainsi  tous  les  mots  terminés  en  in  ou  ain  et 
lui  donnent  à  peu  près  le  son  de  eugne.  La  remarque  peut  s'appliquer 
à  une  grande  partie  du  Borinage.  Selon  d'autres  personnes,  bcgne  doit 
s'appliquer  aux  petits  garçons,  chegne  aux  petites  filles,  v.  chrgne. 

Begwer.  v.  n.  bégayer. 

Bogiiinet.  s.  m.  grand  béguin. 

Bek.  excl.  de  dégoût. 

Belande.  s.  f.  sorte  de  baquet,  v.  fr.  bilandre,  tiré  du  fl.  byland, 
ail.  bcyland,  by,  près,  land,  terre,  qui  cotoye  ou  ne  va  pas  à  la  mer. 

Belisse.  s.  f.  osier  blanc. 

Belle,  s.  f.  lune.  A  Liège,  baîlé. 

Belle-belle  (fai).  caresser,  flatter.  Comp,  l'ail,  schônthun,  cajoler. 

Belof.  s.  f.  isabclle. 

Benjamine,  beljamine.  s.  f.  balsamine. 

Benion.  s.  m.  tombereau  (Fleurus);  de  benne. 

Benne,  ouvrage  de  vannerie  pour  garnir  un  charriot  ||  paniers  portés 
par  les  ânes.  Empli  ses  —  se  restaurer,  manger  et  boire  beaucoup. 
Benne  est  un  v.  m.  fr.  qui  signifie  panier.  Les  Latins  avaient  emprunté 
leur  mot  benna  au  celtique.  Selon  Festus  :  lingu.â  gallicà  benna,  genus 
vehiculi  appellatur,  Gall.  ben,  voiture.  En  fr.  on  appelle  benne  la  hotte 


BER— BER  83 

des  vendangeurs  ;  on  donne  le  même  nom  à  un  espace  clos  pour  arrêter 
le  poisson  ;  c'est  aussi  une  mesure;  banne  est  une  grande  manne  faite  de 
branchage. 

Berbotle.  s.  f.  brebis,  vieille  brebis.  B.-lat.  berbex,  lai.  vervex. 
V.  f.  bcrbix. 

IScrclie,  berce,  s.  f.  berceau.  On  lit  dans  la  vie  de  Si  Parduf  qui 
doit  avoir  été  écrite  au  à"  siècle  :  et  in  agitatorio  quod  vulgô  barciolum 
vocanl  pannis  conslrictum  imposuit.  C'est  évidemment  la  latinisation 
d'un  mot  coït.  :  berk  ou  bark,  à  cause  de  l'analogie  du  balancement  de 
la  barque  suY  l'eau,  v.  fr.  bers,  lat.  versare. 

Oerdacher.  v.  n.  patauger,  patrouiller,  faire  du  gâchis,  épancher 
de  l'eau  ou  un  liquide  quelconque. 

Derdacherie.  s.  f.  action  de  benlacher,  résultat. 

Berdakier,  bardakier.  v.  a.  bàlonner.  Namurois,  bardachi, 
liégeois,  bardahi.  v.  fr.  bardacher,  gauler,  bas  lat.  bargus,  rameau, 
kymriquc,  bar,  branche  d'arbre,  bâr  hampe  de  lance,  bas  breton,  écossais, 
irlandais,  barr  branche,  v.  art.  malon  pour  un  ex.de  son  ancien  emploi. 

Bcrdaf,  berdif,  berdouf.  excl.  lorsque  quelqu'un  ou  quelque 
chose  tombe." 

Bcrdeler.  v.  n.  marmotter,  gronder.  FI.  bedillcn,  critiquer. 
V.  verseler. 

Bcrdelen,  euse,  Berdelar,  arde.  s.  et  adj.  qui  berdelle.  Flam. 
bedilal,  qui  critique  tout. 

Berdik,  berdak  su  V  pont  de  Juuiape.  manière  de  faire  taire 
les  enfants  raisonneurs. 

Berdoiiille,  Bedouye.  s.  f.  pi.  boue  :  laver  avé  dés  —  excuser 
maladroitement.  FI.  dooijen,  ail.  bethauen,  dégeler.  En  Picardie  on  dit 
badrouille.  Dans  les  Vosges,  bodere,  ail.  bod  sol.  v.  fr.  bray,  bar  fange 
(Chevallet). 

Berlafe.  s.  f.  balafre,  v.  fr. 

Berlik-Berlok.'adv.  de  travers,  brelic-breloque. 

Berloquc  (balle  la,  el).  perdre  la  tête.  Fr.  berloque,  batterie  de 
tambour  qui  annonce  le  moment  de  nettoyer  les  casernes. 

Bcrloqucr.  v.  n.  brandiller,  pendiller,  ^o  kié  a  yéu  n'  gambe 
casséle,  i  keurl  mélnant  su  lois  pâlies,  cl  qualiéme  bcrlohe.  Fr.  locher, 
que  Chevalet  place  dans  l'élément  celt.  :  bret.  lusqa,  éc.  luaisg,   irl. 


8i  BER— BET 

luaisgaim,  gall.  Iwygaw,  branler,  remuer.  D'après  M.  Grandgagange  le 
badoké  liégeois,  vient  du  Scandinave  lokr  pendulum  quid,  bar,  ber, 
bre,  signifierait  de  travers,  en  biais. 

Bcriongcoirc,  birlongcoire.  s.  f.  balançoire,  escarpolelle.  A 
Liège,  birlance. 

IScrloiiger.  v.  n.  balancer.  A  Valenciennes  on  dit  balonger. 

Bcrlu,  ue.  adj.  louche.  liai,  berlusco  pour  bi-lusco.  En  fr.  berlue, 
sorte  d'èblouisseaienl  qui  (\ut  voir  les  objets  autrement  qu'ils  ne  sont. 

Bcrnatié.  s.  m.  vidangeur,  gadouart. 

Bcrsaii.  s.  m.  cible  pour  tirer  à  la  flèche,  v.  fr.  bers,  bersail,  ber- 
saull;  berser,  bersaillcr,  tirer  des  flèches.  It.  bersaglio,  b.  lat.  bersare. 
Le  radical  est  le  Scandinave  beria,  frapper,  atteindre.  Pour  arriver  à  fidée 
de  chasser  dans  un  parc,  Diefenbach  rapporte  le  bas-lat.  bersa,  clôture 
de  haie  et  le  bas-bret.  berz,  berc'h,  défense,  enclos  (c'h^=kh=le  x  des 
Grecs,  le  ch  ail.)  d'où  berceau  (de  verdure),  v.  fr.  bercil,  fr.  bercail,  s'il 
ne  vient  de  berbix  sur  un  type  berbicale. 

Bcrsing,  bcrsink.  adj.  enivré,  égaré,  la  tête  perdue,  en  balançant. 
Ce  mot,  selon  M.  Grandgagne,  provient  de  baij  besin  à  demi-ivre 
(dialecte  de  Bayeux). 

EBerwette.  s.  f.  brouette,  v.  fr.  barouest  diminutif  de  barot,  lequel 
vient  du  gothique  baira,  ail.  baeren,  porter.  Dicz  tire  le  mot  de  bi-rouette, 
mais  la  brouette  n'a  qu'une  roue. 

Berweter.  v.  n.  pirouetter,  dégringoler. 

Bcrzi  {sec  corn),  sec  comme  Brésil.  Ail.  brezel,  craquelin,  sorte  de 
pâtisserie  qui  craque  sous  la  dent. 

Besoins  (faire  ses),  chier,  aller  à  la  selle. 

Bétleiu,  bethléeni.  s.  m.  théâtre  d'enfants  où  primitivement  on 
ne  représentait  que  la  nalivilé  du  Christ.  El—Roubé  a  eu  une  grande 
célébrité.  C'était  le  théâtre  aristocratique  :  on  payait  un  sou  (neuf  cen- 
times) d'entrée.  On  prétend  qu'un  de  nos  préfets. a  assisté,  avec  W  la 
comtesse  d'Yve,  à  une  des  représentations.  Si  le  fait  est  vrai,  on  peut 
croire  que  la  représentation  a  eu  lieu  pour  eux  seuls.  Uoubé  passait 
pour  l'auteur  de  ses  pièces  (ou  plutôt  de  sa  pièce)  qui  était  en  vers.  Quels 
vers  !  c'est  égal,  cela  était  bien  beau. 

Voici  un  échantillon  de  sa  poésie  :  le  prédicateur  capucin  s'élevant 
contre  les  vanités  du  siècle,  s'écriait  dans  un  élan  d'éloquence  : 


BET-BiB  85 

V  grJa  pas  jusqu'à  les  marchandes  cfallumeUes 

Qui  porllé  dés  loupé  à  la  Grecque 

El  on  voit  lés  marchandes  de  chabols 

Qui  onl  dés  farbalals  jusqu'au  meyeu  d'  leu  dos. 

ISct^ïole.  s.  m.  p.  argenl.  Ail.  bezahlen,  payer. 

ËSette.  s.  f.  poirée.  v.  fr. 

iScubeu.  s.  m.  ombre,  fantôme.  Fr.  babeau.  Babau  est  le  croque- 
mitaine  des  Languedociens.  Ce  mot  existe  dans  les  vieilles  langues  et 
patois  étrangers;  le  cell.  b\v,  kinirique,  bwbacb,  le  bas  Saxon  cl 
le  patois  d'Aix-la-Cbapello.bumann,  boemann.  Cela  provient,  comme  le 
remarque  l'idiolikon,  ouvrage  sur  le  patois  Rhénan,  de  ce  que  partout 
on  se  sert  du  son  beu,  bou,  pour  effrayer  les  enfants  dans  l'obscurité. 

IScuter.  regarder,  en  épiant. 

Beulin.  s.  m.  glaçons,  qui  selon  l'opinion  des  bateliers,  s'élèvent 
du  fond  des  rivières  dans  les  fortes  gelées.  Les  anciens  physiciens  con- 
sidéraient une  pareille  opinion  comme  erronée,  mais  quelques  modernes 
l'admettent  comme  fondée  (Foissac,  météorologie). 

Béziers,  bésic,  bsîc.  s.  m.  pi.  charbon  de  terre  de  la  plus  mau- 
vai;.e  qualité,  mélangé  de  rognons  pierreux.  A  Liège,  bézi,  partie  infé- 
rieure de  la  mine  de  houille.  Einvouyer  au  bsi,  au  bsil  ou  à  mebsit, 
envoyer  se  promener;  en  disant  :  va-l-cin  au  bsil,  un  montois  ignore  ce 
que  signifie  bsil.  Il  faut  considérer  que  mebsil,  mebsi  égalant  mecouye, 
bsi  doit  égaler  couye,  or  couye  en  terme  de  charb.  est  aussi  synonyme 
de  bezie,  bsi  ou  à  peu  près  et  d'ailleurs  concorde  bien  avec  l'opinion  de 
Diez,  rapportée  à  l'art,  bsi.  Beziers  ne  doit  être  qu'une  francisation. 

Oézin.  s.  m.  indécis,  irrésolu,  qui  réfléchit  beaucoup  sans  savoir  se 
décider.  HoU.  bezinnen,  réfléchir,  ail.  sich  besinnen,  hésiter, 

ISéziner.  v.  n.  agir  en  bczin,  lanterner. 

Beycr.  v.  n.  ne  pas  serrer,  ne  pas  coller.  Tés  solées  beyle  ou  beylé 
ou  bellHé.  Vos  souliers  sont  trop  larges,  ils  ne  collent  pas  au  pied. 
Fr.  bayer,  béant,  bâiller. 

Biau.  {[ai),  flatter.  Yos  verrez  co  —  d'iée  mi.  Vous  viendrez  encore 
vous  humilier  devant  moi.  Uavoi  biau  ou  belle;  avoir  bon  temps.  //  Va 
—  comme  ein  kié  d  tnadame.  v.  belle. 

Bibleltc.  s.  f.  bagatelle,  v.  fr.  bibetie,  bluclte,  étincelle. 

Biblot,  bilbot.  s.  m.  petit  morceau  de  bois  attaché  par  un  clou  et 

il 


86  BID— BIN 

au  moyen  duquel  on  lient  une  armoire,  une  fenêtre  fermées  I|  petit  objet 
dont  on  ne  peut  ou  ne  veut  pas  dire  le  nom.  Le  sens  de  bilbol  me  semble 
plus  restreint  et  être  seulement  le  synonyme  de  targette  en  bois  : 
bille4-bo(bois).  Biblot  serait  le  mot  bibelot  usité  en  France,  quoiqu'ex- 
clus  des  dictionnaires. 

ISidc.  as,  au  jeu  de  dés.  M.  Ilecart  le  donne  comme  celto-brclon  : 
bid.  V.  bedol. 

Bidon,  s.  m.  ustensile,  chose.  ||  imbécille.  En  fr.  vase.  Lourd  bidon. 
Redondance.  De  même  origine  que  bide,  bedol,  clc. 

Dié.  s.  m.  plaisii,  bifu.  Ce  mot  est  aussi  un  adv.,  alors  il  a  pour 
synonyme  bé  et  dans  certains  villages  bin  et  bic.  Qui  preind  pnimier 
preind  bié. 

Bief.  s.  m.  partie  étroite  d'un  canal,  par  opposition  à  large.  En  fr. 
bief  est  un  conduit  élevé  et  biaisé  menant  l'eau  au  moulin. 

IBiette.  s.  f.  bête,  dans  les  villages  on  dit  aussi  ciesse. 

iSiette  du  bon  Dieu,  moine  dévot,  imbécile. 

Biette  du  paradis,  insecte,  scarabée.  Coccinella  septempunclala,  la 
plus  commune  des  coccinelles. 

Bielle  d'orage,  s.  f.  éphémère,  petit  insecte  qu'on  ne  voit  que 
dans  les  chaleurs  précédant  les  orages. 

Bijoutière,  s.  f.  M''^  de  modes.  En  fr.  bijoutier  signifie  qui  fait, 
vend  ou  aime  les  bijoux. 

Bilboter.  v.  n.  et  a.  chanceler,  cahoter,  vaciller,  ne  pas  être  ferme, 
comme  si  on  n'était  tenu  que  par  un  bilbol. 

Bille,  bîye.  s.  f.  morceau  de  fer  rond  et  plat  que  l'on  pousse,  avec 
une  queue  de  billard,  sur  une  table  sablée. 

Billëler,  bilter.  v.  n.  jouer  gros  jeu.  En  fr.  ce  mot  signifie  étique- 
ter. Le  mot  biltèler  provient  sans  doute  de  bille.  Les  Hollandais  disent  : 
Zyn  goet  door  de  billen  lappen,  pour  :  manger,  consumer  sa  fortune 
au  jeu.  Ce  qui  confirme  celte  éiymologie,  c'est  que  les  Liégeois  qui 
disent  beielé  ont  leur  radical  beie  (bille).  M.  Scholer  tire  bille  du  mha 
bikkel,  osselet,  dé. 

Billcleur,  billeu.  s.  m.  et  adj.  qui  aime  à  billëler.  A  V  bourse  d'in 
billcu  y  n  faut  finie  d'  lequel. 

Billié,  biyelié.  oseraie  (Borinage).  v.  l'vjcUv,  belissc. 

Blnai^lé,  BIn-aiselé.  s.  f.  contentement,  satisfaction,  joie,  aise. 


BIN— BIS  87 

Biubiii,  binbiiigne.  s.  m.  petit  enfant.  (Quaregnon). 

Binchoii.  s.  m.  boucher  qui  éiale  sa  viande  sur  le  marché.  Autrefois 
les  bouchers  de  cette  espèce  étaient  presque  tous  de  Binche. 

Binde.  s.  f.  bande.  Ail.  binden,  lier,  inip.  band,  imp.  du  subj. 
bande  (prononcez  bende)  band,  ruban  et  lien,  bund,  alliance,  d'où  la 
famille  des  mots  fr.  bande,  bandit,  bandage,  banderolle,  bandelette,  etc. 

Binder.  v.  a.  bander. 

Binoi.  s.  m.  espèce  de  charrue  particulière  au  pays.  Les  beaux  par- 
leurs le  traduisent  par  binette  ou  binet.  La  binette  est  un  instrument 
de  jardinage  assez  semblable  à  la  houe  et  dont  on  se  sert  à  la  main.  Le 
binet  est  un  instrument  pour  brûler  les  boulsde  chandelle,  un  profit. 
Biner  est  fr. 

Bique,  s.  f.  mauvais  cheval.  En  fr.  ce  mot  exprime  une  chèvre 
pendant  qu'elle  allaite. 

Biquet,  s.  m.  traverse  en  fer  ou  en  bois  à  laquelle  sont  attachés  les 
fUs  qui  supportent  les  plateaux  d'une  balance,  ou  autrement  fléau  armé 
de  son  aiguille.  —  en  fr.  est  synonyme  de  trébuchet  ou  de  chevreau. 
V.  fr.  buquet,  balance,  trébuchet. 

Biscote.  s.  f.  espèce  de  friandise.  Tranche  de  couque  (v.  ce  mot) 
sucrée  et  séchée  au  four.  Ail.  biscotlen,  biscuit,  latin,  biscocta. 

Biser.  v.  n.  partir  [j  sauter  ||  voler  ||  jaillir  ||  être  en  rut  ||  aller  al 
diicasse  de  Messine.  En  fr.  ce  mot  signifie  devenir  bis,  reteindre,  etc. 
En  patois  de  Liège,  fefsfr  signifie  enlever  une  fille,  commettre  un  rapt  et 
quelquefois  courir  comme  le  vent.  Emie  vake  qui  bise,  est  une  vache  qui, 
au  moment  de  rut,  franchit  les  fossés.  Ce  mot,  selon  M.  Grandgagnage, 
est  une  onomatopée  :  aussi  le  verbe  ail.  bisen  ne  vient  pas  de  bise- 
wurm.  Celui-ci,  au  contraire  en  provient,  parce  que  c'est  un  insecte  qui 
fend  l'air  avec  bruit.  Mha  bisen,  vha  pison,  courir,  queue  levée, 
comme  les  bestiaux  piqués  par  le  taon  (Bise  Wurm).  Autre  vha  :  pison 
avec  i  long,  bruire,  en  parlant  du  vent,  d'où  le  fr.  bise. 

Bise.  s.  m.  et  adj.  batelier  qui  ne  fait  pas  partie  de  l'association. 

Bisdte.  adj.  qui  n'a  que  le  fémin.  Bissextile.  Ce  sera  Vannée  bisetle 
quand  léspouye  iron  à  crochellc.  Ce  sera  aux  calendes  grecques.  Bisette 
en  il .  est  une  espèce  de  dentelle  inférieure,  v.  fr.  bissêtre,  bisseslre. 
On  désigne  aussi  par  année  biseltc,  une  époque  merveilleuse  :  écoutez 
la  chanson  : 


88  BIS— BIT 

Il  a  tout  rué  pa  V  fernielle 
Ça  a  Iceyti  dcssu  V  licUe 
Dessu  r  licite  d'ain  marichau 

Oh! 
Ej  cois  qu"  c'est  l'année  biselle 
Y  kée  du  brain  al  place  dé  l'iau 

Oh  ! 
Ringuinguetle,  oh  !  ringuingo,  etc. 

Bistoquer.  v.  a.  fêter,  offrir  des  vœux,  un  bouquet,  un  cadeau. 
Cela  semble  équivaloir  à  bousqueter  qui  se  dit  à  Liège.  Bouquet  parait 
venir  du  Scandinave  Buskr  faisceau.  Bas-bret.boqet,  bouquet,  boqelerès, 
bouquetière,  irl.  bad,  bouquet,  fascicule,  sanscrit,  bad,  lier. 

Biltc.  s.  m.  infusion  de  café,  peu  cbargée. 

Bitte.  Pénis,  nientula,  nicnibrum  virile.  Hujus  modi  verba  referre 
me  pudet,  piget  que.  Sed  quod  illustribus  pbilologis  licuit,  niilii  semel 
licebit  :  hoec  enim  vox  ob  indigenam  et  aniiquissimam  originem 
prœtermitti  nequit. 

Converlo  in  laiinum  sermonem  quod  in  libro  excellentissimo  claris- 
simi  Diefenbacb  germanicè  scribitur  ;  . 

Fr.  vit,  forsilan  etiam  fr.  veille  (=nerf  de  bœuf),  Pott  componit  cum 
Brz.  Piden,  Biden=penis,  Cy.  Pid  m=a  point;  wliat  tapers  lo  a  point  ; 
pidyn=a  pinile.  Hae  voces  sunt  forsan  cum  -néou  et  pénis  cognata;  ;  sed 
credimus  vit  forniam  et  capitalem  forniam  gallic;e  vocis  :  Vis  cf  MLT. 
vitis,  vis=cochlea,  scala  annulala.  Vitus=flexura,  probabiliter  eàdem 
propinquilate  quàm  vilta  et  plures  aliaî  voces.  cf.  Brz  vicS=vis  (proba- 
bililcr  derivalio);  bins=scala  cochleœ  in  nioduni  structa.  Gael.  bidhis 
f.=screw. 

Ceux  qui  savent  le  lalin  auront  peine  à  comprendre  encore  le  langage 
scientifiquement  obscur  de  Diefenbacb.  Je  devrais,  pour  être  bien  clair, 
donner  la  clef  de  tous  ses  signes  et  abréviations.  Mais  cette  obscurité 
entre  ici  dans  mes  vues.  En  toute  autre  circonstance,  je  l'évite  autant 
que  je  le  puis,  non  que  je  ne  rende  tout  bommage  à  sa  savante  méthode  ; 
mais  c'est  un  travail  que  je  veux  épargner  à  mes  lecteurs. 

Ce  n'est  pas  tout  :  Voici  ce  que  dit  Pictet,  p.  78.  Je  ne  traduis  plus 
que  quelques  mots  : 


BIY— BLA  89 

La  racine  sanscrite  b'id  diviser,  fendre,  forme,  sans  changer  sa  consonne 
finale,  les  dérivés  b'eda,  division,  b'edana,  fissure,  b'idaka,  épée,  etc., 
auxquels  répondent  l'irlandais  bid,  bidcan,  haie,  séparation,  bideog, 
poignard,  et  le  Gallois  bid,  haie, et  bidawg,  épée  courte;  en  prenant  les 
suffixes  ti  et  ta,  le  d  de  la  racine  se  change  en  t  et  il  en  résulte  b'itta, 
l)'itti,  fragment,  morceau,  mur  de  terre,  fente,  fissure.  Les  formes 
analogues  de  ce  changement  en  irlandais,  sont  bith,  blessure,  bith 
(erse  bithis)  cunnus  et  par  extension,  femina,  mulier,  etc. 

En  ayant  égard  à  brz  bins,  cité  dans  cet  art.,  on  trouvera,  je  pense, 
l'origine  et  la  valeur  propre  de  bcgne  ou  bin,  surtout  en  le  comp.  à  celles 
de  chcgne,  chin. 

Dsyelle.  s.  f.  osier,  v.  fr.  bims,  vimc,  osier,  fl.  \vilg,  saule,  bret. 
bezo,  bouleau,  lat.  vimen. 

ISlâge.  adj.  pâle.  Ail.  blass,  pâle. 

ISIaguc.  s.  f.  bavardage,  loquacité,  avoi  n'  bonne  —  avoir  la  langue 
déliée.  —  au  toubak,  sac  à  tabac.  Le  dict.  de  l'Académie  admet  le  mot 
blague  pour  sac  à  labac,  mais  n'accueille  pas  blaguer;  cependant  on 
s'en  sert  populairement  en  France. 

Blaguer,  v.  n.  bavarder  ||  se  vanter.  Ail.  blackerie,  pédanterie. 

Blagueur,  s.  m.  et  adj.  qui  blague. 

Blaniiisc.  s.  f.  plaquette.  Fl.  blamuser.  En  Westphalie,  il  y  a  une 
monnaie  d'un  huitième  de  thaler  (environ  4G'')  qui  a  reçu  le  nom  de  bla- 
miiser  ou  blaumuser,  bh^u,  bleu  (à  cause  de  l'alliage)  et  miinze,  monnaie. 

Blan.  Ce  mot  n'est  usité  que  dans  cette  phrase  :  leyer  ain  blan, 
laisser  dans  l'embarras,  v.  plan. 

Blanc-bonnet,  blan-bouné.  s.  m.  femme. 

BlanchUseur.  s.  m.  ouvrier  qui  badigeonne.  En  fr.  ouvrier  qui 
blanchit  la  toile. 

Blan-bo.  s.  m.  bois  blanc,  peuplier  blanc. 

Blan-do.  s.  m.  flatteur.  Lat.  blandus.  Les  Liégeois  disent  &/rt)i-cou 
(cul);  ce  qui  peut  faire  croire  que  blandus  n'est  pour  rien  dans  l'affaire. 
Au  reste  blandus  avait  donné  plusieurs  mots  au  v,  fr.:  blande,  blanditeur, 
flatteur,  blandices  et  blandie,  caresses  pour  tromper,  blandir,  caresser, 
flatter. 

Blan-doi,  doigt-blanc,  s.  m.  panaris  simple  où  l'inflammation 
est  légère  et  superficielle.  On  réserve  le  nom  de  doigt-d'olive  (v.  ce  mot) 


90  BLA— BOL) 

pour  les  panaris  où  le  travail  inflammatoire  a  lieu  profondément,  au- 
dessous  de  la  gaine  des  tendons. 

Ifiliïsc.  s.  m.  variété  de  froment  dont  le  grain  est  plus  blanc  que 
celui  du  froment  ordinaire.  Ail.  blass,  pâle.  Peut-être  même  origine  que 
blé  :  B.-lat.  bladum,  fl.  blading,  proventus  agrorum,  ags  blad,  sclavon 
plod  fruclns. 

Blé  {pris  comme  din  ain  —  )  locution  commune  qui  répond  à  celle  : 
pris  comme  Henri  iv  sur  le  pont-neuf. 

K!c  [salade  de),  mâche,  boursette,  doucette,  blanchetle,  valeriana 
locusta.  L.  Exclam,  négative.  A  d'autres,  non  pas,  néant,  point  du  tout. 

BlefTar,  BefGar,  BlefToii.  adj.  et  s.  qui  bleffe. 

aieSTc.  s.  f.  p.  bave,  salive.  Micr  à  blcfj'e  dé  kic.  Manger  à  disci'é- 
tion,  sans  discrétion,  avec  excès,  en  goinfre,  v.  fr.  befle,  bave,  balfard, 
qui  bave  :  et  encor  estoit-ils  tiex  que  les  belles  qui  lor  chaoit  d'entier  le 
bouche  li  terçoit  et  l'ordure  ausi  de  lor  vis.  De  saint  Ysabiel.  Esp.  befar, 
remuer  les  lèvres,  befo,  lippu,  dialecte  de  Thuringe,  bàppe,  gueule, 
bouche,  fl.  bidTcn,  blaffen,  aboyer.  C'est  probablement  là  l'origine  de  la 
double  forme  fr.  et  montoise,  malgré  une  différence  de  signification. 

ffilelTer.  v.  n.  baver. 

BlefTou.  s.  m.  bavette. 

Bleti.  v.  n.  devenir  blet.  (Blet  et  bletissure  sontfr.,  mais  peu  usités). 
En  dialecte  bavarois,  blâlteln,  commencer  à  se  pourrir  en  parlant  des 
viandes.  En  v.  ail.  bleizza,  tache  bleue  d'une  meurtrissure. 

Bllon.  s.  m.  bond.  Bon—  1"  bond,  terme  de  jeu  de  balle.  Blonkië, 
v.  crblonkcr. 

Blouk.  s.  f.  boucle.  Celto-brelon,  bloucq.  Fai  V —  dé  l' gueule.  Tais- 
toi.  Mets  un  frein  à  ta  langue. 

ISIiilte.  s.  f.  sabot,  espèce  de  toupie  (Tournay).  v.  hablulte. 

Bo.  s.  m.  bois. 

Bo  d'ercalîssc.  racine  de  réglisse.  —  rf'  jwuyc.  Erable.  It.  bosco, 
b.-lat.  buscus,  fl.  bosch. 

Boche,  s.  f.  bosse.  Fl.  bocliel. 

Bocliu.  adj.  bossu. 

Bodc,  ée.  adj.  gonflé,  tuméfié,  icdémalié.  En  liégeois  il  signifie 
couilaud,  trapu,  nabot,  ragot.  Ce  mot  semble  provenir  d'une  racine 
cclliq.  both,  rotondité. 


BOD— BON  91 

Boder  («'),  v.  r.  devenir  bodé.  Ce  verbe  est  défeclueux  et  n'admet 
guère  que  l'infin.  :  Emme  mau  s'ra  bélô  oulle,  emme  diau  coumainche 
à  s'  bodcr.  Mou  mal  (de  dents)  sera  bientôt  passé,  ma  joue  commence  à 
se  lunit'fier. 

Boëiie.  s.  f.  soupirail  ||  très-petite  armoire  en  mur  ||  excavation 
pratiquée  dans  une  muraille  pour  en  marquer  la  mitoyenneté,  v.  fr. 
boëste,  bas-bret.  boëst,  b.-lat.  buxtula  boite^  quia  e  buxo  conficitur. 
Cette  étymologie  ne  me  semble  pas  fort  satisfaisante  au  point  de  vue  de 
la  signification.  J'aime  mieux  prendre  le  v.  fr.  baie,  ouverture,  fenêtre, 
bouette,  iroii,  ouverture,  liégeois,  bawcUe,  jalousie,  sarbacane,  bawi, 
regarder  furtivement,  b.-lat.  bayela,  sentinelle,  v.  ail.  bùton,  attendre. 

Boïne,  Ifioïme.  s.  f.  pièce  de  cbarpenle  qui  s'assied  entre  les 
jambes  de  force. 

Boire  (es),  s'enivrer  fréquemment.  On  employé  boire  d'une  singu- 
lière manière  :  es  cœur  boit  del  graisse.  C'est  une  curieuse  altération  de  : 
son  cœur  bat  d'allégresse.  On  dit  aussi  :  boil  du  lait. 

Boiliau.  s.  m.  s.  mesure  de  Tournay  pour  les  moules. 

Boliissc.  s.  m.  sorte  de  terre  rouge. 

Bônie.  s.  f.  bombe  ||  gros  courliau.  v.  ce  mot.  FI.  boni,  lat.  bombus. 

Bondi,  s.  m.  rempli.  FI.  binden,  bond,  gebondcn,  lier,  ail.  binden, 
band,  gebunden. 

Bondié.  excl.  mon  Dieu  ! 

Bon  Dié!  que  voz  aslé  candjél 
Dju  vos  r'  counoi,  v'nez  niainbraché  ; 
Vos  avez  en  loul  m'  n' amitié  ; 
Ouinlin,  quand  vos  vourez, 
Dju  sue  prctle  à  ni  marié. 

(Chanson  de  Quinlin.  v.  fourderaine.) 

Boiijot.  s.  m.  BonjcUc.  s.  f.  botte  de  lin,  d'allumettes.  Liégeois, 
bonge,  lioll.  bondel,  ail.  binidel,  paquet. 

Bonite,  s.  f.  borne,  v.  fr. 

Bonnier,  Itougnié.  s.  m.  s.  mesure  ixgraire  qui,  à  Mons,  se  divise 
en  U'o\^  journels  on  journaux  on  journeu.  Le  journal  se  subdivise  en 


92  BON— BOT 

qiiaire  quarilcrs  ou  qiiarlerons  et  le  quarteron  en  5G  verges,  v.  verge. 
Le  bonnier  =  1  hect.  2GG131 . 

Oonzé.  adv.  bonz  cl  caud,  honz  cl  gros,  signifie  bien  chaud,  bien 
gros. 

Boqnet.  s.  m.  écureuil.  Ce  nom  vient  sans  doute  de  bo,  séjour  habi- 
tuel de  ranimai.  Dans  les  villages  on  dit  :  bosquet,  bosqueliau.  Dans  les 
plus  éloignés  on  dit  spirou.  \\  morceau.  En  fr.  hoquet  signifie  pelle, 
outil  de  serrurier,  écoppe.  Dans  sa  dernière  signif.  boqucl  peut  être  une 
corruption  de  bouchée. 

Oorain,  borenne.  s.  et  adj.  habitant  du  Borinage.  Ce  mot  pro- 
vient selon  les  uns  de  l'ail,  bauer,  qui  signifie  paysan,  selon  les  autres 
de  bure  ou  bore,  qui  signifie  puits  d'extraction.  Boren  en  holl.  signifie 
percer  un  trou.  Bohren  en  ail.  a  la  même  signification. 

La  tradition  nous  rapporte  que  les  premiers  Borains  vinrent  à  Fra- 
meries,  du  pays  de  Liège,  pour  Texploilation  de  la  houille,  plus  ancien- 
nement connue  dans  ce  pays.  On  explique  par  là  la  différence  qui  existe 
fort  notablement  entre  le  langage  borain  et  les  autres  dialectes  wallons. 
Je  ne  trouve  pourtant  pas  de  ressemblances  bien  frappantes  entre  le 
framërizou  et  le  liégeois.  Le  meilleur  argumenj^  se  trouverait  dans  la 
prononciation  de  quelques  lettres,  par  ex.  :  j  et  g  doux  qni  se  changent 
en  dj,  dg.  (et  encore  les  Liégeois  changent  j  et  g  en  tch).  La  plupart  des 
mots  borains  inusités  dans  nos  autres  villages,  sont  inconnus  à  Liège. 
Quant  aux  lerines  de  mineurs,  quelques  uns  sont  les  mêmes,  beaucoup 
sont  différents. 

Borinage.  s.  m.  pays  comprenant  les  villages  de  Jemmapes,  Fra- 
meries.  Pâturages,  Quaregnon,  Hornu,  etc.,  et  dans  lesquels  on  s'occupe 
principalement  de  l'extraction  de  la  houille. 

Boscaycr.  v.  n.  travailler  du  bois.  Bas-lat.  boscaieare,  lignum 
cadere  (Ducange),  fl.  bosch. 

Boscayëries.  s.  f.  p.  vieux  morceaux  de  bois. 

Bosquet,  s.  m.  pivert.  Fl.  bosch,  bois. 

Boss,  Bozinne.  ss.  m.  et  f.  chef,  maître,  maîtresse  d'un  établis- 
sement et  surtout  d'une  auberge  ou  d'un  cabaret.  Ces  deux  mots  sont 
fl.:  bacs  et  baezinne. 

Botquin.  s.  m.  petite  barque.  Ail.  boot.  Chaloupe.  Chen  est  le 
diminutif  ail.  v.  fr.  botequin. 


DOT— BOU  03 

Bol.  ne  s'employe  qu'avoc  court.  Ein  court  et  bot,  ennc  courte  et 
boite,  nabot,  naboilc.  Je  ne  connais  le  mot  fr.  qu'uni  à  pied.  FI.  bot, 
énioussé.  v.  eilboltc  et  niambol. 

Boucan,  s.  m.  lieu  de  prostitution.  Boucan,  employé  pour  lapogo, 
est  français;  boucaner  l'est  aussi,  mais  pour  signifier  faire  séclier  à  la 
fumée,  aller  à  la  cbasse  des  bœufs  sauvages,  etc. 

Boucancoii(|uc.  s.  f.  galette  (v.  couhebak).  FI.  boekweitkoek,  litf. 
gâteau  de  sarrasin,  v.  bouquetie. 

Boucaner,  v.  n.  faire  du  bruit,  lapager.  Suivant  Ménage,  le  boucan 
était  originairement  une  sorte  de  danse,  du  nom  d'un  maître  à  danser 
qui  vivait  encore  en  1645. 

Bouchon,  s.  m.  buisson.  Les  philologues  font  venir  buisson  de 
buxus.  Ital.  bosco,  esp.  box,  ail.  buchs,  buis.  Notre  terme  s'accommo- 
derait mieux  de  l'ail,  buscb,  buisson  ;  mais  voilà  que  M.  Scbelcr  dit  que 
l'ail,  paraît  être  emprunté  aux  langues  romanes.  A  défaut  de  l'ail,  on  a 
le  11.  bosch,  dont  l'antiquité  n'est  pas  contestée,  que  je  sache. 

Boudenne.  's.  f.  ombilic,  nombril,  tout  le  ventre.  Fr.  bedaine,  v. 
fr.  boulaine,  dérivé  du  gall.  poten,  boyau,  bogail,  umbilicus,  lat.  bolu- 
lus,  boyau.  On  lit  dans  Froissart  ;  Jusques  à  la  boudiné. 

Dian!  (ter)  vo  boudenne  kêra; 

Si  elle  né  kié  gnié,  on  vo  V  coupera 

Dian,  etc. 

Dian  (ter)  vo  boudenne  (bis) 

Dian  (ter)  vo  boudenne  kêra. 

Boudiniau.  s.  m.  compresse  pour  soutenir  Tombilic  des  nouveaux 
nés  et  qui  est  serré  contre  lui  par  \estringiau.  v.  ce  mot. 

Boudinoir.  s.  m.  instrument  pour  faire  les  saucisses,  etc. 

Boufa.  s.  m.  canonière  (Fleurus).  A  Liège,  bouhal.  M.  Grandga- 
gnage  compare  ce  mot  à  notre  buquau  {bukoi),  toutefois  il  trouve  aussi 
régulier  de  le  rapporter  à  bouhe  [buque  fétu)  ou  même  à  bouhe,  forme 
vvalione  inusitée  de  buse. 

BoiitTe.  s.  f,  réprimande.  Ce  mot  en  fr.  désigne  une  race  de  chiens. 

Bouffon,  s.  etadj.  gourmand.  —  en  fr.  signifie  plaisant,  comédien. 

Bouffonnerie,  s.  f.  gourmandise  —  en  fr.  plaisanterie. 

12 


!)i  BOU— BOU 

Doiig;a,  Boug-ar.  s.  ni.  animal  fantasliqiie  inconnu  ou  peu  connu 
à  Mons,  mais  dont  on  parle  beaucoup  dans  plusieurs  villages.  Lorsqu'à 
Quaregnon  et  dans  quelques  autres  lieux,  les  enfants  effrayés  demandent 
ce  qu'est  ce  Boiuja,  on  le  leur  définit  :  cnnc  bielle  qua  des  dcinls  d'aci, 
qui  miu  du  fier  clquikie  du  fie-d'arcan.  Un  animal  qui  a  des  dénis  d'acier, 
qui  ?e  nourrit  de  fer  et  ch...  du  fil  d'arclial. 

Kougc,  Ooiigeltc.  s.  f.  sac,  bourse.  C'est  du  v.  fr.  dérivé  du  celi. 
ancien  dont  les  Romains  avaient  fait  bulga. 

Ooiijosi.  s.  m.  traverse  ronde  de  chaise,  de  ridelle.  —  d'eslàelle 
échelon.  Ce  mot  est  français,  mais  dans  une  autre  signification  et  il  n'est 
employé  que  par  les  manufacturiers  ou  par  les  anciens  auteurs.  V.  Hugo 
cependant  l'emploie  dans  Notre-Dame  de  Paris.  Ail.  botz,  javelot,  holl. 
pois,  bâton  ferré,  bouille. 

Boulachc,  Roulage,  s.  m.  eau  sans  ou  avec  cendres  de  bois,  dans 
laquelle  on  fait  bouillir  le  linge,  la  vaisselle. 

Boulan.  s.  m.  terrain  mouvanl,  sable  mouvant.  En  liégeois  boula 
(t.  de  mineur)  est  le  bouillonnement  causé  par  le  refoulement  d'une  eau 
d'areine,  en  bas-breton  on  appelle  boiiilhen-dro  la  fondrière,  la  terre 
molle  et  tremblante.  Boûilhen,  plur.  boùilhennou  isolément  signifie 
boue,  bas-norm.  boiigue. 

Boiilancei*.  v.  a.  pousser  quelqu'un  avec  mépris,  insulte.  Ce  mol 
semble  une  combinaison  de  balancer  et  de  bousculer. 

ISouIdiic.  s.  m.  personne  épaisse,  enfant  très-fort.  Ce  mot  est  une 
corruption  de  boule-dogue. 

Ooiilc.  s.  m.  bouleau,  arbre  :  betula  :  gallica  haec  arbor  (Pline).  Corn, 
bedho,  b.-bret.  bézô,  gaîl.  bedw,  b.-lat.  boula,  v.  fr.  boul,  boulel. 

Bouler,  v.  n.  et  réfl.  tourner,  se  rouler,  partir.  Va-Cboidcr,  va  te 
promener.  En  fr.  bouler  se  dit  du  pigeon  enflant  sa  gorge  et  du  pain 
qui  se  gonfle.  En  t.  d'argot  il  signifie  aller. 

Boulet,  s.  m.  briquelle.  faisi  (v.  ce  mot),  mouillé  et  battu  dans  une 
forme  de  fer. 

Boulcdc.  s.  f.  fricadelle.  En  fr.  petite  boule. 

Boulot,  s.  m.  boule,  peloton.  V.  fr.  bourlot. 

Bouloter.  v.  a.  pelotoner. 

Bouquetle.  s.  f.  plante,  sarrazin,  la  farine  qu'il  fournit  \\  jeu  de  pe- 
tites filles,  osselets  de  mouton  pour  jouer  à  ce  jeu,  morceau  de  cuivre 


lîOU— BOU  95 

de  la  forme  de  ces  osselets,  Flam.  boek-weyl  sarrazin,  ail.  buch-weizen 
sii^nifienl  iiltcralemcnl  (VonieiUde  liêlre,  à  cause  de  la  forme  de  la  graine 
qui  ressemble  à  la  faine.  ||  FI.  bikkel,  jeu  d'osselels. 

Boiiquinu.  s.  m.  boide  de  terre  cuiie,  de  fer,  pour  jouer  au  jeu  de 
louqucUe  ||  —  d' sorcière.  Cailloux  siliceux  qui  y  ressemblent  et  ont  pris 
une  forme  à  peu-près  ronde  en  roulant  dans  les  fleuves  ou  dans  la 
mer  ||  biscayen. 

Boiirbotle,  BSerbotte.  s.  f.  brebis.  En  fr.  bourbolle  ou  barbotle 
est  un  poisson  d'eau  douce. 

Bourceler.  v.  a.  bossuer,  déformer,  faire  des  bosses  à  un  vase 
mélallique.  M.  Grandgagnage  tire  ce  mot  du  dialecte  bavarois,  du  verbe 
borzen  faire  saillir,  projeter  en  dehors.  Il  donne  la  même  origine  au 
boxirsai  liégeois  qui  est  noire  pourciau,  v.  pourciau  et  abourser;  mais 
pcul-èire  —  est-il  un  dimin.  du  v.  fr.  bouer,  marteler. 

Oourdon.  s.  m.  on  donne  ce  nom  à  diverses  espèces  d'ophris,  dont 
les  fleurs  ressemblent  à  des  mouches  ;  on  le  donne  aussi  à  quelques 
orchis  et  à  la  jacéc,  ccntaurea  jacea. 

ISotiriauder.  v.  a.  tourmenter,  vexer,  faire  souffrir,  martyriser. 

Ouiirique.  s.  f.  grosse  balle.  En  fr.  âne. 

ISourâqucr.  v.  a.  froisser,  meurtrir.  Il  a  Icyé  kcï  les  puns,  i  sont 
loul  houriqués.  Peut-être, comme  bourseler,à\iy\\\\.  du  fr.  de  techn.  bouer, 
marteler. 

Bourler.  v.  n.  filer,  couler:  y  bourle  court.  Il  est  trop  faible,  trop 
court,  trop  mince,  l'argent  lui  manque. 

Bourlclte,  bourlottc.  s.  m.  boule,  tète,  tumeur  arrondie,  renfle- 
mont  au  bout  d'un  bâton.  En  v.  fr.  espèce  de  massue. 

Ooui're.  V.  goure. 

Boursede.  s.  f.  petite  bourse.  —  en  français  est  la  bourse  à  pas- 
teur, plante. 

Bougie,  bouzi.  s.  m.  chute  du  rectum,  sortie  de  l'intestin  par  le 
fondement.  A  Valenciennes  on  dit  bouzine.  V.  debouzmner .  En  gall. 
poten,en  bas-breton  bouzellen,  boyau,  v.  boudennc. 

Bousin.  s.  m.  lieu  de  prostitution  |i  amas,  réunion  désordonnée  ]| 
saillie  qui  en  est  le  résultat.  S'  kcmiche  fai  ein  bousin  dain  s'  marone. 
Sa  chemise  est   ramassée   sur    un  point.  En  fr.   on   se  sert   aussi 
du  mot  bousin  ou  bouzin;mais  il  exprime  un  amas  de  glace  spou- 


96  BOU— BOV 

gicuse.  On  donne  encore  ce  nom  à  la  croûte  tendre  de  la  pierre  de 
taille. 

Dans  le  sons  de  saillie,  bousin  semble  provenir  du  fl.  boeseni  ou  de 
l'ail,  busen  sein,  mamelle. 

ISouiler.  V.  a.  et  n,  agir,  mettre,  faire  ||  continuer  ||  chier.  En  v.  fr. 
verbe  act.  signifiant  mettre;  il  est  encore  employé  comme  neutre  dans 
quelques  significations  appartenant  aux  métiers,  arts,  etc.  Esp.  botar, 
V.  ail.  bozen. 

ISoufique.  s.  m.  lorsqu'il  a  la  signification  française:  ain  biau,ain 
gran — ,  au  boutique!  Ce  mot  est  féminin  pour  signifier  événement, 
accident.  Là  n'  boutique!  dans  quelques  villages  on  dit  vende,  vcinte  — 
pour  tenir  — . 

ISoutissc.  s.  f.  pierre  ou  brique  dont  la  partie  étroite  se  montre  à 
la  façade.  En  fr.  c'est  le  contraire.  Boiste  en  effet  la  définit  une  pierre 
placée  en  long  dans  un  mur,  la  largeur  de  face  ;  c'est  notre  paimcrcsse. 
V.  ce  mot. 

Bouton  d'or.  s.  m.  comme  pour  les  fr.  c'est  une  espèce  de  renon- 
cule double.  C'est  de  plus  le  séneçon  commun,  senecio. 

Gfioulrauc.  s.  f.  tartine,  beurrée,  ail.  butter,  beurre,  fl.  boterham 
tartine. 

Ooutriau.  s.  m.  t.  de  cbarb.  pièce  de  bois  placée  dans  les  galeries 
pour  empccbcr  l'éboulcment  des  terres. 

ISoutric.  s.  f.  t.  de  cbarb.  milieu  du  tirage,  époque  où  la  houille 
extraite  est  de  la  meilleure  qualité. 

Boutroiiyc.  nombril,  ventre,  v.  fr.  bouteril  et  boulreil.  A  Namur 
et  à  Liège  bolnml  nombril,  b.-lat.  bolulus. 

Bouveau,  boiiviau.  s.  m.  galerie  de  communication  dans  une 
houillière.  Est-ce  boyau,  terme  militaire?  est-ce  un  dimin.  de  bove? 
Un  bouveau  en  fr.  est  un  jeune  bœuf. 

Bouveler.v.n.  tracer  des  bouveaux  \\  se  dit  aussi  du  travail  de  la  taupe. 

Bouyaii.  s.  m.  boyau,  cra — ,  rectum. 

Bouzcttc.  s.  f.  faute,  ânerie,  maladresse  ||  t.  de  jeu  de  lourpie.  On 
fait  —  quand  le  sabot  s'échappe  de  la  corde  sans  tourner  ou  quand  il 
tourne  sur  le  dos.  A  Liège  on  fait  berwette  quand  on  manque  son  coup 
à  la  chasse,  aux  quilles,  v.  loulte.  fr.  bousiler,  faire  mal. 

Bovc.  cave  (Frameries).  bas-lat.  Bodium,  crypta,  caveau.  Bova,cella 


BR— BRA  97 

vinaria  :  Comme  Robert  Fuscieii  eusl  d'avenlure  trouvé  une  bove  ou  cave 
ouverte.  (Ducange.) 

Orachic.  s.  f.  brassée. 

Orader.  v.  a.  dissiper,  gâter  :  brader  V  métier.  Gall.  bràd  pro- 
dilio,  bradwr  prodilor.  Ainsi  brader  V  mclicr  serait  le  trahir. 

Braderie,  s.  f.  dépense  folle,  action  de  brader. 

Bradeu.  s.  m.  qui  brade. 

Brailler,  brayer.  v.  n.  perdre  du  temps —  en  fr.,  parler  beau- 
coup. 

Braillard,  brayard.  adj.  et  s.  traînard,  personne  lente.  En  fr. 
bavard. 

Brain.  s.  m.  bran,  matière  fécale.  Rabelais  disait  bren.  Parrain 
au  —  celui  qui  est  peu  généreux.  C'est  comme  ein  —  d'  vein  n'  lanterne. 
Cela  est  fort  inutile  ou  cela  montre  la  saleté.  Celto-bret.  brein,  pourri, 
gall.  brynt,  ordure,  pourriture,  gaël.,  cymr.  bran,  bret.  brenn  son. 

Brain  d'agasse.  s.  m.  gomme  des  cerisiers,  pruniers,  abricotiers. 

Brain  d'oreye.  s.  m.  cérumen. 

Brain  d'  viau.  s.  m.  coup  que  se  donnent  les  enfants  de  quelques 
villages,  en  perlant  un  doigt  dans  une  extension  forcée  et  le  lâchant 
violemment  contre  le  front.  Ce  jeu  dangereux  fait  souvent  jaillir  le  sang 
par  les  narines. 

Braine.  s.  f.  brehaigne,  bourg,  braime.  B.-brct.  brahen,  femme 
stérile. 

Braire,  v.  n.  pleurer  ;  se  plaindre  incessamment  de  son  peu  de 
succès  au  jeu, aux  affaires, etc. —  En  v.  fr.,  pic,  norm.,  prov.  pour  pleu- 
rer, b.-lat.  braiaire,  irl.,  breas  cri,  bragaim  crier,  bret.  breùgi,  gall. 
bragal  crier,  brai  ou  bret  en  v.  fr.  signifie  cri  ou  pleurs. 

A  chaque  ave 

El  kic  piche  et  el  fcimmc  brait. 

Brairie.  s.  f.  nos  arons  co  dcl  —  nous  aurons  encore  des  cris,  des 
lamentations. 

Braiyard  ou  plutôt  bréyard.  s.  m.  (jui  brait. 

Braiyo»,  Braîyourte  ou  breyourte.  Au  Borinage  BniivomE, 
pleureur,  pleureuse. 


98  BUA— BRE 

Sraiyon,  brcyou  {avoir  cl)  êlre  en  disposition  de  pleurer.  L'cin- 
faut  a  co  T— ,  il  csl  encore  maussade,  pleureur. 

ISraizelle^,  s.  f.  pi.  t.  de  M''  de  charbon.  Houille  menue. 

ISramnin,  bi'itniuaîn,  brafuiaiii.  adv.  beaucoup.  De  bravement. 

Brandi,  brandir,  v.  a.  1.  de  charb.  calleulrer,  boucher  les  fentes 
du  cuveîage.  —  est  fr.  dans  d'autres  significations. 

ESranke.  s.  f.  branche.  Bret.  brank,  brenk,  lat.  bracchium. 

BSraquc.  s.  m.  pois  à  cosses  larges,  souvent  tortues.  Mangeons-lout 
tard  il'. 

I5ra(guelln.  s.  m.  gros  clou  servant  aux  baquclcurs.  Le  demi  bra- 
qucUn  est  plus  petit.  Braque  en  fr.  signifie  pince  d'écrevisse,  etc. 

Orarc.  adj.  propre,  endimanché.  ||  Corn  ain  brav  ,  s'il  vous  i)lait, 
je  vous  prie.  Fandricisme.  On  dit  de  même  :  corn  cnne  belle  ftye,  com 
ain  biau  fieu.  Vous  serez  un  aimable  enfant  si Le  mot  brave  a  signi- 
fié en  français  paré,  jusqu'au  xvii^  siècle.  Il  est  d'origine  probablement 
celtique  et  a  passé  dans  diverses  langues  en  prenant  des  significations 
différentes.  Aulrelois  un  bravo  en  Italie  était  un  assassina  gage,  au- 
jourd'hui c'est  un  artiste-peintre  ou  musicien.  V.  Amperre  :  formation 
de  la  langue  française,  p.  204.  Il  est  venu  en  Ail.  vers  l'époque  de  la 
guerre  de  50  ans,  selon  Diez.  B.-bret.  brav,  breau,  brao,  beau,  joli, 
gentil. 

Bray.  village  du  Hainaut.  V.  fr.  boue,  fange,  limon.  Écoss.-irl. 
brogh,  même  sign.  bret.  pri,  gall.  priz,  argile. 

ISrayette.  s.  f.  pan  de  chemise  qui  s'échappe  par  un  trou  de  la 
culotte.  Les  enfants  poursuivent  de  leurs  huées  ceux  dont  la  cliemise 
passe  de  cette  manière;  ils  crient  :  al  — .  En  fr.  c'est  la  fente 
de  haut-de-chausse.  Braie,  brave,  brague,  braguette,  sont  parmi  les 
mots  les  plus  incontestablement  lires  du  v.  celtique,  d'où  s'est 
formé  le  latin  braceœ  et  (gallia)  braccata,  aussi  ppa./.xi  (Diodor.).  En  bas- 
breton  bragez,  bracs,  en  gallois  bryccan,  esp.  bragas,  ital.  brache,  gaêl. 
briogis. 

IBrcSic.  s.  f.  ciboulette,  civette,  plante  ||  bagatelle.  ||  T.  de  jeu  : 
carte  basse  ;  le  contraire  de  carte  marquante.  A''  venez  gnié  co  avé  dés — . 
FI.  prcel.  babiole,  bagatelle. 

Orelte.  s.  f.  assez  long  espace  de  temps,  de  lieu.  Inusité  à  Mons, 
mais  fort  usité  au  Borinage  :  du  Paslurage  à  Mon  y  gnia  n  bonne  brcUe. 


BRI— BRI  99 

Y  gnia  n"  brctlc  qu'on  n  l'a  oyu.  Il  y  a  assez  loin  de  Pàliirages  à  Mons  ; 
Il  y  a  assez  longtemps  qu'on  ne  l'a  eu.  Fiam.  breedte  largeur,  étendue, 
espace.  A  Mons  on  se  sert  de  brclle  pour  discussion,  dispute.  Dans 
ce  sens,  il  vient  de  brelter,  lequel  mot  dérive,  selon  certains  auteurs, 
d'une  espèce  d'épée  de  Bretagne,  et  d'après  M.  Sclicler,  du  nord,  breta, 
sabre. 

ISriak,  s.  m.  gâchis,  fange,  margouillis.  V.  fr.  brai,  brak,  brahic, 
irl.-écoss.  brogh,  boue,  bas-bret.  brais,  fange. 

Bî'îay,  brihaye,  s.  ni.  petit  mouqucl,  épervicr,  buse.  V.  fr.  bru- 
iner, épervier  bâtard. 

ËSribcr.  v.  n.  mendier,  gueuscr.  En  fr.  briber  signifie  manger  avi- 
deniLMii.  En  espagnol  bribar  mendier.  Dans  le  v.  fr.  on  s'est  aussi  servi 
du  mot  briber  pour  quêter  des  brièes.  Mais  d'où  vient  ce  mot:  bribe? 
est-ce  du  gall.  briw  qui  signifie  fragnienlum? 

ISrihcii,  cuse.  s.  m.  et  fém.  celui,  celle  qui  bribe. 
Kribotizcr.  v.  a.  salir,  tacher.  V.  bronzer.  Gall.,  corn,  brith,  bas- 
brelon,  briz,  tacheté,  maculé,  bigarré. 

fiSrichaudci*.  v.  a.  gaspiller,  dépenser  foUenienl,  laisser  perdre,  ne 
pas  soigner. 

OriehaiidcH,  briehandciir.  adj.  et  snbst.  qui  brichaude.  Bri- 
faud,  en  v.  fr.  signifie  glouton,  gros  mangeur.  Brifauder  veut  dire  dis- 
siper. Bas-bret.  brifa,  manger  avidement. 

Brîii.  s.  m.  bran.  Brin,  en  fr.  signifie  morceau,  fétu.  Rabelais  se 
sert  souvent,  comme  les  Monlois,  du  mot  brcn,  excl.  pour  refuser,  brel. 
bren  matière  fécale,  fumier.  V.  brain. 

ËSHqiicr,  en  quelques  villages  briquié,  v.  n.  aller  de  tra- 
vers, élre  raide.  Tes  cheveux  briqtiGlé,  vos  cheveux  sont  mal  arrangés. 
De  bric  et  de  broc  est  fr.  pour  signifier  de  travers  et  de  pièce  et  de 
morceau.  AU.  brcchen,  gebrochcn,  cr  bricht,  changer  de  direction, 
briser. 

Briquet,  s.  m.  grosse  tranche  de  pain.  Ail.  brechen,  er  bricht, 
briser. 

Brisac.  s.  m.  brise-bouteille,  qui  brise,  qui  détruit,  qui  use  beau- 
coup. Comme  le  l'r.  briser,  l'italien  sbrizzare,  de  l'ail,  ou  du  celt.  : 
V.  ail.  brize  éclat,  chicot,  écliarde,  esquille,  ail.  brechen  rompre,  néerl. 
brijselen  mettre  en  pièce,  armor.  brisa,  gall.  briwsioni,  irl.  yung  brisigh 


100  BRI— BRO 

rompre,  briser.  D'après  Pelletier,  b.-brel.  brcla;  dans  Davies,  briwo 
lerero,  irl.  brw  broyer. 

IBrii^eandci*.  v.  a.  briser  sans  sujet,  détruire  follement,  agir  en 
brisac  ou  en  brichaudcu,  fig.  user  bcaueoup.  Bas-lat.  brischiare,  fran- 
i:;erc,perforare:  perlorabantur  enim  nionet;o  quarum  cursus  proliibebalur. 
(Dueange.) 

Brocar.  s.  etadj.  pleurnicbeur  ||  qui  parle  avec  difficulté.  En  v.  fr. 
bricar  signifie  bègue.  V.  broqucr. 

Brochon.  s.  m.  dépression  au  bord  d'un  pot,  d'un  poêlon,  pour 
facililer  récoulement  du  liquide  qu'on  en  doit  verser.  Brochi,  ribrochi 
en  namurois  et  liégeois  signifient  regorger,  en  parlant  d'un  liquide  et 
brochon  la  partie  liquide  qui  a  jailli.  M.  Grandgagne  fait  un  rapproche- 
ment avec  le  v.  ail.  brësten,  brosten  et  l'ail,  moderne  brechen,  rompre, 
berslen,  crever.  Mais  notre  —  n'est-il  pas  lié  au  fr.  broc,  pot,  dont  il  est 
une  partie. 

ISrod,  brond.  s.  m.  pain.  Flam.  brood,  all.brod,  norwégien  braud, 
ludesque  brôl. 

ISrodiau  {rester  cin).  rester  court,  être  embarrassé.  D'imbroglio  ou 
de  l'esp.  brodio,  ail.  brodem,  fr.  brouée,  nuage  ou  enfin  du  gall.  brudiaw, 
raconter,  lequel  remonte  au  sanscrit  bru,  dire. 

SSrohoH.  s.  m.  arbre  rabougri,  tortueux. 

ISi'okali.  s.  m.  boîte  aux  allumettes.  A  Liège  on  nomme  les 
allumettes  brohalcs.  A  Namur  on  les  nomme  brohalcs  et  bro- 
qiHilcs. 

Oronhîycs,  bronbillcs.  s.  f.  pi.  broussailles.  |j  choses  de  menue 
valeur.  FI.  brommelbezie,  ail.  brombeer  mûre  de  ronce. 

Bronche  {V  cayau  fait),  fait  reculer. 

Broncher,  v.  n.  reculer.  En  fr.  broncher  signifie  échapper,  faillir. 

Bronfiipolt,  hronchepolle.  s.  f.  cruchon ,  espèce  de  bouteille 
en  poterie  très-dure.  Ce  mol  est  fl.  et  peut  se  décomposer  en  buonst, 
chaleur,  ardeur  +  pot,  et  il  s'expliquerait  en  ce  qu'à  la  vériléT  —  sert  à 
contenir  de  la  bière  et  d'autres  liquides,  mais  par  ce  que  souvent  on  la 
remplit  de  sable  brûlant  et  qu'on  en  use  dans  les  lits  en  guise  de  bassi- 
noire. Ainsi  pot  de  chaleur. 

Broque.  s.  f.  broche  ||  «7  an'—  à  s  eu.  Il  a  une  attitude  raide, 
orgueilleuse.  V.  fr,  broc,  b.-lat.  broca,  brocca  broche,  b.-bret.  broch 


BRO-BRO  101 

alènc  de  cordonnier.  En  fr.  broque  signifle  dent  courbe,  défense  du 
sanglier,  lai.  brocchus  dent  aiguë.  Rester  ein  —  être  arrêté  court. 

Kroquc.  morceau.  Ail.  brocke,  brocken  morceau,  miette. 

Broqiics.  s.  m.  pi.  argent.  Il  a  bramienl  des  — .  V.  fr.  broque, 
double  liard.  Il  peut  provenir  de  même  que  le  v.  fr.  du  mot  ail.  brau- 
cben,  servir,  comme  le  mot  liégeois  aidan  liard  vient  du  fr.  aider.  11  y  a 
encore  l'ail,  brocken  petit  morceau,  miette. 

Broqiieniar.  s.  m.  braquemart. 

Ilroquer,  en  certains  villages  bp.oquié.  Ej  broheyc,y  brok.  Beugler, 
mugir.  Fig.  clianter  mal  et  fort,  gémir  comme  un  animal.  Bret.  breùgi, 
gall.  bragal  crier,  ail.  blôcken  beugler.  Il  a  ainlaindu  broquer.  Y  n  sai 
gnié  à  quE  slol.  Il  a  entendu  quelque  cbose,  mais  il  ne  sait  ce  que  cela 
signifie  ou  d'où  cela  vient. 

ISroqucfciir.  s.  m.  ouvrier  brasseur. 

ISroqiictfc.  s.  f.  petite  broche. 

Bronche,  s.  f.  brosse.  En  angl.  brush,  fl.  borstel,  ail.  bûrste,  v.  ail. 
borste.  Ça  li  fait  — .  C'est  pour  lui  un  espoir  déçu. 

Oronch«^(ep.  v.  n.  manger  beaucoup,  se  panser.  Corruption  sans 
doute  de  brouter,  manger  en  bête.  V.  fr.  brouster,  manger.  ||  V.  a.  bros- 
ser ;  de  brouche. 

Brougner.  v.  a.  écraser;  provient  sans  doute  de  broyer.  Moins 
usité  qa  crbrougner  qui  a  une  signification  un  peu  différente.  V.  ce  mot. 

Brouillasser,  v.  imp.  bruiner. 

Brouskaye.  broussaiiler.  Bas-lal.  bruscia,  ail.  brûsch,  breusch. 

Broulclii.  cri  des  bergers  pour  exciter  leurs  chiens. 

Brôufer.  v.  a.  brouetter,  voiturer. 

Bruutcu.  s.  m.  voiturier  des  brasseurs.  En  fr.  un  brouetteur  est  un 
homme  qui  traîne  les  personnes  en  brouette.  Un  broueltier  est  celui  qui 
dans  une  brouette  conduit  des  terres.  Boire  comme  cin — .  Les  Liégeois 
qui  n'ont  pas  —  ont  dû  l'avoir;  car  ils  disent  brouwté  boire  abondam- 
ment, comme  ein  — . 

Broiiycre.  s.  f.  bruyère.  B.-Iat.  bruarium,  bruera,  gall.  brwg, 
bas-bret.  brûg. 

Brouzcr.  s.  a.  salir,  mÀchurev.  On  n  est  jamais  bronzé  qu  parCain 
noir  pol.  Il  n'y  que  ceux  qui  ont  un  défaut  qui  le  reprochent  aux  autres. 
Brz,  kymr.  briz,  bariolé,  bryk,  tache. 

13 


102  BRU-BUL 

Les  rois  — .Ce  que  l'on  nomme,  en  quelques  provinces  de  France, les 
rois  nu'ichurés;  c'est  l'oclave  de  la  fêle  des  Rois, 

Bruant,  s.  m.  hanneion. 

Brùlop  (5').  tomber  dans  l'eau  très-froide.  ||  Brûler  s'  payasse.  Lors- 
que, dans  nos  villages,  certains  maris  ont  surpris  leur  femme  en  conver- 
sation criminelle,  ils  ne  trouvent  rien  de  mieux  que  de  porter  leur 
paillasse  dans  la  rue  (quelquefois  vis-à-vis  de  la  maison  du  séducteur) 
et  d'y  mettre  le  feu  en  criant  pour  attirer  les  voisins  et  rendre  leur  in- 
fortune bien  publique. 

Briilin.  s.  m.  linge  à  demi  brûlé  pour  recevoir  l'étincelle  du  briquet. 

Bruno,  s.  f.  soir;  à  la  brune  est  une  vieille  expression  fr.  encore 
usitée  en  langage  d'argot. 

Brunelle.  s.  f.  scabieuse,  plante. 

Brunion.  s.  m.,  brugniolle,  s.  f.  pèche  sans  duvet. 

Bsî.  V.  BEziERS.x\  l'art,  besi  Diez  rapporte  que  c'est  une  poire  sau- 
vage et  que  le  mot  est  signalé  par  l'Académie  comme  celtiipie,  mais 
qu'il  faut  porter  un  regard  sur  le  ncerl.  bezie,  baie.  Quoi  qu'il  en  soit  de 
l'étymologie  peut-on  comparer  une  poire  sans  valeur  aune  houille  sans 
valeur? 

Bu  (elle),  être  ivre,  enivré. 

Bûcher,  v.  buquer.  En  fr.  bûcher  signifie  faire  des  bûches  ;  il  doit 
dans  quelques  localités  avoir  la  signification  montoise.  Les  mots  bûche, 
bûcher,  bûcheron  me  semblent  venir  de  l'ail,  bûche,  hêtre,  fau.  Il  en  est 
de  même  peut-être  du  mot  patois  bûcher.  On  a  pu  transporter  l'objet 
avec  lequel  on  frappe  à  l'action  de  frapper.  Du  reste  on  trouve  dans 
l'ail.,  poken,  dans  les  patois  allemands,  boken,  baschen,  bauschen,  bus- 
chen,  frapper,  heurter,  V.  fr.  busquer,  bousser,  bussier,  ital.  bussare, 
flani.  beuken. 

Buckoi,  s.  m.  heurtoir, 

Bué.  s.  m.  bœuf.  Esp.  buey. 

Buée.  s.  f.  lessive.  V.  fr,  buée,  ail.  bauchen,  laver. 

Bner.  v.  n.  faire  la  lesssive. 

Buf.  s.  f.  souvent  pi.  réprimande,  rebulfade.  V,  fr.  buffe,  coup. 

Bui^sc.  souche,  éloc. 

Bulok.  prune  (arrond.  de  Charleroy).  A  Liège  et  à  Namur  bilok. 
V.  fr.  belloche,  belloce,  beloce.  Irl.-écoss.  bulos,  prunelle. 


1 


BUL-BUS  103 

Dulter.  V.  a.  bluter. 

Bultoi.  s.  m.  bluiier.  Lat. -barbare  blulelluni,  fl.  buil,  ail.  beiitel. 
Diez  indique  le  v.  fr.  buretal,  venant  de  bure,  équivalent  à  élaniine 

Buottc.  s.  f.  tuyau  de  chanvre  dont  on  fait  des  allumelies,  des 
chalumeaux,  etc.  (Thulin.)  En  fr.  de  technologie  buhot,  tuyau  (de 
plume,  etc.). 

Buquc.  s.  f.  bûche  ||  petit  morceau  de  paille,  etc.,  dans  l'œil,  cor- 
puscule. Liégois  boulie,  corpuscules,  d'où  babloUe  (v.  babluUe).  Y.  fr. 
busqué,  buque  :  tout  petit  corps  étranger  qui  s'attache  au  drap,  italien 
busco,  V.  Ir.  bûche,  brin  de  paille  ou  de  bois,  ail.  busch.  Comparez 
busqiiellc. 

Buqucr,  busquer,  busquié,  biicher.  v.  a.  frapper  ||  battre  i| 
heurter  j|  faire  du  bruit  |!  avoir  de  l'importance.  Ça  buque  haul.  La 
somme  est  importante.  V.  fr.  bussier,  ital.  bussare,  ail.  bossen,  holl. 
botsen,  frapper  à  une  porte  ||  v,  biquet. 

Buquoi,  buquaii.  s.  m.  feuille  de  papier  disposée  de  manière  à 
ce  qu'en  se  dëi)loyant,  elle  fasse  du  bruit  {buque). 

Bur.  s.  m.  beurre.  Y promellion  pu  de  bur  que  rf'  pain.  Us  faisaient 
de  belles  promesses.  Y  ny  a  fcimme  si  dure  qui  n'eusse  pitié  dé  s'  bur. 
[iCS  femmes  même  prodigues  deviennent  économes  quand  il  s'agit  de 
beurre. 

Bure  {lait),  lait  de  beuri'e,  portion  de  crème  qui  n'est  pas  convertie 
en  beurre  lorsqu'on  le  bal. 

Buresse.  s.  f.  lavandière;  de  buée,  v.  m.  fr.  armor.  bugadérez. 

Burg.  s.  f.  pompe  qui  fonctionne  au  moyen  d'un  levier  et  qui  épuise 
les  eaux  d'une  mine. 

Bui'gué.  s.  m.  t.  de  charb.  réservoir  des  eaux  d'une  houillère  qui 
se  remplit  pendant  le  trait  (v.  ce  mol)  et  que  l'on  épuise  quand  le  dit 
trait  est  terminé.  11  sert  à  épargner  une  machine  à  feu  dans  les  houil- 
lères oîi  l'eau  n'est  pas  très-abondante. 

Burguier.  v.  n.  agiter  la  vase  d'une  rivière  avec  une  perche  pour 
forcer  le  poisson  à  sortir  de  sa  retraite.  V.  fr.  burguer,  pousser,  heurter. 

Biirie.  s.  f.  buanderie,  arm.  bugaderie. 

Burin,  s.  m.  petit  pain  de  beurre. 

Burjct,  porjet.  s.  m.  porche,  tambour. 

Buse.  s.  f.  tuyau,  gouttière.  Holl.  tuis,  conduit,  tuyau.  C-e  mot  en 


lOi  BUS-CAB 

fr.  a  une  sii^nincalion  un  peu  difl'crente  et  plus  spéciale  :  c'est  le  coffre 
qui  conduit  l'eau  au  moulin,  etc. 

Dusëler,  Buslé.  v.  n.  couler  comme  par  une  buse.  Il  a  Vcourante 
qu'y  busclle.  Il  a  une  diarrhée  très-liquide.  Cp.  bouzi. 

Ousellc.  s.  ('.petite  buse,  par  ex.:  d'une  théière, cafetière, bouilloire. 

Busiau.  s.  ni.  tuyau  (de  pipe,  de  plume);  busio  en  italien  signifle 
trou. 

Busier,  buriner,  buseler,  biisié.  v.  n.  hésiter,  balancer,  réflé- 
chir. (Borinagc)  ej  busie  ou  busiye  ;  flam.  beuzelen,  vétiller,  baguenauder, 
lanterner;  on  écartera  sans  doute,  à  cause  de  sa  signification, le  gall.  bu- 
siaw,  profiter;  mais  de  là  probablement  l'angl. business, affaire. cp.fcesi'jier. 

Biisquer,  busquier.  v.  n.  heurter,  toucher.  En  fr.  busqucr  signi- 
fie tenter,  mettre  un  buse. 

Busquctle.  s.  f.  courle-paille.  Tirer  al  — .  Est-ce  l'espagnol  buscar, 
chercher,  se  donner  du  soin  pour  trouver  ou  bien  un  dimin.  de  buque? 
V.  ce  mot. 

o 

C  Je  ne.  donne  pas  tout  les  mots  commençant  par  un  C  ou  un  K  qui 
ont  eh  en  fr.  Si  l'on  a  fait  attention  à  la  remarque  p.  21,  on  peut  les 
deviner  :  caliau,  camp,  canler,  canger,  capelle,  etc. 

Le  c  doux,  f  et  5  se  chuintent  souvent  au  contraire  :  chuchcr,  garchon. 

Le  c  se  change  souvent  en  g  :  gazerne,  glaude,  gardinal. 

Cil  se  prononce  Ich  dans  beaucoup  de  localités. 

Cabas,  s.  ni.  panier.  —  en  fr.  panier  à  figues,  etc. 

Cabée,  Cabële.  s.  f.  trou  pratiqué  dans  la  muraille,  près  d'une 
cheminée,  pour  y  déposer  les  allumettes  ||  niche  ||  trou  dans  une  maison 
de  paysan  pour  y  placer  un  lit  ||  alcôve  ||  caméline,  plante  crucifère, 
dont  la  graine  produit  une  huile  improprement  nommée  de  camaminne 
(camomille)  et  dont  les  tiges  servent  à  faire  des  balais  blancs  {ramons 
dC  cabée). 

Cabot,  s.  m.  têtard  de  grenouille.  AU.  quappe,  grenouille  à  tête  glo- 
buleuse. En  fr.  cabot,  chabot  sont  des  poissons  à  grosse  tête  :  cobus  a 
pour  racine  caput,  comme  têtard  a  pour  racine  tête.  ||  sommet  de  la 
tête,  vertex.  Fr.  caboche,  lat.  caput.  || 


CAB— CAC  105 

Cabot,  chabot,  s.  m.  sabot.  Ces  mots  ont  l'air,  au  premier  abord,  de 
n'être  qu'un  des  nombreux  exemples  de  notre  manière  de  transformer  le 
s  en  ch,  puis  le  ch  en  c  dur  et  paraissent  mériter  peu  l'honneur  de  figu- 
rer dans  cet  ouvrage  :  eu  effet,  sugere  a  produit  sucer,  cimchcr,  sibilare 
sifler,  chuflcr,  etc.,  mais  ici  la  transmutation  semble  avoir  eu  lieu  à 
rebours  et  peut  présenter  l'explication  du  fr.  sabot,  qui  a  causé  tant 
d'ennuis  et  de  vaines  recherches  aux  étyniologistes.  Notre  mot  chaboter 
est  un  dérivé  de  — .  11  a  dû  signifier  faire  des  sabots  et  n'est  plus  guère 
employé  que  fig.  pour  saveter.  Le  liégeois,  chabolc,  est  tout  autre  chose, 
il  veut  dire  faire  un  petit  creux,  piquer  légèrement  comme  font  les  vers 
dans  le  bois  :  avcur  inné  deinl  chabolaie,  avoir  une  dent  cariée,  c'est-à- 
dire  légèrement  creuse.  Ce  chabolc  est  le  diminutif  d'un  autre  mot  lié- 
geois, chavé,  creuser  =  cavcr  ==  lat.  cavare.  On  dit  également  deinl 
chavé,  dent  creuse  ;  d'où,  me  semble-t-il,  on  peut  légitimement  conclure 
que  sabot  est  une  altération  commise  par  les  fr.  L'analogie  indique  une 
semblable  origine  pour  savate,  chavale,  l'intermédiaire  cavale  seul 
manque.  L'ilal.  ciabatla  est  probablement  tiré  du  fr.  les  Liégeois  ont  bien 
le  s.  chabol,  mais  il  signifleyaftoL 

J'ai  l'  debout  dé  m  cabol  troioé  tout  ouUe. 

(Refrain  d'une  chanson.) 

Tuer  deux  mouches  d'ein  eau  d'  cabol  {ou  dchavale),  faire  d'une 
pierre  deux  coups. 

Caboulic.  s.  f.  soupe  de  vache  (Givry,  llarmignies). 

Cabus.  s.  m.  graisse  dont  on  enduit  l'essieu  des  charriots,  cambuis 
(en  fr.  adj.  pommé). 

Cabuscttc.  s.  f.  laitue  pommée.  Cabus  est  fr. 

Cacagc.  s.  m.  ordure,  merde  (enlantin).  Lat.  cacare,  11.  kaken, 
gall.  et  brz.  cach,  stercus,  limus,  grec,  zax/./;,  merda.  Caca  est  fr. 

Cache,  s.  f.  Dans  l'origine,  les  mots  bas-lat.  cacia,  cassa  etc.,  signi- 
fiaient enclos  pour  garder  les  animaux.  Us  proviennent  du  gall.  cae, 
cac,  du  bas-bret.  kaé,  ké,  clôture,  haie.  De  là  armor.  chaçzeal,  corn, 
chacy  (le  ch  prononcé  à  la  manière  française). 

Jusqu'ici  le  mol  n'exprime  que  l'enceinte  réservée  à  la  chasse,  mais  la 
chose  se  complique  et  cache  signifie  aussi  l'action  de  chasser  (venatio) 


KHî  CAC— CAC 

V.  cacher.  —  veut  dire  encore  ruelle,  ruades  quartiers  pauvres,  alors  on 
ne  remployé  qu'au  pi.:  lés  gcin  dés  — ,  la  lie  du  peuple.  Ail.  gasse,  rue, 
pclite  rue.  Enfin  —  est  un  t.  du  jeu  de  balle,  chasse,  marque  indiquant 
le  lieu  où  la  balle  s'est  arrêtée.  FI.  kaetz,  holl.  kaaiz. 

Le  mot  sorti  du  cclt.a  pénétré,  soit  directcmenl,soit  à  travers  le  bas- 
lat.  dans  toutes  les  langues  romanes  :  Rhelique  caccia.  esp.,  port, 
caça,  etc. 

Je  n'ai  pas  à  rechercher  les  confusions  qu'il  y  a  amenées. 

Cache-kîé.  s.  m.  chasse-chien. 

Cacher,  v.  n.  aller  à  la  chasse,  à  Liège,  chcsi  ||  chercher.  Dans 
cette  dernière  signification  le  mot  se  construit  souvent  avec,  après,  et  il 
n'a  pas  toujours  de  régime.  Cache  bé  après,  cherche  bien.  Cacher  pour 
chercher  n'est  autre  chose  que  le  mot  fr.  chasser  avec  l'altérai  ion  de 
lettres  dont  nous  avons  l'habitude  ou  plutôt  c'est  la  conservation  de  l'an- 
cienne forme  fr.;  car  le  v.  fr.  disait  :  cacher  ou  quacher.  La  double 
signification  de  chasser  et  de  chercher  est  naturelle  :  l'idée  de  chasser 
emportant  celle  de  recherche.  Nous  rendons  le  fr.  :  cacher  par  mucher 
et  le  fr.  chasser  (pellere)  par  cincacher,  ercacher,  racachcr,  fourcacher  ; 
le  fr.  cacher  peut  bien  aussi  se  lier  à  chasser,  car,  dans  la  chasse  à  l'affût, 
on  se  cache.  Enfin  chasser  (venari)  et  chasser  (pellere)  se  louchent,  car 
le  chasseur  (venator)  chasse  (pellil)  le  gibier. 

Le  mot  fr.  chercher  a,  selon  les  uns,  une  origine  laline  qu«ricare,  cir- 
care,  quœritare,  fréquentatifs  de  qua;rere.  Selon  Diefenbach,  il  aurait  une 
source  celtique  :  en  gall.  carc,  sollicitude,  irlandais  caircheac,  avide  et 
remonterait  au  sanscrit  carea,  recherche.  Je  dois  indiquer  une  autre 
forme  :  v.  fr.  cierkier,  irl.  searc,  aimer,  gall.  sirch,  désir,  amour, 
sanscrit  sarg",  chercher.  M.  Scheler  indique  encore  cymr.  kyrcha,  bret. 
kerchal.  Diez  lire  cacher  (abdere),  de  coactare,  et  chasser  de  caplare 
(captiare). 

11  me  semble  que  les  mots  latins  se  rapportent  plus  particulièrement 
à  cacher  (chasser)  et  les  mots  celtiques  à  chercher. 

Certains  auteurs  indiquent  bien  des  origines  german.  :  ail.  hatz, 

chasse  à  courre,  hetzen,  poursuivre,  donner  la  chasse,  v.  11.  kelzen, 

bas-all.  hissen,  etc.,  mais  elles  me  semblent  infinement  plus  hasardées 

C'est  aussi  l'avis  de  Dietz,  mais  il  omet  le  fl.,  le  moins  sujet  à  objections. 

Le  mol  cacher  a  encore  une  signif.  que  je  dois  mettre  à  part.  11  se  dit 


CAC-CAF  i07 

pour  garder,  surveiller  les  bestiaux  :  c'est  l' gaspiau  qui  cache  nos  vahes, 
ou  nos  pourciaux  ;  c'est  notre  gardeur  de  vaches  ou  des  cochons.  Le  mol 
se  rapporie  non  à  cache,  action  de  cacher,  mais  à  cache,  enceinte  ré- 
servée pour  la  chasse.  V.  cache.  C'est  peut-être  à  celte  source  commune 
qu'on  devrait  rattacher  le  mot  cacher  dans  ses  trois  significa- 
tions. 

Cacheu.  s.  m.  chasseur,  ||  —  d'  pourciau,  porcher. 

Cachiniai.  Ce  mot  ne  se  dit  que  dans  cette  phrase  :  /  ri,  i  brait, 
l  fait  comme  les  —  il  rif,  il  pleure  presqu'en  même  temps.  On  est  tenté 
d'interpréter  ca  d'  Chimai;  mais  les  chats  de  Chimai  ressemblent  à  tous 
les  chats  du  monde.  Je  trouve  dans  la  Jobsiade,  petit  pocme  ail.:  crier 
comme  chat  en  mai  (temps  supposé  du  rut)  Kater  in  Mai.  On  se  rappro- 
cherait encore  davantage  de  — ,  si  selon  la  préférence  ail.,  on  s'était  servi 
du  fem.;  on  auraiteu  alors  liatze  in  Mai.  Si  fun  se  dit,  l'autre  doit  se 
dire  ;  mais  je  ne  l'ai  jamais  lu. 

Cachive.  s.  f  p.  chassie, 

Cachiveu,  cuse.  adj.  chassieux. 

Cacouyc.  plaisanterie,  v.  couye  et  carabistouye. 

Cacornu.  s.  m.  chat  huant. 

Cadave.  s.  m.  cadavre,  plus  souvent  corps. 

Cadoi.  v.  GADOT. 

Cafama.  s.  m.  jeu  de  colin-maillard.  Arm.  kafouf,  trouver,  dont, 
selon  î*elletier,  la  racine  est  kaf. 

Café.  s.  m.  lupin  bleu.  On  a  donné  ce  nom  à  cette  plante  parccqu'au 
temps  du  blocus  continental  on  avait  voulu  la  faire  servir  de  succédané 
au  café. 

Cafiot.  s.  m.  café  fort  léger. 

Cafoler.  v.  a.  envelopper  en  général,  mais  plus  particulièrement 
dans  un  cafolin,  lormer  en  cornet.  Quelques  personnes  confondent 
cafoler  avec  cscafoler. 

Cafotin.  s  m.  cornet  de  papier. 

Kaf  en  fl.,  kaff  en  ail.  sont  la  balle  d'avoine,  l'enveloppe  des  grains 
d'avoine.  Kaf  peut-il  bien  être  l'origine  de  cafolin?  Pour  faire  voir  la 
diflîculté  des  élymologies,  j'ajouterai  que  caf  en  b.-bret.,  caph  en 
hébreux  et  en  chaldéeu  signifient  creux.,  kaf  en  runique  signifie 
profondeur. 


lOS  C\F— CAL 

C'est  là  qu'ont  puisé  les  savants  pour  trouver  l'étymologie  du  lat. 
oavus,  du  l'r.  cave. 

J'ajoute,  pour  ne  rien  omettre  de  ce  qui  intéresse  l'élymologie  du  mot, 
que  les  Liéi!,eois  appellent  caholle,  non-seulement  le  rouleau  d'argent, 
mais  encore  le  cornet  des  épiciers  et  l'oublie  en  forme  de  cornet.  Or,  ils 
aiment  à  changer  enli,  1'  s,  le  c,  le  cli,  1'  f. 

Cafouillage,  cafonyajsjc.  s.  m.  ordure  retirée  en  cafouyanl  dans 
le  nez,  une  serrure,  etc.  |!  bagatelle,  chose  peu  importante.  A  Liège  ca/"», 
que  Jl.  Grandgagne  rattache  à  la  racine  kaf  citée  ci-dessus.  Je  le  crois 
un  dérivé  de  cfl/bM(7/fr,  et  cafouiller  n'est  que  le  fr.  fouiller  avec  un  pré- 
fixe ca. 

Cafouille,  cafonye.  Marie  —  femme,  fdle  qui  cafouyc. 

C.tfouiller,  eafouyer.  v.  n.  travailler  à  des  cafoityagcs,  s'occuper 
de  niaiseries.  ||  faire  mal  une  chose,  saveter.  ||  introduire  le  doigt  dans 
une  ouverture  naturelle  pour  en  extraire  des  mucosités  durcies  ou  y 
appaiser  un  prurit.  Dans  celte  dernière  signification  souvent  obscène, 
quelques  personnes  pensent  que  le  mot  vient  de  farfouiller.  Je  ne  crois 
pas  que  cafouiller  vienne  de  farfouiller,  mais  l'un  et  l'autre,  ainsi  que 
Irifouiller,  sont  provenus  de  fouiller  et  se  sont  fournis  des  préfixes 
ca,  far,  tri.  Cafougnê  en  liégeois  signifie  chitïonner,  user,  friper, 

Cafoiiilleu,  cafoiiyeii.  s.  m.  maladroit. 

Cahotle.  s.  f.  rouleau  d'argent;  de  carotte,  à  cause  de  sa  forme. 
cahottc  est  employé  à  Liège  et  dans  la  province  prussienne  du  Rhin. 
JNous  avons  déjà  dit  que  les  Montois  ne  pouvaient  prononcer  le  mot 
carotte.  Ils  prononcent  à  peu  près  comme  cawoUe  ou  caholle. 

Calioute.  s.  f.  citrouille,  potiron  (Fleurus).  v.  fr.  cahourdc,  courge, 
fr.  cougourde,  calebasse,  v.  fr.  gouhourde,  courge,  lat.  cucurbita,  hoU. 
kauwoerde,  ail.  gurcke,  concombre. 

Cahute,  s.  f.  cabane,  hutte.  Du  fi.  kajuite,  chambre  du  capitaine 
ou  mieux  peut-être  de  la  combinaison  de  cabane  avec  hutte.  Du  reste, 
cahute  est  quelquefois  employé  en  fr.,  il  est  même  au  dictionnaire  de 
l'Académie. 

Cahuler,  cayuler.  v.  n.  v.  huler.  Les  Namurois  disent  chahuler, 
bahuler,  les  liégeois  chouler. 

Caillé,  s.  m.  cahier  \\  courcaillet,  instrument  imitant  le  cri  des 
cailles. 


CAI-CAM  109 

Caine.  ».  i".  chaîne,  v.  fr.  caeines,  caine. 

Ctilande.  s.  1'.  bavarde. 

ÂJalauder.  v.  n.  caqueter,  bavarder.  Flam.  kal,  babil,  kallen,  ba- 
biller, kaller,  babillard. 

Caler,  v.  a,  parer,  orner.  En  gr,  xa^o,-,  beau,  en  fr.  terme  de  ma- 
rine, eic,  en  v.  l'r.  se  taire. 

Calfate,  s.  m.  paresseux  (Borinage).  En  fr.  le  calfat  est  l'ouvrier 
qui  calfate  Jl  son  outil  ||  son  ouvrage.  En  liégeois,  le  calfac  est  un  butor, 
un  fainéant,  un  grossier,  un  saligaud. 

Câlin,  s.  m.  t.  de  cli.  ouvrier  des  houillères,  espèce  de  chef  d'es- 
couade, surveillant;  eu  fr.  indolent,  niais,  flatteur.  En  Liégeois,  mé- 
chant, malicieux,  fripon. 

Calîngep,  calingié,  v.  a.  déclarer  en  contravention.  Holl.  ca- 
lange,  délation,  dénonciation,  accusation  ;  calanger  en  fr.  signifie 
quereller,  louer,  flatter.  En  v.  fr.  chalanger,  accuser,  calangier,  atta- 
quer, reprendre,  lat.  calumniari. 

Calot,  s.  m.  chariot  ||  commissionnaire,  crocheleur,  goujat.  Latin 
calo,  goujat,  valet  d'armée  ;  en  t.  d'argot,  teigneux.  M.  Francisque  Michel 
tire  ce  mot  de  la  calotte,  emplâtre  agglutinatif  employé  comme  remède 
de  la  teigne  et  avec  lequel  on  arrache  les  cheveux. 

Càlolter.  v.  a.  donner  des  calottes.  Calotte  est  fr.,  prov.  colata, 
coup  donné  sur  le  col,  lat.  colaphus,  soufflet. 

Caloti.  se  dit  d'un  chien  peu  attaché  à  son  maître.  Se  dit  fig.  aussi 
d'un  homme  dissipé. 

Camaïuine.  s.  f.  camomille.  On  trouve  dans  le  gall.  camamil,  cha- 
mamielum,  anthémis  (Davies)  ;  mais  il  doit  être  emprunté. 

Canibron.  village  du  Hainaut.  En  esp.  ce  mot  signifie  nerprun  et 
en  général  arbuste  épineux.  Je  ne  conclus  pas  que  l'origine  du  mot  est 
espagnole.  Certains  disent  que,  comme  celle  de  Cambray,  elle  est  celt. 
avec  la  signification  de  pont  d'arc. 

Caïubrouchc.  s.  f.  fille  de  mœurs  faciles.  T.  d'argot  cambrouse, 
servante,  chambrière. 

Came.  s.  m.  chanvre.  FI.  kemp,  lat.  cannabis,  irl.  can'aib,  sanscrit 
s'ana. 

Cauieduise,  caneduise.  s.  f.  ch.'iievis,  graine  de  chanvre.  Lat, 
cannabis. 

i4 


II(»  CAM— CAN 

Caiiielole.  s.  f.  avanlage  ||  bonne  fortune  ||  opération  lucrative.  Eu 
fr.  ce  mot  sii^uifie  mauvais  ou  petit  ouvrage,  mauvaise  impression,  v.  (r. 
cauielolier,  fripon,  gueux. 

Camelolei*.  v.  n.  faire  des  camtloUes.  En  fr.  cameloter  signifie 
imiter  le  camelot. 

Caïucrliiclic.  s.  m.  camarade,  ami. 

Cauiioii.  s.  m.  charrette  à  trois  roues.  En  fr,  c'est  une  charrette 
longue,  sans  ridelle,  pour  les  tonneaux  ;  c'est  aussi  une  petite  tête  de 
chardon.  V.  fr.  chamion. 

Caïuomîne  sauvage,  s.  f.  bourse  à  pasteur. 

Cauioiisses.  s.  f.  p.  marques  de  petite  vérole. 

Cauioiissc,  ce.  adj.  gravé  de  la  petite  vérole. 

Caïuousseï*.  v.  n.  moisir.  Les  Liégeois  disent  chamossê,  chamassé, 
flani.  kaem  (qui  se  prononce  kam),  moisissure.  N'omettons  pas  de  dire 
que  chez  les  Picards  camousser  est  remplacé  par  camoisi.  Kaem  regardé 
plus  haut  comme  radical,  pourrait  bien  n'être  qu'un  préfixe  :  ca,  connue 
dans  cafouiller,  capougner,  cahuler.  v.  ces  mots.  V.  fr.  camoissié,  cou- 
vert de  plaies,  meurtri,  bas-lat.  camocatus,  taché,  souillé,  ciselé,  v.  fr. 
camoisier,  préparer  la  peau  de  chamois.  Le  fr.  moisir  vient  de  mucere 
et  M.  Grandgagnage  explique  son  liégeois  par  canus  mucere,  moisir 
blanc.  Camousse  et  camoussé  doivent  se  séparer  de  camousser.  Ils  se 
rapportent  au  bas-lat.  et  au  v.  fr.,  tandis  que  le  verbe  se  rapporte  au 
11.  ou  au  latin,  peut-être  même  aux  deux  à  la  fois  par  un  pléonasme 
analogue  à  ce  qu'on  trouve  dans  primo  d'abord,  arpoix. 

Campe,  s.  f.  souvent  pi.  boîte  pour  les  réjouissances  publiques  |j 
départ  subit  ||  pet.  En  fr.  c'est  une  espèce  de  droguet. 

Canipénaire.  s.  m.  habitant  de  Slambruge  ou  des  environs, 
parcourant  le  pays  en  colportant  des  bas  de  laine,  des  chaus- 
sons, etc. 

Camper,  scamper.  v.  n.  jaillir,  sauter,  éclater,  se  briser.  Bas- 
lal.  scampare. 

Campicr,  campié.  v.  n.  pâturer,  paître. 

Campossc.  s.  f.  expédition,  échauffourée,  écart  de  condui'îe.  Habere 
compos,  avoir  la  clef  des  champs.  En  fr.  campos,  congé,  qu'on  prononce 
campo. 

Can.  s.m.chanip,angle  saillant,  bord.  Du — adv.  de  champ. . Vf  «edw  — 


CÂN-CAP  111 

thésauriser.  Bas-lat.  cantellus,  v.  fr.  cant,  coin,  cynir.  cant,  fl.  kant, 
ail.  kante,  bord,  gr.  Kâv^oç,  coin  de  l'œil. 

Candélcc,  chandier.  s.  ni.  chandelier  ||  s.  f.  et  m.  Chandeleur. 

Candeye.  s.  f.  chandelle.  Candeille  est  un  v.  mot  fr.  —  dé  leu, 
bouillon  blanc,  verbascum  ihapsus.  Les  mots  fr.  en  eille  faisant  eye  en 
patois,  il  en  résulte  que  le  Montois  parlant  fr.ne  manque  presque  jamais 
de  dire  chandeille. 

Candlettc.  s.  f.  comptoir  de  boutique  (Charleroy).  A  Liège  cande- 
lielle,  cangliclle.  Pour  composer  ce  mot  on  peut  prendre  le  liégeois 
cande,  chaland,  fl.  kalanl,  ail.  kunde  et  y  joindre  layette,  ail.  lade,  hoU. 
laade,  fï.  laede,  laedje,  laey.  M.  Grandgagnage  portant  son  attention  sur 
la  forme  canglielle,  lui  assigne  son  origine  de  cangé,  proprement  chan- 
geoir.  On  peut  tourner  ses  regards  encore  d'un  autre  côté  :  le  v.  fr.  canche 
désignait  le  droit  exclusif  de  vendre  du  vin.  Le  diminutif  devrait,  d'après 
cela,  s'écrire  candîHeUe. 

Cange.  action  de  s  canger  |i  lieu  où  on  s'  cange.  Mcllé  à  cange. 
Range-toi. 

Canger  (s'),  se  ranger,  se  placer  sur  le  côté  du  chemin.  Cell.-bret. 
ceing,  changer. 

Canne,  s.  f.  grand  pot  de  cuivre  des  laitières.  AU.  kannc,  potd'élain, 
fl.  kan,  bret.  cann,  bas-lat.  canna;  en  lat.  classique  canna  signifie 
tuyau. 

Cannette.  s.  f.  mesure  de  capacité,  moitié  du  pot.  V.  ce  mot. 

Canole.  s.  f.  tribar,  instrument  composé  de  trois  bâtons  ou  grand 
collier  pour  empêcher  les  cochons  de  traverser  les  haies.  Figur.  entrave, 
empêchement.  J'ai  totidi  m'  canole  avé  mi.  Ma  femme  me  suit  partout, 
m'ôle  toute  liberté.  Peut-être  de  là  vient  le  mot  liégeois  canoye,  femme 
paresseuse.  Le  nom  de  l'instrument  lui  est  sans  doute  venu  de  la  partie 
du  corps  qui  le  portait,  car  canola  en  bas-lat.  est,  dit  Ducange,  pars 
coUi,  nostris  canole  et  canule,  fistula  spirilùs  aecipiendi  et  reddendi. 
Canol  est  employé  en  basse -Bretagne  pour  tuyau,  conduit. 

Canter.  v.  n.  et  a.  chanter.  Gall.,  arm.  kan,  lat.  cancre,  cantare. 

Cantiaii.  s.  m.  croûte  de  ain,  j|  bas  du  dos  (système  fessier).  En 
fr.  chanteau  est  un  morceau  de  grand  pain.  V.  can. 

Cantoiirner.  v.  a.  rendre  courbe,  tortueux,  (s)  v.  pr.  se  contourner  ; 
chantourner  en  fr.  signifie  évider  du  bois,  etc. 


112  CÂP-CAQ 

Cantuaire.  s.  ni.  bénéfice  ecclésiastique  ||  obit. 

Cape,  s.  f.  partie  du  mur  d'un  piii;non  qui  dépasse  le  toit.  En  fr. 
manteau  à  capucbon,  fl.  kap,  sommet,  lut.  caput. 

Capèlc,  adj.  attaqué  de  ca^iclurc. 

Capcliirc.  s.  f.  fente,  défaut,  pourriture  dans  un  arbre.  Fr.  chape- 
lure (de  pain),  bas-lat.  capulare,  ail.  kappen,  trancher.  V.  dans  Boiste 
le  mot  fr.  champlure. 

Capcnci*.  V.  a.  chaponner  ||  en  parlant  des  plantes,  féconder.  V.  ca- 
pilurc. 

Capiau,  capia.  s.  m.  chapeau,  ||  homme.  Le  fr.  a  adopté  celte 
synecdoche.  Le  mot  a  même  de  la  émigré  en  allem.  Die  chapeau  walzen 
schlechl,  dit  Goethe  dans  son  fameux  roman  de  Werther  :  les  hommes 
sont  mauvais  valzeurs.  ||  —  d' sot.  Iris,  fleur  ||  balle  à —  espèce  de  jeu  || 
rester,  d'  morcr  au  —  t.  du  jeu  de  balle.  Gall.  cap  pileus,  lai.  caput, 
tète. 

Capon.  s.  m.  vaurien,  mauvais  sujet.  En  fr.  capon  a  à  peu  près  la 
même  signification,  mais  il  désigne  plus  spécialement  un  joueur  rusé, 
un  hypocrite,  un  lâche. 

Capotin.  s.  m.  vêlement  de  femme, 

Capougner.  v.  a.  masser,  manipuler,  palper,  tàter,  patiner,  chil- 
fonner,  caresser  de  la  mdi'm  ;  kpougnté,  en  liégeois  signifie  jouer  des 
mains  indécemment.  On  peut  induire  de  là  que  la  racine  du  mot  est 
pogn,  pougn,  poing,  comme  patiner  vient  de  patle,  et  comme  conlirma- 
lion  on  trouve  un  second  mot  liégeois  kipoli,  dont  la  racine  est  le 
fl,-holl,  pool,  ail.  pfote  signifiant  patte.  De  même  source,  mais  de  signif. 
autre  est  le  fr.  chipoter. 

Capoiiit.  mort,  tué.  Ce  mot,  quoique  non  germanique,  était  souvent 
dans  la  bouche  des  soldats  allemands.  Les  Allemands  le  croient  em- 
prunté aufr.  capot.  On  ne  le  trouve  pas  dans  les  dictionnaires.  Les  Alle- 
mands traduisent  le  mot  fr,  capot,  terme  du  jeu  de  piquet  (ilal.capotto), 
par  matscli. 

Caprîê.  s.  m.  genêt  d'Espagne.  Spartium  junceum  ;  le  câprier  en 
français  est  le  capparis,  arbuste  qui  porte  les  câpres. 

Caproii.  s.  m.  fruit  de  féglantier.  En  fr.  espèce  de  fraise, 

Capucliin,  s,  m.  capucin.  Lé  —  n  vont  jamais  tout  seu.  Excitation 
à  boire  un  second  verre,  une  seconde  bouteille. 


CAQ— CAR  Ho 

Caqner.  v.  n.  chier.  En  fr.  caquer  veut  dire  nietlre  en  caque,  fl. 
kaken,  lat.  cacare. 

Caqueue.  s.  m.  prèle,  plante,  équiselum.  Chaqueue  est  le  nom  vul- 
gaire de  la  prèle. 

Car.  Y.  har. 

Carabistoiiillc.  s.  f.  plaisanterie. 

Caracole,  s,  f.  escargot.  En  fr.  mouvement  en  rond,  esp.  caracol 
et  carocola.  Voici  la  chanson  des  enfants  qui  croyent  par  là  exciter 
l'escargot  à  sortir  de  sa  coquille  : 

Caracole,  misé  molle. 
Fais  sorti  les  cornes. 
A  Chimai,  à  Cambrai, 
Ous  qu'on  sonne  lés  clokes. 
Berlin  bonbon  lés  clokes  de  Mon. 

Carafon,  s.  m.  bouteille  longue  contenant  près  d'un  litre.  En  fr. 
grosse  bouteille  ||  1/i  de  pinte  de  Paris  ||  petite  carafe.  Poire  carafon. 

Carbéner.  v.  a.  et  n.  méditer,  discuter  sur  un  travail  de  charbon- 
nage. Au  fig.  méditer,  raisonner.  (Borinage.) 

Carbon,  s.  m.  charbon,  houille.  Les  Français  ne  désignent  sous  le 
nom  de  charbon  que  celui  de  bois. 

Cardon,  s.  m.  chardon.  En  fr.  plante  dont  la  tète  et  les  feuilles  ont 
beaucoup  de  piquants. 

Cari.  Y.  kari. 

Caribou,  s.  m.  t.  de  charb.  rainure  en  hélice  établie  le  long  des 
parois  d'un  puits  pour  recueillir  les  eaux  qui  iranssudent  et  les  empê- 
cher de  mouiller  la  houille  et  de  lui  faire  perdre  de  sa  qualité. 

Carillon,  s.  m.  fleur  en  cloche,  campanule. 

Carlier,  carli,  carrié.  s.  m.  charron. 

Carnéval,  carnevaye.  s.  m.  carnaval,  ail.  carneval. 

Caroche.  s.  f.  carrosse.  En  fr.  mitre  chargée  de  figures  de  diables 
sur  la  tète  des  victimes  de  l'inquisition.  Carrosse  a  été  f.  en  fr.;  c'est, 
dit-on,  Louis  XIV  qui  l'a  masculinisé.  Les  courtisans  se  sont  empressés 
d'adopter  le  changement  de  genre;  car  on  ne  pouvait  admettre  qu'il  eut 
lait  une  faute  de  fr. 


114  CAH— CAT 

Carogiie.  s.  f,  paresseuse,  cheval  usé,  elc.  En  fr.  femme  médiauic, 
débaucliéo. 

Carolle.  s.  f.  galerie  autour  du  chœur  d'une  église.  Ce  mot  est  em- 
ployé par  Montaigne,  pour  révolution,  marche  circulaire  des  astres  ;  mais 
le  plus  souvent  il  désignait  les  chœurs,  non  d'église,  mais  de  danse  et  de 
chant.  liai,  carola,  kymr.  carol.  Diez  lire  le  mot  de  chorulus,  dim.  de 
chorus. 

Carpeinticr,  carpeinli.  s.  m.  charpentier.  Lat.  carpentarius, 
charron,  carpentum,  charriol. 

Carreau,  s.  m.  boîte  pour  serrer  les  aiguilles,  le  fil,  etc.,  et  qui 
est  couverte  d'une  pelote. 

Carrière,  s.  f.  ornière.  Ce  mot  a  été  probablement  substitué  à 
ornière,  à  raison  de  la  cause  productrice  (har)  ||  chemin  de  charriot, 
chemin  de  campagne.  V.  fr.  quarrière,  prov.  carriera,  chemin.  Il  est 
probable  que,  dans  le  sens  de  chemin,  le  mot  a  la  même  origine  que  dans 
celui  d'ornière;  cependant  on  pourrait  à  la  rigueur  s'adresser  au  gall. 
kareg,  au  brz.  karrek,  v.  fr.  quarrel,  pierre,  et  faire  répondre  carrière 
à  voie  empierrée,  comme  chaussée  répond  au  tl.  kassie,  pavé.  V. 
cauchic. 

Carlabelle.  s.  f.  directoire,  indicateur  des  oflices  religieux. 

Carlage.  s.  m.  V.  Kartage. 

Carlelle.  s.  f.  quart  de  barrique  de  savon. 

Carlon.  s.  m.  charretier.  Y.  fr. 

Caniche,  s.  f.  prison.  En  t.  d'argot  on  dit  carton,  cartuche  et  ca- 
ruche.  C'est  le  v.  fr.  chartre  (carcer),  d'où  le  fr.  chartreuse  et  l'ail, 
carthause. 

Casaquiii.  s.  m.  espèce  de  casaque.  Ucwoi  su  s'  — .  recevoir  une 
volée  de  coups  ||  éprouver  une  perle  d'argent.  —  est  fr. 

Casse,  s.  f.  Etiii.  Casse  â  litnctles,  casse  à  pipe.  Ccsl  à  melle  ein 
casse.  De  caisse  ou  plutôt  de  châsse.  Flamand  kas,  armoire,  caisse, 
ail.  kasse,  kapsel,  ital.  cassa,  lat.  capsa,  grec  xi'pa.,  caisse,  cassette. 

Casseniain  «F  lîettc,  fatigue  par  application  d'esprit  trop  sou- 
tenue. 

Cassine.  s.  f,  cabane,  v.  fr. 

Castigniole.  s.  f.  t.  de  charp.  chautiguole,  petite  pièce  de  bois  en- 
châssée dans  une  jambe  de  force  et  sur  laquelle  reposent  les  ventrières. 


CAT-CAU  il5 

Cat.  s.  m.  chat.  C'est  un  mot  qui,  comme  kar  et  bien  d'autres,  appar- 
tient à  tous  les  patois  et  à  toutes  les  langues.  Ang.  cat,  ail.  katze  et 
katler  (la  femelle  et  le  mâle),  gall.  calh,  armor.  caz,  arabe  chatul  et 
kilt,  pol.  cot,  suédois  katt,  géorgien  kaila,  b.-lat.  cattus,  grec  ■/.xttt.c, 
vr.  IV.  cas. 

Catégiss.  s.  m.  calhécliisnie.  Les  beaux  parleurs  disent  :  catai- 
gimse. 

Caloire,  s.  f.  ruche  ||  forme  dans  laquelle  on  place  les  pains  avant  de 
les  cuire.  V.  fr.  chatoire.  A  Liège  cheleu,  cheleur,  bret.  qost,  plur. 
qestou(Rostrenen),kest  (Pelletier),  cest  (Davies).  II  est  à  remarquer  que 
nos  mots  celt.  se  forment  souvent  sur  le  pi.  V.  gagot. 

Catouye  {avoi,  fai).  éprouver,  causer  du  chatouillement.  V.  skau. 
Les  beaux  parleurs  disent  :  faire  chatouille.  FI.  kelelen  ou  kiltelen,  ail. 
kitzen,  V.  fr.  caliller,  catouiller. 

Catpuche,  cadpuclie.  s.  m.  crochet  à  une  corde  de  puits,  mot  à 
mot  chat  de  puils. 

Cau.  s.  m.  coup.  On  trouve  ce  mot  dans  nos  vieux  documents.  Le 
mot  colpus  se  trouve  dans  la  loi  salique  :  si  quis  volucrit  alteruui  occi- 
liere  et  colpus  ei  fallierit.  Bas-brot.  sko. 

Cauche,  causse,  s.  f.  chaux  (Borin.).  Lat.  calx,  ail.,  flani.  kalk, 
gall.  calch,  calx,  creîa. 

Caueliënié,  caiichnic.  s.  m.  faiseur  d«  bas.  v.  fr.  cauchetier. 

Cauches.  s.  f.  pi.  chausses,  bas.  /  preind  ses  —  pou  ses  maroncs. 
11  ne  sait  rien  distinguer,  il  confond  tout.  V.  fr.  cauche,  b.-lat.  hosa, 
hosella,  heuse,  houseaux,  b.-lal.  cauces,  fl.  kous,  ail.  hose,  bret.  hosan. 
Chevallet  lire  le  fr.  de  l'ail,  hose,  culotte.  Celte  étymologie  est  contestée 
par  M.  Scheler,  pour  des  raisons  phonélologiques  et  la  préférence  est 
donnée  par  lui  au  lat.  calceus.  Je  ne  veux  pas  trop  intervenir  dans  celte 
discussion  sur  la  possibilité  ou  l'impossibilité  de  translormalion  de  l'h 
aspirée  en  c  ou  ch,  cependant  la  comparaison  des  divers  mots  cités 
semble  nous  faire  connaître  que  l'h  des  v.  ail.  et  v.  celtes,  n'était  pas  une 
simple  aspiration  et  se  rapprochait  du  ch  de  l'ail,  actuel,  fiiisant  à  peu- 
près  comme  kh  :  remarquez  l'oilhographe  ancienne  des  noms  de  chefs 
ou  premiers  rois  franks  llilderik,  Illodwek,  dont  on  a  fait  Childeric, 
Clovis.  Puis  si  l'on  ne  peut  se  servir  de  hose,  hosan,  rien  n'empêche 
d'user  du  fl.  kous,  où  l'on  trouve  la  transformation  toute  faite. 


ilG  CAU-CAY 

Caucliiaehc.  s.  m.  chausséage,  droit  de  barrière. 

Caiichic.  s.  f.  chaussée.  Nous  avons  dans  le  Hainaut  un  village 
noiunic  Gœgtues-Cauchie.  V.  fr.  cauchiée  et  cauchic,  fl.  kaulsije,  kaus- 
sijo,  kassije,  chaussée,  kassei,  pavé,  rac.  kai,  caillou.  Dans  la  pensée 
sans  doute  que  tout  cela  vient  du  fr.,M.  Scheler  invoque  un  part.  lat. 
calceata,  dérivé  de  calx. 

Cauchètîer.  chaussetier.  v.  fr. 

Caude,  chaude  {avériez preinde  ennc).  venez  vous  chauffer  un  instant. 

Caiiderlîé,  caudérîé.  s.  m.  chaudronnier.  Y.  fr.  chandrelier. 

CJaudron.  s.  m.  chaudron  ]|  à  cause  de  sa  forme,  c'est  ainsi  qu'on 
appelle,  dans  beaucoup  de  villages,  ce  que  l'on  nomme  à  Mons  fleur  au  biir, 
en  raison  de  sa  couleur.  V.  ce  mot. 

Caufier.  s.  m.  v.  tisonnier. 

Cauliuée  d'  mon  froumage.  s.  f.  quantité  de  fromage  mon  préparée 
en  une  fois.  ||  espèce  de  panier  servant  de  mesure  pour  le  fromage  blanc. 
Lat.  cophinus,  grec  xo^rjoa,  panier.  Le  mot  cofin,  panier,  est  usité  en 
Picardie;  cofm  et  cofinet  sont  du  v.  fr. 

Caufour.  s.  m.  chaufour,  grand  four  à  chaux. 

taufourner,  chaufoiiriier.  (s'),  v.  pron.  se  décomposer  sans  pu- 
iréfaciion,  par  la  fermentation  sèche,  par  érémacausie.  V.  fr.  chaufourer. 

Caukic.  s.  m.  rêve  effrayant. 

Catikniar.  s.  m.  cauchemar.  Coquemar  pour  bouilloire  est  fr. 

Caiipoi.  s.  m.  mange-lout,  pois  de  la  Madeleine,  espèce  à  cosse 
grosse,  épaisse,  blanchâtre. 

tauper.  v.  n.  et  a.  donner  un  complément  de  désiccalion,  faire 
faner  lentement  en  monts  sur  la  prairie —  ne  se  dit  que  du  foin.  Ce  mot 
a  été  employé  peut-être  pour  donner  du  corps.  (Jemmapes.)  Bullet  dit 
que  du  celt.  gwair  ou  goair  foin  on  a  fait  gor,  cawr,  cor;  en  Franche- 
Comté  le  regain  s'appelle  recor. 

Cauveni.  v.  n.  venir  avec  ardeur,  empressement.  Lat.  convenire. 

Ca%'alier,  cavayîé.  s.  m.  morceau  de  pain  avec  un  morceau  de 
viande. 

Cavin,  au  bor.  cwaigne,  c\va(;ne.  s.  m.  ravin.  En  fr.,  terme  mili- 
taire, défdé. 

Cayau.  s.  m,  caillou.  Fl,  kai,  lat.  calculus,  kymr.  callestr.  L'  —  fait 
bronche. 


CAY— CEL  117 

Câye,  caille,  folie,  sollise,  cxallalion.cnlliousiasnK!  particulier  aux 
Monlois  :  el  —  monte,  vie,  prein  à  n'ein  Monlois  quand  il  einleind  V 
doudou. 

Cayé.  s.  m.  caillot. 

Cayecayol.  s.  m.  caille  et  plus  souvent  cri  de  la  caille;  par  onoma- 
topée. C'est  aussi  le  courcailler. 

Caïée.  s.  f.  animalcule  aquatique  qui  sert  d'appât  pour  la  pèche, 
le  caset.  C'est  la  larve  d'une  espèce  de  phrygane.  On  donne  encore  en 
France,  aux  casées,  les  noms  de  charrées,  porte-faix,  galias. 

Celtique.  Les  langages  celtiques  encore  vivants,  sont  désignés  et 
classés  de  manières  diverses  par  les  auteurs.  J'ai  emprunté  les  désigna- 
tions telles  que  je  les  ai  trouvées  dans  diftérents  ouvrages  et  il  pourrait 
en  résulter  une  confusion.  Pour  l'éviter,  je  donne  la  classification  de 
Pictet  avec  quelques  annotations  : 

GROUPES   DES   LANGUES    CELTIQUES. 

Branche  gaélique  (i).  Branche  bretonne  (5) 

Irland.  (2).  Manx  (5).  Erse  (-i).     Cymrique  (e).  Comique  (7).  Armor.  (s). 

(1)  Appelé  aussi  gadhélique,  parlé  en  Irlande  et  en  Haute-Écosse 
(Highland);  la  basse-Ecosse  (Lowland)  parle  l'anglo-écossais.  (2)  Ou  Ei- 
rionnach.  (3)  Dialecte  de  l'île  de  Man.  (4)  Écossais,  albanach.  D'autres 
appliquent  le  nom  d'Erse  à  l'irlandais  (ne  pas  confondre  l'irlandais  ou 
erse,  langue  d'Ossian  avec  l'islandais,  langue  germanique'^.  (5)  Brython. 
D'autres  donnent  à  celte  branche  le  nom  générique  de  cymrique.  (g)  Gal- 
lois, cambrien.  (t)  Dialecte  de  la  Cornouaille  (il  n'était  plus  parlé  que  par 
les  vieillards  à  la  fin  du  dernier  siècle  et  n'existe  plus  aujourd'hui  que 
dans  quelques  ouvrages),  (s)  breton,  bas-breton,  celto-breton,  breizad, 
bretoun,  brezonek  (brz). 

La  plupart  des  auteurs  pensent  que  la  race  celtique,  de  même  que  les 
races  germanique  et  slave  (celles-ci  plus  tardives),  est  sortie  de  l'indeet 
s'est  étendue  en  diverses  fois  vers  l'Occident,  pour  couvrir  toute  l'Europe, 
sauf  la  (irèce  et  la  partie  méridionale  de  l'Italie.  On  fait  remonter  à 
2000  ans  avant  notre  ère,  l'établissement  dans  la  Grande-Bretagne  d'une 

45 


IIS  CKl-CHA 

horde  celtique,  celle  des  Gadliéles.  Leur  dialecte  serait  le  plus  ancien  ; 
c'est  celui  qui  se  rapproche  le  plus  du  sanscrit.  Dix  siècles  plus  tard  ils 
auraient  été  relbulés  vers  le  nord  et  l'ouest  (Ecosse  et  Irlande)  par  les 
Kyniris.  Le  langage  de  ceux-ci  serait  arrivé  en  Angleterre  un  peu  altéré 
par  le  séjour  plus  prolongé  sur  le  continent.  Les  Belges  n'auraient 
envahi  le  midi  de  l'Angleterre  que  deux  siècles  avant  les  conquêtes  de 
César,  en  apportant  un  dialecte  encore  un  peu  diflerent.  La  différence 
entre  le  gadhélique  et  le  cymriquc  serait  assez  grande.  On  l'estime  plus 
grande  que  celle  qui  existe  entre  le  haut  allemand  et  le  Scandinave  ; 
Diefenbach  la  compare  à  celle  qui  se  trouve  entre  le  leltique  et  le  slave, 
Pictet  à  celle  qu'on  remarque  entre  le  grec  et  le  latin  ;  mais  la  différence 
entre  le  cymrique  et  le  langage  des  Belges  devait  être  assez  faible;  c'est 
ce  dialecte  cymrique  qui  ressemble  le  plus  à  notre  patois. 

Ccindrin.  s.  m.  tablier  (Fleurus).  Ce  mot  usité  seulement  dans  l'est 
de.  la  province  est  extrêmement  difficile  à  prononcer.  V.  l'art,  sur  la 
lettre  N.  11  provient  probablement  de  ceindre  cingere.  11  y  a  cependant 
le  v.  fr.  cendrier,  linceul,  linge. 

Ceinscuicint.  adv.  (7  est  —  bon,  il  est  censé  bon. 

Ccmciutièrc.  s.  f.  cimetière. 

Ceu,  ciEU,  ciEN,  ciÉ  {el  ou  T),  pron.  celui.  El  celle,  cienne,  cielle, 
celle.  Lés  ceux,  lés  celles,  ceux,  celles. 

Chaboler.  v.  a.  saveler. 

Clïaeun  (cin).  chacun.  Traduction  littérale  dé  l'ail.  :  ein  ieder,  et  du 
lai.  unus  quisque. 

Chafcrliquc.  s.  f.petitebabillarde, inconsidérée, impudente.  |j  Jeune 
fille  de  mœurs  suspectes.  La  tournure  de  ce  mol  invite  à  chercher  une 
origine  germanique,  mais  on  le  trouve  dans  le  v.  fr.  et  il  existe  encore 
dans  l'argot.  Une  saffre  et  une  safferlique,  dit  Oudin,  dans  ses  curiositéz 
françoises,  c'est-à-dire  une  friande  et  une  desbauchée.  Gall.  sawr  et 
safre,  armor.  saour,  sapor.  V.  sayi.  Le  lat.  et  le  néo-celt.  ne  dérivent 
pas  nécessairement  l'un  de  l'autre.  Ils  n'ont  probablement  tous  deux 
qu'une  origine  commune  dans  quelqu'anliquc  langage. 

ChafiTc.  s.  f.  soufflet.  AU.  schlappe,  ital.  chialfo  ;  en  b. -saxon  kalf, 
b,-écoss.  chaft,  mâchoire. 

Chaffeler.  v.  a.  saveter. 

Clialé,  ée.  s.  et  adj.  boiteux.  A  Liège  halé.  M.  Grandgagne  le  fait 


CIIA-CHA  119 

venir  du  mlui  srliellcn,  i)rciciil  sclial,  se  fendre,  v.  fr,  dialer,  gauler, 
niellre  bas. 

Clialotle.  s.  f.  cclialote.  J'ai  souvent  entendu  le  mol  dans  celte 
phrase  :  Caude,  amoureuse  comme  enne  chalolle . 

Cham.  s.  m.  banc,  escabeau  (Cbarleroy).  A  Liège  liam,  v.  f.  chani, 
cscanie,  lat.  scamnum,  v.  h.  a.  scanial,  schamilo,  ail.  niod.  Schemel, 
escabeau. 

Chana.  s.  ni.  A  Liège  comme  à  Cbarleroy  :  Jante  de  roue.  Dans  cette 
signif.  on  doit  lui  chercher  une  autre  origine  :  arm.  kanim,  kammed, 
gall.  kamed,  sanscrit  kamar,  être  courbé,  en  v.  l'r.  cambrer  signiliait 
voûter,  lat.  caméra,  voûte. 

Chanibot.  s.  m.  nom  borain  du  maqucf.  Cham  +  bot.  Comparez  la 
racine  bot  (v.  bodé)  avec  la  rac.  Mak  (v.  maqiiet). 

4^haïubourlel(c,  chabourleltc.  s.,  primitivement  f.,  aujourd'hui 
m.  et  f.  Autrefois  on  nommait  chahourlelle  les  petites  filles  vêtues  en 
paysannes  (fl.  boer,  prononcez  bour)  qui  faisaient  le  lumeçon  (limaçon). 
Cet  accessoire  est  aujourd'hui  su]»primé,  ainsi  que  la  pucelelle,  qui  ne  se 
retrouve  plus  qu'cà  la  cérémonie  commémoralive  de  Wasmcs.  V.  lume- 
çon. A  présent  on  nomme  chambourlettes  les  étrangers  invités  à  la 
kermesse  de  Mons. 

Chambre,  chauipc,  campe,  s.  m.  Une  maison  de  village  se 
compose  de  deux  pièces  principales.  La  première  s'appelle  et  maison  : 
elle  sert  de  cuisine,  de  chambre  à  manger;  la  seconde  se  nomme 
el  chambre,  c'est  l'appartement  réservé  aux  jours  de  fête,  c'est  là  que  le 
lit  du  chef  de  famille  est  placé.  Celto-bret.cambr,  gall.  siambr,  lat. caméra. 

Chaoti.  s.  m.  hibou.  A  Liège  chaive,  à  Namur  chauwc,  choucas,  cor- 
vus  monedula.  En  divers  patois  ail.  kauke,  fl.  kauw.  A  Liège  chawc- 
sori,  chauve-souris,  v.  ail.  chouch,  hibou,  fr.  chouette,  v.  fr.  houelte. 
Chauve-souris  ne  serait  pas  souris-chauve,  mais  souris-choucas  ou 
plutôt  souris-hibou.  Chat-huant  n'est  pas  non  plus  chat,  mais  chawe- 
huant,  v.  queue  d"  sorille.  Das-bret.  kaoen,  kaoan,  hibou,  v.  f.  chouant, 
huet,  languedoc.  chauaaa,  b.-lat.  cauanna,  cauannus. 

Champette.  s.  m.  garde-champêtre. 

Cliap-eliap.  espèce  de  grive,  ainsi  nommée  à  cause  de  son  cri. 

Chaque,  chacun.  //  aron  ain  yard  chaque  ou  chaque  ain  yard  ou 
chaqucnun  ain  yard.  Chacun  aura  un  liard. 


120  CHÂ-CHE 

Char.  s.  ni.  viande,  chair.  On  le  trouve  dans  Lesaigc.  Avoi  del  char 
pourrile  dézou  ses  bras,  êlre  paresseux. 

Chasse,  s.  f.  V.  cache. 

Chasserean,  chasseriau,  cachriau.  s.  m.  rei!;istre  des  pro- 
priclés.  Ital.  scarso,  v.  fr.  eschars,  néerl,  schars,  éconcnie,  avare.  Diez 
offre,  comme  source  de  ces  trois  mots,  le  m.  lat.  excarpsus  et  scarpsus, 
part,  d'excarpere  pour  excerpere,  qu'il  traduit  en  ail.  par  l'équivalent  de 
concentrer,  rassembler.  Je  crois  devoir  produire  le  liégeois  karsel, 
gousset,  et  le  fr.  escarcelle;  j'ai  tout  lieu  de  supposer  que  notre  mot 
en  était  autrefois  le  masculin,  sous  la  forme  de  scarsériau,  qui  s'est 
conservé  à  Mons  comme  nom  de  famille. 

Chaud,  kau.  adj.  amoureux,  ardent,  en  rut. 

Chaude,  s.  f.  action  de  se  chauffer;  prainde  cnne  chaude,  se  chauf- 
fer un  moment.  Uavoi  cnne  chaude,  courir  des  dangers.  Eu  fr.  chaude 
signifie  feu  violent  de  forge. 

Chaudeau,  kaudian.  s.  m.  lait  de  poule.  En  fr.  bouillon,  brouet 
chaud  donné  le  malin  aux  nouveaux  époux  ;  holl.  kandeel.  M.  Scheler 
croit  ce  mot  né  d'un  type  lat.  caldellum. 

Chegne,  chîn.  appellation  d'amitié  usitée  à  Quaregnon.  Ce 
n'est,  je  pense,  qu'une  manière  de  prononcer  quin.  V.  ce  mot  et 
begne. 

Chénance.  s.  f.  semblant.  On  ne  dit  pas,  comme  les  Fr.,  faire  — 
faire  semblant,  mais  on  ajoute  l'art,  et  on  dit  faire  cl  —  V.  fr.  quanse, 
fl.  kwanswyz,  en  fiiisant  semblant  (wyze,  guise,  manière).  Les  Liégeois 
ont  le  mot  ekuance  et  le  mot  sonan. 

Chéner,  chaner.  v.  n.  sembler,  paraître.  Au  village  on  dit  : 
Y  m  chêne  a  vir,  mot  à  mot  il  me  semble  à  voir.  A  Mons  on  dit 
y  sampe  à  vir.  Les  beaux  parleurs  disent  :  il  semble  à  voir,  il 
paraît.  Liég.  soné,  ail.  scheincn,  paraître.  Les  étymologistes  donnent 
une  origine  lat.  à  sembler  et  à  ses  composés  :  similis,  etc.  V.  ein- 
chenne. 

Chenna.  s.  m.  panier  (Charleroy).  A  Liège  chc7ia  et  chinia.  Dau- 
phiué  chanistella,  lat.  canister,  canistrum. 

Chenu,  ue.  adj.  bon,  distingué,  transcendant.  C'est  un  terme  d'ar- 
goi.  On  dit  en  fr.  tête  chenue  pour  blanchie  par  l'âge. 

Cheraine.  Serenne,  baratte.  Angl.  chern.  v.  serenne. 


CHE— CH[  121 

Cherfué.  s.  m.  cerfeuil,  lat.  chserefoliuDi,  cerefolium,  fl.  kervel, 
ail.  Kerbel. 

Chibre.  s.  m.  mentula.  Ail.  schieber,  pousseur. 

Chicage.  s.  f.  aclion  de  manger. 

Chîcaye,  s.  f.  chose  à  manger. 

€hige.  s.  f.  veillée  (Charleroy).  A  Liège  siz,  v.  fr.  scerie,  scrée, 
veillée,  v.  fr.  sise,  aclion  de  s'asseoir.  V.  sisille. 

Ciiinicliini.  ((ai  dés)  faire  des  façons,  des  simagrées. 

Chinicr,  cliamer.  v.  n.  partir,  s'enfuir.  Eu  picard  s'échamer. 
Échauier,  dans  le  même  patois,  a  la  signification  d'essaimer,  v.samer  et 
kémin.  Ne  s'employe  guère  qu'à  l'infin.  et  à  l'impér. 

Chinchin.  s.  m.  personnages  du  lumeçon  montés  sur  des  chevaux 
de  carton  ou  plutôt  les  portant  et  figurant  les  compagnons  de  Giles  de 
Chin  attaquant  le  dragon. 

Chiniau,  chniau.  s.  m.  grenier  au-dessus  d'une  étable,  d'une  écurie 
pour  remiser  le  foin.  Ordinairement  il  n'y  a  pas  de  plancher,  il  n'y  a 
que  des  perches.  D'  aller  coukié  au  chniau,  aller  coucher  dans  le  foin 
au-dessus  de  l'étable.  Être  traité  comme  un  mendiant,  comme  un  vaga- 
bond qui  réclame  l'hospitalilé  dans  un  village. 

A  Charleroy,  à  Liège  sina.  V.  fr.  sinal,  sinault,  dessus  d'une  étable. 
Cegnatl,  chambre  haute,  cellier,  office.  Celto-brel.  sanail,  plur.sanailhou, 
grenier  à  foin,  fenil.  Ce  mot,  dit  Pelletier,  provient  de  san  qui  a  eu  la  si- 
gnification de  foin.  De  là  est  venu  sainfoin  qui  n'est  pas  sanum  fœnum, 
mais  qui,  à  cause  de  son  excellence,  est  représenté  par  des  mots  de  deux 
langues.  Pelletier  ajoute  qu'à  la  vérité  Davies  ne  donne  pas  ce  mot  dans 
son  dict!  gallois,  mais  qu'il  donne  saen,  plaustrum,  charriot  destiné  à 
transporter  la  paille,  le  foin. 

On  pourrait  ajouter  sainegrain,  nom  vulgaire  du  fenugrec. 

Chinque.  n.  de  nombre  cinq.  s.  m.  déchirure  en  forme  du  chiffre 
romain  cinq. 

Chipie,  s.  f.  tracassière  dans  ses  achats,  vieille  — .  C'est  ce  que  les 
harengèrcs  de  Paris  nomment  vieille  morue. 

Chipoteur,  adj.  et  s.  cliipotier,  vélilleur. 

Chique,  s.  f.  ivresse.  Chiquek,  manger. 

Chiquct.  s.  m.  morceau,  surtout  de  pain.  Esp.  chico,basq.  chiquia, 
petit,  lat.  ciccus,  grec,  y.r/.y.oi,  |)eu  de  chose,  au  propre  pellicule  qui  se- 


\±2  CIII-CIliN 

pare  les  pépins  de  grenade.  De  là  le  l'r.  déchiqueter,  chicot,  chique, 
chiquer  (du  tahac),  chiquet  à  chiquct. 

Chiqiictiirc.  s.  f.  écorchure,  hlessure  légère.  Fr.  déchiqueter,  ail. 
scliiiidcu,  écorcher.  fl.  schichte,  flèche,  dard. 

€liirlolnge.  s.  m.  peiit  ouvrage,  petit  racommodage.  A  Valenciennes 
cliirlolcr  signifie  flatter,  amadouer. 

Cliivirou,  cheviron.  Mesure  de  hois  de  charpente.  908  chevilles 
de  y  pouces  sur  un  pouce  d'équarissage. 

Cliivot,  chivcau.  s.  m.  oignon  reijhuité,  qui  ne  Test  pas  pour  lu 
semence.  Angl.  sliiver,  morceau,  éclat,  fl.  scliiften,  séparer,  liég.  hive 
(l'a  gousse  d'ail,  v.  IV.  chive,  oignon. 

Clilan;.  s.  m.  et  f.  coup,  bayer  du  {ou  dcl)  schlag,  battre.  Ail.  Schlag, 
coup,  schlagen,  battre,  Irappcr. 

Chiang.  excl.  en  frappant,  en  lançant  qq.  chose.  Ail.  sich  schlingen, 
s'élancer,  qui  fait  schlang  à  l'imparfait. 

Clilîer.  s.  m.  cave  (Dour).  Fr.  cellier.  Les  Picards  appellent 
chiés  ou  chéiés,  une  cave  sans  maçonnerie,  v.  fr.  chelier,  lat. 
cella. 

CliEik,  elilak.  excl.  en  frappant.  Ail.  schlagen,  frapper. 

Chliukei*  n  calolle.  flanquer  un  soufllet  (Borin).  AU.  schlenkern, 
lancer. 

Clilip.  interj.  pour  se  moquer.  Eh  !  s'  merc  fia  bayé  à  s'cic  —  !  —  ! 
é — !  L'ail,  le  joint  comme  une  note  d'infamie,  ex  :  schlippsack, 
lille  publique.  CliUp  se  répète  en  traînant  les  doigts  indicateurs 
l'un  sur  l'autre  et  provient  peut-être  de  schlippen,  traîner  les  ^ieds  ou 
de  schlappen,  traîner. 

Chlouk.  excl.  en  buvant  et  mangeant.  Ail.  schluck,  gorge,  schlucken, 
avaler. 

Cliïop.  V.  slop. 

Chloup.  excl.  en  faisant  entrer  quelque  chose,  eu  glissant.  Ail. 
schlupfen,  se  glisser. 

ChliiKe,  schutte.  s.  f.  espèce  de  clous  sans  tête. 

Chiiap.  s.  m.  genièvre.  AU.  schnapps,  coup  d'eau-de-vie. 

Chnik.  s.  m.  genièvre. 

Chnikeur,  chiiikcu.  s.  et  adj.  buveur  de  chnilc.  Clieniquer  est 
connu  dans  les  ports  de  mer  de  France. 


CIIN— CHU  123 

Clinonf.  s.  m,  tabac  en  poudre.  Ail.  schnupf,  tabac  à  priser. 
Clinoufcr,  v.  n.  priser.  AH.  schnupfen. 
Chonq,  clion.  Cinq. 

Chouancr,  cliuinci*.  se  presser,  se  dépêcher,  y  avoir  urgence. 
De  Tall.  geschwind,  vite.  J'ai  vu  naître  ce  mot  :  lors  de  l'entrée  des 
alliés  en  181i  on  entendait  à  chaque  instant  le  mol  gesclnvind  sortir 
de  la  bouche  des  soldats  impatients.  On  regarda  ce  mol  connue  un 
impératif  </ef/u< ('ne.  Le  g  ail.  étant  d'une  articulation  difficile  pour  un 
gosier  montois,  on  dit  d'abord  dcchuine,  plus  lard  on  supprima  la  pre- 
mière syllabe,  resta  chuine  dont  on  fit  chuiner.  Les  paysans  des  villages 
voisins  de  Mous  en  firent  chouaner,  chwaner  employé  le  plus  souvent 
comme  impersonnel  dans  le  sens  des  mots  latins  urgct,  instal.  .le  dois  dire 
pourtant  que  des  vieillards  m'ont  assuré  que  chouancr  comme  imper- 
sonnel était  déjà  usité  dans  lés  villages  au  siècle  passé.  Serait-il  bien 
possible  que  les  Montois  auraient  formé  de  nouveau  un  mot  que  nos 
paysans  auraient  conservé  d'une  invasion  antérieure  de  quatorze  siècles, 
(que  sait-on)  peut-être  même  un  mot  autochtone? 

Choîse.  s.  m.  vesse  fort  puante.  A  Liège  quase  rot,  bas-bret. 
c'houes,  odeur,  chuesa,  sentir,  flairer,  ail.  scheissen,  chier,  foirer, 
venter. 

Choïes'.  V.  crochcr. 

Clioleltc.  V.  soûle. 

CEioquc.  s.  f.  souche  d'arbre.  AU.  schock,  tas,  v.  fr.  chouque, 
souche. 

Choumak.  r.  m.  cordonnier,  savetier.  Ail.  schuhmaker. 

Cliounc.  appellation  d'amitié  usitée  parmi  les  bateliers  du  canal  de 
Mons  à  Condé.  V.  chcgne. 

Ciari^tiane.  s.  f.  chrysanthème,  fleur. 

Chiicher.  v.  a.  sucer.  FI.  suigen,  ail.  saugen,  lat.  sugerc.  —  Ennc 
fcuye,  cnne  fuci/e.  Mot  à  mol  sucer  une  feuille,  attendre.  Erveni  chucher 
r  telle  dé  s  mamére.  Mol  à  mot  revenir  prendre  le  sein  de  sa  mère, 
rentrer  sous  le  toit  paternel,  revenir  visiter  ses  parents. 

Chuchetle.  s.  f.  suçoir,  sucette. 

Cliufler,  chîfler.  v.  n  si/fler  |;  souffler  :  cj  chufelle.  V.  fr.  clnilcr, 
11   schuifelen,  lat.  sibilare. 

Clitiflot,  chiflot.  s.  m.  sifflet  ||  gorge.  Esp.  chiflo. 


124  CHU— CLI 

CIluflofer.  V.  n.  jouer  du  fifre,  du  flageolet. 

Cliiiflofeu.  s.  m.  qui  chullolc. 

Chuincr.  v,  choiiancr. 

Clmqiier.  v.  a.  choquer,  cogner,  heurter.  Delà  on  est  venu  à  dire  : 
allrapcr  ain  pau  d'  chuk,  einmorciau  d'  chuk  (sucre);  pour:  se  cogner 
la  lête.  Connue  le  fr.  choquer,  de  l'ail.  Schock,  fl.  schok.  Cependant  le 
terme  ne  s'appliquant  qu'aux  coups  à  la  tète,  je  dois  mentionner  le 
V.  fr.  suque,  sommet  de  la  tête.  Langued.  assuca,  assommer. 

Ciiuaile.  s,  f.  tablette  de  cheminée  (Jemmapes,  Jéricho).  Fr.  cimaise, 
moulure. 

Cision.  s.  f.  incision. 

Cîlle.  s.  m.  cidre. 

Clabot.  s.  m.  grelot  au  cou  des  bestiaux. 

Clair-lait,  s,  m.  petit  lait  fait  à  chaud  pour  les  malades  ;  il  est 
moins  acide  que  le  sur.  V.  ce  mot. 

Claïuiue.  s.  f.  crampon,  lien  de  fer  pour  attacher.  Ail.  Klammer, 
crampon,  agraffe.  Clamme  est  usité  à  Liège. 

Clappe.  s.  f.  douve.  Ail.  Klappe;  racine,  klaffen,  fendre. 

Clavette,  s.  f.  petit  morceau  de  fer  placé  de  chaque  côté  du  man- 
che d'un  instrument,  par  exemple  d'un  marteau  pour  empêcher  la  tète 
de  s'échapper.  Du  latin  clavis.  Ce  mot  se  trouve  dans  Boiste  pour 
exprimer  la  valeur  du  mot  goupille  et  on  le  retrouve  pas  à  sa  place  al- 
phabétique. 

Claya,  caya.  s.  m.  espèce  de  treuil  employé  dans  les  fosses  de 
droit  pour  modérer  le  mouvement  de  la  descente.  On  a  récemment  ap- 
pliqué le  mot  aux  plans  inclinés  des  chemins  de  fer.  Est-ce  le  fr.claydas, 
barrières,  portes  Ireillissées  ou  clayer,  grosse  claie? 

Clcincr.  v.  n.  pencher,  gauchir.  V.  fr.  clincher,  clinger,  pencher, 
clinsser,  clider,  chanceler,  lat.  iuclinare,  erse  cliob,  vaciller,  chanceler, 
irl.  clibhead,  chancellement,  sanscrit  kliv,  être  impuissant,  gall.  corn, 
cledd,  b.-bret.  cleiz,  gall.  cli,  ail.  link,  gauche. 

Cleîr.  s.  m.  sacristain.  En  fr.  le  clerc  est  celui  qui  est  entré  dans 
l'état  ecclésiastique  en  recevant  la  tonsure,  le  commis  d'un  notaire, 
avoué. 

Cliché,  chichctte,  cliquette,  s.  f.  clinde,  clenche,  targette, 
bouton,  crosse  de  porte.  Les  deux  derniers  s'appliquent  particulière- 


CLI-CLO  125 

ment  à  la  détente  des  armes  à  l'eu,  gâchette,  que  Corneille  dans  le  Men- 
teur, nomme  déclin.  Gall.  cliccied,  veclis.  Nos  Bretons,  dit  Pellelier, 
nomment  le  loquet,  cliket;  et  loquet  vient  probablement  du  bret.  loc'h, 
levier,  ail.  die  Klincke,  le  loquet.  D'après  Rostrenen,  bas-bret.  cliqet, 
licquct,  clinche  de  porte,  v.  fr.  clinke,  basque,  crisquela,  loquet. 

Clinquan.  ne  se  dit  que  dans  cette  phrase  :  loxil  —  neu  ou  nué. 

Clipet.  s.  m.  voix  aiguë.  Sn  einfanl  là  a  ein  —  qui  l'o  perche.  Cet 
enfant  a  une  voix  qui  vous  déchire  les  oreilles.  V.  klaper. 

Clipot.  s.  m.  gaule  (Glin). 

Clipotep.  V.  a.  battre. 

Clique,  s.  f.  claque. 

Cliquer,  v.  n.  donner  des  cliques. 

Ciiquiage.  lieu  où  on  verse  le  charbon. 

Ciiquié.  v.  a.  verser,  décharger  (Borinage).  Ce  mot  doit  avoir  du 
rapport  avec  clikelle;  descliquier  comme  —  signifie  décharger.  Seu- 
lement le  premier  s'applique  aux  armes  à  feu,  le  second  à  des  véhicules. 

Ciiquoter.  v.  n.  faire  des  cliquetis.  Lés  guerzins  cliquotlé  dain  les 
villes  II  battre.  Ail.  klingen,  sonner. 

</Iiver.  V.  n.  l'académie  donne  cliver  :  t.  de  lapid.,  fendre  un  dia- 
ment  selon  les  joints  naturels.  Chez  nous.  —  s'applique  aux  chistes 
feuilletés  dont  les  couches  offrent  peu  d'adhérence  et  qu'on  détache  faci- 
lement. FI.  klieven  (pron.  kllvén),  ail.  klaiïen,  fendre. 

Clô,  clau,  s.  m.  clou  ||  t.  de  taill.  de  pierres,  limcl  blanc  ou  veine 
blanche  des  marbres  ou  pierres  bleues,  ainsi  nommée  à  cause  de  sa 
dureté.  En  bret.  claw. 

Cloer.  V.  n.  clouer  ||  fermer.  Clo  V  huche,  ferme  la  porte.  Dans  la 
première  signification  ce  verbe  vient  de  clô,  dans  la  seconde  de  clore. 
Lat.  claudere. 

Cloque,  s,  f.  cloche  ||  ampoule,  vésicule,  par  exemple  :  en  suite  de 
bridure  ||  terme  de  cliarb.  partie  de  la  roche  en  forme  de  cône  tronqué 
qui  se  détache  du  (oit  des  galeries.  C'est  une  cause  d'accidents  très-fré- 
quents et  très-graves.  Ces  cloques  proviennent  souvent  de  ce  qu'il  se 
trouve  dans  nos  houillères  de  grands  arbres  restés  debout,  fougères 
arborescentes,  équisetacés,  etc.  Ces  troncs  qui  sont  de  la  houille  dans 
la  veine  perdent  ce  caractère  en  perçant  le  toit  et  en  prennent  la  miné- 
ralisation, tantôt  roc,  tantôt  kwairière,  sauf  l'écorce  qui  reste  houille. 


1-2(1  CLO-COL 

Ou  conçoit  qu'il  doit  y  avoir  uue  faible  cohésion  entre  le  toit  et  l'arbre 
perforateur.  Cet  arbre  se  brise  au  moment  du  fardiau  et  alors  tombe. 
Gall.  kiocke,  b.-brct.  clok,  fl.  klok,  ail.  Glocke. 

Cloquelle.  s.  f.  clochette. 

Cloqiiette  de  graiigréne.  s.  f.  cloche,  ampoule  remplie  de  sérosité 
noirâtre.  Elle  est  quelquefois  l'indice  de  la  gangrène,  mais  le  plus  sou- 
vent n'est  qu'une  irritation  causée  par  l'eau  des  houillères. 

Cloisoi.  s.  m.  t.  de  maçon.  Petit  morceau  de  pierre  ou  de  brique 
pour  boucher  un  trou,  bouche-trou. 

Closnre.  s.  m.  prairie  close  de  haies  ou  de  murs  ||  Enclos.  N'est  pas 
inconnu  en  quelques  provinces  de  France. 

Cloache.  s.  f.  p.  soupe  au  lait  battu  avec  des  pommes.  Ail.  KIoss, 
boulette  de  viande.  Boulette,  comparée  aux  grumeaux  du  lait  battu. 

Co.  Les  beaux  parleurs  disent  cor.  conj.  encore.  ||  Subst.  coq.  Lés 
pouye  (glenne)  enn  doillé  gnié  canlcr  pu  haut  qu'  lés  co.  La  femme  ne 
doit  pas  l'emporter  sur  son  mari. 

Cocardeau.  s.  m.  violier  double,  espèce  de  giroflée,  mathiola  fe- 
nestralis. 

Cocher,  coclii.  v.a.  blesser.  (Borin.)  Ail.  quetschen,  holl.  kwetsen, 
lat.  quatere,  quassum,  meurtrir,  écraser.  En  Picardie,  écoacher.  A 
Namur  quachi,  à  Liège  quahi,  couper,  v.  fr.  esquachier. 

Cochure.  s.  f.  blessure  ;  à  Liège  couaheur,  blessure  légère. 

Cochonié.  s.  m.  M'' de  viande  de  cochon  ||  personne  sale,  dégoûtante. 

Cocoche  {momau).  blessure  insignifiante  (enfantin). 

Co  d'aoutt.  s.  m.  grande  sauterelle.  Littéralement  coq  d'août. 

Codar.  s.  m.  œuf  (enfantin)  ;  onomatopée. 

Cœur.  s.  m.  estomac.  Hr  cœur  tire. 

Coeur  honnête,  euphémisme  qui  signifie  pauvre. 

Cognet,  eougnié.  s.  m.  coin  ||  tranche  de  pain  en  forme  de  coin. 
Bas-bret.  guen,  coin  de  fer,  lat.  cuneus. 

Cognolle,  eougnoUe.  s.  f.  gâteau  de  forme  allongée  que  les  enfants 
reçoivent  à  Noël  et  croyent  tenir  du  petit  Jésus.  Lat.  cuneolus  ;  celto- 
bret.  cuign,  gâteau. 

Coî  (au),  à  l'abri,  au  —  du  veint  (Bor.).  Fr.  coit,  lat.  quietus. 

Cola.  s.  m.  pie,  corbeau. 

Colà-gerau.  s,  m.  geai. 


COL-COM  127 

Colau.  s.  m.  coq  I|  imbécille. 

Colaa-ponye.  s.  m.  idiot  :  Va-z-ein,  colau  pouye,  mener  tés  pouyes 
picher. 

Colée.  s.  ni.  collier  ||  collet.  V.  fr.  coler,  lat.  collum. 

Colidor.  s.  m.  corridor, 

Cœlo.  s.  m.  réprimande  ||  sermon.  On  peut  supposer  que  ce  mol  vient 
de  ce  qu'un  sermon  célèbre  commençait  par  Cœlo. 

Colophon.  s.  m.  colophane.  En  fr.  c'est  une  espèce  de  héron, 
V.  fr,  colophone,  lat,  colophonium. 

Combatte  {es),  v.  r,  se  débattre,  A  Liège  «'  kiballe  {ki==dé). 

Combiaii,  s.  m.  grosse  corde  pour  maintenir  le  foin  sur  les  chariots. 
On  peut  s'étonner  de  la  terrain,  law  qui  est  diniin,;  car  c'est  la  plus 
grosse  corde  connue  de  nos  paysans.  On  a  sans  doute  voulu  exprimer 
par  là  ce  qui  assure  le  comble  (cumulus).  Le  fr,  d'art,  combleau,  est  une 
corde  pour  la  manoeuvre  des  canons;  à  moins  qu'on  n'en  fasse  le  dimin, 
du  fl,  kabel  (cable)  que  beaucoup  de  fl,  prononcent  kobel. 

Comble,  eombe.  s,  m.  chevron,  soliveau  de  deux  pouces  et  demi 
environ  d'équarissage  ||  t,  de  charb,,  inclinaison  des  couches  de  houille. 
Au  fléuu  il  y  a  deux  inclinaisons  que  l'on  nomme  combe  du  nord  et 
combe  du  midi.  Ces  deux  inclinaisons  opposées  forment  véritablement 
une  vallée.  En  v,  f.  combe  signifie  vallée,  plaine  entre  deux  montagnes, 
en  bas-bret.combant,  vallon.  Davies,  dans  son  dict.  gallois,  le  décompose 
en  cwmm  vallis  et  pant  vallicula.  Gaël.  camb  et  com,  cambr.  k\vm,brz 
komb.  Ce  sont  les  beaux  parleurs  qui  disent  comble.  Les  Borains  disent 
comb. 

Combler,  v.  n.  mettre  les  combes  sur  un  toit. 

Comme,  y  pleut,  y  ramalit  — .  espèce  d'exclam,  terminale  pour 
exprimer  l'étonnement  de  ce  qu'il  pleut,  de  ce  que  le  temps  devient 
humide,  etc.  v,  ramali. 

Commerce,  s.  f.  Je  ne  donne  ce  mot  qu'à  cause  de  son  genre. 

Compagnon,  s,  m.  liclmis  des  jardins. 

Comparaitte.  v.  a.  comparer. 

Comparchouicr.  s.  m.  t.  de  prat.  copartageant. 

Compci'dure.  s.  f.  intelligence. /iwfdwr  de  —  il  a  l'intelligence  lente. 

Compreinte. V.  a.  comprendre. conjug.  comme printe:  comperdéc? 
comprenez-vous  ? 


128  CON— COQ 

Concours,  s.  m.  ressource,  recours  :  n'avoi  que  V  concours,  pou 
$''ain  sauver,  que  d\...,  n'avoir  d'autre  moyen  de  salul  que.... 

Condœuvre,  conducfe.  s.  ni.  confiture,  ce  qui  n'est  pas  croûte 
dans  inie  tarie,  un  pâté.  Lat.  ova  condita,  conditum  ovorum.  Certaines 
personnes  traduisent  par  condit.  Cela  n'est  pas  toujours  exact,  parce  que 
condit  est  une  confiture  au  miel  ou  au  sucre  et  quel  condeufe  peut  être 
au  fromage,  au  riz,  etc. 

Confanon. s.  m.  gonfanon  ougonfalon;  v.  ail.  kundiano,  étendard; 
V.  fr.  gondfanon  et  confanon. 

Confonde  (.s'),  se  morfondre. 

Conséquenee.  s.  f.  importance. 

Conséquent,  adj.  important. 

Constrainde,cou$traign,constrande.  v.  a.  serrer  ||  vexer.  De 
constringere  ;  les  Liégeois  n'ont  pas  conslrainde  (que  je  sache);  mais  ils 
ont  dislrainde,  déserrer.  Quoique  de  même  origine  que  le  fr.  contraindre 
il  n'en  a  pas  la  signif.,  il  veut  dire  presser,  serrer  (physiquement):  il  est 
conslran  deins  ses  solées.  Ses  souliers  lui  serrent  le  pied. 

Consulte,  consulte,  s.  f.  consultation. 

Conte,  contre,  adv.  auprès  :  léyer  Vporle  — ,  rtielle  et  porte  — ,  entre- 
bâiller, entr'ouvrir  la  porte,  ne  pas  la  fermer  complètement.  Germanisme, 
traduction  de  an  lehnen. 

Conte  de.  prép.  contre,  près  de.  conte  dé  U,  près  de  lui. 

Contois.  s.  m.  ruse,  batt  et  —  user  de  finesse  ||  concerter  ;  en  t.  d'ar- 
gol,  battre  comtois,  dissimuler,  faire  le  niais. 

Contraire,  s.  et  ad.  contrariant  :  faut-i  ette  ein  —  faut-il  être  d'hu- 
meur contrariante,  v.  fr.  harier,  importuner,  ail.  hârnen,  chagriner,  fl. 
harrewaren.  chicaner,  lat.  contrarius. 

Contrefaire,  conterfairc.  v.  a.  peindre,  faire  le  portrait;  ail. 
contcrfeien.  Cet  ail.  est  évidemment  emprunté.  A  qui?  probablement  à 
nous;  au  moins  je  n'ai  pas  connaissance  que  contrefaire  ait  jamais  été 
employé  en  ce  sens  par  les  Français. 

Contrefaisant,  s.  m.  oiseau  chanteur  qui  imite  les  autres,  espèce 
de  fauvette. 

Contremcinti.  v.  n.  mentir  en  accusant  de  mensonge. 

Côquenage.  s.  m.  beurre  et  fromage.  El  — dcnne  kierté  d'  raule 
monde. 


COQ— COK  H9 

Côqnier.  v.  a,  cocher,  exercer  le  coït;  en  Bouri^ogno,  caiiquer,  ||  cro- 
quer, briser,  v.  fr.  caucquier,  lat.  calcare. 

Coquiet.  s.  m.  petit  vase  pour  manger  les  œufs. 
Coquille,  s.  f.  petit  ronrf('//n.  v.  ce  mot. 

Corbisier,  corbusicr,  corbîsué.  s.  ni.  cordonnier.  Mol  aujour- 
d'hui à  peu  près  perdu.  A  INamur  coipcfi,  à  Liège  coipchi.  v.  Ir.  cor- 
douanier,  corvesier,  corvoisier.  bas-Iat.  corvesarius.  Ducange  parait 
avoir  fait  fausse  roule,  en  disant  :  qui  corio  veleri  uluntur.  11 
fallait  prendre  le  b.  lai.  cordebisus,  peau  de  Cordoue,  maroiuin;  d'où 
cordebisier  et  par  syncope  corbisier.  Cordonnier  a  la  même  origine  el 
ne  vient  pas  de  cordon  mais  de  cordouan,  cuir  de  Cordoue. 

Corde,  s.  f.  mesure  pour  le  bois  de  chaulfage.  Il  y  en  avait  plusieurs 
pour  le  Hainaut  :  la  corde  ordinaire  était  de  six  pieds  sur  5  bûches  de 
5  pieds  et  demi  =  2  stères  C5278  ||  t.  de  jeu  de  balle,  s,  f.  p.  lignes  qui 
déterminent  le  jeu. 

Cordelles.  s.  f.  p.  peinde  à  ses  cordelles,  être  toujours  pendant  à 
ses  côtés,  enfr.  petit  cordeau,  flani.  gordel,  ceinture. 

Cordiau.  s.  f. cordon.  Gall.,  armor.,  kordyn,  kord,  funis,  grec,  -/.opoa, 
lai.  chorda. 

Cordié.  s.  m.  t.  de  jeu  de  balle.  Joueur  placé  près  de  la  corde  du 
milieu. 

Corée,  s.  f.  mou,  nom  vulgaire  du  poumon  de  certains  animaux. 
Corette.  s.  f.  fruit  du  corellier. 

Coretle  utuchie.  nom  donné  dans  le  Borinage  au  jeu  de  climuselle. 
jVMc/t*e  el  musette  doivent  être  la  même  chose.  En  fr.  la  coretle  ou  co- 
rèle  est  la  spirée  du  Japon,  corchorus  Japonicus. 

Coretlier.  s.' m.  sorbier  des  oiseleurs,  sorbus  aucuparia.  A  Namur 
cori  est  le  coudrier,  du  lat.  corylus  el  on  nomme  sauvage  côrc  ou  corclle 
le  sorbier.  Noire  —  serait  donc  un  dimin.  de  coudrier,  v.  fr.  caurelte, 
gall.  côll,  grec  xopuXoi,  coudrier. 

Cornue,  s.  f.  tarte  grossière  de  forme  demi-circulaire. 
Corou.  s.  m.  boul,  morceau,  fin.  Ça  n'a  ni  queue  ni  coron,  cela  n'a 
ni  commencement  ni  fin.  Cela  n'a  pas  le  sens  commun.  Coron  est  namu- 
rois  el  liégeois.  On  le  trouve  dans  Froissart.  Gall.  cwr  ora,  linibus, 
coryn,  sunnnitas. 

Corporal,  coporal. s. m. caporal.  Ail.  Corporal.  Cet  ail.  est  emprunté. 


150  COR-COU 

Corrompe,  v.  a.  par  antiphrase  purifier,  améliorer,  corriger  ;  —  de 
i  iau  ave  du  vin,  du  brandçvin.  Couper  du  vin, aiguiser  l'eau  d'eau-de-vie. 

Corse,  s.  m.  corporation  des  bateliers;  corruption  de  corps. 

Cossette.  s.  f.  étui. 

Cossiau.  s.  m.  cosse,  s.  p.  pois  goulus.  AU.  Schote,  cosse,  Schoten- 
erbse,  pois  en  cosse,  bas-bret.  coss,  gousse,  pise  coss,  pois  en  cosse, 
plur.  cossou,  bas-lat.  cossa\ 

Cossonneresse.  s.  f.  revendeuse  de  légumes.  Ce  mot  vient-il  du 
précédent?  On  dit  à  Liège  colèresse,  qui  vient  de  cotiege,  jardin  à  lé- 
gume. Angl.  cottage;  en  Picardie  on  appelle  coconnier  ou  cocognier  le 
coquetier  qui  revend  des  poulets,  des  œufs.  v.  fr.  kok,  poulet,  bret.coc. 

Coslëresse.  s.  f.  galerie  principale  d'une  houillère  pratiquée  hori- 
zontalement, en  suivant  la  côte  ;  probablement  par  opposition  à  vau 
tiernc,  qui  va  de  vau  (val)  en  tierne  (v.  ce  mot),  c'est-à-dire  en  mon- 
tant. 

Cotcodrîlle.  s.m.crocodille  :  id''  colcodrille,)enx  brillants,  rouges. 

Colcoroco.  s.  m.  coquerico,  chant  du  coq. 

Coté,  {melle  de  — ),  serrer,  amasser,  thésauriser. 

Coite,  s.  f.  toison.  V.  fr.  cotte  pour  toison,  ail.  Kutte,  froc.  /  keurl 
lés  courte  colles.  Il  aime  le  cotillon,  les  grisettes. 

Couche,  s.  m.  cochon.  Couche-couche,  cri  des  porchers. 

Coucou,  excl.  cri  des  enfants  au  jeu  de  cache-cache  pour  annoncer 
qu'on  doit  chercher.  ||  faire  —  se  cacher,  ||  cacher  la  tête  (enfantin). 
Basq.  cuculcea,  se  cacher,  disparaître.  En  lat.  cucullus  était  un  capu- 
chon pour  se  cacher  la  tête.  Un  vers  de  Martial  annonce  que  ce  mot  était 
emprunté  aux  Gaulois  : 

Gallia  saulonico  vestil  te  bardocucullo. 

En  bas-lat.  cuculla,  capuchon  de  moine,  en  v.  fr.  cucul,  manteau  de 
voyageur,  capuchon,  cagoule,  robe  de  moine  cachant  la  tète  comme 
celle  de  nos  confrères  de  Miséricorde,  b.-bret.  kougoul,  manteau  gros- 
sier pour  se  préserver  de  la  pluie,  gall.  cwcwll,  corn,  cugol. 

Coucouche.-s.  m.  petit  cochon.  Namur  couché,  Liège  cosé,  patois 
d'Aix-la-Chapelle,  kùsch,  cochon,  v.  fr.  coche,  truie,  gall.  cwch,  bret. 
hoch,  grec  hus  (ù»),  lai.  sus. 

Couc,  kewé.  s.  m.  pot  de  terre.  Fr.  couvet,  chaufferette. 


cou-cou  131 

Cougnici*.  va  cogner.  ||  v.  n.  l.  de  jeu  de  courtaud,  lancer  le  cour- 
taud en  avançant  la  main.  Gougnté  en  liégeois  signifie  coudoyer. 

Couïassc.  s.  m.  imbécillc. 

Couïe.  s.  f.  mensonge.  Quée  —  !  ||  t.  de  charb.  cailloux  dans  la 
houille. 

Couïé.  s.  m.  gaillard.  —  d'  sée  adroit,  madré.  A  Liège  on  dit  eau  d" 
sai,  coup  d'essai.  N'cst-il  pas  à  croire  que  —  d'  sai  a  la  même  origine 
et  qu'il  signifie  proprement  gaillard  mis  à  l'essai,  éprouvé.  On  dit,  mais 
plus  rarement  ga  cV  sai. 

Couïon.  s.  m.  Coïon. 

Couïonnade.  s.  f.  mensonge.  Couïonerîe.  s.  f.  raillerie. 

Coiiïii.  s.  m.  cheval  entier. 

Coulant;  s.  m.  égout,  évier,  ruisseau  d'une  cour,  d'une  rue,  syno- 
nyme de  richol.  CMOulant  est  aussi  quelquefois  synonyme,  mais  tient 
plutôt  de  goulot,  extrémité  du  coulant. 

Couline.  s.  f.  halle  livrée  fort  bas.  ||  vesse. 

Coulisse,  s.  f.  mortier  fort  clair  que  l'on  verse  sur  la  maçonnerie 
pour  qu  il  pénètre  dans  toutes  les  cavités  et  les  remplisse.  En  fr.  rainure. 

Conlon.  s.  m.  pigeon,  v.  f.  ;  du  lat.  columha. 

Couluèfe.  s.  f.  couleuvre. 

Coumaincher,  couuiainchi,  kiuainsi.  v.  a.  commencer.  Bret. 
couniançz,  probablement  emprunté.  Diez  tire  commencer  decuminitiare. 

Coumère.  s.  f.  commère  ||  femme.  Cacher  à  — ,  vir  vollié  lés  — . 
A  Liège  kimcre. 

Counoitte.  v.  n.  connaître.  Lat.  cognoscere,  grec  v'""'^",  irl.  gnia, 
science,  sanscrit  g'na,  savoir.  JSos  counichons,  ej  counichois. 

Coupater  (croupe  à  terre).  Sale  farce  de  petits  polissons  :  quand 
ils  ont  affaire  à  quelqu'enfant  niais,  ils  lui  proposent  de  cacher  à  nids 
d'  — .  et  —  est  représenté  comme  un  oiseau  merveilleux,  mais  qu'on  ne 
peut  approcher  que  les  yeux  bandés  parcequ'il  cherche  à  aveugler.  On 
conduit  le  petit  nigaud  au  lieu  convenable  ;  à  un  signal  convenu,  il  porte 
la  main  à  terre  et  vous  sentez  ce  qu'il  saisit. 

Coupelle,  tonpclte.  s.  f.  iaîle,  sommet.  P«?i  d'  coupelle,  espèce 
de  pomme,  c'est  cin  pun  d'  coupelle,  c  ncst  gnié  pou  vo  bec.  C'est  trop 
élevé  pour  vous.  Les  Liégeois  disent  copette.  En  ail.  Kuppcl  signifie 
dôme,  en  v.  ail.  houbet  signifie  tête,  en  fl.  top  signifie  faîte,  sommet,  en 


15â  COU-COU 

ail.  moderne,  Haupt,  Kopf,  en  (1.  kop,  hooft  signifient  tête,  gall.  coppa, 
faite,  sommet,  basque  copa,  cime  d'un  arbre,  hébreux  goph,  plirygien 
cuba,  fr.  coupeau,  v.  fr.  couplel,  coppe. 

Coupille,  coiipîye.  s.  f.  goupille. 

Couquc.  s.  f.  petit  pain.  De  Tall.  Kuchen,  fl.  koek,  gâteau.  Les  Lié- 
geois donnent  ce  nom  au  pain  d'épice.  —  à  la  reine,  variété  de  — . 

Couqne,  conille,  couye  dé  noiinetle.  s.  f.  espèce  de  bonbon. 

Conque,  couille,  couye  dé  finisse,  s.  f.  pâte  cuite  à  l'eau, 
assaisonnée  avec  du  beurre  et  de  la  cassonnade. 

Couquéback,  coucabaque.  s,  f.  espèce  de  crêpe  que  l'on  prépare 
dans  des  échoppes.  C'est  le  synonyme  de  boucancouque,  mais  boucan- 
couqiie,  quoique  d'origine  bien  flamande,  n'est  pas  connu  à  Bruxelles, 
tandis  que  koukébak  y  est  fort  en  usage.  J'ai  souvent  demandé  à  des 
Flamands  l'explication  de  ce  mot  et  tous  m'ont  répondu  que  c'était 
conque  cuite  (gebakken).  Lorsque  je  leur  objectais  d'une  part  que  toutes 
les  conques  possibles  étaient  cuites  et  que  d'autre  part  il  Aiudrait  inter- 
vertir les  mots  pour  suivre  les  règles  flamandes  et  dire  gebakken  koek, 
ils  ne  savaient  que  répondre  ;  mais  on  peut  invoquer  un  gebak  qui  si- 
gnifie pâtisserie  et  alors  on  est  en  règle,  on  a  couquc-pâlisserie. 

Courî.  V.  n.  cj  heur. 

Course,  s.  f.  ordinairement  pi.,  intérêt  d'argent,  revenu.  Mette 
se  yar  à  — . 

Courtau,  courtiau.  s.  m.  boule  de  terre  cuite,  chique,  marbre  |j 
jcud'  — .  Uyena  de  diverses  espèces:  lincheauyar,  loisànousqualleà 
nous,  aller  d'  six,  etc.  Ail.  Gurke,  concombre,  fr.  gourde,  courge; 
Koulourdren,  plur.  koulourdrennou,  courge,  gourde  en  b.-bret.,  eucur- 
bita  en  lat.  v.  cahoule.  La  comparaison  de  forme  ne  laisse  rien  à  dé- 
sirer, il  n'en  est  pas  de  même  de  celle  de  volume.  Je  rappelcrai 
toutefois  que  l'on  donne  le  nom  de  bôme  (bombe)  à  un  —  très  peu  plus 
gros  que  les  autres;  d'ailleurs  iau  est  un  dinj.  monlois  {buse,  busiau,  moye, 
muyau),  v.  iau. 

Courléressc.  s.  f.  pénurie,  manque,  insuflisance. 

Courtil,  courts,  cortî.  s.  m.  verger.  Vos  repasserez  pa  no  corli, 
locution  de  menace  signifiant  :  je  saurai  vous  retrouver,  j'aurai  occa- 
sion de  revanche.  — est  un  v.  mot  fr.  En  b.-lal.  curtile,  coriillum,  basq. 
gorlea,  bret.  cor,  cort,  angl.  court,  ital,  corte,  enclos,  lat.  hortîis,  gr. 


COU-CRA  i35 

yôp-zoi,  jardin,  lat.  cliors,  cors,  cour  de  ferme,  ctable  à  bœufs.  II  est 
évident  que  la  provenance  immédiate  de  —  est  le  b.-lat.;  mais  ensuite? 
Si  on  adopte  la  règle  de  Diez,  pas  d'hésitation  :  il  faut  accepter  le  lat., 
malgré  la  différence  de  signification,  et  admettre  que  le  bret.,  le  basq., 
l'angl.  proviennent  aussi  bien  que  l'ital.  soit  du  b.-lat.,  soit  même  du 
V.  f.  Si  Ton  prend  égard  à  la  tendance  à  latiniser  les  mots  locaux  déjà 
signalée,  on  pourra  admettre  que  le  b.-lat.  a  été  forgé  dans  la  Gaule.  On 
ne  puisait  pas  moins  dans  le  v.  langage  german.  Voici  quelques  mots 
de  source  tudesque  arrivés  au  fr.  par  le  b.-lat.  : 

Scura,  skiura,  =  scuria,  =  écurie. 

Smalljan,  =  smaltum,  ==  émail. 

Slront,  ==  stronlus,  =  étron. 

Quakele,  =  quaquila,  =  caille. 

Je  pourrais  grossir  considérablement  la  liste. 

Coiisse.  s,  m.  cousin. 

Coutancc.  s.  f.  dépense,  frais,  valeur,  prix.  V.  fr.  constance. 

Couinre.  s.  f.  division  dune  commune  rurale,  désignation  de  si- 
tuation d'un  champ.  Le  nom  de  chaque  —  est  le  plus  souvent  dû  au 
genre  de  végétaux  qui  y  croissait,  avant  qu'elle  l'ut  tout  entière  livrée  à 
la  culture  :  couture  d'aulnoi,  du  qucsnoi,  du  jonquoi,  du  gcneslroi,  du 
frasnoi.  Le  mot  provient  sans  doute  d'une  corruption  de  culture,  v.  fr. 
costure. 

Couverte,  s.  f.  couvercle.  Y  7ia  si  laid  pot  qui  «'  trouve  es  — .  la 
plus  laide  femme  trouve  un  mari  ||  couverlure. 

Coyer,  keiiyes*.  v.  a  cueillir.  Au  village  coycr  signifie  aussi  récol- 
ter. —  pelote,  faire  la  récolte  de  pommes  déterre.  Lat.  colligere. 

Coyeite  (à  s'),  en  particulier,  à  son  aise,  en  secret,  entr'  amis  :  ain 
mariache  par  amourette,  on  s'ain  r'pinl  tout  à  s'  coyeite.  On  se  repent 
tout  à  l'aise  d'un  mariage  d'amour.  V.  fr.  quocte,  tranquillité,  repos. 
Quieute,  lit  de  plume,  lat.  quietus. 

Cra,  crache,  adj.  gras.  Par!er  —  tenir  des  propos  obscènes,  v.  fr. 
cras,  lat.  crassus,  épais.  Elle —  assez  dé  :  être  assez  satisfait.  Elle  sara 
crache  assez  dé  rpreinde  ess  galant.  Dieu  heureuse  de  reprendre  son 
amant  rebuté.  On  dit  en  fr.  :  en  serez  vous  plus  gras? 

d7 


I5i  CUA-CKA 

Cra-cu.  s.  m.  {acoir  el).  avoir  une  inflaininaliou  eiilre  les  fesses, 
une  écliauU'aisoii,  un  enlrefesson, 

t^ra-bouyau.  s.  m.  rectum. 

Crabot.  s.  ni.  l.  de  ch.  Boilc  où  Ton  dépose  les  bouts  de  chandelles  || 
boîte  aux  allumettes.  C'est  souvent  un  sabot  troué.  De  là  peut-être  son 
nom,  peut-être  aussi  de  cra  -\-  ho. 

Crache,  s.  f.  graisse. 

Crache  niaronc.  s.  m.  charcuiter. 

Craché,  s.  m.  lampe  de  terre.  Les  archives  du  nord  de  la  France 
el  du  midi  de  la  Belgique  font  dériver  ce  mot  du  ludesque  krachen,  pé- 
tiller. Nous  croyons  plus  naturel  de  le  faire  provenir  de  crache,  v.  plus 
haut.  Bal  au  —  bal  du  plus  bas  étage. 

Cracher  feu.  lancer  du  feu,  des  étincelles.  Traduction  littérale  de 
l'ail,  feucr  speien. 

Cracholîé.  s.  m.  épicier,  v.  grcssié. 

Crachoulé,  elle.  adj.  et  subst.  sale,  malpropre. 

Craintisc.  s.  f.  timidité. 

Crainion.  s.  m.  crémaillère.  Bas-Iat.  crammale;  brel.croumal,  anse, 
V.  fr.  cramai,  bourguign.  cramail;  néerl.  kramm,  croc  de  fer. 

Cran  renforcé,  locution  qui  se  trouve  dans  les  anciens  actes  et 
qui  signille  que  l'on  s'oblige  au  besoin  à  donner  des  nouvelles  garanties. 

Crâne,  s.  el  adj.  propre,  élégant,  fier.  En  fr.  subst.  seulement, 
écervelé,  tapageur, 

Cranerîe,  s.  f.  élégance  ;  en  fr.  témérité. 

Crape.  s.  f.  crabe  ||  grappe.  ||  croûte,  croûte-laiteuse,  pellicules  qui 
se  détachent  du  cuir  chevelu,  des  dartres  sèches.  V.lr.  grappe,  ulcère  qui 
se  sèche.  Ce  mot  vient  peut-être  du  il.  krap,  égralignure  à  cause  de  la 
croûte  qui  en  est  la  suite;  mieux  de  skrapsel,  raclure. 

Crapé,  ée.  adj.  couvert  d'un  enduit  d'ordure,  v.  fr.  grappeux,  sale. 

Craper.  v.  a.  enduire  d'ordures. 

Crapion.  s.  m.  grapillon.  liai,  grappo;  ail.  Grapp  et  Krape,  garance. 
Il  est  remarquable  que  quand  il  existe  deux  formes  gcrm.,  souvent  le 
fr.  en  adopte  une  et  nous  l'autre;  on  a  déjà  pu  noter  celte  singularité 
à  l'art,  blcffe.  On  aura  plus  d'une  fois  encore  occasion  de  renouveler 
l'observation. 

Craquelin,  s.  m.  airelle,   myrtille,  vaccinium  myriillus;   en  fr. 


c:nA— CKI  155 

pâtisserie  qui  croque,  crabe  qui  a  quitté  son  tesl,  etc.  Le  mot  liégeois 
caqticlinche  peut  aider  à  trouver  l'origine  de  craquelin  {hahe  l'inche), 
(l'encre).  On  peut  contester  le  mérite  de  celte  explication  donnée  par 
M.  Grandgagnage  et  se  retourner  sur  le  patois  fl.  de  Bruxelles  :  là  le 
myrtille  se  nomme  croquebase  et  on  retrouve  crakebeys,  dans  les  horai 
belgicne.  Or,  dans  les  langues  germaniques  on  ajoute  à  tons  les  mots  de 
l'espèce  :  fraises,  framboises,  groseilles  le  mot  qui  traduit  baie  (en  ail. 
iJeer,  en  vrai  flamand  bezie,  en  patois  bruxellois  baze).  Dépouillé  de  ce 
mot  additionnel,  crokébase,  crakebeys  deviennent  crok,  crak,  dont  le 
dimin.  est  crokelln,  crakelin  (ex.  rond'èlin,  crollclin). 

Craspeu.  s.  et  adj.  ladre,  vilain.  FI.  krapsel,  raclure,  schrapen, 
racler. 

Craiàtinoui,  cravhctinoiunie,  crache  luatincc  (faire),  se  lever 
lard.  Lat.  crastinum. 

Crauyc.  s.  f.  craie. 

Crayon,  s.  m.  màcbefer,  bouille  vitrifiée,  etc.  La  scorie  est  un  pro- 
duit volcanique  ou  une  substance  vitrifiée  nageant  au-dessus  des  métaux 
londus;  ce  n'est  donc  pas  précisément  un  synonyme  de  màcbefer.  Liège 
vrahai,  dialecte  d'Aix-la-Chapelle  krei,  mâchefer,  irl,  creug,  pierre. 

Crcauie,  créyattle.  digne  de  foi,  croyable. 

Crecher,  cre.sscr.  v.  n.  croître,  augmenter  (Bor.).v.  fr.  creistre, 
crcslre,  arm.  kreski,  kriski,  lat.  crescere. 

Crechoai,  cruchon,  s.  m.  boni  accordé  aux  marchands  de  char- 
bon. 

Crémone,  f.  f.  ferraille  pour  la  fermeture  des  fenêtres,  espagno- 
lette. 

Oener  (s),  se  gercer,  se  fendiller,  v.  crin. 

Crepo.  s.  f.  crête. 

Crepîau,  cripiau.  s.  m.  souricière.  Bas-bret.  griped,  pluriel  gri- 
pedou,  piège,  goth.  greipan,  ail.  greipen,  saisir,  attraper,  prendre. 

Crever,  v.  kervcr. 

Crevwre,  kervure.  s.  f.  crevasse  de  la  peau,  gerçure;  combinaison 
de  crevasse  et  de  gerçure. 

Crîchon,  cruchon,  s.  m.  l,  de  ch.  surcroit,  excédant  de  mesure, 
V.  -surjet. 

Crin.  s.  m.  feule,  crevasse,  ouverture;  crin  del porte.  \\  t.  decharb. 


156  flRI— CRO 

lieu  où  la  mine  est  brisée  par  un  affaissement  du  terrain.  En  ce  sens 
crain  est  devenu  français.  Fr.  cran,  armor.  kran,  ail.  Krinne,  bas-lat.  et 
ilal.  crena.  Pline  est  le  seul  lat.  qui  se  serve  du  mot  crena. 

Criqiielion,  criqiiion.  s.  m.  £;rillon,  criquet  ||  personne  maigre, 
délicate,  chélive.  FI.  krckel,  i^rillon,  holl.  kriok,  de  krieken,  craqueler, 
cym.  cricell,  lat.  i];rillus. 

Croche,  crosse,  s.  f.  instrument  armé  d'un  fer  pour  jouer  au  jeu 
du  même  nom. 

Croclier,  crosscr.  v.  n.  jouer  al  croche.  A  Liège  crawé,  craiiwé. 

Crocheite.  s.  f.  béquille.  FI.  kruk,  béquille,  v.  ail.  chrucka,  étai, 
appui,  b.-lat.  croca,  bâton  d'estropié,  potence,  b.-bret.  crok,  gall.  crog 
suspcndium,  suspensio,  v.  fr.  et  liégeois,  cros,  béquille. 

Croclielcr.  v.  a.  pousser  en  glissant  sur  la  glace.  Crocheter  est 
fr.  quand  il  signifie  ouvrir  avec  un  crochet.  En  liégeois  un  crokelcu  est 
un  chicaneur. 

Crochon.  s.  f.  t.  de  charb.  ligne  de  séparation  entre  les  droits  et  les 
plats,  à  cause  du  brisement  de  la  mine  qui  est  croquée  (brisée). 

Croisé,  s.  m.  t.  de  boucher,  côte  de  bœuf. 

Croîseltc,  crostgeKe,  crcuzeiïc.  s.  f.  alphabet  en  tête  duquel 
se  trouve  une  petite  croix.  Lat.  crux,  ail.  Kreutz,  holl.  kruis. 

Croix,  s.  m.  deux  lustres,  dix  ans  ;  à  cause  que  le  chiffre  romain  dix 
se  représente  par  une  croix. 

Crolie.  s.  f.  boucle  (de  cheveux),  frisure  ||  s.  f.  p.  copeaux.  Flani. 
krol  qui  a  les  mêmes  significations. 

CroIIé.  adj.  crépu,  frisé, 

Croller.  v.  friser. 

Crouibir,  croiubi.  v.  a.  courbe,  plier,  fléchir. 

Cronibissage.  s.  f.  action  de  crombi,  état  de  ce  qui  est  crombi. 

Crouii>issHre.  flexuosilé,  courbure. 

Cronipir.  s.  m.  pomme  de  (erre.  Beaucoup  moins  usité  que  petolc 
(v.  ce  mot);  on  s'en  sert  surtout  pour  désigner  les  pommes  de  terre  de 
forme  longue.  Très-usité  à  Liège.  Ali.  Grundbirn,  holl.  grondbeer,  poire 
de  terre. 

Cron.  s.  et  adj.  bancroche,  tortu,  de  travers,  tortueux.  /  n'y  a  gnié 
après  cin  —  pou  vouloi  couri.  Ail.  Krumm  crochu,  tortu,  Krûmme, 
courbure,  krùmmen,   krumbiegen,  plier,  courber.  Flam.  krom.  11  est 


CRO-CU  157 

remarquable  que  le  v.  ail.  écrive  crunip;  le  B  el  le  P  se  confondant 
dans  les  langues  du  nord,  le  V.  crombi  a  pu  s'en  former,  bas-brel. 
croumm,  courbé,  crochu,  gall.  crwnmi,  curvus,  recurvus.  Selon  Die- 
fcnbach  et  Piclet,  la  racine  primitive  est  le  sanscrit  crunc,  être  courbé. 

Croquant,  s.  m.  cartilage. 

Croque,  s.  f.  t.  de  jeu  de  courliau.  Bayer  cnnc  —  atteindre  la  bille. 
Le  mot  employé  seul  en  manière  d'interjection  annonce  qu'on  vise  cl 
courliau.  Figur.  coup,  chiquenaude,  atteinte.  Croc  est  du  langage  fr. 
familier  :  cela  fait  croc  sous  la  dent  (Acad.).  —  est  l'impér.  du  verbe 
bret.  creghi,  attraper,  saisir,  accrocher,  de  sorte  que  quand  nos  enfants 
disent  — ,  c'est  comme  s'ils  disaient  :  attrape. 

Croque-gaye,  cpoque-noujette.  s.  m.  casse-noix,  casse-noisette. 

Croquer,  v.  n.  et  a.  donner  n'  croque.  ||  briser. 

Crotte  ou  crotte  de  braiii.  excréments  durcis.  —  à  vos  deinl  ! 
manière  brutale  de  refuser,  répondant  à  rbéroïque  et  ordurière  exclama- 
tion de  Cambronne  que  l'on  a  noblement  el  poétiipiement  traduite  par  : 
la  garde  se  meurt  et  ne  se  rend  pas.  —  dé  biirue.  appellation  d'amitié. 
Kiliaen  dit  que  le  11.  krolle  vient  du  fr.;  mais  il  y  a  en  fl.  kiot,  boule. 
Ail.  Kolb,  l)oue,  lat.  crusta,  croule. 

Crottëlin.  s.  m.  petite  boule  formée  d'excréments  durcis  laquelle 
reste  attachée  aux  poils  qui  environnent  l'anus.  Crottin  n'a  pas  la 
même  signification,  il  se  dit  seulement  des  excréments  durcis  des  che- 
vaux, moutons. 

Croupe-cinde.  s.  m.  demi-cercle  en  fer  ou  en  cuivre  pour  arrêter 
les  cendres.  Fig.  personne  casanière,  qui  ne  quitte  pas  le  coin  du  feu, 
qui  croupit  dans  les  cendres. 

Crouper.  v.  n.  croupir,  slagner.  Dé  Viau  croupanlc. 

Cru,  crue.  adj.  humide,  mouillé.  En  fr.  vert,  qui  n'est  pas  cuil. 
Cru  est  employé  par  Froissart  dans  le  sens  d'humide.  A  Namur  on  dit 
crueu,  à  Liège  on  dit  cruoM.  \ 

Cruesse.  s.  f.  humidité. 

Cu  {avoir  ça  à  s),  perdre  au  jeu.  peler  pti  haut  que  s'  eu,  avoir  plus  de 
prétention  que  de  mérite.  Cu  d'  zeur,  cu  d"  zous,  sens  dessus  dessous. 
Ça  va,  ça  vie  comm  el  cu  d'  ein  vieux  gvnu.  Il  y  a  des  alternatives  de 
bien,  de  mal,  de  froid,  de  chaud.  Ccsl  comm  Vliomme  qui  rake  au  cu 
dé  s'  kévau,  ça  n    fail  nie  d'bic,  ça  n'  [ail  nie  rf'  mau.   Faire  danser 


158  CUE— CUR 

sur  r  —  du  four.  Se  dil  d'une  cadette  qui  se  marie  avant  son 
aînée. 

Ciicfe,  cueve.  ind.  du  v.  couvri.  On  trouve  cuevrenl  pour  couvreul 
dans  l'ouvrage  du  sire  de  Joinville,  qui  se  croisa  avec  St  Louis. 

Ciier.  s.  m.  cœur.  V.  fr.  cuer,  quoer. 

CufrtI,  ciifar.  s.  m.  grande  tonne  par  laquelle  on  amène  la  houille 
du  fond  de  la  mine  au  jour.  Liégeois  cow/VirfejV.  ail.  cliuolTa,  ail.  moderne 
Kufe,  cuve.  lat.  cupa.  Ce  mot,  aujourd'hui  spécialisé,  a  du  avoir  cours, 
dans  le  patois  usuel,  pour  désigner  généralement  une  grande  cuve  ;  car 
quand  on  a  commencé  à  tirer  la  houille,  la  désinence  en  a  avait  disparu 
depuis  plusieurs  siècles.  Le  lat.  cupa  était  devenu  coupe,  lev.  ail.  était 
devenu  Kùfe,  KiiheLKûpe. 

Ciiac.«9!Mes.  village  du  Hainaut.  Peut  être  du  v.  fr.cuens,cuems,  comte. 

Ciiinche,  coinche.  s.  m.  gamin.  Vcux-tu  d'aller,  sale  —  pars, 
vilain  gamin, /lr^o(  d'  —  t.  de  jeu  d' courliau.  irrégulier,  de  travers. 
Fr.  guinguois,  il.  schuinsch,  v.  nord,  kingr,  oblique,  v.  fr.  guenche, 
déviation,  tromperie,  fr.  de  technol.  guinche,  outil  de  cordonnier. 

Ciiilic.  s.  f.  cuite. 

Culot,  s.  m.  coin.  Les  significations  fr.  de  ce  mot  sont  nombreuses  : 
il  désigne  le  dernier  né  d'une  famille  de  petits  animaux,  d'une  couvée, 
le  dernier  reçu  d'une  compagnie,  le  bout  inférieur  d'une  lampe  suspen- 
due, etc. 

Curage,  curache.  s.  m.  action  de  curer. 

Curer,  v.  n.  étendre  le  linge  sur  l'herbe  pour  le  faire  blanchir.  Es" 
pagnol  curar.  v.  recurer. 

Cureur,  eurcu.  s.  m.  blanchisseur.  En  fr.  nettoyeur  d'un  puits. 

Curlau,  eruau,  cruyiau,  eriau.  s,  m.  mauvaise  herbe.  On  peut 
chercher  l'origine  de  ce  mol  dans  le  fr.  curer,  dans  le  latin  crescerc, 
croître  ou  l'ail.  Kraut,  herbe.  Les  Liégeois  nomment  les  sarclures  krou- 
tren.  V.  fr.  cuauldre,  faire  la  récolte.  M.  Grandgagnage  dit  qu'en  ail. 
kraulen  signifie  sarcler,  c'est  possible.  Je  ne  connais  pas  ce  mot. 

Curîauder.  s.  f.  sarcler. 

Curiaudeuse.  s.  f.  sarcleuse. 

Ciirîe.  s.  f.  femme  dégoûtante.  V.  fr.  corie,  lat.  corium,  cuir;  qui  ne 
vaut  que  le  cuir.  A  Liège  curcie,  charogne.  On  dit  de  même  piau.  Le 
lat.  scortum  signifie  à  la  fois  peau  el  prostituée. 


CUR— DAM  159 

Ciîroir,  ciiroi.  s.  m.  blauchisserie  ou  blanchérie.    En   fr.  bùlon 
pour  nettoyer  la  charrue  de  la  terre  qui  s'y  attaclie. 
Cutourniaii.  s.  m.  culbule.  Usité  à  Maubeuge,  comme  à  Mons. 
divelle.  s.  f.  cuvelte,  cuveau. 
Cuvelol,  cuvlo.  s.  m.  cuveau,  baquet. 

D 

D  se  change  quelquefois  en  T  :  prcinle,  T  en  D  :  cindamcr. 

D'  remplace  le  pronom  en  quanti  il  est  suivi  d'une  voyelle  :  ej  d'ai  miè. 
J'en  ai  mangé.  Quelquefois  on  fait  pléonasme  et  on  dit  :  /  cin  d'ai  yen, 
j'en  ai  eu,  ell  ein  d'à,  elle  en  tient,  elle  est  enceinte. 

Da.  particule  employée  pour  affirmer,  promettre,  recommander,  or- 
donner. Y  fauv"  ni,  da,  il  faut  venir.  En  fr.  on  n'emploie  guère  da 
qu'avec  oui  :  oui-da. 

Daeliellc.  v.  tacitelle. 

Oadiar,  dadlcii,  dadlol.  s.  et  adj.  babillard,  bavard,  censeur. 
Ail.  Tadier,  censeur,  qui  critique,  dahlen,  babiller,  gall.  dadi,  conlro- 
versia,  lis,  contentio,  dadieu,  litigare.  b.-bret.  dacl,  contestation. 

lïadlcp,  v.  n.  critiquer  ||  manier,  tâter,  surtout  les  aliments  :  n'vWnes 
gnié  co  dadler  mes  grouscycs. 

D'  allage  («).  en  train,  en  marche,  en  danse. 

D'  aller,  g^ain  d'aller,  v.  très-irrég.  /  m'  ain  va,  no  d'allon,  no 
sain  dallon.  No  d'  alline,  f  rf'  irai,  d'allon,  d'  allonnel  que  f  vasse, 
vausse,  aye,  que  f  rf'  allisse,  vaiisisse,  s'en  aller,  partir.  Jene  dis  pas  tout 
et  j'omets  les  nombreuses  variantes  des  villages.  Rabelais  disait  deualler. 

Conformément  à  une  règle  de  grammaire  générale,  ce  sont  les  verbes 
les  plus  usités  qui  sont  les  plus  irréguliers;  conformément  à  une  loi  des 
patois,  ce  sont  ceux  qui  varient  le  plus  de  commune  à  commune.  Quand 
j'apprenais  l'ail.,  je  m'indignais  contre  un  peuple  qui  semblait  l'avoir  fait 
exprès,  pour  gêner  les  étrangers,  de  rendre  dilïiciles  justement  les  verbes 
qui  reviennent  le  plus  souvent;  cela  provient,  dans  toutes  les  langues,  de 
ce  que  les  verbes,  à  force  d'être  répétés,  s'usent  en  quelque  sorte  et  oni 
besoin  de  recevoir  une  nouvelle  empreinte. 

Daiua.  s.  m.  julienne  de  Damas,  fleur.  En  fr.  étoffe  de  soie  à  fleur, 
prune,  acier  très-fin  (sabre  ou  lame)  venant  de  Damas, 


liO  DAM— DÉB 

n.tina^e.  dommage.  ||  On  donne  encore  ce  nom  à  une  partie  de  ter- 
rain oniouranl  une  liouillère.  V.  fr.  damage,  b.-lat.  damagium  et  dam- 
nagium.  lat.  damnum. 

Dande.  roseau.  (Masnuy). 

BïaiidiBic.  s.  f.  volée. 

BBangei'  {gnia  pas  cV),  «langie,  dantgie.  il  n'y  a  pas  de  mal,  c'est 
mérité.  Avoi  —  avoir  besoin.  Quand  enne  fiije  na  qnié  —  (V  ein  homme, 
iliomme  na  gnié  danger  d'elle.  B.-lal.  dangerium.  — a  eu,  en  v.  fr.,  la 
signilication  de  dommage,  damnum. 

Bdangercux,  dandjcren,  daesdicreu.  adj.  probable.  Peu  usité  à 
Mous,  mais  beaucoup  aux  environs.  11  est  aussi  adv.;  si  l'on  demande  : 
vcrrce?  viendrez-vous?  on  répond  :  dangereux,  probablement.  On  peut 
aussi  répondre  :  hazard. 

Oank.  merci.  En  ail.,  fl.,  holl.  danken  signifie  remercier. 

Danse,  s.  f.  volée. 

Dard.  s.  m.  aiguillon,  épine. 

Darder,  arder.  v.  n.  s'élancer,  Tondre  impétueusement  comme  un 
dard.  A  Liège  daré,  rfaure.Gall.,  armor.  dart,  telum,  jaculum.  ags.  daroth. 

Dame.  s.  f.  chasse  de  nuit  aux  oiseaux  (vers  Ath)  :  cinvomjer  à  — 
envoyer  se  promener,  se  débarrasser  d'un  auditeur  gênant.  A  Mons  où 
l'on  ne  connaît  pas  —  on  dit  einvouycr  à  rue,  su  V  rue.  Yoilà  comment 
le  wallon  s'altère  et  se  perd.  A  Liège  cori  al  dahir,  dauhir,  courir  ça  et 
là,  fréquenter  les  mauvais  lieux.  V.  fr.  derroi,  déroute,  desruer,  égarer, 
détourner;  lorrain  daurne,  adaurné,  adarlé,  étourdi. 

D^avoi,  d'avoir,  verbe  très-irrég.  en  avoir,  y  en  avoir.  Y  d'à  signifie 
il  en  a,  il  y  en  a,  le  but  a  été  atteint.  Le  D  se  supprime  dans  quelques 
circonstances  :  a-l-y  des  geins  bielle  assez  pou  croire  à  ces  conles-là. 

Daye  (à),  à  gauche.  Dia  en  fr.  signifie  gauche,  selon  l'Acad.,  droite, 
selon  le  dict.  de  Trévoux.  Gall.  armor.  deau,  dexter,  irl. -écossais  deas, 
sanscrit  daxa. 

Dazctle.  s.  f.  d.'.zot.  s.  m.  dent  (enfantin). 

Débagager,  dcbaguer.  v.  n.  déménager.  V.  fr.  bague,  baguer 
(empaqueter),  bas-lat.  baga.  Le  liégeois  a  le  simple  bagué.  M.  Grand- 
gagnage  lui  donne  l'étymologie  gaélique  de  bac  (impedimentum),  ancien 
Scandinave,  baqqi,  fardeau,  bagn,être  encombrant,  embarrassant.  Il  fait 
observer  à  ce  sujet  qu'il  n'y  a  guère  d'étymologie  celtique  qui  n'ait  un 


DÉB— DÉB  U\ 

correspondant  germanique,  mais  qu'il  n'y  a  pas  réciprocité,  c'est-à-dire 
que  souvent  la  racine  german.  seule  existe.  Le  premier  fait  s'expliquerait 
par  cela  que  les  deux  familles  ont  une  origine  commune  et  le  second  en 
ce  que  les  dialectes  parlés  par  les  Celtes  belges  et  gaulois  ont  laissé  une 
famille  moins  nombreuse  que  les  dialectes  franks,  en  même  temps  que 
cette  famille  nous  est  devenue  étrangère  depuis  un  grand  nombre  de 
siècles. 

Débarté.  adj.  et  s.  égaré,  en  désordre,  désorienté,  V.  fr.  débareter, 
décontenancer,  vaincre,  dissiper,  affliger.  Débarelé  viendrait-il  de  sans 
barelle?  barliau  serait-il  dans  le  même  cas?  On  connaît  les  locutions 
mettre  sa  barrette  de  travers,  la  jeter  par  dessus  les  moulins. 

Débatte,  débattre,  v.  a.  t.  de  jeu  de  courlaud;  quand  on  dit  : 
je  V  débats  c'est  comme  si  on  disait  :  si  j'abats,  le  coup  sera  réputé  nul. 
Si  fai  slici  f  débals  Vautle  croque  et  déba  yard. 

Débattu,  s.  m.  matière  fécale. 

Débaucher,  v;  a.  désoler. 

Déberdouiller.  (se).  Ce  verbe  picard  qui  signifie  se  dépêtrer,  n'est 
pas  de  notre  patois  (que  je  sache).  Je  ne  le  donne  que  pour  montrer  la 
filiation  des  patois.  Il  est  assez  curieux  que  les  Picards,  à  leur  tour, 
n'aient  pas  notre  subst.  berdouye.  v.  ce  mot. 

Déberlafé.  adj.  ayant  une  balafre  1|  débraillé. 

Débéyé.  adj.  qui  ne  serre  pas.  v.  beyer. 

Débiller,  debîyer.  v.  a.  déshabiller.—  en  fr.  signifie  détacher  les 
chevaux  du  trait. 

Débîser,  dëbîsî.v.  a.  peu  usité,s'—v. pronom,  très-employé. Irriter, 
être  irrité  par  la  bise.  Se  dit  de  lerythême,  de  la  rougeur,  des  gerçures 
que  le  froid  produit  sur  la  peau.  Namurois  disbiji,  v.  ail.  pison,  v.  biser. 

Déblaye,  s.  m.  désordre  ||  malpropreté.  Figure  tirée  du  mot  fr.déblai. 

Débloquer,  v.  a.  faire  sortir  du  bois.  En  fr.  faire  lever  le  blocus. 

Déblouke  {al),  autant  que  possible  ||  de  toutes  ses  forces  1|  bride 
abattue  (Borinage).  v.  blouk. 

Débouler,  v.  n.  rouler,  filer,  partir. 

Débouloter.  v.  n.  et  a.  dérouler,  développer. 

Débouziner.   v.  n.   sortir  précipitamment  ||  s'élancer  ||  déguerpir 
Il  jaillir.  V  skille  que  ça  U  débouzine,  il  :ï  une  diarrhée  violente.  V.  Bou- 
sie,  Bousin,  Rabouziner. 

i8 


142  DÉB— DÉF 

Débroquc,  desbroki.  adj.  détraqué.  ||  brisé.  ||  démonté  :  cnne 
kéyëre  — .  Est-ce  l'ail,  brechen,  gebrochen,  rompre?  n'est-ce  pas  plu- 
tôt le  contraire  d'embroché? 

Débruisié,  débrisi,  dbrisi.  (Bor.)  v.  fr.  débruiser.  A  Mons  on 
dit  dêbriscr. 

Décafotcr.  v.  a.  défaire  cl  cafotin. 

néclaqucr,  desclasquîer.v.  a.  décharger,  décocher,  lancer.  V.  fr. 
décliquer, 

Dccliiré^  s.  f.  échappée. 

Déchokter.  v.  a.  dédosser,  diviser,  séparer  les  touffes  des  racines, 
éclater,  œilletonner.  V.  choque. 

Décrottoir,  décrottoi.  s.  m.  lame  de  fer  placée  près  des  portes 
pour  ôter  la  boue  des  souliers.  En  fr.  brosse  pour  décrotter. 

Dédans,  dédain,  d' dain.  prép.  dans.  {V — )  s.  l'intérieur.  Mede  — 
tromper. 

Dëdée.  v.  n,  promener,  (enfantin). 

Dédef.  s.  f.  Marie-Josèphe. 

Défacher.  v.  a.  ôter  les  fachots.  V.  ce  mot.  Se  défàcher  est  fr., 
il  signifie  s'apaiser. 

Défalismain  del  leunne.  décours  de  la  lune.  Fr.  faillir,  ail.  fallen 
tomber,  lat.  deficere.  On  dit  aussi  defayance  et  descréchance. 

Défanliler.  v.  a.  éfaufiler. 

D'  effé  {comme),  en  effet. 

DéGcliant.  adj.  contrariant,  tourmentant. 

Défigurer,  v.  a.  refuser,  nier.  Ne  s'emploie  guère  qu'avec  une  né- 
gation :  on  »'  peu  gnié  défigurer  que  sC  enne  belle  fiye,  on  ne  peut  con- 
tester la  beauté  de  cette  fille.  Ce  verbe  est  plus  usité  au  Borinage  qu'à 
Mons. 

Définition  [del  balle),  conclusion,  décision  (du  jeu  de  balle),  V,  fr. 
defllner,  mettre  à  fin. 

Définisseniain  {su  V).  vers  la  fin. 

Défouttre,  défoutte.  v.  a.  etpers.  désoler,  décourager,  contrarier, 
abattre,  décontenancer. 

Défriser,  v.  a.  contrarier.  En  fr.  ôter  la  frisure. 

Défunquier.  v.  n.  mourir.  Fr.  défunt,  lat.  defunctus,  mort, 

Défuter.  v.  a.  ôter  le  fût. 


DÉG— DÉG  145 

Dégagoler.  v.  a.  faire  sortir  du  gagot.  V.  ce  mot.  Fig.  faire  sortir 
en  surmontant  des  difficultés. 

Dégartelé,  ée.  adj.  personne  dont  les  jarretières  sont  dénouées, 
qui  n'en  a  jamais.  V.  gartier.  Fig.  plus  usité,  personne  dont  les  vêtements 
sont  en  désordre. 

Dégauvier,  desgauvié  .vomir  ||  fig.  évacuer,  ||  accoucher  (Quare- 
gnon).V.g'ai'e.Dégobiller  est  un  dimin.;  c'est  dégauviller  avec  cliangement 
du  V  en  b  ;  à  moins  qu'il  ne  soit  le  contraire  de  gober  et  encore  gober 
diffère-t-il  de  gauvier,  inusité? 

Dégelée,  s.  f.  volée  de  coups  ||  grand  nombre. 

Dégletter,  gletfer.  v.  n.  dégoutter,  sourdre,  baver,  rendre  de 
l'humidité,  surtout  une  humidité  gluante.  El  matière  deglelle,  (oui  a 
vau  li.  V.  fr.  glete,  ordure,  corruption,  ail.  gleilen,  glitschen,  fl.  glyden, 
glisser,  angl.  to  gliet,  rendre  du  pus,  couler  lentement,  dégoutter. 
Quand  au  bret.  glaouren,  baver,  au  gall.  glafoerion,  glyfoer,on  peut  bien 
croire  que  c'est  l'origine  du  mot  fr.  glaire,  mais  comment  arriver  jus- 
qu'à — .  On  peut  penser  à  glu,  au  b.-lat.  glileus,  gliceus. 

Dégondcr.  v.  a.  décontenancer,  faire  sortir  de  son  caractère. 
En  fr.  dégonder  signifie  ôter  de  dessus  ses  gonds. 

Dégoter  {s'),  v.  p.  se  dégourdir,  se  décrasser,  se  distinguer.  En 
fr.  dégoter  veut  dire  surpasser. 

Dégouline,  s.  f.  pente,  descente.  S'employe  surtout  au  jeu  de 
courliau.  Jiier  IC  al  — ,  laisser  aller  la  bille  doucement  en  suivant  la 
pente  du  terrain.  Bret.  goular,  doucereux. 

Dégouliner,  descendre,  glisser  doucement.  V.  fr.  couler,  tomber 
goutte  à  goutte. 

Dégraviner.  v.  a.  gratter  autour,  dégarnir.  Se  dit  surtout  des 
plantes  dont  on  prive  les  racines  de  la  terre  qui  enveloppe  leur  chevelu. 
Fr.  grafigner,  fl.  graving,  fouille  etgraven,  creuser,  ail.  graben. 

Dégrézié,  ée.  adj.  blasé,  dégoûté,  qui  a  usé  à  satiété.  N'est  nulle- 
ment synonyme  de  nactieu.  On  trouve  avoir  ses  degraz,  pour  être  repu, 
dans  le  roman  du  Renard  T  iij  p.  507.  Fl.  gretig,  avide,  désireux,  esp, 
desgraciado,  funeste. 

Dégribouler.  v.  n.  dégringoler.  Combinaison  de  dégringoler  avec 
bouler. 

DégrifTer.  v.  a.  égratigner. 


144  DÉG— DÉM 

Dcgrimoner.  v.  a.  égratigner.  Comparez,  dit  M.  Grandgagnage, 
l'expression  bavaroise  :  es  grimnit  niich  im  Baiicli,  j'ai  mal  au  ventre. 
Grimmcn,  pincer,  tiré  de  Grimm,  furie. 

Dégrivaler.  v.  n.  dégringoler.  Combinaison  de  dégringoler  avec 
avaler. 

Iléguesinc.  s.  f.  volée  de  coups.  On  ajoute  souvent  de  vandag.  Cela 
a  l'air  bien  fl.;  mais  il  est  diflicile  d'y  rattacher  un  sens  ;  car  gesien  (prn. 
guesine),  signifie  vu  et  vandag,  aujourd'hui. 

Uchoper.  v.  n.  partir,  sortir.  V.  oper. 

Délioler.  v.  a.  ébranler,  faire  sortir,  déboiter.  En  bas-breton 
divoestia,  déboiler,  tirer  d'une  mortaise  ;  de  -{■  ôter?  A  Liège  déholé 
signifie  rendre  le  dernier  sonpir. 

Deï  ou  manier  Déï.  excl.  abrév.  ou  corruption  de  Mater  Deï.  Eh  ! 
Déi!  que  louz  lés  bielles.  Ah!  mon  Dieu  !  combien  d'animaux. 

Dein.  s.  m.  dent.  Avoi  Ions  ses  — ,  avoir  bec  et  ongles.  Lat.  dens, 
gall.  danl,  irl.  dend,  dead,  sanscrit,  danta. 

Dciner.  v.  a.  dîner.  Y.  fr.  deigner,  disner,  disgnier,  digner. 

Déjoinlei*.  v.  a.  déjoindre,  disjoindre.  Les  mots  oindre,  joindre 
viennent  bien  du  lat.  ungerejungere;  mais  leur  son  odieux  semble  bien 
celt.  Remarquons  que  le  cello-irl.  a  ong  remontant  au  sanscrit  ang, 
oindre  et  le  cello-irl.  iodt,  chaîne,  le  celto-gall.yau,joug,  sanscrit  yug, 
joindre,  yuga, joug. 

Oélandrer.  v.  a.  diviser,  soustraire,  détruire  en  partie  (Masnuy). 
—  7i'  maison,  en  faire  plusieurs  demeures,  en  changer  la  distri- 
bution. Fr.  d'archit.  délarder,  enlever  une  aréle. 

De  long  et  d' laîr.  adv.  mot  à  mot,  de  long  et  de  large  ;  à  petits 
pas,  avec  précaution. 

Del  longue,  adv.  lentement.  D'aller,  tirer  — ,  gagner  du  temps. 

Déloqueté,  ée.  adj.  couvert  de  loques,  de  baillons. 

Démanevé,  ée.  adj.  courant  des  dangers  [|  compromis  ||  avarié  || 
gâté  II  démantibulé  ||  égaré  ||  mort.  El  bur  fondu  n'est  gnié  pierdu,  mé  il 
est  fô  — .  Est-ce  démanœuvré? 

Déméfier  (s'),  v.  p.  se  défier,  se  méfier.  Combinaison  des  deux 
mots  fr. 

Démêlé,  s.  m.  matière  fécale. 

Démettre,  démette  (es  kémiche).  v.  a.  ôter  sa  chemise. 


DÉM— DÉQ  145 

Démigraine.  s.  fr.  migraine. 

Déniiseler.  v.  a.  éraieller.  v.  misclin. 

Déniitan.  s.  m.  moilié.  Milan  est  fr.,  mais  v.  et  pop.,  v.  liaut-all. 
miltamo,  lat.  dimidius.  Peut-être  est-ce  une  combinaison  de  demi  avec 
mitan  ;  on  dit  aussi  dcmoinlié. 

Démontei*.  v.  a.  faire  perdre  patience. 

Dcnioulquiacr.  v.  a.  mettre  en  pièces,  en  morceaux,  battre,  écra- 
ser, pulvériser.  Ce  mot  employé  à  Mons  et  inusité  dans  les  environs, 
n'est  que  le  figuré  du  mot  démulquiner  employé  au  propre  dans  les  vil- 
lages voisins  et  inconnu  à  Mons. 

Démucher.  v.  a.  mettre  à  jour.  —  Se  yar. 

Démulquiner.  v.  n.  défaire  lés  midquins.  V.  ce  mot. 

Dcniulieruoi.  s.  m.  instr.  d'agric.  pour  aplanir  les  muliernes. 
V.  ce  mot. 

Dcpéler,  déspeler.  v.  a.  enlever  l'écorce,  la  peau  1|  peler,  (s')  — 
V.  p.  se  desquammer. 

Dépier.  v.  a.  efl'euiller  ||  faire  sortir  les  grains  de  l'épi.  En  fr. 
dépié  signifie  démembrement  d'un  fief. 

Déplayer,  v.  a.  réduire  en  plaie.  V.  fr.  déplayer,  gall.  pla,  lai. 
plaga. 

Déponter.  v.  a.  t.  de  jeu  de  caries,  dégarnir  des  atouts  ||  ôler  la 
force  II  obtenir  le  fermage  en  niellant  une  enchère  ||  l'emporter  sur  un 
rival  II  gagner  des  points  sur  ;  d'où  est  venu  sans  doute  le  mot,  s'il  ne 
vient  du  fr.  ponle,  t.  de  jeu.  Dans  le  Santerre  on  dit  dépoinler  dans  le 
sens  d'enchérir.  Il  y  a  là  entre  les  fermiers  une  espèce  de  contrat  tacite 
qui  interdit  de  le  faire  ;  c'est  l'analogue  de  notre  maugré  v.  ce  mot. 

Dépourer.  v.  a.  époudrer,  épousseter. 

Dépoutucr  (s'),  se  démener,  se  mettre  en  quatre,  s'échiner,  s'éver- 
tuer (Tournay).  Compar.  s'évertuer  et  se  tuer  à. 

Déprende,  déprainde.  v.  n.  désapprendre.  En  fr.  déprendre 
signifie  détacher,  elc. 

Déqu^à,  d'qu'à.  Jusqu'à. 

Déqué,  déquoî?  Quoi?  comment? 

Déquitter,  v.  a.  ôtcr.  Selon  le  plus  grand  nombre,  le  fr.  quitter 
provient  des  vieilles  langues  du  nord.  On  le  trouve  dans  le  suédois 
qvitl,  l'irlandais  qwiltur,  l'angl.  quil,  le  holl.  quyl,  le  nedcrs.  quiol. 


146  D'Q— DES 

quitt,  bret.  quytu  :  il  signifie  libérer,  affranchir;  selon  d'autres  au  con- 
traire tout  cela  viendrait  du  fr. 

D'  quoi,  es  ri'  homme  là  a  d'  quoi.  Cet  homme  a  des  ressources , 
de  la  fortune. 

Dérain,  adj.  dernier.  V.  fr.  et  prov.  derrain. 

Dérané,  ée.  adj.  éreinté,  moulu  de  fatigue,  de  coups. 

Dcraner.  v.  a.  éreinter  ||  s' —  V.  p.  se  briser  les  reins,  faire  tous  ses 
efforts,  bas-Iat.  erenare,  renés  frangere,  v.  fr.  esrener. 

Déraqner.  v.  n.  S'  deraskier.  v.  p.  sortir  d'un  mauvais  pas.  v.  rage. 

Dërée.  s.  f.  denrée  :  avoi  ses  —  avoir  ses  menstrues. 

Derne.  s.  f.  dartre  sèche,  furfuracée  (Cambron-Saint- Vincent).  A 
Namur  diele,  v.  fr.  derre,  cymr.  tarwden,  sansc.  dardru. 

Dëroder.  v.  n.  détruire  une  forêt,  pour  la  livrer  à  l'agricullure,  dé- 
fricher, essarter.  AU.  popul.,  roden,  extirper  en  sarclant,  essarter. 

Dérompre  (s'),  v.  p.  prendre  une  rupture,  une  hernie. 

Déronipnre.  s.  f.  rupture,  hernie.  A  Liège  rompeure,  rompar. 

Deroyer,  v.  n.  t.  de  prat.,  changer  la  culture,  changer  un  pré  en 
terre  labourable  ou  vice  versa. 

Deprière.  s,  m.  partie  du  baquet,  v.  ce  mot  ][  joueur  de  balle  placé 
au  fond  du  jeu. 

Désaluré,  ée.'adj.  sans  allure,  qui  a  perdu  sa  fraîcheur,  en  désor- 
dre, brisé,  pourri  par  le  temps. 

Desbanci.  adj.  réchauffé.  (Charleroy.) 

Desbiner,  débiuer.  v.  n.  se  sauver,  partir,  fuir.  En  fr.  débiner 
signifie  :  donner  un  léger  labour  aux  vignes.  On  dit  à  Paris,  dans  une 
espèce  d'argot, s'esbigner,  pour  s'enfuir.  Peut-être  sesbigner  est-il  tiré 
du  patois  wallon.  Il  ne  se  trouve  pas  dans  le  dictionnaire  de  l'Aca- 
démie. 

Desca,  déka,  dnska.  jusqu'à.  En  v.  fr.  tresqu'à,  dusqu'à,  lat.  de 
-\-  usque. 

Descafier.  v.  a.  faire  sortir  dnlskafion,  plus  souvent  faire  sortir  le 
skafion  du  brou. 

Descau,  décau.  adj.  déchaux,  déchaussé;  v. fr.  descau. 

Descliquer,  décliqiïic,  desclaquer,  deselaquié.  v.  a.  dé- 
charger, décocher;  de  cliché  ou  clique  d'un  fusil.  Les  Liégeois  disent 
cliglé,  armer  un  fusil.  Décliquer  est  employé  par  Froissart  et  autres 


DES— DES  Ul 

vieux  chroniqueurs,  mais,  comme  verbe  neutre,  pour  détoner,  partir  :  le 
canon  déclique,  v.  cliquîé. 

Desclooé,  ée,  adj.  déhanché.  Lat.  clunis,  fesse,  gall.  clun,  hanche, 
sanscrit  s'ion,  accumuler,  amonceler  ;  le  sanscrit  a  une  seconde  forme 
s'ron,  qui  a  produit  s'rone,  hanche. 

Desclumaia.  s.  fin,  terminaison,  conclusion.  La  syllabe  du,  com- 
mune à  —  et  à  conclusion,  doit  faire  croire  à  une  origine  également 
commune  :  claudere,  cludere,  clusum. 

Desconquaner.  v.  a.  disloquer,  harasser. 

Descoutailler,  descoutayer.  v.  a.  couper  par  petits  morceaux, 
dépecer,  taillader,  surtout  du  papier  avec  des  ciseaux.  J'avais  d'abord 
supposé  que  c'était  une  combinaison  de  couper  avec  (ailler  ou  bien  une 
racine  coul  avec  préfixe  des  et  suffixe  aycr,  racine  qui  est  dans  le  lat. 
culler,  cultellus,  le  gall.  cwt,  couteau,  cwtaw,  raccourcir  en  coupant  et 
qui  remonte,  au  sanscrit  kut,  couper.  Le  liégeois  kuleï,  kilcï,  même 
signif.  que  — ,  m'est  revenu  en  mémoire  et  m'a  suggéré  une  explication 
bien  moins  savante,  mais  qui  me  paraît  beaucoup  plus  plausible.  Ku,  ki 
est  un  préfixe  extrêmement  fréquent  qui  répond  au  lat.  cum  ou  de.  Tcï= 
tailler,  en  somme  détailler.  Cela  est  confirmé  par  le  liégeois  veinde  at 
kuleie,  vendre  en  détail  ;  pour  former  —  nous  avons  ajouté  un  nouveau 
préfixe  des  qui  forme  redondance. 

Descracher,  v.  a.  dégraisser,  v.  crache. 

Deseuler.  v.  a.  abandonner,  esseuler,  isoler.  C  t'enne  belle  fiye  et 
et  avé  ça,  elle  resse  tout  dcseulée.  Malgré  sa  beauté,  cette  fille  n'est  pas 
recherchée. 

Déshabillé,  s.  m.  espèce  de  robe  du  malin. 

Deskeï.  v.  n.  déchoir,  v.  ke'C.  V.  fr.  decaïr. 

Deskeinde.  au  Bor.  et  aux  environs  d'Ath  on  dit  diskenne,  lat.  des- 
cendere.  Vamilié  deskcind  chon  eau  pus  qu'elle  né  r'monle.  L'affection 
des  parents  pour  leurs  enfants  est  bien  plus  grande  que  celle  des  enfants 
pour  leurs  parents. 

Deskeutte,  descoude,  v.  a.  découdre. 

Deskierkier.  v.  a.  décharger,  v.  fr.  desquerquier. 

Deskirer.  v.   a.  déchirer.  FI.  scheuren,  v,  ail.  scé'ran.  v.  skirer. 

Deskirare.  s.  f.  déchirure,  v.  fr.  descireure. 

DesnaGé.  adj.  déguenillé,  en  désordre,  éraillé,  déchiré,  dépourvu 


148  DES— DÉT 

d'agrafes,  de  moules  de  boutons,  en  parlant  des  personnes;  démonté, 
dérange,  détraqué  en  parlant  des  serrures,  des  montres.  FI.  naef,  holl. 
naaf,  ail.  Nabe,  moyeu,  ail.  Nabel,  clef  de  voùle,  mensale,  ombilic,  dan, 
navl,  suéd.  nafle. 

Uésoiilure,  désoiidiire.  s.  f.  volée,  défaite,  déroute.  V.  soulure. 

Despiie,  du  despue,  du  depuis,  prép.  et  conj.  depuis.  Esp. 
despue  ;  lat.  de  -|-  ex  -J-  post. 

Ucspcclië,  ée.  adj.  déchiré  (Bor.),  v,  fr,  despecier,  mettre  en 
pièce. 

B>espené,ée.  adj,  déplumé  ||  déguenillé  |j  dépouillé.  Ce  mot  pourrait 
venir  dans  sa  première  signification  de  penna,  aile,  gall.  pinn;  mais  dé- 
dépenaillé dérive  du  v.  fr.  despané,  lequel,  vient  du  lat.  pannus.  y.'pniau. 

I$e«$piter.  v.  a,  dépiter.  FI.  spyt,  dépit,  lat.  despectus,  mépris  || 
éclabousser.  V.  spUer. 

Dessoi'ti.  v,  n,  sortir,  t.  de  jeu  de  balle  ||  saillir. 

Dessus  d'sus,  prép.  vers.  Elle  vad'su  15  ans.  I  lire  désus  s'  mon 
père.  I  buque  désus  12  heures.  Elle  a  près  de  15  ans.  Il  ressemble  un 
peu  à  son  père.  Il  sera  bientôt  midi. 

Mestakier.  v,  a.  détacher,  Bas-bret,  distag,  détaché,  stag , 
attaché,  slaga,  attacher,  basque  estequatcea,  attacher,  v.  tachelle  et 
(assiau. 

Destein  {y),  il  s'éteint,  cri  des  enfants  jouant  à  cligne-musette  pour 
indiquera  celui  qui  cherche  qu'il  s'éloigne  de  l'objet  caché,  V.  fr,  des- 
lainct,  éteint, 

Desteinde.  v,  a.  éteindre. 

Desferniiné.  adj.  violent,  audacieux,  fr.  déterminé. 

Desterniiner.  v.  a.  briser,  rompre,  rouer  ||  s'  —  se  fatiguer,  s'é- 
reinter,  s'échiner,  fr.  exterminer. 

Desliker.  v.  n.  ôter,  arracher,  v.  sliker. 

Destouibi.  V.  n.et  a.  décheoir,  s'amoindrir  ||  s'apaiser  ||  s'affaisser  || 
s'attiédir  ||  attiédir.  Inusité  à  Mons,  fort  usité  dans  les  villages  ;  à  Liège 
dislomné. 

Destoupci*.  V.  a.  déboucher,  v.  sloupcr. 

Deswave,  dessouave.  s.  f.  limite  de  deux  terres  labourées,  sillon 
qui  les  sépare, 

Dctasser,  v.  a,  faire  le  contraire  d'entasser. 


DÉT— DIA  149 

Dctombcr.  v.  n.  décheoir,  décroîlre;  plus  usilé  à  Mons  que  dcskeïi 
V.  plus  haut. 

Wéïouycp.  V.  a.  débrouiller,  démêler.  Yoz  are  déz  csloupc  à  — . 

Dévain,  dVai»,  dédain,  d''dain.  prép.  dans:  slikcl  Dédain  l'Irau. 
adv.  dedans.  Stilcc  lé  d'vain.  v.  Ir.  devens. 

Devanture,  s.  f.  façade.  En  fr.  ce  mot  ne  signifie  que  devant  d'une 
chaise  d'aisance,  d'une  mangeoire;  pourtant  l'Académie  autorise  — de 
maison  :  Là  »i'  fiye  qu'a  n'  belle  — .  Voilà  une  fille  qui  a  une  belle  gorge. 

Devise,  s.  f.  conversation.  Elle  al  bonne  — ,  être  en  conversation 
animée,  intéressante. 

Déwaner.  v.  n.  sortir  comme  d'un  wan,  (v.  ce  mot.)  lentement, 
péniblement,  comme  un  ver  de  son  trou,  comme  un  escargot  de  sa 
coquille  (Borinage).  Dewaner  pourrait  bien  être  une  corruption  de  dé- 
gainer. Les  Liégeois  qui  ne  connaissent  pas  le  composé  dcxvancr  em- 
ployent  le  simple  loaignl  {s)  ou  icaiml  qui  signifie  se  traîner  len- 
tement, pesamment,  se  couler.  Or  tvaigmm  signifie  gaine,  étui  de 
couteau. 

Dézeur.  s.  m.  partie  supérieure  :  El  —  dé  s'  lictle.  Prép.  sur. 
Il  eslprope  —  U.  Adv.  On  dit  alors  plus  volontiers  d'  zcur  ou  au  d'zeur, 
au-dessus.  Faite  cnne  croix  d'zeur,  n'y  comptez  plus,  n'y  pensez  plus. 
On  dit  aussi  désur,  dessus,  comme  prép.  On  combine  la  prép.  avec  le 
subst.  On  dit  su  et  même,  quoique  plus  rarement,  dessus  V  dezcur,  il 
faudrait  là-dessus  tout  un  traité. 

Dî.  Il  as'  —  eyé  s'  dédi.  On  ne  peut  se  fier  à  sa  parole. 

Diable,  diale-volant.s.  m.  machine  pour  vanner. 

Diaco.  s.  m.  .Jacques. 

Diale,  diapc,  diaiilc.s.  m.  diable  ||  personnage  figurant  au  lume- 
çon,  on  ne  sait  trop  pourquoi.  Pendant  le  combat,  les  diapes  sont  traînés 
sur  le  dos  par  les  chinchins  qu'ils  frappent  de  la  vessie  pleine  de  pois 
dont  ils  sont  armés.  Il  y  a  une  nuance  entre  diape  et  diale,  à  peu  près 

comme  entre  bigre  et  b....,  fichtre  et  f El  —  kie  loudisu  lés  grosmon- 

ciaux,  l'eau  va  toujours  à  la  mer.  On  n'  saroil  peigner  ein  —  qui  n'agnié 
d'  kéveux,  on  ne  peut  rien  tirer  d'une  personne  sans  ressource.  El  diape 
va  marier  s'  fiye.  Se  dit  quand  il  pleut  eu  même  temps  qu'il  fait  du  so- 
leil. 

Dian.  s.  m.  Jean.  Dienne,  Jeanne.  Presque  partout  aux  environs  de 

-19 


150  DI— DIK 

-Mons  on  altère  le  son  du  j  cl  du  g  doux  pour  le  prononcer  comme  dj, 
dg.  Même  le  cli  se  trouve  changé  en  tch  :  on  dit  (/'  jaloux,  d'  génécc. 
Le  monlois  placé  entre  la  prononciation  villageoise  cl  la  prononciation 
française  répudie  souvent  l'une  et  l'autre  et  change  le  j  consonne  en  i 
voyelle,  on  retenant  le  d. 

Ëïian,  dian  nik  et  nak  compère  a-t-y  des  doigts,  cheval 
fondu,  jeu  d'enfants. 

Dianbof,  djambot.  s.  m.  Jeune  garçon  travaillant  aux  houillières. 
Y.  Manbol. 

Diape  d'allemand,  s.  m.  diamant  foux.  Ne  se  dit  que  par  plaisan- 
terie. 

Diaa.  joue.  Angl.  jaw,  ital.  gota,  v.  fr.  jau,  joe. 

ilianne,  djaune.  adj.  jeune,  subst.  petit,  nouveau-né.  Le  Saige 
se  sert  du  mot  josne.  Les  AH.  disent  aussi  junge,  jeune  pour  petit, 
gall.  ieuange  (Davies),  ieuank  (Pictet)  juvenis,  sanscrit,  yuvan. 

Dfenn  vos  trahirai  gnic  m'  pinsée, 
Df  vourrou  bié  elle  elou  mariée; 
Despue  (depuis)  que  vos  aslé  parti, 
Ein  vlâ  chonq,  sans  mcinti, 
Mariées  pus  djaunes  que  mi. 

Chanson  de  qiiintin  (v.  fourderaine). 

Didiclie.  s.  f.  viande  (enfantin). 

Dief.  s.  1.  terre  argilleuse  et  un  peu  calcaire  qui  se  trouve  entre  la 
forte  toise  et  le  terrain  houillier.  A  Liège  Dièle,  à  Namur  Déle,  terre 
glaise.  V.  fr.  derlière,  lieu  où  l'on  tire  la  terre,  fr.  de  techn,  derle,  terre 
à  porcelaine,  fi.  derrie.  tuf. 

E>iéraiii.  dernier. 

Diffigulté  {s"  prinde  dé),  avoir  une  querelle. 

Dik  et  dak  {pleuvoi,  ein  keïà).  pleuvoir  à  verse.  Dick  regnen,  en 
ail.  signifie  pleuvoir  fort.Dach,  signifie  toit.  Cependant  le  dik  é  dak  n'est 
probablement  qu'une  onomatopée,  mais  toujours  dans  la  manière  chère 
aux  Allemands  :  ils  disent  :  risch  und  rasch,  vite.  iMil  Sing  und  Sang, 
en  chantant.  Mit  Kling  und  Klang,  au  son  des  cloches. 


DIM— D'L  151 

Voyez  les  belles  ballades  de  Bûrger,  notamment  celle  de  Lciiore  et  du 
Wilde  Jàger. 

Oimeinche,  dimeigne.  s.  m.  dimanche.  V.  fr.  dimaigne  et  di- 
mane. 

Eïindin.  s.  m.  clochclte  :  einlcrrcr  au  dindin,  faire  un  enterrement 
mesquin.  Celle  espèce  d'enlerremenl  s'annonce  par  une  petite  cloche. 

Diudonner.  v.  a.  tromper,  attraper. 

Dioker.  V.  Joker. 

Dire  [avoi  à),  être  en  mauvais  état,  endommagé,  détraqué.  Emm 
monte  a  à  dire,  ma  montre  ne  va  pas  bien.  Il  a  à  dire  à  f'  serrure  là, 
cette  serrure  est  dérangée.  Cette  locution  était  usitée  dans  le  v.  IV.  pour: 
avoir  à  regretter  quelque  chose  qui  manque  ;  on  la  trouve  dans  Mon- 
taigne ;  mais  il  y  a  un  autre  wallonisme,  c'est  :  s'  leyer  à  dire  que  l'on 
francise  par  se  laisser  à  dire.  Cela  signifie  consentir,  céder  :  i  s'a  leyc  à 
dire,  il  s'est  laissé  persuader,  convaincre,  séduire.  A  dire  serait-il  alors 
une  corruption  du  dernier  mot  :  séduire?  Il  y  a  enfin  un  5'=  wallonisme  : 
s'avoi  leyé  dire  :  avoir  ouï  dire. 

B$isconle.  s.  m.  escompte.  V.  fr.  discompte,  esp.  discuento,  lat. 
dis-f-compulare. 

Dîscoboroutchî.adj. brisé,  rompu  de  fatigue  ||  disloqné(Charleroy). 

Dîscreche.  v.  n.  décroître  (arrondissement  de  Charleroy).  A  Liège 
discreh.  V.  crecher. 

Diskenne,  deskeinte.  dckcinte.  v.  n.  descendre.  On  ne  dit  dis- 
kcnne  que  dans  les  villages  écartés.  C'est  absolument  la  manière  de  dire 
des  Bas-Bretons. 

Dispierti.  adj.  vif,  éveillé,  gai,  espiègle.  Lat.  experrectus,  espagnol, 
despertar,  v.  fr.  espérir,  éveiller. 

Uissiiuc.  adj.  abréviation  de  grandissime. 

Diâtô.  adv.  tantôt,  bientôt.  Inusité  à  Mons,  fort  usité  au  village.  De 
isto  (die),  dès  ce  jour. 

Djaunler.  v.  n.  mettre  bas,  accoucher.  (Eugies,  Sars).  Flam. 
jongen. 

l>jol>in.  s.  m.  tourbillon.  Inconnu  à  Mons,  usité  au  Bor. 

»ju.  V.  Ju. 

D'  !ée,  dlaî.  près,  (de  lez  v.  fr.)  Lesaige  emploie  la  préposition  de 
lez.  V.  f.  dalès.  De  +  i^^  +  latus. 


152  DOD— DOLl 

Itodiiicr.  V.  a.  choyer,  caresser,  festoyer,  dorloter  ||  soigner,  mi- 
tonner. En  fr.  le  v,  est  pr. 

l>odorc.  s.  m.  Isidore. 

Wog,  dok.  s.  m.  s.  morceau  de  fer  scellé  dans  la  pierre.  La  forme 
de  ce  mot  semblerait  annoncer  une  origine  tudesque;  cependant  en 
anglais  dock,  en  holl.  dok  signifie  bassin,  darse.  Docke  en  ail,  signifie 
poupée,  dogue. 

Dogucr.  V.  a.  sceller,  fixer,  affermir  ||  battre.  En  fr.  se  doguer 
se  dit  des  moutons  qui  se  heurtent. 

Dogncttc.  s.  f.  volée  de  coups. 

Doigt  d'olîve.  s.  m.  panaris  avec  accidents  graves.  V.  à  l'art, 
BL.VN-DOiGT  on  quoi  il  en  diffère. 

Dominée,  s.  m.  Les  FI.  donnent  ce  nom  aux  ministres  protestants. 
Les  Montois  l'ont  adopte.  Le  mot  étant  né  en  Flandre  on  lui  a  cherché 
une  origine  fl.  :  on  a  indiqué  dom,  cathédrale,  on  a  eu  tort  :  domine 
est  le  voc.  lat.  de  dominus  ;  au  reste  dominus,  comme  le  fl.  ou  ail.  dom, 
se  rattache  à  domus.  Domus,  de  même  que  Tirl.  daimh,  provient  du 
sanscrit  daman,  maison,  racine,  d'à,  avoir,  selon  Piclct,  de  dama,  mai- 
son, racine,  da,  construire,  selon  Chevallet. 

Don  comme  don.  dans  tous  les  cas,  de  gré  ou  de  force.  A  Liège 
adon  comme  adon,  alors  comme  alors. 

Dona.  s.  m.  imbécille,  dupe.  lia  sic  dona  dcl  farce. 

Doute,  adj.  honteux,  malé,  triste.  Bret.  don,  apprivoisé,  lat.  domi- 
lus,  domté,  espagn.  dundo,  patois  esp.  donde,  prov.  domde,  appri- 
voise. Dlionle  (noire  manière  de  prononcer  de  honte). 

Dor.  s.  m.  or. 

Dormeu.  s.  m.  opium,  sirop  de  pavot  blanc. 

Dos.  s.  p.  t.  de  jeu  de  houqucUc.  Par  opposition  à  fô,  parceque 
c'est  la  partie  saillante  de  l'osselet. 

Dos  {avoià).  avoir  pour  adversaire,  pour  ennemi.. 

Dos  et  vaînte.  partout  sur  le  corps.  Mot  à  mot,  dos  et  ventre. 

Dossc,  dossce,  dossade.  s.  f.  dose  ||  volée  de  coups.  En  fr.  grosse 
planciie.  V.  fr.  dossée,  coup  donné  par  derrière. 

Dosser.  v.  a.  battre.  Fl.  dossen,  babiller. 

Don.  art.  du.  V.  fr. 

Doudou.  s.  m.  Dragon,  v.  ce  mot.  ||  Titre  de  la  chanson  nationale 


DOU-DRE  155 

montoise.  Les  choses  sérieuses  clans  leur  origine  deviennent  burlesques 
avec  le  temps  en  passant  par  la  bouche  du  peuple.  C'est  ainsi  que  la 
Palisse  et  Marlborough,  guerriers  célèbres,  sont  devenus  ridicules.  Les 
anciens  serments  ou  compagnies  bourgeoises  de  Mons  marchaient  au 
combat  sur  l'air  du  doxidou. 

Doublure,  s.  f.  défaite,  volée  de  coups. 

Douillet,  Ile.  adj.  tiède.  En  fr.  délicat. 

Doutancc.  s.  f.  doute.  V.  fr.  doubtance. 

Doxal.  s.  m.  jubé.  Bas-lat.  doxale.  En  fl.  docksael,  salle  élevée, 
mot  conijiosé  de  docke,  cage  et  de  sael,  salle  en  forme  de  cage. 

Drachc.  s.  f.  drèche.  Liégeois,  drahe,  v.  fr.  drasche,  bas-lat.  dra- 
scus,  drasca,  daupbiné,  dracbi,  grappe  pressée,  prov.  draco,  marc  de 
vendange,  v.  ail.  drascan,  ail.  drcscben,  ballre  en  grange.  Cela  peut  fi)irc 
admettre  aux  mots  drache,  drèche,  le  sens  de  ce  qui  a  été  foulé,  battu. 

Dragon,  s.  m.  libellule,  demoiselle,  insecte  ailé.  ||  cerf- volant.  En 
ail.  Papierdrache,  litt.  dragon  de  papier  ||  monstre  que  la  tradition 
rapporte  avoir  été  tué  à  Wasmes  par  Giles  de  Chin  et  dont  la  tète  se 
trouve  à  la  bibliothèque  de  Mons.  Cette  tradition  est  regardée  comme 
mensongère  par  quelques  personnes  qui  croyent  que  la  tèle  de  la  biblio- 
thèque est  celle  d'un  crocodile  rapportée  par  quelque  seigneur  croisé. 
Ce  n'est  pas  le  lieu  de  discuter  cette  question  et  d'établir,  par  les  ou- 
vrages de  Cuvieret  autres  naturalistes,'qu'une  foule  de  races  d'animaux 
se  sont  perdues  ;  mais  cctle  tète  plate  et  large  comme  celle  d'une  gre- 
nouille n'est  nullement  semblable  à  celle  d'un  crocodile,  qui  est  très- 
allongée.  Quoi  qu'il  en  soit,  chaque  année  aux  fêles  communales  ou  ker- 
messes, on  représente  le  combat  de  Giles  de  Chin  contre  le  dragon  par  une 
cérémonie  nommée  lumeçon.  V.  ce  mot. 

Dragonne,  s.  f.  estragon.  Ital.  targone,  esp.  taragona,  arab.  tar- 
chum,  ail.  Dragun,  fl.  dragon,  lat.  dracunculus. 

Drefe.  s.  f.  allée  d'arbres.  Holl.  dreef,  allée. 

Dresse,  s.  f.  petite  armoire  de  village. 

Drenber,  déreuber,  reuber.  v.  a.  Mots  inconnus  à  Mons,  mais 
usités  dans  quelques  lieux  circonvoisins  et  qui  signifient  voler.  Us  pro- 
viennent du  teuton  reuben  qui  a  la  même  signification.  De  là  rober,  v.  mot 
fr.  d'où  s'est  formé  dérober,  qui  est  resté  en  usage.  Rober  semble  formé 
de  l'ail,  moderne  rauben. 


154  CHI-CIIN 

Drin^neillc,  dringncye.  s.  f.  pour  boire.  Flani.  driiikgeld,  ail. 
Trinki^eld,  argent  pour  boire.  On  dit  quelquefois  drinkmouchc.  Mouche 
dans  le  dialecte  de  Malmedy  signifie  sou,  monnaie. 

Dro,  drau.  brome,  plante  graminée.  Holl.  ou  fl.  dravik,  coquiole. 
Le  père  de  Rostrenen,  dans  son  dict.  celt.,  donne  dréaucq,  dréeucq,  ivraie 
qu'il  lait  dériver  de  l'adj.  dréau,  un  peu  ivre;  gall.  drewg,  nigella;  droc, 
selon  le  complément  du  dict.  de  l'Acad.,  est  le  nom  vulgaire  de  l'ivraie. 

Drogue,  s.  f.  volée  de  coups. 

Droguer,  v.  n.  s'arrêter,  perdre  du  temps.  En  fr.  droguer  est  un 
V.  a.  qui  signifie  médicamenler. 

Droi.  s.  m.  p.  partie  d'une  veine  qui  est  presque  perpendiculaire 
{V.  pla). 

Droite,  doitte.  s.  f.  jeu  de  guiche  ou  de  bâtonnet;  parcequ'avant 
de  IVapper,  on  crie  :  est-elle  — ? 

Drola,  drouia.  adv.  là,  mot  à  mot,  droit  là. 

Droldéiuain.  adv.  drôlement,  singulièrement. 

Drolle.  adj.  singulier.  S'  senti  —,  être  indisposé,  ail.  drollig,  gall. 
droll. 

Drouci,  drouclii.  adv.  ici.  V' .  drolà.  C'est  ce  mot  drouchi  qui  a 
formé  le  mot  Rouchi,  partie  du  Hainaut  français  où  l'on  dit  drouchi 
pour  ici  et  afin  de  le  distinguer  du  pays  de  Lauvau  (celui  de  Maubeuge 
et  Avesne)  où  l'on  dit  Lauvau  pour  là-bas. 

Drouillc,  drouye.  s.  f.  prostituée.  En  fr.  les  drouilles  sont  les  droits 
de  mise  en  possession.  Le  mot  drouille  provient  sans  doute  du  fr.  drue, 
femme  galante.  On  le  trouve  dans  la  précaution  inutile  du  théâtre  italien 
de  Gherardi.  Gaël.  drûth,  meretrix. 

D'  saî.  V.  couié. 

Ducasse.  s.  f.  kermesse,  fèto  communale  ;  contraction  de  dédicasse. 
On  fêtait  autrefois  l'anniversaire  des  dédicasses  d'église.  On  vos  invile 
al  durasse,  à  l'église  éié  su  l  place. 

Dsirance.  s.  f.  durée.  Em  lourpie  a  n'  bonne  — . 

Durer,  v.  n.  qui  ne  s'emploie  qu'avec  la  négative,  être  impatient, 
n'y  pas  résister.  Despue  quon  l'a  d'  mandé  à  marier,  elle  ne  dure  pus.  On 
trouve  dans  Gérard  de  Roussilion  :  lu  n'as  peu  durer  contre  le  roi  de 
France. 

Duresse  s.  f.  dureté.  V.  fr. 


DUR— ECL  155 

Durmcnc.  s.  m. mari  dont  la  femme  porte  le  haut-de-chausse  || 
peinture  sur  les  murailles  le  1"  mai  dans  quelques  localités,  le  jour  du 
solstice  d'été  dans  quelques  autres  ||  farce  grotesque  par  laquelle  on  pro- 
mène, le  dernier  jour  de  certaines  dwcassfs  de  village,  ceux  que  l'on  peut 
saisir.  On  les  juche  sur  un  âne  dont  ils  doivent  tenir  la  queue. 


El 


E.  Le  montois  n'accepte  pas  l'e  muet  avec  le  son  d'eu  faible,  comme 
dans  les  monosyllabes  de,  te,  le.  Il  l'accentue  ou  le  supprime  tout-à-fait; 
dans  ce  dernier  cas,  je  le  représente  quelquefois  par  une  apostrophe, 
quelquefois  par  le  signe  ^.  II  n'accepte  pas  non  plus  l'e  ouvert  avec  ac- 
cent grave,  il  prononce  accès,  succès  comme  accé,  succé,  de  même  pour 
le  son  ouvert  d'ai  dans  français,  anglais  et  dit  francé,  einglc. 

E  ne  prend  jamais  le  son  de  l'a  comme  en  fr.  :  on  dit  einterpreindre, 
eimporler ,  veinte.  Il  se  transporte  pour  les  besoins  de  l'euphonie  : 
r'preinde,  erpremde,s'  cuer,  escuer.  Avec  l'accent  aigu  il  se  change  souvent 
eu  es  :  responde,  desplouyer.  Dans  les  mots  en  re,  outre  les  leçons  en  er, 
r'  on  a  souvent  encore  les  leçons  ra  et  ras  :  r'  keutle,  erkcutlc,  rakeulle, 
raskeuUe.  Je  crois  cependant  saisir  une  différence  :  r'  keiiUe,  crkeulle 
signifieraient  simplement  recoudre,  tandis  que  rakeutle,  raskeuUe  signi- 
fieraient raccommoder  les  vêtements. 

E  se  change  souvent  en  ie  :  hierpe,  pierte,  fier,  vier,  En  i  :  ligcre, 
michant,  slrincr. 

Dans  melon  il  prend  un  accent  grave,  dans  empereur  il  prend  un  ac- 
cent aigu  :  melon,  eimpéreiir. 

Ecar.  s.  f.  état  d'un  animal  épointé. 

EchaufTement,  ainscaufmain.  s.  m.  pleurésie,  gastrite,  pneu- 
monie, surtout  lorsque  ces  inflammations  sont  chroniques.  —  négligé, 
phtisie  pulmonaire.  En  fr.  action  d'échauffer,  ses  effets. 

Eché,  éké.  s.  m.  écheveau.  V.  fr.  eschet,  escaigne,  liégeois  eki, 
écoss.  sgein,  irl.  sgain. 

Eeisiau.  s.  m.  ciseaux. 

Eclachoirc.  s.  f.  mèche  d'un  fouet.  Namur,  scasoiVe,  \Àé<^Q,chcseute . 
En  V.  fr.  chassoire,  cachoirc,  fouet  de  charretier. 


15G  ECL— EIN 

Eclicottc.  s.  f.  p.  cliquette.  Jouet  formô  de  deux  os  dont  les  en- 
lauls  fout  des  caslaguelles.  A  Liège  daqucUe. 

Ecole  dé  crolle.  s.  f.  école  pour  les  pauvres, 

Ecoïc  uiaitresàic.  s.  f.  école  pour  les  très-jeunes  enfants  dirigée 
par  une  femme. 

Ecorîe,  escorîe,  scorie,  s.  f.  fouet,  escourgée.  Les  Liégeois  disent 
coric  ou  corile.  L'escorie  est  pour  :  les  corics.  V.  fr.  corgie,  écorgie,  lat. 
corrigia,  courroie,  fouet,  de  corium,  cuir,  bret.  scourgez,  irl.  sciuiza, 
écoss.  sgiurza. 

EcoMr.  s.  f.  genoux,  giron.  Ce  mot  ne  se  dit  qu'à  la  ville.  Au  village, 
selon  qu'on  a  plus  ou  moins  de  rapprochement  avec  la  ville,  on  dit  escoiir, 
scour,  scoH.  Une  Montoise  dit  :  vie  d'  sus  m'  w'  ccoiir,  cmm  ficu. 
Une  paysanne  dit  :  vie  (ou  vin)  à  skou,  m'  gwarchon  (ou  p'  lit  valcl  ou 
vallon)  viens  sur  mes  genoux,  mon  enfant.  V.  skou  pour  l'étym. 

Ecîo.  V.  csclo. 

Ecjimette,  esciiiuette,  scnnielte.  s.  f.  écumoire,  —  en  fr.  est 
une  petite  écumoire.  A  Charleroy  chimressc,  à  Liège  honursse. 

ËfaiB,  eiufant.  s.  m.  enfant.  Êfàn  d'  cal  miu  vollié  sorile.  Éfant  se 
dit  aussi  en  Provence. 

Egreusep.  v.  a.  égruger.  Y.  grouse. 

Egreiîsoîr,  egreusoi.  s.  m.  égrugeoir. 

Eg-uisset.  s.  m.  pièce  carrée  qui  se  trouve  dans  une  chemise  à  l'en- 
droit correspondant  à  l'aisselle,  afin  de  donner  de  la  facilité  aux  mouve- 
ments des  bras. 

ËiIkoUc,  eilbutte,  hcilbolte.  s.  f.  espèce  de  poisson  de  mer  voi- 
sine du  turbot.  FI.  eelbot,  turbot,  heilbot,  barbue.  Bot,  s.  limande, 
bot,  adj.  plat,  émoussé.  Ail.  Butt,  s.  poisson  plat  à  tète  obtuse,  barbue; 
butt  (popul.)  adj.  corps  large  et  obi  us,  avorton,  bout  dhomme.  D'où 
pied-bot,  nabot,  s'ils  ne  viennent  du  celt.  V.  bodcr,  nianhot.  Pris  en  entier 
Eilbote  en  ail. signifie  courrier,  lleilbolc, messager  de  bonheur  et  limande. 

Ein,  ensse.  art.  indéfini  :  ein  hic,  cnne  bielle.  li  est  assez  singulier 
que  le  féminin  puisse  se  contracter  avec  le  s.  ou  l'adj.  suivant,  à  condi- 
tion qu'ils  ne  commencent  pas  par  une  voyelle.  Celte  contraction  est 
toujours  interdite  au  masculin  :  on  pent  dire/ai  linconlrén'  viélc  feimme 
ou  enne  vielle  feimme.  On  ne  pourrait  pas  dire  :  fai  lue  n'  agasse,  pas 
jiKis  que/(u'  lue  u'  corbeau. 


EIN— EIN  157 

Il  ne  faut  pas  confondre  Tari,  indéfini  cin,cnne  avec  le  pronom  Icun, 
Vcunc  ni  avec  Tadj.  numéral  iun,  ieunc.  (V.  ces  mois). 

Ëinaudé,  ninnaiidé,  ce.  adj.  affairé,  empressé,  embarrassé,  vif,  ar- 
dent. Les  Liégeois  disent  énondé  et  éhiodé,  ils  disent  aussi  hion.  Les 
Moniois  n'ont  pas  su  conserver  le  subst.  comme  les  Liégeois,  mais  ils 
sont  restés  plus  près  qu'eux  de  la  racine  qui  est  le  ccllo-gall.  bawd  et 
qui  remonte  au  sanscrit  haud,  mouvement  rapide.  Le  v.  fr.  a  bien  en- 
beudé;  mais  il  ne  peut  convenir  par  sa  signif.  :  pedicis  implicatus,  en- 
travé par  des  heudes. 

Einbarrasscc,  einliarrassete.  adj.  f.  grosse,  enceinte. 

£inbati$umé,  ée.  adj.  engourdi,  étourdi,  abasourdi.  Jai  in  (iclle 
toute  cinbausumée,  j'ai  la  tète  lourde.  V.  fr.  abosmer,  cbagriner,  abattre, 
accabler;  embalsaner,  embaumer  ne  convient  guère  par  sa  sign.  Serait- 
ce  une  combinaison  d'abasourdir  et  d'assommer? 

Ëinbci'daehcr.  v.  a.  couvrir  de  boue. 

Einbci'lafcr.  v.  a.  couvrir  de  bcvlafes  de  graisse,  de  mêlasse,  etc. 
v.  ce  mot.  Embarrasser,  embarbouiller. 

Einberlifleolei*.  v.  a.  embarrasser,  empêtrer,  enchevêtrer.  Rabe- 
lais a  dit  cmbcrelucoquer,  que  le  Ducbat  définit  :  S'occuper  de  cbimères 
semblables  à  celles  que  les  moines  ont  coutume  de  loger  sous  leurs  ca- 
puchons de  bure. 

Einberner.  v.  a.  couvrir  de  matière  fécale,  d'ordures.  Figur.  on 
dit  :  ein  coutiau  —  rf'  bure,  ein  pot  —  dliuile.  Le  mot  fr.  ébrener  qu'on 
pourrait  regarder  comme  sa  traduction  signifie  au  contraire  ôter  les 
matières  fécales,  mais  embrener  a  bien  la  même  signification  qu' — . 

Einberqiiin.  s.  m.  villebrequin,  vrille.  Esp.  berbiqui,  port,  berbi- 
quim,  fl.  boreken,  petit  foret,  racine,  boren,  percer. 

S)inbé(er.  v.  a.  tromper.  Embêter  est  fr.  mais  trivial  dans  la  signif. 
d'ennuyer.    . 

Ëinbeuvrcr.  v.  a.  entailler,  faire  entrer  iusau'à  fleur,  encastrer. 
Se  dit  des  ferrures  que  l'on  enfonce  dans  les  pièces  de  bois  qu'elles  gar- 
nissent, afin  de  n'en  pas  rendre  le  coup  d'œil  désagréable.  En  fr.  cmbre- 
ver  signifie  faire  entrer  le  bout  d'une  pièce  de  bois  dans  une  autre.  V. 
f.  embeurer,  embôvrer,  remplir,  pénétrer,  lat.  imbibere. 

Einblave.  s.  f.  embarras. 

Einbiaver,   aiiii^blavcr.  v.   a.  embarrasser  ||  préoccuper  H  con- 

20 


158  EIN— EIiN 

traindre.    Emblaver,   en   IV.   signifie  semer  de  bled,  V.  fr.  embiaer, 
end>arrasscr. 

Einhloiiïte,  éitlonïtc.  s.  m.  éblouissement,  élourdissement,  ver- 
lige.  Fai  vil-  des  éblouUe,  ironiper  par  des  paroles  éblouïssanles,  fasciner. 

Einboiiquié.  v.  a,  introduire.  Embouquer  est  fr.  pour  signifier 
entrer  dans  un  détroit. 

Einbrouillc,  ciiibroiiye.  s.  m.  embarras  ||  gêne  ||  confusion  || 
trouble  ||  tumulte  ||  querelle  ||  brouillamini. 

Eincacher.  v.  a.  chasser,  mettre  en  fuite.  V.  f.  enchausier. 

Eincatarrhcr.  {s'),  s'enrhumer. 

Eiuchennc,  ainchane.  adv.  ensemble.  Liégeois,  essonne.  Les  éty- 
mologistes  font  venir  ensemble,  v.  fr.  ensement  de  in  simul.  On  disait 
en  effet,  in  simul  en  basse-latinité;  cependant  je  ne  puis  m'empécher 
de  noter,  ne  fusse  que  pour  comparaison,  que  ainchane  ressemble  bien 
plus  à  l'ail,  einsammeln,  assembler,  fl.  samen,  ensemble  qu'à  in  simul. 
La  racine  remonte  au  sanscrit  sam  avec,  sama,  similis;  indépendamment 
du  lat.  et  de  l'ail.,  elle  a  produit  le  gall.  saine,  l'irl.  samail  et  une  foule 
de  composés  emportant  l'idée  de  Juxtaposition,  saimnigb,  accoupler, 
samhluigh,  comparer,  etc.,  de  là  aussi  le  grec  ^uv. 

Eiiicorner.  v.  a.  faire  boire  de  force.  C'est  au  moyen  d'une  corne 
qu'on  faisait  avaler  des  médicaments  aux  bestiaux. 

Eincoiiri  (s'),  s'enfuir. 

Eiucracher.  v.  a.  engraisser.  —  lés  bollcs,  administrer  l'Exlrême- 
Onction.  S'  — ,  s'engraisser,  fig.  s'endetter. 

Eincuriiici*.  v.  a.  v.  acuri. 

Eindaniei*.  v.  a.  entamer.  On  le  lait  souvent  venir  du  gr.  svzs^uvziv. 
Diez  préfère  le  comparer  au  lat.  taminare,  blesser,  b.-lat.  intaminare= 
conianiinare.  Diefenbach  tient  pour  une  origine  celt.:  gall.  tara,  boucher, 
brct.  tamm,  pièce.  Eiitammi,  entamer. 

Eindevé.  adv.  beaucoup,  biau  —  très-beau.  M.  Scheler  croit  que  le 
fr.  endever^endiabler.  Angl.  devil.  —  Serait  ainsi  l'équivalent  de  dia- 
blement. 

Einfardcler.  v.  a.  envelopper,  entourer.  V.  fr.  fardcler,  italien, 
fardello,  paquet,  v.  farde. 

Einfarfouyei*  (s'),  v.  a.  s'embarrasser. 

Eiiifilade.  s.  f.  tromperie. 


EIN— EIN  139 

Einfller.  v.  a.  Ironipcr. 

Einflleiir.  s.  m.  trompeur. 

Eiiifonce.  s.  f.  foule,  cohue.  A  c'  boutique  là  c'  C  ain  ainfonce. 

Einfondi'cr.v.  n.  enfoncer  ||  embourber  ||  crever  ||  (s)  v.  r,  s'ouvrir 
(se  dit  surtout  des  abcès).  V.  fr.  enfondre,  briser,  rompre,  v.  fr.  aflbndre, 
affonder,  aflronder,  abymer  dans  l'eau. 

Einfonrnasquer.  v.  a.  rendre  stupéfait,  stupide,  décontenancer  || 
envelopper  ||  enfoncer. 

Einfrouillé,  ée.adj.  étourdi  \\  accoutumé  |i  très-affairé  ||  en  émoi  || 
excité,  surexcité  ||  troublé  par  trop  d'empressement. 

Slinfrouiller,  einfrouyer.  v.  a.  et  r.  mot  très-énergique  qui 
manque  en  français.  Mettre  vite  dans  l'eau  jusqu'au  cou,  fig.  faire  faire 
le  1"  pas  II  précipiter  ||  lancer.  Pou  ?i'  gnié  avoi  froi  dain  L'iau,  y  fau 
sainfromjer  lou  (ï  suite.  Enfrayer  en  fr.  de  techn.,  mettre  en  train  une 
carde  neuve. 

Einfutcr,  ninfufei*.  v.  a.  monter  d'un  fût.  Fig.  faire  entrer.  Lat. 
fustis  et  non  futuni,  futile. 

Eingal.  adj.  égal,  prov.  engal,  ingal. 

Eingalincr.  v.  n.  infecter.  S'—  d'  cruau,  se  remplir  de  mauvaises 
herbes  (Jemmapes).  Eingaliner  doit  se  rapporter  à  gale. 

Kin^orler,  cîngoiirler.  v.  a.  proprement  mette  ein  gouriau,  mais 
fig.  plus  usité  :  mettre  une  cravate  haute,  serrée,  décolleter  trop  peu. 
Ç  godau  là  oa  au  bal  toute  cingourUe,  cette  prude  va  au  bal  avec  une 
robe  qui  lui  monte  jusqu'au  mcntou. 

Ein^rinquîer.  v.  a.  et  n.  élever,  jucher,  v.  grinquié. 

Eingueiiscr.  v.  a.  tromper. 

Eingnigner.  v.  a.  viser.  Ainguignez  bc  vo  eau,  visez  juste,  prenez 
bien  vos  précautions.  Fr.  aguigner,  faire  signe  des  yeux,  espagnol,  gui- 
gnar,  ajuster,  v.  fr.  aguigner,  aviser,  épier. 

Einheurtcr.  v.  a.  embaucher,  débaucher,  exciter.  Y.  fr.  ahorter, 
exciter,  qui  provient  lui-même  du  latin  adhortari.  Inusité  à  Mons,  fort 
employé  dans  certains  villages. 

Einhouftc,  ée.  adj.  allairé,  effaré,  empressé.  A  Namur  énouchcté ; 
ce  n'est  peut-être  jias  autre  chose  que  le  mot  suivant. 

Einhufclê,  einuftc,  ée.  adj.  animé  ||  excité  î|  exalté  ||  écervelé.  || 
agité  II  enivré  ||  (Borinage).  Doit-on   interpréter  ce  mot  :    qui  a  les 


160  EIN— EIN 

hanches  souples.  Ail.  Hiifte,  hanche  ;  vaut-il  mieux  s'adresser  an  fl.  huif, 
coilTc,  pour  faire  du  mot  le  contraire  de  débarté,  décoiffé? 

Einke.  s.  f.  encre.  V.  fr,  enque,  enche,  fl.  inkt,b.-lat,  encaustum, 

Einkciiycr  {s"),  s'accoupler;  se  dit  surtout  des  chiens  qui  restent 
loni^lemps  attachés  dans  le  coït  :  Kié —  v.  fr.  accoué;  à  Liège  ekowé, 
emmanché,  lat.  cauda  et  coïre. 

Einkreunkicr  ($').  avaler  de  travers,  faire  entrer  des  aliments  dans 
les  voies  respiratoires,  soit  en  parlant  soit  en  riant,  quand  on  mange.  En- 
gouer Il  figur.  entrer  dans  une  mauvaise  voie.  Les  Liégeois  disent 
sécrouki.  Le  mot  vient-il  d'avaler  cron  que  les  Montois  employent 
comme  synonyme?  Ou  faut-il  le  chercher  dans  le  celto-gallois  cra\vn,que 
Davies  rend  par  obstructum.  prœclusum,  obturatum?  ou  doit-on  recou- 
rir au  V.  fl.  crunkelen  crispare,  fl.  kronkelen,  faire  prendre  un  mauvais 
pli?  ou  enfin  au  fl.  krop,  jabot,  gorge,  verkroppen,  engouer? 

Einlire,  einii.  v.  a.  choisir,  éplucher,  séparer  de  ce  qui  est  mau- 
vais. Enlire  el  soupe,  éplucher  les  herbes  pour  la  soupe.  Einlire  lés  gros 
funs  dehors  dés  plils.  A  Liège  eler  ;  l'ail.  aus-lesen=e-ligere=ex-legerc 
et  a  la  sign.  montoise,  le  fr.  élire  signifie  bien  choisir,  mais  non  trier. 
Il  est  assez  curieux  de  comparer  la  valeur  d' —  avec  celle  de  speli.  Dans 
le  département  de  la  Haute-Marne  on  dit  élire  pour  trier. 

Eiiiuiakeruc,  eînmakîeriié,  êe.  enchifrené.  V.  fr.  emmatrelé, 
enrhumé,  namurois,  macharia,  ardennais,  mâcherai,  celto-bret.  ma- 
cherie,  peine,  douleur,  oppression  en  dormant,  cauchemar,  cello-gallois, 
mac'ha,  mac'baina,  fouler,  écraser,  accabler,  v.  makriau. 

Eiiiiuarvoyer,  eînmarvoyé  {fai,  faire),  dépiler,  tourmenter.  Ein- 
marvoyé.  adv.  beaucoup,  considérablement.  Cet  adv.  n'est  en  usage' 
qu'aux  environs  de  Mons.  En  v.  fr.  marvoyer,  signifie  extravaguer , 
égarer,  gall.  marweiddio  mortificare,  marw,  mori. 

EÎBîuierder.  v.  a.  couvrir  de  merde  [|  se  moquer  ||  ne  pas  redou- 
ter Il  jeltcr  un  défi. 

Einiuielé,  einniilé.  adj.  couvert  de  pucerons. 

IiliaBmicllurc,  ciiiiuilure.  s.  f.  pucerons,  insectes  très-petits  et 
très-nombreux,  qui  détruisent  certains  végétaux.  En  fr.  l'emmiellure 
est  un  cataplasme  pour  la  foulure  des  chevaux.  Ce  mot  est  venu  par  con- 
fusion avec  nielle,  maladie  du  blé  ou  de  ce  que  les  pucerons  rendent  les 
feuilles  gluautes,  comme  emmiellées.  Il  est  une  autre  explication  encore 


EIN— EIN  ir.l 

plus  satisfaisante,  que  l'on  peut  prendre  dans  la  comparaison  avec  les 
lorraes  liégeoises  :  les  Liégeois  disent  mohe  pour  mouche.  Us  en  con- 
struisent le  verbe  mohi,  moucheler,  le  verbe  molieli,  élever  des  abeilles, 
et  forment  emoheli,  couvert  de  petites  mouches,  de  pucerons.  Cet  émo- 
helé  ressemble  bien  fort  à  notre  emmilé. 

Einneigé,  aincigë,  ce.  adj.  infecté,  fourmillant,  fm  U  est  aincigé 
d'  ptinaise  et  cm  gardin  (V  fourmiche.  Mon  lit  est  infecté  de  punaises  et 
mon  jardin  est  plein  de  fourmis.  En  franc-comtois,  dit  Corblet,  enenger 
signifie  remplir  d'une  mauvaise  engeance.  ' 

Einpaflcr.  v.  a.  empifl'rer. 

Einpcse.  s.  f.  empois. 

Eiiiputi.  V.  a.  empuantir. 

Einqncster.  (s'),  v.  r.  s'informer,  s'enquérir.  Provient  de  ce  dernier 
mot  ou  plutôt  directement  du  lai.  N'est  pas  usité  à  Mons,  l'est  beaucoup 
au  village. 

Einraclier.  v.  a.  arracher.  V.  fr.  éracher,  érucer. 

Einragé.  adj.  enragé,  adv.  beaucoup.  Y  d'à  einragé,  il  y  en  a  con- 
sidérablement. Ej  sa  bin  aise  — ,  je  suis  fort  aise. 

Einsbaiibie.  adj.  ébaubi,  étonné,  stupéfait  (environs  de  Binche). 
V.  fr.  abaubi,  s'esbaubir,  lat.  balbus,  proprement  rendu  balbutiant. 

Einscaufourné,  ée.  adj.  étourdi,  emprunté  (environs  de  Binche). 

Einscliiuii  (s).  V.  pers.  s'assoupir.  Ce  mot  peut  dériver  du  hongrois 
ou  magyar,  aiunni,  qui  signifie  s'endormir  ;  mieux  du  fl.  insluimeren, 
s'assoupir. 

Einserrer.  v.  a.  enfermer,  v.  serrer. 

EiiiMiueint.  adv,  ainsi,  de  môme.  V.  fr.  ensimenl,  mèmement. 

EinsoiiiMlclci*.  V.  a.  assourdir. 

Eintoiinci*.  v.  a.  entonner  |]  empiffrer.  Se  dit  surtout  des  bestiaux 
météorisés. 

Eîn  va  va.  Je  vous  prie,  s'il  vous  plait.  Dans  quelques  villages  on 
dit  :  enne  petite  charité,  va,monseu.  Dans  d'autres  :  Enne  petite  charité, 
va  va,  monseu.  A  Mons  :  ein  va  va,  n'  petite  charité.  V.  va. 

Einvicr,  einvoiiyei*.  v.  a.  envoyer. 

Eiiivolê,  ée.  adj.  étourdi,  léger,  inconstant,  volage. 

Einwuiilié.  v.  a.  vuider,  terminer,  finir  (IJorinage),  mot-à-mol,  en 
vider,  en  sortir. 


162  EL— ERC 

El.  ar[.  de  deux  genres,  le,  la,  gen.  du,  del,  dat.  au,  al,  ace.  el,  abl. 
pau,  pal  ou  flw,  al,  pi.  n.  lés  g.  dés  D.  à  lés.  ace.  lés  ab.  à  lés,  pa  lés. 

Enon,  egnîé.  adv.  iuterrog.  n'est-ce  pas?  n'est-il  pas  vrai?  Ces 
mots  doivent  répondre  à:  est-ce  non?  est-ce  pas?  les  Liégeois  disent 
édon. 

En  rage,  ain  rakc,  ainrasquié.  arrêté  dans  la  boue.  On  pourrait 
croire  au  premier  abord  qu  ainrasquié,  araskié,  est  une  corruption  du 
fr.  enrayé;  mais  on  doit  remarquer  que  le  patois  possède  un  mol 
propre  :  arayé.  v.  rage. 

Entravclure.  s.  f.  t.  decharp.  entrait,  chevètre.  B.-lat.  travum,  trou, 
lat.  trabs,  poutre.  Le  fr.  entrave  doit  èlre  de  même  soucbe. 

Entre-cens.  s.  m.  (coutume  du  Hain.)  Droit  dû  sur  les  mines  au 
seigneur  haut-justicier. 

Entrefend,  ainterfain.  s.  m.  cloison,  mur  de  refend. 

Epaulicre.  s.  f.  t.  de  coût,  pièce  d'épaule  d'un  vêlement. 

Epaislré,  ée.  adj.  réduit  en  bouillie  (Boussu)  v.  spaulrer.  V.  f. 
peautrer,  fouler  aux  pieds.  On  peut  penser  à  pauU,  épi,  et  comparer 
avec  spii,  écraser,  v.  spier. 

Epier,  v.  a.  faire  sortir  le  grain  de  l'épi  |!  réduire  en  grain  ||  en 
poussière  ||  eireuiller.  En  fr.  (outre  plusieurs  significations  bien  con- 
nues) monter  en  épi. 

Epincette.  s.  t.  s.  pincettes.  En  fr.  petite  pince  pour  ôler  les  nœuds, 
les  pailles  des  draps. 

Eporon.  s.  m.  éperon  ||  pied  d'alouette.  Cette  plante  a  le  même  nom 
en  ail.  Ritter  sporn,  en  fl.  ridder  spooren,  en  ital.  sperone  de  cavalière. 
Il  lui  vient  de  sa  forme.  Nota.  On  étend  ce  nom  à  toutes  les  fleurs  de  la 
même  famille,  l'aconit,  le  delphinium,  etc. 

Erbar,  r'bar,  erbarraclie,  r'barrage.  s.  m.  t.  de  jeu.  La  belle. 
Aller  au  fbar,  recommencer  la  partie  gagnée,  avec  d'autres  vainqueurs. 

Erbarer,  r'barer.  v.  n.  aller  au  rhar.  Fl.  herbaren,  régénérer, 
reproduire  ;  her  partie,  d'itération  4-  baren,  accoucher,  produire. 
V.  rX'bar  où  se  trouve  une  autre  étym. 

Erbloukié,  erblonkter.  v.  n.  bondir. 

Erbouter.  v.  a.  et  n.  remettre,  continuer.  Du  v.  m.  bouler^  aujour- 
d'hui inusité  dans  la  langue  fr.,  mais  très-usité  dans  le  patois. 

Erboutrie.  s.  f.  remise  (Borinage). 


ERB-ERD  163 

Erbrougncr,  r'broïignîei'.  v.  a.  écraser  de  manière  à  former  une 
houppe.  Se  dit  par  ex.  d'un  morceau  de  bois  dont  rexlrémilé  est  vio- 
lemment froissée.  Fig.  erbroiignier  V  né  d'  quéq'un,  signifie  le  contondre 
fortement.  V.  brougner.  Est-ce  le  fr.  broyer,  b.-bret,  braza  ou  le  v.  fr. 
brouer,  brasser,  ail.  brauen? 

Erbiilé,  rbulc.  s,  m.  c'est  le  v.  fr.  rebulet,  farine  dont  on  a  pris  la 
fleur,  fl.  builen,  bluter,  herbuilen,  rebluler,  brct.  brutella,  burutilla. 
V.  buUoi. 

Ercaehcr.  v.  a.  chasser,  repousser. 

Ërchauer,  erehénei*,  r'cliener,  rachéiïer.  v.  a.  et  n.  ressem- 
bler. Y  f  chêne  tou  s'  mon  père  ou  à  «'  mon  père.  AU.  scheinen,  sembler, 
erscheinen,  apparaître,  v.  chener.  Artésien,  ressaner,  liégeois,  rissoné, 
russolé. 

Ercîner.  s.  m.  et  v.  n.  goûter.  Rabelais  se  servait  du  mol  reciner. 
Je  vois  dans  un  vieux  dict.  que  ce  mot  vient  de  ralio,  portion  ;  permis 
à  chacun  d'eu  croire  ce  qu'il  voudra.  Ne  vient-il  pas  plutôt  de  recaenare? 

Ercrepi,  ie.  adj.  décrépit. 

Erculisse  [bo  d').  bois  de  réglisse. 

Erculot.  s.  m.  culot.  V.  culot. 

Erduehep,  p'diicher.  v.  n.  mot  très-énergique,  mais  fort  difficile 
à  traduire.  11  se  dit  de  certaines  résistances  éprouvées,  de  choses  qui  ne 
peuvent  pénétrer,  réussir,  etc.:  Si  l'on  veut  exprimer  qu'un  clou  ne 
peut  s'enfoncer  dans  un  mur  plâtré,  parceque  derrière  le  plâtre  se 
trouve  une  pierre,  une  brique  dure,  on  dit  :  Ça  rduche  dain  V  mur.  Si 
quelqu'un  veut  courtiser  une  fdle  et  en  est  rebuté,  on  dit  :  Y  vourroi  bé 
d'aller  avé  c'  fiye  là,  me  i  rduche.  Si  l'on  éprouve  une  pesanteur  d'es- 
tomac, si  la  digestion  est  laborieuse,  on  dit  :  em  maingé  erduche. 

On  ne  se  douterait  pas  que  ce  mot  provient  du  flam.  herdoen,  refaire. 
Rien  cependant  n'est  plus  certain. 

Un  ouvrier  de  Bruxelles  placé  dans  le  premier  cas  cité,  ne  manque 
pas  de  dire  herdoen  (c'est  à  refaire,  à  recommencer),  en  prononçant 
erdounije  ou  erdoundche.  Il  le  dit  volontier  parceque  c'est  le  cri 
familier  des  enfants  flamands  dans  leurs  jeux.  Le  wallon  a  supposé  que 
cela  voulait  dire  :  il  y  a  résistance,  cela  ne  peut  entrer  (y  r'dounUhe)  il 
a  fait  de  là,  dans  certaines  localités,  le  verbe  Erdounlchcr  ou  r'dounlchi, 
qui  va  bien  à  quelques  prononciations  locales  ;  mais  le  son  ounlcher  ne 


Uîi  ERE— ERG 

convenant  pas  aux  oreilles  niontoises,  nous  en  avons  fait  le  verbe 
crduclicr. 

Le  mol,  une  fois  ainsi  reçu  au  propre,  a  bientôt  pris  des  acceptions 
figurées. 

On  voit  de  ces  déviations  de  signification  dans  toutes  les  migrations 
de  mots  d'une  langue  dans  une  autre.  Un  grand  nombre  sont  tordus  au 
passage  :  detorla  verba,  comme  dit  Horace.  Rien  n'est  plus  gênant,  pour 
un  français  qui  apprend  l'allemand,  que  les  mots  d'origine  française 
qu'il  renconire  :  fatal  signifie  fâcheux,  laviren,  louvoyer,  illumiren,  en- 
luminer. Réciproquement  micmac  provient  de  milmacben  qui  signifie 
faire  comme  les  autres.  Souvenez-vous,  ami  lecteur,  de  vos  pensums  au 
collège  pour  avoir  traduit  fortis,"  ferox,  atrox,  pudor,  par  fort,  féroce, 
atroce,  pudeur. 

Un  étranger  pourra  trouver  ces  considérations  forcées  en  ce  qui  con- 
cerne l'origine  du  mot,  celui-là  sera  convaincu  qui  demeurant  quelque 
temps  à  Bruxelles,  sans  même  savoir  le  flam.,a  entendu  combien  le  mot 
est  employé  fréquemment  par  les  Flani.  dans  les  conversations  fran- 
çaises ;  mais  cela  prouve  combien  l'origine  de  certains  mots  doit  facile- 
ment se  perdre,  si  l'on  n'a  pu  en  quelque  sorte  assister  à  leur  création. 

On  me  demandera  peut-être  pourquoi  je  ne  me  conforme  pas  à  l'éty- 
mologie  et  n'écris  pas  hcrducher  ;  c'est  que  selon  le  génie  du  patois  de 
Mons  on  dit  par  euphonie  aussi  souvent  r'duchcr  querduchcr.  V.  ando- 
cher  et  ridocJd. 

'Evette.  s.  f.  arête. 

Erfreîude,  refreîndre.  v.  n.  ('prouver  du  déchet,  se  perdre  par 
l'évaporation,  la  desiccation,  etc.  Le  lat.  refringere  au  milieu  de  beau- 
coup de  significations  à  celle  de  diminuer.  Gall.  diirawd  absumptio,  v. 
fr.  freindre,  briser,  de  frangere. 

Erfrcinfe.  s.  f.  v.  frein,  freinte. 

Epgai',  rgar.  s.  m.  surveillant  du  marché  aux  poissons. 

ErgeroBi.  s.  m.  terre  argillcuse,  silico-alumineuse. 

Ergitc,  ée.  adj.  salpêtre  en  parlant  des  murs,  moisi  en  parlant  des 
étoffes.  A  Liège,  r'gité  se  dit  des  murs  qui  rendent  leur  humidité  inlé- 
rieure,  la  rejettent. 

Ei'giter,  crtlgôté.  v.  n.  repousser,  germer  de  nouveau.  Petole  — . 
Même  origine  que  le  précédent  :  repousser  des  jets. 


ERG-ESC  165 

Ergosiye  (fai  dé  z).  se  défier,  s'excilcr.  Fai  dé  z'ergoiiyc  à  sauter 
lés  fossés,  se  défier  à  qui  francliira  les  plus  larges  fossés  (Qiiaregnon). 
B.-bret.  arguz,  dispute,  lai.  arguere  ;  fl.  hergoyen  (pron.  liergouyen), 
relancer,  v.  fr.  se  rigoler,  plaisanler,  se  réjouir. 

Epgraffei*.  v.  a.  se  dit  des  maladies,  surtout  des  rhumes,  qui,  après 
avoir  diminué,  augmentent  tout  à  coup.  Est-ce  aggraver,  regreller? 
est-ce  le  fr.  suranné,  rengreger,  fr.  tout  à  fiiit  v.  engrever?  il  y  a 
encore  le  fl.  hergrypen  (pron.  hergreipen) ,  ail.  ergreifen,  rattraper, 
saisir. 

Ergfîjajncr,  r'gs'îgnîer,  ragi'ignci*  («').  v,  p.  se  chagriner,  se 
ratatiner,  v.  grignar. 

Erliîerkîea*.  v.  a.  recharger. 

Erlékier.  v.  a.  lécher.  Fl.  likken,  ail.  lecken,  grec,  )six^>,  lai.  liii- 
gere,  lambere. 

Erlîgner,  crlin.  v.  rcligner,  rclin. 

Erloqiietcr,  r'Iokler.  v.  a.  nettoyer  avec  une  loque  mouillée. 

Erloiikier.  v.  a.  regarder,  considérer,  admirer.  En  fr.  reluquer, 
signifie  lorgner,  regarder  avec  aifectalion,  curiosité.  Les  Liégeois  disent 
louki. 

Ernaiieher,  ernakiop.  v.  n.  fureter,  flairer  partout  comme  les 
chiens.  V.  nak. 

Erqueri,  r'querî,  erqmère,  crquée.  v.  a.  chercher  pour  rame- 
ner. Va-t-cin  fquée  Veinfanl  à  l'école. 

Erweilîer,  p'weîtîer.  v.  a.  et  n.  regarder,  considérer,  observer, 
examiner.  Il  ne  signifie  pas  wellier  de  nouveau.  Eriveite  lé  bé,  examine 
le  bien.  Erweilc  lova,  regarde  là-bas.  Weilier  a  aussi  la  signification  de 
regarder,  mais  il  peut  en  prendre  d'autres  et  avoir  un  régime  indirect  : 
Weile  à  li,  prends  garde  à  toi.  Weite  à  d'il  cinfant-là,  surveille  cet 
enfant.  V.  ail.  wahten,  guetter,  fl.  wacht,  garde,  guet,  sich  wachten,  se 
garder,  bas-bret.  arvest,  regarder  quelque  speclacle. 

Escaflier.  v.  a.  v.  skafficr. 

Escal'oté,  ée.  adj.  éveillé,  actif,  adroit.  V.  skafolé, 

Escafoier.  v.  a.  v.  skafoler. 

Escaliii,  cskclin,  ^kcHu.  s.  m.  pièce  de  sept  sous  ou  sols  de  Bra- 
bant,  valant  d'abord  environ  Gi  c,  réduite  par  Napoléon  I"  à  GO.  —  de 
Liège,  pièce  de  dix  sous  de  Liège,  moitié  de  la  livre. 

21 


166  ESC— ESC 

fi]scauipe.  s.  f.  t.  de  jeu  de  bille.  Coup  qui  effleure,  coup  oblique.  || 
fig.  action  blâmable,  conduite  douteuse  :  On  dit  qu'elle  a  failenne  —, 
on  dit  que  cette  fille  a  fait  un  écart. 

Eïscanipcr.  v.  n.  faire  cine  escampe,  fig.  agir  de  biais,  par  ricochet. 
HoU.  scharapen,  frôler,  toucher  légèrement,  ne  pas  frapper  à  plomb. 
V.  fr.  escamper,  se  mettre  de  côté,  b.-lat.  scampare,  que  Ducange  tra- 
duit :  alicujus  elïugio  favere  :  et  fecit  scampare.  Quelques-uns  allribuenl 
l'origine  à  ex  et  à  campus,  on  trouve  dans  Molière  escampalivos  (George 
Dandin). 

Kscanipette  (prainde  del  poude  d' — ).  fuir.  En  v.  fr.  —  signifie  fuite. 

Escap,  scap.  adj.  étroit  (Jemmappes). 

Escapade,  s.  f.  échappée.  En  fr.  c'est  l'action  d'un  cheval  qui 
s'échappe.  V.  fr.  escaper,  ilal.  scapparc,  bas-brelon,  achap.  v.  escam- 
per; bas-lat.  escapium,  que  Ducange  traduit  par  efîugium. 

S^scarbottc  («  l').  en  sautant  sur  une  seule  jambe. 

Escaiiderîe,  escôdrîe.  s.  f.  épouvante^  ||  calamité  ||  échappée  || 
échautî'ourée  ||  tumulte,  désordre.  (Boiinage).  Quée  Jt' — /  quelle  bagane! 
AU.  Schau'der,  horreur,  frissonnement;  par  synecdoque,  cause  pour  effet. 
V.  pourtant  escoudée. 

Escaufer,  scaiifer.  v.  a.  échauffer . 

A  n'ain  eu  scaufé 

iV  claque  de  pus  n'  fai  rié. 

A  qui  a  beaucoup  souffert,  une  douleur  de  plus  est  peu  sensible. 

On  remarquera  le  commencement  du  proverbe:  le  premier  N  est  eu- 
phonique; si  le  montois  n'avait  pas  eu  cette  ressource  pour  éviter  l'hia- 
tus :  à  ein,  il  aurait  employé  l'analogue  de  l'ablatif  absolu  :  Ein  eu 
scaufé,  etc. 

Escaveche  (poisson,  pichon  à  V).  poisson  mariné.  Espagnol,  Esca- 
bccha,  saumure  avec  du  vinaigre  ou  vin  blanc,  avec  des  feuilles  de  lau-. 
rier  et  autres  aromates,  poisson  mariné.  Fr.  escabecher,  préparer  les 
sardines. 

Esclisse.  V.  sJdisse. 

Slsclo.  s.  m.  urine  (Thulin).  En  Picardie,  écloi,v.  fr.  écloi  et  escloi. 
Selon  Roquefort  dérivé  de  ex  lolium.  En  liégeois  Idé,  ags.  hland.  On  ne 


ESC— ESC  167 

voit  pas,  au  premier  coup-d'œil,  de  rapport  entre  csclo  et  hlé;  pour  le 
saisir,  voir  l'art,  liégeois. 

EscolTGer,  scoffler,  escouffier.  v.  a.  tuer. 

Escor,  escaup,  exhaur.  action  d'escaurer.  Droit  d' — ,  droit  payé 
pour  être  escauré. 

Escorchcp.  V.  a.  écorcher,  écorcer.  Dans  la  première  significat.,  de 
corium,  peau.  Dans  la  seconde  de  cortex,  fl.  scliors.  On  dit  plus  volon- 
tiers dcquitler,  ainrachcr  V  pélale;  au  village  on  dit  scorsi  pour  écorcer. 
On  réserve  scorchie  pour  écorcher. 

Escorep,  escaurer,  cxhauper.  v.  a.  t.  de  charb.  extraire  les 
eaux  des  liouillières.  Les  Liégeois  disent  horé,  creuser  un  égout  ou  un 
canal  souterrain.  Ils  disaient  autrefois  œhoré  en  prononçant  œli  comme 
le  ch  ail.  Tous  nos  mots  en  sk  ou  esc  sont  aspirés  à  Liège  (v.  liégeois) 
v.  ail.  Schoren,  fouir,  mha.  scliore,  bêche. 

Tout  ce  qui  dans  notre  patois  est  d'origine  german.  ou  celtique  tend  à 
se  perdre, comme  il  s'est  perdu  dans  le  fr.,pour  faire  place  à  une  apparence 
d'origine  latine.  Cela  se  comprend  :  c'est  que  tout  homme  instruit  sait 
le  latin,  que  peu  savent  l'ail,  et  que  presque  personne  n'a  d'idée  du  celt.; 
un  mot  comme  escorer  se  présente  :  la  fin  de  l'escor  étant  l'épuisement 
des  eaux,  quelqu'un  suppose  que  nos  ouvriers  ignorants  ont  altéré  le  mot  et 
qu'il  l;)udrait  dire  exhaur  (latin  exhaurire).  Vite  les  ingénieurs  des  mines 
dans  leurs  rapports,  les  avocats  dans  leurs  mémoires  sur  une  cause 
charbonnière,  s'emparent  du  mot  exhaur  et  je  ne  serais  pas  étonné  dans 
peu  de  temps  de  le  trouver  dans  les  dict.  fr.  Escor  n'a  guîn-e  de  chance 
d'y  entrer  jamais.  Le  mot  exhaur  n'a  pas,  je  pense,  40  ans  d'existence 
et  n'est  employé  que  par  les  personnes  instruites.  Eseor  est  le  seul 
mot  dont  se  servent  les  vrais  Borains. 

Les  mots,  même  d'origine  romane,  qui  avaient  perdu  leur  physionomie 
latine  l'ont  reprise  :  le  v.  fr.  taule  est  devenu  table,  cuer,  cœur,  huem, 
homme.  11  y  a  mieux,  à  côté  de  :  cailler,  roide,  siireté,  recouvrer,  soupçon, 
ouvrer,  droit,  on  a  forgé  coaguler,  rigide,  sécurité,  récupérer,  suspi- 
cion, opérer,  direct,  ayant,  à  la  vérité,  un  emploi  souvent  dilférent  ; 
mais  cela  prouve  qu'il  y  a  un  double  courant  :  le  courant  populaire  qui 
éloigne  quelque  fois  les  mots  de  leur  source,  ou  du  moins  ne  s'occupejamais 
de  les  en  rapprocher,  et  le  courant  scientifique  qui  veut  faire  l'inverse, 
mais  qui  souvent  s'égare.  Voltaire  s'indigne,  dans  son  dict.  philos,  art. 


1G8  ESC— ESC 

francq,  français,  que  Ton  ose  dire  récolter,  strict,  lorsqu'on  possède 
recueillir,  étroit.  Son  autorité  a  été  méconnue  :  ces  mots  et  cent  autres 
ont  pénétré  dans  la  langue. 

Disons  pour  terminer  que  les  mots  assez  récents  :  tact,  traction 
viennent  bien  des  s.  ou  part.  lat.  tactus,  tractus,  mais  il  est  plus  que 
permis  de  douter  que  les  mots  plus  anciens  tirer  et  loucher  ou  tàter 
vieiment  des  infinitifs  trahere  et  tangere  (v.  touke-fcu).  ïrahere  a  pro- 
duit traire,  peut-être  traîner;  tangere  n'a  produit  que  le  mot  scientifique 
tangible. 

Odieux  est  lat.     Haïr  est  gcrm. 
Rubicond   »         Rouge  »  ou  celt. 

Rapt  ))        Dérober  est  ail. 


Escorîette.  s.  f.  languette  de  cuir  des  souliers  à  boucles.  Latin  co- 
riuni.  V.  ccoric. 

Escoiibarc,  scoubaré,  ée.  adj.  évaporé,  étourdi.  A  Liège  esbaré, 
effarouché.  V.  débarlé. 

Ëscoudcc.  s.  f.  t.  de  jeu  de  balle,  espèce  de  livrée.  Holl.  schouder, 
épaule,  ail.  Schulter.  J'ai  du  placer  ici  ce  mot,  malgré  l'élymologie,  parce 
qu'on  ne  dit  jamais  skoudée.  N'est-il  pas  curieux  que  les  Picards  n'aient 
conservé  d' —  que  l'idée  accessoire,  l'élan  :  ils  disent  preinde  es  nescau- 
die,  et  que  nous,  bien  qu'ayant  perdu  cscaudie,  nous  en  ayons  formé 
cscodric,  cscaudric. 

EscoMfleler,  seonfter.v.  a.  tisonner  ||  battre  les  habits  ||  épousse- 
ler,  brosser.  Fig.  examiner  minutieusement  ||  priver  totalement ,  dé- 
pouiller. Selon  certaines  personnes,  du  fl.  schouw,  visite,  inspection  des 
digues,  selon  d'autres  du  français  secouer. 

Mais  ces  deux  étymologies  sont  peu  admissibles  :  la  première  parce 
que  scotifler  ne  signifie  examiner  minutieusement  que  d'une  manière 
figurée,  la  seconde,  parce  que  secouer  paraît  venir  de  succulerc  ou  au 
moins  en  avoir  pris  la  signification  et  que  d'ailleurs  secouer  se  dit  en 
montois  skucr  ou  eskuer.  V.  skucr. 

Remarquons  qu'en  liégeois  existent  les  mots  hover,  balayer,  ramoner 
et  hovctcv,  brosser,  qui  transportés  dans  le  montois  doivent  faire,  selon 


ESC— ESC  169 

nos  lois  de  transformation,  skoiiver  et  scouveter  (v.  la  note  de  l'art. 
Ucgcois),  que  le  vieux  fr,  avait  escouve  et  escoube,  balai,  qu'il  avait 
raugmentalif  escouvillon,  houssoir,  grand  balai  de  bou\  ou  de  gènet, 
qu'il  a  encore  ccouvillon,  grosse  brosse  pour  nettoyer  les  canons,  qu'il 
avait  en  outre  le  diminutif  escouvette,  escouveste,  époussette,  brosse, 
plumeau,  enfin  qu'il  avait  formé  le  verbe  chouver.Le  nam.  a  encore  cJwver. 

Un  peu  plus  loin  vous  trouverez  le  bas-latin  scovare  qui  aurait  pu 
sans  doute  se  former  de  scop^e  ;  mais  le  bas-latin  avait  d'autres  habitudes, 
il  se  formait  bien  plus  volontiers  de  mots  locaux,  en  se  contentant  des 
formes  latines  ou  à  peu  près.  Or,  nous  trouvons  dans  le  bas-breton 
scubel  et  scubellen,  balai. 

Conclusion  :  escouflcr,  escouv'd^tcr  doivent  se  rapporter  à  la  forme 
diminutive  et  se  traduire  au  propre  par  nettoyer  avec  un  petit  balai,  une 
brosse. 

Faut-il  aller  plus  loin  encore  et  rechercher  qui  est  l'emprunteur,  qui 
est  le  prêteur  de  scubel  et  d'escoube.  Quelqu'arriérce  et  isolée  que  soit 
la  Bretagne,  elle  ne  l'est  pas  tellement  qu'elle  n'ait  emprunté,  dans 
divers  temps,  des  mots  au  français,  soit  ancien,  soit  moderne.  Pour 
trancher  la  question,  il  faut  fouiller  le  pays  de  Galles  et  la  Cornouaille,  qui 
depuis  notre  ère,  n'ont  certainement  plus  admis  un  seul  mot  tiré  de  la 
Gaule  (i)  Or  je  trouve  dans  le  dict.  gallois  de  Davies,  yscub,  scopa, 
yscube,  scopare;  il  est  donc  évident  que  le  mot  existait  dans  toute  la 
Gaule  et  même  la  Grande-Bretagne  avec  quelques  nuances,  comme  nous 
on  voyons  de  nos  jours  dans  nos  patois.  L'un  ne  procéderait  pas  de 
l'autre  :  ils  seraient  coexistants  dès  la  plus  haute  antiquité. 

Donnons  ici,  pour  ne  rien  négliger,  l'art,  de  Ducange,  scopari,  scovare  : 
scobis  seu  virgis  aut  flagellis  c;iedere.  ScopiC  :  virgarum  disciplina  in 
monasteriis.  Scopa,  betulus,  quod  ex  illà  scopas  conficiunt. 

Esconpe,  écotipe.  s.  f.  pelle.  FI.  skop,  ail.  Schauffel.  En  fr.  escoup 
signifie  petiie  pelle  creuse  pour  mouiller  ou  vuider  le  navire,  escoupc 


(I)  Ils  n'ont  pu  emprunter  que  de  l'anglais.  L'anglais  a  été  sans  cloute  formé  en  partie  du 
V.  fr.,  mais  sa  prononciation  a  rendu  méconnaissable  ce  qui  vient  d'autres  langues.  Si  un 
mot  anglais  entre  dans  le  gallois,  ce  n'est  pas  avec  son  orthographe,  c'est  avec  sa  pronon- 
ciation. 


170  ESC— EST 

signifie  pelle  de  mineur,  de  chaufournier,  écoupc  ou  écoupée,  balai,  terme 
de  nier. 

lî!scoiir,  scou.  s.  ni.  tablier.  Fig.  giron  (villages  autour  de  Mons). 
Ail.  schurlz,  tablier,  boU.  scliort,  tablier  de  femme  de  basse  condition, 
II.  schoot,  giron.  V.  ccour  elskott. 

Escoiirchie,  scoiirchic.  s.  f.  plein  un  tablier. 

Escoiivette.  s.  f.  plumeau,  petit  balai. 

Escouvion,  scouvion.  s.  m.  genêt,  linge,  paille  au  bout  d'une 
perche,  écouvillion.  Quand  on  y  met  le  feu,  brandon  qu'on  promène  la 
nuit. Breton,  scouffilion. 

Escranier.  v.  a.  écrémer. 

Esciiellc,  scuelle.  s.  f.  écuelle,  Bas-bret.  scudel,  lat.  sculella, 
dim.  de  scutra. 

Eskielle.  s.  f.  échelle.  V.  fr.  eschiclle,  escaielle  et  eskielle,  lat.  scala, 
bret.  sqeul,  gall.  ysgol,  scala,  climax. 

Eskrcnie,  screnîe.  s.  ni.  long  bâton  au  bout  duquel  se  trouve  une 
lampe  ou  crachet  que  l'on  peut  faire  arriver  au  milieu  d'une  chambre 
pour  éclairer  pendant  Veskrienne. 

Ëskrienne.  s.  f.  veillée.  Fr.  écraignes,  bas-lat.  screuna,  screona, 
fi.  schryn,  ail.  Schrein,  coffre,  par  extension,  hutte.  Si  1res  ho- 
niines  ingenuani  puellam  de  casa  aut  de  screoucà  rapuerint  (loi 
salique). 

Ëspal.  V.  spal. 

Kiiipansnée.  s.  f.  plein  la  panse,  fig.  plein  un  tablier.  V.  cscourchie. 

Espayser  (5').  v.  p.  s'expatrier. 

Espèce,  s.  f.  épice. pand' — ,  pain  d'épice.  —  de  clau, clou  de  girofle. 
o.-lal.  species. 

Espicoftc.  s.  f,  chiquenaude. 

Espinoke,  cpinoque.  s.  f.  épinoche,  polit  poisson,  fig.  enfant  très- 
maigre,  très-faible. 

Esplingue.  s.  f.  épingle.  FI.  spelde,  patois  ail.  spengel,  armor. 
spilleu,  plur.  spill,  ital,  spillo,  basq.  ispilinga,  lat.  spinula. 

Espliivié.  s.  m.  épervier,  filet  pour  prendre  le  poisson. 

EstafTe.  s.  f.  coup.  Àllraper  s'  n'cslaffc,  recevoir  un  coup,  être  tué. 
En  V.  fr.  c'était  un  coup  donné  par  un  estaflier  ;  mais  eslafier,  comme 
estafilade,  remonte  plus  haut  :  On  trouve  le  fl.  staf,  bâton,  masse  et 


EST-ÉTA  l"?! 

staef,  barre,  lall.  Stab,  bâton,  et  le  dict.  celt.  de  Pelletier  traduit  le  mot 
staffa  par  :  coup  de  la  main  ouverte. 

Est  que  (y  n").  rien  de  tel  que,  rien  n'égale  ce  qui  :  y  n'est  qxC  d'elle 
à  ses  affaires. 

Ëslaneou.  s.  ni.  étançon.  Bret.  stançon.  Pelletier  déclare  ne  pas 
savoir  s'il  vient  du  Ir.  ou  s'il  l'a  produit.  AU.  Stange,  perche,  bâton. 

Ëstank.  s.  f.  digue. 

Sslankic.  v.  slanquier. 

Esto,  slo.  s.  m.  souche.  V,  fr.  estoc,  ail.  Stock,  bâton,  souche. 
V.  stok. 

Estoc,  s.  m.  c'est  le  même  mot  que  le  précédent,  pris  dans  une 
acception  figurée.  Cl  ein  homme  d' — ,  c'est  un  homme  de  souche  noble, 
de  distinction.  Par  extension,  homme  riche,  fort,  habile.  On  peut  aussi 
avancer  une  interprétation  au  moyen  du  fr,  estoc,  qui  est  du  reste  aussi 
d'origine  germanique,  mais  a  la  signification  de  pointe  d'arme.  Alors  on 
traduirait  homme  d' —  par  homme  d'épée.  Ail.  stechen,  gestochen,  fiap- 
per  de  la  pointe,  piquer. 

Estouniaqucr,  stoiiiuakié.  v.  a.  étonner,  troubler,  étouffer  de 
surprise,  essouffler.  En  fr.  s'estomaquer  signifie  se  scandaliser,  s'offen- 
ser, lat.  stomachari,  liégeois,  amaké,  v.  f.  asmaker,  ahurir,  b.-lat. 
sraacare,  vulnerare,  ital.  sniaccare,  écraser,  v.  mak,  maker.  Ali. 
schmachten,  étouffer,  pâmer. 

Estoupci*.  V.  slouper. 

Estoupette(jn<'ne  es  eu  à  F),  ne  s'asseoir  que  sur  une  fesse,  exposer 
son  derrière.  V.  loupelle. 

Etanies.  s.  f.  p.  litanies. 

Dans  plusieurs  endroits  de  la  ville,  il  y  a  des  niches  renfermant  des 
madones  que  l'on  nomme  avierge.  Il  y  a  dés  avierge  de  bon-secours,  de 
Cambron,  etc.  Quand  vient  leur  fête,  on  les  pare  de  leurs  habillenienls 
de  gala,  le  soir  on  alhime  des  chandelles  et  pendant  huit  jours  quchiiics 
hommes  et  quelques  jeunes  filles  chantent  lés  Étanies. 

Quand  on  veut  agacer  les  filles  à  marier,  on  leur  récite  une  litanie 
d'un  autre  genre  ;  en  voici  quelques  versets  : 
Sainte  Marie,  f  vos  en  prie 

—  Lisabeth,  ej  sue  toute  prette 

—  Waudru,  ej  n'ein  peux  plus. 


172  ETiN— ETR 

Etnailc.  s.  f.  piiicelles.  Je  crois  que  c'est  à  tort  que  M.  Grandga- 
gnage  a  été  chercher  à  son  liégeois  eknéie  une  origine  ail.  :  kneipen, 
pincer.  Il  me  semble  que  c'est  une  altération  du  mot  fr.  tenailles  :  on 
aura  dit  d'abord  baycm  lés  fnailes  au  pluriel,  donnez-moi  les  tenailles, 
et  plus  tard  on  aura  dit  cnne  clnailc  au  sing.,  remarquez  qu' —  n'appar- 
tient guère  au  wallon  montois,  mais  au  wallon  campagnard.  A  Mons  on 
dit  :  enne  épincclle.  On  dit  également  em  écisiau  et  ces  deux  mots  se 
sont  formés  de  même.  On  pourrait  ajouter  éclicoUe  venant  de  claquette, 
élricoiss,  cwak,  évergeUe.  Comparez  encore  le  fr.  de  techn.  elnet,  etnette, 
tenette.  On  a  vu  à  l'art.  E  sa  faculté  de  se  transposer;  à  la  vérité  nous 
n'en  usons  pas  d'habitude  pour  les  mots  en  te,  de;  mais  nos  voisins  du 
midi  le  font  très-volontiers  ;  à  Yalenciennes  on  dit  :  tasse  cd  café.  Peut- 
être  est-ce  dans  le  nord  de  la  France  que  le  mot  s'est  formé,  pour  péré- 
griner  ensuite  chez  nous. 

Etorde,  estorde,  storde.  v.  a.  exprimer  l'eau  qui  se  trouve  dans  un 
linge  en  le  tordant.  Les  Liégeois  disent  sloide  pourépreindre,  exprimer. 

£tot.  s.  m.  étau  ||  branche  d'une  généalogie,  souche  d'une  famille. 
On  dit:  qu'ain  tée  fai  ain  etol  dain  enne  héritance,  quand  sa  part  seule, 
comme  frère,  par  ex.^du  défunt,  égale  toutes  les  parts  réunies  des  enfants 
d'une  sœur  qui  serait  morte.  Le  mot  est  de  la  même  origine  que  slukie, 
eslo,  sto,  estoc. 

Ëiou.  aussi.  Voici  une  chanson  où  figure  cet  étou  : 

Etouffe  [y  fai).  le  temps  est  étouffant. 

Elricoiss.  s,  f.  tenaille  (Charleroy),  à  Liège  tricoisse.  Fr.  tricoises, 
tenaille  des  maréchaux,  v.  fr.  iriquoise,  machine  de  guerre  en  forme  do 
tenaille,  lat.  stringere,  fr.  étreindre.  V.  elnail. 

Ces'C  al  maison  d'ain  avocat  (bis) 

Quon  a  mené  ain  si  bia  plil  via  (bis) 

Les  geins  fiintt  dcl  petite  bielle 

Pas  quelle  n'avou  mie  d'coirne  à  s'  tielle. 

El  feimme  qui  l'avou  amené  (bis) 

Disou  quy  n  fallou  mie  s'  moquié  (bis) 

(Parlé).  MoNSEU  !  s'ielle  avou  cnn  bel  feimme  comme  vous 

El  arou  bie  de  corn  elou. 

V.  fr.  atout,  bourguignon  étou  et  itou.  Ab  +  lotum,  v.  fr.  ilel=hic  talis. 


EUN— EXlI  175 

Eun,  eitne  (1).  l'un,  l'une  :  Veunne  vie,  Vaulle  rcsse  là.  (V.  ein  et 
iun). 

Elusaii,  eiison,  au,  aiiw.  s.  ni.  oie,  oison  :  il  a  cin  eu  d'au,  i 
skillc  sans  V  seinli.  A  Liéi:;e  aiv,  auw.  Diez  fait  venir  oie,  d'avicella,  il 
ferait  sans  doute  venir  eusau,  d'avicellus.  On  pourrait  rapporter  eMso?i  à 
oison.  Mais  ne  faut-il  pas  prendre  toute  la  famille  dans  son  ensemble?  Le 
bas-lat.  a  auca,  le  lat.  anser,  les  langues  gerni.  ont  gans,  les  langues 
celt.  ont  :  brel.  g^vaz,  gall.  gwyz,  irl.  ganra,  le  sansc.  bansa,  oie.  Le 
gall.  a  en  outre  aes,  dérivant  du  sanscr.  vayas,  oiseau,  que  Piclct 
ratlaclie  à  la  racine  vay,  aller.  Notre  au  ne  peut  guère  venir  que  du 
bas-  lat.  auca.  Je  laisse  à  chacun  de  débrouiller  le  reste. 

Evanillei',  cvanîyer.  v.  a.  festonner. 

Elvaniiliirc.  s.  F.  feston. 

Evergetle.  s.  f.  verge  de  cuisine  pour  fouetter  les  œufs.  Y.  etnaile. 

Ewak.  s.  f.  t.  de  bat.  du  canal  de  Mons  à  l'Escaut,  vague.  Tudesque 
wak  d'oîi  vient  le  mot  fr.,  comme  le  mot  patois,  à  moins  qu'il  ne  vienne 
du  brel.  gv^ak.  Goth.  vego,  ail.  Woge,  irlandais  \\ag,  suédois  waeg. 
V.  elnaile. 

Ewaré,  ée.  adj.  et  subs.  usité  seulement  dans  les  villages.  Il  avou 
tout  r  menne  d'ein  — ,  il  avait  un  air  d'égarement.  Le  rapport  entre 
égaré  et  —  est  manifeste  :  on  peut  dire  que  ce  n'est  qu'une  altération 
du  fr.  par  la  transformation  du  g  en  w  familière  au  wallon.  On  peut  dire 
aussi  que  c'est  un  v.  mot  gaulois  dont  les  Fr.  ont  fait  égaré.  Quoi  qu'il  en 
soit,  à  Liège  —  ne  signifie  plus  guère  égaré,  mais  eifrayé,  épouvanté.  Le 
dialecte  liégeois,  plus  riche  que  le  nôtre  en  dérivation,  n'a  pas  seulement 
— ,  il  a  encore  ewareur,  frayeur,  ewara,  épouvanlail,  ewarah,  affreux, 
horrible,  ewaregc,  saisissement,  ewaré,  t.  passif,  effarer,  v.  n.  étonner, 
consîerner.  Celte  richesse  jointe  aux  causes  indiquées  art.  liégeois 
explique  au  Montois  sa  difliculté  de  comprendre  au  premier 
abord. 

Eivion,  ewiglion,  s.  m.  aiguillon.  V.  fr.  aguillon,  ital.  aguglione, 
esp.  aguzar,  lat.  aculeus. 

Exhalaison,  s.  f.  éclair  provenant  d'un  orage  trop  éloigné  pour 
qu'on  puisse  entendre  le  bruit  du  tonnerre. 

Exliaur.  V.  cscor. 

Exhaurer.  V.  cscorer. 


ni  EXP-FAL 

Exprès,  espi'é {pa  cm).  Je  n'  lai gnié  fai pa  ain  cspré,  je  ne  l'ai  pas 
Aiit  exprès. 
Eyé.  eonj.  et. 


F 


Fabie  {Imye  à  — .)  nom  d'une  coulure  vers  la  limite  des  territoires 
de  Mous,  Jemmapes  et  Ghlin.  J'ai  entendu  rapporter  ce  nom  à  un  pré- 
tendu général  romain  Fabius  qui  y  aurait  eu  un  camp.  Or  fabic  ou  fcm~ 
bie,  mot  composé  faux— biez  signifie  en  liégeois  déversoir  et  ladite  cou- 
ture tient  en  effet  à  l'ancien  lit  de  la  Haine  avant  l'établissement  du  canal. 

Fachc,  fàchetle.  s.  f.  racHOT.  s.  m.  maillot,  En  liégeois  fuhetle. 
Lat.  fascia,  irl.  fasg,  s.  m.  et  fai'sg  s.  f.  sanscrit,  pàs'a,  lien,  goth.  faska, 
ail.  Fasch  et  Fàsche,  lange. 

Fâcher,  v.  a.  emmailloter.  Liégeois  fahic. 

Faclienne  et  facenne.  s.  f.  fascine,  fagot.  En  liégeois  fuhenne  et 
faguennc.  Fahcttc,  fahi,  fahennc  ont  pour  radical  (ah,  ceinture,  maillot. 

Fade.  adj.  paresseux.  En  v.  fr.  fiiible,  accablé,  en  fr.  moderne,  insi- 
pide. 

Fafiar.  s.  m.  qui  fafeye. 

Fafier,  farfeyer.  v.  n.  parler  comme  les  personnes  en  état 
d'ivresse  ou  -comme  les  apoplectiques  dont  la  langue  est  paralysée  d'un 
côté.  En  v.  fr.  papier  signifie  commencer  à  parler  comme  les  enfants. 

Fafliite.  V.  bablule 

Fafouye.  s.  f.  petite  bégueule,  petite  indiscrète,  femme,  fille  qui 
farfouille  volontiers,  qui  dérange  tout.  Liég.  fafoyc. 

Faille,  s.  f.  vêtement  de  femme  qui  lui  couvre  la  tète  et  une  partie 
du  corps.  Flamand  falie.  Je  trouve  dans  Fuchs  :  ait.  nord.  AUdr,  Gewand, 
esp.  falda,  unterer  theil  eines  Kleides,  c'est-à-dire  :  vieille  langue  du 
nord,  faldr,  vêlement,  esp.  falda,  partie  inférieure  d'un  habit.  En  fr. 
comme  en  langage  de  charbonnier,  faille  signifie  faute,  couche  qui 
interrompt  le  filon.  Ail.  Fehl,  fl.  faile, défaut,  lat.  déficere,  defecîum. 

Faisi.  s.  m.  mélange  d'argile  et  de  houille  menue  pour  faire  des 
boulets.  V.  boulet.  Fr.  fraisil,  cendres  de  charbon  de  terre. 

Fali.  V.  n.  t.  de  jeu  de  raquette,  laisser  tomber  le  volant  à  terre. 


FAL— FE  175 

Fr.  faillir,  ail.  fallen,  tomber,  esp.  fallir,  prov.  faillir,  égarer,  v.  fr. 
falir,  manquer,  lat.  fallere,  échapper. 

Falot,  s.  m.  torche,  celui  qui  la  porte.  En  fr.  lanterne  de  toile. 

Faloiirde.  s.  f.  faute,  bêtise,  ânerie.  En  fr.  gros  fagot,  v.  fr. 
conte  fait  à  plaisir,  falie,  tromperie. 

Farde,  s.  f.  dossier,  liasse  de  papiers.  Le  fr.  fardeler  est  employé 
en  techmologie  pour,  mettre  en  paquet.  Esp.,  port,  fardo,  ballot,  ital. 
fardelK?,  paquet.  Diez  croit  que  l'esp.,  le  port,  et  l'italien  ont  une  origine 
arabe. 

Fardeler.  v.  n.  se  remuer,  s'agiter. 

Fardiau.  s.  m.  afiiùssement  de  terrain  qui  a  lieu  peu  de  temps 
après  l'extraction  de  la  houille.  On  ne  peut  supporter  longtemps  le  toit 
par  les  élançons,  ils  sont  brisés,  le  tassement  des  terres  et  pierres  mises 
dans  les  slappcs  a  lieu  et  le  sol  est  abaissé  de  toute  l'épaisseur  de  la 
couche  enlevée.  ||  Fardiau  se  dit  à  Mons  pour  fardeau. 

Farfeyer.  v.  n.  tripoter,  farfouiller.  Il  est  souvent  confondu  avec 
fafier.  V.  ce  mot. 

Farfoiiyeiir,  farfouyeii.  s.  m.  qui  farfouille. 

Farinasse,  adj.  farineux.  Se  dit  des  légumes  qui  ne  sont  point 
savoureux. 

Fassian.  s.  m.  mesure  du  Hainaut  pour  le  bois  de  chauffage;  il 
égale  0  stère  8619G. 

Fau,  fayaii.  s.  m.  hêtre.  V.  fr.  fou,  foyau,  fouteau,  lat.  fagus. 

Fanstrie.  s.  f.  tromperie,  fraude,  chose  artificielle.  Es  fije-là  a  ain 
biau  csloumac,  mé  el  a  del  — . 

Fauve,  s.  f.  fable,  conte. 

Favelotle.  s.  f.  fève  de  marais,  féverole.  Lat.  faba. 

Fayé,  fayeus,  ée,  eaise.  adj.  drôle  ||  singulier  ||  indisposé,  un  peu 
malade  ||  diifectueux.  Il  y  a  souvent  confusion  entre  fayc  et  faycux. 
Cependant  je  crois  qu'on  doit  appliquer  le  premier  aux  personnes,  le 
second  aux  choses.  V.  faille.  Fayé  est  employé  à  Liège. 

Fe.  Par  extraordinaire  on  prononce  Te  muet  à  peu  près  comme  celui 
de  :  le,  je,  en  fr.  11  y  a  dans  toutes  les  langues  des  particules  intradui- 
sibles dans  une  autre  et  qui  leur  impriment  une  physionomie  propre. 
Le  français  familier  dit  :  dame  !  Tui  sait?  Le  borain  dit  :  on  l"  se,  fe?  le 
sait-on?  cela  est  bien  douteux.  Ce  fe  pourrait  bien  être  le  v.  fr.  lé  (loi)  sur 


17G  FEL— FEU 

ma  foi,  par  ma  foi,  comme  dans  non  fai,  qui  se  prononce  toul  autre- 
ment. 

Fel.  adj.  fier,  hautain,  sévère,  brutal,  ferme.  Fel  signifie  en  b.  ail. 
et  en  flamand  cruel,  violent,  en  v.  fr.  dur,  cruel,  ilal.  fello,  impie,  irl. 
féal,  trahir,  fr.  félon. 

Fel,  fellcnient,  fclmain.  adv.  beaucoup,  fortement,  fièrement, 

Fciiassc.  s.  f.  p.  herbes  hautes,  grêles,  croissant  d'une  manière 
rare,  espacée.  La  désinence  asse  est  un  majoriiif  très-employé* en  h. 
lang.  :  home,  homcnaz.  Là  cet  augmentatif  est  aussi  fréquent  que  les 
diminutifs  le  sont  en  d'autres  languages. 

Fénep,  P  ner.  v.  n.  faner.  Lat.  fœnum. 

Féneu,  euse.  s.  m.  et  f.  faneur,  euse, 

Fente,  fante,  fainte.  s.  f.  t.  de  menuis.  bois  d'un  pouce  et  demi 
(de  France)  d'épaisseur  nominalement,  mais  en  réalité  d'un  pouce  1/4 
Hainaut  environ.  ||  Ouverture,  gerçures. 

Fei'Iopes,  farlopes.  s.  f.  p.  marc,  fèces  qui  se  trouvent  suspen- 
dues dans  les  liqueurs  non  clarifiées.  V.  fr.  freloque,  haillon,  effilure, 
frelope,  lambeau. 

FcriBie.  s.  m.  lieu,  meuble  qui  se  ferme  à  clef. 

Feriiîelte,  fisiicssc.  s.  f.  fenêtre.  Esp.  finiestra,  lat.  fenestra. 

Ferronié.  s.  m.  ouvrier  qui  travaille  le  fer:  serrurier,  etc.;  ferron- 
nier en  fr.  marchand  d'oiivriges  en  fer,  clincaillier. 

Fesiéqwer,  fesicquîer.v.  n.  faire  un  ouvrage  inutile,  un  mauvais 
ouvrage  ||  s'amuser  à  des  riens  ||  faire  semblant  de  travailler  j|  s'agiter 
sans  résultai.  V.  fr.  afiaiiier,  raccommoder. 

Festu,  lislii.  s.  m.  fétu,  lat.  fesluca. 

Feuillet,  fenyé.  s.  m.  t.  de  men.  volige.  —  simple,  simpe 
planche  d'un  demi  pouce  de  France.  —  fort,  for,  planche  de  5,4  de 
pouce. 

Feunqiiîer.  v.  n.  et  a.  fumer.  Ej  funkoje,  y  funk,  et  y  feunkeyc. 

Fewye,  fiieye,  fwaye.  s.  f.  feuille.  Chuchcr  n  — ,  être  privé  du 
régal  sur  lequel  on  comptait.  V.  fr.  fueil.  V.  foair.  Personne  ne  doute  de 
l'origine  lat.  du  mot;  mais  n'est-il  pas  bien  étonnant  qu'à  une  époque 
voisine  de  sa  naissance,  il  était  plus  éloigné  de  folium  qu'aujourd'hui? 
V.  escor,  suair. 

Feuye  dé  co,  s.  f.  tanaisie  baumière,  tanacetum  balsamum. 


FÈV-FIC  177 

Fève  sauvage,  s.  f.  renouée  liseron,  polygonum  convolvuliis. 

Fiane.  s.  f.  Ce  mot  semble  selre  formé  de  deux  mots  d'agriculture 
fane  et  fiole,  fort  peu  usités  et  signifiant  fouille  des  plantes  her- 
bacées et  notamment  des  céréales,  le  premier  venant  de  faner  (fœnuni), 
le  second  de  foliolum.  Fiole  ne  se  trouve  pas  au  dict.  de  Tacad., 
mais  dans  Boiste  à  Tari,  effioler.  Nos  paysans  nomment  —  le 
bout  des  plantes  de  blé  ou  les  plantes  entières  que  l'on  coupe  et 
que  l'on  donne  en  vert  aux  bestiaux.  Fig.  on  dit  —  pour  baga- 
telle, petite  chose.  Vos  îi'  (Tarez  gnié  n — ,  vous  n'en  aurez  absolument 
rien.  Comp.  le  fr.  cstifloi,  chose  de  peu  de  valeur,  avec  le  lat. 
stipula. 

Flâner,  v.  n.  arracher  les  fianes,  les  mauvaises  herbes,  les  bleds 
surabondants. 

Ficeler,  v.  a.  et  n.  escroquer,  escamoter  des  bagatelles,  agir  en 
ficelle. 

Ficelle,  subst.  et  adj.  petit  voleur.  On  a,  selon  les  uns,  voulu  dési- 
gner par  ce  mot,  ceux  qui  ne  méritent  pas  précisément  la  corde.  Selon 
d'autres,  ce  mot  provient  d'un  droit  de  ficelle  ou  emballage  que  perce- 
vaient les  négociants  et  qui  n'a  pu  êlre  aboli  que  par  un  décret  de  Napo- 
léon I".  M.  Scheler  soupçonne  une  corrélation  entre  — ,  fil  et  filou.  Il 
cilela  locution  vulgaire  :  avoir  le  fil.  Mais  nous  ajoutons  ordinairement 
eyé  r  (ayant,  fil  est  donc  ici  dans  le  sens  de  tranchant  et  ficelle  n'est  pas 
le  synon.  de  fil  en  ce  sens.  N'y  a-t-il  pas  plutôt  un  rapport  avec  le  mot 
popul.  fr.  ficelles  au  pi.  pour  désigner  artifice,  moyen  de  tromper  l'œil 
au  théâtre?  il  y  a  enfin  le  fl.  ontfiitselen,  escamoter.  Ont  est  une  particule 
privative,  futsehverk  signifie  bagatelle. 

Ficlian.  adj.  désolant.  Fichant  en  fr.  est  un  feu  qui  va  d'un  bas- 
tion à  l'autre. 

Ficliau.  s.  m.  pulois.  En  liégeois  loiha.  Dans  la  langue  d'oc  on  dit 
fichouiro,  mâle  de  la  fouine,  en  bas-lat.  fagina;  vison,  en  fr.  d'histoire 
naturelle,  est  une  espèce  de  martre,  lat.  viso;  les  paysans  11.  disent 
fiche.  Ils  confondent  sous  ce  nom  le  putois  et  la  belette.  Cependant  le 
vrai  fl.  a  bunsing  pour  putois  et  wezcl  (ail.  Wiesel)  pour  belette  ;  d'autres 
fl.  disent  fiss,  d'autres  encore  viss,  ce  (pii  touche  au  fl.  wezel,  à  l'ail. 
Wiesel  et  au  lat.  viso.  El  —  sert  de  terme  à  une  foule  de  com- 
paraisons : 


178  Fie— FIL 

Avoir,  avoi  dez  yen,  dcz'i  d' — 
Sainti  comme  ain  — 
Crier  —     —     — 
Malin  —     —     — 

Fiche,  s.  f.  penture  d  apparlemcnl  ||  feuilles  de  tabac  arrangées  en 
forme  de  corde.  En  fr.  lige  de  fer  pour  unir  les  deux  pièces  d'une  pen- 
ture. Fai  n' — ,  ficher  des  pieux  dans  une  rivière  et  les  garnir  de  fascines 
pour  proléger  la  digue. 

Fichëiiic.  s.  m.  ferronier  qui  fait  des  fiches. 

Ficher,  v.  a.  jeter  ||  appliquer  ||  lever,  corder,  cordeler  1| /ic/tcr 
n'  clique,  donner  un  soufflet,  ficher  V  camp,  partir, —  du  toubak,  corder 
du  tabac.  Le  plus  souvent  il  est  employé  pour  remplacer  le  mot  ordurier, 
f..,.  dont  il  adoucit  un  peu  l'expression.  Ça  m'  fiche  malheur,/  m'ein 
fiche.  Ail.  (iclicn.  En  fr.  ficher  signifie  faire  enlrer  par  la  pointe. 
Fichu  a  les  mêmes  significations  qu'en  fr. 

Fichen,  r'  iicheu,  erlieheu  (D'  Keyere).  s.  m.  rempailleur  de 
chaises. 

Ficiiiiuiain.  adv.  singulièrement. 

Fier.  s.  m.  fer.  Lat.  ferrum. 

Fîesse,  fieUc.  s.  f.  fête.  Peut  s'appliquer  aux  cérémonies  funèbres 
dans  quelques  villages.  Un  jour  un  jardinier  vient  me  voir,  au  milieu  de 
la  semaine,  en  habit  de  dimanche.  «  Comme  te  voilà  paré!  lui  dis-je.Be 
wée,  da,  monseu,  répond-il,  c"  ée  (c'élait)  aujord'  hu  comme  enne  espèce 
de  petite  fiesse  :  on  a  einlerré  m'  feimme  au  malin.  » 

Fieii.  s.  m.  garçon,  fils;  exp.  d'amitié,  de  familiarité.  V.  fr.  fieux  || 
fief.  Goth.  faihu,  domaine,  fortune. 

Fifcrlaiei.  s.  m.  bagatelle,  atome.  Ail.  Pfifîerling,  petite  monnaie. 

Figote.  s.  f.  pomme,  poire  pelée  et  séchée  à  un  feu  très-lent.  Fig. 
personne  desséchée.  Le  mot  vient  probablement  d'une  analogie  avec  la 
dessiccation  de  la  figue. 

Fîgoler.  V.  a.  réduire  à  l'état  de  figoUe. 

Figue  (faire),  fai  fik.  Faire  la  figue.  Cependant  faire  figue  signifie 
plutôt  surpasser.  Ça  vo  fai  figue,  cela  passe  vos  forces,  tandis  que  foire 
la  figue  veut  dire  de  préférence  mépriser,  braver,  se  moquer. 

Fil,  C.  s.  m.  adresse.  .4voi  V  fi.lcyé  V  <a?/an,  être  adroit,  avoir  l'esprit 


FIL— FLA  179 

aii^uisé,  qui  a  reçu  le  fil;  peut-être  aussi  de  filou.  En  fl.  fiell,  fripon, 
coquin. 

Filandc,  fllandre.  s.  p.  fils  d'un  linge  usé. 

Filet,  fil.  [j  saquer,  cracher  s — ,  serment  enfantin.  Ej  lire  cm  — , 
j'en  fois  serment.  En  parlant  ainsi  l'enfant  porte  la  main  à  la  gorge  et  la 
serre  en  laissant  tomber  un  peu  de  salive  filante. 

Fin.  t.  de  jeu  de  courtau,  veto,  je  m'oppose, /în  linge,  fin  place;  pro- 
bablement c'est  une  abrév.  de/' de/emd (défends).  ||  adv.  beaucoup,  très. 
Fin  brave,  fin  biau,  très-propre,  très-joli.  Idiotisme  allemand  :  fein 
arlig,  très-joli.  On  trouve  dans  Montaigne  tout  fin  seul.  M.  Sclicler  le  rap- 
porte au  lai.  finitus.  Fin  conle  fin,  y  n'  faut  gnié  de  doublure,  ou  fin  con- 
ter fin,  ou  fin  conle  dé  fin.  Fin  contre  fin  n'est  pas  bon  pour  faire  dou- 
blure, c'est-à-dire  :  il  ne  faut  pas  essayer  de  tromper  aussi  fin  que  soi. 

Fion.  s.  m.  corne,  derrière  du  sabot  des  cbevaux  (à  Glilin),des  vaches 
(à  Frameries).  —  est  fr.  pour  signifier  tournure,  bonne  grâce. 

Fionei*.  v.  n.  et  a.  t.  d'agr.  couper  le  bout  des  feuilles  du  blé. 
V.  fiancr. 

Fisiii.  s.  instrument  de  fer  dont  se  servent  les  boucliers  pour  aigui- 
ser leurs  couteaux. 

Flaclie.  s.  f.  poire  à  poudre.  En  fr.  mare  d'eau  dans  un  bois  dont  le 
sol  est -argileux.  Ail.  Flasch,  bouteille.  Cet  ail.  moderne  qui  signifie 
bouteille  est  né  du  v.  ail.  flasca  qui  a  engendré  le  mot  flacon.  11  est 
curieux  de  remarquer  que  les  AU.,  après  avoir  prêté  aux  Fr,  le  mol 
flasca,  leur  ont  repris  le  mot  flacon,  lis  ont  fait  de  même  pour  le  mot 
bouteille  dont  la  racine  est  ail.  et  pour  une  foule  d'autres  mots.  Fuclis 
en  donne  une  liste  de  plus  de  cent  et  elle  n'est  pas  complète.  C'est  ainsi 
que  les  langues  s'encbevôtrent  !  Le  mot  flacon  remonte  sans  doute  à 
l'époque  franke  et  vient  de  flasca.  Mais  noire  mot  patois  est  plus  moderne 
et  vient  de  Flasche  qui  se  prononce  comme  noire  fiachc. 

Cela  pourrait  être  conleslé;  car  voici  à  préseul  un  abrégé  d'un  assez 
long  art. du  dict.de  Pelletier:  u  flask, bouteille  plaie  et  ])oiie  à  poudre; 
Iflacced  (Davies)  lagena,  uter,  ampuUa,  obba.  Flae  et  flasc,  adj.  faible, 
fatigué,  abattu  de  fatigue,  épuisé.  Fflaggio  (Davies)  (laccessere,  Esp. 
flaco,  faible,  français  flasque.  Voilà  donc  les  mots  flasque  et  flacon  qui 
ont  la  même  origine.  Celle  application  d'un  mol  qui  signifie  mou  à  une 
bouteille  plate  vient  de  sa  figure  qui  représente  un  outre  plein  et  cou- 


180  FLA— FLÂ 

ché  (Sic).  »  Il  résulte  de  cet  art.  de  Pelletier  qu'on  peut  soutenir  que 
—  est  celt.  ;  on  pourrait  môme  soutenir,  avec  les  procédés  de  Pelletier, 
qu'il  faut  s'adresser  au  lat.  flaccidus.  Diez  indique  le  lat.  vasculum. 

Flnehor,  flachi.  v.  a.  battre  à  grands  coups.  Liégeois  pahî.  Ce  mot 
senii)le  venir  du  lat.  llagellum  ou  du  v.  a!!,  fluagan,  perculere.  Cepen- 
dant M.  Grancigagnage  repousse  ces  origines,  parce  que,  dit-il,  le  g  pri- 
mitil'  en  wallon  s'adoucit  en  j  ou  en  i  quand  il  n'est  pas  syncopé.  Ainsi 
flagellum,  vha  flegila  devient  en  liégeois  floiai,  namurois /?«/«,  monlois 
flaiau.  El  Icimpelle  a  jlachi  nos  bleds.  Serait-ce,  fait  fléciiir?  V.  fr.  fialir, 
fléchir,  jeter. 

Flair,  e.  m.  mauvaise  odeur.  Del  char  qu'a  ein  — ,  qui  prein  ein  — , 
de  la  viande  qui  commence  à  devenir  fétide.  M.  Corblet  répute  ce  mot 
celi.  et  en  effet  on  trouve  en  armor.  —  putor.  Mais  on  peut  douter;  car 
nous  disons  aussi  :  avoi  ein  goût.  Est-ce  un  entraînement  d'analogie? 

Flambé,  ée.  adj.  perdu,  attrapé.  —  en  fr.  flamber  signifie  passera 
la  flamme. 

Flambèze.  s.  f.  framboise.  FI.  braembesie,  mûre  sauvage,  composé 
de  braem,  ronce  et  bezie,  baie,  bas-ail.  brambesiiig. 

FlaniinefR',  lïannsinetle.  s.  f.  soiici,  fleur,  calendula. 

Flan.  s.  m.  mélange  d'œufs,  de  lait,  de  sucre  et  de  canelle  cuit  au 
four.  Fn  lat.  scriblila.  —  en  fr.  est  une  tarte  de  crème,  etc.  V.  fr. 
flaon,  V.  ail.  vlado,  fladum,  ail.  moderne,  fladen,  liégeois /?o?/o?i, 

Fiaiii,  îc  ou  îte.  adj.  fané,  flétri.  A  Liège  flouici,  féminin  flouivcie. 

Flaiii.  V.  n.  faner,  flétrir.  Flani  est  une  espèce  de  cond)inaison  de 
faner  et  de  flétrir.  Celte  sorte  de  disposition  es!  assez  fréquente:  de  con- 
duire et  amener  on  a  fait  aussi  acondiiire.  V.  fr.  fanir. 

Flanière.  s.  f.  moule  pour  cuire  le  flan.  —  en  fr.  est  un  adj.  qui 
ne  se  dit  que  des  meules  courantes  et  concaves. 

Flatte,  s.  f.  bouze.  En  fr.  agrément  dans  le  chant.  Flallc  est  lié- 
geois. Ail.  Kuhfladen,  mot-à-mol  {(lan),  gâteau  mince  de  vache.  Dans 
le  patois  ail.  d'Aix-la-Chapelle,  kouflalt. 

Ftausse.  s.  f.  conte,  plaisanterie,  tromperie.  Ce  mot  est  surtout 
usité  dans  le  langage  marolien  de  Bruxelles.  Ail.  Flause,  bourde. 

Flaùt,  Hayut.  adj.  et  subst.  flamand,  personne  qui  s'explique  mal, 
que  l'on  comprend  diftîcilement.  Voici  la  chanson  qu'on  adresse  aux 
Flamands  : 


FLE— FLU  i8l 

Va-l-ein,  foutu  flayuUe, 
Va-t-ein  vir  à  qui  vcinlé  lés  finies; 
Mi  je  n'  mels  dessus  mes  doigls 
Que  dé  V  hierpe  que  je  coiinnois. 

Flek.  adj.  employé  dans  les  villages  autour  de  Mons  et  qui  a  la  même 
signification  que  flô.  Il  a  aussi  la  même  origine,  à  moins  qu'il  ne  dérive 
de  flasque.  V.  wak.  Le  bret.  flac,  faible,  fatigué,  se  rapproche  davantage 
du  IV.  flasque  et  du  lat.  flaccidus. 

Fleiuc,  flciinic.  lieme.s.  f.  p.  glaires,  mucosités.  Lat.  phlegma, 
flam.  fluim  qui  se  prononce  fleum,  bas-latin  fleuma,  gall.  fflem,  grec 
çAsy/za,  V.  fr.  flume. 

Fleînquer.  v.  a.  flanquer  ||  prendre  ||  frapper  1|  attraper  (Borinage). 
En  fr.  flenquer  signifie,  le  métal  pour  émailler. 

FIcMi*  au  beurre,  bur.  s.  f.  renoncule  des  prés.  Il  y  en  a  de  beau- 
coup d'espèces  :  ranonculus  acris,  sceleratus,  etc.  Callha  paluslris. 

Fleur  dérange,  s.  f.  syringa,philadelphus  coronarius.  V,  penacié. 

Fleur  Ste-Catlierine.  s.  f.  chrysanthème. 

Fleur  iSt-tlosepli.  s.  f.  lis. 

Fleur  Ste-Thérèse,  s.  f.  aster, 

Fliquière.  s.  f.  fougère.  Namurois  fécMre,  liégeois  fechir,  fechi,  v. 
fr.  feuchière,  feuschière.  On  voit  que  nous  sommes  le  plus  près  de  l'ori- 
gine filicaria  dérivée  de  filix. 

Flô,  flau.  adj.  mou,  faible  ||  paresseux  ||  défaillant.  Se  dit  à  Liège. 
Flam.  flauw,  faible,  hoil.  flaauw,  débile,  impuissant,  fade,  froid,  blême, 
ail.  flau,  languissant,  v.  fr.  floive. 

Flo.  s.  m.  duvet  d'un  fruit.  Fr.  flot,  houppes  de  laine  des  mulets, 
ail.  Flaum,  duvet. 

Floche,  s.  f.  houppe.  —  en  fr.  adj.  velu;  mais  en  v.  fr.  il  a  été  em- 
ployé comme  s.  et  dans  la  même  signification  qu'aujourd'hui  à  Mons. 

Flotte,  s.  f.  t.  de  serr.  pièce  de  fer  en  dessous  d'une  vis  pour  empê- 
cher qu'en  serrant  elle  n'écrase  le  bois.  ||  anneau  de  fer  entre  une  pen- 
ture  et  un  gond  usé.  ||  espèce  de  raie,  raja  bâtis,  fl.  vloot,  anglo-saxon 
floc,  raie. 

Fluche,  ftluche.  s.  f.  flocon  de  laine,  de  colon.  Fl.  pluisje,  flocon, 
brin,  fr.  peluche. 

23 


182  FLU— FOR 

Fliitc.  s.  f.  jambe  (Iron.)  ||  espèce  de  bateau, 

Fliitc,  ée.  adj.  qui  a  de  grandes  finies. 

Fo.  s.  p.  t.  de  jeu  de  bouqucUe.  V,  do. 

Foée.  s.  f.  ce  qui  reste  dans  les  charriots  à  houille  après  le  déchar- 
gement. En  Picardie  c'est  une  brassée  de  branches  mortes  et  par  exten- 
sion le  feu  clair  produit  par  le  même  bois.  Corblet  l'ait  venir  ce  mot  du 
roman,  fouée,  fagot. 

Foère,  foaîre,  fwaîr.  s.  m.  foin.  N'est  usité  que  dans  certains 
villages.  Oé  fait  diphtongue.  Le  son  oé  est  fort  difflcile  à  représenter. 
C'est  à  peu  près  celui  que  j'ai  entendu  donner  par  les  poissardes  de 
Paris  à  la  diphtongue  oi  de  françois.  C'est  quelque  chose  comme  françùé, 
françoué.  C'est  peut-être  la  prononciation  conservée  du  cello-gallois 
gwair,  même  signification.  Foin  vient  bien  de  fœnum,  b.  bret.  foënn, 
mais  le  liégeois  four  et  l'hennuyer  fouair,  de  même  que  fourrage, 
viennent  du  golh.  fôdr  qui  a  engendré  l'ail,  futter  et  le  bas-lat.  fodrum, 
nourriture  des  bestiaux.  A  Mons  on  remplace  le  mot  foin  par  le  mot 
fourachc,  qui,  comme  on  sait,  n'en  est  pas  le  synonyme.  Bas-bret.  fou- 
raich,  v.  fr.  fouarre,  foare  paille,  fourrage. 

Fok,  fonk.  adv.  seulement.  Se  dit  des  nombres  et  de  la  qualité  ou 
action  d'une  personne  ou  d'une  chose,  taudis  qu'au  preum.  se  dit  du 
temps  :  Elle  né  brait  gnîé,  elle  crnifclle  fok.  Y  n'étionl  fok  qu'à  deux. 
Lat.  paucum,  v.  fr.  auques,  aliquid,  oncques,  unquam. 

Folie,  s.  f.  rut.  No  minelle  est  ain  folie,  notre  chatte  est  en  rut. 

Fon,  fonte,  adj.  abrév.  de  profond.  Syn.  perfon.  V.  fr.  parfon.  Chon 
pieds  — ,  à  la  profondeur  de  cinq  pieds.  Germanisme.  On  dit  de  même  : 
deux  heures  Ion,  à  la  distance  de  deux  lieues. 

Foncer,  v.  n.  s'ouvrir  un  passage  par  la  force,  entrer  dans  la  foule. 

Fonde,  s.  f.  fronde.  V.  fr.  fonde,  lat.  funda. 

Forges  ou  fines  forges,  s.  f.  p.  charbon  menu,  charbon  en  pous- 
sière. —  gaillelleuses,  forges  contenant  des  gaillelles.  —  du  (rail,  forges 
auxquelles  on  a  enlevé  les  gaillelles  mais  auxquelles  on  a  laissé  des 
gailletins. 

Forîère.  s.  f.  bande  de  terre  que  l'on  n'a  pu  labourer.  V.  fr.  forère 
dérivé  de  foras. 

Fort,  for.  adj .  qui  n'a  que  le  masculin:  rance;  ne  se  dit  que  du  beurre. 

Forte,  s.  f.  bierre  vieille. 


FOR— FOU  183 

Forte  foise.  s.  f,  t.  de  ch.  argile  silicicuse  entre  l  die f  cl  V  rabot; 
ainsi  appelé  à  cause  de  son  épaisseur  de  plus  d'une  toise. 

Fortuné,  ëe.  adj.  par  antiphrase,  estropié,  infirme. 

Fosse,  s.  f.  puils  profond  pour  Texlraction  de  la  houille.  Par  exten- 
sion, houillière,  établissement  charbonnier.  Par  ext.  plus  grande,  pays  à 
charbon  de  terre.  Ce  mot  alors  prend  le  pluriel  :  su  les  fosses. 

Fosser.  v.  a.  fouir,  creuser. 

Fosselctte.  s.  f.  creux  de  la  nuque. 

Fouan.  s.  m.  taupe.  Les  Liégeois  disent  foyan;  de  fouir  ou  de 
fouiller. 

Fouffes.  s,  f.  p.  chiffons.  V.  fr. 

Fouffeter,  v.  a.  faire  mal  un  ouvrage  ||  coudre  des  fouffes. 

Fouffiiins.  s.  m.  p.  copeaux.  Les  Bruxellois  disent  skouflins.  L'es- 
ketle  (v.  skelle)  en  diffère  en  ce  qu'elle  est  le  produit  de  la  hache  du  char- 
pentier, tandis  que  \es,  foufjlins  sont  formés  parle  rabot  du  menuisier. 
Cependant  on  confond  souvent. 

FoutTreiii,  poufrin.  s.  m.  poussière  de  houille  ||  petits  morceaux 
de  bois  mêlés  de  houille  ||  appellation  injurieuse.  M.  Grandgagnage  le 
fait  venir  de  son  liégeois  frohi,  briser,  frotter. 

Fougner,  v.  a.  Il  diffère  du  mot  fr.  fouiller  en  ce  que  celui-ci  est 
neutre.  Fougii'  em,  visitez-moi.  Ital.  fognare. 

Fouine,  s.  f.  fruit  du  hêtre,  ftune. 

Fouler.  V.  refouler. 

Foumëgeon.  s.  m.  mauve,  plante.  On  disait  sans  doute  originaire- 
ment froumageon,  car  dans  quelques  localités,  la  mauve  se  nomme  en- 
core froumagc  de  gade.  Je  vois  en  effet  dans  le  complément  du  dict.  de 
l'Acad.  que  fromageon  est  un  des  noms  vulgaires  de  la  mauve. 

Fourbature.  s.  f.  courbature.  Enméd.  vétérinaire  on  dit  quelquefois 
—  pour,  fourbure. 

Fourbi,  v.  a.  nettoyer.  Ne  se  dit  que  des  puits.  En  fr.  fourbir 
signifie  aussi  nettoyer,  mais  ne  se  dit  que  des  armes. 

Fourbouli.  v.  a.  faire  bouillir  dans  de  feau.  Se  dit  des  choux,  des 
épinards  que  l'on  fait  bouillir  longtemps  dans  de  l'eau  avant  de  les  faire 
cuire  dans  le  beurre.  Le  préfixe /bwr,  comme  for  en  fr.,  vor  en  ail.  indi- 
que l'excès  ou  la  déviation.  A  Liège  forbor,  faire  bouillir  jusqu'à  extinc- 
linction.  Llsâce  est  forboloive. 


18i  FOU-FOU 

Foiirbontié.  s.  m.  ère.  s.  f.  et  adj.  ni'',  nv'"  de  légumes.  ||  Habitant 
du  faubourg;  d'où  ce  nom. 

Dans  le  nord  de  la  France  on  dit  forbou  ou  forbourg.  Les  Fr.  depuis 
longtemps  ne  comprenant  plus  for,  ont  cru  mal  dire  et  mis  à  la  place 
faux,  comme  ils  ont  agi  pour  courte-pointe,  chat-buant,  chauve-souris. 
Alors  sont  venus  les  étymol.  qui,  à  la  vérité,  reconnaissent  for,  mais  le 
tirent  du  lat.  foras,  pour  l'unir  à  l'ail.  Burg,  forteresse.  On  a  des 
exemples  de  ces  compositions  bybrides,  mais  il  faut  avouer  que  ce  sont 
là  des  exceptions  et  que  les  mots  se  composent  volontiers  d'éléments 
de  même  provenance.  Or  l'ail,  a  la  prépos.  vor  (pron.  for)  avant  et  il  tra- 
duit faubourg  par  Vorstadt,  avant-ville.  Ne  doit-on  pas  supposer  que 
les  Francs  ont  dit  vorburg,  avant-forteresse? 

Fourcaclier.  v.  a.  chasser,  poursuivre.  V.  f.  forchachier. 

Foupcartep.  v.  n.  t.  d&jeu.  donner  mal  en  cartant. 

Foiircayeu,  cnse.  adj.  fourchu.  Se  dit  surtout  des  arbres  de  haute 
futaie  qui  se  divisent  près  de  terre  en  plusieurs  grosses  branches. 

Fourcher,  frouclier.  v.  n.  et  a.  froisser,  fouler. 

Fourclict,  foiirkié.  s.  m.  fourche.  En  fr.  c'est  la  division  d'une 
branche  en  deux. 

Fourchiire,  frouchiire,  sfrouehnre.  entorse.  ||  Les  Liégeois 
disent  :  s'  foirsi  on  nier,  tressaillir  un  nerf,  de  forcer  ou  froisser.  Ce 
mot,  selon  Diez,  vient  de  fressare,  fréquentatif  de  frendere.  Bret.  froësa, 
briser,  froisser. 

Fourcoiiipter.  v.  n.  calculer  mal,  trouver  du  mécompte.   • 

Fourfayage.  s.  m.  p.  bagatelles. 

Fourfaycu.  s.  m.  charbonnier  qui  a  pris  une  partie  de  charbonnage 
à  forfait.  Forfait  est  fr.,  c'est  \m  marché  à  perte  ou  à  gain. 

Fourfeycr.  v.  a.  et  n.  faire  en  trompant.  //  a  fourfeyé  Vkicrkiage 
du  car,  il  a  opéré  frauduleusement  le  chargement  du  charriot.  Fr.'  forfairc. 

Fourderaîne.  s.  f.  prunellier,  son  fruit.  Là  dian  cl  diennc  qui  s'ein 
von  à — ,se  dit  pour  se  moquer  d'homme  et  de  femme  qui  sortent  ensemble. 

Le  prunellier  produit  de  petits  fruits  d'une  âpreté  et  d'une  astrin- 
gence  extrême.  Les  enfants  seuls  peuvent  en  manger.  A  cause  de  cette 
âpreté  les  fourderaines  sont  le  terme  obligé  de  certaines  comparaisons. 
Voyons  ce  qu'en  dit  l'interminable  chanson  du  retour  de  Quintin  :  l'un 
des  interlocuteurs  chante  : 


FOU— FOU  185 


C'est  du  djus  d' four  déraine, 
Y  n  se  peut  rie  d'  miyeur  ; 
Vo  s'  rille  mort  de  six  s'  mairies, 
Que  ça  vo  rmcllrou  V  cœur. 

Un  autre  réplique  : 

Pa  n'ain  djou  eslraordinaire 

Cesl  bie  assez  que  d'  boire  dcl  bierre 

Car  lé  hemmes  djou  nos  buvons  dliau  : 

El  vin  est  bie  trop  caud 

Pou  V  boxirse  et  pou  V  cerviau. 

J'ai  sous  les  yeux  la  chanson  en  Irenle  couplets;  mais  je  sais  de 
science  certaine  qu'elle  en  avait  plus  du  double.  L'extrait  ci-dessus  ne 
se  trouve  pas  dans  mon  manuscrit.  Je  le  donne  de  mémoire. 

Cette  chanson  est  une  petite  scène.  Chacun  des  personnages  chante 
sur  un  air  particulier  et  se  sert  de  patois  qui  paraissent  appartenir  à 
divers  villages,  à  l'exception  de  Quinlin  qui,  sortant  d'un  régiment  de 
dragons,  chante  en  français;  et  quel  français?  un  français  de  soldat  qui  a 
fait  son  éducation  dans  un  régiment  au  service  d'Autriche  et  qui  l'a  per- 
fectionnée en  faisant  la  guerre  en  Bohême. 

L'auteur,  le  père  Watiiez,  ancien  carme  ou  capucin  mort  au  commen- 
cement de  ce  siècle  était  un  modèle  de  laideur  physique  ;  mais  c'était 
aussi  le  modèle  du  gai  compagnon  et  de  l'épicurien  de  village.  Il  recher- 
chait avec  avidité  les  invitations  à  tripe  et  payait  son  invitation  par  l'ad- 
dition d'un  couplet  nouveau  à  sa  chanson  qu'il  chantait  au  dessert  avec 
la  verve  la  plus  comique.  Le  père  Waitiez  sera  sans  doute  mort  d'indi- 
gestion, à  moins  qu'il  ne  soit  mort  de  rire  en  chantant  son  soixante- 
dixième  couplet. 

Fourdaine  et  fourdinicr  sont  en  fr.  les  noms  vulgaires  du  prunellier. 

Fourloucher.  v.  a.  Je  n'ai  jamais  entendu  ce  nom  dans  la  conser- 
sation.  Je  ne  le  connais  que  par  ce  qu'en  racontait  le  père  Wattiez 
(v.  fourdcraine).  Il  disait  qu'un  jeune  homme  était  un  jour  venu  s'accu- 
ser en  confession  d'avoir  foitrlouché  s'  frée,  c'est-à-dire  d'avoir  à  la  déro- 
bée pris  une  louche  de  soupe  de  plus  que  son  frère. 


I8(i  FOU— FRA 

Foiiriucin.  s.  m.  froment.  Joinville  se  sert  du  mot  fourmens. 

Foiirnioi.  s.  m.  ciseau  de  charpentier. 

Foiirniic'lie.  s.  f.  fourmi.  Lat.  formica. 

Fouruiortiire.  s.  f.  t.  de  coutume  du  Hainaut.  Acte  par  lequel  on 
assure  des  droits  à  des  enfants  d'un  premier  mariage.  Ce  mot  appartient 
au  V,  fr,  dans  des  significations  un  peu  différentes. 

Feurnasqtiier,  foiirnaf»kei*.  v.  n.  fureter.  V.  nak. 

Fournicheric.  s.  f.  grande  quantité,  foison.  Ces  geins-là  oui  ra- 
massé cnne  —  d'einfanls.  Ce  mot  ne  paraît  être  que  nicherie  (nichée) 
renforcée  du  préfixe  four. 

Fourparicr.  v.  n.  parler  hors  de  propos  |j  trahir  sa  pensée.  Mieux 
vaut  s' lairc  que  rf'— -. 

Fourqiie.  s.  f.  fourche.  En  fr.  c'est  un  pieu  de  charpente  fourchue 
à  la  quille  d'un  navire. 

Foiirquié.  s.  en.  fourche. 

Foiirquier,  fourqiiié.  v.  n.  travailler  avec  la  fourche. 

Four»ialcr.  v.a.  saler  trop.  A  deux  cuis'nièrcs  on  foursale  cl  soupe. 
Traduction  litiérale  du  proverbe  ail.  :  viele  Kôcke  verzalzen  die  suppe. 

Foursanîer,  foursaigné.  v.  n.  saigner  abondamment,  jusqu'à 
exténuation,  avoir  une  hémorrhagie  excessive. 

Fourséki.  v.  a.  el  n.  dessécher  outre  mesure. 

Fourt.  interj.  retire-toi;  ne  s'adresse  guère  qu'aux  chiens.  De  l'ail, 
fort  :  arrière,  loin. 

Foutiiiuasser.  v.  a.  tripoter. 

Foiii*%-anlise.  s.  f.  forfanterie,  présomption,  bravade,  fanfaronade. 

Fouyer.  v.  a.  et  n.  bêcher.  A  Liège,  foï,  fr.  fouïr,  fouiller,  lat.  fodere. 

Foya.  s.  m.  branche,  ordinairement  épineuse  et  couverte  de  feuilles, 
plantée  dans  un  champ  pour  indiquer  défense  de  passage. 

Foyau.  s.  m.  hêtre. 

Foyère.  s.  f.  t.  de  ch.  tuyau  d'airage,  nom  provenant  de  ce  qu'on  y 
place  un  foy^r. 

Frac.  s.  m.  babil,  redingotte.  Ce  mot  quoiqu'employé  par  les  Fran- 
çais, ne  se  trouve  pas  dans  la  plupart  de  leurs  dictionnaires.  On  n'y 
trouve  que  fraque  qu'on  donne  comme  un  habit  étroit,  à  basques 
étroites. 

Fraîche  {mé  via).  Me  voilà  en  bel  état  (iron). 


FRA— FRl  187 

Fraieliaii.  s.  m.  lieu  bas  et  marécageux  d'une  prairie.  V.  fr. 
fresclio,  lieu  inculte,  en  friche,  bas-lat.  friscum  et  frescum.  Ces  mots 
semblent  bien  provenir  de  Fall.  frisch  ou  du  bret.  fresk,  frais,  récent, 
car,  dit  Pelletier,  la  terre  en  friche  étant  remuée  devient  novale,  c'est- 
à-dire  nouvellement  travaillée  ;  b.-bret.  fraust,  signifie  à  la  fois  friche 
et  stérile.  V.  frousle. 

Fran,  franquc.  adj.  hardi  ||  effronté  ||  imp«dent  |1  courageux. 
Franc  comme  cin  ligneu. 

Fraselte.  s.  f.  manchette.  Employé  à  Liège.  Ej  vo  chirai  ain  iève 
à  frasclle,  si...  Je  vous  promets  des  miracles,  si... 

Fraîep.  s.  m.  frère.  (Borinage.)  En  fr.  barbier. 

Frayeu.  adj.  qui  coûte  des  frais,  coûteux,  dispendieux. 

Frée.  s.  m.  frère  (Bor.),  Port,  frei,  esp.  fray. 

Frein,  erfrein,  s.  ni,  frinte,  erfreîntc.  s.  f.  perte  par  dessic- 
cation, déchet,  rcirait. 

Freiîide,  erfreinde.  v.  n.  éprouver  du  déchet.  V.  Erfrcinde  pour 
rétym. 

Fretle.  s.  f.  abreuvoir,  ouverture  faite  au  bord  escarpé  d'un  fossé, 
d'une  rivière  pour  que  les  bestiaux  puissent  y  descendre.  Latin  fretum, 
gail.  ffrwd,  V.  fr.  fraite. 

Fric  ni  frac  (bîî).  rien  du  tout.  /  n'  rf'a  d'moré — .  Lat.  frangere, 
fregi,  fraclum. 

Frimousse,  s.  f.  flimousse. 

Fringaler.  v.  n.  glisser  ;  se  dit  d'une  voiture  qui  va  de  côté  sur  une 
roule  bombée,  d'une  roue  qui  glisse  sans  tourner.  V.  fr.  fringuer,  bret. 
fringa,  sauter,  gambader;  d'où  fringuant.  Par  abus,  dit  Pelletier,  on 
employé  fringal  pour  fringa. 

Fpion.  s.  m.  veri-^erdier,  gris  —  linotte.  En  fr.  c'est  un  petit  fer 
à  côté  de  la  charrue;  en  v.  fr.  c'est  une  sorte  d'oiseau  indéterminée. 
Il  ncsl  aloé  ne  [rions,  lat.  fringilla,  pinson. 

Friper,  v.  n.  se  frotter  en  agitant  les  vêtements  comme  font  ceux 
qui  ont  habituellement  de  la  vermine.  V.  fr.  riper,  ail.  rippen,  gratter, 
V.  ris  peu. 

Frise  {vo  nez),  vous  mentez. 

Frisquette,  s.  f.  jeune  fdle  alerte,  vive,  gaie,  de  vertu  suspecte.  V.  fr. 
frisque,  frais,  joli, galant;  frique,  vif.  AU.  fl.  frisch,  frais,  goth.friks, hardi. 


188  FRI-FRO 

Frisfoiiiller,  frîstouyer.  v.  n.  préparer  un  repas,  de  petits  mets 
de  convoitise,  iricoter,  se  régaler.  La  charpente  de  ce  mot  semble  an- 
noncer une  origine  germanique  ;  golh.  frelan,  ail.  fressen,  manger  comme 
les  animaux.  5"  pers.  de  l'ind.  frist.  La  désinence  ouyer  a  pu  être  dé- 
terminée par  le  fr.  festoyer  ;  d'ailleurs  nous  avons  beaucoup  de  verbes 
en  ouycr. 

Fristoiiille,  fristouye.  s.  f.  régal,  festin,  banquet,  orgie. 

Froncher.  v.  a.  Ce  mot  ne  signifie  pas  froncer,  rider,  mais  agiter, 
remuer,  Elle  va  iC  ein  fronchanl  s'  eu,  elle  va  en  frétillant. 

Fi'ou.  s.  m.  froid.  On  pourrait  invoquer  l'ail,  frost,  pi.  frosle,  froid 
rigoureux.  Ail.  frieren,  vlia  vriosan,  fl.  vriezen,  etc.,  mais  ce  ne  doit 
être  que  la  transformation  de  froid;  car  nous  disons  aussi  dow,  doigt. 

Froucliure.  s.  f.  pi.  glaires  de  la  vulve  des  vaches  avant  de  faire 
leur  veau.  Est-ce  froissure,  est-ce  ce  qui  fraie  les  voies  pour  l'accou- 
chement? Liégeois  frouhènc,  frai,  frouhiner,  frayer;  ne  se  dit  que  des 
saumons  quand  ils  s'approchent  pour  la  génération  et  qu'ils  se  gîtent  et 
se  terrent  pour  frayer.  Y  at-il  rapport  entre  —  et  frouhène?  Quoi  qu'il  en 
soit,  voici  ce  qu'en  dit  M.  Grandgagnage  ;  ce  mot  paraît  se  prêter  à  deux 
conjectures  :  selon  la  première  et  la  plus  probable,  frouhène  viendrait 
de  frouhiner  et  celui-ci  de  frouhin,  subst.  dérivé  de  frohi,  froisser,  et 
même  de  froï,  frayer.  V.  fr.  froyer,  frotter,  fricare.  Selon  la  seconde, 
on  comparerait  le  Rouchi,  foursin,  amas  de  vers  ou  de  petits  poissons, 
du  V.  r.  fourser,  fourcher,  froucher,  abonder,  foissonner,  frayer. 
J'ajouterai  le  v.  fr.  foursière,  réservoir.  M.  Grandgagnage  termine  en 
se  demandant  d'où  vient  le  mot  froucher  dont  fourcher  et  fourser  se- 
raient des  adoucissements,  et  il  répond  :  peut-être  de  fruiicare.  Quant 
à  moi  j'aimerais  mieux  encore  hasarder  une  explication  tirée  du 
V.  fr.  fourcheure,  entre  deux  jambes.  Tout  cela  est  bien  chan- 
ceux! 

Frouler.  v.  n.  avoir  froid. 

Froulcu,  ense.  s.  m.  et  f.  frileux,  qui  a  froid. 

Froumache,  fourmache.  s.  m.  fromage.  Mon  —  fromage  mou, 
cra  —  fromage  gras.  Erveni  avé  s'  —  rapporter  s'  —  mot-à-mot  reve- 
nir (du  marché)  avec  son  fromage,  sans  avoir  pu  le  vendre,  revenir  du 
bal  sans  avoir  dansé.  D'  morcr  avé  s  —  rester  lille,  ne  pouvoir  se  ma- 
rier. Ital.  fromagio,  v.  fr.  formage,  fourmage,  lat.  forma. 


FRO-GAB  189 

Fronsle,  froiijsk,  frousse.  Je  ne  connais  pas  ce  que  signifie 
ce  mot.  Je  ne  l'ai  enlendii  que  joint  à  sek.  C  C  cnnc  sek  el  — . 
Cela  veul-il  dire  une  sèche  et  froide?  Pourquoi  le  mot  froide  serait-il 
ainsi  altéré  exceptionnellement?  Au  village  on  dit  bien  frou  pour  froid, 
mais  jamais  frousie  ni  frousU.  On  dit  à  Mons  :  i  fait  frisqiie  pour  froid. 
Ail.,  fl.  frisd),  frais.  Oserait-on  remonter  au  bret.  froust,  fraust, 
frousk,stérile,'infécond?  au  lorrain  frox,  froux,  terres  incultes,  stériles? 

Frumer.  v.  a.  fermer.  Frumer  est  employé  par  Lesaige. 

Fiiniiôrc.  s.  f.  fumée. 

Funinre.  s.  f.  engrais  en  général.  En  fr.  c'est  l'engrais  des  moutons 
parqués. 

Fusain,  s.  m.  on  confond  sous  ce  nom  le  véritable  fusain  ou  bonnet 
de  prêtre,  le  troène  et  le  cornouiller. 

Fusse,  excl.  soit  !  J'y  consens  ! 

Fusse  que  fusse,  quelqu'il  soit,  quoi  qu'il  en  soit. 

G 

Le  G  doux  français  se  cliange  souvent  en  ch  :  ronche,avierche,mariache. 
Dans  plusieurs  localités  en  tch  :  routchc,  mariatcfte.  Il  prend  parfois  le 
son  dur,  comme  dans  guenisse.  Il  se  prononce  comme  en  fr.  dans  géné- 
ral, gencfc.  Il  se  change  en  c  dans  cras,  en  tv  dans  ivé.  Qu  devient  gu 
dans  gtiiye  (quille)  ;  c  devient  g  dans  grèbe  (crèche),  glande,  einglcumc 
(enclume). 

Ca.  s.  m.  luron,  gaillard.  V.  fr.  gars,  bret.  gwas,  homme,  gwerch, 
jeune  fdie,  d'après  Legonidec;  corn,  gwas,  serviteur,  valet,  d'après  Die- 
fenbach.  M.  Diez  repousse  ces  étymologies  parce  que,  dit-il,  les  initiales 
celt.  gw  auraient  dû  produire  en  liai,  guarzone  el  pas  garzone.  Il 
s'adresse  à  l'it.  garzo,  dim.  garzuolo,  cœur  de  chou,  lequel  remonte  à 
carduus  et  il  accumule  les  assimilations  aux  jeunes  pousses.  Tout  ce 
que  nous  pouvons  dire  c'est  qu'à  la  vérité  à  Mons  et  même  auprès  de 
Mons  on  d'il  ga,  garçon,  garce,  mais  à  certaine  distance  on  dit  certaine- 
ment gxcarchon,  comme  le  prov.  dit  guarz. 

Gabegie,  s.  m.  camarade  ||  bonne  aubaine.  En  fr.  s.  f.  ruse,  fasci- 
nation. 

24 


190  CAD— GAG 

Gâde.  s.  f.  dièvre.  En  fr.  s.  m.  poisson  jugulaire,  holobranchc.  FI. 
geit,  ail.  Geiss,  chèvre,  arnior.  gâvr,  pi.  gcvr.  Se  souvenir  que  la  nion- 
lois  a  souvent  un  son  intermédiaire  entre  VA  et  YE.  Du  reste  cet  a  est 
long,  tandis  qu'à  Liège  il  est  bref.  Cela  doit  appaiser  tous  les  scrupules 
de  M.  Grnndgagnage.  V.  à  ce  sujet  un  très-long  art.  do  son  ouvrage. 

Oadot.  s.  m.  chaise  d'enfant.  En  liégeois  kadol  signifie  charriot 
d'enfant.  Bas-breton,  kador,  chaise,  chaire.  Y.  Ueyére.  \\  petit  de  la 
chèvre. 

Gadonillagc.  s.f.  chose  dégoûtante  ||  mets  mal  préparé. De  gadouart. 

Oadouillci*,  gadouyer.  v.  n,  faire  des  mélanges  dégoûtants  ||  re- 
muer des  ordures,  des  excréments. 

Gadran.  s.  m.  quand  on  doit  deviner  au  jeu  de  pile  ou  croix,  on  fait 
préalablement  *' — ,  c'est-à-dire  qu'on  fait  tourner  en  l'air  une  pièce  de 
monnaie  et  lorsqu'elle  retombe  à  plat  et  avec  bruit  dans  la  main,  la  face 
indiquée  est  celle  pour  laquelle  il  faut  se  prononcer. 

Gaffiard.  s.  m.  et  adj.  goinfre.  Les  Liégeois  appellent  pra/" le  gésier, 
cependant  gaffiard  et  gafficr  ne  sont  pas  employés  par  eux.  V.  gave. 

Gafficr.  V.  n.  manger  goulûment. 

Gagâye.  s.  f.  p.  bagatelle,  vétille,  brinborion,  objet  brillant,  mais 
de  peu  de  valeur,  clinquant.  On  ne  peut  penser  pour  l'étymologie  de  ce 
mot  ni  au  lai.  gagates,  javet,  encore  moins  au  grec  yv-f-japu-i,  briller. 
Les  Liégeois  disent  kikeie,  qui  signifie  à  la  fois  vétille  et  quincaillerie, 
kikaï,  quincaillcr.  Là  pourrait  bien  être  la  source  d'où  est  sortie  gagaye. 
Les  Namurois,  en  disant  cacaic,  nous  indiqueraient  une  origine  plus  sale. 
V.  cacage. 

Gagnagc.  s.  i.  bénéfice,  gain. 

Gagne,  gain,  ne  se  dit  que  dans  celte  phrase  :  Picrle  cl  —  e'cst 
marchandise.  Perte  et  gain  viennent  tour  à  tour  chez  les  marchands. 

Gagot.  s.  m.  trou  entre  les  cailloux  d'une  chaussée,  dans  lequel  les 
enfants  cachent  leurs  couriiaux  pour  les  mettre  à  l'abri  d'une  pelle. 
Figur.  abri,  retraite. 

J'ai  été  transporté  en  trouvant,  dans  le  dict.  cell.  de  Bullet,  gag,  plur, 
gagau,  qui  signifient  fente,  crevasse,  ouverture.  Je  me  demandais,  non 
sans  inquiétude,  si  ce  n'était  pas  là  simplement  une  rencontre  fortuite, 
et  je  me  défiais  un  peu  du  celtomane  Bullet  ;  mais  je  trouve  dans  Davies 
(dict.  gall.)  gagen,  pi.  gagau,  rima.  On  retrouve  le  mol  dans  Pelletier 


GAI— GAI  191 

et  autres.  II  est  remarquable  que  les  mots  tirés  du  celt.  soient  surtout 
formés  sur  le  pluriel. 

On  aura  souvent  occasion  d'observer  que  ce  sont  nos  termes  de  jeux 
d'enfants  qui  remontent  à  la  plus  haute  antiquité,  ils  sont  plus  vieux 
que  les  pyramides  ;  (le  jeu  cC  courliau  tout  seul  fournit  4  ou  5  mots 
celt.),  et  cela  pourra  paraître  singulier;  mais  je  crois  qu'on  peut  en  devi- 
ner la  cause  :  c'est  que  ces  jeux,  au  moins  ceux  de  la  rue,  n'ont  jamais 
lieu  qu'en  patois.  Le  mot  fr,  correspondant  (quand  il  y  en  a  un)  reste 
inconnu.  La  puissance  envahissante  du  fr.  est  ainsi  arrêtée.  Cette 
remarque  est  aussi  applicable  aux  choses  dont  les  personnes  instruites 
ne  s'occupent  guère  ou  dont  la  bienséance  ne  permet  pas  de  dire  le  mot 
propre. 

On  peut  encore  liure  une  observation,  c'est  que  les  mots  celt.  et 
germ.  en  général  ne  nous  sont  venus  qu'à  travers  le  bas-lat.;  mais  ceux 
de  l'espèce  semblent  avoir  fait  exception  et  n'avoir  jamais  porté  la  livrée 
romaine.  V.  gueriam.  Je  laisse  à  d'autres  les  inductions  à  en  tirer  sur 
l'époque  où  nous  avons  abandonné  le  celt.  Le  langage  celtique  de  nos 
gens  du  peuple  et  de  nos  paysans  ne  subsistait-il  pas  encore  lorsque 
déjà  ie  bas-lat.  des  citadins  et  des  gens  distingués  était  dégénéré  en  pa- 
tois d'oil?  etc. 

Oâillc,  gâye.  adj.  Il  n'est  guère  usité  que  dans  cette  phrase  :  té  via 
hé  g^ye,  le  voilà  bien  fier,  bien  dédaigneux,  bien  singulier.  Gaye  chez 
les  Liégeois  signifie  propre,  endimanché.  Dans  le  vocabulaire  de  St-Gall 
du  vu*  siècle,  on  traduit  le  v.  ail.  gail  par  elatus,  élevé.  Gallt,  selon 
M.  Ampère,  signifie  puissant  en  gallois,  d'où  les  Anglais  ont  fait  gallant  ; 
mais  quand  ils  disent  :  gallant  ollicier,  cela  ne  signifie  pas  un  galant 
oflicier,  mais  un  brave  officier. 

Oaille,  gàye.  s.  f.  noix,  fruit  du  gaillcr.  Liég.  dgeye.  Selon 
M.  Grandgagnage  les  formes  gaille,  gauque,  qui  sembleraient  au  premier 
abord  devoir  compliquer  la  question  sur  l'origine  du  mot,  sont  propres 
à  l'éclaircir;  car  une  seule  combinaison  littérale  peut  expliquer  cette 
double  forme  illc  et  gue,  savoir  Ig.  Le  thème  galg  est  susceptible  dé  deux 
manières  :  ou,  selon  la  règle  fr.,  il  devient  gaug,  ou  le  g  s'amollit  en  i  et 
Il  devient  mouillé  :  gail  ou  gali.  On  peut  donc  affirmer  que  le  rad.  de 
notre  mol  a  dû  se  composer  de  ce  thème  galg  plus  une  désinence.  Or  on 
trouve  le  moyen  lai.  galgulus  qui  répond  à  la  condition  et  signifie  bacca 


19-2  GAI— GAN 

id  est  nuclcus  -^upiv,  noyau.  Comparez  celle  cxplicalion  avec  celle  de 
Diez,  art.  gauque. 

Gailler,  gayer.  s.  ni.  noyer,  Juglans  rogia.  Bas-lal.  galgulus.  En 
bas-brelon  craoen,  en  gall.  craouen  est  l'amande  de  tous  les  arbres  à 
noyaux. 

Oaillette.  v.  gayclle. 

Gaillelteries.  v.  gayelléries. 

Oàilletin.  v.  gaijedin. 

Galaffe,  galouffe.  s.  m.  et  adj.  gourmand.  A  L'iégc  gain f  ei  gala- 
vas.  Irl.,  écoss.  galabhas,  parasile,  glouton,  fr.  gouliafre,  glouton,  mal- 
propre (popul.)  Covarruvias  raconte  que  ce  mot,  répandu  en  esp.  et  en 
ital.,  provient  de  Galli  ofla,  gâteau  que  l'on  oflrait  aux  pèlerins  qui 
allaient  à  St-Jacqucs. 

Galamment,  adv.  généreusement.  En  fr.  de  bonne  grâce,  fine- 
ment. 

Galatasse.  s.  f.  cabinet  de  verdure.  En  fr.  galetas,  s.  m.  réduit  de 
misère,  dernier  étage. 

Galère,  s.  f.  porcelaine  commune.  En  fr.  espèce  de  vaisseau.  Galère 
est  une  corruption  de  galène  ou  sulfure  de  plomb  natif  lequel  sert  à  la 
fabrication  des  vernis  de  poterie. 

Galoehe.  s.  f.  jeu  de  bouchon.  En  fr.  chaussure  sous  le  soulier, 
menton  long.  En  liégeois  magalochc,  magalachc.  V.  fr.  gai,  caillou, 
galet,  but  à  un  jeu  d'enfant. 

Gambe.  s.  f.  jambe.  Lai.  gamba,  v.  ail.  hamma,  jarret  des  animaux, 
v.  fr.  cambe,  gambe. 

Gambe  de  bo  (à  V).  En  sautant  sur  une  seule  jambe,  à  cloche- 
pied. 

Gambette,  s.  f.  jambe  tortue,  trop  courte  ||  boiteux. 

Gambier,  v.  n.  marcher.  Gambier  aulour  demi,  marcher  autour  de 
moi,  embarrasser  mes  mouvements.  Gambier  dain  les  berdouyes, 
avoir  peine  à  se  dépêtrer  de  la  boue.  En  fr.  gambiller  signifie  remuer 
les  jambes  sans  cesse  ou  de  côté  et  d'autre.  V.  fr.  jamboyer, 
jambier. 

Gambré,  s.  m.  planche  épaisse  servant  de  pont  pour  arriver  dans 
les  bateaux. 

Gautier,  s.  m.  chantier.  V.  fr. 


GAO— GAR  193 

Gaouye.  s.  f.  femme  paresseuse,  carogne  (Jemmapes).  En  fr.  gouine, 
prostituée.  V.  godau. 

Garbe.  s.  f.  gerbe.  En  fr.  enjouement.  V.  fr.  jarbe,  bas-lat.  et  vba 
garba,  ail.  Garbe,  fl.  garve. 

Garcéner.  v.  a.  salir,  gâter,  gaspiller,  détruire.  Se  dit  surtout  des 
aliments.  A  Naniur  garsiné,  digarsiné.  Armor.  cars,  raclure,  ordure, 
gall.  carthen,  purgatoria,  ysgarthion,  expurgamina. 

Gardio.  s,  m.  jardin.  V.  fr.  gardin,  gall.  gardd,  hortus,  v.  ail.  garlo, 
ail.  Garlen. 

Gardinal.  s.  m.  chardonneret.  En  fr.  le  cardinal  est  un  oiseau 
d'Amérique,  moins  gros  qu'un  merle,  d'un  rouge  éclatant,  espèce  de  gros 
bec. 

Garenne,  s.  f.  clapier  cl  surtout  clapier  artificiel.  Eu  fr.  le  lapin  de 
—  est  ce  que  nous  nommons  sativache  lapin  ou  lapin  sauvage.  Noire 
lapin  d' —  au  contraire  est  le  lapin  privé.  V.  fr.  warenne,  bas-lat.  wa- 
renna,  b.-bret.  gwarennn. 

Gargoter.  v.  n.  bouillir  longtemps.  En  fr.  gargoter  signifie  hanler 
les  gargotes.  AU.  Garkùche,  cuisine,  maison  de  traiteur.  Radical  gar 
qui  provient  du  v.  ail.  garo,  garawo,  préparé,  prêt,  et  qui  s'applique 
particulièrement  aux  substances  qui  subissent  l'action  du  feu.  Selon 
Diez  le  fr.  gargote  n'est  qu'une  onomatopée. 

Gargouille,  gargouye.  s.  f.  chaudière.  Enfr.  gouttière,  rigole,  etc. 

Gargouiller,  gargouyer.  v.  n.  gronder,  murmurer.  Se  dit  des 
borborygmes  :  em  panse  gargouye,  mon  ventre  gronde.  En  fr.  le  mot  ne 
se  dit  que  des  petits  garçons  qui  s'amusent  à  barboter  dans  l'eau.  Gar- 
gouillement est  fr. 

Garloïne.  s.  f.  instrument  composé  d'un  grand  nombre  de  lames  de 
bois  tournant  sur  axe  et  au  moyen  duquel  on  réduit  en  pelotons  des 
échevaux  de  fil.  Fl.  garen\vind,all.  Garnwind,  dévidoir,  garen,  Garn,fil, 
winden,  rouler. 

Garlol.  s.  m.  cruche  de  bois  en  usage  dans  les  houillères.  V.  fr.  jarle, 
cruche,  vase.  Jarre,  dit .)!.  Scheler,  port.,esp.  garro,  remonte  à  l'arabe 
garrah,  vase  à  eau. 

Gartier.  s.  m.  jarretière.  Ce  mot  est  employé  par  Lcsaige.  Bas-lat. 
garretum,  gaiotum,  gall.  gar,  poples,  armor.  gar,  jambe,  cuisse,  irl. 
gaitier,  jarretière,  fr.  jarret,  garrot. 


19i  GAS— GAY 

Gascogne,  s.  1".  bigarreau,  espèce  de  cerise. 

(■afiipian.  s.  m.  gamin. 

Gasqiiignole.  v.  caslignole. 

Gaiidi  (s)  V,  réfl.  se  réjouir.  Lat.  gaudere,  v.  fr.  se  gaudir. 

Gauniau.  s.  f.  espèce  de  poire  de  Ibrl  médiocre  qualité,  mais  fort 
abondante.  On  la  cultive  surtout  dans  les  pachi  du  Pasturages,  village 
où  le  premier  arbre  de  l'espèce  existe  encore. 

Gaiinc.  adj.  jaune.  Y  kie  co  tout  gaune  su  V  monciati,  c'est  encore 
un  enfant. 

Gaunesse.  s.  f.  excréments. 

Gannette.  s.  f.  pièce  d'or. 

Gauqne.  s.  f.  noix  de  la  plus  grosse  espèce.  En  fr.  on  les  nomme 
noix  de  Jauge.  V.  fr,  noix  gaugue.  Selon  M.  Diez,  du  vha,  walah,  étran- 
ger, d'abord  prononcé  walk.  Le  mot,  dit-il,  est  d'une  haute  antiquité  : 
ags  vial— Hnut,  v.  nord,  valhnot,  ail,  welsche  Nuss,  wall  Nuss  ;  hnut, 
hnot,  nuss=noix,  ainsi,  noix  étrangère.  Comparez  l'explication  de 
M.  Grandgagnage  art  :  gaille.  V.  aussi  wallon. 

Gauquié.  s.  m.  arbre  à  gauque,  variété  du  noyer. 

Gave.  s.  f.  jabot,  poche  membraneuse  près  du  col  des  oiseaux. 
Engaver  est  devenu  français.  Gavion  l'est  depuis  longtemps  et  doit  être 
la  même  chose  que  jabot  par  la  transformation  si  fréquente  du  g  en  j  et 
du  V  en  b.  V.  dégauvier.  —  a  peut-être  la  même  origine  que  cage,  lat. 
cavea,  port,  gavia,  ital,  gabbia,  V.  gayole,  angl.  gab,  cou, 

Gaviau.  s.  m.  javelle.  V,  fr,  gavelle,  javiau,  b.-lat.  gavella,  v.  ail. 
gauffel. 

Gavier.  v.  n.  tricher,  tromper  (Borinage). 

Gavieu,  cavieu,  euse.  s.  et  adj.  trompeur,  tricheur,  qui  dispute 
au  jeu  (Borinage).  A  Liège  gawedieu,  astucieux,  cauteleux,  rusé.  V.  fr, 
gaultrer,  gaulter,  tromper,  fl.  gauwdief,  fdou  (gauw,  habile,  dief,  vo- 
leur), lat.  calvere,  tromper,  caviilari,  discuter,  v.  fr.cavillateur,  cavilleux, 
trompeur.  Le  liég.  semble  tenir  au  fl.,  le  borain  au  lat. 

Gayé.  s.  m.  t.  de  charb.  Jais,  jay,  jaiet,  jayet,  houille  très-hydrogé- 
née, bitume  fossile  très-léger  que  l'on  rencontre  dans  certaines  houil- 
lières. 

Gayeterîes,  gaillelteries.  s.  f.  p.  petites  gailletles. 

Gayétin,  gailletin.  s.  m.  fragment  de  gayelte.  Il  diffère  du  précé- 


GAY— GER  ^95 

dent  en  ce  que  le  gaillelin  est  isolé,  tandis  que  les  gailldlerics  sonl  en 
masse  livrées  au  commerce;  ainsi  on  dira  :  il  a  hcyuain  gayvUin  su 
m  n  arloil,  et  su  V  rivage  Hardcnponl  il  a  de  belles  gmjeleiics. 

(■ayctte,  gaillellc.  s.  f.  gros  morceau  de  houille.  Fig.  personne 
noire,  malpropre.  Ce  mol  vient  sans  doute  de  gagé,  sinon  de  gaille. 
Gayole.  s.  f.  cage,  prison  |1  insensé,  imbécille.  V.  gayolé.  Je  copie 
ici  l'art,  geôle  de  M.  Scheler  :  «  V.  fr.  gaole,  gaiole,  jaiole,  ilal.  gabbi- 
uola,  esp.  gayole,  port,  gaiola,  cage,  prison.  Ces  formes  représentent 
ledimin.  l.caveola,  comme  ilal.  gabbia,  gaggia,  esp.  port,  gavia,  n. 
prov.  gavi,  v.  fr.  caive,  n.  fr.  cage,  répondent  au  simple  cavea.  En  pla- 
çant le\io't  geôle  dans  l'élément  celtique,  Chevallet  a  négligé  les  formes 
similaires  des  langues  congénères.  Les  mots  celtiques  ici  comme  ail- 
leurs ne  sont  souvent  que  des  emprunts  faits  au  roman.  » 

L'étymologie  ci-dessus  déduite  est  parfaitement  correcte.  Cependant, 
malgré  l'observation  du  savant  M.  Scheler,  je  cite,  selon  mon  habitude, 
ce  que  je  trouve  dans  les  dict.  bretons  :  jol,  gaoued,  kaoued,  par  abus, 
gaouiedel,  cage,  dans  le  dict.  gallois  de  Davies,  géol,  carcer. 

Cayolé,  ée.  adj.  imbécile,  timbré,  fou,  insensé,  qui  a  été  mis  ou 
mérite  d'être  mis  en  gayole  \\  bariolé.  Les  Liégeois  dans  cette  dernière 
signif.  disent  cragolé. 
Gein.  s.  f.  personne.  En  fr.  gens  n'a  que  le  pluriel. 
Germanique.  Je  parle  souvent  des  langues  germaniques,  je  dois 
leur  consacrer  ici  un  petit  article. 

Certains  linguistes  les  divisent  en  tudesque,  saxon,  angle,  normanique 
et  gothique.  Selon  d'autres  elles  comprennent  le  mesogolhique  (jusqu'au 
vi-' siècle),  le  haut  ail.  ancien  (du  vi-^  au  xi^),  le  haut  ail.  moyen  (du  xi"  au 
XV),  l'ail,  (du  xv«  jusqu'à  nos  jours),  le  frison,  le  néerlandais  (hollandais 
et  flamand),  le  suédois,  le  danois,  l'anglais  (mélange  d'anglo-saxon,  de 
V.  fr.  et  d'un  reste  de  celtique). 

On  peut  encore  diviser  les  langues  germaniques  modernes  en  haut 
ail.  ou  ail.  classique  (hoch  deutsch)  et  en  bas-ail.  (niederdeutsch),  com- 
prenant le  fl.,  le  bas-saxon,  etc. 

C'est  une  famille  de  langues  indo-européennes  qui  parait  avoir  plus 
de  rapport  avec  le  zend  (de  la  famille  indo-persane  ou  arienne,  parlé  par 
les  anciens  mèdes  et  écrit  par  Zoroastre)  qu'avec  le  sanscrit.  Au  coniraiic 
les  langues  celtiques  se  rapprochent  davantage  du  sanscrit  que  du  zend. 


196  GHL— GLE 

Los  Colles  semblent  être  sortis  de  régions  plus  méridionales  de  l'Inde 
et  beaucoup  plus  tôt  que  les  Germains.  Piolet  présente  à  ce  sujet  des 
appcrçiis  très-curieux. 

Parmi  les  langues  germaniques,  c'est  surtout  celle  des  Francs  salions, 
fort  voisine  du  flamand-lioUandais,  quia  laissé  le  plus  de  traces  dans  noire 
patois.  Les  Gotbs  et  les  Burgundes  s'étant  établis  plus  au  midi  ne  nous 
ont  rien  ou  presque  rien  laissé  immmédialement  de  leur  dialecte.  Ce  que 
nous  en  avons  reçu  nous  est  venu  médialement  par  le  v.  fr.  Si  les  lettres 
V. a. ,v.b. a. reviennent  souvent,  c'est  que  je  n'ai  pas  toujours  pu  recourir 
aux  sources  et  que  les  auteurs,  cliez  qui  j'ai  puisé,  n'invoquent  volontiers 
le  bas-ail.  que  quand  ils  n'ont  rien  d'analogue  dans  le  haut-ail. 

Ciiliiin.  village  du  llainaul.  Le  celt.  offre  à  choisir  pour  l'étymologie 
entre  glen,  motte  de  terre,  fonds  de  terre  qui  produit,  glen  et  glyn, 
petite  vallée,  glen,  sauvage. 

Grî.  certes,  certainement.  Gi,  coiiyé,  c'est  bien  ainsi,  mon  garçon. — 
est  un  t.  d'argot. 

Gibouré.  s.  m.  persicaire,  plante  du  genre  polygonum. 

Oîffe.  soufflet.  Les  Fr.  employent  quelquefois  populairement  ce  mol, 
mais  Boiste  ne  le  mentionne  pas.  V.  gui/fe. 

Gîg,  gigot,  djigof.  s.  m.  moitié  de  liard.  En  fr.  éclanche,  etc. 

Clîgolor.  V.  n.  compter  par  gigols,  être  économe,  êlre  avare.  En 
fr.  gigoter  signifie  secouer  les  jarrels,  etc. 

GineKe,  dginctlc.  s.  f.  genêt.  Lat.  genista. 

Gingin.  s.  m.  gingembre. 

Gitage.  s.  m.  assemblage  de  solives  sur  lequel  s'élablit  un  plan- 
cher. 

Gîte.  s.  f.  solive.  En  fr.  habitation,  s.  p.  pièces  de  bois.  Gitter  en 
ail.  signifie  barreau,  bas-lat.  gisia,  gesta. 

Gîter.  V,  a.  chiffrer,  compter.  Giler  Vcomple,  régler  le  compte.  Ce 
mot  est  aujourd'hui  peu  usité;  il  provient  de  l'ancienne  manière  de 
compter  par  jetons  {gilon).  \\  Garnir  de  giles. 

Glawenne.  s.  f.  cailletle,  mauvaise  langue  (Fleuras).  A  Namur  petit 
chien  qui  jappe  après  tout  le  monde.  Glaioe,  brocard,  lardon.  A  Liège 
Glaive,  glapir,  lancer  des  lardons.  Onomatopée  de  même  formation  que 
le  fr.  glapir,  clabauder,  ail.  klalfen,  japper,  v.  klaper,  clipol. 

Glenne.  s.  f.  poule.  En  ail.  Henné,  en  v.  fr.  geline. 


GLE-GOD  197 

Gleinia,  gliinia.  mij.  glaireux,  gluant.  En  ail.  Leim,  colle,  leimar- 
lig,  coilanl,  ghitineux.  A  Liège  glumian,  gluant,  glaireux,  glaignan, 
Ihnian,  glissant;  le  bret.  glaouren,  baver,  sert  bien  à  rétyniologie 
(lu  mot  fr,  glaire,  mais  ne  peut  guère  èlre  utile  pour  celle  de 
(jlemia. 

lilëler.  V.  dégléler.  Eu  liégeois  il  signifie  baver. 
CHlîchîèro.  s.  f.  jaciière.  \.  Ir.  gasehière,  bas-lat.  gascaria. 
ۈliehoii*e.  s.  f.  glissoire.  Ail.  glitscben,  fl.  glitsen,  glissen,  glisser. 
Glou,  glontte.  adj.  en  parlant  des  choses,  savoureux,  agréable;  en 
parlant  des  personnes,  délicat,  dilTicile.  A  Liège  on  dit  glo.  Clou  comme 
(lin  ca  (TcrmiUe,  arm.  glout,  gall.  glwt,  gulosus,  edax.  En  v.  fr.  on 
disait  glou  pour  glouton. 

Onan,  nian.  enHint.  Fui  grnangrnaîi, pleurer, pleurnicher,  v.grignard. 
CinafTe.  savetier. 

4anic,  nîé,  nie,  ncin.  nég.   pas.  point,  ne  pas.  En  v.  fr.  nient, 
udllemcnl;  formé  de  la  négation  lat.  ne,  et  du  part,  cns,  étant,  existant, 
Gnio,  ^niolle.  v.  nio  et  tio. 

Cîniolle.  s.  f.  soufflet,  abrév.  de  croquignole.  En  fr.  pop.   une  — 
est  un  coup,  une  éraflure  faite  à  une  toupie  par  une  autre. 
Cinognote.  vétille,  babiole. 

ۈo.  s.  m.  pou,  gros  pou.  En  arminia  (argot  espagn.),  gao,  en  four- 
i)esque  (argot  italien)  gualiino. 

Gob.  s  m.  coup.  Moywais  gob,  malheureux  coup.  Esp.  golb,  port, 
colp,  bas-lat.  colpus.  ||  Morceau.  Baye  m'cln  cin  — ,  donne  m'en  un 
morceau;  gob  d'homme,  hommelet,  liomuncule.  Er.  gobbe,  s.  f.  bol  pour 
empoisonner  les  cliiens,  gaël.  gob,  kwb,  bec.  (Dicfenbaeh.) 

Oobciner.  v.  a.  gober  doucement,  soutirer,  voler  adroitement. 
Pour  trouver  l'étymologie  du  mot,  M.  Grandgagnage  prend  le  mot  lié- 
geois djoupesin  (matois);  il  cite  un  vieux  dicton  :  Elle  est  mah7ine 
comme  ine  djiipscnjfc.  [1  trouve  là  le  mot  égypiienne,  passe  de  là  au  mot 
anglais  gipsy  (bolu'mienne)  pour  arriver  à  notre  gobciner.  Le  trajet  me 
semble  un  peu  long.  J'y  verrais  plus  volontiers  un  dimin.  de  gober. 

Godau.  s.  m.  imbécile;  ne  se  dit  que  des  femmes.  On  peut  rappro- 
cher le  V.  fr.  gode,  godine,  femme  oisive,  paresseuse,  le  fr.  gouine, 
prostituée,  le  v.  ail.  qvina,  le  golh.  qviuo,  femme;  mais  voyez,  à  l'art, 
suivant,  l'opinion  de  Diez. 

25 


198  GOD— GOU 

Goder,  v.  a.  arranger,  habiller.  On  dil  presque  toujours  mau 
f/odc.  Noire  goder  viendrait  à  l'appui  de  l'opinion  de  Diez.  Cet  auteur 
émiiient  croit  trouver  la  racine  dans  la  cynir.  god,  luxure.  Il  cite 
oulre  les  mois  v.  fr.  et  patois,  l'esp.  godo,  godeùo,  godizo,  gourmand, 
goderia,  régal,  piémontais,  gaudinetta.  M.  Scheler  ajoute  le  champen. 
godin,  mignon,  godinet,  galant,  fr.  godart,  gourmand  et  godiveau,  espèce 
de  mets.  En  fr.  goder  signifie  faire  des  plis.  V.  fr.  goderonner,  parer. 

Grodincttc.  s.  f.  petit  godau.  \\  —  à  deux  manches.  Bouteille,  pot 
qu'on  peut  embrasser.  En  fr.  godinette  veut  dire  maîtresse.  Baiser  en  — , 
baiser  donné  amoureusement. 

Oolza.  s.  m.  colza.  Mot  récemment  francisé,  tiré  du  boll. -flamand 
koolzaaf,  ainsi  nommé  parce  que  c'est  une  espèce  de  cbou  (kool),  dont 
la  graine  seule  (zaat)  est  employée*. 

Goulot,  goulo.  s.  m.  pierre  creuse  pour  l'écoulement  des  eaux. 
En  fr.  gorge  d'une  bouteille.  Bret.  goulo,  vide,  lat.  gula, 

Gonrdine,  gordenne.  s.  f.  rideau.  Fr.  courtine,  qui  signifie 
rideau  de  lit,  v.  fr.  gourdine,  lat.  cortina. 

Goure,  s.  f.  bourrade,  réprimande.  Attraper  n'  goure,  être  grondé. 
En  fr.  attrape,  v.  fr.  goure,  drogue  falsifiée.  Les  étymologistes  lui  at- 
tribuent une  origine  arabe.  Nous  disons  attraper  n'  drogue  pour  être 
battu.  Il  y  a,  en  bret.,  gour,  malice  couverte,  amitié  feinte,  qu'on  peut 
considérer  comme  importé  du  fr.,  car  il  n'existe  pas  en  gall.,  selon 
Pelletier. 

Gourme,  s.  f.  inflammation  érysipélateuse  produite  par  la  piqûre 
des  puces,  punaises,  cousins,  etc.  En  fr.  flux  nasal  des  jeunes  chevaux, 
gale  des  enfants  sur  la  tête,  en  gaul.  gormis,  pus,  violence,  gorre,  variole, 
b.-bret.  gor,  furoncle,  aposlume,  gall.  sanies,  pus,  grec  ly.op. 

Gourmer.  v.  n.  déguster.  Fr.  gourmet,  fl.  geur,  odeur,  senteur.  Pa- 
tois d'Aix-la-Chapelle  gùhr,  saveur  de  la  viande,  bouquet  de  vin. 

Gourmeu.  s.  m.  dégustateur. 

Gônrriau,  goreau.  s.  m.  collier  faisant  partie  des  harnais  des 
chevaux  de  trait.  V.  fr.  gorriau.  fl.  gareel. 

Es  n'est  gnié  devant  lés  gvau 
Qu'y  fau  apprester  V  gouriau. 

Pour  réussir  il  faut  de  l'adresse,  de  la  dissimulation. 


GOU-GRÉ  199 

Gonppîer,  gorrîé,  gorli.  s.  m.  bourrelier.  Qu'on  se  garde  de 
croire  que  —  vienne  de  bourrelier,  alléré.  Ce  sont  les  Français  qui  ont 
oublié  le  mot  goreel  ou  gourel  (comme  prononçaient  les  v.  FI.,  comme 
sans  doute  disaient  les  Francs,  envahisseurs  de  la  Gaule)  et  qui  alors 
ont  cru  se  tromper  en  disant  gourrelier  ;  ils  ont  pensé  devoir  dire  bour- 
relier à  cause  que  lés  gouriau  sont  rembourrés  de  crin. 

Goûter.  V.  n.  plaire  au  goût.  Ça  m'  goule,  cela  m'est  agréable.  En 
fr.  goûter  est  actif  :  goûter  un  projet,  signifie  l'approuver,  —  du  vin,  le 
déguster,  etc.  Le  mot  patois  est  un  germanisme.  Les  ail.  disent  :  das 
smeckt  mir. 

Gouvion.  s.  m.  goujon.  Lat.  gobio,  grecxwSioT. 

Goyé.  s.  m.  gosier  et  plus  souvent  cou. 

Goyerne.  adj.  de  travers.  Bois  qui  s'est  tourné  en  séchant.  Bret. 
gaô,  gaou,  de  travers. 

Gozette.  s.  f.  gosier  (enfantin)  ||  sorte  de  tarte.  V.  fr.  goyère. 

Grabouiller,  grabonyei*.  v.  a.  griflbnner.  En  liégeois  grabouyi. 

Grafc.  s.  f.  greffe.  Irl.  grafa  ||  mauvais  sujet. 

Grafficr.  v.  n.  et  a.  gratter  la  terre  ||  égraligner.  Fr.  graligner, 
ital.  grafliare,  v.  ail.  krapho,  kramph,  crochet;  d'où  crampon. 

Grafouyer.  v.  a.  griffonner. 

Grandissage.  s.  m.  croissance,  développement.  Lonmein  avan 
leu  —  lés  fiye  peinse  t'a  lés  amoureux.  Longtemps  avant  leur  entière 
croissance,  les  fdles  songent  à  l'amour,  maladie  rf'  —  maladie  causée 
par  une  croissance  trop  rapide. 

Grand  nicrc,  grand  mce.  s.  f.  vieille  femme. 

Grand  père,  grand  pée.  s.  m.  vieillard.  On  dit  grand  méc, 
grand  péc  laye. 

GraUe-cu.  s.  m.  caille-lait,  gallium  aparine.  En  fr.  fruit  de 
l'églantier. 

Grau.  s.  m.  p.  griffes,  ongles.  V.  ail.  chrauuon,  moyen  ail.  krà- 
wcii,  kràuen,  fl.  kraauwen,  gratter,  klauw,  ail.  Klaue,  kralle,  griffes. 

Grawé.  v.  a.  égraligner  (Charleroy).  A  Mons  on  dh  griffer,,  dégrif- 
fer, dégrimoner  ;  quelquefois  grauyer  et  dcgrauyer.  V.  grau. 

Grèbe,  s.  f.  crèche,  mangeoire,  v.  krépe. 

Grèfe,  grafe.  s.  f.  louche  pour  faciliter  la  lecture  des  enfants.  V.  fr. 
grèfe,  gresfe,  bret.  grcff',  vha,  griffel,  stylet  à  écrire. 


200  GUE— GUE 

Grêle,  s.  f.  malheur  ||  désappointenienl  ||  diflicullé. 

Grenade,  giiernade,  guernode.  s.  f.  crcvellc,  chevrette,  sali- 
cofiiio  criistacée.  IIoll.  i^ariiaal,  11.  guernaut. 

Gresserîe.  s.  f.  p.  épicerie.  En  fr.  yraisserie,  boutique,  commerce 
de  graisse. 

Gressié,  graîssîé.  épicier.  Sirop  d' —,  mélasse.  Les  épiciers  ven- 
dent de  la  graisse,  du  suif,  du  savon,  de  l'huile,  etc.  En  fr,  graissier, 
marchand  de  graisse. 

Greuse.  s.  f.  petit  fragment  d'un  corps  dur,  de  pierre,  etc.  V.  Ir. 
cruyse,  morceau  de  pot  cassé.  Bret.  grouan,  gravier,  gall.  groid,  irl. 
creug,  pierre,  fl.  gruis  (pron.  greuse),  gravier.  A  Liège  gruzi,  namurois 
greugi,  égruger. 

Diez  à  l'art,  gruger,  égruger,  ne  veut  pas  que  ces  mots  viennent  du 
bas-ail.  grusen,  11.  gruisen,  parce  que,  dit-il,  la  langue  fr.  ne  souffre 
pas  de  changement  de  s  en  /  ou  </,  il  est  pourtant  un  peu  ébranlé  par  le 
nani.  greugi.  11  ne  paraît  pas  connaître  notre  greuse  et  notre  égreuser. 
Ses  préférences  sont  pour  l'élymologic  quil  assigne  à  gruau,  c'est-à-dire 
l'ags,  grul,  vha,  gruzi. 

A  Mons  le  s  se  change  très-bien  en  j  ou  g,  par  exemple  :  baijer, 
noujellc,  rougin. 

Quant  à  notre  greuse,  son  origine  fl.  ne  me  paraît  pas  douteuse.  Cela 
ne  m'a  pas  empêché  de  produire  le  celt.  creug,  etc.,  qui  servira  à  titre 
de  comp.  avec  le  fr.  gruger. 

D'ailleurs  on  a  pu  remarquer  que  je  rassemble  volontiers  les  mots  de 
inémesign.en  diverses  langues.  Je  n'ai  pas  pour  les  lois  phonélologiques 
une  soumission  aveugle.  Je  suis  convaincu  que  ces  lois  ressemblent  à  celles 
de  la  grammaire  qui  souffrent  de  très- nombreuses  exceptions.  Je  n'en  re- 
connais pas  moins  leur  utilité  et  surtout  cela  ne  m'empêche  pas  de 
rendre  hommage  aux  profonds  travaux  des  Grimm,  des  Diez,  des  Die- 
fenbach,  en  Allemagne,  des  Grandgagnage,  des  Scheler,  en  Belgique. 
Mon  rôle  ne  doit  pas  être  le  leur,  11  doit  être  plus  modeste.  Ma  tâche  doit 
être  surtout  une  tâche  de  manœuvre  qui  apporte  des  matériaux  aux 
maçons  habiles,  aux  architectes  de  génie. 

Grève,  grevée,  s.  m.  grévière,  contusion  ou  écorchure  de  la 
jambe,  aux  lieux  où  le  tibia  n'est  recouvert  que  de  la  peau.  Ces  bles- 
sures sont  fort  douloureuses  et  d'une   guérison  difficile.  Grève  en  fr. 


GRI— GRI  ^201 

signifie  pièce  d'armure  qui  recouvre  la  jambe.  En  v.  fr.  il  signitie  peine, 
douleur,  lï.  grieven,  percer,  léser,  grievend,  cuisant,  grief,  peine,  lai, 
gravis. 

OriflTe.  s.  I'.  égraliguure,  lig.  raie  sur  un  métal  poli;  ellet  pour  cause. 

Grignard,  grignou.  adj.  et  s.  pleureur,  homme  chagrin.  Ail.  grei- 
nen,  pleurnicher,  ccllo-brelon  grignous,  chagrin,  vha,  gryngian,  mus- 
silare,  grunnire. 

Grigne-dain.  s.  m.  crémaillère  ||  personne  maussade. 

Grigner.  v.  n.  pleurer,  pleurnicher,  se  plaindre.  AH.  greinen, 
pleurer,  pleurnicher,  grinsen,  grimacer,  v.  a.  grigncr  {ses  dainl),  me- 
nacer, en  montrant  les  dents,  V.  fl.  grynen,  montrer  les  dents,  grima- 
cer. 11  ne  faut  pas  confondre  grigncr  avec  grinchcr  qui  signifie  grincer. 
Es  vieulon  là  m'  fait  grincher  mes  deints.  On  ne  dirait  pas  —  les  deinfs 
dans  le  même  sens. 

Grignoter,  v.  n.  pleurer  un  peu,  gémir.  En  fr.  manger  eu  ron- 
geant. 

Gringaler,  fringaler.  v.  n.  Se  dit  d'un  charriot  dont  les  roues 
abandonnent  en  glissant  une  route  trop  bombée  ou  pendant  la  gelée, 
V.  fringaler. 

Griuque.  s.  f.  cerise  ronde,  aigrelette,  à  courte  queue.  J'ai  entendu 
souvent  des  personnes  voulant  la  désigner  en  fr.  lui  donner  les  noms  de 
guigne  ou  de  gobet.  Remacle  dans  son  dict.  liégeois  traduit  gryaimi  par 
griotte  en  faisant  remanpierque  ce  n'est  que  par  analogie  et  que  cerise  est 
son  véritable  équivalent.  Je  suis  fort  porté  à  penser  que  la  langue  française 
n'a  pas  de  mot  pour  traduire  grainque.  Les  habitants  des  départements 
septentrionaux  de  la  France  qui  connaissent  cette  espèce  de  cerise  lui 
donnent  le  nom  de  Laleu.  On  peut  voir  dans  le  bon  jardinier  que  les 
guignes,  griottes  et  gobets  sont  des  cerises  qui  ne  ressemblent  guère  à 
nos  grinquc. 

Grinquic.  s.  m.  cerisier  de  la  variété  qui  porte  des  grinqucs.  Comme 
il  prend  souvent  un  grand  développement,  on  en  a  peut-être  fait  le  v. 
eingrinquier,  jucher  sur  un  grinquié.  V.  fr.  crequier,  prunier  ou  cerisier 
sauvage,  croque,  piuuelle,  v.  ail.  crich,  patois  ail.  krieche,  cerise  ou 
petite  prune,  dan.  knege,  prunelle. 

Grippe-saucisse,  s.  m.  fdou. 

Gripelics.  s.  f.  p.  pointes  de  fer  dont  on  s'arme  pour  grimj)er  aux 


i0^2  GHI— GUE 

arbres.  V,  frison  gripa,  v.  saxon  gripan,  fl.  grypcn,  saisir.  ||  s.  f. 
enfant  qui  égratigne  volontiers  ||  niécliante  femme.  Fr.  griper,  en  Bour- 
gogne, gripe  Il  grimpereau. 

Grizou  ou  feu  grizoïi.  s.  m.  gaz  hydrogène  carboné  très-abondani 
dans  les  houillères  diies  de  dur  et  qui  s'enflamme  par  le  contact  d'une 
simple  chandelle  allumée,  en  causant  des  explosions  lorsqu'il  est  mé- 
lange avec  de  l'air  athmosphérique.  Ce  mot  est  une  corruption  de  gré- 
geois (feu). 

Grogne,  s.  f.  préparation  de  charcuiterie  ||  mauvaise  mine.  IS'oz 
arons  dés  — ,  nous  serons  mal  accueillis.  Lat.  grunnire,  ali.  grùnzen. 

Gros.  adj.  inusité  au  féminin,  riche,  empilTré.  Gros  comme  ain  kié 
rf'  tanneu,  repu  comme  un  chien  de  tanneur.  Il  a  gros  (sous-enlendu  à 
parier),  il  y  a  bonne  chance,  probabilité. 

Grosse  morbleutte  (al),  grossièrement  ||  franchement  ||  familière- 
ment Il  à  la  hâte. 

Groiignié.  s.  m.  groin,  museau,  vilaine  figure.  Bas-lat.  grugnum, 
armor.  grouch,  gall.  grwn.  V.  grogne. 

Groiiler.  v.  n.  trembler  de  froid.  V.  fr.  gruller,  greloter,  ail.  grau- 
sen,  frissonner,  fl.  grillen. 

Gronyer.  v.  n.  grouiller,  grogner,  marmotter,  murmurer,  gronder, 
grommeler.  Ail.  groll,  rancune,  le  fl.-holl.  groUcn  a  les  significations 
de  grouyer. 

Gruyère,  glouyere.  s.  f.  paillasson  pour  abriter  les  briquetteries, 
les  espaliers,  etc.  En  fr.  s.  m.  et  adj.  oflîcier  des  eaux  et  forêts,  etc. 

Grôuzeye,  groizelle.  s.  f.  groseille.  Lat.  grossula,  grossularia, 
ail.  Krauselbecre,  Grosselbeere,  fl.  kruisbezie,  écoss.groiseid,  irl.groi- 
said  ;  la  groseille  est  un  fruit  du  nord,  les  probabilités  sont  que  les 
Romains  ont  pris  le  nom  dans  la  Gaule  ou  la  Germanie. 

Grôuzié.  s.  m.  groseiller. 

Guerdons.  s.  m.  p.  fragments  de  suif  ou  de  saindoux  qui  restent 
après  la  fusion  de  ces  graisses. 

Gueriam.  s.  m.  jeu  d'enfants,  jeu  de  barres.  Gueriam  au  fier,  gue- 
riam  à  kié  en  sont  des  variétés.  A  ce  dernier  on  fait  des  prisonniers. 
Goth.  warjan,  ail.  wchren,  arrêter,  empêcher,  suédois  waerja,  fl.  weeren. 
De  là  le  fr.  guerre.  Mais  le  mot  fr.  a  commencé  par  entrer  dans  le  b.-lat., 
tandis  que  notre  —  semble  être  passé  de  plein  pied  du  goth.  dans  le 


GUE— GUI  205 

palois.On  pourrait  en  conclure  son  âge  :  entre  le  v*  et  le  vn''  siècle,  entre 
l'époque  des  invasions  gerni.  et  celle  de  Textinciion  du  gothique. 

Oiiernié.  s.  m.  grenier.  Elte  à  s'n  aise  comme  enne  carpe  su  nain 
— .  Remarquez  en  passant  le  germanisme  su.  Garnier  est  employé  par 
le  sire  de  Joinville. 

Ouersillon,  guersîyon(aùi).  au  carcan  ||  au  supplice.  Dans  le  nord 
de  la  France  ce  mot  signifie  peine,  inquiétude.  V.  fr.  grésillon,  lien, 
attache,  menotte  :  les  grésillons  es  pieds,  les  fers  es  mains. 

4aucrzin.  s.  m.  grêlon.  Fr.  grésil,  menue  grêle.  En  dialecte  bava- 
rois grauss,  grêlon,  v.  ail.  geriselen,  ail.  griseln,  grésiller,  bret.  grisil, 
menue  grêle,  gall.  grisial,  crystallum. 

Griicrsiiier.  v.  imp.  grêler. 

Guezitlc.  s.  f.  figure,  bouche.  Ail.  Gesicht,  fl.  gezigt,  visage,  vision, 
vue  ;  de  même  visage,  autrefois  vis,  vient  de  visus. 

Ouciilar.  s.  m.  espèce  de  fusil  à  large  gueule. 

Gueuletle.  s.  f.  friande. 

Gueule,  s.  f.  bouche.  Elle  à  a' — ,  être  gourmand.  —  hors  du  pot, 
convention  de  personnes  jouant  pour'de  la  bierre  dont  le  perdant  ne 
doit  pas  boire.  —  dai^i  V  pot,  convention  contraire,  où  par  conséquent 
les  gagnants  et  les  perdants  boivent  également. 

Guelte.  s.  f.  guêtre.  Avoi  ça  à  «' — ,  être  attrapé,  dupé,  vaincu. 
Tirer  s' — ,  partir,  fuir,  se  sauver  en  tapinois. 

Guide-fi.  s.  m.  instrument  de  savetier,  soie  de  porc  qui  facilite  l'in- 
troduction du  fil.  M.  Hecart  dit  keutefi  et  traduit  par  fil  à  coudre. 

GuilTc.  s.  f.  bouche.  Liég.  ckife,  v.  fr.  giffe,  joue,  ail.  Kiefer,  bas- 
saxon  kiffe,  mâchoire,  fl.  gevel,  face,  bret.  javet,  mâchoire,  joue,  bret. 
et  gall.  gwefus  et  gweus  labium,  gall.  gwep,  gwip,  vullus,  gilf,  rostrum. 

Guillc,  guîye.  s.  f.  quille.  Bas-latin  guilla. 

Guiller,  guiyep,  v.  n.  fermenter.  Se  dit  de  la  bière  ;  flam.  gislen,  fer- 
menter. Cuiller  est  devenu  fr.,  il  a  été  sans  doute  emprunté  à  nos  bras- 
seurs. V.  Je. 

Guinse.  s.  f.  orgie,  débauche.  Elle  ain  — ,  être  ivre.  En  Picardie, 
selon  Corbct,  bouillie  faite  avec  des  pommes,  de  la  farine  et  le  résidu 
du  lait  dont  on  a  fait  le  beurre.  Par  extension  gala,  fête.  Ital.  guizzare, 
à  Venise  sguinzare,  errer  çà  et  là. 

Guisterneu.  s.  m.  ménétrier.  Ail.  geige,  violon,  v.  fr.  guiterne. 


:oi  r.vA— HA(; 

lavau.  V.  lù'vau. 

Grvcu,  kfeu.  s.  m.  cheveu.  Gall.  gwall.  Jo  n'en  crois  pas  moins, 
iiKilgré  une  rcsseml)lance  plus  faible,  à  Torigine  lat.,  capillus. 

tawissct.  s.  ni.  gousset.  Gall.  cwisc<l,  irl.  guisead,  écoss.  guiscitl. 
Noire  mot  n'csî,  donc  pas  une  altération  du  fr.,  à  moins  que  tous  les  dia- 
lectes néo-celli<pics  ne  se  soient  mis  d'accord  pour  emprunter  gousset  au 
Ir.  et  puis  se  soient  concertés  avec  nous  pour  le  corrompre  d'une  manière 
uiiiforme.  N'est-il  pas  vraisemblable  que  c'est  le  fr.  qui  a  commis 
l'altération?  Le  mol,  une  fois  devenu  gousset,  on  a  cru  que  c'était  un 
dimin.  de  gousse,  malgré  le  bon  sens  qui  crie  que  le  diminutif  doit  être 
l>lus  petit  que  le  primitif. 

Celle  lettre  ïi'est  guère  qu'un  signe  étymologique.  Elle  n'a  jamais 
l'aspiration  liégeoise,  c'est-à-dire  ail.;  elle  n'a  même  presque  jamais 
l'aspiration  fr.,  c'est-à-dire  la  propriété  d'empêcher  l'élision. 

filaStilc,  habiye.  adv.  et  adj-  vite,  promptemcnt. 

Siabifation.  s.  f.  fréquentation. 

Habiter,  v.  n.  avoir  l'entrée,  avoir  l'usage  de  visiter. 

fliabruuoque.  s.  m.  vieux  meuble,  ustensile  hors  de  service  ou  qui 
mérite  d'êtremis  au  rebut.  Ce  vocable  semble  être  formé  de  l'ail.  Haber, 
avoine  et  du  v.  fr.  nocq,  baquet,  soit  huche  à  avoine. 

liacliau.  s.  m.  hache  de  cuisine,  bachier.  Y.  ail.  bacchen,  ail.  hac- 
ken,  11.  hakken,  bret.  aich,  pluriel  aicliou.  Diez  attribue  le  Ir.  hache 
au  lat.  ascia,  truelle,  boue,  doloire.  Avoi  s' langue  à  l" — ,  avoir  la  langue 
trop  prompte,  incoiisidérée. 

iSaelicpoler.  v.  a.  ai)lalir,  écraser  ||  couper  en  déchiquetant  || 
arrangcrnial  ||  travailler  de  travers  i|  saveter.  Les  Liégeois  disenla^pato-. 
Le  mot  liégeois  donne  l'idée  d'un  travail  fait  avec  la  bêche  (ail.  Spaten), 
le  monlois  celle  d'un  travail  avec  la  hache.  V.  spolchic. 

Ilachie.  s.  f.  faute  grossière  ||  imprudence  ||  sottise. 

liafter.  v.  a.  enlever,  accrocher  [havclcr).  Ail.  hafften,  accrocher, 
tenir  ferme,  Haft,  lien,  agralfe. 

Hagii.  interj.  en  mordant. 

Hagne-au-cu.  s.  m.  petit  chien.  Fig.  petit  enfant. 


HAG— HAP  205 

Hagner.  v.  a.  mordre.  El  pnanière  mouche  qui  voz  hagnera  sara 
ain  lahon.  Les  kié  morts  n'  hagnlé  pu.  Ce  dernier  proverbe  est  traduit 
niot-à-iiiot  de  l'ail.:  lodle  hundc  beissen  nicbt.  Morte  la  bête,  mort  le 
venin.  FI.  liakken,  ail.  liacken,  bcqiieler. 

Hagiioii.s.  m.  morceau.  ||  Ce  qu'on  peut  mordre  on  une  fois.  Y.  mot 
fr.;le  ir.  morceau  a  la  même  valeur.  Lat.  morsus,  l'ail,  beissen,  mordre, 
bisschen,  morceau,  le  fl.  bylen,  mordre,  beije,  morceau,  sont  dans  le 
même  cas.  V.  pour  l'esp.,  mier. 

ISagnnre.  s.  m.  morsure. 

Mainaii.  s.  m.  t.  de  charp.,  couvreur,  angle  rentrant  d'un  toit. 

IlaiEic.  nom  d'une  rivière  et  de  plusieurs  villages  du  Ilainaut,  AU. 
bain,  bret,  bai,  forêt;  qui  coule  dans  une  forêl. 

Halbran.  s.  m.  bomme  sans  ressource,  sans  responsabilité,  mau- 
vais sujet  II  fainéant  ||  propre  à  rien.  En  fr.  jeune  canard,  etc.  Selon  Diez 
du  mha,  lialber  enl,  demi  canard. 

Halbiitte.  s.  f.  canonnière,  bâtonnet  de  sureau  sans  moelle  qui  sert 
aux  enfants  à  cliasser,  à  l'aide  d'un  piston,  de  petites  boules  de  papier 
mâché.  Ilalbulle  vient  du  v.  fr.  bacquebulte  ou  barquebuUe,  espèce 
d'arquebuse  très-pesante  qu'on  devait  appuyer  sur  un  crocbet,  d'où  l'on 
disait  arquebuse  à  croc,  par  pléonasme.  Fl.  baek,  croc,  buis,  tuyau, 
sarbacane. 

Ilalain.  s.  m.  t.  de  boucber,  bêle  maigre.  En  liégeois,  helenne, 
vache  stérile,  esp.  lialao,  v.  fr.  balan,  dogue. 

Halot,  walot.  s.  m.  caillot.  On  dit  dé  —  et  dés  alots.  Lat.  coagu- 
lum,  bret.  kaloueden,  kalouedennou. 

Hanider.  v,  a.  châtrer.  M.  Grandgagnage  tire  amder  d'amender  ou 
d'émonder,  puis  à  l'art,  hameler  prend  le  v.  ail.  bamelon,  qui  dérive  de 
liamal,  mutilus,  ail.  moderne,  banmieln,  châtrer  (les  agneaux).  Remar- 
quons l'analogie  entre  un  dérivé  germanique  :  Fl.  hamel,  ail.  hamniel, 
bélier  cbàlré  et  le  bas-laf.  muto,  de  mutilare. 

Hàpc.  s.  m.  instrument  pour  mettre  le  ùl  en  écbeveau.  On  le  nonmic 
aussi  baudet  et  en  quelques  lieux  kié,  tché.  Ce  mot  est  déjà  consigné 
dans  ce  dict.  sous  la  forme  orthographique  de  abe.  Je  le  considérais 
comme  une  altération  du  fr.  arbre;  mais  je  crois  que  j'ai  là  commis  une 
faute  grave,  que  j'ai  imité  les  français  qui  ont  forgé,  bourrelier,  chauve- 
souris,  etc.  V.  gourrier,  queue  </'  sorilc,  que  j'ai  imité  les  imprimeurs 

26 


200  IIAP— IIAP 

qui  ne  manquent  jamais  de  substituer  un  mot  qu'ils  connaissent  à  un 
mot  incompris,  quelque  ridicule  que  soit  le  résultat.  Cette  substitution 
d'un  mot  conmi  à  un  mot  inconnu  est  une  des  causes  de  la  perte  de  bien 
des  racines  germaniques  et  celtiques. 

Si  je  considère  que  Yfnipe  sert  à  haspéler,  je  dois  croire  que  ce  n'est 
que  notre  manière  de  prononcer  le  v.  fr,  hasple,  ail.  liaspel,  v.  haspeloi. 
Cependant  j'ai  laissé  subsister  l'art,  abe  comme  un  monument  expiatoire 
de  mon  erreur  et  pour  inviter  les  étymologisles  à  se  tenir  en 
garde. 

Haplotiii.  s.  m.  gamin,  galopin  ||  apprenti.  A  Tournay  et  à  Liège  on 
dit  haplopin.  Est-ce  le  fr.  de  chasseur  happe  lopin,  chien  âpre  à  la 
curée  et  fig.  valet  fripon  et  gourmand?  ou  bien  le  il.  happ-looper,  happ- 
loopiongen,  coureur  qui  happe?  L'origine  flam.  complète  d' —  n'est  pas 
aussi  certaine  que  celle  dliappcfiar,  parce  que  le  mol,  que  je  sache,  ne 
se  trouve  pas  tout  formé  en  fl.  et  qu'il  faut  le  composer  ;  mais  l'analogie 
y  invite,  et  d'autre  part  qu'est-ce  que  lopin  accolé  au  mot  essentielle- 
ment germ.  happ?  Les  étymologisles  tirent  lopin  de  lobe,  sans  songer 
que  c'est  un  mot  scicniifique  )ooo<:.  N'est-i!  pas  mieux  de  le  prendre  à 
titre  de  démembrement  ùliaplopin,  auquel  on  aurait  assigné  la  signifi- 
cation de  morceau,  partie,  après  avoir  oublié  depuis  longtemps  l'ancienne. 
Fl.  loopen,  ail.  laufen  vha  hlaupan,  courir,  d'où  le  fr.  galop,  galoper, 
galopin. 

Happclini*.  s.  m.  avide,  goulu.  Au  premier  abord  ce  mot  parait  être 
une  altération  à  la  manière  montoise  du  fr.  popul.  happe-chair,  mais  il 
faut  considérer  que  le  fr.  signifie  surtout  homme  de  police,  huissier  et 
seulement  par  figure  homme  très-avide.  Or,  le  fl.  hapschaer  signifie 
aussi  recors.  Du  reste,  en  fl.  happig  signifie  goulu,  happen  signifie  hap- 
per, saisir.  Ce  sont  donc  les  Fr.  qui  ont  commis  l'altération.  Après  avoir 
oublié  l'origine  germ.,  ils  ont  remplacé  par  le  mot  chair  ce  qui  n'était 
qu'une  simple  désinence;  et  ce  n'est  pas  un  mot  passé  du  fr.  en  fl.;  car 
on  retrouve  le  mot  en  ail.  Hascher,  gendarme,  homme  de  police  et  sa 
racine  haschen,  saisir  évidemment. 

Happe,  s.  f.  hache.  Liég.  heppe,  vha,  happa,  heppa,  mha,  happ, 
prov.  apcha.  Ainsi  les  Liégeois  ont  adopté  une  forme  ail.,  nous  l'autre. 

Ilappieltc.  s.  f.  petite  hache. 

Happer,  v.  a.  roussir  au  feu.  Es  visage  esl  appé.  Sa  figure  est  un  peu 


HAK-HAR  207 

brûlée.  Se  dit  aussi  des  plantes  flétries  par  un  coup  de  soleil,  par  la 
sécheresse,  par  une  nuit  froide.  En  fr.  saisir,  attraper;  s'applique  à 
l'elïel  des  absorbants,  des  astringents,  fl.  happen,  saisir. 

Harchelle.  s.  f.  branche  d'osier  pour  lier  les  espaliers.  Il  est  pus 
dur  quennc  viéle  — .  Pic.  herchelle,  l'r.  vieilli,  bart,  lien  de  fagot,  B,- 
lat.  liarcia,  bardes,  bret.  ari,  écoss.-irl.  ar,  lien,  —  a  bien  l'air  d'être 
un  dim.  de  bart.  Cependant  je  trouve  dans  le  bas-ail.  haerseel,  hairseel, 
mot  à  mot  corde  de  crin,  rendu  dans  le  suppl.  du  dict.  de  Ducange  par 
fascile  (pueroruni). 

Mardi,  s,  m,  espèce  de  ciseau  de  menuisier.  Vha  bertda,  dureté, 
harti,  ail.  bart,  dur. 

Hareng,  crin,  iiiriii.  s.  m.  carie  du  bled,  nielle,  ainsi  ap- 
pelée à  cause  de  son  odeur  qui  se  rapproche  de  celle  du  hareng  pourri. 

llarlaqiie.  s.  m,  enfant  pétulant,  dont  les  vêtements  sont  souillés, 
tachés.  A  Liège  harlah,  à  Namur  garlache.  Cest  ein  vrai  — .  Té  vlà  fait 
comme  ein  — .  Doit-on  penser  à  arlequin,  à  cause  de  la  bigarrure  de 
SCS  habits?  Ne  vaut-il  pas  mieux  croire  que  c'est  un  nom  propre  devenu 
nom  commun?  V.  magrile. 

Harlochcr,  v.  a.  ébranler,  secouer  violemment.  M.  Scheler  tire  ce 
mot  de  l'ail.  Haar,  cheveu  et  de  lock.  Voir  dans  son  ouvrage  les  déve- 
leppements  que,  malgré  toute  mon  estime  pour  le  savant  auteur,  je 
trouve  un  peu  tirés  par  les  cheveux,  si  j'ose  le  dire.  Il  y  a  le  v.  fr.  aho- 
chier,  secouer,  ébranler,  eslocher,  eslochier,  fr.  moderne,  élocher, 
arracher  en  secouant,  ébranler.  Si  l'on  adopte  l'opinion  de  Chevallet 
(v.  berloquer)  on  prendrait  aussi  bar  dans  l'élément  celt.:  En  bret.  ar, 
répond  à  la  prép.  franc,  sur;  mais  j'aime  mieux  rapporter  le  mot  à  ho- 
cher qu'à  loclier. 

Ilarnas.  s.  m.  p.  outils  qui  se  trouvent  dans  une  houillière  ||  char- 
rue et  tout  son  équipage.  V,  fr.  armure,  habillements,  meubles.  Ce  mot 
d'origine  celt.  ou  germ.,  gall.  haiarn,  gaël.  iarhaid,  aimais,  fl,  liarnas, 
vha  harnachs,  est  passé  dans  le  bas-lat.  harnascha,  signifiant  originai- 
rement armure  de  fer,  puis  passant  dans  les  langues  romanes  :  it.  esp. 
arnèse,  il  a  signifié  équipage,  attirail. 

Ilarni^tkier.  v,  a.  enharnacher,  habiller, 

llarni!<»kiires.  s.  f.  p.  harnais,  enharnachement.  Ces  deux  derniers 
mois  semblent  formés  sur  l'ail,  moderne  Haruisch. 


208  HAR— HAV 

Haronde.  s.  f.  hirondelle.  Y,  fr.  il  est  resté  en  Ir.  de  lechn.  queue 
d'aronde,  lai.  liirundo. 

Hai'piyanf,  harpeyanl,  antc.  adj.  reniuanl,  vif,  subtil,  adroit, 
preste.  Les  harpies  de  la  table,  inconnues  de  notre  populace,  doivent  être 
bien  étrangères  a  ce  mot.  Il  faut  plutôt  penser  au  fr.  pop.  harpigner, 
quereller,  battre,  ou  au  v.  fr.  harpiller,  voler,  piller. 

Haspcler,  hospélcr.  v,  a.  et  n.  dévider  une  bobine  pour  en  faire 
unccheveau.  FI.  haspelen,  ail.  baspeln. 

Haspéloi.  s.  m.  dévidoir.  V.  fr.  hasple,  ail.  haspel.  Cet  instrument 
diffère  de  garloïne  en  ce  qu'il  sert  à  mettre  en  écheveau  tandis  quV/ 
garloïne  sert  à  réduire  l'écheveau  en  peloton.  El  baudet  est  un  morceau 
de  bois  avec  deux  pieds  figurant  un  animal  assis  sur  le  derrière.  Il  a 
une  tige  de  fer  en  forme  de  cou  dans  lequel  on  place  les  bobines. 

Hate-Ievée.  s.  f.  pièce  de  lard  frais  que  l'on  rôlil.  On  serait  tenté 
de  croire  que  c'est  une  pièce  levée  à  la  hâte.  Mais  il  n'en  est  rien,  comme 
on  va  le  voir  :  V.  fr.  hâte,  broche  à  rôtir  qui  pourrait  bien  à  la  vérité 
venir  du  lat.  hasla;  mais  il  y  a  le  fl.  hastcn,  griller,  rôtir,  d'où  le 
fr.  halieur,  hàtille,  d'autre  part  il  y  a  le  fl.  lever,  foie,  le  fr.  bàlereau 
tranche  de  foie  de  porc  salée,  poivrée  et  grillée  qui  se  dit  en  fl.  snede 
lever,  (snede,  tranche).  Ainsi  —  aura  dû  signifier  originairement  foie 
rôti. 

Hatriau.  s.  m.  cou,  nuque.  Dans  l'ilinéraire  de  Jacques  le  Saige, 
imprimé  à  Douay  en  15'25,  on  trouve  ce  mot  (l'H  y  est  aspirée)  haterel 
est  aussi  un  v.  mot  fr.  A  Liège  haïrai,  fl.  achterhals,  ail.  Ilinterhals. 

Haucher.  v.  a.  hausser.  V.  fr. 

Havc.  s.  m.  crochet.  V,  haflcr.  D'aller  à  meure  san  zhavc.  Aller  à 
la  guerre  sans  arme,  au  travail  sans  outils.  V.  lang,  liavet,  croc,  bas- 
lat.  havetus,  fl.  haek. 

Havei'.  V.  n.  creuser  en  dessous,  piocher,  houer.  t.  de  charb.  Lié- 
geois hau'é.  Les  Liégeois  disent  aussi  chaver  pour  caver,  miner,  v.  fr. 
baver,  arracher  avec  un  croc  [havel)  v.  haflcr.  Le  liégeois  se  rapproche 
de  l'ail,  hauen,  houer. 

llavri.  s.  m.  petite  couche  tendre  qui  se  trouve  entre  certaines 
couches  de  houille  et  la  roche,  et  par  laquelle  les  mineurs  détachent  la 
veine,  Vhavenl.  Cette  couche  qui  participe  de  la  nature  de  la  houille  et 
du  mur  voisin  roc  ouquairicre,  est  si  nécessaire,  que,  quand  elle  manque, 


HÂV— HEU  209 

quand  la  veine  est,  comme  on  dit,  entre  deux  durs,  l'exploilalion  est 
tcllenteut  dillîcile  qu'on  doit  souvent  y  renoncer. 

Havriau.  s.  ni.  pic  de  mineurs  pour  haver. 

Hayon,  s.  m.  éclioppe  portative.  V.  Ir.  liayon,  liaison,  haise,  sorte 
de  claie  pour  étaler  la  marchandise,  éclioppe  portative,  b.-lat.  haisellus. 
V.  achellc. 

Hazard  que.  probablement.  —  Que  ivée,  oui,  vraisemblement. 

lleilbolle.  s.  f.  nom  11.  de  la  barbue,  sorte  de  poisson. 

Heniuie  djoii.  jour  ouvrable.  J'ai  dit  que  le  moniois  ne  connaissait 
pas  J'h  aspirée  fr.  encore  moins  le  b  ail.  Il  est  certain  que  l'on  dit  :  Dé 
z'haricot,  dé  zUoUandais;  mais  il  y  a  peut-être  exception  pour  le  mot 
dont  il  s'agit  ici.  J'ai  entendu  dire  lé  hemme  jou  et  lé  zhemmejou.  Mais 
dans  tous  les  cas  il  faut  l'écrire  de  préférence  avec  un  b,  à  cause  de  son 
origine  probable  :  en  il.  et  en  ail.  beim  signifie  logis.  Lé  hemme  jou,  on 
reste  cbez  soi  pour  travailler,  tandis  que  lés  dimeignes  el  lés  djou  rf'  fictle 
on  sort  pour  s'amuser.  Peut-on  s'arrêter  au  breton  (bara)  pemdeziez 
(pain)  quotidien?  L'explication  par  hebdomada,  semaine,  supposerait 
une  contraction  un  peu  forte,  bebdm.,  quoiqu'on  en  ait  des  ex.  :  comme 
vingt,  août,  prêtre.  A  Maubeuge  on  dit  amc  jou?  Si  ce  thème  était  le 
bon,  on  pourrait  invoquer  l'ail.  Amt,  le  fl.  ambt,  emploi,  office,  service. 

Heqnin.  s.  m.  paille  hachée  pour  la  nourriture  des  bestiaux.  AU. 
Hàcksel,  même  signif.  fl.  bakken,  ail.  hacken,  hacher. 

Herbe,  liierbe  à  deux  pointes,  s.  f,  panicum  crus  galli. 

Herbe  dé  co  ou  feuye  dé  co.  s.  f.  lanaisie  baumicre,  tanacclum 
balsamita,  lanaisie  baume,  menthe-coq. 

Herbe  dés  coupures,  s.  f.  consoude.  En  fr.  l'herbe  à  la  coupure 
ou  aux  charpentiers  est  l'achilléc  millefeuille  ;  l'herbe  aux  coupures  est 
la  double  feuille,  l'ophris. 

Herbe  à  déjeuner,  liierbc  à  djunéc.  s.  f.  v.  brellc. 

Herbe  dé  feu.  s.  f.  bryone,  bryouia  dioica. 

Herbe,  yerbe  dé  tigneu.  tussilago  petasites. 

Hérilance.  s.  f.  succession. 

lléritié.  s.  m.  I.  découvreur,  arêtier. 

Heures,  s.  f.  petit  livre  dans  lecjuel  les  enfants  apprenaient  à  lire. 
Lire  es — ,  être  instruit.  Palle  li,  cler,  (é  se  lire  es  — .  I*arle,  loi  magis- 
ler,  lu  es  un  savant  (ambassade  Borennc.  V.  acnii). 


ilO  IIEW— HOM 

llewin,  hewi.  il  y  a  à  Quaregnon  une  coulure  ainsi  noaimée,  vha, 
licwi,  foin. 

Hîercher,  hierchi.  v.  n.  on  nomme  ainsi  à  Cliarleroy  ce  que  nos 
Borains  appellent  sfeidner.  B.-lat.  lierpicare,  herciare,  hercare,  occare, 
herpix,  hirpex,  herse. 

Hiercheii,  euse.  s.  m.  et  f.  celui,  celle  qui  hierche. 

Ëlinképink.  s.  m.  boiteux.  C'est  un  mot  fl.  dont  le  rad.  est  hinken, 
boiter,  qui  se  retrouve  dans  d'autres  langues  gcrm. 

llii^toire.  s.  f.  affaire  i|  parties  sexuelles. 

Iloclie-cu.  s.  f.  hoche-queue,  bergeronnette. 

Eloehc|>ot.  s.  m.  bœuf  bouilli.  Dialecte  d'Aix-la-Chapelle,  hoetsch- 
pot,  grosse  })ièce  de  bœuf  destinée  à  être  bouillie.  Flam.  hutspot  (lioche- 
pot)  de  hutselen  (hocher)  agiter.  M.  Grandgagnage  rapporte  à  ce  sujet 
une  citation  explicative  :  quia  carnes  conscissœ;  et  in  jure  suo  codai,  à 
coquo  in  ollà  fervente  concutiantur,  succussantur  et  invertantur.  Ho- 
chepot est  fr.  mais  inusité. 

Hocher,  hosser.  v.  n,  et  a.  branler,  ébranler.  A  Liège  hossé.  J'ai 
n'  dcinl  qui  hoche,  j'ai  une  dent  qui  branle,  qui  n'est  pas  ferme.  Quand 
vos  r  l'arez,  vos  V hocherez,  vous  ne  l'aurez  pas;  hocher  est  fr.  mais  ne  se 
dit  que  dans  certaines  phrases  :  hocher  la  tète,  hocher  un  prunier. 
Ilosser  ne  se  dit  que  par  les  beaux  parleurs  qui  n'oseraient  pas  dire  ho- 
cher la  tête.  Fl.  hutselen,  agiter,  hotsen,  hossebosseu,  cahoter. 

Hok,  hoque.  s.  m.  morceau.  Baye  mcin  ein  — ,  donne  m'en  un 
morceau.  Cl'  ein  homme  d'estoc,  il  a  s' eu  d'  deux — .C'est  un  homme 
d'imporiance.  Se  dit  surtout  en  plaisantant.  Eslok  signifiant  souche, 
homme  d'eslok  a  dû  signifier  homme  de  souche,  de  race  noble.  E(  eu  d' 
deux  —  signifierait-il  de  deux  côtés,  de  père  et  de  mère?  Dans  le  pre- 
mier ex.  l'h  est  muette,  dans  le  second  elle  est  aspirée.  Fl.  hacht,  gros 
morceau,  que  l'on  prononce  presque  partout  hokt;  hakken,  hacher,  cou- 
per, V.  fr.  hosche,  oche  et  oque,  coupure,  entaille. 

Il  est  remarquable  que  l'idée' de  morceau  et  celle  de  couper,  soit  en 
mordant  ou  autrement,  se  retrouve  dans  toutes  les  langues.  V.  hagnon 
et  gob. 

Holter.  v.  a.  houer,  travailler  la  terre  avec  une  razeile.  Ail.  hauen. 

filouiuie.  s.  m.  partenaire  au  jeu. 

Homuie  sauvage,  s.  m,  personnages  vêtus  de  lierre  qui  figurent  au 


HON— HOU  2H 

lumeçon  sans  qu'on  sache  trop  pourquoi.  Ils  accompagnent  le  dragon 
dont  ils  paraissent  avoir  épousé  le  parli. 

lion,  adv.inlerr,  d'un  usage  ex'.rèmement  fréquent,  se  place  toujours 
à  la  fin  de  la  phrase, corruption  de,  donc.  iV  vénée  gnié,  /ton?  Ne  venez 
vous  donc  pas? 

Hoiic.  au  village  signifie  donc,  coininc  ho7i  à  la  ville,  mais  ne  s'eni- 
ploye  que  comme  adverbe  de  conclusion  et  se  place  tout  autrement  : 
Elle  vos  plail  hié,  honc  mariez  l\  Nos  l  devons,  honc  payons.  Elle  vous 
plaît,  eh  bien  !  épousez  la.  Nous  devons,  donc  il  faut  payer. 

Horreur,  s.  m.  erreur.  11  est  curieux  de  remarquer  que  l'inverse  a 
lieu  à  Liège,  là  on  dit  erreur  pour  haine,  aversion. 

Ilollcau.  s.  m.  huitième  de  la  rasière  de  Tournay,  il  se  divise  en 
douze  bassinets. 

Houche.  excl.  de  douleur.  AU.  Ilusche,  coup,  souflïet;  effet  pour 
cause. 

Hougnià,  hounià.  s.  et  adj.  brusque,  bourru,  fantasque,  tacilurne, 
maussade.  A  Liège  liignar,  sot  railleur  et  grossier,  v.  fr.  hougnard, 
grondeur  et  aussi  hongnard  :  le  plus  soupçonneux  —  (cent  nouvelles). 

Houp.  excl.  pour  sauter.  AU.  hupfen,  flam.  huppelen,  sautiller,  sau- 
ter. En  fr.  interj.  pour  appeler. 

Honrdage.  s.  m.  s.  échafaud  de  maçon.  Enfr.  maçonnage  grossier, 

Blour.  s.  m.  grenier  de  ferme,  de  grange,  d'écurie,  où  Ton  met  le 
foin,  la  paille.  Coukier  su  V  — .  En  fr.  t.  d'ardoisier,  échafaud.  Quel- 
ques vieux  auteurs  donnent  le  nom  de  hourt  aux  échafauds  dressés  pour 
les  cérémonies  publiques.  V.  fr.  heures  (plur.)  chevalet  des  scieurs  de 
long,  b.-lat.  hourdum,  hourdagium,  échafaud  pour  palissage  :  quod  ex 
hurdiciis  seu  cratibus  ligneis  compigilur  (Ducange),  v.  ail.  hurt,  v.  11. 
hord,  hoerd,  hurd,  claie,  cloison,  bas-bret.  hour,  élévation. 

Hourde.  s.  f.  charge.  Mot  du  Borinage.  Hoede  qui  se  prononce 
boude  est  une  mesure  hollandaise  pour  le  charbon  de  terre  qui  contient 
52  boisseaux  ou  i  muids  et  demi.  Bas-breton  hordcn,  faix,  fardeau, 
charge.  Davies  (dict.  gallois)  déclare  ne  connaître  ce  mot  que  dans  le 
sens  moral  et  figuré. 

Iloiirder.  v.  n.  faire  un  hourdage.  En  fr.  maçonner  grossièrement, 
faire  faire  d'un  plancher  sur  des  lattes.  B.-lat.  hourdare,  maçonner 
grossièrement. 


212  HOU— HUR 

lIoiircKe.  s.  f.  bourrée,  gros  fagot. 

Iloiiyu,  ue.  adj.  Velu,  laineux,  ébourllFé.  V.  fr.  lioussu,  lai.  hispi- 
dus,  11.  hooy,  loin,  b.-lat.  liursta,  ail.  Ilorst,  buisson,  hallier.  V.  omju. 

lloiiziau.  grandes  guèli'es  de  loile  des  campagnards.  Housseau  el 
houssette  sont  du  v.  fr.  ayant  à  peu  près  même  signif.,  bas-bret.  heuz, 
gallois,  bôs,  golh.  bosan  ;  Tall.  Hose  signifie  culotte,  liégeois /tose^e. 

Huche,  s.  f.  coffre  pour  serrer  l'avoine.  i|  Porte:  quand  vo  V  saré,vo 
verre  chier  à  no  nliuche,  à  no  porte.  Je  vous  défie  de  le  savoir.  En  fr. 
coffre  à  la  farine  pour  pétrir  le  pain,  Fr.  suranné,  buis,  v.  fr.  us,  uz, 
lucbe  (l'hucbe),  il,  uscio.  Selon  M.  Grangagnage  du  lat.  ostium,  sous  la 
forme  ugcium;  mais  peut-être  aussi  par  synecdocbe,  du  fl.  huis  et  de 
l'ail.  Haus,  maison. 

Huittelée,  huilée,  wiltléc.  s.  f.  mesure  agraire  de  Tluilin, 
Quiévrain,  Dour,  etc,  2/5  de  journal  ou  100  verges.  En  saxon  wis- 
telée. 

Hukier,  hukié.  v.  a.  appeler  (Borinage).  Hukicl  pou  qui  viesse, 
appelez-le  pour  le  faire  venir.  V.  fr.  bucber,  appeler  à  haute  voix  ou  en 
silllant,  huchier,  huquer,  houquer.  Liégeois  liouki,  prov.  ucar,  picard 
buquer,  b.-lat.  hucciare,  b.-br.  bûchai;  en  b.-br.  il  y  a  un  dérivé  pour  celui 
Tui  appelle  :  bûcher  avec  un  féminin  hucberesse,  dans  la  forme  adoptée 
par  le  français  pour  beaucoup  de  féminins. Cette  forme  est-elle  primitive? 
gall.  hwcbw,  Inva,  sanscrit  hvé,  appeler,  crier.  Diez  tire  bûcher  de 
l'adv.  d'appel  hue,  ici.  Le  fr.  huer  se  lie  d'une  part  à  bûcher,  de  l'autre 
à  hurler.  V.  hulcr. 

Huler.  v.  n.  pleurer,  hurler.  Y.  fr.  uler,  uller,  ail.  heulen,  holl. 
builen,  lat.  ululari,  qui  ont  la  même  signification,  gall.  hwa,  breton 
hua,  huer,  sanscrit  hvé,  crier. 

Hulau  ou  lulau.  s.  m.  personne,  qui,  par  mauvaise  plaisanterie  ou 
dans  quelque  intention  de  vol,  parcourt  la  nuit  les  rues,  en  traînant  des 
chaînes  et  en  poussant  des  cris  lamentables.  En  liégeois  houlau,  houla 
signifie  corneur,  qui  corne. 

Hurëe.  s.  f.  mot  sans  équivalent  français.  Il  exprime  les  bords 
d'une  route  plus  élevés  qu'elle.  Le  mol  talus  n'est  que  sa  traduction 
imparfaite,  puisqu'il  ne  s'applique  pas  uniquement  aux  bords  des  che- 
mins et  qu'il  se  dit  aussi  bien  des  accotements  plus  enfoncés  que  de 
ceux  qui  sont  plus  élevés.  M.  Grangagnage  fait  venir  ce  mot  du  v.  fr. 


HUT— lAU  213 

heurt,  rocher,  Icrlro.  J'aimerais  mieux  le  gallois  or,  laliii  ora,  v.  fr. 
orée,  bord. 

Hutte,  s.  f.  Jjangard  où  se  trouve  réchelle  pour  descendre  dans  une 
houillère.  Huile  en  ail.  comme  huile  en  fr.  signifie  mauvaise  maison. 

I 

I  peut  se  changer  en  oiiy  :  louyer,  -plouyer,  soiiycr. 

La  terminaison  des  verbes  de  la  première  conjugaison  se  fait  sou- 
vent e  ou  le  dans  une  partie  du  Borinage  :  peskié,  pêcher  ;  dans  une 
autre  partie  et  dans  presque  tous  les  villages  de  la  province,  elle  se  fait 
en  i  :  peski.  Cet  i  est  long  et  distingue  de  la  seconde  conjugaison  dcni 
ri  est  bref  :  pun\,  v'm,  langui. 

I.  s.  m.  p.  yeux.  Il  a  ses  i  pus  grands  que  s'panse.  Il  convoite  plu;i 
qu'il  ne  peut  manger.  Traduction  d'une  v.  locut.  fr. 

■an.  s.  f.  eau.  Le  sire  de  Joinville  se  sert  de  ce  mot  et  l'orthogra- 
phie :  yeaue. 

Tous  les  mots  fr.  terminés  en  eau  se  font  en  iau  à  Mons,  en  ia  dans 
les  villages  écartés,  en  é  à  Liège.  la  est  le  v.  fr.  iax.(Je  ne  connais  guère 
d'exception  à  celte  mutation  d'eau  en  iau  que  pour:  corbeau,  bureau.) 
On  peut  considérer  le  passage  iVia  en  iau  comme  un  commencement 
de  francisation  ou  plulôt  c'est  du  fr.  moins  vieux.  On  prétend  que  les 
habitants  de  Quarcgnon  reprochaient  à  ceux  de  Jemmapes,  à  la  fin  du 
siècle  dernier,  de  dire  :  ée  pourcia  avec  ée  cordia  à  s'n  allria.  C'est  ce 
qu'on  n'y  entendrait  plus  dire  de  nos  jours.  C'est  ce  qu'on  ne  dit  plus 
que  dans  les  villages,  pa  d'  la  lés  bos,  dans  les  villages  au-delà  des 
bois. 

Au  reste,  la  terminaison  iau  aussi  bien  que  el,  eau  fr.  est  un  diniin., 
pour  remplacer  le  lat.  ellus.  Nous  l'appliquons  également  aux  mots 
d'origine  celt.  ou  germ.  et  aux  mots  d'origine  lat.,  de  même  que  nous 
appliquons  le  dimin.  germ.  aux  mois  d'origine  romane,  par  exemple  : 
dans  verkin.  Selon  Chevallet  ellus  répond  au  gr.  ^o^  et  au  sansc.  las. 

Si  la  terminaison  fr.  eau,  monloise  iau  est  si  fréquente,  c'est  que  les 
mots  se  sont  formés  de  préférence  sur  les  diminiilifs,  qui,  comme  les 
factitifs,  les  fréquentatifs,  plaisent  aux  peuples  en  enfance,  de  même  que 
les  petits  objets  amusent  les  enfants,  pour  qui  ils  deviennent  des  jouets. 

27 


21i  IMA-JAC 

Imaginaule.  adj.  imaginable  (Borinage).  Y.  logeaule. 

Iniberquin.  s.  m.  vrille,  pelilc  tarière,  villebrequin.  V.  einberqnin. 

Inaiidé,  ainondé,  ée.  adj.  échauffé  ||  agile  ||  ému  ||  hors  d'ha- 
leine. V.  einaudé. 

Iiioeliaiii.  s.  m,  idiot,  crétin.  En  fr.  innocent  signifie  non  coupable. 

Intaindurc.  s.  f.  ouïe  ||  intelligence.  Il  est  dur  d'  —  il  est  un  peu 
sourd,  il  est  obtus. 

lo  io  canipion.  s.  m.  bardane  ;  ne  se  dit  qu'en  ville;  ailleurs  on 
dit  10,  uio,  VIO.  D'où  vient  cq  camp  ion?  C'est  un  nom  de  famille  assez 
répandu  ;  il  sera  probablement  arrivé  à  quelque  Campion,  avec  les  fruits 
de  bardane, une  petite  aventure  aujourd'hui  oubliée.  En  nam.  huio,  hujo, 
houjo,  en  liég.  houyo,  pelote,  boule  de  neige  et  liouii,  jeter  des  pelotes 
de  neige,  que  M.  Grandgagnage  fait  venir  du  holl.  gooyen,  jeter,  lancer. 
Comp.  notre  mot  du  Hainaut  houyu.  Le  holl.  klis  a  les  deux  acceptions 
de  bardane  et  de  peloton  de  neige. 

Irlar,  irlan.  s.  m.  tracas,  embarras.  Irlar  pourrait  être  le  ren- 
versement de  lari;  irlan  n'est  probablement  que  le  v.  fr.  arlan  ou 
arlam,  pillage,  ail.  Larm,  tapage.  V.  rlan. 

lit  (à).  A  droite.  Sak  à  Ut,  mène  tes  chevaux  à  droite.  Terme  de 
charretier.  Y  rtainlaind  ni  à  il  ni  à  ot,  traduction  litt.  du  proverbe  ail. 
er  versteht  weder  hist  (ou  hi)  noch  hott.  Il  n'entend  ni  à  dia  ni  à  bur- 
hau.  Hott  ne  s'employe  que  dans  ce  proverbe.  V.  daye. 

lun,  ieunne.  adj.  num.  un,  une.  Y  n'  d'avoi  fok  iun. 

Ivîer.  s.  m,  hiver.  V.  fr.  iviers,  lat.  hibernus. 

Ivrogne,  s.  f.  plante,  espèce  d'armoise,  artemisia  abrotanum,  au- 
rone.  En  fr.  vrogne  est  le  nom  vulgaire  de  l'aurone. 


J  comme  g  doux  se  transforme  fort  souvent  en  g  dur  :  gardin,  gue- 
nisse,  quelquefois  en  v  :  gouvion. 

J  se  change  souvent  en  di  à  Mons,  en  dj  dans  les  villages  :  dian,  djan, 
Jean.  DHai,  d/'ai,  j'ai,d(dM,  djôu,  jour. 

Jacqne.  s.  m.  geai.  ||  adj.  déconcerté  |i  stupéfait  ||  interdit  ||  at- 
trapé Il  dupe.  C'est  la  tendance  de  tous  les  patois  de  faire  des  noms 


JAC-JOC  215 

communs  avec  des  noms  propres.  Jacques  existe  dans  le  wallon  liégeois  ; 
mais  là  il  sii^nifie  irritable.  V.  magrile. 

Jacquette.  s.  f.  espèce  de  veste  à  l'usage  des  enfants.  V.  fr.  jacque. 
Les  dialectes  germ.  est  aussi  jake,  le  bas-lat.  avait  iacca,  l'it.  a  giacco. 

Jalousërie.  s.  f.  jalousie  ||  envie. 

D'sir  dé  nounette 
Rancune  dé  prietle 
Jaloiisric  d'  médecin 
Saleté  d'  capuchin. 

Jfarner.  v.  n.  germer. 

Jarnon.  s.  m.  germe,  jet,  pousse.  Jarnon  d'ain  eu,  d'enne  pelote, 
germe  d'un  œuf,  pousse,  œil  d'une  pomme  de  terre.  Les  Liégeois  disent 
dgermon,  v.  fr.  gernon,  moustache,  que  M.  Chevalet  range  dans  l'élé- 
ment celtique;  lat.  germinare. 

Jau.  V.  diau. 

Janiic.  V.  Djaune. 

Jaunesse.  subst.  f.  Jeunesse,  enne  — ,  une  jeune  fdle. 

Jaunler.  V.  Djaunler. 

Jcan-pota^e.  s.  m.  charlatan. 

Je,  jet.  s.  m.  cl  dans  quelques  localités  s.  f.  levure,  écume  de 
bière  qui  sert  de  levain.  Espagnol  gisle,  à  Namur  guèse,  gall.  gweden, 
V.  fr.  giest,  ghez,  ghie,  gie,  11.  gest,  gist.  vha,  jcsan,  bouillonner, 
ccumer. 

Jennc,  djcnne,  dienne.  s.  f.  Jeanne. 

Jetter.  v.  n.  se  débarrasser  de  sa  levure,  guiller. 

Jïpé.  V.  n.  rire  avec  force  (Fleurus).  A  Liège  jopé,  joupé,  crier 
pour  appeler,  v.  fr.  juper,  jupper,  crier,  se  moquer,  giper,  se  réjouir, 
11.  juichen,  ail.  jauchsen,  pousser  des  cris  de  joie. 

Jôb,  diôd,  djôb.  s.  m.  et  adj.  interdit,  décontenancé,  confus, 
honteux,  sot.  I  d'à  d'moré  tout — .  V.  11.  jobbe,  insanus,  insulsus,  v.  fr, 
job,  nigaud,  niais.  Le  v.  11.  et  le  v.  fr.  ont-ils  du  rapport  avec  le  patriar- 
che de  l'Ecriture? 

Johri,  diobri,  djobri.  s.  m.  imbécile.  —  Qui  mène  ses  pouyes 
pichcr,  fr.  familier,  jobard,  v.  fr.  jobe,  jobet,  jobelin,  jobclot. 

Jocquer,  diokcr,  djoker.  v.  n.  cesser,  il  est  rélléchi  dans  quel- 


21G  JOU— JUS 

ques  cas  :  diok  lé,  reste  en  repos.  Fr.  jok,  repos  du  moulin,  v.  IV. 
jocquer,  être  en  repos,  gall.  armor.  diogi,  cessare,  languescere. 

Jôu.  pron.  pcr3.  je.  On  n'employé  jamais  jom  que  dans  l'interroga- 
lion  ou  rexclamalion  quand  il  est  placé  après  le  verbe  :  L'  frai-jou,  le 
Icrai-je?  J'cl  frai,  V  féral-jou!  Je  le  ferai,  le  ferai-je!  Cette  forme  excla- 
niative  répétant  la  première  phrase  pour  mieux  l'allirmer,  est  tout-à-fait 
étrangère  au  génie  de  la  langue  française.  Elle  est  empruntée  à  l'alle- 
mand :  ich  will  das  thun,  das  will  icli  tliun! 

Sou,  ûjôii,  dîôu  {es,  em—).  Le  jour  de  sa,  de  ma  fête.  El 
jour  saint  Longin,  saint  Rclar  sara  vo  jour,  vous  méritez  le  sur- 
nom de....  Lat.  diurnum,  dies,  diu,  gall.  diew,  dyw,  irl.  dia,  sansc. 
divas  etdyu.  (Piclet.) 

efoueiîe.  s.  f.  joueur  maladroit.  En  fr,  c'est  un  trou  de  lapin  peu 
profond. 

Jougiage.  s.  m.  jeu,  badinage. 

Jougler.  V.  n.  et  a.  jouer,  prendre  ses  ébats.  AU.  gaukeln,  lat.  jocu- 
lari,  fl.  jokken,  gall.  gwaran,  gwarc,  gwarar,  luderc,  lusus,  ludus, 
armor.  choari,  jouer,  v.  fr.  juer. 

Jouguellercsse.  s.  f.  joueuse  (Borin.) 

«loiille,  «Sjoiilîc  s.  f.  tige  du  navet  qui  sert  de  nourriture  aux 
vaches.  Djolle  à  Liège  est  le  terme  collectif  pour  désigner  toute  espèce 
de  navets.  En  fr.  bette  ou  poirée. 

Judas,  s.  m.  miroir  réflecteur  placé  obliquement  hors  d'une  fenêtre, 
ainsi  nomme  parcequ'iWra/i/f  ce  qui  se  passe  dans  la  rue,  sans  que  celui 
qui  regarde  doive  se  montrer.  En  fr.  trou  dans  un  plancher  pour  voir  à 
1  étage  inférieur. 

tSii  dJH.  à  bas,  à  fond,  à  sec.  Jus  est  un  v.  mol  fr.  tiré  du  bas-lat. 
jusum,  italien  giuso.  Ju  est  surtout  employé  par  nos  paysans  en  le  sépa- 
rant du  verbe  à  la  manière  ail.  :  lape  ain  pau  s'  grosse  branke  là  dju, 
abats  donc  cette  grosse  branche. 

Jufrcsse,  juîvressc.  s.  f.  juive. 

«f  iigic.  s.  m.  gésier.  V.  fr.  jugier,  lat.  gigeria. 

«Suiuafré,  ée,  été,  ése.  s.  etadj.  qui  habile  Jemmapes. 

Jiiniain,  juui,  jusne.  s.  f.  jument.  ||  Fig.  maîtresse,  concubine; 
mot  ignoble  cl  brutal. 

Jiasse  {comme  dé),  comme  de  raison. 


KAB— KAU  217 

K 

liabiaii.  s.  m.  cabillaud,  espèce  de  morue,  fl.  kabeljauw,  morue. 

Hage.  s.  f.  pomme,  poire  cuile,  séchée,  coulite. 

K.akcr.  v.  n.  chier.  Ce  mot  appartient  plutôt  au  marolien  qu'au 
wallon.  On  ne  s'en  sert  guère  que  pour  se  moquer  de  la  prononciation 
flamande  :  allaie  kalcaie  à  V  verte  allaie. 

l4alo.  s.  m.  magot.  Fat  s' — ,  faire  ses  orges. 

I£an.  s.  m.  côté,  angle  tranchant,  arête.  Flam.  et  ail.  kanle,  dan.  et 
suéd.  kant,  ilal.  canto,  bret.  cant,  bas-lat.  cantellus.  Du  — ,  de  champ. 
V.  can. 

Kanqnenne.  s.  f.  vieille  femme  admise  à  l'hospice  de  ce  nom. 

fiapelle.  s.  f.  chapelle.  Fl.  kapel. 

liapont.  V.  Capottlt. 

JtLav.  s.  m.  charriot  ||  rouet.  Kar  pour  rouet  ne  se  dit  qu'au  Borinage. 
Les  Liégeois  disent  dans  le  même  sens  kario.  V.  f.  charrel,  fr.  char,  ail. 
karren,  lat.  carrus,  gall.  brz  car,  it.,  esp.,  port,  carro  (v.  Slouper). 

liai*  à  fesse,  borenne  portant  une  charge  de  houille. 

Kap-à-Lîé.  s.  m.  charrette  traînée  par  des  chiens. 

Kar  d'or.  s.  m.  char  doré,  sculpté,  qui  figure  à  la  procession  de  la 
kermesse. 

liari,  kepî.  s.  m.  remise  pour  abriter  les  charriots,  chartil.  A 
Liège  chéri,  v.  fr.  charry. 

Hartaclie.  s.  m.  biscaïen.  Tirer  à  — ,  tirer  à  mitraille.  AU.  Kar- 
tatsche,  cartouche  à  mitraille.  Cet  ail.  dérive  de  l'ital.  cartaccia,  cartoc- 
cio,  cartouche,  lesquels  mots  proviennent  du  lat.  charla,  papier.  —  et 
harloffc  doivent  nous  être  venus  dans  la  période  autrichienne. 

KartofTe.  s.  m.  pomme  de  terre.  Ail.  kartolfel,  mot  corrompu  de 
erdapfel;  ital.  tarlufola,  truffe. 

Katagne.  s.  f.  châtaigne.  Ital.  caslagna,  esp.,  port,  castana,  ail., 
suéd,  kastanie,  russe  kaszlan,  lat.  caslauea. 

liatinpaiiiu,  kataipauiu.  s.  m.  p.  poils  follets,  duvet  qui  recouvre 
les  oiseaux  avant  la  venue  des  plumes.  Fl.  katoenboom,  cotonnier,  ka» 
loenpluim,  plume-coton,  kalepluim,  plume  de  chat,  ail.  katzentlaum, 
duvet  de  chat,  kaitunbaum,  etc. 

Kaud,  de.  adj.  chaud.  Lat.  calidus.  Il  est  assez  singulier  que  l'ail. 


218  KEI— KER 

kall,  le  fl.  koud  signifient  froid.  S'ensuit-il  qu'il  n'y  a  pas  de  rapport  de 
parenté?  Nullement.  Seulement  il  n'est  pas  facile  de  décider  quel  est  le 
père,  quel  est  le  fils?  Probablement  les  mots  ont  été  originairement  em- 
ployés par  antipbrase  et  ils  ne  son!  que  frères. 

K.eï,  keppe.  v.  n.  kéyan,  kéyu,  ej  kée,  f  kéyoi,  fkéroy,  tomber. 
Fr.  cheoir,  caeïr,  caïr,  keïr.  A  Frameries  le  part,  passé  fait  kcu  diph- 
tongue :  ein  ran  keu,  un  toit  à  porc  en  ruines.  On  n'iai  qui  kée,  lés  kayau 
sont  durs  (prov.). 

Hémiche.  s.  f.  chemise.  V.  fr.  camise,  quemise,  b.-lat.  camisia 
que  l'on  trouve  pour  la  première  fois  dans  saint  Jérôme.  Les  uns  attri- 
buent l'origine  à  l'arabe  quamise,  d'autres,  parmi  lesquels  Diez,  au  gall. 
caimis,  gen.  caisme,  cymr.  cams,  long  vêtement.  Le  v  h  a  avait  hemidi, 
hamidi,  devenu  Hemd  en  ail.  moderne. 

Hémin,  kmin.  s.  m.  chemin.  V.  fr.  kéniin,  quéniin,  b.-lat.  du 
vil"  siècle  caminus,  kynir,  kam,  pas,  caman  cheminer  (Pictet  p.  115^,  irl. 
cheim,  marcher,  v.  ail.  quemen,  venir,  russe  caman,  iial.,  esp.  camino. 
V.  chimer. 

Kéniinée,  kniinée.  s.  f.  cheminée.  V.  fr.  queminée. 

Kèniaii.  s.  m.  chêneau,  jeune  chêne  ||  bâton  de  chêne. 

liénique.  knikc.  s.  f.  petite  boule  de  terre  vernissée  servant  de 
jouet.  AU.  Knieker,  fl.  knikker,  petite  boule  de  marbre.  Einvouyer  juer 
à  — ,  se  débarrasser  de  quelqu'un.  Une  jeune  fille  dira  :  es  laid  wagne 
là  vouloi  bé  m'  parler,  mé  f  Tai  hé  rade  einvouyé  juer  à  knike. 

liëp,  képi.  V.  a.  chercher,  quérir.  V.  def.  Ne  s'emploie  qu'à  l'in- 
finitif avec  d'a/ier.  V.  fr.  querre. 

Kerée.  s.  f.  charretée.  S'  kérée  est  vaindue,  elle  est  mariiée,  elle  ne 
cherche  plus  à  plaire. 

Kepetle.  s.  f.  charrette.  V.  fr.  quaretle. 

Kerkicp.  v.  a.  charger.  V.  fr.  karkier,  b.-lat.  carricare.  (St-Jérôme). 

Kernate.  s.  f.  ouverture,  fissure,  lézarde.  Leyern'  kernale  à  l huche, 
laisser  la  porte  entr'  ouverte.  (Borinage).  Kernate=crenade,  cpr.  le  fr. 
créneau.  V.  crin. 

Keptée.  v.  Kérée. 

K.eptiau.  s.  m.  p.  espace  compris  entre  les  murs  des  ancieimes 
fortifications  et  le  cordon  de  la  ville.  V.  fr.  cresteau,  anneau  ||  pli  fait  au 
linge  par  le  fer  à  repasser,  ail.  zerzauen,  chiffonner.  A  Lille  on  dit  ker- 


KER— KEW  219 

cfttV  pour  chiffonner,  rider,  plisser.  Gall.  cuchiaw,  fl.  kreuitclen,  froncer, 
plisser. 

KeHin.  s.  m.  panier,  grand  panier.  V.  fr.  crelin  et  cresiin,  lat.  ca- 
nislrum,  v.  ail.  kreltili  (panarioluni),  v.  saxon  kreltelin,  v  h  a  crcllo 
(canistrum). 

Kertinée.  s.  f.  plein  un  panier. 

Kerton,  karton.  s.  m.  charretier.  V.  fr.  charrcton  ou  charton. 

M.epue.  s.  f.  charrue.  V.  fr.  carue. 

M.epvé.  s.  etadj.  ivre,  ivrogne.  V.  fr.  crevé,  goulu,  grand  mangeur. 

K.epvep.  V.  a.  enivrer.  S'  kerver  à  Mette,  boire  en  bête. 

Kepvure.  s.  f.  crevasse,  gerçure.  Fl.  kerven,  crever, se  fendre,  v.  fr. 
creveure. 

MLétron.  s.  m.  marcotte,  rejeton,  surgeon.  V.  Quétron. 

ICeure  (avoi).  Avoir  cure  est  une  locution  fr.  un  peu  vieillie  qui 
signifie  avoir  souci.  On  dit  à  Mons  ou  plutôt  dans  les  environs  :  /  n'  ai 
heur  qui  ou  que,  je  n'ai  pas  de  préférence  pour  telle  personne  ou  telle 
chose.  La  locution  fr.  est  d'origine  latine;  mais  la  locution  wallonne 
pourrait  bien  être  germanique  :  keur  en  fl.  signifie  choix. 

Hieute.  s.  m.  et  f.  coude.  Lever  l'keute,  être  ivrogne.  Les  beaux  par- 
leurs disent  la  keute  et  môme  la  coude. 

Keutc.  s.  f.  bière  (Thulin,  Dour),  Cuyte  qui  se  prononce  keute  est  à 
Bruxelles  de  la  petite  bière. 

I4.eutte.  v.  a.  et  n.  coudre.  A  Liège  keusse.  Espagn.  cusir,  v.  fr. 
queudre. 

Hèvau,  kévan,  gvau.  s.  m.  cheval.  L'euphonie  monioise  veut 
qu'après  une  syllabe  brève  ou  sourde  on  dise  kévau  accentué  et  après 
une  longue  ou  accentuée  gvau  ou  kevau  bref,  ainsi  on  dit  :  s'  kévau  et 
ain  gvau,  dés  slron  dé  gvau  et  dés  stron  d'  kévau.  On  peut  dire  la  même 
chose  de  kémiche  et  de  beaucoup  d'autres  mots.  Je  n'ai  nulle  envie  de 
tirer  le  mot  du  gall.  gwill,  jument.  Mais  peut-être  les  deux  mots  ont-ils 
chez  nous  coexisté  et  cela  peut-il  expliquer  le  g  anormal  de  gvau.  V. 
foh-e  et  rwain.  Du  reste  on  dit  aussi  gaul  en  ail,,  guyl  en  fl.  pour  che- 
val. V.  fr.  queval,  keval,  irl.  capall,  caballus,  sanscrit  c'  apala,  rapide. 

K.é%valte,  kéwelte.  s.  f,  tournant  d'une  rivière.  En  liégeois  kouval, 
petit  goufl're.  V.  fr.  quewe,  cuve. 

liewc.  V.  Couët. 


220  KEY— KRÂ 

lieyère.  s.  f.  chaise.  V.  fr.  caière,  cadièrc,  chaière.  Chaise  est  une 
alléraliou  assez  récenle  de  chaire  ;  elle  est  due,  selon  Chevallet,  à  la  pro- 
nonciation parisienne.  Brel.  cador,  corn,  cader,  basq.  cadira,  gr. 
xa.eéâpa.^  lat.  Cathedra.  Keyèrc  préchoire,  chaire  de  vérité. 

Ii.ié,  kîcr,  chîre,  tcliirc.  v.  n.  et  a.  chiec. 

liîé,  kicn,  kie,  Ichc.  chien.  V.  fr.  quien.  Le  chien,  dit  Corblet, 
s'appelle  en  celliq.ki,cn  ihébétain  chi,en  chinois  ken,en  phrygienkun, 

l4.ier,  e.  adj  et  adv.  cher,  de  haut  prix.  Fait  lé  ou  tiel  té  Icière,  cmme 
fiye,  tiens-toi,  fais-loi  cher,  ma  fdle,  n'accepte  qu'un  très  bon  parti. 
Locution  allemande  :  sich  theuer  machen  ;  bas-breton  quier. 

Hierqae.  s.  f.  charge.  Bas-bret.  carge,  basque  carga. 

lîierquiajs^e.  s.  m.  chargement. 

Iî.ier(|iiie!*.  v.  a.  charger.  Kicrkié  d'argeinl  comme  ein  crapaud 
d'  plume.  Bas-latin  kerka,  celto-bret.  carg,  esp.  cargar,  v.  fr.  cargier, 
carguer,  carjer. 

Kiki,  tîtî.  s.  m.  poulet  (enfantin).  FI.  kike. 

Killi.  s.  f.  cuiller  (Charleroy).  A  Liège  kui  et  kili,  gall.  Ihvy,  lat. 
cochlear. 

liinserlik.  s.  m.  impérial  [|  autrichien  ;  de  l'ail,  kaiserlich,  impérial. 

I4isc.  V.  baquet. 

Klainer.  v.  n.  se  tourner,  se  renverser.  Se  dit  surtout  d'un  objet 
plat  dont  un  bord  s'élève  quand  un  autre  s'abaisse  et  réciproquemen!. 
V.  fr.  clincher,  gauchir.  Les  Picards  disent  s'  kloainer  pour  se  pencher. 
Irlandais,  claonaim  (pencher).  V.  cleiner. 

I4laper.v.  n.  résonner  d'une  certaine  manière,  comme  dans  les  ex. 
suivants  :  Weilié  à  vous^  V  fier  dé  vo  gvau  klape,  prenez  garde,  le  fer 
de  voire  cheval  loche,  il  va  se  détacher.  Y  fai  ein  foid  à  fai  —  lés  deinls. 
Ali.,  fl.  klappen,  d'où  le  fr.  clapoter,  le  v.  fr.  clapoter.  V.  clipet. 

I41apotiau,  klipotiau.  s.  m.  claquelte.  V.  klaper. 

lilik.  Freinte  ses  —  et  ses  klak,  s'enfuir.  /  preind  ses  —  cl  ses  klak, 
i  keurl  co  loudi,  il  part  au  plus  vite,  il  court  encore. 

Krankic,  krankier  (s'),  ée  tourner  ||  se  retourner  ||  se  déformer,  se 
tortiller,  se  tordre  ||  se  l'emuer,  s'agiter,  bouger.  A  Liège  kranké, 
bouger,  11.  krinkelen,  serpenter,  aller  en  zigzag,  ail.  kranken,  lourmen- 
ler,  kricchen,  ramper.  Comparez  krankieu. 

Krankieii.  adj.  et  s.  languissant,  maigre,  tortueux.  Se  dit  le  plus 


KRE— LAC  221 

souvent  des  arbres;  mais  se  dit  aussi  des  enfants  rachitiques,  de  laible 
santé.  Ail,  krank,  malade.  Il  est  à  remarquer  que  les  Liégeois  appellent 
cranchié  les  arbres  chancreux,  de  sorte  que  le  krankicu  monlois  pour- 
rait bien  provenir  de  chancreux.  Ils  disent  aussi  s  kranki,  se  fourcher. 
Alors  notre  arbre  —  serait  un  arbre  fourchu. 

K.rèpe.  s.  f.  (Dans  quelques  villages  seulement  il  est  ainsi  prononcé. 
Ailleurs  on  dit  grèbe.)  crèche,  mangeoire.  Ail.  Krippe,  fl.  krip,  v.  ail. 
crippea,  chripfa,  ital.  greppa,  porl.  greperia,  irl.  grib,  gribeadh. 

fl4.rinkei*,  griiichci*.  v,  n.  grincer  ||  racler,  jouer  mai  d'un  instru- 
ment à  cordes.  A  Namur  krinki,  kreilé,  à  Liège  kriné,  holl.  krissen,  ail. 
kreischcn,  criailler,  fr.  cribser,  krinkin. 

lirique.  s.  f.  escargot  de  mer.  Fl.  kruyken,  dont  la  racine  allemande 
est  kriechen,  ramper,  se  traîner. 

Kuyeii,  keiiyeu  d'  pu»,  mot  à  mot,  ceuilleur  de  pomme  ||  mal  ha- 
billé Il  déguenillé. 

liwak  {fat),  pousser  son  dernier  cri.  Se  dit  des  animaux  qu'on 
égorge. 

K.wesse,  quessc.  s.  f.  courbure,  coude.  (Chaussée  Notre-Dame, 
Cambron).  U  mêlée  fait  n'  kwesse,  la  limite  n'est  pas  en  ligne  droite.  Ce 
mot  est-il  le  même  que  kéivalle,  kcivelle  ou  bien  que  kcute?  V.  fr. 
quesse,  caisse,  coflre.  Mais  quel  rapport?  Ail.  quer,  de  travers. 

Tj 

Li.  Cette  lettre  ne  se  mouille  pas.  On  remplace  l  mouillé  par  v.  On 
dit  piiye,  can:\ye,  mnye,  pour  paille,  canaille,  maille.  On  dit  bien  à  la 
\itriUicliandeiUe  pour  chandelle,  mais  c'est  là  lui  langage  bâtard,  il  faut 
dire  candcye.  L  disparaît  dans  iard,  ievc,  liard,  lièvre,  elc. 

La,  v'ia.  adv.  voilà.  On  peut  supprimer  l'a  devant  une  voyelle  cl 
dire  lain  affaire,  voilà  un  événement. 

Ejnhmri*.  s.  m.  labourage. 

Eiai>oiiE>c'.s.  s.  m.  p.  terres  labourées. 

L.acha,  lâcha»,  s.   m.   lait.   En  liégeois  Ivssai,  à  Namur  lasia, 

b.-bret.   leas,   en  bourguignon  lessca.   Diefenbach  mentionne  le  mol 

Ihassia  d'un  dialecle  isolé  dans  les  montagnes  de  la  Suisse  et  qu'il  ailri- 

bue  au  resl(;  d'une  iroupe  de  Huns  égarés. 

28 


222  LAC— LAM 

S^aolinii  {((voi  *'  Icoujuv  à),  avoii-  la  lanj^iie  qui  dnuani^ï',  anil(''e, 
imliscrèlc.  V.  hachau. 

Lnichivoii,  lécliivon.  s.  ni.  eau  de  savon;  probablcnieiil  coriiip- 
lion  de  lait  de  savon.  Y.  cependant  Ikhivon. 

I^aic.  s.  m.  lit,couciie  de  houille,  ||  s.  f.  lé,  bande  de  toile,  de  mous- 
seline. Ail.  Leie,  rocher.  On  dit  en  t.  de  charb.  :  Enne  veine  a  deux,  à 
lois  laies,  c'est-à-dire  divisée  en  deux  ou  trois  lits  interrompus  par  une 
couche  pierreuse  d'épaisseur  diverse.  V.  Layon. 

S^ainié,  ère,  lanié.  s.  m.  et  f.  qui  travaille  la  laine. 

Iwaîi*(fZ'  long  el  cl),  mot-à-mot,  de  long  et  de  large,  de  loin,  de  temps 
éloigné.  V.  fr.  lé,  lée,  large. 

Laïte.  s.  f.  Adélaïde.  AH.  Adelheit,  noblesse. 

Ijaitisou.  s.  m.  pissenlit,  leontodon  taraxacuni.  Le  mot  lailison 
vient  sans  doute  de  ce  que  le  pissenlit,  lorsque  ses  feuilles  ou  sa  hampe 
sont  blessées,  laisse  couler  un  suc  blanc  qui  ressemble  au  lait.  H  pour- 
rait bien  être  aussi  une  corruption  de  laitron,  (sonchus)  plante  avec 
laquelle  il  aurait  été  confondu  pour  sa  ressemblance  et  qui  se  nomnii^ 
en  patois  blan  lailison. 

Lalie.  s.  f.  Rosalie. 

E^aniliourde.  s.  f.  t.  de  menuis.  bois  de  chêne  de  o/i  de  pouce 
(de  France)  d'épaisseur.  Escayc  d  lambourde,  échelle  dont  les  échelons 
sont  en  lambourde  et  présentent  une  surface  d'environ  4  pouces  pour 
poser  le  pied.  En  fr.  pièce  de  bois  pour  appui  de  plancher,  de  parquet, 
pièce  aux  entailles  d'une  poutre  qui  porte  des  solives. 

Lianie.  s.  f.  t.  de  cliarr.,  traverse  en  bois  à  l'origine  du  timon;  à 
chaque  extrémité  se  trouve  accroché  ein  lamiau.  El  —  est  opposée  au 
landon  ou  à  V  rache  qui  se  posent  au  bout  du  limon.  Esp.  lam,  gou- 
vernail, d'où  le  fr.  limon,  le  fl.  lamoen.  On  dit  en  fr.  cheval  de  lame. 

I^amiau.  s.  m.  palonnier,  pièce  d'un  train  de  voilure  à  laquelle  s'at- 
tachent les  traits;  diminutif  du  précédent. 

Liauipas.  s.  m.  luette.  Avoi  V  lampas,  souffrir  de  la  chute  de  la 
luette  sur  la  base  de  la  langue  par  suite  d'une  inflammation  ou  d'un 
relâchement.  ||  Avoir  soif;  laraper  est  fr.  pop.;  eu  fr.le —  est  le  palais, 
l'intérieur  de  la  bouche,  c'est  aussi  une  enflure  du  palais  du  cheval. 

Liaïupée.  s.  f.  gorgée.  En  fr.  grand  verre  de  vin. 

Lauipliimii.  s.  m.  charlotte  de  pommes,  .\utrefois  en  Artois  on 


I 


I 


L\M— LAH  2-25 

nomuiail  remplumée,  une  tarte  avec  des  pommes  et  du  lait  bouilli, 
11.  appelmoes,  appel  (pomme)  -\-  moes  (compote),  pron.  mous.  Ajoutez 
Tarticle. 

Liaïupraiiye.  s.  f.  (Borinage).  femme  sans  habileté,  sans  adresse, 
sans  grâce.  En  liégeois  landroic,  paresseuse,  souillon,  v.  fr.  landore, 
landrin;  fourbesque  (argot  italien)  landra,  v.  fr.  andre,  fille  de  joie. 

liancer.  v.  n.  haleter;  se  dit  surtout  des  chiens,  ctle  lancé,  être  en 
étal  dV'xcilation  par  l'eftet  de  passions  vives  ou  de  boissons  spiritueu- 
ses  II  battre,  donner  des  pulsations  :  ça  lance  dain  m'  n  artoile.  Les 
Liégeois  disent  hansi,  hâsé  pour  haleter,  en  fr.  han,  excl.  dans  un  eflbrt. 

Liandoii.  s.  m.  volée,  pièce  de  bois  attachée  à  l'extrémité  du  timon  ; 
par  opposition  à  lame,  pièce  placée  à  son  origine.  A  chaque  bout  de  — 
se  trouve  accroché  ain  lamiau  (v.  radie).  —  devrait  peut-être  s'écrire 
lam^don  et  serait  ainsi  une  variété  de  lame.  Comparez  bride  cl  bridon, 
bonde  et  bondon,  limace  et  limaçon. 

l^andoriiiiu,  andorîoui.  s.  m.  espèce  de  morue  plus  estimée 
(}ue  la  morue  ordinaire,  lloll.  labberdaen. 

Lanèresse.  s.  f.  voleuse,  tireuse  de  laine,  larronesse. 

Langrcii,  euse.  adj.  Ce  mot,  quoique  peut-être  corruption  de  lan- 
goureux, n'a  pas  la  même  signification  :  il  veut  dire  malingre,  en  parlant 
des  enfants,  ral)ougri  en  parlant  des  arbres.  On  peut  aussi  faire  pro- 
venir le  mol  langreu  du  fr.  landreu,  infirme,  ou  du  v.  fr.  langerous, 
languissant. 

Ijangiie  {elle  su  V  —  dés  geins),  faire  parler  de  soi. 

Lanlernelte.  s.  f.  petite  chandelle  ainsi  nommée  parce  qu'on  en 
fait  souvent  usage  dans  les  lanternes. 

Lianwi.  s.  n.  languir  (Borinage). 

Lapure.  s.  f.  breuvage  composé  pour  les  vaches.  En  liégeois  ia/ja^e, 
mauvais  potage,  fr.  laper,  fl.  slappen;  ou  bien  bas-ail.  lapprig,  trop 
délayé  d'eau,  moyen-haul-all.  labe,  lavure,  rinçure. 

Liar^e,  l.trke.  adj.  libéral.  Celt.-br.  larg  avec  la  même  slgnif.  On 
dit  vulg.  en  fr.  il  est  large,  mais  c'est  des  épaules.  On  disait  autrefois 
larque  de  bouche  et  estroit  de  ceinture,  parce  qu'on  portait  alors  la 
bourse  à  la  ceinture,  v.  langage  :  larguesche  et  larguesse,d'où  largesse. 
Largiiiones,  sous  le  bas-empire,  étaient  les  sommes  (}ue  hîs  prétendants 
à  l'empire  distribuaient  au  peuple  et  à  l'armée. 


"l-li  L\R-LAR 

Ijari.  s.  m.  tapage,  lumultc,  désordre.  V.  fr.  haribourras,  bniii, 
tapage,  liarier,  importuner,  harceler  ||  arbre  résineux,  mélèze,  pinus 
larix,  V.  fr.  larise. 

Laridon.  s.  m.  lard  salé.  Lat.  laridum,  primitif  de  lardum. 

Lariguette.  s.  f.  demande  de  bois  que  les  enfants  vont  faire  dans 
chaque  maison  aux  fêles  de  St-Jean  et  de  St-Pierre;  produit  de  cette 
demande.  Quelques  personnes  voudraient  ne  voir  dans  lariguelle  qu'une 
corruption  du  mot  largesse,  d'autres  veulent  le  rallacher,  ainsi  que  lari 
et  larion,  aux  cérémonies  du  paganisme  célébrées  en  l'honneur  des 
dieux  Lares.  Ce  mol  va  nécessairement  se  perdre.  Aux  deux  époques 
désignées,  on  allumait  des  feux  nombreux  autour  desquels  les  jeunes 
garçons  et  les  jeunes  filles  dansaient  en  chantant.  La  rue  était  décorée 
de  guirlandes,  avec  des  couronnes  nommées  carillons,  parce  qu'on  y 
suspendait  des  morceaux  de  verre  que  le  vent  agitait.  Un  coq  était  dans 
une  cage  ornée  de  fleurs  suspendue  à  une  guirlande.  C'était  le  prix  du 
vainqueur  a  la  lutte  de  chant.  La  régence  ayant  craint  que  les  feux 
n'occasionnassent  des  incendies,  ordonna  la  suppression  desdits  feux 
et  pensa  que  des  chandelles  allumées  sur  une  table  feraient  le  même 
effet;  mais  les  enfants  ne  pouvaient  plus  aller  quêter  du  bois  en  chan- 
tant : 

Lariguelle  au  bo,  lariguelle  cl  larigo. 

Si- Jean  a  keyu  dain  Vian,  Sl-Pierre  Va  rallrapé, 

Y  faut  du  bo  pour  V  rescaufer.  Lariguelle,  etc. 

Les  enfants  qui  voulaient  parler  fr.  chantaient  : 

Largesse  au  bois. 
Jolie  dame,  donnez-moi 
Un  pelit  morceau  de  bois 
Pour  aller  chauffer  mes  doigls. 

Les  chandelles  n'intéressaient  pas  les  enfants,  ils  négligèrent  d'établir 
les  tables;  au  bout  de  deux  ou  trois  ans  les  chants  avaient  cessé. 

ftjarion,  Inriyon,  lalion.  s.  m.  cérémonie  qui  se  célèbre  à  Wasmes 
depuis  un  temps  immémorial  chaque  premier  dimanche  de  carême.  Elle 
consiste  à  placer,  un  jeune  garçon  ou  une  jeune  fille  richement  habillée, 


LAR— LAY  2-23 

sur  une  lable  ou  dans  une  niche  et  à  danser  tout  autour  en  chanlant  une 
chanson  très  licencieuse,  en  patois  si  ancien  qu'il  est  diflicile  de  la  com- 
prendre. Depuis  quelques  années  la  même  cérémonie  a  lieu  dans  deux 
ou  trois  communes  environnantes.  .le  n'ai  jamais  pu  me  procurer  cotte 
chanson;  aujourd'hui  on  la  dit  perdue.  Elle  est  remplacée  par  tiiic 
autre  en  français  ou  à  peu  près. 

Larron,  s.  m.  partie  de  mèche  d'une  chandelle  non  mouchée  qui 
(|ui  tombe  enflammée  sur  le  suif  et  le  fait  couler.  ||  Petit  fromage  de 
Maroilles. 

î^afon.  s.  m.  son  (Charleroy).  Bret.  leit,  gall.  Uaid,  vase,  boue. 

î^aftc.  s.  f.  épée,  espadon  ||  côte  ||  dos.  Taper  su  ses  latle.  tn  IV. 
pièce  de  bois  mince,  etc. 

I^afti.  s.  m.  treillis.  En  fr.  arrangement  de  lattes. 

Ejaltiau.  s.  m.  latte  épaisse  qui  est  sciée  et  non  fendue.  Comment 
a-l-il  la  forme  diminut.?  C'est  peut-être  parce  que  le  fr.  latte,  11.  lat. 
ont  eu  dans  l'origine  la  signif.  du  gall.  llath,  bret.  laz,  perche,  mots 
remontant  au  sanscrit  latà,  branche. 

Latnscc.  s.  f.  mot  à  mot  latte  usée.  On  dit  pour  effrayer  les  enfants  : 
au  guernié  il  a  dés  latusécs. 

Lavachc.  s.  f.  lavasse.  Il  ain  kai  II'  à  lavache,  il  pleut  à 
verse. 

L<avcUe.  s.  f.  chiffon  pour  laver.  )|  Figurément,  personne  sans 
énergie. 

■iayetle.  s.  f.  tiroir  où  l'on  serre  la  monnaie  dans  une  I)ouii(|ue. 
En  fr.  tiroir  de  buffet,  tiroir  à  papier,  fl.  laie  et  lade,  tiroir. 

l^ayon.  s.  m.  houille  imparfaite  ou  plutôt  veine  qui  se  compose  de 
couches  de  charbon  et  de  couches  terreuses  entremêlées.  Le  mot  liégeois 
laie  a  deux  significations  charbonnières,  l'une  :  fente  perpendiculaire 
de  la  mine;  l'autre,  banc:  subdivision  de  mine.  Cette  seconde  significa- 
tion se  rapproche  de  celle  de  notre  layon.  M.  Grandgagnage  se  livre  à 
une  longue  et  savante  dissertation  sur  l'origine  de  ce  mot,  dans  laquelle 
nous  ne  le  suivrons  pas;  il  suppose  une  origine  française  et  une  alle- 
mande, la  première  de  laie  :  partie  de  forêt,  limite  des  coupes  de  bois 
indiquée  par  les  branches  brisées;  du  vieux  verbe  laier  (laisser);  la  se- 
conde de  Lage  :  assise,  lit,  couche.  .le  n'ai  rien  à  dire  à  la  seconde  éty- 
mnlogie  qui  me  semble  correcte;   quant  à  la  première,  j'aurais' mieux 


2^20  LKG-LÉY 

aimé  la  trouver  dans  le  bas-brelou  lezeii,  qui  siguilic  boino,  V.  laie 
cl  711'e. 

Ijegne,  Icigne.  s.  m.  bois  (Foniaine-l'Évèque).  Couliau  à  manche 
dé — .  A  Liège,  chauiïage,  bois  de  cbauffage,  v.  fr.  Icigne,  lai.  lignum. 

I^ekier.  v.  a.  lécber.  J'ai  enlendu  faire  venir  ce  mol  de  ^::zw. 
Ménage  le  lire  de  l'ilal.  leceare,  Barbazan  de  légère,  recueillir;  il  y  a 
rirl.  ligh,  sansc.  lib,  d'après  Piclcl  ;  il  y  a  encore  le  vba,  lecchon,  ail. 
leckcn"(V.  p.  10.) 

ijcnicr,  ère.  s.  onviier  qui  iravaille  le  lin  (non  la  laine). 

Lent.  adj.  Il  a  dans  le  palois  loules  les  signilicalions  de  l'adj.  lalin 
lenius,  visqueux,  gélalineux,  mou,  llexible,  plianl;  au  masculin  comme 
au  féminin  on  prononce  généralement  à  Mons  lanlc  et  aux  villages  voi- 
sins Icinte. 

lièpe.  s.  f,  lèvre.  C'est  du  v.  fr.;  il  est  probable  que  le  mol,  origi- 
nairement german.  :  ail.  Lippe,  11.  lip,  s'esl  transformé  peu  à  peu,  pour 
se  rapprocher  du  lai.  labrum  ;  il  resle  encore  en  fr.  lippe,  lippu,  lippée. 
V.  Es  cor. 

liCu.  s,  m.  araignée  des  champs  à  longues  pattes  ou  faucheux. 
Leu  pour  loup  est  du  v.  fr.  fai  cin  — .  Faire  banqueroute.  (Eiigies.) 

Leuniaire.  adj.  qui  n'a  que  le  féminin.  Vache  qu'on  n'a  pu  fécon- 
der. On  dit  en  France  génisse  lunaire.  Ce  mol  se  trouve  dans  Boiste, 
arl.  laure;  cependant  à  l'art,  lunaire  on  ne  trouve  pas  celle  signili- 
calion. 

Ijeuwai'oii,  lewaro.  s.  m.  loup-garou,  B.-lal.  gerulfus,  ags.  ve- 
revulf,  vlia werwolf  ;  ver,  homme,  vulf,  loup;  en  brel.  dén-vleiz  signWie 
aussi  homme-loup.  On  dit  encore  dans  ce  langage  bleiz-garô. 

licvée.  s.  f.  chemin,  chaussée. 

Levure,  s.  f.  portion  de  levain  délayée  dans  de  l'eau  pour  une  cuilie. 
En  fr.  écume  de  bière  qui  sert  de  levain.  V.  jet. 

Léyer,  laieher.  v.  a.  laisser. 

/  n'  faut  (jnié  loyer  cVaveinc  au  bac. 
On  ne  doit  rien  laisser  sur  son  assiette. 
/  vaut  mieur  panse  pelée  qu'  pelote  léyée. 
Philoi  crever  que  de  rien  laisser  au  plat. 
Si  vosxivez  faim,  mié  eune  de  vos  mains,  vos  lêrez  laule  pou  d'main. 


LI— LIÉ  227 

Le  V.  fr.  disait  laïer,  il  disaii,  comme  nous,  au  lui.  el  au  cond.  :  je 
lairrai,  lairroie,  brcl.  lezen,  goll».  lètau,  vlia  lazun,  ail.  lassen,  il.  laeten. 
Diez  recherche  une  origine  lat.  :  laxare,  qui  cependanl  ne  signilie  pas 
laisser,  mais  lâcher,  relâcher.  Notre  leyer,  leï,  lui  inspire  des  doutes  et 
il  se  rabat  sur  iegare  ;  il  indique  aussi  le  gaël,  leig  et  le  v.  irique  lèic. 

liî.  pron.  lui,  qui  n'est  que  masc.  à  Mons,  mais  qui  a  les  deux  genres 
au  village:  enne  laide  feimme  prcind  tondis  d'  lée  li  des  co  pu  laide,  une 
femme  laide  s'entoure  toujours  de  plus  laides  qu'elle.  A  la  ville  connue 
au  village  Vi  de  U  datif  peut  se  fondre  avec  une  voyelle  et  former  diph- 
tongue :  ej  Viacalrai  ein  capiau. 

l.îclie.  s.  f.  chienne.  V.  fr.  En  fr.  chien  de  mer;  on  trouve  en  lat. 
lyciscus,  lycisca,  en  ail.  Latsch,  dialecte  de  Souabe  liitsch,  lailsch,  lulsch, 
dialecte  de  Bavière  leuscb,  lusch. 

Ijicliii'on,  léclii%'on,  laîchivon.  s.  ni.  eau  de  savon.  Lixivia, 
lixivium,  kymr.  lisia. 

Liicolte.  V.  loquet.  On  croit  pouvoir  faire  passer  cette  incommodité 
en  disant  plusieurs  fois  :  J'ai  l'  — ,  Tai  V  marcotte,  que  /,'  bon  Dieu 
reimporte. 

liîégeoîs.  dialecte  wallon. 

Je  dois  donner  quelques  détails  généraux  sur  le  wallon  de  Liège  pour 
justifier  ce  que  j'ai  dit  dans  divers  articles. 

Si  le  wallon  de  Liège  est  inintelligible  pour  un  Moniois,  ce  n'est  pas 
qu'il  coniienne  plus  de  mots  allemands  que  le  nôtre.  Sans  en  avoir  fait 
le  compte,  je  suis  tenté  de  penser  qu'il  en  a  moins  ;  mais  ces  mots  n(î 
sont  pas  toujours  les  mêmes.  Voici  ceux  qui  sont  étrangers  au  montois 
et  qu'on  reconnaît  à  première  vue,  quand  on  sait  l'allemand  : 

Weidc,  pâturage.  Streing,  sévère. 

Wandion,  punaise.  Rolbel,  lit  mobile. 

Krahau,  corbeau.  Bdne,  voie. 

Slap,  mou,  lâche.  Sloké,  corrompre,  séduire. 

Trag,  paresseuse.  Krouf,  bosse,  dillbrinilè. 

liddel,  troc,  marché.  Fotène,  patte. 

Guinade,  grâce.  Dail,  voligo. 

D'autres  sont  douteux  ou  plus  diliieiles  à  débrouiller,  par  exemple  : 


->>8  LIE— I.IK 

cstraboté,  adressor  des  reproches,  punir  en  paroles;  c'est  le  dimin.  de 
slrabé,  slrafé,  quia  probablement  existé;  ail.  slrafen,  punir. 

Par  contre  un  bon  nombre  des  nôtres  sont  inconnus  à  Liège,  notam- 
ment cette  grande  laniille  de  mots  en  sk,  sp,  st,  dont  j'ai  déjà  parlé.  Les 
Liégeois  ont  pourtant  spilc,  sloh,  slanchi,  slopé ;  ils  en  ont  transformé 
d'autres  connne  on  va  le  voir. 

.Mais  il  y  a  une  famille  de  mots  qui  ne  sont  empruntés  ni  à  l'allemand 
ni  au  français.  D'où  viennent-ils?  Sont-ils  aussi  vieux  que  les  Ëburons, 
ou  sont-ils  d'une  création  relativement  récente?  Je  suis  à  peu  près  sûr 
qu'on  retrouverait  les  analogues  dans  la  Basse-Bretagne,  le  pays  de 
Galles,  l'Irlande,  l'Ecosse,  où  s'est  réfugié  le  celtique,  la  vieille  langue 
des  Gaules. 

Ces  recherches  offriraient  un  grand  intérêt  et  dissiperaient  peut-être 
bien  des  doutes  de  savants  linguistes.  Je  n'ai  pas  celle  mission.  Je  ne 
m'occupe  du  liégeois  que  dans  ses  rapports  avec  le  montois.  D'ailleurs 
quoique  j'aie  habité  deux  ans  Liège,  que  je  me  sois  encore  aidé  des  dic- 
tionnaires de  llemacle  et  de  Cambresier,  je  ne  pourrais  usurper  celle 
lâche;  il  faudrait,  outre  une  connaissance  parfaite  du  liégeois,  avoir 
habité  longtemps  la  Bretagne;  car  les  dictionnaires  celtiques  n'aident 
que  fitiblcment.  Pour  bien  saisir  les  rapports  de  deux  langues,  il  faut 
parler  ces  deux  langues,  savoir  les  lois  de  la  transformation  des  lettres. 
Quel  est  donc  l'Allemand  venant  à  Mons  qui  reconnaîtra,  de  prime-abord, 
les  mots  de  sa  langue,  sauf  ceux  qui  sont  restés  tout  à  fait  sans  altéra- 
tion? Mais  la  plupart  ont  reçu  l'influence  du  français.  Reconnaîtrait-il 
les  mots  équcllc,  écour,  ccrcpcr?  J'ai  souvent  (et  toujours  en  vain)  pro- 
posé ces  mots  à  des  Allemands. 

J'ai  dû  faire  (un  peu)  pour  le  montois  un  travail  qui  serait  plus  fruc- 
tueux pour  le  liégeois,  j'ai  appelé  à  mon  secours  Roslrenen,  Bullet, 
Pelletier,  Davies,  Legonidec,  et  j'ai  glané.  Pour  récolter  j'aurais  dû  passer 
une  ptu'tie  de  ma  vie  à  Quimpercorenlin  ou  mieux  dans  le  pays  de 
Galles. 

M.  Grandgagnage  a  fait  récemment  un  dictionnaire  étymologique 
wallon  plein  de  mérite.  Malheureusement,  pas  plus  que  moi,  M.  Grand- 
gagnage n'a  habité  les  lieux  de  refuge  de  la  vieille  langue  de  nos  an- 
cêtres. 

Mais  tous  ces  mots,  soit  allemands  soit  celtiques,  ne  sont  pas  exlrê- 


LlÉ-LIÉ  229 

mement  nombreux.  Cent  mots  à  apprendre,  deux  cents,  si  Ton  veut,  ne 
sont  pas  une  affaire.  Ce  qui  rend  le  liégeois  réellement  difficile,  c'est  sa 
prononciation, autremenl  dit  la  iransfonnalion  de  ses  lettres;  il  faut  en 
connaître  les  lois. 

Je  ne  m'arrêterai  pas  au  j  et  au  g  doux  qui  manquent  au  liégeois  et 
qui  se  remplacent  par  dcli,  ich,  ou,  si  on  le  préfère,  par  dj.  Quoiqu'il  en 
soit  du  son  exact,  le  liégeois  parlant  français  ne  manquera  jamais  de 
dire,  absolument  comme  un  allemand  :  un  chucbe,  un  cbucliement,  pour 
un  juge,  un  jugement. 

Je  m'arrêterai  encore  moins  à  quelques  autres  transformations.  Mais 
il  en  est  une  capitale  bien  propre  à  faire  voir  la  filiation  des  langages. 
Je  dois  insister  sur  celte  loi  importante,  saisissez-la  bien,  flxez-la  bien 
dans  votre  esprit,  et  vous  êtes  en  voie  de  comprendre  le  liégeois. 

L'ancien  liégeois  avait  un  son  représenté  dans  l'écriture  par  xh,  son 
analogue  à  celui  qui  est  figuré  en  allemand  par  cb,  en  espagnol  par  j 
ou  x,  en  grec  par  x-  Ce  son  ne  subsiste  plus  que  dans  des  noms  propres 
et  des  noms  de  villages.  La  géograpbie  de  la  province  de  Liège  a  les 
villages  de  Xhoris,  de  Xheneumon,  deFexbe,»de  Lixbe. 

Pour  les  noms  communs,  ce  son  a  disparu  et  a  été  remplacé  par  une 
h  aspirée,  mais  aspirée  à  la  manière  allemande. 

C'est  juste  l'inverse  de  l'allemand  qui  a  remplacé  beaucoup  db  du 
all-hocb-deutscli  par  cb.  Il  n'est  pas  possible  de  savoir  comment  pro- 
nonçaient les  vieux  Allemands  et  les  Celtes.  Cependant  on  peut  présumer 
que  h  chez  les  deux  peuples  avait  un  son  voisin  de  kh.  (Voyez  cauches.) 
Or  ce  qui  en  fr.  est  en  éch  ou  éc,  ce  que  les  monlois  font  en  sk  ou  en 
esk,  ce  que  les  fl.,  les  bollandais  et  les  westpbaliens  font  en  sch  avec 
aspiration  de  l'h,  ce  que  les  autres  allemands  font  en  sch,  (ju'ils  pro- 
noncent comme  le  cb  français,  est  en  h  aspirée  chez  le  liégeois, 
exemples  : 

Liégeois.  Montois  ou  au  moins  heunuyer.  Français. 

ilicUe,  shuellc,  cskuclle,  écuelle. 

Heur  (participe  hoyu),  sheur,  sl;ev,  skée,  skeï,  askcï 

{askeyu),  écheoir. 

Hieure,  skireure,skinirc,(hskinirc,  déchirure. 

Hoirsi,  skoirsi,  skorcliie,  skorchcv, 

cikorchcr,  écorcher. 

29 


i>.:>() 


LIE— lu: 


Houmé, 
Ifuyc,  hcyc. 
II  ou  lé, 

îllorc, 

Hoirné  (se  dit  dos  vaches), 

Haudé, 

liesse, 

Ilalelte  (diai.  du  suivant), 

Haie,  haule, 

Ilouvion  (vieux  linge,  ge- 
nêt, etc.,  attachés  à  une 
perche), 

Hovlelte  (Ijrosse,  balai), 

Huflé, 

Iluré, 


skoumc,  skumer,  eskumcr,  écumer. 


skaye,  cskayc, 

skoulé,  skoulcr,   askouler, 

acouler, 
sklorc,  csklore, 
skoirné,  skorncr,  cskorncr, 
cscauder. 


écaille. 


écouler. 

éclore. 

(•corner. 

échauder. 

échasse. 
skalelle,  skielelle,  eskielcUe,  petite  échelle. 
skiale,skielh',eskieUc,ckicUe,  échelle. 
skouvion,  eskouvion,  écouvillon. 


skouvelelle,  eskouvelle,  écouvelte. 

skuflé,ski/}Ié,chu{ler,chiper,  sifïler. 
skuré ,    skurer ,    rcskurer, 
récurer,  écurer. 

Hap  (convalescent,  sauv  *de  skap,skapé,eskapé,  reskapé,  échappé. 

maladie), 
Hoisse,  skoissc ,    skorche,    skorcc , 

escorce,  écorce. 

Je  pourrais  en  citer  des  centaines  d'autres,  où  s,  c  et  ch  se  trouvent 
dans  le  milieu  du  mot  :  Pehon,  poisson,  mohonn,  maison,  diliau,  de- 
chaux,  diheinde,  descendre,  dihozeure,  décousure. 

Même  opération  sur  les  mots  germaniques.  J'ai  dit  que  la  tribu  mon- 
toise  des  mois  en  sk,  sp,  st,  était  fort  bornée  chez  les  liégeois;  mais  on 
en  retrouve  quelques-uns  avec  l'h  aspirée  : 

Hardé,  liaurdé,  skarder,  eskarder,  écarder. 

Hille,  skille,  eskitle,  chiite. 

Hôu,  skou,  skour,  cskour,  écour. 

Haume,  ail.  Schaume,  prononcez  skeum,  eskeume,  escume. 

chaume,  (1.  schuim  (prononcez 

skeum), 

Houplée,  skouplée,  cskouplée  {plein  ennc  es- 
coupe,  ccoup).  ■ 


I 


LiE— LÎG  231 

Hufion,  shafion,  cscafioUe. 

Hopi,  skaupi,  cskaupi,  échaupi. 

lloré  (creuser  un  égoul,    canal 

souterrain),  skorc,  escaiirer,  exhaurcr. 

Que  beaucoup  de  ces  mots  aient  été  eniprunlés  au  latin,  au  fr.  ou  à 
l'ail,  pour  subir  des  cbangemenls  selon  le  génie  du  langage  liégeois,  je 
le  concède  volontiers;  mais  n'est-il  pas  probable  que  la  partie  qui  a 
imprimé  la  direction  au  reste,  est  autochtone?  Tel  est  par  ex.:  Ifap 
que  M.  Grandgagnage  croit  un  radical;  nous  aurions  dit  simultanément 
skapé,eskapé.  Les  fr.,  après  avoir  dit,  comme  nous,  escapé,en  auraient 
lait,  échapper,  les  italiens,  scappare.On  retrouve  le  mot  en  Bretagne,  sous 
la  forme  achab.  Quoi  qu'il  en  soit,  celte  prononciation  est  la  grande 
cause  de  la  dillicullé  ;  il  en  est  pourtant  encore  une  autre  qui  résuUe  de 
l'abondance  des  dérivations  liégeoises. 

Le  wallon  de  Liège  est  infiniment  plus  riche  que  le  nôtre;  quand  nous 
n'avons  qu'un  mol  d'une  série,  le  liégeois  a  ordinairement  la  série  com- 
plète ;  nous  avons  par  ex.:  l'adj.,  et  le  liégeois  a,  en  outre,  le  subsl.,  le 
verbe,  l'adv.:  nous  n'avons  que  l'adj.  flau;  le  liégeois  a  encore  fldivi, 
flauwi,  s'évanouir,  flâwiliège,  évanouissement.  Nous  avons  le  subst. 
ridoi,  les  liégeois  ont,  outre  l'idan,  tiroir  (qui  glisse),  rid,  glissoire, 
ridâdc,  glissade,  ridant,  glissant,  ridé,  glisser,  ridège,  glissade,  rideu, 
glisseur.  Nous  n'avons  que  le  simple  et  un  composé,  le  liégeois  a  le 
simple  et  plusieurs  composés.  Nous  avons  skirer  et  deskirer  (les  fr.  plus 
pauvres  encore  que  nous  n'ont  que  déchirer)  ;  les  liégeois,  outre  duhii, 
dihiri,  ont  le  simple  hii,  puis  un  autre  composé  kihii  (V.  ewaré).  Quel- 
quefois la  famille  est  divisée,  une  partie  habite  Mons,  une  autre  Liège; 
nous  avons  brochon,  Liège  a  ribrochi,  nous  avons  conslrande  (serrer)  et 
slrande  (presser,'y  avoir  urgence) ;  Liège  a  dislrainde,  déserier,  et  ras- 
Irainde,  resserrer.  Cependant  quelquefois  nous  avons  mieux  qu'à  Liège. 
Ainsi  les  Liégeois  n'ont  que  cron  et  encore  borné  à  cron-brcs,  coude, 
cron  z'os,  vertèbres,  nous  avons  cron,  subst.  et  adj.,  crombin,  crombi, 
cro m bissurc,  cromb iss(i(j c . 

Ijiciie,  îeu  du  Ilainaut  ou  heure,  mille  verges  de  20  pieds  ou 
08G8  mètres,  5  décim. 

Ijîgèi'c,  lîgerte.  adj.  léger,  v.  fr.  liger  cl  ligier. 


252  LIG-LIV 

■vigneron,  s.  m.  lange  de  laine  pour  emmailloter  les  enfants.  A 
Liège,  Ugneraic.  M.  Grandgagnage  cite  à  celle  occasion  le  celt.  ancien 
linna,  qui,  selon  Isidore,  éiait  un  Sagum  quadrum  et  molle.  Il  aurait  pu, 
flans  le  cell.  actuel,  trouver  le  gall.  llenn,  vélum,  linteamen,  lien,  Uiain, 
lodix,  linteuni. 

Ijignier,  lanié.  s.  m.  bilclier,  remise  pour  le  bois;  latin,  lignum. 
En  V.  fr.  —  signifie  bûcheron,  charpentier,  il  signifie  aussi  bûcher,  de 
même  que  laignier  et  laigncr. 

Ltinié.  s.  m.  ligne  noire  que  l'on  rencontre  dans  la  pierre  bleue. 
Lat.  rima. 

liîn.  s.  m.  lente,  œuf  de  pou.  Il  a  dés  poux,  il  a  dés  Uns,  il  a 
s'  kémige  loule  pleine  dé  brain.  Refrain  d'une  vieille  chanson. 

Eiimon.  s.  m.  timon,  v.  fr.  En  bas-brel.  lymon. 

Ijinche.  t.  de  jeu  de  courlau.  lieu  où  on  se  place  pour  commencer 
la  partie.  En  liégeois  li7iche  signifie  gauche,  gaucher,  en  ail.  link,  signifie 
gauche,  v.  fr.  luenche,  loin. 

Liincheu,  linsué.  s.  m.  drap  de  lit.  B.-bret.  lincell,  lincelliëu, 
drap  de  lit,  fr.  linceuil. 

Ëjinuisse.  s.   .  graine  de  lin.  V.  fr.  lignuis. 

Liion.ce  mot  est  dissylable  et  s'employe  dans  la  chanson  des  enfants 
lorsqu'ils  veulent  faire  voler  des  hannetons  : 

Lion,  lion  ! 
Praind  tés  ailes,  tés  ailes,  lés  ailes. 

Lion,  lion! 
Prain  lés  ailes,  va-t-ein  su  /'  pont. 
A  bo  bon,  à  bo  bon,  meunier,  vlà  vo  moulin  qui  brûle. 

On  dit  aussi  : 

Au  bo,  au  bo,  meunier.  (Voyez  meunier.) 

Viivre,  lîve.  s.  f.  poids  deMons,  mercerie  :  elle  se  divise  en  16  onces, 
l'once  en  i;2,i'4, 1/8,1/16,1/52;  le  1/52  en  20  grains.  Elle  égale  en  kilo- 
gramme 0.465342. 

La  livre  d'orfèvrerie  se  divise  en  deux  marcs.  Le  marc  en  8  onces. 


I 


LIV— LOQ  233 

l'once  eu  8  eslerlins,  l'estcrlin  en  4  ferlins  el  le  ferlin  en  8  grains.  Elle 
égale  0.491762. 

La  livre  de  pharmacie  se  divise  en  12  onces, l'once  en  8  dragmes  ou  gros, 
le  gros  en  5  scrupules  el  le  scrupule  en  20  grains.  Elle  égale  0.  279405. 

Livrer,  v.  n.  l.  de  jeu  de  balle  ;  envoyer  la  balle.  Ne  vient  pas,  comme 
le  fr.,  de  liberarc,  mais  de  librare. 

Ijivrette.  s.  f.  moule, en  forme  de  dé  à  coudre, pour  mesurer  le  beurre, 
le  fromage. 

Loge.  s.  grenier  ||  réduit  ]|  recoin  |i  cachette  (Frameries).  En  bas- 
bret.  log  ou  lok=loge,  cabane  de  ceux  qui  gardent  les  troupeaux.  En 
gallois,  selon  Davics,  llocc,  angiportus.anguliis,  Hoches,  latebra,  lalibu- 
lum,  Uogawd,  conclave,  aula,  cella,  armarium,  ecclesi;ie  cancelli,  inter- 
dum  abacus,  loculus,  loculamentum.  llawgell,  cella  manuaria,  en  ail. Loch, 
trou,  en  lat.  locus,  lieu. 

Loger.  V,  a.  t.  de  jeu  de  raquette.  Le  volant  est  logé,  quand  il  est 
lancé  sur  un  meuble,  une  croisée,  etc. 

Logeaule.  adj.  habitable  (Boriuage)  ;  là  beaucoup  d'adj.  en  ables  se 
changent  en  aule.  V.  mariaule. 

Lolo.  s.  m.  lait  (enlautin). 

Loiunier.  v.  a.  nommer.  Lomm  em  vo  nom,  dites-moi  votre  nom. 
Germanisme,  mot-à-mot,  Namen  nennen.  Les  Ail.  plus  encore  que  les 
Moniois  aiment  le  pléonasme  :  la  ballade  de  Schiller  dit  poétiquement  : 
der  Gràber  gràbtein  Grab,  le  fossoyeur  fossoye  une  fosse. 

Lon.  adv.  loin.  Il  a  U  aussi  Ion  d'  chez  mi  à  chez  ti,  que  cT  chez  ti  à 
chez  mi. 

Lougarder.  v.  n,  larder,  différer. 

LiOngin,  longiva.  s.  m.  musard,  lent,  paresseux, 

Loniuain.  adv.  longtemps;  de  longuement.  Erié  d'  lai  qtiain  pol 
fêlé  pou  durer  lonmain. 

Loque,  s,  f.  loche,  barbette  ou  bourbolte.  —  est  fr.  dans  la  signi- 
lication  de  pièce,  morceau,  lambeau. 

Loque,  adj.  relâché,  fatigué,  mou,  efféminé.  Du  fr,  loque  ou  de 
Fall.  locker,  mou.  Comparé  à  lavelle. 

Loque,  s.  m.  Licolte.  s.  f.  hoquet.  A  Liège  hikcll,  b.-lat.  hoque- 
lus,  11.  hick.  Il  y  a  aussi  liik  en  bret.,  mais  il  signifie  chatouillement; 
il  y  a  ici  agglutination  de  l'art.,  comme  dans  loriau,  lamplumu. 


25  i  LOQ— LOU 

Loquet,  s.  m.  cadenas.  En  fr.  pièce  de  fer  que  soulève  la  clenche, 
en  V.  IV.  lu(iuet,  en  bas-lat.  luchelum,  it.  luchetlo  ;  le  v.  Scandinave  loka, 
signifie  verrou,  le  v.  11.  loke,  clôlure,  l'anglais,  lok,  serrure.  La  racine 
se  trouve  dans  le  v.  ail.  Lùlilian,  v.  11.  loken. 

Loqueter.  v.  a.  laver  une  maison  avec  une  loque  mouillée.  En  Ir. 
renmer  le  loquet. 

Loqnette.  s.  1".  petite  loque.  En  l'r.  petit  morceau. 

Loquin.  s.  m.  mouron  rouge,  anagallis.  Ali.  locken,  appâter,  attirer 
les  oiseaux. 

Loriau,  compère  Loriau.  s.  m.  coucou.  Du  IV.  loriot  ||  orgcolet, 
petit  furoncle  sur  la  paupière.  V.  fr.  loriot,  même  signification  ;  en  lié- 
geois, Torgeolet  se  nomme  oriou,  en  espagn.  orzuclo  ;  en  lat.  hordeolus, 
petit  grain  d'orge.  Vl  qui  commence  le  mot  est  donc  véritablement  l'ar- 
licle,  on  a  dit  d'abord  loriau  et  plus  tard  el  loriau,  comme  on  dit  cl 
nonk.  V.  lamplumu,  loquet,  etc. 

Ejoripette  à  clair  «'y.  s.  f.  mégère  (aux  yeux  clairs). 

lios.  s.  m.  el  adj.  Ijostière.  s.  f.  le  féminin,  peu  usité,  est  ordinai- 
rement employé  en  plaisantant.  Méchant  ||  malicieux  ||  vicieux  ||  débau- 
ché Il  vaurien.  AU.  los,  vaurien,  dissolu.  Ce  mot  n'est  pas  toujours 
employé  en  mauvaise  part.  Une  fille  dit  à  son  amant  :  que  l'es  los.  Que 
tu  es  pressant  !  Combien  tes  yeux  sont  ardents  ! 

Lostrie.  s.  f.  tromperie  ||  polissonnerie.  V.  fr.  badinage. 

Lostrou.  s.  m.  petit  los.  M.  Grandgagnage  dit  qu'à  Liège  c'est  au 
contraire  un  augmentatif. 

l<ot.  s.  m.  pot  de  4  pintes.  T.  employé  par  les  faucheurs  dans  leurs 
marchés  avec  les  fermiers.  Ils  demandent,  d'ordinaire,  pour  faucher  un 
pré  d'un  bonnier,  Sié  live,  sic  lo,  sept  livres,  sept  pots  de  bière. 

Louche,  s.  f.  cuiller  à  potage.  —  à  pot,  cuiller  pour  tremper  la 
soupe.  —  aubrain.  B.-lat.  lochea,  brct.  loa,  cuiller,  loabot,  lobot,  grande 
cuiller,  gall.  llwy,  ail.  Lôlfel.  Ce  mot,  quoique  très-usité  en  France,  n'a 
pas  encore  reçu  la  sanction  de  l'Académie.  Ain  paradis,  on  mainge  dés 
bobons  al  — . 

EiOuchie.  s.  f.  conlenu  d'cnjie  louche. 

Liougnar.  s.  m.  qui  fait  l'imbécile  pour  tromper.  Un  lognar  en 
liégeois,  tist  un  imbécile  purement  et  sinq)lement.  Ce  mot,  dit 
M.  Grandgagnage,  vient  du  nom  des  habitants  de  l'ancien  comté  de 


LOU— LUM  255 

Logne,  dans  le  Luxembourg;  mais  il  y  a  un  proverbe  français  peu 
usité:  faire  le  Jean  logne,  qui  signifie  faire  l'innocent.  Bas-bret.  loiiad, 
niais. 

Liouker,  loukic,  loukîe.  v.  a.  eln. très-peu  employé  à  Mons,  mais 
fort  usité  aux  environs.  Regarder,  examiner,  guigner,  lorgner.  Flam. 
lonken,anglais,look,  français,  reluquer,  v.  ail.  lôgen,  luogcn,  regarder, 
irl.  loclul,  vue,  sanscrit,  lôk,  voir. 

LiOui'd,  de.  adj.  lourdaud,  slupide,  inhabile.  En  fr.  lourd  signifie 
pesant.  Pour  lui  donner  la  signif.  wallone,  il  faut  y  ajouter  quelque 
chose,  par  ex.:  esprit  —  ;  cependant  on  s'en  sert  quelquefois  au  fig.  pour 
signifier  qui  manque  de  fhiesse,  de  grâce  ;  mais  le  v.  fr.  a  dit  au  propre 
lours  pour  sot,  hébété.  On  retrouve  ce  mot  dans  plusieurs  langues  : 
FI.  loer  (pr.  lour)  lourdaud,  loeren,  duper,  tromper  (v.  lurcUe)  bret.  lour, 
gros,  pesant. 

Jeune  et  lourd 

On  appreind  tous  lés  jours. 

Loulte.  s.  f.  t.  de  jeu  de  toupie.  Une  toupie  fait  enne  loutle  quand 
t'Ue  s'échappe  de  la  corde  sans  tourner  ou  lorsqu'elle  tourne  sur  une 
autre  partie  que  son  fer.  En  liégeois  leuse,  signifie  fausse  couche,  Loulle 
vient-elle  de  là?  FI.  lot,  goth.  blaut,  jactus. 

Lonvesse.  s.  f.  louve. 

Louyé.  s.  m.  lien.  V.  fr.  loyer. 

Ijoiiyer.  v,  a.  lier.  V.  fr.  loyer. 

Ijourdinettc.  s.  f.  fennne,  fille  slupide, 

LovÔ.  adv.  là,  au  loin.  11  dérive  sans  doute  par  corruption  de,  là-haut, 
ou  mieux  de,  là-vau  (val). 

Loyea.  s.  m.  tricheur.  Par  antiphrase  du  mot  fr.  loyal  ou  simple- 
ment de,  lieur  dont  on  a  fait  une  injure  (St-Symphorien).  A  Liège  bri- 
gand, chaulïeur. 

liOyecou.  s.  m.  licou  (Charleroy). 

Liumeçon,  limsoii.  s.  m.  limaçon,  escargot.  |1  Combat  qui  a  lieu 
le  jour  de  la  kermesse  sur  les  places  de  3Ions  et  de  Wasmes  en  counné- 
moration  de  la  victoire  do  Giles  de  Chin  sur  un  dragon  qui  tenait  son 


23G  LEU— MAC 

repaire  dans  les  marais  de  Wasnies.  On  lui  donne  ce  nom  parcequ'  autre- 
fois les  chabourleUes  (v.  ce  mot)  faisaient  le  lumeçon,  c'est-à-dire  tour- 
naient continuellement  autour  des  coraballants.  V.  caracole.  V.  fr.  lime- 
çon,  limechon. 

Lieunier,  lumer.  v.  n.  éclairer,  approcher  une  lumière  ||  v.  a.  exa- 
miner à  la  chandelle,  au  grand  jour.  Lumer  dé  z'  eu,  placer  des  œufs 
entre  son  œil  et  la  lumière  pour  s'assurer  qu'ils  sont  frais  i|  v.  imper- 
sonnel, faire  des  éclairs.  V.  fr.  lumer,  leumer. 

Liumerette,  lunirolie.  s.  f.  feu  follet.  V.  fr. 

liUnée.  s.  f.  vertige  ||  caprice  ||  idée  subite.  Quée  lunée  est-ce  qui  vo 
preind,  quel  caprice  vous  passe  par  la  tête.  Le  fr.  a,  lunatique. 

Lurette,  s.  f.  chose  légère,  sans  solidité,  sans  valeur,  loque.  Se  dit 
surtout  des  vêtements  ou  parures  de  femmes.  En  liégeois  lurzelle,  fl. 
luer,  lor,  lange,  chiffon,  leuren,  vendre  des  chiffons,  colporter,  frauder, 
d'où  le  fr.  leurre,  leurrer,  déluré,  v.  fr.  deleurré. 

Ijusiau.  s.  m.  cercueil.  Clo  d' lusiau,  petites  maladies  qui  annoncent 
une  mort  prochaine,  symptômes  de  dépérissement,  avant-coureurs  de  la 
mort.  V.  fr.  lusel,  luzet,  lusiau,  espagn.  lucillo,  tombeau  de  pierre,  lat. 
locellus,  petit  lieu. 

Liusqnette.  s.  f.  fille  louche.  Lat.  luscus,  borgne,  v.  fr.  losc,  lousque, 
lus^ue,  fl.  losch. 

Liustucru.  s.  m.  petit  tapageur. 


]V[ 


nia,  man,  niauie.  s.  f.  mère,  maman. 

llaeard,  luacà.  adj.  et  s.  sourd  ||  sournois.  Les  liégeois  disent 
ïJiond  pour  monaut  (qui  n'a  qu'une  oreille)  et  pour  sourd. 

Alaeard,  niacà.  s.  m.  grosse  faute,  gros  péché.  Liégeois  maka,  bas- 
ai!.  maker,  marteau  de  forge  dont  la  lourdeur  indique  celle  de  la  faute. 

llaearon.  s.  m.  débauciié,  amateur  de  cotillon.  Ce  mot  doit  être 
un  euphémisme.  Il  a  dû  être  inventé  pour  éviter  le  mol  ignoble  de  m... 

Alacavulc,  uiaca%eule,  niacaveuke.  s.  m.  myope  ||  qui  voit 
mal,  surtout  s'il  est  chassieux. 


MAC— HIÂC  257 

llachelle.  s.  f.  mAclioire  ||  joue  ||  figure  enflée,  déformée  ||  fluxiun  à 
la  joue.  V.  fr.  maiselle,  niasselle,  joue,  mâchoire,  basque,  malhela,  joue, 
ù  iSamur,  à  Liège  masale,  lat.  maxilla. 

Hlaolier,  v.  n.  manger. 

niachi.  v.a.  mélanger  (Charleroy).  A  Liège  ma/i»,  arm.  meski,  nieska, 
la!,  miscere,  misculare,  grec  y-t^y^,  /JsywfM^  polon.  mieszan,  v.  ail.  mede- 
jan,  ail.  moderne  misclien,  angï.  to  niasli. 

Je  laisse  à  d'autres  le  soin  de  démêler  la  provenance  immédiate  de*//a- 
f/ii.Tout  ce  que  je  puis  dire,  c'est  qu'il  est  à  regretter  qu'il  fasse  lacune  dans 
le  patois  de  Mons  et  des  environs.  Le  h  liégeois  donnant  ch  à  Cliarleroy 
et  Namur,  sk  vers  Mons,  si  le  mot  nous  était  resté,  nous  aurions  eu  à 
Mons  masUer,  aux  environs  inaskié  ou  maski.  C'est  peut-être  celte  forme 
masker,  se  confondant  avec  le  français  masquer,  qui  a  été  cause  de  sa 
perle.  On  retrouverait  probablement  le  mot  dans  quelque  antique  lan- 
gage d'Orient. 

Alachie.  s.  f.  papier,  bois  de  réglisse,  etc.  mâchés. 

niaclair.  v.  baquet. 

llacloltc.  s.  f  grumcau,Enliégeois,raassue,  pomme  de  canne,  bosse 
à  la  tête,  macque  ;  c'est  de  ce  dernier  mol,  qui  représente  un  instrument 
propre  à  briser  le  chanvre,  que  provient  le  mot  liégeois,  lequel  par  exten- 
:  ion  a  exprimé  loul  renflemenl  d'un  corps  solide.  Les  monlois  s'en  sont 
ensuile  emparés  pour  désigner  un  corps  demi  solide  au  milieu  d'un 
liquide.  Le  mot  pourrait  avoir  une  autre  origine.  Les  malons  {hùl  caillé) 
provenant  du  v.  fr.  mat,  v.  fl.  malle,  meiten,  se  disent  en  quelques  loca- 
iiiés  maldoUc.  Il  n'y  a  pas  loin  jusqu'à  macloHe. 

IBacloltei*  (s),  v.  réfl.  se  grumeler,  se  cailleboler. 

llacoiignage.  s.  m.  micmac,  manigance,  intrigue,  collusion, 
manœuvre,  tripotage.  C'est  probablement  une  corruption  de  maquigno- 
nage.  Y.  fl.  makeleur,  courtier,  cnlrenietleur,  v.all.  mahhari,de,mahhon, 
machinari;  lat.  maiigo,  gr.  /^a-/va/ou,  nT^  d'esclaves. 

Macuriaii,  uiaturiau.  s.  m.  p.  parcelles  de  suie  qui  tombent  des 
cheminées  sur  le  linge  étendu.  On  peut  faire  venir  ce  mot  de  niaculare 
ou  de  machurer.  Mais  machunir  lui-même  pourrait  bien  ne  pas  provenir 
de  macidare,  car  h'S  langues  du  nord  offrent  le  v.  llam.  masciie,  le  v. 
ail.  maska,  tache,  le  v.  fl.  maeschciCi,  maschelen,  souiller  de  suie, 
brel,  maslara,  souiller,  salir. 

30 


238  MAD— MÂG 

lladanie.  s.  f.  réunion  d'un  grand  nombre  de  gerbes  placées  debout 
dans  un  champ  pour  compléler  leur  dessiccation  ||  demoiselle  ou  bie 
pour  enfoncer  les  pavés;  fr.  terme  de  ponts  et  chaussés,  dame;  enfl.,  ail. 
dam,  digue. 

AlaflTe.  s.  m.  travée,  compartiment  d'une  grange,  d'une  église, 
intervalle  compris  entre  deux  sommiers,  deux  piliers.  ||  t.  de  jeu  de 
courliau,  position  vis-à-vis  d'un  liard.  Bas-lat.  maufolun,  mafolo, 
maHo,  mafla  qui  se  trouve,  selon  M.  Grandgagnage,  dans  le  texte  de  la 
loi  salique,  5^  et  i'  texte. 

niagnotei'  (s'),  v.  p.  se  taquiner,  se  quereller  un  peu. 

Slagrau  ou  marie  nia^rau.  méchante  femme  dont  on  eflVaye  les 
enfants.  Provient  probablement  de  magrile  dans  la  signification  namu- 
roise.  V.  le  mot  suivant. 

ISIagrite.  s.  f.  Marguerite  ||  douillet,  efféminé.  XNamur  one  Magrile 
est  une  femme  acariâtre,  à  ce  point  qu'il  en  est  provenu  un  dicton  sin- 
gulier :  one  Magrile  cl  on  Zabia  feienu  danser  V  diale  divin  on  canibos- 
tia,  une  Marguerite  et  un  Isabeau  (eraient  danser  le  diable  dans  un  étui 
à  aiguilles. 

Toutes  les  langues,  tous  les  patois  ont  une  tendance  à  changer  les 
noms  propres  en  noms  communs  :  les  Allemands  ont  Hans  et  Niklas  ; 
les  Français  Nicodème,  Nice,  Agnès;  nous  avons  Jacques,  Magrile,  etc. 
Le  fait  général  existe  ;  il  a  une  raison  d'être  ;  un  homme  a  une  qualité, 
il  a  surtout  un  défaut  prononcé  (on  s'occupe  toujours  beaucoup  plus  des 
défauts  que  des  qualités,  tant  on  est  naturellement  bon  !)  Cet  homme 
devient  terme  de  comparaison,  on  dit  :  il  est  comme  un  tel,  puis  après 
un  certain  temps,  on  change  de  figure,  on  dit  :  c'est  un  tel  ;  comme  nos 
poètes, nos  orateurs  qui  disent  bien:  il  combat  comme  un  lion  et  disent 
mieux  :  lion  il  combat. 

Indomptable  taureau,  dragon  impétueux, 
Sa  croupe  se  recourbe,  etc. 

Il  est  évident  qu'il  y  a  eu  au  moins  deux  Magriles  :  cnne  Magrile 
monloise  remarquable  par  sa  délicatesse,  son  sybariiisme  et  one  Magrile 
namiiroise  ressemblant  à  une  mégère.  Le  nom  de  baptême  nous  donne 
l'assurance  du  fait;  mais  qu'arrive-t-il  quand  c'est  un  nom  de  famille 


MAG— MÂH  239 

qui  devient  type?  Il  s'efface  coniplctcment  cl  les  étymologislcs  vont 
fouiller  eji  suant  dans  les  profondeurs  du  celliqne,  du  gothique  cl  peut- 
être  du  sanscrit.  Si  l'oa  ne  connait  pas  l'histoire  du  mot  mouchard,  on 
est  tenté  de  penser  à  mouche  qui  a  assez  l'air  d'être  racine,  car  mouche 
se  dit  aussi  pour  espion,  et  cependant  ce  n'est  qu'un  dérivé.  C'est  tou 
uniment  qu'il  y  eut  un  recleur  de  l'université  nommé  Motichi,  connu  par 
son  zèle  à  dénicher  les  protestanls.  Ses  agents  furent  d'abord  nommés 
les  alfidés,  les  alguazils,  les  suppôts  de  Mouchi  ;  puis  on  trouva  bon  d'y 
substituer  le  nom  de  mouchards  (i).  C'est  bien  pis  quand  il  s'agit  des 
choses  :  un  événement  fait  sensation,  un  mot  le  signale;  si  l'événe- 
ment s'oublie,  le  mot  reste  pour  faire  le  désespoir  des  élymologistes  et 
quelquefois  leur  faire  rendre  les  arrêts  les  plus  ridicules.  Je  pourrais 
signaler  trois  ou  quatre  de  ces  arrêts  dont  la  comparaison  du  raontois 
avec  d'autres  dialectes  m'a  fait  découvrir  la  fousseté.  Je  pourrais  en 
égayer  mon  lecteur  ;  mais  j'aime  mieux  qu'il  les  découvre  lui-même  dans 
cet  ouvrage,  ne  voulant  pas  offenser  des  auteurs  encore  vivants  et 
d'ailleurs  fort  recommandabics.  Je  dois  faire  un  retour  sur  moi-même 
et  songer  à  l'indulgence  dont  j'ai  grand  besoin. 

Le  mol  magrile  signifie  encore  pâquerette,  bellis  perennis,  petite  mar- 
guerite. 

llagrite  reine,  s.  f.  reine  Marguerite,  aster  sinensis. 

Alahoiuet,  luahonmai.  s.  m.  La  nuit  du  1"  mai,  dans  un  certain 
nombre  de  villages,  on  va  peindre  une  figure  d'homme  au  blanc  de  chaux 
sur  la  porte  de  ceux  qu'on  veut  livrer  à  la  risée  ou  au  mépris  public. 
Cette  figure  est  ce  qu'on  nomme  ein  — .  Les  voyageurs  nous  disent  que 
de  nos  jours  encore  en  Espagne  on  remplit  de  poudre  un  mannequin  et, 
qu'après  l'avoir  promené  dans  les  rues,  on  y  met  le  feu  et  on  le  fait 
sauter  en  l'air  en  poussant  des  cris  de  joie.  C'est  aussi  un  mahomet. 
Cette  coutume  remonte  au  temps  des  Maures.  On  peut  croire  qu'elle 
s'accompagnait  sur  les  portes  de  marques  par  lesquelles  le  fanatisme 


(1)  Cette  histoire  est  contestée  par  M.  Scheler.  J'admets  quel'ex.  soit  mal  choisi.  Eh  bien! 
prenons  celui  de  Stras.  On  est  tenté  d'aller  chercher  une  racine  ail.,  et  c'est  le  nom  de  l'in 
venteur  d'une  composition  imitant  le  diamant.  V.  boucan. 


2iO  MAH— MAI 

signalait  les  Maures  de  conversion  suspecle  et  qu'elle  a  élé  importée 
dans  notre  pays  à  l'époque  de  la  domination  espagnole,  bien  qu'il  n'y  ait 
jamais  eu  de  mahomélans  chez  nous.  Les  paysans  espagnols  de  notre 
temps  ne  connaissent  pas  plus  que  les  nôtres  l'origine  de  la  coutume. 
Les  nôtres  croient  à  un  rapport  avec  le  mois  de  mai  à  cause  de  la  ter- 
minaison en  met  ou  mai.  De  là  l'époque  choisie.  A  Mons  le  nom  de  — 
est  perdu.  Mais  on  barbouille  aussi  le  {"  mai  la  porte  des  durnicnés. 
Cela  s'appelle  un  mai  et  n'est  peut-être  qu'une  abréviation  et  une  dégé- 
nérescence du  mahoumai.  Qiiel<iuefois  on  colle,  en  place,  une  image 
représentant  un  mari  battu  par  sa  femme.  La  plupart  des  durménés 
arrachent  l'image;  quelques-uns  l'entourent  d'une  illumination  cl 
de  guirlandes.  Alors  vient,  le  soir,  l'orateur  du  quartier  qui  prononce  un 
discours  grotesque  au  milieu  des  rires  de  la  populace.  J'ai  vu  plusieurs 
fois  la  cérémonie  dans  ma  jeunesse.  Je  ne  sais  si  elle  existe  encore.  V. 
durméné. 

Mahoni.  s. m.  acajou;  le  swetenia  mahogoni  est  souvent, à  cause  de  son 
bois  analogue,  confondu  avec  l'anarcadium  qui  est  l'acajou  des  ébénistes. 
Le  véritable  acajou  des  botanistes  est  un  cassuvium. 

Mai.  s.  m.  badigeonnagesurlesporles,lanuitdu  l"mai.  V.ma/io?ne<. 

Mai,  moual.  adj.  mauvais.  I  sain  mai,  il  exhale,  il  s'exhale  une 
mauvaise  odeur.  ||  Scint  — ,  puant,  s.  m.  Mais  a  été  employé  par  les 
Trouvères.  Broi.  moùez,  puanteur. 

Maiguei'lol,  ote.  s.  et  adj.  un  peu  maigre. 

Main,  luan,  main-main,  donnez-moi.  Sans  doute  par  abréviation 
de,  donnez-m'en,  que  les  Montois  prononcent  donnez-m'ain.  Il  y  a  en 
outre  mam,  très-usité  à  Jemmapes,  Quaregnon,  et  abréviation  de  com- 
main,  comment?  Main!  vo  slcz  co  là.  Enfin,  il  y  a  un  troisième  main  eu 
usage  aux  mêmes  communes  qui  signifie,  seulement  :  y  n  da  main 
qu'  chonq,  il  n'y  en  a  que  cinq. 

Haine,  s.  m.  t.  de  jeu  de  flèche. 

Mainie,  niainié.  s.  m.  morceau  de  bois  qui  supporte  l'échaffaudage 
des  couvreurs,  maçons,  plafonneurs.  fro  rf'  tnainie,  trous  pratiqués  au- 
dessous  du  toit  d'une  maison  pour  pouvoir  établir  un  échallaudage.  On 
a  oublié  que  maisnie  a  signifié  maison  en  v.  fr.;  ainsi  Iro  rf'  mainie^= 
trou  de  maison  ;  mainier  est  une  francisation. 

Ifaingé.  s.  m.  aliments,  nourriture,  repas.  S  maingcn  profile  gnié 


MAI— MAL  ^2  il 

«  c  bielle  là.  Cet  animal  ne  i'ail  pas  profit  de  sa  nourriture,  il  reste 
inaigre,  faible. 

Hlainger.  v.  a.  manger.  V.  fr.  meingier,  goth.  matjan,  lat.  niandu- 
care.  V.  tnier. 

Alaisiére.  s.  m.  paroi,  côté,  muraille.  V.  Ir.  masière,  maisière, 
ial.  maceria  et  maceries,  mur  de  clôture  ordinairement  en  pierres  sèches, 
celto-bret.  nioglier,  mur,  cuceinie  de  ville,  de  château,  cello-gallois, 
magwyr,  murus,  maceria,  masure;  de  maceria  est  venu  maceiio, 
maçon. 

maison,  s.  f.  pièce  qui  sert  de  cuisine  et  de  chambre  à  manger  dans 
une  habitation  villageoise. 

lilaite.  s.  m.  pétrin,  mai.  s,  m.  et  maie.  s.  f.  sont  français.  Le 
v.  Ir.  fournil  une  foule  de  mots  analogues  :  Met,  meye,  maict  (mactra), 
niiet,  mée,  etc. 

Maitrc.  s.  m.  espèce  de  fdet  pour  la  pêche  par  lequel  on  barre  une 
rivière  et  dont  les  mailles  très-grandes  sont  elles-mêmes  garnies  d'un 
îilet  à  mailles  fines,  en  forme  de  poche,  dans  lequel  viennent  se  jeter  les 
poissons  épouvantés  par  le  pêcheur. 

Makée.  s.  f.  fromage  blanc  mêlé  de  crème  ou  de  sucre.  Les  Ail. 
désignent  sous  le  nom  de  makey  un  mélange  de  crème,  de  sucre,  de 
framboises,  de  groseilles,  de  fraises,  qui  se  vend  dans  les  estaminets, 
guinguettes,  aifx.  environs  des  villes.  On  pourrait  peut-être  rattacher  — 
à  mnclolle.  Diez  tire  ce  mot  de  meguc.  V.  migninu.  On  trouve  en  brel. 
maga,  nourrir,  dont  la  racine  est  mac  ou  mag  (Pelletier),  en  gall.  magot 
aliilis,  magu,  nutrire,  magwaeth,  nutrimenluni  (Davies).  On  pourrait 
encore  prendre  la  dernière  syllabe  de  fromage,  le  g  prononcé  dur,  si 
fromage,  malgré  son  apparence  latine,  n'en  provient  pas  (v.  froumagc). 

Alakcriic.  v.  einmakerné. 

llakriaii.  s.  m.  rhume,  enchifrènement,  oppression.  A  Namur,  wa- 
churia,  bret.  macherie,  oppression  en  dormant,  cauchemar,  de  mâcha, 
mac'hacha,  accabler,  opprimer.  V.  maquel.  A  Liège,  mark,  cauchemar. 

Alal,  mail,  (y  n'  peut),  il  n'y  a  aucun  danger. 

Malade  {y  fai).  le  temps  est  malsain. 

Alaladieu.  maladif.  V.  IV. 

llal-appri,  mal-appric,  maii-.'ippri.  adj.  et  s.  impertinent. 
Voici  une  clianson  dans  laquelle  ce  mut  ligure  : 


242  MÂL-MAN 

Eh!  mée  (mère),  fai  ?i'  puchc  qui  m  mord 

El  n'  mé  laiye  gnié  dormi. 

VcuH  cil  lairc,  mal  apprie, 

Laiye  es  puche  là  Iranquic, 

Tu  dékire  loul  C  kémiche  ; 

Ça  dur  va  nie  loudis  (quater). 

Alalaughi.  adj.  difficile  (Charleroy).  Â  Liège,  mdlâhi,  maulâuhi, 
l'r.  mal-aisé. 

Hlaletle.  s.  f.  pannelièrc,  petit  sac  où  les  ouvriers  melteul  leur  pain. 
Cello-breton,  malelen,  mail,  vha  malha,  fl.  mael.  Fai  — ,  faire  un  repas, 
c'est-à-dire  ouvri  V  — .  Cesl  V  kémin  del  — ,  c'est  une  voie  de  perdi- 
tion, c'est  un  acheminement  à  la  misère.  En  v.  fr.  c'était  le  sac  des  ca- 
pucins pour  leur  provision  de  voyage. 

Malice,  (y  a),  il  y  a  sortilège,  enchantement,  malengin. 

Slalin,  lualine,  malenne.  adj.  adroit,  habile. 

Alalle.  adj.  qui  n'a  que  le  fém.  t.  de  jeu  de  balle;  mauvaise,  chassée 
hors  des  cordes.  En  v.  fr.  on  disait  mal,  malle  pour  mauvais,  mauvaise. 

nialot,  te.  s.  m.  et  f.  babillard,  bavard  ||  censeur  ||  qui  réplique. 
Fl.  malloot,  sotte.  En  v.  fr.  bourdon,  taon. 

llaloter.  v.  n.  parler  beaucoup  ||  se  plaindre. 

nialtète.  s.  f.  impôt  sur  la  bière,  le  genièvre,  etc.,. sous  le  gouver- 
nement autrichien.  En  fr.  exaction,  abus  de  perception. 

Hlaltôteur.  percepteur  dos  mallôles. 

llaïuc.  mot  borain  signifiant  main  :  Tie  bie  —  sésse.  Tiens  bien  ma 
main,  sais-tu  ! 

llaïuée  lolo.  s.  f.  vache,  mot-à-mot,  mère  au  lait. 

Alan.  s.  m.  maman. 

nianbour.  s.  m.  membre  du  conseil  de  fabrique  d'une  église. 
V.  ail.  muniboro,  protecteur,  venant  de,  munt  (protection)  et  beran, 
porter,  v.  Ir.  mainbourg,  tuteur,  prolecteur,  b.-lat.  mandiburnus. 

llanbourner.  v.  n.  manier,  remuer  avec  force,  secouer,  agiter, 
bousculer. 

Hanche  de  kmiclie  {à),  habit  bas. 

llanchcter,  nianster,  nianchcr,  uiansner.  v.  a.  menacer. 
V.  f.  manacer,  manecer,  bas-lat.  manaciare,  lat.  minari. 


MAN  245 

Mande.  V.  manie. 

Jllanderlelle.  s.  1'.  petite  manne. 

llanderlier,  manderlie,  nianderrié.  s.  m.  mannelicr,  vannier. 
V.  fr.  mandier,  mandrier. 

Mâné.  adj.  sale,  malpropre  (Charleroy).  V.  fr.  mau-net. 

llanêe.  s.  f.  ce  que  peut  tenir  la  main  ||  écheveau  :  mance  (T  filé, 
éclieveau  de  fil.  Bas-lat.  manata.  V.  fr.  manée. 

llanesic.  s.  f.  saleté  (Charleroy).  A  Liège,  massi,  inaussi,  saie, 
obscène,  massislé,  saleté,  obscénité. 

Manette,  s.  f.  main-chaude.  En  fr.  poignée  de  fer  d'une  banche,  etc. 

Mangeons-tout.  s.  m.  p.  pois  ou  fève  dont  les  cosses  peuvent 
être  mangées. 

Maniaule.  adj.  maniable,  facile  à  manier  (Borinage)  ;  remarquez  que 
là  les  adj.  en  able  se  forment  en  aule.  Du  reste,  c'est  la  forme  du  v.  lan- 
gage fr.  on  y  disait  :  rcdoubtaule,  vivaule,  vivant,  colpaule,  coupable, 
taule,  estaule. 

Mannéké.  s.  m.  petit  homme.  On  dit  souvent  p'iil  —;  mot  em- 
prunté au  fi. 

Manique.  s.  f.  crosse  d'une  serrure  ||  ce  que  l'on  saisit  avec  la  main, 
poignée  de  certains  instruments;  lat.manus.  En  fr.  c'est  un  instrument 
de  savetier. 

Manoi  d'huche,  s.  m.  boulon  d'une  porte  (Borin.)  V.  manique. 

Manou.  s.  m.  étranger  qui  commence  à  travailler  aux  houillères, 
abréviation  de  manouvrier. 

Manque  (i  n  pcul).  cela  ne  peut  manquer,  il  ne  peut  manquer.  A 
que — ,  à  quoi  tient-il,  à  quoi  manque-l-il? 

Manse.  s.  f.  peu  usité.  Manche  ||  manne;  ne  se  dit  que  dans  ce 
proverbe  et  probablement  pour  la  rime  : 

Vaut  mieux  plein  s  manse 
Que  plein  5'  panse. 

Il  coûterait  moins  de  le  charger  que  de  le  rassasier. 

Mante,  s.  f.  manne  ||  manlelet.  V.  fr.  et  v.  11. 

Mantié.  s.  p.  (Borinage).  grimaces,  contorsions,  mauvaises  façons; 
corruption  de  maintien.  V.  morniaffe.  Ce  serait  sans  doute  aller  cher- 
cher l'étymologie  trop  loin  que  de  la  prendre  dans  le  bas-breton, min- 
gau  (simagrées);  d'où  le  languedocien,  minganelas. 


^2ii  !\IAO— MAK 

niaqiie.  s.  f.  tèle  ;  peu  usiic.  On  remployé  pourlaiil  au  jeu  d'épingle  : 
poinle  conte  maque.  V.  maqué. 

JMaqiicr.  v.  a.  frapper,  stupéfier.  V.  sloumaqucr. 

jSlaquct.  s.  ni.  instrument  dont  les  enfants  se  servent  pour  crocher. 
V.  ce  mol  |]  clinpeau  en  corne  ou  cercle  de  fer  au  bout  des  flèches. 
Fi'.  niacque,  instrument  propre  à  briser  le  chanvre.  En  liégeois,  ma- 
quelle,  signifie  pommeau,  petite  boule,  tête.  Mak  est  un  radical  que  les 
uns  rapportent  au  celt.,  les  autres  à  l'hébreu.  11  a  formé  une  foule  de 
mots  :  maque,  maqucr,  inaca,  peut-être,  maquée,  macloUe,  macloler, 
m(i!;riau,  sloiimaquer,  einmakcrné. 

Jllaraclie.  s.  m.  p.  vase,  limon,  plantes  aquatiques  à  demi  corrom- 
pues, boue  d'un  étang.  En  liégeois,  murasse  signifie  marais  et  limon, 
en  ail.  Morast  signifie  marécage,  en  fl.  niarasch,  nioeras,  v.  fl.  marrasch  ; 
nioer=lie. 

DSIara^-iic.  s.  f.  bruyère,  lande,  terre  aride  (Gblin). 

ISaraîlie.  s.  f.  mazcUe  (.leuimapes).  C'est  sans  doule  le  féminin  de 
maraud. 

jllarbriau.  s.  ni.  coussinet  pour  placer  un  tourillon. 

Marcotte,  s.  f.  belette,  animal.  En  fr.  t.  de  jard.  Y  crie  comme  enne 
—  cin  couche. 

llargot.  s.  f.  pie.  Marguerite. 

Iflargoulctte.  s.  m.  gosier,  gorge,  estomac.  Tou  li  passe  pa  — . 
Son  gosier  ne  refuse  rien.  V.  mot  fr.  enfantin,  lat.  gula;  en  quelques 
patois  fr.  faire  passer  par  Angouléme. 

JlBaB'gusjçncr.  v.  a.  tourmenter,  inquiéter,  dépiter.  A  Namur, 
marguiné ;  en  v.  iv.  niargouiiler,  fouler  aux  pieds,  b.  ail.  marachen, 
fatiguer,  harasser,  v.  fr.  mar,  mal,  à  tort,  bret.  mar,  diflîcullé. 

Mariaulc.  adj.  pubère,  en  âge  de  se  marier  (Borinage).  Dans  l'an- 
cienne coutume  du  liainaut,  témoin  peu  digne  de  foi  à  cause  de  son 
bas-âge. 

llarichau.  s.  m.  maréchal  ||  terme  générique  pour  désigner 
les  scarabées  de  couleur  noire,  surtout  celui  qui,  à  l'état  de  larve, 
est  le  ver  de  farine  dont  on  nourrit  les  rossignols  (tenebrio  molitor). 
Marichau  au  brain,  scarabée  fouille-merde,  scarabée  scatopliage. 
V.  ail.  marahscalc,  composé  de  marah  (cheval)  et  de  scalc  (servileui), 
bret.  marc'h,  pluriel  ancien,  marc'haou,  cheval. 


MAR— MAR  245 

Marie,  s.  f.  servante  ilc  curé  :  c'  qui  goule  à  )laric,y  faut  que  V  cure 
r  mainge. 

—  laffronlée.  jeune  fille  cffronlée. 

—  chucholle.  jeune  fille  rencliéiie. 

—  Veimblavée.  femme  qui  l'ail  l'empressée. 

—  gripelle.  méchante  femme. 

—  grognon,  fenmie  grondeuse. 

—  f  ordonne,  femme  impérieuse, 

—  rouf  rouf,  femme  qui  fait  tout  à  la  hâte. 

—  salomée.  femme  malpropre,  débauchée. 

—  salope,  prostituée. 

—  toutouye, — IripoUe.  femme  qui  tripolle. 

—  qualer  langues,  femme  qui  semble  avoir  quatre  langues,  tant  elle 
babille. 

—  magrau.  méchante  femme. 

—  bon  bec.  femme  qui  a  la  réplique  vive,  brutale. 

—  Jenne,  —  Jacqueline,  fille  facile. 

llapîéc-salée.  s.  f.  coccinelle  (Rorinage).  Ail.  Marien  kàfer. 

Hlarîep.  v.  a.  épouser  :  il  a  marié  el  vak  été  V  viau,  il  a  épousé  une 
fille  enceinte  du  fait  d'autrui. 

niarjoscf.  s.  f.  Marie-Josèphe. 

niarkic.  s.  m.  marché.  FI.  merkt,  v.  ail.  marchât,  marchot,  ail. 
moderne,  Markt,celio-breton,  marchât,  celto-gallois,  marchnad,  forum, 
mercatus,  nundin^e. 

Marie,  s.  f.  marne.  Pline  dit  que  le  mot  lat.  merga  est  venu  de  la 
Gaule.  V.  fr.  marie,  b.-Iat.  margila,  gall.  mari,  merga,  tasconium,  bref, 
marg,  fl.  marghel,  ail.  Mergel. 

Mariette,  s.  f.  terre  marneuse. 

Marli,  iiiarlier.  s.  m.  marguiller.  V.  fr.  marlier,  sacristain,  mair- 
lier,  marguillicr,  b.-lat.  marrolarius. 

Marloïne.  s.  f.  sifflement  du  vent  à  traverr,  les  fentes  des  portes, 
que  Ton  représente  aux  enfants  comme  des  gnomes  ou  finilômes,  pour 
les  effrayer. 

Marliiette,  merlnetle.  s.  f.  femme  qui  espionne,  qui  veut 
savoir  tout  ce  qui  se  passe  chez  ses  voisins.  A  Namur  marlouwclle, 
belette,  à  Mons  lumercUe. 


^2iG  MAR— MAR 

Alarniof.  s.  ni.  prunelle  (de  l'œil).  On  lui  a  donné  ce  nom,  parce 
que,  quand  on  l'examine  de  près,  elle  sert  de  miroir  pour  réfléchir  notre 
propre  image,  mais  réduite  aux  plus  petites  proportions  qu'on  a  compa- 
rées à  celles  d'un  marmot. 

Alariuolte.  s.  f.  papillon  qui  ne  peut  voler. 

Alarniouser.  v.  a.  et  n.  inquiéter,  murmurer.  Ça  U  marmoiise  à 
s'  lielle.  Cela  le  tourmente,  l'inquiète.  V.  mot  fr.  dont  la  racine  est  pro- 
bablement le  V.  fr.  mar,  mal,  à  tort  :  et  dist  el  rei  :  à  mar  crerez  Mar- 
silie  ;  bret.  mar,  difficulté. 

marnioiiffe.  s.  f.  souflet,  momifie. 

Marolien.  s.  m.  c'est  le  langage  d'une  partie  assez  bornée  de 
Bruxelles  et  particulièrement  du  quarlier  dit  les  Maroles,  d'où  son  nom. 
Je  n'en  parle  que  pour  justifier  un  peu  ce  que  je  dis  à  l'art.  Rotichi, 
C'est,  je  crois,  la  voie  la  plus  ordinaire  par  laquelle  nous  viennent  les 
mots  néo-flamands.  Ce  langage,  qui  agace  les  oreilles  des  Fr.,  est  cepen- 
dant bien  plus  intelligible  pour  eux  que  le  wallon,  sinon  de  Mons,  au 
moins  des  environs.  U  contient  assez  bien  de  mots  fl.,  quelques  mots 
Avalions,  souvent  avec  la  construction  german.;  il  contient  aussi  un  petit 
nombre  de  mois  qui  ne  sont  ni  fl.  ni  wallons,  comme  scramouye,  escar- 
bille, caliche,  jus  de  réglisse,  scouflin,  copeaux,  etc. 

On  a  traduit  en  marolieu  la  fjible  de  La  Fontaine  :  le  renard  et  le  cor- 
beau dont  voici  les  premiers  vers.  On  jugera  que  cela  ne  ressemble 
guère  à  notre  patois  : 

Ketcbe  corbeau,  sur  un  stek  stampé. 
Tenait,  dans  s'  bec,  un  plate  kése  ; 
Kelche  renard,  par  le  flair  atiiré. 
Parla  celte  discours,  etc. 

On  peut  entendre  des  phrases  comme  celle-ci  :  Venaie  une  fois,  comme 
un  brave,  avec  moi  dinaiye,  entends-tu,  mon  ami,  s'il  vous  plait.  Cette 
singularité  vient  de  ce  qu'en  fl.  la  seconde  personne  du  sing.  est  la  même 
que  celle  du  pluriel.  J'ai  entendu  récemment,  près  des  Minimes,  celle 
phrase  curieuse  :  Ces  poêles  z'aime  bien,  là  dédans  tout  brûle  dehors. 
Le  premier  membre  se  comprend  bien,  il  n'y  a  d'extraordinaire  que  la 
construction  et  la  prononciation  fl.,  mais  pour  comprendre  le  second 


MAK— iMAS  247 

membre,  il  faut  savoir  que  la  prépos.  uit,  qui  traduil  :  dehors,  traduit 
aussi  :  tout  à  l'ail,  complètement, 

Jilarone.  s.  ï.  culotte.  Y  s'  lève,  liève,  iève  avant  que  l'  diale  n'eusse 
mis  se  maronne,  il  se  lève  très  tôt.  Kicr  à  s'  maronne,  avoir  peur.  Elle 
as'  — ,  être  paillard.  Prainde  ses  cauches pou  ses  nuironne,  prendre  des 
vessies  pour  des  lanternes.  Lat.  mas,  maris,  mâle.  Vêtement  du  mâle. 

illarou.  s.  m.  chat  mâle. 

Hlarouler.  v,  n.  crier  comme  les  chats  en  rut.  Figur.  rechercher 
les  femmes,  chercher  à  se  marier. 

Alarouner.  v.  a.  culotter. 

Alarquetente,  marquefaiiite.  s.  m.  vivandier,  s.  f.  vivandière. 
Les  Ail.  disent  Markeiender.  Les  dictionn.  ail.  attribuent  roriij;ine  du 
mot  à  l'italien  mercadanle,  qui,  lui-même,  provient  du  lat.  mercari. 

llarse.  s.  m.  mars. 

Sec  marse,  cru  avri,  caud  mai. 
Tout  vie  à  souhait. 


llartiaii.  s.  m.  marteau.  Lat.  martellus,  bret.  marzon,  gall.  mwr- 
thwyl,  maliens,  tudes. 

llartico.  s.  m.  t.  d'injure  adressé  aux  enfants.  En  liégeois  singe, 
V.  fl.  marteke,  diminutif  de  mart,  grec,  /^apruxo/sa,  fr.  marlin. 

Alasinque.  s.  f.  mésange.  V.  fr.  masenge,  bas-lat.  mesenga,  v.  11. 
meese. 

llasner.  v.  a.  maçonner. 

liasse,  masquërade.  s.  m.  masque. 

Alasson.  s.  m.  canard  mâle  ||  sournois  ||  avare  ||  riche.  Lat.  mascu- 
lus. 

Hlasfelle.  s.  f.  galette,  croquante  aromatisée  avec  de  la  canelle. 
V.  fl.  morstelle.  Cette  pâtisserie  nous  vient  du  pays  flam.  avec  son  nom. 

nialliieu  salé.  Mathusalem.  Vieux  comme  — . 

Mastoque.  s.  f.  pièce  de  deux  liards.  Malgré  sa  physionomie  ail., 
le  mot  nous  vient  du  nord  de  la  France.  La  —  est  là  formée  de  deux 
pièces  de  10  c.  unies  par  des  doux  ou  agralfcs  pour  jouer  au  bouchon. 
Elle  a  cours  pour  20  c. 


248  MAS— MAT 

Alastoiiclic.  s.  f.  capucine  (fleur),  cresson  indien  ;  il.  masturzo,  csp. 
masluerzo,  lai.  naslurliuni,  cresson. 

matière,  s.  f.  ce  mot  est  à  la  vérité  fr,  pour  désigner  le  pus,  mais 
on  ne  l'employé  guère  seul.  On  dit  —  purulente.  V.  fl.  materie,  qui  vient 
probablement  du  fr.  ou  de  notre  wallon. 

Matin,  niantin,  îiic.  s.  et  adj.  coquin.  En  fr.  espèce  de  chien  et 
injure  pop. 

llattainje.  mol-à-mot,  m'allends-je  ;  je  suppose,  j'espère  :  Y  n'  (Va 
pu,  niallainje.  J'espère  qu'il  n'y  en  a  plus  (Borinage).  V.  mclle.  Ce 
mallainjc  revient  aussi  souvent  dans  le  discours  que  le  yarê  (parait)  des 
liégeois  et  le  savé  des  monlois. 

niatc.  adj.  moite,  humide.  Mat  en  fr.  signifie  qui  n'est  pas  poli.  Lor- 
rain, madi,  bas-lat.  matins;  gall.  mwyd,  huraectatio,  insuccatio,  madefac? 
tio.  Diez  ne  veul  pas  que  moite  vienne  de  madidus  ;  il  le  tire  de  humeclus. 

llatonuer.  v.  n.  se  couvrir  de  malons. 

Hlatonnié.  s.  m.  viorne,  boule-de-neige,  viburuum. 

Matons,  s.  m.  p.  moisissure  en  forme  de  grumeaux  sur  certaines 
liqueurs  et  particulièrement  la  bière.  En  fr.  maton  signifie  caillé,  réduit 
en  grumeaux.  Avec  ce  caill^  on  faisait  dans  les  villages  une  préparation 
culinaire  grossière  : 

//  y  avoi  enne  trouyc,  ain  revenant  d'  Hyon; 
Elle  est  d'allée  loger  tout  droi  au  noir  moulon. 

Deridaine  (ter)  kola  deridon. 
Elle  demande  à  l'holesse  s'  ielle  avoil  dés  malons. 

Deridaine,  etc. 
L'holesse  y  ein  d'à  fait  faire  foui  plein  ein  grand  caudron. 

Deridaine, 
Lés  malons  slion  si  bons,  que  T  Irouyc  avale  eV caudron. 

Deridaine, 
On  a  berdakié  l  Irouye,  on  Va  mi  ain  prison. 

Deridaine, 
El  lindémain  à  douze  heures,  on  Va  mi  ain  gucrsillon. 

Deridaine, 
L  jour  d'après  à  bonne  heure,  elle  a  eu  ramon. 

Deridaine, 


MAT— M  AU  ^2i!) 

Et  apré  ça  loul  d'  stiile  un  l'a  banni  dé  Mon. 

Deridaine, 
On  Va  banni  dé  Mon,  pa  V  porte  dé  Berlainmont. 

Deridaine. 

Celle  vieille  chanson  élail  satyrique,  mais  on  n'en  coiniait  plus  l'objol, 
que  forl  vaguement. 

Alatras.  s.  m.  malelas.  Flam.  nialras,  ail.  moderne,  Malraze, 
V.  ail.  maleras,  v.  fr.  maleras,  arabe,  almalrah,  cymrique,  màlh  (plat), 
matluach  (action  d'applatir),  porl.  almadraque,  prov.  almadrac. 

IVIatiiriaH.  v.  macuriau. 

niau  aisilc.  adj.  mal  aisé,  difficile  (Bor.).  V.  malaughi. 

llau  {avoi  dés),  avoir  des  dartres,  des  ulcères. 

llaa  {avoi  du),  avoir  de  la  fatigue. 

llan  (avoi).  souffrir. 

llau  ain  vie,  mal  en  vie.  adv.  à  contre  cœur,  malgré  soi,  avec 
dégoût.  On  n'  baye  erié  si  mau  ain  vie  que  lé  yard  dés  conlribulions.  Il 
n'est  rien  qu'on  paye  avec  plus  de  répugnance  que  les  contributions. 
Envy  (invilus)  est  employé  par  Montaigne.  A  Liège  eviss. 

IBaii,  mal  (Je  n  peux),  je  n'ai  garde.  /  n'  peut  —,  Il  n'y  a  pas  de 
danger. 

llau  cl'  vénure.  s.  m.  mal  spontané,  mal  sans  cause  extérieure 
connue,  provenant  d'une  mauvaise  constitution. 

llaugrc.  prép.  malgré  ||  —  s.  m.  on  dit  aussi  mal  gré,  mauvais  gré. 
Dans  certaines  parties  de  la  province,  surtout  vers  Tournay,  les  loca- 
taires se  considèrent  comme  propriétaires,  moyennant  redevance  inva- 
riable. Si  le  propriétaire  veut  changer  de  fermier  ou  augmenter  le  fer- 
mage sans  l'assentiment  du  fermier,  il  y  a  mauvais  gré  :  de  là  toutes 
sortes  de  crimes.  La  rigueur  des  tribunaux  a  fort  amoindri  le  mau- 
gré. 

llauucc.  s.  f.  quantité  de  grain  que  les  villageois  portent  à  moudre 
en  une  fois.  Fr.  mounée,  mouture. 

llaunié,  maunic,  nioiinie.  s.  m.  meunier. 

llauriane,  moriauc.  s.  m.  nègre.  V.  fr,  morien,  v.  fl.  mooriaen, 
lai.  mauritanus. 

llauvais,  monvai.  adj.  —  doigt,  panaris  ||  mal  au  doigt.  Germa- 


250  MON-MliL 

nisme.  Les  AU.  disent  :einenbôsenFinger,cine  bôse  Hand  liabeii,  avoir 
un  mauvais  doigt,  une  mauvaise  main, pour  exprimer,  avoir  mal  au  doigt, 
à  la  main. 

Par  exception  à  la  syntaxe  ordinaire  des  adjectifs,  on  dit  :  ain  kic  — , 
mais  alors  cela  signifie  un  chien  enragé.  Ain  —  kic,  est  un  chien  im- 
propre à  la  chasse,  etc.  Ain  monvai  einfant,  dés  monvai  z'einfanls. 

IMonvai  conte  dé.  fôché  contre.  C'est  encore  un  germanisme. 
Bôse  werden,  se  fâcher. 

llaiivi.  il  ne  se  dit  que  dans  cette  phrase  :  Paysan  mauci,  quate  et 
qiiate  pou  n'ain  louis,  paysan  grossier.  En  fr.  petite  grive  rousse,  en  lié- 
geois, merle.  Notre  —  est-il  maie  visus  ou  l'oiseau  mauvis,  bret.  mihvid, 
milvid,  mauvis  et  mouette,  v.  ail.  niuwo,  mouette? 

llauvaiseté,  monvaistc.  s.  f.  méchanceté,  colère,  rancune  ;  en 
parlant  des  maladies,  malignité  ;  en  parlant  des  évacuations,  pus,  sanie, 
saburre.  Il  a  wuidié  toutes  sortes  dé  —  d'emm  gambe.  Il  m'est  sorti  une 
quantité  de  pus  de  la  jambe.  Es  doigt  tourne  ain  — .  Le  mal  de  son 
doigt  s'aggrave.  V,  fr.  mauvaisetié,  mauvaistié. 

Ifaxi.  s.  m.  et.adj.  débauché,  dissolu,  amateur  de  cotillon  ||  abrév. 
de  Maximilien.  Il  y  aura  eu  sans  doute  quelque  Maximilien  qui  aura 
servi  de  t.  de  comparaison. 

Alaxigrogne.  s.  f.  mauvais  coup  :  Attraper  — ,  se  blesser. 
M.  Grandgagnage  écrit  makesugrogne  et  explique  le  mot  par  coup  de 
macque  sur  grogne  (groin). 

Slayeur  {de  fagot),  gros  bâton  de  fagot  (major). 

Alazette.  s.  f.  personne  jeune,  sans  expérience,  marmot.  En  fr. 
joueur  peu  habile. 

Aflcbsit.  s.  m.  v, 

llecouye.  s.  m.  coyon.  Comme  mebsit=^mecouye,  on  doit  donner 
à  bsil  la  valeur  de  c 

Aledon.  s.  m.  medonne.  s.  f.  action  de 

niedonner.  v,  n.  donner  mal  les  cartes. 

iliée.  s.  f.  mère. 

Alek  (d'morer).  rester  stupéfait,  muet.  Mek  et  nek  s'employenl  en 
langue  d'oc  :  A  restât  nec,  il  n'a  su  que  répondre. 

llelée.  s.  f.  limite  (Louvegnie).  U  y  a  probablement  interversion  de 
consonnes  :  leméc  alors  dériverait  du  lat.  limes. 


I 


I 


MÉN-MER  251 

illénagc.  s.  f.  Iragmcnl  de  porcelaine  brisée  servant  de  jonel  aux 
enfants  (Borinage)  ||  mobilier,  mais  plus  particulièrement  vaisselle. 
V.  fr.  mesnage  (ensemble  des  meubles),  bas-lat.  managium. 

Alencaudée.  s.  f.  mesure  agraire  en  usage  dans  certains  cantons  de 
la  province.  C'est  le  cinquième  d'un  bonnier.  La  mcncaudéc  contient, 
selon  les  localités,  de  80  à  90  verges,  qui  ont  depuis  18  1/2  pieds  jus- 
qu'à 22  pieds. 

Alendck.  s.  m.  personnage  important.  C'était  la  qualification  qu'on 
donnait  autrefois,  dans  les  villes  flamandes,  aux  doyens  des  métiers.  On 
la  donnait  aussi  par  extension  aux  ouvriers  qui  avaient  obtenu  la  maî- 
trise. On  ne  se  sert  plus  aujourd'bui  du  mot  qu'en  plaisantant.  Myn, 
mon  +  dekcn,  doyen. 

Mener,  nienair.  s.  m.  monsieur.  Ail.  mein  Ilerr,  n.  myn  liecr. 

AlenoUe.  s.  f.  petite  main  (enfantin). 

llentirie.  s,  f.  mensonge. 

niequenne,  niesquenne.  s.  f.  servante  ||  fille  ||  dans  quelques 
villages,  appellation  d'amitié  adressée  aux  petites  tilles. 

Ce  mot  a  soulevé  de  longues  discussions  dans  la  revue  du  Nord.  On 
y  voit  que  Ménage  le  fait  découler  de  l'arabe,  du  syriaque  ou  du  cbaldéen, 
elmeschin,  miskin,  meskine,  meskin,  tous  de  même  signification,  qui  ont 
formé  filalien  mescbino,  chélif,  lequel  a  formé  à  son  tour  les  vieux  mots 
mescbin,  meschine,  garçon,  fille  ou  servante  et  l'adj.  mesquin  (on  aurait 
pu  ajouter  l'ancien  mot  mequine).  M.  Aimé  Leroy,  dans  un  ouvrage 
inédit  sur  les  femmes,  fait  dériver  ce  mot  de  Mequignies,  village  près 
de  Bavay,  très  fertile  en  bonnes  servantes.  D'autres  le  font  provenir  de 
mesquinus,  mot  de  basse  latinité,  qui,  lui-même,  descendrait  de  l'hé- 
breu mechinach,  garçon,  serviteur.  Après  bien  des  débats  le  journal 
ciié  lui  attribue  une  origine  allemande  :  Madchen,  fille  ou  servante,  à 
moins  qu'on  ne  préfère,  dit-il,  un  des  analogues  en  flam.,  boU.  etc. 
Cependant  M.  Grandgagnage,  que  ses  grandes  connaissances  dans  les 
langues germ.,  portent  généralement  à  donner  la  préférence  aux  origines 
ail.,  émet  l'opinion  que  le  fr.,  l'ilal.,  l'espagn.,  viennent  de  l'arabe  mas- 
kino,  pauvre,  misérable.  Le  mot  aurait  été  iulroduil  en  Europe  par 
l'Espagne. 

llcrdaillon.  s.  m.  jeune  blanc  bec.  t.  injurieux. 

HBerelle.  s.  f.  borne;  c(!mol,  (pie  je  n'ai  jamais  enlendii,  est  donné 


25^2  MËR— MES 

par  M.  Grniulgagiiago,  connue  apparlonanl  au  Ilainaul.  Il  le  présente 
comme  un  dimin.  du  v.  (1.  niecr,  meere,  terminus,  meta,  limes,  V.  fr. 
mereau. 

llérottc.  s.  f.  clialie  ||  l.  d'amitié  adressé  aux  petites  fdles.  Dim.  de 
mère. 

llesplic.  s.  m.  néflier.  Lat.  mespilus. 

Alesqiian.  adj.  petit.  (Eugies  et  lieux  voisins.) 

Alesqiiciine  à  vake.  servante  grossière  de  ferme.  Voici  les  plaintes 
et  lamentations  d'une  jeune  jncsgMf  une  de  l'espèce  : 

Que  pilic  iVcllc  ennc  fiyellc  (fillette), 

Siirlou  ain  stan  granlc  assez, 

Faut  toudis  coukic  seulclle  ; 

Oh  !  que  d'  vourou  elle  mariée  ! 

Me  (mais)  faut  toudis  halte  cl  hurre,  sans  djamain  se  marier. 

Al  maison  dé  no  visaine 

Dj'ai  vu  ain  bia  garchoncl; 

Y  U  fsou  passer  s'  migraine 

A  r  loukié,  à  l'crloukié, 

El  mi  loudis  balle  et  hurre,  sans  djamain  elle  ravisée. 

Quant  elle  s'ain  va  traire  se  vake. 

Il  est  loudis  là  tout  dlez. 

Avec  el  pan  d'es  casake. 

Pou  li  lorkicr  V  morve  dé  s'  nez, 

El  mi et  gnié  n'  gein  pou  ni  cl  torkié. 

On  dit  qu'  leu  bancs  S07it  tout  prelle 
El  qui  s'ain  vont  se  marier. 
Oh!  quée  bin  heureuse  Tounellc ! 
Pour  7ni  dju  dois  là  d'morer, 
El  puis  loudis 

y  reimplironl  hie  leu  panse 
Dé  poréc,  dé  cras  slo[Jé, 


NJES— MEU  2o5 

El  (oui  au  milan  ilel  danse 
Y  (Hronl  Icrlous  sau'.rr, 
El  mi  loudis 

llcsqiii.  s.  ni.  lucganle  (Cliarleroi).  A  Liège  :  mehain,  iléraiit, 
manque.  V.  fr.  meschier,  nieschef,  accident. 

llessicr,  m'sîé.  s.  ni.  ancien  garde-chaiiipètre.  /  7i  ai  gniépu  faim, 
quel  kévau  du  m'sié.  Je  n'ai  nnllenient  faim.  En  fr.  paysan  qui  garde  les 
vignes,  les  iruils  murs,  lîas-lat.  messarius,  gardeur  de  moissons 
(messis). 

jllesliei*.  s.  m.  métier.  V.  fr. 

lletié-niailte.  s.  m.  jeu  d'enfant  qui  consiste  à  faire,  par  des  gestes, 
le  simulacre  d'un  métier  qui  doit  être  deviné. 

Jlclte.  V.  a.  mettre,  v.  n.  supposer.  Mêlions  qu'y  vêra,  supposons 
qu'il  viendra.  Les  liégeois  lui  donnent  aussi  la  signification  de  supposer 
et  en  ont  fait  l'adverbe  métans.  Vos  irez,  métanz.  Vous  irez,  je  suppose. 
11  s'en  suit  que  de  là  pourrait  bien  provenir  le  borain  mallainjc.  V.  ce 
mot  auquel  j'avais  attribué  une  autre  origine. 

mette  de  coté.  v.  n.  amasser,  thésauriser,  v.  a.  serrer,  mettre  en 
place. 

Mette  (lu  caii.  v.  n.  thésauriser.  Que  f  messe,  mélisse. 

llctii,  ue.  adj.  honteux,  stupéfait.  V.  mek.  Davies  traduit  le  gallois 
methu  par:  perire,  deficere,  errare,  labi.  Lat.  metus,  crainte,  v.fr.  mes- 
lis  (Montaigne). 

nieiinicr.  s.  m.  hanneton  dont  les  ailes  sont  blanchâtres. 

Aleupli.  V.  n.  prendre  de  l'embonpoint,  engraisser,  grandir  (Thulin). 
Mûpli,  m,onpli,  en  liégeois  signifie  la  même  chose,  mais  ne  se  dit  que 
des  animaux.  En  V.  f.  monteplier,  niouteplier,  croître;  mulliplier?  GaU. 
niwyhau,  arm.  nuiia,  augere,  niajorari. 

Meur,  uieurte.  adj.  mûr.  V.  fr.  nieur,  e. 

Heure,  nuire,  s.  f.  fruit  de  la  ronce.  V.  fr.  meure,  v.  ail.  nudbcri, 
ail.  moderne,  Maulbeer,  (béer  signifie  baie),  v.  11.  et  holl.  moerbesie  et 
moerbeer,  liég.mertie,  lat.  morum  et  morus,  qui  s'applique  particulière- 
ment à  l'arbre,  lequel  était  inconnu  dans  nos  contrées  avant  les  Romains. 

illeurié,  luurier.  s.  m.  ronce,  rubus  fruticosus. 

nfleurizon.  s.  f.  maturité. 

82 


254  MEY-MIG 

Alcyaii.  s.  m.  orge  que  l'on  coupe  verle  pour  la  nourriture  des  che- 
vaux. Ali.  Mai,  jeune  pousse,  jet.  La  désinence  au  est  diminuiive. 

Meyeur,  luieur.  adj.  et  adv.de  comp.  meilleur,  mieux.  Mietir  ein 
once  de  bonheur  qu'enne  live  de  sieince. 

Slczié.  V.  n.  tourner  mal,  empirer.  Se  dit  dans  le  Borinage,  des 
plaies,  blessures,  Maisiau,  meziau  ou  mescl,  signifient  ladre  en  v.  fr.  A 
Mons,  halle  au  pain,  à  la  viande. 

illézîère.  s.  f.  v.  maisière. 

Mî.  pr.  moi.  V.  fr. 

Illiainniinui.  s.  m.  sorte  d'onomatopée  imitant  le  bruit  de  la  mas- 
tication. Du  — ,  des  aliments.  Fai  — ,  manger.  Y.  cependant  mier. 

nichant,  le.  adj.  s'éloigne  souvent  de  la  signification  fr.:  Élce  ini- 
chanl  conle  dé  mi?  ètes-vous  fôché  contre  moi  ?  Là  dcl  soupe  qui  n'csl 
nie  michanlc.  Voilà  de  la  soupe  agréable  au  goût. 

JUicrain.  s.  m.  enfant  délicat,  malingre  (Jemniapes). 

Mie.  V.  nie. 

lliel.  ne  se  dit  que  dans  cette  phrase  :  El  jeu  tourne  à  miel,  cange 
(lin  miel.  Le  jeu  devient  une  querelle,  une  bataille. 

Aller,  niigncr,  iiiegner,  magner,  niougner.  v.  a.  manger. 
/  vaut  mieur  quon  V  lîise  que  V  leu  ne  V  minse.  Si  t'a  mié  V  diape,  miu 
ses  cornes.  V.  fr.  mignier,  arm.  meiis,  mets,  vha  muos,  repas,  ajiment. 
Diez  lire  l'esp.  mueso,  morceau,  non  comme  le  veut  Wachter,  du  vha, 
mais  du  lat.  morsus,  comme  l'ail.  Bisschen,  même  sign.  de  l'ail,  beissen, 
mordre. 

liîer,  mierre.  adv.  tout  à  fait,  complètement.  Mier  nu,  mier  seu, 
tout  nu,  tout  seul.  V.  fr.;  lat.  merus.  M.  Grandgagnage  cherche  à  rat- 
tacher mier  à  l'ail,  qui,  dans  tous  ses  dialectes,  joint  au  mot,  seul  (allein), 
niulter  ou  autres  mois  semblables  signifiant  tous,  mère.  Je  crois  cela  bien 
forcé. 

Alieu.  s.  m.  mangeur.  —  rf'  ca,  mangeur  de  chat.  —  d' bon  Dieu,  bigot. 

Aligneau,  megneaii.  s.  m.  cuvette  sans  manches,  terrine,  écuelle 
pour  le  laitage.  V.  fr.,  encore  usité  dans  quelques  provinces,  megue, 
petit  lait.  Pictet  fait  sur  le  mot  megue  une  dissertation  fort  savante,  il  le 
rattache  aux  divers  dialectes  celtiques  et  par  eux  au  sanscrit.  Cependant 
—  pourrait  bien  n'être  que  le  v.  fr.  mio;  namurois,mow,  liégeois,  ?no(5, 
muids,  mesure  pour  les  solides  et  les  liquides. 


MIG-MIT  255 

lligot.  s.  11).  magol,  pelil  trésor. 

Aligotcr.  V.  n.  thésauriser. 

Alilc.  Ce  mot  est  niasc.  poar  sii;;nifier  la  pariie  molle  du  pain,  la  mie. 
Bayem  du  — ,  II  est  feni.  pour  signifier  petite  parcelle.  /  n'  (ïavoil  pu 
enne  — .  Ce  mol,  au  fém.,  ne  se  dit  qu'avec  la  négative;  on  ne  dirait 
pas  :  bayez  m'ein  enne  — .  II  faut  alors  se  servir  du  diminulif  mî7<?«<?, 
miette.  — ,  soit  m.  soit  f.,  n'a  pas  de  plur.,  milelle  en  a  un.  M.  Scheler  a 
peine  à  accepter,  pour  étyni.  de  mie,  le  lat.  mica,  à  cause  que  mica  ne 
signifie  pas  la  partie  du  pain  entre  les  croûtes,  mais  petit  morceau,  et  il 
est  tenté  d'adopter  média.  Notre  mile  masc.  répond  à  :  milieu  (du  pain), 
mile  fém.  et  milelle  répondent  à  miette.  V.  miselin. 

Alilette.  s.  f.  miette,  parcelle.  On  renchérit  encore  sur  ce  diminutif 
en  disant  :  enne  pélile  — . 

Milieu,  uiiyeu.  s.  m.  t.  de  jeu  de  balle.  Joueur  placé  au  milieu  du 
jeu.  II  y  a  un  petit  —  en  avant  et  un  grand  —  en  arrière. 

lliniie.  s.  f.  Marie. 

Illincli.  s.  f.  et  m.  lieu  couvert  pour  l'adjudication  du  poisson.  — 
s.  m.  celui  qui  adjuge.  —  excl.  par  laquelle  on  s'assure  l'adjudication. 

illincker.  v.  n.  vendre  au  rabais  comme  on  le  fait  à  V  minck.  Flam. 
mincken,  amoindrir. 

Minette,  s.  f.  chatte.  En  fr.  baquet  pour  mettre  le  sable  à  briques. 
Il  petite  chatte.  A  Mons  e7ine  —  est  grande  ou  petite. 

Alinou.  s.  m.  chat  ||  s.  m.  p.  poils  |j  plumes  ||  duvet  ||  fourrures  \\ 
moisissure.  Deins  les  puns  d'  capron  il  a  dés  — .   Dans  les  fruits  de 
l'églantier  il  y  a  un  duvel.  — ne  s'employe  pour  moisissure  que  lorsqu'elle 
est  en  forme  de  duvet,  comme  sur  les  confitures.  Les  moisissures  de  la 
bière  s'appellent  matons. 

lliraine,  luirlainc.  s.  f.  aigreurs,  soda,  fer  chaud. 

Alirette.  s.  f.  pénis  d'un  petit  garçon.  A  Liège  misoille,  qui  signifie 
aussi  souriceau.  AU.  Maus,  souris. 

miselin.  s.  m.  parcelle,  miette.  Ça  kée  II'  à  — ,  cela  se  réduit  en 
petits  fragments. 

Ui<<seron.  s.  m.  moineau  (Quiévrain).  V.  mouchon. 

llli»^tanflute  (à  la),  loc.  adv.  de  travers,  sans  ordre. 

mite.  s.  f.  teigne,  insecte.  En  liégeois  et  en  ail.  motte;  en  fr.  petit 
insecte  non  aile  du  fromage,  v.h  a.  miza. 


i>:À\  MIT— MON 

illilliinii«i><o.  s.  m.  p.  ciiilcinas,  objection.  Faire  des  — . 

Illuclio,  niochowc.  s.  1".  maison  (Fleurus).  A  Liège  mohonnc,  la(. 
niansio,  demeure. 

Hlodc  que  non  {a)nm),  selon  mon  avis,  opinion,  cela  ne  doil  pas 
être.  Ait  modi.?  Qn'en  penses-tn? 

niokc.  s.  f.  pain  d'épiec  très-dur  eoupé  en  forme  de  macaron.  Les 
—  nous  viennent  surtout  de  Gand;  mais  le  mol  n'appartient  qu'au  pa- 
tois 11.;  on  ne  le  trouve  pas  dans  les  dictionnaires. 

niolc.  s.  f.  moule,  forme.  En  fr.  masse  de  chair  informe  produit  de 
l'accouchement.  ||  Jcllée  solide.  Gall.  niold,  forma,  typus. 

AlolèHC.  s.  f.  p.  plantes  marécageuses  en  général,  vase,  limon, 
boue  d'un  étang,  fange.  Fr.  morène,  plante  aquatique,  grenouillelle. 
/  s'a  nouyé  dcins  les  — ,  il  s'est  noyé,  embarrassé  dans  les  plantes  ma- 
récageuses. On  peut  croire  qu'il  y  a  eu  confusion,  car  c'est  le  potamogé- 
lon  qui  est  dangereux  pour  les  nageurs,  non  la  morène.  En  fr.  on  donne 
le  nom  de  molène  au  bouillon  blanc. 

Molcr.  V.  a.  mouler.  En  fr.  moler  signifie  prendre  le  vent  en 
poupe. 

llolle  baiudo.  s.  f.  mot  à  mot,  molle  bande,  pièce  de  fer  platle  pour 
réunir  deux  poutres. 

AIouio  ou  niouio  cocoche.  s.  m.  petit  mal  (enfantin). 

Alon  [ai),  à  la  maison;  répond  à  la  prép.  fr.  chez  (in  casa).  V.  esp. 
en  cas.  On  ne  dira  pas  :  bali  n  — ,  il  faut  un  complément  :  el  —  du  mé- 
decin a  brûlé.  On  dit  :  l  —  zande,  F  —  du  curé,  on  ne  pourrait  pas 
dire  el  —  curé,  pas  plus  (ju'en  fr.  on  ne  dirait  chez  curé.  Il  est  vrai  que 
cette  suppression  de  l'art,  avant  les  noms  propres,  a  été  généralisée.  On 
dit  :  r  fiye  Pipinc,  el  gucrnicr  Colas,  la  fille  de  Philippine,  le  grenier  de 
Nicolas;  mais  c'est  un  entraînement  d'analogie,  à  moins  que  ce  ne  soit 
une  provenance  coll., comme  en  fr., hôtel-Dieu  pour  hôlel  de  Dieu, quatre 
fils  Aimond.  V.  Diez,  préface  de  son  Worlerbuch. 

jllou.  capitale  du  llainaut.  Nous  ne  nous  occupons  de  ce  mot 
que  pour  faire  remarquer  que  telle  fui  son  orthographe  dans  le  moyen 
âge.  C'est  ainsi  que  Jacques  Lesaige  l'écrit  lorsqu'il  raconte  que  grande 
l'ut  sa  joie,  quand  il  vit  sur  les  murs  de  Ste-Sopliie,  à  Nicosie,  parmi 
les  noms  de  pèlerins,  celui  de  Jhan  Potier  de  Mon. 

.^loneiaii.  s.  m.  tas,  surtout  d'ordures  des  rues.  En  fr.  monceau 


MON— MOU  ^io7 

signifie  aussi  tas,  mais  snrtoiil  eu  parlant  de  richesses,  d'or,  d'argent, 
de  grains.  Joinville  employé  le  mot  monciau. 

niont.  s.  m.  tas,  foule,  masse,  amas  :  ein  monl  d'arsouillc.  V.  fr. 
troupe. 

illonteuse  de  modes,  s.  f.  M''"  de  modes. 

lluntre  de  Uieu  (au),  réellement,  vérilableniciil  :  On  n  sai  au 
montre  de  Dieu  gnic  ous  qui  va  quer  lé  ijar. 

llorbleiitlc  (al  grosse),  loc.  adv.  sans  façon,  tout  uniment. 

Aloi'dieiie,  mordieusse.  juron  borain.  Laid  — . 

Alori.  V.  n.  mourir.  Ej  muers,  moru. 

nioriannc.  s.  m.  nègre.  V.  mauriane. 

niornioleak,  nioleak,  luoleak,  inoleak.  cri  des  m'^^'  de  moules 
pour  annoncer  leur  marchandise.  Il  a  lieu  en  chantant  et  se  termine  en 
montant  à  la  quinte. 

lIornialTe,  iiiorgniaflTe.  s.  f.  grimace.  Fr.  mornifle,  souflet  ;  eflel 
pour  cause;  par  extension,  mauvaise  manière,  geste  inconvenant. 

Alorou.  s.  m.  mouron.  Esp.  vieux,  muruge,  v.  11.  muer,  nmyr. 

llorpoil,  inorpoye.  s.  m.  poil  follet.  Ce  mot  mor  semble  singu- 
lier ;  car  le  poil  follet  n'est  pas  plus  mort  qu'aucun  autre.  Il  s'explique 
par  le  dialecte  namurois  moinrpouyage  et  là  moinr  signifie  moindre  (à 
la  fois  positivement  et  comparativement)  on  y  dit  moinr  et  pus  moinr. 

llor tasse,  adj.  terne. 

Alort-terrain.  s.  m.  t.  de  charb.  terrain  perméable. 

Morzive.  adj.  ivre-mort. 

lloaeharenne.  s.  f.  perce-oreille  (Bor.);  la  musaraigne  en  fr.  est 
une  espèce  de  souris. 

Mouchefte.  s.  f.  petite  mouche,  moucheron  ||  imbécile.  V.  balau. 

Jllouelion.  s.  m.  oiseau.  Cl  ain  —  pou  V  cal.  Il  est  perdu  sans 
ressource. 

Quéc  temps,  dit  V  paon. 

y  r  faut,  ni  r  corbeau. 

No7i  fait  non  fait,  dit  l  papcgai. 

I  gèle  à  glace,  dit  T  begasse. 

Nos  mourrons,  tti  l  mouchon. 

Nos  mourrons  dain  nos  plumctlcs,  cllcU  l'  ahcttc. 


^258  MOL— MOI' 

Ardenne,  mochon,  Liège,  mohon,  v.  IV.  moisson,  inoison,  mousson, 
muskeron,  v.  holl.  mossclie,  v.  11.  mussche,  v.  ail.  muschc,  ilialecle 
d'Aix-la-Chapelle,  môsch.  Le  primitif  germ.  mez,  dit  Ghevallet,  a  dû 
s'introduire  dans  le  bas-lat.  sous  la  forme  de  mesio  mesionis,  d'où 
moisson.  C'est  ainsi  quepink  et  flasche  donnèrent  pincio  pincionis,  fiasco 
llasconis.  De  moisson,  on  fil,  ajoute-t-il,  le  dimin.  moissonnel  et  par 
syncope  moisnel,  moinel,  moineau. 

Aloudrce.  Je  n'ai  entendu  le  mot  que  dans  celte  phrase  :  pus  vieux 
qu'  Icskï'inins  del  — .  On  croit  que  —  signifie  meurtre. 

lIoufl*c.  s.  f.  p.  moufle.  FI.  mofiel,  manchon,  ail.  Mufl",  holl.  mol", 
bas-lat.  muflukc,  gants  fourrés. 

lIoufTcter,  lloiifter.  v.  n.  répliquer.  Usité  dans  le  midi  de  la 
France.  Est-ce  un  dimin.  de  mouver  (les  lèvres),  mouvëter?  Est-ce  du 
Ir.  mufle,  ail.  Muffel? 

AloufGasse.  adj.  mou,  flasque,  fade.  Enne  rainmoulasse,  ain  navîau 
mouffiasse.  V.  fr.  mofllet,  moulïlet,  dont  le  simple  se  trouve  dans  le  bas- 
limousin  moufle  (élastique,  meuble).  V.  ouf.  Ce  mot  s'est  peut-être 
composé  de  mou  et  de  flasque. 

Mouffln,  ue.  adj.  V.  mouffiasse,  dont  en  quelques  localités  il  est 
l'équivalent  ;  de  plus  enflé,  gonflé. 

illou§;ncr.  v.  a.  manger.  V.  fr.  moigner. 

Mouille,  nioiiyc.  Ni  /"....  ni  mouye ;  expression  basse  et  ordurièrc 
pour  dire  :  absolument  rien. 

lloiikieu,  luoiiskeycn,  ciise.  adj.  morveux. 

Aloukion,  ]lIou!»kéyon.  s.  m.  morve,  mucus  des  narines  expul- 
sé en  une  fois,  crachat.  Lat.  mucus,  fr.  moucher. 

nioukron.  s.  m.  moucheron,  cousin.  Lat.  musca,  ail.  Mùcke,  fl. 
muk. 

Moule,  s.  f.  morve,  crachat  épais  ||  s.  m.  cœur  d'un  arbre  ||  moelle. 
Lat.  medulla. 

Moulette.  s,  f.  poulie  ||  articulation  ||  jointure  de  membre.  En  fr. 
partie  d'un  clou  de  ciseau,  petit  coquillage.  J'ai  mau  dain  lou  vies  mou- 
lellcs.  Je  suis  brisé  dans  tous  les  membres.  D'où  peut-être  moulu  dans 
la  signification  de  harassé.  Molette  en  fr.  est  une  grande  poulie  servant 
dans  les  mines.  V.  fr.  demoiller,  déboîter. 

lloulin.  s.  m.  rouet. 


MOU— MOU  -259 

Alonlinci*.  v.  n.  travailler  au  bourriquei  d'une  houillicre.  En  fr. 
préparer  de  la  sole  au  moulin. 

Aloiilinoir.  s.  f.  fille  qui  mouline.  Remarquez  que  dans  le  Borinage 
les  adj.  français  en  eur,  wallons  en  eu,  forment  leur  féminin  en  oire, 
comme  à  Valenciennes.  (V.  le  dict.  Ilouchi  par  Hecart), 

Aloulon.  s.  m.  ver,  larve  d'insecte.  Gall.  molt,  ver,  gotli.  malo, 
teigne,  insecte  qui  attaque  les  laines,  en  montois  mile,  fl.  moim,  ver- 
moulure, niolmen,  vermolmen,  se  vermoudre,  lat.  vermiculus,  de  ver- 
mis;  du  dimin.  lat.,  aurions-nous  fait  verwiou/on,  comme  on  dit  vermoulu, 
puis  abandonné  la  première  syllabe?  Nous  disons  moulu  dés  vicrs  ou 
simplement  moulu.  Moulon  n'est  pas  syn.  de  vier  (V.  ce  mot).  Le  mot 
— .  employé  seul,  s'applique  particulièrement  à  la  larve  de  la  mouche  à 
viande,  la  grosse  mouche  bleue.  On  dislingue  le  blanc  — ,Ia  larve  du 
hanneton  ;  et  —  à  queue,  la  larve  de  la  mouche  scatophage,  celle  des 
lieux  d'aisance  ;  el  moulon  rf'  bo,  la  larve  du  capricorne  à  odeur  de  rose. 
I)  Faire,  fai  moulon  ou  des  moulons,  bouder.  Faire  —  à  s'pance,  bouder 
contre  son  ventre.  AU.  schmollen,  bouder. 

HIoulu,  ue.  adj.  fortement  gravé  de  la  petite  vérole  ||  vermoulu, 
percé  de  vers  |j  fatigué,  harassé.  En  fr.  pulvérisé,  froissé  de  coups.  V. 
moulelle. 

Alouniau,  nioniau.  terme  injurieux  qui  s'accompagne  ordinaire- 
ment de  l'épithète  laid  ou  vilain.  C'est  probablement  une  corruption  du 
mot  fr.  moineau. 

Aloiiquet.  s.  m.  émouchet,  mouchet,  oiseau  de  proie.  Fig.  homme 
rapace,  adroit  ||  joueur  heureux.  V.  fr.  mousket,  v.  fl.  niosckel,  mus- 
cket,  bret.  mouchel,  irl.,  écoss.  musg,  musgaid. 

Alourdreu.  s.  m.  meurtrier,  assassin,  personne  cruelle.  Les  ail. 
disent  Môrder,  les  fl.  moordenaer.  V.  fr.  mordreur,  meurtrier,  mordrir, 
assassiner. 

IBourniaclier.  v.  a.  et  n.  ruminer  ||  mâcher  beaucoup.  No  vake  va 
mau,  elle  ne  mourmachepus.  Notre  vache  est  en  danger,  elle  ne  rumine 
plus. 

Mourinayer.  V.  a. tramer,  préparer  ||  gronder  (Bor.).Maille=trame. 

lloiiriuoiilette.  s.  f.  moule. 

llou.scayc.  s.  f.  matière  fécale  ;  t.  d'arg.  mouscaille  dérivé  du  v.  fr. 
mousse,  même  sign.  :  mousse  pour  le  guet  et  bran  pour  les  sergens 


:>i;o  MOU— MOU 

(adages  de  Solon  de  Voge).  Il  est  :'i  remarquer  qne  les  l.  empruntés  à 
l'argot  ne  sont  guèi-e  employés  qn'en  ville.  Si  le  mol  argotique  est  répandu 
dans  nos  villages,  on  doit  soupçonner  qu'il  a  été  plutôt  prêté  qu'em- 
prunté. Cette  remarque  est  applicable,  quoiqu'à  un  moindre  degré,  aux 
mots  du  bas-langage. 

illonskcyon.  diirèrc  de  moukion  en  ce  qu'il  ne  s'applique  qu'à  la 
morve  du  nez  et  non  au  mucus  de  la  poitrine. 

ïlloii!»kier.  v.  a.  moucher.  Mouskiez  vo  nez,  ou  i  s'  mouskra.  Mariez 
vo  fine,  ou  clic  se  mariera. 

ilIouKquclter  ou  monskeller.  v.  a.  cribler  |i  percer  de  coups  || 
déchiqueter.  Mousquelcr  n'  yorle  à  cô  rf'  cayau,  jeter  une  nuée  de  cail- 
loux contre  une  porte  ;  du  mot  mousquet  ou  de  skcllcr-mou. 

Aloussé.  s.  m.  mousse.  Lat.  muscus,  bas-lat.  mussula. 

lloiilarde,  luostandc  dé  capuchin.  s.  f.  moutarde  de  capucin, 
cochlearia  armoracia.  FI.  moslaerd,  ail.  Môsirich,  racine,  most,  moût, 
lat.  mustum  (vinum),  isl.  mustard,  it.,  port,  mostarda. 

lIou<ai*delIe.  s.  f.  plante  avec  la  graine  de  laquelle  on  fait  la  mou- 
tarde. Sinapis  nigra. 

Hloutje,  niotje.  I.  de  charb.  bouille  impure,  pesante.  On  donne 
quelquefois  ce  nom  à  la  terre  qui  se  mêle  à  la  houille  en  l'exploitant. 

MoiiUe.  s.  f.  montre,  échantillon  ||  menuiserie  qui  sépare  l'acheteur 
du  vendeur  dans  une  boutique.  Bayer  dcl  mouUe,  donner  un  échantillon. 
Ess  fîyc-là  baye  del  moullc,  cette  fdie  étale  ses  charmes. 

lloustror,  montrer,  v,  a.  montrer.  On  na  fok  mouslré  le  feu  à 
s'  char  là,  cette  viande  n'est  pas  cuite.  Mot  à  mot,  on  n'a  fait  que  lui 
montrer  le  feu. 

Alonyaii,  lunyau.  s.  m.  adj.  faisant  au  fém.  muyelle,  muet,  muette. 
V.  fr.  muea,  muelle,  liégeois  mouwai,  mouwal.  Dans  les  dialogues  de 
saint  Grégoire  (xf»  siècle),  on  trouve  mueaz,  féminin  muelle.  Gall.  mud, 
mutus,  elinguis. 

llonyon,  inouilloii  (/)'  cabiau).  s.  m.  tranche  de  cabiilaut;  peut- 
être  de  moignon. 

llouze.  s.  f.  moue,  mine.  On  ne  dit  pas  comme  en  fr.:  faire  la  moue, 
fair'  el  tnouze  ;  mais  bien  :  fair'  cnnc  inouzc.  Bas-bret.  mouza, 
bouder. 

.lloiizon.    s.    m.    museau,   visage  ||  fig.    grognon.    Bas -breton, 


MOY-JIUF  201 

nmsel,  pluriel  niuscllon,  dialccto  do  Vannes,  ninrzool,  plur.  niorzcollcu, 
l>as-lal.  niusiis. 

Hloyc  s.  r.  meule  (de  foin,  do  grain).  FI.  niuyl,  lal.  moles,  bas-lal. 
muUio,  V.  l'r.  moye.  las,  monceau,  amas.  M.  Schcler  rejelle  l'étymol. 
de  moles  el  adopte  celle  de  nielula,  dimin.  de  mêla  cône,  pyramide. 

Sloyeler.  v.  a.  ameuloner. 

Moyenne,  ce.  adj.  riche,  qui  jouil  d'une  fortune  aisée. 

Hloyeniier.  v.  n.  trouver  un  expédient,  faire  un  arrangement.  Y  n'a 
nu  moyé  d'  moycnncr  avé  li,  nul  moyen  de  s'arranger  avec  lui. 

nioyeus,  luoyé.  s.  m.  p.  aisance,  richesse. 

Moyctte.  s.  f.  dimin.  de  moye.  Ne  s'applique  pas  au  foin.  C'est  le 
muau  de  céréales.  Ermellc  ein  — . 

AHuai»,  se.  adj.  mauvais. 

lluau,  niiiyan.  s.  m.  réunion  d'une  certaine  quantité  de  miilquins 
(v.  ce  mot).  Y.  fr.  muyot,  tas,  monceau. 

lluelie  s.  f.  lieu  dans  lequel  on  cache  ||  trésor  caché.  V.  fr.  muce. 

lliielié  ou  miichot.  s.  m.  jeu  d'enfants  dans  lequel  on  cache  quel- 
qu'un ou  quelque  chose.  V.  cafama. 

illuchcr.  V.  a.  cacher.  Musser  esl  employé  par  Montaigne,  etc. 

lluchetainpo.  s.  m,  régal  clandestin,  ce  qui  en  est  l'objet.  Ce  mot 
est  composé  :  muche-\-tain-\-pot  (cache  ton  pot).  La  syllabe  lain 
annonce  qu'il  n'est  pas  né  chez  nous,  mais  dans  le  nord  de  la  France,  où 
l'on  dit  tain  pour  ton.  Nous  aurions  dit  :  muchc  ellpot. 

niiichetle.  s.  f.  cachette,  jeu  d'enfants.  Diminutif  de  miiche  et  mu- 
chot. 

Tous  ces  mois,  ainsi  que  le  v,  fr.  musser,  mucer  ont  beaucoup  occupé 
les  élym.  11  y  a  en  efiol  le  vha  mussil,  clandestin,  le  bret.  moucha, 
cacher  le  visage  (Rostrenen).  Ménage  lire  musser  de  mussare,  parler 
bas,  Barbazan  de  amicire,  voiler.  Diez  du  mha  sich  niuzen,  se  retirer 
dans  l'obscurité. 

niuehenagc,  niiehenage.  s.  f.  glanage. 

Hliichëncr.  s.  n.  glaner.  En  liégeois,  mehné. 

niiichon.  s.  f.  glane.  En  liégeois  mchon,  v.  liégeois  mcxhon,  v.  fr. 
messon,  bas-lat.  missonum,  lal.  messis,  moisson. 

niuée.  v.  moye. 

llufliaii.  Au  Borin.  luiisfian.  Dans  quelques  villages  niiistla.  s. 


iG^2  :\IUI— MUT 

lu.  t,  (lo  bouclier,  réjouissance,  jarret  des  hèles  de  boucherie.  A  liiége 
muslai,  réjouissance  el  lihia.  Selon  M.  Scheler  du  lai.  inusculus,  soris 
(le  ganibe  (gloss.  lai.  rom.  de  Lille). 

Aliiid.  s.  m.  mesure  de  capacilé  pour  les  grains,  il  conlicnl  six 
razicrcs,  la  razicre  deux  vasscaux  ou  vassiaux,  le  vasseau  deux  quar- 
tiers, quatre  pintes  ;  valeur  en  hectolitres  où  setiers  de  5,2032. 

Jlliilqiiin.  s.  m.  petit  mont  de  foin  ainsi  disposé,  jusqu'à  ce  qu'il  soil 
assez  sec  pour  être  forme  en  muyau.  Muyt  en  (lamand  signifie  meule'et 
on  sait  que,  d'après  le  génie  ail.,  les  diminutifs  se  formenl  par  la  termi- 
naison chen. 

niur  s.  m.  t.  de  ch,  espèce  de  roc  moins  dur  et  moins  cassant  que  le 
roc  proprement  dit.  y.  roc:  Y /t'amïam?ii  à  mur  ?u'«  roc,  il  ne  comprend 
pas  du  tout,  il  ne  veut  pas  comprendre.  ||  Plancher  d'une  mine  dont  le 
toit  se  nomme  roc.  Je  doute  fort  que  ce  mot  ait  un  rapport  d'origine  avec 
le  fr.  mur,  latin  murus,  car  il  n'y  a  pas  d'analogie  de  signification  ; 
comme  el  mur  se  délite  avec  la  plus  grande  facilité  à  l'air,  le  nom  pour- 
rait bien  venir  de  Tall.  mûrbe,  friable,  peu  cohérent. 

Muré,  uiiiret,  meure,  s.  f.  violier  jaune,  giroflée  de  muraille, 
cheiranihus  cheiri.  On  donne  ce  nom  à  cette  plante  parce  qu'elle  croit 
volontiers  sur  les  murailles. 

Muriau.  s.  m.  t.  de  charb.  mur  formant  les  parties  latérales  du 
cliquiage.  V.  ce  mol.  V.  fr.  muriaux,  mur. 

niuser.  v.  n.  faire  du  bruit  avec  la  bouche,  chanter  sans  desserrer 
les  dents,  huer  doucement,  comme  font  les  écoliers  en  classe.  Lat.  mus- 
sare,  mussitare.  En  fr.  muser  signifie  s'amuser  à  des  riens,  etc. 

illustaufluttc.  v.  mislanpulle. 

niutiau.  s.  m.  partie  du  cou  du  bœuf  peu  estimée,  que  Ton  vend  à 
bon  marché  ;  C'est  une  confusion  avec  mufliau. 

lluiiernc.  s.  f.  taupinéc,  taupinière,  petit  mont  de  terre  formé  par 
des  taupes.  FI.  mol,  taupe  -|-  lierne,  tertre. 

Illutierné.  (seinli  V  — .)  avoir  une  odeur  de  moisissure.  Est-ce 
([ue  ce  mot  se  rapporte  à  mulienie?  est-ce  que  la  terre  des  mulicrnes  a 
une  odeur?  ou  bien  se  rapporte-t-il  au  mot  suivant  (jui  à  la  même  si- 
gnification? 

Alutri.  moisi,  avoi  ain  gou  d'  mulri.  Celt.  bret.  moùellr,  rance, 
moisi,  moùcltra ,  moisir,  rancir,  fl.   muf  moisi,   miiflhcid ,  moisis- 


MYS— NAN  265 

sure.   V.   Ir.    niiicie,  imiclie.  Les  liégeois   discnl  moulii   pour   mor- 
lifier. 
Alyslére.  s.  m.  i,'adoue;  ail.  Misl,  ortliires,  fumier,  excréinenls. 


]sr 


Dans  nos  villages  iiiduslriels  et  beaucoup  de  villages  agricoles,  m 
l)rend  le  son  de  ^n  :  pun  fait  pungn,  pan  fait  pagne,  vin  fait  vaingnc. 
Chevallel  attribue  le  son  gn  en  fr.  à  l'influence  néo-celt.  A  Binche  les 
mots  en  an  se  changent  en  awe,  a\u  galant  (amant)  devient  à  peu  près 
galawe.  A  Fleurus  les  mots  en  on,  ain,  se  changent  en  owe,  aiwe,  bcnion 
devient  presque  beniowe,ceindrain  presque  ceindrcive;c'csl  un  vieux  reste 
des  sons  gaulois.  N  s'employe  euphoniquement  pour  éviter  l'hiatus  :  il  a 
passé  pa  nein  biau  trau;  ii  n'est  ici  que  facultatif  ;  il  est  d'obligation 
dans  vo  n  homme,  leu  n'einfant.  N  tombe  dans  les  mots  en  icn  :  rié, 
bié,  kié,  lie,  vie. 

Ha.  inlerj.  cj  d'arai,  na!  Eh  bien  !  je  veux  en  avoir. 

IVacticu,  euse.  adj.  qui  se  dégoule  focilement,  difficile  dans  le  choix 
de^  aliments.  V.  fr.  nachieu,  nachcus,  naclius,  répugné,  provenant  du  lat. 
nausea  ou  de  l'ail,  naschen,  être  friand,  goth.  hnasqvus  ,mou,  dé- 
licat, en  liégeois  neroi  et  nareu.  Pourrait.aussi  être  un  dérivé  de  nak, 
connue  nareu  vient  de  naris. 

Ifak.  s.  m.  odorat  :  il  a  du  — .  il  a  le  nez  fin;  fr.  renâcler.  V.  fr. 
nasque,  bourg,  naque  morve,  lat.  nasicus,  nasus. 

iVakicr,  I%'aker,IVakter.  v.  n.  fureter,  se  mêler  de  tout,  regarder  à 
tout,  faire  comme  les  chiens  qui  cherchent  la  piste,  v,  fournaskcr  et 
crnasquer. 

Manan  ou  nannan.  (faire)  faire  dodo,  dormir  (enfantin);  faire  la 
nanna  est  une  expression  florentine  qui  a  absolument  la  même  valeur. 
Nané  en  liégeois  signifie  dormir  ;  en  fr.  friandises,  sucreries  (aussi  en- 
fantin). 

Il'anbu,  use.  adj.  peureux  (Bor.). 

IVaiigc  de  kau.  {elle  ain)  être  en  nage  ;  ce  ne  doit  être  que  le  V.  IV. 
en  ague  (en  eau),  v.  aiwcu. 

Manger,  v.  n.  nager. 


'20  i  NAN-NÉE 

IVantc.  s.  r.  lanle;  v.  nonk.  Lat.  ainila, 

H'ar.  s.  m.  arc;  à  force  de  parler  de  l'arc  avec  un  proiioiu  poss. 
cmti'ar,  elle  nar,  on  a  fini  par  dire  el  nar.  Pareille  chose  a  lieu  pour 
plusieurs  mots  dans  toutes  les  langues. 

H'asic.  s.  m.  nez,  surtout  gros  nez;  lat.  nasus,  ail.  Nase. 

IVasot,  Mazol.  s.  m.  petit  nez  (enlantin). 

IValiirc.  s.  f.  manière  honnête  de  désigner  le  sperme;  il  y  en  a  beau- 
coup d'autres  qui  ne  le  sont  pas  du  tout  et  que  nous  ne  |)Ouvons  men- 
tionner :  y  picrd  loul  s'  — .  il  a  une  spernialorrhée. 

lVaii|çi.  adj.  fatigué.  V.  naw.  A  Mons  on  dit  scran. 

il'aupc.  noble.  Je  ne  donne  ce  mol  que  pour  faire  voir  sa  pronon- 
ciation si  éloignée  de  la  pron.  fr. 

H'avia.  s.  m.  noyau.  —  n'est  employé,  en  ce  sens,  que  dans  l'est  du 
Hainaul.  A  Liège  on  dit  naivai,  ce  qui  semble  n'être  guère  que  le  chan- 
gement habituel  du  fr.  au  on  e  ou  ai  (V.  iau),  lat.  nucleus  ;  cela  me  pa- 
raît plus  simple  que  d'invoquer  l'ail.  Aabe,  le  11.,  holl.  naai,  naef,  nave, 
moyeu. 

nîaviau,  navia.  s.  m.  navet.  V.  fr.  naveau,  naviaux. 

Haw,  nau.  Cet  adj.,  usité  seulement  dans  l'est  delà  province,  est 
fort  difficile  à  pronoucer;  il  signifie  paresseux,  accablé,  abattu,  privé 
d'énergie,  comme  on  l'est  par  ex.,  dans  la  chaleur  étoulfanie  et  la  ten- 
sion électrique  qui  précèdent  les  orages;  il  diffère  de  flau  en  ce  que 
l'état  de  celui-ci  est  plus  soutenu,  tandis  que  celui-là  est  essentielle- 
ment passager.  Naw  en  liégeois  signifie  mou,  lâche,  fainéant,  nâlii, 
nauhi,  fatiguer,  lasser,  gêner,  importuner,  M.  Graiidgagnage  fait  venir 
—  du  lat.  ignavus  ou  bien  de  la  négation,  -]-  du  mol  liégeois  âhe,  na- 
nmrois  auje,  aise.  11  rapporte  aussi  le  golh.  azi,  azets,  et  les  paral- 
lèles celt.:  gadhel.  alliais,  bret.  cas,  aise,  corn.,  aise,  bret.eas,  ez,aisé, 
corn.,  aizia,  faciliter.  Je  m'étonne  qu'il  n'ait  pas  pensé  au  fl.  nauw  ; 
cet  adj.  signifie  étroit,  mais  le  subst  nauw  veut  dire  gêne,  henauwen, 
oppresser,  accabler,  henaud,  accablé,  étouffant. 

1^'ée.  s.  f.  t.  de  cliarb.  ligne  de  joiiclion  des  combes  du  nord  et  du 
midi,  partie  la  plus  basse  d'une  couche  de  houille.  En  liégeois,  limite 
des  coupes  de  bois.  V.  layon.  11  s'en  suit  que  li  née  de  Liège  n'a  pas 
(le  rapport  de  signification  avec  cl  née  de  nos  charbonniers  ;  c'est  U  notcc, 
en  fr.  noue,  qui  en  a  un.  Que  je  fasse  bien  vite  romaïquer  que  les  diction- 


NÉF— NIE  205 

iiaires'liégeois  ne  présentent  pas  ce  mot  comme  terme  de  mineur,  mais 
comme  terme  usuel.  L'académie  définit  noue  :  endroit  où  se  rencontrent 
les  surfaces  inclinées  de  deux  combles.  Ce  mot  a  une  double  source  : 
du  V.  ail.  nua,  nuona,  du  breton  naoz,  canal,  nôcd,  noued,  gouttière. 

H'é  fut  que.  conj.  à  moins  que. 

IWé  natif,  pléonasme. 

Mépié.  s.  m.  néflier;  lat.  mespilus. 

H'eppe.  s.  m.  nèfle.  V.  fr.  mesple,  nesple. 

Héreu,  narcu.  adj.,  à  peu  près  synonyme  de  nacfieu, provient  peut- 
être  de  naris,  d'où  narinosus  ;  néreux  et  tiareux  appartiennent  au  V.  i'r. 
et  signifient  qui  vomit  facilement.  A  Liège  nareus,  ncroi,  ditficile  dans 
le  choix  des  aliments. 

Mépîe.  non  plus  ;  ne  se  dit  qu'au  village  :  ni  mi  — ,  ni  moi  non  plus. 

Hèrîé.  Rien;  c'est  surtout  un  mot  de  refus  (Borin.):  main  ein  morciau. 
Nerié,  donnez  m'en  un  morceau.  Vous  n'en  aurez  pas.  On  peut  justifier 
cette  apparence  de  pléonasme.  Dans  l'origine,  le  V.  fr.  ren  signifiait 
chose  et  était  feni.,  comme  le  lat.  rem  ;  il  n'emportait  jamais  avec  lui  la 
négation,  il  fallait  l'ajouter  quand  on  voulait  lui  donner  la  signification 
négative. 

Métier,  v.  a.  nettoyer.  V.  fr.  netteier,  lat.  nitidus,  gall.  nithiaw, 
laver,  sanscr.,  nig,  nettoyer. 

Hlafie,  gniaffc.  s.  m.  gamin,  polisson  ||  savetier. 

Miai.  s.  m.  nichet  :  œuf  ou  sinmlacre  d'œuf  placé  dans  un  nid  pour 
y  faire  pondre  les  poules. 

Hiambot.  s.  m.  déformé,  mal  bâti,  contrefait;  fr.  nabot.  V.  fr.  nim- 
bot,  fl.  nabootsen  contrefaire  :  na,  après  -|-  bootsen,  former.  V.  nord., 
nabbi,  bosse,  nœud.  V.  eilboUe. 

Iliau  gnau.  s.  m.  cri  d'enfant,  vagissement,  pli  nian  nian  nou- 
veau né. 

H'iberg.  —  Dain  lé  cabusellc,  formule  de  refus,  de  négation.  Voz 
are  — ,  vous  n'aurez  rien.  Niberg  appartient  à  l'argot  Ir.  En  argot  il. 
niba,  niberta. 

Miche,  s.  m.  vêtement  de  pauvre. 

Micodeui.  s.  m.  imbécile.  V.  magrite. 

Mie,  nie,  V.  gnié. 

Mîer.  s.  m.  nerf.  —  de  bue,  nerf  de  bœuf. 


260  NIE— NOÉ 

Hier,  iiouyté.  v.  a  et  n.  noyer.  V.  nouyer. 

HicuUe.  s.  f.  pain  à  cacheter.  En  liégeois  nulle;  v.  fr.  pâtisserie  lé- 
gère, espèce  d'oublié,  bas-lal.  nebula,  ncbuUa,  oublie. 

i\i^aiidiiiosse.  s.  m.  nigaud. 

Hiiieltc.  s.  f.  abrev.  de  Calherinette,  que  l'on  dit  plus  souvent  Iri- 
nelle;  fai  nanan  —  dormir  (enfantin).  Il  y  a  une  chanson  qui  commence 
par  Nanan  Ninelle,  les  amateurs  la  trouveront  dans  Ilecart.  Peut-être 
ici  Ninelle  vient-il  de  l'esp.  ninetta. 

IWinoche.  s.  m.  imbécile,  v.  inochein. 

Hiot,  gniot,  Ite.  adj.  petit;  par  pléonasme  on  dit  souvent  :  pli  gniol; 
nino,  en  espagnol,  signifie  enfant.  V.  fr.  mignot,  lat.  minulus. 

Hiqiiedonyc.  s.  m.  imbécile;  employé  en  bourgogne  ;  deNicodème. 

]lic|iiet,  s.  m.  somme  de  courte  durée.  En  fr.  double  tournois.  En 
ail.  nicken  signifie  cligner  l'œil,  sommeiller  élantassis.  V.  all.hnicchan, 
hnikjan,  v.  11.  knicken. 

niquclcr,  nikter.  v.  a.  couper  la  queue  d'un  cheval.  FI.  negge, 
bidet,  angl.  to  nick,  faire  des  entailles,  redresser,  etc. 

Hîlée.  s.  f.  couvée  ||  nichée. 

Hîîve.  s.  1.  "neige.  Quand  y  Icce  dcl  nive  su  V  toit,  y  fait  foid  dain 
V  maison,  quand  les  cheveux  blanchissent,  l'ardeur  de  l'homme  s'éteint. 
Lat.  nix,  nivis. 

Ho.  pronom,  notre.  V.  fr. 

Hîochci'e.  s.  f.  V.  noque. 

Hodaine,  nosdame.  s.  f.  nom  que  les  servantes  de  ferme  donnent 
à  leur  maîlresse.  On  s'en  sert  à  Mons  pour  désigner  une  femme  impé- 
rieuse ou  d'un  caractère  énergique,  c'  l'  enne  matlresse  nodame.  Quand 
on  veut  désigner  la  Vierge  on  dit  nolerdame.  Il  avoi  al  pourcession  tout 
plein  dé  belle  nolerdame.  11  est  remarquable  que  l'on  prononce  autre- 
ment en  français  Notre-Dame,  église  de  Paris,  dont  le  R  se  fait  fortement 
sentir  et  notre  dame,  notre  maîtresse,  dont  R  ne  doit  guère  se  prononcer, 
excepté  encore  dans  le  discours  soutenu. 

Hoce,  Houcc  s.  m.  Noël. 

A  St-Tliomas, 

Cuis,  bue  (fais  la  lessive),  lave  lés  draps  ; 

Qualle  /on  apri's  Noéc  C  ara. 


NOE— NOU  àG7 

Tée  joh  Noée,  lée  joZi  Van.  La  fêle  de  Noël  et  celle  du  nouvel  un 
arrivent  an  même  jour  de  la  semaine. 

A  Noce  i  pas  cVeia  solée, 
A  Fan  Vagambée  (Tein  sergent, 
A  lés  rois  on  s'  ein  apperçoil. 
Au  candlce  toute  allée. 

Se  dit  de  la  croissance  des  jours  après  le  solstice  d'hiver.  V.  fr.  noex, 
noue,  nouel,  noweil,  novel,  noué.  Lang.  nouvel;  de  ce  que  Noël  a  été 
longtemps  le  premier  jour  de  l'an  ;  mais  M.  Sclieler  rejette  cette 
interprétation  et  rapporte  Noël  à  natalis. 

IVœud  de  panse,  s.  m.  estomac  de  bœuf. 

IVoir  talon,  s.  m.  protestant. 

Holre  cspenne.  s.  f.  nerprun,  rhaninus  catharticus. 

I^'oîrvessou.  s.  m.  pâle  et  blême.  A  Liège  nwirvessou.  Hoir  signifie 
mort.  Pâle  comme  enne  vesse,  pâle  comme  la  moi't.     * 

IVolu,  noliii.  personne  (Pâturages).  Ça  n'  fait  d'  mau  à  — ,  cela  ni^ 
fait  tort  à  personne.  V.  fr.  nullui,  lat.  nullus. 

I^'oui.  s.  m.  prénom,  surnom,  nom  de  baptême.  Par  contre  on  appelle 
surnom  le  nom  de  famille.  Apclcr  quéquun  toute  sorte  dé  nom,  l'inju- 
rier. 

H'oiu  dés  os  [sacré  — ,  sacré  mille  — ).  juron  montois. 

Hon  fait,  nosa  fra.  non  certes.  V.  fr. 

rVonk,  Bionque.  s.  m.  oncle.  A  force  de  répéter  :  emn'  onk,  leu 
n'  onk,  on  a  fini  par  dire  :  cl  — .  On  dit  par  pléonasme,  cm  mon  onk, 
eonmie  on  dit  :  cmme,  ctte,  cssc  malanlc,  mamcrc,  ma  cousine,  etc. 

1%'oquc,  nocîiere,  noequîèrCr  s.  f.  gouttière.  Celto-breton,  naoz, 
canal,  Noed,  Noued,  gouttière,  v.  ail.  noili,  canal  et  nochs,  gouttière,  v. 
fr.  nocquière. 

rVoucr  («').  V.  r.  devenir  rachilique.  Noué  et  nouure  pour  racliitique, 
lachilisme  sont  français. 

IVougcllc,  neusette.  s.  f.  noisette.  V.  fr.  dans  les  deux  formes. 

IVougié,  neusic.  s.  m.  noisetier,  coudrier,  corylus  avellana. 

H'ouneii.  s.  ni.  ecclésiastique,  moine.  C'est  le  masc.  de  nouncltc. 

nioiinou.  s.  m.  chat  (enfantin). 


-20S  MJ-0 

Mil.  aucun,  nul.  S'(>mploio  volontiers  à  la  manière  gorm.,  quand  on 
IV.  on  (lit  pas  de  :  i  nu  nu  sce  à  V  soupe,  il  n'y  a  pas  de  sel  dans  la  soupe. 
/  na  nu  si  noir  pol  qui  n  trucvc  es  coui^erte.  Mol  à  mot,  pas  de  pot  si 
non"  qui  ne  trouve  son  couvercle.  Quelque  laide  que  soit  une  fdle,  elle 
trouve  toujours  un  mari.  Nu  devant  une  voyelle  prend  im  z  :  /  na  nuz 
homme  pou  vive  avé  U,  personne  ne  peut  vivre  avec  lui.  Peut-être  cela 
vicnl-il  de  ce  qui^  le  v.  fr.  écrivait  quehpiefois  nus  (nullus). 

Hué,  nwc,  fém.  nwaîfe.  adj.  neuf.  V.  fr.  noef,  nuef,  lat.  novus, 
bret.  nevez,  gall.  newyz,  sansc.  nava. 

IHuef,  iiwef.  n.  de  nombre,  neuf.  A  Liège  nouf,  lat.  novem,  irl. 
erse,  naoi,  gall.  naw,  bret.  naô.,  corn,  nau,  sansc.  navan. 

H'oiiyer,  neycp,  nîyep.  v.  a.  noyer.  C  C  enne  vakc  qui  s'a  nouyé 
dcins  «'  erachal,  c'est  une  vache  qui  s'est  noyée  dans  sa  salive,  réponse 
aux  curieux  empressés  qui  demandent  :  qu'esl-il  arrivé? 

Il[uuu.adj.scrupuleux,cagot.Ce  mot  provient  sans  doute  de  minutieux. 

IVutte,  nuî,  nuitte  (au),  vers  le  soir,  après  le  coucher  du  soleil. 
Diffère  de  :  par  -^,  qui  signifie  pendant  la  nuit,  V.  fr.  à  nuit,  le  soir. 


o 


O.  La  quantité  de  cette  lettre,  en  montois,  comme  celle  de  la  diph- 
tongue au,  diffère  fort  fréquemment  de  la  quantité  française.  On  ne  doit 
pas(ordinairement)accuser  les  montois  d'avoir  estropié  la  prononciation  ; 
car  ils  sont  restés  fidèles  à  la  quantité  latine  que  les  français  ont  aban- 
donnée. Les  français  l'onl-ils  foit  juste  au  moment  du  passage  du  mol 
d'une  langue  dans  l'autre?  l'ont-ils  fait  plus  lard?  Cela  n'est  pas  facile  à 
décider,  mais  serait  bien  intéressant  à  constater;  car  nous  pourrions 
découvrir  si  quelques  uns  de  nos  mots  nous  sont  venus  à  travers  le  v. 
fr.,ou  si  nous-mêmes  les  avons  extraits  directement  du  latin.  Quoi  qu'il 
en  soit  de  celle  question,  nous  disons  Rosine,  que  les  fr.  disent  Rosine, 
par  contre,  nous  disons  Paîil  que  les  fr.  disent  Paul. 

Cette  remarque  peut  s'étendre  aux  autres  voyelles  ou  diphtongues,  et 
cela  aussi  bien  dans  les  mots  d'origine  germanique  ou  cell.,  que  dans 
ceux  d'origine  latine.  Nous  disons  drolle  (al!.,  fl.,  drollig),  gaél.  droll,  ce 
que  les  fr.  prononcent  drôle. 


OCC— OPIl  20!) 

L'O  se  change  souvent  en  ou  :  moumeinl,  sonnette,  nounelte,  ourme, 
counoilte,  coumainclier,  lonniaxi,  bouyau,  cl  réciproquement,  ou  eu  o  : 
sorillc,  morl. 

Occî.  lue.  V.  m.  fr. 

Oculcr.  V.  u.  et  a.  écussonncr. 

OffraBidiérc.  s.  f.  espèce  de  portière  d'église  chargée  de  donner 
aux  fidèles  des  renseignements  sur  les  offices,  de  soigner  le  linge  des 
autels,  de  distribuer  le  vin  aux  prêtres,  clc. 

©k.  V.  hok. 

Olaqiicn.  s.  m.  personne  sans  solvabilité,  sans  responsabilité,  sans 
crédit  (vers  la  frontière  de  France). 

Olifan.  s,  m.  éléphant,  FI.  et  v.  fr.  olifant. 

Olive  {doi  (F),  panaris  de  mauvaise  espèce.  V.  blnn-doi. 

Onibra^oux,  ouse.  adj.  timide  dans  sa  signification  de,  craignant 
le  monde.  En  fr.  soupçonneux,  défiant,  peureux  en  parlant  des  che- 
vaux. 

©iicreij.  adj.  doux,  gras,  fade,  nauséabond.  Âll.  Ekel,  dégoût,  nau- 
sée, fr.  onctueux,  bas-lat.  unctuosus. 

Onetion.  s.  f.  droit,  octroi,  privilège,  prérogative;  c'est  sans  doute 
une  corruption  du  mot  option.  Avoi  l'onction,  pouvoir  se  permettre 
(Quaregnon). 

Oiidainc.  s.  f.  rangée  d'herbe,  de  trèfle,  de  luzerne  formée  par  la 
faux  du  moissonneur.  On  lui  a  donné  ce  nom  parce  qu'alors  une  prairie 
a  quelque  ressemblance  avec  l'onde  d'une  mer  légèrement  agitée.  Peut- 
être  aussi  du  fr.  andain,  ce  qui  est  fauché  d'un  coup. 

Op.  excl.  pour  inviter  à  se  lever.  Allon  op,  allons,  debout.  On  peut 
présumer  que  c'est  la  prép.  nécrl.  op,  sur,  qui,  comme  les  autres  prép. 
german.,sert  d'impératif  On  l'employé  dans  le  commandement  de  porter 
arme.  Il  y  a  cependant  l'esp.  upa,  aupa,  excl.  adressée  aux  enfants  : 
levez-vous,  courage.  V.  aussi  oper. 

Opcp.  V.  n.  de  op,  on  peut  avoir  formé  le  verbe  — :  Je  V  frai  hé  — , 
Je  le  ferai  bien  lever.  Mais  n'omettons  pas  de  dire  qu'il  y  a  le  v.  fr. 
ober  :  ober  del  lit,  sortir  du  lit,  et  de  plus  le  cymr.  ob,  départ. 

Opivllc.  s.  f  espèce  de  rosse,  poisson.  Liégeois,  popioul,  lat. 
a  pua. 

Oprciiiii.  V.  au  preum. 

34 


-27(1  OU  A— OUI 

Orn^ii.  adv.  lanlôt.  Lai.  liorain  haiic,  v.  fr.  orcins,  oi'aius,  bas- 
birioii,  oraiu,  loul  de  suilc,  basque,  orai,  inainteiiaul. 

Orée.  s.  1.  bord.  —  du  bo,  lisière  de  la  lorèl.  Gall.  or,  lai.  ora. 

Orncliot.  s.  m.  cbose  mal  I;iile  ||  personne  maussade,  maladroile. 
V.  fr.  bocliebos,  sorle  de  soldais  (Froissarl),  hokebos,  sorle  de  lance. 

Orlile.  s.  1.  orlie.  Liéi^eois,  ourlaic. 

Os.  s.  m.  p.  t.  de  jeu  de  courlau,  arliculalions  des  doigls  avec  la 
main.  Nom  des  os.  Juron. 

Osé,  ée.  adj.  liardi. 

Osoi,  osoir,  onsoi.  v.  a.  et  n.  oser,  pari.  osu.  Les  autres  lenips 
comme  en  fr. 

©spék'f.  V.  haspél^. 

Os|(éloi.  V.  haspélol. 

Ossinii,  ochaii.  s.  m.  os.  A  Namur  oucha,  à  Liège  ohai.  Lés  — 
trôUé  s'  piau,  les  os  lui  percent  la  peau,  tant  il  est  maigre.  Quand  les 
ménagères  se  plaignent  de  ce  que  les  bouchers  leur  donnent  trop  d'os, 
ils  répondent  :  Acalcz  dés  Inmçons,  madame,  i  nara  gnié  d' — . 

OstalbriiTe,  st«lbrif,  esiallis-iêTw.  s.  f.  compte  embrouillé,  grossi 
outre  mesure.  Ail.  zablen  ou  belzablen,  compter,  payer-j-Brief,  lettre. 

Otioii.  s.  m.  outil  |[  imbécile.  V.  IV.  bostil. 

Ouais,  part,  alïirm.  oui.  En  fr.  interj.  de  surprise.  A  Liège  on  dit 
atvé,  à  Yalenciennes  awi,  à  Namur  oï,  v.  fr.  oil.  Ouais  est  une  diphtongue 
qui  doit  se  prononcer  longue,  dont  le  son  doit  être  irès-ouveit  cl  se  rap- 
procher de  wâ.  V.  wai. 

Ouclie.  V.  houche. 

Oiiesse.  V.  uessc. 

Oîif,  ffe.  adj.  ce  mol  n'a  pas  en  fr.  d'équivalent  aussi  général.  Il  si- 
gnifie meuble  en  parlant  de  la  terre,  mais  il  s'applique  à  tous  les  objets 
placés  légèrement,  il  est  l'opposé  de  pressé,  dense,  entassé,  compact. 
A  Namur  ol,  al,  à  Liège  hol,  ival;  ail.  hohl,  flam.  bol,  creux,  v.  fl.  hael, 
exsuccus,  aridus,  sublilis,  esp.  ufano,  port,  oufano,  vain,  orgueilleux, 
ital.  utTo,  abondance,  gotb.  uljo,  surabondance.  M.  Corblel  fait  déri- 
ver le  mol  picard  ouche,  terre  labourée,  du  bas-lalin  occatus,  labouré. 
Ajoutons  encore  que,  dans  le  bas-limousin,  moufle  a  toutes  les  significa- 
tions du  montois. 

Ouielie.  inleij.  bah,  oui  (ironiquemenl). 


OUN-OUY  271 

Ounelle,  ouiienne.  s.  f.  chenille;  (inconnu  à  Mons)  usilc  seu- 
lomenl  au  village.  Les  liégeois  disent  ouyennc,  alennc ,  hclenne , 
fr.  phalène,  espèce  de  papillon,  v.  iV.  onaine,  chenille,  bret.  \is- 
coulen. 

Oiir.  V.  hoiir. 

©larde,  v.  hourde. 

©tiriîie.  s.  ni.  orme.  V.  fr. 

Oeasqiié,  ayHsqiic  ccsl  que  vos  elles,  slé?  Où  êles-vous? 

Oiitle.  au-delà,  outre.  Le  montois  n'employé  jamais  ce  mot  comme 
prép.,  excepté  avec  dé  :  —  dé  li,  au-delà  de  lui.  Seul  il  est  toujours  adv. 
et  se  compose  avec  les  verbes  à  la  manière  des  langues  du  Nord  en  se 
plaçant  à  la  fin  de  la  phrase  :  Ein  m^/ni  iiesl  gnié  co  loudi  — ,  mon  mal 
n'est  pas  encore  passé.  Racache  ein  pau  f'  balle  là  — ,  chassez  celte 
balle  au-delà  du  tamis.  Em  ?i'  homme  esl  méCnanl  ouïe,  mon  mari  est 
perdu,  est  dans  un  état  désespéré,  est  mort. 

Ouvrer,  v.  n.  travailler.  En  fr.  il  esl  actif  cl  signifie  fabriquer,  mais 
autrefois  on  l'employait  comme  neutre.  Ej  waif  ou  fwaif,  fouvroi,  fai 
ouvré,  que  f  ouvrisse.  V.  fr.  uevrer. 

©Hvérîé.  s.  m.  ouvrier.  V.  fr.  uverier. 

Ouyar  (loubak).  tabac  dégénéré.  Il  croît  plus  promptement,  mais 
est  de  moindre  qualité  (Ghlin). 

Oiiye.  s.  m.  œil  (dans  quelques  villages).  Haut-ail.  vieux,  ouge,  ail. 
moderne,  Auge,  v.  fr.  ueil  ||  s.  f.  oille,  esp.  olla.  V.  oyc. 

Ouyelle.  s.  f.  pavot.  M.  Grandgagnage  croit  que  M.  Ilecarf,  à  son 
url.  oliclte,  s'est  trompé,  en  disant  que  c'est  le  pavot  blanc  et  pense  qu'il 
faut  entendre  par  ce  mol  olivette,  plante  oléifère.  J'ai  vu  de  mes  propres 
yeux  des  champs  de  papaver  somniferum  que  nos  paysans  nomment 
ouyelle.  Tout  pharmacien  montois  donnera  sans  nul  doute  des  capsules 
de  pavot  à  quiconque  demandera  dés  liclles  d  —  pou  lav'mein.  Après 
cela  Yolielle  de  Liège  peut  être  autre  chose  :  Ce  peut  être  l'olivelle,  ra- 
phanus  oleïferus. 

©uyH,  «e  ou  «se.  adj.  couvert  de  duvet,  cotonneux,  velouté.  Se  dit 
surtout,  dans  le  Borinage,  des  fruits  et  des  feuilles.  Cet  adj.  y  qualifie 
aussi  les  personnes  mal  peignées,  mal  soignées.  Les  liégeois  disent  pou- 
you,  qui  provient  du  fr.  poilu.  Comme  le  dit  Ilecart,  dans  son  dict.  Roii- 
chi,  ce  mot  doit  être  une  altération  du  v.  mol  houssu.  C'est  ainsi  que 


-rn  ovE— i»Ai 

Clusius,  li'.uliiclour.  de  notn;  Ijolaiiisle  Dodut'iis,  leiul  lo  mol  Iiis|ti(liis. 
y.  houyu. 

Overgan.  s.  m.  l.  de  bat.  v.  baqucl.  Overgang  eu  11.  signifie  passage. 

Oyc.  s.  i".  oillli,  mélange  de  divers  légumes,  nolamuieut  de  carollcs 
el  de  navels  cuils  avec  du  lard.  Esp.  olla  podrida. 


I*a.  s'employe  pour  papa  au  Borinage. 

I*a.  prép.  par.  on  lui  ajoute  souvent  la  lettre  euphonique  N  pour 
éviter  l'iiialus  :  Pa  nein  biau  jour  il  alliont,  un  beau  jour  ils  allaient. 

Paclii.  s.  m.  verger  (Pàturagas).  A  Liège  on  dit  pahiss,  v.  Ir.  pa- 
schier;  gallois,  pasg,  pastio,  pesgi,  pascere,  saginare  ;  lat.  pascuum. 

I*af.  adj.  confus,  stupéîait.  C'est,  comme  dit  Remacle  dans  son  dict. 
liégeois,  une  énergique  onomatopée  qu'on  ne  retrouve  dans  aucune 
langue. 

Pagnag-na.  s.  m.  aya-pana,  drogue. 

Pagne,  pan.  s!  f.  pain.  Pagne  ne  se  dit  que  dans  certains  villages. 

E^agiîon.  s.  m.  petit  pain  à  demi-cuit.  V.  fr.  paignon,  petit  pain. 

E*aincB*oSté.  s.  f.  tranches  de  pain, trempées  dans  de  l'eau  ou  du  lait, 
ensuite  dans  des  œufs  battus,  qu'on  fait  frire  à  la  poêle.  On  nomme  aussi 
cela  :  pain  perdu. 

E^asn  «le  uiadauBC.  variété  de  coiique.  V.  ce  mot. 

S'^ai»  luoHet.  espèce  de  petit  pain  moins  délicat  que  le  précédent. 

I*aît8*eï*.  v.  n.  pâturer. 

I*aiyer.  v.  n.  et  a.  au  jour  dit  lundi  pierdu,  c'éiAil  l'usage,  pour  les 
ouvriers  de  chaque  atelier,  d'aller  en  corps  souhaiter  la  bonne  année 
aux  pratiques  de  leur  maître,  dans  l'espoir  d'obtenir  un  pour  boire;  cela 
s'appelait  paiyer.  Les  entants  poursuivaient  les  bandes  d'ouvriers  par  le 
cri  de  :  paiycu,  paiyeu  !  Le  soii-  les  rues  de  Mous  étaient  remplies 
d'ivrognes. L'administration  communale,  en  présence  du  spectacle  ignoble 
qu'offrait  le  lundi  perdu,  a  fait  des  efforts  pour  y  mettre  un  terme.  Peut- 
être  en  quelques  années  réussira-t-elle  et  le  mot  paiyer  se  perdra  avec 
l'action  qu'il  signifie.  Cependant  on  peut  espérer  de  le  conserver  sous 
la  forme  figurée,  alors  il  signifie  mendier,  quêter  :  Fifine,  ej  vie  paiyer 
n'  pclilc  baije,  Joséphine,  par  charité  un  petit  baiser. 


PAl— PAL  273 

Eu  eulrant  dans  les  idces  de  IM.  GrandgagnaLçe,  rélyniologie  du  mot 
sérail  iuirouvable,  si  l'on  n'éiail  aidé  par  les  foruies  nauiuroises  ;  et  en 
écrivant  :  hct,  aller  chercher  les  hées  (élrennes),  il  me  semble  avoir  fait 
fausse  roule;  ce  savant  invoque  l'ail,  heischen  (réclamer,  exi- 
ger), d'où  le  dialcclc  d'Aix-la-Chapelle  heesche,  mendier.  Déjà  j'aurais 
préféré  qu'il  écrivit  liai  au  lieu  de  hce,  alors  sa  pensée  se  serait  portée 
sur  le  V.  fr.  hait,  bonne  volonté,  gré,  désir  de  satisfaire,  lequel  hait  a  été 
produit  par  le  nord,  heil,  gotli.  ga-hait,  permettre,  faire  vœu,  bret.  het, 
plaisir,  agrément,  désir,  écoss.  irl.  aileas,  joie,  gaieté,  écoss.  ait,  gai, 
joyeux.  Hait  a  laissé  après  lui,  souhait. 

Mais  la  forme  monloise  me  paraît  offrir  quelque  chose  de  bien  plus 
satisfaisant  :  c'est  le  vieux  verbe  fr.  piyer,  pier,  faire  une  orgie.  Ce  mot 
est  encore  en  honneur  dans  l'argot  actuel,  où  il  se  trouve  environné  d'une 
pléiade  de  dérivés  :  Pioî,  boisson,  piolle,  taverne.  Roquefort,  glossaire 
de  la  langue  romane,  avait  en  outre  désigné  pialier,  pioller,  boire,  pial- 
leur,  piolleur,  ivrogne.  Mais  M.  Francisque  Michel  déclare  ne  pas  les 
connaître  ;  celui-ci  retrouve  piar  dans  le  calaô  (argot  portugais),  dans 
l'ancienne  germania  (argot  espagnol)  ;  il  le  croit  emprunté  au  bohémien 
piyar  où  il  a  le  même  sens. 

Ce  bohémien  ou  Rommany  est  la  langue  des  vagabonds  connus  sous 
les  noms  d'Égyptiens.  Gitanos,  en  Espagne,  zingari  en  Italie,  gypsi,  en 
Anglet.,  Zigeuner,  en  AU.  C'est  une  langue  indoustanique  qu'il  ne  faut 
confondre  ni  avec  la  langue  bohème,  dialecte  slave,  ni  avec  le  roumain, 
langue  des  Valaques,  dérivant  du  latin.  On  connaît  l'affinité  de  ceux  qui 
parlent  l'argot  avec  les  Rohémiens.  Il  est  donc  plus  naturel  de  le  leur 
emprunter  que  d'aller  le  chercher  dans  le  grec  rtcu-i,  boire,  quoique  la 
source  primitive  soit  sans  doute  commune. 

Paîyeu,  eusc.  adj.  et  s.  celui,  celle  qui  pa/^c. 

Paksis,  pnciissc.  s.  m.  amas,  tas,  masjc.  En  grec  araxuT  signifie 
gros,  épais;  en  flam.  packhuis,  qui  se  prononce  pakeusse,  signifie  ma- 
gazin.  Pack,  paquet-)- huis,  maison.  V.  paquclcr. 

B*al.  prép.  par,  quand  elle  est  suivie  de  l'art,  fém.  la.  Pal  rue  Dinan, 
par  la  rue  de  binant. 

I*alée,  paUcc.  s.  f.  pellée,  pelletée,  pellerée.  Palcc  d'ink,  plumée, 
la  quantité  d'encre  que  peut  prendre  une  plume.  En  fr.  rang  de  pieux 
pour  soutenir  une  digue. 


-271  l>AI PA1> 

l*alc>llc.  s.  f.  pelle  à  feu  ||  balloir  pour  les  boulets  \\  main  vigoureuse. 
En  t'r.  iMslrunicnl  de  bois  long,  plal  el  large  par  un  bout,  petit  battoir 
rond,  etc. 

Palî.  s.  m.  pelle  de  bois  ||  pieu.  FI.  pael,  lat.  palus,  v.  fr.  pellis, 
palissade,  arm.  peûl,  pieu. 

Pàinellc,  pniiiiiclle.  s.  f.  traverse  d'une  échelle  volante  ||  montanl 
d'une  chaise,  Fr.  pommelle. 

Pâmer,  v.  a.  ternir,  rendre  mat. 

Pana.  s.  m.  pan  de  chemise  (Framcries).  A  Liège  panai.,  devant  de 
chemise.  V.  fr.  panel,  guenille,  lambeau,  esp.  pafio,  drap,  d'où  panales, 
lange  d'enl\\ni,  lat.  pannus.  V.  pniau.  Les  enfants  borains  poursuivent 
ceux  à  qui  la  chemise  sort  par  une  déchirure,  en  criant  :  Au  — ,  comme 
les  enfants  de  Mons  crient  :  Al  loque,  al  laquelle. 

Panai.«i  $auvag;e.  s.  m.  yèble,  sambucus  ebulus. 

Paneliar,  pancliu.  s.  m.  pansu.  ||  Gourmand,  goulu. 

Panehîe.  s.  f.  panse,  estomac  des  ruminants.  On  dit  aussi  nœud 
d'  panse. 

Panèresse.  s.  f.  femelle  du  paon.  ||  t.  de  maç,,  se  dit  du  tas  de 
briques  placé  en  largeur,  opposé  à  boulise. 

Panne,  s.  f.  espèce  de  tuile.  FI.  panne,  pan  ;  en  fr.  étoffe  grossière. 

Pannîer,  pagnié.  s.  m.  mesure  pour  le  charbon  de  terre.  Il  égale 
94  litres  58. 

Pansènîer,  pansnié,  pansnie,  s.  m.  propriétaire  d'actions  dans 
les houillières (Pâturages); ce  mot  vient-il  de  panse  ou  de  propanciev?  (v. 
propancier). 

Pantaliser  {s),  v.  p.  se  donner  une pante,  se  pavaner,  se  rengorger, 
s'étaler  aux  regards  du  public. 

Pante  s.  f.  genre  fashionable,  distingué,  merveilleux,  incroyable, 
lîg.  train,  orgueil. 

Paoïir.  s.  m.  grossier,  bas-bret,  gueux,  indigent  ;  on  confond  ce  mot 
avec  baour  (v.  ce  moi).  En  mauvaise  part,  paysan. 

Psipâ.  s.  m.  eafant.  Dans  quelques  villages  on  dit  :     . 

Pâpar.  fr.  pou  pari. 

Pape.  s.  m.  bouillie  ||  empois;  bret.  papa,  ail.  popul.  et  fl.  papp, 
même  signification.  Lat.  papa,  pappa,  cri  des  enfants  pour  avoir  à  man- 
der. 


PAP— PAR  -275 

• 
l*apegai.  s.  m.  perroquet;  v.  l'r.  papegaul  ou  papcgeai,  11.  pape- 

gaei. 

Papiliofe,  papiyotle.  s.f.  griijouillellc.  J7pr,  rucv  al — .  Jeter  à  la 
griltouillelle,  jeter  au  peuple,  aux  enfants. 

Papin.  s.  m.  cataplasme  ||  colle  de  tapissier.  Eu  fr.  bouillie. 

Papinasse.  adj.  pâteux;  ail.  pappig. 

Papîiier.  v,  n.  faire  de  l'empois  —  v.  a.  travailler  avec  de  l'em- 
pois. 

Pàqiie.  buis  bénit  le  jour  de  Pàque  fleurie.  A  Liège  pahi. 

Paquc.  s.  pi.  t.  de  jeu  de  courf/aw,  connaissance  d'une  fosse,  sai'oir 
lés  — .Savoir  où  l'on  doit  jeter  léscourlaus  dans  une  fosse  pour  en  faire  sor- 
tir un  certain  nombre  ||  figur.  connaître  les  finesses  d'un  métier,  d'un 
jeu,  connaître  les  côtés  faibles  de  quelqu'un,  savoir  la  manière  de  réus- 
sir. Ce  ne  doit  pas  être  le  fr.  pacte,  lat.  pacisci,  pactuni,  ce  serait  plu- 
tôt le  brel.  pak  ou  l'ail,  packen,  saisir  (la  manière). 

PàtHieter.  v.  a.  entasser,  emballer,  empaqueter  ;  pac  ou  pak,  dit 
Pelletier,  est  un  ancien  mol  gaulois  dont  nos  bretons  ont  fait  paca,  join- 
dre, empaqueter,  saisir,  attraper,  le  partie,  est  paquet  qui  est  passé 
comme  s.  aux  fr.  et  se  dit  aussi  en  Bretagne;  il  se  dit  en  d'autres  dia- 
lectes :  irl.  pàsgân,  paquet;  il  s'est  dit  en  b.-lat.  paccus;  il  a  cours 
en  fl.,  pak  ;  sansc.  pas,  lier. 

Paqiictte.  prope  et  nelle  comm  el  eu  —  d'une  très-grande  propreté 
(souvent  iron.).  Paqueite  était  une  sale  femme  qui,  vers  la  fin  du  siècle 
dernier,  vivait  à  Mons  et  qu'on  voyait  chaque  jour  en  état  d'ivresse 
traînant  dans  les  ruisseaux;  elle  avait  été  fort  belle  dans  sa  jeunesse  et 
la  maîtresse  d'un  grand  personnage. 

Paradis,  s.  m.  jeu  de  marelle  ou  de  chaudière;  nos  enfants  disent 
quelquefois  paradoz,  l'argot  dit  paradouz  ;  mauvais  jeu  de  mots  :  dix, 
douze. 

Paradis  dé  noire  Pouye,  dé  noirté  glennc.  enfer.  ||  Biettedu 
— ,  coccinelle. 

Paran,  parante,  adj.  se  dit  des  éloffes  qui  ont  belle  apparence. 

Parc.  s.  m.  plate-bande  de  jardin. 

Parce,  pasqtié.  manière  de  refuser  une  explication. 

Pareiion.  s.  m.  et  f.  t.  de  prat.,  lot  dans  un  acte  de  partage. 

M*arclionîer,  copareiionier.  t.  de  prat.  co-parlageanl. 


•m  l'Ali— I»AT 

l*arcr.  v.  ii.  niinir  i\\nvs  avoir  élô  aballii.  Se  dil  des  pommes,  poires 
qui  lie  sont  pas  maiii^eal)les  à  l'iiislanl  où  ou  ies  cueille.  Lai.  parafe.  || 
Lâcher  i'arrière-t'aix,  se  débarrasser  du  dt'divre.  Se  dil  des  auimaux,  sur- 
tout des  vaches.  Lai.  parère,  accoueiier,  euj^eudrer,  d'où  h\s  uiols  Ir. 
suppression  de  part,  double  part. 

l^arfait  (au),  parfaitement.  V.  fr. 

I*arfiii  (al),  enfin.  V.  Ir.  à  la  parfiu. 

Parler  à  n'  Jîye.  rechercher,  courtiser  une  fille. 

Parïoge.  (dans  quelques  villages)  parlage.  Comme  en  v.  fr. 

PariMÎ.  prép,  moyennant.  V.  fr. 

Pariuitan.  v.  baquet. 

Parniilant.  (coût,  du  Ilain.)  moyennant  quoi. 

Pai'oler.  v,  n.  ne  signifie  pas  parler,  mais  causer,  s'expliquer. 
V.  fr.  parler,  discourir. 

Paroles,  quand  les  enfants  veulent  faire  des  tours  de  passe-passe 
ou  de  prétendue  magie,  ils  prononcent  ce  qu'ils  nomment  les  — ,  en  liant 
les  mots  de  manière  à  les  rendre  inintelligibles  : 

Colus  drans  lanknus  mie  ni  radispel. 

Colle  use,  drap  use,  langue  n'use  mie  ni  radi  s'  pcle. 

Parvis,  parvîsse.  s.  m.  pavillon  de  jardin.  En  fr.  plan  devant  une 
église,  espace  autour  du  tabernacle  juif. 

Pas  ïnoîns.  conj.  néanmoins. 

Passet.  s.  m.  escabeau  ||  siège  d'un  carosse,  etc. 

Passelle.  s.  f.  espèce  de  grande  écumoire  sur  laquelle  on  pose  le 
poisson  pour  le  cuire  et  le  faire  ensuite  égoiitter  facilement,  passoire. 
En  fr.  t.  de  tireur  d'or  et  d'ouvrier  en  soie. 

Pasîénaïc.  s.  f.  panais.  FI.  pastenaek,  ail.  Paslinak,  lai.  paslinacia, 
V.  fr.  paslonade. 

Patafiolc  {que  V  bon  Dieu  vo).  Dieu  vous  bénisse;  presque  toujours 
dit  par  antiphrase. 

Patapouf,  s.  m.  personne  épaisse,  jouiïlue.  En  norni.  palouf. 

Patard.  s.  m.  vingtième  partie  du  florin  de  Hrabanl,  environ 
neuf  ceniimcs. 

Palelelle.  s.  f.  écriteau,  affiche. 


PAT— PAL  277 

Nos  grand'mères  nous  ont  conté  qu'un  cliien  ay.'tnt  volé  le  bouilli 
d'une  vieille  demoiselle,  le  maître  du  chien,  à  qui  plainte  avait  été 
adressée,  mit  l'animal  ein  guersillon  à  sa  fenêtre,  avec  celte  inscription  : 

Ej  sue  ci  avec  emme  palilclle 

Pou  avoi  pris  l'hochepot  de  mamscUe  Dcmarkelte. 

Pater,  s.  m.  confesseur  de  religieuse.  ||  s.  f.  p.  prières. 

Pâtère.  s.  m.  pâlère.  s.  f. 

Paterlîker.  v.  n.  dire  souvent  des  prières.  Es  godau  là  est  loudi  à  — . 

Patik  patak,  patatik  patatak.  caquctage  de  deux  femmes  qui  se 
querellent  ||  ce  que  l'on  dit  à  ceux  qui  s'expliquent  mal.  Diez  donne 
pâli  pala,  comme  venant  du  Hainaut,  il  le  traduit  par  Geschnalter,  action 
de  barboter.  11  le  regarde  comme  une  expression  naturelle  et  comme 
l'origine  du  mot  patois  ;  mais  Chevallet,  avec  plus  de  raison,  fait  venir 
patois  de  patrius  (sermo). 

Patrouyer.  v.  n.  pAttinger.  I  pah^ouye  deins  les  berdou  y  es.  Champ, 
platrouiller,  patoyer,  dans  le  Hain.  fr.  palriquer,  palrouquer,  patoquer, 
patouger,  en  fr.  patrouiller  signifie  agiter  de  l'eau  sale,  etc. 

Paite  de  glenne.  s.  f.  plante  dénommée,  dans  les  systèmes  bota- 
niques :  œgopodium  podagraria.  Mot  à  mot,  pied  de  chèvre  des  goutteux. 
V.  glenne. 

Palure.  s.  f.  prairie,  verger.  Pâture,  en  fr.,  nourriture  des  bêtes  et 
fig.  de  l'âme,  de  l'esprit. 

Pau.  prép.  par,  suivie  de  l'art. masc.  Ain  tu'er  lia  sorti pau  Ira  d'es  eu. 

Pau.  adv.  peu.  V.  fr.  po. 

Pauscage.  s.  m.  œufs  de  pâques.  Sans  doute  dérivation  de  pâques 
que  l'on  disait  autrefois  pasques,  lat.  pascha.  Dans  les  villages,  le 
Samedi  Saint,  après  les  offices,  les  enfants  de  choeur  vont  de  maison  en 
maison  en  chantant  :  resurrexit  alléluia.  On  leur  donne  el  — ,  consistant 
ordinairement  en  une  couple  d'œufs  durs.  En  ville  les  employés  subal- 
ternes de  quelques  services  publics,  notamment  les  barotiers  du  service 
des  boues,  vont  aussi  réclamer  le  — . 

Paùlt.  épi  (Charleroy).  A  Liège  pâli,  paûl.  V.  fr.  peautre,  sorte  de 
bled  nommée  zea  (Borel),  fr.  épeautre,  fl.  spelt,  ail.  Spellz,  lat.  spelta. 

Paustiau.  s.  m.  soupe  de  vaches.  V.  fr.  past,  gall.  pasg',  pastio; 
pasci. 

3o 


278  PAU— PÉN 

Pniircr^iiis.  s.  p.  pauvres;  au  s.  on  (WvAit  enne pauf  gein. 

l*auvortt',  povertê.  s.  f.  pauvreté. 

■^«yfllo.  s,  f.  poêle  à  frire  ||  grande  chaudière.  Vo  z'aré  dé  eau  (V  pa- 
yelle  toute  rouge  dessus  vo  eu,  vous  serez  damné.  La  pocle  s'appelle  paill 
à  Liège.  En  Ir.  s.  f.  p.  grandes  chaudières  pour  affiner  le  sel,  v.  fr. 
paello,  lai.  palla,  palella,  11.  pan. 

I*ayer,  itny$!>,  paysan,  dans  ces  mois  V\  se  prononce,  tandis  qu'en 
fr.  on  dit  peyer,  peys,  peysan.  Notre  prononciation  était  la  prononciation 
Ir.,  au  temps  de  François  P""  (v.  Chevallet).  Arm.  paea,  ilal.  pagare  qu'on 
tire  du  lat.  pacare,  apaiser.  Paysan  est  remarquable  en  ce  qu'il  fait  au 
fém.  paysanle.  Cela  doit  provenir  de  ce  que  le  v.  fr.,  qui  faisait  paysans 
au  nom.,  faisait  paysant  à  l'accus. 

I*ayo(age.  s.  m.  cloison  mince. 

Peignade.  s.  f.  bataille,  prise  aux  cheveux. 

Peignée,  s.  f.  combat,  bataille.  S'  bayer  n  bonne  — ,  se  battre.  Du 
mot  fr.  peigner,  qui  signifie  quelquefois  battre,  maltraiter. 

Peinage.  s.  m.  louage.  Preinde  ain  gvau  à  peinagc,  louer  un  che- 
val. 

Peîniccoutle.  s.  f.  Pentecôte  :  Einlré  Monbeuche  éyé  V — ,  dans  un 
lieu  indéterminé,  inconnu,  qui  n'existe  pas.  Mot  à  mol  :  entre  Maubeuge 
et  la  Pentecôte. 

Peké.  s.  m.  genièvre,  liqueur  distillée.  Chez  les  liégeois  il  signifie 
(le  plus  :  genièvre,  arbre. 

Pélatle.  s.  f.  écorce,  pelure.  En  fr.  s.  m.  p.  domestiques  libres  à 
Athènes. 

Pelle,  s.  f.  bêche.  En  fr.  instrument  plal,  large,  à  long  manche. 

Peluche,  pluches,  Huches,  s.  f.  p.  ordures  qui  s'amassent  dans 
les  doublures  d'habits,  sous  les  lits,  etc.,  cl  qui  sont  le  produit  de  la 
laine  usée.  En  fr.  espèce  d'étoffe;  fl.  pluisje,  flocon. 

Pcna,  pna.  s.  m.  aile.  Lalin,  penna.  Traîner  V  péna  ou  lé  pna, 
traîner  l'aile,  languir. 

Pénacîc.  s.  m.  lilas  commun,  lilac,  syringa  vulgaris.  Fin  -,  lilas, 
lilac  de  Perse,  syringa  persica.  11  y  a  souvent  confusion  entre  le  lilac  et 
le  syringa,  à  cause  que  syringa  a  en  fr.  une  autre  signification  qu'en 
lalin.  V.  fleur  d'orange.  V.  fr.  pennache,  esp.  pcnacho,  ital.  pennachio, 
aigrette,  panache,  touffe  de  plumes. 


PEN-PER  279 

Pendre,  painde,  paude.  v.  n.  et  a.  reprendre  la  partie,  s'annon- 
cer pour  jouer,  après  que  la  partie  de  balle,  de  bille,  de  quille,  etc.  qui 
est  commencée,  sera  terminée.  Paindeconle  cl  gai gnanl, [wo\o(\uer  celui 
qui  sera  vainqueur. 

Penée.  s.  f.  prise  de  tabac  ;  de  pincée. 

Peneu,  ense.  adj.  honteux,  penaud,  embarrassé,  confus,  interdit. 
On  l'attribue  à  tort  à  peiné,  chagrin  ou  abusivement  à  peineux,  qui 
cause  de  la  peine.  Peneux  est  un  v.  m.  f.  qui  a  été  remplace  vers  1G06 
par  penaud.  Les  uns  le  font  venir  de  pes  nudus,  d'autres  de  pœnitens. 
Semaine  — ,  semaine  sainte.  Rabelais  a  employé  le  mot  pesneux. 

Péniau,  pniaii.  selle  de  charretier.  GtJau  dé  — ,  cheval  de  gauche 
à  un  charriot  et  muni  de  cette  selle.  V.  fr.  peneau,  harde,  haillon,  penel, 
penelle,  panel,  guenille,  lambeau,  lat.  pannus,  lambeau,  compresse, 
drap,  penula,  enveloppe. 

Pentupe,  painliire.  paiitnrc.  s.  f.  pièce  de  fer  qui  joue  sur  le 
gond.  En  fr.  barre  de  fer  pour  soutenir  une  porte,  une  fenêtre. 

Pépclle.  s.  f.  fleur  (enfantin). 

Percé,  ée.  adj.  mûr,  parfait.  Angëlol,  froumage  — ,  devenu  gras, 
passé.  C'est  sans  doute  de  la  ressemblance  de  passé  à  percé  qu'est  venu 
ce  dernier  mot.  Ouvié,  maille  d'école,  avocal  — ,  fin,  adroit,  consommé 
dans  son  art. 

Pcpcetle.  s.  f.  bleuet.  Centaurea  cyanus. 

Percher,  v.  n.eta.  percer.  Pour  rendre  le  fr.  percher,  on  dit  mon- 
ter à  pierke  ou  à  picrce. 

Percol.  s.  m.  perche,  poisson.  I  d' — ,  yeux  de  perche.  Lat.  perça. 

Perdon.  imper,  perdon,  perde.  Perde  bé  garde  au  feu,  co  pu  for l  à 
vo  fiye.  Perdons  que.  supposons  que.  Perdrai,  perdras,  per- 
dra et  perdroi.  fut.  et  conditionnel  du  verbe  prcinde.  Je  V  perdrai, 
je  le  prendrai. 

Perdrigon.  s.  m.  On  trouve  ce  mot  dans  quelques  dictionnaires  fr.; 
mais  il  est  inusité  en  France,  où  le  fruit  dont  il  s'agit  ici,  est  connu  sous 
le  nom  de  prune  reine  Claude.  Selon  le  bon  jardinier,  le  perdrigon  est 
une  espèce  de  prune  et  la  reine  Claude  une  autre. 

Pcre-el-uière.  s.  m.  ricochet. 

Perî  la  vie.  péi'ir,  succomber. 

Perlipan.  s.  m.  pivoine  (Dour). 


^280  PER— PET 

l*crsln.  s.  m.  persil.  On  scniéroil  du  pcrsin  su  s'  piau,  il  a  la  peau 
si  crasseuse  que  du  persil  y  i^erinerail.  V.  fr. 

Pcpsîn  ^aiivag;e.  polite  cigùc. 

Peskîep,  peskié,  pcski.  v.  a.  et  n.  pécher.  V.  fr.  pesquier,  gall. 
armor.  pesk,  poisson,  b.  brel.  peskela,  pcciier,  lat.  piscis. 

Po.skicn.  s.  m.  pêcheur.  B.  hret.  pesker. 

Pestéler.  v.  n.  frapper  du  pjed,  fouler  aux  pieds,  piétiner.  Pes,  pied 
est  une  des  racines  du  mot.  Est-ce  stare  ou  lerere  qui  est  l'autre? 

Pctar.  s.  ni.  cul. 

Pel-berneu,  pé  à  floche,  s.  m.  pet  chez  les  personnes  qui  ont  la 
diarrhée. 

Pété,  éc.  adj.  et  s.  ivre,  ivrogne. 

Pétée,  s.  f.  réprimande  ||  défiute  ||  déroute. 

Péter.  V.  n.  et  a.  griller,  cuire  sur  le  gril.  —  dés  marrons  \\  crépiter, 
pétiller  ||  se  fendre,  crever  ||  mourir.  En  fr.  faire  des  pets,  éclater  avec 
bruit.  Péter  en  fr.  implique  toujours  un  bruit.  Quand  on  pelle  pu  haut 
que  s'  eu,  on  fait  ain  lio  à  s'  dos,  il  est  dangereux  de  dépenser  au-delà 
de  ses  ressources.  Cesl  comme  si  vos  peliez  dein  n'  basse,  c'est  comme  si 
vous  chantiez.  Emm  doigt  a  pélcpau  froid.  Une  personne  de  Quaregnon 
était  près  de  mourir  ;  son  gendre,  médecin  à  Bruxelles,  vient  le  visiter  : 
Pou  s'  eau  ci,  m'  fieu,  dit  le  moribond,  i  faut  que  f  pelle.  Eh  bien  ! 
répond  le  gendre,  ne  vous  gênez  pas  pour  moi,  pétez  à  l'aise,  beau-père. 

Pétot.  s.  m.  peton,  petit  pied  (enfantin). 

Pétotte.  s.  f.  pomme  de  terre.  Fig.  nez  ||  événement.  Via  n'  pelote! 
Par  pléonasme  gros  né  rf'  pélolte.  ||  Terre  à — ,  cimetière. Les  fl.etlcsfr. 
se  servent  quelquefois  du  mol  patate;  la  patate  est  le  convolvulus  balalas. 

Pëtre,  paîk,  paite.  Ce  mot  ne  se  dit  que  dans  cette  phrase  :  salé 
comme  — .  On  suppose  que  pèlre  est  une  abréviation  de  salpêtre  que  les 
montois  disent  salpaique. 

Pétron.  s.  m.  petit  cultivateur.  Probablement  de  paître. 

Pette.  s.  f.  parcelle,  particule.  ||  —  de  feu,  étincelle,  paillette  de  fer 
rouge  qui  jaillit  sous  le  marteau  ||  flammèche.  Gnié  n' —  d'espoir,  pas 
une  ombre  d'espérance.  Vos  n'  d'arez  gnié  n" — ,  vous  n'en  aurez  pas  la 
plus  petite  parcelle.  ||  Terme  de  jeu,  coup  par  lequel  un  courtau  en 
touche  un  autre.  Fig.  coup  ||  réprimande.  Gall.  peih,  armor.  pcz,  basq. 
pedechun,  sanscrit  pêtva,  particule,  radical  pis',  écraser. 


PÉT— PiÈ  -281 

Pelure,  s.  f.  fente,  fêlure,  fissure. 

Pi.  s.  pis,  tétine  de  vache  ||  pied. 

Piau.  s.  f.  peau  ||  prostituée,  s.  p.  Fai  dés  — ,  vomir.  Il  est  remar- 
quable que  le  mot  latin  scortum  signifie  aussi  en  même  temps  peau  et 
prostituée. 

Piau  d' inonrue  (couleur),  couleur  de  mauvaise  qualité  qui  res- 
semble un  peu  à  celle  de  la  morue. 

Pic  {du),  t.  de  jeu  de  croehe.  V.  fr.  et  béarnais,  coup  de  pointe. 

Pîehar.  s.  m.  pisseur,  St-Médard,  grand  — . 

Piohattc.  s.  f.  pissat,  urine.  Roux  comme  pichalle.  M.  Scheler  dit 
qu'à  la  vérité  le  fl.  et  l'ail,  ont  pissen,  mais  que  c'est  nouvellement  et 
que  d'autre  part  il  n'y  a  rien  d'analogue  ni  dans  le  lat.  ni  dans  les  langues 
néo-celtiques.  Cependant  je  trouve  dans  le  gall.  piso,  rningere. 

Pîchaltîé.  s.  m.  médecin  des  urines. 

Picliëlalte,  pisselatte.  s.  f.  langes  qui  reçoivent  les  urines  d'un 
enfant. 

Pîchèpol,  pispot.  s.  m.  pot  de  nuit.  Fl.  pispot. 

Pîcliîe.  s.  f.  courte  dislance,  jusqu'où  on  peut  atteindre  en  pissant.  A 
n  —  dé  d'à,  à  deux  pas  d'ici. 

Pichou.  s.  m.  poisson.  —  au  banni,  —  de  mer  pourri,  —  au  bon, 
—  de  mer  frais.  En  fr.  chat  putois  de  la  Louisiane. 

Picliot.  s.  m.  puisard,  trou  pratiqué  dans  le  pavement  des  caves 
pour  recueillir  l'eau,  après  qu'on  les  a  lavées.  Est-ce  puichot,  petit  puits 
ou  bien  est-ce  pichot  dans  le  sens  (ïaiweu?  V.  ce  mot  et  saiweu. 

Piclion.  s.  m.  partie  extérieure  d'un  «maillot  d'enfant  ||  s.  dont  le  f. 
est  pkhourle,  pisseur,  pisseuse. 

Pichouli.  s.  m.  pissenlit. 

Picliouiiier.  s.  m.  poissonnier. 

Piehuclte.  s.  f.  pisseuse  ||  fille. 

Pîcol.  s.  m.  aiguillon,  épine,  dard.  En  fr.  pointe  qui  reste  sur  le 
bois  mort  coupé.  Lat.  spiculum,  gall.  pig,  stimulus,  cuspis,  fl.  pieke, 
ail.  Pike,  hallebarde. De  la  racine  pic  ou  pik  sont  sortis  une  foule  do  mots  fr. 

Picoler,  v.  a.  équivalent  de  crocheter  (v.  ce  mot).  Usité  dans  le 
Borinage. 

Pièce,  piéche  {elle  lout  d'enne).  avoir  l'air  gêné,  souflrant.  A  Liège 
esse  lo  d'inné  pesse  signifie  être  raide,  guindé.  Armor.  pcz. 


282  PIE— PIL 

PIt'd  de  châssis,  pièce  de  bois  de  4  pouces  d'épaisseur  sur  8  pouces 
do  lariçeur  et  nu  pied  de  ioui^ueur  ou  520  pouces  cubes  ou  en  m.  0,509642. 
Le  pied  de  châssis  esl  le  terme  auquel  se  réduisent  tous  les  bois  de  char- 
pente, parce  que  le  bois  de  i  et  8  qui  sert  au\  châssis  esl  le  plus  employé. 

Pied  de  derrière.  V.  baquet. 

Pied  du  Ilainniit.  s.  m.  mesure  de  longueur  qui  se  divise  en  10 
pouces,  le  pouce  en  10  lignes,  la  ligne  en  10  points.  En  mètre 
0.  29515. 

Pierde,  piertc.  s.  f.  perle. 

I*îerde.  v.  a.  perdre.  Ce  verbe  devait  nécessairement  être  altéré 
pour  éviter  la  confusion  de  certains  temps  avec  ceux  du  v,  preinde. 
Pierde  fait  :  no  pierdon,  ej  pierdoi,  pierdrai,  pierdroi,  pierdan,  que 
/'  pierde,  piersse,  que  f  pierdisse.  Ein  eu  vu  n'est  gnié  pierdu.  A  l'  du- 
casse  on  pier  es  place. 

Pierke.  s.  f.  perche.  Au  Borinagc  on  dil  piercc  :  l'houblon  passe 
lés  pierkes,  sa  têle  n'est  pas  assez  forie  pour  supporter  la  boisson  qu'il  a 
prise.  V.  fr.  perce,  bas-bret.,  perch. 

Pierrette,  s.  f.  noyau.  Il  a  keyu  su  ain  brain  à  — ,  il  porle  des 
marques  de  petite  vérole.  En  ail.  Stein  signifie  à  la  fois  pierre  el  noyau  ; 
à  Tournay  pierrek. 

Pierrot,  s.  m.  moineau.  Il  est  quelquefois  employé  en  France. 
V.  agasse. 

Piétrî.  s.  f.  perdrix.  Gall.  pétris,  lai.  perdix. 

Piëtrie.  s.  f.  p.  marchandises  de  rebul  ;  fr.  piètre. 

Pile.  s.  f.  volée.  En  fr.  côlé  de  monnaie. 

Piler,  s.  a.  fouler  aux  pieds  ||  s.  m.  (pron.  pilée)  pilier.  En  v.  fr. 
piler,  fl.  pilaer,  gall.  piler,  columna,  fulcrum. 

Pillion.  s.  m.  partie  du  bled  nouvellement  ballu,  qui  l'est  imparfai- 
tement ou  qui  esl  avarié  et  sert  à  nourrir  la  volaille.  Ducange  définit  le 
bas-lal.  spilo,  purgamenlura  frumenli  seu  spicse  rémanentes  post  venli- 
lalionem. 

Pilon,  s.  m.  mortier.  En  fr.  pièce  qui  sert  à  écraser  dans  le  mortier. 

Pilof.  s.  m.  pieu,  poteau;  fr.  pilotis  ||  l.  de  charb.  qui  désigne  la 
conslriction  du  pied  par  le  kar  de  l'intérieur  des  houillères. 

Pilure.  s.  f.  pilule  ||  coup  de  pied.  Dans  cette  dernière  signification 
le  mot  est-il  la  corruption  de  pilule?  ou  vienl-il  de  piler?  cp.  drogue. 


PIN— PLÂ  283 

Pinak.  s.  m.  taudis,  habilaliou  misérable,  en  désordre.  Crier  pinak, 
crier  famine.  Par  antiphrase,  fr.  pinacle,  sommet,  puissance,  etc.  Quai 
pinak  !  enne  vake  n'y  r'  counoilroi  ou  r  counidiéroi  gnié  s'  viau. 

Le  même  proverbe  est  rimé  : 

St'  ain  vrai  pinak  ! 

Es  viau  n'  s'  roi  gnié  rcouneu  pa  n'  vak. 

Pincer,  peînser.  Ça  pince  à  li,  comme  il  le  dit.  Ça  pince  à  l'aulle, 
comme  on  dit,  selon  l'avis  général. 

Pinchée.  pinvhie.  s.  f.  pincée. 

Piiichctle  {baige  à  — ).  baiser  de  vive  amitié,  en  pinçant  les  joues. 

Piuclion.  s.  m.  pinson,  oiseau  ||  pinçon,  ecchymose  qui  est  l'elïet 
du  pincement  de  la  peau. 

Pîone.  s.  f.  pivoine.  En  lat.  pœonia  ou  pionia,fl.  pioene  ||  bouvreuil. 
Pione  s'employe  vulgairement  en  France  pour  pivoine. 

Pfpîe.  s.  f.  pépie.  Bret.  pibit,  pivit,  vha.  phiphis,  ail.  Pips,  fl.  pip. 
M.  Scheler  le  tire  du  lat.  pituila.  Si  le  latin  doit  intervenir,  j'aimerais 
mieux  m'adresser  à  pipire.  Y.  spepier. 

Pipine.  s.  1'.  Philippine. 

Piquante,  s.  f.  bonbon,  friandise  ||  coureuse,  débauchée.  Ce  mol 
sert  de  pendant  à  macaron. 

Piquëron.  s.  m.  cousin,  mouche. 

Piqnèrnelle.  s.  f.  femme  mordante,  satirique,  méchante  ||  musa- 
raigne. 

Piquet,  s.  m.  petite  faux  dont  on  se  sert  d'une  main  et  avec  laquelle 
on  coupe  le  blé  plus  près  de  terre.  Fl.  pik,  faucille,  pioche,  ail.  Picke. 

Piqueter,  v.  n.  faucher  avec  le  piquet.  V.  ce  mot.  T.  de  jeu  de 
croche,  jouer  du  pic. 

Piqueteu.  s.  m.  faucheur  au  piquet. 

Piquette,  s.  f.  petit  œillet.  —  du  jour,  point  du  jour. 

Piyer.  v.  a.  et  n.  exciter  (un  chien).  Pillard  en  fr.  est  un  chien  har- 
gneux. Piller  est  un  t.  de  chasseur  signifiant  qui  veut  lancer  sur...  El 
laid  wagne  m'a  fait  —  pa  s'  kié. 

Pia.  s.  m.  p.  plateure.  s.  f.  partie  d'une  veine  de  houille  qui  se  pré- 
sente horizontalement;  par  opposition  à  droits,  partie  verticale  de  la 
même  veine.  On  sait  qu'au  Flénu,  les  veines  ont  leur  tête  au  niveau  du 


-28  i  P  LA— PL  A 

sol,  qu'elles  s'cnfoHCciil  d'abord  perpendiculairement  (ce  qui  forme  lés 
droils),  puis  prein)enl  une  direclion  à  peu  près  liorizonlale  (ce  qui  pro- 
duit les  pla(s). 

I*laccu.  adj.  rare,  l'opposé  de  dru,  serré.  Terre  placeuse,  terrain 
dont  la  recolle  est  maigre,  où  le  blé  est  espacé. 

IMaclii.  s.  m.  espace  qui  environne  une  bouillère.  FI.  plas,  plasje, 
mare,  flaque. 

Plaili.  V.  n.  plaider  (Bor.).  FI.  pleiten,  lat.  placiUim. 

Plan.  adj.  (Il  n'a  que  le  masc.  et  n'est  usité  qu'au  Bor.),  plein,  ivre. 
—  comme  enne  digue.  En  fr.  plat,  uni. 

Plan.  s.  m.  place,  carrefour  (Frameries).  Laisser  en  plan  est  une 
expression  d'un  fr.  douteux. 

Plancher,  s.  m.  plafond. 

Plande,  plandcr.  v.  a.  plaindre.  I  plan,  no  plandon,  y  plandoi, 
plandé  et  plandu. 

Plankc.  s.  f.  planche.  Bret.  plancqeun,  plench,  fl.  plank,  irl.,  gall. 
plank,  écoss.  plang,  lat.  planca. 

Planton,  s.  m.  huissier  de  police,  ordonnance  militaire  qui  attend 
les  ordres  de  son  supérieur.  Elle  dé  — ,  être  en  faction,  demeurer  debout, 
à  la  même  place. 

Planure.  s.  f.  t.  de  boucherie,  viande  près  de  la  queue. 

Plaquant,  adj.  visqueux,  collant. 

Plaqué,  couvert  de  plaques  de  boue. 

Plaquer,  v.  a.  couvrir  de  boue.  En  fr.  appliquer  des  plaques,  flam. 
placken,  coller. 

Plaquette,  s.  m.  demi-cscalin  ou  eskélin,  valant  d'abord  52  cen- 
times, réduit  à  50  c. 

Plaqueux.  adj.  boueux. 

Plat-candice.  s.  m.  bougeoir. 

Plate-buse.  s.  f.  espèce  de  pipe  à  tuyau  plat. 

Plalte.  s.  f.  planche  épaisse  de  deux  pouces  environ  qui  se  met  au- 
dessus  de  la  maçonnerie  d'une  maison  et  sur  laquelle  se  placent  les 
combles.  En  ail.  Plalte  signifie  dessus  de  table. 

Plattekaise.  s.  m.  fromage  mou.  Ail.  platle  Kâse,  fl,  plattckeese, 
fromage  plat. 

Plattélée.  s.  f.  platée. 


PLA— PI.U  28o 

l*lat-verau.  s.  m.  Quoiqu'  ainsi  nommé,  ce  verrou  n'est  iiiilleinfiii 
plat  ;  c'est  un  verrou  à  serrure. 

Plaulelellc.  s.  m.  colporteur  qui  vend  des  cerises,  des  fromages. 
Sa  marchandise  est  portée  sur  un  âne  et  ordinairement  ti-oquée  contre 
de  vieilles  ferrailles.  V.  tclelle  pour  l'origine  du  mot. 

Plein,  adj.  ivre,  plehic.  adj.  fém.  enceinte,  grosse.  Tout  — ,  adv. 
beaucoup.  Se  trouve  dans  Rabelais. 

Pleïsse.  s.  f.  plie,  poisson  de  mer  plat.  Flam.  pladys,  v.  fr.  plaie,  b. 
lat.  plalissa,  fr.  plaise. 

Pleiime.  s.  f.  plume.  Le  mot  fr.  plume  vient  du  lat.  pluma  et  le 
mot  wallon  a  plus  de  ressemblance  avec  le  (1.  pluim  (prononcez  pleinn). 
Voyez  plotiyer  qui  se  trouve  dans  le  même  cas. 

Pleuve,  plaive.  s.  f.  pluie.  Y  doikéïUaulanl.  d'  —  su  l'iiellc  (Vain 
paysan  que  d'  sus  V  sienne  d'ennc  sau.  Dans  les  villages  on  dit  plaive, 
comme  à  Liège,  ou  plouaive.  Pleuve  est  du  v.  fr. 

Plonkié.  V.  n.  plonger  (Borinage).  B.  lat.  plumbiare,  lat  plumbicare, 
fi.  plompen;  11.  plonzen,  jeter  avec  force  dans  l'eau,  gall.  plwng,  plongeon, 
bret.  plunia,  plonger,  basq.pulnmpatu,  sansc.  plavana, action  de  plonger. 

Plouyer.  v.  a.  plier.  Faut  5'  —  ous  quon  ne  peut  gnié  s'es(ampei\ 
il  faut  se  conformer  aux  événements.  FI.  plooijen,  |)lissftr.  bret.  plega, 
lat.  plicare.  Ce  n'est  que  récemment  que  le  fr.  a  abandonné  ployer  et 
s'est  ainsi  rapproché  du  lat. 

Plukeîner.  v.  a.  dimin.  de  phiker. 

Pliikep.  V.  a.  et  n.  becqueter,  ramasser  des  miettes.  /  n'  meingc  pu 
pou  dire,  i  n'  pluke  fok,  il  ne  mange  pour  ainsi  dire  plus,  il  ne  fait  que 
prendre  des  miettes.  A  Liège  ploki  signifie  cueillir  les  plokns,  c'est-à- 
dire  les  fruits  du  houblon,  mais  pio/c<e' signifie  éplucher,  effeuiller.  V.  fr. 
pluchoter,  éplucher,  en  norm.  se  dit  de  l'action  des  poules  qui  cherchent 
le  grain  sous  la  paille,  arnior.  plusk,  pellicule  des  fruits,  esp.  esplugar, 
ags  plausjan,  ail.  pflùcken,  fl.plukken,  cueillir,  angl.  pluker,  piumeur, 
it,  piluccare,  égrapper  des  raisins.  Le  tr.  a  conservé  éplucher. 
M.  Scheler,  d'après  Diez,  pense  qu'éplucher  ne  vient  pas  de  l'ail,  pflùc- 
ken, que  c'est  plutôt  l'ail,  qui  vient  du  roman.  Il  adopte  le  lat.  pilare, 
épiler,  par  addition  d'im  alfixe  uc.  Il  ne  m'appartient  pas  d'entrer  en  lice 
avec  ces  savants,  mais  je  demande  grâce  au  moins  pour  notre  plukain 
qui  semble  bien  avoir  reçu  l'influence  du  fl.  plukking. 


riSr.  PLU— POI 

l*liil»îii.s.iii.(li;tii»i('.  Kiin.pliikscl, charpie,  pliiKkiiig.épluchement. 

I*liikiiicr.  V.  u.  lairc  de  la  eliaipie. 

l^liima.  s.  ni.  pliiinel. 

I*luiuèséc,  pruinsai.  s.  ni.  viande  cuite  dans  de  l'eau  salée.  Mol 
peu  connu  à  Mous,  usité  en  quelques  villages. 

I^tiiuiion.  s.  m,  peiiie  plume  ||  duvet  ||  ordure  qui  se  forme  sous  les 
lits.  K8])ai;nol,  plumon  ou  plumion,  duvet. 

I*liiviiiei*.  V.  inip.  pleuvoir  un  peu.  V.  fr.  pleuviner. 

l*ocliel(c.  s.  f.  liseron  des  haies,  plante,  convolvuUts  sepium  ||  pis- 
tolet de  poche.  En  fr.  petite  poche. 

Pockc.  s.  f.  coup  II  nazarde  ||  chiquenaude  ||  bosse  à  la  vaisselle. 
FI.  pok,  pustule,  ail.  pocke,  bouton,  brel.  poki,  baiser.  En  fr.  poque  est 
un  t.  de  jeu. 

■•ockelle.  s.  f.  p.  variole,  petite  vérole;  de  l'ail.  Pocken  (pi.  de 
Pocke  dont  il  vient  d'être  parlé)  qui  signifie  petite  vérole. 

Pockeu.  adj.  et  s.  qui  est  gravé  de  la  petite  vérole  ||  couvert  de  bou- 
tons Il  rempli  d'aspérités  |j  raboteux. 

Poëtte.  s.  f.  orgeolet,  petit  furoncle  sur  le  limbe  de  la  paupière.  A 
Liège  polirai.  V.  focUellc. 

Pogne.  s.  f.  poignet. 

Poinçon,  s.  m.  le  IV.  donne  à  ce  nom  une  signification  générale  : 
c'est  un  outil  de  fer  aigu,  le  patois  lui  eu  donne  une  spéciale  :  c'est  le 
synonyme  de  lisonnié.  V.  ce  mot. 

Point  «!'  sorittc.  s.  m.  point  croisé. 

Poirier  {faire  el).  mettre  la  tète  en  bas  et  les  jambes  en  l'air.  Ail. 
burzelbauni,  mol  à  mot  arbre  croupion. 

Pois.  s.  m.  je  ne  donne  ce  mot  que  |)Oiir  en  indiquer  les  variétés; 
indépendammeni  du  braqué,  du  cossiau  el  du  cavpoi  (v.  ces  mois)  il  y 
a  :  r  poi  (/'  lois  Icunes  (de  5  lunes),  c'est  le  pois  hâtif  auquel  il  faut 
ajouter  du  sucre,  de  la  crème,  cl  vert  poi  (au  village)  elpoi  vert  (à  Mons) 
cosse  mangeable.  El  poi  dés  can  (des  champs),  jaune  et  vert,  ne  se 
mange  que  sec. 

Poîse.  ind.  du  v.  peser.  Bret.  poesa,  poser,  pouës,  poids,  v.  fr.  poi- 
ser,  lat.  pondus. 

Poitic.  s.  f.  t.  de  bat.  chambre  qui  se  trouve  à  l'avant  d'un 
baquet. 


POl—POP  287 

I*olye  s.  m.  poil  ||  î^aniemont.  C  fain  fameux  poiye,  c'est  un  franc 
polisson,  y  n'a  nu  bon  poiye  dessus  s'  ticlle.  Traduction  litt.  du  pro- 
verbe allemand  :  es  ist  kein  giiles  llaar  an  ihm. 

Polak.  s.  m.  soldat  du  train,  ordinairement  moins  bien  tenu  que  les 
soldats  des  autres  armes  ||  honune  salc,gi'Ossier,pesant.Polak=polonais. 
M.  Scheler  ne  veut  pas  qu'on  adresse  cette  injure  à  une  nation  et  fait 
des  ellorls  pour  trouver  une  autre  explication.  Il  est  pousse  par  un  sen- 
timent louable;  cependant  je  crois  que  M.  Corblet,  qui  a  avancé  l'étymo- 
logie,  est  dans  le  vrai.  J'ai  entendu  dire  par  des  vieillards,  que  sous  le 
régime  autrichien,  les  soldats  du  train  étaient  surtout  des  polonais  et  des 
polonais  fort  sales.  Ce  qui  n'empêche  pas  qu'il  n'y  ait  des  polonais  très- 
propres,  très-braves,  très-spirituels,  etc.  Ce  n'est  pas  la  seule  injure 
qu'on  adresse  aux  polonais,  on  dit  encore  :  soûl  cotnme  cin  polonais. 
D'ailleurs,  c'est  une  tendance  générale  de  la  populace,  de  donner  aux 
étrangers  des  qualifications  injurieuses.  J'en  pourrais  citer  plus  de  cen 
ex.;  presque  pas  de  village  qui  ne  désigne  le  village  voisin  par  un  sobri- 
(juet  injurieux.  L'éducalion  peut  seule  étouffer  cette  mauvaise  tendance 
de  l'esprit  humain. 

I*oîîr,  polî.  V.  a.  repasser. 

fl*<>!îsseu)%c.  s.  f.  repasseuse. 

I*oliss«îr,  polissoi.  s.  m.  fer  à  repasser.  En  fr.  ouli!  pour  polir. 

Poïîlc.  s.  m.  Ilippolyle. 

Polué,  poiiyc.  s.  m.  thym,  corruption  du  mot  fr.  pouliot,  plante  de 
la  famille  du  ihym.  Lat.  pulegia. 

Pouipicr,  poiHpeyci*.  v.  n.  se  dit  de  la  terre  pénétrée  d'eau  sur 
hupielle  on  marche.  Elle  pompiye,  ou  pompeyc. 

Ponep.  V.  n.  pondre.  V.  fr.  poser,  lat.  ponere,  pondère. 

Poiièresse.  s.  f.  pondeuse. 

Popinettc.  s.  f.  linge  noué  dans  lequel  on  a  mis  une  poudre  médi- 
camenteuse, ordinairement  de  la  céruse.  Pour  s'en  servir,  on  y  donne  quel- 
que coups  d'épingle  et  on  en  frappe  les  aines  ou  les  fesses  échaulfées 
des  enlants.  Le  mot  fr.  nouel  n'a  pas  précisément  la  même  signification, 
puisque  le  nouet  renferme  des  drogues  qui  doivent  y  bouillir.  Le  mot 
flamand  pop  est  cependant  traduit  par  nouel  et  aussi  |)ar  poupi-e.  Il  est 
à  remai'qiier  qu'^'/uie /)(»/)/«('«(;  rossendjlc  à  une  léle  de  poupée  grossière 
'ommc!  en  faronncnt  les  petites  filles. 


-288  l'ou— i*or 

l*o(|iie.  s.  r.  V.  pocke. 

l*oqiiei*.  V.  II.  donner  des  pulsations,  lieiirler.  Ça  li puquc  as'  licllc, 
il  sent  des  battements  dans  la  tète.  Poquer  al  fernielle,  frapper  à  la  le- 
iiètre.  Le  verbe  ail.  poclien,  a  exaclemeul  les  niènies  slt^nifiealions. 

Poquer  (lé  z'yeu,  le  z'y).  l'aligner  la  vue  à  loree  d'allenlion,  éblouir. 
Ça  li  poque  se  zyeu,  cela  est  sous  ses  yeux,  sans  qu'il  le  voye.  Pocher 
lin  œil  signifie  en  IV.  le  meurtrir. 

Poquelep,  poklcr.  v.  a.  enivrer.  De  pot?  (Borinage). 

l*oqueUo.  s.  f.  V.  pockclle. 

Porée.  s.  f.  choux  éiuvés,  épinards  bouillis.  Fr.  purée;  poirée  (belle). 
Ainvouyer  al  porée,  envoyer  se  promener,  se  débarrasser  de  (pielqu'un. 
D'  aller  — ,  êlre  mystifié,  se  tromper  de  voie,  s'engager  dans  une  allaire 
qui  ne  peut  avoir  de  résultat.  En  v.  fr.  poirée  signifie  poireau  et  légume. 

Porioii.  s.  m.  surveillant  des  houillières. 

Porjel,  biirgô.  s.  m.  maçonnerie  au-dessus  d'une  entrée  de  cave. 
Porjetium,  basse  lalinité. 

Port  au  sac,  porteur  au  sac.  s.  m.  porle-l'aix. 

Port  «le  mariage,  s.  m.  dol. 

Porté,  s.  m.  de  durée,  d'usage.  Ccsl  ain  bon  porté. 

Portélette.  s.  f.  anaeau  d'une  agralVe. 

Porteu  à  baquet,  s.  m.  chargeur  de  bateaux. 

Postî.  s.  m.  petite  porte  dans  une  grande  ou  à  côté  d'une  grande, 
guichet.  En  latin  postis  signifie  jambage  de  porte,  porte  elle-même.  V. 
fr.  posti,  porte,  gall.  post. 

Posture,  s.  f.  statue.  —  de  cire,  figure  de  cire.  Te  (Fmarc  là  comme 
enne  — ,  tu  restes  planté  comme  un  échalas. 

Pot.  s.  m.  mesure  de  capacité  pour  les  liquides.  Le  i»ot  de  Mons  se 
divise  en  deux  canettes,  la  canette  contient  deux  pintes,  la  pinte  i  potées. 
Le  pot  égale  2  litres,  05821. 

Pot  appartient  à  presque  toutes  les  langues  :  b.  ail.  poil,  bret.  pôl, 
irl.  pôl;  gall.  potiaw,  lai.  potare,  sansc.  pà,  boire. 

Potée,  s.  m,  huitième  de  la  canette.  En  fr.  conlenu  d'un  pot,  ocre 
rouge,  ctain  calciné  pour  polir,  eic. 

Potelle.  s.  f.  petite  niclie  dans  un  mur  pour  en  indiquer  la  propriété. 
A  Liège  î'o^i/,  niche  pour  placer  une  statue. 

Potî.  s.  m.  cuivre  de  la  dernière  qualité.  Holl.  polais,  fr.  polin,  lai- 


POT— POU  289 

fo!i  OU  son  niélanj^e  avec  la  calamine,  l'élain  ;  potée,  oxide  d'élain,  irl., 
écoss.  peodar,  gall.  fleutnr,  élain. 

Potiau.  s.  ni.  petit  pot,  mauvais  pot. 

Potière,  s.  f.  instrument  de  fer  qui  supporte  le  pot  sur  le  feu.  Il 
est  fier  comme  potière. 

Polisse,  s.  f.  petit  pot  servant  le  plus  souvent  à  contenir  du  tabac 
ou  de  la  moutarde.  Fig.  gros  nez. 

Polquin.  s.  m.  burette  |  petit  pol.  Âll.  polclien,  petit  pot. 

Pou.  prép.  et  conj.  pour.  Ce  mol  entre  dans  plusieurs  wallonismes 
et  signifie  disposé  à  :  élée  pou  v  ni,  étes-vous  disposé  à  venir?  Les  espa- 
gnols disent  :  estoi  por  partir, je  veux  parlir  à  rinstant.  Avec  une  néga- 
tion il  signifie  incapable  :  Je  n'  sue  gnic  pou  vo  Icijer  /«,  je  suis  incapable 
de  vous  abandonner. 

Poudrai  [ej)  et  même  poudrerai,  fut.  du  verbe  pouvoi. 

Pouf.  excl.  en  frappant.  AU.  PulT,  coup,  bufte. 

Pouf  («M  r).  gratis,  sur  le  compte  d'autrui.  It.  vivere  a  ulTo,  vivre 
gratis. 

Poufrin.  s.  m.  appellation  injurieuse.  En  li(''geois  drap  grossier, 
poussière  qui  reste  au  fond  d'un  sac  à  charbon. 

Pougner,  pogner,  poigncr.  v.  a.  puiser  par  poignées.  Poigner 
en  fr.  signifie  tourmonler,  bourreler.  /  peinse  qui  na  fok  quà  —,  il 
croit  qu'il  n'y  a  qu'à  prendie,  que  le  trésor  est  inépuisable. 

Pougnie.  s.  f.  poignée.  V.  fr  pugnie. 

Pouiile,  pouyc.  {bo,  bois  d').  s.  m.  érable,  acer  montanum.  Quel- 
ques personnes  pensent  qu'on  lui  a  donné  ce  nom  à  cause  qu'on  en 
employé  souvent  les  branches  à  faire  des  perchoirs  de  poules,  qui  s'y 
juchent  bien,  parcequ'ellcs  sont  raboteuses.  D'autres  croyent  que  ce  nom 
lui  est  venu  de  ce  que  ce  bois  est  tendre  et  que  la  poule  sert  souvent  de 
terme  pom'  des  comparaisons  analogues. 

Pouiiieirie,  pouyèlrie.  s.  f.  poides,  coqs,  dindons.  No  —  n\i  nie 
reindu  c  ii  année-ci,  notre  basse-cour  a  été  peu  productive  cette 
année. 

Pouiilette,  pouyetle.  s,  f.  poulette. 

Pouillon.s.  m.  poulet  ||  fig.  enfant  délicat. 

INMiiié,  poiiyié.  s.  m.  poulailler.  V.  fr.  pouillcr. 

Pouiisse.  s.  f.  jeune  jument. 


'IW  POU— POU 

l*ou  nii,  11,  li,  nous,  vous,  eusse,  suivi  d'un  infitiilir,  pour  que, 
aliii  que,  suivi  du  subjonctif.  MouUe  ain  pau  pou  mi  vir.  Bien  des  gens 
croyent  parler  français  en  traduisant  littéralement.  Montrez  un  peu  pour 
moi  voir.  Voilà  une  manière  de  parler  bien  essentiellement  montoise  ; 
mais  pour  parler  monlois  le  plus  possible,  il  y  a  peut-être  mieux  encore, 
c'est  de  supprimer  le  pou  mi  et  de  ne  laisser  que  les  deux  verbes  mouUc 
ou  mousse,  vir  ou  vie.  Il  possède  encore  bien  le  génie  de  la  langue,  celui 
qui  dit  :  mouslrelle,  mouslrem  vir,  montrez-le,  montrez-moi.  Dans  le 
refrain  suivant,  il  y  a  renversement  : 

Enne  pipe  el  du  toubaque  pou  fumer  Nicolas. 

Lorsqu'on  a  entendu  les  soldats  ail.  commençant  à  parler  fr.,  on  pour- 
rait croire  à  un  germanisme.  En  effet,  nous  avons  ouï  dire  :  pour  moi 
voir,  aimer,  mais  cela  n'est  pas  du  tout  une  traduction  de  l'ail,  et  d'ail- 
leurs ne  signifie  pas  pour  que  je  voie,  mais  simplement  je  vois,  j'aime. 
C'est  un  procédé  pour  esquiver  la  difficulté  de  la  conjugaison.  Il  suffit 
de  connaître  l'infinitif.  Nos  gens  du  peuple  imitaient  les  étrangers  en 
leur  parlant  et  disaient  :  four  mik,  (fur  niicli).  Cela  faisait  un  curieux 
langage.  J'ai  entendu  un  jour  une  fille  dire  à  son  amant  :  Four  mil:,  elle 
ain  colère  coule  dé  li. 

II  y  a  quatorze  siècles,  les  franks  vainqueurs  ont  usé  du  même  pro- 
cédé pour  altérer  le  b. -latin,  alors  parlé  dans  les  Gaules,  au  moins  dans  les 
villes.  Il  n'est  pas  facile  de  savoir  les  mots  qu'ils  ont  importés,  parceque 
plusieurs,  sans  doute  avaient  été  communs  à  la  Gaule  et  a  la  Germanie 
et  qu'il  en  subsistait  un  grand  nombre  dans  nos  villages.  Us  ont  dû  les 
saisir  avec  empressement  et  les  remettre  en  honneur;  mais  lorsqu'ils 
ont  voulu  parler  la  langue  des  vaincus  (des  villes),  leur  procédé  n'est  pas 
resté  douteux;  ils  ont  rivalisé  avec  les  indigènes  pour  supprimer, autant 
que  possible,  les  inflexions  des  verbes  et  des  substantifs  qui  les  gênaient, 
en  substituant  des  articles,  des  pronoms  personnels  et  des  auxiliaires, 
comme  ils  l'ont  fait  dans  leur  propre  langue,  tout  en  ayant  la  complai- 
sance de  forger  les  articles,  les  pronoms  et  les  auxiliaires  avec  des  mots 
latins. 

■•ou|»îer.  s.  m.  peuplier.  B.  lat.  poplus,  lal.  populus. 

Pourazine.  s.  f.  poix  résine. 


POU— POU  291 

l*oiii'i'lta!«.  s.  m.  quêle.  Fr.  pourchasser,  en  v.  fr.  poiirelias  signi- 
fiait travail,  iji-néfice. 

Poiirciaii.  s.  ni.  pourceau,  cochon.  Fig.  vilain,  saligaud,  débauché, 
ivrogne  ||  bosse  au  front,  à  la  tète,  par  suite  de  contusion.  V.  abourser. 
Sans  doute  on  a  dit  originairement  bourciau,  car  les  liégeois  disent 
boursai  et  je  trouve  dans  le  glossaire  Picard  boursiau.  La  manière  dont 
le  gall.  écrit  pwrs  bursa  est-elle  une  raison  sutiisanle  pour  justifier  un 
doute? 

Le  mol  pourciau  a  donné  naissance  à  une  foule  de  proverbes  popu- 
laires. Ils  ne  sont  pas  à  recommander  pour  l'usage  des  salons,  mais 
beaucoup  sont  pleins  d'énergie.  Cilons-en  deux  ou  trois,  Quan  ou 
quanle  lé  pourciaux  sont  sou  lés  r'  lavures  sont  stires,  à  personne  repue 
ou  blasée  tout  semble  fade. 

Quand  on  fax  du  lié  à  s' pourciau,  on  l'erlrouve  à  s'  saloi,  femme  qui 
soigne  son  mari  est  égoïste. 

/  nai  gnié  trop  d'  sur  pou  m'  pourciau,  je  suffis  à  peine  aux  besoins 
de  mon  intérieur,  je  ne  suis  pas  tenté  d'aller  chercher  de  la  besogne 
ailleurs.  Il  est  à  s'  naise  comme  ain  pourciau  dain  ain  sac. 

Y  r  chane  tout  à  lés  pourciau  ; 
Avé  r  vieu  y  fait  du  nouviau. 

Parce  que  le  cochon  en  mangeant  des  ordures  en  produit  d'autres. 
J'ai  entendu  ce  proverbe  traduit  en  fr.  comme  beaucoup  d'autres.  Il 
n'est  pas  ordinairement  facile  de  décider  quel  langage  a  emprunté  à 
l'autre.  L'existence  de  la  rime  chère  aux  proverbes  est  une  grande  pré- 
somption de  priorité. 

Pouvciau-singlé.  s.  m.  cloporte,  mille-pieds.  En  fr.  le  nom  vul- 
gaire est  porcelet. 

Pouretle.  s.  f.  petit  paquet  de  poudre  médicamenteuse.  Fr.  purette, 
poudre  que  l'on  met  sur  l'écriture. 

I*oiirlékié,  Pouiiéké  (s),  se  lécher  par  avance,  avoir  l'eau  à  la 
bouche  (St-Ghislain,  Baudour).  Se  pourlécher  se  disait  autrefois  en  v,  fr. 
Quelques  modernes  comme  Balzac  l'employent,  quoiqu'on  ne  le  trouve 
pas  dans  les  derniers  dicl. 

Pourri,  v.  n.  mûrir  en  parlant  d'un  rhume. 


-1\H  POU— IMU) 

l*oiilé«*.  s.  r.  n'sidu  de  tlistillorie.  l'ij^iin-meiil  chose  do.  pou  de. 
Viileur,  marchandise  de  mauvaise  quaiilé,  V.  l'r.  poulie,  poussière  sur 
les  habits. 

Poiii'ii,  povii,  poyii.  pari,  passe  du  v.  pouvoir. 

I*raiigère.  s.  m.  iieure  du  repas  principal.  ||  Midi.  ||  Méridienne.  || 
Siesle  )|  Fai  — ,  faire  la  sieste  (arr.  de  Charleroy).  A  Liège  prangir, 
prangi,  v.  fr.  praingeler,  ruminer  ||  manger  ||  grignoter,  lai.  prandere, 
déjeûner. 

■•paule.  s.  f.  conte  pour  rire,  plaisanterie  (Borinage). 

Préolle,  preyclle.  s.  f.  Il  y  a  une  couture  à  Jemmapes  ainsi  nom- 
mée. Il  y  avait  à  Mons  l'étang  dés  — .  V.  fr.  praielle,  pratellum. 

Preînde,  prciiite.  v.  a.  Ej  preind,  nos  perdons,  vos  perdez,  i 
preintte  ou  preinlié,  ej  perdons,  perdrai,  perdrais,  quéf  preinsse,  per- 
disse. 

Fiye  qui  preind 
Se  veind, 
Fiye  qui  baye 
S'eincanaye. 

Preiim.  Y.  aupreum  et  fok. 

Prîcfsse,  prîeltc,  prêtte,  praite.  s.  m.  prêtre.  Pou  avoi  n  mai- 
son nette  n'y  faut  prietle  ni  nounette. 

Primo  d^tbortl.  Alliance  de  deux  mots  ayant  la  même  signification. 
C'est  un  pléonasme  compliqué  d'un  barbarisme. 

Princesse,  s.  f.  haricot  princesse. 

Princheu,  prèeiieu.  s. m.  hanneton.  Dans  quelques  localités  fl.  on 
désigne  le  hanneton  sous  le  nom  de  prinker,  prédicateur. 

ProGcial.  Mot  iatin  employé  pour  :  bien  vous  fasse,  je  vous  félicite, 
je  vous  fais  mon  compliment. 

Proflt.  s.  m.  binet,  brùle-tout. 

Prone.  s.  f.  prune  ||  ivresse.  Attraper  «'  bonne  — . 

Propancier.  s.  m.  v.  mot  fr.  par  lequel  on  désignait  un  habitant 
du  Hainaut.  Inconnu  aux  wallons.  V.  pansnier. 

Proulte.  s.  m.  pet.  ||  Habit  — ,  habit  court,  par  analogie  avec  vesse 
veste.  Fl.  prol  ;  onomatopée? 


PRO-PUT  293 

Proxinic.  Y.  fr.  lire  du  l;it.,  parenl,  pioche.  On  dil  par  pléonasme  : 
ses  parents  les  plus  — . 

Priiéfe,  pi'waife.  s.  f.  preuve  ||  indic.  du  v.  prouver. 

Priiniié.  adv.  premièrement.  On  continue  rénumcration  en  disant 
ocme^  5eme_  ||  g.  et  adj.  Quî  freincl  — ,  prcind  bié. 

Piiche.  s.  m.  puits  ||  s.  f.  puce.  FI.  putte,  puits,  bas-bret.  puncz, 
lat.  puteus,  Keïau — ,  mot  à  mot,  tomber  dans  le  puits,  être  épuisé  par 
les  plaisirs  vénériens. 

Puciau.  s.  m.  puceau,  jeune  garçon  qui  mène  la  danse  à  certaines 
kermesses  de  villages  ;  ce  que  dans  la  plupart  des  communes  on  nomme 
capilaine. 

Piigi.  V.  a.  puiser  (Charleroy).  A  Liège poulii.  V.  fr.  espucher,  trad. 
de  la  Bible,  chap.  24,  verset  xj,  il.  putten,  puiser,  put,  puits,  putje, 
dimin.;  lat.  puteus. 

Piiîscp.  V.  a.  se  laisser  pénétrer  par  l'eau.  Se  dit  des  chaussures. 
Mes  solées  puiste.  V.  fr. 

Puisoir,  pui»ioi.  s.  m.  lieu  où  l'on  puise.  Puisard  en  fr.  est  un 
puits  absorbant. 

Piilkra.  s.  m.  jacinthe,  hyacinthe,  hyacinlhus  orientalis.  Du  lat. 
pnlcher,  pulchra,  beau,  belle. 

Pulpilc,  pilpitc.  s.  m.  pupitre.  Lat.  pulpitum. 

Piiii.  s.  m.  pomme.  Au  Borinage  peugne.  A  Tournay  on  prononce  à 
peu  près  pwon,  V.  fr.  pun.  —  d'  capron,  fruit  d'églantier. 

Piir-ain  {tout),  exclusivement,  entièrement.  —  bielle,  rien  que  des 
bêles. 

Pure,  piircltc  {en,  ain).  habit  bas.  Les  ail.  disent  im  blosscn  Hemde, 
littéralement  :  en  nue  chemise,  en  pure  chemise.  Les  liégeois  de  même 
disent  ess  et  peur  chimich. 

Piiriaii.  s.  m.  eau  de  fumier,  bouillon,  pureau. 

Piirîère.  s.  f.  purot. 

Pulle.  excl.  de  dédain.  Fai  des  — ,  dédaigner.  Bret.  put,  désagréable. 
aigre,  v.  fr.  pût,  lai  in  putidus,  fétide. 


■M 


294  QUA-QUA 

Q 

Qiiaiiquo  {loul),  tout  ce  que.  Quanque  csl  un  v.  m.  fr.  En  lai.  quan- 

UlU). 

Qiiarc^iion.  village  près  de  Mous.  V.  IV.  carreignon,  coin,  angle. 
S'en  suil-il  que  —  vienne  de  là? 

Quart,  s.  m.  empan,  espace  compris  enlre  le  pouce  et  le  petit  doigt 
écartés.  Mcllc  es  quart  conlc,  mesurer  par  empan.  Fig.  connaître  (ordu- 
rior).  V.  l'r.  (piarre,  dos  de  la  main. 

Quarte,  s.  f.  mesure  de  capacité  pour  les  grains  en  usage  à  Namur 
et  dans  quelques  communes  du  Hainaut.  4  picotins  ou  quart  de  setier. 

Quarteron,  s.  m.  ce  mot,  comme  en  fr.,  signifie  le  quart  d'une 
livre,  d'un  cent.  Seulement  à  Mons  le  quarteron  d'oeufs  est  de  26  et 
celui  de  pommes,  de  noix,  de  54.  A  Ath,  le  quarteron  de  pommes  est 
de  52. 

Quartier,  s.  m.  mesure  de  capacité  pour  les  grains,  valeur  métrique 
0  h.  1553  II  division  de  mesure  agraire,  douzième  de  bonnier  ou  quart 
\]ejourncl. 

Qu»«!iimeut,  <|ua!><imain.  adv.  presque,  quasi.  Pci-elle  cl  kasimain 
ccsl  dés  cousins  germains.  V.  fr.  quasiment. 

Quatelet,  capelet,  eatlet,  katlct.  s.  m.  irochel,  réunion  de 
fruits,  surtout  de  noisettes.  S'emploie  figur.  pour  groupe,  réunion  : 
Ein  —  d'  coumcres  qui  calaudlé,  un  groupe  de  femmes  qui  bavardent. 
On  peut  établir  sur  ce  mot  bien  des  suppositions  :  est-ce  réunion  par 
quatre?  est-ce  cbapelet?  ou  peut  encore  remarquer  qu'il  s'employe  sur- 
tout pour  désigner  les  aggrégalions  de  fruits  d'arbres  à  cbàlon.  FI.  katje, 
ail.  Kàstchen,  chaton;  il  y  a  enfin  le  gall.  catt,  frustulum,  particula 
(Davies). 

Quatre|iîerre.  s.  f.  salamandre.  Dans  quelques  villages  on  dit  k ater- 
rifc'.E.  A  Liège  kwal  pessc,  mot  à  mot,  quatre  pièces.  On  a  sans  doute 
;dtéré  le  mot  pour  lui  donner  une  signif.  comme  dans  queue  W  sorille  ; 
mais  quel  était  le  mot  primitif?  M.  Grandgaguagc  avance  le  holl,  kwaad 
beest,  quoique  l'animal  ne  mérite  pas  ce  nom  (méchante  bête)  ;  il  est 
inoflcMisif  ;  mais  il  est  très  redouté  des  enfants.  On  pourrait  encore  le 
former  de  l'ail.  Quappe,  lèlard  de  grenouille  ou  de  Krole,  crapaud.  + 
FI.  pad,  aussi  crapaud.  Le  fr.  crapaud  semble  êire  aussi  Krôle  -|-  pad. 


QUE— QUI  295 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  assez  singulier  que  Tangl.  ail  Caterpillar,  clie- 
nille,  mot  à  mot,  quatre  piliers  et  qu'en  portugais  la  chenille  s'appelle 
lagarta,  proprement  lézard  (lai.  lacerla).  Ce  rapprochement  vienl-il  de 
ce  qu'ils  rampenl  tous  deux?  Mais  M.  Lillré  dit  que  caterpillar  vient  du 
pal.  norm.  chatlepelousc,  chenille,  propr.  chatte  velue. 

<[Jue  fusse,  que  fut-ce.  conj.  quoi  qu'il  en  soit,  malgré  cela,  soit. 

Que.  inlerr.  quoi,  comment.  Si  les  montois  remplacenl  quoi  par 
que,  eu  récompense  ils  substiluent  souvent  quoi  à  que.  Ex.:  quoi  disée, 
pour  que  dites-vous?  mais  ce  quoi  est  prétentieux.  Vers  Alh  on  pro- 
nonce quau.  Quau  dile,  quau  /aile? 

Qnelpoiqne.  t.  d'arg.  rien.  Quel  ou  quelque  -{-  poic.  V.  fr.  poc, 
qui  signifiait  peu. 

Quëniau.  s.  m.  chèneau,  jeune  chêne  ||  bâton  de  chêne.  V.  fr. 
quesne,  caisne,  chesne  el  quéniau.  B.-lat.  casnus,  lat.  quercus,  brel. 
guesen  lafi.  A  la  vérité  taù  est  le  nom  spécifique,  gwesen  n'est  que  le 
nom  générique  :  arbre;  mais  seul  il  a  bien  pu  désigner  l'arbre  par 
excellence.  Celle  conjecture  s'est  réalisée  :  Je  viens  de  voir  gwen  tra- 
duit par  chêne  dans  un  vers  bret.  de  l'introduction  du  dicl.  de  Legonidec. 

Querîèpc.  s,  f.  t.  de  charbonnage.  Pierre  très-dure  qui  tapisse  la 
veine  de  houille.  On  la  divise  en  quersiau,  Irês-dur,  en  qucricre  pro- 
prement dile,  de  dureté  moyenne  el  en  querlasse,  plus  tendre.  On  dil 
aussi  querelle.  Prononcez  kwairière.  Brel.  karreg,  gall.  careg,  pierre; 
d'où  provient  probablement  le  fr.  carrière  (de  pierres),  v.  t.  quarrière; 
v.  fr.  quarrel,  pierre;  querelle,  grêle. 

Querre,  qucc.  v.  a.  quérir.  V.  fr.  qucrre. 

Que  loul.  adv.  combien.  Il  n'est  pas  interrogalif,  mais  admiratif. 
Que  tou  quon  Via  bayé!  combien  on  lui  a  donné!  Comp.  le  lat.  quam 
multum,  l'ail,  wieviel,  le  fl.  hoeweel,  le  fr.  lui-même,  combien  ;  bien, 
pour  beaucoup. 

Quétron.  s.  m.  rejeton,  surgeon,  marcotte.  AU.  Quecke,  racine  qui 
tend  à  se  multiplier. 

Queue  d'  soritle.  s.  f.  chauve-souris.  Au  Bor.  kau  d'  sori,  à  Liège 
chaw  sori.  Ce  mot  est  une  altération  de  kauw  ou  kauive  sorile,  dont  les 
monlois,  aussi  bien  que  les  fr.,  ont  oublié  l'origine  et  dont  les  uns  ont 
fait  queue  el  les  aulres  chauve.  V.  chaou.  Le  v.  fr.  a  dit  chaude-soris. 

Qui  fusse,  soit. 


296  QUI-ir 

Qiiiii.  s.  m.  cul,  (lerrière  (Boi'iu.).  Lat.  cuiimis. 

^iiinquiii.  s.  iii.  derrière,  cul.  ||  appellation  amicale. 

Qiiiii<|uiiietlc.  anneau  de  pâtisserie  ;  tire  son  non»  de  sa  l'orme 
d'anneau.  C'est  un  dimin.  du  dimin.  précédent. 

Quint,  s.  m.  caprice.  Fr.  (piinleux;  lioll.  kwint,  caprice.  V.  quin- 
loussc. 

Qiiinfonssc.  s.  f.  coqueluche.  Fr.  toux  par  quintes,  holl.  kinklioest, 
ail.  Kcikhust,  racine  ail.  keichcn,  haleter,  v.  ail.  kîchen-|-liust,  loux. 
Coqueluche  doit  avoir  la  même  origine.  On  pourrait  dire  que  c'est  loux 
de  co(i  ;  il  est  vrai  que  le  croup  pourrait  être  ainsi  nonmié,  mais  non  la 
coqueluche. 

Qiiinzain.  s.  m.  montois  qui  va  en  pèlerinage  à  Tongres.  Eu  Ir.  t. 
de  jeu  de  paume,  etc. 

Quinze,  s.  m.  manière  de  compter  au  jeu  de  balle  :  Ein  quinze, 
prumié  quinze,  acoi  quinze. 

Qu'est  ce  que  c'est  que?  inlerr.  comment,  quoi? 

Qui  soye.  adv.  conjonction,  quoi  qu'il  en  soit. 

Qui  vie.  prochain,  futur.  Litl.  qui  vient.  Les  fîyes  qui  n'ont  rie,  y 
d'ara  co  Vannée  qui  vie.  Les  fdles  sans  fortune,  il  en  restera  l'an  pro- 
chain. 

R 

IS.  Celle  lettre  se  supprime  dans  la  terminaison  de  tous  les  verbes. 
On  dit,  même  avant  une  voyelle,  aimée,  puni,  dcvoi,  prainde.  Il  n'y  a 
qu'un  petit  nombre  d'exceptions.  Ex.:  Vir  pourvoir  et  encore  dit-on 
souvent  v'i.  Au  commencement  des  mots  on  déplace  souvent  le  R  pour  le 
mettre  après  la  voyelle  :  Erlourner  pour  retourner,  berlclle  pour  bre- 
telle. Ou  le  supprime  à  la  lin  de  la  plupart  des  mots  en  eur  :  Meinleu, 
Irompcu;  dans  la  plupart  des  mots  en  oir  :  Abuvroi,  salai,  miroi,  mou- 
choi  ou  moukoi  ou  mousicoi  ;  dans  le  milieu  d'une  foule  de  mots,  ehales, 
meimbc.  Dans  les  s.  en  ier  on  fait  le  changement  en  ée  :  Solée,  pilée, 
candclée.  ] 

R',  rc,  ra,  sont  plus  rarement  qu'en  fr.  des  signes  d'itération  : 
Récrire,  raiquiser,  r  guéri,  roblier,  signifient  écrire,  aiguiseï-,  guérir, 
oublier. 


KAB— RAC  297 

Rabac*he-bitte.  s.  m.  désappoiiitemen!,  coiilrjiiéU',  chose  propre 
à  abaisser  rorguoil.  Fr.  rabat-joie. 

Rabâcher,  v.  a.  abaisser,  abattre,  humilier.  En  IV.  v.  u.  qui  si|^ni- 
fie  répéter  faslidieusenient. 

Rabatiaii.  s.  m.  rideau  qui  cacha  le  dessous  d'un  lit.  Kii  fr.  raba- 
teau  signifie  un  feutre  qui  arrête  l'eau  enlevée  par  la  meule. 

RabUtoquer.  v.  a.  rajuster,  racommoder. 

Rablagi.  v.  n.  pâlir.  Blass  en  ail.  signifie  pâle.  V.  blage. 

Rabobinache.  s.  f.  rabâchage,  Quée  droite  dé  — .'  Quels  singuliers 
contes  ! 

Rabobiner.  v.  n.  et  a.  rabâcher,  radoter.  V.  fr.  rabobeliner,  replâ- 
trer, réparer. 

Rabot,  s.  m.  t.  decharb.  terrain  aussi  nommé  forte- loise,  formé  de 
silex  mêlé  de  calcaire.  En  fr.  pierre  dure  pour  paver. 

AKabouler.  v.  n.  revenir  avec  empressement,  V.  abouler. 

Rabouziiier  {s'),  v.  r.  se  ramasser,  se  former  en  bousin. 

Rabuftcr.  v,  a.  rebufer.  It.  rabufo.  V.  buf.  Ail.  verbliiflt,  décon- 
certé, étourdi. 

Rabiis,  rabuse.  s.  m.  (Bor.).  V.  ravclu. 

Racachcr.  v.  a.  faire  revenir,  renvoyer,  rechasser.  —  lés  vak,  ra- 
mener les  vaches  du  pâturage. 

Racater.  v.  a.  racheter.  V.  fr. 

Raceoiirre.  s.  f.  bout,  morceau  de  planche,  de  poutre,  etc. 

Rachaiicr.  v.  n.  ramasser  le  charbon  tombé  des  charriots  sur  le 
chemin  (Borinage).  A  Namur  rachouner,  à  Liège  rassorte,  rassoie,  si- 
gnifient ramasser.  Remarquons  ([ue  tous  les  mots  fr.  terminés  en  semble, 
font  à  Liège  sone  et  dans  le  Hainaut  chêne  ou  chane  :  csone^einchaiie, 
ensemble.  Ressone=r' chane,  ressemble.  Sone^=chane,  semble.  V.  ces 
mots  ;  d'où  l'on  peut  conclure  que  rachaner,  rassoné,  répondent  au  fr. 
rassembler. 

Raehc.  s.  f.  cl  landon  ne  comporle  que  deux  chevaux  de  volée  à  un 
charriot,  c'est-à-dire  quatre  en  tout.  Si  le  nombre  est  plus  grand,  le 
nom  change  ;  el  landon  devient  el  — .  Quand  el  —  est  à  trois  chevaux, 
un  bout  est  terminé  par  ain  lamiau  pour  un  cheval  et  l'autre  par  ein 
landon  poin-  deux  chevaux,  chacun  avec  es  lamiau  ;  alors  el  —  ne  lient 
pas  au  limon  par  le  milieu,  afin  de  donner  un  levier  avantageux  au  che- 


^208  KAC— K\l) 

val  qui  se  trouve  seul  coulre  doux.  Lors(|ue  la  volée  est  de  quatre  che- 
vaux il  y  a  cin  landon  à  cIkuiuc  exlréuiiié  et  cl  —  lient  au  limon  par  le 
milieu. 

Raelienior.  v.  a.  arranger,  habiller,  nelloycr,  enharnachcr.  Enne 
maison  rachmée  comme  cin  ran  (F  ponrciau,  une  maison  propre  comme 
un  toit  à  poi'C.  /  vie  loudi  mau  rachhné,  il  arrive  toujours  mal  accoutré. 
Liégeois,  ahessi,  prov.  azesmar,  préparer,  v.  fr.  acesmer,  disposer, 
achesmer,  orner,  parer,  vêtir.  Le  simple  v.  fr.  esmer,  v.  esp.,  v.  port, 
asniar,  apprécier,  est  rapporté  par  Oiez  au  lat.  aîstimare.  A  la  bonne 
heure  pour  esmer!  mais  je  crois  achesmer  d'autre  souche.  J'aimerais 
mieux  choisir  le  b.-lat.  scema,  lat.  schéma,  grec,  v.^/*»)  vêtement, 
beauté,  forme,  ornement. 

Raclée,  s.  f.  volée  de  coups.  Raclée  est  un  mot  usité  en  France, 
mais  non  consigné  dans  les  dictionnaires. 

Raclot,  racrol.  s.  m.  fête  qui  se  célèbre  8  jours  ou  15  j.  après  la 
kermesse. 

Racloi.  s.  m.  lige  de  fer  avec  une  spirale  munie  d'un  anneau  et  atta- 
chée par  les  deux  bouts  à  une  porte.  L'anneau  raclé  avec  force 
faisait  l'ofllce  de  sonnette.  Lés  —  n'existent  plus  à  Mons.  V.  ragalelle. 

Racontage.  s.  m.  radotage,  paroles  oiseuses,  rabâchage.  Les  fr. 
employent  un  mol  qui  ne  figure  pas  dans  les  dict.:  celui  de  raconlance  ; 
il  s'éloigne  peu  de  la  signification  du  mot  montois.  Cet  art.  étaitécrit  de- 
puis longtemps  et  j'avais  entendu  dire  par  des  vieillards  le  mot  racontage,il 
y  a  plus  de  50  ans,  lorsque  je  l'ai  vu  dans  le  compl.  du  dicl.de  l'Acadé- 
mie avec  l'annotation:  néologie.  Les  fr.  l'auraient-ils  pris  aux  montois? 

Raeousu,  ne.  adj.  portant  des  balafres,  des  cicatrices,  surtout 
celles  des  boutons  de  variole. 

Racriii.  v.  a.  mouiller  de  nouveau.  V.  cru. 

Raeuser.  v.  a.  rapporter,  dénoncer.  V.  fr. 

Racii§elte.  s.  f.  rapporteur.  —  dé  chon  plaqicelte,  —  qui  ne  vaut 
pas  5  plaquettes. 

Radabler,  radaguencr,  radagncr.  v.  a.  réparer,  ragréer,  ra- 
jiisler.  A  Liège  agadelé,  adaglé,  accoutré,  paré;  adasné,  ajusté,  v.  fr. 
dagel,  damoiseau.  Radacncr  pourrait  cire  encore  pris  comme  contrac- 
tion de  ralaconer.  V.  lassiau. 

Rade,  rad^maiu.  adv.  vite  :  Ein  noir  hic  kcurl  IC  aussi  rade  qu'cin 


HAD-RAG  299 

blanc.  Avicrade  ou  racimain.  Le  mol  rade  esl  oniployc  par  Lesaige.  On 
sera  peul-éire  leiilé  de  tirer  ce  mol  de  raide,  vaidemenl,  qu'en  v.  fr.  on 
écrivail  el  prononeail  roide,  roidenieiit.  On  lit  dans  Rabelais  :  adonc 
coururent  tant  roideinenl  ;  mais  il  est  à  remarquer  d'abord  que  notre  pa- 
tois a  conservé  roi,  roidc.  Il  ne  confond  pas  :  passer  roi  [comme  cnne 
broque)  et  passer  rade  sont  fort  différents  et  qu'ensuite  le  fl.  nous  fournit 
le  mol  rad.  Y.  ail.  radi,  il.  ratio,  irl.  grad,  rapide,  sauscr.  hrad,  aller. 
D'ailleurs  le  v.  fr.  avait  rade. 

Kndoiipc.  s.  m.  deux  fois  double.  El  doiipe  éyé  V  — ,  le  double  et  le 
quadruple. 

Radi'oiti,  es'droîli,  B'^lroiti.  v.  a.  redresser. 

Haf.  excl.  pour  enlever.  En  fr.  coup  de  vent  venant  de  terre.  C  qui 
vie  d'rif  sein  va  d'  — ,  le  produit  de  la  violence  est  arraché  par  la  vio- 
lence. Faire  rifraf,  agiter  V  racloi.  Faire  rifrouf,  fiùre  à  la  bâte.  Si 
rij,  raf,  rouf  ne  sont  pas  de  simples  onomatopées,  ils  doivent  avoir  la 
même  origine  que  les  mots  fr.  raffler,  faire  rafïle,  c'est  à  dire  probable- 
ment venir  de  l'ail,  raflen  ou  du  lat.  rapere,  ravir. 

Rafanti.  v.  n.  redevenir  enfant,  tondjer  en  enfance,  radoter. 

RafToiirci*.  v.  a.  donner  la  nourriture  aux  bestiaux.  Fr.  peu  usité, 
afourer  ou  afourager.  A  Liège  foré,  à  Naniur  foiirer. 

RaGstolci*.  V.  a.  arranger,  racomnioder,  rétablir.  Y.  fr.  afistoler, 
parer,  orner. 

IfiaJlaier.  v.  n.  el  a.  cherchera  calmer,  à  apaiser. 

Ifiafoiirôe.  s.  f.  nourriture  des  bestiaux.  Fig.  pitance,  portion, 
grande  quantité  de  nourriture.  Ain  prinde  es  rafoiirce,  en  manger  sou 
soûl.  En  liégeois  fore,  bas-Iat.  foderagium,  fodrum,  en  bret.  voueta,  ali- 
menter, en  allemand,  Futter,  nourriture  des  bestiaux,  goth.  fôdr,  viia 
fuore,  mha  vuore,  (1.  voedcr,  fr.  fourrage. 

I&afroiignei*  (s),  se  refi'ogner,  se  racornir,  se  blottir,  se  resserrer, 
se  plisser.  A  Liège  rafougnlé,  se  blottir  ;  en  fr.  se  refrogner,  n'a  que  la 
signification  de  se  plisser. 

Raftor,  rafler,  v.  n.  (V.  rif).  Racler,  agiter  le  cercle  placé  à  une 
porte  en  guise  de  sonnette. 

Rafiirer.  v.  a.  jiicorer,  voler.  C'est  du  v.  fr.  tiré  du  lat.  furari. 

Rafulor,  rainfiiter.  v.  a.  remettre  un  lût  détaché,  fig.  rajuster. 
Fin  fr.  rafutcr,  signifie  donner  la  façon  aux  chapeaux. 


'>00.  j;^^  RAG— RAI 

Kn^alellc.  s.  ï.  cri':celle,  fig.  personne  «[iii  parle  beauroiip,  ra|)ide- 
n\M\\.Ilagalclk"s<<min\on\c=^rach'lU'.  Bas-ail.  raken,  v.scand.  raka, racler. 

Knge,  ra»«qiie  {reslcr  uiti).  ilemenier  arrêté,  embourbé.  V.  en 
rage,  araskié.  On  dil  à  Mons  rage,  au  village  rasque,  et  même  quelque- 
lois  rast.  Ce  dernier  mol  est  un  terme  militaire  ail.  pour  désigner  le 
repos  après  une  marche. 

Les  monlois  ont  francisé  la  prononciation,  de  sorte  que  l'origine  ne 
pourrait  plus  se  retrouver,  si  nos  campagnards  n'avaient  pas  été  plus 
constants  qu'eux. 

Je  dois  dire  que  le  patois  picard  possède  les  mots  s'enraker  et  rake 
que  M.  Corblet  traduit  par  s'embourber  et  boue,  en  rappelant  le  celtique 
rakia,  eau  bourbeuse.  Il  aurait  pu  ajouter  le  v.  fr.  raque,  mare,  fosse 
pleine  d'eau  bourbeuse,  le  b.-lat.  rachia,  rascia  mare.  Il  y  a  encore  le 
fl.  rake,  bout  de  chemin,  uit  raken,  sortir  (uit,  hors),  comme  qui  dirait 
déraker. 

Ragrauyer.  v.  a.  ramasser,  reprendre  avec  adresse  ce  qui  a  été 
volé.  —  («').  V.  pers.  S'accrocher,  se  rétablir  au  propre  comme  au  figuré. 
V.  grau. 

Ragrigiier  (s'),  se  chagriner,  se  racornir,  se  ratatiner,  se  recoquil- 
1er,  se  rider,  se  froncer.  Figur.  devenir  revêche,  maussade.  Cello-bre- 
lon,  grignous,  chagrin,  v.  fr.  se  regrigner,  se  crisper,  se  retirer,  res- 
sembler à  la  peau  de  chagrin. 

Ragripei*.  même  sign.  que  ragrauyer. 

Rai.  s.  m.  rayon  de  roue.  En  fr.  rayon. 

Raiiuola.sse,  rainuioulassc.  s.  f.  raifort.  Fl.  rammenas;  en  esp. 
rcmolacha,  betterave,  il.  ramoloccio,  lai.  Raphanus. 

Raine,  s.  f.  grenouille.  En  latin,  rana,  bret.  et  erse  ran,  v.  fr. 
rane.  Les  fr.  appellent  aussi  quelquefois  raine  la  grenouille  ordinaire, 
mais  ils  réservent  particulièrement  ce  mot  pour  désigner  une  grenouille 
verte,  appelée  également  rainelle  ou  graisset  (en  lat.  hyla)  laquelle  vil 
sur  les  arbres  et  peut  se  fixer  au  verre  même,  avec  le  disque  de  ses 
pattes. 

Raininoter.  v.  a.  l.  de  jard.  butter. 

Rainscaiifer.  v.  a.  réchauffer.  V.  fr.  rcscafer. 

Rainser.  v.  a.  battre.  V.  fr.  rainser,  dérivé  de  rainsel,  rein,  raim, 
lat.  ramus.  Rincée  pour  volée  de  coups  est  du  fr.  pop.  Cette  orthographe 


RAI— RAM  501 

(le  rincée  masque  son  orii^ine  ;  car  le  fr.  rincer  a  une  aulre  Kource.  Brcl. 
rlnsa,  v.  nord,  hreiusa,  nelloyer,  ail.  rein,  propre,  pur. 

Rainstoler.  v.  a.  faire  rentrer  à  rélable,  fig.  au  logis.  C  (  ain  los 
qui  n'est  djamain  rainstolé.  C'est  un  vaurien  qui  n'est  chez  lui  ni  jour 
ni  nuit  (Borinage).  V.  stolc. 

Rainterpcr,  reiileppep.  v.  a.  couvrir  par  un  éboulenient.  //  a  sté 
rainlcrré  à  fosse,  un  éboulenient  l'a  couvert  de  terre  dans  une  houil- 
lère. 

Raisiné,  s.  ni.  petit  raisin  ]|  raisin  de  Corinthe.  En  fr.  confiture  de 
raisin. 

Raiieppi,  îc.  adj.  ridé  ||  décrépit. 

Râle.  adj.  rare.  Les  bas-bretons  se  sont  rencontrés  avec  les  niontois 
dans  le  désir  d'éliminer  au  moins  un  R  du  mot.  Ils  disent  aussi  rai. 
Rallep.  V.  n.  retourner.  V.  d'aller.  V.  fr. 

Ralenti,  v.  n.  devenir  moite,  mou  H  cuire  trop  lentement.  V.  Icnl. 
Ralonge.  s.  f.  pièce  de  bois,  de  fer,  etc.  qui  sert  à  alonger.  Cesl 
du  bo  d'  ralonge,  c'est  un  moyen  de  gagner  du  temps,  c'est  un  palliatif. 
Raniaipi.  v.  n.  maigrir. 

Raniati.  v.  n.  devenir  moite.  Y  ramali,  le  temps  devient  humide. 
On  raconte  qu'une  nuit  de  carnaval,  le  vieux  prince  de  Ligne  entrait 
au  bal  avec  un  ami  étranger. Deux  femmes  masquées  en  sortaient;  l'une  dit 
à  l'autre  :  i  ramali  comme.  —  Bamati-li?  reprend  l'autre.  Quelle  est 
cette  langue,  dit  l'étranger?  Ah  !  répond  le  prince,  ce  sont  des  princesses 
italiennes  déguisées. 

Feu  Delmotle  contait  l'anecdote  d'une  manière  un  peu  diflérente. 
Rambuquep.  v.  n.  et  a.  heurter,  frapper,  cogner,  se  cogner,  || 
faire  grand  bruit  ||  retentir.  Se  rembucher  en  fr.  se  dit  du  cerf  qui  rentre 
dans  le  bois.  V.  fr.  rabuquier,  faire  beaucoup  de  bruit. 

Raniep.  v.  n.  et  a.  mettre  des  ramures  autour  des  plantes  grim- 
pantes, comme  les   pois.    En  fr.  ramer  signifie  avoir   beaucoup   de 
mal,  etc. 
Ramie.  s.  f.  ramée  (Ghlin).  Lat.  ramus. 

Ramounette.  s.  f.  petit  balai.  Ramon  est  un  v.  m.  IV.,  ramonette 
signifie  raquette. 

Ramon.  s.  m.  balai.  Ein  ncu  ramon  rarnounc  voUic,  au  commen- 
cement c'est  toute  ardeur.  V.  fr. 

38 


302  RAM— UAN 

Itanioncr,  raniouiier.  v.  a.  balayer.  Ilanioner,  ramoneur  sont 
iVan(;ais  en  parlant  des  cheminées. 

Ranioiicelcr  (s'),  se  pelotonner,  se  replier.  V.  fr.  ramoncheler. 

KaiHounan,  raménan.  s.  m.  Dans  les  chemins  du  Borinage  par- 
courus par  les  charriots  chargés  de  houille,  la  poussière  est  formée  de 
charbon  presque  pur.  Les  enfants  ramounent  et  c'est  celle  poussière  donl 
un  sac  s'appelle  un  ramounan. 

Le  V.  mol  fr.  ramenant  qui  veut  dire  reste  (remanens)  peut  faire  douter 
derétymologie;car  le  sac  des  borennes  est  bien  plus  souvent  rempli  de 
houille  pure. 

Rauiponau.  s.  m.  sac  pour  passer  le  café  (Fleurus).  En  fr.  sorte  de 
couture.  C'est  aussi  ce  qu'on  nomme  à  Mons  une  sorcière.  V.  ce  mol. 

Rampruelle.  s.  f.  lierre.  Plante  ainsi  nommée  parce  qu'elle  est 
rampante.  A  Thuin,  rampieulc. 

Ran.  s.  m.  toit  à  porc.  Il  cssl  à  mctlc  au  — ,  il  est  dégoûtant  de 
saleté,  il  lient  des  propos  orduriers.  Enne  maison  rachhnée  comme  ein 
—  d'  pourciau.  En  fr,  d'économie  rurale  on  trouve  les  mois  haran  et 
eran.  Lat.  hara.  Le  mot  ran  se  rencontre  dans  le  glossaire  Vosgien  de 
Richard.  Il  est  indiqué  par  lui  comme  provenant  du  francisque  rhann. 
11  se  voit  aussi  dans  le  dict.  de  Borel.  Mettre  un  porc  au  rhan,  le 
mettre  à  l'engrais. 

Ranclioiiar.  s.  m.  qui  ranchènc. 

Ranchéiicr.  v.  a.  déranger,  remuer,  fureter.  V.  ranguhicr,  dont 
il  semble  un  adoucissement. 

Rancliënée.  s.  f.  volée  de  coups. 

Raiicnne  de  praitc.  Invélérée  ;  étoffe  très-solide. 

Raiidon.  s.  m.  élan,  choc,  effort.  En  fr.  sentier  couvert  dans  un 
bois,  V.  fr.  force,  courage,  vitesse. 

Randoiiiller.  v.  n.  remuer  avec  randon,  avec  bruit,  heurter, 
frapper  violemment.  ||  battre. 

Raiidonyadc.  s.  f.  volée  de  coups. 

Rancii,  oîre.  adj.  languissant,  maladif.  On  a  déjà  remarqué  qu'au 
liorinage  où  ce  mol  est  usité,  le  féminin  des  adj.  en  eux  se  forme  en  oire. 

Rangoii.  s.  m.  instrument  de  fer  pour  attiser  le  feu  d'un  four,  four- 
gon. Il  Personne  qui  travaille  à  toutes  choses.  En  fr.  ranguillon  est  un 
petit  crochet  qui  fait  partie  du  hameçon. 


HAN— UAQ  505 

Ranguener,  ranclicner.  v.  n.  et  a.  se  servir  du  rangon.  Fig.  re- 
muer, agiter,  pousser  dans  un  lieu  profond.  En  angl.  ranger  signifie 
rôdeur,  en  ail.  ringen  qui  fait  rang  à  l'imp.  signifie  luller.  L'  ceu  qui 
caufe  el  four  nest  gnié  loudi  V  ceu  qui  ranguenne.  J'ai  vu  ce  proverbe 
brutal  traduit  en  français  :  ce  n'est  pas  toujours  celui  qui  a  cbaufle  le 
four  qui  enfourne.  On  le  donnait  comme  du  neuf. 

Ranocr.  v.  a.  faire  de  pièces  et  de  morceaux  (Borinage). 

Rapaiiiscr  {s'),  cbanger  d'avis  ||  penser  de  nouve;iu  ||  se  raviser  || 
revenir  sur  une  résolution  |1  réfléchir.  V.  fr.  s'apenser,  s'aviser  ;  se  re- 
creire,  renoncer. 

Rapaniagc.  s.  m.  action  de  rapamer. 

Rapamer,  rainpaiiuier,  rainspauiner,  resiipaunier.  v.  a.  et 
n.  passer  le  linge  à  l'eau  pure  pour  enlever  le  savonnage,  rincer.  En  iré- 
geois,  rispamé,  en  fr.  de  techn.  repamer,  blanchir  le  linge  dans  un  cou- 
rant d'eau,  en  fl.  spoelen,  en  ail.  spûlen. 

Rapauiois.  s.  m.  lieu  où  on  rince  le  linge. 

Rapanclier.  v.  a.  épancher. 

Rapande.  v.  a.  répandre,  épancher. 

Rapapier  («').  v.  p.  faire  des  mouvements  de  déglutition,  avaler  de 
la  salive,  des  mucosités  avec  quelque  difficulté,  comme  dans  les  maux 
de  gorge,  lorsqu'on  éprouve  une  soif  vive.  (Fig.)  se  ravigoter.  En  lié- 
geois pâpi  signifie  haleter.  Bret.  paouesa,  reprendre  haleine.  V.  fr. 
paper,  manger  à  la  façon  des  enfants,  du  lat.  papare;  bret.  papa, 
bouillie  pour  les  petits  enfants,  v.  fr.  papyer,  bégayer. 

Râpasse,  s.  f.  volée  de  coups. 

Rapauj^e.  v.  a.  apaiser,  calmer  (Charleroy).  A  Liège,  rapahté, 
v.  fr.  rapouaiger,  rapaier,  à  Mons,  rapaiger,  lat.  pacare. 

Rapichëner.  v.  a.  recueillir,  ramasser  ||  découvrir,  déterrer  ||  ra- 
piner.  Où  s'qu'il  a  été  —  n'  feimme  ainsi  ?  où  a-t-il  été  trouver  une 
pareille  femme?  C'est  peut-être  une  corruption  de  rapiner  ;  mais  je  crois 
<iu'il  se  rattache  mieux  à  pécher  (pichon). 

Rapiécëtage.  s.  f.  rapiècement. 

Rapiécëter.  v.  a.  rapiécer. 

Rapisiiionner  (coutume  de  Mons).  v.  a.  repeupler  un  étang. 

Rapport  que  {au),  parla  raison  que,  parceque. 

Raquier.  v.  n.  cl  a.  cracher.  Liégeois,  rcchi,  v.  fr.  rachier,  cracher 


r.Ol  KAO-KAS 

avec  ellort  el  biiiyanimciil,  hébioux,  racac,  cracher,  it.  recere.  Reïcere, 
selon  Diez,  était  eu  iisai^e  pour  n\jicere  du  temps  de  Servius.  D.-lat.  ras- 
care,  v.  nord,  hrackia,  ays.  Iirackau.  //  a  raquic  ein  air,  ça  lia  rkcyu 
dessus  s'  nez. 

Kaquion.  s.  m.  crachat.  A  Liège,  rcchon. 

Rasaqiicr,  r^i^aqucr,  ersaquier.  v.  a.  tirer  à  soi,  retirer,  esp. 
resacar  (v.  saquer).  V.  fr.  resacquer,  tirer  à  soi. 

Rasaquic,  ée.  s.  ni,  et  fém.  personne  mal  accoutrée. 

Rascaille,  rascaye,  s.  f.  racaille.  Les  anglais  disent  rascal  el  pro- 
bablement les  IV.  disaient  de  même  il  y  a  quelques  siècles. 

Ifiaiiicourchc.  V.  raccourse. 

Rascoycp,  rescoyer,  raînscoyep,  rascoyî.  v.  a.  recueillir  || 
ramasser  ||  récoller  ||  rattrapper  (Borinage).  Es  cosscUe  s'a  rapanché  ; 
elle  a  rascoyé  lé  z'esplink  el  lé  zewiye  Vcune  après  laule.  Il  a  rascoyé 
r  balle  au  bon  blond.  (Au  propre  et  au  figuré.) 

Rasibus.  adv.  tout  juste.  Au  —  dé,  à  ras  de,  se  trouve  dans  Rabe- 
lais. 

Rasière.  s.  f.  mesure  de  capacité  pour  les  giains,  0.  hect.  5539. 

Raskeiite,  raskeusc.  v.  a.  (Borinage).  A  Mons  on  dit  racoude,  ra- 
coufe;  recoudre;  figur.  racommoder,  entretenir  les  vêlements.  Y  coule 
gros  pou  raskeule  six  ainfan.  11  est  coûteux  d'entretenir  l'habillemenl 
de  six  enfants. 

Rasp.  s.  f.  taillis.  Du  flani.  lasp,  canaille  (eu  égard  à  la  futaie). 

Ras§arci,  rassarcir.  v.  a.  renlrairc.  Du  lai.  resarcire,  racommo- 
der, rajuster.  Uesarcire  est  employé  en  technologie. 

Rassarcissure.  s.  f.  reprise. 

Racisaiirci*.  v.  a.  nettoyer  ||  habiller  ||  arranger  !|  repaître.  Fr.  res- 
taurer, V.  fr.  estorer,  fournir,  ajuster,  garnir,  établir.  Lai.  inslaurare. 

Ras^i  {pain),  adj.  bis,  qui  n'est  plus  tendre. 

Rassoti.  V.  n.  s'amouracher,  s'engouer.  Fai  —  ,  tourmenter,  fâcher, 
<'nnuyer.  Elle  rassolit  dé  s  galant,  elle  est  folle  de  son  amant.  Vv.  s'as- 
eolir,  bas-latin,  assoiaro. 

Rastiau,  restîau,  rallia,  s.  m.  râteau.  Basque,  arresluella,  lai. 
laster,  rasleilus.  Après  avoir  indiqué  rasiel,  râteau  et  râtelier,  Pelletier 
dit  que  Davies  n'a  rien  qui  convienne  en  gallois  que  rhestr,  séries  et 
ihesd  pra'scpe,  l'un  el  l'autre  arrangemciil  de  pointes  ou  barieaux.  Il 


HAT— RÂV  30o 

croil  que  c'est  de  ce  rheslr  ou  rastr  gaulois  que  les  latins  ont  fait  leur 
raslruni  et  leur  rastellus. 

Rafassclc,  ée,  adj.  rapiécé.  V.  tassiau. 

Rataisseler.  v.  a.  raccommoder,  mettre  des  pièces  à  un  chaudron, 
à  un  Iiabit.  V.  fr. 

Rataye.  s.  m.  père  du  taye.  V.  ce  mot.  On  dit  en  riant  ratataye 
pour  père  du  ralaye.  Dans  l'évangile  d'Ulphilas,  père  s'appelle  alta  (v. 
ouvr.  consultés  :  art.  Wackernagel).  Il  se  nomme  encore  dad  ou  tad  en 
has-breton,  et  ait,  aita,  en  basque.  Je  trouve  dans  Corblet  une  re- 
marque singulière,  c'est  qu'en  cette  dernière  langue  on  procède  aussi 
par  addition  syllabique;  on  arrive  ainsi  jusqu'au  mot  monstrueux 
de  aitarenarenganicacoarena  ;  latin  avus,  atavus. 

Raton,  reton.  s.  m.  crêpe.  En  fr.  pâtisserie  de  fromage  mou, 
11.  rate,  gâteau  de  miel. 

Ratour.  {faire  dé  tours  el  dé),  faire  beaucoup  de  détours,  de  re- 
cherches. 

Ralouriier.  v.  n.  et  a.  retourner,  V.  fr. 

Ralroiti,  rastrcuti.  v.  a.  rétrécir.  V.  slroi. 

Ratte.  s.  f.  rat.  —  de  temps,  prorata.  Lafonlainc  s'est  servi  du  fém. 
—  qui  correspond,  dit  M.  Scheler,  à  l'ail,  moderne  Ratte,  Ratze.  Cet 
animal  était,  dit-on,  inconnu  aux  romains.  Vha  ratto,  ags  raet,  gaël. 
radan,  brel.  raz. 

Rattendre,  rataiiide.  s.  a.  former  un  guet-à-pens. 

Ra%aehe.  s.  f.  grande  cage  de  bois  dans  laquelle  on  engraisse  la 
volaille.  Ras-lat.  Irabaca,  ital.  trabacca,  lente. 

Ravaler,  v.  n.  se  dit  des  cheminées  qui  dans  les  mauvais  temps 
fument  par  bouffées.  Ce  mot  provient  du  terme  de  mer  rafale  ou  plutôt 
du  v.  mot  avaler,  descendre,  faire  descendre. 

Ravaii.  s.  m.  terme  de  charb.  chômage,  temps  où  les  bouilleurs 
cessent  de  travailler.  Il  y  en  a  deux  ordinaires  dépendant  l'un  et  l'autre 
de  l'interruption  de  la  navigation,  l'un  dure  un  à  deux  mois,  en  août 
septembre  ou  octobre,  pour  curer  le  canal  et  en  réparer  les  digues, 
ouvrages  d'art,  etc.;  l'autre  dépend  des  gelées  et  persiste  plus  ou  moins 
de  temps  selon  la  rigueur  des  hivers.  Le  premier  ravau  est  toujours 
incomplet;  le  second  n'est  complet  qu'au  dégel  à  cause  de  la  ferme- 
ture des  barrières.  Outre  ces  ravaux,  il  en  est  d'accidentels,  provciiani 


506  ll\V— UAW 

(les  crises  coimnercialcs.  ||  Au  u.vvau,  à  bas  prix,  en  abondance,  au 
rabais.  Dans  ce  dernier  sens,  du  v.  mot  avaler,  dévaler,  descendre. 
Dans  le  premier  sens  on  peut  inlerpréler  :  suspension  de  travail  par 
suite  d'une  diminution  (ravau)  de  salaire. 

Rave.  s.  m.  prétexte,  excuse,  subterfuge.  (Borinage.) 

Iftavolu.  s.  m.  légume  rabougri  ||  chose  incomplète,  défec- 
tueuse. 

Raveiusses,  ra« flasques,  s.  f.  p.  mauvaise  herbe.  En  liégeois 
ravrotih,  moutarde  des  champs,  raphanus  raphanistrum,  bas-Iat.  ravi- 
sellus,  diniin.  de  ravus,  frumentum. 

Raverdi.  v.  n.  se  recouvrir  de  feuilles.  Ce  mot  s'employe  figuré- 
ment  en  parlant  d'un  coq  mal  chaponné.  Il  se  dit  aussi  d'un  convalescent 
dont  la  figure  annonce  le  retour  à  la  santé.  Y  ti'raverdira  pus.  Y  ri'por- 
lera  pus  vcrle  fcuye. 

RavesUssement.  s.  m.  effet  d'une  donation  mutuelle.  Ancien  t. 
de  palais  aujourd'hui  disparu. 

Ravisca.  s.  m.  fête,  banquet,  régal.  Rafya  est  en  liégeois  un  mot 
très-expressif  par  lequel  on  traduit  les  plus  hauts  degrés  de  plaisir  et 
de  joie. 

Ça  fra  aîn  si  bon  ravisca 

Qu'  vos  ain  pourite  bie  mier  vos  doigts. 

(Chanson  de  Quinlin.) 

En  terme  d'argot,  ravescot,alio  venereo  ;  employé  en  v.fr.:ei  li  prostrés 
est  montez  sus,  tost  li  a  fet  le  ravescol  (li  label  d'Aloul). 

Raviser,  v.  a.  regarder,  examiner,  contempler.  V.  aviser.  A  Liège 
ressembler. 

Ravoir,  ravoi.  v.  a.  nettoyer  :  ravoir  ses  mains  (sous-entendu 
propres).  En  fr.  ravoir  signilie  récupérer,  se  ravoir  signifie  se  calmer, 
reprendre  ses  forces.   Y  ri,  y  brai  à  n'  pu  s'ain  ravoi. 

Ravoiiycr.  v.  a.  remettre  dans  la  voie.  V.  fr.  ravoyer.  Ne  pas  con- 
fondre avec  rainvouyer. 

Rawaiii.  v.  n.  se  faner,  se  ramollir,  se  ratatiner.  (Borinage.) 
Piiiole  rawanie,  visage  rawani. 

Rawarde.  s.  f.  affût,  guet  (usité  seulement  dans  quelques  villages. 


RAY— REC  307 

V.  p.  54).  Âll.  warlen  et  erwarlen,  aiiendre,  liégeois  réwad,  alTûi,  iia- 
murois  rawarder,  se  mettre  a»  guet,  v.  fr.  a\Yeit. 

Rayellc.  s.  f.  soupirail  (Fleurus).  V.  fr.  rayère. 

Razetle,  rasettc.  s.  f.  instrument  pour  ramasser  la  pâte,  pour 
enlever  les  mauvaises  herbes  d'un  jardin,  houe.  En  Ir.  ratissoire. 

Re  des  mots  fr,  se  change  d'ordinaire  en  er  ou  en  r'  que  je  désigne 
souvent  par  re.  Ré  se  change  en  res  :  repondre  (pondre  de  nouveau), 
erponde,  répondre  responde. 

Rëbar  [au),  t.  de  jeu  de  quille.  V.  reharrer. 

Rebai*.  rhubarbe. 

Rèbarrer,  erbarer,  rbarrer.  v.  n.  t.  de  jeu,  aller  au  rehar. 
Concourir,  lutter  de  nouveau  avec  des  joueurs  ayant  un  pareil  nombre 
de  points.  V.  erbarer. 

Rëbeinder.  v.  n.  t.  de  charb.  recommencer  sa  tâche,  faire  double 
journée. 

Rëbinoquer,  rbinoqiier.  v.  n.  retravailler  une  terre  au  binoi, 
figuré  et  plus  usité,  recommencer  (Borinage). 

Rëblonklcp,  erblonkic.  v.  n.  rebondir,  rejaillir  (Borinage). 

Rèbouler,  erbouler  se  ï'y.  tourner  les  yeux  convulsivement, 
amoureusement,  de  manière  à  n'en  laisser  voir  que  le  blanc,  se  pâmer  : 
à  V  prumière  baije  qu'on  baye  à  «'  fiye  là,  ses  yeux  s'erbouUé  lou. 

Rèbouler,  crbouter.  v.  a.  bouter  de  nouveau.  En  fr.  remettre 
un  os  cassé. 

Rëbrougner,  rabroiigner,  erbpougner.v.  a.  écraser,  émous- 
ser.  Fr.  rebrousser  ou  rabrouer,  rebuter  avec  mépris. 

Rëbulë,  ci'bulé.  s.  m.  farine  mêlée  de  son,  farine  de  seconde 
qualité.  Ce  mot  est  tiré  abusivement  de  reblulé  ou  non  moins  abusive- 
ment du  flamand  builen,  bluter  (prononcez  beulen)  et  de  l'allemand 
beuteln.  V.  fr.  rebulet.  V.  erbulé. 

Elle  a  bayé  es  fleur  pou  rié 
Et  elle  veind  hier  es  n'  erbulé. 
Le  proverbe  a  une  variante  villageoise  : 

Elle  a  bayé  s'  fouer  pou  nairié 
Eyelle  veind  bic  Mer  es  wayé. 

Réi'éant.  adj.  solvable.  V.  fr.  reséant,  vassal  obligé  à  résidence. 


508  RÉC— REI 

RtH'onler.  v.  a.  répéter  la  leçon,  apprendre.  Kn  fr.  roniellre  en 
t'spril  ;  —  (se),  se  rappeler,  se  concerter,  lai.  recordari. 

Kecoursii.  s.  m.  (coutume  du  Hainaul)  adjudication. 

Reeta.  adv.  exactement.  Latin  reclus,  recta,  rectum,  ail.  recht, 
droit. 

Récurer,  rescurer,  skurer.  v.  a.  écurer.  En  fr.  récurer  signifie 
blanchir  l'acier  avec  du  içrès  ;  v.  fr.  escurer,  holl.  schuren,  suéd.  skura, 
bas-bret.  scuria. 

Récrepî,  rakcrpi.  rabougrir,  ratatiner.  En  fr.  récrépir  signifie 
renouveler,  crépir  de  nouveau,  fr.  décrépit. 

Récrire .  v.  a.  écrire.  En  fr.  écrire  de  nouveau. 

Redresse,  s.  p.  partie  du  jeu  de  bouquelle  où  Ton  redresse  les 
osselets. 

Rëdroiti,  erdroiti.  v.  a.  redresser. 

Rcduclier.  v.  erducher. 

Rcfacher.  v.  a.  emmailloter  de  nouveau.  En  fr.  fâcher  de  nouveau. 

Refle.  s.  f.  p.  houille  au  milieu  de  laquelle  se  trouve  un  caillou. 

Rcliclier,  r'Iîcher.  v.  a.  rempailler. 

Rélicheu,  crficheu.  s.  m.  rempailleur. 

Refouler,  r'fouler,  erfouler.  v.  a.  feutrer.  Se  dit  des  bas  ou 
vêtements  de  laine  longtemps  portés  sans  être  lavés  et  qui  sont  comme 
feutrés. 

Réfreinde.  v.  erfreinde. 

Refroisser,  v.  n.  t.  d'agr.  changer  de  culture.  V.  fr.  reffroissier  ; 
en  fr.  moderne,  refroissé,  se  dit  des  terres  que  l'on  n'a  pas  laissé  en 
jachère.  Refroissi.  s.  m.  mode  de  culture  des  terres  en  jachère. 

R^frouehi.  s.  m.  récolte  précédente  ||  changement  de  récolte.  El 
cabée  est  ein  monvai  —  pour  meltre  du  grain  après.  V.  refroisser. 

Régaler, reingaler,régaliser,  réwalé.v,a.aplanir,rendre  égal. 
Rcgerou.  v.  ergeron. 
Régraffer,  eï-graffer.  v.  ergrafer. 

Reincracher.  v.  a.  et  n.  engraisser  ||  graisser  ||  devenir  humide  en 
parlant  d'un  rhume  ||  prendre  le  gras  de  cadavre.  C'est  del  char  rein- 
crachée.  k  Charleroy,  recrachi,  à  Liège,  recrahi. 

Reinfournasquer,  reinfournaskic.  enfoncer,  renfoncer.  S'  — , 
v.  r.  s'enfoncer,  se  blottir. 


REI— REM  509 

Reinkouftcr.  v.  acouflcr. 

Reiniuoncheler.  v.  ramonceler. 

Rci<!ipap.  s.  m.  riz  an  lait.  FI.  rystpap. 

R'javeler,  erijavelcr.  v.  n.  javeler  de  nouveau,  fig.  recommencer. 

Rekeii.  vivant,  ressuscité  (usité  dans  un  petit  nombre  de  villages). 
V.  p.  5i.  Je  vois  dans  le  dicl.  artésien  les  mots  recoué,  recout  et  res- 
kourt,  réchappé,  sauvé,  qu'on  fait  provenir  de  reexcutere,  retirer  de 
force.  Ces  mots  ne  viennent-ils  pas  plutôt  de  raskeude,  erkeude,  re- 
coudre, parce  qu'on  rekeul  (fait  des  sutures  à)  ceux  qui  ont  reçu  des 
blessures?  V.  fr.  recoux,  sauvé.  Comp,  couturé,  racousu. 

Rëlar.  s.  m.  et  adj.  qui  rèle  beaucoup.  V.  rëler. 

Rélave.  s.  f.  1"  planche  d'un  arbre,  qui^tient  à  l'écorce  et  n'a  pas  la 
même  épaisseur  sur  les  bords  qu'au  milieu. 

Rëiaviire.  s.  f.  p.  eau  avec  laquelle  on  a  lavé  la  vaisselle. 

Rélée.  s.  f.  gelée  blanche,  givre.  A  Liège,  râlaie,  raulaie,  v.  fr. 
frelée,  gelée,  frimas,  bret.  reau,  revenu,  gall.  rhew,  gelu,  pruina. 

Rëler.  v.  n.  bougonner,  parler  en  se  plaignant,  en  critiquant.  FI. 
rellen,  causer,  jaser,  revelen,  radoter. 

Réler.  v.  imp.  se  couvrir  de  givre.  En  ail.  Reif,  gelée  blanche,  en 
bas-bret.  revi,  geler,  v.  fr.  frelée,  gelée,  frimas. 

Religner,  erlîguei*.  v.  imp.  dégeler  (Borinage).  On  dit  à  Liège 
fligni  elriligni,  à  Verviers,  ruligni;  le  lat.  regelare  signifie  non  pas  re- 
geler, mais  dégeler.  Il  faudrait  un  dim.  regelinare. 

Réiin.  s.  ni.  dégel.  Après  ce  qui  est  dit  à  l'art,  précédent,  on  ne  doit 
guère  songer  au  fl.  herleving,  retour  à  la  vie. 

Remailler,  ermàyer.  v.  a.  et  n.  faire  des  reprises,  racommoder 
des  bas  où  il  n'y  a  que  de  petits  trous  ou  mailles.  En  fr.  remailler  signi- 
fie enlever  l'épiderme  des  peaux.  Remailler  est  aussi  employé  en  techno- 
logie dans  le  sens  montois. 

Remercier,  erinercier.  v.  n.  faire  les  relevailles.  A  Liège,  ra- 
messi.  Lequel  des  deux  mots  a  produit  l'autre?  Est-ce  le  mot  montois 
qui  signifierait,  selon  les  uns,  remercier  Dieu  d'une  heureuse  délivrance, 
selon  d'autres,  se  faire  remercier  par  le  prêtre  d'avoir  donné  un  chrétien 
à  l'Église  ou  bien  est-ce  le  mot  liégeois  qui  signifierait  retourner  à  la 
messe.  A  Mons  on  dit  indifféremment  —  ou  r'allcr  à  messe. 

Rêniellre,  ermeile.  v.  a.  comparer.  Kmclle  bielle  à  gin. 

39 


510  HEM— KEN 

Reiuissu,  eriuissiis.  s.  m.  bière  tirée,  remise  dans  une  loniie. 
Abrév.  lie  remis  dessus. 

Rvuiontoii*.  s.  m.  côlé  gauche  du  cheval,  par  lequel  on  le  monte. 

Kéiuoulrance.  s.  f.  ostensoir.  Saint  Sacrement.  FI.  remonslraniie, 
ail.  Monslranz.  Mais  ces  mots  n'ont  pas  du  tout  la  tournure  german.  et 
doivent  venir  de  nionstrare. 

Rëuioiiyer,  criuouyer.  v.  n.  et  a.  Ce  mot  ne  signifie  pas  mouiller 
de  nouveau,  mais  jeter  quelques  gouttes  d'eau  sur  le  linge  avant  de  le 
repasser.  Quant  au  simple  mouyer  il  n'est  pas  inconnu  aux  montois, 
mais  il  ne  s'employe  que  dans  quelques  cas  où  accrut  ne  pourrait  conve- 
nir, par  ex.  on  dit  :  Mouyer  V  lampas,  humecter  le  lampas. 

Rcnipielci*.  remettre  un  pied  à  un  bas,  une  botte.  A  Liège,  r'pili. 

Rempoter,  roînpoter.  v.  n.  remettre  en  pot,  dans  le  pot.  |1  Fig. 
replacer,  remplacer,  suppléer,  compenser.  Je  n'  vas  gnié  à  messe  el 
dimeinche,  mé  f  reimpole  deins  V  semaine.  Je  ne  vais  pas  le  dimanche 
à  la  messe,  mais  j'y  vais  dans  la  semaine  par  compensation. 

Rënar,  renardage.  s.  m.  matière  du  vomissement. 

Renardcr,  ernarder.  v.  n.  vomir.  V.  fr.  renarder. 

Rencaiichiage.  s.  m.  action  de  recharger  un  soc  de  charrue,  une 
pièce  de  fer. 

Rencaiiclier.  v.  a.  faire  ain  recauchiage,  de  rechausser. 

Renculoter.  v.  a.  mettre  dain  l'  eulol  (v.  ce  mot),  acculer.  S'  — . 
se  blottir  dans  un  coin. 

Rendaclie,  raiudage.  s.  m.  fermage. 

Rënclier,  ernélîer.  v.  a.  nettoyer. 

Rénette,  s.  f.  aphtes.  A  Liège,  croûte  laiteuse.  Notre  —  est  le  résul- 
tat d'une  confusion  avec  une  autre  maladie  de  la  bouche  nommée  gre- 
nouillette.  Comp.  grenouille  et  raine. 

Rcnfouetti,  rainfoiti.  v.  a.  couvrir,  charger  de  terre,  de  vase, 
Uiau  a  rainfoueli  no  pré,  l'inondation  a  couvert  notre  prairie  de  terre 
d'alluvion. 

Renfroiiguer,  erfrougner  {s"),  se  rapetisser  pour  se  fourrer  dans 
un  espace  étroit.  Fr.  refrogner,  qui  signifie  se  rider  le  front  en  signe  de 
douleur. 

Renkeumain.  s.  m.  pièce  ajoutée  aux  chevrons  d'un  toit  pour  on 
rendre  le  bas  moins  déclive.  Fr,  queue. 


KEN— RES  311 

Renniuler.  v,  n.  mettre  en  muau.  V.  ce  mot. 

Renon.  s.  m.  renoncule.  ||  Action  de  renoncer. 

Renscaudi,  rescandi.  v.  a.  réchauffer.  A  Liège,  rehâdi,  lat.  can- 
dere. 

Rentasser.  v.  a.  confondre,  réduire  au  silence.  En  fr.  presser, 
entasser  de  nouveau. 

Renvier,  rainvier,  ranvîep.  v.  a.  réveiller.  En  fr.  est  un  terme 
de  jeu. 

Rëparage,  crparagc.  s.  m.  rejointoyement. 

Réparer,  v,  a.  rejoinloyer. 

Repasse,  erpasse,  râpasse,  s.  f.  volée  de  coups. 

Repassé,  erpassé.  s.  m.  eau  de  marc  de  café. 

Répasser,  erpasser.  v.  a.  allouer,  accorder. 

Répreinde.  v.  n.  se  repaître,  n'est  usité  que  dans  ces  phrases  : 
Y  d'à  à  reprainde.  Il  est  gras  à  lard.  Il  a  pu  à  —  su  iiein  poulet  que 
d'sus  ein  canard. 

Repos  {dé),  adv.  en  paix.  Lcye  mé  dé  repos. 

Reproche  {sans),  sans  se  vanter. 

Reprocher,  erprocher.  v.  n.  faire  éprouver  une  légère  difficulté 
de  digestion  :  Lés  rémoulasse,  lé  z'ougnion  eyé  el  lar  erprochele  (ou 
erprochcté). 

Requin,  v.  héquin. 

Rescandi.  v.  a.  réchauffer,  attiédir.  V.  scandi. 

Rescaper.  v.  a.  et  n.  réchapper,  échapper,  sauver,  guérir  d'une 
maladie  presque  désespérée.  Rabelais  se  servait  du  mol  escapper.  Ual. 
scappare. 

Respé  {parlanpar).  révérence  parler. 

Respe,  repse.  adj.  rêche,  âpre,  austère.  Ags.  rech,  hreog. 

Respect,  v.  rcsse. 

Resse  (homme  de),  ouvrier  qui  aide  au  chargement  des  baquets. 

Resse,  respe,  respect  {à  que),  loc.  interr.  pourquoi,  par  quelle 
considération.  A  que  —  que  vos  n'estez  gnié  v'nu.  Pourquoi  n'êles-vous 
pas  venu?  qui  vous  a  empêché  de  venir?  En  ville,  les  gens  qui  ont  la  pré- 
tention de  bien  parler,  égarés  par  la  quasi  synonymie  de  :  «  que  manque 
disent  à  quoi  resse,  à  quoi  reste.  Ils  croient  ainsi  se  rapprocher  du  fr. 
Us  se  garderaient  de  ce  ridicule  s'ils  comprenaient  la  locution  et  ils  la 


512  KET— RÉV 

comprendraient  s'ils  avaient  un  peu  écouté  nos  villageois.  Ceux-ci 
disent  à  qucc  lespe  ou  à  quée  respect.  A  quée  respccl.  avée  slé  à  Mon? 
Au  respccl  que  dj'avou  m'  reindachc  à  payer.  Pourciuoi  avcz-vous  été  à 
Mons?  Parceqne  j'avais  mon  fermage  à  payer.  J'  Vai  di  à  vo  respect,  à 
leu  respect.  Je  l'ai  dit  dit  à  cause  de  vous,  d'eux.  Ce  mot  respé  est  abso- 
lument de  même  origine  que  le  fr.  respect  ;  mais  il  est  demeuré  plus 
pur;  car  le  fr.  s'est  écarté  du  sens  du  lat.  respectus  et  nous  y  sommes 
demeurés  fidèles.  En  v.  fr.  au  respect  a  signifié  en  comparaison. 

Retirer,  erlîrer.  v.  n.  faire  le  portrait.  Ce  verbe  a  un  passif,  on  dit 
d'un  enfant:  C'est  s  père  tout  retiré,  c'est  tout  le  portrait  de  son  père. 
V.  tirer. 

Rcii.  s.  m.  t.  de  marinier,  chambre  qni  se  trouve  à  l'arrière  d'un  ba- 
quet. Poile  est  une  chambre  de  l'avant.  Holl.  ruif,  chambre  (on  prononce 
reuf). 

Réunie,  s.  f.  enrouement,  bruit  de  mucosités  dans  la  gorge  ou  dans 
la  poitrine.  Il  ne  faut  pas  confondre  avec  le  rhume  qui  se  rend  par  le 
mot  catarrhe. 

Rciipe.  s.  f.  rot.  rapport,  éructation.  Lat.  ructus,  ail.  Ridps,  rot, 
(1.  rispen,  roter,  en  v.  fr.  vol,  de  l'ail.  Raub,  v.  fr.  rempe,  rot. 

Rcuss,  rcyiis,  use.  adj.  embarrassé,  à  bout.  On  ne  peut  guère 
songer  au  latin  reus,  coupable.  Dans  le  dictionnaire  austrasion  de  Don 
François,  faire  "réhus  c'est  mettre  quelqu'un  hors  d'état  de  répondre  ou 
de  répliquer.  Le  v.  fr.  rehuser  s'appliquait  aux  détours  du  gibier  pour 
faire  perdre  la  piste. 

Rëveinde,  erveînte.  v.  a.  revendre.  Ce  verbe  n'a  pas  seulement 
pour  régime  des  noms  de  choses,  mais  aussi  des  noms  de  personnes  ;  alors 
il  signifie  exproprier  dans  les  biens.  On  a  rveindu  V  monteuse  de  mode. 
On  a  vendu  par  autorité  de  justice  le  mobilier  de  la  marchande  de 
modes. 

Révéliilion.  s.  f.  solte  inspiration,  idée  saugrenue.  VjU  fr.  action 
de  faire  savoir  ce  qui  était  caché;  fl.  revelen,  radoter;  mais  Kiliaen  le 
croit  né  du  fr. 

Révéler,  v.  a.  concevoir ,  imaginer  follement.  Ein  eau  qu'il  Va 
révélé.  V.  fr.  révélé,  extravagant,  fier,  provenait,  selon  Diez,  de  rebcllare. 

,  Revenue,  eriénue.  s.  f.  retour.  A  l'ervénue  du  temps,  au  retour 
du  printemps.  V.  fr. 


REV— RIF  5Î3 

R^vlnger,  ervîiiger.  v.  a.  défendre;  revenger  esl  usité  en  France, 
mais  populaire  ;  le  dicl.  de  Boisle  de  le  donne  pas. 

Revue  {e«e  dé),  êlre  en  position  de  se  revoir,  d'accorder  un  dé- 
dommagement (i). 

Ribosse.  s.  f.  pomme  cuite  dans  une  enveloppe  de  pâle. 

Rielioii,  rie,  rîeu.  s.  m.  ruisseau  (Dorinage).  Se  dit  surtout  de  ceux 
produits  par  les  machines  à  feu.  On  conte  qu'un  jour,  dans  une  épidémie 
de  dyssenierie,  un  médecin  ayant  prescrit  de  l'eau  de  riz  à  un  frame- 
rizou,  celui-ci  fit  chercher  de  l'eau  du  rie  et  guérit.  Dès  lors  Viau  du 
rie  fut  en  grand  renom  et  l'épidémie  s'arrêta. 

Richot,  rîot.  s.  m.  ruisseau.  Se  dit  surtout  de  ceux  des  rues  d'une 
ville.  On  réserve  pour  les  autres  le  nom  de  rigole.  Conle  dés  richo, 
propos  ordurier.  Rio  en  espagnol  signifie  rivière,  en  fl.  riool,  égout, 
conduit,  lat.  rivus,  en  grec  couler  se  dit  /ssw,  en  sanscrit  ry,  v.  fr.  riau, 
rieu,  ru,  bret.  rieu,  ry,  rius,  irl.  sruth,  qui  se  lie  au  sansc.  srôtum, 
couler,  racine,  sru. 

Richofer.  v.  n.  et  a.  faire  des  sillons  pour  l'écoulement  des  eaux. 
—  dés  (johas. 

Ridoehi,  r'dochî.  émousser,  recourber  (Charleroy).  A  Liège  ridolii; 
se  dit  d'un  instrument  tranchant,  pointu.  C'est  notre  crduchcr  monlois 
un  peu  altéré  dans  sa  forme  et  sa  signification  en  émigrant  vers  Char- 
leroy et  Liège. 

Ridoi.  s.  m.  tiroir.  A  Liège  ridan  (qui  glisse).  Les  liégeois  ont  le 
v.  ridé,  glisser,  et  les  ss.,nd,  glissoire,  ridège,  glissement;  t.  d'argot, 
rade,  radeau,  tiroir  de  comptoir;  —  en  v.  fr.  rideau. 

Rîé,  rie,  pîii,  nërié.  s.  m.  rien,  Acaler  c  qu'on  na  gnié  danger, 
c'est  r  moyé  d'  d'aller  tout  à  rié. 

Rif,  raf.  excl.  pour  emporter.  AU.  ralTen,  emporter,  happer,  ravir. 
Fr.  raf,  marée  forte  et  rapide,  lat.  rapere,  fr.  ravir.  Peut-être  n'est-ce 
qu'une  onomatopée.  V.  raf.  —  C  qui  vie  d'  rif  sain  va  d'  raf.  Ce  qui 
vient  de  la  flûte  s'en  va  par  le  tambour. 


(1)  C'est  le  sentiment  de  l'harmonie  qui  décide  du  clioix  de  re  bref  ou  de  er  ;  générale- 
ment m-  s'employa  après  une  consonne,  rc  après  une  voyelle.  Cette  remarque  s'applique  a 
tous  les  mots  commençant  par  rc  Chercher  à  cr  les  mots  que  l'on  ne  trouve  pas  a  re. 


514  KIF— RIS 

Uifle,  rifture.  s.  f.  raie,  légère  eiilanuire. 

Rifter.  v.  a.  friser,  effleurer,  raser.  V.  scand,  rifa,  déchirer,  suéd. 
strœfa,  frôler,  friser,  effleurer,  raser,  fl.  screef,  raie,  ryf,  ràleau,  râpe, 
V.  f.  rider,  égratigner,  écorclier,  riflure,  écorchure. 

Rigodainc.  s.  f.  volée  de  coups. 

Rigoler.  V.  n.  el  a.  faire  des  rigoles.  B.-lat.  riga,  rigola;  gall.  rhi- 
goli,  in  fossulas  vel  sulcos  cavare,  rhyg,  rhigoK  fossula,  sulcus, 

Rikiki,  ricliiclii.  genièvre,  liqueur. 

Rille.  s.  m.  règle  de  menuisier,  maçon,  etc.  V.  fr.  ruile,  rille; 
reiller,  tracer  des  lignes,  des  sillons. 

Rim.  s.  f.  jeu  de  ligne.  Lat.  rima,  fente. 

Rim  ni  ram  {ça  n'a  ni),  cela  n'a  ni  rime  ni  raison, 

Rim  ram.  s.  m.  protocole,  formule.  Cesl  loudi  V  même  — ,  c'est 
toujours  la  même  chanson.  V  fr.  rime,  tinlamare. 

Rincer,  v.  a.  V.  rapamer. 

Rinclore.  v.  a.  fermer,  clore. 

Ringlëe.  s.  f.  rangée.  Gall.  rheng,  séries  in  longum  diducla. 

Ringresser  («'),  devenir  gras.  Sloffé  qui  s'  ringresse,  fromage  qui 
devient  gras.  Tousse  qui  s'  ringresse,  toux  qui  devient  humide.  Char 
qui  s' ringresse,  viande  qui  prend  le  gras  de  cadavre,  qui  se  mortifie  fort. 

Ringuiage  s.  m.  sillon  de  binoit.  V.  ce  mot.  ||  Action  de  labourer 
avec  le  binoit.  \\  Labour  pour  jachère.  ||  Premier  labour. 

Ringuic,  ringuer.  v.  n.  labourer  avec  le  binoit  ;  inusité  à  Mons, 
fort  usité  au  village.  V.  fr.  régue,  mot  qui  signifie  sillon  qu'ouvre  la 
charrue;  reiller,  reilher,  labourer,  tracer  des  sillons.  Ces  mots  eux- 
mêmes  descendent  du  bret.  rega,  travailler  la  terre  pour  la  première 
fois,  reghi,  rompre,  déchirer.  En  gallois  Davies  écrit  rhwyg,  ruptura, 
scissura,  rhyg,  sillon. 

Rimpieler.  V.  a.  mettre  des  pieds  à  des  bottes  et  à  des  bas,  réparer 
le  pied  d'un  mur. 

Rion,  riourte.  adj.  et  s.  rieur,  rieuse. 

Risorbu.  v.  a.  essuyer  (Charleroy).  A  Liège,  rihorbi,  horbi.  Lat. 
sorbere,  fr.  résorber,  absorber. 

Risot.  s.  m.  sourire,  souris  (enfantin). 

Rispe.  s.  m.  maladie  de  peau  des  chiens.  V.  fr.  riper,  pat.  ail. 
rippen,  gratter. 


RIS— ROI  315 

Rlspeu.  adj.  attaqué  de  rispe  \\  pauvre  ||  dégoûtant  ||  malheureux. 
V.  fr.  ripeux,  qui  a  la  roupie  au  nez. 

Risque  à  risque,  adj.  tout  juste,  rien  de  trop.  Il  a  «'  compte  risque 
à  risque,  il  n  a  que  son  compte,  peu  s'en  est  fallu  qu'il  ne  l'eut  pas. 
V.  fr.  rie  à  rie,  à  la  rigueur. 

River,  rîvîé.  v.  n.  arracher  les  épis  du  chaume.  ||  Ébourgeonner. 
Il  Èclaircir  un  plant  trop  dru.  FI.  ryfelen,  râteler,  faire  rafle, ail.  rafl'on, 
lat.  rapere,  enlever. 

Rivet,  s.  m.  nœud  coulant.  En  fr.  t.  de  maréchalerie. 

Rivelle.  s.  m.  t.  de  jeu  de  balle.  Balle  livrée  en  rasant  le  sol,  en 
riflanl.  V.  rifler. 

Rlan,  ran.  s.  m.  Le  plus  souvent  employé  au  pi.  à  Wasmes,  Qua- 
regnon,  etc.  frisson,  angoisse  fébrile,  horror  etrigor.  Flani.  rillen,  Iris- 
sonner,  rilling,  frisson.  V.  irlar. 

Rniuage,  ruiue.  s.  m.  quatrième  coupe  de  luzerne. 

Rnu,  rneii.  Je  ne  l'ai  entendu  que  dans  celte  phrase  :  il  a  du  — 
deins  V  temps,  il  y  a  apparence  d'orage,  de  tempête,  de  changement  de 
temps  (Jemmapes  et  autres  villages).  Quand  j'ai  demandé  des  explica- 
tions, les  uns  ont  interprêté  —  par  reneuf,  d'autres  par  remuement. 
Mais  je  crois  bien  plutôt  que  c'est  la  prononciation  locale  d'arnw,  amen. 
(V.  ce  mot). 

Roblier.  v.  a.  oublier.  X  Charleroy  et  Liège  rouvi.  Ti  rouveye  sou 
qu'  C  a  stu,  dit-on  à  Liège.  Dans  nos  villages  on  dit  :  e(t  roheye  ou 
rohlie  çu  qu'  C  as  slé. 

Roc.  s.  m.  t.  de  charb.  schiste  argileux  très  dur  tant  qu'il  est  au 
fond  de  la  mine  et  qui,  exposé  à  l'air,  se  délite  promptement,  tombe  en 
poussière  et  forme  amendement  pour  les  terrains  calcaires  ou  sablon- 
neux. On  voit  souvent  des  cultivateurs,  au  grand  étonnement  des  étran- 
gers, semer  sur  leurs  terres  de  gros  cailloux  qui  sont  fondus  au  bout  de 
quelques  jours.  V.  mur.  On  donne  encore  le  nom  de  —  au  toit  de  la 
mine  qui  est  en  effet  quelquefois  formée  par  la  pierre  ci-dessus  désignée, 
mais  qui  est  quelquefois  aussi  formée  de  quairière. 

Roche,  s.  f.  rosse,  poisson. 

Rogne,  s.  f.  croûte  d'ulcère,  de  teigne,  de  dartre.  En  fr.  gale  invé- 
térée. Contain  comme  ain  pou  su  ïi'  rogne. 

Roi.  adj.  raide.  Roi  bras.  t.  de  jeu  de  balle. 


ôlfi  ROL— ROS 

Rolle.  s.  m.  rouleau  de  labac.  Toubak  cin  rollc.  Ail.  RoUe,  (1.  roi, 
loulcîui.  On  dit  aussi  en  fr.  rôle  de  tabac. 

I&ollet.  s.  m.  toile  très  légère,  grosse  batiste  peu  employée  aujour- 
d'hui. 

Ifioiuince.  s.  1".  grande  quantité,  suite  nombreuse.  En  liégeois 
cominée,  kiminée,  {co  aL\cc-\-mincr  mener).  Le  v.  fr.  a  dit  covine,  suite 
de  personnes,  do  coue,  queue  ou  de  convenire. 

Ron  {fai  ses),  bouder  (Quaregnon), 

Ron  s.  m.  papier  sur  Icfpiel  on  a  cuit  des  macarons,  des  biscuits. 
A  Liège  rortsou/i,  dragée,  amande  couverte  de  sucre. 

Ronchiii.  s.  m.  cheval.  Fr.  roussin,  cheval  épais,  entier;  roncin, 
V.  fr.  qui  signifie  rosse,  mauvais  cheval.  Ain  bon  ronchin  pelle  ain 
pichanl,  on  peut  faire  deux  choses  à  la  fois.  Prov.  roucin,  gall.  rlnvnsi. 
Diez  déduit  roussin  du  vha  hross,  cheval. 

Rondelin.  s.  m.  très- petit  gâteau. 

Ronzêtcr,  ronsté.  v.  a.  {ain  brain,  lés  seinles),  enlever,  jeter 
(Borinage).  V.  langage,  roster,  ôler,  mettre  de  côté. 

Ropier,  ropéyer.  v.  n.  et  a.  faire  le  polisson,  voler.  En  fr.  rou- 
piller signifie  dormira  demi. 

Ropieu,  ropyeur,  ropîlleur.  s.  m.  polisson,  galefretier,  voleur. 
De  roupieux,  qui  a  souvent  la  roupie,  ou  diminutif  de  l'ail.  Rauber,  vo- 
leur, comme  qui  dirait  raubillmr. 

J'indique  à  l'art,  rouffian  une  autre  racine  possible.  Quoique  proba- 
blement d'une  môme  origine,  les  mots  patois  ropieur,  roufpan,  et  le  v. 
mot  Ir.  ruffien  ne  sont  pas  de  même  signification  :  le  ropieur  peut  bien 
voler,  mais  il  fait  des  vols  dont  on  est  plus  prêt  à  rire  qu'à  se  fâcher.  Le 
roufpan  est  profondément  perverti.  Ses  vols  se  commettent  avec  des 
circonstances  aggravantes.  Le  ruffien  n'est  qu'immoral  et  ignoble. 

Roquetlc.  s.  f.  Ce  que  j'ai  entendu  nommer  ainsi  n'est  pas  la 
roquette-chou  ni  même  la  roquette  sauvage,  brassica  erucastrum,  mais 
le  velar,  erysimum  vulgare.  Il  y  a  une  grande  confusion  dans  l'esprit  mon- 
lois  sur  les  espèces  nombreuses  des  genres  sysimbrium,  eruca,  brassica. 

Rose  d'égîpe.  s.  f.  réséda. 

Rosélet.  s.  m.  petit  roseau  ou  herbe  ressemblant  à  un  roseau.  On 
dit  pré  à  roselels  d'une  prairie  humide  où  croissent  des  plantes  aqua- 
tiques. En  fr.  le  roselet  est  une  espèce  d'hermine. 


HOS— HOU  517 

Rosse,  s.  i'.  personne  paresseuse.  Du  Ir.  rosse,  mauvais  cheval,  qui 
lui-même  dérive  de  Tall.  Ross,  clieval,  lequel  est  au  couiraire  un  beau 
cheval,  un  cheval  de  bataille.  Elle  rosse,  être  ivre. 

Roiachi  (pays,  patois)  celui  de  Valenciennes. 

On  a  donné  le  nom  de  pays  de  Drouchi  à  une  partie  du  Hainaut  fran- 
çais, parce  qu'on  y  dit  drouchi  pour  ici.  On  voulait  ainsi  le  distinguer  du 
pays  de  Lauvau  qui  est  celui  de  Maubeuge  et  d'Avesne,  parce  qu'on  y 
dit  lauvau  pour  là-bas.  Par  une  aphérèse,  on  a  fait  rouchi  de  drouchi. 

Sous  le  nom  de  dictionnaire  Rouchi-français,  M.  Hecart  a  produit  un 
travail  très  estimable  et  qui  m'a  été  fort  utile. 

Je  vois  dans  le  vocabulaire  des  chansons  lilloises  de  M.  Dcsrousseau.x. 
que  ce  nom  n'est  pas  accepté  sans  contestation  dans  le  déparlement  du 
nord.  M.  Desrousseaux  relate  uu  passage  d'une  lettre  qui  lui  est  écrite 
par  M.  Emile  Cachet.  Voici  ce  passage  :  «  Le  langage  lillois,  dont  vous 
vous  occupez,  est  un  dialecte  de  la  langue  d'oil  et  il  a  été  rangé  par 
M.  Hecart  dans  le  rouchi.  Je  n'aime  pas  beaucoup  cette  dénomination 
qui,  au  fond,  ne  signifie  rien.  C'est,  dit-on,  le  langage  que  l'on  parle 
drouchi,  mais  à  ce  compte  il  faudrait  que  les  autres  dialectes  fussent  du 
langage  roula,  puisqu'ils  sont  parlés  droulà.  Et  puis  les  lillois  pro- 
noncent drol-chi,  drol-là,  faudrait-il  que  nous  appelions  leur  dialecte 
le  rochi?  Tout  cela  est  absurde.  J'aimerais  mieux  désigner  tous  les 
patois  du  nord  sous  le  nom  de  wallon;  et,  s'il  me  fallait  spécialiser, 
j'appellerais  volontiers  notre  langage  la  langue  (ïaivi,  comme  on  dit  la 
langue  d'oil.  la  langue  de  si.  » 

Ces  réflexions  me  paraissaient  éminemment  justes.  11  est  clair  que 
toute  langue,  tout  patois  est  langue,  patois  d'ici  pour  ceux  qui  sont  dans 
le  pays  et  sera  langue,  patois  de  là  pour  tous  les  autres. 

Mais  c'est  une  question  à  débattre  entre  nos  anciens  frères  hennuyers 
on  flamands  détachés  de  nous.  Ils  ont  le  droit  de  se  donner  tel  nom 
qu'ils  veulent.  11  ne  nous  appartient  pas  de  leur  en  imposer  un.  L'on 
verra  notre  réserve  (art.  icallon),  lorsque  nous  tracerons  la  frontièrt; 
méridionale  de  la  wallonie  et  nous  n'aurions  même  pas  dit  noire  avis 
sur  la  question,  si  nous  ne  nous  y  trouvions  pas  impliqués.  Voici  com- 
ment : 

M.  Hecart,  traçant  dans  sa  préface  les  limites  du  patois  rouchi,  les 
recule  jusqu'à  Soignies  et  par  conséquent  le  fait  parler  aux  moniois.  Les 

.    40 


318  r.ou— Ror 

monlois  paiior  roMc/t«/  horrcsco  rcfercns.  Au-delà,  selon  lui,  coinmouce 
le  wallon  (ini  n'y  ressemble  guère  et  il  se  parle  jusqu'à  FJnixelles  et 
Namur.  Liège  aurait  un  langage  particulier. 

Malgré  loule  reslime  et  loule  la  sjnipalhie  que  m'inspire  le  travail  de 
M.  Ilécart,  je  ne  puis  m'empccher  de  prolester  hautement  contre  cet 
entassement  d'erreurs. 

Bruxelles  est  en  plein  pays  flamand  et  si  l'on  y  entend  parler  wallon, 
c'est  que  Bruxelles  est  la  capilale  de  la  Belgique  et  qu'il  y  a  là  beaucoup 
de  wallons  qui  y  sont  ouvriers,  domestiques,  etc.  Il  se  trouve  pourtant 
un  quartier  dit  les  Marolles  où  la  populace  ne  parle  pas  le  flamand  ;  mais 
le  marollien  ne  ressemble  guère  au  wallon,  c'est  un  français  flamandisè 
comme  on  peut  le  parler  dans  d'autres  villes  flamandes,  avec  quelques 
mots  wallons  peut-être,  mais  surtout  accentué  à  la  manière  locale.  Déjà 
liai  est  flamand  et  la  frontière  wallone  se  trouve  encore  à  une  lieue  et 
demie  en  deçà.  (V.  wallon). 

Quant  à  Liège,  il  est  bien  vrai  que  son  patois  ne  serait  pas  compris 
])ar  un  valenciennois,  mais  ce  n'en  est  pas  moins  du  wallon,  c'est  même 
le  Avallon  par  excellence.  Avec  un  peu  d'attention,  tout  doute  doit  se  dis- 
siper à  ce  sujet  (v.  liégeois).  Le  nombre  des  mots  tout  à  fait  étrangers 
aux  patois  de  Mons  et  de  Valenciennes  est  assez  borné.  L'erreur 
d'Hecart  provient  d'un  dictionnaire  wallon  de  Cambresier  qu'il  cite. 
C'est  un  dictionnaire  du  dialecte  liégeois.  Il  se  corrige  à  son  article 
wallon  et  se  rapproche  de  la  véiilé.  Mais  le  mal  était  fait.  Il  s'est  pro- 
pagé comme  la  gangrène.  Dans  la  préface  du  complément  du  diction- 
naire de  l'Académie  (page  ix),  M.  Barré  verse,  par  la  faute  d'Hecart,  dans 
la  même  erreur.  Cette  maladie  atteint  M.  Grandgagnage,  en  partie 
seulement,  mais  complètement  ]dusieurs  autres. 

Uoiif.  s.  m.  |>arlie  du  baquet.  Du  fl.  roef,  chambre  du  capitaine.  Ce 
mot  est  admis  dans  la  marine  française. 

RoufTc.  s.  f.  espèce  de  pellicule  qui  se  forme  au-dessus  de  certaines 
liqueurs  comme  le  lait.  AU.  Rufe,  croûte  d'ulcère,  Beif,  gelée  blanche. 
En  gallois  roufen,  ride,  pli. 

Roufllei*.  v.  imp.  geler  légèrement  (Ghlin,  etc).  Y  roulJclle.  Ail. 
Keif,  gelée  blanche.  V.  rouffe. 

Ifioiiffiau.  s.  m.  garnement,  mauvais  sujet,  brigand.  Fl.  roof,  rapine, 
v.  rnpicur.  Le  v.  fr.  rufllen  signifie  paillard,  entremetlenr.  Ou  le  ic- 


HOU— KOV  319 

irouve  dans  loulos  les  lani>ues.  11  semble  venir  de  l'ail,  pop.  rutteln, 
l'aire  le  m 

Roufroiif.  adv.  à  la  hâle,  sans  soin,  V.  marie. 

Rouiller,  pouyer.  v.  n.  remuer,  frétiller.  V.  Ir.  rouiller  (les 
yeux).  FI.  roeren,  remuer,  troubler,  roeyen,  ramer,  ail.  Ruhr,  agitation. 
Diez  rattache  le  v.  Ir.  rouiller,  rouyer  à  rôder  et  à  Tit.  rotare,  rouler. 

Roiijiii.  s.  m.  raisin. 

Roiiillan,  rouyaii,  te.  adj.  remuant,  frétillant,  indocile. 

Roukler.  Ej  roukelle.  v.  n.  Se  dit  du  bruit  qui  se  fait  entendre 
dans  la  gorge  ou  dans  la  poitrine  lorsque  des  mucosités  y  sont  amassées. 
Peut-être  de  roucouler,  mais  plus  probablement  il  n'est  que  de  même 
origine.  V.  fr.  roucliier.  V.  roye. 

Roulée,  s.  f.  volée  de  coups.  En  fr.  nappe  de  fdels  sur  la  Loire. 

Rouler,  v.  a.  (t.  d'agr.)  —  se  terres,  les  travailler  avec  el  rouloi  \\ 
battre  à  coups  de  pieds.  V.  fr.  roller,  battre  à  coups  de  bâton, 

Rouloi.  s.  m.  (terme  d'agr.)  rouleau. 

Rounieilc.  s.  f.  irrigation,  rigole. 

Roufouliou.  s.  m.  personne  masquée  ||  cri  des  masques,  onoma- 
topée. Fai  —  ,  crier  comme  les  masques  ||  se  masquer. 

Royale,  s.  f.  sillon.  Figur.  nature  de  culture.  Terre  ain  trois 
royages,  terrain  sur  lequel  on  cultive  successivement  trois  espèces  de 
plantes.  Il  y  a  de  même  un  double  sens  à  roye. 

Roye,  rauye.  s.  f,  raie  i|  sillon,  bret.  rega,  gall,  rhig.  En  v,  fr. 
sillon,  rayon  de  roue.  De  radius  ||  râle.  //  a  l'rauye  del  morte,  il  râle,  il 
est  à  l'agonie.  FI.  rockelen,  ail.  rocheln,  râler,  11.  reutel,  bret.  rocb, 
ronqell,  rokonell,  lat.  ronchus,  gr.  psy/os,  râle, 

Royemain.  s.  m.  murmure,  grondement,  borborygme,  gargouil- 
lement. 

Royer.  v.  a,  gronder,  gargouiller,  murmurer.  Ce  mot,  qui  sans 
doute  n'est  qu'une  altération  de  grouyer,  a  la  même  signification  que  lui 
et  dérive  peut-être  de  grogner  ou  gronder,  à  moins  qu'il  ne  provienne 
de  roye.  V.  ce  mot. 

Royette.  s.  f.  satisfaction,  apaisement,  ration,  pitance.  V.  fr.  jouis- 
sance, usufruit.  Tvo  V  bârai  à  vo  — .  Tôis  verres  dé  genaife  c'est  m' — . 
On  peut  soupçonner  que  —  n'est  qu'un  dimin.  de  roye  (raie),  car  c'est 
par  des  traits  de  craie  que  les  cabaretiers  nianpient  la  consommation  dr 


5-20  in-irw 

leurs  lial)iliiés.  —  vers  Namur,  rawelle  à  Liéi^e  soiil  ce  qd'à  Mous  ou 
nomme  surjet. 

■6'  liiiner,  cpluincp.  v.  n.  et  a.  défaire  la  coulure  d'un  lablior, 
d'un  drap  de  lil,  elc,  puis  la  refaire  dans  un  autre  sens.  Se  dit  peu  à 
Mous,  beaucoup  au  village.  Rosirenen  donne  deslnmi,  rallier.  Pelletier 
donne  dastumi,  amasser,  ramasser,  composé,  dit- il,  de  Tiierative  das 
et  de  tum,  amas,  ou  de  stum,  ramassé,  serré.  Le  dict.  gallois  de  Davies 
donne  ystum,  positura,  situs.  Cependant  l'origine  paraît  plutôt  germa- 
nique que  celtique.  V.  lumer. 

Riichoii.  s.  m.  enf;inl  très-indocile, 

Riichoncr.  v.  n.  remuer. 

Rue,  reu.  s.  f.  roue.  V.  fr.  roé,  basq.  arroda,  erroda,  brel.  et  gall. 
rhod,  lat.  rota. 

Ruer.  V.  a.  jeter.  Ce  mot  est  fr.  même  comme  verbe  actif,  mais  pour 
signifier  jeter  avec  impétuosité.  Ruer  toute  aprc  T  tro  d'  es  eu,  dissiper 
tout  son  avoir  en  gloutonneries,  manger  tout  son  bien.  Ruer  l'eu,  faire 
des  ruades.  Es  bur-là  rue  ieu,  y  faut  V  faire  ralenti.  Ce  beurre  résiste, 
ne  se  peut  s'étendre  sur  le  pain,  il  faut  l'amollir  à  une  douce  chaleur. 

Rugi.  V.  a.  aiguiser  (Charleroy).  A  Liège,  rawhi,  aiguiser  de  nou- 
veau, à  Mons,  raiguiser,  rainguiscr,  aiguiser.  Je  crois  que  —  s'est 
formé  de  rauwi  et  que  celui-ci  est  composé  de  l'R  réduplicatif et  d'awhi, 
rendre  pointu,  aigu,  d'où  aweio,  aiguille.  Lat.  acu. 

Rumain,  ruenient.  s.  m.  t.  de  charb.  mouvement  de  terrain. 

Ruqne,  ruk.  s.  f.  motte  de  terre  durcie.  V.  fr.  roque,  motte  de 
terre,  ruque,  sillon  ;  transport  de  la  cause  à  l'effet.  V.  ringuicr. 

Ruse.  s.  p.  embarras,  difficultés.  FI.  ruzie,  querelle,  noise.  Ce  fl. 
n'est-il  pas  emprunté  ? 

RuMpel.  s.  m.  érysipele. 

R^wain.  s.  m.  regain.  V.  xcayain.  En  artois  on  dit  rouain.  Il  est 
clair  que  r'wain  et  regain  ne  diffèrent  que  par  la  manière  de  prononcer  ; 
wayain  est  le  mot  simple.  Sans  nul  doute  ce  sont  les  wallons  qui  sont 
restés  le  plus  près  du  mot  originel  uuinne  dont  on  a  fait  gain.  V.  fr.  guai- 
gnages,  prés  fauchés.  V.  wâgn.  Ici,  comme  dans  beaucoup  de  cas,  notre 
mot  n'est  pas  une  corruption  du  fr.;  c'est  au  contraire  le  fr.  qui  a  changé 
la  prononciation  primitive.  BuUet  dit  que  du  celt.  gwair,  foin,  on  a  fait 
gwain,  d'où  est  venu  regain,  comme  aussi  wain,  voyin,  revoyin  en  patois 


R'W— SAl  521 

franc-conUois,  revoiii  en  nornianil.  On  peut  soulonir  qne  le  mol  foin  a 
délerminé  le  cliangenienl  de  gwair  en  gwain.  V.  foère,  flani,  gcau. 
R^wari.  v.  tcari. 

B 

s.  se  change  souvent  en  eh  :  chavale,  plus  rarenienl  en  j  :  baijer, 
roujin. 

S.  iaire,  fai  des  s.  Chanceler,  balancer,  se  dil  d'un  homme  ivre  qui 
ne  peut  suivre  la  ligue  droile  en  marchant. 

Saboulc.  s.  f.  réprimande.  Fr.  très  populaire,  sabouler. 

Sabrcu.  adj.  sablonneux. 

Saclot.  s.  m.  petit  sac.  Lat.  sacculus. 

Sacré  chien  tout  5SIIP.  genièvre. 

Sage.  s.  f.  sauge.  ||  adj.  savant. 

Sai.  s.  m.  sel. 

Saie,  sayetle.  s.  f.  serge.  Sayeleu.  fabricant  de  serge.  Ils  élaienl 
irès-nombreux  avant  le  siège  de  Mons  par  Frédéric  de  Tolède,  en  1570. 
La  plupart  ayant  armé  leurs  ouvriers  pour  détendre  la  ville,  furent 
proscrits  après  la  capitulation  et  portèrent  leur  industrie  en  France.  Les 
mots  saye,  sayelte  et  sayetleur,  deviennent  français  depuis  peu  de 
temps.  Ne  pas  confondre  avec  le  sagum,  vêtement  gaulois. 

Sain-mai.  s.  m.  et  f.  mot  à  mot  sent  mauvais,  gamin,  polisson. 

Saint  George,  s.  m.  personnage  du  lumçon.  Ce  nom  est  le  résultat 
d'une  confusion  entre  la  tradition  de  Giles  de  Chin  et  la  légende  reli- 
gieuse du  combat  contre  l'esprit  du  mal. 

Saint  Cîrizelle  (porter  à),  porter  sur  des  mains  entrelacées.  On  dit 
dans  le  nord  de  la  France  :  gringrin  d'aisselle,  à  Tournay  on  dit  : 
grennsiel.  Je  ne  puis  croire  qu'un  saint  quelconque  soit  ici  intéressé. 
Nul  doute  qu'on  a  agi  comme  pour  queue  de  sortie,  on  a  substitué  un 
mol  connu  à  un  autre  qu'on  ne  connaissait  plus.  Mais  quel  est  ce  mot? 
Je  propose  le  b.-lat.  grisellus  roncinus,  grisensgradarius,equus  gilvus, 
cheval  gris.  Aime-t-on  mieux  le  v.  fr.  gresillon,  lien,  attache?  A  Liège 
on  dit  :  à  tchcyere  di  roi  (sur  la  chaise  du  roi). 

Saive  {iau  d').  t.  de  charb.  (Charleroy)  eau  des  houillères  obtenues 
(;n  saiuHtnt.  V.  saiivé. 


.V2-2  SAI— SAL 

$»ni\vc.  faire  dos  rigoles.  Ce  mot  ne  s'eniploye  i\ue  dans  les  villages 
1111  peu  écartés.  A  Liège  il  signifie  en  outre,  mettre  égoultcr,  pisser.  On 
a  du  dire  d'abord  s'aiwé  dans  les  significations  de  faire  des  rigoles  et  de 
pisser,  car  il  veut  dire  :  se  débarrasser  de  ses  eaux  {aitve  en  liégeois), 
plus  lard  on  aura  rendu  le  verbe  actif  en  oubliant  l'origine.  Le  liégeois 
en  a  dérivé  sauf  eu,  pisseur,  évier.  On  dit  pir  di  sahveu,  pierre  d'évier, 
le  radical  liégeois  aiwe,  représente  le  v,  mot  fr.  éve,  aiguë,  eau, 
lat.  aqua,am'e  a  forme  notre  aiweu  du  Hainaut  (V.  ce  mol);  eve  a  formé 
le  fr.  évier.  A  Mons  et  près  de  Mons,  saiwer  est  perdu,  on  dit  mélapho- 
riquement  saigner  ses  prés.  On  ne  connaît  pas  le  radical  liégeois  aiwe, 
et  on  a  cru  que  le  mot  sam'e  était  le  mot  fr.  saigner,  altéré.  C'est  peui- 
ctre  le  contraire,  c'est  peut-être  saigner  (dans  le  sens  d'assécher)  qui 
provient  de  sa we;  à  Mons  on  dit  iau  et  Ton  n'a  pu  en  faire  un  verbe. 
S'iauiver  eut  été  trop  barbare.  Si  ce  mot  eut  été  forgeable,  nous  l'eussions 
conservé,  parceque  nous  l'eussions  compris.  Je  ne  dois  pas  omettre  le 
V.  fr.  seuwière,  canal,  saigne,  marais  et  yawer,  arroser. 

Il  est  un  rapprochement  à  faire,  c'est  qu'à  Mons  où  aiweu  et  évier  sont 
peu  connus,  oîi  saiweu  est  tout  à  fait  inconnu,  on  se  sert  du  mot  pichol. 

Saju  {emi,  ri),  adv.  quelque  part. 

Saker.  v.  n.  sacrer,  jurer.  V.  saquer,  v.  a. 

Saki,  saqui  (enne).  quelqu'un  (Borinage).  //  a  v'ni  n'  saqui  vir 
après  vous. 

Sakiau.  s.  m.  sac  ||  pousse-cul,  agent  de  police.  V.  fr.  sacquier, 
agent  du  fisc. 

Sakie.  s.  f.  sachée.  Sac  est  un  mot  qui  appartient  à  presque  toutes 
les  langues.  It.  esp.  sacco,  gall.  bret.  sach,  fl.  zak,  ail.  Sack,  goth.  sak- 
kus,  lat.  saccus,  gr.  Ixy.xoc,  hébr.  sak. 

Salaii.  s.  m.  soleil.  V.  fr.  solau.  Li  solaux  est  levez  qui  abat  la  rousée 
(Guiot  de  Nanleuil).  Est-ce  de  soliculus  dimin.  de  sol  ou  bien  est-ce  une 
combinaison  du  lat.  sol  avec  le  cymr.  haul,  même  signification? 

Salinqtie  (saw).  espèce  de  saule.  Salix  caprea. 

Saloi.  s.  m.  grande  fosse  pour  enterrer  plusieurs  cadavres,  pour 
enfouir  des  décombres  ||  silo.  En  fr.  saloir,  vase  de  bois. 

Saloniéc.  s.  f.  fille  fort  sale,  prostituée. 

Salo|>,  e.  adj.  et  s.  sale.  En  fr.  salope  signifie  prostituée.  Sai.oi'in. 
dimin.  dosalop.  V.  ail.  salo,  salaw,  noir,  souillé'. 


SAM— SAQ  5'2û 

Snniblance  {faire  la),  l'aire  soniblaul.  C'osl  là  un  mol  à  demi  fran- 
çais qui  ne  se  dit  qu'en  ville.  Au  village  on  dit  :  [ai  l'chénance. 

Samei*.  v.  n.  essaimer.  AU.  scliwànnen,  fl.  zwermcn,  lai.  exa- 
men. 

I^ameltc.  s.  f.  mousse  légère,  crème  des  liqueurs  spirilueuses 
encore  en  lermentalion.  Ail.  Sahne,  fl.  zaen,  liégeois,  sam. 

San.  prép.  sans,  qui  comme  avec,  peut  s'adverbialiser  et  se  composer 
avec  les  verbes  à  la  manière  allemande  :  Emm  sœm-  a  lois  quall  amou- 
reux  ;  Mi  f  va  sans. 

Sandrincltc.  s.  f.  coiffe  de  nuit.  V,  ceindrein. 

Saner.  v.  n.  et  a.  saigner. 

Sangiuué.  adj.  ému.  On  le  trouve  dans  Froissart. 

Sangsiire.  s.  f.  sangsue. 

iSaquan,  saquante  (souvent  avec  ein,  enne,).  adj.  maint,  beau- 
coup. Ein  saquan  pol,  cnne  saquanlé  pinle,  beaucoup  de  pots,  de  pintes. 
y  d'à  bu  saquanlé. 

Saqué,  saquoi  (cnne).  quelque  cbose.  Ou  l'employé  dans  certains 
villages  pour  quelqu'un  ;  mais  alors  on  dit  plus  ordinairement  enne  sa- 
qui.  Dans  le  département  du  nord  on  dit  sequoi.  MM.  Leroy,  Hécart  et 
Legrand,  s'accordent  à  dire  que  ce  mot  a  été  formé  de  :  je  ne  sais  <iuoi. 
J'étais  disposé  à  rapporter  —  à  l'ail,  cine  Sache,  une  cbose,  mais  la  com- 
paraison avec  saqui,  saju,  saquant,  a  dû  m'en  détourner.  L'ail.  n'oftVe 
])lus  rien  d'analogue  pour  ces  mots,  tandis  qu'on  peut  les  iraduiie  par  : 
ne  sais  qui,  ne  sais-je  où,  ne  sais  quant  (quantum,  combien). 

Saquer,  jaquier,  saquié,  saqui.  v.  a.  tirer.  Qui  tire  Vun  saque 
Vautt,  cela  se  ressemble  ou  va  ensemble.  Dans  le  vieux  langage  fr,  se 
trouvent  une  foule  de  termes  militaires  :  Sacer,  sachier,  saicber,  sacquer, 
saquer,  saquier,  les  uns  verbes  n.,  les  autres  a.,  qui  signifient  mettre 
dehors,  dégainer,  tirer,  tirailler.  Tous  ces  mots  sont  dérivés  de  sache, 
sache,  sachée,  sachanre,  fourreau  d'épée;  par  extension  ils  ont  signifié, 
dit  le  complément  du  dicl.  de  l'Acad.  glaive,  épée  et  même  arquebuse. 
L'origine  remonte  plus  haut  que  le  v.  fr.,  elle  se  trouve,  comme  la  plupart 
des  termes  militaires,  dans  le  v.  ail.:  zukkan  signifie  tirer;  sachs  signi- 
fie poignard,  épée  courte.  Selon  les  philologues  ail.  cette  arme  fabriquée 
en  Saxe,  a  donné  leur  nom  aux  Saxons  (Sachsen  en  ail.).  L'opinion  con- 
traire est  plus  probable;  (;ar  le  pays,  faul-il  noire,  est  un  pou  anl(''rieui- 


r.-2i  SAR— SÂU 

aux  armes  lal)iiqii(''i's.  M'avons-iious  pas  des  damas,  dos  bayomielles  qui 
ont  emprunté  el  non  donné  leurs  noms  aux  lieux  de  fabrication? 

Du  reste  ce  mot  doit  être  encore  plus  ancien  :  on  le  trouve  dans  l'hé- 
breu chaca,  dans  le  brel.  sacha,  saicha.  Cependant  Pellelier  croit  que 
le  mot  bas-breton  est  venu  de  France  ;  car,  dil-il,  Davies,  dans  son  dicl. 
gallois,  n'offre  rien  de  pareil.  Il  est  passé  dans  le  portugais  et  l'esp.  sa- 
car;  les  liégeois  disent  se/i«. 

Diez  rattache  les  v.  mots  fr.  au  lat.  saccus,  tirer  du  sac.  M.  Scheler 
combat  avec  raison  cette  éiym.,  il  produit  l'it.  siaccare,  détacher,  el 
l'ags.  scâcan,  perculere,  qualere. 

Sara.  s.  m.  fdle  étourdie,  remuante,  espiègle.  Est-ce  du  nom  bi- 
blique, est-ce  du  fl.  sarren,  agacer? 

Saro,  sauro.  s.  ni.  sarreau,  blouse.  Bas-lat.  sarrotus,  sarcotus, 
isl.  serk,  tunique. 

Sari,  village  du  Hainaul.  V.  fr.  sard,  champ. 

Sarlié,  sarlîèrc.  adj.  et  s.  impotent,  infirme  (Eugies).  On  peut 
conclure  de  la  signification  inusitée  à  Mons  de  ce  mot,  que  c'est  à  tort 
que  les  beaux  parleurs  de  notre  ville  ont  changé  en  hospice  et 
rue  des  chaririers,  les  hospice  et  rue  des  sarliés.  Pour  mettre 
sous  les  yeux  du  lecteur  toutes  les  pièces  du  procès,  je  dois  dire  que 
M.  Corblet  donne  le  mol  chartrier  (prisonnier,  de  chartre,  prison)  non 
comme  un  mot  du  palois  picard,  mais  comme  tiré  des  archives  de  Pé- 
ronne.  Au  reste  le  mol  de  prisonnier  n'a  jamais  dû  être  appliqué  aux 
vieillards  qu'entretient  la  bienfaisance  publique  et  qui  jouissent  de  la 
plus  complète  liberté. 

San.  s.  m.  soûl.  Boire  as'  —  ||  vingtième  partie  de  la  livre  Hainaul, 
sol  II  s.  f.  saule,  arbre.  —  salink,  salix  caprea.  La  forme  fr.  saule  ne 
peut,  selon  M.  Diez,  provenir  du  lai.  salix,  mais  bien  du  vha  salaha, 
tandis  que  les  formes  bourg,  et  lorr.  sausse,  champ,  saux,  il.  salico, 
esp.  salce,  sauce,  saulz  répondent  bien  au  lat.  M.  Diez  aurait  sans  doute 
rangé  notre  —  dans  la  même  catégorie.  Toutes  les  langues,  tous  les  pa- 
tois romans  tireraient  leur  mol  du  lat.,  el  le  fr.  ferait  exception!  cela 
est-il  admissible?  Le  fr.  a  dû  dire  —  comme  nous  et  quelqu'un  qui 
savait  le  lat.  l'aura  transformé.  La  permutation  se  sera  faite  en  deux  fois. 

Saucié.  s.  m.  saucière. 

Saiidar.  s.  m.  soldat.  Fr.  vieilli,  soudard,  fr.  tout  à  fait  vieux,  so- 


SÂU— SA\  325 

déer,  soldar,  soldarier,  b.-lal.  soldariiis;  solidala,  solde,  lat.  solidiim, 
sou.  Oii  trouve  en  gall.  sawdwr,  qui  a  bien  l'air  d'être  emprunté. 

Satitli.  s.  ni.  jeu  d'enfants  (Borinage).  Dian  dian  nik  el  nak.  (V.  ce 
mot  composé.) 

Saulriau.  s.  m.  sauterelle  ||  enfant  qui  saule  beaucoup. 

Sau«'li^nière.  s.  f.  sablonnière. 

Sauvlon.  s.  m.  sable  gras  et  argileux.  En  fr.  le  sablon  est  un  sable 
fort  délié  ou  du  grès  pulvérisé. 

Savé.  excl.  qui  revient  à  cbaque  instant  dans  le  discours  et  qui,  tra- 
duite en  savez-vous  par  les  personnes  parlant  prétendument  bien, 
révolte  les  fr.  Ce  n'est  pas  une  interrogation  et  cela  ne  signifie  pas 
savez-vous,  car  il  faudrait  dire  savce,  el  savée,  ce  serait  plutôt  sachez. 
C'est  une  exclamât,  qui  signifie:  je  vous  le  recommande,  je  vous  l'afTirmc, 
je  vous  le  promets,  je  vous  le  garantis,  je  vous  en  prie,  je  vous  l'or- 
donne !  Savez-vous  est  une  locution  germanique  qui,  disons-nous,  ré- 
pugne aux  français  et  dont  cependant  usent  les  romantiques  modernes. Les 
ail.  n'en  abusent  pas  précisément  autant  que  les  montois  en  particulier 
et  les  Belges  en  général  ;  cependant  on  la  trouvera  5  ou  6  fois  dans  le 
Wailenstein  de  Scliiller;  mais  les  ail.  placent  ordinairement  leur  wisst 
ou  wisst's,  sachez  ou  sachez-le,  au  commencement  de  la  phrase,  tandis 
que  les  montois  le  placenta  la  fin.  Ils  ne  disculpas  :  vovairé,savé,myth: 
sachez-le,  vous  devez  venir.  Je  dois  pourtant  ajouter  qu'ils  disent  aussi 
assez  souvent  :  wissen  sie,  vviss't  ihr,  dont  on  peut  faire  à  volonté  un 
présent  interrogatif  ou  un  impératif. 

Savoi.  V.  a.  savoir.  Ce  verbe  est  irrégulier.  Il  fait  au  fut.  sarai,  sau- 
rai, au  condit.  saroi,  saurai,  au  subj.  que  f  seusse,  que  f  savisse,  au 
part.  seu.  (V.  fr.  sçeu),  au  borinage,  soyu. 

Savonée,  sa%'née.  s.  f.  eau  de  savon,  savonnage. 

Savonié.  s.  m.  vilain,  maladroit. 

Sayain.  s,  m.  sain-doux  (Charleroy,  Givry,  Harmignies),  champ, 
sahin,  prov.  sagin,  sain,  esp,  sain,  lat,  sagina,  gall.  saim,  armor.  soa, 
graisse.  V.  fr.  ensaimer,  engraisser. 

Sayelte.   s.   f.   petite  douve,   ranunculus  flammula.   Les  bergers 
pensent  que,  lorsque  les  moulons  broutent  cette  plante,  les  feuilles  man 
gées  se  changent  en  vers  que  l'on  trouve  dans  différents  viscères  et  no- 
tamment dans  le  foie.  Ce  préjugé  provient  de  ce  que  les  feuilles  ont,  ea 

41 


Ti-Hi  SAY— SÉK 

ciret,  de  la  ressemblance  avec  l'espèce  de  vers  dont  s'agil,  el  (|iie  le  nom 
de  douve  s'applique  aussi  à  un  genre  de  vers  aplatis.  Au  reste  cetli- 
plante  est  un  poison  acre  pour  Fiiomme  et  la  plupart  des  animaux. 

Sayi.  V.  a.  goûter  (arr.  de  Cliarlcroy).  Cliez  les  liégeois  —  signifie 
aussi  sentir  les  saveurs  et  de  plus  manger  légèrement  entre  les  repas, 
éprouver,  trouver  bon.  V.  fr.  assaier,  essair,  goûter.  —  est  fds  d'assaiei', 
s'il  n'en  est  le  père,  ou  plutôt  ce  sont  des  frères  nés  l'un  et  l'autre  du 
gall.  sawr,  safr,  sapor,  odor,  saws,  condimenlum,  arni.  saour,  saveur, 
açzai,  essayer.  Diez  lire  essayer  d'exagium  pesage.  J'aimerais  mieux 
sapor,  sapere,  lesquels  ont  au  moins  les  mêmes  droits  que  le  celt. 

Scayon.  s.  m.  échelon  (Charleroy).  h.  Liège,  hayon. 

iSclandire,  selandi.  v.  a.  divulguer,  publier  pour  faire  esclandre. 
Y.  fr.  esclandir,  diffamer,  déshonorer;  escandeller,  publier,  divulguer, 
lat.  scandalum,  ail.  schande. 

Scrire,  cscrîre,  pcscrîre,  récrire,  v.  a.  écrire.  Je  ne  donne  ce 
mol  que  pour  montrer  ses  transformations  dans  les  langues  qui  touchent 
à  notre  patois.  Ici  il  n'y  a  guère  de  doute  sur  l'origine  du  mot.  Les 
germains  ont  emprunté  forl  peu  de  mots  aux  romains  ;  mais  les  Barbares 
ne  sachant  pas  écrire,  ne  devaient  pas  avoir  de  mol  pour  exprimer  une 
chose  inconnue,  ils  auront  pris  des  romains  en  même  temps  la  chose  et 
le  mol;  cependant  les  druides  gaulois  savaient  écrire  :  scribere  est 
devenu  chez  les  holl.  el  chez  les  fl.  schryven,  prononcez  skreiven,  ail. 
.schreiben,  pron.  chreiben  ;  bas-bret.  scriva,  gallois,  ysgrifen,  écrilure, 
ysgrifeinie,  écrire,  gr.  y,i«»w. 

Sccroii.  s.  m.  homme  sec. 

Séliii,  scyii,  sailli,  sayu.  s.  m.  sureau.  Sambueus  nigra.  Les 
liégeois  disent  sawou,  v.  fr.  seu,  scovie,  prov.  sauc  et  sambuc,  esp. 
sahuco  el  sambuco,  brel.  scaô,  corn,  skauan.  Chez  les  anciens  gaulois, 
SzoSiv),  selon  Dioscoride.  Pelletier  dit  que  scao  ou  scav.-  est  composé  de 
es  el  de  caw  creux,  à  cause  que  le  bois  contient  beaucoup  de  moelle  et 
laisse  un  creux.  Davies,  dans  son  dicl.  gall.,  le  fait  venir  de  eau,  sepire, 
parce  qu'il  sert  à  former  des  haies.  Il  écrit  ysgaw. 

Scliiiliaii.  s.  m.  lieu  planté  de  sureau. 

S^eintii.  part,  passé  du  v.  scinli. 

Séki.  v.  a.  sécher.  Lat.  siccus,  gall.  hysp,  sec,  hesp,  sèche,  arm. 
hesk,  irl.  seasg,  scige,  sansc.  s'us'ka  el  si'e. 


SEL— SIK  527 

Seli.  s.  ni.  sellier.  On  raconte  qu'un  sellier  el  un  savetier  avaient 
demandé  à  un  prêtre  de  dire  une  messe  à  leur  intention.  A  un  ceriain 
point  de  la  messe  le  prêtre  chanta  cœli  cœloriim.  On  prie  pour  vous, 
confrère,  dit  le  savetier;  mais  la  messe  finit  sans  que  le  prêtre  chantât 
chafli  chafloriim.  Le  savetier  prétendit  qu'il  n'avait  rien  à  payer. 
J'ignore  s'il  voulut  écouter  des  explications. 

Séiiiak.  t.  de  batelier.  Espèce  de  bateau.  Du  fl.  smak. 

Scniison.  s.  t'.  semaille. 

Serenne,  chcronne.  s.  f.  barate;  n'est  pas  inconnu  dans  diverses 
provinces  de  France.  Lat.  sérum,  pelit-lail,  angl.  churn  (pron.  tcheuru), 
barate.  V.  chevaine. 

Sérînchcr.  v.  a.  et  n.  sérancer. 

Scrinclieu,  euse.  adj.  et  s.  qui  travaille  au  séran. 

Serre,  s.  m.  état  d'une  porte  fermée,  mais  sans  emploi  de  verrou 
nideserrure.il  ne  peut  être  rendu  ni  par  entrouverte  ni  par  entrebaillée. 
Leyer  V  porte  su  serre,  fermer  la  porte  sans  tirer  les  verroux.  Serre  ou  sair, 
en  liégeois,  serrure,  lai.  sera,  que  Festus  définit  :  fusles  qui  oppo- 
nuntur  clausis  foribus,  gall.  ser,  ce  qui  est  propre  à  fermer,  corn,  sera, 
fermer,  clore,  basq.  cerralia,  baie,  cerraleca,  fermer,  enfermer,  esp. 
cerrar,  bret.  serra,  serre,  b.-lat.  serare. 

Serrer,  v.  a.  fermer.  En  fr.  mettre  en  sûreté,  presser. 

Séruri.  s.  m.  serrurier  (au  village).  A  Charleroy  et  à  Liège, 
senti. 

Séruzié,  j^éruzien.  s.  m.  chirurgien. 

Serviteur,  s.  m.  salut,  révérence.  Faire  ein  biaii  — ,  faire  une 
profonde  salutation. 

Seur.  adj.  sûr,  certain.  Il  est  curieux  de  remarquer  que  l'adj.  fr.  sur, 
qui  a  deux  sign.  a  aussi  deux  origines  :  l'une  gerni.  ou  celt.  (v.  surcsse), 
l'autre  (celle  aussi  du  présent  mot),  qui  est  lat.  :  securus.  V.  fr.  seur.  On 
dit  par  pléonasme  seur  el  ceriain.  Seur  (bé),  assuré,  asseuriî.  adv.  certai- 
nement, sans  doute  :  Vos  vairez,  assuré?  vous  viendrez,  sans  doule? 
Cet  état  adverbial  de  l'adj.  est  un  germanisme. 

Seyau,  sayaii.  s.  m.  seau.  V.  fr.  saiau,  lat.  silula. 

Si.  contraction  de  si  i:  s'i  vie,  s'il  vient. 

Siège,  s.  m.  chute  du  rectum.  En  v.  fr.  (oiidonieni,  anus. 

Sien  (el)  ou  el  sîé  ou  cl  ceu.  pron.  celui. 


528  SIE— SKA 

El  sié  qui  dil  tout 

Il  est  so  ou  hé  il  est  sou. 

Sieu.  s.  ni.  suit".  Bas-brel.  soa,  soéù,  basque,  cihoa,  lorr.  xeii,  |)rov. 
seu,  lat.  sébum,  sevuni. 

SI  fai,  sî  faite,  adj.  td,  pareil,  niot-à-mot,  ainsi  fait.  On  dil  souvent 
tel  et  si  fai,  dans  l'état,  dans  le  costume  où  l'on  se  trouve  ||  sans  soin  || 
sans  propreté.  A  Liège,  sfai.  V.  tel  et  si  fait. 

Sî  fra,  sia,  sIé.  si,  si  fait,  abrév.  de  si  fera,  si  a,  si  est. 

Sinagré.  s.  m.  jusquiame,  plante,  hyosciamus  niger.  FI.  senegroen, 
bugle,  plante  d'une  autre  espèce. 

Sine.  s.  ni.  signature. 

Sisille.  {fai,  faire),  s'asseoir  (terme  enfantin).  V.  fr.  sise,  action  de 
s'asseoir,  lat.  sedere,  ail.  sitzen,  être  assis,  11.  zitlen,  s'asseoir. 

Si  lant.  autant,  assez.  Je  n'  sue  gnié  si  tant  lourd  que  pou....  Je  ne 
suis  pas  assez  maladroit  pour.... 

Si  tant  si  fort,  tellement. 

Situi'e.  s.  f.  poêle  (Cbarleroy).  A  Liège,  5«7oMt't',  ail.  Stube,  isl.,slofa, 
suéd.  stufwa,  fl.  stoof,  fr.  étuve. 

Skabille,  eseabille,  écaiiilie.  s.  f.  escarbilles.  En  fr.  instr. 
ancien  fort  harmonieux.  Escarbilles  ne  se  trouve  pas  au  dict.  de  l'Acad.; 
il  est  donné  au  complément  comme  mot  de  techn.  et  défini  :  charbon 
qui  a  échappé  à  une  combustion  complète  et  se  trouve  mêlé  avec  les 
cendres,  Ex  -|-  carbiculum,  dimin.  de  carbo. 

Si^af.  s.  m,  il  est  usité  dans  certains  villages  en  cette  phrase  : 
Pli  scaf  d'ainfan,  petit  polisson,  petit  tapageur,  petit  vaurien.  V.  ska- 
folc.  Je  ne  crois  pas  qu'on  doive  invoquer  le  mot  scàf  qui,  en  bas-breton, 
signifie  léger,  volage,  inconstant,  en  celto-gallois,  ysgafn,  qui  est  traduit 
levis  par  Davies.  A  la  rigueur  je  le  rattacherais  plutôt  au  liégeois  hap, 
échappé  (v.  liégeois).  Mais  je  tiens  que  —  est  la  même  chose  que  esca- 
foté  a\ec  une  signification  un  peu  renforcée  :  celle  de  garnement. 

Siiaffier.  v.  a.  éplucher,  faire  sortir  du  sca/Jîon  ou  plus  souvent  le 
skafion  du  brou,  écaler.  Il  ne  faut  pas  confondre  —  avec  skafoler.  — 
est  toujours  pris  au  propre,  skafoler,  quoique  de  même  origine,  est 
pris  au  figuré  et  a  une  signif.  diminutive. 

Skafrofê,ée.  adj.  et  s,  éveillé,  dégourdi,  gaillard,  proprement,  sorti 


SKA— SKA  529 

du  skaffion,  de  la  coquille.  Ce  doit  être  un  diniiu.  de  skaf,  connue  ska- 
foler  l'est  de  skafier. 

Skaffoter,  eseafotcr,  kafotcr.  v.  a.  et  n.  cherchera  faire  sortir 
du  scaffion  ||  travailler  à  tirer  d'une  cavité,  par  ex.:  un  peu  d'ordure 
d'une  serrure,  des  mucosités  durcies  du  nez,  etc.  ||  gratter  ||  fouiller  || 
exciter  ||  animer  ||  attiser  ||  remuer.  A  Valonciennes  on  dit  décaffoler 
pour,  tirer  une  chose  d'un  endroit  oîi  elle  était  cachée,  pour  tirer  des 
ongles  de  la  terre  ou  d'autres  matières.  Je  doute  qu'il  faille  penser  à  l'ail, 
schaben,  isl.  skafa,  suédois,  skafwa,  lat.  scabere,  racler,  ratisser,  ni  au 
fl.  schaefsel,  raclure,  ni  qu'on  doive  s'arrêter  à  celte  phrase  dans 
Rabelais  :  Semblent  es  coquins  de  village  qui  fougent  et  cscharboHenl 
la  merde  des  petits  enfants  en  la  saison  des  cerises  et  guignes  pour 
trouver  les  noyaux  et  iceux  vendre  es  drogueurs  qui  font  l'huile  de 
maguelet.  Je  crois  que  le  sort  de  —  est  inséparable  de  celui  de  skafion. 

Skafion.  s.  m.  coquille  de  noix,  noisette.  Le  liégeois  hufion,  induit 
à  penser  au  v.  fr.  huve,  fl.  huif,  coiffe.  La  forme  montoise  reporte  les 
idées  sur  escoffion,  fl.  kuif,  chaperon.  M.  Diez,  dont  l'opinion  fait  autorité 
dans  la  matière,  s'oppose  à  ce  que  coiffe  procède  de  huif.  Le  H,  dit-il, 
ne  se  changeant  jamais  en  C.  11  faut  considérer  que  hufion  est  la  même 
chose  que  — ,  à  la  prononciation  près,  H  liégeois  égalant  SK  montois. 
En  se  concentrant  sur  celte  seule  forme,  les  mots  analogues  verbalement 
et  logiquement  se  présentent  en  foule  :  on  rencontre  dans  les  patois  fr. 
écaflot,  écaille  de  noisette,  et  dans  le  v.  fr.  escafette,  moitié  de  coquille 
bivalve.  En  lat.  scaphium  veut  dire  vase,  coupe,  en  bas-lat.  scaffa, 
scaffia,  cafium,  mensune  vel  vasis  species,  italis  siliqua,  en  gr.  axxf,  en 
ail.  schiff  signifient  barque,  en  bret.  scaf,  tout  vase  capable  de  contenir 
de  l'eau  ou  de  flotter  au  dessus.  Davies,  dans  son  dict.gall.,  traduit  cafn, 
gafn,  par  irulla,  concha,  alveolus,  item  linter,  cymba,  scapha. 

Skaille,  skaye,  escaye.  s.  f.  ardoise.  Inusité  aujourd'hui  à  Mons, 
en  usage  vers  Senefle,  Fayt.  Fr.  écaille;  it.  scaglia,  golh.  scaljos,  tuile, 
v.h.a.  scal,  écorce,  fl.  skalie,  ardoise. 

Skaniiau  (à),  se  dit  de  la  chaîne  de  personnes  armées  de  fourches, 
qui  se  livrent  des  gerbes  à  placer  au  loin  du  charrioi  dans  une  grange 
ou  sur  une  meule  élevée.  Flam.  skalm,  chaînon,  en  picard  on  nomme 
écamiau  la  pièce  du  charriot  où  est  placée  l'échasso. 

>Skanilcr.  t.  de  charb.  couper  obliquement  une  portion  de  mine 


550  SKA-SKK 

déjà  hacéc  pour  la  faire  ensuite  plus  lacilciiitMit  écrouler  |i  coininencer, 
amorcer  la  sape  ||  faire  plusieurs  irous  dans  une  pierre  pour  enlever  la 
pièce  que  les  trous  ont  circonslrite. 

Skandi,  escandi.  v.  n.  tiédir.  Suhc  shumU,  sucre  candi,  lat.  candeo, 
je  brûle. 

Skapiilair,  oseaimlaîr.  s.  m.  capillaire,  sirop  d'escapulair. 

Skar,  cscar,  écard.  s.  m.  brèche.  FI.  schaerd,  ail.  Scharte,  cran, 
dent  à  un  couteau,  à  une  pierre,  fr.  écharde. 

Skardep,  cscarder,  ccardep.  v.  a.  ébrécher,  écorner  ||  —  une 
plume,  la  fouler,  Témousser. 

Skaii,  Kvaiipi,  cchaiipî,  cliaiipi  (acoi,  fai).  avoir,  causer  de  la 
démangeaison,  du  prurit.  Jai  skau  ni  licUe,  cm  lielle  em  fai  skaupi,  la 
tête  me  démange.  Les  liégeois  disent  hopi  pour  démanger,  hop  pour 
gale,  ancien  fl.  schoppe,  gale,  schobben,  gratter.  Skau  ne  se  dit  guère 
qu'au  village,  scaupi  dans  la  dernière  classe  à  Mons,  échaupi  el  chaupi 
dans  la  bourgeoisie.  On  dit  en  riant  :  Est-ce  que  «'  ca  a  co  skau  «  eu? 
—  n'est  pas  s.,  c'est  skaupissure  qui  l'est,  on  ne  peut  lui  donner  ni  l'art, 
défini  ni  l'art,  indéfini  :  on  ne  dirait  pas  fai  ein  skau  ou  el  chaupi.  De 
plus  le  régime  peut  être  direct  :  fai  skau  ni  tielte  ou  à  ni  lielle.  Du 
reste  skau  n'a  pas  le  privilège  exclusif  du  régime  direct,  on  dit  de  même  : 
Tai  mau  m' lielle,  fai  caud  mes  pieds. 

Skaupîj^surc,  écliaupîssure.  s.  f.  chatouillement,  prurit. 

Skepi.  V.  n.  éclore.  Fl.  scheppen,  créer,  respirer,  kippen,  taire 
éclore.  Schelp  dans  la  même  langue  signifie  coquille,  écaille. 

Skelte,  eskette,  équetle.  s.  f.  copeau.  M.  Corblet,  dans  son  dict. 
artésien,  écrit  ekelte  el  donne  le  mot  ail.  hacken  el  autres  semblables 
des  langues  du  nord  pour  éiymologie,  peut-être  a-t-il  raison.  Cependant 
remarquez  que  c'est  dans  les  campagnes  qu'on  dit  skelte,  déjà  à  Mons 
dain  lé  cache,  on  dil  eskclle,  les  beaux  parleurs  disent  équetle.  Pour  re- 
trouver la  source  d'un  mot,  il  faut  presque  toujours  rechercher  la  manière 
de  dire  des  personnes  les  plus  arriérées.  Ilacken,  hakken,  hakke,  hakker, 
ne  me  semblent  avoir  produit  que  les  mois  iïançais  hache,  hacher, 
encore  cela  est-il  contesté  par  Diez.  Je  préférerais  Tall.  Scheil,  bois 
coupé,  éclal  de  bois,  bûche.  FI.  ail.  scheiden,  golh.  skaidan,  lat.  scin- 
dere,  gr.  a/.soâi-jjvfjn,  diviser,  ««^Ç'-.),  je  fends,  uz-uroa,  bois  fendable.  On 
a  encore  le  bret.  skolp,  copeau,  irl.  scaith,  couper,  sansc.  sk'ad,  même 


SKE— SKL  ôôl 

sign.,maroIien,  scouflin,  copeau,  ital.  schegij;ia,  éclat  de  bois,  schegyialo, 
fendu. 

Skeller,  eskeltcr.  v.  a.  couper,  réduire  en  équelles.  Fig.  morceler, 
échanger,  skcler  ii  pièce  de  chon  francs.  —  v.  n.  se  dépiler,  bisquer, 
pester.  Sans  doute  dérivé  du  précédent.  Pour  les  amateurs,  je  dirai 
qu'en  ail.  schcrzen  signifie  railler,  schellen,  blâmer,  injurier,  en  holl. 
schelteren,  éclater,  gronder. 

Skeiilte,  skeurc,  eskeute,  eskwer.  v.  a.  secouer.  AU.  schûtleln, 
il.  scbudden.  On  dit  à  Mons  skwerel  eskwer,  au  \i\hge  skeuUe  et  eskeure. 
On  voit  qu'à  la  ville  on  s'éloigne  de  la  source,  le  fr.  s'en  éloigne  encore 
davantage,  il  est  vrai  qu'on  peut  puiser  dans  le  lat.  succutere.  Le  v.  fr. 
disait  esqueure. 

fSkiflctcr,  cskifTter.  v.  a.  et  n.  mot  qui  manque  en  fr.  loucher, 
frapper  obliquement  en  rasant,  ellleurer.  FI.  schuins,  oblique,  skiften, 
couper.  Originairement  on  a  pu  se  servir  du  mot  dans  cette  phrase  : 
en  skifj'tanl,  en  coupant,  c'est  à  dire  de  biais;  plus  lard  on  a  pu  l'em- 
ployer dans  tous  les  temps  de  sa  conjugaison.  Mais  n'est-ce  pas  simple- 
ment un  dimin.  d'esquiver  :  esquivëler?  It.  schivare,  port.  prov.  esqui- 
var,  v.h.a.  skiuhan,  craindre,  s'effaroucher. 

l§»kiflo  (à)  ou  à  chijlol  (sifllet),  taille  obliquement  comme  un  bec  de 
flageolet. 

Skircr,  deskircr,dckircr.  v.  a.  déchirer,  v.  Ir.  xirer,  fl.  scheuren, 
ail.  schereu,  ags.  sceran. 

Skiltc,  esquitio.  s.  f.  foire,  excréments  liquides,  selle.  Acoi 
l'esquille,  avoir  la  diarrhée  ||  avoir  peur. 

Skitlcr,  csquitlcr.  v.  n.  foirer.  11.  schylen,  ail.  scheissen,  vha, 
skizan,  chier,  v.  fr.  eschiter. 

Skiat.  s,  m.  éclat  de  pierre,  bois,  etc.,  ail.  Schlacke,  scorie,  frag- 
ment volcanique  et  Schlag,  coup  (par  synecdoche),  bret.  scliçzenna,  s(^ 
rompre  eu  éclats.  V.  sklissc. 

SklcflV',  esc'Icffe,  écîeffe,  s.  f.  déchirure.  A  Valcnciennes  on  dit 
(''cliffe. 

Skiell'ep,  cscléfcr,  écléfer.  v.  a.  déchirer,  se  dit  surtout  des 
étoffes.  AU.  schleifl'en,  gâter,  tailler,  dépecer,  démolir,  klaflen,  se 
fendre,  etc.,  en  flamand,  klieven,  signifie  fendre,  se  fendre,  schiften, 
séparer,  s'effiler.   En   roinonlani    |)bis  loin  ou  trouve  le  verbe  saxon 


-,-»^  SKL— SKO 

dcafaii,  diviser,  le  v.  ail.  kliobaii,  fendre.  On  lii  dans  le  dici.  de 
Ducange  :  esclafare,  infligere,  inipingere  (flanquer),  esclal'aret  ci  laleni 
ictuni  quod  non  oporteret  ei  aliura  dare,  eclafl'a,  alapa.  Si  garcia  dicat 
aliquid  probo  honiini  vol  niulieri  quod  sit  turpe  et  niulier  det  ei  ununi 
eclalTa,  non  debel  bannum  (cliarla  liberlatis  urbis  Seyselli  anno  1285), 
occilanis,  esclafa  esi  écaclier  (oblerere),  cambris,  clappa  est  ferire,  ger- 
manis,  klappen,  klopfen. 

Rabelais  dit  souvent  s'esclafler  de  rire.  Dans  le  district  de  Léon,  en 
Bretagne,  on  dit  sqalfa,  fendre  les  mains  par  le  froid. 

Skiiisse,  eskiîsse,  éclîsse.  s.  f.  petiie  boîte  en  écorce  de  bouleau 
ou  en  bois  mince  dans  laquelle  les  paysannes  apportent  des  fruits  au 
niarcbé  ||  petite  mesure  pour  certains  fruits  :  Acater  enne  csklisse  dé 
grouseye,  dé  craquelin.  Ail.  schlitzen,  fendre  rapidement  d'un  seul  coup, 
avec  un  instrument  fort  tranchant,  schleissen,  fendre  en  long,  holl. 
slyten,  sued.  slyta,  dan.  slide,  bret.  scliçzenna,  se  rompre  en  éclats, 
scliçz.  Y.  fr.  esclicer.  ||  Keïesklisse,  tomber  en  ruine.  Se  dit  des  douves 
d'un  cuvier,  d'un  tonneau  que  la  sécheresse  fait  tomber  en  morceaux. 
Chez  les  picards  cela  s'appelle  éclier,  éclayer.  Keï  comme  enne  cuvelle 
— ,  se  ruiner,  s'abîmer  tout  à  coup. 

Sklon.  s.  m.  petit  charriot  pour  voiturer  la  houille  dans  les  galeries. 
En  holl.  et  en  fl.  sleê,  slede,  traîne,  traîneau. 

Skloner,  esclauner.  v.  n.  faire  le  métier  de  skloneu? 

Skloneu,  sdaiineu.  s.  m.  celui  qui  traîne  le  sklon.  Ce  mot  est 
bien  propre  à  fortifier  les  doutes  que  j'ai  exposés  à  l'art,  borain.  Si  les 
premiers  borains  avaient  été  liégeois,  n'auraient-ils  pas  apporté  avec  eux 
les  mots  hierchi  et  hiercheu,  traduction  de  skloner  et  skloneu. 

Skluse,  eskieuse.  s.  f.  écluse.  AU.  Schleuse,  fl.  sluis,  bret.  scluz, 
b.-lat.  exclusa,  esp.  esclusa. 

Skoiter,  escoîler,  v.  a.  écraser.  Holl.  kwetsen,  ail.  quetschen, 
blesser,  meurtrir,  froisser,  lat.  quatere,  v.  fr.  esquacher,  esquachier, 
casser,  briser  et  esquater,  aplatir,  rompre,  frapper.  V.  cocher,  à  Liège, 
spaié.  V.  spocher. 

Skole.  s.  f.  nom  flam.  de  la  plie  fumée.  V.  pieuse  ||  école,  fl.  school, 
ail.  Schule,  bas-breton,  scol,  lat.  schola. 

Skoria,  escauriaf .  adj.  coriace. 

Skorie.  v.  écnrie. 


SKO— SKK  ô'îô 

Skoufc'tei*.  V.  cscoul fêter. 

Skou,  stcou,  scoursué,  escoursué.  s.  1'.  tablier,  genoux,  giron. 
HoU.  schort,  tablier,  ail.  Schoss  ou  Sebooss,  fl.  scboot,  giron,  sein.  Le 
radical  se  trouve  dans  le  vha  scurz,  ciirlus,  brevis,  fl.  scbors,  tablier, 
vêtement  court.  A  Namur,  chou,  Ichou,  cl  de  plus  chourchi,  à  Liège,  horsl, 
trousser,  le  v.  fr.  a  eu  escorcier,  eslorcer,  ail.  schûrzen,  v.  fl.  schorssen. 

La  nombreuse  colonie  gerni.  des  mots  en  sk,  sp,  si,  est  bien  remar- 
quable. Il  est  à  observer  qu'elle  s'arrête  à  la  limite  méridionale  du  Hai- 
naut.  Le  patois  artésien  est  fort  cousin  du  nôtre;  cependant  le  dict.  de 
Corblet  n'en  contient  pas  du  tout.  Le  petit  nombre  des  analogues  est  déjà 
francisé  et  se  fait  en  es  :  Escoudie  {preinde  esn),  prendre  son  élan  ;  estoc, 
souche,  qu'il  ne  donne  pas  comme  du  patois  actuel,  mais  qu'il  rapporte 
aux  vieux  documents  d'Amiens.  Il  donne  pourtant  un  mot  qui  n'appar- 
tient pas  à  notre  patois  (que  je  sache),  espringuer,  sauter,  de  springen. 

Skoiip.  V.  escoupc. 

Skoiii'ion,  cscouvion.  brandons,  torches  que  l'on  porte  en  courant 
le  soir  les  l*""  et  2'^  dimanches  du  carême  dans  plusieurs  villages  du 
Ilainaut.  ||  bataille  entre  enfants  de  diverses  communes.  V.  escouvion  et 
cscoufler, 

Skran,  eskran,  le.  adj.  fatigué,  las.  On  trouve  dans  Lesaige  le 
mol  recran  pour  fatigué.  AU.  krank,  malade. 

Skrandi,  eskrandi.  v.  a.  fatiguer. 

Skréper,  eskréper,  écpéper.  v.  a.  racler,  ratisser,  flam. 
schrapen,  angl.  scrap,  lat.  scabere  d'où  scabies;  bas-breton,  scra|)a, 
scrâpa,  gratter  la  terre  avec  les  ongles.  Ducange  donne  le  mot  :  screp, 
danis,  gladius  ;  irl.  scrios,  enlever  la  surface  d'une  chose,  v.  fr.  escraper. 

Skrépé,ée,escrépé.  adj.  avare,  pince-maille.  Holl.  schraper,  qui, 
au  propre,  signifie  ralissoire,  racloire,  et  au  figuré  veut  dire  ladre, 
harpagon,  fe:  se-mathieu,  en  flamand,  schrapen  signifie  racler,  amasser. 

Skrépin.  s.  m.  petit  pain  formé  de  la  pâte  recueillie  dans  le  mai 
au  moyen  de  la  ralissoire.  V.  skréper. 

Skrep-sayère.  s.  m.  avare  ||  cri  des  enfants  borains  poursuivant 
les  nouveaux  mariés  ou  les  parrains  qui  ne  leur  jettent  pas  d'aigenl  ou 
n'en  jettent  pas  assez. 

Skrépures.  s.  pi.  ce  qui  a  été  skrépé,  ordures.  —  dé  bouyau,  selles 
de  la  dyssenterie,  des  diarrhées  graves. 

42 


:.:)'(  SKK— SOT 

Kkrihnno.  s.  f.  roniparlimciil  d'iiiio  L:;ar(k'-i'ol)(>  lormé  (l(!  plusieurs 
tiroirs  yanuUis  par  une  pelile  porle  lermaul  à  clef.  Ail.  Schreiii, 
anuoirc-[-Bank,  espagnol  scribania. 

INtkriiiic.  s.  m.  menuisier.  Mol  peu  iisilé  tlau-  le  Ilainaul,,  plus  usilé 
vers  IJi'ge.  Mèiue  élynioloi;ie  ail.  ([ue  le  i)rée(';ileul.  De  là  aussi  viennent 
les  niDls  IV.  (''l'iiii,  (M'rau  et  le  v.  IV.  eserinerio,  nicniiiscrie. 

iSliiier,  0!«kiier.  skeiitc,  skciir.  v.  a,  secouer.  FI,  seliucUlen,  ail. 
schûtleln,  lai.  succuturc,  v.  fr.  scqueuer,  escouer. 

$»kiiiiie,  e!^kelllllc.  s.  f.  écume.  Rret.  scumen,  fl.  scluiim,  ail. 
ScIiauMi,  1.  spuma. 

Skwelcr.  v.  squrllcr. 

S\o\\,  clilop  {(VaUer).  aller  se  coucher.  Fai  — ,  dormir.  l"l.  slapen, 
ail.  schlafcn.  Beaucoup  de  fl.  prononcent  slopen. 

Soîl.  s.  m.  seigle.  Ju  cV  soil,  genièvre.  En  fr.  soilette  est  une  variété 
de  froment.  V.  l'r.  seille,  lat.  secale. 

Solée.  s.  m.  soulier.  Lat.  solea,  semelle,  ail.  Sole,  plante  du  pied, 
breton  sol,  bascpie  soleta,  v.  fr.  soler. 

Soictte.  V.  soûle. 

Son,  so^n  (fai).  t.  de  jeu  de  carte  usité  dans  le  Dorinagi?,  laisser  la 
main,  jeler  une  petite  carie.  Sor/u  chez  les  liégeois  signifie  peur,  crainte, 
besoin  d'aller  à  la  selle.  V.  fr.  essoigner,  dispenser,  excuser. 

Sorher.  v.  a.  essuyer,  éponger  (Fleurus).  V.  IV.  sorbir,  boire,  avaler, 
sorbiter,  absorber,  engloutir.  V.  risorber. 

Sopcîèrc.  s.  f.  raniponeau,  prussien,  moelle  de  sureau  avec  ini  peu 
de  plomb. 

Soré,  sorei.  s.  m.  hareng  saur.  Fr.  sauret,  adj.  peu  usilé  (fui  pro- 
vient de  saur,  lequel  en  langue  gothique  signifie  roux. 

Sot,solle.adj.  ctsubsl.  peu  usité  au  m.  personneardente,  amoureuse. 

Il  serait  curieux  de  connaître  l'origine  de  la  déviation  dans  la  significa- 
tion de  ce  mot.  Le  premier  qui  Ta  enq)loyé  dans  le  sens  ici  indiipié  a-t-il 
voulu  exprimer  moins  la  force  du  tempérament  que  le  défaut  d'esprit 
pour  en  dissimuler  la  manifestation.  Est-ce  là  le  motif  qui  fait  que  le 
mot  s'applique  presqu'exclusivement  aux  filles,  parce  qu'elles  ont  plus 
d'intérêt  que  les  jeunes  gens  à  cacher  les  désirs  sexuels. 

Solte  [ois),  vis  qui  tourne  dans  son  écrou  sans  s'y  attacher.  Farine 
— ,  folle  farine. 


SOT— sou  555 

iSottise.  s.  f.  p.  injures.  Arraingé  comme  cnnc  pougnie  iV  soUise.  \\ 
s.  f.  siiig.  lascivité. 

Soufflette,  s.  f.  sarbacane  ||  bulle  d'air  sous  une  peinture. 

Soufronte,  souvronte.  intervalle  entre  les  pieds  de  deux  soliveaux 
supportant  une  toiture.  V.  fr.  souronde,  severonde,  lat.  subgronda, 
saillie  du  toit  pour  rejeter  les  eaux  loin  du  nuir. 

Sougnie.  ville  du  Hainaut,  SoigJiies.  En  v.  fr.  droit  seigneurial. 

Souk,  cherche.  De  such,  impératif  du  verbe  ail.  suchen,  chcrcliei'. 
Ne  se  dit  qu'aux  chiens. 

Soukier,  soukter.  v.  n.  llairer  comme  les  chiens  qui  cherchent. 

Soula.  cela. 

Soulan.  adj.  ennuyeux,  remuant,  gênant. 

Soûle,  s.  f.  boule  de  bois  employée  au  jeu  de  crosse.  Dans  quelques 
villages  on  dit  solctle,  dans  d'autres  choleUe.  A  n'ain  cô  de  soûle,  à  la 
distance  où  un  joueur  ordinaire  peut  lancer  une  soûle. 

Le  mot  soûle  est  fr.,  il  désigne  aussi  un  jeu  et  une  boule  instrument 
de  ce  jeu,  mais  tout  cela  est  fort  différent. 

Soulé.  s.  m.  ivrogne.  Fr.  pop.  soulard. 

Soîiler.  v.  a.  ennuyer,  gêner. 

Soulure,  sodure,  desoulnre.  s.  f,  défaite,  volée  de  coups  || 
Soulure.  t.  de  jeu  de  croche,  trois  coups  de  croche. 

Souiuakier,  souuiakié.  v.  a.  sangloter.  Y  brai  qui  soumak,  s<;s 
sanglots  l'éiourtent.  V.  sloumaker.  Schmachten  en  ail.  languir,  smachteu 
en  fl.  étouffer,  pâmer. 

Souniie,  souniié.  s.  m.  poutre.  Le  mot  fr.  sommier  n'en  est  pas 
tout  à  fait  l'équivalent. 

Y  mcinl  qui  fait  craquer  lés  soumiés. 

Imitation  du  proverbe  ail.  : 

Lùgen  dass  sich  die  Balken  biegen. 

y  faut  quel  guerre  enn  vos  a  nie  fait  d'peine. 
Vos  aslé  gro  et  fort  comme  ain  soumié, 
(Chanson  de  Ouinlin). 

Sounclle.  s.  I'.  grelot. 


")(i  sou— SPA 

Sioiiplrcr.  v.  ii.  suppurer. 

Soiiye.  s.  f.  scie. 

Souyer.  v.  a.  scier.  V.  fr.  seyer. 

Soiiycltc.  s.  f.  scie.  V.  fr.  soyer,  soicr,  scior  le  blé  avec  la  faucille, 
sayellc. 

Soiiyeu.  s.  m.  scieur  de  long. 

Soiiyin.  s.  ni.  suie.  A  Lié^csoarse,  prov.  suga,  sudgio,  gaél.  sruith, 
sulche.  Souyain  vienl-i.l  du  patois  souyer,  à  cause  de  sa  consistance 
analogue  à  de  la  sciure  ou  du  fr.  souiller?  Ail.  siideln,  v.  fi.  soluwen,  esp. 
soalliar,  gotli.  sauljan,  tacher.  Diez  a  tiré  le  mol  suie  du  lat.  succus, 
dans  un  autre  ouvrage  de  l'ags  sôtig. 

Soyu.  part.  p.  du  verbe  savoi  (dans  beaucoup  de  villages). 

$»pal,  espal.  s.  f.  épaule.  V.  fr.  espale,  bas-lat.  spalla,  espalla,  lat. 
spathula,  scapula,  basq.  ezpalda,  gall.  ysbawd,  gr.  aT^xdri. 

Spaiii,  espani,  épanir.  v.  a.  sevrer.  FI.,  holl.  spenen,  radie, 
speen,  pis,  tétine.  Les  liégeois  disent  aussi  spani.  En  v.  fr.  espanir 
signifie  épanouir. 

Spansner.  v.  a.  v.  rincer  et  rapamer. 

Sparde.  v.  a.  semer,  éparpiller,  répandre,  étaler.  Lat.  spargere,  v. 
fr.  espardre,  épardre,  espartir,  sparger,  liég.  dispaul,  dji  dispaurdeu, 
je  répandais. 

Spardjo.     feuille  de  papier  (Pâturages). 

Spargii.  s.  f.  épargne. 

Spargné'Uiaure,  ou  plutôt  spargn-niaii.  s.  m.  tire-lire.  Eu 
liégeois  spagn-mâ.  Dans  l'un  comme  dans  l'autre  patois  on  trouve  la 
signification  d'épargne  douleurs.  C'est  là  l'interprétation  ordinaire.  Est- 
ce  la  bonne?  Il  y  a  en  ail.  Mauke,  lieu  où  les  enfants  cachent  leurs  frian- 
dises, bavar.  maucken,  épargne  secrète.  Si  spargne  vient  de  l'ail, 
sparen,  —  formerait  un  pléonasme  tout  germanique. 

épargner,  v.  a.  épargner.All.etfl. sparen,  latin  parcere,bret.esperna. 

Spaté,  e!i«patc  (fier),  fer  en  tôle. 

iSpauuier.  v.  a.  synon.  de  rapamer,  signifie  de  pluségoutter,  ressuer. 
—  r  salade,  la  presser,  l'agiter  dans  un  linge.  Fr.  t.  de  marine,  espalmer, 
nettoyer,  laver. 

Spautrcr,  espaiitrer.  v.  a.  aplatir,  écraser.  V.  fr.  peautrer,  louler 
aux  pieds.  V.  épaulrè. 


SPA— SPI  357 

Spava^n,  espavagn.  s.  m.  éparvin. 

Spcculaliou,  cspéciilalion.  s.  f.  p.  espèce  de  macarons. 

Spéler,  spéli.  v.  n.  el  a.  épeler  ||  choisir  ||  Irier.  Speli  lé  gro  pun 
déhor  dé  plils.  Il  est  curieux  qu'on  dise  indiflércmmenl  dans  celle 
phrase  speli  et  einlire.  FI.  spellen,  épeler,  proven(,\  espelir,  expliquer, 
golh.  spillôn,  raconter,  expliquer. 

Spenne.  s.  f.  épine  ||  aubépine,  crategus  oxyacanlha.  V.  IV.  En  lat. 
spina,  brel.  spern,  corn,  spernan. 

Spépîep,  espépier.v.  a.  cl  n.  gratter  el  becqueter  comme  font  les 
poules.  Figur.  examiner  minutieusement.  No  pouye  s'espepeylé,  c'est' ain 
confesseur  qui  spcpeye,  nos  poules  se  becquettent  les  plumes,  c'est  un 
confesseur  difficile,  minutieux.  Lat.  pipare,  pipire,  fl.  piepen,  ail. 
piepsen,  crier  comme  les  poules. 

Spepieu.  s.  etadj.  éplucheur,  scrupuleux,  minutieux. 

Spî,  espî.  f.  épi.  Remarquez  que  le  fr.  s'est  éloigné  du  mot  latin 
spica  bien  plus  que  les  mots  montois.  On  peut  en  dire  autant  des  mots 
échelle,  école,  épine,  étroit,  espoir,  éternuer.  Y.  gardin. 

Spicotle,  espicotte.  s.  f.  T.  de  tailleur  de  pierres.  Coin  de  Ter  pour 
faire  éclater  les  pierres. 

Spîer,  dépier.  v.  a.  faire  sortir  les  grains  de  l'épi.  A  Charleroy 
spii,  rompre,  à  Liège  sipii,  briser,  mutiler.  V.  fr.  depier,  specier, 
despecier,  briser,  mettre  en  pièces. 

Spiglair,  espiglair.  s.  m.  colophane,  résine  de  mélèze,  de  pin  ou 
de  sapin.  Les  liégeois  disent  spegulair.  Remarquez  que  l'on  se  sert  du 
spiglair  dans  divers  métiers  el  du  colofon  dans  les  arts  :  un  plombier 
se  sert  à'espiglair,  un  musicien  de  colofon.  En  ail.  Spiegelharz,  en  fl. 
spiegelhars,  colophane,  lilt.  résine-miroir.  îN'esl-il  pas  curieux  que, 
quand  notre  mot  semble  bien  avoir  une  origine  germ.,  le  mot  liégeois 
paraisse  de  source  lat.  et  de  même  sign.,  spéculum,  miroir,  ou  plutôt 
specular,  vitre,  sans  doute  à  cause  de  l'aspect  vitreux  de  la  résine. 

Spigot,  c<i>pigot.  s. 'm.  bout  de  cuir  d'un  soulier.  Ail.  Spiess,  Spilz, 
lat.  spiculum,  pointe. 

Spinasse.  s.  f.  épinard.  Ail.  Spinat,  lat.  spinacia. 

Spîncher.  v.  a.  et  n.  élaguer,  couper  les  menues  branches  (Ghiin). 
A  Liège  speci.  En  fr.  épincer  signifie  supprimer  entre  deux  sèves  les 
bourgeons  qui  ont  poussé  sur  le  tronc  des  arbres  de  ligne.  Ducange 


558  SIM— SI'O 

Iradiiil  le  mol  spingcir  par  pellcrt',  Irudcrc.  Y.  Ir.  (.'spiiicer,  coupci', 
laillor. 

Spiiit'lioii.  s.  ni.  ce  qui  ;i  élé  spinchc. 

5i|iion.  s.  m.  espion  j|  miroir,  n'Ilccletn-  à  une  fenêlre.  La  racine 
sansc.  spasa,  espion  a  doniK'  des  rejetons  dans  la  plupart  des  langues  : 
lat.  spicL'ie,  vlia  spelia,  ail.  s|)alicn,  épier,  irl.  spiotlioire,  gall.  yspeiauw. 
Fuclis  dit  (jue  le  mol  entré  dans  les  langues  romanes  en  venant  du  v.  ail. 
est  retourné  en  ail.  moderne  sous  la  forme  spion.  Ces  pérégrinations  ne 
sont  pas  rares,  nous  les  avons  déjà  signalées  à  l'art,  flachc.  Mais  nous, 
pourquoi  disons-nous  spion?  Esl-ce  une  vieille  forme  française  que  nous 
avons  conservée?  Esl-ce  un  effet  de  noire  manière  d'allérer  le  fr.  ?  Esl- 
ce  enfin  que  nous  l'avions  pris  des  allemands  pendant  la  période  autri- 
chienne? 

Spirink.  s.  m.  éperlan  ||  enfant  irès-délical.  FI.  spiering,  ail.  Spier- 
ling. 

Spiroii,  spîreii,  spireiiil.  s.  m.  écureuil  (villages  un  peu  à  l'écart). 
Lai.  sciurus. 

Spitcr,  espîler.  v.  n.  et  a.  jaillir  ||  réjaillir  ||  éclabousser  ||  couvrir 
de  gouttes  d'eau  ||  darder  ||  seringuer  ||  éblouir.  Té  via  tout  spilé,  le  voilà 
tout  éclaboussé.  El  puchc  est  spitée,  la  puce  a  fait  un  saut.  Cet  enne 
couleur  spitanle,  c'est  une  couleur  éblouissante.  Ce  mol  s'employe  dans 
une  foule  de  circonstances  où  il  n'a  pas  un  correspondant  français  bien 
exact.  AU.  spritzen,  spriitzen,  jaillir,  seringuer.  Les  holl.  et  les  flamands 
disent  spuiten;  spalten  signifie  éclabousser. 

Spîle-à-z-y.  s.  m.  clinquant,  brillant.  Mot  à  mot  :  saule  aux  yeux. 

SpilrucUc,  cspîtruelle.  s.  f.  seringue.  Ail.  Spritze,  Sprûtze,  holl. 
spuit,  seringue  ||  niercurialis  annua,  plante  souvent  employée  en  lave- 
ment (Wasmes). 

Spiturc,  c§ipitiirc.  s.  f.  goutte  de  liquide  spilé,  éclaboussure.  FI. 
spai. 

Splink.  V.  csplinke. 

Spocher.  v.  a.  manipuler,  tàler.  Dans  quelques  villages  des  envi- 
rons de  Mons,  spotchie  signifie  froisser,  écraser,  à  Liége,s/)a<c,onydit  : 
DjUle  spalrcu  le  narenne.  Je  t'épaterais  le  nez. 

Sponde,  csponsc.  s.  m.  partie  de  houille  qu'il  n'est  pas  permis 
d'exploiter  à  la  limite  de  la  concession,  afin  d'éviter  le  passage  des  eaux 


spo— spo  3.jy 

d'une  houillère  dans  une  autre.  Sponde  en  (1.  bord  d'un  lit,  ridelle,  eu 
lai.  sponda,  en  v.  fr.  esponde,  bord,  chaussée,  digue,  bois  de  lit,  châlit. 
Ducange  donne  l'art,  suivant  :  esponderius,  limitrophe,  esponde  gallo- 
belgis  dicitur  lecti  pars  auterior.  Ilalis  sponda,  ora,  margo. 

Spot,  e<«pot.  s.  m.  sobriquet.  En  fl.  spotnaem,  en  ail.  Spitznamen, 
sobriquet  (spot,  raillerie,  moquerie,  Spitz,  pointe,  naem,  namen,  nom). 
Spo  à  Liège,  signifie  adage,  sentence,  dicton,  proverbe. 

Les  sobriquets  sont  communs  dans  les  basses  classes  des  villes  ;  ils 
le  sont  davantage  encore  dans  les  villages.  Dans  quelques-uns  ils  sont 
universels.  Comme  la  plupart  de  ces  sobriquets  sont  désobligeants  et 
indiquent  un  défaut  ou  tendent  à  déverser  du  ridicule,  ils  sont  quelque- 
fois repoussés  avec  colère,  mais  le  plus  souvent  ils  sont  acceptés  au 
moins  avec  résignation  et  parfois  si  bien,  ([ue  le  véritable  nom  de 
famille  se  perd.  Je  puis  affirmer  être  allé  un  jour  chez  un  ouvrier  borain  ; 
la  maison  m'avait  été  bien  désigfiée;  une  fdle  de  16  ou  17  ans,  fraîche 
et  belle,  paraissant  intelligente,  vint  m'ouvrir,  cl  lorsque  je  demandais 
si  j'étais  bien  chez  Désiré  L'heureux,  elle  me  répondit  :  qu'elle  nrl 
counichou  gnié.  Heureusement  le  père  rentendit  du  fond  d(\  la  maison, 
il  s'écria  :  iV  faul-y  gnic  esse  ennc  picrdutc  que  <r  roblic  T  nom  d'es  pèr. 
La  fille  répliqua  :  Eh  bé!  vo  lom  c'est  T  grand  co,  nialleins-jc.  Mordicussc 
foutu  godau,  dit  le  père,  te  n  se  gnié  co  que  sl^  ci  spo. 

Les  noms  les  plus  singuliers  sont  imposés  :  -l'ai  connu  des  (amillcs 
de  :  Brain  d'  sorille,  Weillc  cin  rnir,  micu  rf'  ca,  lonkc  cskille,  Iran  d' 
eu  de  fichau.  Souvent  les  sobricpicls  sont  de  l'obscénité  la  plus  crue  el 
cependant  passent  incessamment  par  la  bouche  des  jeunes  filles  sans 
eflaroucher  leur  pudeur. 

Les  sobricpuns  se  transportent  dos  parents  aux  enfants.  Ménage,  dans 
son  dictionnaire  étymologique,  rapporte  que  dans  les  villages  du  haul- 
Languedoc,  aux  environs  de  Castres,  les  hommes  n'ont  que  des  noms  de 
baptême;  pour  désigner  quelqu'un  :  ils  disent  Pierre  de  Guillaume,  ce 
qui  semble,  dit-il,  rester  des  grecs  et  des  hébreux.  Nos  paysans  pro- 
cèdent d'une  manière  analogue  :  Jusqu'à  ce  qu'un  enfant  ait  reçu  un 
sobri({uet  propre,  il  est  connu  par  son  nom  de  baptême,  joint  au  sobri- 
quet paternel  ou  maternel  par  du,  don,  dcl  :  ce  sera  par  ex.:  djea)i  du 
mieu  d'  cal.  Supposez  qu'un  spot  spécial  lui  soit  imposé  et  cela  arrivera 
toujours  tôt  ou  tard,  par  ex.:  sorille  cela  deviendra  sorille  du  wieu  d'  en. 


ôiO  SPO— STO 

Mais  loiijoiirs  le  iu>ni  de  lainille  esl  nôj^lii'é  cl  ne  serl  guère  que  dans 
les  aoles  de  l'élal  civil.  C'est  à  peine  si  l'on  excepte  de  la  règle  les  per- 
sonnages considérables  comme  le  bourgmestre,  le  médecin,  le  notaire, 
le  curé. 

Spotchi.  V.  spocher 

Spotci*.  V.  a.  baptiser  d'un  spol 

Spritclii.  V.  n.  jaillir  (dans  l'est  de  la  province).  Les  liég.  employant 
—  et  sprulchi.  Ce  sont  deux  formes  ail.  tandis  que  notre  spitcr  semble 
se  rapporter  au  il.  V.  spiter. 

Sproon.  s.  m.  sansonnet,  étourneau.  FI.  spreeuw,  à  Liège,  sprew. 

Spi'ot,  spraut.  s.  p.  m.  jets  de  choux  ||  choux  d'une  espèce  parti- 
culière. Spross  en  ail.  signifie  bourgeon,  jet,  rejelton,  (1.  spruitkool, 
brocoli  (spruit,  jel-f-kool,  chou),  goth.  spraula,  bourgeonner. 

Squcller,  skwelep.  v.  n.  râteler  les  ruk  du  binoi.  Ail.  Scholle, 
glèbe,  vha,  scoUo. 

Stanibrugc.  nom  d'un  village  du  Hainaut  près  de  la  frontière  fran- 
çaise. Il  en  esl  des  noms  de  nos  villages  comme  des  mots  de  notre  patois  : 
on  en  trouve  de  tous  les  âges  :  de  celtiques,  de  latins,  de  tudesques.  Il 
en  est  de  tout  modernes  comme  cl  Pâturages,  el  Boverie.  Ils  sont  fran- 
çais ou  à  peu  près.  L'article  el  annonce  qu'ils  étaient  hameaux.  Les  per- 
sonnes d'un  certain  âge  ont  connu  el  pasturage  de  Quaregnon.  El 
bouverie  de  Framerios  n'est  montée  à  la  dignité  de  village  qu'il  y  a  10 
ou  15  ans.  Mézière  est  de  l'époque  d'oil  et  signifie  paroi  ou  haie.  Dour 
est  celtique  et  signifie  eau,  quant  à  Stambruge  il  parait  germanique  et 
c'est  parce  que  les  noms  de  l'espèce  sont  rares  en  Hainaut  que  je  le 
donne  ici.  Bruge  signifie  pont,  stam,  slan  se  trouve  expliqué  à  l'art. 
slanquier  qui  va  suivre  ;  cependant  il  peut  y  avoir  doute  sur  la 
fin  du  mot,  car  brug  en  b.-bret.,  brwg  en  gall.  signifient  bruyère. 
V.  brouyère.  Au  nord,  le  Hainaut  a  un  petit  nombre  de  villages  flamands  : 
parmi  eux  il  y  en  a  deux  ou  trois  à  noms  néo-fl.  ex.:  Sleenkerk  (église 
de  pierre). 

Stampcr,  estamper,  v.  a.  mettre  debout,  s'estamper,  se  lever,  ett 
slampc,  être  debout.  Stamper  su  n'  saqué,  marcher  sur  quelque  chose. 
/  faut  bé  s'  plouyer  où  ç  quon  ri  peut  gnié  s'estamper.  Il  faut  savoir  se 
résigner,  il  faut  se  courber  sous  la  nécessité.  Le  v.  fr.  stamper,  appuyer, 
affermir,  fixer, ainsi  que  estampe,  estampille,  semble  de  source  german.: 


STA— STA  541 

Ail.  stampen,  imprimer.  Notre  —  pourrait  venir  d'un  autre  mol  ail. 
slanipfen,  piler,  mit  den  fûssen,  fouler  aux  pieds,  fl.  stampen;  mais  il 
faudrait  plutôt  trouver  le  sens  du  lat.  stare,  ail.  stehen,  fl.  staen.  On  le 
rencontre  dans  le  gall.  ystwap,  irl.  stampa,  sanscrit,  stamb'a,  colonne, 
pilier;  au  lat.  stare  se  rattache  l'irl.  stad,  sansc.  stalum,  èire  debout. 
Les  liégeois  disent  aslaplé.  V.  slap. 

Stanipia.  s.  m.  perche  pour  haricots,  houblon,  etc.  (Fleurus). 

Slaiiçon.  s.  m.  étançon.  Pelletier  rapporte  le  mol  bas-bret.  slançon, 
en  déclarant  qu'il  ne  sait  s'il  vient  d'étançon  ou  s'il  Ta  formé. 

iStançoner.  v.  a.  étançonner. 

Slank,  estank.  s.  m.  digue,  corroie.  A  Charleroy,  aslange,  à  Liège, 
stank,  silank. 

Stanquier,  stanquié,  cstanquier.  v.  a.  et  n.  former  une  digue  {| 
arrêter  un  liquide  qui  fuit  par  une  ouverture  ||  étancher.  Ce  mot,  à  cause 
de  sa  signification  plus  étendue  qui  se  rapporte  à  celle  de  radicaux  plus 
anciens,  ne  doit  pas  provenir  d'élancher;  étancher  en  proviendrait 
plutôt  lui-même,  comme  aussi  étanche.  On  doit  faire  remonter  l'étymo- 
logie  de  ce  mot  à  l'ail,  stammen,  qui  paraît  avoir  formé  le  lat.  barbare 
stammare,  si  pas  au  bret.  stancq,  écluse,  stancqa,  boucher,  en  dialecte 
de  Vannes,  stanquein.  Cependant  étang,  semble  bien  descendre  du  latin 
slagnum,  qui  a  formé  l'italien  stagnare,  etc.  Il  est  permis  de  remarquer 
à  ce  sujet  qu'une  foule  de  mots  français  qui,  se  rapportant  aux  eaux,  aux 
fleuves  et  à  la  mer,  ont  une  source  ludesque  ;  on  peut  citer  chaloupe, 
esquif,  écluse,  digue,  quille,  mât,  cable,  golfe,  rade,  barque,  bord 
(quelques-uns  ont  un  pied  dans  le  celtique).  Probablement  ces  mots  ne 
remontent  pas  aux  invasions  franques,  mais  aux  invasions  des  Normands, 
lesquels  étaient  navigateurs.  Les  premiers,  qui  étaient  guerriers,  ont 
plutôt  laissé  des  mots  relatifs  aux  combats  :  comme  guerre,  brèche, 
sabre,  meurtre,  dérober,  flèche,  bride  (bivouac,  sabredache,  sont  tirés  de 
l'ail,  moderne).  Je  dois  cependant  avouer  que  Diez  rapporte  étanche 
aussi  bien  qu'étang  au  latin  stagnum,et  son  autorité  est  bien  supérieure 
à  la  mienne. 

Slap,  estap.  s.  p.  espace  précédemment  occupé  par  une  couche  de 
houille.  On  supporte  le  toit  par  des  élançons.  On  laisse  des  voies 
ouvertes  pour  continuer  plus  loin  l'exploitation  et  on  remplit  le  reste 
avec  des  terres  et  pierres  qui  ont  dû  être  détachées  en  même  temps  que 

V, 


:>'rl  STA— STA 

la  mille. Non-sculenieut  ces  débris  reniplisseul  l'espace,  mais  il  y  a  souvent 
un  excédant  qu'on  doit  extraire  ;  comme  ils  n'ont  pas  été  tassés,  au  bout 
de  quelques  jours  vient  cl  fardiau  ;  alors  tous  les  bois  se  brisent,  le 
tassement  s'opère  et  la  superficie  est  abaissée  de  l'épaisseur  de  la  couche 
de  houille  enlevée.  A  Liège,  —  signifie  bordure  pour  diriger  l'ouvrage. 

Le  mol  slap  m'a  causé  un  travail  considérable.  D'une  part  il  a  une 
physionomie  germanique  ou  celtique,  d'autre  part,  je  considérais  que  nos 
charbonnages  n'existent  que  depuis  une  couple  de  siècles,  que  par 
conséquent  il  ne  fallait  pas  faire  remonter  trop  loin  son  origine  et  qu'on 
lie  devait  pas  songer  à  la  grande  importation  de  mots  germaniques  lors 
de  l'invasion  des  franks.  Je  savais  encore  que  nos  charbonniers  n'ont 
guère  de  rapport  avec  les  flamands  ou  allemands  et  pas  du  tout  avec  les 
celtes  de  la  basse-Bretagne  ou  du  pays  de  Galles. 

Je  trouvais  bien  l'ail,  stab,  bâton,  l'ail. -flam.  siapel,  qui  a  formé  le 
fr.  étape  et  signifie  aussi  échafaudage.  Je  ne  savais  qu'en  faire.  Je  trou- 
vais aussi  le  bas-bret.  stapla,  jeter,  et  j'étais  tenté  d'interpréter  stap, 
lieu  où  l'on  jette  les  terres  et  pierres.  Je  ne  trouvais  rien  dans  le  patois 
usuel.  Je  voyais  bien  dans  le  langage  liégeois  aslaplé  et  je  pouvais 
très-bien  admettre  naasUiplé  ou  slapler  a  été  en  usage  chez  nous,  mais 
aslaplé Si\â  signification  de  notre  slamper,  être  debout.  Alors  il  a  fallu 
s'adresser  à  un  aulre  ordre  d'idées  et  traduire  slap,  lieu  supporté  par 
des  pièces  de  bois  placées  debout.  B.-lat.  stapla,  mensa,  ags.  slaple,  ful- 
crum  mensariuin. 

Mais  voilà  que  le  complément  du  dict.  de  l'Académie  nous  donne  le 
vieux  mot  fr.  stampe  et  le  définit  :  intervalle  d'une  veine  à  l'autre  dans 
une  mine. 

A  présent,  si  l'on  veut  consulter  notre  art.  slamper,  on  verra  que  ce 
mot  et  le  liégeois  aslaplé,  doivent  se  confondre  dans  l'idée  de  pilotis, 
colonne,  pièce  de  support,  on  pourra  conclure  que  probablement 
aslaplé  est  germanique  et  slamper  celtique,  que  l'un  ou  l'autre  a  formé 
le  fr.  élai,  étayer  qui,  du  reste,  pouvait  mieux  venir  du  fl.  slaaye,  slande 
lulcrum,  mais  que  slap,  tiré  immédiatement  du  patois  usuel  ancien  est 
bien  germanique  pour  forigine  médiate. 

On  pourrait  songer  au  latin  stabilire.  Je  ne  lui  concède  que  la  pater- 
nité de  stable,  établir,  avec  leurs  dérivés,  quoiqu'il  soit  vrai  que  le  (oui 
se  réunit  à  la  source  sanscrite  indiquée  au  mot  slamper. 


STA-STl  ôio 

Il  esl  à  peu  près  certain  que  tous  nos  mois  charbonniers  empruntés  au 
celt.  ou  à  l'ail,  ont  été  puisés  dans  le  patois  usuel  de  l'époque  de  création, 
ex.  :  cufa,  sklon,  vautierne,  escor,  quairière,  V.  ces  mots.  Il  en  a  dû  être 
de  même  de  bien  des  mots  spéciaux  qui  ont  été  tirés  des  termes  généraux 
que  l'envahissement  du  fr.  a  balayés.  C'est  ce  que  nous  voyons  encore 
faire  à  nos  ouvriers  quand  ils  ont  besoin  de  désigner  une  chose  nouvelle, 
ils  forgent  le  mot  avec  le  patois  actuel.  V.  caya.  Nous  pouvons  de  là 
conjecturer  combien  de  mots  se  sont  perdus  et  ce  qu'était  notre  langage 
il  y  a  seulement  trois  ou  quatre  siècles.  Nous  ne  le  comprendrions  pas 
plus  qu'aujourd'hui  nous  ne  comprenons  le  liégeois,  mais  alors  la  diffé- 
rence des  deux  dialectes  devait  être  moins  grande.  Nous  nous  sommes 
plus  francisés  que  les  liégeois,  comme  les  Picards  se  sont  francisés  plus 
que  nous. 

Stater.  v.  a.  arrêter,  interrompre.  Latin,  status. 

Slaurc.  V.  a.  jeter  çà  et  là,  épandre,  éparpiller  (Charlcroy).  Slaré, 
slramé,  à  Liège,  fl.  stooren,  troubler,  storlen,  épandre,  strooyen, 
parsemer,  répandre,  v.  fr.  estorer,  fournir,  garnir,  établir,  lat.  instau- 
rare,  mais  la  forme  liégeoise  slramé,  doit  reportei-  la  pensée  vers  le  lat. 
stramen.  V.  slramage. 

Sieîgé.  v.a.  montrer,  enseigner  (lior.).  En  ail.  zeigen  ([trononcez 
tzeigen). 

Stcrni,  slierni.  v.  a.  étendre  à  terre  ||  mettre  de  la  litière.  Slierni 
se  vak.  De  stcrnere.  ||  v.  n.  éternuer.  De  stermiere,  sternutare. 

Sternurc,  sticrnure.  s.  f.  litière  qui  se  ramasse  dans  les  bois 
pour  en  faire  un  engrais.  A  Liège,  slierneur,  stiernar. 

Stapendant.  conj.  cependant.  Souvent  employé  par  Froissard. 

Stteule,  stol.  s.  f.  portion  de  chaume  des  graminées  céréales  qui 
demeure  sur  pied  après  le  fauchage.  Fr.  inusité,  éteule,  esteuble, 
étouble,  qui  signifient  chaume,  lat,  stipula,  ail.  fl.  stoppel,  vha  stupfila. 

Stici,  «iticlii,  C!>iticil,  celui-ci,  estî-Ià,  stilal,  celui-là,  stelle-ci, 
cstelle-cî,  celle-ci,  stelie-la,  estelle-Ial,  celle-là.  On  trouve  dans 
le  iMédecin  malgré  lui  de  Molière  :  ccti-ci,  ceti-là.  J'aurais  bien  pu 
écrire  :  çli-ci  ou  ccli-ci,  mais  alors  l'autre  forme  aurait  été  eç'li-ci,  ce 
qui  eut  été  assez  bizarre. 

Stiqiier,  osliquer.  v.  a.  enfoncer.  De  l'ail,  stccken,  mettre, 
fourrer  dedans,  être  fiché.  Le  v.  fr.  avait  le  mol  sticade,  impulsion,  les 


5i4  STI— STA 

liégeois  s'éloigneiil  de  la  signirtcalion  monloise  en  (Idiinant  à  leur  sliki  ^ 
slichi,  celle  de  pointer,  donner  des  coups  de  poinit',  lancer  des  iraiis 
mordants  ||  tromper  ||  corrompre.  Le  mot  liégeois  ne  vient  plus  de 
stecken,  mais  de  stochen,  qui  a  (ouïes  ces  significations.  Le  v.  sliquer 
est  quelquefois  neutre.  Quand  ça  li  slike  ou  quanle  ça  stique  à  s'  licUe, 
signifie  quand  fidée  lui  passe  par  la  tête.  Le  mol  sticare  est  rapporté  par 
Ducange  qui  donne  l'ex.  suivant  de  son  emploi  :  nec  ludere  nec  — 
permittant  in  tabernà  vel  hospitio. 

j^tikctte.  s.  f.  tisonnier  ||  par  dérision  épée  de  parade,  mauvaise 
épée.  De  stecken  (v.  ci-dessus)  ou  de  Stich,  pointe. 

S»ti$se,sliche.moi.  Ceslpou  slisse,  littéralement  c'est  pour  celui-ci, 
et  par  celui-ci  on  se  désigne  soi-même.  V.  slici. 

StofFé.  s.  m.  fromage.  Mon  sloffé,  fromage  mou.  Le  nom  de  stoffé 
provient  de  ce  qu'on  le  presse  dans  un  panier  comme  la  braise  dans  un 
étoufîoir  qui  se  nomme  au  village  sloffoi. 

!§»lofli,  stoGre.  v.  a.  étoufter.  En  itai.  stofare. 

StoflToi.  s.  m.  étouffoir. 

Stok,  sto.  s.  m.  stokic,  estokie.  s.  f.  souche,  touffe  d'arbustes. 
AU.  Stock,  tronc,  lequel  a  formé  le  v.  fr.  cioc,  souche  morle. 

iStoker,  esloker.  v.  a.  placer  droit,  raide  ||  raidir  ||  dresser.  AIL 
Stock,  bâton,  tronc.  Stoquer  en  fr.  signifie  conduire  au  feu.  En  v.  fr. 
tocher  veut  dire  frapper  avec  un  bâton. 

Stokie.  s.  f.  touffe. 

Slol,  estaul,  eloi.  s.  m.  s.  f.  écurie  et  plus  particulièrement  établc 
de  vaches.  Lat.  stabulum,all.  Stall,  fl.stal,  bret.  slaul.  On  trouve  le  mot 
estaul  dans  un  sermon  de  saint  Bernard.  Pelletier  dit  que  les  mots  staOl, 
taôl,  diaôl  sont  des  brelonnisations  du  lat.  stabulum,  tabula,  diabolus. 

$>toi'de.  v.  étorde. 

Slouinak.  s.  m.  estomac  ||  poitrine  ||  gorge. Owat  biau  —  es  fiye  là  a  ! 
Moinss  qtienne  fiye  a  d' — ,  puss  quelle  lé  muclie.  Lat.  stomachus. 

Slouniakié,  sloumakier,  estounaakié.  eslonmaki.  v.  a.  rendre 
stupéfait,  essoufllé,  oppressé  ||  peser  sur  f  estomac.  V.  csloumaquer. 

Stouper,  esloiipep.  v.  a.  boucher,  fermer.  FI.  sloppen,  ail. 
stopfen,  boucher,  bourrer,  annor.  stoupa,  stouva,  boucher  avec  un 
bouchon,  grec  <ï7uct>j,  étoupe,  bas-breton  stoup,  lat.  stupa.  Eslouper  est 
un  V.  mot  fr.  //  a  ri  broque  pou  sloupcr  tous  les  (rau,  il  a  réponse  à  tout. 


STR— STR  545 

Il  est  des  mots  assez  fréquents  (celui-ci  est  du  nombre)  qui  appar- 
tiennent à  toutes  les  langues,  à  tous  les  patois.  Ce  phénomène  provient 
d'une  origine  commune,  c'est-à-dire  de  la  migration  des  peuples.  Cette 
migration  des  hommes  est  aussi  naturelle  que  celle  des  hirondelles.  Ils 
recherchent  les  lieux  où  ils  peuvent  trouver  les  objets  nécessaires  à  la  vie, 
La  civilisation  fait  obstacle  de  nos  jours,  mais  à  présent  encore  des 
invasions  fréquentes  ont  lieu  en  Afrique  chez  les  peuplades  barbares. 
Or,  c'est  la  Tartarie  qui  a  surtout  lancé  des  essaims  dans  tous  les  sens, 
vers  la  Chine,  vers  l'Inde,  vers  l'Europe,  et  ce  qui  n'a  pas  été  rare  dans 
les  temps  historiques  a  dû  être  bien  plus  fréquent  dans  les  temps  qui 
ont  précédé  l'histoire.  D'un  autre  côté  notre  patois  est  surtout  le  v.  fr., 
le  v.  fr.  est  surtout  le  latin  imposé  à  tous  les  peuples  vaincus,  non  le 
latin  de  Virgile  et  de  Cicéron,  mais  celui  de  la  populace,  la  basse-lati- 
nité, lingua  rustica,  militaris.  Cette  langue  se  formait  en  partie  chez  les 
barbares.  Les  légions  allaient  de  la  Germanie  ou  de  la  Bretagne  en 
Afrique  ou  en  Asie,  et  les  soldats  ramassaient  des  mots  souvent  ignobles 
dans  leurs  relations  avec  les  fdies  faciles  de  tous  les  pays.  Enfin  les 
légions  se  recrutaient  avec  des  gaulois,  des  ibères,  etc.,  qui  apprenaient 
la  langue  latine,  mais  y  introduisaient  des  mots  de  leur  langage. 

Stragn,  sirain.  s.  m.  paille,  botte  de  paille.  Du  slragn,  ainstragn. 
AU.  Stroh,  paille,  Strang,  corde,  écheveau,  Streu,  litière,  fr.  étrain  et 
strain,  lat.  stramen.  Y  fai  pu  d fumier  qui  n'a  dé  slragn^  il  dépense  au- 
delà  de  ses  ressources. 

Slramagc.  s.  f.  nom  collectif  pour  désigner  les  diverses  sortes  de 
paille.  Un  fermier  dira  :  W  n'  eslramage  s  m'  année-ci  vau  mieur  que 
m  grain.  Lat.  stramen. 

Strandc.  v.  imp.  Y  slran  ou  y  slragn,  y  slrando  ou  slrandoi,  il  a 
slran  ou  slrandu.  serrer  ||  y  avoir  urgence,  danger.  Y  slragn  à  «'  eu',  il 
a  peur.  Latin  stringere,  ail.  Strenge,  rigueur.  Le  v.  fr.  a  eu  slraindre, 
resserrer,  le  fr.  actuel  n'a  plus  que  les  composés  contraindre,  restreindre, 
astreindre. 

iStraner.  v.  a.  dévorer.  D'étrangler.  Ali.  Strang,  corde,  hart,  lat. 
slrangulare. 

Qui  va  au  ho,  V  leu  l'estranc. 
Oui  s'expose  au  péril,  périra. 


ôii;  STR— STIi 

//  est  vrai  qu'il  est  si  canhjc. 
Que  dj'el  l'arou  leyé. 
Pour  mi  dé  leu  slrané. 

(Chanson  de  Quinlin.  V.  art,  fourderaine). 

!!!ilranji;iaii.  s.  m.  grosso  corde  pour  maintenir  le  foin  sur  les  char- 
riols.  il  va  souvent  confusion  avec  slrinr/uiau. 

Slraii^iiioii,  estranguioii.  s.  m.  maladie  de  gorge  des  chiens,  des 
chats.  Passer  s  n'  eslranguion,  échapper  aux  maladies  d'enfance,  avoir 
surmonté  les  difficultés  d'un  commencement  d'état.  Fr.  élranguillon, 
esquinancie  des  chevaux.  Bas-lat.  stranguillio,  v.  fr.  estranguillon,  bas- 
brei.  siraquylhon. 

Sirîer,  strîî.  v.  a.  étriller.  Ail.  strigeln  ;  en  lat.  strigilis,  étrille. 

Sli'iker,  estriker.  v.  n.  quelquefois  a.  raidir,  tendre,  plus  souvent 
se  raidir,  se  tendre  ||  devenir  hérissé.  AU.  strecken,  tendre,  étendre; 
latin,  strictus,  part,  passé  du  verbe  stringere  :  stricto  gladio,  glaive 
hors  du  fourreau  ||  rendre  une  mesure  rase,  racler,  ail.  Slreichholz, 
racloire  de  mesureur  (Holz  signifie  bois),  striquer  et  eslriquer  sont  fr. 
mais  ont  d'autres  significations.  Ducange  rapporte  le  mot  stricare  :  con- 
sumere,  impedlre.  Il  ajoute  :  Stricho,  niensura  annonaria  à  germanico 
strick.  Strick,  strich,  modius,  vox  germanica.  Striclere  :  radere, 
strigillare. 

Sfrikettc,  estrîketle.  s.  f.  épée  horizontale;  parcequ'elle  estrike 
par  derrière. 

Slrikttianti*.  s.  f.  manne  de  brasseur.  Flam.  sluikmande. 

Sirîiie,  eslrÎBie.  s.  f.  étrenne.  V.  f.  estraigne,  estrine. 

Strîner,  eslriiiei*.  v.  a.  élrenner.  V.  f.  estrener.  Avériez  nieslrincr, 
faites  moi  faire  nia  première  vente. 

Striiigiiiau.  s.  m.  bande  dont  on  entoure  le  ventre  des  nou- 
veaux nés  pour  leur  soutenir  l'ombilic.  Lat.  stringere,  fl.  slreng, 
cordon. 

Sirîvep,  ostrîver.  v.  n.  soutenir,  prétendre  contre  tout  droit  et 
raison.  Y.  m.  fr.  employé  par  Montaigne  et  autres  :  Ou  ne  peut  s'en 
tenir  quoiqu'on  estrive,  dit  Marot;  streven',  en  flamand,  streben  , 
en  ail.  signifient  s'eflbrcer,  prétendre,  lâcher,  slribbelen  en  fl.  veut  dire 
chicaner,   bret.   strif,  querelle,  v.    fr.   etrif;  bret.  striva,  contester, 


STR— SUA  ôiT 

n.  slryden,  ail.  slrcitcMi,  v.    scand.  sirlda,  vlia    slrilan,   Inlter,  roin- 
baltre. 

Stroder.  v.  n.  roder  (Borinai^e). 

Strodeu.  s.  m.  rôdeur. 

IStroit,  (e.  adj,  étroit.  V.  l'r.  siret,  ète;  brel.  slriza,  eu  Vannes, 
strec'liein,  étrecir,  lai.  stricttis. 

Stroiti.  V.  ralroili. 

IStron,  estroii.  s.  ni.  élron.  FI.  stront,  v.  fr.  cstronr,  bret.  stronk 
ou  strone. 

Sfroupia.  s.  m.  groupe  de  noisettes  (Fleurus).  FI.  trop,  nœud. 

Striikié,  striiker.  v.  n.  et  a.  blesser  par  contusion,  foulure,  lu.xa- 
tion  II  accrocher.  Il  a  slrukiê  s"  n  artoile,  il  s'est  foulé,  luxé  un  orteil. 
FI.  slruikelen,  ail.  strauchcln,  v.  ail.  slruken,  strùhhôn,  trébucher, 
choper,  effet  pour  cause,  il.  sdrucciolare,  sortir  en  glissant.  Slrukié  a 
autrefois  signifié  élançonner.  V.  asintc.  Slruik  en  holl.,  Strauch  en  ail. 
signifient  tige,  souche,  tronc.  On  peut  interpréter  tige  pour  étançonner, 
et  lige,  souche,  pour  faire  choper. 

Sliiver.  V.  a.  étuver.  FI.  sloveii,  fomenter,  bassiner. 

Su.  prép.  sur,  dans.  /  récrit  su  nein  bureau,  il  est  commis  dans  un 
bureau.  Flandricisme. 

Snair,  swair,  chuair,  chwair.  s.  f.  sœur.  Lat.  soror,  gall. 
chwacr,  golh.  svistar,  vha,  suëslar,  ail.  Schwester,  fl.  zuster,  sansc. 
svasr.  Le  mot  suer  est  employé  par  Ville  Hardouin,  un  des  plus  anciens 
écrivains  fr.  (en  1198),  au  moment  où  le  fr.  sortait  de  sa  chrysalide  du 
patois  d'oil.  Ce  vieux  mol  fr.  avail  cela  de  particulier  qu'il  faisait  à 
l'ace,  seror.  On  serait  disposé  à  admettre  une  double  origine  celto- 
latine;  mais  il  faut  remarquer  que  la  langue  d'oil  en  se  formant  du  lat., 
avait  conservé  deux  cas  pour  le  subsl.,  celui  du  sujet  et  celui  du  régime. 
Les  finales  lat.  brèves  qui  se  faisaient  peu  sentir  furent  supprimées, 
mais  les  syllabes  longues  et  sonores  furent  conservées  :  ainsi  imperator 
(après  avoir  fait  probablement  imperalre)  faisait,  au  moment  où  l'on  a 
commencé  à  écrire  le  v.  fr.,  impei'ere;  mais  le  gén.,  dat.,  ace,  abl., 
imperatôris,  ôri,  ôrem,  ôre,  faisaient  empereor;  plus  tard,  or  devint  eur,, 
comme  dans  couleur,  faveur,  douleur.  Quand  les  cas  disparurent  du  v. 
fr.,  certains  mots  conservèrent  la  forme  du  cas  direct;  mais  la  plupart 
prirent  celle  du  cas  oblique  qui  est  le  plus  fréquent.  Un  petit  nombie 


3  48  SUA— SUR 

gardèrent  les  deux  formes  comme  cliaiiire,  chanteur;  pâtre,  pasteur. 
C'est  la  suppression  des  cas  qui  amena  cette  grande  révolution  dans  la 
construction  et  imprima  au  fr.  son  principal  caractère.  Jusque-là,  la 
langue  d'oil  avait  une  partie  des  libertés  d'inversion  latine  ;  pour  être 
compris  on  dut  désormais  suivre  l'ordre  logique.  Le  mot  soror  après 
avoir  fait  soreur,  sereur,  est  devenu  par  contraction  sœur.  On  peut 
conclure  que  notre  mot  chwair  est  bien  l'ancien  nomin.;  l'influence  du 
cell.  n'a  été  probablement  qu'une  influence  de  prononciation.  Cependant 
permis  à  chacun  de  douter. 

Suener,  suiner.  v.  n.  suinter  (Borinage).  A  Liège,  sxmé.  Selon 
Diez,  suinter  ne  vient  pas  du  lat.  sudare  (suer),  mais  du  vha,  suizan. 
AH.  schwitzen,  fl.  sweeten,  qui  signifient  aussi  suer;  mais  pour  arriver 
à  ce  résultat  il  retranche  N  à  suinter,  et  nous  c'est  le  T  que  nous 
retranchons. 

Sucsse  [halle  enne).  faire  le  paresseux,  se  reposer.  Haut-ail.  vieux, 
suezen,  ranimer  les  forces,  recréer,  fr.  sieste  ;  v.  fr.  sueis,  doux,  facile, 
lat.  suavis;  suéd.  suœfva,  dan.  svaeve,  isl.  sveipa,  ail.  schweben,  se 
bercer  dans  l'air. 

Suflzan.  adv.  suflissammenl.  D'avée  — ?  en  avez-vous  assez? 

Suif.  s.  m.  suie.  Il  n'y  a  que  les  beaux  parleurs  qui  disent  — ,  le  vrai 
moniois  dit  souyain.  La  confusion  a  pu  provenir  de  ce  qu'en  fl.  roet 
signifie  à  la  fois  —  et  suie. 

Suisse,  s.  m.  confiseur.  En  fr.  portier. 

Suliade.  s.  f.  p.  sucrerie,  bonbons.  Holl.  sukade,  écorce  de  citron 
confite.  Lat.  succus,  suc. 

Suiii.  heurter  la  tête  l'un  contre  l'autre  (Charleroy).  A  Liège,  souki. 
V. chuquer. 

Sur.  s.  m.  petit  lait,  sérosité  du  lait  extraite  du  fromage,  il  faut  le 
distinguer  du  clair-lait.  V.  ce  mot. 

Sur,  surte.  adj.  sur,  aigre.  Je  le  donne  ici  à  cause  de  son  fém.  ;  en 
fl.  zuer,  fait  zuerder  au  comparatif.  V.  seur. 

Surbature,  sourbature.  s.  f.  douleur  du  pied  assez  commune 
chez  les  charbonniers  qui  travaillent  dans  l'eau.  En  fr.  la  courbature  est 
un  accablement,  une  lassitude  avec  fièvre,  suite  d'une  grande  fatigue, 
en  dialecte  de  Léon  (breton),  sabatur,  blessure  aux  pieds  par  la  chaus- 
sure, en  dialecte  de  Cornwaille  (aussi  breton,  ne  pas  confondre  avec  la 


SUR-TAI  349 

Cornouaille  ou  Cornwal  d'Angleterre),  c'est  un  mal  du  pied  des  bêtes  par 
l'humidité  du  lieu  où  elles  couchent  la  nuit.  Pelletier  ne  trouvant  pas  ce 
mot  chez  Davies  le  gallois,  suppose  qu'il  n'est  pas  légitimement  celt.  et 
qu'il  pourrait  bien  provenir  du  mot  fr.  sabot. 

Suresse.  s.  f.  acidité.  Gall.  suran,  suro,  acescere,  accre,  ail.  sauer, 
11.  zuer.  vha  sûr,  chald.,  syriaq.  sera,  seri. 

Surjé,  surjet,  s.  m.  ce  que  l'on  donne  en  sus  de  la  mesure,  sur- 
mesure en  usage  pour  le  lait.  En  fr.  espèce  de  couture. 

Suruom.  v.  nom  de  famille.  Le  montois  confond  et  appelle  ïiom  le 
nom  de  baptême. 

Susulle.  s.  f.  Ursule. 

Symboline.  s.  f.  jacinthe.  V.  pulkra. 

T 

T  se  change  quelquefois  en  D  :  eindamer. 

Tabarot.  s.  m.  femme  d'un  esprit  peu  subtil;  simple  et  bonne  (peu 
usité).  En  fr.  manteau  à  l'italienne  comme  en  portait  Tabariu. 

Tablette,  s.  f.  mélasse  cuite  coulée  dans  une  carte  ||  extrait  de 
réglisse. 

Tache,  s.  f.  poche  (n'est  usité  qu'au  village).  Âll.  Tasch,  liég.  tah. 

Tachette,  s.  f.  clou  qui  arme  les  souliers.  Bret.  tach,  petit  clou, 
gaél,  tac,  esp.  tachon. 

Tacon.  s.  m.  pièce  de  lard  (au  village).  C'est  un  v.  mot  gaulois. 
Afranius  dit  :  Gallum  saginatum  pingui  pastum  taxeà.  C'est  de  cet  habit 
lat.:  taxea  que  les  romains  affublaient  ce  que  les  celtes  actuels  du  pays 
de  Galles  nomment  tacwn.  Le  liégeois  a  le  verbe  sHakhié,  s'engraisser, 
se  crasser.  V.  take. 

Tafiar,  arde.  s.  et  adj.  babillard,  bredouilleur.  Se  confond  souvent 
avec  fafiar.  Gall.  tafawd,  langue,  tafodiawg,  avocat,  bret.  teaud,  langue. 

Tafler.  v.  n.  babiller,  bredouiller. 

Taî.  pron.  tel.  Tai  pai,  lai  mai,  lai  z'ainfan,  tel  père,  tel  fils.  Tai- 
jë,  TAi-jë-TÉ,  TAi-Te-TÉ,  lais-toi. 

Taille,  s.  f.  1/16  de  l'aune,  46  millimètres. 

Taindne.  s.  f.  pagnon  plat.  V.  pagnon  (Jeramapes).  Abréviation 
d'étendue,  à  cause  de  sa  forme.  Comp.  Wastia. 

44 


550  TAI— TAP 

Taire,  t.vi  s'  langue,  inodércr  sa  langue. 

Takc.  s.  f.  tâche.  FI.  laek,  hoU.  taak  (aa  holl.=ae  fl.=â  fr.)  ouvrage 
imposé,  b.-lat.  tasca--=laxalio  agraria,  selon  Ducangc  ;  kymr.  lasg,  chose 
dôlorminéc  et  imposée,  gaël,  laisg,  caution,  Diez  lire  lasca  de  laxa,  m. 
lat.  pour  laxatio. 

Takc.  s.  f.  tache,  souillure.  It.  tciccia,  esp.  port,  tacha,  brcl.  lachen. 

Tallaycllc.  s.  f.  jeu  voisin  de  celui  de  tayette.  De  petits  trous  sont 
creusés  à  une  distance  de  5  ou  i  mètres  l'un  de  Taulre  formant  carré. 
Chacun  des  joueurs  y  pose  le  bout  de  son  bàlonnet,  celui  qui  tient  la 
droite  cherche  à  la  placer  dans  un  des  trous  vacants  par  rechange  de 
position  des  joueurs  qui  a  lieu  comme  au  jeu  des  quatre  coins.  Quand  on 
n'a  plus  de  trou,  on  s'enfuit,  mais  si  on  est  atteint  par  la  droite,  alors 
lancée,  on  doit  courber  le  dessous  le  vainqueur. 

Taniaiii,  te.  adj.  maint.  Tamains  arsouijes,  lamainlés  geins.  Kymr. 
maint,  multitude,  ail.  manch,  vha,  manag,  maint. 

Tauiison.  s.  m.  tamis.  FI.  tems,  b.-lat.  tamisium,  bret.  tamoez, 
racine,  tarama,  morceler. 

Tauiboiireu.  s.  m.  joueur  de  tambour. 

Tauipiiiau.  s.  m.  appentis,  toit  de  chaume  supporté  par  des 
perches  (Borinage). 

Tauipou.  s,  m.  mercuriale,  plante,  mercurialis  annua.  Bret.  tanvot, 
plante,  simple.  Pelletier  dit  que  Davies  donne  le  nom  de  tafot  (langue) 
à  plusieurs  sortes  de  plantes  ||  —  à  s'  eu,  coup  de  pied  an  derrière. 

Tanipone.  s.  f.  ribote.  FI.  tapper,  cabarelier;  fr.  popul.  ramponne, 
orgie,  de  Ramponeau,  nom  d'un  cabaretier. 

Taiieu.  s.  m.  tanneur.  Gros  comme  ein  hié  d'  — ,  bien  repu. 

Tanner,  v.  a.  frapper  fort.  Arm.  tan,  chêne,  ail.  Tanne,  sapin, 
fr.  tan,  tanneur,  etc. 

Tannvar,  tanucvard.  s.  m.  but  pour  le  tir  au  bersaut  \\  cul, 
derrière.  On  peut  porter  ses  recherches  sur  le  v.  ail.  à  cause  de  l'ana- 
logie de  forme  avec  boulevard.  On  doit  plutôt  penser  au  v.  fr.  talvar, 
bas-lat.  talavarius,  gall.  talwas,  bouclier,  but,  cible. 

Tanseiileinain,  tt'  aseulmain.  adv.  seulement  ;  tant  seulement 
appartient  au  v.  fr. 

Tansqu^à.  prép.  quant  à.  Tansqu'à  mi,  quant  à  moi. 

Tapée,  s.  f.  grande  quantité. 


TAP— TÂY  3S1 

TapeUe.  s.  f.  jeu  qui  se  rapproche  du  jeu  de  crosse,  instrument 
pour  jouer  à  ce  jeu. 

Tap  de  feu.  s.  f.  derrière  de  cheminée.  Taque  de  feu  est  français. 

Tapfeu.  s.  m.  briquet  ||  langue  alerte. 

Tapin.  s.  m.  jeune  tambour.  En  fr.  arbre  fruitier. 

Tapure.  s.  f.  tour  de  rein,  déchirure  de  quelques  fibres  musculaires 
dans  un  violent  effort  ou  dans  une  fausse  position.  Le  mot  lumbai^o  n'a 
pas  tout  à  fait  la  même  signification. 

Tassel.  bondon  (Charleroy).  A  Liège,  tessel.  (V.  tassiau.) 

Tassiau.  s.  m.  pièce,  morceau  de  drap,  de  linge  qui  bouche  le  trou 
à  un  vêtement.  En  fr.  tassiau  est  un  terme  d'architecture,  tasseau  est 
un  t.  de  menuis.,  en  v.  fr.  tassel  était  une  pièce  d'étoffe  carrée  qui 
faisait  partie  du  costume  des  femmes,  en  celto-brel.  tacon  signifie  pièce, 
laconi,  rapetasser,  ital.  tacconare,  raccommoder  les  souliers.  On  voit 
dans  la  vie  de  S.  Césaire,  qu'il  s'était  commandé  une  paire  de  souliers 
benè  tacconati,  mais  on  ne  commande  pas  une  paire  de  souliers  bien 
raccommodés.  Tacconati  semble  signifier  ici  :  armés  de  clous.  V.  ta- 
chette. Au  reste,  tacon  peut  bien  venir  de  tach,  de  même  que  slaga, 
attacher.  On  trouve  encore  le  bas-lat.  tassus,  tassel,  gall.  las,  bouton  de 
boucle  et  le  v.  fr.  tassiaux,  lat.  taxillus,  lien,  attache. 

Tatouille,  fatouyc.  s.  f.  trouble  ||  émeute  ||  combat.  En  espag. 
tertulia  signifie  assemblée  nombreuse.  V.  touyage. 

TatoulUer,  iatouyié,  taiîer  («').  v.  r.  se  quereller  ||  se  battre  || 
V.  a.  remuer  ||  manier.  V.  fr.  tatoaillcr,  chatouiller,  tàtcr,  fr.  popul. 
tallouiller,  manier  salement. 

Taure.  4.  m.  taureau.  En  fr.  jeune  vache  qui  n'a  point  porté, 
génisse  lunaire,  brel.  taur,  tarv,  taro,  corn,  tarô,  gall.  tarw,  chaldéen, 
tor,  esp.  tauro,  lai.  taurus,  v.  fr.  tor. 

Tâui'îei"  ou  plus  souvent  iÔrîer.  v.  n.  entrer  en  rut.  Ne  se  dit  que 
des  vaches. 

Tâye.  s.  m.  bisayeul.  A  Liège,  le  tayon  est  le  trisayeul,  en  v.  lan- 
gage, le  —  était  l'ayeul  ainsi  que  le  layon. 

Tayelle.  s.  f.  sorte  de  jeu  dont  je  crois  devoir  donner  une  courte 
description,  parcequ'il  est,  je  pense,  peu  connu  :  Ses  instruments  sont 
ceux  du  jeu  de  droite.  Il  s'agit  pour  l'un  des  deux  joueurs  de  faire  entrer 
la  droite  dans  un  grand  gagol,  tandis  que  l'autre  joueur  s'y  oppose  en 


552  TCH-TEl 

agitant  au-dessus  le  bâtonnet.  Quand  le  premier  a  réussi  à  opérer 
rintromission,  il  ramasse  prestement  la  droile  et  la  Jette  contre  le 
second  qui  s'enfuit;  s'il  l'atteint,  il  a  le  droit  de  sauter  sur  son  dos  et 
d'être  ramené  glorieusement  jusqu'au  gagot. 

D'où  vient  ce  mot  tayelle?  il  semble  par  sa  forme  un  dimin.  du  fr. 
taille;  mais  taille  ne  paraît  pas  convenir  par  sa  signif.;  à  défaut  de 
mieux,  je  cite  le  v.  fl.  tagghcn  litigari,  vitiligare  (Kiliaen). 

Tchaptcliap.  s.  f.  nom  que  l'on  donne  (à  cause  de  son  cri)  dans 
certains  villages  à  une  espèce  de  grive  que  dans  d'autres,  par  l'effet  d'une 
autre  prononciation,  on  nomme  chapchap. 

Tché,  lié.  s.  m.  chien  (Borinage).  La  prononciation  du  Ich  est 
fort  difficile  pour  d'autres  gosiers  que  ceux  des  borains,. 

Tchire,  chire.  v.  a.  et  n.  chier  (Borin.). 

Eh!  mée,  dfai  mau  w'  panse, 
—  Va  z'ein  (chire  ein  France, 
Té  r'veira  pa  Landerci 
Eu  mau  d'  panse  s'ra  tout  rweri. 

Tchon.  s.  f.  fdle  travaillant  au  cUquiage  d'une  fosse.  Il  serait  facile 
d'expliquer  ce  mot;  mais  il  faudrait  dire  des  choses  fort  scabreuses. 
Lat.  cunnus. 

Té,  fê,  tée.  cri  pour  appeler  un  chien. 

Téchen.  s.  m.  tisserand  (Charleroy). 

Tcchon,  lichou.  s,  m.  morceau  de  vase  de  terre,  pot  fêlé,  assiette 
ébrcchée.  Eiine  maison  qui  n'a  qu'  dés  mouvais  — ,  une  maison  qui  n'a 
qu'un  misérable  mobilier.  Fr.  têt,  tesson,  lat.  testa. 

Tcinipe.  adj.  tôt,  de  bonne  heure.  Le  mot  lat.  tempus  n'est  pas 
étranger  à  l'origine  de  ce  mot,  ou  plutôt  il  faut  la  chercher  dans  une 
altération  du  mot  fr.  temps.  On  aura  dit  d'abord  :  Il  est  co  timpe  pour  il 
est  encore  temps  ;  puis  on  aura  dit  :  Pus  teimpe,  trop  timpe,  etc.  V.  fr. 
leimprc,  vite,  tôt. 

Tcimpié,  îère.  adj.  précoce,  prématuré  (Ghlin,  Baudour,  etc.).  A 
Liège,  leimprou. 

Telmplie.  s.  f.  tempe.  Lat.  tempera,  v.  fr.  temple. 

Teinke.  s.  f.  tanche.  V.  fr.  tenche,  lat.  tinca. 


TEL— TER  353 

Tële.  s.  f.  plat  ou  vase  pour  laisser  reposer  le  lait.  FI.  telloor,  ail. 
Telier,  assiette;  fl.  tyl,  v.  fr.  teille,  terrine,  vase  de  terre. 

Tel  et  si  faî.  adj.  semblable,  tel,  dans  Tétat  où  il  se  trouve  ||  dans 
un  piteux  état,  mot  à  mot  tel  et  ainsi  fait.  On  supprime  quelquefois  tel 
et  :  Laïlle,  avenez  si  faite,  Adélaïde,  venez  dans  votre  négligé,  sans  rien 
changera  votre  toilette.  Le  v.  fr.  disait  tout  si  faict. 

Tëlette.  s.  f.  petite  tële.  Autrefois  on  entendait  des  colporteurs 
crier  :  A  plats  telelles  pou  du  vieux  fier,  d'où  le  nom  de  plauleletles. 
V.  ce  mot. 

Tèlîe.  s.  f.  plein  une  tële. 

Tein.  adj.  faible,  mince.  Les  liégeois,  au  lieude^em,  disent  tenne.  Ils 
s'écartent  moins  de  1  etymologie  du  mot  qui  est  tenuis.  Gall.  tenau,  irl. 
tanu,  sansc.  tana,  mince;  delà  racine,  tan,  étendre,  d'où  extendere. 

Temps,  s.  m.  ce  mot  conserve  à  Mons  la  prononciation  fr,;  mais 
dans  beaucoup  de  villages  il  subit  le  sort  ordinaire  et  se  dit  tein. 

Sur  le  mot  s'est  construit  un  idiotisme  wallon  :  Avoi  V  — ,  avoir  el  — . 
Cela  signifie  avoir  des  ressources,  de  l'aisance,  de  la  fortune.  Si  l'on 
ajoute  dé,  cela  veut  dire  avoir  les  moyens  de  :  Ç  C  enne  gein  qu'a  hé 
V  — .  J'ai  bé  V  —  de  m'acater  ein  biau  casaque. 

Ténache,  Tnache  bon.  s.  ra.  grève  d'ouvriers  borains. 

Tende»,  taindeu.  s.  m.  oiseleur,  parce  qu'il  tend  des  pièges,  des 
filets. 

Taindeu,  cacheu,  peskieu, 
Tais  mesliers  d'  gueu. 

Téni,  t'nî.  v.  a.  tenir.  Ej  tié,  ej  térai,  ej  levais,  que  f  liesse,  liensse, 
tcnisse,  que  nos  liesse,  liensse,  lenissions,  qui  liesste,  qui  lieltc,  qui 
Cnissle.  Quan  elle  lié  s'  galant,  elle  peinse  téni  V  bon  Dieu  pa  lés  pieds. 
Le  même  dicton  existe  à  Liège  :  Quan  elle  lin  s'  crotté  galant,  elle  pinse 
Uni  V  bon  Dieu  po  V  pie. 

Téni,  t'nî  bon.  v.  n.  se  mettre  en  grève. 

Ténure.  s.  f.  écluse. 

Ter,  adj,  tendre.  Les  liégeois  disent  indifféremment  tcinr  et  ter. 
Lat.  tener,  gall.  tyner. 

Térai,  térois  (ej).  fut.  cl  cond.  du  v.  fni,  tenir. 


554  TER— TET 

Téréc,  s.  m.  (arière.  A  Liège,  (erc,  lat.  laratruni,  cymr,  taradr, 
brol.  tarar,  teror,  f,'roc,  Ispslpo-j,  terebra.  lire  de  7;^£(v. 

Terk.  s.  m.  goudron.  En  holl.  teer,  en  ail.  llicer,  celto-brelon,  ter, 
Terk  est  employé  en  Ir.  de  technologie,  lat.  therebinthus,  gr.  TspsStvSoç. 

Térol.  s.  f.  Thérèse. 

Terre  à  péfote.  s.  f.  cimetière. 

Terre  houille.  Les  veines  de  houille  du  Flenu  dont  plusieurs 
s'enfoncent  à  des  profondeurs  non  encore  reconnues,  ont  cependant 
toujours  leur  extrémité  ou  têle  à  la  superficie  de  la  terre.  Cette  tête  de 
veine  imparfaitement  minéralisée  ou  altérée  par  l'action  de  l'air  et  le 
mélange  de  substances  étrangères  est  ce  qu'on  nomme,  à  Mons,  terre 
houille.  Les  borennes,  après  avoir  mouillé  celte  terre,  la  forment  en 
boules  dites  boitlcls  de  terre  houille,  qui  brûlent  lentement  sans  répandre 
de  flamme.  La  terre  houille  ne  contenant  guère  que  du  carbone  et  peu 
ou  point  d'hydrogène  ne  produit,  parla  combustion,  presque  rien  autre 
chose  que  de  l'acide  carbonique  et  cause,  pour  cette  raison,  d'assez  fré- 
quentes asphixies,  elle  est  à  la  houille  du  Flenu  ce  que  le  charbon  (de 
bois)  est  au  bois. 

On  trouve  dans  quelques  dict.  fr.  le  mot  teroulle.  On  le  définit  une 
terre  légère,  noire,  indice  du  charbon  de  terre. 

Terri,  térî.  s.  m.  t.  de  charb.  monticule  formé  autour  des  fosses  à 
charbon  par  l'amas  des  terres  extraites  avant  d'arriver  à  la  houille,  il 
s'augmente  ensuite  des  pierres  tirées  avec  la  houille  et  qui  ne  peuvent 
être  livrées  au  commerce.  Ces  pierres  sont  de  deux  sortes  :  el  querière  et 
el  roc.  V.  ces  mots.  Celui-ci  se  délite  facilement'el  devient  terrain  culti- 
vable, celle-là  sert  à  la  bàtise  des  maisons  rustiques. 

Tersauter.  v.  n.  tressaillir.  En  v.  fr.  tressaulter. 

Tertou,  tertonte.  ne  se  dit  qu'au  pi.  et  ne  peut  être  suivi  d'unsubst.  : 
Aboulez  — ,  accourez  tous.  On  ne  dirait  pas  —  lés  hommes.  On  employé 
souvent  le  pléonasme  C tertou  et  tout  tertou.  Esp.  tertullia,  assemblée 
nombreuse,  v.  f.  tretous,  trestout. 

Testamenteur.  s.  m.  exécuteur  testamentaire.  Ce  mot  appartient 
au  v.  fr. 

Tcslicoler.  v."  a.  et  n,  contrarier,  contester,  Fr.  asticoter. 

Tëlëe,  taitai.  s.  m.  chien  (enfantin). 

Telle,  s.  f.  mamelle,  sein.  En  fr.  bout  de  la  mamelle  des  bêtes. 
Bret.  teth,  esp.  tela. 


SAU— SAY  355 

Tî.  pr.  loi  II  part,  inlerr.  D'arai-je  (i?  en  aurai-je?  Analogie  avec 
(Vara-t-i,  eu  aura-t-il. 

Ticlhaus.  s.  f.  maison  deJIons  où  l'on  enfermait  autrefois  les  filles 
de  mauvaise  vie.  En  allemand  les  maisons  de  correction  s'appellent 
Zûclilhaus,  c'est  à  dire  maisons  de  modestie  ou  de  discipline.  Dans  cer- 
taines contrées  d'Allemagne,  l'ù  se  prononce  comme  i  ;  le  z  se  prononce 
toujours  comme  tz.  FI.  tuchlhuis.  Il  ne  faut  pas  confondre  el  ticthaus 
avec  le  couvent  des  repenties.  Dans  la  première  maison  se  trouvaient  des 
filles  de  bas-étage  soumises  à  un  travail  forcé,  dans  la  seconde  se  trou- 
vaient des  filles  d'une  condition  plus  élevée,  qui  avaient  eu  une  faiblesse 
et  qui  étaient  retenues  par  la  volonté  de  leurs  parents.  On  cherchait  à 
leur  faire  prononcer  des  vœux  religieux.  L'archevêque  de  Cambray, 
inspectant  un  jour  cette  dernière  maison,  dit  :  C'est  donc  ici  le  couvent 
des  pots  fêlés;  l'une  des  filles  eut  la  hardiesse  de  répondre  :  pas  si  fêlés, 
Monseigneur,  qu'ils  ne  puissent  encore  être  à  votre  service.  ■ 

Tierne.  s.  m.  tertre  (Borinage).  A  Liège,  Hère,  à  Namur,  tiène, 
tienne,  v.  fr.  tertrie,  colline,  tertre,  toron,  colline,  éminence,  lorout, 
tertre,  bret,  tyern,  élévation.  On  trouve  dans  la  vie  de  St  Kentigern,  un 
passage  important,  dit  Diefenbach  :  «Kencaput,  tiern  albanicè  dominus 
lalinô  inlcrpretatur,  par  albanicè  on  entend  la  vieille  langue  picte,  irl. 
tiarna,  baronnet,  gall.  teyrn,  roi.  D'autre  part  il  cite  tauern  dans  le 
langage  actuel  du  Noricum  et  qu'il  croit  originairement  celtiq.,  gallois, 
twr,  cumulus,  gaêl.  torr,  éminence,  irl.  teide,  colline,  bret.  lun,  colline, 
torghen,  motte,  butte.  Ces  formes  diverses  seraient  d'accord  pour  expri- 
mer l'idée  de  ce  qui  est  élevé.  »  Il  y  a  à  Baudour  un  hameau  nommé  El 
lietle,  au  tielle.  La  géographie  provinciale  l'a  traduit  officiellement 
par,  le  tertre.  Ce  lielle  doit  être  une  prononciation  locale  ancienne 
de—. 

Tielte  d'houye.  s.  f.  mauvaise  tête,  mot  à  mot,  tête  de  houille.  A 
Liège  on  dit  liesse  di  hoye. 

Tiguassc.  s.  f.  tête  ||  chevelure.  En  fr.  popul.  tignasse,  teignasse, 
ligne  sont  une  mauvaise  perruque  ou  une  coiffe  enduite  d'onguent  pour 
les  teigneux. 

Tigne.  s.  f.  teigne.  Bret.  tin,  tan,  écoss.  teine-Dé,  mot  à  mol,  feu 
de  Dieu.  Le  lat.  tinea  sign.  bien  teigne,  insecte,  mais  non  teigne, 
maladie  de  la  tête  dont  le  nom  est  porrigo. 


35G  TIG— TOR 

Tignen.  adj.  teigneux  ||  feuye  detigneu.  s.  f.  tussilage,  plante. 

Tile.  s.  m.  tilleul.  V.  fr.  Eu  Ir.  écorce  des  jeunes  tilleuls,  petit 
tilleul. 

Tîlle.  s.  f.  tuile.  Lat.  legula,  fl.  tegel. 

Tilliassc,  tïyace.  adj.  coriace.  Est-ce  le  fl.  taei,  même  sign.  avec 
la  terminaison  de  coriace? 

Tilupe.  s.  f.  tulipe. 

Tlnée.  s.  f.  instrument  dont  se  servent  les  brasseurs  pour  porter 
les  tonneaux.  A  Liège,  lina,  linau,  fr.  tinel,  tinet,  lat.  tina,  v.  fr.  tine, 
vase  pour  conserver  le  lait. 

Tîo,  tioUe.  adj.  et  s.  petit;  de  petiot.  II  dilTère  de  nio  ou  gnio,  en 
ce  qu'il  s'y  attache  une  idée  de  gentillesse  ou  d'amitié. 

Tique,  s.  f.  point,  moucheture.  En  fr.  espèce  d'insecte.  Fl.  steek, 
point,' piqûre,  tip,  pointe,  teeken,  signe. 

Tîquetep.  a.  pointiller  ||  moucheter.  Il  est  curieux  que  tiqueté  soit 
fr.  et  que  tique  et  tiqueler  ne  le  soient  point. 

Tire.  s.  f.  espèce  de  robe  d'enfant  ||  demande,  vogue.  Es  marchan- 
dise là  a  del  — ,  il  y  a  beaucoup  de  demande  pour  cette  marchandise. 
Fl,  tier,  croissance,  réussite. 

Tirer  d'su  quéqu'nn.  ressembler  à  quelqu'un.  El  veint  tire  dessus 
France,  le  vent  se  rapproche  du  midi.  Em  cœur  lire,  j'ai  des  tiraille- 
ments d'estomac. 

Tisonner,  tisner.  v.  n.  et  a.  secouer  la  bouille  enflammée  pour  en 
faire  tomber  la  cendre.  En  fr.  tisonner,  v.  n.  remuer  les  tisons  sans 
besoin,  pour  s'amuser. 

Tisonnier,  s.  m.  instrument  de  ménage  pour  secouer  les  charbons. 
En  fr.  outil  de  forgeron,  etc.  pour  attiser  le  feu. 

Tizautte.  pron.  vous-autres. 

Todreu.  adv.  tout  droit,  à  l'instant,  directement. 

Toise,  s.  f.  mesure  de  six  pieds  Hain.  V.  pied. 

TOI.  s.  f.  table.  V.  fr.  et  bret.  On  dit  taula  en  géorgien. 

Toli.  V.  a.  priver  1|  déshériter.  Du  lat.  tollere. 

Toquer,  v.  n.  frapper  [|  heurter.  Toquer  à  n'  porte,  heurter  à  une 
porte.  Ça  li  loque  d'  vin  «'  lietle,  il  sent  des  battements  dans  la  tête. 
V.  poquer.  Esp.  tocar,  it.  toccare. 

Tordoi.  s.  m.  moulin  à  l'huile.  Les  liégeois  nomment  un  pressoir 


TOîl-TOU  357 

stoirdeu.   V.  étovde.    Tordoir   est  fr.   mais   n'est    pas  au   dict.   de 
Tacad. 

TorcHIe,  tourcille,  loHreye.  s.  f.  séchoir,  lieu  où  Ton  sèche  le 
grain  dans  les  brasseries  ||  terre  cuite  sur  laquelle  on  sèche,  etc. 

Torîyer,  torciller,  lorîcr,  v.  a.  et  n.  sécher  le  grain  germé  des 
brasseries.  Fr.  torréfier,  lat.  lorreie. 

Toruer.  v.  n.  et  a.  tourner.  Davies  traduit  le  gallois  turnio,  par  le 
lat.  loruo,  et  turn  par  tornus. 

Torque,  s.  f.  torche  de  paille,  coussin  que  les  paysannes  se  mettent 
sur  la  tète  peur  porter  plus  facilement  leurs  paniers,  tortillon. 

Torqueîïe.  s.  f.  petite  torche  de  paille  ||  morceau  I|  un  peu  ||  un 
moment  ||  pointe  de  vin.  En  fr.  on  appelle  torcheite  de  l'osier  entortillé 
au  milieu  d'une  hotte.  On  donne  le  nom  de  torquette  à  une  cerlaine 
quantité  de  marée  enveloppée  dans  la  paille,  ou  à  des  feuilles  de  tabac 
roulées  et  bien  pliées. 

Torléyon,  lortiyon,  tortillon,  s.  m.  trognon.  A  Liège,  tourson. 
En  France,  le  tortillon  est  un  torchon  tortillé  en  rond,  une  coiffure  de 
paysanne.  Fig.  hm.  paysanne  prise  au  village,  bourrelet  sur  la  tête 
pour  porter  un  fardeau. 

Totîer,  torteyer.  v.  n.  hésiter  ||  baguenauder  ||  bégayer  ||  tourner 
autour.  Fr.  tatillonner,  fréquentatif  de  tàter,  v.  f.  taster,  it.  taslare, 
suéd.  tasta,  ail.  fl.  lasîen,  lat.  tactus. 

Toliii,  totieu.  s.  m.  qui  ro(eî/e  habituellement,  tatillon. 

Totoiu.  s.  m.  grand  verre.  Lat.  lotum  (poculum). 

Toû.  s.  m.  toit.  Spé  tou,  toit  épais  (Frameries). 

Tout  tant  que,  quan  que,  tout  ce  que.  V.  fr . 

Tout  droû,  to  drô.  tout  droit  ||  justement  ||  il  n'y  a  qu'un  instant. 

Touche,  s.  f.  goût  particulier  que  certains  brasseurs  donnent  à  leur 
bière  I|  couche  de  couleur.  Ail.  Tusche,  t.  de  dessin,  lavis.  Pétri  (fremd- 
worterbuch)  prétend  que  cet  ail.  est  emprunté  au  fr.  En  fr.  manière 
dont  le  peintre  indique  et  fait  sentir  le  caractère  des  objets. 

Toudi.  adv.  toujours,  malgré  cela.  Toudis  se  trouve  dans  le  dict.  de 
Boiste.  On  voit  dans  les  vieux  auteurs  tousdis,  tosdi,  toldis  et  d'autres 
encore.  A  lé  feimme  et  lé  viélé  :'  affaire,  il  a  toudi  à  r'  faire.  \\  E  nié, 
toudis.  excl.  —  coiisenne,  que  vos  usiez  ballet  Ah!  cousine,  que  vous 
êtes  belle  ! 

■4^ 


:.5s  Tou— rou 

Toiidroi.  adv.  à  liiislani. 

Toiikc.  s.  r.  acliou  de  louker.  v.  ce  mot.  Aller  à  V  louke,  ploiii^er 
(  la  cuiller  dans  la  soupe)  ||  l.  de  jeu  de  domino,  pêcher  ||  Le  mol  prend 
souvonl  une  sii^niricallon  obscène. 

Toiikcr.  V.  a.  tremper,  plonger.  Ail.  lauchen,  tremper,  liinken, 
saucer,  mouiller,  Tunke,  sauce.  —  «/  soupe,  y  plonger  la  cuiller.  —  al 
sauce,  y  tremper  son  pain. 

Toukci*  au  feu.  l'attiser.^  A  Liéi^e  loki  signifie  de  plus  l'allumer, 
ralimenter. 

Toukc  feu.  s.  m.  t.  de  charb.  ouvrier  chargé  d'attiser  le  feu  des 
machines  à  vapeur.  On  serait  tenté  de  croire  à  une  altération  de  touche- 
léu,  toque-feu;  mais  l'origine  est  gerinan.  FI.  stoken,  faire  du  feu;  tandis 
que  celle  de  loucher,  toquer  eslceli.  armor.  stiki  pour  stoki  inusité, 
qui  a  d'ailleurs  produit  l'ital.  toccare. 

Toukette.  s.  f.  mouillette,  pain  trempé  dans  la  sauce,  le  bouillon. 

Touiila|çe,  (ouyache.  s.  f.  aciion  de  mêler,  effet  produit  [j  dé- 
sordre, confusion,  tumulte  ||  rixe  ||  combat.  Touiller  est  fr.  V.  fr. 
thouilier,  troubler,  toeiller,  remuer,  fouiller. 

Tounier,  tonni.  s.  m.  tonnelier.  De  touniau,  (ounia.  FI.  ton,  ail. 
Tonne,  vha  tunna,  esp.,  port,  tonel,  il.  tonna,  lat.  tina. 

'fl''ou{ictte.  s.  f.  faite,  cime.  Gall.  topp,  summitas,  fl.  top,  loppant, 
faîte,  cime.  V.  coupelle. 

Tou  pou  riieuf,  tout  pour  l'heure,  adv.  à  l'instant,  incontinent. 

Tou  rade,  à  l'instant.  V.  rade. 

Tourê,  touret.  s.  m.  lige  (de  chou)  ||  reposoir  disposé  de  dislance 
en  distance  dans  la  fosse  aux  échelles  des  charb.  ||  treuil  d'une  chèvre. 
En  fr.  instrument  de  tour,  rouet  à  fder,  bobine,  etc.  A  Liège  on  touwé 
est  un  tronçon,  un  moignon.  On  dit  on  —  d'  pipe,  un  tuyau  de  pipe 
très-court.  On  peut  trouver  là  l'origine  de  lourd  dans  sa  première 
signification;  il  est  à  noter  que  le  liégeois  change  au  en  é.  Y.  l'art,  iau. 
Us  disent  pourtant  aussi  tour  et  lourson  pour  trognon. 

Tourner,  v.  n.  et  a.  t.  de  charb.  déposer  le  charbon  sur  le  dommage 
Il  labourer  ||  se  cailler,  se  grunieler. 

Tourneur,  touraieu.  s.  m.  ouvrier  des  houillères,  mesureur. 

Tonrniau,  cutourniau.  s.  m.  tour  de  force,  culbute. 

Tournioie,touruiyole.  s,  t.  vertige,tournoyement.  V.  fr.  lourniche. 


TOU-TRA  359 

Tourpîe.  s.  f.  toupie. 

Tourpiner.  v.  n.  et  a.  tournailler  ||  hésiter  ||  envelopper  la  toupie 
de  sa  corde.  V.  fr.  toupiner,  marcher,  tourner. 

Toursi  (s).  V.  r.  lutter,  se  prendre  corps  à  corps  (Charleroy).  V. 
trousser. 

Tourteau,  fourliau.  s.  ni.  pain  de  trouille,  résidu  de  l'expression 
de  la  graine  de  colza.  En  fr.  sorte  de  gâteau,  t.  de  blason,  pièce  ronde. 

Tousse,  s.  f.  toux.  Sck  —,  toux  sèche.  A  Liège  toss.  Lat.  tussis, 
ail.  Hust,  fl.  hoest. 

Toussî,  V.  n.  tousser.  V.  fr.  toussir. 

Tout.  adj.  n'a  pas  de  fém.  pluriel.  On  dit  tous  lés  feimmes,  tous  lés 
fiycs,  excepté  pour  signifier  coniplèlement  :  elle  élionl  toutes  noires.  Il  a 
un  plur.  niasc.  :  c'éloit  lou  z'  arsouye  et  lou  z'  aplolin.  Adverbialement 
on  dit  indifféremment  :  il  a  tout  mcingé  s'  soupe  ou  il  a  meingé  tout 
s'  soupe.  Voici  un  refrain  de  chanson  dont  on  amuse  les  enfants  : 

Il  a  mcingé  tout  nos  aveine 
Il  n'  (la  Icyé  qii"  ein  p'  lit  feslu 
Pou  stiker  (bis)  au  Irau  d'  vo  eu. 

Toutanaincau,  tt'  anaincan,  loudaiiaincau.  fout-à-coup,  tout 
d'un  coup.  On  trouve  dans  Monlaignc  tout-à-un  coup. 

Toutouic.  adv.  de  part  en  part.  V.  fr.  tout  oullre  ]|  prép.  —  dé,  au 
travers  de. 

ToHlouye.  s.  f.  femme  qui  tripote.  Je  l'interprète  :  qui  touye  tout. 

Traîne,  Iraine  de  pourciau.  s:  f.  traînasse,  renouée,  plante, 
polygonum  aviculare. 

Traîner,  v.  n.  ramasser  les  gerbes  dans  un  champ  pour  les  mettre 
en  madames.  V.  ce  mol.  —  del  longue,  traînailler,  languir,  vivoter. 

Traïuuage,  traumuagc.  s.  ni.  mouvement  )|  événement  ||  révo- 
liilion  (norinagc). 

Tramuer,  tranmucr.  v.  a.  émouvoir,  agiter.  V.  fr,  sangmuer, 
effrayer  (Froissard),  tremuer,  agiter,  troubler. 

Traque  {tou  d'enne).  adv,  tout  d'un  coup,  tout  d'une  traite.  Trac, 
v.  fr.  allure  du  cheval,  du  mulet.  En  fr.  traque  signifie  action  de 
traquer. 


360  TRA— TRI 

Traiilep  v.  n.  errer,  courir  ç;\  et  là,  c'est  du  v.  fr, 

Trefon,  Icrfon  :  i  sait  V fond  êyé  V  —,  11  connaît  l'afiaire  à  fond  ;  à 
Liège  Irefond,  base,  fondement. 

Treuve,  Iriiève.  (ej)  indic.  du  v.  trouver.  V.  fr.  trouver. 

Trîanelle,  franelle.  s.  f.  trèfle,  en  liégeois  treimblenne  ;  en  fr.  la 
trenielle  forme  un  genre  de  plante  cryptogame. 

Tpîaner.  v.  n.  trembler. 

Tribouler.  v.  n.  rouler  1|  faire  sonner  les  cloches,  v.  trinqueballer. 
V.  fr.  rouler,  troubler,  remuer,  tribuller,  agiter.  S'  — ,  s'arranger,  s'ac- 
commoder :  qui s'triboiile,  qu'il  se  lire  d'affaire  comme  il  pourra. 

Tpîïjoulette.  s.  f.  vase  de  verre  dont  le  ventre  est  arrondi;  chez  les 
Liégeois  c'est  1/4  de  litre  environ. 

Tricoter,  v.  a.  battre;  tricot  pour  gourdin  est  fr.;  ail.  slricken,  tri- 
coter (des  bas).  V.  triquer  dont  —  est  le  dimin. 

Trie,  trieu.  s.  m.  terrain  vague,  v.  fr.  tertrie,  colline,  tertre,  (Vmo- 
rer  à  trie  rester  en  friche  ;  armor.  lirien,  friche. 

Trîfouîlïcr,  trîfouyer.  v.  n.  fouiller  ||  remuer  ||  tripoter  ;  bas  bret. 
irufuilla,  brouiller  une  liqueur  en  l'agitant. 

Trimer,  v.  n.  est  usité  en  fr.  dans  l'argot  des  gueux  pour,  marcher, 
partir,  bret.  tremen,  passer,  gall.  (ramwi. 

Ts'îiieïle.  dimin.  de  Catherine. 

Trinqueballer,  trikballcr.  v.  n.  flâner,  baguenauder  j|  v.  a.  traî- 
ner, voiturer,  V.  trique  balle.  En  fr.  trimballer  signifie  remuer,  traîner, 
porter  partout  (fam.),  trinqueballer,  sonner  les  cloches  (Rabelais). 

Trioîaine.  s.  f.  embarras,  tracas,  (racasserie.  En  lorrain,  c'est  une 
traînée,  une  longue  suite  de  personnes  désœuvrées  qui  se  promènent. 

Tripe,  s.  f.  p.  fête  à  l'occasion  d'un  cochon  tué.  ||  Sein  mollasse  ; 
tripe  en  fr,  signifie  partie  d'intestin,  fl.  tryp,  b.  lat.  tripa,  d'où  tripare, 
depascere,  basq.,  gall.  tripa,  bret.  slripen,  entrailles. 

Trîper.  v.  a.  donner  des  boudins  cl  autres  parties  du  cochon,  v.  n. 
faire  tripe.  V.  fr.  iriper,  danser.  En  langued.  fa  tripet,  rire  exlraordi- 
nairement. 

Tripeîte.  s.  f.  estomac  d'agneau  coupé  par  languettes. 

Tripote,  s.  f.  femme,  fdle  qui  tripote  volontiers. 

Trique,  s.  f,  coups  de  bàlon.  En  fr.  gros  bâton,  ail.  streichen,  frot- 
ter, sircicheln,  caresser,  slricken,  tricoter. 


TRI— TRO  561 

Trîqueballe,  frigball.  s.  m.  petit  charriot  à  deux  roues  sur  lequel 
un  ouvrier  voiture  (les  marchandises. De  l'ail,  tragen,  porter  et  de  Bail,  bal- 
lot. Nota.  La  voyelle  radicale  a  de  Iragen  se  change  en  a  dans  quelques 
temps  du  verbe  et  alors  se  prononce  comme  e  et,  dans  quelques  cantons 
ail,,  comme  i.  Ex.  :  du  tragst,  tu  portes.  Enfr.  irinqueballe  est  une  ma- 
chine pour  transporter  les  canons,  v.  fr.  tregenier,  voilurier. 

Trîquèlce.  s.  f.  foule. 

Trô.  s.  m.  trou.  ||  —  d'un  lieu,  d'ain  yeu  s.  m.  évier,  trou  pratiqué 
dans  le  mur  d'une  maison  pour  l'écoulement  des  eaux,  lorsqu'on  lave  les 
appailements.  V.  aiiveu.  Trau  du  eu  joue  un  grand  rôle  dans  les  locu- 
tions et  proverbes  du  plat  langage  :  Faire  ennc  mine  comme  ain  trau 
d'eu. 

Quand  on  est  vieux,  ain  pet  r'iénu 
Fat  ain  abcès  au  trau  du  eu. 

Elle  loul  à  Iro,  ou  daller  ll'à  Iro,  c'est  être  couvert  de  vêlements  tout 
troués.  V.  fr.  tro,  brel.  iro,  tru,  gall.  trwy  perforalio,  trwyau,  perforare. 
En  lat.  barbare,  traugus.  Ce  mol  b. — latin  est  probablement  postérieur 
au  mot  celtique;  il  a  dû  lui  être  emprunte.  Quand  dans  les  gaules  on  a 
abandonné  les  terminaisons  latines,  il  sera  resté  iraugoutro  que  les  Wal- 
lons auront  conservé  et  les  Français  en  auront  fait  trou;  peut-être 
disions -nous  déjà  <rau  il  y  a  deux  mille  ans  lorsque  les  armoricains 
disaient  tru. 

Tfoce.  s.  f.  trou  dans  une  baie,  07i  nallrape  mie  deux  eau  ein  yaif 
à  V  même  Iroéc,  on  ne  prend  pas  deux  fois  un  lièvre  au  même  piège. 

Trocï,  ïi'owc,  (poHët.  s.  m.  petit  trou  à  une  robe,  une  chemise 
pour  y  passer  un  cordon,  œillet. 

Trompcltcr.  v.  n.  sonner  delà  trompette  |)  se  moucher  avec  grand 
bruit.  En  fr.  divulguer,  prôner  partout,  publier  à  son  de  trompe. 

Tronche,  s.  f.  tranche  ||  portion  de  tronc  d'arbre.  En  fr.  pièce  de 
bois  non  travaillée. 

Trondelcr.  v.  n.  rouler  ||  errer  çà  et  là,  sans  but,  v.  fr.  irauler, 
trôler,  kymr.  irùlio  rouler,  vha  trollcn,  ail.  trôndcln,  traîner,  lan- 
terner. 

Troiteniaîn.  adv.  justement,  précisément,  à  l'instant  où. 


362  TRO-TUÉ 

Trouille,  trouyc.  s.  f.  iruic  ||  femme  sale  ;  diffère  de  drouille,  v.  ce 
mot.  En  fr.  un  pain  do.  trouille  est  la  masse  qui  reste  après  l'extrac- 
tion  de  l'huile  de  colza,  ce  que  les  montois  nomment  tourliau.  V.  ce 
mot.  V.  fr.  troye,  truie,  b.  1.  troiJia,  Iruia,  venant,  selon  Diez,  de  porcus 
Irojanus,  cochon  préparé  pour  un  grand  banquet  et  rempli  de  petits 
animaux.  Clievallel  prend  troga  pour  le  fémin.  de  l'écoss.,  irl.  lorc,  gall. 
twrç,  bret.  lourc'li,  porc,  le  R  étant  transposé  comme  dans  troubler,  lur- 
bulare. 

Trouiller.  (S').  V.  p.  se  vautrer,  se  traîner  comme  une  trouille,  v. 
a.  et  n.  traîner  :  ça  Irouye  deins  lés  berdouyes,  fl.  strooyen,  parsemer, 
répandre,  rhétique,  trugliar,  gall.  treiglaw  et  trôlio  vautrer. 

Troiinichat.  hirondelle  (Frameries). 

Troiisseciiiin.  s.  m.  t.  demenuis.,  instr.  pour  tracer  l'ouvrage.  En 
fr.  bois  cintré  garni  sur  le  devant  d'une  selle. 

Trousser,  v.  a.  battre,  frapper,  v.  Toursi. 

Ti.  contraction  du  mot  tout  devant  une  voyelle,  lé  vlà  tCaccrui,  te 
voilà  tout  mouillé. 

Tlaleur.  toul-à-l'heure,  it.  lai  Iiora. 

Tlaseulniain,  tant  seulement,  adv.  seulement. 

Ttasteur.  mot  à  mot,  tout  à  celte  heure,  adv.  à  présent. 

Ttaulong-.  tout  le  long. 

Ttavau,  tout  à  vau.  adv.  partout,  v.  avau.  ISota.  En  quelques  loca- 
lités on  prononce  deux  tt  dans  tlavau,  dans  d'autres  on  n'en  prononce 
qu'un,  de  même  pour  les  trois  précédents  et  le  suivant.  ||  prep.  parmi, 
partout  sur,  il  a  rapanché  s'soupe  loul-avau  li,  ses.vétements  sont  tout 
couverts  de  la  soupe  qu'il  a  épanchée. 

Ttevo«é.  adv.  quelquefois. 

Tl*!,  ettî.  dit-il;  quand  on  rapporte  une  conversation,  Yelii  ou  Yetlel 
revient  a  chaque  instant. 


V'ià  l'cas 
Tli  l'avocal. 
Vlà  l'nœud 
Tli  Vsouyeu. 


Voilà  la  difficulté. 


Tuée,  lu-aie.  s.  f.  laie,  enveloppe  d'oreiller,  b.  lat.  lega,  venant^ 


TUM-UES  363 

selon  Diez,  non  de  légère,  mais  de  theca,  gr.  ^/î/»],  qu'il  appuya  du 
grison,  teija  (teigia) gaine,  housse  de  lit. 

Tuniçr.  v.  a.  renverser,  mettre  sens-dessus-dessous  {enne  telle,  ain 
plaliau)  (Borinage).  V.  r'iumée,  anglo-saxon  Tumban,  v.  ail.  Turaon, 
renverser,  retourner,  ail.  taumeln,  v.  fr.  tuniéer,  faire  tomber,  répan- 
dre, faire  des  tours. 

Tnmeltc.  s.  f.  culbute  (bor.). 

Turk.  s.  m.  tuf. 

Turo.  lurot  s.  m.  tige,  trognon  de  chou.  V.  ail.  turso,  torse;  lat. 
turio,  fr.  lurion,  bourgeon.  Rabelais  dit  trou  de  chou.  V.  louré  et  lor- 
leyon, 

Tiirquaise.  s.  f.  robe  de  femme. 

Tiiler.  V.  n.  sucer  son  doigt,  faire  le  mouvement  des  enfants  qui  en 
dormant  ont  l'air  de  téter;  ce  mot  est  mentionné  par  Diez.  Je  traduis  en 
entier  l'art,  qui  le  contient,  pour  montrer  par  cet  ex.,  l'étendue  des 
recherches  du  savant  ail.  et  la  richesse  de  sa  méthode. 

Tetla,  zilta,  zizzola,  cizza  etc.,  wal.  izitzë,  esp.  pr.  lela,  fr.  letle, 
téton  V.  b.  it.  lettare,  esp.  telar,  grison,  tezzar,  cicciar,  sucer,  téter;  le 
mot  est  largement  répandu  :  ags  lile,  mha,  zitze,  kymr.liiten.gr.  ;  inB-n; 
mais  les  doubles  formes  romanes  avec  t  et  z,  parlent  en  faveur  de  l'ori- 
gine germanique;  avec  la  médiane  en  place  de  la  tenue,  cat.dida,  nour- 
rice, sard.  dida,  ddedda,  mamelle,  comme  kymr.  didi,  basq.  vha  deddi, 
patois  fr.  (Hainaul,  champ.)  tuter,  sucer  les  pouces  comme  font  les  en- 
fants, m.  h.  a,  tuten,  sbst  tutti. 

U 

E  et  I  se  changent  souvent  en  u  :  jumi,  jugier,  prumier,  chufler, 
capulaine,  fiimelle,  frumcr.  U  peut  se  changer  en  I  :  riban,  liimeur. 

l^,  uit,  ulle.  excl.  avancez.  Ne  s'adresse  guère  qu'aux  chevaux.  En 
fr.  hue,  huhau,  hurhau  signifient  à  droite. 

Uc.  s.  m.  œuf.  Je  l'écris  ainsi  parce  qu'il  se  lie  avec  les  consonnes 
qui  précèdent  :  dé  s'  wés.  V.  fr.  oëf,  oé  ou  uef,  wis,  gall.,  armor.  vvi, 
lat.  ovum. 

Uesse,  ueche.  s.  f.  guêpe.  Vhawessa,  fl.  vvesp,  b.  lat.  guespa,  lat. 


Ô04  IJEY— YAI 

vespa,  brol.  gwespel,  siiig.  gwcspcden.  Pour  cire  régulier,  ditPellclier, 
il  faut  ywosp  ou  gwespen,  mais  ils  sont  hors  d'usage.  Le  b.  lai.  ne 
semble  pas  formé  sur  le  lat.,  mais  sur  le  ceU.,  puis  le  fr.  semble  formé 
sur  le  b.  lai.  Le  monlois  a  plutôt  l'air  gcrm.  ||  esse  de  ciiarriot. 

Ucyc,  s.  m.  œil  (Borin.)  Y.  fr.  ueil. 

Un  chacun,  pr.  chacun;  idiotisme  ail.  :  ein  ieder  ou  lat.  :  unus 
quisqiio.  —  se  disait  en  v.  fr. 

SJrëchon,  irclion.  s.  m.  hérisson.  A  Namur  iereson,  niere$on,'A 
Liège  ureson,  urson.  V.  fr.  ireçon,  angl.  urchin,  lat.  ericius,  bas-breloa 
heureuehin  et  heureuchined. 

BJrée.  v.  hurée. 

ajrié.  t.  de  jeu  de  ligne.  On  dit  :  —  avoi  deu  iar.  .Te  suppose  qu'il  y 
a  là  une  transposition  et  que  cela  doit  signifier  avoir  deux  liards  ou  rien. 
Ce  serait  à  peu  près  l'équivalent  de  jouer  quitte  ou  double. 

ta-vessé,  ée.  adj.  maussade,  de  mauvaise  humeur,  chagrin,  con- 
trarié. 

Usance.  s.  f.  usage.  Drap,  toile  d'enne  bonne  —,  drap,  toile  dont 
on  use  avec  avantage. 

Ut.  droite.  V.  It. 


V 


V.  Cette  lettre  se  transforme  souvent  en  f  :  genêfe,  genièvre,  pauf, 
pauvre. 

Waîf.  adj.  et  s.  veuf,  veuve. 

'¥aillattl,  vayau.  adj.  actif,  laborieux. 

"^'aîn.  s.  m.  vent  ||  s.  pi.  haleine.  /  n'  sait  pu  r'  preinde  ses  —  ,  il 
ne  peut  plus  reprendre  haleine. 

Les  vents  dont  on  parle  à  Mons  sont  ceux  :  d'Ecosse  ou  Ecoche,  vent 
froid  et  pénétrant  avec  temps  couvert  annonçant  la  neige  (ordinairement 
nord-ouest  ou  nord),  de  bize  et  haute-bize  (est  et  nord-est)  sec  et  très- 
froid  l'hiver,  de  France,  amenant  les  orages  en  été  (sud),  du  monvai 
Irau,  du  Iran  à  Viau,  de  St-Ghislain  (ouest  et  sud-ouest).  On  dit  : 
r  vein  est  ein  France  ou  ein  Ecoche;  mais  on  dit  plus  souvent  :  V  vein 
est  d'  sus  France  ou  d' sus  VEcoche. 


VAL-YAQ  565 

Ainsi  selon  le  penchant  naturel  de  Ihonimc,  on  ne  connaît  les  vents  que 
par  leurs  mauvaises  qualités.  On  se  garde  bien  de  parler  du  nord-est  et 
de  l'est,  qui,  en  été,  donnent  de  beaux  jours  ;  ou  du  sud,  qui,  en  hiver, 
donne  des  temps  tièdes  et  doux.  On  ne  connaît  pas  le  zéphyr.  On  ne 
parle  guère  du  vent  que  comme  des  hommes,  pour  en  dire  du  mal. 

On  désigne  encore  les  vents  par  les  noms  des  portes  de  la  ville.  On 
dit  :  r  vein  est  d'  sus  l'porte  du  parc  ou  d'  sus  V  porte  d'  Havre.  Quand 
i)  s'en  rapproche,  on  dit  :  lire  d'  sus  V  porte.  Bas-bret.  gwent,  gall. 
gwint,  flam.  ail.  Avind,  lat.  venlus,  sanscrit  wahanta, 

Talandrer,  valendrei*.  v.  n.  tourner,  devenir  gauche (Jemmapes). 
Il  diffère  de  baqueter  en  ce  que  ce  dernier  mot  représente  surtout  une 
planche  dont  la  chaleur  a  fait  élever  les  bords,  tandis  qu'en  valendranl, 
la  planche  élève  un  côté,  et,  à  l'autre  bout,  élève  le  côté  opposé. 

Valet,  s.  m.   garçon  [|  appellation  d'amitié  qui  n'est  usitée  qu'au 
village,  comme  on  y  dit  meskenne  en  s'adressant  aux  petites  filles.  Ne 
pas  confondre  avec  varlel.  —  à  Liège  ne  signifie  également  que  garçon. 
On  y  dit  :  Inné  brave  bacelle  ni  deu  nein  cori  après  lés  valets. 
Walissance.  s.  f.  valeur.  V.  fr. 

Valtoii.  s.  m.  enfant  (Frameries,  Pâturages).  On  trouve  dans  le 
dictionnaire  de  Trévoux  que  l'on  a  dit  familièrement  s'évaltoner  pour 
prendre  des  airs  libres  et  abuser  de  ses  forces.  Cette  signification 
reviendrait  à  s'émanciper,  cesser  d'être  vallon.  V.  fr.  valëton,  écuyer 
de  chevalerie,  diniin.  de  valet. 

Vanner,  v.  n.  se  dit  des  poules,  cailles  et  beaucoup  de  gallinacés 
nommés,  pour  ce  motif,  pulvérateurs,  qui  se  froUent  le  derrière  dans  la 
terre  en  agitant  les  ailes  et  en  faisant  voler  la  poussière.  C'est  alors, 
disent  nos  paysans,  signe  de  pluie.  —  n'a  pas,  que  je  sache,  d'équivalent 
fr.  J'ai  bien  lu  dans  un  ouvrage  d'histoire  naturelle  faire  poudretle  ; 
mais  les  dict.  donnent  au  mot  poudrette  une  toute  autre  signif.  En  ail. 
Wannenweher,  mot  à  mot,  qui  agite  les  ailes,  signifie  émouchet;  de 
l'ail.  Wanne,  qui  signifie  aussi  van.  FI.  wayen,  waeijen,  éventer,  lat. 
vannare,  vanner,  agiter,  ilal.  vannare,  agiter  les  ailes,  fr.  van,  grosse 
plume  des  oiseaux  de  proie,  fr.  d'argot  :  vaner,  s'en  aller.  A  Liège  vanai, 
plume  de  l'aile,  se  dit  des  plus  grosses. 
Vantrain.  s.  m.  tablier  (Charleroy).  V.  fr.  devanlier,  devanleau. 
Vaque,  s.  f.  vache.  V.  fr.  vqcque  ||  cabestan  i|  espace,  distance.  Tirer 


366  VAR— VÉN 

enne  vaque  arrière,  tirer  loin  du  but,  fort  loin.  L'éloignément  est  relatif. 
On  désigne  peut-êlre  ici  la  distance  d'une  longueur  de  vache,  ou  bien  11. 
wak,  place,  espace? 

Varié,  varlet.  s.  m.  garçon  de  ferme.  En  fr.  page  de  l'ancienne 
chevalerie. 

Vassia.  s,  ni.  cercueil  (Charleroy).  A  Liège  vahai,  v.  fr.  vase,  cer- 
cueil, lat.  vas,  vasculuni.A  Thuin  luja.  V.  lusiau. 

Vasseau,  vassian.  s.  m.  mesure  de  capacité  pour  le  sel  :  38  litres, 
G2o  II  mesure  de  capacité  pour  les  grains  :  0  h.  26G9.  v.  tnuid.  lat. 
vasculum. 

Van,  vôye.  s.  f.  t.  de  charb.  galerie,  voie. 

Vanssupe,''s.  f.  voûte,  souterrain.  V.  fr.  voulsure. 

Vaufe.  s.  f.  omelette.  —  au  lard,  omelette  au  lard.  Golh.  fodr,  v. 
ail.  vuotar,  pabulum,  11.  voeden,  nourriture,  bret.  voueta,  alimentum. 

Vanticriie,  voie  tierne.  s.  f.  galerie  qui  suit  l'inclinaison  des 
couches  de  houille  ;  par  opposition  à  costëresse,  galerie  qui  suit  la  côte. 
Je  me  défie  de  la  seconde  forme  qui  me  semble  une  francisation,  elle 
n'est  que  dans  la  bouche  des  gens  instruits,  tandis  que  la  première  est 
employée  par  les  ouvriers.  Vau  doit  égaler  yâ\-]-lierne=co\line,  de  bas 
en  haut. 

Vava  (ein).  locution  pour  prier,  demander.  — ,  bayez  m'ein.  —,  ein 
y  H  iard.  — ,  faites  ça  pour  mi.  Cette  locution  a  dû  se  former  comme 
main  :  on  a  dû  dire  d'abord  baye  m'ein,  va. 

Veclie.  s.  f.  vesce.  Vicia  laba. 

Veindache,  veindage,  vcîndue,  veiiidure.  s.  f.  vente.  Vein- 
dage  et  veindue  ne  sont  pas  synon.  El  veindache  est  opéré  par  le  mar- 
chand. Parmi  les  souhaits  adressés  au  nouvel  an,  à  un  marchand,  se 
trouve  :  Ein  bon  —  pou  Veinlcrtié  dé  s  ménache.  El  veindue  est  la  vente 
par  officier  public.  Yendage  et  vendue  sont  du  v.  fr. 

%'el  ci.  le,  la  voici. 

\el  la.  le,  la  voilà.  Lés  veî,  lés  via,  les  voici,  les  voilà. 

Veloper.  v.  a.  dévider,  former  un  peloton,  un  écheveau.  Il  est  assez 
singulier  que  le  fr.  qui  possède  les  composés  développer,  envelopper, 
n'ait  pas  le  simple  velopper. 

Vénî,  v'  ni.  v.  n.  venir.  Ej  vie,  ej  verai,  verrai,  que  f  viesse,  que  nos 
viesse,  que  f  vénisse,  vie. 


VEN— VER  567 

Ventilller,  vinttyé.  s.  m.  partie  mobile  à  lever  d'un  châssis  de 
fenêtre.  Esp.  ventana,  fl.  venster,  fenêtre. 

Y^enlisiaa.  s.  m.  venteau,  vanne.  A  Liège  vainla,  à  Charleroy 
venlaille.  B,  lai.  venna. 

Vealpière.  s.  f.  t.  de  charpentier,  panne,  pièce  qui  soutient  les 
chevron-s.  En  fr.  pièce  de  charpente  qui  soutient  en  travers  une  digue. 

Veuure.  s.  f.  venue.  iMau  d" — ,  mal  qui  ne  s'est  pas  produit  par  une 
cause  extérieure,  mal  provenant  d'une  mauvaise  constitution. 

Verau.  s.  m.  verrat.  Lai.  verres  ||  verrou.  Lat.  veru,  broche. 

Verdelol,  otte.  adj.  verdelet,  un  peu  vert.  s.  m.  petit  oiseau. 

Vërdî.  s.  m.  vendredi.  V.  fr. 

Verdpon.  s.  m.  fleuret  démoucheté  ||  épéede  canne.  V.  fr.  Verdun, 
qui  signifiait  épée  longue,  mince  et  plate,  et  prenait  son  nom  de  la 
ville  où  on  les  fabriquait. 

Vepdurîêre.  s.  f.  marchande  de  légumes.  V.  fr.  adj.  verdurier, 
verdurière,  qui  vend  de  la  salade,  des  légumes. 

l'epcu.  s.  m.  mélange  de  seigle  et  de  froment.  Fig.  mélange  ||  Adj. 
langoureux  |j  véreux,  qui  a  des  vers,  est  fr. 

Verge,  verk.  s.  f.  mesure  agraire  de  Mons.  1/452  du  bonnier.  V. 
ce  mot. 

Vergeon.  s.  m.  branche  mince  de  bouleau  dont  on  fait  les  balais. 

Verguillon,  vergiiion.  s.  m.  verge  de  fer  de  la  perche  pour  le  lir 
à  l'arc. 

Vérin,  s.  m.  étau  ||  enfant  très  remuant  qu'on  ne  pourrait  fixer  que 
par  un  — .En  fr.  un  vérin  est  une  vis  de  bois  de  charpcnle  ou  une  machine 
à  écrou  pour  enlever  de  grands  liirdeaux.  B.  lat.  verinus. 

Vérînep.  v.  a.  tourner  ||  faire  entrer  une  vis  dans  un  écrou  |]  Fig.  se 
dit  d'un  enfjtnt  qui  renme  beaucoup. 

Vérité  {ain  —  d'  mon  Dieu),  affirmation  monloise,  serment  que  l'on 
dit  la  vérité. 

Verkin.  s.  m.  petit  verre.  Chen,  qui  se  prononce  à  peu  près  comme 
khen,  est  le  diminutif  que  les  Allemands  employent  d'une  manière  géné- 
rale. Ici,  c'est  l'alliance  d'un  mot  d'origine  latine  avec  un  mot  germ. 

Vermau.  s.  m.  petits  vers  qui  attaquent  le  blé  encore  jeune, 
L'  vermau  miu  vo  grain,  vo  £  avé  trop  fumé  (Quaregnon). 

Vermojer.  v.  n.  se  couvrir  de  vermau. 


368  VER— VIE 

Verrai,  fut.  de  vëm.  Ej  v^rai,  lèvera,  i  vëra.  Condit.  ej  verroi,  lé 
l'erof',  je  viendrai,  je  viendrais,  etc. 

Vcriu,  vierlii.  s.  f.  Ce  mot  n'est  pas  employé  dans  ses  significations 
fr.,  mais  il  l'est,  surtout  au  IJorinage,  conmie  il  l'était  eu  v.  fr.  dans 
la  plupart  des  significations  du  mot  lat.  virtus  :  force,  ardeur,  courage, 
énergie.  Cest  du  carbon  sans  vertu,  c'est  de  la  houille  qui  donne  peu  de 
chaleur.  Lés  djone homme  dé  méC nanl  iionl gnié d' — ;  c  ncsl  pus  comme 
du  passé,  les  jeunes  gens  de  notre  temps  n'ont  plus  d'énergie,  ce  n'est 
pas  comme  autrefois. 

%'ei'zêler.  v.  n.  se  tourner  ||  se  remuer  beaucoup  ||  babiller  ||  parler 
d'une  manière  inconséquente.  En  v.  fr.  verseller  signifiait  chanter  alter- 
nativement par  versets  et  par  répons.  FI.  vezelen,  ail.  fascln,  radoter, 
chuchoter.  Vezelen  n'a  celte  signification  qu'au  figuré,  au  propre  il  si- 
gnifie effiler,  de  la  racine  vezel,  fil,  fibre. 

l'erziii.  s.  m.  idée  folle  ||  caprice  subit.  //  a  passé  ein  — pa  s' lielle. 
Quée  —  est-ce  qui  vos  preind  co  là?  Fi.  weêrzin,  répugnance.  Mais  — 
est  probablement  un  dérivé  de  verzeler. 

Vesse  {avoi  l).  avoir  peur.  Venette,  selon  M.  Scheler,  dérive  du  fr. 
pop.  vener,  pour  vesser.  On  dit  de  même  populairement  avoir  la  foire. 

Vessî,  vessîp,  v.  n.  vesser.  En  fr,  vessir  se  dit  des  bulles  d'air  qui 
sortent  du  métal. 

Veyer,  veï.  veiller  à,  surveiller.  —  au  grain,  être  en  garde,  soigner 
bien  une  affaire. 

Vi.  adj.  vieux.  N'est  employé  que  dans  les  villages. 

Vian,  via.  s.  m.  veau  ||  giboulée.  Comment  a-t-on  pu  appliquer  le 
mol  viau  à  la  gihoulée?  Vlaeg  en  fl.  (prononcez  vlag)  signifie  la  même 
chose.  Les  monlois  ont-ils  entendu  et  répété  vak,  puis  ont-ils  trouvé 
bon,  en  manière  de  diminutif,  d'en  faire  viau? 

Vidance.  s.  f.  vase  vide.  En  fr.  vidange  signifie  action  de  se  vider, 
état  de  ce  qui  est  vide. 

Vielle,  double  vielle,  ss.  ff.  t.  de  jeu  de  balle. 

Vier.  s.  m.  verrat,  cochon  mâle.  Mener  à  — ,  faire  saillir.  Fig. 
marier  (Borinage). 

Vier.  s.  m.  ver.  —  et  moulon  ne  sont  pas  synon.  —  s'applique  aux 
lombrics  terrestres,  aux  insectes  qui  attaquent  les  planches  et  aux  vers 
intestinaux.  Preinde  enne  saqué  pou  les  -  -,  prendre  un  vermifuge. 


VIE— VIR  569 

Mouton  s'applique  aux  larves  d'insectes,  c'est  la  distinction  de  Fall. 
"NVuriu  et  Made  qui  n'existe  pas  en  fr.  usuel. 

Vieu  {vinl  an),  âgé  de  20  ans.  Germanisme.  On  dit  de  même  :  six 
pieds  grand,  perfond,  etc. 

l'iëzerîe.  vieillerie,  friperie.  V.  fr.  vièze,  chose  passée,  usée. 

%'illage.  Ceux  qui  auraient  compté  trouver  dans  cet  ouvrage  l'éty- 
mologie  des  noms  de  tous  les  villages  du  Hainaut  seront  trompés  dans 
leur  attente.  Déjà  l'élymologie  de  nos  mots  patois  est  extrêmement 
difficile  et  ordinairement  je  ne  l'afTirme  pas,  je  ne  donne  que  des  indi- 
cations dont  de  plus  habiles  feront  tel  usage  que  de  raison;  mais  le 
travail  étymologique  des  noms  de  villages  est  bien  autrement  sca- 
breux, puisqu'on  n'a  pas  la  signification  du  mot  et  qu'il  faut  la  deviner 
par  quelque  particularité  du  lieu,  laquelle  a  quelquefois  disparu.  Beau- 
coup de  nos  villages,  étant  très-anciens,  on  peut  soupçonner  d'une 
manière  générale  que  leur  nom  est  celtique;  mais  il  a  été  déformé  en 
passant  par  le  latin,  puis  le  radical  peut  s'être  perdu  dans  les  langages 
néo-celtiques. 

Le  docte  Bullet  a  fait  un  travail  immense  sur  les  noms  des  villages, 
villes,  rivières,  montagnes  des  contrées  où  l'on  a  parlé  le  celtique, 
c'est-à-dire  d'une  très-grande  partie  de  l'Europe.  On  peut  le  consulter, 
si  l'on  veut,  sur  les  localités  du  Hainaut;  toutefois  il  faut  le  faire  avec 
quelque  défiance,  car  le  savant  est  un  des  celtomanes  les  plus  aven- 
tureux. 

Par  exception,  j'ai  mentionné  quelques  villages  pour  une  indication 
quelconque  dont  on  pourrait  peut-être  tirer  profit.  V.  par  ex.  Slambruge. 

J'ai  indiqué  quelques  diflcrences  entre  le  wallon  des  villages  et  celui 
de  Mous  passim,  notamment  art.  w  et  fin  du  chapitre  intitulé  :  mots  fr. 
que  l'on  pourrait  croire  appartenir  au  patois. 

'l^'indicatiou.  s.  f.  rancune.  V.  fr. 

Yiole.  s.  f.  vielle.  En  fr.  la  viole  est  un  instrument  de  musique  à 
•i,  6  ou  7  cordes. 

Vîol,  %îo.  s.  m.  bavdane,  plante;  nom  employé  dans  les  villages 
autour  de  Mons,  A  Jlons  même  on  l'appelle  io  io  ou  io  io  campion. 

%'îp,  *'î.  V.  a.  voir.  Vir  mau  ain  vie,  voir  de  mauvais  œil,  avoir  en 
aversion.  Vir  dain  l'iati,  aflectionner,  aimer  éperdument.  No  veijon, 
viyon,  ej  veyoi,  viyoi,  ej  virai,  voirai,  que  f  voisse,  que  f  veyisse, 


370  VIR-VOU 

voyisse.  Vir  présente  un  singulier  vvallouisme  :  Vcyons  vir  si  vos  s'  rez 
fran  assez,  niol-à-mot,  voyons  voir,  c'est-à-dire  voyons  si  vous  aurez 
Taudace.  Selon  Raynoiiard,  pareil  pléonasme  existait  dans  le  v.  port, 
vejo  veer,  je  vois,  levo  levar,  je  porte.  Diez  donne  une  explication  trop 
longue  pour  être  rapportée  ici. 

Wirguc,  vîpk.  s.  f.  flèche  de  roseau.  Droi  comm  enn  vù^k.  Lat. 
virga,  V.  l'r.  vire,  flèche,  dard,  vireton,  flèche  qui  tourne,  vire. 

Vîruelle.  s.  f.  virole,  bout  en  métal,  en  corne,  etc.  d'une  canne, 
d'un  outil. 

^'bin.  s.  m.  visenne.  s.  f.  voisin,  ine.  Bon  —,  bon  malin. 

Vil  de  velours,  massette,  typha. 

Iltolet.  s.  m.  fricadelle,  boulette  de  viande  (Fleurus,  Thuin). 

l'ivaule.  adj.  viable  ||  vivant  ||  vil'(Bor.).  V.  fr.  vivant. 

Vive.  V.  n.  vivre.  Y  ville,  j'ai  vi,  que  f  visse. 

Tivoi.  s.  m.  vie,  santé,  âme.  El  génèce  esl  m'  vivoi. 

^'iyielte.  s.  f.  violette.  Gall.  fioled.  Ce  gall.  paraît  emprunté  du  lat. 
ou  plutôt  du  fr. 

Vlà,  là.  voilà, 

Voie  lîerne.  v.  vauliern". 

¥oile.  s.  m.  verre  (Borin.).  V.  fr.  voirre,  lai.  vitrum. 

Voire,  excl.  de  reproche  qui  s'adresse  aux  enfants.  En  v.  fr.  vrai- 
ment, —  même,  quand  même. 

Volontère.  adj.  productif,  en  parlant  des  arbres. 

Vollié,  voUî.  adv.  volontiers.  J'  et  vois  vollié,  je  l'aime  beaucoup. 

Vouloi.  V.  a.  et  aux.  vouloir. 

Ce  verbe,  dans  sa  forme  infinitive,  est  trop  peu  distant  du  fr.  pour 
trouver  place  dans  cet  ouvrage.  Mais  il  a  dans  d'autres  temps  des 
irrégularités  différentes  des  irrégularités  fr.,  et  à  ce  titre  il  doit 
nous  inspirer  quelqu'intérêl.  Nos  volons ,  Vos  volez  ,  Y  veull  ou 
veullé,  Ej  vourrai,  ej  vourroi,  Que  f  veusse.  Les  deux  premières  per- 
sonnes du  pluriel  sont  défectueuses  et  se  remplacent  par  celles  de 
l'imparfait  :  Que  nos  voulissions. 


Lés  fiye  éïé  lés  feux, 

Ycullc  loudis  qu'on  peinse  à  eux. 


VOU— W  571 

Les  feux  (de  certaine  houille  surtout)  s'éteignent  si  on  les  néglige  un 
moment, 

Ein  volée,  ein  vlà.  locut.  adv.  mot-à-mot,  en  voulez-vous,  en  voilà, 
autant  que  vous  voudrez,  beaucoup. 

Vouye,  vauye,  vôye.  s.  f.  chemin.  Ruer  ain  vôye,  jeter  sur  la 
rue.  Ruer  se  yar  ain  vauye,  dissiper  sa  fortune.  On  trouve  dans  les 
dialogues  de  St-Grégoire  :  porter  en  voie.  On  dit  encore  actuellement 
en  fr.  laisser  en  voie  pour  laisser  sans  serrer.  Il  est  à  remarquer  que 
la  locution  adverbiale  en  voie  qui,  à  Mons,  ne  s'amploic  guère  qu'avec 
jeter,  peut  dans  certains  villages  s'isoler,  alors  elle  forme  impératif, 
selon  le  génie  des  langues  du  nord  et  signifie  jetez  :  ée  —  soula.  Les 
ail.  disent  weg  ou  hinweg.  Le  premier,  en  même  temps  qu'il  est  adv., 
est  aussi  s.,  et  alors  signifie  chemin,  voie. 


^V^ 


IV.  Cette  lettre  est  une  des  plus  caractéristiques  du  wallon  et  du  v. 
fr.,  elle  remplace  non-seulement  le  G  dur,  mais  encore  quelquefois  le 
\  et  d'autres  lettres.  Le  wallon,  sous  ce  rapport,  marche  de  pair  avec 
le  gallois,  le  flamand  et  quelques  dialectes  bas-allemands,  car  le  haut 
ail.  prononce  W  comme  V  ou  à  peu  près. 

Indépendamment  du  IV,  le  son  qu'il  représente  est  extrêmement 
commun.  Les  anciens  gaulois,  forcés  d'adopter  la  langue  latine,  la 
corrompaient  de  deux  manières  :  quelquefois  ils  donnaient  aux  mots 
locaux  la  forme  latine,  mais  quand  ils  adoptaient  la  charpente  des  mots 
latins,  ils  n'en  accueillaient  pas  aussi  facilement  les  formes  et  conser- 
vaient, avec  amour,  des  sons  conformes  à  leur  rude  oreille,  des  sons  qui 
faisaient  frémir  les  oreilles  romaines  et  que  Paculius  appelait  :  incullum 
transalpini  sermonis  horrorem.  Après  avoir  pris  aux  romains  certains 
verbes,  ils  chargeaient  les  imparfaits  et  les  conditionnels  des  inflexions 
ois,  rois  et  prononçaient  j'aimwa,  je  pourrwa,  ou  plutôt  j'aimwé,  je 
pourrwé,  car  aujourd'hui  l'on  entend  encore  dire  à  Paris  par  les  gens 
du  peuple  :  Eh!  dis  donc,  Françwé  (François)  manges-tu  des  pwés 
(pois).  Us  disaient  :  fueil  (fweil)  feuille,  cuer  (cwair)  cœur,  nuef  (nweQ 


372  W— W 

neuf,  suer  (swair)  sœur,  roine,  (rwaiie  ou  rwaine)  rciue  (i),  ucf(wel') 
œuf,  ucil  (weil)  oeil. 

Le  second  genre  de  dégradation  fut  le  plus  tardif.  Il  dut  s'opérer 
surtout  vers  l'époque  de  rexlinction  du  celtique  dans  les  campagnes  el 
de  l'ail,  francique  parmi  les  conquérants. 

Les  habitants  des  villes  et  quelques-uns  des  principaux  franks 
parlèrent  le  bas-latin;  mais  on  peut  croire  qu'une  grande  partie  des 
campagnes  et  des  simples  soldats  franks  ne  l'ont  jamais  parlé  et  n'ont 
abandonné  leur  langage  que  quand  déjà  dans  les  villes  le  bas-latin  était 
dégénéré  en  roman  doil;  car  les  imparfaits  latins  en  abam,  abas,  abat 
se  changèrent  d'abord  en  eve,  evea,  evet.  Quand  la  masse  des  gens 
grossiers  intervint,  eve  devint  eue,  oue,  puis  waou  wé.  D'abord  j'aimeve, 
puis  j'aimeue,  j'aimoue,  enfin  j'aimois. 

Quoi  qu'il  en  soit,  la  langue  française  se  dépouilla  peu  à  peu  de  ces 
sous  odieux;  mais  combien  ne  reste-t-il  pas  encore  de  mots  en  oi,  oue, 
oin,  oir,  uil,  de  ceux  comme  oindre  (windre),  joindre  (jwindre),  voir 
(vwar),  cuire  (cwire),  groin  (growin),  poil  (pNvoil),  soin  (swin),  fruit 
(frwit),  beffroi  (beffrwa),  tuer  (twer). 

Plus  les  celles  étaient  septentrionaux,  plus  ils  se  portaient  à  des 
excès  dans  leur  amour  du  W.  Les  wallons  ont  une  foule  de  mots  que 
je  ne  trouve  pas  dans  le  v.  fr.,  quoiqu'ils  y  aient  peut-être  été  avant 
qu'il  ne  fut  écrit  :  rué  (rwé)  roue,  tuée  (twaie)  laie,  etc.  Mais  ce  qui 
passe  tout,  c'est  le  dialecte  celtique  du  pays  de  Galles,  où  les  belges 
jadis  l'ont  importé.  Que  l'on  jette  un  coup  d'œil  sur  le  dictionnaire  de 
Davies,  on  verra  quelle  place  immense  y  occupe  le  W. 

Ces  remarques  me  paraissent  mériter  méditation;  car  elles  tendent 
à  prouver  que  les  mots  sortant  le  plus  évidemment  du  latin  ont  eu,  non 
pas  immédiatement  peut-être,  mais  peu  après  leur  origine,  une  forte 
empreinte  celtico-germanique  et  n'ont  repris  qu'à  la  longue  la  couleur 
latine.  V.  suair,  fouair,  escor. 

Les  montois  sont  plus  réservés  dans  l'emploi  du  W  qu'on  ne  l'est 
dans  nos  villages.  Â  Mons  par  ex.  on  dit  plus  souvent  ren  que  rwé  ; 
mais  le  Borinage  se  distingue  éminemment  :  ainsi  tous  les  mots  qui 
rendent  à  la  fin  le  son  de  l'E  fermé  (é  ou  et)  se  transforment  en  etoe, 

(Ij  Les  bas  bretons  disent  roué,  rouanez  (roi,  reine). 


WAF— WAL  375 

euwe.  Écoutez  le  cri  des  borennes  annonçant  qu'elles  ont  des  boulets  de 
terre  houille  à.  vendre,  vous  entendrez  :  Eh!  dés  bouleuive. 

IWaclioter.  v.  a.  secouer  (Cliarleroy).  A  Liège  walcoté ,  agiter, 
baigner  dans  de  l'eau.  AU.  wasclien,  fl.  wasschen,  laver. 

IVâfe,  waafTe.  s.  f.  gauffre.  Duré  — ,  gauffretle  au  sucre.  Flam. 
wafel,all.Waffel,basse-lat.  gafrum  :  Lés  prumiérés — c'est  pou  l'seinfants. 

Wagep,  wagî.  v.  n.  et  a.  gager  (Borinage).  Ail.  et  flam.  wagen, 
risquer,  bazarder,  gotb.  vadi,  v.  ail.  witti,  ail.  moderne  Welte,  pari, 
V.  l'r.  waager,  waaiger. 

l¥âgn,  gàgn.  s.  m.  gain.  Pierte  et  gâgn  c'est  marchandise,  un 
marchand,  un  joueur  doit  savoir  perdre.  V.  ail.  uuinne,  allem.  moderne 
gewinne,  fl.  winst. 

l¥agne.  s.  m.  appellation  injurieuse.  Laid  — ,  vilain  — .  Je  n'ai 
jamais  pu  savoir  ce  que  signifie  proprement  — .  Il  y  a  bien  hoigne  en  v. 
fr.,  mais  il  signifie  plaisanterie.  Il  y  a  encore  oign  en  bret.,  mais  il  veut 
dire  jalousie,  aigreur  (Pelletier).  Je  suppose  que  c'est  une  altération  du 
V.  fr.  bargne,  bargneux,  mécbant.  V.  wink. 

H'^âgner,  waigner,  waigiii,  gaigner.  v.  a.  gagner.  Fl.  winnen, 
ail.  gewinnen,  v.  fr.  waigner,  gaaigner. 

Wai.  partie,  affirm.  oui.  C'est  une  articulation  très-difficile  à  repré- 
senter par  l'écriture,  pour  laquelle  on  aurait  besoin  de  quelqu'esprit 
comme  en  employaient  les  grecs.  V.  ouais.  L'affirm.  borenne  est  peut- 
être  encore  plus  difficile  à  noter  :  c'est  wi  avec  i  long,  souvent  suivi  du 
son  de  I'e,  à  peu  près  comme  wïhée. 

IWaife.  indic.  et  impér.  des  verbes  borains  ouvri  et  ouvrer. 

n'haïr,  adv.  guère.  V.  fr.  waires. 

H'ak.  s.  {.  charge  de  bouille  (Borin.)  Fl.  vracbt,  charge.  Wague,  dit 
le  compl.  du  dictionnaire  de  TAcadémie,  est  une  ancienne  mesure  pour 
le  charbon  de  terre  dans  le  Hainaut. 

IVak.  adj.  fade  (Bor.).  Bas-breton  flacq,  §\vac,  mou,  à  demi  pourri, 
ail.  scbwacb,  faible,  ff.  waesp,  aqueux,  fade,  walg,  dégoût,  walgend, 
dégoûtant,  week,  mou,  b.  lat.  wap,  wapes,  languidus,  liég.  wap,  aqueux, 
fade. 

IWale.  s.  perche  en  guise  de  chevron,  gaule  (Bor.).  Goth.  valuns, 
valus,  frison  walu,  armor.  gwalen,  gall.  gwialen,  b,  lat.  waula,  v.  fr. 
waule,  wauletle. 

47 


374  WAL— WAL 

IWnlloii,  oiie.  adj.  ce  qui  appartient  au  walloyi. 

W^ullon,  oiie.  s.  habitant  de  la  partie  de  la  Belgique  où  l'on  ne  parle 
pas  le  flamand  ||  langue,  ou  plus  modestement,  patois  que  l'on  y  parle. 

La  partie  non  flamande  de  la  Belgique  se  compose  des  provinces  de 
Hainaut,  de  Namur,  de  Liège,  de  Luxembourg  (sauf  une  petite  partie 
allemande)  et  de  la  portion  méridionale  du  Brabant. 

Le  Hainaut  a  certaines  communes  flamandes  :  Enghien,  etc. 

Quelquefois  on  comprend  dans  le  pays  wallon  une  partie  du  nord  de 
la  France. 

Le  pays  wallon  cesse  entre  Tubize  et  Lembecq  ,  à  environ  une 
vingtaine  de  kilomètres  au  sud  de  Bruxelles.  Sa  limite  s'étend  à  l'est  et 
à  l'ouest,  en  se  tenant  à  peu  près  à  la  même  latitude,  vers  la  frontière 
de  Prusse  et  vers  la  frontière  de  France.  Elle  atteint  celle-ci  au  nord 
de  Lille.  Là,  sa  direction  change,  elle  descend  au  sud-ouest,  traverse  le 
département  du  nord, atteint  celui  du  Pas-dc- Calais  dont  elle  suit  la  ligne  de 
séparation  jusqu'à  la  mer,  n'y  laissant  que  deux  communes  flamandes 
d'environ  1300  habitants;  mais  le  département  du  nord  englobe  environ 
200,000  flamands. 

Voilà  pour  la  limite  septentrionale.  La  limite  à  l'est  suit  à  peu  près  la 
frontière  de  la  confédération  germanique,  laissant  cependant  Malmédy  à 
la  Prusse  et  quelques  villages  au  Luxembourg  hollandais,  recevant  en 
compensation  le  long  du  Grand-Duché,  une  étroite  lisière  de  communes 
allemandes,  parmi  lesquelles  la  ville  d'Arlon. 

La  limite  méridionale  est  aussi  facile  à  tracer  si  l'on  veut  définir  la 
Wallonie,  partie  de  la  Belgique  qui  n'est  pas  flamande;  alors  c'est  notre 
frontière  française;  si  l'on  ne  veut  pas  l'adopter,  il  faudra  tomber  dans 
le  vague  et  l'indéterminé. 

Le  patois  des  environs  de  Maubeuge  est  aussi  semblable  que  possible 
à  celui  des  environs  de  Mons.  Celui  des  environs  de  Binche,  d'Ath,  de 
Soignies(àpeu  près  à  pareille  distance  de  Mons)  me  semble  plus  difiérent. 
Si  vous  pénétrez  dans  l'intérieur  de  la  France,  vous  verrez  que  le  chan- 
gement n'est  nulle  part  brusque,  c'est  par  nuances  que  l'on  arrive  du 
pays  de  Lovo  à  celui  de  Drouchi,  puis  à  l'Artois  et  la  Picardie,  puis  à  la 
Normandie. 

Si  dans  cette  direction  le  wallonisme  est  en  progression  décroissante, 
dans  l'intérieur  de  notre  pays  il  va  en  progression  croissante,  sans  que 


WAL-WAL  575 

jamais  non  plus  il  y  ait  rien  de  tranché,  mais  en  manière  telle  toutefois 
que  le  montois  ne  comprend  plus  le  namurois  qu'à  moitié  et  le  liégeois 
pas  du  tout. 

En  définitive  notre  limite  si  nette  et  si  tranchée  au  nord  et  à  l'est, 
devient  indécise  et  arbitraire  si  Ton  pénètre  en  France,  à  moins  d'englo- 
ber tout  le  nord  jusqu'à  la  Basse-Bretagne. 

Si  l'on  ne  sort  pas  des  limites  de  la  Belgique,  on  y  comptera  seize  à 
dix-sept  cent  mille  wallons. 

Dans  les  villes,  le  français  est  plus  ou  moins  en  usage.  A  Liège  et  à 
Namur  où  la  langue  wallone  (là  il  ne  faudrait  pas  l'appeler  patois)  est  en 
grand  honneur,  les  hautes  classes  parlent  le  wallon  si  elles  ne  sont  pas 
en  présence  d'étrangers,  sauf  à  l'entrecouper  parfois  de  deux  ou  trois 
phrases  françaises,  lorsque  l'idiome  local  est  rebelle  à  l'expression  de 
certaines  pensées.  Cependant  ce  patois  des  hautes  classes  est  déjà 
amendé,  car  un  montois  le  comprend  longtemps  avant  de  comprendre 
celui  des  ouvriers  et  il  comprend  les  ouvriers  avant  de  comprendre  les 
paysans.  A  Mons  et  dans  les  villes  du  Hainaut,  les  classes  aisées  ne 
parlent  que  le  français.  Les  classes  même  de  la  petite  bourgeoisie 
employent  peu  le  patois,  surtout  en  dehors  du  logis;  elles  font  à  peu  près 
comme  les  petits  boutiquiers  de  Bruxelles  qui  ne  parlent  que  le  flamand 
toute  la  semaine,  mais  qui,  à  la  promenade, s'endimanchcnt,  en  parlant  le 
français.  Il  va  sans  dire  que  ce  français  devient  de  plus  en  plus  incorrect 
en  descendant  les  étages  de  la  société. 

Il  est  une  chose  qui  dislingue  le  liégeois  du  montois  dans  les  classes 
instruites,  c'est  que  le  liégeois  peut  parler  correctement  le  français,  et 
que  cela  n'arrive  guère  au  montois  qui  n'est  jamais  sorti  de  chez  lui. 
La  cause  en  est  que  le  langage  liégeois  tranche  avec  le  français,  tandis 
que  celui  de  Mons  en  est  peu  éloigné  et  qu'il  est  un  point  où  il  y  a  confu- 
sion. 

Le  mot  wallon  n'est  pas  indigène.  Gaulois  et  wallon  sont  deux  formes 
du  même  mot.  Gaulois  (gallus)  est  la  forme  latine,  wallon  (walle)  est  la 
forme  ludesque.  Quant  aux  habitants  du  pays,  ils  se  donnaient  le  nom  de 
Kelt. 

Ces  mots  gaulois  et  wallon  en  ont  près  d'eux  une  foule  d'autres  : 

Gall,  nom  d'un  peuple  qui  s'établit  dans  les  Gaules;  ils  étaient  proba  - 
blement  les  mêmes  que  les  celtes. 


376  WÂL— WAL 

■NVall,  Coruwall,  pays  de  Galles,  de  Cornouaille  en  Angleterre,  où  l'on 
parle  encore  un  celtique  à  peu  près  identique  au  bas-breton,  soit  que  ce 
langage  ait  été  importé  par  l'invasion  belge,  soit  qu'il  fut  préexistant,  il 
semble  résulter  de  ce  qui  va  suivre  qu'au  temps  de  cette  invasion  le 
langage  des  îles  britanniques  différait  peu  de  celui  de  la  Gaule. 

Gaël,  peuple  des  montagnes  d'Ecosse.  Le  gaélique  et  le  cymrique  sont 
les  deux  branches  du  celtique.  Le  gaélique  se  subdivise  lui-même  en 
deux  rameaux  :  l'erse,  que  parlent  les  paysans  d'Irlande  et  qui  est  la 
langue  des  poèmes  d'Ossian  et  le  calédonien  qui  est  l'idiome  des  mon- 
tagnards écossais. 

Wallis,  nom  que  les  allemands  donnent  au  pays  de  Valais,  pays  en 
grande  partie  de  langue  romane. 

Galaiie,  pays  d'Asie  Mineure,  autrefois  envahi  par  les  gaulois. 

Les  allemands  et  les  slaves  nomment  : 

■\Vlachen,  Walschen,  les  peuples  de  Valachic,  Moldavie,  Bessarabie, 
partie  de  la  Hongrie  parlant  la  langue  d'or,  espèce  de  langue  romane. 

Les  alsaciens  donnent  le  nom  de  Welsch  aux  français.  Les  allemands 
donnent  le  même  nom  aux  italiens  et  aux  suisses  de  la  partie  française, 
et  les  anciens  allemands  nommaient  Walho-lant  le  pays  des  gaulois 
parlant  le  celtique.  Enfin  les  gallois  reçoivent  des  anglais  le  nom  de 
Welsh  ;  quant  à  eux,  ils  se  donnent  celui  de  Kymri  ou  Kymnri. 

Je  laisse  de  côté  Galice,  Galicie. 

Quant  à  la  forme  du  mot  icallon,  voici  ce  qu'on  peut  en  dire  : 

Le  substantif  wall,  importé  par  les  francs  et  qui  a  formé  les  adjectifs 
allemands  vvalsch,  welsch,  les  adjectifs  bas-allemands  walsk,  welsk  a 
pénétré  dans  la  langue  romane  sous  la  forme  vvalles.  Or,  dans  celte 
langue  le  substantif  se  faisait  souvent  en  s  au  nominatif  et  en  on  dans 
tous  les  autres  cas,  comme  bers,  baron  ;  Eudes  ou  Odes,  Odon. 

Ce  nom  de  walsk,  welsk  signifie,  selon  Diefenbach,  étranger,  ennemi. 
Il  a  été  donné  par  opposition  à  leutsk,  national  (dérivé  de  theod,  thiod 
peuple)  nom  commun  que  se  donnaient  les  alamans,  les  franks,  les 
lombards  et  que  les  latins  traduisaient  par  Teutones.  Thiod  lui-même 
dérive  de  Tuist  (fille  de  la  terre),  divinité  germanique. 

Je  dois  dire  que,  selon  Chevallet,  tous  les  noms  cités  dérivent  du  lat. 
gallus.  Mais  Voltaire  soutient  que  les  romains  n'ont  dit  gallus  que  parce 
qu'ils  ne  pouvaient  prononcer  le  w . 


WAL— WAL  577 

IValo,  tvàllot.  s.  m.  caillot.  V,  halot. 

Waloper.  passer  le  linge  à  l'eau,  l'agiter  à  la  rivière  pour  le 
dépouiller  de  savon. 

l>Valton.s.m.garçon(n'est  usité  que  dans  quelques  villages).  V.vaiton. 

IVanie.  s.  m.  lieu  fangeux. 

Nous  avons  à  deux  lieues  de  Mons,  dans  une  vallée  profonde,  un 
village  nommé  Wasnies, célèbre  par  le  combat  réel  ou  prétendu  de  Gilles 
de  Chin  contre  le  dragon.  On  y  trouve  un  nom  de  ferme  assez  intéres- 
sant, c'est  V  courte  à  Wasmes,  dont  j'aurais  dû  parler  à  l'art,  courtil. 
On  peut  soutenir  que  ce  courte  n'est  qu'une  abréviation  récente  de 
courtil,  mais  on  peut  soutenir  aussi  que  c'est  l'antique  forme  autochtone. 
Il  y  a  encore  courte  à  Wiheries  (autre  village). 

IVan.  s.  m.  trou  de  ver  de  terre,  trou  long  et  étroit  (Bor.).  \.dewaner. 
Wan  provient  de  gant  ou  de  gaîne.  Flam.  Avant,  milaine,  wan,  vide,  ail. 
Wanne, vase  dans  lequel  on  agite,  lat.  vagina, gaîne, gall.  gwan,  perforalio. 

IVara.  s.  m.  botte  de  wartrie.  A  Liège  wd,  botte  de  seigle  battu.  V. 
fr.  wardeile,  boite,  warat,  botte  de  fourrage,  bas-lat.  waraïus,  hardeia, 
warachia,  equorum  vel  animalium  pabulum. 

IVaranti.  v.  a.  garantir.  V.  ail.  warén,  werèn.  ail.  moderne  wahren, 
bewaliren,  gall.  gwarant,  asserlor,  vindex,  astipulatio. 

Wardau.  excl.  qui  vive!  En  ail.  wer  da,  mot  à  mot,  qui  là.  Les 
soldats  allemands  disent  souvent  wardau. 

Warcle.  s.  m.  garde  des  houillères.  En  ail.  Wâchter,  Warter,  garde, 
tudesq.  wardan,  goth.  vartja,  gall.  gwarchad,  custodire,  gwarchas, 
includere. 

Warcssaix,  waréchaix,  wareskaix.  s.  p.  pâturages  commu- 
naux, lande,  terrain  vague  (Borin.).  V.  fr.  wareschaix,  waskie,  pâturages 
entourés  de  fossés,  b.-lat.  waskium,  waterscapium,  saxon  waeter,  aqua-}- 
schap,  ductus.  Dans  la  coutume  de  Normandie  on  nommait  varet  une 
terre  qui  restait  en  jachère  depuis  mars  jusqu'en  octobre.  B.-lat.  wares- 
cheUim,  terra  novalis,  lat.  vervactum, 

l¥argla.  s.  m.  verglas.  Ail.  wahr,  vrai,  Glas,  verre. 

Wari,  weri,  r'  wari,  p'  werî.  v.  n.  et  a.  guérir  (Borin.).  V.  fr. 
warir,  garir,  goth.  varjan,  vha  werjan,  b.-lat.  guarire,  guerire,  garire, 
préserver,  protéger,  garantir.  A  Mons  on  dit  r'  guéri,  ergueri. 

It'arisoii.  champ  garni  de  ses  récolt«s.  V.  fr.   varison,   b.  lat. 


378  WAR— WAS 

j!;aractnni.  Le  liécjeois  a  divaire,  récolle  sur  pied,  divairi,  récolter, 
cwairi,  emblaver.  Tout  cela  a  son  origine  dans  le  golh.  vasjan,  vha 
werjan,  induere,  vcslire.  M.  Grandgagnage  fait  cette  remarque  assez 
cuiieuse  que  le  Ilainaut  possède  une  série  de  mots  ayant  la  même  valeur 
verbale,  mais  empruntés  au  lat.  au  lieu  de  l'être  aux  langues  germ.  : 
avélu,  avéli,  avélucs,  avélurcs,  avélies. 

IVarlope.  s.  f,  varlope,  gros  rabot.  FI.  voorlooper,  qui  signifie  en 
même  temps  avant-coureur. 

IVarlut  (pré  à),  prairie  dont  le  propriétaire  ne  pouvait  faucher  que 
la  première  herbe  et  dont  le  pâturage  appartenait  au  public  avec  ou 
sans  rétribution  à  la  commune.  FI.  warlen,  entortiller.  Mais  quel  rapport 
logique  entre  —  et  warlen.  On  pourrait  soupçonner  que  cela  provenait 
de  l'usage  de  mettre  des  entraves  aux  bestiaux  en  pâturage.  Il  est  à 
remarquer  que  ce  qu'on  nomme  encore  les  grands  prés  s'étendaient  entre 
Mons,  Ghlin,  Baudour,  Jemmapes,  Boussu,  St-Ghislain.  Ils  étaient  à  — . 
C'était  une  immense  plaine  sans  haies  ni  fossés.  C'était  là  qu'au  siècle 
dernier  la  cavalerie  autrichienne  faisait  ses  manoeuvres,  et  même  sous 
l'Empire  qu'avait  lieu  par  les  troupes  de  la  garnison  ce  qu'on  appelait 
la  pelile  guerre.  On  conçoit  que  pour  pouvoir  saisir  facilement  les  bes- 
tiaux dans  cette  vaste  étendue,  les  jours  d'exercices,  il  fallait  les  gar- 
rotter. Cependant,  malgré  ces  explications  il  est  très  permis  de  conser- 
ver des  doutes  et  l'on  peut  invoquer  le  b.  lat,  warnoth,  terres  dont  la 
location  était  doublée  lorsqu'on  ne  payait  pas  à  l'échéance.  Ce  mode 
était  usité  en  Angleterre ,  selon  Ducange  auquel  j'emprunte  le  mot. 

IVarni.  v,  a.  garnir  (Borin.).  B.  lat.  guarnire,  vha  warnôn,  protéger. 

IVarou  (leu).  s.  m.  loup-garou.  V.  fr,  wairou.  V.  leuwarou. 

l¥arquin.  wara  battu.  La  désinence  quin  ou  plutôt  chen  est  la 
forme  allemande  du  diminutif. 

IWarti'ie.  s.  f.  pi.  mélange  de  vesces,  fèves,  lentilles,  etc.  V.  fr. 
warpois,  espèce  de  pois  ou  vesce,  b.  lat.  garrobis,  —  n'est  peut-être 
que  garlërie,  ce  qui  doit  être  gardé  pour  l'hiver.  V,  tvarder. 

Ifasliau,  wastia.  s.  m.  gâteau.  Ces  mots  n'habitent  que  des  villages 
écartés;  à  Mons  on  dit  galiau.  B.-bret.  gwastell,  gâteau,  dérivé,  dit 
Pelletier,  de  gwast,  racine  de  gwastaded,  plaine,  dans  la  basse-latin, 
wastum,  dont  on  a  fait  wasiellus,  gwastellus,  etc.,  un  gâteau,  qui,  étant 
tout  plat,  représente  une  plaine.  V.  fr.  gastel,  niha  wasiel  et  gastel. 
Comparez  le  mot  laindue. 


WAS— WIN  579 

IVasIer.  v.  a.  gâter  (Borinage),  V.  fr.  gaster,  lat.  vastare,  allem. 
wûsten ,  celio-bret.  gwasta ,  perdre ,  ravager ,  ruiner ,  cello-gallois 
gwastrassu  dissipare. 

Watleaii,  wattiau.  s.  m.  charbon  menu  de  médiocre  qualité. 

ItVaiifletle.  s.  f.  gaufîrette. 

l¥ayain,  wayé.  s.  m.  regain.  Usité  à  Liège.  V.  r'  tvain.  V.  fr. 
waïn,  gain.  M.  Scheler  pense  que  l'on  doit  prendre  pour  élymologie  le 
vha  weida,  pâture,  chasse. 

IWazon.  s.  m  gazon  (Borinage)  {|  Par  dérision  chevelure,  perruque. 
En  V.  allemand  wasen  et  waso,  v.  fr.  waison,  wason,  bret.  gwasell, 
vallée  fertile  en  pâturages  (Pelletier). 

IVé.  s,  m.  œuf.  On  dit  ain  icé,  un  abreuvoir,  mais  aine  ivé,  un  œuf, 
dé  2'  tvé.  La  liaison  indique  qu'il  vaut  mieux  écrire  ué. 

Wé,  waî.  s.  m.  petit  étang  ||  abreuvoir  pour  les  bestiaux.  V.  fr.  wez, 
vais,  b.-lat.  wadrus,  en  b.-bret.  gwaz,  ruisseau,  gwé  ou  gwef,  gué,  fl. 
wed,  abreuvoir,  gué,  vha  watan,  b.-lat.  guadare,  waiare,  vado  Iransire, 
lat.  vaduni,  gué,  bas-fond.  A  Liège  wé  signifie  gué. 

IkVeîlîer,  veitié.  v.  a.  regarder,  épier.  Ej  iveite,  no  weition.  En 
ail.  Màchter  (l'a  se  prononce  comme  e).  De  là  le  fr.  guetter,  esp.  aguai- 
lar,  épier,  it.  guaiare,  bas-lat.  watare,  v.  fr.  waiter,  guetter,  ouaiter, 
considérer,  bret.  gheda,  guetter. 

l¥esprée,  wespraie.  s.  f.  veillée  (Charleroy).  A  Liège  vespreie. 
V.  fr.  vesprée,  soirée,  fin  du  jour,  lat.  vesper. 

Wesse.  s.  f.  guêpe.  Je  crois  qu'il  faut  écrire  uesse,  car  on  dit  dé 
z'  uesse.  V.  uesse.  Rien  n'empêche  de  penser  que  c'est  l'efiet  d'une 
confusion  avec  œstre,  autre  espèce  de  grosse  mouche. 

IVëye.  fait  au  plur.  zyé.  œil  (Borinage).  V.  ueye. 

l¥idici*,wi(Iié.  V.  a.  et  n.  vuider  ||  sortir  ||  partir  ||  fmir,venir  à  bout 
(Borinage).  Ein  ividralle,  ein  widronne?  est-ce  bientôt  fini?  réussirons- 
nous?  réussirez-vous?  V.  fr.  wuider,  widier,  V.  fr.  vuide,  lat.  viduus, 
vacuus,  holl.  wijd,  v.  ail.  wit,  wito. 

IWilmautc.  s.  f.  guimauve  (villages  vers  Ath).  On  confond  souvent 
la  mauve  et  la  guimauve. 

lil'ink,  wingue.  appellation  injurieuse  au  Borin.  Fin  comme  ein  — . 
Laid  — ,  sale  — .  Mais  qu'est-ce  proprement  qu'cm  — ?  On  me  dit  que 
je  dois  le  considérer  comme  synon.  de  las.  Voici  une  série  de  mots  dont 


380  WIO-ZAC 

on  tirera  tel  parti  qu'on  voudra  :  v.  fr.  heingre,  robuste,  selon  le  compl. 
du  dict.  de  rAcadémie,  maigre,  selon  Clievallel.  Wingner,  se  plaindre, 
se  lameiiler,  ail.  Winseln,  gémir,  v.  fr.  huigner,  gronder,  grogner,  bas- 
lat.  hogrus,  angl.  hogn,  porc.  V.  hougnard  et  wagne.  FI.  winker,  sorte 
de  crabe. 

IViof.  V.  10  io. 

IViwarié,  ère.  adj.  et  s.  Les  liégeois  disent  vit^arî.  Ce  mot  a  bien 
l'apparence  d'un  produit  adultérin  du  mot  fr.  vieux  que  les  wallons  de 
l'est  du  Hainaut,  de  Namur  et  de  Liège  disent  vi  et  de  l'ail.  Waare,  mar- 
chandise ou  fl.  waer. 

l¥olster,  wosler.  v.  a.  gâter.  V.  waster  \\  ôter  (Borinage). 


X 


Xixi.  Y.  axixi. 


Y 

Yaîfe.  s.  m.  lièvre  ||  indic.  et  imp.  du  v.  lever  au  Bor.  Il  est  remar- 
quable que  dans  le  daco-roman  on  dise  aussi  en  éliminant  le  l,  iepure 
(lepus)  et  ieau  (levo). 

Yar.  s.  m.  liard.  s.  p.  argent,  fortune.  Brichauder  se  yar,  gaspiller 
son  avoir,  dissiper  sa  fortune.  11  faudrait  peut-être  donner  au  mot  comme 
au  précédent  l'a  aspirée,  car  on  ne  dit  pas  se  £  yard,  pas  plus  que  dé 
z  yaife.  L'observation  s'applique  aux  mots  :  yeu,  yeue,  yeutenanl. 

Yek.  s.  m.  longue  perche  armée  d'un  crochet  de  fer  dont  les  bateliers 
se  servent  pour  faire  avancer  leurs  baquets.  A  Liège  hé,  crochet  à  fumier, 
picard,  hoc,  crochet  de  tanneur,  lat.  hoccus. 


Zacinte.  s,  f.  appentis,  petit  bâtiment  adossé  à  un  plus  grand.  Par 
corruption  du  mot  adjacent  ;  on  a  dit  d'abord  à  z'  acinle,  que  l'on  a 


ZIE— ZOU  381 

ensuite  supposé  formé  de  a  et  de  zacinte.  Cabinet,  fournil  fait  à 
zacinte. 

Ziere.  s.  f.  maîtresse,  concubine. 

Zieu.  s.  m.  œil  (Borinage).  Emm  zieu  ou  zié.  On  dit  toujours  au 
pluriel  zié.  Sans  doute  on  a  dit  longtemps  au  pluriel  lé  z"  ié  avant  de  dire 
dès  le  singulier  el  zié. 

Zîg.  s.  m.  t.  d'argot,  mauvais  camarade.  On  dit  aussi  zoug.  Laid  — , 
t.  d'injure. 

Zinne.  s.  f.  idée  passagère,  caprice,  lubie  [|  légère  ivresse.  Par 
antiphrase  de  l'ail.  Sinn,  pensée,  avis,  fantaisie,  ou  bien  de  von  Sinnen 
kommen,  von  Sinnen  seyn,  être  hors  de  son  bon  sens,  perdre  la  tête. 
Y  H  a  passé  n'  zinne,  un  caprice  lui  est  passé  par  la  tête.  Avoir  enne 
zinne,  avoi  n"  zinne,  être  légèrement  ivre. 

Zouglou.  s.  m.  soupir,  murmure.  Y  fait  s' demie  zouglou,  il  rend  le 
dernier  soupir.  El  touniau  n'a  pu  qu'ain  zouglou  à  faire,  le  tonneau 
va  être  vide.  Fr.  sanglot,  lat.  singultus,  ail.  schluchzen,  fl.  zuchten. 


48 


SUPPLEMENT. 


C 

Choa.  s,  m.  appellation  d'amitié.  Sous  une  apparence  innocente  se 
cache  un  terme  obscène  comme  dans  presque  toutes  les  appellations  de 
l'espèce,  par  exemple  dans  choune,  chm,  chegne,  quinquin.  Lat.  cunnus. 

Corée,  (addition  à  l'art.).  V.  fr.  coraille,  cœur,  entrailles,  lat.  cor. 

G 

Oalter,  galëter.  v.  n.  jeter  des  cailloux.  S'  —,  se  battre  à  coups 
de  cailloux.  Ce  mot,  inconnu  à  Mons,  est  très-employé  à  Tournay  par 
les  enfants;  il  doit  avoir  la  même  origine  que  galoche. 

M 

Alacard  (addition  à  l'art.),  sourd.  Esp.  mouco,  qui  a  l'ouïe  dure. 

o 

O  (addition  à  l'art.).  L'O  de  Drollig  reçoit  un  accent  tonique. 

R 

Roter.  V.  n.  marcher,  cheminer,  s'avancer.  Ce  mot,  très-employé 
dans  le  levant  de  la  province,  ne  l'est  à  Mons  que  dans  cette  phrase  :  rote, 
vielle  arote,  marche,  vieille  bête,  c'est-à-dire  on  n'épargne  pas  un  vieux 
cheval,  un  vieux  serviteur.  Fr.  route,  rôder,  etc.,  celto-gall.  et  armor. 
rhodio,  ambulare,  celto-gall.  drodi,  marcher,  irl.  ruilh,  courir,  sanscrit 
rôtum,  aller,  racine  ru  (Pictei). 


Parvenu  au  terme  cet  ouvrage,  j'éprouve  le  besoin  d'exprimer 
ma  vive  gratitude  envers  la  Société  des  arts,  des  sciences  et  des 
lettres  du  Hainaut,  qui  a  bien  voulu  lui  accorder  son  patronage, 
ainsi  qu'à  MM.  Grenier,  Marsigny,  Vander  Elst,  Michot  et 
Lacroix,  mes  honorables  confrères  de  la  compagnie,  composant 
la  commission  chargée  d'examiner  mon  œuvre.  Je  prie  ces  deux 
derniers  commissaires  d'agréer  ici  mes  remercîments  particu- 
liers pour  le  concours  généreux  et  persévérant  qu'ils  ont  bien 
voulu  me  prêter,  afin  de  rendre  mon  travail  aussi  complet  que 
possible. 


LISTE  DE  MOTS  FRANÇAIS 


QUE 


LES     MONTOIS   POURRAIENT   CROIRE   APPARTENIR    A    LEUR     PATOIS. 


A 

Arigot  (à  tire  1'). 
Aronde. 

Abasourdir 

Asticoter,  contrarier. 

Ab  hoc  et  ab  hac, 

Atout,  triomphe. 

Abîmer  (souiller,  salir, 

gâter) 

Attrape. 

Abus  (erreur). 

Ave,  instant. 

Accoulins  t.  de  briquetier. 

Avenant  (à  Y). 

Accroc. 

Averon,  folle  avoine. 

Accroupir. 

.\viné,  adroit,  éveillé. 

Adhériter,  adhéritance. 

Affiquel. 

B 

Affleurer  t.  de  menuis. 

Affuliau. 

Baffer,  Bâfrer,  Brifer. 

Agasse  ou  agace. 

Baguenauder,  s'amuser  à  des  fri 

Aguigner. 

volilés. 

Ahurir. 

Baldaquin. 

Albran,  Halbrau,  petit 

du  canard, 

Balustre. 

du  canard  sauvage. 

Bancal  et  Bancroche. 

Amelette. 

Baraque. 

Amer,  fiel  de  poisson,  ( 

etc. 

Barboter. 

Amont. 

Barbouiller. 

Andouille. 

Barguigner. 

Anfardeler  (v.) 

Baroque. 

Angelot. 

Baroter. 

Août  (moisson). 

Barotiers. 

Appeler. 

BaslD. 

388 


BAS— CHA 


Basset. 

Bastringue. 

Bataclan,  Pataclan. 

Batlée. 

Béguin. 

Bellement. 

Bernique. 

Birouche. 

Bisbille. 

Biscornu. 

Bisquer. 

Blamuse,  plaquette  de  Liège. 

Blet,  Blette,  inusité  au  masculin. 

Blétissure. 

Bobèche. 

Bobine. 

Bobiner. 

Bobo. 

Bonasse. 

Bondon. 

Boucan. 

Bouffer. 

Bourde. 

Bourdon. 

Bourrique. 

Bourriquet. 

Boursouffler. 

Bouter. 

Boutisse,  t.  de  mac. 

Braie. 

Bran. 

—  de  Judas,  éphelides,  taches  de 

rousseur. 
Brancard. 
Brandevin. 
Braque. 


Brelic,  breloque. 

Bric  (de)  et  de  broc. 

Brimborion. 

Brocanter. 

Broque,  dent  courbée. 

Brouille. 

Bruiner. 

Brûle  (il). 

Buée. 


Caboche. 

Caca. 

Cahute. 

Cagnard,  paresseux,  lâche. 

Calandre,  larve  de  charençon. 

Cale,  Caler. 

Calmande. 

Calotte,  soufflet. 

Camard. 

Cambouis,  vieux  oing  noir  d'une 

roue. 
Camisole. 
Camus. 
Canari. 
Cancan. 
Capendu. 
Carnassière. 
Casaque,  Casaquin. 
Castille. 
Catimini  (en). 
Cavin. 

Censé,  Censier. 
Chambranle. 
Chantepleure. 


CHE-ENG 


389 


Chenapan. 

Chiper, 

Chipoter. 

Chiquenaude. 

Chiquer,  boire,  manger. 

Chiquet. 

Cingler,  frapper  avec  quelque  chose 

qui  plie;  se  dit  aussi  de  la  pluie 

et  du  vent. 
Claque. 
Clenche,  Clanche,  loquet,  partie  du 

loquet  sur  laquelle  on  met  la 

main  pour  ouvrir  la  porte. 
Command. 
Coquemar. 
Cossu. 
Cotte. 

Courante,  diarrhée. 
Courbet. 
Courte-pointe. 
Couverte  pour  couverture.  Vieux  et 

popul. 
Crasseux,  avare. 
Crever,  mourir. 
Crotte. 
Cure  (avoir) ,    s'inquiéter  ,    avoir 

soin, -etc. 
Cuveler. 

D 

Da. 

Défoncer. 

Dégaine,  façon,  manière. 

Dégobiller  (bas). 

Dégoter. 


Dégringoler. 

Dégueuler. 

Démanlibuloi'. 

Dépenailler. 

Déporter  (se). 

Dévaler ,  descendre ,  faire  des- 
cendre. 

Devanture. 

Deviser. 

Dia,  à  gauche.  Il  n'entend  ni  à  dia 
ni  à  huhau. 

Dodiner  (se). 

Dorloter. 

Don  don. 

Doucettement. 

Droguer. 

Duret. 

E 

Ecale ,  coque  de  fruit ,  coquille 
d'œuf,  écorce  de  noix. 

Echappade,  trait  de  burin  trop  pro- 
longé. Ce  mot  n'est  ici  que  par 
rapprochement  avec  celui  d'es- 
cappade  et  pour  qu'on  puisse  le 
lui  comparer.  V.  de  plus  le  niot 
échappée  dans  les  dict.  fr. 

Echaudé. 

Echine,  Echiner. 

Ecloppé. 

Ecouvelte,  vergette. 

Embrouille,  confusion,  complica- 
tion. 

Endêver. 

Engaver. 

49 


590 


EiNG— GUI 


Engin. 
Eiigraver. 

Flanquer. 

Flaaue,  petite  mare  d'eau  dormante. 

Engueuscr. 

Flimouse,  visage  large,  rebondi. 

Enlrcdeiix  (de  raie). 

Foire. 

Entrepris. 

Epinocho. 

Escampette  (prendre  la  poudre 

Escamper. 

Esrappade,    action   d'un   écoli 

d'). 
er , 

Forme,  siège  des  chantres. 
Fouine,  espèce  de  grosse  belette. 
Fouler,  Foulure. 
Fric  frac. 
Fricot. 

d'un  clieval  qui  s'écliappe. 
Escarpin. 

Frileux. 
Fût. 

Escoup,  petite   pelle  creuse  pour 
vider  ou  mouiller  le  tiavire. 

Futé,  adroit. 

Escoupe ,    pelle  de    mineur , 
chaufournier. 

de 

G 

Eteule,  Esleuble. 

Galant,  amant. 

Elron. 

Galopin. 
Gamin. 

F 

Ganache,  mâchoire   inférieure  du 
cheval.  Fig.  homme  inepte. 

Face,  cheveux  qui  recouvrent 

les 

Garce  (bas). 

tempes. 
Faltrank. 

Gargotle. 
Gifle. 

Farcer. 

Glorielle. 

Faribuiller. 

Godailler. 

Fau,  hélre. 

Godiche. 

Fendant,  fanfaron. 

Gourer, 

Fener,   sécher  le  foin.  11  n'a 

pas 

Gonfalon,  Gonfanon,  bannière  à  fa_ 

comme   faner   de    significat 

ions 

nons. 

figurées. 

Grabuge. 

Fétu. 

Graillon  (Marie). 

Fieu. 

Gribouille. 

Fignoler. 

Griffer. 

Fil  (avoir  le). 
Fion. 

Gripper. 
Guigner. 

Flache,  creux  où  l'eau  séjouiiD 

Guilleret. 

HAR-MAR 


591 


H 

Hardes. 

Hart,  lien  de  fagot. 

Hase. 

Hayon,  tente  d'étaleur. 

Hen,  pour  faire  répéter. 

Hochepot. 

Hongre, 

Hotte. 

Hottée. 

Hurluberlu. 


Limonière,  sorte  de  voiture,  de 

brancard  avec  deux  limons. 
Linteau. 

Loche,  petit  poisson. 
Longin  (saint). 
Loque. 
Loquet. 
Lourpidon. 
Lubie. 
Lumignon. 
Lustucru. 

Al 


Jaquette. 
Juteux. 


Kermesse. 


K 


Lame  (cheval  de). 

Lambin. 

Lambiner. 

Lamper. 

Lavasse. 

Lèchefrite. 

Lente. 

Leu  (Lafonlainc). 

Lieu,  latrines. 

Limon,   pièce  de  bois  du  devant 

d'une  voiture. 
Limonier,  cheval  de  limon. 


Mai,  coffre  pour  pétrir  le  pain. 

Machin. 

Mâchonner. 

Màchurer,  t.  d'imprim.  baibouiller, 
noircir,  salir. 

Mallette,  petit  sac. 

Malt,  orge  germée. 

Mande,  panier  pour  la  terre  de  pipe- 
La  manne  est  un  panier  grand  et 
plat  avec  des  anses. 

Manderlette,  petite  mande. 

Manouvrier. 

Maquereau. 

Marabout,  coquemar. 

Marie-graillon. 

Marie  bon  bec. 

Marronnier,  Marron.  Ces  noms  ne 
devraient  peut-être  désigner  que 
l'iesculus  hypocastanum  et  son 
fruit.  Mais  les  français  appellent 
ainsi  la  châtaigne  de  grosse  espèce 
et  le  châtaignier,  fagus  castanea. 


592 


MAR— PIE 


Marsage. 

Martel  en  lêle. 

Marteler. 

Massacre,  mauvais  ouvrier. 

Matière,  pus. 

Matou,  gros  chat  entier. 

Mie  mac. 

Mie,  point,  pas. 

Mijoter. 

Milliasse. 

Minable. 

Minet,  petit  chat. 

Minette. 

Mion,  Mioche,  petit  garçon. 

Miserere.  Colique  de  — ,  volviilus. 

Milan. 

Miton — mitaine. 

Montre  (d'une  boutique). 

Mordicus,  adv.  latin  francisé. 

Mortier. 

Molet. 

Moufïïe,  assemblage  de  poulies. 

Mouver. 


11 


Nicodème. 

Nippes. 

Niquedouille. 

Nilée. 

Nouante.  (On  le  note  dans  les  dict. 

fr.  comme  inusité). 
Nonanter, faire  90  points aupiquet, 

avoir  90  ans. 
Noué. 
Nouille,  Noudles,  Nûdeln,   ragoût 


allemand  de  pâte,  lait,  beurre  et 
fromage. 
Nouure. 

O 

Olibrius. 

Ordinaires,  menstrues,  règles. 

Ourler. 

Ourlet. 


Pacant. 

Palet. 

Palette. 

Panse. 

Pansu. 

Papegai. 

Parelle. 

Passe,  visière. 

Paslenade,  panais. 

Patraque. 

Patres  (ad). 

Patrouiller,   patauger,   remuer  de 

l'eau  bourbeuse. 
Peigner,  battre. 
Pékin. 

Pelotter,  battre. 
Pelucher,  pluquer,  se  couvrir  de 

poils. 
Pendeloque. 
Persicot. 
Pétrin. 
Piane-piane. 
Piedscente. 


PIC-ROU 


393 


Picotin, 

Pignon. 

Piller,  exciter  les  chiens. 

Pique,  haine. 

Piquette. 

Placard,  affiche. 

Plane,  platane. 

Plaquette, 

Plinthe. 

Pocher,  trop  charger  d'encre. 

Poilu. 

Porcher. 

Pouf. 

Pouillerie. 

Pouilleux. 

Pouliche, 

Pousse-cul. 

Poussif. 

Présure. 

Pretentaille, 

Pretontaine  (courir  la), 

Prumier  (vieux). 

Pureau. 

Purge, 

Putassier, 


Quibus, 


Râblé. 

Racaille. 

Radis. 


R 


Ranibour,  pomme  de  Rembour  en 

Picardie, 
Ramentevoir. 
Ramon  (vi.). 
Ramoner. 
Raselte,  ralissoire. 
Ratatouille, 
Ravauder. 
Ravaudeur. 
Ravelin,  demi-lune. 
Ravigoter. 
Rebifer. 
Recorder. 

Redevaler.  v.  n.  redescendre. 
Refend. 
Reluquer. 
Rem  (ad). 
Rembarrer. 
Renâcler. 
Renarder. 
Renasquer.   On   le  cite   dans   les 

dict.  comme  un  barbarisme. 
Renifler. 
Ressuer. 
Retaper. 

Ribambelle.  *" 

Ribotte. 
Ribotteur. 
Rigole. 
Rincée. 

Ripopé,  Ripopée. 
Rogome. 
Roie  (vi.)  ligue. 
Rosser, 
Rossinante, 
Roupie, 


591 


ROU— VIE 


Roupieux,  qui  a  souvent  la  roupie. 

Taque  du  feu,  plaque  de  fonte. 

Ruer,  V.  a. 

Tartine. 

Taudion  (pop.). 

S 

Tavelé. 

Terroulle.  V.  dans  le  dict.  terre- 

Sabouler  (pop.). 

houille. 

Salaud,  e.  adj.  sale.  Salaude,  s.  f. 

Tétasses. 

prosliluée.  Peu  usités. 

Tignon. 

Saligaud. 

Timbré, 

Saloperie,  obscénité,  ordure. 

Timonier,  cheval  de  timon. 

Saoul  ou  Soûl. 

Tine,  espèce  de  tonneau. 

Saveter,  faire  mal  un  ouvrage,  le 

Tiqueté. 

gâter. 

Toquer  (vi.),  toucher,  frapper. 

Savetier,  mauvais  ouvrier. 

Toudis,  toujours. 

Scier  le  dos. 

Touiller. 

Scourgeon,  espèce  d'orge. 

Tour  de  rein. 

Semblance. 

Tourillon. 

Septante. 

Tournure,  ruses,  stratagème. 

Serenne. 

Tourniquet. 

Simagrée. 

Tourte. 

Soudart,  vieux  soldat. 

Toutou  (enfantin). 

Strapontin,   siège  mobile  de  car- 

Traversin. 

rosse. 

Trouver  (Lafonlaine),  trouver. 

Subrecot. 

Tribouiller  (vi.),  remuer. 

Sûr,  aigre,  acide. 

Trimer,  ternie  de  gueux,  aller  vite, 

Surelle,  oseille,  alléluia. 

courir,  marcher. 

Trique,  Triquer. 

T 

Trompe,  guimbarde. 

Trotte. 

Tabagie. 

Truc  (avoir  le  — ), 

Taloche,  coup  de  main  sur  la  tête 

(pop.). 

\ 

Tape. 

Taper,  frapper. 

Vanne, 

Tampon. 

Venette. 

Tapoter. 

Vied'  ase. 

VIE— ZIS  395 

Vieux-oing.  Voussure. 

Violon,  prison  contiguê  à  un  corps 

de  garde. 
Volée,  coups  de  bâton.  Z 

Volontaire,  qui  ne  veut  faire  que  sa 

volonté.  Zist  et  le  zest  (entre  le  — ). 

Tous  les  mots  de  cette  liste  ne  se  trouvent  pas  dans  le  dictionnaire  de 
l'académie  ;  mais  ils  ont  été  recueillis  par  Boiste,  Laveaux  et  quelques 
autres  lexicographes. 

Un  des  grands  embarras  du  montois  et  une  des  grandes  difficultés  de 
ce  dictionnaire  résultent  de  la  ressemblance  entre  le  patois  de  Mons  et 
le  bas-langage  français.  Aussi  ai-je  sans  doute  mis  dans  le  dictionnaire 
des  mots  qui  auraient  dû  trouver  place  ici.  De  plus  il  est  à  remarquer 
que  si  la  populace  de  Mons  accepte  avec  avidité  tous  les  mots  du  bas- 
langage  français,  celui-ci  ne  fait  pas  difficulté  d'agréer  des  mots  mon- 
tois ;  il  y  a  là  un  échange  de  bons  procédés,  une  tendance  à  la  pro- 
miscuité. 

Il  n'en  est  pas  de  même  du  patois  de  nos  villages;  celui-ci  est  plus 
sauvage,  plus  farouche;  pour  lui  le  français,  même  populaire,  estquelque 
chose  d'étranger  et  d'étrange;  c'est  un  barbare;  l'alliance  avec  lui  paraît 
un  inceste;  on  ne  le  comprend  qu'à  moitié;  on  le  confond  avec  le  fla- 
mand ;  mais  les  gens  du  village  peuvent  s'accommoder  des  montois  sur- 
tout de  ceux  de  la  dernière  classe. 

J'ai  beaucoup  ri  d'une  petite  aventure.  Un  soir,  une  buresse  vient 
m'inviter  à  visiter,  comme  médecin,  M.  C...,  à  Jemmapes,  et  médit 
qu'elle  viendra  me  prendre  le  lendemain  en  retournant  à  sa  buée.  Je 
réplique  que  j'irai  bien  seul.  «  Non  fait,  me  dit-elle,  y  faut  que  j'vausse 
avec;  vos  n'  lés  comperdrile  gnié,  pasqtié  ces  geins-là,  vcyée  bé,  c'est  dés 
espèces  dé  flamainds;  mi  d'sue  faite  avé  ieusse  (habituée  à  leur  jargon).  » 
M.  C...  et  sa  famille  étaient  français.  Elle  croyait  que  j'aurais  besoin 
d'elle  comme  interprète  près  d'eux,  parce  qu'elle  avait  eu  d'abord 
beaucoup  de  peine  à  les  comprendre.  A  la  vérité,  j'étais  facilement  com- 
pris d'elle,  quoique  je  ne  parlasse  que  le  français  et  le  montois,  mais 
j'étais  compris  parceque  je  choisissais  bien  mes  mots  et  mes  phrases, 
tandis  que  la  famille  C...  ne  savait  pas  se  mettre  à  sa  portée. 


59(5  REM— REN 

Dites  à  nos  paysans  :  «  L'influence  qu'exerce  sur  la  moralité  des 
prolétaires  la  propagation  de  l'instruction  publique,  »  ils  ne  compren- 
dront pas  un  seul  mot  ;  ils  comprendront,  si  vous  dites  sans  trop  vous 
éloigner  de  leur  accent  :  «  Une  plus  grande  quantité  d'écoles  corrige 
les  pauvres.  » 

Ainsi  on  peut  considérer  le  langage  montois  comme  quelque  chose 
d'intermédiaire  entre  le  français  populaire  et  le  franc  wallon  du  Hainaut. 
Le  langage  montois  se  rapproche  quelquefois  tellement  du  langage  des 
halles  qu'il  y  louche  et  se  confond  avec  lui. 

Le  montois  croit  souvent  parler  français  quand  il  ne  fait  que  donner 
une  forme  française  à  son  patois;  par  contre,  quand  il  croit  parler 
wallon,  souvent  il  parle  réellement  le  français  populaire. 


OUVRAGES  CONSULTÉS. 


Ampère  :  Formation  de  la  langue  française. 

LiTTRÉ  :  Histoire  de  la  langue  française. 

LiTTRÉ  :  Choix  des  poésies  originales  des  Troubadours. 

Barbazan  :  Fabliaux  et  Contes. 

DiNAi'x  :  Archives  historiques  du  nord  de  la  France. 

Fallût  :  Recherches  sur  les  formes  grammaticales  de  la  langue  fran- 
çaise et  de  ses  dialectes,  au  iô"'^ siècle. 

DiEz  :  Grammalik  der  romanischen  Sprachen. 

DiEz  :  Elymologisches  Wôrterbuch. 

Ces  deux  ouvrages  sont  ce  qui  a  été  produit  de  mieux  sur  les  langues 
romanes  et  l'on  est  bien  en  droit  de  s'élonner  que  nous  les  devions  à  un 
allemand  ;  malheureusement  ils  ne  sont  pas  encore  traduits. 

Flchs  :  Die  romanischen  Sprachen. 

Raynouard  :  Grammaire  comparée  des  langues  de  l'Europe  latine. 

Roquefort  :  Dictionnaire  de  la  langue  romane. 

MouRCiN  :  Serments  prêtés  à  Strasbourg,  en  Si2. 

Ménage  :  Dictionnaire  étymologique. 

Sr.HELER  :  Dictionnaire  d'étymologie  française. 

30 


598  OUVRAGES  CONSULTES 

IJoRKL  :  Trésor  den  recherches  cl  anliquHés  gauloises  et  fran- 
çaises. 

Francisque  Micuti,  :  Éludes  sur  iargol. 

DucANGE  :  Diclionnarium  ad  sçriptores  mediœ  et  infimœ  lalinilatis. 

Remacle  :  Diclionnaire  wallon- français. 

Cambresier  :  Diclionnaire  wallon-français. 

Ces  deux  ouvrages  ont  été  écrils  en  vue  des  liégeois  pour  relbruier 
leurs  locutions  vicieuses. 

Grandgagnage  :  Diclionnaire  élynwlogique  de  la  langue  ivallomie. 
Ce  dictionnaire  est  surtout  riche  en  étymologies  germaniques  ;  maî- 
lieureusemcnt  il  est  arrêté  à  la  lettre  0. 

Henaux  :  Éludes  historiques  et  lillér aires  sur  le  wallon  {de  Liège). 

CoRDiER  :  Dissertation  sur  la  langue  française,  les  patois  et  parlicu- 
lièrement  ceux  de  la  Uleuse. 

Hecart  :  Diclionnaire  rouchi- français. 

Cet  ouvrage  m'a  été  fort  utile  à  cause  de  la  grande  analogie  qui  existe 
entre  le  patois  de  Valenciennes  et  le  nôtre;  c'est  naturel  puisque  nous 
avons  fait  partie  de  la  même  province. 

CoRBLET  :  Glossaire  étymologique  et  comparatif  du  patois  picard. 

C'est  un  modèle  du  genre.  La  partie  faible,  il  faut  bien  le  dire,  se 
trouve  dans  les  étymologies  germaniques.  L'auteur  avoue  qu'il  les  tient 
d'un  tiers,  peut-être  a-t-il  mal  copié,  peut-être  l'imprimeur  a-t-il  mal 
lu,  cela  me  semble  assez  probable;  car  je  sais  avec  quelle  facilité 
s'altèrent  dans  la  transmission  les  mots  que  l'on  ne  comprend  pas  bien. 

Corblet  se  sert  souvent  du  mol  belge  en  parlant  des  étymologies.  Qu'il 
en  fasse  le  synonime  de  wallon,  je  le  veux  bien  ;  mais  ce  n'est  certaine- 
ment pas  ce  qu'il  veut  dire.  Il  ne  désigne  pas  non  plus  par  là  le  fla- 
mand. Voyez  par  exemple  son  article  leu  :  il  y  dit  que  ce  mot  est  à  la 
fois  francomlois,  rouchi,  wallon,  belge  et  flamand.  Que  veut-il  donc 
dire?  Qu'est-ce  que  le  belge  qui  n'est  ni  flamand,  ni  wallon? 

Desrousseaux  :  Chansons  lilloises,  avec  vocabulaire. 

RiciiARn  :  Extrait  d'un  Diclionnaire  vosgien.  Mémoires  de  la  Sociélé 
des  antiquaires  de  France. 


OUVRAGES  CONSULTÉS  599 

Oberlin  :  Essai  sur  Je  pa(ois  lorrain.  * 

Dictionnaire  wallon,  roman,  celtique  cl  ludesque,  sans  nom  d'au- 
teur, 1777. 

ScHNAKENBOiRG  :  Tableau  synoptique  des  idiomes  populaires  du  nord 
de  la  France. 

Manuel  de  L\rr.\mlndi  :  Arte  de  la  lengua  bascongada.  Sala- 
manca,  1729. 

MM.  Harriet  :  Grammalica  escuaraz,  1741. 

RosTRENEN  (le  père  de)  :  Dictionnaire  français  celtique. 
Ce  dictionnaire  a  été  écrit  en  vue  de  faciliter  aux  ecclésiastiques  bre- 
tons leurs  rapports  avec  leurs  ouailles. 

Pelletier  :  Dictionnaire  celtique. 

Pelletier  montre  une  grande  réserve  lorsqu'il  s'agit  d'afllrmer  la  cel- 
ticité  des  mots  bretons  toujours  un  peu  suspects  d'origine  française.  Il 
n'accorde  la  légitimité  celtique  qu'aux  mots  qu'il  retrouve  au  pays  de 
Galles,  en  Ecosse  ou  en  Irlande.  Cependant  on  conçoit  que  certains 
vocables  ont  pu  se  perdre  partout  excepté  en  Bretagne. 

BuLLET  :  3Iémoir€s  sur  la  langue  celtique. 

Si  Pelletier  est  réservé,  BuUel  ne  l'est  guère.  C'est  un  celtomane 
outré.  11  offre  dans  ses  étymologies  l'exagération  de  l'élément  celtique 
que  d'autres  ont  trop  amoindri. 

Lec.onidec  :  Dictionnaire  ceUo-breton. 

Legonidec  :  Grammaire  ceUo-brelonne. 

Davies  :  Anliquœ  linguœ  britannicœ  vulgo  dictœ  cambro-brilannicœ, 
ab  aliis  ivalUcœ  et  linguœ  lalinœ  dictionnarium.  Anno  1652. 

Diefenbach  :  Celtica. 

Pictet  ;  De  Vanalogie  des  langues  celtiques  avec  le  sanscrit. 

Wackernagel  :  Deutsches  Lesebuch. 

Cet  ouvrage  contient  les  plus  anciens  monuments  de  la  langue  alle- 
mande à  commencer  par  les  évangiles  d'Ulphilas,  traduits  du  grec  en 
langue  gothique.  Le  manuscrit  d'Ulphilas  qu'on  croit  de  l'an  560  se 
trouve  à  la  bibliothèque  d'Upsal. 


400  OUVRAGES  CONSULTÉS 

ScHLdzER  :  Allgemcine  nordische  Geschichte  (histoire  générale  du  nord). 

Galli  :  Essai  sur  le  nom  el  la  langue  des  anciens  celtes. 

Ce  livre  plein  d'esprit  et  d'érudition  semble  tendre  bien  plus  à  établir 
la  disparité  que  l'analogie  des  langues  ;  mais  il  ne  faut  pas  abuser  de 
l'esprit  et  de  l'érudition.  Qu'il  dise  que  les  flamands  et  les  allemands  ne 
se  comprennent  pas,  j'en  serai  d'accord  ;  mais  qu'il  ne  force  pas  les 
conséquences.  Je  ne  lui  pardonne  pas  d'avoir  dit  que  les  mots  flamands 
bron  (source),  bril (lunettes),  bies  (jonc)  n'avaient  pas  d'analogue  en  ail., 
je  lui  citerai  Brunn  et  Born  pour  fontaine.  Brille  pour  lunettes,  Binse 
pour  jonc,  et  puis  quand  cela  serait  vrai,  quand  un  dixième,  un  cin- 
quième des  mots  flamands  n'auraient  pas  d'analogues  ail.,  est-il  permis 
d'en  tirer  cette  conclusion  que  ces  deux  langues  ne  sont  pas  des  langues 
sœurs? 

Glei  :  Langue  el  liltérature  des  anciens  franks. 

Tercier  :  Dissertation  sur  la  langue  allemande.  T.  XXIV  des  mé- 
moire de  l'académie  des  inscriptions  et  des  belles  lettres. 

BoNAMï  :  Quatre  dissertations.  T.  XXIV  et  XXXVI  de  la  même  collec- 
tion. 


INDEX 


DE 


QUELQUES  ABRÉVIATIONS  ET  SIGNES. 


Adj acljeclil. 

adv adverbe. 

ags anglo-saxon. 

aH allemand. 

arm armoricain,  bas-breton. 

ait article. 

b.  bret bas-breton. 

b-  lat basse  latinité. 

brz breizad,  bas-breton. 

ceit celtique. 

conj conjonction. 

dict.  de  Tacad dictionnaire  de  l'académie. 

csp espagnol. 

ex exemple. 

f- féminin. 

'1 flamand. 

Kall ^  gallois. 


iOi  INDEX 

gi' «''cc. 

it italieu. 

lat latin. 

m masculin. 

niha moyen  haut  allemand. 

P page. 

pi pluriel. 

pop populaire. 

port portugais. 

prép préposition. 

pron pronom, 

s substantif  ou  singulier. 

l tome. 

V voyez. 

V,  a verbe  actif. 

V.  ail vieux  allemand. 

V.  fr vieux  français. 

V.  h.  a.  ou  vha vieux-haut-allemand. 

V.  n verbe  neutre. 

V.  p verbe  passif. 

V.  pron verbe  pronominal.  > 

au-dessus  des  voyelles .  .  .  bref.  j 

"  au-dessus  des  voyelles .  .  .  long.  ; 

— trait  pour  éviter  la   répétition  ' 

d'un  mol.  i 

Il double  Irait  qui  annonce  une  si-  \ 

anification  nouvelle.  \ 

\ 


= qui  signifie  égale 

-J- qui  signifie  plus. 


i 


TABLE 


Pages 

Âvanl-propos 5 

Origine  et  caractère  du  wallon  niontois 9 

Grammaire 37 

—  article 58 

—  pronom 58 

—  verbe 41 

—  substantif -49 

—  adjectif ibid. 

Orthographe 51 

Littérature 55 

Glossaire 55 

Liste  de  mois  français  que  les  montois  pourraient  croire  appar- 
tenir à  leur  patois 387 

Ouvrages  consultés 397 

Index  de  quelques  abivvialions  et  signes 401 


FIN 


SUPPLEMENT. 


Agasse.  gaél.  agaid,  pica  ;  it.  gazza. 

Agiigner.  gaël.  gliin,  gcnii. 

Albaudeii,  baiidcsse.  lat.  baiidus,  sot.  Les  bretons  se  servent  de 
l'art,  an,  ar,  al.  Ils  n'emploient  al  que  devant  les  mois  commençant  par 
une  L,  et  an  devant  D,  N,  T. 

Andouin.  bret.  (an)  doun,  (la)  profondeur;  gall.  dwfn,  profunditas 
(Davics). 

Arnaîse.  bret.  ners,  vigueur,  effort  ;  a-ners,  avec  effort;  arnodi, 
commencer,  essayer. 

Baliati.  gaël.  bâta,  linler. 

OilEëtor.  bret.  bili,  galet  (compar.  galoche). 

Biyelte,  billic,  béli«>se.  gaël.  bile,  arbor,  arbustum  ;  bailleag 
virga,  germen,  surculus,  stolo. 

Bouge,  gaël.  balg,  builg,  bulga,  saccus. 

Berwelte.  gaël.  bara,  vehiculuni. 

Bitte,  gaël.  bod,  penis^  <m.S^: iëf- é^^^ . 

Blando.  gaël.  bladair,  adulator. 

Caiigei"  (s'),  lat.  canibio,  échanger,  troquer. 

Caueheg.  Le  H  du  goth.  est  aussi  devenu  ch  dans  les  mois  ail. 
nicht,  rcchnen,  redit,  lichl,  etc. 

CliiStre.  corn,  cheber,  vulva. 

Chipie.  V.  ail.  cliipis,  pellex. 

Cîtte.  armor.  sidr,  sisire;  corn,  sicer  ;  lat.  sicera,  jus  de  dattes. 

Côrin.  pommes,  prunes  éluvées.  lôte  à  noir  — ,  tarie  aux  prunes 
(Fleurus).  A  Liège  corinlenne,  raisin  de  Corinllie. 

Coiigncr.  [1  est  possible  que  le  fr.  cogner  et  coin  (de  monnaie) 
proviennent  du  lat.  inculio,  incus;  mais  il  est  bien  singulier  que  le 
gaël.  fournisse  à  la  foiscuinn,  pecuniam  incude,  imprime,  cuinn,  angu- 
lus  et  cuinse,  malum  cydonium  (coing). ^^^^  .t^^^.^^-v^^  <^  Ai^^.^.-.  «i 

Cpnqiieiiiii  gtuit.  coor,  vaccinium.  t^?J4.-r2;;:;::2— S.  c<^^<^^  /L,-v  lyC^i^, 

Cufat.  corn,  calât,  vas. 

Cron.  gaël.  cron),  curvus. 

Debout,  dl>oi)t.  s.  m.  bout.  Il  a  shoilé  V  di'houl  de  m"n  arloilc. 


DET— PAY 

Gaêl.  boll,  built,  ora,  margo;  lat.  barb.  buclus;  ital.  bulto;  ail.  Bulz. 
Le  fr.  debout  se  rend  par  slampé. 
nêtasser.  gacl.  taisg,  coaccrva, 

Itidii'hc.  armor.  kig.  Le  langage  enfantin  affectionne  le  redouble- 
ment. Ex.  :  Pépelle,  dcdcc,  momo  cocochc. 

Do^iicltc,  andoclie.  gaël.  docbair,  Lcsio,  damnum. 

Wreiiber.  gaël.  reubain,  rcubann,  lalrocinium,  rapina. 

Durer,  lat.  durare,  patienter;  fl.  verdnren,  endurer. 

Eiiiltriiiikier.  v.  a.  embarrasser,  empêtrer,  enlacer.  —  dains  dés 
monvaisés  affaires,  engager  dans  de  dangereuses  opérations.  V.  fr., 
embroncber,  attacher,  enfoncer. 

Fiano,  floncr.  gaël.  fionn,  glubo  (j'écorce). 

Foèr,  rnfourée.  gaël.  feur,  fodar,  foenum. 

FourBtoutier.  On  trouve  burgus,  il  est  vrai,  dans  quelques  dici. 
lat.  ;  mais  c'est  un  latin  assez  équivoque. 

Fringaler.  lat.  frigo,  bondir. 

Gaye,  gauqne.  gaël.  gallchnu,  nux  avellana  (gall^peregrinus). 

Glanette.  gaël.  giaodb,  clamor  ;  glagaid,  mulier  clamosa. 

Gloiit.  gaël.  glut,  voracitas. 

Go<lagi,  goder,  gaël.  godag,  lasciva  puella. 

Gouruie.  gaël.  gur,  ulceris  pus,  pustula. 

Gournier,  gournien.  gaël.  geur,  sagax,  perspicax. 

lierliau.  bret.  kriza,  froncer,  rider,  plisser. 

E4.c%-au.  gaël.  capull,  caballus. 

linak.  ail.  quaken,  coasser  [j  crier  comme  les  canards  |1  piailler. 

Liaie,  lair.  corn,  lez,  latitude. 

I^ato».  gaël.  laib,  recrementum,  sordes. 

ILiè]>.  gaël.  lip,  labium,  bret.  lipa. 

Ijoge.  gaël.  log,  lag,  spelunca,  specus,  cavum. 

Lioripclte.  lat.  loripes,  boiteux. 

niaekii.  gaël.  measg,  miscere. 

JBIaleSte.  gaël.  maileid,  pera. 

ISIoiifrèter.  lat.  mulio,  niuttio,  marmoler. 

Itioiirdreu.  gaël.  morlair,  bomicida  ;  mortb,  homicidium. 

lliiyaii,  uiiilqiiin.  gaël.  mul,  agger  vel  acervus  conicus,  moles; 
mulan,  frugum  vel  fœni  acervus  exiguus. 


PIA— TRI 

Hi'elîep.  gaël,  nigheadh,  lotura. 
H'ieulc.  gacl.  neul,  nubes,  nebula. 
Oper,  op.  gaël.  off,  abi  (pars). 
Payer,  gaël.  paid,  solve,  paideadh,  slipendiuni. 
Pîau  d^uiouruc.  corn,  niorhoch,  delphinus;  canibr.  morbwch,  sus 
maris. 
Poeheïte.  gaël.  pôca,  pera. 
Popiaielie.  lai.  piipa,  poupée,  petite  fdle. 
Porée.  gaël.  por,  olus  quodvis,  semen. 

RaEtobiner.  gaël.  rabhd,  voces  inanes  ;  rabbao,  repetitio  molesta. 
Ra!i»(iaii.  gaël.  ràc,  rastrum. 

Ralaye.  lat.  atta,  nom  donné  par  respect  aux  veillards. 
lîebappep.  fr.  barrer,  t.  du  jeu  de  kreps,  annuler  le  coup.  ||  Barrer 
quelqu'un,  lui  susciter  des  obstacles. 
Récurer,  gaël.  sguradh,  lotura. 

Ropieu.  Il  y  a  eucore  le  golh.  raupjan,  ail.  raupen,  arracher  (les 
cheveux)  ;  sich  raupen,  se  prendre  aux  cheveux,  se  chamailler. 
Salop.  gaël.  sal,  macula. 

Skafoter.  Cependant  on  pourrait  encore  produire  ici  les  idées  pré- 
sentées à  l'art,  camousser  et  faire  de  ska,  ka,  un  préfixe;  alors  foler 
entrerait  dans  la  famille  de  tripoter,  chipoter,  proviendrait  de  l'ail. 
Pfote,  fl.  poot,  et  signifierait  jouer  des  pattes  comme  capougner  signi- 
fie jouer  des  poings  ;  mais  en  ce  cas  il  faudrait  renverser  la  filiation  et 
faire  des  dérivés  de  skafier,  skafion.  skaf. 

Skelte.  gaël.  sgag,  scinde;  lat.  schidia;  (Vitr.);  gr.  <îX'0'«,  copeaux. 
Sklifiise.  gaël.  slis,  schidia,  fomes;  angl.  a  slice. 
Skribane,  f^krinie.  lat.  scrinium,  coffret. 
Soîl.  gaël.  siôl,  frumcnUini. 
iSoiiyin.  gaël.  suilh;  angl.  soot,  fuligo. 

Spîler.  gaël.  spùt,  liquida  ex  arctiore  tubulo  ejice  ;  spuian,  syrincx; 
lat.  spuium,  crachat. 
S(ok.  gaël.  stoc,  truncus,  stipes. 
iSloiipcr.  gaël.  slop,  obtura. 
Sirîver.  gaël.  slri,  lis,  conlenlio. 
Slroiipia.  lat.  struppus,  couronne  (de  Heurs). 
Suessc.  gaël.  suain;  scot,  swevin  ;  esp.  sueno,  somnus. 


WAC— POU 

îSiir.  —  comme  vesse  de  Irouye. 

Teni.  gaël.  tana,  lenuis. 

Touke-feii.  gaë!.  log,  accendo. 

Triolainc.  gaël.  Irioblaid;  armor.  trubuil,  angor,  moleslia,  anxietas. 

lil'acliolei*.  armor.  da  walc'lii,  ad  lavanduin,  gwalc'hi,  o  walchi, 
lavans. 

H'ale.  lat.  vallus,  échalas. 

IkW'anie.  gaël.  iiamli,  antrum,  specus;  uamhas,  horror. 

l¥araiili.  gaël.  baranlas,  mandatum,  caulio,  fiducia;  esp.  barrunto, 
basque,  barrunlea. 


Ce  supplément  est  extrait  en  grande  partie  du  dictionarium  scoto- 
celticura,  a  dictionary  of  the  gaëlic  language,  of  the  higbiand  sociely. 


Fautes  à  corriger. 


Au  lieu  de 


lisez  : 


Agraper,  agrîper, 

crepian. 
Aroniain. 
Casiiposse. 
Ergouye. 
FoHgiîcr. 
Fourltouli. 
Ilappcliar. 
P.  15. 
Liouiuicr. 
Pouye. 


ail.  greipen, 


ail.  greifen,  golh.  greipan. 


sort,  sert. 

habere  compos,  habere  campos. 

fl.  hergoyen,  fl.  bergoeyen. 

le  fr.  fouiller  est  n.,  est  assez  souvent  neutre. 

vor  en  ail.,  ver  en  ail.,  per  en  lat. 

saisir  évidemment,  saisir  avidement. 

romanischenspracbe,  romanischen  spracben. 

Scbiller,  Hôlty 

et  qu'elles  sont,  et  que  ces  brancbes  sont. 


J'abandonne  aux  soins  du  lecteur  bénévole  la  correction  des  menues 
fautes  d'impression. 


û^ 


PC  Sigart,   Joseph  Désira 
304.6  Glossaire  étymologique 

S 5  raontois 
1870 


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