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GLOSSAIRE ÉTYMOLOGIQUE MONTOIS
DICTIONNAIRE DU WALLON DE MONS
DE LA PLUS GRANDE PARTIE DU HAINAUT.
r.ruiellcs. -- Typographie Uc C-H. et A. Vanderauwera, rue de la Sablonniè'.'C, 8.
y^r"^"^
GLOSSAIRE ÉTYMOLOGIQUE MONTOIS
ou
mCTWlAIRl De WAlli m MOI
DE LA PLUS GRANDE PARTIE DU HAINAU
Docleur en médecine, ancien représentant, Membre correspondant de la Société des Sciences,
des Arts et des Lettres du Hainaut, Chevalier de l'Ordre Léopold.
Ouvrage publié sous le patronage de la Société des Sciences,
des Ai-ts et des Lettres du Hainaut.
Si les patois étaient perdus, i! faudrait créer
une acadéiiiip spéciale pour en retrouver l-i trace.
Ca. Nodier, .\otioiis de linguistique.
Deuxième édition.
BRUXELLES
LIBRAIRIE POLYGLOTTE DE PERD. CLAASSEN
8G, RUE DE LA Madeleine, 8ti
PARIS
MAISONNEUVE ET c'", LIBRAIRES-ÉDITEURS
If), (ji:AI VOLTAIRE, iti
1870
PC
Sa'
1270
/H- s
AVANT-PROPOS.
L'ouvrage que je livre au public sera sans doute bien incom-
plet; on sent qu'il est impossible à une seule personne de con-
naître les dialectes de toutes les localités, je ne dirai pas d'une
province, mais même d'un arrondissement. II est des mots qui ne
sontusités que dans un seul village, d'autres qui changent de signi-
fication d'une commune à l'autre ; mais connût-on tous les mots
usités dans le Hainaut, il serait bien difficile de n'en point
omettre. En effet, aucun autre ouvrage n'est là pour aider la
mémoire et cette privation de toute espèce de guide est sans doute
cause que beaucoup de mots qui me sont connus auront été
oubliés.
Mais si une seule personne ne peut improviser un glossaire com-
4
6 AVANT-PROPOS
plet, le livrer parfait est une tâche bien autrement difficile.
Gomment traduire une foule de mots qui n'ont point d'analogues
en français, comment surtout donner une signification à des
expressions dont la valeur est douteuse dans la bouche de ceux
mêmes qui les emploient? un pareil travail ne pourrait guère
réussir que dans les mains d'une réunion de personnes versées
dans la matière ; disons le mot, une académie montoise pourrait
seule l'exécuter avec succès. A son défaut, j'ai dans mes loisirs
ébauché cet essai que je jette en avant, sans prétention autre que de
faciliter le travail de quiconque voudrait parcourir la même voie.
Cependant je crois que mon travail, quelque faible qu'il soit,
pourra être utile aux personnes qui n'ont pas une connaissance
parfaite du français: elles trouveront ici tous les mots qu'elles
doivent éviter; elles y verront même, comme contre-épreuve, une
série de mots français qu'elles pourraient croire wallons. Ces
mots, placés à la fm de l'ouvrage, sont bien loin d'être recom-
mandés à l'usage : les uns sont bas, les autres triviaux, quel-
ques uns obscènes ou inusités ; mais s'il est peu convenable d'en
employer le plus grand nombre, toujours est-il avantageux de les
connaître; de plus, dans le cours du dictionnaire, à la signification
montoise d'un mot j'ai ajouté la signification française, lorsqu'elle
est peu connue ou assez peu éloignée pour ne pouvoir être facile-
ment distinguée.
On pourra aussi trouver utilité à se servir de cet ouvrage pour
obtenir l'explication de beaucoup de mots qui sont employés dans
certains écrits, quoiqu'ils ne soient pas français: c'est ainsi qu'il
n'est aucun mémoire d'avocat dans un procès de charbonnage,
qui ne renferme les mots de costeresse, vau-iierne, etc., que l'on
chercherait en vain dans les dictionnaires français.
On pourra encore trouver ici l'origine de certains mots français
qu'il serait impossible ou difficile de débrouiller : les mots
AYANT-PROPOS 7
français sont restés moins âdèles que les nôtres à leur ori-
gine celtique, franque ou latine : ils se sont modifiés davantage ;
quelques-uns sont disparus et laissent une lacune, v. gourié, cabot.
Voici comment s'exprime Diez {dict. étym. p. vij) : « Les patois
offrent des trésors inappréciables et inépuisables aux recherches ;
ils donnent des résultats surprenants sous le rapport de la
lettre et sous celui de la signification. » Ce livre aura en même temps
le mérite d'établir une filiation entre divers patois; ce sera un
trait d'union.Tel mot liégeois devient reconnaissable à Valenciennes
ou à Amiens par l'interposition du mot montois.
Enfin il est une foule de choses qui ne sont connues des personnes
mênie instruites que par leur nom patois ; demandez aux neuf
dixièmes de la population montoise comment on appelle en français
les craquelins, les vits de velours, les io io campion, ils ne sauront
que répondre. Ils n'ont pas même de moyen de s'en instruire, à
moins de s'adresser à un botaniste qui connaisse son patois ; car
un ouvrage de botanique n'apprendrait rien ; mais demandez à un
botaniste montois ce que c'est que lliierbe de feu, el lopin, el
tampon, mots inusités à Mons, mais en usage dans les villages
circonvoisins, il y a probabilité qu'il n'en saura rien. Ce que
je dis de la botanique peut s'appliquer à la médecine, à l'anatomie,
à la zoologie et à une foule d'autres sciences ; mais sans sortir du
cercle des choses vulgaires, il serait facile de produire une
immense quantité de mots dont presque personne ne connaît
l'équivalent français.
Quoiqu'on puisse dans un ouvrage spécial trouver des rensei-
gnements sur les poids et mesures du Hainaut, on ne sera sans
doute pas fâché de trouver ici la valeur de la lieue, du hotteau, du
vassiau, etc. J'ai pensé que ces mots n'étant pas français, au moins
dans leur signification rigoureuse, étaient de mon domaine et je
m'en suis emparé.
8 AVANT-PROPOS
Quoi qu'il en soit de l'utilité de mon travail, je ne puis
m'empècher de penser que tous les cœurs vraiment montois vont
s'émouvoir à la seule nouvelle de son apparition: il leur sera
doux de retrouver des mots à demi oubliés qui leur rappelleront
le souvenir des jeux de leur enfance ; il leur sera agréable de voir
fixer, par l'impression, un langage qui tend incessamment à s'ef-
facer (1), et si je ne me suis pas trompé, si je suis sinon utile, au
moins agréable à mes compatriotes, je serai bien payé de mes
peines.
(1) Les patois comme les langues cultivées sont dans un travail constant de tranformation;
cependant je crois ceux-là plus vivaces que celles-ci, comme on voit les costumes et les usages
se conserver intacts dans les localités reculées, tandis que dans les villes et les capitales
surtout ils sont extrêmement variables. On aura souvent à remarquer que nos campagnards
sont restés bien plus fidèles au vieux patois que les montois (v. pour ex.: les mots rage, en
rage] : aussi les savants pour trouver les vieilles étymologies tudesques vont fouiller presque
sous le pôle : en Islande.
ORIGINE ET CARACTERE
AVALLON MONT OIS
Les patois wallons en général, et celui de Mons en particulier,
ne sont autre chose que le vieux français, ou, plus exactement, le
vieux patois (Tgil un peu nuancé, puis par l'effet du temps un peu
altéré.
Ce vieux patois lui-même s'est composé de plusieurs couches :
celtique d'abord, latine ensuite, puis tudesque.
Des trois couches, la couche latine domine sans contestation
possible. Le tudesque, teuton ou vieux ail. forme à peu près un sei-
zième de la langue française usuelle (i). Quant au celtique, on
(1) Diez indique sept cents mots germaniques anciens introduits dans les langues romanes
parmi lesquels 40 ou 50 douteux. 11 estime le contingent allemand à plus du double sans
compter les composés et les dérivés. Il attribue la plus grande partie au français, une plus
petite à l'italien, une moindre encore à l'espagnol, la plus petite de toutes au valaque ou
dacique.
Chevallet attribue, dans la formation du français, TS^mots à l'élément.germanique, 231 à
l'élément celtique. Il en cite 24 à double racine.
Diez assigne une durée d'environ quatre cents ans à l'existence de l'idiome germanique
sur le sol gaulois.
Pendant que les envaliisseurs parlaient leur langue sous le nom de linguafrenkhca, plus
ia.ràfranckca,francica,\6s indigènes dits gallo-romains parlaient la langue appelée romana,
gallica, gallicana. Elle méritait assez le nom de romana dans le midi ; car c'était le bas-latin
dégénéré. Celui de gallica convenait mieux dans le nord ; car même dans les villes assez rares
alors, elle devait avoir une forte teinte celtique. Le celtique régnait probablement encore
exclusivement dans les campagnes écartées. Lorsque l'allemand francique s'éteignit, son nom
\0
ORIGINE ET CARACTÈRE
n'est pas d'accord : il y a des philologues celtomanes et des phi-
lologues celtopliobes. Quelques modernes n'admettent qu'une
V. fr.
fr.
fl., holl.
Déern
fille
deern
Stivelle
botte
stevel
Tregenier
voiturier
dragen porter
Schelm
coquin
schelm
Ebe
reflux
ebbe
Dringuer
boire
drinken
Hère
armée
heer
Herde
troupeau
Herdier
berger
herder
Huve
coiffure de femme
huif
Trose
troupe
Momme
mascarade
vermommen n
Beube
vol
se transmit à la langue populaire: ce fut le français barbare (langue d'oil). Pendant toute la
période franquc, le latin fut la langue des légistes.
Le latin a fourni au français et au wallon presqu'esclusivement les articles, pronoms, con-
jonctions, prépositions, adverbes. L'allemand et le celtique n'ont guère fourni que des subs-
tantifs, des verbes et un petit nombre d'adjectifs.
A la quantité de mots germaniques dont parle Diez, il faut ajouter la masse de ceux qui
n'ont fait que passer et qu'on ne retrouve que dans les très-vieux ouvrages. Ils y sont fort
nombreux, très-curieux. En voici quelques-uns des plus caractéristiques :
ail.
Dirne
stiefel
tragen
schelm
Ebbe
trinken
heer
heerde
hirt
baube
Tross
r mummen vermummen
raub
Souvent on peut ad libitum angmentet le contingent lat., germanique ou celtique ; car on
retrouve à la fois des analogues dans ces trois langues. Diez a adopté pour principe de pré-
férer la source la plus abondante : en cas de conflit il préfère l'ail, au celt. et le lat. à l'ail.;
il a en effet de cette manière plus de chance ; il préfère tirer de l'ail, bilck belette, iarn har-
nais, Aaie havre, helmheaurae, iwa if plutôt que du celt. bêle, haiam, aber, helm,yw. il aime
mieux faire la politesse à l'étranger qu'à l'indigène, quoique la comparaison des formes
semble devoir donner l'avantage au dernier.
A la rigueur on pourrait concilier les opinions et admettre qu'il y a eu souvent double ori-
gine. On conçoit que quand un mot était à la fois celtique et allemand, les gallo-romains
pour leurs relations avec les Germains l'adoptaient ou le conservaient à l'exclusion du mot
lat.; d'après cette idée, l'ail, des Francs, des Goths, des Burgundes aurait contribué à, con-
server un peu de celt. dans le fr. et le wallon, ou bien le celt. aurait contribué à l'introduc-
tion de l'ail.
Voici une petite anecdote :
En 1815 nous avions en logement un capitaine saxon. Un soldat se présente et dit : Knecht
des hauptmanns. Après bien des débats, on m'appelle pour la traduction,et jedis : domestique
du capitaine. Grands transports du soldat en voyant que j'étais compris, et partout il allait
conter cette merveille à ses camarades. Sans doute l'ail, domestik et captain est sorti du fr.,
mais cela ne fait rien à l'affaire. N'est- il pas vrai que si nous avions encore été Gaulois, noua
aurions abandonné centurio, et que les franks auraient abandonné Hauptmann 1
Quoi qu'il en soit, j'évite le plus souvent de me prononcer sur les étymologies ; je me
contente ordinairement de citer les mots analogues de forme et de signification.
DU WALLON-MONTOIS H
vingtaine de mots celtiques. A coup sûr le patois d'oil, qui a formé
le français, contenait plus d'allemand et de celtique. Notre patois,
wallon en contient encore davantage relativement à son vocabu-
laire moins étendu.
Les mots forment le corps d'une langue ou d'un patois. Leur
flexion et leur disposition en forment l'âme, si on ose le dire.
D'après l'opinion la plus répandue, lorsque la langue latine a
fourni le corps, a été la mère du français et du wallon, la langue
des Francs leur a insufflé l'àme, a été leur père (ij^.
Il est bien vrai que les inflexions des verbes et des substantifs
latins ont été en grande partie remplacées par des pronoms per-
sonnels et des verbes auxiliaires dans les conjugaisons, par des
articles et des prépositions dans les déclinaisons, et que les alle-
mands emploient les pronoms personnels, les verbes auxiliaires,
les articles correspondants et même les prépositions à l'ablatif,
quelquefois au génitif et au datif; mais il faut faire une remarque
importante, c'est que l'allemand classique actuel n'est nullement
en cause : il faut se reporter aux patois tudesques d'il y a qua-
torze siècles, lesquels possédaient des inflexions terminales ana-
logues aux inflexions latines, et chez qui l'emploi de l'article était
aussi borné qu'en latin (2).
Quant à la construction wallonne, elle admet bien quelques
tournures allemandes, notamment l'antéposition des adjectifs;
elle dit: blanc gvau, borgne agasse, cronque rue, mais elle n'admet,
de même que la construction française, ni les inversions latines
ni les inversions allemandes, sinon dans de rares exceptions.
L'ordre de la phrase est en rapport complet et constant avec l'ordre
des idées.
On a donc à choisir entre deux hypothèses : ou bien que tout
cela est celtique, c'est-à-dire fort antérieur à la conquête romaine
(1) So dass man also gleiehsam die deutsehe Sprache als deii Vater der romanischen
Sprachen betraehtet, wâhrend die lateinische fiir ihre Mutter gilt (Fuchs p. 17).
(2) Die damaligen dentschen Mundarten eine ebenso bestimnat ausgeprilgte Umeiidung hat-
ten, wie lateinische Sprache und ihnen der Gebrauch des Eiuzlers noch eben so beschrânkt
war wie dort (id., ibid.)-
i^2 ORIGINE ET CARACTÈRE
et surtoiU aux invasions franques, ou bien que tout cela s'est crée
au moment de la transformation du langage des Gaules; qu'en tout
cas, c'est le produit d'une création sur place.
Peut-être vaut-il mieux encore prendre quelque chose des deux
hypothèses.
Nous savons bien peu de positif sur le celtique de l'ancienne
Gaule. Nous n'en avons authentiquement que quelques mots que
des auteurs latins ou grecs nous disent avoir été employés par les
Gaulois (1). Pour le reste nous n'avons que le langage de la Basse-
Bretagne, du pays de Galles, de l'Irlande et de la Haute-Écosse
qui constitue le neo-celtique : c'est là qu'il faut s'adresser pour
conjecturer quelle pouvait être la construction. Si j'ose en juger
par quelques phrases traduites, sa construction est la construc-
tion logique (2). Un témoignage plus sérieux que le mien est celui
de BuUet qui dit expressément (p. 21 de ses mémoires celtiques)
que la marche de la phrase est toujours la marche logique.
Pour la seconde hypothèse v. l'art, suair.
Cette langue celtique était-elle uniforme? oui et non : les auteurs
semblent varier. César dit, dans ses commentaires : Hi omnes
igaili) institutis, tegibiis, linguâ inter se differunt. Strabon dit :
eâdem non usquequâque linguâ utuntur omnes, sed plerisque pauiu-
liim variatâ. Peut-être après tout. César a-t-il voulu dire la même
chose que Strabon, c'est-à-dire qu'il y avait des dialectes, quoique
ce fût la même langue au fond. On comprenait parfaitement les
voisins. A certaine distance il y avait plus ou moins de difficulté :
ceux des deux extrémités ne se comprenaient plus. Il parait y
avoir eu trois principaux dialectes répondant aux trois grandes
(1) Je ne sais quelle valeur on doit attacher au fait suivant cité par M. Tell (mécanisme de
la langue française, p. 42) ; car il ne dit pas où il l'a puisé.
Quand César, dit-il, s'empara des Gaules, il y avait peu de Romains qui entendissent le
celtique, peu de Gaulois qui comprissent le latin. Le vainqueur se fit présenter le druide Gio-
rix, qui, après avoir fait ses études à Athènes et à Rome, était venu diriger les écoles de son
pays. Il lui demanda entr'autres choses en quoi le latin différait du celtique. Gioris lui ré-
pondit que le celtique exigeait, avant tout, la clarté, la précision, les désinences faibles et la
phrase directe, tandis que le génie latin voulait l'inversion, des désinences métalliques et
une structure sévère, sans particules détachées.
(2) Voir les dialogues traduits mot à-mot à la fin de la grammaire de Legonidec.
DU WALLON-MONTOIS 1ô
divisions de la Gaule : l'Aquitaine au sud, la Celtique au centre, la
Belgique au nord. Le dialecte du midi, (celui des Vascons, Basques)
semble subsister dans la langue Escuara qui règne des deux
côtés des Pyrénées occidentales ; d'autres disent que cette langue
Escuara est celle des Ibères; le celtique proprement dit parait
s'être réfugié dans la Basse-Bretagne (Breyzad), le pays de
Galles (i). Reste la langue de la Gaule Belgique. 11 est à croire que
le celtique septentrional était déjà plus germanisé que celui du
reste de la Gaule. Je dis que le reste; car le bas-breton contient
aussi beaucoup d'allemand, à moins que ce ne soit l'allemand qui
contienne du celtique, soit par l'effet d'invasions antérieures à
l'histoire, soit par suite d'une origine commune.
Les belges avaient dû subir plus d'invasions germaniques que
les autres Gaulois, à charge de réciprocité.
Tacite (de moribus germanorum chap. xxviij) après avoir parlé
du faible obstacle qu'opposait le Rhin k ce que la nation la plus
forte occupât un pays sans frontière : occuparet permutaret que
sedes promiscuas adliuc et nuUâ regnorum poteuliû divisas, dit que
(1) César nous apprend que les Belges conquirent la partie méridionale de l'Angleterre;
ef bello iUafo ibi remanserunt et agros colère cœperunf. Les belges sans doute y auront porté
leur langue, dit Pelletier (diet. celt. introd. p. jv) ; on pourrait ajouter qu'elle fut acceptée
d'autant plus facilement qu'elle devait différer peu de la langue du pays ; ce qui prouve cette
affinité c'est le dialecte celtique connu sous le nom de gaélique divisé en deux rameaux :
l'Erse que parlent les paysans d'Irlande et qui est la langue des poëmes d'Ossian et le Calé-
donien qui est l'idiome des montagnards écossais. Je dois dire qu'une autre opinion peut
être soutenue. On peut prétendre que le Kymrique armoricain est venu d'Angleterre : un peu
après l'invasion des Franks dans les Gaules, les Anglo-Saxons conquirent la Grande-Bre-
tagne a laquelle ils donnèrent le nom à'Ang\eteTre{England).lie'i vaincus opprimés passèrent
dans la Gaule armorique, s'établirent auprès de Vannes etappelèrent la province: Bretagne.
Tout cela peut très-bien au reste se concilier : le celtique belge transporté dans la Grande
Bretagne a très bien pu périgriner en Armorique et y retrouver un celtique semblable ou au
moins fort analogue.
Ce qui est certain c'est que les Gallois qui ne sont pas compris par les Anglais le sont très
bien par les Bas-Bretons.
Selon BuUet, cette affinité s'étendrait aux basques. Il rapporte d'après de la Martinière
dictionnaire géographique, art. celte) une anecdote qui semble le prouver : n Un jour ayant
chez moi, dit-il, un gentil homme bas breton, un voyageur du pays de Galles et un Biscayen,
chacun d'eux croyait sa langue inintelligible à tout autre qu'à ses compatriotes. Ils en firent
l'essai et furent surpris de pouvoir s'entendre et se parler les uns aux autres, u
■Je lai.sse à Pe la Martinière la responsabilité de l'anecdote.
•i
li ORIGINE ET CARACTÈRE
ce furent d'abord les Gaulois qui envahirent la Germanie, puis les
Germains qui envahirent la Gaule. Il cite pour ex.: les Helvètes et
les Boïens, nations gauloises qui s'établirent entre le Rhin, le
Mein et la forêt hercinienne. Puis il dit que les Tréviriens et les
Nerviens portaient jusqu'à l'affectation l'orgueil de sortir des
Germains, comme si par cette gloire du sang ils voulaient répudier
toute ressemblance avec la mollesse des Gaulois (i). Trevirl et
Nervii circa affectationem germanicœ originis ultro ambitiosi sunt,
tanquani per liane gloriam sanguinis a similitudine et inertiâ gnlio-
rum separarentur.
Un demi-siècle avant notre ère. César porta jusqu'au nord des
Gaules les armes romaines, La politique des maîtres du monde
imposait leur langue aux vaincus. La Gaule méridionale dont la
civilisation était avancée, qui avait des villes nombreuses accepta
la langue des vainqueurs. La Gaule septentrionale encore barbare
fut moins docile et cependant on parla latin dans les villes qui
s'établirent pour être le siège de l'administration romaine ; mais
ce n'est pas chose facile que de changer la langue des paysans.
L'ambition dans les villes peut déterminer à renier le langage
maternel; mais on connaît ropiniàtreté campagnarde. Nous pou-
vons voir qu'à Dunkerkeet à Strasbourg on parle le français ; mais
sortez des portes, vous n'entendrez que du flamand d'un côté, de
l'allemand de l'autre.
Il est à croire qu'à l'arrivée des Franks on ne connaissait guère
de latin dans les villages. Les vieux Kelt-Kymr-Bolg ou Belg (2),
(hélas! tel était le nom que nos ancêtres se donnaient eux-mêmes)
se seraient beaucoup mieux accommodés des Franks qu^ des
Romains,au moins sous le rapport de la langue ; il y avait bien plus
d'analogie.
(1) Cette origine germaine des Nerviens et des Trévires n'emporte pas la conséquence que
ces deux peuplades parlaient l'ail, au temps de César. Selon Diefenbacli, les envabisseurs
étaient trop peu nombreux pour substituer leur langue au celt. et ils ne firent que lui don-
ner une teinte german. D'ailleurs on parlait celt. sur quelques points de la rire droite du
Rhin. Si le pays de Trêves a été tout à fait germanisé, ce n'est que quelques siècles plus
tard, comme on va le voir.
2) Kclt, la classe ou famille. Kymr, le genre. Belg, l'espèce.
DU WALLON-MONTOIS 15
A ces considéralions nous ajouterons les suivantes extraites
d'un ouvrage de haut mérite, récemment paru (die romanisclien
Spraclie). L'auteur, Auguste Fuchs, soutient l'opinion que la
langue latine n'a pas i)énétré jusqu'aux limites de la domination
l'omaine et que son influence allait s'aflfaiblissant d'une manière
décroissante vers les frontières: « A la fin du 3^ siècle, dit-il, l'em-
pereur Maximian introduisit dans le nord de la Gaule une peu-
plade germanique à titre de Lète. Le pays wallon en fut environné
formant des îles de langue {Sprack Insel) et on y parlait à la fois
les langues celtique, allemande et romaine, comme on voit au-
jourd'hui en Hongrie, dans certains petits domaines, le magyare,
le slave et l'allemand se rencontrer et se croiser. C'est dans cet
état que deux siècles plus tard l'invasion franke aurait trouvé la
Wallonie.» Ace sujet if fait une citation (Léo 1,41 f.): « Au temps de
(^ésar, nous trouvons encore partout la frontière belge au bas-
Rhin ; mais, sous Julien, c'est la Meuse et pas encore partout qui
sépare des Allemands. Les frontières dépeuplées par la guerre
furent livrées à des germains et pour la culture et pour la défense
delà contrée. Dans un demi-cercle partant du pays desTrévires,
s'élevant vers le Brabant septentrional, la Zélande et la Flandre
pour redescendre vers la frontière nord-ouest de la France
actuelle, un peuple germain, partie en masse compacte, partie
isolément (mais en foule) fut interné, dans la dernière moitié du
-i" siècle, avec divers degrés de dépendance et de droit de posses-
sion du sol. Partie auprès d'eux, partie au milieu d'eux se trou-
vaient des Celtes jouissant comme I^œti des mêmes prérogatives.
Le pays wallon a conservé à peu près les mêmes limites. » Après
([uelques autres considérations, Fuchs termine ainsi : « Partout
où, dans l'intérieur des ci-devant frontières de l'empire romain,
on parle une langue germanique : en Belgique, en Alsace, en
Suisse, cela n'est pas arrivé parce que l'allemand a vaincu le
latin. 11 a succédé immédiatement au celtique et au contraire les
envahisseurs ont abandonné leur langue partout où ils ont trouvé
un pays bien cultivé; ils ne l'ont conservée que dans les pays
dévastés et dépeuplés dont le latin s'était déjà retiré avant de
devenir langue populaire. Nous devons admettre en général
16 ORIGINE ET CÂUACTËRE
(luc les fronliùres n'ont change (luc d'une manière très-
insignifiante. »
Ainsi s'explique comment la Gaule septentrionale el orientale
lut tout à fait germanisée et pourquoi le wallon contient beaucoup
l)lus de celtique et d'allemand que les patois français de notre
voisinage. Bientôt nous verrons d'autres causes nuancer plus
fortement notre teinte germanique.
Nous devons reclierclier le motif des deux dialectes français
d'oc et d'oil dont la limite est la corde de l'arc formé par la Loire,
de sa source à son emboucliui'e, puis la raison des divers patois
de ce dernier.
]/à Gaule méridionale était devenue tout à fait romaine. Les
Burgondes s'étaient bien établis à l'est, les Golhs au sud, mais ils
ne le tirent pas d'une manière violente comme les Franks. Ce
n'était pas tout à fait une conquête. Ces jjeuples avaient émigré
par nécessité avec femmes et enfants ; c'était par des négociations
réitérées plutôt que par la force des armes qu'ils avaient obtenu
leurs nouvelles demeures. Ils étaient chrétiens, quoique de secte
arienne. C'étaient des gens de métier, la plupart charpentiers ou
menuisiers; ils étaient déjà à demi romanisés avant leur arrivée ;
il serait inexact de dire que leur premier établissement fut exempt
de violences; mais elles se calmèrent bientôt (i); en peu de
temps la langue tudesque disparut, le latin triompha de la
langue des envahisseurs et, immédiatement de ce latin commença
à se former la langue d'oc. Il est bien entendu que par latin il
ne faut pas comprendre celui de Virgile et de Cicéron, mais une
espèce de patois nommé lingua rustica, vulgaris, provinciatis,
tmialis, milituris, ce que Sidonius Appollinaris appelait celtici
sermonis squammœ; car les patois ne se forment ([ue sur les
langues parlées, surtout sur les patois et non sur les langues des
livres.
L'invasion des Franks eut un tout autre caractère, elle fut
marquée par les massacres et les pillages. Les envahisseurs
(1) Lettres d'Augustin Thierry sur riiistoire de France, p. 66 et 67.
DU WALLON-MOMOIS 17
entrèrent animés par la féroce religion d'Odin et vécurent dans
les désordres de l'oisiveté militaire. La politique de Clovis lui
lit adopter la religion chrétienne et il en relira plus d'un
bénéfice.
Les Sicambres en courbant la tête pour recevoir le baptême
ne se dépouillaient nullement de leurs mœurs féroces; mais
les prêtres seuls étant en possession d'écrire, les moines écri-
vaient, en latin corrompu, de mauvaises chroniques, oîi ils je-
tèrent un voile ofticieux sur les horribles crimes des KunimjH et
des Heri-zogs du temps, parce qu'ils étaient devenus chrétiens
orthodoxes.
Après avoir inondé le nord de la Gaule, les Franks pénétrèrent
dans l'est et le midi où les Wisigoths et les Burgondes s'étaient
fondus avec les indigènes, les Gaulois roraanisés; ils s'en ren-
dirent maîtres et y commirent d'horribles exactions; mais ils n'y
eurent jamais d'assiette ; au temps des rois franks ils ne s'y éta-
blirent point en masse.
Ici je copie l'ouvrage déjà cité d'Augustin Thierry, p. 98.
« Au temps des rois franks, de la race de Clovis et de Charle-
niagne, lorsque ces rois envoyaient des gouverneurs de leur
nation dans les provinces,surtout dans les provinces méridionales,
il n'était pas rare de voir ces chefs étrangers aider, contre leur
propre gouvernement, la rébellion des indigènes. La présence
d'un intérêt national toujours hostile envers l'autorité qu'ils
avaient juré de servir, excitait leur ambition et quelquefois exer-
çait sur eux un entraînement irrésistible. Ils entraient dans le
parti des serfs romains contre la race noble des Franks EdiL fran-
konu liudi comme elle se qualifiait dans sa langue; et devenant
chefs de ce parti ils lui prêtaient l'autorité de leur nom et de leur
expérience militaire. Ces révoltes, qui offraient le double carac-
tère d'une Insurrection nationale et d'une trahison de vassaux, se
terminèrent, après bien des fluctuations, par le complet affran-
chissement de la Gaule méridionale ; de là naquirent une foule
d'Ëtats indépendants. »
La langue d'oc était toute formée et c'est cette langue que
choisit Louis le Germanique pour prononcer le fameux serment
18 ORIGINE ET CARACTERE
bilingue de 8i2 (i) ; car la langue d'oil était trop informe pour être
placée dans la bouche d'un souverain. L'autre partie prononcée
par Charles le Chau ve,est en allemand de l'époque: ait hoch deuUch
et non en un dialecte voisin du flamand, comme le dit la préface
du comi)lément du dictionnaire de l'Académie, erreur qui n'em-
l)êche pas que cette préface soit un chef-d'œuvre.
Pendant que la langue d'oc (le patois actuel du Midi) florissait,
la langue d'oil était restée à l'état de patois barbare et la raison
en est que les chefs ne la parlaient pas; la langue de l'aristocratie
et de la cour était l'allemand. M. Augustin Thierry s'indigne avec
raison de la manière dont les auteurs traitent l'histoire de France
qu'ils défigurent comme à plaisir : ils font commencer cette his-
toire à l'invasion des Barbares Franks et à la chute de l'empire
romain dans les Gaules. Il semble à les entendre que les Kunimjs
de la 1^*^ et de la 2« race étaient des rois comme Louis XIV et
Louis XV. Ils nous disent entre autres choses curieuses que Char-
lemagne, outre le français, sa langue maternelle, savait le latin, le
flamand, l'allemand. Il n'y avait pas de français alors et la langue
maternelle de Charlemagne était l'allemand. L'allemand a été la
langue des châteaux et de la cour pendant cinq siècles et demi,
c'est à dire jusqu'à la fm de la seconde race en 987. Jusque là il y
a eu un royaume frank Vrankryk, qui se divisa en Osternjk et en
Neosterryk, royaumes d'Orient et de non Orient, Austrasie et Neus-
trie. Ces noms seuls annoncent bien la langue que parlaient les
chefs. Pendant que les troubadours faisaient retentir de leurs doux
chants les caslels de la Provence, les poètes d'outre-Rhin venaient
encenser en idiome tudesque les maîtres de la Gaule septentrio-
nale. Dans le recueil de Wackernagel, se trouve, parmi d'autres, le
(1) Qaelques uns ont soutenu que la langue des serments était l'ancien italien. Pour
expliquer la dissidence des auteurs, Chevallet dit que l'on pourrait aussi bien prétendre que
c'est de rancien espagnol. Selon lui, à cette époque, toutes les langues romanes se ressem-
blaient et n'ont pris que peu à peu leurs différences. Faut-il croire que la langue d'oc était
sinon parlée au moins comprise par les personnes un peu instruites du pays d'oil et que les
souverains s'adressaient aux généraux non aux soldats. Comp. le langage des serments avec
celui des lois de Guillaume le Conquérant, avec celui de la trad. de la Bible, œuvres qui sont
postérieures de plnsieurs siècles.
DU WALLON-MONTOIS 19
chant triomphal en l'honneur de Louis iij, fils de Louis le Bègue,
à l'occasion d'une victoire remportée sur les Normands (i).
Si les chefs dédaignaient la langue du peuple, les soldats, en
contact immédiat avec lui, durent bien la parler. Il se forma du
latin celtique déjà barbare (2) un latin celtico-tudesque d'une
horrible barbarie ; les désinences latines déjà altérées dispa-
rurent ; elles furent remplacées par des tons sourds, les con-
sonnes rauques dominèrent. Langue de sauvages en rapport par-
fait avec les mœurs brutales de l'époque! Le complément du
dictionnaire de l'Académie, représente les Gallo-Romains refusant
noblement de devenir Teutons et la langue des vaincus domptant
les vainqueurs; ils auraient mieux fait d'adopter tout à fait l'alle-
1) n commence ainsi :
Einen kuning weiz ich
Heisset heer Ludwig
Der gerne Oott dienef
Weil er ihms lohnef.
Je connais un roi
Il s'apjjelle le seigneur Louis
n sert volontiers Dieu
Parce que Dieu l'en récompense.
12) On peut se faire une idée de la barbarie Un lat. des vieux Gaulois, lors même qu'il
n'emprunte rien à l'étranger, si l'on tient pour légitimes les origines qu'assignent les éty-
mologistes à une foule d'adverbes, pronoms, prépositions devenues françaises :
depuis, de post,
h fait, ad factum,
autant, aliud tantum,
oui, hoe illud,
ensemble, in simul,
dedans, de inius,
avec, ab hoc,
lez (auprès), ad lattis.
adonc (alors), ad tune,
dont, de unde,
désormais, de ipsâ horâ magis,
encore, hanc horam,
jamais, jam magin,
maintenant, in marm ientns,
ici, ecce hic,
etc., etc., etc.
20 ORIGINE ET CARACTÈRE
mand que d'accepter un mélange adultc;re. Cet allemand était dur
et guttural, j'en conviens; mais enfin c'était déjii une langue qui
a laissé des monuments. Le patois d'oil ne s'écrivait même pas,
que nous sachions, et ce qu'on appelle le monument d'une langue
devenue presque française, le serment de Strasbourg n'est pas du
tout en dialecte d'oil, mais en dialecte d'oa
Ce n'est qu'à cette date de 1)87, que la France commence sous
Hugues Capet. Ce n'est qu'alors que commence le français ; on le
parle à la Cour, dans les assemblées; dès-lors le patois grossier
devient une langue qui se polit ; on écrit dans cette langue : on a
des historiens, on a des poètes ; mais la langue française eut une
longue enfance,elle n'atteignit l'âge viril qu'après plusieurs siècles.
Son usage dans les actes publics ne fut généralisé que par
François i" (i).
Quelle langue parlaient cependant les Wallons? Us avaient, à
peu de chose près, le même langage que les Parisiens. Le patois
d'oil s'était formé simultanément et se parlait depuis la Meuse
jusqu'à la Loire avec des difterences assez analogues sans doute à
celles que nous avons signalées pour la vieille Gaule, à celles que
nous pouvons encore remarquer de nos jours dans les patois.
Nous avions une teinte un peu plus Celto-Germanique qu'eux;
mais ils ne nous dominaient pas. Jusqu'au xi'^'siècle, les influences
étaient réciproques (i).
Ces différences ne tenaient pas aux degrés de germanisation
seulement, elles tenaient aussi à la qualité de la germanisation.
Les Franks, quoique tous de race tudesque, appartenaient à
diverses peuplades dont la langue n'était pas tout à fait uniforme ;
c'est le franc Salien, celui des premiers envahisseurs, un dialecte
bas allemand assez semblable au flamand qui a laissé le plus de
traces partout.
(1) Les ordonnances qui défendent d'expédier les actes en latin sont de 1512 et 1539.
(2) Ainsi quand un des mots de notre patois est du v. fr. ou y ressemble, on ne peut pas
dire qu'il en provienne. L'un et l'autre ont les mêmes droits à rancienneté. Ce n'est qu'un
ou deux siècles après la révolution indiquée que l'égalité a été rompue et que le fr. a acquis
la supériorité. Il n'y avait pas une langue centrale dont découlaient les patois. Ce sont au
contraire les patois qui ont formé la langue centrale.
DU WALLON-MONTOIS 21
Les Franks, dit Tliierry, établis entre le Rhin et la Meuse et qui
s'intitulaient liipewares, hommes de la rive, mot composé, selon
toute apparence, d'un mot latin et d'un mot germanique, ne se
confondaient pas avec les Franks Saliens situés entre la Meuse et
la Loire Us étaient séparés par quelques différences de
lois, de mœurs et de langage; car le haut-allemand, si l'on peut
employer cette locution moderne, devait dominer dans le dia-
lecte des Franks orientaux et le bas-allemand dans celui des
Neustriens (p. 115 et 116) (i).
De là une des causes de la différence entre le liégeois et le
montois. Le liégeois n'a guère plus de mots allemands que le
montois, mais ce ne sont pas toujours les mêmes; il me semble
en emprunter plus au haut-allemand, et le montois au bas-alle-
mand (2) V. l'art, liégeois. '
Quant à la teinte germanique générale, elle devient de plus en
plus foncée en marchant du midi au nord.
Indépendamment des causes ci-dessus indiquées, il faut dire
(]ue la langue d'oil en cessant d'être patois, en devenant langue
française, est devenue envahissante et s'est étendue à nous ; mais
il est à remarquer que nous n'appartenions pas à la monarchie
française, quoiqu'ayant appartenu à la monarchie franque; nos
comtes de Hainaut ont quelquefois été comtes de Flandre et môme
comtes de Hollande et de Frise ; de là, des garnisons étrangères.
Un moment nous avons été un peu francisés par les ducs de
Bourgogne, mais bientôt est venue la domination espagnole, puis
(1) On peut, d'après divers indices, présumer que les rois franks de la première race par-
laient le bas-allemand et ceux de la seconde, le haut-allemand.
n y a notamment la grande révolution, qui, au commencement du viii' siècle, transporta
la domination des Saliskes aux Ripewares et la royauté des Merowings aux Karolings.
(2) Le bas-allemand dominant partout, comme je l'ai dit, il faut entendre,par cette phrase,
qu'il domine un peu plus à Mons sur la masse, un peu moins à Liège.
Je crois pouvoir faire prétérition des invasions normandes. Les Normands ont commis à
la vérité d'épouvantables dévastations dans notre pays, mais ils n'ont fait que passer chez
nous. Là même où ils se sont assis, en Normandie, leurlangue s'est promptement effacée et
assez peu de temps après (un siècle et demi) quand Guillaume envahit l'Angleterre, oe n'est
pas le normandqu'il y importa, mais c'est la langue d'oil qui se mêlant à l'anglo-saxon forma
la langue anglaise.
22 ORIGINE ET CARACTÈRE
encore une domination allemande : celle de rAulriche. Il sort de
là que nous suivions le développement du français, mais de loin
et que nous lui prenions ses locutions quand elles cessaient d'être
en usage, comme aujourd'hui nous portons les modes de Paris
souvent quand on ne les y porte plus.
Enfin comme dernière cause, cause toute géographique, nous
sommes les plus rapprochés de la Flandre et les Liégeois les plus
rapprochés de l'Allemagne.
La principauté de Liège toujours isolée, a reçu de la France une
influence encore plus éloignée que nous. Ses mots sont encore
plus vieux. Il en est sans doute qui figuraient dans le patois d'oil
avant qu'il ne fût écrit, à l'époque franque; d'autres doivent
remontera la période celtique.
Les couches germaniques superposées à diverses époques, se
confondent souvent ; mais il est quelquefois possible de les distin-
guer et de dire leur âge en étudiant les transformations qui se sont
opérées dans les langues du Nord. Il est un phénomène très-
curieux, c'est que le même mot a parfois été déposé à plusieurs
reprises dans des temps différents. C'est au moins ce que je crois
pouvoir inférer de l'histoire du mot chuiner (voir cet ait.). Il est
un autre phénomène linguistique non moins remarquable : c'est
que nous avons assez souvent des mots synonymes dont les uns
n'ont d'analogues qu'en flamand, les autres qu'en allemand :
Dadiard est allemand ou celtique ; Berdelard, Malot et Rélard, sonl
flamands.
Parmi les familles les plus intéressantes de mots montois qui
semblent bien légitimement d'origine teutonique, il en est une
très-nombreuse qui mérite l'attention, c'est celle des verbes en
sk, sp, st :
Sklefer.
Skreper.
Spiter.
Skarder.
Striquer.
Stiquer.
Skiter, etc.
DU WALLON-MONTOIS 23
Quelques uns de ces mots appartiennent au haut-allemand, le
dialecte qui a formé l'allemand classique, quelques autres au bas-
allemand qui a formé le flamand ou hollandais et les patois
répandus tout le long de la Baltique ; la plupart de ces mots
appartiennent aux deux dialectes à la fois.
Cette famille de mots s'éteint à peu près aux limites du Hainaut,
on en retrouve à peine un ou deux individus dans le dict. de Cor-
blet (v. art. Sko7i.) On en retrouve un peu plus dans le liégeois,
transformés ordinairement comme il est dit : art. Liégeois.
Mais quel étonnement, si l'on ouvre le dictionnaire de Ducange,
de trouver un grand nombre de ces mots sous forme latine avec
une signification quelquefois la même, souvent plus ou moins
éloignée des significations montoise et germanique! représentez-
vous, ami lecteur, toute mon extase, quand j'ai vu des mots
comme :
Esclafare
Stricare
Sticare, etc.
Comment expliquer l'énigme? 11 est permis de penser que ces
mots existaient déjà dans l'antique langage des Nerviens. Quand ils
ont parlé latin, ils ne l'ont fait qu'en latinisant leurs mots locaux en
les revêtant d'un habit latin : cettici sermonis squammœ, pour répé-
ter l'heureuse expression de Sidoine Apollinaire, et à l'arrivée des
Franks ils se seront empressés de les dépouiller des désinences
latines pour eux très-gênantes et qui d'ailleurs n'ont dû être
employées que dans les villes, chez nous fort rares à cette
époque. Ou bien ce sont les Franks qui en commençant à parler
la langue du pays conquis ont latinisé des motstudesques. Cette
dernière opinion est moins soutenable puisque l'influence germa-
nique a surtout porté sur la forme latine qu'elle a détruite en
conservant le. squelette de la plupart des mots latins (i).
(1) Ce dictionnaire de Ducange est un ouvrage immense : il a huit volumes énormes ; et
tl ORIGINE ET CARACTERE
Outre les cléments latin, tudesque cl celli([ue qui ont formé le
vieux fnuK-ais et le wallon, la domination espagnole a déposé un
cela se conçoit ; car ce sont toutes les langues, tous les patois du monde romain avec des
désinences latines.
C'est la tendance de tous les conquérants d'imposer leur langue aux vaincus ; car ce n'est
qu'après le changement de langue que la conquête est bien assurée et assimilée.
C'est ce que firent presque tous les envaliisseurs ; c'est ce que firent les Gaulois dans les
provinces de la Grèce qu'ils soumirent. Saint Jérôme nous rapporte que, de son temps, on
parlait encore en Galatie la langue de nos voisins les Trévires : lia galli, dit Ducange, nostri
veieres, expugnatis Grœciœ provinciis nomen stiiim indiderunt ac propriam linguani retintierunt
quant caindenipenè fuisse qtiâ utehantur sud œtafe Ti-eviri, scribit S. Hier ony mus, exeepto sermone
grœco quo omnis oricns loquelatur. [In proœmium ad libr. ij in ep. ad galat.)
C'est ce que tenta avec un demi succès en Angleterre Guillaume le Conquérant.
C'est ce qu'avait commencé la France impériale à Hambourg, à Amsterdam, à Turin, a
Rome.
C'est ce qu'avait tenté récemment Guillaume I" dans notre pays.
Mais c'est surtout ce que fit Bome sur une vaste échelle. Elle réussit parfaitement sur
certains points : dans quelques parties de l'Espagne, la langue nationale, en assez peu de
temps, était tout-à-fait oubliée.
Il n'en fut pas de même partout. On pouvait forcer à parler latin dans les rapports poli
tiques ; mais on ne pouvait forcer à parler bien. Déjà Quintilicn nous rapporte qu'il était
entré dans la langue une foule de mots carthaginois, ibères, gaulois (libr.j, chap. vj].
Verba sunt aut latina aut peregrina, peregrina porro ex omnibus propè dixerim gentibus.
Taceo de Tuscis it Sabinis et Prœnesfijiis quoque : nam ut eorum sermone ute-.tem Vectizcm Lu-
ciniusitisectatur qucmadmodum Pollio deprchendit in Livio patavinitatem Uceat omnia ilalica
verba pro romanis haheam. Flurima gallica valuerunt ut Rheda ac Fetoritum. Quorum altero
Cicero tamen, altero Soratius utitur et Mappam usitatum quoque circo nomen Pœni sibi vindi-
cant et Gurdosquos pro stolidis accipit vulgus ex Kispaniâ origincm duxisse audivi.
Si Horace et Cicerou purent admettre quelques-uns de ces mots, la plupart furent avec
une juste indignation repoussés comme barbares et ne sortirent pas du lieu de leur nais-
sance. Quel moyen que l'on accueillit à Rome des mots tels que :
Traugus, trou {trau).
IVatare, Tegarder {Weitier).
Buctus, Butuni, bout.
Colpus, coup.
Broca, broche [broque) .
Notre langage celto-cymrique fournit un ample contingent au dictionnaire de Ducange, ce
serait une chose curieuse que d'y trier ce qui lui revient. Mais ce ne serait pas un travail
facile ; combien de mots tordus au passage du celtique au latin, puis retordus d'une autre
manière pour entrer dans le patois d'oil, ainsi devenus méconnaissables et perdus. Cepen-
dant il est probable que quelques mots latinisés dans les villes ou aux environs des villes,
ont été conservés dans toute leur pureté native au milieu des campagnes écartées sans subir
de latinisation. Ceux-là durent être retrouvés sains et saufs avec joie et recevoir une hospi-
talité empressée dans le patois d'oil à la chute de l'empire romain. Peu de mots de notre
DU WÂLLON-MOiNTOIS 25
petit nombre de mots dans notre pays. On peut citer et encore
en hésitant argousiUe qui peut provenir d'alnuasii, lequel est d'o-
rigine arabe. On peut ajouter avec un peu plus d'assurance Plii-
mion, Escaveclie.
iMais il ne faut pas croire que certains mots espagnols qui res-
semblent aux nôtres en soient les pères; ils n'en sont que les frères;
ils ont seulement une origine commune : tels sont : Serrer (pour
fermer) serrar qui est celtique ou latin, saquer, [sacar) qui est tii-
desque (V. ces mots).
Indépendamment du latin qui a servi à former le langage d'oil,
il nous en est entré quelque peu à une époque plus tardive. 11 en
est de lui comme du flamand et de l'allemand reçus par nous, il
a différents âges. Il est à noter que jusqu'à l'époque de
l'empire français toutes les études humanitaires se faisaient
en latin. Dans ma jeunesse, les collèges entre les mains du
clergé imposaient le latin dès, ce qu'on appelait, la grammaire,
c'est-à-dire après deux ans (petite et grande figure). Même en
récréation on ne pouvait parler que latin : au collège dit de St-
Ghislain ce régime dura jusqu'en 1810 ou 1811.
On avait inventé un procédé assez curieux : c'est ce qu'on nom-
mait le s'ignum : le 1" surpris en flagrant délit de causerie fran-
çaise ou patoise le recevait, mais avait le droit de le tran^nettre
à quiconque se rendrait coupable de la même faute. Gomme le
dernier détenteur à la fin de la journée était passible d'un pensum,
le porteur du signum avait liàte de s'en débarrasser et épiait ses
camarades avec le plus grand soin.
On comprend quel latin devait être le latin des grammairiens.
Les professeurs eux-mêmes, pour consoler leurs élèves, disaient
en riant ce vers :
Sumus philosoplws, possumus forgere verbos.
patois antérieurs à notre ère ont dû échapper â la latinisation. Ces privilégiés n*ont du être
que ceux à l'usa!,'e exclusif des campagnards et des gens de la plus basse classe, par ex.: des
mots comme chëniau, chiniau, ont pu rester purs de toute latinité chez les Nerviens, tandis
que dna se maintenait de même chez les Eburons et saiiailh chez les Armoricains (v. cA'-
niau, Reinguier, gagot].
-2G ORIGINF ET CAIIACTÉIŒ
On ne pouvait manquer d'abusor de cette tolérance du solécisme
et du barbarisme. On se livrait aux plus grands excès. On ne rou-
gissait pas de dire des phrases comme celle ci : iUe sticat suum
digitum in suo nasn, skafotandl gratiâ ou même pro ibi skafotare.
On renouvelait ainsi les procédés des anciens Nerviens venant à
Bavai, capitale de la forêt charbonnière, pour payer l'impôt aux
fonctionnaires romains ou des paysannes nerviennes, venant au
marché, vendre leurs denrées aux matrones romaines.
En sortant des études, on sentait peu le besoin du français : on
plaidait à la vérité en français à la cour souveraine du Hainaut,
mais la plaidoirie orale n'était pas usitée, on plaidait par mé-
moires.
Une double conséquence résultait de cet état de choses :
triomphe du patois et introduction dans le patois de bribes de
latin. Quelques personnes pouvaient écrire le français, bien peu
étaient capables de le parler, par défaut d'exercice.
Quant au grec il n'y faut guère penser. A grand' peine peut-on
trouver deux ou trois étymologies douteuses. Ce que nous avons
de grec, nous est venu médiatement à travers le latin.
On sait que les langues grecque, latine, allemande, slave, ma-
gyare, celtique appartiennent à la famille des langues indo-euro-
péennes. Les savants vont rechercher dans le sanscrit la racine
d'une foule de mots qui se rencontrent à la fois dans plusieurs de
ces langues. Nous n'avons certainement rien emprunté directe-
ment au sanscrit; mais le sanscrit nous a envoyé bien des mots
par des voies souvent multiples. 11 n'est pas ordinairement pos-
sible de reconnaître laquelle, quand il y en a plusieurs, si c'est la
voie latine, celtique, grecque ou allemande. Prenons le mot :
Lekier.
Le latin lambere, quoique de même souche, est bien éloigné.
Lingere, employé par Plante s'en rapproche un peu, surtout au
parfait : linxi; mais nous qe pouvons penser au latin, quand nous
avons le grec /£«w et l'allemand Lecken. Quant au français lécher,
même lescher et leschier, il doit être beaucoup plus jeune que
lekier. Nous pouvons, si nous voulons, croire que lekier nous
vient des établissements fondés sur nos côtes pour commercer
DU WALLON-MONTOIS 27
avec l'AngleteiTe et où l'on parlait grec; sinon nous admettrons
que nous le devons à l'allemand ieckeii et c'est là l'opinion la plus
plausible. A présent lecken ne vient pas de :isixw;).£izw vient encore
moins de Lecken; mais tous deux sont frères, comme je l'ai dit à
l'occasion de l'espagnol ; ils ont pour mère commune soit la
langue sacrée des Indons soit (4uelqu'aulre langue antique de
l'orient.
Enfin il est quelques mots qui sont comme un produit du sol
qui les a créés à diverses époques. J'ai en vain cherché une éty-
mologie satisfaisante de bien des vocables. Alors même que j'en
donne d'analogues de langues étrangères, je suis loin d'affirmer
que les nôtres en proviennent. Je ne fais que l'oflice de rappor-
teur fidèle. A chacun de juger.
Si le royaume franc avait subsisté plus longtemps, le patois d'oil
se serait uniformisé (à peu près) par les rapports nécessaires entre
les diverses parties d'une même nation et nous avions chance de
faire dominer notre nuance du nord, puisque nous nous rappro-
chions du langage des dominateurs; mais une grande révolution
s'opère; une nouvelle dynastie s'élève. Le patois devient langue
politique. Cette langue politique s'établit sur la nuance du patois
régnant dans l'Ile de France, surtout dans la capitale. Paris a dès
lors une influence prépondérante. Quoique séparés de la France.
quoiqu'appartenant au Lother-Rijk, Lotharingie ou Lorraine, nous
ne pouvons comprendre des écrits allemands et nous sommes tri-
butaires de la France : nous ne lisons guère, cependant nous
lisons un peu les chroniques de Ville-IIardouin, du sire de Join-
ville sur les croisades, puis d'autres livres divers; mais nous
sommes toujours en arrière à cause de la difficulté des relations.
Ce qui domine dans notre patois c'est le vieux français. Il est
bien plus facile à un montois (ju'à un français de lire les vieux
livres. Nous avons conservé une foule de mots qu'un français non
savant ne comprendra pas, des mots tels que :
Estriver
Reciner
Estouper
Courttt
-28 ORIGINE ET CARACTÈRE
à plus forte raison ceux qui ont reçu qnelqu'altération, par ex. :
eiukmye, mat en vie, mau ein vie, mais il ne comprendrait proba-
blement pas mieux le v. fr. accoué, envy.
Le nombre des mots que nous prononçons tels qu'on les écri-
vait il y a huit siècles n'est pas à dire et il est facile de deviner
([u'un grand nombre se prononçaient h la période d'oil, lorsqu'on
n'écrivait pas encore, absolument comme nous prononçons
aujourd'hui : il va sans dire que nous prononçons : il alloit, i
(lisoit (alhva, diswa). Il y a des exceptions, par ex. : anglais,
français que nous prononçons francé, einglé.
En général nous suivons l'orthographe : nous disons peinser,
conteint. Nous nous garderions bien de dire : y deinze ou y keinte.
Il est vrai que nous disons meinger; mais meinger est un mot un
peu bâtard. Le mot légitime est mier ; et puis le v. fr. a dit mengier.
Quand un mot vient du latin ou de l'allemand, nous sommes
presque toujours plus près de la racine que le français : nous
disons scrire, escrire,spine, espine, lat. scribere, spina; nous disons
arreiuger, beinde ou beinder, ail. ringen. binden. Il est vrai que
ces verbes font rang, baiid à l'imparfait. Au reste arranger pour-
rait bien appartenir au celt. Ryngli. {V. Ringlée) et le v. fr. disait
ai'eger.
Même remarque pour la quantité des voyelles et des diphtongues:
Nous disons : Paûi, latin PaTdus Les français disent Paul.
Nous disons par contre : /{(m«g, latin Rôsa. Les français disent
Tiôsine.
Beaucoup de nos mots, quoique français, n'ont pas la significa-
tion française : pour le montois le bouffon est un gourmand.
Le mot brave signifie propre, endimanché, en toilette.
» vaillant vayan signifie actif, laborieux.
» malin » habile, adroit, pénétrant, spiri-
tuel, industrieux.
» cacher » chercher.
» franc » hardi, téméraire, audacieux.
)) sage » savant, tranquille, instruit, stu-
dieux.
DU WALLOiN-MOiNTOIS
29
» habile
» fade
» ruses
» vite, promptemént.
» paresseux, nonchalant.
» embarras, tracasseries.
Quelques verbes n'ont éprouvé cette déviation que dans cer-
tains temps :
ej saurai, saurais. Je serai, serais.
ej perdrai, perdrois. Je prendrai, prendrais.
ej verrai, verrais. Je viendrai, viendrais.
11 y a mieux : dans certains villages du Borinage, quelques
mots ont une signification opposée : elle à l'abri du temps, c'est
être exposé aux intempéries des saisons. Ette fortuné, c'est être
infirme, estropié, impotent.
Des verbes neutres sont actifs et réciproquement.
Des masculins sont féminins, des féminins sont masculins, sur-
tout lorsqu'ils sont tels en latin ou en allemand.
Du coioplion,
Enne sau.
Fin boutique,
Del gin ette.
Fin prison,
Del came.
Du canelle,
Ein deint,
Enne ratte.
ail.
ein laden,
ein kerker,
der caneel,
ein zahn,
eine ratte.
lat.
coloplionium n.
saiix f. .
(jenista f.
carcer m.
cannabis f.
cinnamomum n.
dens m.
Nous agréons les pluriels étrangers au français : nous disons :
Lés argein, l'argent, die gelder.
Lés rougeurs, la rougeole, die lll^'l^gill' morlnlli.
r.O ORIGINE ET CARACTÈRE
Sans doute nous avons quelquefois altéré le français; mais le
plus souvent c'est le français qui s'est altéré lui-même. Nous
avons été bien plus constants que les français et ce n'est pas un
reproche que nous leur adressons : une langue est toujours en
mouvement de progrès ou de décadence. Selon l'expression de
Varron : cousuetudo loquendi est in motu : itaqne solet fieri ex
détériore melior, ex meliore deterior. La mobilité est l'essence du
langage. Un patois, quoique vivant aussi, a des mouvements plus
lents. Dans les lieux très-reculés, l'immobilité est à peu près com-
plète. Il est des localités presqu'isolées, presque sans routes dont
le langage est comme momifié : telle est la Basse-Bretagne. Les
grands centres intellectuels sont les lienx où la langue s'use le
plus vite. Les voies rapides et faciles de communication trans-
portent la langue nouvelle par les hommes, par les livres, par les
journaux. Les chemins de fer sont les ennemis mortels des patois.
De tous les patois wallons qui se parlent en Belgique, le wallon
du Hainaut, particulièrement le wallon des villes est celui qui
s'éloigne le moins du français. Assez facile à comprendre par un
français à Mous et à Tournay, il devient déjà plus difficile à
charleroy, très-difiîcile à Namur, inintelligible à Liège et à
Verviers. Aussi Walter-Scott, dans son Quintin Dnrivart, fait par-
ler flamand aux liégeois. Quelques feuilletonistes français ont
récemment commis la même erreur et fait beaucoup rire en Bel-
gique. Le montois lui-même qui arrive à Liège ne comprend pas
plus que si l'on parlait sanscrit. Lorsqu'il s'est attaché à étudier
la loi de transformation des lettres, autrement dit la prononciation,
il s'aperçoit que c'est bien son patois qui se parle à Liège (i).
Et chose étonnante ! en devenant de plus en plus difticile à com-
prendre, il dépose sa dureté quand il se rapproche de la Moselle et
du Rhin, il prend une douceur dont on lui reproche avec raison
de manquer vers la Haine et l'Escaut.
Le montois, dans une foule de mots, enchérit sur l'allemand
même; en effet, comme les flamands, il change en sk, Vscli alle-
(1) Pour en avoir la preuve, voyez l'art, liégeois.
DU WALLON-MOiNTOIS 51
mand qui se chuinte avec la même douceur que le ch français :
shetter, skarder. 11 change en eu Vu allemand qui, quand il est
surmonté du tréma ou umlaut, a le son de Tu français : comme
dans skeute, reube.
Dans les mots français dont il se saisit, il change Va et le ç en
ch comme dans cfiavate, il change le ch en c dur ou k comme dans
capiau. J et g doux en g dur comme dans guenisse, gartiev; g dur
en w comme dans wé, warde, rumiffe (ces deux derniers mots usi-
tés seulement dans les villages) et il choisit des désinences extrê-
mement dures comme gnié, hié.
Si je dois confesser la dureté du wallon montois, que dire du
wallon borain? Celui-ci l'emporte sur tout. Ce doit bien être cette
prononciation rauque et gutturale des anciens Gaulois qui faisait
frémir l'empereur Julien, lorsqu'il habitait Lutèce. 11 la comparaît
au croassement des grenouilles. Du reste ce défaut est racheté par
bien des qualités.
La dureté du wallon montois et du wallon borain comparés aux
autres dialectes wallons, provient peut-être de ce que les per-
sonnes cultivées ne le parlent guère; tandis qu'à Liège le wallon
est parlé par toutes les classes. Là, le gouverneur de la province,
le président de la cour d'appel , s'ils sont nés dans la province ,
parlent le liégeois entr'eux et n'abordent le français que dans l'ex-
ercice de leurs fonctions, ou lorsque la politesse leur en fait un
devoir en présence d'étrangers.
Le montois n'aime pas la difficulté de prononciation qui résulte
de l'accumulation de consonnes différentes, il préfère en redoubler
une : il dit :
Modesse
pour
modeste.
Masse
))
masque.
A2ig lisse
))
auguste.
Praitte
»
prêtre.
Minisse
»
ministre
Théâtte
»
théâtre.
La lettre R lui est particulièrement antipathique. On prétend
([u'un montois ne peut prononcer le mot carotte (v. l'art, caliotte).
32 OIUGINE ET CARACTÈRE
Il rûvite autant ([ifil le peut. Outre le procédé général ci-dessus
indi(iué du redoublement de la môme consonne, il en a encore
un autre particulier pour échapper à ce son grinçant et odieux.
Il consiste à renverser les lettres de la syllabe et à poslposer l'R.
Kerver pour crever.
Kerson » cresson.
Berwetle » brouette.
Bertdle » bretelle.
Persure » présure.
Ou bien encore il interpose une lettre comme dans ouvérier iï).
Le monlois a tous les défauts des langages qui ne sont parlés
ni dans les cours, ni dans les tribunaux, ni dans les assemblées
législatives.
Faites du wallon la langue politique du pays, répudiez le fran-
çais, bientôt le wallon deviendra une langue polie qui aura sa
littérature. Ce serait même le seul moyen d'en avoir une, à moins
encore d'adopter le flamand. L'une des choses est aussi impos-
sible que l'autre, nous devrons donc nous résigner k être privés
de littérature nationale. Notre langage restera patois. Le flamand,
qui a été autrefois une langue cultivée, qui est déjà déchue, pro-
bablement se dégradera de plus en plus, malgré les honorables
efforts de quelques littérateurs thiois.
Que mes compatriotes flamands mêle pardonnent! ce que je
dis ici est général. Tout ce qui n'est que dans la bouche du peuple
se flétrit et s'abaisse. La romance gracieuse du salon se souille si
elle descend dans la rue. Les flamands et les wallons subissent
un sort commun.
Le wallon donc, à l'usage de la populace, en exprime les idées
habituellement peu élevées, peu nobles, peu polies. 11 abonde en
mots bas, il abonde en mots obscènes (2). Rabelais aurait puisé
(1) Les Flamands ont aussi peine à prononcer des mots comme ministre, théâtre. Ils disent
ainsi qu'ils écrivent dans leur langue minider, theater (la dernière .«syllabe fort brève .
(2) A cette occasion, je dois faire une remarque. Dans un ouvrage qui retrace un langage
populaire, on doit bien se permettre certaines choses que la bonne société réprouve. Si je
DU WÂLLON-MONTOIS
deins tés caches de quoi ajouter h la longue Kirielle du chapitre
intitulé : l'adolescence de Gargantua.
Le patois de Mons est aussi éminemment propre à rendre toutes
les idées qui se rapportent aux querelles, rixes, combats. Et
cependant bien que les \Yallons en général et les montois en
particulier jouissent d'une grande réputation de courage sur le
ciiamp de bataille, nous n'avons pas remarqué que le peuple y
fut plus querelleur ou plus batailleur que celui des autres pays;
mais, quoi qu'il en soit, toujours est-il qu'indépendamment des
mots français, qui ont aussi la plupart un fréquent usage à Mons,
un montois peut disposer de la synonymie suivante :
Volée.
Dandine.
Danse.
Dégelée.
boijuette.
Dusse.
Dossée.
Dossade.
coup ou CD.
Andocke.
MaxUjrogne.
Poque.
Estaf.
Gob.
coup de pied,
[co rf' pié].
Vilure.
Roulée.
Tampon.
Tampon à s' eu.
soufflet ou calotte.
Gilfe.
Tappe.
Atout.
Chaffe.
Marnioufe.
Mnrniafe.
Gniole.
n'écrivais que pour les philologues, je jetterais bas tout voile ; mais il y a des oreilles que je
dois respecter . Il faut dire et ne pas tout dire . La difficulté est de tracer la limite. L'omissiou
des mots tout crus n'est nullement regrettable ; mais pour certaines locutions, c'est vrai-
ment dommage ; car c'est dans le langage obscène que s'exerce incessamment et que réussit
le mieux notre basse classe. Il y a des expressions d'une brutale énergie, qui feraient trouver
fades les langues cultivées qu'étiolent, que châtrent les convenances. Notre société un peu
élevée n'a pas d'idée de ce langage vivant, imagé; car nos paysans ou nos pauvres ne pro-
duisent pas devant les monseux, les trésors de leur verve. Ce n'est qu'entre eux qu'ils les
étalent, il faut les surprendre sans qu'ils s'en doutent. Un jour dans une maison de ferme où
je séjournais, j'avais pris un livre et j'étais allé à la grange m'étendre sur un tas de foin dans
un endroit reculé. Viennent ein varlet et enne mcsquenne à vak pour prendre cl rafourée dés
hictten (la ration des bestiaux). J'avais bien remarqué qu'ils étaient intelligents tous deux,
mais leur langage ne m'avait offert jusque là rien de saillant. La conversation s'engage.
Quelle surprise! jamaisje n'avais rien soupçonné de semblable. Du feu, de l'esprit, une bru-
talité sauvage, cependant mélangée souvent de bien des délicatesses. On n'a pas été a. l'uni-
versité sans entendre des choses fortement épicées. On en revient un peu blasé sur cet article.
Eh bien! àdiversesreprisesj'éprouvai de véritables frémissements. Pironeut parupàle auprès
d'eux. J'écrivis immédiatement en cryptographie cet entretien curieux; mais impossible d'en
donner ici lamoindreparcelle. Remarquez que c'était un pur jeu d'esprit, une espèce d'assaut
d'obscénité et que les deux interlocuteurs ne paraissaient avoir aucun goût l'un pour l'autre.
ôi OlUGi.NE ET CAKÂCTERE
Doublure. Giroflée à clion feuyes.
Soudure.
Sauce.
Désoiidure.
Deguesine.
Rifiodaine.
Roulée.
Drogue.
Ranctienée.
Randouyade.
Trique.
Erpassade, repassade, râpasse.
Pile (1).
J'en oublie sans doute et des meilleurs.
Le catalogue des injures est aussi très-étendu. Je ne le présen-
terai pas ici au lecteur; mais je ferai une remarque qui paraîtra
singulière, c'est qu'il est une foule de qualifications insultantes
qui ne s'adressent qu'aux femmes. Je citerai les mots de godau,
sottrau, balou, babot, babin, qui, quoique substantifs masculins,
ne s'appliquent pas aux hommes, tandis que les appellations inju-
rieuses qui s'adressent à ceux-ci peuvent prendre un féminin.
Cette observation n'est pas en faveur de la galanterie montoise ;
mais on fera attention que le peuple qui fait les patois n'est poli
nulle part.
Après avoir humblement confessé les défauts de notre patois,
nous pouvons bien en dire les qualités.
Pour qui sait bien le manier, il a une énergie et une précision
que l'on chercherait parfois en vain dans les langues les plus
riches et les plus cultivées. Aussi voit-on assez fréquemment des
personnes très-instruites qui, au milieu d'une conversation fran-
çaise, s'arrêtent tout-à-coup et prennent le patois qui a mieux à
(1) Cette liste était écrite depuis plusieurs années, lorsque le glossaire picard de Corblct
m'est tombé en main, j'y ai trouvé l'analogue de ce que je donne ici. En y réfléchissant on
est obligé de croire que tout patois doit fournir un pareil catalogue.
DU WALLON-MONTOIS ôr;
leur offrir pour donner à leur pensée l'expression convenable. On
cite un vieux professeur, extrêmement bon latiniste, qui, faisant
remarquer, en latin, les énergiques beautés de Tacite ou d'Horace,
ne trouvait souvent rien de mieux que de latiniser quelques mots
ou phrases montoises pour monter à la hauteur de son sujet.
Disons pour finir un mot de l'accent montois. Il va sans dire
que cet accent déplaît à tous les autres wallons, surtout aux plus
voisins qui ne se doutent pas qu'ils en ont un analogue. Ils ne se
doutent pas que l'accent wallon en général n'est pas trop éloigné
de l'accent allemand ou au moins de celui des provinces rhénanes.
Vus à assez courte distance, tous les wallons sont confondus.
Déjà à Paris on nous confond avec les flamauds dont on nous
donne le nom, quoique notre accent soit bien plus ressemblant à
l'accent allemand. Il est vrai que nous avons plus de mots flamands
que de mots allemands.
Un jour que je revenais d'Allemagne, l'oreille pleine de la mé-
lopée allemande et que je me trouvais entre Verviers et Liège, j'en-
tendais des paysans parler très-haut entre eux de trop loin pour
que je pusse saisir les mots. En entendant ainsi les sons, j'aurais
juré que j'étais encore en terre germanique.
il y a une assez notable différence entre l'accent du verviétois
ou du liégeois et celui du montois, et cependant j'ai retrouvé jusque
dans le Palatinat des accentuations montoises. J'ai été servi un
petit temps à Creutznach par une fille qui disait souvent pour
repousser un reproche :
Icli luusste es nicht
ou
Mail hatte es nicht ijesagt.
.l'aurais cru entendre une servante montoise disant :
fil ci savoi gnié
On n'I'avoi gnié dit.
On aurait pu noter presque de même les mots des deux lan-
gages.
50 ORIGINE ET CAUÂCTËRE
L'accGiit traînant et chantant de Mons a sans doute dans cer-
taines bouclies quelque chose de fade et de réiJUgnant, mais il
faut bien dire que dans certaines autres qui savent le moduler, il
donne de la grâce au discours et enlève à certains mots leur
dureté.
GRAMMAIRE.
Je donne bien quelques parties du discours, mais je n'ai pas la
prétention de faire une grammaire complète ; par ce que ce serait
la grammaire d'un patois, qu'on ne s'imagine pas que ce serait
œuvre facile. Voici une petite anecdote qui le prouve :
Un jeune flamand, fort instruit, devenu aujourd'hui sénateur,
avait le désir d'apprendre le montois. Ses camarades s'en amu-
saient. Un jour il arrive dans un café et on l'interpelle en entrant :
Eli bé, Diun, pa iu avée v'nu, lion? Pau Crue dé fCoupe, répond
Jean. Éclats de rire universels. Mais, malheureux, lui dit un de
ses amis, fais donc attention que rue est du genre féminin, on dit
sans doute : pan ptit marché ou markié, mais c'est que markié
est masculin. C'est une barbarie, digne d'un flamand, de dire
pau rrue, il faut dire pa frue. Alors, réplique le flamand, pour-
quoi vous-même avez-vous dit hier que vous étiez passé pau
grancfrue. Le petit cénacle de professeui's de montois resta inter-
dit. Faut-il résoudre la question en disant que grand'rue quoique
5
58
GRAMiMAIRE
féminin et simple abréviation de grande rue, donne l'impression
d'un masculin? Mais il y a des difficultés bien autrement sérieu-
ses. Pour les aborder il faudrait passer, la revue mentale de tous
les cas possibles, alors on pourrait s'élever jusqu'aux règles et
défalquer ce qui n'est qu'exception. Ce serait un travail énorme.
Quelques parties du discours sont variables selon le cas, le
genre, le nombre, le temps, le mode. Nous donnons ci- dessous
quelques déclinaisons et conjugaisons.
ARTICLE.
Sing.
Masc.
Fém.
Nominatif
»
El., I.'
EL, l'
el père,
, el mère
le
père.
, la 11
iièi
Génitif
»
DU
DEL
du »
del ))
du
))
de la
))
Datif
»
AU
AL
au ))
al »
au
))
à la
»
Accusatif
»
EL, l'
EL, l'
el ))
el »
le
»
la
))
Ablatif
))
PAU, PA l'
PAL
pau ))
pal »
par
le »
par la
»
PLURIEL DES DEUX GENRES.
Nomin.
LÉS OU LEZ.
Genit.
DÉS.
Dat.
A LÉS.
Accus.
LES.
Abl.
PA LÉS.
PRONOMS PERSONNELS.
Les pronoms personnels varient beaucoup dans les villages au-
tour de Mons, comme la plupart des mots fort employés ; on y dit :
DiÉ, ED, d'i, Diu, Dj' DJU, ctc; clié vie, ed vie, cCiu vie, dju vie. Je
viens; dHai, dfai. Quelques-uns pour les besoins de l'euphonie
s'empruntent aux voisins. Certaines cacophonies sont par là esqui-
vées: on serait regardé de travers si, voulant imiter nos paysans,
on disait : dfai dfà v^nu. Je suis déjà venu. Quelquefois sans
doute le choix est arbitraiie, mais souvent il est impérieusement
GRAMMAIRE
59
commandé par l'oreille qui veut un mélange de voyelles longues
ou brèves, sourdes ou accentuées.
Nomin. je, j', ej, mi,
Gen. d', dé, mi,
ejvié,mi. Je viens, moi.
y n'a gnié peu d'ini, peur dé mi. Il n'a
pas peur de moi.
Dal. A MI, EMMEj MÉ, m', f' Cà mi, ccss' fàmi. C'est à moi. Baye
mé lé, bayél mé lé, bay emme lé.
Donnez-le moi, donne-le moi.
Accus, mé, m', tié-mc. Tiens-moi. Y m' lié. Il me lient.
Abl. PA MI, PAR MI.
Nomin. ette, té, t', ti,
Gen. DE TI, d'ti,
Dal.
A TI, T ,
Accus. TÉ, t',
Abl. PAR TI, PA TI.
viette, est-ce quel' vie? ti? Viens-lu? loi?
/ n'ai gnié danger d' li. Je n'ai pas be-
soin de toi.
y C el l'a bayé, y V l'a bayé. Il le l'a
donné. Est-ce à ti?
taille -té, taige-té, tait~C Tais-toi.
Masc.
Nomin. il, y, li.
Gen. DE LI.
Dal. Ll, A Li, l'
Fém.
ELLE.
d'elle.
A ELLE, l'. / li prain. Je lui prends.
Ç t' à li s'courtiau là.
Accus. EL, l' elle, l'. .feîpraùi. Jelejelaprends.
Abl. PAR Ll, PA LI. PAR ELLE, PA ELLE.
Nomin. no, nou, nolz, n', noz. No d'allons, noxiz autle. Nous par-
lons. D'allon n'. Partons-nous?
Noz' allon. Nous allons.
Gen. DÉ NOUS, d' nous.
Dat. A nous, no, noz. / no 'II' a dit. Il nous l'a dit. Y nos a
dit.
Accus, no, nos. y noz a buqué. Il nous a frappé.
Abl. PA NOUS.
40
GRAMMAIRE
Noniiii.
Gcn.
Dal.
Accus.
Abl.
Noniin.
Gen.
Dat.
Accus.
Abl.
VO, VOLF, vouz, voz.
1)E VOUS.
.V VOUS, VO, voz.
VO, voz,
PAR vous, PA VOU.
Vo d'allé, voz ave. Vous parlez, vous
avez. Dans l'iiKerrogation ou dit :
Avce? parfec ?Avez-vous? parlez-
vous? C'esl une alléralion du pa-
lois campagnard qui dil avêve.
EU, EUSSE, YEUSSE, Y, YZ,
IL, ELLE.
d'eu, d'eusse.
a eu, a yeu, a eusse, a
yeusse, leuz.
LES, EU.
PA EU, YEU.
y sain vont, eusse, il ou yz oui.
Us s'en vonl eux, ils oui.
Nom
Gen.
Dal.
PRONOMS POSSESSIFS.
Singulier. Pluriel.
EMM, m', mon, ma ; ess, s, son, sa ; ett, ï', ion, la ; mé, mes.
d'emm, d'em'; d'ess, d'e s'; d'ette, dé t'; d'mé, d'mes.
A m'; ass, a s'; att, a' f; amé, a mes.
Accus. EMM, m'; ess, s'; ett, t'; mé, mes.
Abl. pamm, PA m'; pass, pa s'; patt, pa t'; pa mé, pa mes.
Nota. Lorsque le subslanlit' suivant a une voyelle initiale, emtn,
ess, elle, se changent en : emm' n', ess «', ett n' : emm rCamisse, mon ami.
Par pléonasme on dil emme mon père ; on dit aussi : ctl ma sœur, ess
moyi onkc.
Dans quelques villages
on dil : noss, voss
au singulier.
Nom. NO, notre; vo, votre; leu, leur,
Gen. d' no, d' vo, d' leu,
Dal. A NO, A vo, A leu.
Accus. NO, vo, léu,
Abl. PA NO, PA vo, PA LEU.
Même remarque que ci-dessus ; on doit dire : No n'amisse, leu
n'amisse.
GRAMMAIRE
M
VERRES AUXILIAIRES.
AVOI. AVOIR.
Indicatif.
j'ai. no z'avon.
t'a, vo z'avé.
IL a, il ou y z'0>.
Imparfait.
j'avoi, no z' avion. Dans quelques villages ou dil : No s'avine.
t'avoi, vo z'avié, Vo zavile.
IL Avoi, IL ou y z' avion. /i OU yz avinlc{\).
Le parfait manque dans le patois.
Prétérit.
j'ai Eu(pron. comme dans feu, jeu), euwe, vu, yel. Dans quelq. local, oyu.
Prétérit antérieur manque.
Plus-que-parfait.
j'avoi eu, euwe, yu, yeu.
Futur.
j'arai, no z'aron.
ï' ARA, VO z'aRÉ.
IL ARA, IL OU Y z'aUON.
Futur passé.
j'arai eu.
Conditionnel (2).
j'aroi, NO z'arion. Noz arine.
t'aroi, VO z'arié. Voz arile.
IL AROi, il OU Y z'arion. Il, yz arinlc.
Conditionnel passé.
j'aroi eu, eue, yu, yeu.
(1) Bien n'est plus variable que l'imparfait : selon les loealités il se transforme en j'avo,
faveu, j'avau, j'au, dj'au, diau,etc.
(2) Le mot si peut se dire avee le conditionnel comme en ail.; seulement la redondance
n'est qu'une faculté pour le montois, tandis qu'elle est obligée pour l'ail. On peut dire :
Si j'avoi et si j'aroi.
42
GRAMMAIRE
Subjonctif présent.
QUE j'aUE, j'aISSE (i), QUE NO z'aYON.
QUE t'aIJE, que VO z'aYÉ.
qu'il aije. qu'il ou qui z'aye
Imparfait.
que j'usse, j'u, j'eusse, que no z'ussion.
QUE t'uSSE, que VO Z'USSIEZ.
qu'il EUSSE, U, USSE, QU'iL OU QUI Z'USSE.
Infinitif.
AVOI.
AVOI, AVOIR U, EUE, YU.
AYAN.
OU aille ou aillé.
EUSSION.
EUSSIEZ.
EUSSE, EUSTE, EUSTÉ,,USSION.
U, EUE.
Par interrogation.
AI-JE, AI-JOU, AI-JTI,
ATT,
ATI,
AVONNE,
AVÉE,
ON t'y,
Ind. présent.
EJ, J'SUE,
t' É, t' et, t' es-t',
il' é, et, es-t',
Imparf.
Dans quelques localités avan.
d'ai-je, d'ai-jou, d'ai-jeti ; ain d'ai-je ou d'at jou
d'att ; ain d'ail.
d'atti ; ain dtalli.
d'avonne; ain d'avonne.
d'avée ; ain d'avée.
d'on t'y ; ain d'on Cy.
ETTE.
NO STON, NOS ESTON, ASTON,
VO z' ASTÉ, VOS ESTÉ, VO STÉ, {C el, f cs lainhommc),
Y SON.
i ETOl, NO ZETION,
t' etoi, VO z'etié,
IL ETOI, IL OU Y z'eTION.
Dans quelques villages on dit :
feslou, j'aslou, feslève, j'csleu, felone ou
fetione, no z'elone ou elione, vo z'clole,
y z'elonnte, y z'clouinlc, y louinte.
Dans quelques autres on dit :
No zcline ou csline ou slinc, vo z'elile ou
eslile ou slile, il ou y zelôle ou eloinle.
(1) Les deux temps du subjonctif sont également facultatifs. On peut dire indifféremment
après y faut, y f aurai, soit que faisse on que fusse. C'est l'oreille seule qui doit décider en
raison des mots qui suivent.
GRAMMAIRE
dans fiuolques villages ; J'ai slu,fennc n\i slu.
no srine, sarinc, sauruie.
Le parfait manijiie.
j'ai sté, esté,
j'ai eu sté,
EJ, j' s'rai, sarai, saurai,
j'arai sté,
EJ j' s'roi, saroi, sauroi,
j'aroi sté,
QUE j' soi, que nos SEYON, SEYIEZ, SOITTE, SOITTÉ, SOIVTE, SOIVTÉ,
QUE j' FUSSE,
QU' TU FUSSE, QUE t' FUSSE.
qu'y FUSSE.
ETTE, ESSE,
ETAN, ESTAN, STAN,
ÉTÉ, STÉ, -ESTÉ.
Par interrogation.
SUE-JOU,
ETTE,
ETI, ESTI, STI,
ESTONNE, STONNE,
ETÉE, ESTÉE, STÉE.
SONT-Y.
Pas plus à celle conjugaison qu'à la précédente, je ne donne loule la
forme inlerrogalive. L'imparfait, le futur et le conditionnel se comportent
de même.
l^^ CONJUGAISON.
Indicatif (1).
J , EJ DANSE,
TE, ETTE DANSE,
Y, ELLE DANSE,
NO DANSON,
VO DANSÉ,
Y DANSTE OU DANSTÉ.
La o"^ personne du pluriel se
forme bien singulièrement
dans la partie orientale de la
province : elle se fait en Inu.
Un étranger entend dire avec
consternation : cl jour dcl
ducasse , y danslnu su f
place.
(1) Les verbes en iee sont souvent irréguliers : coickier, rakier îont j'em couJie,fem coukie
et j'em coukeye; ej rake, ej rakeye et ej rakie. Les verbes en 1er font à l'indicatif e; ciit-
felle, ej roukelle, ej ronfdle, ej joiiguelle.
Al CRAMiMAlRK
Imparfait.
.)', i:,i it\Nsoi, NO D.VNSiON, L'imparfait est lo pliisvariabledelous les
rr,, ETTF DVNSoi, vo D.VNSI1-. leiiips. Il fait selon les localités dan-
Y, F.F.i.E DANsor, Y DANSioN. seu, (lanso, dansou. Au pluriel,
nos dansine.
Le parfait manque dans toutes les conjugaisons comme en allemand.
Mais en allemand il se remplace par Timparliiit, tandis qu'en wallon, il
est suppléé par le prétérit. Il y a pourtant quelques exceptions, surtout
dans les villages voisins de Mons : on peut dire par ex. : ej preindis,
je pris; ej requis, vécus; ej conslraindis, je serrai.
Prétérit.
.l'.\I D\NSÉ.
Prétérit antérieur.
j'ai eu, yu d.vnsé.
Plus-que-parfait.
j'avoi dansé.
Futur.
J, EJ DANSERAI.
Conditionnel,
j', EJ DANSEROI, NOS DANSERION, NOS DANSeRlNE,
TE, ETT, TL" DANSEROI, VO DANSERIÉ, VOS DANSCRITE,
Y DANSEROI, Y DANSERION. V DANSCRINTE.
Subjonctif présent.
QUE j' DANSE.
Imparf.
QUE j' DANSISSE, QUE NOS DANSISSION, NOS DANSISSE.
QUE TU OU Qu'eTTE D.VNSISSE, QUE VO DANSISSIÉ, VOS DANSISSE.
qu'y DANSISSE, QU'y DANSISTE OU DANSISTÉ.
Notez que, quoique ces deux temps du subjonctif existent, ils n'ont
cependant pas l'emploi qu'ils remplissent en français. Ce n'est pas le
temps précédent qui les détermine, c'est l'arbitraire chez le plus grand
nombre, c'est l'oreille pour les mieux organisés. On peut soutenir que
le subjonctif n'a qu'un seul temps et que le second temps n'est qu'un
emprunt fait à une commune voisine pour pouvoir varier le discours.
GRAMMAIRE
45
• Les subj. qui diffèrent de l'indic. n'ont guère de flexions dans les per-
sonnes el les nombres : que faimissc, que nos aiinisse, que f baisse, que
no baisse. Cependant le son du t se fait sentir à la o' personne du pi. :
qu'il aimisle, qui baille ou boisle.
qui: j'ai ou QiÉ j'aye dansé,
QUE j'eus ou QUE j'eUSSE DANSÉ,
Infinitif.
DANSER.
Dans quelques localités on dit : dansé, dansi, dansie.
Participe.
DANSAN,
DANSÉ, féminin, dansée et dansète.
Les verbes réguliers ont une forme interrogalive comme les auxiliaires,
mais l'euphonie ne permet pas toujours de l'employer. On la rompiace
alors par esl-rc que? esl-ce que c'est que?
2« CONJUGAISON.
Indicatif,
j'j EJ PUNI,
ETTE PUNI,
Y, ELLE PUNI,
Imparfait,
j', EJ PUNISSOI,
ETTE PUNISSOI,
y', elle PUNISSOI,
j'ai puni,
j'ai eu puni.
j', EJ PUNIRAI.
j'aRAI PUNI.
j'arai eu puni.
j', EJ PUNIROI.
j'aroi puni.
J'aROI EU PUNI.
NO PUNISSON.
VO PUNISSE.
Y PUNISSE, PUNISTÉ.
NO PUNISSION.
VO PUNISSIEZ.
Y PUNISSION.
4G GRAMMA[RE
Impératif.
Pi;iSI.
Subjonctif.
QUE j' PUNISSE.
QUE J'W'E PUNF.
L'imparfait manque.
Plus-que-parfait.
QUE j'eusse puni.
Infinitif.
PUNI.
Participe présent.
PUNISS.\N.
Participe présent.
PUNI, féminin punise et punite.
o» C0N.1UGAIS0N.
Indicatif.
j'erçoi, no r'cevon ou noz ercevon.
TÉ u'çoi, vo r'cévez ou voz ercévé.
u. ERçoi ou V r'çoi, y r'çoitte r'çoitté ou iz, n. erçoiyte, y z'erçoiyté.
Imparfait.
no r'cévion ou noz ercévion.
vo r'céviez ou voz ercevié.
Y r'cévion ou il, iz ercévion.
J ERCEVOI,
TÉ r'cÉVOI,
IL ERCEVOI OU Y r'cEVOI,
i'ai r'çu
ou j'ai erçu.
j'avoir'çu
)) ERÇU.
.i'ai eu
» »
.i'avoi eu
» ))
j'ercévrai.
j'ercévroi.
.i'arai
r'çu.
j'arai yu
»
j'aroi
))
j'aroi yu
))
ERÇOl
[qu'il erçoive, erçoisse.
QUE j'eRÇOISSE.
NOS ESCEVRION, NOZ ERCEVRINE.
■»SÉ'
GUÂMMAIUE
47
yU J LRCEVISSE.
ERCÉVOI, ircÉVOI.
ERCÉVAN, n'cÉVAN,
ERÇU, l\ÇV,
ERÇUTE, RÇUTE, ER(;USE, R ÇUSE.
i« CONJUGAISON.
Indicatif,
j', EJ REIN, NOS REINDON.
ETTE REIN, VO REINDÉ.
Y, ELLE REIN, Y RElNTTE, REINTTÉ.
Imparfait,
j', EJ REINDOI, NO REINDION.
ETTE REINDOI, NO REINDIEZ.
Y REINDOI, Y REINDION.
j\vi REINDL.
j'avoi »
j'ai U ))
J'WOI EU »
EJ, j' REINDRAI.
j' REINDROI.
j'arai reindu,
j'arai vu »
j'aroi ))
j'aroi yu »
REIN (l), RAINDON.
(1) Dans toutes les conjugaisons l'impératif est remarquable par ses contractions avec
les pronoms : Lé, mi, a mi : bayemme, hayell. bayemme lé ou hayelle mé lé, donnez-moi, donnez-
le, donnez le-raoi. Bayonle, donnons-le. Au singulier la contraction n'a pas lieu dans la
première conjugaison; il faut dire : baye mé lé, donne-le-moi.
Dans les trois autres elle a lieu au singulier comme au pluriel : finille, erçoillo, preinle,
preimme. Finis-le, reçois-le, prends-le, prends-moi.
Il y a quehiues exceptions : faites, dites n'acceptent pas la contraction ; il faut dire :
faites-mé, dites-lé. Mais si on rend le verbe régulier, la règle reprend ses droits ; disemme es
que VO savez.
-18 GUAMMAIKl-:
QUE j' REINDE Cl QUE j' REI.NSSE, QUE NOS REI.NDION, KKINSSIOX.
REINDE.
REIND.VN.
REINDU, REINDUSE, REINDUTE.
11 n'est pas possible d'énumcrer lous les verbes irrégulicis. Eu voici
quelques exemples :
Aller : Que f vasse, que f vausse, que f allisse.
Boire : Ej biivrai, que f baisse, que f ouvrisse, buvisse.
Savoi, savoir : Que f scusse, que f savisse, sachisse, suisse, cj sarai.
V'ni : J' vérai, qu'y viesse, quy vnissc.
D'voi, DÉvoi : Y doilte, y doillé.
Lever : Ej lièvc, cj yève.
Souteni : Ej soûlerai.
Par contre il est des verbes irrégulicres en français qui devicnneni
réguliers pour les montois :
Pouvoi : Pouvu.
Plainde : No plaindon.
Voir, vir : No voij'on, no viron.
Prainde : No praindon et perdon.
Beaucoup de verbes émigrent d'une conjugaison à une autre :
Osoi (oser).
Rascoyer, ercoyer (recueillir.)
Grouper.
Tous si, lossi.
Seki (sécber).
Vessi.
Plaindcr, plander. On dit également : Plainde et plandc.
Bainde (bander).
Poner. On dit aussi : Ponde.
Beaucoup aussi cbangent leur auxiliaire :
Il a v'nu.
Y s'a leyc heï.
GRAMMAIllE iî)
SUBSTANTIFS.
Les subslanlifs on général ne reconnaissent pas de nombre. C'est
Tailicle ou le pronom qui le détermine. On dit : lés homme eyc Icuz
ainfan ont 'sic.... et non lés hommes eyé
Les substantifs en al qui en IV. (ont le pluriel en mix, font au en
montois dès le singulier : el Iccvau, ain gvau, marichau, il a mau
s panse ou à s'panse. Il a mal au ventre. On dit, mais assez rarement,
ain animau. On se sert plus volontiers du mol : bielle.
Caporal, général, eonfessionnal, arsenal, tribmial font aux deux
nombres : caporâlc ou corpordlc, générale, confcssiondlc, arscnâlc, lii-
bundle.
Les substantifs en ail prennent aux deux nombres le son d'aye : baye,
ayc, travaye. Ce dernier mot est peu usité. On dit plus volontiers ou-
vrage, ouvrache, onrvrache. Soupirail ïail soupiruellc aux deux nombres.
Dans quelques villages les subst. masc. fr. en cur font le féminin en
esse : docteur, doclresse. Mayeur, mairesse.
Dans d'autres vers la frontière de France ils le font en oire : ara-
toire, haijoire, crachoire, criioire. Alors le masc. wallon est toujours
en eu : avaleu, baijeu (baiscur). cracheu (cracbeur), crieu (crieur).
visiN fait visenne.
COUSIN coiisenne.
MUAu, MUYAU, MOUYAU (muet), muelle, muycllc, mouyelle.
BORGNE, borgnelle el borgncssc.
LEU, louvesse.
Riou (réjoui, rieur), riourle.
piCHOu (pisseur), pichourfe.
«
ADJECTIFS.
Les adjectifs ne paraissent pas au premier abord plus privilégiés que
les substantifs, sous le rapport du nombre : on dit : Y son égale Vun
avé Vaulre. Ils sont égaux. Elle sonl laile et sale el non lailes et sales.
Mais quand l'adjectif précède immédiatement un substantif comnten-
çant par une voyelle, il peut prendre la marque du pluriel : einmichan
einfanl, dés michans einfant, il tant dire : dés michan cl laids einfan,
parce que einfan ne suit pas imniédialemenl michan.
50
GRAMMAIRE
H csl une remarque à faire, c'est que si le monlois a le pouvoir d'ac-
ccnluer au pluriel certains e selon son caprice, ce pouvoir lui est ravi
au singulier ; il peut dire : dés laite bielle ou dés lailé bielle, il ne pour-
rait pas dire : enne lailé bielle. L'accentuation convient toujours mieux
au pluriel ; ce ne serait pas une foute de dire : dés monvaise gein, mais
il est plus correct de dire dés monvaise gein. Il faut toujours dire : enne
monvaise gein.
On dit par exception : il a bons el eau, ein lil bons cl caM(plus rarement
bonne el eau), mais il faut remarquer que bons el eau ne signifie pas bon
et chaud, mais convenablement chaud, d'une température agréable. On
dit de même : ein biau\ el gros, ein bons el gros.
Quand l'adjectif se termine par un s au singuliei', on supprime ce s
et ne on le reprend qu'au pluriel : ein gro einfanl , dés gros
einfanls.
Quant au genre, il diffère souvent des analogues français :
MEUU (mur),
meurle.
SUR (acide),
surle. seur (certain) est régulier
BLEU,
bleusse.
Nom,
noir le.
GUÉRI,
guérile et guérise.
POURI,
Ponrile.
MEYEUR, MIEUR, MIEU,
meyeurle, meyeuse, micusse.
CONTEIN,
conleinse.
MALIN,
maline el malennc.
CHAGRIN,
chagrenne.
BLANC,
blanke.
FRANC,
franke.
SEC,
scke.
PRETTE (prêt),
des 2 genres.
NETTE,
id.
MOLLE,
id.
LENTE,
id.
LIGÈRE,
ligerle.
FLAMAKN,
flamainke.
UUR,
dur le.
GRAMMAIRE 51
Pour tous les villages entre Mous et Quiévrain, même rcmariiiic quant
aux adjectifs que quant aux substantifs :
IL EST c.vQCETEU (bavaid), elle est caqueloire.
» MOULiNEU (qui travaille au treuil), moulinoire.
Tous ceux en able ont conservé la vieille forme française en aule :
LOGEAiii.E, logeable.
HABiTAULE, habitable.
C'est une règle de syntaxe wallone que l'adjectif doit précéder son
substantif. Mais elle n'a toute sa rigueur ail. que dans nos villages et
même elle ne s'applique pas aux participes; on dit : ein preincheu skoHé,
del morve dessekie. 11 y a aussi quelques adjectifs privilégiés; on dit :
ei Iclié rispeux, ein einfanl cachivcux. A Mons on est encore moins
sévère; on se permet de dire : el cal noir, des grouscyes verles, ce qui
ne serait pas toléré au village. Mais cela doit être moderne, témoin le
nom des rues : dés blancs Mouchons, d' borgne Agasse, etc.
ORTHOGRAPHE.
Ce sei^ait ici le cas de déterminer les bases de l'orthographe.
J'en aurais bien le droit, car venu le premier, je puis poser les
jalons de la route.
Avia... peragro loca non pniis mite
Trita solo.... (lucréce).
Mais c'est une tâche que je n'ose entreprendre.
Je dois dire pourquoi.
Les bases de l'orthographe d'une langue sont l'usage, l'étymo-
logie, la prononciation.
L'usage pour notice patois est nul. Tous nos anciens documents
sont en vieux fr., non en patois. Notre ancien camarade d'étude
:>i GIIÂMMAIKE
Dol motte a fait en patois quelques cliansoiis charmantes, quelques
dialogues gracieux. Les Fauves du curé de ^Yasmuël sont
pleines de grâce, de finesse. Quelques autres Montois ont publié
de petites pièces remplies de mérite. (Je regrette de ne pas con-
naître leurs noms). Mais ces essais ne sont pas assez nombreux.
D'ailleurs les auteurs ne sont pas d'accord entr'eux, pas toujours
avec eux-mêmes et ce n'est pas un reproche que je leur adresse;
car il retomberait sur moi : quand un mot est écrit deux fois, je
ne puis pas toujours la seconde fois me souvenir comment je
l'ai orthographié la première. Ainsi cette base de l'usage est
nulle dans l'espèce.
L'étymologie serait une base solide si la source était incon-
testable. On pourra voir dans cet ouvrage combien il est difllcile
de s'assurer de l'origine des mots. J'ai déjà dit que les migra-
tions, que les simples communications des peuples avaient tout
confondu. Toutes les langues indo-européennes sont parentes.
H est des mots (j'en cite plusieurs,) qui appartiennent à toutes
les langues. Quelle est l'origine? Ce qu'est l'origine de bien des
choses, elle se perd dans la nuit des temps. Mais admettons que
la langue mère soit bien reconnue, on n'en sera pas plus avancé :
les divers dialectes écrivent différemment : le Breton écrit qest
catoire ruche, le Gallois écrit cest, puis dans le môme dialecte
les auteurs différent : Rostrenen, à la vérité écrit qest; mais
Pelletier écrit kest. Vous pouvez donc écrire catoire, katoire,
qatoive. Ainsi j'ai le droit de conclure que l'étymologie ne peut
souvent servir de base.
La prononciation prise pour base a bien des défauts dont on
peut l'accuser, et d'anord l'exécution ne serait pas commode,
il faudrait inventer cinq ou six lettres nouvelles, plusieurs
accents et esprits à la manière des Grecs ; puis, nous ne devons
pas oublier que la principale étoffe de notre patois, c'est le fran-
çais. Il faudrait donc écrire tous nos mots français ou presque
français comme on les entend, par ex. : écrire om pour hommes.
Si nous voulions imiter les ail. qui écrivent comme ils pro-
noncent ou à peu près, nous serions inintelligibles, nous révol-
terions nos habitudes françaises.
GRAMMAIRE 55
Que faire donc si les bases exclusives manquent? Le plus
sage est sans doute de s'appuyer quelquefois sur l'une, quelque-
fois sur l'autre. Mais c'est une chose d'appréciation. C'est de
l'arbitraire, c'est le règne du bon plaisir qui durera jusqu'à ce
qu'un pouvoir académique montois ail édicté ses décrets.
Pourrait-on promulguer ces deux lois?
Respect pour Tétymologie lorsque la prononciation est désin-
téressée; orthographe française, quand l'étymologie et la pro-
nonciation ne la proscrivent pas. L'arbitraire régnerait provi-
soirement en cas de conllit.
LITTÉRATURE.
J'aurais voulu terminer par quelques pièces en patois ancien;
mais, je viens de le dire, tous nos anciens documents sont en
V. fr. de la langue d'oil. Je n'ai rien trouvé en patois qui eut
quelque ancienneté; les pièces citées de Delmotte, etc., sont
récentes : on peut se les procurer facilement. Ce que j'ai trouvé
de plus ancien ne remonte qu'au temps de l'empire : c'est la
parabole de l'enfant prodigue.
L'idée heureuse vint alors à Paris de colliger des spécimens
de tous les patois français : un thème uniforme : la traduction
française sur le texte Syriaque de la parabole de l'enfant pro-
digue fut envoyée à tous les préfets avec ordre de translater
cette traduction en patois local.
On franchit même les limites de la France de l'époque et on
alla puiser jusque dans la haute et basse Engadine du canton
suisse des Grisons. Les patois suisses ne sont pas trop étranges
pour nous (même le vieux rhétique de la vallée de l'Inn). Ils le
sont bien moins que les patois basques et bas-bretons. Ceux-ci
pour un Montois sont du vrai Syriaque comme le texte lui-
même.
Cette collection est des plus intéressantes en ce qu'elle nous
7
oi GRAMMAIRE
montre comment tous ces patois se touchent, se fondent l'un
dans l'autre par teintes successives, sous la réserve ci-dessus
du bas-breton et du béarnais, qui tranchent et crient sur leurs
voisins. Quelque précieuse qu'elle soit, on ne m'aurait pas par-
donné de la copier et de la transporter ici. La seule pièce qui
ait rapport direct au présent ouvrage est celle que le préfet de
Coninck. envoya en 1807 pour le département de Jemmapes.
Hélas! on peut voir au premier coup-d'œil que ce n'est pas du
montois. C'est pourtant bien du Hennuyer, il n'y a pas à s'y
tromper. De quel village? Probablement celui du traducteur.
Mais où? Elle contient trois mots que je ne connaissais pas.
Rekeu
Assilié
Ratuarde
Je les ai déposés pieusement et de confiance dans ce diction-
naire.
Mais je n'ai pas voulu introduire ici la pièce elle-même que
l'on trouvera dans plusieurs ouvrages de philologie, entr'autres
dans celui de Richard. Schnakenburg, qui donne une partie de
la collection, omet l'œuvre Hennuyère.
Il y a bien quelques chansons anciennes. Dire leur âge est
chose impossible ; mais les unes sont trop épicées pour trouver
place ici (il en est de fort spirituelles), les autres transmises par
tradition ont perdu quelques pieds de vers à chaque généra-
tion de nourrices et ne nous sont arrivées qu'en tronçons. J'en
ai enfoui quelques lambeaux dans le glossaire. Je pense qu'elles
offrent quelqu'intérêt pour un ouvrage comme le mien, mais
elles n'ont pas assez de mérite ou sont trop mutilées pour être
mises en relief dans un chapitre spécial.
GLOSSAIRE.
A.
A {Y) prend quelquefois à peu près le son de I'e, surtout dans les
mots en ar : Erguer l'ernair; regarde le renard. L'a se transforme
franchement en e au passage de beaucoup de mots du vieux français
dans le patois : carue fait Kerue, Carrelon fait Kerlon. etc., a se pro-
nonce dans pays, payer, haïe, assayer, tandis qu'en français on pro-
nonce peys, etc.; la quantité de I'a montois diffère fort souvent de celle
de l'A français et reste ordinairement fidèle à l'origine : nous disons
Basile, quand les français disent Basile.
Abacher. v. a. abaisser.
Abatte, v. a. t. de charb. faire tomber, détacher la houille du toit de
la mine.
itbatue. s. f. en indiquant ce mot, le complément du dict. de l'acad.
renvoie à l'art, retombée du diction.; là, retombée est définie.... portion
de voûte qui porte sur le mur ou sur un pied droit. Notre — est un petit
toit portant sur des piliers et adossé à un mur ; à Liège on dit ahal-lou.
appentis, <ou=toit.
56 ABA— ABR
Abaiijsa. profit que les fripiers de connivence dans une vente pu-
blique font en revendant ensuite la marchandise enlr'eux. Diez cite le
provençal : abauza, tromperie ; batizar, tromper.
Al»e. s. m. instrument au moyen duquel on hauspcle le fil. v. haspeler.
{abe est une corruption du mot arbre), v. hâpc.
yibiette. adv. en bêle : kervé à bielle, complètement ivre.
AliÉstoquer. v. a. arranger, accoutrer : comme té via abisloqué.
Ablo. s. m. morceau de bois, de pierre qui sert à abloqncr. v. ail.
bloc (cippus). Vieux français, abloc, ablot, aWogs. Gaël. bloc. Bret. bloc'b.
Abloquer. v. a. fixer, affermir (une pierre, une poutre). Vieux fran-
çais, abloquier, ablochier.
Abon. adv. tout de bon, vraiment ; ne s'emploie guère que dans la forme
interrogative. à bon? est-ce à bon? c'est-il vrai, cela est-il sérieux?
A bon droit, s. m. profits particuliers d'une place, d'une charge; il
diffère de lour de bâton en ce que ce dernier profit n'est point légitime;
d'ailleurs, tour de bâton est français, quoique peu usité.
A bonne heure, adv. de bonne heure, tôt.
Aboner. v. a. aborner; le mot aborner est fr. mais vieilli; on dit
aujourd'hui, selon l'acad.: placer des bornes à un champ, v. fr. bonne,
bas-lat. bonna.
Abouler. v. n. venir, accourir; c'est un terme d'argot ; selon M. Fran-
cisque Michel, ce mot dérive du verbe gascon aboula (advolarc)
V. bouler, Iribouler.
Abourser ou s^abourser. se former en abcès; se dit du "onflemenl
particulier qui se forme dans un phlegmon, lorsque la suppuration suc-
cède à l'inflammation ; à Liège, abosé, abcèder. Le mot montois provient
sans doute de la forme de bourse que présente l'abourscmain; le liégeois
serait une corruption ; mais on peut soutenir qu'abcèder a formé abosé
d'où serait venu abourser. v. pourciau.
Abre. s. m. arbre.
Abri. s. m. exposition. On a donné à ce mot précisément le contraire
de sa valeur française: ainsi on dit qu'on est à l'abri du temps pour ex-
primer qu'on est exposé à ses intempéries, qu'on est sur la rue ; au
figuré cela signifie avoir de quoi vivre. M. Grangagnage explique ce
mot en remontant au vieux français aubère, âbère, v. ail. âber, âpir
repondant à l'expression latine : in aprico, in aperto. Ménage est du
Â3R-ÂCH 57
même avis ; ce sont donc les français qui ont renversé la signification du
mot abri. Je dois dire que dans lappendice de Monet, abri est défini :
douce température de lair.
4broki. v. a. mettre en perce ; littéralement embroeher (arrondisse-
ment de Charleroy).
Abrunoqiie. v. habrunok.
Abiivroi. s. m. abreuvoir.
Acater. v. a. acheter; bas latin accaplare.
i&ccideinté, ée. adj. atteint, affecté, malade (ie...accidemtcd' Veslou-
mac, dés gouttes, dés hémoruiles.
Accrochage, s. m. l. de charb. lieu où l'on accroche les cufat.
A celle un de. conj. afin de; locution tirée du vieux français.
Acëlheiire, auteur, adv. à cette heure, à présent. François 1" dans
la letire par laquelle il annonce à sa mère la victoire de Marignan em-
ploie le mot ASETEURE,
Ache. s. f. espèce de corniche sur laquelle, au village, on pose en
étalage, les ustensiles de cuisine et de table dont on ne se sert pas
usuellement.
Achelle. s, f. assemblage de courtes planches en forme de petite
bibliothèque et dans lequel se posent des ustensiles de ménage. On trouve
dans le dict. cambrien ou gallois de Davies : Ais, qui est traduit par
assula, assiculus, asserculus, puis aslel asser, assula. Le v. fr. aisselle,
petite planche et le wallon achelle ont certainement été contemporains ;
ce n'est qu'une différence de prononciation. Mais que dire de l'antiquité
relative du celt. ais et du lai. assicula? étaient-ils aussi contemporains,
ou bien l'un est-il né de l'autre? le radical ais est demeuré fr., mais
peu usité.
Chaque fois que l'ancien curé de Quaregnon Godart entendait pronon-
cer le mot — , il ne manquait jamais de conter l'anecdote suivante :
Un jour une femme vient tout éplorée lui dire : que s'n homme d'allo
mon, le curé s'empresse, et en entrant dans la maison ne voit pas le
malade; il s'étonne : eh bié, monseu, il est d'allé poiirmcner ein avec
d'sus lés campsjivant que d'mori. Et moi, dit le curé, qui suis venu en
hâte au bout du village, et lui apportais le Seigneur. — Meinl ! ré|)on(l la
femme, i n'a rié d'mau fait. Lcyel là d'sus Tacuelle : quand Vhommc
crveira, fly barai.
58 ÂCI— ADK
Aoî. s. 111. acier, b. lat. aciarium.
/Iclaircit (V temps s'), le temps devient beau.
Aconinioder. v. a. faire la toilette de la tète : raser, arranger la
queue, les faces, poudrer. Je n'ai pas entendu ce mot depuis peut-être
quarante ans, et il va nécessairement se perdre, puisque la mode a détruit
ce qu'il représentait.
Aeondiiirc. v. a. amener, puisqu'on disait amener, on a pensé pou-
voir dire : aconduire; cette espèce de combinaison se retrouvera fré-
quemment, voyez flani, foére, etc.
Acoré. adj. avare, ladre, vilain, en v. fr. acorer signifie arracher le
cœur. Gall. angor, anghawr avarus (Davies).
Acoufter (s'), v. réf. se blottir, se garantir, se tapir, v. fr. acoveter,
couvrir, garantir, abriter; de acoi, abri.
Aeoiitiiniauce. s. f. habitude, coutume, à V — comme d'habitude.
Acruï. V. a. mouiller (v. cru).
On raconte que l'infante Isabelle ayant frappé la houille d'un droit
élevé, les borennes se rendirent en députation auprès d'elle; arrivées à
l'audience, elles s'écrièrent que : c'ée ein biau gran èfanl, quelle ée toute
â marianve ; puis elles lui débitèrent une harangue en vers commençant
ainsi :
It' aussi impossipe, Dame Zabia,
d' payer c drou là,
qu'à vous d' picher conte el veint d' biche
san ACCRUi vo k' miche.
AoJîoner. v. a. interpeller vivement, interroger brutalement.
Acurî. adj. fort sale, qui doit curer longtemps ou qui a grand besoin
d'être recuré, v. ces mots.
M. Grangagnage explique son liégeois Ecuri, encrassé, par : rendu
comme du cuir (cur) à force de saleté.
Adon alors, ainsi, v. français adonc, tiré du latin ad tune.
Adreni. adv. convenablement, d'une manière appropriée à la cir-
constance, du lalin ad rem, selon la chose (connu en France).
Adresser, aderser. v. a. toucher, atteindre (un but). J'ai tiré
d'sHs, f l'ai adersi. En liégeois, adiersi, réussir, v. fr, adercicr, adrecier.
dérivé du lat. directus.
ADV— AGA 59
Adiiner. v. a. deviner. Esp. advinar.
Advinetle. s. f. énigme, v. f. adevinal (à deviner), voici une — mon-
loise : boule boule su V keyere, boule boule par terre; y n'a nu z homme
ein Einglélerre pou Ver faire, le mot est : œuf.
Afaire. dé ou pou, va pour, passe pour, soit pour.
A fait, fait à lait, au fur et à mesure, c'est du v. fr. provenant du
lat. ad faclum.
Afaiti (s'). V. p. s'habituer, v. fr. afaiter.
JLfilan, ante. adj. ne signifie pas eiïilé, pointu; mais taillant, qui a
reçu le fil. Le fr. affiler veut dire donner le fil.
Alilet. s. m. cordon attaché à la bride d'un cheval et dont les divers
mouvements lui indiquent de quelle manière il doit marcher. En fr.
mener au filet, est se servir du filet, espèce de bride, bridon.
Afiqne. adj. adroit; ne se dit guère que d'une petite fille.
Alique ou AfGque (affiquet) : porte-aiguilles à tricoter. PI. parures,
petits ajustements de femme : A la BénoUe affique de Sle-Waudru étaient
attachés certains fiefs dont les comtes de Hainaut devaient faire le relief
en leur qualité d'abbé séculier du chapitre de celle sainte.
Afisfoler. V. a. arranger, v. fr.
Africaue. s. f. œillet d'inde, lagèle. fl. africaen, même signif.
Aforain. s. m. habitant d'une commune voisine, v. fr. venant du
b-lal. a foris, du dehors.
Afrèriation. s. f. acte par lequel on mettait filles et garçons, aînés et
cadets sur la même ligne pour la succession, avant l'égalilé devant la loi.
Afronté. adj. effronté, v. langage fr.
Afronter. v. a. suborner, en fr. vieilli, affronter signifie tromper.
After. V. hafler.
Afuter (s'), v. a. s'arranger, s'accommoder : qui s'afute comme i pou-
dra, fr. vieilli, affûter, disposer (un canon).
Agaïubée. s. f. enjambée.
Agasse ou Agache est un mot fr., mais aujourd'hui à peu près
inusité en France et remplacé par le mot pie. Le savant étymologisle
Ménage prétend qu'on disait autrefois — pour agallie en changeant Th
en ch, comme Macieu pour Mathieu, Macé pour Matthias ; or on a nommé
les pies, agaces, ainsi que les geais, margots: les élourneaux, richards; les
ânes, marlins; les moineaux, pierrots.
00 AGE— AGU
Mais le savant n'a pas de mémoire : il oublie qu'il a déjà l'art. Agace
el qu'il lui a donné pour origine l'inusité acax, acacis formé de
aceo.
Diez invoque le vha. agalastra, bas-ail. aglasler, pie.
Agés. s. m. plur. êtres, disposition intérieure d'une maison, v. fr.
qu'on a tiré du bas-lalin aggestus; mais aggestus signifie amas, mon-
ceau, entassement. Ducange le fait venir d'agéa : via in navi dicta ; on
peut invoquer le prov. aizi, demeure, le goth. azets, commode, le celt-
gall. azev, est très procbe, le cello-irl. asaid, demeurer, adhbadt, habita-
tion, sert de transition au sanscrit ad'ivisa, habitation.
A gein. adv. (littéralement en gens) convenablement : allaule-lé agein,
par opposition à : à bielle. Comportez vous à table en personne qui a
l'usage du monde.
Ag'ligner (s'), s'agenouiller, b.-lat. geniculare.fl. knielen. bas-bret.,
glin, genou.
Agloiili. V. a. rendre glou, v. ce mot.
itgobille,agobye. s. f. vieux meuble, mauvaise guenille, || personne
d'une santé ruinée : no guernié est lout reinpli dé vielé s' agobyes. Ce
mot n'est autre chose que le fr. la gobille, boule de terre cuite, que nous
nommons kcnik ou courliau. v. fr. agobille, outil.
Agon, liagon. s. m. fleuret, coin de fer, outil pour briser la pierre,
le roc, instrument de fer des bouilleurs. Ago : mendosé, pro ligo.
Angon : haslae quibus franci ulebanlur, Belgae, haekcn, nos galU
bâche appellamus , aichou et achou scurriculus vacant Ai'verni (Du-
cange).
Agoni, v. a. (d' sottise) accabler d'injures, il est fr. mais pop.
" Agrapc. s. f. agraffe.
Agraper. v. a. agrafer, accrocher, saisir, v. fr. agraper. ail.
greipen, saisir, vha krapfo crampon, Kymr. crap, crochet.
Agi'catioH. s. f. convenance, acceptation, agrément, v. fr.
Agrîper. v. a. voler, attraper, enlever. Fr. gripper, agripper, ail.
angreilïen, mettre la main sur quelque chose. Greipen, dans cette der-
nière langue, signifie prendre, attaquer. En flam. grypen, empoi-
gner.
Agpoyei*. v. a. même signification, v. grau.
Aguisteyer, Aguistiller. v. a. arranger, habiller, décorer, accou-
AHE-ÂIW 61
irer. Ce verbe de même que rachemer, goder, ne s'emploie qu'ironi-
([uemonl ou avec un adv. tel que droldémcinl : comme (é co aghisteyé.
Ess fiye là est loudi droldémeint aguisleyée . — n'esl aulre chose que le
h\ ajuster, avec une terminaison dimiuulive comme qui dirait ajusliller,
le j remplacé par le g dur. X'un et l'autre sont formés .du lai. adjuœla
(v.fr. Jouxte,juste,conlre, auprès ;) ilsn'ontdù signifier dansTorigine que
poser aliprès ; ils ont un peu dévié dans leur signif. pour arriver à celle
d'adapter, arranger ; alors ils ont pris des dérivés : le fr. ajustement, le
montois aguistyage. Le fr.en avait déjà pris sur sa valeur propre : ajus-
tage, ajusteur, le v. fr. avait passé par ajouster, attacher.
Aheuré. adj. accoutumé à manger, travailler, etc., à heures fixes.
Aiiisiiuiii. conj. ainsi (Borinage) (i).
Aîrc, Aide de feu. âlre, v, fr. aistre, lat. area, b. lat. astricus, v.
ail. astrich, plancher carrelé.
Aire du soir {su V). vers le soir. gall. or, lat. ora, bord.
Airelte. s. f. aiTOche, plante.
Aisile. adj. aisé, facile; combinaison d'aisé et de facile.
Aiwen. s. m. évier (petit puisard) égout. A Liège et déjà vers Char-
leroy, aiwi. Irau d' — trou par lequel s'écoulent les eaux, lorsqu'on lave
les maisons. Ce mot n'est conservé dans toute sa pureté que dans les
villages écartés ; ailleurs on dit trau d'ai yeu, Irau dein ycu. J'ai même
entendu dire, ô monstruosité ! trou d'un lieu : c'est que nos paysans
disent ai et ein pour un, yeu pour lieu; voilà comment un mot wallon
passe souvent pour du français moderne altéré; or s'il y a altération,
c'est une altération du très vieux français : l'ancien français disait aiguë,
ève, aivc, iauve, eau. Éveux, marécageux. Yawier, évier, lat. aqua.
goih. ahva. On décompose en cell. ancien le mot Genève, ville de Suisse
à l'angle du lac Léman, Gen+ev pointe, sortie de l'eau, Avignon (Avenio)
ville sur les eaux. gall. wysg et gwysg, celto-irl. abh et uisge, sanscrit
ap et vis'a. Avant que le patois d'oil ne fut écrit, les paysans gallo-
(1} Je ne dis pas toujours où un mot s'emploie: c'est d'abord pour une bonne raison, c'est
que quelquefois je ne sais pas moi-même où un mot se dit,bien que je sache positivement son
existence; ensuite les mots émigrent par l'effet des changements de domicile, des relations
de famille.et quand je mets en parenthèse Borinage, je neveux pas dire que le mot n'est
connu que la, je veux dire seulement que c'est là que je l'ai entendu.
(l-i AK— ALE
romains (nos ancêtres en étaient) ne disaient-ils pas aiwe comme les
liégeois le disent encore? cet aiwe est la prononciation wallone de aiguë.
Cette supposition était écrite depuis trente ans lorsque j'ai trouvé :
cspucher le eatve, puiser les eaux, dans l'antique traduction de la bible,
chap. xxjv, versiet 11^ le mot fr. eau aurait donc passé par des transfor-
mations successives avant d'arriver à son état actuel, et il y a au moins
autant de raison (pour la forme) de rattacher son origine au celtique et
au gothique qu'au latin ; aussi y a-t-il bon nombre de philologues qui
soutiennent qu'il n'y a pas de langue mère en Europe, qu'il n'y a que des
langues sœurs toutes nées du sanscrit. Il vaudrait mieux dire, pensons-
nous, que la langue sacrée de l'indoustan est l'aïeule ou la bisaïeule ;
que les langues gothique, latine et celtique, sont sœurs ou cousines, que
dans le cas présent, le wallon et le v. fr. sont frères, et que la mère est
inconnue, mais que les probabilités sont en faveur de la langue latine.
La même racine a causé une seconde erreur toute pareille, v. sauvé.
voir, en outre, les mots eau et évier, pour leur historique, dans le Dic-
tionnaire de la langue française, par E. LITTRÉ.
Ak {fai (Tsés). mot-à-mot: faire de ses actes. Commettre une incon-
gruité, une inconvenance, une faute, un délit, faire une espièglerie, une
incartade, des frasques, des extravagances, des étourderies : el ca a co
fait (Tsés — le chat a encore enlevé un morceau de viande, il a encore
fait ses ordures.
Aklaper. v. a. acculer, adosser, appliquer (arrond. de Charleroy),
ail. klappen, fermer, pousser avec violence.
Akoiti. V. a. poser, reposer, coucher, étendre (Frameries). s'akoiti.
rester coi, v. coyelle, v. fr. quatir et acoitir.
Alain, s. m. veau de dix-huit mois à 2 ans.
Alant. adj. valide, bien conservé : bé alant pou s'n' âge.
Albaudeu. s. m. menteur, trompeur, fainéant, museur. ital. badare,
regarder, b. bret. albader (le) badaud, bada, badoui,badauder. racine,
bàd, badauderie. V. fr. bade, badise, baliverne, bêtise, d'où fr. badin qui
a signifié imbécille.
Allmte. V. halbute.
Alever. v. a. élever, nourrir, v. fr. alever, lat. alere.
Aleze. s. f. vêtement de femme pour négligé. A Fleurus où ce mot
est usité, on croit qu'il signifie à Vaise ; ne vient-ilpas plutôt du fr. alèze,
ALl-AMU 63
toile pliée en quatre pour soulever les malades? mais voilà que M. Sche-
1er croit que le fr. alèze pourrait bien provenir d'à l'aise.
Alierpe. adj. alerte, vif. Ne se dit guères que des hannetons.
Alînger(s'). se dit du linge qui s'est un peu usé et qui alors paraît
plus lin. Ce mot est aussi français : il signifie se fournir de linge; alinger
veut dire donner du linge.
itiler avek ou avé. accompagner. Fig. courtiser.
Si m ri' homme d'iroi avec Dede(fe, né pas,f T i ainrache ses i, eyé
f kie dain lé tro. Remarquez le pléonasme germanique : Si, avec le con-
ditionnel d'iroi.
Alnioile, armaile, ormoire, ormoile. s. f. armoire, lat. arma-
rium. gall. almari, abacus. v. fr. almaio, almarie.
Alonge. s. f. action de chanceler, mouvement rapide d'un ivrogne
pour rétablir son équilibre. || Pièce servant à allonger une table, etc.
Alou. s. m. alouette. L'origine du celtique ancien n'est contestée par
personne: avis galeritdquœ gallicè alauda dicilur, Sextusempiricusc. 39,
Pline X, 57. Les auteurs latins donnent au mot une terminaison con-
forme à leur langue; mais les Gaulois disaient sans doute alaud ou alau
peut-être alauw dont alouette n'est qu'un diminutif. Le v. fr. disait aloe,
aloue. Le cymr. dit alaw-adar, littéralement oiseau d'harmonie. Bret.
alc'houeder.
i^niagn. excl. gare, prenez garde (à vos mains).
.4iuberquiii. v. einberquin.
Amdé ée. adj. châtré (Borinage) v. hamder.
Amicieu. adj. affectueux, caressant.
itmiincr. v. a. dépenser complètement une somme d'argent, || con-
sommer du bois, du charbon || vaporiser: d'suseinavée clos là a II' aminé
n pièche de chon francs. No mekenne a aminé tout no carbon; lat.
imminuere.
Attiolilion, amonition. s. f. munition, v. fr. amonition.
Auioiirettc. s. f. thlaspi, plante. En fr. on donne ce nom à une
graminée et à une solanée.
Aniouscaye, amonscade. s. f. noix muscade.
JLnipniau. s. m. jeune mouton, v. antniau.
Jiiuusetle. s. f. personne qui s'amuse d'une vétille, qu'un rien
détourne de son travail. En fr. il signifie bagatelle, elc.
(ii AND— AiNG
Andaehes. s. pi. quand un eufanl gourmand cl importun demande
à sa mère quel ragoût elle prépare, elle répond : c'est dés — que lés
grand mcrcs mâchent. Mais qu'est-ce proprement que des — ? dans
rignorance de la valeur du mot, il est hasardé de produire des vocables
de langues étrangères : quel rapport possible avec leb. lat. andasium,
chenet? avec l'ail, andacht, dévotion? avec l'esp., port, endccha, com-
plainte, chant funéraire?
Andoche. s. f. coup, blessure légère : bayer, attraper enne —.
V. andocher.
Andocher, adocher. v. a. toucher, atteindre, heurter, cogner.
s' — , se cogner.
De même qvCcrduchcr vient du fl. herdoen, — vient de aendoen, atta-
quer, aborder. On doit prononcer andoun, mais les fl. et surtout les
enfants ont coutume d'appliquer leur diminutif je ou tje, ce qui fait
andounje, andountje, lequel mal saisi par les oreilles wallones a pu fa-
cilement dégénérer en andoche{\. crducher). On pourrait encore prendre
aenbotsen, heurter contre ; cependant je ne dois pas omettre que le v. fr.
avait andosse, endosse, épaule : Je te donnerai sur l'endosse.
Andorioiu. v. Landoriom.
Andouin. s. m. gouffre (Jeramapes, St-Ghislain).
Andu. s. m. échoppe. || guenille. || vieux meuble. || vieille feraille. v.
fr. landier,andier, foyer de cuisine, chenet, b. lat. andena, instrument de
fer du foyer, b. bret. lander. Jura, andin, chenet.
Andiiteax. s. m. qui étale ses marchandises sur une échoppe.
4neaa. s. m. p. débris de lin après le teillage qui servent en place de
poils pour le plâtrage.
Anges, s. m. pi. onglée. Il ne se dit guère que dans cette phrase :
avoi lés anges à lés doigts, avoir les doigts engourdis par le froid. On
pourrait faire provenir ce mot du latin angor, v. fr. anger, incom-
moder.
Angon. ad. et subst. tricheur, joueur qui querelle volontiers. || trom-
peur. En fr. un angon est une demi-pique pour pêcher les cruslacées.
Nous avons un jour entendu donner à ce mot une origine grecque que
nous osons à peine rappeler : on disait que par une métaphore sem-
blable à celle qui donne à Crombin la valeur de fripon, a.y/.ov coude,
qui n'est pas droit, avait donné naissance à Angon.
ANG— AxNT 65
M. de Reiffenberg rorihographie Engon, et le fait dériver de l'italien
Ingannare et de l'espagnol Enganar: il approche certainement de la
vérité; mais nous n'avons rien emprunté aux italiens, et nous avons
quelque chose plus près de nous : le v. fr. nous offre enganer, enganner,
engeigner (La Fontaine) plus anciennement, engigner, tromper; d'où
peut-être le fr. guignon. Il nous offre encore l'adj. gane, traître, par-
jure et le s. ganelon, traître. Le complément du dict. de l'acad. fait venir
gane de ganelon, personnage odieux des romans de chevalerie ; c'est
peut-être le contraire : gane m'a bien la tournure d'un radical celt.; la
circonstance qu'on retrouve le mot en Italie et en Espagne sans le voir
dans le lat. ni l'ail, me l'avait déjà fait croire tel a priori. J'ai trouvé en
effet dans Pelletier qu'on disait ganas en cornwaille, ganés en Léon pour
traître, fourbe, fripon ; cependant Davies n'a rien d'analogue. Ducange
explique ainsi le b. lat. ganelo : Sic dictus a Walinole seu Guanilone
archiepiscopo senonensi qui, beneficiorum a Carolo Calvo acceptorum
immemor, ad partes transiit Ludovici Germanici.
Angoner. v. n. tricher ; d'où le s. angoncrie.
Ania. s. m. anneau, bague : d'aller à zania, aller chez l'orfèvre
acheter des bagues de mariage. || se disposer à se marier, v. fr.
aniax.
ii.uie. s. m. pièce de bois qui se passe en dessous d'un sommier dont
le bout est pourri et qui s'attache au dit sommier par un boulon de fer
qui le traverse.
ytnoire. s. f. aunaie, lieu planté d'aunes. La terminaison provient,
selon quelques uns, <le la teinture noire qu'on relirait] de l'écorce des
aunes.
4nsenne. s. f. fumier (arrond. de Charleroy). mori su V — mourir
sur la paille, v. f. ansenne, \\ fr. ensainer, engraisser, sain, graisse,
(v. sayain) bret. sam. lat. sagina.
Anspec. s. m. perche armée d'un crochet dont se servent les bate-
liers. En fr. t. de marine, Anspcct, levier, celt. bret. spec levier. An est
l'art, le. Irlandais, spakigs. Ail. spake.
Antille {laque d). tâche de rousseur, éphelide. De lentille.
itntiliettc, anJyeJit?. s. f. targette, petit crochet de fer pour fermer
une porte, une armoire. Ducange définit anaclita : cardo qui in foribus
cireumstantibus vcrlilur, v. bilbol pour 1' — de bois.
66 AM— ARA
Anintan. l. de boucher, agneau déjà vieux. C'est comme si l'on disait
entr' agneau, v. fr. anlcnois, agneau d'un an, ante annum.
Antoiuic. {sC ain) c'est un squelette, une personne très-maigre.
Corruption d'analomie.
Anzincr. v. n. n'être pas ferme, branler. || tourner autour. || hésiter:
— à V porte, chercher à ouvrir ou à fermer la porte. L'ail, ansinnen
signifie prélendre, exiger, rechercher.
Aonlcu. s. m. moissonneur. Août (moisson, temps de moisson) est
fr., mais se perd en France, tandis qu'il gagne à l'étranger et a pénétré
jusque dans les patois allemands.
Api», s. m. perche pour le lir à l'arc (Borinage, comme les deux sui-
vants). V. fr. appast, appât, appau (ad pastum), amorce. A Liège, ha])d,
volet d'un pigeonnier.
Apa. s. m. pas, enjambée.
Apasser. v. n. marcher, faire des pas, mesurer par le nombre des
pas. fl. afpassen, mesurer. Passer, compas. Ail. abpassen, corapasser.
lat. spatiari, passus.
Apeler toutes sortes de noms, injurier.
Aplaidié. v. a. annoncer (sa marchandise). Borinage.
Aplolin. s. m. v. Iiaplopin.
Apoin (mette), panser une blessure.
Apotager. v. a. arranger, accommoder. S'emploie surtout par déri-
sion. Ressemble un peu à hypothéqué, dont on se sert dans le même sens
en fr. pop.
Appe. s. f. V. happe.
Appiettc. s. f. v. happiette.
Après {demander). Idiotisme ail., demander quelqu'un, quelque
chose; le régime est souvent sous-entendu : lu né V vois gnié, eh bel
cache après, tu ne le vois pas, eh bien ! cherche le.
Apreintié. s. m. apprenti.
Aprouver. v. a. éprouver.
A que rcsse, à quoi reste, à quoi manque que. à quoi tient que,
pour quel motif, v. rei>se.
Aragiie. s. f. araignée, v. fr.
Aragnie. s. f. toile d'araignée, v. fr. araingnie.
Aragone. s. f. estragon, v. dragone.
ARA— ARE 67
Araî (/). j'aurai, v. fr.
jtraskié (cite), rester en rage ou en »'ac/ie, être arrêté, être embourbé.
V. rage et en rage.
Arayer. v. a. enrayer.
Arayoi. s. ni. ce qui sert à enrayer.
Arbalelte. s. f. s. martinet, hirondelle qui a les A doigts en avant.
Le martinet a sans doute reçu ce nom de la rapidité de son vol qui l'a
fait comparer à un trait d'arbalette.
Archellc. v. harchclle.
Arder, darder, v. n. menacer de mordre ; se dit des chiens. Ardre,
arder en v. fr. signifie brûler, v. darder.
Arener. v. n. vanner, séparer le grain des petites pailles qui y sont
mêlées. En fr. arener est un terme d'archit.
Arestation. s. f. station de chemin de fer (dans quelques villages).
M. Corblet dans son excellent livre sur le patois artésien se plaint
du défaut d'oreille de ses compatriotes comparés aux hommes du midi.
L'oreille dans le Hainaut est peut-être encore moins délicate que dans
l'Artois; cependant ce n'est souvent'pas pour avoir mal entendu, mais
parce qu'il croit devoir reformer ce qu'il a entendu, que le bas peuple fait
subir aux mots les transformations les plus singulières.
Lorsque l'armée française entra en Belgique en 1831, les soldats en
marche chantaient le refrain de Casimir Delavigne : courons à la Vic-
toire. Le nom de baptême Victoire étant très-connu, nos paysans n'ont
pas douté qu'il y avait là invitation à M'"' Victoire de courir, et ils chan-
taient en accompagnant les Français : courons, allons, Victoire.
Pour revenir à Varrestation, disons que nos paysans ont cru qu'on se
trompait en disant station. Il s'agit d'un lieu où l'on arrête, c'est donc
arestation qu'il faut dire ; ils ne sont pas tenus de savoir qu'il existe un
mot latin : stare, et ce que signifie ce mot.
La remarque de M. Corblet n'en est pas moins applicable aux Montois,
et je pourrais la confirmer par des exemples curieux ; mais il ne faudrait
pas l'appliquer à notre Borinage. Cette contrée populeuse est remarquable
par sa délicatesse musicale, ce qui n'empêche pas que son langage ne soit
le plus rude du Hainaut.
J'ai entendu bien des fois les ouvriers montois rentrer chez eux en
chantant en chœur le soir des jours de fête. Je n'ai pas souvenir d'en
es ARG— ARN
avoir jamais entendu chanter autrement qu'à l'unisson ; heureux quand
ils n'adoptaient pas chacun un ton particulier. Il en est tout autrement
;hi Borinagc : sans avoir reçu d'éducation musicale, les borains procèdent
harmoniquoment. Ceux de Frameries sont surtout remarquables (et
c'est ce qu'il y a de plus borain). Je me suis plus d'une fois arrêté dans
1(!S cabarets écartés del Boiiverieeldu eu du gvau pour entendre lescon-
certs des ouvriers charbonniers qui organisent leurs chants en raison
de leurs voix, attribuant la basse à l'un, la, haute-contre à l'autre.
Après cela on peut faire, si l'on veut, une distinction entre les sons
musicaux et les sons articulés; il est sous ce dernier rapport très curieux
d'entendre les borains chanter un air d'opéra fr.
Argot, s. m. articulation des doigts avec le métacarpe. || doigts dispo-
sés pour lancer rcour^mw. métaph. ongles. — d'cuinche, vilain, mauvais
argot. D'avoi d'su ses argots, être puni ; r'kéi su ses argots, retomber dans
les mêmes habitudes, les mêmes fautes. Le mot patois provient du fr.
ergot; car argot, quoique fr. aussi, a des significations trop éloignées de
celles qui sont ci-dessus indiquées.
Argoter. v. a. soutirer, escamoter, voler avec adresse. En fr. l'ar-
got est le langage des voleurs : on dit le royaume argotique, les finesses
argotiques, etc. Les étym. sont fort embarrassés par le mot argot. Ne
peut-on pas penser au lat. argutus, subtil, adroit?
Argoasille. s. m. homme de police, gamin ; peut-être de l'espagn.
alguazil, peut-être du fr. argousin.
Arlaqiie. v. harlaquc.
Arna, Arnisknre, Arnichure. v. harnas, harniskure.
Arnaisc (fai dés), se dit au propre d'un cheval qui s'emporte, au
fig. d'un homme qui se livre à des écarts (Borin.).Ce mot peut se lier à
argnaga par le namurois Ernauje. (v. arniaga) Cependant je hasarde le
V. fr. arnauder, tourmenter, et le t. d'argot arnache tromperie. Pourrait-on
invoquer l'esp. et l'it. arnèse, équipage? le fr. a bien équipée. M. Grandga-
gnage soupçonne une parenté entre reniaga, ernauje et le liég.reni'', cou-
rir, tracasser, ail. rennen, courir.
Arniaga, Ergnaga, Reniaga. s. m. pétulant, espiègle. A
Namur ernaj/Je (v. arnaisc). Diez cite une série de mots espagnols aux-
quels il assigne une origine ibère : Arriaga, arnaya, anaya, arteaga. Ce
sont des noms de famille. Le seul devenu nom commun, qui se trouve
ARN— ARS 69
dans les dicl. espagn. est sans rapport de signif. avec notre — . On peut
croire qu'à l'époque de la domination espagnole, il y a eu un individu
nommé — remarquable par sa pétulance, et qui est devenu terme de
comparaison iy.magrilé). On trouve dans le basque arraya, poisson. En
lorçant un peu, on interprêterait — : vif comme un poisson !! La forme
rcniaga pourrait induire à penser à renégat ; mais c'est la première opi-
nion qui est la plus soutenable.
Arnitoile. toile d'araignée.
Arnu, Arnen. s. m. orage, temps orageux. On m'assure que ce mot
d'origine celto-bret. est employé dans quelques communes du Hainaut.
Je ne l'ai jamais entendu en Belgique, mais je l'ai entendu dans le Hai-
naut français. Bret. arneu, temps d'orage. Gall. erniwnoxa, damnum.
ii.rok. s. f. chose qui arrête, accroche : Lés belle fiye, lés vieyé loque,
irouve-lé louais dés arok.
itrokicr, aroker. v. n. et a. arrêter, accrocher, v. fr. ahoquer,
ahoquier, accrocher. Le v. fr. aroquer, arocher, signifie mettre en pièces.
Diez rattache ces derniers mots à roche, roc. Jusque là pas trop de diffi-
cultés ; mais quand le docte germain essaye ensuite de tirer roc du lat.
rupes, je ne puis m'empêcher de m'insurger contre son autorité, quelque
respectable qu'elle soit; roc a bien la physionomie celt.: on trouve en
effet dans le bret. roc'h, dans l'écossais roc. Quant à ahoquer il se rap-
porte au lat. hoccus, picard, hoc, crochet de tanneur.
4romain. s. m. sillon qui sort de limite à deux champs. A Liège,
rainure d'une bure pour arrêter les eaux et les conduire au carihou.
roye, raie. prov. arrega, aussi raie, basque, arroila, rigole.
Arotte. s. f. mauvais cheval, mauvaise vache, mauvais âne. En lié-
geois, harolle, haridelle, v. ail. hreinno.
Arpcyant, arpillant, harpiyant. adj. v. harpeyant.
Ai'poi. s. m. poix. En ail. harz. en holl. et en fl. hars, résine. Arpoi
serait un mélange d'un mot fr.et d'un mot german.; il signifierait mot-à-
mot poix-resine. En holl. harpuis est la courée, mélange de suif, de
soufre et de résine pour calfater. En liégeois, harpih et haurpih. On peut
soutenir que ïarpoix n'est autre chose que la poix au moyen de l'art,
avec addition d'un R.
Arsouille, Arsouyc. s. m. vagabond, vaurien, va-nu-pied, gamin ;
usité dans les patois bourguignon, normand, comtois, picard. Selon Cor-
9
70 ART— ASS
Iil(M (ii;lossairc Picard) c'est une apocope du v. fr. garsouillc. Il se
trompe : 11. aers,cul (prononcez ars) hol, lrou...niais c'est un peu cru
à dire.
Arlayop. v. a. admirer, regarder, contempler. Ce v. ne s'emploie
qu'à rimpéralif : artayc cin pau ! que c'est biau! tailler a été employé en
V. l'r. pour estimer, compter.
Articliaiid sauvage, s. m. Joubarbe, sempervivum teclorum (L.),
^Irtoile. s. f. orteil, v. fr. arteil et ortoile. bas-lat. orlellus et ortil-
lus.Lat.articulus. — de princheu, fève de marais, ainsi nommée parce-
qu'elle a quelque ressemblance avec les sales orteils des carmes déchaus-
sés qui allaient prêcher de village en village.
Asbayi. adj. ébayi. v. fr. abayi.
Asca. excl. pour chasser un chat.
y^sconsc. adj. garanti, caché, à l'abri (Jemmapes). v. fr. esconsé,
absconse, caché, lat. abscondere.
/Iscoiitcr, acontei*. v. a. écouter, ascouler lés aveine lever, écouter
pour en faire profit, avoir l'ouïe assez délicate pour entendre les moindres
bruits (même celui que pourrait faire l'avoine en germant). Vir lés aveine
lever, signifie tout autre chose : c'est attendre les événements. Bret.
scoùarn, oreille, lat. auscultare. gr. àxoùw. Pétrarque se sert du
verbe ascoltare (sonnet 217). Ascouter et acouter appartiennent
au V. fr.
Askeï. V. n. arriver, écheoir. v. fceiet alomher. v. fr. eskeïr.
itskinblot, lakinblo. en bloc et en tâche, sans compter, v. fr.
cnsembl'od. Od signifiait auprès, avec. Du latin ad : puis sont justez par
amour et par feid ensembl' od els tels XX mille Français (chanson de
Roland).
Aspergetle. s. f. goupillon, aspersoir, aspergés.
Aspcrt. s. m. et adj. expert.
.Ispirail. s. m. spirale (de montre).
Aspouycr. v. a. appuyer, bas-lat. appodiare. podium, appui.
essayer, v. a. essayer. On ne prononce pas comme en fr. esseyer;
Ta se fait sentir. Bas-breton, œczaèa. dialecte de Vannes açzai. Italien,
assagiare. Basque Enseiatcea. v. sayi.
itssazin. s. m. assassin, fai ain — , commettre un assassinat.
4âselet. s. m. t. de charp. pièce de bois placée en dessous d'un
ASS-ATA 71
sommier, afin que par son poids il n'écrase pas la maçonnerie, fr. aisse-
lier, t. de cliarp.
Assez, adv. nous ne parlons de ce mot que pour mentionner sa syn-
taxe empruntée à l'ail.; on dit : bin-aise assez d'ain elle quille. Il est assez
content d'en être débarrassé. Dm mau et dés ruse —, à peine, difficile-
ment. / n^sait temps — , il lui tarde.
Assî. s. m. essieu, latin, axis. AU. achse. fl. as. || acier; dans la der-
nière signification v. aci.
itssilier. dépenser (n'est usité que dans quelques villages, v. l'art, lit-
térature) essillé est un v. mot fr. qui signifie ravagé. On trouve dans
Perceval : l'agent et la terre essillée, qui fut tondue et pareillée.
Assire. (s'), ej m'assis, ej m'assisoi, ej m'ai assi, cj m'assirai, que
j' m' assise, que f m'assisse.
Astakier. v. a. attacher, appliquer, bret. stag, staga, provenant de
lach, gaël. tac, clou (v. tachette) d'où l'it. tacco, l'esp. tacho, le port,
tacha, le v. fr. tassel (v. lassiau). basque, estequatcea, attacher. Pour
rendre attaquer, le bret. se sert de taga au lieu de staga. Nous aussi, nous
nous gardons de rendre attaquer par — .
Astarge. s. f. retard.
Astai'gei*. V. u. et a. retarder, s'attarder. Liégeois, astargi. v. Ir.
atarger. Du lat. tardare.
Astoker, Astokier. v. a. fixer, arrêter, dresser, étayer. || figur.
étouffer : esse bielle là est astokie, cet animal a mangé un trop gros mor-
ceau, il ne peut l'avaler, || s' — , se tenir, se mettre debout, v. slokié. AH.
stock, bâton. V. fr. estoquier, boucher.
Astrouer et slroner. v. n. et a. recouper les branches (ketrons)
d'un arbre, d'une haie. fl. stronk, tronc, lat. truncus.
Astruc (à V). en étançon. se dit de la position d une b irre de fer
fixée d'une part dans le sol, de l'autre au milieu d'une colonne pour la
soutenir, de celle d'une poutre étayant une maison qui menace de
s'écrouler, v. strukié.
Ataque de uiouliii (fort comme enne). Gall. atteg fukrum, fulci-
mentum.
Ataqiiier. v. a. appliquer, porter. — enne calotte, donner un soufflet.
Ataquoi. s. m. rondelle de cuir mouillé dont les enfants se servent
pour soulever les pavés.
72 ATA— AUL
Atanlcr (s'), se mellre à table.
Aleliciier. aliacher comme un chien l'est à son maître; ne se dit
guèrcs que dans les parties du Borinage où un chien s'appelle Iché.
iitehil. éternuement. Onomatopée. Les Romains par une espèce de jeu
de mol disaient : tibi Jupiter adsit, comme nous disons : Dieu vous assiste.
Atciri. V. a. attendrir, v. ter.
Allevcc, anllevce. v. hallevée.
Aloiubcr. V. n. écheoir, arriver, coïncider : ça s'roi hé atombé, ce
serait une nécessité bien singulière, une coïncidence bien remarquable.
Esse raindage alombe au sainl- André, son fermage écheoit à la St- André.
Alout. s. m. soufflet, coup. Ce mot est français, mais peu usité
pour signifier triomphe (au jeu de cartes).
A tous les jours, chaque jour : c'est s' casaque d'à tous lés jours,
c'est son habit ordinaire, par opposition à : habit de fête.
Atriau. V. halriau.
Atricaye, s. p. attirail, bagage, lat. tricse, bagages.
Au, Ayu. adv. oîi: ayu d'allée, où allez-vous? les écoliers s'amusent
à écrire ainsi l'appel d'un enfant égaré dans un bois : E, P, A, U, S, T.
eh ! père, où étes-vous?
Quand Ayu est suivi de est-ce, il se contracte en Ayuss : Ayuss que vo
d'allcz, hon? où donc allez-vous?
Aubcr. s. p. argent, fortune, écus: c' C enne coumère qu'a bramein
dés — ,ce n'était pas, comme on pourrait le croire, une monnaie frappée
à l'effigie des archiducs Albert et Isabelle; car le mot existait dans le v.
fr. avant leur règne. Il existe encore dans l'argot fr.,il se traduit dans le
fourbesque (argot ital.) par albume (i).
Aubun, aubin. s. m. aubier. || fig. fraude, de mauvais aloi. En fr.
c'est l'allure qui lient le milieu entre l'amble et le galop.
Anlc. ce suffixe fort fréquent dans le langage borain : logeaule, habi-
taule, etc., est une vieille forme fr. changée plus lard en avle, able,
pour se rapprocher du lat.; c'est un reste de la prononciation celt. : awl
est extrêmement fréquent en gallois. Avl est commun en basse-Bretagne :
(1) Un Aubert (ou plutôt haubert) était une cotte de mailles dont se revêtaient à 21 ans
les fils des barons possesseurs d'un fief, nommé Azihert dans le moyen-âge. Voilà, sans
doute, l'origine de l'expression patoise : il a des auierts, en parlant d°un homme qui a de la
fortune.
AUM— AVE 75
les mots taol, staol, diaol, sont, selon Pelletier, la bretonisalion de ta-
bula, slabuluni, diabolus.
Auniaic. s. f. génisse (Charleroy). Liège, amaie. v. fr. amaille, au-
maille. Lat. animal. Barbazancite le lat. aumeus, qui serait plus rappro-
ché; mais je ne connais pas cet aumeus.
Aune (de Mons). mesure de deux pieds et demi Hainaut. v. pied.
L'aune se divise en demie, quart, huitième, taille ou seizième, demi-taille
ou trente-deuxième ; elle égale O". 73424.
Aunelle. s. f, aune qui n'est pas encore arbre.
Au preuni. adv. seulement. Les Liégeois disent a preum ou a prum.
On ne l'emploie que par rapport au temps, tandis que foque se dit du
nombre etc. y f%il au preum brun. Y n'est qu'au preum temps de fciner.
au prisme est un mot du v. langage français, prima sous-entendu hora.
Avaler, v. n. et a. t. de charb. creuser un puits d'extraction. En v.
f. avaller, signifie abattre, abaisser, enfoncer, lat. vallis.
Avaleresse. l, de charb. bure que l'on creuse.
Avalon. s. m. gorgée de boisson.
Avalon-tout. s. m. goinfre.
Avau. prép. sur. avau lés camps, sur la campagne, dérivé du v.
français. On dit encore à présent, à vau l'eau, au gré, selon le cours de...
Avau-ci, avau-là. adv. ici, là, aux environs.
Avec, avé, aveu, avou, avu. adv. aussi. I d'à avec, il en a aussi, v.
fr. avoec, aveuque.lat. ab hoc. Quand avec est prép., il a la signification
fr., et prend un régime. Alors on prononce souvent avé: vie avé mi.
Selon le génie des langues du Nord, ce mot vient en composition avec
les verbes et sans régime : aller avec, fréquenter, rechercher en
mariage ; v'ni avec, accompagner. Em capiau est tout neu; pau monvai
temps, je n' peu gnié sorti avec, mon chapeau est neuf, je ne puis le por-
ter par le mauvais temps, avec ou avé s'emploie pour outre : avé ça
qu'elle est laide et vieille.
Aveni. v. n. venir, y venir, avié co, viens-y encore.
Aveine. s. f. avoine. Je ne donne ici ce mot qu'à cause de sa pro-
nonciation. Nos campagnards prononcent avaine ou à peu près ; mais les
Montois donnent à la diphtongue un son difficile à représenter : c'est à
peu-près comme avouaine ou avuaine. Il en est de même pour d'autres
mots comme Antoine.
7i AVE— AVO
jtvcrlii. ailj. résolu, guilleret, sémillant. Le v. fr. averlanl signifie au
contraire lourd, grossier, et vient de l'ail, haverlinj,', selon le complé-
ment du dici de l'Acad.; je ne comiais pas cet haverling.
itvcrtaiicc. s. f. avertissement, v. fr,
Avctu. adj. couvert de récolles. Latin, veslitus.
Aictues. s. f. p. récolles sur pied,
A vierge, s. f. madone, représentation de la Mère du Christ. Fiiels
d'à vierge, lils d'araignée qui volent dans les champs en automne. A
r pourcession il avoil brameindés belle z avierges. Il est clair que c'est :
l'avierge substituée à : la vierge ; mais on ne colle à vierge une portion de
l'art, que quand il s'agit d'une statue : ainsi on dit par exclam. : sainte
vierge !
.4viné ée, adj. vif, remuant, frétillant.
J'ai n' petite fiye qui n'a qu' dix-sept mois;
Méfai bé du bonheur :
Elle s'< AVINÉE comme enne marcotte.
Aviner, Ce mot en français signifie imbiber de vin. Figurément,
l'homme aviné est celui qui boit beaucoup. La jambe avinée est celle de
l'homme ivre. Le patois donne à ce mot une valeur plus étendue : il l'em-
ploie pour élrenner, commencer, pénétrer, imbiber, mettre en train.
On dit avincr n" pipe. — enne fiye (obscène).
Aviser, v. a. Ce verbe qui a en fr. moderne diverses significations, a
entr'autres celle de: voir de loin. En patois il a conservé la valeur de
l'ancien langage gaulois ; c'est-à-dire qu'il signifie : voir de loin ou de
près indistinctement, ou plutôt regarder, contempler, bret. Arvest,
regarder un spectacle, lai. videre, visere.
Avisse. s, f, invention, idée, moyen subtil, procédé ingénieux,
fr. avisé, s'aviser. Avisse en fr. signifie fer, cuivre, etc., à vis.
Avissieiix. qui a de Y avisse.
Avoir, avoi. v. a. aimer mieux, moins, autant. Taroi mieux eu
(en quelques villages oïu) stici que stilà, j'aurais mieux aimé celui-ci
que celui-là. Ou peut croire que la confusion a eu lieu à cause du peu de
différence qui se trouve dans la prononciation entre j'ai et j'aime; ce-
pendant il faut savoir que les ail. disent lieber haben, irad. lilt. avoir
mieux. J'ai mieux ein voleu qu'ein meinteu. || Avoi hier, chérir, aimer
AVR— BAB 75
(Borinnge) ; celui-là bien décidément est un germanisme : lieb haben,
traduit littéralement. Comme en ail., les deux mots se séparent : on ne
dit pas : fai hier es rCainfant là, mais fai s' n'ainfant là Mer. v. hier.
Au reste le v. fr. a usé de ce germanisme : que si voisin orent molt chier.
(fabliau du boucher d'Abbeville, par Eustacbe d'Amiens).
Avron. s. m. folle avoine. Le v. fr. écrivait avron et liavron. La
i^^ orthographe lui assigne une origine latine: avena; la seconde une
origine german,: ail. haber, hafer. fl. baver.
Avruelle. s. f. espèce de filet pour la pèche, ableret. Les Liégeois
disent havroul. En fr. havenet, est un petit filet en forme de sac adapté
à deux perches croisées, v. fr. baver, prendre, saisir, gothique, haban.
Axixie. interj. pour exciter les chiens à se battre.
Aye. interj. de douleur, v. f. hay.
Ayie, Ayîc, aillé, s. m. narcisse des prés, narcissus pseudo-nar-
cissiis. Ce nom d'ayé lui vient de celui d ayant qu'on lui donne quelque-
fois en fr.
Ayep. adv. hier. Espagnol, ayer.
Ayon, aillou. s. m. v. hayon.
Azan. adj. qui est sans travailler, les bras croisés, fr. oisif, lat. oliosus.
Nannir. auje, ^ise. à- z'auje, à l'aise? v. naic. goth. azet, commode, v. fr.
azaut recréatif, prov. azautar, réjouir, irl. azaids, s'asseoir. Dans cette
accumulation de mots, je ne vois rien de très-satisfaisant. Il ne faut pas
confondre le liégeois adjau avec notre — : esse adjau signifie au contraire
être en train, en mouvement ; corruption probable d'être en jeu, et non,
comme Je veut Diez, dérivation de ad. aptus.
Azouil, Azouye. interj. pour annoncer que l'on confisque. Fai
azouye sur lés cour liaux, saisir les marbres.
M. Grandgagnage compare ce mot au v. fr. ouïe, oulle, esp. olla
(pron. olia), gouffre.
B
B se change quelquefois en P : hierpe, herbe, garbe, gerbe.
Babagne. s. f. amas d'eau trop petit pour mériter le nom de flaque.
70 BAB— BAL
Babak ou niinlon babak. menton saillant, menton de personne
ayant perdu les dents. Enall.kinn backen, signifie mâchoire. Kinn iso-
lément signifie menton et backen, joue.
ISabiclies. s. f. p. grandes lèvres, || pattes d'une cornette, fr. babine,
lèvre des vaches, des singes.
Rabin, s. m. imbccille. se dit des femmes, fr. babouin, espèce de
singe; babouiner, en fr. signifie faire le bouffon. Cymr., irl, baban,
enfant, poupée.
ISablutle, babnsc, faflntlc. s. f. bagatelle, basse carie. Les Liégeois
donnent à une basse carte le nom de fafloUe. BabluUe à Tournay est la
mêlasse cuite que nous nommons lablelle. v. fr. baboie, fr. babiole.
Babot. s. m. femme bonasse. En fr. bijbeau signifie fantôme,
ombre, en v. fr. sot, niais (babulus 1.) fl. babok, lourdaud, rustre.
Bac. s. m. auge, mangeoire, bietle à boire au bac, bête à manger
foin. Flani. bak auge, jatte. Ail. back, plat de l'équipage, gamelle. Enfr.
grande cuve de pierre.
Bâcher, v. a. baisser. De: bas, qui lui-même est celt.rgall. bas. Bas-
bret. Baz (en parlant de l'eau).
Bacon, s. m. pièce de lard. En v. fr. lard salé. b. lat. baco. gall.
baccwn lardum, tudcsq. bâche, porc.
Baffe, s. f. gueule, gourmandise, goinfrerie, dialecte d'Aix-la-Cha-
pelle Baef, gueule.
Baffer. v. n. bouffer, manger avidement. J'ai donné ce mot que l'on
peut pourtant entendre en France avec bâfrer, brifer et bouffer. En v. fr.
baufrer, signifiait manger goulûment. Armor. brifa, manger avidement.
Baije, baise, s. f. baiser. — a pinchette, c'est-à-dire en pinçant
les joues.
SSaijc-cu, s. m. baijoire, s. f. barrière.
Baijer. v. a. baiser. A Namur, bauji. A Liège, bâhi.
Baijnre. s. f. jonction, baisure.
Baille, baye. s. f. barrière, clôture de prairie, v. fr. baille, holl.
balie, garde-fou, balustrade.
Bajour. s. m. abat-jour.
Bakter {s), se courber (en parlant du bois), irl. bac, gall. bac'hu,
sanscrit, bak, courber.
Balau, balou. s. m. sotte, étourdie. A Fleurus, balouche,à Liège, ba-
BAL— BAN 77
!o\v, hanneton, b. brct. balavcn, papillon. Comparez noire mol mou-
CUETTE. V. fr. baloyer, voltiger.
Balayette, baliette. s. f. petit balai.
Balle-à-capiaii. jeu d'enfants. On place l'un près de l'autre les
chapeaux ou boniicls des joueurs. On cherche à loger dans l'une des
coiflures une balle jetée d'assez loin. Si cela réussit, celui à qui appar-
tient le chapeau, la ramasse prestement et la jette contre l'un ou l'autre
de ses camarades qui s'enfuyent. Celui qui est atteint doit venir offrir
son dos et chacun lui lance la balle à assez courte distance. Si personne
n'a été touché, c'est le maladroit qui doit subir la punition.
ISaller. v. n. se précipiter. Se dit surtout des scions qui ont rompu leur
frein et que l'ouvrier ne peut arrêter sur le plan déclive qu'il parcourt, etc.
6a)j&) en grec signifie lancer, d'oîi le fr. balle; cependant il est permis dje
douter que le grec soit pour quelque chose dans le mol baller. Le mot
balle y aurait plutôt donné lieu en servant de terme de comparaison :
partir comme une balle. En v. fr. baller signifie danser les bras pen-
dants, etc.
Ballon, s. m. cerf-volant. En fr. ballon signifie aérostat.
Balouche. hanneton (Fleurus).
BaioufTe. s. f. p. joue (on ajoute presque toujours : grosse).
Baluf^se. balustrade. Celt. bret. balusd.
Baizin. s. m. tremblement, défaut de fermeté, surtout chez les vieux
ivrognes. Il ne se dit pas du tremblement par la crainte, par le froid,
par la fièvre ; alors c'est trianage, triancr.
Balziner. v. n. hésiter, trembler. Avoi V baizin et balzincr ne sont
pas du tout la même chose; le second n'est que le figuré du premier.
Baizin doit avoir la même origine que l'italien balzare, bondir, balzillare,
sauter, sautiller. On serait tenté de rattacher balziner au fr. balancer.
Celio-breton,balançzi ; mais tous ces mots se rapportent à la racine bal.
Bnlziiia^c. s. m. hésitation.
BSaniiioelic. s. f. orgie, fête, ivresse, ribole.
Baïuhochcr. v. n. riboler, se divertir, s'enivrer.
Banibochcur. s. m. qui aime à bambocher.
Bancal, s. m. sabre. En fr. pop. personne à jambes tortues.
Banni (au), poisson qui n'est pas friis. v. pichon.
Banse. s. f. manne (arr. deCharleroy). C'est un vieux mol fr., encore
iO
78 BAN— IJAR
employé eu langage commercial, pour désigner une grande manne carrée.
C.all. bancyr, corbeille, bas-lat. bansilla, cista, corbis.
Baii§li. s. m. vannier, l'abricaul de hanses.
QSaour, Paour. s. m. paysan, ruslre, lourdaud. 11. boer, ail. bauer,
paysan, IV. balourd.
Baquet, s. m. bateau servant à la navigation deMons. Indépendam-
ment de la partie réservée à l'habitation des bateliers qui se nomme
rouf, il est divisé en 7 compartiments qui se nomment kise, maclaire,
pannilan en avant, parmilan en arrière, overgan, pied de dertière, et
derrière.
Baqiiulei'ie, baclrie. s. I'. lieu ou l'on fait les baquets.
Baquctcur, bacteii. s. m. ouvrier qui travaille à confectionner
des baquets.
Kav {elle à), t. du jeu de gueriam, qui s'emploie au figuré pour dé-
signer : être en lieu de sûreté. C'est la locution fr. loucher barre. Ledict.
de l'Acad. définit le jeu de barre : jeu de course entre des écoliers ou des
jeunes gens qui se partagent en deux camps opposés, marqués ordinai-
rement par un sillon ou une branche d'arbre.
Le mot avec ses dérivés pourrait bien, d'après cela, provenir du
celto-bret. bar, branche. Il n'existe pas, que je sache, en fl.; mais en
ail. on trouve barren.
Barbette, s. f. peau qui pend en dessous du bec des gallinacés. Ce
mot en fr. signifie guimpe, grelin, batterie, etc.
Barbillon, s. m. péricarpe des fruits à pépins || opercule des pois-
sons. En fr. espèce de poisson, ses moustaches.
Barbouyeu. s. ni. peintre en bâtiment. En fr. barbouilleur, mau-
vais peintre, etc.
Barbusette. s. f. fleur mâle du noisetier. En v. fr. berbigeotte.
Barette, barrette, s. f. bonnet. Celto-breton, barret, ail. barrett,
b.-lat. birrelum, lat. birrus. En fr. barrette signifie bonnet rouge
de cardinal, petite barre, etc. Y fait dé conte à tuer dé beu à eau
d' barette.
Barguette {al), cri de menace des bateliers en grève. En t. de navi-
gation, barguette est une sorte de bac pour passer les rivières.
Bari.s. m. t. de ch.. somme donnée au maître du jour pour obtenir le
payement d'une créance.
BAR— liAT 79
Bariolen. s. m. percepteur de la taxe des barrières.
Baron, s. ni. Heur des champs, gilhago segelum. |( Marron, fruit.
Barof. s. m. tombereau; il est singulier que baroter et barotier
soient français et queB\uoT ne le soit point, au moins dans le sens mon-
tois; car barots signifient les pièces de bois qui soutiennent le pont d'un
navire.
Barquette, s. f. barque. Celto-brel., gall., 11. bark. bas-lat., ital.,
esp. barca. ail. barke.
Barre du cou. s. f. nuque.
Barre à canettes, s. f. planche attachée à une muraille et que l'on
arme de clous ou de crampons pour suspendre divers ustensiles et no-
tamment les cannelles, v. ce mot.
Bartiau. s. m. école buissonnière. A Liège, barelle.
Barcliau et Barclte sont bien de même souche, sont bien frère
et sœur; mais quel est le père commun? v. dcbartc.
Bas de sang, exsangue.
Basilic sauvage, s. m. plante, cuphorbia hcUoscopia.
Basse-canibe. s. m. et f. latrines, lieu d'aisance, v. fr. basse-cham-
bre. Esp. baxia, b-.lat. bacia, bassia, gall. siambr, caméra, conclave.
V. fr. cambrois.
Bassée. s. f. horizon, partie du ciel qui semble toucher à la terre.
el bassée est kierkiée, l'horizon est chargé de nuages.
Basse-note {al), loc. adv. secrètement || sans bruit || sans éclat !|
modestement.
Basser. a. bassiner, étuver. En fr. ce mot signifie tremper la laine
de colle.
Bassiner, v. a. foire un charivari. De bassin. V. ail. bechi, bechin.
Bassinet, s. m. 1/12 d'Hotteau. v. ce mot.
Bastic. s. m. Sebastien.
Baston. s. m. bâton. Esp. baslon, ital. bastone, bas-lat. bastonerius
et bastonicum, d'où l'on peut conclure que la forme primitive est basto.
v. balle.
Bâtante, s. f. contrevent.
Bâtard (rcinde). déshériter.
Batiau. s. m. homme heureux || sot. En fr. bateau, signifie personne
étourdie, troublée. El paroisse du — de St Julien patron des fous,
80 BAT— HÂU
On reprcsenlc St Julien dans une barque. On nommait St Julien ou
Si Juyé, la maison des fous à Mons.
Datonnicr. s. m. bedeau.
Battcc. s. f. pierre cubique do 8 poiPces de coté dans laquelle on
scelle les pièces de fer qui servent à suspendre les portes, fenêtres. Le
mot est fr. pour désigner, en t. de menuis., lenlaille faite à une porte,
fenêtre, afin qu'elle joigne mieux. En fr. c'est aussi le papier baltu en
une fois.
Balte lés îan. t. de cb. vaincre, dompter, maîtriser les eaux, en
débarrasser une mine.
Cliose assez remarquable ! ni balle ni ses composés aballe, s" comballe,
déballe, quoiqu'empruntés au fr., n'ont la signification fr. On donne
pour origine à battre, un mot inusité dans la latinité classique : batucre
ou baltuere, employé par Plante dans la signifie, de s'escrimer, faire des
armes.
Ceux qui aiment les origines celt. trouveront satisfaction dans l'irl.
bâta, l'arm. baz, bâton, le gall. baeddu verberare. Le lat. et le celt. ont
une origine commune dans le sanscrit bat, battre (Pictet, p. 115).
Battes, s. f. p. compagnie, accoinlance, rendez-vous : aooi ses
balles, avoir des sociétés particulières. Ce mot provient sans doute du
V. français bast, ébat, ou du v. fr. bade, frivolités, v. cependant Albaudeu.
Batt-fcu. V. lap-feu.
Bâti nionnoye. battre monnaie.
Bail. s. m. arbre abattu et ébrancbé. Allemand baum, arbre, bauen,
bâtir, bau-bolz, bois de charpente. En fr. solive mise en travers pour
atïermir le bordage d'un navire.
Bauclicllc. s. f. jeune fille (Charleroy). Liège, bacelle, fr. un peu
vieilli, bacbelette. V. fr. bace, bacelle, bacbelle, vacelle, baiselette, v.
fr. bassier, baissier, jeune garçon, fr. bacbelier, b. lat. baccalarius.
M. Grandgagnage croit qne la racine est lehoU. baas qui signifie maître
et garçon. Chevallet le rapporte au celt. : gall. baçgen garçon, écoss.
beag, petit.
Baiidesse. s. f. ignorante.
Baudet, s. m. instrument dont se servent les personnes qui filent au
rouet, pour dévider leurs bobines. — est français quand il signifie âne.
Baudet de nature, qui sait gnié lire es nécrilure. El baudet partage avec
BAU-BEA 81
cl pourciau, cl ca, cl kié le privilège de fournir le lexle d'une foule de
proverbes :
llaindes service à nain baudet
y vo fai ain pé à vo nez.
Pu vo Jcierhrez vo baudet, pus qu il ira rade.
ISaudi. V. n. mettre à prix. Qui baudil? demandent les ofllciers pu-
blics préposés aux ventes. Eu fr. c'est un terme de chasse, qui signifie
exciter les chiens à aboyer, v. fr. baud, il. baldo, insolent, joyeux, v. h. a.
bahi, goih. balths, hardi, à cœur ouvert.
Ifiaunic, baune. s. f. on donne ce nom aux diverses espèces de
menthes qui croissent sans culture et même à des genres qui y
ressemblent comme le laniium — en fr. subst. m. dont la signif. est
peu diflérente : herbe odoriférante, espèce de menthe, etc. Gall. bawm
melissa apiasirum (Davies). Ce gallois est probablement emprunté.
Dayard. s. m. brancard ne servant qu'à porter les morts. En fr.
on donne le nom de baillard au brancard des teinturiers pour égoutter
les^oies. Le bayard est une civière pour porter toutes sortes de fardeaux.
Namurois bayau, liégeois baie, bas-lat. bajanula (lectica) ; bajulusdans
Amniien Marcellin semble signifier porteur de morts. Ail. bahre, civière,
bière, fl. baer, brancard, bière.
Bayer, v. a. donner, v, fr. bailler. Bayer, v. n. signifie en fr. regar-
der bouche béante — après : désirer. Le v. fr. disait comme nous au
fut. Je barrai. Ccst si bon quain kié n'ain bâroi gnié à s' mère.
Belle fiye à marier
Rie à leu bhyer.
Bazenne. s. f. tarte commune, grossière ]| peau de mouton tannée.
Bazou. s. m. imbécillo, esprit bouché.
Bé, bîe, bié, bin. adv. bien || s. m. plaisir, bien-être, satisfaction.
Beau, bcyau. s. m. imbécille || bègue. Ce doit être la même chose
que badaud ; mais badaud répond surtout au brct. bader, tandis que —
se rapporte plus particulièrement à fécoss. baoth, même signif. peut-
être, pourtant n'est-ce que le fr. béat malgré la différence de signif.
82 BEI]— liEiN
Rébèfc. s. f. viande (enfantin).
Bccbot. s. m. pivert, oiseau, Espagn. bequebos.
Keehc. s. f. habit d'ouvrier, liabit, veste.
Bceliuron. s. m. bec d'un poi pour qu'on verse plus facilement.
Bccof . s. m. baiser. Ce mot provient sans doute de bec. Selon Sué-
tone (vitell. 18) les Latins ont emprunté aux Gaulois leur mot beccus
qui a ensuite formé i'italien becco. bas-bret. beg.
Bedot. s. m. mouton (enfantin) || vers des noisettes, des poires.
Diez cite ce mot avec le fr. bidet et le berrichon Bide, vieux mouton.
Il leur donne pour origine commune le gaël. bideach, très-petit, bidein,
petite créature. Il compare le kymr. bidan, être faible, bidogan, petite
arme.
Bëgbof. s. m. bègue. A Liège bâbo, beldcu. v. bol.
Begne. appellation d'amitié usitée à Quaregnon ; elle ne s'adresse
qu'aux enfants. On dit aux très-petits enfants bebegne, aux personnes de
certain âge chegne. La terminaison en egne est chère aux habitants de
Quaregnon. Us prononcent ainsi tous les mots terminés en in ou ain et
lui donnent à peu près le son de eugne. La remarque peut s'appliquer
à une grande partie du Borinage. Selon d'autres personnes, bcgne doit
s'appliquer aux petits garçons, chegne aux petites filles, v. chrgne.
Begwer. v. n. bégayer.
Bogiiinet. s. m. grand béguin.
Bek. excl. de dégoût.
Belande. s. f. sorte de baquet, v. fr. bilandre, tiré du fl. byland,
ail. bcyland, by, près, land, terre, qui cotoye ou ne va pas à la mer.
Belisse. s. f. osier blanc.
Belle, s. f. lune. A Liège, baîlé.
Belle-belle (fai). caresser, flatter. Comp, l'ail, schônthun, cajoler.
Belof. s. f. isabclle.
Benjamine, beljamine. s. f. balsamine.
Benion. s. m. tombereau (Fleurus); de benne.
Benne, ouvrage de vannerie pour garnir un charriot || paniers portés
par les ânes. Empli ses — se restaurer, manger et boire beaucoup.
Benne est un v. m. fr. qui signifie panier. Les Latins avaient emprunté
leur mot benna au celtique. Selon Festus : lingu.â gallicà benna, genus
vehiculi appellatur, Gall. ben, voiture. En fr. on appelle benne la hotte
BER— BER 83
des vendangeurs ; on donne le même nom à un espace clos pour arrêter
le poisson ; c'est aussi une mesure; banne est une grande manne faite de
branchage.
Berbotle. s. f. brebis, vieille brebis. B.-lat. berbex, lai. vervex.
V. f. bcrbix.
IScrclie, berce, s. f. berceau. On lit dans la vie de Si Parduf qui
doit avoir été écrite au à" siècle : et in agitatorio quod vulgô barciolum
vocanl pannis conslrictum imposuit. C'est évidemment la latinisation
d'un mot coït. : berk ou bark, à cause de l'analogie du balancement de
la barque suY l'eau, v. fr. bers, lat. versare.
Oerdacher. v. n. patauger, patrouiller, faire du gâchis, épancher
de l'eau ou un liquide quelconque.
Derdacherie. s. f. action de benlacher, résultat.
Berdakier, bardakier. v. a. bàlonner. Namurois, bardachi,
liégeois, bardahi. v. fr. bardacher, gauler, bas lat. bargus, rameau,
kymriquc, bar, branche d'arbre, bâr hampe de lance, bas breton, écossais,
irlandais, barr branche, v. art. malon pour un ex.de son ancien emploi.
Bcrdaf, berdif, berdouf. excl. lorsque quelqu'un ou quelque
chose tombe."
Bcrdeler. v. n. marmotter, gronder. FI. bedillcn, critiquer.
V. verseler.
Bcrdelen, euse, Berdelar, arde. s. et adj. qui berdelle. Flam.
bedilal, qui critique tout.
Berdik, berdak su V pont de Juuiape. manière de faire taire
les enfants raisonneurs.
Berdoiiille, Bedouye. s. f. pi. boue : laver avé dés — excuser
maladroitement. FI. dooijen, ail. bethauen, dégeler. En Picardie on dit
badrouille. Dans les Vosges, bodere, ail. bod sol. v. fr. bray, bar fange
(Chevallet).
Berlafe. s. f. balafre, v. fr.
Berlik-Berlok.'adv. de travers, brelic-breloque.
Berloquc (balle la, el). perdre la tête. Fr. berloque, batterie de
tambour qui annonce le moment de nettoyer les casernes.
Bcrloqucr. v. n. brandiller, pendiller, ^o kié a yéu n' gambe
casséle, i keurl mélnant su lois pâlies, cl qualiéme bcrlohe. Fr. locher,
que Chevalet place dans l'élément celt. : bret. lusqa, éc. luaisg, irl.
8i BER— BET
luaisgaim, gall. Iwygaw, branler, remuer. D'après M. Grandgagange le
badoké liégeois, vient du Scandinave lokr pendulum quid, bar, ber,
bre, signifierait de travers, en biais.
Bcriongcoirc, birlongcoire. s. f. balançoire, escarpolelle. A
Liège, birlance.
IScrloiiger. v. n. balancer. A Valenciennes on dit balonger.
Bcrlu, ue. adj. louche. liai, berlusco pour bi-lusco. En fr. berlue,
sorte d'èblouisseaienl qui (\ut voir les objets autrement qu'ils ne sont.
Bcrnatié. s. m. vidangeur, gadouart.
Bcrsaii. s. m. cible pour tirer à la flèche, v. fr. bers, bersail, ber-
saull; berser, bersaillcr, tirer des flèches. It. bersaglio, b. lat. bersare.
Le radical est le Scandinave beria, frapper, atteindre. Pour arriver à fidée
de chasser dans un parc, Diefenbach rapporte le bas-lat. bersa, clôture
de haie et le bas-bret. berz, berc'h, défense, enclos (c'h^=kh=le x des
Grecs, le ch ail.) d'où berceau (de verdure), v. fr. bercil, fr. bercail, s'il
ne vient de berbix sur un type berbicale.
Bcrsing, bcrsink. adj. enivré, égaré, la tête perdue, en balançant.
Ce mot, selon M. Grandgagne, provient de baij besin à demi-ivre
(dialecte de Bayeux).
EBerwette. s. f. brouette, v. fr. barouest diminutif de barot, lequel
vient du gothique baira, ail. baeren, porter. Dicz tire le mot de bi-rouette,
mais la brouette n'a qu'une roue.
Berweter. v. n. pirouetter, dégringoler.
Bcrzi {sec corn), sec comme Brésil. Ail. brezel, craquelin, sorte de
pâtisserie qui craque sous la dent.
Besoins (faire ses), chier, aller à la selle.
Bétleiu, bethléeni. s. m. théâtre d'enfants où primitivement on
ne représentait que la nalivilé du Christ. El—Roubé a eu une grande
célébrité. C'était le théâtre aristocratique : on payait un sou (neuf cen-
times) d'entrée. On prétend qu'un de nos préfets. a assisté, avec W la
comtesse d'Yve, à une des représentations. Si le fait est vrai, on peut
croire que la représentation a eu lieu pour eux seuls. Uoubé passait
pour l'auteur de ses pièces (ou plutôt de sa pièce) qui était en vers. Quels
vers ! c'est égal, cela était bien beau.
Voici un échantillon de sa poésie : le prédicateur capucin s'élevant
contre les vanités du siècle, s'écriait dans un élan d'éloquence :
BET-BiB 85
V grJa pas jusqu'à les marchandes cfallumeUes
Qui porllé dés loupé à la Grecque
El on voit lés marchandes de chabols
Qui onl dés farbalals jusqu'au meyeu d' leu dos.
ISct^ïole. s. m. p. argenl. Ail. bezahlen, payer.
ËSette. s. f. poirée. v. fr.
iScubeu. s. m. ombre, fantôme. Fr. babeau. Babau est le croque-
mitaine des Languedociens. Ce mot existe dans les vieilles langues et
patois étrangers; le cell. b\v, kinirique, bwbacb, le bas Saxon cl
le patois d'Aix-la-Cbapello.bumann, boemann. Cela provient, comme le
remarque l'idiolikon, ouvrage sur le patois Rhénan, de ce que partout
on se sert du son beu, bou, pour effrayer les enfants dans l'obscurité.
IScuter. regarder, en épiant.
Beulin. s. m. glaçons, qui selon l'opinion des bateliers, s'élèvent
du fond des rivières dans les fortes gelées. Les anciens physiciens con-
sidéraient une pareille opinion comme erronée, mais quelques modernes
l'admettent comme fondée (Foissac, météorologie).
Béziers, bésic, bsîc. s. m. pi. charbon de terre de la plus mau-
vai;.e qualité, mélangé de rognons pierreux. A Liège, bézi, partie infé-
rieure de la mine de houille. Einvouyer au bsi, au bsil ou à mebsit,
envoyer se promener; en disant : va-l-cin au bsil, un montois ignore ce
que signifie bsil. Il faut considérer que mebsil, mebsi égalant mecouye,
bsi doit égaler couye, or couye en terme de charb. est aussi synonyme
de bezie, bsi ou à peu près et d'ailleurs concorde bien avec l'opinion de
Diez, rapportée à l'art, bsi. Beziers ne doit être qu'une francisation.
Oézin. s. m. indécis, irrésolu, qui réfléchit beaucoup sans savoir se
décider. HoU. bezinnen, réfléchir, ail. sich besinnen, hésiter,
ISéziner. v. n. agir en bczin, lanterner.
Beycr. v. n. ne pas serrer, ne pas coller. Tés solées beyle ou beylé
ou bellHé. Vos souliers sont trop larges, ils ne collent pas au pied.
Fr. bayer, béant, bâiller.
Biau. {[ai), flatter. Yos verrez co — d'iée mi. Vous viendrez encore
vous humilier devant moi. Uavoi biau ou belle; avoir bon temps. // Va
— comme ein kié d tnadame. v. belle.
Bibleltc. s. f. bagatelle, v. fr. bibetie, bluclte, étincelle.
Biblot, bilbot. s. m. petit morceau de bois attaché par un clou et
il
86 BID— BIN
au moyen duquel on lient une armoire, une fenêtre fermées I| petit objet
dont on ne peut ou ne veut pas dire le nom. Le sens de bilbol me semble
plus restreint et être seulement le synonyme de targette en bois :
bille4-bo(bois). Biblot serait le mot bibelot usité en France, quoiqu'ex-
clus des dictionnaires.
ISidc. as, au jeu de dés. M. Ilecart le donne comme celto-brclon :
bid. V. bedol.
Bidon, s. m. ustensile, chose. || imbécille. En fr. vase. Lourd bidon.
Redondance. De même origine que bide, bedol, clc.
Dié. s. m. plaisii, bifu. Ce mot est aussi un adv., alors il a pour
synonyme bé et dans certains villages bin et bic. Qui preind pnimier
preind bié.
Bief. s. m. partie étroite d'un canal, par opposition à large. En fr.
bief est un conduit élevé et biaisé menant l'eau au moulin.
IBiette. s. f. bête, dans les villages on dit aussi ciesse.
iSiette du bon Dieu, moine dévot, imbécile.
Biette du paradis, insecte, scarabée. Coccinella septempunclala, la
plus commune des coccinelles.
Bielle d'orage, s. f. éphémère, petit insecte qu'on ne voit que
dans les chaleurs précédant les orages.
Bijoutière, s. f. M''^ de modes. En fr. bijoutier signifie qui fait,
vend ou aime les bijoux.
Bilboter. v. n. et a. chanceler, cahoter, vaciller, ne pas être ferme,
comme si on n'était tenu que par un bilbol.
Bille, bîye. s. f. morceau de fer rond et plat que l'on pousse, avec
une queue de billard, sur une table sablée.
Billëler, bilter. v. n. jouer gros jeu. En fr. ce mot signifie étique-
ter. Le mot biltèler provient sans doute de bille. Les Hollandais disent :
Zyn goet door de billen lappen, pour : manger, consumer sa fortune
au jeu. Ce qui confirme celte éiymologie, c'est que les Liégeois qui
disent beielé ont leur radical beie (bille). M. Scholer tire bille du mha
bikkel, osselet, dé.
Billcleur, billeu. s. m. et adj. qui aime à billëler. A V bourse d'in
billcu y n faut finie d' lequel.
Billié, biyelié. oseraie (Borinage). v. l'vjcUv, belissc.
Blnai^lé, BIn-aiselé. s. f. contentement, satisfaction, joie, aise.
BIN— BIS 87
Biubiii, binbiiigne. s. m. petit enfant. (Quaregnon).
Binchoii. s. m. boucher qui éiale sa viande sur le marché. Autrefois
les bouchers de cette espèce étaient presque tous de Binche.
Binde. s. f. bande. Ail. binden, lier, inip. band, imp. du subj.
bande (prononcez bende) band, ruban et lien, bund, alliance, d'où la
famille des mots fr. bande, bandit, bandage, banderolle, bandelette, etc.
Binder. v. a. bander.
Binoi. s. m. espèce de charrue particulière au pays. Les beaux par-
leurs le traduisent par binette ou binet. La binette est un instrument
de jardinage assez semblable à la houe et dont on se sert à la main. Le
binet est un instrument pour brûler les boulsde chandelle, un profit.
Biner est fr.
Bique, s. f. mauvais cheval. En fr. ce mot exprime une chèvre
pendant qu'elle allaite.
Biquet, s. m. traverse en fer ou en bois à laquelle sont attachés les
fUs qui supportent les plateaux d'une balance, ou autrement fléau armé
de son aiguille. — en fr. est synonyme de trébuchet ou de chevreau.
V. fr. buquet, balance, trébuchet.
Biscote. s. f. espèce de friandise. Tranche de couque (v. ce mot)
sucrée et séchée au four. Ail. biscotlen, biscuit, latin, biscocta.
Biser. v. n. partir [j sauter || voler || jaillir || être en rut || aller al
diicasse de Messine. En fr. ce mot signifie devenir bis, reteindre, etc.
En patois de Liège, fefsfr signifie enlever une fille, commettre un rapt et
quelquefois courir comme le vent. Emie vake qui bise, est une vache qui,
au moment de rut, franchit les fossés. Ce mot, selon M. Grandgagnage,
est une onomatopée : aussi le verbe ail. bisen ne vient pas de bise-
wurm. Celui-ci, au contraire en provient, parce que c'est un insecte qui
fend l'air avec bruit. Mha bisen, vha pison, courir, queue levée,
comme les bestiaux piqués par le taon (Bise Wurm). Autre vha : pison
avec i long, bruire, en parlant du vent, d'où le fr. bise.
Bise. s. m. et adj. batelier qui ne fait pas partie de l'association.
Bisdte. adj. qui n'a que le fémin. Bissextile. Ce sera Vannée bisetle
quand léspouye iron à crochellc. Ce sera aux calendes grecques. Bisette
en il . est une espèce de dentelle inférieure, v. fr. bissêtre, bisseslre.
On désigne aussi par année biseltc, une époque merveilleuse : écoutez
la chanson :
88 BIS— BIT
Il a tout rué pa V fernielle
Ça a Iceyti dcssu V licUe
Dessu r licite d'ain marichau
Oh!
Ej cois qu" c'est l'année biselle
Y kée du brain al place dé l'iau
Oh !
Ringuinguetle, oh ! ringuingo, etc.
Bistoquer. v. a. fêter, offrir des vœux, un bouquet, un cadeau.
Cela semble équivaloir à bousqueter qui se dit à Liège. Bouquet parait
venir du Scandinave Buskr faisceau. Bas-bret.boqet, bouquet, boqelerès,
bouquetière, irl. bad, bouquet, fascicule, sanscrit, bad, lier.
Biltc. s. m. infusion de café, peu cbargée.
Bitte. Pénis, nientula, nicnibrum virile. Hujus modi verba referre
me pudet, piget que. Sed quod illustribus pbilologis licuit, niilii semel
licebit : hoec enim vox ob indigenam et aniiquissimam originem
prœtermitti nequit.
Converlo in laiinum sermonem quod in libro excellentissimo claris-
simi Diefenbacb germanicè scribitur ; .
Fr. vit, forsilan etiam fr. veille (=nerf de bœuf), Pott componit cum
Brz. Piden, Biden=penis, Cy. Pid m=a point; wliat tapers lo a point ;
pidyn=a pinile. Hae voces sunt forsan cum -néou et pénis cognata; ; sed
credimus vit forniam et capitalem forniam gallic;e vocis : Vis cf MLT.
vitis, vis=cochlea, scala annulala. Vitus=flexura, probabiliter eàdem
propinquilate quàm vilta et plures aliaî voces. cf. Brz vicS=vis (proba-
bililcr derivalio); bins=scala cochleœ in nioduni structa. Gael. bidhis
f.=screw.
Ceux qui savent le lalin auront peine à comprendre encore le langage
scientifiquement obscur de Diefenbacb. Je devrais, pour être bien clair,
donner la clef de tous ses signes et abréviations. Mais cette obscurité
entre ici dans mes vues. En toute autre circonstance, je l'évite autant
que je le puis, non que je ne rende tout bommage à sa savante méthode ;
mais c'est un travail que je veux épargner à mes lecteurs.
Ce n'est pas tout : Voici ce que dit Pictet, p. 78. Je ne traduis plus
que quelques mots :
BIY— BLA 89
La racine sanscrite b'id diviser, fendre, forme, sans changer sa consonne
finale, les dérivés b'eda, division, b'edana, fissure, b'idaka, épée, etc.,
auxquels répondent l'irlandais bid, bidcan, haie, séparation, bideog,
poignard, et le Gallois bid, haie, et bidawg, épée courte; en prenant les
suffixes ti et ta, le d de la racine se change en t et il en résulte b'itta,
l)'itti, fragment, morceau, mur de terre, fente, fissure. Les formes
analogues de ce changement en irlandais, sont bith, blessure, bith
(erse bithis) cunnus et par extension, femina, mulier, etc.
En ayant égard à brz bins, cité dans cet art., on trouvera, je pense,
l'origine et la valeur propre de bcgne ou bin, surtout en le comp. à celles
de chcgne, chin.
Dsyelle. s. f. osier, v. fr. bims, vimc, osier, fl. \vilg, saule, bret.
bezo, bouleau, lat. vimen.
ISlâge. adj. pâle. Ail. blass, pâle.
ISIaguc. s. f. bavardage, loquacité, avoi n' bonne — avoir la langue
déliée. — au toubak, sac à tabac. Le dict. de l'Académie admet le mot
blague pour sac à labac, mais n'accueille pas blaguer; cependant on
s'en sert populairement en France.
Blaguer, v. n. bavarder || se vanter. Ail. blackerie, pédanterie.
Blagueur, s. m. et adj. qui blague.
Blaniiisc. s. f. plaquette. Fl. blamuser. En Westphalie, il y a une
monnaie d'un huitième de thaler (environ 4G'') qui a reçu le nom de bla-
miiser ou blaumuser, bh^u, bleu (à cause de l'alliage) et miinze, monnaie.
Blan. Ce mot n'est usité que dans cette phrase : leyer ain blan,
laisser dans l'embarras, v. plan.
Blanc-bonnet, blan-bouné. s. m. femme.
BlanchUseur. s. m. ouvrier qui badigeonne. En fr. ouvrier qui
blanchit la toile.
Blan-bo. s. m. bois blanc, peuplier blanc.
Blan-do. s. m. flatteur. Lat. blandus. Les Liégeois disent &/rt)i-cou
(cul); ce qui peut faire croire que blandus n'est pour rien dans l'affaire.
Au reste blandus avait donné plusieurs mots au v, fr.: blande, blanditeur,
flatteur, blandices et blandie, caresses pour tromper, blandir, caresser,
flatter.
Blan-doi, doigt-blanc, s. m. panaris simple où l'inflammation
est légère et superficielle. On réserve le nom de doigt-d'olive (v. ce mot)
90 BLA— BOL)
pour les panaris où le travail inflammatoire a lieu profondément, au-
dessous de la gaine des tendons.
Ifiliïsc. s. m. variété de froment dont le grain est plus blanc que
celui du froment ordinaire. Ail. blass, pâle. Peut-être même origine que
blé : B.-lat. bladum, fl. blading, proventus agrorum, ags blad, sclavon
plod fruclns.
Blé {pris comme din ain — ) locution commune qui répond à celle :
pris comme Henri iv sur le pont-neuf.
K!c [salade de), mâche, boursette, doucette, blanchetle, valeriana
locusta. L. Exclam, négative. A d'autres, non pas, néant, point du tout.
BlefTar, BefGar, BlefToii. adj. et s. qui bleffe.
aieSTc. s. f. p. bave, salive. Micr à blcfj'e dé kic. Manger à disci'é-
tion, sans discrétion, avec excès, en goinfre, v. fr. befle, bave, balfard,
qui bave : et encor estoit-ils tiex que les belles qui lor chaoit d'entier le
bouche li terçoit et l'ordure ausi de lor vis. De saint Ysabiel. Esp. befar,
remuer les lèvres, befo, lippu, dialecte de Thuringe, bàppe, gueule,
bouche, fl. bidTcn, blaffen, aboyer. C'est probablement là l'origine de la
double forme fr. et montoise, malgré une différence de signification.
ffilelTer. v. n. baver.
BlefTou. s. m. bavette.
Bleti. v. n. devenir blet. (Blet et bletissure sontfr., mais peu usités).
En dialecte bavarois, blâlteln, commencer à se pourrir en parlant des
viandes. En v. ail. bleizza, tache bleue d'une meurtrissure.
Bllon. s. m. bond. Bon— 1" bond, terme de jeu de balle. Blonkië,
v. crblonkcr.
Blouk. s. f. boucle. Celto-brelon, bloucq. Fai V — dé l' gueule. Tais-
toi. Mets un frein à ta langue.
ISIiilte. s. f. sabot, espèce de toupie (Tournay). v. hablulte.
Bo. s. m. bois.
Bo d'ercalîssc. racine de réglisse. — rf' jwuyc. Erable. It. bosco,
b.-lat. buscus, fl. bosch.
Boche, s. f. bosse. Fl. bocliel.
Bocliu. adj. bossu.
Bodc, ée. adj. gonflé, tuméfié, icdémalié. En liégeois il signifie
couilaud, trapu, nabot, ragot. Ce mot semble provenir d'une racine
cclliq. both, rotondité.
BOD— BON 91
Boder («'), v. r. devenir bodé. Ce verbe est défeclueux et n'admet
guère que l'infin. : Emme mau s'ra bélô oulle, emme diau coumainche
à s' bodcr. Mou mal (de dents) sera bientôt passé, ma joue commence à
se lunit'fier.
Boëiie. s. f. soupirail || très-petite armoire en mur || excavation
pratiquée dans une muraille pour en marquer la mitoyenneté, v. fr.
boëste, bas-bret. boëst, b.-lat. buxtula boite^ quia e buxo conficitur.
Cette étymologie ne me semble pas fort satisfaisante au point de vue de
la signification. J'aime mieux prendre le v. fr. baie, ouverture, fenêtre,
bouette, iroii, ouverture, liégeois, bawcUe, jalousie, sarbacane, bawi,
regarder furtivement, b.-lat. bayela, sentinelle, v. ail. bùton, attendre.
Boïne, Ifioïme. s. f. pièce de cbarpenle qui s'assied entre les
jambes de force.
Boire (es), s'enivrer fréquemment. On employé boire d'une singu-
lière manière : es cœur boit del graisse. C'est une curieuse altération de :
son cœur bat d'allégresse. On dit aussi : boil du lait.
Boiliau. s. m. s. mesure de Tournay pour les moules.
Boliissc. s. m. sorte de terre rouge.
Bônie. s. f. bombe || gros courliau. v. ce mot. FI. boni, lat. bombus.
Bondi, s. m. rempli. FI. binden, bond, gebondcn, lier, ail. binden,
band, gebunden.
Bondié. excl. mon Dieu !
Bon Dié! que voz aslé candjél
Dju vos r' counoi, v'nez niainbraché ;
Vos avez en loul m' n' amitié ;
Ouinlin, quand vos vourez,
Dju sue prctle à ni marié.
(Chanson de Quinlin. v. fourderaine.)
Boiijot. s. m. BonjcUc. s. f. botte de lin, d'allumettes. Liégeois,
bonge, lioll. bondel, ail. binidel, paquet.
Bonite, s. f. borne, v. fr.
Bonnier, Itougnié. s. m. s. mesure ixgraire qui, à Mons, se divise
en U'o\^ journels on journaux on journeu. Le journal se subdivise en
92 BON— BOT
qiiaire quarilcrs ou qiiarlerons et le quarteron en 5G verges, v. verge.
Le bonnier = 1 hect. 2GG131 .
Oonzé. adv. bonz cl caud, honz cl gros, signifie bien chaud, bien
gros.
Boqnet. s. m. écureuil. Ce nom vient sans doute de bo, séjour habi-
tuel de ranimai. Dans les villages on dit : bosquet, bosqueliau. Dans les
plus éloignés on dit spirou. \\ morceau. En fr. hoquet signifie pelle,
outil de serrurier, écoppe. Dans sa dernière signif. boqucl peut être une
corruption de bouchée.
Oorain, borenne. s. et adj. habitant du Borinage. Ce mot pro-
vient selon les uns de l'ail, bauer, qui signifie paysan, selon les autres
de bure ou bore, qui signifie puits d'extraction. Boren en holl. signifie
percer un trou. Bohren en ail. a la même signification.
La tradition nous rapporte que les premiers Borains vinrent à Fra-
meries, du pays de Liège, pour Texploilation de la houille, plus ancien-
nement connue dans ce pays. On explique par là la différence qui existe
fort notablement entre le langage borain et les autres dialectes wallons.
Je ne trouve pourtant pas de ressemblances bien frappantes entre le
framërizou et le liégeois. Le meilleur argumenj^ se trouverait dans la
prononciation de quelques lettres, par ex. : j et g doux qni se changent
en dj, dg. (et encore les Liégeois changent j et g en tch). La plupart des
mots borains inusités dans nos autres villages, sont inconnus à Liège.
Quant aux lerines de mineurs, quelques uns sont les mêmes, beaucoup
sont différents.
Borinage. s. m. pays comprenant les villages de Jemmapes, Fra-
meries. Pâturages, Quaregnon, Hornu, etc., et dans lesquels on s'occupe
principalement de l'extraction de la houille.
Boscaycr. v. n. travailler du bois. Bas-lat. boscaieare, lignum
cadere (Ducange), fl. bosch.
Boscayëries. s. f. p. vieux morceaux de bois.
Bosquet, s. m. pivert. Fl. bosch, bois.
Boss, Bozinne. ss. m. et f. chef, maître, maîtresse d'un établis-
sement et surtout d'une auberge ou d'un cabaret. Ces deux mots sont
fl.: bacs et baezinne.
Botquin. s. m. petite barque. Ail. boot. Chaloupe. Chen est le
diminutif ail. v. fr. botequin.
DOT— BOU 03
Bol. ne s'employe qu'avoc court. Ein court et bot, ennc courte et
boite, nabot, naboilc. Je ne connais le mot fr. qu'uni à pied. FI. bot,
énioussé. v. eilboltc et niambol.
Boucan, s. m. lieu de prostitution. Boucan, employé pour lapogo,
est français; boucaner l'est aussi, mais pour signifier faire séclier à la
fumée, aller à la cbasse des bœufs sauvages, etc.
Boucancoii(|uc. s. f. galette (v. couhebak). FI. boekweitkoek, litf.
gâteau de sarrasin, v. bouquetie.
Boucaner, v. n. faire du bruit, lapager. Suivant Ménage, le boucan
était originairement une sorte de danse, du nom d'un maître à danser
qui vivait encore en 1645.
Bouchon, s. m. buisson. Les philologues font venir buisson de
buxus. Ital. bosco, esp. box, ail. buchs, buis. Notre terme s'accommo-
derait mieux de l'ail, buscb, buisson ; mais voilà que M. Scbelcr dit que
l'ail, paraît être emprunté aux langues romanes. A défaut de l'ail, on a
le 11. bosch, dont l'antiquité n'est pas contestée, que je sache.
Boudenne. 's. f. ombilic, nombril, tout le ventre. Fr. bedaine, v.
fr. boulaine, dérivé du gall. poten, boyau, bogail, umbilicus, lat. bolu-
lus, boyau. On lit dans Froissart ; Jusques à la boudiné.
Dian! (ter) vo boudenne kêra;
Si elle né kié gnié, on vo V coupera
Dian, etc.
Dian (ter) vo boudenne (bis)
Dian (ter) vo boudenne kêra.
Boudiniau. s. m. compresse pour soutenir Tombilic des nouveaux
nés et qui est serré contre lui par \estringiau. v. ce mot.
Boudinoir. s. m. instrument pour faire les saucisses, etc.
Boufa. s. m. canonière (Fleurus). A Liège, bouhal. M. Grandga-
gnage compare ce mot à notre buquau {bukoi), toutefois il trouve aussi
régulier de le rapporter à bouhe [buque fétu) ou même à bouhe, forme
vvalione inusitée de buse.
BoiitTe. s. f, réprimande. Ce mot en fr. désigne une race de chiens.
Bouffon, s. etadj. gourmand. — en fr. signifie plaisant, comédien.
Bouffonnerie, s. f. gourmandise — en fr. plaisanterie.
12
!)i BOU— BOU
Doiig;a, Boug-ar. s. ni. animal fantasliqiie inconnu ou peu connu
à Mons, mais dont on parle beaucoup dans plusieurs villages. Lorsqu'à
Quaregnon et dans quelques autres lieux, les enfants effrayés demandent
ce qu'est ce Boiuja, on le leur définit : cnnc bielle qua des dcinls d'aci,
qui miu du fier clquikie du fie-d'arcan. Un animal qui a des dénis d'acier,
qui ?e nourrit de fer et ch... du fil d'arclial.
Kougc, Ooiigeltc. s. f. sac, bourse. C'est du v. fr. dérivé du celi.
ancien dont les Romains avaient fait bulga.
Ooiijosi. s. m. traverse ronde de chaise, de ridelle. — d'eslàelle
échelon. Ce mot est français, mais dans une autre signification et il n'est
employé que par les manufacturiers ou par les anciens auteurs. V. Hugo
cependant l'emploie dans Notre-Dame de Paris. Ail. botz, javelot, holl.
pois, bâton ferré, bouille.
Boulachc, Roulage, s. m. eau sans ou avec cendres de bois, dans
laquelle on fait bouillir le linge, la vaisselle.
Boulan. s. m. terrain mouvanl, sable mouvant. En liégeois boula
(t. de mineur) est le bouillonnement causé par le refoulement d'une eau
d'areine, en bas-breton on appelle boiiilhen-dro la fondrière, la terre
molle et tremblante. Boûilhen, plur. boùilhennou isolément signifie
boue, bas-norm. boiigue.
Boiilancei*. v. a. pousser quelqu'un avec mépris, insulte. Ce mol
semble une combinaison de balancer et de bousculer.
ISouIdiic. s. m. personne épaisse, enfant très-fort. Ce mot est une
corruption de boule-dogue.
Ooiilc. s. m. bouleau, arbre : betula : gallica haec arbor (Pline). Corn,
bedho, b.-bret. bézô, gaîl. bedw, b.-lat. boula, v. fr. boul, boulel.
Bouler, v. n. et réfl. tourner, se rouler, partir. Va-Cboidcr, va te
promener. En fr. bouler se dit du pigeon enflant sa gorge et du pain
qui se gonfle. En t. d'argot il signifie aller.
Boulet, s. m. briquelle. faisi (v. ce mot), mouillé et battu dans une
forme de fer.
Boulcdc. s. f. fricadelle. En fr. petite boule.
Boulot, s. m. boule, peloton. V. fr. bourlot.
Bouloter. v. a. pelotoner.
Bouquetle. s. f. plante, sarrazin, la farine qu'il fournit \\ jeu de pe-
tites filles, osselets de mouton pour jouer à ce jeu, morceau de cuivre
lîOU— BOU 95
de la forme de ces osselets, Flam. boek-weyl sarrazin, ail. buch-weizen
sii^nifienl iiltcralemcnl (VonieiUde liêlre, à cause de la forme de la graine
qui ressemble à la faine. || FI. bikkel, jeu d'osselels.
Boiiquinu. s. m. boide de terre cuiie, de fer, pour jouer au jeu de
louqucUe || — d' sorcière. Cailloux siliceux qui y ressemblent et ont pris
une forme à peu-près ronde en roulant dans les fleuves ou dans la
mer || biscayen.
Boiirbotle, BSerbotte. s. f. brebis. En fr. bourbolle ou barbotle
est un poisson d'eau douce.
Bourceler. v. a. bossuer, déformer, faire des bosses à un vase
mélallique. M. Grandgagnage tire ce mot du dialecte bavarois, du verbe
borzen faire saillir, projeter en dehors. Il donne la même origine au
boxirsai liégeois qui est noire pourciau, v. pourciau et abourser; mais
pcul-èire — est-il un dimin. du v. fr. bouer, marteler.
Oourdon. s. m. on donne ce nom à diverses espèces d'ophris, dont
les fleurs ressemblent à des mouches ; on le donne aussi à quelques
orchis et à la jacéc, ccntaurea jacea.
ISotiriauder. v. a. tourmenter, vexer, faire souffrir, martyriser.
Ouiirique. s. f. grosse balle. En fr. âne.
ISourâqucr. v. a. froisser, meurtrir. Il a Icyé kcï les puns, i sont
loul houriqués. Peut-être, comme bourseler,à\iy\\\\. du fr. de techn. bouer,
marteler.
Bourler. v. n. filer, couler: y bourle court. Il est trop faible, trop
court, trop mince, l'argent lui manque.
Bourlclte, bourlottc. s. m. boule, tète, tumeur arrondie, renfle-
mont au bout d'un bâton. En v. fr. espèce de massue.
Ooui're. V. goure.
Boursede. s. f. petite bourse. — en français est la bourse à pas-
teur, plante.
Bougie, bouzi. s. m. chute du rectum, sortie de l'intestin par le
fondement. A Valenciennes on dit bouzine. V. debouzmner . En gall.
poten,en bas-breton bouzellen, boyau, v. boudennc.
Bousin. s. m. lieu de prostitution |i amas, réunion désordonnée ]|
saillie qui en est le résultat. S' kcmiche fai ein bousin dain s' marone.
Sa chemise est ramassée sur un point. En fr. on se sert aussi
du mot bousin ou bouzin;mais il exprime un amas de glace spou-
96 BOU— BOV
gicuse. On donne encore ce nom à la croûte tendre de la pierre de
taille.
Dans le sons de saillie, bousin semble provenir du fl. boeseni ou de
l'ail, busen sein, mamelle.
ISouiler. V. a. et n, agir, mettre, faire || continuer || chier. En v. fr.
verbe act. signifiant mettre; il est encore employé comme neutre dans
quelques significations appartenant aux métiers, arts, etc. Esp. botar,
V. ail. bozen.
ISoufique. s. m. lorsqu'il a la signification française: ain biau,ain
gran — , au boutique! Ce mot est féminin pour signifier événement,
accident. Là n' boutique! dans quelques villages on dit vende, vcinte —
pour tenir — .
ISoutissc. s. f. pierre ou brique dont la partie étroite se montre à
la façade. En fr. c'est le contraire. Boiste en effet la définit une pierre
placée en long dans un mur, la largeur de face ; c'est notre paimcrcsse.
V. ce mot.
Bouton d'or. s. m. comme pour les fr. c'est une espèce de renon-
cule double. C'est de plus le séneçon commun, senecio.
Gfioulrauc. s. f. tartine, beurrée, ail. butter, beurre, fl. boterham
tartine.
Ooutriau. s. m. t. de cbarb. pièce de bois placée dans les galeries
pour empccbcr l'éboulcment des terres.
ISoutric. s. f. t. de cbarb. milieu du tirage, époque où la houille
extraite est de la meilleure qualité.
Boutroiiyc. nombril, ventre, v. fr. bouteril et boulreil. A Namur
et à Liège bolnml nombril, b.-lat. bolulus.
Bouveau, boiiviau. s. m. galerie de communication dans une
houillière. Est-ce boyau, terme militaire? est-ce un dimin. de bove?
Un bouveau en fr. est un jeune bœuf.
Bouveler.v.n. tracer des bouveaux \\ se dit aussi du travail de la taupe.
Bouyaii. s. m. boyau, cra — , rectum.
Bouzcttc. s. f. faute, ânerie, maladresse || t. de jeu de lourpie. On
fait — quand le sabot s'échappe de la corde sans tourner ou quand il
tourne sur le dos. A Liège on fait berwette quand on manque son coup
à la chasse, aux quilles, v. loulte. fr. bousiler, faire mal.
Bovc. cave (Frameries). bas-lat. Bodium, crypta, caveau. Bova,cella
BR— BRA 97
vinaria : Comme Robert Fuscieii eusl d'avenlure trouvé une bove ou cave
ouverte. (Ducange.)
Orachic. s. f. brassée.
Orader. v. a. dissiper, gâter : brader V métier. Gall. bràd pro-
dilio, bradwr prodilor. Ainsi brader V mclicr serait le trahir.
Braderie, s. f. dépense folle, action de brader.
Bradeu. s. m. qui brade.
Brailler, brayer. v. n. perdre du temps — en fr., parler beau-
coup.
Braillard, brayard. adj. et s. traînard, personne lente. En fr.
bavard.
Brain. s. m. bran, matière fécale. Rabelais disait bren. Parrain
au — celui qui est peu généreux. C'est comme ein — d' vein n' lanterne.
Cela est fort inutile ou cela montre la saleté. Celto-bret. brein, pourri,
gall. brynt, ordure, pourriture, gaël., cymr. bran, bret. brenn son.
Brain d'agasse. s. m. gomme des cerisiers, pruniers, abricotiers.
Brain d'oreye. s. m. cérumen.
Brain d' viau. s. m. coup que se donnent les enfants de quelques
villages, en perlant un doigt dans une extension forcée et le lâchant
violemment contre le front. Ce jeu dangereux fait souvent jaillir le sang
par les narines.
Braine. s. f. brehaigne, bourg, braime. B.-brct. brahen, femme
stérile.
Braire, v. n. pleurer ; se plaindre incessamment de son peu de
succès au jeu, aux affaires, etc. — En v. fr., pic, norm., prov. pour pleu-
rer, b.-lat. braiaire, irl., breas cri, bragaim crier, bret. breùgi, gall.
bragal crier, brai ou bret en v. fr. signifie cri ou pleurs.
A chaque ave
El kic piche et el fcimmc brait.
Brairie. s. f. nos arons co dcl — nous aurons encore des cris, des
lamentations.
Braiyard ou plutôt bréyard. s. m. (jui brait.
Braiyo», Braîyourte ou breyourte. Au Borinage BniivomE,
pleureur, pleureuse.
98 BUA— BRE
Sraiyon, brcyou {avoir cl) êlre en disposition de pleurer. L'cin-
faut a co T— , il csl encore maussade, pleureur.
ISraizelle^, s. f. pi. t. de M'' de charbon. Houille menue.
ISramnin, bi'itniuaîn, brafuiaiii. adv. beaucoup. De bravement.
Brandi, brandir, v. a. 1. de charb. calleulrer, boucher les fentes
du cuveîage. — est fr. dans d'autres significations.
ESranke. s. f. branche. Bret. brank, brenk, lat. bracchium.
BSraquc. s. m. pois à cosses larges, souvent tortues. Mangeons-lout
tard il'.
I5ra(guelln. s. m. gros clou servant aux baquclcurs. Le demi bra-
qucUn est plus petit. Braque en fr. signifie pince d'écrevisse, etc.
Orarc. adj. propre, endimanché. || Corn ain brav , s'il vous i)lait,
je vous prie. Fandricisme. On dit de même : corn cnne belle ftye, com
ain biau fieu. Vous serez un aimable enfant si Le mot brave a signi-
fié en français paré, jusqu'au xvii^ siècle. Il est d'origine probablement
celtique et a passé dans diverses langues en prenant des significations
différentes. Aulrelois un bravo en Italie était un assassina gage, au-
jourd'hui c'est un artiste-peintre ou musicien. V. Amperre : formation
de la langue française, p. 204. Il est venu en Ail. vers l'époque de la
guerre de 50 ans, selon Diez. B.-bret. brav, breau, brao, beau, joli,
gentil.
Bray. village du Hainaut. V. fr. boue, fange, limon. Écoss.-irl.
brogh, même sign. bret. pri, gall. priz, argile.
ISrayette. s. f. pan de chemise qui s'échappe par un trou de la
culotte. Les enfants poursuivent de leurs huées ceux dont la cliemise
passe de cette manière; ils crient : al — . En fr. c'est la fente
de haut-de-chausse. Braie, brave, brague, braguette, sont parmi les
mots les plus incontestablement lires du v. celtique, d'où s'est
formé le latin braceœ et (gallia) braccata, aussi ppa./.xi (Diodor.). En bas-
breton bragez, bracs, en gallois bryccan, esp. bragas, ital. brache, gaêl.
briogis.
IBrcSic. s. f. ciboulette, civette, plante || bagatelle. || T. de jeu :
carte basse ; le contraire de carte marquante. A'' venez gnié co avé dés — .
FI. prcel. babiole, bagatelle.
Orelte. s. f. assez long espace de temps, de lieu. Inusité à Mons,
mais fort usité au Borinage : du Paslurage à Mon y gnia n bonne brcUe.
BRI— BRI 99
Y gnia n" brctlc qu'on n l'a oyu. Il y a assez loin de Pàliirages à Mons ;
Il y a assez longtemps qu'on ne l'a eu. Fiam. breedte largeur, étendue,
espace. A Mons on se sert de brclle pour discussion, dispute. Dans
ce sens, il vient de brelter, lequel mot dérive, selon certains auteurs,
d'une espèce d'épée de Bretagne, et d'après M. Sclicler, du nord, breta,
sabre.
ISriak, s. m. gâchis, fange, margouillis. V. fr. brai, brak, brahic,
irl.-écoss. brogh, boue, bas-bret. brais, fange.
Bî'îay, brihaye, s. ni. petit mouqucl, épervicr, buse. V. fr. bru-
iner, épervier bâtard.
ËSribcr. v. n. mendier, gueuscr. En fr. briber signifie manger avi-
deniLMii. En espagnol bribar mendier. Dans le v. fr. on s'est aussi servi
du mot briber pour quêter des brièes. Mais d'où vient ce mot: bribe?
est-ce du gall. briw qui signifie fragnienlum?
ISrihcii, cuse. s. m. et fém. celui, celle qui bribe.
Kribotizcr. v. a. salir, tacher. V. bronzer. Gall., corn, brith, bas-
brelon, briz, tacheté, maculé, bigarré.
fiSrichaudci*. v. a. gaspiller, dépenser foUenienl, laisser perdre, ne
pas soigner.
OriehaiidcH, briehandciir. adj. et snbst. qui brichaude. Bri-
faud, en v. fr. signifie glouton, gros mangeur. Brifauder veut dire dis-
siper. Bas-bret. brifa, manger avidement.
Brîii. s. m. bran. Brin, en fr. signifie morceau, fétu. Rabelais se
sert souvent, comme les Monlois, du mot brcn, excl. pour refuser, brel.
bren matière fécale, fumier. V. brain.
ËSHqiicr, en quelques villages briquié, v. n. aller de tra-
vers, élre raide. Tes cheveux briqtiGlé, vos cheveux sont mal arrangés.
De bric et de broc est fr. pour signifier de travers et de pièce et de
morceau. AU. brcchen, gebrochcn, cr bricht, changer de direction,
briser.
Briquet, s. m. grosse tranche de pain. Ail. brechen, er bricht,
briser.
Brisac. s. m. brise-bouteille, qui brise, qui détruit, qui use beau-
coup. Comme le l'r. briser, l'italien sbrizzare, de l'ail, ou du celt. :
V. ail. brize éclat, chicot, écliarde, esquille, ail. brechen rompre, néerl.
brijselen mettre en pièce, armor. brisa, gall. briwsioni, irl. yung brisigh
100 BRI— BRO
rompre, briser. D'après Pelletier, b.-brel. brcla; dans Davies, briwo
lerero, irl. brw broyer.
IBrii^eandci*. v. a. briser sans sujet, détruire follement, agir en
brisac ou en brichaudcu, fig. user bcaueoup. Bas-lat. brischiare, fran-
i:;erc,perforare: perlorabantur enim nionet;o quarum cursus proliibebalur.
(Dueange.)
Brocar. s. etadj. pleurnicbeur || qui parle avec difficulté. En v. fr.
bricar signifie bègue. V. broqucr.
Brochon. s. m. dépression au bord d'un pot, d'un poêlon, pour
facililer récoulement du liquide qu'on en doit verser. Brochi, ribrochi
en namurois et liégeois signifient regorger, en parlant d'un liquide et
brochon la partie liquide qui a jailli. M. Grandgagne fait un rapproche-
ment avec le v. ail. brësten, brosten et l'ail, moderne brechen, rompre,
berslen, crever. Mais notre — n'est-il pas lié au fr. broc, pot, dont il est
une partie.
ISrod, brond. s. m. pain. Flam. brood, all.brod, norwégien braud,
ludesque brôl.
ISrodiau {rester cin). rester court, être embarrassé. D'imbroglio ou
de l'esp. brodio, ail. brodem, fr. brouée, nuage ou enfin du gall. brudiaw,
raconter, lequel remonte au sanscrit bru, dire.
SSrohoH. s. m. arbre rabougri, tortueux.
ISi'okali. s. m. boîte aux allumettes. A Liège on nomme les
allumettes brohalcs. A Namur on les nomme brohalcs et bro-
qiHilcs.
Oronhîycs, bronbillcs. s. f. pi. broussailles. |j choses de menue
valeur. FI. brommelbezie, ail. brombeer mûre de ronce.
Bronche {V cayau fait), fait reculer.
Broncher, v. n. reculer. En fr. broncher signifie échapper, faillir.
Bronfiipolt, hronchepolle. s. f. cruchon , espèce de bouteille
en poterie très-dure. Ce mol est fl. et peut se décomposer en buonst,
chaleur, ardeur + pot, et il s'expliquerait en ce qu'à la vériléT — sert à
contenir de la bière et d'autres liquides, mais par ce que souvent on la
remplit de sable brûlant et qu'on en use dans les lits en guise de bassi-
noire. Ainsi pot de chaleur.
Broque. s. f. broche || «7 an'— à s eu. Il a une attitude raide,
orgueilleuse. V. fr, broc, b.-lat. broca, brocca broche, b.-bret. broch
BRO-BRO 101
alènc de cordonnier. En fr. broque signifle dent courbe, défense du
sanglier, lai. brocchus dent aiguë. Rester ein — être arrêté court.
Kroquc. morceau. Ail. brocke, brocken morceau, miette.
Broqiics. s. m. pi. argent. Il a bramienl des — . V. fr. broque,
double liard. Il peut provenir de même que le v. fr. du mot ail. brau-
cben, servir, comme le mot liégeois aidan liard vient du fr. aider. 11 y a
encore l'ail, brocken petit morceau, miette.
Broqiieniar. s. m. braquemart.
Ilroquer, en certains villages bp.oquié. Ej broheyc,y brok. Beugler,
mugir. Fig. clianter mal et fort, gémir comme un animal. Bret. breùgi,
gall. bragal crier, ail. blôcken beugler. Il a ainlaindu broquer. Y n sai
gnié à quE slol. Il a entendu quelque cbose, mais il ne sait ce que cela
signifie ou d'où cela vient.
ISroqucfciir. s. m. ouvrier brasseur.
ISroqiictfc. s. f. petite broche.
Bronche, s. f. brosse. En angl. brush, fl. borstel, ail. bûrste, v. ail.
borste. Ça li fait — . C'est pour lui un espoir déçu.
Oronch«^(ep. v. n. manger beaucoup, se panser. Corruption sans
doute de brouter, manger en bête. V. fr. brouster, manger. || V. a. bros-
ser ; de brouche.
Brougner. v. a. écraser; provient sans doute de broyer. Moins
usité qa crbrougner qui a une signification un peu différente. V. ce mot.
Brouillasser, v. imp. bruiner.
Brouskaye. broussaiiler. Bas-lal. bruscia, ail. brûsch, breusch.
Broulclii. cri des bergers pour exciter leurs chiens.
Brôufer. v. a. brouetter, voiturer.
Bruutcu. s. m. voiturier des brasseurs. En fr. un brouetteur est un
homme qui traîne les personnes en brouette. Un broueltier est celui qui
dans une brouette conduit des terres. Boire comme cin — . Les Liégeois
qui n'ont pas — ont dû l'avoir; car ils disent brouwté boire abondam-
ment, comme ein — .
Broiiycre. s. f. bruyère. B.-Iat. bruarium, bruera, gall. brwg,
bas-bret. brûg.
Brouzcr. s. a. salir, mÀchurev. On n est jamais bronzé qu parCain
noir pol. Il n'y que ceux qui ont un défaut qui le reprochent aux autres.
Brz, kymr. briz, bariolé, bryk, tache.
13
102 BRU-BUL
Les rois — .Ce que l'on nomme, en quelques provinces de France, les
rois nu'ichurés; c'est l'oclave de la fêle des Rois,
Bruant, s. m. hanneion.
Brùlop (5'). tomber dans l'eau très-froide. || Brûler s' payasse. Lors-
que, dans nos villages, certains maris ont surpris leur femme en conver-
sation criminelle, ils ne trouvent rien de mieux que de porter leur
paillasse dans la rue (quelquefois vis-à-vis de la maison du séducteur)
et d'y mettre le feu en criant pour attirer les voisins et rendre leur in-
fortune bien publique.
Briilin. s. m. linge à demi brûlé pour recevoir l'étincelle du briquet.
Bruno, s. f. soir; à la brune est une vieille expression fr. encore
usitée en langage d'argot.
Brunelle. s. f. scabieuse, plante.
Brunion. s. m., brugniolle, s. f. pèche sans duvet.
Bsî. V. BEziERS.x\ l'art, besi Diez rapporte que c'est une poire sau-
vage et que le mot est signalé par l'Académie comme celtiipie, mais
qu'il faut porter un regard sur le ncerl. bezie, baie. Quoi qu'il en soit de
l'étymologie peut-on comparer une poire sans valeur aune houille sans
valeur?
Bu (elle), être ivre, enivré.
Bûcher, v. buquer. En fr. bûcher signifie faire des bûches ; il doit
dans quelques localités avoir la signification montoise. Les mots bûche,
bûcher, bûcheron me semblent venir de l'ail, bûche, hêtre, fau. Il en est
de même peut-être du mot patois bûcher. On a pu transporter l'objet
avec lequel on frappe à l'action de frapper. Du reste on trouve dans
l'ail., poken, dans les patois allemands, boken, baschen, bauschen, bus-
chen, frapper, heurter, V. fr. busquer, bousser, bussier, ital. bussare,
flani. beuken.
Buckoi, s. m. heurtoir,
Bué. s. m. bœuf. Esp. buey.
Buée. s. f. lessive. V. fr, buée, ail. bauchen, laver.
Bner. v. n. faire la lesssive.
Buf. s. f. souvent pi. réprimande, rebulfade. V, fr. buffe, coup.
Bui^sc. souche, éloc.
Bulok. prune (arrond. de Charleroy). A Liège et à Namur bilok.
V. fr. belloche, belloce, beloce. Irl.-écoss. bulos, prunelle.
1
BUL-BUS 103
Dulter. V. a. bluter.
Bultoi. s. m. bluiier. Lat. -barbare blulelluni, fl. buil, ail. beiitel.
Diez indique le v. fr. buretal, venant de bure, équivalent à élaniine
Buottc. s. f. tuyau de chanvre dont on fait des allumelies, des
chalumeaux, etc. (Thulin.) En fr. de technologie buhot, tuyau (de
plume, etc.).
Buquc. s. f. bûche || petit morceau de paille, etc., dans l'œil, cor-
puscule. Liégois boulie, corpuscules, d'où babloUe (v. babluUe). Y. fr.
busqué, buque : tout petit corps étranger qui s'attache au drap, italien
busco, V. Ir. bûche, brin de paille ou de bois, ail. busch. Comparez
busqiiellc.
Buqucr, busquer, busquié, biicher. v. a. frapper || battre i|
heurter j| faire du bruit |! avoir de l'importance. Ça buque haul. La
somme est importante. V. fr. bussier, ital. bussare, ail. bossen, holl.
botsen, frapper à une porte || v, biquet.
Buquoi, buquaii. s. m. feuille de papier disposée de manière à
ce qu'en se dëi)loyant, elle fasse du bruit {buque).
Bur. s. m. beurre. Y promellion pu de bur que rf' pain. Us faisaient
de belles promesses. Y ny a fcimme si dure qui n'eusse pitié dé s' bur.
[iCS femmes même prodigues deviennent économes quand il s'agit de
beurre.
Bure {lait), lait de beuri'e, portion de crème qui n'est pas convertie
en beurre lorsqu'on le bal.
Buresse. s. f. lavandière; de buée, v. m. fr. armor. bugadérez.
Burg. s. f. pompe qui fonctionne au moyen d'un levier et qui épuise
les eaux d'une mine.
Bui'gué. s. m. t. de charb. réservoir des eaux d'une houillère qui
se remplit pendant le trait (v. ce mol) et que l'on épuise quand le dit
trait est terminé. 11 sert à épargner une machine à feu dans les houil-
lères oîi l'eau n'est pas très-abondante.
Burguier. v. n. agiter la vase d'une rivière avec une perche pour
forcer le poisson à sortir de sa retraite. V. fr. burguer, pousser, heurter.
Biirie. s. f. buanderie, arm. bugaderie.
Burin, s. m. petit pain de beurre.
Burjct, porjet. s. m. porche, tambour.
Buse. s. f. tuyau, gouttière. Holl. tuis, conduit, tuyau. C-e mot en
lOi BUS-CAB
fr. a une sii^nincalion un peu difl'crente et plus spéciale : c'est le coffre
qui conduit l'eau au moulin, etc.
Dusëler, Buslé. v. n. couler comme par une buse. Il a Vcourante
qu'y busclle. Il a une diarrhée très-liquide. Cp. bouzi.
Ousellc. s. ('.petite buse, par ex.: d'une théière, cafetière, bouilloire.
Busiau. s. ni. tuyau (de pipe, de plume); busio en italien signifle
trou.
Busier, buriner, buseler, biisié. v. n. hésiter, balancer, réflé-
chir. (Borinagc) ej busie ou busiye ; flam. beuzelen, vétiller, baguenauder,
lanterner; on écartera sans doute, à cause de sa signification, le gall. bu-
siaw, profiter; mais de là probablement l'angl. business, affaire. cp.fcesi'jier.
Biisquer, busquier. v. n. heurter, toucher. En fr. busqucr signi-
fie tenter, mettre un buse.
Busquctle. s. f. courle-paille. Tirer al — . Est-ce l'espagnol buscar,
chercher, se donner du soin pour trouver ou bien un dimin. de buque?
V. ce mot.
o
C Je ne. donne pas tout les mots commençant par un C ou un K qui
ont eh en fr. Si l'on a fait attention à la remarque p. 21, on peut les
deviner : caliau, camp, canler, canger, capelle, etc.
Le c doux, f et 5 se chuintent souvent au contraire : chuchcr, garchon.
Le c se change souvent en g : gazerne, glaude, gardinal.
Cil se prononce Ich dans beaucoup de localités.
Cabas, s. ni. panier. — en fr. panier à figues, etc.
Cabée, Cabële. s. f. trou pratiqué dans la muraille, près d'une
cheminée, pour y déposer les allumettes || niche || trou dans une maison
de paysan pour y placer un lit || alcôve || caméline, plante crucifère,
dont la graine produit une huile improprement nommée de camaminne
(camomille) et dont les tiges servent à faire des balais blancs {ramons
dC cabée).
Cabot, s. m. têtard de grenouille. AU. quappe, grenouille à tête glo-
buleuse. En fr. cabot, chabot sont des poissons à grosse tête : cobus a
pour racine caput, comme têtard a pour racine tête. || sommet de la
tête, vertex. Fr. caboche, lat. caput. ||
CAB— CAC 105
Cabot, chabot, s. m. sabot. Ces mots ont l'air, au premier abord, de
n'être qu'un des nombreux exemples de notre manière de transformer le
s en ch, puis le ch en c dur et paraissent mériter peu l'honneur de figu-
rer dans cet ouvrage : eu effet, sugere a produit sucer, cimchcr, sibilare
sifler, chuflcr, etc., mais ici la transmutation semble avoir eu lieu à
rebours et peut présenter l'explication du fr. sabot, qui a causé tant
d'ennuis et de vaines recherches aux étyniologistes. Notre mot chaboter
est un dérivé de — . 11 a dû signifier faire des sabots et n'est plus guère
employé que fig. pour saveter. Le liégeois, chabolc, est tout autre chose,
il veut dire faire un petit creux, piquer légèrement comme font les vers
dans le bois : avcur inné deinl chabolaie, avoir une dent cariée, c'est-à-
dire légèrement creuse. Ce chabolc est le diminutif d'un autre mot lié-
geois, chavé, creuser = cavcr == lat. cavare. On dit également deinl
chavé, dent creuse ; d'où, me semble-t-il, on peut légitimement conclure
que sabot est une altération commise par les fr. L'analogie indique une
semblable origine pour savate, chavale, l'intermédiaire cavale seul
manque. L'ilal. ciabatla est probablement tiré du fr. les Liégeois ont bien
le s. chabol, mais il signifleyaftoL
J'ai l' debout dé m cabol troioé tout ouUe.
(Refrain d'une chanson.)
Tuer deux mouches d'ein eau d' cabol {ou dchavale), faire d'une
pierre deux coups.
Caboulic. s. f. soupe de vache (Givry, llarmignies).
Cabus. s. m. graisse dont on enduit l'essieu des charriots, cambuis
(en fr. adj. pommé).
Cabuscttc. s. f. laitue pommée. Cabus est fr.
Cacagc. s. m. ordure, merde (enlantin). Lat. cacare, 11. kaken,
gall. et brz. cach, stercus, limus, grec, zax/./;, merda. Caca est fr.
Cache, s. f. Dans l'origine, les mots bas-lat. cacia, cassa etc., signi-
fiaient enclos pour garder les animaux. Us proviennent du gall. cae,
cac, du bas-bret. kaé, ké, clôture, haie. De là armor. chaçzeal, corn,
chacy (le ch prononcé à la manière française).
Jusqu'ici le mol n'exprime que l'enceinte réservée à la chasse, mais la
chose se complique et cache signifie aussi l'action de chasser (venatio)
KHî CAC— CAC
V. cacher. — veut dire encore ruelle, ruades quartiers pauvres, alors on
ne remployé qu'au pi.: lés gcin dés — , la lie du peuple. Ail. gasse, rue,
pclite rue. Enfin — est un t. du jeu de balle, chasse, marque indiquant
le lieu où la balle s'est arrêtée. FI. kaetz, holl. kaaiz.
Le mot sorti du cclt.a pénétré, soit directcmenl,soit à travers le bas-
lat. dans toutes les langues romanes : Rhelique caccia. esp., port,
caça, etc.
Je n'ai pas à rechercher les confusions qu'il y a amenées.
Cache-kîé. s. m. chasse-chien.
Cacher, v. n. aller à la chasse, à Liège, chcsi || chercher. Dans
cette dernière signification le mot se construit souvent avec, après, et il
n'a pas toujours de régime. Cache bé après, cherche bien. Cacher pour
chercher n'est autre chose que le mot fr. chasser avec l'altérai ion de
lettres dont nous avons l'habitude ou plutôt c'est la conservation de l'an-
cienne forme fr.; car le v. fr. disait : cacher ou quacher. La double
signification de chasser et de chercher est naturelle : l'idée de chasser
emportant celle de recherche. Nous rendons le fr. : cacher par mucher
et le fr. chasser (pellere) par cincacher, ercacher, racachcr, fourcacher ;
le fr. cacher peut bien aussi se lier à chasser, car, dans la chasse à l'affût,
on se cache. Enfin chasser (venari) et chasser (pellere) se louchent, car
le chasseur (venator) chasse (pellil) le gibier.
Le mot fr. chercher a, selon les uns, une origine laline qu«ricare, cir-
care, quœritare, fréquentatifs de qua;rere. Selon Diefenbach, il aurait une
source celtique : en gall. carc, sollicitude, irlandais caircheac, avide et
remonterait au sanscrit carea, recherche. Je dois indiquer une autre
forme : v. fr. cierkier, irl. searc, aimer, gall. sirch, désir, amour,
sanscrit sarg", chercher. M. Scheler indique encore cymr. kyrcha, bret.
kerchal. Diez lire cacher (abdere), de coactare, et chasser de caplare
(captiare).
11 me semble que les mots latins se rapportent plus particulièrement
à cacher (chasser) et les mots celtiques à chercher.
Certains auteurs indiquent bien des origines german. : ail. hatz,
chasse à courre, hetzen, poursuivre, donner la chasse, v. 11. kelzen,
bas-all. hissen, etc., mais elles me semblent infinement plus hasardées
C'est aussi l'avis de Dietz, mais il omet le fl., le moins sujet à objections.
Le mol cacher a encore une signif. que je dois mettre à part. 11 se dit
CAC-CAF i07
pour garder, surveiller les bestiaux : c'est l' gaspiau qui cache nos vahes,
ou nos pourciaux ; c'est notre gardeur de vaches ou des cochons. Le mol
se rapporie non à cache, action de cacher, mais à cache, enceinte ré-
servée pour la chasse. V. cache. C'est peut-être à celte source commune
qu'on devrait rattacher le mot cacher dans ses trois significa-
tions.
Cacheu. s. m. chasseur, || — d' pourciau, porcher.
Cachiniai. Ce mot ne se dit que dans cette phrase : / ri, i brait,
l fait comme les — il rif, il pleure presqu'en même temps. On est tenté
d'interpréter ca d' Chimai; mais les chats de Chimai ressemblent à tous
les chats du monde. Je trouve dans la Jobsiade, petit pocme ail.: crier
comme chat en mai (temps supposé du rut) Kater in Mai. On se rappro-
cherait encore davantage de — , si selon la préférence ail., on s'était servi
du fem.; on auraiteu alors liatze in Mai. Si fun se dit, l'autre doit se
dire ; mais je ne l'ai jamais lu.
Cachive. s. f p. chassie,
Cachiveu, cuse. adj. chassieux.
Cacouyc. plaisanterie, v. couye et carabistouye.
Cacornu. s. m. chat huant.
Cadave. s. m. cadavre, plus souvent corps.
Cadoi. v. GADOT.
Cafama. s. m. jeu de colin-maillard. Arm. kafouf, trouver, dont,
selon î*elletier, la racine est kaf.
Café. s. m. lupin bleu. On a donné ce nom à cette plante parccqu'au
temps du blocus continental on avait voulu la faire servir de succédané
au café.
Cafiot. s. m. café fort léger.
Cafoler. v. a. envelopper en général, mais plus particulièrement
dans un cafolin, lormer en cornet. Quelques personnes confondent
cafoler avec cscafoler.
Cafotin. s m. cornet de papier.
Kaf en fl., kaff en ail. sont la balle d'avoine, l'enveloppe des grains
d'avoine. Kaf peut-il bien être l'origine de cafolin? Pour faire voir la
diflîculté des élymologies, j'ajouterai que caf en b.-bret., caph en
hébreux et en chaldéeu signifient creux., kaf en runique signifie
profondeur.
lOS C\F— CAL
C'est là qu'ont puisé les savants pour trouver l'étymologie du lat.
oavus, du l'r. cave.
J'ajoute, pour ne rien omettre de ce qui intéresse l'élymologie du mot,
que les Liéi!,eois appellent caholle, non-seulement le rouleau d'argent,
mais encore le cornet des épiciers et l'oublie en forme de cornet. Or, ils
aiment à changer enli, 1' s, le c, le cli, 1' f.
Cafouillage, cafonyajsjc. s. m. ordure retirée en cafouyanl dans
le nez, une serrure, etc. |! bagatelle, chose peu importante. A Liège ca/"»,
que Jl. Grandgagne rattache à la racine kaf citée ci-dessus. Je le crois
un dérivé de cfl/bM(7/fr, et cafouiller n'est que le fr. fouiller avec un pré-
fixe ca.
Cafouille, cafonye. Marie — femme, fdle qui cafouyc.
C.tfouiller, eafouyer. v. n. travailler à des cafoityagcs, s'occuper
de niaiseries. || faire mal une chose, saveter. || introduire le doigt dans
une ouverture naturelle pour en extraire des mucosités durcies ou y
appaiser un prurit. Dans celte dernière signification souvent obscène,
quelques personnes pensent que le mot vient de farfouiller. Je ne crois
pas que cafouiller vienne de farfouiller, mais l'un et l'autre, ainsi que
Irifouiller, sont provenus de fouiller et se sont fournis des préfixes
ca, far, tri. Cafougnê en liégeois signifie chitïonner, user, friper,
Cafoiiilleu, cafoiiyeii. s. m. maladroit.
Cahotle. s. f. rouleau d'argent; de carotte, à cause de sa forme.
cahottc est employé à Liège et dans la province prussienne du Rhin.
JNous avons déjà dit que les Montois ne pouvaient prononcer le mot
carotte. Ils prononcent à peu près comme cawoUe ou caholle.
Calioute. s. f. citrouille, potiron (Fleurus). v. fr. cahourdc, courge,
fr. cougourde, calebasse, v. fr. gouhourde, courge, lat. cucurbita, hoU.
kauwoerde, ail. gurcke, concombre.
Cahute, s. f. cabane, hutte. Du fi. kajuite, chambre du capitaine
ou mieux peut-être de la combinaison de cabane avec hutte. Du reste,
cahute est quelquefois employé en fr., il est même au dictionnaire de
l'Académie.
Cahuler, cayuler. v. n. v. huler. Les Namurois disent chahuler,
bahuler, les liégeois chouler.
Caillé, s. m. cahier \\ courcaillet, instrument imitant le cri des
cailles.
CAI-CAM 109
Caine. ». i". chaîne, v. fr. caeines, caine.
Ctilande. s. 1'. bavarde.
ÂJalauder. v. n. caqueter, bavarder. Flam. kal, babil, kallen, ba-
biller, kaller, babillard.
Caler, v. a, parer, orner. En gr, xa^o,-, beau, en fr. terme de ma-
rine, eic, en v. l'r. se taire.
Calfate, s. m. paresseux (Borinage). En fr. le calfat est l'ouvrier
qui calfate Jl son outil || son ouvrage. En liégeois, le calfac est un butor,
un fainéant, un grossier, un saligaud.
Câlin, s. m. t. de cli. ouvrier des houillères, espèce de chef d'es-
couade, surveillant; eu fr. indolent, niais, flatteur. En Liégeois, mé-
chant, malicieux, fripon.
Calîngep, calingié, v. a. déclarer en contravention. Holl. ca-
lange, délation, dénonciation, accusation ; calanger en fr. signifie
quereller, louer, flatter. En v. fr. chalanger, accuser, calangier, atta-
quer, reprendre, lat. calumniari.
Calot, s. m. chariot || commissionnaire, crocheleur, goujat. Latin
calo, goujat, valet d'armée ; en t. d'argot, teigneux. M. Francisque Michel
tire ce mot de la calotte, emplâtre agglutinatif employé comme remède
de la teigne et avec lequel on arrache les cheveux.
Càlolter. v. a. donner des calottes. Calotte est fr., prov. colata,
coup donné sur le col, lat. colaphus, soufflet.
Caloti. se dit d'un chien peu attaché à son maître. Se dit fig. aussi
d'un homme dissipé.
Camaïuine. s. f. camomille. On trouve dans le gall. camamil, cha-
mamielum, anthémis (Davies) ; mais il doit être emprunté.
Canibron. village du Hainaut. En esp. ce mot signifie nerprun et
en général arbuste épineux. Je ne conclus pas que l'origine du mot est
espagnole. Certains disent que, comme celle de Cambray, elle est celt.
avec la signification de pont d'arc.
Caïubrouchc. s. f. fille de mœurs faciles. T. d'argot cambrouse,
servante, chambrière.
Came. s. m. chanvre. FI. kemp, lat. cannabis, irl. can'aib, sanscrit
s'ana.
Cauieduise, caneduise. s. f. ch.'iievis, graine de chanvre. Lat,
cannabis.
i4
II(» CAM— CAN
Caiiielole. s. f. avanlage || bonne fortune || opération lucrative. Eu
fr. ce mot sii^uifie mauvais ou petit ouvrage, mauvaise impression, v. (r.
cauielolier, fripon, gueux.
Camelolei*. v. n. faire des camtloUes. En fr. cameloter signifie
imiter le camelot.
Caïucrliiclic. s. m. camarade, ami.
Cauiioii. s. m. charrette à trois roues. En fr, c'est une charrette
longue, sans ridelle, pour les tonneaux ; c'est aussi une petite tête de
chardon. V. fr. chamion.
Caïuomîne sauvage, s. f. bourse à pasteur.
Cauioiisses. s. f. p. marques de petite vérole.
Cauioiissc, ce. adj. gravé de la petite vérole.
Caïuousseï*. v. n. moisir. Les Liégeois disent chamossê, chamassé,
flani. kaem (qui se prononce kam), moisissure. N'omettons pas de dire
que chez les Picards camousser est remplacé par camoisi. Kaem regardé
plus haut comme radical, pourrait bien n'être qu'un préfixe : ca, connue
dans cafouiller, capougner, cahuler. v. ces mots. V. fr. camoissié, cou-
vert de plaies, meurtri, bas-lat. camocatus, taché, souillé, ciselé, v. fr.
camoisier, préparer la peau de chamois. Le fr. moisir vient de mucere
et M. Grandgagnage explique son liégeois par canus mucere, moisir
blanc. Camousse et camoussé doivent se séparer de camousser. Ils se
rapportent au bas-lat. et au v. fr., tandis que le verbe se rapporte au
11. ou au latin, peut-être même aux deux à la fois par un pléonasme
analogue à ce qu'on trouve dans primo d'abord, arpoix.
Campe, s. f. souvent pi. boîte pour les réjouissances publiques |j
départ subit || pet. En fr. c'est une espèce de droguet.
Canipénaire. s. m. habitant de Slambruge ou des environs,
parcourant le pays en colportant des bas de laine, des chaus-
sons, etc.
Camper, scamper. v. n. jaillir, sauter, éclater, se briser. Bas-
lal. scampare.
Campicr, campié. v. n. pâturer, paître.
Campossc. s. f. expédition, échauffourée, écart de condui'îe. Habere
compos, avoir la clef des champs. En fr. campos, congé, qu'on prononce
campo.
Can. s.m.chanip,angle saillant, bord. Du — adv. de champ. . Vf «edw —
CÂN-CAP 111
thésauriser. Bas-lat. cantellus, v. fr. cant, coin, cynir. cant, fl. kant,
ail. kante, bord, gr. Kâv^oç, coin de l'œil.
Candélcc, chandier. s. ni. chandelier || s. f. et m. Chandeleur.
Candeye. s. f. chandelle. Candeille est un v. mot fr. — dé leu,
bouillon blanc, verbascum ihapsus. Les mots fr. en eille faisant eye en
patois, il en résulte que le Montois parlant fr.ne manque presque jamais
de dire chandeille.
Candlettc. s. f. comptoir de boutique (Charleroy). A Liège cande-
lielle, cangliclle. Pour composer ce mot on peut prendre le liégeois
cande, chaland, fl. kalanl, ail. kunde et y joindre layette, ail. lade, hoU.
laade, fï. laede, laedje, laey. M. Grandgagnage portant son attention sur
la forme canglielle, lui assigne son origine de cangé, proprement chan-
geoir. On peut tourner ses regards encore d'un autre côté : le v. fr. canche
désignait le droit exclusif de vendre du vin. Le diminutif devrait, d'après
cela, s'écrire candîHeUe.
Cange. action de s canger |i lieu où on s' cange. Mcllé à cange.
Range-toi.
Canger (s'), se ranger, se placer sur le côté du chemin. Cell.-bret.
ceing, changer.
Canne, s. f. grand pot de cuivre des laitières. AU. kannc, potd'élain,
fl. kan, bret. cann, bas-lat. canna; en lat. classique canna signifie
tuyau.
Cannette. s. f. mesure de capacité, moitié du pot. V. ce mot.
Canole. s. f. tribar, instrument composé de trois bâtons ou grand
collier pour empêcher les cochons de traverser les haies. Figur. entrave,
empêchement. J'ai totidi m' canole avé mi. Ma femme me suit partout,
m'ôle toute liberté. Peut-être de là vient le mot liégeois canoye, femme
paresseuse. Le nom de l'instrument lui est sans doute venu de la partie
du corps qui le portait, car canola en bas-lat. est, dit Ducange, pars
coUi, nostris canole et canule, fistula spirilùs aecipiendi et reddendi.
Canol est employé en basse -Bretagne pour tuyau, conduit.
Canter. v. n. et a. chanter. Gall., arm. kan, lat. cancre, cantare.
Cantiaii. s. m. croûte de ain, j| bas du dos (système fessier). En
fr. chanteau est un morceau de grand pain. V. can.
Cantoiirner. v. a. rendre courbe, tortueux, (s) v. pr. se contourner ;
chantourner en fr. signifie évider du bois, etc.
112 CÂP-CAQ
Cantuaire. s. ni. bénéfice ecclésiastique || obit.
Cape, s. f. partie du mur d'un piii;non qui dépasse le toit. En fr.
manteau à capucbon, fl. kap, sommet, lut. caput.
Capèlc, adj. attaqué de ca^iclurc.
Capcliirc. s. f. fente, défaut, pourriture dans un arbre. Fr. chape-
lure (de pain), bas-lat. capulare, ail. kappen, trancher. V. dans Boiste
le mot fr. champlure.
Capcnci*. V. a. chaponner || en parlant des plantes, féconder. V. ca-
pilurc.
Capiau, capia. s. m. chapeau, || homme. Le fr. a adopté celte
synecdoche. Le mot a même de la émigré en allem. Die chapeau walzen
schlechl, dit Goethe dans son fameux roman de Werther : les hommes
sont mauvais valzeurs. || — d' sot. Iris, fleur || balle à — espèce de jeu ||
rester, d' morcr au — t. du jeu de balle. Gall. cap pileus, lai. caput,
tète.
Capon. s. m. vaurien, mauvais sujet. En fr. capon a à peu près la
même signification, mais il désigne plus spécialement un joueur rusé,
un hypocrite, un lâche.
Capotin. s. m. vêlement de femme,
Capougner. v. a. masser, manipuler, palper, tàter, patiner, chil-
fonner, caresser de la mdi'm ; kpougnté, en liégeois signifie jouer des
mains indécemment. On peut induire de là que la racine du mot est
pogn, pougn, poing, comme patiner vient de patle, et comme conlirma-
lion on trouve un second mot liégeois kipoli, dont la racine est le
fl,-holl, pool, ail. pfote signifiant patte. De même source, mais de signif.
autre est le fr. chipoter.
Capoiiit. mort, tué. Ce mot, quoique non germanique, était souvent
dans la bouche des soldats allemands. Les Allemands le croient em-
prunté aufr. capot. On ne le trouve pas dans les dictionnaires. Les Alle-
mands traduisent le mot fr, capot, terme du jeu de piquet (ilal.capotto),
par matscli.
Caprîê. s. m. genêt d'Espagne. Spartium junceum ; le câprier en
français est le capparis, arbuste qui porte les câpres.
Caproii. s. m. fruit de féglantier. En fr. espèce de fraise,
Capucliin, s, m. capucin. Lé — n vont jamais tout seu. Excitation
à boire un second verre, une seconde bouteille.
CAQ— CAR Ho
Caqner. v. n. chier. En fr. caquer veut dire nietlre en caque, fl.
kaken, lat. cacare.
Caqueue. s. m. prèle, plante, équiselum. Chaqueue est le nom vul-
gaire de la prèle.
Car. Y. har.
Carabistoiiillc. s. f. plaisanterie.
Caracole, s, f. escargot. En fr. mouvement en rond, esp. caracol
et carocola. Voici la chanson des enfants qui croyent par là exciter
l'escargot à sortir de sa coquille :
Caracole, misé molle.
Fais sorti les cornes.
A Chimai, à Cambrai,
Ous qu'on sonne lés clokes.
Berlin bonbon lés clokes de Mon.
Carafon, s. m. bouteille longue contenant près d'un litre. En fr.
grosse bouteille || 1/i de pinte de Paris || petite carafe. Poire carafon.
Carbéner. v. a. et n. méditer, discuter sur un travail de charbon-
nage. Au fig. méditer, raisonner. (Borinage.)
Carbon, s. m. charbon, houille. Les Français ne désignent sous le
nom de charbon que celui de bois.
Cardon, s. m. chardon. En fr. plante dont la tète et les feuilles ont
beaucoup de piquants.
Cari. Y. kari.
Caribou, s. m. t. de charb. rainure en hélice établie le long des
parois d'un puits pour recueillir les eaux qui iranssudent et les empê-
cher de mouiller la houille et de lui faire perdre de sa qualité.
Carillon, s. m. fleur en cloche, campanule.
Carlier, carli, carrié. s. m. charron.
Carnéval, carnevaye. s. m. carnaval, ail. carneval.
Caroche. s. f. carrosse. En fr. mitre chargée de figures de diables
sur la tète des victimes de l'inquisition. Carrosse a été f. en fr.; c'est,
dit-on, Louis XIV qui l'a masculinisé. Les courtisans se sont empressés
d'adopter le changement de genre; car on ne pouvait admettre qu'il eut
lait une faute de fr.
114 CAH— CAT
Carogiie. s. f, paresseuse, cheval usé, elc. En fr. femme médiauic,
débaucliéo.
Carolle. s. f. galerie autour du chœur d'une église. Ce mot est em-
ployé par Montaigne, pour révolution, marche circulaire des astres ; mais
le plus souvent il désignait les chœurs, non d'église, mais de danse et de
chant. liai, carola, kymr. carol. Diez lire le mot de chorulus, dim. de
chorus.
Carpeinticr, carpeinli. s. m. charpentier. Lat. carpentarius,
charron, carpentum, charriol.
Carreau, s. m. boîte pour serrer les aiguilles, le fil, etc., et qui
est couverte d'une pelote.
Carrière, s. f. ornière. Ce mot a été probablement substitué à
ornière, à raison de la cause productrice (har) || chemin de charriot,
chemin de campagne. V. fr. quarrière, prov. carriera, chemin. Il est
probable que, dans le sens de chemin, le mot a la même origine que dans
celui d'ornière; cependant on pourrait à la rigueur s'adresser au gall.
kareg, au brz. karrek, v. fr. quarrel, pierre, et faire répondre carrière
à voie empierrée, comme chaussée répond au tl. kassie, pavé. V.
cauchic.
Carlabelle. s. f. directoire, indicateur des oflices religieux.
Carlage. s. m. V. Kartage.
Carlelle. s. f. quart de barrique de savon.
Carlon. s. m. charretier. Y. fr.
Caniche, s. f. prison. En t. d'argot on dit carton, cartuche et ca-
ruche. C'est le v. fr. chartre (carcer), d'où le fr. chartreuse et l'ail,
carthause.
Casaquiii. s. m. espèce de casaque. Ucwoi su s' — . recevoir une
volée de coups || éprouver une perle d'argent. — est fr.
Casse, s. f. Etiii. Casse â litnctles, casse à pipe. Ccsl à melle ein
casse. De caisse ou plutôt de châsse. Flamand kas, armoire, caisse,
ail. kasse, kapsel, ital. cassa, lat. capsa, grec xi'pa., caisse, cassette.
Casseniain «F lîettc, fatigue par application d'esprit trop sou-
tenue.
Cassine. s. f, cabane, v. fr.
Castigniole. s. f. t. de charp. chautiguole, petite pièce de bois en-
châssée dans une jambe de force et sur laquelle reposent les ventrières.
CAT-CAU il5
Cat. s. m. chat. C'est un mot qui, comme kar et bien d'autres, appar-
tient à tous les patois et à toutes les langues. Ang. cat, ail. katze et
katler (la femelle et le mâle), gall. calh, armor. caz, arabe chatul et
kilt, pol. cot, suédois katt, géorgien kaila, b.-lat. cattus, grec ■/.xttt.c,
vr. IV. cas.
Catégiss. s. m. calhécliisnie. Les beaux parleurs disent : catai-
gimse.
Caloire, s. f. ruche || forme dans laquelle on place les pains avant de
les cuire. V. fr. chatoire. A Liège cheleu, cheleur, bret. qost, plur.
qestou(Rostrenen),kest (Pelletier), cest (Davies). II est à remarquer que
nos mots celt. se forment souvent sur le pi. V. gagot.
Catouye {avoi, fai). éprouver, causer du chatouillement. V. skau.
Les beaux parleurs disent : faire chatouille. FI. kelelen ou kiltelen, ail.
kitzen, V. fr. caliller, catouiller.
Catpuche, cadpuclie. s. m. crochet à une corde de puits, mot à
mot chat de puils.
Cau. s. m. coup. On trouve ce mot dans nos vieux documents. Le
mot colpus se trouve dans la loi salique : si quis volucrit alteruui occi-
liere et colpus ei fallierit. Bas-brot. sko.
Cauche, causse, s. f. chaux (Borin.). Lat. calx, ail., flani. kalk,
gall. calch, calx, creîa.
Caueliënié, caiichnic. s. m. faiseur d« bas. v. fr. cauchetier.
Cauches. s. f. pi. chausses, bas. / preind ses — pou ses maroncs.
11 ne sait rien distinguer, il confond tout. V. fr. cauche, b.-lat. hosa,
hosella, heuse, houseaux, b.-lal. cauces, fl. kous, ail. hose, bret. hosan.
Chevallet lire le fr. de l'ail, hose, culotte. Celte étymologie est contestée
par M. Scheler, pour des raisons phonélologiques et la préférence est
donnée par lui au lat. calceus. Je ne veux pas trop intervenir dans celte
discussion sur la possibilité ou l'impossibilité de translormalion de l'h
aspirée en c ou ch, cependant la comparaison des divers mots cités
semble nous faire connaître que l'h des v. ail. et v. celtes, n'était pas une
simple aspiration et se rapprochait du ch de l'ail, actuel, fiiisant à peu-
près comme kh : remarquez l'oilhographe ancienne des noms de chefs
ou premiers rois franks llilderik, Illodwek, dont on a fait Childeric,
Clovis. Puis si l'on ne peut se servir de hose, hosan, rien n'empêche
d'user du fl. kous, où l'on trouve la transformation toute faite.
ilG CAU-CAY
Caucliiaehc. s. m. chausséage, droit de barrière.
Caiichic. s. f. chaussée. Nous avons dans le Hainaut un village
noiunic Gœgtues-Cauchie. V. fr. cauchiée et cauchic, fl. kaulsije, kaus-
sijo, kassije, chaussée, kassei, pavé, rac. kai, caillou. Dans la pensée
sans doute que tout cela vient du fr.,M. Scheler invoque un part. lat.
calceata, dérivé de calx.
Cauchètîer. chaussetier. v. fr.
Caude, chaude {avériez preinde ennc). venez vous chauffer un instant.
Caiiderlîé, caudérîé. s. m. chaudronnier. Y. fr. chandrelier.
CJaudron. s. m. chaudron ]| à cause de sa forme, c'est ainsi qu'on
appelle, dans beaucoup de villages, ce que l'on nomme à Mons fleur au biir,
en raison de sa couleur. V. ce mot.
Caufier. s. m. v. tisonnier.
Cauliuée d' mon froumage. s. f. quantité de fromage mon préparée
en une fois. || espèce de panier servant de mesure pour le fromage blanc.
Lat. cophinus, grec xo^rjoa, panier. Le mot cofin, panier, est usité en
Picardie; cofm et cofinet sont du v. fr.
Caufour. s. m. chaufour, grand four à chaux.
taufourner, chaufoiiriier. (s'), v. pron. se décomposer sans pu-
iréfaciion, par la fermentation sèche, par érémacausie. V. fr. chaufourer.
Caukic. s. m. rêve effrayant.
Catikniar. s. m. cauchemar. Coquemar pour bouilloire est fr.
Caiipoi. s. m. mange-lout, pois de la Madeleine, espèce à cosse
grosse, épaisse, blanchâtre.
tauper. v. n. et a. donner un complément de désiccalion, faire
faner lentement en monts sur la prairie — ne se dit que du foin. Ce mot
a été employé peut-être pour donner du corps. (Jemmapes.) Bullet dit
que du celt. gwair ou goair foin on a fait gor, cawr, cor; en Franche-
Comté le regain s'appelle recor.
Cauveni. v. n. venir avec ardeur, empressement. Lat. convenire.
Ca%'alier, cavayîé. s. m. morceau de pain avec un morceau de
viande.
Cavin, au bor. cwaigne, c\va(;ne. s. m. ravin. En fr., terme mili-
taire, défdé.
Cayau. s. m, caillou. Fl, kai, lat. calculus, kymr. callestr. L' — fait
bronche.
CAY— CEL 117
Câye, caille, folie, sollise, cxallalion.cnlliousiasnK! particulier aux
Monlois : el — monte, vie, prein à n'ein Monlois quand il einleind V
doudou.
Cayé. s. m. caillot.
Cayecayol. s. m. caille et plus souvent cri de la caille; par onoma-
topée. C'est aussi le courcailler.
Caïée. s. f. animalcule aquatique qui sert d'appât pour la pèche,
le caset. C'est la larve d'une espèce de phrygane. On donne encore en
France, aux casées, les noms de charrées, porte-faix, galias.
Celtique. Les langages celtiques encore vivants, sont désignés et
classés de manières diverses par les auteurs. J'ai emprunté les désigna-
tions telles que je les ai trouvées dans diftérents ouvrages et il pourrait
en résulter une confusion. Pour l'éviter, je donne la classification de
Pictet avec quelques annotations :
GROUPES DES LANGUES CELTIQUES.
Branche gaélique (i). Branche bretonne (5)
Irland. (2). Manx (5). Erse (-i). Cymrique (e). Comique (7). Armor. (s).
(1) Appelé aussi gadhélique, parlé en Irlande et en Haute-Écosse
(Highland); la basse-Ecosse (Lowland) parle l'anglo-écossais. (2) Ou Ei-
rionnach. (3) Dialecte de l'île de Man. (4) Écossais, albanach. D'autres
appliquent le nom d'Erse à l'irlandais (ne pas confondre l'irlandais ou
erse, langue d'Ossian avec l'islandais, langue germanique'^. (5) Brython.
D'autres donnent à celte branche le nom générique de cymrique. (g) Gal-
lois, cambrien. (t) Dialecte de la Cornouaille (il n'était plus parlé que par
les vieillards à la fin du dernier siècle et n'existe plus aujourd'hui que
dans quelques ouvrages), (s) breton, bas-breton, celto-breton, breizad,
bretoun, brezonek (brz).
La plupart des auteurs pensent que la race celtique, de même que les
races germanique et slave (celles-ci plus tardives), est sortie de l'indeet
s'est étendue en diverses fois vers l'Occident, pour couvrir toute l'Europe,
sauf la (irèce et la partie méridionale de l'Italie. On fait remonter à
2000 ans avant notre ère, l'établissement dans la Grande-Bretagne d'une
45
IIS CKl-CHA
horde celtique, celle des Gadliéles. Leur dialecte serait le plus ancien ;
c'est celui qui se rapproche le plus du sanscrit. Dix siècles plus tard ils
auraient été relbulés vers le nord et l'ouest (Ecosse et Irlande) par les
Kyniris. Le langage de ceux-ci serait arrivé en Angleterre un peu altéré
par le séjour plus prolongé sur le continent. Les Belges n'auraient
envahi le midi de l'Angleterre que deux siècles avant les conquêtes de
César, en apportant un dialecte encore un peu diflerent. La différence
entre le gadhélique et le cymriquc serait assez grande. On l'estime plus
grande que celle qui existe entre le haut allemand et le Scandinave ;
Diefenbach la compare à celle qui se trouve entre le leltique et le slave,
Pictet à celle qu'on remarque entre le grec et le latin ; mais la différence
entre le cymrique et le langage des Belges devait être assez faible; c'est
ce dialecte cymrique qui ressemble le plus à notre patois.
Ccindrin. s. m. tablier (Fleurus). Ce mot usité seulement dans l'est
de. la province est extrêmement difficile à prononcer. V. l'art, sur la
lettre N. 11 provient probablement de ceindre cingere. 11 y a cependant
le v. fr. cendrier, linceul, linge.
Ceinscuicint. adv. (7 est — bon, il est censé bon.
Ccmciutièrc. s. f. cimetière.
Ceu, ciEU, ciEN, ciÉ {el ou T), pron. celui. El celle, cienne, cielle,
celle. Lés ceux, lés celles, ceux, celles.
Chaboler. v. a. saveler.
Clïaeun (cin). chacun. Traduction littérale dé l'ail. : ein ieder, et du
lai. unus quisque.
Chafcrliquc. s. f.petitebabillarde, inconsidérée, impudente. |j Jeune
fille de mœurs suspectes. La tournure de ce mol invite à chercher une
origine germanique, mais on le trouve dans le v. fr. et il existe encore
dans l'argot. Une saffre et une safferlique, dit Oudin, dans ses curiositéz
françoises, c'est-à-dire une friande et une desbauchée. Gall. sawr et
safre, armor. saour, sapor. V. sayi. Le lat. et le néo-celt. ne dérivent
pas nécessairement l'un de l'autre. Ils n'ont probablement tous deux
qu'une origine commune dans quelqu'anliquc langage.
ChafiTc. s. f. soufflet. AU. schlappe, ital. chialfo ; en b. -saxon kalf,
b,-écoss. chaft, mâchoire.
Chaffeler. v. a. saveter.
Clialé, ée. s. et adj. boiteux. A Liège halé. M. Grandgagne le fait
CIIA-CHA 119
venir du mlui srliellcn, i)rciciil sclial, se fendre, v. fr, dialer, gauler,
niellre bas.
Clialotle. s. f. cclialote. J'ai souvent entendu le mol dans celte
phrase : Caude, amoureuse comme enne chalolle .
Cham. s. m. banc, escabeau (Cbarleroy). A Liège liam, v. f. chani,
cscanie, lat. scamnum, v. h. a. scanial, schamilo, ail. niod. Schemel,
escabeau.
Chana. s. ni. A Liège comme à Cbarleroy : Jante de roue. Dans cette
signif. on doit lui chercher une autre origine : arm. kanim, kammed,
gall. kamed, sanscrit kamar, être courbé, en v. l'r. cambrer signiliait
voûter, lat. caméra, voûte.
Chanibot. s. m. nom borain du maqucf. Cham + bot. Comparez la
racine bot (v. bodé) avec la rac. Mak (v. maqiiet).
4^haïubourlel(c, chabourleltc. s., primitivement f., aujourd'hui
m. et f. Autrefois on nommait chahourlelle les petites filles vêtues en
paysannes (fl. boer, prononcez bour) qui faisaient le lumeçon (limaçon).
Cet accessoire est aujourd'hui su]»primé, ainsi que la pucelelle, qui ne se
retrouve plus qu'cà la cérémonie commémoralive de Wasmcs. V. lume-
çon. A présent on nomme chambourlettes les étrangers invités à la
kermesse de Mons.
Chambre, chauipc, campe, s. m. Une maison de village se
compose de deux pièces principales. La première s'appelle et maison :
elle sert de cuisine, de chambre à manger; la seconde se nomme
el chambre, c'est l'appartement réservé aux jours de fête, c'est là que le
lit du chef de famille est placé. Celto-bret.cambr, gall. siambr, lat. caméra.
Chaoti. s. m. hibou. A Liège chaive, à Namur chauwc, choucas, cor-
vus monedula. En divers patois ail. kauke, fl. kauw. A Liège chawc-
sori, chauve-souris, v. ail. chouch, hibou, fr. chouette, v. fr. houelte.
Chauve-souris ne serait pas souris-chauve, mais souris-choucas ou
plutôt souris-hibou. Chat-huant n'est pas non plus chat, mais chawe-
huant, v. queue d" sorille. Das-bret. kaoen, kaoan, hibou, v. f. chouant,
huet, languedoc. chauaaa, b.-lat. cauanna, cauannus.
Champette. s. m. garde-champêtre.
Cliap-eliap. espèce de grive, ainsi nommée à cause de son cri.
Chaque, chacun. // aron ain yard chaque ou chaque ain yard ou
chaqucnun ain yard. Chacun aura un liard.
120 CHÂ-CHE
Char. s. ni. viande, chair. On le trouve dans Lesaigc. Avoi del char
pourrile dézou ses bras, êlre paresseux.
Chasse, s. f. V. cache.
Chasserean, chasseriau, cachriau. s. m. rei!;istre des pro-
priclés. Ital. scarso, v. fr. eschars, néerl, schars, éconcnie, avare. Diez
offre, comme source de ces trois mots, le m. lat. excarpsus et scarpsus,
part, d'excarpere pour excerpere, qu'il traduit en ail. par l'équivalent de
concentrer, rassembler. Je crois devoir produire le liégeois karsel,
gousset, et le fr. escarcelle; j'ai tout lieu de supposer que notre mot
en était autrefois le masculin, sous la forme de scarsériau, qui s'est
conservé à Mons comme nom de famille.
Chaud, kau. adj. amoureux, ardent, en rut.
Chaude, s. f. action de se chauffer; prainde cnne chaude, se chauf-
fer un moment. Uavoi cnne chaude, courir des dangers. Eu fr. chaude
signifie feu violent de forge.
Chaudeau, kaudian. s. m. lait de poule. En fr. bouillon, brouet
chaud donné le malin aux nouveaux époux ; holl. kandeel. M. Scheler
croit ce mot né d'un type lat. caldellum.
Chegne, chîn. appellation d'amitié usitée à Quaregnon. Ce
n'est, je pense, qu'une manière de prononcer quin. V. ce mot et
begne.
Chénance. s. f. semblant. On ne dit pas, comme les Fr., faire —
faire semblant, mais on ajoute l'art, et on dit faire cl — V. fr. quanse,
fl. kwanswyz, en fiiisant semblant (wyze, guise, manière). Les Liégeois
ont le mot ekuance et le mot sonan.
Chéner, chaner. v. n. sembler, paraître. Au village on dit :
Y m chêne a vir, mot à mot il me semble à voir. A Mons on dit
y sampe à vir. Les beaux parleurs disent : il semble à voir, il
paraît. Liég. soné, ail. scheincn, paraître. Les étymologistes donnent
une origine lat. à sembler et à ses composés : similis, etc. V. ein-
chenne.
Chenna. s. m. panier (Charleroy). A Liège chc7ia et chinia. Dau-
phiué chanistella, lat. canister, canistrum.
Chenu, ue. adj. bon, distingué, transcendant. C'est un terme d'ar-
goi. On dit en fr. tête chenue pour blanchie par l'âge.
Cheraine. Serenne, baratte. Angl. chern. v. serenne.
CHE— CH[ 121
Cherfué. s. m. cerfeuil, lat. chserefoliuDi, cerefolium, fl. kervel,
ail. Kerbel.
Chibre. s. m. mentula. Ail. schieber, pousseur.
Chicage. s. f. aclion de manger.
Chîcaye, s. f. chose à manger.
€hige. s. f. veillée (Charleroy). A Liège siz, v. fr. scerie, scrée,
veillée, v. fr. sise, aclion de s'asseoir. V. sisille.
Ciiinicliini. ((ai dés) faire des façons, des simagrées.
Chinicr, cliamer. v. n. partir, s'enfuir. Eu picard s'échamer.
Échauier, dans le même patois, a la signification d'essaimer, v.samer et
kémin. Ne s'employe guère qu'à l'infin. et à l'impér.
Chinchin. s. m. personnages du lumeçon montés sur des chevaux
de carton ou plutôt les portant et figurant les compagnons de Giles de
Chin attaquant le dragon.
Chiniau, chniau. s. m. grenier au-dessus d'une étable, d'une écurie
pour remiser le foin. Ordinairement il n'y a pas de plancher, il n'y a
que des perches. D' aller coukié au chniau, aller coucher dans le foin
au-dessus de l'étable. Être traité comme un mendiant, comme un vaga-
bond qui réclame l'hospitalilé dans un village.
A Charleroy, à Liège sina. V. fr. sinal, sinault, dessus d'une étable.
Cegnatl, chambre haute, cellier, office. Celto-brel. sanail, plur.sanailhou,
grenier à foin, fenil. Ce mot, dit Pelletier, provient de san qui a eu la si-
gnification de foin. De là est venu sainfoin qui n'est pas sanum fœnum,
mais qui, à cause de son excellence, est représenté par des mots de deux
langues. Pelletier ajoute qu'à la vérité Davies ne donne pas ce mot dans
son dict! gallois, mais qu'il donne saen, plaustrum, charriot destiné à
transporter la paille, le foin.
On pourrait ajouter sainegrain, nom vulgaire du fenugrec.
Chinque. n. de nombre cinq. s. m. déchirure en forme du chiffre
romain cinq.
Chipie, s. f. tracassière dans ses achats, vieille — . C'est ce que les
harengèrcs de Paris nomment vieille morue.
Chipoteur, adj. et s. cliipotier, vélilleur.
Chique, s. f. ivresse. Chiquek, manger.
Chiquct. s. m. morceau, surtout de pain. Esp. chico,basq. chiquia,
petit, lat. ciccus, grec, y.r/.y.oi, |)eu de chose, au propre pellicule qui se-
\±2 CIII-CIliN
pare les pépins de grenade. De là le l'r. déchiqueter, chicot, chique,
chiquer (du tahac), chiquet à chiquct.
Chiqiictiirc. s. f. écorchure, hlessure légère. Fr. déchiqueter, ail.
scliiiidcu, écorcher. fl. schichte, flèche, dard.
€liirlolnge. s. m. peiit ouvrage, petit racommodage. A Valenciennes
cliirlolcr signifie flatter, amadouer.
Cliivirou, cheviron. Mesure de hois de charpente. 908 chevilles
de y pouces sur un pouce d'équarissage.
Cliivot, chivcau. s. m. oignon reijhuité, qui ne Test pas pour lu
semence. Angl. sliiver, morceau, éclat, fl. scliiften, séparer, liég. hive
(l'a gousse d'ail, v. IV. chive, oignon.
Clilan;. s. m. et f. coup, bayer du {ou dcl) schlag, battre. Ail. Schlag,
coup, schlagen, battre, Irappcr.
Chiang. excl. en frappant, en lançant qq. chose. Ail. sich schlingen,
s'élancer, qui fait schlang à l'imparfait.
Clilîer. s. m. cave (Dour). Fr. cellier. Les Picards appellent
chiés ou chéiés, une cave sans maçonnerie, v. fr. chelier, lat.
cella.
CliEik, elilak. excl. en frappant. Ail. schlagen, frapper.
Chliukei* n calolle. flanquer un soufllet (Borin). AU. schlenkern,
lancer.
Clilip. interj. pour se moquer. Eh ! s' merc fia bayé à s'cic — ! — !
é — ! L'ail, le joint comme une note d'infamie, ex : schlippsack,
lille publique. CliUp se répète en traînant les doigts indicateurs
l'un sur l'autre et provient peut-être de schlippen, traîner les ^ieds ou
de schlappen, traîner.
Chlouk. excl. en buvant et mangeant. Ail. schluck, gorge, schlucken,
avaler.
Cliïop. V. slop.
Chloup. excl. en faisant entrer quelque chose, eu glissant. Ail.
schlupfen, se glisser.
ChliiKe, schutte. s. f. espèce de clous sans tête.
Chiiap. s. m. genièvre. AU. schnapps, coup d'eau-de-vie.
Chnik. s. m. genièvre.
Chnikeur, chiiikcu. s. et adj. buveur de chnilc. Clieniquer est
connu dans les ports de mer de France.
CIIN— CHU 123
Clinonf. s. m, tabac en poudre. Ail. schnupf, tabac à priser.
Clinoufcr, v. n. priser. AH. schnupfen.
Chonq, clion. Cinq.
Chouancr, cliuinci*. se presser, se dépêcher, y avoir urgence.
De Tall. geschwind, vite. J'ai vu naître ce mot : lors de l'entrée des
alliés en 181i on entendait à chaque instant le mol gesclnvind sortir
de la bouche des soldats impatients. On regarda ce mol connue un
impératif </ef/u< ('ne. Le g ail. étant d'une articulation difficile pour un
gosier montois, on dit d'abord dcchuine, plus lard on supprima la pre-
mière syllabe, resta chuine dont on fit chuiner. Les paysans des villages
voisins de Mous en firent chouaner, chwaner employé le plus souvent
comme impersonnel dans le sens des mots latins urgct, instal. .le dois dire
pourtant que des vieillards m'ont assuré que chouancr comme imper-
sonnel était déjà usité dans lés villages au siècle passé. Serait-il bien
possible que les Montois auraient formé de nouveau un mot que nos
paysans auraient conservé d'une invasion antérieure de quatorze siècles,
(que sait-on) peut-être même un mot autochtone?
Choîse. s. m. vesse fort puante. A Liège quase rot, bas-bret.
c'houes, odeur, chuesa, sentir, flairer, ail. scheissen, chier, foirer,
venter.
Choïes'. V. crochcr.
Clioleltc. V. soûle.
CEioquc. s. f. souche d'arbre. AU. schock, tas, v. fr. chouque,
souche.
Choumak. r. m. cordonnier, savetier. Ail. schuhmaker.
Cliounc. appellation d'amitié usitée parmi les bateliers du canal de
Mons à Condé. V. chcgne.
Ciari^tiane. s. f. chrysanthème, fleur.
Chiicher. v. a. sucer. FI. suigen, ail. saugen, lat. sugerc. — Ennc
fcuye, cnne fuci/e. Mot à mol sucer une feuille, attendre. Erveni chucher
r telle dé s mamére. Mol à mot revenir prendre le sein de sa mère,
rentrer sous le toit paternel, revenir visiter ses parents.
Chuchetle. s. f. suçoir, sucette.
Cliufler, chîfler. v. n si/fler |; souffler : cj chufelle. V. fr. clnilcr,
11 schuifelen, lat. sibilare.
Clitiflot, chiflot. s. m. sifflet || gorge. Esp. chiflo.
124 CHU— CLI
CIluflofer. V. n. jouer du fifre, du flageolet.
Cliiiflofeu. s. m. qui chullolc.
Chuincr. v, choiiancr.
Clmqiier. v. a. choquer, cogner, heurter. Delà on est venu à dire :
allrapcr ain pau d' chuk, einmorciau d' chuk (sucre); pour: se cogner
la lête. Connue le fr. choquer, de l'ail. Schock, fl. schok. Cependant le
terme ne s'appliquant qu'aux coups à la tète, je dois mentionner le
V. fr. suque, sommet de la tête. Langued. assuca, assommer.
Ciiuaile. s, f. tablette de cheminée (Jemmapes, Jéricho). Fr. cimaise,
moulure.
Cision. s. f. incision.
Cîlle. s. m. cidre.
Clabot. s. m. grelot au cou des bestiaux.
Clair-lait, s, m. petit lait fait à chaud pour les malades ; il est
moins acide que le sur. V. ce mot.
Claïuiue. s. f. crampon, lien de fer pour attacher. Ail. Klammer,
crampon, agraffe. Clamme est usité à Liège.
Clappe. s. f. douve. Ail. Klappe; racine, klaffen, fendre.
Clavette, s. f. petit morceau de fer placé de chaque côté du man-
che d'un instrument, par exemple d'un marteau pour empêcher la tète
de s'échapper. Du latin clavis. Ce mot se trouve dans Boiste pour
exprimer la valeur du mot goupille et on le retrouve pas à sa place al-
phabétique.
Claya, caya. s. m. espèce de treuil employé dans les fosses de
droit pour modérer le mouvement de la descente. On a récemment ap-
pliqué le mot aux plans inclinés des chemins de fer. Est-ce le fr.claydas,
barrières, portes Ireillissées ou clayer, grosse claie?
Clcincr. v. n. pencher, gauchir. V. fr. clincher, clinger, pencher,
clinsser, clider, chanceler, lat. iuclinare, erse cliob, vaciller, chanceler,
irl. clibhead, chancellement, sanscrit kliv, être impuissant, gall. corn,
cledd, b.-bret. cleiz, gall. cli, ail. link, gauche.
Cleîr. s. m. sacristain. En fr. le clerc est celui qui est entré dans
l'état ecclésiastique en recevant la tonsure, le commis d'un notaire,
avoué.
Cliché, chichctte, cliquette, s. f. clinde, clenche, targette,
bouton, crosse de porte. Les deux derniers s'appliquent particulière-
CLI-CLO 125
ment à la détente des armes à l'eu, gâchette, que Corneille dans le Men-
teur, nomme déclin. Gall. cliccied, veclis. Nos Bretons, dit Pellelier,
nomment le loquet, cliket; et loquet vient probablement du bret. loc'h,
levier, ail. die Klincke, le loquet. D'après Rostrenen, bas-bret. cliqet,
licquct, clinche de porte, v. fr. clinke, basque, crisquela, loquet.
Clinquan. ne se dit que dans cette phrase : loxil — neu ou nué.
Clipet. s. m. voix aiguë. Sn einfanl là a ein — qui l'o perche. Cet
enfant a une voix qui vous déchire les oreilles. V. klaper.
Clipot. s. m. gaule (Glin).
Clipotep. V. a. battre.
Clique, s. f. claque.
Cliquer, v. n. donner des cliques.
Ciiquiage. lieu où on verse le charbon.
Ciiquié. v. a. verser, décharger (Borinage). Ce mot doit avoir du
rapport avec clikelle; descliquier comme — signifie décharger. Seu-
lement le premier s'applique aux armes à feu, le second à des véhicules.
Ciiquoter. v. n. faire des cliquetis. Lés guerzins cliquotlé dain les
villes II battre. Ail. klingen, sonner.
</Iiver. V. n. l'académie donne cliver : t. de lapid., fendre un dia-
ment selon les joints naturels. Chez nous. — s'applique aux chistes
feuilletés dont les couches offrent peu d'adhérence et qu'on détache faci-
lement. FI. klieven (pron. kllvén), ail. klaiïen, fendre.
Clô, clau, s. m. clou || t. de taill. de pierres, limcl blanc ou veine
blanche des marbres ou pierres bleues, ainsi nommée à cause de sa
dureté. En bret. claw.
Cloer. V. n. clouer || fermer. Clo V huche, ferme la porte. Dans la
première signification ce verbe vient de clô, dans la seconde de clore.
Lat. claudere.
Cloque, s, f. cloche || ampoule, vésicule, par exemple : en suite de
bridure || terme de cliarb. partie de la roche en forme de cône tronqué
qui se détache du (oit des galeries. C'est une cause d'accidents très-fré-
quents et très-graves. Ces cloques proviennent souvent de ce qu'il se
trouve dans nos houillères de grands arbres restés debout, fougères
arborescentes, équisetacés, etc. Ces troncs qui sont de la houille dans
la veine perdent ce caractère en perçant le toit et en prennent la miné-
ralisation, tantôt roc, tantôt kwairière, sauf l'écorce qui reste houille.
1-2(1 CLO-COL
Ou conçoit qu'il doit y avoir uue faible cohésion entre le toit et l'arbre
perforateur. Cet arbre se brise au moment du fardiau et alors tombe.
Gall. kiocke, b.-brct. clok, fl. klok, ail. Glocke.
Cloquelle. s. f. clochette.
Cloqiiette de graiigréne. s. f. cloche, ampoule remplie de sérosité
noirâtre. Elle est quelquefois l'indice de la gangrène, mais le plus sou-
vent n'est qu'une irritation causée par l'eau des houillères.
Cloisoi. s. m. t. de maçon. Petit morceau de pierre ou de brique
pour boucher un trou, bouche-trou.
Closnre. s. m. prairie close de haies ou de murs || Enclos. N'est pas
inconnu en quelques provinces de France.
Cloache. s. f. p. soupe au lait battu avec des pommes. Ail. KIoss,
boulette de viande. Boulette, comparée aux grumeaux du lait battu.
Co. Les beaux parleurs disent cor. conj. encore. || Subst. coq. Lés
pouye (glenne) enn doillé gnié canlcr pu haut qu' lés co. La femme ne
doit pas l'emporter sur son mari.
Cocardeau. s. m. violier double, espèce de giroflée, mathiola fe-
nestralis.
Cocher, coclii. v.a. blesser. (Borin.) Ail. quetschen, holl. kwetsen,
lat. quatere, quassum, meurtrir, écraser. En Picardie, écoacher. A
Namur quachi, à Liège quahi, couper, v. fr. esquachier.
Cochure. s. f. blessure ; à Liège couaheur, blessure légère.
Cochonié. s. m. M'' de viande de cochon || personne sale, dégoûtante.
Cocoche {momau). blessure insignifiante (enfantin).
Co d'aoutt. s. m. grande sauterelle. Littéralement coq d'août.
Codar. s. m. œuf (enfantin) ; onomatopée.
Cœur. s. m. estomac. Hr cœur tire.
Coeur honnête, euphémisme qui signifie pauvre.
Cognet, eougnié. s. m. coin || tranche de pain en forme de coin.
Bas-bret. guen, coin de fer, lat. cuneus.
Cognolle, eougnoUe. s. f. gâteau de forme allongée que les enfants
reçoivent à Noël et croyent tenir du petit Jésus. Lat. cuneolus ; celto-
bret. cuign, gâteau.
Coî (au), à l'abri, au — du veint (Bor.). Fr. coit, lat. quietus.
Cola. s. m. pie, corbeau.
Colà-gerau. s, m. geai.
COL-COM 127
Colau. s. m. coq I| imbécille.
Colaa-ponye. s. m. idiot : Va-z-ein, colau pouye, mener tés pouyes
picher.
Colée. s. ni. collier || collet. V. fr. coler, lat. collum.
Colidor. s. m. corridor,
Cœlo. s. m. réprimande || sermon. On peut supposer que ce mol vient
de ce qu'un sermon célèbre commençait par Cœlo.
Colophon. s. m. colophane. En fr. c'est une espèce de héron,
V. fr, colophone, lat, colophonium.
Combatte {es), v. r, se débattre, A Liège «' kiballe {ki==dé).
Combiaii, s. m. grosse corde pour maintenir le foin sur les chariots.
On peut s'étonner de la terrain, law qui est diniin,; car c'est la plus
grosse corde connue de nos paysans. On a sans doute voulu exprimer
par là ce qui assure le comble (cumulus). Le fr, d'art, combleau, est une
corde pour la manoeuvre des canons; à moins qu'on n'en fasse le dimin,
du fl, kabel (cable) que beaucoup de fl, prononcent kobel.
Comble, eombe. s, m. chevron, soliveau de deux pouces et demi
environ d'équarissage || t, de charb,, inclinaison des couches de houille.
Au fléuu il y a deux inclinaisons que l'on nomme combe du nord et
combe du midi. Ces deux inclinaisons opposées forment véritablement
une vallée. En v, f. combe signifie vallée, plaine entre deux montagnes,
en bas-bret.combant, vallon. Davies, dans son dict. gallois, le décompose
en cwmm vallis et pant vallicula. Gaël. camb et com, cambr. k\vm,brz
komb. Ce sont les beaux parleurs qui disent comble. Les Borains disent
comb.
Combler, v. n. mettre les combes sur un toit.
Comme, y pleut, y ramalit — . espèce d'exclam, terminale pour
exprimer l'étonnement de ce qu'il pleut, de ce que le temps devient
humide, etc. v, ramali.
Commerce, s. f. Je ne donne ce mot qu'à cause de son genre.
Compagnon, s, m. liclmis des jardins.
Comparaitte. v. a. comparer.
Comparchouicr. s. m. t. de prat. copartageant.
Compci'dure. s. f. intelligence. /iwfdwr de — il a l'intelligence lente.
Compreinte. V. a. comprendre. conjug. comme printe: comperdéc?
comprenez-vous ?
128 CON— COQ
Concours, s. m. ressource, recours : n'avoi que V concours, pou
$''ain sauver, que d\..., n'avoir d'autre moyen de salul que....
Condœuvre, conducfe. s. ni. confiture, ce qui n'est pas croûte
dans inie tarie, un pâté. Lat. ova condita, conditum ovorum. Certaines
personnes traduisent par condit. Cela n'est pas toujours exact, parce que
condit est une confiture au miel ou au sucre et quel condeufe peut être
au fromage, au riz, etc.
Confanon. s. m. gonfanon ougonfalon; v. ail. kundiano, étendard;
V. fr. gondfanon et confanon.
Confonde (.s'), se morfondre.
Conséquenee. s. f. importance.
Conséquent, adj. important.
Constrainde,cou$traign,constrande. v. a. serrer || vexer. De
constringere ; les Liégeois n'ont pas conslrainde (que je sache); mais ils
ont dislrainde, déserrer. Quoique de même origine que le fr. contraindre
il n'en a pas la signif., il veut dire presser, serrer (physiquement): il est
conslran deins ses solées. Ses souliers lui serrent le pied.
Consulte, consulte, s. f. consultation.
Conte, contre, adv. auprès : léyer Vporle — , rtielle et porte — , entre-
bâiller, entr'ouvrir la porte, ne pas la fermer complètement. Germanisme,
traduction de an lehnen.
Conte de. prép. contre, près de. conte dé U, près de lui.
Contois. s. m. ruse, batt et — user de finesse || concerter ; en t. d'ar-
gol, battre comtois, dissimuler, faire le niais.
Contraire, s. et ad. contrariant : faut-i ette ein — faut-il être d'hu-
meur contrariante, v. fr. harier, importuner, ail. hârnen, chagriner, fl.
harrewaren. chicaner, lat. contrarius.
Contrefaire, conterfairc. v. a. peindre, faire le portrait; ail.
contcrfeien. Cet ail. est évidemment emprunté. A qui? probablement à
nous; au moins je n'ai pas connaissance que contrefaire ait jamais été
employé en ce sens par les Français.
Contrefaisant, s. m. oiseau chanteur qui imite les autres, espèce
de fauvette.
Contremcinti. v. n. mentir en accusant de mensonge.
Côquenage. s. m. beurre et fromage. El — dcnne kierté d' raule
monde.
COQ— COK H9
Côqnier. v. a, cocher, exercer le coït; en Bouri^ogno, caiiquer, || cro-
quer, briser, v. fr. caucquier, lat. calcare.
Coquiet. s. m. petit vase pour manger les œufs.
Coquille, s. f. petit ronrf('//n. v. ce mot.
Corbisier, corbusicr, corbîsué. s. ni. cordonnier. Mol aujour-
d'hui à peu près perdu. A INamur coipcfi, à Liège coipchi. v. Ir. cor-
douanier, corvesier, corvoisier. bas-Iat. corvesarius. Ducange parait
avoir fait fausse roule, en disant : qui corio veleri uluntur. 11
fallait prendre le b. lai. cordebisus, peau de Cordoue, maroiuin; d'où
cordebisier et par syncope corbisier. Cordonnier a la même origine el
ne vient pas de cordon mais de cordouan, cuir de Cordoue.
Corde, s. f. mesure pour le bois de chaulfage. Il y en avait plusieurs
pour le Hainaut : la corde ordinaire était de six pieds sur 5 bûches de
5 pieds et demi = 2 stères C5278 || t. de jeu de balle, s, f. p. lignes qui
déterminent le jeu.
Cordelles. s. f. p. peinde à ses cordelles, être toujours pendant à
ses côtés, enfr. petit cordeau, flani. gordel, ceinture.
Cordiau. s. f. cordon. Gall., armor., kordyn, kord, funis, grec, -/.opoa,
lai. chorda.
Cordié. s. m. t. de jeu de balle. Joueur placé près de la corde du
milieu.
Corée, s. f. mou, nom vulgaire du poumon de certains animaux.
Corette. s. f. fruit du corellier.
Coretle utuchie. nom donné dans le Borinage au jeu de climuselle.
jVMc/t*e el musette doivent être la même chose. En fr. la coretle ou co-
rèle est la spirée du Japon, corchorus Japonicus.
Coretlier. s.' m. sorbier des oiseleurs, sorbus aucuparia. A Namur
cori est le coudrier, du lat. corylus el on nomme sauvage côrc ou corclle
le sorbier. Noire — serait donc un dimin. de coudrier, v. fr. caurelte,
gall. côll, grec xopuXoi, coudrier.
Cornue, s. f. tarte grossière de forme demi-circulaire.
Corou. s. m. boul, morceau, fin. Ça n'a ni queue ni coron, cela n'a
ni commencement ni fin. Cela n'a pas le sens commun. Coron est namu-
rois el liégeois. On le trouve dans Froissart. Gall. cwr ora, linibus,
coryn, sunnnitas.
Corporal, coporal. s. m. caporal. Ail. Corporal. Cet ail. est emprunté.
150 COR-COU
Corrompe, v. a. par antiphrase purifier, améliorer, corriger ; — de
i iau ave du vin, du brandçvin. Couper du vin, aiguiser l'eau d'eau-de-vie.
Corse, s. m. corporation des bateliers; corruption de corps.
Cossette. s. f. étui.
Cossiau. s. m. cosse, s. p. pois goulus. AU. Schote, cosse, Schoten-
erbse, pois en cosse, bas-bret. coss, gousse, pise coss, pois en cosse,
plur. cossou, bas-lat. cossa\
Cossonneresse. s. f. revendeuse de légumes. Ce mot vient-il du
précédent? On dit à Liège colèresse, qui vient de cotiege, jardin à lé-
gume. Angl. cottage; en Picardie on appelle coconnier ou cocognier le
coquetier qui revend des poulets, des œufs. v. fr. kok, poulet, bret.coc.
Coslëresse. s. f. galerie principale d'une houillère pratiquée hori-
zontalement, en suivant la côte ; probablement par opposition à vau
tiernc, qui va de vau (val) en tierne (v. ce mot), c'est-à-dire en mon-
tant.
Cotcodrîlle. s.m.crocodille : id'' colcodrille,)enx brillants, rouges.
Colcoroco. s. m. coquerico, chant du coq.
Coté, {melle de — ), serrer, amasser, thésauriser.
Coite, s. f. toison. V. fr. cotte pour toison, ail. Kutte, froc. / keurl
lés courte colles. Il aime le cotillon, les grisettes.
Couche, s. m. cochon. Couche-couche, cri des porchers.
Coucou, excl. cri des enfants au jeu de cache-cache pour annoncer
qu'on doit chercher. || faire — se cacher, || cacher la tête (enfantin).
Basq. cuculcea, se cacher, disparaître. En lat. cucullus était un capu-
chon pour se cacher la tête. Un vers de Martial annonce que ce mot était
emprunté aux Gaulois :
Gallia saulonico vestil te bardocucullo.
En bas-lat. cuculla, capuchon de moine, en v. fr. cucul, manteau de
voyageur, capuchon, cagoule, robe de moine cachant la tète comme
celle de nos confrères de Miséricorde, b.-bret. kougoul, manteau gros-
sier pour se préserver de la pluie, gall. cwcwll, corn, cugol.
Coucouche.-s. m. petit cochon. Namur couché, Liège cosé, patois
d'Aix-la-Chapelle, kùsch, cochon, v. fr. coche, truie, gall. cwch, bret.
hoch, grec hus (ù»), lai. sus.
Couc, kewé. s. m. pot de terre. Fr. couvet, chaufferette.
cou-cou 131
Cougnici*. va cogner. || v. n. l. de jeu de courtaud, lancer le cour-
taud en avançant la main. Gougnté en liégeois signifie coudoyer.
Couïassc. s. m. imbécillc.
Couïe. s. f. mensonge. Quée — ! || t. de charb. cailloux dans la
houille.
Couïé. s. m. gaillard. — d' sée adroit, madré. A Liège on dit eau d"
sai, coup d'essai. N'cst-il pas à croire que — d' sai a la même origine
et qu'il signifie proprement gaillard mis à l'essai, éprouvé. On dit, mais
plus rarement ga cV sai.
Couïon. s. m. Coïon.
Couïonnade. s. f. mensonge. Couïonerîe. s. f. raillerie.
Coiiïii. s. m. cheval entier.
Coulant; s. m. égout, évier, ruisseau d'une cour, d'une rue, syno-
nyme de richol. CMOulant est aussi quelquefois synonyme, mais tient
plutôt de goulot, extrémité du coulant.
Couline. s. f. halle livrée fort bas. || vesse.
Coulisse, s. f. mortier fort clair que l'on verse sur la maçonnerie
pour qu il pénètre dans toutes les cavités et les remplisse. En fr. rainure.
Conlon. s. m. pigeon, v. f. ; du lat. columha.
Couluèfe. s. f. couleuvre.
Coumaincher, couuiainchi, kiuainsi. v. a. commencer. Bret.
couniançz, probablement emprunté. Diez tire commencer decuminitiare.
Coumère. s. f. commère || femme. Cacher à — , vir vollié lés — .
A Liège kimcre.
Counoitte. v. n. connaître. Lat. cognoscere, grec v'""'^", irl. gnia,
science, sanscrit g'na, savoir. JSos counichons, ej counichois.
Coupater (croupe à terre). Sale farce de petits polissons : quand
ils ont affaire à quelqu'enfant niais, ils lui proposent de cacher à nids
d' — . et — est représenté comme un oiseau merveilleux, mais qu'on ne
peut approcher que les yeux bandés parcequ'il cherche à aveugler. On
conduit le petit nigaud au lieu convenable ; à un signal convenu, il porte
la main à terre et vous sentez ce qu'il saisit.
Coupelle, tonpclte. s. f. iaîle, sommet. P«?i d' coupelle, espèce
de pomme, c'est cin pun d' coupelle, c ncst gnié pou vo bec. C'est trop
élevé pour vous. Les Liégeois disent copette. En ail. Kuppcl signifie
dôme, en v. ail. houbet signifie tête, en fl. top signifie faîte, sommet, en
15â COU-COU
ail. moderne, Haupt, Kopf, en (1. kop, hooft signifient tête, gall. coppa,
faite, sommet, basque copa, cime d'un arbre, hébreux goph, plirygien
cuba, fr. coupeau, v. fr. couplel, coppe.
Coupille, coiipîye. s. f. goupille.
Couquc. s. f. petit pain. De Tall. Kuchen, fl. koek, gâteau. Les Lié-
geois donnent ce nom au pain d'épice. — à la reine, variété de — .
Couqne, conille, couye dé noiinetle. s. f. espèce de bonbon.
Conque, couille, couye dé finisse, s. f. pâte cuite à l'eau,
assaisonnée avec du beurre et de la cassonnade.
Couquéback, coucabaque. s, f. espèce de crêpe que l'on prépare
dans des échoppes. C'est le synonyme de boucancouque, mais boucan-
couqiie, quoique d'origine bien flamande, n'est pas connu à Bruxelles,
tandis que koukébak y est fort en usage. J'ai souvent demandé à des
Flamands l'explication de ce mot et tous m'ont répondu que c'était
conque cuite (gebakken). Lorsque je leur objectais d'une part que toutes
les conques possibles étaient cuites et que d'autre part il Aiudrait inter-
vertir les mots pour suivre les règles flamandes et dire gebakken koek,
ils ne savaient que répondre ; mais on peut invoquer un gebak qui si-
gnifie pâtisserie et alors on est en règle, on a couquc-pâlisserie.
Courî. V. n. cj heur.
Course, s. f. ordinairement pi., intérêt d'argent, revenu. Mette
se yar à — .
Courtau, courtiau. s. m. boule de terre cuite, chique, marbre |j
jcud' — . Uyena de diverses espèces: lincheauyar, loisànousqualleà
nous, aller d' six, etc. Ail. Gurke, concombre, fr. gourde, courge;
Koulourdren, plur. koulourdrennou, courge, gourde en b.-bret., eucur-
bita en lat. v. cahoule. La comparaison de forme ne laisse rien à dé-
sirer, il n'en est pas de même de celle de volume. Je rappelcrai
toutefois que l'on donne le nom de bôme (bombe) à un — très peu plus
gros que les autres; d'ailleurs iau est un dinj. monlois {buse, busiau, moye,
muyau), v. iau.
Courléressc. s. f. pénurie, manque, insuflisance.
Courtil, courts, cortî. s. m. verger. Vos repasserez pa no corli,
locution de menace signifiant : je saurai vous retrouver, j'aurai occa-
sion de revanche. — est un v. mot fr. En b.-lal. curtile, coriillum, basq.
gorlea, bret. cor, cort, angl. court, ital, corte, enclos, lat. hortîis, gr.
COU-CRA i35
yôp-zoi, jardin, lat. cliors, cors, cour de ferme, ctable à bœufs. II est
évident que la provenance immédiate de — est le b.-lat.; mais ensuite?
Si on adopte la règle de Diez, pas d'hésitation : il faut accepter le lat.,
malgré la différence de signification, et admettre que le bret., le basq.,
l'angl. proviennent aussi bien que l'ital. soit du b.-lat., soit même du
V. f. Si Ton prend égard à la tendance à latiniser les mots locaux déjà
signalée, on pourra admettre que le b.-lat. a été forgé dans la Gaule. On
ne puisait pas moins dans le v. langage german. Voici quelques mots
de source tudesque arrivés au fr. par le b.-lat. :
Scura, skiura, = scuria, = écurie.
Smalljan, = smaltum, == émail.
Slront, == stronlus, = étron.
Quakele, = quaquila, = caille.
Je pourrais grossir considérablement la liste.
Coiisse. s, m. cousin.
Coutancc. s. f. dépense, frais, valeur, prix. V. fr. constance.
Couinre. s. f. division dune commune rurale, désignation de si-
tuation d'un champ. Le nom de chaque — est le plus souvent dû au
genre de végétaux qui y croissait, avant qu'elle l'ut tout entière livrée à
la culture : couture d'aulnoi, du qucsnoi, du jonquoi, du gcneslroi, du
frasnoi. Le mot provient sans doute d'une corruption de culture, v. fr.
costure.
Couverte, s. f. couvercle. Y 7ia si laid pot qui «' trouve es — . la
plus laide femme trouve un mari || couverlure.
Coyer, keiiyes*. v. a cueillir. Au village coycr signifie aussi récol-
ter. — pelote, faire la récolte de pommes déterre. Lat. colligere.
Coyeite (à s'), en particulier, à son aise, en secret, entr' amis : ain
mariache par amourette, on s'ain r'pinl tout à s' coyeite. On se repent
tout à l'aise d'un mariage d'amour. V. fr. quocte, tranquillité, repos.
Quieute, lit de plume, lat. quietus.
Cra, crache, adj. gras. Par!er — tenir des propos obscènes, v. fr.
cras, lat. crassus, épais. Elle — assez dé : être assez satisfait. Elle sara
crache assez dé rpreinde ess galant. Dieu heureuse de reprendre son
amant rebuté. On dit en fr. : en serez vous plus gras?
d7
I5i CUA-CKA
Cra-cu. s. m. {acoir el). avoir une inflaininaliou eiilre les fesses,
une écliauU'aisoii, un enlrefesson,
t^ra-bouyau. s. m. rectum.
Crabot. s. ni. l. de ch. Boilc où Ton dépose les bouts de chandelles ||
boîte aux allumettes. C'est souvent un sabot troué. De là peut-être son
nom, peut-être aussi de cra -\- ho.
Crache, s. f. graisse.
Crache niaronc. s. m. charcuiter.
Craché, s. m. lampe de terre. Les archives du nord de la France
el du midi de la Belgique font dériver ce mot du ludesque krachen, pé-
tiller. Nous croyons plus naturel de le faire provenir de crache, v. plus
haut. Bal au — bal du plus bas étage.
Cracher feu. lancer du feu, des étincelles. Traduction littérale de
l'ail, feucr speien.
Cracholîé. s. m. épicier, v. grcssié.
Crachoulé, elle. adj. et subst. sale, malpropre.
Craintisc. s. f. timidité.
Crainion. s. m. crémaillère. Bas-Iat. crammale; brel.croumal, anse,
V. fr. cramai, bourguign. cramail; néerl. kramm, croc de fer.
Cran renforcé, locution qui se trouve dans les anciens actes et
qui signille que l'on s'oblige au besoin à donner des nouvelles garanties.
Crâne, s. el adj. propre, élégant, fier. En fr. subst. seulement,
écervelé, tapageur,
Cranerîe, s. f. élégance ; en fr. témérité.
Crape. s. f. crabe || grappe. || croûte, croûte-laiteuse, pellicules qui
se détachent du cuir chevelu, des dartres sèches. V.lr. grappe, ulcère qui
se sèche. Ce mot vient peut-être du il. krap, égralignure à cause de la
croûte qui en est la suite; mieux de skrapsel, raclure.
Crapé, ée. adj. couvert d'un enduit d'ordure, v. fr. grappeux, sale.
Craper. v. a. enduire d'ordures.
Crapion. s. m. grapillon. liai, grappo; ail. Grapp et Krape, garance.
Il est remarquable que quand il existe deux formes gcrm., souvent le
fr. en adopte une et nous l'autre; on a déjà pu noter celte singularité
à l'art, blcffe. On aura plus d'une fois encore occasion de renouveler
l'observation.
Craquelin, s. m. airelle, myrtille, vaccinium myriillus; en fr.
c:nA— CKI 155
pâtisserie qui croque, crabe qui a quitté son tesl, etc. Le mot liégeois
caqticlinche peut aider à trouver l'origine de craquelin {hahe l'inche),
(l'encre). On peut contester le mérite de celte explication donnée par
M. Grandgagnage et se retourner sur le patois fl. de Bruxelles : là le
myrtille se nomme croquebase et on retrouve crakebeys, dans les horai
belgicne. Or, dans les langues germaniques on ajoute à tons les mots de
l'espèce : fraises, framboises, groseilles le mot qui traduit baie (en ail.
iJeer, en vrai flamand bezie, en patois bruxellois baze). Dépouillé de ce
mot additionnel, crokébase, crakebeys deviennent crok, crak, dont le
dimin. est crokelln, crakelin (ex. rond'èlin, crollclin).
Craspeu. s. et adj. ladre, vilain. FI. krapsel, raclure, schrapen,
racler.
Craiàtinoui, cravhctinoiunie, crache luatincc (faire), se lever
lard. Lat. crastinum.
Crauyc. s. f. craie.
Crayon, s. m. màcbefer, bouille vitrifiée, etc. La scorie est un pro-
duit volcanique ou une substance vitrifiée nageant au-dessus des métaux
londus; ce n'est donc pas précisément un synonyme de màcbefer. Liège
vrahai, dialecte d'Aix-la-Chapelle krei, mâchefer, irl, creug, pierre.
Crcauie, créyattle. digne de foi, croyable.
Crecher, cre.sscr. v. n. croître, augmenter (Bor.).v. fr. creistre,
crcslre, arm. kreski, kriski, lat. crescere.
Crechoai, cruchon, s. m. boni accordé aux marchands de char-
bon.
Crémone, f. f. ferraille pour la fermeture des fenêtres, espagno-
lette.
Oener (s), se gercer, se fendiller, v. crin.
Crepo. s. f. crête.
Crepîau, cripiau. s. m. souricière. Bas-bret. griped, pluriel gri-
pedou, piège, goth. greipan, ail. greipen, saisir, attraper, prendre.
Crever, v. kervcr.
Crevwre, kervure. s. f. crevasse de la peau, gerçure; combinaison
de crevasse et de gerçure.
Crîchon, cruchon, s. m. l, de ch. surcroit, excédant de mesure,
V. -surjet.
Crin. s. m. feule, crevasse, ouverture; crin del porte. \\ t. decharb.
156 flRI— CRO
lieu où la mine est brisée par un affaissement du terrain. En ce sens
crain est devenu français. Fr. cran, armor. kran, ail. Krinne, bas-lat. et
ilal. crena. Pline est le seul lat. qui se serve du mot crena.
Criqiielion, criqiiion. s. m. £;rillon, criquet || personne maigre,
délicate, chélive. FI. krckel, i^rillon, holl. kriok, de krieken, craqueler,
cym. cricell, lat. i];rillus.
Croche, crosse, s. f. instrument armé d'un fer pour jouer au jeu
du même nom.
Croclier, crosscr. v. n. jouer al croche. A Liège crawé, craiiwé.
Crocheite. s. f. béquille. FI. kruk, béquille, v. ail. chrucka, étai,
appui, b.-lat. croca, bâton d'estropié, potence, b.-bret. crok, gall. crog
suspcndium, suspensio, v. fr. et liégeois, cros, béquille.
Croclielcr. v. a. pousser en glissant sur la glace. Crocheter est
fr. quand il signifie ouvrir avec un crochet. En liégeois un crokelcu est
un chicaneur.
Crochon. s. f. t. de charb. ligne de séparation entre les droits et les
plats, à cause du brisement de la mine qui est croquée (brisée).
Croisé, s. m. t. de boucher, côte de bœuf.
Croîseltc, crostgeKe, crcuzeiïc. s. f. alphabet en tête duquel
se trouve une petite croix. Lat. crux, ail. Kreutz, holl. kruis.
Croix, s. m. deux lustres, dix ans ; à cause que le chiffre romain dix
se représente par une croix.
Crolie. s. f. boucle (de cheveux), frisure || s. f. p. copeaux. Flani.
krol qui a les mêmes significations.
CroIIé. adj. crépu, frisé,
Croller. v. friser.
Crouibir, croiubi. v. a. courbe, plier, fléchir.
Cronibissage. s. f. action de crombi, état de ce qui est crombi.
Crouii>issHre. flexuosilé, courbure.
Cronipir. s. m. pomme de (erre. Beaucoup moins usité que petolc
(v. ce mot); on s'en sert surtout pour désigner les pommes de terre de
forme longue. Très-usité à Liège. Ali. Grundbirn, holl. grondbeer, poire
de terre.
Cron. s. et adj. bancroche, tortu, de travers, tortueux. / n'y a gnié
après cin — pou vouloi couri. Ail. Krumm crochu, tortu, Krûmme,
courbure, krùmmen, krumbiegen, plier, courber. Flam. krom. 11 est
CRO-CU 157
remarquable que le v. ail. écrive crunip; le B el le P se confondant
dans les langues du nord, le V. crombi a pu s'en former, bas-brel.
croumm, courbé, crochu, gall. crwnmi, curvus, recurvus. Selon Die-
fcnbach et Piclet, la racine primitive est le sanscrit crunc, être courbé.
Croquant, s. m. cartilage.
Croque, s. f. t. de jeu de courliau. Bayer cnnc — atteindre la bille.
Le mot employé seul en manière d'interjection annonce qu'on vise cl
courliau. Figur. coup, chiquenaude, atteinte. Croc est du langage fr.
familier : cela fait croc sous la dent (Acad.). — est l'impér. du verbe
bret. creghi, attraper, saisir, accrocher, de sorte que quand nos enfants
disent — , c'est comme s'ils disaient : attrape.
Croque-gaye, cpoque-noujette. s. m. casse-noix, casse-noisette.
Croquer, v. n. et a. donner n' croque. || briser.
Crotte ou crotte de braiii. excréments durcis. — à vos deinl !
manière brutale de refuser, répondant à rbéroïque et ordurière exclama-
tion de Cambronne que l'on a noblement el poétiipiement traduite par :
la garde se meurt et ne se rend pas. — dé biirue. appellation d'amitié.
Kiliaen dit que le 11. krolle vient du fr.; mais il y a en fl. kiot, boule.
Ail. Kolb, l)oue, lat. crusta, croule.
Crottëlin. s. m. petite boule formée d'excréments durcis laquelle
reste attachée aux poils qui environnent l'anus. Crottin n'a pas la
même signification, il se dit seulement des excréments durcis des che-
vaux, moutons.
Croupe-cinde. s. m. demi-cercle en fer ou en cuivre pour arrêter
les cendres. Fig. personne casanière, qui ne quitte pas le coin du feu,
qui croupit dans les cendres.
Crouper. v. n. croupir, slagner. Dé Viau croupanlc.
Cru, crue. adj. humide, mouillé. En fr. vert, qui n'est pas cuil.
Cru est employé par Froissart dans le sens d'humide. A Namur on dit
crueu, à Liège on dit cruoM. \
Cruesse. s. f. humidité.
Cu {avoir ça à s), perdre au jeu. peler pti haut que s' eu, avoir plus de
prétention que de mérite. Cu d' zeur, cu d" zous, sens dessus dessous.
Ça va, ça vie comm el cu d' ein vieux gvnu. Il y a des alternatives de
bien, de mal, de froid, de chaud. Ccsl comm Vliomme qui rake au cu
dé s' kévau, ça n fail nie d'bic, ça n' [ail nie rf' mau. Faire danser
158 CUE— CUR
sur r — du four. Se dil d'une cadette qui se marie avant son
aînée.
Ciicfe, cueve. ind. du v. couvri. On trouve cuevrenl pour couvreul
dans l'ouvrage du sire de Joinville, qui se croisa avec St Louis.
Ciier. s. m. cœur. V. fr. cuer, quoer.
CufrtI, ciifar. s. m. grande tonne par laquelle on amène la houille
du fond de la mine au jour. Liégeois cow/VirfejV. ail. cliuolTa, ail. moderne
Kufe, cuve. lat. cupa. Ce mot, aujourd'hui spécialisé, a du avoir cours,
dans le patois usuel, pour désigner généralement une grande cuve ; car
quand on a commencé à tirer la houille, la désinence en a avait disparu
depuis plusieurs siècles. Le lat. cupa était devenu coupe, lev. ail. était
devenu Kùfe, KiiheLKûpe.
Ciiac.«9!Mes. village du Hainaut. Peut être du v. fr.cuens,cuems, comte.
Ciiinche, coinche. s. m. gamin. Vcux-tu d'aller, sale — pars,
vilain gamin, /lr^o( d' — t. de jeu d' courliau. irrégulier, de travers.
Fr. guinguois, il. schuinsch, v. nord, kingr, oblique, v. fr. guenche,
déviation, tromperie, fr. de technol. guinche, outil de cordonnier.
Ciiilic. s. f. cuite.
Culot, s. m. coin. Les significations fr. de ce mot sont nombreuses :
il désigne le dernier né d'une famille de petits animaux, d'une couvée,
le dernier reçu d'une compagnie, le bout inférieur d'une lampe suspen-
due, etc.
Curage, curache. s. m. action de curer.
Curer, v. n. étendre le linge sur l'herbe pour le faire blanchir. Es"
pagnol curar. v. recurer.
Cureur, eurcu. s. m. blanchisseur. En fr. nettoyeur d'un puits.
Curlau, eruau, cruyiau, eriau. s, m. mauvaise herbe. On peut
chercher l'origine de ce mol dans le fr. curer, dans le latin crescerc,
croître ou l'ail. Kraut, herbe. Les Liégeois nomment les sarclures krou-
tren. V. fr. cuauldre, faire la récolte. M. Grandgagnage dit qu'en ail.
kraulen signifie sarcler, c'est possible. Je ne connais pas ce mot.
Curîauder. s. f. sarcler.
Curiaudeuse. s. f. sarcleuse.
Ciirîe. s. f. femme dégoûtante. V. fr. corie, lat. corium, cuir; qui ne
vaut que le cuir. A Liège curcie, charogne. On dit de même piau. Le
lat. scortum signifie à la fois peau el prostituée.
CUR— DAM 159
Ciîroir, ciiroi. s. m. blauchisserie ou blanchérie. En fr. bùlon
pour nettoyer la charrue de la terre qui s'y attaclie.
Cutourniaii. s. m. culbule. Usité à Maubeuge, comme à Mons.
divelle. s. f. cuvelte, cuveau.
Cuvelol, cuvlo. s. m. cuveau, baquet.
D
D se change quelquefois en T : prcinle, T en D : cindamcr.
D' remplace le pronom en quanti il est suivi d'une voyelle : ej d'ai miè.
J'en ai mangé. Quelquefois on fait pléonasme et on dit : / cin d'ai yen,
j'en ai eu, ell ein d'à, elle en tient, elle est enceinte.
Da. particule employée pour affirmer, promettre, recommander, or-
donner. Y fauv" ni, da, il faut venir. En fr. on n'emploie guère da
qu'avec oui : oui-da.
Daeliellc. v. tacitelle.
Oadiar, dadlcii, dadlol. s. et adj. babillard, bavard, censeur.
Ail. Tadier, censeur, qui critique, dahlen, babiller, gall. dadi, conlro-
versia, lis, contentio, dadieu, litigare. b.-bret. dacl, contestation.
lïadlcp, v. n. critiquer || manier, tâter, surtout les aliments : n'vWnes
gnié co dadler mes grouscycs.
D' allage («). en train, en marche, en danse.
D' aller, g^ain d'aller, v. très-irrég. / m' ain va, no d'allon, no
sain dallon. No d' alline, f rf' irai, d'allon, d' allonnel que f vasse,
vausse, aye, que f rf' allisse, vaiisisse, s'en aller, partir. Jene dis pas tout
et j'omets les nombreuses variantes des villages. Rabelais disait deualler.
Conformément à une règle de grammaire générale, ce sont les verbes
les plus usités qui sont les plus irréguliers; conformément à une loi des
patois, ce sont ceux qui varient le plus de commune à commune. Quand
j'apprenais l'ail., je m'indignais contre un peuple qui semblait l'avoir fait
exprès, pour gêner les étrangers, de rendre dilïiciles justement les verbes
qui reviennent le plus souvent; cela provient, dans toutes les langues, de
ce que les verbes, à force d'être répétés, s'usent en quelque sorte et oni
besoin de recevoir une nouvelle empreinte.
Daiua. s. m. julienne de Damas, fleur. En fr. étoffe de soie à fleur,
prune, acier très-fin (sabre ou lame) venant de Damas,
liO DAM— DÉB
n.tina^e. dommage. || On donne encore ce nom à une partie de ter-
rain oniouranl une liouillère. V. fr. damage, b.-lat. damagium et dam-
nagium. lat. damnum.
Dande. roseau. (Masnuy).
BïaiidiBic. s. f. volée.
BBangei' {gnia pas cV), «langie, dantgie. il n'y a pas de mal, c'est
mérité. Avoi — avoir besoin. Quand enne fiije na qnié — (V ein homme,
iliomme na gnié danger d'elle. B.-lal. dangerium. — a eu, en v. fr., la
signilication de dommage, damnum.
Bdangercux, dandjcren, daesdicreu. adj. probable. Peu usité à
Mous, mais beaucoup aux environs. 11 est aussi adv.; si l'on demande :
vcrrce? viendrez-vous? on répond : dangereux, probablement. On peut
aussi répondre : hazard.
Oank. merci. En ail., fl., holl. danken signifie remercier.
Danse, s. f. volée.
Dard. s. m. aiguillon, épine.
Darder, arder. v. n. s'élancer, Tondre impétueusement comme un
dard. A Liège daré, rfaure.Gall., armor. dart, telum, jaculum. ags. daroth.
Dame. s. f. chasse de nuit aux oiseaux (vers Ath) : cinvomjer à —
envoyer se promener, se débarrasser d'un auditeur gênant. A Mons où
l'on ne connaît pas — on dit einvouycr à rue, su V rue. Yoilà comment
le wallon s'altère et se perd. A Liège cori al dahir, dauhir, courir ça et
là, fréquenter les mauvais lieux. V. fr. derroi, déroute, desruer, égarer,
détourner; lorrain daurne, adaurné, adarlé, étourdi.
D^avoi, d'avoir, verbe très-irrég. en avoir, y en avoir. Y d'à signifie
il en a, il y en a, le but a été atteint. Le D se supprime dans quelques
circonstances : a-l-y des geins bielle assez pou croire à ces conles-là.
Daye (à), à gauche. Dia en fr. signifie gauche, selon l'Acad., droite,
selon le dict. de Trévoux. Gall. armor. deau, dexter, irl. -écossais deas,
sanscrit daxa.
Dazctle. s. f. d.'.zot. s. m. dent (enfantin).
Débagager, dcbaguer. v. n. déménager. V. fr. bague, baguer
(empaqueter), bas-lat. baga. Le liégeois a le simple bagué. M. Grand-
gagnage lui donne l'étymologie gaélique de bac (impedimentum), ancien
Scandinave, baqqi, fardeau, bagn,être encombrant, embarrassant. Il fait
observer à ce sujet qu'il n'y a guère d'étymologie celtique qui n'ait un
DÉB— DÉB U\
correspondant germanique, mais qu'il n'y a pas réciprocité, c'est-à-dire
que souvent la racine german. seule existe. Le premier fait s'expliquerait
par cela que les deux familles ont une origine commune et le second en
ce que les dialectes parlés par les Celtes belges et gaulois ont laissé une
famille moins nombreuse que les dialectes franks, en même temps que
cette famille nous est devenue étrangère depuis un grand nombre de
siècles.
Débarté. adj. et s. égaré, en désordre, désorienté, V. fr. débareter,
décontenancer, vaincre, dissiper, affliger. Débarelé viendrait-il de sans
barelle? barliau serait-il dans le même cas? On connaît les locutions
mettre sa barrette de travers, la jeter par dessus les moulins.
Débatte, débattre, v. a. t. de jeu de courlaud; quand on dit :
je V débats c'est comme si on disait : si j'abats, le coup sera réputé nul.
Si fai slici f débals Vautle croque et déba yard.
Débattu, s. m. matière fécale.
Débaucher, v; a. désoler.
Déberdouiller. (se). Ce verbe picard qui signifie se dépêtrer, n'est
pas de notre patois (que je sache). Je ne le donne que pour montrer la
filiation des patois. Il est assez curieux que les Picards, à leur tour,
n'aient pas notre subst. berdouye. v. ce mot.
Déberlafé. adj. ayant une balafre 1| débraillé.
Débéyé. adj. qui ne serre pas. v. beyer.
Débiller, debîyer. v. a. déshabiller.— en fr. signifie détacher les
chevaux du trait.
Débîser, dëbîsî.v. a. peu usité,s'—v. pronom, très-employé. Irriter,
être irrité par la bise. Se dit de lerythême, de la rougeur, des gerçures
que le froid produit sur la peau. Namurois disbiji, v. ail. pison, v. biser.
Déblaye, s. m. désordre || malpropreté. Figure tirée du mot fr.déblai.
Débloquer, v. a. faire sortir du bois. En fr. faire lever le blocus.
Déblouke {al), autant que possible || de toutes ses forces 1| bride
abattue (Borinage). v. blouk.
Débouler, v. n. rouler, filer, partir.
Débouloter. v. n. et a. dérouler, développer.
Débouziner. v. n. sortir précipitamment || s'élancer || déguerpir
Il jaillir. V skille que ça U débouzine, il :ï une diarrhée violente. V. Bou-
sie, Bousin, Rabouziner.
i8
142 DÉB— DÉF
Débroquc, desbroki. adj. détraqué. || brisé. || démonté : cnne
kéyëre — . Est-ce l'ail, brechen, gebrochen, rompre? n'est-ce pas plu-
tôt le contraire d'embroché?
Débruisié, débrisi, dbrisi. (Bor.) v. fr. débruiser. A Mons on
dit dêbriscr.
Décafotcr. v. a. défaire cl cafotin.
néclaqucr, desclasquîer.v. a. décharger, décocher, lancer. V. fr.
décliquer,
Dccliiré^ s. f. échappée.
Déchokter. v. a. dédosser, diviser, séparer les touffes des racines,
éclater, œilletonner. V. choque.
Décrottoir, décrottoi. s. m. lame de fer placée près des portes
pour ôter la boue des souliers. En fr. brosse pour décrotter.
Dédans, dédain, d' dain. prép. dans. {V — ) s. l'intérieur. Mede —
tromper.
Dëdée. v. n, promener, (enfantin).
Dédef. s. f. Marie-Josèphe.
Défacher. v. a. ôter les fachots. V. ce mot. Se défàcher est fr.,
il signifie s'apaiser.
Défalismain del leunne. décours de la lune. Fr. faillir, ail. fallen
tomber, lat. deficere. On dit aussi defayance et descréchance.
Défanliler. v. a. éfaufiler.
D' effé {comme), en effet.
DéGcliant. adj. contrariant, tourmentant.
Défigurer, v. a. refuser, nier. Ne s'emploie guère qu'avec une né-
gation : on »' peu gnié défigurer que sC enne belle fiye, on ne peut con-
tester la beauté de cette fille. Ce verbe est plus usité au Borinage qu'à
Mons.
Définition [del balle), conclusion, décision (du jeu de balle), V, fr.
defllner, mettre à fin.
Définisseniain {su V). vers la fin.
Défouttre, défoutte. v. a. etpers. désoler, décourager, contrarier,
abattre, décontenancer.
Défriser, v. a. contrarier. En fr. ôter la frisure.
Défunquier. v. n. mourir. Fr. défunt, lat. defunctus, mort,
Défuter. v. a. ôter le fût.
DÉG— DÉG 145
Dégagoler. v. a. faire sortir du gagot. V. ce mot. Fig. faire sortir
en surmontant des difficultés.
Dégartelé, ée. adj. personne dont les jarretières sont dénouées,
qui n'en a jamais. V. gartier. Fig. plus usité, personne dont les vêtements
sont en désordre.
Dégauvier, desgauvié .vomir || fig. évacuer, || accoucher (Quare-
gnon).V.g'ai'e.Dégobiller est un dimin.; c'est dégauviller avec cliangement
du V en b ; à moins qu'il ne soit le contraire de gober et encore gober
diffère-t-il de gauvier, inusité?
Dégelée, s. f. volée de coups || grand nombre.
Dégletter, gletfer. v. n. dégoutter, sourdre, baver, rendre de
l'humidité, surtout une humidité gluante. El matière deglelle, (oui a
vau li. V. fr. glete, ordure, corruption, ail. gleilen, glitschen, fl. glyden,
glisser, angl. to gliet, rendre du pus, couler lentement, dégoutter.
Quand au bret. glaouren, baver, au gall. glafoerion, glyfoer,on peut bien
croire que c'est l'origine du mot fr. glaire, mais comment arriver jus-
qu'à — . On peut penser à glu, au b.-lat. glileus, gliceus.
Dégondcr. v. a. décontenancer, faire sortir de son caractère.
En fr. dégonder signifie ôter de dessus ses gonds.
Dégoter {s'), v. p. se dégourdir, se décrasser, se distinguer. En
fr. dégoter veut dire surpasser.
Dégouline, s. f. pente, descente. S'employe surtout au jeu de
courliau. Jiier IC al — , laisser aller la bille doucement en suivant la
pente du terrain. Bret. goular, doucereux.
Dégouliner, descendre, glisser doucement. V. fr. couler, tomber
goutte à goutte.
Dégraviner. v. a. gratter autour, dégarnir. Se dit surtout des
plantes dont on prive les racines de la terre qui enveloppe leur chevelu.
Fr. grafigner, fl. graving, fouille etgraven, creuser, ail. graben.
Dégrézié, ée. adj. blasé, dégoûté, qui a usé à satiété. N'est nulle-
ment synonyme de nactieu. On trouve avoir ses degraz, pour être repu,
dans le roman du Renard T iij p. 507. Fl. gretig, avide, désireux, esp,
desgraciado, funeste.
Dégribouler. v. n. dégringoler. Combinaison de dégringoler avec
bouler.
DégrifTer. v. a. égratigner.
144 DÉG— DÉM
Dcgrimoner. v. a. égratigner. Comparez, dit M. Grandgagnage,
l'expression bavaroise : es grimnit niich im Baiicli, j'ai mal au ventre.
Grimmcn, pincer, tiré de Grimm, furie.
Dégrivaler. v. n. dégringoler. Combinaison de dégringoler avec
avaler.
Iléguesinc. s. f. volée de coups. On ajoute souvent de vandag. Cela
a l'air bien fl.; mais il est diflicile d'y rattacher un sens ; car gesien (prn.
guesine), signifie vu et vandag, aujourd'hui.
Uchoper. v. n. partir, sortir. V. oper.
Délioler. v. a. ébranler, faire sortir, déboiter. En bas-breton
divoestia, déboiler, tirer d'une mortaise ; de -{■ ôter? A Liège déholé
signifie rendre le dernier sonpir.
Deï ou manier Déï. excl. abrév. ou corruption de Mater Deï. Eh !
Déi! que louz lés bielles. Ah! mon Dieu ! combien d'animaux.
Dein. s. m. dent. Avoi Ions ses — , avoir bec et ongles. Lat. dens,
gall. danl, irl. dend, dead, sanscrit, danta.
Dciner. v. a. dîner. Y. fr. deigner, disner, disgnier, digner.
Déjoinlei*. v. a. déjoindre, disjoindre. Les mots oindre, joindre
viennent bien du lat. ungerejungere; mais leur son odieux semble bien
celt. Remarquons que le cello-irl. a ong remontant au sanscrit ang,
oindre et le cello-irl. iodt, chaîne, le celto-gall.yau,joug, sanscrit yug,
joindre, yuga, joug.
Oélandrer. v. a. diviser, soustraire, détruire en partie (Masnuy).
— 7i' maison, en faire plusieurs demeures, en changer la distri-
bution. Fr. d'archit. délarder, enlever une aréle.
De long et d' laîr. adv. mot à mot, de long et de large ; à petits
pas, avec précaution.
Del longue, adv. lentement. D'aller, tirer — , gagner du temps.
Déloqueté, ée. adj. couvert de loques, de baillons.
Démanevé, ée. adj. courant des dangers [| compromis || avarié ||
gâté II démantibulé || égaré || mort. El bur fondu n'est gnié pierdu, mé il
est fô — . Est-ce démanœuvré?
Déméfier (s'), v. p. se défier, se méfier. Combinaison des deux
mots fr.
Démêlé, s. m. matière fécale.
Démettre, démette (es kémiche). v. a. ôter sa chemise.
DÉM— DÉQ 145
Démigraine. s. fr. migraine.
Déniiseler. v. a. éraieller. v. misclin.
Déniitan. s. m. moilié. Milan est fr., mais v. et pop., v. liaut-all.
miltamo, lat. dimidius. Peut-être est-ce une combinaison de demi avec
mitan ; on dit aussi dcmoinlié.
Démontei*. v. a. faire perdre patience.
Dcnioulquiacr. v. a. mettre en pièces, en morceaux, battre, écra-
ser, pulvériser. Ce mot employé à Mons et inusité dans les environs,
n'est que le figuré du mot démulquiner employé au propre dans les vil-
lages voisins et inconnu à Mons.
Démucher. v. a. mettre à jour. — Se yar.
Démulquiner. v. n. défaire lés midquins. V. ce mot.
Dcniulieruoi. s. m. instr. d'agric. pour aplanir les muliernes.
V. ce mot.
Dcpéler, déspeler. v. a. enlever l'écorce, la peau 1| peler, (s') —
V. p. se desquammer.
Dépier. v. a. efl'euiller || faire sortir les grains de l'épi. En fr.
dépié signifie démembrement d'un fief.
Déplayer, v. a. réduire en plaie. V. fr. déplayer, gall. pla, lai.
plaga.
Déponter. v. a. t. de jeu de caries, dégarnir des atouts || ôler la
force II obtenir le fermage en niellant une enchère || l'emporter sur un
rival II gagner des points sur ; d'où est venu sans doute le mot, s'il ne
vient du fr. ponle, t. de jeu. Dans le Santerre on dit dépoinler dans le
sens d'enchérir. Il y a là entre les fermiers une espèce de contrat tacite
qui interdit de le faire ; c'est l'analogue de notre maugré v. ce mot.
Dépourer. v. a. époudrer, épousseter.
Dépoutucr (s'), se démener, se mettre en quatre, s'échiner, s'éver-
tuer (Tournay). Compar. s'évertuer et se tuer à.
Déprende, déprainde. v. n. désapprendre. En fr. déprendre
signifie détacher, elc.
Déqu^à, d'qu'à. Jusqu'à.
Déqué, déquoî? Quoi? comment?
Déquitter, v. a. ôtcr. Selon le plus grand nombre, le fr. quitter
provient des vieilles langues du nord. On le trouve dans le suédois
qvitl, l'irlandais qwiltur, l'angl. quil, le holl. quyl, le nedcrs. quiol.
146 D'Q— DES
quitt, bret. quytu : il signifie libérer, affranchir; selon d'autres au con-
traire tout cela viendrait du fr.
D' quoi, es ri' homme là a d' quoi. Cet homme a des ressources ,
de la fortune.
Dérain, adj. dernier. V. fr. et prov. derrain.
Dérané, ée. adj. éreinté, moulu de fatigue, de coups.
Dcraner. v. a. éreinter || s' — V. p. se briser les reins, faire tous ses
efforts, bas-Iat. erenare, renés frangere, v. fr. esrener.
Déraqner. v. n. S' deraskier. v. p. sortir d'un mauvais pas. v. rage.
Dërée. s. f. denrée : avoi ses — avoir ses menstrues.
Derne. s. f. dartre sèche, furfuracée (Cambron-Saint- Vincent). A
Namur diele, v. fr. derre, cymr. tarwden, sansc. dardru.
Dëroder. v. n. détruire une forêt, pour la livrer à l'agricullure, dé-
fricher, essarter. AU. popul., roden, extirper en sarclant, essarter.
Dérompre (s'), v. p. prendre une rupture, une hernie.
Déronipnre. s. f. rupture, hernie. A Liège rompeure, rompar.
Deroyer, v. n. t. de prat., changer la culture, changer un pré en
terre labourable ou vice versa.
Deprière. s, m. partie du baquet, v. ce mot ][ joueur de balle placé
au fond du jeu.
Désaluré, ée.'adj. sans allure, qui a perdu sa fraîcheur, en désor-
dre, brisé, pourri par le temps.
Desbanci. adj. réchauffé. (Charleroy.)
Desbiner, débiuer. v. n. se sauver, partir, fuir. En fr. débiner
signifie : donner un léger labour aux vignes. On dit à Paris, dans une
espèce d'argot, s'esbigner, pour s'enfuir. Peut-être sesbigner est-il tiré
du patois wallon. Il ne se trouve pas dans le dictionnaire de l'Aca-
démie.
Desca, déka, dnska. jusqu'à. En v. fr. tresqu'à, dusqu'à, lat. de
-\- usque.
Descafier. v. a. faire sortir dnlskafion, plus souvent faire sortir le
skafion du brou.
Descau, décau. adj. déchaux, déchaussé; v. fr. descau.
Descliquer, décliqiïic, desclaquer, deselaquié. v. a. dé-
charger, décocher; de cliché ou clique d'un fusil. Les Liégeois disent
cliglé, armer un fusil. Décliquer est employé par Froissart et autres
DES— DES Ul
vieux chroniqueurs, mais, comme verbe neutre, pour détoner, partir : le
canon déclique, v. cliquîé.
Desclooé, ée, adj. déhanché. Lat. clunis, fesse, gall. clun, hanche,
sanscrit s'ion, accumuler, amonceler ; le sanscrit a une seconde forme
s'ron, qui a produit s'rone, hanche.
Desclumaia. s. fin, terminaison, conclusion. La syllabe du, com-
mune à — et à conclusion, doit faire croire à une origine également
commune : claudere, cludere, clusum.
Desconquaner. v. a. disloquer, harasser.
Descoutailler, descoutayer. v. a. couper par petits morceaux,
dépecer, taillader, surtout du papier avec des ciseaux. J'avais d'abord
supposé que c'était une combinaison de couper avec (ailler ou bien une
racine coul avec préfixe des et suffixe aycr, racine qui est dans le lat.
culler, cultellus, le gall. cwt, couteau, cwtaw, raccourcir en coupant et
qui remonte, au sanscrit kut, couper. Le liégeois kuleï, kilcï, même
signif. que — , m'est revenu en mémoire et m'a suggéré une explication
bien moins savante, mais qui me paraît beaucoup plus plausible. Ku, ki
est un préfixe extrêmement fréquent qui répond au lat. cum ou de. Tcï=
tailler, en somme détailler. Cela est confirmé par le liégeois veinde at
kuleie, vendre en détail ; pour former — nous avons ajouté un nouveau
préfixe des qui forme redondance.
Descracher, v. a. dégraisser, v. crache.
Deseuler. v. a. abandonner, esseuler, isoler. C t'enne belle fiye et
et avé ça, elle resse tout dcseulée. Malgré sa beauté, cette fille n'est pas
recherchée.
Déshabillé, s. m. espèce de robe du malin.
Deskeï. v. n. déchoir, v. ke'C. V. fr. decaïr.
Deskeinde. au Bor. et aux environs d'Ath on dit diskenne, lat. des-
cendere. Vamilié deskcind chon eau pus qu'elle né r'monle. L'affection
des parents pour leurs enfants est bien plus grande que celle des enfants
pour leurs parents.
Deskeutte, descoude, v. a. découdre.
Deskierkier. v. a. décharger, v. fr. desquerquier.
Deskirer. v. a. déchirer. FI. scheuren, v, ail. scé'ran. v. skirer.
Deskirare. s. f. déchirure, v. fr. descireure.
DesnaGé. adj. déguenillé, en désordre, éraillé, déchiré, dépourvu
148 DES— DÉT
d'agrafes, de moules de boutons, en parlant des personnes; démonté,
dérange, détraqué en parlant des serrures, des montres. FI. naef, holl.
naaf, ail. Nabe, moyeu, ail. Nabel, clef de voùle, mensale, ombilic, dan,
navl, suéd. nafle.
Uésoiilure, désoiidiire. s. f. volée, défaite, déroute. V. soulure.
Despiie, du despue, du depuis, prép. et conj. depuis. Esp.
despue ; lat. de -|- ex -J- post.
Ucspcclië, ée. adj. déchiré (Bor.), v, fr, despecier, mettre en
pièce.
B>espené,ée. adj, déplumé || déguenillé |j dépouillé. Ce mot pourrait
venir dans sa première signification de penna, aile, gall. pinn; mais dé-
dépenaillé dérive du v. fr. despané, lequel, vient du lat. pannus. y.'pniau.
I$e«$piter. v. a, dépiter. FI. spyt, dépit, lat. despectus, mépris ||
éclabousser. V. spUer.
Dessoi'ti. v, n, sortir, t. de jeu de balle || saillir.
Dessus d'sus, prép. vers. Elle vad'su 15 ans. I lire désus s' mon
père. I buque désus 12 heures. Elle a près de 15 ans. Il ressemble un
peu à son père. Il sera bientôt midi.
Mestakier. v, a. détacher, Bas-bret, distag, détaché, stag ,
attaché, slaga, attacher, basque estequatcea, attacher, v. tachelle et
(assiau.
Destein {y), il s'éteint, cri des enfants jouant à cligne-musette pour
indiquera celui qui cherche qu'il s'éloigne de l'objet caché, V. fr, des-
lainct, éteint,
Desteinde. v, a. éteindre.
Desferniiné. adj. violent, audacieux, fr. déterminé.
Desterniiner. v. a. briser, rompre, rouer || s' — se fatiguer, s'é-
reinter, s'échiner, fr. exterminer.
Desliker. v. n. ôter, arracher, v. sliker.
Destouibi. V. n.et a. décheoir, s'amoindrir || s'apaiser || s'affaisser ||
s'attiédir || attiédir. Inusité à Mons, fort usité dans les villages ; à Liège
dislomné.
Destoupci*. V. a. déboucher, v. sloupcr.
Deswave, dessouave. s. f. limite de deux terres labourées, sillon
qui les sépare,
Dctasser, v. a, faire le contraire d'entasser.
DÉT— DIA 149
Dctombcr. v. n. décheoir, décroîlre; plus usilé à Mons que dcskeïi
V. plus haut.
Wéïouycp. V. a. débrouiller, démêler. Yoz are déz csloupc à — .
Dévain, dVai», dédain, d''dain. prép. dans: slikcl Dédain l'Irau.
adv. dedans. Stilcc lé d'vain. v. Ir. devens.
Devanture, s. f. façade. En fr. ce mot ne signifie que devant d'une
chaise d'aisance, d'une mangeoire; pourtant l'Académie autorise — de
maison : Là »i' fiye qu'a n' belle — . Voilà une fille qui a une belle gorge.
Devise, s. f. conversation. Elle al bonne — , être en conversation
animée, intéressante.
Déwaner. v. n. sortir comme d'un wan, (v. ce mot.) lentement,
péniblement, comme un ver de son trou, comme un escargot de sa
coquille (Borinage). Dewaner pourrait bien être une corruption de dé-
gainer. Les Liégeois qui ne connaissent pas le composé dcxvancr em-
ployent le simple loaignl {s) ou icaiml qui signifie se traîner len-
tement, pesamment, se couler. Or tvaigmm signifie gaine, étui de
couteau.
Dézeur. s. m. partie supérieure : El — dé s' lictle. Prép. sur.
Il eslprope — U. Adv. On dit alors plus volontiers d' zcur ou au d'zeur,
au-dessus. Faite cnne croix d'zeur, n'y comptez plus, n'y pensez plus.
On dit aussi désur, dessus, comme prép. On combine la prép. avec le
subst. On dit su et même, quoique plus rarement, dessus V dezcur, il
faudrait là-dessus tout un traité.
Dî. Il as' — eyé s' dédi. On ne peut se fier à sa parole.
Diable, diale-volant.s. m. machine pour vanner.
Diaco. s. m. .Jacques.
Diale, diapc, diaiilc.s. m. diable || personnage figurant au lume-
çon, on ne sait trop pourquoi. Pendant le combat, les diapes sont traînés
sur le dos par les chinchins qu'ils frappent de la vessie pleine de pois
dont ils sont armés. Il y a une nuance entre diape et diale, à peu près
comme entre bigre et b...., fichtre et f El — kie loudisu lés grosmon-
ciaux, l'eau va toujours à la mer. On n' saroil peigner ein — qui n'agnié
d' kéveux, on ne peut rien tirer d'une personne sans ressource. El diape
va marier s' fiye. Se dit quand il pleut eu même temps qu'il fait du so-
leil.
Dian. s. m. Jean. Dienne, Jeanne. Presque partout aux environs de
-19
150 DI— DIK
-Mons on altère le son du j cl du g doux pour le prononcer comme dj,
dg. Même le cli se trouve changé en tch : on dit (/' jaloux, d' génécc.
Le monlois placé entre la prononciation villageoise cl la prononciation
française répudie souvent l'une et l'autre et change le j consonne en i
voyelle, on retenant le d.
Ëïian, dian nik et nak compère a-t-y des doigts, cheval
fondu, jeu d'enfants.
Dianbof, djambot. s. m. Jeune garçon travaillant aux houillières.
Y. Manbol.
Diape d'allemand, s. m. diamant foux. Ne se dit que par plaisan-
terie.
Diaa. joue. Angl. jaw, ital. gota, v. fr. jau, joe.
ilianne, djaune. adj. jeune, subst. petit, nouveau-né. Le Saige
se sert du mot josne. Les AH. disent aussi junge, jeune pour petit,
gall. ieuange (Davies), ieuank (Pictet) juvenis, sanscrit, yuvan.
Dfenn vos trahirai gnic m' pinsée,
Df vourrou bié elle elou mariée;
Despue (depuis) que vos aslé parti,
Ein vlâ chonq, sans mcinti,
Mariées pus djaunes que mi.
Chanson de qiiintin (v. fourderaine).
Didiclie. s. f. viande (enfantin).
Dief. s. 1. terre argilleuse et un peu calcaire qui se trouve entre la
forte toise et le terrain houillier. A Liège Dièle, à Namur Déle, terre
glaise. V. fr. derlière, lieu où l'on tire la terre, fr. de techn, derle, terre
à porcelaine, fi. derrie. tuf.
E>iéraiii. dernier.
Diffigulté {s" prinde dé), avoir une querelle.
Dik et dak {pleuvoi, ein keïà). pleuvoir à verse. Dick regnen, en
ail. signifie pleuvoir fort.Dach, signifie toit. Cependant le dik é dak n'est
probablement qu'une onomatopée, mais toujours dans la manière chère
aux Allemands : ils disent : risch und rasch, vite. iMil Sing und Sang,
en chantant. Mit Kling und Klang, au son des cloches.
DIM— D'L 151
Voyez les belles ballades de Bûrger, notamment celle de Lciiore et du
Wilde Jàger.
Oimeinche, dimeigne. s. m. dimanche. V. fr. dimaigne et di-
mane.
Eïindin. s. m. clochclte : einlcrrcr au dindin, faire un enterrement
mesquin. Celle espèce d'enlerremenl s'annonce par une petite cloche.
Diudonner. v. a. tromper, attraper.
Dioker. V. Joker.
Dire [avoi à), être en mauvais état, endommagé, détraqué. Emm
monte a à dire, ma montre ne va pas bien. Il a à dire à f' serrure là,
cette serrure est dérangée. Cette locution était usitée dans le v. IV. pour:
avoir à regretter quelque chose qui manque ; on la trouve dans Mon-
taigne ; mais il y a un autre wallonisme, c'est : s' leyer à dire que l'on
francise par se laisser à dire. Cela signifie consentir, céder : i s'a leyc à
dire, il s'est laissé persuader, convaincre, séduire. A dire serait-il alors
une corruption du dernier mot : séduire? Il y a enfin un 5'= wallonisme :
s'avoi leyé dire : avoir ouï dire.
B$isconle. s. m. escompte. V. fr. discompte, esp. discuento, lat.
dis-f-compulare.
Dîscoboroutchî.adj. brisé, rompu de fatigue || disloqné(Charleroy).
Dîscreche. v. n. décroître (arrondissement de Charleroy). A Liège
discreh. V. crecher.
Diskenne, deskeinte. dckcinte. v. n. descendre. On ne dit dis-
kcnne que dans les villages écartés. C'est absolument la manière de dire
des Bas-Bretons.
Dispierti. adj. vif, éveillé, gai, espiègle. Lat. experrectus, espagnol,
despertar, v. fr. espérir, éveiller.
Uissiiuc. adj. abréviation de grandissime.
Diâtô. adv. tantôt, bientôt. Inusité à Mons, fort usité au village. De
isto (die), dès ce jour.
Djaunler. v. n. mettre bas, accoucher. (Eugies, Sars). Flam.
jongen.
l>jol>in. s. m. tourbillon. Inconnu à Mons, usité au Bor.
»ju. V. Ju.
D' !ée, dlaî. près, (de lez v. fr.) Lesaige emploie la préposition de
lez. V. f. dalès. De + i^^ + latus.
152 DOD— DOLl
Itodiiicr. V. a. choyer, caresser, festoyer, dorloter || soigner, mi-
tonner. En fr. le v, est pr.
l>odorc. s. m. Isidore.
Wog, dok. s. m. s. morceau de fer scellé dans la pierre. La forme
de ce mot semblerait annoncer une origine tudesque; cependant en
anglais dock, en holl. dok signifie bassin, darse. Docke en ail, signifie
poupée, dogue.
Dogucr. V. a. sceller, fixer, affermir || battre. En fr. se doguer
se dit des moutons qui se heurtent.
Dogncttc. s. f. volée de coups.
Doigt d'olîve. s. m. panaris avec accidents graves. V. à l'art,
BL.VN-DOiGT on quoi il en diffère.
Dominée, s. m. Les FI. donnent ce nom aux ministres protestants.
Les Montois l'ont adopte. Le mot étant né en Flandre on lui a cherché
une origine fl. : on a indiqué dom, cathédrale, on a eu tort : domine
est le voc. lat. de dominus ; au reste dominus, comme le fl. ou ail. dom,
se rattache à domus. Domus, de même que Tirl. daimh, provient du
sanscrit daman, maison, racine, d'à, avoir, selon Piclct, de dama, mai-
son, racine, da, construire, selon Chevallet.
Don comme don. dans tous les cas, de gré ou de force. A Liège
adon comme adon, alors comme alors.
Dona. s. m. imbécille, dupe. lia sic dona dcl farce.
Doute, adj. honteux, malé, triste. Bret. don, apprivoisé, lat. domi-
lus, domté, espagn. dundo, patois esp. donde, prov. domde, appri-
voise. Dlionle (noire manière de prononcer de honte).
Dor. s. m. or.
Dormeu. s. m. opium, sirop de pavot blanc.
Dos. s. p. t. de jeu de houqucUc. Par opposition à fô, parceque
c'est la partie saillante de l'osselet.
Dos {avoià). avoir pour adversaire, pour ennemi..
Dos et vaînte. partout sur le corps. Mot à mot, dos et ventre.
Dossc, dossce, dossade. s. f. dose || volée de coups. En fr. grosse
planciie. V. fr. dossée, coup donné par derrière.
Dosser. v. a. battre. Fl. dossen, babiller.
Don. art. du. V. fr.
Doudou. s. m. Dragon, v. ce mot. || Titre de la chanson nationale
DOU-DRE 155
montoise. Les choses sérieuses clans leur origine deviennent burlesques
avec le temps en passant par la bouche du peuple. C'est ainsi que la
Palisse et Marlborough, guerriers célèbres, sont devenus ridicules. Les
anciens serments ou compagnies bourgeoises de Mons marchaient au
combat sur l'air du doxidou.
Doublure, s. f. défaite, volée de coups.
Douillet, Ile. adj. tiède. En fr. délicat.
Doutancc. s. f. doute. V. fr. doubtance.
Doxal. s. m. jubé. Bas-lat. doxale. En fl. docksael, salle élevée,
mot conijiosé de docke, cage et de sael, salle en forme de cage.
Drachc. s. f. drèche. Liégeois, drahe, v. fr. drasche, bas-lat. dra-
scus, drasca, daupbiné, dracbi, grappe pressée, prov. draco, marc de
vendange, v. ail. drascan, ail. drcscben, ballre en grange. Cela peut fi)irc
admettre aux mots drache, drèche, le sens de ce qui a été foulé, battu.
Dragon, s. m. libellule, demoiselle, insecte ailé. || cerf- volant. En
ail. Papierdrache, litt. dragon de papier || monstre que la tradition
rapporte avoir été tué à Wasmes par Giles de Chin et dont la tète se
trouve à la bibliothèque de Mons. Cette tradition est regardée comme
mensongère par quelques personnes qui croyent que la tèle de la biblio-
thèque est celle d'un crocodile rapportée par quelque seigneur croisé.
Ce n'est pas le lieu de discuter cette question et d'établir, par les ou-
vrages de Cuvieret autres naturalistes,'qu'une foule de races d'animaux
se sont perdues ; mais cctle tète plate et large comme celle d'une gre-
nouille n'est nullement semblable à celle d'un crocodile, qui est très-
allongée. Quoi qu'il en soit, chaque année aux fêles communales ou ker-
messes, on représente le combat de Giles de Chin contre le dragon par une
cérémonie nommée lumeçon. V. ce mot.
Dragonne, s. f. estragon. Ital. targone, esp. taragona, arab. tar-
chum, ail. Dragun, fl. dragon, lat. dracunculus.
Drefe. s. f. allée d'arbres. Holl. dreef, allée.
Dresse, s. f. petite armoire de village.
Drenber, déreuber, reuber. v. a. Mots inconnus à Mons, mais
usités dans quelques lieux circonvoisins et qui signifient voler. Us pro-
viennent du teuton reuben qui a la même signification. De là rober, v. mot
fr. d'où s'est formé dérober, qui est resté en usage. Rober semble formé
de l'ail, moderne rauben.
154 CHI-CIIN
Drin^neillc, dringncye. s. f. pour boire. Flani. driiikgeld, ail.
Trinki^eld, argent pour boire. On dit quelquefois drinkmouchc. Mouche
dans le dialecte de Malmedy signifie sou, monnaie.
Dro, drau. brome, plante graminée. Holl. ou fl. dravik, coquiole.
Le père de Rostrenen, dans son dict. celt., donne dréaucq, dréeucq, ivraie
qu'il lait dériver de l'adj. dréau, un peu ivre; gall. drewg, nigella; droc,
selon le complément du dict. de l'Acad., est le nom vulgaire de l'ivraie.
Drogue, s. f. volée de coups.
Droguer, v. n. s'arrêter, perdre du temps. En fr. droguer est un
V. a. qui signifie médicamenler.
Droi. s. m. p. partie d'une veine qui est presque perpendiculaire
{V. pla).
Droite, doitte. s. f. jeu de guiche ou de bâtonnet; parcequ'avant
de IVapper, on crie : est-elle — ?
Drola, drouia. adv. là, mot à mot, droit là.
Droldéiuain. adv. drôlement, singulièrement.
Drolle. adj. singulier. S' senti —, être indisposé, ail. drollig, gall.
droll.
Drouci, drouclii. adv. ici. V' . drolà. C'est ce mot drouchi qui a
formé le mot Rouchi, partie du Hainaut français où l'on dit drouchi
pour ici et afin de le distinguer du pays de Lauvau (celui de Maubeuge
et Avesne) où l'on dit Lauvau pour là-bas.
Drouillc, drouye. s. f. prostituée. En fr. les drouilles sont les droits
de mise en possession. Le mot drouille provient sans doute du fr. drue,
femme galante. On le trouve dans la précaution inutile du théâtre italien
de Gherardi. Gaël. drûth, meretrix.
D' saî. V. couié.
Ducasse. s. f. kermesse, fèto communale ; contraction de dédicasse.
On fêtait autrefois l'anniversaire des dédicasses d'église. On vos invile
al durasse, à l'église éié su l place.
Dsirance. s. f. durée. Em lourpie a n' bonne — .
Durer, v. n. qui ne s'emploie qu'avec la négative, être impatient,
n'y pas résister. Despue quon l'a d' mandé à marier, elle ne dure pus. On
trouve dans Gérard de Roussilion : lu n'as peu durer contre le roi de
France.
Duresse s. f. dureté. V. fr.
DUR— ECL 155
Durmcnc. s. m. mari dont la femme porte le haut-de-chausse ||
peinture sur les murailles le 1" mai dans quelques localités, le jour du
solstice d'été dans quelques autres || farce grotesque par laquelle on pro-
mène, le dernier jour de certaines dwcassfs de village, ceux que l'on peut
saisir. On les juche sur un âne dont ils doivent tenir la queue.
El
E. Le montois n'accepte pas l'e muet avec le son d'eu faible, comme
dans les monosyllabes de, te, le. Il l'accentue ou le supprime tout-à-fait;
dans ce dernier cas, je le représente quelquefois par une apostrophe,
quelquefois par le signe ^. II n'accepte pas non plus l'e ouvert avec ac-
cent grave, il prononce accès, succès comme accé, succé, de même pour
le son ouvert d'ai dans français, anglais et dit francé, einglc.
E ne prend jamais le son de l'a comme en fr. : on dit einterpreindre,
eimporler , veinte. Il se transporte pour les besoins de l'euphonie :
r'preinde, erpremde,s' cuer, escuer. Avec l'accent aigu il se change souvent
eu es : responde, desplouyer. Dans les mots en re, outre les leçons en er,
r' on a souvent encore les leçons ra et ras : r' keutle, erkcutlc, rakeulle,
raskeuUe. Je crois cependant saisir une différence : r' keiiUe, crkeulle
signifieraient simplement recoudre, tandis que rakeutle, raskeuUe signi-
fieraient raccommoder les vêtements.
E se change souvent en ie : hierpe, pierte, fier, vier, En i : ligcre,
michant, slrincr.
Dans melon il prend un accent grave, dans empereur il prend un ac-
cent aigu : melon, eimpéreiir.
Ecar. s. f. état d'un animal épointé.
EchaufTement, ainscaufmain. s. m. pleurésie, gastrite, pneu-
monie, surtout lorsque ces inflammations sont chroniques. — négligé,
phtisie pulmonaire. En fr. action d'échauffer, ses effets.
Eché, éké. s. m. écheveau. V. fr. eschet, escaigne, liégeois eki,
écoss. sgein, irl. sgain.
Eeisiau. s. m. ciseaux.
Eclachoirc. s. f. mèche d'un fouet. Namur, scasoiVe, \Àé<^Q,chcseute .
En V. fr. chassoire, cachoirc, fouet de charretier.
15G ECL— EIN
Eclicottc. s. f. p. cliquette. Jouet formô de deux os dont les en-
lauls fout des caslaguelles. A Liège daqucUe.
Ecole dé crolle. s. f. école pour les pauvres,
Ecoïc uiaitresàic. s. f. école pour les très-jeunes enfants dirigée
par une femme.
Ecorîe, escorîe, scorie, s. f. fouet, escourgée. Les Liégeois disent
coric ou corile. L'escorie est pour : les corics. V. fr. corgie, écorgie, lat.
corrigia, courroie, fouet, de corium, cuir, bret. scourgez, irl. sciuiza,
écoss. sgiurza.
EcoMr. s. f. genoux, giron. Ce mot ne se dit qu'à la ville. Au village,
selon qu'on a plus ou moins de rapprochement avec la ville, on dit escoiir,
scour, scoH. Une Montoise dit : vie d' sus m' w' ccoiir, cmm ficu.
Une paysanne dit : vie (ou vin) à skou, m' gwarchon (ou p' lit valcl ou
vallon) viens sur mes genoux, mon enfant. V. skou pour l'étym.
Ecîo. V. csclo.
Ecjimette, esciiiuette, scnnielte. s. f. écumoire, — en fr. est
une petite écumoire. A Charleroy chimressc, à Liège honursse.
ËfaiB, eiufant. s. m. enfant. Êfàn d' cal miu vollié sorile. Éfant se
dit aussi en Provence.
Egreusep. v. a. égruger. Y. grouse.
Egreiîsoîr, egreusoi. s. m. égrugeoir.
Eg-uisset. s. m. pièce carrée qui se trouve dans une chemise à l'en-
droit correspondant à l'aisselle, afin de donner de la facilité aux mouve-
ments des bras.
ËiIkoUc, eilbutte, hcilbolte. s. f. espèce de poisson de mer voi-
sine du turbot. FI. eelbot, turbot, heilbot, barbue. Bot, s. limande,
bot, adj. plat, émoussé. Ail. Butt, s. poisson plat à tète obtuse, barbue;
butt (popul.) adj. corps large et obi us, avorton, bout dhomme. D'où
pied-bot, nabot, s'ils ne viennent du celt. V. bodcr, nianhot. Pris en entier
Eilbote en ail. signifie courrier, lleilbolc, messager de bonheur et limande.
Ein, ensse. art. indéfini : ein hic, cnne bielle. li est assez singulier
que le féminin puisse se contracter avec le s. ou l'adj. suivant, à condi-
tion qu'ils ne commencent pas par une voyelle. Celte contraction est
toujours interdite au masculin : on pent dire/ai linconlrén' viélc feimme
ou enne vielle feimme. On ne pourrait pas dire : fai lue n' agasse, pas
jiKis que/(u' lue u' corbeau.
EIN— EIN 157
Il ne faut pas confondre Tari, indéfini cin,cnne avec le pronom Icun,
Vcunc ni avec Tadj. numéral iun, ieunc. (V. ces mois).
Ëinaudé, ninnaiidé, ce. adj. affairé, empressé, embarrassé, vif, ar-
dent. Les Liégeois disent énondé et éhiodé, ils disent aussi hion. Les
Moniois n'ont pas su conserver le subst. comme les Liégeois, mais ils
sont restés plus près qu'eux de la racine qui est le ccllo-gall. bawd et
qui remonte au sanscrit haud, mouvement rapide. Le v. fr. a bien en-
beudé; mais il ne peut convenir par sa signif. : pedicis implicatus, en-
travé par des heudes.
Einbarrasscc, einliarrassete. adj. f. grosse, enceinte.
£inbati$umé, ée. adj. engourdi, étourdi, abasourdi. Jai in (iclle
toute cinbausumée, j'ai la tète lourde. V. fr. abosmer, cbagriner, abattre,
accabler; embalsaner, embaumer ne convient guère par sa sign. Serait-
ce une combinaison d'abasourdir et d'assommer?
Ëinbci'daehcr. v. a. couvrir de boue.
Einbci'lafcr. v. a. couvrir de bcvlafes de graisse, de mêlasse, etc.
v. ce mot. Embarrasser, embarbouiller.
Einberlifleolei*. v. a. embarrasser, empêtrer, enchevêtrer. Rabe-
lais a dit cmbcrelucoquer, que le Ducbat définit : S'occuper de cbimères
semblables à celles que les moines ont coutume de loger sous leurs ca-
puchons de bure.
Einberner. v. a. couvrir de matière fécale, d'ordures. Figur. on
dit : ein coutiau — rf' bure, ein pot — dliuile. Le mot fr. ébrener qu'on
pourrait regarder comme sa traduction signifie au contraire ôter les
matières fécales, mais embrener a bien la même signification qu' — .
Einberqiiin. s. m. villebrequin, vrille. Esp. berbiqui, port, berbi-
quim, fl. boreken, petit foret, racine, boren, percer.
S)inbé(er. v. a. tromper. Embêter est fr. mais trivial dans la signif.
d'ennuyer. .
Ëinbeuvrcr. v. a. entailler, faire entrer iusau'à fleur, encastrer.
Se dit des ferrures que l'on enfonce dans les pièces de bois qu'elles gar-
nissent, afin de n'en pas rendre le coup d'œil désagréable. En fr. cmbre-
ver signifie faire entrer le bout d'une pièce de bois dans une autre. V.
f. embeurer, embôvrer, remplir, pénétrer, lat. imbibere.
Einblave. s. f. embarras.
Einbiaver, aiiii^blavcr. v. a. embarrasser || préoccuper H con-
20
158 EIN— EIiN
traindre. Emblaver, en IV. signifie semer de bled, V. fr. embiaer,
end>arrasscr.
Einhloiiïte, éitlonïtc. s. m. éblouissement, élourdissement, ver-
lige. Fai vil- des éblouUe, ironiper par des paroles éblouïssanles, fasciner.
Einboiiquié. v. a, introduire. Embouquer est fr. pour signifier
entrer dans un détroit.
Einbrouillc, ciiibroiiye. s. m. embarras || gêne || confusion ||
trouble || tumulte || querelle || brouillamini.
Eincacher. v. a. chasser, mettre en fuite. V. f. enchausier.
Eincatarrhcr. {s'), s'enrhumer.
Eiuchennc, ainchane. adv. ensemble. Liégeois, essonne. Les éty-
mologistes font venir ensemble, v. fr. ensement de in simul. On disait
en effet, in simul en basse-latinité; cependant je ne puis m'empécher
de noter, ne fusse que pour comparaison, que ainchane ressemble bien
plus à l'ail, einsammeln, assembler, fl. samen, ensemble qu'à in simul.
La racine remonte au sanscrit sam avec, sama, similis; indépendamment
du lat. et de l'ail., elle a produit le gall. saine, l'irl. samail et une foule
de composés emportant l'idée de Juxtaposition, saimnigb, accoupler,
samhluigh, comparer, etc., de là aussi le grec ^uv.
Eiiicorner. v. a. faire boire de force. C'est au moyen d'une corne
qu'on faisait avaler des médicaments aux bestiaux.
Eincoiiri (s'), s'enfuir.
Eiucracher. v. a. engraisser. — lés bollcs, administrer l'Exlrême-
Onction. S' — , s'engraisser, fig. s'endetter.
Eincuriiici*. v. a. v. acuri.
Eindaniei*. v. a. entamer. On le lait souvent venir du gr. svzs^uvziv.
Diez préfère le comparer au lat. taminare, blesser, b.-lat. intaminare=
conianiinare. Diefenbach tient pour une origine celt.: gall. tara, boucher,
brct. tamm, pièce. Eiitammi, entamer.
Eindevé. adv. beaucoup, biau — très-beau. M. Scheler croit que le
fr. endever^endiabler. Angl. devil. — Serait ainsi l'équivalent de dia-
blement.
Einfardcler. v. a. envelopper, entourer. V. fr. fardcler, italien,
fardello, paquet, v. farde.
Einfarfouyei* (s'), v. a. s'embarrasser.
Eiiifilade. s. f. tromperie.
EIN— EIN 139
Einfller. v. a. Ironipcr.
Einflleiir. s. m. trompeur.
Eiiifonce. s. f. foule, cohue. A c' boutique là c' C ain ainfonce.
Einfondi'cr.v. n. enfoncer || embourber || crever || (s) v. r, s'ouvrir
(se dit surtout des abcès). V. fr. enfondre, briser, rompre, v. fr. aflbndre,
affonder, aflronder, abymer dans l'eau.
Einfonrnasquer. v. a. rendre stupéfait, stupide, décontenancer ||
envelopper || enfoncer.
Einfrouillé, ée.adj. étourdi \\ accoutumé |i très-affairé || en émoi ||
excité, surexcité || troublé par trop d'empressement.
Slinfrouiller, einfrouyer. v. a. et r. mot très-énergique qui
manque en français. Mettre vite dans l'eau jusqu'au cou, fig. faire faire
le 1" pas II précipiter || lancer. Pou ?i' gnié avoi froi dain L'iau, y fau
sainfromjer lou (ï suite. Enfrayer en fr. de techn., mettre en train une
carde neuve.
Einfutcr, ninfufei*. v. a. monter d'un fût. Fig. faire entrer. Lat.
fustis et non futuni, futile.
Eingal. adj. égal, prov. engal, ingal.
Eingalincr. v. n. infecter. S'— d' cruau, se remplir de mauvaises
herbes (Jemmapes). Eingaliner doit se rapporter à gale.
Kin^orler, cîngoiirler. v. a. proprement mette ein gouriau, mais
fig. plus usité : mettre une cravate haute, serrée, décolleter trop peu.
Ç godau là oa au bal toute cingourUe, cette prude va au bal avec une
robe qui lui monte jusqu'au mcntou.
Ein^rinquîer. v. a. et n. élever, jucher, v. grinquié.
Eingueiiscr. v. a. tromper.
Eingnigner. v. a. viser. Ainguignez bc vo eau, visez juste, prenez
bien vos précautions. Fr. aguigner, faire signe des yeux, espagnol, gui-
gnar, ajuster, v. fr. aguigner, aviser, épier.
Einheurtcr. v. a. embaucher, débaucher, exciter. Y. fr. ahorter,
exciter, qui provient lui-même du latin adhortari. Inusité à Mons, fort
employé dans certains villages.
Einhouftc, ée. adj. allairé, effaré, empressé. A Namur énouchcté ;
ce n'est peut-être jias autre chose que le mot suivant.
Einhufclê, einuftc, ée. adj. animé || excité î| exalté || écervelé. ||
agité II enivré || (Borinage). Doit-on interpréter ce mot : qui a les
160 EIN— EIN
hanches souples. Ail. Hiifte, hanche ; vaut-il mieux s'adresser an fl. huif,
coilTc, pour faire du mot le contraire de débarté, décoiffé?
Einke. s. f. encre. V. fr, enque, enche, fl. inkt,b.-lat, encaustum,
Einkciiycr {s"), s'accoupler; se dit surtout des chiens qui restent
loni^lemps attachés dans le coït : Kié — v. fr. accoué; à Liège ekowé,
emmanché, lat. cauda et coïre.
Einkreunkicr ($'). avaler de travers, faire entrer des aliments dans
les voies respiratoires, soit en parlant soit en riant, quand on mange. En-
gouer Il figur. entrer dans une mauvaise voie. Les Liégeois disent
sécrouki. Le mot vient-il d'avaler cron que les Montois employent
comme synonyme? Ou faut-il le chercher dans le celto-gallois cra\vn,que
Davies rend par obstructum. prœclusum, obturatum? ou doit-on recou-
rir au V. fl. crunkelen crispare, fl. kronkelen, faire prendre un mauvais
pli? ou enfin au fl. krop, jabot, gorge, verkroppen, engouer?
Einlire, einii. v. a. choisir, éplucher, séparer de ce qui est mau-
vais. Enlire el soupe, éplucher les herbes pour la soupe. Einlire lés gros
funs dehors dés plils. A Liège eler ; l'ail. aus-lesen=e-ligere=ex-legerc
et a la sign. montoise, le fr. élire signifie bien choisir, mais non trier.
Il est assez curieux de comparer la valeur d' — avec celle de speli. Dans
le département de la Haute-Marne on dit élire pour trier.
Eiiiuiakeruc, eînmakîeriié, êe. enchifrené. V. fr. emmatrelé,
enrhumé, namurois, macharia, ardennais, mâcherai, celto-bret. ma-
cherie, peine, douleur, oppression en dormant, cauchemar, cello-gallois,
mac'ha, mac'baina, fouler, écraser, accabler, v. makriau.
Eiiiiuarvoyer, eînmarvoyé {fai, faire), dépiler, tourmenter. Ein-
marvoyé. adv. beaucoup, considérablement. Cet adv. n'est en usage'
qu'aux environs de Mons. En v. fr. marvoyer, signifie extravaguer ,
égarer, gall. marweiddio mortificare, marw, mori.
EÎBîuierder. v. a. couvrir de merde [| se moquer || ne pas redou-
ter Il jeltcr un défi.
Einiuielé, einniilé. adj. couvert de pucerons.
IiliaBmicllurc, ciiiiuilure. s. f. pucerons, insectes très-petits et
très-nombreux, qui détruisent certains végétaux. En fr. l'emmiellure
est un cataplasme pour la foulure des chevaux. Ce mot est venu par con-
fusion avec nielle, maladie du blé ou de ce que les pucerons rendent les
feuilles gluautes, comme emmiellées. Il est une autre explication encore
EIN— EIN ir.l
plus satisfaisante, que l'on peut prendre dans la comparaison avec les
lorraes liégeoises : les Liégeois disent mohe pour mouche. Us en con-
struisent le verbe mohi, moucheler, le verbe molieli, élever des abeilles,
et forment emoheli, couvert de petites mouches, de pucerons. Cet émo-
helé ressemble bien fort à notre emmilé.
Einneigé, aincigë, ce. adj. infecté, fourmillant, fm U est aincigé
d' ptinaise et cm gardin (V fourmiche. Mon lit est infecté de punaises et
mon jardin est plein de fourmis. En franc-comtois, dit Corblet, enenger
signifie remplir d'une mauvaise engeance. '
Einpaflcr. v. a. empifl'rer.
Einpcse. s. f. empois.
Eiiiputi. V. a. empuantir.
Einqncster. (s'), v. r. s'informer, s'enquérir. Provient de ce dernier
mot ou plutôt directement du lai. N'est pas usité à Mons, l'est beaucoup
au village.
Einraclier. v. a. arracher. V. fr. éracher, érucer.
Einragé. adj. enragé, adv. beaucoup. Y d'à einragé, il y en a con-
sidérablement. Ej sa bin aise — , je suis fort aise.
Einsbaiibie. adj. ébaubi, étonné, stupéfait (environs de Binche).
V. fr. abaubi, s'esbaubir, lat. balbus, proprement rendu balbutiant.
Einscaufourné, ée. adj. étourdi, emprunté (environs de Binche).
Einscliiuii (s). V. pers. s'assoupir. Ce mot peut dériver du hongrois
ou magyar, aiunni, qui signifie s'endormir ; mieux du fl. insluimeren,
s'assoupir.
Einserrer. v. a. enfermer, v. serrer.
EiiiMiueint. adv, ainsi, de môme. V. fr. ensimenl, mèmement.
EinsoiiiMlclci*. V. a. assourdir.
Eintoiinci*. v. a. entonner |] empiffrer. Se dit surtout des bestiaux
météorisés.
Eîn va va. Je vous prie, s'il vous plait. Dans quelques villages on
dit : enne petite charité, va,monseu. Dans d'autres : Enne petite charité,
va va, monseu. A Mons : ein va va, n' petite charité. V. va.
Einvicr, einvoiiyei*. v. a. envoyer.
Eiiivolê, ée. adj. étourdi, léger, inconstant, volage.
Einwuiilié. v. a. vuider, terminer, finir (IJorinage), mot-à-mol, en
vider, en sortir.
162 EL— ERC
El. ar[. de deux genres, le, la, gen. du, del, dat. au, al, ace. el, abl.
pau, pal ou flw, al, pi. n. lés g. dés D. à lés. ace. lés ab. à lés, pa lés.
Enon, egnîé. adv. iuterrog. n'est-ce pas? n'est-il pas vrai? Ces
mots doivent répondre à: est-ce non? est-ce pas? les Liégeois disent
édon.
En rage, ain rakc, ainrasquié. arrêté dans la boue. On pourrait
croire au premier abord qu ainrasquié, araskié, est une corruption du
fr. enrayé; mais on doit remarquer que le patois possède un mol
propre : arayé. v. rage.
Entravclure. s. f. t. decharp. entrait, chevètre. B.-lat. travum, trou,
lat. trabs, poutre. Le fr. entrave doit èlre de même soucbe.
Entre-cens. s. m. (coutume du Hain.) Droit dû sur les mines au
seigneur haut-justicier.
Entrefend, ainterfain. s. m. cloison, mur de refend.
Epaulicre. s. f. t. de coût, pièce d'épaule d'un vêlement.
Epaislré, ée. adj. réduit en bouillie (Boussu) v. spaulrer. V. f.
peautrer, fouler aux pieds. On peut penser à pauU, épi, et comparer
avec spii, écraser, v. spier.
Epier, v. a. faire sortir le grain de l'épi |! réduire en grain || en
poussière || eireuiller. En fr. (outre plusieurs significations bien con-
nues) monter en épi.
Epincette. s. t. s. pincettes. En fr. petite pince pour ôler les nœuds,
les pailles des draps.
Eporon. s. m. éperon || pied d'alouette. Cette plante a le même nom
en ail. Ritter sporn, en fl. ridder spooren, en ital. sperone de cavalière.
Il lui vient de sa forme. Nota. On étend ce nom à toutes les fleurs de la
même famille, l'aconit, le delphinium, etc.
Erbar, r'bar, erbarraclie, r'barrage. s. m. t. de jeu. La belle.
Aller au fbar, recommencer la partie gagnée, avec d'autres vainqueurs.
Erbarer, r'barer. v. n. aller au rhar. Fl. herbaren, régénérer,
reproduire ; her partie, d'itération 4- baren, accoucher, produire.
V. rX'bar où se trouve une autre étym.
Erbloukié, erblonkter. v. n. bondir.
Erbouter. v. a. et n. remettre, continuer. Du v. m. bouler^ aujour-
d'hui inusité dans la langue fr., mais très-usité dans le patois.
Erboutrie. s. f. remise (Borinage).
ERB-ERD 163
Erbrougncr, r'broïignîei'. v. a. écraser de manière à former une
houppe. Se dit par ex. d'un morceau de bois dont rexlrémilé est vio-
lemment froissée. Fig. erbroiignier V né d' quéq'un, signifie le contondre
fortement. V. brougner. Est-ce le fr. broyer, b.-bret, braza ou le v. fr.
brouer, brasser, ail. brauen?
Erbiilé, rbulc. s, m. c'est le v. fr. rebulet, farine dont on a pris la
fleur, fl. builen, bluter, herbuilen, rebluler, brct. brutella, burutilla.
V. buUoi.
Ercaehcr. v. a. chasser, repousser.
Ërchauer, erehénei*, r'cliener, rachéiïer. v. a. et n. ressem-
bler. Y f chêne tou s' mon père ou à «' mon père. AU. scheinen, sembler,
erscheinen, apparaître, v. chener. Artésien, ressaner, liégeois, rissoné,
russolé.
Ercîner. s. m. et v. n. goûter. Rabelais se servait du mol reciner.
Je vois dans un vieux dict. que ce mot vient de ralio, portion ; permis
à chacun d'eu croire ce qu'il voudra. Ne vient-il pas plutôt de recaenare?
Ercrepi, ie. adj. décrépit.
Erculisse [bo d'). bois de réglisse.
Erculot. s. m. culot. V. culot.
Erduehep, p'diicher. v. n. mot très-énergique, mais fort difficile
à traduire. 11 se dit de certaines résistances éprouvées, de choses qui ne
peuvent pénétrer, réussir, etc.: Si l'on veut exprimer qu'un clou ne
peut s'enfoncer dans un mur plâtré, parceque derrière le plâtre se
trouve une pierre, une brique dure, on dit : Ça rduche dain V mur. Si
quelqu'un veut courtiser une fdle et en est rebuté, on dit : Y vourroi bé
d'aller avé c' fiye là, me i rduche. Si l'on éprouve une pesanteur d'es-
tomac, si la digestion est laborieuse, on dit : em maingé erduche.
On ne se douterait pas que ce mot provient du flam. herdoen, refaire.
Rien cependant n'est plus certain.
Un ouvrier de Bruxelles placé dans le premier cas cité, ne manque
pas de dire herdoen (c'est à refaire, à recommencer), en prononçant
erdounije ou erdoundche. Il le dit volontier parceque c'est le cri
familier des enfants flamands dans leurs jeux. Le wallon a supposé que
cela voulait dire : il y a résistance, cela ne peut entrer (y r'dounUhe) il
a fait de là, dans certaines localités, le verbe Erdounlchcr ou r'dounlchi,
qui va bien à quelques prononciations locales ; mais le son ounlcher ne
Uîi ERE— ERG
convenant pas aux oreilles niontoises, nous en avons fait le verbe
crduclicr.
Le mol, une fois ainsi reçu au propre, a bientôt pris des acceptions
figurées.
On voit de ces déviations de signification dans toutes les migrations
de mots d'une langue dans une autre. Un grand nombre sont tordus au
passage : detorla verba, comme dit Horace. Rien n'est plus gênant, pour
un français qui apprend l'allemand, que les mots d'origine française
qu'il renconire : fatal signifie fâcheux, laviren, louvoyer, illumiren, en-
luminer. Réciproquement micmac provient de milmacben qui signifie
faire comme les autres. Souvenez-vous, ami lecteur, de vos pensums au
collège pour avoir traduit fortis," ferox, atrox, pudor, par fort, féroce,
atroce, pudeur.
Un étranger pourra trouver ces considérations forcées en ce qui con-
cerne l'origine du mot, celui-là sera convaincu qui demeurant quelque
temps à Bruxelles, sans même savoir le flam.,a entendu combien le mot
est employé fréquemment par les Flani. dans les conversations fran-
çaises ; mais cela prouve combien l'origine de certains mots doit facile-
ment se perdre, si l'on n'a pu en quelque sorte assister à leur création.
On me demandera peut-être pourquoi je ne me conforme pas à l'éty-
mologie et n'écris pas hcrducher ; c'est que selon le génie du patois de
Mons on dit par euphonie aussi souvent r'duchcr querduchcr. V. ando-
cher et ridocJd.
'Evette. s. f. arête.
Erfreîude, refreîndre. v. n. ('prouver du déchet, se perdre par
l'évaporation, la desiccation, etc. Le lat. refringere au milieu de beau-
coup de significations à celle de diminuer. Gall. diirawd absumptio, v.
fr. freindre, briser, de frangere.
Erfrcinfe. s. f. v. frein, freinte.
Epgai', rgar. s. m. surveillant du marché aux poissons.
ErgeroBi. s. m. terre argillcuse, silico-alumineuse.
Ergitc, ée. adj. salpêtre en parlant des murs, moisi en parlant des
étoffes. A Liège, r'gité se dit des murs qui rendent leur humidité inlé-
rieure, la rejettent.
Ei'giter, crtlgôté. v. n. repousser, germer de nouveau. Petole — .
Même origine que le précédent : repousser des jets.
ERG-ESC 165
Ergosiye (fai dé z). se défier, s'excilcr. Fai dé z'ergoiiyc à sauter
lés fossés, se défier à qui francliira les plus larges fossés (Qiiaregnon).
B.-bret. arguz, dispute, lai. arguere ; fl. hergoyen (pron. liergouyen),
relancer, v. fr. se rigoler, plaisanler, se réjouir.
Epgraffei*. v. a. se dit des maladies, surtout des rhumes, qui, après
avoir diminué, augmentent tout à coup. Est-ce aggraver, regreller?
est-ce le fr. suranné, rengreger, fr. tout à fiiit v. engrever? il y a
encore le fl. hergrypen (pron. hergreipen) , ail. ergreifen, rattraper,
saisir.
Ergfîjajncr, r'gs'îgnîer, ragi'ignci* («'). v, p. se chagriner, se
ratatiner, v. grignar.
Erliîerkîea*. v. a. recharger.
Erlékier. v. a. lécher. Fl. likken, ail. lecken, grec, )six^>, lai. liii-
gere, lambere.
Erlîgner, crlin. v. rcligner, rclin.
Erloqiietcr, r'Iokler. v. a. nettoyer avec une loque mouillée.
Erloiikier. v. a. regarder, considérer, admirer. En fr. reluquer,
signifie lorgner, regarder avec aifectalion, curiosité. Les Liégeois disent
louki.
Ernaiieher, ernakiop. v. n. fureter, flairer partout comme les
chiens. V. nak.
Erqueri, r'querî, erqmère, crquée. v. a. chercher pour rame-
ner. Va-t-cin fquée Veinfanl à l'école.
Erweilîer, p'weîtîer. v. a. et n. regarder, considérer, observer,
examiner. Il ne signifie pas wellier de nouveau. Eriveite lé bé, examine
le bien. Erweilc lova, regarde là-bas. Weilier a aussi la signification de
regarder, mais il peut en prendre d'autres et avoir un régime indirect :
Weile à li, prends garde à toi. Weite à d'il cinfant-là, surveille cet
enfant. V. ail. wahten, guetter, fl. wacht, garde, guet, sich wachten, se
garder, bas-bret. arvest, regarder quelque speclacle.
Escaflier. v. a. v. skafficr.
Escal'oté, ée. adj. éveillé, actif, adroit. V. skafolé,
Escafoier. v. a. v. skafoler.
Escaliii, cskclin, ^kcHu. s. m. pièce de sept sous ou sols de Bra-
bant, valant d'abord environ Gi c, réduite par Napoléon I" à GO. — de
Liège, pièce de dix sous de Liège, moitié de la livre.
21
166 ESC— ESC
fi]scauipe. s. f. t. de jeu de bille. Coup qui effleure, coup oblique. ||
fig. action blâmable, conduite douteuse : On dit qu'elle a failenne —,
on dit que cette fille a fait un écart.
Eïscanipcr. v. n. faire cine escampe, fig. agir de biais, par ricochet.
HoU. scharapen, frôler, toucher légèrement, ne pas frapper à plomb.
V. fr. escamper, se mettre de côté, b.-lat. scampare, que Ducange tra-
duit : alicujus elïugio favere : et fecit scampare. Quelques-uns allribuenl
l'origine à ex et à campus, on trouve dans Molière escampalivos (George
Dandin).
Kscanipette (prainde del poude d' — ). fuir. En v. fr. — signifie fuite.
Escap, scap. adj. étroit (Jemmappes).
Escapade, s. f. échappée. En fr. c'est l'action d'un cheval qui
s'échappe. V. fr. escaper, ilal. scapparc, bas-brelon, achap. v. escam-
per; bas-lat. escapium, que Ducange traduit par efîugium.
S^scarbottc (« l'). en sautant sur une seule jambe.
Escaiiderîe, escôdrîe. s. f. épouvante^ || calamité || échappée ||
échautî'ourée || tumulte, désordre. (Boiinage). Quée Jt' — / quelle bagane!
AU. Schau'der, horreur, frissonnement; par synecdoque, cause pour effet.
V. pourtant escoudée.
Escaufer, scaiifer. v. a. échauffer .
A n'ain eu scaufé
iV claque de pus n' fai rié.
A qui a beaucoup souffert, une douleur de plus est peu sensible.
On remarquera le commencement du proverbe: le premier N est eu-
phonique; si le montois n'avait pas eu cette ressource pour éviter l'hia-
tus : à ein, il aurait employé l'analogue de l'ablatif absolu : Ein eu
scaufé, etc.
Escaveche (poisson, pichon à V). poisson mariné. Espagnol, Esca-
bccha, saumure avec du vinaigre ou vin blanc, avec des feuilles de lau-.
rier et autres aromates, poisson mariné. Fr. escabecher, préparer les
sardines.
Esclisse. V. sJdisse.
Slsclo. s. m. urine (Thulin). En Picardie, écloi,v. fr. écloi et escloi.
Selon Roquefort dérivé de ex lolium. En liégeois Idé, ags. hland. On ne
ESC— ESC 167
voit pas, au premier coup-d'œil, de rapport entre csclo et hlé; pour le
saisir, voir l'art, liégeois.
EscolTGer, scoffler, escouffier. v. a. tuer.
Escor, escaup, exhaur. action d'escaurer. Droit d' — , droit payé
pour être escauré.
Escorchcp. V. a. écorcher, écorcer. Dans la première significat., de
corium, peau. Dans la seconde de cortex, fl. scliors. On dit plus volon-
tiers dcquitler, ainrachcr V pélale; au village on dit scorsi pour écorcer.
On réserve scorchie pour écorcher.
Escorep, escaurer, cxhauper. v. a. t. de charb. extraire les
eaux des liouillières. Les Liégeois disent horé, creuser un égout ou un
canal souterrain. Ils disaient autrefois œhoré en prononçant œli comme
le ch ail. Tous nos mots en sk ou esc sont aspirés à Liège (v. liégeois)
v. ail. Schoren, fouir, mha. scliore, bêche.
Tout ce qui dans notre patois est d'origine german. ou celtique tend à
se perdre, comme il s'est perdu dans le fr.,pour faire place à une apparence
d'origine latine. Cela se comprend : c'est que tout homme instruit sait
le latin, que peu savent l'ail, et que presque personne n'a d'idée du celt.;
un mot comme escorer se présente : la fin de l'escor étant l'épuisement
des eaux, quelqu'un suppose que nos ouvriers ignorants ont altéré le mot et
qu'il l;)udrait dire exhaur (latin exhaurire). Vite les ingénieurs des mines
dans leurs rapports, les avocats dans leurs mémoires sur une cause
charbonnière, s'emparent du mot exhaur et je ne serais pas étonné dans
peu de temps de le trouver dans les dict. fr. Escor n'a guîn-e de chance
d'y entrer jamais. Le mot exhaur n'a pas, je pense, 40 ans d'existence
et n'est employé que par les personnes instruites. Eseor est le seul
mot dont se servent les vrais Borains.
Les mots, même d'origine romane, qui avaient perdu leur physionomie
latine l'ont reprise : le v. fr. taule est devenu table, cuer, cœur, huem,
homme. 11 y a mieux, à côté de : cailler, roide, siireté, recouvrer, soupçon,
ouvrer, droit, on a forgé coaguler, rigide, sécurité, récupérer, suspi-
cion, opérer, direct, ayant, à la vérité, un emploi souvent dilférent ;
mais cela prouve qu'il y a un double courant : le courant populaire qui
éloigne quelque fois les mots de leur source, ou du moins ne s'occupejamais
de les en rapprocher, et le courant scientifique qui veut faire l'inverse,
mais qui souvent s'égare. Voltaire s'indigne, dans son dict. philos, art.
1G8 ESC— ESC
francq, français, que Ton ose dire récolter, strict, lorsqu'on possède
recueillir, étroit. Son autorité a été méconnue : ces mots et cent autres
ont pénétré dans la langue.
Disons pour terminer que les mots assez récents : tact, traction
viennent bien des s. ou part. lat. tactus, tractus, mais il est plus que
permis de douter que les mots plus anciens tirer et loucher ou tàter
vieiment des infinitifs trahere et tangere (v. touke-fcu). ïrahere a pro-
duit traire, peut-être traîner; tangere n'a produit que le mot scientifique
tangible.
Odieux est lat. Haïr est gcrm.
Rubicond » Rouge » ou celt.
Rapt )) Dérober est ail.
Escorîette. s. f. languette de cuir des souliers à boucles. Latin co-
riuni. V. ccoric.
Escoiibarc, scoubaré, ée. adj. évaporé, étourdi. A Liège esbaré,
effarouché. V. débarlé.
Ëscoudcc. s. f. t. de jeu de balle, espèce de livrée. Holl. schouder,
épaule, ail. Schulter. J'ai du placer ici ce mot, malgré l'élymologie, parce
qu'on ne dit jamais skoudée. N'est-il pas curieux que les Picards n'aient
conservé d' — que l'idée accessoire, l'élan : ils disent preinde es nescau-
die, et que nous, bien qu'ayant perdu cscaudie, nous en ayons formé
cscodric, cscaudric.
EscoMfleler, seonfter.v. a. tisonner || battre les habits || épousse-
ler, brosser. Fig. examiner minutieusement || priver totalement , dé-
pouiller. Selon certaines personnes, du fl. schouw, visite, inspection des
digues, selon d'autres du français secouer.
Mais ces deux étymologies sont peu admissibles : la première parce
que scotifler ne signifie examiner minutieusement que d'une manière
figurée, la seconde, parce que secouer paraît venir de succulerc ou au
moins en avoir pris la signification et que d'ailleurs secouer se dit en
montois skucr ou eskuer. V. skucr.
Remarquons qu'en liégeois existent les mots hover, balayer, ramoner
et hovctcv, brosser, qui transportés dans le montois doivent faire, selon
ESC— ESC 169
nos lois de transformation, skoiiver et scouveter (v. la note de l'art.
Ucgcois), que le vieux fr, avait escouve et escoube, balai, qu'il avait
raugmentalif escouvillon, houssoir, grand balai de bou\ ou de gènet,
qu'il a encore ccouvillon, grosse brosse pour nettoyer les canons, qu'il
avait en outre le diminutif escouvette, escouveste, époussette, brosse,
plumeau, enfin qu'il avait formé le verbe chouver.Le nam. a encore cJwver.
Un peu plus loin vous trouverez le bas-latin scovare qui aurait pu
sans doute se former de scop^e ; mais le bas-latin avait d'autres habitudes,
il se formait bien plus volontiers de mots locaux, en se contentant des
formes latines ou à peu près. Or, nous trouvons dans le bas-breton
scubel et scubellen, balai.
Conclusion : escouflcr, escouv'd^tcr doivent se rapporter à la forme
diminutive et se traduire au propre par nettoyer avec un petit balai, une
brosse.
Faut-il aller plus loin encore et rechercher qui est l'emprunteur, qui
est le prêteur de scubel et d'escoube. Quelqu'arriérce et isolée que soit
la Bretagne, elle ne l'est pas tellement qu'elle n'ait emprunté, dans
divers temps, des mots au français, soit ancien, soit moderne. Pour
trancher la question, il faut fouiller le pays de Galles et la Cornouaille, qui
depuis notre ère, n'ont certainement plus admis un seul mot tiré de la
Gaule (i) Or je trouve dans le dict. gallois de Davies, yscub, scopa,
yscube, scopare; il est donc évident que le mot existait dans toute la
Gaule et même la Grande-Bretagne avec quelques nuances, comme nous
on voyons de nos jours dans nos patois. L'un ne procéderait pas de
l'autre : ils seraient coexistants dès la plus haute antiquité.
Donnons ici, pour ne rien négliger, l'art, de Ducange, scopari, scovare :
scobis seu virgis aut flagellis c;iedere. ScopiC : virgarum disciplina in
monasteriis. Scopa, betulus, quod ex illà scopas conficiunt.
Esconpe, écotipe. s. f. pelle. FI. skop, ail. Schauffel. En fr. escoup
signifie petiie pelle creuse pour mouiller ou vuider le navire, escoupc
(I) Ils n'ont pu emprunter que de l'anglais. L'anglais a été sans cloute formé en partie du
V. fr., mais sa prononciation a rendu méconnaissable ce qui vient d'autres langues. Si un
mot anglais entre dans le gallois, ce n'est pas avec son orthographe, c'est avec sa pronon-
ciation.
170 ESC— EST
signifie pelle de mineur, de chaufournier, écoupc ou écoupée, balai, terme
de nier.
lî!scoiir, scou. s. ni. tablier. Fig. giron (villages autour de Mons).
Ail. schurlz, tablier, boU. scliort, tablier de femme de basse condition,
II. schoot, giron. V. ccour elskott.
Escoiirchie, scoiirchic. s. f. plein un tablier.
Escoiivette. s. f. plumeau, petit balai.
Escouvion, scouvion. s. m. genêt, linge, paille au bout d'une
perche, écouvillion. Quand on y met le feu, brandon qu'on promène la
nuit. Breton, scouffilion.
Escranier. v. a. écrémer.
Esciiellc, scuelle. s. f. écuelle, Bas-bret. scudel, lat. sculella,
dim. de scutra.
Eskielle. s. f. échelle. V. fr. eschiclle, escaielle et eskielle, lat. scala,
bret. sqeul, gall. ysgol, scala, climax.
Eskrcnie, screnîe. s. ni. long bâton au bout duquel se trouve une
lampe ou crachet que l'on peut faire arriver au milieu d'une chambre
pour éclairer pendant Veskrienne.
Ëskrienne. s. f. veillée. Fr. écraignes, bas-lat. screuna, screona,
fi. schryn, ail. Schrein, coffre, par extension, hutte. Si 1res ho-
niines ingenuani puellam de casa aut de screoucà rapuerint (loi
salique).
Ëspal. V. spal.
Kiiipansnée. s. f. plein la panse, fig. plein un tablier. V. cscourchie.
Espayser (5'). v. p. s'expatrier.
Espèce, s. f. épice. pand' — , pain d'épice. — de clau, clou de girofle.
o.-lal. species.
Espicoftc. s. f, chiquenaude.
Espinoke, cpinoque. s. f. épinoche, polit poisson, fig. enfant très-
maigre, très-faible.
Esplingue. s. f. épingle. FI. spelde, patois ail. spengel, armor.
spilleu, plur. spill, ital, spillo, basq. ispilinga, lat. spinula.
Espliivié. s. m. épervier, filet pour prendre le poisson.
EstafTe. s. f. coup. Àllraper s' n'cslaffc, recevoir un coup, être tué.
En V. fr. c'était un coup donné par un estaflier ; mais eslafier, comme
estafilade, remonte plus haut : On trouve le fl. staf, bâton, masse et
EST-ÉTA l"?!
staef, barre, lall. Stab, bâton, et le dict. celt. de Pelletier traduit le mot
staffa par : coup de la main ouverte.
Est que (y n"). rien de tel que, rien n'égale ce qui : y n'est qxC d'elle
à ses affaires.
Ëslaneou. s. ni. étançon. Bret. stançon. Pelletier déclare ne pas
savoir s'il vient du Ir. ou s'il l'a produit. AU. Stange, perche, bâton.
Ëstank. s. f. digue.
Sslankic. v. slanquier.
Esto, slo. s. m. souche. V, fr. estoc, ail. Stock, bâton, souche.
V. stok.
Estoc, s. m. c'est le même mot que le précédent, pris dans une
acception figurée. Cl ein homme d' — , c'est un homme de souche noble,
de distinction. Par extension, homme riche, fort, habile. On peut aussi
avancer une interprétation au moyen du fr, estoc, qui est du reste aussi
d'origine germanique, mais a la signification de pointe d'arme. Alors on
traduirait homme d' — par homme d'épée. Ail. stechen, gestochen, fiap-
per de la pointe, piquer.
Estouniaqucr, stoiiiuakié. v. a. étonner, troubler, étouffer de
surprise, essouffler. En fr. s'estomaquer signifie se scandaliser, s'offen-
ser, lat. stomachari, liégeois, amaké, v. f. asmaker, ahurir, b.-lat.
sraacare, vulnerare, ital. sniaccare, écraser, v. mak, maker. Ali.
schmachten, étouffer, pâmer.
Estoupci*. V. slouper.
Estoupette(jn<'ne es eu à F), ne s'asseoir que sur une fesse, exposer
son derrière. V. loupelle.
Etanies. s. f. p. litanies.
Dans plusieurs endroits de la ville, il y a des niches renfermant des
madones que l'on nomme avierge. Il y a dés avierge de bon-secours, de
Cambron, etc. Quand vient leur fête, on les pare de leurs habillenienls
de gala, le soir on alhime des chandelles et pendant huit jours quchiiics
hommes et quelques jeunes filles chantent lés Étanies.
Quand on veut agacer les filles à marier, on leur récite une litanie
d'un autre genre ; en voici quelques versets :
Sainte Marie, f vos en prie
— Lisabeth, ej sue toute prette
— Waudru, ej n'ein peux plus.
172 ETiN— ETR
Etnailc. s. f. piiicelles. Je crois que c'est à tort que M. Grandga-
gnage a été chercher à son liégeois eknéie une origine ail. : kneipen,
pincer. Il me semble que c'est une altération du mot fr. tenailles : on
aura dit d'abord baycm lés fnailes au pluriel, donnez-moi les tenailles,
et plus tard on aura dit cnne clnailc au sing., remarquez qu' — n'appar-
tient guère au wallon montois, mais au wallon campagnard. A Mons on
dit : enne épincclle. On dit également em écisiau et ces deux mots se
sont formés de même. On pourrait ajouter éclicoUe venant de claquette,
élricoiss, cwak, évergeUe. Comparez encore le fr. de techn. elnet, etnette,
tenette. On a vu à l'art. E sa faculté de se transposer; à la vérité nous
n'en usons pas d'habitude pour les mots en te, de; mais nos voisins du
midi le font très-volontiers ; à Yalenciennes on dit : tasse cd café. Peut-
être est-ce dans le nord de la France que le mot s'est formé, pour péré-
griner ensuite chez nous.
Etorde, estorde, storde. v. a. exprimer l'eau qui se trouve dans un
linge en le tordant. Les Liégeois disent sloide pourépreindre, exprimer.
£tot. s. m. étau || branche d'une généalogie, souche d'une famille.
On dit: qu'ain tée fai ain etol dain enne héritance, quand sa part seule,
comme frère, par ex.^du défunt, égale toutes les parts réunies des enfants
d'une sœur qui serait morte. Le mot est de la même origine que slukie,
eslo, sto, estoc.
Ëiou. aussi. Voici une chanson où figure cet étou :
Etouffe [y fai). le temps est étouffant.
Elricoiss. s, f. tenaille (Charleroy), à Liège tricoisse. Fr. tricoises,
tenaille des maréchaux, v. fr. iriquoise, machine de guerre en forme do
tenaille, lat. stringere, fr. étreindre. V. elnail.
Ces'C al maison d'ain avocat (bis)
Quon a mené ain si bia plil via (bis)
Les geins fiintt dcl petite bielle
Pas quelle n'avou mie d'coirne à s' tielle.
El feimme qui l'avou amené (bis)
Disou quy n fallou mie s' moquié (bis)
(Parlé). MoNSEU ! s'ielle avou cnn bel feimme comme vous
El arou bie de corn elou.
V. fr. atout, bourguignon étou et itou. Ab + lotum, v. fr. ilel=hic talis.
EUN— EXlI 175
Eun, eitne (1). l'un, l'une : Veunne vie, Vaulle rcsse là. (V. ein et
iun).
Elusaii, eiison, au, aiiw. s. ni. oie, oison : il a cin eu d'au, i
skillc sans V seinli. A Liéi:;e aiv, auw. Diez fait venir oie, d'avicella, il
ferait sans doute venir eusau, d'avicellus. On pourrait rapporter eMso?i à
oison. Mais ne faut-il pas prendre toute la famille dans son ensemble? Le
bas-lat. a auca, le lat. anser, les langues gerni. ont gans, les langues
celt. ont : brel. g^vaz, gall. gwyz, irl. ganra, le sansc. bansa, oie. Le
gall. a en outre aes, dérivant du sanscr. vayas, oiseau, que Piclct
ratlaclie à la racine vay, aller. Notre au ne peut guère venir que du
bas- lat. auca. Je laisse à chacun de débrouiller le reste.
Evanillei', cvanîyer. v. a. festonner.
Elvaniiliirc. s. F. feston.
Evergetle. s. f. verge de cuisine pour fouetter les œufs. Y. etnaile.
Ewak. s. f. t. de bat. du canal de Mons à l'Escaut, vague. Tudesque
wak d'oîi vient le mot fr., comme le mot patois, à moins qu'il ne vienne
du brel. gv^ak. Goth. vego, ail. Woge, irlandais \\ag, suédois waeg.
V. elnaile.
Ewaré, ée. adj. et subs. usité seulement dans les villages. Il avou
tout r menne d'ein — , il avait un air d'égarement. Le rapport entre
égaré et — est manifeste : on peut dire que ce n'est qu'une altération
du fr. par la transformation du g en w familière au wallon. On peut dire
aussi que c'est un v. mot gaulois dont les Fr. ont fait égaré. Quoi qu'il en
soit, à Liège — ne signifie plus guère égaré, mais eifrayé, épouvanté. Le
dialecte liégeois, plus riche que le nôtre en dérivation, n'a pas seulement
— , il a encore ewareur, frayeur, ewara, épouvanlail, ewarah, affreux,
horrible, ewaregc, saisissement, ewaré, t. passif, effarer, v. n. étonner,
consîerner. Celte richesse jointe aux causes indiquées art. liégeois
explique au Montois sa difliculté de comprendre au premier
abord.
Eivion, ewiglion, s. m. aiguillon. V. fr. aguillon, ital. aguglione,
esp. aguzar, lat. aculeus.
Exhalaison, s. f. éclair provenant d'un orage trop éloigné pour
qu'on puisse entendre le bruit du tonnerre.
Exliaur. V. cscor.
Exhaurer. V. cscorer.
ni EXP-FAL
Exprès, espi'é {pa cm). Je n' lai gnié fai pa ain cspré, je ne l'ai pas
Aiit exprès.
Eyé. eonj. et.
F
Fabie {Imye à — .) nom d'une coulure vers la limite des territoires
de Mous, Jemmapes et Ghlin. J'ai entendu rapporter ce nom à un pré-
tendu général romain Fabius qui y aurait eu un camp. Or fabic ou fcm~
bie, mot composé faux— biez signifie en liégeois déversoir et ladite cou-
ture tient en effet à l'ancien lit de la Haine avant l'établissement du canal.
Fachc, fàchetle. s. f. racHOT. s. m. maillot, En liégeois fuhetle.
Lat. fascia, irl. fasg, s. m. et fai'sg s. f. sanscrit, pàs'a, lien, goth. faska,
ail. Fasch et Fàsche, lange.
Fâcher, v. a. emmailloter. Liégeois fahic.
Faclienne et facenne. s. f. fascine, fagot. En liégeois fuhenne et
faguennc. Fahcttc, fahi, fahennc ont pour radical (ah, ceinture, maillot.
Fade. adj. paresseux. En v. fr. fiiible, accablé, en fr. moderne, insi-
pide.
Fafiar. s. m. qui fafeye.
Fafier, farfeyer. v. n. parler comme les personnes en état
d'ivresse ou -comme les apoplectiques dont la langue est paralysée d'un
côté. En v. fr. papier signifie commencer à parler comme les enfants.
Fafliite. V. bablule
Fafouye. s. f. petite bégueule, petite indiscrète, femme, fille qui
farfouille volontiers, qui dérange tout. Liég. fafoyc.
Faille, s. f. vêtement de femme qui lui couvre la tète et une partie
du corps. Flamand falie. Je trouve dans Fuchs : ait. nord. AUdr, Gewand,
esp. falda, unterer theil eines Kleides, c'est-à-dire : vieille langue du
nord, faldr, vêlement, esp. falda, partie inférieure d'un habit. En fr.
comme en langage de charbonnier, faille signifie faute, couche qui
interrompt le filon. Ail. Fehl, fl. faile, défaut, lat. déficere, defecîum.
Faisi. s. m. mélange d'argile et de houille menue pour faire des
boulets. V. boulet. Fr. fraisil, cendres de charbon de terre.
Fali. V. n. t. de jeu de raquette, laisser tomber le volant à terre.
FAL— FE 175
Fr. faillir, ail. fallen, tomber, esp. fallir, prov. faillir, égarer, v. fr.
falir, manquer, lat. fallere, échapper.
Falot, s. m. torche, celui qui la porte. En fr. lanterne de toile.
Faloiirde. s. f. faute, bêtise, ânerie. En fr. gros fagot, v. fr.
conte fait à plaisir, falie, tromperie.
Farde, s. f. dossier, liasse de papiers. Le fr. fardeler est employé
en techmologie pour, mettre en paquet. Esp., port, fardo, ballot, ital.
fardelK?, paquet. Diez croit que l'esp., le port, et l'italien ont une origine
arabe.
Fardeler. v. n. se remuer, s'agiter.
Fardiau. s. m. afiiùssement de terrain qui a lieu peu de temps
après l'extraction de la houille. On ne peut supporter longtemps le toit
par les élançons, ils sont brisés, le tassement des terres et pierres mises
dans les slappcs a lieu et le sol est abaissé de toute l'épaisseur de la
couche enlevée. || Fardiau se dit à Mons pour fardeau.
Farfeyer. v. n. tripoter, farfouiller. Il est souvent confondu avec
fafier. V. ce mot.
Farfoiiyeiir, farfouyeii. s. m. qui farfouille.
Farinasse, adj. farineux. Se dit des légumes qui ne sont point
savoureux.
Fassian. s. m. mesure du Hainaut pour le bois de chauffage; il
égale 0 stère 8619G.
Fau, fayaii. s. m. hêtre. V. fr. fou, foyau, fouteau, lat. fagus.
Fanstrie. s. f. tromperie, fraude, chose artificielle. Es fije-là a ain
biau csloumac, mé el a del — .
Fauve, s. f. fable, conte.
Favelotle. s. f. fève de marais, féverole. Lat. faba.
Fayé, fayeus, ée, eaise. adj. drôle || singulier || indisposé, un peu
malade || diifectueux. Il y a souvent confusion entre fayc et faycux.
Cependant je crois qu'on doit appliquer le premier aux personnes, le
second aux choses. V. faille. Fayé est employé à Liège.
Fe. Par extraordinaire on prononce Te muet à peu près comme celui
de : le, je, en fr. 11 y a dans toutes les langues des particules intradui-
sibles dans une autre et qui leur impriment une physionomie propre.
Le français familier dit : dame ! Tui sait? Le borain dit : on l" se, fe? le
sait-on? cela est bien douteux. Ce fe pourrait bien être le v. fr. lé (loi) sur
17G FEL— FEU
ma foi, par ma foi, comme dans non fai, qui se prononce toul autre-
ment.
Fel. adj. fier, hautain, sévère, brutal, ferme. Fel signifie en b. ail.
et en flamand cruel, violent, en v. fr. dur, cruel, ilal. fello, impie, irl.
féal, trahir, fr. félon.
Fel, fellcnient, fclmain. adv. beaucoup, fortement, fièrement,
Fciiassc. s. f. p. herbes hautes, grêles, croissant d'une manière
rare, espacée. La désinence asse est un majoriiif très-employé* en h.
lang. : home, homcnaz. Là cet augmentatif est aussi fréquent que les
diminutifs le sont en d'autres languages.
Fénep, P ner. v. n. faner. Lat. fœnum.
Féneu, euse. s. m. et f. faneur, euse,
Fente, fante, fainte. s. f. t. de menuis. bois d'un pouce et demi
(de France) d'épaisseur nominalement, mais en réalité d'un pouce 1/4
Hainaut environ. || Ouverture, gerçures.
Fei'Iopes, farlopes. s. f. p. marc, fèces qui se trouvent suspen-
dues dans les liqueurs non clarifiées. V. fr. freloque, haillon, effilure,
frelope, lambeau.
FcriBie. s. m. lieu, meuble qui se ferme à clef.
Feriiîelte, fisiicssc. s. f. fenêtre. Esp. finiestra, lat. fenestra.
Ferronié. s. m. ouvrier qui travaille le fer: serrurier, etc.; ferron-
nier en fr. marchand d'oiivriges en fer, clincaillier.
Fesiéqwer, fesicquîer.v. n. faire un ouvrage inutile, un mauvais
ouvrage || s'amuser à des riens || faire semblant de travailler j| s'agiter
sans résultai. V. fr. afiaiiier, raccommoder.
Festu, lislii. s. m. fétu, lat. fesluca.
Feuillet, fenyé. s. m. t. de men. volige. — simple, simpe
planche d'un demi pouce de France. — fort, for, planche de 5,4 de
pouce.
Feunqiiîer. v. n. et a. fumer. Ej funkoje, y funk, et y feunkeyc.
Fewye, fiieye, fwaye. s. f. feuille. Chuchcr n — , être privé du
régal sur lequel on comptait. V. fr. fueil. V. foair. Personne ne doute de
l'origine lat. du mot; mais n'est-il pas bien étonnant qu'à une époque
voisine de sa naissance, il était plus éloigné de folium qu'aujourd'hui?
V. escor, suair.
Feuye dé co, s. f. tanaisie baumière, tanacetum balsamum.
FÈV-FIC 177
Fève sauvage, s. f. renouée liseron, polygonum convolvuliis.
Fiane. s. f. Ce mot semble selre formé de deux mots d'agriculture
fane et fiole, fort peu usités et signifiant fouille des plantes her-
bacées et notamment des céréales, le premier venant de faner (fœnuni),
le second de foliolum. Fiole ne se trouve pas au dict. de Tacad.,
mais dans Boiste à Tari, effioler. Nos paysans nomment — le
bout des plantes de blé ou les plantes entières que l'on coupe et
que l'on donne en vert aux bestiaux. Fig. on dit — pour baga-
telle, petite chose. Vos îi' (Tarez gnié n — , vous n'en aurez absolument
rien. Comp. le fr. cstifloi, chose de peu de valeur, avec le lat.
stipula.
Flâner, v. n. arracher les fianes, les mauvaises herbes, les bleds
surabondants.
Ficeler, v. a. et n. escroquer, escamoter des bagatelles, agir en
ficelle.
Ficelle, subst. et adj. petit voleur. On a, selon les uns, voulu dési-
gner par ce mot, ceux qui ne méritent pas précisément la corde. Selon
d'autres, ce mot provient d'un droit de ficelle ou emballage que perce-
vaient les négociants et qui n'a pu êlre aboli que par un décret de Napo-
léon I". M. Scheler soupçonne une corrélation entre — , fil et filou. Il
cilela locution vulgaire : avoir le fil. Mais nous ajoutons ordinairement
eyé r (ayant, fil est donc ici dans le sens de tranchant et ficelle n'est pas
le synon. de fil en ce sens. N'y a-t-il pas plutôt un rapport avec le mot
popul. fr. ficelles au pi. pour désigner artifice, moyen de tromper l'œil
au théâtre? il y a enfin le fl. ontfiitselen, escamoter. Ont est une particule
privative, futsehverk signifie bagatelle.
Ficlian. adj. désolant. Fichant en fr. est un feu qui va d'un bas-
tion à l'autre.
Ficliau. s. m. pulois. En liégeois loiha. Dans la langue d'oc on dit
fichouiro, mâle de la fouine, en bas-lat. fagina; vison, en fr. d'histoire
naturelle, est une espèce de martre, lat. viso; les paysans 11. disent
fiche. Ils confondent sous ce nom le putois et la belette. Cependant le
vrai fl. a bunsing pour putois et wezcl (ail. Wiesel) pour belette ; d'autres
fl. disent fiss, d'autres encore viss, ce (pii touche au fl. wezel, à l'ail.
Wiesel et au lat. viso. El — sert de terme à une foule de com-
paraisons :
178 Fie— FIL
Avoir, avoi dez yen, dcz'i d' —
Sainti comme ain —
Crier — — —
Malin — — —
Fiche, s. f. penture d apparlemcnl || feuilles de tabac arrangées en
forme de corde. En fr. lige de fer pour unir les deux pièces d'une pen-
ture. Fai n' — , ficher des pieux dans une rivière et les garnir de fascines
pour proléger la digue.
Fichëiiic. s. m. ferronier qui fait des fiches.
Ficher, v. a. jeter || appliquer || lever, corder, cordeler 1| /ic/tcr
n' clique, donner un soufflet, ficher V camp, partir, — du toubak, corder
du tabac. Le plus souvent il est employé pour remplacer le mot ordurier,
f..,. dont il adoucit un peu l'expression. Ça m' fiche malheur,/ m'ein
fiche. Ail. (iclicn. En fr. ficher signifie faire enlrer par la pointe.
Fichu a les mêmes significations qu'en fr.
Fichen, r' iicheu, erlieheu (D' Keyere). s. m. rempailleur de
chaises.
Ficiiiiuiain. adv. singulièrement.
Fier. s. m. fer. Lat. ferrum.
Fîesse, fieUc. s. f. fête. Peut s'appliquer aux cérémonies funèbres
dans quelques villages. Un jour un jardinier vient me voir, au milieu de
la semaine, en habit de dimanche. « Comme te voilà paré! lui dis-je.Be
wée, da, monseu, répond-il, c" ée (c'élait) aujord' hu comme enne espèce
de petite fiesse : on a einlerré m' feimme au malin. »
Fieii. s. m. garçon, fils; exp. d'amitié, de familiarité. V. fr. fieux ||
fief. Goth. faihu, domaine, fortune.
Fifcrlaiei. s. m. bagatelle, atome. Ail. Pfifîerling, petite monnaie.
Figote. s. f. pomme, poire pelée et séchée à un feu très-lent. Fig.
personne desséchée. Le mot vient probablement d'une analogie avec la
dessiccation de la figue.
Fîgoler. V. a. réduire à l'état de figoUe.
Figue (faire), fai fik. Faire la figue. Cependant faire figue signifie
plutôt surpasser. Ça vo fai figue, cela passe vos forces, tandis que foire
la figue veut dire de préférence mépriser, braver, se moquer.
Fil, C. s. m. adresse. .4voi V fi.lcyé V <a?/an, être adroit, avoir l'esprit
FIL— FLA 179
aii^uisé, qui a reçu le fil; peut-être aussi de filou. En fl. fiell, fripon,
coquin.
Filandc, fllandre. s. p. fils d'un linge usé.
Filet, fil. [j saquer, cracher s — , serment enfantin. Ej lire cm — ,
j'en fois serment. En parlant ainsi l'enfant porte la main à la gorge et la
serre en laissant tomber un peu de salive filante.
Fin. t. de jeu de courtau, veto, je m'oppose, /în linge, fin place; pro-
bablement c'est une abrév. de/' de/emd (défends). || adv. beaucoup, très.
Fin brave, fin biau, très-propre, très-joli. Idiotisme allemand : fein
arlig, très-joli. On trouve dans Montaigne tout fin seul. M. Sclicler le rap-
porte au lai. finitus. Fin conle fin, y n' faut gnié de doublure, ou fin con-
ter fin, ou fin conle dé fin. Fin contre fin n'est pas bon pour faire dou-
blure, c'est-à-dire : il ne faut pas essayer de tromper aussi fin que soi.
Fion. s. m. corne, derrière du sabot des cbevaux (à Glilin),des vaches
(à Frameries). — est fr. pour signifier tournure, bonne grâce.
Fionei*. v. n. et a. t. d'agr. couper le bout des feuilles du blé.
V. fiancr.
Fisiii. s. instrument de fer dont se servent les boucliers pour aigui-
ser leurs couteaux.
Flaclie. s. f. poire à poudre. En fr. mare d'eau dans un bois dont le
sol est -argileux. Ail. Flasch, bouteille. Cet ail. moderne qui signifie
bouteille est né du v. ail. flasca qui a engendré le mot flacon. 11 est
curieux de remarquer que les AU., après avoir prêté aux Fr, le mol
flasca, leur ont repris le mot flacon, lis ont fait de même pour le mot
bouteille dont la racine est ail. et pour une foule d'autres mots. Fuclis
en donne une liste de plus de cent et elle n'est pas complète. C'est ainsi
que les langues s'encbevôtrent ! Le mot flacon remonte sans doute à
l'époque franke et vient de flasca. Mais noire mot patois est plus moderne
et vient de Flasche qui se prononce comme noire fiachc.
Cela pourrait être conleslé; car voici à préseul un abrégé d'un assez
long art. du dict.de Pelletier: u flask, bouteille plaie et ])oiie à poudre;
Iflacced (Davies) lagena, uter, ampuUa, obba. Flae et flasc, adj. faible,
fatigué, abattu de fatigue, épuisé. Fflaggio (Davies) (laccessere, Esp.
flaco, faible, français flasque. Voilà donc les mots flasque et flacon qui
ont la même origine. Celle application d'un mol qui signifie mou à une
bouteille plate vient de sa figure qui représente un outre plein et cou-
180 FLA— FLÂ
ché (Sic). » Il résulte de cet art. de Pelletier qu'on peut soutenir que
— est celt. ; on pourrait môme soutenir, avec les procédés de Pelletier,
qu'il faut s'adresser au lat. flaccidus. Diez indique le lat. vasculum.
Flnehor, flachi. v. a. battre à grands coups. Liégeois pahî. Ce mot
senii)le venir du lat. llagellum ou du v. a!!, fluagan, perculere. Cepen-
dant M. Grancigagnage repousse ces origines, parce que, dit-il, le g pri-
mitil' en wallon s'adoucit en j ou en i quand il n'est pas syncopé. Ainsi
flagellum, vha flegila devient en liégeois floiai, namurois /?«/«, monlois
flaiau. El Icimpelle a jlachi nos bleds. Serait-ce, fait fléciiir? V. fr. fialir,
fléchir, jeter.
Flair, e. m. mauvaise odeur. Del char qu'a ein — , qui prein ein — ,
de la viande qui commence à devenir fétide. M. Corblet répute ce mot
celi. et en effet on trouve en armor. — putor. Mais on peut douter; car
nous disons aussi : avoi ein goût. Est-ce un entraînement d'analogie?
Flambé, ée. adj. perdu, attrapé. — en fr. flamber signifie passera
la flamme.
Flambèze. s. f. framboise. FI. braembesie, mûre sauvage, composé
de braem, ronce et bezie, baie, bas-ail. brambesiiig.
FlaniinefR', lïannsinetle. s. f. soiici, fleur, calendula.
Flan. s. m. mélange d'œufs, de lait, de sucre et de canelle cuit au
four. Fn lat. scriblila. — en fr. est une tarte de crème, etc. V. fr.
flaon, V. ail. vlado, fladum, ail. moderne, fladen, liégeois /?o?/o?i,
Fiaiii, îc ou îte. adj. fané, flétri. A Liège flouici, féminin flouivcie.
Flaiii. V. n. faner, flétrir. Flani est une espèce de cond)inaison de
faner et de flétrir. Celte sorte de disposition es! assez fréquente: de con-
duire et amener on a fait aussi acondiiire. V. fr. fanir.
Flanière. s. f. moule pour cuire le flan. — en fr. est un adj. qui
ne se dit que des meules courantes et concaves.
Flatte, s. f. bouze. En fr. agrément dans le chant. Flallc est lié-
geois. Ail. Kuhfladen, mot-à-mol {(lan), gâteau mince de vache. Dans
le patois ail. d'Aix-la-Chapelle, kouflalt.
Ftausse. s. f. conte, plaisanterie, tromperie. Ce mot est surtout
usité dans le langage marolien de Bruxelles. Ail. Flause, bourde.
Flaùt, Hayut. adj. et subst. flamand, personne qui s'explique mal,
que l'on comprend diftîcilement. Voici la chanson qu'on adresse aux
Flamands :
FLE— FLU i8l
Va-l-ein, foutu flayuUe,
Va-t-ein vir à qui vcinlé lés finies;
Mi je n' mels dessus mes doigls
Que dé V hierpe que je coiinnois.
Flek. adj. employé dans les villages autour de Mons et qui a la même
signification que flô. Il a aussi la même origine, à moins qu'il ne dérive
de flasque. V. wak. Le bret. flac, faible, fatigué, se rapproche davantage
du IV. flasque et du lat. flaccidus.
Fleiuc, flciinic. lieme.s. f. p. glaires, mucosités. Lat. phlegma,
flam. fluim qui se prononce fleum, bas-latin fleuma, gall. fflem, grec
çAsy/za, V. fr. flume.
Fleînquer. v. a. flanquer || prendre || frapper 1| attraper (Borinage).
En fr. flenquer signifie, le métal pour émailler.
FIcMi* au beurre, bur. s. f. renoncule des prés. Il y en a de beau-
coup d'espèces : ranonculus acris, sceleratus, etc. Callha paluslris.
Fleur dérange, s. f. syringa,philadelphus coronarius. V, penacié.
Fleur Ste-Catlierine. s. f. chrysanthème.
Fleur iSt-tlosepli. s. f. lis.
Fleur Ste-Thérèse, s. f. aster,
Fliquière. s. f. fougère. Namurois fécMre, liégeois fechir, fechi, v.
fr. feuchière, feuschière. On voit que nous sommes le plus près de l'ori-
gine filicaria dérivée de filix.
Flô, flau. adj. mou, faible || paresseux || défaillant. Se dit à Liège.
Flam. flauw, faible, hoil. flaauw, débile, impuissant, fade, froid, blême,
ail. flau, languissant, v. fr. floive.
Flo. s. m. duvet d'un fruit. Fr. flot, houppes de laine des mulets,
ail. Flaum, duvet.
Floche, s. f. houppe. — en fr. adj. velu; mais en v. fr. il a été em-
ployé comme s. et dans la même signification qu'aujourd'hui à Mons.
Flotte, s. f. t. de serr. pièce de fer en dessous d'une vis pour empê-
cher qu'en serrant elle n'écrase le bois. || anneau de fer entre une pen-
ture et un gond usé. || espèce de raie, raja bâtis, fl. vloot, anglo-saxon
floc, raie.
Fluche, ftluche. s. f. flocon de laine, de colon. Fl. pluisje, flocon,
brin, fr. peluche.
23
182 FLU— FOR
Fliitc. s. f. jambe (Iron.) || espèce de bateau,
Fliitc, ée. adj. qui a de grandes finies.
Fo. s. p. t. de jeu de bouqucUe. V, do.
Foée. s. f. ce qui reste dans les charriots à houille après le déchar-
gement. En Picardie c'est une brassée de branches mortes et par exten-
sion le feu clair produit par le même bois. Corblet l'ait venir ce mot du
roman, fouée, fagot.
Foère, foaîre, fwaîr. s. m. foin. N'est usité que dans certains
villages. Oé fait diphtongue. Le son oé est fort difflcile à représenter.
C'est à peu près celui que j'ai entendu donner par les poissardes de
Paris à la diphtongue oi de françois. C'est quelque chose comme françùé,
françoué. C'est peut-être la prononciation conservée du cello-gallois
gwair, même signification. Foin vient bien de fœnum, b. bret. foënn,
mais le liégeois four et l'hennuyer fouair, de même que fourrage,
viennent du golh. fôdr qui a engendré l'ail, futter et le bas-lat. fodrum,
nourriture des bestiaux. A Mons on remplace le mot foin par le mot
fourachc, qui, comme on sait, n'en est pas le synonyme. Bas-bret. fou-
raich, v. fr. fouarre, foare paille, fourrage.
Fok, fonk. adv. seulement. Se dit des nombres et de la qualité ou
action d'une personne ou d'une chose, taudis qu'au preum. se dit du
temps : Elle né brait gnîé, elle crnifclle fok. Y n'étionl fok qu'à deux.
Lat. paucum, v. fr. auques, aliquid, oncques, unquam.
Folie, s. f. rut. No minelle est ain folie, notre chatte est en rut.
Fon, fonte, adj. abrév. de profond. Syn. perfon. V. fr. parfon. Chon
pieds — , à la profondeur de cinq pieds. Germanisme. On dit de même :
deux heures Ion, à la distance de deux lieues.
Foncer, v. n. s'ouvrir un passage par la force, entrer dans la foule.
Fonde, s. f. fronde. V. fr. fonde, lat. funda.
Forges ou fines forges, s. f. p. charbon menu, charbon en pous-
sière. — gaillelleuses, forges contenant des gaillelles. — du (rail, forges
auxquelles on a enlevé les gaillelles mais auxquelles on a laissé des
gailletins.
Forîère. s. f. bande de terre que l'on n'a pu labourer. V. fr. forère
dérivé de foras.
Fort, for. adj . qui n'a que le masculin: rance; ne se dit que du beurre.
Forte, s. f. bierre vieille.
FOR— FOU 183
Forte foise. s. f, t. de ch. argile silicicuse entre l die f cl V rabot;
ainsi appelé à cause de son épaisseur de plus d'une toise.
Fortuné, ëe. adj. par antiphrase, estropié, infirme.
Fosse, s. f. puils profond pour Texlraction de la houille. Par exten-
sion, houillière, établissement charbonnier. Par ext. plus grande, pays à
charbon de terre. Ce mot alors prend le pluriel : su les fosses.
Fosser. v. a. fouir, creuser.
Fosselctte. s. f. creux de la nuque.
Fouan. s. m. taupe. Les Liégeois disent foyan; de fouir ou de
fouiller.
Fouffes. s, f. p. chiffons. V. fr.
Fouffeter, v. a. faire mal un ouvrage || coudre des fouffes.
Fouffiiins. s. m. p. copeaux. Les Bruxellois disent skouflins. L'es-
ketle (v. skelle) en diffère en ce qu'elle est le produit de la hache du char-
pentier, tandis que \es, foufjlins sont formés parle rabot du menuisier.
Cependant on confond souvent.
FoutTreiii, poufrin. s. m. poussière de houille || petits morceaux
de bois mêlés de houille || appellation injurieuse. M. Grandgagnage le
fait venir de son liégeois frohi, briser, frotter.
Fougner, v. a. Il diffère du mot fr. fouiller en ce que celui-ci est
neutre. Fougii' em, visitez-moi. Ital. fognare.
Fouine, s. f. fruit du hêtre, ftune.
Fouler. V. refouler.
Foumëgeon. s. m. mauve, plante. On disait sans doute originaire-
ment froumageon, car dans quelques localités, la mauve se nomme en-
core froumagc de gade. Je vois en effet dans le complément du dict. de
l'Acad. que fromageon est un des noms vulgaires de la mauve.
Fourbature. s. f. courbature. Enméd. vétérinaire on dit quelquefois
— pour, fourbure.
Fourbi, v. a. nettoyer. Ne se dit que des puits. En fr. fourbir
signifie aussi nettoyer, mais ne se dit que des armes.
Fourbouli. v. a. faire bouillir dans de feau. Se dit des choux, des
épinards que l'on fait bouillir longtemps dans de l'eau avant de les faire
cuire dans le beurre. Le préfixe /bwr, comme for en fr., vor en ail. indi-
que l'excès ou la déviation. A Liège forbor, faire bouillir jusqu'à extinc-
linction. Llsâce est forboloive.
18i FOU-FOU
Foiirbontié. s. m. ère. s. f. et adj. ni'', nv'" de légumes. || Habitant
du faubourg; d'où ce nom.
Dans le nord de la France on dit forbou ou forbourg. Les Fr. depuis
longtemps ne comprenant plus for, ont cru mal dire et mis à la place
faux, comme ils ont agi pour courte-pointe, chat-buant, chauve-souris.
Alors sont venus les étymol. qui, à la vérité, reconnaissent for, mais le
tirent du lat. foras, pour l'unir à l'ail. Burg, forteresse. On a des
exemples de ces compositions bybrides, mais il faut avouer que ce sont
là des exceptions et que les mots se composent volontiers d'éléments
de même provenance. Or l'ail, a la prépos. vor (pron. for) avant et il tra-
duit faubourg par Vorstadt, avant-ville. Ne doit-on pas supposer que
les Francs ont dit vorburg, avant-forteresse?
Fourcaclier. v. a. chasser, poursuivre. V. f. forchachier.
Foupcartep. v. n. t. d&jeu. donner mal en cartant.
Foiircayeu, cnse. adj. fourchu. Se dit surtout des arbres de haute
futaie qui se divisent près de terre en plusieurs grosses branches.
Fourcher, frouclier. v. n. et a. froisser, fouler.
Fourclict, foiirkié. s. m. fourche. En fr. c'est la division d'une
branche en deux.
Fourchiire, frouchiire, sfrouehnre. entorse. || Les Liégeois
disent : s' foirsi on nier, tressaillir un nerf, de forcer ou froisser. Ce
mot, selon Diez, vient de fressare, fréquentatif de frendere. Bret. froësa,
briser, froisser.
Fourcoiiipter. v. n. calculer mal, trouver du mécompte. •
Fourfayage. s. m. p. bagatelles.
Fourfaycu. s. m. charbonnier qui a pris une partie de charbonnage
à forfait. Forfait est fr., c'est \m marché à perte ou à gain.
Fourfeycr. v. a. et n. faire en trompant. // a fourfeyé Vkicrkiage
du car, il a opéré frauduleusement le chargement du charriot. Fr.' forfairc.
Fourderaîne. s. f. prunellier, son fruit. Là dian cl diennc qui s'ein
von à — ,se dit pour se moquer d'homme et de femme qui sortent ensemble.
Le prunellier produit de petits fruits d'une âpreté et d'une astrin-
gence extrême. Les enfants seuls peuvent en manger. A cause de cette
âpreté les fourderaines sont le terme obligé de certaines comparaisons.
Voyons ce qu'en dit l'interminable chanson du retour de Quintin : l'un
des interlocuteurs chante :
FOU— FOU 185
C'est du djus d' four déraine,
Y n se peut rie d' miyeur ;
Vo s' rille mort de six s' mairies,
Que ça vo rmcllrou V cœur.
Un autre réplique :
Pa n'ain djou eslraordinaire
Cesl bie assez que d' boire dcl bierre
Car lé hemmes djou nos buvons dliau :
El vin est bie trop caud
Pou V boxirse et pou V cerviau.
J'ai sous les yeux la chanson en Irenle couplets; mais je sais de
science certaine qu'elle en avait plus du double. L'extrait ci-dessus ne
se trouve pas dans mon manuscrit. Je le donne de mémoire.
Cette chanson est une petite scène. Chacun des personnages chante
sur un air particulier et se sert de patois qui paraissent appartenir à
divers villages, à l'exception de Quinlin qui, sortant d'un régiment de
dragons, chante en français; et quel français? un français de soldat qui a
fait son éducation dans un régiment au service d'Autriche et qui l'a per-
fectionnée en faisant la guerre en Bohême.
L'auteur, le père Watiiez, ancien carme ou capucin mort au commen-
cement de ce siècle était un modèle de laideur physique ; mais c'était
aussi le modèle du gai compagnon et de l'épicurien de village. Il recher-
chait avec avidité les invitations à tripe et payait son invitation par l'ad-
dition d'un couplet nouveau à sa chanson qu'il chantait au dessert avec
la verve la plus comique. Le père Waitiez sera sans doute mort d'indi-
gestion, à moins qu'il ne soit mort de rire en chantant son soixante-
dixième couplet.
Fourdaine et fourdinicr sont en fr. les noms vulgaires du prunellier.
Fourloucher. v. a. Je n'ai jamais entendu ce nom dans la conser-
sation. Je ne le connais que par ce qu'en racontait le père Wattiez
(v. fourdcraine). Il disait qu'un jeune homme était un jour venu s'accu-
ser en confession d'avoir foitrlouché s' frée, c'est-à-dire d'avoir à la déro-
bée pris une louche de soupe de plus que son frère.
I8(i FOU— FRA
Foiiriucin. s. m. froment. Joinville se sert du mot fourmens.
Foiirnioi. s. m. ciseau de charpentier.
Foiirniic'lie. s. f. fourmi. Lat. formica.
Fouruiortiire. s. f. t. de coutume du Hainaut. Acte par lequel on
assure des droits à des enfants d'un premier mariage. Ce mot appartient
au V, fr, dans des significations un peu différentes.
Feurnasqtiier, foiirnaf»kei*. v. n. fureter. V. nak.
Fournicheric. s. f. grande quantité, foison. Ces geins-là oui ra-
massé cnne — d'einfanls. Ce mot ne paraît être que nicherie (nichée)
renforcée du préfixe four.
Fourparicr. v. n. parler hors de propos |j trahir sa pensée. Mieux
vaut s' lairc que rf'— -.
Fourqiie. s. f. fourche. En fr. c'est un pieu de charpente fourchue
à la quille d'un navire.
Foiirquié. s. en. fourche.
Foiirquier, fourqiiié. v. n. travailler avec la fourche.
Four»ialcr. v.a. saler trop. A deux cuis'nièrcs on foursale cl soupe.
Traduction litiérale du proverbe ail. : viele Kôcke verzalzen die suppe.
Foursanîer, foursaigné. v. n. saigner abondamment, jusqu'à
exténuation, avoir une hémorrhagie excessive.
Fourséki. v. a. el n. dessécher outre mesure.
Fourt. interj. retire-toi; ne s'adresse guère qu'aux chiens. De l'ail,
fort : arrière, loin.
Foutiiiuasser. v. a. tripoter.
Foiii*%-anlise. s. f. forfanterie, présomption, bravade, fanfaronade.
Fouyer. v. a. et n. bêcher. A Liège, foï, fr. fouïr, fouiller, lat. fodere.
Foya. s. m. branche, ordinairement épineuse et couverte de feuilles,
plantée dans un champ pour indiquer défense de passage.
Foyau. s. m. hêtre.
Foyère. s. f. t. de ch. tuyau d'airage, nom provenant de ce qu'on y
place un foy^r.
Frac. s. m. babil, redingotte. Ce mot quoiqu'employé par les Fran-
çais, ne se trouve pas dans la plupart de leurs dictionnaires. On n'y
trouve que fraque qu'on donne comme un habit étroit, à basques
étroites.
Fraîche {mé via). Me voilà en bel état (iron).
FRA— FRl 187
Fraieliaii. s. m. lieu bas et marécageux d'une prairie. V. fr.
fresclio, lieu inculte, en friche, bas-lat. friscum et frescum. Ces mots
semblent bien provenir de Fall. frisch ou du bret. fresk, frais, récent,
car, dit Pelletier, la terre en friche étant remuée devient novale, c'est-
à-dire nouvellement travaillée ; b.-bret. fraust, signifie à la fois friche
et stérile. V. frousle.
Fran, franquc. adj. hardi || effronté || imp«dent |1 courageux.
Franc comme cin ligneu.
Fraselte. s. f. manchette. Employé à Liège. Ej vo chirai ain iève
à frasclle, si... Je vous promets des miracles, si...
Fraîep. s. m. frère. (Borinage.) En fr. barbier.
Frayeu. adj. qui coûte des frais, coûteux, dispendieux.
Frée. s. m. frère (Bor.), Port, frei, esp. fray.
Frein, erfrein, s. ni, frinte, erfreîntc. s. f. perte par dessic-
cation, déchet, rcirait.
Freiîide, erfreinde. v. n. éprouver du déchet. V. Erfrcinde pour
rétym.
Fretle. s. f. abreuvoir, ouverture faite au bord escarpé d'un fossé,
d'une rivière pour que les bestiaux puissent y descendre. Latin fretum,
gail. ffrwd, V. fr. fraite.
Fric ni frac (bîî). rien du tout. / n' rf'a d'moré — . Lat. frangere,
fregi, fraclum.
Frimousse, s. f. flimousse.
Fringaler. v. n. glisser ; se dit d'une voiture qui va de côté sur une
roule bombée, d'une roue qui glisse sans tourner. V. fr. fringuer, bret.
fringa, sauter, gambader; d'où fringuant. Par abus, dit Pelletier, on
employé fringal pour fringa.
Fpion. s. m. veri-^erdier, gris — linotte. En fr. c'est un petit fer
à côté de la charrue; en v. fr. c'est une sorte d'oiseau indéterminée.
Il ncsl aloé ne [rions, lat. fringilla, pinson.
Friper, v. n. se frotter en agitant les vêtements comme font ceux
qui ont habituellement de la vermine. V. fr. riper, ail. rippen, gratter,
V. ris peu.
Frise {vo nez), vous mentez.
Frisquette, s. f. jeune fdle alerte, vive, gaie, de vertu suspecte. V. fr.
frisque, frais, joli, galant; frique, vif. AU. fl. frisch, frais, goth.friks, hardi.
188 FRI-FRO
Frisfoiiiller, frîstouyer. v. n. préparer un repas, de petits mets
de convoitise, iricoter, se régaler. La charpente de ce mot semble an-
noncer une origine germanique ; golh. frelan, ail. fressen, manger comme
les animaux. 5" pers. de l'ind. frist. La désinence ouyer a pu être dé-
terminée par le fr. festoyer ; d'ailleurs nous avons beaucoup de verbes
en ouycr.
Fristoiiille, fristouye. s. f. régal, festin, banquet, orgie.
Froncher. v. a. Ce mot ne signifie pas froncer, rider, mais agiter,
remuer, Elle va iC ein fronchanl s' eu, elle va en frétillant.
Fi'ou. s. m. froid. On pourrait invoquer l'ail, frost, pi. frosle, froid
rigoureux. Ail. frieren, vlia vriosan, fl. vriezen, etc., mais ce ne doit
être que la transformation de froid; car nous disons aussi dow, doigt.
Froucliure. s. f. pi. glaires de la vulve des vaches avant de faire
leur veau. Est-ce froissure, est-ce ce qui fraie les voies pour l'accou-
chement? Liégeois frouhènc, frai, frouhiner, frayer; ne se dit que des
saumons quand ils s'approchent pour la génération et qu'ils se gîtent et
se terrent pour frayer. Y at-il rapport entre — et frouhène? Quoi qu'il en
soit, voici ce qu'en dit M. Grandgagnage ; ce mot paraît se prêter à deux
conjectures : selon la première et la plus probable, frouhène viendrait
de frouhiner et celui-ci de frouhin, subst. dérivé de frohi, froisser, et
même de froï, frayer. V. fr. froyer, frotter, fricare. Selon la seconde,
on comparerait le Rouchi, foursin, amas de vers ou de petits poissons,
du V. r. fourser, fourcher, froucher, abonder, foissonner, frayer.
J'ajouterai le v. fr. foursière, réservoir. M. Grandgagnage termine en
se demandant d'où vient le mot froucher dont fourcher et fourser se-
raient des adoucissements, et il répond : peut-être de fruiicare. Quant
à moi j'aimerais mieux encore hasarder une explication tirée du
V. fr. fourcheure, entre deux jambes. Tout cela est bien chan-
ceux!
Frouler. v. n. avoir froid.
Froulcu, ense. s. m. et f. frileux, qui a froid.
Froumache, fourmache. s. m. fromage. Mon — fromage mou,
cra — fromage gras. Erveni avé s' — rapporter s' — mot-à-mot reve-
nir (du marché) avec son fromage, sans avoir pu le vendre, revenir du
bal sans avoir dansé. D' morcr avé s — rester lille, ne pouvoir se ma-
rier. Ital. fromagio, v. fr. formage, fourmage, lat. forma.
FRO-GAB 189
Fronsle, froiijsk, frousse. Je ne connais pas ce que signifie
ce mot. Je ne l'ai enlendii que joint à sek. C C cnnc sek el — .
Cela veul-il dire une sèche et froide? Pourquoi le mot froide serait-il
ainsi altéré exceptionnellement? Au village on dit bien frou pour froid,
mais jamais frousie ni frousU. On dit à Mons : i fait frisqiie pour froid.
Ail., fl. frisd), frais. Oserait-on remonter au bret. froust, fraust,
frousk,stérile,'infécond? au lorrain frox, froux, terres incultes, stériles?
Frumer. v. a. fermer. Frumer est employé par Lesaige.
Fiiniiôrc. s. f. fumée.
Funinre. s. f. engrais en général. En fr. c'est l'engrais des moutons
parqués.
Fusain, s. m. on confond sous ce nom le véritable fusain ou bonnet
de prêtre, le troène et le cornouiller.
Fusse, excl. soit ! J'y consens !
Fusse que fusse, quelqu'il soit, quoi qu'il en soit.
G
Le G doux français se cliange souvent en ch : ronche,avierche,mariache.
Dans plusieurs localités en tch : routchc, mariatcfte. Il prend parfois le
son dur, comme dans guenisse. Il se prononce comme en fr. dans géné-
ral, gencfc. Il se change en c dans cras, en tv dans ivé. Qu devient gu
dans gtiiye (quille) ; c devient g dans grèbe (crèche), glande, einglcumc
(enclume).
Ca. s. m. luron, gaillard. V. fr. gars, bret. gwas, homme, gwerch,
jeune fdie, d'après Legonidec; corn, gwas, serviteur, valet, d'après Die-
fenbach. M. Diez repousse ces étymologies parce que, dit-il, les initiales
celt. gw auraient dû produire en liai, guarzone el pas garzone. Il
s'adresse à l'it. garzo, dim. garzuolo, cœur de chou, lequel remonte à
carduus et il accumule les assimilations aux jeunes pousses. Tout ce
que nous pouvons dire c'est qu'à la vérité à Mons et même auprès de
Mons on d'il ga, garçon, garce, mais à certaine distance on dit certaine-
ment gxcarchon, comme le prov. dit guarz.
Gabegie, s. m. camarade || bonne aubaine. En fr. s. f. ruse, fasci-
nation.
24
190 CAD— GAG
Gâde. s. f. dièvre. En fr. s. m. poisson jugulaire, holobranchc. FI.
geit, ail. Geiss, chèvre, arnior. gâvr, pi. gcvr. Se souvenir que la nion-
lois a souvent un son intermédiaire entre VA et YE. Du reste cet a est
long, tandis qu'à Liège il est bref. Cela doit appaiser tous les scrupules
de M. Grnndgagnage. V. à ce sujet un très-long art. do son ouvrage.
Oadot. s. m. chaise d'enfant. En liégeois kadol signifie charriot
d'enfant. Bas-breton, kador, chaise, chaire. Y. Ueyére. \\ petit de la
chèvre.
Gadonillagc. s.f. chose dégoûtante || mets mal préparé. De gadouart.
Oadouillci*, gadouyer. v. n, faire des mélanges dégoûtants || re-
muer des ordures, des excréments.
Gadran. s. m. quand on doit deviner au jeu de pile ou croix, on fait
préalablement *' — , c'est-à-dire qu'on fait tourner en l'air une pièce de
monnaie et lorsqu'elle retombe à plat et avec bruit dans la main, la face
indiquée est celle pour laquelle il faut se prononcer.
Gaffiard. s. m. et adj. goinfre. Les Liégeois appellent pra/" le gésier,
cependant gaffiard et gafficr ne sont pas employés par eux. V. gave.
Gafficr. V. n. manger goulûment.
Gagâye. s. f. p. bagatelle, vétille, brinborion, objet brillant, mais
de peu de valeur, clinquant. On ne peut penser pour l'étymologie de ce
mot ni au lai. gagates, javet, encore moins au grec yv-f-japu-i, briller.
Les Liégeois disent kikeie, qui signifie à la fois vétille et quincaillerie,
kikaï, quincaillcr. Là pourrait bien être la source d'où est sortie gagaye.
Les Namurois, en disant cacaic, nous indiqueraient une origine plus sale.
V. cacage.
Gagnagc. s. i. bénéfice, gain.
Gagne, gain, ne se dit que dans celte phrase : Picrle cl — e'cst
marchandise. Perte et gain viennent tour à tour chez les marchands.
Gagot. s. m. trou entre les cailloux d'une chaussée, dans lequel les
enfants cachent leurs couriiaux pour les mettre à l'abri d'une pelle.
Figur. abri, retraite.
J'ai été transporté en trouvant, dans le dict. cell. de Bullet, gag, plur,
gagau, qui signifient fente, crevasse, ouverture. Je me demandais, non
sans inquiétude, si ce n'était pas là simplement une rencontre fortuite,
et je me défiais un peu du celtomane Bullet ; mais je trouve dans Davies
(dict. gall.) gagen, pi. gagau, rima. On retrouve le mol dans Pelletier
GAI— GAI 191
et autres. II est remarquable que les mots tirés du celt. soient surtout
formés sur le pluriel.
On aura souvent occasion d'observer que ce sont nos termes de jeux
d'enfants qui remontent à la plus haute antiquité, ils sont plus vieux
que les pyramides ; (le jeu cC courliau tout seul fournit 4 ou 5 mots
celt.), et cela pourra paraître singulier; mais je crois qu'on peut en devi-
ner la cause : c'est que ces jeux, au moins ceux de la rue, n'ont jamais
lieu qu'en patois. Le mot fr, correspondant (quand il y en a un) reste
inconnu. La puissance envahissante du fr. est ainsi arrêtée. Cette
remarque est aussi applicable aux choses dont les personnes instruites
ne s'occupent guère ou dont la bienséance ne permet pas de dire le mot
propre.
On peut encore liure une observation, c'est que les mots celt. et
germ. en général ne nous sont venus qu'à travers le bas-lat.; mais ceux
de l'espèce semblent avoir fait exception et n'avoir jamais porté la livrée
romaine. V. gueriam. Je laisse à d'autres les inductions à en tirer sur
l'époque où nous avons abandonné le celt. Le langage celtique de nos
gens du peuple et de nos paysans ne subsistait-il pas encore lorsque
déjà ie bas-lat. des citadins et des gens distingués était dégénéré en pa-
tois d'oil? etc.
Oâillc, gâye. adj. Il n'est guère usité que dans cette phrase : té via
hé g^ye, le voilà bien fier, bien dédaigneux, bien singulier. Gaye chez
les Liégeois signifie propre, endimanché. Dans le vocabulaire de St-Gall
du vu* siècle, on traduit le v. ail. gail par elatus, élevé. Gallt, selon
M. Ampère, signifie puissant en gallois, d'où les Anglais ont fait gallant ;
mais quand ils disent : gallant ollicier, cela ne signifie pas un galant
oflicier, mais un brave officier.
Oaille, gàye. s. f. noix, fruit du gaillcr. Liég. dgeye. Selon
M. Grandgagnage les formes gaille, gauque, qui sembleraient au premier
abord devoir compliquer la question sur l'origine du mot, sont propres
à l'éclaircir; car une seule combinaison littérale peut expliquer cette
double forme illc et gue, savoir Ig. Le thème galg est susceptible dé deux
manières : ou, selon la règle fr., il devient gaug, ou le g s'amollit en i et
Il devient mouillé : gail ou gali. On peut donc affirmer que le rad. de
notre mol a dû se composer de ce thème galg plus une désinence. Or on
trouve le moyen lai. galgulus qui répond à la condition et signifie bacca
19-2 GAI— GAN
id est nuclcus -^upiv, noyau. Comparez celle cxplicalion avec celle de
Diez, art. gauque.
Gailler, gayer. s. ni. noyer, Juglans rogia. Bas-lal. galgulus. En
bas-brelon craoen, en gall. craouen est l'amande de tous les arbres à
noyaux.
Oaillette. v. gayclle.
Gaillelteries. v. gayelléries.
Oàilletin. v. gaijedin.
Galaffe, galouffe. s. m. et adj. gourmand. A L'iégc gain f ei gala-
vas. Irl., écoss. galabhas, parasile, glouton, fr. gouliafre, glouton, mal-
propre (popul.) Covarruvias raconte que ce mot, répandu en esp. et en
ital., provient de Galli ofla, gâteau que l'on oflrait aux pèlerins qui
allaient à St-Jacqucs.
Galamment, adv. généreusement. En fr. de bonne grâce, fine-
ment.
Galatasse. s. f. cabinet de verdure. En fr. galetas, s. m. réduit de
misère, dernier étage.
Galère, s. f. porcelaine commune. En fr. espèce de vaisseau. Galère
est une corruption de galène ou sulfure de plomb natif lequel sert à la
fabrication des vernis de poterie.
Galoehe. s. f. jeu de bouchon. En fr. chaussure sous le soulier,
menton long. En liégeois magalochc, magalachc. V. fr. gai, caillou,
galet, but à un jeu d'enfant.
Gambe. s. f. jambe. Lai. gamba, v. ail. hamma, jarret des animaux,
v. fr. cambe, gambe.
Gambe de bo (à V). En sautant sur une seule jambe, à cloche-
pied.
Gambette, s. f. jambe tortue, trop courte || boiteux.
Gambier, v. n. marcher. Gambier aulour demi, marcher autour de
moi, embarrasser mes mouvements. Gambier dain les berdouyes,
avoir peine à se dépêtrer de la boue. En fr. gambiller signifie remuer
les jambes sans cesse ou de côté et d'autre. V. fr. jamboyer,
jambier.
Gambré, s. m. planche épaisse servant de pont pour arriver dans
les bateaux.
Gautier, s. m. chantier. V. fr.
GAO— GAR 193
Gaouye. s. f. femme paresseuse, carogne (Jemmapes). En fr. gouine,
prostituée. V. godau.
Garbe. s. f. gerbe. En fr. enjouement. V. fr. jarbe, bas-lat. et vba
garba, ail. Garbe, fl. garve.
Garcéner. v. a. salir, gâter, gaspiller, détruire. Se dit surtout des
aliments. A Naniur garsiné, digarsiné. Armor. cars, raclure, ordure,
gall. carthen, purgatoria, ysgarthion, expurgamina.
Gardio. s, m. jardin. V. fr. gardin, gall. gardd, hortus, v. ail. garlo,
ail. Garlen.
Gardinal. s. m. chardonneret. En fr. le cardinal est un oiseau
d'Amérique, moins gros qu'un merle, d'un rouge éclatant, espèce de gros
bec.
Garenne, s. f. clapier cl surtout clapier artificiel. Eu fr. le lapin de
— est ce que nous nommons sativache lapin ou lapin sauvage. Noire
lapin d' — au contraire est le lapin privé. V. fr. warenne, bas-lat. wa-
renna, b.-bret. gwarennn.
Gargoter. v. n. bouillir longtemps. En fr. gargoter signifie hanler
les gargotes. AU. Garkùche, cuisine, maison de traiteur. Radical gar
qui provient du v. ail. garo, garawo, préparé, prêt, et qui s'applique
particulièrement aux substances qui subissent l'action du feu. Selon
Diez le fr. gargote n'est qu'une onomatopée.
Gargouille, gargouye. s. f. chaudière. Enfr. gouttière, rigole, etc.
Gargouiller, gargouyer. v. n. gronder, murmurer. Se dit des
borborygmes : em panse gargouye, mon ventre gronde. En fr. le mot ne
se dit que des petits garçons qui s'amusent à barboter dans l'eau. Gar-
gouillement est fr.
Garloïne. s. f. instrument composé d'un grand nombre de lames de
bois tournant sur axe et au moyen duquel on réduit en pelotons des
échevaux de fil. Fl. garen\vind,all. Garnwind, dévidoir, garen, Garn,fil,
winden, rouler.
Garlol. s. m. cruche de bois en usage dans les houillères. V. fr. jarle,
cruche, vase. Jarre, dit .)!. Scheler, port.,esp. garro, remonte à l'arabe
garrah, vase à eau.
Gartier. s. m. jarretière. Ce mot est employé par Lcsaige. Bas-lat.
garretum, gaiotum, gall. gar, poples, armor. gar, jambe, cuisse, irl.
gaitier, jarretière, fr. jarret, garrot.
19i GAS— GAY
Gascogne, s. 1". bigarreau, espèce de cerise.
(■afiipian. s. m. gamin.
Gasqiiignole. v. caslignole.
Gaiidi (s) V, réfl. se réjouir. Lat. gaudere, v. fr. se gaudir.
Gauniau. s. f. espèce de poire de Ibrl médiocre qualité, mais fort
abondante. On la cultive surtout dans les pachi du Pasturages, village
où le premier arbre de l'espèce existe encore.
Gaiinc. adj. jaune. Y kie co tout gaune su V monciati, c'est encore
un enfant.
Gaunesse. s. f. excréments.
Gannette. s. f. pièce d'or.
Gauqne. s. f. noix de la plus grosse espèce. En fr. on les nomme
noix de Jauge. V. fr, noix gaugue. Selon M. Diez, du vha, walah, étran-
ger, d'abord prononcé walk. Le mot, dit-il, est d'une haute antiquité :
ags vial— Hnut, v. nord, valhnot, ail, welsche Nuss, wall Nuss ; hnut,
hnot, nuss=noix, ainsi, noix étrangère. Comparez l'explication de
M. Grandgagnage art : gaille. V. aussi wallon.
Gauquié. s. m. arbre à gauque, variété du noyer.
Gave. s. f. jabot, poche membraneuse près du col des oiseaux.
Engaver est devenu français. Gavion l'est depuis longtemps et doit être
la même chose que jabot par la transformation si fréquente du g en j et
du V en b. V. dégauvier. — a peut-être la même origine que cage, lat.
cavea, port, gavia, ital, gabbia, V. gayole, angl. gab, cou,
Gaviau. s. m. javelle. V, fr, gavelle, javiau, b.-lat. gavella, v. ail.
gauffel.
Gavier. v. n. tricher, tromper (Borinage).
Gavieu, cavieu, euse. s. et adj. trompeur, tricheur, qui dispute
au jeu (Borinage). A Liège gawedieu, astucieux, cauteleux, rusé. V. fr,
gaultrer, gaulter, tromper, fl. gauwdief, fdou (gauw, habile, dief, vo-
leur), lat. calvere, tromper, caviilari, discuter, v. fr.cavillateur, cavilleux,
trompeur. Le liég. semble tenir au fl., le borain au lat.
Gayé. s. m. t. de charb. Jais, jay, jaiet, jayet, houille très-hydrogé-
née, bitume fossile très-léger que l'on rencontre dans certaines houil-
lières.
Gayeterîes, gaillelteries. s. f. p. petites gailletles.
Gayétin, gailletin. s. m. fragment de gayelte. Il diffère du précé-
GAY— GER ^95
dent en ce que le gaillelin est isolé, tandis que les gailldlerics sonl en
masse livrées au commerce; ainsi on dira : il a hcyuain gayvUin su
m n arloil, et su V rivage Hardcnponl il a de belles gmjeleiics.
(■ayctte, gaillellc. s. f. gros morceau de houille. Fig. personne
noire, malpropre. Ce mol vient sans doute de gagé, sinon de gaille.
Gayole. s. f. cage, prison |1 insensé, imbécille. V. gayolé. Je copie
ici l'art, geôle de M. Scheler : « V. fr. gaole, gaiole, jaiole, ilal. gabbi-
uola, esp. gayole, port, gaiola, cage, prison. Ces formes représentent
ledimin. l.caveola, comme ilal. gabbia, gaggia, esp. port, gavia, n.
prov. gavi, v. fr. caive, n. fr. cage, répondent au simple cavea. En pla-
çant le\io't geôle dans l'élément celtique, Chevallet a négligé les formes
similaires des langues congénères. Les mots celtiques ici comme ail-
leurs ne sont souvent que des emprunts faits au roman. »
L'étymologie ci-dessus déduite est parfaitement correcte. Cependant,
malgré l'observation du savant M. Scheler, je cite, selon mon habitude,
ce que je trouve dans les dict. bretons : jol, gaoued, kaoued, par abus,
gaouiedel, cage, dans le dict. gallois de Davies, géol, carcer.
Cayolé, ée. adj. imbécile, timbré, fou, insensé, qui a été mis ou
mérite d'être mis en gayole \\ bariolé. Les Liégeois dans cette dernière
signif. disent cragolé.
Gein. s. f. personne. En fr. gens n'a que le pluriel.
Germanique. Je parle souvent des langues germaniques, je dois
leur consacrer ici un petit article.
Certains linguistes les divisent en tudesque, saxon, angle, normanique
et gothique. Selon d'autres elles comprennent le mesogolhique (jusqu'au
vi-' siècle), le haut ail. ancien (du vi-^ au xi^), le haut ail. moyen (du xi" au
XV), l'ail, (du xv« jusqu'à nos jours), le frison, le néerlandais (hollandais
et flamand), le suédois, le danois, l'anglais (mélange d'anglo-saxon, de
V. fr. et d'un reste de celtique).
On peut encore diviser les langues germaniques modernes en haut
ail. ou ail. classique (hoch deutsch) et en bas-ail. (niederdeutsch), com-
prenant le fl., le bas-saxon, etc.
C'est une famille de langues indo-européennes qui parait avoir plus
de rapport avec le zend (de la famille indo-persane ou arienne, parlé par
les anciens mèdes et écrit par Zoroastre) qu'avec le sanscrit. Au coniraiic
les langues celtiques se rapprochent davantage du sanscrit que du zend.
196 GHL— GLE
Los Colles semblent être sortis de régions plus méridionales de l'Inde
et beaucoup plus tôt que les Germains. Piolet présente à ce sujet des
appcrçiis très-curieux.
Parmi les langues germaniques, c'est surtout celle des Francs salions,
fort voisine du flamand-lioUandais, quia laissé le plus de traces dans noire
patois. Les Gotbs et les Burgundes s'étant établis plus au midi ne nous
ont rien ou presque rien laissé immmédialement de leur dialecte. Ce que
nous en avons reçu nous est venu médialement par le v. fr. Si les lettres
V. a. ,v.b. a. reviennent souvent, c'est que je n'ai pas toujours pu recourir
aux sources et que les auteurs, cliez qui j'ai puisé, n'invoquent volontiers
le bas-ail. que quand ils n'ont rien d'analogue dans le haut-ail.
Ciiliiin. village du llainaul. Le celt. offre à choisir pour l'étymologie
entre glen, motte de terre, fonds de terre qui produit, glen et glyn,
petite vallée, glen, sauvage.
Grî. certes, certainement. Gi, coiiyé, c'est bien ainsi, mon garçon. —
est un t. d'argot.
Gibouré. s. m. persicaire, plante du genre polygonum.
Oîffe. soufflet. Les Fr. employent quelquefois populairement ce mol,
mais Boiste ne le mentionne pas. V. gui/fe.
Gîg, gigot, djigof. s. m. moitié de liard. En fr. éclanche, etc.
Clîgolor. V. n. compter par gigols, être économe, êlre avare. En
fr. gigoter signifie secouer les jarrels, etc.
GineKe, dginctlc. s. f. genêt. Lat. genista.
Gingin. s. m. gingembre.
Gitage. s. m. assemblage de solives sur lequel s'élablit un plan-
cher.
Gîte. s. f. solive. En fr. habitation, s. p. pièces de bois. Gitter en
ail. signifie barreau, bas-lat. gisia, gesta.
Gîter. V, a. chiffrer, compter. Giler Vcomple, régler le compte. Ce
mot est aujourd'hui peu usité; il provient de l'ancienne manière de
compter par jetons {gilon). \\ Garnir de giles.
Glawenne. s. f. cailletle, mauvaise langue (Fleuras). A Namur petit
chien qui jappe après tout le monde. Glaioe, brocard, lardon. A Liège
Glaive, glapir, lancer des lardons. Onomatopée de même formation que
le fr. glapir, clabauder, ail. klalfen, japper, v. klaper, clipol.
Glenne. s. f. poule. En ail. Henné, en v. fr. geline.
GLE-GOD 197
Gleinia, gliinia. mij. glaireux, gluant. En ail. Leim, colle, leimar-
lig, coilanl, ghitineux. A Liège glumian, gluant, glaireux, glaignan,
Ihnian, glissant; le bret. glaouren, baver, sert bien à rétyniologie
(lu mot fr, glaire, mais ne peut guère èlre utile pour celle de
(jlemia.
lilëler. V. dégléler. Eu liégeois il signifie baver.
CHlîchîèro. s. f. jaciière. \. Ir. gasehière, bas-lat. gascaria.
ۈliehoii*e. s. f. glissoire. Ail. glitscben, fl. glitsen, glissen, glisser.
Glou, glontte. adj. en parlant des choses, savoureux, agréable; en
parlant des personnes, délicat, dilTicile. A Liège on dit glo. Clou comme
(lin ca (TcrmiUe, arm. glout, gall. glwt, gulosus, edax. En v. fr. on
disait glou pour glouton.
Onan, nian. enHint. Fui grnangrnaîi, pleurer, pleurnicher, v.grignard.
CinafTe. savetier.
4anic, nîé, nie, ncin. nég. pas. point, ne pas. En v. fr. nient,
udllemcnl; formé de la négation lat. ne, et du part, cns, étant, existant,
Gnio, ^niolle. v. nio et tio.
Cîniolle. s. f. soufflet, abrév. de croquignole. En fr. pop. une —
est un coup, une éraflure faite à une toupie par une autre.
Cinognote. vétille, babiole.
ۈo. s. m. pou, gros pou. En arminia (argot espagn.), gao, en four-
i)esque (argot italien) gualiino.
Gob. s m. coup. Moywais gob, malheureux coup. Esp. golb, port,
colp, bas-lat. colpus. || Morceau. Baye m'cln cin — , donne m'en un
morceau; gob d'homme, hommelet, liomuncule. Er. gobbe, s. f. bol pour
empoisonner les cliiens, gaël. gob, kwb, bec. (Dicfenbaeh.)
Oobciner. v. a. gober doucement, soutirer, voler adroitement.
Pour trouver l'étymologie du mot, M. Grandgagnage prend le mot lié-
geois djoupesin (matois); il cite un vieux dicton : Elle est mah7ine
comme ine djiipscnjfc. [1 trouve là le mot égypiienne, passe de là au mot
anglais gipsy (bolu'mienne) pour arriver à notre gobciner. Le trajet me
semble un peu long. J'y verrais plus volontiers un dimin. de gober.
Godau. s. m. imbécile; ne se dit que des femmes. On peut rappro-
cher le V. fr. gode, godine, femme oisive, paresseuse, le fr. gouine,
prostituée, le v. ail. qvina, le golh. qviuo, femme; mais voyez, à l'art,
suivant, l'opinion de Diez.
25
198 GOD— GOU
Goder, v. a. arranger, habiller. On dil presque toujours mau
f/odc. Noire goder viendrait à l'appui de l'opinion de Diez. Cet auteur
émiiient croit trouver la racine dans la cynir. god, luxure. Il cite
oulre les mois v. fr. et patois, l'esp. godo, godeùo, godizo, gourmand,
goderia, régal, piémontais, gaudinetta. M. Scheler ajoute le champen.
godin, mignon, godinet, galant, fr. godart, gourmand et godiveau, espèce
de mets. En fr. goder signifie faire des plis. V. fr. goderonner, parer.
Grodincttc. s. f. petit godau. \\ — à deux manches. Bouteille, pot
qu'on peut embrasser. En fr. godinette veut dire maîtresse. Baiser en — ,
baiser donné amoureusement.
Oolza. s. m. colza. Mot récemment francisé, tiré du boll. -flamand
koolzaaf, ainsi nommé parce que c'est une espèce de cbou (kool), dont
la graine seule (zaat) est employée*.
Goulot, goulo. s. m. pierre creuse pour l'écoulement des eaux.
En fr. gorge d'une bouteille. Bret. goulo, vide, lat. gula,
Gonrdine, gordenne. s. f. rideau. Fr. courtine, qui signifie
rideau de lit, v. fr. gourdine, lat. cortina.
Goure, s. f. bourrade, réprimande. Attraper n' goure, être grondé.
En fr. attrape, v. fr. goure, drogue falsifiée. Les étymologistes lui at-
tribuent une origine arabe. Nous disons attraper n' drogue pour être
battu. Il y a, en bret., gour, malice couverte, amitié feinte, qu'on peut
considérer comme importé du fr., car il n'existe pas en gall., selon
Pelletier.
Gourme, s. f. inflammation érysipélateuse produite par la piqûre
des puces, punaises, cousins, etc. En fr. flux nasal des jeunes chevaux,
gale des enfants sur la tête, en gaul. gormis, pus, violence, gorre, variole,
b.-bret. gor, furoncle, aposlume, gall. sanies, pus, grec ly.op.
Gourmer. v. n. déguster. Fr. gourmet, fl. geur, odeur, senteur. Pa-
tois d'Aix-la-Chapelle gùhr, saveur de la viande, bouquet de vin.
Gourmeu. s. m. dégustateur.
Gônrriau, goreau. s. m. collier faisant partie des harnais des
chevaux de trait. V. fr. gorriau. fl. gareel.
Es n'est gnié devant lés gvau
Qu'y fau apprester V gouriau.
Pour réussir il faut de l'adresse, de la dissimulation.
GOU-GRÉ 199
Gonppîer, gorrîé, gorli. s. m. bourrelier. Qu'on se garde de
croire que — vienne de bourrelier, alléré. Ce sont les Français qui ont
oublié le mot goreel ou gourel (comme prononçaient les v. FI., comme
sans doute disaient les Francs, envahisseurs de la Gaule) et qui alors
ont cru se tromper en disant gourrelier ; ils ont pensé devoir dire bour-
relier à cause que lés gouriau sont rembourrés de crin.
Goûter. V. n. plaire au goût. Ça m' goule, cela m'est agréable. En
fr. goûter est actif : goûter un projet, signifie l'approuver, — du vin, le
déguster, etc. Le mot patois est un germanisme. Les ail. disent : das
smeckt mir.
Gouvion. s. m. goujon. Lat. gobio, grecxwSioT.
Goyé. s. m. gosier et plus souvent cou.
Goyerne. adj. de travers. Bois qui s'est tourné en séchant. Bret.
gaô, gaou, de travers.
Gozette. s. f. gosier (enfantin) || sorte de tarte. V. fr. goyère.
Grabouiller, grabonyei*. v. a. griflbnner. En liégeois grabouyi.
Grafc. s. f. greffe. Irl. grafa || mauvais sujet.
Grafficr. v. n. et a. gratter la terre || égraligner. Fr. graligner,
ital. grafliare, v. ail. krapho, kramph, crochet; d'où crampon.
Grafouyer. v. a. griffonner.
Grandissage. s. m. croissance, développement. Lonmein avan
leu — lés fiye peinse t'a lés amoureux. Longtemps avant leur entière
croissance, les fdles songent à l'amour, maladie rf' — maladie causée
par une croissance trop rapide.
Grand nicrc, grand mce. s. f. vieille femme.
Grand père, grand pée. s. m. vieillard. On dit grand méc,
grand péc laye.
GraUe-cu. s. m. caille-lait, gallium aparine. En fr. fruit de
l'églantier.
Grau. s. m. p. griffes, ongles. V. ail. chrauuon, moyen ail. krà-
wcii, kràuen, fl. kraauwen, gratter, klauw, ail. Klaue, kralle, griffes.
Grawé. v. a. égraligner (Charleroy). A Mons on dh griffer,, dégrif-
fer, dégrimoner ; quelquefois grauyer et dcgrauyer. V. grau.
Grèbe, s. f. crèche, mangeoire, v. krépe.
Grèfe, grafe. s. f. louche pour faciliter la lecture des enfants. V. fr.
grèfe, gresfe, bret. grcff', vha, griffel, stylet à écrire.
200 GUE— GUE
Grêle, s. f. malheur || désappointenienl || diflicullé.
Grenade, giiernade, guernode. s. f. crcvellc, chevrette, sali-
cofiiio criistacée. IIoll. i^ariiaal, 11. guernaut.
Gresserîe. s. f. p. épicerie. En fr. yraisserie, boutique, commerce
de graisse.
Gressié, graîssîé. épicier. Sirop d' —, mélasse. Les épiciers ven-
dent de la graisse, du suif, du savon, de l'huile, etc. En fr, graissier,
marchand de graisse.
Greuse. s. f. petit fragment d'un corps dur, de pierre, etc. V. Ir.
cruyse, morceau de pot cassé. Bret. grouan, gravier, gall. groid, irl.
creug, pierre, fl. gruis (pron. greuse), gravier. A Liège gruzi, namurois
greugi, égruger.
Diez à l'art, gruger, égruger, ne veut pas que ces mots viennent du
bas-ail. grusen, 11. gruisen, parce que, dit-il, la langue fr. ne souffre
pas de changement de s en / ou </, il est pourtant un peu ébranlé par le
nani. greugi. 11 ne paraît pas connaître notre greuse et notre égreuser.
Ses préférences sont pour l'élymologic quil assigne à gruau, c'est-à-dire
l'ags, grul, vha, gruzi.
A Mons le s se change très-bien en j ou g, par exemple : baijer,
noujellc, rougin.
Quant à notre greuse, son origine fl. ne me paraît pas douteuse. Cela
ne m'a pas empêché de produire le celt. creug, etc., qui servira à titre
de comp. avec le fr. gruger.
D'ailleurs on a pu remarquer que je rassemble volontiers les mots de
inémesign.en diverses langues. Je n'ai pas pour les lois phonélologiques
une soumission aveugle. Je suis convaincu que ces lois ressemblent à celles
de la grammaire qui souffrent de très- nombreuses exceptions. Je n'en re-
connais pas moins leur utilité et surtout cela ne m'empêche pas de
rendre hommage aux profonds travaux des Grimm, des Diez, des Die-
fenbach, en Allemagne, des Grandgagnage, des Scheler, en Belgique.
Mon rôle ne doit pas être le leur, 11 doit être plus modeste. Ma tâche doit
être surtout une tâche de manœuvre qui apporte des matériaux aux
maçons habiles, aux architectes de génie.
Grève, grevée, s. m. grévière, contusion ou écorchure de la
jambe, aux lieux où le tibia n'est recouvert que de la peau. Ces bles-
sures sont fort douloureuses et d'une guérison difficile. Grève en fr.
GRI— GRI ^201
signifie pièce d'armure qui recouvre la jambe. En v. fr. il signitie peine,
douleur, lï. grieven, percer, léser, grievend, cuisant, grief, peine, lai,
gravis.
OriflTe. s. I'. égraliguure, lig. raie sur un métal poli; ellet pour cause.
Grignard, grignou. adj. et s. pleureur, homme chagrin. Ail. grei-
nen, pleurnicher, ccllo-brelon grignous, chagrin, vha, gryngian, mus-
silare, grunnire.
Grigne-dain. s. m. crémaillère || personne maussade.
Grigner. v. n. pleurer, pleurnicher, se plaindre. AH. greinen,
pleurer, pleurnicher, grinsen, grimacer, v. a. grigncr {ses dainl), me-
nacer, en montrant les dents, V. fl. grynen, montrer les dents, grima-
cer. 11 ne faut pas confondre grigncr avec grinchcr qui signifie grincer.
Es vieulon là m' fait grincher mes deints. On ne dirait pas — les deinfs
dans le même sens.
Grignoter, v. n. pleurer un peu, gémir. En fr. manger eu ron-
geant.
Gringaler, fringaler. v. n. Se dit d'un charriot dont les roues
abandonnent en glissant une route trop bombée ou pendant la gelée,
V. fringaler.
Griuque. s. f. cerise ronde, aigrelette, à courte queue. J'ai entendu
souvent des personnes voulant la désigner en fr. lui donner les noms de
guigne ou de gobet. Remacle dans son dict. liégeois traduit gryaimi par
griotte en faisant remanpierque ce n'est que par analogie et que cerise est
son véritable équivalent. Je suis fort porté à penser que la langue française
n'a pas de mot pour traduire grainque. Les habitants des départements
septentrionaux de la France qui connaissent cette espèce de cerise lui
donnent le nom de Laleu. On peut voir dans le bon jardinier que les
guignes, griottes et gobets sont des cerises qui ne ressemblent guère à
nos grinquc.
Grinquic. s. m. cerisier de la variété qui porte des grinqucs. Comme
il prend souvent un grand développement, on en a peut-être fait le v.
eingrinquier, jucher sur un grinquié. V. fr. crequier, prunier ou cerisier
sauvage, croque, piuuelle, v. ail. crich, patois ail. krieche, cerise ou
petite prune, dan. knege, prunelle.
Grippe-saucisse, s. m. fdou.
Gripelics. s. f. p. pointes de fer dont on s'arme pour grimj)er aux
i0^2 GHI— GUE
arbres. V, frison gripa, v. saxon gripan, fl. grypcn, saisir. || s. f.
enfant qui égratigne volontiers || niécliante femme. Fr. griper, en Bour-
gogne, gripe Il grimpereau.
Grizou ou feu grizoïi. s. m. gaz hydrogène carboné très-abondani
dans les houillères diies de dur et qui s'enflamme par le contact d'une
simple chandelle allumée, en causant des explosions lorsqu'il est mé-
lange avec de l'air athmosphérique. Ce mot est une corruption de gré-
geois (feu).
Grogne, s. f. préparation de charcuiterie || mauvaise mine. IS'oz
arons dés — , nous serons mal accueillis. Lat. grunnire, ali. grùnzen.
Gros. adj. inusité au féminin, riche, empilTré. Gros comme ain kié
rf' tanneu, repu comme un chien de tanneur. Il a gros (sous-enlendu à
parier), il y a bonne chance, probabilité.
Grosse morbleutte (al), grossièrement || franchement || familière-
ment Il à la hâte.
Groiignié. s. m. groin, museau, vilaine figure. Bas-lat. grugnum,
armor. grouch, gall. grwn. V. grogne.
Groiiler. v. n. trembler de froid. V. fr. gruller, greloter, ail. grau-
sen, frissonner, fl. grillen.
Gronyer. v. n. grouiller, grogner, marmotter, murmurer, gronder,
grommeler. Ail. groll, rancune, le fl.-holl. groUcn a les significations
de grouyer.
Gruyère, glouyere. s. f. paillasson pour abriter les briquetteries,
les espaliers, etc. En fr. s. m. et adj. oflîcier des eaux et forêts, etc.
Grôuzeye, groizelle. s. f. groseille. Lat. grossula, grossularia,
ail. Krauselbecre, Grosselbeere, fl. kruisbezie, écoss.groiseid, irl.groi-
said ; la groseille est un fruit du nord, les probabilités sont que les
Romains ont pris le nom dans la Gaule ou la Germanie.
Grôuzié. s. m. groseiller.
Guerdons. s. m. p. fragments de suif ou de saindoux qui restent
après la fusion de ces graisses.
Gueriam. s. m. jeu d'enfants, jeu de barres. Gueriam au fier, gue-
riam à kié en sont des variétés. A ce dernier on fait des prisonniers.
Goth. warjan, ail. wchren, arrêter, empêcher, suédois waerja, fl. weeren.
De là le fr. guerre. Mais le mot fr. a commencé par entrer dans le b.-lat.,
tandis que notre — semble être passé de plein pied du goth. dans le
GUE— GUI 205
palois.On pourrait en conclure son âge : entre le v* et le vn'' siècle, entre
l'époque des invasions gerni. et celle de Textinciion du gothique.
Oiiernié. s. m. grenier. Elte à s'n aise comme enne carpe su nain
— . Remarquez en passant le germanisme su. Garnier est employé par
le sire de Joinville.
Ouersillon, guersîyon(aùi). au carcan || au supplice. Dans le nord
de la France ce mot signifie peine, inquiétude. V. fr. grésillon, lien,
attache, menotte : les grésillons es pieds, les fers es mains.
4aucrzin. s. m. grêlon. Fr. grésil, menue grêle. En dialecte bava-
rois grauss, grêlon, v. ail. geriselen, ail. griseln, grésiller, bret. grisil,
menue grêle, gall. grisial, crystallum.
Griicrsiiier. v. imp. grêler.
Guezitlc. s. f. figure, bouche. Ail. Gesicht, fl. gezigt, visage, vision,
vue ; de même visage, autrefois vis, vient de visus.
Ouciilar. s. m. espèce de fusil à large gueule.
Gueuletle. s. f. friande.
Gueule, s. f. bouche. Elle à a' — , être gourmand. — hors du pot,
convention de personnes jouant pour'de la bierre dont le perdant ne
doit pas boire. — dai^i V pot, convention contraire, où par conséquent
les gagnants et les perdants boivent également.
Guelte. s. f. guêtre. Avoi ça à «' — , être attrapé, dupé, vaincu.
Tirer s' — , partir, fuir, se sauver en tapinois.
Guide-fi. s. m. instrument de savetier, soie de porc qui facilite l'in-
troduction du fil. M. Hecart dit keutefi et traduit par fil à coudre.
GuilTc. s. f. bouche. Liég. ckife, v. fr. giffe, joue, ail. Kiefer, bas-
saxon kiffe, mâchoire, fl. gevel, face, bret. javet, mâchoire, joue, bret.
et gall. gwefus et gweus labium, gall. gwep, gwip, vullus, gilf, rostrum.
Guillc, guîye. s. f. quille. Bas-latin guilla.
Guiller, guiyep, v. n. fermenter. Se dit de la bière ; flam. gislen, fer-
menter. Cuiller est devenu fr., il a été sans doute emprunté à nos bras-
seurs. V. Je.
Guinse. s. f. orgie, débauche. Elle ain — , être ivre. En Picardie,
selon Corbct, bouillie faite avec des pommes, de la farine et le résidu
du lait dont on a fait le beurre. Par extension gala, fête. Ital. guizzare,
à Venise sguinzare, errer çà et là.
Guisterneu. s. m. ménétrier. Ail. geige, violon, v. fr. guiterne.
:oi r.vA— HA(;
lavau. V. lù'vau.
Grvcu, kfeu. s. m. cheveu. Gall. gwall. Jo n'en crois pas moins,
iiKilgré une rcsseml)lance plus faible, à Torigine lat., capillus.
tawissct. s. ni. gousset. Gall. cwisc<l, irl. guisead, écoss. guiscitl.
Noire mot n'csî, donc pas une altération du fr., à moins que tous les dia-
lectes néo-celli<pics ne se soient mis d'accord pour emprunter gousset au
Ir. et puis se soient concertés avec nous pour le corrompre d'une manière
uiiiforme. N'est-il pas vraisemblable que c'est le fr. qui a commis
l'altération? Le mol, une fois devenu gousset, on a cru que c'était un
dimin. de gousse, malgré le bon sens qui crie que le diminutif doit être
l>lus petit que le primitif.
Celle lettre ïi'est guère qu'un signe étymologique. Elle n'a jamais
l'aspiration liégeoise, c'est-à-dire ail.; elle n'a même presque jamais
l'aspiration fr., c'est-à-dire la propriété d'empêcher l'élision.
filaStilc, habiye. adv. et adj- vite, promptemcnt.
Siabifation. s. f. fréquentation.
Habiter, v. n. avoir l'entrée, avoir l'usage de visiter.
fliabruuoque. s. m. vieux meuble, ustensile hors de service ou qui
mérite d'êtremis au rebut. Ce vocable semble être formé de l'ail. Haber,
avoine et du v. fr. nocq, baquet, soit huche à avoine.
liacliau. s. m. hache de cuisine, bachier. Y. ail. bacchen, ail. hac-
ken, 11. hakken, bret. aich, pluriel aicliou. Diez attribue le Ir. hache
au lat. ascia, truelle, boue, doloire. Avoi s' langue à l" — , avoir la langue
trop prompte, incoiisidérée.
iSaelicpoler. v. a. ai)lalir, écraser || couper en déchiquetant ||
arrangcrnial || travailler de travers i| saveter. Les Liégeois disenla^pato-.
Le mot liégeois donne l'idée d'un travail fait avec la bêche (ail. Spaten),
le monlois celle d'un travail avec la hache. V. spolchic.
Ilachie. s. f. faute grossière || imprudence || sottise.
liafter. v. a. enlever, accrocher [havclcr). Ail. hafften, accrocher,
tenir ferme, Haft, lien, agralfe.
Hagii. interj. en mordant.
Hagne-au-cu. s. m. petit chien. Fig. petit enfant.
HAG— HAP 205
Hagner. v. a. mordre. El pnanière mouche qui voz hagnera sara
ain lahon. Les kié morts n' hagnlé pu. Ce dernier proverbe est traduit
niot-à-iiiot de l'ail.: lodle hundc beissen nicbt. Morte la bête, mort le
venin. FI. liakken, ail. liacken, bcqiieler.
Hagiioii.s. m. morceau. || Ce qu'on peut mordre on une fois. Y. mot
fr.;le ir. morceau a la même valeur. Lat. morsus, l'ail, beissen, mordre,
bisschen, morceau, le fl. bylen, mordre, beije, morceau, sont dans le
même cas. V. pour l'esp., mier.
ISagnnre. s. m. morsure.
Mainaii. s. m. t. de charp., couvreur, angle rentrant d'un toit.
IlaiEic. nom d'une rivière et de plusieurs villages du Ilainaut, AU.
bain, bret, bai, forêt; qui coule dans une forêl.
Halbran. s. m. bomme sans ressource, sans responsabilité, mau-
vais sujet II fainéant || propre à rien. En fr. jeune canard, etc. Selon Diez
du mha, lialber enl, demi canard.
Halbiitte. s. f. canonnière, bâtonnet de sureau sans moelle qui sert
aux enfants à cliasser, à l'aide d'un piston, de petites boules de papier
mâché. Ilalbulle vient du v. fr. bacquebulte ou barquebuUe, espèce
d'arquebuse très-pesante qu'on devait appuyer sur un crocbet, d'où l'on
disait arquebuse à croc, par pléonasme. Fl. baek, croc, buis, tuyau,
sarbacane.
Ilalain. s. m. t. de boucber, bêle maigre. En liégeois, helenne,
vache stérile, esp. lialao, v. fr. balan, dogue.
Halot, walot. s. m. caillot. On dit dé — et dés alots. Lat. coagu-
lum, bret. kaloueden, kalouedennou.
Hanider. v, a. châtrer. M. Grandgagnage tire amder d'amender ou
d'émonder, puis à l'art, hameler prend le v. ail. bamelon, qui dérive de
liamal, mutilus, ail. moderne, banmieln, châtrer (les agneaux). Remar-
quons l'analogie entre un dérivé germanique : Fl. hamel, ail. hamniel,
bélier cbàlré et le bas-laf. muto, de mutilare.
Hàpc. s. m. instrument pour mettre le ùl en écbeveau. On le nonmic
aussi baudet et en quelques lieux kié, tché. Ce mot est déjà consigné
dans ce dict. sous la forme orthographique de abe. Je le considérais
comme une altération du fr. arbre; mais je crois que j'ai là commis une
faute grave, que j'ai imité les français qui ont forgé, bourrelier, chauve-
souris, etc. V. gourrier, queue </' sorilc, que j'ai imité les imprimeurs
26
200 IIAP— IIAP
qui ne manquent jamais de substituer un mot qu'ils connaissent à un
mot incompris, quelque ridicule que soit le résultat. Cette substitution
d'un mot conmi à un mot inconnu est une des causes de la perte de bien
des racines germaniques et celtiques.
Si je considère que Yfnipe sert à haspéler, je dois croire que ce n'est
que notre manière de prononcer le v. fr, hasple, ail. liaspel, v. haspeloi.
Cependant j'ai laissé subsister l'art, abe comme un monument expiatoire
de mon erreur et pour inviter les étymologisles à se tenir en
garde.
Haplotiii. s. m. gamin, galopin || apprenti. A Tournay et à Liège on
dit haplopin. Est-ce le fr. de chasseur happe lopin, chien âpre à la
curée et fig. valet fripon et gourmand? ou bien le il. happ-looper, happ-
loopiongen, coureur qui happe? L'origine flam. complète d' — n'est pas
aussi certaine que celle dliappcfiar, parce que le mol, que je sache, ne
se trouve pas tout formé en fl. et qu'il faut le composer ; mais l'analogie
y invite, et d'autre part qu'est-ce que lopin accolé au mot essentielle-
ment germ. happ? Les étymologisles tirent lopin de lobe, sans songer
que c'est un mot scicniifique )ooo<:. N'est-i! pas mieux de le prendre à
titre de démembrement ùliaplopin, auquel on aurait assigné la signifi-
cation de morceau, partie, après avoir oublié depuis longtemps l'ancienne.
Fl. loopen, ail. laufen vha hlaupan, courir, d'où le fr. galop, galoper,
galopin.
Happclini*. s. m. avide, goulu. Au premier abord ce mot parait être
une altération à la manière montoise du fr. popul. happe-chair, mais il
faut considérer que le fr. signifie surtout homme de police, huissier et
seulement par figure homme très-avide. Or, le fl. hapschaer signifie
aussi recors. Du reste, en fl. happig signifie goulu, happen signifie hap-
per, saisir. Ce sont donc les Fr. qui ont commis l'altération. Après avoir
oublié l'origine germ., ils ont remplacé par le mot chair ce qui n'était
qu'une simple désinence; et ce n'est pas un mot passé du fr. en fl.; car
on retrouve le mot en ail. Hascher, gendarme, homme de police et sa
racine haschen, saisir évidemment.
Happe, s. f. hache. Liég. heppe, vha, happa, heppa, mha, happ,
prov. apcha. Ainsi les Liégeois ont adopté une forme ail., nous l'autre.
Ilappieltc. s. f. petite hache.
Happer, v. a. roussir au feu. Es visage esl appé. Sa figure est un peu
HAK-HAR 207
brûlée. Se dit aussi des plantes flétries par un coup de soleil, par la
sécheresse, par une nuit froide. En fr. saisir, attraper; s'applique à
l'elïel des absorbants, des astringents, fl. happen, saisir.
Harchelle. s. f. branche d'osier pour lier les espaliers. Il est pus
dur quennc viéle — . Pic. herchelle, l'r. vieilli, bart, lien de fagot, B,-
lat. liarcia, bardes, bret. ari, écoss.-irl. ar, lien, — a bien l'air d'être
un dim. de bart. Cependant je trouve dans le bas-ail. haerseel, hairseel,
mot à mot corde de crin, rendu dans le suppl. du dict. de Ducange par
fascile (pueroruni).
Mardi, s, m, espèce de ciseau de menuisier. Vha bertda, dureté,
harti, ail. bart, dur.
Hareng, crin, iiiriii. s. m. carie du bled, nielle, ainsi ap-
pelée à cause de son odeur qui se rapproche de celle du hareng pourri.
llarlaqiie. s. m, enfant pétulant, dont les vêtements sont souillés,
tachés. A Liège harlah, à Namur garlache. Cest ein vrai — . Té vlà fait
comme ein — . Doit-on penser à arlequin, à cause de la bigarrure de
SCS habits? Ne vaut-il pas mieux croire que c'est un nom propre devenu
nom commun? V. magrile.
Harlochcr, v. a. ébranler, secouer violemment. M. Scheler tire ce
mot de l'ail. Haar, cheveu et de lock. Voir dans son ouvrage les déve-
leppements que, malgré toute mon estime pour le savant auteur, je
trouve un peu tirés par les cheveux, si j'ose le dire. Il y a le v. fr. aho-
chier, secouer, ébranler, eslocher, eslochier, fr. moderne, élocher,
arracher en secouant, ébranler. Si l'on adopte l'opinion de Chevallet
(v. berloquer) on prendrait aussi bar dans l'élément celt.: En bret. ar,
répond à la prép. franc, sur; mais j'aime mieux rapporter le mot à ho-
cher qu'à loclier.
Ilarnas. s. m. p. outils qui se trouvent dans une houillière || char-
rue et tout son équipage. V, fr. armure, habillements, meubles. Ce mot
d'origine celt. ou germ., gall. haiarn, gaël. iarhaid, aimais, fl, liarnas,
vha harnachs, est passé dans le bas-lat. harnascha, signifiant originai-
rement armure de fer, puis passant dans les langues romanes : it. esp.
arnèse, il a signifié équipage, attirail.
Ilarni^tkier. v, a. enharnacher, habiller,
llarni!<»kiires. s. f. p. harnais, enharnachement. Ces deux derniers
mois semblent formés sur l'ail, moderne Haruisch.
208 HAR— HAV
Haronde. s. f. hirondelle. Y, fr. il est resté en Ir. de lechn. queue
d'aronde, lai. liirundo.
Hai'piyanf, harpeyanl, antc. adj. reniuanl, vif, subtil, adroit,
preste. Les harpies de la table, inconnues de notre populace, doivent être
bien étrangères a ce mot. Il faut plutôt penser au fr. pop. harpigner,
quereller, battre, ou au v. fr. harpiller, voler, piller.
Haspcler, hospélcr. v, a. et n. dévider une bobine pour en faire
unccheveau. FI. haspelen, ail. baspeln.
Haspéloi. s. m. dévidoir. V. fr. hasple, ail. haspel. Cet instrument
diffère de garloïne en ce qu'il sert à mettre en écheveau tandis quV/
garloïne sert à réduire l'écheveau en peloton. El baudet est un morceau
de bois avec deux pieds figurant un animal assis sur le derrière. Il a
une tige de fer en forme de cou dans lequel on place les bobines.
Hate-Ievée. s. f. pièce de lard frais que l'on rôlil. On serait tenté
de croire que c'est une pièce levée à la hâte. Mais il n'en est rien, comme
on va le voir : V. fr. hâte, broche à rôtir qui pourrait bien à la vérité
venir du lat. hasla; mais il y a le fl. hastcn, griller, rôtir, d'où le
fr. halieur, hàtille, d'autre part il y a le fl. lever, foie, le fr. bàlereau
tranche de foie de porc salée, poivrée et grillée qui se dit en fl. snede
lever, (snede, tranche). Ainsi — aura dû signifier originairement foie
rôti.
Hatriau. s. m. cou, nuque. Dans l'ilinéraire de Jacques le Saige,
imprimé à Douay en 15'25, on trouve ce mot (l'H y est aspirée) haterel
est aussi un v. mot fr. A Liège haïrai, fl. achterhals, ail. Ilinterhals.
Haucher. v. a. hausser. V. fr.
Havc. s. m. crochet. V, haflcr. D'aller à meure san zhavc. Aller à
la guerre sans arme, au travail sans outils. V. lang, liavet, croc, bas-
lat. havetus, fl. haek.
Havei'. V. n. creuser en dessous, piocher, houer. t. de charb. Lié-
geois hau'é. Les Liégeois disent aussi chaver pour caver, miner, v. fr.
baver, arracher avec un croc [havel) v. haflcr. Le liégeois se rapproche
de l'ail, hauen, houer.
llavri. s. m. petite couche tendre qui se trouve entre certaines
couches de houille et la roche, et par laquelle les mineurs détachent la
veine, Vhavenl. Cette couche qui participe de la nature de la houille et
du mur voisin roc ouquairicre, est si nécessaire, que, quand elle manque,
HÂV— HEU 209
quand la veine est, comme on dit, entre deux durs, l'exploilalion est
tcllenteut dillîcile qu'on doit souvent y renoncer.
Havriau. s. ni. pic de mineurs pour haver.
Hayon, s. m. éclioppe portative. V. Ir. liayon, liaison, haise, sorte
de claie pour étaler la marchandise, éclioppe portative, b.-lat. haisellus.
V. achellc.
Hazard que. probablement. — Que ivée, oui, vraisemblement.
lleilbolle. s. f. nom 11. de la barbue, sorte de poisson.
Heniuie djoii. jour ouvrable. J'ai dit que le moniois ne connaissait
pas J'h aspirée fr. encore moins le b ail. Il est certain que l'on dit : Dé
z'haricot, dé zUoUandais; mais il y a peut-être exception pour le mot
dont il s'agit ici. J'ai entendu dire lé hemme jou et lé zhemmejou. Mais
dans tous les cas il faut l'écrire de préférence avec un b, à cause de son
origine probable : en il. et en ail. beim signifie logis. Lé hemme jou, on
reste cbez soi pour travailler, tandis que lés dimeignes el lés djou rf' fictle
on sort pour s'amuser. Peut-on s'arrêter au breton (bara) pemdeziez
(pain) quotidien? L'explication par hebdomada, semaine, supposerait
une contraction un peu forte, bebdm., quoiqu'on en ait des ex. : comme
vingt, août, prêtre. A Maubeuge on dit amc jou? Si ce thème était le
bon, on pourrait invoquer l'ail. Amt, le fl. ambt, emploi, office, service.
Heqnin. s. m. paille hachée pour la nourriture des bestiaux. AU.
Hàcksel, même signif. fl. bakken, ail. hacken, hacher.
Herbe, liierbe à deux pointes, s. f, panicum crus galli.
Herbe dé co ou feuye dé co. s. f. lanaisie baumicre, tanacclum
balsamita, lanaisie baume, menthe-coq.
Herbe dés coupures, s. f. consoude. En fr. l'herbe à la coupure
ou aux charpentiers est l'achilléc millefeuille ; l'herbe aux coupures est
la double feuille, l'ophris.
Herbe à déjeuner, liierbc à djunéc. s. f. v. brellc.
Herbe dé feu. s. f. bryone, bryouia dioica.
Herbe, yerbe dé tigneu. tussilago petasites.
Hérilance. s. f. succession.
lléritié. s. m. I. découvreur, arêtier.
Heures, s. f. petit livre dans lecjuel les enfants apprenaient à lire.
Lire es — , être instruit. Palle li, cler, (é se lire es — . I*arle, loi magis-
ler, lu es un savant (ambassade Borennc. V. acnii).
ilO IIEW— HOM
llewin, hewi. il y a à Quaregnon une coulure ainsi noaimée, vha,
licwi, foin.
Hîercher, hierchi. v. n. on nomme ainsi à Cliarleroy ce que nos
Borains appellent sfeidner. B.-lat. lierpicare, herciare, hercare, occare,
herpix, hirpex, herse.
Hiercheii, euse. s. m. et f. celui, celle qui hierche.
Ëlinképink. s. m. boiteux. C'est un mot fl. dont le rad. est hinken,
boiter, qui se retrouve dans d'autres langues gcrm.
llii^toire. s. f. affaire i| parties sexuelles.
Iloclie-cu. s. f. hoche-queue, bergeronnette.
Eloehc|>ot. s. m. bœuf bouilli. Dialecte d'Aix-la-Chapelle, hoetsch-
pot, grosse })ièce de bœuf destinée à être bouillie. Flam. hutspot (lioche-
pot) de hutselen (hocher) agiter. M. Grandgagnage rapporte à ce sujet
une citation explicative : quia carnes conscissœ; et in jure suo codai, à
coquo in ollà fervente concutiantur, succussantur et invertantur. Ho-
chepot est fr. mais inusité.
Hocher, hosser. v. n, et a. branler, ébranler. A Liège hossé. J'ai
n' dcinl qui hoche, j'ai une dent qui branle, qui n'est pas ferme. Quand
vos r l'arez, vos V hocherez, vous ne l'aurez pas; hocher est fr. mais ne se
dit que dans certaines phrases : hocher la tète, hocher un prunier.
Ilosser ne se dit que par les beaux parleurs qui n'oseraient pas dire ho-
cher la tête. Fl. hutselen, agiter, hotsen, hossebosseu, cahoter.
Hok, hoque. s. m. morceau. Baye mcin ein — , donne m'en un
morceau. Cl' ein homme d'estoc, il a s' eu d' deux — .C'est un homme
d'imporiance. Se dit surtout en plaisantant. Eslok signifiant souche,
homme d'eslok a dû signifier homme de souche, de race noble. E( eu d'
deux — signifierait-il de deux côtés, de père et de mère? Dans le pre-
mier ex. l'h est muette, dans le second elle est aspirée. Fl. hacht, gros
morceau, que l'on prononce presque partout hokt; hakken, hacher, cou-
per, V. fr. hosche, oche et oque, coupure, entaille.
Il est remarquable que l'idée' de morceau et celle de couper, soit en
mordant ou autrement, se retrouve dans toutes les langues. V. hagnon
et gob.
Holter. v. a. houer, travailler la terre avec une razeile. Ail. hauen.
filouiuie. s. m. partenaire au jeu.
Homuie sauvage, s. m, personnages vêtus de lierre qui figurent au
HON— HOU 2H
lumeçon sans qu'on sache trop pourquoi. Ils accompagnent le dragon
dont ils paraissent avoir épousé le parli.
lion, adv.inlerr, d'un usage ex'.rèmement fréquent, se place toujours
à la fin de la phrase, corruption de, donc. iV vénée gnié, /ton? Ne venez
vous donc pas?
Hoiic. au village signifie donc, coininc ho7i à la ville, mais ne s'eni-
ploye que comme adverbe de conclusion et se place tout autrement :
Elle vos plail hié, honc mariez l\ Nos l devons, honc payons. Elle vous
plaît, eh bien ! épousez la. Nous devons, donc il faut payer.
Horreur, s. m. erreur. 11 est curieux de remarquer que l'inverse a
lieu à Liège, là on dit erreur pour haine, aversion.
Ilollcau. s. m. huitième de la rasière de Tournay, il se divise en
douze bassinets.
Houche. excl. de douleur. AU. Ilusche, coup, souflïet; effet pour
cause.
Hougnià, hounià. s. et adj. brusque, bourru, fantasque, tacilurne,
maussade. A Liège liignar, sot railleur et grossier, v. fr. hougnard,
grondeur et aussi hongnard : le plus soupçonneux — (cent nouvelles).
Houp. excl. pour sauter. AU. hupfen, flam. huppelen, sautiller, sau-
ter. En fr. interj. pour appeler.
Honrdage. s. m. s. échafaud de maçon. Enfr. maçonnage grossier,
Blour. s. m. grenier de ferme, de grange, d'écurie, où Ton met le
foin, la paille. Coukier su V — . En fr. t. d'ardoisier, échafaud. Quel-
ques vieux auteurs donnent le nom de hourt aux échafauds dressés pour
les cérémonies publiques. V. fr. heures (plur.) chevalet des scieurs de
long, b.-lat. hourdum, hourdagium, échafaud pour palissage : quod ex
hurdiciis seu cratibus ligneis compigilur (Ducange), v. ail. hurt, v. 11.
hord, hoerd, hurd, claie, cloison, bas-bret. hour, élévation.
Hourde. s. f. charge. Mot du Borinage. Hoede qui se prononce
boude est une mesure hollandaise pour le charbon de terre qui contient
52 boisseaux ou i muids et demi. Bas-breton hordcn, faix, fardeau,
charge. Davies (dict. gallois) déclare ne connaître ce mot que dans le
sens moral et figuré.
Iloiirder. v. n. faire un hourdage. En fr. maçonner grossièrement,
faire faire d'un plancher sur des lattes. B.-lat. hourdare, maçonner
grossièrement.
212 HOU— HUR
lIoiircKe. s. f. bourrée, gros fagot.
Iloiiyu, ue. adj. Velu, laineux, ébourllFé. V. fr. lioussu, lai. hispi-
dus, 11. hooy, loin, b.-lat. liursta, ail. Ilorst, buisson, hallier. V. omju.
lloiiziau. grandes guèli'es de loile des campagnards. Housseau el
houssette sont du v. fr. ayant à peu près même signif., bas-bret. heuz,
gallois, bôs, golh. bosan ; Tall. Hose signifie culotte, liégeois /tose^e.
Huche, s. f. coffre pour serrer l'avoine. i| Porte: quand vo V saré,vo
verre chier à no nliuche, à no porte. Je vous défie de le savoir. En fr.
coffre à la farine pour pétrir le pain, Fr. suranné, buis, v. fr. us, uz,
lucbe (l'hucbe), il, uscio. Selon M. Grangagnage du lat. ostium, sous la
forme ugcium; mais peut-être aussi par synecdocbe, du fl. huis et de
l'ail. Haus, maison.
Huittelée, huilée, wiltléc. s. f. mesure agraire de Tluilin,
Quiévrain, Dour, etc, 2/5 de journal ou 100 verges. En saxon wis-
telée.
Hukier, hukié. v. a. appeler (Borinage). Hukicl pou qui viesse,
appelez-le pour le faire venir. V. fr. bucber, appeler à haute voix ou en
silllant, huchier, huquer, houquer. Liégeois liouki, prov. ucar, picard
buquer, b.-lat. hucciare, b.-br. bûchai; en b.-br. il y a un dérivé pour celui
Tui appelle : bûcher avec un féminin hucberesse, dans la forme adoptée
par le français pour beaucoup de féminins. Cette forme est-elle primitive?
gall. hwcbw, Inva, sanscrit hvé, appeler, crier. Diez tire bûcher de
l'adv. d'appel hue, ici. Le fr. huer se lie d'une part à bûcher, de l'autre
à hurler. V. hulcr.
Huler. v. n. pleurer, hurler. Y. fr. uler, uller, ail. heulen, holl.
builen, lat. ululari, qui ont la même signification, gall. hwa, breton
hua, huer, sanscrit hvé, crier.
Hulau ou lulau. s. m. personne, qui, par mauvaise plaisanterie ou
dans quelque intention de vol, parcourt la nuit les rues, en traînant des
chaînes et en poussant des cris lamentables. En liégeois houlau, houla
signifie corneur, qui corne.
Hurëe. s. f. mot sans équivalent français. Il exprime les bords
d'une route plus élevés qu'elle. Le mol talus n'est que sa traduction
imparfaite, puisqu'il ne s'applique pas uniquement aux bords des che-
mins et qu'il se dit aussi bien des accotements plus enfoncés que de
ceux qui sont plus élevés. M. Grangagnage fait venir ce mot du v. fr.
HUT— lAU 213
heurt, rocher, Icrlro. J'aimerais mieux le gallois or, laliii ora, v. fr.
orée, bord.
Hutte, s. f. Jjangard où se trouve réchelle pour descendre dans une
houillère. Huile en ail. comme huile en fr. signifie mauvaise maison.
I
I peut se changer en oiiy : louyer, -plouyer, soiiycr.
La terminaison des verbes de la première conjugaison se fait sou-
vent e ou le dans une partie du Borinage : peskié, pêcher ; dans une
autre partie et dans presque tous les villages de la province, elle se fait
en i : peski. Cet i est long et distingue de la seconde conjugaison dcni
ri est bref : pun\, v'm, langui.
I. s. m. p. yeux. Il a ses i pus grands que s'panse. Il convoite plu;i
qu'il ne peut manger. Traduction d'une v. locut. fr.
■an. s. f. eau. Le sire de Joinville se sert de ce mot et l'orthogra-
phie : yeaue.
Tous les mots fr. terminés en eau se font en iau à Mons, en ia dans
les villages écartés, en é à Liège. la est le v. fr. iax.(Je ne connais guère
d'exception à celte mutation d'eau en iau que pour: corbeau, bureau.)
On peut considérer le passage iVia en iau comme un commencement
de francisation ou plulôt c'est du fr. moins vieux. On prétend que les
habitants de Quarcgnon reprochaient à ceux de Jemmapes, à la fin du
siècle dernier, de dire : ée pourcia avec ée cordia à s'n allria. C'est ce
qu'on n'y entendrait plus dire de nos jours. C'est ce qu'on ne dit plus
que dans les villages, pa d' la lés bos, dans les villages au-delà des
bois.
Au reste, la terminaison iau aussi bien que el, eau fr. est un diniin.,
pour remplacer le lat. ellus. Nous l'appliquons également aux mots
d'origine celt. ou germ. et aux mots d'origine lat., de même que nous
appliquons le dimin. germ. aux mois d'origine romane, par exemple :
dans verkin. Selon Chevallet ellus répond au gr. ^o^ et au sansc. las.
Si la terminaison fr. eau, monloise iau est si fréquente, c'est que les
mots se sont formés de préférence sur les diminiilifs, qui, comme les
factitifs, les fréquentatifs, plaisent aux peuples en enfance, de même que
les petits objets amusent les enfants, pour qui ils deviennent des jouets.
27
21i IMA-JAC
Imaginaule. adj. imaginable (Borinage). Y. logeaule.
Iniberquin. s. m. vrille, pelilc tarière, villebrequin. V. einberqnin.
Inaiidé, ainondé, ée. adj. échauffé || agile || ému || hors d'ha-
leine. V. einaudé.
Iiioeliaiii. s. m, idiot, crétin. En fr. innocent signifie non coupable.
Intaindurc. s. f. ouïe || intelligence. Il est dur d' — il est un peu
sourd, il est obtus.
lo io canipion. s. m. bardane ; ne se dit qu'en ville; ailleurs on
dit 10, uio, VIO. D'où vient cq camp ion? C'est un nom de famille assez
répandu ; il sera probablement arrivé à quelque Campion, avec les fruits
de bardane, une petite aventure aujourd'hui oubliée. En nam. huio, hujo,
houjo, en liég. houyo, pelote, boule de neige et liouii, jeter des pelotes
de neige, que M. Grandgagnage fait venir du holl. gooyen, jeter, lancer.
Comp. notre mot du Hainaut houyu. Le holl. klis a les deux acceptions
de bardane et de peloton de neige.
Irlar, irlan. s. m. tracas, embarras. Irlar pourrait être le ren-
versement de lari; irlan n'est probablement que le v. fr. arlan ou
arlam, pillage, ail. Larm, tapage. V. rlan.
lit (à). A droite. Sak à Ut, mène tes chevaux à droite. Terme de
charretier. Y rtainlaind ni à il ni à ot, traduction litt. du proverbe ail.
er versteht weder hist (ou hi) noch hott. Il n'entend ni à dia ni à bur-
hau. Hott ne s'employe que dans ce proverbe. V. daye.
lun, ieunne. adj. num. un, une. Y n' d'avoi fok iun.
Ivîer. s. m, hiver. V. fr. iviers, lat. hibernus.
Ivrogne, s. f. plante, espèce d'armoise, artemisia abrotanum, au-
rone. En fr. vrogne est le nom vulgaire de l'aurone.
J comme g doux se transforme fort souvent en g dur : gardin, gue-
nisse, quelquefois en v : gouvion.
J se change souvent en di à Mons, en dj dans les villages : dian, djan,
Jean. DHai, d/'ai, j'ai,d(dM, djôu, jour.
Jacqne. s. m. geai. || adj. déconcerté |i stupéfait || interdit || at-
trapé Il dupe. C'est la tendance de tous les patois de faire des noms
JAC-JOC 215
communs avec des noms propres. Jacques existe dans le wallon liégeois ;
mais là il sii^nifie irritable. V. magrile.
Jacquette. s. f. espèce de veste à l'usage des enfants. V. fr. jacque.
Les dialectes germ. est aussi jake, le bas-lat. avait iacca, l'it. a giacco.
Jalousërie. s. f. jalousie || envie.
D'sir dé nounette
Rancune dé prietle
Jaloiisric d' médecin
Saleté d' capuchin.
Jfarner. v. n. germer.
Jarnon. s. m. germe, jet, pousse. Jarnon d'ain eu, d'enne pelote,
germe d'un œuf, pousse, œil d'une pomme de terre. Les Liégeois disent
dgermon, v. fr. gernon, moustache, que M. Chevalet range dans l'élé-
ment celtique; lat. germinare.
Jau. V. diau.
Janiic. V. Djaune.
Jaunesse. subst. f. Jeunesse, enne — , une jeune fdle.
Jaunler. V. Djaunler.
Jcan-pota^e. s. m. charlatan.
Je, jet. s. m. cl dans quelques localités s. f. levure, écume de
bière qui sert de levain. Espagnol gisle, à Namur guèse, gall. gweden,
V. fr. giest, ghez, ghie, gie, 11. gest, gist. vha, jcsan, bouillonner,
ccumer.
Jennc, djcnne, dienne. s. f. Jeanne.
Jetter. v. n. se débarrasser de sa levure, guiller.
Jïpé. V. n. rire avec force (Fleurus). A Liège jopé, joupé, crier
pour appeler, v. fr. juper, jupper, crier, se moquer, giper, se réjouir,
11. juichen, ail. jauchsen, pousser des cris de joie.
Jôb, diôd, djôb. s. m. et adj. interdit, décontenancé, confus,
honteux, sot. I d'à d'moré tout — . V. 11. jobbe, insanus, insulsus, v. fr,
job, nigaud, niais. Le v. 11. et le v. fr. ont-ils du rapport avec le patriar-
che de l'Ecriture?
Johri, diobri, djobri. s. m. imbécile. — Qui mène ses pouyes
pichcr, fr. familier, jobard, v. fr. jobe, jobet, jobelin, jobclot.
Jocquer, diokcr, djoker. v. n. cesser, il est rélléchi dans quel-
21G JOU— JUS
ques cas : diok lé, reste en repos. Fr. jok, repos du moulin, v. IV.
jocquer, être en repos, gall. armor. diogi, cessare, languescere.
Jôu. pron. pcr3. je. On n'employé jamais jom que dans l'interroga-
lion ou rexclamalion quand il est placé après le verbe : L' frai-jou, le
Icrai-je? J'cl frai, V féral-jou! Je le ferai, le ferai-je! Cette forme excla-
niative répétant la première phrase pour mieux l'allirmer, est tout-à-fait
étrangère au génie de la langue française. Elle est empruntée à l'alle-
mand : ich will das thun, das will icli tliun!
Sou, ûjôii, dîôu {es, em—). Le jour de sa, de ma fête. El
jour saint Longin, saint Rclar sara vo jour, vous méritez le sur-
nom de.... Lat. diurnum, dies, diu, gall. diew, dyw, irl. dia, sansc.
divas etdyu. (Piclet.)
efoueiîe. s. f. joueur maladroit. En fr, c'est un trou de lapin peu
profond.
Jougiage. s. m. jeu, badinage.
Jougler. V. n. et a. jouer, prendre ses ébats. AU. gaukeln, lat. jocu-
lari, fl. jokken, gall. gwaran, gwarc, gwarar, luderc, lusus, ludus,
armor. choari, jouer, v. fr. juer.
Jouguellercsse. s. f. joueuse (Borin.)
«loiille, «Sjoiilîc s. f. tige du navet qui sert de nourriture aux
vaches. Djolle à Liège est le terme collectif pour désigner toute espèce
de navets. En fr. bette ou poirée.
Judas, s. m. miroir réflecteur placé obliquement hors d'une fenêtre,
ainsi nomme parcequ'iWra/i/f ce qui se passe dans la rue, sans que celui
qui regarde doive se montrer. En fr. trou dans un plancher pour voir à
1 étage inférieur.
tSii dJH. à bas, à fond, à sec. Jus est un v. mol fr. tiré du bas-lat.
jusum, italien giuso. Ju est surtout employé par nos paysans en le sépa-
rant du verbe à la manière ail. : lape ain pau s' grosse branke là dju,
abats donc cette grosse branche.
Jufrcsse, juîvressc. s. f. juive.
«f iigic. s. m. gésier. V. fr. jugier, lat. gigeria.
«Suiuafré, ée, été, ése. s. etadj. qui habile Jemmapes.
Jiiniain, juui, jusne. s. f. jument. || Fig. maîtresse, concubine;
mot ignoble cl brutal.
Jiasse {comme dé), comme de raison.
KAB— KAU 217
K
liabiaii. s. m. cabillaud, espèce de morue, fl. kabeljauw, morue.
Hage. s. f. pomme, poire cuile, séchée, coulite.
K.akcr. v. n. chier. Ce mot appartient plutôt au marolien qu'au
wallon. On ne s'en sert guère que pour se moquer de la prononciation
flamande : allaie kalcaie à V verte allaie.
l4alo. s. m. magot. Fat s' — , faire ses orges.
I£an. s. m. côté, angle tranchant, arête. Flam. et ail. kanle, dan. et
suéd. kant, ilal. canto, bret. cant, bas-lat. cantellus. Du — , de champ.
V. can.
Kanqnenne. s. f. vieille femme admise à l'hospice de ce nom.
fiapelle. s. f. chapelle. Fl. kapel.
liapont. V. Capottlt.
JtLav. s. m. charriot || rouet. Kar pour rouet ne se dit qu'au Borinage.
Les Liégeois disent dans le même sens kario. V. f. charrel, fr. char, ail.
karren, lat. carrus, gall. brz car, it., esp., port, carro (v. Slouper).
liai* à fesse, borenne portant une charge de houille.
Kap-à-Lîé. s. m. charrette traînée par des chiens.
Kar d'or. s. m. char doré, sculpté, qui figure à la procession de la
kermesse.
liari, kepî. s. m. remise pour abriter les charriots, chartil. A
Liège chéri, v. fr. charry.
Hartaclie. s. m. biscaïen. Tirer à — , tirer à mitraille. AU. Kar-
tatsche, cartouche à mitraille. Cet ail. dérive de l'ital. cartaccia, cartoc-
cio, cartouche, lesquels mots proviennent du lat. charla, papier. — et
harloffc doivent nous être venus dans la période autrichienne.
KartofTe. s. m. pomme de terre. Ail. kartolfel, mot corrompu de
erdapfel; ital. tarlufola, truffe.
Katagne. s. f. châtaigne. Ital. caslagna, esp., port, castana, ail.,
suéd, kastanie, russe kaszlan, lat. caslauea.
liatinpaiiiu, kataipauiu. s. m. p. poils follets, duvet qui recouvre
les oiseaux avant la venue des plumes. Fl. katoenboom, cotonnier, ka»
loenpluim, plume-coton, kalepluim, plume de chat, ail. katzentlaum,
duvet de chat, kaitunbaum, etc.
Kaud, de. adj. chaud. Lat. calidus. Il est assez singulier que l'ail.
218 KEI— KER
kall, le fl. koud signifient froid. S'ensuit-il qu'il n'y a pas de rapport de
parenté? Nullement. Seulement il n'est pas facile de décider quel est le
père, quel est le fils? Probablement les mots ont été originairement em-
ployés par antipbrase et ils ne son! que frères.
K.eï, keppe. v. n. kéyan, kéyu, ej kée, f kéyoi, fkéroy, tomber.
Fr. cheoir, caeïr, caïr, keïr. A Frameries le part, passé fait kcu diph-
tongue : ein ran keu, un toit à porc en ruines. On n'iai qui kée, lés kayau
sont durs (prov.).
Hémiche. s. f. chemise. V. fr. camise, quemise, b.-lat. camisia
que l'on trouve pour la première fois dans saint Jérôme. Les uns attri-
buent l'origine à l'arabe quamise, d'autres, parmi lesquels Diez, au gall.
caimis, gen. caisme, cymr. cams, long vêtement. Le v h a avait hemidi,
hamidi, devenu Hemd en ail. moderne.
Hémin, kmin. s. m. chemin. V. fr. kéniin, quéniin, b.-lat. du
vil" siècle caminus, kynir, kam, pas, caman cheminer (Pictet p. 115^, irl.
cheim, marcher, v. ail. quemen, venir, russe caman, iial., esp. camino.
V. chimer.
Kéniinée, kniinée. s. f. cheminée. V. fr. queminée.
Kèniaii. s. m. chêneau, jeune chêne || bâton de chêne.
liénique. knikc. s. f. petite boule de terre vernissée servant de
jouet. AU. Knieker, fl. knikker, petite boule de marbre. Einvouyer juer
à — , se débarrasser de quelqu'un. Une jeune fille dira : es laid wagne
là vouloi bé m' parler, mé f Tai hé rade einvouyé juer à knike.
liëp, képi. V. a. chercher, quérir. V. def. Ne s'emploie qu'à l'in-
finitif avec d'a/ier. V. fr. querre.
Kerée. s. f. charretée. S' kérée est vaindue, elle est mariiée, elle ne
cherche plus à plaire.
Kepetle. s. f. charrette. V. fr. quaretle.
Kerkicp. v. a. charger. V. fr. karkier, b.-lat. carricare. (St-Jérôme).
Kernate. s. f. ouverture, fissure, lézarde. Leyern' kernale à l huche,
laisser la porte entr' ouverte. (Borinage). Kernate=crenade, cpr. le fr.
créneau. V. crin.
Keptée. v. Kérée.
K.eptiau. s. m. p. espace compris entre les murs des ancieimes
fortifications et le cordon de la ville. V. fr. cresteau, anneau || pli fait au
linge par le fer à repasser, ail. zerzauen, chiffonner. A Lille on dit ker-
KER— KEW 219
cfttV pour chiffonner, rider, plisser. Gall. cuchiaw, fl. kreuitclen, froncer,
plisser.
KeHin. s. m. panier, grand panier. V. fr. crelin et cresiin, lat. ca-
nislrum, v. ail. kreltili (panarioluni), v. saxon kreltelin, v h a crcllo
(canistrum).
Kertinée. s. f. plein un panier.
Kerton, karton. s. m. charretier. V. fr. charrcton ou charton.
M.epue. s. f. charrue. V. fr. carue.
M.epvé. s. etadj. ivre, ivrogne. V. fr. crevé, goulu, grand mangeur.
K.epvep. V. a. enivrer. S' kerver à Mette, boire en bête.
Kepvure. s. f. crevasse, gerçure. Fl. kerven, crever, se fendre, v. fr.
creveure.
MLétron. s. m. marcotte, rejeton, surgeon. V. Quétron.
ICeure (avoi). Avoir cure est une locution fr. un peu vieillie qui
signifie avoir souci. On dit à Mons ou plutôt dans les environs : / n' ai
heur qui ou que, je n'ai pas de préférence pour telle personne ou telle
chose. La locution fr. est d'origine latine; mais la locution wallonne
pourrait bien être germanique : keur en fl. signifie choix.
Hieute. s. m. et f. coude. Lever l'keute, être ivrogne. Les beaux par-
leurs disent la keute et môme la coude.
Keutc. s. f. bière (Thulin, Dour), Cuyte qui se prononce keute est à
Bruxelles de la petite bière.
I4.eutte. v. a. et n. coudre. A Liège keusse. Espagn. cusir, v. fr.
queudre.
Hèvau, kévan, gvau. s. m. cheval. L'euphonie monioise veut
qu'après une syllabe brève ou sourde on dise kévau accentué et après
une longue ou accentuée gvau ou kevau bref, ainsi on dit : s' kévau et
ain gvau, dés slron dé gvau et dés stron d' kévau. On peut dire la même
chose de kémiche et de beaucoup d'autres mots. Je n'ai nulle envie de
tirer le mot du gall. gwill, jument. Mais peut-être les deux mots ont-ils
chez nous coexisté et cela peut-il expliquer le g anormal de gvau. V.
foh-e et rwain. Du reste on dit aussi gaul en ail,, guyl en fl. pour che-
val. V. fr. queval, keval, irl. capall, caballus, sanscrit c' apala, rapide.
K.é%valte, kéwelte. s. f, tournant d'une rivière. En liégeois kouval,
petit goufl're. V. fr. quewe, cuve.
liewc. V. Couët.
220 KEY— KRÂ
lieyère. s. f. chaise. V. fr. caière, cadièrc, chaière. Chaise est une
alléraliou assez récenle de chaire ; elle est due, selon Chevallet, à la pro-
nonciation parisienne. Brel. cador, corn, cader, basq. cadira, gr.
xa.eéâpa.^ lat. Cathedra. Keyèrc préchoire, chaire de vérité.
Ii.ié, kîcr, chîre, tcliirc. v. n. et a. chiec.
liîé, kicn, kie, Ichc. chien. V. fr. quien. Le chien, dit Corblet,
s'appelle en celliq.ki,cn ihébétain chi,en chinois ken,en phrygienkun,
l4.ier, e. adj et adv. cher, de haut prix. Fait lé ou tiel té Icière, cmme
fiye, tiens-toi, fais-loi cher, ma fdle, n'accepte qu'un très bon parti.
Locution allemande : sich theuer machen ; bas-breton quier.
Hierqae. s. f. charge. Bas-bret. carge, basque carga.
lîierquiajs^e. s. m. chargement.
Iî.ier(|iiie!*. v. a. charger. Kicrkié d'argeinl comme ein crapaud
d' plume. Bas-latin kerka, celto-bret. carg, esp. cargar, v. fr. cargier,
carguer, carjer.
Kiki, tîtî. s. m. poulet (enfantin). FI. kike.
Killi. s. f. cuiller (Charleroy). A Liège kui et kili, gall. Ihvy, lat.
cochlear.
liinserlik. s. m. impérial [| autrichien ; de l'ail, kaiserlich, impérial.
I4isc. V. baquet.
Klainer. v. n. se tourner, se renverser. Se dit surtout d'un objet
plat dont un bord s'élève quand un autre s'abaisse et réciproquemen!.
V. fr. clincher, gauchir. Les Picards disent s' kloainer pour se pencher.
Irlandais, claonaim (pencher). V. cleiner.
I4laper.v. n. résonner d'une certaine manière, comme dans les ex.
suivants : Weilié à vous^ V fier dé vo gvau klape, prenez garde, le fer
de voire cheval loche, il va se détacher. Y fai ein foid à fai — lés deinls.
Ali., fl. klappen, d'où le fr. clapoter, le v. fr. clapoter. V. clipet.
I41apotiau, klipotiau. s. m. claquelte. V. klaper.
lilik. Freinte ses — et ses klak, s'enfuir. / preind ses — cl ses klak,
i keurl co loudi, il part au plus vite, il court encore.
Krankic, krankier (s'), ée tourner || se retourner || se déformer, se
tortiller, se tordre || se l'emuer, s'agiter, bouger. A Liège kranké,
bouger, 11. krinkelen, serpenter, aller en zigzag, ail. kranken, lourmen-
ler, kricchen, ramper. Comparez krankieu.
Krankieii. adj. et s. languissant, maigre, tortueux. Se dit le plus
KRE— LAC 221
souvent des arbres; mais se dit aussi des enfants rachitiques, de laible
santé. Ail, krank, malade. Il est à remarquer que les Liégeois appellent
cranchié les arbres chancreux, de sorte que le krankicu monlois pour-
rait bien provenir de chancreux. Ils disent aussi s kranki, se fourcher.
Alors notre arbre — serait un arbre fourchu.
K.rèpe. s. f. (Dans quelques villages seulement il est ainsi prononcé.
Ailleurs on dit grèbe.) crèche, mangeoire. Ail. Krippe, fl. krip, v. ail.
crippea, chripfa, ital. greppa, porl. greperia, irl. grib, gribeadh.
fl4.rinkei*, griiichci*. v, n. grincer || racler, jouer mai d'un instru-
ment à cordes. A Namur krinki, kreilé, à Liège kriné, holl. krissen, ail.
kreischcn, criailler, fr. cribser, krinkin.
lirique. s. f. escargot de mer. Fl. kruyken, dont la racine allemande
est kriechen, ramper, se traîner.
Kuyeii, keiiyeu d' pu», mot à mot, ceuilleur de pomme || mal ha-
billé Il déguenillé.
liwak {fat), pousser son dernier cri. Se dit des animaux qu'on
égorge.
K.wesse, quessc. s. f. courbure, coude. (Chaussée Notre-Dame,
Cambron). U mêlée fait n' kwesse, la limite n'est pas en ligne droite. Ce
mot est-il le même que kéivalle, kcivelle ou bien que kcute? V. fr.
quesse, caisse, coflre. Mais quel rapport? Ail. quer, de travers.
Tj
Li. Cette lettre ne se mouille pas. On remplace l mouillé par v. On
dit piiye, can:\ye, mnye, pour paille, canaille, maille. On dit bien à la
\itriUicliandeiUe pour chandelle, mais c'est là lui langage bâtard, il faut
dire candcye. L disparaît dans iard, ievc, liard, lièvre, elc.
La, v'ia. adv. voilà. On peut supprimer l'a devant une voyelle cl
dire lain affaire, voilà un événement.
Ejnhmri*. s. m. labourage.
Eiai>oiiE>c'.s. s. m. p. terres labourées.
L.acha, lâcha», s. m. lait. En liégeois Ivssai, à Namur lasia,
b.-bret. leas, en bourguignon lessca. Diefenbach mentionne le mol
Ihassia d'un dialecle isolé dans les montagnes de la Suisse et qu'il ailri-
bue au resl(; d'une iroupe de Huns égarés.
28
222 LAC— LAM
S^aolinii {((voi *' Icoujuv à), avoii- la lanj^iie qui dnuani^ï', anil(''e,
imliscrèlc. V. hachau.
Lnichivoii, lécliivon. s. ni. eau de savon; probablcnieiil coriiip-
lion de lait de savon. Y. cependant Ikhivon.
I^aic. s. m. lit,couciie de houille, || s. f. lé, bande de toile, de mous-
seline. Ail. Leie, rocher. On dit en t. de charb. : Enne veine a deux, à
lois laies, c'est-à-dire divisée en deux ou trois lits interrompus par une
couche pierreuse d'épaisseur diverse. V. Layon.
S^ainié, ère, lanié. s. m. et f. qui travaille la laine.
Iwaîi*(fZ' long el cl), mot-à-mot, de long et de large, de loin, de temps
éloigné. V. fr. lé, lée, large.
Laïte. s. f. Adélaïde. AH. Adelheit, noblesse.
Ijaitisou. s. m. pissenlit, leontodon taraxacuni. Le mot lailison
vient sans doute de ce que le pissenlit, lorsque ses feuilles ou sa hampe
sont blessées, laisse couler un suc blanc qui ressemble au lait. H pour-
rait bien être aussi une corruption de laitron, (sonchus) plante avec
laquelle il aurait été confondu pour sa ressemblance et qui se nomnii^
en patois blan lailison.
Lalie. s. f. Rosalie.
E^aniliourde. s. f. t. de menuis. bois de chêne de o/i de pouce
(de France) d'épaisseur. Escayc d lambourde, échelle dont les échelons
sont en lambourde et présentent une surface d'environ 4 pouces pour
poser le pied. En fr. pièce de bois pour appui de plancher, de parquet,
pièce aux entailles d'une poutre qui porte des solives.
Lianie. s. f. t. de cliarr., traverse en bois à l'origine du timon; à
chaque extrémité se trouve accroché ein lamiau. El — est opposée au
landon ou à V rache qui se posent au bout du limon. Esp. lam, gou-
vernail, d'où le fr. limon, le fl. lamoen. On dit en fr. cheval de lame.
I^amiau. s. m. palonnier, pièce d'un train de voilure à laquelle s'at-
tachent les traits; diminutif du précédent.
Liauipas. s. m. luette. Avoi V lampas, souffrir de la chute de la
luette sur la base de la langue par suite d'une inflammation ou d'un
relâchement. || Avoir soif; laraper est fr. pop.; eu fr.le — est le palais,
l'intérieur de la bouche, c'est aussi une enflure du palais du cheval.
Liaïupée. s. f. gorgée. En fr. grand verre de vin.
Lauipliimii. s. m. charlotte de pommes, .\utrefois en Artois on
I
I
L\M— LAH 2-25
nomuiail remplumée, une tarte avec des pommes et du lait bouilli,
11. appelmoes, appel (pomme) -\- moes (compote), pron. mous. Ajoutez
Tarticle.
Liaïupraiiye. s. f. (Borinage). femme sans habileté, sans adresse,
sans grâce. En liégeois landroic, paresseuse, souillon, v. fr. landore,
landrin; fourbesque (argot italien) landra, v. fr. andre, fille de joie.
liancer. v. n. haleter; se dit surtout des chiens, ctle lancé, être en
étal dV'xcilation par l'eftet de passions vives ou de boissons spiritueu-
ses II battre, donner des pulsations : ça lance dain m' n artoile. Les
Liégeois disent hansi, hâsé pour haleter, en fr. han, excl. dans un eflbrt.
Liandoii. s. m. volée, pièce de bois attachée à l'extrémité du timon ;
par opposition à lame, pièce placée à son origine. A chaque bout de —
se trouve accroché ain lamiau (v. radie). — devrait peut-être s'écrire
lam^don et serait ainsi une variété de lame. Comparez bride cl bridon,
bonde et bondon, limace et limaçon.
l^andoriiiiu, andorîoui. s. m. espèce de morue plus estimée
(}ue la morue ordinaire, lloll. labberdaen.
Lanèresse. s. f. voleuse, tireuse de laine, larronesse.
Langrcii, euse. adj. Ce mot, quoique peut-être corruption de lan-
goureux, n'a pas la même signification : il veut dire malingre, en parlant
des enfants, ral)ougri en parlant des arbres. On peut aussi faire pro-
venir le mol langreu du fr. landreu, infirme, ou du v. fr. langerous,
languissant.
Ijangiie {elle su V — dés geins), faire parler de soi.
Lanlernelte. s. f. petite chandelle ainsi nommée parce qu'on en
fait souvent usage dans les lanternes.
Lianwi. s. n. languir (Borinage).
Lapure. s. f. breuvage composé pour les vaches. En liégeois ia/ja^e,
mauvais potage, fr. laper, fl. slappen; ou bien bas-ail. lapprig, trop
délayé d'eau, moyen-haul-all. labe, lavure, rinçure.
Liar^e, l.trke. adj. libéral. Celt.-br. larg avec la même slgnif. On
dit vulg. en fr. il est large, mais c'est des épaules. On disait autrefois
larque de bouche et estroit de ceinture, parce qu'on portait alors la
bourse à la ceinture, v. langage : larguesche et larguesse,d'où largesse.
Largiiiones, sous le bas-empire, étaient les sommes (}ue hîs prétendants
à l'empire distribuaient au peuple et à l'armée.
"l-li L\R-LAR
Ijari. s. m. tapage, lumultc, désordre. V. fr. haribourras, bniii,
tapage, liarier, importuner, harceler || arbre résineux, mélèze, pinus
larix, V. fr. larise.
Laridon. s. m. lard salé. Lat. laridum, primitif de lardum.
Lariguette. s. f. demande de bois que les enfants vont faire dans
chaque maison aux fêles de St-Jean et de St-Pierre; produit de cette
demande. Quelques personnes voudraient ne voir dans lariguelle qu'une
corruption du mot largesse, d'autres veulent le rallacher, ainsi que lari
et larion, aux cérémonies du paganisme célébrées en l'honneur des
dieux Lares. Ce mol va nécessairement se perdre. Aux deux époques
désignées, on allumait des feux nombreux autour desquels les jeunes
garçons et les jeunes filles dansaient en chantant. La rue était décorée
de guirlandes, avec des couronnes nommées carillons, parce qu'on y
suspendait des morceaux de verre que le vent agitait. Un coq était dans
une cage ornée de fleurs suspendue à une guirlande. C'était le prix du
vainqueur a la lutte de chant. La régence ayant craint que les feux
n'occasionnassent des incendies, ordonna la suppression desdits feux
et pensa que des chandelles allumées sur une table feraient le même
effet; mais les enfants ne pouvaient plus aller quêter du bois en chan-
tant :
Lariguelle au bo, lariguelle cl larigo.
Si- Jean a keyu dain Vian, Sl-Pierre Va rallrapé,
Y faut du bo pour V rescaufer. Lariguelle, etc.
Les enfants qui voulaient parler fr. chantaient :
Largesse au bois.
Jolie dame, donnez-moi
Un pelit morceau de bois
Pour aller chauffer mes doigls.
Les chandelles n'intéressaient pas les enfants, ils négligèrent d'établir
les tables; au bout de deux ou trois ans les chants avaient cessé.
ftjarion, Inriyon, lalion. s. m. cérémonie qui se célèbre à Wasmes
depuis un temps immémorial chaque premier dimanche de carême. Elle
consiste à placer, un jeune garçon ou une jeune fille richement habillée,
LAR— LAY 2-23
sur une lable ou dans une niche et à danser tout autour en chanlant une
chanson très licencieuse, en patois si ancien qu'il est diflicile de la com-
prendre. Depuis quelques années la même cérémonie a lieu dans deux
ou trois communes environnantes. .le n'ai jamais pu me procurer cotte
chanson; aujourd'hui on la dit perdue. Elle est remplacée par tiiic
autre en français ou à peu près.
Larron, s. m. partie de mèche d'une chandelle non mouchée qui
(|ui tombe enflammée sur le suif et le fait couler. || Petit fromage de
Maroilles.
î^afon. s. m. son (Charleroy). Bret. leit, gall. Uaid, vase, boue.
î^aftc. s. f. épée, espadon || côte || dos. Taper su ses latle. tn IV.
pièce de bois mince, etc.
I^afti. s. m. treillis. En fr. arrangement de lattes.
Ejaltiau. s. m. latte épaisse qui est sciée et non fendue. Comment
a-l-il la forme diminut.? C'est peut-être parce que le fr. latte, 11. lat.
ont eu dans l'origine la signif. du gall. llath, bret. laz, perche, mots
remontant au sanscrit latà, branche.
Latnscc. s. f. mot à mot latte usée. On dit pour effrayer les enfants :
au guernié il a dés latusécs.
Lavachc. s. f. lavasse. Il ain kai II' à lavache, il pleut à
verse.
L<avcUe. s. f. chiffon pour laver. )| Figurément, personne sans
énergie.
■iayetle. s. f. tiroir où l'on serre la monnaie dans une I)ouii(|ue.
En fr. tiroir de buffet, tiroir à papier, fl. laie et lade, tiroir.
l^ayon. s. m. houille imparfaite ou plutôt veine qui se compose de
couches de charbon et de couches terreuses entremêlées. Le mot liégeois
laie a deux significations charbonnières, l'une : fente perpendiculaire
de la mine; l'autre, banc: subdivision de mine. Cette seconde significa-
tion se rapproche de celle de notre layon. M. Grandgagnage se livre à
une longue et savante dissertation sur l'origine de ce mot, dans laquelle
nous ne le suivrons pas; il suppose une origine française et une alle-
mande, la première de laie : partie de forêt, limite des coupes de bois
indiquée par les branches brisées; du vieux verbe laier (laisser); la se-
conde de Lage : assise, lit, couche. .le n'ai rien à dire à la seconde éty-
mnlogie qui me semble correcte; quant à la première, j'aurais' mieux
2^20 LKG-LÉY
aimé la trouver dans le bas-brelou lezeii, qui siguilic boino, V. laie
cl 711'e.
Ijegne, Icigne. s. m. bois (Foniaine-l'Évèque). Couliau à manche
dé — . A Liège, chauiïage, bois de cbauffage, v. fr. Icigne, lai. lignum.
I^ekier. v. a. lécber. J'ai enlendu faire venir ce mol de ^::zw.
Ménage le lire de l'ilal. leceare, Barbazan de légère, recueillir; il y a
rirl. ligh, sansc. lib, d'après Piclcl ; il y a encore le vba, lecchon, ail.
leckcn"(V. p. 10.)
ijcnicr, ère. s. onviier qui iravaille le lin (non la laine).
Lent. adj. Il a dans le palois loules les signilicalions de l'adj. lalin
lenius, visqueux, gélalineux, mou, llexible, plianl; au masculin comme
au féminin on prononce généralement à Mons lanlc et aux villages voi-
sins Icinte.
lièpe. s. f, lèvre. C'est du v. fr.; il est probable que le mol, origi-
nairement german. : ail. Lippe, 11. lip, s'esl transformé peu à peu, pour
se rapprocher du lai. labrum ; il resle encore en fr. lippe, lippu, lippée.
V. Es cor.
liCu. s, m. araignée des champs à longues pattes ou faucheux.
Leu pour loup est du v. fr. fai cin — . Faire banqueroute. (Eiigies.)
Leuniaire. adj. qui n'a que le féminin. Vache qu'on n'a pu fécon-
der. On dit en France génisse lunaire. Ce mol se trouve dans Boiste,
arl. laure; cependant à l'art, lunaire on ne trouve pas celle signili-
calion.
Ijeuwai'oii, lewaro. s. m. loup-garou, B.-lal. gerulfus, ags. ve-
revulf, vlia werwolf ; ver, homme, vulf, loup; en brel. dén-vleiz signWie
aussi homme-loup. On dit encore dans ce langage bleiz-garô.
licvée. s. f. chemin, chaussée.
Levure, s. f. portion de levain délayée dans de l'eau pour une cuilie.
En fr. écume de bière qui sert de levain. V. jet.
Léyer, laieher. v. a. laisser.
/ n' faut (jnié loyer cVaveinc au bac.
On ne doit rien laisser sur son assiette.
/ vaut mieur panse pelée qu' pelote léyée.
Philoi crever que de rien laisser au plat.
Si vosxivez faim, mié eune de vos mains, vos lêrez laule pou d'main.
LI— LIÉ 227
Le V. fr. disait laïer, il disaii, comme nous, au lui. el au cond. : je
lairrai, lairroie, brcl. lezen, goll». lètau, vlia lazun, ail. lassen, il. laeten.
Diez recherche une origine lat. : laxare, qui cependanl ne signilie pas
laisser, mais lâcher, relâcher. Notre leyer, leï, lui inspire des doutes et
il se rabat sur iegare ; il indique aussi le gaël, leig et le v. irique lèic.
liî. pron. lui, qui n'est que masc. à Mons, mais qui a les deux genres
au village: enne laide feimme prcind tondis d' lée li des co pu laide, une
femme laide s'entoure toujours de plus laides qu'elle. A la ville connue
au village Vi de U datif peut se fondre avec une voyelle et former diph-
tongue : ej Viacalrai ein capiau.
l.îclie. s. f. chienne. V. fr. En fr. chien de mer; on trouve en lat.
lyciscus, lycisca, en ail. Latsch, dialecte de Souabe liitsch, lailsch, lulsch,
dialecte de Bavière leuscb, lusch.
Ijicliii'on, léclii%'on, laîchivon. s. ni. eau de savon. Lixivia,
lixivium, kymr. lisia.
Liicolte. V. loquet. On croit pouvoir faire passer cette incommodité
en disant plusieurs fois : J'ai l' — , Tai V marcotte, que /,' bon Dieu
reimporte.
liîégeoîs. dialecte wallon.
Je dois donner quelques détails généraux sur le wallon de Liège pour
justifier ce que j'ai dit dans divers articles.
Si le wallon de Liège est inintelligible pour un Moniois, ce n'est pas
qu'il coniienne plus de mots allemands que le nôtre. Sans en avoir fait
le compte, je suis tenté de penser qu'il en a moins ; mais ces mots n(î
sont pas toujours les mêmes. Voici ceux qui sont étrangers au montois
et qu'on reconnaît à première vue, quand on sait l'allemand :
Weidc, pâturage. Streing, sévère.
Wandion, punaise. Rolbel, lit mobile.
Krahau, corbeau. Bdne, voie.
Slap, mou, lâche. Sloké, corrompre, séduire.
Trag, paresseuse. Krouf, bosse, dillbrinilè.
liddel, troc, marché. Fotène, patte.
Guinade, grâce. Dail, voligo.
D'autres sont douteux ou plus diliieiles à débrouiller, par exemple :
->>8 LIE— I.IK
cstraboté, adressor des reproches, punir en paroles; c'est le dimin. de
slrabé, slrafé, quia probablement existé; ail. slrafen, punir.
Par contre un bon nombre des nôtres sont inconnus à Liège, notam-
ment cette grande laniille de mots en sk, sp, st, dont j'ai déjà parlé. Les
Liégeois ont pourtant spilc, sloh, slanchi, slopé ; ils en ont transformé
d'autres connne on va le voir.
.Mais il y a une famille de mots qui ne sont empruntés ni à l'allemand
ni au français. D'où viennent-ils? Sont-ils aussi vieux que les Ëburons,
ou sont-ils d'une création relativement récente? Je suis à peu près sûr
qu'on retrouverait les analogues dans la Basse-Bretagne, le pays de
Galles, l'Irlande, l'Ecosse, où s'est réfugié le celtique, la vieille langue
des Gaules.
Ces recherches offriraient un grand intérêt et dissiperaient peut-être
bien des doutes de savants linguistes. Je n'ai pas celle mission. Je ne
m'occupe du liégeois que dans ses rapports avec le montois. D'ailleurs
quoique j'aie habité deux ans Liège, que je me sois encore aidé des dic-
tionnaires de llemacle et de Cambresier, je ne pourrais usurper celle
lâche; il faudrait, outre une connaissance parfaite du liégeois, avoir
habité longtemps la Bretagne; car les dictionnaires celtiques n'aident
que fitiblcment. Pour bien saisir les rapports de deux langues, il faut
parler ces deux langues, savoir les lois de la transformation des lettres.
Quel est donc l'Allemand venant à Mons qui reconnaîtra, de prime-abord,
les mots de sa langue, sauf ceux qui sont restés tout à fait sans altéra-
tion? Mais la plupart ont reçu l'influence du français. Reconnaîtrait-il
les mots équcllc, écour, ccrcpcr? J'ai souvent (et toujours en vain) pro-
posé ces mots à des Allemands.
J'ai dû faire (un peu) pour le montois un travail qui serait plus fruc-
tueux pour le liégeois, j'ai appelé à mon secours Roslrenen, Bullet,
Pelletier, Davies, Legonidec, et j'ai glané. Pour récolter j'aurais dû passer
une ptu'tie de ma vie à Quimpercorenlin ou mieux dans le pays de
Galles.
M. Grandgagnage a fait récemment un dictionnaire étymologique
wallon plein de mérite. Malheureusement, pas plus que moi, M. Grand-
gagnage n'a habité les lieux de refuge de la vieille langue de nos an-
cêtres.
Mais tous ces mots, soit allemands soit celtiques, ne sont pas exlrê-
LlÉ-LIÉ 229
mement nombreux. Cent mots à apprendre, deux cents, si Ton veut, ne
sont pas une affaire. Ce qui rend le liégeois réellement difficile, c'est sa
prononciation, autremenl dit la iransfonnalion de ses lettres; il faut en
connaître les lois.
Je ne m'arrêterai pas au j et au g doux qui manquent au liégeois et
qui se remplacent par dcli, ich, ou, si on le préfère, par dj. Quoiqu'il en
soit du son exact, le liégeois parlant français ne manquera jamais de
dire, absolument comme un allemand : un chucbe, un cbucliement, pour
un juge, un jugement.
Je m'arrêterai encore moins à quelques autres transformations. Mais
il en est une capitale bien propre à faire voir la filiation des langages.
Je dois insister sur celte loi importante, saisissez-la bien, flxez-la bien
dans votre esprit, et vous êtes en voie de comprendre le liégeois.
L'ancien liégeois avait un son représenté dans l'écriture par xh, son
analogue à celui qui est figuré en allemand par cb, en espagnol par j
ou x, en grec par x- Ce son ne subsiste plus que dans des noms propres
et des noms de villages. La géograpbie de la province de Liège a les
villages de Xhoris, de Xheneumon, deFexbe,»de Lixbe.
Pour les noms communs, ce son a disparu et a été remplacé par une
h aspirée, mais aspirée à la manière allemande.
C'est juste l'inverse de l'allemand qui a remplacé beaucoup db du
all-hocb-deutscli par cb. Il n'est pas possible de savoir comment pro-
nonçaient les vieux Allemands et les Celtes. Cependant on peut présumer
que h chez les deux peuples avait un son voisin de kh. (Voyez cauches.)
Or ce qui en fr. est en éch ou éc, ce que les monlois font en sk ou en
esk, ce que les fl., les bollandais et les westpbaliens font en sch avec
aspiration de l'h, ce que les autres allemands font en sch, (ju'ils pro-
noncent comme le cb français, est en h aspirée chez le liégeois,
exemples :
Liégeois. Montois ou au moins heunuyer. Français.
ilicUe, shuellc, cskuclle, écuelle.
Heur (participe hoyu), sheur, sl;ev, skée, skeï, askcï
{askeyu), écheoir.
Hieure, skireure,skinirc,(hskinirc, déchirure.
Hoirsi, skoirsi, skorcliie, skorchcv,
cikorchcr, écorcher.
29
i>.:>()
LIE— lu:
Houmé,
Ifuyc, hcyc.
II ou lé,
îllorc,
Hoirné (se dit dos vaches),
Haudé,
liesse,
Ilalelte (diai. du suivant),
Haie, haule,
Ilouvion (vieux linge, ge-
nêt, etc., attachés à une
perche),
Hovlelte (Ijrosse, balai),
Huflé,
Iluré,
skoumc, skumer, eskumcr, écumer.
skaye, cskayc,
skoulé, skoulcr, askouler,
acouler,
sklorc, csklore,
skoirné, skorncr, cskorncr,
cscauder.
écaille.
écouler.
éclore.
(•corner.
échauder.
échasse.
skalelle, skielelle, eskielcUe, petite échelle.
skiale,skielh',eskieUc,ckicUe, échelle.
skouvion, eskouvion, écouvillon.
skouvelelle, eskouvelle, écouvelte.
skuflé,ski/}Ié,chu{ler,chiper, sifïler.
skuré , skurer , rcskurer,
récurer, écurer.
Hap (convalescent, sauv *de skap,skapé,eskapé, reskapé, échappé.
maladie),
Hoisse, skoissc , skorche, skorcc ,
escorce, écorce.
Je pourrais en citer des centaines d'autres, où s, c et ch se trouvent
dans le milieu du mot : Pehon, poisson, mohonn, maison, diliau, de-
chaux, diheinde, descendre, dihozeure, décousure.
Même opération sur les mots germaniques. J'ai dit que la tribu mon-
toise des mois en sk, sp, st, était fort bornée chez les liégeois; mais on
en retrouve quelques-uns avec l'h aspirée :
Hardé, liaurdé, skarder, eskarder, écarder.
Hille, skille, eskitle, chiite.
Hôu, skou, skour, cskour, écour.
Haume, ail. Schaume, prononcez skeum, eskeume, escume.
chaume, (1. schuim (prononcez
skeum),
Houplée, skouplée, cskouplée {plein ennc es-
coupe, ccoup). ■
I
LiE— LÎG 231
Hufion, shafion, cscafioUe.
Hopi, skaupi, cskaupi, échaupi.
lloré (creuser un égoul, canal
souterrain), skorc, escaiirer, exhaurcr.
Que beaucoup de ces mots aient été eniprunlés au latin, au fr. ou à
l'ail, pour subir des cbangemenls selon le génie du langage liégeois, je
le concède volontiers; mais n'est-il pas probable que la partie qui a
imprimé la direction au reste, est autochtone? Tel est par ex.: Ifap
que M. Grandgagnage croit un radical; nous aurions dit simultanément
skapé,eskapé. Les fr., après avoir dit, comme nous, escapé,en auraient
lait, échapper, les italiens, scappare.On retrouve le mot en Bretagne, sous
la forme achab. Quoi qu'il en soit, celte prononciation est la grande
cause de la dillicullé ; il en est pourtant encore une autre qui résuUe de
l'abondance des dérivations liégeoises.
Le wallon de Liège est infiniment plus riche que le nôtre; quand nous
n'avons qu'un mol d'une série, le liégeois a ordinairement la série com-
plète ; nous avons par ex.: l'adj., et le liégeois a, en outre, le subsl., le
verbe, l'adv.: nous n'avons que l'adj. flau; le liégeois a encore fldivi,
flauwi, s'évanouir, flâwiliège, évanouissement. Nous avons le subst.
ridoi, les liégeois ont, outre l'idan, tiroir (qui glisse), rid, glissoire,
ridâdc, glissade, ridant, glissant, ridé, glisser, ridège, glissade, rideu,
glisseur. Nous n'avons que le simple et un composé, le liégeois a le
simple et plusieurs composés. Nous avons skirer et deskirer (les fr. plus
pauvres encore que nous n'ont que déchirer) ; les liégeois, outre duhii,
dihiri, ont le simple hii, puis un autre composé kihii (V. ewaré). Quel-
quefois la famille est divisée, une partie habite Mons, une autre Liège;
nous avons brochon, Liège a ribrochi, nous avons conslrande (serrer) et
slrande (presser,'y avoir urgence) ; Liège a dislrainde, déserier, et ras-
Irainde, resserrer. Cependant quelquefois nous avons mieux qu'à Liège.
Ainsi les Liégeois n'ont que cron et encore borné à cron-brcs, coude,
cron z'os, vertèbres, nous avons cron, subst. et adj., crombin, crombi,
cro m bissurc, cromb iss(i(j c .
Ijiciie, îeu du Ilainaut ou heure, mille verges de 20 pieds ou
08G8 mètres, 5 décim.
Ijîgèi'c, lîgerte. adj. léger, v. fr. liger cl ligier.
252 LIG-LIV
■vigneron, s. m. lange de laine pour emmailloter les enfants. A
Liège, Ugneraic. M. Grandgagnage cite à celle occasion le celt. ancien
linna, qui, selon Isidore, éiait un Sagum quadrum et molle. Il aurait pu,
flans le cell. actuel, trouver le gall. llenn, vélum, linteamen, lien, Uiain,
lodix, linteuni.
Ijignier, lanié. s. m. bilclier, remise pour le bois; latin, lignum.
En V. fr. — signifie bûcheron, charpentier, il signifie aussi bûcher, de
même que laignier et laigncr.
Ltinié. s. m. ligne noire que l'on rencontre dans la pierre bleue.
Lat. rima.
liîn. s. m. lente, œuf de pou. Il a dés poux, il a dés Uns, il a
s' kémige loule pleine dé brain. Refrain d'une vieille chanson.
Eiimon. s. m. timon, v. fr. En bas-brel. lymon.
Ijinche. t. de jeu de courlau. lieu où on se place pour commencer
la partie. En liégeois li7iche signifie gauche, gaucher, en ail. link, signifie
gauche, v. fr. luenche, loin.
Liincheu, linsué. s. m. drap de lit. B.-bret. lincell, lincelliëu,
drap de lit, fr. linceuil.
Ëjinuisse. s. . graine de lin. V. fr. lignuis.
Liion.ce mot est dissylable et s'employe dans la chanson des enfants
lorsqu'ils veulent faire voler des hannetons :
Lion, lion !
Praind tés ailes, tés ailes, lés ailes.
Lion, lion!
Prain lés ailes, va-t-ein su /' pont.
A bo bon, à bo bon, meunier, vlà vo moulin qui brûle.
On dit aussi :
Au bo, au bo, meunier. (Voyez meunier.)
Viivre, lîve. s. f. poids deMons, mercerie : elle se divise en 16 onces,
l'once en i;2,i'4, 1/8,1/16,1/52; le 1/52 en 20 grains. Elle égale en kilo-
gramme 0.465342.
La livre d'orfèvrerie se divise en deux marcs. Le marc en 8 onces.
I
LIV— LOQ 233
l'once eu 8 eslerlins, l'estcrlin en 4 ferlins el le ferlin en 8 grains. Elle
égale 0.491762.
La livre de pharmacie se divise en 12 onces, l'once en 8 dragmes ou gros,
le gros en 5 scrupules el le scrupule en 20 grains. Elle égale 0. 279405.
Livrer, v. n. l. de jeu de balle ; envoyer la balle. Ne vient pas, comme
le fr., de liberarc, mais de librare.
Ijivrette. s. f. moule, en forme de dé à coudre, pour mesurer le beurre,
le fromage.
Loge. s. grenier || réduit ]| recoin |i cachette (Frameries). En bas-
bret. log ou lok=loge, cabane de ceux qui gardent les troupeaux. En
gallois, selon Davics, llocc, angiportus.anguliis, Hoches, latebra, lalibu-
lum, Uogawd, conclave, aula, cella, armarium, ecclesi;ie cancelli, inter-
dum abacus, loculus, loculamentum. llawgell, cella manuaria, en ail. Loch,
trou, en lat. locus, lieu.
Loger. V, a. t. de jeu de raquette. Le volant est logé, quand il est
lancé sur un meuble, une croisée, etc.
Logeaule. adj. habitable (Boriuage) ; là beaucoup d'adj. en ables se
changent en aule. V. mariaule.
Lolo. s. m. lait (enlautin).
Loiunier. v. a. nommer. Lomm em vo nom, dites-moi votre nom.
Germanisme, mot-à-mot, Namen nennen. Les Ail. plus encore que les
Moniois aiment le pléonasme : la ballade de Schiller dit poétiquement :
der Gràber gràbtein Grab, le fossoyeur fossoye une fosse.
Lon. adv. loin. Il a U aussi Ion d' chez mi à chez ti, que cT chez ti à
chez mi.
Lougarder. v. n, larder, différer.
LiOngin, longiva. s. m. musard, lent, paresseux,
Loniuain. adv. longtemps; de longuement. Erié d' lai qtiain pol
fêlé pou durer lonmain.
Loque, s, f. loche, barbette ou bourbolte. — est fr. dans la signi-
lication de pièce, morceau, lambeau.
Loque, adj. relâché, fatigué, mou, efféminé. Du fr, loque ou de
Fall. locker, mou. Comparé à lavelle.
Loque, s. m. Licolte. s. f. hoquet. A Liège hikcll, b.-lat. hoque-
lus, 11. hick. Il y a aussi liik en bret., mais il signifie chatouillement;
il y a ici agglutination de l'art., comme dans loriau, lamplumu.
25 i LOQ— LOU
Loquet, s. m. cadenas. En fr. pièce de fer que soulève la clenche,
en V. IV. lu(iuet, en bas-lat. luchelum, it. luchetlo ; le v. Scandinave loka,
signifie verrou, le v. 11. loke, clôlure, l'anglais, lok, serrure. La racine
se trouve dans le v. ail. Lùlilian, v. 11. loken.
Loqueter. v. a. laver une maison avec une loque mouillée. En Ir.
renmer le loquet.
Loqnette. s. 1". petite loque. En l'r. petit morceau.
Loquin. s. m. mouron rouge, anagallis. Ali. locken, appâter, attirer
les oiseaux.
Loriau, compère Loriau. s. m. coucou. Du IV. loriot || orgcolet,
petit furoncle sur la paupière. V. fr. loriot, même signification ; en lié-
geois, Torgeolet se nomme oriou, en espagn. orzuclo ; en lat. hordeolus,
petit grain d'orge. Vl qui commence le mot est donc véritablement l'ar-
licle, on a dit d'abord loriau et plus tard el loriau, comme on dit cl
nonk. V. lamplumu, loquet, etc.
Ejoripette à clair «'y. s. f. mégère (aux yeux clairs).
lios. s. m. el adj. Ijostière. s. f. le féminin, peu usité, est ordinai-
rement employé en plaisantant. Méchant || malicieux || vicieux || débau-
ché Il vaurien. AU. los, vaurien, dissolu. Ce mot n'est pas toujours
employé en mauvaise part. Une fille dit à son amant : que l'es los. Que
tu es pressant ! Combien tes yeux sont ardents !
Lostrie. s. f. tromperie || polissonnerie. V. fr. badinage.
Lostrou. s. m. petit los. M. Grandgagnage dit qu'à Liège c'est au
contraire un augmentatif.
l<ot. s. m. pot de 4 pintes. T. employé par les faucheurs dans leurs
marchés avec les fermiers. Ils demandent, d'ordinaire, pour faucher un
pré d'un bonnier, Sié live, sic lo, sept livres, sept pots de bière.
Louche, s. f. cuiller à potage. — à pot, cuiller pour tremper la
soupe. — aubrain. B.-lat. lochea, brct. loa, cuiller, loabot, lobot, grande
cuiller, gall. llwy, ail. Lôlfel. Ce mot, quoique très-usité en France, n'a
pas encore reçu la sanction de l'Académie. Ain paradis, on mainge dés
bobons al — .
EiOuchie. s. f. conlenu d'cnjie louche.
Liougnar. s. m. qui fait l'imbécile pour tromper. Un lognar en
liégeois, tist un imbécile purement et sinq)lement. Ce mot, dit
M. Grandgagnage, vient du nom des habitants de l'ancien comté de
LOU— LUM 255
Logne, dans le Luxembourg; mais il y a un proverbe français peu
usité: faire le Jean logne, qui signifie faire l'innocent. Bas-bret. loiiad,
niais.
Liouker, loukic, loukîe. v. a. eln. très-peu employé à Mons, mais
fort usité aux environs. Regarder, examiner, guigner, lorgner. Flam.
lonken,anglais,look, français, reluquer, v. ail. lôgen, luogcn, regarder,
irl. loclul, vue, sanscrit, lôk, voir.
LiOui'd, de. adj. lourdaud, slupide, inhabile. En fr. lourd signifie
pesant. Pour lui donner la signif. wallone, il faut y ajouter quelque
chose, par ex.: esprit — ; cependant on s'en sert quelquefois au fig. pour
signifier qui manque de fhiesse, de grâce ; mais le v. fr. a dit au propre
lours pour sot, hébété. On retrouve ce mot dans plusieurs langues :
FI. loer (pr. lour) lourdaud, loeren, duper, tromper (v. lurcUe) bret. lour,
gros, pesant.
Jeune et lourd
On appreind tous lés jours.
Loulte. s. f. t. de jeu de toupie. Une toupie fait enne loutle quand
t'Ue s'échappe de la corde sans tourner ou lorsqu'elle tourne sur une
autre partie que son fer. En liégeois leuse, signifie fausse couche, Loulle
vient-elle de là? FI. lot, goth. blaut, jactus.
Lonvesse. s. f. louve.
Louyé. s. m. lien. V. fr. loyer.
Ijoiiyer. v, a. lier. V. fr. loyer.
Ijourdinettc. s. f. fennne, fille slupide,
LovÔ. adv. là, au loin. 11 dérive sans doute par corruption de, là-haut,
ou mieux de, là-vau (val).
Loyea. s. m. tricheur. Par antiphrase du mot fr. loyal ou simple-
ment de, lieur dont on a fait une injure (St-Symphorien). A Liège bri-
gand, chaulïeur.
liOyecou. s. m. licou (Charleroy).
Liumeçon, limsoii. s. m. limaçon, escargot. |1 Combat qui a lieu
le jour de la kermesse sur les places de 3Ions et de Wasmes en counné-
moration de la victoire do Giles de Chin sur un dragon qui tenait son
23G LEU— MAC
repaire dans les marais de Wasnies. On lui donne ce nom parcequ' autre-
fois les chabourleUes (v. ce mot) faisaient le lumeçon, c'est-à-dire tour-
naient continuellement autour des coraballants. V. caracole. V. fr. lime-
çon, limechon.
Lieunier, lumer. v. n. éclairer, approcher une lumière || v. a. exa-
miner à la chandelle, au grand jour. Lumer dé z' eu, placer des œufs
entre son œil et la lumière pour s'assurer qu'ils sont frais i| v. imper-
sonnel, faire des éclairs. V. fr. lumer, leumer.
Liumerette, lunirolie. s. f. feu follet. V. fr.
liUnée. s. f. vertige || caprice || idée subite. Quée lunée est-ce qui vo
preind, quel caprice vous passe par la tête. Le fr. a, lunatique.
Lurette, s. f. chose légère, sans solidité, sans valeur, loque. Se dit
surtout des vêtements ou parures de femmes. En liégeois lurzelle, fl.
luer, lor, lange, chiffon, leuren, vendre des chiffons, colporter, frauder,
d'où le fr. leurre, leurrer, déluré, v. fr. deleurré.
Ijusiau. s. m. cercueil. Clo d' lusiau, petites maladies qui annoncent
une mort prochaine, symptômes de dépérissement, avant-coureurs de la
mort. V. fr. lusel, luzet, lusiau, espagn. lucillo, tombeau de pierre, lat.
locellus, petit lieu.
Liusqnette. s. f. fille louche. Lat. luscus, borgne, v. fr. losc, lousque,
lus^ue, fl. losch.
Liustucru. s. m. petit tapageur.
]V[
nia, man, niauie. s. f. mère, maman.
llaeard, luacà. adj. et s. sourd || sournois. Les liégeois disent
ïJiond pour monaut (qui n'a qu'une oreille) et pour sourd.
Alaeard, niacà. s. m. grosse faute, gros péché. Liégeois maka, bas-
ai!. maker, marteau de forge dont la lourdeur indique celle de la faute.
llaearon. s. m. débauciié, amateur de cotillon. Ce mot doit être
un euphémisme. Il a dû être inventé pour éviter le mol ignoble de m...
Alacavulc, uiaca%eule, niacaveuke. s. m. myope || qui voit
mal, surtout s'il est chassieux.
MAC— HIÂC 257
llachelle. s. f. mAclioire || joue || figure enflée, déformée || fluxiun à
la joue. V. fr. maiselle, niasselle, joue, mâchoire, basque, malhela, joue,
ù iSamur, à Liège masale, lat. maxilla.
Hlaolier, v. n. manger.
niachi. v.a. mélanger (Charleroy). A Liège ma/i», arm. meski, nieska,
la!, miscere, misculare, grec y-t^y^, /JsywfM^ polon. mieszan, v. ail. mede-
jan, ail. moderne misclien, angï. to niasli.
Je laisse à d'autres le soin de démêler la provenance immédiate de*//a-
f/ii.Tout ce que je puis dire, c'est qu'il est à regretter qu'il fasse lacune dans
le patois de Mons et des environs. Le h liégeois donnant ch à Cliarleroy
et Namur, sk vers Mons, si le mot nous était resté, nous aurions eu à
Mons masUer, aux environs inaskié ou maski. C'est peut-être celte forme
masker, se confondant avec le français masquer, qui a été cause de sa
perle. On retrouverait probablement le mot dans quelque antique lan-
gage d'Orient.
Alachie. s. f. papier, bois de réglisse, etc. mâchés.
niaclair. v. baquet.
llacloltc. s. f grumcau,Enliégeois,raassue, pomme de canne, bosse
à la tête, macque ; c'est de ce dernier mol, qui représente un instrument
propre à briser le chanvre, que provient le mot liégeois, lequel par exten-
: ion a exprimé loul renflemenl d'un corps solide. Les monlois s'en sont
ensuile emparés pour désigner un corps demi solide au milieu d'un
liquide. Le mot pourrait avoir une autre origine. Les malons {hùl caillé)
provenant du v. fr. mat, v. fl. malle, meiten, se disent en quelques loca-
iiiés maldoUc. Il n'y a pas loin jusqu'à macloHe.
IBacloltei* (s), v. réfl. se grumeler, se cailleboler.
llacoiignage. s. m. micmac, manigance, intrigue, collusion,
manœuvre, tripotage. C'est probablement une corruption de maquigno-
nage. Y. fl. makeleur, courtier, cnlrenietleur, v.all. mahhari,de,mahhon,
machinari; lat. maiigo, gr. /^a-/va/ou, nT^ d'esclaves.
Macuriaii, uiaturiau. s. m. p. parcelles de suie qui tombent des
cheminées sur le linge étendu. On peut faire venir ce mot de niaculare
ou de machurer. Mais machunir lui-même pourrait bien ne pas provenir
de macidare, car h'S langues du nord offrent le v. llam. masciie, le v.
ail. maska, tache, le v. fl. maeschciCi, maschelen, souiller de suie,
brel, maslara, souiller, salir.
30
238 MAD— MÂG
lladanie. s. f. réunion d'un grand nombre de gerbes placées debout
dans un champ pour compléler leur dessiccation || demoiselle ou bie
pour enfoncer les pavés; fr. terme de ponts et chaussés, dame; enfl., ail.
dam, digue.
AlaflTe. s. m. travée, compartiment d'une grange, d'une église,
intervalle compris entre deux sommiers, deux piliers. || t. de jeu de
courliau, position vis-à-vis d'un liard. Bas-lat. maufolun, mafolo,
maHo, mafla qui se trouve, selon M. Grandgagnage, dans le texte de la
loi salique, 5^ et i' texte.
niagnotei' (s'), v. p. se taquiner, se quereller un peu.
Slagrau ou marie nia^rau. méchante femme dont on eflVaye les
enfants. Provient probablement de magrile dans la signification namu-
roise. V. le mot suivant.
ISIagrite. s. f. Marguerite || douillet, efféminé. XNamur one Magrile
est une femme acariâtre, à ce point qu'il en est provenu un dicton sin-
gulier : one Magrile cl on Zabia feienu danser V diale divin on canibos-
tia, une Marguerite et un Isabeau (eraient danser le diable dans un étui
à aiguilles.
Toutes les langues, tous les patois ont une tendance à changer les
noms propres en noms communs : les Allemands ont Hans et Niklas ;
les Français Nicodème, Nice, Agnès; nous avons Jacques, Magrile, etc.
Le fait général existe ; il a une raison d'être ; un homme a une qualité,
il a surtout un défaut prononcé (on s'occupe toujours beaucoup plus des
défauts que des qualités, tant on est naturellement bon !) Cet homme
devient terme de comparaison, on dit : il est comme un tel, puis après
un certain temps, on change de figure, on dit : c'est un tel ; comme nos
poètes, nos orateurs qui disent bien: il combat comme un lion et disent
mieux : lion il combat.
Indomptable taureau, dragon impétueux,
Sa croupe se recourbe, etc.
Il est évident qu'il y a eu au moins deux Magriles : cnne Magrile
monloise remarquable par sa délicatesse, son sybariiisme et one Magrile
namiiroise ressemblant à une mégère. Le nom de baptême nous donne
l'assurance du fait; mais qu'arrive-t-il quand c'est un nom de famille
MAG— MÂH 239
qui devient type? Il s'efface coniplctcment cl les étymologislcs vont
fouiller eji suant dans les profondeurs du celliqne, du gothique cl peut-
être du sanscrit. Si l'oa ne connait pas l'histoire du mot mouchard, on
est tenté de penser à mouche qui a assez l'air d'être racine, car mouche
se dit aussi pour espion, et cependant ce n'est qu'un dérivé. C'est tou
uniment qu'il y eut un recleur de l'université nommé Motichi, connu par
son zèle à dénicher les protestanls. Ses agents furent d'abord nommés
les alfidés, les alguazils, les suppôts de Mouchi ; puis on trouva bon d'y
substituer le nom de mouchards (i). C'est bien pis quand il s'agit des
choses : un événement fait sensation, un mot le signale; si l'événe-
ment s'oublie, le mot reste pour faire le désespoir des élymologistes et
quelquefois leur faire rendre les arrêts les plus ridicules. Je pourrais
signaler trois ou quatre de ces arrêts dont la comparaison du raontois
avec d'autres dialectes m'a fait découvrir la fousseté. Je pourrais en
égayer mon lecteur ; mais j'aime mieux qu'il les découvre lui-même dans
cet ouvrage, ne voulant pas offenser des auteurs encore vivants et
d'ailleurs fort recommandabics. Je dois faire un retour sur moi-même
et songer à l'indulgence dont j'ai grand besoin.
Le mol magrile signifie encore pâquerette, bellis perennis, petite mar-
guerite.
llagrite reine, s. f. reine Marguerite, aster sinensis.
Alahoiuet, luahonmai. s. m. La nuit du 1" mai, dans un certain
nombre de villages, on va peindre une figure d'homme au blanc de chaux
sur la porte de ceux qu'on veut livrer à la risée ou au mépris public.
Cette figure est ce qu'on nomme ein — . Les voyageurs nous disent que
de nos jours encore en Espagne on remplit de poudre un mannequin et,
qu'après l'avoir promené dans les rues, on y met le feu et on le fait
sauter en l'air en poussant des cris de joie. C'est aussi un mahomet.
Cette coutume remonte au temps des Maures. On peut croire qu'elle
s'accompagnait sur les portes de marques par lesquelles le fanatisme
(1) Cette histoire est contestée par M. Scheler. J'admets quel'ex. soit mal choisi. Eh bien!
prenons celui de Stras. On est tenté d'aller chercher une racine ail., et c'est le nom de l'in
venteur d'une composition imitant le diamant. V. boucan.
2iO MAH— MAI
signalait les Maures de conversion suspecle et qu'elle a élé importée
dans notre pays à l'époque de la domination espagnole, bien qu'il n'y ait
jamais eu de mahomélans chez nous. Les paysans espagnols de notre
temps ne connaissent pas plus que les nôtres l'origine de la coutume.
Les nôtres croient à un rapport avec le mois de mai à cause de la ter-
minaison en met ou mai. De là l'époque choisie. A Mons le nom de —
est perdu. Mais on barbouille aussi le {" mai la porte des durnicnés.
Cela s'appelle un mai et n'est peut-être qu'une abréviation et une dégé-
nérescence du mahoumai. Qiiel<iuefois on colle, en place, une image
représentant un mari battu par sa femme. La plupart des durménés
arrachent l'image; quelques-uns l'entourent d'une illumination cl
de guirlandes. Alors vient, le soir, l'orateur du quartier qui prononce un
discours grotesque au milieu des rires de la populace. J'ai vu plusieurs
fois la cérémonie dans ma jeunesse. Je ne sais si elle existe encore. V.
durméné.
Mahoni. s. m. acajou; le swetenia mahogoni est souvent, à cause de son
bois analogue, confondu avec l'anarcadium qui est l'acajou des ébénistes.
Le véritable acajou des botanistes est un cassuvium.
Mai. s. m. badigeonnagesurlesporles,lanuitdu l"mai. V.ma/io?ne<.
Mai, moual. adj. mauvais. I sain mai, il exhale, il s'exhale une
mauvaise odeur. || Scint — , puant, s. m. Mais a été employé par les
Trouvères. Broi. moùez, puanteur.
Maiguei'lol, ote. s. et adj. un peu maigre.
Main, luan, main-main, donnez-moi. Sans doute par abréviation
de, donnez-m'en, que les Montois prononcent donnez-m'ain. Il y a en
outre mam, très-usité à Jemmapes, Quaregnon, et abréviation de com-
main, comment? Main! vo slcz co là. Enfin, il y a un troisième main eu
usage aux mêmes communes qui signifie, seulement : y n da main
qu' chonq, il n'y en a que cinq.
Haine, s. m. t. de jeu de flèche.
Mainie, niainié. s. m. morceau de bois qui supporte l'échaffaudage
des couvreurs, maçons, plafonneurs. fro rf' tnainie, trous pratiqués au-
dessous du toit d'une maison pour pouvoir établir un échallaudage. On
a oublié que maisnie a signifié maison en v. fr.; ainsi Iro rf' mainie^=
trou de maison ; mainier est une francisation.
Ifaingé. s. m. aliments, nourriture, repas. S maingcn profile gnié
MAI— MAL ^2 il
« c bielle là. Cet animal ne i'ail pas profit de sa nourriture, il reste
inaigre, faible.
Hlainger. v. a. manger. V. fr. meingier, goth. matjan, lat. niandu-
care. V. tnier.
Alaisiére. s. m. paroi, côté, muraille. V. Ir. masière, maisière,
ial. maceria et maceries, mur de clôture ordinairement en pierres sèches,
celto-bret. nioglier, mur, cuceinie de ville, de château, cello-gallois,
magwyr, murus, maceria, masure; de maceria est venu maceiio,
maçon.
maison, s. f. pièce qui sert de cuisine et de chambre à manger dans
une habitation villageoise.
lilaite. s. m. pétrin, mai. s, m. et maie. s. f. sont français. Le
v. Ir. fournil une foule de mots analogues : Met, meye, maict (mactra),
niiet, mée, etc.
Maitrc. s. m. espèce de fdet pour la pêche par lequel on barre une
rivière et dont les mailles très-grandes sont elles-mêmes garnies d'un
îilet à mailles fines, en forme de poche, dans lequel viennent se jeter les
poissons épouvantés par le pêcheur.
Makée. s. f. fromage blanc mêlé de crème ou de sucre. Les Ail.
désignent sous le nom de makey un mélange de crème, de sucre, de
framboises, de groseilles, de fraises, qui se vend dans les estaminets,
guinguettes, aifx. environs des villes. On pourrait peut-être rattacher —
à mnclolle. Diez tire ce mot de meguc. V. migninu. On trouve en brel.
maga, nourrir, dont la racine est mac ou mag (Pelletier), en gall. magot
aliilis, magu, nutrire, magwaeth, nutrimenluni (Davies). On pourrait
encore prendre la dernière syllabe de fromage, le g prononcé dur, si
fromage, malgré son apparence latine, n'en provient pas (v. froumagc).
Alakcriic. v. einmakerné.
llakriaii. s. m. rhume, enchifrènement, oppression. A Namur, wa-
churia, bret. macherie, oppression en dormant, cauchemar, de mâcha,
mac'hacha, accabler, opprimer. V. maquel. A Liège, mark, cauchemar.
Alal, mail, (y n' peut), il n'y a aucun danger.
Malade {y fai). le temps est malsain.
Alaladieu. maladif. V. IV.
llal-appri, mal-appric, maii-.'ippri. adj. et s. impertinent.
Voici une clianson dans laquelle ce mut ligure :
242 MÂL-MAN
Eh! mée (mère), fai ?i' puchc qui m mord
El n' mé laiye gnié dormi.
VcuH cil lairc, mal apprie,
Laiye es puche là Iranquic,
Tu dékire loul C kémiche ;
Ça dur va nie loudis (quater).
Alalaughi. adj. difficile (Charleroy). Â Liège, mdlâhi, maulâuhi,
l'r. mal-aisé.
Hlaletle. s. f. pannelièrc, petit sac où les ouvriers melteul leur pain.
Cello-breton, malelen, mail, vha malha, fl. mael. Fai — , faire un repas,
c'est-à-dire ouvri V — . Cesl V kémin del — , c'est une voie de perdi-
tion, c'est un acheminement à la misère. En v. fr. c'était le sac des ca-
pucins pour leur provision de voyage.
Malice, (y a), il y a sortilège, enchantement, malengin.
Slalin, lualine, malenne. adj. adroit, habile.
Alalle. adj. qui n'a que le fém. t. de jeu de balle; mauvaise, chassée
hors des cordes. En v. fr. on disait mal, malle pour mauvais, mauvaise.
nialot, te. s. m. et f. babillard, bavard || censeur || qui réplique.
Fl. malloot, sotte. En v. fr. bourdon, taon.
llaloter. v. n. parler beaucoup || se plaindre.
nialtète. s. f. impôt sur la bière, le genièvre, etc.,. sous le gouver-
nement autrichien. En fr. exaction, abus de perception.
Hlaltôteur. percepteur dos mallôles.
llaïuc. mot borain signifiant main : Tie bie — sésse. Tiens bien ma
main, sais-tu !
llaïuée lolo. s. f. vache, mot-à-mot, mère au lait.
Alan. s. m. maman.
nianbour. s. m. membre du conseil de fabrique d'une église.
V. ail. muniboro, protecteur, venant de, munt (protection) et beran,
porter, v. Ir. mainbourg, tuteur, prolecteur, b.-lat. mandiburnus.
llanbourner. v. n. manier, remuer avec force, secouer, agiter,
bousculer.
Hanche de kmiclie {à), habit bas.
llanchcter, nianster, nianchcr, uiansner. v. a. menacer.
V. f. manacer, manecer, bas-lat. manaciare, lat. minari.
MAN 245
Mande. V. manie.
Jllanderlelle. s. 1'. petite manne.
llanderlier, manderlie, nianderrié. s. m. mannelicr, vannier.
V. fr. mandier, mandrier.
Mâné. adj. sale, malpropre (Charleroy). V. fr. mau-net.
llanêe. s. f. ce que peut tenir la main || écheveau : mance (T filé,
éclieveau de fil. Bas-lat. manata. V. fr. manée.
llanesic. s. f. saleté (Charleroy). A Liège, massi, inaussi, saie,
obscène, massislé, saleté, obscénité.
Manette, s. f. main-chaude. En fr. poignée de fer d'une banche, etc.
Mangeons-tout. s. m. p. pois ou fève dont les cosses peuvent
être mangées.
Maniaule. adj. maniable, facile à manier (Borinage) ; remarquez que
là les adj. en able se forment en aule. Du reste, c'est la forme du v. lan-
gage fr. on y disait : rcdoubtaule, vivaule, vivant, colpaule, coupable,
taule, estaule.
Mannéké. s. m. petit homme. On dit souvent p'iil —; mot em-
prunté au fi.
Manique. s. f. crosse d'une serrure || ce que l'on saisit avec la main,
poignée de certains instruments; lat.manus. En fr. c'est un instrument
de savetier.
Manoi d'huche, s. m. boulon d'une porte (Borin.) V. manique.
Manou. s. m. étranger qui commence à travailler aux houillères,
abréviation de manouvrier.
Manque (i n pcul). cela ne peut manquer, il ne peut manquer. A
que — , à quoi tient-il, à quoi manque-l-il?
Manse. s. f. peu usité. Manche || manne; ne se dit que dans ce
proverbe et probablement pour la rime :
Vaut mieux plein s manse
Que plein 5' panse.
Il coûterait moins de le charger que de le rassasier.
Mante, s. f. manne || manlelet. V. fr. et v. 11.
Mantié. s. p. (Borinage). grimaces, contorsions, mauvaises façons;
corruption de maintien. V. morniaffe. Ce serait sans doute aller cher-
cher l'étymologie trop loin que de la prendre dans le bas-breton, min-
gau (simagrées); d'où le languedocien, minganelas.
^2ii !\IAO— MAK
niaqiie. s. f. tèle ; peu usiic. On remployé pourlaiil au jeu d'épingle :
poinle conte maque. V. maqué.
JMaqiicr. v. a. frapper, stupéfier. V. sloumaqucr.
jSlaquct. s. ni. instrument dont les enfants se servent pour crocher.
V. ce mol |] clinpeau en corne ou cercle de fer au bout des flèches.
Fi'. niacque, instrument propre à briser le chanvre. En liégeois, ma-
quelle, signifie pommeau, petite boule, tête. Mak est un radical que les
uns rapportent au celt., les autres à l'hébreu. 11 a formé une foule de
mots : maque, maqucr, inaca, peut-être, maquée, macloUe, macloler,
m(i!;riau, sloiimaquer, einmakcrné.
Jllaraclie. s. m. p. vase, limon, plantes aquatiques à demi corrom-
pues, boue d'un étang. En liégeois, murasse signifie marais et limon,
en ail. Morast signifie marécage, en fl. niarasch, nioeras, v. fl. marrasch ;
nioer=lie.
DSIara^-iic. s. f. bruyère, lande, terre aride (Gblin).
ISaraîlie. s. f. mazcUe (.leuimapes). C'est sans doule le féminin de
maraud.
jllarbriau. s. ni. coussinet pour placer un tourillon.
Marcotte, s. f. belette, animal. En fr. t. de jard. Y crie comme enne
— cin couche.
llargot. s. f. pie. Marguerite.
Iflargoulctte. s. m. gosier, gorge, estomac. Tou li passe pa — .
Son gosier ne refuse rien. V. mot fr. enfantin, lat. gula; en quelques
patois fr. faire passer par Angouléme.
JlBaB'gusjçncr. v. a. tourmenter, inquiéter, dépiter. A Namur,
marguiné ; en v. iv. niargouiiler, fouler aux pieds, b. ail. marachen,
fatiguer, harasser, v. fr. mar, mal, à tort, bret. mar, diflîcullé.
Mariaulc. adj. pubère, en âge de se marier (Borinage). Dans l'an-
cienne coutume du liainaut, témoin peu digne de foi à cause de son
bas-âge.
llarichau. s. m. maréchal || terme générique pour désigner
les scarabées de couleur noire, surtout celui qui, à l'état de larve,
est le ver de farine dont on nourrit les rossignols (tenebrio molitor).
Marichau au brain, scarabée fouille-merde, scarabée scatopliage.
V. ail. marahscalc, composé de marah (cheval) et de scalc (servileui),
bret. marc'h, pluriel ancien, marc'haou, cheval.
MAR— MAR 245
Marie, s. f. servante ilc curé : c' qui goule à )laric,y faut que V cure
r mainge.
— laffronlée. jeune fille cffronlée.
— chucholle. jeune fille rencliéiie.
— Veimblavée. femme qui l'ail l'empressée.
— gripelle. méchante femme.
— grognon, fenmie grondeuse.
— f ordonne, femme impérieuse,
— rouf rouf, femme qui fait tout à la hâte.
— salomée. femme malpropre, débauchée.
— salope, prostituée.
— toutouye, — IripoUe. femme qui tripolle.
— qualer langues, femme qui semble avoir quatre langues, tant elle
babille.
— magrau. méchante femme.
— bon bec. femme qui a la réplique vive, brutale.
— Jenne, — Jacqueline, fille facile.
llapîéc-salée. s. f. coccinelle (Rorinage). Ail. Marien kàfer.
Hlarîep. v. a. épouser : il a marié el vak été V viau, il a épousé une
fille enceinte du fait d'autrui.
niarjoscf. s. f. Marie-Josèphe.
niarkic. s. m. marché. FI. merkt, v. ail. marchât, marchot, ail.
moderne, Markt,celio-breton, marchât, celto-gallois, marchnad, forum,
mercatus, nundin^e.
Marie, s. f. marne. Pline dit que le mot lat. merga est venu de la
Gaule. V. fr. marie, b.-Iat. margila, gall. mari, merga, tasconium, bref,
marg, fl. marghel, ail. Mergel.
Mariette, s. f. terre marneuse.
Marli, iiiarlier. s. m. marguiller. V. fr. marlier, sacristain, mair-
lier, marguillicr, b.-lat. marrolarius.
Marloïne. s. f. sifflement du vent à traverr, les fentes des portes,
que Ton représente aux enfants comme des gnomes ou finilômes, pour
les effrayer.
Marliiette, merlnetle. s. f. femme qui espionne, qui veut
savoir tout ce qui se passe chez ses voisins. A Namur marlouwclle,
belette, à Mons lumercUe.
^2iG MAR— MAR
Alarniof. s. ni. prunelle (de l'œil). On lui a donné ce nom, parce
que, quand on l'examine de près, elle sert de miroir pour réfléchir notre
propre image, mais réduite aux plus petites proportions qu'on a compa-
rées à celles d'un marmot.
Alariuolte. s. f. papillon qui ne peut voler.
Alarniouser. v. a. et n. inquiéter, murmurer. Ça U marmoiise à
s' lielle. Cela le tourmente, l'inquiète. V. mot fr. dont la racine est pro-
bablement le V. fr. mar, mal, à tort : et dist el rei : à mar crerez Mar-
silie ; bret. mar, difficulté.
marnioiiffe. s. f. souflet, momifie.
Marolien. s. m. c'est le langage d'une partie assez bornée de
Bruxelles et particulièrement du quarlier dit les Maroles, d'où son nom.
Je n'en parle que pour justifier un peu ce que je dis à l'art. Rotichi,
C'est, je crois, la voie la plus ordinaire par laquelle nous viennent les
mots néo-flamands. Ce langage, qui agace les oreilles des Fr., est cepen-
dant bien plus intelligible pour eux que le wallon, sinon de Mons, au
moins des environs. U contient assez bien de mots fl., quelques mots
Avalions, souvent avec la construction german.; il contient aussi un petit
nombre de mois qui ne sont ni fl. ni wallons, comme scramouye, escar-
bille, caliche, jus de réglisse, scouflin, copeaux, etc.
On a traduit en marolieu la fjible de La Fontaine : le renard et le cor-
beau dont voici les premiers vers. On jugera que cela ne ressemble
guère à notre patois :
Ketcbe corbeau, sur un stek stampé.
Tenait, dans s' bec, un plate kése ;
Kelche renard, par le flair atiiré.
Parla celte discours, etc.
On peut entendre des phrases comme celle-ci : Venaie une fois, comme
un brave, avec moi dinaiye, entends-tu, mon ami, s'il vous plait. Cette
singularité vient de ce qu'en fl. la seconde personne du sing. est la même
que celle du pluriel. J'ai entendu récemment, près des Minimes, celle
phrase curieuse : Ces poêles z'aime bien, là dédans tout brûle dehors.
Le premier membre se comprend bien, il n'y a d'extraordinaire que la
construction et la prononciation fl., mais pour comprendre le second
MAK— iMAS 247
membre, il faut savoir que la prépos. uit, qui traduil : dehors, traduit
aussi : tout à l'ail, complètement,
Jilarone. s. ï. culotte. Y s' lève, liève, iève avant que l' diale n'eusse
mis se maronne, il se lève très tôt. Kicr à s' maronne, avoir peur. Elle
as' — , être paillard. Prainde ses cauches pou ses nuironne, prendre des
vessies pour des lanternes. Lat. mas, maris, mâle. Vêtement du mâle.
illarou. s. m. chat mâle.
Hlarouler. v, n. crier comme les chats en rut. Figur. rechercher
les femmes, chercher à se marier.
Alarouner. v. a. culotter.
Alarquetente, marquefaiiite. s. m. vivandier, s. f. vivandière.
Les Ail. disent Markeiender. Les dictionn. ail. attribuent roriij;ine du
mot à l'italien mercadanle, qui, lui-même, provient du lat. mercari.
llarse. s. m. mars.
Sec marse, cru avri, caud mai.
Tout vie à souhait.
llartiaii. s. m. marteau. Lat. martellus, bret. marzon, gall. mwr-
thwyl, maliens, tudes.
llartico. s. m. t. d'injure adressé aux enfants. En liégeois singe,
V. fl. marteke, diminutif de mart, grec, /^apruxo/sa, fr. marlin.
Alasinque. s. f. mésange. V. fr. masenge, bas-lat. mesenga, v. 11.
meese.
llasner. v. a. maçonner.
liasse, masquërade. s. m. masque.
Alasson. s. m. canard mâle || sournois || avare || riche. Lat. mascu-
lus.
Hlasfelle. s. f. galette, croquante aromatisée avec de la canelle.
V. fl. morstelle. Cette pâtisserie nous vient du pays flam. avec son nom.
nialliieu salé. Mathusalem. Vieux comme — .
Mastoque. s. f. pièce de deux liards. Malgré sa physionomie ail.,
le mot nous vient du nord de la France. La — est là formée de deux
pièces de 10 c. unies par des doux ou agralfcs pour jouer au bouchon.
Elle a cours pour 20 c.
248 MAS— MAT
Alastoiiclic. s. f. capucine (fleur), cresson indien ; il. masturzo, csp.
masluerzo, lai. naslurliuni, cresson.
matière, s. f. ce mot est à la vérité fr, pour désigner le pus, mais
on ne l'employé guère seul. On dit — purulente. V. fl. materie, qui vient
probablement du fr. ou de notre wallon.
Matin, niantin, îiic. s. et adj. coquin. En fr. espèce de chien et
injure pop.
llattainje. mol-à-mot, m'allends-je ; je suppose, j'espère : Y n' (Va
pu, niallainje. J'espère qu'il n'y en a plus (Borinage). V. mclle. Ce
mallainjc revient aussi souvent dans le discours que le yarê (parait) des
liégeois et le savé des monlois.
niatc. adj. moite, humide. Mat en fr. signifie qui n'est pas poli. Lor-
rain, madi, bas-lat. matins; gall. mwyd, huraectatio, insuccatio, madefac?
tio. Diez ne veul pas que moite vienne de madidus ; il le tire de humeclus.
llatonuer. v. n. se couvrir de malons.
Hlatonnié. s. m. viorne, boule-de-neige, viburuum.
Matons, s. m. p. moisissure en forme de grumeaux sur certaines
liqueurs et particulièrement la bière. En fr. maton signifie caillé, réduit
en grumeaux. Avec ce caill^ on faisait dans les villages une préparation
culinaire grossière :
// y avoi enne trouyc, ain revenant d' Hyon;
Elle est d'allée loger tout droi au noir moulon.
Deridaine (ter) kola deridon.
Elle demande à l'holesse s' ielle avoil dés malons.
Deridaine, etc.
L'holesse y ein d'à fait faire foui plein ein grand caudron.
Deridaine,
Lés malons slion si bons, que T Irouyc avale eV caudron.
Deridaine,
On a berdakié l Irouye, on Va mi ain prison.
Deridaine,
El lindémain à douze heures, on Va mi ain gucrsillon.
Deridaine,
L jour d'après à bonne heure, elle a eu ramon.
Deridaine,
MAT— M AU ^2i!)
Et apré ça loul d' stiile un l'a banni dé Mon.
Deridaine,
On Va banni dé Mon, pa V porte dé Berlainmont.
Deridaine.
Celle vieille chanson élail satyrique, mais on n'en coiniait plus l'objol,
que forl vaguement.
Alatras. s. m. malelas. Flam. nialras, ail. moderne, Malraze,
V. ail. maleras, v. fr. maleras, arabe, almalrah, cymrique, màlh (plat),
matluach (action d'applatir), porl. almadraque, prov. almadrac.
IVIatiiriaH. v. macuriau.
niau aisilc. adj. mal aisé, difficile (Bor.). V. malaughi.
llau {avoi dés), avoir des dartres, des ulcères.
llaa {avoi du), avoir de la fatigue.
llan (avoi). souffrir.
llau ain vie, mal en vie. adv. à contre cœur, malgré soi, avec
dégoût. On n' baye erié si mau ain vie que lé yard dés conlribulions. Il
n'est rien qu'on paye avec plus de répugnance que les contributions.
Envy (invilus) est employé par Montaigne. A Liège eviss.
IBaii, mal (Je n peux), je n'ai garde. / n' peut —, Il n'y a pas de
danger.
llau cl' vénure. s. m. mal spontané, mal sans cause extérieure
connue, provenant d'une mauvaise constitution.
llaugrc. prép. malgré || — s. m. on dit aussi mal gré, mauvais gré.
Dans certaines parties de la province, surtout vers Tournay, les loca-
taires se considèrent comme propriétaires, moyennant redevance inva-
riable. Si le propriétaire veut changer de fermier ou augmenter le fer-
mage sans l'assentiment du fermier, il y a mauvais gré : de là toutes
sortes de crimes. La rigueur des tribunaux a fort amoindri le mau-
gré.
llauucc. s. f. quantité de grain que les villageois portent à moudre
en une fois. Fr. mounée, mouture.
llaunié, maunic, nioiinie. s. m. meunier.
llauriane, moriauc. s. m. nègre. V. fr, morien, v. fl. mooriaen,
lai. mauritanus.
llauvais, monvai. adj. — doigt, panaris || mal au doigt. Germa-
250 MON-MliL
nisme. Les AU. disent :einenbôsenFinger,cine bôse Hand liabeii, avoir
un mauvais doigt, une mauvaise main, pour exprimer, avoir mal au doigt,
à la main.
Par exception à la syntaxe ordinaire des adjectifs, on dit : ain kic — ,
mais alors cela signifie un chien enragé. Ain — kic, est un chien im-
propre à la chasse, etc. Ain monvai einfant, dés monvai z'einfanls.
IMonvai conte dé. fôché contre. C'est encore un germanisme.
Bôse werden, se fâcher.
llaiivi. il ne se dit que dans cette phrase : Paysan mauci, quate et
qiiate pou n'ain louis, paysan grossier. En fr. petite grive rousse, en lié-
geois, merle. Notre — est-il maie visus ou l'oiseau mauvis, bret. mihvid,
milvid, mauvis et mouette, v. ail. niuwo, mouette?
llauvaiseté, monvaistc. s. f. méchanceté, colère, rancune ; en
parlant des maladies, malignité ; en parlant des évacuations, pus, sanie,
saburre. Il a wuidié toutes sortes dé — d'emm gambe. Il m'est sorti une
quantité de pus de la jambe. Es doigt tourne ain — . Le mal de son
doigt s'aggrave. V, fr. mauvaisetié, mauvaistié.
Ifaxi. s. m. et.adj. débauché, dissolu, amateur de cotillon || abrév.
de Maximilien. Il y aura eu sans doute quelque Maximilien qui aura
servi de t. de comparaison.
Alaxigrogne. s. f. mauvais coup : Attraper — , se blesser.
M. Grandgagnage écrit makesugrogne et explique le mot par coup de
macque sur grogne (groin).
Slayeur {de fagot), gros bâton de fagot (major).
Alazette. s. f. personne jeune, sans expérience, marmot. En fr.
joueur peu habile.
Aflcbsit. s. m. v,
llecouye. s. m. coyon. Comme mebsit=^mecouye, on doit donner
à bsil la valeur de c
Aledon. s. m. medonne. s. f. action de
niedonner. v, n. donner mal les cartes.
iliée. s. f. mère.
Alek (d'morer). rester stupéfait, muet. Mek et nek s'employenl en
langue d'oc : A restât nec, il n'a su que répondre.
llelée. s. f. limite (Louvegnie). U y a probablement interversion de
consonnes : leméc alors dériverait du lat. limes.
I
I
MÉN-MER 251
illénagc. s. f. Iragmcnl de porcelaine brisée servant de jonel aux
enfants (Borinage) || mobilier, mais plus particulièrement vaisselle.
V. fr. mesnage (ensemble des meubles), bas-lat. managium.
Alencaudée. s. f. mesure agraire en usage dans certains cantons de
la province. C'est le cinquième d'un bonnier. La mcncaudéc contient,
selon les localités, de 80 à 90 verges, qui ont depuis 18 1/2 pieds jus-
qu'à 22 pieds.
Alendck. s. m. personnage important. C'était la qualification qu'on
donnait autrefois, dans les villes flamandes, aux doyens des métiers. On
la donnait aussi par extension aux ouvriers qui avaient obtenu la maî-
trise. On ne se sert plus aujourd'bui du mot qu'en plaisantant. Myn,
mon + dekcn, doyen.
Mener, nienair. s. m. monsieur. Ail. mein Ilerr, n. myn liecr.
AlenoUe. s. f. petite main (enfantin).
llentirie. s, f. mensonge.
niequenne, niesquenne. s. f. servante || fille || dans quelques
villages, appellation d'amitié adressée aux petites tilles.
Ce mot a soulevé de longues discussions dans la revue du Nord. On
y voit que Ménage le fait découler de l'arabe, du syriaque ou du cbaldéen,
elmeschin, miskin, meskine, meskin, tous de même signification, qui ont
formé filalien mescbino, chélif, lequel a formé à son tour les vieux mots
mescbin, meschine, garçon, fille ou servante et l'adj. mesquin (on aurait
pu ajouter l'ancien mot mequine). M. Aimé Leroy, dans un ouvrage
inédit sur les femmes, fait dériver ce mot de Mequignies, village près
de Bavay, très fertile en bonnes servantes. D'autres le font provenir de
mesquinus, mot de basse latinité, qui, lui-même, descendrait de l'hé-
breu mechinach, garçon, serviteur. Après bien des débats le journal
ciié lui attribue une origine allemande : Madchen, fille ou servante, à
moins qu'on ne préfère, dit-il, un des analogues en flam., boU. etc.
Cependant M. Grandgagnage, que ses grandes connaissances dans les
langues germ., portent généralement à donner la préférence aux origines
ail., émet l'opinion que le fr., l'ilal., l'espagn., viennent de l'arabe mas-
kino, pauvre, misérable. Le mot aurait été iulroduil en Europe par
l'Espagne.
llcrdaillon. s. m. jeune blanc bec. t. injurieux.
HBerelle. s. f. borne; c(!mol, (pie je n'ai jamais enlendii, est donné
25^2 MËR— MES
par M. Grniulgagiiago, connue apparlonanl au Ilainaul. Il le présente
comme un dimin. du v. (1. niecr, meere, terminus, meta, limes, V. fr.
mereau.
llérottc. s. f. clialie || l. d'amitié adressé aux petites fdles. Dim. de
mère.
llesplic. s. m. néflier. Lat. mespilus.
Alesqiian. adj. petit. (Eugies et lieux voisins.)
Alesqiiciine à vake. servante grossière de ferme. Voici les plaintes
et lamentations d'une jeune jncsgMf une de l'espèce :
Que pilic iVcllc ennc fiyellc (fillette),
Siirlou ain stan granlc assez,
Faut toudis coukic seulclle ;
Oh ! que d' vourou elle mariée !
Me (mais) faut toudis halte cl hurre, sans djamain se marier.
Al maison dé no visaine
Dj'ai vu ain bia garchoncl;
Y U fsou passer s' migraine
A r loukié, à l'crloukié,
El mi loudis balle et hurre, sans djamain elle ravisée.
Quant elle s'ain va traire se vake.
Il est loudis là tout dlez.
Avec el pan d'es casake.
Pou li lorkicr V morve dé s' nez,
El mi et gnié n' gein pou ni cl torkié.
On dit qu' leu bancs S07it tout prelle
El qui s'ain vont se marier.
Oh! quée bin heureuse Tounellc !
Pour 7ni dju dois là d'morer,
El puis loudis
y reimplironl hie leu panse
Dé poréc, dé cras slo[Jé,
NJES— MEU 2o5
El (oui au milan ilel danse
Y (Hronl Icrlous sau'.rr,
El mi loudis
llcsqiii. s. ni. lucganle (Cliarleroi). A Liège : mehain, iléraiit,
manque. V. fr. meschier, nieschef, accident.
llessicr, m'sîé. s. ni. ancien garde-chaiiipètre. / 7i ai gniépu faim,
quel kévau du m'sié. Je n'ai nnllenient faim. En fr. paysan qui garde les
vignes, les iruils murs, lîas-lat. messarius, gardeur de moissons
(messis).
jllesliei*. s. m. métier. V. fr.
lletié-niailte. s. m. jeu d'enfant qui consiste à faire, par des gestes,
le simulacre d'un métier qui doit être deviné.
Jlclte. V. a. mettre, v. n. supposer. Mêlions qu'y vêra, supposons
qu'il viendra. Les liégeois lui donnent aussi la signification de supposer
et en ont fait l'adverbe métans. Vos irez, métanz. Vous irez, je suppose.
11 s'en suit que de là pourrait bien provenir le borain mallainjc. V. ce
mot auquel j'avais attribué une autre origine.
mette de coté. v. n. amasser, thésauriser, v. a. serrer, mettre en
place.
Mette (lu caii. v. n. thésauriser. Que f messe, mélisse.
llctii, ue. adj. honteux, stupéfait. V. mek. Davies traduit le gallois
methu par: perire, deficere, errare, labi. Lat. metus, crainte, v.fr. mes-
lis (Montaigne).
nieiinicr. s. m. hanneton dont les ailes sont blanchâtres.
Aleupli. V. n. prendre de l'embonpoint, engraisser, grandir (Thulin).
Mûpli, m,onpli, en liégeois signifie la même chose, mais ne se dit que
des animaux. En V. f. monteplier, niouteplier, croître; mulliplier? GaU.
niwyhau, arm. nuiia, augere, niajorari.
Meur, uieurte. adj. mûr. V. fr. nieur, e.
Heure, nuire, s. f. fruit de la ronce. V. fr. meure, v. ail. nudbcri,
ail. moderne, Maulbeer, (béer signifie baie), v. 11. et holl. moerbesie et
moerbeer, liég.mertie, lat. morum et morus, qui s'applique particulière-
ment à l'arbre, lequel était inconnu dans nos contrées avant les Romains.
illeurié, luurier. s. m. ronce, rubus fruticosus.
nfleurizon. s. f. maturité.
82
254 MEY-MIG
Alcyaii. s. m. orge que l'on coupe verle pour la nourriture des che-
vaux. Ali. Mai, jeune pousse, jet. La désinence au est diminuiive.
Meyeur, luieur. adj. et adv.de comp. meilleur, mieux. Mietir ein
once de bonheur qu'enne live de sieince.
Slczié. V. n. tourner mal, empirer. Se dit dans le Borinage, des
plaies, blessures, Maisiau, meziau ou mescl, signifient ladre en v. fr. A
Mons, halle au pain, à la viande.
illézîère. s. f. v. maisière.
Mî. pr. moi. V. fr.
Illiainniinui. s. m. sorte d'onomatopée imitant le bruit de la mas-
tication. Du — , des aliments. Fai — , manger. Y. cependant mier.
nichant, le. adj. s'éloigne souvent de la signification fr.: Élce ini-
chanl conle dé mi? ètes-vous fôché contre moi ? Là dcl soupe qui n'csl
nie michanlc. Voilà de la soupe agréable au goût.
JUicrain. s. m. enfant délicat, malingre (Jemniapes).
Mie. V. nie.
lliel. ne se dit que dans cette phrase : El jeu tourne à miel, cange
(lin miel. Le jeu devient une querelle, une bataille.
Aller, niigncr, iiiegner, magner, niougner. v. a. manger.
/ vaut mieur quon V lîise que V leu ne V minse. Si t'a mié V diape, miu
ses cornes. V. fr. mignier, arm. meiis, mets, vha muos, repas, ajiment.
Diez lire l'esp. mueso, morceau, non comme le veut Wachter, du vha,
mais du lat. morsus, comme l'ail. Bisschen, même sign. de l'ail, beissen,
mordre.
liîer, mierre. adv. tout à fait, complètement. Mier nu, mier seu,
tout nu, tout seul. V. fr.; lat. merus. M. Grandgagnage cherche à rat-
tacher mier à l'ail, qui, dans tous ses dialectes, joint au mot, seul (allein),
niulter ou autres mois semblables signifiant tous, mère. Je crois cela bien
forcé.
Alieu. s. m. mangeur. — rf' ca, mangeur de chat. — d' bon Dieu, bigot.
Aligneau, megneaii. s. m. cuvette sans manches, terrine, écuelle
pour le laitage. V. fr., encore usité dans quelques provinces, megue,
petit lait. Pictet fait sur le mot megue une dissertation fort savante, il le
rattache aux divers dialectes celtiques et par eux au sanscrit. Cependant
— pourrait bien n'être que le v. fr. mio; namurois,mow, liégeois, ?no(5,
muids, mesure pour les solides et les liquides.
MIG-MIT 255
lligot. s. 11). magol, pelil trésor.
Aligotcr. V. n. thésauriser.
Alilc. Ce mot est niasc. poar sii;;nifier la pariie molle du pain, la mie.
Bayem du — , II est feni. pour signifier petite parcelle. / n' (ïavoil pu
enne — . Ce mol, au fém., ne se dit qu'avec la négative; on ne dirait
pas : bayez m'ein enne — . II faut alors se servir du diminulif mî7<?«<?,
miette. — , soit m. soit f., n'a pas de plur., milelle en a un. M. Scheler a
peine à accepter, pour étyni. de mie, le lat. mica, à cause que mica ne
signifie pas la partie du pain entre les croûtes, mais petit morceau, et il
est tenté d'adopter média. Notre mile masc. répond à : milieu (du pain),
mile fém. et milelle répondent à miette. V. miselin.
Alilette. s. f. miette, parcelle. On renchérit encore sur ce diminutif
en disant : enne pélile — .
Milieu, uiiyeu. s. m. t. de jeu de balle. Joueur placé au milieu du
jeu. II y a un petit — en avant et un grand — en arrière.
lliniie. s. f. Marie.
Illincli. s. f. et m. lieu couvert pour l'adjudication du poisson. —
s. m. celui qui adjuge. — excl. par laquelle on s'assure l'adjudication.
illincker. v. n. vendre au rabais comme on le fait à V minck. Flam.
mincken, amoindrir.
Minette, s. f. chatte. En fr. baquet pour mettre le sable à briques.
Il petite chatte. A Mons e7ine — est grande ou petite.
Alinou. s. m. chat || s. m. p. poils |j plumes || duvet || fourrures \\
moisissure. Deins les puns d' capron il a dés — . Dans les fruits de
l'églantier il y a un duvel. — ne s'employe pour moisissure que lorsqu'elle
est en forme de duvet, comme sur les confitures. Les moisissures de la
bière s'appellent matons.
lliraine, luirlainc. s. f. aigreurs, soda, fer chaud.
Alirette. s. f. pénis d'un petit garçon. A Liège misoille, qui signifie
aussi souriceau. AU. Maus, souris.
miselin. s. m. parcelle, miette. Ça kée II' à — , cela se réduit en
petits fragments.
Ui<<seron. s. m. moineau (Quiévrain). V. mouchon.
llli»^tanflute (à la), loc. adv. de travers, sans ordre.
mite. s. f. teigne, insecte. En liégeois et en ail. motte; en fr. petit
insecte non aile du fromage, v.h a. miza.
i>:À\ MIT— MON
illilliinii«i><o. s. m. p. ciiilcinas, objection. Faire des — .
Illuclio, niochowc. s. 1". maison (Fleurus). A Liège mohonnc, la(.
niansio, demeure.
Hlodc que non {a)nm), selon mon avis, opinion, cela ne doil pas
être. Ait modi.? Qn'en penses-tn?
niokc. s. f. pain d'épiec très-dur eoupé en forme de macaron. Les
— nous viennent surtout de Gand; mais le mol n'appartient qu'au pa-
tois 11.; on ne le trouve pas dans les dictionnaires.
niolc. s. f. moule, forme. En fr. masse de chair informe produit de
l'accouchement. || Jcllée solide. Gall. niold, forma, typus.
AlolèHC. s. f. p. plantes marécageuses en général, vase, limon,
boue d'un étang, fange. Fr. morène, plante aquatique, grenouillelle.
/ s'a nouyé dcins les — , il s'est noyé, embarrassé dans les plantes ma-
récageuses. On peut croire qu'il y a eu confusion, car c'est le potamogé-
lon qui est dangereux pour les nageurs, non la morène. En fr. on donne
le nom de molène au bouillon blanc.
Molcr. V. a. mouler. En fr. moler signifie prendre le vent en
poupe.
llolle baiudo. s. f. mot à mot, molle bande, pièce de fer platle pour
réunir deux poutres.
AIouio ou niouio cocoche. s. m. petit mal (enfantin).
Alon [ai), à la maison; répond à la prép. fr. chez (in casa). V. esp.
en cas. On ne dira pas : bali n — , il faut un complément : el — du mé-
decin a brûlé. On dit : l — zande, F — du curé, on ne pourrait pas
dire el — curé, pas plus (ju'en fr. on ne dirait chez curé. Il est vrai que
cette suppression de l'art, avant les noms propres, a été généralisée. On
dit : r fiye Pipinc, el gucrnicr Colas, la fille de Philippine, le grenier de
Nicolas; mais c'est un entraînement d'analogie, à moins que ce ne soit
une provenance coll., comme en fr., hôtel-Dieu pour hôlel de Dieu, quatre
fils Aimond. V. Diez, préface de son Worlerbuch.
jllou. capitale du llainaut. Nous ne nous occupons de ce mot
que pour faire remarquer que telle fui son orthographe dans le moyen
âge. C'est ainsi que Jacques Lesaige l'écrit lorsqu'il raconte que grande
l'ut sa joie, quand il vit sur les murs de Ste-Sopliie, à Nicosie, parmi
les noms de pèlerins, celui de Jhan Potier de Mon.
.^loneiaii. s. m. tas, surtout d'ordures des rues. En fr. monceau
MON— MOU ^io7
signifie aussi tas, mais snrtoiil eu parlant de richesses, d'or, d'argent,
de grains. Joinville employé le mot monciau.
niont. s. m. tas, foule, masse, amas : ein monl d'arsouillc. V. fr.
troupe.
illonteuse de modes, s. f. M''" de modes.
lluntre de Uieu (au), réellement, vérilableniciil : On n sai au
montre de Dieu gnic ous qui va quer lé ijar.
llorbleiitlc (al grosse), loc. adv. sans façon, tout uniment.
Aloi'dieiie, mordieusse. juron borain. Laid — .
Alori. V. n. mourir. Ej muers, moru.
nioriannc. s. m. nègre. V. mauriane.
niornioleak, nioleak, luoleak, inoleak. cri des m'^^' de moules
pour annoncer leur marchandise. Il a lieu en chantant et se termine en
montant à la quinte.
lIornialTe, iiiorgniaflTe. s. f. grimace. Fr. mornifle, souflet ; eflel
pour cause; par extension, mauvaise manière, geste inconvenant.
Alorou. s. m. mouron. Esp. vieux, muruge, v. 11. muer, nmyr.
llorpoil, inorpoye. s. m. poil follet. Ce mot mor semble singu-
lier ; car le poil follet n'est pas plus mort qu'aucun autre. Il s'explique
par le dialecte namurois moinrpouyage et là moinr signifie moindre (à
la fois positivement et comparativement) on y dit moinr et pus moinr.
llor tasse, adj. terne.
Alort-terrain. s. m. t. de charb. terrain perméable.
Morzive. adj. ivre-mort.
lloaeharenne. s. f. perce-oreille (Bor.); la musaraigne en fr. est
une espèce de souris.
Mouchefte. s. f. petite mouche, moucheron || imbécile. V. balau.
Jllouelion. s. m. oiseau. Cl ain — pou V cal. Il est perdu sans
ressource.
Quéc temps, dit V paon.
y r faut, ni r corbeau.
No7i fait non fait, dit l papcgai.
I gèle à glace, dit T begasse.
Nos mourrons, tti l mouchon.
Nos mourrons dain nos plumctlcs, cllcU l' ahcttc.
^258 MOL— MOI'
Ardenne, mochon, Liège, mohon, v. IV. moisson, inoison, mousson,
muskeron, v. holl. mossclie, v. 11. mussche, v. ail. muschc, ilialecle
d'Aix-la-Chapelle, môsch. Le primitif germ. mez, dit Ghevallet, a dû
s'introduire dans le bas-lat. sous la forme de mesio mesionis, d'où
moisson. C'est ainsi quepink et flasche donnèrent pincio pincionis, fiasco
llasconis. De moisson, on fil, ajoute-t-il, le dimin. moissonnel et par
syncope moisnel, moinel, moineau.
Aloudrce. Je n'ai entendu le mot que dans celte phrase : pus vieux
qu' Icskï'inins del — . On croit que — signifie meurtre.
lIoufl*c. s. f. p. moufle. FI. mofiel, manchon, ail. Mufl", holl. mol",
bas-lat. muflukc, gants fourrés.
lIoufTcter, lloiifter. v. n. répliquer. Usité dans le midi de la
France. Est-ce un dimin. de mouver (les lèvres), mouvëter? Est-ce du
Ir. mufle, ail. Muffel?
AloufGasse. adj. mou, flasque, fade. Enne rainmoulasse, ain navîau
mouffiasse. V. fr. mofllet, moulïlet, dont le simple se trouve dans le bas-
limousin moufle (élastique, meuble). V. ouf. Ce mot s'est peut-être
composé de mou et de flasque.
Mouffln, ue. adj. V. mouffiasse, dont en quelques localités il est
l'équivalent ; de plus enflé, gonflé.
illou§;ncr. v. a. manger. V. fr. moigner.
Mouille, nioiiyc. Ni /".... ni mouye ; expression basse et ordurièrc
pour dire : absolument rien.
lloiikieu, luoiiskeycn, ciise. adj. morveux.
Aloukion, ]lIou!»kéyon. s. m. morve, mucus des narines expul-
sé en une fois, crachat. Lat. mucus, fr. moucher.
nioukron. s. m. moucheron, cousin. Lat. musca, ail. Mùcke, fl.
muk.
Moule, s. f. morve, crachat épais || s. m. cœur d'un arbre || moelle.
Lat. medulla.
Moulette. s, f. poulie || articulation || jointure de membre. En fr.
partie d'un clou de ciseau, petit coquillage. J'ai mau dain lou vies mou-
lellcs. Je suis brisé dans tous les membres. D'où peut-être moulu dans
la signification de harassé. Molette en fr. est une grande poulie servant
dans les mines. V. fr. demoiller, déboîter.
lloulin. s. m. rouet.
MOU— MOU -259
Alonlinci*. v. n. travailler au bourriquei d'une houillicre. En fr.
préparer de la sole au moulin.
Aloiilinoir. s. f. fille qui mouline. Remarquez que dans le Borinage
les adj. français en eur, wallons en eu, forment leur féminin en oire,
comme à Valenciennes. (V. le dict. Ilouchi par Hecart),
Aloulon. s. m. ver, larve d'insecte. Gall. molt, ver, gotli. malo,
teigne, insecte qui attaque les laines, en montois mile, fl. moim, ver-
moulure, niolmen, vermolmen, se vermoudre, lat. vermiculus, de ver-
mis; du dimin. lat., aurions-nous fait verwiou/on, comme on dit vermoulu,
puis abandonné la première syllabe? Nous disons moulu dés vicrs ou
simplement moulu. Moulon n'est pas syn. de vier (V. ce mot). Le mot
— . employé seul, s'applique particulièrement à la larve de la mouche à
viande, la grosse mouche bleue. On dislingue le blanc — ,Ia larve du
hanneton ; et — à queue, la larve de la mouche scatophage, celle des
lieux d'aisance ; el moulon rf' bo, la larve du capricorne à odeur de rose.
I) Faire, fai moulon ou des moulons, bouder. Faire — à s'pance, bouder
contre son ventre. AU. schmollen, bouder.
HIoulu, ue. adj. fortement gravé de la petite vérole || vermoulu,
percé de vers |j fatigué, harassé. En fr. pulvérisé, froissé de coups. V.
moulelle.
Alouniau, nioniau. terme injurieux qui s'accompagne ordinaire-
ment de l'épithète laid ou vilain. C'est probablement une corruption du
mot fr. moineau.
Aloiiquet. s. m. émouchet, mouchet, oiseau de proie. Fig. homme
rapace, adroit || joueur heureux. V. fr. mousket, v. fl. niosckel, mus-
cket, bret. mouchel, irl., écoss. musg, musgaid.
Alourdreu. s. m. meurtrier, assassin, personne cruelle. Les ail.
disent Môrder, les fl. moordenaer. V. fr. mordreur, meurtrier, mordrir,
assassiner.
IBourniaclier. v. a. et n. ruminer || mâcher beaucoup. No vake va
mau, elle ne mourmachepus. Notre vache est en danger, elle ne rumine
plus.
Mourinayer. V. a. tramer, préparer || gronder (Bor.).Maille=trame.
lloiiriuoiilette. s. f. moule.
llou.scayc. s. f. matière fécale ; t. d'arg. mouscaille dérivé du v. fr.
mousse, même sign. : mousse pour le guet et bran pour les sergens
:>i;o MOU— MOU
(adages de Solon de Voge). Il est :'i remarquer qne les l. empruntés à
l'argot ne sont guèi-e employés qn'en ville. Si le mol argotique est répandu
dans nos villages, on doit soupçonner qu'il a été plutôt prêté qu'em-
prunté. Cette remarque est applicable, quoiqu'à un moindre degré, aux
mots du bas-langage.
illonskcyon. diirèrc de moukion en ce qu'il ne s'applique qu'à la
morve du nez et non au mucus de la poitrine.
ïlloii!»kier. v. a. moucher. Mouskiez vo nez, ou i s' mouskra. Mariez
vo fine, ou clic se mariera.
ilIouKquclter ou monskeller. v. a. cribler |i percer de coups ||
déchiqueter. Mousquelcr n' yorle à cô rf' cayau, jeter une nuée de cail-
loux contre une porte ; du mot mousquet ou de skcllcr-mou.
Aloussé. s. m. mousse. Lat. muscus, bas-lat. mussula.
lloiilarde, luostandc dé capuchin. s. f. moutarde de capucin,
cochlearia armoracia. FI. moslaerd, ail. Môsirich, racine, most, moût,
lat. mustum (vinum), isl. mustard, it., port, mostarda.
lIou<ai*delIe. s. f. plante avec la graine de laquelle on fait la mou-
tarde. Sinapis nigra.
Hloutje, niotje. I. de charb. bouille impure, pesante. On donne
quelquefois ce nom à la terre qui se mêle à la houille en l'exploitant.
MoiiUe. s. f. montre, échantillon || menuiserie qui sépare l'acheteur
du vendeur dans une boutique. Bayer dcl mouUe, donner un échantillon.
Ess fîyc-là baye del moullc, cette fdie étale ses charmes.
lloustror, montrer, v, a. montrer. On na fok mouslré le feu à
s' char là, cette viande n'est pas cuite. Mot à mot, on n'a fait que lui
montrer le feu.
Alonyaii, lunyau. s. m. adj. faisant au fém. muyelle, muet, muette.
V. fr. muea, muelle, liégeois mouwai, mouwal. Dans les dialogues de
saint Grégoire (xf» siècle), on trouve mueaz, féminin muelle. Gall. mud,
mutus, elinguis.
llonyon, inouilloii (/)' cabiau). s. m. tranche de cabiilaut; peut-
être de moignon.
llouze. s. f. moue, mine. On ne dit pas comme en fr.: faire la moue,
fair' el tnouze ; mais bien : fair' cnnc inouzc. Bas-bret. mouza,
bouder.
.lloiizon. s. m. museau, visage || fig. grognon. Bas -breton,
MOY-JIUF 201
nmsel, pluriel niuscllon, dialccto do Vannes, ninrzool, plur. niorzcollcu,
l>as-lal. niusiis.
Hloyc s. r. meule (de foin, do grain). FI. niuyl, lal. moles, bas-lal.
muUio, V. l'r. moye. las, monceau, amas. M. Schcler rejelle l'étymol.
de moles el adopte celle de nielula, dimin. de mêla cône, pyramide.
Sloyeler. v. a. ameuloner.
Moyenne, ce. adj. riche, qui jouil d'une fortune aisée.
Hloyeniier. v. n. trouver un expédient, faire un arrangement. Y n'a
nu moyé d' moycnncr avé li, nul moyen de s'arranger avec lui.
nioyeus, luoyé. s. m. p. aisance, richesse.
Moyctte. s. f. dimin. de moye. Ne s'applique pas au foin. C'est le
muau de céréales. Ermellc ein — .
AHuai», se. adj. mauvais.
lluau, niiiyan. s. m. réunion d'une certaine quantité de miilquins
(v. ce mot). Y. fr. muyot, tas, monceau.
lluelie s. f. lieu dans lequel on cache || trésor caché. V. fr. muce.
lliielié ou miichot. s. m. jeu d'enfants dans lequel on cache quel-
qu'un ou quelque chose. V. cafama.
illuchcr. V. a. cacher. Musser esl employé par Montaigne, etc.
lluchetainpo. s. m, régal clandestin, ce qui en est l'objet. Ce mot
est composé : muche-\-tain-\-pot (cache ton pot). La syllabe lain
annonce qu'il n'est pas né chez nous, mais dans le nord de la France, où
l'on dit tain pour ton. Nous aurions dit : muchc ellpot.
niiichetle. s. f. cachette, jeu d'enfants. Diminutif de miiche et mu-
chot.
Tous ces mois, ainsi que le v, fr. musser, mucer ont beaucoup occupé
les élym. 11 y a en efiol le vha mussil, clandestin, le bret. moucha,
cacher le visage (Rostrenen). Ménage lire musser de mussare, parler
bas, Barbazan de amicire, voiler. Diez du mha sich niuzen, se retirer
dans l'obscurité.
niuehenagc, niiehenage. s. f. glanage.
Hliichëncr. s. n. glaner. En liégeois, mehné.
niiichon. s. f. glane. En liégeois mchon, v. liégeois mcxhon, v. fr.
messon, bas-lat. missonum, lal. messis, moisson.
niuée. v. moye.
llufliaii. Au Borin. luiisfian. Dans quelques villages niiistla. s.
iG^2 :\IUI— MUT
lu. t, (lo bouclier, réjouissance, jarret des hèles de boucherie. A liiége
muslai, réjouissance el lihia. Selon M. Scheler du lai. inusculus, soris
(le ganibe (gloss. lai. rom. de Lille).
Aliiid. s. m. mesure de capacilé pour les grains, il conlicnl six
razicrcs, la razicre deux vasscaux ou vassiaux, le vasseau deux quar-
tiers, quatre pintes ; valeur en hectolitres où setiers de 5,2032.
Jlliilqiiin. s. m. petit mont de foin ainsi disposé, jusqu'à ce qu'il soil
assez sec pour être forme en muyau. Muyt en (lamand signifie meule'et
on sait que, d'après le génie ail., les diminutifs se formenl par la termi-
naison chen.
niur s. m. t. de ch, espèce de roc moins dur et moins cassant que le
roc proprement dit. y. roc: Y /t'amïam?ii à mur ?u'« roc, il ne comprend
pas du tout, il ne veut pas comprendre. || Plancher d'une mine dont le
toit se nomme roc. Je doute fort que ce mot ait un rapport d'origine avec
le fr. mur, latin murus, car il n'y a pas d'analogie de signification ;
comme el mur se délite avec la plus grande facilité à l'air, le nom pour-
rait bien venir de Tall. mûrbe, friable, peu cohérent.
Muré, uiiiret, meure, s. f. violier jaune, giroflée de muraille,
cheiranihus cheiri. On donne ce nom à cette plante parce qu'elle croit
volontiers sur les murailles.
Muriau. s. m. t. de charb. mur formant les parties latérales du
cliquiage. V. ce mol. V. fr. muriaux, mur.
niuser. v. n. faire du bruit avec la bouche, chanter sans desserrer
les dents, huer doucement, comme font les écoliers en classe. Lat. mus-
sare, mussitare. En fr. muser signifie s'amuser à des riens, etc.
illustaufluttc. v. mislanpulle.
niutiau. s. m. partie du cou du bœuf peu estimée, que Ton vend à
bon marché ; C'est une confusion avec mufliau.
lluiiernc. s. f. taupinéc, taupinière, petit mont de terre formé par
des taupes. FI. mol, taupe -|- lierne, tertre.
Illutierné. (seinli V — .) avoir une odeur de moisissure. Est-ce
([ue ce mot se rapporte à mulienie? est-ce que la terre des mulicrnes a
une odeur? ou bien se rapporte-t-il au mot suivant (jui à la même si-
gnification?
Alutri. moisi, avoi ain gou d' mulri. Celt. bret. moùellr, rance,
moisi, moùcltra , moisir, rancir, fl. muf moisi, miiflhcid , moisis-
MYS— NAN 265
sure. V. Ir. niiicie, imiclie. Les liégeois discnl moulii pour mor-
lifier.
Alyslére. s. m. i,'adoue; ail. Misl, ortliires, fumier, excréinenls.
]sr
Dans nos villages iiiduslriels et beaucoup de villages agricoles, m
l)rend le son de ^n : pun fait pungn, pan fait pagne, vin fait vaingnc.
Chevallel attribue le son gn en fr. à l'influence néo-celt. A Binche les
mots en an se changent en awe, a\u galant (amant) devient à peu près
galawe. A Fleurus les mots en on, ain, se changent en owe, aiwe, bcnion
devient presque beniowe,ceindrain presque ceindrcive;c'csl un vieux reste
des sons gaulois. N s'employe euphoniquement pour éviter l'hiatus : il a
passé pa nein biau trau; ii n'est ici que facultatif ; il est d'obligation
dans vo n homme, leu n'einfant. N tombe dans les mots en icn : rié,
bié, kié, lie, vie.
Ha. inlerj. cj d'arai, na! Eh bien ! je veux en avoir.
IVacticu, euse. adj. qui se dégoule focilement, difficile dans le choix
de^ aliments. V. fr. nachieu, nachcus, naclius, répugné, provenant du lat.
nausea ou de l'ail, naschen, être friand, goth. hnasqvus ,mou, dé-
licat, en liégeois neroi et nareu. Pourrait.aussi être un dérivé de nak,
connue nareu vient de naris.
Ifak. s. m. odorat : il a du — . il a le nez fin; fr. renâcler. V. fr.
nasque, bourg, naque morve, lat. nasicus, nasus.
iVakicr, I%'aker,IVakter. v. n. fureter, se mêler de tout, regarder à
tout, faire comme les chiens qui cherchent la piste, v, fournaskcr et
crnasquer.
Manan ou nannan. (faire) faire dodo, dormir (enfantin); faire la
nanna est une expression florentine qui a absolument la même valeur.
Nané en liégeois signifie dormir ; en fr. friandises, sucreries (aussi en-
fantin).
Il'anbu, use. adj. peureux (Bor.).
IVaiigc de kau. {elle ain) être en nage ; ce ne doit être que le V. IV.
en ague (en eau), v. aiwcu.
Manger, v. n. nager.
'20 i NAN-NÉE
IVantc. s. r. lanle; v. nonk. Lat. ainila,
H'ar. s. m. arc; à force de parler de l'arc avec un proiioiu poss.
cmti'ar, elle nar, on a fini par dire el nar. Pareille chose a lieu pour
plusieurs mots dans toutes les langues.
H'asic. s. m. nez, surtout gros nez; lat. nasus, ail. Nase.
IVasot, Mazol. s. m. petit nez (enlantin).
IValiirc. s. f. manière honnête de désigner le sperme; il y en a beau-
coup d'autres qui ne le sont pas du tout et que nous ne |)Ouvons men-
tionner : y picrd loul s' — . il a une spernialorrhée.
lVaii|çi. adj. fatigué. V. naw. A Mons on dit scran.
il'aupc. noble. Je ne donne ce mol que pour faire voir sa pronon-
ciation si éloignée de la pron. fr.
H'avia. s. m. noyau. — n'est employé, en ce sens, que dans l'est du
Hainaul. A Liège on dit naivai, ce qui semble n'être guère que le chan-
gement habituel du fr. au on e ou ai (V. iau), lat. nucleus ; cela me pa-
raît plus simple que d'invoquer l'ail. Aabe, le 11., holl. naai, naef, nave,
moyeu.
nîaviau, navia. s. m. navet. V. fr. naveau, naviaux.
Haw, nau. Cet adj., usité seulement dans l'est delà province, est
fort difficile à pronoucer; il signifie paresseux, accablé, abattu, privé
d'énergie, comme on l'est par ex., dans la chaleur étoulfanie et la ten-
sion électrique qui précèdent les orages; il diffère de flau en ce que
l'état de celui-ci est plus soutenu, tandis que celui-là est essentielle-
ment passager. Naw en liégeois signifie mou, lâche, fainéant, nâlii,
nauhi, fatiguer, lasser, gêner, importuner, M. Graiidgagnage fait venir
— du lat. ignavus ou bien de la négation, -]- du mol liégeois âhe, na-
nmrois auje, aise. 11 rapporte aussi le golh. azi, azets, et les paral-
lèles celt.: gadhel. alliais, bret. cas, aise, corn., aise, bret.eas, ez,aisé,
corn., aizia, faciliter. Je m'étonne qu'il n'ait pas pensé au fl. nauw ;
cet adj. signifie étroit, mais le subst nauw veut dire gêne, henauwen,
oppresser, accabler, henaud, accablé, étouffant.
1^'ée. s. f. t. de cliarb. ligne de joiiclion des combes du nord et du
midi, partie la plus basse d'une couche de houille. En liégeois, limite
des coupes de bois. V. layon. 11 s'en suit que li née de Liège n'a pas
(le rapport de signification avec cl née de nos charbonniers ; c'est U notcc,
en fr. noue, qui en a un. Que je fasse bien vite romaïquer que les diction-
NÉF— NIE 205
iiaires'liégeois ne présentent pas ce mot comme terme de mineur, mais
comme terme usuel. L'académie définit noue : endroit où se rencontrent
les surfaces inclinées de deux combles. Ce mot a une double source :
du V. ail. nua, nuona, du breton naoz, canal, nôcd, noued, gouttière.
H'é fut que. conj. à moins que.
IWé natif, pléonasme.
Mépié. s. m. néflier; lat. mespilus.
H'eppe. s. m. nèfle. V. fr. mesple, nesple.
Héreu, narcu. adj., à peu près synonyme de nacfieu, provient peut-
être de naris, d'où narinosus ; néreux et tiareux appartiennent au V. i'r.
et signifient qui vomit facilement. A Liège nareus, ncroi, ditficile dans
le choix des aliments.
Mépîe. non plus ; ne se dit qu'au village : ni mi — , ni moi non plus.
Hèrîé. Rien; c'est surtout un mot de refus (Borin.): main ein morciau.
Nerié, donnez m'en un morceau. Vous n'en aurez pas. On peut justifier
cette apparence de pléonasme. Dans l'origine, le V. fr. ren signifiait
chose et était feni., comme le lat. rem ; il n'emportait jamais avec lui la
négation, il fallait l'ajouter quand on voulait lui donner la signification
négative.
Métier, v. a. nettoyer. V. fr. netteier, lat. nitidus, gall. nithiaw,
laver, sanscr., nig, nettoyer.
Hlafie, gniaffc. s. m. gamin, polisson || savetier.
Miai. s. m. nichet : œuf ou sinmlacre d'œuf placé dans un nid pour
y faire pondre les poules.
Hiambot. s. m. déformé, mal bâti, contrefait; fr. nabot. V. fr. nim-
bot, fl. nabootsen contrefaire : na, après -|- bootsen, former. V. nord.,
nabbi, bosse, nœud. V. eilboUe.
Iliau gnau. s. m. cri d'enfant, vagissement, pli nian nian nou-
veau né.
H'iberg. — Dain lé cabusellc, formule de refus, de négation. Voz
are — , vous n'aurez rien. Niberg appartient à l'argot Ir. En argot il.
niba, niberta.
Miche, s. m. vêtement de pauvre.
Micodeui. s. m. imbécile. V. magrite.
Mie, nie, V. gnié.
Mîer. s. m. nerf. — de bue, nerf de bœuf.
260 NIE— NOÉ
Hier, iiouyté. v. a et n. noyer. V. nouyer.
HicuUe. s. f. pain à cacheter. En liégeois nulle; v. fr. pâtisserie lé-
gère, espèce d'oublié, bas-lal. nebula, ncbuUa, oublie.
i\i^aiidiiiosse. s. m. nigaud.
Hiiieltc. s. f. abrev. de Calherinette, que l'on dit plus souvent Iri-
nelle; fai nanan — dormir (enfantin). Il y a une chanson qui commence
par Nanan Ninelle, les amateurs la trouveront dans Ilecart. Peut-être
ici Ninelle vient-il de l'esp. ninetta.
IWinoche. s. m. imbécile, v. inochein.
Hiot, gniot, Ite. adj. petit; par pléonasme on dit souvent : pli gniol;
nino, en espagnol, signifie enfant. V. fr. mignot, lat. minulus.
Hiqiiedonyc. s. m. imbécile; employé en bourgogne ; deNicodème.
]lic|iiet, s. m. somme de courte durée. En fr. double tournois. En
ail. nicken signifie cligner l'œil, sommeiller élantassis. V. all.hnicchan,
hnikjan, v. 11. knicken.
niquclcr, nikter. v. a. couper la queue d'un cheval. FI. negge,
bidet, angl. to nick, faire des entailles, redresser, etc.
Hîlée. s. f. couvée || nichée.
Hîîve. s. 1. "neige. Quand y Icce dcl nive su V toit, y fait foid dain
V maison, quand les cheveux blanchissent, l'ardeur de l'homme s'éteint.
Lat. nix, nivis.
Ho. pronom, notre. V. fr.
Hîochci'e. s. f. V. noque.
Hodaine, nosdame. s. f. nom que les servantes de ferme donnent
à leur maîlresse. On s'en sert à Mons pour désigner une femme impé-
rieuse ou d'un caractère énergique, c' l' enne matlresse nodame. Quand
on veut désigner la Vierge on dit nolerdame. Il avoi al pourcession tout
plein dé belle nolerdame. 11 est remarquable que l'on prononce autre-
ment en français Notre-Dame, église de Paris, dont le R se fait fortement
sentir et notre dame, notre maîtresse, dont R ne doit guère se prononcer,
excepté encore dans le discours soutenu.
Hoce, Houcc s. m. Noël.
A St-Tliomas,
Cuis, bue (fais la lessive), lave lés draps ;
Qualle /on apri's Noéc C ara.
NOE— NOU àG7
Tée joh Noée, lée joZi Van. La fêle de Noël et celle du nouvel un
arrivent an même jour de la semaine.
A Noce i pas cVeia solée,
A Fan Vagambée (Tein sergent,
A lés rois on s' ein apperçoil.
Au candlce toute allée.
Se dit de la croissance des jours après le solstice d'hiver. V. fr. noex,
noue, nouel, noweil, novel, noué. Lang. nouvel; de ce que Noël a été
longtemps le premier jour de l'an ; mais M. Sclieler rejette cette
interprétation et rapporte Noël à natalis.
IVœud de panse, s. m. estomac de bœuf.
IVoir talon, s. m. protestant.
Holre cspenne. s. f. nerprun, rhaninus catharticus.
I^'oîrvessou. s. m. pâle et blême. A Liège nwirvessou. Hoir signifie
mort. Pâle comme enne vesse, pâle comme la moi't. *
IVolu, noliii. personne (Pâturages). Ça n' fait d' mau à — , cela ni^
fait tort à personne. V. fr. nullui, lat. nullus.
I^'oui. s. m. prénom, surnom, nom de baptême. Par contre on appelle
surnom le nom de famille. Apclcr quéquun toute sorte dé nom, l'inju-
rier.
H'oiu dés os [sacré — , sacré mille — ). juron montois.
Hon fait, nosa fra. non certes. V. fr.
rVonk, Bionque. s. m. oncle. A force de répéter : emn' onk, leu
n' onk, on a fini par dire : cl — . On dit par pléonasme, cm mon onk,
eonmie on dit : cmme, ctte, cssc malanlc, mamcrc, ma cousine, etc.
1%'oquc, nocîiere, noequîèrCr s. f. gouttière. Celto-breton, naoz,
canal, Noed, Noued, gouttière, v. ail. noili, canal et nochs, gouttière, v.
fr. nocquière.
rVoucr («'). V. r. devenir rachilique. Noué et nouure pour racliitique,
lachilisme sont français.
IVougcllc, neusette. s. f. noisette. V. fr. dans les deux formes.
IVougié, neusic. s. m. noisetier, coudrier, corylus avellana.
H'ouneii. s. ni. ecclésiastique, moine. C'est le masc. de nouncltc.
nioiinou. s. m. chat (enfantin).
-20S MJ-0
Mil. aucun, nul. S'(>mploio volontiers à la manière gorm., quand on
IV. on (lit pas de : i nu nu sce à V soupe, il n'y a pas de sel dans la soupe.
/ na nu si noir pol qui n trucvc es coui^erte. Mol à mot, pas de pot si
non" qui ne trouve son couvercle. Quelque laide que soit une fdle, elle
trouve toujours un mari. Nu devant une voyelle prend im z : / na nuz
homme pou vive avé U, personne ne peut vivre avec lui. Peut-être cela
vicnl-il de ce qui^ le v. fr. écrivait quehpiefois nus (nullus).
Hué, nwc, fém. nwaîfe. adj. neuf. V. fr. noef, nuef, lat. novus,
bret. nevez, gall. newyz, sansc. nava.
IHuef, iiwef. n. de nombre, neuf. A Liège nouf, lat. novem, irl.
erse, naoi, gall. naw, bret. naô., corn, nau, sansc. navan.
H'oiiyer, neycp, nîyep. v. a. noyer. C C enne vakc qui s'a nouyé
dcins «' erachal, c'est une vache qui s'est noyée dans sa salive, réponse
aux curieux empressés qui demandent : qu'esl-il arrivé?
Il[uuu.adj.scrupuleux,cagot.Ce mot provient sans doute de minutieux.
IVutte, nuî, nuitte (au), vers le soir, après le coucher du soleil.
Diffère de : par -^, qui signifie pendant la nuit, V. fr. à nuit, le soir.
o
O. La quantité de cette lettre, en montois, comme celle de la diph-
tongue au, diffère fort fréquemment de la quantité française. On ne doit
pas(ordinairement)accuser les montois d'avoir estropié la prononciation ;
car ils sont restés fidèles à la quantité latine que les français ont aban-
donnée. Les français l'onl-ils foit juste au moment du passage du mol
d'une langue dans l'autre? l'ont-ils fait plus lard? Cela n'est pas facile à
décider, mais serait bien intéressant à constater; car nous pourrions
découvrir si quelques uns de nos mots nous sont venus à travers le v.
fr.,ou si nous-mêmes les avons extraits directement du latin. Quoi qu'il
en soit de celle question, nous disons Rosine, que les fr. disent Rosine,
par contre, nous disons Paîil que les fr. disent Paul.
Cette remarque peut s'étendre aux autres voyelles ou diphtongues, et
cela aussi bien dans les mots d'origine germanique ou cell., que dans
ceux d'origine latine. Nous disons drolle (al!., fl., drollig), gaél. droll, ce
que les fr. prononcent drôle.
OCC— OPIl 20!)
L'O se change souvent en ou : moumeinl, sonnette, nounelte, ourme,
counoilte, coumainclier, lonniaxi, bouyau, cl réciproquement, ou eu o :
sorillc, morl.
Occî. lue. V. m. fr.
Oculcr. V. u. et a. écussonncr.
OffraBidiérc. s. f. espèce de portière d'église chargée de donner
aux fidèles des renseignements sur les offices, de soigner le linge des
autels, de distribuer le vin aux prêtres, clc.
©k. V. hok.
Olaqiicn. s. m. personne sans solvabilité, sans responsabilité, sans
crédit (vers la frontière de France).
Olifan. s, m. éléphant, FI. et v. fr. olifant.
Olive {doi (F), panaris de mauvaise espèce. V. blnn-doi.
Onibra^oux, ouse. adj. timide dans sa signification de, craignant
le monde. En fr. soupçonneux, défiant, peureux en parlant des che-
vaux.
©iicreij. adj. doux, gras, fade, nauséabond. Âll. Ekel, dégoût, nau-
sée, fr. onctueux, bas-lat. unctuosus.
Onetion. s. f. droit, octroi, privilège, prérogative; c'est sans doute
une corruption du mot option. Avoi l'onction, pouvoir se permettre
(Quaregnon).
Oiidainc. s. f. rangée d'herbe, de trèfle, de luzerne formée par la
faux du moissonneur. On lui a donné ce nom parce qu'alors une prairie
a quelque ressemblance avec l'onde d'une mer légèrement agitée. Peut-
être aussi du fr. andain, ce qui est fauché d'un coup.
Op. excl. pour inviter à se lever. Allon op, allons, debout. On peut
présumer que c'est la prép. nécrl. op, sur, qui, comme les autres prép.
german.,sert d'impératif On l'employé dans le commandement de porter
arme. Il y a cependant l'esp. upa, aupa, excl. adressée aux enfants :
levez-vous, courage. V. aussi oper.
Opcp. V. n. de op, on peut avoir formé le verbe — : Je V frai hé — ,
Je le ferai bien lever. Mais n'omettons pas de dire qu'il y a le v. fr.
ober : ober del lit, sortir du lit, et de plus le cymr. ob, départ.
Opivllc. s. f espèce de rosse, poisson. Liégeois, popioul, lat.
a pua.
Oprciiiii. V. au preum.
34
-27(1 OU A— OUI
Orn^ii. adv. lanlôt. Lai. liorain haiic, v. fr. orcins, oi'aius, bas-
birioii, oraiu, loul de suilc, basque, orai, inainteiiaul.
Orée. s. 1. bord. — du bo, lisière de la lorèl. Gall. or, lai. ora.
Orncliot. s. m. cbose mal I;iile || personne maussade, maladroile.
V. fr. bocliebos, sorle de soldais (Froissarl), hokebos, sorle de lance.
Orlile. s. 1. orlie. Liéi^eois, ourlaic.
Os. s. m. p. t. de jeu de courlau, arliculalions des doigls avec la
main. Nom des os. Juron.
Osé, ée. adj. liardi.
Osoi, osoir, onsoi. v. a. et n. oser, pari. osu. Les autres lenips
comme en fr.
©spék'f. V. haspél^.
Os|(éloi. V. haspélol.
Ossinii, ochaii. s. m. os. A Namur oucha, à Liège ohai. Lés —
trôUé s' piau, les os lui percent la peau, tant il est maigre. Quand les
ménagères se plaignent de ce que les bouchers leur donnent trop d'os,
ils répondent : Acalcz dés Inmçons, madame, i nara gnié d' — .
OstalbriiTe, st«lbrif, esiallis-iêTw. s. f. compte embrouillé, grossi
outre mesure. Ail. zablen ou belzablen, compter, payer-j-Brief, lettre.
Otioii. s. m. outil |[ imbécile. V. IV. bostil.
Ouais, part, alïirm. oui. En fr. interj. de surprise. A Liège on dit
atvé, à Yalenciennes awi, à Namur oï, v. fr. oil. Ouais est une diphtongue
qui doit se prononcer longue, dont le son doit être irès-ouveit cl se rap-
procher de wâ. V. wai.
Ouclie. V. houche.
Oiiesse. V. uessc.
Oîif, ffe. adj. ce mol n'a pas en fr. d'équivalent aussi général. Il si-
gnifie meuble en parlant de la terre, mais il s'applique à tous les objets
placés légèrement, il est l'opposé de pressé, dense, entassé, compact.
A Namur ol, al, à Liège hol, ival; ail. hohl, flam. bol, creux, v. fl. hael,
exsuccus, aridus, sublilis, esp. ufano, port, oufano, vain, orgueilleux,
ital. utTo, abondance, gotb. uljo, surabondance. M. Corblel fait déri-
ver le mol picard ouche, terre labourée, du bas-lalin occatus, labouré.
Ajoutons encore que, dans le bas-limousin, moufle a toutes les significa-
tions du montois.
Ouielie. inleij. bah, oui (ironiquemenl).
OUN-OUY 271
Ounelle, ouiienne. s. f. chenille; (inconnu à Mons) usilc seu-
lomenl au village. Les liégeois disent ouyennc, alennc , hclenne ,
fr. phalène, espèce de papillon, v. iV. onaine, chenille, bret. \is-
coulen.
Oiir. V. hoiir.
©larde, v. hourde.
©tiriîie. s. ni. orme. V. fr.
Oeasqiié, ayHsqiic ccsl que vos elles, slé? Où êles-vous?
Oiitle. au-delà, outre. Le montois n'employé jamais ce mot comme
prép., excepté avec dé : — dé li, au-delà de lui. Seul il est toujours adv.
et se compose avec les verbes à la manière des langues du Nord en se
plaçant à la fin de la phrase : Ein m^/ni iiesl gnié co loudi — , mon mal
n'est pas encore passé. Racache ein pau f' balle là — , chassez celte
balle au-delà du tamis. Em ?i' homme esl méCnanl ouïe, mon mari est
perdu, est dans un état désespéré, est mort.
Ouvrer, v. n. travailler. En fr. il esl actif cl signifie fabriquer, mais
autrefois on l'employait comme neutre. Ej waif ou fwaif, fouvroi, fai
ouvré, que f ouvrisse. V. fr. uevrer.
©Hvérîé. s. m. ouvrier. V. fr. uverier.
Ouyar (loubak). tabac dégénéré. Il croît plus promptement, mais
est de moindre qualité (Ghlin).
Oiiye. s. m. œil (dans quelques villages). Haut-ail. vieux, ouge, ail.
moderne, Auge, v. fr. ueil || s. f. oille, esp. olla. V. oyc.
Ouyelle. s. f. pavot. M. Grandgagnage croit que M. Ilecarf, à son
url. oliclte, s'est trompé, en disant que c'est le pavot blanc et pense qu'il
faut entendre par ce mol olivette, plante oléifère. J'ai vu de mes propres
yeux des champs de papaver somniferum que nos paysans nomment
ouyelle. Tout pharmacien montois donnera sans nul doute des capsules
de pavot à quiconque demandera dés liclles d — pou lav'mein. Après
cela Yolielle de Liège peut être autre chose : Ce peut être l'olivelle, ra-
phanus oleïferus.
©uyH, «e ou «se. adj. couvert de duvet, cotonneux, velouté. Se dit
surtout, dans le Borinage, des fruits et des feuilles. Cet adj. y qualifie
aussi les personnes mal peignées, mal soignées. Les liégeois disent pou-
you, qui provient du fr. poilu. Comme le dit Ilecart, dans son dict. Roii-
chi, ce mot doit être une altération du v. mol houssu. C'est ainsi que
-rn ovE— i»Ai
Clusius, li'.uliiclour. de notn; Ijolaiiisle Dodut'iis, leiul lo mol Iiis|ti(liis.
y. houyu.
Overgan. s. m. l. de bat. v. baqucl. Overgang eu 11. signifie passage.
Oyc. s. i". oillli, mélange de divers légumes, nolamuieut de carollcs
el de navels cuils avec du lard. Esp. olla podrida.
I*a. s'employe pour papa au Borinage.
I*a. prép. par. on lui ajoute souvent la lettre euphonique N pour
éviter l'iiialus : Pa nein biau jour il alliont, un beau jour ils allaient.
Paclii. s. m. verger (Pàturagas). A Liège on dit pahiss, v. Ir. pa-
schier; gallois, pasg, pastio, pesgi, pascere, saginare ; lat. pascuum.
I*af. adj. confus, stupéîait. C'est, comme dit Remacle dans son dict.
liégeois, une énergique onomatopée qu'on ne retrouve dans aucune
langue.
Pagnag-na. s. m. aya-pana, drogue.
Pagne, pan. s! f. pain. Pagne ne se dit que dans certains villages.
E^agiîon. s. m. petit pain à demi-cuit. V. fr. paignon, petit pain.
E*aincB*oSté. s. f. tranches de pain, trempées dans de l'eau ou du lait,
ensuite dans des œufs battus, qu'on fait frire à la poêle. On nomme aussi
cela : pain perdu.
E^asn «le uiadauBC. variété de coiique. V. ce mot.
S'^ai» luoHet. espèce de petit pain moins délicat que le précédent.
I*aît8*eï*. v. n. pâturer.
I*aiyer. v. n. et a. au jour dit lundi pierdu, c'éiAil l'usage, pour les
ouvriers de chaque atelier, d'aller en corps souhaiter la bonne année
aux pratiques de leur maître, dans l'espoir d'obtenir un pour boire; cela
s'appelait paiyer. Les entants poursuivaient les bandes d'ouvriers par le
cri de : paiycu, paiyeu ! Le soii- les rues de Mous étaient remplies
d'ivrognes. L'administration communale, en présence du spectacle ignoble
qu'offrait le lundi perdu, a fait des efforts pour y mettre un terme. Peut-
être en quelques années réussira-t-elle et le mot paiyer se perdra avec
l'action qu'il signifie. Cependant on peut espérer de le conserver sous
la forme figurée, alors il signifie mendier, quêter : Fifine, ej vie paiyer
n' pclilc baije, Joséphine, par charité un petit baiser.
PAl— PAL 273
Eu eulrant dans les idces de IM. GrandgagnaLçe, rélyniologie du mot
sérail iuirouvable, si l'on n'éiail aidé par les foruies nauiuroises ; et en
écrivant : hct, aller chercher les hées (élrennes), il me semble avoir fait
fausse roule; ce savant invoque l'ail, heischen (réclamer, exi-
ger), d'où le dialcclc d'Aix-la-Chapelle heesche, mendier. Déjà j'aurais
préféré qu'il écrivit liai au lieu de hce, alors sa pensée se serait portée
sur le V. fr. hait, bonne volonté, gré, désir de satisfaire, lequel hait a été
produit par le nord, heil, gotli. ga-hait, permettre, faire vœu, bret. het,
plaisir, agrément, désir, écoss. irl. aileas, joie, gaieté, écoss. ait, gai,
joyeux. Hait a laissé après lui, souhait.
Mais la forme monloise me paraît offrir quelque chose de bien plus
satisfaisant : c'est le vieux verbe fr. piyer, pier, faire une orgie. Ce mot
est encore en honneur dans l'argot actuel, où il se trouve environné d'une
pléiade de dérivés : Pioî, boisson, piolle, taverne. Roquefort, glossaire
de la langue romane, avait en outre désigné pialier, pioller, boire, pial-
leur, piolleur, ivrogne. Mais M. Francisque Michel déclare ne pas les
connaître ; celui-ci retrouve piar dans le calaô (argot portugais), dans
l'ancienne germania (argot espagnol) ; il le croit emprunté au bohémien
piyar où il a le même sens.
Ce bohémien ou Rommany est la langue des vagabonds connus sous
les noms d'Égyptiens. Gitanos, en Espagne, zingari en Italie, gypsi, en
Anglet., Zigeuner, en AU. C'est une langue indoustanique qu'il ne faut
confondre ni avec la langue bohème, dialecte slave, ni avec le roumain,
langue des Valaques, dérivant du latin. On connaît l'affinité de ceux qui
parlent l'argot avec les Rohémiens. Il est donc plus naturel de le leur
emprunter que d'aller le chercher dans le grec rtcu-i, boire, quoique la
source primitive soit sans doute commune.
Paîyeu, eusc. adj. et s. celui, celle qui pa/^c.
Paksis, pnciissc. s. m. amas, tas, masjc. En grec araxuT signifie
gros, épais; en flam. packhuis, qui se prononce pakeusse, signifie ma-
gazin. Pack, paquet-)- huis, maison. V. paquclcr.
B*al. prép. par, quand elle est suivie de l'art, fém. la. Pal rue Dinan,
par la rue de binant.
I*alée, paUcc. s. f. pellée, pelletée, pellerée. Palcc d'ink, plumée,
la quantité d'encre que peut prendre une plume. En fr. rang de pieux
pour soutenir une digue.
-271 l>AI PA1>
l*alc>llc. s. f. pelle à feu || balloir pour les boulets \\ main vigoureuse.
En t'r. iMslrunicnl de bois long, plal el large par un bout, petit battoir
rond, etc.
Palî. s. m. pelle de bois || pieu. FI. pael, lat. palus, v. fr. pellis,
palissade, arm. peûl, pieu.
Pàinellc, pniiiiiclle. s. f. traverse d'une échelle volante || montanl
d'une chaise, Fr. pommelle.
Pâmer, v. a. ternir, rendre mat.
Pana. s. m. pan de chemise (Framcries). A Liège panai., devant de
chemise. V. fr. panel, guenille, lambeau, esp. pafio, drap, d'où panales,
lange d'enl\\ni, lat. pannus. V. pniau. Les enfants borains poursuivent
ceux à qui la chemise sort par une déchirure, en criant : Au — , comme
les enfants de Mons crient : Al loque, al laquelle.
Panai.«i $auvag;e. s. m. yèble, sambucus ebulus.
Paneliar, pancliu. s. m. pansu. || Gourmand, goulu.
Panehîe. s. f. panse, estomac des ruminants. On dit aussi nœud
d' panse.
Panèresse. s. f. femelle du paon. || t. de maç,, se dit du tas de
briques placé en largeur, opposé à boulise.
Panne, s. f. espèce de tuile. FI. panne, pan ; en fr. étoffe grossière.
Pannîer, pagnié. s. m. mesure pour le charbon de terre. Il égale
94 litres 58.
Pansènîer, pansnié, pansnie, s. m. propriétaire d'actions dans
les houillières (Pâturages); ce mot vient-il de panse ou de propanciev? (v.
propancier).
Pantaliser {s), v. p. se donner une pante, se pavaner, se rengorger,
s'étaler aux regards du public.
Pante s. f. genre fashionable, distingué, merveilleux, incroyable,
lîg. train, orgueil.
Paoïir. s. m. grossier, bas-bret, gueux, indigent ; on confond ce mot
avec baour (v. ce moi). En mauvaise part, paysan.
Psipâ. s. m. eafant. Dans quelques villages on dit : .
Pâpar. fr. pou pari.
Pape. s. m. bouillie || empois; bret. papa, ail. popul. et fl. papp,
même signification. Lat. papa, pappa, cri des enfants pour avoir à man-
der.
PAP— PAR -275
•
l*apegai. s. m. perroquet; v. l'r. papegaul ou papcgeai, 11. pape-
gaei.
Papiliofe, papiyotle. s.f. griijouillellc. J7pr, rucv al — . Jeter à la
griltouillelle, jeter au peuple, aux enfants.
Papin. s. m. cataplasme || colle de tapissier. Eu fr. bouillie.
Papinasse. adj. pâteux; ail. pappig.
Papîiier. v, n. faire de l'empois — v. a. travailler avec de l'em-
pois.
Pàqiie. buis bénit le jour de Pàque fleurie. A Liège pahi.
Paquc. s. pi. t. de jeu de courf/aw, connaissance d'une fosse, sai'oir
lés — .Savoir où l'on doit jeter léscourlaus dans une fosse pour en faire sor-
tir un certain nombre || figur. connaître les finesses d'un métier, d'un
jeu, connaître les côtés faibles de quelqu'un, savoir la manière de réus-
sir. Ce ne doit pas être le fr. pacte, lat. pacisci, pactuni, ce serait plu-
tôt le brel. pak ou l'ail, packen, saisir (la manière).
PàtHieter. v. a. entasser, emballer, empaqueter ; pac ou pak, dit
Pelletier, est un ancien mol gaulois dont nos bretons ont fait paca, join-
dre, empaqueter, saisir, attraper, le partie, est paquet qui est passé
comme s. aux fr. et se dit aussi en Bretagne; il se dit en d'autres dia-
lectes : irl. pàsgân, paquet; il s'est dit en b.-lat. paccus; il a cours
en fl., pak ; sansc. pas, lier.
Paqiictte. prope et nelle comm el eu — d'une très-grande propreté
(souvent iron.). Paqueite était une sale femme qui, vers la fin du siècle
dernier, vivait à Mons et qu'on voyait chaque jour en état d'ivresse
traînant dans les ruisseaux; elle avait été fort belle dans sa jeunesse et
la maîtresse d'un grand personnage.
Paradis, s. m. jeu de marelle ou de chaudière; nos enfants disent
quelquefois paradoz, l'argot dit paradouz ; mauvais jeu de mots : dix,
douze.
Paradis dé noire Pouye, dé noirté glennc. enfer. || Biettedu
— , coccinelle.
Paran, parante, adj. se dit des éloffes qui ont belle apparence.
Parc. s. m. plate-bande de jardin.
Parce, pasqtié. manière de refuser une explication.
Pareiion. s. m. et f. t. de prat., lot dans un acte de partage.
M*arclionîer, copareiionier. t. de prat. co-parlageanl.
•m l'Ali— I»AT
l*arcr. v. ii. niinir i\\nvs avoir élô aballii. Se dil des pommes, poires
qui lie sont pas maiii^eal)les à l'iiislanl où ou ies cueille. Lai. parafe. ||
Lâcher i'arrière-t'aix, se débarrasser du dt'divre. Se dil des auimaux, sur-
tout des vaches. Lai. parère, accoueiier, euj^eudrer, d'où h\s uiols Ir.
suppression de part, double part.
l^arfait (au), parfaitement. V. fr.
I*arfiii (al), enfin. V. Ir. à la parfiu.
Parler à n' Jîye. rechercher, courtiser une fille.
Parïoge. (dans quelques villages) parlage. Comme en v. fr.
PariMÎ. prép, moyennant. V. fr.
Pariuitan. v. baquet.
Parniilant. (coût, du Ilain.) moyennant quoi.
Pai'oler. v, n. ne signifie pas parler, mais causer, s'expliquer.
V. fr. parler, discourir.
Paroles, quand les enfants veulent faire des tours de passe-passe
ou de prétendue magie, ils prononcent ce qu'ils nomment les — , en liant
les mots de manière à les rendre inintelligibles :
Colus drans lanknus mie ni radispel.
Colle use, drap use, langue n'use mie ni radi s' pcle.
Parvis, parvîsse. s. m. pavillon de jardin. En fr. plan devant une
église, espace autour du tabernacle juif.
Pas ïnoîns. conj. néanmoins.
Passet. s. m. escabeau || siège d'un carosse, etc.
Passelle. s. f. espèce de grande écumoire sur laquelle on pose le
poisson pour le cuire et le faire ensuite égoiitter facilement, passoire.
En fr. t. de tireur d'or et d'ouvrier en soie.
Pasîénaïc. s. f. panais. FI. pastenaek, ail. Paslinak, lai. paslinacia,
V. fr. paslonade.
Patafiolc {que V bon Dieu vo). Dieu vous bénisse; presque toujours
dit par antiphrase.
Patapouf, s. m. personne épaisse, jouiïlue. En norni. palouf.
Patard. s. m. vingtième partie du florin de Hrabanl, environ
neuf ceniimcs.
Palelelle. s. f. écriteau, affiche.
PAT— PAL 277
Nos grand'mères nous ont conté qu'un cliien ay.'tnt volé le bouilli
d'une vieille demoiselle, le maître du chien, à qui plainte avait été
adressée, mit l'animal ein guersillon à sa fenêtre, avec celte inscription :
Ej sue ci avec emme palilclle
Pou avoi pris l'hochepot de mamscUe Dcmarkelte.
Pater, s. m. confesseur de religieuse. || s. f. p. prières.
Pâtère. s. m. pâlère. s. f.
Paterlîker. v. n. dire souvent des prières. Es godau là est loudi à — .
Patik patak, patatik patatak. caquctage de deux femmes qui se
querellent || ce que l'on dit à ceux qui s'expliquent mal. Diez donne
pâli pala, comme venant du Hainaut, il le traduit par Geschnalter, action
de barboter. 11 le regarde comme une expression naturelle et comme
l'origine du mot patois ; mais Chevallet, avec plus de raison, fait venir
patois de patrius (sermo).
Patrouyer. v. n. pAttinger. I pah^ouye deins les berdou y es. Champ,
platrouiller, patoyer, dans le Hain. fr. palriquer, palrouquer, patoquer,
patouger, en fr. patrouiller signifie agiter de l'eau sale, etc.
Paite de glenne. s. f. plante dénommée, dans les systèmes bota-
niques : œgopodium podagraria. Mot à mot, pied de chèvre des goutteux.
V. glenne.
Palure. s. f. prairie, verger. Pâture, en fr., nourriture des bêtes et
fig. de l'âme, de l'esprit.
Pau. prép. par, suivie de l'art. masc. Ain tu'er lia sorti pau Ira d'es eu.
Pau. adv. peu. V. fr. po.
Pauscage. s. m. œufs de pâques. Sans doute dérivation de pâques
que l'on disait autrefois pasques, lat. pascha. Dans les villages, le
Samedi Saint, après les offices, les enfants de choeur vont de maison en
maison en chantant : resurrexit alléluia. On leur donne el — , consistant
ordinairement en une couple d'œufs durs. En ville les employés subal-
ternes de quelques services publics, notamment les barotiers du service
des boues, vont aussi réclamer le — .
Paùlt. épi (Charleroy). A Liège pâli, paûl. V. fr. peautre, sorte de
bled nommée zea (Borel), fr. épeautre, fl. spelt, ail. Spellz, lat. spelta.
Paustiau. s. m. soupe de vaches. V. fr. past, gall. pasg', pastio;
pasci.
3o
278 PAU— PÉN
Pniircr^iiis. s. p. pauvres; au s. on (WvAit enne pauf gein.
l*auvortt', povertê. s. f. pauvreté.
■^«yfllo. s, f. poêle à frire || grande chaudière. Vo z'aré dé eau (V pa-
yelle toute rouge dessus vo eu, vous serez damné. La pocle s'appelle paill
à Liège. En Ir. s. f. p. grandes chaudières pour affiner le sel, v. fr.
paello, lai. palla, palella, 11. pan.
I*ayer, itny$!>, paysan, dans ces mois V\ se prononce, tandis qu'en
fr. on dit peyer, peys, peysan. Notre prononciation était la prononciation
Ir., au temps de François P"" (v. Chevallet). Arm. paea, ilal. pagare qu'on
tire du lat. pacare, apaiser. Paysan est remarquable en ce qu'il fait au
fém. paysanle. Cela doit provenir de ce que le v. fr., qui faisait paysans
au nom., faisait paysant à l'accus.
I*ayo(age. s. m. cloison mince.
Peignade. s. f. bataille, prise aux cheveux.
Peignée, s. f. combat, bataille. S' bayer n bonne — , se battre. Du
mot fr. peigner, qui signifie quelquefois battre, maltraiter.
Peinage. s. m. louage. Preinde ain gvau à peinagc, louer un che-
val.
Peîniccoutle. s. f. Pentecôte : Einlré Monbeuche éyé V — , dans un
lieu indéterminé, inconnu, qui n'existe pas. Mot à mol : entre Maubeuge
et la Pentecôte.
Peké. s. m. genièvre, liqueur distillée. Chez les liégeois il signifie
(le plus : genièvre, arbre.
Pélatle. s. f. écorce, pelure. En fr. s. m. p. domestiques libres à
Athènes.
Pelle, s. f. bêche. En fr. instrument plal, large, à long manche.
Peluche, pluches, Huches, s. f. p. ordures qui s'amassent dans
les doublures d'habits, sous les lits, etc., cl qui sont le produit de la
laine usée. En fr. espèce d'étoffe; fl. pluisje, flocon.
Pcna, pna. s. m. aile. Lalin, penna. Traîner V péna ou lé pna,
traîner l'aile, languir.
Pénacîc. s. m. lilas commun, lilac, syringa vulgaris. Fin -, lilas,
lilac de Perse, syringa persica. 11 y a souvent confusion entre le lilac et
le syringa, à cause que syringa a en fr. une autre signification qu'en
lalin. V. fleur d'orange. V. fr. pennache, esp. pcnacho, ital. pennachio,
aigrette, panache, touffe de plumes.
PEN-PER 279
Pendre, painde, paude. v. n. et a. reprendre la partie, s'annon-
cer pour jouer, après que la partie de balle, de bille, de quille, etc. qui
est commencée, sera terminée. Paindeconle cl gai gnanl, [wo\o(\uer celui
qui sera vainqueur.
Penée. s. f. prise de tabac ; de pincée.
Peneu, ense. adj. honteux, penaud, embarrassé, confus, interdit.
On l'attribue à tort à peiné, chagrin ou abusivement à peineux, qui
cause de la peine. Peneux est un v. m. f. qui a été remplace vers 1G06
par penaud. Les uns le font venir de pes nudus, d'autres de pœnitens.
Semaine — , semaine sainte. Rabelais a employé le mot pesneux.
Péniau, pniaii. selle de charretier. GtJau dé — , cheval de gauche
à un charriot et muni de cette selle. V. fr. peneau, harde, haillon, penel,
penelle, panel, guenille, lambeau, lat. pannus, lambeau, compresse,
drap, penula, enveloppe.
Pentupe, painliire. paiitnrc. s. f. pièce de fer qui joue sur le
gond. En fr. barre de fer pour soutenir une porte, une fenêtre.
Pépclle. s. f. fleur (enfantin).
Percé, ée. adj. mûr, parfait. Angëlol, froumage — , devenu gras,
passé. C'est sans doute de la ressemblance de passé à percé qu'est venu
ce dernier mot. Ouvié, maille d'école, avocal — , fin, adroit, consommé
dans son art.
Pcpcetle. s. f. bleuet. Centaurea cyanus.
Percher, v. n.eta. percer. Pour rendre le fr. percher, on dit mon-
ter à pierke ou à picrce.
Percol. s. m. perche, poisson. I d' — , yeux de perche. Lat. perça.
Perdon. imper, perdon, perde. Perde bé garde au feu, co pu for l à
vo fiye. Perdons que. supposons que. Perdrai, perdras, per-
dra et perdroi. fut. et conditionnel du verbe prcinde. Je V perdrai,
je le prendrai.
Perdrigon. s. m. On trouve ce mot dans quelques dictionnaires fr.;
mais il est inusité en France, où le fruit dont il s'agit ici, est connu sous
le nom de prune reine Claude. Selon le bon jardinier, le perdrigon est
une espèce de prune et la reine Claude une autre.
Pcre-el-uière. s. m. ricochet.
Perî la vie. péi'ir, succomber.
Perlipan. s. m. pivoine (Dour).
^280 PER— PET
l*crsln. s. m. persil. On scniéroil du pcrsin su s' piau, il a la peau
si crasseuse que du persil y i^erinerail. V. fr.
Pcpsîn ^aiivag;e. polite cigùc.
Peskîep, peskié, pcski. v. a. et n. pécher. V. fr. pesquier, gall.
armor. pesk, poisson, b. brel. peskela, pcciier, lat. piscis.
Po.skicn. s. m. pêcheur. B. hret. pesker.
Pestéler. v. n. frapper du pjed, fouler aux pieds, piétiner. Pes, pied
est une des racines du mot. Est-ce stare ou lerere qui est l'autre?
Pctar. s. ni. cul.
Pel-berneu, pé à floche, s. m. pet chez les personnes qui ont la
diarrhée.
Pété, éc. adj. et s. ivre, ivrogne.
Pétée, s. f. réprimande || défiute || déroute.
Péter. V. n. et a. griller, cuire sur le gril. — dés marrons \\ crépiter,
pétiller || se fendre, crever || mourir. En fr. faire des pets, éclater avec
bruit. Péter en fr. implique toujours un bruit. Quand on pelle pu haut
que s' eu, on fait ain lio à s' dos, il est dangereux de dépenser au-delà
de ses ressources. Cesl comme si vos peliez dein n' basse, c'est comme si
vous chantiez. Emm doigt a pélcpau froid. Une personne de Quaregnon
était près de mourir ; son gendre, médecin à Bruxelles, vient le visiter :
Pou s' eau ci, m' fieu, dit le moribond, i faut que f pelle. Eh bien !
répond le gendre, ne vous gênez pas pour moi, pétez à l'aise, beau-père.
Pétot. s. m. peton, petit pied (enfantin).
Pétotte. s. f. pomme de terre. Fig. nez || événement. Via n' pelote!
Par pléonasme gros né rf' pélolte. || Terre à — , cimetière. Les fl.etlcsfr.
se servent quelquefois du mol patate; la patate est le convolvulus balalas.
Pëtre, paîk, paite. Ce mot ne se dit que dans cette phrase : salé
comme — . On suppose que pèlre est une abréviation de salpêtre que les
montois disent salpaique.
Pétron. s. m. petit cultivateur. Probablement de paître.
Pette. s. f. parcelle, particule. || — de feu, étincelle, paillette de fer
rouge qui jaillit sous le marteau || flammèche. Gnié n' — d'espoir, pas
une ombre d'espérance. Vos n' d'arez gnié n" — , vous n'en aurez pas la
plus petite parcelle. || Terme de jeu, coup par lequel un courtau en
touche un autre. Fig. coup || réprimande. Gall. peih, armor. pcz, basq.
pedechun, sanscrit pêtva, particule, radical pis', écraser.
PÉT— PiÈ -281
Pelure, s. f. fente, fêlure, fissure.
Pi. s. pis, tétine de vache || pied.
Piau. s. f. peau || prostituée, s. p. Fai dés — , vomir. Il est remar-
quable que le mot latin scortum signifie aussi en même temps peau et
prostituée.
Piau d' inonrue (couleur), couleur de mauvaise qualité qui res-
semble un peu à celle de la morue.
Pic {du), t. de jeu de croehe. V. fr. et béarnais, coup de pointe.
Pîehar. s. m. pisseur, St-Médard, grand — .
Piohattc. s. f. pissat, urine. Roux comme pichalle. M. Scheler dit
qu'à la vérité le fl. et l'ail, ont pissen, mais que c'est nouvellement et
que d'autre part il n'y a rien d'analogue ni dans le lat. ni dans les langues
néo-celtiques. Cependant je trouve dans le gall. piso, rningere.
Pîchaltîé. s. m. médecin des urines.
Picliëlalte, pisselatte. s. f. langes qui reçoivent les urines d'un
enfant.
Pîchèpol, pispot. s. m. pot de nuit. Fl. pispot.
Pîcliîe. s. f. courte dislance, jusqu'où on peut atteindre en pissant. A
n — dé d'à, à deux pas d'ici.
Pichou. s. m. poisson. — au banni, — de mer pourri, — au bon,
— de mer frais. En fr. chat putois de la Louisiane.
Picliot. s. m. puisard, trou pratiqué dans le pavement des caves
pour recueillir l'eau, après qu'on les a lavées. Est-ce puichot, petit puits
ou bien est-ce pichot dans le sens (ïaiweu? V. ce mot et saiweu.
Piclion. s. m. partie extérieure d'un «maillot d'enfant || s. dont le f.
est pkhourle, pisseur, pisseuse.
Pichouli. s. m. pissenlit.
Picliouiiier. s. m. poissonnier.
Piehuclte. s. f. pisseuse || fille.
Pîcol. s. m. aiguillon, épine, dard. En fr. pointe qui reste sur le
bois mort coupé. Lat. spiculum, gall. pig, stimulus, cuspis, fl. pieke,
ail. Pike, hallebarde. De la racine pic ou pik sont sortis une foule do mots fr.
Picoler, v. a. équivalent de crocheter (v. ce mot). Usité dans le
Borinage.
Pièce, piéche {elle lout d'enne). avoir l'air gêné, souflrant. A Liège
esse lo d'inné pesse signifie être raide, guindé. Armor. pcz.
282 PIE— PIL
PIt'd de châssis, pièce de bois de 4 pouces d'épaisseur sur 8 pouces
do lariçeur et nu pied de ioui^ueur ou 520 pouces cubes ou en m. 0,509642.
Le pied de châssis esl le terme auquel se réduisent tous les bois de char-
pente, parce que le bois de i et 8 qui sert au\ châssis esl le plus employé.
Pied de derrière. V. baquet.
Pied du Ilainniit. s. m. mesure de longueur qui se divise en 10
pouces, le pouce en 10 lignes, la ligne en 10 points. En mètre
0. 29515.
Pierde, piertc. s. f. perle.
I*îerde. v. a. perdre. Ce verbe devait nécessairement être altéré
pour éviter la confusion de certains temps avec ceux du v, preinde.
Pierde fait : no pierdon, ej pierdoi, pierdrai, pierdroi, pierdan, que
/' pierde, piersse, que f pierdisse. Ein eu vu n'est gnié pierdu. A l' du-
casse on pier es place.
Pierke. s. f. perche. Au Borinagc on dil piercc : l'houblon passe
lés pierkes, sa têle n'est pas assez forie pour supporter la boisson qu'il a
prise. V. fr. perce, bas-bret., perch.
Pierrette, s. f. noyau. Il a keyu su ain brain à — , il porle des
marques de petite vérole. En ail. Stein signifie à la fois pierre el noyau ;
à Tournay pierrek.
Pierrot, s. m. moineau. Il est quelquefois employé en France.
V. agasse.
Piétrî. s. f. perdrix. Gall. pétris, lai. perdix.
Piëtrie. s. f. p. marchandises de rebul ; fr. piètre.
Pile. s. f. volée. En fr. côlé de monnaie.
Piler, s. a. fouler aux pieds || s. m. (pron. pilée) pilier. En v. fr.
piler, fl. pilaer, gall. piler, columna, fulcrum.
Pillion. s. m. partie du bled nouvellement ballu, qui l'est imparfai-
tement ou qui esl avarié et sert à nourrir la volaille. Ducange définit le
bas-lal. spilo, purgamenlura frumenli seu spicse rémanentes post venli-
lalionem.
Pilon, s. m. mortier. En fr. pièce qui sert à écraser dans le mortier.
Pilof. s. m. pieu, poteau; fr. pilotis || l. de charb. qui désigne la
conslriction du pied par le kar de l'intérieur des houillères.
Pilure. s. f. pilule || coup de pied. Dans cette dernière signification
le mot est-il la corruption de pilule? ou vienl-il de piler? cp. drogue.
PIN— PLÂ 283
Pinak. s. m. taudis, habilaliou misérable, en désordre. Crier pinak,
crier famine. Par antiphrase, fr. pinacle, sommet, puissance, etc. Quai
pinak ! enne vake n'y r' counoilroi ou r counidiéroi gnié s' viau.
Le même proverbe est rimé :
St' ain vrai pinak !
Es viau n' s' roi gnié rcouneu pa n' vak.
Pincer, peînser. Ça pince à li, comme il le dit. Ça pince à l'aulle,
comme on dit, selon l'avis général.
Pinchée. pinvhie. s. f. pincée.
Piiichctle {baige à — ). baiser de vive amitié, en pinçant les joues.
Piuclion. s. m. pinson, oiseau || pinçon, ecchymose qui est l'elïet
du pincement de la peau.
Pîone. s. f. pivoine. En lat. pœonia ou pionia,fl. pioene || bouvreuil.
Pione s'employe vulgairement en France pour pivoine.
Pfpîe. s. f. pépie. Bret. pibit, pivit, vha. phiphis, ail. Pips, fl. pip.
M. Scheler le tire du lat. pituila. Si le latin doit intervenir, j'aimerais
mieux m'adresser à pipire. Y. spepier.
Pipine. s. 1'. Philippine.
Piquante, s. f. bonbon, friandise || coureuse, débauchée. Ce mol
sert de pendant à macaron.
Piquëron. s. m. cousin, mouche.
Piqnèrnelle. s. f. femme mordante, satirique, méchante || musa-
raigne.
Piquet, s. m. petite faux dont on se sert d'une main et avec laquelle
on coupe le blé plus près de terre. Fl. pik, faucille, pioche, ail. Picke.
Piqueter, v. n. faucher avec le piquet. V. ce mot. T. de jeu de
croche, jouer du pic.
Piqueteu. s. m. faucheur au piquet.
Piquette, s. f. petit œillet. — du jour, point du jour.
Piyer. v. a. et n. exciter (un chien). Pillard en fr. est un chien har-
gneux. Piller est un t. de chasseur signifiant qui veut lancer sur... El
laid wagne m'a fait — pa s' kié.
Pia. s. m. p. plateure. s. f. partie d'une veine de houille qui se pré-
sente horizontalement; par opposition à droits, partie verticale de la
même veine. On sait qu'au Flénu, les veines ont leur tête au niveau du
-28 i P LA— PL A
sol, qu'elles s'cnfoHCciil d'abord perpendiculairement (ce qui forme lés
droils), puis prein)enl une direclion à peu près liorizonlale (ce qui pro-
duit les pla(s).
I*laccu. adj. rare, l'opposé de dru, serré. Terre placeuse, terrain
dont la recolle est maigre, où le blé est espacé.
IMaclii. s. m. espace qui environne une bouillère. FI. plas, plasje,
mare, flaque.
Plaili. V. n. plaider (Bor.). FI. pleiten, lat. placiUim.
Plan. adj. (Il n'a que le masc. et n'est usité qu'au Bor.), plein, ivre.
— comme enne digue. En fr. plat, uni.
Plan. s. m. place, carrefour (Frameries). Laisser en plan est une
expression d'un fr. douteux.
Plancher, s. m. plafond.
Plande, plandcr. v. a. plaindre. I plan, no plandon, y plandoi,
plandé et plandu.
Plankc. s. f. planche. Bret. plancqeun, plench, fl. plank, irl., gall.
plank, écoss. plang, lat. planca.
Planton, s. m. huissier de police, ordonnance militaire qui attend
les ordres de son supérieur. Elle dé — , être en faction, demeurer debout,
à la même place.
Planure. s. f. t. de boucherie, viande près de la queue.
Plaquant, adj. visqueux, collant.
Plaqué, couvert de plaques de boue.
Plaquer, v. a. couvrir de boue. En fr. appliquer des plaques, flam.
placken, coller.
Plaquette, s. m. demi-cscalin ou eskélin, valant d'abord 52 cen-
times, réduit à 50 c.
Plaqueux. adj. boueux.
Plat-candice. s. m. bougeoir.
Plate-buse. s. f. espèce de pipe à tuyau plat.
Plalte. s. f. planche épaisse de deux pouces environ qui se met au-
dessus de la maçonnerie d'une maison et sur laquelle se placent les
combles. En ail. Plalte signifie dessus de table.
Plattekaise. s. m. fromage mou. Ail. platle Kâse, fl, plattckeese,
fromage plat.
Plattélée. s. f. platée.
PLA— PI.U 28o
l*lat-verau. s. m. Quoiqu' ainsi nommé, ce verrou n'est iiiilleinfiii
plat ; c'est un verrou à serrure.
Plaulelellc. s. m. colporteur qui vend des cerises, des fromages.
Sa marchandise est portée sur un âne et ordinairement ti-oquée contre
de vieilles ferrailles. V. tclelle pour l'origine du mot.
Plein, adj. ivre, plehic. adj. fém. enceinte, grosse. Tout — , adv.
beaucoup. Se trouve dans Rabelais.
Pleïsse. s. f. plie, poisson de mer plat. Flam. pladys, v. fr. plaie, b.
lat. plalissa, fr. plaise.
Pleiime. s. f. plume. Le mot fr. plume vient du lat. pluma et le
mot wallon a plus de ressemblance avec le (1. pluim (prononcez pleinn).
Voyez plotiyer qui se trouve dans le même cas.
Pleuve, plaive. s. f. pluie. Y doikéïUaulanl. d' — su l'iiellc (Vain
paysan que d' sus V sienne d'ennc sau. Dans les villages on dit plaive,
comme à Liège, ou plouaive. Pleuve est du v. fr.
Plonkié. V. n. plonger (Borinage). B. lat. plumbiare, lat plumbicare,
fi. plompen; 11. plonzen, jeter avec force dans l'eau, gall. plwng, plongeon,
bret. plunia, plonger, basq.pulnmpatu, sansc. plavana, action de plonger.
Plouyer. v. a. plier. Faut 5' — ous quon ne peut gnié s'es(ampei\
il faut se conformer aux événements. FI. plooijen, |)lissftr. bret. plega,
lat. plicare. Ce n'est que récemment que le fr. a abandonné ployer et
s'est ainsi rapproché du lat.
Plukeîner. v. a. dimin. de phiker.
Pliikep. V. a. et n. becqueter, ramasser des miettes. / n' meingc pu
pou dire, i n' pluke fok, il ne mange pour ainsi dire plus, il ne fait que
prendre des miettes. A Liège ploki signifie cueillir les plokns, c'est-à-
dire les fruits du houblon, mais pio/c<e' signifie éplucher, effeuiller. V. fr.
pluchoter, éplucher, en norm. se dit de l'action des poules qui cherchent
le grain sous la paille, arnior. plusk, pellicule des fruits, esp. esplugar,
ags plausjan, ail. pflùcken, fl.plukken, cueillir, angl. pluker, piumeur,
it, piluccare, égrapper des raisins. Le tr. a conservé éplucher.
M. Scheler, d'après Diez, pense qu'éplucher ne vient pas de l'ail, pflùc-
ken, que c'est plutôt l'ail, qui vient du roman. Il adopte le lat. pilare,
épiler, par addition d'im alfixe uc. Il ne m'appartient pas d'entrer en lice
avec ces savants, mais je demande grâce au moins pour notre plukain
qui semble bien avoir reçu l'influence du fl. plukking.
riSr. PLU— POI
l*liil»îii.s.iii.(li;tii»i('. Kiin.pliikscl, charpie, pliiKkiiig.épluchement.
I*liikiiicr. V. u. lairc de la eliaipie.
l^liima. s. ni. pliiinel.
I*luiuèséc, pruinsai. s. ni. viande cuite dans de l'eau salée. Mol
peu connu à Mous, usité en quelques villages.
I^tiiuiion. s. m, peiiie plume || duvet || ordure qui se forme sous les
lits. K8])ai;nol, plumon ou plumion, duvet.
I*liiviiiei*. V. inip. pleuvoir un peu. V. fr. pleuviner.
l*ocliel(c. s. f. liseron des haies, plante, convolvuUts sepium || pis-
tolet de poche. En fr. petite poche.
Pockc. s. f. coup II nazarde || chiquenaude || bosse à la vaisselle.
FI. pok, pustule, ail. pocke, bouton, brel. poki, baiser. En fr. poque est
un t. de jeu.
■•ockelle. s. f. p. variole, petite vérole; de l'ail. Pocken (pi. de
Pocke dont il vient d'être parlé) qui signifie petite vérole.
Pockeu. adj. et s. qui est gravé de la petite vérole || couvert de bou-
tons Il rempli d'aspérités |j raboteux.
Poëtte. s. f. orgeolet, petit furoncle sur le limbe de la paupière. A
Liège polirai. V. focUellc.
Pogne. s. f. poignet.
Poinçon, s. m. le IV. donne à ce nom une signification générale :
c'est un outil de fer aigu, le patois lui eu donne une spéciale : c'est le
synonyme de lisonnié. V. ce mot.
Point «!' sorittc. s. m. point croisé.
Poirier {faire el). mettre la tète en bas et les jambes en l'air. Ail.
burzelbauni, mol à mot arbre croupion.
Pois. s. m. je ne donne ce mot que |)Oiir en indiquer les variétés;
indépendammeni du braqué, du cossiau el du cavpoi (v. ces mois) il y
a : r poi (/' lois Icunes (de 5 lunes), c'est le pois hâtif auquel il faut
ajouter du sucre, de la crème, cl vert poi (au village) elpoi vert (à Mons)
cosse mangeable. El poi dés can (des champs), jaune et vert, ne se
mange que sec.
Poîse. ind. du v. peser. Bret. poesa, poser, pouës, poids, v. fr. poi-
ser, lat. pondus.
Poitic. s. f. t. de bat. chambre qui se trouve à l'avant d'un
baquet.
POl—POP 287
I*olye s. m. poil || î^aniemont. C fain fameux poiye, c'est un franc
polisson, y n'a nu bon poiye dessus s' ticlle. Traduction litt. du pro-
verbe allemand : es ist kein giiles llaar an ihm.
Polak. s. m. soldat du train, ordinairement moins bien tenu que les
soldats des autres armes || honune salc,gi'Ossier,pesant.Polak=polonais.
M. Scheler ne veut pas qu'on adresse cette injure à une nation et fait
des ellorls pour trouver une autre explication. Il est pousse par un sen-
timent louable; cependant je crois que M. Corblet, qui a avancé l'étymo-
logie, est dans le vrai. J'ai entendu dire par des vieillards, que sous le
régime autrichien, les soldats du train étaient surtout des polonais et des
polonais fort sales. Ce qui n'empêche pas qu'il n'y ait des polonais très-
propres, très-braves, très-spirituels, etc. Ce n'est pas la seule injure
qu'on adresse aux polonais, on dit encore : soûl cotnme cin polonais.
D'ailleurs, c'est une tendance générale de la populace, de donner aux
étrangers des qualifications injurieuses. J'en pourrais citer plus de cen
ex.; presque pas de village qui ne désigne le village voisin par un sobri-
(juet injurieux. L'éducalion peut seule étouffer cette mauvaise tendance
de l'esprit humain.
I*oîîr, polî. V. a. repasser.
fl*<>!îsseu)%c. s. f. repasseuse.
I*oliss«îr, polissoi. s. m. fer à repasser. En fr. ouli! pour polir.
Poïîlc. s. m. Ilippolyle.
Polué, poiiyc. s. m. thym, corruption du mot fr. pouliot, plante de
la famille du ihym. Lat. pulegia.
Pouipicr, poiHpeyci*. v. n. se dit de la terre pénétrée d'eau sur
hupielle on marche. Elle pompiye, ou pompeyc.
Ponep. V. n. pondre. V. fr. poser, lat. ponere, pondère.
Poiièresse. s. f. pondeuse.
Popinettc. s. f. linge noué dans lequel on a mis une poudre médi-
camenteuse, ordinairement de la céruse. Pour s'en servir, on y donne quel-
que coups d'épingle et on en frappe les aines ou les fesses échaulfées
des enlants. Le mot fr. nouel n'a pas précisément la même signification,
puisque le nouet renferme des drogues qui doivent y bouillir. Le mot
flamand pop est cependant traduit par nouel et aussi |)ar poupi-e. Il est
à remai'qiier qu'^'/uie /)(»/)/«('«(; rossendjlc à une léle de poupée grossière
'ommc! en faronncnt les petites filles.
-288 l'ou— i*or
l*o(|iie. s. r. V. pocke.
l*oqiiei*. V. II. donner des pulsations, lieiirler. Ça li puquc as' licllc,
il sent des battements dans la tète. Poquer al fernielle, frapper à la le-
iiètre. Le verbe ail. poclien, a exaclemeul les niènies slt^nifiealions.
Poquer (lé z'yeu, le z'y). l'aligner la vue à loree d'allenlion, éblouir.
Ça li poque se zyeu, cela est sous ses yeux, sans qu'il le voye. Pocher
lin œil signifie en IV. le meurtrir.
Poquelep, poklcr. v. a. enivrer. De pot? (Borinage).
l*oqueUo. s. f. V. pockclle.
Porée. s. f. choux éiuvés, épinards bouillis. Fr. purée; poirée (belle).
Ainvouyer al porée, envoyer se promener, se débarrasser de (pielqu'un.
D' aller — , êlre mystifié, se tromper de voie, s'engager dans une allaire
qui ne peut avoir de résultat. En v. fr. poirée signifie poireau et légume.
Porioii. s. m. surveillant des houillières.
Porjel, biirgô. s. m. maçonnerie au-dessus d'une entrée de cave.
Porjetium, basse lalinité.
Port au sac, porteur au sac. s. m. porle-l'aix.
Port «le mariage, s. m. dol.
Porté, s. m. de durée, d'usage. Ccsl ain bon porté.
Portélette. s. f. anaeau d'une agralVe.
Porteu à baquet, s. m. chargeur de bateaux.
Postî. s. m. petite porte dans une grande ou à côté d'une grande,
guichet. En latin postis signifie jambage de porte, porte elle-même. V.
fr. posti, porte, gall. post.
Posture, s. f. statue. — de cire, figure de cire. Te (Fmarc là comme
enne — , tu restes planté comme un échalas.
Pot. s. m. mesure de capacité pour les liquides. Le i»ot de Mons se
divise en deux canettes, la canette contient deux pintes, la pinte i potées.
Le pot égale 2 litres, 05821.
Pot appartient à presque toutes les langues : b. ail. poil, bret. pôl,
irl. pôl; gall. potiaw, lai. potare, sansc. pà, boire.
Potée, s. m, huitième de la canette. En fr. conlenu d'un pot, ocre
rouge, ctain calciné pour polir, eic.
Potelle. s. f. petite niclie dans un mur pour en indiquer la propriété.
A Liège î'o^i/, niche pour placer une statue.
Potî. s. m. cuivre de la dernière qualité. Holl. polais, fr. polin, lai-
POT— POU 289
fo!i OU son niélanj^e avec la calamine, l'élain ; potée, oxide d'élain, irl.,
écoss. peodar, gall. fleutnr, élain.
Potiau. s. ni. petit pot, mauvais pot.
Potière, s. f. instrument de fer qui supporte le pot sur le feu. Il
est fier comme potière.
Polisse, s. f. petit pot servant le plus souvent à contenir du tabac
ou de la moutarde. Fig. gros nez.
Polquin. s. m. burette | petit pol. Âll. polclien, petit pot.
Pou. prép. et conj. pour. Ce mol entre dans plusieurs wallonismes
et signifie disposé à : élée pou v ni, étes-vous disposé à venir? Les espa-
gnols disent : estoi por partir, je veux parlir à rinstant. Avec une néga-
tion il signifie incapable : Je n' sue gnic pou vo Icijer /«, je suis incapable
de vous abandonner.
Poudrai [ej) et même poudrerai, fut. du verbe pouvoi.
Pouf. excl. en frappant. AU. PulT, coup, bufte.
Pouf («M r). gratis, sur le compte d'autrui. It. vivere a ulTo, vivre
gratis.
Poufrin. s. m. appellation injurieuse. En li(''geois drap grossier,
poussière qui reste au fond d'un sac à charbon.
Pougner, pogner, poigncr. v. a. puiser par poignées. Poigner
en fr. signifie tourmonler, bourreler. / peinse qui na fok quà —, il
croit qu'il n'y a qu'à prendie, que le trésor est inépuisable.
Pougnie. s. f. poignée. V. fr pugnie.
Pouiile, pouyc. {bo, bois d'). s. m. érable, acer montanum. Quel-
ques personnes pensent qu'on lui a donné ce nom à cause qu'on en
employé souvent les branches à faire des perchoirs de poules, qui s'y
juchent bien, parcequ'ellcs sont raboteuses. D'autres croyent que ce nom
lui est venu de ce que ce bois est tendre et que la poule sert souvent de
terme pom' des comparaisons analogues.
Pouiiieirie, pouyèlrie. s. f. poides, coqs, dindons. No — n\i nie
reindu c ii année-ci, notre basse-cour a été peu productive cette
année.
Pouiilette, pouyetle. s, f. poulette.
Pouillon.s. m. poulet || fig. enfant délicat.
INMiiié, poiiyié. s. m. poulailler. V. fr. pouillcr.
Pouiisse. s. f. jeune jument.
'IW POU— POU
l*ou nii, 11, li, nous, vous, eusse, suivi d'un infitiilir, pour que,
aliii que, suivi du subjonctif. MouUe ain pau pou mi vir. Bien des gens
croyent parler français en traduisant littéralement. Montrez un peu pour
moi voir. Voilà une manière de parler bien essentiellement montoise ;
mais pour parler monlois le plus possible, il y a peut-être mieux encore,
c'est de supprimer le pou mi et de ne laisser que les deux verbes mouUc
ou mousse, vir ou vie. Il possède encore bien le génie de la langue, celui
qui dit : mouslrelle, mouslrem vir, montrez-le, montrez-moi. Dans le
refrain suivant, il y a renversement :
Enne pipe el du toubaque pou fumer Nicolas.
Lorsqu'on a entendu les soldats ail. commençant à parler fr., on pour-
rait croire à un germanisme. En effet, nous avons ouï dire : pour moi
voir, aimer, mais cela n'est pas du tout une traduction de l'ail, et d'ail-
leurs ne signifie pas pour que je voie, mais simplement je vois, j'aime.
C'est un procédé pour esquiver la difficulté de la conjugaison. Il suffit
de connaître l'infinitif. Nos gens du peuple imitaient les étrangers en
leur parlant et disaient : four mik, (fur niicli). Cela faisait un curieux
langage. J'ai entendu un jour une fille dire à son amant : Four mil:, elle
ain colère coule dé li.
II y a quatorze siècles, les franks vainqueurs ont usé du même pro-
cédé pour altérer le b. -latin, alors parlé dans les Gaules, au moins dans les
villes. Il n'est pas facile de savoir les mots qu'ils ont importés, parceque
plusieurs, sans doute avaient été communs à la Gaule et a la Germanie
et qu'il en subsistait un grand nombre dans nos villages. Us ont dû les
saisir avec empressement et les remettre en honneur; mais lorsqu'ils
ont voulu parler la langue des vaincus (des villes), leur procédé n'est pas
resté douteux; ils ont rivalisé avec les indigènes pour supprimer, autant
que possible, les inflexions des verbes et des substantifs qui les gênaient,
en substituant des articles, des pronoms personnels et des auxiliaires,
comme ils l'ont fait dans leur propre langue, tout en ayant la complai-
sance de forger les articles, les pronoms et les auxiliaires avec des mots
latins.
■•ou|»îer. s. m. peuplier. B. lat. poplus, lal. populus.
Pourazine. s. f. poix résine.
POU— POU 291
l*oiii'i'lta!«. s. m. quêle. Fr. pourchasser, en v. fr. poiirelias signi-
fiait travail, iji-néfice.
Poiirciaii. s. ni. pourceau, cochon. Fig. vilain, saligaud, débauché,
ivrogne || bosse au front, à la tète, par suite de contusion. V. abourser.
Sans doute on a dit originairement bourciau, car les liégeois disent
boursai et je trouve dans le glossaire Picard boursiau. La manière dont
le gall. écrit pwrs bursa est-elle une raison sutiisanle pour justifier un
doute?
Le mol pourciau a donné naissance à une foule de proverbes popu-
laires. Ils ne sont pas à recommander pour l'usage des salons, mais
beaucoup sont pleins d'énergie. Cilons-en deux ou trois, Quan ou
quanle lé pourciaux sont sou lés r' lavures sont stires, à personne repue
ou blasée tout semble fade.
Quand on fax du lié à s' pourciau, on l'erlrouve à s' saloi, femme qui
soigne son mari est égoïste.
/ nai gnié trop d' sur pou m' pourciau, je suffis à peine aux besoins
de mon intérieur, je ne suis pas tenté d'aller chercher de la besogne
ailleurs. Il est à s' naise comme ain pourciau dain ain sac.
Y r chane tout à lés pourciau ;
Avé r vieu y fait du nouviau.
Parce que le cochon en mangeant des ordures en produit d'autres.
J'ai entendu ce proverbe traduit en fr. comme beaucoup d'autres. Il
n'est pas ordinairement facile de décider quel langage a emprunté à
l'autre. L'existence de la rime chère aux proverbes est une grande pré-
somption de priorité.
Pouvciau-singlé. s. m. cloporte, mille-pieds. En fr. le nom vul-
gaire est porcelet.
Pouretle. s. f. petit paquet de poudre médicamenteuse. Fr. purette,
poudre que l'on met sur l'écriture.
I*oiirlékié, Pouiiéké (s), se lécher par avance, avoir l'eau à la
bouche (St-Ghislain, Baudour). Se pourlécher se disait autrefois en v, fr.
Quelques modernes comme Balzac l'employent, quoiqu'on ne le trouve
pas dans les derniers dicl.
Pourri, v. n. mûrir en parlant d'un rhume.
-1\H POU— IMU)
l*oiilé«*. s. r. n'sidu de tlistillorie. l'ij^iin-meiil chose do. pou de.
Viileur, marchandise de mauvaise quaiilé, V. l'r. poulie, poussière sur
les habits.
Poiii'ii, povii, poyii. pari, passe du v. pouvoir.
I*raiigère. s. m. iieure du repas principal. || Midi. || Méridienne. ||
Siesle )| Fai — , faire la sieste (arr. de Charleroy). A Liège prangir,
prangi, v. fr. praingeler, ruminer || manger || grignoter, lai. prandere,
déjeûner.
■•paule. s. f. conte pour rire, plaisanterie (Borinage).
Préolle, preyclle. s. f. Il y a une couture à Jemmapes ainsi nom-
mée. Il y avait à Mons l'étang dés — . V. fr. praielle, pratellum.
Preînde, prciiite. v. a. Ej preind, nos perdons, vos perdez, i
preintte ou preinlié, ej perdons, perdrai, perdrais, quéf preinsse, per-
disse.
Fiye qui preind
Se veind,
Fiye qui baye
S'eincanaye.
Preiim. Y. aupreum et fok.
Prîcfsse, prîeltc, prêtte, praite. s. m. prêtre. Pou avoi n mai-
son nette n'y faut prietle ni nounette.
Primo d^tbortl. Alliance de deux mots ayant la même signification.
C'est un pléonasme compliqué d'un barbarisme.
Princesse, s. f. haricot princesse.
Princheu, prèeiieu. s. m. hanneton. Dans quelques localités fl. on
désigne le hanneton sous le nom de prinker, prédicateur.
ProGcial. Mot iatin employé pour : bien vous fasse, je vous félicite,
je vous fais mon compliment.
Proflt. s. m. binet, brùle-tout.
Prone. s. f. prune || ivresse. Attraper «' bonne — .
Propancier. s. m. v. mot fr. par lequel on désignait un habitant
du Hainaut. Inconnu aux wallons. V. pansnier.
Proulte. s. m. pet. || Habit — , habit court, par analogie avec vesse
veste. Fl. prol ; onomatopée?
PRO-PUT 293
Proxinic. Y. fr. lire du l;it., parenl, pioche. On dil par pléonasme :
ses parents les plus — .
Priiéfe, pi'waife. s. f. preuve || indic. du v. prouver.
Priiniié. adv. premièrement. On continue rénumcration en disant
ocme^ 5eme_ || g. et adj. Quî freincl — , prcind bié.
Piiche. s. m. puits || s. f. puce. FI. putte, puits, bas-bret. puncz,
lat. puteus, Keïau — , mot à mot, tomber dans le puits, être épuisé par
les plaisirs vénériens.
Puciau. s. m. puceau, jeune garçon qui mène la danse à certaines
kermesses de villages ; ce que dans la plupart des communes on nomme
capilaine.
Piigi. V. a. puiser (Charleroy). A Liège poulii. V. fr. espucher, trad.
de la Bible, chap. 24, verset xj, il. putten, puiser, put, puits, putje,
dimin.; lat. puteus.
Piiîscp. V. a. se laisser pénétrer par l'eau. Se dit des chaussures.
Mes solées puiste. V. fr.
Puisoir, pui»ioi. s. m. lieu où l'on puise. Puisard en fr. est un
puits absorbant.
Piilkra. s. m. jacinthe, hyacinthe, hyacinlhus orientalis. Du lat.
pnlcher, pulchra, beau, belle.
Pulpilc, pilpitc. s. m. pupitre. Lat. pulpitum.
Piiii. s. m. pomme. Au Borinage peugne. A Tournay on prononce à
peu près pwon, V. fr. pun. — d' capron, fruit d'églantier.
Piir-ain {tout), exclusivement, entièrement. — bielle, rien que des
bêles.
Pure, piircltc {en, ain). habit bas. Les ail. disent im blosscn Hemde,
littéralement : en nue chemise, en pure chemise. Les liégeois de même
disent ess et peur chimich.
Piiriaii. s. m. eau de fumier, bouillon, pureau.
Piirîère. s. f. purot.
Pulle. excl. de dédain. Fai des — , dédaigner. Bret. put, désagréable.
aigre, v. fr. pût, lai in putidus, fétide.
■M
294 QUA-QUA
Q
Qiiaiiquo {loul), tout ce que. Quanque csl un v. m. fr. En lai. quan-
UlU).
Qiiarc^iion. village près de Mous. V. IV. carreignon, coin, angle.
S'en suil-il que — vienne de là?
Quart, s. m. empan, espace compris enlre le pouce et le petit doigt
écartés. Mcllc es quart conlc, mesurer par empan. Fig. connaître (ordu-
rior). V. l'r. (piarre, dos de la main.
Quarte, s. f. mesure de capacité pour les grains en usage à Namur
et dans quelques communes du Hainaut. 4 picotins ou quart de setier.
Quarteron, s. m. ce mot, comme en fr., signifie le quart d'une
livre, d'un cent. Seulement à Mons le quarteron d'oeufs est de 26 et
celui de pommes, de noix, de 54. A Ath, le quarteron de pommes est
de 52.
Quartier, s. m. mesure de capacité pour les grains, valeur métrique
0 h. 1553 II division de mesure agraire, douzième de bonnier ou quart
\]ejourncl.
Qu»«!iimeut, <|ua!><imain. adv. presque, quasi. Pci-elle cl kasimain
ccsl dés cousins germains. V. fr. quasiment.
Quatelet, capelet, eatlet, katlct. s. m. irochel, réunion de
fruits, surtout de noisettes. S'emploie figur. pour groupe, réunion :
Ein — d' coumcres qui calaudlé, un groupe de femmes qui bavardent.
On peut établir sur ce mot bien des suppositions : est-ce réunion par
quatre? est-ce cbapelet? ou peut encore remarquer qu'il s'employe sur-
tout pour désigner les aggrégalions de fruits d'arbres à cbàlon. FI. katje,
ail. Kàstchen, chaton; il y a enfin le gall. catt, frustulum, particula
(Davies).
Quatre|iîerre. s. f. salamandre. Dans quelques villages on dit k ater-
rifc'.E. A Liège kwal pessc, mot à mot, quatre pièces. On a sans doute
;dtéré le mot pour lui donner une signif. comme dans queue W sorille ;
mais quel était le mot primitif? M. Grandgaguagc avance le holl, kwaad
beest, quoique l'animal ne mérite pas ce nom (méchante bête) ; il est
inoflcMisif ; mais il est très redouté des enfants. On pourrait encore le
former de l'ail. Quappe, lèlard de grenouille ou de Krole, crapaud. +
FI. pad, aussi crapaud. Le fr. crapaud semble êire aussi Krôle -|- pad.
QUE— QUI 295
Quoi qu'il en soit, il est assez singulier que Tangl. ail Caterpillar, clie-
nille, mot à mot, quatre piliers et qu'en portugais la chenille s'appelle
lagarta, proprement lézard (lai. lacerla). Ce rapprochement vienl-il de
ce qu'ils rampenl tous deux? Mais M. Lillré dit que caterpillar vient du
pal. norm. chatlepelousc, chenille, propr. chatte velue.
<[Jue fusse, que fut-ce. conj. quoi qu'il en soit, malgré cela, soit.
Que. inlerr. quoi, comment. Si les montois remplacenl quoi par
que, eu récompense ils substiluent souvent quoi à que. Ex.: quoi disée,
pour que dites-vous? mais ce quoi est prétentieux. Vers Alh on pro-
nonce quau. Quau dile, quau /aile?
Qnelpoiqne. t. d'arg. rien. Quel ou quelque -{- poic. V. fr. poc,
qui signifiait peu.
Quëniau. s. m. chèneau, jeune chêne || bâton de chêne. V. fr.
quesne, caisne, chesne el quéniau. B.-lat. casnus, lat. quercus, brel.
guesen lafi. A la vérité taù est le nom spécifique, gwesen n'est que le
nom générique : arbre; mais seul il a bien pu désigner l'arbre par
excellence. Celle conjecture s'est réalisée : Je viens de voir gwen tra-
duit par chêne dans un vers bret. de l'introduction du dicl. de Legonidec.
Querîèpc. s, f. t. de charbonnage. Pierre très-dure qui tapisse la
veine de houille. On la divise en quersiau, Irês-dur, en qucricre pro-
prement dile, de dureté moyenne el en querlasse, plus tendre. On dil
aussi querelle. Prononcez kwairière. Brel. karreg, gall. careg, pierre;
d'où provient probablement le fr. carrière (de pierres), v. t. quarrière;
v. fr. quarrel, pierre; querelle, grêle.
Querre, qucc. v. a. quérir. V. fr. qucrre.
Que loul. adv. combien. Il n'est pas interrogalif, mais admiratif.
Que tou quon Via bayé! combien on lui a donné! Comp. le lat. quam
multum, l'ail, wieviel, le fl. hoeweel, le fr. lui-même, combien ; bien,
pour beaucoup.
Quétron. s. m. rejeton, surgeon, marcotte. AU. Quecke, racine qui
tend à se multiplier.
Queue d' soritle. s. f. chauve-souris. Au Bor. kau d' sori, à Liège
chaw sori. Ce mot est une altération de kauw ou kauive sorile, dont les
monlois, aussi bien que les fr., ont oublié l'origine et dont les uns ont
fait queue el les aulres chauve. V. chaou. Le v. fr. a dit chaude-soris.
Qui fusse, soit.
296 QUI-ir
Qiiiii. s. m. cul, (lerrière (Boi'iu.). Lat. cuiimis.
^iiinquiii. s. iii. derrière, cul. || appellation amicale.
Qiiiii<|uiiietlc. anneau de pâtisserie ; tire son non» de sa l'orme
d'anneau. C'est un dimin. du dimin. précédent.
Quint, s. m. caprice. Fr. (piinleux; lioll. kwint, caprice. V. quin-
loussc.
Qiiinfonssc. s. f. coqueluche. Fr. toux par quintes, holl. kinklioest,
ail. Kcikhust, racine ail. keichcn, haleter, v. ail. kîchen-|-liust, loux.
Coqueluche doit avoir la même origine. On pourrait dire que c'est loux
de co(i ; il est vrai que le croup pourrait être ainsi nonmié, mais non la
coqueluche.
Qiiinzain. s. m. montois qui va en pèlerinage à Tongres. Eu Ir. t.
de jeu de paume, etc.
Quinze, s. m. manière de compter au jeu de balle : Ein quinze,
prumié quinze, acoi quinze.
Qu'est ce que c'est que? inlerr. comment, quoi?
Qui soye. adv. conjonction, quoi qu'il en soit.
Qui vie. prochain, futur. Litl. qui vient. Les fîyes qui n'ont rie, y
d'ara co Vannée qui vie. Les fdles sans fortune, il en restera l'an pro-
chain.
R
IS. Celle lettre se supprime dans la terminaison de tous les verbes.
On dit, même avant une voyelle, aimée, puni, dcvoi, prainde. Il n'y a
qu'un petit nombre d'exceptions. Ex.: Vir pourvoir et encore dit-on
souvent v'i. Au commencement des mots on déplace souvent le R pour le
mettre après la voyelle : Erlourner pour retourner, berlclle pour bre-
telle. Ou le supprime à la lin de la plupart des mots en eur : Meinleu,
Irompcu; dans la plupart des mots en oir : Abuvroi, salai, miroi, mou-
choi ou moukoi ou mousicoi ; dans le milieu d'une foule de mots, ehales,
meimbc. Dans les s. en ier on fait le changement en ée : Solée, pilée,
candclée. ]
R', rc, ra, sont plus rarement qu'en fr. des signes d'itération :
Récrire, raiquiser, r guéri, roblier, signifient écrire, aiguiseï-, guérir,
oublier.
KAB— RAC 297
Rabac*he-bitte. s. m. désappoiiitemen!, coiilrjiiéU', chose propre
à abaisser rorguoil. Fr. rabat-joie.
Rabâcher, v. a. abaisser, abattre, humilier. En IV. v. u. qui si|^ni-
fie répéter faslidieusenient.
Rabatiaii. s. m. rideau qui cacha le dessous d'un lit. Kii fr. raba-
teau signifie un feutre qui arrête l'eau enlevée par la meule.
RabUtoquer. v. a. rajuster, racommoder.
Rablagi. v. n. pâlir. Blass en ail. signifie pâle. V. blage.
Rabobinache. s. f. rabâchage, Quée droite dé — .' Quels singuliers
contes !
Rabobiner. v. n. et a. rabâcher, radoter. V. fr. rabobeliner, replâ-
trer, réparer.
Rabot, s. m. t. decharb. terrain aussi nommé forte- loise, formé de
silex mêlé de calcaire. En fr. pierre dure pour paver.
AKabouler. v. n. revenir avec empressement, V. abouler.
Rabouziiier {s'), v. r. se ramasser, se former en bousin.
Rabuftcr. v, a. rebufer. It. rabufo. V. buf. Ail. verbliiflt, décon-
certé, étourdi.
Rabiis, rabuse. s. m. (Bor.). V. ravclu.
Racachcr. v. a. faire revenir, renvoyer, rechasser. — lés vak, ra-
mener les vaches du pâturage.
Racater. v. a. racheter. V. fr.
Raceoiirre. s. f. bout, morceau de planche, de poutre, etc.
Rachaiicr. v. n. ramasser le charbon tombé des charriots sur le
chemin (Borinage). A Namur rachouner, à Liège rassorte, rassoie, si-
gnifient ramasser. Remarquons ([ue tous les mots fr. terminés en semble,
font à Liège sone et dans le Hainaut chêne ou chane : csone^einchaiie,
ensemble. Ressone=r' chane, ressemble. Sone^=chane, semble. V. ces
mots ; d'où l'on peut conclure que rachaner, rassoné, répondent au fr.
rassembler.
Raehc. s. f. cl landon ne comporle que deux chevaux de volée à un
charriot, c'est-à-dire quatre en tout. Si le nombre est plus grand, le
nom change ; el landon devient el — . Quand el — est à trois chevaux,
un bout est terminé par ain lamiau pour un cheval et l'autre par ein
landon poin- deux chevaux, chacun avec es lamiau ; alors el — ne lient
pas au limon par le milieu, afin de donner un levier avantageux au che-
^208 KAC— K\l)
val qui se trouve seul coulre doux. Lors(|ue la volée est de quatre che-
vaux il y a cin landon à cIkuiuc exlréuiiié et cl — lient au limon par le
milieu.
Raelienior. v. a. arranger, habiller, nelloycr, enharnachcr. Enne
maison rachmée comme cin ran (F ponrciau, une maison propre comme
un toit à poi'C. / vie loudi mau rachhné, il arrive toujours mal accoutré.
Liégeois, ahessi, prov. azesmar, préparer, v. fr. acesmer, disposer,
achesmer, orner, parer, vêtir. Le simple v. fr. esmer, v. esp., v. port,
asniar, apprécier, est rapporté par Oiez au lat. aîstimare. A la bonne
heure pour esmer! mais je crois achesmer d'autre souche. J'aimerais
mieux choisir le b.-lat. scema, lat. schéma, grec, v.^/*») vêtement,
beauté, forme, ornement.
Raclée, s. f. volée de coups. Raclée est un mot usité en France,
mais non consigné dans les dictionnaires.
Raclot, racrol. s. m. fête qui se célèbre 8 jours ou 15 j. après la
kermesse.
Racloi. s. m. lige de fer avec une spirale munie d'un anneau et atta-
chée par les deux bouts à une porte. L'anneau raclé avec force
faisait l'ofllce de sonnette. Lés — n'existent plus à Mons. V. ragalelle.
Racontage. s. m. radotage, paroles oiseuses, rabâchage. Les fr.
employent un mol qui ne figure pas dans les dict.: celui de raconlance ;
il s'éloigne peu de la signification du mot montois. Cet art. étaitécrit de-
puis longtemps et j'avais entendu dire par des vieillards le mot racontage,il
y a plus de 50 ans, lorsque je l'ai vu dans le compl. du dicl.de l'Acadé-
mie avec l'annotation: néologie. Les fr. l'auraient-ils pris aux montois?
Raeousu, ne. adj. portant des balafres, des cicatrices, surtout
celles des boutons de variole.
Racriii. v. a. mouiller de nouveau. V. cru.
Raeuser. v. a. rapporter, dénoncer. V. fr.
Racii§elte. s. f. rapporteur. — dé chon plaqicelte, — qui ne vaut
pas 5 plaquettes.
Radabler, radaguencr, radagncr. v. a. réparer, ragréer, ra-
jiisler. A Liège agadelé, adaglé, accoutré, paré; adasné, ajusté, v. fr.
dagel, damoiseau. Radacncr pourrait cire encore pris comme contrac-
tion de ralaconer. V. lassiau.
Rade, rad^maiu. adv. vite : Ein noir hic kcurl IC aussi rade qu'cin
HAD-RAG 299
blanc. Avicrade ou racimain. Le mol rade esl oniployc par Lesaige. On
sera peul-éire leiilé de tirer ce mol de raide, vaidemenl, qu'en v. fr. on
écrivail el prononeail roide, roidenieiit. On lit dans Rabelais : adonc
coururent tant roideinenl ; mais il est à remarquer d'abord que notre pa-
tois a conservé roi, roidc. Il ne confond pas : passer roi [comme cnne
broque) et passer rade sont fort différents et qu'ensuite le fl. nous fournit
le mol rad. Y. ail. radi, il. ratio, irl. grad, rapide, sauscr. hrad, aller.
D'ailleurs le v. fr. avait rade.
Kndoiipc. s. m. deux fois double. El doiipe éyé V — , le double et le
quadruple.
Radi'oiti, es'droîli, B'^lroiti. v. a. redresser.
Haf. excl. pour enlever. En fr. coup de vent venant de terre. C qui
vie d'rif sein va d' — , le produit de la violence est arraché par la vio-
lence. Faire rifraf, agiter V racloi. Faire rifrouf, fiùre à la bâte. Si
rij, raf, rouf ne sont pas de simples onomatopées, ils doivent avoir la
même origine que les mots fr. raffler, faire rafïle, c'est à dire probable-
ment venir de l'ail, raflen ou du lat. rapere, ravir.
Rafanti. v. n. redevenir enfant, tondjer en enfance, radoter.
RafToiirci*. v. a. donner la nourriture aux bestiaux. Fr. peu usité,
afourer ou afourager. A Liège foré, à Naniur foiirer.
RaGstolci*. V. a. arranger, racomnioder, rétablir. Y. fr. afistoler,
parer, orner.
IfiaJlaier. v. n. el a. cherchera calmer, à apaiser.
Ifiafoiirôe. s. f. nourriture des bestiaux. Fig. pitance, portion,
grande quantité de nourriture. Ain prinde es rafoiirce, en manger sou
soûl. En liégeois fore, bas-Iat. foderagium, fodrum, en bret. voueta, ali-
menter, en allemand, Futter, nourriture des bestiaux, goth. fôdr, viia
fuore, mha vuore, (1. voedcr, fr. fourrage.
I&afroiignei* (s), se refi'ogner, se racornir, se blottir, se resserrer,
se plisser. A Liège rafougnlé, se blottir ; en fr. se refrogner, n'a que la
signification de se plisser.
Raftor, rafler, v. n. (V. rif). Racler, agiter le cercle placé à une
porte en guise de sonnette.
Rafiirer. v. a. jiicorer, voler. C'est du v. fr. tiré du lat. furari.
Rafulor, rainfiiter. v. a. remettre un lût détaché, fig. rajuster.
Fin fr. rafutcr, signifie donner la façon aux chapeaux.
'>00. j;^^ RAG— RAI
Kn^alellc. s. ï. cri':celle, fig. personne «[iii parle beauroiip, ra|)ide-
n\M\\.Ilagalclk"s<<min\on\c=^rach'lU'. Bas-ail. raken, v.scand. raka, racler.
Knge, ra»«qiie {reslcr uiti). ilemenier arrêté, embourbé. V. en
rage, araskié. On dil à Mons rage, au village rasque, et même quelque-
lois rast. Ce dernier mol est un terme militaire ail. pour désigner le
repos après une marche.
Les monlois ont francisé la prononciation, de sorte que l'origine ne
pourrait plus se retrouver, si nos campagnards n'avaient pas été plus
constants qu'eux.
Je dois dire que le patois picard possède les mots s'enraker et rake
que M. Corblet traduit par s'embourber et boue, en rappelant le celtique
rakia, eau bourbeuse. Il aurait pu ajouter le v. fr. raque, mare, fosse
pleine d'eau bourbeuse, le b.-lat. rachia, rascia mare. Il y a encore le
fl. rake, bout de chemin, uit raken, sortir (uit, hors), comme qui dirait
déraker.
Ragrauyer. v. a. ramasser, reprendre avec adresse ce qui a été
volé. — («'). V. pers. S'accrocher, se rétablir au propre comme au figuré.
V. grau.
Ragrigiier (s'), se chagriner, se racornir, se ratatiner, se recoquil-
1er, se rider, se froncer. Figur. devenir revêche, maussade. Cello-bre-
lon, grignous, chagrin, v. fr. se regrigner, se crisper, se retirer, res-
sembler à la peau de chagrin.
Ragripei*. même sign. que ragrauyer.
Rai. s. m. rayon de roue. En fr. rayon.
Raiiuola.sse, rainuioulassc. s. f. raifort. Fl. rammenas; en esp.
rcmolacha, betterave, il. ramoloccio, lai. Raphanus.
Raine, s. f. grenouille. En latin, rana, bret. et erse ran, v. fr.
rane. Les fr. appellent aussi quelquefois raine la grenouille ordinaire,
mais ils réservent particulièrement ce mot pour désigner une grenouille
verte, appelée également rainelle ou graisset (en lat. hyla) laquelle vil
sur les arbres et peut se fixer au verre même, avec le disque de ses
pattes.
Raininoter. v. a. l. de jard. butter.
Rainscaiifer. v. a. réchauffer. V. fr. rcscafer.
Rainser. v. a. battre. V. fr. rainser, dérivé de rainsel, rein, raim,
lat. ramus. Rincée pour volée de coups est du fr. pop. Cette orthographe
RAI— RAM 501
(le rincée masque son orii^ine ; car le fr. rincer a une aulre Kource. Brcl.
rlnsa, v. nord, hreiusa, nelloyer, ail. rein, propre, pur.
Rainstoler. v. a. faire rentrer à rélable, fig. au logis. C ( ain los
qui n'est djamain rainstolé. C'est un vaurien qui n'est chez lui ni jour
ni nuit (Borinage). V. stolc.
Rainterpcr, reiileppep. v. a. couvrir par un éboulenient. // a sté
rainlcrré à fosse, un éboulenient l'a couvert de terre dans une houil-
lère.
Raisiné, s. ni. petit raisin ]| raisin de Corinthe. En fr. confiture de
raisin.
Raiieppi, îc. adj. ridé || décrépit.
Râle. adj. rare. Les bas-bretons se sont rencontrés avec les niontois
dans le désir d'éliminer au moins un R du mot. Ils disent aussi rai.
Rallep. V. n. retourner. V. d'aller. V. fr.
Ralenti, v. n. devenir moite, mou H cuire trop lentement. V. Icnl.
Ralonge. s. f. pièce de bois, de fer, etc. qui sert à alonger. Cesl
du bo d' ralonge, c'est un moyen de gagner du temps, c'est un palliatif.
Raniaipi. v. n. maigrir.
Raniati. v. n. devenir moite. Y ramali, le temps devient humide.
On raconte qu'une nuit de carnaval, le vieux prince de Ligne entrait
au bal avec un ami étranger. Deux femmes masquées en sortaient; l'une dit
à l'autre : i ramali comme. — Bamati-li? reprend l'autre. Quelle est
cette langue, dit l'étranger? Ah ! répond le prince, ce sont des princesses
italiennes déguisées.
Feu Delmotle contait l'anecdote d'une manière un peu diflérente.
Rambuquep. v. n. et a. heurter, frapper, cogner, se cogner, ||
faire grand bruit || retentir. Se rembucher en fr. se dit du cerf qui rentre
dans le bois. V. fr. rabuquier, faire beaucoup de bruit.
Raniep. v. n. et a. mettre des ramures autour des plantes grim-
pantes, comme les pois. En fr. ramer signifie avoir beaucoup de
mal, etc.
Ramie. s. f. ramée (Ghlin). Lat. ramus.
Ramounette. s. f. petit balai. Ramon est un v. m. IV., ramonette
signifie raquette.
Ramon. s. m. balai. Ein ncu ramon rarnounc voUic, au commen-
cement c'est toute ardeur. V. fr.
38
302 RAM— UAN
Itanioncr, raniouiier. v. a. balayer. Ilanioner, ramoneur sont
iVan(;ais en parlant des cheminées.
Ranioiicelcr (s'), se pelotonner, se replier. V. fr. ramoncheler.
KaiHounan, raménan. s. m. Dans les chemins du Borinage par-
courus par les charriots chargés de houille, la poussière est formée de
charbon presque pur. Les enfants ramounent et c'est celle poussière donl
un sac s'appelle un ramounan.
Le V. mol fr. ramenant qui veut dire reste (remanens) peut faire douter
derétymologie;car le sac des borennes est bien plus souvent rempli de
houille pure.
Rauiponau. s. m. sac pour passer le café (Fleurus). En fr. sorte de
couture. C'est aussi ce qu'on nomme à Mons une sorcière. V. ce mol.
Rampruelle. s. f. lierre. Plante ainsi nommée parce qu'elle est
rampante. A Thuin, rampieulc.
Ran. s. m. toit à porc. Il cssl à mctlc au — , il est dégoûtant de
saleté, il lient des propos orduriers. Enne maison rachhnée comme ein
— d' pourciau. En fr, d'économie rurale on trouve les mois haran et
eran. Lat. hara. Le mot ran se rencontre dans le glossaire Vosgien de
Richard. Il est indiqué par lui comme provenant du francisque rhann.
11 se voit aussi dans le dict. de Borel. Mettre un porc au rhan, le
mettre à l'engrais.
Ranclioiiar. s. m. qui ranchènc.
Ranchéiicr. v. a. déranger, remuer, fureter. V. ranguhicr, dont
il semble un adoucissement.
Rancliënée. s. f. volée de coups.
Raiicnne de praitc. Invélérée ; étoffe très-solide.
Raiidon. s. m. élan, choc, effort. En fr. sentier couvert dans un
bois, V. fr. force, courage, vitesse.
Randoiiiller. v. n. remuer avec randon, avec bruit, heurter,
frapper violemment. || battre.
Raiidonyadc. s. f. volée de coups.
Rancii, oîre. adj. languissant, maladif. On a déjà remarqué qu'au
liorinage où ce mol est usité, le féminin des adj. en eux se forme en oire.
Rangoii. s. m. instrument de fer pour attiser le feu d'un four, four-
gon. Il Personne qui travaille à toutes choses. En fr. ranguillon est un
petit crochet qui fait partie du hameçon.
HAN— UAQ 505
Ranguener, ranclicner. v. n. et a. se servir du rangon. Fig. re-
muer, agiter, pousser dans un lieu profond. En angl. ranger signifie
rôdeur, en ail. ringen qui fait rang à l'imp. signifie luller. L' ceu qui
caufe el four nest gnié loudi V ceu qui ranguenne. J'ai vu ce proverbe
brutal traduit en français : ce n'est pas toujours celui qui a cbaufle le
four qui enfourne. On le donnait comme du neuf.
Ranocr. v. a. faire de pièces et de morceaux (Borinage).
Rapaiiiscr {s'), cbanger d'avis || penser de nouve;iu || se raviser ||
revenir sur une résolution |1 réfléchir. V. fr. s'apenser, s'aviser ; se re-
creire, renoncer.
Rapaniagc. s. m. action de rapamer.
Rapamer, rainpaiiuier, rainspauiner, resiipaunier. v. a. et
n. passer le linge à l'eau pure pour enlever le savonnage, rincer. En iré-
geois, rispamé, en fr. de techn. repamer, blanchir le linge dans un cou-
rant d'eau, en fl. spoelen, en ail. spûlen.
Rapauiois. s. m. lieu où on rince le linge.
Rapanclier. v. a. épancher.
Rapande. v. a. répandre, épancher.
Rapapier («'). v. p. faire des mouvements de déglutition, avaler de
la salive, des mucosités avec quelque difficulté, comme dans les maux
de gorge, lorsqu'on éprouve une soif vive. (Fig.) se ravigoter. En lié-
geois pâpi signifie haleter. Bret. paouesa, reprendre haleine. V. fr.
paper, manger à la façon des enfants, du lat. papare; bret. papa,
bouillie pour les petits enfants, v. fr. papyer, bégayer.
Râpasse, s. f. volée de coups.
Rapauj^e. v. a. apaiser, calmer (Charleroy). A Liège, rapahté,
v. fr. rapouaiger, rapaier, à Mons, rapaiger, lat. pacare.
Rapichëner. v. a. recueillir, ramasser || découvrir, déterrer || ra-
piner. Où s'qu'il a été — n' feimme ainsi ? où a-t-il été trouver une
pareille femme? C'est peut-être une corruption de rapiner ; mais je crois
<iu'il se rattache mieux à pécher (pichon).
Rapiécëtage. s. f. rapiècement.
Rapiécëter. v. a. rapiécer.
Rapisiiionner (coutume de Mons). v. a. repeupler un étang.
Rapport que {au), parla raison que, parceque.
Raquier. v. n. cl a. cracher. Liégeois, rcchi, v. fr. rachier, cracher
r.Ol KAO-KAS
avec ellort el biiiyanimciil, hébioux, racac, cracher, it. recere. Reïcere,
selon Diez, était eu iisai^e pour n\jicere du temps de Servius. D.-lat. ras-
care, v. nord, hrackia, ays. Iirackau. // a raquic ein air, ça lia rkcyu
dessus s' nez.
Kaquion. s. m. crachat. A Liège, rcchon.
Rasaqiicr, r^i^aqucr, ersaquier. v. a. tirer à soi, retirer, esp.
resacar (v. saquer). V. fr. resacquer, tirer à soi.
Rasaquic, ée. s. ni, et fém. personne mal accoutrée.
Rascaille, rascaye, s. f. racaille. Les anglais disent rascal el pro-
bablement les IV. disaient de même il y a quelques siècles.
Ifiaiiicourchc. V. raccourse.
Rascoycp, rescoyer, raînscoyep, rascoyî. v. a. recueillir ||
ramasser || récoller || rattrapper (Borinage). Es cosscUe s'a rapanché ;
elle a rascoyé lé z'esplink el lé zewiye Vcune après laule. Il a rascoyé
r balle au bon blond. (Au propre et au figuré.)
Rasibus. adv. tout juste. Au — dé, à ras de, se trouve dans Rabe-
lais.
Rasière. s. f. mesure de capacité pour les giains, 0. hect. 5539.
Raskeiite, raskeusc. v. a. (Borinage). A Mons on dit racoude, ra-
coufe; recoudre; figur. racommoder, entretenir les vêlements. Y coule
gros pou raskeule six ainfan. 11 est coûteux d'entretenir l'habillemenl
de six enfants.
Rasp. s. f. taillis. Du flani. lasp, canaille (eu égard à la futaie).
Ras§arci, rassarcir. v. a. renlrairc. Du lai. resarcire, racommo-
der, rajuster. Uesarcire est employé en technologie.
Rassarcissure. s. f. reprise.
Racisaiirci*. v. a. nettoyer || habiller || arranger !| repaître. Fr. res-
taurer, V. fr. estorer, fournir, ajuster, garnir, établir. Lai. inslaurare.
Ras^i {pain), adj. bis, qui n'est plus tendre.
Rassoti. V. n. s'amouracher, s'engouer. Fai — , tourmenter, fâcher,
<'nnuyer. Elle rassolit dé s galant, elle est folle de son amant. Vv. s'as-
eolir, bas-latin, assoiaro.
Rastiau, restîau, rallia, s. m. râteau. Basque, arresluella, lai.
laster, rasleilus. Après avoir indiqué rasiel, râteau et râtelier, Pelletier
dit que Davies n'a rien qui convienne en gallois que rhestr, séries et
ihesd pra'scpe, l'un el l'autre arrangemciil de pointes ou barieaux. Il
HAT— RÂV 30o
croil que c'est de ce rheslr ou rastr gaulois que les latins ont fait leur
raslruni et leur rastellus.
Rafassclc, ée, adj. rapiécé. V. tassiau.
Rataisseler. v. a. raccommoder, mettre des pièces à un chaudron,
à un Iiabit. V. fr.
Rataye. s. m. père du taye. V. ce mot. On dit en riant ratataye
pour père du ralaye. Dans l'évangile d'Ulphilas, père s'appelle alta (v.
ouvr. consultés : art. Wackernagel). Il se nomme encore dad ou tad en
has-breton, et ait, aita, en basque. Je trouve dans Corblet une re-
marque singulière, c'est qu'en cette dernière langue on procède aussi
par addition syllabique; on arrive ainsi jusqu'au mot monstrueux
de aitarenarenganicacoarena ; latin avus, atavus.
Raton, reton. s. m. crêpe. En fr. pâtisserie de fromage mou,
11. rate, gâteau de miel.
Ratour. {faire dé tours el dé), faire beaucoup de détours, de re-
cherches.
Ralouriier. v. n. et a. retourner, V. fr.
Ralroiti, rastrcuti. v. a. rétrécir. V. slroi.
Ratte. s. f. rat. — de temps, prorata. Lafonlainc s'est servi du fém.
— qui correspond, dit M. Scheler, à l'ail, moderne Ratte, Ratze. Cet
animal était, dit-on, inconnu aux romains. Vha ratto, ags raet, gaël.
radan, brel. raz.
Rattendre, rataiiide. s. a. former un guet-à-pens.
Ra%aehe. s. f. grande cage de bois dans laquelle on engraisse la
volaille. Ras-lat. Irabaca, ital. trabacca, lente.
Ravaler, v. n. se dit des cheminées qui dans les mauvais temps
fument par bouffées. Ce mot provient du terme de mer rafale ou plutôt
du v. mot avaler, descendre, faire descendre.
Ravaii. s. m. terme de charb. chômage, temps où les bouilleurs
cessent de travailler. Il y en a deux ordinaires dépendant l'un et l'autre
de l'interruption de la navigation, l'un dure un à deux mois, en août
septembre ou octobre, pour curer le canal et en réparer les digues,
ouvrages d'art, etc.; l'autre dépend des gelées et persiste plus ou moins
de temps selon la rigueur des hivers. Le premier ravau est toujours
incomplet; le second n'est complet qu'au dégel à cause de la ferme-
ture des barrières. Outre ces ravaux, il en est d'accidentels, provciiani
506 ll\V— UAW
(les crises coimnercialcs. || Au u.vvau, à bas prix, en abondance, au
rabais. Dans ce dernier sens, du v. mot avaler, dévaler, descendre.
Dans le premier sens on peut inlerpréler : suspension de travail par
suite d'une diminution (ravau) de salaire.
Rave. s. m. prétexte, excuse, subterfuge. (Borinage.)
Iftavolu. s. m. légume rabougri || chose incomplète, défec-
tueuse.
Raveiusses, ra« flasques, s. f. p. mauvaise herbe. En liégeois
ravrotih, moutarde des champs, raphanus raphanistrum, bas-Iat. ravi-
sellus, diniin. de ravus, frumentum.
Raverdi. v. n. se recouvrir de feuilles. Ce mot s'employe figuré-
ment en parlant d'un coq mal chaponné. Il se dit aussi d'un convalescent
dont la figure annonce le retour à la santé. Y ti'raverdira pus. Y ri'por-
lera pus vcrle fcuye.
RavesUssement. s. m. effet d'une donation mutuelle. Ancien t.
de palais aujourd'hui disparu.
Ravisca. s. m. fête, banquet, régal. Rafya est en liégeois un mot
très-expressif par lequel on traduit les plus hauts degrés de plaisir et
de joie.
Ça fra aîn si bon ravisca
Qu' vos ain pourite bie mier vos doigts.
(Chanson de Quinlin.)
En terme d'argot, ravescot,alio venereo ; employé en v.fr.:ei li prostrés
est montez sus, tost li a fet le ravescol (li label d'Aloul).
Raviser, v. a. regarder, examiner, contempler. V. aviser. A Liège
ressembler.
Ravoir, ravoi. v. a. nettoyer : ravoir ses mains (sous-entendu
propres). En fr. ravoir signilie récupérer, se ravoir signifie se calmer,
reprendre ses forces. Y ri, y brai à n' pu s'ain ravoi.
Ravoiiycr. v. a. remettre dans la voie. V. fr. ravoyer. Ne pas con-
fondre avec rainvouyer.
Rawaiii. v. n. se faner, se ramollir, se ratatiner. (Borinage.)
Piiiole rawanie, visage rawani.
Rawarde. s. f. affût, guet (usité seulement dans quelques villages.
RAY— REC 307
V. p. 54). Âll. warlen et erwarlen, aiiendre, liégeois réwad, alTûi, iia-
murois rawarder, se mettre a» guet, v. fr. a\Yeit.
Rayellc. s. f. soupirail (Fleurus). V. fr. rayère.
Razetle, rasettc. s. f. instrument pour ramasser la pâte, pour
enlever les mauvaises herbes d'un jardin, houe. En Ir. ratissoire.
Re des mots fr, se change d'ordinaire en er ou en r' que je désigne
souvent par re. Ré se change en res : repondre (pondre de nouveau),
erponde, répondre responde.
Rëbar [au), t. de jeu de quille. V. reharrer.
Rebai*. rhubarbe.
Rèbarrer, erbarer, rbarrer. v. n. t. de jeu, aller au rehar.
Concourir, lutter de nouveau avec des joueurs ayant un pareil nombre
de points. V. erbarer.
Rëbeinder. v. n. t. de charb. recommencer sa tâche, faire double
journée.
Rëbinoquer, rbinoqiier. v. n. retravailler une terre au binoi,
figuré et plus usité, recommencer (Borinage).
Rëblonklcp, erblonkic. v. n. rebondir, rejaillir (Borinage).
Rèbouler, erbouler se ï'y. tourner les yeux convulsivement,
amoureusement, de manière à n'en laisser voir que le blanc, se pâmer :
à V prumière baije qu'on baye à «' fiye là, ses yeux s'erbouUé lou.
Rèbouler, crbouter. v. a. bouter de nouveau. En fr. remettre
un os cassé.
Rëbrougner, rabroiigner, erbpougner.v. a. écraser, émous-
ser. Fr. rebrousser ou rabrouer, rebuter avec mépris.
Rëbulë, ci'bulé. s. m. farine mêlée de son, farine de seconde
qualité. Ce mot est tiré abusivement de reblulé ou non moins abusive-
ment du flamand builen, bluter (prononcez beulen) et de l'allemand
beuteln. V. fr. rebulet. V. erbulé.
Elle a bayé es fleur pou rié
Et elle veind hier es n' erbulé.
Le proverbe a une variante villageoise :
Elle a bayé s' fouer pou nairié
Eyelle veind bic Mer es wayé.
Réi'éant. adj. solvable. V. fr. reséant, vassal obligé à résidence.
508 RÉC— REI
RtH'onler. v. a. répéter la leçon, apprendre. Kn fr. roniellre en
t'spril ; — (se), se rappeler, se concerter, lai. recordari.
Kecoursii. s. m. (coutume du Hainaul) adjudication.
Reeta. adv. exactement. Latin reclus, recta, rectum, ail. recht,
droit.
Récurer, rescurer, skurer. v. a. écurer. En fr. récurer signifie
blanchir l'acier avec du içrès ; v. fr. escurer, holl. schuren, suéd. skura,
bas-bret. scuria.
Récrepî, rakcrpi. rabougrir, ratatiner. En fr. récrépir signifie
renouveler, crépir de nouveau, fr. décrépit.
Récrire . v. a. écrire. En fr. écrire de nouveau.
Redresse, s. p. partie du jeu de bouquelle où Ton redresse les
osselets.
Rëdroiti, erdroiti. v. a. redresser.
Rcduclier. v. erducher.
Rcfacher. v. a. emmailloter de nouveau. En fr. fâcher de nouveau.
Refle. s. f. p. houille au milieu de laquelle se trouve un caillou.
Rcliclier, r'Iîcher. v. a. rempailler.
Rélicheu, crficheu. s. m. rempailleur.
Refouler, r'fouler, erfouler. v. a. feutrer. Se dit des bas ou
vêtements de laine longtemps portés sans être lavés et qui sont comme
feutrés.
Réfreinde. v. erfreinde.
Refroisser, v. n. t. d'agr. changer de culture. V. fr. reffroissier ;
en fr. moderne, refroissé, se dit des terres que l'on n'a pas laissé en
jachère. Refroissi. s. m. mode de culture des terres en jachère.
R^frouehi. s. m. récolte précédente || changement de récolte. El
cabée est ein monvai — pour meltre du grain après. V. refroisser.
Régaler, reingaler,régaliser, réwalé.v,a.aplanir,rendre égal.
Rcgerou. v. ergeron.
Régraffer, eï-graffer. v. ergrafer.
Reincracher. v. a. et n. engraisser || graisser || devenir humide en
parlant d'un rhume || prendre le gras de cadavre. C'est del char rein-
crachée. k Charleroy, recrachi, à Liège, recrahi.
Reinfournasquer, reinfournaskic. enfoncer, renfoncer. S' — ,
v. r. s'enfoncer, se blottir.
REI— REM 509
Reinkouftcr. v. acouflcr.
Reiniuoncheler. v. ramonceler.
Rci<!ipap. s. m. riz an lait. FI. rystpap.
R'javeler, erijavelcr. v. n. javeler de nouveau, fig. recommencer.
Rekeii. vivant, ressuscité (usité dans un petit nombre de villages).
V. p. 5i. Je vois dans le dicl. artésien les mots recoué, recout et res-
kourt, réchappé, sauvé, qu'on fait provenir de reexcutere, retirer de
force. Ces mots ne viennent-ils pas plutôt de raskeude, erkeude, re-
coudre, parce qu'on rekeul (fait des sutures à) ceux qui ont reçu des
blessures? V. fr. recoux, sauvé. Comp, couturé, racousu.
Rëlar. s. m. et adj. qui rèle beaucoup. V. rëler.
Rélave. s. f. 1" planche d'un arbre, qui^tient à l'écorce et n'a pas la
même épaisseur sur les bords qu'au milieu.
Rëiaviire. s. f. p. eau avec laquelle on a lavé la vaisselle.
Rélée. s. f. gelée blanche, givre. A Liège, râlaie, raulaie, v. fr.
frelée, gelée, frimas, bret. reau, revenu, gall. rhew, gelu, pruina.
Rëler. v. n. bougonner, parler en se plaignant, en critiquant. FI.
rellen, causer, jaser, revelen, radoter.
Réler. v. imp. se couvrir de givre. En ail. Reif, gelée blanche, en
bas-bret. revi, geler, v. fr. frelée, gelée, frimas.
Religner, erlîguei*. v. imp. dégeler (Borinage). On dit à Liège
fligni elriligni, à Verviers, ruligni; le lat. regelare signifie non pas re-
geler, mais dégeler. Il faudrait un dim. regelinare.
Réiin. s. ni. dégel. Après ce qui est dit à l'art, précédent, on ne doit
guère songer au fl. herleving, retour à la vie.
Remailler, ermàyer. v. a. et n. faire des reprises, racommoder
des bas où il n'y a que de petits trous ou mailles. En fr. remailler signi-
fie enlever l'épiderme des peaux. Remailler est aussi employé en techno-
logie dans le sens montois.
Remercier, erinercier. v. n. faire les relevailles. A Liège, ra-
messi. Lequel des deux mots a produit l'autre? Est-ce le mot montois
qui signifierait, selon les uns, remercier Dieu d'une heureuse délivrance,
selon d'autres, se faire remercier par le prêtre d'avoir donné un chrétien
à l'Église ou bien est-ce le mot liégeois qui signifierait retourner à la
messe. A Mons on dit indifféremment — ou r'allcr à messe.
Rêniellre, ermeile. v. a. comparer. Kmclle bielle à gin.
39
510 HEM— KEN
Reiuissu, eriuissiis. s. m. bière tirée, remise dans une loniie.
Abrév. lie remis dessus.
Rvuiontoii*. s. m. côlé gauche du cheval, par lequel on le monte.
Kéiuoulrance. s. f. ostensoir. Saint Sacrement. FI. remonslraniie,
ail. Monslranz. Mais ces mots n'ont pas du tout la tournure german. et
doivent venir de nionstrare.
Rëuioiiyer, criuouyer. v. n. et a. Ce mot ne signifie pas mouiller
de nouveau, mais jeter quelques gouttes d'eau sur le linge avant de le
repasser. Quant au simple mouyer il n'est pas inconnu aux montois,
mais il ne s'employe que dans quelques cas où accrut ne pourrait conve-
nir, par ex. on dit : Mouyer V lampas, humecter le lampas.
Rcnipielci*. remettre un pied à un bas, une botte. A Liège, r'pili.
Rempoter, roînpoter. v. n. remettre en pot, dans le pot. |1 Fig.
replacer, remplacer, suppléer, compenser. Je n' vas gnié à messe el
dimeinche, mé f reimpole deins V semaine. Je ne vais pas le dimanche
à la messe, mais j'y vais dans la semaine par compensation.
Rënar, renardage. s. m. matière du vomissement.
Renardcr, ernarder. v. n. vomir. V. fr. renarder.
Rencaiichiage. s. m. action de recharger un soc de charrue, une
pièce de fer.
Rencaiiclier. v. a. faire ain recauchiage, de rechausser.
Renculoter. v. a. mettre dain l' eulol (v. ce mot), acculer. S' — .
se blottir dans un coin.
Rendaclie, raiudage. s. m. fermage.
Rënclier, ernélîer. v. a. nettoyer.
Rénette, s. f. aphtes. A Liège, croûte laiteuse. Notre — est le résul-
tat d'une confusion avec une autre maladie de la bouche nommée gre-
nouillette. Comp. grenouille et raine.
Rcnfouetti, rainfoiti. v. a. couvrir, charger de terre, de vase,
Uiau a rainfoueli no pré, l'inondation a couvert notre prairie de terre
d'alluvion.
Renfroiiguer, erfrougner {s"), se rapetisser pour se fourrer dans
un espace étroit. Fr. refrogner, qui signifie se rider le front en signe de
douleur.
Renkeumain. s. m. pièce ajoutée aux chevrons d'un toit pour on
rendre le bas moins déclive. Fr, queue.
KEN— RES 311
Renniuler. v, n. mettre en muau. V. ce mot.
Renon. s. m. renoncule. || Action de renoncer.
Renscaudi, rescandi. v. a. réchauffer. A Liège, rehâdi, lat. can-
dere.
Rentasser. v. a. confondre, réduire au silence. En fr. presser,
entasser de nouveau.
Renvier, rainvier, ranvîep. v. a. réveiller. En fr. est un terme
de jeu.
Rëparage, crparagc. s. m. rejointoyement.
Réparer, v, a. rejoinloyer.
Repasse, erpasse, râpasse, s. f. volée de coups.
Repassé, erpassé. s. m. eau de marc de café.
Répasser, erpasser. v. a. allouer, accorder.
Répreinde. v. n. se repaître, n'est usité que dans ces phrases :
Y d'à à reprainde. Il est gras à lard. Il a pu à — su iiein poulet que
d'sus ein canard.
Repos {dé), adv. en paix. Lcye mé dé repos.
Reproche {sans), sans se vanter.
Reprocher, erprocher. v. n. faire éprouver une légère difficulté
de digestion : Lés rémoulasse, lé z'ougnion eyé el lar erprochele (ou
erprochcté).
Requin, v. héquin.
Rescandi. v. a. réchauffer, attiédir. V. scandi.
Rescaper. v. a. et n. réchapper, échapper, sauver, guérir d'une
maladie presque désespérée. Rabelais se servait du mol escapper. Ual.
scappare.
Respé {parlanpar). révérence parler.
Respe, repse. adj. rêche, âpre, austère. Ags. rech, hreog.
Respect, v. rcsse.
Resse (homme de), ouvrier qui aide au chargement des baquets.
Resse, respe, respect {à que), loc. interr. pourquoi, par quelle
considération. A que — que vos n'estez gnié v'nu. Pourquoi n'êles-vous
pas venu? qui vous a empêché de venir? En ville, les gens qui ont la pré-
tention de bien parler, égarés par la quasi synonymie de : « que manque
disent à quoi resse, à quoi reste. Ils croient ainsi se rapprocher du fr.
Us se garderaient de ce ridicule s'ils comprenaient la locution et ils la
512 KET— RÉV
comprendraient s'ils avaient un peu écouté nos villageois. Ceux-ci
disent à qucc lespe ou à quée respect. A quée respccl. avée slé à Mon?
Au respccl que dj'avou m' reindachc à payer. Pourciuoi avcz-vous été à
Mons? Parceqne j'avais mon fermage à payer. J' Vai di à vo respect, à
leu respect. Je l'ai dit dit à cause de vous, d'eux. Ce mot respé est abso-
lument de même origine que le fr. respect ; mais il est demeuré plus
pur; car le fr. s'est écarté du sens du lat. respectus et nous y sommes
demeurés fidèles. En v. fr. au respect a signifié en comparaison.
Retirer, erlîrer. v. n. faire le portrait. Ce verbe a un passif, on dit
d'un enfant: C'est s père tout retiré, c'est tout le portrait de son père.
V. tirer.
Rcii. s. m. t. de marinier, chambre qni se trouve à l'arrière d'un ba-
quet. Poile est une chambre de l'avant. Holl. ruif, chambre (on prononce
reuf).
Réunie, s. f. enrouement, bruit de mucosités dans la gorge ou dans
la poitrine. Il ne faut pas confondre avec le rhume qui se rend par le
mot catarrhe.
Rciipe. s. f. rot. rapport, éructation. Lat. ructus, ail. Ridps, rot,
(1. rispen, roter, en v. fr. vol, de l'ail. Raub, v. fr. rempe, rot.
Rcuss, rcyiis, use. adj. embarrassé, à bout. On ne peut guère
songer au latin reus, coupable. Dans le dictionnaire austrasion de Don
François, faire "réhus c'est mettre quelqu'un hors d'état de répondre ou
de répliquer. Le v. fr. rehuser s'appliquait aux détours du gibier pour
faire perdre la piste.
Rëveinde, erveînte. v. a. revendre. Ce verbe n'a pas seulement
pour régime des noms de choses, mais aussi des noms de personnes ; alors
il signifie exproprier dans les biens. On a rveindu V monteuse de mode.
On a vendu par autorité de justice le mobilier de la marchande de
modes.
Révéliilion. s. f. solte inspiration, idée saugrenue. VjU fr. action
de faire savoir ce qui était caché; fl. revelen, radoter; mais Kiliaen le
croit né du fr.
Révéler, v. a. concevoir , imaginer follement. Ein eau qu'il Va
révélé. V. fr. révélé, extravagant, fier, provenait, selon Diez, de rebcllare.
, Revenue, eriénue. s. f. retour. A l'ervénue du temps, au retour
du printemps. V. fr.
REV— RIF 5Î3
R^vlnger, ervîiiger. v. a. défendre; revenger esl usité en France,
mais populaire ; le dicl. de Boisle de le donne pas.
Revue {e«e dé), êlre en position de se revoir, d'accorder un dé-
dommagement (i).
Ribosse. s. f. pomme cuite dans une enveloppe de pâle.
Rielioii, rie, rîeu. s. m. ruisseau (Dorinage). Se dit surtout de ceux
produits par les machines à feu. On conte qu'un jour, dans une épidémie
de dyssenierie, un médecin ayant prescrit de l'eau de riz à un frame-
rizou, celui-ci fit chercher de l'eau du rie et guérit. Dès lors Viau du
rie fut en grand renom et l'épidémie s'arrêta.
Richot, rîot. s. m. ruisseau. Se dit surtout de ceux des rues d'une
ville. On réserve pour les autres le nom de rigole. Conle dés richo,
propos ordurier. Rio en espagnol signifie rivière, en fl. riool, égout,
conduit, lat. rivus, en grec couler se dit /ssw, en sanscrit ry, v. fr. riau,
rieu, ru, bret. rieu, ry, rius, irl. sruth, qui se lie au sansc. srôtum,
couler, racine, sru.
Richofer. v. n. et a. faire des sillons pour l'écoulement des eaux.
— dés (johas.
Ridoehi, r'dochî. émousser, recourber (Charleroy). A Liège ridolii;
se dit d'un instrument tranchant, pointu. C'est notre crduchcr monlois
un peu altéré dans sa forme et sa signification en émigrant vers Char-
leroy et Liège.
Ridoi. s. m. tiroir. A Liège ridan (qui glisse). Les liégeois ont le
v. ridé, glisser, et les ss.,nd, glissoire, ridège, glissement; t. d'argot,
rade, radeau, tiroir de comptoir; — en v. fr. rideau.
Rîé, rie, pîii, nërié. s. m. rien, Acaler c qu'on na gnié danger,
c'est r moyé d' d'aller tout à rié.
Rif, raf. excl. pour emporter. AU. ralTen, emporter, happer, ravir.
Fr. raf, marée forte et rapide, lat. rapere, fr. ravir. Peut-être n'est-ce
qu'une onomatopée. V. raf. — C qui vie d' rif sain va d' raf. Ce qui
vient de la flûte s'en va par le tambour.
(1) C'est le sentiment de l'harmonie qui décide du clioix de re bref ou de er ; générale-
ment m- s'employa après une consonne, rc après une voyelle. Cette remarque s'applique a
tous les mots commençant par rc Chercher à cr les mots que l'on ne trouve pas a re.
514 KIF— RIS
Uifle, rifture. s. f. raie, légère eiilanuire.
Rifter. v. a. friser, effleurer, raser. V. scand, rifa, déchirer, suéd.
strœfa, frôler, friser, effleurer, raser, fl. screef, raie, ryf, ràleau, râpe,
V. f. rider, égratigner, écorclier, riflure, écorchure.
Rigodainc. s. f. volée de coups.
Rigoler. V. n. el a. faire des rigoles. B.-lat. riga, rigola; gall. rhi-
goli, in fossulas vel sulcos cavare, rhyg, rhigoK fossula, sulcus,
Rikiki, ricliiclii. genièvre, liqueur.
Rille. s. m. règle de menuisier, maçon, etc. V. fr. ruile, rille;
reiller, tracer des lignes, des sillons.
Rim. s. f. jeu de ligne. Lat. rima, fente.
Rim ni ram {ça n'a ni), cela n'a ni rime ni raison,
Rim ram. s. m. protocole, formule. Cesl loudi V même — , c'est
toujours la même chanson. V fr. rime, tinlamare.
Rincer, v. a. V. rapamer.
Rinclore. v. a. fermer, clore.
Ringlëe. s. f. rangée. Gall. rheng, séries in longum diducla.
Ringresser («'), devenir gras. Sloffé qui s' ringresse, fromage qui
devient gras. Tousse qui s' ringresse, toux qui devient humide. Char
qui s' ringresse, viande qui prend le gras de cadavre, qui se mortifie fort.
Ringuiage s. m. sillon de binoit. V. ce mot. || Action de labourer
avec le binoit. \\ Labour pour jachère. || Premier labour.
Ringuic, ringuer. v. n. labourer avec le binoit ; inusité à Mons,
fort usité au village. V. fr. régue, mot qui signifie sillon qu'ouvre la
charrue; reiller, reilher, labourer, tracer des sillons. Ces mots eux-
mêmes descendent du bret. rega, travailler la terre pour la première
fois, reghi, rompre, déchirer. En gallois Davies écrit rhwyg, ruptura,
scissura, rhyg, sillon.
Rimpieler. V. a. mettre des pieds à des bottes et à des bas, réparer
le pied d'un mur.
Rion, riourte. adj. et s. rieur, rieuse.
Risorbu. v. a. essuyer (Charleroy). A Liège, rihorbi, horbi. Lat.
sorbere, fr. résorber, absorber.
Risot. s. m. sourire, souris (enfantin).
Rispe. s. m. maladie de peau des chiens. V. fr. riper, pat. ail.
rippen, gratter.
RIS— ROI 315
Rlspeu. adj. attaqué de rispe \\ pauvre || dégoûtant || malheureux.
V. fr. ripeux, qui a la roupie au nez.
Risque à risque, adj. tout juste, rien de trop. Il a «' compte risque
à risque, il n a que son compte, peu s'en est fallu qu'il ne l'eut pas.
V. fr. rie à rie, à la rigueur.
River, rîvîé. v. n. arracher les épis du chaume. || Ébourgeonner.
Il Èclaircir un plant trop dru. FI. ryfelen, râteler, faire rafle, ail. rafl'on,
lat. rapere, enlever.
Rivet, s. m. nœud coulant. En fr. t. de maréchalerie.
Rivelle. s. m. t. de jeu de balle. Balle livrée en rasant le sol, en
riflanl. V. rifler.
Rlan, ran. s. m. Le plus souvent employé au pi. à Wasmes, Qua-
regnon, etc. frisson, angoisse fébrile, horror etrigor. Flani. rillen, Iris-
sonner, rilling, frisson. V. irlar.
Rniuage, ruiue. s. m. quatrième coupe de luzerne.
Rnu, rneii. Je ne l'ai entendu que dans celte phrase : il a du —
deins V temps, il y a apparence d'orage, de tempête, de changement de
temps (Jemmapes et autres villages). Quand j'ai demandé des explica-
tions, les uns ont interprêté — par reneuf, d'autres par remuement.
Mais je crois bien plutôt que c'est la prononciation locale d'arnw, amen.
(V. ce mot).
Roblier. v. a. oublier. X Charleroy et Liège rouvi. Ti rouveye sou
qu' C a stu, dit-on à Liège. Dans nos villages on dit : e(t roheye ou
rohlie çu qu' C as slé.
Roc. s. m. t. de charb. schiste argileux très dur tant qu'il est au
fond de la mine et qui, exposé à l'air, se délite promptement, tombe en
poussière et forme amendement pour les terrains calcaires ou sablon-
neux. On voit souvent des cultivateurs, au grand étonnement des étran-
gers, semer sur leurs terres de gros cailloux qui sont fondus au bout de
quelques jours. V. mur. On donne encore le nom de — au toit de la
mine qui est en effet quelquefois formée par la pierre ci-dessus désignée,
mais qui est quelquefois aussi formée de quairière.
Roche, s. f. rosse, poisson.
Rogne, s. f. croûte d'ulcère, de teigne, de dartre. En fr. gale invé-
térée. Contain comme ain pou su ïi' rogne.
Roi. adj. raide. Roi bras. t. de jeu de balle.
ôlfi ROL— ROS
Rolle. s. m. rouleau de labac. Toubak cin rollc. Ail. RoUe, (1. roi,
loulcîui. On dit aussi en fr. rôle de tabac.
I&ollet. s. m. toile très légère, grosse batiste peu employée aujour-
d'hui.
Ifioiuince. s. 1". grande quantité, suite nombreuse. En liégeois
cominée, kiminée, {co aL\cc-\-mincr mener). Le v. fr. a dit covine, suite
de personnes, do coue, queue ou de convenire.
Ron {fai ses), bouder (Quaregnon),
Ron s. m. papier sur Icfpiel on a cuit des macarons, des biscuits.
A Liège rortsou/i, dragée, amande couverte de sucre.
Ronchiii. s. m. cheval. Fr. roussin, cheval épais, entier; roncin,
V. fr. qui signifie rosse, mauvais cheval. Ain bon ronchin pelle ain
pichanl, on peut faire deux choses à la fois. Prov. roucin, gall. rlnvnsi.
Diez déduit roussin du vha hross, cheval.
Rondelin. s. m. très- petit gâteau.
Ronzêtcr, ronsté. v. a. {ain brain, lés seinles), enlever, jeter
(Borinage). V. langage, roster, ôler, mettre de côté.
Ropier, ropéyer. v. n. et a. faire le polisson, voler. En fr. rou-
piller signifie dormira demi.
Ropieu, ropyeur, ropîlleur. s. m. polisson, galefretier, voleur.
De roupieux, qui a souvent la roupie, ou diminutif de l'ail. Rauber, vo-
leur, comme qui dirait raubillmr.
J'indique à l'art, rouffian une autre racine possible. Quoique proba-
blement d'une môme origine, les mots patois ropieur, roufpan, et le v.
mot Ir. ruffien ne sont pas de même signification : le ropieur peut bien
voler, mais il fait des vols dont on est plus prêt à rire qu'à se fâcher. Le
roufpan est profondément perverti. Ses vols se commettent avec des
circonstances aggravantes. Le ruffien n'est qu'immoral et ignoble.
Roquetlc. s. f. Ce que j'ai entendu nommer ainsi n'est pas la
roquette-chou ni même la roquette sauvage, brassica erucastrum, mais
le velar, erysimum vulgare. Il y a une grande confusion dans l'esprit mon-
lois sur les espèces nombreuses des genres sysimbrium, eruca, brassica.
Rose d'égîpe. s. f. réséda.
Rosélet. s. m. petit roseau ou herbe ressemblant à un roseau. On
dit pré à roselels d'une prairie humide où croissent des plantes aqua-
tiques. En fr. le roselet est une espèce d'hermine.
HOS— HOU 517
Rosse, s. i'. personne paresseuse. Du Ir. rosse, mauvais cheval, qui
lui-même dérive de Tall. Ross, clieval, lequel est au couiraire un beau
cheval, un cheval de bataille. Elle rosse, être ivre.
Roiachi (pays, patois) celui de Valenciennes.
On a donné le nom de pays de Drouchi à une partie du Hainaut fran-
çais, parce qu'on y dit drouchi pour ici. On voulait ainsi le distinguer du
pays de Lauvau qui est celui de Maubeuge et d'Avesne, parce qu'on y
dit lauvau pour là-bas. Par une aphérèse, on a fait rouchi de drouchi.
Sous le nom de dictionnaire Rouchi-français, M. Hecart a produit un
travail très estimable et qui m'a été fort utile.
Je vois dans le vocabulaire des chansons lilloises de M. Dcsrousseau.x.
que ce nom n'est pas accepté sans contestation dans le déparlement du
nord. M. Desrousseaux relate uu passage d'une lettre qui lui est écrite
par M. Emile Cachet. Voici ce passage : « Le langage lillois, dont vous
vous occupez, est un dialecte de la langue d'oil et il a été rangé par
M. Hecart dans le rouchi. Je n'aime pas beaucoup cette dénomination
qui, au fond, ne signifie rien. C'est, dit-on, le langage que l'on parle
drouchi, mais à ce compte il faudrait que les autres dialectes fussent du
langage roula, puisqu'ils sont parlés droulà. Et puis les lillois pro-
noncent drol-chi, drol-là, faudrait-il que nous appelions leur dialecte
le rochi? Tout cela est absurde. J'aimerais mieux désigner tous les
patois du nord sous le nom de wallon; et, s'il me fallait spécialiser,
j'appellerais volontiers notre langage la langue (ïaivi, comme on dit la
langue d'oil. la langue de si. »
Ces réflexions me paraissaient éminemment justes. 11 est clair que
toute langue, tout patois est langue, patois d'ici pour ceux qui sont dans
le pays et sera langue, patois de là pour tous les autres.
Mais c'est une question à débattre entre nos anciens frères hennuyers
on flamands détachés de nous. Ils ont le droit de se donner tel nom
qu'ils veulent. 11 ne nous appartient pas de leur en imposer un. L'on
verra notre réserve (art. icallon), lorsque nous tracerons la frontièrt;
méridionale de la wallonie et nous n'aurions même pas dit noire avis
sur la question, si nous ne nous y trouvions pas impliqués. Voici com-
ment :
M. Hecart, traçant dans sa préface les limites du patois rouchi, les
recule jusqu'à Soignies et par conséquent le fait parler aux moniois. Les
. 40
318 r.ou— Ror
monlois paiior roMc/t«/ horrcsco rcfercns. Au-delà, selon lui, coinmouce
le wallon (ini n'y ressemble guère et il se parle jusqu'à FJnixelles et
Namur. Liège aurait un langage particulier.
Malgré loule reslime et loule la sjnipalhie que m'inspire le travail de
M. Ilécart, je ne puis m'empccher de prolester hautement contre cet
entassement d'erreurs.
Bruxelles est en plein pays flamand et si l'on y entend parler wallon,
c'est que Bruxelles est la capilale de la Belgique et qu'il y a là beaucoup
de wallons qui y sont ouvriers, domestiques, etc. Il se trouve pourtant
un quartier dit les Marolles où la populace ne parle pas le flamand ; mais
le marollien ne ressemble guère au wallon, c'est un français flamandisè
comme on peut le parler dans d'autres villes flamandes, avec quelques
mots wallons peut-être, mais surtout accentué à la manière locale. Déjà
liai est flamand et la frontière wallone se trouve encore à une lieue et
demie en deçà. (V. wallon).
Quant à Liège, il est bien vrai que son patois ne serait pas compris
])ar un valenciennois, mais ce n'en est pas moins du wallon, c'est même
le Avallon par excellence. Avec un peu d'attention, tout doute doit se dis-
siper à ce sujet (v. liégeois). Le nombre des mots tout à fait étrangers
aux patois de Mons et de Valenciennes est assez borné. L'erreur
d'Hecart provient d'un dictionnaire wallon de Cambresier qu'il cite.
C'est un dictionnaire du dialecte liégeois. Il se corrige à son article
wallon et se rapproche de la véiilé. Mais le mal était fait. Il s'est pro-
pagé comme la gangrène. Dans la préface du complément du diction-
naire de l'Académie (page ix), M. Barré verse, par la faute d'Hecart, dans
la même erreur. Cette maladie atteint M. Grandgagnage, en partie
seulement, mais complètement ]dusieurs autres.
Uoiif. s. m. |>arlie du baquet. Du fl. roef, chambre du capitaine. Ce
mot est admis dans la marine française.
RoufTc. s. f. espèce de pellicule qui se forme au-dessus de certaines
liqueurs comme le lait. AU. Rufe, croûte d'ulcère, Beif, gelée blanche.
En gallois roufen, ride, pli.
Roufllei*. v. imp. geler légèrement (Ghlin, etc). Y roulJclle. Ail.
Keif, gelée blanche. V. rouffe.
Ifioiiffiau. s. m. garnement, mauvais sujet, brigand. Fl. roof, rapine,
v. rnpicur. Le v. fr. rufllen signifie paillard, entremetlenr. Ou le ic-
HOU— KOV 319
irouve dans loulos les lani>ues. 11 semble venir de l'ail, pop. rutteln,
l'aire le m
Roufroiif. adv. à la hâle, sans soin, V. marie.
Rouiller, pouyer. v. n. remuer, frétiller. V. Ir. rouiller (les
yeux). FI. roeren, remuer, troubler, roeyen, ramer, ail. Ruhr, agitation.
Diez rattache le v. Ir. rouiller, rouyer à rôder et à Tit. rotare, rouler.
Roiijiii. s. m. raisin.
Roiiillan, rouyaii, te. adj. remuant, frétillant, indocile.
Roukler. Ej roukelle. v. n. Se dit du bruit qui se fait entendre
dans la gorge ou dans la poitrine lorsque des mucosités y sont amassées.
Peut-être de roucouler, mais plus probablement il n'est que de même
origine. V. fr. roucliier. V. roye.
Roulée, s. f. volée de coups. En fr. nappe de fdels sur la Loire.
Rouler, v. a. (t. d'agr.) — se terres, les travailler avec el rouloi \\
battre à coups de pieds. V. fr. roller, battre à coups de bâton,
Rouloi. s. m. (terme d'agr.) rouleau.
Rounieilc. s. f. irrigation, rigole.
Roufouliou. s. m. personne masquée || cri des masques, onoma-
topée. Fai — , crier comme les masques || se masquer.
Royale, s. f. sillon. Figur. nature de culture. Terre ain trois
royages, terrain sur lequel on cultive successivement trois espèces de
plantes. Il y a de même un double sens à roye.
Roye, rauye. s. f, raie i| sillon, bret. rega, gall, rhig. En v, fr.
sillon, rayon de roue. De radius || râle. // a l'rauye del morte, il râle, il
est à l'agonie. FI. rockelen, ail. rocheln, râler, 11. reutel, bret. rocb,
ronqell, rokonell, lat. ronchus, gr. psy/os, râle,
Royemain. s. m. murmure, grondement, borborygme, gargouil-
lement.
Royer. v. a, gronder, gargouiller, murmurer. Ce mot, qui sans
doute n'est qu'une altération de grouyer, a la même signification que lui
et dérive peut-être de grogner ou gronder, à moins qu'il ne provienne
de roye. V. ce mot.
Royette. s. f. satisfaction, apaisement, ration, pitance. V. fr. jouis-
sance, usufruit. Tvo V bârai à vo — . Tôis verres dé genaife c'est m' — .
On peut soupçonner que — n'est qu'un dimin. de roye (raie), car c'est
par des traits de craie que les cabaretiers nianpient la consommation dr
5-20 in-irw
leurs lial)iliiés. — vers Namur, rawelle à Liéi^e soiil ce qd'à Mous ou
nomme surjet.
■6' liiiner, cpluincp. v. n. et a. défaire la coulure d'un lablior,
d'un drap de lil, elc, puis la refaire dans un autre sens. Se dit peu à
Mous, beaucoup au village. Rosirenen donne deslnmi, rallier. Pelletier
donne dastumi, amasser, ramasser, composé, dit- il, de Tiierative das
et de tum, amas, ou de stum, ramassé, serré. Le dict. gallois de Davies
donne ystum, positura, situs. Cependant l'origine paraît plutôt germa-
nique que celtique. V. lumer.
Riichoii. s. m. enf;inl très-indocile,
Riichoncr. v. n. remuer.
Rue, reu. s. f. roue. V. fr. roé, basq. arroda, erroda, brel. et gall.
rhod, lat. rota.
Ruer. V. a. jeter. Ce mot est fr. même comme verbe actif, mais pour
signifier jeter avec impétuosité. Ruer toute aprc T tro d' es eu, dissiper
tout son avoir en gloutonneries, manger tout son bien. Ruer l'eu, faire
des ruades. Es bur-là rue ieu, y faut V faire ralenti. Ce beurre résiste,
ne se peut s'étendre sur le pain, il faut l'amollir à une douce chaleur.
Rugi. V. a. aiguiser (Charleroy). A Liège, rawhi, aiguiser de nou-
veau, à Mons, raiguiser, rainguiscr, aiguiser. Je crois que — s'est
formé de rauwi et que celui-ci est composé de l'R réduplicatif et d'awhi,
rendre pointu, aigu, d'où aweio, aiguille. Lat. acu.
Rumain, ruenient. s. m. t. de charb. mouvement de terrain.
Ruqne, ruk. s. f. motte de terre durcie. V. fr. roque, motte de
terre, ruque, sillon ; transport de la cause à l'effet. V. ringuicr.
Ruse. s. p. embarras, difficultés. FI. ruzie, querelle, noise. Ce fl.
n'est-il pas emprunté ?
RuMpel. s. m. érysipele.
R^wain. s. m. regain. V. xcayain. En artois on dit rouain. Il est
clair que r'wain et regain ne diffèrent que par la manière de prononcer ;
wayain est le mot simple. Sans nul doute ce sont les wallons qui sont
restés le plus près du mot originel uuinne dont on a fait gain. V. fr. guai-
gnages, prés fauchés. V. wâgn. Ici, comme dans beaucoup de cas, notre
mot n'est pas une corruption du fr.; c'est au contraire le fr. qui a changé
la prononciation primitive. BuUet dit que du celt. gwair, foin, on a fait
gwain, d'où est venu regain, comme aussi wain, voyin, revoyin en patois
R'W— SAl 521
franc-conUois, revoiii en nornianil. On peut soulonir qne le mol foin a
délerminé le cliangenienl de gwair en gwain. V. foère, flani, gcau.
R^wari. v. tcari.
B
s. se change souvent en eh : chavale, plus rarenienl en j : baijer,
roujin.
S. iaire, fai des s. Chanceler, balancer, se dil d'un homme ivre qui
ne peut suivre la ligue droile en marchant.
Saboulc. s. f. réprimande. Fr. très populaire, sabouler.
Sabrcu. adj. sablonneux.
Saclot. s. m. petit sac. Lat. sacculus.
Sacré chien tout 5SIIP. genièvre.
Sage. s. f. sauge. || adj. savant.
Sai. s. m. sel.
Saie, sayetle. s. f. serge. Sayeleu. fabricant de serge. Ils élaienl
irès-nombreux avant le siège de Mons par Frédéric de Tolède, en 1570.
La plupart ayant armé leurs ouvriers pour détendre la ville, furent
proscrits après la capitulation et portèrent leur industrie en France. Les
mots saye, sayelte et sayetleur, deviennent français depuis peu de
temps. Ne pas confondre avec le sagum, vêtement gaulois.
Sain-mai. s. m. et f. mot à mot sent mauvais, gamin, polisson.
Saint George, s. m. personnage du lumçon. Ce nom est le résultat
d'une confusion entre la tradition de Giles de Chin et la légende reli-
gieuse du combat contre l'esprit du mal.
Saint Cîrizelle (porter à), porter sur des mains entrelacées. On dit
dans le nord de la France : gringrin d'aisselle, à Tournay on dit :
grennsiel. Je ne puis croire qu'un saint quelconque soit ici intéressé.
Nul doute qu'on a agi comme pour queue de sortie, on a substitué un
mol connu à un autre qu'on ne connaissait plus. Mais quel est ce mot?
Je propose le b.-lat. grisellus roncinus, grisensgradarius,equus gilvus,
cheval gris. Aime-t-on mieux le v. fr. gresillon, lien, attache? A Liège
on dit : à tchcyere di roi (sur la chaise du roi).
Saive {iau d'). t. de charb. (Charleroy) eau des houillères obtenues
(;n saiuHtnt. V. saiivé.
.V2-2 SAI— SAL
$»ni\vc. faire dos rigoles. Ce mot ne s'eniploye i\ue dans les villages
1111 peu écartés. A Liège il signifie en outre, mettre égoultcr, pisser. On
a du dire d'abord s'aiwé dans les significations de faire des rigoles et de
pisser, car il veut dire : se débarrasser de ses eaux {aitve en liégeois),
plus lard on aura rendu le verbe actif en oubliant l'origine. Le liégeois
en a dérivé sauf eu, pisseur, évier. On dit pir di sahveu, pierre d'évier,
le radical liégeois aiwe, représente le v, mot fr. éve, aiguë, eau,
lat. aqua,am'e a forme notre aiweu du Hainaut (V. ce mol); eve a formé
le fr. évier. A Mons et près de Mons, saiwer est perdu, on dit mélapho-
riquement saigner ses prés. On ne connaît pas le radical liégeois aiwe,
et on a cru que le mot sam'e était le mot fr. saigner, altéré. C'est peui-
ctre le contraire, c'est peut-être saigner (dans le sens d'assécher) qui
provient de sa we; à Mons on dit iau et Ton n'a pu en faire un verbe.
S'iauiver eut été trop barbare. Si ce mot eut été forgeable, nous l'eussions
conservé, parceque nous l'eussions compris. Je ne dois pas omettre le
V. fr. seuwière, canal, saigne, marais et yawer, arroser.
Il est un rapprochement à faire, c'est qu'à Mons où aiweu et évier sont
peu connus, oîi saiweu est tout à fait inconnu, on se sert du mot pichol.
Saju {emi, ri), adv. quelque part.
Saker. v. n. sacrer, jurer. V. saquer, v. a.
Saki, saqui (enne). quelqu'un (Borinage). // a v'ni n' saqui vir
après vous.
Sakiau. s. m. sac || pousse-cul, agent de police. V. fr. sacquier,
agent du fisc.
Sakie. s. f. sachée. Sac est un mot qui appartient à presque toutes
les langues. It. esp. sacco, gall. bret. sach, fl. zak, ail. Sack, goth. sak-
kus, lat. saccus, gr. Ixy.xoc, hébr. sak.
Salaii. s. m. soleil. V. fr. solau. Li solaux est levez qui abat la rousée
(Guiot de Nanleuil). Est-ce de soliculus dimin. de sol ou bien est-ce une
combinaison du lat. sol avec le cymr. haul, même signification?
Salinqtie (saw). espèce de saule. Salix caprea.
Saloi. s. m. grande fosse pour enterrer plusieurs cadavres, pour
enfouir des décombres || silo. En fr. saloir, vase de bois.
Saloniéc. s. f. fille fort sale, prostituée.
Salo|>, e. adj. et s. sale. En fr. salope signifie prostituée. Sai.oi'in.
dimin. dosalop. V. ail. salo, salaw, noir, souillé'.
SAM— SAQ 5'2û
Snniblance {faire la), l'aire soniblaul. C'osl là un mol à demi fran-
çais qui ne se dit qu'en ville. Au village on dit : [ai l'chénance.
Samei*. v. n. essaimer. AU. scliwànnen, fl. zwermcn, lai. exa-
men.
I^ameltc. s. f. mousse légère, crème des liqueurs spirilueuses
encore en lermentalion. Ail. Sahne, fl. zaen, liégeois, sam.
San. prép. sans, qui comme avec, peut s'adverbialiser et se composer
avec les verbes à la manière allemande : Emm sœm- a lois quall amou-
reux ; Mi f va sans.
Sandrincltc. s. f. coiffe de nuit. V, ceindrein.
Saner. v. n. et a. saigner.
Sangiuué. adj. ému. On le trouve dans Froissart.
Sangsiire. s. f. sangsue.
iSaquan, saquante (souvent avec ein, enne,). adj. maint, beau-
coup. Ein saquan pol, cnne saquanlé pinle, beaucoup de pots, de pintes.
y d'à bu saquanlé.
Saqué, saquoi (cnne). quelque cbose. Ou l'employé dans certains
villages pour quelqu'un ; mais alors on dit plus ordinairement enne sa-
qui. Dans le département du nord on dit sequoi. MM. Leroy, Hécart et
Legrand, s'accordent à dire que ce mot a été formé de : je ne sais <iuoi.
J'étais disposé à rapporter — à l'ail, cine Sache, une cbose, mais la com-
paraison avec saqui, saju, saquant, a dû m'en détourner. L'ail. n'oftVe
])lus rien d'analogue pour ces mots, tandis qu'on peut les iraduiie par :
ne sais qui, ne sais-je où, ne sais quant (quantum, combien).
Saquer, jaquier, saquié, saqui. v. a. tirer. Qui tire Vun saque
Vautt, cela se ressemble ou va ensemble. Dans le vieux langage fr, se
trouvent une foule de termes militaires : Sacer, sachier, saicber, sacquer,
saquer, saquier, les uns verbes n., les autres a., qui signifient mettre
dehors, dégainer, tirer, tirailler. Tous ces mots sont dérivés de sache,
sache, sachée, sachanre, fourreau d'épée; par extension ils ont signifié,
dit le complément du dicl. de l'Acad. glaive, épée et même arquebuse.
L'origine remonte plus haut que le v. fr., elle se trouve, comme la plupart
des termes militaires, dans le v. ail.: zukkan signifie tirer; sachs signi-
fie poignard, épée courte. Selon les philologues ail. cette arme fabriquée
en Saxe, a donné leur nom aux Saxons (Sachsen en ail.). L'opinion con-
traire est plus probable; (;ar le pays, faul-il noire, est un pou anl(''rieui-
r.-2i SAR— SÂU
aux armes lal)iiqii(''i's. M'avons-iious pas des damas, dos bayomielles qui
ont emprunté el non donné leurs noms aux lieux de fabrication?
Du reste ce mot doit être encore plus ancien : on le trouve dans l'hé-
breu chaca, dans le brel. sacha, saicha. Cependant Pellelier croit que
le mot bas-breton est venu de France ; car, dil-il, Davies, dans son dicl.
gallois, n'offre rien de pareil. Il est passé dans le portugais et l'esp. sa-
car; les liégeois disent se/i«.
Diez rattache les v. mots fr. au lat. saccus, tirer du sac. M. Scheler
combat avec raison cette éiym., il produit l'it. siaccare, détacher, el
l'ags. scâcan, perculere, qualere.
Sara. s. m. fdle étourdie, remuante, espiègle. Est-ce du nom bi-
blique, est-ce du fl. sarren, agacer?
Saro, sauro. s. ni. sarreau, blouse. Bas-lat. sarrotus, sarcotus,
isl. serk, tunique.
Sari, village du Hainaul. V. fr. sard, champ.
Sarlié, sarlîèrc. adj. et s. impotent, infirme (Eugies). On peut
conclure de la signification inusitée à Mons de ce mot, que c'est à tort
que les beaux parleurs de notre ville ont changé en hospice et
rue des chaririers, les hospice et rue des sarliés. Pour mettre
sous les yeux du lecteur toutes les pièces du procès, je dois dire que
M. Corblet donne le mol chartrier (prisonnier, de chartre, prison) non
comme un mot du palois picard, mais comme tiré des archives de Pé-
ronne. Au reste le mol de prisonnier n'a jamais dû être appliqué aux
vieillards qu'entretient la bienfaisance publique et qui jouissent de la
plus complète liberté.
San. s. m. soûl. Boire as' — || vingtième partie de la livre Hainaul,
sol II s. f. saule, arbre. — salink, salix caprea. La forme fr. saule ne
peut, selon M. Diez, provenir du lai. salix, mais bien du vha salaha,
tandis que les formes bourg, et lorr. sausse, champ, saux, il. salico,
esp. salce, sauce, saulz répondent bien au lat. M. Diez aurait sans doute
rangé notre — dans la même catégorie. Toutes les langues, tous les pa-
tois romans tireraient leur mol du lat., el le fr. ferait exception! cela
est-il admissible? Le fr. a dû dire — comme nous et quelqu'un qui
savait le lat. l'aura transformé. La permutation se sera faite en deux fois.
Saucié. s. m. saucière.
Saiidar. s. m. soldat. Fr. vieilli, soudard, fr. tout à fait vieux, so-
SÂU— SA\ 325
déer, soldar, soldarier, b.-lal. soldariiis; solidala, solde, lat. solidiim,
sou. Oii trouve en gall. sawdwr, qui a bien l'air d'être emprunté.
Satitli. s. ni. jeu d'enfants (Borinage). Dian dian nik el nak. (V. ce
mot composé.)
Saulriau. s. m. sauterelle || enfant qui saule beaucoup.
Sau«'li^nière. s. f. sablonnière.
Sauvlon. s. m. sable gras et argileux. En fr. le sablon est un sable
fort délié ou du grès pulvérisé.
Savé. excl. qui revient à cbaque instant dans le discours et qui, tra-
duite en savez-vous par les personnes parlant prétendument bien,
révolte les fr. Ce n'est pas une interrogation et cela ne signifie pas
savez-vous, car il faudrait dire savce, el savée, ce serait plutôt sachez.
C'est une exclamât, qui signifie: je vous le recommande, je vous l'afTirmc,
je vous le promets, je vous le garantis, je vous en prie, je vous l'or-
donne ! Savez-vous est une locution germanique qui, disons-nous, ré-
pugne aux français et dont cependant usent les romantiques modernes. Les
ail. n'en abusent pas précisément autant que les montois en particulier
et les Belges en général ; cependant on la trouvera 5 ou 6 fois dans le
Wailenstein de Scliiller; mais les ail. placent ordinairement leur wisst
ou wisst's, sachez ou sachez-le, au commencement de la phrase, tandis
que les montois le placenta la fin. Ils ne disculpas : vovairé,savé,myth:
sachez-le, vous devez venir. Je dois pourtant ajouter qu'ils disent aussi
assez souvent : wissen sie, vviss't ihr, dont on peut faire à volonté un
présent interrogatif ou un impératif.
Savoi. V. a. savoir. Ce verbe est irrégulier. Il fait au fut. sarai, sau-
rai, au condit. saroi, saurai, au subj. que f seusse, que f savisse, au
part. seu. (V. fr. sçeu), au borinage, soyu.
Savonée, sa%'née. s. f. eau de savon, savonnage.
Savonié. s. m. vilain, maladroit.
Sayain. s, m. sain-doux (Charleroy, Givry, Harmignies), champ,
sahin, prov. sagin, sain, esp, sain, lat, sagina, gall. saim, armor. soa,
graisse. V. fr. ensaimer, engraisser.
Sayelte. s. f. petite douve, ranunculus flammula. Les bergers
pensent que, lorsque les moulons broutent cette plante, les feuilles man
gées se changent en vers que l'on trouve dans différents viscères et no-
tamment dans le foie. Ce préjugé provient de ce que les feuilles ont, ea
41
Ti-Hi SAY— SÉK
ciret, de la ressemblance avec l'espèce de vers dont s'agil, el (|iie le nom
de douve s'applique aussi à un genre de vers aplatis. Au reste cetli-
plante est un poison acre pour Fiiomme et la plupart des animaux.
Sayi. V. a. goûter (arr. de Cliarlcroy). Cliez les liégeois — signifie
aussi sentir les saveurs et de plus manger légèrement entre les repas,
éprouver, trouver bon. V. fr. assaier, essair, goûter. — est fds d'assaiei',
s'il n'en est le père, ou plutôt ce sont des frères nés l'un et l'autre du
gall. sawr, safr, sapor, odor, saws, condimenlum, arni. saour, saveur,
açzai, essayer. Diez lire essayer d'exagium pesage. J'aimerais mieux
sapor, sapere, lesquels ont au moins les mêmes droits que le celt.
Scayon. s. m. échelon (Charleroy). h. Liège, hayon.
iSclandire, selandi. v. a. divulguer, publier pour faire esclandre.
Y. fr. esclandir, diffamer, déshonorer; escandeller, publier, divulguer,
lat. scandalum, ail. schande.
Scrire, cscrîre, pcscrîre, récrire, v. a. écrire. Je ne donne ce
mol que pour montrer ses transformations dans les langues qui touchent
à notre patois. Ici il n'y a guère de doute sur l'origine du mot. Les
germains ont emprunté forl peu de mots aux romains ; mais les Barbares
ne sachant pas écrire, ne devaient pas avoir de mol pour exprimer une
chose inconnue, ils auront pris des romains en même temps la chose et
le mol; cependant les druides gaulois savaient écrire : scribere est
devenu chez les holl. el chez les fl. schryven, prononcez skreiven, ail.
.schreiben, pron. chreiben ; bas-bret. scriva, gallois, ysgrifen, écrilure,
ysgrifeinie, écrire, gr. y,i«»w.
Sccroii. s. m. homme sec.
Séliii, scyii, sailli, sayu. s. m. sureau. Sambueus nigra. Les
liégeois disent sawou, v. fr. seu, scovie, prov. sauc et sambuc, esp.
sahuco el sambuco, brel. scaô, corn, skauan. Chez les anciens gaulois,
SzoSiv), selon Dioscoride. Pelletier dit que scao ou scav.- est composé de
es el de caw creux, à cause que le bois contient beaucoup de moelle et
laisse un creux. Davies, dans son dicl. gall., le fait venir de eau, sepire,
parce qu'il sert à former des haies. Il écrit ysgaw.
Scliiiliaii. s. m. lieu planté de sureau.
S^eintii. part, passé du v. scinli.
Séki. v. a. sécher. Lat. siccus, gall. hysp, sec, hesp, sèche, arm.
hesk, irl. seasg, scige, sansc. s'us'ka el si'e.
SEL— SIK 527
Seli. s. ni. sellier. On raconte qu'un sellier el un savetier avaient
demandé à un prêtre de dire une messe à leur intention. A un ceriain
point de la messe le prêtre chanta cœli cœloriim. On prie pour vous,
confrère, dit le savetier; mais la messe finit sans que le prêtre chantât
chafli chafloriim. Le savetier prétendit qu'il n'avait rien à payer.
J'ignore s'il voulut écouter des explications.
Séiiiak. t. de batelier. Espèce de bateau. Du fl. smak.
Scniison. s. t'. semaille.
Serenne, chcronne. s. f. barate; n'est pas inconnu dans diverses
provinces de France. Lat. sérum, pelit-lail, angl. churn (pron. tcheuru),
barate. V. chevaine.
Sérînchcr. v. a. et n. sérancer.
Scrinclieu, euse. adj. et s. qui travaille au séran.
Serre, s. m. état d'une porte fermée, mais sans emploi de verrou
nideserrure.il ne peut être rendu ni par entrouverte ni par entrebaillée.
Leyer V porte su serre, fermer la porte sans tirer les verroux. Serre ou sair,
en liégeois, serrure, lai. sera, que Festus définit : fusles qui oppo-
nuntur clausis foribus, gall. ser, ce qui est propre à fermer, corn, sera,
fermer, clore, basq. cerralia, baie, cerraleca, fermer, enfermer, esp.
cerrar, bret. serra, serre, b.-lat. serare.
Serrer, v. a. fermer. En fr. mettre en sûreté, presser.
Séruri. s. m. serrurier (au village). A Charleroy et à Liège,
senti.
Séruzié, j^éruzien. s. m. chirurgien.
Serviteur, s. m. salut, révérence. Faire ein biaii — , faire une
profonde salutation.
Seur. adj. sûr, certain. Il est curieux de remarquer que l'adj. fr. sur,
qui a deux sign. a aussi deux origines : l'une gerni. ou celt. (v. surcsse),
l'autre (celle aussi du présent mot), qui est lat. : securus. V. fr. seur. On
dit par pléonasme seur el ceriain. Seur (bé), assuré, asseuriî. adv. certai-
nement, sans doute : Vos vairez, assuré? vous viendrez, sans doule?
Cet état adverbial de l'adj. est un germanisme.
Seyau, sayaii. s. m. seau. V. fr. saiau, lat. silula.
Si. contraction de si i: s'i vie, s'il vient.
Siège, s. m. chute du rectum. En v. fr. (oiidonieni, anus.
Sien (el) ou el sîé ou cl ceu. pron. celui.
528 SIE— SKA
El sié qui dil tout
Il est so ou hé il est sou.
Sieu. s. ni. suit". Bas-brel. soa, soéù, basque, cihoa, lorr. xeii, |)rov.
seu, lat. sébum, sevuni.
SI fai, sî faite, adj. td, pareil, niot-à-mot, ainsi fait. On dil souvent
tel et si fai, dans l'état, dans le costume où l'on se trouve || sans soin ||
sans propreté. A Liège, sfai. V. tel et si fait.
Sî fra, sia, sIé. si, si fait, abrév. de si fera, si a, si est.
Sinagré. s. m. jusquiame, plante, hyosciamus niger. FI. senegroen,
bugle, plante d'une autre espèce.
Sine. s. ni. signature.
Sisille. {fai, faire), s'asseoir (terme enfantin). V. fr. sise, action de
s'asseoir, lat. sedere, ail. sitzen, être assis, 11. zitlen, s'asseoir.
Si lant. autant, assez. Je n' sue gnié si tant lourd que pou.... Je ne
suis pas assez maladroit pour....
Si tant si fort, tellement.
Situi'e. s. f. poêle (Cbarleroy). A Liège, 5«7oMt't', ail. Stube, isl.,slofa,
suéd. stufwa, fl. stoof, fr. étuve.
Skabille, eseabille, écaiiilie. s. f. escarbilles. En fr. instr.
ancien fort harmonieux. Escarbilles ne se trouve pas au dict. de l'Acad.;
il est donné au complément comme mot de techn. et défini : charbon
qui a échappé à une combustion complète et se trouve mêlé avec les
cendres, Ex -|- carbiculum, dimin. de carbo.
Si^af. s. m, il est usité dans certains villages en cette phrase :
Pli scaf d'ainfan, petit polisson, petit tapageur, petit vaurien. V. ska-
folc. Je ne crois pas qu'on doive invoquer le mot scàf qui, en bas-breton,
signifie léger, volage, inconstant, en celto-gallois, ysgafn, qui est traduit
levis par Davies. A la rigueur je le rattacherais plutôt au liégeois hap,
échappé (v. liégeois). Mais je tiens que — est la même chose que esca-
foté a\ec une signification un peu renforcée : celle de garnement.
Siiaffier. v. a. éplucher, faire sortir du sca/Jîon ou plus souvent le
skafion du brou, écaler. Il ne faut pas confondre — avec skafoler. —
est toujours pris au propre, skafoler, quoique de même origine, est
pris au figuré et a une signif. diminutive.
Skafrofê,ée. adj. et s, éveillé, dégourdi, gaillard, proprement, sorti
SKA— SKA 529
du skaffion, de la coquille. Ce doit être un diniiu. de skaf, connue ska-
foler l'est de skafier.
Skaffoter, eseafotcr, kafotcr. v. a. et n. cherchera faire sortir
du scaffion || travailler à tirer d'une cavité, par ex.: un peu d'ordure
d'une serrure, des mucosités durcies du nez, etc. || gratter || fouiller ||
exciter || animer || attiser || remuer. A Valonciennes on dit décaffoler
pour, tirer une chose d'un endroit oîi elle était cachée, pour tirer des
ongles de la terre ou d'autres matières. Je doute qu'il faille penser à l'ail,
schaben, isl. skafa, suédois, skafwa, lat. scabere, racler, ratisser, ni au
fl. schaefsel, raclure, ni qu'on doive s'arrêter à celte phrase dans
Rabelais : Semblent es coquins de village qui fougent et cscharboHenl
la merde des petits enfants en la saison des cerises et guignes pour
trouver les noyaux et iceux vendre es drogueurs qui font l'huile de
maguelet. Je crois que le sort de — est inséparable de celui de skafion.
Skafion. s. m. coquille de noix, noisette. Le liégeois hufion, induit
à penser au v. fr. huve, fl. huif, coiffe. La forme montoise reporte les
idées sur escoffion, fl. kuif, chaperon. M. Diez, dont l'opinion fait autorité
dans la matière, s'oppose à ce que coiffe procède de huif. Le H, dit-il,
ne se changeant jamais en C. 11 faut considérer que hufion est la même
chose que — , à la prononciation près, H liégeois égalant SK montois.
En se concentrant sur celte seule forme, les mots analogues verbalement
et logiquement se présentent en foule : on rencontre dans les patois fr.
écaflot, écaille de noisette, et dans le v. fr. escafette, moitié de coquille
bivalve. En lat. scaphium veut dire vase, coupe, en bas-lat. scaffa,
scaffia, cafium, mensune vel vasis species, italis siliqua, en gr. axxf, en
ail. schiff signifient barque, en bret. scaf, tout vase capable de contenir
de l'eau ou de flotter au dessus. Davies, dans son dict.gall., traduit cafn,
gafn, par irulla, concha, alveolus, item linter, cymba, scapha.
Skaille, skaye, escaye. s. f. ardoise. Inusité aujourd'hui à Mons,
en usage vers Senefle, Fayt. Fr. écaille; it. scaglia, golh. scaljos, tuile,
v.h.a. scal, écorce, fl. skalie, ardoise.
Skaniiau (à), se dit de la chaîne de personnes armées de fourches,
qui se livrent des gerbes à placer au loin du charrioi dans une grange
ou sur une meule élevée. Flam. skalm, chaînon, en picard on nomme
écamiau la pièce du charriot où est placée l'échasso.
>Skanilcr. t. de charb. couper obliquement une portion de mine
550 SKA-SKK
déjà hacéc pour la faire ensuite plus lacilciiitMit écrouler |i coininencer,
amorcer la sape || faire plusieurs irous dans une pierre pour enlever la
pièce que les trous ont circonslrite.
Skandi, escandi. v. n. tiédir. Suhc shumU, sucre candi, lat. candeo,
je brûle.
Skapiilair, oseaimlaîr. s. m. capillaire, sirop d'escapulair.
Skar, cscar, écard. s. m. brèche. FI. schaerd, ail. Scharte, cran,
dent à un couteau, à une pierre, fr. écharde.
Skardep, cscarder, ccardep. v. a. ébrécher, écorner || — une
plume, la fouler, Témousser.
Skaii, Kvaiipi, cchaiipî, cliaiipi (acoi, fai). avoir, causer de la
démangeaison, du prurit. Jai skau ni licUe, cm lielle em fai skaupi, la
tête me démange. Les liégeois disent hopi pour démanger, hop pour
gale, ancien fl. schoppe, gale, schobben, gratter. Skau ne se dit guère
qu'au village, scaupi dans la dernière classe à Mons, échaupi el chaupi
dans la bourgeoisie. On dit en riant : Est-ce que «' ca a co skau « eu?
— n'est pas s., c'est skaupissure qui l'est, on ne peut lui donner ni l'art,
défini ni l'art, indéfini : on ne dirait pas fai ein skau ou el chaupi. De
plus le régime peut être direct : fai skau ni tielte ou à ni lielle. Du
reste skau n'a pas le privilège exclusif du régime direct, on dit de même :
Tai mau m' lielle, fai caud mes pieds.
Skaupîj^surc, écliaupîssure. s. f. chatouillement, prurit.
Skepi. V. n. éclore. Fl. scheppen, créer, respirer, kippen, taire
éclore. Schelp dans la même langue signifie coquille, écaille.
Skelte, eskette, équetle. s. f. copeau. M. Corblet, dans son dict.
artésien, écrit ekelte el donne le mot ail. hacken el autres semblables
des langues du nord pour éiymologie, peut-être a-t-il raison. Cependant
remarquez que c'est dans les campagnes qu'on dit skelte, déjà à Mons
dain lé cache, on dil eskclle, les beaux parleurs disent équetle. Pour re-
trouver la source d'un mot, il faut presque toujours rechercher la manière
de dire des personnes les plus arriérées. Ilacken, hakken, hakke, hakker,
ne me semblent avoir produit que les mois iïançais hache, hacher,
encore cela est-il contesté par Diez. Je préférerais Tall. Scheil, bois
coupé, éclal de bois, bûche. FI. ail. scheiden, golh. skaidan, lat. scin-
dere, gr. a/.soâi-jjvfjn, diviser, ««^Ç'-.), je fends, uz-uroa, bois fendable. On
a encore le bret. skolp, copeau, irl. scaith, couper, sansc. sk'ad, même
SKE— SKL ôôl
sign.,maroIien, scouflin, copeau, ital. schegij;ia, éclat de bois, schegyialo,
fendu.
Skeller, eskeltcr. v. a. couper, réduire en équelles. Fig. morceler,
échanger, skcler ii pièce de chon francs. — v. n. se dépiler, bisquer,
pester. Sans doute dérivé du précédent. Pour les amateurs, je dirai
qu'en ail. schcrzen signifie railler, schellen, blâmer, injurier, en holl.
schelteren, éclater, gronder.
Skeiilte, skeurc, eskeute, eskwer. v. a. secouer. AU. schûtleln,
il. scbudden. On dit à Mons skwerel eskwer, au \i\hge skeuUe et eskeure.
On voit qu'à la ville on s'éloigne de la source, le fr. s'en éloigne encore
davantage, il est vrai qu'on peut puiser dans le lat. succutere. Le v. fr.
disait esqueure.
fSkiflctcr, cskifTter. v. a. et n. mot qui manque en fr. loucher,
frapper obliquement en rasant, ellleurer. FI. schuins, oblique, skiften,
couper. Originairement on a pu se servir du mot dans cette phrase :
en skifj'tanl, en coupant, c'est à dire de biais; plus lard on a pu l'em-
ployer dans tous les temps de sa conjugaison. Mais n'est-ce pas simple-
ment un dimin. d'esquiver : esquivëler? It. schivare, port. prov. esqui-
var, v.h.a. skiuhan, craindre, s'effaroucher.
l§»kiflo (à) ou à chijlol (sifllet), taille obliquement comme un bec de
flageolet.
Skircr, deskircr,dckircr. v. a. déchirer, v. Ir. xirer, fl. scheuren,
ail. schereu, ags. sceran.
Skiltc, esquitio. s. f. foire, excréments liquides, selle. Acoi
l'esquille, avoir la diarrhée || avoir peur.
Skitlcr, csquitlcr. v. n. foirer. 11. schylen, ail. scheissen, vha,
skizan, chier, v. fr. eschiter.
Skiat. s, m. éclat de pierre, bois, etc., ail. Schlacke, scorie, frag-
ment volcanique et Schlag, coup (par synecdoche), bret. scliçzenna, s(^
rompre eu éclats. V. sklissc.
SklcflV', esc'Icffe, écîeffe, s. f. déchirure. A Valcnciennes on dit
(''cliffe.
Skiell'ep, cscléfcr, écléfer. v. a. déchirer, se dit surtout des
étoffes. AU. schleifl'en, gâter, tailler, dépecer, démolir, klaflen, se
fendre, etc., en flamand, klieven, signifie fendre, se fendre, schiften,
séparer, s'effiler. En roinonlani |)bis loin ou trouve le verbe saxon
-,-»^ SKL— SKO
dcafaii, diviser, le v. ail. kliobaii, fendre. On lii dans le dici. de
Ducange : esclafare, infligere, inipingere (flanquer), esclal'aret ci laleni
ictuni quod non oporteret ei aliura dare, eclafl'a, alapa. Si garcia dicat
aliquid probo honiini vol niulieri quod sit turpe et niulier det ei ununi
eclalTa, non debel bannum (cliarla liberlatis urbis Seyselli anno 1285),
occilanis, esclafa esi écaclier (oblerere), cambris, clappa est ferire, ger-
manis, klappen, klopfen.
Rabelais dit souvent s'esclafler de rire. Dans le district de Léon, en
Bretagne, on dit sqalfa, fendre les mains par le froid.
Skiiisse, eskiîsse, éclîsse. s. f. petiie boîte en écorce de bouleau
ou en bois mince dans laquelle les paysannes apportent des fruits au
niarcbé || petite mesure pour certains fruits : Acater enne csklisse dé
grouseye, dé craquelin. Ail. schlitzen, fendre rapidement d'un seul coup,
avec un instrument fort tranchant, schleissen, fendre en long, holl.
slyten, sued. slyta, dan. slide, bret. scliçzenna, se rompre en éclats,
scliçz. Y. fr. esclicer. || Keïesklisse, tomber en ruine. Se dit des douves
d'un cuvier, d'un tonneau que la sécheresse fait tomber en morceaux.
Chez les picards cela s'appelle éclier, éclayer. Keï comme enne cuvelle
— , se ruiner, s'abîmer tout à coup.
Sklon. s. m. petit charriot pour voiturer la houille dans les galeries.
En holl. et en fl. sleê, slede, traîne, traîneau.
Skloner, esclauner. v. n. faire le métier de skloneu?
Skloneu, sdaiineu. s. m. celui qui traîne le sklon. Ce mot est
bien propre à fortifier les doutes que j'ai exposés à l'art, borain. Si les
premiers borains avaient été liégeois, n'auraient-ils pas apporté avec eux
les mots hierchi et hiercheu, traduction de skloner et skloneu.
Skluse, eskieuse. s. f. écluse. AU. Schleuse, fl. sluis, bret. scluz,
b.-lat. exclusa, esp. esclusa.
Skoiter, escoîler, v. a. écraser. Holl. kwetsen, ail. quetschen,
blesser, meurtrir, froisser, lat. quatere, v. fr. esquacher, esquachier,
casser, briser et esquater, aplatir, rompre, frapper. V. cocher, à Liège,
spaié. V. spocher.
Skole. s. f. nom flam. de la plie fumée. V. pieuse || école, fl. school,
ail. Schule, bas-breton, scol, lat. schola.
Skoria, escauriaf . adj. coriace.
Skorie. v. écnrie.
SKO— SKK ô'îô
Skoufc'tei*. V. cscoul fêter.
Skou, stcou, scoursué, escoursué. s. 1'. tablier, genoux, giron.
HoU. schort, tablier, ail. Schoss ou Sebooss, fl. scboot, giron, sein. Le
radical se trouve dans le vha scurz, ciirlus, brevis, fl. scbors, tablier,
vêtement court. A Namur, chou, Ichou, cl de plus chourchi, à Liège, horsl,
trousser, le v. fr. a eu escorcier, eslorcer, ail. schûrzen, v. fl. schorssen.
La nombreuse colonie gerni. des mots en sk, sp, si, est bien remar-
quable. Il est à observer qu'elle s'arrête à la limite méridionale du Hai-
naut. Le patois artésien est fort cousin du nôtre; cependant le dict. de
Corblet n'en contient pas du tout. Le petit nombre des analogues est déjà
francisé et se fait en es : Escoudie {preinde esn), prendre son élan ; estoc,
souche, qu'il ne donne pas comme du patois actuel, mais qu'il rapporte
aux vieux documents d'Amiens. Il donne pourtant un mot qui n'appar-
tient pas à notre patois (que je sache), espringuer, sauter, de springen.
Skoiip. V. escoupc.
Skoiii'ion, cscouvion. brandons, torches que l'on porte en courant
le soir les l*"" et 2'^ dimanches du carême dans plusieurs villages du
Ilainaut. || bataille entre enfants de diverses communes. V. escouvion et
cscoufler,
Skran, eskran, le. adj. fatigué, las. On trouve dans Lesaige le
mol recran pour fatigué. AU. krank, malade.
Skrandi, eskrandi. v. a. fatiguer.
Skréper, eskréper, écpéper. v. a. racler, ratisser, flam.
schrapen, angl. scrap, lat. scabere d'où scabies; bas-breton, scra|)a,
scrâpa, gratter la terre avec les ongles. Ducange donne le mot : screp,
danis, gladius ; irl. scrios, enlever la surface d'une chose, v. fr. escraper.
Skrépé,ée,escrépé. adj. avare, pince-maille. Holl. schraper, qui,
au propre, signifie ralissoire, racloire, et au figuré veut dire ladre,
harpagon, fe: se-mathieu, en flamand, schrapen signifie racler, amasser.
Skrépin. s. m. petit pain formé de la pâte recueillie dans le mai
au moyen de la ralissoire. V. skréper.
Skrep-sayère. s. m. avare || cri des enfants borains poursuivant
les nouveaux mariés ou les parrains qui ne leur jettent pas d'aigenl ou
n'en jettent pas assez.
Skrépures. s. pi. ce qui a été skrépé, ordures. — dé bouyau, selles
de la dyssenterie, des diarrhées graves.
42
:.:)'( SKK— SOT
Kkrihnno. s. f. roniparlimciil d'iiiio L:;ar(k'-i'ol)(> lormé (l(! plusieurs
tiroirs yanuUis par une pelile porle lermaul à clef. Ail. Schreiii,
anuoirc-[-Bank, espagnol scribania.
INtkriiiic. s. m. menuisier. Mol peu iisilé tlau- le Ilainaul,, plus usilé
vers IJi'ge. Mèiue élynioloi;ie ail. ([ue le i)rée(';ileul. De là aussi viennent
les niDls IV. (''l'iiii, (M'rau et le v. IV. eserinerio, nicniiiscrie.
iSliiier, 0!«kiier. skeiitc, skciir. v. a, secouer. FI, seliucUlen, ail.
schûtleln, lai. succuturc, v. fr. scqueuer, escouer.
$»kiiiiie, e!^kelllllc. s. f. écume. Rret. scumen, fl. scluiim, ail.
ScIiauMi, 1. spuma.
Skwelcr. v. squrllcr.
S\o\\, clilop {(VaUer). aller se coucher. Fai — , dormir. l"l. slapen,
ail. schlafcn. Beaucoup de fl. prononcent slopen.
Soîl. s. m. seigle. Ju cV soil, genièvre. En fr. soilette est une variété
de froment. V. l'r. seille, lat. secale.
Solée. s. m. soulier. Lat. solea, semelle, ail. Sole, plante du pied,
breton sol, bascpie soleta, v. fr. soler.
Soictte. V. soûle.
Son, so^n (fai). t. de jeu de carte usité dans le Dorinagi?, laisser la
main, jeler une petite carie. Sor/u chez les liégeois signifie peur, crainte,
besoin d'aller à la selle. V. fr. essoigner, dispenser, excuser.
Sorher. v. a. essuyer, éponger (Fleurus). V. IV. sorbir, boire, avaler,
sorbiter, absorber, engloutir. V. risorber.
Sopcîèrc. s. f. raniponeau, prussien, moelle de sureau avec ini peu
de plomb.
Soré, sorei. s. m. hareng saur. Fr. sauret, adj. peu usilé (fui pro-
vient de saur, lequel en langue gothique signifie roux.
Sot,solle.adj. ctsubsl. peu usité au m. personneardente, amoureuse.
Il serait curieux de connaître l'origine de la déviation dans la significa-
tion de ce mot. Le premier qui Ta enq)loyé dans le sens ici indiipié a-t-il
voulu exprimer moins la force du tempérament que le défaut d'esprit
pour en dissimuler la manifestation. Est-ce là le motif qui fait que le
mot s'applique presqu'exclusivement aux filles, parce qu'elles ont plus
d'intérêt que les jeunes gens à cacher les désirs sexuels.
Solte [ois), vis qui tourne dans son écrou sans s'y attacher. Farine
— , folle farine.
SOT— sou 555
iSottise. s. f. p. injures. Arraingé comme cnnc pougnie iV soUise. \\
s. f. siiig. lascivité.
Soufflette, s. f. sarbacane || bulle d'air sous une peinture.
Soufronte, souvronte. intervalle entre les pieds de deux soliveaux
supportant une toiture. V. fr. souronde, severonde, lat. subgronda,
saillie du toit pour rejeter les eaux loin du nuir.
Sougnie. ville du Hainaut, SoigJiies. En v. fr. droit seigneurial.
Souk, cherche. De such, impératif du verbe ail. suchen, chcrcliei'.
Ne se dit qu'aux chiens.
Soukier, soukter. v. n. llairer comme les chiens qui cherchent.
Soula. cela.
Soulan. adj. ennuyeux, remuant, gênant.
Soûle, s. f. boule de bois employée au jeu de crosse. Dans quelques
villages on dit solctle, dans d'autres choleUe. A n'ain cô de soûle, à la
distance où un joueur ordinaire peut lancer une soûle.
Le mot soûle est fr., il désigne aussi un jeu et une boule instrument
de ce jeu, mais tout cela est fort différent.
Soulé. s. m. ivrogne. Fr. pop. soulard.
Soîiler. v. a. ennuyer, gêner.
Soulure, sodure, desoulnre. s. f, défaite, volée de coups ||
Soulure. t. de jeu de croche, trois coups de croche.
Souiuakier, souuiakié. v. a. sangloter. Y brai qui soumak, s<;s
sanglots l'éiourtent. V. sloumaker. Schmachten en ail. languir, smachteu
en fl. étouffer, pâmer.
Souniie, souniié. s. m. poutre. Le mot fr. sommier n'en est pas
tout à fait l'équivalent.
Y mcinl qui fait craquer lés soumiés.
Imitation du proverbe ail. :
Lùgen dass sich die Balken biegen.
y faut quel guerre enn vos a nie fait d'peine.
Vos aslé gro et fort comme ain soumié,
(Chanson de Ouinlin).
Sounclle. s. I'. grelot.
")(i sou— SPA
Sioiiplrcr. v. ii. suppurer.
Soiiye. s. f. scie.
Souyer. v. a. scier. V. fr. seyer.
Soiiycltc. s. f. scie. V. fr. soyer, soicr, scior le blé avec la faucille,
sayellc.
Soiiyeu. s. m. scieur de long.
Soiiyin. s. ni. suie. A Lié^csoarse, prov. suga, sudgio, gaél. sruith,
sulche. Souyain vienl-i.l du patois souyer, à cause de sa consistance
analogue à de la sciure ou du fr. souiller? Ail. siideln, v. fi. soluwen, esp.
soalliar, gotli. sauljan, tacher. Diez a tiré le mol suie du lat. succus,
dans un autre ouvrage de l'ags sôtig.
Soyu. part. p. du verbe savoi (dans beaucoup de villages).
$»pal, espal. s. f. épaule. V. fr. espale, bas-lat. spalla, espalla, lat.
spathula, scapula, basq. ezpalda, gall. ysbawd, gr. aT^xdri.
Spaiii, espani, épanir. v. a. sevrer. FI., holl. spenen, radie,
speen, pis, tétine. Les liégeois disent aussi spani. En v. fr. espanir
signifie épanouir.
Spansner. v. a. v. rincer et rapamer.
Sparde. v. a. semer, éparpiller, répandre, étaler. Lat. spargere, v.
fr. espardre, épardre, espartir, sparger, liég. dispaul, dji dispaurdeu,
je répandais.
Spardjo. feuille de papier (Pâturages).
Spargii. s. f. épargne.
Spargné'Uiaure, ou plutôt spargn-niaii. s. m. tire-lire. Eu
liégeois spagn-mâ. Dans l'un comme dans l'autre patois on trouve la
signification d'épargne douleurs. C'est là l'interprétation ordinaire. Est-
ce la bonne? Il y a en ail. Mauke, lieu où les enfants cachent leurs frian-
dises, bavar. maucken, épargne secrète. Si spargne vient de l'ail,
sparen, — formerait un pléonasme tout germanique.
épargner, v. a. épargner.All.etfl. sparen, latin parcere,bret.esperna.
Spaté, e!i«patc (fier), fer en tôle.
iSpauuier. v. a. synon. de rapamer, signifie de pluségoutter, ressuer.
— r salade, la presser, l'agiter dans un linge. Fr. t. de marine, espalmer,
nettoyer, laver.
Spautrcr, espaiitrer. v. a. aplatir, écraser. V. fr. peautrer, louler
aux pieds. V. épaulrè.
SPA— SPI 357
Spava^n, espavagn. s. m. éparvin.
Spcculaliou, cspéciilalion. s. f. p. espèce de macarons.
Spéler, spéli. v. n. el a. épeler || choisir || Irier. Speli lé gro pun
déhor dé plils. Il est curieux qu'on dise indiflércmmenl dans celle
phrase speli et einlire. FI. spellen, épeler, proven(,\ espelir, expliquer,
golh. spillôn, raconter, expliquer.
Spenne. s. f. épine || aubépine, crategus oxyacanlha. V. IV. En lat.
spina, brel. spern, corn, spernan.
Spépîep, espépier.v. a. cl n. gratter el becqueter comme font les
poules. Figur. examiner minutieusement. No pouye s'espepeylé, c'est' ain
confesseur qui spcpeye, nos poules se becquettent les plumes, c'est un
confesseur difficile, minutieux. Lat. pipare, pipire, fl. piepen, ail.
piepsen, crier comme les poules.
Spepieu. s. etadj. éplucheur, scrupuleux, minutieux.
Spî, espî. f. épi. Remarquez que le fr. s'est éloigné du mot latin
spica bien plus que les mots montois. On peut en dire autant des mots
échelle, école, épine, étroit, espoir, éternuer. Y. gardin.
Spicotle, espicotte. s. f. T. de tailleur de pierres. Coin de Ter pour
faire éclater les pierres.
Spîer, dépier. v. a. faire sortir les grains de l'épi. A Charleroy
spii, rompre, à Liège sipii, briser, mutiler. V. fr. depier, specier,
despecier, briser, mettre en pièces.
Spiglair, espiglair. s. m. colophane, résine de mélèze, de pin ou
de sapin. Les liégeois disent spegulair. Remarquez que l'on se sert du
spiglair dans divers métiers el du colofon dans les arts : un plombier
se sert à'espiglair, un musicien de colofon. En ail. Spiegelharz, en fl.
spiegelhars, colophane, lilt. résine-miroir. îN'esl-il pas curieux que,
quand notre mot semble bien avoir une origine germ., le mot liégeois
paraisse de source lat. et de même sign., spéculum, miroir, ou plutôt
specular, vitre, sans doute à cause de l'aspect vitreux de la résine.
Spigot, c<i>pigot. s. 'm. bout de cuir d'un soulier. Ail. Spiess, Spilz,
lat. spiculum, pointe.
Spinasse. s. f. épinard. Ail. Spinat, lat. spinacia.
Spîncher. v. a. et n. élaguer, couper les menues branches (Ghiin).
A Liège speci. En fr. épincer signifie supprimer entre deux sèves les
bourgeons qui ont poussé sur le tronc des arbres de ligne. Ducange
558 SIM— SI'O
Iradiiil le mol spingcir par pellcrt', Irudcrc. Y. Ir. (.'spiiicer, coupci',
laillor.
Spiiit'lioii. s. ni. ce qui ;i élé spinchc.
5i|iion. s. m. espion j| miroir, n'Ilccletn- à une fenêlre. La racine
sansc. spasa, espion a doniK' des rejetons dans la plupart des langues :
lat. spicL'ie, vlia spelia, ail. s|)alicn, épier, irl. spiotlioire, gall. yspeiauw.
Fuclis dit (jue le mol entré dans les langues romanes en venant du v. ail.
est retourné en ail. moderne sous la forme spion. Ces pérégrinations ne
sont pas rares, nous les avons déjà signalées à l'art, flachc. Mais nous,
pourquoi disons-nous spion? Esl-ce une vieille forme française que nous
avons conservée? Esl-ce un effet de noire manière d'allérer le fr. ? Esl-
ce enfin que nous l'avions pris des allemands pendant la période autri-
chienne?
Spirink. s. m. éperlan || enfant irès-délical. FI. spiering, ail. Spier-
ling.
Spiroii, spîreii, spireiiil. s. m. écureuil (villages un peu à l'écart).
Lai. sciurus.
Spitcr, espîler. v. n. et a. jaillir || réjaillir || éclabousser || couvrir
de gouttes d'eau || darder || seringuer || éblouir. Té via tout spilé, le voilà
tout éclaboussé. El puchc est spitée, la puce a fait un saut. Cet enne
couleur spitanle, c'est une couleur éblouissante. Ce mol s'employe dans
une foule de circonstances où il n'a pas un correspondant français bien
exact. AU. spritzen, spriitzen, jaillir, seringuer. Les holl. et les flamands
disent spuiten; spalten signifie éclabousser.
Spîle-à-z-y. s. m. clinquant, brillant. Mot à mot : saule aux yeux.
SpilrucUc, cspîtruelle. s. f. seringue. Ail. Spritze, Sprûtze, holl.
spuit, seringue || niercurialis annua, plante souvent employée en lave-
ment (Wasmes).
Spiturc, c§ipitiirc. s. f. goutte de liquide spilé, éclaboussure. FI.
spai.
Splink. V. csplinke.
Spocher. v. a. manipuler, tàler. Dans quelques villages des envi-
rons de Mons, spotchie signifie froisser, écraser, à Liége,s/)a<c,onydit :
DjUle spalrcu le narenne. Je t'épaterais le nez.
Sponde, csponsc. s. m. partie de houille qu'il n'est pas permis
d'exploiter à la limite de la concession, afin d'éviter le passage des eaux
spo— spo 3.jy
d'une houillère dans une autre. Sponde en (1. bord d'un lit, ridelle, eu
lai. sponda, en v. fr. esponde, bord, chaussée, digue, bois de lit, châlit.
Ducange donne l'art, suivant : esponderius, limitrophe, esponde gallo-
belgis dicitur lecti pars auterior. Ilalis sponda, ora, margo.
Spot, e<«pot. s. m. sobriquet. En fl. spotnaem, en ail. Spitznamen,
sobriquet (spot, raillerie, moquerie, Spitz, pointe, naem, namen, nom).
Spo à Liège, signifie adage, sentence, dicton, proverbe.
Les sobriquets sont communs dans les basses classes des villes ; ils
le sont davantage encore dans les villages. Dans quelques-uns ils sont
universels. Comme la plupart de ces sobriquets sont désobligeants et
indiquent un défaut ou tendent à déverser du ridicule, ils sont quelque-
fois repoussés avec colère, mais le plus souvent ils sont acceptés au
moins avec résignation et parfois si bien, ([ue le véritable nom de
famille se perd. Je puis affirmer être allé un jour chez un ouvrier borain ;
la maison m'avait été bien désigfiée; une fdle de 16 ou 17 ans, fraîche
et belle, paraissant intelligente, vint m'ouvrir, cl lorsque je demandais
si j'étais bien chez Désiré L'heureux, elle me répondit : qu'elle nrl
counichou gnié. Heureusement le père rentendit du fond d(\ la maison,
il s'écria : iV faul-y gnic esse ennc picrdutc que <r roblic T nom d'es pèr.
La fille répliqua : Eh bé! vo lom c'est T grand co, nialleins-jc. Mordicussc
foutu godau, dit le père, te n se gnié co que sl^ ci spo.
Les noms les plus singuliers sont imposés : -l'ai connu des (amillcs
de : Brain d' sorille, Weillc cin rnir, micu rf' ca, lonkc cskille, Iran d'
eu de fichau. Souvent les sobricpicls sont de l'obscénité la plus crue el
cependant passent incessamment par la bouche des jeunes filles sans
eflaroucher leur pudeur.
Les sobricpuns se transportent dos parents aux enfants. Ménage, dans
son dictionnaire étymologique, rapporte que dans les villages du haul-
Languedoc, aux environs de Castres, les hommes n'ont que des noms de
baptême; pour désigner quelqu'un : ils disent Pierre de Guillaume, ce
qui semble, dit-il, rester des grecs et des hébreux. Nos paysans pro-
cèdent d'une manière analogue : Jusqu'à ce qu'un enfant ait reçu un
sobri({uet propre, il est connu par son nom de baptême, joint au sobri-
quet paternel ou maternel par du, don, dcl : ce sera par ex.: djea)i du
mieu d' cal. Supposez qu'un spot spécial lui soit imposé et cela arrivera
toujours tôt ou tard, par ex.: sorille cela deviendra sorille du wieu d' en.
ôiO SPO— STO
Mais loiijoiirs le iu>ni de lainille esl nôj^lii'é cl ne serl guère que dans
les aoles de l'élal civil. C'est à peine si l'on excepte de la règle les per-
sonnages considérables comme le bourgmestre, le médecin, le notaire,
le curé.
Spotchi. V. spocher
Spotci*. V. a. baptiser d'un spol
Spritclii. V. n. jaillir (dans l'est de la province). Les liég. employant
— et sprulchi. Ce sont deux formes ail. tandis que notre spitcr semble
se rapporter au il. V. spiter.
Sproon. s. m. sansonnet, étourneau. FI. spreeuw, à Liège, sprew.
Spi'ot, spraut. s. p. m. jets de choux || choux d'une espèce parti-
culière. Spross en ail. signifie bourgeon, jet, rejelton, (1. spruitkool,
brocoli (spruit, jel-f-kool, chou), goth. spraula, bourgeonner.
Squcller, skwelep. v. n. râteler les ruk du binoi. Ail. Scholle,
glèbe, vha, scoUo.
Stanibrugc. nom d'un village du Hainaut près de la frontière fran-
çaise. Il en esl des noms de nos villages comme des mots de notre patois :
on en trouve de tous les âges : de celtiques, de latins, de tudesques. Il
en est de tout modernes comme cl Pâturages, el Boverie. Ils sont fran-
çais ou à peu près. L'article el annonce qu'ils étaient hameaux. Les per-
sonnes d'un certain âge ont connu el pasturage de Quaregnon. El
bouverie de Framerios n'est montée à la dignité de village qu'il y a 10
ou 15 ans. Mézière est de l'époque d'oil et signifie paroi ou haie. Dour
est celtique et signifie eau, quant à Stambruge il parait germanique et
c'est parce que les noms de l'espèce sont rares en Hainaut que je le
donne ici. Bruge signifie pont, stam, slan se trouve expliqué à l'art.
slanquier qui va suivre ; cependant il peut y avoir doute sur la
fin du mot, car brug en b.-bret., brwg en gall. signifient bruyère.
V. brouyère. Au nord, le Hainaut a un petit nombre de villages flamands :
parmi eux il y en a deux ou trois à noms néo-fl. ex.: Sleenkerk (église
de pierre).
Stampcr, estamper, v. a. mettre debout, s'estamper, se lever, ett
slampc, être debout. Stamper su n' saqué, marcher sur quelque chose.
/ faut bé s' plouyer où ç quon ri peut gnié s'estamper. Il faut savoir se
résigner, il faut se courber sous la nécessité. Le v. fr. stamper, appuyer,
affermir, fixer, ainsi que estampe, estampille, semble de source german.:
STA— STA 541
Ail. stampen, imprimer. Notre — pourrait venir d'un autre mol ail.
slanipfen, piler, mit den fûssen, fouler aux pieds, fl. stampen; mais il
faudrait plutôt trouver le sens du lat. stare, ail. stehen, fl. staen. On le
rencontre dans le gall. ystwap, irl. stampa, sanscrit, stamb'a, colonne,
pilier; au lat. stare se rattache l'irl. stad, sansc. stalum, èire debout.
Les liégeois disent aslaplé. V. slap.
Stanipia. s. m. perche pour haricots, houblon, etc. (Fleurus).
Slaiiçon. s. m. étançon. Pelletier rapporte le mol bas-bret. slançon,
en déclarant qu'il ne sait s'il vient d'étançon ou s'il Ta formé.
iStançoner. v. a. étançonner.
Slank, estank. s. m. digue, corroie. A Charleroy, aslange, à Liège,
stank, silank.
Stanquier, stanquié, cstanquier. v. a. et n. former une digue {|
arrêter un liquide qui fuit par une ouverture || étancher. Ce mot, à cause
de sa signification plus étendue qui se rapporte à celle de radicaux plus
anciens, ne doit pas provenir d'élancher; étancher en proviendrait
plutôt lui-même, comme aussi étanche. On doit faire remonter l'étymo-
logie de ce mot à l'ail, stammen, qui paraît avoir formé le lat. barbare
stammare, si pas au bret. stancq, écluse, stancqa, boucher, en dialecte
de Vannes, stanquein. Cependant étang, semble bien descendre du latin
slagnum, qui a formé l'italien stagnare, etc. Il est permis de remarquer
à ce sujet qu'une foule de mots français qui, se rapportant aux eaux, aux
fleuves et à la mer, ont une source ludesque ; on peut citer chaloupe,
esquif, écluse, digue, quille, mât, cable, golfe, rade, barque, bord
(quelques-uns ont un pied dans le celtique). Probablement ces mots ne
remontent pas aux invasions franques, mais aux invasions des Normands,
lesquels étaient navigateurs. Les premiers, qui étaient guerriers, ont
plutôt laissé des mots relatifs aux combats : comme guerre, brèche,
sabre, meurtre, dérober, flèche, bride (bivouac, sabredache, sont tirés de
l'ail, moderne). Je dois cependant avouer que Diez rapporte étanche
aussi bien qu'étang au latin stagnum,et son autorité est bien supérieure
à la mienne.
Slap, estap. s. p. espace précédemment occupé par une couche de
houille. On supporte le toit par des élançons. On laisse des voies
ouvertes pour continuer plus loin l'exploitation et on remplit le reste
avec des terres et pierres qui ont dû être détachées en même temps que
V,
:>'rl STA— STA
la mille. Non-sculenieut ces débris reniplisseul l'espace, mais il y a souvent
un excédant qu'on doit extraire ; comme ils n'ont pas été tassés, au bout
de quelques jours vient cl fardiau ; alors tous les bois se brisent, le
tassement s'opère et la superficie est abaissée de l'épaisseur de la couche
de houille enlevée. A Liège, — signifie bordure pour diriger l'ouvrage.
Le mol slap m'a causé un travail considérable. D'une part il a une
physionomie germanique ou celtique, d'autre part, je considérais que nos
charbonnages n'existent que depuis une couple de siècles, que par
conséquent il ne fallait pas faire remonter trop loin son origine et qu'on
lie devait pas songer à la grande importation de mots germaniques lors
de l'invasion des franks. Je savais encore que nos charbonniers n'ont
guère de rapport avec les flamands ou allemands et pas du tout avec les
celtes de la basse-Bretagne ou du pays de Galles.
Je trouvais bien l'ail, stab, bâton, l'ail. -flam. siapel, qui a formé le
fr. étape et signifie aussi échafaudage. Je ne savais qu'en faire. Je trou-
vais aussi le bas-bret. stapla, jeter, et j'étais tenté d'interpréter stap,
lieu où l'on jette les terres et pierres. Je ne trouvais rien dans le patois
usuel. Je voyais bien dans le langage liégeois aslaplé et je pouvais
très-bien admettre naasUiplé ou slapler a été en usage chez nous, mais
aslaplé Si\â signification de notre slamper, être debout. Alors il a fallu
s'adresser à un aulre ordre d'idées et traduire slap, lieu supporté par
des pièces de bois placées debout. B.-lat. stapla, mensa, ags. slaple, ful-
crum mensariuin.
Mais voilà que le complément du dict. de l'Académie nous donne le
vieux mot fr. stampe et le définit : intervalle d'une veine à l'autre dans
une mine.
A présent, si l'on veut consulter notre art. slamper, on verra que ce
mot et le liégeois aslaplé, doivent se confondre dans l'idée de pilotis,
colonne, pièce de support, on pourra conclure que probablement
aslaplé est germanique et slamper celtique, que l'un ou l'autre a formé
le fr. élai, étayer qui, du reste, pouvait mieux venir du fl. slaaye, slande
lulcrum, mais que slap, tiré immédiatement du patois usuel ancien est
bien germanique pour forigine médiate.
On pourrait songer au latin stabilire. Je ne lui concède que la pater-
nité de stable, établir, avec leurs dérivés, quoiqu'il soit vrai que le (oui
se réunit à la source sanscrite indiquée au mot slamper.
STA-STl ôio
Il esl à peu près certain que tous nos mois charbonniers empruntés au
celt. ou à l'ail, ont été puisés dans le patois usuel de l'époque de création,
ex. : cufa, sklon, vautierne, escor, quairière, V. ces mots. Il en a dû être
de même de bien des mots spéciaux qui ont été tirés des termes généraux
que l'envahissement du fr. a balayés. C'est ce que nous voyons encore
faire à nos ouvriers quand ils ont besoin de désigner une chose nouvelle,
ils forgent le mot avec le patois actuel. V. caya. Nous pouvons de là
conjecturer combien de mots se sont perdus et ce qu'était notre langage
il y a seulement trois ou quatre siècles. Nous ne le comprendrions pas
plus qu'aujourd'hui nous ne comprenons le liégeois, mais alors la diffé-
rence des deux dialectes devait être moins grande. Nous nous sommes
plus francisés que les liégeois, comme les Picards se sont francisés plus
que nous.
Stater. v. a. arrêter, interrompre. Latin, status.
Slaurc. V. a. jeter çà et là, épandre, éparpiller (Charlcroy). Slaré,
slramé, à Liège, fl. stooren, troubler, storlen, épandre, strooyen,
parsemer, répandre, v. fr. estorer, fournir, garnir, établir, lat. instau-
rare, mais la forme liégeoise slramé, doit reportei- la pensée vers le lat.
stramen. V. slramage.
Sieîgé. v.a. montrer, enseigner (lior.). En ail. zeigen ([trononcez
tzeigen).
Stcrni, slierni. v. a. étendre à terre || mettre de la litière. Slierni
se vak. De stcrnere. || v. n. éternuer. De stermiere, sternutare.
Sternurc, sticrnure. s. f. litière qui se ramasse dans les bois
pour en faire un engrais. A Liège, slierneur, stiernar.
Stapendant. conj. cependant. Souvent employé par Froissard.
Stteule, stol. s. f. portion de chaume des graminées céréales qui
demeure sur pied après le fauchage. Fr. inusité, éteule, esteuble,
étouble, qui signifient chaume, lat, stipula, ail. fl. stoppel, vha stupfila.
Stici, «iticlii, C!>iticil, celui-ci, estî-Ià, stilal, celui-là, stelle-ci,
cstelle-cî, celle-ci, stelie-la, estelle-Ial, celle-là. On trouve dans
le iMédecin malgré lui de Molière : ccti-ci, ceti-là. J'aurais bien pu
écrire : çli-ci ou ccli-ci, mais alors l'autre forme aurait été eç'li-ci, ce
qui eut été assez bizarre.
Stiqiier, osliquer. v. a. enfoncer. De l'ail, stccken, mettre,
fourrer dedans, être fiché. Le v. fr. avait le mol sticade, impulsion, les
5i4 STI— STA
liégeois s'éloigneiil de la signirtcalion monloise en (Idiinant à leur sliki ^
slichi, celle de pointer, donner des coups de poinit', lancer des iraiis
mordants || tromper || corrompre. Le mot liégeois ne vient plus de
stecken, mais de stochen, qui a (ouïes ces significations. Le v. sliquer
est quelquefois neutre. Quand ça li slike ou quanle ça stique à s' licUe,
signifie quand fidée lui passe par la tête. Le mol sticare est rapporté par
Ducange qui donne l'ex. suivant de son emploi : nec ludere nec —
permittant in tabernà vel hospitio.
j^tikctte. s. f. tisonnier || par dérision épée de parade, mauvaise
épée. De stecken (v. ci-dessus) ou de Stich, pointe.
S»ti$se,sliche.moi. Ceslpou slisse, littéralement c'est pour celui-ci,
et par celui-ci on se désigne soi-même. V. slici.
StofFé. s. m. fromage. Mon sloffé, fromage mou. Le nom de stoffé
provient de ce qu'on le presse dans un panier comme la braise dans un
étoufîoir qui se nomme au village sloffoi.
!§»lofli, stoGre. v. a. étoufter. En itai. stofare.
StoflToi. s. m. étouffoir.
Stok, sto. s. m. stokic, estokie. s. f. souche, touffe d'arbustes.
AU. Stock, tronc, lequel a formé le v. fr. cioc, souche morle.
iStoker, esloker. v. a. placer droit, raide || raidir || dresser. AIL
Stock, bâton, tronc. Stoquer en fr. signifie conduire au feu. En v. fr.
tocher veut dire frapper avec un bâton.
Stokie. s. f. touffe.
Slol, estaul, eloi. s. m. s. f. écurie et plus particulièrement établc
de vaches. Lat. stabulum,all. Stall, fl.stal, bret. slaul. On trouve le mot
estaul dans un sermon de saint Bernard. Pelletier dit que les mots staOl,
taôl, diaôl sont des brelonnisations du lat. stabulum, tabula, diabolus.
$>toi'de. v. étorde.
Slouinak. s. m. estomac || poitrine || gorge. Owat biau — es fiye là a !
Moinss qtienne fiye a d' — , puss quelle lé muclie. Lat. stomachus.
Slouniakié, sloumakier, estounaakié. eslonmaki. v. a. rendre
stupéfait, essoufllé, oppressé || peser sur f estomac. V. csloumaquer.
Stouper, esloiipep. v. a. boucher, fermer. FI. sloppen, ail.
stopfen, boucher, bourrer, annor. stoupa, stouva, boucher avec un
bouchon, grec <ï7uct>j, étoupe, bas-breton stoup, lat. stupa. Eslouper est
un V. mot fr. // a ri broque pou sloupcr tous les (rau, il a réponse à tout.
STR— STR 545
Il est des mots assez fréquents (celui-ci est du nombre) qui appar-
tiennent à toutes les langues, à tous les patois. Ce phénomène provient
d'une origine commune, c'est-à-dire de la migration des peuples. Cette
migration des hommes est aussi naturelle que celle des hirondelles. Ils
recherchent les lieux où ils peuvent trouver les objets nécessaires à la vie,
La civilisation fait obstacle de nos jours, mais à présent encore des
invasions fréquentes ont lieu en Afrique chez les peuplades barbares.
Or, c'est la Tartarie qui a surtout lancé des essaims dans tous les sens,
vers la Chine, vers l'Inde, vers l'Europe, et ce qui n'a pas été rare dans
les temps historiques a dû être bien plus fréquent dans les temps qui
ont précédé l'histoire. D'un autre côté notre patois est surtout le v. fr.,
le v. fr. est surtout le latin imposé à tous les peuples vaincus, non le
latin de Virgile et de Cicéron, mais celui de la populace, la basse-lati-
nité, lingua rustica, militaris. Cette langue se formait en partie chez les
barbares. Les légions allaient de la Germanie ou de la Bretagne en
Afrique ou en Asie, et les soldats ramassaient des mots souvent ignobles
dans leurs relations avec les fdies faciles de tous les pays. Enfin les
légions se recrutaient avec des gaulois, des ibères, etc., qui apprenaient
la langue latine, mais y introduisaient des mots de leur langage.
Stragn, sirain. s. m. paille, botte de paille. Du slragn, ainstragn.
AU. Stroh, paille, Strang, corde, écheveau, Streu, litière, fr. étrain et
strain, lat. stramen. Y fai pu d fumier qui n'a dé slragn^ il dépense au-
delà de ses ressources.
Slramagc. s. f. nom collectif pour désigner les diverses sortes de
paille. Un fermier dira : W n' eslramage s m' année-ci vau mieur que
m grain. Lat. stramen.
Strandc. v. imp. Y slran ou y slragn, y slrando ou slrandoi, il a
slran ou slrandu. serrer || y avoir urgence, danger. Y slragn à «' eu', il
a peur. Latin stringere, ail. Strenge, rigueur. Le v. fr. a eu slraindre,
resserrer, le fr. actuel n'a plus que les composés contraindre, restreindre,
astreindre.
iStraner. v. a. dévorer. D'étrangler. Ali. Strang, corde, hart, lat.
slrangulare.
Qui va au ho, V leu l'estranc.
Oui s'expose au péril, périra.
ôii; STR— STIi
// est vrai qu'il est si canhjc.
Que dj'el l'arou leyé.
Pour mi dé leu slrané.
(Chanson de Quinlin. V. art, fourderaine).
!!!ilranji;iaii. s. m. grosso corde pour maintenir le foin sur les char-
riols. il va souvent confusion avec slrinr/uiau.
Slraii^iiioii, estranguioii. s. m. maladie de gorge des chiens, des
chats. Passer s n' eslranguion, échapper aux maladies d'enfance, avoir
surmonté les difficultés d'un commencement d'état. Fr. élranguillon,
esquinancie des chevaux. Bas-lat. stranguillio, v. fr. estranguillon, bas-
brei. siraquylhon.
Sirîer, strîî. v. a. étriller. Ail. strigeln ; en lat. strigilis, étrille.
Sli'iker, estriker. v. n. quelquefois a. raidir, tendre, plus souvent
se raidir, se tendre || devenir hérissé. AU. strecken, tendre, étendre;
latin, strictus, part, passé du verbe stringere : stricto gladio, glaive
hors du fourreau || rendre une mesure rase, racler, ail. Slreichholz,
racloire de mesureur (Holz signifie bois), striquer et eslriquer sont fr.
mais ont d'autres significations. Ducange rapporte le mot stricare : con-
sumere, impedlre. Il ajoute : Stricho, niensura annonaria à germanico
strick. Strick, strich, modius, vox germanica. Striclere : radere,
strigillare.
Sfrikettc, estrîketle. s. f. épée horizontale; parcequ'elle estrike
par derrière.
Slrikttianti*. s. f. manne de brasseur. Flam. sluikmande.
Sirîiie, eslrÎBie. s. f. étrenne. V. f. estraigne, estrine.
Strîner, eslriiiei*. v. a. élrenner. V. f. estrener. Avériez nieslrincr,
faites moi faire nia première vente.
Striiigiiiau. s. m. bande dont on entoure le ventre des nou-
veaux nés pour leur soutenir l'ombilic. Lat. stringere, fl. slreng,
cordon.
Sirîvep, ostrîver. v. n. soutenir, prétendre contre tout droit et
raison. Y. m. fr. employé par Montaigne et autres : Ou ne peut s'en
tenir quoiqu'on estrive, dit Marot; streven', en flamand, streben ,
en ail. signifient s'eflbrcer, prétendre, lâcher, slribbelen en fl. veut dire
chicaner, bret. strif, querelle, v. fr. etrif; bret. striva, contester,
STR— SUA ôiT
n. slryden, ail. slrcitcMi, v. scand. sirlda, vlia slrilan, Inlter, roin-
baltre.
Stroder. v. n. roder (Borinai^e).
Strodeu. s. m. rôdeur.
IStroit, (e. adj, étroit. V. l'r. siret, ète; brel. slriza, eu Vannes,
strec'liein, étrecir, lai. stricttis.
Stroiti. V. ralroili.
IStron, estroii. s. ni. élron. FI. stront, v. fr. cstronr, bret. stronk
ou strone.
Sfroupia. s. m. groupe de noisettes (Fleurus). FI. trop, nœud.
Striikié, striiker. v. n. et a. blesser par contusion, foulure, lu.xa-
tion II accrocher. Il a slrukiê s" n artoile, il s'est foulé, luxé un orteil.
FI. slruikelen, ail. strauchcln, v. ail. slruken, strùhhôn, trébucher,
choper, effet pour cause, il. sdrucciolare, sortir en glissant. Slrukié a
autrefois signifié élançonner. V. asintc. Slruik en holl., Strauch en ail.
signifient tige, souche, tronc. On peut interpréter tige pour étançonner,
et lige, souche, pour faire choper.
Sliiver. V. a. étuver. FI. sloveii, fomenter, bassiner.
Su. prép. sur, dans. / récrit su nein bureau, il est commis dans un
bureau. Flandricisme.
Snair, swair, chuair, chwair. s. f. sœur. Lat. soror, gall.
chwacr, golh. svistar, vha, suëslar, ail. Schwester, fl. zuster, sansc.
svasr. Le mot suer est employé par Ville Hardouin, un des plus anciens
écrivains fr. (en 1198), au moment où le fr. sortait de sa chrysalide du
patois d'oil. Ce vieux mol fr. avail cela de particulier qu'il faisait à
l'ace, seror. On serait disposé à admettre une double origine celto-
latine; mais il faut remarquer que la langue d'oil en se formant du lat.,
avait conservé deux cas pour le subsl., celui du sujet et celui du régime.
Les finales lat. brèves qui se faisaient peu sentir furent supprimées,
mais les syllabes longues et sonores furent conservées : ainsi imperator
(après avoir fait probablement imperalre) faisait, au moment où l'on a
commencé à écrire le v. fr., impei'ere; mais le gén., dat., ace, abl.,
imperatôris, ôri, ôrem, ôre, faisaient empereor; plus tard, or devint eur,,
comme dans couleur, faveur, douleur. Quand les cas disparurent du v.
fr., certains mots conservèrent la forme du cas direct; mais la plupart
prirent celle du cas oblique qui est le plus fréquent. Un petit nombie
3 48 SUA— SUR
gardèrent les deux formes comme cliaiiire, chanteur; pâtre, pasteur.
C'est la suppression des cas qui amena cette grande révolution dans la
construction et imprima au fr. son principal caractère. Jusque-là, la
langue d'oil avait une partie des libertés d'inversion latine ; pour être
compris on dut désormais suivre l'ordre logique. Le mot soror après
avoir fait soreur, sereur, est devenu par contraction sœur. On peut
conclure que notre mot chwair est bien l'ancien nomin.; l'influence du
cell. n'a été probablement qu'une influence de prononciation. Cependant
permis à chacun de douter.
Suener, suiner. v. n. suinter (Borinage). A Liège, sxmé. Selon
Diez, suinter ne vient pas du lat. sudare (suer), mais du vha, suizan.
AH. schwitzen, fl. sweeten, qui signifient aussi suer; mais pour arriver
à ce résultat il retranche N à suinter, et nous c'est le T que nous
retranchons.
Sucsse [halle enne). faire le paresseux, se reposer. Haut-ail. vieux,
suezen, ranimer les forces, recréer, fr. sieste ; v. fr. sueis, doux, facile,
lat. suavis; suéd. suœfva, dan. svaeve, isl. sveipa, ail. schweben, se
bercer dans l'air.
Suflzan. adv. suflissammenl. D'avée — ? en avez-vous assez?
Suif. s. m. suie. Il n'y a que les beaux parleurs qui disent — , le vrai
moniois dit souyain. La confusion a pu provenir de ce qu'en fl. roet
signifie à la fois — et suie.
Suisse, s. m. confiseur. En fr. portier.
Suliade. s. f. p. sucrerie, bonbons. Holl. sukade, écorce de citron
confite. Lat. succus, suc.
Suiii. heurter la tête l'un contre l'autre (Charleroy). A Liège, souki.
V. chuquer.
Sur. s. m. petit lait, sérosité du lait extraite du fromage, il faut le
distinguer du clair-lait. V. ce mot.
Sur, surte. adj. sur, aigre. Je le donne ici à cause de son fém. ; en
fl. zuer, fait zuerder au comparatif. V. seur.
Surbature, sourbature. s. f. douleur du pied assez commune
chez les charbonniers qui travaillent dans l'eau. En fr. la courbature est
un accablement, une lassitude avec fièvre, suite d'une grande fatigue,
en dialecte de Léon (breton), sabatur, blessure aux pieds par la chaus-
sure, en dialecte de Cornwaille (aussi breton, ne pas confondre avec la
SUR-TAI 349
Cornouaille ou Cornwal d'Angleterre), c'est un mal du pied des bêtes par
l'humidité du lieu où elles couchent la nuit. Pelletier ne trouvant pas ce
mot chez Davies le gallois, suppose qu'il n'est pas légitimement celt. et
qu'il pourrait bien provenir du mot fr. sabot.
Suresse. s. f. acidité. Gall. suran, suro, acescere, accre, ail. sauer,
11. zuer. vha sûr, chald., syriaq. sera, seri.
Surjé, surjet, s. m. ce que l'on donne en sus de la mesure, sur-
mesure en usage pour le lait. En fr. espèce de couture.
Suruom. v. nom de famille. Le montois confond et appelle ïiom le
nom de baptême.
Susulle. s. f. Ursule.
Symboline. s. f. jacinthe. V. pulkra.
T
T se change quelquefois en D : eindamer.
Tabarot. s. m. femme d'un esprit peu subtil; simple et bonne (peu
usité). En fr. manteau à l'italienne comme en portait Tabariu.
Tablette, s. f. mélasse cuite coulée dans une carte || extrait de
réglisse.
Tache, s. f. poche (n'est usité qu'au village). Âll. Tasch, liég. tah.
Tachette, s. f. clou qui arme les souliers. Bret. tach, petit clou,
gaél, tac, esp. tachon.
Tacon. s. m. pièce de lard (au village). C'est un v. mot gaulois.
Afranius dit : Gallum saginatum pingui pastum taxeà. C'est de cet habit
lat.: taxea que les romains affublaient ce que les celtes actuels du pays
de Galles nomment tacwn. Le liégeois a le verbe sHakhié, s'engraisser,
se crasser. V. take.
Tafiar, arde. s. et adj. babillard, bredouilleur. Se confond souvent
avec fafiar. Gall. tafawd, langue, tafodiawg, avocat, bret. teaud, langue.
Tafler. v. n. babiller, bredouiller.
Taî. pron. tel. Tai pai, lai mai, lai z'ainfan, tel père, tel fils. Tai-
jë, TAi-jë-TÉ, TAi-Te-TÉ, lais-toi.
Taille, s. f. 1/16 de l'aune, 46 millimètres.
Taindne. s. f. pagnon plat. V. pagnon (Jeramapes). Abréviation
d'étendue, à cause de sa forme. Comp. Wastia.
44
550 TAI— TAP
Taire, t.vi s' langue, inodércr sa langue.
Takc. s. f. tâche. FI. laek, hoU. taak (aa holl.=ae fl.=â fr.) ouvrage
imposé, b.-lat. tasca--=laxalio agraria, selon Ducangc ; kymr. lasg, chose
dôlorminéc et imposée, gaël, laisg, caution, Diez lire lasca de laxa, m.
lat. pour laxatio.
Takc. s. f. tache, souillure. It. tciccia, esp. port, tacha, brcl. lachen.
Tallaycllc. s. f. jeu voisin de celui de tayette. De petits trous sont
creusés à une distance de 5 ou i mètres l'un de Taulre formant carré.
Chacun des joueurs y pose le bout de son bàlonnet, celui qui tient la
droite cherche à la placer dans un des trous vacants par rechange de
position des joueurs qui a lieu comme au jeu des quatre coins. Quand on
n'a plus de trou, on s'enfuit, mais si on est atteint par la droite, alors
lancée, on doit courber le dessous le vainqueur.
Taniaiii, te. adj. maint. Tamains arsouijes, lamainlés geins. Kymr.
maint, multitude, ail. manch, vha, manag, maint.
Tauiison. s. m. tamis. FI. tems, b.-lat. tamisium, bret. tamoez,
racine, tarama, morceler.
Tauiboiireu. s. m. joueur de tambour.
Tauipiiiau. s. m. appentis, toit de chaume supporté par des
perches (Borinage).
Tauipou. s, m. mercuriale, plante, mercurialis annua. Bret. tanvot,
plante, simple. Pelletier dit que Davies donne le nom de tafot (langue)
à plusieurs sortes de plantes || — à s' eu, coup de pied an derrière.
Tanipone. s. f. ribote. FI. tapper, cabarelier; fr. popul. ramponne,
orgie, de Ramponeau, nom d'un cabaretier.
Taiieu. s. m. tanneur. Gros comme ein hié d' — , bien repu.
Tanner, v. a. frapper fort. Arm. tan, chêne, ail. Tanne, sapin,
fr. tan, tanneur, etc.
Tannvar, tanucvard. s. m. but pour le tir au bersaut \\ cul,
derrière. On peut porter ses recherches sur le v. ail. à cause de l'ana-
logie de forme avec boulevard. On doit plutôt penser au v. fr. talvar,
bas-lat. talavarius, gall. talwas, bouclier, but, cible.
Tanseiileinain, tt' aseulmain. adv. seulement ; tant seulement
appartient au v. fr.
Tansqu^à. prép. quant à. Tansqu'à mi, quant à moi.
Tapée, s. f. grande quantité.
TAP— TÂY 3S1
TapeUe. s. f. jeu qui se rapproche du jeu de crosse, instrument
pour jouer à ce jeu.
Tap de feu. s. f. derrière de cheminée. Taque de feu est français.
Tapfeu. s. m. briquet || langue alerte.
Tapin. s. m. jeune tambour. En fr. arbre fruitier.
Tapure. s. f. tour de rein, déchirure de quelques fibres musculaires
dans un violent effort ou dans une fausse position. Le mot lumbai^o n'a
pas tout à fait la même signification.
Tassel. bondon (Charleroy). A Liège, tessel. (V. tassiau.)
Tassiau. s. m. pièce, morceau de drap, de linge qui bouche le trou
à un vêtement. En fr. tassiau est un terme d'architecture, tasseau est
un t. de menuis., en v. fr. tassel était une pièce d'étoffe carrée qui
faisait partie du costume des femmes, en celto-brel. tacon signifie pièce,
laconi, rapetasser, ital. tacconare, raccommoder les souliers. On voit
dans la vie de S. Césaire, qu'il s'était commandé une paire de souliers
benè tacconati, mais on ne commande pas une paire de souliers bien
raccommodés. Tacconati semble signifier ici : armés de clous. V. ta-
chette. Au reste, tacon peut bien venir de tach, de même que slaga,
attacher. On trouve encore le bas-lat. tassus, tassel, gall. las, bouton de
boucle et le v. fr. tassiaux, lat. taxillus, lien, attache.
Tatouille, fatouyc. s. f. trouble || émeute || combat. En espag.
tertulia signifie assemblée nombreuse. V. touyage.
TatoulUer, iatouyié, taiîer («'). v. r. se quereller || se battre ||
V. a. remuer || manier. V. fr. tatoaillcr, chatouiller, tàtcr, fr. popul.
tallouiller, manier salement.
Taure. 4. m. taureau. En fr. jeune vache qui n'a point porté,
génisse lunaire, brel. taur, tarv, taro, corn, tarô, gall. tarw, chaldéen,
tor, esp. tauro, lai. taurus, v. fr. tor.
Tâui'îei" ou plus souvent iÔrîer. v. n. entrer en rut. Ne se dit que
des vaches.
Tâye. s. m. bisayeul. A Liège, le tayon est le trisayeul, en v. lan-
gage, le — était l'ayeul ainsi que le layon.
Tayelle. s. f. sorte de jeu dont je crois devoir donner une courte
description, parcequ'il est, je pense, peu connu : Ses instruments sont
ceux du jeu de droite. Il s'agit pour l'un des deux joueurs de faire entrer
la droite dans un grand gagol, tandis que l'autre joueur s'y oppose en
552 TCH-TEl
agitant au-dessus le bâtonnet. Quand le premier a réussi à opérer
rintromission, il ramasse prestement la droile et la Jette contre le
second qui s'enfuit; s'il l'atteint, il a le droit de sauter sur son dos et
d'être ramené glorieusement jusqu'au gagot.
D'où vient ce mot tayelle? il semble par sa forme un dimin. du fr.
taille; mais taille ne paraît pas convenir par sa signif.; à défaut de
mieux, je cite le v. fl. tagghcn litigari, vitiligare (Kiliaen).
Tchaptcliap. s. f. nom que l'on donne (à cause de son cri) dans
certains villages à une espèce de grive que dans d'autres, par l'effet d'une
autre prononciation, on nomme chapchap.
Tché, lié. s. m. chien (Borinage). La prononciation du Ich est
fort difficile pour d'autres gosiers que ceux des borains,.
Tchire, chire. v. a. et n. chier (Borin.).
Eh! mée, dfai mau w' panse,
— Va z'ein (chire ein France,
Té r'veira pa Landerci
Eu mau d' panse s'ra tout rweri.
Tchon. s. f. fdle travaillant au cUquiage d'une fosse. Il serait facile
d'expliquer ce mot; mais il faudrait dire des choses fort scabreuses.
Lat. cunnus.
Té, fê, tée. cri pour appeler un chien.
Téchen. s. m. tisserand (Charleroy).
Tcchon, lichou. s, m. morceau de vase de terre, pot fêlé, assiette
ébrcchée. Eiine maison qui n'a qu' dés mouvais — , une maison qui n'a
qu'un misérable mobilier. Fr. têt, tesson, lat. testa.
Tcinipe. adj. tôt, de bonne heure. Le mot lat. tempus n'est pas
étranger à l'origine de ce mot, ou plutôt il faut la chercher dans une
altération du mot fr. temps. On aura dit d'abord : Il est co timpe pour il
est encore temps ; puis on aura dit : Pus teimpe, trop timpe, etc. V. fr.
leimprc, vite, tôt.
Tcimpié, îère. adj. précoce, prématuré (Ghlin, Baudour, etc.). A
Liège, leimprou.
Telmplie. s. f. tempe. Lat. tempera, v. fr. temple.
Teinke. s. f. tanche. V. fr. tenche, lat. tinca.
TEL— TER 353
Tële. s. f. plat ou vase pour laisser reposer le lait. FI. telloor, ail.
Telier, assiette; fl. tyl, v. fr. teille, terrine, vase de terre.
Tel et si faî. adj. semblable, tel, dans Tétat où il se trouve || dans
un piteux état, mot à mot tel et ainsi fait. On supprime quelquefois tel
et : Laïlle, avenez si faite, Adélaïde, venez dans votre négligé, sans rien
changera votre toilette. Le v. fr. disait tout si faict.
Tëlette. s. f. petite tële. Autrefois on entendait des colporteurs
crier : A plats telelles pou du vieux fier, d'où le nom de plauleletles.
V. ce mot.
Tèlîe. s. f. plein une tële.
Tein. adj. faible, mince. Les liégeois, au lieude^em, disent tenne. Ils
s'écartent moins de 1 etymologie du mot qui est tenuis. Gall. tenau, irl.
tanu, sansc. tana, mince; delà racine, tan, étendre, d'où extendere.
Temps, s. m. ce mot conserve à Mons la prononciation fr,; mais
dans beaucoup de villages il subit le sort ordinaire et se dit tein.
Sur le mot s'est construit un idiotisme wallon : Avoi V — , avoir el — .
Cela signifie avoir des ressources, de l'aisance, de la fortune. Si l'on
ajoute dé, cela veut dire avoir les moyens de : Ç C enne gein qu'a hé
V — . J'ai bé V — de m'acater ein biau casaque.
Ténache, Tnache bon. s. ra. grève d'ouvriers borains.
Tende», taindeu. s. m. oiseleur, parce qu'il tend des pièges, des
filets.
Taindeu, cacheu, peskieu,
Tais mesliers d' gueu.
Téni, t'nî. v. a. tenir. Ej tié, ej térai, ej levais, que f liesse, liensse,
tcnisse, que nos liesse, liensse, lenissions, qui liesste, qui lieltc, qui
Cnissle. Quan elle lié s' galant, elle peinse téni V bon Dieu pa lés pieds.
Le même dicton existe à Liège : Quan elle lin s' crotté galant, elle pinse
Uni V bon Dieu po V pie.
Téni, t'nî bon. v. n. se mettre en grève.
Ténure. s. f. écluse.
Ter, adj, tendre. Les liégeois disent indifféremment tcinr et ter.
Lat. tener, gall. tyner.
Térai, térois (ej). fut. cl cond. du v. fni, tenir.
554 TER— TET
Téréc, s. m. (arière. A Liège, (erc, lat. laratruni, cymr, taradr,
brol. tarar, teror, f,'roc, Ispslpo-j, terebra. lire de 7;^£(v.
Terk. s. m. goudron. En holl. teer, en ail. llicer, celto-brelon, ter,
Terk est employé en Ir. de technologie, lat. therebinthus, gr. TspsStvSoç.
Térol. s. f. Thérèse.
Terre à péfote. s. f. cimetière.
Terre houille. Les veines de houille du Flenu dont plusieurs
s'enfoncent à des profondeurs non encore reconnues, ont cependant
toujours leur extrémité ou têle à la superficie de la terre. Cette tête de
veine imparfaitement minéralisée ou altérée par l'action de l'air et le
mélange de substances étrangères est ce qu'on nomme, à Mons, terre
houille. Les borennes, après avoir mouillé celte terre, la forment en
boules dites boitlcls de terre houille, qui brûlent lentement sans répandre
de flamme. La terre houille ne contenant guère que du carbone et peu
ou point d'hydrogène ne produit, parla combustion, presque rien autre
chose que de l'acide carbonique et cause, pour cette raison, d'assez fré-
quentes asphixies, elle est à la houille du Flenu ce que le charbon (de
bois) est au bois.
On trouve dans quelques dict. fr. le mot teroulle. On le définit une
terre légère, noire, indice du charbon de terre.
Terri, térî. s. m. t. de charb. monticule formé autour des fosses à
charbon par l'amas des terres extraites avant d'arriver à la houille, il
s'augmente ensuite des pierres tirées avec la houille et qui ne peuvent
être livrées au commerce. Ces pierres sont de deux sortes : el querière et
el roc. V. ces mots. Celui-ci se délite facilement'el devient terrain culti-
vable, celle-là sert à la bàtise des maisons rustiques.
Tersauter. v. n. tressaillir. En v. fr. tressaulter.
Tertou, tertonte. ne se dit qu'au pi. et ne peut être suivi d'unsubst. :
Aboulez — , accourez tous. On ne dirait pas — lés hommes. On employé
souvent le pléonasme C tertou et tout tertou. Esp. tertullia, assemblée
nombreuse, v. f. tretous, trestout.
Testamenteur. s. m. exécuteur testamentaire. Ce mot appartient
au v. fr.
Tcslicoler. v." a. et n, contrarier, contester, Fr. asticoter.
Tëlëe, taitai. s. m. chien (enfantin).
Telle, s. f. mamelle, sein. En fr. bout de la mamelle des bêtes.
Bret. teth, esp. tela.
SAU— SAY 355
Tî. pr. loi II part, inlerr. D'arai-je (i? en aurai-je? Analogie avec
(Vara-t-i, eu aura-t-il.
Ticlhaus. s. f. maison deJIons où l'on enfermait autrefois les filles
de mauvaise vie. En allemand les maisons de correction s'appellent
Zûclilhaus, c'est à dire maisons de modestie ou de discipline. Dans cer-
taines contrées d'Allemagne, l'ù se prononce comme i ; le z se prononce
toujours comme tz. FI. tuchlhuis. Il ne faut pas confondre el ticthaus
avec le couvent des repenties. Dans la première maison se trouvaient des
filles de bas-étage soumises à un travail forcé, dans la seconde se trou-
vaient des filles d'une condition plus élevée, qui avaient eu une faiblesse
et qui étaient retenues par la volonté de leurs parents. On cherchait à
leur faire prononcer des vœux religieux. L'archevêque de Cambray,
inspectant un jour cette dernière maison, dit : C'est donc ici le couvent
des pots fêlés; l'une des filles eut la hardiesse de répondre : pas si fêlés,
Monseigneur, qu'ils ne puissent encore être à votre service. ■
Tierne. s. m. tertre (Borinage). A Liège, Hère, à Namur, tiène,
tienne, v. fr. tertrie, colline, tertre, toron, colline, éminence, lorout,
tertre, bret, tyern, élévation. On trouve dans la vie de St Kentigern, un
passage important, dit Diefenbach : «Kencaput, tiern albanicè dominus
lalinô inlcrpretatur, par albanicè on entend la vieille langue picte, irl.
tiarna, baronnet, gall. teyrn, roi. D'autre part il cite tauern dans le
langage actuel du Noricum et qu'il croit originairement celtiq., gallois,
twr, cumulus, gaêl. torr, éminence, irl. teide, colline, bret. lun, colline,
torghen, motte, butte. Ces formes diverses seraient d'accord pour expri-
mer l'idée de ce qui est élevé. » Il y a à Baudour un hameau nommé El
lietle, au tielle. La géographie provinciale l'a traduit officiellement
par, le tertre. Ce lielle doit être une prononciation locale ancienne
de—.
Tielte d'houye. s. f. mauvaise tête, mot à mot, tête de houille. A
Liège on dit liesse di hoye.
Tiguassc. s. f. tête || chevelure. En fr. popul. tignasse, teignasse,
ligne sont une mauvaise perruque ou une coiffe enduite d'onguent pour
les teigneux.
Tigne. s. f. teigne. Bret. tin, tan, écoss. teine-Dé, mot à mol, feu
de Dieu. Le lat. tinea sign. bien teigne, insecte, mais non teigne,
maladie de la tête dont le nom est porrigo.
35G TIG— TOR
Tignen. adj. teigneux || feuye detigneu. s. f. tussilage, plante.
Tile. s. m. tilleul. V. fr. Eu Ir. écorce des jeunes tilleuls, petit
tilleul.
Tîlle. s. f. tuile. Lat. legula, fl. tegel.
Tilliassc, tïyace. adj. coriace. Est-ce le fl. taei, même sign. avec
la terminaison de coriace?
Tilupe. s. f. tulipe.
Tlnée. s. f. instrument dont se servent les brasseurs pour porter
les tonneaux. A Liège, lina, linau, fr. tinel, tinet, lat. tina, v. fr. tine,
vase pour conserver le lait.
Tîo, tioUe. adj. et s. petit; de petiot. II dilTère de nio ou gnio, en
ce qu'il s'y attache une idée de gentillesse ou d'amitié.
Tique, s. f. point, moucheture. En fr. espèce d'insecte. Fl. steek,
point,' piqûre, tip, pointe, teeken, signe.
Tîquetep. a. pointiller || moucheter. Il est curieux que tiqueté soit
fr. et que tique et tiqueler ne le soient point.
Tire. s. f. espèce de robe d'enfant || demande, vogue. Es marchan-
dise là a del — , il y a beaucoup de demande pour cette marchandise.
Fl, tier, croissance, réussite.
Tirer d'su quéqu'nn. ressembler à quelqu'un. El veint tire dessus
France, le vent se rapproche du midi. Em cœur lire, j'ai des tiraille-
ments d'estomac.
Tisonner, tisner. v. n. et a. secouer la bouille enflammée pour en
faire tomber la cendre. En fr. tisonner, v. n. remuer les tisons sans
besoin, pour s'amuser.
Tisonnier, s. m. instrument de ménage pour secouer les charbons.
En fr. outil de forgeron, etc. pour attiser le feu.
Tizautte. pron. vous-autres.
Todreu. adv. tout droit, à l'instant, directement.
Toise, s. f. mesure de six pieds Hain. V. pied.
TOI. s. f. table. V. fr. et bret. On dit taula en géorgien.
Toli. V. a. priver 1| déshériter. Du lat. tollere.
Toquer, v. n. frapper [| heurter. Toquer à n' porte, heurter à une
porte. Ça li loque d' vin «' lietle, il sent des battements dans la tête.
V. poquer. Esp. tocar, it. toccare.
Tordoi. s. m. moulin à l'huile. Les liégeois nomment un pressoir
TOîl-TOU 357
stoirdeu. V. étovde. Tordoir est fr. mais n'est pas au dict. de
Tacad.
TorcHIe, tourcille, loHreye. s. f. séchoir, lieu où Ton sèche le
grain dans les brasseries || terre cuite sur laquelle on sèche, etc.
Torîyer, torciller, lorîcr, v. a. et n. sécher le grain germé des
brasseries. Fr. torréfier, lat. lorreie.
Toruer. v. n. et a. tourner. Davies traduit le gallois turnio, par le
lat. loruo, et turn par tornus.
Torque, s. f. torche de paille, coussin que les paysannes se mettent
sur la tète peur porter plus facilement leurs paniers, tortillon.
Torqueîïe. s. f. petite torche de paille || morceau I| un peu || un
moment || pointe de vin. En fr. on appelle torcheite de l'osier entortillé
au milieu d'une hotte. On donne le nom de torquette à une cerlaine
quantité de marée enveloppée dans la paille, ou à des feuilles de tabac
roulées et bien pliées.
Torléyon, lortiyon, tortillon, s. m. trognon. A Liège, tourson.
En France, le tortillon est un torchon tortillé en rond, une coiffure de
paysanne. Fig. hm. paysanne prise au village, bourrelet sur la tête
pour porter un fardeau.
Totîer, torteyer. v. n. hésiter || baguenauder || bégayer || tourner
autour. Fr. tatillonner, fréquentatif de tàter, v. f. taster, it. taslare,
suéd. tasta, ail. fl. lasîen, lat. tactus.
Toliii, totieu. s. m. qui ro(eî/e habituellement, tatillon.
Totoiu. s. m. grand verre. Lat. lotum (poculum).
Toû. s. m. toit. Spé tou, toit épais (Frameries).
Tout tant que, quan que, tout ce que. V. fr .
Tout droû, to drô. tout droit || justement || il n'y a qu'un instant.
Touche, s. f. goût particulier que certains brasseurs donnent à leur
bière I| couche de couleur. Ail. Tusche, t. de dessin, lavis. Pétri (fremd-
worterbuch) prétend que cet ail. est emprunté au fr. En fr. manière
dont le peintre indique et fait sentir le caractère des objets.
Toudi. adv. toujours, malgré cela. Toudis se trouve dans le dict. de
Boiste. On voit dans les vieux auteurs tousdis, tosdi, toldis et d'autres
encore. A lé feimme et lé viélé :' affaire, il a toudi à r' faire. \\ E nié,
toudis. excl. — coiisenne, que vos usiez ballet Ah! cousine, que vous
êtes belle !
■4^
:.5s Tou— rou
Toiidroi. adv. à liiislani.
Toiikc. s. r. acliou de louker. v. ce mot. Aller à V louke, ploiii^er
( la cuiller dans la soupe) || l. de jeu de domino, pêcher || Le mol prend
souvonl une sii^niricallon obscène.
Toiikcr. V. a. tremper, plonger. Ail. lauchen, tremper, liinken,
saucer, mouiller, Tunke, sauce. — «/ soupe, y plonger la cuiller. — al
sauce, y tremper son pain.
Toukci* au feu. l'attiser.^ A Liéi^e loki signifie de plus l'allumer,
ralimenter.
Toukc feu. s. m. t. de charb. ouvrier chargé d'attiser le feu des
machines à vapeur. On serait tenté de croire à une altération de touche-
léu, toque-feu; mais l'origine est gerinan. FI. stoken, faire du feu; tandis
que celle de loucher, toquer eslceli. armor. stiki pour stoki inusité,
qui a d'ailleurs produit l'ital. toccare.
Toukette. s. f. mouillette, pain trempé dans la sauce, le bouillon.
Touiila|çe, (ouyache. s. f. aciion de mêler, effet produit [j dé-
sordre, confusion, tumulte || rixe || combat. Touiller est fr. V. fr.
thouilier, troubler, toeiller, remuer, fouiller.
Tounier, tonni. s. m. tonnelier. De touniau, (ounia. FI. ton, ail.
Tonne, vha tunna, esp., port, tonel, il. tonna, lat. tina.
'fl''ou{ictte. s. f. faite, cime. Gall. topp, summitas, fl. top, loppant,
faîte, cime. V. coupelle.
Tou pou riieuf, tout pour l'heure, adv. à l'instant, incontinent.
Tou rade, à l'instant. V. rade.
Tourê, touret. s. m. lige (de chou) || reposoir disposé de dislance
en distance dans la fosse aux échelles des charb. || treuil d'une chèvre.
En fr. instrument de tour, rouet à fder, bobine, etc. A Liège on touwé
est un tronçon, un moignon. On dit on — d' pipe, un tuyau de pipe
très-court. On peut trouver là l'origine de lourd dans sa première
signification; il est à noter que le liégeois change au en é. Y. l'art, iau.
Us disent pourtant aussi tour et lourson pour trognon.
Tourner, v. n. et a. t. de charb. déposer le charbon sur le dommage
Il labourer || se cailler, se grunieler.
Tourneur, touraieu. s. m. ouvrier des houillères, mesureur.
Tonrniau, cutourniau. s. m. tour de force, culbute.
Tournioie,touruiyole. s, t. vertige,tournoyement. V. fr. lourniche.
TOU-TRA 359
Tourpîe. s. f. toupie.
Tourpiner. v. n. et a. tournailler || hésiter || envelopper la toupie
de sa corde. V. fr. toupiner, marcher, tourner.
Toursi (s). V. r. lutter, se prendre corps à corps (Charleroy). V.
trousser.
Tourteau, fourliau. s. ni. pain de trouille, résidu de l'expression
de la graine de colza. En fr. sorte de gâteau, t. de blason, pièce ronde.
Tousse, s. f. toux. Sck —, toux sèche. A Liège toss. Lat. tussis,
ail. Hust, fl. hoest.
Toussî, V. n. tousser. V. fr. toussir.
Tout. adj. n'a pas de fém. pluriel. On dit tous lés feimmes, tous lés
fiycs, excepté pour signifier coniplèlement : elle élionl toutes noires. Il a
un plur. niasc. : c'éloit lou z' arsouye et lou z' aplolin. Adverbialement
on dit indifféremment : il a tout mcingé s' soupe ou il a meingé tout
s' soupe. Voici un refrain de chanson dont on amuse les enfants :
Il a mcingé tout nos aveine
Il n' (la Icyé qii" ein p' lit feslu
Pou stiker (bis) au Irau d' vo eu.
Toutanaincau, tt' anaincan, loudaiiaincau. fout-à-coup, tout
d'un coup. On trouve dans Monlaignc tout-à-un coup.
Toutouic. adv. de part en part. V. fr. tout oullre ]| prép. — dé, au
travers de.
ToHlouye. s. f. femme qui tripote. Je l'interprète : qui touye tout.
Traîne, Iraine de pourciau. s: f. traînasse, renouée, plante,
polygonum aviculare.
Traîner, v. n. ramasser les gerbes dans un champ pour les mettre
en madames. V. ce mol. — del longue, traînailler, languir, vivoter.
Traïuuage, traumuagc. s. ni. mouvement )| événement || révo-
liilion (norinagc).
Tramuer, tranmucr. v. a. émouvoir, agiter. V. fr, sangmuer,
effrayer (Froissard), tremuer, agiter, troubler.
Traque {tou d'enne). adv, tout d'un coup, tout d'une traite. Trac,
v. fr. allure du cheval, du mulet. En fr. traque signifie action de
traquer.
360 TRA— TRI
Traiilep v. n. errer, courir ç;\ et là, c'est du v. fr,
Trefon, Icrfon : i sait V fond êyé V —, 11 connaît l'afiaire à fond ; à
Liège Irefond, base, fondement.
Treuve, Iriiève. (ej) indic. du v. trouver. V. fr. trouver.
Trîanelle, franelle. s. f. trèfle, en liégeois treimblenne ; en fr. la
trenielle forme un genre de plante cryptogame.
Tpîaner. v. n. trembler.
Tribouler. v. n. rouler 1| faire sonner les cloches, v. trinqueballer.
V. fr. rouler, troubler, remuer, tribuller, agiter. S' — , s'arranger, s'ac-
commoder : qui s'triboiile, qu'il se lire d'affaire comme il pourra.
Tpîïjoulette. s. f. vase de verre dont le ventre est arrondi; chez les
Liégeois c'est 1/4 de litre environ.
Tricoter, v. a. battre; tricot pour gourdin est fr.; ail. slricken, tri-
coter (des bas). V. triquer dont — est le dimin.
Trie, trieu. s. m. terrain vague, v. fr. tertrie, colline, tertre, (Vmo-
rer à trie rester en friche ; armor. lirien, friche.
Trîfouîlïcr, trîfouyer. v. n. fouiller || remuer || tripoter ; bas bret.
irufuilla, brouiller une liqueur en l'agitant.
Trimer, v. n. est usité en fr. dans l'argot des gueux pour, marcher,
partir, bret. tremen, passer, gall. (ramwi.
Ts'îiieïle. dimin. de Catherine.
Trinqueballer, trikballcr. v. n. flâner, baguenauder j| v. a. traî-
ner, voiturer, V. trique balle. En fr. trimballer signifie remuer, traîner,
porter partout (fam.), trinqueballer, sonner les cloches (Rabelais).
Trioîaine. s. f. embarras, tracas, (racasserie. En lorrain, c'est une
traînée, une longue suite de personnes désœuvrées qui se promènent.
Tripe, s. f. p. fête à l'occasion d'un cochon tué. || Sein mollasse ;
tripe en fr, signifie partie d'intestin, fl. tryp, b. lat. tripa, d'où tripare,
depascere, basq., gall. tripa, bret. slripen, entrailles.
Trîper. v. a. donner des boudins cl autres parties du cochon, v. n.
faire tripe. V. fr. iriper, danser. En langued. fa tripet, rire exlraordi-
nairement.
Tripeîte. s. f. estomac d'agneau coupé par languettes.
Tripote, s. f. femme, fdle qui tripote volontiers.
Trique, s. f, coups de bàlon. En fr. gros bâton, ail. streichen, frot-
ter, sircicheln, caresser, slricken, tricoter.
TRI— TRO 561
Trîqueballe, frigball. s. m. petit charriot à deux roues sur lequel
un ouvrier voiture (les marchandises. De l'ail, tragen, porter et de Bail, bal-
lot. Nota. La voyelle radicale a de Iragen se change en a dans quelques
temps du verbe et alors se prononce comme e et, dans quelques cantons
ail,, comme i. Ex. : du tragst, tu portes. Enfr. irinqueballe est une ma-
chine pour transporter les canons, v. fr. tregenier, voilurier.
Trîquèlce. s. f. foule.
Trô. s. m. trou. || — d'un lieu, d'ain yeu s. m. évier, trou pratiqué
dans le mur d'une maison pour l'écoulement des eaux, lorsqu'on lave les
appailements. V. aiiveu. Trau du eu joue un grand rôle dans les locu-
tions et proverbes du plat langage : Faire ennc mine comme ain trau
d'eu.
Quand on est vieux, ain pet r'iénu
Fat ain abcès au trau du eu.
Elle loul à Iro, ou daller ll'à Iro, c'est être couvert de vêlements tout
troués. V. fr. tro, brel. iro, tru, gall. trwy perforalio, trwyau, perforare.
En lat. barbare, traugus. Ce mol b. — latin est probablement postérieur
au mot celtique; il a dû lui être emprunte. Quand dans les gaules on a
abandonné les terminaisons latines, il sera resté iraugoutro que les Wal-
lons auront conservé et les Français en auront fait trou; peut-être
disions -nous déjà <rau il y a deux mille ans lorsque les armoricains
disaient tru.
Tfoce. s. f. trou dans une baie, 07i nallrape mie deux eau ein yaif
à V même Iroéc, on ne prend pas deux fois un lièvre au même piège.
Trocï, ïi'owc, (poHët. s. m. petit trou à une robe, une chemise
pour y passer un cordon, œillet.
Trompcltcr. v. n. sonner delà trompette |) se moucher avec grand
bruit. En fr. divulguer, prôner partout, publier à son de trompe.
Tronche, s. f. tranche || portion de tronc d'arbre. En fr. pièce de
bois non travaillée.
Trondelcr. v. n. rouler || errer çà et là, sans but, v. fr. irauler,
trôler, kymr. irùlio rouler, vha trollcn, ail. trôndcln, traîner, lan-
terner.
Troiteniaîn. adv. justement, précisément, à l'instant où.
362 TRO-TUÉ
Trouille, trouyc. s. f. iruic || femme sale ; diffère de drouille, v. ce
mot. En fr. un pain do. trouille est la masse qui reste après l'extrac-
tion de l'huile de colza, ce que les montois nomment tourliau. V. ce
mot. V. fr. troye, truie, b. 1. troiJia, Iruia, venant, selon Diez, de porcus
Irojanus, cochon préparé pour un grand banquet et rempli de petits
animaux. Clievallel prend troga pour le fémin. de l'écoss., irl. lorc, gall.
twrç, bret. lourc'li, porc, le R étant transposé comme dans troubler, lur-
bulare.
Trouiller. (S'). V. p. se vautrer, se traîner comme une trouille, v.
a. et n. traîner : ça Irouye deins lés berdouyes, fl. strooyen, parsemer,
répandre, rhétique, trugliar, gall. treiglaw et trôlio vautrer.
Troiinichat. hirondelle (Frameries).
Troiisseciiiin. s. m. t. demenuis., instr. pour tracer l'ouvrage. En
fr. bois cintré garni sur le devant d'une selle.
Trousser, v. a. battre, frapper, v. Toursi.
Ti. contraction du mot tout devant une voyelle, lé vlà tCaccrui, te
voilà tout mouillé.
Tlaleur. toul-à-l'heure, it. lai Iiora.
Tlaseulniain, tant seulement, adv. seulement.
Ttasteur. mot à mot, tout à celte heure, adv. à présent.
Ttaulong-. tout le long.
Ttavau, tout à vau. adv. partout, v. avau. ISota. En quelques loca-
lités on prononce deux tt dans tlavau, dans d'autres on n'en prononce
qu'un, de même pour les trois précédents et le suivant. || prep. parmi,
partout sur, il a rapanché s'soupe loul-avau li, ses.vétements sont tout
couverts de la soupe qu'il a épanchée.
Ttevo«é. adv. quelquefois.
Tl*!, ettî. dit-il; quand on rapporte une conversation, Yelii ou Yetlel
revient a chaque instant.
V'ià l'cas
Tli l'avocal.
Vlà l'nœud
Tli Vsouyeu.
Voilà la difficulté.
Tuée, lu-aie. s. f. laie, enveloppe d'oreiller, b. lat. lega, venant^
TUM-UES 363
selon Diez, non de légère, mais de theca, gr. ^/î/»], qu'il appuya du
grison, teija (teigia) gaine, housse de lit.
Tuniçr. v. a. renverser, mettre sens-dessus-dessous {enne telle, ain
plaliau) (Borinage). V. r'iumée, anglo-saxon Tumban, v. ail. Turaon,
renverser, retourner, ail. taumeln, v. fr. tuniéer, faire tomber, répan-
dre, faire des tours.
Tnmeltc. s. f. culbute (bor.).
Turk. s. m. tuf.
Turo. lurot s. m. tige, trognon de chou. V. ail. turso, torse; lat.
turio, fr. lurion, bourgeon. Rabelais dit trou de chou. V. louré et lor-
leyon,
Tiirquaise. s. f. robe de femme.
Tiiler. V. n. sucer son doigt, faire le mouvement des enfants qui en
dormant ont l'air de téter; ce mot est mentionné par Diez. Je traduis en
entier l'art, qui le contient, pour montrer par cet ex., l'étendue des
recherches du savant ail. et la richesse de sa méthode.
Tetla, zilta, zizzola, cizza etc., wal. izitzë, esp. pr. lela, fr. letle,
téton V. b. it. lettare, esp. telar, grison, tezzar, cicciar, sucer, téter; le
mot est largement répandu : ags lile, mha, zitze, kymr.liiten.gr. ; inB-n;
mais les doubles formes romanes avec t et z, parlent en faveur de l'ori-
gine germanique; avec la médiane en place de la tenue, cat.dida, nour-
rice, sard. dida, ddedda, mamelle, comme kymr. didi, basq. vha deddi,
patois fr. (Hainaul, champ.) tuter, sucer les pouces comme font les en-
fants, m. h. a, tuten, sbst tutti.
U
E et I se changent souvent en u : jumi, jugier, prumier, chufler,
capulaine, fiimelle, frumcr. U peut se changer en I : riban, liimeur.
l^, uit, ulle. excl. avancez. Ne s'adresse guère qu'aux chevaux. En
fr. hue, huhau, hurhau signifient à droite.
Uc. s. m. œuf. Je l'écris ainsi parce qu'il se lie avec les consonnes
qui précèdent : dé s' wés. V. fr. oëf, oé ou uef, wis, gall., armor. vvi,
lat. ovum.
Uesse, ueche. s. f. guêpe. Vhawessa, fl. vvesp, b. lat. guespa, lat.
Ô04 IJEY— YAI
vespa, brol. gwespel, siiig. gwcspcden. Pour cire régulier, ditPellclier,
il faut ywosp ou gwespen, mais ils sont hors d'usage. Le b. lai. ne
semble pas formé sur le lat., mais sur le ceU., puis le fr. semble formé
sur le b. lai. Le monlois a plutôt l'air gcrm. || esse de ciiarriot.
Ucyc, s. m. œil (Borin.) Y. fr. ueil.
Un chacun, pr. chacun; idiotisme ail. : ein ieder ou lat. : unus
quisqiio. — se disait en v. fr.
SJrëchon, irclion. s. m. hérisson. A Namur iereson, niere$on,'A
Liège ureson, urson. V. fr. ireçon, angl. urchin, lat. ericius, bas-breloa
heureuehin et heureuchined.
BJrée. v. hurée.
ajrié. t. de jeu de ligne. On dit : — avoi deu iar. .Te suppose qu'il y
a là une transposition et que cela doit signifier avoir deux liards ou rien.
Ce serait à peu près l'équivalent de jouer quitte ou double.
ta-vessé, ée. adj. maussade, de mauvaise humeur, chagrin, con-
trarié.
Usance. s. f. usage. Drap, toile d'enne bonne —, drap, toile dont
on use avec avantage.
Ut. droite. V. It.
V
V. Cette lettre se transforme souvent en f : genêfe, genièvre, pauf,
pauvre.
Waîf. adj. et s. veuf, veuve.
'¥aillattl, vayau. adj. actif, laborieux.
"^'aîn. s. m. vent || s. pi. haleine. / n' sait pu r' preinde ses — , il
ne peut plus reprendre haleine.
Les vents dont on parle à Mons sont ceux : d'Ecosse ou Ecoche, vent
froid et pénétrant avec temps couvert annonçant la neige (ordinairement
nord-ouest ou nord), de bize et haute-bize (est et nord-est) sec et très-
froid l'hiver, de France, amenant les orages en été (sud), du monvai
Irau, du Iran à Viau, de St-Ghislain (ouest et sud-ouest). On dit :
r vein est ein France ou ein Ecoche; mais on dit plus souvent : V vein
est d' sus France ou d' sus VEcoche.
VAL-YAQ 565
Ainsi selon le penchant naturel de Ihonimc, on ne connaît les vents que
par leurs mauvaises qualités. On se garde bien de parler du nord-est et
de l'est, qui, en été, donnent de beaux jours ; ou du sud, qui, en hiver,
donne des temps tièdes et doux. On ne connaît pas le zéphyr. On ne
parle guère du vent que comme des hommes, pour en dire du mal.
On désigne encore les vents par les noms des portes de la ville. On
dit : r vein est d' sus l'porte du parc ou d' sus V porte d' Havre. Quand
i) s'en rapproche, on dit : lire d' sus V porte. Bas-bret. gwent, gall.
gwint, flam. ail. Avind, lat. venlus, sanscrit wahanta,
Talandrer, valendrei*. v. n. tourner, devenir gauche (Jemmapes).
Il diffère de baqueter en ce que ce dernier mot représente surtout une
planche dont la chaleur a fait élever les bords, tandis qu'en valendranl,
la planche élève un côté, et, à l'autre bout, élève le côté opposé.
Valet, s. m. garçon [| appellation d'amitié qui n'est usitée qu'au
village, comme on y dit meskenne en s'adressant aux petites filles. Ne
pas confondre avec varlel. — à Liège ne signifie également que garçon.
On y dit : Inné brave bacelle ni deu nein cori après lés valets.
Walissance. s. f. valeur. V. fr.
Valtoii. s. m. enfant (Frameries, Pâturages). On trouve dans le
dictionnaire de Trévoux que l'on a dit familièrement s'évaltoner pour
prendre des airs libres et abuser de ses forces. Cette signification
reviendrait à s'émanciper, cesser d'être vallon. V. fr. valëton, écuyer
de chevalerie, diniin. de valet.
Vanner, v. n. se dit des poules, cailles et beaucoup de gallinacés
nommés, pour ce motif, pulvérateurs, qui se froUent le derrière dans la
terre en agitant les ailes et en faisant voler la poussière. C'est alors,
disent nos paysans, signe de pluie. — n'a pas, que je sache, d'équivalent
fr. J'ai bien lu dans un ouvrage d'histoire naturelle faire poudretle ;
mais les dict. donnent au mot poudrette une toute autre signif. En ail.
Wannenweher, mot à mot, qui agite les ailes, signifie émouchet; de
l'ail. Wanne, qui signifie aussi van. FI. wayen, waeijen, éventer, lat.
vannare, vanner, agiter, ilal. vannare, agiter les ailes, fr. van, grosse
plume des oiseaux de proie, fr. d'argot : vaner, s'en aller. A Liège vanai,
plume de l'aile, se dit des plus grosses.
Vantrain. s. m. tablier (Charleroy). V. fr. devanlier, devanleau.
Vaque, s. f. vache. V. fr. vqcque || cabestan i| espace, distance. Tirer
366 VAR— VÉN
enne vaque arrière, tirer loin du but, fort loin. L'éloignément est relatif.
On désigne peut-êlre ici la distance d'une longueur de vache, ou bien 11.
wak, place, espace?
Varié, varlet. s. m. garçon de ferme. En fr. page de l'ancienne
chevalerie.
Vassia. s, ni. cercueil (Charleroy). A Liège vahai, v. fr. vase, cer-
cueil, lat. vas, vasculuni.A Thuin luja. V. lusiau.
Vasseau, vassian. s. m. mesure de capacité pour le sel : 38 litres,
G2o II mesure de capacité pour les grains : 0 h. 26G9. v. tnuid. lat.
vasculum.
Van, vôye. s. f. t. de charb. galerie, voie.
Vanssupe,''s. f. voûte, souterrain. V. fr. voulsure.
Vaufe. s. f. omelette. — au lard, omelette au lard. Golh. fodr, v.
ail. vuotar, pabulum, 11. voeden, nourriture, bret. voueta, alimentum.
Vanticriie, voie tierne. s. f. galerie qui suit l'inclinaison des
couches de houille ; par opposition à costëresse, galerie qui suit la côte.
Je me défie de la seconde forme qui me semble une francisation, elle
n'est que dans la bouche des gens instruits, tandis que la première est
employée par les ouvriers. Vau doit égaler yâ\-]-lierne=co\line, de bas
en haut.
Vava (ein). locution pour prier, demander. — , bayez m'ein. —, ein
y H iard. — , faites ça pour mi. Cette locution a dû se former comme
main : on a dû dire d'abord baye m'ein, va.
Veclie. s. f. vesce. Vicia laba.
Veindache, veindage, vcîndue, veiiidure. s. f. vente. Vein-
dage et veindue ne sont pas synon. El veindache est opéré par le mar-
chand. Parmi les souhaits adressés au nouvel an, à un marchand, se
trouve : Ein bon — pou Veinlcrtié dé s ménache. El veindue est la vente
par officier public. Yendage et vendue sont du v. fr.
%'el ci. le, la voici.
\el la. le, la voilà. Lés veî, lés via, les voici, les voilà.
Veloper. v. a. dévider, former un peloton, un écheveau. Il est assez
singulier que le fr. qui possède les composés développer, envelopper,
n'ait pas le simple velopper.
Vénî, v' ni. v. n. venir. Ej vie, ej verai, verrai, que f viesse, que nos
viesse, que f vénisse, vie.
VEN— VER 567
Ventilller, vinttyé. s. m. partie mobile à lever d'un châssis de
fenêtre. Esp. ventana, fl. venster, fenêtre.
Y^enlisiaa. s. m. venteau, vanne. A Liège vainla, à Charleroy
venlaille. B, lai. venna.
Vealpière. s. f. t. de charpentier, panne, pièce qui soutient les
chevron-s. En fr. pièce de charpente qui soutient en travers une digue.
Veuure. s. f. venue. iMau d" — , mal qui ne s'est pas produit par une
cause extérieure, mal provenant d'une mauvaise constitution.
Verau. s. m. verrat. Lai. verres || verrou. Lat. veru, broche.
Verdelol, otte. adj. verdelet, un peu vert. s. m. petit oiseau.
Vërdî. s. m. vendredi. V. fr.
Verdpon. s. m. fleuret démoucheté || épéede canne. V. fr. Verdun,
qui signifiait épée longue, mince et plate, et prenait son nom de la
ville où on les fabriquait.
Vepdurîêre. s. f. marchande de légumes. V. fr. adj. verdurier,
verdurière, qui vend de la salade, des légumes.
l'epcu. s. m. mélange de seigle et de froment. Fig. mélange || Adj.
langoureux |j véreux, qui a des vers, est fr.
Verge, verk. s. f. mesure agraire de Mons. 1/452 du bonnier. V.
ce mot.
Vergeon. s. m. branche mince de bouleau dont on fait les balais.
Verguillon, vergiiion. s. m. verge de fer de la perche pour le lir
à l'arc.
Vérin, s. m. étau || enfant très remuant qu'on ne pourrait fixer que
par un — .En fr. un vérin est une vis de bois de charpcnle ou une machine
à écrou pour enlever de grands liirdeaux. B. lat. verinus.
Vérînep. v. a. tourner || faire entrer une vis dans un écrou |] Fig. se
dit d'un enfjtnt qui renme beaucoup.
Vérité {ain — d' mon Dieu), affirmation monloise, serment que l'on
dit la vérité.
Verkin. s. m. petit verre. Chen, qui se prononce à peu près comme
khen, est le diminutif que les Allemands employent d'une manière géné-
rale. Ici, c'est l'alliance d'un mot d'origine latine avec un mot germ.
Vermau. s. m. petits vers qui attaquent le blé encore jeune,
L' vermau miu vo grain, vo £ avé trop fumé (Quaregnon).
Vermojer. v. n. se couvrir de vermau.
368 VER— VIE
Verrai, fut. de vëm. Ej v^rai, lèvera, i vëra. Condit. ej verroi, lé
l'erof', je viendrai, je viendrais, etc.
Vcriu, vierlii. s. f. Ce mot n'est pas employé dans ses significations
fr., mais il l'est, surtout au IJorinage, conmie il l'était eu v. fr. dans
la plupart des significations du mot lat. virtus : force, ardeur, courage,
énergie. Cest du carbon sans vertu, c'est de la houille qui donne peu de
chaleur. Lés djone homme dé méC nanl iionl gnié d' — ; c ncsl pus comme
du passé, les jeunes gens de notre temps n'ont plus d'énergie, ce n'est
pas comme autrefois.
%'ei'zêler. v. n. se tourner || se remuer beaucoup || babiller || parler
d'une manière inconséquente. En v. fr. verseller signifiait chanter alter-
nativement par versets et par répons. FI. vezelen, ail. fascln, radoter,
chuchoter. Vezelen n'a celte signification qu'au figuré, au propre il si-
gnifie effiler, de la racine vezel, fil, fibre.
l'erziii. s. m. idée folle || caprice subit. // a passé ein — pa s' lielle.
Quée — est-ce qui vos preind co là? Fi. weêrzin, répugnance. Mais —
est probablement un dérivé de verzeler.
Vesse {avoi l). avoir peur. Venette, selon M. Scheler, dérive du fr.
pop. vener, pour vesser. On dit de même populairement avoir la foire.
Vessî, vessîp, v. n. vesser. En fr, vessir se dit des bulles d'air qui
sortent du métal.
Veyer, veï. veiller à, surveiller. — au grain, être en garde, soigner
bien une affaire.
Vi. adj. vieux. N'est employé que dans les villages.
Vian, via. s. m. veau || giboulée. Comment a-t-on pu appliquer le
mol viau à la gihoulée? Vlaeg en fl. (prononcez vlag) signifie la même
chose. Les monlois ont-ils entendu et répété vak, puis ont-ils trouvé
bon, en manière de diminutif, d'en faire viau?
Vidance. s. f. vase vide. En fr. vidange signifie action de se vider,
état de ce qui est vide.
Vielle, double vielle, ss. ff. t. de jeu de balle.
Vier. s. m. verrat, cochon mâle. Mener à — , faire saillir. Fig.
marier (Borinage).
Vier. s. m. ver. — et moulon ne sont pas synon. — s'applique aux
lombrics terrestres, aux insectes qui attaquent les planches et aux vers
intestinaux. Preinde enne saqué pou les - -, prendre un vermifuge.
VIE— VIR 569
Mouton s'applique aux larves d'insectes, c'est la distinction de Fall.
"NVuriu et Made qui n'existe pas en fr. usuel.
Vieu {vinl an), âgé de 20 ans. Germanisme. On dit de même : six
pieds grand, perfond, etc.
l'iëzerîe. vieillerie, friperie. V. fr. vièze, chose passée, usée.
%'illage. Ceux qui auraient compté trouver dans cet ouvrage l'éty-
mologie des noms de tous les villages du Hainaut seront trompés dans
leur attente. Déjà l'élymologie de nos mots patois est extrêmement
difficile et ordinairement je ne l'afTirme pas, je ne donne que des indi-
cations dont de plus habiles feront tel usage que de raison; mais le
travail étymologique des noms de villages est bien autrement sca-
breux, puisqu'on n'a pas la signification du mot et qu'il faut la deviner
par quelque particularité du lieu, laquelle a quelquefois disparu. Beau-
coup de nos villages, étant très-anciens, on peut soupçonner d'une
manière générale que leur nom est celtique; mais il a été déformé en
passant par le latin, puis le radical peut s'être perdu dans les langages
néo-celtiques.
Le docte Bullet a fait un travail immense sur les noms des villages,
villes, rivières, montagnes des contrées où l'on a parlé le celtique,
c'est-à-dire d'une très-grande partie de l'Europe. On peut le consulter,
si l'on veut, sur les localités du Hainaut; toutefois il faut le faire avec
quelque défiance, car le savant est un des celtomanes les plus aven-
tureux.
Par exception, j'ai mentionné quelques villages pour une indication
quelconque dont on pourrait peut-être tirer profit. V. par ex. Slambruge.
J'ai indiqué quelques diflcrences entre le wallon des villages et celui
de Mous passim, notamment art. w et fin du chapitre intitulé : mots fr.
que l'on pourrait croire appartenir au patois.
'l^'indicatiou. s. f. rancune. V. fr.
Yiole. s. f. vielle. En fr. la viole est un instrument de musique à
•i, 6 ou 7 cordes.
Vîol, %îo. s. m. bavdane, plante; nom employé dans les villages
autour de Mons, A Jlons même on l'appelle io io ou io io campion.
%'îp, *'î. V. a. voir. Vir mau ain vie, voir de mauvais œil, avoir en
aversion. Vir dain l'iati, aflectionner, aimer éperdument. No veijon,
viyon, ej veyoi, viyoi, ej virai, voirai, que f voisse, que f veyisse,
370 VIR-VOU
voyisse. Vir présente un singulier vvallouisme : Vcyons vir si vos s' rez
fran assez, niol-à-mot, voyons voir, c'est-à-dire voyons si vous aurez
Taudace. Selon Raynoiiard, pareil pléonasme existait dans le v. port,
vejo veer, je vois, levo levar, je porte. Diez donne une explication trop
longue pour être rapportée ici.
Wirguc, vîpk. s. f. flèche de roseau. Droi comm enn vù^k. Lat.
virga, V. l'r. vire, flèche, dard, vireton, flèche qui tourne, vire.
Vîruelle. s. f. virole, bout en métal, en corne, etc. d'une canne,
d'un outil.
^'bin. s. m. visenne. s. f. voisin, ine. Bon —, bon malin.
Vil de velours, massette, typha.
Iltolet. s. m. fricadelle, boulette de viande (Fleurus, Thuin).
l'ivaule. adj. viable || vivant || vil'(Bor.). V. fr. vivant.
Vive. V. n. vivre. Y ville, j'ai vi, que f visse.
Tivoi. s. m. vie, santé, âme. El génèce esl m' vivoi.
^'iyielte. s. f. violette. Gall. fioled. Ce gall. paraît emprunté du lat.
ou plutôt du fr.
Vlà, là. voilà,
Voie lîerne. v. vauliern".
¥oile. s. m. verre (Borin.). V. fr. voirre, lai. vitrum.
Voire, excl. de reproche qui s'adresse aux enfants. En v. fr. vrai-
ment, — même, quand même.
Volontère. adj. productif, en parlant des arbres.
Vollié, voUî. adv. volontiers. J' et vois vollié, je l'aime beaucoup.
Vouloi. V. a. et aux. vouloir.
Ce verbe, dans sa forme infinitive, est trop peu distant du fr. pour
trouver place dans cet ouvrage. Mais il a dans d'autres temps des
irrégularités différentes des irrégularités fr., et à ce titre il doit
nous inspirer quelqu'intérêl. Nos volons , Vos volez , Y veull ou
veullé, Ej vourrai, ej vourroi, Que f veusse. Les deux premières per-
sonnes du pluriel sont défectueuses et se remplacent par celles de
l'imparfait : Que nos voulissions.
Lés fiye éïé lés feux,
Ycullc loudis qu'on peinse à eux.
VOU— W 571
Les feux (de certaine houille surtout) s'éteignent si on les néglige un
moment,
Ein volée, ein vlà. locut. adv. mot-à-mot, en voulez-vous, en voilà,
autant que vous voudrez, beaucoup.
Vouye, vauye, vôye. s. f. chemin. Ruer ain vôye, jeter sur la
rue. Ruer se yar ain vauye, dissiper sa fortune. On trouve dans les
dialogues de St-Grégoire : porter en voie. On dit encore actuellement
en fr. laisser en voie pour laisser sans serrer. Il est à remarquer que
la locution adverbiale en voie qui, à Mons, ne s'amploic guère qu'avec
jeter, peut dans certains villages s'isoler, alors elle forme impératif,
selon le génie des langues du nord et signifie jetez : ée — soula. Les
ail. disent weg ou hinweg. Le premier, en même temps qu'il est adv.,
est aussi s., et alors signifie chemin, voie.
^V^
IV. Cette lettre est une des plus caractéristiques du wallon et du v.
fr., elle remplace non-seulement le G dur, mais encore quelquefois le
\ et d'autres lettres. Le wallon, sous ce rapport, marche de pair avec
le gallois, le flamand et quelques dialectes bas-allemands, car le haut
ail. prononce W comme V ou à peu près.
Indépendamment du IV, le son qu'il représente est extrêmement
commun. Les anciens gaulois, forcés d'adopter la langue latine, la
corrompaient de deux manières : quelquefois ils donnaient aux mots
locaux la forme latine, mais quand ils adoptaient la charpente des mots
latins, ils n'en accueillaient pas aussi facilement les formes et conser-
vaient, avec amour, des sons conformes à leur rude oreille, des sons qui
faisaient frémir les oreilles romaines et que Paculius appelait : incullum
transalpini sermonis horrorem. Après avoir pris aux romains certains
verbes, ils chargeaient les imparfaits et les conditionnels des inflexions
ois, rois et prononçaient j'aimwa, je pourrwa, ou plutôt j'aimwé, je
pourrwé, car aujourd'hui l'on entend encore dire à Paris par les gens
du peuple : Eh! dis donc, Françwé (François) manges-tu des pwés
(pois). Us disaient : fueil (fweil) feuille, cuer (cwair) cœur, nuef (nweQ
372 W— W
neuf, suer (swair) sœur, roine, (rwaiie ou rwaine) rciue (i), ucf(wel')
œuf, ucil (weil) oeil.
Le second genre de dégradation fut le plus tardif. Il dut s'opérer
surtout vers l'époque de rexlinction du celtique dans les campagnes el
de l'ail, francique parmi les conquérants.
Les habitants des villes et quelques-uns des principaux franks
parlèrent le bas-latin; mais on peut croire qu'une grande partie des
campagnes et des simples soldats franks ne l'ont jamais parlé et n'ont
abandonné leur langage que quand déjà dans les villes le bas-latin était
dégénéré en roman doil; car les imparfaits latins en abam, abas, abat
se changèrent d'abord en eve, evea, evet. Quand la masse des gens
grossiers intervint, eve devint eue, oue, puis waou wé. D'abord j'aimeve,
puis j'aimeue, j'aimoue, enfin j'aimois.
Quoi qu'il en soit, la langue française se dépouilla peu à peu de ces
sous odieux; mais combien ne reste-t-il pas encore de mots en oi, oue,
oin, oir, uil, de ceux comme oindre (windre), joindre (jwindre), voir
(vwar), cuire (cwire), groin (growin), poil (pNvoil), soin (swin), fruit
(frwit), beffroi (beffrwa), tuer (twer).
Plus les celles étaient septentrionaux, plus ils se portaient à des
excès dans leur amour du W. Les wallons ont une foule de mots que
je ne trouve pas dans le v. fr., quoiqu'ils y aient peut-être été avant
qu'il ne fut écrit : rué (rwé) roue, tuée (twaie) laie, etc. Mais ce qui
passe tout, c'est le dialecte celtique du pays de Galles, où les belges
jadis l'ont importé. Que l'on jette un coup d'œil sur le dictionnaire de
Davies, on verra quelle place immense y occupe le W.
Ces remarques me paraissent mériter méditation; car elles tendent
à prouver que les mots sortant le plus évidemment du latin ont eu, non
pas immédiatement peut-être, mais peu après leur origine, une forte
empreinte celtico-germanique et n'ont repris qu'à la longue la couleur
latine. V. suair, fouair, escor.
Les montois sont plus réservés dans l'emploi du W qu'on ne l'est
dans nos villages. Â Mons par ex. on dit plus souvent ren que rwé ;
mais le Borinage se distingue éminemment : ainsi tous les mots qui
rendent à la fin le son de l'E fermé (é ou et) se transforment en etoe,
(Ij Les bas bretons disent roué, rouanez (roi, reine).
WAF— WAL 375
euwe. Écoutez le cri des borennes annonçant qu'elles ont des boulets de
terre houille à. vendre, vous entendrez : Eh! dés bouleuive.
IWaclioter. v. a. secouer (Cliarleroy). A Liège walcoté , agiter,
baigner dans de l'eau. AU. wasclien, fl. wasschen, laver.
IVâfe, waafTe. s. f. gauffre. Duré — , gauffretle au sucre. Flam.
wafel,all.Waffel,basse-lat. gafrum : Lés prumiérés — c'est pou l'seinfants.
Wagep, wagî. v. n. et a. gager (Borinage). Ail. et flam. wagen,
risquer, bazarder, gotb. vadi, v. ail. witti, ail. moderne Welte, pari,
V. l'r. waager, waaiger.
l¥âgn, gàgn. s. m. gain. Pierte et gâgn c'est marchandise, un
marchand, un joueur doit savoir perdre. V. ail. uuinne, allem. moderne
gewinne, fl. winst.
l¥agne. s. m. appellation injurieuse. Laid — , vilain — . Je n'ai
jamais pu savoir ce que signifie proprement — . Il y a bien hoigne en v.
fr., mais il signifie plaisanterie. Il y a encore oign en bret., mais il veut
dire jalousie, aigreur (Pelletier). Je suppose que c'est une altération du
V. fr. bargne, bargneux, mécbant. V. wink.
H'^âgner, waigner, waigiii, gaigner. v. a. gagner. Fl. winnen,
ail. gewinnen, v. fr. waigner, gaaigner.
Wai. partie, affirm. oui. C'est une articulation très-difficile à repré-
senter par l'écriture, pour laquelle on aurait besoin de quelqu'esprit
comme en employaient les grecs. V. ouais. L'affirm. borenne est peut-
être encore plus difficile à noter : c'est wi avec i long, souvent suivi du
son de I'e, à peu près comme wïhée.
IWaife. indic. et impér. des verbes borains ouvri et ouvrer.
n'haïr, adv. guère. V. fr. waires.
H'ak. s. {. charge de bouille (Borin.) Fl. vracbt, charge. Wague, dit
le compl. du dictionnaire de TAcadémie, est une ancienne mesure pour
le charbon de terre dans le Hainaut.
IVak. adj. fade (Bor.). Bas-breton flacq, §\vac, mou, à demi pourri,
ail. scbwacb, faible, ff. waesp, aqueux, fade, walg, dégoût, walgend,
dégoûtant, week, mou, b. lat. wap, wapes, languidus, liég. wap, aqueux,
fade.
IWale. s. perche en guise de chevron, gaule (Bor.). Goth. valuns,
valus, frison walu, armor. gwalen, gall. gwialen, b, lat. waula, v. fr.
waule, wauletle.
47
374 WAL— WAL
IWnlloii, oiie. adj. ce qui appartient au walloyi.
W^ullon, oiie. s. habitant de la partie de la Belgique où l'on ne parle
pas le flamand || langue, ou plus modestement, patois que l'on y parle.
La partie non flamande de la Belgique se compose des provinces de
Hainaut, de Namur, de Liège, de Luxembourg (sauf une petite partie
allemande) et de la portion méridionale du Brabant.
Le Hainaut a certaines communes flamandes : Enghien, etc.
Quelquefois on comprend dans le pays wallon une partie du nord de
la France.
Le pays wallon cesse entre Tubize et Lembecq , à environ une
vingtaine de kilomètres au sud de Bruxelles. Sa limite s'étend à l'est et
à l'ouest, en se tenant à peu près à la même latitude, vers la frontière
de Prusse et vers la frontière de France. Elle atteint celle-ci au nord
de Lille. Là, sa direction change, elle descend au sud-ouest, traverse le
département du nord, atteint celui du Pas-dc- Calais dont elle suit la ligne de
séparation jusqu'à la mer, n'y laissant que deux communes flamandes
d'environ 1300 habitants; mais le département du nord englobe environ
200,000 flamands.
Voilà pour la limite septentrionale. La limite à l'est suit à peu près la
frontière de la confédération germanique, laissant cependant Malmédy à
la Prusse et quelques villages au Luxembourg hollandais, recevant en
compensation le long du Grand-Duché, une étroite lisière de communes
allemandes, parmi lesquelles la ville d'Arlon.
La limite méridionale est aussi facile à tracer si l'on veut définir la
Wallonie, partie de la Belgique qui n'est pas flamande; alors c'est notre
frontière française; si l'on ne veut pas l'adopter, il faudra tomber dans
le vague et l'indéterminé.
Le patois des environs de Maubeuge est aussi semblable que possible
à celui des environs de Mons. Celui des environs de Binche, d'Ath, de
Soignies(àpeu près à pareille distance de Mons) me semble plus difiérent.
Si vous pénétrez dans l'intérieur de la France, vous verrez que le chan-
gement n'est nulle part brusque, c'est par nuances que l'on arrive du
pays de Lovo à celui de Drouchi, puis à l'Artois et la Picardie, puis à la
Normandie.
Si dans cette direction le wallonisme est en progression décroissante,
dans l'intérieur de notre pays il va en progression croissante, sans que
WAL-WAL 575
jamais non plus il y ait rien de tranché, mais en manière telle toutefois
que le montois ne comprend plus le namurois qu'à moitié et le liégeois
pas du tout.
En définitive notre limite si nette et si tranchée au nord et à l'est,
devient indécise et arbitraire si Ton pénètre en France, à moins d'englo-
ber tout le nord jusqu'à la Basse-Bretagne.
Si l'on ne sort pas des limites de la Belgique, on y comptera seize à
dix-sept cent mille wallons.
Dans les villes, le français est plus ou moins en usage. A Liège et à
Namur où la langue wallone (là il ne faudrait pas l'appeler patois) est en
grand honneur, les hautes classes parlent le wallon si elles ne sont pas
en présence d'étrangers, sauf à l'entrecouper parfois de deux ou trois
phrases françaises, lorsque l'idiome local est rebelle à l'expression de
certaines pensées. Cependant ce patois des hautes classes est déjà
amendé, car un montois le comprend longtemps avant de comprendre
celui des ouvriers et il comprend les ouvriers avant de comprendre les
paysans. A Mons et dans les villes du Hainaut, les classes aisées ne
parlent que le français. Les classes même de la petite bourgeoisie
employent peu le patois, surtout en dehors du logis; elles font à peu près
comme les petits boutiquiers de Bruxelles qui ne parlent que le flamand
toute la semaine, mais qui, à la promenade, s'endimanchcnt, en parlant le
français. Il va sans dire que ce français devient de plus en plus incorrect
en descendant les étages de la société.
Il est une chose qui dislingue le liégeois du montois dans les classes
instruites, c'est que le liégeois peut parler correctement le français, et
que cela n'arrive guère au montois qui n'est jamais sorti de chez lui.
La cause en est que le langage liégeois tranche avec le français, tandis
que celui de Mons en est peu éloigné et qu'il est un point où il y a confu-
sion.
Le mot wallon n'est pas indigène. Gaulois et wallon sont deux formes
du même mot. Gaulois (gallus) est la forme latine, wallon (walle) est la
forme ludesque. Quant aux habitants du pays, ils se donnaient le nom de
Kelt.
Ces mots gaulois et wallon en ont près d'eux une foule d'autres :
Gall, nom d'un peuple qui s'établit dans les Gaules; ils étaient proba -
blement les mêmes que les celtes.
376 WÂL— WAL
■NVall, Coruwall, pays de Galles, de Cornouaille en Angleterre, où l'on
parle encore un celtique à peu près identique au bas-breton, soit que ce
langage ait été importé par l'invasion belge, soit qu'il fut préexistant, il
semble résulter de ce qui va suivre qu'au temps de cette invasion le
langage des îles britanniques différait peu de celui de la Gaule.
Gaël, peuple des montagnes d'Ecosse. Le gaélique et le cymrique sont
les deux branches du celtique. Le gaélique se subdivise lui-même en
deux rameaux : l'erse, que parlent les paysans d'Irlande et qui est la
langue des poèmes d'Ossian et le calédonien qui est l'idiome des mon-
tagnards écossais.
Wallis, nom que les allemands donnent au pays de Valais, pays en
grande partie de langue romane.
Galaiie, pays d'Asie Mineure, autrefois envahi par les gaulois.
Les allemands et les slaves nomment :
■\Vlachen, Walschen, les peuples de Valachic, Moldavie, Bessarabie,
partie de la Hongrie parlant la langue d'or, espèce de langue romane.
Les alsaciens donnent le nom de Welsch aux français. Les allemands
donnent le même nom aux italiens et aux suisses de la partie française,
et les anciens allemands nommaient Walho-lant le pays des gaulois
parlant le celtique. Enfin les gallois reçoivent des anglais le nom de
Welsh ; quant à eux, ils se donnent celui de Kymri ou Kymnri.
Je laisse de côté Galice, Galicie.
Quant à la forme du mot icallon, voici ce qu'on peut en dire :
Le substantif wall, importé par les francs et qui a formé les adjectifs
allemands vvalsch, welsch, les adjectifs bas-allemands walsk, welsk a
pénétré dans la langue romane sous la forme vvalles. Or, dans celte
langue le substantif se faisait souvent en s au nominatif et en on dans
tous les autres cas, comme bers, baron ; Eudes ou Odes, Odon.
Ce nom de walsk, welsk signifie, selon Diefenbach, étranger, ennemi.
Il a été donné par opposition à leutsk, national (dérivé de theod, thiod
peuple) nom commun que se donnaient les alamans, les franks, les
lombards et que les latins traduisaient par Teutones. Thiod lui-même
dérive de Tuist (fille de la terre), divinité germanique.
Je dois dire que, selon Chevallet, tous les noms cités dérivent du lat.
gallus. Mais Voltaire soutient que les romains n'ont dit gallus que parce
qu'ils ne pouvaient prononcer le w .
WAL— WAL 577
IValo, tvàllot. s. m. caillot. V, halot.
Waloper. passer le linge à l'eau, l'agiter à la rivière pour le
dépouiller de savon.
l>Valton.s.m.garçon(n'est usité que dans quelques villages). V.vaiton.
IVanie. s. m. lieu fangeux.
Nous avons à deux lieues de Mons, dans une vallée profonde, un
village nommé Wasnies, célèbre par le combat réel ou prétendu de Gilles
de Chin contre le dragon. On y trouve un nom de ferme assez intéres-
sant, c'est V courte à Wasmes, dont j'aurais dû parler à l'art, courtil.
On peut soutenir que ce courte n'est qu'une abréviation récente de
courtil, mais on peut soutenir aussi que c'est l'antique forme autochtone.
Il y a encore courte à Wiheries (autre village).
IVan. s. m. trou de ver de terre, trou long et étroit (Bor.). \.dewaner.
Wan provient de gant ou de gaîne. Flam. Avant, milaine, wan, vide, ail.
Wanne, vase dans lequel on agite, lat. vagina, gaîne, gall. gwan, perforalio.
IVara. s. m. botte de wartrie. A Liège wd, botte de seigle battu. V.
fr. wardeile, boite, warat, botte de fourrage, bas-lat. waraïus, hardeia,
warachia, equorum vel animalium pabulum.
IVaranti. v. a. garantir. V. ail. warén, werèn. ail. moderne wahren,
bewaliren, gall. gwarant, asserlor, vindex, astipulatio.
Wardau. excl. qui vive! En ail. wer da, mot à mot, qui là. Les
soldats allemands disent souvent wardau.
Warcle. s. m. garde des houillères. En ail. Wâchter, Warter, garde,
tudesq. wardan, goth. vartja, gall. gwarchad, custodire, gwarchas,
includere.
Warcssaix, waréchaix, wareskaix. s. p. pâturages commu-
naux, lande, terrain vague (Borin.). V. fr. wareschaix, waskie, pâturages
entourés de fossés, b.-lat. waskium, waterscapium, saxon waeter, aqua-}-
schap, ductus. Dans la coutume de Normandie on nommait varet une
terre qui restait en jachère depuis mars jusqu'en octobre. B.-lat. wares-
cheUim, terra novalis, lat. vervactum,
l¥argla. s. m. verglas. Ail. wahr, vrai, Glas, verre.
Wari, weri, r' wari, p' werî. v. n. et a. guérir (Borin.). V. fr.
warir, garir, goth. varjan, vha werjan, b.-lat. guarire, guerire, garire,
préserver, protéger, garantir. A Mons on dit r' guéri, ergueri.
It'arisoii. champ garni de ses récolt«s. V. fr. varison, b. lat.
378 WAR— WAS
j!;aractnni. Le liécjeois a divaire, récolle sur pied, divairi, récolter,
cwairi, emblaver. Tout cela a son origine dans le golh. vasjan, vha
werjan, induere, vcslire. M. Grandgagnage fait cette remarque assez
cuiieuse que le Ilainaut possède une série de mots ayant la même valeur
verbale, mais empruntés au lat. au lieu de l'être aux langues germ. :
avélu, avéli, avélucs, avélurcs, avélies.
IVarlope. s. f, varlope, gros rabot. FI. voorlooper, qui signifie en
même temps avant-coureur.
IVarlut (pré à), prairie dont le propriétaire ne pouvait faucher que
la première herbe et dont le pâturage appartenait au public avec ou
sans rétribution à la commune. FI. warlen, entortiller. Mais quel rapport
logique entre — et warlen. On pourrait soupçonner que cela provenait
de l'usage de mettre des entraves aux bestiaux en pâturage. Il est à
remarquer que ce qu'on nomme encore les grands prés s'étendaient entre
Mons, Ghlin, Baudour, Jemmapes, Boussu, St-Ghislain. Ils étaient à — .
C'était une immense plaine sans haies ni fossés. C'était là qu'au siècle
dernier la cavalerie autrichienne faisait ses manoeuvres, et même sous
l'Empire qu'avait lieu par les troupes de la garnison ce qu'on appelait
la pelile guerre. On conçoit que pour pouvoir saisir facilement les bes-
tiaux dans cette vaste étendue, les jours d'exercices, il fallait les gar-
rotter. Cependant, malgré ces explications il est très permis de conser-
ver des doutes et l'on peut invoquer le b. lat, warnoth, terres dont la
location était doublée lorsqu'on ne payait pas à l'échéance. Ce mode
était usité en Angleterre , selon Ducange auquel j'emprunte le mot.
IVarni. v, a. garnir (Borin.). B. lat. guarnire, vha warnôn, protéger.
IVarou (leu). s. m. loup-garou. V. fr, wairou. V. leuwarou.
l¥arquin. wara battu. La désinence quin ou plutôt chen est la
forme allemande du diminutif.
IWarti'ie. s. f. pi. mélange de vesces, fèves, lentilles, etc. V. fr.
warpois, espèce de pois ou vesce, b. lat. garrobis, — n'est peut-être
que garlërie, ce qui doit être gardé pour l'hiver. V, tvarder.
Ifasliau, wastia. s. m. gâteau. Ces mots n'habitent que des villages
écartés; à Mons on dit galiau. B.-bret. gwastell, gâteau, dérivé, dit
Pelletier, de gwast, racine de gwastaded, plaine, dans la basse-latin,
wastum, dont on a fait wasiellus, gwastellus, etc., un gâteau, qui, étant
tout plat, représente une plaine. V. fr. gastel, niha wasiel et gastel.
Comparez le mot laindue.
WAS— WIN 579
IVasIer. v. a. gâter (Borinage), V. fr. gaster, lat. vastare, allem.
wûsten , celio-bret. gwasta , perdre , ravager , ruiner , cello-gallois
gwastrassu dissipare.
Watleaii, wattiau. s. m. charbon menu de médiocre qualité.
ItVaiifletle. s. f. gaufîrette.
l¥ayain, wayé. s. m. regain. Usité à Liège. V. r' tvain. V. fr.
waïn, gain. M. Scheler pense que l'on doit prendre pour élymologie le
vha weida, pâture, chasse.
IWazon. s. m gazon (Borinage) {| Par dérision chevelure, perruque.
En V. allemand wasen et waso, v. fr. waison, wason, bret. gwasell,
vallée fertile en pâturages (Pelletier).
IVé. s, m. œuf. On dit ain icé, un abreuvoir, mais aine ivé, un œuf,
dé 2' tvé. La liaison indique qu'il vaut mieux écrire ué.
Wé, waî. s. m. petit étang || abreuvoir pour les bestiaux. V. fr. wez,
vais, b.-lat. wadrus, en b.-bret. gwaz, ruisseau, gwé ou gwef, gué, fl.
wed, abreuvoir, gué, vha watan, b.-lat. guadare, waiare, vado Iransire,
lat. vaduni, gué, bas-fond. A Liège wé signifie gué.
IkVeîlîer, veitié. v. a. regarder, épier. Ej iveite, no weition. En
ail. Màchter (l'a se prononce comme e). De là le fr. guetter, esp. aguai-
lar, épier, it. guaiare, bas-lat. watare, v. fr. waiter, guetter, ouaiter,
considérer, bret. gheda, guetter.
l¥esprée, wespraie. s. f. veillée (Charleroy). A Liège vespreie.
V. fr. vesprée, soirée, fin du jour, lat. vesper.
Wesse. s. f. guêpe. Je crois qu'il faut écrire uesse, car on dit dé
z' uesse. V. uesse. Rien n'empêche de penser que c'est l'efiet d'une
confusion avec œstre, autre espèce de grosse mouche.
IVëye. fait au plur. zyé. œil (Borinage). V. ueye.
l¥idici*,wi(Iié. V. a. et n. vuider || sortir || partir || fmir,venir à bout
(Borinage). Ein ividralle, ein widronne? est-ce bientôt fini? réussirons-
nous? réussirez-vous? V. fr. wuider, widier, V. fr. vuide, lat. viduus,
vacuus, holl. wijd, v. ail. wit, wito.
IWilmautc. s. f. guimauve (villages vers Ath). On confond souvent
la mauve et la guimauve.
lil'ink, wingue. appellation injurieuse au Borin. Fin comme ein — .
Laid — , sale — . Mais qu'est-ce proprement qu'cm — ? On me dit que
je dois le considérer comme synon. de las. Voici une série de mots dont
380 WIO-ZAC
on tirera tel parti qu'on voudra : v. fr. heingre, robuste, selon le compl.
du dict. de rAcadémie, maigre, selon Clievallel. Wingner, se plaindre,
se lameiiler, ail. Winseln, gémir, v. fr. huigner, gronder, grogner, bas-
lat. hogrus, angl. hogn, porc. V. hougnard et wagne. FI. winker, sorte
de crabe.
IViof. V. 10 io.
IViwarié, ère. adj. et s. Les liégeois disent vit^arî. Ce mot a bien
l'apparence d'un produit adultérin du mot fr. vieux que les wallons de
l'est du Hainaut, de Namur et de Liège disent vi et de l'ail. Waare, mar-
chandise ou fl. waer.
l¥olster, wosler. v. a. gâter. V. waster \\ ôter (Borinage).
X
Xixi. Y. axixi.
Y
Yaîfe. s. m. lièvre || indic. et imp. du v. lever au Bor. Il est remar-
quable que dans le daco-roman on dise aussi en éliminant le l, iepure
(lepus) et ieau (levo).
Yar. s. m. liard. s. p. argent, fortune. Brichauder se yar, gaspiller
son avoir, dissiper sa fortune. 11 faudrait peut-être donner au mot comme
au précédent l'a aspirée, car on ne dit pas se £ yard, pas plus que dé
z yaife. L'observation s'applique aux mots : yeu, yeue, yeutenanl.
Yek. s. m. longue perche armée d'un crochet de fer dont les bateliers
se servent pour faire avancer leurs baquets. A Liège hé, crochet à fumier,
picard, hoc, crochet de tanneur, lat. hoccus.
Zacinte. s, f. appentis, petit bâtiment adossé à un plus grand. Par
corruption du mot adjacent ; on a dit d'abord à z' acinle, que l'on a
ZIE— ZOU 381
ensuite supposé formé de a et de zacinte. Cabinet, fournil fait à
zacinte.
Ziere. s. f. maîtresse, concubine.
Zieu. s. m. œil (Borinage). Emm zieu ou zié. On dit toujours au
pluriel zié. Sans doute on a dit longtemps au pluriel lé z" ié avant de dire
dès le singulier el zié.
Zîg. s. m. t. d'argot, mauvais camarade. On dit aussi zoug. Laid — ,
t. d'injure.
Zinne. s. f. idée passagère, caprice, lubie [| légère ivresse. Par
antiphrase de l'ail. Sinn, pensée, avis, fantaisie, ou bien de von Sinnen
kommen, von Sinnen seyn, être hors de son bon sens, perdre la tête.
Y H a passé n' zinne, un caprice lui est passé par la tête. Avoir enne
zinne, avoi n" zinne, être légèrement ivre.
Zouglou. s. m. soupir, murmure. Y fait s' demie zouglou, il rend le
dernier soupir. El touniau n'a pu qu'ain zouglou à faire, le tonneau
va être vide. Fr. sanglot, lat. singultus, ail. schluchzen, fl. zuchten.
48
SUPPLEMENT.
C
Choa. s, m. appellation d'amitié. Sous une apparence innocente se
cache un terme obscène comme dans presque toutes les appellations de
l'espèce, par exemple dans choune, chm, chegne, quinquin. Lat. cunnus.
Corée, (addition à l'art.). V. fr. coraille, cœur, entrailles, lat. cor.
G
Oalter, galëter. v. n. jeter des cailloux. S' —, se battre à coups
de cailloux. Ce mot, inconnu à Mons, est très-employé à Tournay par
les enfants; il doit avoir la même origine que galoche.
M
Alacard (addition à l'art.), sourd. Esp. mouco, qui a l'ouïe dure.
o
O (addition à l'art.). L'O de Drollig reçoit un accent tonique.
R
Roter. V. n. marcher, cheminer, s'avancer. Ce mot, très-employé
dans le levant de la province, ne l'est à Mons que dans cette phrase : rote,
vielle arote, marche, vieille bête, c'est-à-dire on n'épargne pas un vieux
cheval, un vieux serviteur. Fr. route, rôder, etc., celto-gall. et armor.
rhodio, ambulare, celto-gall. drodi, marcher, irl. ruilh, courir, sanscrit
rôtum, aller, racine ru (Pictei).
Parvenu au terme cet ouvrage, j'éprouve le besoin d'exprimer
ma vive gratitude envers la Société des arts, des sciences et des
lettres du Hainaut, qui a bien voulu lui accorder son patronage,
ainsi qu'à MM. Grenier, Marsigny, Vander Elst, Michot et
Lacroix, mes honorables confrères de la compagnie, composant
la commission chargée d'examiner mon œuvre. Je prie ces deux
derniers commissaires d'agréer ici mes remercîments particu-
liers pour le concours généreux et persévérant qu'ils ont bien
voulu me prêter, afin de rendre mon travail aussi complet que
possible.
LISTE DE MOTS FRANÇAIS
QUE
LES MONTOIS POURRAIENT CROIRE APPARTENIR A LEUR PATOIS.
A
Arigot (à tire 1').
Aronde.
Abasourdir
Asticoter, contrarier.
Ab hoc et ab hac,
Atout, triomphe.
Abîmer (souiller, salir,
gâter)
Attrape.
Abus (erreur).
Ave, instant.
Accoulins t. de briquetier.
Avenant (à Y).
Accroc.
Averon, folle avoine.
Accroupir.
.\viné, adroit, éveillé.
Adhériter, adhéritance.
Affiquel.
B
Affleurer t. de menuis.
Affuliau.
Baffer, Bâfrer, Brifer.
Agasse ou agace.
Baguenauder, s'amuser à des fri
Aguigner.
volilés.
Ahurir.
Baldaquin.
Albran, Halbrau, petit
du canard,
Balustre.
du canard sauvage.
Bancal et Bancroche.
Amelette.
Baraque.
Amer, fiel de poisson, (
etc.
Barboter.
Amont.
Barbouiller.
Andouille.
Barguigner.
Anfardeler (v.)
Baroque.
Angelot.
Baroter.
Août (moisson).
Barotiers.
Appeler.
BaslD.
388
BAS— CHA
Basset.
Bastringue.
Bataclan, Pataclan.
Batlée.
Béguin.
Bellement.
Bernique.
Birouche.
Bisbille.
Biscornu.
Bisquer.
Blamuse, plaquette de Liège.
Blet, Blette, inusité au masculin.
Blétissure.
Bobèche.
Bobine.
Bobiner.
Bobo.
Bonasse.
Bondon.
Boucan.
Bouffer.
Bourde.
Bourdon.
Bourrique.
Bourriquet.
Boursouffler.
Bouter.
Boutisse, t. de mac.
Braie.
Bran.
— de Judas, éphelides, taches de
rousseur.
Brancard.
Brandevin.
Braque.
Brelic, breloque.
Bric (de) et de broc.
Brimborion.
Brocanter.
Broque, dent courbée.
Brouille.
Bruiner.
Brûle (il).
Buée.
Caboche.
Caca.
Cahute.
Cagnard, paresseux, lâche.
Calandre, larve de charençon.
Cale, Caler.
Calmande.
Calotte, soufflet.
Camard.
Cambouis, vieux oing noir d'une
roue.
Camisole.
Camus.
Canari.
Cancan.
Capendu.
Carnassière.
Casaque, Casaquin.
Castille.
Catimini (en).
Cavin.
Censé, Censier.
Chambranle.
Chantepleure.
CHE-ENG
389
Chenapan.
Chiper,
Chipoter.
Chiquenaude.
Chiquer, boire, manger.
Chiquet.
Cingler, frapper avec quelque chose
qui plie; se dit aussi de la pluie
et du vent.
Claque.
Clenche, Clanche, loquet, partie du
loquet sur laquelle on met la
main pour ouvrir la porte.
Command.
Coquemar.
Cossu.
Cotte.
Courante, diarrhée.
Courbet.
Courte-pointe.
Couverte pour couverture. Vieux et
popul.
Crasseux, avare.
Crever, mourir.
Crotte.
Cure (avoir) , s'inquiéter , avoir
soin, -etc.
Cuveler.
D
Da.
Défoncer.
Dégaine, façon, manière.
Dégobiller (bas).
Dégoter.
Dégringoler.
Dégueuler.
Démanlibuloi'.
Dépenailler.
Déporter (se).
Dévaler , descendre , faire des-
cendre.
Devanture.
Deviser.
Dia, à gauche. Il n'entend ni à dia
ni à huhau.
Dodiner (se).
Dorloter.
Don don.
Doucettement.
Droguer.
Duret.
E
Ecale , coque de fruit , coquille
d'œuf, écorce de noix.
Echappade, trait de burin trop pro-
longé. Ce mot n'est ici que par
rapprochement avec celui d'es-
cappade et pour qu'on puisse le
lui comparer. V. de plus le niot
échappée dans les dict. fr.
Echaudé.
Echine, Echiner.
Ecloppé.
Ecouvelte, vergette.
Embrouille, confusion, complica-
tion.
Endêver.
Engaver.
49
590
EiNG— GUI
Engin.
Eiigraver.
Flanquer.
Flaaue, petite mare d'eau dormante.
Engueuscr.
Flimouse, visage large, rebondi.
Enlrcdeiix (de raie).
Foire.
Entrepris.
Epinocho.
Escampette (prendre la poudre
Escamper.
Esrappade, action d'un écoli
d').
er ,
Forme, siège des chantres.
Fouine, espèce de grosse belette.
Fouler, Foulure.
Fric frac.
Fricot.
d'un clieval qui s'écliappe.
Escarpin.
Frileux.
Fût.
Escoup, petite pelle creuse pour
vider ou mouiller le tiavire.
Futé, adroit.
Escoupe , pelle de mineur ,
chaufournier.
de
G
Eteule, Esleuble.
Galant, amant.
Elron.
Galopin.
Gamin.
F
Ganache, mâchoire inférieure du
cheval. Fig. homme inepte.
Face, cheveux qui recouvrent
les
Garce (bas).
tempes.
Faltrank.
Gargotle.
Gifle.
Farcer.
Glorielle.
Faribuiller.
Godailler.
Fau, hélre.
Godiche.
Fendant, fanfaron.
Gourer,
Fener, sécher le foin. 11 n'a
pas
Gonfalon, Gonfanon, bannière à fa_
comme faner de significat
ions
nons.
figurées.
Grabuge.
Fétu.
Graillon (Marie).
Fieu.
Gribouille.
Fignoler.
Griffer.
Fil (avoir le).
Fion.
Gripper.
Guigner.
Flache, creux où l'eau séjouiiD
Guilleret.
HAR-MAR
591
H
Hardes.
Hart, lien de fagot.
Hase.
Hayon, tente d'étaleur.
Hen, pour faire répéter.
Hochepot.
Hongre,
Hotte.
Hottée.
Hurluberlu.
Limonière, sorte de voiture, de
brancard avec deux limons.
Linteau.
Loche, petit poisson.
Longin (saint).
Loque.
Loquet.
Lourpidon.
Lubie.
Lumignon.
Lustucru.
Al
Jaquette.
Juteux.
Kermesse.
K
Lame (cheval de).
Lambin.
Lambiner.
Lamper.
Lavasse.
Lèchefrite.
Lente.
Leu (Lafonlainc).
Lieu, latrines.
Limon, pièce de bois du devant
d'une voiture.
Limonier, cheval de limon.
Mai, coffre pour pétrir le pain.
Machin.
Mâchonner.
Màchurer, t. d'imprim. baibouiller,
noircir, salir.
Mallette, petit sac.
Malt, orge germée.
Mande, panier pour la terre de pipe-
La manne est un panier grand et
plat avec des anses.
Manderlette, petite mande.
Manouvrier.
Maquereau.
Marabout, coquemar.
Marie-graillon.
Marie bon bec.
Marronnier, Marron. Ces noms ne
devraient peut-être désigner que
l'iesculus hypocastanum et son
fruit. Mais les français appellent
ainsi la châtaigne de grosse espèce
et le châtaignier, fagus castanea.
592
MAR— PIE
Marsage.
Martel en lêle.
Marteler.
Massacre, mauvais ouvrier.
Matière, pus.
Matou, gros chat entier.
Mie mac.
Mie, point, pas.
Mijoter.
Milliasse.
Minable.
Minet, petit chat.
Minette.
Mion, Mioche, petit garçon.
Miserere. Colique de — , volviilus.
Milan.
Miton — mitaine.
Montre (d'une boutique).
Mordicus, adv. latin francisé.
Mortier.
Molet.
Moufïïe, assemblage de poulies.
Mouver.
11
Nicodème.
Nippes.
Niquedouille.
Nilée.
Nouante. (On le note dans les dict.
fr. comme inusité).
Nonanter, faire 90 points aupiquet,
avoir 90 ans.
Noué.
Nouille, Noudles, Nûdeln, ragoût
allemand de pâte, lait, beurre et
fromage.
Nouure.
O
Olibrius.
Ordinaires, menstrues, règles.
Ourler.
Ourlet.
Pacant.
Palet.
Palette.
Panse.
Pansu.
Papegai.
Parelle.
Passe, visière.
Paslenade, panais.
Patraque.
Patres (ad).
Patrouiller, patauger, remuer de
l'eau bourbeuse.
Peigner, battre.
Pékin.
Pelotter, battre.
Pelucher, pluquer, se couvrir de
poils.
Pendeloque.
Persicot.
Pétrin.
Piane-piane.
Piedscente.
PIC-ROU
393
Picotin,
Pignon.
Piller, exciter les chiens.
Pique, haine.
Piquette.
Placard, affiche.
Plane, platane.
Plaquette,
Plinthe.
Pocher, trop charger d'encre.
Poilu.
Porcher.
Pouf.
Pouillerie.
Pouilleux.
Pouliche,
Pousse-cul.
Poussif.
Présure.
Pretentaille,
Pretontaine (courir la),
Prumier (vieux).
Pureau.
Purge,
Putassier,
Quibus,
Râblé.
Racaille.
Radis.
R
Ranibour, pomme de Rembour en
Picardie,
Ramentevoir.
Ramon (vi.).
Ramoner.
Raselte, ralissoire.
Ratatouille,
Ravauder.
Ravaudeur.
Ravelin, demi-lune.
Ravigoter.
Rebifer.
Recorder.
Redevaler. v. n. redescendre.
Refend.
Reluquer.
Rem (ad).
Rembarrer.
Renâcler.
Renarder.
Renasquer. On le cite dans les
dict. comme un barbarisme.
Renifler.
Ressuer.
Retaper.
Ribambelle. *"
Ribotte.
Ribotteur.
Rigole.
Rincée.
Ripopé, Ripopée.
Rogome.
Roie (vi.) ligue.
Rosser,
Rossinante,
Roupie,
591
ROU— VIE
Roupieux, qui a souvent la roupie.
Taque du feu, plaque de fonte.
Ruer, V. a.
Tartine.
Taudion (pop.).
S
Tavelé.
Terroulle. V. dans le dict. terre-
Sabouler (pop.).
houille.
Salaud, e. adj. sale. Salaude, s. f.
Tétasses.
prosliluée. Peu usités.
Tignon.
Saligaud.
Timbré,
Saloperie, obscénité, ordure.
Timonier, cheval de timon.
Saoul ou Soûl.
Tine, espèce de tonneau.
Saveter, faire mal un ouvrage, le
Tiqueté.
gâter.
Toquer (vi.), toucher, frapper.
Savetier, mauvais ouvrier.
Toudis, toujours.
Scier le dos.
Touiller.
Scourgeon, espèce d'orge.
Tour de rein.
Semblance.
Tourillon.
Septante.
Tournure, ruses, stratagème.
Serenne.
Tourniquet.
Simagrée.
Tourte.
Soudart, vieux soldat.
Toutou (enfantin).
Strapontin, siège mobile de car-
Traversin.
rosse.
Trouver (Lafonlaine), trouver.
Subrecot.
Tribouiller (vi.), remuer.
Sûr, aigre, acide.
Trimer, ternie de gueux, aller vite,
Surelle, oseille, alléluia.
courir, marcher.
Trique, Triquer.
T
Trompe, guimbarde.
Trotte.
Tabagie.
Truc (avoir le — ),
Taloche, coup de main sur la tête
(pop.).
\
Tape.
Taper, frapper.
Vanne,
Tampon.
Venette.
Tapoter.
Vied' ase.
VIE— ZIS 395
Vieux-oing. Voussure.
Violon, prison contiguê à un corps
de garde.
Volée, coups de bâton. Z
Volontaire, qui ne veut faire que sa
volonté. Zist et le zest (entre le — ).
Tous les mots de cette liste ne se trouvent pas dans le dictionnaire de
l'académie ; mais ils ont été recueillis par Boiste, Laveaux et quelques
autres lexicographes.
Un des grands embarras du montois et une des grandes difficultés de
ce dictionnaire résultent de la ressemblance entre le patois de Mons et
le bas-langage français. Aussi ai-je sans doute mis dans le dictionnaire
des mots qui auraient dû trouver place ici. De plus il est à remarquer
que si la populace de Mons accepte avec avidité tous les mots du bas-
langage français, celui-ci ne fait pas difficulté d'agréer des mots mon-
tois ; il y a là un échange de bons procédés, une tendance à la pro-
miscuité.
Il n'en est pas de même du patois de nos villages; celui-ci est plus
sauvage, plus farouche; pour lui le français, même populaire, estquelque
chose d'étranger et d'étrange; c'est un barbare; l'alliance avec lui paraît
un inceste; on ne le comprend qu'à moitié; on le confond avec le fla-
mand ; mais les gens du village peuvent s'accommoder des montois sur-
tout de ceux de la dernière classe.
J'ai beaucoup ri d'une petite aventure. Un soir, une buresse vient
m'inviter à visiter, comme médecin, M. C..., à Jemmapes, et médit
qu'elle viendra me prendre le lendemain en retournant à sa buée. Je
réplique que j'irai bien seul. « Non fait, me dit-elle, y faut que j'vausse
avec; vos n' lés comperdrile gnié, pasqtié ces geins-là, vcyée bé, c'est dés
espèces dé flamainds; mi d'sue faite avé ieusse (habituée à leur jargon). »
M. C... et sa famille étaient français. Elle croyait que j'aurais besoin
d'elle comme interprète près d'eux, parce qu'elle avait eu d'abord
beaucoup de peine à les comprendre. A la vérité, j'étais facilement com-
pris d'elle, quoique je ne parlasse que le français et le montois, mais
j'étais compris parceque je choisissais bien mes mots et mes phrases,
tandis que la famille C... ne savait pas se mettre à sa portée.
59(5 REM— REN
Dites à nos paysans : « L'influence qu'exerce sur la moralité des
prolétaires la propagation de l'instruction publique, » ils ne compren-
dront pas un seul mot ; ils comprendront, si vous dites sans trop vous
éloigner de leur accent : « Une plus grande quantité d'écoles corrige
les pauvres. »
Ainsi on peut considérer le langage montois comme quelque chose
d'intermédiaire entre le français populaire et le franc wallon du Hainaut.
Le langage montois se rapproche quelquefois tellement du langage des
halles qu'il y louche et se confond avec lui.
Le montois croit souvent parler français quand il ne fait que donner
une forme française à son patois; par contre, quand il croit parler
wallon, souvent il parle réellement le français populaire.
OUVRAGES CONSULTÉS.
Ampère : Formation de la langue française.
LiTTRÉ : Histoire de la langue française.
LiTTRÉ : Choix des poésies originales des Troubadours.
Barbazan : Fabliaux et Contes.
DiNAi'x : Archives historiques du nord de la France.
Fallût : Recherches sur les formes grammaticales de la langue fran-
çaise et de ses dialectes, au iô"'^ siècle.
DiEz : Grammalik der romanischen Sprachen.
DiEz : Elymologisches Wôrterbuch.
Ces deux ouvrages sont ce qui a été produit de mieux sur les langues
romanes et l'on est bien en droit de s'élonner que nous les devions à un
allemand ; malheureusement ils ne sont pas encore traduits.
Flchs : Die romanischen Sprachen.
Raynouard : Grammaire comparée des langues de l'Europe latine.
Roquefort : Dictionnaire de la langue romane.
MouRCiN : Serments prêtés à Strasbourg, en Si2.
Ménage : Dictionnaire étymologique.
Sr.HELER : Dictionnaire d'étymologie française.
30
598 OUVRAGES CONSULTES
IJoRKL : Trésor den recherches cl anliquHés gauloises et fran-
çaises.
Francisque Micuti, : Éludes sur iargol.
DucANGE : Diclionnarium ad sçriptores mediœ et infimœ lalinilatis.
Remacle : Diclionnaire wallon- français.
Cambresier : Diclionnaire wallon-français.
Ces deux ouvrages ont été écrils en vue des liégeois pour relbruier
leurs locutions vicieuses.
Grandgagnage : Diclionnaire élynwlogique de la langue ivallomie.
Ce dictionnaire est surtout riche en étymologies germaniques ; maî-
lieureusemcnt il est arrêté à la lettre 0.
Henaux : Éludes historiques et lillér aires sur le wallon {de Liège).
CoRDiER : Dissertation sur la langue française, les patois et parlicu-
lièrement ceux de la Uleuse.
Hecart : Diclionnaire rouchi- français.
Cet ouvrage m'a été fort utile à cause de la grande analogie qui existe
entre le patois de Valenciennes et le nôtre; c'est naturel puisque nous
avons fait partie de la même province.
CoRBLET : Glossaire étymologique et comparatif du patois picard.
C'est un modèle du genre. La partie faible, il faut bien le dire, se
trouve dans les étymologies germaniques. L'auteur avoue qu'il les tient
d'un tiers, peut-être a-t-il mal copié, peut-être l'imprimeur a-t-il mal
lu, cela me semble assez probable; car je sais avec quelle facilité
s'altèrent dans la transmission les mots que l'on ne comprend pas bien.
Corblet se sert souvent du mol belge en parlant des étymologies. Qu'il
en fasse le synonime de wallon, je le veux bien ; mais ce n'est certaine-
ment pas ce qu'il veut dire. Il ne désigne pas non plus par là le fla-
mand. Voyez par exemple son article leu : il y dit que ce mot est à la
fois francomlois, rouchi, wallon, belge et flamand. Que veut-il donc
dire? Qu'est-ce que le belge qui n'est ni flamand, ni wallon?
Desrousseaux : Chansons lilloises, avec vocabulaire.
RiciiARn : Extrait d'un Diclionnaire vosgien. Mémoires de la Sociélé
des antiquaires de France.
OUVRAGES CONSULTÉS 599
Oberlin : Essai sur Je pa(ois lorrain. *
Dictionnaire wallon, roman, celtique cl ludesque, sans nom d'au-
teur, 1777.
ScHNAKENBOiRG : Tableau synoptique des idiomes populaires du nord
de la France.
Manuel de L\rr.\mlndi : Arte de la lengua bascongada. Sala-
manca, 1729.
MM. Harriet : Grammalica escuaraz, 1741.
RosTRENEN (le père de) : Dictionnaire français celtique.
Ce dictionnaire a été écrit en vue de faciliter aux ecclésiastiques bre-
tons leurs rapports avec leurs ouailles.
Pelletier : Dictionnaire celtique.
Pelletier montre une grande réserve lorsqu'il s'agit d'afllrmer la cel-
ticité des mots bretons toujours un peu suspects d'origine française. Il
n'accorde la légitimité celtique qu'aux mots qu'il retrouve au pays de
Galles, en Ecosse ou en Irlande. Cependant on conçoit que certains
vocables ont pu se perdre partout excepté en Bretagne.
BuLLET : 3Iémoir€s sur la langue celtique.
Si Pelletier est réservé, BuUel ne l'est guère. C'est un celtomane
outré. 11 offre dans ses étymologies l'exagération de l'élément celtique
que d'autres ont trop amoindri.
Lec.onidec : Dictionnaire ceUo-breton.
Legonidec : Grammaire ceUo-brelonne.
Davies : Anliquœ linguœ britannicœ vulgo dictœ cambro-brilannicœ,
ab aliis ivalUcœ et linguœ lalinœ dictionnarium. Anno 1652.
Diefenbach : Celtica.
Pictet ; De Vanalogie des langues celtiques avec le sanscrit.
Wackernagel : Deutsches Lesebuch.
Cet ouvrage contient les plus anciens monuments de la langue alle-
mande à commencer par les évangiles d'Ulphilas, traduits du grec en
langue gothique. Le manuscrit d'Ulphilas qu'on croit de l'an 560 se
trouve à la bibliothèque d'Upsal.
400 OUVRAGES CONSULTÉS
ScHLdzER : Allgemcine nordische Geschichte (histoire générale du nord).
Galli : Essai sur le nom el la langue des anciens celtes.
Ce livre plein d'esprit et d'érudition semble tendre bien plus à établir
la disparité que l'analogie des langues ; mais il ne faut pas abuser de
l'esprit et de l'érudition. Qu'il dise que les flamands et les allemands ne
se comprennent pas, j'en serai d'accord ; mais qu'il ne force pas les
conséquences. Je ne lui pardonne pas d'avoir dit que les mots flamands
bron (source), bril (lunettes), bies (jonc) n'avaient pas d'analogue en ail.,
je lui citerai Brunn et Born pour fontaine. Brille pour lunettes, Binse
pour jonc, et puis quand cela serait vrai, quand un dixième, un cin-
quième des mots flamands n'auraient pas d'analogues ail., est-il permis
d'en tirer cette conclusion que ces deux langues ne sont pas des langues
sœurs?
Glei : Langue el liltérature des anciens franks.
Tercier : Dissertation sur la langue allemande. T. XXIV des mé-
moire de l'académie des inscriptions et des belles lettres.
BoNAMï : Quatre dissertations. T. XXIV et XXXVI de la même collec-
tion.
INDEX
DE
QUELQUES ABRÉVIATIONS ET SIGNES.
Adj acljeclil.
adv adverbe.
ags anglo-saxon.
aH allemand.
arm armoricain, bas-breton.
ait article.
b. bret bas-breton.
b- lat basse latinité.
brz breizad, bas-breton.
ceit celtique.
conj conjonction.
dict. de Tacad dictionnaire de l'académie.
csp espagnol.
ex exemple.
f- féminin.
'1 flamand.
Kall ^ gallois.
iOi INDEX
gi' «''cc.
it italieu.
lat latin.
m masculin.
niha moyen haut allemand.
P page.
pi pluriel.
pop populaire.
port portugais.
prép préposition.
pron pronom,
s substantif ou singulier.
l tome.
V voyez.
V, a verbe actif.
V. ail vieux allemand.
V. fr vieux français.
V. h. a. ou vha vieux-haut-allemand.
V. n verbe neutre.
V. p verbe passif.
V. pron verbe pronominal. >
au-dessus des voyelles . . . bref. j
" au-dessus des voyelles . . . long. ;
— trait pour éviter la répétition '
d'un mol. i
Il double Irait qui annonce une si- \
anification nouvelle. \
\
= qui signifie égale
-J- qui signifie plus.
i
TABLE
Pages
Âvanl-propos 5
Origine et caractère du wallon niontois 9
Grammaire 37
— article 58
— pronom 58
— verbe 41
— substantif -49
— adjectif ibid.
Orthographe 51
Littérature 55
Glossaire 55
Liste de mois français que les montois pourraient croire appar-
tenir à leur patois 387
Ouvrages consultés 397
Index de quelques abivvialions et signes 401
FIN
SUPPLEMENT.
Agasse. gaél. agaid, pica ; it. gazza.
Agiigner. gaël. gliin, gcnii.
Albaudeii, baiidcsse. lat. baiidus, sot. Les bretons se servent de
l'art, an, ar, al. Ils n'emploient al que devant les mois commençant par
une L, et an devant D, N, T.
Andouin. bret. (an) doun, (la) profondeur; gall. dwfn, profunditas
(Davics).
Arnaîse. bret. ners, vigueur, effort ; a-ners, avec effort; arnodi,
commencer, essayer.
Baliati. gaël. bâta, linler.
OilEëtor. bret. bili, galet (compar. galoche).
Biyelte, billic, béli«>se. gaël. bile, arbor, arbustum ; bailleag
virga, germen, surculus, stolo.
Bouge, gaël. balg, builg, bulga, saccus.
Berwelte. gaël. bara, vehiculuni.
Bitte, gaël. bod, penis^ <m.S^: iëf- é^^^ .
Blando. gaël. bladair, adulator.
Caiigei" (s'), lat. canibio, échanger, troquer.
Caueheg. Le H du goth. est aussi devenu ch dans les mois ail.
nicht, rcchnen, redit, lichl, etc.
CliiStre. corn, cheber, vulva.
Chipie. V. ail. cliipis, pellex.
Cîtte. armor. sidr, sisire; corn, sicer ; lat. sicera, jus de dattes.
Côrin. pommes, prunes éluvées. lôte à noir — , tarie aux prunes
(Fleurus). A Liège corinlenne, raisin de Corinllie.
Coiigncr. [1 est possible que le fr. cogner et coin (de monnaie)
proviennent du lat. inculio, incus; mais il est bien singulier que le
gaël. fournisse à la foiscuinn, pecuniam incude, imprime, cuinn, angu-
lus et cuinse, malum cydonium (coing). ^^^^ .t^^^.^^-v^^ <^ Ai^^.^.-. «i
Cpnqiieiiiii gtuit. coor, vaccinium. t^?J4.-r2;;:;::2— S. c<^^<^^ /L,-v lyC^i^,
Cufat. corn, calât, vas.
Cron. gaël. cron), curvus.
Debout, dl>oi)t. s. m. bout. Il a shoilé V di'houl de m"n arloilc.
DET— PAY
Gaêl. boll, built, ora, margo; lat. barb. buclus; ital. bulto; ail. Bulz.
Le fr. debout se rend par slampé.
nêtasser. gacl. taisg, coaccrva,
Itidii'hc. armor. kig. Le langage enfantin affectionne le redouble-
ment. Ex. : Pépelle, dcdcc, momo cocochc.
Do^iicltc, andoclie. gaël. docbair, Lcsio, damnum.
Wreiiber. gaël. reubain, rcubann, lalrocinium, rapina.
Durer, lat. durare, patienter; fl. verdnren, endurer.
Eiiiltriiiikier. v. a. embarrasser, empêtrer, enlacer. — dains dés
monvaisés affaires, engager dans de dangereuses opérations. V. fr.,
embroncber, attacher, enfoncer.
Fiano, floncr. gaël. fionn, glubo (j'écorce).
Foèr, rnfourée. gaël. feur, fodar, foenum.
FourBtoutier. On trouve burgus, il est vrai, dans quelques dici.
lat. ; mais c'est un latin assez équivoque.
Fringaler. lat. frigo, bondir.
Gaye, gauqne. gaël. gallchnu, nux avellana (gall^peregrinus).
Glanette. gaël. giaodb, clamor ; glagaid, mulier clamosa.
Gloiit. gaël. glut, voracitas.
Go<lagi, goder, gaël. godag, lasciva puella.
Gouruie. gaël. gur, ulceris pus, pustula.
Gournier, gournien. gaël. geur, sagax, perspicax.
lierliau. bret. kriza, froncer, rider, plisser.
E4.c%-au. gaël. capull, caballus.
linak. ail. quaken, coasser [j crier comme les canards |1 piailler.
Liaie, lair. corn, lez, latitude.
I^ato». gaël. laib, recrementum, sordes.
ILiè]>. gaël. lip, labium, bret. lipa.
Ijoge. gaël. log, lag, spelunca, specus, cavum.
Lioripclte. lat. loripes, boiteux.
niaekii. gaël. measg, miscere.
JBIaleSte. gaël. maileid, pera.
ISIoiifrèter. lat. mulio, niuttio, marmoler.
Itioiirdreu. gaël. morlair, bomicida ; mortb, homicidium.
lliiyaii, uiiilqiiin. gaël. mul, agger vel acervus conicus, moles;
mulan, frugum vel fœni acervus exiguus.
PIA— TRI
Hi'elîep. gaël, nigheadh, lotura.
H'ieulc. gacl. neul, nubes, nebula.
Oper, op. gaël. off, abi (pars).
Payer, gaël. paid, solve, paideadh, slipendiuni.
Pîau d^uiouruc. corn, niorhoch, delphinus; canibr. morbwch, sus
maris.
Poeheïte. gaël. pôca, pera.
Popiaielie. lai. piipa, poupée, petite fdle.
Porée. gaël. por, olus quodvis, semen.
RaEtobiner. gaël. rabhd, voces inanes ; rabbao, repetitio molesta.
Ra!i»(iaii. gaël. ràc, rastrum.
Ralaye. lat. atta, nom donné par respect aux veillards.
lîebappep. fr. barrer, t. du jeu de kreps, annuler le coup. || Barrer
quelqu'un, lui susciter des obstacles.
Récurer, gaël. sguradh, lotura.
Ropieu. Il y a eucore le golh. raupjan, ail. raupen, arracher (les
cheveux) ; sich raupen, se prendre aux cheveux, se chamailler.
Salop. gaël. sal, macula.
Skafoter. Cependant on pourrait encore produire ici les idées pré-
sentées à l'art, camousser et faire de ska, ka, un préfixe; alors foler
entrerait dans la famille de tripoter, chipoter, proviendrait de l'ail.
Pfote, fl. poot, et signifierait jouer des pattes comme capougner signi-
fie jouer des poings ; mais en ce cas il faudrait renverser la filiation et
faire des dérivés de skafier, skafion. skaf.
Skelte. gaël. sgag, scinde; lat. schidia; (Vitr.); gr. <îX'0'«, copeaux.
Sklifiise. gaël. slis, schidia, fomes; angl. a slice.
Skribane, f^krinie. lat. scrinium, coffret.
Soîl. gaël. siôl, frumcnUini.
iSoiiyin. gaël. suilh; angl. soot, fuligo.
Spîler. gaël. spùt, liquida ex arctiore tubulo ejice ; spuian, syrincx;
lat. spuium, crachat.
S(ok. gaël. stoc, truncus, stipes.
iSloiipcr. gaël. slop, obtura.
Sirîver. gaël. slri, lis, conlenlio.
Slroiipia. lat. struppus, couronne (de Heurs).
Suessc. gaël. suain; scot, swevin ; esp. sueno, somnus.
WAC— POU
îSiir. — comme vesse de Irouye.
Teni. gaël. tana, lenuis.
Touke-feii. gaë!. log, accendo.
Triolainc. gaël. Irioblaid; armor. trubuil, angor, moleslia, anxietas.
lil'acliolei*. armor. da walc'lii, ad lavanduin, gwalc'hi, o walchi,
lavans.
H'ale. lat. vallus, échalas.
IkW'anie. gaël. iiamli, antrum, specus; uamhas, horror.
l¥araiili. gaël. baranlas, mandatum, caulio, fiducia; esp. barrunto,
basque, barrunlea.
Ce supplément est extrait en grande partie du dictionarium scoto-
celticura, a dictionary of the gaëlic language, of the higbiand sociely.
Fautes à corriger.
Au lieu de
lisez :
Agraper, agrîper,
crepian.
Aroniain.
Casiiposse.
Ergouye.
FoHgiîcr.
Fourltouli.
Ilappcliar.
P. 15.
Liouiuicr.
Pouye.
ail. greipen,
ail. greifen, golh. greipan.
sort, sert.
habere compos, habere campos.
fl. hergoyen, fl. bergoeyen.
le fr. fouiller est n., est assez souvent neutre.
vor en ail., ver en ail., per en lat.
saisir évidemment, saisir avidement.
romanischenspracbe, romanischen spracben.
Scbiller, Hôlty
et qu'elles sont, et que ces brancbes sont.
J'abandonne aux soins du lecteur bénévole la correction des menues
fautes d'impression.
û^
PC Sigart, Joseph Désira
304.6 Glossaire étymologique
S 5 raontois
1870
PLEASE DO NOT REMOVE
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