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600089626
*** GLOSSAIRE
ÉTÎMOLOGIQUE ET COMPARATIÇ
DU
PATOIS PICARD,
ANCŒN ET HÛDESNE.
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1^
Krtrait ê» tome n dn Mémoint de la SMÏéU d«i Aa»itpuùi»t
I
Amiens, i— Imp. de DntiL et Hrbnkkt , place Périgofd, !• "
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GLOSSAIRE
K.
ÉTYMOLOGIQUE ET COMPARATIF
PATOIS PICARD,
ANCIEN ET MODERNE ,
PRÉGÉoé DE
RECHERCHES PHILOLOGIQUES ET LITTÉRAIRES
sur ce dialecte,
Par l'abbê Jules GORBLET,
Membre de pluiean SMiétéi lavantet.
( Ourrage oouroané par la Société dea Antiquairea de Picardie ,
dana la aéanoe publique du 19 août 1849.)
DUMOULIN, Quai des Augustins, 13.
PARIS: { y. DIDRON, Rue Hautefeuille , 18.
TECHENER , Place du Louvre , lî.
1851.
J^4, a^. /à
9 .
/
.i.\ . <^. L%\,
PRÉFACE.
Charles Nodier a fait remarquer avec beaucoup de
justesse que Fétude des patois était une introduction
nécessaire à la connaissance des radicaux de la langue
française, et qu'elle était appelée à rendre d'impor-
tants services , non seulement à la philologie et à la
littérature, mais encore à l'histoire^ à la géogra](niie ,
à Tarchéologie , à l'ethnographie et à la numismatique.
* Aussi cette étude a-tr-elle conquis un rang important
dans les sciences philologiques , depuis la publication
des travaux de Charles Nodier, Raynouard , Roquefort,
Orell, Fallot, Hécart, Oberlin et de MM. Jakob Grimm,
Fauriel, F. Michel, ChampoUion-Figeac , Rochegude,
Duméril , de la Doucette , Honnorat , Pierquin de
Gembloux, etc.
La Société des Antiquaires de Picardie , pour s'as-
socier à ce mouvement littéraire , formula ainsi un
6 —
article de ses statuts : « La Société discutera les élé-
ments de Tancien idiome picard, recherchera quels sont
les caractères propres à ce patoiâ, son affinité avec
les autres langues ; elle citera les plus anciens monu-
ments de ce vieux langage et joindra à ces citations
des glossaires raisonnes. » Fidèle au programme
qu'elle s'était tracé, la Société a mis au concours, pour
l'année 1849, la question suivante : a Rechercher
les éléments de t ancien idiome picard , les caractères
propres à cet idiome et ses afj^nités avec les autres
langues. — L'auteur fera connaître les plus anciens
monuments de ce vieux langage. » C'est pour répondre
à cette question que nous avons composé cet ouvrage ,
qui a été couronné dans la séance publique du 19 août
1849. La première partie contient des . recherches
historiques et littéraires sur les origines de l'idiome
picard , sur ses caractères généraux , ses monuments
littéraires, ses formes grammaticales, sa prononciation,
son orthographe, ses proverbes, ses dictons , ses rébus,
ses armes parlantes et ses sobriquets , ainsi que sur
les noms de lieux , de mesures , de baptême , de famille
et de corporations. La Seconde partie offre un glossaire
étymologique et comparatif du dialecte picard ancien
et moderne, qui contient plus de six mille mots.
Nous avons sollicité des renseignements philologi-
ques sur tous les points importants de la Picardie, et,
grâce à la bienveillante complaisance de plusieurs de
— 7
nos collègues, nous avons pu rendre notre œuvre
moins imparfaite. M/ F. Louandre, bibliothécaire
d'Abbeville, a bien voulu nous communiquer les mots
patois du Ponthieu qu'il avait recueillis , dans l'inten-
tion de publier un ouvrage analogue au nôtre, mais
qui, sans nul doute, lui aurait été bien supérieur,
parce qu'il aurait nécessairement porté le cachet d'élé-
gante érudition qui distingue les œuvres de notre savant
collègue. De précieux renseignements nous ont été
aussi communiqués par M. de la Fons de Méllicocq,
sur l'arrondissement de Béthunes ; par MM. l'abbé
Bourlon et de Marsy, sur l'arrondissement de Doullens;
et par M. Léon Paulet, sur le canton de Ham. La
tâche que nous nous étions imposée , de comparer le
vocabulaire picard avec celui des autres patois du Nord
et du Midi de la France , nous a été facilitée |)ar les
rapprochements que nous ont fournis MM. Azaïs, pré-
sident de la société archéologique de Béziers ; Jarry-
Paillet , ancien secrétaire "général de la préfecture des
Ardennes ; Valy, recteur de Saint-Caradec-Trégonel ,
et surtout M. Dartois , chanoine de Besançon , un des
plus savants philologues de France, qui prépare, en
ce moment , un glossaire complet des dialectes francs-
comtois. Nous devons encore témoigner, à divers titres,
notre reconnaissance à MM. Boulogne, de Noyon ;
Danjou, de Beau vais ; Charles Dufour ; J. Garnier ;
Labourt, de Doullens ; Cl. Paillart, d'Abbeville ; Ed.
— 8 --
Paris ; Peigné-Ddacourt 5 d'Ourscamps ; Tabbé Poquet,
de Soissons ; le docteur RigoUot ; le docteur Ravin et
Vignier, d'Abbeville.
Depuis la lecture du Rapport sur le concours de
i 849 , nous avons fait subir à notre manuscrit quel-
ques importantes modifipations. Nous avons considé-
rablement abrégé les chapitres qui concernaient les
sobriquets historiques et populaires, les noms de
baptême , de famille et de corporations. Nous avons
presque entièrement supprimé un trè&-long chapitre
sur les noms de lieux, en reconnaissant, avec M. Breuil,
que pour que de semblables investigations soient cou-
ronnées de succès, il faut non seulement posséder la
connaissance approfondie des divers idiomes qui ont
concouru à former la langue d'un pays, mais encore
être initié à l'histoire particulière des localités , et que
mille cause différentes ayant pu altérer, défigurer même
complètement les noms de lieux, l'érudition la plus
solide réussh rarement à en trouver le véritable sens (i).
M/ A. Breuil, dans son rapport d'ailleurs si indul-
gent , nous avait reproché d'avoir trop diminué l'in-
fluence de l'idiome des Franks^ sur la langue rustique
(4} Rapport sur le concours de 1849, lu à la séance publique du 19
août 1849 (dans le lome xi des mémoires de la Société des Antiquaires
de Picardie.)
— 9 —
du Nord. 11 a bien voulu suppléer lui-niénie à ce que
notre Gloisaire avait de défectueux sous ce rapport,
en nous indiquant un certain nombre d'étyinologies
purement germaniques.
Malgré ces corrections et les nombreuses additions
dont nous avons enrichi notre Dictionnaire picard,
nous ne nous dissimulons point qu'il doit être encore
bien imiparfait. Nous n'avons point la présomption de
croire que nous avons pu, dans le court espace de
trois ans , faire une moisson complète dans ces terrains
inexplorés de la philologie. Aussi , nous accueiUerons
avec reconnaissance l'indication des lacunes et des
inexactitudes qu'on voudra bien nous signaler : en
utilisant plus tard ces nouveaux documents, nous pour-
rons espérer de rendre moins imparfaite l'œuvre que
nous venons d'ébaucher.
Paris, re 1*«' Janvier 1831.
-o-^^cia^o^ ^^
PREMIERE PARTIE.
RECHERCHES PHILOLOGIOUES ET LITTËRAIRES
SUR LE
DIALECTE PICARD ANCIEN ET MODERNE.
C'est le génie clair et méthodique da
patois picard qui domine aujour-
d'hui dans la langue française.
RlTAROL.
iQ^
CHAPITRE PREMIER.
OiVIGINË DE l'idiome PICARD.
Quand Jules César vint envahir nos contrées, les Gau-
lois étaient partagés en trois peuples bien distincts : les
Aquitains , les Belges et les Celtes. Leurs dialectes ne
différaient pas essentiellement (1) ; le Belge comprenait
(1) Eâdem non usquequâque linguâ utuntur omnes, scd pierisque pau-
lulùm variatA. {Strabouy I. iv).
— 12 —
*
l'Aquitain et ce dernier entendait le langage du Celte (1).
Nos ancêtres parlaient un dialecte de la langue kimrique,
qu'on a désigné sous le nom d'Armoricain et qui s'est
conservé jusqu'à nos jours, sans trop d'altération, dans
la Basse-Bretagne. ^
Jules César comprit bien que , pour assurer sa domi-
nation dans les Gaules , il devait imposer aux vaincus
la langue des vainqueurs. Il s'empressa de créer des
écoles dans Tes grandes cités ; il déclara le latin la seule
langue ofiBcielleet il destituait tout fonctionnaire de l'em-
ploi qu'il occupait si , dans l'espace de six mois, il ne
s'était pas mis en état d'entendre et de parler la langue
des Romains. Le projet de César fut puissamment favo-
risé par l'absence d'une langue écrite, chez les Gaulois.
En effet, leur mémoire seule était dépositaire de leurs
annales, de leurs lois et de leurs formules religieuses et
quand par hasard les Druides écrivaient , ils recouraient
aux caractères des Grecs (2). L*élite,de la nation , à cause
de ses fréquents rapports avec les officiers et les magis-
trats romains, parvint bientôt à parler leur langue. Mais
le peuple, surtout celui des bourgades, prouva à César
qu'on ne décrète pas aussi facilement l'adoption d'une
langue qu'on improvise une victoire. Il introduisit dans le
Latin les constructions de la langue maternelle ; il con-
fondit arbitrairement tous les cas; il altéra les mots par
des contractions bizarres ; des terminaisons latines s'al-
lièrent à des radicaux celtiques , des désinences celti-
(1) Sulpice Sévère.
(2) Csisar. De Bello (moAL. 1. vi.
— 13 —
ques simposërent à des radicaux latins , et remploi des
auxiliaires vint bouleverser l'harmonie des lois gramma-
ticales.
Le nord de la Gaule , n'ayant été conquis que 200 ans
environ après la Gaule narbonnaise , dut par là même être
moins impressionné par le langage ofBciel des vain-
queurs. La rigueur du climat , Tabsence de grandes cités
dans la Belgique y ayant attiré peu de Romains , notre
pays resta en contact immédiat avec les peuples de la
Germanie et ceux de la Grande-Bretagne qui parlaient à
peu près la même langue (1). Ce langage vulgaire , moins
modifié par le latin que dans le midi des Gaules , prit le
nom de rusticus , qu'on voit figurer dans la vie de saint
Faron, dans celle de St.-Ouen et dans le 17.* canon do
concile tenu à Tours en 813. L'intelligence de la pure la-
tinité devint de plus en plus rare, et dès Tan 552, Gré-
goire de Tours se plaignait de ce que peu d'auditeurs
pouvaient comprendre un orateur qui s'exprimait en la-
tin , tandis que tous entendaient la langue rustique. C'est
de cet idiome populaire que devait naître plus tard le
Roman-wallon et le Picard, sources de la langue française.
La lente influence du temps modifia bien plus cette lan-
gue, que saint Eloi nomme ruralis (1." homélie), que ne le
fit l'adjonction des éléments gpec et ludesque : il faut
néanmoins en tenir compte , dans une certaine mesure ;
oïl voit que les Francs , au v.« siècle, importèrent cbez
nous leur langue nommée francisque , teutonique , tioise
ou plus communément tudesque. Elle prévalut à la cour,
sous la première race de nos Rois : mais Charlemagne e^-
{!) Tacite. Agric. \u
2.
— 14 —
sayaen vain d'en maiDtenir la prédominance. Les Gaulois
restaient fidèles à la langue rustique : aussi le concile de
Tours tenu en 813 ordonnait-il aux évêques de traduire
les homélies des pères en théotisque pour les Francs et en
rustique pour les Gaulois.
Le serment de Strasbourg prononcé par Gharles-le-
Chauve en langue romane , nous prouve qu*en 842 le tu-
àesque n'était plus guère connu du peuple. Il est vrai que
saint Àriulfe, moine de Saint-Riquier, nous apprend qu'au
XII,* siècle on chantait dans toute la Flandre des vers teuto-
niques composés au sujet de la victoire remportée sur les
Normands en 881. Mais il est bien probable que peu de
Gaulois les comprenaient et que les autres n'y attachaient
aucun sens 9 semblables aux enfants de nos jours qui »
dans certains Jeux , répètent d'anciens mots conservés
traditionnellement d'âge en âge et dont ils ignorent entiè-
rement la signification.
La seule inspection de notre glossaire prouvera que le
patois picard comprend un grand nombre de mots dont
l'origine est entièrement germanique. Les incursions des
Normands , des Saxons, des Danois etc., ont encore aug-
menté le nombre des mots qui se rattachent aux idiomes
du nord de l'Europe.
L'influence du grec sur les origines de l'idiome picard
est plus difficile à constater. César et Strabon nous di-
sent que les Gaulois , même ceux de condition médiocre,
faisaient apprendre le grec à leurs enfants (1] et Justin
ajoute que cette langue importée à Massilie par les Pho-
(t) De BelL GalL, I. m. — Géogr.y l. m.
— 15 —
céens se répandit tellement chez no» ancêtres qu'il sem-
blait non pas que la Grèce fût passée dans les Gaules ,
mais que les Gaules fussent passées dans la Grèce (i). D*un
autre côté , il parait fort probable que les Massiliens éta-
blirent sur nos côtes une colonie , pour favoriser Leur
commerce 'avec la Grande-Bretagne et les îles Gassité-
rides (2J. Il ne serait donc pas étonnant que q^ielques
expressions helléniques se fussent conservées dans la lan-
gue vulgaire.
Mais nous croyons que Tinfluence des Grecs se réduisit
à ce rôle bien secondaire • et qu'elle ne fut pas plus im-
portante que celle de beaucoup d'autres peuples qui , plus
tard 9 séjournèrent plus ou moins longtemps en Picardie ,
tels que les Huns , les Anglais , les Espagnols , etc. Les
Germains qui étaient venus s'établir en Picardie , par
ordre d'Auguste , et les peuples de Flandres , transpor-
tés en grand nombre cbez nous p^r Constance , durent
même exercer plus d'empire que les Massiliens sur les
mutations du langage parlé alors dans nos contrées , parce
que ces émigrants retrouvèrent dans leur exil une langue
pleine d'analogie avec la leur et qu'ils confondirent leur
race avec celle de nos ancêtres.
Les Gallo - Romains du midi conservèrent mieux la
forjne latine» tandis que ceux du Nord l'altérèrent com-
plètement. La tristesse du climat , la rudesse des mœurs ,
la dispositions des organes vocaux , les rapports commer-
(1) Justin , I. ini.
(2) y. Recherches sur une colonie massilienne établie dans le voisi-
nage de V embouchure de la Somme , par M, de Poilly. Mém, de la Soc,
d;EmuLd*Abbeville.iSi9. •
2.*
— 16 —
ciaux entretenus avec les Belges , les Bretons et les Ger^
mains , la plus forte persistance de Télément celtique,
peuvent être assignés au nombre des causes qui diiféren-
ciërent la langue romane du Nord et celle du Midi ,
désignées sous les noms de langue d*Oil et langue d*Oc.
Avant l'an 1000 les- formes grammaticales différaient peu
de part et d'autre. Mais à partir de cette époque y les
iluances deviennent de plus en plus distinctes , jusqu'à ce
que vers le xii.* siècle , les deux langues firent un divorce
complet , en se partageant la France. Leur véritable dé-
marcation serait une ligne circulaire s' étendant de Bor-
deaux à Lyon et qui passerait par Àngouléme, Guéret ,
Dijon , Besancon , Lyon et la Suisse romane. On com-
prend que ces limites ne sont pas rigoureusement géogra-
phiques^et qu'elles durent souvent subir des variations.
Ainsi la langue d'oc régna d'abord dans le Maine , l'Anjou
et une partie du Poitou : mais le voisinage de ces pro-
vinces avec la Tou raine et la Normandie et la domination
française qui les envahit successivement, concoururent
bientôt à l'introduction de la langue d'oil.
Outre ces deux grandes divisions, on comptait presque
autant de dialectes que de provinces (1). Il est important
(1) La langue que plusieurs écrivains du xn.« «iècle désignent sous le
nom de française , était celle qu'on parlait dans Tlle de France. Les au-
tres provinces avaient un langage à part comme elles avaient une admi-
nistration et une législation particulières. ^ Au xv.* siède encore on dis-
nguail la France de la Picardie.
Il ara les François et ceulx
Que se dient de Picardie.
(Théâtre-Français du moyen-âge , p. 502.
— Poème du XV.' siècle-
— 17 —
de se demander ici si c'est dans ces patois pu dialectes
vulgaires qu'ont écrit les Trouvères. En comparant leurs
écrits on y trouve des nuances de langage fort sensibles ,
mais pas assez distinctes pour constituer une différence
d'tdiome. Nous pensons qu'à peu d'exceptions près^ les
Trouvères n'ont point voulu se servir du dialecte vul?-
gâire de leur province , et qu'ils se sont toujours efforcés
d'imiter le langage parisien qui était considéré comme
la seule langue littéraire, comme la véritable langue
française. Mais les Trouvères provinciaux^ soit à leur
insu 9 soit volontairement , admettaient dans leurs poè-
mes beaucoup d'idiotismes de leur dialecte vulgaire et en
respectaient souvent le génie grammatical. C'est ainsi
que le-continuateur du Roman de la Rose» Jean Glopinel
de Meung , s'excuse . de ne point parler le pur langage
parisiep. ;
Si m'excase de mon langage, ^
Car né suis pas de Paris ;
Mais me rapporte et me compère
Au parler que m'apprit ma mère.
Les Trouvères payaient d'autant plus volontiers ce
léger tribut au pays natal , qu'ils pouvaient se dire avec
Quènes de Béthunes :
Encoir ne soit ma parole françoise,
Si là puet-on bien entendre en François.
' (MS. 7222 de la Bib. nat. S. F. 184.)
Ainsi donc, à partir du xii.« siècle, il faut reconnaître
— 18 —
dans le pays de la langue d'oil trois espèces de langage :
l.<^ le langage de Paris qui est la vraie langue littéraire
e% que nous appellerons purement et simplement Rtman;
2.* le langage des Trouvères quittent en se modelant sur
la langue parisienne , conservent des locutions et des for*
mes grammaticales de leur province , et que nous appel-
ler(ms Dialecte littéraire; S."" le langage populaire que
nous appellerons Dialecte ou Patois.
Le système que nous présentons est aussi éloigné de
celui de M. Génin» qui ne reconnaît qu*.une langue uni-
taire sans influences dialectales (1), que de celui de M.
Gustave Fallot , qui n'admet' point de langue typique à
Paris , et confond le dialecte littéraire des TrdUvères avec
le patois vulgaire des provinces (2). . ^
Cette importante réserve une fois faite , nous rendrons
justice au savant philologue que la mort a trop tôt 'ravi
aux lettres , et nous le prendrons souvent pour guide. G.
Fallot rattache tous les dialectes d*oil à trois dialectes
principaux , le Normand , le Bourguignon et le Picard ,
tout en ayant soin de faire remarquer que des limites pré-
cises sont impossibles à tracer et que sur certains points
il y avait fusion de deux dialectes. Le dialecte nor<-
mand aurait compris les idiomes de la Normandie , de la
Haute-Bretagne , du Maine , du Perche , de TÀnjou , du
Poitou et de la Saintonge ; le dialecte picard se sérail
étendu dans la Picardie, TÀrtois, la Flandre, le Hai-
(1) Des variations du langage français , p. 27i.
(i) Recherches sur les formes grammaticales de la langue française
au XIII.* siècle.
— 19 —
naut, le Bas-Mâine, la Thiérache et le Rethelois. Le
dialecte bourguignon aurait dominé dans la Bourgogne ,
le Nivernais , le Berry , TOrléanais , la Touraine*, le
Bas-Bourbonnais , File de France , la Champagne , la
Lorraine et la Franche* Comté. Cette ingénieuse classifi-
cation est contestable dans plusieurs points , et nous né
pouYona d'ailleurs en admettre le principe que pour ce
qui concerne les dialecte$ littéraires , que nous nomme^
rons Romano - Normand , Rinnano - Picard , Romana-
Bourguignon (1).
Quelques écrivains et ent*autres dom Vaissette ont
donné encore une plus grande étendue au domaine de
l'idiome picard. Ils partagent la langue romane en trois
grands dialectes : la langue d'oc , la langue d'oil et la
langue picarde. Ils s'appuient principalement sur .un titre
signé du roi Charles YI où il est parlé de la langue pi-
carde, et sur'un acte de 1349 où Mathieu de Montmo^
rency prend qualité de gouverneur général pour le roi
sur les frontières de Flandres en toute lanSgue picarde.
Un écrivain du xiii.* siècle en parle comme d'une langue
pleine d'agrément , en disant que « les Picards sont de
cler et agu entendement et de beau langage. » Les avis
n'étaient pourtant point unanimes sur ce point, puisqu*un
écrivain puriste du xiy.« siècle, l'auteur du Jardin de
(1) Un écrivain du xni/ siècle , Roger Bacon » établit cette même divi-
sion philologique : a Nan^ et idiomata ejusdem linguœ var{antur apud
diversos , sicut patet de linguâ gallicanâ , quœ apud Gallieds et Pi-
eardos , et Narmanos et Burgtmdos muUiplici vaHatur idiomate. Et
quod pTopriè dieitut m idiomate Pieardorum , horreieit apud Bur-
gundos.,.,, » (Micbblànt , H romans d* Alexandre , préf. p. xiv.)
— 20 —
Plaisance, considérait le picard comme un idiome suranné»
dont on devait éviter la prononciation vicieuse.
Il est presque impossible de préciser les limites géo-
graphiques du dialecte picard au moyen-âge. D*aprës
Fallot , il suivait la frontière septentrionale de la France
depuis Dunkerque , Ypres et LiHe jusqu'au cours de la
Sarre , embrassant par le Rethelois et la Tbierache » la
partie septentrionale de la Champagne et une partie de la
Lorraine ; du côté du Midi » il se serait étendu jusqu'au
cours de l'Aisne , de la Marne et de la Seine. Ces limites
nous paraissent beaucoup trop vastes et nous croyons que
ndiome picard était resserré dans l'ancienne Picardie du
xiv.« siècle 9 et que, par conséquent, il comprenait non-
seulement TAmiénois , le Ponthieu , le Boulonais , le
Yimeu , le Marquenterre , le San terre , le Yermandois , la
Thiérache et te Pays-reconquis , mais encore le Tour-
naisis, l'Artois, la Morinie (1) , le Laonnais , le Senlisis ,
le Soissonnais, le Valois et leCalaisis (2). Le patois picard
est actuellement parlé dans les départements de la
Somme et du Pas-de^-Galais et dans une grande partie
de l'Oise et de l'Aisde (3).
NouB croyons avoir montré ' dans ce^ chapitre que le
(Ij Sforinis quos nostra œtas Picardos appellat, (Mém. du pape
Pie II. Comment, lib. ti , p. iiS.)
(2) BarUiélemy de Bromes. — J. Gorbicbon. — Ramet. ~ Du Gange.
— D. Grenier.
(3) La rivière d'Eletle ou Aiglette qui séparait autrefois le diocèse de
S^ssons de celui de Laon , parait être la limite géographique de l'idiome
picard dans le département de l'Aisne. (G. de M. Tabbé Poquet.)
— 21 —
patois picard est ud précieux dialecte de la langue ro-
mane altéré par le temps , et qu'il dérive de la langue
rustique , formée par la combinaison du celtiquei du latin
et du tudesque. Nous allons maintenant rechercher quels
sont les caractères généraux de cet idiome.
CHAPITRE IL
PHYSIONOMIE DU PATOIS PICARD.
Treize patois principaux se partagent Tancienne France
de la langue d'oil. Ce sont :
1.*'Le Wallon» qui domine sur quelques points des
départements du Nord et du Pas-de-Calais.
2." Le Roucm. — A Valenciennes, Saint-Amand , Bou-
chain , Bavay, Maubeuge , Avesnes. Le Cambrésien et h
Lillois s*cn rapprochent.
3.* Le Picard. — Ancienne Picardie et Artois.
4.*» Le Normand. — Normandie.
5.* L'AusTRASïEN. — Ancienne Lorraine; Pays Messin ;
quelques parties de la Haute-Marne et de TAIsace. On
parle un mauvais allemand dans une partie de la Moselle,
de la Heurthe et de TAlsace. Les variétés de TAustrasien'
sont le Lorrain y le Messin et le Yosgien.
6.° Le Champenois. — Champagne*
7.j> Le Haut-Breton. — Loire-Inférieure ; Ile-et-V il-
laine. Le Bas*-Breton , dialecte celtique , n*est parlé que
dans le Finistère , les côtes du Nord et le Morbihan.
— 22 —
8.^ Le Poitevin. — Vendée; Deux-Sèvres; Vienne (1).
0.* Le Saintongeois. — Partie orientale de la Charente
et de la Charente-Inférieure ; Gavacherie.
10.® Tourangeau. — Touraine.
11.° Berrichon. — Berry.
12.*» Bourguignon. — Ancien duché de Bourgogne.
13.° Franc-Cohtois. — Ancien comté de Bourgogne. .
De tous ces dialectes , celui qui a été le moins étudié
et qui pourtant méritait de l'être le plus, est le patois pi-
card. C'est celui qui a le mieux conservé la physionomie
primitive de la langue romane 6t qui a le plus influé sur
la formation de la langue française. Comme on pourrait
suspecter notre opinion de partialité provinciale, nous lais-
serons parler quelques écrivains étrangers à la Picardie ,
qui reconnaissent la prééminence de notrç idiome : « La
France naturellement partagée par la Loire , dit Bivarol,
eut deux patois auxquels on peut rapporter tous les au*
très , le picard et le provençal Si le provençal eut
prévalu , il aurait donné au françois l'éclat de l'espagnol
et de l'italien : mais le midi de la France toujours sans
capitale et sans roi , ne put soutenir la concurrence du
Nord, et l'influence du patois picard s'accrut avec celle
de la Couronne. C'est donc le génie clair et méthodique
de ce jargon et sa prononciation un peu sourde qui domi-
(1) Un naïf chroniqueur nous apprend que les moines d'un monastère
situé dans le Boulonais, souffraient impatiemment, au xu,' siècle, leur
dépendance d'une abbaye du Poitou, à cause de la différence des langues.
{Dictionn, normand, par MM. Du Méril. i.)
— 23 —
nent aujourd'hui dans la langue françoise (1). y> — « Le
dialecte picard , dit M. G. Fallût» eut, grâce à ses trou-
vères, une immense influence (2). » D*aprës M. Pierquin
de Gembloux « la langue du xii.^" et du xiv* siècle est en-
core intacte dans tous les lieux qui furent son berceau,
et Tancienne Picardie la conserve presque sans altéra-
tion (3) TU — « On peut considérer le patois picard , dit
M. Coquebert de Montbret, comme ayant beaucoup influé
sur la formation de la langue usitée à Paris, Auquel il
passe par des nuances insensibles , en pénétrant dans le
département de l'Oise (4) » — « L'influence picarde, ajoute
M. Génin , a été prédominante dans le français à cause du
nombre considérable de poètes fournis par la Picardie au
moyen-âge (5) »
L'es patois qui ont le plus d'analogie avec le nôtre sont
ceux du département du Nord. Gomme notre glossaire
doit en fournir la preuve évidente, nous nous bornerons
ici à citer un court spécimen des dialectes de Douai , de
Valenciennes et de Cambrai. Leur simple lecture suffira
pour convaincre que ces patois sont des débris de l'an-
cienne langue picarde (6).
(1) Discours sur Vuniversalitè d$ la langue françoise, — Berlin, 1784,
p. 4.
(2) Recherches sur les formes grammaticales au xiii.* siècle,^
(S) Histoire littéraire des patois^ p. 1S5.
(4) l^éèanges sur les langues et les patois , p. 25.
(5) Des variations du langage français , p« 33.
(6) Nous conserverons l'orthographe des originaox quelque fautive
quelle nous paraisse.
— 24 —
DIALOGUE EH PATOIS BOUCHI DU XVÏ/ SIÈCXE.
Main hay^ voiis vlà bien ahuri
J'étô l'aate joar à no bufy
I n'y avô là un tas d'caqu'toires
Qui racontoient de belPs histoires ;
Mais lessions là tous chés contes là ,
Et si vos volez v'nir par là ,
Nous irons bien et biau à vieppe
Je n'cros point qu'aï sont encor fette ;
Et quant un ara fèt Tsermon
Nous en irons à nos mazon
Et nous ne serons point nommées berd*loires
Par un tas d'caqu'teux et d'caqu'toîres ,
Qui n'font rien d'aute qu'à ravizé
Tout chuqu'un dit et chuqu*an fèt.
(1).
PABABQLE DE l^VMWAMT PRODIGUE EH DIALECTE
DE CAMBRAI.
11. Inn hom avau deux fins.
12. El pus josne di à sin père : Min père, don'em chou ki peut
m'revnir dWos bins. Et ch'père liens a fé Vpartage d'sin bin.
t
13. Deux trau jours après, el pus josne duchés deux inféens,
apré avoir rassenué tout chou k'il avau, s'in alla tout binlong»
dû ki disipa tout sin bin à faire ribotte,
14. Et apré avoir tout dépinsé, il arriva inné gréende faminne
«
dins ch'pa-is-la et i k'aincha a été dins inné gréende misère.
(1) Servantois et sottes chansons de Yalenciennes , publiées par M.
Hécart.
— 25 —
m, I li folat donc partir, i s'mii gàrchon d'cour mon d'in cin-
sier de ch'pa-is-la , pour warder cbés pourchaux ,
16. Et là drolà , il arau été bin âge d'rimplir s'pincbe aveu cbés
écorces k'ches pourchaux miottent. Mais personne ne Ti en
donnant.
17. A rfin étéent rWnu in li même , i digeau : Gombin n*y a ti
dWarlet mon min père ki ont pus d'poin k'i n'i faut!
18. I faut k'j'm' liè^e, k'jWoiobe treuver min père et ke j'ii
diche : Min père j'ai péché conte el ciel et conteur vous.
19. JVsus pus dinne d'été huké vos fius. Traitéème comme
éen de yos varlets ki son à vos gages.
20. I s'a donc levé et s'a in allé trouver sin père. Kéen k'il
étau encore bin long sin père l'apperchut et s'zintrailles fur't
émues d'pité. Et in coréant à li i se rua à sin co , et il l'bagea,
21. Et sin fin li di insin : Min^père , j'ai péché conte el ciel et
conteur vous. Je n'sus pus dinne d'été huké vos fius«
(1).
CSBANSOIf Elf PATOIS DE DOUAI POUR I.A FÊTE
DE lOUlS XVIIl.
HÉLÈNE.
March' donc pus rad', «Hong' el paus:
Accoutt' comm' ech' carillon vau,
Accoutt' Joyens , queu brouhahau !
Jarni, tu t'dodaines.
Tout comm' eun' pouldaine;
Si ta n' vans pas eun meillea train', . ,
Tu n'arriv'raus mi queu l'dérain.
(1) Hémoires de la Société des Antiquaires de France , t. ti.
— 26 —
Pierrot.
Morziuy j'sus cor tout écrampi
D'avoir trimé d'Galais ichi ;
Sans compter d'puis q'j'étos conscrit ,
Tondi des misères ,
Qouquer den ch'z' ornières ,
Tondi s'batt' et n'avoir poin d'poin ,
£n gagn' des romatiq' à moins.
Hélène..
Aussi-tôt q't'aus été parti,
Jenn' n'ai ieu un si grand ennui ,
Q'j^'en n'dormons pus ni jour ni nuit :
Quand j'meu l'ramentne,
Men cœur y s'termue ;
Gh'est comm' si j'aros ieu y hélau!
Eun pods d'chent liv' sus m'n estomeau.
Pierrot.
*
Dio merci , jeu n'sus pon coyon ,
Mais , sans étt' engagné toutd'bon ,
Tuer des gens qui n*vou8 en veutt' pon !
Morgue , j'mengeos m'quaine !
Oui , j't'asseùr', Héloène ;
Si n'aros pon pensé ia ti ,
J'cros q*j'en s*ros mort ed déplaisi.
(1). ,
On distingue d« nombreuses nuances dans le patois pi-
card. La prononciation, Taccent, remploi des mots varie
(1) Chanson en patois à l'occasion de la fête de S. M. Louis XVIII ,
par Hocquet, Douai 1844 , 4 p. in'-18.
>■•■■■ :■..'
- 27 - ^:, ■ Ç
••-■ I ^^
souvent d'un village à l'autre et quelquefois danë une
même ville, d*un faubourg à Tautre , comme à Amiens et
àSt.-Omer (1). Ces variétés de langage se dessinent de
plus en plus, en raison de Téloignement des lieux.
Ainsi, le vocabulaire du Boulonais n*est pas le même que
celui de TAmiénois. Le langage du Ponthieu s*éloigne
beaucoup de celui du Vermandois. Les dégradations du
picard sont surtout sensibles vers les limites de la pro-
vince , où il se mêle avec les idiomes voisins. Ainsi l'Ar-
tésien se combine avec le Roucbi et le Wallon ; la partie
orientale du Valois subit l'influence du Champenois et le
patois de Beauvais et de Senlis transige avec le français
de rilenie-France.
Chacune de ces variétés dialectales a souvent un mot
spécial pour exprimer la même idée. Ce sont surtout les
noms tirés des règnes de la nature qui subissent des
changements fort variés , même d'un canton à un autre.
Ainsi Cayeux et Saint-Valery ne sont éloignés que de
trois lieues, et beaucoup d'oiseaux de mer n'y sont pas
(1) « A St.-Omer , les habitants du faubourg de Lizel forment une peu-
plade absolument distincte de tous ses voisins... La tradition fait remonter
cet établissement Jusqu'à l'an 449 de l'ère chrétienne , époqne de la pre-
mière invasion des Saxons en Angleterre. Leur langage diffère assez, pour
la prononciation surtout, de celui qu'on désigne par les noms de bas^alle-
mand , hollandais ou flamand , pour que les Flamands de Lizel et les Fla-
mands proprement dits ne puissent s'entendre facilement qu'après avoir
passé quelque temps ensemble. On voit par là qu'il est au flamand ce que
le patois des paysans de nos provinces est au français. On y rencontre aussi
beaucoup de mots allemands et un petit nombre de mots anglais , quel-
ques-uns sans aucune différence de pcononciation... » (B.*"* Siroéon,t. 3
des mémoires de la Société des Àntiç[uaires de France.) ^
?-^ t -r' ■ - ■'. .
— 28
,->■.:,.
:.v'
signés sous le même nom vulgaire. En voici quelques
exemples :
NOMS rmANÇAlS.
GATBOX.
SAIHT-TALBBT.
Bécasse variable.
Alouette de mer.
Religieuse.
Chevalier aux pieds
Tirvot.
Rousseletté.
verts.
Harle.
Petit Hurlard,
Bièvre.
Hirondelle de mer.
Puveret.
Privaret (Tarvenot
au Crotoy.
Macareux.
Oua/rat à tête de per-
roquet.
Cordonnier.
Millouin.
Petit Tené.
Pilet.
Morillon.
Jacobin.
Diablotin.
Mouette.
Miaulis,
Mauve.
Raie de genêt.
Rousselet.
Reille.
Sarcelle d'été. .
Cartier ou Crêpe.
Sarceille.
Sarcelle d'hiver.
Sarcé.
Tru fleur (\).
Il arrive souvent aussi que, dans un même village, on
emploie plusieurs synonymes, pour exprimer la même
idée, sous diverses nuances. Ils sont parfois fort nom-
breux. Pour donner un exemple en ce genre de la ri-
chesse de notre idiome , nous citerons quelques-unes des
locutions qui , exprimant Tidée de battre , donner des
coups , sont admises dans presque tout le département de
la Somme.
Acheindre ,
Atout [donner un),
Atteindre en frappant de grand coups.
Donner un fort coup.
(1) Nous devons la communication de ces noms à M. Demarsy et à
M» le docteur Ravin , de Saint-Valery.
<\
;«-
— 29 —
A-
'^
Baffe (donner une),
Buker,
Blouker ,
BlancboUer ,
Brosser ,
Bomifes (donner des),
Bomifikery
Blamusses (donner des),
Caresser VfrisMusse^,
Daudifier y
Deusser,
ùouiller,
Ebomvfler,
Etriker,
Ecabocher,
Escarpagner,
Exterminer,
Flayuter,
Fenailler,
Flober^
Flouker,
Giffler,
Giroflée à cinq feuilles
(donner one),
Gnole (flanker une),
Hercheler,
Hardouiller,
Donner un souflet.
BaUre à coups redoublés.
Donner des coups.
liosser;
Rosser.
Donner des souflets.
Donner an sou0et dans les yeux.
Donner des souflets.
Soufleter.
Battre à rompre les membres.
Ecraser de coups.
Battre.
Aveugler en frappant sur la figure.
Battre à coups de verges.
Meurtrir <ie coups,* donner un coup
sur la tète.
■s
Rosser.
Rouer de coups.
Battre comme on bat le blé avec un
flayer (fléau).
Battre au-delà de toute expression.
Battre horriblement fort.
Frapper, battre.
Soufleter.
Donner un sonflet.
Donner une lape.
Frapper avec une herchelle (hart).
Battre.
3.
i
*:
■•• T-
t^
:**.
Ineresêier,
Keuker,
Mornifes (ûonnev des),
Plamuser,
Pile (flanker une),
Relquker,
Rinmancher,
Retorteler,
Rameurre,
Roulée (donner une),
Seucer,
Tamiker,
Triker,
TeutteVy
Tacouiiu (donner des),
Torgnoles (flanker des)^
Taloule (doaner une).
I*
• i
\
— ao —
donner des coups qui produisent des
tumeurs.
Donner des coups dangereux.
Soufleter.
Donner une claque inopinée.
Donner une volée de coiipfg.
Battfe.
Disloquer les membres.
Battre en tordant les membres.
Battre de mauère à ne pas laisser d'en"
droit sans blessure. . ,.
Donner une volée de coups. . ,^
Battre longtemps. '■ ■ \
Frapper à coups précipités.
Donner des coups de trike.
Battre.
Donner des coups de poing fermé.
Donner des coups sur la tète.
Donner une volée de coups de bàton.^
Le Picard n*a pas cette étrange facilité de compo3ition
de mots que possède le Grec et T Allemand. Mais il est
pourtant encore plus riche , sous ce rapport , que la lan*.
gue française. Voici par exemple quelques-uns des nom-
breux composés du verbe fiker (ficher, mettre).
Àffiker,
Berni fiker ,
Borni fiker,
Oornifiker,
Asséner.
Inungere stercore.
Donner un souflet dans les yeux.
Donner un coup de corne.
— 31
Cafiker,
Remuer. " '
Défiker,
ArracW.
Dicafiker,
Oter un fruit de son écaille
Détafik$r,
Déplacer.
Estafiker'is'),
Se placer.
Estrafiker (s'),
Se mettre en travers.
E$ker,
Rendre effilé.
Erfikery
Reficher.
Harlifiker,
Batte avec dne hart.
fntamfiker,
Dresser.
Infiker,
Ficher dans.
Rinfiker,
Reficher.
Surfiker,
Ficher sur, etc., etc.*
. Notre dialecte comprend beaucoup de mots qui n*ont
pas d'équivalent en français et qu'on ne peut traduire que
d'une manière imparfaite, par des périphrases plus ou
moins longues. Citons-en quelques exemples :
Âffeuêer,
Brineheuafi
Dépaintef,
Ebornifier,
Efantin,
Elingué,
Partager sou repas avec quelqu'un qui ar-
rive à Fimproviste.
Qui a déd désirs soudains de faire quelque
chose.
Forcer ses os^à sortir de leurs cavités.
Obtenir le fermage d'une terre en mettant
une enchère sur le prix du bail.
Etourdir en frappant sur la figure.
Qui fait des enfantillages^ quoique sorti de
l'enfance.
Mis en rumeur par un événement qui excite
la curiosité.
3/
— 32 —
Gengeot, Qui se tient tout ramoncelé comme quelqu'un
qui a froid.
JuiseTy Poursuivre impitoyablement un débiteur.
Mazuker, S'amuser à des travaux manuels de peu d'îA*
porlance. .
Ramicher (se) , Regagner au jeu ce qu'on y avait perdu.
Tasset, Pièce de rapport cousue à un habit.
Tawaiê, Homme lent et d'un esprit borné qui a des
habitudes de commère.
Toper, Frapper dans la main de celui avec qui on
fait une convention.
Tripée, Repas auquel on invite ses amis quand on a
tué un porc , etc. , etc.
• i
• En revanche , le patois picard est obligé d^emprunter
au français un certain 'nombre de mots qui manquent à
son vocabuhire. Ce sont surtout ceux (|ui expriment des
idées morales et intellectivelle^. Ainsi nous n*avotis aucun
mot spécial pour traduire : atrocité» barbarie, exacUtade^
excès, exquis, fantaisie, fécondité, flétrissure, infamie,
infini, insensibilité, irréprochable, mœurs, passion,
perfidie , perfection , progrès , protection , pureté, senrn-
bilité , tendresse , etc. , etc.
Malgré Tabsence de mots poétiques , le Picard ne ^asr*
que pas d'élévation. Il a du nombre , de l'harmonie et de
l'énergie. Sa bonhomie railleuse le rend merveilleusement
propre aux sujets badins et enjoués : mais il aurait pa
facilement devenir un éloquent interprète de la haute
poésie , sans l'influence des préjugés qui frappent de dis-
crédit tous les patois du nord de la France. Il aurait sur-
tout brillé par le pittoresque de l'expression, la variété
— 33 —
des cadences et Tharmonie imitalive. Nous citerons à
l'appui (le cette opinion une pièce de vers sur XOragt, ou
ces trois qualités nous semblent réunies dans un degré
érpinent.
L*ORAOE.
Cb'étouait dias chés keads jours eq' laissiant tchcr leur fanes
Cliés blés i meurîssouait' cmmi chés camps toat ganes :
Pourpeinsant su min tchés , ej* poussois min roueyoo ;
Mais yIo qu*ein gros hernu kerrié pa l'yeint d*amont
Bake ein keu qui faudoun' jusqu'au fonds d'chés vallées
£t foet gambillonucr chés bet's épaveudées.
Cbés ab's i s'en n'eitnutl'nt; (outch'bos i n'ein frémit.
Longtemps dins chés montaigu's oV l'ouit qui brouit.
Tout s'coéiit ; pis pus rien. Tout o bouché s* n'haleine :
Chiméntière et luzcts n'sont poent pus muets qu'el' plaine.
Odiroet qu'tout attind, transi , guerlotant d'peur,
£1 débâcle effreyab' qui vo foer' no malheur.
C*pendant chés laboureux ont beyé per derrière :
Ech' nuag' roontei i s'rétend, i s'gonfe. El yeint d'arrière
Ess' flanke eddins , ITaok', dins des noërs tourbillons
El bahute ed' bistrac comme inn' pigné' d'flacons.
El jour s'étoët foët veup'. Bondé d'grêle, ed teimpêtes ,
Ech' hernu s'applontchoêt, s'apponoêt sus nos tètes.
0 détèle au pus rade au mitan d' sin souyeioki.
0 déinar' sins guigner, pour rattraper s'moëson ;
Chés k'vaus comm' des mahouais l'Iong d'ech' k'min s'emous-
[ chin'tent
1 teut'té chés cailleux. Comme ed'z épav's i bzin'tent.'
Tout d'in keu , in éclair comme inn* feuchile ed fu
Cop' chés nnés d'bistinchint et vient frôler mes yus.
— 34 —
Ech* tonnerr' buke et clake et s'irondel dins chés nuages ;
£1 pleuve à gros battans tchet , clitchett' roio visage.
Id veudoise noêrd ed poure, ed' graviers ramassés
Muche ech* qui reste ed' jour, s'accoutre edsus chés blés.
S'y grinche et les tortingn' , pis, comme aveu des t'nailles
Les dérache et dios l'air foêt viroler chés pailles.
Ah ! sus ch'qui n'ein restoët, des grêl's comme des molons
S'dégrink'tent eio clicotant et s'dékerk'tent à foêson !
J'ai vu^ Pierre, oui j'ai vu tous les pein's d'em' n'année
Ploutré's comme inn' grand'route ou bieo écoullnées.
Chés ieux mordoëtt'nt chés riots et d'ein.bos d'tous chés camps
Dios ch'fossé qui r'gordgeoêt , seutoêt ein gargouillant.
G'pendant j'rent' pa ch'corti; r'noyé jusqu'à m'casaque.
Vlo qu'ift eut' coup d'hernu tout auprès d'mi s'déclake :
J'beyois tout ébeubi ; in plet d'fu d'in bleu roux
Tchet, clike et craquç, eclifT mingueudger d'bout in bout
On peut remarquer dans ce morceau remploi fréquent
des comparaisons* C*est un des caractères distinctifs du
patois picard. Il est ter adjectif qu'on n'emploie presque
jamais sans cet accessoire obligé. Yoici les comparaisons
vulgaires qui sont le plus généralement usitées dans la
conversation. Il est à remarquer que la population des
villes en a adopté un grand noinbre, qu'elle a traduit préa-^
lablement en bon français,
Adroit de ses mains comme eioe vake d'esse queue.
Ahuri comme eine glaine à trente-six poussin^*
Aise comme des tiots cats.
Alerte comme ein cal.
Amer comme d'el ï?uie.
— 35 —
Ame noërde comme ein cul def keudron.
Arrangé comme des cavieux su Psoupe.
Attrapé comme ein rot dins eine churkette.
Avoir rtèle dure comme ein beudet.
Avoir rame pu noërde èque des housseux d'keminée.
Avoir d' l'ergent comme ein marchand de cof^chon.
Avoir des deints de seuris.
Avoir des yus comme des eahouants.
Avoir des yus comme des cholettes.
Avoir eine dégaine comme eine truie qui eauffe el four
Avoir un nez comme ein éperon de co. .
Avoir (n') pas pus de tète qu'ein hourlon.
Avoir un cœur d'artichaut ; en donner une feuille à tout
le monde (1).
Babiller comme edz agaches à i'eintour d'eine tarte à
fromage.
Bahuter comme des kîens.
' Bâti comme Tas edUreufe.
Barbouillé comme ein cat de mars (2).
Bête comme ein eson , comme ein chou.
Blanc comme eine prône , comme ein beurré.
Blanc comme Tas ed'pique (par antiphrase).
Boère comme des porteux , comme ein treu.
Boère comme ein sonneu.
Boin comme du pan.
(1) Avoir un cœur banal , prodigue d*amitié envers tout le monde.
(2) Les chats sont frileux dans le mois de mars et se mettent dans le
^"^yer où ils se barbouillent de cendre.
— 36 —
Bardoner comme eine ruko à mié.
Bouke grainde comme eine gueule à four.
Bouré comme ein canon.
Braire comme eine queue dénichée ,
Buté comme des mules. .
Clancbeter comme ein homme seu.
Canger d'opignion comme ed'kemise*
Ganter comme ein perdu , comme ein oursignot.
Catholique comme ein bourique.
dha ne flaire poënt comme baume.
Ghergé d'ergeint comme ein crapaud de plume».
Ch'esl le gvau de FApocalyste (t).
th'est à ein keu de cbolette (i).
Gh'est comme el pape Golos (3).
Gh'est clair comme eine bouteille à Tencre.
Gh'est comme eine mouke dins du lait (4).
Gh'est comme ein marké à fromaches (5).
Gh'est comme crqueue de no vake (6), ,
Gonnu comme ePloup blanc , comme ein vinx patard
Gontint comme des prinches.
Gontint comme eine glaigne qu'avale ein cleu.
(f ) Se dit d'ane femme grande et décharnée.
(2) Distance équivalente à celle que peut parcourir une choktte (baUe
de bois) frappée par une crosse,
(â) Il est d'une gravité ridicule.
(4j Se dit d'une femme bruue habillée en blanc. ~
(5) Se dit d*une assemblée où tout le monde parle à la fois.
(6) Se dit d'une chose qui va en diminuant.
— a7 —
Gras comme eioe teupe.
Croire cho dar comme maofer.
Danser comme des cabris dans d*z éteoles.
Deints noërdes comme des cleas de girofe.
Dépité comme eine maringue.
Desséké comme eine piene d'angnile.
Dévot comme ein kien qui picbe conte eine croi.
Déwarwigner comme ein diabe.
Dormir comme eine marmotté , comnie ein loir.
Douche comme du lait, comme ed* Tamadou:
Doux comme eV panche ed nou co
Dru comme moukes.
Écoaché comme eine poëre blette.
Einrheumé comme ein leu.
En chair et en ou comme saint Amadou.
Ertenu comme ein kien à Tattake.
Étampi comme ein vieu.
Été d'eine humeur d'héricbon.
Ëte monté en kemises comme saint Roch en capieu (1).
Ëte comme un gai (2).
Été comme saint Druon aux camps et al ville (3)
Faux comme ein jeton.
Fier comme des wèpes. »
(1) N'en avoir qu'une.
(2) Ne dire mot.
(3) Saint Druon se trouva miraculeuseinent en plusieurs endroits, dan*^
Le m^me instant.
i
— 38 —
Foère des yus de cahouant.
Foère des yus comme des lampes. - , '
Foère ein repos de curé (1).
Foère ein repos de mouton (%).
c ,
Foère des cris de brûlé.
Foère des balordises comme des vakes ed cheint écùs.
Foët comme ein lewarou.
Foireux comme ein gai.
Fonde comme du bure dins eine poyelle.
Frais comme eine soupe à poiret.
Franc comme Baptiste.
Franc comme un Picard.
Frisé comme eine berbis espagnole.
Froid comme eul'martreu de saint Eloi (d).
Gadrue comme eine potée de seuris.
Gai comme un moigneau , comme ein pinchon.
Gai comtne eP porte d'eine prison (antiphratse).
Gane comme ein chitron. '
Gavé comme eine andoule.
Grand comme eine mazon , comme eine perche.
Gras comme ein kien d*écorcheux.
Grouiller comme du harnu.
Héru coqme ein cherain.
Heur 1er comme ein jone leu.
(1) Faire an bon repas.
(2) Boire sans mangef .
(3) On devrait dire comme le marUau de la statue de saint Eloi.
- 39 -
Hocher comme ein poërier.
Hureux comme des cois dinaein panier.
In colère comme ein leu.
Jarer comme ein carreton, comme ein pove. *
J'y renonce comme à m'première marone.
Larmes groches comme des pains de suc.
Long comme un jour sans pain.
Lourd commo. une buse.
Luire comme des yus de cat^
Luisants comme des leumerons.
Maigue comme ein cheint de cleus.
Malin comme ein ficheux.
Malin comme des cherchelles.
Malhureux conime les pierres^ comme la grêlé.
Mahouais (pus) que des kiens pillés.
Matineux comme edz allouettes.
Mariés comme edz agaches.
Massacrer (se) comme des leus.
Ma^ comme eine flake.
Mau comme eine lavette , comme èine loque.
Méchant comme eine couvoëre, comme ein beudet rouge.
Méchant comme rogue ; comme la gale.
Miler comme ein co qui mile eine soiris.
Minger comme ein batteux.
Minger deP terre comme ein grisard.
Moneux comme ein kien qu'o s'queue copée.
Mouillé comme eine soupe.
à
— 40 -
N'avbir pas de front pour cin yaid;
P^'en foère qu'à s'iète comme chés b'seux eii booueU.
Ne valoir guère miu qu'eine pipe ed mécaut toubac.
Niflard comme ein cahouant.
Nobe comme les quate quartiers d'ein kieu. .
Noërd comme eine teupe ; comme eiae coraailie.
Noërd comme ein prognieu ; comme ein four.
Os sommes ed dins comme frère Laureint.
Pas pus gros que pour deux yards ed bure.
Peneux comme ein fondeux do clokes.
Piétiner comme ein codin.
Plan comme ein u.
Ployer comme ein manche ed' cachoire.
Ployer comme des chions de boullleu.
Poltron comme la lune.
Pourleker (se) comme eiq co qui minge des affouéliures.
Pousser des soupirs comme des pets de leu.
'Propre comme ein sou.
Puer comme eine cherche (l).
Pus embarrassé qiie Berthelot.
Raguisié comme ein rasoir.
Randir comme el Juif-Errant.
Rechu comme ein kien dins ein jeu de quilles.
Réglé comme ein papier de musique..
Remplir ess' panche comme ein baril.
Rester bec et borgne comme ein Colas.
(l) Voir ce mot dans le Glossaire,
— 41 —
Rétu comme ein piot boa Diu , comme ein friquei .
Rire comme ein gobeiia; comme ein bochu.
Rondelette comme eine cfaitrouiile.
Rouche comme edz ékerviches caites.
Roucfae comme m co (1).
Roupiller comme el reuet d*eine ûleuse.
Roupiller comme des marmottes.
Roupiller à ein écu par tète.
Roux comme da pissat de beudet.
Rusé comme ein vieux leu.
S'agiter comme ein molin à vent.
Sale comme ein peigne.
Sauter comme eine furolie.
Savant comme tout (2).
Seo comme ein çocou , comme berzi.
Se déseker comme eine pieux d'anguille.
Se foère payer d'avancbe comme ech' bourrieu.
S'ennuyer comme ein brochet dins le tiroir d'eine huche.
Se ruer sur quelque cose comme el poverté sus le monde.
Se teurtiner comme eine keuleuve.
Se tortigner comme ein ver.
Seuteux comme eine agache.
Sot à loyer.
Sou comme ein anglais (3).
(t) On devrait dire: comme la créle d*ctn co,
(2) Cette comparaison s'allie avec beaucoup d*aatres adjectifs: bélc
comme tout , cher comme tout , bien comme tout , etc.
(3) Cette comparaison remonte au temps ofù les Anglais ravageaient Ici
Picardie et se gorgeaient de nos biens^
— 42 —
Sou comme eine grive; comme ein polake.
Sou comme trente-six mille hommes.
Sourd comme eine becache; comme ein pot.
Subtil comme ein co.
S'Y einteindre comme à ramer de» cabus.
. Téguer comme ein bégaeux.
Tende comme du mameau.
Torché comme quate sous.
Traner comme ein kien qu'est in heut d'eine ékeile.
Traner comme ein voleux ; comme eine feule.
Triste comme eine béte ; comme ein bonnet de nuit.
Uni comme bonjour.
Vert comme pré ; comme porrée.
Vérole comme eine écuemette.
Vif comme ein kien de plomb (antiphrase).
Violet comme des craviuchons.
Viu comme Hérode ; comme Mathusalé.
Vin comme chés rues ; comme chés haies ;• comme chés
kemins.
Les comparaisons plus relevées qu'emploie fréquem-
ment la poésie picarde ne manquent ni de justesse » ni
d'énergie. On pourra en juger par le morceau sùivaat
. qui est un modèle du genre.
Vous qui v'nouez tout chaq' nuit danser autour de m' tête
Quoiqu'os et' donc devenus, vius reuv's ed' min jon' temps?
J'ai pressé chaq' plaisi comme o presse ein' poer* blette
Et j^'ai cor soué tout comme edvant.
- 43 -
£j' sus tout' seul, à ch'i'heure » ercran comme ejW grand-mèrey
£j' march' froëd' cojnmf ein mort^ un mort qui put marcher;
J'ai peur d'ech' temps qui vient et ch'lichi m'désespère ,
£j' Toroais mWir dins ein luzer.
Comme einpove orphelan qu'o r'tire ed'ckez s'noriche,
Ej' sus sevrée ed' tout Oz est vite oublié
Et comme eine pemme ed terre eq* Vhiver reind teuyche ,
■ J'ai TU min bonheur gadrouillé*.
Si j'povoaîs r'ekmincher! ch'est l'pus vilan d'mes reuvcs ;
I ro'tient par min cotron-et tout partout j'eP voi,
Comme ein contréhaindier qui n'o poënt fo'ét ses preuves.
Voit partout ein potieu d'Voctroi,
Pus rien d'min bieu passé ! pus personn' qui me r'bèche ;
J'ai vu ker' mes honneurs ein à ein sus min k'min ,
S'eîn aller tour à tour comme o voit^ pièch» à pUche
S'dékeude ein hahit d'Arlequin.
m
£j' seins mes g'nous ployer... mes mans s'join'ttent sans forche
J'vois que Tbon Biu dWient sourd et qu' j'éroais bieu l'prier
Comme ein collier à cleus, comme ein vrai collier d* forche^
Mes souv'nirs Tienn'te^t^m'étraner.
£t min cœur est désert comme eine carotte h ouide,
0 n'einteindro pus d'mi qu'ein long cri Jamentab' ,
£j' m*ein vos tant qu'ej' peux. . . j'seins qu'em' poTo ame est ouide
Ouid* comme eV tours* d*ein contrihuah' .
Si j'pOToais m'rajeunir comme einvw vlotirs^u'a T*plonkêl
Car chacpi'un s'seuYC ed mi tiout comm^ i'ech* corlnllard**.
1 n'em' irest'ipoent.d'i^nis, d'parq^nts, dffrer' ou bien d'onke,
I ^'men reste 09 i ' pour etit. yard / /• . •
— 44 —
Le {mtois picard admet on grand nombre de mots en-
fantins qui sont formés par la répétition d*un monosyllabe.
En voici quelques-uns :
Babake ,
Ordure.
Nounou ,
Genou.
Bébelte ,
Bête.
Papar,
Enfant.
Bobo,
Mal.
Pépette,
Soupe.
Boubouke,
Bouche.
Pépère,
Grand-|>ère
Bouboule,
Boule.
Pipique ,
Epingle.
Bubute (foère) ,
Boire.
Quéquêt ,
loaqnet.
Cacasse ,
(Euf.
Sissite (foère) ,
S*asseoir.
Déder ;
Promener.
Tantante , .
Tante.
GuigiU ,
Gosier.
Tété,
Chien.
Joujoute (foère),
Jouer,
Tiliot,
Petit.
Lélé, -
Soulier.
Tuluc ,
Suc.
3f amoche ,
Fromage.
Tniwres,
Confiture^.
MinoUe,
Main.
Yiuyiu ,
OEii.
Mimine ^
Chat.
Zinzin ,
Cousin.
NonoUes,
Mains.
Zizine ,
Cousine.
'
CHAPITRE III.
BIBLIOGRAPHIE DU DIALECTE ROMANO-PICARD
ET DU PATOIS PICARD.
Nous meotionnnerons dans ce chapitre les opuscules
picards et les ouvrages romans qui se ressentent le plus
de rinfluence de l'idionïe picard, c'est-àrdire ceux qui nous
semblent écrits dans le dialecte littéraire que ftous avons
— 45 —
app^è rùmano-'pieafd. Ils tsont plas nombreux tt pins
impiortaûirqiie cet» qui sont écrits en pnr patois pmiré.
Nous distinguerons ces derniers en les foisant précéder
d'une astérisque (*). Nous indiquerons également les bro-
chures, les mémoires 9 les articles imprimés ou manus-
crits qui concernent Tidiome picard.
ÂOAM DE LA Halle naquit à Ârras vers Tan 1240. Il fut
surnommé k Bœhu quoiqu'il fût exempt de toute infirr-
mité ; car il dit lui-même :
On m'apèle bochu, mais je ne le sus mie.
Il partage avec Jean Bodel l'honneur d'avoir fondé l'art
dramatique en France. Il donnait le nom de Jus ou Jetàx
à ses scènes dialoguées fortement empreinteB du dialecte
artésien. Il quitta Arras, ainsi que beaucoup de ses com-
patriotes y à cause d'une taille exorbitante qu'on imposa
avec partialité: aussi les adieux qu'il adressa à ses compa-
triotes, sous le titre de Congiéy sont-ils dictés par un
ressentiment plein d'amertume. Il suivit Robert, comte
d^Ârtois, à Naples, où il mourut en 1282, selon Legrand
d'Âiïssy, ou en 1286, selon M. Montmerqué. Ses (Buvréèi
principales sont : l.*" li Jus Adam, dit aussi de la feuilliê
ou eu mariage (iipprimé dans les tomes ii el yi de la
Société des Bibliophiles français). C'est une conversation
entre i'auteur, son père et les bourgeois d'Arras; 2.<' Gieuê
du Pelifin (imprimé dans les Mél. des Bibl. françaiSi}'
S.** H Gieus de Boiin et de Marion (imprimé éms le
Théfttre*^Français au moyen-âge, de MM. Montmerqué et
F . Michel) i C'est la plus ancienne pastorale française. Elle
a donné lieu au proverbe : être ensemble eomme Rabin ei
4.
- 46-
Matrion. Dans le nord de la Picardie, les jeunes paysannes
chan|;ent encove aujourd'hui la chanson qui forme l'eu-
vertnre;du }eu de Marion.
Rôbins m'aime , Robin m'a
RobiDS m'a demandé si m'ara
Robins m'aoata cotèle
D'esoarUte bone et bêle
Souscanîe et cheinturelle
A leur y va.
Robins m'aime , Robins m'a
Robins m'a demandé si m'ara.
3. Li Congiés Adam éPArras (publié dans les fabliaux de
Barbazan, Ed. Méon, tome i). — 4. Cest le RoideSézite,
poème publié par M. Buchon, dans la collection des chro-
niques nationales françaises, lom. vu. — 6. Des Motets,
des Tensons, des Jeux partis, etc. (V. Théâtre-Français
au moyen-âge et études sur les mystères , par 0. Leroy.)
Affiches de Picardie. — Le numéro du 17 février 1776
contient u^ article intitulé : De Vutilité des étymologies
pour connaître les anciens habitants d'une province -, dé-
wumtrée far un canton du Ponthieu.
■ ■* Alinf^anocfis, — Plusieurs des almai^achs put)lié^ en Pi-*
c^die contiennent des dialogues et des chansons en patois
pioard. Le3 morceaux les plus remarquables sont to en-
irétims dé eh* franc Picard aveu sein vouezan qui ont
paru dans YAlmmach du Franc-Picard , et les dialog%kM
de gardes^hc^mpétres qui paraissent simultanément > cha-
que année, dans VAsirologue^Picard et dans le triple
Mathieu-Lansberg de M. Caron-Vitet.
— 47 —
AmadU de Gaule. — Le texte primitif de ce roman de
chevalerie était écrit c» dialecte picard. Herberay » ad-
gneur des Essarts» traducteur de la version espagnole,
dit dans son épitre dédicatoire : « Estant Amadis Gaulois
et non Espaignol , j'en ai trouvé encore quelques restes ,
dans un vieil livre escrit à la main » en langaige picard »
sur lequel j'estime que les Espaignols ont fait leur tra-
duction , non pas du tout suivant le vray original , comme
oa pourra le voir pour cestuy, car ils en ont obmis en
certains endroits et augmenté aux autres^. » Il serait bien
à désirer qu'on publiât le texte primitif de ce précieux
monument de la littérature picarde , que Lacurne de
Sainte-Palaye a vu au Vatican. Nous pourrions Topposer
avec avantage aux chefs-d'œuvre des troubadours ro-
maiio-provençaux , puisque le roman i'Àmadis nous
donna un renom littéraire , non-seulement en Espagne ,
mais dans toute l'Europe civilisée (1).
Àvjssi^ [histoire de Jehan d*), MS. n.® 215 B L F de
la BU)t. de l'Arsenal.— Ce roman, écrit vers le milieu du
XV." siècle par un auteur anonyme , est d'autant plus eu-
riiçi}x qu'il nous retrace des usages et des mœurs qui se
sont cpi^servés jusqu'à nos jours dans la Picardie et l'Ar-
tois. M. Chabàille en a publié une longue analysé ipèlée
de citations dans les Mémoires de la Société d'Émulation
d'Àbbeville. (1838-40.)
Banfi municipaux, d'Henin-Liétard. — C'était au xm.'
(1) Ponr être impartial, nous devons ajouter que H. Raynouard ne par-
tage p^fnt FaVis d'Herberay, et qu'il croit que le teinte primitif é'iâmeufû
était fispagnoL , . .»
4.*
— 48 —
siècle une ville assez importante du Galaisis. Elle fut
détruite en 1302. Ses statuts furent publiés de 1230 à
1299. Us sont curieux comme spécimen du langage du
temps et comme renseignements sur les mœurs du pays.
M. Tailliar en a publié quelques extraits dans les Mé-
moires de la Société centrale du département du Nord;
{1839-40-)
Babon (M. Jean] , docteur en droit et membre de
l'Académie d'Amiens , aurait laissé , d'après la Biogra"
phie du département de la Somme, un dictionnaire ma-
nuscrit de la langue picarde. Nous avons fait de vaines
recherches pour savoir ce qu'est devenu cet ouvrage, qui
du reste , nous a-t-on dit , ne devait pas être d'uifie
grande valeur philologique.
Beâiiuanoir (Philippe de) , naquit vers le milieu, du
xiii.'' siècle, dans le Beauvoisis, comme il le dit IuIt
même, dans le prologue de ses Coutumes du Beauvoisis :
« pour ce que nous sommes d'ichelui pays. » — «Son lan-
gage d'ailleurs, dit Loisel , le montre manifestement. »
Il fut àuccessivement bailli de Clermont , de Vermandois
et de Senlis. Cet illustre jurisconsulte mourut vers 1296.
Son ouvrage a été réimprimé en 1842, par la Société
de l'histoire de France, sous le titre de : Les Coutumes du
Beauvoisis , par Philippe de Beaumanoir , jumcofuuîte
français du \i\\.^ siècle, nouvelle édition, ppbliée d'après
les MSS. de la Bibl. royale , par le comte Beugnot , 2 vol.
in-8°.
BoNGARS, — Il ,y a, à la Bibliothèque publique de Berne,
sous le n.<> 389, un recueil de chansons picardes et arté-
— 49 —
siennesdu xiii.« siècle , qui ont été recueillies par Jacques
SoQgars, conseiller et maitre d*h6tel de Henri IV. Ce
MS. a été décrit par Sinner, bibliothécaire de Berne,
dans son Extrait de quelques poésies des xii>, xin.<» et
xiY,« siècles (Lausanne, 1789).
BoDBL(Jean). — Le iu de S. Nicholaiypar Jehan Bodiauê
éPArras. MS. de la Bibl. nat. F. Laval., n.* 81. ^— Ce
mystère, l'un des plus vieux monuments de la littérature
dramatique en France , fut composé vers Tan 1260. M.
(teésyme. Leroy en à donné l'anayse dans ses Etudes sut
les Mystères, p. 13.
CaTiuMre SAuchy. In-4.° de 416 pages. — Ce re-
cueil de chartes a été rédigé par P. L. G. de Betencourt,
religieux de Tabbaye de Saint-Silvin d'Auchy, en Artois,
et tiré seulement à 25 exemplaires. Les formes romano-
picardes prédominent dans ces charte?, avec quelques
caractères normands. Ce mélange s'explique fort bien par
la situation de Tabbaye d'Auchy , près de Hesdin , dans
#
une région picarde , mais voisine de la Normandie.
Cartulaires de Picardie. — Un certain nombre de chartes
de Picardie sont écrites en Romano-picard. MM. Bouthors,
Marnier, Dorbis, Louandre, Dusevel et Roger en ont in-
séré quelques-unes dans leurs écrits. Mais ce sont surtout
les chartes des seigneurs ruraux , les sentences et délibé-
rations des corps de ville , les comptes des argentiers, et
les transactions particulières qui portent l'empreinte du
dialecte vulgaire. C'est à cette précieuse source que nous
avons puisé la plupart des mots que nous désignerons
dans tioixt Glossaire confme appartenant à Tancien PI-
— 50 —
card. — M. Delpit, dans son Rapport sur les arehim$
municipales de la ville éC Amiens, constate que, en 1318 ,
on traduisait en patois picard des actes royaux rédigés
dans le dialecte usité à la cour.
* Chansons picardes. — Nous ne connaissons qu'un petit
nombre d'anciennes chansons picardes , qui se soient con-
servées traditionnellement , comme celle que chantent les
habitants de Ldngpré-lès-Gorps-Saints , dans la soirée du
premier dimanche de carême. Parmi les chansons mo-
dernes, nous devons citer celles de MM. Pollëne du Gbaus-
soy et Deleguorgue-Cordier , membres du Caveau.
Nous nous bornerons à rapporter ici la chanson du
Boubourdis, qn*on chantait dans le Doullenais (i).
CBAaSOV DU BOUHOURDIS.
1. ■ -' ■ ■
AI jor de Behaurdis des prés
Ëûtor des abes j'ai tant balle ,
; Que j'ay mèn sole desquiré.
Trou la lirette
Trou la lire.
* ■ •
2. ■ . . ...
Per rescorion Tay ramassé
Au cordognez m'en sus allé
Ung pies descaux , Taultre cauché'.
(i) Cette chanson , eitrdite d'un MS. de 16i9 , m'a été communiquée
par M. l'abbé Bonrion. «Ou l'a chaatëit, m'écrit-il, dans les environs
de DoaHeiis, le jour du Bouhourdis , en dansant dans les vergers, où Von
allumait des feux de Joie. »
~ 51 —
3.
'/
Dedens se moeson Tai trouvé.
Jehannnet H bieu cordonnié
Hassemeleras ta mèn soie.
4.
La révérenee il m'a tirée :
Oaidà ma Gœurette , mèn Babé
Vqstre sole j'y refairay.
5.
' Et pour ço quantefs vob bailleray ?
Surr Tos ▼isaiges^mignolet
Je m*y poïerai d'uog doulx boisié.
Trou la Hrette
Trou la lire.
Chants picards sur la prise de Corbie. — Ces chants
populaires du xvi.® siècle ont été publiés par Techener.
* CK nonmeu beudet SBalaam. Histoer véritaV et
remarquaV arrivée à Amiens Vi frimaire de Van 8.% jour
de Ste.-Caielaigne y viu estil , por Çolo-Pietrôt Kiot-Bilte.
— Sans nom, ni lieu, ni date , 4 p. în-8^ Nous allons
reproduire cet opuscule , dont nous devons la communi-
cation à M, Demarsy (1).
Hier, huit heur' au soer, conduisant mèn bergneux ,
Aveu m'peir su m'n'épeuV , dins l'ru' des Troès-Gailleux ,
J'entends des brouhahos dins chelle comédie.
J'avanchet o m'Ûaire, o r'cur. (j' n'sens poënf l'embroësie)
(1} Pour comprendre le sens politique de cette pièce» il faut lirer^if*
teire dC Amiens , par M. Dusevel , tom. u , p. 370 et suivantes.
— 52 -
a Tiens donc, Vlô no Kipi-Bitle! » O m'foêt placbe en en raot.
Et pis mWl6> tout d'brandi an bien mitan de ch'hot ,
Aveo tons chez Monsieus ^ rétampi dins ch'parterre.
Qnoiqo'y gn'i o7 Qaoiqa' j'entends? J'acoott' bien, j'entends braire»
Cb'est un bendet l oui , vrai ; cb'est un beudet , roarsiu,
Ecapé du molin, d'au procb' dTHÔtel-DinH...
Em' t'Iô tout ébeubi d'aouîr cbell' maouaiz* bête
Qu'ai parloêt comm' cbell' lô d'Balaam, ècb' propbète»
Car i parloêt Traiment !... i disoët : — « Cb' Directoëre
Et pi cbès Directenx (comm' si gn'ien ayouêt coère)
Is n'veattent poênt qu'o cant' tanaèlement enn' cancbon »
Poênt meum' en plet d'complaint' ^ ni d'iamentation ;
Cbès lois déffentt'nt eussi ni qu'o jucb' ni qu'o licbe
Tout cbo qài n's'ro poênt mis tout au long sul l'afBche.
Oz ayez bieu d'roander cbès mariniers d'SaintF-Gleu ,
Ej'répondrai toujours » os n'èrez rien d'nouvieu :
Tous mes colègue et mi ol Tavons dins nos tètes.
Qooiqu'oz en dicbe icbi : os n'somm's mi' si tant bètes ;
Oz avons nos raisons pour tous bailler z'èn r'fus:
C'est qu'os n'entendons poênt qu'o metcbe à l'air nos eus»
Allez dans l'ru' d'Saint-Len, où qu'est no synagogue:
(O Yous y r'cbpvr'D bien « si oz êtes démagogue).
O TOUS z'apprendo lô que dins no polihc ,
Oz avons déeîdié ed' foër bisquer Tpàblic; *
Qu'os n'aTolis do plésir eq' quand o nous déteste,
Et pis y pour TOUS dir' tout, os Toulons joer d'no reste.
RamenteuTez I'tous bien; à cb' dix-neuf thermidor,
Oz aTez foêt du train icbi et pis débor :
Qu'est-cb' qui s'en' n'est r'tourné ? Enn' belle fusillade
Où qui en o pus d'en qu'o iéu enn' boênn' œuillade (1).
(i) Lel^O thermidor » 7 à 800 boargeeis d^Amiens renversèrent Te pou-
voir des Jacobins.
— 53 —
Bien frai qQ'mos oadoreun n'ont atteini qu'i des piaûoto i
Qui n'avoëtt'ent f pour 8*défend* , que des benx d'ohèa riota.
J'en desaèke d'chagrin : mais ch' n'étoët poëat d*no8 iffoita^
Car oz éroêm' yonla qu'inn' n*each'tent tué bien d'euted.-
£h bien, ch* qu'est arrivé , pourroêt coôre arriver. » — ^'
A ch' root lô tout chaquin, d*rire épeutre s'bouke ;
L'en étemu' du heut, l'en d'en boa, Toute s'roouke ;
0 crie ; à bos. O chifH', o rit coêr , ah ! ah l ah !
Et ch' beudet resloêt lô comm' en pape Cola.
— « Chitoyens! wardez-vous d'rire de mes paroles ;
Car mes colègue et mi os sommes d'fameux drôles!
Qooiqu' hrav' en molet moins que ch'gro angles Ghandos .
Os TOUS tap'roêm'y marbiu , tout au mitan d' vo dos
Os savez bien tertous qu'j'ai enn' mécant' chervelle :
N'en doutèz-vous ? Eh bien edmandelV à ********.
Gueux Yernon n'est pu lô !!! (2) Gh'est trop vrai; j'en gémis !
Car cb'ètoêt , par ,Marat , le meilleur de m'z'amis;
Mais Tuncq, mais no cher Tuncq ! ch'est li qu'est en fier hère.
Qui, par patriotiss', turoët sin père et s'mère ;
Il estichi pour nous , si oz orgeelez trop , #
1 vous fro foër' du k'min pus vitt' qu'au grand galop.
Ainsi t'nez vous bien coi , os savez à merveille
Qn'i sait foer* ènn' cocarde aveuc ènn' poair' d'oireilles :
Béyez à vous , j'vous dis : laissième nveuc honneur
Remplir ichi mes d'voirs... x> —
KÏOT BITTE.
— « Chitoyen brocanteur?
Que qu'ch'est qu'tu nous démak's? t'n'harengue m'interloque,
Acat' l'on ed' Phonneur dins no marqué à loque...
(8) tiayvernon , commissaire central du direcloirc exécutif.
É
— 64 —
Si tu n'nos qaeuqa* lambieu, ch'est bien d'hasard, j'peose, . .
Et poëot pm qa'in' t'en feat pour monter al potence...
Déjo tèn TiBag' bleum', ton teint d'papier maké
le ditt'nt à tous les yuit qu't'es en pendu nipnqné ,
Gb'est M tin lot , min fia , j'ai tiré t'n'horosorope.
J'ai li cho dins t'n'etoël' sins prendr* en télescrope. » —
CH' BEUDET.
— « Kiot-Bitt', ta peux dir' vrai; pét'êtr' ej's'rai pènda ^
Gn'i d du tems , j'en conTièns, que j'm'y su t* attendu ;
Gb'est mes affoêr' à mi ; pour ti , j'm'en voi t'apprendre
A fourer tin nèz lô ; tout d'suite j'm'en vois t'rendre
Le prix d'tes grands mérit's à mi , chez Gadoreux ! (1) » —
I n'y foèsoêt poênt boën; j'ai r'bouté min capieux,
Et pis je m'sus-t-enfnis et bien vite et bien rade,
J'rèncontre en min kemin Dédet, min camarade :
Ej'li conte em* detrèch'T « Vos , Kiot-Bitt', c'est z'un rien ;
T'os b'soin d'et' rassenré; -rien aveoc mi , Tien , vien ,
Mon eh'Borgne , à ch'port. » Allons : j'reprens m'n'balàigne
Et pis nous v'IÔ d'courir. Oz y étoëmm' à paigne ,
V'IÔ qu'entr' en Apoulon : ch' étoët Lili Gosseu !
On' n'avons dit des fraiche , en pompant tout no seu.
Compliment d'un poysan ed Boutrilly à nos goi^
verneux, 4 pages in-4.°, sans lieu, ni date. Cet opuscule,
qui se trouve à la Bibliothèque d'Amiens, a été repro-
duit dans le Recu^eil de poésies picardes de Devérité.
CoTGRAVB. — On trouve dans son Dictionnaire français-
anglais un certain nombre de mots et de locutions em-
pruntés au patois picard.
f 1) Sergents de ville. V. ce mot dans nolr& Glossaire,
— 55 —
GooRT (de). — Mémoires chronologiquei qui peuvent
servir à VJlièiùire ecclésiastique et civile de la ville
d*Àmieni. (MS. de la Bibl. nat. , cartons de D. Grenier).
Le tom. I.*' contient un chapitre intitulé : Du Langage
du peuple d'Amiens et des lieux circanvoisins , devanê,
durant et après la domination des Romains. — Il est
question dans ce chapitre de Tinfluence du Grec sur la
langue maternelle de nos ancêtres , de la diversité des
dialectes celtiques , de la formation de la langue romane.
Mais on n*y parle pas , quoiqu*en dise le titre , du langage
du peuple d'Atniens.
* Critique sur les préjugés démasqués. — Porl-Mahon,
1756. — Satyre en vers picards de 66 pages.
Daire (le Père). — Dictionnqire picard , gaulois et fran-
çais. MS. de la Biblioth. d*Abbeville. — Malgré ce titre
trompeur , ce MS. n*est qu'un glossaire de la langue ro-
mane* — Le P. Daire , qualifiait de Picard tous les an-
ciens dialectes de la langue d'oil. Il les fait tous figurer
confusément dans son ouvrage, qui ressemble» dans des
dimensions plus restreintes , au grand glossaire manuscrit
de Lacurn6-S.**-Palaye. On y trouve néanmoins un certain
nombre de mots qui sont spécialement désignés comme
picards. Nous n*en avons guères extrait qu'une cinquan-
taine xle mots que nous ne connaissions pas. Mais ce MS. »
ainsi qu'un autre glossaire roman MS. du P. Daire,
nous ont été fort utiles , en ce sens qu'ils nous ont fait
connaître un bon nombre de mots romans, analogues au
Picard actuel et qui ne se rencontrent pas dans les dic-
tionnaires imprimés de Lacombe^ Roquefort, Méon , Pou-
-56-
gens, et ni même dans les glossaires MSS. de D. Greôier
et de Lacurne-S.*®-Palaye. Ces deux MSS. , .qui ont été
donnés par M. de GayroU à la bibliothèque d'ÂbbeTHle,
nous ont été communiqués par Foblîgeante entremise de
M. Boucher-de-Perthes.
* Dancourt. — Le Curieux de Compiègne, comédie en
3 actes. — L'auteur a essayé de faire parler le patois pi-
card à un de ses personnages , Guillaume : mais il a mé-
diocrement réussi.
* Delegobgue-Cordier. — Poésies diverses. — Abbeville,
1847. — Ce volume contient quatre chansons picardes.
M. Delegorgue-Cordier en a publié depuis quelques au-
tres dans Y Annuaire du département de la Somme et dans
VÀbbevillois.
* Dialogue de trais paysans picards^ Miche, Guillaume
et Chérie , sur les affaires de ce temps. — 1649 , 11 pages
în-4'. Cet opuscule fort rare , cité dans la Bibliographie
de M. Ch. Dufour , se trouve dans la bibliothèque de
M. V. de Beauvillé, à Montdidier.
Dictionnaire latin picard^ in-folio, gothique. — Rouen,
1500. — Nous avons fait de vaines recherches pour con-
stater Texislence de cet ouvrage dont nous avons trouvé
rindioation dans la Bibliographie patoise de M. Pierquin
de Gembloux. Ce savant philologue nous a écrit depuis
qu'il pensait, que ce précieux ouvrage se trouvait au
Brilish Muséum de Londres.
* Discours du curé de Bersy fait à ses paroissiens en
langue picarde , avec le discours du très excellent ma-
— 57 —
riage de Jeannain et de Prigne , où $onî contenus les
biens tant de Fun que de l'autre, lé bon ordre tenu en
allant à F église, le magnifique banquet, la belle danse
et les detis du marié et de Vépousée tenus au Jict. Ledit
discours envoyé d'un cousain à Vautré en langue pi-
carde, 8 pages, sans nom , ni lieu, ni date. [Réimprimé
dans le tome iv des Joyeuse tés de Techener.) — Voyez
Histoire plaisante et Suite du célèbre mariage de Jen-
nain^ etc.
DoRBis (M.)* — Recherches sur V époque où Von a com-
mencé à se servir de la langue vulgaire dans les actes
publics et sur les premières chartes écrites en cette ton-
gue, en Picardie. (Mém. de la Soc. des Ànt. de Picardie^
tom. ix). — M. Dorbis , après avoir établi qu'il n'existe
aucun diplôme français antérieur à 1221 , et que ce n'est
qu^en 1240 que les premières chartes françaises ont été
écrites en Picardie, donne la copie de six chartes du
xin.« siècle, en dialecte romano-picard , et en analyse
quelques autres de la même époque. L'auteur termine
son intéressant mémoire en constatant l'emploi peu fré-
quent 9 en Picardie , du langage vulgaire , dans les actes
publics postérieurs à la deuxième moitié du xiii.<> siècle.
* Epitaphes. — Voici quelques anciennes épitaphes pi-
cardes que nous avons recueillies dans lesmanuscrits de
D. Grenier et du P. Daire.
Chy gist Colin et çen vorleet
Toudy armé toady tout prest
Ghetoit eun brave à chealle bataille
Qpatti attnt aile quemise de maille;
— SS-
II fut tapé et se tapa >
Il fat tué et se l^ua.
Il fut tué d'un Bourguignon
Qui estoit bien maois garcbon.
D'une maoise espée erouillée ^
11 eut le chervelle épeutrée.
Si or volés scavoir le saisons
L'an mil chon chen et un quarteron.
L'an mil chonc chent et un quarteron
Ghy fut |)lanté maître Jean Quignon ;
Quand rjugement de Dieuvaro
Sa Dieu, plait-il revardiro.
Jacques Hemart , boen varlet
Tondis armé et tondis prest
Avec bonnet sur sa caboche
Et des éperons à ses galoches.
L'an 1500 et un quarteron
Il fot tué par un Bourguignon.
f ;'
Gbi git devant cette capelle
Un bo^lenguer nommé Boistelle
Prie^ Dieu tous pour $'en amelle
C'est du boen pain qu'on li capelle.
Ci gist Jacquet le fieu de s'Ϗre
Qui trépassa l'an qu'il mourut.
Sen tayon vint devant son père
Alla , revint , mangea et beut.
Ci gist Jacquet le fieu de s'mère
Qui trépassa l'an qu'il mourut.
- 59 —
r
Chy gist Simon Croquet
En son vivant capou croquoit
£t i^i capon il n'euç^ proqaé
La mort ne Tauroit pas croqué.
Epttres farcies. — Au xiii.* siècle, on chantait dans
les églises d'Amiens et de Laon des épitres qu'on appelait
farcies , parce qu'elles étaient méls^ngées de latin et de
laïque vulgaire. L*abbé Lebœuf en a fait connaître quel-
ques strophes dans son Traité du chant ecclésiastique,
et notre savant collègue, M* le D/ RigoUot, a publié
sur cette matière une curieuse dissertation qui se trouve
à la suite d'une brochure de M. de Cayrol sur la vie du
P. Daire. Les épîtres farcies se chantaient particulière-
ment pendant les fêtes de Noël et au jour de S*. -Etienne.
FouGQUÀRT DE Cambrài. — Euvaugiles des quenoilles
faittes a Vonneur et exaucement des dames^ — Bruges ,
1475. — On sait que le moyen-âge nous a légué un cer-
tain nombre de recueils de cette nature , qui jadis étaient
fort en vogue. (Voir Tristan le vpyageur, par M. de
Marchangy.)
Galoppb-d'Onquàirb (M.) a écrit dans ses feuilles vo-
lantes quelques pages fort spirituelles sur le^ Etymologies
du dialecte picard.
Gauthier de Coincy. — Miracles de la Vierge. — MS.
de la Bibl. nat. (N.« 20 F de l'égl. de Paris.) — Ces
miracles sont en grande partie traduits du latin de Hu-
gues Farsy , de Guibert de Nogent , des moines Herman
et de Catempré etc. Gauthier naquit à Amiens en 1177;
il se fit moine, e,n 1193^ àSamt-^Médardde Soissons, dont
— 60 —
il mourut prieur en 1236. (Y. Barbasan , Gloss. de la
langue rom.) M. Tabbé Poquet vient d'éditer ce précieux
MS. Il a constaté la frappante analogie du langage du
trouvère avec le patois actuel des environs de Soissons.
Nous croyons néanmoins , avec M. Duméril » qu'il se rat-
tache bien plus au dialecte bourguignon.
Gbràrs nE MoNTREuiL. — Vie de laint Ehi[129i). —
En voici quelques extraits :
Ghapitib YL
// fonda une Abeie de Nonains deden» le cité de Noyon,
Quant li sains hora eu tel maniera ,
€on vous avez oi arrière ,
Ot convertis les mescreans ,
El a Noyon fit reseans ,
Dedens la chité ô,e Noyon
Fonda par grant dévotion
Une abele de pucheles ,
Laieus ot moût de damoiseles
Il lot enjoint d'estroite vie.
Il aourna bien l'abeie
D'offechines et de moîsons
Et de riches possessions.
Bien les pourvi de tout riens ,
Qu'il convenait avoir laiens.
Maintes autres girans abeies ,
Qui par lui furent establies;
Et que si disciple estorerent ,
Par moût de lius en Franche apèrent.^
— 61 —
Car si comipe es livre* kiBominefi»
Il ot disciples si preadommes
Quil pluisoare glises fondèrent «
Et U aucun deas gouf renerent
Moustiers de grant religion ;
Aucun eurent prelaeion ,
Et portèrent croches et mitres,
Vesques et seigneur de moût caj^tres.
Chapitre VIU.
€hi fu trouvés sadns Quentim et le mist sains Eloys dedens
^église de Saint-Quentin.
Lors après s'ordination
Ot en grant vénération
Ca liu , et la fu ses repaires
Souvent ; car li liex n'estoit gaires
Loins de Vermans , qui ert cités :
Si comme dit la vérités
De livraires vie et antius ,
De seûr Vermans estoit li lius ,
Droit el mont et la sépulture
Où jadis ot par moût grand cure
Dame Eusebe sa sépulture.
Le saint martir quant lot trouvé
Et trait hors del iaue de Somme ,
' Ne dechevoit pas le saint homme
S'esperanche et sententions ,
Ne la sainte dévotions ;
Bien li monstroit sa conscience ^
Et il très bien ea audience ^
5.
— 62 —
A tous les paisans disoit ,
Que U martirs pas ne gisoit ,
La ou il ert dans hoiineres ;
Au chois esloit sépultures
Ou ce liu 1. poï avant ,
Tout droit de viers solel levant.
Quant le corps saint ot defiooi
Moût le baisa
0 le saint cors trouva les cleus
Dont li tirans, plus fel que leus ,
Fit le martir martirier ,
£t parmi le corps dofichier
Le chief y le pis , les pies, les mains.
Ches meismes cleus prlst li sains
£t les cheveus qui moût bel furent ,
Qui ou saint chief de martir crurent,
Quant li sains ot à sa devise
Sa part du santuaire prise.
Li sains confés posa le cors
En costé une maistré columbe (1) ,
Sour le martir mist une tombe
D'or et d'argent , bien achesvée ,
£t de chières gemmes gammée.
Il fist près que toute nouvelle
L'église et plus grant et plus bêle.
{{) On suspendait à cette époque des colombes sur les tombeaux. Y. notre
Mémoire liturgique sur les ciboires du moyen-âge» dans le tome v des
Mémoires de la Société des Antiquaires de Picardie,
— «3 —
Nous avons recueilli ces extraits dans les papiers de
Dom Grenier. Il avait fait co]^r ce poème sur le manus-
crit original , qui avait appartenu à la Bibliothèque de
Saint-Eloi de No^on. Le poème finit ainsi :
« €hi furent tom îi ^oritus mi'mde ^tnessires saiiM Eloys ,
a Btneois ewfsques dt Noyon, fisl en ut très sainte vi9 et ses très
-gUyrieus irespasssmens ; et U regret que si desciples fisent après
son très saint trespassemeut , et si m'escrit.Gerars de Monstrueul
en l'an de l'incarnation Nostre Seigneur Dieu Jhesus^Crist 129i>
le dimenche après le saint Nicholais le beneoit confés fu chi livres
fines en esté , en esté, en esté, en esté, en esté, en esté , en esté, »
L*auteur du Roman de la Violette , Gerbert de Mon-
treuîl, a laissé une vie de saint Eloi, dont le MS. se
trouve à Londres. Nous sommes portés à croire que Ge-
rars et Gerbert sont deux noms qui désignient le même
auteur ; il peut se faire' que Gerbert ait signé du nom de
Gérars à cause du succès qu'avait obtenu son poème de
Gérars de Nevers , ou peut-être est-ce une faute du co-
piste de Dom Grenier.
Gervais de Pont-Saint-Maxence a composé en vers une
vie de saint Thomas de Cantorbéry, qu'il termina en
1177 , alors qu'il était eh Angleterre. Ce poème MS. , qui
comprend au moins 6,000 vers , se trouve au Mtisée bri-
tannique, sous leTi>â70 dcla'Bîbl. harléierine. (V. l'abbé
de La Rue, Essai sur les Bardes, tom. ii, p. 310.)
GiBERT ou Gerbeut DE MoNTREuiL. — Le romau de ick
Violette ou de Gérard de Nevèrs , publié par M. Fr. Mi-
chel. Paris, 1834. — L*autenr composa fce roman de
chevalerie à la prière de Marie de Montgotnéry , fillèWlu
5,*
— 64 —
comle de Ponlhieu. Gibert a aussi laissé uoe viede saint
Ëloi , en vers romano-picards , dont le MS. se t;x)uve à
Londres dans la bibliothèque de M. Francis Douce.
(Voyez plus haut Tarticle Gérars.)
GiRARDiN d'Amiens , mentionné par Fauchet » a laissé
un poème en vers intitulé : Meliadus , dont le MS. est
conservé à la Bibl., nat. Il fut collaborateur de li R&i
Àdenès , dont on a imprimé le roman de Berte aux grans
piis. (V. le Bull, du Bibliophile, 1836, p. 108.)
GoBELiN D* Amiens. — Le Renard futur, MS. de la Bibl.
nat. , est une suite du célèbre roman du Renard, qui fut
achevée en 1340. — Dans le préambule, l'auteur fait ainsi
connaître son nom.
Cil que conta ceste plaisante histoire,
Fu Gobelin, c'est vérité notoire ,
Né à Amiens, qui fut bon harpeor.
* GoRiN ( le chanoine ) , ancien professeur du lycée
d'Amiens, a laissé, en manuscrit, quelques chansons
picardes.
Grégoire d'Essigny. — Mémoire sur celte question :
quelle est Vorigine de la langue picarde. Paris ^ Sajou,
1811. — L'auteur a eu pour but , dans cet opuscule, de
montrer l'analogie du picard avec la langue romane et
quelques-uns des patois du Nord. Ses démonstrations sont
incomplètes et laissent beaucoup de prise à la critique.
Grenier (Dom). — Dissertation sur la langue romane
d*où dérive le picard. MS. de 6 pages, qui se trouve
dans le xx.® paquet des papiers de D. Grenier. — L'au-
— «5 —
leur donne un rapide aperçu de la formhtîoh de la langue
'française; mats il n*y est nullement question du patois
picard. Le xix.« paquet (n.« 10) contient un Glossaire ro-
man qui porte à tort le titre de Glossaire picard. On y
trouve cependant un certain nongibre de mots picards em-
pruntés à nos cârtulaires. Nous avons regretté de ne pas
rencontrer dans le xii."* ps^quet (n."* 6) les renseignements
que nous espérions y trouver sur les gietAX et plaids sous
Vormel , d'après le Pouillé de M. Charles Dufour. Ces
précieux documents sont égarés depuis deux ans.
Nous avons trouvé les deux épitres suivantes dans les
manuscrits du célèbre Bénédictin. Elles peuvent donner
une idée du patois des environs de Corbie, au xviii* siècle.
EPITAE Ed' GHBBIiOT ▲ SIW FRÈRE FREHIV.
Min cher frère ej* vos écris c'chi
Por Tos bien dire grand merchi
Du voyage , cq* por vir no frère
No père et no boenne graroère
Vos ont permis ed' foaire ichi ;
Et pis por m'enqoeter aucht
Si en revenant k no vilage
Os avoétes foait un boen voyage.
Car tout d'pis qu'ege vqs ai quittié
Ege sus tojors bien inqnetié,:
J'ai tojors crainte eq' sus chel roate
Os n'ayoéte eu queaque déroute ;
Ou bien qu'en k'œin à travers camp
Os ne vos fuchiez treavé bien recran ;
Car ch'est Vordinaife quand on s'aime
On est tojors ein peine extrême :
— 66 —
0 craiat tojors queuque accident
Por cheux qu^ou aime ienderinent. ,
Allez , mi qu'ai tant brai al porté y
J'ai coire bien brai d^enue autre sorte
Tout drés que je nf vos ai pus vu.
Eg sus dev'nu tout moi'rondu ,
J avoës men visage pas blême
Qn'èn moine vers Tbont d'en carême»
Oui min frère , sans vos mentir,
J'fem* moroës d'enn' vos pus vir.
J'ai ieu* bien m'ruer sus m'ecriquette
Por foaire passer l'peine segrette
Ëq' dins Tfond d'mln cœur j'ersentoês y
Pus }'voloès dormir , pus j'bravoës ;
Et j'ai ieu jusqu'après r'montée
Min cœur et m'tête toute démontée.
Hélos , j'étoês si ahuri
Qu'ej' béyoës sur èc' chemin d'ParU
Por vir si je n'voiroës poënt coère
Enne quote foës- min pauve frère.
Eje croioês q'ch'étoët lo vo k'min ;
Mais revenant à mi-même enfin ,
Songeant qu'os pronoëte enneeute route^
Quoiqu'ej' brayoche à n'vir pus goûte ,
Tôt j'ai grimpé à no cloker
Por vos vir au moeps d'ioep passer.
Oh ! por mlqueu nouvelle^ngoise 9
Quand j'vos ai vu sus c' ehemin d'Pontoise
Min pauvre frère ! ej' disoës joa ,
Ej' vos reconuoës bien , oui ch'est vous.
El vIo; j'el vois., j'erconnoës s'marche„
Ch'est li même , v'io ['grosse ebaache,,
.--67 —
Vlo ses guettes blankes, v'io sin bâton ,
I marche , i vo , j'el vois sus c' ch'pont ,
I n'o pus sn' habit des diminches,
V'io Teute aveu sin so k s'minches.
Min pauvre frère feut-il vos vir
Gomme hlo sans mi sitôt partir !
Ghétoit lo comme j^em' lamentoës
Et en m'plaindant tojors j' brayoês ,
Mais j'ai coire bien brai davantage
Quand jTai vu ch'tems couvert d'auage.
Hélos combien j'ai d'erpentir
Ed vos avoir laissié partir !
Erv'nez min frère , erv'nez vite
Ou bien corés rade à Pierfrite,
Por vos mette queuque part au rados :
Mais rv'nez, min frère erv'nez putôt ;
Car si os restoêtes en arrière ,
Vo dos vo vous servir d'goutière.'
Erv'nez y en attendant g'bieux temps ,
Os froêmes queuque pinte d'boen sang »
Os d'vizerons, os rirons encoire;
Oz oirons tout no bo^^ue à boire ;
Os parlerons d'Golin Mercher ,
Ed' Richendent , ed' vos berger «
Ed' vos maitresse Colette Gamelle.. .
Os canterons des henguigo^elles >
LouTt et lowe av«u LyroMfos .
Colas y B^nn sont des muscats.
Oz irons ooire dèns no9 oapitres
Ganter à foaire casser chés yitc^s
— 68 —
Oz y canieroDs, morgue , Pierrot ,
Hoc in templo^ ehaqu'tin êin l<4 »
Et pis chent eutres cocalenne»
Dont oz avons tant ri ensenne.
Enfin min frère, si os rev'nez,
Os jarons dTorgue aveu no nez
Gomme foaisait no défaint grandpère.
Erv'nez donc, crioê-jotk^ min frère,
Erv'nez Mais ch'étoët cris perdus ;
Hélos , os n'mentendoëtes tni pps.
Qoand donc j-'ai vu m'peine inutile
D'enne voiit faibe et toute débile
J'ai dit : adiu, min'frère, adlu.
Hélos ! jamoais à cht'heure d'mes yus»
Jamoais nWos r'voëraî-jou petête.
Sitôt j'sus r'vnu dins m'eambrette ,
Ou bien dolent ,' triste et inquiet ,
J'disoês , bélos ! à l'heure qu'il est ,
Si n'est poëut keu d'nouvel oirage ,
Min frère peut été en tel vilage;
Mais par ch'temps loqu'ej'voroês bien
Qui puche trouver ch'caroche d' Amgnien»^
Il en iroit enne foës pus rade
Et n'craindroès poënt qtli revienche malade ;
Car y s'roët tojors au rados
Et n'ercraindiroët poênt s6b os.
l^nfîn tout au long del' jornée
J'vos ai tojors ieù eu. pensée.
Dites donc un peu , miii frère Fremin ,
N'avez poent ifeo, au long d'vos k'tùin, .
Queuque malencontreuse aventuré ?
N'ériez vos poent trouvé d' voiture? "
- 6« -
Et d'ichi jasqa'à Montdidier
A-vous tojors été à pied ?
A-vous boaisié nos père et mère
No 6<Bur ) no granmère et no frère ^
Et leux avez vous raconté
Qq'oz avoëmes bu » leu santé?
Et pis, dites m'en peu, chelle quotte XeUrp
Qu'ej' vos avoës cbergé d'ermettre
A no cousaine, el l'o t'elle lô?
Et que vos o-t-elle répondu?
J'en sus en peine. Adiu min frère
«
G'vos diroës bien des coses encoère;
Mais j'ies ai ojord^hui passées^
Parcb' q'sus en peu trop pressé.
Toute fois j'vos toaitè enne boenne ennée
Ed' plusieurs entres accompagnée;
Etj'vos pri* d'foairemescompiimerns •
A tous nos amis et paréins.
Si j'sais qn'oz avoëtes bien scen lire
Ghès vers chi qu'eg' vos viens d'écrire ,
J'vos en frai coîre in d'entrés temps
Qui s'ront pus picards d'à mitan : (1).
Toutefois à cause d'I'écriture ,
Si os^n'en sçavoëtes poënt foire lecture ,
Oz avez lo vo magister ,
Qui vos liro tout droit chés vers.
Montrez li , car dins en vilage
G'magister est tojors l'pns i^age »
Et li qui m'o apprins m'croisse-par-Dieu
C'bq chroèt bien ri>iabe s'il étoët reu.
(Ij On voit en effet que ce Picard est trop francisé.
- 70.-
Adiu , min frère , j'vos Balue ,
Tou à vous. Frère Chéries ed' La Rue (1).
GOMPLUIENT FOUA léK TÈft^ p'UBT ^"BIEUR.
.WX/v.v/\,VV\A.
Bojor, Révrend Père Prieux ;
Comme oz ons yû tous chés mossieux »
Qui 8*eplingoient en diligence
Por venir prêker vos Révrence,
A nos tor os vos venons bràv'ment
Foaire étout nos piot copliment.
[Is'mouque aveu ses doigts, se torke surs'manche et on rit),
Qu'éjou qu'oz ayoëtes à tant rire ?
Ejou qu'os vos moquoêtes ed' nous?
Allez, allez, pauvres bieux chires,
Oz ons bien tout autant d'sens q'vous »
£t bien qu'os sons des gens d'vilage ,
£t qu'os n'ons poênt tant d'sermonage
Que n' n'ont tous chés esprits verreux ,
Allez , allez, no Père Prieux ,
Os vos aimons morguenne pus qu'eux.
Tous chés gens d'ville, chest ch' catieux d'Bove ,
Beyez , ch'est belle montre et peu d'cose (2).
Queuq' is content aveu leu vallon,
Aveu leux Nuses, leux Apolloji,
Et pis chènt eûtes soërnettes pareilles.
Dont is vos cassent vos oereilles.
(1) L'auteur de cette pièce et de la suivante est D. Charles de la Rue, né
à Corbie, Tan 1684. Ce Bénédictin de la congrégation de saint Maur fut
l'élève du célèbre MonKaucon et son rival pour la littérature grecque.
(2) Voyez l'origine de ce proverbe dans le chapitre vi/ de nos Recher-
ches philologiques et littéraires.
— 71 —
Toutchan qu'is disent lo, ch'est d'bieux mots;
Mais o-t*on b'soen d*leu quot ministère ?
Tous chés gens lo vos tournent leu dos.
Nous^ lo bien, min Revrend Père,
Os n'parlons mie par bieux propos ;
Mais por Tservice d'vos Révrence
Os nos froèmmes, morgue , coper l'cou.
Et quand o vient dire dins no censé :
— T'nez, rPère Prieux m'envoye ichî
Keurre echt'ilo , cht*ilo, cht'îchî —
Tôt rade, morguèhne, os nos voit corrc
Comme des lieuves qu'entendent èif keux d'porre.
Oh ! quand os pâlie du Père Prieux
Tugoêne , o défuie sin capien
Mais lo, revnons en à nos glaiûes ,
 nos glaine, lo, revnons en.
O queu chagrin n'sentons nous poênt l
Os creuvons , jernonche, tertous d'peines
Ed' n'avoir poënt apprins putot
Queu jor v'noët Saint Pierre et Saint Po •
Qu'est donc l'fête ed* vos Révérence ;
Car gn'io chons moës qu'ein jor, al censé ,
Comme os étoêmes à deviser d'vous :
— Palle donc , copère , ej* disoëz jou , .
No Père Prieux qu'est si boen père ,
Quos aimons tertous comme no mère ,
Quand varro rféle ed' sin patron ,
Voyons un peu , ciment jou qu'os frons f
Qu'éjou, bé lo, qu'os 1*1 barrons?
Car feut s'y prendre d'enne belle dégaine. -—
— Chest bien dit , copère , l'os raison
Dit-i , tiens gil i o dins nds moaifton
— 72 —
Encoêre en biea pied d'marjolaine
Qu'est dins enne bell gâte ed' porchlaine... ;
Morguenne, copère, os Ti portrons. —
— Et mi , s'dit l'ein , j'ai d'eDne grande cagêf
Enne agache qu'ej'noèris d'fromage ,
Ej li barrai. Il aime cb's ésieox. —
— Mi , 8*disoet Teute , en cadoureux ,
Qui siffe, morguèuDe , comme tous les mille.
— Et mi en bieu bouquet d'coquarieux. —
— Et bien mi du toubac al tille ,
S'dit l'eute ; car enne foës comme j*étoës
4
Dins s'cambrette , j*ai vu qui makoët. —
Enfin i s'est treuvé qu'tout Tmonde ,
En allant tout ensîn à le ronde
Avoêt queuq'v cose à vos bailler.
Por mi chn'est poënt por en parler ,
Mais j'avoês cbonque ou six noèrmelles
Eq' j'ayoës bien cœur d'vos offrir ;
Car als étoient tertoutes si belles
£q' tout chak'ein s'en v'noët les yir ;
Mais vos fête o tant té à v'nir ,
Qu'agache , cadoreux , morjolaine ,
Coquarieux , noèrmelle et porcblaine ^
Tout s'est bouté d'pis à moerir ;
Tant a. qu'os n'ons pus rien acht' heure
Père Prieux à vous présenter.
I gn'o qu'ech' ioubac à maker ;
Mais c'ment Térèmes-nous été keure ?
Vo fête , qu'os n'ons apprins qu'enhui ,
Nos os rendu pus ahuris
Qu'en cet qu'est prius par enne soëris.
— 73 —
0 n'eu eut riea sceu dins no vilage ,
N'eacbe été tout ch*canllonage ,
Et pis , ch'copère Blancdent , que y'io ,
Qu'o rade beyé dins 8n*ermeno ,
Quea fête ch'étoët à Tabaye.
Oz ons ieu portant l'ame ravie
Tout drés qu'oz ons apprins par lo,
Q'cb*étoët rféle ed' vos révrencbe.
Por roi , nain cœur , m'seatoêt dins m'pencbe.,
— Allons , dis-jou , copères , allons ,
Tôt rade feul foaire chan qu'os porrons
N'ons poënt queuque cose ed' reste encoêre ?
Beyons en peu , e'ment j'ou qu'os frons ? — ,
— * Os n'sçavons poënt, poënt os ne sçavons ,
Ont-t'is dit... — éh bien laissiez-me foaire,
Leus dis-jou , roi j'en foais ro'n aff'oaire.
Correz seulement vos aguincher
Et mettro vos tête dins cb'so al fraine :
Mij'm'en voais rad'roent dénicher
Icbi d'rière chés fordraines
D'z ésieux qui sont déjo tout drus.
J'croës 9 ma foi , q'ch'est en nid d'bocheculs.
Il est sus l'bord d'«nne piche d'aveine. —
Aussitôt dit , aussitôt prins.
Les v'io j béyez , cbés pauves quotes bétes.
D'io j'ai coru dins nos gardin
Queurre ech' bieu bouquet d'roroarin ;
Et pis j'ero' sus bouté dins m'téte
Ed' vos foaire ech' oopliroent chi ;
Et pis os sons v'mis rade icbi
Vos soëter tertous enne boenne, fête ,
Enne boe^ne fête , tertous vous soëtef .
— 74 —
Griset (H.) — Sur la véritabU étymologie du mot
Boulogne et du patois boulonois, in-8.° de 24 pages. — A
Boulogne , chez Griset. C'est par erreur que le Journal
général de Timprimerie , 1836 , p. 47 , indique cette
brochure comme ayant été imprimée à Besançon.
GuiLLEBERT DE Lannoy. — Relation du voyage de mes-
sire de Lannoy , écrite par lui-mêm^e en 1422. Imprimée
dans VÀrchœologia de Londres , t. xxi. — Ce morceau ,
dit G. Fallot, conserve beaucoup de caractères du langage
picard.
HÉCART (J.) — Dictionnaire rouchi- français. M. Hé-
cart , dans ce savant ouvrage, indique quelques congé-
nères picards , tirés la plupart de TArlois et du Verman-
dois. C'est presque toujours d'après son autorité que nous
avons cité, dans notre Glossaire, de nombreux congé-
nères rouchis , qui prouvent la grande analogie des deux
patois voisins.
HÉLÈsENNE DE Crême. — Le Roman des Angoisses dou-
loureuses qui procèdent d^amour. — L'auteur était châ-
telain de Mailly.
'Henri (J, F.) — Essai historique sur V arrondissement
de Boulogne-sur-Mer. — Boulogne , 1810. — On trouve
dans cet ouvrage (p. 232-237), un Vocabulaire des mots
patois du Boulonois, dérivés de la langue celtique. L'au-
teur donne aussi , dans le xours de son Essai, l'étymo-
logie d'un certain nombre de localités de l'arrondissement
de Boulogne. (V. dans ce chapitre , à l'article. : MSS^de
M. Rigollot, n.° 2, l'indication d'un MS. de M. Henri.}.
— 75 —
^ Histoire plaisante de la jalousie de Jennain sur la
grossesse soudaine de Prigne , sa femme , contenant un
btXLve diseowrs de V accouchement dHcelle. Le totU mis en
rime et langue picarde et envoyé par un courtisan
à un autre son amy. *-*^ Chez Pierre Mortier, portier,
1598, in-12. (mentionné dans le CataL de La Vallière ,
iom. VIII , $ou8 le n.^" 2922 , et réimprimé dans le t. iv
des joyeuutés, facéties et folastres imaginadons, publiées
par Techener« (Y. Suite du célèbre mariage et Discours
du curé de Bersy.)
* Journaux. — On trouve des lettres et des poésies pi-
cardes dans le Franc-Picard et le Dimanche, anciens
journaux d'Amiens; dans le Guetteur, le Courrier et le
Journal de Sàint-Quentin; dans VAbbevillois, ^Ic. (Voir
Paillart , PiNGUET , dans.co chapitre.)
Ledieu (M. ) a adrfôsé , le 13- avril 1842 , à la So-
ciété des Antiquaires de Picardie , des Recherches sur les
mots picards Rédeur et Réderie , et une Introduction à la
science des jétymologies ou origines des établissements de la
primitive Picardie,
■e
Livre du très-chevalereux comte d' Artois , publié par
M. J. Barrois. Paris 1834, in-4''. — Cet ouvrage a tant
d'analogie avec l'histoire de Jean d'Avesne, dont nous
avons parlé plus haut , que M. Chabaille incline à croire
qu'ils sont tous deux du même auteur. (Mém. de la Soc,
-d'Emul. d;Abbeville, 1838-40;.
MahOIiet (le roman de) , écrit à Laon en 1268. — C'est
un des meilleurs textes romano-picards du xui.vsiècle.
— 76 —
Manuseritê apparlêfumt à M. Higollot. -^ !.<" MS. de
S3 pages ^ d'iine écriture aDct^nne , saas Bom d*»uteur.
&e$i 'UM liste de mots picards , dont la plupart sont fort
oonous. L*autettr est très-hasardeux dans les étymologiee
qu'il propose. II dérive $e eadùter du Syriaque chado
(joie) ; BerdcUée de l^Hébreu Bara (enfanter) ; Bûdféféa
Syriaque Baémr (dispemtj . Nous ne nions pas qu^on ne
puisse, pour certains mots» remonter du Picard à THébre;!;
mats il faudrait tout au moins les faire passer par la filière
des langues intermédiaires. Nous avons cité ce MS. dans
notre Glossaire aux mots : Auvergne » Badrée^ Catelogne,
Cogno, Chinoère et IJolakevx.
2.'' Mémoire présenté à Tacadémie d'Amiens par
M. Henri , adjudant du génie. MS. de 12 pages. Les trois
quarts de ce mémoire sont consacrés à des considérations
générales sur la langue celtique et le Roman. L'auteur
confond le dialecte picard avec la langue d*oiI. Il termine
sa notice par une liste de 56 mots dérivés du Celtique , du
Latin et du Roman » qui se retrouvent presque tous dans
l'ouvrage qu'il publia en 1810 , sous le titre de : Esiai
historique sur T arrondissement de Boulogne {\).
* 3.** 2> jeune homme capucin malgré ses père et mère^
pièce picarde de 96 vers, sans date ni nom d'auteur. Elle
commence ainsi :
Baillez me vou bénédiction , miu père. —
— Mecbint gaerchon, tu vos foèrc moérir et'mère
Atteno' qu'ai eut l'terre su s'y us. —
(1) Nous avons trouvé depuis un autre MS. plus étendu de M. Henri à
la bibliothèque de Boulogne-sur-Mer. Il est postérieur au M S. de M. le
docteur Rigotlot.
— 77 —
4.« Diverses listes de mots picards. MS. de 16 pages
d(mt plusieurs sont de l'écriture de M. Obry , membre de
Tacadémie d* Amiens. Une de ces listes offre un recueil de
mots extraits de Joinville, de Villehardouin » et de
quelques romans et fabliaux du xiu.<* siècle, lesquels ont
beaucoup d'analogie avec notre patois.
* S."" Cinq chansons picardes et un bouquet en vers pi-
cards» offert le jour de St.-Gharles par Tabbé G. à Louis-
Charles C. t son parrain.
Marnibr (A. ].) — Ancien couiumier inédit de Picat'^
die, publié diaprés le MS. français, n.» 9822, de la Bibl.
royale. — Paris , Techener, 1840, in-8**. Cette précieuse
publication contient :
1.* Les coutumes notoires, assises et ordonnances des
cours et tribunaux de Picardie au commencement du xnr.*
siicle. C'est un recueil d'arrêts qui nous font connaître
les coutumes de l'époque où ils furent rendus.
2.*" Anciennes coutumes de Ponthieu , de Vimeu, des
châtellenies du bailliage d^ Amiens et autres lieux. C'est
une espèce de traité de droit qu'à dû composer pour lui-
même un jurisconsulte picard qui vivait au commence-
ment du XIV.* siècle.
3."* Les coutumes et usages de la cité d* Amiens. Ce
coutumier est le recueil des règles qui régissaient la jus-
tice communale» qui limitaient la juridiction de l'échevi-
o&ge f qui fixaient le mode des élections , etc.
Ces trois documents » dont nous devons la publication
au zèle de M. J. Marnier sont un précieux monument du
dialecte picard au xiv.^" siècle.
6.
— 78 —
Mathieu dr Coucy. — Histoire de Charles F// écrite
àPéroime et imprimée dans V Histoire de Charles VII ^
par-Denys Godefroy. Imp. royale, 1661.
Maurice^ de Sully (sermons de). MS. de la Bibl.
nat. suppl. franc, n.* 2036* — Ces sermons Iraduils du
latin, dit G. Fallot, sont écrits dans le dialecte bourgui-
gnon , mélangé de picard.
* Mercure de France. — De 1740 à 1755 , m'écrit
M. H. Dusevel , on trouve une pièce de vers picards où
il est parlé de Jean Duquesne , de Montdidier.
* Paillard (M. Clément) a fait paraître depuis 1848 ,
dans le journal dont il est directeur , YÀbbevillois , une
série de lettres picardes signées de Jacques Croedur et de
Jean Pronieux. Ces lettres pleines de bon sens , d'es-
prit et de malicieuse bonhomie roulent principalement
sur les faits politiques qui se sont accomplis depuis l'éta-
blissement de la République.
. Voici Torigine d'un proverbe raconté par Jacques
Croedur , en patois du Ponthieu :
I gn*y avoait eine foës ein curé qa'étoait voëzin d'ein ma- *
richeu ; et pis ch'maricheu il avoait ein coq qui randichoait
dins le coartil d'ech'prébyterre, et pis i dégrattoait chés le- '
gaemes, du matin au vèpe. Gh'caré i meninchoait ch'mariclieu
ed li tuer sin gratteu de coq : ch'marichea n'ein besoait que
rire. Ein jour, ch'cnré ein colère, il o tué che coq, tout d*boein.
Gakaine, s'mékaine, al To pleumé et pis al Vo mis dius sin pot
au fu pour foaire d'ol soupe. Gh'curé s' ein vo dire ess'messe.
Ch'maricheu il Vo reincontré, i li demandit : a Quoé qu'o dit
— 79 —
de noQVieii, monsieii le curé ?» — « 0 dil, qui dit che caré qae
ir&pffratê$riffii4t,.. tachez ed comprendre si oe avez du bom*-
prendoëre. » — Che marichen qui ne royoait ptls sin coq , il Vu
ckarché ed tout coin^ ed toat bord^ pour el trouvoèr. Il o com-*
prins à la fin que sin coq il avoait le co copé et pis qui cui*
soait. I ¥0 trouver el mékaine d'ech*cofé dins ch'préby terre :
— « Gakaine; qui ii disit , monsieu le curé i n'd poent de vin
pour dire s'messe , allez n'y ein porter dios chTèglise. » Pen-
dant qu'Cakaine al vo porter du vin à sin moette, ch'marieheu
i preind ch'pot au fu ocché qu'sin coq y cuisoait et pis i Tporte
dins s'moézon. S'ein f nant d'ol messe, monsieu l'curé i dit à
ch'mariclieu :^ — « maricheu, quoé qu'o dit de nouvieu? »
— s 0 dit que trop parler nuit, monsieu le curé; tachez à vo
tour ed compreindre. » — Ch'maricheu , il o mingé sin coq à
part Ii comme ein goinffre et pis i n'n'o ieu enne indigession.
Coflfime il étoait nuilade, monsieu le curé il l'o venu vir. —
Quoé qu^oh'est qu'oz avez donc, ch'maricheu? — J'ai) qui
dit, moAsieu le curé que trop minger incommode, — Et }hs
vlo c'ment qu'oz o foait ch*proverbe : Trop gratitr euit , trop
parler nuit , trop meinger incommode.
* Pjûuwï. — JEnireiien de Jacquelin et de Colas allant à
la fited^Àrra^ de 1837, ia-8. ~ Degeorges> à Arras, 1837,
Chansons de la fête d^ Arras ^ in-8^ -—Arras, 1839*
Parîonopeus de BloiSy édité par Crapelet. — « Le dia-
lecte ,. dit 6« Fallot , est champenois, avec une forte teinte
picarde en certaines parties. C'est le langage de Picardie
ori^tald, vers le milieu du xiu.® siècle, b
PiGÂRD (Casimir). — Origines picardes, discou^ de 8p.
inS.^ (Mém. de la; Sœ. d*Enml éP Àbbeville) ^ -- ^. G.
6/
— 80 —
Picard propose, dans ce discours^ à la Société d'Emula-
tion d'Abbeville, de faire une œuvre collective sur le
patois picard. D'après les plans de l'auteur, elle aurait
compris: l."* un glossaire étymoli^ique ; 2.<' les chants
et les contes populaires en dialecte picard ; S.** tes cou-
tumes , les superstitions et les chroniques de Picardie, H
est à regretter que ce projet n'ait pas eu de suite.
r
* Pièces récréatives ou le patois picard. — Gybitone ,
1823, in-18. — Ce recueil, souvent réimprimé à Amiens et
à Beau vais, contient : l.** dialogue curieux et intéressant
entre deux Picards concernant la cathédrale d'Amiens ;
2.° sermon de messire Grégoire sur ce texte : Reddite quœ
sunt Cœsaris Cœsari ; 3.** dialogue entre deux petites pay-
sannes et un médecin. Le sermon doit être du xviii." siècle :
car messire Grégoire se plaint de ce que l'on ne lui paye
pas la dime , et de ce que les femmes vont à l'église avec
des masques de velours. Mais le texte primitif a dâ être
altéré. On y a fait des additions dans les éditions mo-
dernes, où figurent les noms de Mirabeau et de Lafo-yette.
* PiNGOET (M.). — Lettrés picardes par Pierre-^Louis
Gosseu , paysan de Vermand, suivies d'une complainte
SUT la translation des cendres de Napoléon. — Saint-
Quentin , 1841 , in-12.
Antiennes et nouvelles lettres picardes, par Pierre-
Louis Gosseu , paysan de VenuMmd. — Saint-Quentin ,
Doloy, 1847, in-8».
La première série de ces lettres a paru dans le Guet-
teur de Saint-Quentin, du 7 décembre 1839 au 20 juin
1841. La deuxième série a paru dans le Courrier de Saint-
— ai —
t}ueotiOy de novembre t844 à novembre 1846« Ces lettres
ont pour sujets principaux la réforme électorale, les lois
de dotation , la prison de Ham , les fêtes de Juillet , To-
pèim de la iwioe y la loi sur la cbasse , le droit de visite ,
l'indeomitéi Pritehard^ les élections, etc. Ces lettres
politiques I écrites en patois de - Saint-Quentin , sont
d'un esprit incisif et mordant* Mais nous regrettons de
ne pas toujours pouvoir approuver le fonds des idées»
comme la forme du style. Le pseudonyme de Pierre-
Louis Gosseu cache le nom de M. Pinguet , qui a été
Sous-Préfet de DouUens, sous la Commission executive.
Des lettres signées de Jean-Louis Gosseu , empreinte d'un
autre esprit politique , paraissent actuellement dans le
Journal de Saint-Quentin.
Nous citerons un extrait des lettres de Pierre-Louis
Gosseu «pour que l'on puisse apprécier les caractères du
patois du Vermandois.
V ...
: , . . . Nd ami , i fora q'vous metteschien nô bonrlque edsus
vos gazette pour el veine : vous direz à chés geins qui n^ein
voroht qui n'a coëre qu'eine vingtoene d'énées , mais qui y en
a qui vitenf diatermeînt pus viu que cha, qui n'a pau de défaut
(tout le mohne i ne put pau n'ein dire autant) , si ce n'est qu'il
est coëre ein tiot cose arable A cha près i go'y a pus rien à
r'dire» si ce n'est qu'il est borne d'ein ziu, mais cha nefoët
mie graind cose, quand qu'ein n'ein voit tant qui sont bornes ed
tous les deux. Et pis n'eussiez pau peur eque cha fosse. ein
troaiid c'tiiale , allez , i gaine bien le grui qui meinge. (Tout le
monnei ne put pau n'ein dire autant.) Sèulçmeint i fora y
preine waïde qui ne vienche pau morvài ; car i n'n'a déjà eihé
A
•
— 82 —
tiote air : mais i y en a diatermeint d'z entes ateu li 1... A cha
près, i n'a mie le moine défaut, si c'nest qu'esse n'accident del
ruelle d'Einfer cha ITy a donné eine manière ed rheume , èque
ch&pourroit, à le longue du temps, el reine poussieu ; mais
efaa ne foët pau eine braise à s'bonté et come ej* drois tout yous
dire, pau mi je ne vux pau tromper personne, i gambillodneein
tiot cose d'eine pâte ed' drière ; mais eine droit pau y fioëre trop
d'ateintion pa ce temps chi, qui gn'y a hardemeint des geins qui
ne YODt pau droit leu kemin non pus Il est ein tiot cose dé-
pieulé dessus sin dos et pis à s'peinche , et pis esse queue al
keminche à été miée par chés seuris : mais cha , cha n'el eim-
pèche pau d^ète coêre bel et bien reveleu, quand qui reste trois
quatre mois à rien foëre , et pis bien nourri dans no étave. Ah I
que c'est eine rude bonne tiote biète I No dame an' n'est sotte;
no tiot. gaimite in' n'est sot, et pis chés geins ed no vitache is
dittent ed mi : èche Gosseu et pis sin bourique dia ne foët
qu'eine tiète edsous le meume bonnet. Il est quasimeint del fa*
mille , ouatiez , ein l'ia élevé et cha nous foët un rude ma ed*
nous ein défoaire. Mais quand i faut , i faut I ei temps il est bar-
dimeint dur, eche poin il est kier ; ein paye^d'z impositions ein
tiot cose trop roide. Nous sons obligés ed payer tast de geins ,
tant de geins, èque bientôt, ouatiez, qui gn'aura autant ed payés
que de payeux ,- et quand que nous ein serons venus là , cha
voro paitète miux èque tout ein chaqu'ien i warde esse n'as-
caille , . .
Poésies picardes du xiii." siècle, MS. in-8*, sur vélin,
de la BibK de rArsenal. — M. Pierquin de Gembloux
m'écrit que c'est d'après une indication de Charles No-
dier» qu'il a cité ce MS. , sans désignation de numéro, dans
— 8d —
sar MbliogropMê patoise , p. 310. Nous n^avoos trouvée
rArsenal qu'on itS. iu-S^ sur vélin portant le n.<'(121 ei
ayant pour titre : Poésies picardes. Ce recueil contient
des poésies religieuses et des légendes rimées sur la Bible
qui ne noua ont paru que fort légèrement empreintes d^
dialecte picard.
PoiLLY (M. André de). Coup-dCœil sur V idiome pi-
card, en usage dans V arrondissement d'Âbbeville. Notice
d*une trentaine de pages , qui "se trouve dans les Hém. de
la Soc. d'Emulation d'Abbevillé. -^ L'auteur de cet in-
téressant mémoire ^ après avoir parlé de la prononciation
picarde , donne deux listes de mots picards qu'il croit
dérivés du grec et une troisième liste de mots dont il se
borne à préciser la signification. M. A. de Poilly a égale-
ment inséré, dans le dernier volume des Mém. de la Soc.
d'Emulation, une notice sur une colonie massilienne qui se
serait établie près de l'embouchure de la Somme. Après
s'être appuyé sur des textes de Diodore de Sicile, de
César et de Polybe, il trouve de . nouveaux arguments
dans plusieurs noms de lieux et dans une douzaine de
mots picards qui lui semblent empruntés à la langue grec-
que. Nous avons mentionné les hypothèses de M. de
Poilly dans notre Glossaire aux mots Brasser, Calypette»
E%iers, Mustiner, Rimée, Tasse et Tené.
Qt^ENES DE BÈTHONE. — Quèucs dc Béthunc fut un des
plus illustres chevaliers qui , vers la fin du x^i.* siècle,
marchèrent à la conquête de Jérusalem. Il était aussi bon
trouvère que guerrier célèbre. Il vint à la cour de France
vers l'an 1180» Il récita devant la veuv^,de Louais YII,
— 84 —
Alit de Champagne , des vers écrits «n dialecte picard. Il
jfnt raillé sur son langage , et c'est à ce sujet qu*il com-
posa une chanson contre les seigneurs de la cour de
France qui avaient eu l'impolitesse de tourner en dérision
le dialecte de son pays : mais cette fois il s'exprima dans
le dialecte de l'Ile^e-France.
Encoir ne soit ma parole françoise
Si la puet-on bien enfendre en françois.
m
Ne cil ne sont bien appris ne cortois
Qai m'ont repris » se j'ai dit mot d'Artois
Car je ne fas pas norrîz à Pontoise.'
(M'SS. de la Bibl. nat. 7222).
Reclus de Molliens. — Il y a, à la Biblothèque commu-
nale d'Amiens, un manuscrit du xy.« siècle contenant
deux poèmes intitulés : Le rendus de Molyan. Ce sont dés
satyres de mœurs dirigées surtout contre les moines. On
en connaît une douzaine d'exemplaires. Le P. Daire et
Sanson font naître le Reclus de Molliens à Abbeville>. -7
M. J. Garnier , à qui nous empruntons ces détails ,
dît que « le style de l'auteur ne démentirait pas cette
origine. y> (Catalogue descriptif et raisonné des MSS. de
la Bibl, d* Amiens). Il vivait, selon Du Gange, sous
Henri II, roi d'Angleterre , c'est-à-dire de 1154 à 1189.
(Observations sur fhisioire de St.-Louis). Il aurait été
alors le premier poète qui aurait admis rentrelacement
des rimes , dont Roquefort ne cite que quelques rares
exemples avaat Tan 1300. fV. de ïEtat de la poésie fran-
çaise aux xu.'' et \mJ siècles).
Registre aUœ cinq Cleus. — Ce MS. conservé aux ar-
— 85 —
dàive9 djQ 1-iJMel^e^Ville de Beau vais , contient, Içs eqfh^
sriiê'à^ JMetTC ie Fontaines , les phihsophiei et moralUé$
du iBènie^aitteur,'ei différentes chartes relatives à la
eommune; de Beau vais. Qn conserve à Troyçs un autre
exemplaire de l'ouvrage de Pierre de Fontaines, qui
traite des principales vertus ; Serm^he , fwxnmm^^
atemprancke, vergoingne , etc. L'archiviste de.B§auvais ,
M* Edouard Quesnet, a*eu robligeance de m'en commu-
niquer quelques extraits. On sait que Pierre de Fou-
tainesy né dans le Yermandois au commencement du xiii.«
siècle » fut conseiller de saint Louis , ejt que son ouvrage
de jurisprudence intitulé : Li Livres de la Reigne , est le
plus ancien livre de pratique que nous ayons.
Renaut. — Zai d*Ignaurès, en vers du xin.* siècle, par
Renaut , suivis des Lais de Mélion et du Trot, en vers du
wii t'' siècle 9 publié par L. J. N. Monmerqué et Fr. Mi-
chel. Paris, 1832, in-8.° — Ces lais sont écrits dans
le patois du Bessin , selon Tabbé de la Rue. Mais il est à
remarquer que le langage du lai dlgnaurèsse rapproche
beaucoup plus du dialecte de Picardie que de celui de
Normandie. (G. Fallot.)
^ Réponse faicte à Vautheur du discours du curé de
Bersy, en langue picarde, ~In-^.** sans lieu ni date.
(Catal. de Ch. Nodier ,'n.° 942.) Voyez Discours du curé
de B^sy.
BtcHARn DE FouBNivAL. — Li Ronum d' Ablodane , XTSiàmi
du latin. Une copie de ce roman -se trouve dans les papiers
de D. Grenier (xx.* paquet). Àhladane est le nom d'une an-
cien ne' métairie^ située près 4' Amiens, Jà où s'élève aujour-
- se —
d'hui Saint-Acheul. La puissance d'Abladane qui , dans
les rèvès de l'auteur, aurait été le nom primitif d^Âmiens,
excite la jalousie ^e Julius Gaesar qui saccage la yille,
couvre ses monuments de neuf ccmdées de terre, et loi
impose successivement les noms de Somme -* noble et
d'Amiens. Richard de Fournival , fils de Roger de Four-
nival , médecin de saint Louis , devint chanoine d*Anrieilfr
et chancelier du chapitre vers Tan 1240. Outre le roman
d*Âbladane , on connaît encore de l'écrivain picard la
Poissanche d^ amour, les Commandements d' amour , la
Panthère dramour et le Bestiaire d'amour. Ce dernier
ouvrage nous montre quel était, au xiii.* siècle, l'état des
études sur les sciences naturelles. (V. la Bibliothèque de
V Ecole des Chartes y t. ii, article de M. Paulin Paris.)
RoisiN (M. le baron de). — Dans une lettre adressée le
20 mai 1842, à la Société des Antiquaires de Picardie ,
il parle d'un MS. héraldique delà Bibliothèque de Walfen-
buttel qui , d'après l'ancien bibliothécaire de Dresde ,
Ebert, serait écrit en dialecte picard. ,C'est une copie
d'un original de la Bibliothèque d'Urfé , qui a éié trouvé
à Calais , lors du siège des Anglais.
Romance du sire de Cféqui. — Celte romance de 107
quatrains a été composée , vers Tan 1300 , par un moine
picard. On connaît le thème de cette légende : Raoul sire
de Créqui , partit avec saint Louis pour la Terre-Sainte,
après avoir rompu un anneau nuptial avec son épouse ,
Mahaut de Graon. Il fut fait prisonnier à la Massoure. Sa
femme , le croyant mort, allait épouser le sire de Renty,
quand Raoul se retrouva miraculeusement dans ses do-
— 87 —
maines , et se fit recoonaitre de sa femme , au moyen de
sa moit^ d'anneau. Lé style se rapproche tellement du
dialecte Tulgaire qu'il serait encore compris aujourd'hui
de no3 villageois. Warbeck et d- Arnaud se sont emparés
de ce sujet pour en faire une nouvelle. Ce dernier a re^
produit le texte de la romance. M. Collin de Plancy en a
donné une version en prose dans les Légendes de la Vierge.
Yoici le commencement de cette romance dont nous
conservons Torlhographe fautive :
Le rôy Loys le JosDe heyant emprims se crois,
Yoalieres Li suihir tous lies brafs freochois ;
Cuentes , princnes , et barons toote josne nobleisse
A s'enrolier trestous montroient biëa de lie preisse.
Eun pooissant chievalier jouxte le Boulonnois,
Treis noble posseissant del Guentey de Ternoy ,
Le Quint aveuk li yiel sire Guiard s'en père
Si croisia pour allier ous lius saints a le guiere.
Ghiou chievalier estoy preux et de bon renom
Doutable et qui portoy de Greki le surnom.
Pour sie compaigne avoye espeusie une femme ,
En cheile meisme anneye, qu'estoye fort belle dame.
La dame estoye encheinte; a donc s'enrolement
Que se fit s'en baron sans s'en assentement ,
Mangries us et cousteume dont feut sy astristeye,
■
Kones on n'en avoye yeue de sy déconforteye.
M oes le boen chievalier féal et treis courtois
Par amisteye se dame tondis rèconfortois ,
L'enhortant dassentir a sie sainte pourmeisse,
Sans pitebs Ven destourbier par sy grande destreiss«.
— 88 —
Li viel sire à se dame dtsoy en TeDhortàiii :
a Outremer giou esteye deuriant m'en josne lempB
Enroliey on ma voye sans congiey de m'en père
Sye en feu bien geoyeu estiou me dame mère.
Vos barons Veyra t-eil peregrîner sien roy
S'en alier ous lius saints batailler'pour la foy t
Et josne et preux demourier oisîeux en Frencbe
A trente ans eil aroye vergogne et mesprtmenefaei »
A le par fin le dame , poussieye par dévotion ,
Feut riesout d'assentir ou vœu de s'en baron.
S'enrolieres aveok ly estious deux de sïes frères ,
Et vingt seps escuyers rengieys snbs le bannière.
Quand le noviel feu veneue deu trieste parlement ,
La dame dans s*en lit plouroye amèrement
Le chievalier perplex outtraigiey de tristesse
Le print enter sies bras et foit chele pourmeisse.
«'Giou te jure ma mie ameur et feyaulteye. »
Sy ly prendant sie main s* en anniau li a osteye
Soudain leyhant rompu et mis en deux parties
Sy li en baillia eune et vuardia le moitié.
« Gheile moetyé danniau pour nos nopcbes béni
Tondis giou wardereye corne féal mary
Sie geomois geou reviens deu saint peregrinaige ,
Giou vos raportereye de me foy cheu obier gaige. »
Quant le nouviele feut avenu le mastin ,
Le cbievalier se dame a meneye par le mein
Empriey le viel sire s'en seigneur et s'en père
L'adseurant que il voulait tondis le tenir chiere.
— 89 —
Le fiel sir^ le dame tout eu pleurant besia
Le chie? alier en terre a gienonx sie gielta :
«( Gbier aire m'en boen père pour men peregrinaige
Youliaaies my bénir pour chion lointain veyage. »
Le viei.aire aies byeux et aies deux mains lie?ant ,
Ou cbiel damia tout baut : Seigneur omnipotent
Beniasies çi'en obier fieus en cbele sainte guiere
Et si le rameney en se natale terre.
Sie beniet a pries ly deux de sies fieus mesneya
Apries lies acolia avoeuk tous lies croisieyes,
Que le boen chieyalier mesnoye subs sie bannière ,
Pour allier conter lies Turks en la sainte terre.
Brief a dions fesit montant aen palefroy
A donc trompes et clorions sonniers a haultes Tois.
Le noble troupe estoye nombrieuse et legiere
Bon escoyer portoy se crois seur se bannière.
Sy cbievauchieres tant qu'ils rateindirent lost
Qui geo estoye en route estant partye plustot
Onks on neavoye my tcu eune sy belle armeye
Ne sy gente nobleisse ne sy bien esquipeye.
* St«ito du célèbre et honorable mariage de Jennain et
Prignon , belle histoire représentant au naif la soudaine
grossesse de la dicte Prignon : son prodigieux accouche-
ment, le baptesme de son enfant, le somptueux banquet
faicia^x parihs et marines. Ensemble les cérémonies et
plusieurs discours, avec une belle chanson à ce subject,
du plus finpieord, qui soit au pa^ de Lgromfa et en
toute Vesteniue du Beyéku.—k S'-rQuentin, en Picardie,
Li viel aiiA a te itano dtgoy eD l'aBhortaat :
a Outremer gioa esteye décriant m'en josoe (empi
Enrolia; ùu ma TO;e Mtns oongiey de m'en père
Sye ea feu bien geoyeu esliou me dame mère.
Voa barons veyra t-eil peregrioer sien roy
S'en alîer ons Uns saints batailler' pour la foyT
Et jogne et preux demaurier olsieux en Prencbe
A trente ans eil aroye vergogne et metpriaiendie. »
A le par Sa le dama , poussieye par dévotion ,
Feut rieaout d'assentir ou voeu de s'en baron.
S'snrolieres aveuk ly estioua deux de aies frères ,
Et vingt seps escoyers rengieys aabs le bannière.
Quand le noviel feu veneue deu trieste parteraent,
La dame dans s'en lit plouroye amèrement
Le chîeialier perplex onttraigiey de Instesae
Le print enter aies braa el foil chele ponrmetabe.
«Giou te jure ma mie ameur et feyaulteye. a
Sy ly prendant aie main a' en anoiau li a osieye
Soudain leyhont rorapo el mis en deux parties
Sy li en baillia eune et vuardta le moitié.
a Cheite moetyé danniau pour nos nopches benl
Tondis giou wardereye corne féal mary
Sie geomois geou reviens deu saint peregrinaige .
Giou vos raportereye de me foy chen chier gaige. u
Quant le nouviele feut avenu le maatin ,
Le cbievalier ae dame a meneye par le mein
Empriey le viel aire s'en seigneur et s'en père
L'adseurant que il voulait tondis le tenir chiere.
À
Le fiai sir« te dame tout eu pleurant besi*
LeohieTalier en terrée gieaoni siegielta:
a Cbier aire m'ea boen père pour roen peregriaaige
Vonliuiei m; bénir poar chion loiniain teyage. »
Le vi«l «ire siea byeui el lies deux maioa lievaDt ,
On chiel damia tout baut : Seigneur omnipotent
Bràustes ip'ea cbier fieas en cbele sainte guiere
Et li le rameney en se nalale (erre.
Sie beniet a priea Ij deux de sias fieus meaneya
Apriea liea ftcotia avoenk tons lies croisieyesi
Que le boen cbieTalier meanoye aobs aie bannière ,
Pour allier conter lies Turics en In sainte terre.
Brief a diont feiit montent sen palerroj
A donc trompes et derions eonniers a banltes vois.
Le noble troupe estoye nombriense el legiere
Eon esooyer portoy se crois sear se bannière.
Sy cbievancbieres tant qu'ils ratsiodirent lost
Qui geo estoye en roole estant partye pinetot
Onks on ueaToye nty Teu eune sy belle armeye
Ne sy geotenobleîsienesy bien eaquipeye.
' S*ite du célèbre et honorable mariage de Jennctm et
Prignon , belle histoire représentant au naif la soudame
grosêeise de la dicte Prignon : son prodigitux aecotuhe-
ment , le bapte$me de son enfant , le somptueux lanquet
faict aux parins et marines. Ensemble les cérémonies et
plusieurs discours, avec une belle chanson à ce subject ,
du plus fin picard, qui soit au pays de Lf/rotnfa et en
rduStyéleu.— A S'.TQueolin, en Picardie,
:
— 90 —
1648 , 34 pages in-12. -^Voyez Hisloire plaisante , etc. ,
et Discours du cuté de Bersy.
Sarrazin. — Le Roman de Ham , édité par M. Fr. Mi-
chel. Paris, 1840. — M. Peigné-Delacourt , qui pré-
pare une traduction littérale de ce poème , doit démontrer
qu'il ne s'agit point de Ham , en Vermandois , mais de
Hem , petit village situé sur la Somme , entre Péronne et
Amiens.
* Satyre d*un curé picard sur les vérités du temps , par
le R. P**\, jésuite. In-12 , Avignon, 1750. — Nous en
connaissons trois autres éditions que nous allons men-
tionner.
* 1 ."^ Satyre d'un curé picard sur les vérités du temps. —
 Avignon chez Claude Lenclume^ à l'enseigne du Muche--
(en Pot. 1754, in-12. — Le catalogue de la Vallière cité
cette satyre n.*» 14174, t. v , mais sous cefte rubrique :
Traité en vers de la grâce et des controverses à Voceasion
des livres de Jansenius. Cette indication nous est fournie
par M. Charles Dufour. (Essai bibliographique sur la
Picardie.)
* 2.° Sermon d'un bon curé picard , en patois picard,
nouvelle édition, dédiée au cousin Jacques. .Abbeville,
Devérité , 1787. t- On trouve à la suite de cette édition
la romance du sire de Créqui et le compliment éfitn
paysan de.Boutrillg fait au due de Cbaulnes en 1753^- il
s'agit sans doute de Boutillerio , village situé entre Amiens
et Cagny.
* 3^". Recueil de poésies , sermons et discours picardêl
Abbeville, Devérité, an VI. , in-12.— C'est i'éditîoa
— 91 —
la moins rare. Elle contient » outre la «alyre^ le compli-
ment d'un paysan de BoulriUy et la romance du sire de
Créqui. — Nous devons encore ajouter qu'on trouve un
long fragment de la satyre picarde dans le supplément à
VbiBtoire de Picardie que Devéritè publia en 1774 et que
M. Clément Paillard , imprimeur à Abbeville , a Tinten-
tion de donner une nouvelle édition de ce précieux monu-
ment de la littérature paloise.
Sauvage (M. Ernest). — Essai sur la langue norm^inde
du \n.^ siècle et la langue parlée au xix/ dans laNortnan-
die , la Picardie et l* Artois. Article de 15 pages in-S."" ,
inséré dans la 5.* année du Puits artésien. — Le but de
l'auteur est de montrer qu'un certain nombre de mots de
la langue d'oil » qu'il emprunte au roman de Rou, de Ro-
bert Wace, se sont conservés dans les patois du nord de
la France.
Sermon picard du xui,^ siècle. — MS. qui se trouve •
dans les papiers de D. Grenier (n.* 1." du xx.® paquet).
— Le titre de ce sermon, composé à l'occasion de la
constructiqp de la catbédrale d* Amiens, ferait supposer à
tort qu'il est écrit en dialecte vulgaire. C'est le dialecte
littéraire de la langue d'oil , mélangé de Romano-picard.
Il devait être compris des populations- urbaines , à peu
près comme le français actuel est entendu des auditeurs
de campagne.
Sipéris de Vineaux. — Ce roman , dit le P. Daire , ap-
partient à un anonyme que son style fait reconnaître pour
picftrâ» Il écrivait vers l'an 1200. (Tableau des Lettres en
Picardie, p. 169.)
— 92 —
Taillur (M.). — Rea^il d*acte$ des xu.* et xnu*
sièchs en langue rtnnane du nord de la Fr4mee. — Ces
actes sont extraits des archives de Béthune, Douai,
Cambrai >iÂrras, Aucliy, Bapaume, etc. Parmi ceux oà
se remarque le plus Tinfluence de Tidiome vulgaire
de Picardie , nous avons distingué une enquèle faite à
Cappy (canton de Bray-sur-Somme) touchant le péage de
Bapaume.
Thibâud de Mailly (1170), composa \E$%o\fe Ix rofnotis
d^imnmnoT Thibaud de Mailly. --^ Ce fui le «président
Fauchet qui trouva cet ouvrage dans le MS. connu sous
le nom de la Bible Guyot.
* Thuillieb (François) , né à Amiens , en 1710. — ^11 y
exerça la profession de marchand tapissier. Sous le sur-
nom de Jacquet , il empruntait Thabit et le langage des
paysans picards , pour divertir les salons d'Amiens. On
connaît de lui un Compliment à Gresset sur son mariage
et un autre adressé au duc de Chaulnes. (V. VHi$toire
littéraire d'Amiens , p. 336.)
* Traduction de la parabole de l'Enfant prodigue enpa -
lois picard. On en trouve quatre dans les Mémoires de la
Société royale des Antiquaires de France : une de M. De-
lahaye, en patois amiénois , et les autres en patois de St.-
Omer, d'Arras et de Béthune. Elles ont été reproduites»
dans les Mélanges sur les langues et patois, de M. C!o-
quebert de Montbret.
Vérilàble discours Sun logement de gens d'armes en la
ville de Ham, avec une chanson en vers picards, par
— 93 —
Jlf. Legros, bourgeoiê dudil Ham (13 fèuilleto in-S."").
Qa lit au bas de la page : •
À le Haulcourt en Picardie
En la moezon de ché Hardeau
Qui a pu qnier le vin de Teau
Et d'en gambon que se n'amie.
MDLIV.
Ce livret excessivement rare fait partie d'un recueil
conservé au Musée britannique, n a été cité , pour la pre-
mière fois , par M. Gustave Brunet , dans la 8.* série du
Bulletin du Bibliophile , janvier 1848.
Voici Texorde de cette épître : (1)
FrcTO je vo dire tout eolon l'affoaire .
Le bîau herquînement et le gran hire haîre
Le paine , le hergan et tout Temblayemen
Que che bo desandar me fit deroainement,
Quant y sen vin flanqué dans me pauvre cabute ^
Ermé de long pico , ossi de hecquebute ,
Atout ùu billetin faussé et contrefoait
Cuidiant por sanicbez trouvé chy sen li foai ;
Et qu'en le zatendant j'avoi bouté ton cuire ;
Moai cbe fan billetin le troropoi pour me nuire r
' Necton jeu bien du ma d'en être deblavé ,
Vous ne le savez poen , poen vo no le savé;
" .Cbela m'a bien bodé , je vos le dis , bëcbire :
Si je vo zen recry , atiné vous d'en rire ,
(Ij Nous avons conservé l'orthographe , qui est si défectuease quelle
tiinci ^Âelque^ vers ineipllcables. On remarquera d'ailleurs combien ce
style diffère de notre patois actuel. '
7/
à
— 94 —
Ne vo zen moquié poen ; je fus bien abury
D'aouir den no moezon che biau queriboiry
Et le biau den boen nui quon me donné d'entrée ;
Je ni m'ataré poen d'en dire une ventrée
Et m'a trop landié por m'en taire ton coy
Che me mie ensincla que je me tien dergnoy »
Che don por queminché , sai de par Dieu , j'aroie
Y Tet pu chi moay tan de déclayné maroie
Je vo va tout conté mo à mo sans falir
Brouillé bien vo zieu por tou mieu epelir
* ViLLET (l'abbé), curé de Bouta vent (Oise), en 1795, et
auparavant curé d'Elincourt, est, sinon l'auteur, du moins
réditeur responsable d'un sermon picard sur le jugement
dernier , dont la ritournelle est : Curé d'Elineourt, es tu
lo! — {V. Bulletin de la Commission archéologique du
diocèse de Beauvais , tom. i, n."" 3.)
Voïage d'oullremer du comte de Ponthieu. — M. Cha-
baille nous a fait connaître une version de l'histoire
d'Adèle de Ponthieu , autre que celle qui fut publiée dans
le tom. 1." des fabliaux de Méon.
Comme on reconnaît une teinte plus ou moins pronon-
cée du dialecte romano-picard dans presque toutes les
œuvres des Trouvères de Picardie > nous terminerons ce
chapitre en donnant les noms de ceux qui furent les plus
célèbres au moyen-àge.
Amiens. — Eustache ; — Girardin ; — Gobelin ; — Hues-
le-Maronier ; — Richar4 de Fournival ; — Thibaud Vic-
quier ; — Gauthier de Coinsy.
— 95 ~
Arras. — Adam de la Halle ; — Andrieu Contredis ; —
Âudefroy-Ie-Bastard ; — Jehan Bretel ; — Jehan Bodel ; —
Baude Fastoul ; — Courlois ; — Jean Caron ; — Jean Char-
pentier ; — Golars le Bouthillier ; — Carasauz ; — Li Cu-
velier ; — AnUûne Duval ; — Engrebant ; — Hugues ; —
Kaukesel j — Mados ; — Moniot ; — Robert; — Sauvage ;
— Li Teinturier ;— Vilains. (V. les Trouvera artésienê de
M. A. Dinaux.
Béthimes. — Conon ; — Guillaume ; — Quesne ; —
Sauvage.
BeauvaU, — Etienne d'AUneiic ; — Hélinand (1) ; —
Raoul.
Corbie. — Pières ; — Vieillars.
Douilens. — Le sire des Auteux ;" — Bellepache ; — le
sire de Bretel ; — Cuvillier ; — Guilbert de Bernaville ;
— Robert du Castel
Hesdins. — Jehan Acars ; — Jacques ; — Simon.
Smssûns. — Yves ; — Raoul et le comte Thiéry.
^ Saint-Quentin. — Hugues et le chanoine de St.-Quentin.
Lieux divers, — Adam de Givenchy ; — Baude de
la Quarrière; — Blonde! de Nesle (1) ; — le châtelain
(1) Hélinand de Beauvais Tivait à la cour de Philippe-Augaste dont il
payait lés repas, en racontant des aventures mythologiques.
(1) Faûchét, Warton et Gninguené ont cru à tort que c*est ce noble
seigneur de la maison de Nesle qui fut le fidèle compagnon de Richarcl-
€<Bur-de-LioD. Ce dernier Blondei, comme Ta démontré l'abbé de La
Rue , était on Jongleur angto-^normand doo^ il ne nous reste aucune
poésie, tandis que nous avons de nombreuses chansons du trouvère
picard,
7.* .
^
— 96 —
de Coucy ; ^— Gibert de Montreuil ; — Guillaume de
Bapaume; — Guillaume de ôuilleville; — Girai^d de
Boulogne ; — Gervais de Pônt-Saînte-Maxence ; -^
Hues de Tabarie, de Saintr-Omer ; — Jehan de Flagy {!)';
— Jehan d'Estrées ; — Jehan le Marchand , chanoine de
Péronne ; — Jean de Boves ; — Jean du Châlelèt ; -—
Lambert Ferris ; — Michel du Mesnil, d'Auchy ; — Pierrot
de Nesle (2) ; — Robert le Queux ; — Robins de CkMnu-
gne ; — Raoul de Houdan (3); — le Reclus de Mollien»; —
Simon d'Athies , etc.
CHAPITRE IV.
FORMES GRAMMATICALES DE L^miOME PICARD.
On a cru pendant longtemps qu'il n'y avait pas ,, pour
la langue du xiii.'' siècle , de code grammatical. Des re-
cherches récentes ont prouvé le contraire. M. Er. Guessart
a publié deux grammaires romano-provençales du xiiu*
siècle (4) , d'après des MSS. de Florence et de Paris.
(1) On lai attribae le roman de Gardn le Loherain.
(a}^ Pierrot de Ne$ie (1364) s'amusait , selon ie goût de son siècle, a ré-
pondre en vers À des -questions qu'on lui adressait , et à en proposer de
nouvelles. (La Croii du Maine.)
(3) Raoul de Houdan en Beauvoisis (1250) a composé le roman de$
Ailes, celui de Hérangù et le fabliau de la Voie de V Enfer, (P. Daire.)
(4) L'une est de Hugues Faydit, et l'autre de Raymond Vidal.
— 97 —
Pour ce qui concerne la langue d'oil, les travaux de
Wolf , Orell , Fallût , etc. , ont prouvé que si ce n'était
point une langue bien constituée , elle avait du moins un
certain noinbre de règles générales , et que sa syntaxe ,
toute débonnaire qu'elle fût, n'était pas entièrement aban-
donnée au caprice.
Dès le XII.* siècle , l'idiome picard se distingue par sa
tendance constante à syncoper les mots , par la permuta-
tion du c doux en ch et du ch français en k, et par une
prononciation pleine , lourde et sonore. Les formes domi-
nantes du Romano-picard sont les dipthongues ev et oi,
qu'on prononçait oè, ouai, comme actuellement. Lé
Romano-normand avait , au contraire , un caractère géné-
ral de sécheresse et de maigreur , parce qu*à nos formes
mouillées, il substituait des voyelles simples.
Nous allons essayer de formuler quelques-unes des
règles du dialecte picard, soit ancien, soit moderne,
concernant l'article , le substantif , l'adjectif , le pronom
et le verbe. Nous avons mis à profit , dans ce chapitre ,
les recherches de Fallot. Mais nous n'avons jamais ac-
cepté , parmi les règles qu'il établit , que celles dont
nous avons pu yérifier nous-mêmes l'exactitude dans
plusieurs textes romano-picards.
§. I.«' — De l'Article.
On sait que l'article provient de la combinaison du
pronom latin tUe et des propositions Ae et ad. Il n'y eut
point primitivement de formes distinctes pour les deux
genres. Elles n'apparaissent, dans le dialecte romano-
picard , que vers le milieu du xiii.'^ siècle.
— 98 —
Sing. mase, : Li ; del, du, dou; el , al, au, ou ; le , lou.
Sing. fém» : Li , le ; de le , del ; a le , al ; el , le.
Pluriel : Li , les ; des ; as ^ ans , ous ; les.
Ml et li accompagnent plus ordinairement le masculin
et a{ et le^ le féminin.
i Que li jours de la feste vint.— (Fte de St. Eloi^ ch. x.)
' ' I Li bos de le segnerie.-— ((7ar(u2aire d'Àuchy,)
Ou5^pour aiuc est presque constamment employé dans
la romance du sire de Créquy,
Exemple : Et diemonroit submis ous infidelles.
L'article se supprimait parfois dans les phrases où un
substantif en modifie un autre.
Exemple : En le présence Tabey. — {Cartulaire d'Auehy, 194.)
La forme du datif se substituait souvent à celle du gé*
nitif, dans les relations de. possession. Cet usage s*est
maintenu , et nous disons encore aujourd'hui :
El femme à Bâtisse, del vake,à Colo (1).
L'article s'employait, comme dans la langue italienne,
avec le pronom possessif, accompagné de son substantif.
Exemple : Un siens fis. — {Roman de Mahomet ^ n». 689.)
m
\
Dans le patois picard moderne on dit :
(t) Cet usage de notre ancienne langue française se retrouve dans quel-
ques poètes latins. On lit dans Térence : A Glycerio osHum pour ad
Glycerii ostium.
— 99 —
Au moiculin : L' , le , el ; du , del ; a 1' , 4iu;
Au féminin : L' , le , el' , elle ; d'el* » d'elle , d'ol ; aP , aile:
Au pluriel ; Les, Iz ; des , delz ; aux , alz.
Devant une voyelle ou une h muette , on prononce T ,
Dol^est une forme particulière au Ponthieu.
L'article est fréquemment remplacé par le pronom dé-
monstratif : che; S che ; à che ; chés ; d'chés; à chis.
Exemple : Che beudet il est dins chés camps.
On le supprime parfois entièrement.
Exemple : J'erviens d'el môizon Julien. Nou fiu i cainte à
mease.
Dans certains cas , on emploie simultanément Tarticle
et le pronom démonstratif.
Exemple : Après c's arroanos le on put tirer ch' Tékielle.
{Astrologue Picard , 1845.)
§. n. — I>u Subetantif.
Jusqu!au ws."" siècle , V$ final du substantif n'était
point le signe de la pluralité. Placé au singulier , il indi-
quait que le substantif était sujet de la phrase , et au plu-
riel, qu'il était régime. Cette loi grammaticale , décou-
verte par Baynouard , dans les monuments littéraires de
la langue d'oc, est un souvenir évident de la deuxième
déclinaison latine , ou Vs termine le nominatif singulier
[Dùminui] et l'accusatif pluriel (/>omtno5). Cett« flexion
de Vé a été également observée dans la langue romane du
— 100 —
Nord , par Dietz , Orell , Fallot et M. Pr. Wey. Nous l'a-
vons constatée dans presque tous les textes originaux du
dialecte romano-plcard aux xii.* et xtii.^ siècled. Elle
s'altère au xiv.'' pour disparaître au xv."" Nous ne nions
point pourtant qu'on ne puisse nous citer de nombreuses
exceptions ; mais ces exceptions étaient peut-êtrQ elles-
mêmes assujéties à certaines règles qui nous échappent ,
et souvent elles ne sont que le fait de l'impéritie des co^
pistes. Voici quelques exemples de cette règle importante.
IUns crestiens nouviaus chevaliers {Le jeu deS^. Nicolai),
Li mangers fa très délitable. {Châtelain de Cùucy.)
Li meffais fut trop grans. {Ju de la Feuillie,) -
IL\ sériant qai garderont chel tonlieu. {Ch. de Ko-^
reuil , 1249}.
Selonc che hoskel^ en che voL {Jeu de Rohin,)
Pluriel i Li rois et tout si bon ami. {R, de Ham /v. 85.)
sujet, i Or tuent lifarrcmn tous les chTéi\en8{JeudeS.Nicolai).
Pluriel L Souries cors sains se main tendist (Fie (26 5. Eloi^ ch. n).
régime, f II va as chiens et as oisiaus. {R. de Ham , ▼. 67.)
Les noms propres eux - mêmes sont sujets à cette
flexion :
Robins m'a demandée
l'oi Robin flagoler. {Robin et Marion.) '
Wautiersja s'entremet
Weschi pour Wautier. {Ju de la Feuillie,]
Les substantifs féminins font presque toujours exception
à cette règle.
- 101 —
Les/ consonnes finales c, fy g^p, t^ perdaient toujours
devant cet $ final ; li bues , del buef.
Le d et le t final , en se combinant avec la flexion , se
métamorphosait en z. li espiriz , del espirit. Le I suivi de
r«se contractait souvent en x : courtix pour courlil.
Cette même convenance euphonique changeait en euaç,
<ms et eu$ les mots terminés en al ou eil qui subissaient
la flexion. Ainsi , on dit au singulier sujets li maus
pour lî mais, li soleus pour li soleils. Serait-ce donc par
un souvedir traditionnel que nos villageois prononcent
encore aujourd'hui soleu , et disent au singulier: fai
du mau ?
Quelques substantifs avaient un s étymologique tju'ils
conservaient à tous les cas. Tans (tempus) , berbis (ver-
vix] , moes (mensis) y tou^ (tussis), etc.
Les substantifs en t^I faisaient iaus au pluriel régime :
coutiel ù pointe (Lai dlgnaurës , p. 13), de bons coutiaus
(id. p. 14).
Les seuls noms de nombre cardinaux déclinables étaient
un, deux , trois, vingt eXcent. Voici comment sont or-
thographiés les noms de nombre cardinaux dans les textes
romano-picards des un," et xiii.*' siècles.
1 Un , uns, ODe. — Plus lard ung (1273).
2 Deus, deux, diaus, dm(Noyon, 1237).
Tous deux. Ambe, ambedni , amdiu , arodeux.
3 Terois, trois, troi, troix.
4 ILatre, quatre.
5 * Ghiancq, ciunck, chincq, cincq. — Au xiv.« s.« chouq.
6 Sies, sis.
7 Siet, set, sete, sept.
— 102 —
8 Wict, >vicbi (1251)', wit (1280) , eai , uil , vui^ (1311).
9 Nuef^neuf (1269), niuf.
10 Deis, dis (1266), dix , diz , deix (1307).
11 Onze.
12 Douze.
13 Treise, trèze, trese.
14 Katorse , quatorze.
15 Kuinse, quinze, quinse.
16 Seze.
17 Disset , dix set (1255).
* 18 Dix et wit. ' \ ^' " ' 'Z
2Ô Vint.
30 Terente , trente.
40 Quarante.
50 Giuncquante , chinquante.
60 Sissante, sessante, sixante, aexante, treis vint.
70 SieBsante.
80 Quatre vins.
90 Quatre vins et dis.
100 Chent , cbens , cbenz.
1000 Mil, mile, miles.
Ce n'est qu'à la fiii du xiii." siècle que l'on commence à
trouver la forme iètm pour les noms de nombre cardi-
naux. On disait auparavant : nnex^x^mey disme, quin--
zime, etc.
Les substantifs n'ont pas toujours , en patois picard , le
même genre que leurs correspondants français. Ainsi, ba-
romèle^ poison sont du féminin , tandis que dent^ cravate,
bourique , sont souvent employés au masculin. Nuit, qui
reste féminin dans le Santerre , ^st employé au masculin
dans le Vermandois.
— 103 —
§. m. — De l'Adjectif.
L'adjectif s'accordait en genre et en nombre avec le
substantif. Il prenaft Vs comme lui au singulier sujet »
et au pluriel régime.
Exemple : Nostre ami et nostre feel chitoyen {nos amis et fi^
ièles citoyens) d'Amiens. {Cart, d'Amiens ^ 1185.)
Et ke li siècles est perdus. (A. de Ham^ v. 202.)
II y avait CKception pour les adjectifs qui ne dérivaient
pas d'un mot latin terminé par 5 , comme mellior.
Les dérivés des adjectifs latins en i$ et des participes en
ens étaient invariables en genre : grand , de grandis ,
preus, de prudens , etc.
Certains adjectifs du patois actuel ne forment pas leur
féminin comme leurs analogues français.
Exemple : Blea , bleasse; Noerd, noerde; dispnteaic , disfio-
toère; caqueteux, caquetoère; pouri, pourite; guéri, guérite;
iDeyeur, meyeurte; devineux, devineuse, etc.
§. IV. — I>u Pronom.
Pronom personnel.
Voici quelles sont ses différentes formes en Romano-
picard et en patois moderne.
BOMANO-VICABD. PATOIS MOSBmilB.
Jeu, jae, juy je, jo, giou. J', je, ej',euj*, gOyeuje, ch',
ech*.
personne'^ Me, mi, moi. M', em', eum', me, mé, mi.
No, nos, noi, nous. Os, oz, nos, nous.
1." !
— 104 —
2.«
penonne.
KOM AirO-FICAIU> .
Ta, teu.
Te, toi, lu, tcy.
Vos, vous.
11, eil.
3.6 1 El, ele, al.
l)«rwnrie.JLe,lie, lei,la.
Li, lui.
pluriel.
I, il, ils.
iLes.
Loar, lear, lor.
En, als, eos, iaus, ans.
réflécZ {8«' «>«' «• -•
, PATOIS MOSBKNB.
Tu, té, etC
T\ te, ti.
Os, OZ, ¥08, Yoas.
I, il,gn'.
El' elle, aV, aile, V.
Le, el, r.
Li.
I,^is, ils.
Les.
Leu.
Eux, eusses.
S', se, soê, soi.
La forme je commence à apparaître vers la fin du xii.»
siècle. Mais jou, forme essentiellement picarde, continue
à être employé en même temps.
ExEMPLB : Et parce que jou ay trouvé en ans foy et amisté , Je
leur ay ottroyé quemugne. — {Charte comm. de Molliens-Vi--
dame, 1209.)
On employait parfois li (lui) à la place du pronom per-
sonnel réfléchi.
Exemple : Dites li qu'il ne li anuit ("qu'il ne s'ennuye p<uj. —
fRom. de Couct, v. 6136/.
Sie pour se est fréquemment employé dans la romance^
du sire de Créqui (1300) .
Le chevalier à gienoux sie gielta.
- 105 -
Actuellement , on emploie parfois $e au lieu de vous.
Exemple : Vous se dépéchez tout à loisi Vous ne s'casse-
rez pas vos côtes. — (^P, L, Gosseu , lettre xxiv.«^. '
Pronom démonêtratif.
XIII.* BT XIV.* SlACLBS.
PATOIS MODSMNB.
Celui.
Celle.
Ceux.
Ghil y chelui ^ cil y ci us Gheti, ch'ti, ecbti.
{Vermand , 1255).
Celi (xiY.* siècle). ^
4
Gbele, cbelii cèle. Ghelle, cholle.
Ghil, cheux,chiaux(Noyon Gheux, cheusses, ceutes.
1237) , chaus (Nesles
1248) , ciaux , icbiauls.
Celles. Gheles. " Ghelles, cholles.
Ce^cet. Gbest, chestui. Gh',che,chouy chV^g^ge*
Gbeste, cbesti, oeste. G'te , chette, cbeule » olle,
choie.
Ghist, chés, chiés, chestui. Ghes.
Ghe, ge, ch'.
Ho f cho, chelo, neu, no,
Cette.
Ces.
Ce. Ghou, chu, cou.
Ceeiy cela, Gho, che, ho.
Celui'ci. Ghelui-cbi.
Celui-là. Gbelui-là.
Celle-ci. Ghele-ci, chele-chi.
Celle-là. Ghèle-là.
chu.
Gheti-chi; echti-chi.
Gheti-lo.
Ghelle-chi, cbolle-chi.
■é
Ghelle-lOy chelloUe, cb'lole.
l'iale, riole.
Ceux-ci. Giaux-chi , cheux-ci , etc. Gheux-chi.
Ceux-là. Ghaus-là, elc. Gheux-lo, chelles-lo, ceu-
tes-lole.
Ce n'est guères qu'au xi\.^ siècle que l'on ajoute aux
pronoms les particules et , chi , la.
— 106 —
Neu , no ne s*einployent qu'avec un adverbe de compa-
raison. Foetes comme no.
L'h de ho s'aspire très fortement , surtout dans le Pon-
thieu/ C'est le hoc des latins.
Pronom possessif»
On fit d'abord usage du pronom personnel indirect pour
indiquer la possession. C'est en leur donnant des forïliies
adjectives qu'on en fit des pronoms possessifs , auxquels
on adjoignit plus tard certains dérivés du latin, comme
min , tin , sin , nôtre , etc.
Mon.
Ma.
Mts,
Nos.
Mien.
Mienne.
Notre.
Ton.
Ta.
Tes.
Vos.
Tien,
Votre.
Son.
Sa.
Ses.
Leurs.
Sien.
BOMANO-PICABD.
Mi, mis, rnen.
Me, mi.
Mi , mis , mes.
No y noa, D02, nous.
Miens, mieu.
Miue, mieue, moe.
Nostre.
Tis,'ti, ten , ton.
Te
Ti , tes.
Vo, vous.
Tien , tiens.
Vostre.
Sis, si, sen, sains.
Si, se, sue, s*.
PATOIS MODBKITB.
Min^ mèn.
M', me, em\ eum', ma.
Mes.
Nos, non, nous.
Mien, mon mien.
Mienne.
Nou , no, note^ not'.
Tin, t\t'n, et',eln%lên.
T', et*, eut*, etn*, ta.
Tes.
Vos, vou, vous.
Tien , ton tien.
Vou, vo, vot*, vote.
Sin, sèn, cbin, ch'n, s', sn*.
f y
-:\
Esse , che , sa , ch'n , eussh' ,
s, sn.
Si, ses, sis, sui, sies. Ses, ches.
Leurs, sien. Leu , leus , leurs.
Sien, sen , siens. Sien, chien, sin sien.
- — 107 —
KOMAMOHPICAmB. . . . VATCM» MOnSAliK.
Sienne. Soie, sine. Sienne, chienne.
Leur. Leur, lisien, lier. Leu, leas, leur.
Le nôtre. Li nostre. El note, el neure.
Le vôtre. Li vostre. El fote, el veure.
Le leur. Li sien , H leur. El sien , el leur. •
Mieve qu'on rencontre dans certaines chartes picardes
imprimées n^est sans doute qu'une mauvaise lecture de
mt^ue (mienne).
Les pronoms possessifs s*accordaient avec leurs subs-
tantifs exprimé^ ou sous-entendus et se soumettaient à la
flexion de Vs.
Exemple : Pluriel sujet : si oir. — Pluriel régime : ses oirs,
[Cart. d'Auchy. 219.)
Devant un nom qui c<5mmence par une voyelle ou une
h muette, on ajoute un n euphonique à em\ euV, euss\ etc.
ExEiÉPLE : eam'n habit ; et'n avis, s'n'enfant.
Pronom relatif. xiii.« siècle.
Qui. ' Ri, qui et par élision k'.
Que. Ke, que.
Dont. Dont. — Au fém, de oui.
A qui. Gui, à oui et par élision eu*.
Quoi. Koi, qoi, quoi.
Le quel. Li queils, le quel, li ques, li quiU.
La quelle. Le quele.
Du quel. Dèl quel.
Au quel. U quel,
Lei quels. Le queil, le quel. — Au rég. les qneus et queux.
Les quelles. Xesquéies.
Des quels. Des que.
— 108 —
Dont était peu usité et conserva^au xni.* siècle, un ca-
ractère adverbial, avec le sens de au moyen des qtjfèl$,ùi6Be
lesqvreïs. Dès cette époque , on se servait abusivemènV du
féminin que , comme équivalent de quL
Pronoms indéterminés,
Qmque se rencontre avec le sens de quoique verd la'fin
du xiiir* siècle. * •
Quiconque a d*abord été orthographié : qutqut '<mr
ques. '
Quanque est tantôt employé dans le sens de toutcè que
et tantôt dans le sens de bien que , encore que.
Âlquef^ auquel , aulquee^ a varié de signification. Du
sens primitif de qu/elque chose ^ il passa à celui eTunpeii»
assez, n exprima aussi les idées adverbiales de en quelque
temps , alors.
Altrui, autrui (de alterius) était, le génitif de àUre
(alter).
Et miels garde les autrui biens
Souvent que il ne fait les siens. *
^R. de Mahomet , 418^.
I I
Les formes romano-picardes de chacun étaient kàJtin
(1133), cascun, cachun, chascun, chasqu'un. — (Du
Gange, 1274). ' ''"
Plusieurs s*orthographiait pluseurs , pluiseurSj {(1^1^
sours. M. Orell (A. Fr. gr. p. 72) cite plurieux çomBie
une ancienne forme picarde.
— 109 —
§. V. — Du Verbe.
En Romano-picard , les verbes actuels en ir se termi-
naient souvent enre.
Exemple : Coure poar courir.
Ceux quisontactuellementen r« finissaient souvent en oir.
Exemple : Ardoir pour ardre.
Dans les conjugaisons en re, s était la lettre figurative
du parfait définitif : Ils fisent pour ils firent.
Dans le poème du sire de Créqui les terminaisons plu-
rielles èrentj irent sont écrites ères , ires , et les impar-
faits sont en oy et oint.
..... Qmfieres moult carnaige...
A s'enrolier trestous montroient bien de li preisse.
Les conjugaisons du patois picard subissent de nom-
breuses variantes selon les localités. Nous donnerons celles
qu*on peut considérer comme le type le plus général.
VERBES AUXILIAIRES.
POHTBIEV. tANTBBRB.
•
Indicatif présent .
J'ai.
Ej' sus.
Tes.
T'es.
llo.
Il est.
Oz 008 (1).
Os somaiés.
Oz avez.
Oz êtes.
il ont.
Is sont.
(1) Nous emploierons le z pour indiquer la liaison. C'est un usage que
noDs avons suivi dans tout le cours de cet ouvrage.
8,
— tw —
PONTBIEV.
SANTBBRB.
Imparfait
J'avoais {pron, avouais).
T'avoûis.
Il avoait.
Oz avoèmes.
Oz avoètes.
Il avoet'Dt {pron. avoètte).
Jé'toais.
T'éloais.
Il étoait.
Oz étions.
Oz étiez.
Iz étoaient.
Passé indéfini.
J'ai iea.
ï'os ieu.
Il 0 ieu, etc.
rai té.
Vos été.
Il a été , etc.
Pa^sé défini.
(Inusité.)
(Inusité.)
Plus que parfait.
J'avoais ieu , etc.
J'avoais té , etc.
Passé antérieur»
(Inusité.)
(Inusité.)
Futur.
J'érai.
T'éros.
Il éro.
Oz érons.
Ozérez.
Il éront.
Ej' serai. ^
Tu seros.
I sero.
Os serons.
Os serez.
Is seront.
— 111 —
VOflTIIIBll.
SAIfTBBRB.
JFutur antérieur.
J'érai ieu , etc.
J'aurai été, etc.
Conditionnel présent.
:».
i'éroais ou j'eroès.
T'éroais.
Il érDait.
Ozéroèmes.
Oz éroètes.
Is éroèt'nt.
Ej* scroais.
Tu seroais.
I seroait.
Os serions.
Os seriez.
Is aeroaient.
Conditionnel passé.
J'éroais ieu , etc.
J'aurouais été , etc«
Impératif.
Eache.
^
Soès.
EuchoDs.
Peu usités.
Soyons.
Eachez.
Soyez.
Subjonctif présent.
Que j'euche ou j'aiche.
Que t'euches.
Qoil eacbe.
Qa'oz ayeaches.
4î»'oz ayèches.
Qu'il eucht*nt ou quil aiitcnt.
Que je sois (pron. soè)%
Eq' tu sois.
Qu*i soit.
Qn*08 soyons.
Qu'os soyez.
Qu*i« soyant ou qu'is-eoiltent.
8*.
— 112 —
PONTBnV. fANTEBme. ^
Subjonctif passé.
(Inusité.) Que j'a΀ été , etc.
Imparfait*
(Inusité.) (Inusité.)
Plus que parfait.
Que j'euehe ieu , etc. Que j'uche été y etc.
Infinitif.
ÀToir (pron. afoër). Ête.
Participe,
Ayant. — ieu. Etant. — été ou té, par aphérèse.
On emploie quelquefois nous sont pour nous somm$$ et
vous ai pour vous avez.
Exemple : Vous nous ai dit dins yoX* cainchone.
Epître de P. L. Gosseu.
La forme qu'os soy ornes conservée dans quelques loca-
lités indique précieusement le passage de la forme latine
(simus) à la forme française.
Le verbe avoir se substitue quelquefois abusivement
au verbe auxiliaire être: t s'a laissié tomber. — J^ai
venu, etc.
— 113 —
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— 117 —
Les verbes de la première conjugaison en ier sont nom-
breux dans TÂrtois et le Yermandois : aidier, impiriery
mangier, laissier^ atargiery etc. Ils Tétaient encore plus
autrefois. Dans la Romance du sire de Créqui, c'est une
terminaison qui revient presque à chaque vers. (Se ges-
tier, coukier , commendier , cuidier, trouvier , dreichier,
marckier y racatier , cangier, etc.)
DEUXIÈME CONJUGAISON.
DOOLLSIlAlt.
£j' finis.
Té finis.
I ou al finit.
Os finissons.
Os finissez.
Is finissent.
POltTHlSII.
Indicatif présent
Je fénis.
Tu fénis.
I fénit.
Os fénichons.
Os fénichez.
Is fénittent.
Imparfait.
£j' finissouais.
Tu finissouais.
I finissouait.
Os tinissouaimes.
Os finissouaites.
Is finissouaitent.
Je fénichoais.
Tu fénichqais.
I fénichouit.
Os fénicdoèmes.
Os fénichoètes.
Is fénichoèttent.
Parfait,
J'ai fini , etc. J'ai féni , etc.
Plus que parfait.
J'avouais fini. J'aTOais féni.
118
DOOLLKltAIt.
Ej' fiDJrai.
Te finiros.
I finiro.
Os finirons.
Os finirez.
Is finiront
J'érai fini.
£j' finirouais.
Té finirouais.
I finirouait.
Os finirions.
Os finiriez.
Is finirouaient.
Finis.
Finissons.
Finissez.
Futur,
PONTHIKU.
Je fénirai.
Tu féniros.
I féniro.
Os fénirons.
Os féni'rez.
Is féniront.
Futttr passé.
J'érai féni.
Conditionnel.
Je féniroais.
Tu féniroais.
I féniroait.
Os féniroèmes.
Os féniroètes.
Is féniroèttent.
Impératif,
Fénis.
Fénichons.
Fénichez.
Subjonctif présent.
Que je tiniche. ' Que je féniche.
Que té finiches.
Qu*i finiche.
Qu'os finichonclies.
Qu'os finissèches.
Qu'is finich'tent.
Que tu féniche.
Qu^i féniche.
Qu'os fénichonches.
Qu'os fénichèches.
Qu'is fénich'tent.
— 119 —
DOOLLSRAlf. POUTHIBV.
Plus que parfait,
£q' j'euche fini. Que j'euche féni.
Infinitif,
Finir. _ Fénir.
, Dans le Yermandois» beaucoup d*infinitifs et de parti-
cipes se termiDcnt en t; mais ils appartiennent à la pre-
mière conjugaison.
Exemple: Laissiez vous claki de faim Il o fallu arrachi sin
deint. — fJourn, de St-Quentin ^ n.° 1515).
TROISIÈME CONJUGAISON.
DOOLI.BltAn.
J'apercheus. ^
T'apercheus.
Il apercheut.
Oz aperchuvons.
Qz aperchevez.
Il aperch^uttent.
PONTMIBU.
Indicatif présent.
^ Je r'cheus.
Tu r'cheus.
I r'cheut.
Os r'chuvons.
Os r'chuvez.
Is r'cheutent.
Imparfait,
J'aperchuvouais. Je r'chuvoais.
ï'aperchuvouais. Tu r'chuvoais.
Il aperchuvouait. I r'chuvoait.
Oz aperchuToèmes. Os r'chuYoêmes.
Oz aperchuvoètes. Os r'chuvoaites.
Is aperchuvoèitent. Is r'chuvoaient.
Parfait,
J'ai aperchu.
J*ai r'chu.
120 —
SOVLUBIIAIS. PONTHnSV.
Plus que parfait,
J'avoës apercbu. J'avoais r'chu.
Futur»
J'aperchuvrai.
T'aperchQvros.
Il aperchuvro.
Oz aperchuvrons.
Oz aperchavrez.
J'erchuvarai.
Tu r'cbovaros.
I r'chuvaro.
Os r'chuvarons.
Os r'chuvarez.
Is r'chuvaroDt.
Is aperchuvront.
Futur passé.
J'érai apercbu. J'érai r'cbu.
Conditionnel.
J'apercbuvrouais.
Paperchuvrouais.
Il apercbuvrouait.
Oz aperchuvrions.
Oz aperchuyriez.
Is apercbuvrouaient.
Je r'chuvaroais.
Tu r'cbuvaroais.
I r'cbuvaroait.
Os r'cbuvaroèmes»
Os r'cbuvaroètes.
Is r'chuvaroètteût.
Impératif.
Apercheus, apercbuvons. R'cbeus,r*cbuvoDS,r*chuvez.
Subjonctif.
Eq' j'apercbncbe. Que jer'cbeuche.
£q' i'aperchuches. Que tu r'cbeuches.
Qu'il apercbucbe. Qu'i r'cbeucbe.
Qu'oz apercbuvioDS. Qu'os r'cbuvoncbes.
Qu'oz apercbuvéches. Qu'os r'cbuvèches.
Qu'is aperchutent. Qu'is r'cbeuttent.
— 121 —
SOVLLBMAlt. POMTHMO.
Infinitif,
ApHrchevoir ou oër. R'chnvpir.
QUATRIÈME CONJUGAISON.
SOOI.IXIIAI9. POITTMISV
Indicatif présent.
Ey roeus. Je reiuds.
Et' ou te meus. Tu reinds.
1 ou al meut. 1 reind.
Os meulons. Os reiodons.
Os meulez. Os reindez. ^
Is meul'tent. Isreind'teDt.
Imparfait.
' Ej'meulouaisi. J'reindoais, etc.
Parfait,
[^J'ai meolu. J'ai reindu.
Plus que parfait,
J'avoais meulu. J'avoais reindu.
Futur,
Ej'meurrai, tumeurros^ etc. Jereindrai, tu reindros^ etc.
Conditionnel,
Ej' mearrouais. Je raindroais.
Impératif,
Meucbe, meulons, meulez. Reinds, reiodons» reindez.
— 122 —
DOOLLEWAIfl.
Quéj* meuche.
Eq* té iiieiiches.
Qui meuche.
Qu*os meuchioDS.
Qu'os meulècbes.
Qu'is meuch'tent.
poif-niiBfj.
Subjonctif.
Que je reinde on reinche.
Que tu reindes.
Qu'i reinde.
Qu'os reindonobes.
Qu'os reindèches.
Qu'is reind'lent.
Infinitif.
Meurre.
Reinde.
DaDS quelques communes du Santerre , on employé le
conditionnel suivant pour la 4.* conjugaison. Taperchu-
vrouis , Vaperchnvrouis , il aperchuvrouil , os aperchu-
vrouaimes , os aperchuvrouaites , is aperchuvris,
La dernière personne plurielle de Tindicatif présent et
imparfait, du conditionnel présent et du subjonctif pré-
sent, fait sonneu si fortement la consonne dé la pénultième
qu'elle ne peut jamais être confondue avec le singulier.
Dans le Yermandois , cette troisième personne se termine
en eint , et la première et la deuxième en eins.
EXEMPLES :
Becueu de gens qui s'ein allieint.
I/espace eq'nous devisieins.
Tous braves geins qui s'freint écorchi tout vive,
Ej'eroyouais qu'ch'étoit d'chelle la qîiWous parliens.
(3.« lettre de Jean-Louis Gosseu. )
Nous admettons l'alliance du pronon jie avec la première
personne plurielle: ;> croyions, je prendrons , etc. Les
— 123 —
courtisans de Henri III ne se faisaient point scrupule non
plus de ce mariage du singulier avec le pluriel et c*est
pour cela que Henri Eslienne leur disait :
Pensez à voas, ô courtisans,
Qui lourdement barbarisant.
Toujours f allions, je venions dites...
Les verbes irréguliers sont trop nonabreux en patois
picard pour que nous les énumérions ; nous n'en citerons
que quelques exemples :
Povoir,
I podroèt.
Carier ,
Que je cariche.
Aller,
^ EnjWos , — Que je vQuèche
Boire ,
Os buvrons.
Devoir,
Is droittent.
Venir,
EjWérai.
Falloir ,
I foroët.
Se lever ,
Qu'i s'eyeuve.
Vitre,
Is vitent.
Lire,
Is litent.
Soutenir^ Tu soutéros./
Certains verbes d'une construction irrégulière en fran-
çais Reviennent réguliers en picard :
exemples: Se ploëndre, os vos ploëndez ; voir, vous voirez ;
savoir, savant*, pouvoir, pouvu, etc.
— 124 —
CHAPITRE V.
ORTHOGRAPHE ET PRONONCIATION.
§. I.«' — De rOrthographe.
L*usage, la prononciation et Vétymologie sont les trois
bases qui doivent servir de fondement à une bonne ortho-
graphe. En ce qui concerne le patois picard*, nous rie
pouvons' pas nous en rapporter à Tusage. Il existe trop
peu de monuments de la littérature picarde moderne,
pour qu'ils puissent faire autorité ^ et d'ailleurs chaque
auteur n'a suivi que les inspirations de son caprice; quel-
ques-uns même ont paru vouloir ]eter un défi au sens
commun en surchargeant les mots de lettres parasites
que réprouvent tout à la fois la prononciation et Tétymo-
logie. Nous citerons pour exemple le sermon d'iin curé
picard sur les vérités du temps :
Vos vlos chy rassanés comme en hots de pouldaines
f Four m'aouir sermonner chéa paroles divaines ,
Etous je m'envos vos prequers dene boene maingnière
£t m'étendre de men long edsur ene belle maquer,
J'ai quoysie pour echlos chelle journée ichy ,
Je vos anoncbe ecq chet ecb Saint-Epifanie....
D'autres écrivains ont modelé servilement leur ortho-
graphe siir la prononciation , en rompant la tradition
étymologique, en supprimant les signes du genre, du
nombre , du mode et du temps et les consonnes finales
qui restent muettes. Nous ne pouvons adopter ce système
— 125 —
qui 'multiplie les homonymes, embarrasse rintelligence
de la lecture , réduit les mots à des sons fugitifs qui ne
parlent plus par eux mêmes et change un des plus pré-
cieux débris de la langue romane en un détestable argot
individuel* Ge ne serait plus , comme l'a si Uen dit Cb.
Nodier 9 ce qu*un monstrueux mélange de bégayements,
de bredouillements, de grasseyements, d*anonements ,
de nasillements , de barbarismes sauvages , imposés par
la voix qui prononce à la main qui écrit , une oonfusioD
pire encore quQ. celle des ouvriers de cette tour maudite
de Dieu* » (1)
Nous suivrons donc dans notre glossaire l'orthographe
étymologique, tout en ayant soin de figurer, autant que
pMâMe ( 3 ) la prononciation réelle , quand elle sera en
désacord avec Torthographe. Nous ne ferons d'exceptions
que pour les dtations et nous nous garderons bien surtout
d'altérer la physionomie des mots de l'ancienne langue
picarde. Nous les reproduironsC toujours avec l'ortho-
. graphe des chartes où nous les aurons recueillis , quelque
vicieuse quelle ait pu nous paraître.
§. II. -*- De la Prononciatioii.
C'est principalement par la prononciation que les
langues dérivées et surtout les patois diffèrent entr'eux.
La transformation des mots picards , soit de ceux qui se
(1} Eléments de lingaisliqae.
• • • •
(2) Notas disons autant que possible parce qu'il y a pins de dii leltres de
notre alphabet verbal dont récritnre est impuissante à Ogurer parfaitement
tesM.
9.
— In-
formèrent directement du Latin et du Roman ou de ceQx
qui se dénaturèrent du Français, fut opérée par Tapocope».
la syncope , la métagramme , la mètathèse , Taphérèse ,
la prosthèse , Tintercallation et Tinsensibilité de roreille».
1.* L'apocope supprime une ou plusieurs lettres, una ou
plusieurs syllabes à la fin des mots: safker de^onopr;
berlan de berlinghum; (' pour la; t pour tl» etc.
2«<' La syncope contracte les mots : Paroler deparaban
lari ; maker de manducare ; réu de reddUus ; eéri pour
céleri ; mu pour revenu , etc. ^ ■ t
3.*" La métagramme substitue une lettre à une-autre:
Id pour là; prone pour prune; hureux pour heureux;
ein pour un , etc. ; cette substitution est due surtoul^ 4
Torganisation vocale des diverses provinces. Ainsi: la
voyelle u est plus en faveur dans le Ponthieu que di^s
TÂmiénois; Vo domine plus dans TÂmiénois que dans
le Santerre ; la diphtongue ieu est plus commune -dans
le Santerre que dans le Yermandois.
4.^ La mètathèse transpose les lettres, tantôt pour -od
motif euphonique , tantôt à cause d'une prédilection parti'*
culière de prononciation : erchevoir fOMv recevoir ; fremer
pour fermer ;pemez surprenez; canlirbution pour can-
tribulion.
5.*" L*aphérèse retranche la lettre ou même la sylla^
initiale du mot: os pour nos; chi pour ici; freu pour
effroi; perchu pour apperçù.
6."* La prosthèse ajoute une lettre ou une" syllabe au
commencement du mot: estatue f ont statue ; cafouiller
pour fouiller ; levier pour Mer , etc.
?•« L*intercallation ajoute une lettre ou une syllabe
— 127 —
d^uas Tin teneur du mot : mordinbleu pour morbleu; hat'^
per pour happer.
S^"" Enfin» et c'est la cause la plus générale, rinsensibi-
lité deToreille, dans nos contrées, fait estropier beaucoup
de mois. Les méridionaux, qui ont Toreille plus délicate,
ont conservé dans leur langage une empreinte plus fidèle
du latin. Nous ne devons point nous étonner que nos
aaeètres lui aient fait sutûr de si étranges mutilations,
fua»d nous voyons les paysans de nos jours dénaturer
souvent d'une manière grotesque les mots étrangers on
les mots français de création récente qu'ils sont obligés
d'emprunter* C'est ainsi que nous avons entendu dire':
wiatelas d!or pour Matador; fat 4e coton pour factotum;
débarque à terre pont débarcadère ; société de fil harmo^
nique pour philharmonique , etc.
yancien Picard ne.se prononçait point précisément
eomme il s'écrivait. Certaines consonnes , et surtout Tf
qu'admettait l'écriture pour rester fidèle à Tétymologie
latine, était rejetée par le langage parlé. Ainsi : eslraner^
eeteule, eîcfilieu se prononçaient comme aujourd'hui
étiranér , éteule , écritieu. Les consonnes finales se pro-
nonçaient rarement. On disait: quéri pour quérir y 6^ pour
6éc, etc. Autrefois, comme aujourd'hui, il était rare
qu'on fit sonner les consonnes redoublées et qu'on fît
sentir la liaison de deux mots consécutifs , surtout quand
la finale du dernier mot était un f ou une s.
La monotonie., la pesanteur et la brusquerie sont les
csfractères généraux de notre prononciation : mais chaque
localité, pour ainsi dire, a son accent, c'est-à-dire une
prosodie particulière pour les inflexions. Dans le Ponthieu,
9.*
I
A
— 128 —
on abuse de la contraction et de Taphérèse ; Vn est sôtjK
vent remplacée par le fî espagnol , mais plus adouci. La
prononciation est plus grossière dans le Vimeu que 'par-
tout ailleurs ; dan» les diphtongues ùi eXoe, oiî ne pro^
nonce guère queTo; Vé fermé d*une syllabe finale se
prononce ouvert ; on n'admet pas de distinction entre les
syllabes brèves ou longues. La prononciation ouverte
dans le Doullenais, gutturale dans le Marquenterr»>
devient nasale dans les arrondissements dç Péronne et de
Montdidier. L'Amiénois et le Hamois ont toujours une
finale chantée par un demi ton. L'Artésien a quelque peti
envahi le Boulonnais avec sa prononciation accentuée»
aiguë f musicale ^ précipitée. C'est le contraire de TA**
miénois rude, pesant^ tardif dans une conversation calmé»
saccadé et tonnant dans l'animation de la dispute.
L'augmentation des voies de ^ communications et la
diffusion de l'instruction primaire feront peut-être un jour
disparaître ces diverses nuances de prononciation. Nous
devons donc ncfus empresser d'indiquer les changements
que notre prononciation fait subir aux n^ts que le Picard
emprunte au Français. C'est ce que nous essayerons de Caire
dans le tableau suivant , où nous avons recueilli un grand
nombre de ces sortes de mutations , les unes fort coDOh-
munes » les autres exceptionnelles; les une's générales » Ic^
autres particulières à quelques cantons.
§. III. — Tableau des mutatîoiis syllabiqucfe» de la
prononciation picarde.
A supprimé devant J' vos à 'miehSf pour je vais à Amiens,
un autre a.
_ 129 —
i changé en €. Sarcler, sereUr: parler, perler; marcher,
mercher»
À — (i). ù Dans , dins ; dimanche , diminche.
À — o. Déjà , d^d ; fu îras^ t*iro«. .
Àd — a(. Àtjectif; aiminUtrateuw,
Ai — 0%. Maison , moUon ; maître , moite.
Ai — yf. Faire, /b^e; semaine, «emoene.
Aient — eoëttent. Ils mangeaient, i$ mingeoettent
Aient — ieint, (Dana le Verm«) Ils vonlaient, i$ volieint.
Aille — aie. Médaille , médaU; qu'il vaille , ^'t vale.
Aine — aiçnè. Fredaine , fredaigne ; douzaine , dovi%aigne.
Ait — où ou ouais. J 'allais , fallois — janlais , jamouait.
Ait — oH ou ouait. il pensait ^ I pinsoët — il était , il étonait.
Al — <m. Maf, mau ; maréchal , maruehau. Autrefoia
al se prononçait al devant une voyelle et au
devant une consonne: on écrivait Valfleury
et Ton prononçait Vaufleury.
Almanach , armano
Viande, viainde; courtisan, courtisain.
Etait toujours autrefois dissyllabique : pa'On^
ta^Uy a-Ottl.
Archevêque , erchevéque; ardoise , erdoise
Bras, bros; gras , gros; pas, pos.
Rat, rot; plat, plot.
Gruau, grui.
Cause, kense; chaudron, keudron,
(Beauvoisîs). Jaune ,jdne; sauce ^ sôce*
Morceau , morcieu; veau , vieu.
Ëtable , étave; table , tave,
(1) Nous employons ce signe pour ne pas répéter continuellement
changé en.
il
—
ar.
An
«
ain.
Ao.
Ar
"
er.
Ai
• —
os.
At
— ■
ot.
An
—
m
t.
An
' -T-
en.
An
6.
An
ien.
B
__
V.
— 130 —
' /
B supprimé. Diable , dtàle* 11 disparaît toujours devant A.
C'est du reste une règle euphonique de notre
ancien langage , formulé par Théodore de
Bèze : c< B disparaît absolument deyant *st
comme dans ces mots obstiné, obscur qu'on
prononce ostiné, oscur. » (p. 64).
C final non pro- Bec, M; sec, se. Il en était d^même dans la
nonce. langue d'oiU
»■ *■
C changé en tch. Chien, tchien; cœur , tchcBur,
Ca — ga. Car, flfar; carillonner, ^anZîon^.
X 1
Ce — che. Vouce, pouche ; espérsuice y espéranche,
Ch — c dur ou 1c, Chassieux , cassieux; prêcher , préker. Les
sons c et ch co-eiistaient dans la langue
romane : mais Tun ou l'autre dominait se*
Ion les provinces. En Picard, c'est le k qui
dominait. M. Genin trouve moyen de îaire
à ce sujet une comparaison anti-ultramon-
taine : « C'est ce qu'on pourrait appeler,
dit-il , les libertés de la langue picarde,
aussi compromises bêlas! que celles de l'é-
glise gallicane y ce qui n'empêche pas la Pi-
cardie d'avoir aussi de son côté le droit et
la raison , si l'qsage est contraire. » ^Vor.
de la langue fr, p. 53). Il est à remar-
quer que notre k ou c dur a presque tou-
jours une raison étymologique : carbon de
carbo; mouke de musca; cavieu de capU-
lus , etc.
Ci — chù Cirer , chirer ; farci , farchi.
de — ke. Spectacle , spectake ; besicle , besike,
D — t Perdrix', pertrix»
— 131 —
fraaet
i ' -
è.
* •-
é.
B ^
a.
B —
0.
B —
%é.
Eau — ieu oo iau.
El
Bndrê^
Bnditê —
Bni —
Ent
einU
Er —
ier*
Er -
i.
Er —
re.
Esse —
eche
jKtt —
0.
Bu —
u.
Ne se prononce presque jamais soit à la fin
soit dans Le corps des mots; le , V; refas,
r*fus ; peloton , pMon.
Bonté , honiè ; fermé , /erml.
Mère, mère; frère, /ré*«.
Retenir , ratenir; reponsser , rapousser ; vio-
lette , violatie.
Gosier , goiio.
Traiter, ttaitier; jugé, jugié, — Dans le
Vermandois, on prononce hiete^ hielle^ etc.
Château , eatiau — beau , hieu.
Presque tous les anciens mots qui se formu-
laient en el sont changés en ieu dans la Pi-
cardie , en ea dans la Bourgogne, en é dans
la Franche-Comté et en eau dans la langue
française.
Prendre, pretnde; attendre, aiteinde.
Vendre, veine; rendre , reine.
Argent, nrgeint; compliment , compUtneint,
A la troisième personne plurielle des verbes
se change en lent. Puissent , puiss'tent i
mangent , ming'te'fd ; à Amiens se change
en tu. « Is n'eàmantté poi d'hommes du
tout » (lEntretiend^eeh franc PieardJ.'
Manger, mingier — changer, canoter.
Changer, eàngi; chercher, cherchi.
Fermer, fremer.
Faiblesse, faibleche'; tristesse ; tristeche.
Jeunesse , jonesse ; pleurer, plorer.
Malheur, malhur; mieux, mitio? ; Eugène ,
Ugène. M. Génin pense que la forme eu se
prononça d'abord par diérèse é-^ii et que
— 132 —
rinflaenee picarde ayant dominé dans b
Français, fit deaser cette prononciation dis-
syllabique.
Eur — eux. • Docteur , iloelet^ ; volear. voZeux. Ce chan-
gement rappelle Vê remplaçant Tr à la fta
du nominatif des déclinaisons romanes, v
F — h. I hezoët poqr il faisait.
F final non pro- fiœuf, bœu; neuf, neu* L'ancienne pronooH
nonoé. ciation romane ^conseryée en Picard , se
retrouve en Français dans les exceptions: k
hcBU grcu , tin cbu dur^
Fre changé en fe. Coffre , jcoffe; balafre , balafe.
Magister^ marUter.
Gâter, troler; garder, warder.
Village, villaehe; éloge, éloche.
Assigner, ctsHner; peigner, piner. C'est
l'ancienne prononciation romane. Au x^h*
siècle , on prononçait encore en Français :
eyne pour cygne ^ anneau pour agneau ^
ma{tn« pour maligne, •'»
Gras , eras^ gros , cros.
Grenier, guemier; agrément , aguermeint.
Longue, lonke; langue, lanke, >
H'Ti'ôat pas aspirée dans ^rteotf , /ienteii4? , etc. Nous indiquer
rons , dans notre Glossaire , les mots qui
commencent par une H aspirée.
Senti , senUt,
Illuminer , ékÊminer*
Lier, loyer; prière, proyère ou prayère,
Vo\ï%8ii, pauseiu.
Malin , malan; lapin, lapan,
Ine — otite ou ai^ne. Miue^maine; poitrine, poitraigne.
G
—
r.
Ga
—
w.
Ge
—
che.
Gn
__«
n.
Gr —
cr.
Gre —
guer
Gue —
ke.
\.\
I
—
u.
I
— .
é.
1er
—
oyer
If
—
iu.
In
__
an.
— 133 —
1$ — ton. Taudis, taudio»; fourmi, /remion.
Is$€ — iche. Jaunisse, jaunic/ie; qu'il poisse, gu'ipuic^e.
/ — D. Jusqu'à , dtisqu'à
J — 9' Jambon , gambon; ja?elle , gavelle,
L sapprimée, 'Aimable, aimabt; oncle, orike; sel, se,
L transposée. Boucle , hlouke ; lévrier, elverier. .
L — c. Pêle-mêle, jwc-wi^ie.
X -r- n. Nulle paît, nune p(irt.
L. — r. Laboureur, radoureua;; calcul, carcul.
'Lier — gner. Tortiller , tortigner,
jY s'ajoute à quelques diphthongues dons certaines localités. Lui,
luin; oui, ouin.
N — d. Ornière, ordière,
N — l. Nommer, Zommer; numéro, Wm/ro; enveni-
mer, ënt7e{imer; national, lationaL
0 supprimé. Recommencer , rectnincher.
0 . — en oi. firosse, braisse ; encore , encoire
Q — ou. Opinion, oupignon; acroser, arrouw: autre-
fois o suivi d'une voyelle se prononçait ou.
Le nom des familles de Mouy, de Grouy ,
etc., s'écrivait if oy, Croi.
Oise prononce oè', ou plutôt ouè. Roué pour roi, «oër ^our voir,
^2oërepour gloire; c'est l'ancienne pronon-
ciation française : anssi Régnier fait ritner
histoire a v ec douaire et S t . -Gela is , paroisse
avec pécheresse , etc. Rabelais écrit indiffé-
remolent tiroir et tirouer^ mouchoir et
mouchouer. Voyez sur cette question le dia-
logue mr la diphtongue oi que M. Bernard-
Jullien a publié dans le journal de l'Institut
historique.
Oi — a, R^ide,rad€.
#
Oi —
eu.
Oi —
m
t.
On —
0.
Osse —
oche.
Ou —
eu.
Ou —
0.
Ou —
u.
0 supprimé.
— IM —
Effroi , effreu,
Poignié , pignée) s'asseoir, s'assir.
Compère, copère; comprendre, coprinde.
fiosse, hoche; crosse, croche.
Roue , reue ; boue , heue ; coudre , keudre. -
Oublier, ohlier; souffrir, sofrir.
Soutaine , sutaine.
Coq d'Iude , co d'Inde. Noos remplacerons
toujours cette lettre par K, quand l'étymo-
logie' ne nous fera pas une loi de la conser-
ver.
jR supprimée. Goufre , gueufe ; procession , pocession ; pro-
mettre, promète. Dans la langue romane,
^ IV suivi d'une consonne se prononçait
rarement. On écrivait candelarbre, armure^
varletj arsiy et Ton prononçait, candelahre,
amure , valet ^ asi.
R final d^s verbes en ir se prononce rarement dans le Verman-
dois. Il en était de même dans la langue
d'Oc.
A ajouté au commencement dès mots: Rachever pour achever;
roter pour oter.
Kecme r ^ déculer.
Ribambelle, Uhamhelle.
Retenir,rafemr; refrotter, rafrotter.
Regarder, ergarder^ bredouiller, herdouiller,
S final des articles et des pronoms se lie aux mots suivants lors-
qu'ils commencent par une voyelle ou une h
muette. La liaison est fort rare en tout autre
cas.
S — ch. Sorcier, c/wrcfctcr; qu'il eusse, qu'il uc/ic.
S — g. Prison, prit/ eo«. . *
R
—
d;
R
—
l.
Re
—
ra.
Re
...
er.
— 185 —
J Mppriiné. Juste , juitex triste, trint,
Tre — t$k BMre\bate;\GiiTe^Ui$e»
U élidA dans le pronoa tu. T'aimes ; Vas.
U — e. Commune , comène,
U — t. Numéro » lim&o ; chacun , chakin.
U — eu. Lune, {eiitte; humer, /ieumer; une, eune. La
diphtongue eu est fort commune dans Tan-
cien idiome picard: tondeu, veu,perdeu,
desseur^ seufrity meur , etc.
^ ' -^ o. Pmne, prtme,
U — un. Fumée , funmée ; écume , écunme.
¥^ — f. Brave, bra/ê; pauvre, jMi«/«.
JFse prononce ou comme en anglais: Water^ Wepe se pronon-
cent ouater, ouèpe. Ob écrivait autrefois
Wlfran et l'on prononçait oufren.
CHAPITRE VI.
PROVERBES, MAXIMES ET DICTONS PICARDS.
M. Crapelel a fait remarquer avec raison qu*aucune
province n'avait produit autant de proverbes que la Pi-
cardie Cependant les recueils de proverbes ne mention-
nent que fort peu de nos dictons. Nous classerons en
quatre catégories ceux que nous sommes parvenus à re-
cueillir; 1.° les proverbes moraux, les sentences, ada-
ges et locutions proverbiales; 2.° les proverbes mé-
téorologiques et hagiologiques ; 3.° les anciens proverbes
romano-picards qui ne sont plus usités ; 4.° les proverbes
— 136 —
et dictoDs historiques , relatifs aux villes , aux villages et
aux grandes familles d§ Picardie. La plupart de ces der^
niers ne se formulent pas en patois picard : mais nou^
avons cru devoir néanmoins les admettre , pour compléter
la liste des proverbes qui appartiennent à notre province.
§. I.«^ — Proverbes moratiz, Sentences, Adages et
Locutions proverbiales (1).
Quelques-unes des locutions proverbiales que noofe
allons mentionner varient de signification dans certaines
localités. Nous tacherons , dans ce cas , de désigner dMfe
qui est la plus générale.
A chacun sin métier, chés vakes seront bien wardées, —
Quand chacun s'occupe uniquemeat de sa besogne, tout va
bien.
Acouter les aveines lever, — Ecouter ce qu'on dit pour se
conduire en conséquence. ^
A ein g'mu baillé , ein ne ravise poè'nê ch'licou. t- Quand il
s'agit d'un don , on n'en considère point les imperfections.
Agvinez si c[est du lard ou du cochon ! — Comprenez si vous
pouvez.
Alors, ch'étoêt bieu
Ch' ramon étoêt neu.
Se dit d'une chose qui plaisait quand elle avait i^attrait éQ
la nouveauté , mais dont on s'est dégoûté par la suite.
(1) Comme ces proverbes ont été recueillis sur tous les points delà
Picardie, on ne devra point s'étonner qu'il n'y ait point entre eux con-
formité de dialecte.
— 137 —
Aller d^el cave au guernier. — Ecrire en remontant snr le
papier.
Allez Goigaitte (Marguerite)
Vous n'poyerez paa de gîte.
Manière de dire : allez , sortez bien vite.
Allez tout droit à ch' dizieu
Comme eV bete d'ecb' dimeu.
Aller droit au bat ; ne pa» tourner autour du pot. Les che-
vaux, des (^tnumr^ étaient sans doute habitués à conduire l^r
maître par les plus courts chemins pour prélever la dîme sur
les blés coupés et xaogés en dizeaux.
Allons , allons ,
Feut poent tant de bure poar foire un quartron.
En voilà assez sur ce sujet; une plus longue discussion serait
superflue.
A tout bon enteindeux , à mitan mot. — A bon entendeur
suffit.
A^oate heure
Kien i pisse et femme al' pleure (1).
Aveu des roè's plein chés. mains , on ne sait pau de quel atout
qui peut r'iourner. — Allusion au jeu de l'écarté , pour dire :
quelque belle que soit votre position , elle peut changer.
Aveu marchand qu'étale , n'o rien à perde. — On peut faire ,
crédit à un marchand qui étale y parce qu'on peut lui acheter
autant qu'on lui a vendu.
(1) Nous ne traduirons le sens des proverbes que lorsqu'ils auront be-
soin d'une explication.
— 138 —
Avoir de l'écorion d' peindu difu V gouisel d'et^ maroniue^ —
Avoir des écas , ôtre riche — Allusion à l'ancienne coutame
de porter une bourse suspendue à la ceinture.
Avoir mis s' calypette ed* travers. — Etre de mauvaise humeur.
Avoir pu kier belle painche.
£q' belle mainche.
Préférer la table à la toilette.
Avoir mingé des us de cahouants d'ins s* n'omeleUe -r* On
prétend que les œufs de chat*buant sont un mets qui dérange
Fesprit.
Avoir des crignons dins s* tête, — Avoir martel en tête.
Awi , awi , vos , chiffe , ef tamboure. — Dis tout ce que tu
voudras, je ne t'écoute guères.
Bailler s' vake pour avoir eusse queue, — Plaider.
Bé à ti.
Garnis ti
Vaut miu deux foes q\ï*Beati quorum*
Prendre ses précautions et avoir son gousset garni vaut mieui:
que d'avoir ses péchés pardonnes.
Belles filles à marier
Rien à leu bailler.
Boen sang i n' meint jamouais»
Bon jour cbés blés
Ghés aveines sont levéeSé
On se sert de cette locution pour dire à quelqu'un qu'il vous
ennuie , qu'il se taise.
— 139 —
Bon fruit prouvient de bonne semeinche,
fiien deroakant
Bien venant.
Se dit des enfants.
Bonjour 9 flour
C'est pour deux jours.
Se dit dans le même sens qae : on voas en donnera des petits
couteaux pour les perdre.
Boesons V main qu'à nous buque, — Rendons le bien pour le
mal.
Bo8 vert
Pain ter
Soupe à rognon
Gh'est tout ruine moêson.
On dit à Bayeux :
Bois veri, pain chaud et cidre nouveau
Mettent la maison à veau Teau.
Caingemenl de proupos i réjouit l'homme.
Cacheux , pékeux , tendeux foiseleurj ^
Trois métiers de gueux.
Ganter ses capernotes. — Murmurer entre ses dents. (V.Ca-
FBRNOTiER daus notre Glossaire).
Gâte seuris
Rapaqhe par ichi
Je t' barai du lait boli
Dins eine gâte qu'ai fouit.
Chaque grain de hlé^ il o s' paille. — Les meilleures chose?
Ont leur mauvais côté.
— ud —
Ce sont des contes
De Robert mon onke.
On dit dans le même sens:
Ce sont des histoires
De mon onke Grégoire;
Ce sont des histoires
De la forât noire.
Ce qui est foè't n'est mie à foère.
Ce qu'aime la mékaine
On ein meinge sept foês la semaine.
C*est des navets ! — Ce sont des contes bleus l
Cha vera (viendra) petète : V queue de notre kien al est bien
venue, — Ayons patience , cela viendra tôt ou tard. Se dit or-
dinairement dans un sens ironique.
Cha n'est poent des anguilles frinches, — Ce n'est pas quel-
que chose de bien rare.
Cha ne kéra poent dins Véreille â^ein cat. — Ce qu'on enten-
dra sera mis à profit.
Cha sero du lait bouli pour chés cos, — Ce sera une chose
perdue, inutile.
C h elle feumelle lo
Elle cante el co.
Cette femme veut être la maîtresse^ le coq.
Chés pots épeutre's resteront à nos comptes. — Nous payerons
les pots cassés.
Chés Jones corneilles
N'apatellent poent chés vieilles.
— 141 —
Chés noriches aront du bon temps ; chés enfants e'arluitent,
C^est ce qu'on dit , quand on voit une grande personne
amuser à des jeux d'enfants.
Chés poves paysans et pis le queue de nos kien , il iront tejours
a/F drière. — Les paysans seront toujours les derniers à jouir
es avantages généraux.
Chés cosseyeux
Et chés payeux ,
Cba fait deux.
On dit aussi : Chés conseyeux n^sdnt poënt chés payeuâ>.
Çh'est ein acoute s'i pleut, — C'est une promesse illusoire ,
une espérance dénuée de fondement Au propre , on donne lé
nom d'acoute s'i pleut à un moulin qui, manquant souvent
d'eau, semble écouter sUl en tombe du ciel.
Ch'est si boin qu'ein kien n'ein donnerait poent à ch'mère, —
Manière d'exprimer l'excellence d'un mets quelconque.
Ch*est Vfiu d'ein cérusien d'villache : sin père sanoit (saignait)
l' terre à keu de pioche, — Epi gramme contre le Gis d'un artisan
ou d'un laboureur qui ; oubliant son origine, veut se donner
de grands airs.
Ch'est le moèson du bon Diu , on n'y boit ni on n'y minge, -^
Se dit ironiquement d'une maison' où l'on n'offre aux viaitenrs
ai à boire ni à manger.
Ch'est ein baudet de nature
I n'chait poi lire ess'n'écriture.
Ch'est à ch'pied d'ecWl'abe qu'o conùit ch'bokillon. — C'est à
rœuvre qu'on connaît Tarti^a^n. ^
.10
— 148 —
Ch'est à Dieu et à mi, — C'est ma pi'opriété.
Ch'est demain foële
Les singes sont al fernète.
Se dit ironiquement de ceax que la curiosité retient à la
fenêtre.
Ch'est aussi vrai que dTécriture
Femme qu'ai minge ess'créme, en'bat poent d*bure.
Ch'est ein métier; vous le savez quand % sero foait, — Vous ne
connaîtrez le résultat de révénement que lorsqu'il sera accom-
pli. Ce proverbe fait allusion au jeu du métier , où les joueurs
miment une profession quelconque. Avant la scène, on de-
mande aux acteurs caristi, caristo, queu métier? et ils ré-
pondent : fious le sùrez quand % eéro foait
Ch'est écrit sous Vqueue d'ech lapin :
Ch'li qui gagne au keminchemeint
Perd à la fin.
On répond ordinairement par cet autre dicton :
11 est écrit d'zous s'panche:
I n'est qu'd'ayoër l'avanche.
CKn'esl'pau H Vkeuse equ'chés guernouilles , is n'ont poifïïtd»
queue. — C'est ce qu'on dit d'un bon homme a courtes vues.
Ch'n'est qu'ein laissiant reupiller (dormir) ck'marlou (chai)
' qu'ein ne rechoit pau de coups de griffes, — Ce n'est qu'cu^
laissant les gens tranquilles, qu'on ne s'expose point à leur
colère.
Cholle maliche al est honnête
A retourne à sin mouète.
L« méchanceté retombe sur son auleur.
— 148 —
C^'H qui ie irondèle à l'ombrache ne recourra pui de keuè de
^kl, -— Celui qui nes*expo6e pas au danger, n Y périra pas.
e proverbe suivant a le même sens.
Ch'ti qui ne touchera pau à ch'fu , i né cK' grillera pau chéi
ngues.
Gh'ti qui sero méconteint
Tornero sin c. au veint;
Ch'esl tout comme si no cat miaulait, — C'est comme si vous
chantiez.
^Ch'ti qu'acoute ess' femme et sin curé ^
Ne manquaient poent de pauverté.
Parce que la femme appauvrit le ménage par ses dépensesde
toilette et le curé par ses demandes d'aumônes.
Cœur,c'ti qui n'en a pas , il en meurt. — Se dit en jouant
aoY cartes.
Conseil d'éreille
Ne veut pau eine grouseille.
r
Un conseil qu'on n?écoute que par complaisance n'aboutit
à rien
Cauler ein molet de bure dins le dos. — Rendre quelqu'un
souple à force de coups. — Signifie aussi dans qi]ielques en-
droits : Graisser la patte à quelqu'un.
Défiler ses capernates, — Exposer une affaire. — Voir
CAPERNOTiER daus le Glassaire.
D'ein tcbène
I n'ein fro bien eine mancbe à z'alène.
s.
Se dit de quelqu'un qui dépense beavcoup pourfure pet.
10.*
— 144 —
De loin chés vakes iz ont de gros pis , et pis de près, chés etUr&ns
is sont flauds. — De loin c^esl quelque chose et de près ce n^M
rien.
Del soupe à naviaus»
' Pas de bure et beaucoup d'iau ,
Gh'est le potache des carmes décaus.
* •
Se dit d'un potage fade et peu garni.
Des tèles et des télots
Gh'est le noTénage d'ein sot.
G^st une sottise, dans un ménage, de ne pas viser au
solide et d'acheter des choses fragiles.
Deux loques mouillées ne peuveiU mie se ressuer. -^ Dôqx
infortunés ne peuvent pas se consoler Tun Tautre.
Diu vous béniche
Et dins sin paradis vous niche.
Ge second vers est ajouté au souhait ordinaire , par amour
de la rime.
Donnez leu aujourd'hui ein bu et pis demain eine vake, chasero
coé're à rekmincher le surlendemain.
Ech^ n'est mie ech'ti quipalle elpus qu'il o le pus d'esprit,
Ed'sotjuche brève seinteinche,
Ein n'est jamouais brouséque par ein pot noerd.
• 1 i
Ein poysan et pis ein leu
Gha n*o qu!eine ame à deux.
Ein bâton bien triné vaut miux qu'eine carrue mal attelée. —
On gagne plus à demander Taumône avec habileté qu'à cul-
tiver médiocrement un petit coin de terre.
— 145 —
EÎD fiu qu^file , eine femme qu'ai clake
Gh'ost un ménage sins cotron ni casaque.
Un homme qui file et une femme qui conduit les chevaux
omposent un ménage ridicule.
Ein ne doit jamouais apprêter cVItcou devant ch'vieu, — Il
■36 faut pas vendre la peau de Tours avant qu^on ne Tait tué.
' — Cette locution signifie encore: Pour prendre quelqu'un ,
omettez y de la prudence.
Ein prinche sans ergeint
Ch'est ein apothicaire sans ongueint.
Ein ne put mie tirer de f raine d*un sa à kerbon,
£in car qui woigne
Eine femme qu'ai glaigne
Font coir du chemin.
Un charriot qui crie de vétusté et une femme qui se plaint
vont néanmoins leur çhemio.
Ein ramon nu v
Cha ramone miux
Qu'ein viu. ^
Einevaken^y reconoitroit mie sin vi$u, — C'est ce qu'on dit
d'une maison où rien n'esta rangé. — On dit aussi: Ch'est
Vhotel des mirakes.
Ein pet retenu
Gh'est un abcès quand qu'on est viu
EvM kenne fêlée vo pus longtemps à l'ieu qu'eune neuve. ^
— 146 —
Ëine joue, femme,
Pp boâ vert,
Du pain ter,
^ Del flamike à l'ognon ,
C'est r ruination
D'eine moeson.
C'est une varis^nte du proverbe que nous avons cité plus
haut.
£ine majon sans famé
Ch'est un corps sans ame.
£1 fille qu'ai sitfe, el glaiûe qu'ai cante el co
Crient'nt qu'o leur racourchiche el co.
Une fille qui veut faire rhomme et une poule qui veut faire
le coq , méritent d'avoir le cou coupé.
El jour de demain
Amène sin paia.
C'est la maxime du Savetier de Lafontaine.
Chaque jour amène son pain.
En racusier des noerdes pour des blankes et des ganespour dêi
bleuses. — Tromper les gens crédules , leur faire croire que
des Tessies sont des lanternes.
En prendre plein s' panche
Et plein s' manche.
Emplir ses poches après avoir bien dîné chez autrui.
Eté d'ech* bos dont on foet des flûtes, — Etre d'un caractère
souple et facile k manier. — Dans quelques localités on indique
— 147 — ,
par là une personne simple et un peu niaise; dans d'autres,
une personne qui est propre à faire la chose dont on parle.
Etoile qui file, femme qui meurt.
Femme à sio tour al' doit parler
Quand qu'chés glaiueà ift ?ont uriner.
Teut foè're mardi gros aiseu s* femme et pis Pâques aveu sin curé.
Femme sache
£q' dit poent s' u'ache.
Foëre comme ecW varlet du diable, — Faire plus qu'on ne
commande ou plus qu^on ne doit faire.
Foëre des contes à tuer des leus à coup de bonnet. — Faire des
contes à dormir debout.
Foëre pus de fien qu'on n'o de litière, — Faire plus de dé-
penses qu'on n'a de ressources.
Foëre dinser aveuc ein violon à bourique, — Donner une volée
de coups de bâton.
Foës à te mode et leresse à te fantaisie, — Fais-en à ta tète.
Foës des complimeints à ma tante Bobée, — Phrase de conven-
tion par laquelle on fait entendre à son interlocuteur qu'on ne
croit pas un mot de ce qu'il avance.
Gagner en priimier
Gh'est du fumier;
Gagner en second
Ch'est du bon.
Gn'y 0 déjo assez de crans dessus vo taille, — Il y en a déjà
assez sur votre compte.
â
, — 148 —
Gn'i 0 pas d'ieo si belle
Qu'an ess* troobèle.
Gn'y 0 quech'-t'ichi qui ch' fàé't berbis que ck' leuiVmaingé.'^
Gn^y 0 pau de différeinche d*ein homme d'esprit quvne palU pan
avec ein sot qui ne dit rien.
Gn'y 0 poent après ein pot feindu pour durer pus longtemps
qu'ein eute. — C'est ce qu'on dit d'une personne dont la vie se
prolonge malgré quelque grave maladie.
Gn'y 0 pau moyen de moyenner. — Il n*y a pas moyen de
s'arranger.
Graissiez les bottes d*ein vilain, osn'arez que chés erettea ed'
reste, — On trouve un proverbe analogue dans les Proverbes
.au comte de Bretagne: graissez les bottes d'un vilain, il dira
qu'on les lui brûle.
Hututu Vmère ed' nos glaines. — Phrase par laquelle on ex-
prime son doute ou son incrédulité sur un récit quelconqqew
/ [eut foëre eine crox dessur. — Il faut y renoncer.
I gn'y 0 mie de sots vendeux
I gn*y o^que des sots acateux.
Jgn'i a pas après ein boiteux pour vouloir dansier.
Il aro des étoupes à détouiller à s' quenouille. — Il aura beau-
coup d'embarras.
// a pu hier vos talons que vos pointes. — Il aime mieux vous
voir partir que de vous voir arriver. — Cette locution doit
remonter au temps où les souliers se terminaient en pointe re-
levée
Il y a aussi loin ed chez mi chez ti que d* Chez ti chez mi.
— 149 —
Il est dedins
Gomme frère Laarçint.
// est moëtte de s' n'éeulée quand il Vo miée. — Il n'esi pas
aitre chez lui, pas même de ce qu'il a sur son assiette, avant
e Pavoîr mangé.
// est passé à Cambrai : il o ieu ein keu de martieu, — Se
c3it de quelqu'un qui a le cerveau fêlé.
m foroait le gardin et les prônes. — C'est ce qu'on dit d'un
liomme insatiable.
/ H donne des loques à laver pu's qui n'a de savelon. — Il lui
donne plus d'ouvrage qu'il n'en peut raisonnablement faire.
Il y attrapero s'keuke, — Il s'y fera pincer.
Tne feut poé'nt que chés glaines cantent pus heut que chés cos, —
la femme doit obéir au mari.
I ne feut qu*ein keu
Pour* tuer un Ieu.
■ •
/ n'est poi foèt por er fuser eine claque. — Se dit de quelqu'un
fort poltron.
I n'oseroit mie emormeler (écraser) einemouke qui limingeroit
sesyus. — On désigne par là une personne dont la bonté est
excessive et qui Supporte sans rien dire toute espèce d'avanies.
In^yconnoU pus des bus, — Il n'y entend rien. Le patois
roucbi aune locution tbut à fait analogue : / n'y conot qu' des
buée. .
I ressane à chés porcheux
Avec du viux i foet du neu.
Parce que le piorc, après avoir mangé des ordures, en fait
de nouvelles, en digérant.
— J50 —
I vaut raiux aller ach' l'ormère
Qu'à ch' l'apothicaire.
Parce que le pain coûte moins cher que les médicaments.
/ veut mieux embrasser eine famé qu'eine porte. — Telle est
la bizarre sentence par laquelle on répond au mot : qv^ importe?
dans le canton de Gonty.
I veut mieux : laid, soupons,
Equ* : bieu , quoi qu'os ferons.
Il vaut mieux se marier avec un homme laid qui soit riche,
qu'avec un beau mari qui soit pauvre.
I veut miux bailler ein coup de deint
Qu'ein coup de langue à sin prochain.
Il vaut mieux faire un bon repas que de médire.
lyo pus à prendre à sin nez qu'à se bourse, — Se dit d'une
personne peu à l'aise ou même de toute autre personne qui a
souvent besoin de se moucher.
fat vu Hurluberlu monté sur un séu. — Je n'ai rien vu da
tout.
Je te baraidu bure ed berker. — C'est prendre la tête de quel-
qu'un et lui presser fortement les tempes avec les pouces.
J'aime miuœ dire bojour à m' marcandise que d' H dire adiu. —
J'aime mieux ne pas vendre que de le faire sans sûreté.
J'ai aoùi braire eine vake , mais je n' serois dire dins quelle
étave, — J'ai entendu dire quelque part , mais je ne sais plus
où.
J'ai té salué d' ein vilain capieu. — J'ai reçu sur la tête quelque
chose de désagréable.
— 15t —
faimeroé's miux apprendre min co à juer au pamphile. —C'est
ce qu'on répond, quand on vous propose de faire une chose
extrêmement difficile, sinon impossible.
Je me fiche de ça
J' sois do Canada.
Je re$sane ach' ci^ucifix de S t, -Servais, je sus désargenté. —
Je n'ai plus d'argent.
Je êaie bien eine canehon ; mais ch' couplet lo n^eat pas dedins,
— Je n'entends pas ce que vous me dites ; je ne ferai point ce
que vous me demandez.
Je ne preindrai point de tes armanos, — Je ne suivrai pas les
cons^is.
Jonesse qu'ai veille, vieillesse qu'ai dort
C'est signe ed' mort.
Jonbir à ravisier voler chés moukes. — Rester à rien faire.
Ker veindeux et méchant poy eux sont bientôt d'accord. — Ce-
lui qui a l'intentiop de ne pas payer ne s'embarrasse pas du
prix trop élevé qu'on lui fait.
Laissiez pisser chés berbis, — Ne vous occupez pas de cela.
Lapins, pingeons
Ch'est le démolition
D'eine moëson.
Uespéranche foet vive l* homme; el lonke atteinte el foet morir.
Les mustins en reviennent toujours. — Les mauvais effets
d'une tricherie retombent tôt ou tard sur le tricheur.
■
Le mariage convertirait ein leu.
— 152 —
Les femmes el les vius bâtés y
Y a tudis à y cafader.
Pour ce qui concerne les femmes et les vieux bateaux , il y a
toujours quelque chose à refaire.
Le bon Diu n'est poent barucheux ; i n'esse kerke poent d'or-
dure. — Mauvaise plaisanterie qu^on dit ien riant à ceux qui
expriment la crainte de mourir.
Le Diabe est sus ses vakes , le Diabe est sus ses glaignes^ —
C'est ce qu'on dit d'un homme qui semble être poursuivi par
Je sort.
Leus kiens is ne cack'tent poent einssane, — Ils ne sont pas
amis f ils ne se voyent pas.
Leu kemise al dépasse leu cotron. — Ils sont plus riches que
bien vêtus.
L' première mouke qui vous piquero cha sero un taon, — Si
vous recommencez , prenez garde à vous 1 La menace est plus
forte quand on dit : el première deint qui l'y kéro , cha sero s'
makoire.
Marchez vos gambes ein heut : os ne perdrez pas vos keuches,
— V Allez votre train , vous ne réussirez point.
Malin comme Gribouille
Qui s' muche dins Tieu de peur qui s'mouille.
Ce dicton, a sur le proverbe français, J'avantage d'avoir
conservé la rime.
Mal écouteux
Mal raporteux.
Mette du cornu aveu du rambourg. — Mettre du désaccord
dans sa toilette.
— 153 —
Mio Teat aller ach' molin
Que d'aller acb' médecin.
n vaut mieax manger beaucoup que d'être malade.
Min crasset (lampe) est à sec d'huile. — J'ai le gosier desséché
à force d'avoir parlé ; je ne trouve plus rien à dire.
Minger les os d'esse mère. — Assister au second mariage de
son père.
M' n'escarchelle , cKest l'auberge du Diabe, — Je n'ai rien
dans ma bourse.
Moyenne ville , moyennes geins
Grand pot au fu , rien dedins.
Dans les petites villes , on ne trouve que de médiocres for-
tunes qui font beaucoup d'embarras pour rien.
Jfor( d'mn kien, me d'ein leu. — La mort de quelqu'un dont
on avait à se plaindre et dont on est héritier , contribue à nous
rendre la vie heureuse.
M* parole d'onze heures ,
Foi de midi qu'est pas une heure.
Manière de donner sa parole pour rire.
Ne paè périr à l'écaillé feule d'ein heu de bec. — Avoir bon
bes , bonne langue.
Ne foëte^pas vir si clair le couleur de vo casaque, — Ne ma-
nifestez pas si clairement la couleur de vos opinions.
Ne poent valoir les quate fers d'ein kien.
N'entendre ni à u ni à dia. — Ne pas savoir se diriger , ne
rien comprendre.
Ne poent prendre le temps d'aboyer pour mordre. — Arriver
tout de suite aux coups. — Cette locution est aussi employée
— 154 —
dans le sens d'èlre habile en affaires et de manger avec avidité ,
sans trouver le temps de dire nn mot.
Nebrais poént^ Varos du brin d*agach» (gomme de cerisier).
— Dit-on à un enfant qui pleurniche.
Noyer (se) dans sin rakion, — Se dit d^une personne qui a du
malheur en tout et pour qui les moindres obstacles deviennent
insurmontables.
Novouesin il o deux vakes; m je m'ein passe. — Vous me
croyez riche , mais je suis pauvre.
Nouvieu ramon ramone volontiers. — On déployé beaucoup
de zèle dans un emploi nouveau.
jyb kieni n' n* est mort d'acouter. — Raillerie qu'on dit à celui
qui vous ennuyé ou qui veut vous faire écouler ce que VQUS
ne voulez pas entendi;e.
On ne doit mie apprêter chol caniche edvant que ch'vieu ne fuche
arrivé, — Il ne faut point faire d'apprêt , avant de savoir si ce
qu'on espère arrivera. '
Obligez ein beudet,
I vous foet un pet.
On n' devient poent gros à léker chés murs.
On ne tient poent de bure sans, avoir les pattes grasses.
On ne peut mie dessaker d'ol f raine hors d'ein so à kerbon. —
On ne peut pas tirer un bon parti de quelque chose de mauvais.
On ne saur oit foé're ein donneux d*ein brimbeuœ. — On ne doit
pas attendre de générosité de celui qui demande continuelle-
ment. '
On n'est jamais brouzé que par un noerd pot. — C'est l'équi-
— 155 —
v^alent de cette maxime : les injures des méchants sont de la
boue qui ne salit que ceux qui la jettent.
0 n'attrape poi deux foès ein leu aV même treuée.
0 n'est pan louis d'or; on ne plaît pau à tout le mène, — Je
pense pas que ce proverbe soit d'origine picarde , bien quMl
oit fort répandu chez nous.
Qn'y reconoitroè't poent le bon Diu pour ess-z apôtes, — C'est
n brouillamini à ne pas s'y reconnaître.
Où femme il y a ,
Cbileinche n'y a.
Oz avons nori ck' porcheu pour V z'eutes, — Traduction vul-
aire du sic vos non vobis de Virgile*
Oz avez bien heucher ck' l'arbre, si V poère an'estpasmeurte,
^i ne kéra poënt ,
Ojs est critiqué par deux sortes ed' geins : par des maouais
kiens qui vous connoettent et pis par des beudets qui ne vous con-
noitté poi.
Parmi chés cosseyeux
Keusissez chés pus yieux.
Parain ou maraine a le poke treuée ! — C'est ce que crient
les enfants du peuple quand le parain ou la maraine ne leur
jettent pas de Hards ou de dragées.
Pchol village, méchantes geins,
Grand pot au fu , rien dedins.
Pus ein, beudet est kerké , pus i vo vite.
Peut-ète et quasimeint
Sont de» cousins germains.
— 156 —
Prindê ses bos pour iCê keucheè. — Se tromper.
Pour fremer ch' poulailler , ch'esl s'y prendre ein peu tard
D'attendre eq' cbés poulets soient mingés par chés renards*
Prinde ses keuches pour ses maronnes, — Prendre des vcâsies
pour des lanternes.
Poent de pot au fu, ■ o
Poent de salîit*
Pour été boen soldat i [eut avouer el forche d*ein g'vau , les
gambes d'ein cherf, el patienche d'ein cameau , el courage i'ein
éléphant et le panche d'eine puche,
Prinde Jacques Déloge pour sin procureux. — S'en ajler ,
déguerpir.
Poverlé oh* n'est pau viclie
Gomme fien d'kien i n'est pau pain d'épiche.
Quand les portes sont fremées , on ne sait point ce qui se paehe
dins ^hés moesons. — Tel qui paraît heureux ne Test pas du
tout.
Quand on peut rejoinde el Diabe , el bon Diu n'en foé't que
rire. — Il est permis de tromper les méchants , pour arriver à
un bon résultat.
Quand je dis bojour au matin, ch'est pour duBqu'au vèpe, —
Quand je donne ma parole , on peut compter sur ma promesse.
Quand chés cos sont au guernier , chés souris dans'tent. —
Quand les maîtres sont absents , les valets se divertissent.
Quand chés guernoules iz aront des queues ou quand ehés
glaines az aront des deints. — Manière expressive de dire :
jamais^
— «5T —
•
Qwmd qu*ein n'a pm d'aii , i feut éeusêer (frotter son paio)
Rognon. — -Il faut se contenter da médiocre, quand on n'a pas
Knieux. «
Qutmd i t'y m^t, cha n'est pau pour des prônes, — Quand Use
^mnel à l'œuvre , ce n'est pas pour peu de cboscr
Qua»i le co a canté, le glaine doit se taire, — La femme doit
-^obéiràsonmsffi.
Quand^le soleil luit, tout lemône a c<v»d, — Quand le CQtpmerce
=va , tout le monde s'en ressent.
Quand on quitte çhés n^arichaux , i feut poyer les v,ius fers. —
Quand on retire sa pratique à quelqu'un , il faut payer tout
ce qu'on lui doit.
Quand qu'eine ne dentie pau chés'kiens^ ein est pau mord.
Quand le fricot d'ein eute brûle ^ i feut le laissier brûler. —
C'est la triste maxime : chacun chez soi, chacun pour soi.
Quatre (les) mots picards sont: ein co, mnkien, einemouke^
du b.,. dins te bouke.
Que Diu te beniche les gambes ein heut , tu ne perdros poent tes
keuches — C'est ce qu'on dit à ceux qui débitent des hâbleries.
•
Qui va piaue
Va sane.
V
Nous avons emprunté ce proverbe aux Italiens : eki va piano
vasaato.
Qui a bon voisin
A bo« raa^tin.
Qui vient de bon cal volontiers surque,
{fui toke l'un toke Vautre. — C'est ce qu'on dit de deux ami5
qui sont toujours disposés h se défenire mutuellement.
11.
— 158 -
Quoi qu'o dit d'nouviaiu ? — On répond à cette question par
un jeu de mot : il est ràort, i n'o pau voulu boè're. (nou vieu, notre
veau). ^
Raser d'sus le dos d'ein u (œuf). — Vouloir prendre quelque
chose là où il n'y a rien.
Rabongier toujours le meume cantique d'sus le même air. -r-
Répéter toujours la même chose.
Rebatte de vieilles guerbies, — Faire des redites.
Rebatte ses hotons. — Se rappeler d'anciens souvenirs
agréables (Y. hotons dans notre Glossaire),
Rech&ooir eine casaque doublée de pareil. — Cette locution a
plusieurs sens : recevoir une volée de coups ; recevoir en
échange la même chose qu'on voulait échanger.
Rechevoir el canté. — Etre appelé à faire immédiatement après
quelqu'un la même action.
Rindi , rindo , deux vakes pour deux bus ou bien rindi ,
rindo, du brin pour du bouso. — C'esf le proverbe de Phèdre :
par pari refertur.
Se laissier minger sin lard sus s' n'assiette. . — Se laisser
tondre la laine sur le dos.
S'il avoit deV paille , i feroit bien du fumier. — S'il avait de
l'argent , il saurait bien le dépenser.
Sans mouiller, on ne peut poent filer* — On ne peut pas man-
ger sansi)oire.
Si vous foëtes ein treu , il o eine guille à mette. — Il n'est ja-
mais pris au dépourvu.
Si os n*étes point conteint de vo voesin, os reculerez i)ou
pignon. — Vous avez beau ne pas être content , il faut en passer
— 159 —
par là. -- On dit dans le même sens : ech'ti qui ne sera pm con-
îeint , i relékera sin peuche.
Si ch'nest pœnt k même glaine qui Vz a pondus , e'hest h même
qui Vz a kenvés. — S'ils ne sont pas frères , du moins ils se
ressemblent bien.
Si tu badines aveuc ein co
Prinds garde à ses graus.
Ne vous familiarisez pas avec ceux qui peuvent vous faire du
mal.
S'kemise est pus près qu'sin gartiu, — Se^dit de la préférence
légitime qu'on doit accorder à sa personne sur son prochain , à
de proches parents sur des alliés etc.
Soignez vos glûines. — C'est ce qu'on dit à une femme qui se
mêle de ce qui ne la regarde pas.
Tandis que vous t'nez the leu par chés oreilles , secouez les, —
Profitez de l'occasion; battez le fer, tandis qu'il est chaud. On
lit dans la Satyre ménippée : a Je seroy en grande peine et
tiendroy le leup par les oreilles, b
Tchiot effant , tchiot mau ,
Grand effant y grand mau.
Teinter Diu pour aller à caroche. — Lui demander des niai-
series, des choses inutiles.
Temps pommelé
Femme fardée
En'sont point de ionke durée.
Tout ce qui hoche ne ket point.
11.*
— 160 —
Toui foet fraine au moulin, — C'est ce qu'on dit quand on
voit quelqu'un manger avec appétit des mets grossiers.
Tout iSh^qu'el •vt^ al donne, ck'vieu le Iwet. — Se dit de
quélqa^un qtfi dépense tout le gain que lui ou ses pftrents rén-
lisent.
Tout chou qui guerlotte dins s'chervelle , cho n'ein sort pas à
mitanrcuit. — Tout ce qu'il pense est parfaitement exprimé.
Treuver bonne meine , bon fu et bonne tabe. — « Nous y
' trouvâmes , selon un vieil adage picard , bonne mine , bon feu
et bonne table..» (l'abbé Poquet, excursion au château de
Quierzy.)
Trois (hs) taerveiïlcs de la nature , d'après l'adage picard ,
sont: Ein lapin qui piche'^toudis et pis qui ne boet jamoës ; >eine
glaigne qui boé't'toudis et qui ne piche jamoè's et pis ein beudet,,.
qui kte des crottes carrées.
U tu tu
Capieu pointu.
Manière de dire : laiiSse moi tranquille I vas te promener.
Un i , un o
Eine crox sur sin dos.
Manière d& dire : ffe renonce à lui , j'y renonce.
. Veut mlux regiance
Que fallance.
Un ménage bien réglé vaut mieux que celui qui brille par de
grandes dépenses.
Yeuimiux ete porcher qu' d'été par eheu
— 161 —
Veut miux ploèrc
Eq'bien foère.
Veut coere miux laissier t*n'einfant morveux que de H arraker
sin nez. — Il ne faut pas prendre un remède pire que le mal.
Vie de guerchon,
Vie de polichon.
Vivons Men , os mourrons gras.
Vieille fille,
Vieille gueuille.
Vlo St. 'Antoine et sin pourcheu. — Dit-an de deux personnes
qui sont toujours ensemble.
Via le cas
Dit l'avocat,
• Via le nœud
Dit le soyeux.
C'est là la difficulté ; voilà le hic.
Vous allez souvent à ch'bos; vous serez mingépar chés leus. —
Vous vous exposez au péril ; vous y périrez.
Vous allez sortir de Vhopital. — C'est ce qu'on dit-à quel-
qu'un qui éternue, parce que l'on considère l'éternuement
comme un pronostic de bonne santé.
Vote nez branle. — Dans quelques parties de la Picardie,
dit l'abbé Tuel ( Matinées sénonaises ) , quand on interroge un
enfant sur une espièglerie qu'il prétend n'avoir pas faîte, on
feint de lire son mensonge sur son nez , en lui disant : votre
nez branle. Du temps d'Erasme, on disait vulgairement : votre
nez me dit que vous mentez. Nasus luus arguit tibi te mentiiH.
— 162 —
Les SicilieDs regardaient comme des menteurs ceux qui avaient
sur le nez des pustules blanches.
§• n. — Proverbes météorologiqueB et hagiologicpies»
Jpfn nombre considérable de proverbes relatifs aux sai-
sons et à la culture ont cours dans nos contrées. Nous
n'indiquerons que ceux qui nous paraissent d'origine pi-
carde , ou qui tout au moins sont répandus chez nous
depuis un temps immémorial.
lEVRIER.
Février le pus court d' chés moës ,
Gh'est itout le pus pire cheint foês.
On dit aussi : février le court, ch'est le pire edf tous.
Février , févriot
Si tu gèles t'engèleros mes t' chiots. *
On dit dans Farrondissement de Douilens :
Fébruariot
Si tu gèles , gèle pas mes piots.
On dit aux enfants que les grives chantent cette phrase ,
quand elles commencent à couver.
5 FÉVRIER.
Sème des ognons le jour ed' sainte Agathe
I deviendront gros comme el cul d'eine gâte.
24 FÉVRIER.
Saint Mathrache
Casse les glaches.
— 163 —
Il n'y a plus ordinairement de gelées à craindre après la fête
de saint Mathias. On troave un proverbe analogue dans le*
recueil de Gabriel Meurier.
A la saint Mathias
Se fond et brise glace (1).
MARS.
Mars halleuK
^arie la fille du laboureux.
Ce proverbe est cité dans le dictionn. de Trévoux , v<^ Mars.
Si foêt de Thernu (orage) en mars
Os pouvons dire : hélas !
MARni-GRAS.
Feut foere mardi gros aveuque s' femme et pis Pâques aveu sin
curé
A mardi gros
Gh'ti lo qui n'o point d' viande i tue sin co ;
Gh'ti qui n'o point de co
I tue s' femme.
Dans plusieurs localités on dit :
Gti qui n'o point 1' femme, tue ch' co
Cette version est bien préférable et signifie que celui qui n'a
pas de poule (la femme du coq) tue son coq. Le même proverbe
(1) EnDanemarck et en Norwège, on dit qu'après la saint Mathias le
renard ne se fie plus h la glace (parce qu'alors elle est trop faible).
{Note de M. Breuil).
^ 1«4 —
s'applique au jeudi-jeudiot, qu'on zpi^éWe la fétt tdUhés eus {\).
AVttIL,
Avril el doux
Quand i s'ertourne (se fâche} ch'est le pire ed' tous.
I n'est si gentil moes d'avri
Qui n'aye sin ûârpieu de grési
23 AVRIL. ,
Georget, Market, Croiset, Urbanet
Sont de méchants guei'chonets.
Parce que le temps frô^d est funeste dtix plantes les jours
de saint Georges (23 avrîl), 6ë saint Marc (25 avril ), de Tin-
vention (Je la sainte Croix (3 mai) , et de saint Urbain (25 mai).
30 AVRIL.
Quand i plut l' nuit de mai , t gn'y a point decherises.
MAI.
' Mai
Ne s'ein vo m\e sins épis de blé.
Frais mai , càiid juin
'^ Donnent bon pain et bon vin.
(t) Dans les environs de Ham les enfants chantent :
Mardi-gras ,
Ne t'eA vas pas ,
Nous ferons des gaufes ;
Mardi -gras,
Ne t'en vas pas ,
T'en mangeras.
— 165 —
, Raque en moy^ poure en eut t disent les Picards ; ce qui si-
gnifie : boue en mai désigne de la poussière qu grande séche-^'
resseenaoût.^j»
(P. Daire , Almanach gaulouj,
%
8 lUIN.
S'i pleut te jour ed' saiut Médard
I plenyro 4t) joufs plus tard.
S'i pleut r jour ed* saint Médard
Le tiera des biens est au hasard.
On exprime la même idée d'une manière plus précise et plus
trivialeen disant :
. 4
Saintt Médard
Est ein grand pissard.
24 JUIN.
Al saint Jean
On bée dedans.
Dit-on en parlant des noisettes.
Î2 JUILLET.
A la Magdelaine
Les nesettes sont pleines.
10 AOUT.
A la saint Laurent
On fouille dedans.
16 AOUT.
Al-saiutRoch
01 zés croque.
— 166 —
!.•* SEFTEHBRE.
AI saint Gilles, saint Leu
El lampe ach' clea.
#
A cette époque les ouvriers de la campagne suspendent Jeur
crécket à un clou, pour commencer les veillées.
3 SEPTEMBRE.
Os poYons r'mercier saint Grégoire,
Os avons du mau, os n' n'aurons coire.
17 SEPTEMBRE.
Gh'est aujourd'hui saint Lambert
Qui quitte ess' plache el' perd.
On dit dans le même sens à Bayeux :
G'est la saint Regnobert
Qui quitte sa place la perd.
Quand on peut reprendre sa place , on réplique :
Gh'est aujourd'hui l' saint Laureint
Qui quitte ess' plache l'a repreind.
18 OCTOBRE.
A la saint Lu,
Sème dru
Ou ne sème pus.
1." NOVEMBRE.
Oi sommes al Toussaint, os serons bientôt au Noé, — Mau-
vais jeu de mot qu'on dit à un enfant qui tousse, par allusion
aux fêtes de la Toussaint et de Noël.
— 167 *—
30 NOVBVBRB. '
Saint André, Andréa
Que n'es vena , qoe ne Tenas
A Toussaint , comme ePs autes.
Le Père Daire, dans son almanach perpétuel , cite ainsi ce
proverbe :
André, Andréa
Que ne venez , que ne venas
A la Toussaint comme les autres.
10 DÉCEVBEB.
Saint Valérien c'est tin patron, — C'est ce qu'on dit à un mau-
vais sujet, à cause de la ressemblance de Valérien avec vaurien.
13 DÉCEMBRE.
A la sainte Luche ,
Les jours s'aTanch'tent du seut d'eine puche ;
A l'saint Thomas,
Du pas d'un gu'va.
Dans le département du Nord, le proverbe est plus complet ;
on dit que les jours s'allongent :
Al saint Theumas ,
Du seut d'un cat ;
Au Noé,
Du saut d'un beaudet ;
Au bon an ,
D'un pas de sergent.
Aux Rois,
On s'en apperçoit ;
Al candefée
. A tout allée.
— . m —
Thomas y IhomM
Guis tin pain , bue tes draps;
Ta n'aros poent ehltot baé
Que Noé saro arrivé.
Le proverbe de Valenciennes que cite M. Hécart {Diçi. fou-
chi, p. 321) est plus court :
Thomas, Thomas,
Guis tin pain, bus tes draps,
Trois jours après Noé t'aras.
25 DECEMBRE.
Noël et l'saint Jean *
Se partag'tent l'an.
Nouel à cbés pignons
Pâques à chés tisons.
C'est une variante du proverbe normand , cité par Pluquet
(contes populaires , p. 124) :
A Noël au balcqn,
A Pâques au tison.
On fait remarquer, à tort ou à raison, que lorsque, le jour
de Noël , on s'assied à son pignon , pour jouir d'un chaud so-
leil , on est retenu près de son foyer par le froid , le jour de
Pâques.
ANNÉE* — VENDANGES.
Année hourloneuse ,
Année fromenteuse.
Quand il y a beaucoup de hannetons , la moisson est abon-
— 160 —
dante Toat aa contraire , les vendanges tsoot jftédiocres. C'est
pour oéla qu'on dit :
Grande hennelonée,
T'chotte ^née.
SlOLEIL.
Du kioi vent et du caud solaige, c'est du temps de gras pour-
ceau (Béthunes).
Quand la pluie tombe en même temps que le soleil brille,
on dit que : ch'est le diabe qui bçt s' femme , ou bjen encore que
ch'est ein bain qui caufe. ,
HIVEn.
L'hiver n'est poent bâtard ^ *
Quand i ne vient .poei)t teimps, i^ient tard.
§ 3. — Anciens Proverbes romano-picards.
Après grant waladie ensienX bien grans santés,
( Jus de la feuillie, )
Bien faict qui bien dih et reiret,
( Fabliaux de Gautier de Goinsy.)
De castiier (inslrurre) cat qui est vieus.
Ne puet nus hom venir à cief,
l Roman de Ham, p. 314. )
Députe raçhine pute ente (rejeton).
[Roman de la violette , p. 586. )
Faire jarbe de fouere à Dieu, <r C'est un vieux p^aveibe
picard qui signifie tromper 'Dieu et que le français a remplacé
par faire barbe de paille à Dieu , en substituant barbe à jarbe
— 170 —
( gerbe). Ce dicton fait allusion aux payeurs de dîmes qui ac-
quittaient leurs contributions par des gerbes où il n'y avait
pas de bled. »
( Additions au Dict, de Nicot , p. 18. )
Faire son preu (profit) d'autruy dommage,
El d'autruy cuir larges correies.
( Hélinand de Beau vais. )
Faire du cuir d'autrui larges cowrroies signifie être fort
libéral du bien des autres.
Femme qui est courchée ( en colère ) est sans sens.
(Rébus de Picardie, lAS. MIS de la Bib. nat.)
Grans vent kiet à peu de pluie,
{Romande Ham.)
Il n'est mois qui reviengne,
( P. Daire , Alman. perpétuel de nos ayeux, )
, // parait bien au tessons ce que fut le pot.
[Li jus de la feuillie, )
La pie ( ivrognerie ) emporte^ Vacquet ( profit ) .
[Rébus de Picardie , n.® 25. )
L'en doit famés honorer
Seur toute rien.
Por Dieu , Perrin , tiens le bien
Ou tu charras. fiomherasj
Car à midi, à Arras
Ce oï dire.
N
(ResverHes, dit fort curieux publié par M. Jubinal).
Les cuers des gens entendent miex les courtes paroles que les
. longues,»
(Registre aux cinq cleus, MS. du xiii.« siècle des
archives de Beauvais. )
— 171 ^
I
Les femmes ont du poil de l'ours;
Femmes dient ce que dire snèlent.
Et en ce font ce que faire voelent ;
Feme est li fromage buskei.
{Roman de Ham, p. 284. )
Diaprés M. Peigné 9 qui prépare une excellente traduc-
tion de ce poème , buskex signifierait courte paille et le
dernier vers voudrait dire que le choix d'une femme est si
difficile quMi équivaut au choix d'un fromage qu'on tirerait à
la courte paille.
Les nouveles choses tolent la remembrance des vies.
( Registre aux cinq cleus. )
On ne doit trop hardiment d'autrui cuir tailler grand courroi.
( Y. plus haut. ]
( Congé de Reaude de Fastoul. )
Quanques tu tommenderas , gardes que tu le dies briefment.
( Registre avfx cinq cleus, )
Un fol advise bien un sage.
( Rébus de Picardie. )
§. IV. — Dictons liisioriques et populaires relatifs
à la Picardie.
Les proverbes moraux , comme nous l'avons dit dans
une récente brochure , sont en général des formules con-
cises et piquantes du bon sens. Mais on ne peut toujours
en dire autant des dictons et des sobriquets relatifs aux
nations» aux provinces et aux localités. Ces surnoms
sont imposés d'ordinaire par la haine, Tenvie, la raillerie,
la malice, et ce sont là de fort mauvais parrains. Les
— i7â —
proverbes moraux, se produisent dans deq temps de cal-*
me,t de réflexion él d'union. Les sobriquets, au con-
traire, naissent aux époques de guerre , de cotifusion el
de désordre. Le xin.* siècle fût d'une richesse exubérante
enrespUs, en resprouviers, en moralitez et en adages ^
tandis que le xiv.« fut- fécond en dictons injurieux -elien
surnoms mal sonnans. Le siècle de Louis XlVnooft.a
•
laissé une foule dlexcel lents proverbes , où l'esprit le di»*
pute au bon sens : Les révolutions juodernes nous oi^t
légué des sobriquets ! Du temps de la féodalité , ce^.taixies
provinces, certaines villes , certains hameaux se poursui-
vaient d'une aversion réciproque. Quand" les châteaux
forts n'étaient point armés en guerre , c'était l'éplgramme
qui remplaçait l'arbalète. Il ne faut donc point nous éton-
ner du caractère injurieux de la plupart des sobriquets
qui caractérisaient jadis nos villes et nos villages de Pi-
cardie , puisqu'ils étaient inspirés et traditionnellement
conservé<par la rivalité des localités voisines (1).
Nous allons reproduire, par ordre alphabétique , tous
ceux que nous avons pu recueillir, ainsi que les dictons
historiques, héraldiques et commerciaux relatifs à notre
province.
^ ABBEVILLE.
Blou d*Àbbeville.
(Dit. de l'Âpostoile \ MS. du xin.* siècle, n.« 1880 f. St.-
Germain de laBibl. nationale).' .
Abbeville a été célèbre par ses manufactures de drap bleu.
(1) Des dictons historiques et populaires de Picardie , par.l'abbé J. Cor-
blet. (Mémoire lu à la séance publique de la Société des Antiquaires d?
Picardie.) Tn-S", 1850,
— 173 —
êarMitdJ$rrM i^ÂbbêmUê. •— Espèce <te jiirwi ^ ne ëMh^
]mn mîà daiisia boache d'un moine picard {^êmiëffuet, L ir 4l^
il). NoQf M cMBaisiMs que quatre Sakito da nom de Feltéêl
ci aueoii d-em: o^est né en Picardie* Le Moyen-Age tneltail
lesiiiOB' sons In protection de Saini Ferréol. ^ <
Ln.gefUUê-'hoÊnmei d$ la eMk*. — Àvltnt la révolntiony on
appelait ainai à Abbeville , à PéroDDe et dans quatorze antres
yiUes de France , les maires et les échevins à qui l'exercice
dateurs ;fon44ions conférait un droit de noblesse. Lest^sisem-
bléaa où on les éiisait étaient convoquées au son de ladoohei^
Pe là vient leur «uroom. (V. M. Quitard, Diek 4ô$ prêp^rk^fi
Elle a passé le pont Grenet ; elle abusa honte.
(MS. de Collenot, d' Abbeville):
U y avait jadis près du pont Grenet un hôpital destiné à re-
cevoir les femmes de mauvaise vie. (Y. M. £ra. PraroOi Les rues
d'AbbevUle^p.m).
#
▲ILLT. (Arr. d'Amieàs.)
Ailly, Mailly, Créquy
Tel nom , telles armes ^ tel cry.
(Ménestrier^ Reeherbhes du blason)*
Ces trois illustres familles de Picardie portaient des armes
parlantes.
A)LLT-LE-HAUT-CLOGHBa. (ArjTf d'Abbevillc.)
Bemt tomme ech' dokier d'Àilly .
ALLONViLLE. (Canton d^ Amiens,)
Ch^est comme les elokes d'ÀllonvUle: quand Vune s'm e^;
l'aule ervienL — « AUonville est un village de Picardie à prA
12,
— 174 —
I
de.4^u|^ lieaes d- Amiens. Les deux çk>ohes de régliseétnt
dftBS' deux ouvertarçs , au haut du mur d«^ portail ^ ô^ayint
pêiot de elocher. Quand sonne le carillon , Fane va d'un cdié
et Fautre revient , te qui a donné lieu à ce proverbe, que-Po»
applique à riqiportunité de ceux qui ne font qu'aHer et rtfiks'^
(MSS. Gaignières, prov- fran^, t^ ir-)-
• i-
AMIENS. (Somme.)
.Les^taoùuais d^ Amiens, — Bacùuais est un terme de mépriis
qui indique la niaiserie. €e sobriquet date de répoqueottlà
ville d'Amiens se laissa prendre par les Espagnols , grâce %
quelques sacs de noix. '
Le mal d'Amiens, — On désignait ainsi Térésypèle.
. {R'ahèïaisiaria),
Li damoisels d'Amiens, (MS. 1830 de là Bîbl. niât.)
On appelait damoisels les gentilshommes qui n'étaient pas
encore parvenus à la chevalerie. Ceux d'Amiens se faisaient
remarquer dans les tournois et dans les joutes.
Passements d'Amiens.
fAlmanach perpétuel du P. Daire', p. 148).
C'est Jean d'Amiens
Qui se tue et qui ne fait rien. ''■
^ C'est ce qu'on dit d'une* personne qui s'agite beaucoup pour
ne rien faire. Cette allusion proverbiale doit être rapporta au
commencement du xvii.* siècle , époque où l'Artois , occupé
par les Espagnols , était en antagonisme ouvert avec la Picar-
die. £n effet, les Artésiens, pour se moquer des Amiénois qui
faisaient de vains efforts pour lulteb contre les soldats de Maxi*
— 177 —
AHOicocBT. (Canton de Montdidier)
Les kwroM (niais) d'Argicourt. — On débite beaucoup de
contes peu favorables à la réputation intellectuelle des habitaos
d'Argicourt.
AENOUL.
É
t
imotil iisÀM, — Cet Àrnoul était un notaire de la Ferté*Mi-
loa. Bbsnri II , prince de Condé , se rendit un jour chez lui
iinoofMXo pour lui faire dresser un bail. Mais le tabelliQn était
en train de diner : aussi sa femme dil^elle à Tétranger : kf%fml
daine; asseyez-^ous sus ehe ban. Quand Arnoul daine, on ne lui
parle mie. Le prince y consentit. Son repas terminé, le notaire
dressa Pacte et, reconnaissant sa méprise, à la signature d'Henri
de Bourbon, il se confondit en excuses. Ne craignez rien ,
brav.e homme , lui dit le prince, il Maif lûeii qu* Arnoul daine.
Cette anecdote fut bientAt connue dans le pays et, aujourd'hui
encore , on dit proverbialement en Picardie : Arnoul daine , en
partant (f une personne dont on a besoin , mais qu'on ne veut
pourtantpoint déranger. (Y. Devérité, supp. à Vhist. de Picardie.)
AERAS. (Pas-de-Calais.)
Arras^ ÂrraSf ville âe plait (procès)
Et de haine et de détrait (médisance).
On i aime trop crois et pile.
Chcucuns fat herte (méchant) en ceste ville.
{Li congiés d'Adam de- la Halle, xiii.® siècle.)
Li bordeors tArras.
( Proeerhes au villain, MS. 7218 de la Bib. nat. )
Arras a été célèbre par ses beTiordis ( jofttes ).
— 176 —
M. Guérard a. la uo mémoire sur l'origiiie de oe dietoD, dans
la séance du 27 février 1850. Il réfute ropinioa que nous ?e-
Bons de rapporter et fait remonter Torigine de ce dicton à une
compagnie de fous, dont la f6te se célébrait le i.*' mtA, cl dont
on retrouve encore un souvenir dans celle qu'où fttït «ujotr^
d'hui, la veille de Saint-Germain, qui tombe le premier di-
manche de mai. Les enfants déposent devant l'image du Saint
des bouquets de coucous ou primevères qui sont Temblème de
la folie, (Y. Bulktim de laSoc.des Ànt. de Picardie^ 1850 n/ 1)*
ANCRE (Aujourd'hui Albert.)
Barbouillés d'Ancre. — a C'est-à-dire noir comme le diable.
La plupart dès princes de France étant retirés de la Cour,
pendant la faveur du maréchal d'Ancre, et poursuivis par lea
troupes du roi du nom duquel se servait ce maréchal» appelaient
0
dans ce sens là les officiers et les soldats de ces troupes, boT'-
boûillés d'Ancre. £t même après la mort du maréchal d'Ancrq,
arrivée en 1617 , laquelle donna la paix, ces soldats congédié^
repassant par les villes, les enfants couraient par troupes aprè^
. eux , en criant: aux barbouillés d'Ancre, »
( Fleury de Bellingen , prov, français , p. 21 . )
ÀNG1VILLIBRS. [kit. de Giermout.)
Les dindons d'AngivUliers,
APPiLLT. (Noyonnais) .
Les ésons d'AppUly. — Sans doute à cause des oies que noiF*
rissaient autrefois les habitans de cette commune et qui va-*
guaie^t en grand nombre dans les prairies adjacentes.
— 177 —
ARGiGOURT. (Gantou de Montdidier)
Les kwrims (niais) d'Argicourt. — On débite beaucoup de
contes peu favorables à la réputation intellectuelle des habitaos
d'Argicourt.
ARNOUL.
• Âmaul iaine. — Cet Arnoul était un notaire de la Fert6*Mi-
lon. Henri II ^ prince de Condé, se rendit un jour chez lui
iuùopiUo pour lui (aire dresser un bail. Mais le tabelliQn était
en train de dîner : aussi sa femme dil^elle à Tétranger : Amùul
daine; asseyez-^ous sus ehe ban. Quand Arnoul daine, on ne lui
parle mie. Le prince y consentit. Son rtpas terminé, le notaire
dressa Tacté et^ reconnaissant sa méprise, à la signature d'Henri
de Bourbon, il se confondit en excuses. Ne craignez rien ^
brave homme , lui dit le prince, il Maif lûeii qu* Arnoul daine.
ېt(e anecdote fut bientAt connue dans le pays et, aujourd'hui
encore , on dit proverbialement en Picardie : Arnoul daine , «n
partant (f une personne dont on a besoin , mais qu'on ne veut
pourtant point déranger. (Y. Devérité, supp. à Vhist. de Picardie.)
ARRAS. (Pas-de-Calais.)
Arras^ ÂrraSf MU âe plait (procès)
Et de haine et de détrait (médisance).
On % aime trop crois et pile.
Chcucuns fat herte (méchant) en ceste ville.
{Li congiés d*Adam de- la Halle, xiu.^ siècle.)
LihordeofsfArras.
( Prooerhes au vitlain, MS. 7118 de la Bib. nat. )
Arras a été célèbre par ses béhordis ( jofttes ).
— 178 —
Les saies d'Àrras,
Les saies d'Arras tenaient 38 aunes dans les foires de Cham-
pagne. {Manière des foires de Champagne, MS. n.* 2, fonds
• ■..■■■ • " ■
Notre-Dame de la Bib. nat. ]
Onques d'Arras bon clers n'issi, (Jus de la feuillie,)
Cette imputation contre la ville d'Arras fut renouvelée dans
. le JBferctire d'avril 1739. L'abbé Lebœuf y répondit , dans sa
dissertation sur l'état des sciences en France^ en citant quatre ou
oinq clers d'Arras qui se distinguèrent, dans le xi.« et lexn.*
siècle, par leurs écrits liturgiques.
Quant on veut d'Arras le plus caitif prendre
En autre pais se puet pour boln vendre.
(Motets artésiensy MS. 184,8upl. fr. de la Bib. nàt.)
Pwrée d'Arras. (Dit. de VApostoile, xiii.« siècle. )
Les Picards aiment beaucoup les poireaux^ dont ils font une
pâtisserie nommée fiamique.
Les hoguineurs d'Arras. (Cf. Fauchet , éd. de 1G16 p. Sft4.)
Hoguiner est un mot picard qui signifie fâcher et que Coigrave
traduit par to vex , to offend. Hoguineur signifie aussi débauché.
Quand les souris mangeront les cats,
Le Roi sera seigneur d'Arras.
Les Bourguignons avaient inscrits ce dicton sur leur drapeau,
alors que Charles VI , en 1414 , faisait le siège d'Arras.
(A. Dinaux> Trouvères artésiens.)
Quand les rats prendront les chats ,
Les Français prendront Arrat.
Arras portait trois rats de sable dans ses armes. C'est ce qui
— 179 —
fit inscrire sur une de ses portes le distique que nous venons de
rapporter. Les Impériaux aimaient à répéter ce dicton ; mais
comme Arras fut pris en 1477 par Louis XI, puis repris sur
Tempereur Maximilien par les Français, en 1640, on s& vengea
de la fanfaronade des Espagnols par plusieurs caricatures. Une
de ces estampes satiriques, était intitulée : La, défaite et prise
générale des chats d'Espo/gne par les rats franeois , devant la cité
il'irro^. Une autre représente un Espagnol couché au milieu des
des rats qui en font leur proie. On voit d'un côté un chat qui
n'o^e approcher et de Patitre cette inscription :
Cet Espagnol ainsi dévoré par les rats
Nous semble en le voyant une figure étrange;
Mais ce qui plus le ronge et ce qui plus le mange
C'est le ressouvenir de la perte d' Arras,
(Y. Monnaies des évéques des fous^ introd. de M. Leber.}
ARTÉSIENS
Les hauguineurs artésiens, {Rahelaisiana,)
Les Artésiens têtes de chiens.
Xes Artésiens boyaux rouges.
Les provinces ont toujours eu quelque tendance à désigner
leurs voisins par des sobriquets. Ces tippellations sont parfois
sans signification précise et font allusion à des couleurs. On re-
trouve cette disposition chez plusieurs peuples anciens et mo-
dernes. Le mot phœnicien signifie rouge (Isidore de Sévifle).
Brits ou breton signifie bleu (Goldsmith). Les Chinois appellent
pays rouge FAilemagne et l'Angleterre. Les Indous sont nom-
més noirs par les Persans^ et têtes rouges^ par les Tures^ (Galli >
pluralité des langues).
— 180 —
AITOU. 1
CamMt comme im chien d'ArUm.
{Facétieux réveille-maUny xyil« siècle.)
ÂTHin. (Arr. de Péronne.)
AtbieSy Foorques , Eiuiemuii
SoDt trois villages en me maiD.
Athies la désolée. — Elle portait ce nom dès le m.* siècle.
(L'abbé Decagny , Varrond. de Péronne).
BAiLLBuiL-LE-soG. (Arr. dc Clermont.)
. Les pékeux de leune. *- On suppose par ce sobriquet que les
habitants de Baillenil sont assez simples pour essayer de pécher
la lone dans la rivière^ où ils voient son image se refléter.
BAPAUME. (Pas-de-Calais.) '
Ch^est le mode d'Bapaume; ch'esl le pue sale qui fait Vcuieain^,
(Hécart , DicU Rowihi,\
Yeaux de Bapaume. •
BÈAUVAIS.
Lee rougeoie de Beauvais,
Bachelerie de Beauvex,
(MS. 1830,deIaBibl. nat.)
Les bacheliers de Beauvais , c'est-à-dire les aspirants à k
, chevalerie , étaient renommés pour leurs exploits militaireK
— 181 —
MiiauvaU cUé de nom (de renom).
{Le dit du hndU rimé. Barbazan, t. ii.)
Toat bourgeois de Beauvais
A pignon sur rue et ^igne à rigolet.
On fait des gadés à Beawais et des poêles à Villedieu.
{Menus propos, xvi/ siècle )
Gens de Beauvais, avant de casser vos ués (œufs) , taillez vœ
mott«7/e^to«.— C'est-à-dire avant d'entreprendre qaelqne chose,
prenez vos précautions.
Beaoyais, ville mal sentante,
Mal sonnante , mal disante.
BEAUYOISIS*.
. La bourgeoisie de Beauvoisine font troys mors (morsures) en une
Cerise. {Menus propos , xyi." siècle.)
Les vilains de Beauvoisis. — On sait que les paysans du Beau-
voisis acquirent une triste réputation, en se révoltant les pre-
miers contre la noblesse , dans Tinsurrection connue sous le
Dom de Jacquerie. Eustache Deschamps ;,^ huissier d'armes de
Charles YI , dit en parlant des vilains de Beauvais :
En Béan voisins estoit la presse
Du tuer femmes et enfans
Des nobles ; telz estoit li temps :
Et de leurs itiaisons démolir
Ardre, dérober et tollir.
BiBLANGouRT. (Y. Quesmy).
— 182 —
BERNY. (Arr. de Péroone.) > .. rà
Entre Vaux et Bèray'
Sont les trésors du roi Henry.
(Voyez l'art. Vaux.)
BERTANGLES. (Arf. d'Amiens.)
Les carimaros de Bertangle.—Carma/ro , kérimouéro, signifie
bohémien, et par extensioD sorcier. Ménage déclare ignorer
l'origine de ce mot qai est fort ancien. On lit dans VAiM>at
Patelin .
Ostez ces gens noirs marmara
Carimari , carimara ^
Araenez-Jes moi, amenez.
BÉTHUNE. (Pas-de-Calais.)
Un caroche de Béthunes, — Mauvais calembourg par lequel
on exprime un carrosse à un seul cheval.
BILLANCOURT. (Canlou de Roye.)
Les cas de Billancourt, — » Voici Torigine de ce dicton d'après
la tradition locale*. Une femme de Billancourt faisait cuire une
omelette , un chat noir qui se trouvait dans le coin de la clië-
minée dit tout à coup : elle est cuite , il faut la retourner.
La bonne femme effrayée lui jeta Tomelétte brûlante sur là fôtè.
Le lendemain , elle rencontra dans le village, un de ses voisins*
qui passait pour sorcier et qui àvai( la figure brdlée. Elle re-
connut en lui le co de la veille. (V. Herly.)
BOHAiN (Aisne).
Mier al' raode ed' Boliain
V pus- sale et V pus vilain.
-- 183^ —
Se dit de celui qui fait malproprement la cuisine. Il y a un
proverbe analogue pour Bapaome. #
Bohain la frontière. {Mercure de France. Février 1885.)
BOUGiGAULT. (V. Roye).
BOULO0N8-8UR-1IEB. (Pas-d&Calais.)
Les iattcissons de Boulogne.
fAlm, perpét. du P. Daire, p. 148).
♦ ■
Qui va à Boloigne
Prend la fièvre ou la roigne.
(Gabriel M^^urieY , Trésor des sentencesj. ♦
♦
BOULONNAIS.
Ban du gras Boulognois
Dure trente jours moins un mois.
(G. Meurier , Trésor des sentencesj,
BOVES. (Canton d'Amiens.)
Ch'est comme le catiau de Boves
Belle monte , peu de cose.
C'est ce qu'on dit de quelqu'un ou de quelque chose qui n'a
d'importance réelle que par son apparence. Le château de^
Boves, situé sur une éminencé, se voit de très loin et paraît
beaucoup plus considérable qu'il ne l'est. On donne encore à ce
dicton plusieurs autitîs origines. Il ferait allusion , selon les
uns y à la lâcheté de Robert , seigneur dé ïloves , qui , malgré
ses serments , ne retourna point au camp des Croisés. Selon
d'autres, le ch&teau de Boves aurait été assiégé à une époque
qu'on ne précise point , par de nombreux ennemis , alorS' qu'il
â
- 1«4 —
n'était gardé que par qo&lqaeg défenseurs. Hais ils em-
ployèrent une foule de rases pour foire croire aux assiégeanlB
qu'ils étaient fort nombreux. Ces derniers se retirèrent par
prudence et n'apprirent que le lendemain que cette belle monte
était peu de cose. Quoiqu'il en soit , c^est là un dicton qui
pourrait servir d'épitaphe à bien des célébrités de nos jours.
BULLES. (Arr. de Clermonl.)
Selon la coutume du Bullois. — Cet adage trouve son expli-
cation dans le quatrain suivant.
A Bulles en Ballois,
Les femmes quelquefois
Accouchent au bout de trois mois ,
Seulement la première fois.
Busiais.
Lin de Berisi,
Le MS. 1830 de Ja Bibl. nat. désigne probablement par là
Busiris , dans l'arrondissement de Laon.
CALVIN.
L$ eenmm de Calvin a fait ronfler le canon
(Adages frannois, xvi.« siècle).
CAMBBON. (Arr. d'Abbeville.)
Al ersaae à chés femmes ed' Gambron ;
Leu kemise al dépasse leu cotron.
C'est ce qu'on dit, dans le Ponthieu, d'une femme mal
accoutrée.
— 185 —
t
CAMON. (Canton d'Amjieas.)
I ressane à ch' caré de Camon
Qai demande et qui répond.
Ce proverbe a le même sens qae « il ressemble le prêtre
Martin : il chante et répond tout ensemble. »
(V. Oudin y Cuiiosités francises , p. 336).
CANAPLES. (Arr. de Doullens.)
CanapleSf belle église, — La grandear et la beauté de l'église
de Canaples, aujourd'hui détruite, avaient jadis beauconp
de célébrité.
GANDAS. (Arr. de Doullens.)
Les ahuris du Candos. — Les habitants de Candas ont la
réputation , sans doute imméritée , d'être extrêmement niais.
GAifDOB. (Arr. de Compiègne.)
Sorcier comme ecW curé de Candor.
CANTBLEU. (Arr. de Doullens.)
I ressane Monsieur de Canteleu :
S'il avanched'ein pos, i recule ed' deux.
Allasion à an seigneur de Canteleu qui était d'une excessive
temporisation.
GATEox. (Canton de Saint-Vaiery.)
Qui a vu Cayeux ^t Paris a tout vu, — Parce qu'on a vu les
deux contrastes les plus frappants. Cayeux est un amas de
chaumières perdues dans des collines mouvantes de sable et
entouré d'une ceinture de galets noirs.
■#■
— m —
GffAiiBiT. (Àrr. de Senlift.)
Hauberts de Chamhlin. — On fabriquait à Chambly , dans le
Bcauvoisis^ des hauberts en colon.
' CHANTILLY. (Arr. de Senlis.)
• ■ ■ ■ ■"
Les canards de Chantilly. (Dit. de VApostoile).
CHAUMONT. (Arr. de Beauvafs.)
C'est UD enfant de Cbaumont:
Belle entrée et la fin non.
{Pronerbes en rimes , xvii.« siècle).
CHAUNY. (Aisne.)
Chauny la bien aimée.
C'est comme les enfants de Chauny, il a plus d'esprit que père
et mère.
Tout le Monde, vacher de Chauny. — La tradition populaire
raconte des faits merveilleux sur ce personnage. C'était, dit-on,
une espèce de géant qui^ peadant 70i ans, fut vacher. Il gar-
dait les vaches à cheval et offrait à boire d'excellent vin , dans
son cornet .d'arg.ent , à ceux qui venaient le visiter. On sujifait
inscrit celte épitaphe sur sou tombeau :
•ïii
Ichi cbous chete lorde tombe
Gist li Tacher, dit Tout le Monde ,
De Chalny cbité de grand prix
Entre maintes chités du pays;
Qu*il pacbe de Kéron le barque
Autant bin qo'y warditnos vaques.
• 'w.
• »1
■•^^
— 187 —
Chilt trépassa dans chent -dixH^eof ,
Si gras de tertus comme bœuf.
Bovieps, vaques, kévals et âne
Binwardez d'interrompre 8*ame.
Les bestiaat, dit-ôn, saivent cette recommandation, en
s^bàtenant de paître dans le saint camp où^ est enterré Tbat le
Monde. Il est probable que Tout le Monde fut le sobriquet hé-
réditaire d'une famille de vachers de Chauny, et que ce nom
bizarre continua d'être appliqué à ceux qui menaient paître les
bestiaux , dans les marais de la commune. Il y avait près de
Chauny un fief, relevant de La Fèro, qui s'appelait Tout le
Monde. (V. Mém. de VAc, celtique, t. Vi, p. 72.) On raconte
qu'un vacher de Chauny aurait répondu à Henri lY qui lui de-
mandait son nom: Je m'appelle Tout le Monde, Mais ce ne peut
être l'origine de ce dicton si connu, puisqu'il était déjà question
«
du vacher de Chauny, Jean Tout le Monde, dans le Jeu du bon
temps , par d'Ëstrées, né à Amiens en 1472. Il y est dit que le
bon temps ne se trouve plus, pas même chez Jean Tout le Monde,
vacher de Chauny.
Chauny la bien placée. (Annales de Noyon.)
Chauny la bien nommée. Id est calva, dit CoUiette.
• Les singes de Chauny. — La municipalité de Chauny voulant,
dit-on, peupler de cygnes les eaux qui entourent celte petite
tîllef, en fit la demande à la ville de Paris. CeJui qui fut chargé
d'épfîi'e, soit par distraction, soit par ignorance, mit cyhges ^n
lieu de cyngnes. Or, comme on ortographiait autrefois le mot
singes par tin c et un y (cynge) , les Parisiens envoyèrent à
Chauny une collection de sapajous. De là serait tié fe dicton
des singes de Chauny. Si ntm e veto, hene (rofofo. Mais' il est
•'4
à
*
•-• 188 —
beaucoup plus probable que ee^arnem luroTîeni de ce que les
arquebusiers de Gbauny portaient la figaire d'un singe sur leur
bannière. M. Boiieau éeMaulayiHe pense que ce sobriquet vient
du goût prononcé que leis habitants de Ghauny avaient, au moyen-
kge, pour les jeux publics, les jongleries et les singeries, il cite
une curieuse épigramme sur les singes de Cbaony» qu'il a trou-
vée dans un MS. latin :
Calnîa , dulce solam , coi septem commoda yitœ :
Poma, nemus, segetes, linum, pecos, herba, raeemas.
Cujas et indigenis Simii sunt propria septem :
FrauSy amor , ir», jocas , le^itas, imita tio , rictus.
(V. Notice sur unprov* de Picardie)
CLEBVONT. (Oise.)
Glermont , clair vin « .
Grandes moisons, rien dedins.
coiST. (Arr.'d* Amiens.)
Les salopsdeCoisy,
GOMPiÈOKfi. (Oise.)
Les dormeurs de Compiègne.
(MS. de M. Bertin du Rocheret.)
Coêffes de Compiègne, — Les coiffes de Gompiègne étaient en
dentelle noire et pareilles à celles que portent encore aujoui)*
d'hui les riches paysannes de la Normandie et du Yexin.
(Grapelet , |)ro«. et dictons populaires.)
Par k SainP-signe de Compiègne. — Espèce de jurement. Ci
lit dans le fabliau du Bouchier d'ÀlfbemUe :
• ^
— 4«9 —
Qae inat« bonle To» avi«gne
Por le sainct signe de Gompiegne
Dis! le prestre , vous avez tort.
{Fahl. de Barbazan, t. m.)
Goucf. (Arr. de Laon.)
Comte ne suis
Ne duc aussi ,
Roi je ne puis
Mais le grand sire de Goucy.
(Golliette,t. I, p. 429.)
Je ne suis roy ne prince aussi ,*
Je suis le afeignenr de Coûcy.
Prince je ne daigne, roi je ne puy ,
Je suis le sire de Coucy.
(Fr. Michel , Essai sur le Châtelain de Coucy.)
CAÉvi. (Arr. de Senlis.)
iiCg tachons de Crepy, -rr-Le marché de Grépy servait d'eiH
Irepôt de bétail aux marchands Flamands et Picards. On y oon-
dnisait un nombre si considérable de porcs, qu'une entrée de la
ville prit le nom de : Parte aucc Pourceaux. G'est pour cela que
ie» babiiants de la ville furent désignés abusivement sous le
nomût cochons de Crtpy.
CRÈQUY (y. Ailly).
CROTOT. (Arr. d'Abbeville.)
. , Mip beudet eu trotant su l'herbe
, LMong d'el Somme ro'mène au Groutoué^
L'eune des pus belles viltes du Roué^
* * - ■ ■ •
A c'que nous dit l'ancien proverbe.
[Chanson de M. Dekgongue-Gordier.)
13.
.11
— 190 —
DOMART-EN-PONTglEV.
Domart-en-Ponthieu
Triste séjour et pauvre lieu.
DOULLBiis. (Somme.)
Tartes de Dollens, (Dit. de VApostoile, xin.« siècle. )
Aujoard'bui ce sont les tartes à Vouillette de Nesles qai sont
en grande réputation.
ENNEMAIN. ( Y. AthlCS. )
EPÉHT. (Axr. de Péronne.)
Comme les coqs d'Epéhy , deux pour un. — « Les religieux
d'Epéhy, ayant abandonné leur maison conventuelle , il s'y
éleva plusieurs habitations de fermiers l dont se forma le ha-
meau de Pezières. Afin de le réunir au Jiameau de Le Riez ,
localité voisine où «e trouvait l'église , ils divisèrent ea un
grand nombre de portions le terrain qui* sépar^ût les deux
hameaux et le donnèrent à tous ceux qui voulaient y élevtr
une maison y pour la seule redevance d'un chapon. De 1^ Pac-
croissement rapide et l'entière réunion de Pezières et Le-ltioi ;
de là ce proverbe local : comme les coqs d'Epéhy , deux pwr
un. » (L'abbé Decagny y rarrofui. d^PeVonne.)
EQuiHBN. (Arr. de Boulogne-sur-Mer.)
La République d'Equihen. — « On appelait ce hameau la
République d'Equihen , dit M. Henri , parce que les habitans
en étaient si pauvres qu'on ne pouvait tirer d'eux aucune
contribution et qu'ils vivaient dans leurs chaumières, dans une
— 191 —
indépendance semblable à celle des castors et des loutres, aux-
q^uels on peut les assimiler à cause de leur position. »
[Essai hist, sur l'arrond, de Boulogne, p 132.)
ERAGNT-SUR-EPTE. (OlSC.)
Les endiablés d'Eragny
ESTBÉES-LÈs-CRÉCT. (Arr. d'Abbcville.)
Le9 ahuris d'Estrées. — On applique le même dicton aux
babitans d'Estrées-Déniécoart, de Yironchaux, de Gandas etc.
ETOUT. (Canton de Clermont.)
Aussitôt planté, aussitôt repris, — Etouy est habité par des
pépiniéristes qu'on accuse de se voler mutuellement leurs jeunes
plants.
FLESSELLES. (Arr. d^Amienà.)
.LttlmÀets deFlesseL — Ce dicton provient-il, comme on
to.dit(y de ce que les habitaos auraient laissé boire un âne dans
le>r bémtier? Cette version , au reste, n'est point ia seule. On
nMMBte qu'un des villageois chargea son beaudet de lattes ,
dont on fait un grand commerce à Flesselles : mais il les mit èH
tfai^ers, au lieu de les placer en long. De cette sorte , Tàne ne
9«|l entrer par la porte de la ville d'Amiens. Le villageois
D^Vinti chez lui, ^ disant que les portes d'Amiens étaient trop
étfoites et qu'il n'y avait pas moyen de passer. C'est cette
c^ïveté qui aurait donné lieu au dicton des beaudets de Flesselles.
FOUBQUES. (v. Athies.)
FRANSART ( cantou de Rozièrcs ) .
> Lesbeaudfits deFransart.
13/
— 192 —
FRANviLLERS. (CaatOQ de Gorbie.)
Si tu es Franvillers ,
Autre raison de guerre.
HAM. (Somme.)
Uam la bien placée, (Levasseurt. i. ch. 49.®)
A Ham il y a une femme de fer. — Une tradition populaire
raconte qu'une femme de fer faisait toutes les nuits une pro-
menade sur les remparts de Tabbaye.
Hioj
Sans s'ch'catieu» sVabbaye,
Hin,
N'seroit que du brin.
Les sots de Ham. — Ce sobriquet vient de la célèbre compa-
gnie de sots ou de fous qui était autrefois établie à Ham% Ils
élisaient un chef qui marchait en tète de leur procession. Les
confrères étaient revêtus de costumes grotesques et mooté^à
rebours sur un âne. La petite ûlie du dernier prince vivait
encore en 1735.
La foire -aux belles femmes et auœ laides vaches. — C'est aînéi
qu'on appelle la foire du 15 mai à Ham , parce que lesfemnMs»
n'ayant pas encore travaillé aux champs , ont le teint frais et
que les pâturages n'étant pas en maturité, les vaches obt
une nourriture peu confortable. Par la raison contraire , on
appelle la foire du. 15 septembre : la foire aux belles vaches et
aux laides femmes.
Vos vos marierez ech^ Vannée ci : vos avez des pierres ed* ca-
pucin dans vo poche. — On voit dans l'un des cachots de la
— 193 —
tour de Ham une pierre qui , dit-on, servit d'oreiller à un ca-
pucin qui y fut prisonnier. On y montre l'empreinte de sa
tète et même de son oreille. Une croyance populaire admet que
toute jeune fille qui recueille un petit morceau de cette pierre ,
se marie infailliblement dans le cours de Tannée.
Filles de Picardie,
Venez au caveau de Ham ,
Et l'église vous marie >
Avant qu'il soit un an.
Ayez figure vermeille,
Bonne dot et pour certain ,
Vous bénirez rorellle ,
L'oreille du capucin^ '
(V. Notice sur le Château de Ham^ par M. de la Fons.)
HARLT (Aisne).
Ch'est du bien apothiqué dessus chés brouillards d'Harly, — On
dit à Paris : hypothéqué sur les brouillards de Montmartre ou
de la Seine.
HERLT. (Canton de Nesles.)
Herly, âeffourSy
Château fort à Billancourt.
Ce dicton fait suite à celui de Langue voisin.
fiBsnms. (Pas-de-Calais.)
Es-tu de cels de Hesding '
De ta foi mâle, (Resveries, dit publié par M. A. Jubinal.)
Ce dicton , dit M. A. Dinaux , est fort peu honorable pour les
liabitants du Vieil-Hesdin , qui , d'après le trouvère Artésien ,
auraient hérité de la f??»?^ (mauvaise) foi des Carthaginois.
— 1»4 ^
Cuisinier de Besdins qui empmanne le diable. — C'esMi-^iie
mauvais cuisinier. (Oudin, Curiosités franges y p. 141.) >^
Qaand les François prendront Hesdins
Cette truy aura fille son Un.
Gomme les Français prirent Hesdin en 1639 , ils répondirent
à cette inscription par ie distique suivant , placé au-dessous de^
la truie qui filait :
^ Les François ont prins Hesdins.
Cy cette truy n'a pas/fiUé son lin.
iRLES. (Canton d'Albert.)
IrleSy Pysy Miraumonty
Font trois villages en Un seul mont.
Nous avons cité un dicton analogue concernant Athies.
LA FERE. (Aisne.)
Les corbeaux de La Fère, {Mercure de France, Févr. 1735.)
LANGUBvoisiN. (Cautou de Nesles.)
Quiquery , Longpain y
Château fort à Languevoisin.
* LAON. (Aisne.)
Les glorieux deLaon. (MS. de M. Bertin du Rocheret.)
Les seigneurs de Laon. {Dit. de VApostoile.)
Laon , jusqu'au rè^ne de Hugues Capet , a été le séjour ordi^
naire des Rois de la seconde race , et par conséquent d*an grand
nombre de seigneurs.
Laon le cloué. — D'après Flodoard^ Laon aurait été surnom-
— 195 —
mée chue (clavatom) à cause des cloas brodés sur le manteau
du préleur Harcobrius, qui aurait été le fondateur de la ville.
{Hiêt, Bêmenns^ lib* m , c. M.)
LBS0LANTIKB8. (Oise.)
Les biiits de Lesglantiert.
LONOfAiif (Y. Languevoisin).
L0N6?RB-LÈ8-AMIElfS.
Sonner les matines à Langpré, »- Lea religieuses de l'abbaye
de Longpré avaient la réputation de ne pa$ suivre leur règle
avec exactitude, ce qui ne les empêchait pas de sonner matines
à grand bruit de cloches. Aussi , pour faire entendre que quel-'
qu'un faisait beaucoup d'ouvrage avec la langue , disait-on :
t7 êonne matines à Longpré. Ce dicton , encore usité au corn-
mencement du xviii.' siècle , est tombé en désuétude.
{Mém, chronologiques de De Court, HS. de la Bib. nat.)
LucHEux. (Arr. de DouUens.)
Lucheux^ *
Gueux
Et glorieux.
MA1LLT (V. Ailly).
MiRAUMOiiT (Y. Irles).
MONTDIDIBR. (SommC.)
Les ï^omeneurs de Montdidier,
{Recueil de pièces concernant le prix de V Arquebuse, p. 64).
Les gourmands, les gourmets de Montdidier.
— 196 —
MONTiGNY. (Arr. de Oouiieûs.)
Lm jongleurs de Montigny. — Le village de Montigoy a sans
doute donné naissance à quelques célèbres jongleurs. On l'ap-
pelle Montigny-les-Jongleurs pour le distinguer des deux an-
tres villages du département de la Somme qui portent le nom
de Montigny.
MONTONViLLBRS. (An*. dfAmiefis.)
Les moutons de Montonvillers, — Probablement à cause du
caractère inoffensif des habitants.
MOREuiL. (Arr. de Hontdidier.)
Les moniquins de Moreuil. — Ce terme implique Tidée de
gens portés au plaisir et à la dépense. (Y. Roye).
MOYENNE VILLE. (Arr. d'Abbevlllc. )
Moyenneville , moyennes geins ,
Grand pot au fu, rien dedins.
Belles filles à marier,
Rien à leur bailler.
NAOURs. (Arr. de Doullens.)
Les grands pieds de Naours, — Un habitant de ce village ,
dont les pieds étaient fort grands . avait , dit-on , commandé à
Abbeville une paire de souliers. 11 n'alla point la réclamer.
Pour l'utiliser , le cordonnier en fit une enseigne, avec cette"
inscription : Aux grands pieds de Naours, Ce surnom resta de-
puis aux habitants de Naours.
NESLEs. (Somme.)
< a
Nesles la noble. {Annales de Noyon, tom. i, pag. 393).
• _ 197 —
Il est un autre dictou relatif à Nesles que oous nous abstien-
di:cNa§ de rapporter , bien qu'il n'ait rien de blessant pour les
habitants ;^ar il date^de cette époque funeste où les Bourgui-
gnons exercèrent à Nesles les plus horribles violences.
NOYON. (Oise.)
Noyon bien sonnée. — II y avait beaucoup de cloches dans
Tancienne église de Saint-€harlemagne.
Noyon bien chantée, — « Charlemagne y ordonna le chant
selon la réforme Romaine, dit Levasseur, un chant tellement
chant, qu'il est tout ensemble mélodie et psalmodie... » Ce qui
a donné lieu au proverbe ( proverbe glorieux î ) Noyon bien
chantée, [Annales de Noyon, t. ii, pag 610).
Noyon la «atw/e. — Est-ce par ce qu'elle a donné le jour à un
bon nombre de saints personnages ou parce qu'elle fut de bonne
heure le siège d'un évêché?
Les firiands de Noyon, {Mercure de France, Mai 1785).
La boule de Noyon, — L'acception de boule dans le sens d'a*-
iuce provient, selon M. Crapelet , du jeu déboule, oîi les
joueurs ont la réputation d'user d'astuce, en mesurant la dis-
tance des boules. (Proverbes et dictons du moyen-âge.)
Une gerbe de Cupidons
Pour les dames de Noyon.
(Adages françois, xvi.* siècle).
Regarder du côté de Noyon si St,'Quentin ne brûle pas. -^ Se
dit d'une personne qui louche.
Gambons de Noyon. — C'est ainsi qu'on désigne quelquefois
les haricots. On cultive fort bien^ce légume dans leNoyonnais^
— 198 —
I
OISE.
Ventoise d'aise, — C'est le datd , petit poisson delà rivière
d'Oise. (€rapelet, proverbes et dictons populaires, p^. lîO.)
OMiÉcouRT. (Canton de Nesles.)
Les omelettes d'Omiécourt. — On fait à Omiécourt des ome-
lettes qai ont la réputation de guérir de la rage.
PÉRONNE. (Somme.)
Les ivrognes de Péronne, (Mercure de France , mai 1735).
Péronne la pucelle, — Parce qu'elle fut longtemps impre-.
nable. Ce n'est que par ruse quelle fut prise en 1445.
Vous êtes de Péronne,
Tout le monde vous donne.
Péronne la dévote, (Ânn. de Noyon, ch. 49).
Raviser sus ce chemin de Cambrai si Péronne i ne brûle pas. —
Nous supposons que ce proverbe a le même sens qu'un dicton
analogue que nous avons cité ^ l'article Noyon.
Les gentilshommes de la cloche, (V. l'article Abbeviile),
Toujours francs Péronnais
Auront beau jour ;
Toujours et en tout temps
Francs Péronnais auront beau temps.
Pendant le siège mémorable de 1536, les Péronnais répé*
taient ce dicton , emprunté à une chanson patriotique.
(V. Dupleix).
PICARD.
Un bon Picard, — « On dit un bon picard pour dire un
— 199 —
homme droite tout rond» qui n'entend point finesse. Homo rec-
tus et simplex. » (Z>tc^ (2e Tr^otix, v^ Picard).
Le franchise née picarde, a le cœur à la main.
(Recueil de pièces concernant le prix de l'Arquebuse, p. 102.)
Comme le ver hors sa coquille
Se change en papillon brillant.
Ainsi Picard hors sa roandille
Parait en marquis éclatant.
{Archives de Picardie),
Les Picards ont la tête chaude. — On connaît, au sujet de ce
proverbe , le bon mot de M. de la Hotte , évêque d'Amiens.
Les Picards ont la tête près du bonnet.
Tout bon Picard se ravise.
De plusieurs choses Dieu nous garde
De toute femme qui se farde,
De la fumée des Picards ,
Avec les boucons des Lombards.
(Quatrains moraux, xv.*' siècle).
Tête et fête de Picard. — Ce dicton résume les deux défauts
qu'on nous reproche : Temportement et l'amour de la table.
Pitié de Lombart ,
Lahourt de Picart ,
Humilité de Normand ,
Patiencbe d' Alemant ,
Larghece de François ,
Loyauté d'Anglois ,
Dévocion de Bourguignon ,
Ces huit coses ne valent pas un bouchon.
(MS. 2566 de la Bibl. nat.).
— 2oa —
Isti PicQrdi non stmt ad prœlia tardi.
Prima sunt hardi , sed ^unt in fine couardi.
La fausseté de ce dicton , consigné dans un MS/ de la Bibl.
de Sens , a été trop bien prouvée sur maint champ de bataille ,
pour quMl nous soit besoin d'insister sur la valeur des Picards.
Nous aurions pu également protester en ce qui concerne le pré-
cédent dicton.
Vous n'êtes pas trop nigaud pour tm Picard.
^ (Dancourt, les Curieux de Compiègne.)
Picard, ta maison brûle! — Fûshel j'ai Vclef dins m' poke
— On veut par la citation de ce dialogue ridiculiser la naï-
veté et l'insouciance prétendues des Picards.
Tout Picard que j'étais , j'étais un bon apôtre ;
£t je faisais claquer mon fouet tout comme un autre.
{Raicme, les Plaideurs.)
Pour retrouver leurs maîtres , les chiens normands regardent
en haut et les chiens picards en bas. — Parce que les Normands
méritent souvent d'être pendus , et que les Picards sont quel*
quefois oojuchés ivres mofls. Cet adage doit remonter à l'époque
où la pendaison était encore en usage (1).
/ rwette en Champagne si l' Picardie br.ûle. — C'est ce qu'où
dit en Hainaut de quelqu'un qui louche. {Dict. Rouchi, p. 107.}
piCQDiGNY (V. Roye).
PYS (V. Irles).
(1) V. Des Dictons historiques et populaires de Picardie^ par l'abhé
J. Corblet, p. 6.
— a(»i —
poiï. (Somme.)
Jamais Créquy n'a été saoul de Poix.
PONT-SAINTE-MAXENCÇ. (Arr. de Senlis.)
Les soupiers de Pont-SairUe-Maœence.
(Recueil concernant le prix de l'Arquebuse y p. 105).
QUfiSMY. (Oise.) ^
Quesmy , Maucourt,
Tarlefesse, Happlaincourt ,
Berlancourt , Saint-Aubin ,
Dans ces villages il y a très-bien
Des fins et des p
QUiQUERY (V. Langueyoisin).
QuiviERES. (Arr. de Péronne.)
V un fait Vautre comme les fromages du curé de Quivières. —
« Un ancien curé de ce village avait, dit-on, deux vaches,
rane blanche et Tautre noire , dont le lait était de moindre
qualité. Sa domestique lui demandait de séparer ces deux es-
pèces de lait , pour en faire deux sortes de fromage. — No'n ,
dit le curé , mêlez tout ensemble , l'un fera Vautre. — De là
le, proverbe : L'un fait Vautre comme le fromage du curé de
Quimères. Les prêtres émigrés ont répandu ce proverbe jusque
daqg les royaumes du nord de TEurope^ et on Ta entendu citer
nième en Angleterre. » (Decag'ny^ arr. de Péronne, p. 449.)
RAMBURES. (Sommc.)
Rambures , Rubempré , Renty ,
Belles armes et piteux cry.
(L. Menestrier, Récherches d^ Blason, p. 83.)
— 2oa —
RAVENEL. (Oise.)
Les plots pieds de Ravenel. \
RENTY. (V. Rambures).
RiBBMONT. (Aisne.)
A Ribémont
Peu d'honnêtes gens, beaucoup de fripons.
ROCQUENGOUIT. (OisC.)
Roequencourt ivrogne,
RONSOT (canton de Roisel).
Il a tous les ans douze mois.
Gomme chés vins beudets de Ronsoy.
C'est la réponse qu^on fait dans Tarrondissement de Péronne
à ceux qui demandent : Quel âge a-t-il ?
ROTE. (Somme.)
Les glorieux de Roye ,
Ventre de son , habit de soie.
Picquigny , Moreuil , Roye ,
Ceints de même courroye
Feroient la guerre au roi.
Ce' dernier vers a été supprimé dans les ouvrages héraldiquas
imprimés sous le règne de Louis XIIL On reconnaît bien là
rinfluence du cardinal de Richelieu.
(D.' Goze, lS(iiiee sur les familles nobles de Picardie,)
Si le démon sortait de V enfer pour se battre en duel ^ il se pré-
senterait d'abord un Bmcieault, un Renaud de Roye, un Sempy,
— 203 —
pour accepter le défi. — Ce fat le pas d'armes de Saint Ydemard
qui donna lieu à ce dicton , connu au moyen-âge^ même des
nations étrang^ères. Les trois preux qui y sont désignés avaient
fait annoncer dans toute la Chrétienté qu'ils soutiendraient
envers et contre tous des combats à Tépée et à la lance , à l'oc-
casion du sacre de Charles VIL De nombreux chevaliers venus
de tous les points de l'Europe et parmi lesquels nous citerons
le frère du roi d'Angleterre , Jean de Hollande , le comte de
Derly ^ les sires de Cliffort et de Beaumont se rendirent à Saint
Ydemard , situé entre Calais et Boulogne. Les trois chevaliers
se mesurèrent avec quarante paladins étrangers et remportèrent
constament la victoire.
(Y. Le Laboureur et /a Touraine par Stan. Bellangé. )
RUBEMBRÉ ( v. Rambures).
RUE. (Somme.)
Les baubaus de Rue. — En langue romane baubau signifie sot,
niais, nigaud. On raconte malignement que les habitans de Rue
voulurent faire reculer leur église qui était trop près de la
route. Us essayèrent de la pousser à force d'épaules. L'un des
travailleurs, en glissant sur un terrain humide, crut avoir fait
avancer l'église et s^écria : elle marche I elle marche I Depuis ce
temps, dit la légende, on traita les habitans de Rue de baubaus.
Nous devons ajouter qu'on conserve dans l'église de Rue une
image miraculeuse nommée Bobo ou plutôt Beaubeau parce que
Isabeau de Portugal Tenrichit de ses présents. Il y aurait peut-
être là matière à une autre interprétation du dicton des baubaus
de Rue.
SAINT AUBIN ( V. Quosmy).
— 204 —
SAiNT-ouENTOf. (Aisoe.)
Let biyeuxde St,'Quentin, (Dit. de VAposioile, xin.<> siècle.)
St.'Quentin la grande. (Goliielte , Mém. sur le Vermandois:)
Le bénédicité de St -Quentin, — Dans les villages da Ver-
mandois , les convives d'un grand repas commencent par em-
brasser leurs voisines. C'est ce qu'on appelle le bénédicité de
St,-Quentin.
Je n'aime pas les manières de Saint-Quentin
Où toutes les paroles sont dans la main.
(Le Bouquet improvisé, )
On accuse les St.-Quentinois de discuter souvent à coup de
poing.
Les canonniers de St, -Quentin,
Une chanson composée en 1774 fait allusion à ce dicton; en
voici quelques couplets :
Un canonnier vole à la gloire
S'il fait bien son métier;
Il entre au temple de mémoire,
S'il est franc canonnier.
Tambour battant, brûlante mèche,
Intrépide guerrier,
Il mine, sape on bat en brèche,
S'il est franc canonnier.
Ave^c grâces présenter l'arme,
Viser, se déployer.
Dans le ponton faire vacarme,
Voilà le canonnier.
(Recueil de pièces concernant le prix général de V Arquebuse
— ao6 —
fcyêtê de France , rendu par la eompagnie de la ville de Saint-
Quentin , le 5 septembre et Jours suivants, 1774. SaiB4^2tifioUA>
1774.)
sAmT-VALER^Y. (Somme.)
tàelefdu Vimeu, ^ Ce surnom fol donné à St.-Yatery par
Charles YII. (M. Lonandre, Ust. d'Àbbeville, t. n. p. 889. )
SEBONGOURT (Aisoe}.
iressane les poules de Seboncourt, % cante son malheur.
(Journal dé St.-O^entin, n.» 1 551;.
SBFFOURS. (V. Herly).
SENUs. (Oise.)
Livallet (jeunes gens) de Sentis,
{Proverbes auvillainy MS. 7918 de la Bibi. nat.)
Les chétifs [mforixinés) de Sentis, (MS. 188Q. de la Bibl. nat.)
Les besaciers de Sentis.
(Recueil concernant le prix de VArqneiuse , p. 71).
soissoNS. (Aisne.)
Laribaudiede Soissons. ,(Dit. de VÀpostoile).
Les beyeux de Soissons.
(Recueil concernant le prix de l'Arquebuse).
Vin de Soissons. — Il était jadis cité entre les plus renom-
més, comme on peut le voir dans le fabliau de la bataille des
vins qui date du règne de Philippe-Auguste.
THÉROUANNE.
Cette ville fut surnommée Voreiller du Roi, parce que Fran^-
çois I.«' avait coutume de dire qoe Thérouane et Aix en Pro-
14,
— 806 ~
rence étaient ies de^x oreillers sur lesquels le Roi de Frimce
pouvait dormir en paix.
Nous trouvons plusieurs allusions à ce dicton dans va»
chanson de 1553 sur la' destruction de Thérouanne, publiée par
M. le baron de Hautecloque^ dans lo vi.* vol. du Puiti artiâien.
Mourut le roi François de nom.
Son fils Henri fut roi de France.
Il me fit dedans sa présence
Mettre dans un si bel arroi
Que partout le pais de France
Fus nommé Voreiller du Roi.
Fus nommé Voreiller du Roi.
Les Flamands en ont mal à la tête
Besoin en a la Picardie,
0 roi Henri, éveille toi ,
N'entends-tu pas le chant qui crie.
Perdu est Voreiller du Roi.
Ne laissèrent pierre dessus moi
De m*abolir ils ont envie,
Dites adieu Voreiller du Aot,
Adieu Boulogne et Picardie.
("PuiU artéHen , iM2).
Li esgarés de Thérouane. — M. Crapelel , qui cite ce dicton ,
dit que Torigine en est tout à fait ignorée.
- ■■ '
VAUX, (iisne.)
Entre Vaux et Berny,
Sont les trésors du Roi Henry^
— 2OT —
Albéric raconte , dans sa Chronique, qu'une jeune paysanne
deBerny {Soiisonnais) , qui menait paître une truie, laissa, par
mégarde, entrer cet animal dans un souterrain. Elle Ty suivit.
Jfais bientôt Técho rendu par les voûtes frappa tellement son
imagination, qu^elle crut apercevoir un vieillard qui gardait
d'immenses trésors. Elle s'enfuit aussitôt pour raconter ce
qu^elIe avait vu. Le souvenir de ces prétendus trésors s'est
perpétué dans le canton, depuis le xii.« siècle jusqu'à nos jours,
et a donné lieu au dicton que nous venons de rapporter.
(V. Carlier, Histoire du Valois, t. i, p.^363).
VERBERIE. (Oise.)
tes sauiriaux de Verberie. — Les enfants de ce pays sont ha-
bitués à se laisser rouler du haut d'une petite montagne , en
agençant la tète et les jambes , tie manière à former une es-
pèce de boule ; on les appelle sautriaux. Quelquefois deux
sautriaux s'entrelacent les bras et les jambes et exécutent la
même manœuvre. Depuis un temps immémorial , les sautriaux
de Verberie étaient inscrits sur Tétat des menus plaisirs du Roi.
Leur renomméç engendra des imitateurs sur divers points de la
France'et jusqu'en Provence. Les sautriaux portèrent d'abord
le nom de tombereaux, « On voit à Verberie, dit l'auteur de V An-
tiquité des villes de France, une société de tombereaux ou petits
gâlantz qui se laissent rouler du haut en bas d'une colline pour
amuser les passants. » Ce singulier talent n'est exercé que par
leâ enfants du peuple, et le plus souvent pour solliciter une
aumône. Cependant le sobriquet de sanUriaux s'appli<|uç à tous
les habitants de Verberie.
(V. Carlier, Histoire du Valois , t. ii, p* 650).
14.*
— 208 —
VEUUND. (Arr. deSainH^uentin.)
Les larrons de Vermand. — Yermand occupe la place de Tan-
cieDne Augusta Veromanduorum. Ses habitants prirent part,
Tan 284, au soulèvement des Gaulois, organisé par CElios et
Amandus , pour se soustraire à la domination romaine. Ce sou-
lèvement fut nommé Bagaude ou révolte des larrons. « Quand
quelqu^un de ce lieu, dit Levasseur, passe par les villages
d'alentour, et est recognu pour tel ,' chacun le houppe , et crie
après : voilà un des larrons de Yermand. b
(Annales de Noyon , 1. 1, p. 36).
VERMANDOIS. '
Pois de Yermandois, — Ils avaient, au xiii.* siècle, la môme
réputation qu'ont aujourd'hui les haricots de Soissons.
(Crapelet, Proverbes et Dictons).
viLLEDiEU. (Oise.)
On fait des godes à Beauvais et des poêles à Villedieu,
(Menus propos, xvi.* siècle).
viRONGHÂUx. (Canton de Rue.)
Zes ahmis de Vironchaux.
WARLOT-BAiLLON. (Ganlou de Gorbie.)
Warloy,
Bon pays, mauvaises lois.
« On reproche au peuple de Warloy d'être querelleur et en-
clin au vol. Gomme on ne payait autrefois dans cette commune
aucun droit pour les boissons , la plupart des habitants bu*
. *■
- 209 —
vaieDt avec excès et se battaient ensuite entre eux. C'est pour-
quoi Ton dit encore aujourd'hui proverbialement : Warloy, bon
pays , mauvaises lois. »
. (Dasevel , Lettres sur le département de la Somme , p. 181).
CHAPITRE VII.
ARMES PARLANTES ET RÉBUS DE PICARDIE.
I.«' — Armes parlantes.
Parmi les armes parlantes des nobles familles de la
Picardie et de l'Artois , il en est quelques-unes dont les
allusions sont empruntées à Tidiome picard. Nous nous
bornerons à citer celles que nous avons recueillies dans
les manuscrits héraldiques du docteur Goze.
Bosquillon (de Montdidier) , porte d^azur à trois serpettes
d'argent, 2 et 1, par allusion au mot bosquillon qui signifie
bûcheron.
Cacheleu, D'azur à trois pattes de loup d'or, î et 1. Ce nom
signifie littéralement : chasse-loup,
Campdaveine, D'azur à la gerbe d'avoine d'or. Camp d'à-
veine signifie champ d'avoine,
Coppequesne. De gueule à trois glands de quéne (chêne) cope's
(coupés) et renversés , 3 et 1.
Créquy, D'or au créquier de gueule. Nous appelons créqui0r
le cerisier sauvage.
— 210 —
Dubos. D'argent à trois bos (arbres) de sipopie ,% ei %.
Du Gard, mayeur d' AmieDS , an xiv.* siècle. D'azur à trois
gars (jars) d'argent, 2 et 1.
Gambard, mayeor de Montdidiery eo 1614. D'argeD( à la
gambe (jambe) d'azur, sur un brasier de gueule.
Hauteclocque. Jusqu'en 1Î70, les Hautecîocque avaient porté
trois cloques (cloches) dans leur scel , comme en déposent les
chartes de l'abbaye deCercamps. C'est pendant la viii.« croisade
qu'ils y substituèrent la croix chargée de cinq coquilles d'argent.
Le Gay, mayeur de Beauvais, en 1670. D'or à l'arbre de si-
nople , chargé d'un cœur de gueule , surmonté d'un gai (geai)
d'argent^ avec ce rébus : Quand on est au milieu de l'or , on a
le cœur gai.
L$ kien (de Conty) avait trois kiens (chiens) assis dani^ ses
armes.
Sacquespée, De sinople à l'aigle d'or becqueté et membre de
gueule, à Yépe'e d'argent, qu'il sacque à moitié d'un fourreisitt
de sable.
U Rébus de Picardie.
L'origine des rébus est fort ancienne ; mais c'est à la
basoche de Picardie qu'il faut en attribuer le perfection-
nement (1) t elle composait chaque année, au carnaval ,
(1) Etienne Tabourot , dans se^ Bigarrures du seigneur des Aecùfds »
consacre son chapitre II aux Rébus de Picardie. « Quant au surBOm
qu*on leur a donné de Picardie, dit-il, c'est à raison de ce que les Picards,
sur tous les François, s'y sont inGniinent plus et délectez. El peut-on
dire, à ceste raison, qu'on les a baptisés du nom de ceste nation , pa^ ttlCo-
nomaste, ainsi que Ton dit Bayonnettes de Bayonne, Ciseaux de Tho-
lose , Moustarde de Dijon, etc. »
— 211 —
des espèces de libelles intitulés : De Rehii qtm gerun-
tur (1). De là, le nom deYébus. Ce goût avait été déve^
loppé antérieurement par Tusage de porter des marques
distinctives dans les tournois et par les jeux littéraires de
la confrérie de Notre-Dame-du-Puy. Le rébus devint
bientôt populaire dans la France septentrionale. Il conquit
un rang dans le blason, dont il égaya les armes parlantes;
il figura sur les enseignes et sur les monnaies des évèques
des Fous ; Il osa même se glisser dans les épitapbes. La
Bibliothèque nationale possède deui^ manuscrits (n.''' 7618
et 10278) intitulés : Rébus de Picardie, illuminés j qui
datent de la fin du xv.« siècle. Le second n'est qu'une co-
pie du premier, accompagnée d'une table explicative. Les
interprétations qui ont y été intercalées au xvi.« sont sou-
vent fautives. M. le docteur Rigollot a rectifié ces erreurs
dans son savant ouvrage sur les Monnaies des évéques des
Fous. Nous nous bornerons à reproduire ses ingénieuses
explications , en ce qui concerne les rébus où figurent des
mots de l'idiome picard.
MS. 7618, n.« 6. Un la de musique— la mort — une nonne
— un ais — deux caperons (cbaperons) — un point. La mort
nos n'écaperons point. (La mort nous n'échapperons pas.)
N.* 10. Une fauke {(d-ux) d'or sur ùes courtines (rideaux) —
deux œufs. C'est-à-dire en court i ne faut que doreux — (A la
cour , il De faut que des gens délicats.)
(1) « Les clercs les lisoient publiquement par les rues , étant dans un
tombereau , dans lequel ils se faisoient traîner. Et j'apprens quMl n'y a
*i;uères plus de 60 ans que cela s'observoit à Boulogne, »
(Ménage , Dict. étym, \\ l^ust)
— 2t» —
JN.*" 15. Une J7 de couleur i^rune ou Uaniée— un ramoni$wr
(balayeur) peint en vert. C'est-à-dire : aehe i^anM$ vesrru mmt
hettr. (Cette année verra mon bonheur.)
N.» t5. Un la — une pie sons une pwle — un laquais. C?est-
à-dire : la pie (l'ivrognerie) emporte l'ae^el (le profit).
N.» 27. Une mère /bWe— une M^ti»««e (seringue) — un «evoî*
C'est-à-dire : fol est qui se soucie.
N.* 82. Une soie (scie) — un on (homme) dans une paîï —
un car (cbarriot) — un y — des nocs (gouttières) — une touche de
meille. C'est-à-dire : soyons en paix, car t no (il nous) touche.
N.« 44. Une teUe (sein) — une malle — une langue. C'est-à-
dire ; tais te maie langue (tais-toi, mauvaise langue).
N.« 45. Une kenne (cruche) — un soie (scie) -- un puche^
(puits) — un nid. C'est-à-dire : qu'haine soitpuchnie (punie).
N.* 46. Une tarte — un  — un ramon (balai) — un coeur —
— une plais (plie, poisson) — une anse, C'est-àrdire : tardam
(auira) mon coeur plaisance. .
N.^ 48. Une aie (anguille) mord des talons. C'est-à-dire :
aV mort allons.
N.« 59. Un fol lie ensemble deux hayons (échoppes porta-
tives). C'est-à-dire : hayons fol lie (haïssons la folie).
N.<» 91. Un point sur une prone (prune). C'est-à-dire: sou-
prônes point? (ne souperons-nous point)?
N.« 109 bis. Le monde — un fol — deux gattès (écuçHès).
C'est-à-dire : monde fol gâte.
N.« 121. Deux lots (pots d^étain) — un A — Dieu — un car
(charriol) — uni — un moine fiert (frappe) un A. C'est-
à-dire : los (louange) à Dieu car h moi n'affert (n'appartient pas
la louange).
— 213 —
N.<^ 184. Une es (abeille)---^ (sar) une porte. C'est-lnlire :
es (je) supporte mon deuil.
Ces quelques exemples suffiront pour montrer que nos
vieux rébus de Picardie contenaient en germe toutes les
ingénieuses fantaisies des modernes rébus illustrés et
qu'ils étaient souvent plus compliqués que celui dont
Marot semble rire , en disant :
Car, en Rébus de Picardie ^
Une faux, une étrille, un veau ,
Gela fait, Estrille Fauveau,
CHAPITRE VIII.
NOMS DES LIEUX. (l)
Les terminaisons les plus coirim unes des noms de lieux
en Picardie sont bourg (du tudesque burg, lieu fortifié),
bray (du celtique bray, marais) , cams ( du latin campuSj
champ ou camp], court ( du bas-latin cortis qui signifiait
une réunion de maisons rapprochées du manse seigneu^
rîal), fay [defagus, hêtre), hem (du Tudesque flm, ha-
bitation), Mesnil (de manere, parce que les fermiers
(1) Nous supprimons presque entièrement le long chapitre que nous
avions consacré aux noms de lieux , comme n*ayant qu'un rapport trop
éloigné avec la matière que nous traitons. Ce travail paraitra prochaine-
ment dans \e journal de iInslittU Historique.
à
— 214 —
( coloni) demeuraient habituellement sur les terres qu'ils
cultivaient). Oi ou oy indique ordinairement une plante^
tion quelconque, comme Qu^^noy^ Tilloy, Aulnoy j Rosoy
elci] Sart vient du Roman Sari y défrichement; Villé^oix
Villers , du bas-latin Villare , hameau , etc.
Sans pousser la celtomanie aussi loin que feu M. Ledièu
(1) on peut supposer à bon droit qu'un certain nombre
d'anciennes localités gauloises ont conservé, à travers les
âges , leur nom primitif plus ou moins altéré. Ainsi , pour
ne citer que quelques exemples , Agny pourrait venir
d^agnio ( eau } ; Barly , de bar-îy ( bois clos ); Berny, de
Berny ( endroit spacieux) ; Belle, de Bel ( maison forte ) ;
Broucby , de Bruch ( marécage) ; Calais, Aecaleh (Havre);
Boudent , de Houden ( forêt ) ; Isques , de Isc (lieu bas );
Pernes, de P^rn (monceau); Upen, de Ujpm ( tertre ) ;
etc.' , etc.
Si Ton admet, avec M. de Poilly (2), qu'une colonie
Massilienne s'est établie dans le voisinage de l'embouchure
de la Somme , pour le trafic de Tétain . on -pourrait aussi
avec lui donner une origine grecque aux noms Âgrona,
le Crotoy , Hiermont , Leuconaus , Maya, etc. '
Les origines latines, beaucoup moins contestaUes,
sont fort nombreuses en Picardie, Bornons nous à citer
entre mille exemples : Abbeville (Abbatis villa); Allenay
(Alnetum) ; Avesne (Avesna) ; Castelet (CastellumJ ; Epi-
noy fSpinetumJ ; Ervillers (Heri villarium) ; Estrées
(1) V. le bizarre ouvrage intitulé : Chorographie de Vancienne Picardie,
(2) V. le dernier volume des mémoires de la Société d'Emulation d'Ab-
beville.
— Sttô —
(Straia) ; Fins (Fines] ; Houviu (HovaJ ; Lignières (Li-
gni&) ; Locdieu (Locus DeiJ ; Montreuil (MonasteriolumJ;
VkHSur-Âidûe fVicusJ ; etc.
La domination des Francs a dû laisser son empreinte
sur un certain nombre de noms de lieux de Picardie.
Cest probablement à leur idiome qu'il faut rapporter les
noms de Hallu (Hall, buisson^ ; Harn (Hem, terre in-
culte^:;; Moulle (Mulhf moulin^; Sangate fSandr^ale
bftrrière de sable^ ; Wingles ^Ninkel . lieu écarté^ etc.
Beaucoup d'anciens fiefs ont conservé le nom de leur
possesseur: Ablancourt, Andain ville, Bailleul-Val , Ber-
lincourty Bernaville, Courcelette, Domvast, Ernemont,
Mattinsart, Plessier - Godin , Roberchamps, Sibeville,
Thîèpval , Valdampierr e , Wagnonlieu , etc.
D'autres localités ont tiré de la langue romane ou de la
française un nom qui fait allusion à leur site, à la nature
du sol, à la proximité des bois, des rivières, aux diverses
plantations, à leurs châteaux, à leurs monastères, comme :
Bîâs fbiaSj joli), Bouchoire fbouchière , lieu planté de
buîs) , Combles (.vallée), Crequi (crequier; prunier sau-
vage), Harbonnières (champ de houblon), la Couture
(grande culture) , Varennes (bois) , etc,
— 21i6 —
CHAPITRE IX.
■■;--7
NOMS DE BAPTÊME, DE FAMILLE Et DE CORPORATIONS.
§. I.«' — Noms de baptême.
Quand le Christianisme eut pénétré dans lesGayles; les
noms de baptême remplacèrent les noms hidividuels que
portaient les Gallo-Romains. Bien que l'usage des noms
de famille fût devenu général au xii.^ siècle , il n'est pas
rare de voir figurer dans les chartes de cette époque «t
même du xiv.<* siècle , des roiuriers qui n'ont qu'un Bopn
de baptême. Ues femmes furent plus longtemps réduites è
cette seule dénomination , et ce n'est qu'au commence-
ment du XVII. « siècle qu'on voit , dans les actes publics «
leur nom de famille uni à leur nom de baptême.
Les noms de baptême suivaient la règle de flexion dont
nous avons parlé au chapitre iv."" : ils prenaient un s final
pour indiquer le singulier sujet. Vers le 'milieu du xiii.«
siècle y l'usage s'introduisit d'ajouter à la fin des mots des
suffixes qui altéraient la forme primitive. Ex : Colin ,
Kolinot ; Marie , Marion ; Balde , Baldufn ; Renaut , Ré-
gnautin; etc. Les suffixes les plus usitées dans le langage
picard étaient ari , moni , ot et et pour le masculin et oU
et elle pour le féminin. Les formes dérivatives furent très
communes en Picardie, dans le Hainaut, l'Artois, la
Lorraine et llle de France. Pour n'en citer qu'un exeoH
pie , voici .les principaux dérivés du primitif Gui : guis,
guiotj guyot, guion , guyon , widon y guillon , willainy
— 217 —
guiar, guyat, guyelin, guillelme, willelme, melme,
willames , mllaume , ijcuileme , mllermens , guinemans ,
guènei » guentlon , guenordim , élc. Il y avait des noms
de baptême féminins qui n^avaient point de formes cor-
respondantes au masculin (Agnès , Alicie , Emme , Livin ,
Joie y etc.) ; mais beaucoup se rapportaient à des masculins
féminisés par Taddition d*un e muet ou d*une modification
désioentielle :
ExKiiPLE : Adon, Adèle; Eades , Odeliate ; Gillot , Gillotine ;
Gui, érutote; Nicolas, Nieolace; Mikiel , Mikelette; etc. (4).
Voici les noms de baptême , inusités actuellement ou
du moins modifiés , que nous avons extraits des chartes
et des actes publics de Picardie.
A^mans ,
1237.
Albéric ,
1214.
Anchellin,
xnia* s.
Abdias ,
—
Aldon ,
1106.
Andreu ,
1236.
Adam,
XlVa* S.
Aielme,
1106.
Andrieu ,
1412.
Adans,
1290.
Alette ,
1293.
Androwin,
,xm.«s.
Ade,
1106.
Alger,
1106.
Andrusle,
. —
Adenez ,
xnia* s.
Alliamme,
XIV. • s.
Angnelle,
—
Aélis^
1301.
Alicie ,
1307.
Ansel,
1214.
Agarec ,
1106.
Almaric ,
1105.
Anselot,
1270.
Aigline ,
1247.-
AmaDdin ,
— '
Ansiau ,
1254.
Aimery ,
—
Ameuris ,
1320.
Ansiel ,
1316.
Alâdc,
1214.
Amoury ,
—
Aslaers,
1299.
Aiardine ,
—
Amy,
. —
Asnes,
1309.
Aiârt,
1214.
Ancillon ,
XUÏ.* 8.
Asse,
1230.
(1) Fallot , Op. Ctr. , ch. iT.
— 218
Athis , —
Auberkins, 1475.
Aulbine , —
Balde, 1104.
Baldain , 1^50.
Barbara , —
6arthemeux,12o4.
Baudars , 1293.
Baudechon, —
Baudens , —
Baudin , nU,
Baudoiche, 1250.
Baugois, 1465.
Bautaud, 1285.
BekiD y 1309.
Bertols, 1250.
Bouchard , 1242.
Bouquins, 1250.
Braham , —
Buridan, 1307.
BurtandoDS, 1250.
BurtignoD, 1250.
Burtremel, 1287.
Coiart, 1412.
Colin, 1333.
Colle , — ^
Conrardt, 1238.
Conrault, 1290.
Goinrais, 1276.
Goinrard, 1277.
Coiûraird , 1290.
Grestien , —
Danoel, 1250.
Daniaus, 1278.
Denyset, 1507.
Diedèle , 1250.
Dimence, —
Egide ^ 1106.
Ëgine, 1243.
Eliard , —
Emme , 1255.
Emmelot , 1808.
Englebine , —
Engrend, 1481.
Ernoul , ' 1260.
Eernous, xiv.'s,
Esleuve, 1377.
Esteune, 1465.
Eubers , 1260.
Eudon, 1133.
Eustasse, 1230.
Fleurchon, —
Flouriche , —
Foukes , 1250.
Franceline , —
Francoiselle , —
Frans, 1279.
Fremin, 1470.
Fressende , If 78.
Fursée, 1106;
Gabriaus, xiii.^s.
Galette, 125S.
Gaucher , 12 U'.
Gauyain , —
Gavain, 1I6S.
Gengulpbe, 1166.
Gentienne, —
Geralf, xn.« s.
Gernoy , —
Gilotine , 1278.
Gilon, xni>8.
Gillot , Ï200.
Gondèle , —
Gonfroy , 1255.
Grigoire , 1285.
Grigories , 12S6.
Guarins , 1215.
Guittard , —
Guiotte , 1279.
Guyon, 1261.
Guyenne , —
Ilacquin^ -»-,
Hanrit , liif .
Hellin, ' IMA.
Helvis , 1868.
Henin, 1496.
Henriet, 1498
— 219
—
Jlecbers,
1248.
JeDDin ,
1417.
Mariette,
—
ienoet,
1106.
Jeoffroy ,
1232.
MarioD ,
1266.
Hervée,
1214.
Jermes ,
1287.
Marotte,
—
Heaselat ,
1287.
JerDOus ,
1287.
•Massin,
—
HiorosimeUe, —
Jéromette ,
—
MatheliD ,
1607.
Honoeré ,
1465.
Johans .
1250.
Maure,
1461.'
lanwes ,
1250.
Joie,
1237.
Mehaut,
13U.
Wnxi,
1106.
Josse ,
1232.
Marc,
XII.« 8.
Humbert ,
1290.
JOSSOD ,
XUI.^8.
Meuberde ,
—
Haes,
Ii49.
Juiie ,
1285.
Michales ,
1261.
Bogues^
1250.
Kolinot ,
1255.
Michaix ,
1Î94.
Huoo,
1249.
LeariDS ,
1465.
Mikaeux ,
1320.
htMn,
1471.
Lienard ,
1260.
Mikellette,
1334.
lacque,
1230.
Liévire ,
—
Mikiel ,
1412.
JftCOt,
1411.
Livin ,
1250.
Mikiex ,
xiii.» s.
hfiotin,
1477.
Luchin ,
—
Natase ,
—
JacquemoDt 1439.
Luis,
1273.
Nicholai ,
1264.
Jtçquemant 1317.
LoheuriDS,
4215.
Niuet ,
—
JacquevoQ
,1472.
Mahiex,
1264.
Nolette ,
1471.
JdkçiniDs,
1214.
MahieUe ,
—
Odon,
1265.
Jeannin ,
1447.
Maioe ,
—
Oger,
—
Jeban, (1)
1465.
Manassès ,
1215.
OthOD ,
1273.
lekennet ,
1518.
* Manessier,
1458.
Otle,
—
leàeni^ette :
KVI*'. S.
Margue ,
1418.
Oudard ,
—
JeboD,
1254.
Marguitte ,
1469.
Ouède ,
1250.
(1) Le nom de Jehan était excessivement coraman en Picardie. Dans
\» procès -verbal d'une assemblée générale des habitans d'Amiens, datée du
15 juillet 1465, sur 96 noms, ilj en a 32 qui sont précédés du prénoni de
Jehan.
2^
Oufren/
1204.
Ricandes ,
1293.
Thiebaus ,
lft9t.
Oulfran,
1324.
Ricardin ,
1411.
Thieris , -
1280.
Pasche,
XIII.'S.
Ricars,
1247.
Thobias ,
— .
Perret ,
1374.
Riflard ,
1432.
Tbomin ,
1522.
Perjnot,
146S.
Robiers ,
1251.
Tbumas,
1807.
Perigne,
1S08.
Robin ,
XIII.« s.
Tiercelet ,
1307.
Perinette ,
1479.
Robinet,
1469.
Tomas,
1277.
Perine ,
1395.
Robinette ,
1480.
Ulfrad ,
1106.
Perotte ,
1404.
Rogiers ,
1464.
Ursin ,
1273.
Perrot ,
—
Rogne ,
1254.
Yaspesien ,
—
Phelipart,
1273.
Rollande,
—
Yedasse ,
—
Philippons
, 1273.
Royne,
—
Yilames ,
1285.
Pieron ,
1133.
Sainctine ,
—
Yincans ,
1251.
Pierotin,
1279.
Salvi,
1106.
Walleraut ,
125*.
Pierot,
1406.
Sandrin ,
—
Warin ,
1300.
Pierquin ,
tî79.
Segard ,
xii.« s.
Warmers ,
1250.
Pringue ,
—
Sidrac ,
—
Warques ,
—
Quintin ,
1106.
Sifrid,
1106.
Watier,
1310.
Quintine ,
—
Slevenes ,
1250.
Wauflar ,
—
Eaoulin ,
1iS3.
Sobiers ,
1250.
Weric ,
1107.
Raouline ,
1468.
Sohirs ,
1293.
Willard ,
1298.
Raous ,
12S0.
Souplis ,
1472.
Willaume,
1400.
•
RaulliD ,
1464.
Suply ,
1493.-
Wiliemot,
1414.
Rault y
Symonins ,
1251.
Wileme ,
itu.
Réginer ,
TassarS)
1287.
Wique >
1880.
RemoDDet ,
Tassin,
—
Wistache,
1S84.
Rénal ,
1290.
Teris ,
1260.
Ydelte,
11 W.
Renlers ,
XIV. «s.
Théris ,
1280.
— 221 —
§. 2. — -Nomft de famille.
Tous les noms propres, dit M. Eusëbe Salverte , ont
été originairement significatifs ; on ne peut admettre leur
invention sans motifs et sans principes. La science philo-
logique est parvenue à déterminer le sens d'un grand
Qombre de noms propres chez les Hindoux (1), les
Héî>reux (2) , les Américains (3] , les Grecs , les Ro-
liaains (4} » les Gaulois (5] , etc. Ces noms font allusion à
■ ■
la. taille, à la couleur des cheveux ou du teint, aux
travaux , aux goûts , aux habitudes , aux vices , aux
vertus , aux défauts physiques , moraux ou intellectuels,
à la place qu'on occupe dans la famille ou dans la société ,
aut charges et aux emplois, au lieu de naissance ou
drhabîtation , aux accidents , aux actions d*éclat, etc.
En parcourant les œuvres de Grégoire de Tours, on
peut s'assurer que , de son temps , la plupart des noms
propres, en France, étaient tudesques (6).
C'est au commencement du xi.^ siècle, que commen-
cèrent à apparaître les noms de famille héréditaires (7).
ti'bsage en devint général pour les hautes classes de la
^ïnété , vers la fin du règne de Philippe-Auguste (8] , et
Jkmr les classes secondaires , au commencement du xiv.«
siècle. Cette institution eut pour cause Théréditédes di-
gnités et des fiefs , l'influence des croisades , l'exemple
^ ■ :
'' ;(t) Sehlegel. — (S) J. Hnmbert. *- (S) P. Gomey , Krachenionikow. —
(*) NoiBI . — (5) PuUet. - (6) G. Fallût. — (T) Méidraj;.
(8) Diaprés M. Mangourit (t. m des ilfém. de Vac. celt,), Arnould signi-
fie, en Saion, fidèle à son honneur ; Baldwin, bTa\3e conquéraM ; Everard,
iris luMMré , Robert , comeiî célèbre; Godard,. 6o» naturel ; etc.
15.
— 222 —
(les familles impériales de Gonslantinople , l'affranchis-
sement des commanes et surtout la nécessité d*éyiter la
cpgfusion qui résultait de la parité des noms de baptême.
Ce furent les nobles qui commencèrent à adopter des noms
qui n'étaient plus simplement individuels , mais qui se
transmettaient en même temps que les fiefs. Ces nofkns
furent souvent ixn composé du nom du fief et de celu|. d'à
possesseur : de Moniovillers , de Foucaucaurt , de Seller
val, de Ribecourt, d^Ememont , etc. Nous renvoyons le
lecteur» pour ce qui concerne le nom des familles noble^,
à Vouvrage de M. P. Roger sur la noblesse et chevalerie de
la Picardie et de V Artois^
Quand les serfs fureot affranchis» ils commencèren^t à
ne plus être uniquement désignés sous un iipm de bap-
tême et sous celui de leur Seigneur. Les affranchis, in-
dustriels gardèrent souvent le nom de leur métier ; If»
affranchis agricoles prirent aussi un nom en rappor^ avec
la natu^re de leurs occupations. Geu^ qui furent chargés
de fonctions bourgeoises étaient fiers de porter le nom
même de leur emploi ; d'autres furent désignés par leur
nom de baptême conservé , ou par on nom significatif
de leur caractère » de leur taille » de-leurs défauts , de
leur ftge^ de leur habitation » du lieu de naissance » etc.
Mous allons offrir quelques exemples des différeotes
sources où ont été puisés les noms de roturiers. Ceux que
noua citerons appartiennent tous à la Picardie et ont. été
recueillis dans des actes publics des tlxu^, xin.* » tiv.* et
XV.* siècles,
1 ."* Noms tirés de Vâge.--Le JeuDe,Gamaio, L'aisné, Leviu^ele.
_ ^
, |,« Jfu pays d'habitation. ^ Collarl d'Arxas , Henri d'Oîse-
afoni, JeandeSL-Valery, Clémenl de Chépy, Bobert de Rae^
Aj^ié.djeNoyelles» Pierre de Gamaches, Thomas de HarenU,
dii,|[^il I du Plessier , du Hamel, etc. I) arrive souvent qu'on
Ci^Klbud ces .sortes de noms avec les noms nobiliaires
Jt/. iHi jMy# da iMMiaftoe. — Picard , Sanierre, Ponthien,
MoriA>etc.
" t»^ Be^digmtù tittUê ou religieuêoê. -^ Bo^gois , L^fienTer,
Lé ▼svasseor , Le Prévôt (1) L'Esquevin , Le Maistrè , Terrier
ffégê), L6 Mayeur, Le Mûre (t) Le Sie«r (3) Le BamteilleryLe
BwiW^etc.
6.* Dêê fonetions, — Forestier, Messier (garde champékejy
MaMWrt (êrétorier), Varlet, Mesnier (sergent), Pinart (receveur
de$ttàp$te} , Dacier (receveur des mpâts sur le transport), Viart
f/Êriè), Sergent (5) , Àncelie (servante) , Bailienl (administra-
iêwrjf Clavier (trésorier), etc.
1^.* Ihs professions et métiers. ^L^ plupart des noms tirés des
fTofèssioiis sont précédés, aux xii.* et xm.« siècles, de Tarticle
II, qui Alt plus tard remplacé par fo, pois très-auvent supprimé.
(1) Ce mot à senri pour lignifiar le lUre dediven officiera préposé* è
VMWfeetion quelconque (de la Tynna).
(ly £f Maire, Ce mot nMndique pas seulement la fonction des mayeurt
mmâclpaut, mais celle des chefs de corporations, dés margnnUen, des
fériMMulift etc.
(^ Sieer. C'est quelquefois ôoe raaufaise orthographe de seieur»
(4) Ceux qui obtenaient la royauté dans les jeux publics conservaient
quelquefois toute leur vie le titre de Boi ou de Prince.
(5) ]>ans les M8. du xiii/ siècle ce mot signifie serviteur^ huissier,
homme de guerre*
15.-
— 224 —
Ainsi on dit d'abord H carhaniêr , pais le eetrbonUr ^ puis efafia
cdf Monter on cbarhonîer^ Carpentier, Du Gange (banque) y l^
llîte ^e'decin) , Bocqolllon (bûcheron) , Gaultier (hûclteibh),
Carlier fefMrpentier) > Gapelier (elwpeliet) , Carbonier' /"dkér-
bonier)^ Le Correur, Fessier {joaillier), Gastelier fpàtiàsier),
LeBonrsieryCaron (charron), Fruictier, LaFarge(/brgf»j>Câiii-
bier ("^r o^^atir^ , Pesqueax fjpMetir^> Boulenguier^ Fabfé^'Le
FerrOD, Le Feurej fde faber), MolinierYMiimiVr^ Gaathetier,
Co^retier, Garreton foJ^r tî#fy ^ Gandeiier, Le Sueur ^oordottuifr^,
Cuvelier y Benelier (conducteur de tomberaux), Pioguier ffiiàrir
cant de peignes) , Bergier (nourisseur de bestiaux), Boyer:(btar-
ron) f Magnier (meunier) , Le Tartier , Le Peigneur, Le TeUier
(tisserand). Le Queux (cuisinier) ^ Le Gaucheur, ThiiiUier/«M>^
chand de tuiles), Cousturier, L'Œulier (marcka$d d'huile) ylA
Herchier, Saunier (marchand de sel), Parmentier (1), Porteboîs,
Qui forge , Plumoison , Garde Yacq , etc.
7.*> Des noms de bapUme modifiés ou non par des sufiœee* -
Clément) Tbomas , Firmin, Micbe! ^ Quentin /Simon ; AneKn
{de Âese) , Aubertins (de Àubert) , Bauduin [de Éalde) , Pofi-
quier (de Foulques) , Gillet (de Gilles) ', Henrion (de Henri) ,
Q(^9&e\in (de Josse) , ?ïk\\\ppon (de Philippe) .
8.<^ De la conformation physique.—Vionûéi, Fauveau (de ^oufewr
tannée) ^ Blanchet, Morel (noirâtre), Blois (pègue) j hp Bç|6hu.,
Gohin (bossu) , Poil-Yiilain , Blancs-Yeux , Col'àerToxJiH^.de
toureauj^ Pieffort, Maigret» Beilpt, Ga^nut, (chauve), Gbauwin (2),
(1) On donnait ce nom à ceox qui lustraient les étolR». ' ■
(i) G*était le vrai nom de la famille de Calvin \ né à Noyon. De calvus
(ch;auve).
-^ 225 —
lé Béi\i (gentil), Malfait, Barbe-d'Or^ Trois-CEaU, Face, de
Taille-d'Or, Courtecuisse, Poil-Barbe, etc.
9.* Ihi'<»ifaclér0. — Boudard^ Noisem , Gaichard (ruêé) ,
Boia (hcn), Séné (ioge), Doocet, Taopia (poltron), Testo,
Ferlé, (fermeté), Ànbert (courageux), Baude (enjoué) , Bob\n
(bouffon) f Malfiance , Loyauté , Haut*de-Sens, etc.
10.^ Des moBure et habitudes. — Guiilon (eseroe) , Cache-Léu ,
Tue-Leu , Boisard , HoUier (débauché) , Batteux , Janiu (farcem)^
Jaq«etY**^nr^ , Lesobre , Gallaod, Huart ("cr torcK^ , Bardou
(lourdaud) , etc.
11.* Du règne animaL — • Lecat, Lekien, Goret, Pourchel,
LoDg-Cbeval , Vàquette , Lelen , Goupil (renard) , Baude , £s-
qaÏTol (écureuil), Ratelet, Bouvet (jeune bœuf), GlaiDe,.Gail-
lerèt, Lagache, Legay, Moigneau, Moignet, Rainette, Caboche,
Malot (afis agrorum) , Catoire (ruche d'abeilles) , Boterel (cra-
païui) , Couloa (pigeon) , etc.
1%.^ Du règne végétal. — Decaisne , Dufay (hêtre), Crequier
(prunier), Gauguier (noyer), Breuil (bruyère), Belavoine,
Gardon , Garbe , Herbet , Des Essarts , Dubus (du bois) , Bois^
sière /"^ot'IItfJ , Gardin , Gardinet, Barthe (boccage) , Wgmer ,
(ffiffnioble) , Meslier (néflier), Peyre (poire), Yerde-AyeiDe ,
Uttf de Bled , etc.
li.*' Du règne minéral. — - Gayeux, Descayeux, Carbon,
Bray , Debray (terre grasse) , La Perrière (car^Hère de pierres).
14.* Des comestibles. — Papin, Gastel, Watteau (gâteau),
Lardé, Baccon (lard), Grignon (croûte de patnj, Cervoise,
Tarteron , etc.
15,« Des vêtements , etc. — Gauche (chausson). Doublet (sorte
— 226 —
d$ houppelande) , Mantel, Tabart (manteau), Soler (soulier),
Gotelle (eamiêolle) , Quemise ^ etc.
16.* Des meubles et instruments, etc. — Garette , Des Eqnell^s,
Jarry (bâton), Ramon {balai), Broqueyieille , Martellet, Mir*
tel , Poyelle , Buiret/ Belperche , CofSn (étui), Faaquet (fau^
cille) , Binois (charrue) , etc. .
17.» Des fêtes de r église, -^Melf Pâques, Pascal, Pasqitler^
Toussaint , eto.
IH.» D'objets divers, etc,-- DelecaDdelle, Vnidelame, Voyelle,
Estrée, Cotteret^ Yerderue, etc.
§ 3» Noms de oorporatÛMM.
Les noms de corporatioDs de métiers n'étaient point
partout les mêmes en Picardie. Voici quels étaient ceux
des vingt-quatre corporations de la ville d'Amiens dh '
1370 :
Tavernter8;|waidiers; tanneurs; bouchers; fevres; mer-^
chiers ; boulengiers ; fourniers ; poissoniers de mer ; drapiers;
cordouaniers ; cambiers (brasseurs) ; mâchons ; pelletiers; pois-
soniers de doulche yaue ; viesiers ; pareurs ; tisserands ; teii^ta-*
rlers ; sueurs (savetiers) ; waigniers (laboureurs , vignefons) ;
carpentiers ; porteurs; telliers (tisserands de linge), — Au xyi.*
siècle y les corporations d'Amiens étaient ainsi déiiommées;
Laboureurs; boulengers; brasseurs; taverniers; bouchers;
poissoniers de mer ; poissoniers d'eau douce ; maroniers ; brou-
tiers; guelderons; tanneurs; cordonîers; sueurs de viez;
pareurs et tondeurs ; pourpointiers , parmentiers ; chaussetiers;
bonnetiers ; chapeliers ; merciers ; paticiers ; sayeteurs ; ttsse^
— J27 —
rtada -de toile ; couvreurs ; loareschaux ; b^biers ; orfèvres ;
hacher»; oharpentiers; massons ; archers; arbalestriers. (1)
SL*4iu»ntm, xvu.* siècle. -* Apothicaires; bonnetiers;
bouchers; boulengers et tourtoniers; brasseurs; charrons;
chaircBîtiMrs^; chaudroniers ; cordiers;.cordQniers; corroyeurs;
coQinqeara d'ardoises , de tuiles et dé plomb ; drapiers et chaus-
86t|ers; gQhorliers» maçons et tailleurs de pierres ; mandeliers;
marcbiinds de pain d'épice ; mégissiers et gantiers ; menuisiers;
merciers; cirierset épiciers; meuniers; mulquiniers; orfèvres;
pâtissiers et cuisiniers ; potiers d'étain ; savetiers ; selliers ,
semirîers; taillandiers; tailleurs d'habits; tanneurs etfour-
revs; tisserands; toilie^s etlingers; tonneliers ; tourneurs ;
Titriers.
Beauvais. xvii.* siècle. — Drapiers ; chaussetiers et mar-
chands de draps teints; merciers; épiciers; passementiers;
boutoniers; scetiers: apothicaires; chirurgiens et inciseurs;
drapiers drapants et marchands de laine; laneurs et arsoneurs;
tondeurs ; tisserands ; sergiers; peigneurs; ta verniers ; vinai-
griers et brasseurs; boulengers ; pâtissiers; charcutiers ; lar-
diers et graissiers ; bouchers ; ppissoniers ; orfèvres ; étaimiers ;
plombiers et fondeurs ; maçons ; charpentiers ; couvreurs ;
qijdféicailliers ; couteliers ; armuriers ; fonrbîsseurs ; éperoniers ;
cHàbdroniers; épingliérs et aîjpciillotiers ; féroniers ; inoaréchaux;
(lâilandiers ; cloutiers; teinturiers; chapeliers; bonnetiers;
pélntriéis et vitriers ; tanneurs ; mégissiers ; gantiers et pelletiers;
(t) Chique corps de métier d^Ainieu portait un mays à la fête da St.-»
8f|sremfiit. ÇéUâi une colonnade de menuiserie de forme pyramidale et
lenninée par un cierge. Les marchandises qui y étaient suspendues fan
aaient reconnaître chaque corporation.
— 22» —
cordODoiors et cerroyears; eordonmers envieux; seiUersei*
bastiers ; cordiers ; meDuisiers; tonneliers ; charroQ87l)rodeiihi;
tapissier»; joailiiers; ftrîpiers et tailleurs d'haJMts ; tourneiirs^et
vanniers ; laboureors ; vignerons et aïriers.
Ahhmlh. —V. l'Histoire d'AbbevitîepPifli. Louandre'. -"•
Noyon. — V. îeà Recherches sur Ifayon par M. de la PoUs"^
p. 1ÎS. — Les CQQ)orations de Péronne étaient à peu près lès
mêmes qn^à Noyon ; ta corporation des poissonferd portait lé'
nom ûe soyebautéclnse,
La corporation des charpentiers comprenait ordinairement .
leshnehiers^ les lambrois»eurs ^ les tourneurs et tes tonneliers^"^
Cependant M. de la Fons fait remarquer (l) qu'à Béthunes, le»
huchiers sont rarement confondus avec les charpentiers, wàt'
XV.* et ivi.* siècles. \
, I
CHAPITRE X. '
SOBRIQUETS HISTORIQUES ET POPULAIRES. - , ::
■ ♦ ... •■' îîi
m ~
• ■ ■ «
])e tout tenaps, od eut recours aux surnoms pou^r^db- .
tinguer eatr*eux ceux qui portaient un mime nom* Le.,
sobriquet est une espèce de surnom qui fait allusion a^^.
qualités ou aux défauts personnels. L*usage de ces spi^Ws^
d'appellations est fort répandu dans nos campagnes. \]n
ridicule , une infirmité physique-, une parole maladroite ,
une bévue, on acte de ;>oltronnerie , une condamnfation'*
f. -i'
(1) Les artistes et les ouvriers du Nord de la France»
— 228.—
judiciaire suffisent pour qu'un aom.'Soitaflhiblé d'un aobri-
qiKSi qui Te§te< parfois héréditaire.. ^ , «
Dans les> fêtes populaires du npcd de la Frf^nca , les»,
joyeuses, compagnies» qui en faisaient les principaux frais»
éti4^nt.cpi(unand,ée^.par;U^ chef qui portait toujours un
surnom de dignité. Voici ceux que nous aypns recueillis ;
Abbetnlle. — Le prince des sots ; réyéque des ianocents. <
4niinf. — i L'évéque des innocents;, le prince des enfants sans
soucis ; le pape des fous.
Arras. — L'abbé de Liesse; *boin espoir ; le prince d'hon-
neur; le prince d'amour, le prince des loquebaux; le prince
de bçn vouloir ; le roi des leurs ; l'amiral de Malduichon.
\ . ■ ■ ■ ■
Ath, — L'abbé des pau pourvus.
Béthunes, -;- Le prince de jeunesse ; le capitaine des hQ-
chettes ; le capitaine de l'étrille ; la princesse dés cœurs fallis ;
le pfince du Pnich ; l'abbé de sens legier ; le prince de mal
espisurçne ; le prince des dures menées ; le prince des lours ; le
prince des gayants de St.-Pry;le prince de plaisance , le prince
de folie; etc. La confrérie des jongleurs élisait un chef qu'on
nomma d'abord prince des sauUs et puis par corruption prince
dH,80U[lU ' :.. , ... .., :. -v.
Bhntkai». — Le pré vost des étourdis..' . ;.:,, .
'iC^Albi^;^ Leroideshiraulx. .1. .■ . /
"ifeti%?— Le capitaine Pi gnoii.
Bam. — Le prince des sots. " ' ■ '• • "
Is Bmm,,--- L'abbé des faims.
XooH. — Le patriarche des fous. . .. -,
(1) V. £ei artiste» du nord de la Franc* >«par M. de la Fuiu.
— 230 -
Ze Quanaff, — L'abbé du piat d'argent.
Lille. — Le dac du lacq; le lieutenant voUnt; le roi tfea
sots ; Tes princes d'amonr , de jeunesse , des tars saigee.
Mohtreuii. -^ Le roi ides enfants de la lone. On donnait' lè
titre de rot de la couronette à celui deâ chevaliers de Tare qui
s*était le plus distingué.
Noyon, — Le roi des fous.
Péronne. — L'abbé des mariés ; le capitaine des pieds de
saulx.
Bue. — ^ Le souverain évèque de Rue. .
St.-Omer. — Le prince du glay ; le prince' des soudans.
St^'Quentin. — Le roi du chapels. (Voir un article de M. Go-
mard dans les Mém. de la Société acad. de St.^uentin)*
Senlis. — Le pape des fous.
Valenciènnes. — Le prince de plaisance ; le prévost des co-
quins ; le prince de Fétrile ; le capitaine de joyeuse entente ;
le gardien de dame oiseuse ; le chef des Hubins ; le prince de
de la plume.
WatidricoHrt, — Le prince de lanière. — etc.
Nous avons mentionné dans un précédent chapitre les
sobriquets relatifs aux villes et aux villages de Picardie.
Nous allons maintenant indiquer un certain nombre de
surnoms historiques et de sobriquets populaires fUuii an->
ciens que modernes.
Àbbevitte. — Au xvin.* siècle, on ajoutait souvent le sur-
nom à^Àbbeville aux prénoms du nouveau né d'un mayeur de
cette ville. (Louandre, Bi$t. d'Abbevilh, i, ii, p. 141].
— 231 —
Ài<Hké$.r- Nom qve prenaient les seigneurs qui 8*éngilgeàief t
à défendre les droits de Pëglise , soit par dévouement , soit
par intérêt. Tel fut le comte Jean de Ponthieti qui, en 117# ,
dans une assemblée du clergé de ses Etals ^ promit d'assister
envers et contre tous Montiewr St.^VulfrtMl (Devérité , Bût. de
Picardie).
Bbucu^ '— Sobriquet d'un homme gros et courte
Bùnêdêt torque (Witasse). •- (Abbeville^ moyen*àge.)
Bel œil (marquis de). — Sobriquet d'un borgne.
BeUumie. -^ Surnom d'un imbééiîè. (Santerre.)
Bigorgneurs -^ Une compagnie de volontaires^ levée en
lB8t par la viUe^e Yalenciennes et qui se signala surtout à la
prise de DouUens , fut surnommée les bigorgneurs , soit à cause
de leur hallebarde nommée bigote soit à-cause de leur chapeau
militaire à deux cornes. (Le Glay, Glossaire des sobriquets hielo^
riqueê du nord de la France).
fionbec. (Marie) — - Surnom d'une babillarde.
Biau layon (Jehannet). — (Àbbeville^ 1311.)
Bis blé (Fremin). — [Confies des argentiers d'Abbeville.) .
Bouthiliers (Golars le). — Trouvère artésien du xiu.* siècle.
Bochu (li). -^ Adam d'^rras , trouvère du xui.« siècle. -
Brille fer (Jehan). — Féronnier à Béthunes^ en 152%.
Cacherais (ïioberi), — (Abbeville, moyenr-âge.)
Cadoreux, -r- Sobriquet des sergents-de-ville. Allusion à
leur costume qui ressemble au plumage des cadoreux (chardoor
nerels). — (Amiens.)
Cadet devient parfois une désignation inséparable du nom
d'un frère cadet : cadet Lfimbin ; cadet Bernot.
— 232 —
Cafimle (Marie). -— Sobriquet , d'une femme qui veut 4oot
faire et qui, eu définitive > ne fait rien qui vaille, et qui A'ii.ni
ordre ni économie.
Cûgnêux. Individu à jambes torses^ — ( Amiens.) ■ >
Caffielaus (Leurens H). — (Adam de la Halle). '-
Carimaros ou Kérimoueros. — Nous donnons ce stirnom
aux bohémiens! Les Arabes les appellent chaf«mii, c'es(;-àHlire
brigands. G'e^ probablëknent là l'origine de cette siuguliSre
app^lation (Histoire de$ Bohémiens par M. GrQeUma9).\ ; .
Carotte (la). — SobrlquetqVon applique indifféremDfteat.anx
hommes et aux femmes.
CaPeseuris.'-^ Sobriquet d'un individu contrefaitli -^ (Pou-
thieu.) ■ '■'■'■ ■ ■ ■' '^ ■• ■ ■
Cmt'pàin: — (Abbeville, moyèn-âge.)
• ■
Chiehs(JéhdLn aux). — (Abbeville, mofen-âge.) ' •■ ^
Chiqueux (ech'). — Sobriquet d'un individu qui chique.
Ckuchelotte (marquis de sainte). — Sobriquet d^une personne
■> ' ■ ..■.«*
qui sifle en parlant. — (Ham.) ' '
Codake, — Sobriquet de jeune fille.
Copekardes. — (Abbeville, xiii;« siècle.)
Comevo^uM (Jehan).-— (Abbeville, iiv.' siècle.)
Cou de taureau (Hubert). — (Yerm. xii.« siècle.)
Cour eol (Colin). — (Abbeville; 'tiv.« siècle.)'
Courte cauche. — (Abbeville, moyen-âge.)
(?ot4/o»« (Jehan as). — (Abbeville, moyen-âge.)
Cœur de Quesne (Paul). — {Comptes des argentiers d' Abbeville,)
Créquy, — Ce fut d'abordun sun^m , emprunté ^Mcréquier
— 283 —
(prunier sauvage) et qui déviai héréditaire dans cette illustre
/ubiUe.
' ' Cliiou chievalier estoy preux et de t>ôn feDom
Doutable et qui portpy de Créky le suniom.
{Romance du sire dp Créquy, y. 10.*)
Creton. — Surnom de Raimbaud d'Estourmei , parce quMl
signala sa valeur , à la première croisade , en montant le premier
Ètà'}sLeréle destnnrs de Jérasalem (Ordefic Vital). '
Crincrin (Motisieur). — Mauvais joueur de violon. — (Pé-
rtWnê.)
* ■ .
' Cuvelier (H). — Trouvère d'Ariras, au xin.« siècle.
Dehors le ville (Simon). — (Pontlueu , moyen-âge.)
Dentdeleu (VÎUot). — (Abbèville, moyen-âge.)
Enfants au roi (les). — C'eét lé nom que prirent dans le
Laonnais un parti nombreux de paysans qui, en 1411, reprirent
stilrleg Bourguignons Andelain et Pontarcy. (Devisme, Manuel
hist. du département ée V Aisne),
EiifeMuillé (Mon^siêûr). — - Individu qui fait Femprèssé, qui
inralt avoir iysaucoup d'affaires. •— (Santerre.)'
Epaules (René aux) — 1109. »
Epinoche (F). — Enfant maigre et délicat. — * tar comparai-
son avec Tépinocbe , giaèterosteus pungittus,
m
" ^po^eux ie warpkes; ^^ Sobriquet • dimoé aux arpenteurs
percé qu'ils épeutrent (écrasent) le^ warolleà fglebes^ qui les
gênent dans leurs opérations.
J?#e()ii«e^t0« (chevaucheurs d'). — ^ On su^nonmait ain^i'^ à
¥«rberie y ceux qui avaient la réputation de fréquenter les
sabbats.
— 384 ~
StMllp, chiens (fleberi). — (Veria. xu.* siède.)
Evéque à baudet (V). — - Sarnom de M. Mathieu Asfiolift^
évéque constitutionnel du P^s-de-Calais> mort àBonnières,
(Somme). Il se, servait toiyours d'un km dans i^es yi^tes pas*
toralçs.
Faraud [cV), — Individu qui aime à se parer.-— (Donllens.)
Fifi. —Nom d'amitié qui survit quelquefois à Tenfançe.
File étoupes (Tbibaud)^ •— Forestiei? du irçi Robert,, .<a^^
nommé à cause de sa chevelqre )i>|onde. (Carlier}. , ,
/
Gambette. •— Surnom d'un individu qui a une jamb6.|i^\i8
courte que Tautre. — (PoptWeu.) . ; .^,
Gargate (la), r- Mathieu de Maissemi » 1924.
Goulafre (Symonet). — • Argentier d'Abbeyille. , , .
Graillon {JABrib). — Sobriquet d'une femme «alpropre et
dégueiiillée, ' . ; / <>•• î
Grmère auso ikus. — Sobriquet d^une Yj^ille fen^mçi rjic^ç)*.
Grand ganille (Platerius). — (Verm., xii.« siède.) ■ ; .i
Gra/ni]^u (Jehan Poitou) « huehîer àBéthwios , en 18^.
Grignart (Jean-Pinchat). <- Li^Olenant^-géoéral du bailb«e
de St.-Quenlin , en 1517. ».
Giiseipuelle, — Yermandois , xu.» siède.
Gueule (^Ause \&). -^ \/êu de k^fe»Ulie.) :i^
*G^^in$tSs'rT On diinna ce nom à une secte d'illumiiiéa dont
ie f«idateorr fut Pierre Guéri», curé de la paroisse Santh
-Georges , près de Roye^ m . »" .'V«i
Guins on ff(>gHio^ — Sobriquet d'un,jindiyidu qui )<>uf<he/,
HochebQs ou kokebos. ^ C'éiaii le nom qu'on donnait àcettaiàis
régiments de piquiers, fAoc^er ^ branler ; bos, bois), a LesgesM
— «»5 —
ile-|ii«dde Picaordie, dit le président Faudiet (lirre icdela
îàitvBÊ^j'iiplnB TOiontiefè qve les autres nations) usoient de ce
long bois : appelé aussi hokebos, d'autant qiie son effect ûMlstoît
màeurl que le Piquenaire faict, après avoir seooué et esbranlé
sonkokebos depuis appelé Picque, pour ce qu'il poind et picque.»
Hwhier (Jehennot le). ^ Hiv^hier de Béthunes » en 1513.
JI^M$e. — Sobriquet d'une femme qni a le caractère con-
trariant. — (Mpntdi,dier.)
Jacques bomhùnmes. -— Qn appela ainsi les paysans qui se
soulevèrent du temps du roi Jean , dans le Beauvoisis, sous la
ciiiiifiiite de Guillaume Caillet. On les désignait soùs ce nom ,
parce qu'ils étaient revêtus it Jacques , c'est-à-dire^ de Justau-
cor^^é maille* ' •' ■
' ■ ■ ■
Jiàk'foetaut: — Sobriquet d'un ^tùtvm , d^un iàdivida qui
se idètë de totat. — (Amiens:) '
MMUoê Pierre. — Tel était te nom populaire de Pierr'é Tbôr-
miie^ en Picardie. Les (Grrecs modernes l'ont rendu par àoukiàu,
qu'Us écrivent en caractères français. (Micbàud , Histoire des
Crvisai^s.)
m
Lirots — V. le Ghssairê. ,
'£oeik «tu (Jacques):. -^ (Abbevillé, moyen4ge.) .
iMstucru. — Sobriquet d'un niais ou d'^n individuKtl bâti.
Moque tourêé (Glab«ud)i' ^ (Pontbieu , ttoyen-<Agé.) >^
Mare et Méresse. — Mm donné au roi et à 'la reine de la fête
m bi^e d'Antbieule.
• Madau (Marie). — Sobriquet d'une femme qui a beauçojip
d'embompoint. — (Arras.)
Mal apprint (Henri). — (Abbeville j moyeft4ge.)
— 236 —
Marehêtte (Notre^&me)-. «^ Noria qa'on donne à ia> Vierge de
MiràamoBt) où leâ mèi^ vont en pélérîÉage jioar'obteiiir'qiie
'tol^MifkDfsiîiareJben^Mèn. -r- ' < •
' JUarie Catelaine, — Sobriqaet d'ane yillâgcjofscf' îdiU'âe )et
sdtife. '^' ■■■'■•*"
Moustapha, — Sobriquet d'un malotru. v
""Nez de cat (Romain). — ' Maycur de St.-Quéntin , eti H!8.
Nicodéme dans la lune. — Sobriquet d*un sol.
Outre'Veaùe (Robert d'). — (Àbbeville, xiv.« siècle.) *
.,•■■■■
Papa lolo. — Nom du principal personnage des. mascarades
de St. -Orner.
Picquigny (les chevaliers de). — A la bataille do Mojia» eik
.VÂmeu, un certain nombre des chevaliers de Tarmée de Philippe-
le-Bon , s'enfuirent vers Picquigny , pour échapper à ta pour-
suite des Viennois. Ils furent obligés plus tard do racheter leur
faute par des actions d'éclat et on leur conserva le surnom de
chevaliers de Picquigny. ("M. Roger ^ Noblesse el Chevalerie).
Pigeon raton. — Sobriquet d'une bavarde. — (Santerre.)
Pile pois (Jacques). — (Arras, xm,» siècle.) . .
Pinche soM rire, — Sobriquet d'un individu par trop sérieux.
— (BeauTEis.)
Plantehaies (Golart). — (Ponthieu , moyen-àge.) .f
' Polake. — - Sobriquet d'un individu sale. — (Roye.) ak
Poix au lard (Hue). — Maître commandant du bargîéffâl.-
Ottfflren d'Abbeville, au combat naval de l'Éoluse en 4S40.
(M. F. Louandre.j > -i" •
Pommettes (Margot aux).^ (Arras, xm.* siècle.) . '*n»'
— '431 —
Poulot. — Nom (l'amitié donné aux enfants, conservé quel-
quefois conune sobriquet. — (Amiens.)
Privilégiés (les). — Nom qu'on donnait à la garde bourgeoise
d'jimienSx vers 1771.
Ouater langues (Marie). — Femme qui babille tant qu'on
pourrait croire qu'elle a quatre langues.
Quate yards. — Femme si avare qu'elle couperait un liard en
quatre. — (Santerre. )
Quinepaye (Jehan). — (Abbeville, moyen-âge.)
Ramasseur. — Surnom du plus actif des prédicants ^ qui par-
cooritt les environs de St.-Quentin vers 1568 pour y établir
la prétendue réforme. (M. Gomard).
Raton (St.-Vaast). — Nom qu'on donne à la fête de St.-*yaast,
parce qu'elle tombe le 6 février , époque o^ù l'on commence à
faire des ratons, (V. ce mot dans notre Glossaire),
Rehecca, — Sobriquet d'une femme acariâtre qui parle avec
aigreur. — (Clermont.)
Reclus de St.-Leu (les). — C'est sous ce pseudonyme que se
cachaient quelques jeunes gens de la Paroisse St.-Leu d'Amiens
qui, en 1675, se firent une certaine réputation de beaux-esprits,
par les poésies qu'ils faisaient insérer dans le Mercure galant.
Régaleux, — Surnom de terrassier. — (Montdidier.)
Rouf-rouf (Marie). — Femme qui fait tout avec une grande
vivacité et des gestes brusques.
Sake épée (Jehanne). — (Abbeville, moyen-âge.)
Salope (Marie). — Sobriquet d'une femme malpropre et
quelquefois d'une femme de mauvaise vie.
iS^an^monno^e (Jean Brisart).~> Ouvrier de Béthune,.en 1505.
16.
_ 238 —
Serfs de to Ficrje. — C'est le nom qu'on donnait, au xn.«
siècle, aux moines connus sous le nom de blancs manteaux.
Sorcier (Daniel le). — (Compiègne, xv.« siècle.) Les échevins
de Noyon lui délivrèrent une patente de magicien de magie
blanche. (M. de la Foiîs, des sorciers aux xv.** et xvi.« siècles).
T<ikas (Robert). — • Comte de Ponthieu, ainsi nommé « par
rapport à une espèce de bouclier (talevas) quMl portait et selon
d'autres, à cause d'une terre près de Yalognes qui fut longtemps
possédée par les barons de Chanflours. » (M. Louandre , Hist.
d'Abbeville, t. i, p. 130).
Tant à faire (Madame). ~ Femme qui fait beaucoup d^ém*
barras pour ne rien faire. — (Montdidier.)
Ter à moukes, — (Santerre.)
Têstus (Gautier li). — (Artois, tiiu* siècle. )
«
Tiot blanc. — Sobriquet d'une personne pâle. — (DoullensJ
Torignon — Sobriquet d^un boiteux. — (DouUens.)
Tourne vaque (Pérotte). — (Abbeville , moyén-âge.)
Trinque fort. — Sobriquet de buveur. — (Amiens.)
Trois yus. — (St.-Quentin.)
Tue leu (Jehan). — (Abbeville, moyeu-âge.)
Teinturier (li). — Trouvère d'Arras, au xm.« siècle.
Voit le leu. (Symon). — (Abbeville, moyen-âge.)
Wardeur (Robert). Garde de l'horloge de Béthune, en
1406 , etc.
239 —
CHAPITRE XI.
NOMS, DES ANCIENNES MESURES DE PICARDIE.
La grande quantité de mesures usitées en Picardie
parait avoir son principe dans la révolution qui , sur la
fia de la deuxième race , changea la nature des bénéfices.
Jusque lày la mesure royale avait été la mesure de Picardie.
La valeur des mesures qui portaient le même nom variait
presque dans chaque localité. On comptait parfois plu-
sieurs mesures différentes dans une même ville. Ainsi ,
par exemple , à Crépy , on distinguait la mesure de la
commune , celle du seigneur du château , celle du sei-
gneur du'donjon , celle de St.-Thomas et celle de St.-Ar-
nould. Nous renverrons le lecteur aux almanachs de
Picardie de 1758 et 1759 pour l'appréciation locale des
mesures généralement connues , telles que le septier ,
le boisseau » le sac , le pied , le pouce etc, et nous ne
nous occuperons que des noms des anciennes mesures pi-
cardes , dont il est utile de connaître la valeur , pour
riotelligence de nos archives.
Àlehia, — Ancienne mesure agraire de Senlis, dont le nom
dérive peat-ètre de oeeare (défricher).
Ammre. — Mesure d'avoine de Crépy qui se par taj^eait en
quatre picAets. (Garlier).
Arpent, — Du celtique ar (terre) et pan (limite). L'arpent du
moyen-âge correspondait à Vactus quadratus des Romains ou à
leur semijugerium.
16.*
— 240 —
Asnée. — Mesure de blé, à Laon. Il fallait 13 caslela pour
faire uue asnée. Les cinq asnées de Laon équivalaient au muid
de Soissons ou à 30 septiors de Ham.
Bonnier. — Du celtique hunn (borne) et ar (terre). U se di-
visait en trois ou quatre mesures ou journels, ou bien encore en
cinq mencaudées. Selon les localités, il contenait depuis 122
jusqu'à 142 ares. Gotgrave traduit ce mot par arpent.
Bovier ou Bouvier, — Mesure agraire usitée au xiii.® siècle
dans l'Amiénois , le Bcauvoisis , le Yermandois et le Santerre.
L'usage s'en conserva plus longtemps dans celte dernière con-
trée que partout ailleurs. Nous le trouvons encore constaté
dans un acte de 1605 , où sont dénombrés les biens du château
de Nesles. Le bovier deRoye était composé de quatre journaux.
Bulel. — Mesure de Boulogne-sur-Mer , contenant quatre
provendiers ou ferlings.
Cartel. — A Vervins, c'était la moitié du jallois : c'est-à-
dire 40 verges. A Laon , le cartel pesait 32 ou 33 livres.
Charrue (carrucata) . — Mesure agraire du Beauvoisis.
Cheviron, — Dans le nord de la Picardie, on mesure encore
le bois de «charpente par ehevirons ou quemrons. Un chex>%ron
donne 908 chevilles de 9 pouces de longueur sur 1 pouce d*é-
quarissage.
Corhe (cor us ou corbus). — C'était la principale mesure des
grains ,et des liquides. Un corbe rendait 5 muids de farine^ et
chaque muids, 30 pains : c'est-à-dire que le corbe contenait 30
muids de grains et chaque muids, 22 septiers , pesant chacun t
livres. (D. Grenier , 20. • paquet, 3.« liasse.)
Coupe. — Quart de la raziere , en Artois.
— 241 —
. I^etreift. — Mesure de terre qui produisait an denier de rente.
C-élait une division de la soldée,
Essin ou essem. — Mesure du Soîssonnais , dont le nom ,
d'après D. Grenier , pourrait dériver de Asinus , parce qu'en
œ pays les ânes étaient employés au labour. Vessem contenait
deax pichets , pesant chacun 38 à 40 livres. Dans le duché de
Guise , Vessain était la moitié du jallois et se divisait en quatre
,,,ferling. — Mesure de Boulogne-sur-Mer , qui faisait le quart
du butely et contenait deux estellings,
: Gange. -r-yàSQ qui contenait douze pintes de la grande me-
sure (Beauvoisis}.
' Gtaue: — Mesure du bois dans le Boulonais , contenant 7
«aètrjBs.âS^ millimètres cubes.
Havot. — Quart d'une mesure de terre, à Bélhune.
/aWow.— Mesure de Vefvins composée de 80 verges pour les
terres et de 80 livres pour les grains. Dans le duché de Guise ,
trois jallois équivalaient au septier de Paris.
Lance, — Division de. la mancaldée ou mencaudée.
Livrée (librata). — Mesure de terre qui produisait une livre
de rente. C'est du xiii.« siècle que date cette manière de diviser
les terres par Testimation pécuniaire de leur produit. Dans le
Talois, on distinguait trois sortes de livrées : la livrée parisis ,
la livrée tournois et la livrée néret. Les livrées se divisaient
en vio^t soudées et la soudée en douze denrées.
> LoL r^ Le iot de Montdidier était le dixième du boisseau de
Paris, et contenait 64 pouces cubiques.
Mège. — Mesure qui comptait par pied de 10 pouces 3/4 ;
- 242 —
17 pouces 3/4 faisaient une verge et 100 verges, un jouroal. Le
mège qui empruntait son nom d'un canton du baillage de Pé-
ronne, était usité dans ce baillage et dans quelques localités du
Yermandois.
Mesure, — On appelait ainsi primitivement une étendue de
terre qui peut suffire à la nourriture d'un homme.
Mesure d'Oulchy. — On donnait ce nom à la mesure de roi
pour Tarpentage. Celte dénomination , usitée d'abord dans le
Valois et la Picardie , le fut ensuite dans la Champagne et dans
rUe de France. (V, Çarlier, t. m).
Mencofid ou mancaudée, — C'était l'équivalent du journal ,
contenant de 80 à 100 verges. Comme mesure de capacité pour
les grains, il contenait environ 50 litres. ARoye, il fallait 7
mencauds pour un sac d'avoine et deux boisseaux pour «a
meneaud. J'ai vu , dit Moline^ :
Jai veu peuple en mes livres
De famyne troublé ,
Et vendre quatre livres
Un seul mencault de blé;
£q ceste propre année ,
Avoir dessus l'Escaut
La chance retournée
Ung muy pour un mencault.
(Légende de Pierre Foiseu).
Mine, — La mine de blé du Beauvoisis contenait 82 piiitès ;
la mine d'orge, 40 pintes , et celle d'avoine , 48. A Clei^taiont,
la mine était de 40 pintes ; à Compiègne , de trois boisseaux et
un tiers.
— 243 —
t
Moée^ — Mesure équivalent à six arpents de terre et pour
laquelle on employait un muid de semence. Dans le Vermandois,
elle 8^ divisait en journaux et le journal , en verges.
Mouton. -^ Les villes manufacturières de Picardie qui figU7
raient dans les foires de Champagne et de Brie avaient chacune
une moisson ou mesure particulière , pour la longueur des pièces
de drap. Abbeville, 24 aunes; Arras, 46 ; Beauvais, 14 ; St.-
Quentin, 33 ; etc* (V. Crapelet, Proverbes et dictons popul.J
Muids. — C'est le modius des Romains. Cette mesure était
très- variable. Au commencement du xiii." siècle, il contenait
13 mines et demi. Plus tard il n'en valut plus que 12. A Cler-
niont', le muids contenait 3 sacs ou 9 mines. A Sàint-Quentin ,
il complrenait 64 boisseaux pour la mesure de ville , et 66 pour
la mesure du chapitre.
Oska, — Ancienne mesure de terre usitée à Jeancourt, près
de Hatn. (Charte de 1293.) — Y. le Glossaire de Du Cange.
Palette. — Tiers du boisseau , à Abbeville.
Pichet. — Mesure de grains du Soissonnais, pesant de 38 à
40 livres. Dans le Valois , le pichet faisait la moitié de la mine.
Piquet. — Par ordonnance de l'échevinage d'Amiens, du 11
février 1575 , le septier fut fixé à 4 piquets et celui d'avoine à
12 picotins.
Poignée. — Petite mesure de terre qu^une poignée de blé suf-
fit à ensemencer.
Poigneux. ~~ Demi-^icAef , dans le Valois. Il fallait quatre
poign^AX pour une mine.
Polquin ou poquin. — Du Celtique pocadh (bourse , sac). C'est
la plus ancienne des mesures du Boulonais. Elle se divisait en
deux rasières , et la rasière , en quatre buteaux.
— 244 —
Provendiers' [du Roman Provende , ration). C'était, à Boalo-
gne-sur-Mer, le quart du buiel.
Pugnet, — C'était, à Vervins, là moitié du cartel, c'est-à-
dire 20 verges. A Guise, c'était le quart de Vessain, Le demi-
pugnet se divisait en pintes.
Quaneau, — Quart de la coupe , en Artois.
Quarteron, — Mesure agraire du Noyonnais.
Quartier. — Quart de la mine.
Quenne. — Mesure de liquide équivalant à la canette de
Paris. (Abbeville.)
Easière.^— A Ardres , la rasière de blé contenait 16 boisseaux ,
et le boisseau, 512 pouces cubes. A Boulogne, elle se divisait en
quatre buteaux; dans l'Artois, en quatre coupe».
Maquille, — C'était le quart du septier, dans te Valois.
Rouée ou rouerce, — Ancienne mesure agraire d'Athies.
Sextelée, — C'est le nom qu'on donnait à Noyon, à Chauny,
à Nesles, etc. au septier composé de 80 verges ou percbes. Le
septier était en usage dans toute la Picardie. Ses diverses valeurs
sont indiquées dans les almanachs de Picardie de 175det.l760.
Somme, — Mesure de bois dans le Boulonais. Elle se com-
posait de soixante bûches, nommées glanes.
Soudée ou soldée (solidata). -— Terre qui produisait un sou de
rente. — Elle se divisait en douze denrées,
Tequarterange. — Vieille mesure du Valois équivalant à un
quartier de grain , dont deux tiers de blé méteil et un tiers
d'avoine
Triboulette. — Mesure de boisson tenant une ehopine.
DEUXIEME PARTIE.
GLOSSAIRE
ÉTYMOLOGIQUE ET COMPARATIF
DC
PATOIS PICARD,
ANCIEN ET MODERNE.
Ce qui reste maintenant à faire, ce sont de
bons dictionnaires patois.
Ch. NoDiBR, Èlém, de linguistique^ p. 304.
AVERTISSEMENT.
^La prononciation fait subir aux mots picards de
nombreuses modifications. Pour ne point surcharger
inutilement notre Glossaire, nous n* y avons admis que
les formes principales et primitives.
On y trouvera quelques mots populai res qui , rejetés
par l'Académie , ont été recueillis par certains lexico-
graphes , tels que Boiste et Laveaux. Il ne faut pas oublier
qu'ils appartenaient primitivement au langage vulgaire
des provinces du Nord et que pour beaucoup d'entre eux
il y a probabilité , sinon certitude , d'origine Picarde.
Gomme Lafontaine , nous avons repris notre bien où nous
l'avons trouvé.
Les mots précédés d'un astérisque (*) rie sont plus
usités actuellement. Ils appartiennent au dialecte romano-
picard ou au patois picard des xv.« et xvi« siècles. Nous
les avons recueillis pour faciliter l'intelligence des chartes
picardes , et de nos anciens coutumiers. Ils ont été em-
— 248 —
pruntés la plupart aux carlulaires de Picardie , aux cou-
tûmes du Beauvoisis , diXi coutumier inédit de Picardie,
au tarif des Aides d* Amiens, à la romance du sire de
Créquy, aux comptes des argentiers d'Abbemlle , etc.
Nous n'avons indiqué la provenance des mots que pour
ceux qui concernent THistoire naturelle , pour ceux qui
ont un synonyme beaucoup plus généralement usité , pour
ceux qui sont parliculiers.à une localité et pour ceux qui
appartiennent aux pays éloignés du cœur de la Picardie ,
comme Boulogne-su r-Mer , Sl.-Omer, Béthune , Sois-
sons , etc.
Quand nous mettons entre parenthèse les noms de
Boulogne , Soissons , etc. , il est bien entendu que nous
parlons des villages de Tarrondissement dont ces villes
sont le chef-lieu et non pas des villes elles-mêmes. H en
sera de. même lorsque nous indiquerons des points- de
comparaison avec des villes qui n'appartiennent pas à la
Picardie. Quand nous dirons par abréviation : de même à
Valenciennes , Bar-le-Duc, Besançon , Rennes, le lecteur
saura que parla nous constatons que le. même mot est
employé -dans le même sens dans le patois de V arrondisse-
ment ou tout au moins du canton de Valenciennes, Bar-
le-Duc , etc. •
H y a beaucoup de mots dont nous avons mentionné
les synonymes et les congénères. Nous appelons congé-
nères les mots qui , appartenant à un autre patois ou à
une autre langue , ont la même signification et à peu
près la même forme que les nôtres. Nous les avons prin-
cipalement puisés dans les langues néo-latines (Italien ,
Catalan , Espagnol , Portugais) et dans les patois Rouchi ,
— U9 —
Wallon , Lorrain, Champeçois, Normand, Berrichon, JNi^
vernais , Bourguignon , Limousin , Franc-Çomtois et
Languedocien. Ces divers rapprochements montreront la
parenté plus ou moins étroite de ces divers dialectes et
leur communauté d'origine.
Quand nous le pouvons , nous indiquons ensuite Téty-
mologie. Nous avons désigné les mots romans d'après les
Glossaires de Lacombe , Du Cange , Pougens , Nicot , Le-
moine, de TAulnay , Boquefort, Méon , Fallot, F. Michel^
P. Paris et Jubinal et d'après les MSS. de Lacurne
Ste.-Palaye, de D. Grenier et du P. Daire.
Le mot Roman aura toujours dans notre Glossaire la
signification de Boman du Nord de la France , ou Langue
d'Oil. Nous réserverons le nom de Langue d*Oc pour le
Boman du Midi.
Nous suivrons l'exemple de M. E. Dumeril en rappor-
tant ordinairement à l'Islandais , le mieux conservé des
.dialectes Bas-Allemands , les nxots qui sont dérivés non
seulement de l'Islandais, mais du Saxon, du Francisque
et de quelques autres idiomes Germaniques.
■-^.I^^PI^-
f
— 250 —
INDEX
BXS VtLOKaBAtXB ABBÈVIATIONS
%
A» ou Àreh, de . . Archives de...
Abb Abbevillois ou AbbeYille.
Aead, . . \. . . Académie.
Aéy: Adliectif.
Adv Adverbe.
Allem Allemand.
Alm du Fr, Pic, . Almanach du Franc-Picard.
Am Amiens ou Amiénois.
Angl. . . , . . Anglais.
A.P, . . . . . Ancien Picard , désigné aussi par Tastérisque f).
Arr, Arrondissement.
Art. . . , . . Article.
A.rt Artois ou Artésien.
Astr, Pic» . . . Almanach de l'Astrologue picard.
B.-Bret. .... Bas-Breton.
Beaum Coutumes du Beauvoisis , par Beaumanoir.
Beauv Beauvais ou Beauvoisis.
Bêr Berrichon.
Béth Béthune.
Bibl. nat. . . . Bibliothèque nationale.
B,-lat Bas-latin ou basse latinité. .
B.'-lim, .... Bas-limousin.
Bout Boulogne-sur-Mer ou Boulonais. '
Bourg Bourguignon.
Bref Haut-Breton.
Cat Catalan.
C'Bret.ou Celto-Bret. Celto-Breton.
Celt Celtique.
Celt.-lrl Celto-Irlandais.
C. de ou cart» de . Cartulaire de.
Champ Champenois.
— 251 —
h, pie Chanson Picarde.
(Mitfft. cfoitf. . . Communication de M'***
ong Congénère.
€}nj Conjonction ou conjugaison.
ouim de Beauv. , Coutumes du BeauYoisis.
eut. in Ancien coutumier inédit de Picardie, par M. Marnier
afU, . \ . . . Canton. .
Het* de VÀc. . . Dictionnaire de TAcadémie française.
départ, .... Département. *
Id Edition.
^»9p Espagnol.
U, oa étym, . . Elymologfe.
Ix Exemple.
^ Féminin.
'^lam Flamand.
riosf Glossaire.
tT Grec.
Wiet Histoire ou historique.
M , Islandais.
ri Italien.
Lang Patois languedocien.
Lat Latin.
L. <f Oc Langue d'Oc ou Roman du Midi.
L»d*OiU .... Langue d'Oil ou Roman du Nord.
Lœ. eit "Loco citât o (& Tendroit déjà cité).
Locpie Locution Picarde.
Lor Lorrain.
ilf . Masculin.
Marq Marquen terre.
Mém Mémoires.
MS, de la Bih, nat» Manuscrit de la Bibliothèque nationale.
Notm Normand.
Oeeit Occitanien.
P Page,
Pie , . Picard ou Picardie.
PI Pluriel.
PotUh Ponthiey.
Pop Populaire.
Port Portogaif.
Prép PrépMîtien.
Prav Proyençal ou proverbe.
R Boman ou romance.
Rom. . . . . '. Langue Romane du Nord.
Rom. -Pic. . . . Romano-Picard.
Rom.'Prov. . . . Romano -Provençal.
5. ..... . Substantif ou singulier.
«."• Siècle.
S, f Substantif féminin.
S. m Substantif masculin.
Soc, des Ant. . . Société des Antiquaires de Picardie.
Soiss Soissons ou Soissonais.
St.'Val St.-Valery.
Syn. ..... Synonyme.
T. Tome.
Trad Traduit ou traduction.
V Voyez.
V.a Verbe actif.
Verm Vermandois.
V.-Fr Vieux français des xv.' el xvi.' siècles.
V. n Verbe neutre
V. p verbe passif.
V. pro Verbe pronominal.
, Vim Vimeu. •'
F" Focaôulo (au mot).
Voc Vocabulaire.
Wal Wallon. .
^ Ancien dialecte Picard ou vieux patois Picard ioiÉilléi
= Devant l'h indique qu'elle est aspirée. • •
GLOSSAIRE
ETYMOLOGIQUE ET COMPARATIF
DU
PATOIS PICARD,
ANCIEN frr MODERNE.
A
 (préposition) se supprime quelquefois devant un autre «
« On reconnaît un Picard à la manière dont il dit qu'il va à la
▼ille d^A miens on à la ville d'Abbeville. 11 prononce je vais
AmienSf je vais Àbbeville, en supprimant la préposition à, qui
produit effectivement un hiatus déplaisant, mais inévitable. —
« Pourquoi , disait un puriste à un Picard , ne dites-vous pas
comme moi : Je vais à Amiens ? — Vous dites ainsi, répondit le
Picard , parce que tous n*y allez pas ; si vous y alliez comme
moi tous les jours, cette manière de dire vous paraîtrait bien
dure. » ("Âlmawuh-annuaire du département de la Somme^ 1851.^
A. Ellb. — Ne s'emploie que fort rarement et seulement
levant une consonne , à la place de AL. il m'dit quand al intinâ
%' n*haraingu€, (Astrologue- Picard^ 1846,^
17
( 254 ) ÂAG
* AAGIË. Majeur. ^Ancien Coutumier inédit de Picardie. J
' ÂATER. Disputer. (^Anciens usages d* Amiens, mv.^ siècle.)
L'Islandais ata (vis cau^tica^ serait , suivant M. Du Mérii,le
radical des vieux mots français: atir, aatir, atarier ^ atiner ^
atoumer qui signiûent : nuire^ tourmenter^ insulter. (Voyez V His-
toire de la poésie Scandinave.)
ABAGNER (s'}. Flâner, perdre son temps.
ABAJOUES. Joues de porc détachées des mâchoires, salées
OQ non salées. — Congénère: Messin, Bajoues. — ABAJOUES
n'est français que dans le sens de poches situées dans l'intérieur
des joues de certains mammifères'.
ABAUBI. Etonné, effrayé. De même en Roman. Y. Ëbaubi.
ABGHER. Individu qui est toujours prêt à faire bonne chère
aux dépens d'autrui.
ABËRER. Donner la béqnée. De même en Roman.
ABIÈTE. Abbaye^. De même en Roman.
ABILBORÈTE. Terme' facétieux dont se servent les' enfants
en lisant l'alphabet: Crosette ahilhohètej no moète i n*o poent de
harette , c'est-à-dire: notre maître n'est pas un docteur.
ABIMER. Gâter, salir. — Cette expression est également
usitée dans la Normandie, la Bretagne, la Lorraine et le Nord
de la France.
ABLAIS. Blés coupés, encore dans les champs. — Poignée
d'ahlais et de waras. ^C(feCatnon«, 1406.^— Une ordonnance de
l'échevinage d'Amiens nous fait connaître que ce terme avait
autrefois une plus grande extension et signifiait fructus ahlati.
— Etymologie: du Roman Ablai*.
ABLOC. Câble, bloc.
ABLORË. Se dil d'une personne bien constituée et solide sur
ses bases, comme l'est un bloc,
ABLOURER. Agraffer, attacher avec une boucle. — Ety^
mologie: du Celto-breton, hloucg^ boucle.
ABL ( 255 )
ABLOUKES (Saint-Qaentjn). Boucles. Voyez ce root dans
te IHetionnaire Rouehi de M. J. Hécart.
ABLUKëTTëS (Ponthieu). Aiguillettes en c«ir pour les
<ihau88ures. Voyez Bloukbs.
ABOLI. Abattu, brisé de fatiques* — Ef n*ein sus aboli et pis
^nén beudet grù Haut { 7.« lettre de J* Croédwr).
ABOLIR. Rouer de cQups. — Congénères : Kouohi , Rémois
<t Vieux-Français: abolir.
ABOMINER. Détester. — De même en Normand et en Vieux-
Français.
* ABONË (Serf)* Serf soumis à un cens déterminé [BeaumJ,
* ABOUGIER. Faire sortir.
ABOUTEMINT. Aboutissant. (SubstO
ABOULER. Amener, jeter, envoyer. — Congénères: Lorraip,
Normand et Rémois: abouler; vient probablement de bougon ,
trait d'arbalète.
ABOUTANT. Aboutissant. — De même en Roman.
ABOUTER. Enfler.
ABODTONNER. Boutonner. — Congénères: Rouehi , a&ouIo-
jmt; Espagnol, o^otonar.
ABOUTURE.. Enflure.
ABRE. Arbre. — Congénères : Normand, Franc-Comtois, Ber-
richon, Lorrain et. Rouehi: àbre. Vaugelas (403.® observation)
dit qu'autrefois 9 à la Cour, on pvononçait ainsi le mot arbre,
ABRIER. Mettre à Tabri. — Congénère: Languedocien, abrt^a.
-^ Etymologie : du Roman ahrier, qui dérive sans doute d^arbor,
Gh'qué j'ai vu d'pos digne ed Mémoire ,
Ch'est ch' palais où sont abriés
Tous chés viux éfans de la gloire
Par le fer et Vîn berziUés.
(Promenades' du Franc^Picard.)
ABRU VER. Abreuver. — Congénère* : I,.aiigaedocien, àhrv,vâ;
17*.
( 256 ) AGÀ
Roachi, ahruver. — Etymologie: du Roman, abruver, S'ahruver
signifie quelquefois: se plonger dans l'eau, se baigner.
AÇAGNARDL Amolli par la paresse ou par l'âge. Du Celti-
que, ca«nar, qui, d'après Tacite , signifiait tieillard.
* ACAINTIER. Caresser.
ACANNËR (Boulogne). Crier comme les ohiens. — De eanis»
ACAT. Achat. De même en Roman.
ACATER. Acheter. — Et de acater 30 muis dedens le Saint^
Martin d'yver. f Archives de Vévéché de Beauvais^ 1376.^— Con-
génères : Rouchi , acater ; Italien , aceatare, — Etymologie: do
Roman, acater.
ACATEUR. Acheteur. fCart, de Corhie, 1249.^
ACCARIENNE. Accariâtre.
ACCOISER. Appaiser, tranquilliser. De même en Roman.
ACCERTENER. Assurer, rendre certain.
ACCOLÉE. Accolade. Beaumanoir emploie coulée daqs le
même sens.
ACCOURCHË. Retroussé.
ACCOURCHEU. Tablier. — Voyez Ecorchbu.
ACCOUTRER (s'). Se baisser sur.
ACCROUPI. Borné, niais, imbécille.
ACCUSETTE. Rapport, dénonciation, et dénonciateur.
* ACERTES. Instamment.
* ACESIR. Incendier.
ACHAFIN. Afin. On dit acerfiny dans le Vermandois.
ACHAINDRE. Atteindre en frappant de grands coups.
ACHAINDRE. Rejoindre upe personne qui chemine, en fai-
sant un détour» Signifie aussi : Tirer à quelqu'un les vers du net.
ACHE. Age. De même en Rouchi.
ACHE. A , au. (Devant une consonne). -
ACHETEURS. Voyez Asteure. — A Bar-le-Duc, Àstaoure,
ÂCH { 257 )
ACHEYâLER (s*). Se mettre à califourchon.
AGHIR (8*). S'asseoir. — De même en Normand. — Voyez Afism.
ACHOGLË. Brouillé, enchevêtré. Se dit surtout des cheveux
qui sont collés par la sueur et do la laine ou du chanvre, dont les
fils sont tellement brouillés qu'on a peine à les écharpir.
* ACHOISON. Occasion. (Coutumes du Beauvoisig.J
AGHOPER. Heurter, arrêter. — De même en Roman.
AGHU. Essieu. — Du Roman eschieu, — A Boulogne ^ achi.
AGIDR AILLER. Griser avec du cidre.
AGIDRAILLEÛX. Ivre et qui s'enivre de cidre.
AGLIRER. Mettre lé clichet, fermer la porte.
AGGOINTANGË. Liaison d'amitié ou d'amour. — De même en
Romaa.
* AGOISON. Occasion. {Corbie, 1258.) i
AGOUFETER. Se blotir. — De même en Wallon.
AGOUKER. Accoucher. — De même en Roman.
A COQp (Boulonnais). A, point , h propos.
AGOUTER. Écouter. — Caiigénères : Bourguignon, Rouchi,
Normand et Vieux-Français, aeouter; Borain^ ascauter ; Franc-
Comtois, acoutai; Italien, ascoltare, — Etymologit: du Roman
ûeouter^ dérivé du latin auscuUare, En grec, ukov»,
AGOUTUMANGHE. Habitude. — De même en Roucbi. —
Du Roman , accoutumance.
AGOUTUMÊE (à l'). Comme d'habitude.
AGOUVETER. Couvrir de terre, ensevelir sous qu'elque
chose. — Du Roman acouveterj combler.
* ACQUET. Bien , profit. {Réhus de Picardie.) \
ACRAVANTER. Fatiguer. — De même à Bourges et k Va-
lenciennes. — Etymologie : du Roman acravant^r, dérivé de
gravarsj être à charge, ou peut-être de l'Islandais atkralha,
* ACRÉANTER. Promettre. (Beanmanoir).
(258) ACR
ACRINGHER. Acrocher. — Voyea Aoringhsr.
ACTIEUX. — V. Nactieux.
ACTIONNER. Presser quelqu'un, le tourmenter. — De même
en Roman. — Du Latin actio^ dans le sens d'accusation.
ADË. Adieu. — Comme en Roman.
ADETË (Roulonais). — Désigné , énoncé.
* ADHËQUIË. Annexé.
ADI ALË. Cri des enfants qui suitent les masques.
ADONC ( prononcez adon ). Alors. Sin eselawiige adonk com-s^
menchia U être ret^e. (Romance du sire de Créquy.)
* ADONRES. Alors. {Charte de JUarquenterre , 1255.)
ADORDELER (s'). S'endormir,
ADORËMUS (faire des). Faire des courbettes. — De même ea
Roman. — Aux bénédictions, on cbante une prière suivie de
génuflexions , qui commence par Adoremus,
ADOS ( Boulonais ). Tranche de terrain labouré en dos d'âne
pour donner de l'écoulement aus^ eapx pluviales. *— Synonyme :
BiLLON. — Etym. du Bas Lafin adobare, préparer, accommoder? ^
ADOUCHIR. Adoucir. — Moi RomMU égalçmçnt conservé
en Normandie.
AD PATRES. Voyeas Patres.
ADRÈCHE. Adresse. — De même en Rouchi et en Roman.
ADRËCUER (s'). En vouloir à quelqu'un. — De même en
Normand et en Roman.
AD REM (répondre). Répondre à la question, d'une msDière
précise. Celte locution est usitée, dans le Ponthieu, par des câoi'
pagnards qui ne songent guères à faire une citation latine. Il est
probable que cette expression remonte sans interruption Jusqu'à
l'époque gallo-romaine.
ADROT. Adroitement. — De même en Rouchi.
ADVEIGNE. Devise. — Voyez Devinette.
ADV ( â69 )
ADV.INER. Deviner. — Synonyme: Agviner. — Cangénèreit:
Wallon et Roachi , adviner; Espagnol, ad»%nar, — Etymologiez
da Roman 4idviner,
ADVISËR. Délibérer 9 consulter , conseiller. — De ménie ea
Roman.
*' AEMPLIR. Accomplir.
AERDRE. Attacher, (Reaumanoir, chapitre 6li). — Du Latin
hcereo.
AÉRER. Lancer dans les airs. — Du Latin a'ér\ air.
AFEUDER. Régaler, donner un festin, partager son repas
avec un convive qui arrive à Timproviste. On trouve afcster
dans le même sens , chez les Trouvères du xiii.* siècle.
AFFANT. Enfant. — Synon, Epfant, Infant. — Congénères :
Annonay, Confolens et Champagney, affant — Etymologie : du
Roman afan^ dérivé de a privatif et de fari, parler.
* AFFER ANT. Apportant. -, Du Latin afferens.
AFFËRON. Morceau de cuivre qui termine le bout d'un lacet.
AFFIRER. Attacher, et quelquefois, asséner. — Dn Latin
affisfare^ ficher. — Signifie aussi : arrêter un fil.
AFFIKETS. Parures de femme. — De même en Roman. —
De/i^er€, attacher, on a fait a/]|lgue , épingle et par extension
affkeU.
AFFIKETTE. (Roulogne), épingle. -- Synonyme: Épiulb.
AFFILÉE. Corde qui sert à conduire la charrue.
AFFILÉE (d'). De suite, sans interruption. — Foère troU yues
d'affilée, — Congénère : Franc-Comtois , de file,
AFFLATER. Caresser , aduler. — Comme en Roman.
AFFLEROYER. Affaiblir.
AFFLIGÉ. Contrefait, estropié. — De même en Rémois et
en Roucbi.
AFFOLER. Rlesser. — De même en Wallon , en Roucbi et
en Vieux-Français. — Etymologie: du Roman affoler, que les
( 260 ) V AFF -
/
uns dérivent du Gaulois fallis et les autres du Latin fallo. Le
Ducbat le fait venir du fias-Latin ad fodieulare^ et M. Hécart, de
l'Espagnol affolar, maltraiter. Du Gange a eu tort de donner à ce
mot le sens de leviter lœdere. Il emportait souvent Tidée d'une
blessure grave. « Un ours mord et estreint et affole. » (Gaston
de Foix , Miroir de la chassê , p. 51).
AFFOLURE. Blessure. — De même en Roman. — En Roa-
chi, affoulure.^
* AFFORAGE. Droit sur les vins vendus en détail.
* AFFORER. Mettre le prix à une denrée, f Ordonnance de
Véchevinage d* Amiens J,
AFFOUËTIURËS. Vidanges de poissons. — I $e powrlèke
comme ein to qui minge des affouétiures.
AFFRIOLER. Allécher, affriànder. — Locution Picarde :
ehan'estmie affriolant. Ce n'est pas même alléchant. .— - De même
en Roman. Vient peut-être du Celtique affreol , intempérance^ —
Cony^ére : Franc-Comtois^ ai/nd^at.
AFFRONTEUX. Séducteur. — De même en Rouchi et en
Vieux-rFrançais.
AFFULER. Coiffer.— Coiij|ren^re< ; Bas-Normand , affubUr;
Rouchi, Wallon et Rémois, affûter. — Eiymologie: du Roman
affuler ; en fias-Latin , afjibulare^ qui dérive de fibula^ agrafe.
AFFULETTE. Voile noir que les villageoises mettent aar la
tête pour se rendre à l'église, et qu'elles portent également pen-
dant le deuil de leurs proches. — Même étymologie»
AFFULURE. Coiffure.
AFFUT (d'}. (Prononcez da-fu-te). Qui a du talent , de l'esprit,
de rhabileté. — Locution picarde: ch'esi un homme d^affut; c'est
un habile homme. — Ch*est des geins d'affût; ce sont des per-
sonne de bonne compagnie. — Un minois d'affût; un joli minois.
— Etymologie : peut-être du Roman affaities , fin , r^isé.
AFF (861 ]
M. Henri f Essai sur BoulognsJ le déri? e da Celtique dàf-utt ,
■é% main de maître.
AFFUTER (s*). S'ajuster, faire sa toilette. — Vient du mot
floSTânt.
APFUTIAUX. Parures , bagatelles. De même en Lorrain ,
Rouchi, Berrichon, Normand, Franc-Comtois et Roman.
AFFUTLAUX. Petits morceaux de bois dont les femmes se
senrent pour tricoter, l^oachï , affiquaux; Normand, affiquets,
AFISTOLER (s'). Se parer, s'endimancher. — De même en
Franc-Comtois , Berrichon, Normand et en Roman. — Dans le
Boulonais, ce mot signifie blesser, — Du Latin fistula^ dit
M.DuMénl, le Vieux-Français avait fait a/^to2er, tromper,
(comme piper ùe pipeau) ei a fini par lui donner, ainsi que le patois
Nortnand et celui do Berry, le sens de appiperpar la parure. —
flHcUonnaire NormaTidf p. 8).
' AFU.' Bonnet de femme; abréviation d'affulure,
AGACHE. Pie (oiseau). Congénères : Roucbi , agache ; Gascon,
Bourguignon , Franc-Comtois et Haut-Breton, agace ; Wallon ,
a^iie««; Poitevin, a/aee; Berrichon, ageasse; Languedocien,
ogaMXO. — Vieux-Français, agace ^ (Lafontaine, L'aigle et la
pifj* — Etymologie: du Celto-Breton agacx,
AGACHE (brin d'). Gomme du cerisier.
AGACHE (nid d'). Cor, durillon.
AGALIR. Unir, polir, égaliser. Con(/^n^e«: Rouchi,ra^a-
lir; Catalan et Vieux-Espagnol, egualar,— Etymologie: du
Latin œqualis, uni.
AGASILLE (Artois). Activais sujet, débauché.
' AGE (homme d'). HoUh^l'e' âgé. De même en Berrichon.
-AGES ou AGIS d'une maison. Les êtres d'une maison. — De
même à Reims. — Du Bas-Latin aggestus , qui a le même sens. — -
En Normand , aget signifie manière d'être.
( 262 ) AGI
AGINCHER. Habiller bien ou mal. «7 En Roman , agencer.
AGIOS. Discours , cérémonies , kirieile de phrases. Aytàr
(saint) est ua mot grec qui commence les trois versets que l'on
chante trois fois à l'office du samedi-saint. Du sens àeprières,
oraisons^ qu^on lui donnait dans la langue romane du Nord, il a
passé, dans plusieurs patois , à Tacçeption de kirieile,
AGLAVER. Nous n'avons entendu usitcrce mot que dans ces
deux locutions : faglave ed soué , je meurs de soif, et on meurt
a(/2ave,Jl meurt beaucoup de monde.'
AGOBILLES. Objets que Ton a besoin d'avoir ^vec soi. — S'em-
ploie spécialement dans cette phrase : prendre ses agohilles. -^
En Rouchi et en Normand ce mot signifie: petits meubles sans
valeur,
AGONIR, ou AGONISER DE SOTTISES, ou AGONISER.
Honnir, accabler d'injures. Coti^enére^ : Berrichon, Normand,
Champenois et Rouchi : agonir de sottises. Languedocien, a^on-
niza, Etymologie: du Roman agonir qui, d'après M. Lorin, dé-
riverait du grec dy^yH^oftaty combattre. — Ne serait-ce pas plutôt
une corruption euphonique du Roman ahonnir,
AGORË. attifé. — Synonyme: Aginché, Habillé.
AGOUILLë. Aiguille. — En Languedocien, agullia, — Po
Latin acus,
AGRAFINER, AGRAPINER. Agraffer. — Idem en Roman.
AGRAPE, AGRAPIN. Agraffe.
AGRIFFER. 'Ëgratigner. — En Languedocien, graoufigna, —
Etimologie : du Roman agriffer^ qu'on pourrait dériver du Grec
aypa, action de saisir vivement. Tr^^^n^^nère : Franc-Comtois,
agriffer. — Ce mot est aussi employé-^/ai^ le sens d*agriper^ saisir.
AGRINCHER. Accrocher. — En Espagnol , an^anc^ar. —
Etymologie: du Bas-Latin incrocare.
AGRIPE. (Noyon). Colique.
AGR , ( 263 )
AGRIPËR. Arracher des mains , saisir. — Congénèrei : Rou*
cbi et Champenois, agriper, Etymologie: du Latin arripire,
AGROË (Boul.). ËDgoardi.— Du Celtique agro, pesant, lourd.
AGROUTER (Béthune). Prendre, empoigner. — De même
eu Roman.
AGU. Aig^. •— Du Celtique ag , pointe.
AGUCHËR. Agacer. — Synonyme: Agagher.
AGUCHETTE. Agaçant, railleur. — Signifie aussi raillerie.
AGDIDIER. Guetter, épier. — Synonyme : Aguetter. — Con-
génères: Haut-Auvergnat, agueita^ regarder ; Catalan, aguaytar^
guetter; Italien aguatare; Langue d'Oc, agaitar, — Etymologie:
du Roman aguetier^ être aux aguets.
A GUI LA NEUF. Voyez Au gui l'an neuf.
AGUINCIIË. Mal accoutré. — De même en Champagne et
en Lorraine.
AGUISELLË. Plante dont la graine est disposée en ombelles
iaméolées.
AGVIGNER, Deviner.' — Synonyme : Adviner -- Voyez ce
mot. Àgvigne ein mollet ! Devine un peu /
AH ! AH ! (n'être pas dans les). N'être ni belle ni laide ; n'être
pa« de celles dont on dit : ah! qu'elle est jolie! ou ah! qu'elle est
laide !
* AHAMIER. Laboureur. — Sur ce que les Àhamiers du fau^
tour g â^ Amiens requeroient avoir la clef de la porte de Beauvois,
{Ordonnance de Véchevinage d'Amiens , 16 mars 1481). — Peut-
être *dn Roman aham, fatigue, qui s'est conservé en Normandie.
' AHAUTOIR. Bonnet de femme et aussi affulette.
AHERDRE. Prendre, saisir, empoigner. — M'aherdantpar
min hros {Astrologue Picard, 1841). — Etymologie: du Roman
aerdre. — Dans nos anciens titres, aerdre ou a^erclre signifie : S'a-
dresser, en justice.
AHÉRER. Injurier , agacer.
( 264 ) AHÉ
* AHÉRITER. Donner son héritage. (Coutumes île Beauv.)
AHERNIKER. Harnacher. — Vos aherniher ehés kvms. —
En ancien Picard , ahemechier.
-AHEURTÉ. Entêté. — Du Celtique ahertet ?
AHORE. Accroc.
AHORER. Accrocher, suspendre. — De même en Roacbi et
en Roraan ; en Vieux-Français, ahocher ; en Norm. àkoquier,
AHURE. Malheur, accident. — Je ne vorois mie pour tout
au mone qui leus arrive ahure (15.^ lettre de Jean-Louis Gosseu).
— Etymologie : de à heure ^ arrivé à une heure fatale, parce que
les Astrologues faisaient dépendre le bonheur et le malheur de
l'heure où Ton était né.
AHURI. Stupéfait, abassourdi , hébété, iinibécile. — Etymo^
^ logie: du Roman ahuri ^ dérivé peut-être du Celtique ahur^ sot. '■
— On disait autrefois aheuri : dames et cavaliers trestous heen
aheuris {Sire de Créquy), — M. Du Méril dérive ce mot du Vieil
Allemand heuer^ haur, tête de bête sauvage , hure. Ahurir signi-
fiait donc primitivement donr^er une tête de bête sauvage. Par âne
figure semblable on disait de certains criminels qu'ils portaient
une tête de loup. Le Provençal, ajoute M. Du Méril, disait ahuran
et il est remarquable qu'en Allemand , hor, en Saxon, byre et en
Islandais , hior , signifient ours, {Dictionnaire Normand , p. 12.)
AHURIR. Frapper d'étonnement. — De même en Roman.
AHURTËR. Heurter. — De même en Roman.
AIAUT. (Santerre). — Narcisse des prés.
AIDANCE. Aide , assistance.
AIDIER. Aider. — Comme en Roucbi et en Roman.*
AIGLEDON. Ëdredon. — Se dit également à Reims, à Rennes
et à Valenciennes;
AIGNëLIN. Laine des jeunes agneaux.
ÀIGNIEU. Agneau. -— Locution Picarde : ein tiot agnieu du
AIM ' ( 265 )
^on Diu, on enfant plein d'innocence. — Etymologie: da Rorn&n
-^gnieu , dérivé du Latin a^nux.
ÂIMECHON. Hameçon. — Gomme en Roman. — En Fr.-Coni-
lois, aimeçon.
AINGNELER Mettre bas : se dit de la brebis. — En Lan-
gued.y agniela; en Fr.-Gomtois, aignelai; en Rom. , aingneler»
AINHETER. Exciter, encourager.
* AINS. Mais.
AINSI (par). Par conséquent. — De même en Roman.
AIRËE. Se dit non-seulement de l'aire de la grange , mais
encore de toute la grange.
AISIÊ. Qui est à son aise. — En Franc-Comtois, aisé; en
A^nglais , ecuy ; en Roman , aisié,
AISIUTË. Utilité, agrément.
* AISSAULTS. Petits ais (écKevinage d* Amiens ^ 1447).
AISSELLE. Etagère où Ton place la batterie de cuisine , les
^lats d'étaîn, les assiettes, etc.; les cuillers et les fourchettes, sont
T^etenas par des entailles faites aux tablettes. C'est sur Vaisselle
c]ae les Tillageois placent les vierges et les oiseaux en plâtre
"C^u'ils ont gagnés à la loterie.
AlUDE ou AYUDE. Aide, secours. — Congénères, Berrichon,
mnde; Rouchi , aite; Vaudois , adgiud; 'Italien, aiuto; Espa-
jipaol y ayuda. — Etymologie : du Roman aiiAde , contraction do
Xatin adjutorium,
* A J AU LE. Propre à , capable. — Do Bas-Latin adjustus.
AJUSTER Joindre, assembler, rapprocher. — De même en
Normand et Roman. Le Français ajuster a un sens différent.
AKEMINER. S'acheminer. — Du Roman hemin , chemin.
AKEUTER^(8'). S'accouder. — En Normand, s*aeeouter, —
Etymologie: du Roman s*akeusterj dérivé du Latin sê aecuhitare,
AKEVALER. Etre à califourchon. — Aider à monter ache-
vai. — Enjamber un ruisseau. — Etym, du Picard keval, cheval.
( 266 ) ÂKl
AKIËNÊ à L'onvrage. Qai trataille ayec ardeur et saos i^*
lâche.
AL. La (article).
AL, ALE, ALLE. Elle. Ce pronom se met soayent entre
le sujet et le verbe ; No tiote al est hellotte,
* ALBE. Aube. — ^ Ètymologie : du Latin alba,
* ALBR AN. Jeune canard sauvage. — Gomme en à.oman.
ALBRAN. Plein de jactance. — De même en Ronchi ; signifie
aussi : difBcultuenx , vétilleux , marchandeur.
A LE. A la. — Synonyme : Al.
A LE. Anguille. — En Allemand , aal ; en Roman , aie.
ALEMELLE, ALUMELLE. Vieille lame de couteaa.--
Congénères: Normand» alumelle; Messin, Franc-Comtois et
Vieux-Français : aUmelle» — Du Latin lamella « lame.
ALENCONTRE. Contre.— De même en Rom. et en Fr.-Cont.
ALENTOUR. Autour. — De même en Roman.
* ALERESSES (mères). Il y avait à AbbeviUe , en 1409, des
mères aleresses. /'Àlere, nourrir). M. Louandre ^Histoire éPAb^
heville^ tome ii) pense qu'on désignait ainsi les femmes chargées
de nourrir et de soigner les orphelins. La tnlelle de ces enfants
appartenait à l'échevinage. ^
ALÊ VENT. Qui tourne à tout vent. - - Ch'est eine Ut* olétenL
C'est un écervelé.
* ALEXIENS. Communauté de frères laïcs.
ALEZAN. Leste 9 vif, alerte. — De même en Champenois «
en WaUon , en Rouchi et en Roman. — Sans doute par allusion
à la vivacité des chevaux alexans. — Dans le Ponthien, signiie :
escroc , homme de mauvaise foi.
ALFOS (prononceE al-fo). Parfois.
AL GROSSE MORBLEUTE. Tout uniment, sans recherohe,
sans façon. — SywmyfM: Al Bomnb Flankbttb.
ALG ( 267 )
AL GROSSE MORGUËNE. — Même sigoiûcation.
ALINER. Aiguiser , affiler. — Préparer, rendre facile. Vient
«
^sins doute de alêne ^ poinçon dont on perce le cuir pour le
pcàssage du fil.
ALISE. Petit gâteau que les ménagères de village font chaque
^^maine ayec un pen de pâte de pain et de beurre.
ALITRË. Haletant , essouflé.
ALLONGE. Pièce qui unit les deux trains d'un charriot.
ALLURES. Intrigues d'amour. -^ Gomme en Roman.
* ALOIEL. Portefeuille. Le chancelier houta danê son aUnel.
^^J)élihérat%on de Vechevinage d'Amiens , août 1463).
ALOUETTE. Luette.
ALOUETTE DE MER. (Gayeux.) Bécasse variable.
ALOUPL' Enfant chétif. — Synonyme : Langrbux/
ALOURLOUR. Sans façon, sans y attacher d'importance.
ALTOPIA. (Acheux.) Voyez Hortoplot.
A MALAISE (Beanvais). A plus forte raison.
AMARI. Désolé, attristé. — En Vieux-Français , mari,
AMARRER. Arranger , mettre en ordre. — G'est on terme
maritime appliqué aux occupations de la vie commune.
AMATIR. Rendre une chose mate, sans éclat , et par méia-
j^hore, rendre souple. — Àmatir un chevaly le dompter. — Ety^
moîogie : du Geltique amatir , être dompté.
* AMBE. Tous deux. — Du Latin amho. *
AMBIER. Aller de côté et d'autre , tourner autour de. — Du
L^tin ambire.
* AMBLER. Voler. {Amiens, 28 mai 1453) L'Islandais ambl
signifie vagabond-^ qui court de côté et d'autre. — M. DuMéril
voit dans ce mot la racine de notre verbe ambler» Voyez Histoire
de la poésie Scandinave , page 238.
AMBLEYËUX*. Faiseur ^'embarras. Voyez: Evblbtbux.
AMELÈTE. Omelette. — De même en Rouchi et en Breton.
AMELLË. Niche d'une cheminée.
AMËNDEM ËNS. — Toute espèce de fumier. De même en
Roman.
AMENDON. Du Latin emendatio. Voyez Ramindos.
AMËRE. Armoire et AMERETTE, petite armoire. —On dit
amar« à Béthune ; vient du Bas-Latin amerium. Il dériTdrait,
selon M. Griset, du Celtique am^ qui signifiait union et dont le
Français a fait ama«. iim^6 signifierait donc littéraleipent: lien
où l'on amasse, oà l'on réunit des objets. (Voyez de VEiymologie
du mot Boulogne) ^
AMIGABE. Aimable. — Synonyme : Imabb.
AMIDOULER. Amadouer. — De même en Rnachi,
AMIGNOTER. Amadouer , caresser. — En Berrichon, ami"
gnauder. — du Roman amignoter^ rendre mignon.
AMIKIË. Amitié. — Comme en Normand et en Rouchi.
^ AMINCHER. Allécher.
AMINDOS. Ce que le marchand donne en sus du poids. —
Voyez RAMINDOS.
AMIOLER, AMIOTER. Caresser, faire amitié.— En Roman,
amioter.
«
AMISTOUFLER. Envelopper, couvrir d*un manteaa. — Ej
vos famistoufler por que tu n*aiepoent freud. — Congénères : Nor-
mand, amistoufler; Franc-Comtois, emmûtou/Ier (embégainer);
Vieux-Français, amistoufler , dérivé du Latin amictus^ couvert.
Ménage donne a ce mot une étymologie fort recherchée. Voyez
Dict. étymologique^ tome i , page 524.
AMITEUSE (Béthune). Petite pelle à fen.
AMITEUX. Caressant, qui fait de l'amitié.
AMITOULER. Voyez Amidoulbr.
AMON. N'est-ce pas ?
AMONCHELER (s'). S'assembler — De même en Vieux-
Normand et en Roman.
AMO ( S69 )
AMONE* Aamône. — Gomme ep Roman.
AMONITION (pain d'). Pain de munition. -« Cette location
B*oii ponrrait prendre ponr une faute de prononjâation appar*
eoi au TÎenx langage Français; on la trouve dans Uê Ménudres
Féry Gnyon.'
AMONT. En haut. -— Con^. Auvergnat et Anglais , amomil.
- Y.-Français , amont, — Du Latin , ad nianîem^ en montant^
AHONT (vent d'}. Vent éPen haut , vent du Nord.— De même
Normand et Roman.
A MORT. Beaucoup. — 0$ buvrons à mort.
AMOURETTE DES CHAMPS. Camomille (plante). — De
«même à Bayeux.
ÀMOUTRER. Montrer.
AMUSETTE. Passe-temps.
ANACALYPTES. Nom donné, dans la Morinie, aux cadeaux
^ue Ton fait aux nouveaux mariés.
ANCHIEN, ANCIEN. Vieux. — Sinpère il est ancien.
ANCRE (être à V). Etre hors d'haleine.
AND AIN. Pas , enjambée. — De même en Normand , Berri-
chon et en Roman. — jlfulore . signifie maarcher y en Italien. —
Stymoîqgie : du Bas-Latin andena.
ANETTE. Canne , femelle du canard. — Synonyme ; Émette.
Congénères : Rouchi , anette; Catalan , anet. — Etymologiè :
^u Roman anet^ canard , dérivé du Latin anas.
■ ■ ■ ■
4.NFETË. Malpropre : se dit d'un linge mal lavé.
; ANGOUCHE« Angoisse. Comme en Roman.
ANICIiER (s'). — Se blottir, se fourrer dans. — De même en
Rouchi* Etymologiè: du Roman aniehier^ faire son lit.
ANICROCHE. Imbécille. — De même en Rémois et en
Rouchi.
* ANTIN. Oncle. ^Coutumes du BeauvoitisJ.
18.
( 270 ) ANT
ANTE. Tante. Congénères: Angeviu , Normand, Roachi ,
Breton et Y. Français, ante; Limousin , ando; Anglais, aaunt.
Etymologie: du Latin atntta, on fit anUe et ante qui étaient encore
usités au xyi.^ siècle f Testament de VillonJ. Par contraction de
ta ante on fit fante, puis ta tante; comme on a dit le loisir pour
Vciêir^ sans remarquer que ta était redoublé dans le premier
mot , comme le Tétait dans le second.
ANTENOIS. Cheval d'un an.
Deux vieaux sommes de Boullcnois
Deui vieaux et deux vieux antenois.
{Dictier de Verjus , dans les (Buvres de Molinet, p. 2±i},
Verjus, natif du Boulonais, chapelain à Cambrai, était con-
temporain de Molinet.
ANTRICHE (Noyon). Gui.
ANTURLE. Homme lourd , sans énergie.
ANUIÏ. — Aujourd'hui. Congénères : Normand , Touran-
geau, Haut-Breton et Rémois^ anuit; Haut-Auvergnat , aneuit;
Artésien, en/itii; Maubeuge, ennuit; Berrichon, annehui; Vieux-
Français , cnnuit. — Etymologie : du Roman anuit ou enhui. Les
étymologistes soRt partagés sur l'origine de ce mot. Les uns le
décomposent ainsi : en nuit et pensent qu'il avait la signification
Je en ce jour ^ parce que la plupart des peuples anciens comp-
taient par nuits et non par jours. Cet usage ne cessa en France
que vers le %.^ siècle. Il explique l'expression anglaise fort nighi
(deux semaines) , contraction de fourteen nights (quatorze naits}.
D'autres dérivent anuit de ante noctem. Nous préférons la pre-
mière hypothèse , attendu que le mot anutt^ dans nos vieux fa-
bliaux , a le sens d'aujourd'hui , sans distinction de Theore da
jour et sans s'appliquer spécialement aux heures du créposcale.
ANUITER (s') S'attarder de nuit.
ANWILE. Anguille.
AOR ( 271 )
AORË (vendredi). Vendredi saint; ainsi nommé, parce que ce
joar-là on va oorer la croix.
AORER. Adorer. — Comme en Roman. — Du Latin adoffxre.
AO.UIR, AUIR, AGIR. Entendre. — ^ eho qu' faiao'iy ej*
crdën qyf eh'eii Jean-Louis, f Retour du soldat), — Congénères :
Vieux-Français, aovCir; Espagnol, otr. — Etymologie : du Latin
audtre, par la suppression du d,
AOUT (prononcez a-ou). Moisson. — Gomme en Haut-Breton
et en Vieux-Français , parca que la moisson se fait an mois
d'août.
Remuez votre champ dès qu'on aura fait l'août.
LafontaInb , 1. V, fable 9.
AOUTEUX. Moissonneur. — De même en Roucbi. — On di-
sait aousteron , en langue romane.
A PART MI. ^n moi-même, moi seul. — De même en Rou-
tcîhi et en Roman. — On dit dans le même sens : À part H > à
^art ti.
APATELLE. Pâtée que les mères d'oiseaux portent à leurs
Ipetits.
APATELLER. Porter la pâtée. — Comme en Roman.
APERCHEVOUER. Apercevoir. — En Roman , aperchever.
APERGHU. Aperçu. — Comme en Roman.
APOIER. Appuyer. — De même en Roman. — Bas-Latin,
appodiare.
APOIETTE. Appui , accoudoir. — De même en Rouchi.
A POINT (venir). Être utile , nécessaire. — De même dans le
département du Nord.
APONCHINER. Caresser, flatter.
. APOSTEUME. Aposthume.— De même en Vieux-Français.
— En Grec , aTrorTfif^a.
APOTELETTE. Porte -agrafe : terme généralement usité'
dans le commerce de la mercerie.
18/
( 272 ) APO
APOUË. Rassasié. Y. Rapoé.
APPAREILLER.^ Mettre par couple. — Vivre en concnbi-
xa^e* — Du Roman apparier , joindre , unir.
* APPATIS. Traite pour les contributions.
APPETITS. Harengs saurs dont la préparation, wt abrégée.
— Sf^nonyme : Bouffis et Gbakelot.
APPLONKER (s*). S'appesantir.
APPLOPIN. Terme injurieux. Maladroit i qui ne sait rien
fairç. — On dit apploure dans le n^éme sens.
APPOINTER. Rendre pointu. — En Vieux-Franc, appcintir.
* APPOLON. Sorte de vêtement de femme usité dans le Bou-
lonais, vers la fin du xviii." siècle.
ÀPPONER (s*). S'appuyer, s'accroupir.
APPRINS (bien). Bien élevé. — Gomme en Roman.
APPRIVER. Apprivoiser. — Comme en Roman.
APRÈS EU (!'). La saison qui suit le mois à*août {eu).
AQUERËE. Ondée. — Du Latin aqua , eau.
ARABE. Labourable. — Du Roman arable^ dérivé du Latin
arare , labourer.
ARAIGNE. Araignée. — A Boulogne, iraigne. — CoTkgfy^es:
Rémois et Berrichon, araigne; Rouchi, araine; PrQveoçal et
Italien, aragna» — Vieux-Français, aragne; du Latip, araneo.
^RAISONNER. Proposer ses rsiisons, [Àr g entiers d'Àhh^ilU.)m
ARAN^UER (s')« Se mettre en rang.
ARBOU. A rebours. — De même en Vieux-Français. '
ARGANGIER. Variable. — Vient probablement d'ar<>-«ii-cîe(*
ARGASSIER. Tracassier.
ARG DE SAINT-JEAN. Arc-en-ciel. — On dit ausai îre, dtM.
ietnps, et erc. ^,
ARCUINETTË. Gollation d'enfans. — Voyez Rechinbr.
ARDANT (Boulonais). Oiseau nommé Tadorne par Baffon.
ARD ( 27» )
ARf>BR. Brûler.— De même en Normand et Vieux-Français;
tk ▼.-Picard, ardir. — Dn Latin ardere; ard signifie fea en Celt.
ARDILLON. Aiguillon. — Du Celtique ard, perçant , aigu.
ARËE. Ondée.
AREILE. Oreille. V. Rrbilb.
ARÊNER, ARUNER. Arranger. — De même en Roman. —
^ 11 Celtique arenar.
AREUX(Laon). Gamin.
AREYANT NÔNES. Avapt midi. V. Nones.
* ARGENTIER. Trésorier {^Comptes des argentiers d'Ahh.J
ARGOTÉ. Fin , rusé. — De même en Rouchi.
ARGOUSIL. Luron, polisson. — De même à Valenclennes.
ARGUCHER. Taquiner.
ARGtJILLON. 5ynoni/iii6 d' Ardillon. Voyez ce mot.
ARIAS (il y a des). Il y a quelque chose là-dessous.- De
i^adme en Rottchi et en Normand.
ARIAS (faire des). Faire inutilement des embarras. — De même
en Nivernais.
ARICOTIER. V. H ARiGOTiER. — Signifie pointilleux, argu-
aient, dans l'arrondissement de Roulogne-sur-Mer.
ARtËRB. Hors.
ARIËRE (en). A l'insçu, en cachette.
ARINGUER. Arranger. — De même en Roman, — En Bas-
^Xatin y arrigare,
ARLANDER. Chanceler ; faire mal ses affaires. Voyez Har-
LANDBR.
ARLOT. Gueux. — V. Catalan, arlatx ; V. Espagnol, arîotes ;
Vieil-Italien, arlotto; Bas-*Latin , arlotus ; Roman, arlot.
ARLURER. Tromper, gneuser.
ARLUSER. Amnser. — Nous s' sont arlusés ein iiot eose ach
cabaret. [B,^ l. de J. L. Gossen.) — Quand on parle d'une femme,
B*arluser signifie batifoler avec les hommes.
( 274 ) ÂRM
ARMANO. — Almanach. — Synonymes : Armana» Abmâvo ,
ARMéNAKB. — O trouvarez tout cho dins c* z*arménoê d'Amiens »
^Astrologue Picard ^ 1846^. Congénères: Bourguignon, armana;
RoQchi y arménahe ; Maubeuge, armanaque; Borain, armonae.
ARMONTË. Après diner, après midi ; parce que c'est l'haare
de remonter (relourner) au travail.
ARNAT. Charrue.
ARNIRER. Toucher y remuer en dérangeant. — De méoie en
Rouchi.
ARNU. Tonnerre, orage. — Voyez Harnu.
ARORË. Se dit du lait accumulé et durci dans les mamelles.
AROKER. Accrocher. — De même en Normand, -r- Du Ro-
man ahocher.
AROUSER. Arroser. — De même en Rouchi , Berrichon et
Roman.
AROUTER. Mettre sur la route. — A le même §en8 dans Les
miracles de Notre-Dame de Gaulthier de Goinsy, livre i, chap. 29.
AROUTER (s'}. Se mettre en route. — A le même sens daqs
G. Guillart^ ad. ann. 1267.
ARRABIER. Enrager. ^ — Ein higue ed* masahe ed proches
qui m' foèt àrrahier. f Pièces récréatives), — Congénères : Italien,
arrahiarre ; Espagnol, rahiar, — Etymologie : du Romaq arcMer^
dérivé du Latin Rabire,^ En Bas-Breton, arragi.
ARRAKË. Embourbé. — De même en Normand.
ARRASER. Élever des murs à égale hauteur. — Même si-
gnification en Roman.
ARROIER. Creuser un premier silloo. — De même en Rom.
ARROIS. Manières qu'on affecte, embarras que Ton fait. — *
Comme en Roman. ^
ARSOUILLE. Qui a des habitudes de débauche et de saleté.
— De même en bourguignon , Normand, Comtois et I^ouchi. — :
C'est une apocope du Vieux-Français garsouille
ART ( 275 )
* ARTÉSIEN. Monooie d'Artois (JtomanileJïatii. T. 184).
. sART£R. Arrêter. — Même contractioa en Roman.
* ARTILLER. Artilleur. (ReeetUs des Baillis *de St.-Omer.)
ARUKËR. Converser.
ARUTRR. Jeter , lancer.
- ASC AILLE. Bourse, escarcelle.
A'SIR. Brûler, échauder, roussir de cfaaleur. — Cœugihères :
S.oaclH, axir; Rémois, azi, (rôti sfSns être cuit). — Etymologie :
^n Roman arsir , qu'on prononçait asir et qai dérive du Latin
ASPÉR<jrËS. Goupillon. — Êtym, de Tantienne de ce nom.
^ASSAIE (Boulonais). Essai. — Du Gange cite assagium.
' ASSALIR. Assaillir; comme en Roman; en Italien a««a(ire.
ASSAPI. Dévoré par la soif. Voyez Essapi.
ASSASSINE!!. Assassin. — On trouve OMCM^îneiir dans Pas-
quier et H. Etienne. — Voyez VEtymologie de. ce mot dans le
Traité de l'Origine des Assassins, par Lebey de Batilly. (Lyon
1603.) Nous employons, comme en Normand, le mot a^ssassin dans
le sens de assassinat.
ASSAVOIR (faire). Faire savoir , publier. — De même en
Berrichon et en Roman.
ASSEURË. Assurément..
* AS9EUREMENT. Assurance de ne pas poursuivre enjus-
tice. (Beaumanoir.)
ASSEURER. Assurer. — Comme en Vieux-Français.
ASSEZ SUFFISANT. — Sumsamment. Cette redondance est
commune k beaucoup de provinces.
ASSL Juste punition. — Comme en Homan.
ASSIR (s'). S'asseoir. — De même en Borain, ep Rouchi et
en Roman.
ASSOMEILLER (s*). S'endormir. —Etymologie : sommeil.
( 276 ) ASS
AS^OTÊ. Sot, ébahi , infatué. — De même en Y. Français.
ASSOTER (s'}. S'amoaracher. — Comme en Romah. — En
Bas^Latin , assotaire,
ASSOUPI , ASSUFf . Rassasié. -^ Sywmyiiu: Rafoé*
ASTER. Joa«r-aux cartes. — En RoiDa|i« asêter, — J^lf^Mo-
logie : de as^ qui est la carte la plus forte dans beaoconp dé jenx.
ASTEURE. A cette heure, k présent. — De même en Nor-
mand, en Berrichon , etc. — On trouve asteur$ dans Ronsard ,
.^ dans la corrtsponâance d'Henri IV, etc.
ASTEUX. Joueur de cartes. Voyez Aster.
ASTICOTER. Taquiner, chicaner. — De même en Berrichon ,
Nivernais et Normand* — Staga signifie, en Islandais , revmr
trop souvent à la charge.
ASTIRER. Toucher avec les doigts. — De même à Valènc.
ATARGE (snhstantif féminin). — Borel {Trésor des Antiquités
Gauloises) , cite ce mot comme appartenant au Boulonaia , et
signifiant une retraite pour ceux qui , s^étant trop attardés , ne
peuvent rentrer le soir dans la ville.
ATARGER. Retarder, tarder. (7on^^nére« ; Franc-Comtois ,
atargi; Roochi , atarger, — De même en Roman.
ATARGER (s') Arriver trop tard. — De même en Roman.
ATCHITE (faire). Eternoer. — C'est une onomatopée. — Tibi
Jupiter aéisit^ disaient les Romains, en-faisant une espèce de
jeu de mot.
ATE. A ta (devant une consonne), et ai'n' devan.t une voyelle.
ATELË. Etoile. -^Synonyme : Ëtelé.
^ ATEMPREMENT. Tempérament (5atnl- Quentin, 1248).
ATÉRIR. Terrasser.
ATËTER. Quereller, gourmander, injurier.
ATISËE fhoinej. Grand feu où l'on a mis beaucoup de bois
ou de tourbes.
ATI ( 277 )
ATiSIER. AUomer da feo. — De même en Roman.
ATOHIE. Penomie fort maigre.
' ATORNER. Parer, aj aster. — De même en Roman.
ATOURDËLER. Être aatoar de.
ATOUT. Coup , tape , pochade. — D'on usage général.
* ATOUT. Avec (Àmienê , 1328). — Se dit encore dans la
Manche.
ATRAPE. Piège.
ATRE. Cimetière; parce que les cimetières étaient aitaés ja-
dis devant l'église , in atrium eceUsiœ, M. A. Dinaux , dérive ce
mot de ater^ sombre. — En Wallon et Roman « âtrê. — La rue
do Petit' Atre , à Arras , est ainsi appelée , parce qu'elle avoisi-
nait un cimetière.
* ATRIER (droit d'). Le possesseur du cimetière ou de rem-
placement qui entourait Téglise percevait le droit d'atrier sur les
maisons qui y étaient bâties. Avant l'an 1170, le chapitre de
St.-Quentin exerçait c'e droit sur Tâtre de Ste.-Pécinne. (Col-
liette, tomeii , page 358).
ATRINKILLAGE. Attirail.
ATTARE. Attache. — Il est à l'atake; il est à la chaîne.
ATTARER. Attacher.' —Con^^n^e^ : Espagnol et Portugais,
atacar; Italien, attacar. — Ètymologie : du Celto-Rreton tachf
clou. — jtf ontaigne raconte qu'un Picard allait être pendu et
montait déjà la fatale échelle, quand on lui proposa sa grâce, à
condition d'épouser une femme de mauvaise yie qu'on lui pré-
senta. Il allait s'y décider , quand il s'aperçut qu'elle boitait : elle
eloke , dit-il au bourreau , attake , attake,
ATTELÉE. Attelage. — Se dit aussi d'une demi-journée de
travail.
ATTIFÉ. Paré, habillé. — Même signification en Roman. —
TiphéA le même sens en Arabe.
ATTIFURE. Parure.
{ 278 ) ATT
* ATTOURNIS. Qualification donnée ans mayeurs et aax
échevins de Gompiègne, sans doute parce qu'ils exerçaient cette
charge chacun à leur tour.
ATTREMPURE. Pièce de charrue servant à régler le travail,
vient du mot suivant.
ATTREMPRER (Boulonais). Régler , arranger.
ATUIRE. Tutoyer. — Du Bas-Latin tuisare.iXoyezDv Gange.)
ATUISER. Tutoyer.— Gomme en Roman.
AUBETTE. Aube, pointe du jour. — Du Latin aîha.
AU GOf . A Vabri. — Voyez Goybtte.
AUDELET. Mal de doigt qui fait tomber l'ongle.
AU GUI L'AN NEUF ! G'est par ce cri que les enfants an-
noncent le nouvel an et demandent des et rennes. Suivant les
localités , on dit par corruption : aguilaneufj aguilleneu , aguil-
loneuy guilenleu , haguirenleuy etc. Get usage rappelle la cou-
tume des Bardes qui, après avoir reçu le. gui sacré coupé par les
Druides , le distribuaient dans les villes , en annonçant par là
Touverture de l'année. « Les Picards, dit Fleury de Bellingen ,
^Explications des proverbes françoisj , après avoir crié Vangui-
lanneuf^ y adjoustent: planté ^ planté ^ c'est-à-dire une année
abondante et fertile. » En Normandie, c'est le dernier jour de
l'an que Içs pauvres demandent l'aumône, en disant : hoguin-
anno. Les Espagnols appellent aguinaldo les présenta qu'on fait
au jour de Noël. DansleBerry, on nomme guilané l'aumône
spéciale qu'on fait, au premier jour de l'an. Voyez, sur cette si-
gnification mythique du gui, M. E. Du Méril, Histoire de la
poésie Scandinave , prolégomènes , page 100 , note 2.
AUIR. Entendre. — Voyez Aouir.
AULTON. Paille où il reste encore du grain. — De même
en Roman.
AU PRUME ou AU PRÈME. — Voyez Prblmk.
km { «79 )
..AVB. AIN, (Artois). Ce qui se fait dans la même Journée.
AURËE' Averse, orage. — En Roman, orée,
AUTË. Autre. — De même en Roman. — Synonyme : Aotkr ;
"^ omUt jour,
* AUTEL. Semblable {'CouU àe BeauvJ. — De ad et talis.
AUTONS. Pailles et criblures des grains vannés. — Du Bas-
Catin auto. Voyez Hotons.
AUTOIR. Bonnet de femme. — Synonyme: Ahautoir.
AUVERGNE. Vanneau (oiseau). « Serait-il ainsi nommé
parce que le vanneau perche dans les osiers, autrefois nommés
^ergnest » ^MS, de M. RigoîlotJ.
AVALAGE (Boulonais). Abondance d'eaux pluviales causant
du dommage par la rapidité avec laquelle elles s'écoulent. —
wSynonyme : Avalaison et Avalison. — Etymologie : de la Basse-
3iatinité avallare, descendre d'une colline.
AVALER. Descendre. — De même en Roman. — Signifie
anssi se glisser, se fourrer dans, — Êtym. du Latin advallem.
Comme cj'm'avalouais dins min lit
J'ai oui buker à no huis. (Le Retour du Sol4at,)
AVALOIR. Gosier. — Gomme en Roman.
AVALON. Gorgée de boisson.
AVALONS. Avalanches d'eau. — De même en Roman. On
dit àvalages , dans le Patois de Boulogne. Etymologie: du Bas-
Latin aoallare, descendre d'une montagne.
AVAND. Profond. — En Franc-Comtois, aivan,
AVANDEUR. Profondeur. — Synonyme: aventeur. L'aventenr
de f^horsicot. ("Astrologue Picard ^ 1849.^ — On disait aut.eft.. j
parfond dans le même sens : et n'y passoit peu de navires tant y
avoit peu de parfond et d'eau ^Archives d* Amiens , 1448^.
AVANT LA VILLE. Par toute la ville. --De même en Rom.
AVEINDRE. Tirer une chose du lieu pu elle est placée. —
Etymologie: du Celtique at)end[, tirer.
( 2«0 ) . AVE
AYEINS (les). L'aveat. -^Berr. et Franc^omtois, kê aeénU.
* AVENANT. A proportion, f Archives de StQueniin^ 1298).
AVÈNE ou AVEINE. 'Congénères : Franc-Comtois et Vieux-
Français, dvme ; Languedocien et Espagnol, avena. — EUfinotù"
gie: du Latin avena, a J'ai ouï, dit Thomas Corneille, beaucoup
de gens de. cour dire aveine; è. Paris, on le prononce partout
ainsi et je suis pour celte prononciation qui sans doute est beau-
coup plus douce et, puisque tant de gens le prononcent ainsi, cette
prononciation n'a garde de choquer roreîUe. n f Notes sur les^
remarques de Vaugetas , tome i , page 298).
AVENËE. Bonne ou mauvaise exhalaison.
AVER. Avare. -:- De même en Roman.
AVERS (Boulonais). Contraire. Du Latin aversus, — Signifie
aussi étrange y extraordinaire.
* AVÉS. Oiseaux sauvages. — Du Latin aves, — Une déclara-
tion du fief de Liramont semble désigner des oies par ce mot.
AVE.SC. Avec. — Synonymes : Aveu, Avé, Ayedc.
AVEU. Avec. — De même en Normand et en Roman. — Dans
nos vieilles chartes, avéeuk et avoec. — En Fr.-Comt. atvo, aivéu.
AVEULE. Aveugle. — De même en Rouchi et en Roman. —
Synonymes: Avule, Avdgub.
AVINER. Rendre bon pour l'usage , améliorer quelque chose
en s'en servant.
AVINTURË. Hazardé. >— Comme en Roman. -^ En Italien ^r
^avinturato; en Franc-Comtois, aventuré»
AVISER. Regarder. — De même en Roman. — Signifte aiiasi
combiner, prendre des mesures ; de là, avisoir^ combinaison.
AVISSE. Avis. Dans les patois du Midi , on prononce égale-
ment avisse.
AVITÉ. Viens vite !
AVOËMES. Nous avons. Os avoèmes deV makaille ed^ trente-
six sortes ed'plots, {Astronome picard , 1842).
Avo ( agi )
AYOLË, Etranger dont on ignore rorigiae.
* AYOUTIRE. Adultère. {Coutumes du BeauvoUis, eh. 18.)
AVOYËR. Commencer par quelque chose.
AYOTOU. Chose commencée.
AYROGNE (Marquenterre). A nrone (plante).
AYUGLE, AYULE. Aveugle. — Comme en Roman,-— En
Bafr-Latin » aboeulus, — Barbazan dérive avuU de iwulsus a h»-
mine f privé de la lumière.
AYUGLETTE (à V). A tâtons.
AWl (prononcez a^oui). Oui.
AWISIER. Regarder. — De même en Rouchi.
AZOT (tout). Tout drôle , triste.
B
BABA. Niais , idiot.
BABAILLE. Niaise , sotte. — Apulée se sert de hàbulus dans
le sens de sot, impertinent.
m
BABAREI Terme d*un usage général dont on se sert pour
empêcher les enfans de toucher à quelque chose de sale.
* BABË. Ma biche. (Behourdis de DoullensJ,
BABEINES. Joues de certains animaux. — liem en Roman. ,
BABIN£(le Hourdel). Cotop/iracle (poisson).
BABOUIN. Laid. -^ De même en Roman.
BAC. Auge y mangeoire. — De même en Wallon , Limousin
et jElouchi.
BACAUDËR. Faire la lessive.
BACELLË. Servante. — De même en Roman.
BACQAUJDË (Béthune). Mouche à miel, abeille. -* Roman.
BACHE. Mare peu profonde formée par le flux de la mer dans
-( 288 ) BAC
les sables de la baie de la Somme. — En Allemand, hach signifie
raisseau .
BACHE. Gooche vitrée. — Terme de jardinage généralement
nsité. — Ce mol signifie aussi grosse toile y comme en Normand.
fl s'employait, en Vieux-Français, dans le sens de paiHam. /Ro-
quefort, tome I, page 120.)
* BâGHELERS. Ménage fait observer qn^en Picardie ce
terme n'emportait pas l'idée d'aspirant à la chevalerie et qu'on le
donnait communément aux filles et aux garçons au-dessous de 16
et de 18 an^.
BAGHELETTES. Jeunes filles.
BACHER (se). Se baisser. — Du Celtique hachu,
BACHIN. Bassin. — Du Celtique haczin,
BACHINER. Bassiner. — De même en Roman.
BACHONER. Bâcler. - Faire à la hâte.
BACHOUAIS. Niais. Voyez Bacouais.
BACON. Flèche de lard salé. — De même en Wallon , en Nor-
mand , en Anglais et en Roman. — Le mot hacones est souvent
répété dans les statuts de St.-Adhélard. — Etymologic : du Cel-
tique bacon , porc.
BACOUAIS. Terme de mépris. Niais; qui fait accidentellement
une sottise. — Synonymes: Bacot et Baghouais. — Voyez, dans
le chapitre des proverbes historiques: les bacouais d'Amiens,
BACOULETTE(Vervins). Belette.
* BACULE. Peine imposée à l'homme en place qui avait
commis une faute dans l'exercice de sa charge. On le fouettait
avec une pelle de bois, etc.
* BADELOIRE. Espèce d'armes. fOrd. d'Am., avril 1441).
BADOULAGES. Rapports, médisances. Ménage cite ce inot
comme appartenant au Beauvoisis.
BADRËE. Espèce de bouillie épaisse mêlée à une pâtisserie
grossière qu'on appelle tarte à haârée, — Dans le Berry, btiêrée
BAD ( 283 ]
signifie marmelade* — L'auteur anonyme d'un MS., que m'a prêté
'M .lé^docteur Rigollot, dérive ce mot du Syriaque baïkir (dispersitj^
patcè qu'on étale la bouillie dans les tartes !! !
BÂDRfiE. Grande femme cagnarde.
BADROUILLE. Boue fort liquide.
BÀBUGIIL. Petit homme, petite femme. L'étymologie est fa-
cile à comprendre. — A Saint«>LÔ , haeuL
BAFFE. Spuflet^ claque. — De même en Rouchi , en Normand
et en Roman. Ce mot a de nombreux synonymes : giffe , mornt-
fie , giroflée à cinq feuilles y etc. — V. I." Partie, chap. II.
BAFFRERé Manger gloutonnement. Comme en Roman. —
Languedocien, haffra; Franc-Comtois, bâfrer,
BAFOUILLER. Bredouiller.
BAFOUILLEUX- Qui bredouille.
BAGER (Arras). Baiser.
BAGNER. Baigner. — Comme en Roman.
BAGNIOLE. Petite maison , pauvre maison.
BAGNOLE. Niais , sot. — Synonyme : Bacouais.
BAGOIIL (prononcez ha-gov). Bavardage. Vieux terme popu-
laire d*un usage général, même à Paris. V. DuCange, t. !.«%
p. 536.
BAijrOUTER. Bavarder. — De même en Lorraine.
BAGIJË* Se dit de celui qui s'est approvisionné d'une foule
de choses, d'un voleur chargé des objets qu'il a pris.
BAGUENAUDER. S*amuser à des riens. — De même en
FrancrComtois.
BAGUET. Noyau. Chés prônes ont des tiots haguets.
BAHUTER. Malmener, bousculer, chasser.
BAIL (Béthune). Jupon. — Synonyme : Cottbron.
* BAIL et GARDE. Tutelle et défense de la personne et des
biens d'un mineur. (Beaumanoir). .
BAILLE. Barrière. — De même en Roman.
( ai4 ) DAi
BAILLER. Donaen -^ De même en Rouohi, Normaod.
Gbaropenois , Nivernais , Berrichon et Vieux-FrfuaQai» ; l^otller
vient y suivant M. E. Dn Méril, du V. Français hailU (fbrtereaae,
et par suite possession), qni dériverait loi-méme de rislaadub dalt,
monticule, hauteur qui domine un pays et répond de son obéis-
sance et de sa sûreté. Voyez Biciion'MÂTi Normand , page 37»
BAILLET. Cheval qui a une étoile hlanche au front, — Comme
en Roman, — Du Celtique, hailh^ cheval, — Dana quelque* pays,
etai^r'autres , à Boulogne-sur-Mer , on entend par là qa ebâval
roux , tirant sur le brun.
BAISURE. Endroit où deux pains se sont touchés ao fofur et
se sont pour ainsi dire haUés.
BAJOUATE. Quiaimeàjoùer, à folâtrer.
*- BALANCHE. Balance. — De même en Roman.
BALAYAGE. Action de balayer.
BALAYETTE. Petit balai qu'on fait avec VarwiidopkragmiU9
et Vagrostis spica venii^ avant le développement de leurs pani-
cules.
BALË. Déchu, tombé bas.
BALEJNE. Syngnate. — Aiguille, poisson qui resaeoibleà
une haleine de corset.
BALER (Boulonais}. Pencher, incliner. — Peut«étro dq, Çel —
tique bail, défaut, manquement?
BALIETTE. Petit balai. — De même à Valognes.
BALIFES. Lèvres. ' ^
BALINCHEUX. Qui se dandine. — Mou , sans énecgie^ ...
BALIURES. Ordures du balayage.
BALLE (Soissons). Berceau d'enfant.
* BALLER, Danser.
V
BALLONS (Artois). Boucles d'oreilles. — De même, ea Hoin.
BALONCHER. Balancer. .,.
BALOTEUX (Boulonais). Marchand de blé. — iSytk Bi.Af»a.
BA^ . ( 285 )
BALOUFES. Joues larges et plates. — De même en Roochi
<»C «1 Roman.
BALUS (Bonlonais). Balustrade. — Du Celtique haluid.
BAMBOCHES. Babouches. — De même en Messin , en Ré-
virmoift, enRouchi, en Jurassin, etc.
BANCROCHE. Boiteux.
BANKË. Celui dont les bancs sont publiés. — De même en
^^ormand.
BARACAN. Bouracan. Savary donne les deux mots dabs son
Ictionnaire, Les fabriques de haracan d'Abbeville. jouissaient
'une grande réputation , comme l'a démontré M. Demarsy dans
tne notice lue à la Société d'Emulation d'Abbeville, en 1848.
BARBELÉE (gelée). Gelée blanche qui ressemble à des barbes
plumes. — De même en Normand et en Vieux-Français. *
* BARBOÈRE. Masque dont la partie inférieure (la barbe) est
étoffe taillée triangulairement.
BARBOTER. Parler entre les dents. — Congénères: Rouchi,
barboter; Languedocien , barbouté. — Barboter a le même sens
^ans la farce de V avocat Pathelin,
' BARBOULLER. Parler d'une manière inintelligible. — De
«néme dans les provinces voisines.
BARDALËE. Repas de baptême. Voyez Berdalée.
BARDOT. Le plastron d'une société; vient peut-être du Vieux
Français bardot^ mulet, parce que le plastron supporte le fardeau
des plaisanteries.
BARGUIGNER. Marchander, débattre un compte. — De
même en Normand; du Bas-Latin barcariare. — Bargain a con-
servé ce sens , en Anglais.
BARNABA. Figure grotesque, sujet d'auto-da-fé pour les
feux de la St.-^Jean , dans le Pas-de-Calais.
* BARON. Homme, et plus souvent époux [Corbie^ 1295). Du
Us«Latin baro^ homme. (V. Fabl. de Barbazan, tome ii, observ.)
19.
( 286 ) * BAR
BAROT. Petite voiture à bras» espèce de tombereau ; de même
k Mons et à Maubeuge. — Voyez Bard.
* BARRE. Exception, moyen propre à retarder le jugement
d'une affaire (Beauraanoir).
BARU. Tombereau. — ^ A Genève, harqtte, — Du Roman
harroiy charrette h deux roues , que M. Lorin dérive dé Tlslan-
dais hera , porter.
BARUGHËE. Contenu d'un tombereau.
BARUCHEUX (Roye). Conducteur de tombereau. Ou dit ha-
rotier, à Soissons.
* BASINËT. Casque de fer fait en forme de bassin. fCouiu^
mier inédit de PicardieJ,
BASSET. Homme de petite taille.
BASSINET.^ Renoncule (plante). — Bassin^ dans le Berry.
BAÇSURE. Vallée , lieu bas.
BASTRINGUE. Se dit par mépris d'un homme qui travaille
sans goût et sans talent. On donne aussi cette qualification aux
femmes de mœurs faciles.
BASTRINGUE. Mal habillé, vêtu sans soin et sans goût.'
BASTRINGUER. Faire quelque chose à la diable , vaille quee
vaille.
BASTRINGUEUR. Joueur de violon. Du Franc, bastringue^
BATACLAN. Tapage, fracas, bruit. — De même en Niver-
nais et en Roman. — Signifie aussi aussi amas de divers objets
comme en Lorrain , Champenois et Wallon.
BATAFLI. Fléau à battre le blé. — Synonymes ; Flat«u, Flit
BATE {juer al). Voyez Gdisb.
BATEUX. Batteur en grange. — De même en Roman<
BATIÈRE. Bât. — Du Vieil- Allemand bast.
BATIFOLER. Badiner. — D'un usage général.
BATTEROLE. Pilon à battre le beurre. — Du Celtique batt-
tura , action de battre.
BAU ( 287 )
BAUGHET. Fléau de balance.
BAUDE. Femelle du baudet.
BAUDELÉ. Crotlé.
BAUE Boue. — Synonymes : Beue , Râke.
BAUKE. Poutre. — Congénères : Allemand, halken; Hollan-
dais, talk; Islandais, hialki. — Synonymes : Boise , Trabe.
BAUME. Menthe aquatique.
BAVETTE {tailler une). Jaser à l'aise. — De même en Franc-
Comtois. — Etymologie : du Roman ^ave, caquetage.
BAVEUX. Bavard.
BATARD (Boulonais}. Orge printannière. — Syn. : Ëpeutrb.
BAYER. Regarder, la bouche ouverte. Voyez Betbr.
. BAVETTE. Robe, et plus spécialement, robe d'enfant.— Vienlif
peut-être du Roman hoyette, layette.
BË (Abbeville). Baiser. Baille mi ein tiot hé. Voyez Bec.
BÊ. Bec. Il a hoin hé ; il parle bien. — De même en Roman.
BË. Bien. — De même en F. -Comtois, en Bourguignon, en
Ital., en Gâtai, et en Rom. — VielTl du Geltique 6c.— Voyez Ben.
BE AUBE AU. Nom donné à une image miraculeuse de l'é-
glise de Rue, qu'Isabeau de Portugal enrichit de ses présents.'
Voyez 1.'^ partie , proverbes historiques : les heauheaus de Rue.
BËBETTE. Diminutif de bête, (terme enfantin).
BEG. Bouche. — Synonyme : Bouqdë.
BEG. Baiser ; parce qu'on le donne avec le hee.
BËGAGHE. Bécasse. — Gomme en Roman.
BËGU (Boulonais). Qui a un bec.
BËER. Regarder la bouche ouverte. — A Boulogne , signifie
regarder d'un air content. — V. Bbter.
BEGNEU. Tombereau^ voiture à bascule. — Synonyme : Baru.
On trouve, avec ce sens, henna , dans une charte de Hesdin (an
1000). G'est un mot celtique.
19.*
' )
BEG
BËGUBR. Bégayer. Culte coDlriclion exUlc aassi li Valognet
et à ValcDcieDDes.
BËGIJEUX. Bègue.
BËGUILLON (Boulonaifi}. Aiguilloo. — Du Celiiqiie 6<^e,
poiDle.
BËGL'IN. CoifTe de di^uil pour les femme» de la campagno.
BËGl'INES. On nppclle ainsi, eu Picardie, en Flandre et en
Lorraine, dea femmes qui praliquoDt eu commun une règle de
déyotion , aans realreindre 'leur liberté par aucun *œu. Scaliger
dériie leur nom de ta cBiffe qu'elles porteni {béguine); d'anlm le
tirent de l'Anglo-Saxon began , feoleri , ob$trvareJ. V. Uénage.
BEHOURDIS. V. Boubo^rdis.
* BEHOURS. Joûie* à la lance qu'on faisait le dimancbede
'Véhourdii.
BËKEl Etclamalion de dégoul.
BËKEBOS (prononcez Bé-ke-bo). Pivert, ainsi nommé psr
les Pïcarda , dit Nicod , parce que cet oiseau becqiu le hot (bois).
— 11 a nn nom analogue dans beaocoup de provinces : Uoda,
bathebo; Ronchi, bickebot; Lorrain, bakeboi; Bar-le-Doc, McA»-
iou ; Jura , beecaboi ; Vosgea, bUbot ; Maubenge, iéMo. Od dil
b«gu<tot, en Espagnol.
BËKËT. Moitié d'une tête de cochon, eoapéfldaw wlo»*
gueor. — Du Cell. brrf, inusenu. Siguifie brocAcf , è Bélhiue.
BEL ET BIEN. Beaucoup.— De a.
BELLE (BouloDuis]. La lune. — Ëlymol. du Français ti
BELLE HEURE (à). Très-lard.— C'est uue antipbnwf^
que bfl tw signifiail jadis pot ni du Jour.
' BELLENËË. Tombereau. V. Béûmiu.
BELLOT. Geniil.
d'un bel eufaui. — Jtfin pinf futlot «tt^j
dreue. —
BËLO! Voyez
BEN ( 289 ]
BEN (prononcez hin). Bien (adverbe). — Congénères : Roachi,
Lorraio, Berrichon, Wallon , Franc-Comtois , Provençal , Gata-
Itan et Vieux-Espagnol: hen. — EtymologU : du Roman ben,
dérivé da Latin ben^. —En Celtique, hé.
RENDE. Bande. — De l'Islandais handy lien.
BENETTE (Bonlonais). Panier d'osier en Tongueur. — Du
Celtique benna*
BENIEU. Tombereau. A LiWe^hegneau. — Du Celtique henna.
BENNE» Bande, bandeau. — Conorme en Roman.
BENNIR. Bannir. — De même en R6man.
BENÔUFE. Beffroi.
* BEQUÊS. Brochet ^Archives d'Amiens^ 1472). V. B^kbt.
BER. Berceau. — De même en Rouchi, Normand et Vieux-
Français. — Vient peut-être de l'islandais hera , porter.
BERBIGEOTTE (Vervins). Fleurdu noise tier. — /d. en Rom.
BERBILLETTE. Fleur clu coudrier. — Synon. Bido-mai.
BER BIS. Brebis.. — Os m'avez donné des herbis galeuses y
euf vous les reinds teigneuses. (Sermon de M.® Grégoire). — Con-
génères: Lunéville, herbis; Courtisols, &urbi« ; Frant-Conitois ,
harbis\ vieux Catalan, berbitz; Ital., 5er&ice. — Etym, du Rom.
bmifis dérivé du vieux Latin berbix , qu'on trouva dans Pétrone.
BÈRDALE (Moreuil). Bedaine.
BERDALËE. Festin qu'on donne à l'issue d'un baptême. —
Dérivé du mot précédent. Signifie,. à Béthune, repas que se don-
nent les curés de campagne.^
BERDELER. Radoter, sottîser. — De même en Rouchi.
BERDËLOIRE. Radoteuse , raisonneuse.
BERDIF, BËRDOUF, BERDAF. Cris que l'on jette, alors
qa'on entend fermer les portes avec fracas ou remuer les meubles
avec un bruit inconvenant.
* BERGAIGNE (droit-de). Droit établi à Arras sur les per-
missions accordées par le magistrat pour la pose d'une enseigne.
( 290 ) BER
BERGNEU. Tombereau — Synonyme : BÉauBV. — Hier^huit
heures, au soer conduisant min hergneu {le heudet de Balaam).
BERKER. Berger. — Gomme en Roman. — En Bas-Latin,
herhicarius,
BERLAFE (fém). Gros morceau.. — signifie aussi ce qu'on râ-
passe avec le doigt.
BERLAN. Brelan. — De même en Champenois et en Yienv-
Français. — Vient du Bas-Latin herlenghum j jeQ de dés fort en
vogue, aux xii.<» et xiii^sièdes. Ce n*est que du temps deVàiigeîâs
qu'on a commencé à écrire brelan. — V.' ses Remarques, t.'in, p. 21.
BER L AUDE et BERLEUDE. Mauvaise viande. — Se dit
particulièrement du mouton , et vient du Picard berleuse (vieille
brebis). M. H. Griset le dérive du Celtique bar (maladie causée
par maléfice) et lodd (nourriture).
BERLAUDER. Mêler plusieurs choses, en en cher.cbant une
autre.
BERLAUDlERouBERLËUDIER. Marchand de mairraîse
viande.
BERLEUSE. Vieille brebis. — Voyez Bbrlacde.
BERLIGOGNE. Très-louche.
BERLIKE BERLOKE. A moitié ivre.
BERLINGUER. Faire mal donne , en distribuant les' càMes.
BERLINGUER. Lancer en Tair une pièce de monnaie , joaer
à croix ou pile.-r- Même Etymologie que pour berlan.
BERLINKE. Jeu analogue à celui de pigeon vole. On doit ne
pas lever le doigt au mot berlinke et le lever au mot choketit, "
BERLOKE. Breloque,— De même en Rémois, en Rouç}ii et
en Roman. — Batte e\ berloke, déraisonner. *
BERLOKER. Se dit de tous les objets en suspens qui se nfen-
vent en serfs contraire , qui vont et viennent comme des berlokei»
BERLON. Inégal, qui pend plus d'un côté que de l'aulre.
— Signifie louche , à Béthune.
BER ( 291 )
B£RLUIR« Brouir.
BERLUKE. Petit objet I atome, petit fragment , ordure dans
^ 'œily éclat de bois. — A ces différents, sens dans la langue Rom.
BERLURER (se). Se tromper. — Gomme en Roman. — 5y-
-wumyme : 3e Berluser. — A moins que fera' herluse^fons l'hon-
-^fieur d*vous conoite , émon ?
BERNAGHE. Macreuse (poisson). — De même en Roman. —
Du Celtique hernacle^ usité en Irlande.
3ERNA0ULE (Vermandois). Terme de mépris.
BERNEUILLE. Pomme jaune avec des raies rouges.
BëRNëUX. Morveux, dégoûtant, malpropre. — A le sens de
morveux ^ en Rouchi, et de malpropre , en Roman.
BERNl AU. Tombereau pour ramasser la boue. — Synonyme :
Bbnieu — Du Geltique henna. — Voyez Bégneu.
BERNIFIKER. Inungere stercore,
BERNIKE ! Interjection qui exprime la négation. — D'un
usage général dans le nord de la France. Bemicle , à Yalognes.
BERTËKE. Instrument fendu de traces inégales , destiné à
gratter les pierres ou à tailler les murs. 11 y a dans la langue hé-
raldique un terme analogue , hrétessé ^ qui se dit des.piàces cré-
nelées haut et bas, en alternative.
BERTONER. Bredouiller, bégayer, bougonner. — EnFranc-
Gomtois, hretonner signifie parler un langage inintelligible. —
Vienfsand doute des Bretons dont le langage est inintelligible
pour toute autre contrée. La langue Française emploie dans le
même sens le mot walloner , qui a une origine identique.
BERZI. Bois de Brésil. — De même en Normand ; ne s'emploie ,
guères que dans cette locution : sec comme herzi.
BERZILLER. Faire trop cuire.
BERZILLER. Briser, mettre en morceaux. On employé en-
core ce terme pour exprimer qu'une plante est trop sèche. Le blé
herzille quand, après avoir été mouillé par la pluie, il est échauffé
( 292 ) BËR
par. l'ardeur du soleil et que Tépi se brise facilement. — Ù<mgé-
nère$: Franc-Comtois et Vieux-Français, hresiller. — Eiymoîogie:
du Celtique hrisouy petit morceau.
BERZINGUË (être). — Être ivre. — De même à Maubenge. ^
BESACHE. Besace. — En Roman, hessache; du Latin hU
saccus,
BESINER. Se dit des vaches qui prennent la faite lorsque les
mouches les piquent. — De même en Norm. Se dit égalemeDtd'one
fille qui fait de fréquentes sorties, sans qu'on sache où elle ra.
BESOGNER. Travailler. — Chascun porra besogner, fCmrt;^
laire â* Amiens y \hM.J
BESTIA. Sot , grosse bête. — Synonyme : Bestiallb. — Con^
génères : Languedoc, et Comtois , hestiasse; Esp. et liai., hestia.
— Etymologie : du Roman hestialle , dérivé du Latin hesHa.
BÉTAIL BLANC. Nom ironique par lequel on désigne les
femmes. -^ Synonyme : Blancs bonnets
BÊTE. Insecte quelconque. — De même en Lorrain. — Dimi-
nutif : hételette,
BETHANIE. Sot , imbécille.
B£UDK(Doullens}. Coureuse, femme de mauvaise vie. — Di
Vieux-Français haude, effrontée. — Se rattache à T Islandais
halld. — Voyez Histoire de la Poésie Scandinave , p. 240.
' BEUDELËE. Charge d'un baudet.
BEUE. Boue.— Comme en Roman. — Synonyme : Rai^e.
BEUGLARD. Qui beugle au lieu de chanter.
BEUGNER. Réfléchir.
BEURÊ. Julienne (plante de parterre).
BEYER. Regarder attentivement, et spécialement, regardei*
la bouche béante. — Congénères : Franc-Comtois , heuille^
(regarder attentivement). — Etymologie : du Roman bayer (re-
garder, être la bouche béante).
BEYEUX. Curieux.
BIA ( 993 )
BIAR et BIATRE. Y errtii, iporc. —Congénèret : 5oar, ea
lah; 5ar, en AnglcnSaxon, et heer, en HoUafidais. — Ety-
>logie : da vieil Haut-Allemand hér.
-BIAU. Beau. De même en Champ. , Berrich., Rondii, Haat-
IBreton et Roman. — Synon. : hieu , qui se disait aassi en Rom.
BIAUTË. Beauté. — De même en Berrichon et en Roman.
BIBELOTER. S'amaser avec des jouets,
^ BIBELOTS. Bîmbelots , jouets d'enfonts. — Probablement de
T Italien hamhoîo , poupée.
BIBERKIN. Vilebrequin.
BIBERON. Moucheron. — De hihere^ boire , parce que lès
moucherons aiment à sucer, à boire. — Synonyfne: Mocuîron.
Congénères : Normand , hihet , Vieux-Provençal, baba.
BIBERON (Boul). Bec d'un vase. — Du Celtique bib , bec.
BIBLOTER (se). Réussir assez bien. — Synon, Se Bouloter.
BICHETTE. Petite biche , terme d'amitié.
BICHONER (se). Se parer, s'adoniser. — Usité dans les pro-
vinces du Nord.
BIDO MAI. Petit mouton.— En Rouchi, bedo signifie agneau.
BIDO MAI. Fleur du coudrier. — Synon. Berbillettb.
BIDET. Cheval hongre de petite taille. — Terfne d'un, usage
général.
BIEL , Bel, beau. — Comme en Roman.
BIEUTÊ. Beauté.— 'Comme en Roman. — Synonyme : Biauté.
BIEVRE (St.-Valery). Harle (oiseau).
BIFFE ou BRIFË. Gros morceau de pain. — Du Celtique
5H/a, manger avidement?
BIFFER ou BRIFER. Manger beaucoup. — Même Etymol
BIGÂREAU. Cerise rouge et blanche d'une chair fermer
BIGNIAU. Tombereau. — Du Celtique benna. — V. Bergneu.
BIGORGNER. Loucher. ~ De même en Rouchi.
BIGOTE. Fagot de menu bois.
( 394 ) BIH
filHITRE. (Boulonais). Tempête. — Du Aôman héhUUre.
m
BIKE. Chèvre. — De mémç en FraDC-Gomtois , en liessiD,
en Angeyin et en Roman.
SILLON (Boulonais). Tranche de terrain labourée en dos
d'àne. — Synonyme : Ados.
BILLOT. Grosseur occasionnée sur le front par une chate^
BINAR. Voiture destinée au transport des arbres.
BINEAU (Amiens). Bruit de l'eau qui coule des gouttières.
BINELLE. Bonnet de nuit.
BINETTE. Instrument de jardinage , petite houe pour biaer.
— De même en Normand et en Vieux-Français.
BINOT et BINOU . — Charrue sans contre et sans oreilles.
BINOTIS. Terre préparée avec le binoU
BISBILLE. Murmure, et quelquefois, dispute. — De l'Italien,
hUhiglio.
BISCO ! Bisque ! espèce d'interjection.
BISET. Pigeon ramier. — Usité presque partout.
BISKE. Terme de jeu de paume, « dont l'origine , dit Ménar
ge , est aussi inconnue que celle du Nil. »
BISQUER. Pester, endever, être vexé sans le trop faire
paraître. — Mot populaire , usité presque partout, même à Paris.
— Beishiazy dit M. E. Du Méril, signiGe rageVy eu Islandais.
BISTAINE (Ponlhieu). Vieux cheval.
BISTALOT. Espèce de galette qu'on fait dans l'arrondisse-
ment d'Abbeville. — Synonyme : Bisteux.
BISTINCHINT (de). De biais, en travers, de travers.—
Synonyme : de bistincoin. — En Normand , hiscacoin.
BISTOURNER. Renverser. —DuRoman, hestorner,
BISTRAC(de). Deçà et là.
BITACLË. Tacheté de deux couleurs. — Se dit surtout des
chevaux et des vaches. — Du Latin bis maculatus.
BITARDE [envoyer aV). Envoyer promener, chasser.
BIT ( 295 )
BITE. Imbécille au superlatif. — Vient peut-être de hestia.
BITERLOT (Saint-Quentin). Botteur, émondeur d'arbres.
BITIMBOUT (de). Tout droit, en ligne directe, tout au long.
BIULË. Altéré par rhumidité. — Se dit aussi du bois mort,
du bois vermoulu.
BJÏTT ! Psitt ! — Interjection pour appeler quelqu'un.
#
BLAGUE. Mensonge. — Mot d'un usage général , ainsi que
hîaguer^ mentir.
BLAGUEUX. Menteur, craqueur.
BLAIRIË (Saint-Valery). Foulque.
BLAKER. Briller, flamboyer.
BLAMUSSÈ. Soufflet. Y. Plamusse.
BL AIÏG BONNET. Nom donné aux femmes , parce qu'elles
portent des bonnets blancs.
BLANC BOTTER. Rosser quelqu'un ; battre un adversaire
aussi facilement que le ciseau de Témondeur taille ou botte le
bois blanc. C'est une syncope métaphorique de bois blanc botter.
BLANC BOTTER (se faire). Se compromettre , exposer sa
réputation. — Se faire battre.
* BLANC DIEU (jour du). Jeudi saim. — Syn. : Blanc josdi.
BLANFATE. Blanchâtre.
. BLANKE. Féminin de blanc, comme en Roman. — Signifie
aussi pd^e.
BLANKE EAU (Béthune). Gelée blanche. — Syn. : Rimée.
BLANKE PAQUE. Le dimanche des Rameaux. — Roman.
BLANKE PIERRE. Chaux carbonatée crayeuse.
BLANKIR. Blanchir, comme eu Roman. — En Espagnol,
blanquecer.
BLANKISSEUX. Blanchisseur. — De même en Roman.
BLASSER. Panser une plaie.
BLAT (Artois). Paresseux , malpropre.
BL ATE. Bât. — De même à Bavay et à Maubeuge.
( 296 ) BLA
BLATIER. Marchand de blé. — De même à Rennes. •— Du
Roman hladiert dérivé de hladum^ blé.
BLÊNEUR (Artois). Chartier. — Synonyme: Carbton.
BLET, (au féminin, blette). Se dit d'un fruit qui est devenu
mou à force de maturité. — Congénères: Rémois » Roachi et
Haut-Bret. l blet ; Normand , bleque ; Messin , blesse; Langue-
doc, bleto; Roman, blet. — Vient-il du Celtique bloà? du
GrecBAc(|; de l'Alleroand b/eic/» (pâle) ou de l'Islandais, dlautt
BLÊTIR. Devenir blet . — De même en Vieux-Français
fDits de Molinet , page 195^.
BLETTES. — Canards de terre servant d'appeaux.
BLEU DE (Marquenterre). Blouse. — Synonyme : Rouillère.
BLEUES VUES. Hallucinations; comme en Roman.
BLEUET. Bluer. — De même en Rémois, Vieux-Français et
ftoman. — Nom tiré de la couleur de la fleur. — Se dit aussi de
la centaurée.
BLEUETTE. Petit bouton à l'œil.
BLEUSIR. Devenir bleu. — De même en Rouchi.
BLEUSSE. Féminin de bleu.
BLEUSSES (en dire des). Mentir , craquer.
BLI SON (Le Crotoy). Ablette (poisson).
BLITE, Niais, sot. — Du Latin bliteus. — BA/rA^y aie même
sens , en Grec.
BLITE. Nom d'amitié qu'on donne aux enfans.
6L0CAILLE (Boulonais). Pierrailles amassées en tas, pierres
brutes sortant de la carrière. — Du Celtique blocad^ tas.
BLOUKE. Boucle. — Congénères: Nivernais, Wallon, Berri-
chon, Normand , Rouchi et Roman, blouke; Langued. , blouco.
BLOUKER. Frapper , battre, — Synonyme : Flâter.
BLOUSER (se). Se tromper , se mettre dans l'embarras. —
Terme généralement usité , emprunté au jeu de billard.
BLUKE. Boucle. Voyez Blouke.
BLU ( 297 )
BLUKER. Manger comme un oiseau, par petits. morceaux.
BOBEINE. Bobine. — De même en Rouchi et Roman.
BOBIE. Vieille femme ratatinée et mal mise.
BOBINETTE. Loquet. — De même en Norm, et Y. Français.
BOBO. Mal, douleur. Terme enfantin qu'on retrouve dans
^)tre y.-Français, dans le Milan, hohaf et dans le Sicil. bubua^
BOGâNIER (Ponthieu). Bûcheron. — Synonyme : Bokillok.
BOCHE. Bosse. — De même en Rouchi et Roman.
BOCHET, Verge de fer où sont attachés les bassins d'une
k «lance.
BOCUON (Artois). Pourboire ^'on donne aux ouvriers.
BOGHU. Bossu. — De même en Lillois et Roman. ,
BOELLES. Boyaux.
BOËTE. Tabatière.
BŒU. Boeuf. — Voye* Bu.
BOFE. Cave. — De même à Mons. — Synonyme : Gove.
BOICUON. Boisson. — Comme en Roman.
BOICHONER. S'adonner à la boisson.
BOIN. Bon. — Congénères : Normand et Lorrain , hoin ; Es-
pagnol , hueno, — Etymologie : du Roman , hoin, — Boin^ signi-
fie aussi &«en^ beaucoup , très y lorsqu'il est suivi d'un autre ad-
jeetif : boin et gros^boin et coud (fort gros, très-chaud).
BOIRE (jeu de ). Jeu qui a quelqu'analogie avec celui du pot
de chambre. Le boire est le but qu'on a proposé. Les joueurs,
pour éliminer par la voie du sort ceux qui ne doivent pas être
gardiens *du boire, se servent de cette phrase : eine glaine —
qu'ai passe — dinsV fraine — cabinet — tu n* n'es.
BOISE. Poutre — Synonyme : Trabe, Bauke.
BOISIER. Baiser (verbe). — En Roman , besier,
BOIS TCrtJT. Ivrogne.— De même en Vieux-Français.
BOISSELER. Ramasser du bois mort.
BOITE. Boisseau. — Du Roman boisteL-^Synonyme .-Boitibv.
r
{ 298 ) BOK
BOKËT. Pommier sauvage.
BOKILLON. BûcheroD. — Mot Roman encore employé du
temps de Lafontaine f'Mercure et le Bûcheron). — Eu Langue-
docien 9 huscaillon.
BOLIR. Bouillir ; comme éh Roman. — Congénères : Lan-
guedocien , houlir; Italien , hoUire, — Synonyme: Boulia.
BOMBASINE (Ham). Etoffe.
BON AN'. Etrennes. — Synonyme : Aouilaneu«
BONDERy Gonfler, regorger. — En Franc^Gomtois, d^ùnêaù
BONDIR. Sonner le tocsin pour le feu. — Onomatopée.
BONDIS (prononcez Iton-diJ, Replis, bord d'une rolie.
BONDON. Balle de bois.
* BONNAGE. Bornage (Coutumes du Beauvoisis , ch. 80).
-^ Se dit encore aujourd'hui dans le Berry.
BONNETTE. Coiffure de femme. — Synonyme : CALYPcrre.
BON VÊPRE.- Bon soir. — Voyez Vèpb.
BORBOTER. Voyez Barboter.
BORDAGER. Border, avoisiner.
BORDALËE. Repas de baptême. — Voyez Berdalée.
BORDON.. Bourgeon.
BORDURER. Longer , être sur le point de toucher..
BORNIFIKER. Donner un soufflet dans les yeux.
BORNIFLE. Soufflet dans les yeux.
BOS (prononcez ho) et BOU. Bois. — La forêt de Créhy
appelle cheys hos (sire de Créquy). — Congénères : BourguignOB»
Vosg. , Rouchi , Franc-Comtois,, Gascon et Limousin Inm^
Auvergnat, &ou; Roman, hos. — Du Celtique hod?
BOS (prononcez hô). Bas , chaussure. — Be même en Roman.
— Synonyme : Keoches.
BOS BËNI. Branche de buis qu'on fait bénir, le dimanchejdes
Rameaux , et que les vilUigeois plantent dans les champs et les
vergers pour obtenir une bonne récolte. Ils en placent aussi aous
BOS ( 299 )
\^B toits de leurs maisons , aGn de les préserver de la foudre,
«orsqa'elle gronde , ils font des aspersions d'eau bénite avec une
utre branche de bois béni , qu'ils conservent pour cet usage.
BOSCO. Bossu; terme injurieux. — De raén^e en Rouchi et
tu Normand. .
BOSPËRCHË. Littéralement , &a« percé. -^ Se dit de quel-
[Q'un dont la santé ou la fortune est entièrement compromise.
BOSSELER. Bossuer. — De même en Wallon.
BOTE. Part , paquet (dans le sens 6guré} ; que d' malheurs
Bthe Vannée chi..,, chaqu'cin n*n*a s' hotte (xii.« lettre de GoseeuJ.
BOU. Bois. Voyez Bos
BOUBOURS (Vermandois). Feu de joie. — Synon, Bodhours.
BOUCAKE. Ne serait-ce pas le boucage , espèce de saxi-
frage (plante) ?
BOUCAN. Bruit; rumeur. — De même en Rouchi et Juras-
sin.-> Signifie aussi semonce , gronderie^ noise, querelle y comme
en Norm. et en Niv. 11 viendrait de B«e;x«yif , d'après Du Cange.
- BOUCANER. Faire tapage, gronder. — De même à Bar-le-
Duc , dans ce dernier sens.
BOUCHAIN. Bouchée , petite part.
BOUCHEL. Buisson ; comme en Roman.-^Allemand , buschy
buisson. — Anglais, bush; Islandais et Danois, husk.
* BOUCHIAUX. Petits tonneaux faits de peau de bouc et
enduits de poix , dans lesquels on conservait le vin. Lorsque Té-
véqne d'Amiens allait à l'armée, la confrérie des tanneurs lui
donnait de uic paires de &otic/iiauâP. (Devérité , Hist.de Pic.J
BOUCHON. Cabaret ; à cause du bouchon de paille ou de
branches vertes qui sert souvent d'enseigne. De même en Niver-
nais, Berrichon et Normand.
BOUDINÉE. Repas qu'on donne à ses amis quand on a tué
un porc. — Os imez-'jou-ti aller aV boudinée. (J. Croédur,)
BOUDINER. Envoyer du boudin à quelqu'un.
( 300 ) r BOU
BOUDINER. Bouillonner.
BOUDINETTE. Nombril. Voyez boutaime. — Bùuâoîte , dans
la Meuse.
BOUESIEUX. Qui aime à embrasser.
BOUFFARIE (St.-Valery). Barge rousse à queue rayée-
BOUFFER. Manger gloutonnement , se gorger d'aliments. —
De même en Wallon , Rémois , Normand , Roucbi , Nitemais ,
Berrichon et Roman. — Celui qui mange avidement fait enfler
ses joues, et devient bouffi ; c'est Torigine du mot bouffer,
BOUFFIS (Boul). Hareng saur qui n'est resté en saumure que
pendant vingt-quatre heures et qui est fort gonflé (bouff).
BOUFFLET. Bouquet de fleurs.
BOUFTEMË (Yimeu). Barge rousse (oiseau de mer}.
BOUGON et BOUGONNEUX. — Qui aime-à bougonner.
BOUGONNER. Murmurer, marmoter. — De même à Rennes,
à Gaen et à Valenciennes.
BOUGRANE. Plante rampante armée de piquants, semblable
à la luzerne par ses feuilles, de mauvaise odeur et dont la pi-
qûre est dangereuse fOnonis spinosaj,
BOUGRE. Mébhant; terme injurieux. -^ Du nom des Albi*
geois appelés, en Latin, Bulgari f^^sivce que leur chef spirituel
résidait en Bulgarie.
BOUGRESSE. Méchante femme. — Voyez Bouore.
* BOUHOURDIS. Fête du !.«' dimanche de carême qu'on
appelait encore bohourdiê^ bouhardy^ behourdisy jour des huêes,
jour des Valentins , dimanche des brandons. — Les RitneU da
xui.« siècle le désignent sous le nom de dominicade lignis ordiiiê^
On faisait ce jour-là des &c^our« (joutes, tournois) et c'e»t delk
que vient le nom de bouhourdis. Le raayeur eh les échevint d!A-
miens buvaient à la violette dans l'hôtel des cloquiers. Le Pèra
Daire, dans*8on histoire littéraire à*ÀmienSf cite une pièce de
BOU . ( 301 )
'en de, 1422 que Pierre Bayon composa à ee tiqet lArekivts
^écordet, tome ii , page 200). Voyez Bràndoks.
BOUHOURS. Fea de la St.-Jean. -^Synonyme : Bouboub».
BOUILLARD. Gheralier gambettes (oiseau).^ — Se dit aussi »
^ans le Yimen , des oiseauic de passage da mois de manL
BOUILLARD NOERD. — Chetalter arieqvia (oiseau).
BOUILLET. Boalean (arbre). Synonyme: Boule , Bouille.
BOUIS. Bais. -^ De même en Franc-Gomtois et en Berrichon.
ILl n'y a pas longtemps que la langue Française a remplacé hsuis
par («if . Car Ménage disait dans son IHeliotinatrs élytnologtqt^
qoe M. de la Qointinie écrivait buii an lien de h>HÎt et qn^œi cela
â n'était pas à imiter. Boilean semble avoir suivi cet avis; on lit
dans la première édition du Lutrin :
Et deux fois de sa main le bùuis tombejen morceaux.
. • (Cb. V).
BOUILLONS. Inégalités qui se trouvent dans le fit.
'ftÛUlON. Échelon , traverse de chaise.
BÙUKE. Bouche. — Alo eine toine yraînde houhe. -^ Con-
génères : Rouchi et Flamand, houke; Languedocien, 5ottco ;
Gascon, (ouca; S^spag. et Poilug., hoea; Ital., loceà.—Etym. :
dû Roman botilce , dérivé du Latin lucca ou du Gelt. hoch. —
Les entrées de caves étaient appelées autrefois houhes de eélier.
BOUKETTË. Petite bouche. — De même en Roman.
BOUKILLON. Bûcheron. Voyez Bokillon.
BOULANT. Bouillant. — De même en Roman.
* BOULE. Ruse.— Comme en Romaii. (Voyez !.'• part., ch.
yi , article Noyon.)
BOULE. Bouleau (arbre). — Synonyme: Bouillet.
BIOULER. Maltraiter, pousser comme une boule. De même
à Valognes et en Vieux -Français.
BOULEVARI. Vacarme , hourvari.
20.
( '302 ) BOU
BOULEYERSI. Bouleversement.
BOULIE. Boisson faite avec da son , dont les pauvres' font
usage. C'est aussi le nom de l'oiseau appelé Œêicnèmè erimd.
BOULIR. Booillir, comme en Roman. — Con^^nèrM: Langue-
docien f bouli ; Italien y hollire,
BOULO« Pomme entourée de pâte, qne l'on fait cuire â« four.
BOULOTTE. Petite fille fort grasse et dodoe. — Du Réttian
botiribt, peloton? * «•'
^ BOULOTER. Pelotonner. — - Môme étymologie!
90ULU'(lait). Lait bouilli. — De même en Champenois. ->
BOUQUET. Nom donné aux fleurs alors même qa'elleS' ne
sont pas réunies en bouquet. — Os awms plein non gorêin êe
bouquets.
BOURBATERIE. Grand amas de booe.
BOURBE (Le Crotoy). Espèce de Jtféduse» animal marin.
BOURBOTTE (Béthune). Lotte (poisson).
BOURBOUR. Dans certaines localités, et^ notammant à St.-
Omer, les enfans, le jour des brandons, se réunissent dans le
▼ergers / y font un grand feu de paille autour des arbres e
crient: J^our^^our, Bour^ croyant ,. par leurs cris et par la fa-
mée , détruire les œufs des chenilles. fMévMvres de la Société
Antiquaires de la MorinieJ (1).
(1) Dans les environs* de Frévent, m*écrit M. de la Fons , lès eAftin
vont faire bourbour dans les pAtures , en promenant des torches allmaée
sous les arbres fruitiers et en criant :
Bout, bour, 8i.-ChritU)phe t
Poar ayoir des pommes cosses ,
Des petits eaflgnons ,
Pour chés petits garchons ;
Des petites roagettes ,
Pour chés petites fillettes !
A Lens y on va bourder les trois premiers dimanches Ae Carême Ve^t-
BOU ^ ( 803 )
901JRDEUX. Menteur. — Comme eo Roman. — Syii: Gosbeu.
BOURDON. Tige d'une laitue montée.
BOURËE. Réprimande.
* BOURG. Ville. — Il y a à Laon une rue et une place du
Jfowrg.
'*. JBipURGOIS Bourgeois. (St.-QumUn^ 1268).
fiOURIKËT (Boalonaifi). Fagot de branches <^ d'épines^
BOURLETTE. Gros bâton.
BOURNIFLE. SonfBet. Voyea Morniflb.
BOURRE COQUINS. Haricots. — De même en Berrichon.
: POURSIAU. Bosse qu'on se fait à la tête.
BOURSICOT. Petite bourse.— De même en Nivemait, Bonr*
goignon et Normand.
BOUSATIËRE. Vachère. — Voyez Bouso.
. BOUSIN. Grand bruit , tumulte, tapage. — De même en Nor-
mand 9 Berrich. et Nivero. BouMTa signifie oisùurdir en Breton.
BOUSO et BOUS A. Bouse de vache; comme en Romand —
A Rennes , himsie. — Du Celtique houxtl.
BOUSTIFAILLE. Gloutonnerie , Ijtonne chère. — De même
en Lorrain. ^■
BOUTAINE. Nombril. — S^onymerBovoiNBTtB, Boutinbttb.
"^Cong.: Roochi, boudène; Maubeoge, boudiné; Y osg.yhodHU;
Méà^tAihoudette; Lorrain, ^udafe. — ^<^.:duRom., bout'ainey
^iStédiiCelt. èod, extrémité, ou du Latin botulus ^ boyan.
BOUT DE CHAMP (à tout bout de). A chaque instant.
BOUT D'HOMME. Nain , petit homme.
BOUTE ACH'TEUR. Tiens! Bon, maintenant! (exclamation).
BOUTEILLE ED PROCUREU. BooteiUe à goulot étroit.
à-dire que les enfants de divers villages luttent enlr*«ux , en tenant des
bourdées (bottes de paille allumées). -^ A Béthune , le dimanche des
Brandons s'appelle Bourdalenne,
20*.
( 304 ) BOU
BOUT EN BOUT (de). Des pieds à la tête , da commencement
jusqu'à la fin, entièrement. On lit dans Joinville : a II lenrfit
chanter an nom de Dieu ce beligne (hymne) Veni creator ipiriius
de bout en bout. »
BOUTER. Mettre, placer.— ^tnjowr je m'houtis dins m'n'es'
prit ed m'ein aller al cache. (Chanson Picarde). Ctmgén, : Wallon,
Rouchi, Jurass., Nivernais, Berrichon, bouter; Italien, buttàre,
— Etymologie: du Roman, bouter; en Bas-Latin , ^lare. —
Bauta a le même sens en Islandais. — Locution picarde: S'y
bouter à casaque dévêtue; s'y mettre de tout cœur.
BOUTIGLIER (Boulonais). Marchand. — Corruption et ei-
tenaî§n de boutiquier,
BOUTIFE. Vessie.
BOUTIFLÊ. Gros, gonflé, bouffi.
BOUTRI. Terme injurieux de Ham qui signifié gros vmiru,
BOVE. Colline factice élevée, comme monument funèbre, par
les Celtes ou les Romains.
BOYETTE. Robe , robe d'enfant. Voyez Batbttb.
BOYEU. Boyau. — De même en Roman.
y BRACHE. Brasse. — De même en Roman.
BR ACHELET. Bracelet. — De même en Roman.
BRACOU (Boul). Pièce de charpente. — De même en Roman
BRADER (Boulonais). Prodiguer. — Du Celtique bratdir
abondance ; signifie aussi : perdre sur un marché , vendre à pri
coûtant ou même à perte.
BRADERIE. Action de vendre à vil prii.^
BRADEUX. Qmbrade.
BRAHON ou BRËHON. Frelon.
BRAIES. Culottes. — De même en Normand et en Roman--
— Etymologie : du Celtique braghes,
BRAIES. Ouvertures de poches d'un jupon.
BRAILLES (Soitsonais). Langes d'enfant.
BRA ( 305 )
BRAINE. Stérile. -*- y oyes BmBHAiNB.
BRAIRE. Crier y pleurer. •— De même en Flamand > Berri-
lion et Normand ; n'a pas le sens dérisoire qu'on lui donne en
rtnçait. Quelques auteurs donnent hraiare comme Celtique.
* BEAIS. Bierre de mMsiPéronne^ 1577).
BRAISE (n'y pot cannoite eine). N'y connaître rien du tout.
BRAISETTE. Menue braise.
m
BR AKEy vif, emporté. — De même à Valognes.
BRANDONS (dimanche des). On appelle ainsi le premier di-
TBftiiche de carême parce qu'autrefois les jeunes gens de la cam-
pagne ayaient coutume , ce jour-là, de danser en rond autour des
arbres, de courir dans les rues, dans les champs, a? ec des^rof^doiK
qu'ils agitaient sous les arbres, pour les préserver des chenilles.
Gel usage rappelle la pratique des Payons qui, au mois de février,
coaraient pendant la nuit , avec des flambeaux allumés, pour se
purifier et procurer la paix aux mânes de leurs ancêtres^ On ap-
pelé aussi ce dimanche hure et houhùurdis, (Voyez ce dernier
mot.) Dans quelques localités, on danse, à la nuit venue , au
refrain de cette chanson :
Breaudét Breaudon
Par mandelée par qaarteron ,
Pour les enfants de no moison.
Selon M. Du Méril , hrandaiM vient de l'Islandais (rotki , tison
allumé , ainsi que le Vieux-Français hrans.
BRANKE. Branche. — Congénères : Normand , Rouchi et
Roman : branke ; Gascon , Languedocien ,.Catalan et Italien :
hroiMa, — Vient du Latin branea , ou du Celtique brank.
BRANKILLE. Petite branche.
BRASSER. Faire, agir, machiner. (Se prend ordinairement
«n mauvaise part). — Vient du Roman hrtuser y travailler.
C'est à tort , suivant nous , que M. de Poilly le dérive du Grec
vfaTvu (faire) par changement de la tenue « en sa moyenne Q.
»
•
( 306 ) BRA
BR A V£. S'emploie dans le sens de proft«. • ■-
* BEAY. C'est ainsi qo'était appelé, en 1444, à Anrféàf vie
marché au bois.
BRAYER. Crier, pleurihcher. — De même en Berrichoo. *^
Etymologie : da Celto-Breton brailher , crier. — V. BaAiBB.
BRAYËU. Pleurnicheur. •— Ein homme qui crie , qui féet
Vhrayeu {le Franc-Picard).
BRAYOIRË. Pleurnicheuse.
BREBIÈRE (Notre-Dame de). Nom qu'on donne à la vierge
d'Albert , parce que son image tut, dit-on , trouvée par deagtr-
dears de brebis,
BRÈGNE. Bouche. — Synonymes : Bouke » Gubulb*-
BRfiHAINE ou BRÊHAIGNE. Stérile. -- Comme en. Npr/-
mand et en» Roman; sans doute du Celto-Breton brechan, quia
le même sens.
BRËHON. Frelon. — Synonyme : Brahon.
BRÈKE. Brèche, ouverture. — Du Celtique brech^ ou. de
l'Islandais braka , rompre.
BRELËE. Mélange de pamelle, d'avoine et de vescfe^,
BRËUAINE. Bruine.— Du Roman &ro«tnc.
BREUDE. Coureuse, femme de mauvaise vie.
BREUIL. Buisson. — Comme en Roman.
BREUILLES. Entrailles de poisson.
BREUVIER. Epervier.
BREVIER (Boulonais). Buse (oiseau).
BREVIËRE. Bruyère.
BRI Ali AN (Boulonais). Mesureur, r- Du Celtique bria^ me-*
sure , et man^ homme. Les briamans étaient les fermiers du droi^
de mesurage , à Boulogne. Cet affermage a été supprimé aveo
les privilèges de la ville , en 1789.
BRIBER. Manger. Une monnaie des évêques des fous porte
pour devise : vive qui bribe.
Bw im.)
BRICOLER. TergiTerser.
BRIjCOLES. Olyets de même, valeur.
BRIDELË. Serré dans ses habits (comme ua cheval Test par
se^bnd€$J.
BRIFË. Voyez BiPFB< .
ABIGNON. Croûton. Du Celtiqae brignon , sort^ de ^ruao.
BRILANTE ou BRALANTE. Petite croix de pierres Ml-
lantêi enchâssées dans de l'or, que les femmes portent an coa»
BRIMBALLER. Aller et venir, flâner, traîner ça et- là; «^
Signifiait, en Roman , agiter çà et \k. t
BRIMBALLER (Bonlonais). Sonner fortement.— Vient; d'a-
près M. Henri, do Celtique hrimtalatj qui a le même nemJ —
NoQt croyons qu'il vient platôt de l'Allemand 6im6aiiifi , agiter *
eomme noe cloche.
BRIMBER. Aller et venir, flâner , vagabonder.
BRIMBETTE (Ponthieu). Jeune fille quelque peu légère.
'BBtIMBEUX. Vagabond , gueux, mendiant.— Btymolôffie :
de hrimher.
BRIMBORIONS. Babioles , vétilles. — De même en Cham-
penois. — Viendrait du Latin hreviariumy d'après Borel.
BRINCHE (féminin). Caprice, envie, désir.
BRINCHELER. Briser, casser.
BRINCHELLE. Petite branche.
BRINCHEUX. Qui a des désirs soudains de faire une chose.
On dit aussi d'un fou : ch*est un hrincheuœ.
BRIN D'AGACHE. Gomme des arbres qui portent des fruits
h noyau.
BRIN DE JUDAS. Tache de rousseur.
BRIN DE VIN. Ivrogne et eau-de-vie.
BRINGANDER. Vagabonder. — De même en Rouchi. —
Etymologie : de brigand.
( 306 ) BRI
BRINGUE {grande). Grande femme mal bâtîe ; terme de mé-
pris. — Dans le Boulonais , ce mot signifie ifuniratf e/miMitl. ■ *
BRINOT. Petit brin.
* BRIOLIERS. Marchands de braies, de bante»-cfaanMe9;
il y a ane rae de la Briolerie » k Abbeville. ' '
BRISARE. Qai brise tout , qai déebire ses Tétements. De
même dans le département de la Mease.
BRISS AUDER. Employer ce qu'on a à des chosesjnotilae.
BROCANTE. Petite réparation de menniserie.
BROCANTES. Objets que vendent les brocanteurs.
BROCE. Broyère. — Gomme en Roman.
BROCLEUX et BROGREUX. Barreaux» échelons, trafersee.
' -- Quoique tuvux àirepar ehée brœreuxJ {Pièces réetéativee).
BRODER. Amplifier y embellir on récit. — De roéme en
Wallon, ele.
BROGNE. Fluxion.
BROGNER (Bonlonais). Etreindre qoelqn'nn fortement #d
Tembrassant.
BROIE. Instrument propre à broyer le chanvre.
BROKE. Broche. — De même en Roochi et Roman. — Broca^
en Bas-Latin ; signifie épine à Béthune.
BROKER (se) (Béthune) . Se piquer.
BROKETTE. Brochette , cheville. ~ Id. en WaL et Romap.
BROKETTE. Clef. — De même en Champenois. — Du Bas-
Latin bropietia.
BRONGUER. Noircir — Synonyme: Beouser.
BROS (prononcez: bro). Bras. — / vit ^ses hros. Il fit de son
travail manuel.
BROSSE {ça fait). Cette phrase est employée, comme en Nor-
mand et en Berrichon , pour indiquer une espérance déçue.
BROSSER. Frapper, rosser. — De même en Normand et
ed Vieux-Françai»,
BRO ( 300 )
BEOUACHE. Petite plnie. . . ,
BROU AINE. Brame, petite |^ie. — ^ Congénhêê : Bourg* et
OQchi, hrvènê, — Da Roman hrouiney dérifé da Ltt. jpmtiia.
BEOUBROU tdes deax g^enres). Étoordi, pétuUnt, dietreU.
*'BROUGRAILLEES. Nom qu'on donnait aux habitans des
ianboorgs de St.-Omer, k oanse de lears grands hanta de
chaosaes, nommés hroekf en Flamand. On les appelait aussi
Li3ei9Uar4$ et SarroHns, — (V. un article de M. Endos » dans le
tome n des Mémùiru de la Soc. des Antiquaires de la Jforiiii«0
BROUESSE. Brosse. Yoyes Ëbroubsbb.
BROUILLASSER. Bruiner. — De même dans les proTÎnees
do Nord. — Eiytnologie: BaouiixAiin.
BROUKES (Yimeu). Culottes. — Vient du mot Celtique dont
les Romains ont fait: gens hraeeaia,
BROU SAC A. Noircie. — Synonyme: Bronooéb.
BROUSER. Barbouiller, salir » noircir.— De même en Cham-
penois et en Rouchi.
BROU SURE. Noircissure.
BROUSSAKER et BROUSSAYER. -- Mal ranger, brouiller.
BROUSSËE. Ondée. — 5yndn2/m« : Aquerâb.
BROUTE. Pain. — (7on^^itére«: Franc-Comtois, 5rot»le; Al-
sacien, &roif2(;Tartare, 5rol; Hollandais, hrood; Norwégien,
hraud: — Yient du Tudesque brôt.
BROUTÉE. Charge d'une brouette.
BRUANT (Bétbune). Hi^nneton. — Synonyme: Houblon. —
Ailleurs, signifie verdier (oiseau).
BRUCHE. Brosse. Voyez Ëbrooessb. — Yient de l'Islandais
brushy selon M. Du Méril.
BRUNETTE. Ivraie ^oltum temulentumj. — On donne en-
core ce nom, dans le Boulonais, à l'oiseau nommé Traîne^
hwissoni
BRUYIËR (Vimeu). Busard (oiseau).
( 310 ) BSE
BSEUX. Faiseur. — Syononyme : Foisbqx. i ;
BU. BtmiL-^Congénèrês : Eoochi , Yosgiea ,et Ëcossaisi^ è»;
FraBo^-Gomtois et Lorrain y.5u« ; Italien , bue; Espagnol , :bue$^.
— HtiwMt tout à la fois Roman , Celtique et islandais* . . . . .
BU (homme). Homme ivre.*-De même à Ëpernai.et à d^ojaen.
BUCHER (Bétbune). Buis. — Synonyme : Bouia.
BUCHER. Frapper à grands^ coups, comme avec une bC^cbè.
BUÉE. Lessive. — Congénères : Ronchi, Berrichoa, Breton,
Rémois y Normand, Touraine, Maine et Anjou: buée; Jura,
Franc-Comtois et Provençal : bua; Lyonnais, Bourgnigopn et
Yaadois, bute. — Ce mot qu'on retrouve sous diverses fonniss
dans presque tous les patois et dajas notre Vieux-Français , vient-
il du Latin buo^ imbiber, tremper, ou du Celtique bu , eaa?
BUEUR. Vapeur qui s'élève d'un liquide en ébuUitioa.-r-
Buan signifie brouillard , en Normand.
* BUFFE. SouiEet (Beaum9noir). — DemémeenNorfl[iand.et
en Roman. — C'est de là que vient le Fcançdis rebuffade^ •
BUHOT. Fuseau.
BUHOT. Sommet du tuyau de la cheminée. — De inôm^cn
Rouchi et en Roman.
BUIRE. Cruche. — Comme en Roman. — Congénèrief': k
Reims et à Valeuciennes, buire; à Bar-le-Duc, beuère; à Nantes,
bue; à Rennes, buie. Ce mot vient peut-étre.de bibere, boire.
BUISE (Ponthieu). Tuyau de gouttière. — Du Roman huiifie,
— Synonyme : Busine (dans rAmiénois).
BUKE. Tout petit corps étranger qui s'attache au drap.
BUKE (Boul.) gros cadenas. — Du Celtique buch , feroper.
BUKER, Frapper^ heurter. — Tai réveillé m*3<Bur ein disant :
0 buke. {Retour du Soldat). — Congénères : FI., Champ.» Roacbi
et V. Fr. buquer; Lorrain, beu^uai; Franc-Comtois, boquer. —
Etymologie : du Roman buquer. Grégoire d'Essigny hasarde sur
ce mot l'opinion suivante : a Buqùer. vient du Latin buceinare
BUK ( 311 ]
CciooDer da cor» trompetter, et par extension , faire do br«U).
èueeimm^f on aurait fait buifcinw.;- pai»r ^ jretraqfbant -in
ii es changeant on c enq^ les Picards auront dit: btie^iMT^»
/est ane des formes de bûcher, frapper comme avçe une McJbe.
BUK^TTE (tîr^r. ai). i;irer à ia courte paUle.
BUKOIR. Canonnière , tube de sureau dans lequel on pousse
lun tampon de filasse pour que la pression de l'air fasse partir
«iTec bruit un autre tampon qui bouche l'autre extrémité.
BULL Pourri, réduit en poussière, mangé par les vers. —
Ji'evr^ biilt , paille réduite en menus brins.
BUNNER. (Bout.) Être morne, pensif.— De même en Roman.
BURE. Beurre. — Min ccntr i bat le hure dins m' poitraine ;
mon cceur fait tic-tac. — Congéhères: Flamand , Ausirasien ,
RoQchi et Yosgien: hure; Languedocien , huré; Italien, hurro.
-^^ Etyfnologie : du Roman hwre^ contraction du Latin hûtyrùm.
. BURES (dimanche des). Voyez BouHonROfs et Brandons*
BURESSE; Blanchisseuse. — Gomme en Rouchi.
BURETTE. Cruche de terre. Le même mot français à an
autre sens.
BURIE. Blanchisserie. — Comme en Rouchi.
BURIEV. Petite armoire.
BURLOT (Soissons). Petit tas de foin.
BURONFONCE. Gros sabot.
BUSINE (Amiens). Tuyau de gontière. — Synonyme : Buise.
— Du Roman huiêine.
BUSINER. Sonnéir de la trompette. — De même en Roman.
— Étymologie : du Latin huceinare,
BUSINER. S'amuser à des riens , lanterner , perdre son
temps. -«De même en Roman. — Etymologie : da Français &«##.
BUSINER. Gronder sans cesse, trouver à redire à tout.
BUSINEUX. Lambin. — Signifie aussi grondeuv, grognard.
BUSKËR. Frapper. — Voyez Buker et Bûcher.
( 3ia ) BUT
BUTÉE. Montagne esoarpée qui oblige à buter sooTant. .
BUTER. S'arrêter comme si Ton était an ¥uî. — De même en
Normand.
BUTTE. Monument funèbre en forme de colline factice, élevé
par les Celtes ouïes Romains.— %n. Botb, Motte, Tohbkllc.
BUVATER. Boire sans manger.
BUVATIER. Qui boit souvent hbrs des heures de repas.
BUZIER (Artois). Penser, songer à quelque chose.
BZiNER. S'élancer de côté et d'antre.
C
G'. Ce. — Synonyme: Chb, Gh , Ghu , Ëghb.
GABE. Ghèvre. Sywmymeê : Gape, Gabrb, Gatbbttb, Utb,
KàTRE. — Congénères : Franc-Gomtois, Rémois , Gascon , Qoerey
et Dordogne y cabre; Provençal , Portugais, Espagnol et Cata-
lan, eàbra, — Etym, du Roman cabre, dérivé du Latin eapra.
GARER DAINE. Robe de dessous, sans manche. V. Galaim-
bbrbaine.
GABERNETTE. Cabane de berger. — Ch*est Hne iioU eaher^
nette (Almanach du Franc-Picard^ 1849^.
CABINET. Petite armoire.
CABIOT. Nom donné à la morue fraîche sur les oôt^s de Le
Somme. — C'est un mot flamand.
CABOCHE. Tête, et principalement, tète dure. — Congénirêi:
Franc-Comtois, Rouchi et Vieux-Français, caboeAe; Boargai-
gnon, cai6oc/ic; Provençal, caboieo; Languedocien, eabesso;
Portugais et Espagnol , caho* — Etymologie : du Roman eahackêy
dérivé du Latin eaput, — Voyes, dans V Encyclopédie moderne,
GAB .( 9iZ )
M.'TÛoÏBkmgmiê, où M^ Klaproth daim* là série destadtel^«x qui,
^bnèlss diverses langues do monde , désignest /Vidée &ë téU.
GABORGNE. On donne ce nom à un petit poissoa d'eas
^oooe à grosse tête, le cjiabot, CoUus gohio*
CABbT (Rue). Troglodyte (oiseau).
GABOU. Sabot. Voyez chabou.
^ GABOUILLAGE. Galimathias.
GABOUILLERé Balbutier ^ mal prononcer, s'exprimer d'une
maaière inintelligible*
GABOU ILLEUX. Qui ne s'explique pas clairement.
GABRE. Gbèvre. Voyez gabe.
CABRI. GbcTreau; — Comme en Roman. Os n'm'aivê$ miê
hailié ein cabri pour mi et m's amii. (M. Delahaie, VEnfaiU Pro^
digue). On donne, par métapbore, le nom de cahri à on homme
éeervelé , fantasque.
CABU S. Chou, en général. — Synonyme : Ckvhui.
GACHE. Cbasse. — Comme en Roman* — * Einjourje m^h^
Us dêns m'n' esprit ed m'ein aller aVeaehe ( le Chaseeur villageois).
^^Congénères: Languedocien et Catalan , cassa; Italien , eaeeia.
CACHE MANËE. Garçon meunier qui parcourt les Tillages
poor recueillir les mannées et les transporter au moulin.
GACHE MUSIAU. Masque de ▼elours. — Ch* sont chés cache
muêiaus. {Sermon de Messire Grégoire.) -
GACHER* Chasser. — Roman , eaehier ; Bas^Latin , eaeciare,
GAGHERON. Mèche de fouet. Synonyme : Caghuron. ^
. GACHES {ite au bout d^ses). Être au bout de^ ses traits; n'a-
Yoirplosque peu de jours è Tivre; avoir épuisé toutes ses re8«-
soproes et se trouver près dé sa ruine. -^ N'été pas au haut de ses
MieJbei^ signifie t avoir encore beaucoup à souffrir» n-ôtue-pas près
de parvenir à la en qu'on s'est proposée.
"CACHEUX. Chasseur. — Comme en Roucbi elen Roman.
GACHE VEAU. Grèbe huppé (oiseau). -^iSynon. Chasse vbau.
( -314 ) . GAC
GACHINADE et GACHINÊE. Petite plaie. Si^.i Bbovaihb.
GAGHOIRE. Fooet. Gomme en Romen. — Éntt Mt'eaeàMr»
^Kiu i*math «e Cofii^fi). — CongMres : Roochi y eaekoére; Bour-
gaignon et Franc-Comtois ^ ekaiisaure^
GAGHURE. Licoo.
GACHOTIER. Qui faft des secrets de rien.
CACHURON. Ficelle propre à faire on eo^^iiroii^ c'est^^-^dire
une mèche de foaet ; signifie aossi méehe di fimeL
CAGINE (Béthoce). Bonnet de femme. Syn&n^fnu: CALTFÉn.
G ACOUILLE. Blagne, plaisanterie.
GAGOUILLER. Plaisanter.
GAGOUILLEUX. Bhgoeur, qni plaisante en causant.
GAGUN. Ghacan. — Du Roman caseuny^énré de fuiffiie
unus. — En Vieux-Picard, eaeseuens.
GADAYE. Gadavre, et quelquefois, corps. -— /rouie stisf«*
dave ; il gagne sa subsistance à la sueur de son front. •
GADENOS. Gadenas. Gomme en Roman.
GADOREUX. Ghardonneret. Synonyme ; Gaedonat » .fiiuft-
j»6rbii. — Cangénèreé: Ronchi , cardanêlU ; Gascon 9 eurtftiM.*
Quercy, eanli^no; Italien, Portugais et Espagnol , ooni*. —
Etymologù: do Latin earduusj parce que cet oiseau se noarrit de
chardon (RavisiusTeitor). Les Allemands rappellebt dMelfhUky
c'est-à-dire linotte du*chardan, > .
GADOREUX. On appelait ainsi les 8ergeots-dé<^»iill»,' à
Amiens, parce qu'ils portaient des culottes rougeaude la«eolear
do caêoreux). Bien vmi que no$ andoreux n'ont atteinî^ffÊè ie$
pieiioîê {le bendet de iToiAcim). On dom[]e encore aujourd'hui eè
nom è ides ofiQeiers civils de peu d'importance.
- G ADOT. Fauteuil , chaise à bras pour les enfants. — €ûm§é-
nères : Rouchi et Rémois , eadot; Breton , eêd/aAte-; Portugais,
cadeira; Catalan, ecMltra. — £(ymeIo^te : du Roman tmÊU^ .
eaéiire , dérivé d«i^atin cailheéra , siège.
OAD , ( .015 )
GADOXER (se). Se renverser doue an catfot.-«'iit« figura,
prendre ses aises , se prélasser. ■
CADRINSE (PoQthieu). Homme oa enfant chéûL r- Syno^
•yme : LAMonsox. -^
GAFADËUX. Homme qui s'aAiuse à des travaux rnanneU de
pea d'importance.
- GAFrAMAw Golin-llaillard. ^ De même à YalenciMles ; ca-
/ammw, à Manbeuge^
€AFERNIOT»CAFERNOT.Caveaa placé an-dessus d'un four.
GAFETI AU et GAFIEU. Gafé fort léger.
CAFËTU. Barraque. .
GAEIONON «t GAFERGNIOT. Trognon de pomme 4>a d'un
antre fruit. — Par extension : enfant chétif , chose petite.-^G'est
aussi un terme de tendressequ'on donne aox enfants.
rGAFIILBR^ Remuer.
GAFOULE (Marie). Femme qui veut tout-firirë et ne fait rien
qui vaille.
GAFOULLAGHE. Salmigondis > pot-pourri.
'GAFOULLER. Remner plusieurs objets, po^r en trouver un
GAFOUILLEUX. Qui cherche avec un soin minutieux.
GAFUTER. Reléguer, écarter les objets qui; ne oon Tiennent
.pUv ; mettre à la réforme. — De même en Ghampenoit.
)>>QAl3rN£(Boolonais). Blanc. ^^ — Du Geltique can.
.ii-.€AiCbîi£. Ghaîne» — Du Latin catma. « « :
i V GAGNE.^ Lâche , fainéant , paresseux. -^ De même en JPranc-
Gomtois , Rémois et Lorrain. Ge root viendrait-il de «ani^, par-
ce que les fainéants aiment à se coucher au soleil couenne les
cMm^ N'en troBverions- nous pas plutôt Tétymologie dans ce
passage de Pasqoiér : « En ma grande jeunesse, les fainéans
avoient accoustumé en temps d'esté de se venir loger sous les
ponts de Paris..... Ge lieu estoit appelé le Caignard, et ceux qui
( 316 ) CAG
le fréqoentoieot CaignaréUn , parce qae ioot aittn que lot ca-
nards , ils sToeoient leor demeare à Teaa. »
GAGNERD. Accablé de chaleur.
CAGNON. Vieillard; homme moa et sans Tiginear, convac^ie
sont les Tieillarda. — Vient de eoMnar qai , d'après Tacil9 1 signi-
fiait vieillard , en Gaulois.
GAHlÈftE et CAHIELLE. Chaise. C^mgémku : Oasoon el^
Ronchiy eahièrt; Franc-Comtois et Viemt-FrançaîSy eJMArv;
Portugais, eadeira; Italien, eatUàrm. — l^lymolojfis r dn Eo-
man carters et cahielle ; dérivé du Latin eaihêéra.
CAHOTS. Petits tas de blé qu'on fait en ramassant des jaYeHes.
CAHOU. Maton. — Signifie aussi : nid de chenilles , dépôts
d'oeufs près d'éolore.
CAHOUAIS. HabitanU de Cayeux.
CAHOUANT. Chat-huant. — De même en Rcman. — JDn
Celto-Breton eooicîfti.
CAHOUITË. Qui a des idées étroites.
CAHOULETTE. Petite cabane roulante de berger.
CAHUTTE. Cabane » tandis. — De même en Franc-Comtois.
— QnafU i s'en vint flanquer dans ma pauvre cahute» (Logemamt
de gens d^armes).
CAILLETTE (Vimeu). Oiseau des tempêtes.
CAILLEU. Caillou. — Congénères : Franc-Comtois, eotUsÉi;
Gers, calliao; Finlandaia, kMia, — ftyin. du Roman eaUku,
dérivé du Latin ealeulus, — CaUec a le même sens, en Hébiien.
CAIMÀNDER. Mendier, quêter, guenser. — De mKÊoe en
Berrichon et en Normand. ^
CAINCHON. Chaoson. Voyez Camgbov.
CAINE. Chaîne; comme en Roman. — On appelait saàvbù^
cainage^ le droit à payer par les bateaux, lorsqu'ils passaient, A
Picquigny , la chaîne tendue sur la Somme.
CAINE. Chêne. Voves Qd^nk.
\
CAI ( 317 )
•
CAINTER. Chanter. Voyez Cantsr. ^
GAIR. Cher. —^sfAonyme : Kibr. — AwAirtait; aimer, chérir.
^^n«vAtt« ettmiteair; tous n'aimez pas cela. La toomnre
-^e cette location est toute latine : fcof wif^ eti iihi eamm.
* CAITIS. Malheureux.
CAKETTE (Le Crotoy). Plie (poisson).
GALABRAGE (Amiens). Echange commercial.
CALAI MBERD AINE. Cotillon avec corset qui enlace la
htriaine (ventre).
CALAMICHON. Colimaçon. — Voyez Colimachon.
CALANDER (Boolonais). BaTarder.^CALANDlER, bavard.
CALÉ {été hen). Etre bien dans ses affaires, être riehe.. — D%
même en Normand. — Se dit quelquefois par antiphrase.
CALËE. Nid , nichée. Nous ferons remarquer , sans en tirer
de conséqtysnce étymologique , qu'en Grec nid se dit ^uXttl,
CALENDRE. Charençon. — Insecte qui ronge le blé.
CALENGER. Tromper dans un marché , chicaner. — Du Ro-
man chalenger. — Calengia signifiait, en Bas-Latin, réclamation.
CALER. Mettre bas. — Ne se dit guère que des chats , des
lapins, des rats et des souris. On diti7^{er, pour la vache ; chien^
ner , pour les chiens ; cochonery pour la truie ; pouliner, pour la
jument ; aigneler , pour la brebis , etc.
CALER. Lancer une balle contre quelqu'un. — De même en
Champenois.
CALER. Céder, faiblir, fuir. -^ De même en Berrichon,
Noirmand et Vieux-Français.
GALENDE. Bête de peu de prix , dont la peau est calleuse.
CALENDER. Perdre son temps à dire des baliTernes.
CALEUR. Chaleur. — De même en Rouchi , en Languedocien
et en Roman.
€AL1B0RGNE. Borgne. — De même en Rémois.
CALINANT. D'une santé chanchelante.
21.
( 318 ) CAL
GALINEAU. Endroit où Ton se baigne.
CALINER. Faire reposer les moutons dans un champ, poar
le fumer.
GALIPETTE. V. Galtpbttb.
GALIT. Lit. — Congénères : Rouchi , ealiê. -«- Bourgoignon
et Franc-Gomtois , chalé, — Vient du Roman chaUi qui , selon
Roquefort , dériverait de capsa leeti , boh de lit.
GALLENGER (Bonlonais). Hésiter.
GALOTE. Coup sur la tête. — D'un usagé général.
CALUMl^EU. Chalumeau. — Gomme en Roman.
CALYIGNIE. Ouvrier de moisson qui dirige les i^tre^.
CALYPÈTE. Bonnet de femme. — Congénères: Berrîclion ,
ealinette ; Franc-Gomtois , ealine ; Roman , ealette, — Vient do
Bas-Latin calyptra, M. de Poilly le dérive de x«Ac/Tr«y couvrir.
— Ôalypette signifie aussi Honnet de nuit et par extension femme
en négligé,
GAMAILLER (se) Se disputer. — Du Roman se camailler^
se battre. Camailler signifiait primitivement frapper les ennemis
à grands coups d'épée^ surtout sur le camailf armure qui cou-
vrait la tête et le cou.
CAMAND. Qui demande avec bassesse et avec persistance.
GAM ARIN (Cayeux). Plongeon. — Synonyme : Double rakkt.
* GAMBAGE. Droit sur les brasseries. Du B.-Lat. camhagium*
CAMBE et CAMQRE. Chambre. — Congénères : Provençal ,
cambre ; Vieux-Ësp%gnol et Catalan , cambra ; Allemand , kam"
mer. Etymologie: du CeM. cambre^ conservé dans lalangoe Rom.
* CAMBIER. Brasseur. — Du Flamand kawts, brasserie.
Nous croyons que ce mot est encore usité dans quelques localités.
CAMEAU. Chameau.— Con^^^es : Bas-Languedocien , Ca-
talan , Corniolais et Anglais » camel; Portugais, camelo; Italien
et Espagnol , camello ; Allemand , hamel ; Russe , kamen : Es-
S
€AM { 319 )
eÏAy/oïk^kamela.-'Etym. du Roman cam^au, ca»«l, dérivé du
Latin eamelus ou du Cekique (gallois) camel; en Hébreu gcnoal.
GAMËRON. Cornette, coêffe de femme. — Synon, : Gamaron.
GAMIN. Chemin. — Du Roman camû Voyez fi^EM».
GAMINËE. Cheminée. — Du Latin caminus, Yoyes KEMI^éE.
CAMION. Epingle fort petite, a Le motcomton, ditM. Henri,
pris dans le sens de voiture longue , montée sur deux roues , est
passé du Picard dans la langue Française. » f'MS» de la Biblio-
thèque de Boulogne^ur^MerJ.
GAMOISI. Moisi. — £n Languedocien , eaoumouii.
GAMOISSIÊ. Couvert de plaies. — Gomme en Roman.
CAMP. Champ. Vos toarder no vake dins chéa campe» Cong,
CierSytRouchi, Gâtai, et Suévo-Goth. camp; Ital., Portug. et
Espag., campo. — Eiym, du Rom. camp, dérivé du Lat. campus.
* CAMPAIGNE. Clochette. Du Latin campana.
CAMPER. Appliquer. *— Synonyme: Flanquer.
* CAMPSART. Droit 'du Seigneur de lever une gerbe de blé
sur le champ de son sujet avant que celui-ci ait enlevé la mois-
son (Beaumanoir).
GAMPOUSSË ("prendre la). Se sauver .à toutes jambes. De
même en Rémois.
CAMPOUSSER. Bannir, donner la chasse.
CAMUCHE. Retraite cachée. — Signifie aussi petite cahane*
* GAMUSET. Fait en voûte.
GANARON. Voyez Gambron.
GANGHELER. Chanceler, — De même en Roman.
GANCHpN. Chanson. — r De même en Rouchl et en Roman.
GANDEILLE , CâND AILLE et CANDELLE. Chandelle.--
Cùngén* Rouchi*, candeille; Gascon, Quercy, Ital. , Espag^ et
CataU, candela; Anglo-Saxon, candel; Angl., candie, — Etym,
du Roman candeille ^ dérivé du Lat. candela. — Cand sigoiOe
luire f en Sanscrit, et l'Islandais kyndill signifie lumière,
* 21/
( 320 ) CAN
^ GANDEILLE (pcarain à). Jadis , pendant le baptême d'an
noQvean né , l'un des frères tenait on cierge : c'est ce qu'on ap-
pelait jparrain à eandeille,
CANDELEUR. Chandeleur. — De même en Kom. ^Canâêlor^
en Bas-Latin. — En Y .-Picard , ^oiir de la eandelU {Raye, 1316} ,
et eandelière {Montdidier, 1339). — Cette fête est désignée soiis le
nom de Notre-Dame Candelier^ dans les registres du ehap. d'Am,
CANDELIER. Chandeleur. — CommeenRom. — Cang. BézierSy
candalina ; Italien , candelliere ; Espagnol et Catalan , eândeUro.
CANDERLAS. Batterie de cuisine. — De même en Roman.
CANDIER. Chandelier. Voyez Candblier.
* CANEBUSTIN. Gage.
CANEÇON. Caleçon. — De mênre en Vieux-Français. *
* CANES. Mesures, règles, modèles. [CfmU inédit de Picard.)^
CANETTE. Mesure. — De même dans le département diifc.
Nord. — Etymologie : de l'Islandais hqnna.
CANGER. Changer. — En Ancien Picard et en Roman 9,
càngier, — Colomelle a employé camhiare.
CANHOTE. Machine de carton dont on affuble une que —
nouille chargée de lin.
CANICHE. Barbet mâle et femelle. En Français» cette appella-
tion ne s'applique qu'à la femelle.
CANICHOU. Cachette. Synonyme : Cakmighottb.
CANIFLARD. Qui fait du bruit avec ses narines. De renifler.
CANPELLE. Terme injurieux équivalant à salope , femme de -
rien. — De eanispeUis (peau de chien)?
CANKELET. Bouquet de fruits. — De même en forraîiie. —
Synonyme: Cronkelst.
CANOTE (Boalonais). Lieu planté de charmes.
CANSON. Chanson. — Idem en Languedoc. — Syn, : Cahchoh.
CANT. Chant. Comme en Roman. — canter à eanî des cemts ;
chanter à tue-téte. — Du La^n cantare.
GAN ( 321 )
CJkNTANT. Chantant. — Locution picarde: eul temps n*€ât
mie eantant; il n'y a pas lien d'être gai par le temps qui court.
GANTE et CANTIEU. Ghanteau.— Morcean de gâteau qu'une
BoaTelle mariée envoie à celle des jeunes filles de soa village
qu'elle croit devoir se marier la première après elle.— -Du Romain
eanOeux; en Bas-Latin cantellus^ qui dérive peut-être du Gel-
tique cant y bord , extrémité d'une chose.
GANTER et GAINTER. Ghanter ; comme en Roman.
»
Gainte, ceinte, cainte,
Eine poule blainke. [Ancienne ekaneon Picarde).
Congénères: Rouchi, canter; Languedocien, Gascon, Périgonr-
din.et Provençal, canta; Espagnol, cantar; Italien, eantare. —
Etymologie : du Latin cantare.
GANTOUR. Détour. AU GANTODR, aux environs.
GANTROUILLER. Ghantonner.
GANTUAIRE. Lutrin. — Du Latin cantare^ chanter.
GANVE (féminin). Ghanvre. — Gomme en Ronian.
CANVRIÈRE. Ghenevière.
GAOUEIN. Ghat-huant. — En Roman , échouant
GAPE. Ghèvre. Voyez Gabe.
GAPE. Ghappe. — De même en Roman.— Du Bas-Latin cappa.
GAPEIGNER. Se prendre aux cheveux. De caput, tête.
ÇAPELAIN. Ghapelain. En Espagnol, capellan.
GAPELLE. Ghapelle , comme en Roman. — Congénères ;
Portugais, capela ; Italien et Gatalan , capella ; Espagnol,
eopiilo. — Mtymologie : de capella, nom donné » du temps des
roisjiférovingiens, à la chambre de leur palais, où Ton conser-
vait les manteaux ou chappes fcappaj des Saints. Une des plus ri-
dicule$ étymologies qu'on ait donnée à ce mot est celle de Papias :
<c Capella qmd capiai TOf?iaoit^ id est popultis. »
GAPENARD. Muraille qui s'élève au-dessus du portail de
( 322 ) CAP
réglise, et qui est percée d'une ou deux ouvertures pour y pla*
cer des cloches. — Du Latin campana, cloche.
CAPERNOTIER. Fusain , arbrisseau qu'on nomme encore
prêtre. Ses baies s'appellent eapemotes. Les enfants en foDt des
chapelets. De là ces expressions proverbiales : en/lier, défiler st$
capemotes j exposer une affaire; conter ses eapemote»^ mat^
murer entre les dents.
GAPI AU et CAPIEU. Chapeau. — Congénères : Lasgoedo-
cien , Provençal et Vieux-Catalan, capel; Espagnol, eapelo;
ItalieoT, capello, — Etymologie : du Roman capUl, dérivé do
Latin rajmt, tête. — Par syneodoche, capieu signifie homme ^e^
opposition à blanc bonnet^ qui signifie femme.
Capieu , blanc bonnet,
Dins'lent au cabaret »
A deux sous le cachet, (Dbl. C.}
CAPIEU BORDÉ. Mancienne ("vihumum laûtanaj.
CAPIEU BORDÉ. Geûdarme.
J*ai vu ein capieu bordé ;
Sitétje m*sos rinsaké. (Retour du Soldat.)
CAPIEU ROGNÉ. Voyez Fofu.
CAPILLOTER. Lutter corps à corps.
C APITE AU. Chapiteau. — Du Latin copt^eHum^
CAPLETTE. Jeu de Colin-Maillard. —Syn.: Catrabbvsb.
CAPLEUSE ou CAPLUCHE,ou CAPLURE. Chenille.-Le
primitif devait être carpeleuse , littéralement chair velue. -
C APON. Chapon. — De même en Languedocien et en Roman.
— De l'Islandais kapun. — Le P. Daire cite Tépilhaphe suivante
qu'il a vu dans le cimetière de Saint-Denis , à Amiens :
Croc de la mort qu'échapper ne pouvons ,
Croqua l'élu Croquet qui croquoit les capons.
On appelle capon un homme lâche 6t poltron, parce que les
GÀP ( 323 )
<5ha|K>n8 fuient aa liea de se battre. — De là aussi, le ? erbe eapoti'
'Vter , refuser de se battre, battre eu retraite.
CAPUCHIN. Capucin. — De môme en Langued. et en Roman.
CAQUETEUX. Babillard. — De même en Roucbi.
CAQtJETOIRE. Babillarde. — Caqnetore, en Bourguignon.
CAQUN. Chacun. *- Comme en Roman.
CAR. Char , charriot. — Synon. Kee (Beauvais). — Cangén.
Roachi 9 Gascon et Anglais, car; Italien, Espagnol, Portug. et
Catalan, earro; Flamand et Allemand, fcfirr; Suédois, harra. —
Eiym. do Roman car^ dérivé du Latin eamu ou du Celtique car,
CARAFE. Globe de fleurs. ^
CARBON. Charbon. — Congénères: Rouchi,, Languedocien
et Espagnol, carhan; Italien, carhonne; Gascon et Catalan,
earho. — Etgmoîogie : du Roman carbon^ dérivé du Latin earho.
CARBONIER. Charbonnier. — De même en Roman.
CARBOYEILE. Mélampyre des champs. Plante qui pousse
dans les blés et dont on nourrit les vaches.
CARCAILLO. Cri des cailles. — De même en Roman.
CARCAILLOU. Colimaçon. — En Berrichon, earealou.
CARDON. Chardon. — De même en Rouchi , Languedocien,
Espagnol et Roman. — Du Latin cardo.
CARDONNET et CADOREUX. Chardonneret. On trouve
chardonnet dans Marot f^glogue à François I^^J. Y. Cadoreu.
CARËE. Cendre lessivée.
CARËMIEUX (les). Les jours gras qui précèdent le carême.
* CARETON. Charette. Et sa carete ne autre eose. (Cartulaire
dêCarhU^ 1247>) Congénères: Rouohi , carette; Languedoc. , ea-
reUo ; Provençal et Bas-Latin , caretta. — Du Celtique careeta.
CARGUER. Charger. — De carricare^ mot employé par
8t*-Jérôme; il dit, en parlant d'Origène : nmajoribus oneriJms
earricàbat se, »
CARIAI! et CARIEU. Carreau. -^ Du Roman carieux.
( 334 ) CAR
CARIBARI. Charivari. De même en Roman. — Carikwri
caribara, crient les enfans en donnant un charÎTari.
CARI GOUILLETTE. A dos ; à califourcboD.
CARIER. Charrier. De roéme en Roucbi et Roman. — Du
Celtique carriat^ d'où s'est formé le Bas-Latin eanicare.
CARIMOUKRO. Bohémien et, par extension, sorcieiw^r* Sy-
nonyme : CAOMAEOy comme en Roman. — Les Arabes les appellent
c^mari y c'est-à-dire, brigands. ^
CARIOLE! Cri dont on accueille la rentrée delà dernière
voiture du blé qu'a récolté un propriétaire.
tARIOTER. Fréquentatif de carier. Voyez ce mot,
CARISTADE. Aumône. Voyez Carité.
CARITË. Charité, aumône; comme en Roman. — Cangénèret,
Quercy , Gascon et Italien , earita ; Catalan , caritat ; Espagnol,
caridad ; Portugais , caridade, — Vient du Latin chariUis.
CARIVARI. Charivari. Synonymes : Caribari , KBAiBOÂmi*—
Êtymologie : du Roman caribari.
CARKER. Charger. Voyez Kerker.
CARME. Charme (carpinu« hetultu). Comme en Roman. —•
En Bas-Latin, carmus,
CARMEINE. Mauvaise viande. — De même en Roucbi. —
Signifie également une mauvaise femme.
CARMUCHOTE. Petite étable.
CARNACHE. Crevasse , fente.
CARNAGE (Boulonais). Temps où on mange de la viande.
. CARNAUX. Créneaux; comme en Roman.
CARNA VIEUX (les). Le carnaval. — De même en Roman.
CARNE et CARONE. Charogne. — Congénères: Rooobi,
çaronne; Gascon, carogne; Italien, caro^na. — Etymologie:
du Roman- carogne y dérivé da Latin caro, chair. — Se dit, par
extension , d'un cheval sans vigueur.
CARNER. Crevasser.
CAR . ( 325 )
GARNËTTË. Boucle de cheveux.
. G ARNIGHOTTE. Goin , Tecoin, niché, os érût i{« mon ÔBur el,
pus belle eamichotte {adieux à Jf . !>.)•
* GARNIER. Boucher. — Du Latin caro , .chair.
GAROGHE.-Garosse, comme en Rouchi et en Roman.
GAROLES. « Car reprouves eiU â^Âhheville à eeuls â^Àmiens
et iU leurs aient : allex , caroles , quant cils é^ Amiens leurs aient
qttils voisent le sang àbrever, » {Roman SÀhladane.)
GAROLINE. Peuplier (arbre).
GARON. Gharon; comme en Roman.
GARONGE. Réunion d'amis , tête-à-tête.
GARONGNE. Gharogne, comme en Roman. Voyez Garnb.
GARPENT (Boulonais). Bruit.
GARPENTE. Gharpente. — Gomme en Roman.
GARPENTER. Gharpenter. - Gomme en Roman.
G ARPENTER (Boulonais). Faire du bruit.
GARPIE. Gharpie; comme en Roman. — Congénères : Rouchi,
carpie; Russe, carpia. — Etymologie: du Latin carpia, dérivé
du Geltique carp , chiffon.
GARPLUSE. Ghenille. — Du Roman eapelure, Y. Gapleuse.
GARRIAGë. Amitié , bonne intelligence. Du Roman car ,
cher. « Ge root , dit Lacombe , est en usage en Picardie. On dit
qu'on homme et une femrne carient quand ils sont de bon accord;
que Martin est le kar à.Pérette et que Pérette karie avec Martin,
pour dire que l'un et l'autre s'entendent bien.» (Z>. du F. Lang,)
CARRIAGE. Gharriage. — De même en Roman.
GARRIER. Gharrier. — De même en Roman.
GARRINGUE (Boulonais). Espèce de poisson.
* GARROL Gbarme , sorcellerje. {Coutumes du BeauvoisisJ.
GARTL Ghariot, corps d'une charrette.
GARTIER (Gayeux). Sarcelle d'été. — Synonyme: Grèpe.
/
( 396 ) CAR
CARTON (Artois). Charretier. Id. en Berricb. et V. Français. .
CARTRIE. Hangard pour les chariots.
CARUE. Charroe; comme en Roman. On troaire eomMO ,
dans Grégoire de Toars.
CARURË. Embompoint, obésité.
CASAQUE et CASAQUIN. Camisole. De même en Lôrréin..
>* Signifie aussi habit d'homme. Du Celtique oasaea,
CASCARET et CASCARINET. Se dit d'un homme ou d'an
animal de chétive taille.
* CASCUN. Chacun. fMoreuil , 1249^.
CASE. Trou d'une aiguille.
CASERÊ. Moule à fromage. — Du Latin aueum , fromage^
CASI. Presque. De même en Jurassin et en Rouchi. — ^^Do
Latin quati.
CASIER. Vieille maison mal bâtie et incommode. Y. Gassime.
CASSE. Vase à boire. — Du Latin capsa.
CASSE. Lèchefrite. — De même en Normand , en Angevin
et en Franc-Comtois. — Du Celtique cacx , poêle à frire.
CASSE LUNETTE. Centaurée (plante).
CASSEMARE. Vieux coffre, meuble usé.
CASSEURIS. Çhauye-souris. — Synonyme : Catessubis.
CASSINE. Petite maison en mauvais état; vieille maison in-
commode. — De même en Rouchi- et en Berrichon. -^ Du Latin '
casa^ habitation, qui se retrouve, avec le même sens, dans le
Roussillonais , l'Italien , l'Espagnol et le Portugais. .
CASSIS. Châssis, fenêtre, carreau de fenêtre. — CKn'ui
poent des cassis, ch'est des milouers. — Du Roman easêis, dérivé
du Latin capsicium,
CASTAINE et CATAIGNE. Châtaigne. ~ Congénères : Gas-
con et Italien , castagna ; Espagnol et Portugais , eastofia ; Po*
lonais et Russe , ka^ztan ; Suédois, Danois et Allemand, kasta'
■
nie» — Etymol, du Roman castagne, dérivé du Latin castanea.
' CAS ( 3« )
* CASTEL. Signifiait non seulement châteao, mais aussi les
Ibiens meubles de quelque nature qu'ils soient. {Ctmi, iwéd,dePie.)
* CASTELERIE. Châtellenie. (CùrhUy 12tf8y.
GASTELI. Nom qu'on donne au camp romain de Liercourt.
— 7 Dq Latin etuiellwfn,
GASTEROLE. Casserolle. — Prononciation répandue dans
l>eaacoup de proTinces et en harmonie a?ec l'ancienne ortographe
de ce mot.
* CASTIGHE. Mur bordant une rivière. ^£ivr«rou^e (t'ii5&«-
ville), — On appelait aussi easiiehês, des ouvrages sur les ponts.
Il y a aux Archives d'Amiens, à la date du 13 février 1278 , une
transaction entre le chapitre d'Amiens et les mayeurs et échevins
de ladite ville, au sujet des easiicheg ou ouvrages sur les ponts.
(M. Dorbis , Recherches sur les actes publics en langue vulgairej»
* GASTIIER. Instruire, enseigner.
GASTILLE. Querelle, dispute. Ge mot, qui s'est conservé dans
plusieurs patois et dans le langage familier, se disait autrefois de
l'attaque d'un château fcastellumj y et signifia depuis les jeux
militaires qui n'en étaient que la représentation. Gomme ces
jeux donnaient souvent lieu à des rixes, à des querelles , le mot
castille devint synonyme de dispute,
* GASULE. Chasuble (2^oyon , xiv.« siècle).
G AT et GOT (prononcez, ca et co), Ghat. — Congénères: Rou-
chi , Normand , Provençal , Languedocien , Belge et Anglais :
cal; Allemand, catz; Polonais, koi; Suédois , hatt; Géorgien ,
cata. — Etymologie: du Roman caty dérivé du Latin cattus ou
■
du Geltique cat, — Cat se dit aussi en Arabe.
CATAIGNE. Voyez Gastaignb.
GATAPLEUMË. Gataplasme. En Vieux-Français, cataplème.
CATELOGNE. Gouverture de laine pour les lits. « Peut-être
que les premières couvertures de ce genre nous sont venues de la
Gatalogne. » fMS, de M- RigoUotJ.
( 328 ) GAT
GATÉR£UX. Doaillety seosible à la doalear. Synon, : DoBin.
CATEREUX et CATERNEUX. Chauceax, dooteax, hasar-
deax. De même en Yieox^Français. — Do Latin eoÉuà , hasard.
CATERNEUX. Ce mot employé négatÎTement signifie peu
solide, en mauvais état , de médiocre qualité ; employé sans né-
gation , il signifie peu sohàble , en parlant des personnes , et à
moitié usé f en parlant des choses.
CATE SEURIS. Chanve-sonris. — Da Roman code soris.
Cate searis rapache par chi ,
Je te barai da pain meosi ,
Et pis dal l'iaa à boaère ,
Gâte searis tout noère. {Vieille chanson pic.),
CATIAU , CATIED on CATCHEU. Château. — Dn tiew
picard eastiau , dérivé da Latin castellum.
CATICHE. Digue , chaussée. — Voyez Castiche.
CATICHE. Bordure d'herhe qu'on laisse autour des jardins
maraîcliers, dans les environs d'Ahbevîlle. (M. Louandre.)
CATIËRE. Goutière'^; (passage du cat, chat}.
CATIMINI (en). En cachette. Mot populaire employé par
l'auteur de Jérôme Paturot,
CATIS (Vieux). Nom donné au camp romain de Villers, près
de Roye. — Du Latin ccutellum.
* CATIX. Immeubles papnature considérés comme meubles.
GAT MARIN (Vimeu). Cormoran (oiseau). .
CATOËRË. Ruche d'abeilles.
CATOUILLER. Chatouiller; comme en Roman. — Indiqué
comme Picard ^ dans le Dictionnaire anglais de Cetgrave.
CATRABEUSE. Jeu du colin maillard. — Synon. : Gaplbttb.
GATRË. Châtré; comme en Roman. — Du Latin eastrëiui.ê
— Locut. picarde : ch'est ein catré; c'est un homme froid, timide.
CATRON. L'un des quatre pis d'une vache.
GAI} ( 39d )
GAU (arriver hoin)» Arriver è propos pèarse meiiro à ootifert
de li ploicu
GAUCHER. Gbaasser ; comme en Roman. — Se. eaueher si-
gnifie $e blesser^ à Béthune.
GAUCHES et KfiUCHËS. Chausses, bas..-- Congénères:
Sondii» couches; Flamand, hotuen* — Etymologie: du Roman
fauches ^ dérivé da Celtique hosan^ par le changement de TH as-
pirée en G dur, ou do Latin cauces.
GAUCHIE. Chaussée, feront réparés et prins gardes aux
camehies {Amiens , 1447). — Do Roman cawhiée.
GAUCHONS. Chaussons. — Idem en Rouchi et en Roman.
GAUCHURE. Chaussure. — Comme en Roman.
GAUD. Chaud. Comme en Roman. Congénères: Rouchi et
Provençal y caud. — Etymologie: du Latin calidus.
GAUD (Boulonais). Aliment composé de son ou de farine, d'un
mélange d'orge et d'avoine et de feuilles de chou qu'on fait
bonilHr, dans une certaine quantité d'«au. On le nomme caud^ à
caose du degré de chaleur qu'il coàserve encore , lorsqu'on le
présente au bétail.
CAUDERLAT. Batterie de cuisine. De même en Rouchi.
CAUDI AU. Bouillie faite avec de la farine et des œufs.
GAUDIÈRE. Chaudière, comme en Roman. — Congénères :
Roochi, caudière ; Languedocien, caudiero, — Hya, à St.-
Qneniin , la rue des Caudières,
GAUDRON. Chaudron. Jd. en Roman. En Anglais, catdron.
CAUFER. Chauffer. — De même en Borain et en Roman.
GAUFOUR. Chaufour# — Comme en Roman.
GAiJFOURER. Eprouver une chaleur excessive. — Du Ro-
man ehaufourer.
^^AULET ou COLET. Chou. Congénères : Provençal, eaule;
Attgluis, cote; Espagnol et Catalan , roi; Italien, caulo. ~ Ety-
mologie : du Roman cauly dérivé du Latin caulis' on du Celtique
(390) CAU
eaulf on de Tlslandai» lEaI(o(u«); M. Labourt m'écrit au spjeide
ce root. « Cauléy qui signifie ehou en Picard , appartient au
langage primitif. La prenne en est qu'on le retrouve non aenle-
ment dans le Breton y mais qu'il y est écrit coul » eawl et même
eaulen , qui est évidemment le même que eolé. Je dis que cette
locution appartient au langage primitif et , en effet , eanl est*
certainement le même que kcLal qui , en Runique, signifie herbe
potagère en général ; eaulen , le même que Ualem , qui signifie
chou, en Arménien, et que ftie26in,qni est son synonyme en Turc.
De plus nous avons coule en Provençal , eoU en Anglai», kolK
en Allemand, etc. Col ne signifiait pas seulement chtm^ dans l'an-
tique langage qui a été la source commune des idiomes que nous
venons d'énumérer ; il parait avoir désigné toute plante dont la
tige droite, en forme de colonne, se trouve surmontée d'une tête,
tel que notre propre col y aussi nommé eovk, £n effet , un chardon
s'appelle, en Breton, col-garo ; en Gaélique, un brin de paille se
nomme col et lorsque l'épi est barbu , colyd. C'est donc non aen-
lement à cause de sa tige en forme de colonne que le chou se
nomme col^ mais encore parce que dans d'ancien» idiomes» ainsi
que l'a constaté BoUet , ce mot signifie sommet , cê qiti est à la
cime : en Ecossais , tété ; en Turc , montagne ; en Franc-Com-
tois, ce qui couvre la tête , comme un bonnet. Col s'est conservé
en Français dans les mots colonel y officier qui est à la l^d'on
régiment ; couleutre , reptile qui tient la tête élevée, etc. »
CAUMARO. Bohémien, sorcier. — Synonyme : ILmuMùisiO*
— Du Roman kamara.
CAURE. Noisetier.
CAUS. Chaux ; comme en Rom. — Du Latin calx, V. Raucm.
* C AU S. Coup. (Coutumes du ^eauvotm.)
CAUSETTE. Causerie. -^ De même en Lorrain. — Signiflé
wnpeu dans le canton de Boul., où l'on dit causignon pour très-peU'
CAVALIER. Espèce de petite meule.
-1
CAV ( 331 )
GA VËE. Chemin orenx; id. en Roman. Do Latin tomu, creux.
GAVELURE. Chevelure; comme en Roman.
GAVERON. Chevron ; id. en Romai. Càbro^ en Bw-Laiinité.
* CAYERTRE. Uco\ {edpitU vestUura). lyroît de licol dâà
l'abbaye de CorbiCy an joor de St.-»Martin.
GAVET. Chevet. — De eaput, tête.
GAYIN (Boolonais). Tron , précipice. — De même en Roman.
GAYIEU. Cheveu. — Comme en Roman. — SynonyfMS ;
Gm'vEO (Santerre) et gavbu. — Du Latin eapillui,
CAVRETTE. Chèvre. Voyez Cabb.
G AVRON. Fruit du prunier d'hiver. — Synon, : Cravimgbon.
GAYRONIER. Prunier d'hiver, prunier sauvage.
ÇA Y EST-I ? Manière triviale de faire une proposition ;
est-ce convenu ? Est-ce prêt?
GAYON. Ayeul , bisayeul. Voyez Taïon.
GAZÉ. Larve de grosse mouche dont on se sert pour amorcer
les hameçons. — Signifie aussi chenille.
GËAGE ou plutôt SEILL AGE. Lieu où Ton serre les sceaux
et autres vaisseaux, dans les maisons de la campagne.
CËDULER. Emprisonner.
GËLÈBE. Vaurien, mauvais sujet (c^/é5re par ses polisonne-
rie»}.-
GEN (proQoncez $an). Ce que.
CENDRIER (substantif). (j!harrier ; comme en Roman.
. CPNDROUILLON. Souillon. On peut se demander si ce mot
fait allusion au conte de Perrault du si Perrault Ta emprunté au
langage populaire. Le mot cendrier qui, en Rom., signifie homme
de rien nous porterait à admettre cette dernière hypothèse.
CENSE. Métairie donnée à ferme. Mot de la langue féodale
servant à désigner les revenus fonciers en argent dûs par un fer-
mier à son propriétaire. Il signifie aussi la ferme elle-même.
CENSÉMENT. Soi disant.
( 332 ) GEN
CENSIER. Pefinier d'ane métairie. — De même en Roman.
GENSIER. Terme de mépris par lequel on désire an homme
sans valeur physique ni «orale.
CEN9IÈRES. Familles qui possèdent one métairie.
* CËPIER. Geôlier. Do Latin eepes^ entrâtes.
GËRISIEUX. Ciseaux.
* CERQUEMANAGE. Droi\ dû an jugeai faisait un bornage
sur les lieux.
GERRI. Céleri. De même en Roman.
C'ËTANT. Cela étant , ceci posé.
CEUSSES et CEUTES. Ceux.
CH*. Je. — Synonymes: J'bch', Ei', Euj', Jou.
CH'. Ce. — Synonymes : Chb, Chu, Èghe.
CHABOT. Voyez Chabou.
CHABOTER. Faire du bruit en marchant avec des sabota.
GHABOTEUlt. Qui ehàboîe.
GHABOTIER. Sabotier ; et , ati figuré ^ mauTais oovrier. •
CHABOU y CHABOT et GABOU. Ménage dérive taiolde
sapinusy sapin ; Roquefort , de Sahaudia , Savoie , parce que oe '
serait le pays où aurait été inventée cette chaussure; d'autrea, de
eaput , tète , h cause de la forme des sabots; d'autres enfin , airee
plus de raison, du Roman «a^ato, soulier.- Nous pourrions encore
indiquer Tétymologie de cavus , creux , si nous avions la certitado
que la forme cahou est antérieure à cKàbou. On pourrait voir one
confirmation à cette hypothèse dans le Wallon ekaboier^ creuser.
CHAGRINER (se). Se fâcher, se courroucer.
* CHAIENS. Ici même. ^Coutumes du BeauvoisisJ*
CHAINE. Cendre.
* CHAINS. Ceinture (Àreh, de Noyon , xit.« Hèele).
CHAIRU. Charnu.
CHALANT. Nacelle. — De même en Roman.
CHAMBUKER. Faire du bruit en frappant.
4
«
GHA ( ^ )
GUâMPLëUSE. Robinet.— Dn Roman ehanteplmèê*
CHANQUË. Geque. — En ancien Pioàrd, Gankb.-' cmnkeje
a$>He à Uumeè. (Vartnlaire de Corkie , ia47y.
CHAPELLE <faire). Se dit de la manière dont les femmes. se
chauffent en relcTant leur jopon. En Normand , faire e(HtrHnê.
GHAPUIS. Charpentier, comme. en Rom. %n. CAnvnmtlBii.
CHAR« Chair. -^ Sur chatmn oêni 4e ehaf. fTaHfiêi Mks
^AmiefM, 1445/. — On dit également ehar^ en Boorgfiignoii, en
Wallon 9 en Rouchi et en Roman. — Etymologie : du Latin èaro,
-^ On dit ghaarf en Hébreu, et car y en Bas-Breton.
CHARABIA. Qui prononce mal, qai wallone.
QBARCLER. Réprimander, tancer.
CMARRETRIE. Hangard pour les ehàrteiUs.
* CHARTRIERS. Prisonniers. /ÀrthiveÊâe PéronneJ.
€HAS5E VEAU. Crrèbe huppé (oiseau). — Syn. Cag^b tiau.
CHASSURON. Mèche de fouet. .Yoyez CACâtnaoïf.
CHASTEL. Objet quelconque en la possession d'une peîsonhe!
CHATONER. Parloir le beàa Français; remplacer le K piéard,
dàHs la prononciation, par le CH français.
GB.AIJDE {prejiâre ftne ). Se bien chauffer pendant quelques
ÎAtUHEltSv
CHAULER. Se dit du blé qui a jauni avant d'avoir atteint tout
6on développement.
CHAULLE. A certain jour déterminé, les deux plus jeunes
nMoriée de Longpré-lès-Gorps-Saints forment une grosse pelotte
qu'on nomme chaulU et qu'on jette à tous les passants. Malheur
à oeltti qui ne supporterait pas ce jeu patiemment : Il serait cou-
vert de boue, de la tête aux pieds. {Alman, de la Somme, 1846.)
" CHAUSi Ceux. {Cart. de Nesles, 1248.)
CHAYATE. Savate.— Idem en Rouchi; eiàbaUd, en Italien.
CH AYëTëR. Mal travailler, gâcher l'ouvrage.
CHAYËTIER. Savetier. — Du Roman c^vati«r.
23
( 334 ) CHE
GHE. Ce, ceU — Synonymes: Cb% Chu , ëghe.
GQE. Sa. — Synanymes: Esse; S'.
CHËCHE. Espèce de cerise sauvage. — Féraille pour des
ehèches^ féraille: tel est le cri des femmes qui vendent cette
sorte de cerise pour de l'argent ou du vieux fer.
GHËGHEE. Cerisier sauvage.
CHËIËS. Cave sans maçonnerie. — Synonyme: Chd&s^ .
CHË-JOU> qu'il vaudrait mieux écrire CH'EST-JOU.— Est-
ce que.
CHÉLËE. Celer, cacher; comme en Roman. — Ch'estchOy ne
ehèle érien.' {Astrologue Picard , 1849.)
CHELLE. Ceiie.^-De même en Rom.— «Syn. Cholle, Cebui^b.
CHELLE. Celle. — De même en Rom. — iSyn. Chollb» Chbule.
CHELLE LO. Celle là. ^ Synonyme : Chello.
CBLELO. Cela. De même en Roman. — Syn, Cho, ho, gb'lo.
CHELOFE {aller à). Aller coucher. Terme importé par les
Allemands, dansi'invasion de 1815.
CHEMENON. Chenet. — Synonyme: Keuimon.
CHENAIRE. Grenier à jour sur lequel on tasse du foin^ da
fourrage en boites. — Ètymologie : du français chêne»
CHENARDÎEU. Soliveau ou poteau le plus souvent en chêne
servant à faire un chenaire,
GHENEFER. Voyez Gaze.
GHENEIL. Lieu où on met le foin dans les étables.
€H£NU {du). Quelque chose de très-beau , de très-bon , de
solide etc. Mot populaire d'un usage très-répandu.
* GHËPIER. Geôlier. {DelihéaU de la ville d'Amiens, 1407.)
Voyez CépiER.
GHERAIN. Seran, outil propre à préparer le chanvre.
GHERAINGHER. Seraner '
CHER AINE. Baratte. Synonyme : Cheroeinb a battbb bdbb
St -Quentin). Congénères : Rouchi , cheraine ; Anglais , ehem.
CHE ^ ( 385 )
CHËRFEUIL. Cerfeuil. — Du 'Roman cher fuel ^ ûérÏTé du
Celto-Breton cherfilh,
CHERION. Poignée de lin ou de chanvre préparé. V. Gherain.
CHERTREUSE. Séminaire de poulets.
GHËS. Ces.
CHETICHl , CHETILO. Celui-ci, celui-là. *
CHETTE. Cette. — Synonyme : Chblle, Chedlb , Chollb.'
CiBEUCHON. Compagnon de Inbour. — Cheuckoner se dit de
deux petits cultivateurs qui s'associent, pour labourer avec le
cheval que chacun d'eux possède. — Signifie aussi vivre en
concubinage.
CHEULE. Cette. — Synonymes : Chette, Chbllk» Cholle.
CHEUX. Ceux (se prononce tantôt cheu, tantôt c/ieuce^/.
CâËUZ. Chez. Yaugelas nous apprend que de son temps on
prononçait^ «aême à la cour, cheu vous, cKeu moi y fRem. t. uij,
Çiaï. Ci et ici.
*CHIAUX- ÇiQ\xyi {Cartulaire de Noyon^ildnj.—Syn^ Chaos,
CHICO (blé}. Espèce de blé dont le grain est petit. Chico si-
gnifie petit, en Espagnol.
CHICON. Gros morceau de pain,
CHIENNER. Mettre bas; se dit en parlant de la chienne.
CHIÊS. Cave sans .maçonnerie. — Synonyme: Cbéiés..
CHIFER. Chiffonner. — De même en Champenois.
CHIFLOT. Sifflet ; comme en Roman. — Par extension, si-
gnifie gosier.
CHIGNON. Tablier. Voyez CmiiouèRB.
CHIGOGNE. Cigogne. — Comme en Roman.
CHIKE. Gros morceau de pain^ Il est assez singulier qa'en
Picard et en Frant-Comtois chike exprime quelqtie cboee de con-
sidérable, tandis que l'Espagnol c/itco signifie petit; l'Italien
cichinoj un peu, et cica^ presque, rien; L'Anglais, chiek, petit
22.*
( 336 ) cm
poulet; leFraoçaù, cfttcotetle Roman, chic, petit morcean et
le Latin , eiccum , un rieD.
CHIK£R. Manger. De même en Franc-Gomtoia.
CHlKW£{étr€ à son). Faire quelque chose qui plaît beaucoup.
CHIKET. Petit chanteau.
GHIKËTERr Couper par petits morceaux.
CHIKETTE. Petit morceau.
GHIMETTES. Rejetons que poussent au printemps les troncs
du chou. — Du Roman cymette.
GHIMIER. Morceau de viande pris dans la cuisse de la Tache.
GHIN. Son. Voyez Sin.
GHINKER. Trinquer; provoquer à boire.
GHINOUËRE. Tablier. c< Peut-être parce qu'à une certaine
(époque on en portait d'une étoffe venue de la Ghine. » {MS* de
la biblioth. de M. Rig^ollot).
GHINQ (prononcez chin-que). Ginq. — On ht rinscription sui-
vante sur une armoire de la chapelle du St.-Esprit, à Rue: En
l'an mil ehinc chens et un , moi tressorerie fus eomëekie et je fus
parfaicte en Van de grâce mil v et xin. — Synonyme'. Ghonq.
GHINT. Gent. Du Roman chent.
GHIO. Boule de bois pour le jeu de mail.
GHION. Baguette ; jet d'arbre. Du Roman cion. Signifie aussi
manche de fouet, tressé de petites branches de néflier rôties au fou.
GHION. Pomme enveloppée de pâte.
GHIONNER. Donner des coups de baguette.
GHIPER. Attraper subtilement, confisquer à son- profit. —
Terme populaire d'un usage général. Ge verbe, dit M. Du Méril
vient de ITIslandais kippay voler, dérober. Les habitudes pillardes
des anciens Scandinaves expliquent pourquoi , malgré Tideiitité
de la signification, ce mot ne réveille aucune des idées bonteusea
qui s'JGittachent au vol.
GHIPOTAYER ou CHIPOTER. Chicaner en marchandant.
GHI ( Sd7 )
GHIPOTEUX. Qai cMpoU. — De mém^en Roqan.
GHIPOTIER. Vétillear. — De même en Breton et Rémois.
GHIRË. Sire. — De môme en Lorrain et en Yienx-Français.
— L'ancienne orthographe de sire /^eyre) porte à croire qae ce
mot tient de «ppidf , dénomination qui fat affectée aux sociTetains
du Bas-Empire. — Sire avait jadis le sens de Monsieur, Dans le
registre des mayears d'Amiens » conservé anx archives de cette
▼ille , le nom de tons les Maires est précédé da mot sire.
GHIRE. Gire. — De même en Rouchi et en Roman.
GHIROTER. Cajoler, flatter. — Se chiroter se dit d'nne jeune
fille qui fait sa toilette avec beaaconp de soin.
GHITRON. Gitron. — Gomme en Roman.
GHITROUILLE. Gitronille. — Gomme en Roman.
* GHIUNT. Ginq {Àrch. de SU-QueMin » 1314).
GHIYIËRE. Givière; comme en Roman. — B.-Latin, ehiveria,
GH'L'. Get. — Synonymes: Ech, Ch', Ect.
GH*LO. Gela. — Synonymes : Eghelo, Gho.
GH'LOLE. Gelle là. — Synonyme : Ghelle lolls.
GH'N. Son, sa (devant une voyelle).
GHO. Ge , ceci , cela. — Du Roman ço.
GHOGHON. Gompagnon. V. Gheugbon.
GHOGRET. Frêle, petit. — ^j^non. GnicRET, Rbrohain.
GHOER. Gratter.
GHOIN. De copieur brun foncé. — De même en Roman. .
GHOKE. Bûche de Noël , grosse bûche. — Idem en Roman.
GHOKE. Arbre coupé qui se ramifie à peu de hauteur.
GHORELET. Ge qu'on a coupé d'un arbre en l'abattant.
GHORER. Trinquer. — D'un usage assez général. Êiym. Ghoc.
GHOKETTE. Jeu où l'on tient le doigt baissé quand on pro-
nonce ce mot. Voyez Berlinke.
GHOLARD. Homme vieux et paresseux (comme ceux qni
passent tout leur temps à jouer à la choie).
( 338 ) CHO
GHOLE, Le jea de la choie ^ cheole, chouley sole oa soûle,
fort en vogue en Picardie, au xiii.^ siècle, est encore en usage
dans quelques localités de la Somme et du Pas-de*Calais. C'est
une espèce de ballon rempli de son qu'on place sur la limite de
deux villages et que les habitants des deux communes poussent k
coups de pied. La victoire appartient à ceux qui parviennent à le
garder sur leur territoire. C'était surtout au Carême qu'on se li-^
vrait à ce divertissement. Il avait lieu, à Montreuil, le dimanche
et le mardi gras, ainsi que le jour du Boubourdis. C'étaU le pre-
mier dimancbe de Carême que les bourgeois d^Amiens luttaient
avec Renancourt , en tâchant de diriger la cheole sjLir les terres
de l'évêque. A AbbeviUe, le ballon était peint d'azur et semé des
armoiries du Roi, du Ponthieu et de la ville. A la suite de ce jeu,
il y avait un banquet où l'on servait toujours des cannetiaux aux
œufs. Ce jeu occasionnait parfois d'assez graves accidents; aussi
fut-il interdit par Charles Y , en 1369, et par l'article 242 de la
Coutume d*ÀmienSy de 1507. La soûle ^ qui est également connue
dans le pays de Vannes , doit elle son origine à la pila pc^aniea
des Romains ou au culte druidique ? M. H. Griset, qui partage
ce dernier avis, pense que le ballon, chez les Gaulois, était
l'emblème de l'astre du jour , qu'on le jetait en l'air comme pour
le faire toucher au soleil et que, lorsqu'il retombait, on se le dis-
putait comme un objet sacré. Le mot choie pourrait alors dériver
du celtique hehaul^ soleil; mais cette étymologie est tout aussi
douteuse que celle de l'Islandais sully mêlée, combat. Toujours
est il qu'on trouve le mot sole y dans plusieurs écrivains duxni.*
siècle , et que cette orthographe fait penser au Latin solea. Cette
étymologie nous semble trè» confirmée par le nom de savatte , '
qu'on donne à Valogncs à ce môme jeu. Dans les environs d'Arras,
on appelle choie le jeu que nous nommons crosse^ dans le Santerre.
Voir ce mot. — Voyez, snr le jeu de la choie, V Indicateur de
Calais , du 20 février 1831 ;^lc Puits artésien , t. in , p. 165; ks
CHO ( 989 )
éemiêrs Bretons^ par M. E. SouTcstre; les Ârehiveif^ Picarâiey
t; ri , p. 203 ; V Histoire d'Âhheville , par M. Louandrè, 1. 1, p. 309,
hilfùtice sur Amiens , par M. H. Ihisevel , t. i , p. 114 , et on
article de Lebœuf, dans le Mercure de mai y 1835.
CHOLER, CHEOLER, CHOULER, SOULER. louer à la
ehôlle. — Par métaphore, repousser, traiter avec dureté.
CHOLETTE. Balle de bois dont on se sert au jeu de crosse.
CHOLLE ou CHOL. Celle.
Lô , comm' dins chol Califoornie ,
Ed bit in bout l'or brille aux yeux;
Aut'fois môme dins chol gal'rie
O ramassoait Ter au ratieu. {Chanson Picarde.)
CHOLLE-LO , CHOLLO. — Celle-là.
CHOMAKE. Savetier, cordonnier. — Congénères: Franc-
Comtois et Lorrain» c/ioumague; Anglais, shoemaker, — Vient
de rAUemand schuhmacher»
CHONCHON. Petit garçon.
CHONQ. Cinq. Comme en Borain et en Roman. Lesmanan-
gU«rs Sainct''Leu mont chymis en mil ckonq chens et un quateron.
On 'lisait cette inscription sur un grand chandelier de cuivre
qui recevait le cierge de 8 livres que le clergé de St.-Firmin-le-
Martyr portait à la cathédrale d'Amiens, le lenderaaip de St.^Leu.
CHONQUE. Ce que; qu'est-que. — Synon. Cho que.
CHOPART (Boulonais). Bouvreuil. — Ailleurs, serin panaché.
CHOPEINE. Chopine. De même en Roman.
CHOPER. Heurter; comme en Frànc-Comtois et en Rom. —
Du Laim cipparcy dérivé de cippus ,ipeiïi monument funéraire en
forme de colonne dont les routes étaient bornées et contre lequel
pouvaient se heurter les chevaux et même les passants inattentifs.
CHO QUE. Ce que. — Synonyme: Chon que.
CHORCHE. On dit d'une personne ou d'une chose qui exhale
( 340 ) , CHO
une lOttUTaisç odear : £{2e $ent leekorche; elUpiu tomme ^me
ehorehe. Ce mot vient de l'Anglais ehurthf qu'on prononce
ichortcK Voyez , sar cette étymologie, le Coup d'œil êurViiàiowu
Picard de M. de Poilly , page 144.
GHORCHINE. Grande quantité de Bonrie.
CHOU. Ce. — De même en Roman. — Syn. Gho, Chu , €bb.
GHOUÉ; GHOUË ! Gri par lequel on chaaae les poiUeft. De
même dans le Jura.
GH TI-GHI, Gk'TI-LO. — Gelui-ci, celui-là.
GHU. Ghez. — Synonyme : Ghbuz. Les Picards remplacent
souTeni la préposition chez par le substantif motion. EjvosmoUùn
Louie. Gette tournure répond à l'Italien : io vo C€ua Ludovieo et
au Latin eo domum Ludovicù Les Toscans rendent aussi chez par
in casa,
GHU (Ponthieu). Ge. — Synon. G', Ghe, Cho, Guot!.
Il est grind timps , à vir ém* meine ,
Èqu' j'arrive , car chu qa*min d'fer
Par malheur pour èm' qaiolt' voiseine,
M'aroait baillé chu mal ed mer.
* ' {Almanach du dépariemerU de la Smnmê , imu)
GHUG. Suc, sucre. — Gomme en Roman.
GHUGHEPË. — Jeu de cloche pied.
GHUGHEU. Parasite.
GHUGIIONER. Atteler, de deux jours Tun, son cheya) et celui
de son voisin. — Signifie aussi: avoir des rapports avee.l^f^mme
de son voisin. — Synonyme: Ghevchon^sb.
GHUER. PiM^ler bas. — Idem en ^om. Signifie aqssi cieresêern
QHUI (Noyôn). Sureau. Voyez Séu.
GHUKER. Sucer; comme en Roman. — Congéniree^: Hé*
rault et Gers, ckuca; Italien , succhiare. Du Latin «n^o. Sikiiuter
rapporte cette forme de mots au Vieux-Sarmate de, mi^mellt.
GHURGHËINE (Boulonais). Vermine. V. Gborqhbv
' OHU ( 841 )
CHURKBÏTE* Souricière. — Du Picard êurker^ guetter. —
Cotgraye traduit ce mot picard ]^r a moi4«e irop. ,
. t,GHU&LOT£&i» Siroter p boire en se délectant , en ae an^nt
lea lèvres. — Synonyme : Se porl^ker.
* CIAUX. Ceux f Archivée de JRoya, 141^.
. GINGE. Ghance. — Du Roman eenoe.
GINCELLË (Béthime). Gouain (insecte).
GINELLE. On donne ce nom au fruit du prunier sauvage et à
celui de L'épine blanche. — De même en Eoman.
GYNGNE (féminin). Cygne,
GITE. Gidre. — JOu rouède die, du bon cidre.
CIU. Giel» cieux; comme en Roman. Y oyea le» congénàrea de
ce mot dans V Essai sur la formation 4u langage y par !!• Axais.
* GIUS. Gelui. (Yermandois y 1254). — iSyn. Giaux» Ghiaux.
GLABAUD. Qui a les oreilles pendantes.
^ GLAGANDER. Perdre son temps à bavarder.
GLAIRON, Eclat passager de lune ou de soleil pendant une
nqii ou un jour obscur. — Synonyme : Risée.
GLAKE. Bonne mesure que donnent les laitières en sus delà
quantité convenue. Cet espèce de raràindos est connu à Beauvais^
sous le nom de clake dejfarissel, (Comm. de M. Danjou).
GLAKERBOS. Jeter à terre.
CLAKE3SINER. Soumeter.
^ GLAMER. Répéter. {VermanâoiSy 1258). Du Latin clomore.
GL AMPIN. Boiteux. « J'ai lu tlanfin y boiteux , dit G. No-
dier, dans des Mémoires de la fin du xvii.« siècle, où l'on dési-
gnait ainsi le duc du Maine. » fDici. des onomatopéeèj. — Haul-
preton , campin, — Signifie aussi : propre à rien, paresseux.
' -GLAPES. Espèce de chaussure.
GLATE ou GLATRE. Maçonnerie de cbeminée à bautëur
d'homme. — Se dit aussi d'une plaque de cheminée.
* G LAVA IRE. Trésorier. — Du Lalin claies , clefs.
( 342 ) CLÉ
CLÈPE (Cayenx). Avocette (oiseau). C2el4, &84.«V&ler]r.
* CLÉS LE ROI {user des). Enfoncer Tes portes.
GLEU. Clou ; comme en Roman. En vieux Picard ,' cimi ;
— En Celtique, date. , • '
CLICHER. Jaillir. Synonyme : DitiNatïEK. •■
CLICHET. Targette. Voyez Clikbt.
CLTCOTER etCLlKER. Faire du bruit en s'entre-choqaaat.
— Du Roman cliquer ^ encore usité en Franc-Comtois.
CLIFER. — Faire jaillir de Teau en frappant du pied.
CLIRE. Coup du plat de-la main.
CLIKES et ses CL ARES {prendre ses). S'esquiver, se sauver.
CLIRET. Targette, loquet. — Comme en Franc-Comtois,
en Roman , et en Bas-Breton.
CLIKETTES. Castagnettes composées de deux ardoises ou de
deux 08 plats. — De même en Roman. — On dit aussi que cU-'
kette! i^qut quelle platine ^ quelle langue bien pendue. — On dit
ticleiteSy à Besançon.
CLIPAN. Moulin. Le moulin de Taillefer qui se trouve der-
rière l'Hôtel-Dieu d'Amiens est désigné par les gens du peuple
sous le nom de ch* clipan.
CLISSOIRE. Petite seringue en roseafi ou sureau avec laquelle
les enfans font jaillir de Teau.
CLITRE. Terre glaiseuse fort compacte.
CLOEINER («e). Se pencher.
CLOER. Fermer. — Étyntologie : Du Latin elaudere.
CLOIE: Claie. Comme en Comtois et en Roman.
CLOITRE. Se dit d'une terre froide et dure à la végétation.
CLOGNOTE. Jeu de cligne musette. — Du Roman eluffnet. '
CLORE. Cloche. Congénères: Berrichon, Rouchi, Flamand
Allemand, cloke; Anglais, cloche; Suio-Gothique, klocka. — Dn
Celtique cloch, ou du Tudesque dock. On appelle aussi clokes les
espècesjd'ampoules quis^e forment sur Tenu quand il pleut.
CLO ( »fâ )
CLOKEMAN. Sonneur de cloches. — Do Ttidesqoe cloek ,
cloche, et man, homme.
CLOKER. tllocher, boiter, vaciller; comme en Roman. —
— Êtymologie: da Latin ctaudicare.
CLORETTE. Clochette. Gomme en Rouchi et en Roman. --'
On donne anssi ce nom au liseron des haies (convolvulus 9epiwn).
CLORIER (substantif). Clocher. De même en Roman. — En
Langaedoeien , cloukié.
CLONNE. Quenouille à filer.
. CLOPINER. Boiter. — Du Vieux-Prançais elop^ boiteox, dé-
rivé de V Allemand hlopfen, botter.
CLOUANT. Qui se tient fermé. — Eiym, du Roman éloant
CLOUCHE. Espèce de pâtisserie.
:CLOURE. Fermer. Congénères: Francr^Comtois , Yaudois et
Roman ^ cloure ; Catalan , clawrer. — Etym, du Latin claudere,
€0. Chat. De même en Roman. Voyez Cat.
C0« Cou. Je m'Tue rade à siiH co f Astrologue Picard ^ iS4iJ,
De même en Rouchi , en Ftanc-Comtois et en Roman.
CO. Coq. On prononçait jadis co. C'est pour cela que Boofiers
a pa dire :
Or de ces coqs^ de ces nids, de ces lacs,
L'amour a fait Ni-co-las.
CO ! Cri que jette dans le jeu de cache-cache Tenfant qui est
eaché, pour avertir ses camarades qu'ils peuvent chercher après
lui. C'est une abréviation de cocou (voyez ce mol), à moins
qo^on ne veuille le tirer du Latin de quo^ où suis-jc?
COACRE. Corbeau; de même en Lorrain. — Par onomatopée.
COAILLE. Caille. — Du Celtique coailh.
COCAGNE. Abondance.
COCARDE AU. Giroflée rouge. -^ De cocceus ardens^ rouge
ardent.
COCASSE. Plaisant, ridicule. — Mot d'un usage généraL
( 344 ) GOC
GOGHELET. Voici en quoi consiste ce jea. On se met de
huit à quinze à la file Tun de l'autre, en tenant son devancier par
les basques de son habit. L'un des joueurs est libre. La chaîne
entière fait toutes sortes d'évolutions pour éviter que le joienr
qui est libre attrape le joueur de la queue. Il arrive soavcDt qne
dana ces évolutions on se culbute les uns sur les autres. QoiHid
le joueur de la queue est pris , il est obligé de courir et leooartur
précédent se met le premier en tête de la chaîne. (If. G. Paillard).
GOGHET. Râteau de bois.
GOGHONAILLE. Gharcuterie ; de môme en Champenoîa.
GOGHONNER. Mettre bas : se dit en partant de la truie.
GOGLOTE. Œuf de pierre qu'on dépose dans les poulaillers,
pour exciter les poules à pondre. Du Geltique toc y poulet.
GOGONNIERouGOGOGNER. Goquetier; profession de celai
qui achète, dans les petites localités, des pigeons , des poolelsM
des œufs, pour les revendre en gros à Paris ou dans les grandes
villes. — Congénèreif Rouchi et Vieux-Français, eoconUr* —
Etytnologie : du Roman hoke , poulet ; en Geltique , coc,
GOGOU. Goucou ; de même en Prov. — M. Eichoff défiVe ce
mot du Sanscrit euc^ crier. C'est plutôt une onomatopée ; car il' se
trouve dans une foule de langues, à peu près sous la môme forme.
GOGOU ou GOUCOU. Dans le jeu de cache cache, l'enfant qui
est caché crie aux autres joueurs coucou, pour leur dire: il est
temps , cherchez-moi. On serait porté à croire que ce mot vient
de l'Allemagne, où les enfants disent dans le même but kuekuckt
regardez. (Sablier , Essai sur les langues , p. 168).
GOGRIAGOT. Coquelicot (plante). — Aussi : coq, par onom.
CODARE. OEuf (terme enfantin). — On exprime aussi, par
cette onomatopée , le cri d'une poule qui vient de pondre.
GODARER et GODACHER. Se dit du coq qui chante et, par
métaphore , de quelqu'un qui crie en parlant.
Mta
GOD ( 945 )
^DIN , œDINOT et GODIGNEU. — Coq d'Indé, dindon.
On poyero IMoûble rponèrd
D*pingeons, d*caponsetdecodins. (M; DBtvQiNHUioÉ.]
CO BN BOS. tittérâlement chat en bois. — Cest ainsi qu'on
^érigne une souricière, à Saînt-Yalery.
•'CftÊTIR (#«). Se tenir coi. — Dti Bas-Latin toeltu^ dériyé de
fttitf M* , tranquille , d'après Du Gange.
C(XUR FALLI. Paredseux, lâche, sans vigueor.
El paroeche ed St. Suppli ,
GIfest des bandes ed cœurs fâllis ;
I sont assis sa ch*pont ,
A canter des «anehens. ( Vieille ehanê* pic)
— .Du Roman failli^ lâche , dérivé de fallo, tromper , dont l'ad-
jeotif TÔrbal faUui signifie fatM?, altéré y contrefait. Le cœur
étant le siège de ractivité , de l'ardeur , du courage , uU cœur
faux, contrefait doit être au contraire le siège de Tinertie, de
la lâcheté y de la paresse.
^GŒURETTË. Mon petit ccBur. Terme de tendresse. /"Chant
du BouhourdiM de DoullensJ
..GÛëUVRIR. Gouyrir, cacher. — Gomme en Roman.— -C<mii;r«,
en Franc-Gomtois.
COFIN. Ëtui, coffret ; corbeille , panier.— Con^^èret : Ber-
richen 9 Rouchi , Vieux-Français et Espagnol, eofin^ panier;
Lorrain, cofin ^ étui; Anglais, coffinf cercueil. — Du Roman
ectf!» ou caphin , étui , dérivé du Xatin eophinus , panier ; en
Grec^ KoÇtvor,
COGNER. Frapper fort , heurter. Terme populaire d'un usage
général, dont s'est servi M. Alfred de Musset.
GOGNEU. Paresseux. Voyez Gagne.
GOGNO. Petit pain rond qu'on fait , à Noël, et qu'on nomme
motinon, dans le Santerre. Dans quelques communes du Pon-
( 346 ) COH
thifeu , celai qui donne le pain béni offre un eoffno an maitre d'é-
cole. A Marieux (arrondissement de Doullens), on donnait le
nom de cognu à un long pain que faisait la bâtonnière de sainte
Catherine, et que les jeunes gens promenaient dans le^Tillage
pour fair^ une quête, dont le produit était employé à un gala. (C
de M» l'ahhé Bourlon.) Ces deux mots Tiennent du Celtique cuyvin,
gâteau. Jérémie emploie le mot cunim dans le même sens* -
COHET. Haricot. — Synonyme : Gohètb.
COI {au). A l'abri» — Congénère^ : Berrichon, à la coi; Haute-
Saône, à Vacoyot; Yieux-^-Français, à recoi, -en repos. — Êtymol.
Du Lat. quietè , en paix.
COILLE. Caille. — De même en Flamand.
COILLOT (Boul.) Lait caillé. — Du Celt. couaillou^ cailler.
COIR. Encore. — De même en Roman. — Aphérèse deencaire,
COIRION. Cordon. Voyez Écorion. ^
Eune cravate ed* mousselaine ,
Qu'eun coirion bleu loiro. {Chanson picarde.)
COIT. Poterie où l'on fait cuire les pâtés.
•
CORELET. Jeune coq. — De même en Rouchi.
COKER. Action du coq qui couve la poule. — Du Roman
chaucher»
COLAS (Béthune). Geai — De même en Rom. — Synonyme :
G A4-, Vatron.
* COLËE. Accolade, f Coutumes du Beauvoisis.J
COLIMACHON. Colimaçon. — De même en Roman.— Synp-
nyme : Lihichon , Cargaillou.
COLLE. Mensonge. M. Hécart pense que ce terme populaire,
aujourd'hui d'un usage général, est d'origine picarde. £n Vieîi-
Anglais , coU signifiait faux , trompeur.
COLLECTEU. Receveur d'impôts. — Du Latin colUgere,
recueillir.
COL ( 347 )
COLOMBE. Toorne-pierreCoiseau de mer).
GOLOS. Lourdaud.
GOLURË. Vain prétexte , faux fuyant^ promesse trompeuse.
Vient peut-être du Vieil-Anglais collf faux.
COMBLE. Chevron ; pièce de charpente. — Aussi: cable..
*/ GOMMANT. Substitut 9 remplaçant. — De cum mandatOj
mandataire^
GOMME GHI GOMME CHO. Tellement» quellement.
GOMMERLANDIËRE. Commère qui a bonne langue.
GOMME TOUT. Adverbe indiquant une qualité superlative'. —
Bieu comme tout, — Cette locution est usitée dans tous les patois
du centre de la France.
GOMPLIMEINT {déclaker ein). Faire ses compliments à quel-
qu'un , ou , par antiphrase » lui faire des reproches.
GOMPRENOIR. Intelligence, esprit.
GOMPRINDS-TU (du). De l'intelligence, de l'entendement.
* GONDAMINE. Champ du seigneur. — De campus domini.
GONFITEBOR. Second chantre de paroisse qui entonne le
Confitebor.
* GONROY. Repas.
CONTRAIRE. Adversité.
CONTRE {tout). Tout près. — De môme en Vieux-Français.
GOPE. Coupe. — De même en Roman. — Être à cape , être
bojn à couper.
GOPE CHOU (frère). Jardinier de couvent.
GOPER. Couper. — De même dans le département du Nord y
en Lorraine et en Roman. On dit jccifra^ en Grec. — Locutions
picardes : se coper in deux, faire de grands efforts pour réussir à
quelque chose; coper le fll^ interrompre; pour. vous le coper
court, pour abréger.
GOPERDRE. Comprendre.
COPÊRE: Compère, — Idem en Rduchi et en Lor. V. Loriot.
( 348 ) COP
COPIEUX. Gopeaox. -^ De même en Roman.
GOPON. Petite chandelle que les épiciers donnent aox enfanta^
la Teille de NoéL — Signifie morceau 9 à Béthnne.
GOPURË. Coupure. -^ De même en Roman.
\ COQUET. Caque (Àmieni^ 144tt).
COQU ILLARD. Mari trompé par sa femme» — Sf^non. HuTAir.
COQUILLE. Mâche; herbe qu'on mange en salade.
CORDER. Être uni^ être bien avec quelqu'un. — jSflymoL
du Latin eancordare.
CORDONIER (St.-Valery). Ouarat à bec de perroquet.
* CORDOUAN. Cuir (iimien^ , 1445).
CORE. Encore. — Dans le Borinage , co.
CORE QUE. Encore que, quoique. — < Par aphérèse.
CORGNOLLE. Gomouille. — Locut. Picarde : dsê eorgnoUwê
blettes^ exclamation pur laquelle on témoigne qu'on n'ajonte pas
foi à un discours ou bien qu'on en est ennuyé.
GORLERU, GORLU, GORLIEU,TURLUY. Courlis (oiseau).
— Congénères : Bourguignon, corlu; Normand, eorlui; Milanais,
caroli; Angl., cwrlew. — Du Rom. corlieUf dérivé du Lat. elori%i.
* CORMAN. Homme de loi.
CORNEILLES. Nom qu'on donne non seulement -aux cor-
neilles, mais aussi aux corbeaux.
* CORNE. Coin. Il y a quelques croix , en Picardie, qu'on
nomme croix qui corne, c'est-à-dire qui est plantée dans on eoin.
— Corner signifie coin^ en Anglais.
* CORNETS [fête aux). Le 7 mai , anniversaire de la transla-
tion des reliques de St.-Gentien, les habitans de Corbîe se ren-
daient à chenal devant la porte de l'abbaye pour faire remplir de
vin par les moines une corne de bœuf qu'ils tenaient à la main.
CORNETTE. Bonnet de femme.
CORNILLOT. Cornet de papier. — Se dit aussi du colima^^oo
et des coquilles univalves.
>\
COR ( -34? )
CORNli avec du HAMBOURG {mettre du). Mettre da déaacord
dans sa toilette.
GORNUFIKER. Donner un coup de corne feamu figerej.
CORONE. Couronne; comme en Roman. — Congénères'
Boorgoignon , eorone; Allemand, krone; Italien, Espagnol et
Catalan, ewona* — EtymoL du Latin eorana; en Greo, »«ptffp«.
CORPION (Montreuil). Orvet, espèce de coaleuTre.
CORSE. Corpulent.—Dn Rom. corsUf encore usité en Norm.
GORTE COSË. Espèce de pâtisserie composée de lait et de
farine , qit*on réduit en petites boules.
* GORTIEX. Enclos. {Cariulaire de SainURiquier , 1264.)
GORTIL. Voyez Gourtil.
GOSE. Chose. — Comme en Roman. — Ein poent grand cose
t&rare^ homme taré, qui ne vaut pas grand chose. —Etn tint
eo<e, un petit peu. — Congénères : département da Nord, eose;
Langued. , taute ; Franc-Comt. , causse; Ital. , Gâtai, et Espag.
eosa, — Etymologie : du Bas-Latin causa , chose , qui , ches les
Romains , avait le sens de principe , origine , sujet.
GOSSOS. Golzats ; ne s'emploie qu'au pluriel.
COSSU. Opulent, à l'aise, bien habillé. On dit aussi d'un yé-
tement qu'il est cossu^ pour signifier qu'il est riche. — Mot popu-
laire usité dans l'Ouest et le Nord de la France.
* COSTUME. Loi particulière d'une localité. (Beaumanoir.)
GOT. Ghat. Voyez Cat.
* GOTHERIOS. Jardins. Mot en usage dans le Ponthieu ,
suivant une charte de l'an 1184.
COTTERON ou GOTRON. Jupon, cotillon; comme en Ro-
man. — Ej haute ein phioi cotron su mi. f Retour du soldatj. —
Congénères: Gothique, kotte; Italien , cotta; Espagnol , co(a. —
k Béthune, cotteron signifie veste , habit.
^COTTIER. Soumis à la censive imposée sur on héritage vilain.
23.
( 350 ) COT
COTTRET. Courlis (oiseau). V. Corlbru,
COU. Coq. Synonyme : Co.
COU î Voyez Co !
♦ COU AJUSTER. Ajouter. — De eoadjusUiYê. *
COUCI COUCL Tellement, quellement.
COUCOU. Cri des enfants pour avertirqu'ilssonttsachés.'V'. Co!
COUCOU. Primerère fprimula vériij; comme en Rbuclii.' —
Étym» de cucullusy capuchon, à cause de la forme de cette fleur.
^ COU É. Pot à couder. — Synùnyme : Couyà.
COUÉ. A l'abri de la pluie. — Synonyme: Au ooi.
COUEDRONÉE. Contenu d'un chaudron.
COUÈRE. Encore. N'ein vlo bien pis couère ! Exclamation
(}ne provoquent ceux qui délntent une foule de cancans et dé
gaudrioles, on qui veulent qu'on leur donne qu qu'on leur prête
phîsîeurs choses à la fois.
COtJERlO et au féminin COUERIACHE. Coriace, fort, vi-
goureux.
COUËSIR. Choisir. Dn Rom. coi'Hr,^ En Languedoc, eaauH.
g
COUKE. Pâtisserie d'Abbeville, composée de farine, de beurre
et de sucre. Ce mot est évidemment d'origine septentrionale.
Kuocho signifie tarte ^ en vieil Haut- Allemand. Gâteau se diVJtw^
cheiny en Allemand ; koeky en Flamand et en Hollandais.
COUR.ER. Coucher; comme en Roman. — Congénère : Ber-
richon, couker, — Etymologie : du Celto-Breton couska; TAlle-
maiid kusithen (se concher) ne se dit qu'en parlant des chiens.
COULINER (se). Se glisser comme une couleuvre.
GOULON M ANSART. Pigeon ramier. Du Latin eolun^M.
COULOUËRE (masculin). Petit tamis.
COUPAIN. Grand pain.
COUPET ou COUPLET. Faîte, cîme. Ou coupleit d'une to%tr
qui n*aw^ye mie de toict. — Congénères : Normand , eoupet ; Lan-
cou (8510
guedocien , coupé ; Flamand, eoppei; Anglais, eop; Hdllandais,
k<^. — Etymologie: du Roman copei^ àènwé da Latin caput.
COUPINETTE. Cime d'un arbre. Voyei Ck)UPBT.
GOUPLOUËRB. Ouvrière qui ramasse et aligne les blés qn'a-
batlafaolx du moissonneur. ^ '*
GOUPRIÈRE. Cabriole.
COURATIER (St.-Quentin). Courtier. De même en V. Fr.
COURCHÉ. Courroucé, en colère.
COURÊE. Fressure de veau. — Étym, d\i Celtique eouraiih.
COURILHAU. Fressure de bœnf.
COURTAINË. L'aménagement de deux jeones époux. '
COURT GAIN. Petit gain , gagne petit. -^ Idem en Roman.
GOURTIL, COURTIEU. COURTIU, CORTL Le eourtil
était jadis une maison faite de torchis. C'est même ce qu'indique
son etymologie celtique : tort y habitation , tt7, torchis. Le eour-
til comprenait antour de l'habitation une petite étendue de terre.
Ce nom est resté à Tenclos des petites habitations de nos yillages.
M. E. Souvestre s'est servi dn mot eourtil dans les Demien Bre-
tons : a Garhaix est une ville du moyen-âge, aux rues sans pavé
entremêlées de champs labourés et de courUU veitloyants. » (t. 1,
p. 10tt)« Ce mot a de nombreux congénères dans le sens d'0nelo5 ,
jardin: Aust., Jur., Champ., Norm. et Fr.-Gomt. couftil; Bourg.,
Wall, et Yaud., corti; Angl., court; Ital., corte; Basque, gortea.
Tous ces mots dérivent dn Celtique cor^ tx>rt , enclos , champ.
COURTILLAGË. Réunion de eourtiU.
GOURTILLER, Marauder dans les courtiU.
COURTINE. Rideau délit.— De même en Ïièmoiè.^-Cortine ,
Normand et en Y ienx^Français. '— Êtym. du Latin cortima.
GOURTINëR. Jardiner. — Synonyme: G akdïhzjl.
■GOURTOUR. Tromperie^ mauvais tour.
COUTANCE. Dépense. — De même en Champenois.
COUTI AU et COUTIEU. Couteau. — TwrlutH rengaigne ton
23/
( 852 ) COU
coutiau {chans&n citée dans VÀlm> perpéttiel da P. Daire.) -^ Dv
Roman cottfèl , dérivé du Latin cuUellus,
* GOUTRE. Trésorier. (5afnt-(^enttn, 1476.) — Est employé
actuellement dans le sens de fer tranchant de la charrue,
COUTURE. Grand champ cultivé. •— De même en Roman.
COUTURIEU (Santerre). Lisière d'an bois.
COUTURIER. Tailleur. C'est le masculin de coifturière , le-
quel manque à la langue française.
COUTURIÈRE. Carabus auratus (insecte).
COUVAIN. OEufs d'abeille. Terme d'un usage généraL
GOUYË. Gueux, chaufferette en terre ou en cuivre De mémo
en Rouchi , en Franc-Comt. et en Dauphinois.' MM. Champol-
lion-Figeac et J. OUivier considèrent couvé comme un mot cel-
tique. M. Hécart le dérive dHncuhitus .
COU VERCHEU {foire le). Faire des cabrioles.
COUVERTE. Couverture. — De même en Lorrain et Champ.
COUVICHE. OEuf dans l'incubation.
COUVILLER. Diminuât/' de couver.
COUVILLETTE. Le contenu d'un couvé. Voyez ce Mot.
COUVOÈRE. Poule couveuse. '
COU VR AINE. Semaille d'automne. / faut fouaire chéê eoti-
vraines (Journal de St.-Quentin , 8 octobre 1848).
COVIOT (Cayeux). Allouette huppée. .
COTETTE(à V). A l'aise , tranquitiement j à l'abri. Signifie
aussi : en secret, en tapinois. Mf Us capitroi bien al coyeiteifiièees
récréatives). Cong : Rouchi, al coyette; Fr.-rÇomt., à la coyettt.
CRACHE. Graisse. — De même en Roman.
CRACHOTEUX.'Qoi crache continuellement. — Id. en Rouo.
CRARELOT. Hareng saure de demi apprêt. -^ Syitonymes :
RouFFis, APPETIT. -r< Am» Sortc de gâteau sec, long et con-
tourné ; delà on dit d'un homme qui a les jambes torsea: qn'il a
les jambes comme des crahelots.
GRA ( 353 )
CRARETTE. Crécelle. — Symm^fme: RocTBLOiits.
^ GRAMAILLI. Crémaillère. Synan. Grivbilli, cméiiAtLLâ.
Cou jf^. Aaob y Rheîma, Besançon et Mdte, cromail; Ayesnes,
crmUer; Bas- Latin , crammale. De Valois dérive crémaillère de
eaminariaj cheminée; Jean Picard » de »pt^«tff, suspendre; Case-
neoye , de cremare » brûler. Ne yaudrait-il pas mienx le dériyer
do Celtique croumaly anse?
CRAMICHON. Prune d'hiver. •— Synonyme: €{BikymQBOv.
CRAMPE (St.-Yalery). Crabe.— Le cancer momot de Lamark.
— Synonyme : Da.oa. *
CRAMPIN. Boiteux. — Synonyme i Clahpin.
CRAMPINER. Boiter.
CRAMPION. Qui a des crampes.
CRANE. Ce mot a tout à la fois le sens de fier » comme dans
le département de l'Orne et celui de beau , comme dans l'ar'r. de
Bayeux. M. Du Méril pense qu'il yient de crinis , à tout crin.
CRANKE. Crampe. — De même en Roman.
CRANKEYILLË. Qui a les jambes torses.
CRANKILLE. Viorne.
CRAPER. Salir , graisser , encrasser.
CRAPEUX. Crapaud, et par métaphore, saUf dégoûtant.
CRAPOUSSIN. Dimininntion de erapeuof» On ne s'en sert
qu'au figuré, pour réprimander de jeunes enfants.
€R AS. Gras. — idem en Roman. — Du Latin crasêus,
CRASSET. Lampe de fer à suspension. Du Roman eraiéset
chandelle. On dit craisUf dans le patois Rumonche ; ereuiol^ en
Breton; craUeu^ en Franche-Comté. — Synonymes: CiiéGHBTy
CmiiGHET , CnécET , Craohst , etc.
CR ASSETTE (Boolonais). Espèce de pomme.
CRAVENTË. Fatigué ; idem en Roman. Synonyme: TéNé.
CR AYENTER., Se fatiguer , se donner beaucoup de mal pour
( 354 ) CRA
faire qaelqoe chose. De même en Vieax-Français ( J. Molinot ,
p. iW), — . Peot-ôire do Latin gravari^ être accablé.
CRAVINCHON on GRAVINCHON. Froit (}u pronier d'hl-
Ter. — Os vous ein smivenez bien é^eeh' bain flâne é^ grmsinehans.
* GRÉ AULE. Digne de foi. — De eredihiîU.
€RËGH£T. Lampe de fer suspendue. Voyez Grasset.
En allumant ech* créchet
J*ai demandé que chon que ch'est. {Retour du Soldat).
On dit creiêsieua ^ dans le patois de Tlsère.
GHEGHET (au). A Theure du couvre feu ; an soir.
GREGRET. Frêle, petit, maigre. — Syn, Ghogret, crerghaiic.
GRËKE. Espèce de petite prune sauvage qui pousse dans les
broussailles. On mangeait des crecquest à Abbeville, dans les
repas du moyen-âge {Comm, de M. Louandre).
GRÉKEILLON. Grillon. — De même en Roman. V. Grivbt.
GRËMAILLÊ. Voyez Grau ailli.
* GRËMIR. Rrûler. — Du Latin cremere,
GRËMONE. Gilet d'étoffe croisée.
GRËN. Entaille. — De même en Roman.
GRËPE. Sarcelle d'été.
GRËPE. Pâtisserie composée d'œufs, d'huil& et de farine.
Elle est connue aussi en Flandre, en Norm. et surtout en Bret.
* GRESPIN. De Grépy en Valois.
GREUTE (Nesles). Grypte , souterrain. De même en Roman.
GRIGRL Gigale.
GRIGNON on GRINON. — - Grillon. De même en Roman.
Une roe d'Amiens porte le nom de Crignons» — Congénêrêê :
Languedocien , crignut ; Italien , erinuto.
GRIKËT. Grillon ; comme en Roman. — Congénères : Nor-
mand , criktt; Anglais , criquet, que Jonhson dérive du Hollan-
dais creken , faire du bruit. G'est plutôt une onomatopée du petit
cm. ( 355 )
UatfBinent argentin que fait entendre cet in^ecte.-^ On donne éga-
leaient ce nom à la sarcelle d'été» dans quelques localités. . .
CRIMBILLI* Crémaillère. Voyez Grajiauxi.
CftlNGSËT. Lampe de fer saspendae. Voyez Cbassbt.
GRIN CRIN« Violon. — Mais V chef leur cante une gamm$
complète qui fouait canger d'nùie V eriwiTin* (D. GO — V* de
Roujoax dit que le peuple donne au violon le nom d^ cHncrin ,
par allusion aux crins qui forment l'archet. Nous croyons plutôt
que c'est une onomatopée. — On donne au^si ce nom à la cigale.
GRINKELÊ. Dentelé. — Du Celtique crin y cran.
CRINKET- Butte dans un village. — Du Celtique crun^ amas.
Ce mot signifie ndeati» à Ham.
CROCHE (ju de la). Voyez Crossb.
CROCHETÔN. Balle de bois. Voyez Chollb.
CROCRO. Cartilage du nez. Il o keu su sin nex, i s*o hersillé
sin crocro.
' CROISETTE. Les enfants appellent ainsi leur livre d'alpha-
bet, parce qu^il est ordinairement précédé d'une croix. De même'
en Lorraine et en Champagne.
CROIX [être à la). Être très-contrarié , être dans une position
fâcheuse ; avoir des croix à supporter.
CROKIHIÈR. Croquer, manger.
CROMILLON. Crémaillère. Voyez Cramailu.
CROMPIRE et par corruption CROMPILE. Pomme déterre.
Wallon et Franc-Comt. crompire. — Vient de l'Allemand grund*
Mm, C'est un mot qui nous est resté de l'invasion de 1815.
CRONAILLE (Boulogne). Plâtres, décombres. -^ Peut être
du Celtique crau^ gravier.
CRONKELET. Butte dans un village. ^ Synonyme ; CannusT.
— Du Celtique crun , amas.
CRONKELET. Grappe de fruits. — Du Celtique crun, amas.
CROQUE-NOIX. Muscardin ; espèce de mulot.
{ 356 ) • CRO
GROSSE. Maillet de fer oa de bois avec lequel on chasse nse
balle de bois Dominée hondon on croeheton. Un bot qaelconqne
est proposé et le joaear, selon le'parti aaquel il appartient , tâche
d'éloigner' 00 d'approcher le bondon do bot. Ce jea, dit Dom
Grenier, était très-osité en Picardie , dès 1387. Il est encore fort
goûté anjoord'hui dans les environs de Roye et de |Iontdidier» .
GROT. Gravant, (oiseau de mer.)
GROTON. Graillon. — Congénères: Franc-Gomtois, groUm;
Cîm., groouton; du Y. Français creton. En Bas-Latin, eretanes^
GROURET. Grochet. -^ Synonyme : Ahoke.
GROUSTILLE. Petite croûte. — Do Latin crutta.
GROUTÉ. Groûton de pain. — Do Roman crousté.
GROS (prononcez cro), Groix. — Congénères : Rooohi et Ao-
vergn., cros^; Gasc. , i^otz ; Ital. , croce, -^Etym, du Lat. crux.
' GROS (prononcez cro). Gros. — Du Roman crau^ dérivé do
Latin crasst^,
GRUGHIFIË. Mortifié , fâché. -^ Etym, de crucifier.
GRULE (Boulonais). Tamis.
GRUNKET (Boul.) Groupe. — Du Gelt. crun, amas, monoeao.
GRUSTE (Artois). Groûte de pain. — Du Latin crustà.
GRUTO et GROUTO (s. m.). Premières planches de Varbre où
se trouve l'aubier.
GUEILLAGE. Quête faite à domicile. — De colligere^^ re*
Goeillir.
* GUENS. Comte. {Archives deSoissonsy±26i.)
GUIGHON. Guisson. — Du Roiûan cucehon,
GUIGNET. Goin à fendre.
GUIGNET et GUGNOT. - Voyez Cogno.
GUISSONi Fournée , ce qui cuit ensemble. — Id. en Norm.
GIÎITÉE. Fournée de pains. — De même en Rouchi.
GULBUTE. Désordre.
CUL ( a&7 )
' CVliËLAID ! Cri des enfants lorsqu'ils Toient des masqaes.
C'est sans doute one corniption de : qu'il est laid. On donne anssi
le nom dé culélaid aux indiyidns'masqués.
Ctf LISâE (Béthnne). Réglisse. •— Synonyme : Rinoolichb.
CULOT* Oiseau dernier éclos, et par extension, le plus jeane
enfant d'une famille. -~ De même en Rémois, en Roucbi et en
Roman.' Le patois Berrichon a huit synonymes pour exprimer
eette idée, et entr'autres , chanculou.
CULOTTE {se donner une). Se soûler. Expression triviale que
nous croyons usitée dans d'autres proyinces.
CUNER (petit). Milouinan ; oiseau de mer.
CURE. Prêtre pourvu ou non pourvu d'une cure.
* CURIE. Corroyé. — Cuir a poil tanné ou curie, f Tarif des
aidês d^ Amiens , 1445/.
CUTROMBLETS (faire des). F^ire des cabrioles , se rouler
sur rherbe. — Synonyme : Foire le couybrcheu.
CYNGNES. Cygnes. — Voir le chapitre vi , article Chauny ,
dans la Première Partie de cet ouvrage.
CTYE. Ciboule. — De même en Roman.
D*. De. Synonymes : En', Eude.
DA. Dans. Cho tient pus qu^eine equeville tapée da ein potieu
f Adieux à M. D***). — Synonymes : Dins , Dé , Dar.
DACHETTE. Clou à ferrer les souliers. — Congénères : Rou-
e\^i , daehette; Espagnol, tachon, — Du Celt. tach, petit clou.
DADA (Boulonais). Le cancer mœnas de Lamark, espèce de
crabe, qu'on appelle crampe, à St.-Valery,
DADAIS. Niais, nigaud; de même en Rémois.
( 358. ) DAD
D ADÈLE. Tatillon, botome qui s'amuse ^ des trAvl^lxde
femme. — V. Daïïelot. ...
DADflLOT. Flâneur qui perd son temps à des mi^serie8..a,Ell
Islandais, m'écrit M. Breuil, dàdlaus ^cossus virUiU aninii.fl
corporisj est un mot composé de dàd, courage et knu, uns.
J'indique seulement ici une analogie sans prétendra assurer la 4~
liation des mots dadèle et dadelot. »
DAFUTE (homme). Voyez Afute.
DALE. Evier, canal par où les eaux s'écoulent; comme en
Norm. et en Y. Français. ^Coutumes de Bretagne, art. 698).
DALER {8* en). S'en aller. — 5ynon2/me : S'éraler.
DALOT (Boulonais). Ruisseau, égout. — DuGelt. dal^ creux.
DALUE. Femme niaise, stupide. — Congénères: Angli^is, dullj
sot ; Anglo-Saxon , dole, sot. — Du Gelto-Gallois dwl, sot.
DAMAGE. Dommage , tort. — De même en Roucbi » Franc-
Gomtois, Lorrain, Wall., Anglais et Rom. — Du Latin damnufn.
DAME. Femme, et surtout, maîtresse de maison. Levillagoois
dit souvent en parlant de sa femme, nou dame. Dame avait au-
trefois le sens de domina , maîtresse, a Se H cuers se laisse vain-
cre à la luxure et ele est dame de lui. » f Registre à cinq cleus des
archives de BeauvoisJ.
* DANGIER. Besoin, (fine, xiv.« siècle).
DAOANE. Espèce de petite prune.
DAR. Voyez Da.
DARAIN ou DËRAIN. Dernier. — Congénères : Rouchi , 4a-
rain; Jura, darie; Bourguignon, darrei; Franc-Gomtois , dar-
rier ; Gàtalan , darrer; Roman , déren. — Du Geltique ^eire.
DARAINEMENT. Dernièrement. -7 De même en Roman.
DARIËRE. Derrière. — De même en Ber. et en Y. FrançAis-
DARIOLES d'Amiens. Espèce de pâtisserie. Elle était fort
estimée de Rabelais.
DAS ( 3S» )
DA8. Dans. L'8 ne se prononce que devant one Toyelle. •—
Synonymes : Da , dins, dar.
BASSEULEMENT. Seulemeril. — Synon, Tasseulement.
DAUDIFLE. Fronde.
DAUDIFFER. Battre à rompre les membres.
DE. Cette préposition dans la composition des mots picards
marque l'éloignement , le changement de direction,. le monve-
ment de haut en bas, la privation , la destruction, le contraire de
ce qui est exprimé par le simple, l'augmentation et la répétition
de l'action.
BË. Dans. — Synonymes: Dins, da, das.
DËBAGLÉ. Rompu, défait , en mauvais état.
BËBAGOULER. Parler vite et beaucoup. Peut-être que ce
verbe a été fait par transposition de dégohiller, vomir, pris dans
un sens figuré. Bagoula signifie, en Syriaque, diseur de fadaises,
de mensonges.
DËBARBËR. Raser, faire la barbe.
DËBARRAS. C'est l'opposé de €m&arra«. Lorsque quelqu'un
qui était gênant s'en va, on dit : c'est un bon débarras.
* DÉBAT. Embarras (Cartulài/re de Moreuiï, 1249).
DËBATISIER {se). Se démener, se débattre.
DËBËRDOUILLER {se). Se dépêtrer. — On dit, dans le
même sens, déhernequer ^ dans l'arrondissement de Bayeux.
DËBERLAFËR (Santerre). Arracher.
DËBERTINKER {se). Se désbabiUer.
DËBILLER. Déshabiller. — De même en Rouchi'.
DE BISTRAC De travers, en travers, en mauvais état.
DËBINE {être dans la). Être ruiné, devoir plus que Ton n'a.
— Terme populaire généralement usité.
DÊBINË. Qui est dans la débine, misérable > rniné.
DÉBLAYE et DÉBLAL ^Synonyme , de Débarras. Voyez ce
( 3^ ] DEB
mot. On dit y en plaisantant , quand part an importun: $onete bon
déblai y or a pro nohis,
DËBLAVËR. Oter les blés coupés et, par métaphore, débar-
rasser. J'en Hen dumo d'en être déhlavé [logent des^gvM larmes).
DÉBLOUKER. Oter les boucles.
DÉfiORER. Débusquer, sortir inopinément d'un bois, pa-
raître subitement. — Du Rom. déboschier. En B. Lat. déboseare.
DÉBOULER. Tomber en roulant (comme une (ouif), — S'en-
fuir au plus vite.
* DÉBOUTER. Récuser. {Coutumes de Beauvais).
DÉBRIG4NDÉ. Déguenillé , débraillé (comme un brigand).
DÉBRAUSER. Décrasser, débarbouiller.
DÈBURER. Courir , s'enfuir. — Signifie aussi débus^^uer ,
sortir d'un bois , apparaître inopinément.
DÉGAFIKER. Ecaler.
DÉCAPOTER. Tirer un objet de l'endroit où il avait été caché.
DÉCAINÉ. Déchaîné. — De même en Roman.
' DÉCANILLËR. Décamper, fuir comme un chien (canw),
partir promptement. — Idem en Berrichon, Norm. et V. Franc.
DÉCANTOURNER {se). Se détourner, prendre un détour.
DÉCAPILLER et DÉCARPILLER. Diviser, séparei*, dé-
mêler. Se dit principalement des cheveux. — De même en
Franc-Comtois.
DÉCARCASSER. Tuer, assommer. ^Etymologie : Carcasse.
DÉCARÊMER {se). Se dédommager par nn bon repaè deaa
austérités du carême. —De même en Berrichon et Nonbandl.
DÉCARER. Se sauver , détaller.
DÉCAROTER. Essuyer, décrotter.
DÉCATOUILLER et CATOUILLER. Chatouiller. — De
même en Normand et en Roman. — Du Bas^Latin catullare.
DÊCAUCHER. Déchatisseir. — De même en Rouchî et en
Roman; deseaoussa^ en Languedocien.
DEC ( 361 )
DÊCâDS et DËGHAUS. Déchaassét. A piedi àéeàiu , pieds
nu». — De même en Lorrain et Roman.
DÊGAV£LË. Ecbeirelé. — Du Picard caffêu, cheveu.
DÈGENSBLËR (#0). Abandonner toute aa fortune à aes'en-,
fanta moyennant une rente viagère. -* EtifmoL de een$.
DÉGESSËR. Cesser. — De même en Rouchi et en Gfaampien.
DËGHAUS. VoyezDéGAus.
* DËGHEPVANGE. Tromperie , surprise. f'Ànc. Coût Wd»
de Picardie J — Du Latin decipere , tromper.
DEGHO. De cà. — De même en Roman.
DÊGHORELER. Séparer ime souche » pour en obtenir des
rejetons.
DËGLARER. Dire, débiter. — Signifie aussi: parler avec ru-
desse y repousser , jeter par terre avec colère. — V. GovPLimnrr.
DËCOEURË. Défaillant , qui éprouve le besoin de manger.
DËGOMPOTER. Ghanger le temps de l'engrais des terres. -—
De même en Roman.
DËGONFORTER (se). S'affliger, perdre Pespérancc-^De
même en Roman.
DËGOPER. Découper. — Du Roman dexcoper. Signifie aussi
diminueTy retrancher. .— Voyez Copek.
DËCRAMPIR (se). Se délasser. — Voyez Ëgrahpi.
DËGRAPER. Nettoyer, dégraisser.
DËGRINKER. Saisir nn objet accroché. — 8yn. DicROKER.
DËDË [aller). Aller promener. Terme enfantin.
DËDET. Doigt d'un enfant. — Dedo signifie doigt; en Espag.
DEDINS (prononcez d'difu). Dedans. — De même en H. Anv.
DÉ DRAGUER. Réduire quelque chose en marmelade. ^~ Se
dit aussi de la terre boueuse qui se dét^Kche du sol par ûti teînps
de dégel.
DËDRUIREouDËDRUSSIR. Rendre moins dru, éclaircir
un plant.
{ 362 ) DEF
DÉFëNOUILLER. Débrouiller , éclaircir.
DËFIKER. Arracher.
DËFINER. Finir, terminer. De même en Normand et Rom.
DËFLINiLËR. Défaire. — C'est aassi nn Sy.non, do Flajiker.
DËFOUTILLOT (Artois). Cheville dont se serrent les fomeors
pour débourrer leur pipe.
DËFRAIKIS. Défrichemens.
DËFRAITIËR. Défrayer, payer la 4épense de qualqa'iin. —
De même en Roman.
DËFRIPER. Rendre uni un linge ohifonné. — -/iE.:ca|lom.
DÉFRISE {être). Être contrarié. — De même dans'^Sidiépar-
tements du Nord.
DËFRITURES (Roulonais). Portions de jachères que Ton
desaole pour les cultiver pendant l'année de repos.. On y sème do
lin, du trèfle , des colzats. — Synonyme : Dessolis. '
DËFURLER. Dévêtir, déshabiller, ôter un vêtement. —De
même en Normand et Roman.
DËFULER {se). Se décoiffer , ôter son chapeau , saluer. —
De même en Lorrain et Roman. Voyez Affuler.
DÉFUNCTER. Décéder, mourir. — En Rouchi, défunker.^
— Du Latin de/unctu«, mort. <
DËGADRËNER. Déraisonner.
DËGAIGNER. Payer , rendre de l'argent.
DÉGAINE* Tournure , port, manières. -^ De même enRom
On dit dégainche dans le Marquenterre. Une heUe dégame s» ^sme
prend presque toi^gours dans un sens ironique et signifie : man- .^d-
vaiae toujrnore, manières gauches, façons maussades. Il en e^sr at
de même en Franc-Comtois.
DËGALOPPER. Se sauver au (/aîop.
DËGAMRILLONNER. Se dit des enfans qui agitent les jai
bes , pendant qu'on les emmaillotte.
DËGATOUILLER. Chatouiller. Voyez DécATOuiLLBR.
DEC ( 363 )
DfcGELÉË. Rottée^ ^rolée de eoaps.
DËGIBOULËE. Petite gelée.
DÊGOBILLER. Vomir. — De même dans rarrondissemekit de
Yftlognes. Il ose êégobiller comme cho devant tout le môndtfen^
tretien d^ech Franc- Picard), — Etymolog. du Flamand gàhehn,
DËGOFER et DËLOFËR. Vomir.
DËGOISER. Palier vite et longtemps. Terme populaire géné-
ralement usité "dans le nord de la France.
DÉGOMMER. Supplanter , vaincre ; de même en Berrichon
et en Rêlnois.
DËGOTË. Pin, rusé , spirituel ; de même en Rouchi et dans
l'arrondissement de Bayeux.
DËGRATTER. Se dit des chiens et des volailles qui grattent
la terre.
DËGRAVER. Fraire des graus , des égratignures.
DËGREtJCHER. Creuser des petits trous dans la terre. —
Creuser un pain pour en prendre la mie. Se dit aussi des porcs
qui fouillent la terre.
DËGRIGNER. Dédaigner^ mépriser. — En Italien, sgrignar
signifie : se moquer. David lassé de s'aouir comme echlo dégrigner,
m
^Sermon sur les vérités du tempsj,
DËGRIMONER. Sarcler le chiendent.
DËGRIOLER. Glisser sur la glace ; idem en Norm. et Rou.
. DËGUERPILLER (se). Se démener ; se dit principalement
d'iiD animal qui cherche à s'échapper 9 à briser ses entraves.
DËGUEULER. Vomir des injures. Etymologie: de gueule*
DËHËDË. Fatigué, ennuyé. Du Rom. déhaitié, abattu.
DËHOKER. Décrocher; idem en Rom. V. Ahokbr.
DËHOUSER (se). Oter ses houseauœ (guêtres). Idem en Rom.
DEINE. Contraction de dins eine, dans une.
DEINGEREUX (St.*Quentin). Probablement.
( 364 ) DEI
D£INT (mascalin). Deut. — Du Latin den$. S'éclainhér les
deints^ manger du pain sec.
DEINTIËR (Boulonais). Montrer les dents , défier.
DEINTIER. Enrager , être vexé (comme quand pn a mal aux
dentsj»
DEINTIEUX. Qui fait enrager.
DËJOUKER. Déjucher; de même en Roii^an* — Se41t;6a8si
d'une chose que Ton abat adroitement , comme lorsqu'on ti^^ an
oiseau.
DËRERKER. Décharger. — Du Gelto-Breton dûçofjra.
DËKERPILLER. Séparer des animaux qui se battent.
DËREUDRE. Découdre. —Du Romm deskeudre.
DËKIRER. Déchirer; id^men Rouchi et en Roman.
DEF/. De là. — Dans Tancien Picard, del s'employait égale-
ment pour du et de la,
DËLAG (pleuvoir à). Pleuvoir à verse, à seaux. — Syn. Ds lac.
DËLAGHER. Délacer; idem en Rouchi et en Roman.
* DÊLAIER. Laisser , abandonner. (Beaumanoir).
DËLAKER. Lâcher, détacher.
DËL ARER (se). Se laisser tomber.
DËLAMENTER (se). Se lamenter.
DËLI (en). En chaleur, in delirio,
DËLIBËRË. Qui a le ton décidé; idem enV.-F. (Àflàyot).
DËLIBËRER. Délivrer. — Du Latin liherare.
DËLIGOTER (se). Se débarrasser du liooa. Au fi§, te remuer,
prendre ses ébats. Le participe délieoté signifie , par exienàoD ,
sans gène , éveillé , gaillard.
DËLIONS. Inégalités qui se rencontrent dans le fil. '^^'SfynO"
nyme : Bouillons.
* DËLOENQUEZ. Dorénavent. /^Coutwin<fi{.iielHc.> \
DËr^OFER. Vomir. — Synonyme : DéooFi&R.
DËLORETÉ. Déguenillé. —D'un usage assez-général.
DEL « ( 365 )
DËLOURDËR. Tomber lourdeaient.
DËLOYER. Délier. — Gomme en Roman.
DËLURË. Luron, gaillard, malin. — De même en Normand,
en Berrichon et eu Roman.
DËM'. Dans mon , dans ma.
DËMAGANDË (Noyon). Démailloté , défait.
DÉMAKATIF. Qui dégoûte , qui donne envie de àémaker,
DËMAK.ER. Vomir« G« mot, mentionné par Gotgrave, se re-
trouve en Flamand, en Belge, en Ronchi et en Roman. On dit ,
4iu figuréy qu'un individu démake^ lorsqu'il profère des injures ou
qa'il débite beaucoup de sottises.
DËMAREUX. Qui vomit. Epithète injurieuse.
DËMAKIS. Ce qu'on vomit.
DÊM ANGLE. Défait, mal dépecé.
DËMANGONER. Bégayer.
DÊMARER; Partir, quitter l'endroit où l'on était. Ce verbe
est emprunté au terme maritime amarer; amar ^ signifie, ea5{«
en Bas-Breton.
DËMËFIER {se). Se déGer.
* DËMËNER. Intenter une action judiciaire. (Beaumanoir^.
DËMENTIBULER. Démembrer, disloquer , casser.
DËMËTUR£S« Hardes» vêtements dont on a fait un long
tisage et qu'on a mis au rebut. Cette expression appartient au
Ponthieu. On dit démises dans le Santerre.
DEMI-EUSIEU {demi-oiseau). On désigne ainsi tous les oi-
seaux du genre sarcelle ^ parce qu'ils paraissent parleurs mœurs
aquatiques, demi-oiseaux , demi-poissons.
DËMINGURE. Démangeaison. — Du Roman mangetdre*
DËMISES. Voyez DÉuéTURES.
DEMI-TIRVOT (Gaycux). Chevalier sanderling. — A Saint-
Valery, on appelle cet oiseau (^emt-rou«««Iette.
24.
( 366 ) DEM
DÉMONTER. Impatienter, décourager.
DËMORTIB. Se dit de la terre qui, en dégelant, devient
comme du mortier.
DÉMUCHER. Découvrir ce qui était muc?»^, caché.
* DENDROIT. A cause {Archives de Moreuil , 1249).
DÉNEUER.* Dénouer. — Etym, du Roman desneuer,
DËNIGHË. Eveillé, vif, intelligent, malin ; idem .en Berr.
DÉNiCHOIR. Qui déniche^, qui trouve. — Synon. DéniCBEUx.
DËNOKER (Artois). Démentir ; de même en Roman.
DËOUER GUIGNER. Forcer ses os à sortir de leur cavité. On
dit d'une brouette qu'elle est déouerignée, pour signifier que ses
tenons sont peu serrés dans leâ mortaises. — Synon. Déouagner.
* DËPÊCHER. Séparer. ("Coutumes du BeauvoisisJ,)
DÉPEÏNDEUX D'ANDOUILLES (grand). Homme mince et
de haute taille , grand flandrin , terme injurieux.
DËPENSE. Lieu-où l'on serre le laitage.
DËPIAULÊ. Dénudé , dépourvu de peau ou de poils.
DËPIAULER. Enlever le poil ou la peau, écorcher. — Con^
génères: Nivernais, dépiauter; Normand , dépiauster.
DËPIËCHER. Dépecer. De même en Roman.
DËPIFÉ. Fatigué, indisposé par-suite d'excès.
DËPINS (prononcez dé^inj. Dépense. — S'enliploie au ma se.
DÉPITEUX. Qui se dépite aisément.
DËPLAGHER. Déplacer ; comme en Roman.
DËPLAISI. Déplaisir. •— En Languedocien, desplasi.
DÉPOINTER. Se dit d'un fermier qui par une enchère obtient
une terre affermée jusqu'alors à un autre. Il existe, dans le San-
terre, une espèce de contrat tacite, qui interdit aux fermiers
d'enchérir ou d'accepter le marché d« terres d'un autr« fermier,
sans son consentement exprès. Les rares infracteurs de cet osage
sont appelés dépointeux*
/
bÉP ( 367 )
DÉPORTER (se). Se dédire.— En Rom., âe dépoufter signifie
$e dispenser,
BÉPÔTËR. Transporter le cidre d'un tonn^ao dans un autre.
De même à Caen ; à Rouen , dépotaqef. — Êtymoiogie: à^pot
DËPOYSË. Dépaysé , dérouté « décontenancé-; Hem en RomT
DtTR ACER. Dégénérer. — Etymoiogie : de race.
DËtlAGHEINËR et DÈRAGHER. Déraciner. Du Roman
dérachiner*
DËRAIN. Dernier. De même en Rouchi, Normand et Rom.
DËRADER (Roulonais). Avoir terminé la pêche. Littérale-
ment ^ avoir quitté la rade,
DËRAKER. Tirer d'un bourbier , d'uner^e.
DËRËKIR. Défricher. Du Roman desriequir. — A Hornoy ,
ce verbe signifie donner le premier labour, ^
DERRIÈRE (en). En cachette. — Synonyme : En arrière.
D$RINGOLER, DËGRINGOLER et DËGRIROULER.
Tomber de haut, en roulant. Le P. Ménétrier, en expliquant le
terme héraldique ^rtn^oî^, dit que les gargouilles ont été nom-
mées par corruption dringales et que les Picards en ont fait le
verbe d^^rtn^o 1er qui signifie tomber (2« Aaut» comme l'eau qui
découle des gargouilles. Ge terme est presque reç,u maintenant
dans la langue Française. Voltaire l'a employé: c( Si deux ou trois
personnes, dit-il, ne soutenaient pas^ le bon goût dans Paris ,
nous dégringolerions dans la barbarie. »
DERNE et DERGNER. Dernier. — 5yn. Darein, dérain.
DÊRO (prendre son). Réfléchir à ce qu'on va faire.
DËRORER. Oter des cailloux , ôter des rokes.
DÊROMPURE (Soissons). Hernie , rupture.
DËROUFLER. Dépouiller d*un seul coup un animal dé sa
peau , une branche de son écorce , etc.
DÉROUTINË. Déconcerté, embarrassé. — JÉ^yt». de route.
DËROGER. Sortir du bon chemiu. — De même en Aomau.
24*.
( 368 ) DES
* DËSAGIË. Mineur [ancien Coutumier inédit).
* DËSARESTER. Donner main-levée (Beaoman).
DÉSARGENTE. Se dit d'une personne qui n'a plus d'argent.
DËSENFILER. Défiler.
DÉSESPÉRER {se). Se suicider.
* DËSEURER. Séparer.
DÉSHABILLÉ. — Robe haUllée. — De même dans l'arron-
dissement de Yalognes.
DESHERITEMENT. Perte d'héritage, action de déshériter.
* DESPOIRE. Poids des monnaies (Beaumanoir).
DESS*. De son, de sa (devant une consonne).
DESSARER. Tirer hors d'un sac, et au ftg.y tirer hors. Cang.
Espagnol^ saccar; Allemand, aussacken. — De l'Hébreu, sac qui
s'est conservé dans presque tontes les langues. Voyez M. Acaû,
de la formation du langage,
DESSARER {se). Sortir , quitter sa place. Vlo qu*ein liève ess*
dessake {le Chasseur Picard)-
DESSAPI. Désaltéré.
DESSE. Deçà.
DÉSSËPARER. Séparer.
DESSEUH. Dessus, sur. — De même en Vieux-Fr^çàîs.
Synongmes: Dessur , d'sus , su. — Dessur est très-usité en Franc-
Comtois. — On dit dessus^ en Lorraine.
DESSOLIS. Voyez Défritures.
DESSURBIR (Acheux). Rendre la circulation du sang à un
membre engour4i. — ^ Signifie ailleurs éclaircir un champ.
DÉTAFIRER. Déplacer , détacher. — Du Latin de statu de-
figere.
DÉTAINDRE. Eteindre. ~ Du Roman destaindre.
* DËTE. Débiteur. ^Coutumes de Beauvais.J
DÉTEURDRE. Tordre. — De même en Roman.
DET ( 369 )
JDËTOMBIR. Rendre la ciroalation do sang à un membre
engourdi.
DÊTORKER. Oter la torche y c'est-à-dire le bât d'un Ade.
DËTOUILLER. Démêler , débroailler.— Voyez Touiller.
DÊTOUILLOUËRE. Peigne à démêler.
DËTOUPËR. Déboucher. — Voyez Etoopbr.
DÊTRàINDRE. Desserrer. Méon donne le sens de serrer an
Roman détraindre. — Du Gelto-Breton disterdein.
DËTRAYER. Trier. — De même en Roman.
DËTRENGHER. Trancher , couper par morceaux. — Du Ro-
man détrencier.
DËTRIGHER et DËTRIER. Trier, choisir. — Etymologie:
do Roman déirayer.
* DËTRIER. Refuser, retarder. ^Cout. duBeauv.J
DËTURRER. Troubler. Sans plus Vin destourhier por sy
grande destreisse (sire de CréquiJ, — Cong. Berrich. , déturher ;
Fr.-Gojnt. , détourhai ; Limous. , destourhi ; Ital. , distwrhare ;.
Angl.y disturh : V. Franc.,. de<totimer. — Du Latin distwrbare.
* DEU. Dieu. (Carîulaire de Vermandois , i2M.J
DEUSSE. Deux. — Cong, Gastrais et Lorrain , dousse.
DEUSSE. Groûton Trotté d'ail.— Du Rom. dosse^ gousse d'ail.
DEUSSER. Ecraser un ognon sur une croûte de pain. Signi-
fie aussi hattref rosser,
DÉVALANT. Descente.
DËVALËR. Descendre.— Gomme en Koman.-^Congénères :
Lorrain, Berrich., Norm., Rouchi, Ghamp. et Vieux-Français
(Ronsard): dévaler ; Franc-Gomt., devaulâ; Gatalan, devallar ;
Ital. , devallare, — Etymologie : du Bas-Latin devallare {devalle.
ire), — Signifie aussi baisser , dans le sens propre et figuré.
DEVANCHER. Devancer. — De même en Roman.
DEVANT QUE. Avant que. — De même en Berrich. et Rom.
DE VENT! EUX. Voyez Vintieux,
( a70 ) DEV
DEVINETTE. Devise, charade. — Cong. Lorrain et Roqohi,
devinette ; Besançon , devinotte; Wall. , ddvinat ; VieuxrFraDç.
et Normand , devinailU .
* DEVISE. Partage. {Coutumes de Beav/vais }.
* DEVISÉ. Détaillé. (HorcttiZ, 1249.)
DEVISER. Causer, converser. — Gomme en Roman. — Cong.
Portug., Catal. et Vieux-Esp. , devisar ; Ital. , d%visar€, Jkfiier
était encore admis dans le style badin du xviii'f' siècle.
On voit encor son ombre fière
Deviser sous les maronniers. (xin,* épitre de Voltaire.)
DEVISEUX. Causeur , babillard.
DÉW ARWÏGNER (se). S'agiter, se presser, agir activement.
DEZOUS. Dessous ; de même en Rémois.
DI. Jour. Mot rarement employé. — Congénères : Rûuasillont'
Béarn , Var , Lombardie et Piémont, di. — Etymologie ; du La-
tin dies.
DI A ou DIO. Cri par lequel on excite les cbevaux à se diriger
à gauche. En B]:etagne , c'est pour les faire aller à droite. Cette
expression s'emploie aussi au figuré.
N'en n'o qui Cont aller not' erligion à dio
N'en n'o d'eutes étout qui V font aller à uo.
[Satire d'un curé Picçtrd),
On sait que ê'iu , en Grec , signifie à travers, de côté.
DIABLEUX (Béibune). Gros , fort.
DIABLOTIN (St.-Valery). Morillon (oiseau).— 5yn. Jacobin.
DIALE. Diable. — De même en Vosgien, Jurassin, ^oucbi
et Bourguignon. — Etymologie : du Latin diaholus.
DIDI. Bavard, grondeur. — Etymologie: dire.
DIGON. Bougonneur.
DIGONER. Bougonner , trouver à redire à tout ce qui se fait
ou se dit. De même dans le pays Chtirtrain.
DIN ( 371 )
- DINDE (grande). Femme de haute taille. Tertne de mépris
usité à St. -Quentin.
DINDIN. Le petit doigt. — Synonyme : Dédet.
DINETTE. Collation d'enfants ; de même en Lorrain.
DINOT, DINOTE. Dindon , dinde. Au figuré , imbécille.
*' DISSIME. Aphérèse de grandissime.
DITELET. Le petit doigt. — Synonyme : Dindin.
DIU et DJIU.Dieu. — Locution picarde ; ein bon Dtu, un
-crucifix.' Aller vir el bon Diu^ mourir. — Congénères: Béarnais,
diu ; Provençal, diou; Bourguignon, Franc-Comtois et Catalan,
deu ; Nancy et Besançon , due ; Savoisien , djeu, — Etymologie :
du Roman dius^ dérivé du Latin deus. Dans les écrits picards du
Moyen^âge , on trouve diex, dieux , dieu^ deu et diu,
DIVERTI. Gai , joyeux; de même en Berrichon.
DIXIT. Premier chantre de paroisse qui entonne le dixiL
* DIXMERON. Dîme.
DIZIEU. Dizeau , petite meule de dix gerhes. — Du Roman
diseau , dixaine, dérivé du Celtique diznez ?— Locution picarde :
il a chés quate dizieux ; il a 40 ans.
* DOBANCE. Plainte.
DODINER. Soigner, caresser. — De même en Wallon. —
Signifie aussi bercer un enfant, comme en Berrichon.
DODO. Lit d'un petit enfant. — Faire dodo , dormir. Voyez
NiMETTE. Ces deux termes enfantins sont usités partout.
DORER. Frapper. — V. ses synonymesi, au chapitre 2«.
. DOL (Boulonais). Douleur. — Du Latin dolor ou du Celt, doL
DOMINO. Pièce de drap noir dont les femmes des environs
de St.-Pol et d'Arras se couvrent la tête et lesCépauJes, lors-
qu'elles vont à l'église.
DONDON. Femme grosse et grasse. Le Duchat dérive ce mot
de dovidaine qui signifie ballon.
( 372 ) DOR
DOR. Or, — Par saite delà fusion de Tarticle ave&le subs-
tantif. Ch'est ein ange ed' dor fAlman, du Franc" Picard y 1849.)
DORELOTER. Choyer, caresser, entourer de soins et de
prévenances. — De même en Franc-Comtois et Roman.
DOREUX. Sensible à la douleur physique, douillet. — Du
Roman dorelot.
DORLOTS ou DERLOTS. Bijoux qu.e le futur donne è sa
iGancée.
DQSSET. Fonds d'une cheminée. — Du Roman dossier^
DOUBLE (Béthune). Liard.
DOUBLE RAKET. Grèbe d'Esclavonie (oiseau).
DOUCHEREUX. Doucereux. — De même en Roue, et Rom^
DOUCHETTE (ai). En tapinois.
DOUCHEUR. Douceur. — De même en Rouchi et Roman.
— Doucheurs, au pluriel, signifie quelque chose de plus qu'un
morceau de pain. «Tat ocat^ einmoUet de doucheurs : pour detus
patars ed* pemmes ed terre.
DOUCIR. Rendre doux, faire tiédir. — Se dit en parlant de
l'eau , comme dans le patois de Beaune.
DOUILLE. Volée de co>ips de bâton. — Synonyme: Racléb.
DOUILLER. Battre, donner des coups de bâton.
DOUILLETTE. Tiède. — Se dit en parlant de l'eau.
DOULEVÉ. Pain qui a la croûte levée. Mot Picard men-
tionné par M. Hécart, dans son Dict, rouchû
DOUTANCE. Doute.
DOVER (Boulonais). Dormir, sommeiller. — • Peut-être du
Celtique dov , reposer?
DRAGON. Cerf-volant. Ainsi nommé à cause de sa grande
queue. ••^ De même en Champenois, etc.
DRAONCLER. Suppurer, apostumer. « M. Paulin Paris
qui sait tout, hormis nos Patois peut-être , dit M. Pierquin de
Gembloux , a éprouvé plus d'une fois les conséquences de l'omis-!
DRA ( 373 )
8Îon de leur étude, dans ses plus importants travaux. A propos
du vers suivant , par exemple :
Ce est draoncles H loherens a dit
le savant philologue pense'que ce mot ne se trouve dans aucun
glossaire. S'il eut connu ppurtant )e patois Picard , il aurait
trouvé le substantif draonclure et le verbe droonciery dans les-
quels la diphtongue se prononce comme dans piion , Laon, L'o
est tout simplement ici une lettre étymologique. D'autres patois
ont le xpot dragoncle qui se rapproche plus de la source d/ragun-
culw, ipal^die connue dans la langue française sous le nom de
dragon. » {Des Patois et de l'utilité de leur étude, p. 128.)
DBAONCLURE. Apostéme , dragon.
DRAPEAUX. Langes. -^ De même en Berricb. et en Vieux-
Franc. Signifie aussi Hn^e en général , comme en Normandie.
DRAVIËRË. On sème dans un champ de la vesce, de Ta-
voine, de l'orge, des fèves et des bisailles. L'ensemble de ces
plantes fourragères récoltées vertes se nomme dravière. Le mé-
lange diffère selon les localités. Dans les environs de Boulo-
^e , Xesdravières sont composées par égale portion d'avoine et
de vesce. Ce mot se trouve avec une signification identique à
Lille , à Yalenciennes , à Reims , etc.
DRËGHEt Buffet , dressoir. — Synonyme : Dréchoib.
DRËGHER. Dresser. — De même en Rom. — Drécher Vsoupe ,
servir la soupe,
DRËGE (Saint-Valery). Filet pour la pêche de la sole.— -Sj/no-
nytne : Tr aille.
DRËLER (Arras). Dissiper.
DRESSE (Art.) Armoire. — Synonyme : Omellb, Aruère.
DRET, (adv.) Droit, précisément, justement. On dit droit
dans le même sens en Champenois et en Franc-Comtois Dret
signifie droit en Bas-Breton.
( 374 ) DRE '
DREUX. Proit, debout.
DRINGUER. Jaillir. — Synonyme : Gligher.
DRINIAU (Artésien). Troène (arbuste).
DRINGUËLE. Pourboire. — De rAllemand trinken gelt,
argent pour boire.
DRINSE. Diarrbée.
DRINSSER. Avoir la diarrhée; — de même en Roman. —
Synonyme : Drisser.
DRO LINCHEUX. Drap de lit.
DROIT. Précisément , justement ; idem en Y. Franc. (Âmyot).
* DROITURE. Redevance , ce que le sujet devait à son sei-
gneur.
DROGUER. Se morfondre, attendre inutilement. Mot popu-
laire généralement usité.
DROLER. Aller ça et là , sans but ni résultat,
DROUILLË. Excrément, foire. Signifie aussi: femme indo-
lente et d'une mise malpropre.
DROUILLETTES (être dans ses). Etre en grande ocoupatioD.
Se dit surtout d'une maîtresse de maison qui prépare tiin grand
repas. ^
DROULE. Efféminé. Se dit aussi d'une fiUe débauchée.
DRU. Fort, bien portant; idem en Normand et en V. Franc.
DRU {être dans son). Etre affairé , être dans l'embarras. «^ Du
Roman dru , pi^essé.
DU GAGE. Fête patronale de village. De même en FiaII^lQd
et en Rouchi. Selon Roquefort, ce mot nous viendrait de la
Flandre, où les ducs donnaient à leurs serfs des fêtes de ce nom.
Nous pensons que ce mot est plutôt une abréviation de dédicace.
On appelait jadis ducac^ la fête célébrée à l'occasion do jour an-
niversaire où l'église avait été* dédiée. On donna bientôt par ex-
tension le même nom à la fête patronale des villages, qu'on dis-
tingue pourtant parfois en l'appelant petite ducace, (Voir dans les
DUI ( 375 )
Archives historiques du Nord de la France , tme ducaee dans
Varrondissement d'ÀvesnesJ.
* DUI. Deux {Archives de Noyon, 1247).
DUIR£ (Béthune). Dresser, soumettre.
DUIRE. Convenir, plaire. — De même en Rouchi et en Vleux-
Franç.Yoltaire a dit: tout me convient^ toutmeplait, tout meduit.
DUISIBLE. Ce qui plait^ convient, est utile.
DURER. Attendre , prendre patience. — Ne s'employe guères
qu'avec une négation. — De même en Berrichon, Normand et
en Roman. Le Bas-Latin durare avait le même sens.
DUSQUES. Jusques. — De même en Roman. — Du Latin
usque. On trouve dusca dans le voyage ducomte de Ponihieu,
ÉBALOUFRER («•). Se fâcher, s'exaspérer. — Signifie aussi
s'épouvanter. — Synonyme : S'egarloufber.
ËBARER (s'}. S'éclaircir. — Se dit en parlant du temps.
ËBE. Reflux de la marée descendante. — De même en Rom.
— Reflux se dit eèba , en Anglo-Saxon; ehhe , en Danois, en
Allemand , en Hollandais et en Flamand.
ÉBERDËLER. Écraser.
ËBERKER. Êhrécher. — De même en Roman.
ÊBËRLINGUER. Jouer à croix ou pile.
ËBERLOUFRË. En colère, exaspéré.
ËBERLUKË. Ëvaporé , inconsidéré. — Synonyme : Ëbleré.
ÉBE:RNER. Nettoyer un enfant au maillot. ^
ËBEÙBL Étonné, stupéfait, abasourdi. — Synon, Ëbaubi.
— Cong. Rém. , Franc-Comt. , Vaudois et V. Franc. , éiauH.
ËBLËRË. Évaporé , étourdi.
ÉBLEUL Niais.
■î-^
( 376 ) EBO
ËBOKER. Ëmonder , tailler un arbre. — Da Rom. ébosquer.
ËBENDIE [tout d'eine). Instantanécnent , tout I coup. A
Amiens , on prononce : tout d'eine eshondif.
ËBORNIFLER. Ëborgner, aveugler en frappant sur la figure,
— Du Celtique horriy borgne.
£B0UL0NS. Rejetons du pied d'un arbre, d'une plante,
ËBRANKER. Ëbrancher. — Du Bas-Latin exhrànehiare.
ËBRANKIURES. Branches coupées.
ËBRËLË. Ëtourdi , inconsidéré. — Synonyme: Ëbbrluké.
ËBRIAKE. Maniaque , fou , étourdi. — Peut-être du Rom.
ébretic y ivre. — Voyez Brake.
ËBROUER. Donner un premier lavage aux linges qui sont
très-sales. — De même en Roman.
ËBROUESSE. Brosse. — Syn, Brouesse , Bruche. — Cong,
Anglais , hrush,
ËBRUSSER. Éclabousser. — Synonyme : Ëoucher, Ëkichbr.
EBZEU. Faiseur, ouvrier. — Syn, Bzeu. — Un hzeu ed'fagotSy
fagotier.
ËGABOCHER. Meurtrir la tète. — Etymoîogie : du Picard
caboche. — Voyez ce mot.
ËCABOULER, Bossuer. — Cong. Franc-Gomt. , écàbouler;
V. Franc., cahouler ; Genevois^ càboler. — Signifie aussi écrcuer.
ÉGAGHER. Éclabousser. (Au propre et au figuré.)
ÉGâGHOIRE, Mèche de fouet. — De même en Rouchi.
ËGAFETTE ou ÉGAFOTTE. Moitié de coquille bivalve de
rivière dont on se sert pour écrémer le lait. — Du Rom. escafette.
ËGAFER. Fendre l'osier en deux. — De même en Roman.
ÉGAFIÉ ou EGAFIGNÉ. Vif, éveillé.
ÉGAFLOT. Écaille de la noisette ; enveloppe des graines et
de certains légumes.
ÉGAFLOTER. Oter Técaille d'une noisette, d'une graine. -^
Réduire un entier en petites parties.
EGA ( 377 )
ÉGAGNON et ËGAIGNE. Ëcheveau de fil. — En Languedo-
cien , escagno. — Du Roman escaigne. — Synonyme : Ëghbt.
ÉGAILLE. Goque.
ÊGAILLETTE (St.-Valery). Oiseau des tempêtes.
EGAILLETTE (à V). Bras nus , habit bas. — Synonyme: En
PuRBlrrE, EN PuLÉlf ANCHE,
ËGAILLON. Échelon. — Congénères: Gers, escale; Gatalan,
escalo; Espagnol, escalon; Italien, «caHno.-^ Du Roman escaiJr-
Um, dérivé du Latin scalaf'quod ascandendo diciiur dit Varron.)
ÉGALER et ÊGALOTER. Ëcosser , écorcher un bouton.
ÉGALIPE. Écaille, coque, valve de coquillage.
ËGALO{(î'J. De surplus, en sus. — Synonyme: en Ramindos.
ËGAMI AU. Pièce du charriot sur laquelle est placée l'échasse.
ÉGAMPOURË. Sauvage, peureux. — Êcampourer signifie
disperser en Franc-Gomtois.
ÉGAMPOURER. Avoir des crampes.
ËGANE. Gros écheveau de laine. — Du Roman escaigne.
ÉGANILLË. Vif, éveillé. — Syn. Ëgafib.
ÉGANILLER. Ghasser de chez soi; mettre quelqu'un à la
porte (comme un chien , canis).
ÉGAPER. Échapper. — Congénères: Rouchi, ^coper; Lan-
guedocien , escapa ; Ital. , scappare. — Etym, du Rom. escaper.
ÉGAR ATS. Ëchalias. On trouve escaratz dans une bulle du
Beauvoisis de il89 (Louvet , tome i. page 478), et escarceon dans
une bulle Laonnaisc de 1212. Il parait qu'on prononçait autrefois
csaras, a Les^ Picards , dit Ménage , prononcent csaras: ce qui a
fait. croire à quelques uns que ce mot venait de z'^^cù^ » ( Diction-
naire Étymologique^ F.° Échalas). -*■ Etymologie : du Bas-Latin
carratium qu*on trouve dans les lois des Lombards, liber i. tit. 25^
ÉGARBOUILLË. Éveillé, vif, pétulant.— 5t/n. Ékerboui^/LÉ.
ËGARBOLILLER. Attiser les braises.
{ 378 ) ÉCA
ÊGARDONER. Purger un champ de ses chardons (cordons).
ÉCARDONET. Chardonneret. Voyez Cadorbux.
ÉCARION. .Cordon. —V. Égoirion.
ÉCAROTER. Décrotter, essuyer l'ordure. — Syn, QécAROTBR.
ÉCARPER. Pourfendre; de même en Roman.
ÊCARQUILLER. Cheminer les jambes fort ouvertes, divari"
catis crurihus y comme le dit Robert Eti«nne. Molière a employé
cette expression : ils marchent escarquillés comme des volants.
On écrivait , au xiii.« siècle , esquarquiller,
ÉCARVENTRER. Eventrer. — Étî/moï. écarperet ventre.
ÉCAUDÊ. Echaudé; du Roman escaudé,
ËCAUDËE. Echaudée. On dit escaudeis en Bas-Breton.
ËCAUFER. Echaufer. Du Roman escaufer.
ÈCE. "Ce, cet. — Synonyme : Eghb, Cbe.
ËCHAMER. Faire un nouvel essaim d'abeilles; id, en Ron^v
ËCHAMER (s'). Se sauver; de même en Roman.
ËCHE. Ce, cet. Synonymes : Chb , Chu, Ge , etc.
ËCHE. Je. Synonymes : J', Ej , Euj , Che , Ch'.
ËCHEPER. Lier les jambes à un cheval de manière à ce qu'il
ne puisse marcher. — Étymologie : du Latin in cèpes,
ËCHÊT, ÉCHIT. Echeveau de fil. -—Synonyme: Ëgagnon.^
ÉCHORTER. Avorter. Se dit en parlant des vaches.
ËCHORTIN. Avorton , animal ou enfant chétîf,
ËCHOUIR. Assourdir par on grand bruit; causer dëdétoar-
dissements: importuner par s^ loquacité.
ËCHU. Vent ou chaleur qui sèche. Du Roman essui.
ËCHUCHÉ. Epuisé par un excès quelconque. — Loc. Pic.
terre échtichécy ierre épuisée par un trop grand rapport. — Femme
échuchécj qui a donné trop longtemps le sein à son enfant.
ËCLAINCHE. Epaule.
ËCLAINDIR. Reluire , resplendir. — Etymologie: éclair.
ECL ( 379 )
ËGLAIR. Soupirail.
ËtlLATERoQËGLiER. Se dit d'une cote, d'un tonneau dont
lesplanobes se disjoignent, par l'effet de la chaleur. V. Renater.
ÊCLËGHE. Morceau de bois menu.
ÉCLIDON (Boolonais). Traineau.
ËCLIFËR. Fendre, partager, déchirer; en Franc-Comtois ,
éclafer. ~ Congénères : Anglais » to cleave ; Flamand , klieven;
Hollandais, klaven; Danois, klave, fendre. Le mot français cli-
veTy qui doit avoir également une origine septentrionale, signifie :
fendre avec adresse un diamant, au lieu de. le scier.
ËCLIRETTE. Gastagnelte , batte de masque. — De même en
Normandie. — Vient de cliquetter , faire du bruit.
ËGLISSËS.^ Brins de bois. — De même en Roman.
ËGLORER ou ÉROKER. Rompre un fil, une ficelle, un lien
de paille, etc., en tirant ou en pressant trop fort.
ÊGLOY. Urine. Robert Etienne et Nicot citent ce mot comme
Picard , et le dérivent de ex et lotium, urine.
ËGOAGHER. Ëcraser quelque chose en marchant dessus. —
Synon, Ébbrdeler. — Buffon s'est servi du verbe écacher dans
Thistoire natutelle de Véléphant,
ÈGŒURÉ. Qui sent son cœur défaillir; découragé, dégoûté.
— De même en Normand. -^ On dit éecsurdi dans le Berrjr.
ÉGOHU. Hotoitae au regard effaré.
ÉCOHUE. Bruit tumultueux.
ÉGOIRION. Gordon de soulier, de.jupe, de tablier, etc. : si-
gnifiait primitivement eordùn en cUtr. — De coriaceus , de cuir.
ËGOLAGE. Rétribution mensuelle due au maître d'école. —
Be même en Roman et dans le département (!e la Meuse.
* ÉG0NGE. Lanterne. Gemot s'est conservé aux environs de
Yalenciennes. ^
ËGOPERGHE. Perchoir.
ËGORGHE. ËcoTce. — Du Roman escorehe.
( 380 ) ECO ^
ËGORGHEU. Tablier de cqir dont se servent les tonoeliers ,
les brasseurs. — Se dit aussi, par extension^ de tout autre tablier.
— Cong. Rouchi , écourchue ; Champenois , éeoTêenie.; Bétblioe i
écourceux, — Etym. du Latin coriaceuê y de cuir. On dit oepor-
cheu dans le Boulonais. M. H. Griset dérive ce mot da Celtique
ac , pointe , et corthair , frange d'habit. '
ÉCORNER. Fatiguer par le bruit. — Syn. Ëchouir. «
ÊCORNIFLER. Écorner.
ECOSSE. Cosse. — De même en Rouchi et en Roman.
#
ËCOUCHE. Instrument pour briser le lin.
ËCOUCHER. Briser le lin.
ËCOUGHERIE. Lieu où l'on écouche,
ËCOUER. Couper la queue. — De même en Normand.
ÉCOUERÏON. Cordon. — Voyez Ëcoirion.
ËCOUTE SI PLEUT. Moulin dont le courant à besoin d'être
grossi par les eaux pluviales ; qui écoute 8*il pleut '
ËCOULINË. Gâté par la pluie. Se dit surtout du blé.
ËCRAIGNES. Ce sont des huttes presque souterraines dont
la toiture excède à peine le niveau du sol, et où Ton se réunit
pendant l'hiver, pour faire la veillée. Cette sorte de construction
était en usage dans l'antiquité, ce Les Germains, dit Tacite,
creusent des réduits souterrains et les chargent de fumier on de
paille. C'est un refuge en hiver, et, en été , un lieu sûr pour les
récoltes. » (De Germ. , xvi.) — Escriene a le même sens en Ro-
man. Ce mot ne peut-il pas être rapproché du Latin «crinitiiii ;
de l'Islandais skrin ; du Vieil Haut-Allemand scrîni; de l'AUe-
raahd moderne sehrein et du Français écrin, — ScHfkium , de
même que serin et scrîni , signifient un coffret^ où l'on met
des objets précieux ; mais il a quelquefois la .signification
plus étendue de cabinet, petite chambre; l'Allemand moderne
sehrein désigne un buffet , une armoire. Il ne me semble pas îm-
EGR ( 3^1 )
possible dès-lors que, par analogie, on ait appelé, en RomaD, et-
criêitèsp en Pieard, esercuigiies , les petites hottes ser? ant de re-
fage» pieDdant rhi?er, et d'abri sûr pour les réooUes dorant Tété.
(Comm. de Jf. A. Breuil.)
ËGRAMER. Ecrémer. — Da Roman eseramer.
ËGRA.MOULË. Broyé, mon! a. En Normand , éerébouillé.
ÊCRA.MPI. Brisé par la fatigue qu'on a éprooTée en restant
accroupi. — Etymologie: du Roman crampi qui , d'après Méon,
signifie plié^ courbé.
£GR APURES. Ecorces de bois de chêne.
ÊGRA.VINTER. Ecraser de travail. Du Rom. esûfêiwnkr.
ËGREU. Chaussure de lisière.
ËGRËV I€HE. Ecrevisse. — Du R^menifeserwiche.
ÉGRITIEU. Ecriteau. — Du Roman eaeritûii*.
ÊCUELErrE. Petite écuelle. Synonyme: G hTm^or.
ËGULËE. Gontenu d'une écuelle. — Une escukye de Hjl
^Romance de sire de Créquy/.
£GÙ METTE. Ecumoire ; idem en Lorrain et Rémois.
ED' ou EDE. De.
ED' ou ET'. Ton , ta (devant une consonne). Synon. P, Tu.
£IH>ANS ou EDDINS. Dans et dedans.
EDPIS. Depuis.
EDQUE. Jusque. — Synonyme: Dusque.
ËDRUË^ Se dit d'un enfant qui , en grandissant , n'exige plus
autant de soin.
ËDRUIR(Boulonais). Aérer.
ËDUQUË. Bien élevé. Ge mot est de création récente, h Les
beaux esprits des pays étrangers , dit Voltaire, qui ne connaissent
pas l'usage, vous disent qu'un jeune prince a été bien éduqué ,
au lieu de dire qu'il a reçu une bonne éducation. » /'Mélanges
des lauguesj, — Du Latin educatus^
25.
( 382 ) EDZ
EDZOUS. Dessous. — De même en Roman.
ÉFÀILLER, METTRE A L'ÉF AILLE. Expulser, chasser.
Napoléon mettra à Vêf aille touschés enfenouillenx fJ.Croéâ/ur).
EFFANT. Enfant. Congénères: Béziers , Haute-Saône , Rho-
dez. Wallon et Franc-Comtois, e/ant ou effant. Etymùlogie: du
Latin infans , d'où le Roman infant et effant.
EFFANTIN. Qui fait des enfantillages, quoique sorti de
Tenfance.
EFFIKER. Effiler.
EFFREUTER. Faire peur et avoir peur. — Syn. Effroteb.
EFFROUER. Emietter. — De même en Roman. —Du Latin
frangere ?
EFFUTER. Effaroucher des oiseaux , des volailles. — Syn.
Êpâvoder, Effrbuter.
ÉFFUTEUX. Celui qui effute.
ËFLÊPER. Écharpiller.
ËGALIR. Unir, applanir. Voyez Aqalir.
ËGARGATER («'}. S'égosiller. Egargatez vous tertous {Ser-
mon de Messire Grégoire), Voyez Gargate.
ÉGAUDIR («') Se réjouir. Congénères : Catalan , gaudir ; V.
Italien, ^audire; Etym, du Roman gaudir, dérivé de gaudere.
ÉGAVIOTER. Etrangler. Voyez Gaviot.
I n* séroit mieux foère
Que d* s*égavioter. (Coq-à-l'âne Picard),
EGE, Je. — Du Roman eg, dérivé de ego,
ËGEINS. Gens.
ÊGLICHE. Seringue en sureau. — De même dans le dépar-
tement de la Meuse. — Synonyme : Ê cliché.
ÉGLINCHER. Eclabousser. — Synon. Equcher, ebrussbr.
— En Lorrain , églicher,
fiGLUYURE. Seigle coupé et en paille.
E6R ( 383 ]
V
ÉGRAFIGNER. Egratigner. — De même en Berrichon,
Lorrain , Champenois et Roman.
ÉGRAPIN. Agrafe. — Synonyme: Agrapin.
ÉGRAUER. Egratigner. — Voyez Gbac. — Signifie aussi
dégrader, endommager,
ÉGRAUURE. Egratignure.
ËGRIFER. Egratigner. — Du Roman esgrifer,
ËGRIGNER. Se dit d*une plume dont on gratte le bec et avec
laquelle on ne peut plus écrire.
ÉGRO [vent (T). Vent d'ouest. Peut-être ainsi nommé parce
qu*il çndommage {égraue) plus qu'un autre.
ËGRUGEOlR. Chaire à prêcher. — Se dit en plaisantant.
ÉGUCHER ou ÉGUICHER. Éclabousser.— 5yn. Éolinchbr.
ËGUEULER. Casser le haut d'un pot, d'une cruche^ (litté-
ralement Casser la gueule).
ËHOUPPER. Battre le sommet (houpe) d'une gerbe ; couper
la cime d'un arbre.
EIN. On. — Il ne vient pas, comme on Ta prétendu, ni de
l'Anglais one, ni du Celtique en. C'est une altération de son
primitif homo qui a passé par diverses transformations: ftom,
home , homSf hon, hons ^om^ ons , on , ein , en.
EIN, Un. — Congén. Ronchi et Vieux-Français, en; Belge ,
tti. — Etymologie: du Tudesque ein,
ËINDOBIR. Remplir de boue, salir.
EINDORMETTE. Oiseau de proie.
EINFOUFENATË. Amouraché.
EINGUEZINGUE. Mésange. — Syn. Masingue, exihple, etc.
EIN VOIE [être). Être en route. — Etymologie : de in via,
£J'. Je. Du Latin ego.
ËJOU? Est-ce que? id, en Rouchi et Rom. — ? Synon, Ejouo'-
ËKALIR. Aplatir, écraser. — V. Agalir.
25.*
( 384 )
EKE
ËKE. Morceau de bois, copeau. Y. éklr!
ËKELLE. Echelle. Après c*s ai^manos lo on put tirer ch* IV-
Jcielle. {" Astrologue picard, 1845). — Etymologie : du Rom. eskiele,
dérivé du Latin scala.
ËKEMENT. Comment, pourquoi. — Synonyme: Gaubint.
ËKENILLER. Echeniller, et par extension, remuer, secouer.
ËKER. Couper du bois. — Cong, Island, hacha; AUem., ftœ-
ken ; Hollandais , hakken ; Danois , hakke: tous ces verbes signi-
fient hacher. Mais il est remarquable qu'en Allemand , on dise
holz hacken pour fendre du hois ; èke et ékette^ doivent avoir la
même origine que éker, fNote de M* A. BreuilJ.
, ËRERBOUILLË. Homme vif , spirituel.
ËKERBOUILLER . Remuer les tirons pour allumer le feu*
ËKERPELLE (Béthude). Coquelicot.
ÊKERPILLER. Nettoyer de la laine, en -élargir les tlocons.
ËKERRE. Arriver, échoir , tomber. — Du Roman eiéheir*
ÉKETTË. Copeau , menu bois. — Raclures de savon.
ËKEU. Ekeu de ho$, mauvais ouvrier, qui gâte le bois*
- ËKEU. Echu» — De même en Roman.
ËKEUVEUKEU. Plante eonifériforme et très ramifiée.
ÉRICHE. Seringue en sureau. — Synonyme : Eqlighb.
ËRICHER. Eclabousser. — Synonymes: Ëbrii8Ser,>Êgi7GHer.
ËKIGNËE. Eeheveau. — Synonyme : Ëgaione.
ËKIGNER. Eclater de rire. — Etym, peut-être de cachinnari,
ËKIGNON. Petit morceau de bois taillé dont se servent le»
enfants pour suivre les lettres qu'ils épellent.
Miy|ui comme ein curé de vilache
Lis Tarmcnach sans ékignon. (Chanson Picarde).
On donne aussi le nom à*ékignon à la partie de la charme qui
sert à donner une inclinaison au contre et à nettoyer le fer.
ËKINËE (Artois). Echine de porc.
EKI ( 38â )
ËKIPER. Faire saillie.
ERMISE. Chemise. Voyez Kehise.
r * EL. Au. fSt'Pol, 1251.)
EL. La, le.
ËLA.NGHË. Elancé. — Da Roman esîanché.
ËLANGRE on ÊLANGRË. Mince, effilé, allongé.
ËLARGUIR. Elargir. De même en Rouchi et Roman.
ELCHON. Leçon.
ËLINGUE. Bout de bois servant de vergue dans un bateau. —
Signifie aussi fronde , comme en Vieux-Français.
ËLINGUË. Mis en rumeur par un événement qui excite la
^curiosité. Signifie aussi jettes renversé et quelquefois plœé 4ur
un terrain élevé.
ËLINGUER. Lancer; repousser bien loin (comme avec une
élinguej,
ÉLITAÏNS (Arras). Ecosse.
ELLE. La, cette. (Voyez M. Ampère, p. 366.)
ELLOLE. Celle là. — Synonyme: Chelle lollb.
ËLOCHER (s'). Marcher pour gagner de l'appétit.
ËLUSER. S'amuser. — Du Bas-Latin se ludere,
ELVERIER. Lévrier.
EM'. Ma; me. — Synonyme: Eue, Ehn\
EMBERLIFICOTER. Séduire par de fausses promesses ;
amuser de paroles dans l'intention de tromper. — (Littéralement
ficher la hen^lue.) — Synonyme: Enoeoler.
EMBERLAFER. Répandre de manière à éclabousser.
EMBERNË. Barbouillé.— De même en Berrichon et Rouchi.
EMBERON. Maladroit.
EMBLAI {foère son). Faire des embarras.
EMBLAVEMENT. Grand désordre.
EMBLAVER. Semer en blé. — Du Bas-Latin imhladare ,
( 386 ) EMB
d'où est venu le Vieux-Français emhlayer; signifie aussi mettre
en désordre , faire des embarras. ,
EMBLAVES et EMBLAVEMENS. Blés sur pied. — Dcï
méroe en Roman.
EMBLAVER. Embarrasser, empêcher. — De Tancien Picard
embléer.
* EMBLER. Voler (Beaumanoir). — Ce mot est eneore usité
en Normandie.
EMBLEYEUX. Faiseur d'embarras.
EMBOUER (s'). Se salir de boue. — De même en Berrichon.
EMBR AMÊ. Embrasé ; qui a la figure rouge , enflammée.
EMBRIGOLER. Mettre la bricole à une vache. — De même
à Valognes.
EMBROKER. Embrocher. — De même en Roman.
EMBRON. Propre à rien , maladroit.
EMBRUNGNER (Bout.) Couvrir.— Du Roman embrungher.
EME. Ma et me (devant une voyelle}.
ÉMIGHON. Limaçon. Synonymes: Ëmughon , GALAuioHOir. ,.
ÊMIER. Émietter, manger. —Syn. Mier< Id, en V. Franc.
ÊMIOGHER. Émietter, rompre le pain en petits morceaux.
— «Synonyme :Effrouer.
EMITAN. Moitié. — Voyez Mitan. ,
EMMATRELË. Enrhumé. — De même en Romaa>
EMMES ou EM'S. Mes. — IJe s'employe que lorsque le mot
suivant commence par une voyelle : em's amis» ^
EMMI. Au milieu. — De in medio. — St.-François de Salles
et Malherbe employent souvent cette expression.
EMMOLET. Un peu. — Synonyme :^iv holet.
EMMOURMELER. Écraser. Se dit dtes corps mucilagineux.
EMN'. Mon, ma ; [devant une voyelle).
ÉMOGHAU. Tas d'ordure.
ÉMON. N'est-ce pas ? Syn. Amon. — Ou dit emon^ à ToarDai.
EMO ( 387 ]
ÊMOTËR. Briser des mottes de terre. — De mâme en Roman ;
•^ amotaif en Comtois.
ËMOUKËR. Chasser les mouches. — Moucher une chandelle.
— Réussir dans une affaire au détriment d'une autre.
ËMOUSTILLER. Rendre gai, de bonne humeur. — Roman.
EMPA.FËR* Gorger dç nourriture; — De même à Alençon et
à Yalenciennes. — V. ëhpifé.
EMPALTOKER (Artois). Empaquetter.
EMPIERGER {s'). S'empêtrer.
EMPIFË. Qui a mangé à l'excès. — Du Roman empiffré.
* EMPLEIDIER. Mettre en procès.
EMPOTER. Mettre en bouteille, en pot, — Id. en Normand.
EMPOTINER (Pas-de-Calais). Salir , noircir (comme avec le
noir d'un pot hrousé),
EMPRËS. Auprès. — De même en Rouchi.
EMPULË (Saint-Yalery). Envasé' dans le sable.
EMPUTË. Gâté , infecté, qui pue. — |De même en Rémois.
ËMÙCHON. Limaçon. — Synonyme : Ëhichon , Limighon.
* EN A AGE. Majeur, f Coutumes du BeawnoisisJ
EN AMONT. En Haut. -- V. Amont.
ËNAVRILLË. Déshabillé pour travailler à l'aise (comme cela
se fait dans le mois d'amQ.
ENCAUCHER LE BLË. Lessiver le blé . de semence dans
de l'eau de chaux (en Picard, cauche),
ENCEPË ou ENCHEPË. Enchevêtré, pris dans, arrêté
dans. — Du Latin in cœptus ou plutôt du Roman ceps , liens dont
nous avons formé encheppéj comme les Ital, ont formé inceppare
(mettre aux fers) de ceppi , et les Espagnols encepar de cepos*
ENCHOITE. Embarrassé, qui s'embarrasse facilement.
ENCLËUME. Enclume. — De même en Roman.
ENCONTË (à 1'). Contre.
ENCRAPËR. Rendre crasseux. — Synonyme : Crapbr.
( 388 ) ENC
ENGRASSI£R. Engraisser. — De même en Rooebi.
ENDAIN. Enjambée , espèce de pas qai sert à mesnrer. — Do
Roman endem. — Andare signifie mareher^ en Italien.
EN DESSOUS. On dit qn'nne personne est en dessous quand
elle est sournoise , hypocrite.
ENDËVER {faire). Endiabler. — Cang. Rém. tndever ; Ital.,
indiavolàre, Qoand on fait endéver qnelqa'nn on Ini fait perdre le
calme et la raison , en sorte qu'il parait être sons l'influence do
diable. [Devil, en Anglais; diavolo, en Ital.)Nous croyons donc
que c'est à tort que Du Cange dérive endéver de indeviare.
ENDIZELER. Mettre en dizeau. —Voyez ce mot.
ENDO VER., Endormir. —Voyez Doter.
^ENDOyË. Syn. Engonce.
ENDOVOIR. Acbillée à mille feuilles , ainsi nommée parce
que l'on attribue à cette plante la propriété d'endormir /Viutovcr/.
ENDRUNKER. S'embourber. — De même Rouchi.
ËNENGË. Rempli de mauTaises herbes. — Enenger veut dire,
en Franc-domtoîs , remplir d'une mauTaise engeance.
EN ERRIËRE. En retard.
ËNETTE. Canne et spécialement la femelle du canard, dont
on se sert à la chasse à la hutte. Voyez Amette.
ENFANCHON. Petit enfant. — De même en Roman.
ENFENOUILLË. Qui a beaucoup d'affaire.
ENFENOUILLER. Exciter, animer quelqu'un.
ENFENOUILLEUX. Qui se mêle de tout; faiseur d'embarras.
ENFIKER. Ficher, enfiler , percer.
ENFILURE (vir V). Découvrir le but caché d'une action, "la
tournure que prend une affaire.
ENFLAMBER. Enflammeh — De même en Roman.
ENFOURNAKER (O- S'enf elopper , se fourrer dans son lit.
— Etymologie: du Français enfourner.
* ENFRAINTURE. Atteinte portée aux droits d'un tiers.
ENG ( 389. )
ENGâMBER. Enjamber. — Comme en Ronohi et eo Roman.
ENGANER. Tromper, comme en Roman. ^-Congénères:
Bài-Normand, en^an«r ; Vaudois, engainer; Beziers, engana;
^oïlagais, Yienx-Catalan et Espagnol, enganar; Italien, ingan-
nàre. — Etymologie : du Latin ingannare.
ÉNGÂNTER (Boni.). Embarasser quelqu'un de quelque chose.
ENGARBER. Mettre des gerbes les unes sur les autres. De
mémo en Ronchi et Roman. — Voyez Garbe.
ENGARIË. Engagé, entraîné. — Du Bas-Latin invddiatus.
ENGAYER. Engraisser les volailles en leur faisant avaler de
gros morceaux de pâte. — Etymologie : du Picard gavioty gosier.
Au^guré: bourrer quelqu'un de nourriture. — En Normandie, ce
verbe s'employe au réfléchi.
ENGEOLER, ENGINGNER ou ENGEIGNER. Tromper,
séduire par de fausses promesses. — Synonyme: Emberlificoter.
« Tel , comme dit Merlin , cuide engeigner anlrui
Qui souvent s'engeigne lui-même; '
J'ai regret que ce mot soit trop vieux aujourd'hui
II m'a toujours semblé d'une énergie extrême. » (Lafontaine.)
ENGËIGNEUR. Trompeur, engeoleur.
ENGINGORNER ou ENGIGORNER. Insinuer, mettreen tête.
ENGLUY. Glu.
ENGONCE. Perdu dans ses vêtements,' gêné dans un habit
qui monte jusqu'aux oreilles. — Du Roman esconcéf caché, Ou du
Bas-Latin ingonnicaius. De même dans l'Eure-et-Loire.
ENGOULER (Laon); Manger, absorber ; idem en Roman.
ENGUEULER. Dire des injures ; terme poissard commun à
plusieurs provinces.
ENGUEUSER. Tromper en faisant tort.
ENGUIGNIER. En vouloir à quelqu'un.
ENGUÏLBAUDER. Entraîner à.
( 390 ) ENH
ENHERBER. Empoisonner ; de même en Roaiao. Ce verbe
exprime aussi le secret de se faire aimer. C'est une allusion à la
puissance merveilleuse qu'on prête à certaines herbes magiques, *
dont on composait des philtres. Oo dit encore danslemêine sens:
donner de Vherhe de perlimpimpin.
ENHEULIER. Administrer le sacrement de confirmatioii. -^
Du Picard heule , huile.
ENHUl. Aujourd'hui. Voyez AnÙît.
ENMARVOYER (faire). Tourmenter, chagriner; id. en Rom.
ENMITOUFLER (s'}. Envelopper la tête comme avec on
amict, — Voyez Amitodfler.
ENNE. Une; comn^e en Comtois et en Roman.
ENNETTE. Nièce. Synonyme : Nénette.
ÉNON. Voyez HÉNON.
EN PART MI , EN PART LI. A part moi , à part lui. '
EN QUAND. En mêms temps que.
ENR AKEk (s*). S'embourber, se mettre dans un mauvais pas.
— Du Roman s*enracler.
ENROYER. Commencer le premier sillon d'un laboun — De
même en Roman. — On dit enreya^ en Languedocien.
ENSANE. Ensemble. — comme en Roman. — Cong. Vosg.,
ensenne ; Bourg. , ansane ; Franc-Comtois et* Vieux-Français ,
ensane; Rouchi, ensiane. — Etym. du Bas-Latin insimuL
ENSELLË (Boul.) Se dit du cheval dont le dos creusé vers le
milieu , forme pour ainsi dire une selle naturelle.
* ENSEMENT. Toujours, aussi , ensemble. (M. J. Marnier.)'
ENSILLER (Boulonais). Dépenser, dilapider.
ENSIN {tout). Tout comme, semblable à. — Du latin Hmilit.
ENSOILANT. Qui cause la soif.
ENSOILÉ {été).. Avoir soif , être altéré.
* ENSOINE. Empêchement légitime. (La Thaumassière.)
ENTAMURE. Le premier morceau qu'on coupe à un pain.
ENT ( 391 )■■.
* ENTE. Rejeton.
ENTËRDEUX. Eotre'deux, à travers, au milieu.
ENTERVIR. Entrevoir. — Du Latin inter videre.
ENTIRE (Boulonais). Piquet, pieu.
ENTOKË. Plein jusqu'à perdre la respiration.
ENTOMBI. Engourdi. — Entrnni, en Vieux-Français : a qui
ont les membres comme entomis et endormis.... » (Froissart.)
ENTORTILLER. Persuader quelqu'un , le décider k quelque
chose , en agissant avec finesse et précaution. Cette expression
pittoresque est employée par beaucoup de personnes qui la
croyent Française. — Synonyme: ëngeoler.
* ENTREBENDE. Pièce de bois qui en soutient deux autres.
* ENTRETOISE. Poutre. {Archives de Péronne, 1508.)
ENUIT. Aujourd'hui. — Voyez AnuitI
* ENVAYÉS. Invasions. « Pour ce qu'il est nouvelle que les
Anglais font plusieurs envayés. » {Amiens , ±H9.y
ENVERS (à m' n'). A mon égard , envers moi.
ENVOIGHE {que je m'). Que je m'en aille.
EN VOIE {été). Etre en route, être parti ; de même à Lille, à
Valenoïennes et à Metz. — Etymologie: du Latin inviâ,
ÉOUTEUX. Moissonneur. — Du Roman aoust (moisson).
ÉPAGNOLER (s'). Se trémousser , se réjouir. Cette expres-
sion nous semble venir du mot épagneul , chien originaire d'Es-
pagne , dont on imite pour ainsi dire les ébats, quand on s'epa-
gnole. Cette etymologie est cpnfirmée par l'expression Française
analogue s'écaniller (de canisj^ et par l'Allemand kolben^ folâ-
trer, {dekolhj veau).
ËPALER. Compter combien il y a de pas dans une pièce de
terre , et par extension , mesurer. — Du Roman espaler,
ËPANI. Epanoui, de même en Comtois et en V. Français.
« Vénus est une rose épanie au soleil. » (Desportes).
( 392 ) EPA
ËPANIR (Artois). .Sevrer on enfant — De même 6tt Bonan.
ËPARDRE. Répandre , disperser. ~ Du Latin tpatgmrt*
ËPARER. Disperser , étendre. — Mêmeétymologil».
ÉPATER (s'). S' éiendre. Etymologie: du Français jpollf.
ÉPAUTER. Effrayer. Voyez Épecter.
ËPAUTRER. Crever, écraser, fouler aux pieds.--* De même
en Rouchi et en Roman. Il eut le chervelle épeutré {Epiiaphê Pie).
ÉPAVAUDER et ÉPARVAUDER. Effaroucher. — Congé-
nères: Rouchi , épilvoder; Franc-Comtois , é^avurie ;' PoriugAis
etEspag., espaventar; Ital., spavenfare. — Du Latin pot^or, peur.
ËPE AUTRE (Boulonais). Orge printanière. Synon. Biltabd.
ËPËKE (subst. fém.) Pic vert (oiseau).
ËPËNIR. Epanouir. Du Roman espéniv. — Synon, Ëpahir.
ËPEUTAIRE. Epouvantail, — Etym. du Roman éàpentaire,
ËPEUTE^ ËPEUTOÈRE, ÉPEUTENARD. Mémesignie-
cation. On donne le nom d'épeutoère à moigniaux à des haillons
suspendus au haut d'un bâton qu'on place dans 4es champs et les
jardins pour effrayer les oiseaux. On applique ironiquement co
termeà un homme de tournure grotesque ou ridiculement accontré.
ËPEUTER. Epouvanter, effrayer'. En F.-Comtois, épounta;
en Vieux-Français , épauler.
ËPEUTRER. Crever , écraser. — Voyez Ëpautrer.
ËPIEULE, EPIULE. Ëpingle.— Congénères: Languedocien,
espillo ; Italien , spillQ, — Etymologie: du Roman espieule.
ÉPILLON, EPÏNON. Dard des abeilles. — Probablement du
Latin spinula^ épine. ^
ËPINCHES. Pincettes. — Du Latin pungere , piquer.
ÉPINÉR. Vexer.
ËPÏNOKE. Epinoche, poisson. — Personne petite, ipaigre
comme le poisson nommé épinoke.
ËPINTE. Espace de temps. — Eine haine épinte , assez long-
temps.
EPI ( 393 )
ÉPJROLLE. Graminée qai pullule daas Us blés et qu'on ar-
rache au printemps. — Dans quelques parties de l'Artois^ on donne
ce nom aux épis de blé niellés.
ËPINGUfiR. ËcUbonsser.
ËPLUKËR. Éplucher. — De même en Normand, Rouohi et
Rem.-^ignifie aussi interroger malignement, scruter avec soin.
ËPOILLIER. Ëpiler, enlever les poils.
* ËPOULEMANDES. On appelait ainsi à Amiens, en 1771,
les femmes qui portaient chez les teinturiers les pièces d'étoffes
sortant des mains des fabricants (l'abbé Tiron). — Ouvrières qui
préparent les canettes pour les tisserands.
ËPOURER. Épousseter. — Signifie aussi insulter et effrayer,
— Dans ce dernier sens, il vient de expavescere,
ËPOURIE. Va»terie , forfanterie. — Signtfie aussi insulte^
et emportement.
EPS. Abeille. — Syncope de apes. — Synonyme : Es.
EPSER. Peser.
ÊPUCHER. Épuiser, tarir.
EQ ou EQUE, Que.
ËQUEUÉ. Sans queue, privé de la queue. — Franc-Comtois,
acouâ, — Synonyme : Écob. ^ v
.£R. Re se change souivent en er» On dit indifféremment rechi-
ner et erchiner^ recrand et ercrand» Nous faisons cette remarque
pour justifier ici IHibsence de certains roots qu*on trouvera à Re,
ÉRAILE. Oreille. — Synonymes: Ëreille, éraille, orblle.
Congénères i Lorrain, erraie; Montagnes du Doubs, éreilles. —
Etymologie : du Roman éraile^ dérivé du Latin auris,
ËRALER («'). S'en aller, s'en retourner.
ERBEYER. Regarder avec attention. — Locution picarde :
erheyer de côté y regarder de travers.
ERCANGER. Rechanger. — Du Bas-Latin recamMar^.^
( 394 ) ERG
D'abord » ein malin apote«
I 8* mel à prêcher
Que r monde est viui, qui radote,
Qui Teut 1* Vercanger, {Chanson Picarde).
ERGBINER. Gollationoer. ~ Voyez Reghinsr.
ERCHINETTE. Petite collation que font entr*eax lesenftato.
ERCHON. I^eçoD. — Synonyme : Elchon.
ERCLAMER. Se recommander, a Je n'savois pas à qyd $akiii
m'erclamer. » {Journal de Saint-Quentin^ 26 novembre ^ 1848.)
ERCORDER. Encourager, reconforter, donner du ccear.—
— Etymologie : du Latin cor, cœur. — Signifie aussi renseigner.
ERCRAND. Las, fatigué. -=- Voyez Regrakd.
ERFIKER. Reficher, replacer.
ERFOËRE. Refaire, duper, tromper.
ERFRIGNÉ. Ref rogné , revêche , ridé.
ERGEINT (f.) Argent. — Dol belle ergeint, de beaux écos.
ERKAINGIER. Rechanger.
ERKËRE. Retomber.
ERLËKER. Lécher. — Voyez Léker.
ERLISSER. Vouloir tromper, filouter. ~ Signifie aussi tom-
ber dans le piège , se laisser surprendre,
ERMÊLE. Merle. — Synonyme : Edrmerlb.
ERMONER ou ERMUCHER.Remuer, mouvoir à petit bmît.
ERSIDIU {renie Dieu). Terme injurieux.
ERNIR. Revenir.
ERNU. Orage , tonnerre. — Voyez Armu.
ËROKER. Ëcraser des mottes de terre, des rokes.
ERPON. Berceau d'enfant. — Etymologie : repos.
ERRAIE. Oseille. — De même dans la Meuse.
ERRHE. Arrhes. —J'ai baillé de Verrhe.
* ERREMENTER. Plaider. (Aue, 1304.)
ERRIËRE (en). En arrière, en secret. — De même k Besançon.
ERS ( 395 ]
ERSIANER. Ressembler. — Synonyme : Resbaner.
ERVELEUX. Gaillard, guilleret. — Signifie rétifs en parlant
d'an cheval. — Synonyme : Revelecx.
ERVINGER (s'). Se venger.
ES' ou ESSE. Sa. (devant une couronne.)
ES. Abeille ; de même en Roman. — Synon. Eps.
ESBATU. Content, réjoui.
ESBINER ou ESBIGNER (s'). Se sauver. De même en Nor-
mand , Berrichon et dans l'argot Parisien.
ESBROUFES (faire des). Faire de l'embarras.
ESBROUFIER. Qui fait de l'embarras.
* ESGAIR. Echoir. CCorbie , xiii.» siècle).
ESCALETTE (Artois). Crécelle ; de même en Roman.
* ESCAINE. Escabelle.
ESCAMPETTE. Fuite; de même en Roman. —Locution pi-
carde: prinde pour deux yards ed poude d'escampette , se sauver.
ESCARES (faire des). Faire des embarras. — Synonymes:
FOÈRE SES AMBLAIS , FOÈRE SES ESBROUFES.
ESCARPOGNER. Rosser, maltraiter,
£in les pourcachera ,
£in Tz escarpognera. (P. X. Gosseu).
ESCOFIER. Tuer, massacrer. — de même en Lorrain. — Du
Roman escofire , anéantir.
ESCOFION. Coiffe de femme— De même en Roman.
ESCOIRE. Panier à secouer la , salade.
* ESeONDISSANT. Econduisant, refusant (M. J. Marnier).
ESCORBILLI^. Résidu du charbon de terre non entièrement
consumé. — Congénères: Maubeuge, escarhie; Valenciennes
et Besançon , escarbille, — Etymologie : ex et carho,
ESCORDILLE (Béthune). Ortie.
ESCORDILLË BLANCHE. Laurier blanc.
( 396 ) £SC
ES€OUDI£« Elan. —Location picarde : prinde «m MtqMUe,
courir pour faire un saut.
* ESCOUVETTE. Grand manche à balai. A Verberie, oa
appelait chevaucheurs d'escouvettes , ceux qui avaient la réputa-
tion de fréquenter les sabbats. (M. de la Fons).
* ESCOUTE. Sentinelle. {Àhheville , 1234.)
ESlGRËPIN. Escarpin, — Idem en Champenois et Roman.
ESCRIGNË. ÀTorlon , homme ou enfant d'une complexion
très délicate ; signifie aussi renfrogné,
ESCRIGNET. Petit écrin.
* ESCRIMIES. Joutes où Ton combattait à la lance. One des
rues de Doullens.
^ ESKEUSSE. Journée de travail longue et pénible. Signifie
aussi salaire modique , insuffisant,
ESKURISSE. Ëlan. — Synonyme: Esguldsse , Esgoudib.
ESPERLINGUER. Chasser, disperser, repousser. — Ety^
mologie : du Roman espringher,
ESPERLUETXE. Mot que les enfants ajoutent à l'alphabet
qu'ils récitent.
ESPÉRER. Attendre. Dans la Normandie, la Vendée et le
Languedoc, espérer a aussi cette double signification, a Une exten-
sion aussi naturelle de signification, dit M. E. DuMéril se trou-
vait déjà en grec (EA^r/^My), en Lat. {sperare) et en Anglais (hope).
ESPERON (Béthune). Sansonnet. — De même en Roman.
* ESPORER. Venuev y croire. {Coutumes du BeawooisU).
ESPOURL Effrayé, surpris — Etymologie: de peur.
ESPRINGUER. Sauter de joie. Greg. d'Essignj dérive ce mot
du grec sf piytfy. Il est le même en Roman qu'en Picard et lient
sans, doute d'un -mot tudesque: car springen BÏgnihe sauter, ta
Allemand , en Hollandais et en Flamand ; en Danois^ springe, .
ESQUINTER. Assommer, tuer. — En Vieux-Prov. esqnMwr
signifiait déchirer^ mettre en pièces.
ESQ ( 397 )
* ESQUISSE. Seringue.
ESSâPI. Altéré. — Congénères: Rouchi, fusapi; Franc-
Comtois 9 eêêaH.
ESSARTER. Elaguer les arbres. — Du Bas-Latin essartare.
ESSARTS. Champs incultes, non défrichés. — De même en
Roœao. — De là, vient le nom propre Des Essor ts. — Congénères:
Eyssarty dans Tlsère. — Essariwn^ dans la fiasse Latinité.
ESSEMANGNE. Semaine.
■
ESSERPILLËR. Emonder un arbre. — De même en Roman.
ESSIAU et EISEAU. Puisard. — Comme en Roman.
ESSIË! Ici, à gauche. Terme employé par les charretiers
pour faire aller les chevaux de leur côté, c'est-à-dire à gauche, —
Syinonyme: Dia !
* ESSIEUTER. Excepter. ("Coutumes du Beauvoisis)
EÇSILLER. Employer, dépenser, dissiper.
ESSILLER. Qui dissipe ses biens. — Voyez Du Cange, au mot
exiliwm.
ESSOILER. Séparer le seigle du blé; couper les épis de seigle
qui se trouvent dans un champ de froment.
* ESSOINE. Excuse. {Coutumes du Beauvoisis , Ch. ii.)
ESSU. Temps qui fait sécher vite. — Etymologie: Essuyer.
ESSUIE. Torchon, serviette. — De même à Rheims et à
Valognes. — Essiot , dans le Berry.
ESSUTËME ou SUTEUME. Sécheresse, temps doux qui
flèche le linge monîllé. — Synonyme: Esst.
ESTAFIKER (s'). Se fixer, se placer.— -Du Lat. se statu fi^ere.
ESTAFULADE. Estocade.
* ESTAIME. Éiain.
* ESTENCHElfENSES. Avoines. « Àvenas quœ estenche-
flienses vulgariter àppellantut. » {€att. Frigid.^ f 157.)
ÉSTERNERouESTERNIR. Renverser, étendre parterre,
— £(ymo{ojfi« : dn Latin (t«rn«r«.
26.
( 398 ) EST.
* ESTOC. Souche , trône. {Ane. usages d'Amiem.) — Signifie
actuellement esprit , entendement. — Cong, Ital. sîoco (toaohe ,
pied d'arbre); Espagnol estaca; Vieux- Français estoe; Alle-
mand stock.
* ESTOHIERS. Fourreurs, pelletiers. ~ Voyez Maïitel.
ESTOM AKÊ. Stupéfait, abassourdi.— De même en Wallon.
* ESTOMIS. Étourdi, accablé.
* ESTOURMIE. Éveil.
ESTRAFIKER. Mettre en travers; {statum transfigere.)
ESTRAIN ou ÉTRAIN. Paille, chaume. — Gomme en Ro-
man. — Vient du Latin stramen — Cong. Fr.*Comt. et Lorraîni
étrain ; Maubeuge , stragne ; Roue, et Wall. , estrain ; Borain,
estragne ; Island. , stra; Danois , straa ; Allem. , stiroh ; AngL,
siravo ; Hollandais , stroo.
ESTRÉË. Chemin. (Prononcez Être.) — De même en Roman.
— Du Latin stratum. C'est Tétyraologie de plusieurs noms de
lieux et.de familles.
ESTREMISER ou ESTREMONCTIONER. — Donner l'Ex-
tréme-Onction. ^Synonyme : Enhedlier.
* ESTRÉPER. Arracher. {Coutumes du Beauvoisù.)
ESVERTEIN. Épileptique, qui a des vertiges. — De même
en Roman. — De là, évertein , vif.
* ESW ARDEUR. Gardeur, inspecteur. (Coût. inéd. de Pie.)
* ESWARD. Règlement , statut. {Ane. Coût, du PonthU»).'^
Da vieil Haut-AUem. euua , loi. Ewarto , dans la même langue,
signifiait gardien de la loi.
ET et ETE. Ta (devant une consonne) ; te.
ET A RE. Pieu. — Du Roman estake. — Syn. Pâli.
ÉTALE, ET AVE ou ÉTAULE. Étable. — Con^. Rooohi ,
Franc-Comt.^t Bourg. , étaule; Allem. , Holl. et Suéd. , êùUl
«^ Ëtym. du Roman estaule , dérivé du Latin stabula.
ETA ( 399 )
ËTAMPI {éie). Être debout, ^tre dressé.— En Rouchi, éUmpé.
< — ^"En Yieox-Picard , estampis,
Stapendant tout cascaens sur le pont estampis. {Sire de Créguy.)
ËTAMPIR. MeUre debout , dresser.
ËTAMPLAIRE. Ëpoayantaii. — Synonyme : ËPEUToàRR.
ËTAPIEU. Arbre coupé à peu de hauteur» ramifié et servant
de limite à un pré , à un bois.
ET AU. Souche morte et coupée à quelque distance de la terre.
Au figuré y individu immobile, qui ne bouge pas. — Etymologie:
peut-être du Celtique éteo^ grosse bûche.
ËTËRKI. Elargi.
ËTERINI. Qui a beaucoup de litière.
ËTEUILLËRE. Champ d'éteule.
ËTEULE. Chaume laissé sur pied ^près le sciage du blé ; de
même en Comtois ; paille se dit stoppel en Hollandais, Flamand
et Allemand. Notre root ^teule, vient du L^tm stipula y parla
transition du Yieux-Fiiançais esteuhle,
ËTiMIER. Etagère pour la vaisselle.
ETN. Ton , ta ; (deyant une voyelle).
ËTOKER. Suffoquer ; au propre et au figure.
ËTOMBI. Engourdi.. Du Roman entomhi. Par extension,
lonrdîand, imbécille.
* ËTORËE (chambre). Chambre garnie, meublée. Les an-
ciens contrats de mariage, en Picardie, réservent à la femme, en
cas de mort du mari, sa chambre ^(orée, c'est-à-dire garnie de
ses meubles. N'y aurait-il pas quelque analogie entre ce D)ot et
le verbe anglais to store , munir , remplir ^storehouse, magasin)?
ËTOUPER. Boucher. — Congénères: Franc-domtois , étou-
per; Wallon et Rouchi, rétouper; Vaudois, etopw; Italien,
stopare : Hollandais et Flamand-, stoppenj Allemand , stopfen ;
Danois, stope; Islandais, stappa. — Etynu>logie: du Roman es-
louper , dérivé du Lati n stipare,
26*.
i
/
( 400 ) ETO
ÉTOURGNEAU. Ëtoarneav. Signiûe sansonnet ^ à Rue.
ÉTOURNETTE. Dévidoir. Dn Roman tournette.
ËTOUT. Aussi; de même en Borrain, en Rouchi , en Lor-
rain et en Roman. -^Voyez Itout, qui se dit pins communément.
ET PIS. Et puis. C'est une locution par laquelle on on^re
souvent la conversation, quand on s'aborde. Dans la langue d'Oil»
ut se prononçait d'abord u , Vi prédomina ensuite , en sorte qu'on
prononça ^-pt.
ËTRAIN. Paille; de même à Bar-le-Duc et en Normand. Do
Latin stramen. — Voyez Estrain.
ÊTRAMER. Eparpiller, semer ça et là,
ËTR AMURES. Paille, fourrage. — Du Roman estramiers*
ËTRANER. Etrangler. Mes souvenirs vienn'tent m'étramr
{tristesse), — Congénères : Rouchi et Vieux-Picard , estraner;
Wallon, straner; Catalan , estren^er. — Etymologie : du RooiaD
estraner^ dérivé du Latin strangulare,
ËTRËKIR. Se mettre à son aise , s'allonger.
ËTREMER. Ëtendre de Vétrain pour le faire sécher.
ËTRËNETTES. Gaufres que les campagnards portent comme
étrennes aux habitans des villes.
ËTRIKË. Se dit d'un vêtement trop court, trop étroit. — Dé
même dans le pays Chartrain.
ËTRIRËR. Battre à coups de triques , à coups de verges. —
A Auch , truea signifie battre.
ËTRIOLER. Faire effort.
ËTRIPER. Serrer outre mesure (à faire sortir les tripes)»
ËTR I VER (Boulonais). Contrarier, désobéir.
ËTRONGNER. Casser les fanes d'uno carotte, en laissant la
racine (le tronc) en terre.
ËTUF. Poêle. — Comme en Roman. — Etymologie: Ëtutb»
ËTUML Engourdi. — Du Roman étomi.
1
EÏJD (401)
ËIJ d'ai). J'ai ea.— Prononciation commune à plusieiurB Pro-
EUD£. De. — Synonymes : n* , bd.
E9DES ou ëUD'Z. Des. — Synonyme : Dz.
EU JE y>u EU J'. Je. — Synonymes: Ej , sa, ege, en , etc.
EUL. Le , la. — Synonymes : El, ghe, li', etc.
EULE. Huile. En Anciea.Picard , otle. '^Congénères: Gomt.
eûle; Wallon , oie; Roachi, oHe ; Limousin et Languedocien',
ott ; flamand , olie ; Allemand , Ôl ; Italien , olio, — Etymoîogie :
X)a Roman o2e, 0€{le, dérivé du Latin ofeunt.
EURDREGHER. Redresser, remettre sur le bon chemin.
EURËE. Averse. — Synonyme: Auréb.
EURMERLË. Merle. *- Synonyme: Ermble.
EUSIEU. Oiseau. — Synonyme: Oisieu.
EUSS'N. SoD> sa ; (devant une voyelle).
EUSON. Oie , oison ; imbécile. — De même en Borain.
On sait qu*no canton
1 n'menque pas d'eusons. (M. Dblbgorgub.)
EUT. Août ; moisson. — *L'après eut^ Tarrière saison.
EUTE ou EUT. Ta ; (devant une consonne).
EUT'N. Ta , ton ; (devant une voyelle).
EUYADE. Pochade, coup à Vosil , contusion.
ÉVALTONER. Sauter.
ÉVAUDER ou ÈVEUDER. Poursuivre , chasser.
ÉVENT {à V), Qui tourne à tout, vent. — Ch'est eine tête à
lèvent ; c'est un étourdi , un esprit sans consistance.
ËVËNUER. Ëpouvanter.— Synonyme : Ëpeuter, Ëpavoder.
ËYERNIR. Ëtourdir, accabler; consterner. ^
ËVERTEIN. Vif.
^ EXGÈS. Nom donné au jeu d'échecs dans VHUtoire de
Jehan d'Àvesnes, '
( 402 ) ^ EXC
EX€OMIIIË. Nom qu'on donne à un animal malfaisant.
EXIMPLE (Hornoy). Mésange. — Synonyme : Masinqub.
EXlNGUE(Rne). Mésange.
EXTERMINER. Rouer de coups.
EXTRIKPR (Pas-de-Calais). ËTentrer, massacrer.
* ESQUEUX. Échu.
EYUDE. Aide , secours. — Voyez Atui»s.
ÈZ. Abeille. — Contraction d*apes. — Synonyme z Eps.
EZIERS. Les êtres d^une maison; le détour d'un bois; les
différentes places où chaque chose est placée. M. de PoiUy
bazarde, sur ce mot, l'étymologie de E^^kv, placer. — ^2^1». Ag^
ÊZIUTË. Commodité, utilité. — Du Roman ai 2tu, accom*
modant — Il vaudrait mieux écrire aisiuté.
FABULETTE. Conte, fable.
FACHE. Face. — De même en Roman.
FACHON. Façon. — De même en Rouchi et Rdman.
FAGA (Boulonais). Paresse, fatigue.
FAIGNANT. Fainéant. D'après M. Génin , ce mot ne serait
pas , comme on pourrait le croire au premier abord , une corrup-
tion du mot fainéant. Ce serait un adjectif verbal pris substanti-
vement, qui dériverait de feindre. En effet, un /at^nant n'est
pas la même chose qu'un fainéant. C*est un homme qui , n'osant
pas avouer sa paresse , accepte le travail sans le rechercher. Mais
il n'accomplit cette tâche qu'en feignant de travailler. D'après
cette interprétation , il vaudrait mieux écrire feignant.
FAIGNE. Fruit du hêtre. — En Languedocien, /«tna.
F AILLANT (temps). Temps lourd, fnde,qni fait ^attltr le cœur.
FAI (403 )
FAILLE NOIRE. Coiffe de femme dont l'origine remonte à la
domination espagnole. On prononce /aile, dans l'Artois.
FAINE (Boulonais). Lieu planté de hêtres.
^ FAINYE (Arras). Fin.
* FAITURES. Façons. ^Coutumes du Beauvoi$isJ.
FALLACE. Rase, tromperie. — Etym, du Lfiiin fallacium,
FALLI (cœur). Paresseux, mou, lâche. Du Roman fallU Uche,
qui dérive de l'Allemand fehlen , manquer, ou du Lat. fallere.
FAMEINE. Famine. — Idem en Rouchi et Roman.
A vir leu meine
Et lea bedaine,
Cha seroait r faraeine. (D. C.)
FANGUE. Pièce de drap noir dont les femmes des environs
d'Arras et de St.-Pol, se couvrent la tête et les épaules^ lors-
qu'elles vont à l'église. C'est à peu prèsl'a^utoir du Santerre.
FAQUIN. Elégant ; de même en Berrichon et dans les patois
du Tarn et de Bayeux.
FARAUD. Elégant , coquet, qui aime à être bien mis. — Se
prend souvent en mauvaise part. — De même en Berrichon, en
Jurassin , en Normand et en Lorrain.
Avant qae d*min pays je n' bouge
Del tête aux pieds Je veut été faraud. •
Etymologie : peut-être de l'Islandais fadr, élégant.
* FARDEL. Sorte de vin récolté dans le Beauvoisis.
FARFOUILLER. Fouiller, chercher en fouillant, remuer
sans précaution. — De même en Rémois et en Berrichon.
FARME. Ferme (subst.); de même en Jurassin et en Anglais.
FAUCHILLON. Petite faucille. — En Berrichon, fauchon.
FAUKEU. Faucheur. — Du Bas-Latin falcator.— On appelle
aussi de ce nom une espèce d'araignée à longues pattes.
( 404 ) FAU
* FAUSSER UNE COUR. Soutenir qa'ell» t rendu on j«g».
ment faux (Beanmanoir).
F AUSTIN (Artois). Déloyauté.
FAUSTRIRER. Tricher au jeu. ^AMaubeuge, fawtriir.
— Du Roman fautriquet^ tricherie. Dans l'Artois , fawtintr a le
sens plus général de agir avec déloyauté.
FAUSTRIL (jtoT al). Même signification.
FAUTER. Faire une faute. Mot généralement usité.
FAUVETTE. Fève blanche.
F AVELOTTE. FéveroUe , mélange d'avoine et de vesce. —
Etymologie: du Latin faha, fève. ^ »
FEIGNANT. V. Faignant.
FEIN. Foin. De même en Roman. Congénères : Fr. -Comtois y
fén. — Etymologie: du Latin fenum, ^
FÊLE. Chat. (Rarement usit^.) Du Latin felis, — Syn. Cat,.x>q.
* FELENESSEMENT. Vilainement. {Coût, du Beauv. Ch* ii.)
FENAILLER. Battre violemment.
FENARE. Adjectif qai s'employe toujours dans un sens né-
gatif. On dit) en parlant du poisson: t n'est pas bien fenake, il
n'est pas très-frais. — Pour exprimer qu'une plante ne pousse pas
bien , on dit aussi qu'elle n'est pas bien fenake.
Ff NDRET. Couperet de boucher.— £tym. du Français fendre^
FENDURE. Fente.
FERKIEU. Fougère. — Se dit à Boulogne-sur-Mer.
FERLAPER. Boire.
FERLÉE. Givre, gelée blanche, frimas.
FERLEMPIER. Gougat, mauvais sujet, polisson , homme
de néant. — De même à Bayeux et Valognes. On donnait autre*
fois le nom de frère lampier à ceux qui entretenaient les lampes
des églises. Comme ils appartenaient toujours à une très-basse
classe, le mot ferlempier devint la désignation d'un homme du
peuple de mœurs grossières.
FER ( -486 )
.fEJRLIMOUSE. Gro6B& figpre, fao9 pleUM»— y • FBitfaiosB.
FEELORE (eune). Un pea, un brin. •— Syn. FLàra;
FERT£. Forteresse, et qoelqaefois, f(^rGe.--*/dem en Rouen.
FSETOUILLER. Remuer, tripoter, barboter. — En Ffénc-
Comtois, fredouiller. *-* EtymologU: in Latin fir$tilkur0.
FESTRILLER. Tricher au jeu. -^ Yojpz FAosniKni.
FESSU (Boulonais). HonteoK.
FÊTEURS. Jeunes gens qui vont aux fêtes de village.
FEUCARDAGE. Fauchage de l'herbe de rivière.
FEUGARDER. Faucher l'herbe des rivières et des fossés.
FEUCHE ! Qu'importe ! Bath 1 — Voyez Fughb.
FEVDR AINE. Fruit de l'épine noire. — Syn, FounMULiiiB.
- F3BUILLU. Touffus, garni de feuilles. — Do Roman foUlu.
FEUKE. Fanlx. — Synonyme : Vavkk.
FEULETER. Bêcher. — Synonyme : Fou».
FEUMERON. Se dit de quelqu'un qui commence à fumer.
FEURRE. Paille d'avoine ou d'orge. -De même en Roman.
-^ p« l'Islandais ^o<{r , nouriiir? On donne particulièrement ce
nom anx bottes d'avoine battues et dépouillées de leur grain.
Une des placer d'Amiens porte encore aujourd'hui le nom de
llarché-au'Feurre. La rue de Paris qui porte ce nom , avoisi-
nait l'Université dont les élèves consommaient beaucoup de
paille , attendu que c'était là le seul siège usité dans les classes.
FEUSSE DUITE. Fausse démarche, pas de clerc. — J^lym.
du Français duite , trame de tisserand.
* FEUTÉ. Fidélité.
FEVETTE. flarioot. — Synonyme : Gohettb.
FEVRE. Forgeron. — Du Latin fàber.
* FEYAULTEYE. Fidélité {"Sire de CréquyJ,
FI. Foi. — Du Latin fidf s.
FIAT! Soit! Mot latin conseryé dans quelques parties du
Nord de la France et en Espagne.^
( 406 ) FIA
FIAT£. Foi , confiaoce. De même en Normand , Messm , Fr.-
Gomtois, Ronchi , Cambrésien et Flamand ; patois Cbartrain, fia.
i n'y 6 point de fiate à eux , one sait auech* ess atteinde.
FI€HELLE. Ficelle. — De même enRouchi et Roman. —
Signifie anssi fripon^ filou. — Syn. Frinchelle.
FICHANT {if est). C'est contrariant , c'est ennuyeux. Mot po-
pulaire d'un usage général.
FICHER. Appliquer, mettre, donner. D'un usage général.
Locution pic, Ficher des coups^ ficher une pilcy ficher U camp.
FICHER (se). Se moquer. D'un usage général, même à Paris.
Il vient sans doute, dit M. Du Méril, du Bas-Latin fieare^ dont
l'origine est incertaine.
FICHEUX ou FISSIEU. Mâle de la fouine. On disait fiehùuiro
dans la Langue d'Oc. — Vient peut-être du Bas-Latin fagina.
FICHU. Perdu; condamné. — De même dans la Manofaeet
divers départements du Nord. i
* FIÉ. Fief [Ârch. de Coucy, 1265).
FIEN. Fumier, pourriture. « Qui donc es tu scu plein de fimsf
fie reclus de MolliensJ. — Congénères: Berrichon et Rouchi,
fien; Languedocien, fens\ Béziers, fen. -^ Etymol. du Roman
fiens , dérivé de fiinus. Fens a le même sens,^en Chinois. BuUet
donne jiens comme du pur Celtique.
FIER. Dur, brutal, fâcheux. — De même en Roman ; a aussi
le sens de fameux.
FIËREMENT. Fameusement, extrêmement.
FIEROT. Un peu fier , qui a un peu de morgue.
* FIERTE. Châsse a et pour ce que la fierté ou chasse où est
le benoit corps de St. -Sauve n*est que de bos.4> f Amiens^ 1451^.
FIEU. Fils , eiTfant. De même en Normand, Ronchi et Vieux
Français, dans le Hainault et la Morinie. — Du Latin filius.
FIÈVES {les). La fièvre. — Traner les' fièves , trembler de
fièvre.
FIG. ( 407 )
FIGNOLER. Raffiner, vouloir surpasser ceqae font les antres,
être affecté dans sa toilette, ses manières on ses discours. — De
même à Nancy, Rheims, Rouen, Yalenciennes, Besançon et
Lyon. — Dans quelques endroits, fignoler ne comporte qu'un sens
favorable ; c'est faire quelque chose avec grâce , avec élégance.
— Peut-être vient-il de l!Islandais /inn, agréable à voir.
FIGROU. Fil poissé. — C'est sans doute une corruption de
fil gros,
FIRE (ma) , ma FiNGUE ou ma FIRETTE. Ma foi. Voir le
JHttionnaire de Ménage au mot fiquetU. — Congénère* : Vendéen
«t Roacbi figue ; Manche , fingue.
FlKE EN CUL. Jeu de pieux. Voyez Flingul.
FIRER. Ficher j mettre. — Congénèree : Catalan , /leàr; Por-
togMS et Vieil-Espagnol, finear; Italien, ficcare; langue d'Oc ,
fiear. Etymologie: du Latin figere.
FILANDIËRE. Mauvaise fileuse. C'est sous ce nom que nos
vieux poètes désignent les trois Parques.
FILANDRE. Frange, filet. — De même en Roman.
FILATIER (St.*Quentin). Qui fait le commerce de fil. Il y a
à Toulouse , une rue des FilaHers,
FILE. Fil à coudre ou à tisser. — Idem en Roman.
FIL EN TROIS. Eau-de-vie.
De s' n'affoère oz est téjours sûr
Quand ch*est du fil en troués tout pur. (Le F. Pic. auxéleet.)
FILER. S'échapper furtivement. D'un usage général.
FILERIE. On appelle ainsi^ à Beauval (Somme)^ une maison
où un certain nombre de jeunes filles se réunissent pour préparer
le fil nécessaire à la fabricatio;) des toiles qu'on tisse dans ce vil-
lage. (M. Dusevel , Lettres sur le département dé la SommeJ,
* FILLASTRE. Gendre. /" Ancien Coutumier du PonthieuJ.
FILLOLE. Filleule; idem en Berrichon et Lorrain. — Du La-
tin filiola. — En Bas-Breton , filhoL
( 406 ) FIL
y
FJ[LLOT. FlUauL-^-De m^e «q Roman.— Du tiatUi ^liohts.
FILOrUËRE. Pileuse.
FIN. Fort 9 très, e^ntréqQemeqt. — Il€slt fin hêie.
FIN DES FINS {al) Ëofia, à U iin.
FIJBfË ŒSON. Littéralement /în qUmovu On nomme ainsi le
cfttpeau, ^ Saint-Yalery , à canse de l'hahiieté de cet oiaeaaÀ
plonger.
FINER. Terminer , achever , /înir.
FINRER (Béthane). Fumer.
FION (donner le). Parfaire quelque chose , lui donner booAe
tournure , honne grâce. « Académiciens qui parles 4e goàt, dit
T. de P. ,* étudiez le fion , et placez ce mot dans votre diction-
naire qui ne s'achève pas. th.
FION (avoir le). Avoir l'adresse nécessaire pour réussir. —
Terme populaire.
FISSIËU. Mâle de la fouine. -^ Voyez Ficssu.
FISTON. Fils. Terme d'amitié.
FISTULE. Un rien , la moindre chose. — Peut-être du Latin
fistula, paille.
FIU. Fils , enfant. — De même en Norm. , Rouchi , Frape-
Gomt. et Roman. — Contraction du Latin filius.
* FL ABAUT« Saumon. (Tarif des aides à Amiens , 1445.)
FLACON. Cendre de paille , flammèche.
FLAFLATE {foère}. Flatter.
FLAGEOLET. Espèce de petit haricot. — Cong, Berrichon et
Norm. yflageoJfit; Rouchi, fageole ; Lyon, flageole. — Du Vieux-
Franc, faseoly employé par Rabelais {Pantagruel ^ m , S), et qni
dérive du Latin phaseolus. (Voyez le Vocàb. du Berry.J
FLAGER. Fléau à battre. <- Du Latin /lo^eZkifii. — (7oii|^.
Allem. , flegel ; Ital. et Portug. , flagello ; Vieux-Franc. , flageh
FLAHUTE. Flûte. — Con^. Espag, flauta ; Ital. , fiauto. —
Du Celto-Breton /le/iKt. o
FLÀ ( 409 ]
I
FLA)R. Mauvaise odeur. — M. Henri considère ce mot
comme celtique. •
FLAIRINËË. Ce qn'on flaire en une seule Ibis.
FLAIRINER. Flairer.
* FLAITIEUR. Pécheur.
FLARE. Amas d'eau , de boue , formé par la pluie au miNâu
d'un chemin. — De même en Norm. , Rouchi , Flam. et Ronl. —
Du Gelto-Breton flaco^ mare d'eau.
FLAREUDER; Marcher dans une flake.
FLAMBE. Flamme. — De même en Roman. — Cong. Lang. ,
fUmba ; Béziers, flamho,
FLAMBËE. Feu clair de bourrée. — tâem en Bei*. ist Norm.
FLAMIRE ou FLAMIGHE. Espèce de galette ainsi nommée
par ce qu'on la fait cuire dans le four , au moment où le bois s'en-
fkmme. On l'appelle aussi ftamike al foée. — Foée signifie feu
clair de menu bois. On fait aussi des fla miches à oignons et à
porjonê (poireaux). Dans Tarrondissemeut de Mortagne, flamiehe
signifié : pain cuit à la hâte, à la flamme,
FLAMIRER. Faire \eflamikeux.
FLAMIREUX. Homme minutieux qui touche à tout , qui
s'occupe de cuisine comme une femme. — Etym» du Picl flamike.
FLAN. Tarte. Mot populaire, d'un usage presque général et
qui dérive dii Roman flàoh,
FLAN DE BEUE {foèreun). Faire quelque chose qu'on croyait
à tort être utile. Littéralement, faire une tarte de houe.
FLAN (n'y eonnoite pas). N'y connaître goutte.
FLANDRIN. Fluet, élancé. Mot connu dans beaucoup de
ProVinces.
FLANËË (Boulonàis). Tarte faite avec du fromage bktic et
deèraisinsr
FLANRER. Donner. Flemkerdes coups. Signifie aus^i: inel^
tre^ pléCer, jeter. Onomatopée usitée presque pailout.
( 410 ) FLA
FL ANK£TT£ {al hoine). Sans cérémonie , tout bonnement ,
de plein gré; de même en Roman. Molière s'est servi, dans le
même sens, de l'expression à la franquette.
FLAUBER (Boulonais). Donner le premier labour^ Du Cel-
tique/lau, ouverture.
FLAUD. Mou , flasque.
FLAYER. Fléau à battre. Voyez Fli et Flaoer.
FL AYEU. Paresseux , lâche , mou. -^ Du Roman fia.
FLAYUTER. Battre quelqu'un, comme on bat le blé avec un
flayer.
FLËGARD. Endroit public à découvert. Gotgrave donne ce
mot comme Picard. Il n'est guère usité qu'à Boulogne-snr-Mer.
Il dérive de Tlâlandais/Ia^, espace de terre nue, sans gazon.
FLËPE (féminin). Petit brin , petite quantité ; flepette est sott
diminutif. — Synonyme : Ferlokb.
KLÊPES. Chiffons , guenilles. — Du Roman frèpes. Aller à
flèpes^ porter des guenilles. — Signifie, par extension, charpie.
* FLEQUEURS. Déchargeurs de voiture {Amiens, 1443). Ils
jouissaient d'un droit nommé flécage.
FLETS; Poils.
FLEUME. Crachat, pituite. — De même en Norm. et Roman.
En Bas- Latin, /l^utna. — Du Celt. flem. Signifie aussi sang-froid
FLEURAGË. Qui représente des fleurs.
FLEYEU. Paresseux, lâche, — Y. Flayeu.
FLI et FLEYEU. Fléau à battre. —Congénères: Lorrain,
flayet; Franc-Comtois, /!«; Breton, fleu. — Etymologie : du Rom.
fiael, dérivé du Latin flagellum.
FLICÂNDER (Pas-de-Calais). Remuer l'eau.
FLINCUL, FLIKENCUL ou FIKENCUL. Jeu de pieiix. On
fixe dans la terre, en le lançant , \in bâton pointu long d'un demi
mètre. Un autre joueur jette son bâton-près de celui de son ca-
. FLO , ( 411 ).
marade, en essayant de Vabattre. Celui qui le premier a abattu le
bâfonde l'autre a gagné. Le perdant se sauve jusqu'à un endroit
désigné , et le gagnant le poursuit, en le poussant par le derrière
à coup de bâton. C'est ce qui explique le mot de fike en euL
FLOBËR ou FLOPER. Blesser. ~ De même en Rouchi. --
Signifie aussi battre , soufletter,
FLOCHE. Soie non torse.
PLOMBER. Frapper à grands coup.
FLONKER. Ployer. -— Synonyme : Plonkes.
FLORIERE. Bordure inculte le long d'un champ.
FLpRIR et FLOURIR. Fleurir ; comme en Roman. — Cang.
0
Franc-Comtois^ Wallon , Catalan et Y. Italien, florir; Gascon,
/Ion. — Etymologie : du Latin florere. Le Français n'a conservé
qu'au figuré l'infin. prés, et l'irop. de Tind. du vieux ^erbe/lorir.
FLOT. Mare, abreuvoir.
FLOTE. Espèce de raie. Raja hatis, — Vient peut-être de
l'Anglo-Saxon floc, raie.
«
FLOTTER. Couvrir d'eau. Se dit des irrigations artificielles;
FLOUER. Tromper, attraper. — Mot populaire usité pres-
que partout.
FLOUR. Fleur — En Languedocien, /lou. — Du génitif du
Latin flos , fiorU.
FLUTER. Bien boire. — Terme populaire , commun à plu-
sieurs provinces. ^ Etymologie : du verre nommé fltUe»
FOËE. Brassée de branches mortes ramassées dans les bois ,
et par extension, le feu clair qu'on fait avec du menu bois.-^ Du
Roman fouée , fagot. — Voyez Flamike.
FOFU. Feu follet. Ce météore que Ton désigne aussi sous
le nom de capieu rogné ^ est encore considéré par le peuple com-
me un esprit malfaisant qui se plaît à égarer les voyageurs pen-
dant la nuit , et qui pouffe de rire quand il y parvient. Dans la
vallée,, il les entraîne vers les trous à tourbes ou sur les bords de
( .412 ) FOi
la Somme, poar les y faire pérrr. Mais on peut se préserver de
ses embûches , soit en fiehant on bâton ou an cooiean dans ht
terre , soit en y enfonçant une aiguille. On dit que ce moyen est
le plus SÛT ^ parce qu'on a le temps de s'éloigner^ pei^dant que le
fofu s'arrête pour regarder Taiguille et tourne autour, en s'effor-
çant de passer par le trou. (CommuMcation de M. F. Louandre.)
FOIREUSE. Rouge-gorge. — Synonyme : Foireitx.
FOIREUX. Homme timide , sans courage. -^ De m'énore' en
Comtois et en Roman.
FOIRIËNS. Marchands forains. -~ Etym. de Poiré.
FOISEUX. Fesenr. — Foiseux de fagoU^ craqueor.
FOLLU (cœur). (Vermandois.) Lâche. — « Voyez Falli.
FOLURE. Blessure. — Voyez Affolure.
* FONG DE BËSTES. Troupeau. {Cowiwmê de BearnaU.)
FONCER. S'ouvrir un passage dans la foule. — De même dans
le département du Nord, etc.
f ONCET. Ce qui reste au fonds d'un sac*
FONTS BATISTËRËS. Fonts baptismaux. — En Itatien ,
hattisterio,
FONYE (Arras). Faim.
FORBOU et FORBOURG. C'est à tort qu'on a dérivé/aulkwr^
de faUui hurgus^ (faux bourg). Le Picard et le Vtenx-Franiçais
forbotCrg prouvent que l'étymologre de forù hurgi (hors de la
ville) , est la seule admissible. Il est vrai que Fauchet , Pasquier
et Montaigne écrivent /auo? 5o«r^. Mais d'autres écrivainsr,tels
queNicot et A. Loisel , mieux inspirés par le souvenir étymokH
gique, écrivent /br«&our</.
FORBOUTIER. Habitant d'un faubourg.
* FORCHELAST. Forçat. fMoreuily 1249).
* FORCHOILER. Frauder les droits, ^nc. usages é^AmiensJ.
FORDRAINE. Fruit de l'épine noire , do prunier des haiis.
On trouve /burdine dans le ÏHcHonnaite deNicot. V. FbuRnHAiiiv.
FOR ( 413 )
* FORGAGE. Gage qui , n'ayant pas été retiré par l'emprun-
tenr , devient la propriété da préteur. (Beanknanoir).
FORGNEU. Foameau. — De même en Roman.
FORGNIË. Se dit du pain de ménage, par opposition au pain
de boulanger. — Etymologie . da Français fournil,
FORIËRE. Lisière d'un champ caltivé.
FORMAGE. Fromage. — Du Bas-Latin formatius.
FORMI et FORMION. Fourmi ; de même en Roman.— Con-
génères: Italien, formica; Catalan et Portugais, formiga. —
Etymologie : du Latin formica. — Synonymes : Frbmi , Fromion.
— Formi et fromion s'employent souvent au masculin , comme
dans le Vieux-Frauç. : or gentils fourmysje vous prie (Ronsard).
" FORMORTAIRE. Héritage qui arrive par suite de mort.
FORNICATION. Provision.
* FORNOYER. Dénier, refuser. ("Rue, xiv.« siècle).
* FORS. Excepté. fJHoreuil , 1249). Signifiait aussi hors. —
Etymologie : de foris,
FORT. Souterrain. C'est ainsi qu'on appelle des retraites
creusées sous la terre, pour servir de refuge. Ils appartiennent
tous à la région crayeuse. L'entrée, placée sous les églises ou au
fonds des carrières , conduit à une allée horizontale garnie de v
cellules des deux côtés. M. Bouthors les fait remonter au delà du
XV. « siècle. fMém, de la Société des Antiquaires dej^ic. tome i.J
FORTRAIRE (Pas-de-Calais). Rendre fourbu.
* FOU AGE. Taxe par feu , capitatiôn. Droit qui' ne se payait
ordinairement qu'au Roi. — Du Bas-Latin focagiùm,
FOU AILLER. Fouetter, fustiger. •— De même en Roman.
FOU AN. Taupe. — De même en Roman.
FOUËE. Voyez FoÉE. Aller al fouée signifie : attraper le soir
des oiseaux à l'aide dé torches.
FOUÈRE ou FOAIRE. Faire. — Ch*est bien à foaire à li ,
c'est bien à lui qu*il appartient de faire cela.
27.
( 414 ) FOU
FOUFFES /"foère sesj. Faire du béiLéûce , avoir du p^fit.
FOUILLE. Chauffage. — Du Gelt. foalliay d'après M. Henri,
FOUILLE EIN BREIN. Rhisostrogw aUr (coléoptère).
FOUILLI. Enragé, passionné, hargneux.
FOUILLIS. T^s d'objets mêlés. — De même en Rémois.
FOUILLOUSE. Trésor, bourse. — De même en Roaehi et
en Vieux-Français. — En LsXin ^ folliculum.
FOUIR. Bêcher. Congén. Lunéville, fouyi; Épinal et Va-
lenciennes , foyr.
FOUIRONER. Picoter, couper l'éteuil.
FOULIR. Être fou de , être très-amateur de.
FOULON. Frelon.
FOURCHER. Se dit de la langue qui s'épaissit, quand on a
trop bu.
FOURDRAINE. Fruit de l'épine noire. On connaît l'anecdote
de ce paysan Picard qui, jouant sur le double sens du motjwoiie ,
disait à son curé : vos prônes en' valent mie des. fourdrainês.
FOURRE. Instrument de fer à deux pointes qui sert à hisser
les gerbes de blé sur le sommet d'un charriot. — Cong, Flam. et
Rouchi , fourke ; Langued. , fourqua : Ital. , forcha.
FOURKET. Fourche à trois dents pour nettoyer les étaUes.
FOURLET. Fourneau.
FOURNAKER. Fouiller, remuer, mettre en désordre. — Pe
même en Rouchi.
* FOURNI AGE. Droit du four.
* FOURNIER. Cuir son pain ailleurs que dans le four sei-
gneurial.'
FOURSAIN (Béthune). On désigne tout à la fois par ce mot
la femelle et les œufs du brochet.
FOUTAISE. Bagatelle, niaiserie, babiole. — De même Qn
Franc-Comtois , Rouchi et Roman.
FOUTET ipiot). Petit garçon. (Ponthieu.)
FOU ( 415 )
FOUTIMASSER. Tourmenter, fatigaer, ennuyer; rendre
presque fou, — âtachen signifie fairey en Allem. — Idem en Berry.
FOUTIMASSER, Faire quelque chose avec nonchalance.
FOUTRIKET. Blanc bec qui se pavane.
FRAICTEUMIS. Fraîcheur, humidité. — De même en Rom.
— Ein heu de fraieteume^ un rafraîchissement.
PR AIKË. Mouillée..-- En Roman, frèque.
FRAIKER et FRAIRIR. Mouiller,
FRAINE. Farine — Cong. Rémois , fraine ; Franc^Gorotois ,
fairène; Rouchi , fareine, — Etymologie : du Latin farina,
FRAIS. Mouillé, trempé par la pluie.— Jlfa vlo frais, me voilà
bien planté 1
FRAGTIER. Éprouver du défîoit , dépenser , faire des frais^
* FRANCHES FÊTES. On donnait ce nom, m uii.« siècle, à
\fL prévôté temporaire qu'exerçait ,à Abbeville, un chanoine de
Saint-Y ulfran , pendant cinq jours, et un bénédictin de Saint-
IPierre , jftendant trois jpur^. (Y. HisU d'Àhh,^ par M. Louandre.)
FRATER. Barbier. — De même dans Tarrond. de Yire , dana
le Gers et le Yienk-Français. — Les baribiers, qui jadis étaient en
même temps Qhirurgi^n^, se nommaient fratr€$ servientes»
FRATIN. Petit abbé.
FRAYANT. Qqi fait dei frais; qui coûte cher.
FREILL]^ (Rue). Fauvette d'hiver ou traîne-buisson.
FREMJSR. Fermer. — Pe ^^e en Roman, — En Franc-
Comtois , fremai.
FREMJIONS ou FROUMIONS^ Fourmis. — Fréqaiçs^ent
^V>n éprouve dans un membre, lorsqu'il est engourdi ^ qui
ressemble au chatouillement que causeraient des foura^is, en ^
l^ropEienant su r les jambes.
F^REMIONER. Fourmiller.
FRENOYE. Lieu planté de fresnes*
27.*
( 416 ) FRE
* FRÉRAGE. Partage. {Coutumes du BeauvoUis.)
FRÉROT et FRÉROTIN. Frère, petit-frère. Terme amical
FREU. Frayeur. — Synonyme : Êffredx.
FRICHOTER. Chifonner.
FRICOT. Viande fricassée , ragoût. — Mot populaire , d'un
usage général, — Signifie aussi festin , bonne chère.
FRICOTER. Faire bonne chère, faire bombance, — De m4nie
dansTarrondissement de Valognes, etc.
FRIGOUSSE. Fricassée.
FRILEUSE (Santerre). Le dessous du rebord d'un toit.
FRILEUSE ou FRILLEUSE. Rouge-gorge. Ce nom aurait-
il été donné au rouge-gorge parce qu'il passe tout l'été dans U
solitude des bois, et qu'il n'approche des villages qu'au com-
mencement de l'automne 9 époque où il devient frileuœ ?
FRIMER. Geler. — De même en Roman. — Etym, de frimas»
FRIMOUSSE. Figure pleine , visage fleuri , bonne mine. —
De même en Rém. , Lorr. et Berric. ; frimouse^ en Norm. — Bu
Celtique frem, aspect , ou du Bas-Latin /rumen. — Y. Du Gange.
FRINCHELLE. Ficelle. — Synonyme : Fighblle.
FRINËE. Mélange de farines, pour l'engrais des bestiaux. ■
FRINGOTER. Sauter de joie. — Du Roman /Hn^uer, sauter,
s'agiter. On peut en chercher ^l'étymologie dans leGreGo^ftymjty
dans l'Allemand springen ou dans le Celto-Breton fringa.
FRINGUER. Danser. — Synonyme: Faire frinoubs.
FRIOTER. Faire la belle, l'élégante.
FRISKE'(i foèt). Il fait un froid léger , mais péûétrant,
FROI DE RUE. Place inculte , lieu public commun à tous.
fCoutuiiies d'Ahhemlley art. 18). — On disait aussi flégard.
FROMAGE MAU. Fromage mou. Synonyme: MAMEàu. -r-
Locution picarde : se mettre en fromage mau , se mettre en sueur,
se mettre en quatre.
FRO / ( 417 )
FROUCHER. Pénétrer avec difficulté , passer à travers une
hsTe.— Synont/me: Foncer.
FROUGHIË. Mélange de fromage mou avec du lait.
FROUETTE. Miette.
FROUKES ET DES CATS {foère des). Faire des farces aux
dépens de quelqu'un. ^
FRUCAGE. Plantes sèches qu'on donne aux bestiaux.
FRÙRER. Grignoter, broyer en mangeant. Se dit particu-
lièrement des animaux qui trient le grain qu'ils mangent et lais-
sent la paille ou les cosses.
FRUSSER. Presser. — De même en Roman.
FU. Feu. — Idem en Franc-Comtois , Flamand et Roman. '
FU AILLE. Feuillage. — Etymolog\e: du Rom. fuelle.
FU AILLE, FUEILLE. Combustibles. Du Roman fouaille.--
Fuel , en Anglais , signifie chauffage.
FUCHE ! Bath ! Qu'importe ! Fi ! Je m'en moque. — Idem en
Xorrain et en Vieux-Rouchi.
FU D'OS. Feu de la St.-Jean. Ces feux s'allumaient à la St.-*
Jean avec des herbes et des immondices de toutes sortes , mais
- principalement avec des os d'animaux. De là le nom de fe^ d'o$ ,
qoi finit par désigner tous les feux de la St.-Jean, quels qu'çn
fussent les matériaux. (M. Brenil, du culte de SU Jean^BapMeJ,
FUELLE. Feuille. ---Idem en Roman.
* FUER. Prix. ("Coutumes duBeauvoisis^ chap. 30). -
FUMELLE. Femelle. -^ Idem en Rémois, Berrichon et Rom,
FURIEUSEMENT. Beaucoup, très , extrêmement,
FUROLER. Jetter des exhalaisons enflammées.
FUSTANE ou FUTANE. Futaine. — Congénères : FUdiand
et Vieux-Français , /ti^teme ; Espagnol, fustan; Catalan, /uitam.
—Etymologie: de Fu^tot, nom de la ville Egyptienne qui a rem-
placé Memphis et d'où nous a été rapportée l'espèce dé toile
{ 418 ) FUS
qu'on nomme futaine. Il existe dans tontes les langues un bon
nombre de mots dont on cbercberait vainement Torigine ailleurs
que dans les noms de pays d'où proviennent'les objets. C*eè\ ainsi
que gaze vient de Gaza, ville de Syrie; gallaches^ du payA'des
Galles; ^avotie, de Gap, dont les montagnards s'appellent fîa-
votSy etc.
FUSTIRER. Tromper au jeu. Voyei Faustriker.
FUTÊ. Fin, rusé, babile. — De même en Roman et dans lea
Provinces du Nord de la France.
G' ou G£. Ce , cet. — Synonymes: Che , ech*.
GA. Luron. — D'un usage général.
* G AAIGNÉULES (terres). Terres affermées (Bèânm. Ch. 38).
GABEGIE. Micmac, grabuge, menée secrète, ce Ce mot
trivial, ditCb. Nodier, est d'un usage si commun dââsle peuple
qu'il n'est pas permis de l'omettre dans les Dictionnaires... il eftt
évident qu'il nous a été tapporté par les Italiens et que c'eist tind
dés compensations dp peu de valeur que nous avons reçues d*eox
en écbange des innombrables altérations que leur pro&dncibtiôft a
fait subir à notre langue. »
GABËL'OU. Douanier, préposé aux gabelles. — D^un lAage
assez général. — Gàbelot, en Catalan; Gahelliere^ en Ifftlied.
GACHEUX. Mauvais ouvrier. — De même en "Wallon.
GACHIËRES. Jacbères. Voyez Gakiêres.
GADROU f Marie). Femme très-peu soigneuse, l^eai-^tre du
Roman gadoue ^ ordure.
GADROUILLER. Gâcher , gâter , détériorer.
G ADRU. Se dit d'un petit enfant qui coibmence à rire..
GAF ( <l]9 ]
Mangei^ avidemment. — De môme en Lorrain.
, Espagn. et Portng:, p'flfor, signifie mordre.
Mé)er. — Voyez Cafouiller.
4. — Parler'gagaf parler comme les enfatis.
sont d'un usage général, en France.
Valognes gagier. •. — Etymologie : du
r.
nlaire. — De même en Roman.
doutient par son travail l'exis-
.c même en Franc-Gomt. et en Roman.
dans doute de gaudiuniy joie.
\ieai. — Gomme en Rom. — Cong. Béziers, gat ; Lang.,
^Uch; Gâtai. , gaitg ; Ëspag. , gayo — Etym» du Gelt. gaia.
* GAIGHON. Terme injurieux. En octobre 1447, un homme
est condamné, à l'hôtel-de-Tille d'Amiens, pour avoir appelé
quelqu'un gaickon.
GAIETÈUX. Gai. —De même en Roman.
G AILLE (Noyon). Geai. — Voyez Gai.
GAILLE. Bouche toute grande ouverte.
GAK1ËRES. Jachères. — De mémo en Rouchi et Roman.—
Etjfm, dejacere^ se reposer. — Voyez Jakières.
GALAFRE. Glouton, grand mangeur, goulu. — De même à
Liège, Mons, Cherbourg et Valenciennes , en Berr. et Roman.
G AL API AT. Gamin , galopin , mauvais sujet , polisson. — De
même en Franc-Comt. et Wall. — Galopiotf enBerry; Galapian^
k Bayeux. — De l'Islandais galapin.
GALER. Rouler comme un galet.
GALETS. Pendants d'oreilles.
GALIBIER. Jeune mauvais sujet , polisson. — Du Roman
gûtauhiery gaillard.
GALICE. Moulin à foulon. Une rue de Montreuil portait jadis
ce nom.
( 420 ) 6AL
GALIMAFRËB. Ration copieuse. -f*De même en Normand
et en Roman. — Signifie aussi mauvais ragoût
GALIPENNE. Pelouse , terre incnlte.
GAXMITE. Gamine , petite fille. Se dit aussi d'an petit garçon.
GALONNER (se). Se dit des animaux qui se frottent récipro-
qnement pour se gratter.
GALOP (donner un). Réprimander, gronder fortement. Terme
populaire , généralement répandu, même à Paris.
- GALORIEU. Gamin, polisson. A Bonne val (Eure-et-Loir),
galouriou sigmûe petit garçon qui court pieds nus,
GALOUBL Même signification.
GALVAUDER. Travailler vite et mal , gâcher ; idem en R.om.
GAMBARDE (Yiméu). Echasse ; (oiseau de mer).
•
GAMQE. Jambe. — Gommme en Roman. — Congénères : Bo-
rain , gamhe; Rouchi, gampe; Languedocien et Gascon , cambe;
Beziers, eambo ; Catalan , Italien et B.i^s-Latin , gamba. — MtSh
mologie : du Celtique gamba,
E|)* sus rguéri d'ech' keu d* fleuret
Qui ro'avoait perché m' gambe, {Caneh. éFeehe F. Pie*)
GAMBET. Croc en jambe; en Itàl., gambetto, — Et/gmologie :^
du IRoman jam&et
GAMBETTE. Petite jambe.
GAMBILLER et GAMBILLONER. Agiter les jambes.
GAMBON. Jambon.— Comme en Rouchi et en Roman. On dit,
gamhone , en Italien.
G ANE. Jaune. — De même en Rouchi et en Roman.
GANIH. Jaunir.
* GANS. Droit de deux deniers que l'acheteur devait aa sei-i
gneur censuel pour la saisipe.
GAR (Ponthieu). Car.
GAR ( 431 )
GARBE. Gerbe ; comme en Roman. — Congénèf9$ : Gothique
çt Allemand , garhe: Provençal et Langaedocien, garbo. — i?ly-
mologie : du Yieil-Haut-Allemand garha, •— Garhe de hled d'où
VwU le pain de vie: c'était la devise d'Accard Doublet, maître
de la confrérie de Notre-Dame du Pny , h Amiens , en 143^. — f
Garhe à hoisseawc: c'est le cri par lequel on invoquait » dans
quelques localités , une bonne récol^ , le soir de la fête des Bran-
dons , c'e8t-À-<di.re le dimanche qui sait la clôture dn carnaval*
GARBËE. Gerbée. — De même en Roman.
GARGQONIËRE. Fille qui aime trop ou imite les garçons.
GARDE CUL. Jupon. — De même en Roman. — Synonyme:
Gartiu. — On dit garcu , en Normand*
GARDË-MAHON. Garde-çhampêtre. Màhon signifie pavot.
Voyez ce mot.
GARDE MESSIER. Garde-champêtre, — De me^m, moisson.
Les Italiens disent: gardua meese. On prononce souvent ga^mee^
$iery gar mahon»
GARDE VERDURE. Garde.champétre^
GARDIN ou GUERDIN. Jardin ; comme en Roman. — Cong.
Ronchi, Normand et Anglais, gardin; Flamand, garden; Li'-t
thuanien , garda; Alleman, garten; Gothique, gards, — Du
Celtique (Gallois) garddy on de l'Islandais gard. Locution Picarde:
/ foet hien dim sin gardin , il est dans l'aisance , il est riche.
Patru donne une singulière étymologie à jardin : « il vient appa-
remment, dit-il, de ci^ooû {irrigo) en ajoutant unj: car on n'a point
de jardin, si on nel'arrouse... »
GARDINER. Jardiner. — Voler des fruits dans un jardin.
GARELLE. Osselet ou rotule de mouton avec laquelle jouent
les enfants.
GARET. Jarret. — De même en Roman. — .En Anglais, garr.
G ARGANTOINE. tvrogne. — C'est sans doute une corruption
du mot Gargantua.^
{ 422 ) 6AR
GARGATE oa GARGHÈTE. Gorge, gosier; cotnmeen Rom.
— Congénères: Franc-Comtois et Languedocien, ^ar^te; Bour-
guignon , garguillo; Vosgien , ^ar^olafe; fias-Limousin, gcrgo-
Kc/f;* Provençal, gargatiero ; Italien , gargata; Ësplignol, ^cw*-
gahtû; Bas-Latin , gargata. — Du Gelto-Breton gatg'aden*
GARGATON". Grand parlenr. — Etymologie : de ùkRGktÈ,
GARGOTER. Bouillir très-fort. — De même en Roman.
GARGOUILLER. Clapoter: t^e dit de l'eau qui fait du bruH
soit en tombant , soit en bouillant. . '
GARGOUILLIS. Bruit qui se fait dans les intestins.
GARINER. Piétiner. — Etym, du Picard ^aroule, jambe:
GARIR. Guérir. — De même eh Cbampenois et Roman.
GARLOPER. Bouillir avec bruit. Se dit d*un ragoût qu'on
«
fait bouillir trop vite. — Synonyme : Gargouiller.
* GARNEMENT. Garniture.
GARNIT et GRENU. Rempli de graine.
GAROU. Sorcier. — De même en Roman. — V. Leuwarou.
GAROULE. Jambe. — Cong. Prov., garro; Langued., garou.
^^ Etym, du Rom. garro y dérivé du Celtique garr. — De là vient
le verbe s^égarouiller , écarter les jambes.
GARROT (Boulonais). Boule, et généralement, ce qu'on peut
jeter avec la main. — Du Bas-Latin garottus , trait d'arbalète?
GARROTER (Boulonais). Jeter quelque chose avec la main.
GARS. Jars, mâle de l'oie.
GARTIÈRE. Jarretière. —rConflf. Norm., Flam. et Rouchi,
gartière ;*A.Bg\. garter. — Du. Rom. gartiers. — B. LaU garterium,
GARTIU. Jupe de dessous, jupon de toile. C'esl une mau-
vaise prononciation de garde cuL On appelait jadis garda cor^
sium une eapèoede corsage que les dames portaieut sotts .leur
long manteau.
* GAS. ¥fiw\, {Coutumes du Beauvoisis).
6ÂS ( 433 )
* GASGETTË. Façon des tignes. {Coutumes du B^aimfisU.)
GASIOU. Gosier. — De même dans TËure et Loir. — ^n.
Gaszot, Guigui, Gaviot , Garoate.
GASPIAUP. Petit gamin; — EtymoL du Français Gaspiller ?.
GASSOUILLËR. Gâter.—De même en Nprm. — En Berri-
chon , garsouiller, — Synonyme : Gadrouiller.
GASSOULE. Prodigue; qui perd , gâte, gaspille.
GAST. Ruine, dégât. — De même en Roman. — Du Latin
vcutare, gâter.
* GASTËL. Gâteau. — De même en Roman.
* GASTES. Terre en friches. (Beaumanoir.)
GASTILLER (Anois). Chatouiller. — Idem en Roman.
GATE. Jatte, écuelle; de même en Roman. Du Gange le
dérive de gâta qui désignait une ancienne espèce de navire rond.
GÂTÉE. Contenu d'une jatte.
GATELOT et GATELETTE. Jatte. —De même en R-oman.
GAUDE (Gayeux). Pingouin (oiseau).
GAUDIR (se). Se divertir. — De même en Lorrain. Du Latin
gdudere. Dans le Pas-de-Calais , gaudir signifie vagabonder:
GAUFFRE (Boulonais). Rayon de miel.— Du Celtique goffre, .
GAUGAtJ (à). A cœur joie. — De même en Jurassin. — Etym.
du Vieux-Latin ^au, joie, employé par Ennius.
GAUGUE. Noix. — Idem en Rouchi, Normand'et Roman.
GAUGUËR on GAUGUIER. Noyer (juglans),— De fnêitfe en
Not'Gband, Rouchi et Roman.
GAUILLE. Chiffon.
* GAULE ou GAVÉ. Droit payable en avoine. fCwhie, 12^4). '
GAULT. Forêt , jeune taillis. — De même en Nortnand et en
Roman. Vient du Vieùx-Saxon gualt.'De là gaultitr^ !>ûchei*dn.
GAUSSE ou GOSSE. Mensonge innocent ,' raillerte. ^ 'De
même en Bourguignon et Lorraift. Du Celtique Jférti*, meùéëttge^
ou bien de ^au(fitf«a, railler. *
( 424 ) GAU
GAUSSëDX et GOSSEUX. Qui dit des gausses. On trouve
gaudisseur, dans Goqaillart , p. 25.
GAVE. Gosier. On désigne surtout par là , la poche que Tes
oiseaux ont sous la gorge et dans laquelle séjourne leur ilourri-
ture, avant de passer dans l'estomac.
GAVËLE. Sarment. — Du Bas-Breton gavelli,
GAVELLE. Javelle ; du Bas-Latin gavella. ->- Chercher go-
velle touillée , chercher querelle.
GAVELOT, Javelle roulée.
GAVER. Bourrer de nourriture.
GAVIOT. Gosier, — De même en Roman. — Congénères :
Rouchi, gaviot ; Comtois, gavion ; Beauceron, gaviau.
GAVU. Qui a une grosse gave,
GAYOLE. Prison, geôle. Signifie cage , à Béthune, .
GAZOU. Bredouilleur. ' «
GAZOUILLER. Bredouiller.
GAZOUILLEUX. Qui bredouille,
GENGEOT. Qui se tient tout ramoncellé , comme celui qui a
froid.
GENIAU. Génet. — Eiymologie : du Bas-Latin ginestus.
GENIGHARD ou GENIGHON. Jeune génisse.
GENOAF (Boulonais). Genévrier. — De même en Bas-Breton.
GERGON. Jargon.-^ Congénères: Wallon^ g eargon; Cata-
lan, gergon; Italien, gergo. D'après Ch. Nodier', gar ou ger dé"
signe un oison et la terminaison gon est dérivée du Celtique
compsy langage. Jargon se serait dit primitivement du bruit que
font les oisons.
GERMION. Germe. — Du Celtique germia,
GERNOTTE (Boulonais). Espèce de truffe. Du Celt. jomo^.
GÉSIR. Être couché. — De même en Roman. Du Lat. joc^rtf^
GHENËL. Mot qui commence une chanson qu'on chante dana
GlE (^25)
, ■ ...
leBoulonais, la veille de Noël. Ge mot ghenely dit M. fi Griset ,
est celte et signifie nativité. ^
* GI£U. Jeu ; scènes dramatiques da moyen-4ge.
GIFFLE oa GIFFË. Sonflet, claque sur la joue* — De même
es Franc-Comtois, Normand, Genevois, Yosgien, Bourguignon,
Lyonais et Rouchi. — Etymologie: du Roman (|ri/}le«, joues ; kiff
signifie querelle , en Islandais.
.GIFFLER. Donner des claques.
GIGER ou GIGIER. Gésier. -^Congénères: Rouchi, giger ;
Jora, gigi; Meuse, gigier. — Etymologie : du Latin gigerium.
GIGUE. Fille grande et maigre , de mauvaise tournure.
GILLE. Imbécile.
GIN. Espace que parcourt la faux d'un moisonnenr.
GIRIE. Tromperie, mauvais tour. Gontract. du Rom. gillerie.
GIROFLÉE A CHINQ FEULES. Nom plaisant qu'on donne
à une claque appliquée avec la main ouverte, dont on compare
les doigts aux feuilles de giroflée,
GIST et le GEST {einte le). Entre le zist et le zest.
GLAGHON. Signifie non-seulement <jr lapon, comme en Rom.,
mais aussi de la mauvaise poterie^ des tessons. *
GLAINE, GLAIGNE ou GLANE. Poule. — Gomme en Ro-
man. — Cong. Langued. et Vénitien, galline; Béziers, galino.
£spag.,Catal. et li&l.^ gallina. — Etym. du Lat. gallina. ALoû^"
pré-lès-Corps-Saints et même dans les faubourgs d'Amiens, les
jeunes gens, le lendemain d'une noce, vont , munis d'une longue
perche, chez.les convives de la veiUe,et réclament des poules, pour
faire un second repas. C'est là ce qu'on appelle aller à glaines.
GLAINE. Ëpis glanés après la moisson. — De mémâ ^n Ber-
rlcl^on et Roman.
GL AINER. Glaner. — De même en Franc-Comtois , Berri-
chon , Rouchi et Roman.
( 436 ) GLA
GL'AIRINEfJX. Gluant, glaireux, f isqueux. Syn. Ctloeiiibiiil
GLAJU (Noyon). Glayeul.
GLAKËK. Jeter à terre.
GL AU (Yimeu). Bûche. — Du Celtique glo , combustible?
GLAUDË. Blouse. — De même en Lorrain. — Synon^a:
BlBUJDJB y ROUILL^RE.
GLEUDE (pour Claude). Niais , imbécille.
GLINCHADE ou GLISSADE. Endroit frayé 9ar la ^ce
pour glisser. — De même en Roman.
GLORE. Gloire. — De même en Écossais , en Yieii-Angltis
et en Roman. — Etymologie : du Latin gloria.
GLORIETTE. Berceau de verdure, vide-bouteilles. — De
même en Lorrain et en Vieux-Français.
GLOUCHE (Vermandois). Gourmande.
GLOUGLOU. Hoquet.
GLOUT (Béthune). Gourmand. — De même en Roipao.
GLUl. Botte de paille, de seigle, dont on se sert pour faire
des liens et pour couvrir les chaumières. — De même en Franc-
.Comtois , Rouchi et Roman. — Syn. Gluiad, Gluis. r
• GNAtf E. Cordonnier , savetier. — De même en Normand.
4ÏNIFE. Rusé, an, artificieux.
GNIFE. Moustache.
GNIJ^GNIN. Se dit de quelque chose de peu de mérite , de
peu de valeur.
GN*0 pour gn'y o. — Il y a, ou il n'y a. - .
GNO&NOTE. Vétille , babiole , chose de nulle iraleur.
GNOLLE. Coup , tape , soufflet. — De même en Lorrain. On
dit meu(e, à Valenciennes.
GNOUFE. Homme d'une intelligence bornée. On dit gniole^
dans le département de la Meuse.
GOBE (fém.) Grande tasse. —Du Celtique gob*
qoB ( m )
.J'ai pour meu))rs ein lit , ^fi^ l^éïle ,
• ■ *
En* table , ein crachet , ein cadot ,
^ Et pis j*ai pour toute vesselle
En' gobe , ène assiette et ein plot/ {Aveux du Franc-Picard),
GOBËÎjIN. Lutin. — De même en Normand. Dans rancienne
ferme du château de Briot (canton de Nesle) , habitait jadis un
Gobelin. La tradition locale rapporte qu'il fouettait le domestique
qû\ se couchait le dernier , et q«i'il aidait de sa puissance mer«
veilleuse celui qui se levait le plus matin. On trouve gobelinus
<j^g le.xii.® siècle. {Orderic Vital , 1. ^ » p* 556.) On peut choisir
entre Tétymologie grecque K«CctAoa-, le Gelto-Breton gohilin an
r Allemand kobold» — Voyez Dictionnaire Normané.
GOBËNILEUX. Gobe mouches, qui perd son temps.
GOPAIjLLËB.. Boire avec excès. — Jdem en Y. Fr. Ce verbe,
d'apjriès M . Lorin, viendrait xle l'Angl. good aie, bonne bierre; nous
préférons à cette étym. hasardée le Gelt.-Bret. gadal, débauché.
GrODAILLËUfi.. G'est ce qu'on appelle, en terme de régiment,
un fricoieur,
GODANT. Hâbleur.
GODARD ou GODË^D. Mari dont la femme est en couches.
— Etymologie : du Roman godan ou godardy homme qui prend
8^8 aises« Pour justifier cette etymologie , nous devons rappeler
qae jadis , daos le Béarn et les provinces voisines , le mari d'une
femme en couches se mettait au lit pour recevoir les visites àfi
ses parents et prenait ses aise? pendant plusieurs Jours. Il est
prohfible que cet usag/e bizarre aura pénétré autrefois dans le
nord de la France. Cette coutume existait aussi en Espagne , en
Corse et dans le Brésil.
GODE D'U. Demoiselle (insecte).
GODËLËR et GONDOLER. Se dit d'une étoffe qui fait des
boursouflements.
GODËLI.ËR CArras). Cordier. — De même en Roman.
( 4S8 ) 60D
GODET. Vase de terre avec deux anses; de même eo Rouchi.
Peut-être de gultus , burette.
GOG£TT£. Fente de la poche d'une robe.
GOGLU. Présomptueux. — De même en Roman.
GOGNER. Loucher. — En langue d'Oc, guinhàr,
GOGNO. Qui louche. — Syn, Gognou, Goonbux. — Congén,
Bas-Limousin , gognpue. — V. Guigner.
GOtxNOËRE, GOGNOTE. Femme qui louche.
GOGO (À). A souhait , en abondance.
GOGUELIN. Esprit ou diable qui se cache dans les endroits
les plus reculés d'un bâtiment. — Voyez Gobelin.
GOHET. Haricot rond à pied. — Synonyme : Gohet.
GOHÈTE. Haricot plat à rames.
GOINFRE. Glouton, gourmand. — D'un usage géiiéraL
GOINFRER. Manger avidement. — De même en Rémioîs.
GOMIR. Vomir.
* GONDALE. Sorte d« boisson brassée {aides d'^m., 1445).
GORELIER. Bourrelier. — De même en Roman.
GORET. Encrier.
GOKON. Goulot. — Synonyme : Gouliot.
GOSSE. Mensonge. — Voyez Gaussb.
GOU AILLER. Railler, persifler. — Mot populaire d*an usage
général. On dit également dans le même sens gouaper^ du Gelto-
Breton goapaer,
GQUETTE; Corbeau de clocher.
GOU JARD (Art.). Domestique de ferme. — iSynon. HouÊBr,
PARGOUaT.
GOULAFRE. Gourmand. — De même en Roman et dans le
Nord de la France. — Du Latin gula , gueule.
GOULÊE. Grande gorgée.
GOULON ou COULOMB (prononcez couhn). Pigeon, co-
lombe. — De même en Roman. — Du Latin eolumbus, — Cong^
60U ( 439 )
RoQchi et Franc-Comtois, coulon; Wallon, cokm ;Gat. eoUnn;
Italien , columho. Voyez Goulon.
GOURDES, GOURMES ou GOUGES {avoir les mains). Avoir
les mains engourdies par le froid.
GOURDINES. Filets.
GOURER. Tromper, filouter, induire en erreur parqnelqne
artifice. — Synonymes : Engeoler , Ehbbrlificotbr.
GOURGOUSSER. Commencer à bonillir.'— /d. en Norin.
GOUSSAUT (Boulonais). Se dit d'an cheval qui est court de
reins, dont l'encolure est bien fournie et dont les membres et la
conformation annoncent de la force.
GOVE.* Cave.— Du Latin caioea. — Synonymes : Gofb% Gafb.
. GRABUGE. Désordre, querelle, noise, vacarme. — Mot po-
pulaire généralement admis.
GRAFIGNER. Voyez Ëorafignbr. Du Celto-Bret. kraffina.
• * GRAILLE. Mince.
'GRAILLON. Gratin.— Sentir {e ^raiUon, sentir rattaché, le
réchauffé.
* GRAINDRE. Vins greinû. ^Coutumes du Bêauvoisis.J
GRAINNE. Grimace.
GRANMENT ou GR ANMEINT. Grandement , beaucoup. —
De même en Rouchi , Normand et Vieux-Français.
GRANCLER. Blanchir , suppurer. — Voyez Dbaobclbr.
GRAND. Espace, étendue, contenu d'un champ.
GRAND {dans le). Dans le grand monde. — C'est comme eho
qu'o dit dans le,grand. {Alm. du Franc-Picard, 1848.)
GRANDIER. Fier, hautain, qui a de la morgue. — Syn, Fieeot.
GRATELLE. Démangeaison.
GRANDMËRE. Vieille femme.
GRANDPËRE. Vieillard.
GRASSET. Lampe en fer. — De même en Normand. — Du
Vieux-Français grasset^ huile. — Voyez Grasset.
28.
( 430 •) GRA
GRAU. GrifftM , ongle».— Par extension , égroHgnurê,
GRAU DE GAT. Églantier. — Ains^ nommé à cause de aea
épines.
GRAVE. Marqué de la petite vérole, grêlé. — Du RomtB
graveure; ouverture. — C'est souvent un terme injurieux.
GRAVER. Greffer.
GRAVEUSE. Greffe.
GR AVINGHON. Prune d'hiver. -^ Synonyme : Gravimcmon.
* GRÉ. Grâce. {Moreuil, 1249.)
GRÊLÉ. Marqué de la petite vérole. — Etym. du Franc, grêle.
GRÉLEUX. Se dit du temps disposé à la grêle. DelaMorlière,
dans son HUtoire d'Jflt^n^ ^ s'est servi de cette expression.
GRESILLON. Qui a froid.— De même en Vieux-Françafs.
GREUILLAUX {été en). Etre à bras nus. — Syn. en mmérrEy
EN PILÉIIANCHBS , EN l^UR LES HANCHES.
GREUTER. Faire des trous dans la terre. '
GREVE (Artois). Devant de la jambe. — On appelle les bot-
tines dont on protège les jambes, en se chauffant , grevières.
GRIBOtJILLÎR. Griffonner.
GRIBOULE. Sot , imbécille.
GRIBOUILLES (Pas-de-Càlàis). Groseilles.
GRIGHO. Sans énergie, qui n'a pas de sang dans leÂi veines.
GRIÙHU. De mauvaise humeur, grognoh.
GRIEU (Marquenterre). Grêle , grêlon. — Syn. Gris.
* GRlSi:. Dur, sévère.
GRIFFERA Egratigner comme avec des griffes. — De même
en Roucbî et Normand. — Synonyme : Êgrauer.
GRIGNARD ou GRIGNEUX. Pleurnicheur.— En Allemand,
^rcinen, pleurnicher.
GRIGNER (Béthune). Se moquer. — De mêm« en Romaxr.
GRÏGNETTE A GRIGNETTE. Peu à peu. Voyez Grinhttr.
GRIGNETTÈS. Croûtes graveleuses du pain.
6RI ( 431 )
GRIGNIOTË. Petit morceau.
GRIGNONS. La partie inférieure da corps, le« jaml^es et les
pieds ! — Synonyme : Gûertgk ons.
GRIGOU. Avare', sordide. —De même en Champenois.
GRIK£T. Grillon. — Du Roman criquet , qu'on dit encore eu
Picardie , en Normandie et en Angleterre.
GRIMËUX. Vénéneux.
GRIMIGHON. Prime d'hiver. — Synonyme: GaATiNCBoi».
GRIMOU. Chiendent. — Du Latin yrwH^en,
GRIMOUYEUX. Maussade, grognon.
GRIMPERË (Marquenterre). Grimpereau (oiseau). On di<
^mpart dans Tarrondissement de Boulogne-sut-Mer. -
GRIMPETTE. Montée , colline , versant, sentier escarpé. —
4jhrimpeUe a ce dernier sens , en Comt. Une petite montagne s'ap-
pelle gripet , à Verdun, et ^pot , à Nancy. — Etymol. grimper.
GRINCHER («e). Se frotter le corps contre ses habita, quand
on sent des démangeaisons.
GRÎNETTE A GRINETTE. Petit à petit. -^ Petit**tré du
Roman grineXy qui a le même sens. ^
GRINGALET. Homme de petite stature, maigf e et cfaétif.
— t)e même en Berrichon , Norrband et Jurassin: se disait en
Vieux-Français d'un th^nél maigre et alerte.
GRINGRIN D'AISSELLE {porter à). Se m Ae deuK per-
sonnes qui forment, en se prenadt les mains, une espèce de bran-
eard i sur lequel elles portent' une troisième personne qui s'af-
fermit, en jetant les Ôèxix hfàs autourducou de l'un des pôt^urs.
GRIS (pluriel). Grêles , grêlons. ~ Synonyme : Gnine.
GRISARD (MarqoeBterre). Goéland gris.
GRISARD. Blaireau.
GRISET (Cayeus). Raie maroue^te.
GRON. Giron, tablier. — Du Latîii ffymsy toirr, circurt.
GRONËE. Ce que peut tenir un gron. — téket Normand.
28.*
( 432 ] 6R0
GROS. Beaucoup. — De mêmeen Jurassin.
GROSSE (Marquenterre). Greyette ^crangon mlgarisj, Syn,
Sauterelle (à Abbeville).
GROSSIER. Qui a de l'embonpoint.
GROSSO MODO. Grossièrement.
GROUILLER. Se dit d'une berge qui s'affaisse.
GROULËE. AYerse, -^ Synonyme : ÀQUBaéE.
GROULER. Gronder, murmurer. — D'après Oberlio , vien-
drait de VAllemand groll^ rancune. — Grollenj en Flamand et
en HoUand.y ont la même signification que notre verbe grouîer,
GRUI. Gruau.
GRUMELER ou GROUMELER. Gronder. --. Syn. Grouler.
GUENIER. Regarder y loucber. — Voyez Guigner.^
GUERRE. Gerbe. — Voyez Garbb.
GUERBËE. Gerbée. •— Rehatte ed vieilles guerhées , faire des
redites.
GUERBET. Crible de peau percée. — Synon, Guerbiav.
GUERBLER. Cribler. — De même en Roman.
GUERBLEUX. Qui guerUe.
GUERGHON. Garçon. — Congénères: F.-Comtois, gaichon;
Bourguignon, gachon., — Du Roman garchon.
GUERGHONET. Petit garçon.
GUERCHON AILLE. Troupe de petits garçons.
GUERCHONIÈRE. Jeune fille qui a des manières de garçon.
— De même en Roman. — Syn. Garchonière.
GUERDIN. Jardin. — Voyez Gardin.
GUERDIN. Gredin. — Les grands seigneurs avaient autrefois
des valets qui se tenaient toujours sur les degrés ('gradins , gre^
dins ou guerdinsj de l'escalier et qu'on nommait à cause décela
gredins. Comme l'oisiveté en faisait de mauvais sujets, leur nom
est devenu une injure.
6UË ( i38 )
GUÊRËT. Jarret. —Du Roman goret.
GUERGI» GUERSI. Se dit d'une plante ou d'un arbrisseau
qu'un temps froid« fait dépérir ou qu'ua Soleil ardent a desséché.
GUERIGNONS. Voyez Gricwons.
GUERINER. Se dit du temps qui se brouille^ s'obscurcit. —
Signifie aussi s'agiter, s'impatienter. — En parlant d'un animal ,
ce mot veut dire : se disposer à mettre 6a««
GUÉRITE. Féminin de guéri. — De même en Champenois.
GUERJOLER. Se dit des tous petits enfants qui bégayent.
GUERLOPER. Bouillir par intervalles. Se dit d'un mets
qu'on rapproche et qu'on retire alternativement du feu , qui tan-
tôt bout et tantôt se refroidit. — Synonyme. : Gar&oper.
GUERNIER. Grenier. -:-De même en Rouchi-et Berrichon.
— Cfvmée à Bàr-le-Duc.
GIJERNON. Barbe , moustache. — Du Roman grenon.
GUERNOUILLES. Grenouilles. >- De même en Roman. —
Des gernoules hlètes ! — Voyez Cornodillbs.
GUERNOUILLER. Qui attrat)e des grenouilles.
GUERNOUILLÈRE. Marais où il y a beaucoup de gre-
nouilles.
GUERNU. Fourni en grains. — De même en Roman.
GUERSILLER. Jetter des pierres.
GUERSILLON. Impatience y inquiétude.
GUERSILLONER. Trépigner d'impatience.
GUERTCHl{Noyon). Jarretière. — Synonyme: G aktïv.
* GUET. Nom qu'on donnait spécialement à la garde qui veil-
lait, à Amiens , à la sûreté des reliques de St.-Firmin.
GUEUDGER. Noyer. — Voyez Gadgoibr.
GUEUGUE. Noix. — Voyez Gadoue.
GUEULE. Bouche. — Du Latin^ula. avoir bonne gueule,
( 484 ) GUE
avoir bon appétit. M. Héeart cite les ptroles •qWantwqiie ^mip-
taient jn^ls les gamins de $t.-Q«eBtin :
Madame Desmonlins coupez d* la sonpe :
Monsieur Desmoulins il a bonne guenle,
I mangera toute, i mangera tautr. {Dict. RouchiJ.
' GUEULETON. Gala, ripaille, festin. —De même en Nor-
mand. — Etymologie : de guettle.
GUÊYAT. Goéland à manteau noir.
GUEVAU. Chefal.-»- 5ytionyiii6« : Gtal , Kbyâl y BlBt^v.
* GUIBAULE. Jambe. fArchwes de MoreuihJ'^S^oitAWfi^
* GUIDON. Cbapelain préposé à la sonnerie de la cathédrale
d'Amiens. -*» On l'appelait aussi cloequetMnU
GUIETTE. Coquille biyaWe.
GUIFFE (Béthune). Bouche. — Synonymes : Bocks, Gujsule.
GUIGNER. Regarder en clignotant les yeux; regarder de
travers. — De même en Normand et en Roman. — On dit guinar,
en Espagnol , et guignar , en Hollandais.
GUIGUI. Gosier. — Synonymes : Gasiod , Gaviot , Gâboate.
GUILER. Se dit de la bierre qui jette son écume.
GUILLAME (St.-Valery). Guillemot ; oiseau palmipède.
GUILLANLEUG. Voyez Au oui l'an neuf.
GUILLE. Cheville, chevron , solive. — Signifie aussi vrille.
GUILLEDON /"courtrlcy. Courir les aventures. — Du Celt.
kildrOf vagabond. ^
GUILLINCHE. Lait battu , petit lait.
GUINE. Cerise noire. — Synonyme: Guigne.
GUINEL. Les pauvres vont les deux premiers jours du car-
naval crier aux portes gûi nel. On leur distribue alors quelques
débris du dernier repas. — Voyea Au oui l*an neuf.
GUINGOIN(de). De travers. — En Bas-Limousin, guingoL
— Synonyme : Bistingoin, de-Bistrac^
GUI im)
€riJJJ^GU£RU>T. Grelot de obevAl, *- Synan^ipiu: Gçbrlot.
GUINSSE. — Espèce debomilUe faite avec idpa ^ppjDomeft de
la farine et le résida da lait dont on a fait le bearre* -^ Signifie
aussi t par extension » gala » féU,
GUIPU A£, Bordure de boue au bas, d'une robe.
GUIU» Dieu. — De môme en Eoman. — Voyez Diu.
GUISë. La guise est un bâton long d^un demi pied qu'un
joueur lance en l'air en frappant le bout à l'aide d'un long bâton ;
les autres joueurs doivent ie recevoir avec les mains. Ce jeu,
qui ressemble à celui de hatte^ est usité dans le Ponthieu.
^GUMETTE. Ancien jeu fort en faveur à Hani, avant 1789.
Il ressemblait assez à la clognoite, — Voyez ce mot.
GUSPÊ. Jeu de clocbe pied.
G'V AL ou G'VAU. Cheval. — En Vieux-Picard , keval
Charles Nodier a considéré l'fl comme le signe figuré d'une
capacité avide et impatiente. Beaucoup de mots Picards con-
firment cette idée. Voyez Harper, Hâtjser, Hagevarrr, Haîng,
Hainker^ Hahelet, Herdre, Herper, HsROtTER, HîmmR^
HijRLON, etc. Nous i3ivons distingué les H aspirées, en les fesant
précéder d'un tiret =.
HABILE (adverbe). Vite» «^ I>e même en Franc- Comtois.
HABILLÉ DE SOIE. Porc. — De même en Jurassin^ietc.
= HACHAMACHE (acaierj. Acheter beaucoup ei sans y
regarder de trop près»
* HACHIS. Grosse amende précuniaire.
H ACHIONNER. Couper en petits morceaux avec un mauvais
instrument.
( 436 ) HAG
* HAGQUBfiUTE. Arquebuse. {"Logement de genê &anM$.)
HAGAMBILLE. Boiteux, traînant la jambe.
= HAGEYARER. Travailler péniblement à gagner aaTieet
n*y guères réassir; changer de profession sans améliorer boo sort.
= HAGNE. Polissonnerie, gaminerie. — faire lahagne: se
dit des enfans qui courent les rues et se récréent enâ^mblé. —
Hagne signifie encore: réunion de gamins, de polissons.
BAGUETTE (Boulonais. Petite jument servant de monture.
— Etymoïogie: Du Roman hoquet, petit cheval.
= HAGUETTES. Branches de chêne écorcées.
= HAGUiNETTES. Etrennes du premier jour de l'an. —
De même en Norniand. Voyez au gui l'an neuf.
= HAING (Boulonais] ; prononcez hin. Hameçon. — Da
Francisque hang , ou du Latin Hamus.
= HAINRER. Faire effort, s'efforcer. — Onomatopée.
haïr ("n'etepasj. Être indisposé, faible; n'être pas vigoureux.
HALATERRE. Pauvre diable ayant à peine de quoi vivre.—
A peu près synonyme de Holakeux.
= ïi ALLEUH {'tempsj. Qui souffle un vent desséchant.
= HALO. Grosse perche sur laquelle on passe un fossé.
HALLO. Buisson.
HAM ou HEM. Hameau, village. — De même en Roman.
Ham signifie demeure en Vieux-Saxon , en Tudesque , en Gelto-
Breton et en Ghaldéen. L'Islandais heimry le Danois hiem,h
Vieil-Haut-Allemand heim, l'Anglais home, le Flamand. ftetm
ont la même signification.
HAMER. Ajuster, mirer, viser, se préparer à asséner un
coup. — Peut-être vient-il de l'Anglais to am, viser.
= HAMILLE. Petit poisson dont se servent les péofaeurs ,
pour amorcer les hameçons.
HAMONT. Bâton que l'on attache horizontalement au front
HAN ' ( 487 )
des Tâches ou au eau des cochons ,'poar les empêcher de pamser
parles trous de haieis. —Ety, du Flamand fco^-^mmM , qui a le
même seirs, ou de TAU. hemmeiHy empêcher. {MS. de M. RigoUot).
* HAN A P. Gobelet. '
* H ANN09. Espèce de poisson.
* H ANS AGE. Droit sur les marchandises.
HANTAINE (Bpulonais). Fréquentation^r-Du CalUkatiten.
HAPLE. Dévidoir.
si: * H ARGHELLE. Petite hart : ne s'aspire pas dans le Pen-
thieu.
HARDE (Boulonais). OEuf sans coque que pondent parfois
les poules.
— HARDE AU. Jeune garçon.
= HARDELLE. Jeune fille.
=^ HARDIMENT. Beaucoup, fort, très.
= HARDOUILLER. Battre^ frapper aVec une ?iart.
HARËE. Pluie de peu de durée. — De même en Normand. —
Etymologie : du Vieux-Français horée.
HARICOTER (Roye). Marchander.
HARIGOTIËR. Petit marchand de la campagne, petit culti-
vateur. — Marchandeur.
=r HARLAND ou HARLANDEUR. Marchandeur, chica-
neur. Signifie aussi ^ homme indécis disant tantôt oui et tantôt
non — Synonyme ; H ARLANDiER.
= HARLANDER. Marchander, chicaner.
HARLE HUPPÉ. Petit hurlard (oiseau).
= HARLIFIKER. Battre avec une hart.
* HARNAS. Attelage de quatre chevaux.
HARNIKER. Faire vite et mal un travail quelconque.
HARNU. Tonnerre, orage. — Voyez Hbrnu.
HARNUATE. Orageux. —Du Celtique arnUy tonnerre.
HARONDËLLE. Hirondelle.^Comme en Rom.— En Franc-
( 138 ) HAR
Cemt. , Berr. et Rouchi , arondelle, — L'orthographe de ce mot
u'était pas eocore fixée bu xtii.* siècle. On écrivait indifférem-
ment arondelle , hérondelle et hirondelle.
r= HARPER. Prendre y saisir. — De même en VieQx-Pranç.
(Molière et Sarrasin.) — Synonyme : Hekiab.
= H ART. Lien de fagot.
.^ HARTINE. Petit fagot.
= HASOIS. Vieille maison. — Maison se dit haz\ eo Hon-
grois ihaux j en Bohémien ; hausj ea AUem. ; J^ou^e, en AngU;
hus^ en Island.; hûsy en Y. Haut-Aliem.; ^uû, en UoU. et Fiam.
= HASOIS. Objets détériorés par le temps ; débris sans
valeur.
= HASTëUX. Ingénieux , intelligent , intrigant.
HAT£R£AU ouBATËREL. La nuque , derrière du côn.-
Du Roman hasterel, — Syn, Hastevbau.
HATRË (Boulonais). Le cou. — Voyez HaterÈau.
HAUSER. Respirer.
= HAUT-MAL. Epilepsie. — De même en Normand. — Orr«
mal y en Vieux-Provençal
HAVOT (Béthune). Le quart d'une mesure de terre.
= HAYON. Echoppe portative^ espèce de brancard à, quatre
pieds, sur lequel on expose des marchandises.
= HAYURE. Haie.
= HEG. Porte en treillis de bois qui sert d'avant- port eaux
maisons. — De même en Normand et Vieux^Français. ~» En
Vieux-Picard , hékeU — Voyez Hèse. ,
= HEC ! Exclamation qui exprime le dégoût. *
= HËKER. Hacher, fendre du bois.
= HËKETTE. Copeau, hach/wre de bois. — Ne s'aspire pas
dans le Santerre. — Voyez Êkette.
* HELLES. Paroles séditieuses.
HEM ( 439 )
HEM. Village, hameau. — Voyez Ham.
HËNË. Jament. — Signifie aussi ro^se , vitiix ehev^L
HëNNëTONËË. Graade quantité de hauneiona.
* filËNNIN. Très-haute coiffure de femme.
HËNON. Coquillage fort commun dans la haie de la Somme t
appelé sourdon par Cuvier. Quand les canards sauvages en man-
gent, ils contractent un goût détestable, {pom» de M« Demarsy.)
= HËPË. Manche de la sape , petite faulx.
HËRBIONNE ou HËRJBIONNËUSË. Femme qui coupe de
Vherbe, qui purge les champs des mauvaises herbes, pour en
nourrir les bestiaux.
= HëRGHËLLë. Attache faite avec des tiges de saule ou
d'osier , dont on se sert pour lier des fagots, etc.
=s HËRGHëLLëR. Frapper avec une herchelle.
HËRDË. Troupeau. — Congéfières : Allemand, fc6r(i«; An-
glais , herd; Danois et Islaiidais , hiord.
= HëRDRE. Saisir. — Voyez Aherdre.
. HËRË. D'une bonne constitution , vigoureux.
HÉREKE DE CANVE. PaiUe de chanvre,
*HËRGANT. Mauvaise humeur.
HÉRIGHON. Herse. — Signifie aussi hérisson.
HÉRIE. Héritage.
HËRING. Hareng. — En Vieux-Picard , fc^«n» , {"Amiens^
xv.« siècle). — Congénère^ : Wallon , héring; Anglais , herring.
. Quaind l'fu pétill' sous chol marmite»
QQOéqu'eintassés comm' des hérings ,
£j crois qu'os allons coè'r' pus vite
Qa'min beudet prindant mors à deints. (Prom, du F, Pic.)
HÉRITAGE. Jardin qui entoure la maison 4n villageois. Oa
en consacre souvent une partie à la culture du chanvre.
* HÉRITAULEMENT. Héréditairement /^DouMen*, xiv.» s.)
( 440 ) HER
* HÊRlTË. Hérétique ("Rue, xiv.» siècle).
HËRKINER. Travailler sans courage.
HERLANT. Vagabond, mauvais sujet, a De aricm» dit Mé-
nage , cri que nos soldats faisoient , il n'y a pas encore long*
temps, quand ib vouloient piller. » Ménage s'est trompé. Ce
mot vient évidemment de l'Islandais erlender , vagabond.
HERLAND. Fermier peu à Taise qui n*a que des rosses poor
labourer.
HERLANDER. Labourer avec des rosses.
HERLÉ.' Hâlé , brûlé par le soleil. — Du Roman harli. .
HERMERIE (Artois). OEillet (plante).
HERMINETTE. Esprit follet qui babite ordinairement les
cimetières, et que Ton craint de rencontrer la nuit souffla forme
d'un gros chat blanc. C'est particulièrement la veille de Noël,
vers neuf heures du soir , que Ton redoute son approche. Car
alors on doit être aux matines^ et Vherminette rôde dans le village
pour punir ceux qui n'y sont pas. Dans quelques localités da
Ponthieu, on croit que \\herfninette , la veille de la Saint- Jean,
après le coucher du soleil, va traire les vaches qui sont encore
dans les champs. Aussi se hâte-t-on de les faire rentrer au ber-
cail. {Comm. de M. R. Louandre.)
HERNU ou HARNU. Tonnerre , orage. — S'aspire quelque-
fois.. — Côngén. Brabançon et Rouclii arnu. — Du Celto-Breton
arn, arnau. — Ce mot s'emploie quelquefois adjectivement: le
temps est hemUf le temps est orageux. A Beaovais, le hernu est
un temps sombre, mais sans pluie , qui commence trois semaines
avant la Saint-Jean et finit trois semaines après.
HËROKE. Chénevotte, tuyau de .chanvre dépouillé- de la
filasse et dont on fait des allumettes.
HËROUTER. Travailler sans cesse à des choses minutieuses.
— S'aspire dans quelques endroits.
HER ( 441 )
. r= HERPËR. Mordre. — Gomme en Roman. Se dit surtout
d'un chien qui s'élance» en aboyant y pour mordre quelqu'un. Ce
mot qui a de l'analogie avec le Grec af%«t» , se saisir de , signifie"
'aussi insulter j mordre , au figuré.
HERRIER. Terrain planté de gazons.
= HËRU.. Hérissé , mal peigné. — Peut-être de l'Islandais
har y crin. ^
= HËSE, HËSETTËou HËSË. Porte à hauteur d'appui,
barrière à treillage qui dot les vergers. — Du Roman hèse , bar-
rière. En Bas-Latin , haisellus.
HEUGHER fsej. Se dresser, se lever. — Du Rom. haulcier.
= fiEUER. Fouiller , remuer la terre. — De même en Rom.
— Se dit surtout des porcs.
^ts HEULER. Huer, crier, insulter. — Du Latin nHlare^
aboyer, où de l'Allemand heulen, —r On dit huilen , en Flamand.
=^ HEUMER. Humer. — Signifie aussi manger,
* HEURE DE LOUETTE. Point du jour ("CotU. d'Âmikns ,
ziii.* siècle^. G'est une corruption de heure de Valàuitte,
HEURE. Qui est régulier dans ses heures de repas.
HEURAILLIS. Bruit confus et tumultueux.
HEURLON. Hanneton. — Voyez Hourlon.
HEURLOTËR. Fredonner.
HEURLU-BERLU. Ëtourdi, peu raisonnable.
* HEU SES. Bottines , chaussures. — Du Geltiqne hosen , ou
de l'Islandais hosa, — Voyez Housiaus.
= HEU.TER. Remuer et butter la terre.
HEVENTELLE. Ëcluse.
HIERE. Lierre. Ge mot est un de ceux qui montrent le mieux
comment la vérilable langue s'est quelquefois conservée dans les
provinces , en même temps qu'elle se corrompait dans la capitale
et chez les écrivains. Hière est 1« véritable root Français, dérivé du
( 442 ) HIM
Latin hedera, Lierre n'est qn'nn barbarisme formé par la confn*
sion de Tartiele avec le substantif. On a dit lierre pour lihière on
Vhtère, C'est de là même manière qu'on afait tante pour tù ante.
HIMEUR. Humeur, souffrance physique. Vhimeur^ dans
l'opinion du peuple , est la cause de toutes les maladies. Bile at-
taque tantôt la tète , tantôt les jambes, tantôt la poitrinei*
* HIREHÀIRE. Fâcherie.
HIVERNAGES. Blés dliyer. -- De même en Roman. -
Signifie aussi : un mélange de seigle et de Tesce.
= HLO. Cela. — Prononciation de ehelo dans quel<i»es Til«
lages.
ss HO. Ceci , cela. — Du Latin hoc. — S'aspire ttès-fortement
dans quelques parties du Ponthieu.
aa HO. Troupeau. — Se dit aussi d'un assemblage oo d'une
réunion quelconque. — Voyez Obt. *
HOC. Instrument de fer avec deux pointes rejoowrbéea qui sert
à nettoyer les écuries et les bergeries. *
HOCHE-'CUL. Bergeronette; (oiseau).— Idem k Bar-le-Dnc»
HOCHER , HOCHiNER. Voyez Oghbr , Oghiner.
HOCLEUX. Pauvre homme, maladroit.
HODANT. Fatiguant.— Jd. en V. Franc.— 5t/noA. UohJUA.
HODË. Fatigué. — De même en Messin , Rouchi , dhampe-
nois et Vieux-Français. L'abbé Tuet fait d'asses bizarres ré-
flexions sur ce mot, en le dérivant du grec o^o<ré «Un paysan picard
» qui dit je suis hodé , pour dire : je suis fatigué du chemin ,
» n'apprendrait pas sans surprise que ce mot hodé^ vient du grec
» «<^o(^, qui signifie chemin... Pourquoi ce terme si éoffr^lfue
» reste-t-il abandonné à des paysans?... C'est que l« besoin
» qui crée les * mots les soutient aussi plutôt -dans uA état
» que dans un autre. Les gens du peuple dont la vie est toute
» différente de celle des gens du monde, expriment les affections
H06 ( 443 )
» qui lenr sont propres par des termes aussi inconnus à ceus-ci
» que la cause qui les a fait naître. Tel est en Picardie le mot
D kodé , nécessaire au paysan qui fait ses voyages à pied et abeo-
7> lument inutile au bourgeois qui ne voyage qu'à chcfal eu dans
)i une chaise. Ainsi Ton s'éloigne du langage du peuple à me-
» sure qu'on s'éloigne de son genre de vie. » ^Prav. françJ) ^ '
= HOGNËR. Grommeler, grogner, se plaindre: se dit sur-
tout en parlant des chiens — Congénères : Rémois , liogner ;
Praiic*Gomtois , vogner. — Du Roman hoigner. La famille de
Mailly porte pour devise : hogne qui vonra.
HOGUIGNER. Fâcher. Ce verbe a encore un auire sens in-
diqué par Ménage.
HOGUINëURS. Débauchés; sobriquet des habitants d'Àrras.
* HOKËBOS. Pique de bois.-^De hoker 5o«, branler un bois.
— Voyez ce mot, à notre chapitre des sobriquets , !.*• partie,
=r HOKER. Accrocher. — Voyez Abokgr.
=: flOKET ou HOROIR. Crochet.
= HOL AREUX. Se dit d'un pauvre diable qui s'ingébie inu-
tilement k gagner sa vie , qui -ne réussît guères dans ses entre-
prises; Signifie aussi ivrogne, canaille^ faiinéant L'aotëtir ano-
nyme d'un MS. que m'a communiqué M. le docteur RigoRbt,
donne à ce mot une singulière origine, a On désignait peut-être
» ainsi, dit-il , des domestiques des anciens seign^rs qui se fai-
» saient porter la queue , et qui criaient : kola ! ^eue / pour
» appeler le domestique cfiargé de cet emploi. i>
* HOME. Beaumanoir se sert souvent de ce niot dans le sens
de vcusaU
HONON (Pas-de-Calais). Sort , enchantement.
HONTABË. Ignominieux , honteux.
HORNIOTË. Petit coup. — Synonyme : Toaqhoui.
> HORS AIN (prononcez Aor-jsin). Gens du dehors, habitants
d'un village ou d'un canton voisin. — Etymohgie : de hor$.
( 444 ) HOR
HORTILLONAGËS ou HORTILLONS. Jardinamarécageax
des. environs d'Amiens. VhortiHonnage est , dans la vaUée de la
Somme, ce qa'est à Paris Tart des jardiniers maraichers. La plu-
part des hortillons d'Amiens ne cultivent que des légumes. Quel-
ques personnes ont pensé que l'hortillonage avait été introduit ,
il y a plusieurs siècles, par les Hollandais. Mais une opinion plus
générale , fondée sur la dénomination latine é'hortilU et de ^-
tulani , qu'on trouve dans quelques vieux titres latins y est que
nos hortillons remontent au temps des Romains. (Voyez ifottfc
sur les Hortillons, par M. Héricartde Thury.)
HORTILLONS et HORTILLONEURS. Jardiniers qui col-
tivent les hortillonages ,
HORTOPOT, HORTOPLOT et HURTOPIU. Maladroit,
inhabile. — Terme injurieux.
HOST. — Voyez Ost.
* HOSTAGE. Loyer de maison ^Charte d* Amiens , tly.^ s.J,
s
= HOTONNER. Ëhranler en secouant. — Idem «n Rtman.
ss HOTONS. Ëpis coupés et battus , où il reste encore du
grain. — RebaUre ses-hotonSf se rappeler d'anciens souvepirs.
» HOTTE VËNIGHE (Noyon). Hotte qui sert pour les ven-
danges.
=s HOU. Gri dont on se sert pour chasser les porcs.
HOURILLE (Roulonais). Guenille.
HOURRONIËRE. Ghamp de /tottbron, houblon.
HOUGHE (Artois). Grouppe d'arbres.
HOUFFETTE. Petite houppe.
= HOUHOU. Moyen duc ; (oiseau). — Onomatopée.
HOURER A NID. Se dit à Réthnne , du pigeon qui Teot faire
couver sa femelle.
HOULER. Pousser quelque chose devant soi; pousser une
personne contre une autre.
IIOUPEGAIS. Acclamations; cris de ceux qm houpent.
' HOU . ' ( i45 )
HOÛPER. Crl«r, appeler en criant, pousser déserts de joie,
pousser un cri pour diriger les pas d^une personne éloignée;
pousser un cri aussi longquo Thaleine peut s'étendre. C'est un
■cri de joie fort usité par les paysans du Santerre et du Yermàn-
dois , surtout à Tépoque où Ton rentre la moisson. — Etym. du
Roraan huppefy crier, dérivé du Gelto-Breton hopa. Crier se dit
ikoop y en Anglais et koppe , en Flamand.
MOUPET. Hibou , moyen duc. — Syn, Hodpbux (Acheui[)«
HOUPEUX. Celui qui houpe.
* HOUPIERS. Ouvriers de Rosières et d'Abbeville qui fi-
laient les laines propres*à la tapisserie. (Savary,. Dicftonnaire du
Commerce, f ▼.<» laine.)
HOUPREAU (Boul.) Petit monceau de foin. — Syn. Meulon.
=;: HOURDAGE. Ëchafatid de charpentier. — En yieux-
Picard » hourU
HOURDER. Dresser un échafaud^
= HOURDIS. Échafaudage. --Comme en Roman. On donne
spécialement ce nom à un échafaudage composé de perches à
claires-voies qu^on place dans les granges, pour préserver le foin
du contact humide de la terre. « Ce mot picard , dit Jault, l'édi-
teur de Ménage, vient de TAllemand Mrde , qui signifie propre-
ment une claie. »
HOURLON. Hanneton. — En Rouchi, wrlon. — Onomatopée*
s= HOURRË. Se dit d'un chien qu'on excite à mordre.
HOURS (Boulonais). Troupeau de vaches.
= HOUSIAUS. Guêtres. — De même en Roman. — Ce mot
est d'origine germanique ou celtique. On dit heux^ en Bas-Bre-
ton ; hôs, en Gallois ; hosaf en Islandais, et haêanf en Gothique.
s= HOUSSER. Essuyer la poussière, battre on habit avec
une baguette. — Etym. de houx , parce qu'on houêM avec une
baguette faite ordinairement avec des tig>es de houœ.
29.
( 446 ) HOU
HOUSSE TABAC. Ramoneur de cheminée. C'est-à-dire êê-
suye-tabac, Taiac se prend pour suie^ dans le style comiqae. Dans
le patois roncbi, ce mot est dégénéré en ouchetage, qae M. Hé-
oart a eu tort de considérer comme un mot savoisien.
=r MOUSSEUX DE KEMINËE. Même signification.
BOUVIÈRE (Cayeux), Pluvier (oiseau).
= HOUVIEU. Grosse javelle. — Synonyme ; Gavbllb.
HOYAT. Varundo ar^aria, c< Le nom d'hoyat a peut-être
été donné à cette plante, dit M. Henri , 4 cause des canards (en
Celtique hoyat) qu'i^ dans les mauvais temps d'hiver, vont se réfu-
gier sous ses touffes épaisses et s'y mettre à l'abri du froid , pen-
dant la nuit. » (Essai sur Boulogne-sur-MerJ,
HU. Porte. — Voyez Huis.
= HU ! Cri pour faire aller les chevaux à droite.
HUCHE. Garde-manger, armoire, grand coffre. — De même
en Roman. — Congénères: coffre se dit huge, en Angevin ; huehà,
en Espagnol; hutche, en Anglais; huchia, enLatln-Barbaré. On
trouve huchely dans un acte de Doullens , de Tan 1300.
HUCHER. Appeler. — Voyez Huker.
* HUCHIERS. Menuisiers , constructeurs de huches, fÂT"
cfiivM de B^tfcune, xiv.« siècle).
HUIS (prononcez m). Porte ; comme en Roman; — Ovttz
chu huis , n'euchez poentpeur. (Le retour du soldat). — Cùngé-
ni^e« : Jurassin et Hollandais, huis; Rouchi,fttt{; Vosgten,
heuche; Lorrain , hus. — Etymologie : peut'^tre do Saxon ftttt/,
ou du Latin ostium. Le mot huis est employé anjonrd'haî par
quelques écrivains qui tachent de remettre en vogue ifuelques
vieilles expressions, ce La vieille referma l'huis violemment. »
(Charles de Bernard , V Enfance de Pierre CorneilleJ, '
= HUKËE. Portée de la voix ; petite distance. — Siginifie aussi
effort j à Beauvais.
= HUKER. Appelez à haute voix. — De même en ^man.
HUL ( 4A7 )
« Il huk« les varleU » f l'Enfant Prodigue). G. d'E^signy dérive
66 mot du Latin hùCj ici : a c'est comme qai dirait , venez ici. »
Beze /^|H*on«inciattoney remarque que le mot Auc^«r est parti-
calier au langage Picard et que c'est de là que provient le mot
Français huchet (corde chasse). En Angleterre , on donne le nom
de huchet aux sons-maitres de pension , parce qu'ils ont souvent
obligés de crier, pour ramener à Tordre leurs élèves turbulents.
HULOTTE. Chouette (oiseau de nuit).
HUREUX. Heureux. — De même en Wallon , Berrichon et
Vieux-Français, ce Quoiqu'il faille prononcer bonfieur, dit Mé-
nage , on dit néanmoins hureMX , malhareux, »
HURIEU (Noyon). Fagot de bourrée.
HURLARD (Gayeux). Harle (oiseau de mer); ailleurs on l'ap-
pelle ^urit».
HURLON. Grosse guêpe. Onomatopée. ^
HURLUBERLU. Personnage fantastique, ce qni n'existe pas,
^EUitôme imaginaire.
HURON (Hicyreml). Synonyme d'AntoRi , imbéclKe.
== HURTE fà tauiej. A tout usage. Mettre ses habits à toute
hwrief c'est les mettre les jours ouvrables, comme le dimanche. —
0e même en Vieux-Français ^Vandes 7 dameêj.
ss HURTER. Se quereller, se disputer, se battre.
HUTELOTTE. Petite meule, qui a Faspect d'une petite hutte.
— De même e^ Rouchi.
HUTUTU. Babiole, rien, chose de nulle valeur. Syn. Nunu.
HUI. Aujourd'hui, au moment présent. — Idem en Roman.
HUYAU'. Mari trompé. — Voyez ce mot dans le Dictionnaire
de Ménage , et Wio dans le DietUmnaire rouchi de M. Hécart.
HUYER. Crier avec force. — Du Roman J^ti«r.
* HUYSEUX. Oisifs. c< Pour ce que plusieurs coiopâignons
huyseuXy que communément on nomme varigauxi ont été prins
en la dite ville » {'Archive* d* Amiens ^ iiùOj.
29*.
( «18 ) lÂR
I. Il (devant une consonne). — Il s'employe aussi dans le
même sens que U ! et signifie alors va, marché. C'est Vimpératif
dp verbe ire (aller). — De même en JuraS^in et Normand.
IARI>. Liard. — Coper ein iard in quate; être d'une excessive
économie.
lAUouIEU. Eau..— Comme en Roman. — Cong^ Frano-
Comtois , Rouchi , Normand et Flamand » tau. — Jaw^ dans les
comptes de Hesdins , en 1323.
* lAUX. Eux (5i.-jpttenttn, 1258.)
ICHI. Ici. — Synonyme : Cm. An cimetière de St.-Denysà
Amiens, on voyait figurer sur un tombeau un ange dont ïe phylac-
tère portait ces mots: quichi? et le squelette de la mort lur ré-
pondait : ch*e8t mi. (P. Baire, Histoire littéraire >, pa'ge 457.)
* lËRT. Sera (Moreuil, 1249). -r Du Latin erit. < j .
,I£U. £a;,participe passé du verbe avoir. ; ji( -
lEU. Eau. — Voyez I AU. . • - •
lEUYCHE. Se dit d'un fruit qui se rempiUt d'êau : ^t^e^mme
eine pemme ed terre eq* Vhiver reind' ieuyçhe. (^pri$$ei$a:J i ; > . -
I GN'YHO ou I GN'O. Ily a, il n'y a. * . ;* ' •
IKI. Ici. — De même en Roman. — Synonymes : Icbi ^ om.
— (7«n^^n^re«; Franc*ComtoiSy iibi; Bourguignon /igm; B&u-
phin. , i^ui ; Catalan , Portugais , Espagnol , aqui; Ilalieiiy qui.
— Du Latin Ktc. — En grec, îku.
* ILLEC. Là {Archives d'Amiens , 1447).
ILO. Là. — Synonyme: Lo. — De même en Noirmand. —
Ètymologie: du Vieux-Français illoe.
IMBANRÊ. Se dit du jeune homme ou de la jeune fille dont
on vient de publier les bancs de mariage.
IMB ( U9 )
lAIBARACHËJË. ËQceiute (adject^O- — Etymol da Français
IMBARNAKER. Causer de l'embarras.
IMBARNAKER (#'). S'embarrasser, se mettre dans la boue ,
s'empêtrer dans de mauvaises affaires. — Synon. Imbernaké.
IMBERDOUILLER. Empêtrer. — Synonyme: Encheper.
IMBERLIFIGOTER. Séduire, entortiller. — Voyez Eubsr-
LIFIGOTER.
IMBESINGUË. (Ponthieu). Mésange. -» Synonymes: Ma-
SIMOCE, EXIMPLE.
IMBOMBI. Engourdi. — Synonyme: Ebaubi.
IMBRANGNER. Barbouiller, noircir. — Synon. Brocser.
IMPËKE. Qui gêne , qui embarrasse. — Synon. Inghèpe.
IMPUNETER. Empester, exbaler une mauvaise odeur.
IN. Dans, eu. — Id. en Anglais, Allemand, Roman et Latin.
IN€ANTI. En même temps, aussitôt que.
INCEPÉou INCHEPÉ. Empêtré, embarrassé, au propre et
au figuré. — Voyez Engheper. — Synonyme : Embbrnaker.
INGHEILLER. Faire usage , se servir de^ — Serait-ce une
corruption de essayer ?
INGHÈPE. Personne qui embarrasse par sa présence.
INGHIFËRNURE. Rbume de cerveau.
INGHIMEINT. Intelligence, entendement. ^Etymologie:
du Latin ingeniwn.
INGHOAT. Se dit du mauvais temps , à Boulogne-sur-Mér.
INGHOÈTE. Qui ne sait pas se servir de ses mains «manchot ,
maladroit.
INGONTE fà V). En face. — Synon. A l'Encontrb.
INGORSER. Avaler. — Synonyme : Heuuer.
INÇRESSI^R' Expression ironique qui signifierait littérale-
mexki engraisser ^ mais qu'on emploie pour contusionner , par
allusion aux tumeurs que causent les coups.
i
( ^so )
INC
INCRONKER. Accrocher. On trouve incroeare dans la JM
saliquCy HU 69 , art, 2. — A quelquefois le sens plus complexe
de jeter en l'air un objet qui, en retombant , s'accroche soit à un
arbre, soit à un toit,
INDORDELER. Endormir. — Synonyme: Endoyer.
INDUK.ER. Élever. — ^De même en Norm.— Voyez Ëpcqubb^.
INE. Unf. — Synonymes: Eune, Eine^ Ëne.
INFER. Enfer.— Du Latin in/ernum.
INFETË. Se dit du linge mal lavé. — Synonyme: Anfetâ^
INFIKER. Ficher dans , percer. ^-^ Etym. de in figere.
- INFILËE (Ponthieu). Adresse pour persuader»
* INGAMMENT. Également. {Coutumes inédites de Picardie.)
INGLAINE. Enclume. — Synonyme : Eingleume.
INGORG^^NT. Pâteux 9 qui embarrasse la gorge. On dit %»-
gorgoère, au fémirfn.
INGRINKER. Accrocher. — Yoye? Ingronker*
INGUGHER. Agacer. — Synonyme : Agcgher.
INGUENINAGUE. Mésange. — Synonyme : Imbesinoue»
INGUILBAUDER. Entraîner par ses paroles , séduire par
ses discours. — Synonymes: Engeoler, Ehbçrlifigotbr.
INNOCENT. Idiot. Cette appellation , commune 4 toot le
nord de la France, exprime fort bien les sentiments de ebaritable
sympathie qu'inspire la Religion, pour cette classe des désbéritéft
de rintelligence.
1 N'O. Il y a ; il n'y a. — Synonyme : I gn q» I gnt o.
IN PART LI. A part lui , seul. — Synon. A part li.
INRASSASIABLE. Insatiable. — De rassasier.
INSAINTIU. Maladif. — Etymol de in et de sanié.
INSAKER. Mettre dans un sac. — De même en Roman.
INSIANE. Ensemble. — Congénères : JurassîYi , insan ; Bo-
rain, inchane ; B^ouchl, ensiane ; Bourguignon, ensanne ; FrancK
INT ( 451 )
•
Comtois 5 Vosgien et Vieux-Français , ensane. — Du Bas-Latin
insimul , employé par Eginhard , épitre 13.
INTANFIKER. Dresser. -- Etym. àe sianiem figere.
INTEMPl. Etendu, dressé. — Voyez Étbmpi.
INTENTE. Idée , visée. — Synon. Inghimbint.
INTER. Entre. — En Vieux-Picard , enter. — Du Lat. inter.
JNTERBEYÉ. Entr'ouvert.
INTERDEUX. Espace entre deux choses.
INTERLOQUÉ. Stupéfait au point d'en perdre la parole.
INTIKER. Ficher en terre. — Synon. Infiker.
INTINTU ou INTINTURE. Intelligence, compréhension.—
Synonyme» : GoHPRENOÊRE, Inghimeint.
INTRADE. Droit que paye le fermier, lors du premier bail,
pour entrer en jouissance de la terre qu'on lui loue,
INTRER. Entrer. — Etymoîogie: du Latin intrare,
INVIROLER. Renverser.
INVOLË. £itourdi , tête folle. — Etym, du Roman avoU.
INVRIMË, Envenimé. — Se dit surtout pour désigner upe
^plaie qui prend un caractère alarmant. ^
IREGHON. Hérisson. — De même en Roman.
ISENGRIN. Loup. -T- De même en Roman. -^Ge mot est
pea usité ; nous ne l'avons entendu dire qu'une fois.
ITOU et quelquefois ËTOUT. iLus&ï.^Congénèreg: Berri-
chon, Jorassin et Rouchi, itou ; Vaudois et Genevois, et tôt. On
pourrait croire au premier abord que ce mot vient du Latin itô,
item^ etiam. Mais on s'aperçoit, en réfléchissant, qu'il dérive du
Vieux-Français et tout qui signifiait d'abord avec « si s'en re-
tournèrent à tout i celles » {Monstrelet^ tome i. Gh. 31). a Vin-
drent à lui o tout leurs femmes et o tout leurs enfanx. » Ge der-
nier exemple laisse facilement/^oir comment atouts o tout, et
tout a passé du sens d'avec à celui é* aussi : o tout leurs femmes ,
( 462;) IX
/
avec leurs femmes , aussi leurs femmes , leurs fen^mes anasr.
— Le séps précis de aussi se irouTe daus Montaigne: a La
mort s'appesfmtit souvent en nous.de ce qu'elle poise aux autre»
et nous intéresse de leur intérest quasi autant que du. nôtre et
plus et tout parfois. » f Communication de M* Vabbé Dartoi8.>!
IX IX JOU JOU (St, -Orner}. Cris qu'on fait entendre pen-
dant la cérémonie civile du mariage et qui rappellent les cris, ^es
Anciens :ja hymenl (Mém, de la Sot. des Ântiq^, de la tforipif.)
JACASSE. D'un caractère contrariant. — S'empîoye plus
ordinairement pour bavard ^ bavarde, et surtout pour désigner
une femme qui parle sans eesse et répète des choses sans intérêt.
-^ De même dans Itt Beauce.
JACASSER. Bavarder. — Ce mot et le précédent viennent
plutôt du Roman agasse^ pie, que de l'Islandais ^a^^, jargon.,
JACOBIN (Cayeux). Morillon. — Synonyme: Diablotin.
JAKIËRËS. Jachères» terres en friche. — Synonymes: Ga->
KiÂRBS f Gaghièrbs. — Du Romsu jakières, dérivé du Lat.^ocere.
JANIN. Imbécile, nigaud. — Du nom propre Jeaimm. On
dit Janot^ dans le même sens. Plusieurs noms de haptéme ont
servi à désigner la sottise : Benet^ Glaude, Colas, Nicaise, Nieo-
dême, Jeanjean, Jaquedale. Il a suffi qu'un individu de ce nom
fut considéré comme un type.de sottise, pour que son nom ajik
devînt Texpression*
JAPPE. Caquet y bon bec. — De même en Champ, et Lo^fc^o»'
JAPPER. Caqueter, bavarder. — Synon. Lanouarobb,.
JAQUES. Rodpmont.
JAQUETTE. Jupe de petit enfant, •— Trousser jaqueU$f,
ouetter.
JAR ( 453 )
JARNOTTE (Boalonais). Espèce de truffe. Ce «erait un iQot
celtique, d'après M. Henri, f Essai hU^arique êw Boulogne.J
JASPINER. Bavarder, causer à tort et à travers. — De même
en Franc-Comtois, Normand et Vienx* Français.
JAUNET. Louis d'«T. — De même en Vieux-Français.
XAUR on JOR. Jour. — De même dans le Gers et la Sfivoie.
Ce n'est point seulement en Français que ce mot a la double si-
gnification de lumière et d'espace de vingt-quatre heures. C'est
aussi dans les langues les plus éloignées de la nôtre , dans celles
du Japon, des îles Formose, du Kurdistan^ de Birman, de
Pampango, de Cora , de la Chine , etc. (Voyez Formation du
langage, par M. J. Azaïs.)
JE. S.'emploie avec le pluriel des verbes. Je l'avons vu, — Syn,
Ef , Eo' , Es , Che , EuoE , etc.
JE AN JE AN. Homme simple , un peu niais. r-^iSyn. Glaude.
JE(|NEUX. Petit pot. C'est l'ancienne contei^ançe. de la
mesure appelée en Bas-Latin ja2o^neu«. On appelle encore Jalot-
jftite, en Franche-Comté, une mesure de deux mains.
JERNONCHEl Jôrriiî espèce de juron.— Liliéral^e^^ie^t, je
renonce,
JÈS^ Forme, contracte de j> le*. — Jès4raiprind^. . ;
JET. Écume de la bière. '
JETAIN. Surgeon.
JEUNE. Petit d'un animal. Th. Corneille emploie jone dans l^
même sens.
JE^UNESSE {eune). Une jeune fille. — Ue même en Normand,
Berrichon et en VieuxrFrançais.
* JEUX DE DIEU. Mystères, tragédies sacrées.— ^yti.^Jxjs,
JINGLER. Sauter, danser. — 5y.n. Esprinouer.
JOC {été à), Ê4re en repos, comme un oiseau sur \ejoukoir, —
De même en Roman.
( 454 ) JOL .
I
JOLIMENT. Beaucoup, très. — Synonymes: Fii^RBMBNT ,
Fameusement. — Il est joliment laid.
JOLITË (Artois). Badinerie.
JONE. Jeune. — En Vieux-Picard , josne.
JONE HOMME. Célibataire , quelqn'âgé qu'il soit.
JONGLER. Badiner en gesticulant. Ce mot rappelle les dé-
claniations ûes jongleurs .
JORNET. Journal de terre. — Synon. Journel, Journeux.
JOSÉPHINE. Nom donné, à Abbeville, au poisson que
Cuvier appelle cantharus griseus,
JOU ? Je? Ce pronom interrogatif fait quelquefois double em-
ploi. Je V aurai jou? — Dans nos anciennes chartes, il signifie je
ou moi. a Jou , Bernars , sire de Moreuil. » {Corhie , 1249.)
JOU FALI (à). Au tomber du jour. — De l'Allemand feÀjen,
manquer, ou du Latin fallere.
JOU JOUTE (aller). Aller jouer, aller promener. — Terme
enfantin. '
JOUGLER. Jouer souvent.
JOUKOIR.. Perchoir. — Du Celtique juc , élevé?
JOUR {faire son bon). Faite la Sainte-Communion. — De
même dans la Franche-Comté, TOrléanais et TIle-de-France.
JOUR FALLl. Soir. —Cette locution se trouve dans Molinet.
JOURNEL. Journal de terre. — De même en Roman. — Syn.
JOURNET, JÔRNET, JOURNEUX.
JOURS NATAUX. Les grandes fêtes de Vannée.
JU de Cache-Cache, de Pot, de Tataou, de Picardie, de Ma-
honnage, de Cholle, de Fikencul, de Croche, de Patuile, de
Quintaîne , de Bouhourdis , de Berlinke , de Perse, des Trois-*
Merelles , etc. — Voyez ces différents mots.
JUER à Souffler au Charbon, à Mucher , à Cateau madame ,
au Métier, etc. — Voyez ces différents mots.
IU6 ( 455 )
* JUGEURS. « Us étaient différents des juges; c'étaient des
hommes liges on depoesté da seigneur, ou jurés, comme on dit
maintenant. Les juges étaient les baillis, prévôts, châtelains, etc.»
(M. Marnier, Coutumes de Picardie).
-JUISË (être). Eprouver de grandes contrariétés dans son
commerce, (comme les juifs^ à l'époque où ils étaient inquiétés).
JUISER. Ne vouloir acheter qu'a vil prix.
JUISER. Poursuivre impitoyablement un débiteur. — Le mot
/iiûer, dans ces deux sens, fait allusion aux Juifs.
JUMENTIËR. Paillard.
JUPPLAINË. Blouse, cape de berger. — Du Bas^L at in Ao|m-
2an<2a, houppelande, vêtement lourd et d'étoffe grossière qui,
d'après le savant Huet, uous serait venu de la province d'C/jplatuI,
en Suède.
JUSSE fcomme dej. Comme de raison. '
JUSTE et JUSTIN. Gamisolle, casaquin. Juiiin signifie eoT"
set y en Bas'-Breton. Au xv.« siècle, dit Le Duchat, od appelait
justes certaines cottes d'armes, espèce de juste-au-corps, par
opposition à la casaque qui était volante.
JUTER. Rendre du jus. — De même en Normandie.
K
Nous avons remplacé le Q par le K, toutes les fois «que Tély-
mologie ne nous a pas fait une loi du contraire.
* RAINAGE. Impôt établi par la commune d'Abbeville sur
hi guède, pour la perception duquel une chaîne était tendue en
travers delà Somme. (M Louandre , Hist. é^Ahheville, t. ii>.
* KARESMI AUX. Les jours gras (qui précèdent le CarémeJ»
KEMENT, dit Lacomhe, « signifie commandement dans le
langage Picard. Il signifie aussi unjugiy un maire de ville. »
( 4&6 ) K£E.
KËM£NT. Gomment, pourquoi. — iSynon. Cam^nt^
KËMIN et GAMIN. Ghemin ; comme en Rojuan. — Congé--
nères : Roucbi et Flamand, kemin; Provjençal , caminj Quercy ,
Gascon et Gatalan, cami ; Italien et Espagnol, eamino; Russ^,
camen. G. d'Essigny dérive camin de Kuftnt9 , être fatigué. Noos
pensons que c'est la forme picarde du Vieux-Français semin^ et
qu'il dérive par conséquent de semita.
KEMINE(Bétbune). Ghanvre. — Syn. Gainvb.
KEMINËE et GAMINËE. Gheroinée ; comme en Roman. --
Congénères : Roucbi , keminée; Italien , cammino; Allerhand et
Polonais, kamin. — Du Latin caminuSy dérivé de' K^Muror ,
fourneau.
REMISE. Gbemise. — De même en Roman. — Congénères:
Prov. , camise ; Bas-Latin, camisa. — On dit quamise, en Arabe.
KENAT. Pot à couver , cbaufferelte. Viendrait de Kffo>,
vide, d'après M. de Poilly. Nous croyons que c'est un dérivé de
kenne^ crucbe. — Synonymes: Kened , Kenot, Godvet.
KENËKE. Bille à jouer. — Synonyme : Mabre.
KENINON. Gbenél. Les anciens cbenêts avaient la fornae d'un
■. •
cbien coucbé. G'est pour cela qu'on les appelle , en Français ,
chenets (du Vieux-Français chiennet^ cbien) ; en Picard , keni-
nons (du Latin canisj; en Anglais, dog (cbien) et en Allemand,
feuerhund (cbien de feu).
KfiNNE: Grocbe , crucbon , pot , mesure de liquide. Eo an-
cien Picard, quesne ou kanne {Hôtel -de-Ville d'Àmiefis^ 9jmsi
1391) — Congénètes: Normand , canne (cruche) ; Rouçhi., hsnne
(mesure d'buile); Allemand , kar^ne (pinte); Italien, canna (i4Jl
Hollandais et Flamand , can (pot) ; Xieux-Saxoo , canna ; Vie^-
Haut-Alleqaapd , kanna. — Etymologie : du Latin cannçk, mesure
de longueur, ou du Geltique cann ou de l'Islandais kannfk,
crucbe. — Kanen^ en Hébreu , signi^îe meswpe faite.
KEN ( 457 )
KENOTTE. Dent. — De même en Normand. —En Vieux-
Français , quenne. — En Islandais , henni signifie mâchoire.
KENUISSE. Chenevis. — En Roachi , ^entrec?ie. — Dn Ro-
man ktmehuise. — Synon, CANmssE.
KER. Charriot. — Voyez Cak.
KÈRE. Tomber, cheoir,— Con^. Franc-Comt., chère; Norm.,
quaire ; Belge, cair ; Espagnol, eaer. — Du Roman heir ou kair^
contraction du Latin eadete,
KER ou RIER. Cher, de haut prix. — De même en Roman,
-p^ En Bas-Breton , quier.
KERBON. Charbon. — Voyey Carbon.
KERCHAIN. Frêle , petit. — Synonyme : Chocret. .
KERCHAIGNE. Fruit petit et rabougri. — Fém. du pré<?éd.
KERDON. Chardon.'— Voyez Cardon.
KERETTE. Cbarette. —Voyez Carette.
RERFOUILLER. Remuer différentes choses, pour trouver
l'objet qu'on cherche. — Synon. Cafouiller.
KERIABLE (kemin). Chemin carossable.
RERKE. Charge. — De même à ÎMons , Lille et Valenciennes;.
— Du Bas-rLatin Jber^a. , dérivé du Celto-Breton car^.
KERRER. Charger.- De même en Roman. — En ancien
Picard , querquier; [sire de Créquy). — Cong, Langued. , carga ;
Espag. , cargar ; Ital. , caricare. — Etymologie : du Bas-Latin
càrcdre , dérivé de carrus , char.
KERMAINE. Charogne. — Terme injurieux qu'on dit d'une
mééhante femme. — Synon. Carmèine , Çarone.
KEROiS. Ameublement d'une fille qui se marie:
KÉRON. Charron. — Voyez Carôn.
'KERPETTE. Espèce de galette frite.
"KERPLUSE. Chenille. — Voyez Capleuse.
KERRIMOUERO. Sorcier ou sorcière de Bohême. Voyez
notre ehap. des soMqueU , dans la i.^ partie.
( 458 ) ' KER
KERSON. Cresson. — Du Bas-Latin kersanaria^
KERTIN (Artésien). Panier. — De même en Roman*
KERTU. A Pair TÎf, éveiHé.
KËRUE. Charrue. — Voyez Carrub. — On prononce ftiteriM,
dans l'arrondissement de Yalognes.
REU. Coup. — De même en Comtois et en Roman.
REU , REUTE. Tombé , tombée. — Participe do Terbe hère.
REUCHE. Chaux. — Voyez Redx.
REUCHE. Pierre à aiguiser. — De même à Lille. — 11 vau-
drait mieux écrire queuche^ comme en V. Français. Syn, Kbossb.
REUCHE. Pain, (à Vau, près Montdidier.) 5yn. Pan^ Broute.
REUCHES. Chausses. — Du Latin cauces. — Syn. Gauches.
REUCHIE ou CAUCHIE. Chaussée. -- Du Lat. càleeaia.
REUD. Chaud. — Voyez Caud.
REUDRE. Coudre., — De même en Franc-Comtois et Roman.
— Ej keuds , tu keuds , al keud^ os keudons ; -— tu keuârot ; —
j'ai keudu; — que je keuche.
REUDREUSE. Couturière.
REUDRIER. Chaudronnier. — Synon. Reudrongner.
REUDRON. Chaudron, — Du Bas-Latin caldarium.
REUDRON. Jeu de Colin-Maillard. — Syn. Quatrabsusb.
RBUDRONË. Se dît d'un chapeau déformé.
REUDRONET. Vase de cuivre ou de fer blanc bosselé, dans
lequel on fait des gâteaux.
REUDRONGNER. Chaudronnier. — Synonyme: Reudwbr.
REUETTE. Chignon , partie supérieure de la nuque.
REURE. Coup mortel ou dangereux.
REURER Tromper, attraper. Nous devrions orthographier
queuker, si nous adoptions pour ce mot l'étymologie de ^[ueux,
cuisinier. Les valets et les cuisiniers ont toujours été mal famés
sous le rapport de la probité, et le patois picard aurait, bien pu
KEU { 459 ) ,
faire queuker de queux , comme le Français a fait coquin du
Latin coquus.
KEU KEU. Corne du pied des porcs. Signifie aussi ehçiusiure.
REUKIOT. Petit. —Voyez Piot. — Pierre THérmile por-
tait le surnom vulgaire de Keukiot Pierre , que les Grecs mo-
dernes ont rendu par coukiou.
KEUNE. Oqoh^. — y oyex Kbmne.
KEURIR. Courir. — De môme en Roman.
KEURLE (Noyon). Chiendent. *— Syn. Kien a poil.
KEURPILLER (se). Se prendre aux cheveux y se battre.
KEUSE. Cause.
KEUSIR. Choisir. — Synanifme :^Cobsir.
REUSSE. Pierre à aiguiser dont se servent les moissonneurs.
KEUSSER. Repasser, aiguiser. — Synonyme: Keucher.
KEUTE. Contre, soc d'une charrue.
KEUTE. Coude. — Du Latin cubitus.
KEUTE SORIS. Chauve-souris. — Voyez Cate soris.
^ KEUX. Chaux. — Du Roman caus . dérivé du Latin calx.
KEVAU. Cheval. — En Normand, keva. — Synon, GVau.
KEVILLE. Cheville. —En Gascon et Provençal, cavilîe, —
Du Latin cavilla^ — Synon, Guille, Guillettb.
KEVRE ou KÊVE. Chèvre. — Voyez Cabe.
KEVRON. Chevron. — Du Latin capro ou. du Qeiiiqùe kehr.
KIA. Parce que. -^ Du Latin quià.
KIACHE. Excrément. — Synonyme: Kiure.
KICAUDAINE. Sorte de chandelier avec un long manche.
KIELLE. Chaise. — Voyez Cahielle.
KIEN. Chien. — De même en Norm. , Rouchi et Roman. —
Du Latin canis^ ou du Celtique ki,-^ Chien .se dit. chi^ en Thibe-
tain ; ken en Chinois et Jeun en Phrygien.
KIEN A POIL. Chiendent. — Synon. Kevklz^ .
( 460 ) KIE
KIER (prononcez kiê)» Caeare.
KIER (pron. kière). Cher, de grand prix. « Deax sestiers du
plus kier. » {CarU de VégL d'Âm. , 1301.)
KIER {avoir). Chérir , aimer. — De même en Borain.
KIGNON. ^Morceau de pain. — Viendrait-il de eùnèuêj coin ,
angle ?
* KINETTE. Sorte de camelot ^a'on fabriqaait à ALmiens.
KIOT. Petit. — Voyez Piot et Rbukiot.
KIOTE. Nom vulgaire des oiseaux nommés ehevaUers, —
Onomatopée de leur cri.
KIURE. Excrément. ^Synonyme : Kiaghb.
K'VAU. Cheval. — Voyez G'yad,
K'VEU. Cheveu.'— Voyez Cavibu.
h ou LE. La. — Et quelquefois , cette: V femme lo.
LABOURER. Travailler, se donner de la peine.. — EtymoU
Du Latin làborare.
LACER. Tricoter. — De même en Roman.
LACHERON. Laiteron. {sonchiLS ôleraceus).
L'ADON^à/ Il suffit. '
LAICHER. Laisser, quitter. — . De même à Lille. — Du Ro-
man laichier.
* LAIGNAGE. Droit sur le bois. {Rue^ xiy.« siècle.) —Do
Latin lignis, bois.
LAIGNIS (pron. lè-gni). Bois. — Même étymologîe.
LAISI {tout à), ^ont à loisir, tout d'ôùceinent.
LAISSIER. Laisser, quitter. — De même en Homan. — Au
futur, ej' lairai , tulairosy etc. -^Synon, Laighbii.
LAI ( 'kM )
LAIT BOULU. Bouillie. — ^aofnifm : Laitvoitli.
LAIT BEURRÉ. Résida do beurre.
LAITGAMOU. Lait chead qu'on vient de traire à riattant.
LAITPRINg. LaiteaiUé.
LAlTUAIRE(BoDloiiaM). Vilain, dégoûtant.
LAIZIEUX. Louche. — Synon. Goonot, oujombox.
LALE. Là. — CeuUê laU s oei^%Ak,
LAMBILLE. Petit morceau de viande.
* LAME. Pierre sepulchrale.
LAMPAS. Luette. — De même dans les départ, du Noi^.
L AMPER. Boire. — De même en Franc-Comtoia et Roman.
* LANGE. Ancienne mesure agraire. '
LANGHER. Lancer , darder. — Tisser, parce que le tisserand
lance la navette. — Dd Roman lanchier.
LANGHEUX. Tisserand.
* LANDON (Am. xv.« s.]- Bâton suspendu ^u cou des chiens.
LANGER. Nager. •— Synon. Nanoer, Laroeb.
LANGERONS (masculin). Langes. — Synonyme : Picheux.
LANGREUX. Ghétif, valétudinaire.— De même en Roman.
— $e dit surtout des petits en fans et des petits des animaux.
LANGUAIGNE. Langueur. — Eiym. du Roman languigne.
LANGUE. Mauvaise langue, bavarde.
* LANGUE DE BOEUF. Espèce d'arme. (Ordonnance depo-
lice éT Amiens, 1441.)
LANGUIRIE. Languetir. — Du Roman Idngowrie.
LANGUARDER. Bavarder. — i^tymol. du Français langue.
LANGU ARDEUR. Bavard. — Du Roman lan^/ard.
■
LANTlBfOLLE. Espèce de pâtisserie frite, connue en Nor^
mandie, sons le nom de landimoUe,
LANTIPONER. Marchander. — Synonyme: Harlandée.
LAPET. Babil. — iSynonyme^ : Jappe , Baooûl.
LAPIDÉ. Malheureux, misérable. Il y a une inconstestable
30.
( 462 } LÂP
analogie entre lapidé {"lapis , ^i&rré) et cette location fort usitée
chez nous : malheureux comme les pierres,
LAPOIRE. Breuvage qu'on lappe.
LARGINEUX. Voleur. — Etymologie: du Français larcin.
LARDER (Artois). Se dit du feu qui flambe. Du Latin ardere,
LARGER. Nager. — Synonymes : Langer 9 Nano^.
LARGOUSIN et ARGOUBIN. Polisson, vaurien.
LARRIS. Landes , terres en frichç. — De même en Roman. —
j^tymologie: du Latin aridus^ aride.
LARRON. Petit fromage de Maroilles. Ce mot nous vient da
Hainaot , où est situé Maroilles.
LATUSËES. Êtres imaginaires , dont on se^plait à faire peur
aux enfants. M. Hécartdit que c'est un mauvais calembourg fort
ancien , latte usée.
LAUSENGIER. Flatteur, complimenteur. — De même en
Normand et en VieuxA-Français. — Synonyme: Gaioleux.
LAVERIE. Buanderie. — Synonyme: Buerie.
LAVETTE. Langue , platine.
LAVIER. Evier. — De même à Langres, Rheims, Rouen, etc.
Beaucoup de personnes s'imaginent que ce mot est français.
LAVINDER. Laver la vaisselle. — Synonyme : RécuRBR.'
LAYANT (Boulonais). Salamandre ; lutin.
L AZAIRE ou LAZARE. Pauvre,, malheureux, pauvre diable.
Probablement du nom de Lazare.
LE. La ; cette.
LÉ. Le. — Â dire lé vrai. — S'emploie rarement.
LEGHON. Leçon ; comme en Roman. — Synonymie : Elghon.
LËGHERIE. Friandise. — De même en Bas-Normand.
LËGHEUR. Friand (qui se lèche les lèvres); comme en Rom.
« Se n'est glouton ou leckeur. » {Cart. de Végl. d'Âm. , 13040
* LEIRE. Larron. (I^ue, xiu»« siècle.)— 5ynon. LuiRRiar
LEK ( 463 )
LËKË ou LEKËE [f.) Un brin, un peu; tranche mince ^
f)etit morceau. — Synonyme : Flèpe.
LÈKE PLOT. Parasite. —Littéralement, lèche plat.
LËKER. Lécher. M. Labourt, ancien procureur du Roi ,à
iDoullens , m'écrivait , Tan derpier , au sujet de ce mot : ce Les
Français disent lécher ç les Picards , leker ; les Âlfemands , lec-
lien; les Anglais prononcent lick et les Irlandais, ligh. Les Grecs
mêlaient TE et I d&ns la prononciation de cette première syllabe
(Xitx^). Enfin les Flamands écrivent et prononcent simultané-
ment lihhèn et leeken. Recherchons pourquoi il en est ainsi.
Cest parce que, dans Torigine, on n'écrivait, comme font main-
tenant nos sténographes, qu'avec des iconsonnes seulement,
auxquelles le lecteur ajoutait , pour vocaliser ces signes graphi-
ques , telle voyelle qui lui plaisait , et cette diversité phonétique
n'altérait en rien le sens du mot. C'est ainsi que sont écrits nos
plus anciens MSS. de la Bible; c'est encore ainsi qu'écrivent les
Perses. Les légendes de nos plus anciennes médailles phénicien-
nes et hébraïques, qu'a fait graver €ourt de Gébelin, ne sont pas
autrement. Alors on conçoit que lék et Itk durent ^tre deux ma-
nières également parfaites de prononcer un seul et même mot.
Alors aussi ch équivalant à Vs^ on disait indifféremment lécher y
lesser , lisser. Qui ne sait en effet que l'animal qui lèche, ses pe-
tits , lUse ses poils par cela même, et que dire qu'un tableau est
léché f c'est indiquer un degré de perfection que ne donne point
ta langue, mais le pinceau. Voilà pourquoi Bulletapu décou-
vrir, daiis de vieux monuments, que lécha et lischa désignent une
machine dont on se servait dès une époque très-reculée , pour
polir les étoffes <de soie. Cet auteur ajoute textuellement : « Se là
nos m ots^ français lisse, lisser; en patois de Franc-Comté, Uchie
est glisser sur la glace ou quelque chose de poli^ » Il est telle-
ment vrai enfin que ticher et lécher sont comme likken et lekkenf
30.*
, ( 484 } LEM
des mots d'une source commune et d'un» signification identique,
qae le mot lécherie qui , en Vieux-Français , signifie firtanUse y
et à la fois ^loÂiir des sens , se retrouve avec dos significfttions
identiques dans le mot Breton lickerry, comme on peut le voir
dans Bulletf t. m , p. 84. Il n'est donc pas besoin de re«oarir
au grec , comme le £ait M. de Poilly, pour trouver Vorigine
du root picard léker. C'est tout simplement le lekken des AUe«-
mands et des Flamands. » Nous ajouterons que le radical ODO-
matopique Zce, lae ou lie , se retrouve dans un nombre considé-
rable de dialectes et de langues: Aux mois cités plus haut , on
peut joindre le Rouchi Uker ; le patois du Gers, leka ; le patois
de Béziers , leki; ritalien, leccare ; le Latin, lingo ; l'Ang^o-
Saxon, Itccan; l'Islandais, ligh; l'Arabe Imchica; le Ghaldéen,
lechaci VRéhtevi y lachac, eic.
LEMION. Lumignon. — Y. Leumér.
* LENDIT (lej. Nom d'une foire célèbre qui se tenait à Saint-
Riquier , le lundi de la Pentecôte. (Y. Hist. d'Ahh^ 1. 1, p. 285).
LENDORML Paresseux , noncbalant. — Etym, de Endormi.
* L£NS. Là f ici. (Coutumes du BeauvoisisJ.
LËPE. Grosse lèvre. — De même en Roman. — Y. Lippe.
LESSIYEUSE. Lavandière. — De même en Champenois.
LETTRON. Jeune poulain.
LEU. Loup. — De même en Wallon , Roùchi , Belge , Fla-
mand et Franc-Comtois. — A Roye > il y a une rue des Leus. — >
Locution picarde: unpiot leu, un louveteau. CKestein pover (e«,
c'est un pauvre diable , c'est une emplâtre.
LÈUATE. Sombre, lugubre, effrayant.
LEUË (féminin). Sorte de pâtisserie. — Voyez Lob.
LEUËROIT. Loup-garou, mauvais sujet. Terme injurieux.—
En Berrîchoix , loùara. — Voyez Lbcwarou.
LEUMER. Eclaircir ; leumer des us y passer des œufffàla
chandelle , pour voir s'ils ne sont pas gâtés. — Etym. lumière.
LEU ( 465 )
L£UNE ou LÊN£. Luoe. — • Gomme en Rom«p. — C^ngi-
n^es: Normand, F. Comtois et Rouclû , leune ; Bourgoigaon ,
Uugne.^ Etymologu: àfiÏAikskluna.
LEUWAROU. Loup-^fou.-»/demeii Roma».— IFaîrsigaifie
hcmme^ en Celtique. Un loup^garou est donc an {ou^àoffim^.
On dit aux en fans que c'est un sorcier qui court dans les clunaps,
déguisé on louf». -^ LEU WAROU-DËM ON. Espèce d^ juron.
LEUYER. Lier. — Synonyme: Loyer.
LEVER. Présenter au baptême. — Idem en yieuK«-FraBçais.
LÉVITE. Capote.
LL Lui. — De même en Berrichon» Rouchi , Wallon , F raiie*
Comtois et Roman. — Du Latin ille , illi,
* LI. Le , la , les.
* LIBRE. Livre. (SU-Quintin, 1258.}— Du Latin liber.
LICHËE (eufu). Un brin, un peu. — Synonyme: Lbuèb.
LICHER. Boire en se délectant ; être toujours à boire et à
manger, faire ripaille. — De même en Normand.
LICHEUR. Gourmand , qui se délecte à boire et k manger. —
De TAllemand lecker^ friand. «— Synonyme: Légheur. ^
* LIERRES. Voleur. (Beaumanoir.) — Synon. Lbire.
LIESSE. Joie , allégresse. — De même en Roman. -^ Du
Latin lœtitia. On sait qu'il existe, dans le Vermandois, on pèleri-
nage célèbre, connu sous le nom de Notre-Dame de Liesse. Il
existe une chapelle du même vocable àGoyencourt, près de Roye.
LIEUVE. Lièvre.
* LIMECHON. Jou qui jadis était en usage k Péronne. Parmi
les jeux qu'aux xy.* et xvi.* siècles prohibait la sagesse des ma-
gistrats, on en remarque quelques-uns qui sont devenus une
énigme pour nous. Tel est le jeu de limechon pour lequel fui
condamné à l'amende , à Péronne , en 1449t Adam Maron. Tel
est encore le jeu des momeux massegnez. On défendit à Péronne ,
( 486 ) LIM
en 1549 , d'aller de nuit momer massegm^ sous peins de X Hwss,
parce qu'à l'occasion de cejeii, TécheTin Jehan Lefebnre aYâit
reçu un coup d'épée. (Communication de M. de la Fons.)
LIME€HON.*Liraaçon. — Syn, Émighon, galamighon.
LIMÉRO. Numéro.
LIMOUSINE. Manteao en poil de chèvre on on grosse laine
dont -se servent les ronliers. Ce vêtement est sans doute originaire
du Limousin,
LINCHEUX {dros). Draps de lit.
LINE. Ligne. — Congénères: Anglais , Une; Italien , Catalan,
Espagnol , linea. — Etymologie : du Latii^ linea,
LINES (Béthune). Pois blancs.
LINGUARDER. Bavarder. — Congénères: V. Espagnol,
languar; Italien, linguettare. — Etymologie: Voyez Lmam.
LINGUE. Langue. — Congénères: Champenois etLorrain,
lingue; Béarnais, lengue; Italien, lingua, — Da Latin lingua.
LINOTËUX. Qui s'amuse à des riens.
LIN.UISSE. Graine de lin. — De même en Roman.
LIWPE. Grosse lèvre. — De même en Franc-Comtoh et Ro-
man. ~ Lèvre se dit lippe^ en Allemand et lip , en Anglais.
LIPPU. Qui a de grosses lèvres. — De même en Roman.
LIROTS. Surnom donné par les Amiénois aux villageois qui
viennent & la fête de la St.- Jean et qui s'y laissent attraper. Une
des rues d'Amiens porte ce nom. Cette désignation est fort an-
'cienne: car, au xiv.« siècle , on donnait à St.- Jean Tépithète de
Liroons^ dont le P. Daire donne l'explication snivante, dans
Vahnanach perpétuel de nos ayeux: a Cette épithète Tient de l'n-
sage où Von est, dans la ville d'Amiens, de mettre, pendant la foire,
des leures dans les rues, comme un fer à cheval brûlant et antres
choses fixées entre les pavés, dans l'intention d'attraper les gens
de la campagne les moins dégourdis. Lorsqu'il s'en trouve d'assez
LIS ^ ( 467 )
nigauds pour donner dans le piège^ la populace crie après eux à
gorge déployée: lirot^ lirot qui^ dans le Patois Picard, veut
dire: il est attrapé. » — Lirot signifie aussi petit du canard»
LISETS. Rubans et copeaux en forme derfibans. — Ne «'em-
ploie qu'au pluriel.
LISTON (Béthune). Ruban. — Con^^n. Island. lista ^tnargi-
nare; Vieil-Haut-Allem., lista, bord, bordure, frange, broderie;
Italien , listare , chamarrer , galonner ; en Espagnol, on trbuye
précisément le mot liston , large bande , ruban de soie, filet ;
littoncîllo signifie petit ruban. Peut-être les Picards ont-ils reçu,
eé mot directement des Espagnols ; peut-être aussi la complète
ressemblance n'est-elle que fortuite , et ce mot se rattacfae-t*il ,
comme le Vieux-Français lister, dans le sens de border, chamar-
rer, franger, au lista de la langue du Nord. (Comm. de Jlf. Breuil.)
LIU. Lieu. — De même en Roman.
LIUE. Lieue. — De même en Roman. -^ Du Celtique M. —
S'emploie quelquefois au masculin.
L'LALE. Celle-là. — Synon. Cbelle lole.
LO. La. -^ De même en Wallon. — Synon, Ilo.
LOAGER. Celui qtfi donne en location.
LOË ou LEDÊ. c< C'est une pièce de pâtisserie de fornae ar-
rondie et du poids d'une demi-livre , qui renferme entre deux
croûtes assez seml^lables à celle du pain une pâte leyée , que l'a-
mateur imprègne de beurre pendant qu'elle est chaude. Je crois
que le nom primitif est leué, mot naturellement formé de Tad-
jectif 2eW, parle changement de Vu consonne en Vu voyelle,
comme diraient les grammairiens. » (M* de Poilly.)
LOKE. Chiffon , guenille. — De même en Roman et dans
plusieurs provinces. Certains marchands ambulants qui paient
en harengs ou en images les lokes qu'ils ramassent, parcourent
les rues , en criant : A lokes , à lokes, marchand de ferlokes, pour
(468) * LOK
des^Z'-hareings , pour des imcLches; d'autres criant: Â lokUfà
lokes y ma tante Charlotte ^'ramassez vos viHUes loke$. -
LOKETÉ et DËLOKËTÉ. Déguenillé.
LOKETEU. Marchand de lokes.
LOLE. Là. — Ceutes lois , ceux-là. — SynonyfM : Lalb.
LOKETTE. Blennie vivipare (poisson).
LONGINf Lambin. — De même en Vieux-Français. •
LONCrINER. Lambiner. — De même en Vieux-Français,
. LONGITUDINÊ. Lambin » homme lent. On dit en Français ,
dans le même sens , c*est un St.^Longis. St.-Longis est le soldat
qui perça d'un coup de lance le côté de notre Seigneur et qui ,
après s'être converti , fut martyrisé à Césarée, en Gappadoce. *«
Longitudine paraît être Tablatif de lomgitudo^ durée, lenteur.
* LONG IV A. Même sens que les précédents. Ce pourrait étr*
le composé de ces trois mots: long j'y vas,
LOPIN. Petite quantité. — De même en Roman.
LOQUENGE. Facilité d'élocution , babil, lo^uaeité. — De
même à Sens, Besançon, Rheims et Bar-le-Duc. — Il parait que
le mot loqueneia^ employé par Salluste et usité dans le style t&1«
gaire , avait à peu près le même sens chez les Latins que notre
mot lo^uenc^, qui n'est pas le même q\x* éloquence, Julius Gandidus
avait coutume de dire : Âliud esse eloquentiam aliud lofuen^
tiam. *
LOQUET. Cliquet. ^ De même en Roman. — De l'Islandais
loka^ verrou. ' .
LOS. Approbation. — Etymologie: d\i Latin laus, louange.
LOSSE etLOSTRE. Vaurien, polisson; enfant malpropre.
LOUCHE. Cuiller à potage. Ce mot , d'un usage général au-
jourd'hui , manque à la langue t)fBcielle de TAcadémie. Diaprés
J. Monet, il est d'origine picarde; il vient du Bas-Latin loehé»,
dont la signification est la même.
LOU: ♦ ( 46» )
LOUCHE-POIL* Cloporte* — Synonyme : Macbx pain.
LOUGEUëT. Béoho».--< Pe même an Rooi^D.
* LOUCHIE. Droit de xnesuri^. /"CwrL de Rui, ur.« »èole).
LOUDIER, Grosse couverture piquée.
LOULOU. Jeune fille dont U .figure est un peu forte, ovec dts
grosses lèvres , et dont la vue n'est pourtant. point déaagréalileu
LOURIOT ^oopkrej, Or^olet , bouton qui vient sur kt fao-
pières. PUitarq^^ et Plioe uni avancé que le regard. 'du loriot
QSit un xeœède ^celLent pour .ceuic qui sont atteiois de la jattiûsae.
Cette opinion s'accrédita au Moyen-âge « et les peraumnes qui
souffraient de cette maladie prenaient un loriot pour compère.
De U , notre e^pfessian : copère lotirtol» pour exprimer un or-
geolet. M. Du Méril donne à ce raot, qui se trouve égaleiaeat
dniAS les Patois Normand et Rouchi , une autre origiiie. Il le
dérive du JBas-Latin forum, qui signifiait une blessure dont il ne
sort pas de sang. Voyee le Gesta àbbatum LoUeneîMfn^ dans
\e,Spiciîe§ium de d*Achery/ 1. vi , p. 6Ô3.
LOYACHE. Bord en fil ou en coton.
LOYER. Lier. — De même en Roman.
LU (Boulonais). Lumière. — Du Latin lux.
* LUE. Brochet. — Le 10 février 1463, il fut résolu de faire
présent au «oœle de Cfaarolois de six lues. (Archives â* Amiens.)
LUISEL ou LUISET. Cercueil. — Voyez Ltoet.
LUMELLE. Lame de couteau. — De même en'Nonpand.
— Voyez Alemelle.
LUMION ou LUMICHON. Lumignon. — Synon. Leumeron.
LURER. Amuser par des comtes , des sornettes. V. Arlurbr.
LURES. Sornettes. — De même en Roucbi et Normand. . —
Synonyme : Lurettes.
LURON. « Ce mot très-caractéristique, dit Ch. Nodier, ne
se trouve dans aucun Dictionnaire. Il y a plus : on ne lui connaît
( 470 ) * LUR
aucune analogie immédiate, et la lettrine lur, qui exprime une des
racines les plus gracieuses et les plus fluides que puisse articuler
la voix humaine, est tout a fait inusitée chez nous comme initiale.
Je ne serais pas éloigné de croire que luron est fait de ce mimo-
logisme commun du chant et de la danse, de ce ira la deri dera
qui supplée aux paroles et quelquefois à la musique dans les fêtes
joyeuses du peuple, et qui a fourni aux vieux chansonniers,
entr'autres gais refains, luron ^ lurette eilalure. Un luron ne
demande qu'à chanter et à danser. Ma lurette est devenue dans
ce sens un nom de femme. »
LURONAGE. Chose de peu de conséquence.
LURONER. Lambiner, s'atnuser en travaillant. — De l'Is-
landais luri , être paresseux.
LURONER (Béth une). Se promener de long en large , à la
manière des bergers.
LURONIËR. Qui s'amuse en travaillant, qui lambine.
LUROT ou LIROT. Petit du canard qui n'a encore que du
duvet. C'est aussi un nom d'amitié qu'on donne aux enfans.
LUSET,LUSEAU, LUSËL ou LUSIER. CercueiL -^ Du
Roman luuel et lueeU
Ï-USETTJS. Hochet d'enfant.
LUSOT (Boulonais). Fainéant. -^ De l'Islandais ltt#, paresse.
LUSOTER. Être fainéant.
LUTRON ouLUTRONlER. Lambin, musard, qui s'occupe
de minuties. — Synonyme : Luronier.
LUTRONE. Grive litorne. — A DouUens, on donne le nom
de lutrone à une espèce de hibou.
L'Z. Les. — L'z uns après Vz autes , les uns après les autr^.
MAC ♦ ( 471 )
M'. Ma. (Devant une consonne.) — Synon. En'.
MA CAILLER. Mâcher comme quelqu'un qui n'a plus de dents, *
MACAREUX (Cayeux). Ouarat à bec de perroquet. •
MACHE (Soissonnais). Gros tas de foin composé de plasiears
Jfurlots,
MACHEPAIN(Boulonais). Cloporte. — 5t/non. Louche poil.
" MACHERIERS. Bouchers.— Une des rues de St.-Quentin
portait jadis ce nom.
M A CHICOT. Maladroit. Ce mot n'est Français que dans le
sens de chantre d*égliêe,
MACHIN. Un tel... Se dit d'une personne ou d'une chose dont
on ne trouve pas tout de suite le nom proprje. — D'un usage gé-
néral, même à Paris.
MACHINER (Béthune). Vacciner.
M ACHOKE. Mauvaise montre ; instrument de mauvaise qua*
lité. Synonyme : Mastoke.
MACHOKER. Faire des contusions, bossuer un objet.
MACHUKER. Tarabuster; faire du bruit.
MACLOTË, Fluxion,
MACRIEU. Maquereau. — De même en Roman. — Du Celtique
macreaf. Jadis, quand il y avait des maquereaux à la poissonne-
rie d'Amiens, une poi^^arde allait crier à tous Ijbs coins de rue :
« On vous foet €Uiêavoir qui vient d'arriver eine grande déballa"
tion d*macrieux : i gn'o des macrieux à mosieu , det maçrietuc à
procureuXf des macrieux à povers geins !
MADAME. Dame ; toute personne du sexe bien mise. — Une
helle madame.
( 472 ) ♦ MAD
MADELÂINE (Gayeux). Espèce de méduse, animal marin.
MADELAINE. Cerise blanche et .rouge d'une chair tendre.
MADRO-MADRA (Acheux)« Femme grosse, jouflue et mal
tournée.
MA FINE ou Af A FIQUE, Ma foi ! — Voyez Fiqubttb.
MAGIÈRE. Lisière d'un bois. — Voyez Masiêrb.
MAGNIAKEou MAGNIEN. Chaudronnier. — Con^^e» :
Lorrain, magniake ; Jurassin , magnia; Normand et Vieux-
Français, ^magnan. Peut-être que les chaudonnlers ambulants
sont ainsi nommés , parce qu'ils sont presque tous orijginaires de
la Limagne. M. Monnier dérive le Jurassîn magnia du Celtique
magnouneff qui a le même sens. M. E. Du Méril le tire du
Latin manuarius , qui travaille avec la marn. Il voit une confir-
mation de cette étymologie dans le mot magner qui , dans le
patois du Berry, signifie fatiguer.
MAGNIER. Meunier; comme en Roman.
MAGNON. Fille de mauvaise vie. -^ Synon. Maton.
M AGNON FOIREUSE. Rouge-gorge (oiseau). Syn. Frilbuse.
MAGUET. Bouc et chevreau.
MAGÙETTE et MARGUETl'E. Chèvre. -- Synon. Capb ,
Cabhe, Cavrette. — Vient peut-être de l'Espagnol maquina.
MAHON. Coquelicot ; comme en Roman. — fcaxtùf a le même
sens , en Grec-Dorique.
M AHO^ fgardej. Garde-champêtre, parce qii'il garde les
champs de blé où poussent les coquelicots,
* MAHON ou M AHONNAGE. On appelait ainsi un i««i fort
dangereux, auquel se livraient autrefois les habitants d'Amiens,
sur le rempart qui avoisinait le faubourg de Noyon. Les joueurs
se partageaient en deux camps, que séparait une ligne de démar-
cation. Il s'agissait pour chaqu« parti de la franchir, en re-
poussant les adversaires à coups de poing. On donnait enoore &
ce jeu , le nom de Pye, Comm% il en résultait parfois de graves
-%
MAH W ( 473 )
a€«id«ttt8, il fut interdit m>1515y p«v Tordonilaiiee sairfaiite ,
Ofmmgnée dans le registre de VHÔtel-de^Ville d' Aonem : « Pour
ce que le eeainanQ populaire de ceste TÎle a aocousiamé chasenn
an, en la saison présente , faire plusieurs combats patbeaées,
covipaignies , ks uns contre les antres , par manièfe d'esbalte-
mens , dont plusieurs hA3meSy noises , débats et autres meonve^
nients de maladie sont advenus et porroient eneoires advenir ,
sei^ovisioii n'y estolt donnée ^ mes dits seigneurs ont fait et font
presenteiBent deffenses a tous les habitants d'ieelle ville de non
faire les dit» jeux , sur peine ei amende de vingt sols pariais et de
pugnicion de prison et efl^oignent mes dits seigneurs à tous mé-
nagers de non laisser aller aux dits combats leur» enfants ou ser-
viteurs à peine d'encourit ladite amende. Publié à Amiens
le 28.^ jonr de janvier ltfl5* »
MAHONNER. Mal prononcer, écoreher la grammaire.
MAHOURA. Informe, mal fait. — Peut-être du Roman mal
ouvra , mal fait.
MAIE ou MQIE. ' Pétrin , hucfae à pétrir. — Con^. Franc-
Gomt., Lorr. , Rouchi, mate; Maubeuge, mé; Vienx-Français,
mait; Jura , moid: Italien, moilia. — Et^m. du Latin mactr'a.
MAIGRIOT. Maigrelet.
MAILLARiy. Canard mâle. Maîard&^e même sens en Berri-
chon, Normand , Rouchi, Roman et Geltiqne. Il ne se dit, en
Français , que du mâle dès cannes sanvages.
M AINËE. Ce qu'on peut tenir dans ses mains , dans ses bras.
— De même en Roman.
MAINOTTE. Petite main. — Du Roman mmnette.
MAIRIEN. Bois à faire des douves. — De même en Roman.
MAIRIER. MarguilUer. ~ Gomme en Roman.
* M AISNE. Gadet. {Rue , xiv.« siècle.)— De minor natus^
* MAISSELLË. Joue.
( 474 ) * MAI .
* MAIZIAUX. Ladres blancs. Leur contacl était moiatr dan-
gereux que celui des autres lépreux* Ils aTaient, à Arras, une
maladrerie dans la rue qui porte le nom de Maiziaux*
M A JON. Maison. -^ Cong, Gruyères et Charente , méjtm ;
Ardennes, numjan; Savoyard, maijan; Bourg ^ magion ; Italien^
magione ; du Latin mansio. — Voyez Mason^
* MAJORERIES. — Voyez le Chap, des noms de corporations.
M ARER. Mâcher , manger. — Cong. Langue d'Oc, moiehar;
Espag. , mascar. — Etym. du Latin masticare ou du Getiîqne
maka , nourrir. — En Hébreu , nourriture se dit maaehaU
MâKER. Battre le chanvre , lemâcher*
MAREUX; Grand mangeur.
MARILLONER. Manger lentement , en mâchant.
M AKOf RE. Mâchoire ; instrument à battre le chaiiYre'.
MALAipiANT. Inârme. — Du Roman maledieux^
MlLAPATTE. Maladroit.
MALDISANT. Médisant. — En Italien , maldicented
MALEFAGHON. Adultère. — Du Roman mcdefaçonf crimes
MALEFAVEUR (coup de). Mauvais coup, coup mortel. ^
* MALEMAISON. Prison. — Voyez Toriginede ce mot dans
Vhistoire du Valois , tome i. page '423.
MALËMU. D'une humeur maussa'de , sombre, lourdaud.
MAL EN TRAIN. Souffrant. — De même en Normand.
MALE PINGHON. Ge nom qui fut exclusivement donné d'a-
bord au mâle du pinçon, se dit également aujourd'hui de la fe-
melle.— Synonyme .vPiNCH AIRE.
MALETTE. Hotte.
MALHUREUX. Malheureux. — De même en Berrichon et
en Vieux-Français. — Voyez Hureux.
MALIGHIËUX. Malicieux. — Signifie videuai^^ik parlant
des animaux.
MAL ( 475 )
I
MALIGA^XER. Agir avec maliee.
MALIN LIEU V£. Asti^cieaxy rusé. — Ch'est ein maHn lieuve^
renarédes quate paies.
M ALLER. Marner les terres. — De même en .Yiénix-Franç.
M A LMETTRE^ Malmener, maltraiter.
MALOT. Bourdon , apU agrorum. — De même en Champ.
enRouchi et dans la Meuse. — EtymoL àémascuhu ^ mkXe't
MALOTER (Bétbune). Contrarier, tourmenter.
M ALSANT. Contraction de malfaisant.
MALS AVEUSE {coup de). Coup de maladreafise, mauvais coup.
MALUSANCHE (Marquenterre). Abus, mauvais usage»
MAMACHE. Fromage. — Terme enfantin.
M AME. Contraction de Madame.
MAMEAU. Fromage mou. — Par contraction.
M AN. Main. — De même dans les'départements du Nord, de
THérault, du y&r, des Bouches du Rhône, de l'Ardêche, du
Gard ; dans la Savoye et le Piémont. — Du Latin manus.
* M AN AGE. Manoir. (Cor&., 1258.) DuLat.maner«, demeurer.
* MANANT. Riche , notable. — Par une lettre du 5 avril
1687, le général des Carmes accorda au curé de Maricourt (can-
ton de Combles) la faveur de pouvoir donner le St. scapulaire,
qui avait été sollicitée par les principaux manants du lieu*
(M. Decagny, V arrondissement de Péronne.)
MANCBOKER. Heurter » meurtrir. — Voyez Maghokbr.
MANCHON. Maçon. —Du Roman wac/ko».— Dérivés :wan-
choner , manchonerie , etc,
MANDE. Manne, grand panier. — Id. en Roue. Rom. et Sax.
MANDEKINIËR. Vannier , faiseur de maniiez.
MANDELËE. Contenu d'une mande.
MANDELETTE. Petite mande.
MANËË. Poigaée^— De même en Roman /^ Signifie aussi
( 476 ) MÀN
la quantité de blé' iDdéteimmée qa'on porte aa moalii» etqoi
produit la farine nécessaire à one foamée de pain. — De mamu,
MANER. Demander. — Par contraction.
* IIANËSGHE. Men&ot.{Délih.d'Âm.^i4tyï.)
MANET. Filet pour pécher les harengs et les maqiieieaax.
M ANGON. Qui bredouille , c|ui bégaye.
M ANGONEE, Bredouiller ^ bégayer.
MANIGANCE. Procédé artificieux, întrigucé -^ Jd* «o Réin.
MANIGANCER. User de manigance». — Syn, Mai^oamiu».
M ANNIER {jouer au). Deux joueurs se tiennent l'«a près de
l'autre» vont, yiennent , courrent. Un autre essaie de passer
entre deux. Il a gagné s'il y réussit.
MANON (Saint-Valery). Café extrêmement léger.
MANSION. Demeure y maison. — Du Latin mantte. --« C^ng.
Espag. et Angl. , mansion ; Gâtai. , mansio; Ital. , «nonnene.—
On dit mansuo , en Cophte. — Voyez I^ason.
* MANTEL. Manteau. On lisait l'inscription suivante dans
l'église de Saint-Martin-aux-Jumeaux :
Saint Martin eby divisa s'en mantel.
En l'an trois cent, ac^ouiez trente-sept. '
MANTEL DE SAINT MARTIN. On désignait sous ce nom
les dix-huit agneaux blancs que les ej^o/»t«rf, pelletiers d^Atdiens,
donnaient à l'Evéque , le jour de la Saint-'Martin d'hiver.
MÂOUAIS OH MAWAIS. Mauwié, méchant. ^JTif» kien
maouais , un chien enragé.
MAQUE. Vente, marchandise. — De même en Roman. -:-
Serait-ce de là que viendrait le Français maguignon?
MA QUE. Excepté , si ce n'est que , rien que. Je f^Bnaêma
qu'une y c'est-à-dire, je n'en ai pas ai ce n'est gue j'en ai nne* Dans
la langue Romane, mais gue a le o^me sens. C'est uue^ ex pression
qui correspond au but des Anglais, dans les phrases r^slrietrves.
ll^Q { 477 )
MAQUIGNON. Pain d'une livre environ. — - Quipum signifie
gras morceau de pain y en langue Romane.
MARBRE ou MABRË. — Bille à jouer, parce qu'elles sont
ordinairement en marbre. — De même à Bar-le*Duc.
MARDOGHË. Bossue /billoté.
, MARELLE. Margelle d'un puits.
MARETTE. Petite mare.
MAREUX (I^yon). Matou.— Synon. Marlou, Got, Minet.
MARIGHAU,MARIGHAouMARISSAU.Maréchalferrant.
MARIOLE(Bétfaune). Rouge-gorge. Syn. Maonon foirbusb.
MARJOLETTE. Jeune fille.
MARGNOUFE. Souflet, claque. — Syn. Giroflée ▲ gbinq
feules.
MARGOT (Yimeu). Fou (oiseau).
MARGOT. Pie. — Par extension , femme bavarde. — G'est
aussi un terme de mépris.
MARGOUILLIS. Boue, vase. — De même en Lorrain.
MARGOULETTE. Mâchoire. — De même en Champenois ,
Franc-Comtois , Rouchi , Lorrain et Roman. — Le Latin gula
entre évidemment dans la composition de ce mot.
MARGOULETTE. Mouchoir dont on s'enveloppe la tête et
surtout la màehovn , pour se préserver du grand air^
MARGRË. Malgré. — Voyez Maugriê.
MARIE GANCAILLE (Ham). Nielle , fleur des blés.
^ MARLE. Marne. — Du Celtique mort. — Synonyme : Malle.
MARLICLOU. Le dernier né d'une couvée d'oiseaux. Litté-
ralement , mâle éclos. — Synonyme : Culot.
MARLIËRE. Mamière. — De même en Roroaa.
M ARLOU. Chat , matou. — Synon. Marbux, Cof , Mimbt.
MA1&M AILLE* Bande • d'enfants. Mixmot est le nom qu'on
donnait autrefois aux petits singest De là ,^ on à appelé les petits
garçons marmoti » et une réunion d'enfants » marwiaitte,
31.-
( 478 ) MAR
M ARMOTER. Parler enire lee dents. — Synon. Uin^nn.
MARMOUSER. S'inqniéter , être en peine.
* M ARIIOUZETS. Jameaux. C'est ainsi qu'on appelait fol-
gairement, à Amiens , en 1316, l'abbaye de Saint-liartinHiQx-
Jomeaax.
MARONER. Gronder , mnrmarer. — De même en Berrichon
et en Normand. — Du Latin mcBrere , être marri.
MARONNES. Culottes. ~ De même en Wallon , Rouchi«
Borain et Champenois. Rire à maronnes déhloukéts correspond
à rire à se tenir le ventre,
HAR PAILLE. Canaille.
* MARS. Valeur qui correspondait à celle de vingt sous.
* MARSINE. Blé de mars.
M ARSOIN. Homme laid , sale (comme un marsfnn)»
MARTI AU, MARTIEU ou MART'CHEU. Marteau. — Du
Roman martel , dérivé du Latin marteUus,
MARTINET. Hirondelle des fenêtres; elle commence k se
montrer dans le mois de mars. — De même en Normand. — On
dit mairtelotf dans le département de la Meuse.
MARZIU. Espèce de juron. — Syn, Morbiulb , BioAftUBNNB.
M ASAINGUE. Mésange.— De même en Roaqhi. — MoMmuge^
en Vieux-Français.
M ASIËRE. Bord d'un bois , d'un fossé , d'nne rîfière. — Du
JR.oman masière^ muraille d'endos. Les bois étaient notrefois
bordés, chez nous, .comme actuellement en Franche-ÇJomt^» de
petites murailles fmaceries) qui servaient toqt à la foU 4^ Uff^^
et de défenses. La me des Fossés, à Amiens, s'appelait Biitrefois
r^MÂe Lan^-rMaiêière ^ parce qu'elle occupait la loiigveiigne
des anciens fossés de la ville. -^ Syn. MAOïàBB.
M ASILLE (féminin). Mauvaise monnaie de enivre.
MASGN,MAGEON,MOISON,MOESON, MANSiON et
MON ( 479 )
MON. Maison. — Congénères : Rouchi , Fratfe-0>nitoi8 et Aus-
traMen,ina*ott; Bourguignon, maflfton; Savoyard, mo/on ;Gat.
et Anglais, mansion; Italien, fi/utgioney etc. Toutes ces formes
ont ponr type le Latin mansio dont l'N a été quelquefois suppri-
mée et dont l'S a pris le son doux. Nous pensons donc, avec notre
saTant confrère , M. l'abbé Dartois , que c'est à tort qu'on à vonlu
dériver cette famille de mots de l'Hébreu ma^fonou du Gelt. mag.
MASUKER. S'amuser à des travaux manuels de peu d'im-
portance.
MASSAKE. Maladroit, ouvrier qui masêacre won ouvrage. —
De même en Rouchi. — 5ynon. Maghokb.
M ASSAYËUR {coup de). Coup donné par maladresse et sans
intention. — Synon. Coup de malsaveusc.
* HASSËGUE. — Voyez Limecpon. '
* MASSINIERS. Massiers. — Le Mayeur d'Abbeville par-
courait les mes à cheval, précédé de ses fMusiniers. (Devérité ,
Histoire de Piciwdief tome i.)
M ASSURER. Muser, aller d'un ouvrage à un autre.
MASTOKE. Lourdaud, informe. — De même en Rémois.
MAT (Artois). Fatigué. —Synon. Tené.
M AT'GHA , M AÏ'GHO. Piquet qu'on place au milieu de cer-
tains jeux de boules.
MATERAS. Matelas. — De même en Roman« r^ En Rouchi
0i en Flamand , matvas; en Bas-Latin , mataratium.
MATINE. Mélangé. — Locution picarde bourgeois matinée ^
demi citadin , demi paysan.
M ATINON ou M ATINET. — Y oyes Gogno.
MATON ou MUTONË. Lait caillé. — De même en Roman,
— On dit égolement matte.
MAU. Mou. —De même en Roman.
M A^ (sîaç.). Mai. — Id. en Fr:-Gomt. Boorg. et Roman.
31,*
( 480 ) MAU
MAUARDGRISARD (St.-Yalery). Goéland çns.
M AUGOEURANT. Qui répugne , qui fait mal au C€Bur. Mtau-'
sencorée signifiait , en Roman , mal de camr.
^MAUGRËet MARGRË. Malgré.— Congénères: Vosgien,
Jurassin, Franc-Gomtois, Rouchi, Lorrain, Berrich. et Wallon,
maugré; Bourguig. , maugrai; Gers, magré; Anglais, tnaugre.
fc Le mot malgré, dit Dumarsais , est coâposé de l'adjectif mal
(mauvais) et du substantif </r^ qui se prend pour volonté, gaiât.
Avec le mauvais gré de y en retranchant le de à la manièrede nos
pères qui supprimaient souvent cette préposition. Les Anciens
disaient maugréy puis on a dit malgré, dont on a fait un« préposi-
tion. » {Œuvres complètes , tome y. page 94.)
MAUVAISETË. Méchanceté. —De même en Rouchi , Ber-
richon et V. Fraifçais.
MAUVE (Saint-Valery). Mouette.
MAWAIS. ^Mauvais. — Voyez Maocais.
MAYON. Femme de- mauvaise vie. Terme injurieux.
* MAYS. Colonnade de menuiserie de forme pyramidale ter-
minée par un cierge. Chaque corps de métier d'.Amiens portait
un mays , à la fête du Saint-Sacrement. Les marchandises qui y
étaient suspendues faisaient reconnaître la corporation.
MAZËE (Soissons). Dépôt de terre dans un endroit où l'eau
a séjourné. — Peut-être du Celtique mouejs, humide?
M£. Ma. Meti-le a meplache, — L'e muet ne se prononce pas.
9 MÈ* Moi. Laisse méheyer. — Synonyme : Me , Mu
MËCANT. Méchant. — Ce mot a bien des nuances de signifi-
cation : de mauvaise humeur , de mauvaise qualité» soaffrant,
exténué , amaigri , etc.
MËCANTËR. Rendre méchant.
MËGUONEUX. Moissonneur. — Synonyme : Aoutbux.
MËCREDL Mercredi. Au xvii.* siècle, on prononçait encore
MED ( 481 )
mécredû « La plus saine opinion , dit Vaagelas', et le meilleut
usage est , non-seulement de prononcer , mais d'écrire mécredi
sans R. » Je crois l'un et Vautre bon , ajoute l'annotateur Th.
Corneille. Mécredi est plus doux et il est aussi plus usité. {Remar-
ques sur la Langue françoise , t. ^ii ^ p. 49.)
MEDAILLES. Embarras^ grimaces.
M£DA(LLEUX. Faiseur d'embarras^ grimacier. — Syno-
npmes : Postureux, Emblbtbux.
MËDONNER. Mal donner les cartes. — Syn* Fairb MéDONNB.
MËF AIRE. Faire do mal. — De même en Vieux-Ftançais.
MËGUE etMÈGRE. Petit lait. — De même en Norm. et en
Rom. — Du Bas-Latin mesga. — Synonyme : Minglb.
MËGUIGHIER. Mégissi^. — Du Roman ma^wc^ier.
MEILLE. Nèfle. — Du Roman melle. C'est une syncope du
latin mesnilus, — Synon. Mbrlb , Mesle.
MËKAINEouMËKINE. Servante. M. de Reiffenberg donne
aa similaire mesquaine Fétymologie flamande de mesken. M.
Aimé Leroy lui donne une autre origine , dans les Archives hijft.
€t Hit. du nord de la France ^ oct. 1839. « Il existe près de Bavay,
dit-il , un village nommé Mecquignies. Un curé , manquant de
domestique, en fit jadis venir une de ce village et s'en trouva fort
bien. Jamais ménagère plus attentive et plus honnête n'avait
soigné son pieux asile. Encouragés par cet exemple , plusieurs
de ses confrères coururent^chercfaer des gouvernantes au même
lieu. Ils n'eurent. qu'à s'en louer, et ce village acquit ainsi à cette
époque et conserva longtemps la réputation de produire de
bonnes filles , comme certains sols ont la vertu de produire de
bons vins ou de bons grains. Par suite, le nom de méquenne , créé
dans l'origine pour signifier fille de Mecquignies , fut appliqué à
toutes les servantes de curé. » Malgré tout le piquant de cette
étymologie , nous préférons regarder mékaine comme un mot
féminisé du Latin barbare me^cAin ta, jeune giarçon , qui a formé
( 480 ) MAU
M AU ARD GRISARD (St.-Val6ryî, w^o. M. Praron,
M AUGOEUR ANT. Qai répagne "'««''«> racontequ'an-
sencorée signifiait , en Roman , w '""^e > appelée la Fête
^ H AUGRË et M ARGRÊ. " ouvrait U danse en criant
JarasBin , Franc.Ck)nitoîa ** '* *^«î^*** est-elle lo ? qu'alU
maugré; Boargnîg. , » -« ^® ^®» paroles sacramentelles.
« Le mot malgré , d' y^ servante. — Signifie anssi : cercle de
(manTais) et da ' ■-"^mos^ ^"® *'®" suspend à la crémaillère et
Avec le mattw ,^'^pi^^^ "°® casserole, on poêlon, etc. ,
pères qui ' J^i^ff «c^^tum , brouillon.
disaient 'i^jTx^'' donné à Saint- Valéry an poisson générale-
tion. ^^ s(fBB le no™ ^^ surmulet.
v^^lf£UMN. Moulin. — De même en Franc-Comtois
y^^^allois. — Voyez MoLiN.
#f ^^jV'-MÉLËTTË. Ensemble , mie- mac, pâle - mêle. —
\iititei ' Rouchi , méltyiïHoiiUtte ; Lorrain, malin-mala;
^^ignon , maulin^maulô ; Franc-Gomtois , mélitirmôlot, A
^x, mélùmélo, — Etymologie : do Tcrbe mêler,
jlfiMËRE. Grand-mère et femme qui a de l'embonpoint.
HËN. Mon. — Voyez Min.
MÉNAGER. Petit cultivateur.
MENGAUD. Mesure pour les cendres, les graines et le bois.
^ Voyez Première partie , chap. des anciennes mesures.
MENGAUDËE. Contenu du mencaud.
MENÉES. Ostentation , façons de plaire affectées , minau-
deries.
MENER. Maltraiter, châHer. — De même en Roman.
* MÉNISON. Diarrhée.
MËNŒUVRE. Manœuvre, apprenti maçon.
MËNŒUVRËR. Travailler. — Du Latin manu operare.
MENOTTE. Petite main. — De même en Franc-Gomtois; dans
la Haute- Auvergne ymanota.
MEN (.493 )
HIË. MeosoDge. -—De môme 6n GhampeooiB. .
^Ë. Menteuse. — De môme en Roochi.
/'ËNT. Bas peuple. — De môme en RomnD.— > En
ente,
.^URE. Méprise, f Coutumes eu BeauvoiêiiJ* — On
^aurd'hui méprinse,
* MËREALERESSE. Sage-femme. ("Cartulaire d'imiiiM,
portef. 14 , p. 277). — V. Aleresse.
MERG. Marc, dépôt. — De môme en Roman.
MËRELLES (^jeu des trois), <x Deux joueurs ont ohaoan trois
palets en fer ou mérelles ; sur le sol ou sur une table est tracé un
carré parfait. Deux lignes partant do milieu de chacun des côtés,
se croisent nécessairement en un point commun qui est le centre
du carré. Deux diagonales, partant de chacun des quatre coins da
grand carré, se rejoignent au môme centre. Le but de ce jeu est
de parvenir à placer sur une môme ligne verticale , horizontale
ou oblique, les trois mérelles. u (L« de GWenchy , Essai sur Us
chartes confirmatives des institutions communales de St.'Omir»]
La plupart du temps, lea palets sont remplacés par des fragments
de tuile plate , nommées platuiles.
MERELLES (Artois). Bagatelles. — fie môme en Roman.
MERLE. Maie. — Signifie aussi marne.
MERLE et MESLE. Nèfie. — Mésle, en Roman: — Cest
une syncope du Latin mespilus.
. MERLIER. Néflier. — En Normand et Y. Français , mélier.
MERLIGODAGE. Mélange. — ,5yn. Tocillis» Mâu-MéLON.
MERLIGODË. Mélangé, frelaté.
MERLINRIER (Santerre). Qui se môle de tout.
MERLON. Graie.
MERLON-MERLETTE. Voyez MéLON-MÉLBTTB.
MERLOU. Mulot.
<i
( m^y MËR
MËRLUSSER. Paire quelque chose à temps perda.
MËROI. Espèce de porame.
MÉROTTE. Dimioatif de mère. Terme de caresse. ■
MEROULE ou MEROUILLE. Morille.
MESNIL. Maison accompagnée d'un champ. — De même en
Normand et Vieux-Français. — Synonyme : Mainil.
MESSER. Dire la messe. '
MESSIER. Garde-champétre. — De même eo Comtois et en
Roman. — En Yaudois, messaley; du Latin messis^ moissoD.
* MESTIER. Besoin. {Archives deSoiseons, 1261.)
MESURE (à). De temps en temps.
UESUREUX. Arpenteur.
* MESURAULEM^tre). Salaire proportionné (St.-0uenftn,
1358.}
MET. Pétrin, huche au pain. — De même en Berrichoi\, Nor^
mand, Vieux-Français et Breton. — Voyez Maie.
MËTE. Maitre. — On donne aussi ce nom à une espèce de jeu
qui ressemble à celui de bouchon.
MÊTE (Boulonais). Mesure. — Du Latin meta.
* METZ. Jardin, enclos. — De là, le nom de lieu Beaumetz.
MÉTIER (jeu du). On simule un métier quelconque par pan-
tomimes. Avant de commencer on dit à Tactenr: earista^ carMo
queu métier? et le joueur répond : vous le sarex quand i sera foèt.
MEULER. Moudre. — En Ancien-Picard, moire. — Cong'
GeTBf mouler; Allemand, malhen; Hollandais et Flamand,i»ial«fi;
Gothique, malan* — Etym, du Latin molere ou de l'island. m«Ia.
Meule se dit meul^ en B.-Bret. et malu , dans le pays de Galles.
MEULER. Imprimer, faire une empreinte. — Id. en Fr»-C;
M EU LON ^Boulonais). — Voyez Houprbau.
MEUR (adjectif). Mûr. ~ De même en Normand , fr.-Gomt.,
Lorrain, Berriehon , Vaudois et Roman.
'MEU' ( 48S0
MEURDRIR. A non seulement le tens âûwumMr, mus
aussi celui de tuer^ comme le Roman mowrdrir et l'AngL mtcritor.
MEURIR. Mûrir. — On le disait encore au xviiM aîèolé : .t
Dien meurit à M oka dans le sable arabique *
Ce café néoessaire an pays des Trimas. i •«
. (YoLTjikiRB, lettr& au Roi d$ Pruue») . .
MEURISON , et en Vieux-Picard , MEUROISON. Maturité.
MEURON. MAre, fruit de la ronce. — De même en Roman.
MEYU. Milieu. — Synonyme : Mnkv.
ML Moi. — De même en Roman. — Cangénères^: Normand »
YosgieUy Franc-Comtois, Rouchi, mi; Flamand, Belge etSaxon,
my, — On dit également mi en Tartare, en Ind. et enCelt.*GaL
MIACHE. Aliment , manger. -^ Voyez Mibr.'
MI AU (St. -Valéry). Mouette (oiseau). Synonyme: Mauve. ■
MI AU POULE (Vimeu). Labbe (oiseau).
MIAULE (Cayeox). Mouette, -r- Synonyme : Mauve.
MICANC AILLE (Noyon). Nielle, fleur des blés. ^ Synon.
Marie gancaille. "<
MICHE. Petit pain blanc, bripche. — De même en Benîcb;,
en Normand ' et en Vieux-Français (Tabouret). — Les religieux
de Nogent (Aisne) distribuaient aux pauvres de petites miches,
le jour du Vendredi-Saint. — J^lym. du B. Lat. mithaf petit peif^.
MICHOREILLE (Beth.). Perce-oreilles.
MIE. Pas , point. Je ne l'ai mie mis , mi , je ne l'ai pârdAl ,
moi. — Congénères : Rouchi, Lorrain, Alsacien et V. Français,
mie; Italien et Catalan, mtea. Jft# ne dérive pas plus du Latii^
mtntm^que du <jrec ^9. C'^st une négation artificielle : on^'a
choisi une mie de pain comme le terme de conrparaison le plus'
petit. C'est par la même analogie qu'on a formé les négatietos
l>oin^de punctfim , et rien^i de ree.
MIË. Mielé«— Du Roman m«#i(. On appelait autfefoiff mt^ ,
chez nous , une espèce d'hydromel.
( m.) MIE
IIIË KEMIN (A). A moitié di^min. — De même eii Roman.
MIENNE (eu2^. Se dit pour le mien et pour la mieniMm
MIER. Manger. De même eo Rouohi et Boonia. •— iSjfftofl.
MiNGBR, GhÎkkr, GaiaNOTBR, Gafbr p Boupfbr , etc.
MIETTE {eine). Un brin, ud peu. — De môme en. Franc-.
Comtois. '^Synon, Eine fibtulb, Ein holet , Einb fleppb. .
* MLEULLES. Pâtisseries en ferme de pain d'autel , ornées
de signes religieux et diversement coloriées , qn^on yendait au
xiii.« siècle, dans rinlérieur des églises de Saint^-Omer » le jdnr
des grandes fêtes. Une rue de Saint-Omer s'appelle encore att-
jonrd'hni rue del MieuUe. (Eudes « Recherches sur Saint^Omeri)
MIÈVRE. Mutin.
MIJOTER. Préparer quelque chose en cachette, à la sour-
dine. — En Frahçaîe, mijoter a le sens de faire cuire lentemmi^.
MILËR. Viser, mirer, mettre enjoué.
MILER. Briller, avoir un beau poli.
MILIAëSE. Quantité considérable. -* Ce mot se troate dans
le Dictionnaire anglais de Cotgrave.
MIN. Mon. — De même en Berrichon, Rouchi etFlanïand.
MINABE. Qui inspire la pitié, misérable, déguenillé. <^De
même es Wallon , Normand et Berrichon.
MINET et MINON. Chat. — 82/ii. Got, G/^t, Marlou.
MINETTE. Lupuline, fourrage.
MINETTE {jeu de). On appelle ainsi, à Nesle, le jeu de hoire.
— Voyei CjB mot,
MING&-BRIN. Scarabée qui vit d'ordures.
MINGE-TOUT. Petit haricot dont on mange tout » c'est-ii«<
dire le fruit et les cosses.
MINGLE (Pas-de-Galais). Petit lait,— Synon, M]&ac8.
MINGRONER. Murmurer, bougonner, -r- Synon. Digombr.
MINE. Gri par lequel on se fait adjuger le poisson qu'on vend
à la crié» , dans quelques petits ports de mer.
MIN ( 4S7 )
MINON; Poil doux » duvet qui TÎefnt sur le» chardMiSy sur lès
bourgeons du saule.
MINON GOUTTE. Myope.
MINUTE ! Un instant ! attendez une minute!
MIOCHE. Enfant en bas âge. — De même en Lor. et Rouchi.
— En Vieux-Français y mion signifiait plus petit,
MIOCHE (Béthune). Un peu, un brin. — Syn. Ednb kibttk.
— Vient peut-être de l'Islandais mioeha {exte^wwe), — Voy^z
M. Du Mérilf Histoire de la poésie Scandinave , p. 264.
MIOLIS. Mouette (oieean de mer).
MIONNER. Trépigner d'impatience.
MIpTTER. Manger lentement, mi€(ee à m{«M#.' .
MIRER. Briller. -^ Synonyme : Miler.
* MISE. Arbitrage, f Coutumes du B^auvoisisJ. .
MISÊRATION. AfOiction ^ infortune. — Du Latin miseratib.
MISËRE (Adjectif). Misérable.
MISERERE! (Vermandois). Ayez pitié de moi! Exclamation
empruntée du Latin.
MISTANFLUTE fà laj. Tout de travers.
MITAN. Moitié et milieu , comme en Roman. — MUan signifie
moitié en Bourguignon , Bas-Limousin, Rouéhi » Langûedoioien,
Provençal , Franc-Comtois , Gascon, Lorrain , Normand , Wal-
lon , Champenois , Vaudois , etc. M. de Poilly dérive ce mot de
Sf*i TMftr» , couper par moitié. Noos croyons qu'il vreat du To-
desque mittan , milieu. Le Bas-Breton mittain a le même sens.
MITAN BOUT. Le long. — Littéralement, dans le mflieôdes
deux bouts.
M*N. Mon (devant une voyelle). — Synonyme : Mnt.
MOÉE. Mesure équivalant à six arpents de terre.
MOFLE. Petite meule de foin. — De même en Roman.
MOHËANT (poissons). Moyennant.
MOIE. Pétrin. — Voyez Maie.
â
^ ( '488 ] MOI
MOIE. Meole de blé ou dé foin.— De même en Frano-Gomt.,
Bourguignon, Rouchi et Roman. — Moie yient du Latin mêla,
comme proie vient de prœda. Les langues néo-latines suppri-
ment souvent le t et le d <les mots originaires. Ainsi gûuâere,
jouir; rota , roue; cauda^ queue, etc.
MOIENNER. Traiter, accorder, concilier. Etym. de moyens,
MOIGNOT. Enfant de chœur. C'est un diminutif de moine,
parce qu'autrefois les enfants de chœur avaient .la tète rasée
comme les moines.
MOISONNÉE. Famille. — Vient du Picard, Mason.
MOITE. Maître. — Synonymes : Mètb, Moète.
MOLIN. Moulin; comnre en Roman. — Congénères: W^lon,
Lorrain et Champ. mo2tn;Gers, moline ; Espagnol et Italien,
molino; HoXLymolen. — Etym, du Lat. molinum. En Grec, fc9X«v,
MOLLET {ein). Un peu. Viendrait-il da Roman molt |K>,
dont le dernier mot aurait été supprimé, ou de mors (primitif de
morceau) par atténuation de l'r. En cette dernière hypothèse » on
aurait pu dire en Picard : quand i ch'fui ein mollet (un morceau)
égaudiy comme on disait en Vieux-Français : quant il se fut une
pièce délecté,
MOLLET A MOLLET. Peu à peu. ^ Syn. Pokb a foks.
MOLLI ENT. Souple ; moelleux. — Ëmollient.
MON. Contraction du mot maison,
MONEUX,MONEAU. Penaud. Signifie ^courl^, dans l'ar-
rondissement de Boulogne-sur-Mer.
MO£<(SI£UR. Cochon. — De même en Normandie. Cette an-
tiphrase, dit M. Du Méril , se retrouve dans les patois du Ven-
dômois et du Berry, où cet animal est appelé un nohle. Dans
l'arrondissement de Cherbourg, on dit tin monsieur detraioàille
et dans presque toute la Normandie, tin vêtu de soie. C'est sans
doute une allusion satirique faite par la classe des travailleurs à
la vie oisive des gentils-hommes et des habitants des villes.
MON ( 489 )
- MONT. Monceau, taa, amast — Du Roman mont.
MONTE A T'N'OEIL. Cuscute, (plante.)
MONTÉE. Côte ; marche d*UD escalier.— /d. en Fr.-G,et Rom*
MONTINELLE. Petite anguille qui remanie les rivières.
MORBIULE. Morbleu. — SyiMW^ê: Marziu.
MORDI. Espèce de juron* — Sywmymt : Morbiu. /
MORDREUX. Assassin, àe murdre. C'est la plus grande injure
que les paysans des environs de Béthune puissent adresser à leur
ennemi. Ils disent proverbialement : tous voUux sont morâreux
(M. de la Fons).
* MORGAU. En 1453, un homme est condamné par leoorps-
de-viile d^Amiens pour avoir fait pliisieurê lamehim eome^ avoir
eopé morgaus à chaintwrê de femme. Arait-ce un porte-clé T
MORG TIENNE [aV grosse). Sans façon , grosso modo.
MORIEN. Noir, Nègre. — Etymologie : Maure.
MORIR. Mourir, comme en Roman. — Congénères : Gers et
Wallon y mort ; Catalan et Espagnol , morir ; Italien , marire. —
Du Vieux-Latin moriri^ qu'on trouve dans piaute.
MORNIFLE. Souflet.— En Franc-Comtois, mournifte. Parce
que c'est une claque donnée sur le mour (mufle) et le nifUf (nez).
MORRE. Moudre. — De même en Roman. , -
MORVAILLON ou MORVATIER. Morveux, gaminVpelit
polisson. — Terme de mépris. — Synon, Galapia.
MORVATE. Morve, mucus nasal.
MORZIU* Morbleu. — Synonymes : Morzieuhe^ Morbiuls.
MOTTE. Nom donné dans plusieurs localités aux tombelles
celtiques. — Signifie aussi gazon y comme en J^ormand.
MOTS BIGUS. Mots estropiés, barbarismes picards.
^ MOU. Poumon du veau et du bœuf. — Dans les patois de
Rheims et Normandie le foie et'le cœur sont nommés le dur, pat
opposition au poumon qu'on appelle mou.
i
( Ii90 ) MOU
MOUCHES. Mooches à mieL •— Par une ctpèce d'antono-
mase qui fait appliquer le nom générique h l'eapèeeia ploa utile.
MOUCHETTË. Pluvier à collier interrompu (oiseau)/
MOUGHON. Ce qu'une vache donne de lait à chaque foia^u'on
la trait. — Du Latin muègeo^
i MOUDRE (Béthune). Traire une vache.
MOUE. Pétrin. — Voyez Mais.
MOUËRIGAUD. Noiraud, qui a le teint brun-fonoé. De mtttre.
MOUËRONES. Culottes. — Maronne est plus usité.
MOUEUSE. Poule sans queue.
MOUEUX. Coq sans queue.
MÔUFETER. Remuer les lèvres. — - Ne pas moufthr, ne
souffler mot. -^ EiyiHM^ëÊ^ie : du Latin mavire,
MOUFETER fsej. Bouger , se mouvoir. — Même étjmol.
MOUFLES. Gros gants de peau fourrés, à un setA dbîgt. •—
De même dans Tarrondissement de Yalognes et en Y. Français.
MOUFLU. Se dit d'un gâteau bien levé , d'un oreiller bien
garni de duvet, de quelque chose de gonflé. — Syn. Moflu;
MOUGETTE (Yimeu). Pluvier à collier interrompu.*
MOUGNEU (Coulonvillers). Moineau. — Ailleurs on dit met-
gneaUf fnoinei y mogniot ^eic,
MOUGNONER ('sej. Se dit d'un chat qui se frotte contre
quelqu'un , en rootonant de plaisir.
MOUILLETTES. « On appelle les wumiUettês.iL Beanvais,
un repas qui se fait après la célébration du mariage à l'égUse. On
présente aux nouveaux mariés un vase de vin. Le marié y trempe
un morceau de pain et prend la première bouchée ; sa femme
mange la seconde. Ils boivent alternativement duos la même
coupe, en signe de communauté de bien et de maL )| CM* Trem-
blay , notice surBeauvais.)
MOURE. Mouche. — Congénères: Normand, mAfue;Qen*
MOU {'*Ô1 )
motifea/liftlidB) Portogiis, Gatalafii Espagnol» nppiea; Mem.,
0mek$; Rasse» m^UtSka» — Do Latia mu$ca^ d4>Qt La langue Rom.
A?ait fait foùsqu».
MOUKER. Moncher. — 1>« mémeen Rattchi etRrojm^n; en
Languedocien, mouca; en Espagnol, mohear.
lâOUKERON. Konqberoil. — On Roimaa nuHM^fiMfon.
MOUKET. Emoùchet et épervier.
MOUKOIR. Mooohoir. — Do Bas-^Latîn «ittieornmi.
tfOURÇBEjU. .Mori)eai|. -~- Synof^u^ * ttoBcisu* : .
liOURMÀGHE. Refrogpé.; de mw ipaa§9»de, boodeur*
« Gomme ai on disait gui mâche son mourre (afios^ao) oo.aii|i|Mie«
parce que le iboudeor fait ^mpuitoir ses lèvres en .inann(>tapty »
Telle est l'opinipu de M« J. I)écart« Ge mot 9e viendrait-il pas
plqtMdii RanoDftninour. (museau, yisage) et i?iacAai» (sot) ? .
JMQUAME. iaéi.) Morne.
JMi^yRRS. Visage ; museau. ~ De même en Romfuu
liOUSE. Visage ; museau. — Signifie an^si imn^*
MOIISER. Faire la moue , bpuder. Moue se dit mmio^ ep Ita-
lien. •<-? Du Gelto-Breton munzaf bouder.
MOUSINER. 3ruiner. — • De même en Répoois.
MOUSA. Qui fait U mooe. — Synonyme: Mqurji ache*
MOUTERNÊ etMUTERNË {adj.). Moisi, qui sei^t le o^oisi.
MOUTIER. Monastère , couvent. — De même en Roman. —
Gontraction de monasterium,
MOUVETER. Mouvoir, remuer, bouger. — Du Lat. movere.
MOYEN [adj,) D'une santé faible , languissante.
MOYETTE. Petite meule de blé. — De même en Lorrain. —
Voyez Mois.
^ MUAULE. Changeant.
MUCHE. Cachette , sonterrain. — De même en Roman.
MUGHE-MUGHE bien {jeu dé^. Il consiste à chercher et à
trouTor un objet qui a été caché.
(492 ] MUG
MUGHER. Cacher. —- Gomme en Roman* -^Ca»^. Normand
et Rouchi , tnuel^ ; Lorrain , Bonrg. et Franc-Comt. iiiii«t«r ;
Ital. , muceiare, — Etym. peut-être du Latin amieim, — Mueka^
en Bas-Breton, signifie se masquer
Je m' much' bien vit', car , ej vous r Jure ,
Ghès pavés , coinm' mouqa's pluvoaitt' dros ,
Et , gi rtét' des Picards est dare
Chef pavés i r sont coère bien pus. (Prom* du Frane-^iMTd.)
MUGHE-TIN-POT (al). En cachette, a Ge mot , dil M; Hé-
cart , tire son origine des cabarets où Ton vendait de la bière ,
en cachette , à un prix bien inférieur, à celoi des cabarets ordi-
naires , parce que ceux qui les tenaient , n'ayant pas de droit à
payer, pouvaient contenter les buveurs à un prix pins modique.
On allait acheter en muehant sin poU De là, la signification de ce
mot s'est étendue à tout ce qui se fait en cachette. Les endroits
même où l'on vendait cette bière portaient l»nom de«itieJb^«n-
pot » {Dietionnaire Rouehi.)
MUGHETTE. Cachette. — De même en Rouehi et en RoiVnan.
M UGIL. Mulet , poisson.
MUGOT. Lien où Ton a caché son argent on quelque chose
de précieux. — Se-dit aussi de la chose cachée ,'et d'nne provi-
sion d'argent.
MUGOTER. Cacher son argent. — De même eu Rouehi.
MUGOTER (Boulouais). Bouillir à petit feu.
* MULQUINERIE. Commerce de tollé, de batiste, de linon.
D'importants établissements de ce genre commencèrent à Saint-
Quentin, vers 1580.
MURDRE. Meurtre. — Comme ea Roman ; en Ang* murder.
MURELOTTE. Petite meule de blé. — Synon. Hqtblottb.
MURET. Mur de terre.
MURISÔN. Action de mûrir , et maturité.
MUS ( 493 )
MUSE. Mineau»— -Du Rom. muêeL^Eu Bas^Brat., nmiell.
MUSER. Se dit du chieu qaî pleure. ^ Synon. Hoomui.
MUSTINER. Tricher au jeu. M. de Poilly exprime sur ce
mot une opinion bien hasardée : a ce verbe , dit^il » dont les en-
fants seuls sont en possession de se servir , a cela de particulier,
qu'en usage à Abbeville et dans le reste du Potithieq , il est
inconnu dans les plaines du Yimeu. Ne ?iendrait-il pas par cor^^
rupUon (ce n'est pas sans embarras que je propose cette étymo-
l0|^e qui peut paraître étrange) de l'expression Movorii ponrMo'tf
ivTiv 3 cela est à moi ? En effet , quand un enfant dit à un ca-
marade, aTco lequel il joue : tu mtutines^ n'est-ce pas, dans le
plus grand nomlyre des cas , comme s'il lui disait : ta prends ce
qui m'appartient. » ^Reek. sur une coUmie MassiliennêJ.
MUSTINBUX. Celui qui triche.^— Synonyme : Faustrikbux.
MUSTINS. Effets d'une tricherie.
, MUTIÇRNE ou MUTERNANT. Monticule que font les toopes.
MUTERNË {"êentir lej. Exhaler une odeur d'objets bridés
par l'humidité.
MUTIEU. Placage en gros.
MUTIEU ou MUT'GHEU. Partie 4a cou du bceaf qoi se
vend à bon marché dans les boucheries. On dit muUaui à Y alen-
ciennes ; multiaUf à Bavay, Maubeuge et Avesnes. C'est peut-être
une altération du Roman nuquiau^ nuque.
MUTIEUX. Mal habillé y malfait. Nous avons entendu pren-
dre quelquefois cet adjectif dans le sens d* étourdi.
NA! lateqectioB approbative. Bien! c'est cela! c'est Ibien
fait! ^— S'employe aussi dans le sens de parlrlm» eertainemeni ,
comme en Normand.
32-
(^1*4 ) NAB . ,
NABOT. Nain , de petite tmWe. — De même «n Lorrain ,- Fflmc-
ComWî* et Romaii. — Du Celtique nah , petit.
VAC/avéirhon/, Avoir bon nez. Ce mot, d'après M. Hécart,
atutît ttîiëarigine asiatique.
NÀCiTlEUX. Dégoûté , répughé , qui a de la répugnance à
manger tel aliment ou à banger avec une personne malpropre y
qui ne veut pas boire dans le verre d*une autre, etc. ; viendrail-îl,
dit )ii. Lorin , de l'Allemand nachschen , exaniinér min'Ufîeciâé-
ment? ou^-de nac , flair, odorat, dit M. Hëcîart? Nôtre préférons
dontter Télymologie de nausea, nausée, pàt l'intermédiaire Ro-
mttti itachieu , naehens , nuetiùs , répugné. On dit n'ctraùit, daïis
dans le même sens, dans le département de la Merns^; — <c Tt ne
connais point le verbe niiàhsen dans le sens que loi dohhelf. Lo-
Hn , 'tt'écrit M. Breuîl,-mai8 dans le sens de éWe ^àfiA:'Daiis le
Vieil-Haut- Allemand , on rencontre le substantif fio*<4teh*è, que
Graff traduit aiési : scurra qui alium victûs gràtid'seqktHUr. 'Nac-
tiè^x pourrai bien venir de naschere qui est formé de nitsûy fiez, »
NAIN. Naïf, benêt.
NAINTRE. Nain. — Synonyme: J^a'bot. ' * =
Ï^INfRESS^. Name. ^Synûnyfne: NaboI-k. • ' • '
-■ 'nAkE fArt^is). PiBte. — Signifie aussi nfz. " ' .
NA«E. Malpropre. — Signifie, dans quelques lO««ftîté*, (péire*-
seux , lâche.
NA*NA. "Idiote. — St/nont/))ic;DALiJE. ' -
NANAN. Pàîn; bonbon. — Terme enfantin univèrsen^mlent
admis.
• NANTE. Tante. Voyez Ai^^î-
NAPPE. Pan de chemise.
NAPERON. P«tit;e happe qu-on pli»ee sur la gtkvlâfèy fùnr la
ffré«errer des tfabbet^ €e temM, d'un usage généraji etii^cessaire ,
devrait être admis par l'Académie.
NAR ( M5 )
NAR AS. Môldnge de vesce et de bisaille.
NASE. Morve. — De liiême en Rouchi et Welloii.^Iki Latin
nams , oez , ou du Yieil-^Haut^Allemand naxt ,-inoYye.
NASIEU. Nez. — iVa«a, en Gotiiique ; na^Hy en Daneia 9 f^tua^
on Sanscrit.-^ En Latin ^ niMftf .
NASON. Mouchoir. -*• Même étymologie.
NASONER. Parler du nez.
NASU., Morveu.
* NAUTOLE. Gotttlimie notoire /^CeuL fiot. deicovKr$ de PicJ
. " NAVELIER* Batelier. — DeMvii » bateau. — De là aana
dQute le nom propre iVov^l , aasez commua dans rAmîénoii.
.N AVI AU. Navet.
* NAVRËUSE. Bleeeure.
* NE. Ni. /<Sw«on#, 1261/
* NECTON. Qu'importe!
^EIGETIER. Noisetier* -r«^ynon2^i»«:^jBUG9ETn9ft.
JiElN. Non. — De même en Wallon.
NEIN, NAIE, NA. Non. — En Wallon et en Allemand ,
nein ; en langue Rpmane , naie.
NELLE on NËLE. Nielle. (LychnU githago.)
NËNES (Artois). — - Haricots. — Syn. Gohètes, Muigp tout.
N'ENN'O. Il y en a. -— Synonyme : Gn'j em p. ,
NENNT. Non , pas du tout. — ' Du Roman nennil qi)i dérive-
rait de nihil{ne hilum)^ d'après Huet; de TAllerufinid nett^» ^lon
MM. Orell et G'. Fallot ; de non nihil^ d'après M. Raynouard ;
du V. Latin nenu (Lucrèce), suivant M. Ampère. Nous préférons
rétymologie de non illud si bien démontrée par M. Alf. Swei-
ghauser, dans la 2/ livraison , 1851, de la Bibl. de l'école des
Chartes.
NENTILLES. Lentilles. C'est l'ancienne 'prononciation. « Il
faut dire des fientilles^ avec les Parisiens et non p'as'des lentilles^
avec les Angevins, v (Ménage, Dictionnaire étymologique.]
32.*
\„
( 496 ) NER •
«
NËREUX. Dégoûté, répugné. — En Lorrain ^ naretMP. —
Voyez Nagtibvx.
NEU. Neuf. — De même en Allemand.
NEUER. Nouer. — De même en Roman.
NEUIT. Nuit. — De même en Piémontais. — Neut , en Messin,
Lorrain , Franc-Comtois et Bourguignon.
NEURE(cï). Le nôtre.
NEUSETTE et NÉSETTE. Noisette.— Gomme «n Roman.--
Cong, Bâtai, neusette; Ronchi , nosette ; Lillois, nogettê ;
Franc-Comtois , neusiHe, — Synon, Neigbttb.'
NEYER (V.) Noyer. — De même en Rouobi , Berrichon et
Vieux-Français. Richelet et le DicU de Trévoux prétendaient
qu'il faut prononcer neyer. C'est encore aujourd'hui la pronon-
ciation usitée par quelques anciens membres de l'Académie
française. '
NI AFFE. Cordonnier. — De même dans le département de la
Meuse. — Syn, Gniafb. Serait-ce l'onomatopée du bruit que pro-
duit le fil poissé , en se détachant des mains ?
NICHE. Simple, niais. — De même en Roman. Syn. NniiTS.
NICHERETTE. Partie supérieure et la plus délicate du nid
tie l'oiseau.
NICHERETTE Nid préparé dans leç poulaillers pour Tinea-
bation.
NICHOUËRE, Œuf couvain qu*on met dans un ponlailler,
pour exciter les poules à pondre.
NIELLE. Maladie du blé qui noircit.-* De même en Roman.
— Du Latin nigella.
* NIENT. Pas , point.
NIFLARD. Qui ni/le.
NIFLER. Flairer en faisant du bruit avec les narines.
NIFLETTE. Narine.
%
A. ..
I
NU ( 497 )
NIJOTER. Paresser 9 s'amoter à des rions. — De même dans
rOme. — Du latin nugaH.
NINET. Cousin.
NINETTE. Cousine.
NINETTE. Nom amical qu'on donne aux jeunes enfants, dans
cette phrase : dodo ninette ; dors , mon enfant, r— Cong, Haute-
Auvergne , nini ; Provençal , ninois ; Espagnol , tiinefki ; AUe-
inand» ninne, — Eiym. du Celtique ninia, — Quelques vieux
refrains picards , destinés à endormir les enfants , se sont ooii-
' serves jusqu'à nos jours. Nous en citerons deux variantes ;
Dodo ninette, Dondou ninette ,
L'enfant Perette ; Tioii Tenfant Perette;
Maman al' est allée à ch' bou , Maman al' est allée & ch' bos ,
Al rapportra ein t'clioa fagou» Pour lenyer ein iiot fagot.
Pour caufer les pieds d*noa t*chou. Pour caufer el cul de ch' tiot. .
NINITE. Niais. — Synonymet : Nighb , Gooighoti. *
NIN'O. 11 y en a. — Synonymes : N'bin n'a, Gn't bin o.
NIOLE. Tape, coup. — Voyez Gmolb.
NIOT. Petit coquillage univalve que l'on mange, '
NITAPIA. Imbécille. — Synonyme : Bagouais.
NITËE , NICHÉE. Couvée. — Ce mot a été employé par La-
fontaine , dans la fable de VaUmette et ses petUs.
NIYELET. Simple, imbécille. — Vient probablement du nom
de Jean de Nivelle, auquel un proverbe mal compris a fait une
réputation imméritée. — Synon. Ahuri, Bbodej.
NIXE. Non pas ! Bernique. — /d. dans beaucoup de Prov.
NO. Notre. — Synonymes : Nou , note.
NO. Cela.—- S'em ployé dans cette phrase comparative : eomme
no, — Synonymes : Ho, Cho , Chelo.
NOBËPINE. Aubépine. — De même en Rouchi,
NOBLESSE (une), Unnobl^.
{ m ) Nôc
NOC. Canal de goutière. — De mêœe en Normand. Od troof e
nous et nosy dans les anciens usages d* Amiens, -f^ Vient du Geh<H
Breton naoz.
NOCER. Faire bombance. — Ce terme fH>pula1re est tinité à
ParU. — Etymologiè: ûenôee,
NOCEUR. Qui fait bombance, ^oi recherche les festins, -r^
5ynofit/i}»M: G0DA11.LEUR, Frtcoteux, LèKB-PLOT.
NOERMÈLE on NORMÈLE. Merle. — Synonyme : Orxâi/b.
NO FOET. Non pas, non, pas do toot. — Synonyffiè: Non FArt.
Dans l'arrondissement de Vire , on dit nouffai,
NOIR BOUILLARD (Vimeu). Chevalier arlequin,
NOIRCAR. Cambouis.
NOIRGASSIER. Qui a le teint brun. — Synon. Uotûnuihvù.
NOM DES BOIS , NOM DES OS , NOM DES TRIPES, etc.
Espèces de jurons.
NOLER. Nouer, boutonner. *— De même eu Roman.
NONETTE (grande). Oie rieuse.
• NONETTE. Pielte (oiseau de mer).
NONNE {faire). Prendre quelque repos, vers la «énni^ (neu-
vième) heure du jour , c'est-à-dire vers midi.
NONOTTE. Petite main. — Terme enfiantiD. — - 8yn. Mt^om,
NONTERPUS. Non plus, pas pins.
NORIR. Nourrir. — De même en Rouchi et Roman..
NORKIER ou NORTIER. Qui élève et nourrit des vaches.
NOS. Noix.
NOS. Nous. — On prononce no devant une consonne. <— De
même en Roman , Catalan, Portugais, Espagnol. -^ Sym. Os.
NOSTftUM {conoite el). Connaître son affaire. On sons entend
negotium.
* NOT GOUTE. Sourd. (Coutumes de BetMvoiiit , Ch. $4.)
NOTRE-DAME BELLE HEURE (à). Fort tard.
Nou ( Am,.)
NOU (Boulonâis). Nœud. •— De même en Roman.
NOUÉ. Noël. — De même eaFr. -Comtois, Lang. et Roman.
NOUÉ. Enfant rachitique dont la croissance est arrêtée.
NOU FOUET, NOU FAIT. Non pas , non. — Dans l'arron-
dissement de Caen , on dit noufait, comme à Bonlogne-sur-Mer.
NOUNOU. Chùi. — Synonyfne: Cat, Cot, MARtoû.
NOURTIER (hoen). Qui nourrit'bien.
* NOUNELLETË. Tronble dans la possession de quelque
chose. (Beaumanoir).
NOUYIAU. Nouveau. Nous avons entendu plusieurs fois
faire un mauvais calembourg au sujet de ce mot. 0uoi qtfo dit
de nùuviau ? -^ On, dit qui lie brait pus y dèpi's quHl est ïiMft ,
nou viau (notre veau). — On disait, en languis romane, non^ioti ef
nouvieu , comme en Picard.
NUÉ(enfeinl). Voyez Noué. * '
* NUIS. Jour. fCoutumeê du BeauvoigisJ, -^ Syn, jAt^ti;
NUIT est du masculin dans \à ¥erman^ôiè : a'^no^Mafon hl
estploene du matin au nuit, » /^K.® lettre de J, L, GefêëeuJ, ' ^ '
lïUNNE PART. Nulle part. — De même à Rekns: « * *
NUNUS. Babioles, riens, bagatelles., balivernes.-^ O#^#ofir^
nocàboéheàrienj à desnwnus. f Astrologue Fieard I846>^. —
Ce mot vient dû Latin ncBni« ; bagatelle». ' ' '
NUROL. Petit gâteau qn*on donne aux enfants', à la nouvelle
année. Je ne connais ce mot que par un MS. que m^ prêté
M. Rigollot. L'auteur anonyme fait remarquer quedaâs ftnde
neurous signifie nouvel an. . - '
NUROTES. Bagatelles. — Synonymes: Nuiws , GhoonotbV
* NYEURES. Ordures. ^Amiens , i403/
1 •
* ■ I *, ^
( 5Ô0 ) 0»L
o
* o. Avec. C'est une abréviation de ove ou avec. Cette exprès^
flion se trouvait dans l'épitaphe d'Alphonse Lemire (xv.^ tiède) ,
enterré à la cathédrale d'Amiens. Elle est encore osHée iictqet-
lemeat en P^ormandie.
O. On.
0 (il)' Il a.
OBLOT. Incapable , imbécille. r— Synonyme : Hortoplot.
OBRIEUIL, QUBRIEUX. Chevêche, chouette. — Plancha
traduit le grec vCp/f par torted'omau de nuil.
OCCHÉ. Où, où est-ce?
OCCIR. Tuer. Ce vieux mot, qui vient du Latin oceideri , est
encore usité dans les environs de |k)ulogne-sur-Mer.
OCHER. Remuer , secouer un arbre. — De même en Roiiehi
etgen Romi^n.
OCHINER. H$me sens que le précédent, fréquentatif. Signifie
aussi trembler^ branler .
* OCTEMBRE, Octobre. t'Reg. du chap. tfÀmienti iâl8).
OEILLETTE et OULLETTE. Pavot blanc. On fait ^vecl^
graine des tartes qui sont fort en renom , à Nesles et à Roye*
0EUFS {être sur ses). Être dans l'aisai^ce.
« OEYROËUL AU CLOQUIERS. Nom donné, en «400^ à
i'Hôtel-de-Yille d'Amiens.
OFFRE (Béthune). Gaufre.
OGNER, Grogner. — De in^me dans le pays Charlriiîa.— -
Voyez HoGNER. ,
OIGNE (Vimeu). Canard siffleur.
OILLEUX (Bélhunes). Celui qui dirige un moulin ^ hoile. —
Etymologie: de oleum , huile.
OIN ( 50Ï )
OIN ! Pas du tout! Bast! Ah bien, non ! — Oui, dans un sens
ironique.
* OINTINIER. Parfumeur. {Hiit. du Vahis , 1. 1, p. 268).
OISIEU DE S^-ANTOINE. Nom qu'on donne au porc , en
plaisantant.
OISONNEiEl. Bétiser.
OL. On. — Syn<mym€s: 0 , Os, Em.
OLAVE (Boulonais). Trèfle. — Synonyme : Tramenne.
O MAI! Au mois de mai, on suspend des couronnes de prime-»
▼ères au milieu des rues , et les jeunes filles dansent sous les cou-
ronnes, en chantant : 0 mai , 6 mai ! d le joli mois de mai.
OM AILLE (Noyon). Génisse. — Synonyme : Génighe.
OMIEU. Orme.
* OMNIES. Égales. « Les mesures de terre ne sont pas om-
nies. » (Beaumanoir , ch. 26 , p. 135.)
OMOILE. Armoire — Y. Ormàle*
* ON. Homme. — C'est l'origine du pronom un. — Voyez Em,
ONGHE. Once. — De même en Roue, et Rom. Du Lat. tinda.
ONGHETS. Jonchets. Au village, des fétus de paille rempla-
cent les bâtons d'ivoire. G' est avec une es'glingmiX^ , c'est-àrdire
un brin de balai armé d'une épingle , qu'on doit relever les
onchets.
ONDAINS (Soissons). Rangées de foin qu'on vient de scier.
ONGNIEAU (Béthune). Anneau.
ONGUE. Ongle. — De même en Vieux-Français.
OR AIN (Boulonais). Tout de suite.--^De môme en Bai^reton.
ORANGE A POURCEAU. Pomme de terre. Terme ironique,
^ ORBE. Caché. {CouiMmes du Beawûoisii,) î
ORD , ORDE. Sale. — De même en Roman.
^ ORDENE. Règle. {Coutumes ^imten^.}
ORDIËRE. Ornière.
( 503 ) 0R£
QRË£. At«rae,, orage. — GoxQoie en Roman.
ORGUEILLEUX. Déjections d'un enfant nouveau né.
* ORIN]S. RouchQ. (Beauaumoir, ch, 45^) — D^o^iOrû,
OR LOTERIE (Artois). Bijouterie , bagues , boucUs d'orçiUe.
ORMERLË. Merle. — Synonyme : Noerméle.
ORMËRE, ORMELE et ORMOIRE. Armoire. -- Co»^.
Gbampenois , aumère ; Roucbi , omère ; Franc-Gomt. et Rémois,
aurmoire ; Lorrain, amerle; Ital. et Espag. ^ armariç. -^ Mtym.
du Lat. armarium, — On dit armel, en Bas-Breton.
ORTIEU. Orteil. — Id. en Roman. — Syn, Ortelku , ortçu.
ORTILE. Ortie. — Du Roman or tille.
ORTILLER («*}. Se piquer avec des orties.
* ORTOLAN. Jardinier. — Du Latiq hortulanus,
OS. Nous et vous. — De même en Franc-Comtois et RoiaaD.
— Du Latin nos et vos. — Synonymes: Nos , vos.
OSGUR. Obscur. — G'est l'ancienne prononciation Romane.
OSEILLE DE GRAPAUD(Roye). Racine de patience. '
OST (prononcez o). Troupeau. — Le radical roman ost indique
l'idée de réunion y^uantité,
* OSTE. Serf cultivateur résidant sur une terre déterminée.
OSTINER. Impatienter, tourmenter.
* OSTISE. Exploitation mrale tenue par des ostes.
OTIEU. Outil.
* OU. Au. (Archives de Coucy , 1365.)
OUBRIEUX. Signifie, selon les localités, bnse, chevêche o^
émouchét.
OUGfiE. Terrer labourée entourée de fossés. — Du Bas-Latin
occatus^ labouré.
OUÈRE (Breteuil). Encore. Synonymes î Gorb y EcooèaB.
OUËRE. Guères, peu. — Synonyme: Wèee.
OUÈROT (Yimeu). Guillemot (oiseau); à Gayeux, le maoareu
s''appelle ouèrot à tête de perroquet.
OUË ( 59a..)
OUËTANT. Location proverbiale équivalant à cela étant,
pour lors , ainsi donc.
OUIGHE, OUICHTE ou OUÈGHE! Bast! oui (dans un sens
ironique).
OUIRET (Vimeu). Courlis (oisdau).» Etjjfm. dn Latin clorins.
OCLLTARD. Maubèche (oiseau).
0UPI6NER. Croire, penser. — Etym. du Français o^ner.
OV QUE. Où. — De méni« en Franc-Comtois et Roman.
OURËE. Pluie d'orag«. — En Islandais , ur signifié pluie, et
yria, pluie drue et menue. — Synonymes: AuRéB , Oréb.
OURET (Cayeux). Courlis (oiseau). — Etym, du Latin clorius,
OURET. Petit domestique de ferme. — En Roman, oir si-
gnifie en/hnt, et our^, ouvrier.
QURS (prononcez otir). Domestique dé ferme.
OURSIGNOT. Rossignol. — Du Vieux-Françàîs orsignot ; le
président de Brosse dérive rossignol de luco canens !
OU*ST-CE QUE. Où est-ce que. — C'est l'E du veAe être
qui se trouve éliminé, a Le peuple, dit M. Génin, prononcé tra-
ditionnellement : oU'st'Ce que^ au profit manifeste de Feuphonie.
Les gens délicats et bien élevés prononcent , avec uù bofi'tble
biatus.'.oii est-ce qu'est mon père? Mais aussi ils odt pastédix
ans au collège! y>{Des variât, du lang. Français y p. 185.)
OUVERGNE. Vanneau (oiseau). — Voyez Auvergne.
OUVIEU , OVIEU. Petite botte de blé que font les mois-
sonneurs.
OUVRER. — Travailler. —De même en Rouchi et Roman»
OYER. Entendre. — De même en Roman. — V. ApïR.
OZ. Noos , TOUS. — Voyez Os, Nos, Vos.
( 504 ) PAC
PAGANT. Lourdaud , paysan , homme à manières gauches et
raides; terme injurieux, également connu dans les départements
du Jura, d'Eure-et-Loir et du Nord. On dit pagnant , en Norm.
D'après M. Monnier, pacant viendrait de paganus^ païen , parce
que le paganisme survécut plus longtemps dans les campagnes
que dans les villes. Selon M. Desgeorges, il dériverait de paquet.
PAGU. Grossier , épais. Il est à remarquer que vetxvr signifie
épais , ei^Grec'
PAFFE. Soufflet. — Par onomatopée. — Synonyme: Baffb.
PAGNAGNA. Imbécille. — Synon. Oblot, Nitapia .
PAGNERËE. Gontenu d'un panier. — Etymologie : du Latin
panarium ,' panier.
PAGNON. Brioche , espèce de gâteau grossier.
PAGOUSSE. Garçon tuilier. Ge terme picard est cité par M.
F. Michel , dans son Théâtre du moyen-^ge , p. 50.
PAILLIS. Enduit formé de torchis ou de bla9C-en->bourre.
PAILLOLER. Plafonner, revêtir de paillis un mqr, une cloi-
son , un plafond.
PAILLOLEUR. Plafonneor, ouvrier qui paillole.
PAILLOT. Matelas d'enfant rempli de paille de blé ou d'a-
voine, — De même dans la Meuse. — Du Latin paKea , paille,
PAIN DE GRAPEU. Ghampignon de quelque espèce qu'il soit.
PALANGUE. Gaule.
PALANGUER. Gauler.
PALASINEUX. Gelui dont la main tremble. Nous n'osons point
proposer l'étymologie d& TFaXaur^ Ancien^ o-ua-fcûr^ tremblement.*
PALASINER. Trembler des mains. — Signifie aussi, dans
quelques endroits , être attaqué de paralysie,
PALËE. Ge que peut contenir une pelle.
PAL ( 505 )
PALETTE. Petite pelie qui «ert à prendre d» feu , pour alla-
mer une pipe. — De même à Reims et à Rouen.
* PALETTE (droit de). Ce droit consistait » à Abjbeville , à
donner au titulaire du vicomte de Saint-Pierre, une palette,
o'est-à-dire le tiers d'un boisseau, sur chaque setier de seize
boisseaux.
PALL Pieu. — Congénères: Yaudois, |»al»; Bas-Norm., palet;
Langned., Gâtai. , Polon. et Angle-Saxon , pal; liai, et Espag.,
palo ; Angl. , pale. — Etym, du Latiiï palus ou plutôt du Celti-
que pat. — Signifie aussi palissade.
PALOT. Pelle de bois. -^ De même en Rouchi.
PALOTIER (Cayeux). Spatule (oiseau). — 5yn. PÂLiNCAN.
PAMELLE. Espèce d'orge , hordeum distichum. --'De même
en Flamand.
P AMPHIGNON. Epingle. — Signifie aussi très petit oûeoii ,
roitelet.
PAN et POIN. Pain. — Cong. Fr.-Comt., Genevois, Wallon,
Bourg. , Provençal, Savoisien, Génois , Lombard , Espagnol et
Roman, pan ; Lorrain et Rouchf, poin.— Etym. du Latin jpanû.
PANGHARD (St.) Nom donné au Mardi-kjras.
PANGHE« Panse. Il est à remarquer que ce mot n'est employé,
dans le nord de la Picardie ^ que pour désigner le ventre des
animaux.
P^NGHIE (se donner unej. Equivaut à cette locution popu-
laire: se donner une bosst.
PANERËE et PAIGNERÊE. Gontenu d^un panier. — De
même à Bàr-le-Duc. — Etffmologie : du Latin panorttim, panier.
* PANGUIE. Proclamation. fMonehy^LagacKey 137%/.
PAON (Gayeux). GombaUant mâle. — A Sainte Valéry , on
donne ce nom au paon de mer.
PAOUR. Paysan lourd et d'un extérieur embarraMé, rustaud.
Ilot d'un usage presque général et qui dérive de TAUemand
( S06 ) PAI>
hûvet, paysan. On le prend qaelquefoit daM le sens ds nmr-
nois, — Synonyme ; Pa^atît,
PAPAR. Enfant; (terme enfantin). Nom par lequel on désigne
il un enfant un ai^tre enfant encore plus jeune. Se dit aosai d*on
|eune homme ou d'une jeune fille qui fait des enfantillages, ou
de ceux qui, frappés d'idiotisme, sont retombés en eafanee.
-^ Etymolagie : du Latin pupms , enfant.
PAPARE (siog. masc.) Prunelle de l'œil.
PAPE COLOS. Qui se prélasse , qcii se pavane.
PAPETER r^e). Se délecter avec un bon morceau. En langue
romane , papeters\gïMe manger à lamanière des ewfànU.
PAPîN. Bouillie qu'on donne aux enfants. — Congénères :
Rouchi , papin; Franc-Comtois, popate; 'Dauphinois, papet;
Wallon , Flamand et Anglais, pap; Allebi and, poppe; Italien,
pappa. .Quoique le père Labbe dise qu*on appelle la bouillie pa-
pin , parce que c'est la nourriture des enfants qui isomroencentà
bégayer le mot papa , nous croyons que ce mot et tous ses congé-
nères dérivent du Gelto-Bretonpap , qui a le même sens.
PAPIN. Colle de farine qui ressemble à de la booiUie. —
Congénères : Bourguignon , papa; Belge ,.pape; Alleai,^jp(||)p.
PAPINEUX.' Collant, gluant.
PAPOIRE. Bavarde. — C'est une onomatopée con^pe hàba,
bavard ; ^<»o£»^â>, jaser etc. Il est à remi^^'quer que les^patt^ qui
expriment l'action des lèvres sont composés, sous des foroxesfplas
ou moins frappante8,.des labiales B,P, F et des lîqJAiflèBl/et M.
* PAPOI&ËS. C'était des ligures de dragéns et de serpents
que portaientài Amiens, à la fête du St.^acnem^nt^ dea person-
nages revêtus du cestume d'Apôtres, de Prophètes , d'Ati^i» etc.
A St.-Quentin , dit M. Lorin , ce nMmnequiu avait ^b6 i>o(H4ie
énorme, dans laquelle les dévots jettaieat toute 6orè« <)é pl^ovi-
sions , lesquelles servaient à ceux qui faisaient fno«iv<(^iV-}ei«i4fti-
PkQ ( 807 )
nequin , poiir faire bombance apirôs la prôcessroti. tf . Hécart
raconte que des usages du même genre existaient à Mons, à
Atb, à Douai et'à Valenciénneà.
PÂQUES BO ou PAQUES A fiOUIS. Dimancbe desRameaux,
Où 1*011 distribue du huis l^éniaux fidèles. Le dimanche deQua-
dimodo ^'appelait jadis close paques^ parce qu'en ce jour le temps
des pâqu^s était clos. (Noyon , 1257.) Toutes les Vêtes solennelles
s'appelaient |)(lgue«. On disait la pâques de l'Ascension^ la pâques
de la Pentecôte , la pâques de l'Epiphanie. (V. Furelière.)
PARAGE. Tous les objets dont on se sert à^'table ou dans la
cuisine et qu'on y laisse en 'étalage pour parer les murs et faire
Toir qu'on est convenablement meublé.
PAR APRÈS. Après. — De même en Fr.-Comtoiset Roman.
* PARGHONIER. Qui partage. {Amiens, xv.« siècle.)
PARCOURT. Domestique de ferme qui entre en condition au
commencement des récoltes et en sort à la fin de la moisson.
* PARDESSOUS. Vassal. (Beaumanoir.)
* PARDESSUS. Seigneur suzerain. (Beaumanoir.)
PARÉ. Bon à manger, en maturité. — De même ek Lorrain
et en Roman. — Se dit des fruits.
PARER LES POMMES.— Laisser les pommes eu ta^s pour
qu'elles s'altendrissent. — Ei^m, dii Latin |)arotu^ypréttppéyaré,
PAaËI^Ev QseiUe. sauvage. .
,PARFJ[N.(a{). Enfin. -- Du Roman par/Sn/fin derrière.
* PARFOrifD!. Profondeur^ — Voyez Avenbeur.— En Vieux-
Français, J9af/(m4 signifi«ait V extrémité d/a fond.
PARGUÈNE. Espèce de juron. — 5t/nont/me : Pardinb.
PARINAGE. Le parrain , la maraine et tous ceux qui accom-
pagnent le nouveau né , au moment du baptême. Quand fe pan-
nage «ort de l'église , les eiifans crient : parrain se (sec), miaraine
sèke (sèche) , pour qu'on leur jette des liards oti des dragées.
( 506 )
PAR
PARLAGË. Bavardage , paroles iautiles. •— De même en
Normand. — Da Vieux- Français parloge.
PARLEZ ! {tous) Allez! voyez-vous. .Expression dont on en-
trelarde souvent les phrases, dans le Yermandois.
PAR NUIT. Pendant la nnit. — De même en Vieux-Français.
PAROLER. Bavarder. — Du Latin paràbolari ; signifie aussi,*
comme en Normand, parler avec affectaUon.
PAROLI. Façon de parler , langage. — De même en Roman.
PARON. Omoplate, derrière de Tépaule.
PARPAILLOT. Homme sans religion. On sait qu'on donnait
ce nom aux Huguenots.
PARSOIE. Repas doniié aux moissonneurs à la fin de la
récolte. — Contraction de Part des Soyeux,
P ART AGEUX. Nom donné dans les campagnes à ceux qu'on
soupçonne d'opinions communistes.
PARULES (Boulonais). Bûches d'un fagot.
PAS MOINS. Néanmoins , cependant.
PASSAGAILLE. Impasse au jeu de cartes.
PASSAGÈRE (rue). Rue passante. — De même à Reims,
Caen , Langres , etc.
PASSECAT. Trou à la porte d'un grenier pour laisaeir passer
les chats. {CaU.)
PASSETTE. Passoir. — l$e même en Rouchi et Wallon.
" PASTIGH. V&tuTfk^e. {Coutumes in^tes de PUardi€.)
* PASTOUREAU. Vers l'an 1280 , une armée de 80,000 pas-
toureaux se forma en Picardie. Us disaient qu'il était réservé aux
bergers de conquérir la terre sainte. On sait quelle fat l'atroehé
de leurs désordres.
PATACLAN. Bruit d'un corps qui' tombe. —De même dans
le patois Bressan.
PATAGON. Argent monnayé. Le patacon est une ancienne
monnaie d'argent, qu'on frappait en Flandre.
PAT ( 509 )
PATAFIOLER. N'est usité que dans cette phrase : Qm le bon
Dieu vous patafiole ; c'est-à-dire que le bon Dieu tous bénisse.
Cette locution est 'toujours prise par antipbrf^se et s'adresse à
une personne dont on est mécontent.
PATAPOUFE. Homme corpulent et lourd. On y joint ordi-
nairement l'adjectif flfro*. — Synonyme: Poufe.
PATAR. Sou. Lepatar ou pater était une monnaie fictive du
Brabant, qui valait quinze deniers tournois , c'est-à-dire environ
six centimes. Le patar porte sur une de ses faces la figure de
saint Pierre. Patar est donc probablement une corruption de
peter. En 1432 ,• Jean de Luxembourg , fit forger des patars va-
lant un sou , à Noyon. C'est peut-être à cause de cela que le
Diet, de Roux avance que le patar est une monnaie d'origine
picarde. Le mot patar est encore usité dans le Brabant , le Hai-
naut , le Cambrésis , le pays de Liège , etc.
PATATRO et PATATRA (foère). Faire une chute.— Onomat.
PATELETTE. Plateau à quêter.
. PATERNER. Faire des petits. — Du L&i\jLpaUr^ père.
PATI^Boulonaia). Pâturage. — Du Roman pa«(l.
PATINER. Manier. — Manier lascivement.
«
PATOUL. Gros lourdaud , pataud. — De même en Normand
et Rouchi. — Synonymes : Paour, Pacamt.
PATOUILLER et PATROUILLER. Agiter Teau, marcher
dans la boue , dans les mares. On dit également patouiller dans
la Meuse et dans l'Orne. Vient du Vieux-Français patoueil,
hourbier, plutôt que du Grec varuv.^ fouler. — Ce mot signifie
aussi manier salement Dans ce dernier sens^ il pourrait yeair
^e pattes : toucher avec les pattes.
PATOULER. Marcher pas à pas.
PATRES {envoyer ad). Faire mourir. — Locution latine.
PATRES [mettre ad). Mener à fin , consommer-. — Loc. Ifitioe*
33.
( 510 ) PAT
PATRIEER. Manier, tàter. •— Synonymes : Patikbr*
PATROUILLER. Voyez Patodillbb.
PATUILE .(;u6ra{). Jouer auboahomme avec des morceaux
de tuile plate ou d'ardoise. G'eat probablement ce jeu qui fut dé-
fendu à Péronne , en i579, sous peine de 5 sols d'amende.
PATURER. Paître. — De même en Franc^omtois. — Du
Roman po^turer.
PAU'(yermandois). Pas, point. On emploie quelquefois cette
négation à contretemps. Ex. : Je lui ai défendu de n' pau venir.
— Signifie aussi jpour\ dans le Yermandois. — Syn. Poi, Pobkt.
* PAUMËE {tout à une). Tout à la fois. Dans quelques passages
des Cou(. du Beauv. , cette locution signifie àpleines mains.
P AUPRER. Parler , jaser. — Ne pas pauprer , ne souffler mot»
— Du Latin paraholâri.
PAURE. Pauvre. -^ De même en Gascon, Lorrain, AoQcbiet
Berricbon. — Du Celtique paur. — Synonyme : PAUTsa.
PAO RE. Poussière, poudre. — Synonyme: Pours.
PAURE DINDE. Poule dinde.
PAUYERTË. Pauvreté. — De même en Roman. — Congé-
nères : Italien , poverta ; Saxon , poverté;. Anglais , povert^,
PAUVERTËS. Se dit de la poussière, du duvet, de tous les
petits corps qui s'attachent aux habits.
* PAYAISIERS. Porteurs de |)avoû ou boucliers envoyés ao
Roi par la ville d'Amiens, en 1441.
PATELINS. Les babitans des environs de Béthune nomment
ainsi les paysans de la Flandre (de la Bassée à Douai) , à cause de
leur patois. {Comm. de M. de la Fons.)
PAYELLE ou POTELLE. Poêle à frire, poêlon. -^Cong.
Roucbi, payelle; Yaudois , paè7Ie. — Du Roman poelle , dérivé
du Latin patella.
PAYS , PAYSE. Compatriote, né dans la même pirovhïce bu
dans la même localité.
ME ( 511 )
P'GER. Fesser. — Synonyme: Vs%k.
P'CHOT (Doullens). Petit. — Voyei Piot.
PEAUTRER. Fouler aux pieds. «— En Grec, Trttrur'f Tôuler.
PECA VI. Velléité , idée, désir ou soayeoîr soudain.
PÈCUNE. Argent. — De même en Rémois et Fr.-Gomiois.^
— Étym. Du Latin pecunia.
PEIGNE. Peiné y, chagrin.
PEIME. Pomme.
PEIME ED TERRE. Haricots, (dans le canton d'Hemoy).
PEINtUREUR. Peintre. — De même en Vieux-Françafll.
PËKERET. Bateau. —Du KomsiU peicheret. — Syn. Èatû.
PËKERET. Petit ver dont on se sert poui'2>^c^ à la li^e.
PELATE. Pelure, écorce. — Synonyme : Plate, Ëgorghê.
PELINGAN (Rue). Spatule (oiseau).
PEMPHIGNON (Acheux). Espèce de roitelet, pouillot
PENA , PENO. Femme'mal propre , salope.
PENARt) (Vimeu). Canard à longue queue.
PENÉE. Lambeau , morceau.
PENEUX. Honteux, confus. — De même en Wallon, Bourg*
et Vieux-Franc. Penetiâ? a été remplacé, en Français, parpenau({,
yers Tan 1660. (Voyez le IhcU de Féraud , 1787.) Dans le Boulo-
nais , peneux , penaud signifient va nu pied , selon M. Henri ,
quidériye ce mot de pes nudus. {MS. de la BihL de M. Rigollot.)
Nous croyons qu'il vient plutôt du Latin pœnitenst qui se repent.
PENDERLOKES et PENDERLOTTES. Objets de peu de
Taleur qui pendillent, breloques. Du V. Franc, penditoehes.
PENOS. Linge dont les campagnards s'entourent les pieds en
été. — Etymologit: du Roman paniauj linge.
PENSIU. Pensif. —^ De même en Roman.
PÊPËRE. Grand'père , vieillard.
PÊPETTE. Soupe. — C'est l'onomat. de la soupe qui bône:
PERC. Parc. — De même en Roman,
33*.
( 512 ) PER
PERCHER. Percer. — De même en Vieux-Français.
PERGHEUTE. Compréhension, intelligence, perception.
PERCOT. Perche, et quelquefois, poisson en général. — Loc.
picarde: avoir des yuê de perçois ^ avoir les yeux fixes, toat
grands ouverts.
PERDITION. Perte; désespoir.
* PERDURAULE. Perpétuelle. (Jlf ormt, 1249.)
PËRETTE. Terme de mépris dont on se sert en parlant des
femmes. — C'est le diminutif féminin de Pierre.
PÉRIR LA VIE. Perdre la vie.
PERLËEER {se), sePORLËKER ou se POURLËKER. Se
lécher les lèvres, après avoir mangé quelque chose de bon.
PERLINGUER. Jouer à croix ou pile. — Voyez BBRLiMGCEa.
PERLUETTE. Mot par lequel on termine la lecture de l'al-
phabet.
* PEROT. La coutume d'Amiens, art. 119, appelle peroi un
arbre qui a deux âges de la coupe du bois. C'est un diminutif de
père, parce qu'un tel arbre est censé avoir produit un autre ar- .
bre qui a été en coupe.
PERSE.. Jeu de cartes qui ressemble au brelan.
PERSIN. Persil. — De même en Rouchi et en Roman.
PERTRIEUX. Genévrier. — Synonyme : GéNOAF.
PERTRISSOIR. Pétrin. *- Synonyme : Mou.
PERTUIS. Chas d'une aiguille. — Idem en Champenois.
PESSÉ QUE NON ! Que non i Ah bien non !
PËTARDIER. (Abbeville). Ganache.
PETIT HURLARD (Gayeux). Harle (oiseau).
PETIT RAKET (Gayeux). Castagneux (oiseau).
PËTRA. Niais. — Synonymes : NiconiâiiB , Jamin.
PËTROT (Vimeu). Bécasse temnia.
PETUIS ou mieux PETHUIS. Petite porte. C'est une con-
faction de petit huis.
PEU { 513 )
PEU , PEUGE et PEUCHE. Pouce. — Congénères : Bour^
gaignon et Franc-Comtois , peuce ; Rouchi , p'auche.
PEUGHER. Presser avec le poace. — 5yn. Paugher.
PEUGHET. Bandeau pour envelopper le pouce.
PEUGHEUX. Qui remet les fractures.
PEUNË et PËNË. Pièce de six liards fausse. — Peut-être de
Pùiny ?
PEUPLE. Peuplier. — De même en Berrichon.
PEUPRER. Parler. — Voyea Pauprbr.
PËZA (Boulonais). Paille ou tige de fôve. — Id. en Geltique.
PI AFE {foère sen). Faire ses embarras , se montrer dans tout
son beau. — J'aurai pour foère el piafe^ eine helle eulotk ed
dro. (Gbanson picarde.) — DelàPIAFFEUX.
PIAN-PIAN. Lentement y doucement. — De T Italien piano.
PIAU. Peau. — De môme en Gomtois et Roman.
PIAULARD. Pleurnicheur. — Syn, Bratbux, Bratoirb.
PIAULER. Pleurnicher.
PIGAILLONS. Argent, écus, espèces. — De même dans
les départements de l'Est. Le pieaillon est une monnaie du Pié-
mont qui vaut deux deniers.
PIGARDIE. Rabelais cite un jeu de cartes ainsi nommé à
cauBe de son origine picarde, f Gargantua. > 1. 1» chap, 22).
* PIGARDS. Espèce de clous, a.,. Un eartron de singles pi-
cards... Un cartron de doubles picards... » fMém. du marchand
de clous ^ Yalenciennes, 17tf6).
PIGHEUX. Jupon en étoffe de laine et dépourvu de manches.
PIGHEUX. Langes d'enfant , et par extension , robe de petit
enfant. ^ Etymologie : du Picard j^tcftaté, urine.
PIGHON et PISSON. Poisson. — De même à Lille, Mons,
Maubeuge, Valenciennes et en Roman. — Du Lat^n pisHs. —
Onditj)o#«on, dansrArtoisetjpmotiydans la Meuse.
{ 514 ) PIC
Ch'est ein cantant qu*o vind par botte.
Radis , ognons , poërions , navets ,
Et qu*o yoas tire ène carotte
Aveu r piefum soi-disant frais. (M. Delegorgne.)
PIGHONIËR. Marchand de poissons. — Da Kom. peychonier,
PIGHONDERIE et PISSONDERIË. Poissonnerie.
PICOT. Quelque chose de pointu , qui pique.
* PICOTINS. Nom que portaient les anciennes diligences
d'eau, à Abbeville, avant 1789.
* PIE. Ivrognerie , passion de boire, {fifbva de Picardie.)
PIE DE MER (Vimeu). Hnitrier (oiseau).
PIÉCETTE. Petite pièce de pain on de pâtisserie.
^ PIÊCHE. Depuis longtemps. (ilbbm{{e, xiy.« siècle.) 5fs^.
PiEÇA. — Contraction de pièce il y a.— Pièce vient^ de spatium,
espace de temps.
PIECHINTE. Petit sentier. — Voyez Piessintb.
PIEGNE et PIENNËE. Bouts de fil ou de laine qui restent
de la chaîne à Textrêroité d'une pièce d'étofîe.
* PIER. Boire. — Ce verbe rappelle le Grec xt&.
PIERRE FICHE. Menhir, monument celtique.
PIERROT. Moineau franc. — De même en Vieux-Français.
PIEDS DEGAUS (a). Pieds nus. — Syn. Déghaus.
PIESSINTE. Petit sentier à Tusage des piétons. Mot composé
depied^ei de sente (sentier) , dérivé du Latin semita y chemin.
m
PIËTAIN. Tumeur qui se forme dans la bifurcation deTongle
des moutons. — Etymologie : de pied.
PI£T£ [tout). Tout pur, sans aucun mélange. (Ne se dit qu'en
mauvaise pari.)
PIEU. Peau. — Se dit de Taum^sse des chanoines.
PIFE. Gros nez. — Terme populaire ; signifie aussi frimouse.
C'est encore un terme injurieux dont on qualifie les personnes
PIG ( 516 )
replettes^ grosses et joufloes. Peut-être bieB, dit M £. Do Méril,
pif signifiait-il d'abord le nez bourgeonna d'an ivrogne; eâr le
Vieux-Français pifre signifiait gourmand, et le style familier a
conservé le verbe, empi/frer, faire manger avec excès.
PIGER. Dépouiller fuelqu'ntt de son argent. — Le plumer
comme un pigeon,
PIGN£. Ajusté ^^arrangé 9 approprié.
PI JONGHAIRE. Pinçon. — Syn, Pimohairb , Pinghon .
PIKENOTE. Gbiquenaude. — De même en Rouchi.
PIEETTE. Onglée. ^ Syn, Pingbaire.
PIKETTE. Mauvais cidre. — Signifie aussi If oaillette.
PIKETTE DU JOUR. Point du jour. —Syn, Potrom Minet.
PIKIONER (Yerm.)* Dire des ohos^ piqwinUê, désagréables.
PILE. Volée de coups. — De même en Berrichon et Noroa.
— Du Vieux-Français jii{«r» broyer , écraser. — Synon. Roulbb.
PILEMANGHE(en). Habit bas, bras nûs. Cest usie eorrtip-
tion de enpwrei les manchee , c'est-à-dire, en manehes blancbes.
-^^ Synonymes : en Purette, a casaque névÊTUE.
PILËT MACREUSE (Gayeux). — Millonlnan (oiseau).
PILET NONNETTE (Saint-Valery). ^ Garot (oiseau).
PILET TANË (Gayeux). — Millouin (oiseau).
PILHIU. Barge noire (oiseau de mer).
^ILLEMIGHE (Ham).Terme d'amitié qu'ondonne aux enfants.
PILOT , PALOT ou PALETTE. Petite pelle à prendre du
feut dont se servent les fumeurs.
PIMPERNELLE. Pimprenelle (plante).
PIMPERNELLE. Jeune fiUe fort éveillée.
PIMPIGNON. aoche qui sonne rôffice>
PINAKE. Lieu mal propre et^en désordre. -^ lâ, en Rouchi.
PINGHAIRE (4IUMC.) Onglée; — Signifie auBs\ pinçon.
PINGHON. Pinçon. — De même en Norm. , Rottchî et Rom.
( 516 ) PIN
— Da Latin pincio , seloi^ Furetière. — Synonymes : PuieHAniBy
PlJOMCHAIRB.
PINDROUILLE (PoDthieo). Femme aale et négligente.
PINE C^USON. £hipeaa on ridenne (oîsean).
PINGEON. Pîgeon.— De même en Jaras., Fr. Gomt. et Retn.
PINGEONETTE. Pomme de pigeon.
PINGRE. Avare , cuistre ; bomme de rien. Terme popolaire
d'un usage général.
PINTELOT (masc.) Petite pinte. — Syn. Jâgneux.
PIONE. Pivoine. — De même en Roucbi , Lorrain et Franc-
Comtois. — Eiymologie: du Latin poBonia,
PI0NE (à Rue). Bouvreuil.
PIOT, P'TIOT, P'KOT, PQUIOT. Petit.— Du Kom. petîét,
qui dérive du Vieux-Latin petilus. — Min piot , mon enfant ;
piot à piot j peu à peu. — On dit -également piot , k Bar-!e-Duo.
PIOTER. Faire des petits. -^ Synonyme : Paterker.
PIOTET (Boulonais). Diminutif de piot. — Synon. Tiotin.
PIOULE (Soissons). Extrémité du fil qui roule autour dé l'é-
cheveau , indiquant par où l'on doit s'y prendre pour le bobiner.
— Loc. pic. / n'a mie l'pioule; il n'a pas le fil , il n'a pas le mot
de rénigme , il ne sait comment se tirer d'affaire. — Y. Pinuu
PIPER. Fumer la pipe.
PIPETTE. J?ctit oiseau.
PIP0L£;T. Renoncule jaune.
PI POSS AT (Boulonais). Musette. — Il faut rapprocber de ce
mot l'Anglais pipe (chalumeau) et pipe (jouer de la flûte) ; le
Hollandais pyp (sifflet^ flûte); l'Allemand pfeifé (sifflet, fifre);
le Vieil-Haut- Allem. p^ijTa ffistula, tihia, calamusj ; Y Aji^o-
Saxon pipf pipe; le Vieux-Saxon pifa, pife; l'IslandaÎB pipa,
— Telles sont les origines d'où déri-vent le mot français f^ipea^
et le picard inppi^at. — (Noie de M. A. BreuiLJ
PIQ ( 517 )
* 'PIQUARS. C'est ainsi qa'était orthographié ce nom , vers,
la fin du xiii.« siècle : François » Piquars et ChampenaU. (Gail-
laume Gaiart , les royaux lignages).
PIROU , PIROT. Oie.— Congénères : Poit. et Ang;,|Krot.—
A Rennes , pireite, — Da Gelt. pirou. La pirette^ à Cherbourg ,
est la femelle da dindon ; à Rouen , la piroUe est roie<*femelle.
PIROUËNE. Cousin (insecte).
PISSATIER. Robe d'enfant. L'étymologie est facile à deviner.
PI SS ATI S. Même sens. — ^Règl. des enfants trouvés d'Amiens
de i7S6j
•PISSIEUX, PISSIOT. Lâche^ poltron. ^Synon. PLECTas.
PITHUIS. Petite porte percée dans une pins grande. C'est
une syncope de petit huis.
PIULE, PIOLE, VIOVLE {jeter à V). Mettre au pillage,
disperser.
PL AC&E. Place.. — De même en Rouchi et Roman.
PLACOIR. Instrument dont on se sert pour plaquer.-^On dit
placotf en Artois.
PLACU. Cellier.
PLAIE. Plie. Les femmes qui colportent ce poisson erient ,
qu'est^che qui vut des hoines plates ?
PLAISI {au). Au revoir, c'est-à-dire au plaisir de vous revoir.
PLAKE. Cellier. — Synonyme : Plagu.
PLARËE. Large éclaboussure.
PL AKER {se). Se crotter. -n- Syn. Sb Baudblsr.
"" PLAMUSE ou PLAMUSSE. Coup du plat de la main sur le
muse, figure. Cotgrave écrit plameuse ; pUmuse appartient
également au FrançTComtois , au Rouchi et à la langue romane.
PLAMUSER. Souffleter. -^Syn. Gifler, Bobnifiker.
PLANCON. Sorte.de pieu.
PLANKE. Planche. — De même en Roman. — Congénères :
Rouchi et Normand, planke; Langued., planco; Allemand,
{ 5J8 ) PLA
planke ; Anglais ^plan^.—- Etymologie : du Latin planca, on du
Celtique planft.
PLANKËTTE. Petite planche. — De même en Roman. —
Une rue d'Abbeville portç ce nom , parce qu*on passait sot des
planches , d'une maison à une autre ^ à une époque, où elle était
fréquemment couverte d'eau. (M. Praron y Les rues d^Âbhev.)
* PLANTE {à). En abondance. — On sait que le rtfraia d^ la
prose de Vâne,- à fieauvais , se terminait par ces mota :
Vous aurez du foin assez
El de ravoine à planté.
(Yoyez ma notice sur la fête de Vâne, au mof^n^e,)
Le moi pUnty^ abondance, est resté dans la langoe anglaise qui
Ta reçu probablement des Normands. Notre motjilanWpeut Teiiir
du Latin pleniUu ou pîenitudo,
PLATE ou PELATE. Pelure , écorce.
PLATELÊE. Contenu d*un plat. — De même en Romaiw
PLAT FIU. Lourdaud qui agit d'une manière plâte et gros-
sière. — Littéralement , plat garçon.
PLATUILE. Tuile plate dont se servent les enfans pour jouer
à clocèe pied*
PLATREE. Contenu d'un plat. — Syn. Plateléb.
PLAYER et PLIER. Plie, poisson de nrar. — Synon. Plaie.
PLEIN {tout). Beaucoup. — Expression empruntée aux me-
sures de capacité et qu'on trouve aussi dans le patois da Jura.
PLËME et PLËNE. Plane (outil).
PLESSIER , PLESSIS. Bois, taillis; sentier de bois. —Du
Bas-Latin plessiacum , parc entouré de haies.
PLET. Poil ; cheveu; petite tige de graminée, et par eitensioa,
un brin , un rien.
PLET NONETTE (St.-Valery). Garot (oiseau).
PLEUMER. Peler t écorcer. •— Synon. Plater, Ëgoghbh.
PLEUTRE. Poltron. ~ Terme populaire généralement usité.
PLE ( 519 )
PLEUVE. Ploie. — Congénères : liàVien ^ plovia; Roman,
ploève. — Etym. du Latin pluvia. — Synon, Aurés , ÀQDEHéB.
PLEUVOTER. Pleuvoir finement, à petites gouttes.
* PLEUVINE. Assurance» cautionnement; fiançailles. —
Vient du Roman pleiger , engager.
PLI (masc). Levée de cartes. — Id. en Vaud. et en H.-Bret.
PLICHER. Plier; céder, reculer.
PLOMARD (Artois). Plongeon.
* PLOMB. Jeu auquel il fut défendu de se livrer , pendant
l'office , à Béthune , en 1579. (M. de la Fons.)
PLONGADE et PLONGARDE. Courbette, révérence trôs-
humble.
PLONKER. Plonger , tremper. — Signifie aussi ployer sous
un fardeau.
PLOUTRE. Rouloir, instrument aratoire pour écraser les
glèbes. — De même en Roman. — L'Anglais plough , T Allem.
pflug ^ le Vieil-Haut- Allemand ploh^ l'Islandais plôgr^ ont la
même signification. — Syn. Ploutoir, Pourtrouèrb, Pboctoèee.
• PLOUTRER. Passer un cylindre sur la terre pour écraser les
glèbes. — Au figuré f rouer de coups.
PLOUVRÈ (Vimeu). Hirondelle de mer. — Synon. Privarbt.
PLOVAGHER. Petit baquet dans lequel on pétrit le pain.
PLOYON. Bâton pliant dont on se sert pour couvrir les toits
en chaume. On désigne aussi , par là , le bâton de la charrue qui
maintient le contre dans la position où on Ta voulu fixer par rap-
port à l'un ou à l'autre côté du fer. '
* PLUREX. Plusieurs. /^iJuc, xiv.» siècle).
PLUXINER. Bruiner. Synonyme: Pleuyotbr, Brocillassbr.
PLUXFNER. Manger sans appétit ; manger peu et à petits
morceaux.
POCAGE. Quête.
POCHÉ {avoir le c<Bur), Être triste.
( 520 ) POC
POCHER. Tâter on fruit (avec \e pouce). — Syn, Peugher.
POCHIE. Contena d'une poche.
* POGHONE. Burette. — Il y avait une mesure de vin qu'on
appelait poichon, en Vieux-Français.
* POERTË. Vaissance. {'Ancien Coutumierd^AhheviÙeJ.
POGNE (sing. fém.) Poignet , main. — De meuve en Juras-
sin et Rouchi. — Du Latin pugnus. Il signifie étreinte^ au figuré.
POI. Pas. — Synonymes : Pos, Poent, Mie.
POILU. Velu , qui a despoiU.
POIN. Pain. — Voyez Pan.
POINE. Peine. — De* même en Champenois, Rouchi, Ro-
man et Bas-Breton.
POINTELETTE. Petite pointe.
POIRES (sing: fém.) Pendants d'oreilles. Poireani^ avait le
même sens en Roman.
POIRES BLETTES ! [des). Exclamation par laquelle on té-
moigne ne pas ajouter foi à ce qu'on entend dire.
POIRIETTE. Fruit de l'épine blanche.
POIRION. Poireau. — En Rouchi. et en V. Franc, porion.
POISER. Peser; comme en Roman. — En F. Comt. poUie,
POISLE. Manteau. — De même en Roman.
POISON. Femme méchante , malpropre; le Français employé
p6«te,dans la même signification; au masculin, il signifie tnaiivaûe
odeur. Dans le sens de lienin , il s'employe au féminin. Il en était
de même dans le vieux langage français, et même au xvii.'s.
Malherbe dit : d'ot)( s* est coulée en moi cette lâche poison.
* POIX DE CHUCRE. Dragée.
POKE A POKE. Peu à peu. — De l'Italien |)oco a jpoeo.
POLAKE. Sale, ordurier, dégoûtant. Polàk est le nom qu'on
donne aux Polonais, en plusieurs langues. Leur nom a servi à
désigner la malpropreté, parce que jadis ils y étaient enclins.
POLICHOIR (Artois). Fera repasser.— De même en Roman<
POL ( 531 )
POMELOT. Frait du pommier sauvage.
POMËLOTIER. Pommier sauf âge.
POMONS. Ce qui reste dea pommes ^ le jus exprimé.
POMONIQUE. Poitrinaire.
POMPETTE. (Subst.) Nœud de rubans.
POMPETTE. (Adj.) Légèrement ivre.
PONDOËRE. Poule qui pond abondamment ; femme qui a
beaucoup d'enfants.
PONOËRE. Sorte de jeu de boule. Chaque joueur, à stfn tour,
roule une boule pour la loger dans un des neuf trous d*un qu$i->
drille creusé en terre dont chacun a une valeur différente.
POPOTE. (Adj. fém.) Bigote , minutieuse dans ses dévotions.
POR. Pour. — De même en Espagnol et Roman. — Syn. Pau.
PORCHER. Gardeur de porcs. — De même en Roman.
PORCHEU. Pourceau. — De même en Roman.
PORCHIN* Petit sentier. — Synonymes : Pibghimte, Yotbttb.
PORGEON ou PORGERON. Poireau, dans le double sens de
verme et de légume, M. Crapelet a eu raison de faire remarquer
que les Picards ont toujours eu beaucoup de goût pour les taries
àpargeon» {Dictons pcpulaires ^ p. 110.)
PORION, PORIAU. Même signification que le précédent.
— Du Celtique porrua ? — On disait porton, en Vieux-Français.
PORKERIE. Ëtable de porcs. — Par extension , lieu sale.
PORLËKER. Lécher; embrasser. — Synon. PouRLécHBR.
PORLËKER {se). Se lécher les lèvres après avoir mangé
quelque chose de bon. — Syn, sb PBRLéKSR.
PORSUIRE. Poursuivre. — Comme en Roman.
PpRTEUX et PORTE AU SAC. Portefaix.
POSTIRER. Harceler, poursuivre.
POSTUREUX. Maniéré, grimacier , fat.
POT (}u def. Jeu de billes ; on les jette dans des trous nommés
pots, ^
{ 522 ) POT
POT AU FU. Gaeuz , pot de texte dont on Be sert en guise de
chaufferette. — Synonymes : Cotrré, Gôvé.
POT DE GAMBE.PiacednmiliendanslejtQdesqnatMCûins.
POTEAU. Personne niaise « sans intelligence. — Syn: : Btau.
POTËE. Contenu d'un ]>ot. — Grande quantité.
POTIÈRE. Étagère de taisselle. — De même en Lortâîn.
POTIÈRE. Synonyme de MéxiMETTs. Voyez ce mot.
POTRON ou PATRON MINETTE (dès V). Au point du jonr.
— EtymologiCf du Roman po(i*on, petit des animaux, et Niiitel,
chat. Se lever dès le potron minet , c'est se leyek^ aussitôt que les
petits chatSf qui font de grand matin la*chasse aux souris.
Drès patron minette il étouait
Qal relukouait no fernète. (Départ de LiliJ)
On dit aussi, comme dans le Berry et la Normandie, se lever àèi
le potron jacqv^et. a Peut-être ^ dit M. Du Méril, cettie locution
vient-elle de St. '•Jacques, le patron des «toyageurs qiji» pen-
dant le Moyen-àge, étaient pour la plupart des pèlerins. Cette
expression pourrait venir aussi de récureuil^ en Patois jeufuHf
qui passe pour le plus vif des animaux et par oonaéquent ponr.le
premier éveillé. » (DicHonnaire du Patois Normand tyaig^.ifê,)
POUAGRE et POUAQUE. Sale. -- De même en rFnmc-
Comtois et Roman. — On dit pouaque , dans le Berry.
POUANT. Fat, faiseur d'embarras. — Etym. du Fiwç», INêer.
PQUECHER. Paitre.
POUFFE. Homme gros et replets — Synonyme : Pavaixop*!.
POUFIGNON. Pouillot (ois.). — V. Pbmphignoï*.
POUILLU. Thym*-^ Du Roman polienl. - ■ ■ ■
POULENÈE. Fiente de poule.
POU LOT. Nom d'amitié donné aux enfans. --. Dtf heÀjfeUUu,
employé par Ek>vace, i. I, «at. 3, V. 40.)
POU RAS AINE. Poix , résine. — En Langued. parouzina.
PQtf . ( 52S )
POURGÂGHER. Pourchasser. — De même en Eoman. —
Dans le Boulonais, ce mot signifie mendltfr.
POURDBNEÀU (Béthoiie)i Dméon, poule-dinde.
POURE. Paotre. —De méra« en Vleax-Français. — En An-
glais , pocr. — Synonymes : Pauhb, Potvr.
POURE. Pondre, poussière.--- Id* en Bor., Fr.-Gomt. et Rôm.
POUREGET. Porte à toiture de chaume, à rentrée des jardins.
POUREIIENT QUE. Pourvu que , lorsque » dès que.
POURERw Faire de la poussière.
POURETTE. Poussière. Être en pourette ^ ètrt en grand né*
toyage , en cuisine. — Synonymes : Pàurb , Pourje.
POU RPËNSËR. Réfléchir. — Du Latin pensare , peser.
POURPRINS. Enclos. — Du Roman |)ourpr2^«
POURSUIRE. Poursuivre. — De méine en Rouçbi, Berricb.
*et Vieux-Français. — Synonymes : Suibe, Porsuirb.
POURTRER. Passer le pour trouvé dans un champ, pour en
brider les moites. — Synonyme : Ploutrer.
POURTROUÈRE. Rouleau. — Voyez Ploutre.
POUSSâKER. Pousser. — Synonyme: Poussâillbr.
POUTRE. Jument vierge. — Du Bas-Latin putreUa.
POYELLE. Poêle à frire. — Voyez Patelle.
POTTER. Payer. — De même en Roman.
* PRAIEL. Herbe. {Coût notoires de Pic)
PR AINSE. Grosse , enceinte. — Du Roman prain.
PRANGËRE, PRANGIÈRË ou PRANGÈLE. Sieste, méri-
dienne , repas ou récréation qu'on prend après le repas de midi.
Quand les abeilles sortent de leur ruche en grand nombre , au
momeùt de la chaleur, on dit qu'elles prangellent , parce qu'elles
paraissent prendre leur récréation et faire une promenade dîges-
tive. — Etymologie : du Latin prandium gerere , digérer le diner.
PRAYÈRE. Prière. — De même en Franc-Cômtoîs. — En
Anglais , prayers. *— Du Roman praiers.
( 624 ) PRÉ
PRËGHEUX. Prédicateur.
PRËGHOUAIRE. Chaire. — iSynott. Ëoruo&oib.
PREMIER (adverbe). Premièrement y d'abord.— V. PRumfiR.
' PREMIER QUE (au). Aussitôt qae , à l'instant qae.
PRÊTRE. Fusain (arbrisseau). — Voyez Caprunotus.
PREUME ou PRÊME (au). A VinsUnt , tont à l'heure ; d'a-
bord ; au proche ; seulement. — Cangéh. Ronchi et Romao , au
preume (récemment); Lunéville, au preume (seulement) ; Rom.,
préme (au proche) ; primes (auparavant) ; au pruime (poor la pre-
mière fois). — Etym, du Latin primo , d'abord.
PREUYENNE. Quantité de grain nécessaire an cheval ou
autre bête de travail ; contenu de la mesure appelée provendier,
PRIÉ. Place publique.
PRIER LE BON JOUR. Souhaiter le bonjour.
PRINAGE. Contraction de pèlerinage,
PRINDE. Prendre. — De même en Roman. — Au participe,
prins , prinse,
PRIYARET ou PRIYERET (S^-Valery). Hirondelle 4)e mer.
PRIVER. Apprivoiser.
PROLEUX. Bavard. — Du Latin paràbolari^ parler.
PROMPT ! Alerte ! allons ! vite !— De même-en V. Français.
PRONE. Prune. — De même en Rouchi et Roman.
PRONËE. Confiture de prunes qu'on fait d'ordinaire aveo des
craifinchonê.
PROUTOËRE. Rouleau. — Synonymee : Plqutrb, Rouu>ib.
PROVENDIER. Mesure d'avoine ou de fourrage.
PROVER. Prouver ; comme en Roman.— En Angl. prove^-^
Etym. du Latin prohare,
PRULE. Présure.
PRUMIER (adverbe). Premièrement, d'abord. On continue
rénumération, en disant : deuxième, troisième, etc.
PSE { S«5 ) ,
PSER. Fouetter. — Synonyme : Pcer.
PTIOT. Petit.— Idem en Ronchi et F. Comt. — Voyez Pjot.
PUANT. Eperlan (poisson). — Signifie aussi , fat, glorieux.
* PUCHAIN. Prochain /"Roye, 1332^.
PU€H£. Pace.-^ De même en Roman.
PUGH£ (adverbe). Plus. — Synonyme : Pus.
. PUÇmPJ. Puits. — comme on RomaVi.
PUGHEOIR, Puisoin-r-De même en Roman.
PUGHER. Puiser^ épuiser.--^ Do même en Roman.
PUGHOT. Petit amas d'eau. — Synonymf : Flaque.
PUIGNIE. Poignée. — De même en Roman.
PUISSANT. Gros e; gras.— De même e« Ghampenoîs,
* PUITS D'AMOUR, Nom qu'on donnait, au ^vi.f siècle, à la
fête de l'lmm%«ulée Goncept^on qi^'on célébrait, dans la Picardie,
* par des repas , des poésies , des jeux et des loystères.
PURE. Puits. — Synonyme: Pughe.
PURETTE (en). Habit bas, bras nus. Un homme est en pu-
rette, quand il s'est dépouillé de soa habit, et une femme, quand
elle n'a qu'un simple corset et un jupon sans mancbea. Gette ex-
pression est égalemeat usitée à Metz , Rh^ms , Yalençiennes ,
etc. — Synonymes : {)n pcabb les manches , Ev viléhanchb. On
trouve, daa9 le 9x)inan de Ham, en pur les m>anàhes pour le chef
découvert,
PUS. Pins. — De même en Lorrain et Roman. — Syn. : Pughe.
PUI^AU (Artois). Egout du fumier.
PUTER. Percer. '— Synonyme : percher.
PUVëRË (Gayeux). Hirondelle de mer. — Synon. PRifAftBT>
VYE (jeu de). Voyez Mahon.
34.
in
( 526 ) QEV
Q
Nous avons remplacé cette lettre par le K^ chaque fois que
rétymologie nous Ta pecmis.
* QEV AGE. Droit de 12 deniers parisis, selon la coxitome de
Péronne, Montdidier et Roye, pour chaque ch«f marié qui est
bâtard. On l'appelait aussi c/ie^{en«. (MS. de D. Grenier).
QUAND (en). En même temps que. '
QUAND JOU ? Quand est-ce ?
QUAND QUE. Quand , lorsque. — Syn. Qûat, Quâind.
QUANT ET QUANT. Alors; en même temps; ensemble; de
même qùe».^^De même en Berrichon et Vieux-Français. Jacquë»
Grévio , poète Beauvaisien , emploie afec bonheur cette éner-
gique expression :
Quand on dira : César fut mattre de l'empiré ,
Qa*on>8ache quant et quant Brute le fit occire.
Quand on dira : César fut premier empereur,
Qu*on dise quant et quant : Brute en fut le vainqueur.
* QUARESMAUX. Carême. {AUeville, xv.« siècle.)
* QUARTAINE. Fièvre quarte. (Coutumes de IT^oicvAû.)
QUARTIER. Sarcelle d'été. — Synonyme : Crèpb.
QUASIMENT. Presque. — De même en Champenois, Lor-
rain et Roman. — Du Latin quasi,
-QU AT. Quand , quant. — Synonymes : Quaind, Quandque.
QUATERLINGUES. Babillàrde. — Du Latin quatuor Un-
guœ , quatre langues. — Synonymes : L anguardeuse , Jacasse.
QUATIR. Se cacher, se blolir. — De même en Roman.
QU ATRABEUSE. Jeu de Colin-Maillard. {Histoire littéraire
d'Amiens, par le P. Daire, p. 325.)
QUE ( 527 )
QUËNE. Chêne. — De quercuê (chêne) ,• par la filiation sai-
yante : quemus (de chêne) , querne^ quBâne^ quéne.
QUENOTTE. Dent d'enfant. — De même en Normand. — Du
Romsin quenne, dent, ou de l'Islandais henni, mâchoire.
* QUERIBOIRY. Charivari. {Log. de gens d'armes,)
QUÉRIR et QUËRE. Chercher. Il avait aussi autrefois le
sgas de souhaiter. (Cart. d'Am.^ 1463.) — Il se conjuguait de la
sorte: je quiers , que je quiers , je quis , je querrai, quérant,
quis. Le Français moderne n'a conserve que l'infinitif gii^r. —
Cong. Frano-Comt. et Vieux-Franc., querre; Bourg, et V. Cat. ,
quérir ; Jurass. , quéri ; Espag. et PoTtug. , qnerer. — Et^m. du
Latin quairere,
* QVEROYE {la grande). On nommait ainsi une procession
qti^on faisait, dans une épaisse forêt située près d'Ay, dans le but
de célébrer uùe messe , près d'une croix dite Chipotet. M. de
Cayrol s'arrête, pour le mot queroie , au sens de l'expression
quère , chercher, et traduit chipotet par temple de la forêt. Il
voit, dans cette cérémonie chrétienne, un souvenir de la recher-
che du ^ut chez les Celtes. (Voyez Mém, des Ant. de Pic. ^ t. vu,
Rapport de M. J. Garnier.)
QUERTË. Cherté.— Du Roman quierté,
* QUESTEL. Trône.
QUEUE LEUP LEUP {à la). Se dit des enfants qui courrent
Tun derrière l'autre en se tenant par les habits.
QUEUE DE LEUP. Bouillon blanc (plante). — A DouUens ,
la veille de la fête de Milly , les enfants courrent dans les rues
avec des tiges de bouillon blanc trempées dans l'huile et allumées
ensuite. On cherche {e saint ; puis quand on l'a trouvé , on le
chasse à coups de fouet. Cette fête , dont l'origine est inconnue,'
s'appelle soirée des queues de leup. fComm. de M. Demarsy).
QUEUETTE. Nuque, petite queue. Etym, du Franc. Queue.
34*.
#;
."È-.
m
( 528 ] QUE
QUËUKER. Tromper. — V-oyez Kruker^ .
QUEUSSE. Pierre à aiguiser. — Eu Vieux-Français , queue,
— Signifie aussi l'étui en bois que les faucheurs attachent der-
rière eux y au moyen d'une ceinture , et dans lequel iU mettent
leur pierre à faulx , qui souvent trempe dans un peu d'eau.
QUEUSSÉ (Abbeville). Repassé.
QUI. S'emploie quelquefois pour dont^ duquel , avec lequel »
au moyen duquel,
QUIGNIE. Goignée.— De même en Roman.
QUIGNON. Gros morceau de pain. -De même en Roman.
* QUIGNOT. Autrefois le magister de l'église de Bray
choisissait, la veille de Noël , à matines , un de ses écoliers, pour
chanter la principale leçon de TofQce du jour et présenter le
^ttt^not. G'était une espèce de gâteau qu'on distribuait aux fi-
dèles, lorsque le magister avait levé l'écolier en l'air et lui avait '
fait crier trois fois : Noël, f Lettres sur le département de la
Somme , par M. Dusevel , p. 151). — Voyez Ccgnot.
* QUINT. Cinquième denier du prix de la ventje dû au sei-
gneur par le vendeur ou l'acheteur ou tous deux par moitié.
QUINTAINE. La quintaine est une sorte de mannequin armé
d'un bâton. Il est placé sur un poteau tournant sur un ptTot. Les
joueurs doivent le frapper au front ou au centre da corps. S'ils
manquent leur coup, la figure grotesque tourne sur son p^vot et
frappe de son bâton le joueur maladroit. Plusieurs chartes du
PontUieu sont datées du dimar^che de la quintaine (l.^>^ dimanche
de carême). Voyez un article de M. Ch. Vaquette dan^ le tome 2.*
^e^Ârch. de Pic, et le t/raitéde$ tournois du P. Ménétrier, p. 264.
QUINTEUX. Fier, irascible.
QUIOT. Petit. — Voyez Piot.
QUITE. Quelque. — Quites uns , quelques-uns.
QUOI. Tranquille. — Etymologie : de quiet^s. Voyez Coi.
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QUO ( 5à9 ).
QUOU ANE. Bête; poltron. — De même dans rarrondissement
de Caen. — Do Vieux-Français quoyon. (V. Roquefort, tome xi.
page 424.)
* QUORE. Loi. — De la corman, homme Me loi.
R
R. Cette lettre dans la composition des mots exprime souvent
le bruit et le mouvement. Exemple : Rabukbr, râglée, rade ,
RAGACHER , RAINGER , RAHEDRE^ RANDONER , RANVRLUKER , RAMA-
OER, RAHOULER , S'CRALER, RBINDEINE, ROUTELLB, RUTELBR, etC.
RABAT. Tablette de chambranle.
RABÊTIR. Abrutir, rendre stupide. — Devenir plus stapide.
— De même en Fr.-Gomtois.
RABIBOCHER {se). Se refaire au jeu, regagner ce qu'on avait
perdu. — Synonymes: Se remplumer, se rahigher.
RABIËR. Enrager. — Voyez Arrabier.
RABISTOKER. Raccommoder de vieux habits, de vieux
meubles. — De même à Maubeuge. — Synonyme : Rafistoler.
RABOBINER. Répéter, raconter, rabâcher. — Syn, Ra-
BOUCHER, RaGUSIER.
RABOTE. Bomme entourée de pâte.
RABOURER. Labourer.
RABUKER. Frapper, hsurter. — Voyez Bckbr.
* RAC. Droit particulier à la terre de Picquigny.
RACACHER. A beaucoup de significations diverses: rame-
ner; renvoyer ; faire rentrer les bestiaux dans l'étable; repousser
la balle au jeu de paume ; pousser devant soi ; s'excuser en dissi-
mulant; répéter à satiété la même chose, etc. ; vient du Latin re-
eolligere^ recueillir, pour plusieurs de ces sens.
RACAFEUDER. Raccommoder tant bien que mal.
.( 530 ) RAe
RAGAFROGNË^ Renfrogné. — Syn. Raorani , Mourvache^
RAGAHUTER (se). Se dit du temps qui s'obscurcit, alors qaç
le soleil semble vouloir rentrer dans sa cahute:
RACAILLETTE. Se dit d'une petite fille biei^ gentille , éyeiU
\ée et bien portante. — Synonyme : Rétue.
RAGATER. Racheter. — De même en Roman..
R AGGOLER. Garesser. — Du Rom. accoler, — Syn, Afflater.
RAGGROG. Lendemain ou octave d'une fête. — De même en
Normand. — Synonyme: Rebond.
RAGHAINE. Racine. — De même en Roman.
RAGHEL. Femme parcimonieuse, avare.
RAGHEMER (Béthune). Saluer. — On dit d'un vieux garçon
qu'il rachemera St.-Nicolas.
RAGLÉE. Volée de coups de bâton. — Terme populaire d'un
usage général, qui vient du Latin haculum^ bâton. Syn/£ atovle,
RAGLEUX DE BOYAUX. Mauvais joueur de violon.
RAGLIGHER. Se réconcilier avec quelqu'un. — Syn, se Râ-
MICHER.
RAGUSIER. Dire, redire; accuser, dénoncer.
RADE. Raide , fier. — Etym. du Latin rigidus,
RADE (adverbe). Vite. — De même en Rouchi et Roman. —
Tallonais ein mollet rade, (Xstron, pic, , 1841.) — Etymoîogie:
peut-être de l'Anglais ready , promptement. — Syn, Habile.
R ADI ABLER. Racommoder tant bien que mal. — Synonymes:
RÂGAFEUDER, RaFISTOLER.
RADOS. Ge qui met à l'abri soit du vent , soit de la pluie on
du froid. -^ Do Geltique rad , abri.
RAFALE. Tombé dans l'indigence. — Synonyme : en DéBniB.
RAFINEUX. Mailln, habile. — Synonyme: Renar^.
RAFISTOLER. Raccommoder. — De même en Langoed. ,
en Franche-Gomté et beaucoup d'autres «provinces. SerafistoUr
signifie s'agencer, réparer le désordre de sya toilette, serbubiUer,
RAF ( 531 )
*— Du Vieux-Français, afistoler. — Synonyme : Hacafecder.
RAFLÉE. Grande quantité. -^ Synon, GRONéB, Tapée.
RAFOURER. Donner à manger aux bestiaux. — Etymologie :
du Français fourage.
. RAFULER. Coiffer. — Voyez Afuler.
RAFUTER. Affûter une scie.
RAGALIR. Rendre uni , égal. — Voyez Aoalir.
RAGER. Être fort en colère. — De même en Champenois.
RAGNE. Grenouille. — Voyez Raine.
RAGOTER. Murmurer contre quelqu'un. — Id. en Rémois.
RAGOTS {faire des). Faire des bavardages y des rapports ;
lerme populaire. — Synonymes: Ragoter, Jacasser.
RAGRANI. Rechigné, raccorni. — Synonyme : Ragafrooné.
R AGUINCHER {se). Réparer le désordre de sa toilette, s'ha-
biller mieux. — Synonymes : Se rafistoler, s'aguingher.
RAGUISER et RAGUISIER. Aiguiser.
RAI (je). Présent de l'indicatif du verbe ravoir. Je rai , tu ros ,
iro , os r avons , os ravez , is ront ouis r avaient,
RAIME. Branche d'arbre, ramée.^-En Franc-Comtois, raim,
, — Etymologie : du Latin ramus.
RAIN. Lisière d'un bois. — De même dans la Meuse et en
Vieux-Français. — Synonymes : Rain, Maoière.
RAINCÉE. Pluie. — Volée de coups.
RAINCER. Donner des coups. — De même en Vieux-Franc.
RAINE, RANE, RAIGNE. Grenouille. — Con^. Franc-
Comt. , Rouchi ,■ Lorrain , Rémois et Vieux-Français , raine ;
Ital. et Espag. rana, ir parait qu'on prononçait autrefois royne :
car on lit dans Mathieu Boutiguy : Royne en Picard ou grenouille
en François, Il y avait jadis, à Abbeville, une rue nommée Can-
iëraine. Elle empruntait ce nom , dit M. Lonandre , de sa situa-
tion dans un lieu marécageux, d'où l'on entendait canter les rai^
nés, =Etym, du Latin rana ou du Celtique ran , d'après Bullet,
( 530 ) RAG
RACAFROGNÉ. Renfrogné. — Syn. F ^^'
RACAIIUTER(5e). Se dit du temps =
le soleil semble vouloir rentrer dans p om . ,
RACAILLETTE. Sediid'une 'P^"^®'
ito-Gal-
lée et bien portante. —Synony^ '
RACATER. Racheter. —
RACCOLER. Caresser.-
RACCROC. Lendem- ^"- "" ^~ '^^''^'
Normand. ^Synany ^ ^«*^ ''^"^^^^ '''^''
RArHAlNE P .^elt. ra^ia , eau bourbeuse.
RAGHEL. F*^ .nême en Lillois , Rouchi , Flamand
RAGHEU^ " ^^o^^'^^op^^ ^^ retrouTe dans le Gbaldéen
qu'iXraehew ^rcnracaq.
RAGL'' ^ tJayeux]. Gastagneux (oiseau). A Saint-Valerv , on
usage 'y'-tf/o ûUJ!)«f^^-plon</con.
jl ^/^^^ffdouôlc). Nom du plongeon, à Saint-Valery.
^V^UX. Boueux , bourbeux.
j^/LLON. Gros crachat.
-^SILLONNER. Gracher souvent.
|{ALLER {s'en). S'en aller, s'en retourner. — Syn, S'éraler.
JIAMAGER. Grommeler, murmurer. — De même en Rouchi
et Lorrain. — Synonymes : Digomer, Mourkagher.
RAMBOURG A SEPT COTES. Pomme calville.
RAMEMBRER. Se souvenir. -- De même en Roman. — En
Auglais, remember. — Syn, se Rakkntevoir, Rapbinser.
R AMENTEVOIR. Rappeler à la mémoire , faire ressouvenir.
— De même en Roman. — Au participe passé, ramentu, — Régnier
Des Marais, eu 1706 , disait dans sa grammaire ^ qu'il y avait
longtemps que ce mot n'était plus d'aucun usage. Nous le ren-
controns pourtant encore dans Bcrtaud , Malleville, Molière,
Malherbe, etc.
RâM ( 533 )
La terreur des choses pmté&s
A leurs yeux se ramenlcTant. (Malherbe» Ode wr Henri IV)*
No^ramentevoDs rien et réparons Toffeu/te. (Le 4épit atmmretix).
Etymologie : de re-mente - videre (revoir par V esprit),
RAMËULER, RAMOLËR^ RAMOULER. Émoudre, aigpi-
ser. — En Franc-Comtois , ramoulcr. — Au participe passé, .on
dit indifféremment ramoltf et ramolu. ^Synonyme: RAmEURB.
RAMEULEUX. Rémouleur.
RAMEURRE. Aiguiser sur une meule. -^Syn. Rauoler.
RAMEURRE. Battre de manière à couvrir de blessures.
RAMIGHER <^e). Regagner aujeii ce qu'on avait perdu. 7-
Signifie aussi , se réconcilier avec quelqu'un, -
RAMIOULER. Adoucir par des caresses.— 5yfi. : Avidouler
RAMON. Balai.— De même en Rémois, Rouchi et Fr.-Comt.
« Allons en Picardie, dit Barbazan, nous^ entendrons appeler un
balai un ramona parce qu'il vient de ramus ^ petite branche. »
RAMONAT. Savoyard, ramoneur de cheminée. — De même
à Bâr-le-Duc. -^ Vient du mot précédent.
RAMONGHELER. Écraser de coups.
RAMONGHELER {se). Se cacher les mains sous les aisselles
et rentrer la tête entre les épaules; se replier sur «oi-inême",
quand on est couché, pour avoir moins froid. — Du Roman ra-
moncher , àiettre en tas. — Synonyme : S'auoncheler.
RAMONGHER. Mettre en tas. — De même en Roman.
RAMONNER. N'a, en Français , que le sens de halcfiyer Mne
cheminée. En Picard, il signifie balayer^ dans un sens plus généra),
et par métaphore, donner des coups de balai j rosser.
R AMONNETTE. Petit balai. — Synonyme : BALiETte.
RAMONNIER. Ramasseur ^e boue, de balayures.
R A MONNURES. Balayures. "
UAN. Bélier. — 14, en Rom. — Con^. V. -H.- Allem., Saxon jet
Angl., ram; AU., ramm^L—En Isljind, ramr signifie /i)H,t*o&tiJr<^*
( 534 ) RAN
RANCART (mette au). Mettre au rebut , h l'écart. — De même
à Bar-le-Duc. — Synonyme : Gafutkr.
RANCUNE £D' PRÊTE (Soissons). Étoffe de laine très-solide.
L'épigramme de cette étymologie est facile à saisir.
RANDIR. Rôder , qller et venir dans un endroit, pour venir à
bout de quelque chose.
RANDONÊE. Volée de coups. — Synonyme: Racl^b.
RANDONER. Donner des coups. — De même en Roman.*
RANDONER. Courir. — Faire du bruit en s'empressant', en
rangeant. — Idem en Rora. — Voy. Du Cange, au root Randum.
RANDONNAGES (au pt.) Allées et venues, bruit en rangeant.
RANE. Grenouille. — Voyez Raine.
RANKILLE. Chèvre-feuille. — De T Allemand ranken , qui
(clésigne ces filaments roulés , tortillés , an moyen desquels cer-
taines plantes s'attachent à d'autres corps.
RANVELUKER. Battre; faire du bruit; dire des imperti-
nences.
RAPAREILLER. Assortir. — Synonyme: Aparier.
RAPEINSER. Se souvenir. — Synonyme : sb Ramentevoir.
RAPAPfLLOTER («e). Améliorer ses affaires; littéralement
raccommoder ses papillottes. -r-De même dans le patois de l'ar-
rondissement de Mortagne. — Synon, se Remplumer.
RAPAPINER. Donner du papin (bouillie) à un enfant.
RAPATAFIOLER. — Voyez Patafioler.
RÀPINEUX. Voleur, filou. —De même en Ronchi. — J^ly-
mologie : du Latin rapinator.
RAPOË. Rassasié. — Du Roman rapou^, qui dérive peut-»
être du Latin re^pasco^ nourrir , repaître.
" RAPOTISSEMËNT. Restitution. {Archives iè Rue, 1828).
RAPOUSSER. Revenir , retourner.
^APPAREILLER. Rassembler, réunir, assortir. —Du Rom,
rapp^eillier, — S^non» Aparier, Rassortir..
RAP ( 535 )
RAPIAMtJS {fairey, Enlever tout. — De même dans Tarron-
Oissemént de Bayeux. Cest la première peraonne dn pluriel de
l'impératif du verbe Latin rapere ,. enlever.
RAPROYAUX. Bavardages, phrases sans saite et sans liaison.
RAPSAUDËR. Raceommoder, ravauder; dire des rapsodies,
déraisonner ; ruminer des drôleries.
RASSAKER. Retirer , tirer à soi, — En Espagnol , resaear.
RASSANËR. Ressembler et rassembler. — Voyez Saner.,
RASSIR. Rvisseoir. — De même dans le Nord de la France.
RASSOTËR. Raffoler. — Etym. de sot , dans le aens de fou,
R ATACONER. Mettre des tacons , piè^ïes ; rapiécetter. — De
même en Franc-Comtois , Houchi et Roman. -^ V. Tacon.
RATASSELER. Même signifie, que le précédent, V. Tassbt.
RATATINE. Ridé. — Mot usité dans plusieurs Provinces.
RATATOUILLE. Fricassée gi^ossière et copieuse de viande
cuite avec des légumes. D'après M. 1. Hécart , ce terme popu-
laire serait Rouchi d'origine.
RATATOUILLER. Remuer en tout sens. (Gomme on remue
une ratatouille f pour l'empêcher de s'attacher.)
RATATOUILLOUËRE. Cuisinière de bas étage.
RATAYON. Bisaïeul. — Formé dé tayon , grand'père, et 'de
l'addition ra. Les Basques procèdent aussi par addition syllabi-
ques pour désigner les degrés de parenté, en ligne ascendante :
mais elles sont bien autrement compliquées que chez nous. Le
père s'appelle ait : il faut ajouter onze syllables pour exprimer
trisaïeul: Aitarenarenganicacoarena. — V Tayon.
RATELARD. Bègue.
RATELER. Bégayer. — Synonyme: Téa^sR.
RATELOT (Artois). Roitelet. — 5t/non. Peuphignon.
R ATICHE ij' t'en). Expression ironique qui correspond à cette
locution : « on t'en donnera des petits couteaux pour les perdre, n
PATINCHER. Ramasser; rapetisser , diminuer.
{ 536 ) RAT
RATINCHER (se). Dimiiitier d'embonpoint ; se raccootcir ,
se contracter, se ramasser.
RATISIER. Attiser le feu — iS^on. Atisier.
RATISSON. Résida de graisse.
et ^^
RATONS. Espèce de crêpes très renommées h Arras , à Bé-
thune et à Saint-Quentin. Ce mot qui a passé datis la langue
française, est d'origine Picarde. Du Gange et Ménage le dérivent
de cratones , employé par Uldaric ; selon eux j wafa ^iétadrliit
de l'Allemand <;m|>/en, espèce de gâteau. Voici^une airti^city-
mologie aussi bizarre consignée dans un MS* de la Kbliothèofue
de l'Arsenal fHisUy n^ 241 , in-4''>, intitulé: Ànecàoiesde la viUe
d'ArrdS et de la province d'Artois, « C'an 893 ^ DAdilOré^équ»,
» alla accompagné des religieux d& Saint- Vaast ^ jusqtk'à Beau-
» vais où avait été transporté le corps de saitit Vaast , sei^ aas
» auparavant , pour le ravage des Normands , et fut rapporté à
D Arras par l'évéque, avec affluence de peuple, lequM naontva
» grand signe d'allégresse et de dévotion , remerciant Dieu qui
» leur avait rendu ce précieux trésor sain et entier. Ce fut alors
» que le peuple en réjouissance inventa une espèce dé pâte' cotn-
» posée d'oeufs, de pain et de lait dont ils se régalèrent, ce que
» depuis lors on a continué de faire tous les ans, le jour de la
» fête du Saint , dans ladite abbaye et dans la plus grande partie
» du peuple, même jusqu'aujourd'hui, ce que l'on a nommera-
is ton^ parce que le peuple, allant au-devant du Saint, s'écriait U
» m-ton ? le ra-feott ? voulant dire : l'ia-t-on rctrottt?«f ? i>
RAT013R. Détour. — De même en Rouchi.
RATOURNER. Revenir sur ses pas.
RATRAIRE. Donner asyle; retirer.
RATRUGHER. Enlever avec un morceau de pain ou même
avec les doigts ce qui réîste sur une assiette ou un pflat ; gratter
avec unecuiller la bouillie ou la sauce qui reste attachée au fond
d'une casserole.
RAU ( 58? )
RAUBER. Prendre, ravir, volçr, — De môme éh Rom^n. —
Congénères: Vaudois, Juraaaia et Savoisieo, roha; Provençal
et Espagnol, ro^or; Italien, ro5are7 Anglais, ro&; Gotbiqneet
Allemand, rau&en. Watcher, en dériyant ce dernier mot delà
Langue des Scythes, fait remarquer que les Perses disent ro&a-
den, dans le même sens. —On trouve rauhare^ çn Basse-Latinilé^
RAUPOA. Espèce do pomme à cidre.
RAVAGE (Bétbune). Gage à poulet. — Synon. GniiiiMAiaB.
RAVAGER. Délirer ,'extravagqer.
RAVALER. Remonter. — Etymol. du Latin à valle ire,
RAVEINDRE. R?i voir, retirer, atteindre. — V. Atsindjub.
R AVELUKE. Petit objet de mince valeur , de mauvaise qua-
lité, un brin. — A DouUens, signifie rave sauvage.
RAVELUKER. Déraisonner; ruminer des drôleries; faire du
bruit en remuant des meubles; battre; dire des impertinences.
RA VERDIR. Revenir à la santé.
RAVEUDER. Ghércher. — Signifie aussi ravauder.
RAVIGOTER. Revenir à la vie, reprendre ses sfens. -—
Raviver. — De même en Vieux-Français. '
RAVISER {se). Réfléchir, revenir sur une détermination. —
Proverbe : Tout bon Pieard se ravise.
RAVISER QUELQU'UN. Le regarder de plus près , plus at-
tentivement. — Synon. Erbeter , Rbluker.
RAVIVER. Ressusciter.
RAVOIR. Avoir une seconde fois. Ce verbe n'a que l'infinitif,
en Français ; il se cotïjugue , en Picard : J'raros , tû raros ; ôs ra-
rewnes t is rareun'tent; j'ai réu ; que freuehe, que nous reyàm,
qu*is reuch'tent ; etc.
RAYON. ïlideau qui borde une roule.
RE Se change souvent en er dans la prononciation des roots
qui commencent par cette syllabe : eroenir, erconnoiiêf ertourner^
ercanger. — Voyez ER dans notre Glossaire.
( 538 ) BÉA
* RËABATANGË. Rabais, diminotion. *
REBAILLER. Redonner^— • Voyez Baiixbr.
REBËSIR. Répliquer à ^aelqu'an de manière à lai clore ta
boache. — Synon^ftne : Rembarer.
REBEUBIR. Gronder , chapitrer. '
REBIFFER. Repousser. — Synon. Rebrooer.
REBIFFER (fe). Se fâcher , montrer les dents, se révoltek';
se rétourner d'un air rechigné. — Ce verbe est employé, en Nor-
mand et eu Franche-Comté , dans un sens analogue.
REBOND. Contre-coup , bond. On appelle également ainsi le
lendemain ou Toctave d'une fête — V. Racroc.
•
REBONDIR. Se divertir de nouveau huit jours après la fête.
REBOULER. Se dit de la terre qu'on dessole ou qu'on fait
rapporter trois années de suite ; renverser les éteuils avec la
charrue , pour ensemencer de nouveau.
REBOUTER. Remettre ; j*emettre les luxations. — Be même
en Berrichon et en Roman , dans le prenpier sens.
REBOUTEUX. Qui guérit les foulures et les fractures.
REBROKER. Remettre des hrokettes, chevilles; repiquer une
couverture de paille ou de chaume.
REBROU ER. Refuser avec rudesse, refuser d'entendre. — ^Da
Bas- Latin reabrogare. — Synon. Rebiffer.
RËBUKER {se). Se révolter, s'insurger. — Syn. bb Rbbiffir.
REBOULET. Son de blé.~-De même en Roman.
RËCAUFER. Réchauffer.— Id. en Rouchi et Roman«
RËCAUFOIR. Foyer pratiqué loin des habitations pour faire'
sécher le chanvre et le lin. — Etymologie *. du Picard caufer.
RÉCENT. Qui n'est pas ivre.
RÈCHE. Apre au goût. — De même en Roman.-*- J. J. Rooe-
seau s'est servi de cette expression , dans un sens figaré. —
Synonyme : Rèke.
\
REC ( 539 )
RECHIGNE. Refrogné , de maufaise humeur.— De même en
Franc-Comtois et Romane — Synon^ MouiuiAC&By RBGmiaifi.
RëCHIMER. Se dit du chou dont on n'a enlevé qne la tète
et dont le pied reproduit bientôt un nouveau re^ton.
REGHINCHER. Rincer à Teau claire , passer le linge à onfe
seconde eau. — Vient, peut-être dé sincerus^ (Horace dit sinee-
fum vas y dans le sens de vase propre) , ou plutôt du Latin recen-
eere y revoir, passer en revue. Cette étymologie est confirmée
par le Lorrain recensiez qui a le même sens. .
RECHINER, ERCHINER, R'CHIGNER. Collafîonner ,
goûter. — De même en Roman. — Etym, derc-camore, diner*de
nouveau. — Cong. Rouchi , erchener ; Franc-Comtois , redegne-
na ; Bar-le-Duc, reciner.
RECHÎNETTE , ARCBINETTE. Petit repas que font entre
eux les enfants, avec les friandises qu'ils ont conservées de leur
dîner. — Synonyme : Dînette. • .
RECHOER. Rincer à Teau claire. — Y. Rechinchbr.
RËCHUË. Se dit de tout les objets qui , après avoir été mouil-
lés , sont à moitié secs. — Synonyme: Ressué.
RECONFORTER. Ressembler à, se rapprocher de.
RECORDER. Enseigner, faire la leçon. — Id, en Roman.
RECOKDER {se). S'étudier à, mettre du cœur à.
RECOUË. Réchappé, sauvé. — ^t/nont/me; Regout etRss-
COURT. >— Du Latin re excutere , retirer par force.
* RECOUSSES (ferrer). Terres que les habitans des rivages
reprennent sur la mer, qui les avait envahies précédemment.
RECRAND, RECRANDI, ERCRAND. Las, fatigué, ha-
rassé de fatigue. — Congénères: Rouchi, recrant; Austrasien,
kranté. — Etymoldgie: du Roman recren , r-ecreant. -^^Gr. d'Es-
signy dérive ce mot de requiem requcBrans^ qui demande du repos.
RECRANDIR {se). Se fatiguer. — En Patois Bot. se crandir.
( 540 ) BEC
* RÉGRËANGE. Proyisioii judiciaire. ^Coutumes de Bêimv.J
RECTA. Exactement , tout droit. — Mot Latin.
RÉCURER. Laver, nettoyer la Yaisselle ou d*aatres oalensiles.
-^ De même en Rouohi , Rémois et Bourguignon. — Pfobable-
ment du Latin curare, avoir 9oin.
RËD£. Vite. — Peut-être de TAngiais readytj promptement.
REFAIRE. Attraper, tromper. --^ De même à YalogiMS. i-
Vient, d'après M. Du Méril, de l'Islandais refiitiz^ dont la aignifif
cation est la même. — Synon. Qdbuksr, rsjoini)«b.
RËFAITIR. Raccommoder la faitière d'un toit. -^ £o Vieux-
Français, re/e«ttr
REFOUIR. Bêcher une seconde fois. — Idem en Roman.
REFRAIN. Dégoût, répugnance.
REFRAINGNER. Faire à contre cœur. — Dans les poèmes
des Trouvères , ce mot signifie s* abstenir de faire quelque choie.
REGALISER et REGALER. Unir, polir. — Syn. Agalbr.
REGARDANT. Trop intéressé , qui regarde trop à la dépense.
REGLANCE. Qualité de bien régler ses affaires.
RËGOLICHE. Réglisse. — De même en Vosgien et V.-Fr.
RÉGOULÉ. Dégoûté, rebuté, fatigué, repu. — 5yn. Rapoé.
REGOULER. Rassasier, repaître, dégoûter par satiété. —
Manger avec excès.
REGRIGNË. Ridé, froncé. — Au figuré^ revêche, chagrin,
maussade, de mauvaise humeur. — Congénères : Lorrain, grigné,
triste; Fr. C. grigne^ {id.) Vand. et Gén. , gringe^ (id.) Bourg.
greigne; Roman , ,grigne , {id.) — Etymologie: du Celto-Breton
grignouSf triste, chagrin. — Synon, Rechigna, Mouruachb.
REGRIGNER {se). Prendre une mine maussade, fôchéé. — Id.
en Franc-Comt.— Signifie aussi se venger , prendre $a revanche.
REGUETTER. Regarder avec attention , guetter.
REGUIGNER. Faire des grimaces pour se moquer de quel-
qu'un.— Synonyme :ïiEiAiiQLER.
RËG . ( ^1 )
R£GULN« La deuxième et la trai&ième coupe de feia. On dit
reguinssej dao9 le DouUeaais. Les droits de reguins ^oni mention-
nés dans nos chaules du suv.^ siècle, Oa appelait jadis fuiiMtfa
la première coupe de foin. — On nomme par dérision une hû^uté
ék regain y une femme qnila plus de trente ans. -^ Syn. R0041N
RÉHU (/te). — Voyez Récs. .
REIDER. Être engoué de, être- amateur de, faire colleetion
de. Ce mot Tient du Roman reiderUy engouement. Les reldtfurf
font collection dés objets qu'ils affectionnent. Pour se les procu-
i-er, ils font parfois des dépenses exagérées. Feu M. Ledien a Voit
composé, il y a quelques années, une notice sur l'origine du root
reiderie. Nous regrettons de n'avoir pu retrouver ce mémoire
dans les archives de la Société des Antiquaires de Picardie.
REIDERIE. Engouement pour certaines choses ; manie de
collectionner certains objets. — On appelle aussi rei(?ene l'objet
dont on reide,
REIDEUR. Qui reide.
REILLE (Saint-Valery). Râle de genêt. — Syn. Roosselet.
REINDENNE (Saint-Valery). Flot qui se produit dans un
remou de marée. Ce mot pourrait bien être l'onomatopée du
bruit que fait la mer , à la marée montante , à moins qu'il ne
vienne du Roman randonada j impétuosité , vitesse ?
REJANNER, RËJONGLËR. Mimer, contrefaire; se mo-
quer de quelqu'un, en imitant ses gestes, son ton , ses allures.—
Congénères : Bourguignon et Franq-Comtois: r^annai^ contre-
faire.—Du Roman rejanner.— En Bas-Latin,^annare, se moquer.
REJATE. Dur au toucher» — Synonyme: Règhe.
REJOINDRE* Refaire , attraper ; rendre le mal pour le mal.
RÉJOUI. Gai.— Du Roman esjoui.
RËKE. Apre, dur, raboteux.— Du Roman m/i. Syn. RàcuE,
REKËRE. Retomber.— Voyez K^e,
35.
( 542 ) REK
R£KEUKER. Attraper quelqu'un.— i9yn. Refaire, KsuitBR.
RERIGHER. Renvoyer brutalement. -^ Synon. Rbbroer.
REKIER. Glaner. -Se dit surtout des pommes qu'on ramasse
après la vendange faite.-^ N'y aurait-il pas une parenté entre ce
▼erbe et l'Islandais raka {radere)jei l'Anglo-Sax. racjan^ (torcii-
lare) ? En Yieil^Haut-Allemand , on trouve rechOy râieaa , et en
Allemand moderne , rechen, ayant le mêqie sens. ^M. BreuiLJ
RERINRER {se). Se parer, faire toilette; se poser fièrement
sur la pointe du pied; se donner des airs, etc. Syn, se Repimper.
Ch*étoait porli qu*ej' m*erkinkoais. (Départ de Lili).
*
RELAREUX. Bandit , vaurien ^ gueux. — Y. Holaqubux.
REL AN [sentir le). Sentir le gâté , le moisi.
REL ANGHER. Se retirer. — Synonyme : s'Esbiner.
RELAYER. Laver la vaisselle. — Synonyme : Régurbr.
RELAYEUSE. Femme qui relave. — Synonyme : Laveuse.
REL A YU RE. Eau qui a servi à laver la vaisselle. — Congés
nères : Wallon , relaveure ; Messin , lavure.
RELË. Rale-marouette (oiseau).
RELEYER. Faire ses relevailles.
RELIER. Battre le foin. — De même en Roman.
RELIGIEUSE (Saint-Yalery). Bécasse variable à tête noire.
RELIGIONNAIRE. Dévot, religieux.*
RELISSER. Tromper, duper. — Synonyme: Engeignbr.
RELUKER, R'LUKER, ËRLUKER. Regarder; regarder
en clignotant les yeux; regarder avec complaisance nne personne
qu^on aime. — De même en Roman. — Congénères: Rémois, Beau-
ceron , Normand et Franc-Comtois , reluker, regarder ; Rouchi,
relouher; Wallon, louker; Genevois, relucher. G. d'Essigny
donne à ce verbe une origine par trop métaphysique ; il le dérive
de relucere , parce que , dit-il , les torps luisants commande^ U
regard. — Il vient sans doute de l'Anglais to look.
REL ( 543 )
RELUSER. Amuser. — De même en Rouchi. 5yn. Ahlcrer.
REMANGLER Mimer quelqu'un , le grimer , le contrefaire.
C'est une mauvaise prononciation de rejongler. — Y. Rejanner.
REMRARBËE. Petite gelée blanche. — S'yn. RmâE.
REMBARER. Riposter avec énergie. — Synonyme: KevAbir*
REMBUKER. Frapper, heurter. — Voyez Bukbr.
REMEUTE. Terre qui a reçu un gros labour. — Du Bas-Lat.
remotœ.
REMIR. Se dit de la vache qui fait son lait. — Syn. Ronir.
REMIRER. Regarder avec attention. — De même en Roman.
REMONTÉE. Après raidi. — Voyez Armonté.
REMONTER. R^eprendre son travail après midi.
REMONTRANCE. Ostensoir. Dans presque totfs les villages
des environs de Béthune, m'écrit M. de la Fons, la remontrance
est ornée de croix d*or ou d'argent , de bagues et d'anneaux lé-
gués par diverses personnes. Si les curés voulaient s'opposer à
cet usage inconvenant , ils soulèveraient une émeute.
REMOTËE. Petite gelée. — Synonymes ; RiîféE, Rembarbée.
REMOULER. Aiguiser, repasser sur la meule, -^ De même
en Normand. — Synonyme: Ramouler.
REMPIËTER. Raccommoder lejpied d'un basT.
* REMPLUMÉE. Tarte faite avec des pommes et du lait
bouilli.
REMPLUMER (se). Se remettre bien dans ses affaires. Ce
terme populaire se trouve dans le Dict. de BoistCé
REMPOUILLER (se). Regagner au jeu ce qu'on avait perdu.
— De même en Franc-Comt. — Syn. Se Rabibocher.
RENACLER. Reculer, se refuser à. — De même en Champ*
RENALLER (s'en). S'en aller. — Synonyme : s'Éraler.
RENARD (foèreein). Vomir. — %non|/me : DéaoBiLLBR. —
Etymologie : du Vieux -Français renarde. — Renûrd à le même
sens, à Nancy. — lEn Normandie, il n'exprime qu'un rot.
35.*
( 544 ) ' B£N
RENARDE ou RENÂRÈ. Fin, rasé« malin (comme on rt'
nord]. — De même en Roman. — Syn. Raffi^eux, Finot.
RëNAYER. Cest le contraire de Player. (V. ce mot.) — Au
figuréy il se dit d*un homme trempé par une aTerse^par allasion à
Tusage qu'on a de jeter de l'eau dans une cuyo Relayée, afin d'en
faire resserrer les planches.
RENCLOTURËS. On appelle ainsi, dans le Boulonaûi » les
terrains enclos de digues ou de haies.
* RENËAU. Ruisseau. (Archives de BeauvaiSf 1247.)
REND AGE. Fermage, prix de Içyer; ce que rend on japporte
une propriété.
RENFIKER. Reficher. — Synonyme : Erfiker
RENFORGHER. Devenir plus fort. — Synon, Einforghir.
* RENFORCIER. Excommunier. {Archives d'Arras^iSn. )
RENGAINGUER fsej. Se renfermer.
RENGUIGNIER. Ébrancher des arbres.
RENIR. Venir. — Syncope de rci?«mr.
RENOUVEAU ('auj. Au printemps.
RENTOURTILLER. Mettre du filou du coton en pelotte. —
Etymologie : du Roman rentourteiller.
RENTROGNER. Reprendre quelqu'un, lui fa ire des reproches.
RËPE. Rotjj^vent. — Synonyme: Reupb, comme en V. Franc.
RËPER. Roter. — Syn. Reuper, comme en Wall, et V. Fr.
RËPILLE (m.). Bon repas. — Peut-être du Latin regasco^
nourrir. -^ Synonyme : Gueuleton.
REPILLEUX. Galeux, rude au toucher.
REPIItfPÉ. Paré plus que de coutume, qui a fait toilette.
REPINSER. Réfléchir. ^EtymoL du Bas-Latin J^^eiuoTiP.
* RÉPIT DE S AINT7FIRM1I^. Proit qup payaient à rÉvé-
que d'Amiens les personnes inscrites sur le rôle de St.-Firmin.
REP^AKËR. Raccommoder un placage.-*- Du Roo^aq repta-
z
REP ( 545 )
quier. — Au figuré, j^evenir sar des paroles indiscrètes, chercher
à détruire le mauvais effet d'une parole ou d'un acte quelconque.
REPLONRËR. Se dit du velours qu'on reteint.
REPOMEK LA BUË£ (Béthune). Laver le linge, le lessiver.
REPONOIR (Béthune). Abreuvoir. — Synon, Abhuvobr.
REPOS. Berceau. — Synonyme : Erpon.
RESAKER. Remettre dans un sac. — V. Sakbr.
RËSSANER. Ressembler. — V. Saner.
RESSERGIR. Ravauder, faire des reprises. — En Rouchi ,
roisarcir, — Du Latin re«aretre, raccommoder. Syn. Rapsavdbr.
RESSERGISSEUSE. Ouvrière qui fait les reprises (inx étoffes.
RESSUER. Essuyer, sécher, faire sécher. — De même en
Normand , Ronchi , Jurassin , Rémois , Berrichon et Roman.
* RESTANQUER. Ecarter, détruire, détourner. (M. Mamier.)
RETAPER {se). Se faire beau ; faire toilette. A Yalognes ,
retapé signifie bien habillé. — Syn. s'Aoingber, sb Repihper,
RETEMPIR. Répondre avec sévérité , parler ferme.
RETEMPIR (se). Se relever, se redresser , se tenir debout ,
se tenir raide. — Synonymes : s'Ëtanfikbr, s'Ëtampir.
* RETENIR. Entretenir , réparer. ^Cart. d^ÀbbeviUe^ 1340).
RETERKIR. Repousser , rebuter.
RETOKER. Heurter le pied contre une pierre ; retenir un
cheval par les rênes.
RETOKET. Hautain , fier ; raide, redressé.
RÉTOIRË, RETOUËRE ou RËTOIRË. (Abbeville). Ad-
jectif qui indique la similitude d'une personne avec une autre,
sous le rapport de la physionomie, des manières ;eh'esîsinfère
tout rétoiré , c'est son père tout craché.
RETORTILLER. Battre quelqu'un à coups précipités (<^mme
on bat le beurre quand on le met en UmrtelettéêJ.
RÉTOITPER. Boucher.— De même en Rouchi , Wallon et
( 546 ] RET
Roman. — Franc-Comtois, étouper ; Yaadoisy etopwr ; Hollan-
dais, «t<>p|)en ; Allem. , stopfen; Anglais , stop ; Ital. stopp^re.
RETR AIRE. Retirer ^ donner asile:— ^ De même en Roman.
RETRI. Ridé , rétréci. — Idem en Champenois..
RËTUS. Gentil, mignon. — De même en Roman. — Signifie
aussi : droit, raide; dispos; rusé.
REUE. Moue. — Synonyme : Mouse.
REUE y REULE. Roue. — Comme en Yieux-Français.
REULETTE (Boulonais). Petite rue. — Synon. Rublettb.
REUPE. Rot , \ent.— De même en Wall. , Rou. et V. Franc.
REUPËR. — De même en Wallon et Vieux-Français.
RËUS on RËYU {été). Être à quia, être à bout , être décon-
certé ; ne saToif plus que dire, que faire. — r Cong. Rouchi, ^e
au réhvis (ne savoir que dire) ; Austrasien, faire rehvù (mettre
quelqu'un hors d'état de répliquer); Montois, être reusse (être
dans l'embarras). L'espèce de proverbe hahemus confitentem
reum a pu donner lieu à cette expression qui est consignée dans
le Glossaire de Roquefort , sous cette forme : reuXj reus , qui ne
sait plus que dire ou que faire.
REYARDIR. Ressusciter. {Epitaphe du cimetière SU^D^is,)
REVELEUX. Rétif. — Amoureux,
REVERTIR. Revenir. — Du Latin reverti. Synon. Renir.
REVIR. Revoir. — Voyez ViR.
*REWART. Inspecteur,
REYAl). Petite raie (poisson).
RÉYU. — Voyez Réus.
RHABILLER. Habiller de nouveau; dire son fait à quel^
qu'un ; médire abondamment de quelqu'un.
RHËUME (féminin). Rhume , fluxion. — Cong. Frano-Comt. ,
Rouchi et Vieux-Franc. , rheume; Catal. , Espag. , liai. , Port. ,
yeuma; Angl. , rheum. Nous consignerons ici sur te mot d^ux
RHE = ( 547 )
opinions différentes , Tane de M. Labourt , aocien procureur du
Roi, à Dpullensy et l'autre de M. Dartois, chanoine de Besançon.
Extrait d'ttne lettre de M. IMourt.
« Rheume, suivant M. De Poilly, vient du Greo -ptufiH, J^erois
plutôt qu'il vient de rum , mot celtique qui se trouve ainsi pure-
ment monosyllabique dans la langue bretonne (1). Pourquoi
a-t-on appelé originairement rum la maladie qui constitue un
amas, une congestion d'humeurs sur la poitrine? c'est que ce mot
désigne une réunion de parties , une agglomération en général » ee
qui est multiple^ les diverses parties d'un tout. Par exemple, mm
mercin qui signifie une fourmilière y traduit mot à mot, (comme
l'observe D. Pelletier), signifie: nombre ou multitude de fourmis.
De son côté , le P. de Rostrenen dit que rum doit être traduit par
troupe , assemblée de gens , nombre , partie y grande partie. C'est
par ce motif que les Bretons nomment une chaîne de montagnes
de leur pays rum m^nez you diouchin , c'est-à-dire, grande quan-^
titéde montagnes qui se touchent. Il est tellement vrai que rum est
une racine, qu'on retrouve ce mot dans l'antique Persan otreme
signifie troupeau ^ troupe en général. Ainsi non seulement nous
trouvons, dans le Celtique , le mot rhume à peine modifié ortho-^ «
graphiquement, mais nous savons que la maladie que ce mot dé-*
signe est ainsi nommée, parce que elle provient d'un amas, d'une
aggrégation, d'une congestion d'humeurs sur la poitrine et que le
mot rum signifie effectivement ce qui est à la fois multiple et
aggloméré. Il y a plus: le monosyllabe rtim signifiant ce qui est
nombreuxj on devine facilement pourquoi ramho signifie, en Ir-
landais, très-grand, très-nombreux et pourquoi enfin, dans la
même langue, romhor se traduit par extrême ^ puissant ^ le plus
fort; ce qui explique encore pourquoi le mot 'fttf^n signifie
(1) y. les Dictionnaires de D. Pelletier , et du P. de Rostrenen , et le
tome ni des Mémoires de Bullet sur la langue celtique , page 335,
( 548 ) ' RHE
force f en Grec. — Puisque je viens d'éire naturellement ramené
au Grec, toyons s'il ne serait pas possible de retroaTer, dans la
langue celtique, la racine étyïnologique de 'ftZfut^ rhume et
rhewi^fi.en tant que ce mot signifie /lnâTton, comme l'a reeomm
M. dePoUly. Et d*abord, qu'est-ce qu'une fiitxion^ Binon «ne
extension des parties charnues formant une tumeur , une élérau-
tion comparative. Or, rumest le même moi que ram^ rem^ fim et
rom. BuUet le repète quatre fois dans le 3.* volume de ses Mém,
iwr la Langue Celtique {i). Or, en Hébreu, les mots ram et rim si-
gnifient: élévation, haut, élevé, être au-dessus, etromof, très^aot;
roonffta, en Gbaldéen et en Syriaque, se traduit par kmuiiuriété^
vation et chacun sait que rain,^en Sanscrit, signifie Dieu, c'est-
à-dire, la grandeur f la puissance même. Dans notre langae,
rame signifie i,^ des branches placées de manière à ee que œr*
tains légumes puissent croître verticalement et former <ine espèce
de tout, en entrelaçant leurs tiges : a Ram y dit Gourt de Grebeltn
(2) est nn mot primitif et celte, dont les Latins ont fait rinmif el
nous rameau , ramille et ramasse (espèce de chaise à porteur dé-
couverte, composée de branches d'arbres, et dont on se sert, dans .
. les Alpes , pour les voyageurs en temps de neige.) 2**^ Un instru-
ment de marine nommé rame dont il faut régulièrement au moins
une paire ; .or, les Bretons appellent rum une paire de souliers.
3.° Un certain nombre de feuilles de papier composait, sous le
nom de rame, un volume asàez élevé. 4.** Enfin, orromer est
un vieux mot Français qui signifie assembler ^ réunir. On appelle
encore rames des projectiles lancés après avoir été réunis par ufi^
chaîne,
o Rim, dit textuellement Bnllet (3), signifie caéencSy nombremstf
(1) Page 295 , 312 , 318 et 325.
(2) Dictionnaire étymologique français-eeltç.
(3) Tome lu. page 318. /
BHË { 549 )
mesure , en Bretoir; Riwifm signifie {t'en. La rimé eét une espèce
de lien onde chaine.qai fifttache deuic vers ensemble: delà, 1e<
Français rime , l'Italien timUf le Polonais Hm et f Escla'tôn teime,
qui s'écrit raim, en Irlandais. y> Le même antenr dît an motroiil.'
« Eh ooinpa^ntTatnp^, rafnjiH, t^^, rhein, rimp ^ rym , t^ffilM
mwih , rhen , rhf^n', on toit qùt ràm^ fera , rtiH , rom ont signifié
^Itfv/, élévaH/an^ei^ propre et au figuré, tout ce qui est grand, soit
en taille V soit en qèalité. »
J'ai donc raison de dire. Monsieur et cher collègue, que rttm,
le même que mm , rem , rtm et rom est un mot primitif et Cel-
tique qui désigne une agglomération quelconque formant étéré-^
Yatiôn, depuis la montagne incommensurable, jùftqu'à la ttrmenr^
jusqu'à la simple finition : or, un rhume est précisément one
AggrégatioujUne congestion d'humeurs formant la fluxion interne.
Bonc le Grec '^tvftûtp le Français r^tffiitf, le Picard rheume^
l'Anglais r^ietim , etc. proviennent d'une source commune, non
seulement à ces langues $ mais encore au Sanscrit, an Persan^
an €baldéen ,• au Syriaque. Donc cette source peut être eodéi-
dérée comme la langue primitive et probablement celle dont le
plus ancien et le plus respectable monument que nous possédions
parle, à l'occasion de la Tour de Babel.' Done le Picard thiuine
ne vient pas du Grec , mais du Celte, qui ponrrait bien être le lan-
gage prin^tif refoulé par la civilisation antique dans les forêts de
l'Europe septentrionale et notamment dans les Gaules. »
Extrait d'une lettre de M» Vahhé Dartois. .
« Voici les raisons qui m'empêchent d'admettre l'étymologie
celtique de rheiume. !.<> C'est une étymologie philosophique et il
n'y a pas de plus richessources d'erreurs que ces sortes d'^étyrap-
logies fondées 'sur des inductions.. Rheume^ d'après la Savante
dissertation de M. Labonrt , viendrait dërum, agglfomération ,
parce que le rhume est une aggrégation d'hnn^urs ; ce n'est pas.
•y
( 550 ) RIB
ainsi que le peuple fait les langues; il voit la cause ou les effets,
jamais un état mitoyen et insaisissable aux sens. Ainsi le. rhume
est pour lui un refroidissement : Verkoudheid {houd, froid)., en
Hollandais; kold {kald^ froid], en Anglais; un écoulement ^ un
flux d'humeurs: \vt(Aêt. Cpfâ» , couler), en Grec; hoofdvoed (flux de
tête), en Hollandais; on crachement; («-rvâ», cracher), en Latin.
Mais le rhume, tout extérieur, quant à ses effets^ ne peut ôtre
facilement considéré comme un amas et n'a pas dû cofiséquem-
ment tirer son nom de cette cause , occulte pour- le vulgaire. 2.<^
Le Vieux-Français reume, l'Espagnol , le Portugais, le Catalan,
reumUy le Comtois et le Picard rheume sont un souvenir assesnet
du Grec psv^tf. On lit dans Joinville : « Me prit la maladie de
Tost, de la bouche et des jambes, et une rewne si grant en la teste,
que la reume me filoit de la teste parmi les nariles. » Jespère, mon
cher collègue, que vous reconnaîtrez là le sens précis de peS/e*. 9
Nous laissons à nos lecteurs le soin de choisir entre ces deux
opinions si habilement défendues de part et d'autre.
RIBÂUDER. Fréquenter des femmes de mauvaise vie. — ^ Du
Roman ribaudir , débaucher.
RIBAUDET (Saint-Valery). Pluvier à collier interrompu. .
RIBODIT (Cayeu^). Même signification.
RIBOTËR. Se griser , se soûler , boire copieusement. — Du
Latin re-^potare , boire souvent.
* RICHUMES. Pages de la cour d'Ancre*, en 1392.
RIEULLE (Pas-de-Calais). Vétille.
RIEZ. Terres en friche, mauvaises terres non labourées qui
servent de pâturage aux bestiaux. — Idem en Roman.
RIFLER. Effleurer. — Idem en Rouchi. — V. Erifler.
RIKE A RARE et RIKE à RIKE. A la volée , au hasard ;
juste, ni plus ni moins , exactement.
RIKEDOULE. Festin, bon repas. — Du Roman rick , riche,
et oui , marmite. '■^Synon. Gueui^ston , Bombamohb.
RIK ( 55f )
RIKIKl. £au-4le-yiey liqueur. Syn. Fil en trois, sagré-cbibn .
RIMBAilBËE. Gelée blanche.— En Roman barbelée.
RIMBUKER. Battre , rosser , frapper. — Voyez Buker.
RIMËE. Gelée blanche , frimas. — Congénères : Ron. rimée ;
Anglo-Saxon et Islandais, hrim; Danois, nim ; Vieil-Haut- Al-
mand, rime. — Du Septentrional hrim^ et non pas du grec Kpv^ftf,
être gelé, comme le penae M. de Poilly.
RINGHÉE. Volée de coups. — Synon. Ragléb, Tatoulb.
RINGETTE. Dernier verre d'eau- de-?ie qu'on met dans le
café, pour rincer la tasse.
RINGHURETTE. — Synonyme : Ringbttb.
RINGLORE. Fermer , clore. — Du Roman roclore.
RINDET. Rideau de champ.
RING AND (Vimeu). Tadorne (oiseau de mer).
RINGOLIGHE et RINGOLISSE. Réglisse. — Signifie aussi
homme gauche.
RINGUE. Rang, ligne, rangée. — Diminntif , ringuette, — Du
Roman renc.
RINKE. Tige, filament.— Voyez Rankillb.
RINKERI et RINKILLl. Ghèvre-feuille.— V. Rankillb.
RINKILLERIES. Branche de lierre.
RINRILLURES. Plantes filamenteuses. — Voyez Rankillb^
RINKINKIN. Friquet , fringilla montana. C'est aussi le mâle
du moineau, fringilla domesHca. — Par métaph., on donne ce
nom aux individus petits et agaçants. fComm. de M. J. Garnier).
RINMANCHER. Remettre dans un état naturel. C'est aussi
une expression 'ironique qui signifie haitre ^ disloquer les mem^
lires , rouer de coups.
RINTINKER {se). Se cacher de nouveau avec précipitation ,
lorsque l'on craint d'être aperçu.
RINTINKIR. Diminuer , rapetisser. — Synon, Ratincubr.
( 552 ) . hlN
RINVELUKER. Battre, rosser.— S^yn. Bloukbr, Daudifler.
RIO , RIOU et RIIL Raisseaa , filet d'eau , fossé -aqueux. —
Cong. Berrich. , riau ; Rouchi , reio ; Vosg. , ru ; Lang. , riou ;
Gâtai, y Hu ; Espag. , Port, et Ital., rio, — Etymologie: du Rom.
riau, riu. Ruisseau se dit rivuSy en Latin , etrius, en Celtique.
Couler s'exprime , en Grec , par *pt« et , en Sanscrit , par ry. On
donne le nbm de fossé blanc ou riou à*un chemin creux , caché
par des arbres touffus, qui conduit à un souterrain pereé dans un
coteau voisin du village de Blanc Fossé (canton de Grèveèœnr).
RIOTË. Sourire, plaisanterie. — De même en Roman.
RIPOPÊE. Salmigondis , mélange d'aliments , goinfrerie ;
mauvais ragoût.
RISÉE. Plaisanterie, sourire. On appelle risée de soleil un
rayon de soleil entre deux ondées. — Synon. Riôte. •
RISIBLE. Rieur, qui fait rire.
RITITI. Chevalier sylvain (oiseau de mer).
* RIULE. Régie. fCartulaire de CorUe.J
R'NAYÉ. Mouillé , trempé d'eau. — V. Renaybr.
ROBERT TANTALAN ! Les enfants de Saint-Omèr annon-
cent par ce cri la fin du carême. Robert Tantalan est le nom
d'une ancienne famille qui avait jadis le privilège de conduire le
bœuf gras. fMém, de la Soc, des Ant, de la Morinie , t. v, article
de M. Eudes.^
ROBILLE. Vieille robe de femme ; mauvaise indienne.
BOBINER. Couler , comme par un robinet,
ROCHOLÉ. Trop cuit , trop grillé.
ROGNER. Ronger. — Synon, Roder, (du Lat. rodere,)
ROGNEUX. Galeux, qui a la rpgn«. Signifie aussi : qui à des
habits étriqués ou des cheveux trop courts. — Synon» Ro^nolèt.
ROGNIE (sing. fém.) Tronçon d'arbre.
ROGUÉ (Boulonais). Poisson qui n'a pas frayé.
ROI M 553 )
ROI£. Sillon. — De même en Wallon, Rouobi, F. Comtois,
Lorrain et Roman. — Du Ba8-<Latin rodia. .
ROKES. Moites de terre qui se formant dans les terres labou-
rée9 et qu'on écrase avec le vouloir ou fHmiroère. . .
ROKETTE. Petite motte de terre.
RORËTTËR. Jeter des mottes de terre.
ROLË£ DE SOLËË (sing. fém.) Rayon de soleil. Syn. Riség.
ROLETTE (Goulon^illers). Collerette.
ROMIONER. Marmotter entre les dents. — De même en
Franc-Comtois. — Du Roman rognioner. — Synon. Maronbr.
RONDELOIR. Rouleau. — Synonyme : Ploutroèrs.
RONDIBILIS. Vite , promptement , rondement, t i'o seuvé
rondihilis (xi.« lettre J. CroédurJ. — Synonyme: Habile. ,
RONIR. Se dit de la vache qui fait son lait. — Syn. Remir.
ROSIN, ROISIN. Raisin.— De même en Vieux-Françajs.
ROSSIGNOL (Boulonais). Pagellus centrodunctùs (poisson).
ROT. Rat. — De rodere , ronger , d'après Barbasan.
ROTONER. Chantonner. — Syn. Rodtonner, Chantrouiller.
* ROUAGE. Droit sur les vins.— Du Bas-Latin rodagium,
ROUAIN. Foin de seconde coupe. — Synon. Reouim.
ROUBIU, Veaï^ qui vient de naître.
ROUET (Le Crotoy). Cyelopterus lumpus. On appelle ainsi ce
poisson parce qu'il tourne sur lui-même , en nageant.
ROUF-ROUF {faire à). Faire tout subtilement , avec tant
d'empressement que toutes les parties du corps sont en prouve-
ment; agir sans prendre garde à ce qui se rencontre sur le pas-
sage et qu'on pourrait renverser. On donife le nom deiJtf^fi^
Rouf-Rouf 9 à une femme qui veut tout faire et qui pourtant ne
fait pas grand chose ou qui ne fait que de la mauvaise besogpe.
ROUGË («. m.) Rougeole. — Synonyme : Rouviu,
ROUGE (Yimeu). Soucbet, (oiseau).
( 554 ) ' ROU
ROUGET. Grondin , (poisson).
ROULÉE. Volée de coups. Terme populaire. — Vient du Vieux-
Français roller^ bâtonner. — Syn. Racliêb, Pile, Tatoclb.
ROULLÈRE, ROUILLÈRE ou ROULIËRE. — De même
en Comtois , Normand , etc. On nomme ainsi la blouse des roin-
liers , ou conducteurs de grossses messageries. Le mot roulier
Yient du- Latin rotulare , rouler , dont on trouve la syncope dans
TAnglais roll ; le Belge rollen y et TAUemand rolUn,
ROULOIR. Rouleau pour écraser les terres labourées. — Syn.
PlOUTROIR , POUTROERB » ROMDBLOIR.
ROUMIR. Ruminer.
ROUPIEUX. Honteux , confus. — Synonyme :'Vwszisii.
ROUPILLER. Dormir; ronfler en dormant.
ROUPILLEUX. Qui roupille.
ROUSSËLET (Gayeux). Râle de genêt. — Syn. Rbillb.
ROUSSELETTE (Saint- Valéry). Chevalier aux pieds verts.
ROUSSI. Réservoir creusé dans la cour des fermes pour Té-
coulement des eaux qui ont lavé le fumier.
ROUSSIE. Eau qui coule du fumier.
ROUTELI.E. Crécelle. — Voyez Rutelle.
ROUTËLER. Grommeler. — Syn. MaronVr , Rohiombb.
ROUTELOIR. Crécelle. — Voyez Rutelle.
ROUVIU («. m.) Rougeole , (maladie). — Syn. RouoÉ.
ROUYEU. Rouleau. — Synonymes : Ploutoir; Ronoeloir.
ROXË {suhst.) Être chétif et malingre.
ROTON Rideau ; éminence. — Id. en Rom. — Syn. Rindbt.
RU. Ruisseau. — De même en Lorrain et Rom. — Voyez Rio.
RUBIS SUR L'ONGUE. Parfaitement, admirablement. —
De même dans le Nord de la France.
RUCHE. Subjonctif du verbe ruer. --^ Bé à H qu*a U fuchê ;
prends garde quelle ne rue.
RUDEMENT. Extrêmement , grandement, très, fort.
RUE ( 555 )
RUELETTE. Petite rue. — Synon. Reulbttb.
RUER. Lancer, jeter, frapper. — De même en Lillois , Rou-
chi et Roman. — En Normand , rucher.
* RiJiER. «Titre d'un ficaire de Saint-Qaentin , » dit D.
Grenier. *
* RURIBRS. Prêtres que les chapitres envoyaient dans les
paroisses rurales de leur dépendance.
RUSES (^avoir àesj. Avoir beaucoup de mal à faire qaelqne
chose.
RUTELLE , ROUTELLE, ROUTELOIR. Crécelle. M. Hé-
cart , qui mentionne oe root picard , dans son Dict, Rouchi , se
demande s'il ne viendrait pas dcrutellum^ racloir, parce que la
petite planchette racle le tourillon crénelé, sur lequel on la roule
pour occasionner le bruit.
RUTELER. Grogner. — Se dit surtout du porc.
S
S, SE. Je. — S'sens qu'jihome ravigote. (4.« Entretien d'èche
franc picard). — Synonymes : Esse , Ej , Euj*, Ch*.
S*. Sa (devant une consonne). Dans nos vieilles chartes , on
trouve s' pour sa, devant une voyelle : s'ame , s'aumône , etc.
SABAT. Bruit , remue-ménage.
SABLEUX. Sabloneux. — En Languedocien, sàbUms,
S ABOULE. Réprimande, correction. — De même en Roman.
SABOULER. Gronder , réprimander , corriger. — De môme
en Rémois, Lorrain, Franc-Comtois et Roman. — Viendrait, se-
lon Huet , de sahulare.
SABOULER. Faire mal sa besogne , sabrer son ouvrage.
D'après M« Lorin , ce mot viendrait du Teuton sàbel, sabre.
(556 ) &♦#
SABOURÉ. Sablon blaac. — De ntiérae en Roaiao^ — Da La-
• . . . il"
tin «a&ttrra y gravier. ^ , *
^ SABRËUX. Sablonneux. — De même en Rouphi. .
SACCAGE {un). Un grand nombre , beaucoup.
SACCAGER. Briser, casser. — De même en Walloq.
* SACilE]^. Jeter. ^Coultumes du Bet^vomsjé
SACLET. Peti\e besace.
S AFE , SAFRE (Ponthieo). Roseau qui seri à l'einp^Ul^i^ent
des chaises.
, SAFRETTE. Jeune fille yive , frétillante. . .
* SAGËTTE. Fièche.~> Du Latin «a^eto. .. . ^
S AGOIN. -Malpropre. Ce mot, d'un unage général ,. ^ e»t la
contraction de sale grouin,
* SAIE. Taffetas. Ceux d' Arras étaient fort en renom.
SAINER. Saigner. — De même en Roman. — ^n. Sâ.N8R.
SAINGEURE. Sureau. — Synonyme : Séu.
SAINSE (Vron). Colza. — Synonyme: Cossos.
SAINT ! {ed* que)» Pourquoi ? pour quel motif ? en Thonneur
de quel saint ?
SAINTIU , S ANTIU , SANTIF. Qui se porte bien , en bonne
santé ; sain, salubre.
SAINT-PIERRE. Dorée ou lée (poisson).
* SAINT-SOUFFRANT. C'est le nom qu'on donnait à la ma-
rotte d'un officier du prinlse des sots, à Hani. Elle était oqii^H)sée
de chiffpif ^ noircis à la cheminée. On la faisait baiser pea4^ les
jours gras , ^ toutes les femmes qui entraient au marçh^^ Mais
elles pouvaient , par une légère offrande , se raiobeter de cette
obligation. (V. M. Rigollot , Monnaies des év. d,es fous , p. 38).
SAKË [mal). Mal vêtu (comme ou le serait dans un 9(fpjl^» ,
SAKELET. Petit sac— Du Tudesque ^acifcd.
SAK£R* Tirer d'un saç,, ôter; tirer à soi ; xlé^ainer. — Cof^-
SAK ( 557 )
jg^nères : à VfrknèteniMv , Rouen et Rettnds', iàkèr; Esj^nol,
iBoear. -^ E$ifihx)U)gU : du Roibûb S9ehécr , dérivé :da G^fqpw
sachet,^ -ChMèa à te mette «ens, en Hébrea.
SARERLOTTE, SâRëRGUË et SAPERLOTTE. Eat>èces
de jarons.
SALOP. Saligftnd.—Defeéche en Widfon ht Rosàftik^-Oà don-
ne la quafliâcaiioA dé ^»alope à ^nè femita^ malpropre ^ éébiAithée.
SAMEDIS AUX TRIPES. Nom qu'on donne àtix èhinedis
entre Noël et la Purification , où il est perims éé foire gras.
SAMËJON. Petite sotte* Terme de rëprocbe.
SANDRINETTE. Sterre^téte. — De œéiiie en Ronchi.
SANE. Bien, — De ritblien êàno.
S ANER. Guérir. — Comme en Roman. — C^ng. Normand et
Rouchi , sanet: Auverga. et Lang.^ sana; Espag. et Portng.,
sanar; ItaL^ sanare, — EtytHidogie: du Latin «anare.
SANER. Sembler. — 14. en Bourg., Lorn^ Roue, et Rom.
S ANER. Saigner. -^ Do Roman sainer»
SANGSUE. Petite rigolle qu'on pratique dans les préft pour
récoulement des eaux.
SANGSURNE , SANGSURE, SANGSOURDE. Sangsue.
. SANS ARRÊT {un}^ Étourdi^ qui ne peut se tenir en repos.
SANSONNET. Ëtourneau , oiseau qui apprend facilement à
ehansonner*
I S AN VRE. Sénevé Dans quelques localités^ comme à Vron^
ce mot signifie colza.
SAQUOi {un), tin je ne sais quoi , quelque chese que ne sak
désigner (l^avance la personne qui parle. On dit, dans le même
senû y séqtiàiè , à Vàlenciénnes , et sdMà, à lons-le-Saunier.
SARGË (Vindèu). Sarcelle d'hiver. — Synàh. Ïriifledr.
SARÀÈU^ SARKEUL. Ce^i^cueil. —Cting. Frafatf-'Cîniitois ,
sàthéU; kXUtti.^satg. ^ÈfgiH. du Rcrtn. iarkisuly smrkiis , dé-
rivé in Lat. t&teôjfliàgu*- (r»fK«t ^dty«.)
36.
( 558 ] SAR
SARRETTE , SURKETTË. Souricière. Peut-être du Latin
earcery prison : adoucissez le son du premier e et durcisses celui
du second , vous aurez satker , d*où nous aurions fait $arJceUe.
SART. Champ. — De même en Roman.
SATANITE (Vimeu). Oiseau des tempêtes. Syn. Ëgaillettb.
SAU. Saule. — Etymologie : du Roman $au$,
S AU. Saoul y ivre. — Id. en Wal. , Roochi , Bourg, et Vosg.
SAUT- Chaleur , rut.
SAUTE. Ëtable. — En Auvergnat , souda,
SAUTERELLE (Abbeville). Crangon vulgaris. Ce mollusque
s'appelle grosse , à Saint- Valéry ; crevette , à Paris ;' sautieot , à
Bayeux , et salicoque dans quelques Provinces.
SAVART. Terre inculte. — De même en Roman.
SAVELON. Savon. — Idem en Lorrain et en Roman.
SCI AU. Seau. — /dem en Lorrain.
* SCIEU. Suif. ("Cartulaire d*Àmiens , 1304).
* SE. Sa. ^Archives de Soissons y 1261).
* SE. Si.
SE. Sel. — De même en Rouchi.
SE. Sec. — En Roman se's, .
SËAGE^ Espèce de banc entouré d'une balustrade sur lequel
on pose la grosse vaisselle.
SÈCAN. Quelque. — Synon. QuéQus.
SEILLE. Grand seau où se met ordinairement Teau à boire.
— De même dans beaucoup de Provinces et en Vieux-Français.
-^ V. Du Cange , à situla. — En Prov. et Port , sekla.
* SELON. Le long. (Amiens y 1373). Terminé par un C, ce
mot a le sens de selon. (CarU de Moreuil , 1249).
* SEMAINE PENËUSE. Semaine sainte. (CauUmMS de
Beauvoiiis , chap. 22 , p. 22). — Littér. , semaine des douleurs.
* SÉMINAUX. Sorte de pâtisserie , composée de fleur de
SEM ( 559 ]
I
farine et d'œufs. ^ On lit dans une détihératioià de la ville
d'Amiens , du 5 juin 1458 : « Il est deffendu aux boulangers de
faire des séminaux , pour ce que les œufs en enchérissent et si
n'en est pas lé pain blanc si bon et est plus bran parce que les
dits séminaux sont faits de le fleur de farine ou da cuer du blé. »
SEMISON. Temps des senàailles. — Du Roman semaisan.
* SEMONCE. Assignation. ^Coutumes du BeauvoisisJ.
* SENERONDE. Goutière , canal. — Syn. Noo.
SEVENIENT. Heureusement que , bien est advenu que.
SENTE. Sentier. — De même en Normand et en V. Français.
— Etym. Du Latin semita. — Synonyme : Piéghinte^ Voybttb.
* SETIERCE. Sepiier. fMontdidier , 1258).
SERANT [tout). Tout près de. Cette expression correspond à
ritalien rcwentc, proche de. — Etym, du Français serrer.
SËRER. Fermer.— En Espagnol 7 ccrrar. — Syn, CLOcas.'
* SEREUR. Sœur. fMoreuil , 1245).— Du Latin *oror.
* SERFS DE LA VIERGE. C'est le nom que se donnaient, au
xii.« siècle , les moines connus sous le nom de Blancs-Manteaux.
SÉRIE. Assemblée du soir oi!i les femmes s'occupent à filer.
— Du Latin serus, soir. — Synonyme: Yespréb.
* SERORGE. Fils de la sœur. [Noyon, 1227.) — Du B.-Latin
sorarius.
* SEROUGE. Beau-frère. (M. Mamier.)
SERRE-FRONT. Serre-tête. ■— Synon. Sandrinettb<
SERVEUX. Aide, ouvrier. — De même en Roman.
SERTE. Salaire. — Du Roman déserte.
SESSIAMES, SESSIONES. Corruption dn moi sept pseaumes.
Prières pour les morts récitées par des enftints moyennant deux
liards. On les fait dans le cimetière, à l'heure des vêpres , le jour
de la Toussaint , en présenco des parents qui les écoutent à ge-
noux sur la tombe de la personne qu'ils regrettent et pour laquelle
36.*
( 560 ) SEU
Û9 fbat prier. Ceux qui refaseraient de faire dire des êesiiones a»-
raieojt vus de très-mauvais œil. Cette «sage subsiste eucore à
Feuqnières.
S£U. Sureau. — Congénères : Lorrain , Berrichon , Franc-
Conxtois eit Dauphiné , seu; Genevois et Yaudois, sau; Jurasslii,
«ou; Wallon, «aou; Languedocien, sahuc; Provençal, «an^ —
Etymologie: du Roman «eu, dérivé du Latin sambuetu. 11. Du
Méril pense i]qe ce mot vient du Celtique. A Roye^ Gadiismy.
S£U» Ivre, saoul, — Du Latin satur qui a passé par les mu-
tations suivantes : satur , satullus , satul , sataulf sadoul^, êo^ul,
soul^soUfSeu.
S£UC£R. Battre à satiété. — Syn, Buker, Escarpogner.
SEUDARD. Soldat. Voyez Soudard.
SEULIER. Grenier, — Synonyme : Guernibr.
SEULET. Soulier. — V. Sola.
SEULIN. Poutre desolive. — De même en Roman.
SEUR. Sur. (prép.) — De même en Roman.
* SETUE. Graisse. — Du Bas-Latin sevum^ graisse de porc.
SL Cette conj. s*élide quelquefois devant une voyelle: s*oê
alîcfns , si nous allons .
SIE. Vessie àl&bac.
SIE8SE. Merise , espèce de cerise.
SIET. Prononcé d'une seule syllabe , siet est une particule af-
firmative. Prolongé par la prononciatioR , c'e^t ORe exelaoïAfion
de refus eit de dédain. Henri IV se servait souvent de cette locu-
tion. (V. TetbleUetMstùrique» des rois de Froncée) a S(ef, dit M.
Ampère , répond au si è des Italiens [il tn est ainsi) ; enplbyé
exactement comme «t ^ il montre l'origine 4e cette afinciatioR. »
SI FAIT, SI FOUET. Réponsede redressemettt ëvue ptraée
négative.— Elle est conûdérée comme beaucoup plii«:hoRnèle<fie
si tout court. Il en est de même dans le patois du pays Obartihiin
et de l'arrondissement de Valognes. Cette forme de néjgRtioa ,
9IF . ( 56$ )
dîit M. £' Du Méf il, est d*a«tant (U«b rem^tifiiaMe tfie^ dans
les poèmes dialogues de Boswitha , si est em^yé eetnme parti**
eidie ttégative.
SIFLEUE {p9tm^ GaroL (oiseau^
* «IGILUEA^ Garde sceaik.--' Du. Laii^ «iféUêffi , sceau.
â£GN£T. BAg«e.a.Yeo un ch&tOB.
SlliPLET^ IdkttvnÎMft, qui âoa gpaein de folie. — Syné Nioqa»*
SiN ou SËN. Son (jN'on)v-^C<m|f. Flamand et R<Hichi , sèn i
Berrichon, «in.
SINGLE. SimfJe. — En Roman , sangle qui s'est conservé en
Normand. Vient de l'Anglais single ou du Latin singulus ou du
Celtique cengL
SINS. Sans. — Cong. ïurass. , sins; Esp. , sin. — Du Lat. sine,
SINTË (qu'il vaudrait mieux orthographier simté). Sentier. — ^
Du Latin, semita» — Synon. Sente, Piéghinte, YoTBTTEt
SIR {juer au). Jouer au cheval fondu.
SIROT. Guignard. a C'est un oiseau écbassi'er dU genre du
pluvier, particulier au pays Chartrain, Jean Guignard, bourgeois
de Chartres , fut le premier qui , en f 542 , en fit connaître la dé-
licatesse. En mémoire dece service, les gastronomes de l'époque
donnèrent à cet oiseau , que les Amiénois appellent #trof, le nom
de l'amateur qui avait découvert ses excellentes^ qualités. » ^o-^
qne(9Ti ^. Diet. éiym.^ t. ii.)
SIS91TE {faite). S'asseoir, terme enfontin*
SIT NOMEN {du). De l'argent. On saittpie lespièces de nKitl«
naie portaient jadls= pour inscription : Sit namen' BonHw hene-*
dictwn»
S'If . Sbn (pron.) (devant une voyelle ou un h muette. )
SOBIOT. Slot. — Syn\ Oblot, Nivelot', PxtnrAONA.
SOËLE. Mensonge. — Syn. Gausse, Mintirie.
SOÈLE. VfisT, Se dit d'an finit rougi par le soleil ou d'un
IVnit à coque qui se dépouille facilement de son écaille.
( 562 ) SOE
SOËLE. Superbe , magnifique , énorme. Adjectif qui emporté
une idée superlative.
SOEURETTE. Petite sœur.— 11 y a , dans le canton de Saint-
Valéry , un bois nommé Bacchan - Soeurettes. La tradition
prétend que chaque nuit, des Fées nommées soeiwettes ou petites
sœurs , y exécutaient des danses analogues à celles: des Bac-
chantes y de là , le nom de Bacchan-Sœurettes. La chronique
ajoute qu'après avoir exécuté leurs danses , elles 8*enTolèrént eu
laissant tomber une coupe d'or destinée au propriétaire dii bois.
Mais , comme le dît M. Delegorgue-Gordier, à qui nous em-
pruntons tous ces détails:
Mais vainement, dans toutes les saisons,
On eiplora les bois et les gazons
Pour Ty chercher : cette coupe admirable
Jusqu'à présent est restée intronvable.
SOIFFEUR. Qui a toujours soif, qui boit souvent.
SOILE. Seigle. — De même en Franc-Comtois, Rouchi , Aus-
trasien et Roman.-r- Synonyme : Seioue.
SOILË. Qui éprouve la soilure, — Voyez ce mot.
SOILEUX. Seigleux.
SOILURE. Echauboulure. — De même en Roman. — r On est
soilé quand la chair , par suite d'un frottement quelconque ^ s'é-
corche dans sa superficie et s'enflamme. r~ Etymol. Du Lat. sa-
lutm y dissoua, coupé.
SOIRË. Hareng-saur. — Syn. Grakelot, Bouffis.
SOL A , SOLE, SOULE ou SORLÉ. So\x\ler.^ Congénères:
Rouchi , sorlé ; Vosgien, solet; Lorrain, soulé ; Messin , SQÏlée ;
Borain , sole ; Franc-Comtois , soula ; Poitevin , «oulat ; Basqne,
soleia ; Ital. , soletta, — Etym. du Lat. soletus ou du Bret. sol.
SOLAR. Sot, niais. — iSynon. Oblot , Godichon.
SOLE, SOLËU. SoleiL — Congenèret: Berrichon, spulé; Ljr
SOL ( 563 ).
mousio 9 soulH ; Lorrain , êoulé; Lithuanien , sauU ; Italien ,
9ole, — Du Latin iol. — On prononce Solaionb , à Béthune.
SOLE BOS. Crépuscule. — Littéralement , soleil has.
SOLE^ SOULE. Espèce de jeu. — Voyez Ghole , et Ghaullb.
SOMMIER. Poutre.— De même en Rouchi , Norm. et V.-Fr.
SONGERD. Pensif. — Du Roman «ôn^eord.
* SORGHERON. Breuvage fait par sortilège.
* SORE. Jaune.
SORLË. Soulier ; de même en Rouchi. Voirez Sole.
SOSOT (prononcez çoço). Niais , godiche. — Syn. Dadais.
SOT. Fou. — Synonyme : Toké.
SOTTE (Gayeux). Combattant femelle (oiseau).
SOTTES (avoir les mains). Avoir Tonglée. — Syn, Piquette.
SOUBITE. Mort subite.
SOUGARD (Artois). Sournois.
SOUDARD, SEUDARD, SOUDERD. Soldat. ^ Congén.
Bourguignon y «oudor; Lorrain, ^ou({ére; Franc-Gomt. sofidard;
Anglais, «ouldier. — Gaseneuveet le docteur Jonhson font ve-
nir soldat et souldier de soliduSy monnaie dont on payait les
gens de guerre. Barthius, Vossius, Ferrari et Saumaise le déri-
vent de solidare, solder; Gujas, de l'Allemand sold ; Gamden et
Pasquier,du Geltique. « J'ayme mieux, dit ce dernier {recherchés^
1. VIII, ch. II.) puiser ce mot de noz Gaules , que de Rome, comme
font quelques Escoliers latins, quand ils le disent prenant sa source
à Solidis, quasi SolidariiSf et que de la soulde qu'ils prennent
vient qu'ils sont ainsi nommez: Gomme si les Gaulois qui n'avoient
auparavant aucune habitude avecp. les Romains, eussent été em-
prunter de leur langue un nom de leur principale police: De moy,
je veux croire que du Souldart Gaulois vient ce\ny de soulde y
souldoyer et «ou2do2/emenf: Parce que nous n'employons le mot de
soulde que pour les Soldats, et si on l'avait emprunté^ du Latin, il
( 564 ) SOU
iroU ^fmi poup tou^e aiM,re sortç de pay^ipeet qui ^fToroit.Qi^aiv»
gent , oç qiUje.90iM9 ç.e pr£kU<£upnB p^0^. La soldç don^^esi fit aiii^
dite, parce qs^l^Sat^ldaxi s'^çoiployaDi ppop sçn S^igiifB«|* en
la^gl^rre, et ménjl,ant qiieV]ue récompense 8Qul||e,Qi9.80ttlda$e-
m/But, on appela ce^e récon^epse^ouZ^. x>.I,i% 7diD%i|q|^ d(» Paa-
qaier, en nous prowv^^tque la aig9ÎficatiQn de|i^{^^»^JB9.lBi%en&
général àe payer une dette est d'unie dat^néceniQ» iM)ii».QO<]Jgrme
dansPopinion qneleV.-F. et le Picard soudard àéT\yeui^^VifC^\^'-
que sodyon. On trouve d^ns le poème du Graal Texpreitsioi^ sp-
dierqui se rapproche plus de soydion que soudard : Est U sodien
mauvais qui se part de son signour sitôt qu'il OfSes sodées re^es.
SOUFLER AU CHARBON. C'est ainsi qu'on appelait^ au xv^«
sièole, le jeu si connu aujourd'hui^soos le nom de pnfMt, ho3^^
homme vit encore. On se servait d'un charbon au lieu. d^'a,ljam^tte.
On lit dans V Histoire de Jehan d*Âvennes : et quy mou}tm^ plQisti,
on y fait beaucoup d^aultres choses y comme de dire des fables y se
jouer k soufierau charbon. (Chabaille^ Hist. deJ. d'Av^^nes^ p. 20)
SOUÇrËS. Vayasseur. (Coutumes de Beauvoisis..^.
SpUGLOT. Hocquet.— Con^. R.ouchi , souglout ; ftasrLim. »
senglou; Gascon, sanglot: Langued. , sanglout. — Etym» du
Roman sanglout, dérivé du Ls^insin^ultus,.
SOUILLON. Fcfmme sale, malpropre* — De m^m^en ^0|i|aQ«.
SOU L AG E. {féminin). Soulagem ent .
SOULARD. Ivrogne. — De même eu Champenois.
SOULE. Espèce de jeu. — Voyez Chole, et ÇnouLiiB.
SOURDER. Soupeser.
SOUSÇLAVE. Faussqclé.
SOYE, Scie.
SQYERf Scier. — Comme en Ron^au. — Cpng. R^qqc*» soyisri
Lqrr. , sayi; Wall. , soi ; Franc-ÇpmA» , <0|/îe.
SOYEUX. Sciqur ^ moissppneur. — De même ea Wallon,.
SÔZ ( 3» )
* SOÏ AAQM' Mineo^r. (RçauiDftDoiir.) -- LUUx. 9, «ont âge.
. * SOZESTABLI. Procureur substitué. (BeaumAiM>irO
* SPO]!ï»{^. Peléo. {Archiver é^Àmuni.iM».)
STAPENDANT. Cependant. Ce root est ainsi orthographié
dans plusieurs chartes; Froissart l'emploie très*souTent. C'est
une abréviation de ce temps pendant fhoe tempore pertdente.J
STERNER. Renvervef. — Du Latin stemere. — V. Esterner^
STICUI. Celui-ci. — Du Latin est hic.
STILO. Celui-là. — Du Latin estiîle.
SU (eu/). Je suis. Le m qui , dans la langue romane , se dé-
tachait si facilement de la terminaison des mots latins, a laissé
su, en se séparant de sum.
SUÇON. Lançon ,~(poisson).
* SUEUR. Savetier , cordonnier. — Du Latin sutor.
SUIRE. Suivre. — De même en Borain, Rouchl, F. CiQmtois,
et Roman. Le participe Picard est svi, tandis.que, danala langpe
Romane , on trouve presque toujours sieuiy siuû
SUPITER. Tourmenter. — Syn. Foire e^dever..
SUPPORTÉ. Se dit d'un objet qui n'est plus neuf. Cet adjec-
tif ne devrait s'appliquer qu'aux vêtements.
SUPRtCOT. Ce qu'il faut payer au-delà, {suprà] de VécoL
SURRIE^R. G,ijetter. — En patois de Cherbourg et en Vieu3i;.-v
Fraoçaisi , surgu^,—. C'est une crasMS^ de sur-g^ueiter,
SURKETTE. Souricière.-- Voye? Churkbttb.
SURPIQUET. Sobriquet.
«
Jamoais je n! conte ed mintiiâeS',
Ch' qui «y; veut l' surpiquef.d!. Franc-Picard.
l^in tnayaillaipt.ej gag^e m' vie ,
Sins pour cho dev.'nir ein rjchard. (Âveua: dtM F, Pic(vtd)^
* SU&QUË DENT. Cure-dent. ^Coffttulairê^de^SienUêy Itfoa);
SUS. Suif..
( 566 ) ■ SUS
SUS (prononcez su). S nr, (préposition). — De même en Berri-
chon et Roman. .
SUTÊME. Sécheresse, temps qni fait sécher. — V. Essu.
T*. Ta (devant une voyelle). — Synonyme: Et*.
TABIEU. Peu intelligent. — Syn. Gahouite.
TACHETEURE. Maintenant. — V. Asteurb.
TAGON. Pièce qu'on met à un habit ou à un soulier. — De
même en Vaudois, Langued., Gâtai., Rom. et Gelto-Breton.
TAGONER. Raccommoder des vêtements ou des souliers.—
Congén, Rouchi, taconner ; Lang., tacouna; Gatalan, tacounar.
TAGOIN. Goup de poing fermé. — Syn* Atout, Torgnole.
TAHOUITE. Qui a l'esprit étroit.— Synon. Gahouite.
TAIGUE. Plainte.
TAIGUER. Se plaindre. — Signifie aussi tousser. — En Nor-
mand ,' taigner.
TAKE. Place, endroit. — De même eh Franc-Gomtois.
l'AKE. Tache , souillure ; comme en Roman. — Congénères :
Espagnol, taca; Italien , tacca. — Du Geltique take. — Le gué de
Blanque-Taque f par où passèrent Edouard et l'armée des An-
glais , était ainsi nommé , parce que le fonds de ce gué était com-;-
posé de gravier , qui y formait des taches blanches.
TAKE. Plaque ou contrecœur de cheminée.
* TAKEHAN. Goalition d'ouvriers. — Auxiii.» et au xiv.«
siècles, il se formait souvent, dans les villes industrielles du Nord
des coalitions d'ouvriers qui s'insurgeaient contre leurs maîtres
et l'Autorité communale ; ces émeutes étaient parfois sanglantes.
En 1279, un takehan se forma à Douai, parmi les tisserands, parce
I
TÂL ( 5&1 )
que les éche?iii8 voulaient prélever un impôt inaeeoatumé sur les
draps. Un soulèvement beaucoup plus considé;:^ble ei]^ lie u»; vers
la mêmp époque, à Arras. Ce tahehan soulev^.laioommunçjoonlre
leséchevins et la bourgeoisie et occasionna de nombreux ié-
s
sordres. — Voyez Recueil d'actes des^ xii.^ et xiii.« sièeUs en lan--
«
gue romane du nord de la France ^ par M. Tailliar, page 119» et
les OHm publiés par M. Beugnot, tome ii, page 245.
TALEUDER. Presser quelqu'un de faire quelque chose.
TALEURE. Tout h Theure. — De même en Lorrain , Champ,
et Rouchi. ,
TALOT (Béthune). Maladroit , bête. Synonyme : Hortoplqt.
* TALVAS. Sorte de bouclier qu*inventa un comte de Pon-
thieu, au commencement du xiii.« siècle ; il étaii surtout destiné
à garantir des flèches des archers et des arbalétriers.
TAMPON. Bondon de tonneau. '
TAMPON {faire). Faire bombance. Syn, Nocer, Godailler.
TAMPONE. Ratatouille.
TAMPONE. Femme courte et mal bâtie.
TANIKER ouTAMIKER. Frapper à coups précipités.
TANNER. Chagriner, impatienter. — Terme populaire d'un
usage général.
TANTIAU. Pauvre diable; imbécile.
TANTINET (un). Un peu. — De même en Normand et V.-Fr.
— Du Latin tantillitm, diminutif de tantUm.
TANT PUS. Plus. -^ En Vieux-Français , tant plus,
TANT QU'A MI. Quant à moi. — Synonyme : Por mi.
TANT SANS PUS. Presque pas, seulement, plus; — In'y o
tant sans pus qWeine demi heure ^ il n'y a qu'une demi heure.
Signifie aussi certainement. —Je n*irai poinV tant sans p^is,
TANT SEULEMENT. Seulement. Cette locution anjourd'frùi
condamnée se trouve dans les meilleurs écrivains du Moyèn-âge :
a Se nous sommes cki tant seulement cinq jours. » (FtWe-/fafirf.)
( ses ) lAP
TAFÊE. Gr»Béeq««ntitié.— idi. enLor. Rooeiiv et Nonwaad.
TAPETTE. Espèce de jeu qui se fait aTee d^ sofUB ga'on
lape <{e chatKTp contre une mimiHe.
TAPIII'. Tambour (parce qu'H tape sur sa caîssq}. — IXe tnéme
en Normand, etc.
TAPINOIS (en). Fn passage dés Jf^otm ehrtmofùpîfuet âe
Decoart , iv)as apprend que cette expression , dforrgfne picarde ,
n*étaitpas encore admise , en Français, auxTin.^'stècle.
TAPOTER. Frapper des petits coups.
TARLEINTEUX. Lambin , musard. — Sjffn. Lanterneux.
TARTE AU. Domestique de ferme qui s'occupe ^écialèment
des bestiaux.
TARTERONE. Petite tarte à pomme qu^on nomme aussi
chausson.
Si viendront les filies d'Orchies ,
Qui ont maiu et pattes noircies ,
De faire tarlerons dorés ,
Waltelets et flancs mal arrés. (Faitz et Dicts. de Mollnet ; (,' S40.)
TARYENOT (le Grotoy). Hirondelle de mer.— Syn^ Buvkikt.
* TASSE. Bourse du mayeur d'AbbeviUe. « Lorsque le a^
tême municipal florissait dans la ville d'Abbeville , dit M« A^ de
pQilly;, le mayeur, pour marque de soa autorité annuelle^ por-
tait, attachée à sa ceiotnne, une bourbe violette à fernaoîpdtar-
gent , nommée toêse , laquelle avait nécessaiflBment fAmi^rs
compartiments ou divisions , puisque ae magistrat y ccmeerrait
le.86eaa.de, la. cité} y renfermait les dépêches de la eo«net y dé»
posail Ie8,|)jlac/»t6 qu'on lui nsmetUit quand il'tparcoitfaitla ville.
Ona^ ditron.,, .^auvent disputé sur Tofigine et la. signification
d^ooinom. Voiei notre opinion à cet: égard.
aX'usage de porterie la. ceinture, àdéfauti de pocbee^ide gran**
des, bourses- ou saca.ajvoA oui8ansvçpmpartira(snt»^,.qMi a duré fort
TAS ( 589 )
airaait duM le Bi»y«D*-âge , «e trouve déjà établi dàifâ uon très
haute antiquité ^ «omms on le Vroit ^ar k «déieiise que faîiuiit
Moïse aux Hébreux, d'avoir •dans k ÉiéitM èoàrM déak (KMds,
^'wa ftluB fiaiUe , rentre |)ias fort, il ne paraîtra dotic pas^n-
Bamt que movt» Issstons remonter le même usage dans le Pm^
thieUf à répoque bien plus rapprochée de notre temps, oà les
Maastliens coavnueni œ pays de ie«rs établissements de com-
merce j ni que nous ^^BMii^dioas à leur langue l'explicattoa de
ce nom ToMe^ que nous croyons^ du reste,, avoir été alors , dans
ce cain de la Gaule, oelui de toutes les bourses du même geure.
» Cette, expUoatien, nous k trouvons «ans peiae en dérivant
Uks$e de r^-ow , je range , je mets en orére; en sorte que ce nom ,
ea faisant alkisieo ftux diverses cases qui ocospaient rûrtérienr
de ces espèces de sacoches , les distinguait assee des antres
bourses qui étaient dépourvues de ces compartiments. » (Mém,
sur une Colonie VMLêsilienneJ. Une étymomologie moins éloignée
peut se trouver dans le Flamand tasse ou dans T Allemand iasehe^
poche , bourse, — Tasse signifie aussi giheeièreé
TASS£T.. Pièce de rapport cousue à un habit, à un eo«*
lier , etc. — Synonyme : Tagon.
TASSËTTË. Plante, tblaspi,5tfr#a. pcutori^.
TASSëTëURË. Maintenant. ^ Voyez AsTBOftB.
TASS£Ui.£M£NT. Seulement. Synonyme ; Ta«t i»KULiiilBMT.
TASSI£U. Reprise mal &ile.
TASSIS. Aire démange.
TATASS£. Tatillon , qui entre dans des détails inutiles.
TAT£ M£S GLAIN£S. Mot à mot tate mes poêles. Ot dé-
signe par là un homme qui s'occupe de certains eavraged qui sont
réservés aux femmes. — 5|/fion|/iiie : Titissb.
TATIGUÈN£. Espèce de juron. •— Synon, pAnacnàMS.
' TATiLL£R. Tatillonner. -^De même en Lorrain.
( 570 ) TAT
TATOULE* Femme qui n'a pas d'ordce. — De même en Roo*
cfai.*— Ge mot signifie aussi volée de coupe de hdtên^
T AUD£ (Boubnais). Appui d'un levier. •.
TAUDION. Maison malpropre, taudis. Du Gange dérive Imi-
dU de tuldum » désordre que fait dans un camp le bagage des
troupes* •
TAULE. Table. -^ De même en Bourg. , Rouchi , Vosgien ,
Roman et Geltique. — On dit taula , en Géorgien.
TAVERNIER. Cabaretier. — De même en Vieax-Français.
TAWAIS. Homme lent et d'un esprit borné qui a des habi-
tude de commère. — Synonyme : GouHBRLAMDiBik. . .
TAYON. AïeuL — De même en Normand. Dans la coutume
Boulogne , les vieux chênes sont apptîlés ehême layons. Ge mot
avait jadis la signification de oncle , comme le grec Ut^n TheU
signifiait tante y comme le hiu des Grecs.. Une mutatton de'sens
analogue a eu lien dans le Français neveu (nepox, petit-fils), dont
la signification actuelle ne remonte qu'au xvni.® siècle. On voit
par une note de Ma rot que , de son temps, tayon signifiait déjà
grand'père. « Tayon y père grand, en langage Picard y duquel
» Paris tenait plus lors que i présent. »
TCHER. Tomber. — Voyez Kère.
TGHEUR. Pononciation du mot ccbw , dans l'Araiénoié.
TGHËN. Pron. du mot chien dans le Santerfe. — yôjét Kibm.
TÇHIOT et TCHITCHIOT. Petit. — Voyez Tiot. • '
TE. Toi {régime). Lanche te dins tin calU,
TE. Ta (devant une consonne). Où qu'o foprins te besc^he.
TÉ. Aphérèse de été {participe.)
TÉ.. Te. Euj té connais. — Synonyme ; T*.
TÉGUER. Faire des efforts. — Ne pas trouver aisément .ce
qu'on veut dire. -U S'arrêter en parlant^ bégayen -^Balancer sur
le parti qu'on doit prendre.
TEi ( m )
T£1GN0N. Gourme.
TELE. Terrine. — De même en Roue— âyn. GAii£kLB,TéLO?r.
TELLIER. Fabricant de toile. —Du Latin iela, toile...
TÉLOT. Voyez Tblb.
TÉN. Ton. — Cette ortographe mén, ién^ sén etc.; serait peut-
être préférable à celle que nous avons adoptée mtn; ttn, «ifi» etc.
TENDEUX. Oiseleur.
TENË {petit}» Milloin (oiseau). — Sffnan. Pilbt.
TëNË. Fatigué, lassé, ennuyé. — li.de Poilly donne à ce
Terbe une étymologie assez-harsardée : ce de rfiy«^«/, je m'étends;
c'est Teffet pour la cause. Le lexique d'Hérédio donne à ce verbe
inoyen une signification qui approche beaucoup de celle- que
nous lui attribuons ici : rtlfo/Am^ dit-il, occupor , éed eum todto,
diêtendoT. » {Mém. 9wr wm colonie massilienne,)
TENEPPE (Réthune). Guêpe. — Syn. Vàpe.
TERGHEU. Son, gros son. — Peut-être de <^, trois fois,
cheu^ tombé. On dit tsreml^ à Réthune; c'est Tancienne ortho-
graphe romane.
TÈRE. Tendre. — Se^dit surtout en parlant des fruits, et du
pain. C'est une contraction du Latin Uner.
TËRELLE. Tarière.
TERGER. Tarder, différer. — Du Rom. tarder. Y. Atarcbr.
* TERMOYEUR. Prêteur d argent.
TÊROU. Martinet, hirondelle qui fait son nid dans>les<^e(7e«,
c'est-à-dire dans les lieux d'où on tire dç la terres pour faire du
mortier.
* TERRAGE ou CHAMPS ART. Droit de gerbe de blé ou de
légumes que le seigneur de la terre prend sur le champ, avant
que le laboureur enlève son blé. (M. J. Maruier.)
TERRIER. Ce mot qui , en Français , signifie le trou que les
renards, les lapins et quelques autres animaux font dans la terre
( 978 ) TE»
pour 86 cacher, a un sens plus étendu, en F^rd. Il est^yMiijrms
ée «oulMTolii. Qtk oomthunîqoe par i'égtiBe d' Attâêchy (atron*
dissement de Montdtdîef) à uû vaste 80iit«ùh[«in ; tm des piliers
porte cette inscription , datée de 1600 : entrée Eu têrriÊt.
TERTIN. PaiAe menue q«i*^Mi demie ati« montoM^
TERTINS TEAT0U8. AngiB0»taUfde«erto«i9«
TERTOUS ou TRETOUS. Tous.-- De mÔKie efiY. f ttriifiiis.
— Le mot tout ne parait pas étte de nature à receftoir Qfté Ibirme
comparative on soperlative. Nos pères croyaient polittaiil lai
donner plus d'énér^çie par l'addition de ter ou ire, €'eel dan» le
même but que les Grecs , disaient rptfêiyiaThf « $er mas^iwme.
C^est ce ({oe Patru appelle une lœution êUf^rîaiwemeni ««-
perltUive.
TESTIGOTËR. Contester ^ diwmter. Du Latin tesitM^ «èmoùi.
TÊTE. Sein , mamelle. — Con§énères : Rouehi «t Wàilbn ,
teUe; Languedocien » tetti: Espagnol , feto.-^Dii Gek. Ml^
TEULE. Tuile«^De même en Roman ei Bas-BreCOn^ .
TEUMETTE. Culbute.
TËUPE. Taupe. — ^Locution Picarde: etHK>yfrcficl^àf«li|>e«,
faire mourir, envoyer dans le royaume des taupes.
TEURCELER. Entrelacer.
TEURLIR. Reluire.
TEUTER. Eiaver
tISGTTER. Frapper. Oh serait tenté de otoire q%b <è mot
vient du 'Grec ruTrra.-^Synan. BcKEn, AtmuMbnn.
* THEYE. Tante. — Voyez Tatow.
* T&IERCH en THIERCH jour. .On entendnfl parla, les
lyournetnéùts à trois briefs jours contre les délinc(ttanfs« jfl}i>U-
umes du Pimthieu , par Deleguorgue, art. 186).
TL Toi , à toi. — De même en Rouchi , Lorr. , Esftai ^ , Pdrt. ,
Bohémien, Esclavon , Vieux-Français , Roman et Gtiti^e^
TIA ( 573 )
« .En 1494^ Catherine de Lice, habitante du faahoorg Saint-
Pierre , rendit infructd^use la tentative faite sur Amiens piar
l'empereur d'Allemagne. Cette héroïne, ayant remarqué que les
Autrichiens se glissaient , à la faveur des ténèbres , contre les
murs de cette ville , s'élança aussitôt à travers leurs bataillons '
sur le bord du fossé, d'où elle cria de toute sa force, en patois
Picard, à la sentinelle: Hé! guetprins garde à H. Cet avertbse-
ment ne fut point inutile : aussitôt la cloche d'alarme se fit enten-
dre ; les Amiénois coururent aux armes et précipitèrent en bas
des murailles^es soldats de Maximilien. » {'Notice "Bur la ville
d'ÀmienSf'pAT MM. H. Dusevel^t R. Machart.^
XI ? Particule: interrogative .qui ^'ajoute au verbe. J^irai-H ?
Irai-je ? Os croyex-ti ; croyez-vous ? ^^
TIACHE ou TI ASS£. Coriace, difficile à couper : Quéviainde
iiaeke ! autant mier des semelles ed' soles.
TIBIAU (Boolonais). Bâton de berger j de vacher.
TIENNE (eul), Le tien , la tienne. Se dit pourries deux genres.
TIERCHAINE. Fièvre tierce. — De même en Roman.
* TIEX. Tel. {"Coutumes^ du Beauvoisis.J
TIGNASSE. Chevelure en désordre. Ce terme populaire est
mentionné dans le Dict. de Laveaux. — Il dérive peut-être de
Mgne, , .
TIGNEUX. Qui a la teigne.
TIGNON. Chardon.
TIRETER. Marquer de petites taches. — Sytion* tÉKtatài
TILË. Terrine. — Synonyme : Tèle.
TILLE. Pu^tie la plus déliée de l'écoroe de l'arbre-; éoorce
du tilleul servant à faire des cordes à puits.
TILLE. Outil de chairon. *
TILVOT. Chevalier aux pieds verts (oiseau), ^yn* RoussELBTtB.
* TIMONAGE. Droit de transport.
37.
( 574 ) ^ TIM
TIMPE. A bonne heore. Il .est coite timpe , il est encore
mâtin. — Etymologie : du Latin tempus , temps.
TIN. Ton. — De même en Berrichon.
TINCHER. Tancer, gronder.
TINCHEUX. Grondeur, méchant.
TINË. Gros bâton servant à porter un fardeau ; sorte de le>
Tier pour porter un seau.
TINETTE. Petite cuve en bois.
TINTOUIN. Embarras, casse tête, inquiétude.
Qu'os ïi'ayècl)e
Point de chagrin
Ni de tintOQHi. {Souhaits de J. Groédur.)
V^. Tatin arait le même sens en Vieux-Français.
TIOT. ^etit. — Abréviation du Roman petiot, dérivé du
Vieux-Latin petilus.
TIOTAIN , TIOTAINÊ. Très-petit. — Syn. TGerrcHiOT.
* TIPHAINE. Epiphanie.
TIRANDER. Tirailler.
TIRE-P ANCHE. Compassion , émotion, sensibilité; — Ce
mot pourrait paraître bas, si Von ne se rappelait qu'on dit, dans le
même sens, émouvoir les entrailles,
TIRE T'ARRIÉRE. Taloche.— Parce que hi personne qui
la reçoit se retire en arrière.
* TISAGNE. Fête de la Circoncision. {Montdidier^ 1899.)
TISSIER. Tisserand. — De même en Roman. •-* Du Latin
texere^ tisser.
TITISSE. Tatillon , homme qui s'occupe de travaux de
femme. — Synon. Tatasse, Tate-mbs-gla-imes.
TIUTCHOT. Petit, tout ipei\i. -- Synonymes i Tiot,Kiot,
PlOT , TlOTAlN.
T'N. Ton (devant une voyelle.)
TOK (575 )
TOKÊ. Qui a le certeau fêlé ; qui a un grain de folie. Litté-
ralement , qui a eu le cerveau toké^ frappé» Cette expression est
commune aux patois du Langued.» du Berry, de Normandie, etc.
TORËT. Bonnet de femme. — Synon, Galtpbtte.
TORET. Vive. Traehinus vipera^ poisson qui a une épine sur
le dos. Quand on le pêche et qu'il pique , il faut dire onze fois
l'oraison de toket, ainsi conçue: tokei^ toket^ si tu piques min
pied , tu ne piqueros mie min 'c... Sans cette précaution , dit-on,
la blessure deviendrait dangereuse... !
TOKËR. Toucher , frapper, trinquer. Onomatopée employée
4ans le même sens , dans presque toutes les provinces. — En Es-
pagnol , toear ; en Italien , toccai^e,
* TOLIR. Enlever. fRue^ xiv.« siècle) — Du Latin tollere.
TOLLINET. C'est un tout petit fagot , composé de branches
mortes qu'on ramasse dans les bois. — De iollvre^ ramasser.
TOMBELLE. Monticule factice d'une forme conique ou ar-
rondie , d'une hauteur de 12 à 15 mètres. Elles sont très-com-
munes en Picardie et surtout dans l'arrondissement de Saint-
Quentin. On les regarde comme des monuments funèbres élevés
par les Celtes et les^ Romains. (Voyez Mém, de la Soc. des AnU
de Pic. , t. VII , p. 509)..
* TOMBEREAU. Nom qu'on donnait jadis aiix sautriaùœ de
Verberie. — Voyez le Chap, vi.», g. 4 , <Ie« Dictons historiques.
TOMO. Personne qui ne bouge ni ne parle. — Syn. Eto.
TONDEISON. Le temps où l'on tond les bêtes k laine. -^ De
même en Vieux-Français.
TONDRE (Boulonais). Amadou^ -— De même en Norrb. et en
V. Franc. D'après M. Henri , ce serait un mot Celtique {tundre).
Selon M. Du Méril, il viendrait de l'J^slandais tundr, allumer.
^ TONLIEU. Droit sur la vente dea marchandises. On appe-
lait tonliœ un droit d'entrée ou de passage.
37/
'A
( 576 ) TON
TONTON. Toton. — Une des faces da dé est marquée d'an T
{totum) ; lorsqu'il présente ce côté, on gagne toute la mise.
^ TONTONNER. Tourner sur soi-même comme un tonUm.
TOPER. Frapper dans la main pour conclure une couTéntiony
un pari, un marché. — Etymologie: de taper,
TOPETTE. Bouteille longue et étroite. — Terme générale-
ment admis dans la langue commerciale.
TOR, TAUR, TOUËRE ou TOIRE. Taureau. — ^Rouchi et
Vieux-Français, <or; Gers, tcuiure; Italien, toro;Portagait et
Espagnol, tauro; Roman et Celtique, taur.
TORCHON {marie). Femme malpropre, souillon.
TORGNOLE. Coup sur la tête, souflet qui fait tourner la tête.
^;. — De même dans leBerry. — Tomiole^dans rarrondissement de
Yalognes. '— Synonymes : Atout, Gnolb.
TORKE. Bàt^selle des ânes.
TORKET. Bouchon de paille pour torcher. -^ Du Latin tar-
guère, tordre.
TORMENT. Tourment. — II. en Roman, Catalan et Anglais.
TORNER. Tourner. — Congénères: Italien, tomtare;Esp.
tomear. — Etymologie : du Latin tornare.
TORNIRER et TOURNIKER. Tourner autour, hésiter,
tâtonner.
TOTER. Se chauffer complaisamment ; réchauffer les pieds
et les plains d'un enfant. — Du Vieux-Français toster , rôtir.—
c< Toter , c'est prendre par les épaules et par les'jambes une fille
dévergondée, et la présenter ainsi devant le feu , en lui impri-
mant un mouvement de rotation comme à une volaille mise à la
broche. Quand on lui a fait éprouver les effets de hi cbàleur an
point de lui arracher des cris , on l'éloigné du foyer,- en la tenant
toujours de la même maniée et on lui donne le èàncf/ dernier
affront qui consiste à lui frapper rudement et à plusieurs reprises
le derrière contre terre. Cet usage subsiste encore sur différents
TOU ' ( 577 )
points du Ponthieu : mais il commence à s'effacer. Dans le
Moyen-fige , la peine du hacus était infligée à Thomme en place
qui avait commis quelque indécence dans Texercice de sa charge;
on lui battait en outre le derrière avec une pelle de bois » {Corn-'
munication de M. Louandre père).
TOUBAKË. Tabac— De même en Rouchi.
TOUDIS. Toujours.— Du Latin tota dies.
Janotin Ephiphane
Qui toudis battait fort sa femme. {Epit. du dm. St.Denys).
TOUDIS QU:A. Jusque.
TOUÈRE. Taureau.— Voyez TOR.
TOUFETTE. Houppe.
TOUFIEIh Trognon.
* TOUILLANT. Joyeux ; sociable.
TOUILLE-TOUILLE (été). Être embarrassé, empêtré.
TOUILLE-TOUILLE (Marie). Souillon, brouillon.
TOUILLER. Mêler, enchevêtrer; salir en maniant. — De
même en Vieux-Français. Ce même mot signifie salir ^ souiller ,
dans les patois de Langres , Valenciennes, Rouen , et mélanger,
brouiller, à Nancy. Le patois Picard réunit les deux sens.
TOUILLIS. Mélange , embrouillamini. — Syn. Méu-MéLON.
TOUILLON. Torchon.— De même en V. Français.— Vient-
il du Latin tela , toile ? ou de l'Islandais toa, linge? ou du Bas-
Latin tohalea, torchon ? On dit toaille,'en Normandie et touailla,
dans la Haute-Aavergne. — Signifie aussi brouillon, qui met tout
en désordre ^ qui se mêle de tout. — V. \e Dictionnaire de Nicot.
TOUKE. Prise de tabac.
* TOULTE. Ravissement.
TOUPIE. Femme d&mauvaise vie. — Idem en Rouchi.
TOUPIER. Quitter un mauvais chemin pour en prendre un
meilleur, mais moins court et moins direct.
* TOUQUET. Loin de. {Archives d* Amiens, 1378).
( 578 ) TOU • .
TOUR {jeu de la). Ce jeu conna dans les en? irons de 'Doullens,
est un souvenir du xit.* siècle^ où le nom de La Hire se trouTe
conservé. C'est Tattaque simulée d'une forteresse où les jeunet
garçons et les jeunes filles s'attaquent à un signal donné. (Com^
munication de M. l'abbé Bourlon).
TOUR£T. Queue de chou.
TOURNÉE. Volée de coups. Ce mot vieilt de ce que lorsqu'on
donne des coups de canne , celui qui les reçoit tourne pour les
éviter. (M. J. Hécart.) — Synonymes : Pile , Roux.eE , Tatoulb.
TOURNER. Mettre dehors.
TOURNICHE. Tête érentée.
TOURRIËRE. Tournant , détour.
TOURNOIRE. Femme qui lambine. — De même en Rouohi.
TOURNURE. Mauvaise excuse. — D'un usage général.
TOURTE (Rue). Tourterelle.
* TOURTEAUX. Composition de matières combustibles pour
éclairer pendant la nuit, ce 7,000 de tourteaux pour fallôls , afin
qu'il y ait grant clarté parmi la ville. » {Amiens ^ 1463.)
TOURTERELLE. Crécelle. ~ ^non^me : Routeloir.
TOURTOUS. Tous. — Voyez Tertous.
TOUSSINER. Diminutif de JotwKr.
TOUSSIR. Tousser. — De même en Berric, Franc- Comtois»
Provençal et Vieux-Français. — Etymologie : du Latin tussire.
TOUT. Aussi. — Voyez Itout.
TOUT DE MÊME. Pourtant , toutefois. — Jd. en Champ.
TOUT DEPUIS, TOUT DE QU'A. Depuis, jusqu'il.
TOUT DREIT. Tout droit ; à l'instant ; littéralement ^ sans se
détourner. — De même dans le patois Bressan et dans l'arron-
dissement de Valognes.
TOUTE. Tout et toute.
TOUT EN EIN COUP. Tout d'un coup.
TOUTÉOUTE. Tout entier, —De même eu Borain.
TOU ( 579 )
TOUS LES TANDIS QUE. Tandis que.
TOUT PLEIN. Beaucoup. — De même eu RémoU et. Vieux-
Français. — Yapgelas prend chaudement la défense de cette lo-
cation. « Lorsqu'une façon de parler e»t usitée à la cour et des
bons auteurs comme est tout plein ^ il ne faut pas s'amuser à en
faire l'anatomie , ni à pointiller dessus comme font une infinité
de gens ; mais il faut se laisser emporter au torrent et parler
comme les autres , sans daigner écouter ces éplucheurs de pbra^
ses. » (Nouvelles remarques , p. 129.)
TOUT RADE. Tout de suite , dans un instant. — Voyez Rade.
TOUT si TOUT COMME {ch*est). C'est tout de même, c'est
la même chose que si...
* TOUVAILLÉ. Rôti. [Cart. d'ÀtnienS^ 1445.)
TOUZÉ (Boulonais). Arbre coupé à tête.
TRACHER. Chercher avec soin. — De même en Rom. En An-
glais , le verbe to trace , signifie suivre à la piste , découvrir. On
dit trachier , à Valognes , et trecher , en Vendée.
TRAGNEAU , TRAGNEU. Romaine, balance.
TR AILLE. Filet pour la pêche de la raie , de la sole , etc. —
Synonyme : Dbèq^.
TRAINBALLER. Aller, traîner de côté et d'autre. ^ Id. en
Lorrain et Roman. — Synon. Triballer, tringueballer^ etc.
TRAINE-BALAI. Fête du lendemain de Noôl.
TRALËE. Grand nombre. — Synonymes : Tap^.e , Gronéi.
TR AMENE ou TREMËNË. Trèfle, trifàlium praUnse. —Du
Latin stramen , paille.
* TRAMOIS. Menus blés. (Beaumanoir, ch. 52.)
TRANER. Trembler.
J'ai ouvert no fernôte ,
J'ai alloogé em' tète ,
Ein tranant d' peur. (Retour du soldat,)
TRâPË (Boulonais). Prompt. — 5yworï. Alezan.
( 580 ) . TRA
TRATE. Pouire. — Congénère$: Daaphiné, trau; Snitse,
tra. — Etymologie : da Latin trabs,
TRAULER. Marcher dans la boue. — Syn. Flakeuder.
* TRAVERS. Barrières de route, appartenant aux seigneurs,
où les marchands payaient un droit de passe. Etym. Traterser.
TR ATAN. Bout dn pis de la vache. — En Roman , trayon,
TRËGASSER. Aller et venir, traverser. — Au figuré ^ signifie
battre la campagne , déraisonner.
" TREFOUÈ. — Syn. Ghokb. — Grosse bûche qu'on met au
feu la veille de Noël et qui doit durer pendant les trois jours de
fête. Il vient sans doute de très foci , trois feux. En Normandie ,
on appelle cette bûche treffeu , treffouel; à Metz , treffan : dans le
Berry , trouffiau , en Bourgogne, suche de Noëly en Y. -Français,
treffouel; en Bas-Latin, tetropoficinium. Cet usage existait aussi
en Angleterre ; probablement même il remontait aux temps
païens : car on appelle cette bûche, en différents endroits, yule
clog^ feu d'Iule. (M. DuMéril, Dictionnaire Normandy p. 208.}
TREMME. Chanvre mêlé avec l'herbe que Ton arrache dans
les champs, à l'aide d'un râteau, après la récolte, et dont les gens
pauvres nourissent leurs bestiaux. Etym. du Lat. ^tramen, paille.
TREMPETTE ("fairej. Tremper son pain dans le vin.
TREMPIL£R,TREIMF1LER. Toormenter, faire enrager.
TREMPLE (Artois). Pièce de fer qui tient la grosse ehaîne
de la charriie.
TRÉPERCHER. Transpercer. — Syn. Trépoobr.
TRÈTË. Commode, table de cuisine.
TRËTIN. Paille menue pour les moutons. — Syn. Tbrtin.
TRETOUS. Tous. — Voyez Tkrtods.
TREU. Trou. — De même en Roman. — Du Celtique tru.
—; On trouve traugus , dans le Latin barbare.
TRïlUER. Trouer. — Id-, en Roman. — En Fr.-C. ireuai.
TRE ( 581 )
TREUVE (Roui.). Trépied.
TREUVER. Trouver. — De môme en Fr.-Comtois et V. Fr.
Lafontaihe et Molière employaient encore cette expression :
À son réveil il treuve
L'attirail de la mort à Tentour de son corps. (Lafontaine.)
Non ramotnr que je serts pour cette Jeune veuve
Ne Psrmè point mes yeui aux défunts qu*on lui trente.
(Molière. Misanthrope r acteu*', se. 1.**)
L'abbé Châtelain et Ferrari disent que l'origine de trouver est
intrtmvahlei Guyet le dérive du Latin inusité treuvare^ et Ménage
de reeuperare ! — On dit treuve pour trouvaille,
TRIÀCLEUX. Marchand ambulant , marchand d'orviétan.
— En langue Tomane, ce root signifie hatteleur* marchand
de thériaque.
TRIBAUDET (Cayeux). Pluvier à collier interrompu.
TRIBOULER {se). Prendre beaucoup de peine. Se dit ordi-
nairement des efforts qu'on fait pour gagner sa vie, avec un succès
suffisant. Un homme est triboulé^ quand il est tourmenté par le
besoin de gagner sa subsistance.
TRIBOULETTE. Petit vase , mesure de boisson tenant une
chopine.
TRIFOUILLER. Chercher une chose » en en remuant d'au-
tres ; faire beaucoup de gâchis; s'occuper de plusieurs choses à la
fois, sans ordre et sans suite , etc.
TRIGAUDER. Tricher au jeu. — Synon. Faustriker.
TRIKER. Donner des coups de bâton.— Synon, Tricoter.
TRIM AC. Pêle-mêle , confusion. — Synonyme : Fouillis.
TRIMAREUX. Qui embrouille , qui met en confusion.
TRI M ROI RE. Cabriole que font les enfants en mettant la tétQ
entre les jambes. — Synonyme : Capriole de sautriau.
TRINETTE. Mule , espèce de chaussure.
( 58S ) TBI
TRINGUE. Tranche.
TRIOT. Che^alier-gaignettetoiseaa de mer).
TRIOULERIE. Mélange , confosion. — 5yn. Méu^Uàuov.
TRIPAILLE ou TRIPËE. Repas qu'on donne à ses amis,
quand on a tué un cochon. — Etymologie : de tripes,
TRIPOT. Ménage , cuisine. — Ce terme n'est français que
dans le sens de maiiùn de jeu et de mauvaise compagnie.
TRIPOTER. Faire le ménage.
* TRISTRËR. Exercer le métier de tisserand.
TROGNON. Nom qu'on donne à un enfant insupportable.
TROGNOTTE. Orifice du rectum.
TROLËUSE. Femme qui aime à changer de place , à Toyager.
TRONCHE. Tronc d'arbre.— Idem en Roman.
TRONCHE. Avare. — Synonymes : Pingre, Grioou.
TRONCHONER. Couper par tronçons^ par gros morceaux.
TRONDELER, Jeter par terre.
TRONDELER {se). Se rouler par terre , se vautrer ; se jeter
sur son lit , tout habillé.
TRONE. Échafaudage composé de planches assises sur deà
lonnea ux et sur lequel s'installent les ménétriers , le jour de la
fête du village. -
TRONKET ou TRONKELET. Grappe de fruits.— ^^notiym^:
Cronkelet.
TROTTERIE. Grande foire qui se tient à Saint- Valéry , an
mois de novembre.
TROTTINER. Marcher très-vite « mais sans allonger le pas.
TROUBE ou TROUBLE. Tourbe à brûler.
TROUBLIER. Qui fait des tourbes ou qui en vend.
TROU^IGNON. Croupion.
TROUFION. Trognon.
TROU LE. Femme de mauvaise vie. — Synonyme : Dbouills.
TRO ( 9^ )
TRbVER. Trouver. — De. même en Lorrain et en Vieux-
Français. — Voyez Jreuybr. , ,
TROUPILLER. Toamer antoar de. — Syrumyme : Tormiur.
TRUAND. Fainéant , paresseux. — Tru signifiait 1rUmt\ d'où
s'ett formé tmand^ pour aigniier ^n homme que la tnrchafge
des impôts a réduit à la nécessité de truander '(mendier) pour
vivre.' C'est dans ce sens qu'il faot «ntendre le proverbe : Qui fit
JVonnaïui, fit truand. — (Voyez Matinéti sénanoUety ]^ar Taet.)
TRUC {donner le). Ne rien donner. — De même en Roucbi.
TRUC {savoir le). Savoir comment il faut s'y prendre.
TRUC {avoir le). Etre habile, ingénieux, fin, adroit; avoir
rhabitude , la facilité de faire quelque chose. Truc , signifie
adresse^ finesse, en langue romane. Il dérive peut-être du Vieil-
Haut-Allemand trug , fourberie , ou de T Anglais trich , ruse ,
manigance. — Charles Nodier a, sur l'origine de ce mot, une
opinion que nous ne saurions partager , tout ingénieuse qu'elle
soit, a Truc, nous dit-il, vient de l'Italien trucco , billard , et
tous deux, du bruit de la bille qui tombe dans la blouse, quand on
la bloque. Le peuple dit à Paris , avoir le truc-^ être fin , subtil ,
délié , comme il dit se blouser pour être gauche, étourdi , mal
avisé. Les gens qui ont le truc sont ceux qui blousent les autres. »
TRUCHER. Mendier. -^ Signifie bavarder, à Béthune.
TRUCHER. Ramasser de la sauce dans une assiette avec ses
doigts ou avec du pain. — Synonyme : Ratrugher.
TRUCHEUX. Mendiant.
TRUICLES ou TRUITES. Maquereaux, lâches qui viennent
aux jambes quand on les chauffe trop.
TRUFLEUR (Saint-Valery). Sarcelle d'hiver. —Syn. Sarôé.
TRUVË (Boulonais). Trépied.— Du Celtique trybedd?
TRUVOIR (Arras). Trouver. — Voyez Tredvbr.
TU IN (Moreuil). Vini^on.— Synonymes : Pinchaire , Pirchon.
( 584 ) . TUR
TU R ET (Artois). Monticale.
TURLUI. Courlis. — Voyez Corleru.
TURLUPINER. Tourmenter, impatienter. Ce mot, en Fran-
çais , n'a que le sens de dire ou faire des turlupinades.
TUROT. Tige mncilagineose 4e certaines plantes, comme le
chou , l'oseille , etc.
* TUTERIE. Tutelle. (Beaumanoir, chap. 16).
TUTRONER on TUTER. Se dit d'un enfant qui suce ton
pouce.
TUYAU. VoyesHoTAU.
TUYOT. Bout de tuile.
* U. An.
* U. Où , là où.
U. OEufs — Idem en Lorrain , Jorassin et Bas-Breton.
UË. OEuf. — De même en Rouchi. — Dans le dialecte Tcbét-
chentré , dit M. Hécart » un œuf se norpme oué.
UIDE. Vide.
UN. On. — Idem à Lille. — Synon, Ein. — Voyez ce mot.
UNI. (Tout.) Simple, sans façons, sans cérémonie.
URIOT. Loriot (oiseau). — V. Gopère-Loriot.
URLUBERLU et USTUBERLU. Étourdi, timbré , un peu
fou. — Syn, ToKé.
* USÈRES. Usager. ^Coutumes du BeauvoisisJ,
USURIER. Qui use ses habits en peu de temps.
UXE (Béthune). Porte.— Voyez Huis.
UZET. Cercueil. — Voyez Luset.
VAC ( 585 )
VA ! Ë&clamation d'indifférence. — Synonyme : Fuche !
VACHÉ. Vaisselle.
VAGHOTTE. Colchique d'automne.— Id. à Bar-le-Duc.
VAGUANT. Valet de basse cour ainsi nommé, paroe qu'il
court les champs, pour porter aux travailleurs leur nourriture et
les ordres du maître. — Etymologie : du Latin vagans.
VAILLANT (ele). Avoir du cœur à l'ouvrage.
VAINE. Vigne.
VAINTIEU. TabUer. — Voyez Vintied.
. VAIVE. Veuve. S'ero ployé aussi pour veuf: ch'est ein homme
vaive.
VAJUÉ (Vermandois). Terme injurieux.
V AKE. Vache. — De même en Rouchî , Wallon , Flamand ,
Normand et Roman. — Etymologie : du Latp vaccd.
VAKETTE. Petite vache. — De même en Roman. *
VAKETTE (Noyon). Colchique d'automne. — Syn, Vachottb.
VALÉRIEN. Vaurien.
VALIDIR (grand). Terme injurieux : individu auquel on ne
peut pas se fier.
VALIBIER. Mauvais sujet. — Synonyme: Galaubiêr.
VARENNE. Garenne. — De même en Roman.
VARIGOT. Inconstant, changeant. — EtymoL détrôner.
VARLOTER. Travailler un peu de temps en temps.
VAROUYEUR. Commissionnaire , portefaix.
VASQUINE. Corset avec basque.
VASTEPLUKE. Va-nuds-pieds; terme dé mépris.
VATROU (Vervins). Geai. — Syn. Gai , colas.
* VAUGLAIRE. Pièce d'artillerie. {Archives d* Amiens, 1460.)
( 586 ) VAU
I
VAUGUETTE. (Boulonais) Brebis d'an an.— 5yn. Bido-Mai.
VAULE. Grande perche. — Synonyme: Gaule.
* VAULTE. Voûte. — Item sera pavé le dessas de la yanlte
des nécessaires communs. {Cartulaire d'Amiens, 14^7.)
VAYANTISE. Fanfaronade.
* VÉER. Défendre. — Syncope de vetare,
VÊLER. Crouler , s'ébouler.
VÉLÔT (Soissons). Petit veau. — De même en Jurassin. —
En KoiùBïijVeeîet.
VENDOISE. Trombe , ouragan. — Synonyme: Vieille.
VENT {prendre). Prendre haleine. — De même en Normand
et dans le Berry.
VENTOISE. Vandoise, dard (poisson).
VÈPE. Guêpe. — Idem a Bayeux. — Du Lajin vespa.
VÊPE,VÊPRÊ. Soir. — Con^. Rémois, veppet Ronohi,
Normand, Frano-Comtois, Catalan et Vieux-Français, oeipre.
Du Latin vespera, — Il n*y a pas longtemps que ce mot est tombé
en dessuétude. Molière s'en servait :« Je donne le bon .v^pre
à toute l'honorable compagnie. » {Comtesse d'Escarbagfuu y
scène xyii*.) ce Bon vépre, Monsieur, et bonne nuit, a (Bruyeis,
V avocat Patelin^ acte l.«^, scène 8«.)
VER BLET. Ver luisant.
VERDACHE. Verdâtre.
VERD£LX)T. Un peu verd. — De même à Cambrai.
VERDI. Vendredi. — De même à Liège.
* VERDIER. Garde.
VERDIËRE^Roye). Bruanverdier.
VERDIN. Espèce de pomme à cidre.
VÉRET. Vérou.
VERGEON. Manche d'un fouet de charretier.
VERGNë. Osier. Il y a près de Valloires, un leiroir qu'on
VER ( 887 )
nomme elvirgne,, porce^u'il était autrefois planté d'otier. (MS.
de M. Rigollot.) — V. AnTERONE.
YERGNE. Soutènement des bords d'une rivière.
VERGUE. Petite gaule. — Synon. Vaulbttb , Gaulettb.
* VERGUE. Berge d'une rivière. (Amiens , 1447.)
VÉRIN. Vis en bois ou en fer. — De môme à Lille. — Du Bas-
«
Latin verinus.
VERLËËS. Fredaines , folies de jeunessç. Ce mot est syno-
nyme àerihotUf à Goucy-le-Ghâteau.
VERMEAU, VERMANT. Larve du hanneton. On donne
aussi ce nom à tout insecte qui ronge les végétaux nouvelleiiient
levés. — Corruption du mot ver moti, qu'on emploie quelquefois.
VERMEINE. Vermine. Signifie aussi tons les petits animaux
malfaisants.
VERNIOT. (c Poisson connu à Péronne, » dit D. Grenier.
VEROTIERS. Pêcheurs de Gayeux et du Crotoy qui, pen-
dant l'automne , recueillent dans le sable des vers maniis, dont
on se sert pour la pèche.
VERT MONTANT. Tarin , fringilla spinuê.
VESPASIAN. Mauvais sujet. — Cette expression paraît nous
venir de la Normandie où elle est beaucoup plus répandue.
« Quoique les soldats de Vespasien, dit M. Du Méril , aient pu
commettre de 'grands dégâts en Normandie, en allant réprimer
les révoltes de la Grande-Bretagne, cette expression semble
avoir été introduite par les Juifs , en souvenance de la part que
prit Vespasien à la destruction de Jérusalem. » (ÏHct. Normand ,
p. 218.) — Synonymes ; Valibier, GALAUBisRr
VESPRÉE. Soirée, veillée. — Synon. Série.
* VETZ. Va-t-en. (V. Rabelais, Pantagruel, Hv. i-VjCfc. 83^
où ce mot est regardé comtne Picard).
VEUDOISE. Trombe , tourbillon , ouragan. — Syn. Vieille*.
VEULAKEUX. Vaurien, bandit. — V. Holakedx.
%'
( 588 ) VEU
VEULE. Grande perche. — Synon. Gaule , Vaclb.
VEULE. Léger , étourdi. — De même en RouQhi.
VEULE. Meuble , aisé à. remuer. '— Terre vernie^ pâte veule,
VEURE (el). Le vôtre , la vôtre. — Sgn, Edl votb.
VIAU, VIED. Veau. ,.
YIDECOQ. Bécasse. — M. Hécart indique ce mot comme
Picard. — Synon, BécACHE.
VIEILLE. Tourbillon , ouragan. — Syn. Vehdois^»
VI EU. Veau. — De même en Roman.
VIESIERS. Fripier d'habits en neuf et envieux.
VIÊSERIE. Vieillerie, friperie, vieux haillons. — La rue
Delambre, à Amiens, portait autrefois le nom de rue des Viesiers
et de la Viéserie. Elle était habitée par des marchands fripiers.
* VIEZ. Vieux. — De même en Roman.
VIGNOT. Turbo littoralis. Petit coquillage bleuâtre dont on
mange le mollusque. •*« -
VILGRAIN. Griblures, menues pailles.—* En Rom. y ^ir grain,
* VILENAGE. Obligation imposée par un vilain à son seigneur.
VILLETTE. Petite ville. — De même en Roman. — On dit
aussi vilenie^ par dérision.
VILLETTES (Bélhune). Toutes les fleurs en général.
* VINAGE. Droit seigneurial sur le pressurage du raisin. —
Etymologie: du Latin vinum, vin.
VINDIG ATION. Vengeance. — Du Latin vindicatio.
- VINÉE. Vendange.
* VINGNERON. Vigneron. (Péronne , 1450).^ Nous citons
ce mot uniquement pour montrer qu'au xv.« siècle, on cultivait la
vigne dans le Santerre.
VINIGOUTE. Qui n'y voit goutte. — Synon. Note goûte.
VINTIEU, VINTCHEU, DEVAINTIEU. Tablier.— Cou-
^^néfM : Lorrain , dauantter ; Issoudun , devantier; F. Comtois
et Bresse, devantie; Dôle , devante; Vosgien , devaniri; Solo-
VIN • { 589. )
nais, devantière; Normand , àevanteau; Jura ^ devantieu.— Ety-
mologie: du Roman devaintier^ dérivé du Latin venter y ventre.
VINTRER {se). Rire à gorge déployée, à se tenir le ventre,
VIOLETTE {dimanche de la). C'est ainsi qu'on désigne le
premier dimanche de Carême.
VIOLON A BOURIQUE. Expression ironique par laquelle
on désigne un manche à balai. — Synon, Ramon.
VIÔNER. Faire du vent. — Synon, Ventbr.
VIR. Voir. — De même en Rou. et Rom.-^-Bu Lat. videre,
VIR GOUTTE (à). A tâtons, sans voir clair.
VIRGINIE (masc ) Peuplier. — Synon, Peuple.
VIROLER . Voltiger , tourbillonner.
VISAGIËRË. Masque. — Etym, dévisage, — V. CuLébET.
VISARD. Qui y regarde de trop près; qui i^e montre chiche
et difficile. — Synon. Regardant.
y ISÈE {preinde). Prendre garde, avoir soin.
VISER. Examiner. — Synon. Raviser, Rblukbr, M iler.
VISIGOUTTE. Qui n'y voit goutte. — Synon, Notegoutb.
VITELOTS (Sanlerrej. Petits morceaux de pâte qu'on fait
cuire dans du lait.
V'LO. Voilà.
VO. Vôtre.— Idem en Rouchi el Roman. — Syn. Vote, Vou.
VOIRE. Vrai! Oui dàî
VOIRONS. Se dit des yeux louches.
VOISIËRË. Fenêtre. AV sontpleines ed* voisières ed pis ein .
bout jusqu^ein haut, f Pièces récréatives.)
VOf X DE PERCALE. Petite voix flutée.
VOLET. Oiseau.
VOLEUME.(à ia). A proportion , à peu près.
VOS. Voue. — De même en Vosgien. — Synonyme : Os;
VOYETTE. Petit sentier. — De même en Vâeux-Français. ~
En Italien, vict/a. — Diminutif du Latin vta. — Syn. Piéchinte.
'38.
«
%
( 590 ) WAI
w
WAIDË. Guède ou pastel, plante pour la teinture en bleu«
WAIDIËR. Marchand de guède.
* WAIGNIERS. Cestle nom que portait, à Amiens, la cor-
poration des laboureurs et des vignerons.
WAPÉE (Artois). Traverse de charriot.
* WARANDIR. Garantir. [Archives de Corftic , 1247.)
WARAS ou WAROS. Fourrage composé de fé^erolles , de
pois et de vesces.
WARDE. Garde. — De même en Roman.
WARDER. Garder , conserver, — Cong. Rouchi , Wall, et
Romam , warder ; Saxon , weardan ; Island. , varda, — Etym.
du Tudesque wardan,
WARDER. Regarder. — Du Roman rewarder, Syn, Watbr.
WARIEN. Habitant de Saint-Valery.
WARLOKER. Gâcher. — Synon. Maghoker.
WAROKE. Motte de terre durcie à l'air. — Syn. Rokk.
WAROU. — Voyez Leuwarou.
WARWAILLIS. Bruit de chiens.
WASTEL. Gâteau. « Wastel Picardis y gastel Gallis^ a vastâ
pannis hujus magnitudine , tanquàm a diminuiivo vctstellum, »
(Sylvius , Introd. à la Langue française , p. 87*] — On prononce
actuellement toaté ^ watieu , watiauy gâtieu,
W ATER. Regarder. — De même en Wallon. — Ouaitter , à
Bar-le-Duc. — Du Bas- Latin watare. — Syn, Wardeb, Beter.
~ WATER. Gâter. — Du Latin vastare.
WÈPE. Soir. — Voyez Vêpb.
WÈPE. Guêpe , abeille. — Du Latin vespa .— Synon, Vèpe.
WÈPE (adj.). Gaillard , crâne.
WER ( 5M }
WËRE. Guère. Dérive de l'Allemand gar^ beaucoup; car ce
mot ne sert à nier qu*en vertu d'une négation exprimée ou sous-
entendue.
WÉROS. Voyez Waras.
WÈROUILLEUX. Qui bredouille.
* WINDAL. Machine à tirer des fardeaux, des bateaux.
* WISTOCH. Coup. {Cartulaire d'Amiens , 1443).
* WITË. Huit. {Archives de Noyon^ 1237).
WOIGNE (Ifarquenterre). Canard siffleur.
WOIGNER. Se dit d'une voiture y d'une brouette dont les
roues crient.
WOYARD (Cayeux). Maubège (oiseau).
X
^* XAINCTËS. Nom du Santérre , dans l'ancienne langue pi-
carde , d'après M. de Cayrol.
XIN. Cousin. — On trouve aussi cette abréviatioli dans quel-
ques poèmes romans du xiii.® siècle.
■-■3
YARD. Liard.
YEAUETTE. Nom d'une rue d'Abbeville où coulait un petit
ruisseau. (M. Praron.) Ce mot , en Roman , signifiait petit ruis^
I
seau.
YEU. Leur (régime).
YEUVE. Lièvre : ch'étoait ein fameux yeuve que che matan
là. (4.« entretien d*ecK Franc- Picard).
38.*
( 592 )
ZEC
Z£G. Milieu d'une noix. — De même en Roman.
ZEZELE. Idiot » imbécille. Syn, Oblot, Ahuri , Hortoplot.
Z)U. {sing.) OEil. LocutioD picarde: se mette dins le blanc
des zius , se mettre dans l'idée , se fourrer dans la têtt. — Syn.
Yu , EuL.
ZIGUE {ein bain).. Un bon luron , un bon garçon : « J^uv$is
que cKest un boin zigue, » ("Alm. du Franc-Pieard , iSIJi^r/ ,
FIN DU GLOSSAIRE.
— 593 —
ADDITIONS
SURVENUES PENDANT L IMPRESSION.
Addition au (Chapitre III (Bibliographie), >
Nous aurions pu mentionner diverses copies des poèmes
les plus importants du moyen-âge qui présentent une em-
preinte jSius ou moins prononcée du dialecte romano-
picard. Comme le remarque fort bien Pasquier , « les co-
pistes copioient les bons livres , non selon la naifve lan-
gue de l'auteur , ains selon la leur. » M. Edelestand du
Méril, qui cite ce passage (Introduction du Dictionnaire
du patois normand) , fiait remarquer à Tappui de cette
observation » que la Bibliothèque nationale possède quatre
exemplaires du roman de Godefroy de Bouillon , dont
deux sont en Rouchi , un en Bourguignon , et Vautre en
Picard .
Addition au Chapitre V, §. !.«' (Orthographe).
L'Almanach du Franc-Picard de 1851 contient un arti-
cle de M* Edouard Paris ^ur la manière d'écrire le Picard :
c'est la méthode de M. Marie appliquée à Vidiome pi-
card. Nous avons dit ce que nous pensions de ce système.
(F. chap. F, §. I.".) Nous persévérons à croire, quoiqu'on
dise l'auteur, que cette méthode n'est nullement ration-
pelle et qu'elle n'a pas même toujours l'avantage de fixer
— 594 —
parfaitement la prononciation. Du reste, nous nous fai-
sons un plaisir de reconnaître que si Ton admettait le
principe en question, en détruisant toute filiation étymo-
logique , on ne saurait mieux faire que de suivre les rè-
gles parfaitement claires que propose M. Ed. Paris. Voici
les principaux points de cette théorie orthographique :
î.° Le Picard s'écrit comme il est prononcé.
2.° Pour lire le Picard , il faut faire sonner toutes les
lettres , comme dans la lecture du Latin.
S.** Chaque lettre a une valeur constante en Picard :
ainsi g, s ei t sont toujours durs ; ch est toujours doux ,
comme dans chant.
4.*" Le Picard renferme deux articulations simples que
ne possède pas le Français : ce sont le g mouillé et le k
mouillé. A défaut de lettres spéciales , nous convenons de
représenter le premier par gy, et le second par ky.
.5.* Les deux H mouillées se rendent, en Picard, par
un caractère simple qui est y.
6.° La lettre h n& s'emploie que pour indiquer une as-
piration très-forte.
7.° Lorsqu'une articulation doit fortement se pronon-
cer , on en redouble le caractère.
8.° Lorsque deux voyelles contigues, au lieu de former
diphthongue, dans la même syllable, doivent se prononcer
en deux syllables, on les sépare par un signe (*) qu'on ap-
pelle point en haut. -^ Exemple: Treu'é, trouée
Pour mettre à même le lecteur de juger de Teffet que
produit cette "orthographe ou plutôt cette absence d'oir-
thographe, nous copierons textuellement ici un passage du
— 595 —
quatrième entretien du France-Picard ^ écrit d'après le
système de M. Ed. Paris.
El kach y mèn kyô fiu , chô n'roé dui pa. Je m'foaé en môle
▼iu, pi j'jibiéi n'donn pu for. 0 jour d'oujourdoi, chVé k*.dé
l'rakay ; j'nèn sa dégoûté. I gn'ô kékz èné , ch'étoué en lïiôlé pu
chouèt; gn'avouèy konm tu l'sé, d'fanmeux yeuv dsu non téroè.
Mé, iz on foué tan d'déga k'ôz ô té forchè dieu fouér énn bâ^u.
O 8'é rassènblé da nou forbou, l'en ô pran s'fourk, Teut en pik,
l'eut en kout , l'eut ènn trik, Teut sén tiné, Teut sèn ratieu,
Teut sèn fourkyé» j'sèt i mi, tout en chakyèn ô pran cb'kyi li
tonbouè d'sou s'man ; pi ôz ô télé poursuir. 0 Iz'ô tan, pi tan
poursui k'i s'son sôvé ô chon chéa mil diab. 0 l'zô vu dékampé
par èch fon d'Enfer, du kôté dé ch'kyô Ouargné , pa dsu Duri ,
Reunroyi. Oz ô perdu leu tracb da ché bô. A ch'k'i paroué , ô
leuz î ô foué en tel peur , k'i n*son pu révnu. Èdpui ch'tan lô j'n'è
pu d'gou pour èl kach', gn'ô pu k,dé l'mizèr. Feu randir tou l'Ion
dé s'sènt journè pour raportè pouèn gran kos. Ch'n'é pu l'péngn
èd kaché ; bè a l'pôtiér, mèn fuzi il é tout érouyé.
Addition au chapitre VI (Proverbes et Dictons).
M. Gabriel Rembault a publié, dans VAlmanach du
Franc-Picard de 1851 , un article fort spirituel au sujet
de la Notice sur les dictons populaires ^ que nous avons
lue , en 1850 , à la séance publique de la Société des.An-
tiquâires de Picardie. Nous n'avions pas eu l'intention ,
dans ce travail , d'épuiser la matière , et nous avions ré-
servé, pour notre Glossaire, la longue nomenclature des
principaux proverbes que nous avons recueillis sur tous
— 596 —
les points de la Picardie. On y trouvera plusieurs des pro-
verbes que M. G. Rembault signale comme ayant été ou-
bliés ou négligés par Tauleur de la Notice $ur les dictons
picards. Il en est cependant un certain nombre qui nou3
avaient entièrement échappé et que nous nous serions
empressé d'insérer dans notre chapitre YI , si YAlmanach
de 1851 o avait point paru après le tirage de la première
partie de notre Glossaire. Nous croyons faire plaisir à nos
lecteurs, en ajoutant ici ceux des proverbes indiqués par
M. G. Rembault, qui ne se trouvent point dans notre
ouvrage.
Proverbes moraux.
Aveu trente-six candelles et pis sin nés dessus,
On n'y voit que du fu.
C^abaretier de village ,
Cacheux de bétes sauvages,
Rouiller de grand kemin ,
Aveu tout cho , b meurt ed faim.
Douze métiers , quatorze malheurs.
Ein kien noerd court aum fort qu'ein blanc.
Ein mariage fouet à pkisi , <
O s' ein repeind à sin loisi.
Ein kier temps , bistalot ch'est du flanc. — En temps de dir
sclte , du pain bis c'est du flanc.
Eine femme blanke et pis du teimps hlanc ,
Ch'n'est que de! pleuve et pis d'z effants.
— S97 —
Femme et pis boesson ,
Gh'est deux ruine-moesoo.
I veut mieux aller al porte d'ein plaindeux
Qu'ai p'oHe d'ein vaintéux.
/ n'est que d'été à sin blé moudre.
I n'o poenf pus d'huménité qu'ein cet
Qu'étrane ses pkiots.
/ ne feut poent avoer pus grands yus que grand panche,
I ressane à ein leu :
I cache sin musieu.^
Miux veut long bis que court blanc.
Quand chéé leups is heurPtent,
Ghés berbis is s'seuv'tent.
Quand i gn'o rien dins che râtelier , chés gvaux i ruftent.
Veut miux ein voleux ,
Qu'ein roeinteux.
Veut miux ein kiot kieur joli
Qu'ein graind kieur falli.
Proverbes hagiologiques.
^î JANVIER.
Saîht Vincent.
A Saint Vincheint
Tout gèle et tout feind ;
l/hivcr erpreind ou'se casse les deints.
— 598 —
l.*' OCTOBRE.
Saiot-Remi.
A Saint-Remi ^
Kiu assis.
iNctons et sobriquete oopalaires.
abbeville/ .
Geins d'Abbeville ,
Têtes d'ainguille.
AMIENS.
Amiens
Traite aux siens ;
Tout che qui n'ein vient
Ne veut (i;aut) jamoès rien.
AMIÉNOIS.
Amiénois ,
Maingeux de noix
« Ce dicton rappelle la surprise de notre cité picarde par les
Espagnols, en 1597. Il n'y a qu'au dehors de la capitale de la
Picardie qu'on tient cet injuste propos^ parce qu'on ne sait
pas que près de cent Amiénois se firent alors massacrer dans les
rues de la ville plutôt que de se rendre. » (M» G. Rembault.)
AUHATRE. (Canton de Gorbie.)
Les badriers (mangeurs de bouillie) d'Àuméire.
— 599 ~
BAisiEux. (Canton de Gorbie.)
t
Vignacourt, Warloy, Baisienx,
Gh'est trois fosses à yoleax.
BELLEUSE. (Ganton de Gonty.)
Chés longues halaingnes de Belleuse.
BERGiGouRT. (Canton de Poix.)
Chés mangeux'de lait prins de Bergicourtf sans oublier ceuttes-
lo de Guizancourt. — Il y a dans ces deux communes des pâ-
turages magnifiques.
BOVEs. (Canton de Sains.)
La Hire est à Boves. (Vieux cri de terreur du xv.« siècle.)
BRASSY. Canton de Gonty.)
Chés bonnets gris de Brassy.
CAMONT. (Canton d'Amiens.)
Al fête ed' Gamont,
Chés seitiers n'ont pus de fonds.
CLSRY. (Canton de Péronne.)
Chés maingeux de blé vert de Cléry.
CONTRE. (Canton de Gonty.)
Chés plaideux de Conte,-
-^ 600 — .
CONTT. (Arrond. d'Amiens.)
A GoDly, jolie petite ville sur la Selle, oo fait depuis des
siècles le calembourg suivant :
Enter Conte et Gonty
On voet toujours pois fleuris.
Il y a , en effet , entre les communes de Contre et de Conty,
un coteau qui permet de découvrir , en toute saison , non pas
des pois fleuris, mais bien Poix et Fleury.
Les pékieux (Tékerviches de Conty.
GORBiE. (Arrond. d'Amiens.)
Corbie bien sonné ,
Amiens bien canté.
DOMART EN PONTHiEu. (Arrond. de DouUens.)
Chés bourgeois matines ed Domart en Ponthieu. {Mâtinés si-
gnifie : demi-paysans, demi-citadins.)
DROHESNiL. (Cauton d'Hornoy.)
Chés ahuris de Dromesnil.
ÉPAGNE. (Canton d'Abbeville.)
Les veindeux d'esprit d'Epagne.
ÉPLBSsiER. (Canton de Poix.)
Chés longs meintons d'Eplessier.
— 601 ,—
ÉRAMECOVRT. (CantoD de Poix.)
Chés agaches (commères) d'Eromeooutl,
ESQUENNES. (GaotOD (le Poix.)
Chés gros porteux de supplis d'Equiennes.
EssERTEAux. (Ganton de Gonty.)
Les pieds déheus d'Essertieux,
FAMEGHON. (GantOD de Poix.)
Chés pikieux de pisson de Famechon.
FLEURï. (Gaaton de GoDty.)
Chés glorieux de Fleury,
FLUY, (Canton de MoUiens-Vidame.)
Chés raffineux (malins) de Fluy,
4
FRÉMONTiERs. (Canton de Conty.)
Chés mal au pieds de Fremontiers. (A cause du terroir qui est
très montagneux).
HALLENCOURT. (Afroud. d'Abbcville.)
Chés courts talons. (Espèce de rébus sur le mot allant court ,
Hallen<^ODrt).
LANCHEs. (Ganton de Domart.)
Les hoins éffants de Lanches.
i
— 602 —
LAWARDE-HAVGEB. (CaotoD d'AUIy-sur-Noye.)
I •
Chés gros buveux dHeue battue del Warde.
LE BOSQtEL (CantOD de Coaiy.)
Chés kiennes caquetières du Boquiyé,
ORBSMEAux. (CantOD de Conty.}
Chés têtes tondues d'Orémieux.
.... V
POIX (Arrond. d'Aiiiieos.)
..V-
Chés maingeux de macrieux de Poué, 'Uà.f^.A r
(C'est dans cette ville que passait autrefois la marée destinée
à Paris et venant de Boulogne, Calais et Abbeviile)
QUiRY-LE-sEc (Cautou d'Ailly-sur-Noye.)
Chés francs mutins de Quiry.
w
REVELLES. (Canton de Moliiens-Vidame.)
Chés grosses têtes de Reveîles.
RUHiGNT. (Canton de Sains.)
Chés innocents de Rumigny,
SAINS. (Arrond. d'Amiens.)
Combien qui gn'o de Saints à Vcathédrale ? — L'étranger qui
ne connaît point le village de Sains ne comprend point ce ca-
lembourg. On lui apprend alors quMl y a dix kilomètres de Sains
à là Cathédrale d'Amiens. — On fait une autre plaisanterie du
t -603-
même genre en demandant : Combien qui gn'o de vers à ch'café
Vinchent? — Il faut répondre quMly aneuf kilomètres du village
nommé Yers^ jusqu'à la rue d* Amiens où se trouve le café Vincent.
SAINT-ROMAIN. (Cautou de Poix.)
Les maingeux de boudin de Saint-Romain,
SAiNT-SAUFLiEu. (Gantou de Sains.)
Chés décatourneux d'hernu de SaintSauyu.
SALLEux. (Canton de Sains.)
Chmgjfmeux paillards (qui couchent sur la paille) de Salleux,
Salleux, Sallouely
Ver, Bacouely
Plachy, Oubion fBuyonJ,
Ch'est six vilages tout eîn en mont.
SELiNCouRT (Canlou d'Hornoy.)
Chés boyeux rouges de Sélincourt,
SENTELiE. (Canton de Conty.)
Chés kiots roux de Sentelie.
suzENNEviLLE. (Caulon de Conty.)
Chés eimbourbés de Suzenneville.
TiLLOT. (Canton de Conty.)
Chés maingeux de lard gane de Tilloy^ sins oublier ceux de
Lœilly.
r
— 604 — t
VBLENNES. (Ganton de Conty.),
Chés maingeux d'alise de Velennes,
VERS. (Canton de Sains.)
Chés embléyeux de Vers.
viGNAGOORT. (Gànton de Picquigny.)
»
^ Chés coteberbaindiers de Vignancourt,
0 iCo qu'a aller à Vignanfiourt pour trouver un feux témoin.
wARLOï-BAiLLON. (Cauton de Corbic.)
Warlov-Baillon ,
Boen poys sins raison.
m
Addition au §. 1 du Chapitre IX (Noms de baptême).
Nous ajouterons à la liste dés noms de baptême du
Moyen-âge , actuellement inusités , les noms suivants qui
ont été recueilliç, à notre sollicitation, par M. Peigné,
dans le Cartulaire d'Ourscamps (Oise).
Noms
d'Hommes.
Alanus ,
1200.
Drouardns ,
1270.
Alulphus,
1201.
Ë^eritus,
1133.
Amolricus ,
1133.
Ebrardus ,
1175.
Berthaudus ,
1393.
Ërmenoidus ,
1162.
Bertremil ,
1301.
Ervaidus ,
1165.
Colardus ,
1257.
Fulco,
1133.
-
605 —
Noms d'Hommes.
Gasso,
U»0
Mansserus,
l«il.
Gauchier,
1««6
OsmaDdus ,
1«66.
Godo,
nn.
PODtiUS ,
H58
Gomarcns ,
1150
Salicius ,
llti.
Gonfredus ,
US»
Soeberlns,
HOO.
Gnaleramus.
1133
Theobald,
1200.
1285
Vibertus,
HS5.
Herkeogerus,
1164
WicardDS ,
1187.
La^dricns,
1133
Wido,
1133.
•
Nom
DE Femmes.
Aalidù,
HIO
- Erma ,
1197.
Adelinas,
1197
ErmiDgardis,
1196.
Amelina,
«««
Euslachia ,
1230.
Avelina, '
lilO
«oda,
1286.
Balia,
H7»
Eldegardis,
1169.
Baailia,
1270
HeraaDdes,
1201.
DIedIa,
itso
Odalina,
1«6«.
EnmeJina,
liiS
Rlcbaldi!,
1257.
— 606 —
OUVRAGES CX>NSULTÉS. (1)
Ampère. De la formation de la langue française. -~ Paris,
1 vol. in-8°.
AuGtjis. Les poètes français depuis le xii.< siècle jusqu'à Mal-
herbe. — 1824, 6 vol. in-8».
AzAÏs ( J. )• ^ss^i su^ 1^ formation et le développement du lan-
gage des hommes. ~ Beziers, 1845, il
Barbazân. Fabliaux. ^ Paris , 1808, 4 vol. in-4«.
— DissertatH)n sur Torigine de la langue françoise.
— Paris, 1759, in-8.o.
Beaumanoir. Coutumes du Beauvoisis, édit. par M. le comte
Be,ugttOt. --Paris, 1842,2 vol. in-8°.
BÉRONiE (FAbbé). Dictionnair<i du patois Bas- Limousin. —
Tulle , in-4«.
«
Bertrand ( Elie ). Recherches sur les langues anciennes et mo-
dernes de la Suisse. — Genève, 1758, in-8®.
Borel. Trésor des Recherches et Antiquités Gauloises. —
Paris, 1694, in-folio.
BouBERS (C.'« de). Opinion sur Torigine du mot Picard. —
Amiens, 1842, broch. in-8».
(1) Nous ne mentionnons pas ici la plupart des ouvrages imprimés ou
manuscrits que nous avons cités dans notre Chapitre iii.% sur la Biblio-
graphie du Dialecte Romano-Picard et du Patois Picard.
— 607 —
BouTHORS. Coutumes locales du bailliage d* Amiens. — Amiens,
1847, 2 vol. in-4.0
BuLLET. Mémoires sur la Langue Celtique. — Besan^n, 1754',
3 vol. in-folio.
Carlier (l'Abbé). Histoire du Duché de Valois. — Paris, 1764,
3 vol. in-4.«
Carpentier. Glossarium novum, seu supplementumad auctio-
rem Glossarii Cangiani editiooem. — Parisiis ,
1766, 4 vol. in-folio.
Casenbuve (de). Les origines françoises. — Pam, 1694, in-folio.
CHAMPOiiLiON-FiGEAG (J.-J.). Nouvellcs recherches sur les patois
et en particulier sur celui de l'Isère. — Paris ,
1809, 1 vol. in-lî.
CoLLiETTE. Mémoires sur l'histoire du Vermandois, — Cambrai,
1771, 3 vol in-4«.
CoQCERERT deMoNTBRET. Mélanges sur les langues, dialectes
et patois. ~ Paris , 1831, in-8°.
CoTGRAVE. Dictionar4eof theFrench and English longues. 1611.
Cbapelet. Remarques historiques sur quelques locutions pro-
verbiales et dictons populaires du Moyen-âge. —
Paris, nn/m 8.«
Daire (Le P.). Histoire littéraire de la ville d'Amiens. —Paris,
1782, in-4».
— Tableau historique des sciences et des belles-lettre?
dans la Picardie. ~ Paris, 1768, in-12.
— Aimanach perpétuel de nos aïeux à l'usage de leurs
neveux , utile aux savants , aux gens de lettres
39.*
— 608 —
et interressaut pour la santé.— A Wifiispurg , sans
date. — In-18.
Decagnt (l'Abbé ). L'arrondissement de Péronne. — Péronncy
. 1844 , in-8°.
Dbsgranges. Mots du langage de la campagne du canton de
BonnevaI.(Mém.de la Soc. des Ant.de France, t. II.)
Develbt (Ë.). Observations sur le langage du pays Vaudois.
— Lausanne , 1824, in-8«.
Devérité. Supplément à Fessai sur l'histoire de Picardie. —
Londres, 1774, in-12.
DiNAUx (Arth.). Trouvères, Jongleurs et Ménestrels du Iford de
la France. — ValencienneSj 1834, in-8°.
— Archives historiques et littéraires du Nord de la
France. (Recueil périodique.)
DoTEN. Histoire de Beauvais, depuis le xii." siècle. — Beauvais,
1842, 2 vol. in-8o.
Dubois. Recherches âur rétyi&ologie et l'emploi de quelques
locutions du département de l'Orne. ( Mém. de
la Soc. des Antiquaires de France, tom. iv. )
Du Canoë. Glossarium ad scriptores médias et infim» latinitatis.
— Paris, 17^, 10 vol. in-folio.
DuF0UR(Ch.). Essai bibliographique sur la Picardie.— Amt>n*,
1850, in-8^
Du MÉRiL (Bd..). Dictionnaire du Patois Normand. — Cœn,
1849, in-8o.
^ Histoire de la Poésie Scandinave. — In-8».
^ 609 —
r
DusKVEL (H.}. Lellres sur le département de la Somme. —
Amiens, 1849, in-8°.
— Description pittoresque du département de la
Somme. — Amiens, 1836, 2 vol. in-S".
£ssiGNT (Grégoire d'). Mémoire sur (îette question: quelle est l'o-
rigine de la Langue Picarde. — Pom, Sajou,
broch. in-8.%1811.
Faliot(G. ). Recherches sur les formes grammaticales delà
langue française et de ses dialectes, au xiii.«
siècle. — Paris , 1849, in-8«.
Fauchbt. Recueil de l'origine de la langue et poésie françoise.
— Paris , 1581 , in-S».
FoNS (de la) Raron De Melicocq. Une Cité picarde au moyen-
âge. — Noyon, 1841, in-8^
— Les artistes et les ouvriers du Nord de la France*
— Béthune , 1 848 ," In-8^
Fontaine (Ed. de la). Histoire politique, morale et religieuse
deReauvais. — Béarnais, 1840 , 2 vol. in-8o.
Fqntenelle de Yaudoré. Recherches sur la langue poitevine.
— Poitiers , in-8°.
Galli. Essai sur le nom et sur la langue des anciens Celtes.
--St. -Etienne, 1843, in-12.
GÉNiN (F.). Des variations du langage français, depuis le xii.»
siècle. — Paris, 1845, in-8°
La Chanson de Roland , poème de Théroulde. —
PmHs, 1850.
-r- 610 —
Gl£t(G.)* Langue et littérature des aDciensFraDCS. — Paris,
1814 , in-8«.
Qriset (H.)* Sur la véritable étymologie du mot Boulogoe.—
Boulogne^ 1835 , broch. in-S^*.
GuEssARD (F.). Grammaires romanes inédites du xiii.'^ siècle^
Paris, 1840, in-8^
Harba VILLE. Mémorial historique et archéologique du départe^
ment du Pas-de-Calais. — î vol. in- 8*.
HÉCART (A.-J.). Dictionnaire Rouchi-Français. — Fa/t?nctenne*,
1834,in-8°. (3. • édition.)
— Serventois et sottes chansons couronnées à Valen-
ciennes , tirés des Mss. de la Biblioth. du Roi.
— ValencienneSylSTl, in-S'^.
HÉNAUX (Ferd.). Études historiques et littéraires sur le Wallon.
— Liège, 1843 , in-8°.
Henri (J.-F.). Essai historique, topographique et statistique sur
l'arrondissement communal deBoulogne-sur-Mer.
— Boulogne , 1810 , in-4o
Honorât (S-J.). Dictionnaire Provençal-Français ou Dictionnaire
. de la Langue d'Oc ancienne et moderne. — Digne,
'1848, 3vol.in-4«.
Jaubert (le c.*®^). Vocabulaire du Berry et de quelques cantons
voisins , par un amateur du vieux langage. —
Paris, 1842, in-.8°.
JuBiNAL (A.). Jongleurs et Trouvères. — Paris, 1835, in-8<».
Lapourt. Essai sur l'origine des villes de Picardie (tom. iv des.
mémoires de la société des Antiq. de Picardie.)
— 611 —
Lacombb. DictioinDSiire du vieux langage français et Supplément.
-- Pam,1766 et 1767,2 vol. in-8°.
Labouderib (l'Abbé). Vocabulaire du patois usité sur la rive'
gauche de TAllaguon (Mémoires de la Société des
Antiquaires de f rance, tom. xii. )
Lamonnote. Noels bourguignons , suivis d'un glossaire. —
Dijon, 1738, in 12.
Legonidec. Dictionnaire Français-Breton. — Paris, 1847, in-4<».
— Dictipnnaire Breton -français , Ed. de M. de la
Villemarqué. — Paris , 1850 , in-4°.
Leglat (\t D.'). Analectes historiques. — Paris, 1838, in-8°
— Recherches sur les principaux actes publics rédigés
en Français. — Lille, 1837, in-8'>.
Lemière de Corvet. Liste de quelques mots en usage à Rennes ,
(Mém. de la Soc. des Ant. de France, tom. iv.)
Lemoine. Diplomatique pratique ou traité de l'arrangement
des Archives. — Metz, 1765, in-4°.
Lerot (Onésyme). Études sur les mystères.— Pori«, 1837, in-8«.
Leroux de Lincy. Le livre des proverbes français. — Paris ,
1842, 2 vol. in-12.
— Recueil de chants historiques français , depuis le
XII.® siècle jusqu'au xvm.«. — 3 vol. in-12.
Levasseur. Annales de l'église de Noyon. —Paris, 1773, 2
vol. in-4°.
Louandre (F.). Histoire d'Abbeville et du Comté de Ponthieu.
^Abbeville, 1844, 2 vol. in-8°. (2.« édition.)
— 612 —
Marnibr (A.~J.)' Ancien coutumier inédit de Picardie. — Paru,
1840, in-8^
Mart-Lapon. Tableau de la Langue Romano-Frorençale. —
Porw, 1841, in-12.
MÉNAGE. Dictionnaire étymologique de la langue française ,
édit. de J^ault. — Paris, 1750, 2 vol. in-folio.
Michel (Fr.) et Montmerqué.- Théâtre français au Moyen-âge.
— Pans, 1839, in-8».
MoNNiER., Vocabulaire de la Langue Rustique du Jura. (Mém.
de la Société des Antiquaires, de France, tom y.)
NiGOT. Trésor de la langue françoise , tant ancienne que mo-
derne. — Paris, 1606, in-folio.
Nodier (Ch.). Notions élémentaires de linguistique — Paris,
1834, in-8°.
— Dictionnaire des onomatopées françaises. — Paris ,
1808, in-8».
Oberlin. Essai sur le Patois Lorrain.— iSfra^ôourgi, 1775, in-12.
Olivier (Jules). Essai sur l'origine et la formation des dialectes
vulgaires du Dauphiné. — Fa/cnce,* 183 6, in-8*.
Paris (Paulin). Romancero français. — Paris, 1833 , in-8°.
Pasquier (A.). Les recherches de la France. — Aww^erdam, 17113,
2 vol. in-folio.
PEiGNOT(Gab.). Essai analytique sur l'origine de la langue
française. — Z>yow, 1835, in-8°.
PiERQuiN DE Gembloux. Histoire littéraire , philologique et bi-
bliographique des Patois. — Paris, 1841, in-8**.
— 613 — X
PiERS (H.). Variétés historiques sur la ville de St.-Omer.— iS^-
Omer, 183Î, in-S».
Pluquet (F.). Contes populaires, préjugés, proverbes et noms
de lieux de l'arrondissement de Bayeux.— Howcn,
1834 , in-8^
PoiLLT (A. de). Coup d'œil sur Tidiome picard en usage dans
l'arrondissement d'Abbeville. (Mém. de la Soc.
d'Emulation d'Abbeville, 1838.)
— Recherches sur une colonie . massilienne établie
dans le voisinage de l'embouchure de la Somme.
(Mém. de la Soc. d'émul. d'Abbeville, 1844-48.)
PouGENS (Ch.). Vocabulaire de mots anciens tombés en dessué-
tude. ■— Paris, 1821 , 2 vol. in-8».
Praron (Ern.). Notice sur les rues d'Abbeville. — Ahbeville , ,
1849, in-12.
Ratnouard. Lexique Roman. — Paris, 1835 , 6 vol. in-8?.
Renâcle (L.). Dictionnaire Wallon et Français.— Liège, 1823,
in-8«.
Richard. Extrait d'un Glossaire du patois des Vosges. (Mém.
de la Société des Antiquaires de France, tom. vi.)
RiGOLLOT (le_D.'). Monnaies inconnues des évêques des inno-
cents. — Paris, 1837, in-8°.
— Épitres farcies telles qu'on les chantait dans les
églises d'Amiens, au xiir siècle .— Amiens, 1838 ^
in-8«.
RivAROL (de). De l'universalité do la langue française. — »
Paris, 1784, in-12.
— 614 —
BocHEGUDE (de). Glossaire Occitanien. — Jou/ou^e, 1819,iD-8<».
Roquefort. DiclionDaire de la langue romane. — Paris, 1803 ,
t vol. in-8».
— De rétat de la poésie française dans les xii.« et
xiii.^siècler. — Paris, 1815, in-8«.
— Dictionnaire étymologique de la langue française.'
— Parts, 1829, 2 vol. in-8°.
Saubinet. Vocabulaire du bas langage rémois. — Reims,
1845, in-18.
Shnakemburg. Tableau synoptique des idiomes populaires du
Nord de la France. — Berlin, 1840.
Tailliab. Recueil d^actes des xii.* et xiii.® siècles , en Langue
Romane du Nord de la France. — Douai, 1849,
in-80.
— Notice sur la Langue Romane d'Oil, {Mémoires de
la Société cenlraledu Nord. —Douai, 1839-40.)
Vaugelas. Remarques sur la langue françoise. — Paris, 1738,
3 vol. in-12.
Wachter. Glossarium germanicum. — Leipsick, 1737, 2 vol. in-
folio.
Wey (Fr.). Histoire des révolutions du langage français. — in-8^
Bibliothèque de Técole des Chartes.
Bulletins de la société des Antiquaires de Picardie.
Bulletins de la Commission royale d'histoire de Belgique.
Bulletin du Bibliophile, publié par M. Techener.
— 615 —
DictiODDaires (divers) de laogues anciennes el modernes.
Investigateur (!'], journsd de l'Institutihistorique de Fraoce.
Mémoires do la société des Antiquaires de Picardie.
Mémoires de la société d'Émulation d'Abbeville.
Mémoires delà société dos Antiquaires de la Morinte.
Mémoires de la société des Antiquaires de France.
Mémoires de l'Académie des inscriptions et des bel les- lettres.
Becneil de pièces concernant le prî: général de l'ArquebtiBe
royale de France, rendu par la compagnie de St. -Quentin,
— St.-Quentia, 1774, in-12.
#
»^-
TABLE DES MATIÈRES,
PA6B8.
Préface . 5
PREMIÈRE PARTIE.
Recherches philologiques et littéraires sur le Dia-
lecte Picard» ancien et moderne 11
Chapitre I."
Origines de ridiome Picard. ..:... 11
Chapitre II.
Physionomie du patois picard. 21
Chapitre IIL *
Bibliographie du Dialecte Romano-Picard et du
Patois Picard -• . . 44
.:#*r;-
t
4
# - 618 -
Chapitre IV.
Formes grammaticales de l'idiome picard ... 96
§. 1."— De rarticle ' ... 97
§. 2. — Du substantif 99
§. 3. — De l'adjectif 103
§. 4. — Du pronorai, 103
§. 5. — Du verbe , .... 109
Chapitre V.
Orthographe et prononciation 124
Chapitre VI.
Proverbes, maximes et dictons picards . . . 135
§. 1." — Proverbes moraux, sentences, adages et
locutions proverbiales. . . . . 136
§. 2. — Proverbes météorologiques et hagiologi-
ques 162
§. 3. — Anciens proverbes Romano-Picards . . 169
§. 4. — Dictons historiques et populaires relatifs
à la Picardie ....... 171
Chapitre VIL
Armes parlantes et Rébus de Picardie. . . 209
Chapitre VIII.
Noms de lieux' . ... . 213
^
' tf.
W:
V
i Chapitre IX. ^
Noms de typtèftafi^ di|^mi|le et de corporations . 216
^j;<,. Chapitre X. ^
Sobriquets historiques et populaires de Picardie . 228
Chapitre XL
Nom des anciennes mesures de Picardie . . . 239 .
DEUXIÈME PARTIE.
Glossaire étymologique et comparatif du patois pi- ,
card , ancien et moderne . ... . . . 245
Avertissement 247
Index des principales abréviations . . . . . 250
Glossaire ^53
APPENDICE.
Additions survenues pendant l'impression . . . 593
Addition au Chapitre III (Bibliographie) . . . 593
Addition au Chapitre V (Orthographe) ... . 593
Addition au Chapitre VI (Proverbes et Dictons) . 595
Addition au Chapitre IX (Noms de Baptême) . . 604
Ouvrages consultés . 60
m
Amiens. — Imp. de Dovil et Uriihrnt , place Périgord , 3.
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