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GÉOLOGIE
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ENVIRONS DE PARIS
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GÉOLOGIE
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ENVIRONS DE PARIS
DU MÊME AUTEUR
Recherches chimiques sur les oxydes métalliques. In-8<>^ 1867.
Expériences sur la passivité du fer. (Le Cosmos, 1867.)
GÉOLOGIE COMPARÉE. — Étude descriptive, théorique et expérimenlaie sur les
météorites, i vol. grand in-8°, 1867.
Recherches sur la composition et la structure des météorites, thèse de dodo-
rat es sciences. (Annales de chimie et de physique, 4° série, t. XVII, p. 5.
et in-40, 1869.)
Dosage du fer nickelé dans les météorites. (Lq Cosmos, 1869.) .
ÉTUDE MINÉRALOGIQUE DU FER MÉTÉORIQUE DE Deesa. — Ëxislenco des roches nié-
téoritîques éruptives ; âge relatif des météorites. In-8<', 1869.
De l'origine des météorites. In-8°, 1869.
Lithologie terrestre et comparée. (Dictionnaire d'histoire naturelle de d'Orbi-
gny et tirage à paft). t vol. in-S», 1870 (Germer Baillière).
Établissement des TYPEslie roches météo ritiques. In-8°, 1870.
Mémoire sur la géologie des météorites. (Moniteur scientifique^ in-4^, 1871.)
Le ciel géologique. Prodrome de géologie comparée. 1 vol. in-8°, 1871 (Firmin
Didot frères).
Lithologie pratique. Gours de géologie appliquée. 1 vol. in-8°, 1871 (Dunod).
Sur l'existence de la bauxite à la Guyane française (Comptes rendus de VAca^
demie des sciences, février 1872).
Présence de la dunite en fragments empâtés dans les basaltes de l'Ile Bourbon
(Comptes rendus de l* Académie des sciences^ mars 1872).
ÉTUDE MINÉRALOGIQUE DE LA SERPENTINE GRISE (Comptes rendus de l* Académie des
sciencesy mai 1872).
DÉTERMINATION MINÉRALOGIQUE DES HOLOsiDÉRES DU MUSÉUM (Comptes rendus de
l'Académie des sciences^ mai 1873)«
Nature chimique du sulfure de fer (troïlite) contenu dans les fers météoriques
(Comptes rendus de V Académie des sciences, mars 1874).
SuA LA zircosténite de fuertaventUra (Comptes rendus de r Académie des sciences j
septembre 1874).
Cours de géologie goiépAréII professé au Muséum. 1 vol. id-8<', 1874 (Firmin
Didot frères).
La terre végétale, géologie agricole. 1 Vdl. in-12, 1874 (Rothschild).
Promenade géologique dans le ciELé i vol. in-i8 (Bibliothèque Tranklin) sous
presse^
PARIS. — INPHIMERIE DE E. kAUTlNETj nUE MIGNON, 2#
GÉOLOGIE
DES
ENVIRONS DE PARIS
OU
DESCRIPTION DES TERRAINS
ET ÉNUMÉRATION DES FOSSILES QUI S*Y RENCONTRENT
SUIVIE
D*un Index géographique des localités fossilifères
COURS PROFESSÉ AU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE
PAR
STANISLAS MEUNIER
AIDE -NATURALISTE AU HUSéUM D'HISTOIRE NATURELLE,
DOCTEUR ès SCIENCES
Ouvrage accompagné de 112 figures intercalées dans le texte
PARIS
LIBRAIRIE DE J.-B. BAILLIÈRE et FILS
19, nUE H AUTEFEUILLE, 19
1875
Tous droits rcscrvé.-?.
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AVERTISSEMENT
Appelé à suppléer une seconde fois M. le professeur Daubrée au
Muséum d'histoire naturelle, nous avons choisi pour sujet de notre
cours la Géologie des environs de Paris (1), sur laquelle de nom*
breuses courses nous avaient depuis longtemps démontré la néces*
site de publier un nouveau travail d'ensemble. Telle est l'origine
du livre que nous présentons aujourd'hui aux élèves qui ont bien
voulu suivre nos leçons et nous accompagner dans nos excursions
géologiques, ainsi qu'à toutes les personnes qu'intéresse l'étude du
bassin de Paris.
Les recherches qu'il nous a fallu /aire pour réunir les matériaux
que nous avons utilisés sont fort multipliées. Depuis le mémo-
rable travail de Cuvier et Brongniart, dont la dernière édition date
de 1835 (2), le grand sujet que nous traitons n'avait été l'objet d'au-
cune étude d'ensemble. Il est vrai que d'Archiac, dans son Hiuoire
des progrès de la géologie^ a, en 1851, consacré un long chapitre au
résumé des mémoires publiés sur la constitution de notre bassin ;
mais, outre qu'on n'y saurait voir un traité proprement dit, la
situation de ce résumé, à l'intérieur d'un volumineux ouvrage, en
rend la consultation très-difiicile. Ajoutons que depuis Tépoque ou
(1) Le cours précédent, consacré aux principes et faits généraux de la géo-
logie comparée, a paru sous ce titre : Cours de géologie comparée, professé au
Muséum (thistotre naturelle, i vol. in-8<^. Paris, 187d.
(2) Cet ouvrage fut imprimé dès 1808 dans le onzième volume des Annales du
Muséum d^ histoire natUrellCy sous le titre : Essai sur la géologie minéralogique
de Paris, Deux ans plus tard, il fut inséré sous le môme titre dans le tome XY des
Mémoires de f Institut, section des sciences mathématiques et physiques. Ce n'est
qu'en 1812 que les auteurs se décidèrent à le faire imprimer séparément. Les
éditions de 1822 et 1833 sont plus complètes, mais on les rencontre plus rare-*
ment.
VI AVERTISSEXEyr.
d'Archiac écrivait ce chapitre, la géologie parisienne a fait des pro-
grès considérables.
Il nous a donc Ediu recourir aux recueils scientifiques dans
lesquels les géologues consignent au jour le jour leurs obser*
vations.
Le Bulletin de la Société géologique de France est naturellement
la principale source où nous avons puisé; les Comptes rendus deV Aca-
démie des sciences et le Bulletin de la Société d'anthropologie nous
ont aussi été fort utiles. En outre, nous av(ms mis à contribution
un grand nombre de puMîcations spéciales parmi lesquelles il con-
vient de citer l'ouvrage de Constant Prévost, Essai sur la formation
des terrains des environs de Paris ; la Description de la carte géologique
de France^ de Dufrénoy et Élie de Beaumont, à laquelle nous avons
emprunté un aperçu général sur le bassin parisien; diverses
descriptions locales, telles que celles de Seine-et-Wse et de Seine-
et-Marne, par de Sénarmont ; de TOise, par Graves ; de l'Aisne, par
d'Archiac; la notice de 31. Ch. d'Orbigny sur les environs de Paris ;
les coupes du même auteur et celles du D' Goubert ; le magnifique
ouvrage de M. Belgrand, la Seine, Inutile de dire que la Description
géologique des environs de Paris^ de Cuvier et Brongniart, nous a
fourni d'innombrables documents, ainsi que Y Histoire des progrès
de la géologie, de d'Archiac, qui en est comme le naturel complé-
ment.
Enfin nous avons, presque à chaque page, lait des emprunts aux
précieux mémoires de M. Hébert, à qui Ton doit sur toutes les
questions des observations précises et des aperçus importants.
Quant à la paléontologie, nous avons fait une étude spéciale des
deux ouvrages capitaux de M. le professeur Deshayes, Description
des coquilles fossiles des environs de Paris et Description des animaux
sans vertèbres découverts dans le bassin de Paris 'i). Pour les animaux
supérieurs, le Traité des ossements fossiles^ de Cuvier, et VOstéogra-
phie^ de Blainville ^2:, l'important ouvrage de M. Paul Gervais,
«T; C. P. Deshaje», Description des coquitki fa^nles des environs de Paris,
Vàrïi^ 182^-1837^ 3 vol. in-lo, avec 166 pUncbes litiioçnphjêes. — Description
des antmoMX sont vn-tèbres découverts dans le bassin île Paris^ pour senir de
ftoppléfomt à la Description des roquilles fossUes des enrirons de Paris, comprenant
une revue générale de toutes les espèces actuellement connues. Paris, 1859-
1865, 3 vol. in-l« de texte et 2 vol. d'atlas, comprenant 195 planches litbogra-
plûées.
f 2) Blainville, Ostéographie, ou description iconographique comparée du sque^
' ...w
AVERTISSEMENT. ^
Zoologie et paléontologie françaises^ et le Traité de paléontologie ^ lA
Pictet, ont été nos principaux guides. Nous ne pourrions mention*
ncr tous les mémoires consultés. Pour la botanique fossile, nous
avons eu recours à la Description des plantes fossiles du bassin de
Parisj par M. Watelet, et à la Paléontologie végétale^ de M. Schim*
per ; et, parmi les publications spéciales, à la Flore fossile de 5e-
zanne, par M. de Saporta, etc.
La mise en œuvre d'une telle masse de matériaux n*a pas été sans
difficultés. Sur un très-grand nombre de points, des auteurs revê-
tus du même caractère d'autorité défendent avec une science égal»
des opinions opposées. Souvent il nous a fallu choisir entre les
solutions proposées, mais quelquefois aussi, quand l'observation
directe des localités ne nous a pas été possible, nous avons dû
laisser en suspens certains problèmes relatifs à l'âge ou à l'origine
des différentes formations.
Le plan que nous avons suivi dans notre exposition consiste sim-
plement à décrire successivement les assises du terrain parisien dans
Tordre décroissant de leur ancienneté. Pour chacune d'elles nous
avons fait connaître les allures des couches au moyen de cou|>es
locales et cherché à définir l'étendue géographique qu'elles recou-
vrent Une place très-importante a été donnée à l'énuméralion des
vestiges fossiles de tous les âges.
Outre de nombreuses coupes dessinées d'après nos croquis et sous
notre direction, la représentation de coquilles caractéristiques a
été faite d'après les échantillons du Muséum d'histoire naturelle.
C'est à M. Amoul, bien connu des naturalistes pour le soin qu'il
apporte à l'exécution de ses travaux, qu'a été confiée la reproduc-
tion de ces coquilles. Plusieurs figures empruntées, les unes aux
Éléments de géologie et de paléontologie (1) de M. Contejean, les
autres au Précis de paléontologie humaine (2), du docteur Ilamy,
aide^naturaliste au Muséum, ont été obligeamment mises à notre
disposition par nos éditeurs.
A côté des fossiles, nous avons toujours mentionné les miné-
raux accidentels que renferment les diverses formations» Enfin nou»
ieile et du système dentaire des mammifères Hcents et fossiles, pour servir dô
hase à la zoologie et à la géologie. Paris, 1839-1863, 4 vdl. grand m-h9 de texte
et A vol. grand in-folio d'atlas, contenant 323 planches.
(1) Paris, 1874, 1 vol. in-S» de xx-748 pages, avec 467 figurés.
(2) 1 vol. in-8« de 376 pages, avec 114 figures.
AVERTISSEMENT.
iTfons cherché à résumer, de la manière la plus claire, les hypo-
thèses proposées à l'égard de chacune de celles-ci, pour rendre
compte de leur origine et de leur mode de formation. Dans une
sorte d'appendice nous avons indiqué les usages industriels des
substances énumérées, de façon que les ingénieurs, les archi-
tectes, etc., pourront trouver les documents qui les intéressent
particulièrement.
Un soin tout spécial a été apporté à la rédaction des tables qui
terminent l'ouvrage. Celle par noms d'auteurs permet de voir à
l'instant la part de chaque géologue dans la découverte des faits
acquis. La tabk alphabétique des matières constitue, à proprement
parler, un dictionnaire qui, par les renvois aux pages du volume,
donne l'explication de tous les mots et de tous les noms employés
en géologie et en paléontologie. Enfin, nous appellerons l'attention
sur VIndex géographique, qui non-seulement contient la liste des
localités citées dans . l'ouvrage, mais donne encore une notice
sur chacun des points de notre bassin où la recherche des fossiles
est particulièrement fructueuse.
Nous serions heureux que ces indications pussent contribuer à
ranimer le goût des excursions géologiques, sans lesquelles la con-
naissance de la science est impossible, et celui des collections, qui
en apprennent cent fois plus que la lecture de maints volumes.
S. M
Avril 1875.
GÉOLOGIE
DK8
ENVIRONS DE PARIS
INTRODUCTION
Importance du bassin de Paris au point de vue géologique. —
Plusieurs raisons concourent à rendre tout spécialement digne
d'intérêt l'étude géologique des environs de Paris. Cette étude va
nous mettre en présence d'un nombre immense de faits dont la
variété extrême serait complètement inespérée pour quiconque vou-
drait la déduire de l'étendue superficielle qu'il s'agit de parcourir.
On ne peut non plus manquer de rappeler que c'est à cette même
étude que se rattachent^ d'une manière intime, la fondation de la
paléontologie comme science distincte, et la naissance de l'ana-
tomie comparée.
Certes, avant Cuvier on avait remarqué les fossiles; leur nombre,
parfois prodigieux dans la même couche et la régularité de leurs
formes, les imposaient en quelque sorte à l'observation. Mais ils
n'avaient réellement procuré aucune notion instructive. Bien que
beaucoup d'anciens, parmi lesquels se détachent les grands noms
de Platon, de Pythagore, d'Aristote, de Pline, de Sénèque, eussent
signalé à maintes reprises les pétrifications, celles-ci ne donnèrent
lieu, jusqu'à la fin du xV siècle, qu'à des dissertations tout à fait
vagues.
Au XVI* siècle, les fossiles furent remarqués davantage; mais,
ST. MEUNIER. i
(iÉOLOi;iK llBS ENVIHONS IIK PAHIS.
a|irès en avoir fail (le simples caprices ^e ia nalai'e, lusus natui'd
comme on disait, on imagina, pour en expliquer l'oiigine et I
nature, tes hypothèses les plus bizari'es. De façon (|ue malgré det
éclairs intermittents de génie, comme ceux que répandirent Léonard1|
de Vinci et Bernard Palissy, l'examen de ces restes, qui devaientJ
être si précieux pour la science, ne fut qu'un simple détail d
l'étude des roches où ils sont renfermés.
Naissance de la paléontologie. — C'est donc ît Cuvier qu'est du
sans conteste la création de la paléontologie, c'est-à-dire de I
science à laquelle appartient comme but spécial la connaissano
des êtres dont les vestiges sont contenus dans les assises géolo
giques. Il y a peu d'années, Pictet pouvait dire : « C'est à Cuviq
que remontent presque toutes les idées, les théories et les obseii
vations que les progrès de la science ont permis d'étendre et t
développer depuis, n
Les découvertes de cet homme illustre ont eu pour premie
théâtre les plàtrières de Montmartre et pour origine les tr'ouvaille
de fossiles qu'on j Rt. Comme on voit, la paléontologie est <
tiellement parisienne, et sa création est un litre de gloire pour U
grande ville où nous sommes,
On sait que la question capitale étudiée d'ahoid par Cuvier fut di
savoir si les fossiles proviennent d'êtres dilTérents de ceux qui viveû
actuellement.
Déjà l'observation des coquilles pétrifiées avait amené à se fein
la même demande à l'égard des mollusques ,' mais le problèm
dû être regardé comme insoluble à cause de l'immense variété d
ce8 animaux inférieurs, et à cause aussi de ce fait certain que li
fond des mers profondes, où les recherches sont loin d'être com
plètes, nous réserve pour plus tard la connaissance d'une faun
innombrable.
Ces considérations conduisirent Cuvier à jturter toute son atlen
tion sur les animaux supérieurs, qui sont eu nombre bien pl^
restreint et qui ne peuvent pas échapper aussi facilement à i
investigations. Mais, il s'aperçut loul de suite que le problème qirl
poursuivait supposait connue, dans tous ses détails, l'ostéologie i
tous les gros animaux contemporains, et c'est ainsi que l'an
lomie comparée, simple accessoire du travail principal, fut cré
Nous n'insisterons pas sur les résultats de Cuvier. On sait qu'i
peuvent s'exprimer en disant que les êtres fossiles dill'éi'ent àt
INTHODUCJJON. 3
aiiInmuK d'aujourd'hui, et par conséquent que la faune a été re-
nouvelée à la surface du globe depuis les temps géologiques. On sait
aussi que par suite des lois de l'organisation animale, des fragments
incomplets d'un squelette peuvent permettre de reconstituer l'être
tout entier d'où il provient, et même de déterminer une foule de
particularités de celui-ci qu'on eût pu croire hors de l'atteinte de
nos études, comme celles qui regardent ses habitudes et même son
aspect général. Ces conséquences ont perdu depuis Cuvier un peu
de la certitude absolue qu'il leur attribuait par suite de la décou-
verte de nombreux animaux participant à la fois de caractèi'es
empruntés à divers types ; mais le principe subsiste tout entier, et
constituera toujours une des plus grandes conquêtes de l'esprit
scientifique sur la nature.
Le nom du Palœotherium, le plus frappant des animaux de
Montmartre, consacre le fait de la destruction des esp(»ces au-
jourd'hui fossiles, et pourrait par conséquent s'appliquer à la plupart
des animaux dont s'occupe la paléontologie.
Toutefois, en montrant que la faune actuelle dilîère de la faune
éteinte, Cuvier était loin d'avoir épuisé le sujet, et son célèbre col-
laborateur Alexandre Brongniart fut conduit par l'étude de la géo-
logie parisienne à une notion complémentaire de première impor-
tance. C'est celle des caractères paléontologiques des formations
successives.
Caractères paléontologiques des formations successives. — Déjà
Cuvier avait parfaitement remarqué que les grands reptiles juras-
siques font place, dans le plâtre de Montmartre, à des animaux tout
différents. Mais cette observation ne l'avait pas conduit où Brongniart
arriva. En effet, celui-ci reconnut que les fossiles caractérisent les
couches qui les renferment de façon à pouvoir servir à la détermi-
nation de leur âge, et Ton sait que ce grand fait, d'application jour-
nalière, est la base delà stratigraphie.
La première carrière venue montre que les couches successives
renferment souvent des faunes différentes, et des carrières même
distinctes montrent la même faune se poursuivant au même
niveau.
La découverte de Brongniart acquit un vif éclat par l'application
qu'il en fit au classement de couches dont l'âge réel n'était pas
soupçonné. J'en citerai deux exemples qui, bien que pris en dehors
du cadre géographique que nous devons nous tracer, sont cepen-
dant, comme on va voir, tout à fait à leur place ici.
H GÉOLOGIE DES ENVIRONS DE PARIS.
En eflet, c'est à l'occasion de la description des environs de Paiis
que Brongniart les fit connaître ; et d'un autre côté, ils ont pour
objet des couches qui, si elles n'existent pas à la surface de liotre
sol, sont cependant traversées par les sondages profonds qu'on
exécute à Paris.
Le premier de ces exemples concerne la montagne desFiz, près du
Buet, dans les Alpes. Elle est formée de lits nombreux qui s'incli-
nent du nord-est au sud-ouest, et qui à Servoz, où ils se montrent
par la tranche, semblent horizontaux. Vers le haut, sur la piente
roide qui va aux chalets de Sales (voy. fig. 1), est une couche noire,
3i8o
thiUetdp,Salc^
ParmenaA
VitUee- dcr la, JKoxa.
FiG. 1. — Coupe géologique de la montagne des Fiz.
10. Grès de Taviglianaz. — 9. Calcaire nummulitique. — 8. Craie. — 7. Grès vert. — 6. Ter-
rain urgonion. — 5. Terrain néocoinien. — 4. Terrain jurassitiue. — 3. Trias. — 2. Terrain houiller.
— 1. Schistes cristallins.
dure, compacte, d'un faciès très-ancien, et qui renferme des co-
quilles. Or Brongniart, étudiant celles-ci, y reconnut, contre toute
attente, les fossiles de la craie, de Rouen. Malgré sa couleur et sa
situation élevée, c'est maintenant sans hésitation qu'on rapporte
cette couche à ce niveau du terrain crétacé.
En second lieu, aux Diablerets, le même géologue signala une
assise d'aspect analogue, mais dont les fossiles sont d'âge encore
plus récent, et fixa son âge à l'époque tertiaire.
Les progrès de la science ont confirmé ces résultats si hardis; et
chaque jour les géologues tirent le plus grand parti de synchro-
nismes de ce genre.
Rôle géologique des causes actuelles. — Enfin, pour borner nos
exemples, c'est encore à l'étude géologique du bassin de Paris que
se rattache l'introduction dans la science de la considération des
causes actuelles. Sans doute leur rôle a été exagéré dans diverses
circonstances ; mais on ne peut méconnaître leur importance, et
nous verrons, dans cet ouvrage même, combien leur étude peut
INTRODUCTION. 5
rendre des services éminents. C'est en grande partie à (Constant
Prévost qu'on doit ce point de vue fécond, et le célèbre géologue
y fut amené par l'étude des environs de Paris. Voici comment :
Un des faits que nous aurons à signaler à chaque pas, et dont
Texplication préoccupa le plus Constant Prévost, c'est Paltemance
des couches d'origine marine, avec des couches formées dans
l'eau douce. Ainsi, le calcaire lacustre de Saint-Ouen se trouve pris,
en quelque sorte, entre le grès marin de Beaiichamp et les marnes,
marines aussi, qui forment le soubassement du gypse. De pareils
exemples se montrent de tous côtés.
Pour expliquer cette alternance, on fait généralement intervenir
l'idée d'irruptions successives de la mer dans un bassin où débou-
chaient des cours d'eau douce. Or, Constant Prévost (1) montre les
difficultés de celte explication, qui suppose un mécanisme tout dif-
férent de celui qu'on observe actuellement.
De plus, en étudiant ce qui se passe à présent dans une mer
quelconque, dans la Manche par exemple, le sagace observateur
y trouve de quoi rendre compte, suivant lui, de l'ancien état des
choses. Il montre en effet que la Seine édifie constamment au sein
même de la mer, une couche fluviatile, pendant qu'en face il se
fait, au même niveau, une couche marine. « Dans presque tous les
lieux, dit-il, où la mer vient battre et miner le pied de ces falaises,
il se fait des éboulements continuels ou périodiques, qui quelquefois
(comme je l'ai vu au bourg d'Ault) ont plusieurs pieds de largeur
sur deux à trois cents pieds de haut; en peu de temps les matériaux
éboulés disparaissent ou changent d'aspect : les eaux détrempent,
délayent les parties tendres, elles roulent et triturent les parties
dures, elles dissolvent les substances solubles, laissant les unes
près des rives et entraînant ou transportant les autres à des dis-
tances plus ou moins grandes, où, selon toute apparence, elles les
laissent se déposer et se précipiter successivement selon leur degré
de pesanteur spécifique. Ces précipités et sédiments continuels sur
un point, régulièrement périodiques sur un autre, et souvent acci-
dentels, forment nécessairement sur les divers fonds du canal des
couches successives, variables, dans lesquelles sont enveloppées des
dépouilles d'animaux qui vivent ou sont transportés dans la mer. »
On peut, pour mieux fixer ses idées, porter particulièrement son
(1) Constant Prévost, Essai sur la formation des terrains des environs do
Paris y lu à TÂcadémie des sciences en juillet 1827.
I1BDI.0GIE UE& ENVIRONS DK PARtK
attention sur los ciUcs de l'Angletorm qui sonl opposées à l'cnibou-
chur** (If Ir Seine; sur celles du sud de l'Ile du Wighl, si remar-
quables par leurs êlwulements, et, après avoir vu ce qui s'y passe
journellement, on ne [lourra se refusera admettre qu'il se forme
maintenant au pied des falaises de l'AngleleiTC, sur le versant du
canal opposé à celui des cales de France, des dépâls successifs dont
la craie, les sables ferrugineux et les ai-giles brunes du Weald four-
nissent, tantôt isolément, tantôt simullanément (suivant les ébou-
(emcnls qui ont eu lieu et la direction des couraiils), les matériaux
qui contiennent peut-être ptile-mèle quelques anciens fossiles de ces
trois formations distinctes, avec les dépouilles d'animaux qui vivent
encore dans la Manche.
D'une autre part, vis-à-vis de ce même point, débouche un grand
fleuve qui, îiprès avoir baigné cl arrosé de vastes contrées, vient
apporter son tribut à la nier. Ses eaux douces, oi-dinairement
limpides, deviennent parfois bourbeuses; elles charrient, lors de
leur crue, et avec plus ou moins d' impétuosité, des terres, des
limons, dessables; elles entraînent des boîs, des cadavres Hottanls,
des mollusques terrestres et d'eau douce, vivants ou morts; elles
liennenl en dissolution des sels de difTéi-cnte nature. Elles déposent
une partie de ces corps étrangers sur leur i-oute, mais elles en
portent bien plus encore au delà de l'embouchure, puisque dans les
grands déboixlemenls, les eaux colorées du fleuve so distinguent
des eaux marines, souvent jusqu'au milieu du canal. Que conclure
de ces faits, si ce n'est que la Seine transporte dans la mer des ma-
tières terrestres el iluviatiles, qu'elle dispose en couches alterna-
tives, dans le même moment que sur la rive opposée de l'Angleterre
des couches marines se forment? El ne peut-on pas, de cette simul-
tanéité de dépôts difl'érents, déduire la conséquence, qu'au cepln!
de l'espace les deux dépôts doivent se confondre, se mêler; que
leurs couches peuvent alterner, s'enlacer, etc., etc.
Sans pousser plus loin ces observations, on peut, d'après ce seul'
exemple, pi-ésumer ce que produisent dans le même temps les
autres afHuents qui descendent dans le même bassin, en traversant
d'autres pays, comme l'Orne, la Vire, etc.
(hi peut concevoir aussi comment les éboulemenls des falaises
de Dives, qui sont argileuses, doivent donner lieu à des dépôts
difl'érents de ceux que produisent les éboulemenls des falaises de
craie de l'Angleterre, etc.
Un autre fait que les mêmes études peuveiil élucider, c'est le
INTRODUCTION. 7
synchronisme de formations voisines et différentes. Ce cas se pi-é-
sente souvent. Par exemple, les épaisses couches de calcaire lacustre
de Provins paraissent s'être déposées en même temps que les assises
marines de calcaire grossier de Nanterre. La Manche montre encore
à Constant Prévost comment un résultat du même genre pourrait
facilement se produire sous nos yeux mêmes. Vis-à-vis de Calais et
de Douvres (voy. fig. 2), existe une digue sous-marine distante de la
FiG. 2. — Existence dans la Manche de digues sous-marines qui, à la suite d*iin
exhaussement du sol, délimileraient un lac entre deux isthmes.
surface de vingt brasses. Vers la mer du Nord, la profondeur aug-
mente graduellement par une pente douce ; du côté du canal, la pro-
fondeur va jusqu'à trente-six brasses entre Etaples, en France,
et Hastings, en Angleterre; puis le fond se relève, de manière
qu'entre Dieppe et Beachy-Head, la sonde ne descend plus qu'à
vingt- cinq brasses; au delà la pente augmente graduellement jus-
qu'à ce qu'elle trouve quarante-cinq brasses vis-à-vis de la Hogue
et soixante-cinq environ à l'entrée du canal.
Il existe, d'après cette disposition, une digue sous-marine entre la
mer du Nord et la Manche, vis-à-vis de Calais, et une autre digue un
peu plus loin, vis-à-vis de Dieppe; de telle sorte que le bassin sous-
marin de la Manche est sous-divisé en deux plus petits bassins, et
que par supposition, si un abaissement successif de vingt et vingt-
cinq brasses survenait dans le niveau actuel des eaux, la mer du
■
I
CÈOLOf.lE DES ESVIROSS DE PARIS,
\oiil serait d'abord séparée du canal de la Manche par la mise à sec
d'une langue de ten-e qui réunirait la Fi-ance et l'Angleteri-e entre
Catafs et Douvres, et qu'ensuite il s'établirait une nouvelle com-
munication entre les deux pays de Dieppe à Beachy-llead : de ma-
que les eaux comprises entre les deux isthmes seraient
enfermées de toutes parts.
Ainsi, en défmitive, un premier abaissement de vingt brasses
changerait le détroit actuel en deux golfes, et un abaissement de
vingt-cinq brasses le transfonnerait en deux golfes séparés par
un lac qui se trouverait entre les deux mers.
Cet aperçu doit suffire pour faire voir combien les circonstances
peuvent varier dans un même lieu par suite d'un événement simple
en lui-même, et comment par conséquent des dépflts superposés
pourront être différents en raison de ces circonstances diverses,
si, comme il n'est pas permis d'en douter, les unes influent sur le
mode de formation des autres.
Constant Pmvost a appliqué ses observations à la formation
des terrains de Paris, et en a conclu une explication synthétique,
et nous verrons qu'en effet sa méthode peut servir dans beaucoup
de cas.
Pour le moment nous nous bornerons à un seul exemple essen-
tiellement parisien et dont l'intérêt est particulièrement frappant.
On sait les conséquences tirées de l'examen des roches plissées,
si ahomlanles surtout dans les terrains anciens, et qui nianifcstent
si souvent l'exercice des actions métamorphiques. Or, dans Paris
raôme et contre toute attente, on rencontre des couches ayant te
même caractère de plissement. Telle couche de gypse, comme celles
de la rue de Poebla, par exemple, présente les mêmes contoume-
menls que le calcaii-e granîtif|ue des Pyrénées. Faut-il recourir tou-
tefois pour les couches parisiennes aux explications dynamiques si
convenables pour les pays de montagnes ? Quoique des géologues
de la plus grande valeur se rangent à cette opinion, elle peut pa-
raître peu vraisemblable. Constant Prévost, et avec lui M. de Weg-
mann, M. nozet,etc., sont d'un avis différent. Ils admettent que des
érosions avaient ondulé le support de gjpsc qui, en se reposant,
a moulé toutes les inégalités du sol.
Ce qui donne beaucoup de poids à cette conclusion, c'est que
l'espérience la conlirme, Voici comment M. de Weginann opère (1) :
<l) Db Wecm:
; * /'( .'J.irjVM nM'i'ii'p'e
M. IV, p. 353,
INTRODUCTION. 0
Dans un bassin d'environ 15 mètres cubes (2", 50 de prôfondeiu*),
servant à l'arrosement d'un pré, et alimenté par un ruisseau d'eau
vive, M. de Wegmann, après avoir mis ce bassin à sec, en détour-
nant momentanément le cours d'eau, fit placer au fond une couche
épaisse de plâtre, divisée en compartiments mobiles, et préalable-
ment njoulée de telle sorte que ce fond factice représentât en petit
les inégalités du sol sous-marin dans ses dépressions et ses pro-
tubérances. Les pentes toutefois n'excédaient pas UO degrés. On
ramena alors le ruisseau dans le bassin, et, quand celui-ci fut à
demi rempli, on mêla successivement à l'eau courante d'abord du
sable fin, puis du charbon en poudre, puis de nouveau sable et de
nouveau charbon, alternant cette opération plusieurs fois et lais-
sant à chacun de ces charriages le temps nécessaire pour se déposer
tranquillement, avant de charger le ruisseau d'un nouveau transport
de matières. Entre cha(Jlie dépôt, et pour ne pas troubler les pré-
cédents, le bassin était à demi vidé au moyen d'un siphon effilé.
Après que cette opération eut été répétée cinq ou six fois, le réser-
voir fut mis à sec, les compartiments de plâtre furent asséchés et
disjoints, et l'on put s'assurer que des couches alternantes, par-
faitement distinctes l'une de l'autre par la nature des matériaux
et leur couleur, s'étaient régulièrement moulées sur le fond ondulé
du bassin.
De ces faits, M. de Wegmann arrive à conclure, par analogie :
1° Que des couches sédimentaires, lacustres et marines, ont pu se
superposer sur des plans inclinés toutes les fois que la pente n'excé-
dait pas kO degrés, cette pente étant, comme on sait, l'inclinaison
maximum qu'affectent les éboulis de montagnes, et en général
toutes les matières mobiles, le blé, par exemple, quand elles
s'accumulent en tombant sur une face plane. 2° Qu'il pourrait, par
conséquent, n'être pas toujours nécessaire de recourir à des sou-
lèvements ou affaissements violents, à des plissements, à des
refoulements du sol, conséquence d'une action souterraine posté-
rieure, pour expliquer l'inclinaison de certaines couches s'appuyant
sur d'autres en stratification discordante, ces couches inclinées
ayant pu se mouler paisiblement, au sein des eaux, sur les pre-
mières boursouflures du sol, résultant de la solidité intumescente
de Técorce terrestre, dontelles reproduiraientainsi le relief ébauché.
3° Enfin, qu'on pourrait déduire de ce mode de sédimentation par
couches inclinées la contemporanéité de faunes placées à des nive^aux
différents.
ta UROLOGIE DKS EPiïIROKS HE PARIS. I
Ainsi ilonc, et, ft iuoiii»> que des traces de rupture ou autres signes
Je dislocation ne s'y opposent, on pourrait ne pas toujours affimier
que, lorsque des couches viennent se relever contre un massif cris -
lallin, par exemple, ce massif fût nii cessai rement postérieur; le
contraire pourrait élre vrai dans plusieurs cas, où les causes ordi-
naires suflisent pour expliquer les faits, sans recourir partout
h (les forces anormales et gigantesques pour expliquer des phéno-
mènes possihles à moins de frais.
M. de Wegmann ajoute, en terminant, qu'on pourrait même
distinguer, par le degré d'inclinaison des couches, celles qui se
sont déposées sur des plans déjà inclinés di> celtes qui, bien que
légèrement inclinées d'elles-mêmes, ne s'en seraient pas moins
déposées sur un fond plat. Celles-ci seraient naturellement celles
qui affectent une pente pou sensible, attendu que leur décli-
vité n'est la suite que de la différence de pesanteur spécifique,
ou du plus ou moins d'abondance des matières déposées, à mesui-e
que le dépAt s'éloigne du point oii les affluents transporteurs
débouchaient dans le bassin où la précipitation s'effectuait. (VI. de
Wegmann appuie cette considération sur un fait qu'il tient du pre-
mier ministre de France au Texas, avant l'annexion de cette pro-
vince à la grande Confédération américaine. La mer, devant Gal-
veslon, repose en effet sur un fond dont la pente légère affecte une
régularité si constante, qu'elle sert aux marins de moyen d'estime
pour calculer, à plusieurs lieues au large, l'éloignement où ils sont
du rivage. En jetant, en effet, la sonde sur deux points, à une
distance déterminée l'un de l'autre, on voit que le rapport de
cette distance h la différence des deux lignes de sonde représente
la tangente de l'angle à la céte, et que cet angle, une fois connu,
donne, au moyen d'un second triangle rectangle, la distance du
navire au rivage.
Ici donc se forme sous nos yeux, par l'action lente et incessante
des causes ordinaires, un vaste plateau sous-marin légèrement
incliné, dont l'émersion future, si elle a lieu, présentera un jour
les feuillets ou les couches comme les témoins muets d'une sédi-
mentation paisible et régulière.
AirrONOMiB cÉOLOciQtii! DU BASSIN DE pAnis. — Ce que nous ve-
nons de dire suffit, je pense, pour montrer la place que lient la
géologie parisienne dans l'histoire de la science. Il faut ajouter
qu'elle a une existence propre. Les environs de Paris ne sont pas
une région quelconque, mais bien une réf/ion géologique.
INTRODUCTION.
Un coup d'œil jeté sur In carie, de France suHit pour s'en assii-
i-er. Dufrénoy et Klie de Beaumont ont si^alé sur celte carte la
disposition remarquable du terrain jurassique (lig. 3), qui, suivant
leurs expressions, foime coinine une large écliarpe qui traverse
obliquement la partie centrale de la France des environs de Paris
aux environsde Metz etdeLongwy, a Celte écharpe, disent-ils {!), se
recourbe, d'une part, vers le haut, du côté de Mézières et d'Hirson,
et, de l'autre, vers le bas, du câté de Cahors et de Milhau ; mais eu
même temps il s'en détache deux branches, dont l'une, se repliant
au nord-ouest, se dirige sur Alençon el Caen, tandis que l'aulre,
descendant au midi, suit d'abord la Saône, et ensuite le Rhône,
depuis Lyon jusqu'au delà de Privas, et tourne autour des Cévennes
(1) Dtscriplion de la Carie géologique de France, 1
I, p. 15.
jusqu'au délit de Moi)l[iellier, [lour aller ivjoiiidvp la prcnii
che dans le déparlement de l'Aveyron.
Il Ces bandes, recourbées, présentent en outre, dans dilftirentes
directions, des appendices in-éguliers; mais ce ((u'ellcs présenlent
de plus remarquable, c'est qu'en faisant abstraction de ces iiTégu-
larités, et en les réduisant par la pensée ù leur plus simple expres-
sion, on voit ces bandes former deuK espèces de boucles, qui dessi'
nent sur la surface de la France une figure i\u\ approche de cello
d'un j: placé sur le côté ( cj ) ; et même, si l'on observe que la boucle:
inférieure est presque fermée et ne présente que des lacunes ap-'
parentes, dues à des dépôts superficiels qui cachent le terrain juras-
sique, on pourra comparer la disposition de ces bandes à la forme
fiénérale d'un 8 ouvert par en haut.
» Cesassisesdecalcairejura3sique,qui nous présenlent l'immense
avantage de pouvoir être poursuivies à découvert, d'une manière'
sensiblement continue, d'un bout de la France à l'autre, suivant les;
contours variés qui en loucbent presque toutes les parties, se pro-
longent souterrainemenl dans des espaces beaucoup plus étendus
que ceux où elles foiment la surface; mais la manière dont elles;
s'enfoncent pour s'étendre ainsi pai-niessous terre, n'est pas 1«
même dans toutes les parties de leur contour apparent.
n Si les deux boucles supérieure et inférieure que présente la
ligure analogue à celle d'un 8, qu'elles dessinent sui- la surface, ont
entre elles une sorte de correspondance, elles présentent en même
temps une opposition complète dans la manière dont les couches
jurassiques y sont disposées relativement aux niasses qui occupent
les doux espaces qu'elles enlourent vers le nord el vers le sud :
effet, la boucle înférietu* ou méridionale circonscrit un mai
proéminent, en grande partie colorié en rase (1) et formé principa-!
lement de terrain granitique. C'est le massif montagneux de Is
France c<*nLrale, couronné par les roches volcaniques du Cantnl,
du mont Dore et du Mezenc.
» Cette boucle méridionale est ainsi moins élevée que l'espace
qu'elle entoure, tandis que la boucle supérieure ou seplentrionale,
qui forme le contour d'un bassin dont Paris occupe le contre, eâl,
en grande partie, plus élevée que le remplissage central de c»
bassin.
» L'inlérieur de ce bassin est occiipt' par une suexiessîon (
INTRODUCTION. 13
à peu près concentriques, comparables à une série de vases sem-
blables entre eux, qu'on fait entrer l'un dans l'autre pour occu|Mîr
moins d'espace.
» La différence la plus essentielle des deux boucles opposées de
notre 8 est que l'une recouwe et que l'autre supporte les masses
minérales qui occupent l'espace qu'elle entoure. La boucle inférieure
et méridionale est formée par des couches qui s'appuient sur le bord
du massif granitique qui leur sert de centre, et, en quelque sorte,
de noyau ; la boucle supérieure et la plus septentrionale est formée,
au contraire, par des couches qui s'enfoncent de toutes parts sous
un remplissage central auquel elles servent de support, de bassin,
de récipient, et dont elles excèdent généralement la hauteur.
» Les deux parties principales du sol de la France, le dôme de
l'Auvergne et le bassin de Paris, quoique circulaires l'une et l'autre,
présentent, comme on vient de le voir, des structures diamétrale-
ment contraires. Dans chacune d'elles les parties sont coordonnées
à un centre, mais ce centre joue dans l'une et dans l'autre un rôle
complètement différent.
» Ces deux pôles de notre sol, s'ils ne sont pas situés aux deux
extrémités d'un même diamètre, exercent en revanche autour
d'eux des influences exactement contraires : l'un est en creux et
attractif; l'autre, en relief, est répulsif.
» Le pôle en creux vers lequel tout converge, c'est Paris, centre
de population et de civilisation. Le Cantal, placé vers le centre de
la partie méridionale, représente assez bien le pôle saillant et ré-
pulsif. Tout semble fuir en divergeant de ce centre élevé, qui ne
reçoit du ciel cjui le surmonte que la neige qui le couvre pendant
plusieurs mois de l'année. Il domine tout ce qui l'entoure, et ses
vallées divergentes versent les eaux dans toutes les directions.
Les routes s'en échappent en rayonnant comme les rivières qui
y prennent leurs sources. Il repousse jusqu'à ses habitants, qui,
pendant une partie de l'année, émigrent vers des climats moins
sévères.
» L'un de nos deux pôles est devenu la capitale de la France et du
monde civilisé ; l'autre est resté un pays pauvre et presque désert.
Comme Athènes et Sparte dans la Grèce, l'un réunit autour de lui
les richesses de la nature, de l'industrie et de la pensée; l'autre,
fier et sauvage, au milieu de son âpre cortège, est resté le centre
des vertus simples et antiques, et, fécond malgré sa pauvreté, il
renouvelle sans cesse la population des plaines par des essaims
lïiK^^ i >.t.UUH^\E DUS KNVIKIIKS lit fAh
vifTouiTuv el l'orU'i lient enipreiiitis de iioln? aiU'ii'ii naractcre
iiatiiinHl. i>
H(imar(|Ufnis d'ailleurs quf la position iiiiiine de Paris a été.
dt'tlerminée piir celte stnicture de la France, C'est encore à Elie de
Beauniont etDufrénoy que nous empruntons œqui a trait aux cïr-
convallations géologiques ou crêtes qui environnent notre capîtalew-
Ces crêtes tournent parallèlement les unes aux autres autour de
Paris, qui est leur centre commun :
« Les rivières qui, comme l'Yonne, la Seine, la Marne, l'Aisne,
l'Oise, convei^nt vers le centif. du bassin parisieu, traversent les
crêtes successives dans des dt'lilés que les révolutions du globe ont
ouverts pour elles. Cos mêmes crêtes forment les lignes naturelles
de défense de noire teniloire, et les opérations stratégiques de
toutes les armées qui l'ont attaqué ou défendu, s'y sont toujours
coordonnées par la force même des choses.
« Jamais celte vérité n'a été mise plus vivement en lumière que
dans la mémorable ciimpagne de IMIi. Sur la crête la [)lu.s intérieure
foiTuée par le terrain tertiaire, ou tout près d'elle, se trouvent les
champs de bataille de llonteivau, de iS'ogenl, de Sezaune, deVau-
champs, de Montmirail, de Champaubert, d'Êpernay, de Craonne
et Laon.
)i Sur la deuxième, fonnée par la craie, se trouvent Troyes,
lirieune, Vitry-ie-Franfois, Sainte-Menehould. Là aussi se trouve
Valmy 1
I) La troisième crête, beaucoup moins prononcée et plus inégale,
présente cependant les défilés de l'Argoune .
» Près de la quatrième ligue saillante, qui déjà appiirtient au
terrain jurassique, se trouvent Bar-sur-Seine, Bar-sur-Aube, Bar-
le-Duc, Ligny.
• Près de la cinquième, qui est également jurassique, sont
Ghùtillon-sur-Seine, Chaumont, Toul, Verdun.
■1 La sixième, déjil un peu excentrique, est formée par les coteaux
élevés (jui dominent Nancy et Metz, et qni s'étendent sans inter-
ruption depuis Langres jusqu'à Longwy, Monlmédy, et jusqu'aux
environs de Méjiières.
n Paris est placé au milieu de cette sextuple circonvallation
opposée aux incursions de l'Europe, et traversée par les vallées
convergentes des rivières principales.
•> Vei-s le noi-d-esl, la branche orientale du grand 8 jurassique ne
se rencontre que souterrainement et a'ssi? île saillir à la surface ;
INTRODUCTION. 15
«
aussi ne trouve-t-on plus dans cette direction les mêmes lignes
naturelles de défense. Mais depuis longtemps on a senti la nécessité
d'y suppléer par des moyens artificiels, et Ton a renforcé par une
triple ligne de places fortes cette partie faible de nos frontières.
» On voit donc que l'emplacement de Paris avait été préparé par
la nature, et que son rôle politique n'est, pour ainsi dire, qu'une
conséquence de sa position. Les principaux cours d'eau de la partie
septentrionale de la France convergent vers la contrée qu'il occupe,
d'une manière qui nous paraîtrait bizarre, si elle nous était moins
utile et si nous y étions moins habitués. Enfin la nature, prodigue
pour cette même partie de la France, l'a dotée d'un sol fertile et
d'excellents matériaux de construction. Environnée de contrées
beaucoup moins favorisées, telles que la Champagne, la Sologne,
le Perche, elle forme au milieu d'elles comme une oasis. L'instinct
qui a dicté à nos ancêtres le nom A' Ile-de-France, pour la province
dont Paris était la capitale, résume d'une manière assez heureuse
les circonstances géologiques de sa position.
» Ce n'est donc ni au hasard ni à un caprice de la fôilune que
Paris doit sa splendeur, et ceux qui se sont étonnés de ne pas trou-
ver la capitale de la France à Bourges ont montré qu'ils n'avaient
étudié que d'une manière superficielle la structure de leur pays.
Cette capitale n'a pris naissance et surtout n'a grandi, là où elle
se trouve, que par l'effet de circonstances naturelles résultant, en
principe, de la structure intérieure de notre sol. On en trouve le
reflet dans le groupement des intérêts et des populations, de même
qu'on voit la différence des climats influer sur les lois des différents
peuples.
» On peut même remarquer encore, à ce sujet, que les circon-
stances géologiques qui font, du lieu où se trouve Paris, l'emplace-
ment naturel de la capitale de la France, ont en même temps
favorisé l'extension de son influence en Europe. Comme, du côté
du nord-est, la France, n'a pas de frontières nettement détermi-
nées, rien, de ce côté, ne limite complètement l'influence de Paris,
et cette grande ville se trouve être, de fait, la capitale intellec-
tuelle de vastes contrées qui s'étendent au loin vers le nord-est.
Paris, placé vers le nord de la France, se trouve, autant que pos-
sible, au centre de son influence morale, qui est bien plus grande
à Berlin qu'elle ne l'est au delà des Pyrénées, »
En résumé, Paris occupe le centre de l'ensemble d'une série de
cuvettes emboîtées. Les coupes générales de la France du nord au
■AJlWAÏ, OKS ENVIKONS DE l'ARIS.
sud (lig. 4) el de l'ouesl à l'est {i\g. 5) le font bien coiapiciidre
a qui le coiilivme, au moins dans une large mesure, c'est le résultat
de tous les forages qui, comme ceux de Grenelle et de l'nssy, après
avoir traversé toutes les couches tertiaiiea, coupont successivemenl
toutes les assises crétacées. Nul doute que plus bas on ne li-ouve
lu ten'âin jurassique, et après la série strati liée, le soubassement
granitique.
("elle disposition eu cuvetlc juslifierait pleinemeiiirexpressioii
de hassin de Paris si souvent employée. Toutefois ce bassin, devant
Fie. 5, — Scclioa générale
■;. Turrain U-Tlioirc.— 0. Tdrrain lïéuc^. —
juillCT. — 3, Terrain ûi: Iransilion. — 1. Te
la France de l'ouest à
avant tout se coordonner par rapport au bassin do la Seine, il en
résulte, dès qu'on veut en préciser les limites, d'extrêmes diltîcultés.
Brongniart lui donne les t'rontièi'es suivantes. « J.c bassin de la
iJeine, dit-il (1], est séparé, pendant un assez grnna es|iace,de celui
de la Loire par une vaste plaine élevée dont la plus grande partie
porte vulgairemenl le nom de Beauce, el dont la portion moyenne,
et la plus sèche, s'étend du noivl-ouest au sud-est, sur un espace
de plus de quarante lieues, depuis Courvelle jusqu'à iMoulargis.
n Cette plaine s'appuie vers le nord-ouest à un pays plus élevé
qu'elle, el surtout beaucoup plus coupé, dont les rivières d'EurCi
d'Aure, d'Iton, de Rille, d'Orne, tie .^layenne, de Marthe, d'Huisne e*
du Loir tirent leurs sources. Ce pays, dont la partie la plus élevée,
qui est enli* Séez et Mortagne, formait auti'erois la province du
Perche et une partie de la basse Normandie, appartient aujourd'hui
au déparlement de l'Orne.
(1 ) Cuvier el Brongniart, Desmiplion ijéotogique des c,
ISSa (3° édilioDJ,
'. !'■ tSj
INTRODUCTION. 17
» La ligne de séparation physique de la Beauce et du i*erche jïassc
à peu près par les villes de Bonneval, Allaye, Illiers, Courville,
Pontgouin et Verneuil.
» De tous les autres côtés, la plaine de Beauce domine ce qui
l'entoure.
» Sa chute du côté de la Loire ne nous intéresse pas pour notre
objet.
» Celle qui est du côté de la Seine se fait par deux lignes, dont
Tune, à l'occident, regarde l'Eure, et l'autre, à l'orient, regarde im-
médiatement la Seine.
» La première va de Dreux vers Mantes. L'autre part d'auprès de
Maîites, passe par Marly, Meudon, Palaiseau, Marcoussis, la Ferté-
Alais, Fontainebleau, Nemours, etc.
» Mais il ne faut pas se représenter ces deux lignes comme droites
ou uniformes : elles sont au contraire sans cesse inégales, déchi-
rées ; de manière que si cette vaste plaine était entourée d'eau, ses
bords offriraient des golfes, des caps, des détroits, et seraient
partout environnés d'îles et d'îlots.
» Ainsi, dans nos environs, la longue montagne où sont les bois
de Saint-Cloud", de Ville-d'Avray, de Marly et des Alluets, et qui
s'étend depuis Saint-Cloud jusqu'au confluent de la rivière de
Mauldre dans la Seine, ferait une île séparée du reste par le détroit
où est aujourd'hui Versailles, par la petite vallée de Sèvres et par la
grande vallée du parc de Versailles.
» L'autre montagne, en forme de feuille de figuier, qui porte
Bellevue, Meudon, les bois de Verrières, ceux de Chàville, formerait
une seconde île séparée du continent par la vallée de Bièvre et par
celle des coteaux de Jouy.
» Mais ensuite, depuis Saint-Cyr jusqu'à Orléans, il n'y a plus
d'interruption complète, quoique les vallées où coulent les rivières
de Bièvre, d'Yvette, d'Orge, d'Etampes, d'Essonne et de Loing enta-
ment profondément le continent du côté de l'ouest.
» La partie de la côte la plus déchirée, celle qui présenterait le
plus d'écueils et d'îlots, est celle qui porte vulgairement le nom de
Gàtinais français, et surtout sa portion qui comprend la forêt de
Fontainebleau.
» Les pentes de cet immense plateau sont en général assez ra-
pides, et tous les escarpements qu'on y voit, ainsi que ceux des
vallées, et les puits que l'on creuse dans le haut pays, montrent que
sa nature physique est la même partout, et qu'elle est formée d'une
ST. MEUNIER. "^
18 GÉOLOGIE DES ENVIRONS DE PARIS.
masse prodigieuse de sable fin qui recouvre toute cette surface,
passant sur tous les autres terrains ou plateaux inférieurs sur
lesquels cette grande plaine domine.
)) Sa côte qui regarde la Seine depuis la Mauldre jusqu'à Nemours
formera donc la limite naturelle du bassin que nous avons à
examiner.
> De dessous ses deux extrémités, c'est-à-dire vers la Mauldre et
un peu au delà de Nemours, sortent immédiatement deux portions
d'un plateau de craie qui s'étend en tous sens et à une grande dis-
tance pour former toute la haute Normandie, la Picardie et la
Champagne.
» Les bords intérieurs de cette grande ceinture, lesquels passefit
du côté de l'est par Montereau, Sézanne, Epernay, de celui de
l'ouest par Montfort, Mantes, Gisors, Chaumont, pour se rapprocher
de Compiègne, et qui font au nord-est un angle considérable qui
embrasse tout le Laonnais, complètent, avec la côte sableuse que
nous venons de décrire, la limite naturelle de notre bassin. »
Mais la limitation proposée par Brongniart offre de très-graves
inconvénients. Il paraît très-préférable de faire usage de l'expression
des environs de Paris^ dont le principal mérite est justement d'être
vague.
CONSTITCTION GÉNÉHALE DES ENVIRONS DE PaUIS. — Quoi qu'il CU Soil,
la région dont nous allons décrire la constitution géologique, offre
une structure générale assez simple. La Seine la traverse de Test à
l'ouest, et sa large vallée reçoit sur ses deux rives un grand nombre
d'affluents. 11 en résulte beaucoup de chaînes de collines plus ou
moins élevées, où dominent certaines directions en rapport, comme
nous le reconnaîtrons plus loin, avec le mouvement des eaux super-
ficielles à l'époque présente.
Ces collines, ainsi que le fond de la vallée qu'elles bordent, sont
formées de couches lenticulaires en général minces et sensiblement
horizontales. Sur divers points cependant, certaines couches sont
plus ou moins redressées ou élevées, ce qui tient à l'existence de
failles au sujet desquelles nous aurons de nombreuses remarques
à faire et qu'il est impossible do ne pas mentionner dès le début
de nos études.
On a un premier excm])le d'un pareil accident géologique à
Meudon (fig. 6), où la craie a subi un relèvement considérable. L'ho-
rizontalité des couches superposées n'a pas élé troublée dans cette
localité, mais la faille n'en a pas moins joué là un très-grand rôle.
INTKODIJGÏION. 19
Elle a maiiiresleineiit délenniué la direction du fleuve, et c'est «
elle qu'il faut attribuer les différences que présente la géologie do
Meudon par rapport à d'autres localités où se montrent les ménn^s
formations. Ainsi le calcaire pisolithique qui surmonte la craie y
est tout à faitrudimentaire, tandis que loin de la faille, sur les bords
du bassin, à Vigny par exemple, cet étage est très-développé. On
peut en dire autant des sables inférieurs, réduits à presque rien à
Meudon et très-épais au contraire dans tout le voisinage. Cette in-
fluence sur des couches d'âge reculé montre que le relèvement de
la craie de Meudon est fort ancien.
J^'jU'.Vjft
, • • • ♦ • • • * • • i t . * i 1
\
FiG. 6. — Coupe de McuJon à Montmartre, montrant l'iiorlzontalité des couches
et le relèvement de la craie sur la rive gauche de la Seine.
Kl. Craio. — 1;2. Calcaiiv pisolilhi |ii(\ — 11. Ar^'ile plaslitiiio. — 10. Calcaiiv jçrossii'i". —
\). Sublos do Beauciiamp. — 8. Travertin do Saint Oiioii. - 7. Marjn*s inférioun^A an k.vpj»»'. —
(5. Gypse. — 5. Manies supc-riourcs au gypse. — 4. Sables de Fontainebleau. — ',\. MeulièiM
su|H.Tieure. — 2. J.imon des plateaux. — 1. Dé|K)l caillouteux de In Seine. — 14. Lœss.
Sur d'autres points, nous aurons à signaler des failles très-ana-
logues, mais beaucoup plus récentes. Par exemple, le long de la
vallée de laMauldre, non loin de Saint-Cyr,à la Chapelle, on observe
une faille qui est postérieure au dépôt du calcaire grossier et anté-
rieure à celui des t=ables de Fontainebleau. Age fixé sans hési-
tation, puisque la première de ces formations a été fortement
redressée, tandis que Tautre est parfaitement horizonlale. \oici la
coupe de la tranchée du chemin de fer (fig. 7), dont l'aspect général
rappelle, n'est-il pas vrai, l'allure des couches dans les pays d(î
montagnes. On pourrait croire à des couches très-anciennes, et ce-
pendant elles diff'èrent de celles-ci par leur état physique rigoureu-
sement semblable à celui des couches voisines restées en place
depuis leur dépôt. Cet exemple est tout à fait exceptionnel, les
autres inclinaisons de couches que nous signalons, d'ailleurs peu
nombreuses, étant beaucoup moins accentuées que celui-ci.
Un fait très-important par ses conséquences au point de vue de
la formation même du bassin de Paris, est la correspondance des
20 GËULUGIU I>l!» tNVIHUNS UE l>AKI:>.
couches du sol d'une colline à l'autre des deux côtés d'une vallée.
C'est ce que montre bien la coupe prise de Meudon à Montmartre,
qui vient de nous occuper déjà. On y voit les diverses formations
s'y succéder dans le même ordre, quoique avec des épaisseurs dif-
férentes, et la ligure fait comprendre comment, par suite de celte
vai-iation d'épaisseur, qui peut aller jusqu'à zéro, certaines foi-ma-
tions manquent tout à fait, et permettent ainsi le contact mutuel
des couches que, normalement, elles devraient séparer. On voit
aussi comment la constitution du sol varie avec l'altitude, puisque
Montmartre, n'atteignant qu'au niveau des sables de Fontainebleau,
ne peut pas oITrir les couches de la Beauce.
11. AlternaU du lunrnc et calcaire liciutre k Cteilhiam iBpidam liasc, Cochilinita Uamia.
10. Mame i CefiUiiam la^iidum à cOlni.
IN fcbidiu/iétt.
7. Ibnie i Tarriuaa [aKittia, Cerahiam dfMIcaial
6. Banc Ter* (banc du calcaire troasier aupdrieur).
5. sablea cakaire< kOaiKS à OrbiWIiltt aKHpIaaala.
t. ) Sablei du cal- - i. Peitt mréan i CrrUkia m i
Remarquons bien toutefois que cette correspondance ne doit pas
être cherchée sur une surface trop griinde. Suivant une e:fpres£iou
que nous avons entendu répéter à Êlie de iJeaumont, le terrain de
Paris est construit à très-petits points, de sorte que si l'on se dé-
place dans le sens horizontal, on passe d'une formation à une autre.
Le parallèle que nous établissons entre Meudon et Montmartre
n'existerait pas entre deux collines, voisines l'une de l'autre, prises
à dix lieues de Paris. Un plutôt le même fait se manifesterai!
encore d'une correspondance parfaite, mais les terrains qui s'of-
friraient il nos études appartiendraient à d'autres niveaux de la
série strali graphique.
En ivstant donc dans un champ d'exploration peu étendu, oii
arrive, et cela niéine,sans élude géolofiique directe, à apprécie^ U
LNTRODUCTION. 21
régularité de celle disposition à cause du faciès sp<'>cial de la végé-
lalion sur certaines formalions. Ainsi, le niveau des marnes vertes
supérieures au gypse est tracé, le long de maints coteaux, par les
peupliers et les saules qui trouvent, dans sa substance humide,
les conditions favorables à leur développement. Ce niveau contraste
nettement avec les terrains calcaires situés plus bas et les sables
des sommets : les premiers portent les champs et les vignes ; les
autres sont en général couverts de bois.
Pourvu qu'on n'examine pas une région trop vaste, la cote des
différents points se mainlienl la même dans les mêmes formations
géologiques, et cela tient à Thorizontalité des couches. C'est ainsi
qu'à 50 mètres d'altitude on a le calcaire grossier, à 170 les meu-
lières supérieures, etc.
Cependant l'inspection de la carte montre aussi que des régions
différentes au point de vue géologique sonl juxlaposées, sans qu'on
trouve la cause de leurs différences dans de simples différences
d'altitudes. La Brie, la Beauce, le Vexin, se reconnaissent de loin
sur la carte à la teinte géologique qui leur est affectée, et c'est une
occasion de remarquer que, bien souvent, la limite de nos anciennes
provinces était tirée de la nature même de leur sol.
Nous citerons encore un exemple, très-voisin de Paris, de forma-
tions très-différentes, quoique occupant le même niveau. C'est ce que
présentent les deux rives de la Marne devant le fort de Nogent. Sur
la rive droite se développe tout le système du gypse avec les caractères
ordinaires qu'il présente partout; sur la rive gauche, au contraire,
au-dessus de Petit-Bry, ce système est remplacé par les couches,
absolument différentes, du travertin calcaire ou siliceux dit de
Champigny.
Ces faits, que nous devions mentionner dès le début, et d'autres
que nous rencontrerons par la suite,, s'éclairciront comme d'eux-
mêmes par nos éludes ultérieures.
Classification des terrains parisiens. — Les terrains que nous
allons avoir à décrire occupent une large place dans la série stra-
tigraphique. Ils sont, les uns secondaires, la plupart tertiaires, et
quelques-uns quaternaires.
Les couches secondaires appartiennent à la partie supérieure du
.terrain crétacé : ce sont surtout la craie blanche et le calcaire piso-
lilhique, les étages senonien et danien d'Alcide d'Orbigny. Ils con-
stituent comme le fond du bassin dans lequel les autres sont venus
successivement se déposer.
22 (lÉOLOGlE DES ENVIRONS DE PAUIS.
tes terrains lerliaires appartiennent surtout h Téocène. De bas en
haut on y distingue trois grands systèmes successifs caractérisés,
le premier par l'argile plastique et les sables inférieurs, le second
par le calcaire grossier ou pierre à bâtir, et le plus supérieur par le
gypse ou pierrç à plâtre. Les étages et les groupes de couches qu'on
y peut distinguer sont très- nombreux et très-variés.
Au-dessus vient un terrain que, sous le nom de sables de Fontai-
nebleau^ beaucoup de géologues regardent comme la base du ter-
rain miocène; tandis que d'autres, préoccupés surtout du point de
vue paléontologique, considèrent comme le couronnement de Téo-
cène. Il fa^idra, plus loin, que nous examinions celte question qui
offre un certain intérêt. Quoi qu'il en soit, le terrain de Beauce qui
vient au-dessus, est franchement miocène, du consentement de tout
le monde. Enfin, dans le domaine géographique où nous allons
nous mouvoir, apparaît, en un point situé auprès de Chartres, un
gisement de sable que les fossiles qu'il contient font attribuer par
beaucoup de géologues à la période tertiaire supérieure ou pliocène.
Le terrain quaternaire est à son tour très-développé dans nos en-
virons, et comprend des formations très-diverses les unes des
autres. Ce qui domine, ce sont des assises puissantes de sables ou
de limon qui, sous le nom très-impropre de diluvium, se rattachent
d'une manière tout à fait insensible aux alluvions actuelles des
cours d'eau. 11 faut rapporter à la même période les couches les
plus inférieures des tourbières et les conglomérats qui remplissent
un grand nombre de cavernes.
On peut voir, dans le tableau ci-joint, le résumé de ces divers
faits (fig. 8), et reconnaître que chaque terrain est à la fois caracté-
risé par la nature pétrographique des roches qui le composent et par
la flore et la faune fossiles qu'on en extrait. Nous verrons en outre
que l'extension géographique varie d'un terrain à l'autre.
Ces quelques mots de générîilités nous paraissent suffisants; nous
allons aboi*der l'examen successif des diverses formations géolo-
giques qui nous entourent.
DcKlg'iia.Isii des
Fifi. 8. — Tableau général des terrains pari<
TERRAINS SECONDAIRES
LA CRAIE
Comme nous le (lisions tout à l'heure, les couches les plus an-
ciennes qui viennent affleurer autour de Paris appartiennent au ter-
rain de craie. Il faut remarquer cependant que Ton doit considérer
comme appartenant aussi à nos environs les couches plus anciennes
que traversent les sondages profonds. Ces couches, éloignées de
nous seulement de quelques centaines de mètres, auraient tous les
droits possibles à être comprises dans notre description, si nos ren-
seignements à leur égard étaient plus complets. Mais, connues seule-
ment par les carottes extraites des trous de sonde, on ne peut les
étudier qu'en les retrouvant dans les points où elles affleurent, et cela
nous ferait sortir de notre cadre. Nous nous bornerons donc à les
mentionner, et le mieux pour cela est de mettre sous les yeux du
lecteur la coupe des couches traversées par le sondage du puits
artésien de Grenelle (fig. 9). On verra au Muséum la série des
couches traversées par ce sondage et données par l'auteur du tra-
vail, M. Mulot. En voici Ténumération :
N°" Profondeur Épaissoiir
(les couches, des couches. dos couchoR.
i. Au sol. Terrain d*atterrissement composé de sables et m
m de cailloux roulés 9,65
2. A 9,65 Calcaire chlorité avec coquilles 0,85
3. 10,50 Argile sableuse d'une couleur bleuâtre 0,30
U. 10,80 Lignites 0,51
5. 11,31 Argile bleue feuilletée avec veines de sable
blanc 0,41
6. 11,71 Argile bleue sableuse avec pyrites de fer 0,81
-.====- T ■"^■^r^ s«-
. 9. — Coupe du puilsarlésien de l'abaltoir de Crenalle. Comparaison de !a pro-
indeur avec la hauteur de la cathédrale de Strasbourg et celle de Notre-l>amn
le P«rie.
26 TKRRAINS SEOONDAinKS.
N" }*rofr>ndoiir Épaisf^nr
i|os coiichos. dos roiirlios. • <Ios conclus,
m ui
7. A 13,52 Ligniles et pyrites de fer 0,65
8. 13,17 Argile bleue, avec pyrites de fer et bois pyri-
teux , 8,01
9. 21,18 Sable qu<ii'tzeux à gros grains et fer sulfuré. . . 4,15
10. 25,33 Argile sableuse avec paillettes de niioa 1
11. 26,33 Argile bleue pure 1,17
12. 27,50 Argile panachée 2,20
13. 29,70 Argile crayeuse jaune 0,83
14. 30,53 Marne sableuse blanche et grise 5,20
15. 35,73 ;\rgile jaune empâtant des nodules de calcaire. 4,90
16. 40,63 Sable argilo-calcaire 0,^6
17. 41,09 Argile avec ligniles 0,1 i
18. 41,23 Caillasses (conglomérat?) 0,31
19. 41,54 Craie blanche 0,27
20. 41,81 Silex pyromaques en rognons 0,14
21. 41,95 Craie blanche alternant avec des silex en bjncs
horizontaux Il 6,31
22. 158,36 Craie grise très-dure, alternant avec des bancs
de dolomie et des bancs de silex 02,62
23. 221 Craie blanche compacte, altcrn.int avec des silex
très-durs en bancs solides 57,00
24. 271 (îraie blanchâtre alternant avec des silex plus
blonds, très-durs et très-rapprochés 42,55
25. 320,55 Craie blanche avec quelques silex blonds épars . 18,31
26. 338,86 Craie grisâtre eans silex 30,73
27. 369,59 Craie grise très-dure par places 96,51
28. 465,10 Craie bleuâtre •. 5,26
29. 471,36 Craie bleue argileuse et dure 15,06
30. 487,02 Craie argileuse d'un gris bleu 7,70
31. 494,74 Craie verte chloritée 7,33
32. 502,07 Craie argileuse d'un gris foncé 25,91
33. 527,08 Argile brune sableuse avec paillettes de mica. . ,'î,82
34. 530,90 Argile brune renfermant des corps organisés
fossiles, tels que : Ammonites Bucklandi\
Pecten quinquecostatus^ Uamiles rotunduR^
Venericardia^ Myiiloide^ etc., e te 10,06
35. 543,83 Argile brune compacte 1,87
36. 542,83 Sable vert argileux 1,24
37. 544,07 Argile sableuse avec points noirs de silicate de
fer renfermant des pyrites de feretdes nodules
de chaux phosphatée 2,h\
38. 546,51 Sable vert 1,29
39. 547,80 Sable quartzeux de moyenne grosseur 0,20
^0. 548 Cros sable quartzeux dans lequel est Teau. (On
a trouvé dans ce sable des dents de squale^
des gryphées, YOatren gregnren,)
LA CRAIE. 27
(lomnio on le voit par la coupo do (IroiM^llo, W% assises (ju'oii
pout distinguer dans le terrain de craie sont très-nonibnmses, ol,
pour les coupures générales, il ne paraît pas qu'on ait fait mi(nix
que Brongniart, pour qui les couches inférieures sont réuni<»s sous
le nom de craie glavconieme^ les moyennes sous c(»lui de vraie tmir-
nniiseci les inférieures sous celui de craie blanche,
. M. Hébert, à qui Ton doit d'importantes études sur ce termin a
proposé diverses subdivisions dans ces grands groupes, (»t ses
résultats principaux sont résumés dans le tableau ci-joint (\) :
Craie blanche / 2° Assise à B, mucronuta, Microsfer Broti g fiinrli [craie de
ou à < Meudon).
B. mucronnta, \ 1° Assise à B. quadrata et à B. mucronaia (craie de Reims}.
4" Craie à Micrasier cor anguinum (Klein;.
3° Craie à Micraster cor testudinariutn (GoMf.)
fa, (îraie de Villodieii.
2° Craie de Touraine. ) b. Cva'ic dOstrcacolttmbnivBLT, gigns)
\ c. Craie micacée à A . papaliw
1® Assise à Inoceramus lahi'itua et Echimn^oncns rn/u/iffii^.
Craie p^lauro- ( 2° Crcs vert du Maine,
niouso. ) 1» Craie de Rouen.
Craift marneuse
on à Spom/yhis
fpmosus.
CMAPrmK IMIEMIER
CRAIK A MICBASTEH COR A NG VISU M,
De toutes ces subdivisions, la plus ancienne dont nous ayons à
traiter ici avec quelque détail, est la craie h Micraster cor anguinum,
que Ton peut étudier par exemple avec beaucoup de profit à Reynes,
sur les bords de la Mauldre.
Craie de Beynes. — Dans cette localité, cette craie se présente
sous la forme d'une roche grisâtre friable et, par places, meuble, ren-
fermant des rognons de silex très-branchus, rarement disposés en
lits. Les couches y sont très-nettes et paraissent inclinées. Cette
disposition est en rapport avec la situation très-élevée de ce terrain,
qui fitteint 120 mètres, tandis que la craie supérieure de Meudon ne
(1) Bu/ietin de la Société géologique de France, 2'' série, 1863, 1. XX .^\j>. 626,
28 TERRAINS SECONDAIRES.
dépasse pas ^5 mtttres, el l'on doil attribuer œtte altitude, ainsi que
nous l'avons déjà Indiqué, à une faille qui a disloqué le sol. Ce qui
confirme celle opinion, c'est d'abord que la craie de Beynes est im-
mimiatement recouverte par le calcaire grossier supérieur, sans
trace de toutes les formations intermédiaires. C'est aussi, comme
M. Hébert l'a fait remarquer(l), une sorte de renversement de toutes
les assises superposées. En effet, d'après ce géologue, les couches
de craie plongent rapidement au nord-est, et il en résulte qu'à la
ferme de l'Orme, le calcaire grossier supérieur n'est plus qu'à
108 mètres; à un kilomètre au sud-ouesl, les marnes vertes ne sont
qu'fi 97 mètres d'altitude, el enfin les marnes à imtires qu'on ren-
contre un peu plus loin n'atteignent pas 100 mètres. Il y a là ma-
nifesttiment un relèvement qu'on s'accoixle généralement pour
rapprocher de la grande faille qui, de Rouen à Bicêiro, suit le cours
de la Seine.
Les fossiles caractéristiques du terrain qui nous occupe sont
assez nombreux. En première ligne il faut citer le Mtcrasler cor an-
guinum, qui est Irès-rnre, mais dont la présence, une fois constaliJe,
Fjc 10 — Mcrasier
suffit pour détermine! 1 Ige de la coucbi. qui le renferme. C'est un
oursin (fig. 10) dont h coquille est coidiforme, aussi longue ou un
])eu plus longue que large renflée plus ou moms, suivant les échan-
tillons et les localités, élargie et smueuse en avant, rélrécie en ar-
rière dont In hauteur suivnut les me^uiesdAlcide d'Orbigny (2),
\aiie de 62 i S*» centimètres de sa longueur, mais dont le grand
dnmilre transvasai est toujours au tiera antérieur. Le dessus est
irrondi en a\ant et de là d(.(,rit une courbe régulière jusqu'à
1) Hébert B II de l <i giohgque 2- série l \X,p. COS.
2) Aie de ilOrbgny Pnlé ni loqie frn çaise Terrain rréUci;, l. VI, p. 21.
LÀ CRAIE. -Jfl
Varea anale, tronquée et évidéc de maiàèi-e que la pointe la plu.s
saillante soit eu haut de l'area. Le sommet est à (leine excen-
trique un peu en avant, et la |)artie la plus haute est {jéiiéi'alenieut
au sommet. Le dessous est nu peu convexe, surtout en arrièiv. Le
sillon antérieur est également creusé du sommet à la bouche, igui
est bilobée et généralement placée au cinquième antérieur L'anus
est ovale, lougitudmal place au sommet d une area tvidet et très-
prononcée Lambulacre impair dussi iatge et ausat profond que
les autres est peu creuse droit fonne de zones Uioitca de pores
ovales Iransveises sépares pui un bnunelet et lOiijUpUés. l-es
amhulacres pairs sont ine„au\ les plus longs elanl a I avant ; tous
^^K.
sont d'ailleurs peu e.fcuvés, droits et élargis près du sommet. Us
soutTormésde zones égales dont l'inlervalle, plus large que les
zones, est remarquable par les deux bourrelets rugueux qu'ils for-
ment au-dessous des zones. Les pores sont égaux, obliques et
ovales, fortement conjugués entre eux, et pourvus d'une ligne de
granules en dessus. Les tubercules sont inégaux, plus gros en des-
sous et séparés par beaucoup de granules. Le fasciole, très-large el
très-visible, forme comme un carré long transverse.
D'autres radiaircs existent dans la même assise. Nous eiterous
surtout 1*^4 nanchyles gibba, representé par la Hgure \ 1 , qui constitue,
d'après M. Hébert, une espèce distincte de VAnunehitei ovala, que
nous verrous abonder dans la craie de Meudoii. La plupart des paléoii-
TEHHAI.%'^ SECONDAI lits,
tolûgistes cependant n'fii font qu'une vnriété ilo VAiiancf^ytes ovalo,
ou plus esactumenl Ac V ^c/nmcorys oidgaris àe Ura^n'ières. C'esl,
une cuquille ovale, arrondie on avant, un peu rétrécie et presque'
acuminée en arrière ; sa hauteur est à sa largeur, d'après le»!
mesures d'AIdde d'Orbigny, conime les nombres 73 et 86. C'a:^[
donc une coquille de forme très-éli^vée. Son grand diamètre est'
situé en avant de la moitié, et la cotitiitle est formrâ de plaqueS'
lisses non convexes. Le pourtour, situé tout Ji fait à la base,.
présente en général un angle qui sépare brusquement la siii-fam'
courbe du dessus d'avec le plan presque géométrique du dessous-
La bouche, identique h celle de tous les Ananckytes, est li-ansver-
sale, k lèvre postérieure saillante, placée en avant du quart de la
longueur. L'anus, ovale, à bords relevés et saillants, est placé sur
ie boi-d postérieur, mais tout h l'ait inférieur, sans area. Les am-
liulacres sont ti'ùs -visibles partout, et absolument semiilables les uns
aux autres, tous formés de zones prolil'ères égales, dont les pores,
[mi-fail£ment égaux, sont ovales; d'abord par paires presque trans-
versales prèsdu sommet, mais ensuite par paires très-obliques en sens
inverse à chaque zone. L'ap|)areil génital est très-prononcé. Seule-
ment les plaques ocellaires sont plus petites que les plaques géni-
tales. On voit i^rfaitement les quatre pores génitaux et les cinç*
pores ocellaires. Les tubercules sont égaux, également espacés pai
tout, au milieu de granules espacés et saillants.
Il faut mentionner aussi le Galen'tes olbogaferus[{i^A^)t que l'on
rencontre dans les niâmes couches et qui; l'on pourra recueillir à'
Bnjnes même, suit en place, soit dans la Ofluche remaniée que nous
décrii'on^ iilus loin aou.-. le nom d'art,'ile à sile.v.
On trouve l>eai]cou[) de mullusques diiiis la craie <le Ik'VDOs. Le
Pecten (Jonira) quinqtiecostatui {fig. 13) [li-ésciite une coipiillo dont
les valves sonl Irès-inégales, l'une étant trùs-boinlx}» et profonde,
tandis t|ne l'autre est plane ou inùtne un peu cuticnvecxli'^rîeurenu'nt.
C'est celle ciiconslaiicc qui araitsépui'crti'syaniV<i du genix'/Vc/t'M,
avec lequel cltesélaieul autreruis cou Tondues. La coquille ost d'ail-
leurs auricuiée comme celte des l'oignes viVilables, cl ce qui dis-
tin};ue l'espèce qui nous occupe, c'est l'exislencf de cinq etHes
fortement marquées.
VOstrea vesicularîs, Goidr., est moins cai-acl(''i-islU|ui-, |misi|ni>
nous le retrouverons dans la ci^dic supérieure. Il est renian|ualile
IKir l'inégalité de ses vaUes, dont l'une est très- profonde. La
coquille est esléneuremeiit Irès-lisse et montra des feuillets d'ac-
croissemenl peu prononcés et très-écartés. Les croclifls sont très-
courts, contrairement à ce que montrent les grypliées, et ne délais-
sent pas le bord cardinal.
Beaucoup d'animaux inférieurs accompgnent les précédents.
Parmi les bryozoaires, il faut citer le Berent'cea et le Cellepora. Le
premier appartient .au groupe des Diastopores encroùlanls, a cel-
lules sur un Seul rang; l'autre est une Esohare compost'-e de cellules
dislrilmées en une cnunhe continue à In surface des corps sous-
marins.
On recueille aussi dans la craie de Beynes des spongiaires, dont
la forme n'a rien de très-caractéristique, mais qui renferment dans
la matière pulvérulente de leur intérieur des spîcules admirables
de conservation, et ([ue révèle l'examen mici'oscopique. Nous
32 ItKllilSS SECOMDAIBKS.
citerons spéciulement le Siii/ionia /ïcus[lig. ilt). On roiii;ôïitrë*âu
même niveau Cephalites campaiiulaltm (li^. 15), Hollirhoa coslala
;lig. l6),Cciscimsporacupul'forirns [lif:, 17), etc.
LA CRAIE. 33
Nous verrons des accidents magnésiens du même genre à d'au-
tres niveaux, et tout spécialement dans le calcaire grossier de Pont-
Sainte-Maxence (Oise). Ils ont donc un certain intérêt.
A Beynes, ils se sont développés, selon toute apparence, immé-»
diatement après le dépôt de la craie que nous venons de décrire,
au commencement de Tépoque où se formait la craie dite de Reims,
caractérisée par le Belemnitella quadrata, et qui lui est, dans l'Est,
immédiatement superposée.
Ces accidents ne sont d'ailleurs pas localisés exclusivement dans
le point que nous venons de citer. Dans TAisne, d'Archiac signale (l)
les mêmes faits et décrit des bancs durs et jaunâtres imprégnés de ma-
gnésieaumilieudela craieblanche.Onpeut en voir, parexemple, entre
Rue d'Elva et OUezy . Sous le bois de Saint-Simon on peut y remarquer
des nodules de calcaire. Souvent celte craie renferme des inPiltrations
siliceuses donnant lieu à des géodes de quartz laiteux. Sa cassure
est parfois sublamellaire et d'un éclat dolomitique. C'est évidemment,
là comme ailleurs, une modification locale de la craie blanche.
Dans la Somme, M. Buleux donne le nom de craie marmores-
cente à une roche toute semblable à la craie magnésienne de Beynes
et qui est du même âge (2). Elle se représente en masses subordcm-
nées à la craie blanche. Sa couleur varie du jaune au gris, et dans
quelques parties sa structure devient bréchoïde.
Enfin, dans le département de l'Oise, Graves a depuis longtemps
retrouvé la même craie magnésienne à Bimont, sur tout le versant
nord-ouest du plateau qui sépare la vallée de l'Oise de celle de la
Somme. C'est une simple modification de la craie blanche, et elle
se présente en rognons souvent sphéroïdaux à couches concen-
triques et à cassure lamelleuse.
Quant à l'origine de ces accidents magnésiens, elle parait devoir
être attribuée sans hésitation à l'arrivée de sources minérales. C'est
ce qui ressort tout particulièrement de l'examen des carrières de
Bimont (Oise) (fig. 18).
On y voit une colline ovalaire, dominée à l'ouest et au nord par
la craie à Micraster cor anguinum. Les bords de la colline sont de
craie dure renfermant le même fossile, et l'on remarque que les
couches successives plongent toutes vers le point central.
(1) D'Archiac, Histoire des progrès de la géologie, t. IV (1851), p. 218.
(2) Buleux, Esquisse géologique du département de la Somme. In-8<^, Amiens,
1843; — 2c édit., Paris, 1849.
ST. VEimiER. 3
31 TERiuns secomiKEs.
Dan^ I'! u>Winai:n de c«lat^, la craie passe à l'^al de calcaire
riitfrnKftKn Irês-dur, jaune et légèrement spalbique. Les hancs scmt
lie, plus en [iluî cfjmxtés. Entre les joiols de stratific^ion se num-
Ire iine terre dolonriitiqrip, qui finit an centre par Tornier une masse
Âp!ii)is«; où sont noyés des rognons calcaires. Cette lerr? remplit
pInsÎKurscheminéf-s de profondear inconnue, et dans le voisina^
d<;s«(U';lles la dolomitisation esl le plus inlense {I).
.Si l'on joint h cvs Taits que les rognons de silex sont enx-mèmes
fà tU-.ynf,» (;l ailleurs, prorondément altérés, coDune corrodés el
p<nims, aupoinl qu'ils se fondent pour ainsi dire par places dans la
«■,rni« i;llo-nir!rn<!, <tn rostora convaincu que celte dolomîlisation esl
dfie h l'arrivée ilo sources chargées de substances riches à la fois
itn ncidos el en magnésie.
Nous verrons d'autres observations confirmer cette manière
de vr>ir.
CHAPITRE II
«nAIE A BELEMNITELLA MUCRONÀTA.
(Vest uu-dc8sus de lu craie k Micraster cor anguinum quevienl,
dans nos environs immédiats, In craie à Belemnitella mucronata.
Klieest repn-senli'e avec tous ses caractères à Heudon,àBou-
({ivnl, il l'orl-iMnrly, clc.
(1) Vojr. & celle OGvaiion une noie de K
géuhyiqiK. 3" ttrk, 1. X\, p- 033. 1803.
de MercBï dans l« Bull, de ia Soc.
LA CRAIE. 35
Ses limites géographiques sont tracées par une ligne qui, partant
d'Amiens, vient toucher le pays de Bray, un peu à Toucst de Ik^au-
vais; contourne la pointe de celle région, passe au nord de Gisors,
puis se dirige presque exactement vers Nemours ; coupe l'Yonne un
peu au-dessus de Sens, la Seine vers Méry-sur-Seine, la Marne au-
dessous de Châlons, et, contournant à distance le bord du terrain
tertiaire, sort du bassin de Paris vers Saint-Quentin (1).
C'est, comme on voit, le bord d'une cuvette oiïranl une inlloxion
vers le nord, entre Compiègne et la Fère, c'est-à-dire dans la
région précise où le terrain tertiaire s'éloigne le plus du centre du
bassin, et qui parait avoir été le canal par où la mer tertiaire pénétra
dans le golfe parisien.
On retrouve la craie de Meudon à Norwich, en Angleterre, et à
Ciply, en Belgique. Mais, d'après les recherches de M. Hébert, elle
est beaucoup moins étendue qu'on n'avait cru tout d'abord. Les cou-
ches de Gravesend, de Dieppe, etc., qu'on y avait rapportées, sont
plus anciennes, et se rapportent, au moins en partit», comme la
craie de Reims, à la zone du Belemnitella guadrata.
Ces deux bélemnitelles se ressemblent beaucoup et ont été sou-
vent confondues ; il convient de les décrire tout de suite.
Le B, mucronata, d'Orb. (lig. 19), offre un rostre allongé, quel-
quefois un peu comprimé, cylindrique sur sa moiliéanlérieure, de là
acuminé jusqu'à l'extrémité très-obtuse, au milieu de laquelle est un<^
pointe souvent allongée ; les deux impressions dorsales sont très-
marquées, larges, et il en part de petits sillons ramifiés et réti-
culés qui viennent joindre la partie inférieure. La scissu7*e est lon-
gue et occupe la moitié de la cavité. Lsicavité est ronde, très-longue,
conique, occupant les deux cinquièmes de la longueur, pourvue en
dessus d'un sillon creux longitudinal ; les alvéoles ont des cloisons
séparées, dont les traces se montrent encore dans la cavité. On
remarque que les individus jeunes ont une forme plus conique et
légèrement comprimée.
Le B, guadrata^ d'Orb., a le rostre allongé, subcylindrique,
un peu comprimé, acuminé d'abord, puis s'atténuant tout à coup,
pour se terminer par une pointe aiguë, grêle. La surface est couverte
de granulations assez régulières, formant souvent des espèces de
stries vers l'extrémité, interrompues seulement par les sillons supé-
(I) Voyez une note de M. Hébert dans le Buliet. de la Soc, de géologie, 2« sé-
rie, 1863, t. XX; p. 630.
TEKRAiNS SECO^IDAIHES.
l'ieurs qui wnt profonds et doubliimeiil iinpressionnés. La scmur
isst peu prolongée. La cauité est quadruiigulaire, courte, occupi
un peu plus du quart de la longueur ; stries en long an dessous, fl
en travers en dessus. Les bords supéiûeurs sont obliques, fcstoDii^
en quati-e lobes, dont les supérieurs soûl un peu onduleux. A l'ét*
jeuue, le Belemnitelia quadrata est plus allongé qu'à ['Àjin adulte, eti
son estrémito cal plus acumiuée.
- lidcnniiella mm
e on voit, la diiïérence enli-o ces deux béiemnitelfe^
Irès-faible. Le S. ijuadi-ata diffère du B. mncronaia par sa surface J
granuleuse, par le manque de rides, par sa cavité plus courte et j
quadrangulaire. Ce dernier caractère surtout le fait reconnaître au j
premier aperçu. D'ailleurs, dans uos environs il est très-rare et Jt i
Meudon on ne le rencontre pas. Dans toute lu partie occidentale du 1
liassin, les deux I)élemnitel]e5 disparaissent également. Nulle part 4
ne se trouve môme la craie de Meudon, et dès qu'on sort du terrain |
tertiaire, on tombe, à Mainlenon comme à Chartres, sur la craie it i
Mm'astef cor ariguinum, que nous déer'ivioiis lout à l'heui-e.
• LA CRAIE. 37
Craie DE Meudon. — Telle qu'on Tobserve à Meudon, coHo for-
mation offre 20 mètres d'épaisseur de craie très-blanche.
On y observe des lits parallèles constitués sur des rogons irré-
gulièrement tuberculeux de silex pyromaque. Ces lits sont nor-
malement distants les uns des autres de 2 mètres environ. A
Bougival, où la même disposition se reproduit, Fécartement dos lits
est un peu plus grand. Vers le bas, les silex deviennent de plus
en plus rares et finissent par disparaître.
La craie de Meudon est coupée en diverses directions par des
/ailles dont les parois sont polies comme par Teffet d'une friction
énergique.
Souvent ces failles traversent des rogons de silex qui sont alors
brisés, et dont la fracture offre des accidents minéralogiques sur
lesquels nous reviendrons.
Vers le haut, la craie de Meudon change d'aspect. Elle devient
jaune, dure, non traçante, et présente en tous sens des tubulun^s
diversement ramifiées.
Ces tubulures, qui manquent absolument dans la craie blanche,
paraissent dues à l'écoulement des eaux ou à des émanations
gazeuses témoignant de Témersion et de la dénudation de la craie
antérieurement au dépôt des couches plus récentes. En effet, on
en retrouve d'analogues à beaucoup d'égards, chez les roches qui,
à l'époque actuelle, sont soumises à des influences de ce genre.
Origine de la craie. — La constance des caractères de la craie
sur les surfaces immenses où l'on peut l'observer, donne un intérêt
spécial' à l'étude de son origine.
Ce n'est pas un produit pur et simple de la démolition d'une roche
antérieure. Sa structure, en grande partie organique, rend cette sup-
position insoutenable, en même temps qu'elle écarte aussi l'idée
d'une formation due à des sources incrustantes.
M. Darwin a publié à cet égard de très-curieuses observations (1)
dont il est impossible de ne pas dire un mot ici. Il s'agit de la for-
mation contemporaine de véritables sédiments crayeux autour des
attols ou îles madréporiques des mers tropicales. M. Lyell, défenseur
ardent de la théorie des causes actuelles, a tiré de ces observations
un grand parti pour l'explication des dépôts d'âge crétacé.
Les îles madréporiques sont formées de coraux et autres polypiers
qui appartiennent à des groupes assez divers. Ces îles offrent des
(1) Darwin, The Structure and distribution of Coral reefs , London, 1842, : . :
TEIIRAIKS SKCONOAIRES.
formes variées donl la plus remai-qualile est celle de couronne ana-
logues ce quemouLre la figure 20 (1). Dans ce cas, les lies portent le
nom d'atloh. Elles sont Tonnées de roches calcaires résultant de
l'agfîlutiuatiou des coquilles et de polypiers brisés. La roche est
lauliU meuble, tanti'it dure, compacte et susceptible de poli; et si
diverses variétés sout associées sans iiucun ordre de superposition.
Le fond du bassin au milieu duquel se trouvent les lies, consiste
en bancs de coraux, qui n'afUeurenl au-dessus de la basse mer que
dans des marées exceptionnelles, et eu sable calcaire associé à dit,
calcaire crayeux, analogue à celui qui forme la roche des tles>
It'après ;\L Nelson, qui a étudié les Iles madréporiques des Bennudes^
la surfaire ondulée de ces lies parait être le résullal du passag
{ïpaniles masses d'eau ; mais les pelilcs chaînes d'Ilots, dont le*
couches sout presque toujours horizontales, ne seraient pas i
au même phénomène, et leurs couches ne s'étendraient pas àtaai
le passé au delà de l'espace quelles occupent actuellement.
Autour de ces lies, vit toute une population d'animaux coralld-
phages qui broutent les zoophjtes comme les moulons paissent
l'herbe. Ce sont divers poissons et des mollusques, parmi lesqueh
le strombe géant doit être spécialement citt'. Le produit de la
digestion de ces polypiers va constamment s'accumuler autoui^
des atlols, où il ne larde pas à former des couches épaisses. Orv
ou retrouve dans ces couches tous les caraclèros de la craie.
« La désintégration des récifs de polypiers qui forment les lies
et entourent les eûtes produit sur une grande étendue une boue
calcaire pure qui, lorsqu'elle est sèche, ressemble à la craie. Le»
escréracnls de certains poissons du genre spare, et d'autres animaux
de classes inférieures qui se nourrissent de polypes coralligènesj
sont aussi composés de craie impure. (In voit un gi'and nombre Ai
ces poissons se nourrissant complètement de coraux vivants»,
comme un troupeau d'herbivores pâture une prairie, el lorsqu'on
vient à les ouvrir, on trouve leurs intestins remplis d'une boœi
semblable (2). »
De son côlé, dans des éludes sur lagéologie des îles Bermudes(3},
M. Nelson n'hésite pas à attribuer, à ce qu'il nomme la craie dei'
(1) Cette figure est empruntée aux Eléments de Géologie île ConlejeaD.
(2) D'Archiac, Histoire des progrès de la géologie, 1. I (18â7J, p. 3S3.
(3) Nelsun, Traasacliuns ophe RaynlGeologital Soafly of London, 1840, (. T,
P.1D3.
LA CRAIE. 9» 1
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^^^^^^ TERRAïaS SECONDAIRES.
Bermvdes, la même origine qu'aiiK divers bancs de pieiTe plus oa
moins solides qui cohsliluenl les lies elles-mêmes. Seulement
ceux-ci résullent de l'accumulalion des fragmenta brisés mécani-
quement, tandis que la roche ou pâle crayeuse est due à la destruc-
tion par une longue submersion du tissu membraneux qui pénétrait
toute la masse el qui abandonne alors la matière calcaire retenue
dans ses mailles. Celle-ci, en se précipitant, forme cette substance
blanche et tendre, analogue à la craie, qui se trouve au fond des
anses et des golfes, mélangée de sables coquilliers, de beaucoup de
polypiers, de coquilles bien conservées et de masses considérables
de méandrines et d'astrées. Ces masses, soit encore intactes, soit
dans un élat de décomposition plus ou moins avancé, ont certaine-
ment vécu, puis sont mortes sur les lieux mêmes.
De tous ces faits résultent évidemment de fortes présomptions
pour faire penser qu'à la formation de la craie ont pu présider
actions analogues à celles qui s'exercent aujourd'hui autour des
lies madréporiqucs. L'existence des bancs de polypiers au-dessus
et au-dessous de la craie proprement dite, dans le terrain jui'as-
sique (corallien) et dans le calcaire pisolilhique, rend cette opinion
plus vraisemblable encore. Aussi, sans adopter complètement les
idées de M, Darwin et de M. Lyell, devons-nous remarquer qu'elles
doivent être prises en très -se rie uses considérations, malgré les objec-
tions faites ù une trop grande extension de ce mode de formation.
Constant Prévost, dans un ordre de vues analogue, insiste sur ce
fait que la craie parisienne présente d'autant plus les cnraclères des
couches pélagiennes, c'est-à-dire formées dans une mer profonde,
qu'on l'examine plus près du centre du bassin.
«La blancheur, dit-il (l),riiomogénéité de ce carbonate calcaire,
la grande épaisseur et l'horizon talilé de ses couches parallèles, sans
aucune interposition de dépôts de matière différente et grossière,
sont des indices dénotant le dernier sédiment abandonné par des
eaux qui, déjà dans un long trajet, avaient laissé déposer les par-
ticules grossières et pesantes qu'elles avaient délayées ou qu'elles
tenaient en suspension; ils annoncent aussi que le lieu où se
formait le dépût était à l'abri de toute grande agitation, et qu'il
n'éprouvait pas les influences perlurhalrices des courants, des tem-
pêtes qui changent et bouleversent sans cesse les sédiments formés
près des rivages et sous des eaux peu profondes.
(1) Coiulanl Prévost, lac. cit., p. 108 cl s'
LA CRAIE. 41
» Une -âeinblable conséquence peut être déduite du petit nombre
de fossiles que contient la craie parisienne, ainsi que des espèces
qui lui sont propres. On sait qu'elle ne renlerme presque jamais de
coquilles univalves, dont les animaux habitent de préférence les
fonds éclairés et peu immergés, sur lesquels ils doivent ramper
pour chercher leur nourriture, ou bien les individus de leur espèce
avec lesquels ils ont besoin de s'accoupler pour que leur reproduc-
tion ait lieu. Quelques coquilles univalves, portées par accûdent
loin de leur demeure habituelle (Trocàus Basteroti)^ prouvent, en
effet, qu'aucune cause chimique n'a détruit dans la craie blanche
celles qui auraient pu y exister, ainsi que plusieurs naturalistes ont
pu le croire et le proposer pour expliquer leur absence. Les fossiles
de notre craie sont presque exclusivement des débris de grandes
coquilles bivalves qui n'ont pas d'analogues, même de genre, sur
nos rivages {Catillus) ; des térébratules, coquilles légères et flot-
tantes après la mort de l'animal, qui pendant sa vie se tenait fixé
sur les roches des profondeurs ; des oursins (ananchytes, galérites,
spatangues), dont le test léger peut, comme on le sait, flotter long-
temps sur les eaux, lorsqu'il est vide après la mort de l'animal,
circonstance que prouve l'absence des baguettes dont ces fossiles
sont presque toujours privés, ainsi que l'existence de serpules, po-
lypiers fixés sur le test même. Avec ces divers débris se trouvent
encore des bélemnilelles {D. mua^onaia), qui proviennent de mol-
lusques céphalopodes dont les espèces, comme on le sait, nagent
et s'aventurent dans les hautes mers ; quelques morceaux de bois
de petite dimension, et enfin des masses siliceuses irrégulières
qui coupent l'uniformité des bancs. On aperçoit souvent les traces
d'organisation qui rappellent ces légions immenses et variées d'êtres
mous et gélatineux qui couvrent encore parfois la surface des
mers équatoriales, et qui, par des circonstances dont les causes
sont peu connues, semblent à certaines époques disparaître, lors-
qu'elles se précipitent sur leur fond. »
Constant Prévost complète ce tableau en cherchant à montrer que
synchroniquement, il se faisait 'sur le pourtour du bassin des
couches de craie littorale, à laquelle il rapporte la craie tufl'eau et la
craie chloritée, tout en reconnaissant que sur d'autres points ces
formations sont plus anciennes, comme on l'admet généralement.
Voici comment il s'exprime à ce sujet : « Pendant qu'autour du
point où se trouve maintenant Paris, se formaient les couches de la
craie pélagienne, il devait se déposer des couches de craie, que j'ap-
DU MEME AUTEUR
Recherches chimiûues sur les oxydes métalliques. In-8<»^ 1867.
Expériences sur la PAssivnÉ du fer. (Le Cosmos ^ 1867.)
GÉOLOfilE COMPARÉE. — Étude descriptive, théorique et expérimentale sur les
météorites, i vol. grand in-8^, 1867.
Hechercres sur la composition et la structure des météorites, thèse de docto-
rat es sciences. (Annales de chimie et de physique, h^ série, t. Wll, p. 5.
et in-4«, 1869.)
Dosage du fer kickelé dans les météorites. (Le Co^mo^, 1869.) .
ÉTUDE MINER ALOGIQUE DU FER MÉTÉORIQUE DE Deesa. — Existence des roches nié-
téoritiques éruptives ; âge relatif des météorites. In-8°, 1869.
De l'origine des météorites. In-8^, 1869.
LiTHOtiOGlB terrestre ET COMPARÉE. {Dictionnaire d'histoire naturelle de d'Orbi-
gtiy et tirage à paft). i vol. in^*, 1870 (Germer Baillière).
ÉTARLISSEMBNT DBS TYPEsIde roches météoritiques. In-8^, 1870.
MÉMOIRE SUR LA GÉOLOGIE DES MÉTÉORITES. (Moniteur scientifique ^ in-4<^, 1871.)
Le ciel géologique. Prodrome de géologie comparée. 1 vol. in-8% 1871 (Firmin
Didot frères).
Lithologie pratique. Cours de géologie appliquée. 1 vol. in-8**, 1871 (Dunod).
Sur l'existence de la bauxite à la Guyane française {Comptes rendus de CAca*
demie des sciences, février 1872).
I^RÉSCNCE de la dunite en fragments empâtés dans les basaltes de l'île Bourbon
{Comptes rendus de l'Académie des sciences^ mars 1872).
Étude minéralogique de la serpentine grise (Comptes rentlus de l'Académie dc.^
sciences^ mai 1872).
DÉTBBimfATION MINÉRALOGIQUE DES BOLOSIDÉRES DU MUSÉUM {Comptes rcrtdus de
tAcadémie des sciences^ mai 1873).
llATUBB CMUiiQUB DU SULFUBB DE FER (troIUte) Contenu dans les fers météoriques
{Cmmpies rendus de t Académie des sciences, mars 1874).
Ml Là ZiMCOfTÉHiTSKniEBTAVMRTiimA [Comptes rendus de PAcmiémie des sciences,
1874).
(.CÉOUOB CMPABÉB professé m Muséum, i voL ia-8«, 1874 (Firmin
i tfH. in-lS, 1874 (RothschUd).
U CUL. 1 ^. iA.18 (BibUotiiéaue Franklin) sous
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Terrains SECOMbAiscs.
peDerai littorale, dans les points du bassin qnt étaient pins rappro-
chas des rivages ou sur lesquels les eaux avaient moins de hanteur
c'est effectivemenl ce que démontrent les caractères de la craie
mnacée et de la craie chlorilée, lomparés à ceux de la craie blatiche,
comme la carie coloriée l'indique dans tout le pourtour du bassin,
tant en France qu'i-n Angleterre, dans nue position relative supé-
rieuie à la craie blanche. Je puis paraître ici commellit; une erreur
et ne pas connaître les rapports d'âge que l'ou alUibue aux trois,
variétés de craie que je viens de nommer; je sais cependant bien
que l'on regarde la craie blanche comme supériem'e aax deux
autre», et par conséquent cximme Tormée après elles ; mais des-
nhiter val ions m'ont prestpe démontré qu'il fallait distinguer la
glauconie inférieure à la craie blanche de la glaucoaie littorale qui
«Bt contemporaine. >
Kohmations des rognons db silb),. — La foi-malion des rognon»
de Hilex renfermés dans la craie en si grande abondance constitué
uu problème intéressant qui se représentera plusieurs fois devant
nous dans la revue que nous entreprenons des terrains de Paris, car
de paroillos concrétions se retrouvent à des niveaux Irés-di (Térents.
Os rognons sont de formes essentiellement lubercul aires, et l'on
remorque que Irùs^ouvent ils empftteiitdes fossiles. Disons, en pa^
sant (|ue cette dernière cireonstance elle-même se présente pour des
rognons de Tonnation d'âge ililTércnt, et, par exemple, pour ceux que
nous aurans h signnlcr dans le calcaire grossier moyen, à Pierre-
lave et ailleurs.
Il suffît d'un coup d 'œil jeté sur ces rognons pour reconnaître
<|u'on nu (leut les attribuer qu'il une concentration progressive,
mnli^.ulnîi molécule, de la silice tenue d'abord en dissolution dans
le tiiiuide où la roche enipi\taiite s'est déposée.
Une expérience décrite pnr M. Marc Seguin (1) rend sensible une
l'onnulion nrtiliciolle de même genre. Le savant physicien gâche d&
l'argile avec Av l'eau fortumcril salée; puis, après en avoir fait des
boules durtm, il le» abandonne à la dessiccation. Si, après dessiccation
compl^lo, on vient il los briser, oh y trouve des cristaux parfois vo-
lumineux de M>1, ce qui suppose un mouvement intermoléculaire
deit |)nrticulos sidines et (H^rinet d'eu ndmcllre un tout h fait pareil
[Hiur les l'Iémenls siliceux de la craie.
M. Stguin nlm«. p. 18),
lin..
av«<: ie* note*, pir
LA CRAIE. A3
Pour ce qui est des rognons de silex, il faut remarquer toutefois
qu'une difficulté très-grande résulte de leur état anhydix'. Il est
plus commode, en effet, de comprendre la production des rognons
hydratés, tels que ceux que nous mentionnerons plus loin sous le
nom d'opale ménilite ; car jusqu'ici nous ne savons pas comment la
silice hydratée peut devenir anhydre sans avoir subi un échauiïement
évidemment incompatible avec les conditions qui ont présidé au
dépôt de la plupart des terrains stratifiés. Cependant nous assistons
parfois à des déshydratations analogues dont l'observation est in-
structive à notre point de vue. C'est, par exemple, ce qui a lieu pour
la matière colorante ferrugineuse de certains grès exposés à l'air, et
qui, de l'état de limonite, passe progressivement à celui de gœthite
et peut-être même d'hématite. Nous avons nous-méme publié un
l'ait de ce genre. Il s'agit de blocs de grès quartzeux colorés en jaune
par l'hydrate de fer, et qui, soumis longtemps aux intempéries sur
le plateau de Villeneuve-Saint-Georges (Seine-et-Oise), acquièrent
progressivement une croûte mince mais continue, dont la matière
colorante est de l'oxyde rouge de fer (1 ). Ce n'est pas ici le lieu de
tirer de ce fait toutes les conséquences qu'il comporte, mais nous
pouvons admettre que, les circonstances étant favorables, ce qui.
se passe pour l'oxyde de fer peut avoir lieu pour la silice.
Minéraux disséminés dans la craie. — Le silex en rognon n'est pas
la seule substance minéralôgique contenue dans la craie blanche.
L'une des plus visibles est la pyrite, ou bisulfure de fer, qui con-
stitue ordinairement des boules ou des amas cylindroïdes dont la
structure éminemment cristalline est radiée autour du centre. Comme
le silex, la pyrite empâte fréquemment des fossiles.
Souvent elle est altérée à la surface et transformée superficielle-
ment en gœthite ou même en limonite. On connaît même de beaux
échantillons de ces oxydes de fer constituant des pseudomorphes
de la pyrite ; offrant, par exemple, des cubes pourvus de tout le
système de stries caractéristiques du sous-système du dodécaèdre
pentagonal. Ces formes cristallines n'appartiennent jamais à la
gœthite ni à la limonite, et prouvent bien que ces matières sont
venues remplacer le sulfure de fer, comme la silice remplace le tissu
organique d'un bois qui se pétrifie.
(1) Comptes rendus de l'Académie des sciences iS72, t. LXXV,p. 890. — Voye»
aussi: Stanislas Meunier, Cours de géologie comparée professé au Muséum, 1874,
p. 248.
k.
^TT ^^^ TERRAINS SECONDAIRES.
Dans certaines l'égions crayeuses où la p\Tile est très-abondante,
ses caractères si différents de treux de la craie sur laquelle on lai
ramasse ont conduit tes populations à la regarder comme d'origine,
extraordinaire. C'est ainsi qu'en Champagne on lui attribue une
origine météoritique, et on lui donne le nom de pierre de foudre ou
pierre de tomierre. On lui a même, dans une foule de cas, attribué
des propriétés fantastiques, tirées justement de cette origine céleste
qu'on lui supposait. Il est remarquable, en présence de ce préjugé,
que les météorites, ou pierres qui tombent du ciel, ne renferment-
précisémenl pas de pyrite. On y trouve en abondance du sulfure de-
fer. Mais celui-ci a une composition tout à fait différente et Toisina-
de la pyrite magnétique ; on lui donne le nom spécial de troilite'
pour le distinguer. fS;r" "t:-
La craie ne contient, en général, la pyrite que d'une manière
ancidentelle ; ee n'est qu'exceptionnellement que ce minéral peul
être recueilli en masse assez grande pour être exploité. On sait qu'il'
ne constitue pas un minerai de fer, mais un minerai d'acide sulfu-
rique, et qu'à ce point de vue Jl a une certaine valeur. Les procédés
d'extraction en usage ne lui enlèvent d'ailleurs que la quantité de
soufre qui excède chez le bisulfure celle qui est compatible avec la
formule de ta pyrite magnétique. Celle-ci forme le résidu de l'opé-
ration et n'est point utilisée.
La craie blanche renferme parfois de la strontiane sulfatée ou
eêlèstÏTie, sous la forme de petits cristaux très-nets. Ces cristaux
appartenant à la variété appelée apoiome par Uaùy, ne se rencontrent
que dans les failles que nous signalions tout à l'heure. On ne les i
li-ouve guère surlacraie elle-même, mais sur les parois des silex bri- I
ses par la dislocation du terrain. La disposition de ces cristaux leur
fait naturellement attribuer une origine tilonienne, et témoigne par
conséquent de l'antique existence, dans les failles aujourd'hui vides,
d'eaux, sans doute thermales, venant de la profondeur et chargéesde
sulfate stronlianien. On peut rapprocher l'existence de ces cris-
taux dans les failles de la craie, de la présence, dans les couches
d'argile plastique qui lui sont superposées, découches calcaires très-
fortement imprégnées de strontiane. M. Jannettaz a signalé un fait
de ce genre qu'on peut observer tout près du pointement de craie
des Moulineaux, et sur lequel nous reviendrons quand le moment
sera venu de nous occuper des terrains d'argile plastique.
IjCs mêmes silex de la craie qui font saillie sur la paroi des failles
présentent parfois des cristaux d'une tout autre nature, et dont
LA CRAIE. ' 45
l'origine est toute différente, on pourrait dire inverse de celle de la
célestine.
Les uns sont constitués par du calcaire ou carbonate de chaux.
Ils se présentent toujours à la partie supérieure des saillies que
forment les silex et peuvent atteindre d assez fortes dimensions. Ils
sont évidemment dus à des infiltrations venant de la partie supé-
rieure. Sans doute des eaux chargées d'acide carbonique auront
dissous la craie sur leur passage; puis, dans le vide de la faille,
perdant au contact de Tair le gaz qu'elles contenaient, elles auront
abandonné peu à peu la matière calcaire, et celle-ci aura cristallisé.
Les autres sont de gypse, c'est-à-dire de sulfate de chaux
hydraté. Leur situation est la même que celle des cristaux de cal-
caire, et leur formation est sans doute très-analogue. On sait, en
effet, que le gypse est faiblement soluble dans l'eau, et nous savons
déjà qu'au-dessus de la craie se trouvent à divers niveaux des
amas de cette substance. Les eaux d'infiltration ont donc pu fina-
lement s'en charger dans beaucoup de cas.
Le gypse cristallisé ne se présente pas seulement sur les silex sail-
lants des parois des failles ; il remplit aussi parfois les tubulures de
la craie dure. A iMeudon, il n'est pas rare de rencontrer des échan-
tillons qui sont dans ce cas, et l'on peut en voir de beaux exemples
dans la collection du Muséum d'histoire naturelle.
Relief de la craie autour de Paris. — Autour de Paris, la craie
blanche est bien loin d'être horizontale. Tandis qu'à Meudon sa sur-
face ne dépasse pas la cote de i!i5 mètres, elle atteint sur les bords
du bassin :
Au mont Aimé 210 mètres.
Au mont Août 210
Au bois de la Houppe 230
A Verzy 230 (au moins)
Au mont Berru 210 (au moins)^ etc. (1).
Et, comme dans tous ces points, la craie présente les traces ma-
nifestes d'une dénudation énergique, on peut admettre qu'entre
l'altitude du centre et sur celle des limites du bassin, il existait an-
térieurement une différence d'au moins 200 mètres.
D'un autre côté, dans ces diverses localités, la faune est remar-
(1) Hébert, réunion extraordinaire à Épernay (BuUei, de la Société géologique,
2* série, 18/19, t. VI, p. 720).
TtltlUINS SECONDAIRES.
quablement uniforrae. Les mêmes fossiles se rencontrent partout,
cl entres autre VOstrea vmcularis avea ses deux valves.
Il faut donc en conclure que, postérieurement à son dépôt, la
craie a subi, de Paris à Reims, un relèvement considérable, consé^
<|uence probablement d'oscillalions nombreuses.
D'après les recherches de M. Hébert, la dale de ce relèvement peut
être fixée entre le dépAt de la craie et celui immédiatement posté-
rieur du calcaire pisolilhique, car, ainsi que nous le verrons très-
prochainement, celui-ci a comblé les dépressions de la craie.
De laçon que si l'on veut leconslituer l'histoire de cette époque'
l'eculée, on an'ive à y reconnaître quatre phases successives qui
sont : d'abord l'émersion de la masse ci-ajeuse ; en second lieu, IC'
durcissement de la surface sous l'action des agents atmosphériques,
et la production des tubulures ; puis exhaussement vers l'est par suite
d'un mouvement de bascule, et l'aDaissement général du niveau de
ta craie jusque-là émergée: cnlin, l'inondation de cette craie et le
dépAt dans les dépressions ainsi produites des couches de calcairfi
, pisolilhique.
Mais la craie n'est pas seulement relevée ; sa surface autour de^
Paris offre, en outre, des ondulations remarquables, La tranchée
■de Houdan, située entre Sainl-Cyr et Dreux, dont nous avons parlé
(page 20, lig. 7), montre que dans cette regionla craie décrit des
sinuosités considérables (1). Elle forme d'abord une saillie isolée
à la Chapelle : c'est celle que représente la ligure à laquelle nous
venons de renvoyer; elle en montre une seconde à Houdan, qui ap-
partient il la ceinture crayeuse embrassant de toutes iiai'ls, comme
nous l'avons dit, le golfe tertiaire parisien.
C'est en rapport avec ces protubérances que se place le relèvement
considérable de la craie à Mkrasler cor anguinum, que M. Hébert
a signalé dans la même région, aux environs de Beynes (2).
Dans celte localité, la craie atteint l'allilude de 120 mètres, et n'est
recouverte que par la partie supérieure du calcaire grossier.
Il pourrait môme bien, d'après le savant géologue, y avoir lii
une faille, car les couches plongent rapidement au nord-est, de
façon qu'à la ferme de l'Orme, le calcaire grossier supérieur est i
108 mèti-es, tandis qu'il un kilomètre au sud-ouest, les marnes
vertes sont à 97 mètres, et plus près encoiv, les marnes à Ostrea
(1) liii/kt. de la Société géologique, 2= s6rie, lSfi3, I. XX, p. 753.
(2) HÉlerl, Buliel. ds la Sociélé gMogique, 2'^ sirk\ 1872, l. XXIS, p. âiS,
U CRAIE. «7
<yathula, surmontées d'un peu de sables de Fontainebleau, n'attei-
gnent pas 100 mèlres d'altitude.
0 II est donc extrêmement probable, dit-il, qu'une faille vient se-
placer an sud de la ferme de rOime, et elle doit se diriger nord-
ouest-sud -est, comme la faille de Vernou. « Nous aurons plus loin
l'occasion de revenir plusieurs fois sur celle-ci.
Faune de la. craie de Meudon. — La Taune de la craie de .Meu-
don est beaucoup moins liche que celle des couches plus anciennes.
Cependant l'énumération des animaux qui la composent serait
«xlrêmement longue. Nous donnerons quelques détails sur les plus
caractéristiques.
Avant tout, les foraminifères microscopiques jouent un très-
grand r6le dans ce terrain (lig. 21). D'après Ehrenberg, la craie est
5*5^
FiG 21 — FonnuDifèTM do la cme
formée de deux parties, l'une cristalline et l'autre organisée.
Celle-ci résulte de l'accumulation de carapaces de foraminifères, et
le savant allemand a calculé qu'il y a plus d'un million de ces cara-
paces dans 20 centimètres cubes de craie, ou plus de 10 millions
dans 500 grammes de cette roche.
Les foraminifères paraissent avoir une organisation anatomique
très-simple. Ils ne sont jamais agrégés et ont une existence indivi-
V^^^^H TERRAIKS SECOKDAinES,
duelle distincte. Ils sont composés d'une masse vivante, de consiï-
tnnce glutineusc, tantôt entière, tantôt divisée en segments disposés,
soit en ligne, soit en spirale, soit en peloton. Le dernier segment
porte des filaments contractiles incolores, Irès-allongés, qui ser^
vent à la reptation et qui peuvent encroûter extérieurement It
coquille. Celle-ci est de forme Ir&s-variable et se moule sur le con^
étant simple quand celui-ci l'est, et composée de loges lorsque
l'animal est formé de plusieurs segments. Elle est percée d'un ou
de plusieui's trous pour le passage des lilaments.
Ces petits animaux ont longtemps échappé aux recherches et k
l'observation des zoologistes, et cependant ils jouent un rôle im-
mense, non-seulement dans la constitution de la craie, comme
nous venons de le dire, mais dans celle de beaucoup d'autres
roches, et, à l'état vivant dans l'édilication de couches importantes
de sédiments contemporains. Les restes de ces êlres, en apparence
si peu imporlants, forment souvent, suivant la remarque d'Alc,
d'Orbigny, des bancs qui gênent la navigation, obstruent les golfes
et les détruisent, comblent les ports et créent, avec les polypes, cea
tles qui naissent tous les jours au sein des régions chaudes du grand
Océan. Comme M. Pictet nous l'apprend (1), ce ne fut qu'en 1731
que Beccarius les signala pour la première fais dans les sables de
l'Adriatique. Ils furent étudiés en 1732par Breyn, en 1739 par Plan-
cus. Depuis lors, leur histoire a fait peu de progrès jusqu'en 1825,
où Aie. d'Orbigny présenta sur cette classe un travail systématique,
qui fut suivi en 1835 d'un mémoire important de Dujardîn. A
partir de cette époque, d'innombrables travaux furent exécutés
dans la môme voie par Ebrenherg, Cornuel.Czjzek, Iteuss, Carpeu-
ter, Schuize, etc., et aujourd'hui les connaissances sur ces iulé-
ressants animalcules sont très-avancées.
L'étude des coquilles foraminifères de la craie blanche de plu-
sieurs points du bassin de la Seine a conduit Aie. d'Orbigny (2)
à quelques considérations que nous exposerons ici. Ces coquilles,
dans les divers étages de la formation, dans le nord et ie centre de
la France, la Belgique, et en Angleterre, ont une grande analo^e,
et elles se succèdent régulièrement de bas en haut, tandis que dans
le sud et dans le sud-ouest de la France les espèces sont tout à fait
(i) Piclel, Ti-oilé de paléontologie, t. IV (1857), p. i77.
(2) Alcide d'Orbignj, Mémoires de la Société géologique lie France, 1840, 1. IV,
p. l.avecd pi.
LA CRÂie. A9
distinctes, et même il y a des genres différents. En indiquant les
résultats auxquels il est arrivé sur la répartition des genres dans ces
deux zones crétacées, Fauteur pense que la craie de Tours, de Cha-
vagne et de Vendôme est parallèle à celle de Maestricht et inrérieure
à la craie blanche; manière de voir peu d'accord, pour le dire en
passant, avec les données stratigraphiques et même paléontolo-
giques. Les foraminifères ont augmenté progi'essivement des cou-
ches inférieures aux supérieures. Des formes d'abord très-simples,
analogues à celles des dépôts jurassiques, puis plus compliquées
et propres aux couches les plus basses de la craie, ont été rempla-
cées dans les plus élevées par des formes plus variées et qui finis-
sent par se trouver toutes dans le terrain tertiaire ; quelques-unes
même dans les mers actuelles. Les formes spécifiques des forami-
nifères de la craie offrent dans leur ensemble plus d'analogies avec
celles qui vivent aujourd'hui dans l'Adriatique qu'avec toutes les
autres.
Aie. d'Orbigny décrit ensuite 54 espèces de la craie blanche des
environs de Paris, dont 38 se sont trouvées dans la craie de Meudon,
33 dans celle de Saint-Germain et 28 dans celle de Sens. 9 sont
propres à la première localité, 2 à la seconde, 6 à la troisième, et 23,
ou près de la moitié^ se présentent dans la craie blanche d'Angleterre,
trois des espèces précédentes existent dans les grès verts et ferrugi-
neux du département de la Sarthe, 2 dans la craie de Tours, 2 dans
celle de Maestricht, enfin 2 dans les dépôts tertiaires de l'Autriche
et de l'Italie, et qui vivent encore dans la mer Adriatique [Dentalina
commnnis et Rotalina umbilicata) .
Parmi les radiaires, il faut mentionner tout spécialement plusieurs
oursins.
VAnanchytes ovata (fig. 22), tout à fait caractéristique de la craie
blanche a été confondu avec VAnanchytes gibba^ que nous avons
décrit plus haut. D'Orbigny continue à admettre l'identification de
ces deux espèces, dont il fait deux variétés. M, Hébert y voit au
contraire deux espèces distinctes. Nos figures suffisent pour montrer
les différences générales de formes, assez nettes le plus souvent
pour conduire à leur distinction.
, Le Micraster Brongniarti (Héb.) est au M. cor an^wmwm à peu
près ce que les deux ananchytes dont nous venons de parler sont
l'un par rapport à l'autre : sont-ce deux espèces distinctes, comme
le veut M. Hébert? sont-ce simplement deux variétés? Voilà ce que
des études nouvelles décideront.
ST.MEDNIER. ^
TERRAINS SECONDAIRES.
Le Cidarù Krrata (i>e5orj esl assez rue. C'est un oursin de Uilh'
moraine, médiocreiDciit ren&ê. Yoki, d'après >l. Cotteau, ses prin-
dpaus caractères : Zooes porifêres trèsH.-lroil«s, dcprimées, flexui-u-
ses, formées de pores très-petiU, arroodis, obliqœiDËQt disposés,
npprocliés les uns des auu«s, séparés par un reuflement graouli-
forme Irt-s-prouoiicL-. Aii^s anibulacraires rlroile^, flexueuses,
garnies cependant de six. rangées de granules; les deux rangéos
^^ externes se <x)mposent de granules plus apparents et Dullemml
^^m mamelonnés; les quatre rangées intermédiaires, plus fines (A
^^M Iteaucoup plus irrégulièTes. disparaissent successiv'emeQt aus ap-
Anincfti/ies
proches du sommet et du péristome. Tubercules iuteranibulacraîres
fortement dcvoloppés, à base lisse, surmontés d'un mumeioD assez
gros et toujours perforé, au nombre de six ou sept par série. Scro-
bicules médiocrement déprimés, circulaires et un peu espacés à la
face supérieure, plus serrés et plus elliptiques dans ta région infn-
mai^ale et près de la bouche, entourés d'uu cercle de granules
espacés, mamelonnés et qui se distinguent nettement de ceux qui
remplissent la zone miliaire. Les gros tubercules s'élè^-enl assez
près du sommet; cependant, sur chacune des aires iuterambula-
craires, il existe ime plaque qui en est dépour^Tie, et présente, an
lieu de tubercule, un simple mamelon perforé et lion scrobiculé.
Zone miliaire déprimée, assez large vers l'ambitus et à la face su-
périeure. L'espace intermédiaire entre les tubercules est couvert
d'tme grauulattun fine, serrée, abondante, homogène, disposée en
s^es horizontales régulières, et les granules sont accompagnés (à
U CRAIE. 51
et là de petites verrues microscopiques, d'autant plus nombreuses
qu'elles se rapprochent du bord des plaques. Le radiole, aux carac-
tères duquel est emprunté le nom spécifique, est allongé, cylin-
drique, plus ou moins grêle, garni d'épines saillantes, acérées,
comprimées, subtriangulaires, rangées en séries longitudinales,
régulières et espacées. A la base de la tige, les épines sont plus
abondantes, mais un peu au-dessus de la collerette elles s atténuent,
se changent en gi^anules et disparaissent. Le nombre des rangées
épineuses est très-variable et Tintervalle qui les sépare plus ou
moins large. Sur quelques radioles on en compte dix à douze
rangées, tandis que d'autres exemplaires plus grêles n'en présen-
tent que six ou sept; les épines sont alors plus fines, et le radiole
prend un aspect prismatique et subcaréné fort remarquable. L'es-
pace intermédiaire entre les rangées épineuses est plat et paraît lisse,
mais il est en réalité couvert de stries longitudinales fines, serrées,
subgranuleuses, visibles seulement à la loupe et qui recouvrent
également la base des épines. La collerette est courte, finement
striée. Le bouton est assez fortement développé. Anneau saillant,
marqué de stries plus prononcées que celles qui garnissent la col-
lerette.
Le Cidaris pseudo-hirudo (Gotteau) n'est connu que par ses ra-
dioles, qui ont ^0 millimètres environ, et présentent une forme
cylindrique, subfusiforme, renflée dans le milieu et légèrement
amincie au sommet, qui cependant est tronqué, garni de côtes
longitudinales lisses, saillantes, subcomprimées, régulièrement
disposées. A la base est une collerette courte, très-distincte et
striée. L'anneau est saillant, couvert de stries plus prononcées ; la
facette articulaire est lisse.
h'Holaster pilula (Goldf.) est moins caractéristique que les précé-
dents, quoique très-fréquent, parce qu'on le rencontre aussi dans des
couches plus anciennes. Il présente une coquille ovale très-bombée,
un peu conifjue, tronquée en avant, acuminée et obtuse en arrière,
un peu plus longue que large. Dessus très-bombé, relevé d'une
manière abrupte en avant jusqu'à la fin de l'ambulacre impair ;
puis, presque au même niveau, jusqu'aux ambulacres pairs posté-
rieurs, ce qui place la plus grande hauteur au sommet ambula-
craire, puis en pente douce jusqu'à la saillie de l'anus et de l'entrée
par l'aire anale. Le pourtour est plus bombé et obtus vers sa base.
Dessous convexe, pourtant un peu anguleux sur la ligne médiane,
sans partie concave autour de la bouche. Sillon ambulacraire
M TEJtlUlHS SfCO:(DAIRILS.
impair à peine sensible en avanl de la bouche el nul ailleurs.
' Bouche petite, presque ronde, placée au quart antérieur de la
longueur. Anus peu comprimé, formant un ovale presque rond,
placé Ters la moitié de la hauteur avec une area plane ou à peine
bomhée, sans sillons. Ambulacres peu distincts, perdus entre les
tubercules, tous formés de pores éloignés les uns des autres, ronds
et oNiques en sens inverses. Les pores inférieurs sont en demi-
lune, avec un tubercule entre deux. Les tubercules sont nombreai
partout, même en dessous, sur les cAtés, au milieu de granules
élevés. Fasciotes disant le tour de la coquille presque sur l'ambitau,
sinueuses, surtout sous l'anus.
Les mollusques sont innombrables. Trois brachiopodes sont par-
ticulièrement caraclérisliques :
Le Terebratula Heberli (d'Orb.) présente une coquille ovale
bombée, sans area, dont la grande valve est percée d'une ouvertun
ronde, séparée de la charnière par un deltidium composé de
deux pièces. Des stries d'accroissement très-nettes se voient à ei
surface.
Le RhynchtmeUa octo^/ra/a(Sow.) est une coquille gibbeuse, sub-
ovale el plissée. Son bord inférieur est renflé du cdié droit et marqué
de huit plis. Il y en a de douze à quatorze sur les bords intérieurs et
antérieurs. Le crochet est saillant.
Le lihynckonella Imbata (Davidson) est presque circulaire, dé-
primé et lisse. Ses valves sont également gibbeuses; son bord in-
férieur est droit ou légèrement déprimé au milieu, avec une cour-
bure ondulée de chaque câté. Le R. vespertilio (Hg 23) se rencontre
dans les mêmes couches.
FiG. 23 — Rtiynckonetla veupertilio.
Il fnut mentionner le Magos pumilus (Son.), Irës-fréquenl, mais
appartenant aussi h des couches plus anciennes et dont l'organi-
sation Irès-curieuse a été, de la part de M. Davidson, l'objet d'é-
tudes très-intéressantes. Il offre à peu près le fontourde nombreuses
LA CRAIE. 53
térébratules, mais il suffit d'un coup d'oeil jeté sur la charnière
pour le distinguer. Dans les Magas^ le crochet est imperforé et
droit; le bord cardinal, beaucoup plus long que la charnière, est
caractérisé par une grande dépression quadrangulaire, dont deux
côtés sont formés par les saillies de la valve plate, en sorte que
lorsque les valves sont séparées, cette dépression se change en deux
sinus anguleux. Celui de la grande valve forme un angle aigu et
est beaucoup plus grand que celui de la petite. Il y a à Tintérieur
de la coquille une mince cloison verticale qui s'étend d'une valve
à l'autre. La partie supérieure de cette cloison est arquée près de la
charnière, avec laquelle elle est perpendiculaire; de chaque côté
se tiennent deux appendices cloisonnaires superposés et réunis au
sommet par deux faibles prolongements de la charnière. Le Af. pu-
milus est la seule espèce connue de ce genre intéressant. C'est
Sowerby qui lui a donné son nom, à cause, dit-il, de l'espèce de res-
semblance qu'il crut reconnaître entre les cloisons arquées de l'in-
térieur avec le chevalet d'un violon (1 ).
Les acéphales sont très-nombreux. Vlnoceramus Cuvîetn (Sow.)
a une coquille gryphoïde à test lamelleux, inéquivalve, mais sub-
équilatérale, dont les crochets sont opposés, pointus et fortement
recourbés. La charnière est courte, droite, et présente une série de
crénelures graduellement plus petites, destinées à recevoir un liga-
ment multiple qui a probablement recouvert toute la facette liga-
mentaire. Celle-ci est perpendiculaire à la ligne qui, dans chaque
valve, forme le crochet et le milieu du bord palléal.
Le Spondylus œqtuilis (Héb.) présente une coquille inéquivalve,
adhérente, auriculée, hérissée d'épines, à crochets inégaux, celui
de la valve inférieure présentant une facette cardinale externe,
aplatie, qui grandit avec l'âge. Le ligament est intérieur et étroit.
La charnière a deux fortes dents sur chaque valve.
VOstrea vesicularis (Lsmk) a dé\k été cité dans la craie plus an-
cienne. Il constitue parfois des colonies de dimensions considéra-
bles dont les membres, avec les deux valves en position naturelle,
ont évidemment vécu là où nous les trouvons aujourd'hui. Cette
circonstance, mise à profit par Constant Prévost, a servi à ce savant
à préciser quelques-unes des conditions qui ont accompagé la for-
mation de la craie.
(1) Sowerby, Conchyliologie minéralogique de la Grande-Bretagne ^ traduit
de Tanglais par Agassi», p. 173. In-S**, Soleure, 18il5.
TERRAINS SECONDAI
On rencoiilre en abondance, danslacrnie deMcudon, le Belanni-
tella mueronata déjà décrit.
La craie blanche a fourni des vertéhrés, poissons et reptiles dool
le nombre est maintenant considérable.
Beaucoup de squales sont représentés par leurs dents. Nous ea
citerons quatre principaux :
Le Corax appendiculaius (Agass.) se rencontre, d'api'ès M. Hé-
bert, non-seul cm eut dans la craie de Meudon, mais aussi dans
celle du Cotentin, de Folx-les-Graves et de Maeslriclil. Il existe aussi
dans le calcaire pisolithique des Vertus (Marne).
Les Lnmna peuvent se disti'ibuer entre plusieurs espèces presque
également communes. Celle qu'on rencontre cepeudant le plus
Iréqnemmenl à Meudonest L. acuminala (Agass.), remarquable,
comme son nom l'indique, par la gracilité de sa forme générale.
L'Olodm lalus (Agass.) est au contraire très-large, et pourrai^
être confondu avec le Corcharodon, si les dentelures n'y faisaienl
absolument défaut. Cette espèce se trouve non-seuleTnent à Mea-
don, maison Normandie, àLewes,àStrehlen, à QuedI ira bourg, etc.
Le Ptychodus deciirrem (Agass.), provenant de Meudon même, est
ïeprésenté par des dent-s palatales anguleuses et presque carrées,
h couronne est plus haute que la racine qui est obtuse, tronquée
plus ou moins écbancrée dans son milieu. La partie émailléee
étalée par ses bords, et se relève au milieu en un mamelon obtus
sillonné de rides, ou plutôt de gros plis tranchants parallèles, sépa-
rés par un sillon peu profond. Les bords sont ornés de granulation^
cl d'un réseau de plis irrégiiliors et peu saillants.
On pourrait citer beaucoup d'autres poissons cartilagineux.
M. Cb.d'Orbignya recueilli à Meudon des parties considérables
squelette d'un poisson osseux dont on a fait VEnchodns HalocyfM.
M. Hébert l'a retrouvé à Bougival, et Graves le cite dans le dé-
partement de l'Oise. Il paraît avoir été très-commun à l'époque cré-
tacée, puisqu'on en retrouve des vestiges à Lewes, en Angleterre,
à Haestricht, en Saxe, en Bohème, etc. C'est un poisson dont let
dents, très-écartées et très-acérées, sont très-développées ; leur &oe
interne est bombée, et la face externe, au contraire, est compriméeul
Ces dents occupent tout le pourtour des mftchoires, qui portent ea
outre des dents en brosse sur leurs bords. Cette dentition rappellt
celle des Thyrsites et des Lepidopm, genres actuellement vivants e(
sans représentants fossiles.
Les reptiles de la craie blanche sont nombreux. Les plus intéres-
LA CRAIE. 55
sants sonl des sauriens de la ramille des Mosasauridés, et spéciale-
ment le Mùsasaurus et le Leiodon.
On connaît les incidents qui se rallachenl au magnifique éclian-
tilion de Mosasaurus Camperi (Cuv.) possédé par le Muséum, el tyar
Camper avait d'ahord pris pour un cétacé(!ig.2Zi). Plus tard Faujas
de Saint-Fond y vil un crocodile ; mais Camper (ils et G, Cuvier ont
démontré quel'espèce est bien plus rapprocliée des varans que des
Fie. 24. — Tête de ifososaurus Camperi.
autres animaux. D'ailleurs, malgré des travaux considérahJcs, on
n'est pas encore fixé sur les caractères des membres locomoteurs,
que Cuvier lui-même croit établis sur le type des animaux cétifor-
mes, tandis que M, Owen les rapproche davantage de ceux des rep-
tiles terrestres. Il est très-probable, cependant, que les mosasaures
ont habité les eaux marines.
Le Leiodon anceps (Owen) a été longtemps confondu avec le mosa-
saure. Ses dents, comme le fait voir M. Gervais(l), l'en distinguent
complètement. M. Ch. d'Orbigny en a recueilli à Itleudon de beaux
échantillons que l'on peut voir au Muséum. Ces dents sont, comme
celles des mosasaures, enfoncées dans des alvéoles avec lesquels
leur racine se confond par la couche cémenteuse qui l'environne.
Leur couronne est en c6ne faiblement bicaréné. D'après les
échantillons du Muséum, cinq dents occupent ensemble une lon-
gueur de 13 centimètres, ce qui indique une taille inférieure à
celle du mosasaure. Ces dents, cassées vers le collet, appartiennent
à la mâchoire inférieure.
(1) Paul Cervais, Zoologie et Palionlologie fhmçaise, p. 163. In-â", 1859.
TEHKAINS SECONDAIRES.
Un troisième mosasauridé doit élrc cité comme provenant de
Meudon . c'est ÏOnchosourus radicalh, de M. Paul Gervais, 11 n'est
connu jusqu'ici que par une seule dent, mats celte-ci oflVe des
caractères des plus remarquables. La couronne, plus courte que la
racine, est formée d'ivoire recouvert d'une couche d'émail ; elle esl
comprimée, à bords antérieur et postérieur inégaux : le premiCT
convexe, plus court, le second plus large, subconcave dans les deux
tiers inférieurs. La pointe terminale, à laquelle se réunissaient c
deux bords a été cassée ; ils sont assez tranchants, mais ne sont ni
denliculés ni même serratiformes. La racine est en fût élevé,
d'abord aussi comprimée que la couronne, mais moins longue
d'avant en arrière. Plus bas elle l'est au contraire davantage, etell»
se plisse inégalement, de manière à rappeler certains polypiers de-
la famille des caryophyllées, ou encore la meule d'un bois de cetf
qui aurait été allongée et confondue avec la base de la perche.
ifûrieure ilo l'Iguanodon
On a recueilli, à Meudon même, des débris de reptiles dinosau-
riens, qu'on semble très-autorisé à rapporter à ïlguanodon lUan-
telli (fig. 25).
CiRACTÉRES DISTINCTIFS DE LK FAUNE CRÉTACÉE DE L'HOHIZON DE
Meudon. — C'est à M. Hébert qu'est due la distinction nette, au
point de vue paléonlologique, de la craie de Meudon. Avant ses
travaux, elle était confondue avec la craie plus ancienne que
nous avons déjà décrite sous le nom de craie à Micraater cor
angiiinum.
Allant plus loin, le savant géologue a même montré que la craie
à Belemnùella, qui forme im massif de plus de 100 mètres
d'épaisseur, doit être subdivisée en deux gioupes indiqués au
tableau do lu page 27, et qui sont :
LA CRAIE. 57
1® La zone supérieure^ riche en silex, et contenant VAnanchytes
ovata en même temps que le Belemnitella mucronaia.
Et 2" la zone inférieure^ pauvre en silex, et contenant VAnanchytes
gibba^ mêlé à une énorme quantité de Belemnitella quadrcUa,
La première zone est la vraie craie de Meudon ; Taulre peut être
désignée sous le nom de craie de Reims,
La craie à Belemnitella^ comprenant, comme on vient de le voir,
les deux zones de Meudon et de Reims, se distingue nettement des
assises immédiatement antérieures par ses caractères minéralo-
giques et stratigraphiques, et surtout par sa faune.
A ce dernier égard, la distinction est en effet très-tranchée (1).
Ainsi, et conformément à ce que nous avons, déjà vu, le Micraster
cor anguinum, qu*Alcide d'Orbigny regarde comme le fossile le
plus caractéristique de son étage sénonien, n'existe réellement pas
à Meudon. C'est le Micraster Brongniarti qui le remplace. VAnan-
chytes ovata de Meudon ne doit pas être confondu avec celui qu'on
a signalé à Dieppe, à Gravesend, etc., et qui réellement est VA, gibba.
Le Spondylus spinosus, quoi qu'on en ait dit, ne se trouve pas
à Meudon, où le Spondylus œqualis (Héb.) avait été confondu avec
lui. Le Rhynchomlla piicatilis^ cité par tous les auteurs à Meudon et
figuré par Aie. d'Orbigny sous le nom de B, octoplicata, n'est autre,
d'après M. Hébert, que l'adulte du B, limbata (Schloth.), et non le
vrai R, plicatilis, qu'on trouvé, par exemple, aux Andelys. Mais le
B, octoplicala (Sow.), confondu à tort avec le /?. plicatilis, est très-
caractéristique de Meudon, etc.
Applications industrielles de la craie. — Au point de vue indus-
triel, la craie blanche est susceptible d'applications, dont les deux
principales consistent dans la fabrication du blanc d^ Espagne (dit
aussi blanc de Meudon^ blanc de Troyes^ etc.) et dans celle d'un
excellent ciment hydraulique.
Le blanc d'Espagne consiste simplement en craie purifiée. On
arrive à l'obtenir en broyant la craie dans des moulins spéciaux
dont Taxe est en général vertical, et qui est actionné par un cheval.
On peut voir de pareils moulins à Meudon, à Montereau, à
Troyes, etc. La craie en morceaux y est mise avec de l'eau et agitée
constamment dans le liquide. La boue passe successivement dans
des réservoirs disposés en séries, et dans lesquels diverses variétés
de craie se séparent d'après leur finesse et leur pureté, c'est-à-dire
(1) BuUet. de la Soc. géologique^ 2« série, t. XVI, p. 143.
58 TERRAINS SECONDAIRES.
d'après le temps que demande leur dépôt. La craie est déposée en-
suite sur des filtres, puis moulée en pains et mise à sécher. C'est
dans le résidu de lavage que le microscope peut faire les trou-
vailles les plus riches en fait de foraminifères et d'autres petits ani-
maux.
Le ciment hydraulique que Ton fabrique, par exemple, à MeudoD,
en grande quantité, consiste dans un mélange intime de craie pul-
vérisée et d*argile plastique, associées en proportion convenable, et
que Ion fait cuire. C'est, comme on voit, une sorte de synthèse
artificielle des chaux hydrauliques de la nature, et le résultat est
comparable, paraît-il, à celui que donne la cuisson des célèbres
pierres à chaux de Portiand.
II
LE CALCAIRE PISOLITHIQUE
A la suite de la craie blanche, et conformément à ce qu'on a vu
en passant dans le chapitre précédent, s'est déposé le calcaire piso-
lithique, subdivision, lui aussi, du terrain crétacé.
Découverte du calcaire pisolithique. — C'est Elle de Beaumont
qui, en 183^, appela l'attention sur le système des couches comprises
entre la craie et l'argile plastique, et qu'il découvrit tout d'abord à
Bougival et à Port-Marly.
Il y constata (fig. 26) trois niveaux parfaitement caractérisés. Le
premier, immédiatement superposé à la craie dure, est formé d'un
calcaire essentiellement oolithique dont les oolithes sont cimentées
par une incrustation calcaire. Le second consiste en une marne
argileuse d'origine lacustre, et le dernier, occupant la situation la
plus élevée, est formé d'un calcaire dur, riche en polypiers et en
milliolites. Elic de Beaumont, comparant ce dépôt aux couches
analogues de Laversines, près de Beau vais, sur lesquelles nous insis-
LE CILCAERE PISOUTBIQDE. ÏB
terons.plus loin, en (it immédialenieDt l'équiTalent de ta craiu
supérieure de Maestricht.
On le considère lonriemps comme tertiaire. — La forme fténé-
rale des coquilles rencontrées dans ces bancs, l'absence des types
crétacés, la discordance de stratification avec la craie, les caractères
ininérologiques de ce terrain, qui rappellent ceux du calcaire gros-
sier, portèrent cependant d'Archiac à en faire la base du terrain ter-
tiaire. 0 Les formes générales des moules de coquilles, dît-il {!), que
nous trouvâmes dans le banc du bas Meudon, l'absence d'espèces
entièrement crétacées et si abondantes au-dessous, la discontinuité
si prononcée de la stratiiication, et la différence complète des carac-
tères pétrograp biques, nous le firent regarder, de môme que ses
analogues, comme représentant les premiers sédiments tertiaires. »
— Coupe du calcaire pisoUlhique & Bougival,
d'après ËUe de BeaamoD t.
- 4. Cdcire dur à polypier»- - 3- M'me argilcuM. - î- CoaelK «
L'opinion de d'Archiac fui partagée successivement par M. Des-
hayes (2), par M. de Boissy, par M. Ch. d'Orbigny (3) et par d'autres
géologues.
Néanmoins Élie de Beaumont (ù) resta inébranlable dans son
opinion première. Il répondit que ces dépôts contestés marquent
les derniers moments de la période secondaire, s' étant formés dans
deseauxtrè&-peu profondes; queles concrétions oolilbiques s'étaient
(1) D'Archiac, BulUt. de fa Soc. géologique, 2" série, 1838, t. VII, p. 272.
— HU1. rfej progrès de ta géologie, t. IV (1851), p. 239.
(3) Ittshajes, Builtt. delà Soc. géologique, i'eérie, 1636, t. VII, p. 280.
(3) Charles d'Orbigny, Complet rendus de tÂcadénàe des tàences, 1838,
1. m, p. 226.
(4) Ëlie de Beaumont, Confies rendus de CÀeadimie des seietieet, 1836,
L Ui, p. 291.
60 TERRAINS SECONDAIRES.
accumulées sur les coquilles littorales, lesquelles devaient différer
fort peu des coquilles de Vépoque tertiaire inférieure qui leur ont
immédiatement succédé.
Toutefois, en 1837, M. Ch. d'Orbigny (1) découvrit dans ces dépôts
si controversés de Meudon, Port-Marly et Vigny, près de Pontoise,
un moule qui parut être celui du Cerithium giganteum^ coquille qui,
comme on le verra, est tout à fait spéciale au calcaire grossier.
Cette trouvaille parut d*autant plus décisive, qu'en même temps
Constant Prévost (2) arrivait, par des considérations différentes et
purement stmtigraphiques, à regarder, lui aussi, le calcaire pisoli-
thique comme tertiaire.
L'année suivante, M. Ch. d*Orbigny continuant ses recherches,
réunit près de ^0 espèces animales qui lui parurent appartenir sans
exception à la faune du calcaire grossier (3). C'étaient, d'après les
déterminations qui en furent faites alors :
ZOOPHYTES.
Orbitolites plana (polypier caractéristique du calcaire grossier moyen).
Turbinolia elliptica^ A. Br.
F lustra,
Eschara.
RADIAIRES.
SpatanguSy dont Tanalogue se trouve dans le calcaire grossier de Grignon.
Pointes de Cidarts,
Articulations d'astérie.
ANNÉUDES.
Dentalium,
Serpula.
CONCHIFÈRES.
Crassatella tumida var. D., Lamk.
Corbula,
Corbis lamcllosa, Lamk.
Luctna grata, Defr.
Lucina contorta, Defr.
Cytherea obliqua, Desh.
Venus obliqua, Lamk.
Corbula gallica, Lamk.
Cardium ponthrum, AjfHok.
(1) Charles d'Orbigny, Bullet de la Soc. géologique, 2© série, 1837, t. \UI,
p. 240.
(2) Constant Prévost, Bull, de la Soc. géologique, 2« série, 1837,1. Vni^p.2d(.
(3) Ch. d'Orbigny, Notice géologique sur les environs de Paris, p. 11. ln-8», 1838.
LE CALCAIRE PISOUTHIQUF. 61
Cardium granulosum, Lamk.
Cardium rugosum^ Lamk.
Cardium obiiquunif Lamk.
Cucullœa crassatina, Lamk.
Arca biangultty Lamk.
Arca rudiSf Desh.
Arca barbatulOy Lamk.
Arca filigranoy Desh.
Chatna.
Modiola cordata, Lamk.
Lima inflata,
Lima (nouvelle espèce, qui se rapproche du Uma spatuiata).
Solen.
MOLLUSQUES.
Hipponyx cornucopiœ^ Defr.
Calypirœa trochiformts, Lamk.
Natica patula^ Desh.
Nerita atigiostoma, Desh.
Delphinula ou Turbo.
Solarium patulum, Lamk.
Trochus subcarinatuSy Lamk.
Turritella imbricataria \ar. C, Lamk.
Tunitella (autre espèce indéterminable).
Cerithium giganteum, Lamk.
Cerithium semicostatumy Desh.
Fusus.
Oliua Dranderif Sow.
Cyprœa,
Pleurotomaria concava, Desh.
Nautilus,
MilUolites (très-nombreux).
POISSONS.
Dents de requins.
AlCIDE D'OrBIGNY EN FAIT LE CORRESPONDANT DE LA CRAIE DE
Maestricht. — De son côté, M. Hébert recueillit dans diverses loca-
lités de nombreux fossiles provenant des mêmes assises, et c'est en
étudiant à nouveau Tensemble de toutes ces trouvailles, qu*AIcide
d'Orbigny arriva enfin à y reconnaître une faune essentiellement
crétacée, mais présentant, avec celle du calcaire grossier, un air
général de ressemblance très-remarquable. Voici les principaux
résultats du savant paléontologiste (1).
(1) Alcide d'Orbigny, Note sur les fossiles de l'étage danien {Ballet, de la Soc,
géologique^ 2* série, t. VII, p. 126. 1850).
62 TERRAINS SECONDAIRES.
ANIMAUX MOLLUSQUES.
CÉPHALOPODES ACETABUUFÈRES, d'Orb.
Belemnitella, d*Orb., 1839.
1. mucronatOy d*Orb., 1839. — Suède : Faxoe (d*après M. Lyell).
Nautilus, Breyoius, 1732.
2. (ianicus, Schlotheim, 1820, Petref., p.ll7.— Lyell, 1835, On the Crei.^ p. 250 ;
Trans, Geol. Soc. — Suède : Faxoë. — Laversines, Vigny près de Beauvais.
3. Hebertinusy d'Orb., 1848. Grande espèce globuleuse, très^convexe, lisse, à
ombilic très- étroit (dans le moule) ; cloisons peu arquées, non sinueuses ;
à siphon placé bien plus près du retour de la spire que du bord externe. —
Monlereau ^Seine-et-Marne), la Falaise, Montainville près de Beynes (Seine-
et-Oise).
Bacclites, Lamarck, 1799.
4. Faufasiij Lamarck. — Danemark : Faxoë (d'après M. Lyell).
MOLLUSQUES GASTÉROPODES.
TiRRHELLA, Lamarck, 1801.
5. supracretacea y d'Orb., 1847. Espèce dont Tangle spiral est d'environ 16 de-
grés ; à tours aplatis, saillants seulement à la partie antérieure, ornés de
stries inégales longitudinales, dont une plus forte en avant. — France : Men-
don près de Paris (Seine-et-Oise).
Natica, Adanson, 1757.
6. supracretacea, d*Orb., 1848. Grosse espèce globuleuse, lisse, dont les tours
ont un léger méplat près de la suture (sous le .nom de N. patuia). — France :
Falaise près de Beynes, Port-Marly près de Saint-Germain, Meudon près de Paris.
Trochis, Linné, 1758.
7. polyphyllus^ d'Orb., 1848. Moyenne espèce, remarquable par ses tours de
spire anguleux, pourvus, sur Tangle^ de longues expansions foliacées, angu-
leuses, de deux côtes en dessus et de quatre au-dessous de cette carène.
— France : la Falaise près de Beynes.
8. Gabrielis, d'Orb., 1847. Espèce petite, conique, à tours étroits, légèrement
saillants en toit, les uns sûr les autres, ornés d'une série de légères nodosités
et de stries fines longitudinales. — France : la Falaise près de Beynes^ Vigny
près de Gisors (Oise).
Solarium, Lamarck, 1801.
9. DanoCy d'Orb., 1847. Espèce voisine du S. granuiatum, mais plus déprimée
et presque enroulée horizontalement, à très-large ombilic, carénée extérieure-
ment et munie d'une côte tuberculeuse en dessus. — France : la Falaise près
de Beynes, Meudon.
Turbo, Linné, 1758.
10. Gravesu, d'Orb., 1848. Espèce conique, élancée, à tours étroits, saillants,
ornée de neuf côtes longitudinales tuberculeuses. — France : la Falaise.
Pleurotomaria, Defrance, 1825.
11. penultima, d'Orb., 1848. Belle espèce dont l'angle spiral est de 82<* d'oa
LE CALCAIRE PISOLITHIQUE. 6$
verture, formée de tours légèrement évidés au milieu, ornés de fines côte»
granuleuses, longitudinales, avec lesquelles se croisent des lignes d'accrois-
sement; bande du sinus près de la suture, dont elle est séparée seulement
par trois séries ; dessous, légèrement ombiliquée. — France : Falaise.
Ovula, Bruguières, 1791.
12. cretacea, d*Orb., 18d8. Espèce ovale, lisse, prolongée en avant et en arrière,,
du côté de la bouche; spire conique saillante; bouche très-étroite, droite
(le jeune est donné comme Oliva Branderi) — France : la Falaise près
de Beynes, Vigny près de Gisors (Oise).
13. bullaria, d'Orb., 1847. — Cyprœa buUaria, Lyell, 1835^ On ihe Cret.j p. 250.
— Cyprecites buliaria, Schloth. — Danemark.
VoLUTA, Linné, i 758.
14. subfusiformis, d*Orb., 1848. Espèce fusiforme, un peu voisine du V, He»
quieniana^ mais plus allongée et ornée seulement de quatre ou cinq saillies
longitudinales. — France : Vigny.
Mura, Lamarck, 1801.
15. Vignyensis, d'Orb., 1848, Petite espèce allongée, subpupoïde, à péristome
prononcé, dont le moule intérieur est lisse, avec quatre plis sur la columelle.
— France : Vigny près. de Gisors.
Fusus, Bruguières, 1791.
16. Neptunif d'Orb., 1847. Espèce longue de 12 centimètres, allongée, lisse,
à tours peu convexes, le dernier très-grand, piriforme, muni d'un assez long
canal. — France : la Falaise, Vigny, Royan (Charente-Inférieure).
Fasciolaria, Lamarck, 1801.
17. prirnûy d'Orb., d848. Espèce très-voisine, pour la forme et les côtes, du Fm-
sus Marottanus, et qui ne nous a pas montré d'autres caractères distinctifs
que ses saillies longitudinales plus espacées, et les deux plis de la columelle.
— France : Falaise.
18. supracretaceOy d'Orb., 1848. Petite espèce fusiforme et même turriculée, à
grosses côtes longitudinales, et munie de deux plis sur la columelle. —
France : Vigny près de Gisors.
Cerithium, Âdanson, 1757.
19. Caroiinum, d'Orb;, 1848. Espèce voisine d'aspect du C, Requientanum, mai»
avec des côtes longitudinales plus nombreuses, se correspondant moins exac-
tement d'un tour à Tautre, et ornée, par tour, de sept côtes inégales, trans-
verses. — France : la Falaise (Seine-et-Oise), mont Aimé (Marne), Meudon.
20. Gea, d'Orb., 1848. Espèce allongée, lisse dans l'âge adulte, à tours peu sail-
lants, larges, pourvus de varices de distance en distance ; dans le jeune âge
il y a des stries inégales, transverses. — France : la Falaise.
21. dimorphurriy d'Orh.^ 1848. Espèce longue de 12 centimètres, à tours non
saillants, qui deviennent de moins en moips ornés, suivant l'âge : jeunes,,
ils ont quatre côtes longitudinales noueuses, qui deviennent lisses à la moitié
de l'accroissement de la coquille, et disparaissent chez les adultes, entière-
ment lisses. Le moule montre de distance en distance que la bouche avait
trois dents sur le labre et un pli sur la columelle. — France : la Falaise (Seine-
et-Oise), Ségur (Oise).
22. wtiplicatum, d'Orb., 1848. Coquille presque aussi grande que le Cgigart"
U TERRAINS SECONDAIRES.
ieurn (27 centimètres de longueur), et prise par erreur pour cette espèce,
dont elle diffère par ses tours bien plus courts, par son angle spiral de
23^ d*ouverture, et enfin par des ornements différents; ses tours étant plans,
lisses, marqués de quatre sillons longitudinaux et par un seul pli à la cdo-
melle (sous le nom de Cerithium giganteum). — France : la Falaise, Vertus
(Marne), Vigny près de Gisors, Port-Marly, Meudon.
23. Hehertianum^ d'Orb., 1848. Espèce longue de 15 centimètres, voisine du
C. untplicatum^ mais s'en distinguant d'abord par deux plis sur la columelle,
par ses tours plans, ornés, à la partie supérieure, d'une légère côte, et à
rinférieure, d'une série de petites nodosités peu saillantes. — France :1a Fa-
laise près de Beynes, Vigny près de Gisors.
24. Urania, d'Orb., 1847. Espèce voisine du C, Hebertianum^ mais à tours de
spire très-finement triés en long, pourvus d'un sillon au milieu de leur lar-
geur. — France : La Falaise près de Beynes.
. iNFUNDiBULLH, Montfort, 1810.
25. supracretacea, d'Orb., 1848. Petite espèce, citée sous le nom de Calyptrœa
irochiformiSt mais dont on ne connaît encore que le moule intérieur. —
France : Port-Marly.
Capulus, Montfort, 1810.
26. ornatissimusy d'Orb., 18^8. Espèce voisine, par ses lames conceatrî({ues,
du C. sptrù'ostrisy mais s'en distinguant par son sommet non spiral, obtus, et
par ses stries longitudinales fines et non inégales. — France :1a Falaise^ Port-
Marly.
27. consobrinus, d'Orb., 4848. Espèce voisine du C cornu copicgy mais plus
large, plus courte, ornée de côtes rayonnantes bien plus saillantes^ plus larges
et régulièrement alternes ; des rides concentriques profondes. — France : la
Falaise près de Beynes, Vigny près de Gisors.
Emârginula, Lamarck, 1801.
28. cretacea^ d'Orb., 1848. Petite espèce, voisine de VE. Sanciœ-Catharinœ^
élevée, étroite, comprimée, ornée de onze grosses côtes rayonnantes, qui en
ont chacune trois inégales, intermédiaires. — France : la Falaise, près de
Beynes.
Helcion, Montfort, 1810.
29. Hebertiana d'Orb., 1840. Grande et belle espèce ovale, à sommet latéral,
ornée de quelques rayons indistincts et de quelques rides d'accroissement sur
les grands individus. — France : la Falaise, Vigny.
MOLLUSQUES LAMELLIBRANGHES.
Grassatella, Lamarck, 1801.
30. Hellica, d'Orb., 1848. Espèce oblongue^ également large partout, très-
bombée^ tronquée et presque carénée sur la région anale, courte du cdté
opposé, ornée de rides concentriques assez régulières (sous le nom de CythC"
rea obliqua), — France : Meudon (Seine-et-Oise), Vigny.
31. pisoHthica^ d'Orb., 1848. Espèce cilée comme le C. tumida, Lamarck,
mais n'ayant que peu de rapports avec celte espèce. Sa forme est oblongue,
bien plus étroite; plus allongée sur la région anale, plus droite sur la région
palléale. Son moule diffère complètement, par le manque d'impressions pal-
LE CALCAIRE PISOLITHIQUE. 65
léales profo ides, par ses empreintes musculaires aon saillantes, etc., etc.
— France : Meudon (Seine -et-Oise).
Cardita, Bruguiëres, 1789.
32. Hebertiana^ d*Orb., 1848. Espèce quadranjj^ulaire, renflée, armée d'environ
vingt-six grosses côtes rayonnantes, saillantes, carénées, pourvues dessus
d'une série de tubercules, et latéralement d'une saillie longitudinale (sous
le nom de Cardium pot^utosum). — France : Vertus (Marne), Port-Marly,
Meudon.
LuciNÂ, Bruguières, 1791.
33. supracretacetty d'Orb., 1848. Espèce circulaire, comprimée, ornée de côtes
petites, concentriques, inégales d'accroissement (sous le nom de Lucina
grata). —France : Meudon (Seine-et-Oise), Port-Marly.
CoRBis, Cuvier, 1817.
34. multilamellosa, d'Orb., 1848. Grande espèce ovale, voisine du C. pectun-
culus, mais beaucoup moins bombée ; à côtes concentriques très-rapprochées,
à côtes rayonnantes à peine visibles (sous le nom de Lucina contorta).
— France : "Vertus (Marne), Port-Marly, Meudon.
35. suhlamellosa, d'Orb., 1848. Espèce voisine et confondue avec le C. lamel-
losa, mais plus courte, bien plus bombée ; à côtes concentriques plus espa-
cées, moins régulièrement placées. — France : Vertus (Marne), Meudon, Port-
Marly.
Cardium, Bruguières, 1791.
36. pisolùhicum, d'Orb., 1848. Espèce rapportée à tort au C. granuiosum, dont
elle diffère par sa forme plus ovale, moins oblique, tronquée non oblique-
ment sur la région anale, enfin par ses stries, le double plus nombreuses.
— France : Meudon, Port-Marly (Seine-et-Oise).
37. Dutempteanuniy d'Orb., 1848. Espèce rapportée à tort au C. poruiosum,
dont il diffère par ses côtes arrondies, simples, plus rapprochées et non po-
reuses. — France : Meudon.
Arca, Linné, 1753.
38. supracretacea^ d'Orb., 1848. Espèce ovale-oblongue, comprimée, plus lon-
gue et plus étroite du côté anal, élargie et courte du côté opposé, subca-
rénée antérieurement ; ornée de oiôtes rayonnantes et de côtes concentriques .
croisées. — France ; la Falaise près de Beynes Vigny près de Gisors (Oise).
39. Merope, d'Orb., d848. Espèce voisine de la précédente, mais plus large et
plus anguleuse ; sur la région anale, elle est ornée de côtes concentriques
et rayonnantes bien plus grosses et plus saillantes. — France : Port-Marly.
40. Gravesii, d'Orb., 1848. Espèce voisine de forme del'J. Galiennei, mais plus
étroite, plus longue, ornée de côtes concentriques fines, avec lesquelles se
croisent des côtes rayonnantes (donnée sous le nom d'il, rudis). — France :
la Falaise près de Beynes, Meudon, Port-Marly (Seine-et-Oise), Vigny, Laver-
sines (Oise).
Mytilus, Linné, 1758.
41. Phœdrûy d'Orb., 1847. Espèce vobine, de forme et d'ornements, du if. iinea'
tus^ mais plus étroite et plus acuminée sur la région buccale, plus large et
moins oblique sur la région anale; ses stries rayonnantes plus interrompues.
— France : la Falaise.
ST. MEUNIER. 5
66 TERRAINS SECONDAIRES.
Lima. Brueuièrea, 1791.
42, CnroUna, d'Orb., 1818, Pelile espèce otale, ornée de fines stries tajon-
diMea el île lignes d'accroissemenl marqnêes (fig. 87}. — France : Meniloii
(S«iiie-et-Oise), Vigny, lu Falaise. l'orl-Marlj, Uvcriines lOise). C'est on de
foisîlea les plus cKraclirisiiqiie!.
, 27. -
II Cara/tna.
SpONOn-llB, Linné, 1758,
I. Aonis, d'Orb,, 1S4S. Petite espèce irrë^lière. ornés de stries rayonnontM
Unes, inégales, avci? lesquelles se croisent à peine quelques rares lignes d'M
croiisemenl. — France : Laversines.
CllAdA, Linné, 1758.
I. siipivcrelacea, d'Orb., 1848, Convexe, arrondie, forlemont contournée t^
elle-nifins, ornée de très-pstites cèles ooncenlriques, marquées de l^M
raiionnantcs aussi serrées que les cAles. — France : la Falaise, Heudon.
OsTREi, Linné, 1752.
>. Meg(n-a, d'Orb., 18A8. Petite espèce, obronde, convexe, ornée de cini
grosses cèles rayonnantes peu régulières, trèt-élargie H )a ri>gian pailéal*.
— France : la Falaise.
i. amanculala, d'Orb., 1847. — France : la Falaise.
MOLLUSQUES BRACHIOPODES,
Rmïnchonelt.*, Fischer.
. t>ieurifD,d'Orb.,i8S8.— Jiij£6c.inn(ruo,Schlolh.,Ca(.,p. ea.noTS
Burh, lHAm, de la Soc. géiS., III, p. 207, pi. ïn, Ilg. 6. — Suéde : Faiol.
. rfanicn, d'Orb., 1848. Espèce presque ronde, plus longue que large, i t
chet courbé et snillsnl ; ornée do cétcs fines, rayonnantes, dichotomca; et
misiure palléale relevée d'un cdtË et abaissée de l'autre. — Suéde : Faxot.
Tereshutula, Lwjd,, 1099.
, l'jiri'sn, Munst de Buch, Mém. de in Sk. géol., 111, p, 203. — Suède : Faxo«,,
AHIMACX RAYONNES.
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guei (Manche).
LE CALCAIRE PISOLITHIQUE. 67
CiDARis, Lamarck.
53. venulosa Desor, pi. vi. Agass., Cat.y 1867, p. 24. — Nord de l'Europe.
54. Forchhammeri, Hising., Leth, suec, pi. XX, fig. 2. — Agass., Cat., 1847,
p. 24. — France, Vigny, Laversines (Oise) . (C'est un des fossiles les plus
caractéristiques et sur lequel nous reviendrons.)
Ellipsomilia, d'Orb., 1847.
55. supracretacea^ d'Orb., 1848. Espèce voisine, de forme, de VE. obliqua^
également arquée, mais ayant extérieurement des côtes bien plus saillanto;*
et plus égales. — France : Port-Marly, Meudon, la Falaise (Seine-et-Oise),
Vertus (Marne), Laversines, près deBeauvais (Oise).
56. meudonensù, d'Orb., 1848. Espèce le double de la précédente, bien plus
large et plus comprimée ; les cloisons par groupes, séparées de trois en trois
par une bien plus saillante. — France : Meudon.
Calamophtllia, Blainville.
57. FaxoensiSf d'Orb., 1848. — Caryophyllia faxoensts, Beck, Lyell, ^847,
Trans, geol. Soc, of London, — Suède : Faxoë.
ÂSTRiEA, Lamarck, 1816.
58. Hehertiana, d'Orb. , 1 848. Espèce dontles cellules, très-cspacées, sont larges de
près de 2 millim., àsix doubles cloisons. — France : la Falaise près de Heynes.
59. Microphyllia^ d'Orb., 1848. Espèce dont les cellules espacées ont un milli-
mètre de diamètre, huit cloisons égales. — France : la Falaise près de Beynes.
PRiONASTRiEA, Edwards etHaime, 1848.
60. supracretacea, d'Orb., 1848. Espèces à cellules ovales, comprimées, multi-
lamellées, à columelle poreuse. — France : la Falaise.
Phylloccenia, Edv^ards et Haime, 1848.
61. Oceam'y d'Orb., 1848. Belle espèce, dont les cellules espacées ont un peu plus
de 2 millimètres de diamètre, multilamellées, profondes ; inter\'alles finement
ornés de stries onduleuses. — France : la Falaise près de Beynes.
62. Neptuni, d'Orb., 1848. Espèce dont les cellules espacées ont 6 millimètres de
diamètre, peu profondes et multilamellées ; intervalle finement strié. —
France : la Falaise près de Beynes .
AsTRiGA, Lamarck.
63. Calipso, d'Orb., 1848. Espèce dont les cellules rapprochées ont 2 millimètres
de diamètre, et sont pourvues de six doubles cloisons ; l'intervalle irrégulier.
— France : la Falaise.
PoLVTREiiACis, d'Orb., 1849.
64. supracretacea j d'Orb., 1848. Espèce dont les cellules sont intermédiaires, pour
la taille, entre les P. macropora et Blainvilliana^ les cannelures du pourtour
saillantes eq lames. — France : la Falaise, Vigny.
Enallhelia, d'Orb., 1847.
65. regularis^ f\*OT\i,j 1848. Espèce à rameaux comprimés, munis latéralement
de cellules ; stries extérieures très-régulières. — France : la Falaise près de
Beynes.
AMORPHOZOAIRES.
HiPPALiMUS, Lamouroux, 1821.
66. proliferus, d'Oib., iM^. — Anthophyllumproliferumyi^oW.y 1830, Petref.,
I, p. 46, pi. XIII, fig. 13. — Suède : Faxoë.
68 TERRAINS SECONDAIRES.
A la suite de ces intéressantes déterminations, Alcide d'Or-
bigny présenta quelques considérations que les progrès ulté-
rieurs ne firent que confirmer, et que nous croyons devoir repro-
duire à cause de leur intérêt historique : « Des 66 espèces que
nous connaissons, dit-il, en y réunissant celles de Faxoë, aucune
n'est, comme on Tavait pensé, . identique avec les fossiles du cal-
caire grossier du ba.ssin de Paris, et même nous pouvons aflfinner
que la faune fossile n*a aucun des caractères généraux des terrains
tertiaires. Les espèces prises pour le Cerithium glganteum n'ont de
rapport que dans la taille, car tous les ornements extérieurs et les
plis de la columelle sont différents. Il en est de même des Corbis
îamellosay des Cardium porulosum, des Crassatella tumida, qu'on
avait cru y voir ; toutes ces espèces sont totalement distinctes, et
ne sont pas réellement tertiaires.
» Considérées comme faune, toutes les espèces constituent,
au contraire, un faciès purement crétacé. On y voit, en effet, des
genres jusqu'à présent spéciaux à ces terrains : par exemple, les
genres Belemnitella^ Baculites ^Bhynckonella, etc. Si ces caractères
ne suffisaient pas, l'identité de quelques espèces communes avec
l'étage sénonien viendrait le prouver jusqu'à la dernière évi-
dence. M. Lyell cite à Faxoë le Belemnùella mucronata, spécial
partout à cet étage, et le Baculites Faujasii, propre à Maestricht.
Nous y avons reconnu deux autres espèces crétacées qui sont com-
munes entre l'étage danien et l'étage sénonien : ce sont le Fusu$
Neptuni et YOstrea canaliculata, qu'on trouve dans l'étage séno-
nien à Épemay, à Royan, et dans l'étage danien, à la Falaise, à
Vigny, etc. Ainsi donc, les espèces comme les genres en font bien
une faune des terrains crétacés. D'un autre côté, l'identité à Faxoé
comme à Laversines, comme à Vigny, du Nautilus danicus^ si bien
caractérisé par les sinuosités de ses cloisons et sa forme, prouve
que tous ces points dépendent d'une seule et même faune contem-
poraine. En résumé, l'ensemble numérique des espèces se divise
ainsi qu'il suit :
Espèces communes aux étages sénonien et danien à
Espèce commune entre la France et la Suède 1
Espèces spéciales à la Suède 8
Espèces spéciales à la France 53
62 62
Total égal à Tensemble 66 »
LE CALCAIRE PISOLITHIQUE. 69
On voit qu'Aie. d'Orbigny regarde le calcaire pisolithique comme
synchronique de la craie de Maestricht ; ce qui est conforme à Topi-
nion primitivement mise en avant par Élie de Beaumont.
Quoi qu'il en soit, il importe de signaler d'une manière spéciale
ceux des fossiles qui viennent d'être énumérés et dont la présence
est particulièrement caractéristique pour faire reconnaître le cal-
caire pisolithique. Ils sont d'ailleurs en petit nombre ; ce sont :
Le Trochus Gabrielis^ les Cerithium Carolinum^ dimorphum, uni-
plicatum, V Infundibulum supracretacea, le Capulus consobrinuSy le
Crassatella pisolithica^ les Cor bis muUilamellosa et sublamello$a^
le Cardium Dutempleanum, le Lima Carolina, YOstreacanaliculata^ le
Cidaris Forchhammeriy représenté le plus souvent par ses radioles.
Ce dernier constitue une espèce d'oursin de taille assez grande,
circulaire, renflé, à peu près également aplati en dessus et en
dessous, et dont nous empruntons la description à M. Cotteau :
Zones porifères très-étroites, profondément déprimées, flexueuses,
composées de pores petits, peu visibles, disparaissant sous le ren-
flement granuliforme qui les sépare. Aires ambulacraires étroites,
déprimées, flexueuses, garnies de deux rangées de granules épais,
aplatis, serrés, homogènes, non mamelonnés. A la face inférieure,
ces deux rangées se touchent et ne laissent la place à aucun granule
intermédiaire; au-dessus de l'ambitus, deux autres rangées rudi-
mentaires, incomplètes et formées de granules plus petits, se
montrent entre les rangées principales, mais elles disparaissent
avant d'arriver au sommet. Tubercules interambulacraires très-
gros, à base lisse, surmontés d'un mamelon saillant et toujours
perforé, au nombre de cinq par série. Scrobicules médiocrement
déprimés, circulaires et espacés au-dessus de l'ambitus, plus serrés
et subelliptiques en se rapprochant du péristome, entourés de gra-
nules épais fortement développés, mamelonnés, espacés et formant
un cercle scrobiculaire très-apparent. Zone miliaire assez large, dé-
primée à la suture des plaques, garnie de granules irréguliers,
.aplatis, serrés, inégaux, d'autant plus petits qu'ils se rapprochent
du bord des plaques. — Radiole très-variable dans sa forme, tantôt
grêle, allongé, cylindrique, tantôt épais, renflé, subglandiforme,
quelquefois fusiforme et plus ou moins acuminé au sommet,
toujours garni de granules épais, arrondis, inégaux, épars ou dis-
posés en séries longitudinales d'autant plus régulières que les ra-
dioles sont plus allongés ; l'espace intermédiaire est lisse ou fine-
ment chagriné. Souvent les granules sont rangés sans ordre sur un
TEKIUINS SECONDAIRI
des cûlés (lu radiole, et t'orment, sur l'autre face, des séries |
distinctes i il une assez grande dislance de la collei'elle, les gi-anulcs
s'atténuent et disparaissent. Collerette médiocrement développée,
linement sfi-iée, ciitionscrile par une ligne peu apparente. Boulou
lapais; anneau saillant, strié; facette articulaire lisse, fortemenl
OpisioN DE M. Hébert suk l'aue du calcaire pisoLiTniuuB. —
Du vient de voii- l'âge atlribué au calcaire pisolitliique par Alcide
d'Orbigny et par Élie de Beaumont. Telle n'est ce|)endant pas abso
lunieiil la manière de voii' de M. Hébert (1). Pour lui, le calcaire
pisoltlbi(|ue serait un peu plus récent que la craie de Maestricbt et
coiTespoudrait exactement au calcaire à Daculites de Valognes.
Objkcticiss de d'Aechiac. — D'Archiac s'éleva contre ces diverses
assimilations. « Si, dit-il (2), on a pu conclure trop vile, d'après des
moules, l'identité des Tossiles du calcaire piâolithique avec des espèc»
tertiaires, il sera facile de faii'e voir que de leur non-identité on s
prématm-ément admis un parallélisme qui n'existe pas. Nous preu-
dronslesrésultatsqui se déduisent du travail de M, Aie. d'Orbigny (3),
sans nous préoccuper de la valeur de déterminations faites avec dei
éléments encore peu nombreux, pencomplets et presque tous à l'élat
de moules ou d'empreintes ; la valeur absolue de telles détermina-
tions doit toujours être mie queslion réservée. Nous aurons soin'
aussi d'écarter de la liste les espaces qui ne se trouvent point dan»
le bassin de la Seine, car, eu les y laissant, elles fausseraient le ré-
sultat sans résoudre la question, puisqu'elles y introduiraient un
élément étranger. C'est ainsi que, pour prouver que celte faune a un
faciès purement crétacé, H. d'Orbigny dit qu'on y voit les genres
spéciaux à ce terrain, tels que les Seletnmtella, Baculiles, Rkyn-
c/ioneila, etc. Ûr, ces trois genres précisément n'ont pas encore été
vus dans le calcaire pisolithique du bassin de la Seine, et il importe
tuut aussi peu h la question que des espèces de ce genre soient com-
munes à la craie de Maestricht el à celle de Faxoê; autrement on
prendrait pour démontré précisément le parallélisme qui reste à.
prouver. En outre, \' Ostrea canaliculota [d'Orb.] ou lateratia {^i\i.),
signalé dans la ciaie de Royan et dans tant d'autres localités d'un
niveau parallèle ou inférieur, nous a paru ne pouvoir être séparé
(!) Hiibert, BuUet. de la Sot: géologique, 2' série, 1849, 1, VII, p. 73
(2J D'Arcliiac, Rist. des progrès de la géologip, iBH , l. IV, p. i/i'i,
[Si Vove* plus Jjuut, page 01.
LE CALCAIRE PISOLITHIQUE. 71
d'une huître assez commune dans la formation nummulitiquc des
Pyrénées. Le Fusm Neptuni (d'Orb.), que nous avons cherché en vain
dans la Paléontologie française^ et qui dans le Prodrome de paléonto-
logie universelle se trouve indiqué sous deux noms {F. Nereis dans
Tétage sénonien de Tauteur et F. Neptuni dans son étage danien),
nous est inconnu et est sans doute encore à Tétat de moule. Cotte
espèce, ni figurée ni décrite, car la phrase de Fauteur n'est pas une
description, serait la seule d'une certaine importance, puisque c'est
la seule qui rattache le calcaire pisolithique à la craie de France.
Quant à ses rapports avec la craie supérieure de Faxoë, ils sont
établis sur deux espèces, le Nautilus danicus^ (Schloth.) etleCie/am
Forchhammeri. M. Alcide d'Orbigny, qui cite cette dernière à Vigny
et à Laversines, ne la mentionne. en Suède que dans son Prodrome,
où il reproduit la fausse indication synonymique de MM. Agassiz et
Desor. »
Caractères stratigraphiques généraux du calcaire pisolithique.
— Cette question d'âge du calcaire pisolithique une fois écartée,
voyons les caractères de cette formation dans les principales loca-
lités où on l'a observée. Nous disions tout à l'heure que le dépôt de
la craie blanche a été suivi d'une émersion, puis d unedénudation.
Ces phénomènes ont pu être successifs ou simultanés ; mais, dans
tous les cas, ils ont produit des inégalités, comme des ondulations
à la surface de la craie.
C'est alors que, suivant les résultats de M. Hébert, la surface de
la craie a été de nouveau envahie par les eaux de la mer, qui toute-
fois n'était point suffisamment profonde pour la recouvrir com-
plètement : le centre du bassin pisolithique fut seul submergé
et les bords restèrent à sec. Ainsi s'explique l'allure variée de
la formation qui nous occupe dans les divers points où elle se
présente.
Mais le point sur lequel il faut insister dès maintenant, c'est
qu'entre le dépôt des dernières couches de craie et celui des pre-
mières couches de calcaire pisolithique, il s'est produit deux oscil-
lations, l'une de bas en haut, l'autre inverse, et que ces mouvements
ont peut-être même, si l'on admet les conclusions développées tout
à l'heure, été séparés par le temps très-long auquel répond la for-
mation de la craie de Maestricht.
D'ailleurs, ces oscillations ont été peu intenses et l'on peut croire
qu'elles ont été lentes ; car nulle part ne se présente à la base du
calcaire pisolithique de puissantes assises de galets ou de matériaux
72 TERRAINS SECONDAIRES.
de transport. On y voit bien en certains points des silex de la craie,
mais tout porte à penser qu'ils y ont été amenés peu à peu durant
uiie longue période.
Les circonstances qui ont accompagné le dépôt du calcaire piso-
lithique sont résumées dans la coupe idéale suivante de Vertus à
Montainville, par Meudon, supposée prise avant les déplacements
que le calcaire pisolithique a subis à diverses reprises depuis l'époque
s.o.
Montaxnoillt-
+
-T~n
Z—L
y\
^.J-.
FiG. 28. — Coupe de Montainville à Vertus, montrant la situation primitive
du calcaire pisolithique par rapport à la craie dénudée.
de sa formation (fig. 28). On comprend, à la vue de cette figure, com-
ment partout, sur les bords du bassin, le calcaire pisolithique est
adossé à la craie, tandis que dans le centre, à Meudon, il est en
stratification concordante avec elle (1).
Suivant une expression très-juste, c'est un dépôt essentiellement
démantelé, d'autant plus puissant que les inégalités qu'il a com-
blées étaient plus profondes.
L'étude de l'extension géographique du calcaire pisolithique
montre que les eaux qui l'ont déposé pénétraient dans le bassin
crayeux de Paris par une embouchure étroite resserrée entre le
pays de Bray et les Ardennes. Cette remarque est d'autant plus in-
téressante, qu'elle permet d'estimer, au moins dans une certaine
mesure, l'âge du soulèvement du Bray, et de le rapporter à l'époque
qui s'est écoulée entre le dépôt de la craie et celle du calcaire piso-
lithique (2).
Au point de vue géologique, le pays de Bray se présente comme
une exception très-remarquable, et qui saute aux yeux à la simple
inspection de la carte géologique de France. Les couches relati-
vement anciennes du terrain crétacé inférieur s'y soulèvent, en
effet, comme par une sorte de boutonnière à travers la craie forte-
(1) Bullei, de la Soc, géologique, 2* série, 1849, t. VI, p. 722.
(2) Ibid., 2® série, 1855, t. XII, p. i279.
LE CALCAIRE PISOLITHIQCE. 73
ment relevée. Cette constitution prend d'autant plus d'intérêt, que
Ton constate les rapports de la direction suivant lesquels le soulèvi^-
ment a eu lieu avec la direction d'autres phénomènes géologiques
indiquée, par exemple, dans une région toute voisine, par le cours de
la Seine.
Mais revenons au mode de dépôt du calcaire pisolithique. Tne
barre sous-marine (1) garantissait le golfe de l'action des marées;
car, autrement on ne comprendrait pas l'absence des galets, la ri-
chesse extrême delà faune pisolithique, etrabsence,dans cette faune,
des espèces pélagiennes ou de haute mer. Ce golfe, très-semblable à
celui qui plus tard enferma la mer du calcaire grossier, recevait au
moins un affluent d'eau douce, révélé à l'est par les débris de pois-
sons du mont Aimé (Marne), localité qui présente des sables et des
argiles fluviatiles riches en végétaux, comme on le verra tout
à l'heure.
£n résumé^ on reconnaît à la fois une discordance indiscutable
de stratification entre la craie et le calcaire pisolithique, et une
communauté d'histoire géologique de ces deux formations. Les
changements dans la forme du littoral sont, en eiïet, très-pro-
gressifs et ne peuvent dériver que de mouvements lents et faibles.
Cette circonstance s'ajoute à d'autres pour faire maintenir le cal-
caire pisolithique dans le terrain crétacé. On verra plus loin com-
ment, dans nos environs, la limite entre les terrains secondaires et
les terrains tertiaires est au contraire marquée nettement par des
mouvements d'ensemble et des érosions considérables, après les-
quels la discordance de straliticalion est des plus nettes.
Calcaire pisolithique de Meudon. — Dans un très-grand nombre
de localités, le calcaire pisolithique accompagne la craie dont il
semble parfois n'être qu'un accident. C'est, par exemple, ce qu'on
observe à Meudon, où, comme nous l'avons déjà dit, le calcaire
pisolithique est réduit à des couches peu épaisses parallèles à celles
de la craie (2).
Dans cette localité, la formation qui nous occupe est surmontée
de marnes blanchâtres enveloppant des fragments calcaires et que
M. Ch. d'Orbigny regarde aujourd'hui comme crétacées. Au contraire
M. Hébert les rapporte au conglomérat de l'argile plastique.
(1) Voyez une note de M. Hébert à ce sujet dans le Buliet. de la Soc. géologique,
2^ série, 1852, t. X, p. 178.
(2) Bullef. de la Soc, géologique, 2« série, 1855, t. XII, p. 1274.
Eli loiil ras, ces manies sont encore plus développées k Boupvil
el à Poil-Harly, où elles atteignent 8 et 10 mètres.
Calcairs pisolitbique de vignï. — A Vigny, dans le déparlemtil
de Seine-et-Otse, le calcaire pisolithique atteint 25 mètres de puis-
sance (1). n'est une sorte de tut cimenté après coup par un calcaim
concrétionné, abondant principalement dans les couches supé-
rieures. Les fossiles y sont eux-mêmes enveloppés d'une croùlt
calcaire et rarement entiers. Les baguettes de Cidaris Forchhammtri
y sont fréquentes, amsi que de tiès-beaus esemplaires de polypitn.
Les moules de fossiles sont pour la pluprt très-reconnaissabie».
M. Hébert a recueilli, principalement dans la partie supéi
mêmes espèces que dans le calcaire pisolithique de Meudon. Il n"!
a trouvé, bien entendu, aucune coquille tertiaii*, et en décrivaDt setf
trouvailles, il insista beaucoup sur ce point, que des six espèces
grands cérilesqu'il a trouvés à Vigny, aucune n'est le Cerithim
^if^anfeum que M. Ch. d'Orbigny avait cru trouver dans le calcaùA
pisolithique. A Vigny, le calcaire pisolithique est adossé au norit
contre la craie blanche, sans interposition visible d'aucune coudis.
Cette disposition est identique à celle qu'on observe à Laversinesi
Calcaire pisolitihoi'e de iMontàin ville. — On observe le long ds
la Mauldre, à Montainville et à Falaise, un beau lambeau de calcai»
pisolithique dont l'étude est particulièrement commode pourlt
géologues parisiens. Il a 25 mètres d'épaisseur, et ofl'i-e des
lëres très -analogues à ceux que nous venons d'indiquer pour la
pierre de Vigny. On y trouve les mêmes fossiles, particulièrement h
moule d'un grand Cérîte, des empreintes d'autres espèces de o»
genre, puis des Nérinées, un Hemiaster, un Pleurotoraaire qui aurait
son analogue dans la craie du Cotentin, des polypiers qui auraient
les leurs dans celle de Maealricht, etc. Sur la rive gauche deh
Mauldre, une bonne coupe de ces assises est mise à découvert ilaiii
le chemin qui conduit de la grande route à Montainville. M. Hébert
n'hésite pas à regarder ces lambeaux comme parallèles à ceui
des environs immédiats de Paris, et il adopte l'opinion d'Élie de
Beaumont pour les placertous à Ja partie supérieure do la forma-
tion crétacée.
Cu-CAlRE PisoLiTniQi'E d'Amhi.eïille. — A l'extrémité du parc d'Aw-
bleville, à 8 kilomètres ouest de Magny (Seine-et-Oise), le calcaire
pisolithique est exploité depuis longtemps comme pierre dec<M-
(1) liu/kl.i'elaSoc. jt/o/ojiçw, 2' série, 1855,1, \11, [•. 1321,
LE CALCAIRE PISOLITHIQUE. 75
struction. La roche est friable, d'un beau blanc, durcit à Tair et res-
semble à h pien^e de Falaise qu'on exploite au mont Aimé. Elle est
surmontée d'argiles qui la séparent du calcaire grossier inférieur et
qui appartiennent à l'horizon des lignites (1).
Calcaire pisouthique de Flins. — M. Hébert signale la même
formation (2) dans le village même de Flins-sur-Seine, canton de
Meulan. On y voit deux bancs durs qui rappellent tout à fait l'aspect
du banc supérieur de Vigny et du mamelon situé sur la rive droite
de la Mauldre, en face de Montainville. On y voit le petit Lima Caro-
lina et les autres fossiles ordinaires du calcaire pisolithique.
Calcaire pisolithique de Montereau. — Dans le département de
Seine-et-Marne, à Montereau, M. Ch. d'Orbigny a signalé dès 1837
plusieurs carrières où le calcaire pisolithique est exploité sur 3 et
k mètres d'épaisseur, sans que rien indique que là s'arrête sa puis-
sance. On n'observe pas de superposition à la craie blanche, et il
est recouvert par une couche de sable tertiaire de 2 mètres, avec de
petits Jits de silex. Les fossiles, à l'état démoules ou d'empreintes, sont
peu nombreux, et ont été rapprochés tout d'abord, comme ceux de
Bougival et de Meudon, des espèces du calcaire grossier. On retrouve
le calcaire pisolithique très-puissant à Esmans, à 5 kilomètres au
sud de Montereau, où Ton exploite une série de bancs horizontaux
de calcaire blanc compacte, homogène, de 9 iHO mètres d'épisseur
totale, très-dur vers le bas et reposant sans intermédiaire sur la
craie. M. Hébert n'y a trouvé qu'un moule de grand nautile qu'il
compare à celui de la craie supérieure de Maestricht. Nous-même y
avons recueilli un bel oursin qui nous parait avoir tous les caractères
du Cidaris Forchhammeri.
Calcaire pisolithique de Laversines. — Graves (3) a signalé eu
1831 à Laversines, près de Beauvais, des couches reposant surlacraie,
à laquelle elles sont en même temps adossées et dont les sépare un
mince lit de marne.
Ces couches s^élèvent sous la forme d'un escarpement de 10 à 12
mètres sur 100 mètres de longueur et 10 de large.
Vers le haut, elles consistent en un calcaire plus ou moins jau-
nâtre, friable et celluleux composé presque exclusivement de fossiles
(1) Hébert, Bullet, de la Soc, géologique, 2^ série, 1850, t. VII, p. 135.
(2J Hébert, ibid., 1852, t. X,p. 185.
(3j Essai sur la topographie géognostigue du département de roise, p. 166.^
In-S*», Beauvais, 1847.
TERRAINS SKCONDAtRES.
brisés. On y trouve quelques siies cornés, grisàlres, se fondant dam
la masse, et dont l'aspect <!st [out à fait caractéristique du ttirraid
de calcaire pisolithique. Dans le bas, le calcaire de Laversines e
plus dur et plus solide.
Pendant longtemps, l'âge du calcaire de Laversines est resté u
sujet de discussion. M. Ch. d'Orbigny et d'autres géologues le ra|
portèrent au terrain tertiaire inlérieur.
Mais divers observateurs, frappés de son analogie d'aspect avi
la craie de Maestrîchl et la craie de Valognes, le considérèrent conts
crétacé.
Graves leva tous les dontes par l'élude des espèces que renferma
la pierre de Laversines en abondance et qui sont toutes crétacées,
plus de 60 de ces fossiles, 51 ont été rapportés à des espèces déjl
connues dont 23, principalement des polypiers, se reti-ouveraienl
d'après l'auteur, dans la craie de Maestrîcht, 3 ou ù dans celle dfl
environs de Valognes, 12 dans le groupe de la craie tuffeau, quelques
uns dans la craie blanche el dans la craie supérieure de Scanîsî
entre autres le Cidaris Forckhammeri. Les béleniniles, cointue li
céphalopodes Ji cloisons perciliées, y manquent complètement. Ile
remarquable qu'on y ail trouvé si peu d'espèces de la craie blancbet
avec laijUL'llc oc lambeau est en contact, tandis qu'il y en a un
grand nombre qui sont identiques avec celles de pays fort éloignés
avec celles de la craie tnU'eaii. Les résultats paléonlologiques diffè-
rent d'ailleurs presque complélement de ceux que nous avons vus
déduits de l'ensemble de la faune du calcaire pisolithique de localités
plus voisines de Paris, calcaire dont le lambeau de Laversines doil
être néanmoins considéré comme faisant partie.
CiLCAiHE pisouTHiouE DL" HOST AiMÉ. — Pour Icrminep cette revue
géographique de quelques-unes des localités oii se présente le cal'
caire pisolithique, citons le département de la Marne, où, goïùb»-
nous l'avons déjà dit en passant, celle formation est trëâ-dére*
loppée.
La coupe suivante montre sa disposition d'A^vize au mont
Aimé (fig. 29).
Au mont Aimé, le calcaire pisolithique est esploilé sur 20 métros
d'épaisseur. Sa puissance totale esl de 25 mètres. Les bancs supé-
(l) BuUet. de l'i Soc. -jMo'jifjtie, 2" série, IS18, I. V, p. 3B9. — Voje» autii
lur telle iocalili-, le môme Recufi/, isas, I. IV, p. 517; 1819, l, V[, p. 701, et
18J2, 1. S, p. 178,
s
LE CALCAIRE PISOLITHIQUE. 77
rieurs sont délités et impropres à la taille, mais plus bas se trouvent
d'excellents matériaux.
Les couches moyennes sont littéralement pétries de fossiles.
On y trouve ces silex qui se fondent dans la roche, déjà signalés
à Laversines, et qui constituent le corps le plus constant du calcairt
pisolithique.
FiG. 29. — Coupe du mont Aimé à Avize. (Marne).
4. Traycrtiti de la Brie. —3. Sable de Vargile plastique. — 2. Calcairo pisolithiquo. — 1. Crai«'.
En choisissant les échantillons, on peut passer du silex pyro-
maque proprement dit au calcaire légèrement siliceux. A mesure
qu'on étudie des couches plus inférieures, on constate que les silex
deviennent plus abondants et plus semblables en môme temps aux
silex de la craie. On en voit même du mont Aimé un lit de 30 à ^0
centimètres qui sont identiques avec ces derniers.
Dès 1838, Viquesnel a fait connaître (1) cette intéressante forma-
tion et en a donné la coupe suivante, qui va de haut en bas.
10. Calcaire compacte d'un blanc sale, mélangé de sable par\
places, et renfermant des corps cylindriques
9. Calcaire blanc jaunâtre celluleux, composé de moules de
coquilles réunis par un ciment de même nalure peu abon-
dant. Ce banc épais forme le haut de Tescarpement. / 15 m. env.
Le calcaire n° iO, qui le couronne par places n^existe pas
partout
8. Calcaire exploité semblable au n^ 20
7. Marne blanchâtre
6. Calcaire compacte gris jaunâtre, poudingue faux rempli de dé-
bris de corps organisés et de nodules de calcaire blanc friable. . 0, 70
5. Marne gris jaunâtre sans fossiles 0,70
A. Marne calcaire 0^25
3. Marne et calcaire marneux feuilletés alternant ; traces de végé-
taux carbonisés 2,00
2. Marne gris bleuâtre, exploitée pour amender les terres 0,70
1 . Marne argileuse noirâtre 1 lOO
Environ 20 mètres.
(1) Viquesnel, Bullet.dela Soc. géologique y 1838, t. IX, p. 296.
7^ TEUâEe SDûKmiKES.
Aa fl»ûiit AîiDe, v^ï a i^HoetOî surcessÎTeiiient de très-nombreux
(cissîlts pÎ5c4îtliiqiies. Emis le nombre, noos citercms tout d^abord
des TtèfléUnx qui ont été étudies pour M. Pomel d*ane manière spé-
cble l . Le £eni^ Mtrdamîî^ï >\ îrfmr^mt représenté pom* la pre-
mière foisà Tètat fossile, avec on Afplfmivm^ un Aspidium^ un Sphe-
mopterù^ des feuilles Totsines de celles du châtaignier^ du Corylus et
du Cmprifùiîifm : mais il n'y a point de palmiers ni de conifères.
Comme on Toit, ces végétaux, montrent une grande différence ayec
ceux des dépôts plus anckns et des dépôts plus récents, en se rap-
procbant toutefois des formes secondaires, pour s^écarter des formes
tertîaines.
A côté de ces plantes, ks animaux sont très-nominaux, et il est
indispensaJUe d en citer quelques-uns.
Les poissons s<»it repiésentés par de nombreuses dents de squales
et même par des em|Heintes complètes proTenant d'une mince
couche d'harpie d^origine fluTÎatîle, mentionnée déjà plus haut et
qui contient en même temps des Tègétaux.
Cwomme reptiles pisolîthiques, il faut citer en première ligne 1^
Gariaiis tmacrorkynckms^ dont on possède de beaux échantillon^.
(Test une espèce de crocodili^as ayant le museau allongé des ga-
vials, la forme concavo<onvexe de leurs vertèbres, à peu près b
même disposition dentaire, et paraissant ne se distinguer de l'espèce
actuelle que par quelques modifications dans la disposition des
sutures crâniennes et par quelques légères différences de formes. On
peut eu voir au Muséum des échantillons décrits par de Blainville.
M, Hébert en a rapporté du terrain crétacé de Maestricht qui, comme
on a vu, offrent avec le calcaire pisolithique de très-apparentes ana-
logies.
M. de Brimont a découvert au mont Aimé une belle carapace de
tortue. D'après M. Paul Gervais, elle provient d'un animal voisin des
Tn'onyx ou des Chélonées, mais différant certainement, comme
genre, des espèces citées précédemment. « C'est, dit-il, un fossile
à rechercher, et dont la description offrira un intérêt incontes-
table (2). »
Un peu au nord du mont Aimé, le calcaire pisolilhique forme la
falaise qui domine Vertus et que représente la figure. Depuis un
(1) Supplément à la Bibliothèque universelle de Genève^ Archives des sciences
physiques et naturelles y 1847, t. V, p. 301,
(2) P. Gervais, Zoologie et Paléontologie françaises^ p. 440, In-4o. 1859.
LE CALCAIRE PISOLITHIQUE. 79
temps immémorial, de vastes carrières sont ouvertes dans cette
roche, connue dans la pratique sous le nom de pierre de Falaise.
Sur la façade extérieure elle est dure et offre des indices de strati-
fication; mais à Tintérieur elle est fort tendre, friable nit^nie,
presque en masse et d'un blanc de lait.
Malgré sa friabilité crayeuse, on la travaille en pierre de taille,
4^r elle durcit promptement à Tair et est fort durable. D'anciens
édifices de la contrée en sont construits.
TERRAINS TERTIAIRES
NOTIONS GÉNÉRALES
Lé calcaire pisolithique marque aux environs de Paris la fin de
l'époque secondaire. A sa suite a commencé la longue série tertiaire.
Celle-ci, composée de termes liés intimement entre eux, se distingue
absolument de la période crétacée, non-seulement par Textension
géographique de ses divers dépôts, mais encore et surtout. par sa
faune innombrable, dontaucun membre n'existait lors de la période
antérieure. Comme M. Deshayes le fait remarquer à ce sujet (1),
« à mesure que les études se sont agrandies et perfectionnées sur les
fossiles des terrains nummuli tiques, on a vu disparaître peu à peu
les erreurs de détermination qui avaient fait croire à un assez grand
nombre d'espèces analogues entre les terrains tertiaire et crétacé.
Quelques espèces restent encore obscures et incertaines, et Ton
concevra la difficulté de décider à leur égard, lorsque Ton saura
qu'elles appartiennent à ce genre si difficile des huîtres, dans lequel,
ainsi que le savent tous les observateurs, les formes extérieures
sont excessivement variables et les caractères spécifiques quelque-
fois presque insaisissables. » — « Nous pouvons répéter sans crainte
aujourd'hui, dit plus loin le même auteur, ce que nous disions
en 1831, à savoir, que la faune du terrain crétacé ne présente
aucune espèce identique avec celles des terrains tertiaires; et,
quand même on viendrait à prouver irrévocablement qu'il existe
un petit nombre d'espèces communes aux deux terrains, il n'en
serait pas moins vrai qu'ils sont profondément séparés par l'en-
semble de tous les êtres qui ont vécu aux deux époques : car,
(1) Deshayes, Description des animaux sans vertèbres découverts dans le bas-
sin de PariSf pour servir de complément à la Description des coquilles fossiles
des environs de Paris, t. I, p. 34. In-4», 1864.
NOTIONS GÉNÉRALES. 8ff
il faut le dire, cette règle générale ne s'applique pas seulement
aux mollusques ; les autres classes d'animaux ont éprouvé les
mêmes vicissitudes, et il en est de même aussi de ce qui regarde
le règne végétal, la flore crétacée ne présentant jusqu'ici aucune
espèce identique avec celle des terrains tertiaires. Celte extinc-
tion totale de tous les êtres à un moment géologique déler-
. miné est certainement un des phénomènes les plus étonnants que
présentent les lois de la création ; d*autant plus que les terrains,
dans leur dépôt, ne semblent accuser aucun de ces grands phéno-
mènes qui, à d'autres époques, ont troublé la surface de notre
globe. Mais> combien ne sera-t-on pas étonné davantage lorsqu'on
aura la preuve que ce phénomène de destruction et de création
nouvelle s'est répété jusqu'à cinq fois, et à des distances probable-
ment inégales dans rinconunensurable série des temps, depuis la
première apparition des êtres organisés jusqu'à l'épocjue dont
l'homme est devenu le témoin. »
Le terrain tertiaire de Paris n'est nettement limité que vers l'est
par le terrain crétacé, sur lequel il repose. Au nord, il se lie intime-
ment à celui de la Belgique, tandis qu'au sud il se fond avec celui
du bassin de la Loire. Vers l'ouest, il descend jusqu'à la mer, et en
Bretagne il est représenté par une série de lambeaux disséminés
à la surface des terrains de transition. Suivant la remarque de
d'Archiac, les formations tertiaires révèlent dans le bassin de Paris
une succession de phénomènes dont le nombre, la variété et la
symétrie ne se rencontrent nulle part au même degré. En effet,
« dans le nord de la France, dit-il (1), soit que l'on considère les-
couches tertiaires sous le rapport de leur origine marine ou d'eau
douce, soit qu'on les envisage sous celui de leurs caractères miné-
ralogiques, argileux, marneux, calcaire, gypseux ou siliceux, à l'état:
solide ou à l'état meuble, ou enfin relativement à la distribution des
corps organisés fossiles par faunes distinctes, à des niveaux déter-
minés et constants, on trouve partout une régularité et une symétrie
remarquables, qui appellent l'attention sur les causes variées qui
ont dû présider à cet arrangement. Mais, hâtons-nous de le dire,,
ce serait une erreur profonde que d'y voir un type auquel doivent
être comparées les autres formations tertiaires. Ces alternances
répétées d'assises de nature et d'origine différentes, cependant con-
(1) D'Archiac, Histoire des progrès de la géologie de iS3à à 1845, t. II, 1849»
p. 506.
ST. MEUNIER. ^
82 TEHRAINS TERTIAIRES.
tinues et consei-vant les mêmes caractères sur des éludes compa-
rables, sont le résultat de circonslaoces exceptionnel les qu'il sérail
imprudent de vouloir retrouver ailleurs reproduites dans le même
ordre, »
Nous rappellerons que l'on divise d'une manière générale k
terrain tertiaire en inférieur ou éocéne, moyen ou miocène el i^/l^
rieur ou pliocène. Ces trois noms, dérivés du grec par M, Ljell,
ont une étjiuologie bien connue. Le premier, qui vient de Jtàç,
aurore, et xanh^, récent, signifie que, dans le terrain éocène, ùo
assiste à la première apparition des espèces animales actuelles. Le
nom de pliocène {itXiïov, plus), donné à l'étage supérieur, signifie
qu'il contient proportionnellement plus d'espèces vivantes que le
moyen ou miocène (fiiToï, moins).
C'est presque exclusivement de la division inférieure, de l'éocèD^
que nous aurons ici à nous occuper. Les deux autres sont cepeii<
danl représentées par quelques assises.
La clasaiGcaliou h établir parmi les couches tertiaires du terrain
de Paris ne pourra être bien saisie qu'après la description do ca
couches. Cependant il est indispensable de la pi-ésenter ici d'une
manière synoptique, afin de guider le lecteur dans ses éludes uflé-
rieures. Cuvier et Brongniart y distinguaient simplement trois
rains d'eau douce régulièrement séparés par deux terrains i
rins (1). Cette classification, qui ne présente plus qu'un intérA
purement historique, doit cependant être rappelée. La voici ;
Harnea d'eau douce BupËrieurei.
Meulières coquillièrea.
HeuiièreB non coquillières.
6. Calcaires et marnes marins supérieiin
j Troisîèrao grès et sablo marin.
' i Marna» gypseusea marines,
i. Marnes d'eau douce.
3 I GjpBE k oBscmenls.
' I Calcaire siliceux.
( Calcaire grossier el lo grès qu'il cou-
' i tient souvent,
grès.
S. Troiiième et demi
) . Premier terrain il'eau douce, .
j Lignite
( Argiles plastiques.
f Les progrès de la science ont successivement apporté de profonds
(I) OeseripUon sMogiqtie ttrs environs de Paris, 3= édit., 1835, p. 26.
NOTIONS GÊNiRÀLES.
83
CLASSIFICATION DU TERRAIN TERTIAIRE DE LA FRANCE SEPTENTRIONALE
. TERRAIN
TERTIAIRE.
SUPÉRIEUR
ou
PLIOCÈNE.
MOYEN]
ou
MIOCÈNE.
ÉTAGES.
ASSIIES.
\ SUPÉRIEUR.
MOYEN.
2. AUuvions de Suint- Prest.
1. Conglomérat ponceux de Perrier.
( INFÉRIEUR I Crag du Cotentin.
1 Mollasse d^eau douce supérieure (hori-
zon d'CEningen ou des lignites du
Rhin).
i Faluns de Touraine, sables de la So-
( logne, sables de TOrléanais.
( Calcaire de Beauce et meulière de
( MeuJon.
5. Sables d'Ormoy.
d. Sables et grès de Fontainebleau.
3. Meulières et calcaires de Brie.
2. Marnes vertes.
't Fontainebleau. ^ i* Marnes à Cyre/ta convexa,
2. Marnes à limnées de Pantin.
( Gypses et marnes à Paiffothermm
\ Travertin de Champigny.
3. Marnes et calcaires à Pholadomya
iudensis,
2. Calcaire siliceux de M. Owen.
1. Sables et grès de Beauchamp.
niVÊRIEUR.
Groupe
supérieur.
Groupe
inférieur.
Sables de
SUPÉRIEUR.
1.
Groupe
supérieur.
MOYEN.
Sables de
Beauchamp.
Groupe
inférieur.
INFÉRIEUR
ou
ÉOOÉNE.
Calcaire
grossier.
Groupe
supérieur.
Groupe
moyen.
lufFÉRIEUR.*
Groupe
inférieur.
2. Calcaire grossier supérieur, ou cal-
caire à cérites.
1. Calcaire grossier inférieur.
( Sables de Cuise à Nummuh'les pla*^
\ nulata et sables quartzeux saoe
V fossiles.
2. jLJgnites du Soissonuais et grès à
végétaux, fausses glaises et sables
d'Auteuil (Paris).
1. Arjgile plastique de Meudon.
f^. Conglomérat à Coryphodon; sa-
- blés de Bracheux.
3. Calcaire de Rilly à Physa gigan-
tea et calcaire à végétaux de Sé-
zanne.
2. Sables de Rilly.
1. Poudingue de Nemours et cailloux
de Rilly, etc. (cordon littoral).
8'i TERRAINS TERTIAIRES.
changements à cette classification, dont on retrouve cependant des
vestiges dans les travaux les plus récents. Aujourd'hui la classifica-
tion en série linéaire des couches qui vont nous occuper est plus
difficile que jamais. Nous nous rendrons compte facilement de cette
circonstance dans l'étude de chacune d'elles, et Ton comprendra
comment la classification, vraie dans un point, peut être en défaut
dans une localité même voisine : source de discussions passionnées
souvent très-longues auxquelles la plupart des terrains ont donné
lieu.
Le tableau qui précède résume la classification admise par M. Hé-
bert (1) ; mais nous ne dissimulons pas qu'elle est elle-même
sujette à contestation dans plusieurs de ses parties, sur lesquelles
nous insisterons à mesure que nos études nous les ferons ren-
contrer.
Répétons, après avoir donné ce tableau, que le nom de son au-
teur, nous a engagé à reproduire que nous ne nous croyons aucune-
ment lié à le suivre dans tous ses détails, et que dans plusieurs cir-
constances nous croirons même devoir modifier un peu Tordre
adopté par le savant professeur de la Faculté des sciences.
L'ARGILE A SILEX
Avant de commencer à décrire les formations tertiaires, il faut
éliminer, pour ainsi dire, un terrain dont l'âge est encore incertain,
mais que diverses considérations portent néanmoins, comme on va
W. voir, à faire considérer comme répondant à l'aurore des temps
tertiaires.
C'est V argile à silex^ désignée aussi sous le nom de terrain super-
ficiel de la craie. On peut l'observer, par exemple, tout près de
Paris, dans cette localité déjà citée de Beynes, sur les bords de la
Mauldre, où elle se présente sous Taspect d'une terre rouge toute
remplie de silex et de fossiles crétacés. Elle n'est pas disposée en
couche régulière, et l'on remarque que presque toujours la surface
supérieure de la roche sous-jacente est très-éloignée d'être hori-
zontale. On y voit des excavations parfois si profondes, qu'on n'eu
trouve pas la fin, et disposées sensiblement dans une direction ver-
(i) Addition à Lyell, i* Ancienneté de r homme, p. 9. Paris, 1870.
: L'ARGILE A SILEX. ft5
licale. Elles sont remplies par Targile k silex dont ré|Kii$soiir varit»,
par conséquent, d*une place à une autre dans la mesure la plus
large.
Argile a silex de la Touraixe et de l*Anjou. — L*argile à silox
a été d'abord signalée, par MM. Dujardin et Triger, dans la Tourainc
et dans l'Anjou, où elle se présente intercalée entre le terrain cré-
tacé et le calcaire d'eau douce. On doit lui rapporter sans doute un
dépôt de silex que M. de Cazanove a signalé au mont Août, dans le
département de la Marne (1). Ces silex, qui sont exploités, ont été
longtemps rapportés à l'étage des meulières; mais ils contiennent
Jes fossiles les plus caractéristiques de la craie, comme Ostrea vesi-
culariSy Magaspumilus, Terebratula camea, Rhynchonella octoplicata^
Janira Dutemplei^ etc. Immédiatement au-dessus de celte couche de
silex se présente la craie jaunâtre, à peine traçante et renfermant le
Belem n ite l la mucronata .
Argile a silex de l'Eure et d*Eure-et-Loir. — C'est dans
l'Eure et dans l'Eure-et-Loir qu'elle occupe les plus vastes surfaces.
Elle a été successivement étudiée dans ces diverses localités par
MM. Desnoyers, Laugel (2), Hébert, etc. Dans l'Eure-et-Loir, elle
contient des blocs d'un grès remanié dépendant, suivant quelques
géologues, du terrain crétacé, et que dans le pays on appelle ladère.^
Ce sont des blocs d'un grès à gros grains anguleux, cimentés par
de la silice. La plupart des plus volumineux de ces blocs ont
servi aux cérémonies druidiques dans le temps où la ville de
Chartres était le centre religieux le plus important de la Gaule.
C'est pourquoi M. J. Desnoyers désigna le grès en question sous
le nom de grès druidique, qu'il porte aussi en Angleterre. A ce
sujet, il y a lieu de regretter que, malgré leur intérêt historique,
beaucoup de ces blocs soient exploités comme matériaux de con-
struction, et il faut espérer que, par une mesure analogue à celle
qui assure désormais la conservation des blocs erratiques de la
Suisse, on préviendra la destruction totale de ces monuments inté-
ressants.
Si l'on étudie la constitution du sol du côté de Chàteaudun
on retrouve les grès ladères, non plus à l'état de blocs isolés, mais
en couches continues. M. Laugel leur attribue l'âge du calcaire de
Beauce, ce qui donnerait à l'argile à silex de ces régions une date
(1) De Cazanove, Builet, de la Soc, géologique, 2^ série^ 4 853, t. X, p. 240.
(2) Laugel, Bidlet. de la Soc, géologique, 2« série, t. XIX, p. 153.
^^^^^H TERRAINS UltTlAlRES.
très-récenle ; mais il parait plus esacl d'y voir, comme nous le di-
sions tout â l'heure, des grès crétacés, associés aux silex de la craie
par suite du remaniemeut qui a précédé le commencement de k
période Icrliaire.
Il faut d'ailleurs dire tout de suite que l'argile à silex a, âani
maintes localités, été remaniée de nouveau parle phénomène di-
luvien, de façon que souvent elle offre Ji l'observateur l'ensemble
de deux assises superposées, analogues pour l'aspect et la composi-
tion, mais dont la formation appartient à des Ages géologiques trËs-
écarlés l'un de l'autre.
Age db l'argile a silex. — Le même nom d'argile à silex a été
donné par différents géologues à des formations qui sont loin d'être
identiques entre elles pour la composition, pour l'origine et pour
l'âge.
Dans certaines localités cette argile supporte toute la série tov
tiaire : son âge est alors évident et son étude spécialement inslruo^
live. Nous allons y revenir.
Ailleurs, et spécialement en Picardie, elle est peut-être I
résidu de l'érosion subie par les argiles k lignites et les sables qnï
l'accompagnent. Aussi, M. de Mercey (1), dans un mémoire int^
ressant sur cette question, écrit: « 11 nous parait probable que l'ar-
gile à silex (considérée comme antérieure au calcaii'e ^ossier par
MM. Hébert et Triger qui l'ont spécialement étudiée) a été déposa»
à la suile du phénomène qui a enlevé les sables et les argiles à li-
gnites d'une manièi'e presque complète, pour n'en laisser pouralDa'
dire subsister que de rares témoins sur les points élevés, a
D'après le même géologue (3), l'argile àsitex que nouscitions tout
à l'heure è Beynes daterait de l'époque du calcaire grossier, lequel
repose comme elle sans intermédiaire sur la craie. Autour de Sainl-
Quenliu, dans le département de l'Aisne, l'argile à silex empâte des
Iragments de calcaire grossier ouramulit i que, et doit par conséquent
être considérée comme plus recente que lui . Suivant la l'emarque de
M. de Lapparent, elle serait post-miocène sur les plateaux des envi-
rons d"Évreux,oii elle se soude intimement avec l'argile à meulières
supérieure. Enfin, d'Archiac n'hésitait pas à regarder le terrain
qui nous occupe comme appartenant à l'époque quaternaire (
diluvienne.
(1) DeMercej, BuUet.de la Soe. géologique de Fratice, 2" lérie, 1. XXI, p. i
(2) Idem, Ibid., 3- téne. 1872, l. 1, p. 136.
L'ARGILE A SIL£X. 87
On comprendra aisément, d'après ce que nous venons de voir,
que diflereuts géologues aient déclaré impossible de déterminer
l'âge de l'argile à silex, dont Thistoire parait comprendre toute
la période tertiaire. Mais on peut être d'un avis tout différent, et
penser que le nom d'argile à silex doit être réservé à la for<-
mation très-nettement définie qui l'a portée la première. Dans
cette manière de voir, on attribuerait un autre nom aux argiles à
silex superficielles du bassin de Paris, et Ton réserverait la déno-
mination qui nous occupe au dépôt signalé depuis longtemps
par MM. Dujardin et Triger entre le terrain crétacé et le calcaire
d'eau douce de la Touraine et de l'Anjou (1). C'est de lui exclu-
sivement et de ceux qui ont le même âge que nous allons nous
occuper ici.
Dans le cours de longues études relatives à l'argile à silex,
M. Hébert, qui avait d'abord pensé qu'elle était contemporaine de
l'argile plastique, a modifié sa première opinion (2).
£n suivant l'argile à silex depuis Courville, près de Chartres, jus-
que dans Ja forêt de Dreux par Châteauneuf en Thymerais, l'auteur
a constaté qu'elle est antérieure non-seulement à l'argile plastique
exploitée dans cette région classique, mais aux sables qui suppor-
tent cette argile.
L'argile à silex, visible à Courville sur U mètres d'épaisseur, à
une altitude de 175 mètres environ, a 34 mètres d'épaisseur à Saint-
Arnault, où elle atteint 200 mètres d'altitude, et 240 à Favières, où
elle est recouverte par du sable tertiaire qui appartient aux sables
inférieurs.
A la Picotière, un peu avant Châteauneuf, elle apparaît toujours
sous le sable tertiaire et renfermant de gros poudingues de silex
noirs roulés à ciment siliceux. Il en est de même à Saint-Jean
à U kilomètres au nord de Châteauneuf. L'argile à silex, épaisse de
24 mètres et recouverte par 2",50 de sable blanc, y repose, comme
dans la plupart des points précédents, sur la craie à Inocera-
mus lahiatm. Ici l'altitude est moindre; elle ne dépasse guère
160 mètres; les couches plongent au nord depuis Favières*
On retrouve l'argile à silex sur le plateau de la forêt de Dreux, et
(1) Voyez, à ce sujet, diverses communications de M. Hébert dans le Bullet.dela,
Soc, géologique, 2* série, t. XIX, p. A45; t. XXI, p. 69, et surtout 1872^^
t. XXiX, p. 33d.
(2) Hébert, BulM. de la Soc. géologique, 1863, 2* série, t. XXI, p. OS^
TERRAINS TERTUmES.
toujours au-dessous du même sable blanc (in que Ton suit depuis
Courville. Les extractions d'argile plastique permellent de conslaUr
que ce sable est iuférieui' à l'argile ; celle-ci est recouverte par une
autre assise de sable qui est gros etgroâsier, et se disliQg;ue aisément
de l'autre.
L'argile plastique d'Abondant est donc, comme celledes environs
immédiats de Paris, comprise entre deux assises siliceuses. Le sable
inférieur apparlienl à la série des sables de Bracheux, et l'argile
à silex est toujours nu-dessous.
Ces superpositions ne sont pas, il est vrai, très-faciles à c«i-
slater pour l'observateur qui ne fait que passer. Aussi M. Hébert
indique-t-il avec beaucoup de soin un point où elles sont visibles
h ciel ouvert.
Sur le bord méridional de la foret du côté de Dreux el nu hamem.
de Fremincourl, un ravin qui descend de la route perpendiculaii
ment à l'Eure montre ia coupe suivante (lig. 30), par suite du gli
sèment de la partie supérieure du coteau.
forêt de Dreux.
OniGiNE DE l'abgile A sii.Ex. — L'origioc de l'argile à silex est
•extrêmement embarrassante. Elle offre tant d'analogie avec l'argile
qui enveloppe les meulières de la Brie et celle de la Beauce, qui,
comme nous y reviendrons , se présentent comme des produits
d'action tlicrraaie, que l'on est presque involontairement porté à
rechercher pour l'argile à silex le même mode d'explication.
Sa formation se trouve d'ai Heurs éclairée à ce point de vue par le
travail déjà cité de MM. Potier et Douvillé (|ui ont montré les sables
granitiques et les argiles bariolées du plateau de Vernon pénétrant
■en lilon à travers ta craie el les terrains tertiaires, y compris le sable
de Fontainebleau. Cette issue, qui a servi au passage des argiles
à meulière, est évidemment propre a celui de l'argile a silex,
ÉOCÈNE. 89
l'on peut supposer que de nouvelles études viendront contrôler
celte hypothèse.
Quoique nous ayons plus tard à revenir sur ce sujet à Toccasion
du diluvium rouge, remarquons que la craie sur laquelle Targile
à silex est épandue offre des ravinements profonds, identiques aver,
ceux des roches sur lesquelles repose la formation diluvienne. Il
n'y a pas dans toute la série géologique une récurrence plus frap-
pante des mêmes phénomènes ; au point que M. Hébert a pu dirt»
que la théorie, à trouver, qui expliquera Tune des formations, rendra
compte également de l'autre. Les eaux, dit-il, qui à ces époques si
éloignées Tune de l'autre, ont couvert les plateaux du nord et du
nord-ouest de la France, devaient être animées de bien nombreux
et bien singuliers tourbillons.
Nous verrons si Ton ne peut pas à cet égard faire une autre sup-
position.
1
TERRAIN EOCÈNE
Après avoir éliminé, pour n'y plus revenir, la singulière formation
désignée sous le nom A'argile à silex, nous abordons les terrains
parisiens franchement tertiaires. Véocène, le plus important de
tous, va nous occuper tout d'abord.
M. Paul Gervais, préoccupé surtout de Tétude des mammifères
fossiles, le répartit en trois grandes divisions, dont la plus ancienne
est Xorthrocbne, la moyenne Véocène proprement dit, et la plus récente
leproïcène. Ces trois divisions, très-bien caractérisées au point de vue
paléontologique, le sont aussi, comme on va voir, par leur compo-
sition lithologiqua Chacune renferme en effet un minéral très-
caractéristique qui peut servir à la désigner. A l'orthrocène corres-
pond la formation de Vargile plastiqtze; à Téocène proprement dit,
la formation du calcaire grossier; enfin au proïcène, la formation
du gypse,
Ëxaminons-les successivement.
90 TERRAINS TERTIAIRES.
I
ORTHROCÈNE
L'ensemble des couches comprises entre le calcaire pisolithique
et le calcaire grossier est le plus compliqué de tous ceux que nous
aurons à étudier. Il serait même impossible de s'en faire une idée
par une étude abstraite ; le seul moyen de le comprendre est de voir
comment il se présente dans plusieurs localités différentes, qu'il
faudra ensuite comparer entre elles.
CHAPITRE PREMIER
RÉGION SUD DE PARIS
La région sud de Paris nous occupera tout d'abord, et nous pour-
rons nous la représenter exactement par ce que montre la colline
si célèbre de Meudon.
Dans cette localité, on observe entre le calcaire pisolithique
et le calcaire grossier les quatre groupes de couches indiquées
ici :
U. Fausses glaises.
3. Sables quartzeux.
2. Argile plastique.
1. Conglomérat ossifère.
§ 1. — Conglomérat omilTère.
Conglomérat de Meudon. — C'est en 1836 que M. Ch. d'Orbigny
signala le conglomérat de Meudon et décrivit un certain nombre
des fossiles qu'il renferme. « Une tranchée, disait-il, ouverte depuis
peu au bas Meudon, au lieu dit les Montalets (500 ou 600 mètres
à Touest des Moulineaux), permet d'observer, immédiatement au-
dessus du calcaire pisolithique plusieurs couches fort intéressantes
dont personne n'avait encore fait mention jusqu'ici. »
Ainsi que le montre la coupe ci-jointe, le conglomérat présente
LE CONGLOHËRAT. Si
h Meudon trois couches parfaitement distinctes, dont l'inrérieure,
épaisse à peu près de A5 centimètres, est la plus intéressante. Elle
repose immédiatement sur le calcaire pisolilhique, et consiste en
argile plastique et marnes feuilletéesenveloppant ordinairement de
nombreux rognons ou fragments de craie et de calcaire pisolithique
arrachés aux terrains inférieurs, et qui constituent un véritable con-
glomérat. A la base de cette coucbe sont des rognons quelquefois
plus gros que la tête, composés de calcaire pisolithique endurci.
avec milliolites et quelques nodules de strontiaue sulfatée fibreuse.
On y voit aussi quelques rognons de silex de la craie, La puissance
et la nature de ce banc de conglomérat varient beaucoup. Tantôt
les rognons, plus ou moins nombreux, n'ont pas été réunis par
un ciment, tantôt au contraire ils sont parfaitement cimentés,
soit par de l'argile plastique presque pure, soit par de la marne
mêlées de végétaux et de cristaux de gypse lenticulaire et fibro-
laminaire.
Dès ses premières recherches, M. Ch. d'Orbigny retira de ce
banc inférieur des fossiles dont il importe de reproduire ici la liste,
beaucoup augmentée depuis :
A. RadIAIRES et CI>QVtU.ES HABINES PBOVENAKT DE LA CBtlE.
' Ananchyiei ovala,
Catillta Cuvieri.
Oitrea veaicularis.
Beitmniles mucronaUu {BelemniUUa mucronata).
92 TERRAINS TERTIAIRES.
B. Coquilles d*eau douce contemporaines du conglomérat.
Anodonia Cordieri, Ch. d'Orb.
A, antiqua, id.
Cyclas (espèce indéterminable).
Paludina lenta (grosse espèce qui se trouve dans les lignites du Soissonnais).
Planorbis,
C. Poissons.
Divers os de poissons indéterminables.
D. IUptiles présumés fluviatiles et terrestres,
déterminés par de Blainville et Laurillard.
Crocodile. Plusieurs dents et un fragment de mâchoire.
^ i Plusieurs os de Trionyx.
Tortues, ) ^. . ,, „
( Plusieurs os à Emys.
Î Trois dents et une tête ou partie supérieure d'humérus d*un grand
saurien^ très-voisin du Mo'sasaums ou Monitor de la craie de
Macstricht.
Coprolithe provenant probablement d'un des reptiles cités et renfermant de petits
fragments de poissons.
E. Mammifères terrestres.
iDeux dents molaires inférieures postérieures.
Deux dents molaires inférieures antérieures.
Une dent molaire supérieure antérieure.
Dent canine.
\ Cinq dents incisives latérales.
Pachydermes. ^ Anthracotherium i Dent Vnolaire supérieure.
(petite espèce). ( Dent incisive.
iDent molaire inférieure.
Dent canine inférieure gauche.
Tête supérieure d'une côte.
Loutre. Une seule dent molaire inférieure carnassière.
Carnassiers.
)
{ Dent incisive latérale supérieure gauche.
lienard. l "
( Dent molaire postérieure.
Civette ? Dent molaire supérieure antérieure.
Carnassier indé- T Portion supérieure de métacarpien et homé-
y terminable. ( rus.
Î' Ecureuil ? Dent incisive supérieure.
Rongeur indéter-)
. , \ Dent incisive,
mmable. )
En publiant cette liste, Tauteur la fit suivre (1) de quelques
remarques que nous devons reproduire tout de suite, et dont on
(1) Ch. d'Orbigny, Comptes rendus de r Académie des sciences, août 1836.
LE CONGLOMÉRÂT. 93
appréciera plus bas toute la justesse. « En examinant attentivdiieiit
ces fossiles, dit-il, de nature et d*originc différentes, il me semble
qu'on peut expliquer assez naturellement leur réunion, qui peut
paraître étrange au premier abord ; et cette explication nous est four-
nie non-seulement par la théorie des affluents due à M. Constant
Prévost, et à Taide de laquelle il a expliqué si clairement Torigine
d'autres dépôts du bassin parisien, mais encore par Texplication que
M. Desnoyers a donnée de l'existence d'ossements de mammifères
terresires dans les faluns marins de la Loire. On voit, en effet,
réunis dans le conglomérat, des corps organisés marins, fluviatiles
et terrestres. On est d'abord conduit à se demander si l'on doit con-
sidérer les coquilles marines, qui toutes sont des espèces de la
craie, comme ayant été arrachées à ce terrain antérieur ou comme
ayant survécu à la catastrophe qui a séparé d'une manière ordinai-
rement si tranchée la formation crayeuse et les terrains tertiaires.
Il me semble qu'il faut les considérer comme ayant été arrachées,
ainsi qu'une partie des galets qu'elles accompagnent, au terrain
crayeux préexistant, traversé par les eaux fluviatiles qui ont formé
ce conglomérat. On pourra s'étonner de ne pas retrouver dans vv
conglomérat des fossiles du calcaire pisolithique qui lui est infé-
rieur; mais, indépendamment de ce que des recherches ultérieures
pourront en faire découvrir, peut-être ces coquilles ne se sont-elles
pas rencontrées sur le trajet du cours d'eau fluviatile. Jusqu'ici je
n'y ai trouvé qu'un cérite et un polypier dont l'espèce n'a pas pu
être déterminée ; et il m'est impossible de dire s'ils ont été arrachés
au calcaire grossier ou à la craie. Quant aux coquilles fluviatiles et
aux reptiles probablement de même origine, je ne doute pas qu'ils
n'aient vécu dans les eaux douces qui doivent avoir formé ce dépôt.
Relativement aux mammifères, ils ont dû nécessairement être en-
traînés par le courant fluviatile. »
Au-dessus de cette première couche, arrive à Meudon (voyez la
figure 31) une argile feuilletée, noirâtre, épaisse de 60 centimètres,
et qui renferme en abondance des lignites remplis de cristaux de
gypse. Celte argile, légèrement effervescente, est quelquefois mêlée
de sables ferrugineux, avec des veines et des nodules d'hydrate de
fer friable, de pyrite ordinaire, et enfin de beaucoup d'empreintes
végétales indéterminables. Nous y avons recueilli nous- même un
sable magnésien d'une blancheur de neige, remplissant de petites
poches et remarquable par son identité avec le sable magnésien
que présentent parfois les marnes à huîtres de la base des sables
TERRAINS TERTIAIRES,
supérieurs. L'argile du conglomérat passe sur certains points à us
véritable banc de lignite pyritifère contenant parfois des morceaui
volumineux de troncs d'arbres, et dont l'épaisseur varie d'un
à trois pieds. On y trouve des ossements et des coquilles d'eau
douce semblables à celles de la couche précédente, c'est-à-dire des
anodontes et de très-grosses paludines souvent pyritisées et com-
Dans l'opinion de M. Hébert (1), c'est cette argile feuilletée noire
qui constituerait la couche ossifère par excellence du conglomérai,
dont elle serait la partie la plus ténue. Les os longs s'y sont préf^
rablement conservés; elle a fourni des os de sauriens, des dent&
Ae Cori/phodon, et le tibia et le fémur, sur lesquels nous reviendrons
dans un moment, du Gastornis parisiemis. Le gypse qui imprègne
cette couche comme la précédente se trouve souvent en beaux cris-
taux lenticulaires; il s'est logé aussi dans l'étui médullaire des os
longs et des végétaux.
Enfin, à la partie supérieure de cet ensemble et imiuédiatemenl
au-dessous de l'argile plastique, se montre une couche de 35 centi-
mètres d'une marne blanche à rognons calcaires, qui, comme on
le verra par la suite, couronne ordinairement le conglomérat de
façon à constituer un excellent et très-précieux caractère de cette
formation.
Après cette description des couches dont se compose le conglo-
mérat, revenons avec quelques détails sur les principaux fossiles
que son étude a fournis jusqu'à ce jour.
Fause dd conglomérat. — C'est, comme nous venons de le dire,
dans les couches inférieures de ce triple ensemble qu'ont élé trouvés
les fossiles sur lesquels nous devons nous aiTèter un moment.
Les mollusques d'eau douce sont nombreux.
M. Ch, d'Orbigny a déuril deux espèces d'Auodontes (2). L'A. Cor'
dieri [Ëg. 32) présente une coquille allongée, renflée, presque droite,
marquée de légères lignes d'accroissement. La partie antérieure est
très-courte, toujours arrondie, n'ayant que près d'un sixième de la
longueur totale ; au contraii-e, la partie postérieure est allongée,
subanguleuse et légèrement élargie. Les nales sont saillantes ; le
boi-d supérieur est presquedroit, l'autre est sinueux, jamais arrondi.
(1) Hébert, BuUel. de ta Soc. géologii/tK, 2" série, 1855, t. XII, p. 1274.
(S) Ch. d'Orbigny, Mémoire sur iliveries couches de terrains nouvellemml
dimucerles ntix environs de Paris entre la craie et C argile plastique. In-B".
LE CONGLOMËRAT. «^
Comme presque toutes les anpdontes qui habitent aujourd'hui les
eaux douces, l'A. Cordieriest variable dans ses dimensions comme
dans ses formes. Certains individus montrent une sinuosité inrérieure
plus ou moins profonde, et la partie postérieure est également plus
ou moins anguleuse, élargie et arrondie. Mais il est impossible
de le confondre avec VAnodonta antiqua, dont nous allons parler
et qui l'accompagne toujours. VA. Cùrdîeri se rapproche un peu
de ÏAnodania tolmifùrmit actuel de l'Amérique du Sud, mais il
est moins comprimé et moins sinueux. Il est si abondant dans
le conglomérat, qu'il forme parfois près du quart de la masse de
certains échantillons.
Fie. 32. — Anodonla Corditri (moule iolerne).
\JA. antiqua présente une coquille ovale comprimée, presque
lisse. Sa partie antérieure est courte et arrondie et occupe toujours
plus d'un quartde la longueur totale. La partie posléneure est forte-
ment élargie et anguleuse ; le bord supérieur est droit, l'autre est
arrondi et jamais sinueux. Cette espèce enfin est peu variable dans
ses formes. Elle se distingue de la précédente par sa bien plus
grande largeur. « Je n'ai retrouvé aucune forme, dit M. Ch. d'Or-
bigny, qui soit analogue à celle de celte espèce, parmi les anodoutes
d'Europe, et c'est encore avec celles de l'Amérique méridionale que
je lui ai reconnu quelque analogie, sans qu'on puisse les con-
fondre. Elle se rapproche surtout des variétés nombreuses de VAm-
donta latomarginaia de Lea. Il est digne de remarque que les deux
seules espèces vivantes qui aient des rapports avec nos espèces
fossiles proviennent des afQu^ts de la Plata. a L'anodonte antique
se trouve en très-petit nombre disséminée sur les couches du con-
glomérat
Le Paludina lenla (Sow.) offre 2 à 3 centimètres environ de
96 TERRAINS TERTIAIRES.
longueur. Il se compose le plus souvent de cinq tours de spire;
Il en offre quelquefois six; ils sont lisses et arrondis. La suture
est simple; le sommet est obtus. L'ouverture est arrondie, à peine
anguleuse inférieurement ; ses bords, sans être marginés, sont
épais ; le gauche s'applique sur Tavant-demier tour, de manière
à cacher Fombilic.
On trouve des Cyclas, reconnaissables à leur coquille mince,
ovale ou suborbiculaire, bombée, équivalve. La charnière est com-
posée de dents cardinales très-petites ou rudimentaires. Les cro-
chets sont obtus et peu proéminents. Impressions musculaires peu
apparentes, submarginales. Impression palléale simple, parallèle
au bord.
M. Hébert a recueilli dans la même localité une belle coquille
dont M. Deshayes a fait le Physa Heberti (1).
Les vertébrés sont nombreux dans le conglomérat de Meudon. Des
poissons ganoïdes sont représentés par des écailles, dont M. Gaston
Planté, entre autres, a trouvé de nombreux échantillons. Le genre
Lepidotus est le plus fréquent, et récemment M. Vasseur a retrouvé
en abondance à Neaufles, près de Gisors, des débris que M. P. Ger-
vais rapporte au Lepidosteus suessionensis (2). On y ramasse les
écailles par centaines, et il y a aved' elles des dents ainsi que des
pièces osseuses, telles que des plaques céphaliques, des rayons de
nageoires, des vertèbres, etc., dont la comparaison avec les mêmes
parties prises chez les Lépidostées actuels ne laisse plus aucun doute
au sujet de l'assimilation des poissons dont elles proviennent avec
ce genre de Ganoïdes, actuellement confiné dans l'Amérique sep-
tentrionale.
Parmi les reptiles, nous citerons le Crocodilus depressifrom
(Blain ville), appelé aussi Cr. Becquei^eli en l'honneur du physicien
célèbre qui, au début de sa carrière, fit plusieurs découvertes inté-
ressantes au sujet de la géologie parisienne. Cuvier (3) le désigne
sous le nom de Crocodile des lignites d'Auteuil^ et en décrit une dent
et une tête supérieure d'humérus. On verra plus loin que de très-
belles pièces en ont été recueillies par Graves dans les lignites
du Soissonnais. Mais les couches parisiennes ont aussi, à diverses
(1) Deshayes, Description des animaux sans vertèbres du bassin de Paris,
t. II, 1866, p. 732.
(2) P. Gervais, Comptes rendus de l'Académie des sciences^ 1874, t. LXXIX»
p. 845.
(3) Cuvier, Ossements fossiles, t. V, p. 163.
LE CONGLOMÉRAT. 97
reprises, fourni des trouvailles intéressantes. Ainsi, en 1869,
M. Gaston Planté (1) recueillit dans la coUine des Brillants, aux
Moulineaux,près de Meudon, diverses pièces remarquables qui furent
étudiées anatomiquement par M. Alb. Gaudry. La pièce la plus en-
tière est précisément une branche de la mâchoire inférieure A\u\
crocodile qui paraît se rapporter au Crocodilus dépressif tvns dont
nous venons de parler. Elle a 36 centimètres de longueur et porte
cinq dents en place; quatre sont indiquées par leurs alvéoles
remplis d'argile. Elle était couchée dans un sens k peu jfrès ho-
rizontal et isolée, c'est-à-dire qu'aucune autre portion de la télé
n'était immédiatement voisine. Mais, un peu plus loin, à une dis-
tance de 50 centimètres environ, et sur le même plan, se trouvaient
d'autres fragments formant une portion assez considérablt» de la
branche inférieure dune mâchoire de dimension un peu moindre
ayant appartenu à un autre individu. L'une des dents extrêmes y
est fixée, et quelques autres sont représentées j)ar leurs alvéoles.
Dans ces divers débris, comme dans la mâchoire principale, le tissu
osseux de couleur rougeâtre était conser>^é sans être pénétré de
gypse cristallisé ; mais il n'avait aucune consistance, non plus que
les dents elles-mêmes, qui se détachaient et s'écrasaient sous les
doigts. Il a fallu faire couler sur place, à l'intérieur de ces pièces,
un vernis épais et siccatif pour pouvoir les enlever sans les réduire»
en poussière.
On recueille aussi fort souvent des vestiges du Trionyx vittatus^
grande tortue qui se retrouve, comme on verra, dans les lignites de
l'Oise et de l'Aisne, et dont le Muséum d'histoire naturelle doit un
magnifique échantillon à Graves.
C'est à la classe des oiseaux que se rapportent les fossiles les plus
importants du conglomérat.
Une des découvertes les plus curieuses qu'on ait faites relative-
ment aux oiseaux fossiles, est celle d'un tibia annonçant un oiseau
gigantesque qui fut trouvé au bas Meudon, dans le conglomérat in-
férieur, par M. Gaston Planté, alors préparateur du cours de physique
au Conservatoire des arts et métiers et que nous venons de citer.
Cet os fut présenté à l'Académie des sciences par Constant Prévost (2)
(1) Gaston Planté, Bullet. de la Soc. géologique^ 2® série, 1869, t. XXVII,
p. 204.
(2) Constant Prévost, Comptes rendus de V Académie dèsr sciences, 1855,
t. XL, p. bbà.
ST. MEUNIER. 7
98 TERRAINS TERTIAIRES.
dans la séance du 12 mars 1H55, et la noUs lians laquelle &.■
siivant gi'sologue en a parlé esl suivie dune duublu descriplioB
ostéologitjue, l'une faite par M. Hébert, l'autre rédigée par M. Lartel.
Constant Prévost et ses collaburateurs parlent de l'oiseau du bas
Meudon sous le nom de GaHarm't parîsieusii. Le tibia qu'ils eu
décrivent, quoique incomplet et manquant de la Ii5le supérieure, esl
néanmoins long de ii5 coatimèlres ; sa largeur esl de 8 centimètres
k la tôle inférieure, de It 1/2 cenlimèti-es à la partie moyenne, el
de i^ës de 10 ceulimèlres à la partie supérieure, qui est d'ailleur»
écrasée. M. Hébert (1) compare sa forme à celle des tibias de
cvgaes, d'oies et de canards. Les différences principales coiisislent,
suivant lui, dans la fossette subti'ocliléenue que n'ont pas les
palmipèdes lamellirostros, ainsi que dans la position plus élevée
de l'ai-cade osseuse et de l'atlaclie musculaire esterne. Il conclut
à la distinction générique du gaslornis , d'avec tous les genres
d'oiseaux connus. M. Larlet (2) ajoute que le grand oiseau orlhro-
cène pourrait bien avoir été moins essentiel lemenl nageur que
les anatidés, et qu'il retenait sans doute quelques-unes des habi-
tudes propres aus échassiers qui vivent sur le bord des eaux
pi-ofondes, M. Valenciennes (i) y voit en même temps une ana-
logie avec les palmipèdes loiigipeunes, et eu particulier avec les
albatros, lue seconde note de M. lléliert fait connaître un fémur de
gaslomis, trouvé au même lieu que le tibia dont il vient d'être
question et dons la même couche géologique. Bien que ce fémur
soit privé de sa télé articulaire ainsi que de la deuxième pouU».
rotulienne, et que son gi-and trochantcr soit écrasé en dessus, son.;
état de conservation est néanmoins suffisant pour donner une idée
de sa forme et de ses dimensions. Il est long de 78 centimètres et
égale en grandeur celui de l'autruche [h).
Parmi les mammifères, plusieurs pachydernes doivent être men-
tionnés.
Le Çoryphodon anlhracotdeum est un animal de la taille du rhino-
céros de Sumatra, dont le genre a été établi d'abord par M. Oneii,
sur l'examen d'un fragment de mâchoire inférieure qui était encore
{I j Hibeii, Ciimplei rendus de rAcaJéim'e des sciences, I. XL, ISââ.
(). 579 fi laiâ.
(2) Lurti^t, Comptes rendus de l'Académie des aciences, iSbb, l. %L, p,&S3>
(3) VaIouci«nnG8, Comptes rendus de l'Académie des sciences, ISSb, (• U,_
)i. 593.
' (Hj p. Curvais, Zoologie et Paléonlolugie françaises, 1859, p. 404.
LE CONGLOMÉRÂT. 99
pourvu de la dernière molaire. Longtemps le Coryphodon fut con-
fondu avec le Lophtodon, mais il doit en être distingué tout d'abord
par sa dentition, qui est nettement différente. Ce sont des dents que
Ton rencontre surtout dans le conglomérat ; mais M. Hébert a extrait
des lignites du Soissonnais des parties assez considérables du sque-
lette dont l'étude Ta amené à cette conclusion que le Coryphodon
qui nous occupe vivait de compagnie avec un congénère plus petite
grand à peu près comme le tapir des Indes, et que Ton désigne sous
le nom de Coryphodon OweniL
Dans des recherches récentes, M. Planté a découvert une dent
provenant d*un pachyderme nouveau de très-petite taille. Cet
animal, non décrit jusqu'à présent d'une manière complète et même
dépourvu jusqu'ici de nom, se rapproche beaucoup des Pachyno-
lophus. Ceux-ci sont des animaux analogues aux Zo/>A<Won3, mais
qui s'en distinguent par leur taille beaucoup plus petite et par di-
verses particularités de leur dentition.
Les fossiles du conglomérat paraissent devoir être plus abon-
dants qu'à Meudon dans certaines localités voisines. C'est ainsi
que dans un sondage exécuté à Issy en 1863, au fond d'une car-
rière d'argile plastique, on a recueilli des échantillons de con-
glomérat contenant le Physa Heberti et d'autres coquilles en extrême
abondance (1). Ce puits a traversé successivement 5 mètres de
calcaire grossier, inférieur et glauconifère, 1",60 d'argile plas-
tique bleue, 1 mètre de sable noir argileux et 2 mètres environ de
sables gris très-compactes, recouvrant une argile plastique bariolée
et une argile bleue semblable à celle qui vient d'être citée. C'est
alors que se nïontre la continuation du lit d'argile feuilletée
noire de Meudon, plus riche ici en fossiles de toute espèce*
M. Dumont, qui a signalé ce gisement, en a tiré le Physa HebeiHiy
\e Paludinasuéssionensis, des cyclades, des anodontes, désunies,
des Itmnées et des planorbes. Plusieurs dents de crocodile pro-
viennent du puits d'Issy, ainsi qu'un fragment osseux très-com-
pliqué, dont on n'a pas pu faire une étude complète, mais qu'il
semble naturel de rapporter à la partie postérieure d'une tête de
poisson.
Mode de formation du conglomérat. — Le mode de formation
du conglomérat est digne d'arrêter notre attention, car cette assise
représentant la base de la série tertiaire doit avoir conservé des
(1) Ballet, de la Société géologique, 2« série, 18«3, t. XXU p. W.
100 TERRAmS TERTIAIRES.
traces des actions qui ont présidé à Tinauguration de toute cette
période géologique.
Dans un travail qu'il convient de faire connaître ici, M. Hébert
a fait ressortir, avec la plus grande sagacité, les allures diverses que
peut prendre la formation qui nous occupe, et a su en tirer des
données très-positives quant à Torigine même des couches étu-
diées (1).
« Nous allons, dit-il, reproduire des coupes, qu'un nombre de
personnes ont visitées sous la conduite de MM. Elie de Beaumont
et Constant Prévost, mais dont l'examen détaillé est ici nécessaire.
Ce sont les coupes des carrières de craie de Bougival. Ainsi, rue
de rÉglise, on voyait (fig. 33) :
FiG. 33. — Coupe du conglomérat, rue de l'Église à Bougival.
6. Argile plastique, — 5. Marne à concrétions calcaires. — 4. Sable. — 3. Fragments de calcaire
pisolithiquc. — 2. Conglomérat proprement dit. — 4. Craie.
Dans cette coupe il nV a pas de calcaire pisolithique en place.
Mais, pour ce qui est du reste, on voit la plus parfaite conformité
avec la coupe de d'Orbigny (voyez ci-dessus, p. 91), avec cette dif-
férence que les couches sont remarquablement puissantes à Bou-
gival.
Le conglomérat est le résultat d'une dénudation produite par des
eaux fortement agitées; il ne saurait y avoir le moindre doute à ce
sujet ; et Texamen des différentes coupes visibles à Bougival donne
l'explication de bien des circonstances qui ont accompagné celle
dénudation. Ainsi, dans une carrière située en face de la précé-
dente, à l'ouest, on voit la succession suivante (fig. "6U).
Ici seulement le banc supérieur de conglomérat recouvre un lit
très-régulier de calcaire pisolithique, dont les surfaces inférieure et
supérieure sont fortement corrodées, conune les parois d'un rocher
(1) Hébert, Builet. de la Soc, géologique, 2« série, 1854, t. XI, p. 425.
LE CONfiLOMËRAT. 101
longtemps Itattu par les Sols. Ce banc dur a évidemment résislé au
choc. Dénudé par-dessus, excavé par-dessous, les débris do la dénudn-
tion se sont accumulés en dessus et en dessous sans qu'il s'alTatssAt.
Dans la coupe précédente, au contraire, l'alTaissement do ce liane
en a disposé les fragments sur une tigne sensiblement lioiizontale.
Pour que dans la seconde coupe le banc dur de calcain.- pisuli-
FiG. SU. — Caupe du conglomërat de Bougival. Carrière sîliii!e en Tacs
de la précédente.
7. Argilo plutiquc. ~6. Argile rablcoac 1 concnilions raloim. — 5.S>l>tc — 4. CanglgDH'nl.
— 3. CalMiire pisolilhique. — î. Conglomérai. — 1. Craie.
thique se soit maintenu, il faut que l'excavation ne soit pas très-
Fie. 35. — Coupe du conglomérat de Bougival, chemin de la Princesse.
5. Argilï [Mastique. — (. Conglomënil.; — 3. Calcaire piwlilliiquo dur. — ï. Calcaire pl»Ii-
thique lomln!. — 1. Craie.
profonde; el l'on peut en conclure qu'à une très-petite distance on
ne trouverait point de conglomérat entre ce banc et la craie, et c'est
ce que démontre la coupe du chemin de la Princesse, à deux pas
de là, toujours à l'ouest, publiée en 183û par Élie de Beau-
mont (fig. 35). Dans cette coupe, le banc dur repose directement
103 TERRAINS TERTIAIRES.
sur des couches plus tendres de calcaire pisolilhique, au-deseow
duquel vienl la craie sans intermédiaire.
En sorte qu'une coupe idéale qui réunirait ces trois coupes fu-
tielles donnerait (fig. 36) :
Sur cette coupe idéale, la première coupe réelle s'obtiendra par
yne section suivant ab; la seconde, par une section suivant c^éf.
La coupe du chemin de la Princesse, par la section a"b"; celle de
Meudon, par a"'6'".
A Porl-Marly, où une portion du calcaire pisolilhique recouvrant
directement la craie est séparée du banc dur, encore sensiblement
«n place, par de la marne calcaire pénétrée de filets argileux et
provenant évidemment du calcaire pisolithique, la coupe est fidèle-
ment représentée par une section a'b' et a"à".
Ces détails jettent une vive lumière sur la manière dont le calcaire
pisolithique et la craie ont été dénudés. Il est impossible d'attiibuer
cette dénudation à un phénomène de courte durée; nous sommes
ramenés à l'idée d'un rivage longtemps battu par les flots de la mer,
idée inspirée à Ai. Brongniart par la vue des poudingues de Nemoun.
PouDiNGUES INFÉRIEURS DE Nemoubs. — C'est donc sans hésitation
qu'on est porté à considérer comme synchronique du conglomérat
les poudingues inférieur» de Nemours, où l'on doit voir le produit
de ta cimentation des galets d'une plage antique. Nous disons les
LES POUDINGUeS DE NEMOURS. 103
poudingues inférieurs^ parce que, comme nous y reviendrons, les
poudingues de Nemours les plus abondants, les seuls qui fussent
connus pendant bien longtemps, sont d'un âge beaucoup plus
récent et appartiennent au terrain des sables de Fontainebleau.
Il faut ajouter que les géologues sont loin d*élre d'accord sur
répoque de la formation de ces poudingues, et que le synchronisme
que nous admettons entre eux et le conglomérat résulte principale-
ment des travaux de M. Hébert.
M. de Roys les croyait d'abord supérieurs à Targilo plastique,
mais il reconnut ensuite qu'ils gisent au-dessous (1). 11 c^mstata,
par exemple, que les exploitations d'argile plastique de Salins et
Montereau jusqu'à Nemours soiit supérieures aux sables et aux
poudingues; et d'Ârchiac est arrivé à la même conclusion par
l'étude d'une carrière ouverte dans le vallon du Fay (2).
Pour M. Raulin, les poudingues seraient l'équivalent à la fois des
sables du Soissonnais, du calcaire grossier et des sables de Beau-
champ. Mais, comme le fait remarquer d'Archiac (3), il est bien
difficile de concevoir que des circonstances aussi variées que celles
qui ont présidé dans le nord à la formation de toutes les couches
tertiaires, depuis la craie jusqu'aux sables moyens, variations
qui nous sont indiquées tant par la nature minéralogique des cou-
ches que par les fossiles, et qui se sont produites en outre pendant
un laps de temps très-long, puissent être représentées au sud par
un dépôt aussi simple, aussi peu puissant, dépourvu de corps
organisés, et dans la faible hauteur duquel rien ne traduit les chan-
gements survenus dans le nord.
D'Archiac, laissant évidemment de côté le résultat fouiiii par
le vallon du Fay, voyait dans fes poudingues le correspondant du
calcaire grossier. Il était conduit à cette manière de voir jmr des
<X)nsidérations tirées de la stratification générale du bassin {k).
On peut remarquer que cette incertitude est analogue à celle dont
nous avons vu entouré l'àge de l'argile à silex. Elle a ici la même
cause, savoir qu'on a confondu ensemble des formations diverses.
De plus, quand on veut soumettre cette question à une étude minu-
tieuse, on reconnaît à chaque instant que les terrains argileux, en
(1) De Roys, BuUet, de la Soc. géologique, 1840, t. XI, p. 272.
(2) D'Archiac, Ibid., 1835, t. VII, p. 31.
(3) Idem, Hist. des progrès de la géologie, t. II, 1849, p. 627.
<4) Idem, BuUet. de la Soc. géologique, 1838, t. IX, p. 288,
101 TERRAINS TERTIAIRES.
contact desquels sont les poudingues, ont déterminé des éboule-
ments et des glissements de nature à mélanger diverses couches d
à intervertir leur ordre naturel de superposition. Ajoutons qu'on
ne trouve aucun fossile dans les poudingues de Nemours, caries
fossiles crétacés contenus dans les galets de silex dont ils se com-
posent -ne peuvent évidemment être d'aucun secours.
En présence de cette question, il semblera indiqué de résumer
les recherches publiées par M. Hébert (1). Les coupes relevées par
ce savant géologue semblent en effet montrer que la formation des
poudingues de Nemours a, au moins dans certains cas, exigé un
temps très-considérable, pendant lequel des dépôts variés pouvaient
se produire dans d'autres localités.
C'est ainsi, pour nous bornera ce seul exemple, qu'à Souppes,
situé à 10 kilomètres au sud de Nemours, les poudingues, reposant
directement sur la craie, vont se fondre dans le calcaire de Brie, qui
les recouvre de façon à faire penser que leur production s'est con-
tinuée pendant le dépôt même du calcaire. Dans cette localité,
l'épaisseur des poudingues est de 10 à 12 mètres.
Laissant de côté ces faits exceptionnels, on arrive à reconnaître
que la masse principale dés poudingues est antérieure au dépôt de
Pic. 37. — Coupe prise entre Faj et Nemonra,
1. Argile pUstique. — !.' Poudinpiei.
l'argile plastique, ou du moins qu'elle gtt au-dessous de celle-ci.
C'est ce que M. Ilcberl a constaté, par exemple, aux environs de
Souppes, où il a pris la coupe de la figure 37 . Selon ie témoignage
des ouvriers glaisiers, dès qu'on arrive aux cailloux, on cesse de
creuser, certain de ne pas rencontrer d'argile plus bas. C'est de
(1) Bullel. de la Soe. géologique, 2' série, 185Ù, l, XI. p. S24. — Voyoi ausii
un complément d'observations du même auteur madi&ant un pei
tau, dans le raime Recueil, 1859, t. XVII, p. 58.
L'ARGILE PLASTIQUE. 105
même dans une dépression des poudingues que se trouve l'ar-
gile plastique exploitée pour la poterie et la faïence de Mon-
tereau.
Quelle que soit d'ailleurs l'opinion adoptée à l'égard des poudin-
gues de Nemours, on peut admettre l'explication suivante, quant à
leur origine et au mode de transport des matériaux dont ils se com-
posent (1). Tous les géologues reconnaissent que la partie su|)érieure
du terrain crayeux a été fortement dénudée, sillonnée, ravinée à la
fin de la période secondaire, et ce fait est prouvé par les grandes
inégalités que revêt partout, comme nous y avons insisté, la surface
de ce terrain. M. de Roys regarde même les sables, les poudingues, et
jusqu'à l'argile, situés entre Montereau et Nemours, « comme formés
par le même cataclysme, et comme constituant le prolongement des
argiles à silex de la Normandie » (2). Ne pourrait-on pas admettre
aussi, pour expliquer les autres niveaux de poudingues analogues,
qu'à diverses époques de la série tertiaire, de nouvelles dénudations
de collines crayeuses ont eu lieu, et que les rognons de silex ont
été déposés et accumulés dans les vallées à la place qu'ils occupent
aujourd'hui ?
La cimentation des galets en poudingue n'a pas eu lieu dans toute
l'étendue des couches. D'après M. Ebray (3), c'est seulement aux
affleurements qu'on le constate, et ce géologue suppose que les
poudingues résultent d'abord d'un lavage qui rapproche les galets,
puis d'une cimentation par infiltration qui les réunit.
§ 2. — Argile plastique.
C'est immédiatement au-dessus du conglomérat ossifère que se
montre la puissante formation de l'argile plastique.
Elle peut atteindre presque à 50 mètres en présentant des ca-
ractères de pureté remarquable. L'argile, en même temps qu'elle
est une roche, est presque une espèce minéralogique. Quelques
analyses chimiques suffiraient pour montrer combien sa composi-
tion est constante, malgré de nécessaires variations.
(1) Bullet. de la Soc. géologique, 2° série, 1859, t. XVII, p. 42.
(1) De Roys, Ibid., 2« série, 1865, t. XXXllI, p. 183.
(2) Ebray, Ibid., 1860, t. XVH, p. 695.
TEHRAINS TEftTUmES.
Voici ce que renfemip la variélé la plus aliondantL'
girard :
Silice 51, as
Alumine 26,10
Oxjdedefer 4,91
Chaux 2,25
Magnésie 0,23
Eau ia,58
99,91
Ahhile plastique de MoNTEREiu. — C'est aux environs de Monle-
reau que i'on peut spécialement étudier la formation d'argile plas-
tique avec tous ses caractères (1). Sur la rive droite de la Seine,
près de Tavers, & 3 kilomètres environ au-dessous de Montereau, OHJ
voit surgir la craie au-dessous du calcaire d'eau douce qui forme
tout l'escarpement de la falaise au-dessous de ce point. Ia craie
s'élève d'une manière assez régulière, séparée du calcaire d'eatt
douce par une assise argileuse d'environ 2 mètres de puissance.
Son inclinaison, d'environ 20 degrés à son point de départ, s'atténue
en s'élevant, et elle devient k peu près horizontale nu-dessus dU'
parcdeCourbeton,oùelleeatesploitéesurune assez grande étendue
pour la fabrique de terre de pipe de Montereau ; sur ce point elln
est très-blanche, parfaitement pure, ne contient pas un atome de
fer, et demeure blanche après la cuisson. Dans le pli de la falaise
qui sépare les parcs de Surville, au-dessus dn Montereau, etdeCou^
bclon, la même assise est grise, rougit au feu, et est séparée de 11
craie par une petite épaisseur de sable qui parait bleufttre; mais en
le regardant à la loupe, on reconnaît que cette teinte est due à la
présence d'une multitude de grains lenticulaires noirâtres qu'on
■peut reconnaître pour des silex de la craie très-atténués.
De l'autre cùté de la Seine, en suivant la roule de Montereau k^
Voulx, après avoir franchi le mamelon du calcaire pisolithique donl.
la base est recouverte d'un sable que sa teinte bleuâtre fait rccou-
naître comme identique avec celui de Courbeton, et de quelques
i grès, on retrouve l'argile exploitée pour les tuileries
iqoe<
blocs t
Viltet. Elle est grise ou panachée, et la couleur rouge des brii
indique une assez grande quantité de fer disséminé. Elle est recoU'
verte par le calcaire d'eau douce formant la falaise qui sépare la
(!) Voyei ud mémoire iJe H. de Roji dmi le Bullet. de la Soc. r/éologigvi,
2' série, 1865, t. XXIIi, p. 1N3.
L'ARGILE PLASTIQUE. 107
Seine de la petite vallée de l'Orvanne. Son affleurement ^ur les
collines du côté droit de cette vallée est accusé par quelques petites
sources, notamment celles de Bellefontaîne et d'Ouizille. Près de
cette dernière localité, elle a été coupée par les berges des fossés
du chemin vicin<al de grande communication de Dormelle à
Ville-Saint-Jacques, et Ton peut voir que l'assise a une épaisseur
qui varie de 1 à 2 mètres, et qu'elle repose d'abord sur la craie
durcie, puis sur une assise de sables et de cailloux qui l'en sépare.
Cette dernière assise atteint près du hameau de la vallée une puis-
sance de 4 à 5 mètres, et, sur quelques points, l'extrême atténua-
tion des silex la fait passer à l'état de sable bleuâtre comme celui
déjà signalé. Un peu en arrière des dernières maisons de la vallée,
un petit mamelon s'élève abruptement à 2 ou 3 mètres au-dessus
du sol, qui est en pente très-douce. Il est formé par quelques
blocs de grès assez grossier, mais dont le ciment, au lieu d'être
argilo-siliceux comme celui des blocs de grès ou de poudingues
qu'on trouve ailleurs dans cette assise, est en fer hydroxydé.
L'assise de sable et de cailloux s'abaisse ensuite, toujours couverte
par l'argile, que l'on voit encore affleurer dans un ravin au pied de
la côte Blanche, au-dessus de Pilliers, où elle se réduit à une épais-
seur de 50 centimètres, couvrant une épaisseur égale de sable. Elle
se relève un peu vers la Fondoire, immédiatement superposée à la
craie dure, s'abaisse de nouveau, et disparaît au fond de la vallée
jusqu'à son embouchure dans le Loing, un peu au-dessus de MoreL
Peut-être trouvera-t-on ici avec intérêt la coupe complète de
cette falaise à la côte Blanche de Pilliers. Au-dessus de la craie,
de ces assises de sable et d'argile, s'élève le calcaire d'eau douce
inférieur (le calcaire siliceux d'Al. Brongniart), sur 25 mètres de
puissance ; puis une mince couche d'argile qu'on voit affleurer dans
un ravin vers le haut de la côte, mais dont on ne peut suivre l'affleu-
rement sur la pente de la falaise ; au-dessus, un second calcaire d'eau
douce (le calcaire de Brie de Dufrénoy), puis les sables et grès de
Fontainebleau.
Mais, en remontant un peu à la hauteur de ce second calcaire et
longp/ant un petit bois, on trouve à l'angle une excavation d'où l'on
a tiré du moellon. Vers les deux tiers de sa hauteur, est une très-
mince assise de calcaire marin à cérites et à huîtres, en petites pla-
quettes que rien ne distingue à l'extérieur des plaquettes du calcaire
d'eau douce inférieur et supérieur. C'est en les cassant qu'on peut
les reconnaître.
m^^^^^^^^B TERHAINS TKnTIAlRES.
Vis-à-vis du débouché- dans la yallée de rOiTaniie, de 1& roule
de Moutereau à Vonlx, s'étend, sur une assez grande longueur, sur
la rive gauche, le village de Kerrollcs, entièrement bàli sui- la craie.
De là jusqu'uii peu au delà de Villemcr, s'élend une sorlc de vallon
élevé, large de 2 à 3 kilomètres, long de 10, séparé de l'Orvanne
pai' une chaîne de collines dont le sommet est formé par les sables
et grès de Fontainebleau, de Fiagj jusqu'à Saint-Ange, borné t
gauche par une autre chaîne semblable et parallèle qui s'étend de
■ Ferroltes jusqu'il Treuzy. En s'élevant un peu au-dessus de Fer-
l'otles par la route de Ville 11 ambeau, on se trouve sur l'ai^'le,
accusée par une multitude de rognons de grès argilo-siliceui,
seul iudice, au commencement, de l'assise arénacée. Si l'on se
porte plus à droite, dans la direction de Flagy, on trouvera de
vastes excavations pratiquées pour exploiter l'argile blanche
très- pure.
Le propriétaire du champ, considéré jusque-là comme sans valeur,
en a vendu poui' llUKiU francs h la fabrique de Montereau. Tout
autour, l'argile parait encore blanche, mais se colore au feu. Puis,
ensuivant la ligne du milieu du vallon, elle devient grise, s'amincit,
el quelques ravins qui la coupent montrent l'assise de sables el
de cailloux, au-dessous de l'argile, ulleignant une puissance iùnk
6 mètres. On y voit quelques blocs de poudingues el de grès, mais
toujours à la partie supérieure et toujours h ciment argilo-siliceui.
L'argile forme le sol des bois, en grande partie défrichés aujourd'hui,
sur le territoire des communes de Flagy, Dormelles et Yillemaré-
chal. Dans cette dernière commune, elle a été exploitée d^uis
longtemps pour des tuileries.
Elle l'est aussi à Bezauler, entre Villemer et Treuzy. Dans celle
dernière exploitation, de petits nodules de craie, dont on ne peut
parvenir à la débarrasser entièrement, sont une cause de perte pour
le fabricant. Un peu avant ce point, les deux petites chaînes de
collines dont nous avons parte s'arrêtent à la même hauteur, el la
formation des sables el poudingues, recouverle ou non par l'argile,
atteint le bord de l'Orv,inne à Villecerf du côté droit, franchit &
gauche la petite rivière de Lunain, parallèle â l'Orvanne, dont elle
forme les basses falaises, de Névélé jusqu'à son conQuenl dans le
Loing, et s'étend jusqu'à Nemours. Elle remonte la vallwdu Loing,
où l'on peut l'observer, sur la rive droite au village de GlandelleSt
cité par Elle de Beaumont, el sur la rive gauche h Lavaux, oà le
poudingue est formé en grande partie de silex jaspoïdes rouges.
L'ARGILE PLASTIQUE. 109
que d'Archiac a reconnus comme provenant des étages crétacés
qu'il avait observés dans le département de Loir-et-Cher. Un peu
au delà de Lavaux, dans une petite dépression, est une tuilerie au
village de Fay. En continuant à remonter la vallée du Loing, on
voit encore l'assise des sables et poudingues couverte d'une mince
couche d'argile, coupée par les berges de la route qui monte de
Souppes à Château-Landon. Un peu au delà, elle est coupée par une
large vallée marécageuse venant de Courtempierre au Loin g.
Caractères minéralogiques de l'archle plastique. — iMinéhaux
ACCIDENTELS. — Quand elle est pure, l'argile plastique est blanche;
elle est alors propre à la fabrication de la porcelaine et activement
exploitée pour cet usage. A Montereau, par exemple, les premières
qualités sont triées avec soin, débarrassées à la main de toute trace
de matières étrangères, et exj)édiées à grands frais jusqu'à Bor-
deaux, où elles sont employéiîs comme matières plastiques.
Des traces de substances diverses suffisent pour lui fainî perdre
sa blancheur, et surtout pour la colorer fortement après la cuisson.
Le fer, suivant qu'il est hydraté ou anhydre, lui donne des nuances
jaunes et rouges parfois très-foncées. La couleur noire qu elle offre
si souvent est due d'ordinaire à la dissémination de particules char-
bonneuses, et dans d'autres cas, comme il résulte des travaux du
chimiste Ebelmen, à la présence du sulfure de fer à un état extrême
de division. C'est à la présence de ce sulfure qu'il faut attribuer la
fonnation, à la surface des coupes que montrent les exploitations,
de sous-sulfate de peroxyde de fer, ou apatélite, sur lequel nous
allons avoir à revenir.
Jusqu'ici l'argile plastique proprement dite n'a pas fourni de fos-
siles. Au contraire, les minéraux qui s'y trouvent disséminés d'une
manière accidentelle sont assez nombreux.
Le^ gypse doit être cité en première ligne, à cause de la beauté de
ses cristaux. Ces cristaux sont infiniment plus intéressants à étudier
que ceux^ parfois bien plus gros, que renferment les couches de
l'étage gypseux. Ici ils sont libres de tout groupement, parfois
d'une limpidité parfaite et souvent chargés de nombreuses facettes
secondaires.
Ce gypse paraît résulter de l'oxydation de la pyrite, qui, trans-
formée en sulfate ferreux, subit de la part des sels de chaux une
double décomposition; d'où résulterait à la fois du gypse et de
l'oxyde de fer, parfois carbonate, comme on va voir.
hà pyrite d^/er n'existe pas seulement à cet état de dissémination
dont Dous parlions il n'y » qn'un instanl ; on la rencontre aussi ea
uodoles tubercaleox parfois lrè&-gro&, mais tpii diffèreiil complète-
iDeitt de ceus de la craie. n'ëtaDt pas il structure radiée. Ces no-
dules, qui se relrourent dans les sablas supérieurs à l'argile plas-
tique et dans les Tansses ^aises. résolteut toutefois, comme les
{H^cédents, d'une eoncenlratioD lente de la matière minérale, donl
l'origine première n'est d'aillpurs pas connue jusqu'ici.
Dans ces derniers leinps, M. Jamiettaz a si^alé la présence,
dans l'argile plastique d'Issy. de calcaire très-fortement slrontia-
nien (1). D'après la coupe qu'il a publiée, le cariionate destro»-
tiane forme un «mas au-dessus duquel gît l'argile plastique gnse,
el M. Munier-Chalmas, y ayant trouvé le Cerit/tiinu ino/n'nalum H I»
Pftiuditut aspersa de Rilly, le resarde comme cofrespoudant du cal-
caire grossier de Itloos et des sables 'de Kiliy. Quoi qu'il en soit;
voici la composition de cette substance, dont la densité est égale-
à2, 8 :
Carbonnle de «haax 75,0
Caibonale de slranliane. 20,0
Carimoate de borjlc u,5
^^^ Argile 4,6
^^K Alumine D,G
^^^ Eau 0,4
^™ 100,5
En 1837, M- Ch. d'Orbigny a découvert à Vanves, à Vanginrd,
à Arcueil et sur d'autres points, une couefie subordonnée à l'argile
plastique, consistant en petites oolithes de fer carbonate, ou aidé-
rose, cimentées seulement par un peu d'argile. Ce minerai, œêié
d'un peu de silice et de carbonate de magnésie, offre à la loupft
une conlenlure cristalline. Chaque globale, demi-translucide, csl
composé d'une multitude de petits cristaux accolés. Les globules
ont tous le même diamètre et renferment à leur centre un petil
noyau mobile et creux lui-même, caractères qui portèrent
M. Ch. d'Orbigny k penser que ces corps pourraient bien être des
moules imparfaits de corps organisés et spécialement de graines
de Chara.
L'argile qui contient ce minerai forme à Arcueil une couche de
ÏO centimètres environ d'épaisseur, placée entre l'argile sableuse el
l'argile plastique proprement dit. Lorsqu'on met celle roche dans
£1) JanDffttaz, Bullel. de la Sm, gèologiijtn.; 2' série, t871, [, KXIS, p. 41,
L*ARGILE PLASTIQUE. Hl
de Teau, elle se désagrège presque aussitôt, et Ton obtient très-faci-
lement par le lavage les globules métalliques en question parfaite-
ment isolés et dans rénorme proportion de U5 pour 100 en poids.
Ce carbonate de fer pourrait donc être exploité avec beaucoup
d'avantage, si le banc dans lequel il se trouve devenait un peu plus
puissant (i).
Origine et mode de formation de l'argile plastique. — L'ori-
gine et le mode de formation de l'argile plastique ont fortement
préoccupé les géologues.
M. de Roys, appliquant à cette assise les mêmes considérations
qu'au conglomérat, y voit le produit de la dénudation de roches
plus anciennes. Il faut remarquer que cette supposition n'est pas
acceptable, puisque la démolition des roches ne peut rien donner
qui ne soit primitivement contenu dans ces roches, et que la craie
ne renferme point d'argile. Il faudmit supposer au minimiun que
l'argile plastique dérive des couches du gault, ce qui n'est guère
vraisemblable. Disons cependant que M. de Roys appuie son opi^
nion sur des considérations dont nous avons déjà parlé et qui le
portent à regarder l'argile, ainsi que les sables et les grès qui l'ac-
compagnent, sinon comme synchroniques de l'argile à silex, au
moins comme dus à l'action du « même cataclysme » (2).
Constant Prévost (3) regarde l'argile plastique comme due aux
dépôts de grands fleuves débouchant dans le golfe parisien, et s'ap-
pilie sur la comparaison des anciennes formations avec les dépôts
fluviatiles que la Seine produit actuellement dans la Manche. « Les
caractères minéralogiques ou zoologiques de l'argile plastique,
dit-il, m'annoncent le transport violent et rapide, puis successive-
ment plus lent, de matières enlevées à la terre par un cours d'eau
continental et déposées par lui sur un fond marin. »
Il parait plus naturel à M. d'Omalius d'Halloy d'attribuer à l'ar-
gile plastique une origine profonde, et de la rapprocher ainsi des
volcans boueux.
On sait que ces volcans sont des cônes qui ne diffèrent point, si
ce n'est par leurs dimensions, des puissants volcans des Indes ou
de Java. Comme ces grandes montagnes, ils secouent le sol et le
(1) Voyez, à ce sujet, une note de M. Jannettaz sur le minerai de fer pisoli-
thique des environs de Paris dans le Bull, de la Soc, géologique, 2« série,
1870, t. UVHI, p. 197.
(2) De Roys, Bullet. de la Soc. géologique, 2« série, 1865, t. XXIII, p. 183.
3) Constant Prévost, Terrains des environs de Paris, p. 111.
^^F déchiniut pour expulser les malières renfermiies; ils émelUul
^^M des gaz et des vapeurs eu abondance, accroissent leurs talus de
^^M leurs propres débris ; se déplacent, changent de cratères, font disp»-
^^H rallre leui-s sommets dans leurs esplosions. Enfin, parmi eux, les
^^M uns sont incessamment en travail, tandis que d'autres ont leurs
^^M périodes de repos et d'exaspération. Les volcans de boucs sont en
^^M grand nombre sur la terre, et, comme les volcans de laves, c'wt
iM
mm
^H principalement à une faible
^H petits cônes. En Europe, le
^^^ qui vomissent la boue son
^^M m'Ms du Caucase, sur les
^^1 cAtés du détroit de lénikalé
^^M se distinguent surtout par
^H bles ; à l'ouest, celles de T
^^M toutes les saisons, mais sur
^^M (juantilés d'une fange noi
^^1 Oorela ou KtAu-Oba, que,
^H (1) Figure ampruDlâc ^ux Élér
distance de la mer que s'élèvent leurs
s plus remarquables parmi ces m<»ts
t ceux qui se trouvent aux deux eslrè-
bords de la mer Caspienne et des dnix
. A l'est, les sources boueuses de Bakou
leur association avec des gaz inflamm»*
aman et de Rertcb épanchent pendant
tout pendant les séclieresses, de grande»'
4tre. Un de ces volcans de I>oues, Ift
du temps de Pallas, on appelait l'Enfer
nenh de géologie de M. Coiilejean.
SABLUIS QUARTZËUX. 113
OU Prekla à cause de ses fréquentes éruptions, n'a pas moins de
75 mètres de hauteur, et de ce cratère parfaitement distinct se sont
écoulés des torrents boueux, dont Tun avait 800 mètres de long et
une contenance d'environ 650 000 mètres cubes. Les volcancitos de
Turbaco (fig. 38), décrits par Humboldt, et les maccalube de Gir-
genti, explorées depuis Dolomieu par la plupart des savants euro-
péens qui s'occupent des forces souterraines, sont aussi des exemples
bien connus des sources de boues, et peuvent servir de type à tous
les monticules de même genre. En hiver, après de longues pluies,
la niaine des maccalube est une surface d'argile et d'eau formant
une sorte de pâte bouillonnante d'où la vapeur s'échappe en sif-
flant;, mais la chaleur du printemps et de l'été durcissent cette
aigile en une croûte épaisse, que les vapeurs percent sur divers
pomta et recouvi*ent de monticules grandissants. A la pointe de
chaonn de ces cônes une bulle de gaz gonfle en ampoule la bouillie
urgilease, puis la fait crever et l'épanché en une mince nappe sur le
talus; le liquide retombe dans le cratère; puis une nouvelle bulle
soulève d'autre argile, l'étend sur la première couche déjà durcie,
et ce.Ya-et-vient continue incessamment jusqu'à ce que les pluies
d'Jûver aient de nouveau délayé tous les cônes (1). Tel est dans
tofàte.sa simplicité le jeu de ces volcans, dont le produit a, comme
OU'TjQÎt, la plus intime analogie avec notre argile plastique.
. Onant au point où ces émanations volcaniques se seraient fait
joBTy.on peut le rattacher à la série de failles parallèles à celles que
H. Raulin décrit sous le nom de faille du Sancerrois, et qui est pré-
cisément d'époque tertiaire.
§ 3. — (ilables quartzeux.
L'argile plastique est ordinairement surmontée d'une couche de
sables quartzeux. A Vaugirard, elle n'a que quelques décimètres
d'épaisseur, mais dans d'autres lieux, comme à Montereau, elle
atteint de 5 à 8 mètres. Ce sable, souvent très-blanc et très-pur, est
alors exploité pour la fabrication du verre, ou, quand il renferme
quelque matière étrangère, pour celle des moules de fonderies et
pouy les autres usages auxquels les sables sont propres.
Minerai de fer subordonné. — A Montereau, le sable est cou-
(1) Iteclns, la Terre, iB6^, t. I, p. 679.
ST. XEUMIER. H
M^^^^^M TElinAlNS TERTIAIRES.
ronné de rognons de limonite, si nombreux, qu'on les a
iiemenl exploités comme minerai de fer; mais en ^éii<ïral es,
rognons ne sont qu'un grès quaitzeux à ciment d'oxyde de fer A-
se refusent à une exploilalion productive.
A partir de l'extrémité du parc de Saint-Ange, on trouvi
les chemins, quelquefois même sur le soi, souvent en nombre con-
sidérable, des scories encore très-riches en for, indi(^unnl eet-
lispioilalions très-i m parfaites du minerai de fer, partout où on k
trouvait en quantité asse^ considérable près de grandes forêts,
moyen de ("orges à bras, il y a eu même sans doute, à une époquS'
plus récente, mais encore assez reculée, une exploitation plus
guliére, car les deux moulins de Villecerf portent le nom âehforgi^
(>t do la Fondoire. On voit dans les bois des excavations assez nom^
breuses, attribuées par la tradition du pays h la rechci'clie du mi-
nerai, et qui Se trouvent toutes dans l'argile. Depuis lotigtempt.:
toute autre trace de ces exploitations a disparu, mais on trouvées
core fréquemment dans l'argile des nodules de fer peroxyde asseê
faiblement bydraté, puisque la poussière en est presque rouge, lis
ne sont pas irrégulièrement disséminés, en général, dans rétenduff
de l'assise, mais ordinairement rapprochés eu nombre quelquefffls
considérable, et formant une espèce de gerbe. La culture les fait
arriver à la surface du sol, où on les trouve toujours dans un espace
assez circonscrit, tandis que tout autour il y a des espaces qui n'en
présentent Hucuq. En se dirigeant de Yiilemer parallèlement an
Lunain, on peut remarquer quelques champs d'une couleur rouge
très-vive. Le grand nombre de scories qu'un voit dans lo voisinage
conduit à penser qu'ils ont été le lieu d'une station de forges à bras,
et que leur couleur est due à la poussière produite par la trituration
de ces minerais. Il parait impossible de ne pas penser que cea
nodules n'aient pas été le produit d'une émission de vapeurs ferru-
gineuses ayant pénétré ces ar'giles après iem* dépi>t. Ln direction
verticale qu'affectent généialemcnt ces petits amas est surtout sen-
sible dans' les cas, assez i-ares d'ailleurs, où ces vapeurs ont péné-
tré le calcaire d'eau douce supérieur à Targile. On en voit des
exemples à Montereau, à Saii]t-Mamës, dans la mmpe qui monte à
ta station du chemin de fer, et it Sainte-Ange, sui'tout dans une
'CAve creusée dans le roc. On sait que depuis longtemps déjà
M. d'Omalius a attribué le dépôt considérable de minerai de fer
exploité près de Maubeuge à une cause analogue, ainsi que plusieurs
autres. H en est do même très- probablement des minerais du di'-
SABLES QUARTZKUX. 115
partement de TOrne décrits par M. Blavier, et qui appartiennent
à la formation des argiles à silex.
Lorsque ces nodules sont exposés longtemps au contact de Tair,
comme cela arrive à ceux que la culture amène à la surface du sol,
ils se couvrent d'une croûte jaune friable, pénétrant graduellement
•dans rintérieur.
Grès de l'argile plastique. — Sur beaucoup de points, les sables
de l'argile plastique sont agglomérés en grès par suite d'inliltration
.calcaire et plus souvent siliceuse. A liougival, à Auteuil, etc., ces
grès acquièrent une certaine épaisseur, mais les blocs qu'ils forment
sont plus volumineux encore dans d'autres lociilités : à Saint- Ange
par exemple, où ils ont plusieurs mètres et où on les exploite pour
le pavage.
M. Ch. d'Orbigny (1) a signalé une carrière d'argile plasti([ue où
la place exacte de ces grès est spécialement nette. Elle est située sur
la rive droite du Loing, près de la verrerie de Bagneux, entre Fay et
€haintreauville. Voici ce que donne ce point, où M. Ch. d'Orbigny
attribue, comme on va voir, aux poudingues dits de Nemours, une
place un peu différente de celle que nous leur avons assignée
plus haut.
6. Lœss mélangé à sa partie supérieure de matières
végétales 2 mètres.
b. Travertin inférieur ou de Saint-Ouen. Ce calcaire
est assez compacte et contient à sa partie su-
périeure quelques rares galets de silex 6 à 8 mètres.
Â, Grès de Targile plastique. Ce banc de grès, très-
fortement endurci par un ciment siliceux, est
en place et repose sur l'assise de silex 2 mètres.
3. Puissante assise très-régulière de galets de silex
pyromaques noirâtres provenant de la craie
(poudingues de Nemours) Aàô mètres.
2. Marne sableuse et sable argileux faisant* partie
de la formation d'argile plastique 1 mètre.
4 . Argile plastique proprement dite, grise et pana-
chée de rose, tout à fait semblable à celle de •
Montereau. Elle est exploitée pour la verrerie
de Bagneux J mètre.
Origine des sables de l'argile plastique. — Evidemment, les
sables de Fargile plastique annoncent un transport rapide, par des
(1) Ch. d'Orbigny, Bull, de la Soc, géologique, 2« série, 1859, t. XVII, p. 38.
TEHRAINS TERTIAIRES,
taux couranlus, de inalériaux dus à la dénudation des couches qai
rormaiciit le fond du bassin. Ici les objections, valables au sujet dt
l'argile elle-même^, ne s'appliquent plus, caria craie soumise à lad^
nudation fournit du sable quarlzeux par les silex qu'elle rcafennei
Les galcls el les sables si abondants le long de nos falaises crayeuses,
ik Dieppe par exemple, montrent la reproduction actuelle de ce pbi-
nomène, et it l'inverse les galets et les poudingues que nous ci»
lions loul k l'heure, danîi le terrain d'argile plastique, cotnplûleal
la ressemblance de cette |jériode antique avec l'époque actuelle.
Enfin, les famses glaises sont superposées aux sables. Elles dif-
l'èrent il première vue de l'argile plastique proprement dite par
l'abondance des vestiges végétaux qu'elles renferment et qui iM
rendent souvent si lignileuses, qu'on les appelle souvent ligmin
supérieurs de largile plastique.
A cet égard, remarquons que l'argile plastique se trouve vérita-
blement comprise entre deux assises de llgnites, ce qui conduit,
pour ainsi dii-e, naturellement à la considérer conunc un simple
accident venant inten'ompre une longue période bomogëne.
MiNÉR.\ux DISSÉMINÉS DANS LES FAUSSES «i.AiSES. — Ordïnairemeal
les fausses glaises sont plus ou moins sableuses, et l'inégale répar-
tition des matières étrangères qu'elles contiennent leui- commu-
nique les bigarrures les plus diverses.
Parmi ces matières étrangèi'es, il faut citer en première ligne le
fer il l'état d'oxyde anbydrc ou hydraté.
La pyrite forme ici des rognons parfois très-volumineux et dans
l'intérieur desquels se retrouvent en abondance des empi-eiDt«
végétales et de véritables ligniles. On pooiTait croire quti ces ma-
tières organiques ont déterminé dans bien des cas la concentnition
de la matière pyriteuse.
Le succin, ou ambre, a été signalé par Brongniart dans les fausses
glaises d'Auteuil, et étudié avec soin par M, Becquerel. 11 se présents
en nodules gros comme une amande et audelil, dont la couleur
varie du jaune clair au jaune foncé et dont la transparence est très-
variable. Les fragments naturels sont recouverts d'une sorte d'écopcc
d'un rouge de rubis.
Les lianiles des fausses glaises reiilennent quelquefois aussi du
fai^sse;$ glaises. 117
succin sous forme de minces plaquettes, et ce n'est pas un des
moindres arguments qu'on puisse invoquer en faveur de Toriginc»
végétale de l'ambre.
La chaux phosphatée terreuse est disséminée dans les fausses
glaises sous fonne de nodules. Habituellement, ceux-ci n'ont aucune
forme caractéristique, mais dans bien des cas on y peut reconnaître
des coprolithes, c'est-à-dire des excréments fossiles. Les collections
de Muséum renferment un bel échantillon de C(^ genre, (jui provient
des fausses glaises d'Auleuil, où il a été recueilli par M. le docteur
Eugène Robert.
La présence de ces coprolithes indique l'existenct^ d'animaux volu-
mineux à l'époque qui nous occupe, et c'est, comme on va voir, ce
qui a été vérifié directement.
A la surface des nodules de chaux ])hosphatée se montrent par-
fois de petits cristaux bleus consistant en fvr phosphiti* ou vivianite,
lis acquièrent quelquefois un volume assez considérable, et ils
présentent une grande perfection de forme.
La célesiine, ou slrondane sulfatée^ se présente quelquefois en petits
cristaux, soit sur le lignite, soit sur les minéraux contenus dans les
fausses glaises. Ces cristaux appartiennent à la variété dpotome de
Haûy. Celte forme consiste dans le prisme c* surmonté d'un pointe-
ment à quatre faces très-aiguës, placé sur les arêtes horizontales
de ce prisme et donné par un décroissement intermédiaire sur le
primitif. La disposition symétri(iue de ce pointement a engagé
quelques minéralogistes à proposer de prendre le prisme et pour
forme primitive : « l'avantage de ce système, dit Dufrénoy (1), serait
que tous les cristaux en dériveraient par des lois simples » ; mais
l'analogie avec la baryte sulfatée, dont seulement un petit nombre
de cristaux se rattachent à la forme e^ doit faire préférer le prisme
adopté par Haûy, qui concorde avec les clivages.
La webstériie est constituée par du sous-sulfate d'alumine, et pré-
sente une structure grossièrement oolitliique. Elle forme une couche
assez développée à Âutcuil, où M. Dumas a pris les échantillons
qu'il a analysés; ils renfermaient :
Alumine 30
Acide sulfuriqiio 23
Eau à7
100
(1) Dufrénoy, Traité de minéralogiey 1856, t. II, p. 27â.
TEBilAïas TEKTIAIRES.
Vapolélile. que nons avons drjà niL*nlioonée précédemment, est,
uu sous-suUale de peroxyde de fer. Elle se présente eu concréltonv
Iiil>ercu]eu5es d'un jaune-SL-rio. Ou peut en recueillir à Issy, où elle
est très-abondante sous la forme d'enduits minces.
FiiSËS nES FAissES GLitSES. — Lps faosses glaises sont extrême-;
nienl riclies en fossiles.
Les lignites qu'elles contiennent indiquenl une vé^tation abOD-'
dnnte. Outre les empreintes de plantes indiscernables, on p«it
reconnaître des graines , des fenilles et des tiges provenant de
(onilêres qui paraissenl avoir eu alors un très-grand développe-
ment.
Les c'iqiiilles sont très-nombreuses. Exclusivement d'eau douce
dans la partie inlërieuie du terrain, elles se mélangent vers le haut
avec des espèces marines. Parmi les principales, nous cit^vDS les
Lb Cyrenn cunetformis ffig. 39) est tout à fait caractéristique. On l'i
recueilli à Auleuil dans des sondages, ainsi qu'à .'Harly, C'est une
FiG, 39. — Ci/iviit
co{|U)lle épaisse iiombée, sublrigone, dont la chaniière se composa
sur cbaque valve de trois dents cardinales presque égales et di-
vergentes et de deux dents latérales lisses ou striées, rintérienre
assez épaisse, courte et rnpprocbée, la postérieure distante, snl^*;
lamelteuse.
Une coquille très-voisine et tout aussi abondante est le CyreiM:
antiqua, qui présente à peu près les mêmes caractères, mais est
moins bombé, en général, un peu plus grand et beaucoup moin»'
Irigone.
Les Planorùis sont nombreux et présentent une coquille bi
discoïde, à spire aplatie, enroulée sur le m.;me plan. L'ouverture en
FAUSSES GLAISES. 119
est ovale-transverse oblique, et embrasse la concavité de Tavant-
dernier tour.
Un grand Physa^ très-fragile, présente une coquille oblongue,
lisse, dont la spire très-aiguë offre un dernier tour plus grand que
tous les autres réunis. Comme dans toutes les Physes, l'ouverture
est ovale, rétrécie, supérieure et arrondie en avant.
Le Litnnœa mêlé avec cette Physe, en diffère à première vue par le
sens de sa spire, qui est dextre au lieu d'être sénestre, et par son
ouverture très-ample et échancrée sur l'avant-dernier tour.
Un Melania offre dans les mêmes couches sa co([uiile turriculée,
dont l'ouverture est entière et oblongue, évasée à la base. La colu-
melle, lisse, est arquée en dessous.
Panni les espèces marines, il faut mentionner, outre des huîtres
qui ne paraissent pas avoir été examinées très-soigneusement dans
le sud de Paris, mais que nous allons retrouver en abondance dans
le Soissonnais, le Cerithium variabile^ tout à fait caractéristique
des fausses glaises. Nous ne faisons d'ailleurs, que le mentionner
ici, parce que nous allons avoir à y revenir avec détail.
Outre les mollusques, la faune comprend des vertébrés, et en par-
ticulier des reptiles d'où proviennent les coprolithes d'Auteuil et
d'ailleurs, et qui sont représentés par divers ossements assez mal
conservés en général.
CHAPITRE II
RÉGION NORD DE PARIS
Si maintenant c'est au nord de Paris que nous étudions les as-
sises comprises entre le terrain crétacé et le calcaire grossier, nous
trouvons des faits très-différents de ceux qui viennent d'être décrits.
Ces assises sont très-compliquées, et leur étude contient beaucoup
de points sur lesquels la discussion est encore pendante. Cependant
nous croyons qu'on peut les diviser en quatre groupes, qui sont :
â. Les lignitcs.
3. Les sables marins de Bracheux.
2. Les marnes à physes.
1. Les gables blancs de Rilly.
■fîff'^^ ^ " TERRAINS TERTIAIRES.
Cet ordre de superposilion esl lui-iDëme trÈs-loin d'âtre admis
|»ar tous les géologues, et M. Mi^llcville, par exemple, va jusqu'à
en adopter un ([ui est à peu près iuverse. Nous verrons cependant
que beaucoup de Faits paraissent le justifier, et nous laissons aui
progrès futurs de la stratigraphie le soin d'élucider tous les pointe J
de cette élude.
Quoi qu'il en soit, nous allons successivement décrii'e les quatra
assises dont on vient de lire les noms, et nous irons, comme toujours,
de la plus ancienne à la plus récente. Nous réunissons cependantfl
los deux premières assises, qui sont absolument inséparables.
§§ 1 M 2. — Habli-B do Hlll) et Hnrnps A iilijBpa.
C'est surtout aux environs de Ileims qu'on peut étudier les
couches les plus anciennes de la série qui nous occupe, et spécia-
lement h. Uilly-ta-Montagne.
En 1835. l'altention Tut attirée sur la constitution de celte région
par M. Drouet (1), qui signala un calcaire d'origine lacustre rempli
de fossiles appartenant k de nombreuses espèces. M. Ch. d'Orbignj,
étudiant cette localité quelques années plus tard, en donna une
bonne coupe, qui montiv à partir de la craie (fig, iO) : 1 à 2 mÈtres
- Coupe lie la colline de Rillj.
■nvt 1 l'IijscB. — i Subies do Rillj. — 1.
de sable ferrugiueux ou des rognons de grès, 3 mètres de sabtéïl
quarUceux absolument blancs et purs, un lit de sable jaunâtre ; puis
un calcaire marneux jauni\tre de 1 à 3 mètres d'épaisseur, accom
pagné de glaise et rempli de coquilles Huviatiles et terrestres (3).l
il) BtoubI, Ballet. delaSof. géologique, 1835, l. \l, p. 29*.
(I) Cb. d'Orbigaj, BuOet. de la Soc. giohgii/ue, 183», I. IX, p, 331.
SABLES DE RILLY ET MARNES A PHYSES. 121
Au-dessus, la pente de la colline est occupée par des glaises de
l'étage des ligniles et le calcaire lacustre moyen.
Les sables découverts à Rilly recouvrent directement la craie sur
une partie considérable du bassin de Paris. Ils sont d'une pureté
admirable et ne contiennent ni débris organiques, ni cailloux roulés.
Leur puissance dépasse 7 mètres. Dans plusieurs localités on les
exploite pour les verreries, auxquelles ils apportent une matière
première tout à fait exceptionnelle.
Toujours, dans les localités où l'on a pu les observer, les sables
de Rilly sont recouverts par l'assise de marne calcaire, renfermant
les fossiles lacustres, tels que le Physa gigantea que nous venons
de mentionner, et sur lesquels nous allons revenir. L'ensemble de
ces deux formations offre environ 15 mètres d'épaisseur et occupe
à la surface de la craie un emplacement qui, d'après les travaux do
M. Hébert (1), diffère complélementde ceux qu'ont ensuite occupés
les autres formations tertiaires.
Cet emplacement peut être considéré comme un vaste lac que les
eaux de la mer ont plus lard envahi par sa limite nord et ainsi con-
verti en golfe, dans lequel se sont déposés les sables marins dits de
Bracheux, sur lesquels nous allons avoir à nous étendre dans un
moment.
Origine des sables de Rilly. — Les sables de Rilly ne se pré-
sentent pas comme le produit d'un charriage. Leur origine est fort
difficile à comprendre, et M. Hébert a cherché à en rendre compte
de la manière suivante : « Si l'on me demandait, dit-il (2), à défaut
d'une opinion positive, une hypothèse de nature à expliquer ce dépôt
si singulier, je dirais que la silice de la craie de Meudon et du cal-
caire pisolithique me paraît tout aussi difficile à bien comprendre.
Ce qui est certain, c'est qu'il arrivait de la silice dans la me/
crayeuse, qu'il en arrivait dans celle de la craie supérieure, dont
notre calcaire pisolithique est un produit. Pourquoi, lors de l'émis-
sion de ce dernier et des dépressions que cette émersion a laissées
à la surface du sol, les eaux qui sont restées dans ces dépressions,
ou qui s'y sont réunies d'une façon quelconque, ne se seraient-elles
point trouvées chargées de silice, résidu peut-être de celte silicn^
crayeuse dont le dépôt aurait affecté la forme que nous voyons dans
les sables de Rilly? Ce sable n'est pas cristallisé, soit. Mais nous
(1) Hébert, Bullet, de la Soc. géologique, 2« série, 1853, t. X, p. 436.
(2) Idem, ibid., p. 446.
TEIlR&lfJS TtHTlAIRKS. ^^"
ignorons dans <|i]nJles «onditious il s'est déposé ; ces conditions
pouvaient s'opposer à l'élat cristallin. Là est l'énigme; mais ce que
l'ensemble de ce sable ne permet pas de nier, c'est : 1° que la mer
n'a jamais eu accès dans la dépi'easion 0(1 il s'est déposé ; elle y
aurait laissé des traces de sa présence; 2" qu'aucun affluent n'y ap-
portait s(îs eaus : de lavaserésultant du lavage de la craie, des silex,
se seraient mêlés au sable, et rit<u de tout celan'existe.Oonibîen de-
temps cet état de choses a-l-il subsisté? Rien ne nous l'indiquenon
plus. Peut-être cet isolement n'a-l-il eu qu'une courte durée? PUis^
celte période serait longue, plus il serait difficile de la comprendre, n
Pendant le dépiU des sables il ne semble y avoir eu dans le lac
aucun être vivant; à moins toutefois qu'on ne suppose la dUsola-
tion postérieure des coquilles, comme cela n eu manifestement lieu
h d'autres niveaux de sables. Bientôt des affluenls se sont fait jour
qui ont apporté les sédiments marneux. Ils ont en outre entraîné
dans le lac les coquilles de tous ces animaux, plus abondants dans-
ies points où les eaux étaient plus chargées de calcaire, et qui y
ont été cimentées ensemble pm* la vase qui se déposait en méme^
temps. De là ces marnes calcaires à physes, produit d'une époque,
qui, eu égard à leur épaisseur et à l'énorme quantité de mollusques
dont ces marnes renfennent les débris, a pu être d'une durée ti^
longue.
FutM; DES siBLEs DE RiLLV. — Il Convient de décrire quelques-
unes des coquilles les plus caractéris-
tiques de cet intéressant dépùl.
Le Physa gigantea (Michaud) doit
être cité en première ligne. C'est une
grande et belle coquille (fig. 41) ovale-
oblongue, à spire conique, régulière el
pointue, à laquelle on compte sept
tours; leur accroissement est rapide;
ils sont larges et peu convexes. Le der-
nier tour est très-grand ; il fonne les
deux tiers environ de la longueur
totale ; il est obliquement ovalaire, sen-
siblement atténué en avant; souvent
il est percé à la base d'une fente ombi-
Vii^-^u^mj^agiganka. ''"^'^ ''""^ ''^ grandeur varie, el qui.
quelquefois, esl complètement close.
^'ouverture est ovale, assez étroite; son bord droit est mince et
SABLES* DE RILLY ET MARNES A PHYSES. 123
tranchant; la columelle au contraire est épaisse, cylindracée et
faiblement contournée en forme d'un gros pli très-obtus. Le bord
gauche est épais et renversé en dehors.
Le Paludma aspersa (Michaud) est ovale, ventru, subconique,
assez court et obtus au sommet. Sa spire est composée de cinq
tours et demi, qui sont convexes ei séparés par une suture simple.
Le dernier tour est très-grand et constitue à lui seul près des doux
tiers de la coquille ; il est assez ventru, très-convexe à la base et
percé au centre d'une fente ombilicale assez large pour celle d'une
paludine ; elle est en partie recouverte par le bord gaucho. La sur-
face des premiers tours est lisse; sur le dernier, dans do rares indi-
vidus bien conservés, on remarque, à l'aide de la loupe, des stries
transverses très-fines, régulières, qui remontent parfois sur l'avant-
demier tour. Il arrive assez souvent que la surface, au lieu des
stries transverses dont nous venons de parler, est entièrement
recouverte de stries longitudinales rugueuses, peu régulières et
serrées. L'ouverture est ovale-obronde, elle se termine en arrière
par un angle peu accusé ; son péristome , continu , est épaissi
en dehors par un bourrelet profondément strié. Le plan de l'ou-
verture est assez fortement incliné en arrière sur l'axe longi-
tudinal.
Le Cyclostoma Amoudi (Michaud) est une coquille ovalo-oblon-
gue, ventrue dans le milieu, convexe dans tous ses contours. La
•spire, un peu plus longue que le dernier tour, est j)ointue au som-
met. Au nombre de sept, les tours sont médiocrement convexes ;
les premiers sont étroits et s'élargissent lentement, mais l'avant-
demier prend une largeur disproportionnée ; le dernier tour se pro-
jette en avant et vient placer l'ouverture dans Taxe longitudinal.
Celte ouverture est perpendiculaire, et la partie de l'avant-dernier
tour sur laquelle elle s'appuie, présente une dépression notable,
comme si, étant molle, on y eût imprimé le doigt. Toute la
surface de cette coquille est ornée de nombreux plis obliques,
irr^guliers ou peu apparents, par suite de leur finesse. L'ou-
verture est circulaire; cependant, à la jonction des deux par-
lies du bord, se produit un angle peu marqué. Le péristome est
continu ; il est épaissi par un bourrelet extérieur assez fortement
évasé.
U Hélix hemisphœrica (iMichaud) est jusqu'ici la plus gi*osse des
hélices fossiles que renferme le bassin de Paris : elle atteint 30 mil-
limètres de diamètre sur 23 de hauteur. Elle est globuleuse, un peu
^^^^^^^"* TEHRAIHS TERTIAIRES,
déprimée et assez variable pour la pioémiiionoe de la spire. Celle-ci
est coQve\e, Irès-obtuse au sommet et niêine un peu maraelonnée;
elle se compose de 5 ou 6 tours convexes réunis par une suture pro-
fonde; leur accroissement est assez rapide. Le dernier tour estlrès-
grand, disproportionné, très-épais; il est trois fois plus haut que
la spire; convexe à la circonférence, il l'est également à la base;
mais de ce oâlé est ouvert un Irès-large et très-profond ombilic in-
fundibuli forme, dont la circonférence est limitée par un angle fort
obtus. Toule la surface est très -élégamment ornée de stries longitu-
dinales serrées, un peu onduleuses et découpées en quadrilatères
allongés par des stries transversales distantes et distribuées assez
régulîÈi-ement. L'ouverture est grande, plus haute que large, ovale,
obi-onde; sou plan s'incline sur l'axe sous un angle de âO degrés;
son bord reste mince et tranchant à tous les âges.
Parmi d'autres hélices qu'on recueille au même niveau, nous
citerons ; H. Amoudi (Mich.), H. luna {Mich.j, H. Dumasi (Boissy),
B, Geslini (Boissy).
Le Megaspira exorata {Oesh.} {Pyramidella exùrata, Micb. ; Mega-
spira mili/ensis, Boissy) est uiie coquille allongée, turriculée, sub-
cylindracée, La spire est formée de 22 tours; ils sonl Irè^-étroils,
s'accroissent lentement; leur surface est plane ou à peine convexe,
et elle est ornée de très-fines eûtes longitudinales qui rendent la
suture élégamment crénelée par leur proéminence en ce point. Le
dernier tour est court, convexe, proéminent en avant, et ne porte
aucune trace de iente ou de perforation ombilicale. L'ouverture^
médiocre, est oblongue, semi-ovalaire, plus haute que large; son
bord l'esté mince, et lorsqu'il est entier, il est faiblement évasa
en dehors. Une columelle droite porte li'ois plis éjjaux et parai-
lèles, et de plus une lame pénétrante, fixée près de la base de la
columelle.
Plusieurs Pupa pourraient nous arrêter, mais pour la plupart
ils sont extrêmement rares. Nous mentionnerons : P. palangula
(Boissy), P. J;'cAiaci(Boissy)ii*.(iier»ii's(Desh.),/'.oui/onnis(Micl\.),
P. sinuala (Micb.), P. remimsis (Boissy), P. allemans (Desh.).
Cette intéressante faune a été l'objet de plusieurs travaux, parmi
lesquels nous signalerons un mémoire de M. Michaud (1), et da
[IJ Miuliaud, DescriplioM de •j\
'le In Ckninpngne [Actes ilc la i
SABLES DE RILLY ET MARNES A PHYSES. 125
longues recherches de M. Saint-Ange de Boissy (1). C'est à œ
dernier que nous empruntons la liste suivante :
Cyclas (Pisidium) nuclea.
— (Pisidium) Denainvilliersi.
— unguiformis.
— Verneuili.
— Rillyensis.
Ancylus Matheroni.
Vitrina Rillyensis.
Helix hemisphœrica.
— Droueti.
— luna.
— Arnoudi.
— Dumasi.
— Geslini.
Papa Rillyensis.
— columellaris.
— sinuata.
— palangula.
— Archiaci.
— remiensis.
— oviformis.
Cluusilia contorla.
— Edmundi.
Megaspira Rillyensis.
Bulimus Michaudi.
Aehalina Terveri.
— Rillyensis.
— cuspiduta.
— similis.
— leniiensis.
— Michcliui.
— Michaudi.
Cyclostoma conoidea.
— helicinœformis.
— Arnoudi.
Puludina aspersa.
— Nyslii.
Phyfa gigantea.
— parvissima.
Yalvata Leopoldi.
Mode de formation du dépôt de Rilly. — M. Hébert a cherché
à déterminer les limites du lac de Rilly (2). Diverses observations le
portent à penser que les bords de ce lac étaient voisins de Sézanne
et de Rilly, où des cours d'eau arrivaient de l'est, et que le lac s'é-
tendait au nord vers Cormicy, à l'ouest vers Dornians (xMarne), où
sa profondeur s'augmentait considérablement; par suite, il devait
dépasser Dormans vers l'ouest à peu près autant qu'à l'est, ce qui
donnerait à cet amas d'eau douce, dont la longueur peut être évaluée
à 75 kilomètres au moins, une largeur de 6^ kilomètres. Aucune
assise lacustre homogène n'atteint un pareil développement dans
notre bassin.
Importance de la formation de Rilly. — Généralement, le ni-
veau des sables de Rilly est compris entre 120 et 150 mètres d'alti-
tude, et comme l'épaisseur de cette assise est d'environ 15 mètres,
on voit que les variations d'altitude se réduisent à peu de chose sur
(1) Boissy, Description des coquilles fossiles du calcaire lacustre de Hilly-la-
Montagne {Mémoires de la Société géologique de France y 2^ série, 1848, t. III,
p. 266.
(2) Hébert, B^illet, delà Soc. géologique, 2« série, 1853, t. X, p. /150.
WBmB^^^^^^^ TERRAINS TERTIAIRES.
une étendue de 2k l(ilomètres du nord au sud, d'Iiermonville i
Itilty. Or, à 3fi kilumëti-es au sud de Hilly, au mont Aimé, le cal-
caire |)isolilhique se trouve tout d'un coup porté à 2fiO mètres d'alti-
tude, 90 mètres de différence. Si Mite différoncu provenait d'un
relèvement du soi postérieur au déptH des sables et des marnes de
Rilly, celle assise ne se serait pas maintenue il ce niveau constant,.
elle plongerait beaucoup plus au nord : à Pévy, l'altitude serait de
95 mètres au lieu de 150. Mais il y a plus. On sait que ce même
calcaire lacustre existe à Sézanne, c'est-à-Uire à 2!i kilumètres aU'
sud du mont Aimé, à une altitude de 170 mètres. Le calcaire piso-
lîlhique du mont Aîmé se trouve donc à 70 mètres au moins au-dessus
du niveau des marnes et calcaires lacustres de Ililly, (|ui n'en sont
éloignés que de 2i kilomètres au sud à Rilly, et de 23 kilomètres
au nord à Romerv*. Il en résulte nécessairement que celle dilTéreiu»
de niveau est indépendante des mouvements lents du soi posté-
rieurs au calcaira lacustre de Rilly, et qu'elle existait lors du dépdl
de ce calcaire.
Ainsi, après le dépûl de la dernière couche du calcaire pisoli-.
tliique et avant celui de la première couche des sables de lîillv, il
s'est passé des phénomènes, par suite desquels le fond du golfe où
s'était déposé le calcaire pisolttliique a été cousidérablement élevé
au-dessus de son ancien niveau. L'exhaussement du sol a été en
outre accompagné ou suivi d'un ravinement ou d'une dénudatios
de 100 mètres de {trorondeur. La dépression qui en a été le résuHtt
a reçu des eaux douces et est devenue un lac encaissé dans la craie,
recouverte en pai-tie par le calcaire pisolilhique, nolaniment aft
mont Aimé et à Vertus, et où, après le dép(H d'une couche de sabje
de 7 à 8 mètres, a élc enfoui un ensemble remarquable de mol-^
lusques.
Il y a donc entre le calcaire pisolilhique et la Ibrmation lacustre
de Rilly une discordance de slratiflcalion beaucoup plus grande
que celle que nous avons remarquée entre la traie et le calcair»
pisolitbîque. Cette dernière peut et doit prolmblenient s'éli'e élablift
pal' suite d'un soulèvement lent et dont l'effet lolal a d'ailksurs éià
peu considéi-able. En esl-îl de même du second ? — Rien n"a pu
jusqu'à présent nous l'indiquer. Nous en sommes réduits aux hypo-
thèses ; mais ces hypothèses ne peuvent pas sortir des termes sui-
vants : Si le soulèvement a été long, il coiTespond fi une duréâ
plus longue que celle qui a séparé la craie de .Meudon du calcaî»
pisolitliique, et pendaiil celle époque il a dû se déposer quelque part
SABLES DE RILLY ET MARNES A PHYSES. 127
des couches d'une certaine importance. S'il a été brusque, il adonné
naissance à un dépôt de transport assez considérable, dont les élé-
ments devraient être en grande partie le calcaire pisolithique et la
craie. Jusqu'à ce jour aucun indice de ce dépôt ne s'est offert à
nous, et les restes d'un dépôt de cette nature, qui existent encore
à Sézanne par exemple, contiennent des débris roulés du calcaire
lacustre de Rilly et attestent par conséquent une nouvelle révolu-
tion postérieure à ce dernier dépôt (1).
Calcaire de Sézanne. — A Sézanne, au lieu dit la butte des
Crottes, les couches lacustres offrent une prodigieuse (luanlité
d'empreintes végétales, étudiées d'abord par M. de Wegmann (2),
puis successivement par MM. Ad. Brongniart (3), Pomel (U) et de
Saporta(5). Il est résulté de ces divers travaux la connaissance
d'une flore des plus intéressantes, riche en dicotylédonées et en
fougères, ayant leurs analogues actuelles dans les régions tropi-
cales.
Nous emprunterons à M. de Saporlala liste suivante, qui exprime
bien l'état actuel de nos connaissances à l'égard de cette flore inté-
ressante.
Chara minima, Saporta.
Marchantia Sezannensis, Sap.
Adiantum aralophyllum, Sap.
Blechnum atavium, Sap.
Asplenium subcretaceum, Sap.
— Wegmanni, *Bron(,^uiai l.
— carpopborum, Sap.
Alsophila Ihelypteroides, Sap.
— Pomeli, Sap.
— nolabilis, Sap.
Gyatheites debilis^ Sap.
— platanœformis, Sap.
Hemitelites longœvus, Sap.
— proximuS; Sap.
Cyperitcs Sezannensis, Sap.
Ludoviopsis discerpta, Sap.
— geonomaifolia, Sap.
Myrica platyphylla, Sap.
— subincisa, Sap.
— apiculata, Sap.
Alniis cardiophylla^ Sap.
— trinerva, Watelet.
Betula ostriœfolia, Sap.
— sezannensis, Wat.
Dryophyllum subccetaceum, Sap.
— paloeo-Gastanes, Sap.
— lineare, Sap.
— integrum, Sap.
Ulmus antiquissima, Sap.
— betulacea, Sap.
(1) Hébert, session extraordinaire à Épernay {Ballet, de la Soc. géologique,
2' série, 1849, t. VI, p. 725).
(2) De Wegmann, Bullet. delà Soc. géologique, 1" série, 18/42, t. XIV, p. 70.
r3) Ad. Brongniart, Bullet. de la Soc. géologique, i''' série, 18à2, t. XIV, p. 100,
et Tableau des genres de fossiles, p. H5.
(A) Recherches résumées sur le tableau ci-dessus cité de M. Brongniart, et
Écho du monde savant 1842.
(6) Mém. de la Soc. géologique, 2« série, 1868, t. VIII. p. 2S9.
• »si
TSaRAfl9f( TîBTUniES.
?nti'df.'i£ îTWiJiiata. T.mwjaL
— ji:Kipi£. Tan.
— jatuf^n. Tan.
ju":inVirMiîii»*4 !ianf.>inii:ùiiiiipg. r
— i.iiiniimii»'iir3iia. "tid.
Pnpuius ir:rni^«3iia. 'hip
Suis fi!ipt*iiiia. :*ao.
— pmiifi- ». 5ao.
— T'ïnui. iip.
Xiiaim'iin'ïis imDtireiïiiia. '^o-
— intana. Sio,
Li:i7*ia ?«»rwa"' D^idssiL 5iip.
— »îi ::•:«". iii:f»!i.a. Sic.
— F. iln-'.oi-rti. Sa;.
Hedera prL*<:a, Sïp.
Aralh 'P.^ralropii?) creriXk a. Sir.
Iriiia «sanii:
f, Sap.
i, Sap.
— lardUtida. Sap.
■!I.--«i:? prioueva. >ap.
— anpciiïçsiiea, Sap.
-!>iniii9r pfaitjpkina. Sap.
ifcHnamfîftef fi!>thcrpllmdefly Ssp.
jlii^paiia îzxfqoalîs, Sap.
-ririniiiii? rabosta. Sap.
Ti'mlia variabilis, Sap.
— aiadnta, Sap.
:\£Pmpenntts inaniiufoliiis, Sap.
''zvmiaigKm erednericfoniiiS; Sap.
— dlîaeea. Sap.
— sJdcf jtia. Sap.
— sniacoi^ra. Sap.
— tr>»fna«(>Ua, Sap.
— crtî-iuLkta, Sap.
•'.îvj^trirft» Tfaiaksiis, Sap.
— fiiiUx. Sap.
— H'.^rtoçiaiiaS; Sap.
— Ic^mos. Sap.
Ri^imaus arpttiieos, Sap.
Ziz3phc3 Riiacouiti, Sap.
Ja^. indites penmphu, Sap.
— olmedif forai is, Sap.
— cerauus. S»p.
Corniii»* le remarque le suivant auteur «! k la flore de Sézannese
relie k relie de la craie supérieure par divers indices : 1* par quel-
que-s affinités de forme, dont YAspienium Fut^tTÎ fournit l'exemple
le plus frappant : 2* par la présence commune des Cyathées, des Pan-
dané^-s el des genres Mt/rica, Dryophyllum, Sassafras, Cyssus, Magno-
lia, Jufjlnns. Celle énuinération, quoique incomplète, est suffisante
pour faire admettre que la flore tertiaire de Sézanne a sa racine et
sa niisoij d'être dans un passé plus reculé, encore imparfaitement
exploré, dont elle n'est que le prolongement agrandi et développé.
Si peu que nous sachions sur Tensemble de la flore crétacée, on
peut entrevoir en elle deux catégories de plantes bien distinctes
par l< urs éléments constitutifs i\{ leur physionomie caractéristique.
l/un<^ d»' ces catégories conipn»ndrait les protéacées et les types
îMislniliens ; l'autre se r/^mposerait plutôt de types similaires de
(1) De Saporta, Mémoires de In Société géologique^ loc. cit., p. 305.
SABLES DE RILLY ET MARNES A PHYSES. 129
*
ceux de la zone boréale, et renfermerait par conséquent des genres
demeurés depuis indigènes. C'est à cette seconde catégorie que se
rattache particulièrement la flore de Sézanne, avec ses ormeaux, ses
peupliers, ses lierres, ses cerisiers, ses magnolias, ses lianes et
ses cornouillers, ses sassafras et ses noyers, dont les analogues
doivent être cherchés bien plutôt dans les régions situées au nord
de réquateur, tandis que c'est au sud de la ligne que se rencon-
trent maintenant les types végétaux auxquels les types des sables
d'Aix-la-Chapelle peuvent être assimilés.
Les points de contact de la flore de Sézanne avec celles qui l'ont
suivie dans l'époque tertiaire sont plus nombreux et plus faciles
à établir. Ces liens sont de plusieurs sortes. Les uns consistent
dans la ressemblance de certaines espèces observées dans quelques
dépôts postérieurs avec celle de Sézanne. Il en est ainsi des Sphmo-
pteris recentior (Ung.) (1) et S. eocenica (Elt.) (2), par rapport à
YAsplenium Wegmanni (Brongn.). Plusieurs fougères, rangées dans
le genre Laslrœa par M. Heer, rappellent aussi d'une manière frap-
pante les Alsophila de Sézanne. Ce sont là, si l'on peut s'exprimer
ainsi, des analogies individuelles. Il en est de plus générales : cer-
tains groupes, dont l'existence a été constatée avant l'étage de Rilly
et qu'on observe dans cet étage, continuent à se montrer dans les
suivants et se maintiennent plus ou moins longtemps. Ainsi le
groupe des Pandanées, représenté par les fruits nommés Nipadites
par Bowerbank, est fréquent dans l'argile de Londres et le calcaire
grossier parisien. Dans ce dernier terrain, ces fruits se trouvent ac-
compagnés de feuilles elliptiques oblongues, à nervures longitudi-
nales multipliées et convergentes {Phyllites mulfinervum, Brongn.),
qui pourraient être l'indice d'un type de Nipacées à feuilles entières,
comme celles de certains Carludovica actuels, et bien différents par
conséquent de l'unique Nipa que nous connaissons. Les Myricées,
signalées à plusieurs reprises dans la craie supérieure, représentées
à Sézanne sous plusieurs formes, se montrent assurément dans les
divers étages de la série tertiaire. M. Watelet a figuré sous plusieurs
noms un Comptonta des grès de Belleu (3), dont l'attribution ne
laisse rien à désirer; une autre espèce, nommée par cet auteur
(i) Uoger, CMor. protogœi, Prag, 124, tab. XXXVH, fig. 5.
(2) EtUngshauseQ, Die eviene Flora des Monte Promina. Wiea, p. 9, tab. II,
fig. 518.
(3) Watelet^ Piantet foss. du bassin de Paris, p. 122 et 123, pi. XXXIII,
ilf. 417.
8T. UONIEB. ' 9
BB lamtt appareuce, rcpo^
il OHoile' qne s'aecrolbv
se infcfkar. vi lUminiM
iTiiinirtfiTn yf n rrllr r'fruf DcBCStéenéBM du sieure Drya
jljfili. |iiiri|M parai ksesfèees AiçrêsdeBelleu, rangées pw
M, Waldet éxa» les ^n»es Çwmtf «l CmHwn. queli|ue3-iiiies,
oaUDe le Q. fanBelimavia «WaLi i jk W CahMen^w-mira (W*L)
et âôporfff (Vr»l.>, parûseiit se rappfoeberlieaiieoap des A-jr»-
pkyllmm de SéianiK on méiue se coobadre arec eux. Les sassafras,
wo philAl le ÇTOBpe des bnrniées trilobées, en y comprenant ma»
les Batson, xftêsvioaéoaaé» la Dore de Sézanne une de ses IbrtiHS
les miens déterminées, reparaissent socGessÎTemenl dans leooèoe
snperienr à SLopau, i[ans le miocàie în^rieur k .Uaaosque et k
Menât, et jnsqne dans le tertiaire récent de Sini^a^lia et du ni
d'Amo (3).
Il existe encore à Sézanne une catégorie de types qui se moB-
Irent pour la première fois dans ce dépôt, et depuis continuent Ik
paraître avec une sorte de régularité et de constance, qui atte^
d'une part leur présence à tous les degrés de la série, et de l'aatn
prête k leur attribution une certitude plus grande que si on le»
obserrait seulenteni d'une façon isolée et accidentelle. Parmi ces
tjpea, les uns, après avoir persisté plus ou moins longtemps, soal
devenus étrangers à l'Europe, où on ne les renconli'e plus acluetto-
ment; les autres, au contraire, se retrouvent encore sur le sol de es
continent, ou même s'y sonl développés de manière à constituer Ift
fond même de la végétation que nous avons sous les yeux. Comnw
exemple des premiers, il faut ciler les Cfnnamomum, Slefcalia,
Xizyplius. Il n'y a pas besoin d'insister sur le rùle des Cinnamommik
dans la flore tertiairejusqu'à la lin du miocène, époque à laquelle es
irtie était encore considérable. I^ type des Slerculîa, dont il esklA
ciicoro des traces remarquables à Sézanne, est représenté successt-
venieul dans les grès de Belleu par le S. Duchasteli ( Wat.), assez peu
dislinct ilu 8. labvwsca (Ung,), si nipandudans l'éocène supérieur
{\) WalolDl, loc. ait., p. 1B8, pi. Lll, fig. 15.
(2) WsiBlel, /oc. eil., p. 137, pi. XXXV, Qg. S.
(3) Voyo» Hoer, Beitr. sur iialitreii Kiimtnùi der Sechsich-Thàring.BMMf
kahlin Plom {À Utamllmgtn dei tialuiirissenar/i, Vereiiu fur Sachren wnî ITto-
rmgtn), S.Ub lll.fig. 7. olUb. VM, flg. 12,13. —Heer, Fl'^a Urtiaria Bthtet.
Zurich, 1860. p. 313. — Ch. T, Goudiii, Conti-ib. à In flo,-e fi/ssOe Ualienne,
2* mO(ii,,Val(l'Ariiu. Zuricli, 185!». p. 50^ pi, X, ng. 8.
SABLES DE RILLY £T MARNES A PHYSES. 131
(Skopau, monte Bolca, Sotzka); dans les gypses d*Aixpar le S. tenui-
loba (Sap.) (1); dans le miocène enfin parle S. tenumervis (lïeer) (2)
((Eningen), construit sur le même modèle que les précédents. Après
le temps de Sézanne, on retrouve le genre Zizyphm dans le calcaire
grossier parisien, dans Téocène supérieur, à monte Bolca et dans les
couches de Tile de Wight {Zizyphus veiusia, lïeer) ; puis dans les
gypses d*Aix et dans tout le tongrien, où Ton observe le Zizyphm
paradisiaca (Heer) et Ungeri (Heer). Ce genre peut encore être suivi
à travers toute la mollasse suisse, où il est représenté par les Zizy-
phu$ tiliœfolia (Heer), œningensis (lïeer) (3).
Les genres demeurés depuis européens, dont on constate Texis-
tence dans la flore de Sézanne, sont principalement les suivants :
Alnus^ Betula, UlmuSj Populus, Salix, Hedera^ Cojmiis, Juglans.
Ces genres ont laissé plus particulièrement des indices répétés de
leur présence à travers les étages dont la succession forme la série
tertiaire. lien est, comme VHedera, qui n'ont jamais varié que dans
de faibles limites et n*ont compté, dans tous les temps, qu'un très-
petit nombre de formes à la fois. M. Oswald Ileer a signalé Y H, Mac
Cluri^ qui, lors du miocène inférieur, faisait partie de la végétation
d'AtanekerdIuk, dans le Groenland septentrional. VBedera Kargii
(A. Braun) {Ix) se trouve dans la partie supérieure de la mollasse
suisse, et Y H, Strozzii (Gaud.), déjà si voisin de l'espèce actuelle,
dans le pliocène dltalie (5). Les autres genres, plus répandus, plus
nombreux, plus variés, ont donné lieu à des formes dont il serait
trop long de reproduire la liste. Il faut cependant consigner ici cette
ob^rvation importante, que tous ces genres étaient encore, il y a
pijeuL .de temps, inconnus dans l'éocène, et qu'on ne les rencontre
pas sans étonnement dans la végétation de Sézanne. Ils semblent,
^rèS' isette époque, s'éclipser, et ce n'est que bien plus tard, vers le
(OQgrien, qu'ils se montrent de nouveau pour ne plus cesser de
se développer. Cette lacune intermédiaire est due probablement à
l'insuffisance de nos recherches ; peut-être aussi doit-on l'attribuer
(1) De Saporta, Étude sur la végét. tert., I, p. 120 {Anu. des sciences natu-
relies^ 4« série, t. XVH, p. 271, pi. X, fig. 2).
(2) Heer, Flora tertiaria Helvetiœ, Zurich, 1859, vol. III, p. 75, tab. GIX,
flff. 7.
(3) Heer, Flora tertiaria Helvetiœ vol. III. p. 85, pi. CXXIII, flg. 1, 8.
(4) Ibid.^ vol. in, p. 26, tab. CV, flg. 1, 5.
(5) Mim, sur quelques gisements de feuilles foss, de la Toscane, par G. Gau-
dia et le marquis G. Strozzi. Zurich, 1858, p. 37, pi. XII, fig:. 1, 2.
^ ' TERRAIKS TEBTIimES.
à des variations climaliqucs dont l'iaQucncc aurait momealané-
meitt reinrdé riivotulioii des genres, en les reléguant sur des pointi
situés hors de la portée des eaux qui ont agi pour nous conscrra
les empreiolos de cet âge. D'heureuses découvertes, il faut l'espem,
la feront disparaître un jour. En l'état actuel, il tisl seulement pos-'
sible de consUtlcr que la période qui s'étend du suessonien au lo
grien semble avoir été favorable au développement des types iod
australiens et des formes amaigries et coriaces, au\ dépens i
formes à limbe foliacé largement étalé, aujL dépens aussi des geiin
européens actuels, dont !cs vestiges deviennent rares ou même ni
et dont plusieurs ne repai-aissent que vers le miocène déjà avaooi
D'ailleurs on retrouve à Sézanne plusieurs fossiles qui, c
Physa giganlea, Megaspira Rilli/ensis, et Hélix hemisphœrîca. son
caraetéristiques des marnes de Hilly.
La disposition générale du calcaire de Sézanne est indiquée pv
la coupe ci-joinic {Kg. h'i]. Ucs coupes du détn'l montrent q
- Coupe des dépôts de (
dans celte localité, le calcaire à végétaux est superposé à la brèche
que nous venons de citer, et adossé â la craie qui, évidemment
formait les falaises du lac de Rilly [1).
Cette disposition, la manière dont les végétaux remplissent )e |
calcaire, pêle-mêle, empilés, pennetlent de penser qu'à l'époqueoù J
ce lac était rempli par les marnes à pbyses, en partie solidifiées,,
un aiïaissement, d'ailleurs très-faible, du sol a déterminé l'irrupUoB
par le nord des eaux de la mer voisine, et celles-ci ont donné lia
à des dépôts que nous allons décrire. Il parait naturel de penswqoi
les brècbes de Sézanne sont .dues à ce que ces eau:ï marines, a
vanl brusquement, ont arraché des blocs de craie, de calcaire p
lithiquc et de marnes à pbyses pour les accumuler un peu plus lotjl
et les cimenter tous ensemble. En même temps les vases mollet
(Ij Ballft. ife h.i Soi:, géologique, 2= série
,. V, p. 395.
SABLES MARINS DE RRAGHEUX. 133
eutratnées vers le sud, ont englobé des végétaux qui se trouvent
maintenant empâtés en désordre dans cette masse jadis boueuse.
Une autre explication est difficile à trouver quant au mode de forma-
tion des dépôts complexes qui nous occupent (1).
Il est possible, répétons-le, que celte invasion des eaux marines
corresponde à un affaissement du sol, affaissement que rien n'an-
r nonce avoir dû élre très-considérable.
,^ Quoiqu'il en soit, on voit que la période qui vient de nous occu-
ii per, depuis la fin du dépôt de la craie blanche jusqu'au commen-
ça cernent des sédiments tertiaires, présente une série de phénomènes
^ qui en fait une des époques les plus importantes des temps géolo-
giques.
§ 3. — SaMes marins de Braeheax , et de Châlons-sur-Yesle.
Caractères généraux des sables de Bracueux. — L'invasion de
la mer dans le lac de Rilly a donné lieu au dépôt des sables fossili-
fères développés, par exemple, à Bracheux (Oise) et à Châlons-sur-
Vesle.
Quand on les étudie sur une surface suffisante, on reconnaît que
ces sables passent progressivement aux argiles à lignites,qui finis-
sent par leur succéder seules. Longtemps on a hésité quant à l'âge
relatif de ces formations, et d'Archiac, par exemple, plaçait, à l'in-
verse de ce qui vient d'être dit, les lignites sous les sables marins.
Mais de nouvelles études semblent avoir rendu évident Tordre de
superposition que nous admettons ici.
Les géologues qui sont d'un avis différent ont été jusqu'à con-
tester que le système de Rilly, c'est-à-dire l'ensemble des sables
blancs et des marnes à physes, fût antérieur à celui des sables ma-
irins. Mais, dans diverses localités, on reconnaît que ceux-ci recou-
vrent les marnes à physes. Il suffit d'explorer les environs mêmes de
Chftlons-sur-Vesle pour s'en convaincre.
Ce qui explique cette divergence d'opinions, c'est que le recouvre-
ment parait n'être jamais complet, et que souvent les sables marins
se trouvent à une altitude inférieure à celle de la série lacustre
contre laquelle ils sont adossés. Circonstance d'ailleurs facile à
expliquer, en admettant qu'à l'époque des dépôts du sable marin,
(i) Hébert, réunion extraordinaire à Épernay, Builet, de la Soc. géologique^
2* série, 18A9, t. VI, p. 727.
i3à m TEIIRAINS TEllTIAIItES.
la vallée de la Vesie avait seiisiblemenl la même forme q^'aujou^ |
d'hui, puiaqu'oii en conclut aisément que dans les parties basm
seules les sables ont pu atteindre une épaisseur considérable (1],
Quant à la limitation respective des deux séries qui empiètent l'une
sur l'autre, on peut dire que les saliles marins, épais de 30 mtilres
à Châlons-sur-VesIe, ne dépassent pas Rilly vers le sud-est- A Ro-
merj-, à Flem-y, à Dormans, où, comme nous l'avons dit, semonln
la série lacustre, il n'y a pas de sables marins. Au contraire, dans
le nord, ceux-ci existent depuis Laon jusqu'au pays de Bray sans
qu'on y voie trace des marnes à physes ou des sables blancs. La
coupe que voici exprime les relations de ces Tormations d'ailleurs
si différentes (tig. fi3).
<:^^:^5Z;^Fc?"^v^
_--^>?~
- Coupe priM entre CliSlons-siir-Ve»le et Villers Franqneai.
IH. ~ t. Sablés manns dcr CMlona-siir-Vc^li'. — 3. Uiinii.' i ntiysn cl i
Faune des sables de Bracbeux. — Si nous examinons la fcune
des sables de Bracheux, nous reconnaissons ce fail im|>urtanl, qu'elli*
tranche brusquement avec celle de Rilly, tandis qu'elle se fond in-
sensiblement avec celle des lignites.
Un fait analogue est d'ailleurs fourni par l'étude purement stn-
tigrapliique des fonnalions qui nous intéressent. Car, si le sable de
Bracheux est adossé à la série lacustre en stratification discordant«>!
au contraire il est parallèle aux lignites, avec lesquels il se toi
parfois d'une manière ménagée.
Mais, pour en revenir aux vestiges organisés, nous dirons qu^
dans la partie inférieure du système, on ne trouve que des fossiln'
marins, tandis qu'à mesure que l'on s'élève, le nombre des espèces ■
d'eau douce va toujours en augmentant.
(1) Bu/lel. ih la Sac géologii/ve, 2' a
SABLES MARINS DE BRAGHEUX. 135
Parmi ces coquilles, nous en citerons quelques-unes comme tout
à fait caractéristiques.
Le Cy/}r2na«cw^e//ana doit être mentionné en première ligne. Cette
coquille est grande, bombée, épaisse, équivalve, inéqui latérale,
subcordi forme, close. La charnière, épaisse, est composée sur
chaque valve de trois dents cardinales inégales, divergentes. Les
crochets sont grands, rapprochés et un peu obliques en avant.
Nous mentionnerons seulement VOstrea beUovacina^ le Cucullœa
crassatinaj le Crassatella sulcata et le Cerithium variabile^ que nous
allons retrouver dans la formation des lignites.
Au nombre des fossiles d'eau douce qui apparaissent dans la partie
supérieure du terrain, à Chàlons-sur-Vesle et à Brimont, par
e&emple, il faut citer quelques espèces remarquables.
Le Melanopsis buccinoidea est à signaler par les nombreuses va-
riations dont il est susceptible. C'est une belle coquille conique,
pointue, dont l'ouverture est ovale ; la columelle, calleuse, est ar-
quée; le bord droit est mince.
Des CyclaSy des Hélix ^ des Neritina^ tels que la belle espèce sur
laquelle nous aurons à revenir plus loin avec des détails qui nous
dispensent d'y insister ici.
Enfin, le Cyrena cuneiformis. Tous fossiles que nojis retrou-
verons plus loin comme partie constituante de la faune des
lignites.
Ce passage de faune est, rappelons-le, un des arguments les plus
décisifs que Ton puisse employer contre les géologues qui, comme
d'Ârchiac, veulent voir dans les sables marins une formation plus
récente que les lignites.
D'ailleurs nous verrons en outre que certaines coquilles de la
faune de Bracheux et de Châlons-sur-VesIe se retrouvent dans les
sables de Cuise-la-Motte, dans le calcaire grossier, et même dans
les sables de Beauchamp.
En effet, la faune qui nous occupe se lie :
Aux lignites par Melanopsis buccinoidea.
Aux sables de Cuise par. . . Turritella édita.
Au calcaire grossier par. . Corbula striata, Lamk.
— Natica labellata, Lamk.
— Turritella imbricataria, Lamk.
— Beloptera belemnitoidea, Blainv>
— Marginella ovulata, Lamk.
— Psammodia rudis, Desh.
13€ TEBRAIXS TERTIAIRES.
Aox (ables de Beaachamp par Psammodia rudis, Desh.
— Corbula striaia^ Lamk.
— Satica label/aia, Lamk.
— Mnrginella ovulata^ Lamk.
Psammodia ruiis z. xèea pendant loote la période marine éocène.
A ChàloDs-sur-Vesle , c'est-à-dire à la partie supérieure de la
formation, la faune n'est pas exclusivement marine. Plusieurs
espèces de Cyrènes^ de Cyclades^ d'Hélix^ de MéianopsideSy de
yérittnes mêlées aux coquilles marines indiquent que les eaux
douces affluaient dans le golfe marin.
Flore des sables de fiRACHEUX. — Cette flore, très-riche, est résu-
mée dans le tableau ci-joint, que nous empruntons au bel ouvrage
deM.Watelet(l} :
DlC0TTLÉD03(ES AKGIOSPERMES : 9.
Apéiales : 8.
Ujricées 1 Myrica
\ ^ ^ i Morées 1 Ficus.
CbTPTOGASES TASCCLàltES : 1.
Fougères 1 Tapoiopteris ... 1
X050C0TTLÉD05ES : 11.
f Bambusium. . . 1 >
Graminées. ... 8 < Poacites 5 I
I . .. . ' Plalanccs .... 1 Plalanus ....
\ C3rpentes. 1
Zingibéracées . 1 Anomophvllum. i '■ Protéacées ... 2 \
Palmiers. . .'. . 2 Habdlaria . . . 2 | < Drj.odroide».
DlCOTTLÉDOKES GTJCCUSPEBMES : 2. j PolypétoUs l 1.
Cupressinées . . i Cnrptomeria ..il Sterculiacées . . i Sterculia- . . .
Abiélinées. . .. i Pinus i'
« Ce tableau dit M. Watelet, met en évidence que la flore des sablée
de Bracheux est complètement isolée. Aucun terrain n est mis en
parallèle, si ce n'est par M. Matheron, qui signale un dépôt de co-
quilles brisées à la base des lignites de Xans, elc. D'ailleurs aucun
végétal n'y est signalé. Ce n'est donc qu'avec la flore des dernières
assises de la rraie que nous pouvons comparer celle des sables dits
de Bracheux. Si Ton rapproche notre liste de celle des dernières
assises crétacées, on peut faire les remarques suivantes :
» Apparition dans les sables de Bracheux de quelques familles de
Monocotylédones, disparition de la famille des Cycadées; apparition
des Morées, des Platanees et des Protéacées; absence complète des
Monopétales, commencement des Polypélales. »
(1) Watelet, Description des plantes fossiles du Inissin de Paris^ ia-d%
1866, p. 253.
SABLES MARINS DE BRAGHEUX. 437
Nous verrons cependant bientôt les cycadées figurer parmi la
flore des sables glauconifères, très-postérieurs au terrain qui nous
occupe en ce moment.
Mode de formation des sables de Brachecx. — Suivant la re-
marque de M. Hébert (1), les sables de Bracheux marquent comme
l'aurore de la tranquillité, de la régularité qui depuis lors a présidé
au dépôt des couches parisiennes. C'est au point qu'on pourrait se
sentir porté à y voir la base même du terrain tertiaire, toute la for-
mation de Rilly restant, comme le calcaire pisolithique, dans la zone
crétacée. Et quoique, comme nous Tavonsdit, cette opinion paraisse
devoir soulever de son côté des objections considérables, nous nous
y arrêterons néanmoins un moment. Comme M. Hébert le signale (2) ,
il y a parfaite concordance, au point de vue stratigraphique, soit
avec les sables marins (Bracheux) qui sont au-dessous, soit avec
les sables tantôt marins, tantôt d'eau douce (Soissonnais), qui les
recouvrent, bien que les lignites s'étendent sur une surface bien
plus considérable (les sables marins qui ont commencé le nivelle-
ment du golfe crétacé ne s'élant avancés que jusque dans la partie
la plus septentrionale du bassin de Paris).
Sous le rapport des fossiles, la liaison n'est pas moins intime. Les
sables marins inférieurs renferment en effet dans leurs couches su-
périeures des fossiles d'eau douce que l'on retrouve dans les lignites,
et ceux-ci des fossiles marins dans leur partie inférieure. Le même
mélange s'observe encore dans les sables du Soissonnais qui re-
couvrent les lignites. M. Hébert ajoute qu'il a du reste développé
l'opinion que le sol parisien n'est pas resté dans un repos ab-
solu pendant le dépôt des diverses assises tertiaires, et notamment
à l'époque des lignites; mais il croit démontré par les faits qu'à
partir des sables marins de Bracheux et de Chàlons-sur-VesIe,
les mouvements se sont réduits à de simples oscillations très-
lentes et hors d'état de produire des ravinements et des dénu-
dations.
Constant Prévost a fait observer, à cette occasion, qu'au nombre
des faits intéressants signalés par M. Hébert, il en est plusieurs qui
viennent de nouveau appuyer l'opinion qu'il a émise sur la for-
mation des terrains des environs de Paris en général, et particu-
(1) Hébert, réunion extraordinaire à Épernay, Buliet. de la Soc. géologique ,
2« série, 18A9, t. VI, p. 719.
(2) Hébert, Buliet. de la Soc. géologique, 1850, t. Vil, p. 339.
TERRAINS TERTIAIRES.
liéreiuentsurl'oriftiiie ctle gîsemenl des argiles à lîgnîtes qui en-
trent dans ta composition de c«s terrains.
Ainsi, l'existence bien constatée de sables et grés coquilliers
marins au-dessous de certains dépûts à lignites, que M. Hébert in-
dique à firinaont et à Chàlons-sur-Yesle ; le fait de l'interpositiou
d'argile et de lignites semblables dans et sur les sables glauconieuï
iiirérieui-s ào lu Picardie, dans le calcaire grossier de Vauginnl:
Is mélange de fossiles marins, fluviatiles et terre.stres ; et l'alter-
nance de sédiments marins et d'eau douce depuis longtemps re-
connus à Sergy, Nanterre, Beauchamps, Dormans, à Montmartre,
soit dans la partie inférieure du gypse, soit dans sa partie supérieure,
démontrent bien évidemmentl'origine différente des raatériauxdonl
le sol parisien a été composé et la simultanéité ou le synchronisme
d'action des causes qui les ont apportés, les uns du large ou de la
mer, les autres des terres par lés affluents, et enfin d'autres encore
de l'intérieur du sol par des sources.
Caractères oÉNÈKArx des lignites. — On vient de wir que
c'est à la suite des sables marins que se sont déposés les
lignites (1).
Fie. ii. — Coupe de l'âlage dei lignileB.
3, Lili do RlaiBo mrHéa de sabld, atec Oatrra bcUauacina. — i. li^ nilcs c\ glim» l'hirbon-
neOMt nec Cyrinei cl CMIhrt. — I. Argile pliislK|iie jKire.
Ce nouvel étage se recommande avant tout |>ar les substances
utiles qu'il contient, et que de nombreuses exploitations y vont
puiser pour les besoins de l'industrie et de l'agriculture.
A sa partie inférieure, on voit souvent (Kg. kh) une argile asseï
(i) Héberl, réunion cxlraord maire b Èpcrtiay, Bu/M. de la Soc. géologique,
2' série, iSati, 1. VI, p. 731.
LIGMTES. 139
pure, blanche, grise ou panachée, et offrant tous les caractères de
Targile plastique.
Au-dessus viennent des bancs de lignites appelés vulgairement
cendres noires, et séparés les uns des autres par des lits plus ou
moins épais de glaises charbonneuses et de marnes coquillières.
Enfin, à la partie supérieure sont des lits nombreux de glaises
alternant avec des sables diversement colorés, et parfois avec des
calcaires plus ou moins bitumineux.
Dans le département de l'Aisne, on constate fréquemment au-
dessus des couches ligniteuses Texistencc de bancs de grès souvent
pétris de cyrènes, et qu'on a confondus quelquefois à tort avec la
formation plus ancienne et déjà décrite de Bracheux et de Châlons-
sur-Vesle.
Ces grès plus ou moins durs recouvrent immédiatement les
lignites à Mailly, à Urcel, où ils atteignent 2 mètres d'épaisseur,
à Vérigny, et dans d'autres localités du déparlement de l'Aisne.
Plus au nord, ils couronnent des buttes sableuses comme à
Molinchart, à Montereau-les-Leups^ et ailleurs.
Dans l'Oise, ces mêmes grès passent aux poudingues par l'adjonc-
tion de nombreux cailloux très-aù*ondis.
Les amas de lignites sont discontinus, et en général le terrain
n'est pas recouvert. C'est ce qu'on observe à chaque pas dans les
départements de la Marne, de l'Aisne, de l'Oise et de Seine-et-Oise,
et c'est ce qui, pendant longtemps, a fait douter de l'âge réel de la
formation qui nous occupe.
Cependant, vers l'ouest, entre Vemon et Gisors, on les voit
nettement disparaître sous le calcaire grossier inférieur, et occuper
par conséquent la même position que les fausses glaises des environs
immédiats de Paris. C'est d'ailleurs un point sur lequel nous allons
avoir à revenir.
La carte des environs de Paris indique d'une manière approxi-
mative les limites de la fonnation ligniteuse. A l'inspection de cette
carte, on reconnaît que les lignites s'adossent à la craie sur toute
la fipontière ouest de la Champagne, qu'ils apparaissent tout le long
de la vallée de l'Oise, et se retrouvent dans celle de l'Epte, aux envi-
rons de Gisors.
Dans ces diverses régions , la formation qui nous occupe offre
des caractères extrêmement variés, sur lesquels il nous est impos-
sible d'insister et qui doivent trouver place dans les descriptions
locales.
TERRAINS TERTlAinES.
Facine des lii.nites. — Les principaux fossiles des lipiiles sont
nombreux. Quelques-uus ont déjà été cités dans des formations plus
anciennes. H convienl de les décrire ici.
L'Ostrea btllbvocina est un des plus remarquables. Il rorme
des bancs entiers, surtout dans la partie supérieure, et est loul à
fait caractéristique ; c'est poui^iuoi nous le représentons à la fois
par sa valve inférieure et par sa valve supérieui-e. C'est, comme on
voit, une grosse coquille, tantôt arrondie suborbiculaire, lanldt
KiG. 55. — Odrcti fiell'jfncùia (lalve inférieure).
ovalaii'e cunéiforme. La valve inFérieure (fig. fij) est toujours plus
grande et plus profonde que la supérieure (lig, 'i6) ; elle est îrrégu-
iièremeht rayonnée par des côtes longitudinales fort largos et
aplaties, souvent interrompues par des feuillets écailleux, minces,
quelquefois trt^s-snillants, surtout sur les parties latérales de la
coquille, et qui se relèvent en écailles en passant sur les côtés. La
valve supérieure est plane : en debors elle n'offre jamais que des
stries lamelleuses ti-ansverses, concentriques et non relevées; elle
LIC.MTES. i«
prend une épaisseur assez considérable vers le crochet, tandis tgu'elle
reste mince vers les bords. Les crociiels des valves sont courts,
triangulaii'es, le plus souvent droits, quelquefois infléchis sur le
cdté ; celui de la valve inférieure est un peu plus grand que l'autre ;
il est creusé en dessus d'une gouttière Irîangulaii'c assez lurge à la
base et profonde : elle est munie de chaque côté d'un bourrelet étroit
et convexe. Le bord cardinal est assez épais, à peine saillant, et un
peu proéminent à la base de la goultière. Le crochet de la valve
supérieure est aplati; sa siirfaciMardinale est courte, triangulaire et
beilouocma {valve supérieure^.
large à la base, où elle forme une sinuosité saillante demi-circu-
laire; une gouttière médiane, àpeine creusée, correspond à celle de
la valve opposée, et deux gouttières laléraleatrès-superliciellesrem-
riacenlles bourrelets de l'autre valve, A l'intérieur, celte coquille est
lisse : on trouve vers le milieu des valves une impression musculaire
grande, ovalaire, arquée dans sa longueur et subtransverse ; elle est
superlicielle et ordinairement un peu rétrécie à son extrémité
postiirîeure. Les bords sont minces, tranchants et souvent on-
duleux.
TEIIHAIKS TERTIAIRES,
Les cyclades sont très-nombreuaes, particulièremenl dans les lils
blés et dans les couches de grès. On y distingue surtout
le Cyclas cuneiformà et le Ci/daa anttqua, que nous avons déjà
décrits.
Le Cerithium variabile\{6%. f\l}, qui a été déjà mentionné, est
tout à fait de nature à faire reconnaître l'âge des formations jigni-
. Son nom spécifique lui vient des modifications qu'il est
capable de revêtir, et dont on aura une idée par les deux figures
ci-jointes. C'est une coquille allongée turriculée. Ses tours sont
nombreux, et étroits, le plus souvent étages et couronnés par des
tubercules, quelquefois et plus rai'ement séparés par une suture ca-
naliculée; les premiers tours sont lisses et fortement carénés dans le
milieu. La carène devient plus supérieure à mesure qu'on remonte
aux tours suivants ; d'abord tranchante et onduleuse, elle s'épaissit
peu à peu et se charge de tubercules plus ou moins grands, jilus
ou moins épais, selon les individus. Le dernier tour est con-
vexe, sillonné à sa circonférence, faiblement strié à la base, quel-
quefois tout à fait lisse dans cette partie. L'ouverture est coutI«,
très-oblique, arrondie dans le fond, ovalaire à son entrée. Son bord
droit est assez épais, saillant en avant et profondément échancré
latéralement. La columelle est épaissie, très-courte, obliquement
tronquée, revêtue d'un rebord gauche assez épais, mais adhérent
dans toute sa longueur. Le canal de la base est court, large et ml
peu renversé en dessus à son exlmmîté ; son sommet est cir-
conscrit en dehors par un angle saillant et aigu. Cette ouverture
LIGNITES. 143
reste constamment la même, quelles que soient les variations
du reste de la coquille.
Le Melania inquinata (Defr.) est une coquille assez grande, turri-
culée, atténuée au sommet ou un peu tronquée ; elle offre dix ou onze
tours de spire légèrement convexes et séparés par une suture super-
ficielle. Chaque tour présente un peu au-dessous du milieu une
rangée de tubercules saillants un peu aplatis et assez aigus ; le i^este
est lisse dans le plus grand nombre des individus.
A la base on remarque cinq ou six stries saillantes. L'ouverture
est ovale-oblongue, la lèvre droite entière et simple.
Le Melanopsis àttccinoïdea a déjà été décrit ; nous n*y revenons
pas.
Le Neritina globulus (Defr.) est, comme son nom l'indique, très-
globuleux, ovale-oblong, très-convexe en dessus, tout à fait lisse
et sans autre coloration que celle qui dépend des couches qui le
contiennent : il est blanchâtre dans les sables et noirâtre dans les
argiles. Sa spire est très-courte et très-obtuse : on y compte trois
tours, dont le premier et le second sont quelquefois rongés ; leur
suture est simple et très-superficielle. En dessous, la coquille pré-
sente sur sa columelle une large callosité convexe et épaisse. Le
bord columellaire est peu tranchant; il est simple dans toute son
étendue, et il présente à son extrémité postéric^ure une seule dent
assez saillante. L'ouverture est petite, oblique, semi-lunaire. Son
bord droit est mince et tranchant, un peu épaissi à la base et for-
mant avec la partie supérieure de la columelle, au point de vue de
sa fonction, un petit canal peu profond.
A. côté de ces mollusques, on peut recueillir des vestiges prove-
nant d'animaux vertébrés. Ce sont surtout des poissons, des rep-
tiles etdes mammifères. Parmi les reptiles, nous citerons de grandes
tortues du genre Trwnyx, Le Trionyx vittatm^ que nous avons déjà
mentionné, est représenté dans les collections par de nombreux
échantillons, et spécialement par la belle carapace dont Graves a enri-
chi la galerie du Muséum. Elle provient deslignites de Muirancourt,
dans le département de l'Oise. Cette tortue est très-abondante
au même niveau dans diverses localités du même département et
du département de l'Aisne. Graves cite, outre Muirancourt, Amy,
Guiscard, Golancourt, Brétigny, Boulaincourt près de Clermont, et
Villers-sur-Coudun. Il ajoute que des fragments qu'on rapporte à
li^ même espèce ont été rencontrés dans les couches coquillières
de la glauconie inférieure à Bracheux, près de Beauvais, à Abbe-
.iiOiL: TEItItAINS TERTIAIRES.
courL et à Cannj-siir-Malz. .Mais vAi rappiochemenl est loin dVlre
certain.
Plusieurs crocodiles ont été signalés. Le Crociidifvs depremfrons,
repvésenlé comme nous l'avons dit dans les fausses glaises d'Au-
teuil par des vestiges que Cuviera décrits, existe dans les lignites
à CoryphùdoH du Soissonnais et du Laonnais. Graves en a re-
cueilli de magniliques échantillons qu'il a donnés à la collection dn
Muséum d'histoire naturelle, où l'on peut les étudier. C'est un crâne
presque entier, avec la mâchoire inférieure dont on doit la reslau-
ralion à Blainvîlle.
C'est à ces reptiles qu'on doit rapporter les nomhrejix coprolithea
recueillis dans diverses localités, au sein des couches de ligniles.
Il faut signaler, au niveau où nous sommes parvenus, outre les
Coryphodon, dont nous avons déjà signalé la présence dans le sud
de Paris, l'apparition de grands mammifères du genre Lophioém,
qui atteindront leur maximum à l'époque du calcaire grossier, et>
sur lesquels en conséquence nous aurons â revenir.
Les Lophiodon, que Cuvier considéra d'abord comme une simpl»
subdivision des Palaotherium, ont été distingués générîquement
pour la première fois par Ëlaiaville, qui leur a donné le nom de-
Topirotliarium (1), et ce n'est que plus lard que Cuvier, oublîsDt
qu'ils étaient déjîi nommés, les a appelés Lophiodon^ dénomioa-
tion que Blainville lui-môme a acceptée et qui maintenant est con-
sacrée. Ces animaux, qui ne sont guère connus que parleur système
dentaire, doivent être considérés comme formant une tribu des ]u-
nientés ou Pachydermes herbivores.
Un carnassier très-voisin de la civette actuelle, mais de taille
plus considérable, est le Palœonkth gigantea. Comme les hvé-
nodons, cet animal a de l'analogie dans sa dentition avec les didel-
phes carnivores, et en particulier avec les sarcophiles. M. d'Or-
bigny en a trouvé un spécimen à Meudon même, dans les fausseS'
glaises.
Flore des li(;nitks. — Les lignites dérivant de la décomposilio*
de végélaun, il est tout naturel d'y rencontrer des empreintes dff
plantes généralement trop mal conservées pour en permettre une
étude botanique soignée. Mais il en est autrement pour les grès qui
surmontent les couches argileuses et où les empreintes sont ao,
contraire très-délicates et extrêmement variées.
(l) NouvMU Diclionaaii-e tThUtoire nalnrdle, t. [X, p.
LIGNITES. Ub
Dans les environs de Soîssons, il arrive souvent que le grès af-
fecte la forme de rognons d'une dimension plus ou moins consi-
dérable, quelquefois ayant à peine 50 centimètres sur une faible
épaisseur et dispersés de place en place, mais toujours sur un plan
horizontal. A Belleu, à Pemant, à Bazoches et à Courcelles, ce sont
de véritables bancs ayant une étendue considérable. Si Fauteur de
la Description géologique de V Aisne a écrit que ces grès ne se trou-
vent pas dans Tarrondissement de Soissons, ni de Chfiteau-Thierry,
c'est que depuis un siècle, les bancs de Belleu et de Pernant avaient
été exploités pour le pavage de la ville de Soissons, ainsi que le
rapporte Guettard ; les autres localités avaient échappé à ses recher-
dies. Ces grès n'offrent pas toujours la même apparence ; le
grain assez grossier de Belleu devient beaucoup plus fin à Pernant
et dans les autres localités. Cependant les plantes y ont conservé
même à Belleu les moindres traces des nervures. Ces grès ne
paraissent pas s'être déposés sous Peau par stratification régulière ;
on peut s'assurer de ce fait par l'examen des fossiles renfermés dans
la masse. En effet, si l'on casse avec quelque précaution un bloc
de ces grès, on reconnaît que les feuilles se trouvent dans toutes
les positions et y déterminent des plans qui se coupent sous
tous les angles possibles. Le limbe des feuilles n'est pas non
plus toujours sur un même plan ; on en trouve qui sont roulées
sur elles-mêmes, soit dans leur longueur, soit dans leur largeur,
soit enfin dans une position intermédiaire et d'une façon tout
à fait irrégulière. Les carrières étant à peu près épuisées, c'est
donc dans les pavés de Soissons que les recherches peuvent être
fructueuses.
Applications industrielles des ligmtes. — Comme nous le disions
au début de ce paragraphe, l'industrie et le commerce tirent plu-
sieurs substances utiles de l'étage des lignites.
Les argiles sont activement exploitées dans les départements de
rOîse et de l'Aisne et servent à la fabrication de poteries.
Les sables sont souvent si purs, que les verreries les prennent
comme matière première.
Les grès sont recherchés comme matériaux de construction et
pour le pavage, destinations auxquelles leur forme fréquemment
tabulaire les rend particulièrement propres.
Enfin les lignites proprement dits sont exploités comme matières
combustibles, etquand ils sont pyriteux, comme amendements agri-
coles et comme minerais d'alun et de sulfate de fer. Leur exploita-
ST. MEUNIER. 10
lie TERRAINS TERTIAIRES,
lion esl parti cul iéremeut active daus le département de l'Aisne, od
d'Arcliiac (1) cite soixante-quinze cendi-îhvs en activité. Le plu»
^Tand nomijre de ces exploitations a lieu fi ciel ouvert et immèr^
(lialement sous le diluvium ou dépôt de cailloux roulés des valléc&
Dans deux, qui ont aussi lieu à ciel ouvert, les glaises et les licier
sont recouverts par des bancs de grès, et dans une autre, encorS'
h ciel ouvert, la superposition directe de toutes les couches ler-
tiaires jusqu'au calcaire grossier inférieur esl de la plus par-
Taitc évidence. Ceiiaines cendriërcs ont des galeries horizontales
pratiquées exclusivement et sans interruption dans le banc dt
lignites, oit elles ont été poussées jusqu'à 500 mètres sous lei'.
sables sui'monlés du calcaire grossier, et à travers lesquelles dei-
puits verticaux ont été pernés pour aérer les travaux. Enfin, H.
eu est où l'exploitation se fait par des puits et des galeries boiséeS:
h quelques mètres seulement au-dessous de la surface du soL
Le premier mode d'extraction est particulièrement usité dans lekt
vallées de la Marne, de l'Aisne et de la Lelh. La position des lignites>'
avec leurs argiles et leurs bancs coquilliers sous les grès ne se voit
que dans trois localités situées à un quart de lieue tes unes des autres
(Chaillevet, Mailly cl Urccl, au sud de Laon). Les galeries qui s'en-
foncent soas les collines tertiaires sont comprises entre Feslieui
et Montaigu, à l'est de la même ville, et les puits avec galeries sous
le diluvium se pratiquent généralement sur les deux rives de l'Oise,
de Hogécourl h Jussy.
Il est intéressant d'ajouter, toujours d'après d'Archiac, que celle
exploitation est déjà ancienne. Des titres qui remontent à l'an-
née 15110 prouvent l'existence d'une exploitation à Arsy (Oise).
La cendriérc de Beaurains fut ouverte en 1736; celle de Boiiulli'
(Seiue-et-Oise), en 1745. Dans le département de l'Aisne, la plus
ancienne, celle de Suzy, oe remonle qu'à 1758. La première manu-
faclure de vitriol et d'aluu, établie pour traiter les lignites, ost celle
d'Drcel (Aisne), qui fut wéée en 17S6.
Divers minéraux susceptibles d'applications, mais beaucoup moiii%
abondants que les précédents, peuvent être extraits des même;
couches. Nous en mentionnerons quelques-uns.
La pyrite est mélangée aux lignites et leur communique une
partie de leur valeur agi'icole, car, en s'oxydant au contact de l'air,
elle donne naissance à une certaine quantité de sulfate de fer donl
(1) D'Archiac, Hist. îles /•■■og.'k 'le la géologie, l. Il [)8â9), |i. GIB.
PARALLÈLE ENTRE LES DEUX RÉGIONS. iM
h végétation a été constatée par de nombreuses expé-
■^é se trouve ici avec les mêmes caractères de
% V '. 'ue nous avons signalés pour celui qu'on
os de Paris dans les couches dépendant
H >
•s
• Mnme les fausses glaises fournissent
'Tal qu'on n'est pas habitué
^ bassin, l'or métallique, qui,
. do MM. Duvalet Meillet (1), se
..iiient minces sur de petites oolithes
v's aux lignites du mont Sarrans, au sud
.lies de minerai de fer ont donné 5 centigrammes d'or,
t la. première fois que l'or est ainsi signalé à l'état de préci-
^ilé d'origine évidemment chimique dans les terrains tertiaires.
CHAPITRE III
PARALLÈLE ENTRE LES DEUX RÉGIONS PRÉCÉDEMMENT ÉTUDIÉES.
Après cette revue rapide des couches formant la zone orthro-
oëne, et conformément au programme que nous nous sommes
tracé précédemment, il faut comparer ce que nous a appris lexa-
men successif des deux régions situées, l'une au sud et l'autre au
nord de Paris.
Rappelons-nous que la première nous a donné :
à. Les fausses glaises. 2. L'argile plastique.
3. Les sables quarlseux. 1. Le conglomérat ossifère.
De ces quatre assises, la plus constante est l'argile plastique. Or,
nous venons de voir que les couches argileuses abondent dans la
série du Soissonnais. On doit en conclure que l'argile constitue
oomme une sorte de trait d'union entre les deux formations, et
■ (i) Bullet de ht Soc. géologique, l'o série, 1842, t. XIV, p. lOJi.
1A8 TERRAINS TERTIAIRES.
pouiTa permelire d'apprécier l'âge relatif des couches des deux
Mais les localilés où l'ùii peul couslatcr les rapports muluels d
ces deux séries ne sont pas très-nombreuses.
M. Hébert (1) eu a signalé une particulièrement intéressants
et instructive à Sérincourt, à 5 kilomètres au nord de Meulan.
Comme le représente la ligure ci-jointe, on voit dans celte localité
les couches du congloraérat et de l'argile plastique recouvrant la
craie et supportant les argiles k Ci/rena cuneiformîi (voy. lig. i
Tic. àS. — Coupe pri^e à Sârincourt.
B, Calcaire grussiei'. — 7, Argile brune. — G. Lignîle. — 5. Argile h cyrêin'i. — t. LrgniU»
ïl «bips. — 3. Argile plasllqu''. — 3. Conb-Ioim'nil. — I. d'ara.
Les argiles coquillières du Vexiii français, Fréquenles le long de
la vallée de l'Epie, relient sou terrai nement les dcpflts identiques du
Soissonnais avec les lambeaux argileux de la Seine- Inférieure.
Il résulte de là que les fausses glaises correspondent aux ligniles
proprement dits, et c'est la confirmation de l'hypothèse déjà for-
mulée par Brongniart : o Ce banc [disait-il, en parlant des fausses
glaises), qui ne se montre pas toujours, existe aussi quelquefois seul
avec une grande épaisseur et une grande étendue, et est souvent
très-riche en débris organisés qui semblent lui appartenir en pro-
pre et le caractériser d'une manière particulière. C'est à ce banc, e*
par conséquent, au dépôt de l'argile plastique, dont il fait partie,
qu'appartiennent des sables, des ligniles de diverses variétés, du
succin ou ambre jaune, et de nomhi'cuses coquilles fossiles, les unes
évidemment marines, les autres évidemment d'eau douce (î), n
(1) Héberl, Bullrl. de la Soc. géoloaitjae, V lêrie, J8Gi, I. S
(2) fi. Cuvier et Alex. Brangniarl, De'criplion géologique des ei
1835{3'i:'(iilion), in-8. p. US.
, p. Ïi8.
LES Sables glâugonifères. i49
Dans cette manière de voir, le conglomérat (auquel, comme nous
l'avons dit, se rattache une partie des poudingues dits de Nemours),
l'argile plastique et les sables quartzeux correspondent ensemble
aux sables de Bracheux et de Chalons-sur-Vesle.
Quant au système de lUIly, il paraît être antérieur à toute cette
série et n*est pas représenté dans la région sud.
Ces faits peuvent se résumer dans le tableau suivant :
RÉGION DU NORD. RÉGION DU SUD.
Lignites Fausses glaises.
Sables de Bracheux \ r Sables quartzeux.
et de [ < Argile plastique.
Châlons-sur-VesIe. . ) V Conglomérat.
Formation de Rilly »
II
ÉOCÈNE PROPREMENT DIT
Le terrain éocène proprement dit peut être divisé en quatre
grandes divisions, qui sont :
4. Le travertin inrérieur ou de Saint-Ouen.
3. Les sables moyens ou de Dcauchamp.
2. Le calcaire grossier.
1. Les sables glauconifcres ou du Soissonnais.
A des points de vue différents, ces divers terrains vont nous pré-
senter des particularités importantes.
CHAPITRE PREMIER
LES SABLES GLâUCONIFÊRES.
Caractères généraux des sables glauconifères. — C'est à une
époque immédiatement postérieure à celle que nous venons d'étudier
avec quelque détail qu'appartiennent les sables glauconifères du
Soissonnais, qu'on peut regarder, au moins dans beaucoup de cas,
ooii)me formant le soubassement du calcaire grossier.
15» TERRAINS TERTIAIRES.
Ce sont des sables siliceux, parfois mêlés de calcaire et d'argile,
avec des grains verts de glauconie, et où les coquilles se rencon-
trent parfois en nombre prodigieux.
Une des localités où leur étude a été le plus suivie est Cuise-la-
Motte, aux environs de Pierrefonds. Ils sont très-développés auprès
de Pont-Sainte-Maxence, dans le département de l'Oise, et en géné-
ral sur tout le pourtour de la vallée de TAisne. Il en est de même
dans le département de l'Eure. Plus près de Paris, on les retrouve
fréquemment au-dessous du calcaire grossier, mais beaucoup moins
épais et moins riches en fossiles : par exemple, à Valmondois et
à Anvers.
A différents niveaux , il s'y rencontre des rognons tuberculeux
épars, surtout dans le haut, et que les ouvriers appellent des tèttt
de chat. Ces rognons, d'aspect très-singulier, et qui résultent évi-
demment de concrétion, se poursuivent jusque dans le calcaire gros-
sier inférieur.
Faune des sables glauconifères. — Comme nous le disions tout
à l'heure, les fossiles des sables du Soissonnais sont innombrables.
Les mollusques dominent, et voici une liste des coquilles recueillies
par M. Melleville dans une seule couche de la montagne de Laon,
que l'on peut regarder comme correspondant à la partie inférieure
des sables glauconifères (1).
RADIAIRES.
A Iveo Itna ohlonga , Desh .
Lunulites radiata, Larak.
AMMÉLIDES.
Dentalium tarentinum.
— fissura^ Lamk.
— costellntum, Desh.
— incertum, Desh.
Dentalium pseudo-entalis, Desh.
— strangulatuniy Desh.
Serpula (plusieurs espèces)
CONCHIFÈRES ET MOLLUSQUES.
Âmpullaria conica^ Lamk.
— acumtnata, Lamk.
Auricula ringens, Lamk (Rtngi-
cula ringens),
— acicula, Desh.
Ancillaria olivula, Lamk.
— buccinoides, Lamk.
Anomta tenutstria, Desh.
Ai^ca globulosa, Desh.
— biangula, Desh.
Bulla conulusy Desh.
— coronata, Lamk.
— semislriata^ Desh.
— lignaria, Linn.
(1) Melleville, Buliet. de la Soc. géologique, 2« série, 1860, t. XVII, p. 722.
LES SABLES GLÀUGONIFÈRES.
151
Bulla cylùtdrica, Bnig.
Bifrontia lattdunensiSy Desh.
— hifoi^miSj Desh,
— serrata^ Desh.
Buccinum stromboidesy Lamk.
— obiusum, Desh.
Buiimus terebeilatus, Desh.
Cancellaria evulsa, Sow.
— crenulatOy Desh.
— elegans, Desh.
Cerithium clavus, Lamk.
— dathratunif Desh.
— semigranulosum y Lamk.
— terebraie^ Lamk.
— pyreni forme, Desh.
— untisu/ca/um , Lamk.
— per/oraium^ Lamk.
— inversum, Lamk, var. a.
— gibbosulum, Mellev.
— tenuistriatum, Mellev.
— sulcifer, Mellev.
— heteroclitum, Mellev.
— regulare, Mellev.
— canceUarioidcs, Mellev.
Calyptrœa lamellosa^ Desh.
— lœvigata, Desh.
Cassidaria carinata, Desh.
Corbula striata, Lamk.
— gallica, Lamk.
— Victoriœ (Mellev.) (Nerea
Melleviltei^ d'Orb.).
Conus bicoronatus, Mellev.
Corbula longirostris, Desh.
Cardium lima^ Desh.
— semisb'tatum.
— hybridum, Lamk.
— discor, Lamk.
— fragile, Mellev. (C sub-
fragile, d'Orb.).
Chama papyracea, Lamk.
— colcarataf Lamk.
— plicaiella, Mellev.
Crassaiella tumidoy I^imk.
— lamellosa, Desh.
— tenuisMata, Desh.
— trigona, Desh.
— compressa, Lamk.
Cyprofa sulcosa, Lamk.
Cyprœa acuminata, Mellev.
Cypricardia ohlonga, Desh.
Cytherœa obliqua ^ Desh.
— suberycinoides, Desh.
— nitidula, Lamk.
Delphinula striata, Lamk.
— marginata, Lamk.
Dreissena serrata, Mellev.
Erycina elegans, Desh.
Fmjw? incertus, Lamk.
— aciculatus, Lamk.
— exiguuSy Desh.
— costarius, Desh.
— »*u^05U«, Lamk.
— longœvus, Lamk^ var.
— bulbifovmis, Lamk, var. r.
— regu/ariSf Sow,
— affiniSy Mellev.
-— angusticostatuSy Mellev.
Fissure lia squamosa, Desh.
— costaria, Desh.
— Minosti, Mellev.
Lucina gibbosula, Lamk.
— squames a, Lamk.
— divaricata, Lamk.
— radians, Lamk.
— Argus, Lamk.
Mâcha semisulcata, Desh.
Marginclla ovulata, Lamk.
Melania costellatn, Lamk.
— nitida, Lamk.
— marginata, Lamk.
— cochlearellfit Lamk.
Modiola papyracea, Desh.
— Aa^^flia, Desh., var.
— tenuisiriata, Mellev,
Murex fistulosus, Brocc.
— tubifer, Brongn.
— foliaceus, Mellev.
Mitra grantformis, Lamk.
Natica canaliculala, Desh.
— hy brida, Desh.
— epiglottina, Lamk.
— labellata, Lamk.
— sigaretina, Desh.
— depressa, Desh.
— mutabiliSf Lamk.
— semistriaia, Mich.
152
Nauiilus.
Nerita conoidea, Lamk.
Nticula margaritacea, Lamk.
Nummuliies pianulaia, Lamk.
Oliva mitreola, Desh.
Ostrea cymbula, Desh.
— mutabilùy Desh.
— flabellula, Desh.
Ovula spelta, Lamk.
Pectunculus granulosus^ Lamk.
— dispar^ Lamk.
— depressus, Desh.
Pecten squamula, Lamk.
— soleOy Desh.
TERRAINS TERTIAIRES.
Solarium bistriatum, Desh.
— grantUosum Mellev.
Solen ovalis^ Desh.
— vagina^ Lamk.
Spondylus rarispina, Desh.
— radula, Lamk.
Trochus agglutinans^ Lamk.
Turritella imbricataria , Lamk,
var. 6.
comeus^ Mellev.
Parmophorus angustus, Lamk.
— elongatuSf Lamk.
Placuna solida^ Mellev.
Pleurotoma clavicularis^ Desh.
— pyruiata, Lamk., var.
— dentata, Lamk.
— uudata, Lamk.
— iurrellOj Lamk.
— uniserialis^ Desh.
— affinis, Aleliev.
— lœvtgata, Mellev.
— filifer, Mellev.
— spiratay Mellev.
— monilifer, Mellev.
Pileopsis squamœformis, Lamk.
Pyrula nexi/iSy Lamk.
— tricostataj Desh.
Pholadomya margaritacea^ Sow.
Pinna margaritacea, Lamk.
Rostellaria fissurella^ Lamk.
— macropiera, Lamk
— columbaria, Lamk.
Sepia, plusieurs espèces.
Seclaria multilamella, Basl.
Sigaretus canaliculatus, Sow.
— abbreviata, Desh.
— rotifera, Lamk.
— incerta, Lamk.
— terebellata, Lamk.
— hy brida, Desh.
— carinifera, Desh.
— marginuluta, Mellev.
Tornalella sulcata, Lamk, var.
— alligata, Desh.
— elegans, Mellev.
Tellina donacialis, Lamk, var.
— rostralisy Lamk.
Terebellum fusiforme, Lamk.
Triton augustum^ Desh.
— viperinum, Lamk.
Terebra plicatula, Lamk.
— minuta, Mellev.
Turbo lœvIgatuSj Desh.
— raristriatus ^ Mellev.
Umbrella laudunensis, Mellev.
Venus turgidula, Desh.
Voluta crenuiata, Lamk.
— trisulcata, Desh.
— angusta, Desh.
— musicalis, Lamk.
— depressa^ Lamk.
Venericardia imbricata, Lamk.
— asperula, Lamk.
— planicosta, Lamk.
— decuîsata, Lamk.
— mitis^ Lamk.
POISSONS.
Vertèbres et dents de squales.
Parmi les mollusques, quelques-uns méritent de nous arré
un moment.
Le Tunntella imbricataria (Lamk) , qui va se retrouver dans
LES SABLES GLAUGONIFÈRES. 153
calcaire grossier, est une coquille très-variable, allongée, assez
étroite, très-pointue au sommet ; elle se compose de 22 à 2/t tours de
spire aplatis et dont la base forme un angle saillant au-dessus de la
suture, de sorte que les tours semblent imbriqués les uns dans les
autres, ce qui leur donne un peu la forme de certaines vis pre-
nantes que Ton appelle, à cause de cela, tire-fond. Leur surface
présente des stries inégales et inégalement distantes ; les plus fines
sont entre les autres, et elles sont très-finement granuleuses. Ces
stries sont obliquement traversées par d'autres beaucoup plus fines
et régulières, qui résultent des accroissements; ces stries sont
flexueuses dans leur longueur, et leur forme indique celle de
Fouverture, dont elles sont les anciennes traces. L'ouverture est un
peu plus haute que large ; elle est ovale, subquadrangulaire. La
columelle est peu épaisse, arquée dans sa longueur et revêtue d'un
bord gauche, lisse et brillant, qui s'étale sur Tavant-derniertour. Le
bord droit est très-mince, Irès-tranchant et extrêmement fragile ;
il est sinueux latéralement, et le bord inférieur l'est également. La
base du dernier tour est ordinairement lisse : il faut une forte
loupe pour distinguer quelques stries concentriques.
Le Neritina conoidea (Lamk) (fig. ^9 et 50) est extrêmement re-
marquable et caractéristique. D'après M. Deshayes (1), qui en adonné
une excellente description, il appartient réellement au genre né-
rîtinè. Sa columelle en effet est seule dentée ; son bord droit est
simple, et ce sont ces deux caractères qui distinguent les néritines
des nérites. Cette coquille, comme le montrent nos figures, est fort
singulière par sa forme. Elle est ovalaire à sa circonférence, plate
en dessous et conique en dessus, comme un cabochon. Sa spire est
très-courte, tournée dans le même sens que dans toutes les autres
espèces; elle est formée de trois tours apparents, inclinés posté-
rieurement à droite, et relevés au sommet du cône que présente la
forme extérieure : ce sommet est placé vers le tiers postérieur de la
longueur totale. La surface extérieure est revêtue d'une couche cor-
ticale luisante et comme vernissée, qui présente, dans la plupart des
individus, des traces non équivoques de coloration : elle consiste
en linéples brunes, tantôt articulées et interrompues, quelquefois
fortement en zigzag, et d'autres fois se disposant en deux zones
longitudinales de taches plus ou moins grandes. Ces taches ou ces
(i) Deshayes, Description des coquilles fossiles des environs de Paris^ 4824,
t. II, p. 149.
15i TËRRAI?iS TËRTIAlnES.
lividités sont d\in brun assez foncé sur un fond d'un jaune bninAtre
ou corné. En dessous, la coquille est divisée en deux parties illé-
gales. L'une, postérieure, est occupée par une très-large callosilé
- Neritiita c:
„Vfr« (vu
as).
arrondie, sur laquelle se creuse presque toujours un sillmi ranieiiK
qui part de l'angle gauche de l'ouverture, et qui semble avoir été
produit par un vaisseau : on peut supposer en effet que c«tte suri^
Fie. 50.— iSV
\oidea (vu de prolil).
calleuse est le résultat du développement d'un lobe du manteau sur i
toute son étendue. L'autre partie de la surface inférieure est occupée I
par l'ouverture, qui est petite, semi-lunaive, plus large que longue
LES SABLES GLAUGOMIFÈRES. 155
Le bord columellaire est droit; il est assez mince, eu forme de
cloison et découpé en huit grosses dents inégales. A l'extrémité
gauche de cette columelle se trouve en dessus une dépression assez
considérable, et en dessous une échancrure assez large dans laquelle
s'appuie la partie spirale de Topercule. Le bord droit est mince et
tranchant, étalé, simple dans toute son étendue.
Le Bifrontia laudunensis (Desh.) est une coquille discoïde et dont
la surface extérieure est toute lisse. Du côté supérieur elle est plane
et quelquefois un peu convexe, et percée d'un ombilic ordinairement
fort large, dont le bord est terminé par un angle aigu. Cet angle, or-
dinairement simple, est crénelé dans certains individus. Il descend
en spirale jusqu'au sommet de la coquille et rend faciles à distin-
guer les six ou sept tours de spire dont elle est formée. Le dernier
tour est proportionnellement plus épais que ceux qui précèdent; il
est obtus à sa circonférence. On ne voit qu'un angle très-obtus qui
limite la surface supérieure. L'ouverture est dilatée, triangulaire,
oblique à Taxe et terminée inférieurement par un angle très-aigu,
à peine échancré. Le bord supérieur, qui est le plus court, présente
une échancrure large, mais peu profonde; une partie du bord
gauche seulement vient s'appliquer sur l'avanl-dernier tour, et se
prolonge en une sorte de lorgnette ; le bord droit est fort large, très-
mince et régulièrement courbé.
Le Cerithium acutum (Desh.) se distingue par sa forme allongée,
turriculée et sa spire composée de 15 ou 16 tours, toujours aiguë au
sonomet Les individus que l'on rencontre le plus ordinairement
présentent à la surface des tours une carène médiane, dentelée,
plus ou moins saillante, et leur base et leur sommet sont limités
par une côte transverse simple, ce qui place la suture dans un canal
assez étroit et assez profond. Le dernier tour est très-convexe; il est
sillonné dans toute son étendue ; les sillons sont ordinairement
égaux, également distants, quelquefois accompagnés de stries
placées dans lès interstices. L'ouverture est assez grande, ovale, sub-
trigone. La columelle est étroite, fortement arquée dans sa longueur
et tordue à son sommet; elle est creusée d'un canal étroit et peu
profond. Le bord droit est très-mince et très-fragile ; il est rare de le
trouver entier : arqué dans sa longueur, il présente latéralement une
échancrure triangulaire assez profonde.
Les fomminifères sont représentés ici par les premières nummu-
lites que nous offrent les couches parisiennes. La figure 51 repré-
sente le Nummulites planulata^ qu'on y trouve par milliards, et qui
TERIIAINS TERTIAIRES.
dilTëre tout à fail (le son congénère du calcaire grossier, sur lequel
aurons prochainement à appeler l'attenlion.
Diilérenls poissons ont été découverts dans les sables du Sois-
sonnais, dans ceux de Cuisc-la-Motte surtout, par MM. Lévesque
et de Briinonl. Eo y joignant ceux dont Graves a donné la liste (1),
leur nombre est considérable. En voici l'énuméralion d'aprfe
M.Paul Gervais :
Cardiarocion heterodan,
C, leplodon, Agsss.
C.iulddena, Agas!.
C. totiepicua, AgoBf.
Cœlorhynclius reclus, A g aï s.
Chrysophrija inilra, AgasB.
Coleu! mi'Wr, Agaes.
Lepidûlas MoximiUam, Agasf.
Phylloâm tnarginalis i?J, Aga&s
P. Dueatii, Pomel,
P. ineonstans, PomeL
F. tatidem, Tamel.
P. Lfuesqueij Pomel.
nrjiiî aerralus, P. C en aïs.
Scarus tflroifoa, Pomel.
Olodus apkutaius, Agasa.
OtoJui: moei-olus, Agass,
0. ûbiigtiua, Agnsi.
Oxyrhiaa haslalia, Agass.
Nolidama reatrvut, Agaii.
Lamita aculiatima, Agais.
£,. compressa, Agas).
L. eontirtidem, Agasï.
L. ctegana, Agasg.
Sguatina Gravesi, Pomel.
Priatin.
Raia echinala, Pomel.
Mijliobntei acutaa, Agaii.
.1/, canalieuMus, Agaas.
M. punclaltis, Agass.
3t. laliopiciis, Agaïa.
Parmi les reptiles, nous mentionnerons des serpents, et du nombre
une espèce atteignant la taille du Boa actuel. D'après M. Pomel,
c'est une espèce absolumeitt nouvelle à laquelle il donne le non
de PalœojJiis giganleus. Ce serpent est représenté par des vertèbres
analogues à celles qu'on retire du gisement géologiquement con-
temporain de rtie de Sheppey en i\nglelerre.
Le Crocodilus obtusîdens a été découvert à Cuise-la-Molte, où il est
représenté par ses dénis. EJIIes sont en cône, assez régulières,'
pourvues en avanl el en arrière d'un rebord saillant, et guillochées'
sur la plus grande partie de leur soramel.
(I) L. Cr.iï.
r la lopagriiphk sMog'ijue de l'Oise, p. 586.
LES SABLES CLAUCONIFÈRES. 157
Plusieurs tortues peuvent également être mentionnées, et spécia-
lement des Emys et des Trionyx, Nous citerons, d'après Graves,
YEmys BuUocki\ et d'après M. Pomel, les Trionyx granosa el lœvi-
gâta Tous les trois se trouvent à Cuise-la-Motte; le second a été
recueilli aussi à Pierrefonds.
• Enfin Graves cite le tarse indéterminé d'un oiseau comme pro-
venant des sables de Cuise. Ce débris ne paraît pas avoir élé
examiné avec beaucoup de soin, mais il signale évidemment des
recherches à faire et qui ne sauraient manquer du plus vif inléiét.
Flore dessables glauconifères. — La flore des sables du Sois»
sonnais est extrêmement intéressante. Elle renferme beaucoup de
Cycadées, représentées le plus souvent par des débris tellement
roulés, qu'il est très-difficile d'y reconnaître des caractères généri-
ques. Les terrains détritiques des vallées de l'Aisne et de l'Oise en
renferment beaucoup.
C'est à cette flore aussi qu'appartient le beau pnhmev {/indogenùes
eckinatusj dont le Muséum possède un échantillon presque complet.
Cet échantillon provient de Vailly, sur les bords de l'Aisne.
a L'éveil ayant été donné par cette intéressante découverte, nous
avons dû naturellement, dit M. le docteur Eugène Robert, nous qui
avons souvent l'occasion de parcourir cette riche contrée, faire des
recherches, pour tacher de recueillir des objets semblables. Nos
efforts, jusqu'à présent, n'ont pas été couronnés de succès; mais,
comme il arrive souvent, en voulant se procurer des choses bien
connues, on trouve à leur place d'autres choses qui ne sont pas
moins importantes, autant par la rareté que par la nouveauté.
» Or donc, en examinant avec le plus grand soin les cailloux
roulés de toute sorte qui remplissent le fond de la vallée de l'Aisne,
j'ai recueilli d'abord le tronc entier d'un palmier, bien difl'érent
de celui (Endogenites echinaius) dont je cherchais les débris, et qu'à
défaut de congénères vivants, je crois pouvoir rapprocher des genres
Geonoma^ Phœnix^ ou bien encore Astrocaryum; dans tous les cas,
cette magnifique pièce, entièrement convertie en une pâte sili-
ceuse très-fine, rougeâtre, a dû être un palmier acaule ou raccourci
en bulbe. Puis, des débris siliceux roulés d'autres palmiers qui ne
doivent pas appartenir à la même espèce. Enfin, et pour mémoire,
je dois mentionner les nombreux fragments de bois dicotylédones
qui les accompagnent dans les mêmes atterrissements. L'un d'eux
était rempli de Teredo, ce qui indique, pour le dire en passant, que
le. tronc d'où il provient a été évidemment le jouet d'eaux marines
TEKRjllNS TERTIAIRES'
avaot de se fossiliser. Il ressemble du reste parfaitement au tronc
végétal avec nomlireux Tertdo du calcaire grossier de Passy, actuel-
lement déposé sous cette étiquette dans les galeries de géologie du
Muséum d'histoire naturelle.,
" Bien que le célèbre palmier de \aiily n'ait pas été tTOUvé eti
place (on l'avait recueilli en creusant le canal latéral de l'Aisne), il
n'y a pas à douter qu'il ne provienne, ainsi que les bois pétrifiés.
des sables- supérieurs à l'argile plastique, qui forment des collines
puissantes couronnées parle calcaire à nummulites dont je me suis
déjà beaucoup occupé sur la rive droite de l'Aîsne. Mais nous ne
pouvons pas parler avec autant d'assurance du véritable gisement
des palmiers erratiques qu'on trouve au milieu des cailloux roulés
de la vallée de l'Aisne (1), entre Chassemy et Braisne, un peu avant
la jonction de la Veale avec l'Aisne, d
M. Watelet, antérieurement à ces découvertes, a donné (2) luie
liste des plantes composant la flore des sables glauconifères. La
Algues 1 PliyloJermii. ..
j Sptiœria
""""•••■■ 'h,.™ii..
Lichen 1 Verrucaria ....
CnïPTOfiAHES VAliCULAIBES : 2.
Fougùres. ... 2 Ljeoiliuni 1
HONaCOTVLËDOIlES : 13.
Graminées. . . 1 Poacites
Smilacées ... 1 Saiilacilcs
Zingibérai:êe£. 1 CannopbylliLea . .
Naïadées, ... 3 Caulinïles
iFlabellaria
Phifinicilca
Anomalopliyllites.
Palmacittis
Tuxinées.... 1 Podœarpug I
DjcoTïLËDO^ies a:igio3PEfiiies.
APÉTALES : 31.
M„i...™.. gli;-'''?'™'- '
I Hyrica 3
„. , , „(Bclula I
lielulacées. .. 2
iQaercus 10
Fagiu a
Carpinu^ 1
CasLanea 1
Ulmacées. .. 3 lîlmus 3
:i que taits ces cailloux, dans lesqueli il
(1) ie saisis cette occasion pour uoter ici que tous ces cailli
entre du quariz primilif, ont suivi le cours de la Vcsie ; tandis que de l'autre cdlë,
par le travers de Vaillï, les allerrisseinenls de l'Aisne, qui n'a pas encore re{u
la Veile, lonl presque entièremenl composés de gravier et de sables calciiirei qai
oirrEDt cela de p^irticulier, que presque tous les grains sont couverts de Irès-petites
mouchetures d'acerdése. Assurément, si c'était de l'or, on ne manquerait pus de
rexplailer, mais il j aurait trop â faire pour en retirer une quantité notable de
manganoie. (Note de M. Robert.)
(ï) Desrriplioii tle< plmilei famles du hassùi de Pifii, in-4", 1886, p. 255,
Balsamifluées.
Salicinées. . .
6
POLTPÉTALEa
Anonacées. . .
Magpioliacées.
Buttnériacées.
LES SABLES GUUCONIFÈRES.
Morées isf'"'*^"' ^^
( Artocarpidium . . 3
1 Liquida mbar. . . 1
Populus ....... 2
Salix 4
/Ginnamomum. . . 5
iDaphnogene 6
Laurinées. . . 22/ Persea. à
1 Benzoin
VLaurus
1 Pimelea
/Pelrophiloides. .
l Hakea.
10( Lomatia
I fianksia à
159
40.
DaphnoYdées .
Proléacées
Tiliacées
Sterculiacées .
Acérinées. . .
Malpig^hiacées.
Sapindacées. .
Jugiandées. .
Dryandroides.
MONOPÉTÂLES : 6.
Apocynées. . .
Sapotacées. .
Ébénacées. . .
Êricacées . . .
1 Apocynophyllum.
(Ghrysophyllum. .
(Sapotacites
2 Diospyros 2
1 Andromeda 1
Gombrétacées.
Myrtacées. . . 1
Pomacées. . . 1
2 Anona 2
1 Magnolia i
2 Dombeyopsis. ... 2
( Apeibopsis. . . . . 2
( Grewia 4
1 Sterculia l
1 Acer Â
1 Banisteria l
1 Gupania l
( Juglans 3
(Garya 2
2 Termiaalia 2
Papilionacées . 16
Eugenia 1
Pirus 1
Trichonella 1
Dolichites 1
Piscida 1
jGercis 2
Gleditschia 1
iGœsalpinia 2
'Mezoneurum. ... 1
Enlada 1
Acacia 3
^Leguminosites. . 3
Caractères des fossiles des sables glauconifères. — On peut
remarquer, au point de vue de la géologie pratique, que les fossiles
des sables du Soissonnais offrent une teinte blonde caractéristique
qui les fait distinguer sans peine des fossiles des autres couches.
En outre, ce système ne saurait être confondu avec celui du cal -
caire grossier qui le suit immédiatement, et cela grâce à une couche
très-constante qui l'en sépare de la façon la plus nette.
Cette couche, d'ailleurs très-mince, est remplie de galets quartzeux
qui lui donnent une apparence poudingiforme. Elle est remplie de
dents de squales.
M.o
FiG, 52. — Turbinolia elliptica.
On y trouve aussi un petit polypier très-caractéristique, repré-
senté ci-joint et désigné sous le nom de Turbinolia elliptica.
160 TERRAINS TERTIAIRES. .
C'est un polypier dont la forme générale et la coupe sont données
par la figure 52 ci-contre.
Une pareille couche indiquant des phénomènes de transport, il
est naturel d'en faire la limite entre les deux systèmes, d'autant plus
que la vaste surface qu'elle recouvre lui donne Timportance d'un fait
général. Elle existe partout, malgré sa minceur, sur tout le pays
compris entre Soissons, Vétheuilet Montmirail. Seulement on peut
également la regarder comme le couronnement des sables et la
hase du calcaire. C'est une simple question d'accolade sans impor-
tance réelle.
CHAPITRE II
LE CALCAIRE GROSSIER.
La puissante formation du calcaire grossier offre une importance
considérable tant au point de vue des circonstances qui ont accom-
pagné sa formation qu'à celui des fossiles innombrables qu'on y
trouve, et des applications industrielles et agricoles qu'on fait à
chaque instant des matériaux qui la composent.
Alex. Brongniart (1) a établi dans le système qui va nous occuper
une première division en trois étages, qui peut et doit être conser-
vée. Elle comprend :
3. Calcaire supérieur ou à cérilhes.
2. Calcaire moyen ou à miiliolites.
1 . Calcaire inférieur ou à nummulites.
Chacune de ces divisions peut à son tour se répartir en divers
bancs que nous examinerons successivement, en tirant parti d'une
excellente notice publiée par M. P. iMichelot (2).
§ 1 . — Calcaire infériear oa à IVummalItes.
Par ses couches inférieures ce calcaire passe insensiblement aux
sables glauconifères du Soissonnais. Nous rappellerons cependant
(1) Alex. Brongniart, Description géologique des env irons de Paris , 3« édilion.
Paris, 1835.
(2) P. Michelot, Builet. de la Soc. géologique ^ 2« série, 1855, t. II, p. 136.
LE CALCAIRE A NUMMULITES. 161
qu'une couche poudingi forme l'en sépare d'une manière très-nelte
et très-constante.
La puissance du calcaire à nummulites varie de U à 30 mètres
environ, et si on le considère dans son état le plus complet, on y
distingue trois niveaux parfaitement nets, qui sont :
c. Banc à verrains ou à Cerithium gjganieum,
h. Pierre de Sainl-Lcu^ nommée aussi roche des Foryets.
a. Banc à Nummuliies lœvigatn*
a. — Banc à Nummuliies lœvigata.
Ce banc repose immédiatement sur la couche caillouteuse, avec
dents de squales et Turbiniola elliptica, qui couronne les sables du
Soissonnais. Son épaisseur varie de 1 à 12 mètres, et il se retrouve
sur une surface considérable.
Faune du banc a nummulites. — Les fossiles très-nombreux
qu'il renferme n*y sont pas répartis au hasard, mais donnent au
contraire avec beaucoup de netteté des horizons successifs. C'est
ainsi qu'au-dessus de la couche à Turbinolia s'en place une autre
caractérisée par des lunulites, sorte de petits polypiers en forme
de dé à coudre.
On y recueille aussi comme coquille tout à fait caractéristique le
Pectensolea (Desh.). C'est une coquille arrondie, régulière, équivalve,
presque équilatérale, régulièrement convexe , mais déprimée et
lentiforme. Sa surface extérieure paraît lisse, ne montrant que des
stries d'accroissement irrégulièrement espacées. Mais, examinée à
une très-forte loupe, on aperçoit un nombre considérable de stries
très-fines onduleuses, qui manquent ordinairement sur le milieu de
la coquille, mais qui se remarquent toujours sur ses parties latérales,
où elles sont divergentes et cessent à l'origine des oreillettes. Les
crochets sont très-petits, pointus, et ne font aucune saillie au-dessus
du bord cardinal. Les oreillettes de la valve gauche sont égales et
semblables; la postérieure est lisse, l'antérieure est striée en rayon-
nant. Celles de la valve droite sont semblables aussi ; seulement
Tantérieure, profondément échancrée à la base, est plus fortement
striée que celle de l'autre valve. On remarque dans l'échancrure de
l'oreillette de petites dents aiguës et peu nombreuses. Le bord
cardinal est simple. La fossette du ligament est courte, profonde
et triangulaire. A l'intérieur, les valves sont lisses : on y remarque
presque au centre une grande impression musculaire blanche ; à la
ST. MEUNIER. H
^1^^ * TEKRAïaS TERTIAIRES.
hase inieroe des oreillettes postérieures on reraaique un |)olil
tubercule oblong et obtus.
Cette première couche se montrait autrefois à Auteui), dans Paris
même; mais l'achèvement des constructions la rend mainti?naiil
difficilement accessible dans celle localité. Pour la bien étudier,
on peut aller àLonguesse, près de Vigny, daus le département
de Seine-et-Oise.
Le lit qui vient immédiatement au-dessus est reman|uabie par
la grande quantité de gros bivalves qu'on y rencontre. Nous en
citerons quelques-uns.
Le Cardium hippopewn (Lamk) est peut-être le plus volumi-
neus, mais il est assez rare, sauf à l'état de moule, et d'ordinaire
on ne recueille-que des valves isolées. Celte coquille est globuleuse,
très-ventrue, cordiforme, un peu oblique el inéquilatérale, à crochtitï
gi-ands et saillants inclinés sur le côté antérieur, qui est le plus court,
Du sommet du crochet parlent en rayonnant un grand nombre de
stries peu apparentes, qui séparent autant de eûtes très-étroites, ik
peine saillantes, lisses, si ce n'est à la base, où elles sont marquées
de fréquentes stries Iransverses qui sont des traces des accroisse-
ments. Ces côles, en aboutissant sur le bord, y produisent autant de
crénclures qui sont fines et aiguës; les postérieures sont plus
larges que les autres. La charnière est très-puissaute. Elle se com-
pose, sur chaque valve, d'une grande dent cardinale pyramidale,
inclinée postérieurement, et à câté une fosscl.lc grande, oblique,
destinée à recevoir la dent de la valve opposée. Ces dents sont telle-
ment disposées, que lorsque les valves sont réunies, il est impos-
sible de les séparer si l'on veut les désunir du côlé de ia chaniière; les
dents latérales sont très-fortes, grandes, coniques, obtuses et obli-
ques; l'antérieure est la plus grosse et elle est grossièremenl
sillonnée à sa base. Les n\inphes sont gi'andes, épaisses, ag-
rées profondément du bord et destinées k recevoir un ligament
puissant.
Le Cardium porulosum (Lanili) est moins gros que le précédent,
mais il est infiniment plus commun, et figure non-seulement duis
tous les étages du calcaire grossier, mais dans toutes les formations
marines, depuis la plus inférieure jusqu'à la dernière. C'est une
coquille arrondie, globuleuse el cordiforme issez mince et fragile;
elle est presque équilatéralc, rarement oblique bes crochets, assez
grands, sont saillants, recourbés, opposes i\ en part en rayonnant
trente à trente-huit côtes aplaties, séparées cnlrt ilks par un sillon
LE CALCAIRE A NUMMULITES. 1G3
plus OU moins profond. Chaque côte est partagée dans le milieu
par rinsertîon d'une lame saillante, tantôt poruleuse à sa base,
tantôt entière et granuleuse ou écailleuse à son bord libre. Ces
lames descendent du sommet jusque sur le bord de la coquille. Ce
bord est profondément découpé en autant de dentelures qu'il y a de
côtes. La charnière est droite, étroite; elle présente sur chaque
valve une dent cardinale conique en crochet, et à côté une cavité
de la même forme. Les dents latérales sont aplaties, lamelleuses,
et surtout Textérieure, qui est la plus saillante.
Le Chama calcarata (Lamk) offre un aspect très-singulier, et repré-
sente certainement, suivant l'expression de M. Deshayes, Tune des
plus belles espèces fossiles du genre chame. Elle est orbiculaire, très-
convexe des deux côtés, presque régulière, à crochets grands, sail-
lants, contournés et opposés; le crochet de la valve inférieure est plus
grand que l'autre. Des lames élégantes, transverses, assez larges,
s'élèvent de la surface de la coquille ; ces lames, presque toujours
régulières, sont ornées sur leur bord libre d'épines inégales, les
unes fort longues, droites ou un peu recourbées et canaliculées en
dessus ; les autres, beaucoup plus nombreuses et plus petites, sont
dans les intervalles des premières. Ces épines se contournent diver-
sement, mais le plus souvent s'infléchissent dans l'intervalle d'une
lame à l'autre. Sur la valve inférieure, les intervalles qui séparent
chaque lame sont finement granuleux, et quelquefois les granu-
lations se confondent en rides diversement dirigées. Sur la valve
supérieure, entre chaque lame transverse, on voit des côtes longi-
tudinales qui partent de la base de la lame qui est au-dessous,
remontent en devenant de plus en plus saillantes, atteignent en
dessous la base de la lame qu'elles rencontrent, se recourbent en
arc-boutant, et deviennent la base des épines qui partent du bord
des lames. La dent cardinale de la valve inférieure est oblique, mais
peu considérable; une petite dent rudimen taire se trouve derrière
elle dans la direction du bord. Cette petite dent s'appuie sur la base
de la nymphe qui donne attache au ligament. La valve supérieure
ne présente à la charnière qu'une dent fort courte en bourrelet,
devant laquelle est une cavité qui reçoit à peine la moitié de la
grande dent de l'autre valve. La surface entière de la coquille est
couverte de points enfoncés et de pores très-nombreux et très-rap-
prochés. Les bords sont simples dans toute leur étendue. Le Chama
lamellosa (fig. 53) est très-voisin du précédent.
Les principales localités où le lit à bivalves peut être observé sont
TERHAIMS TKUTIAIIIES.
Vaugirard, les Camères-Saitit-Denis, la Fcrlé-Milon, Cliaumonl en |
Vesin, etc.
Fin. 53. — Cliama lamellosa.
Elutin, le lit à iiummulites, qui donne son nom à tout le banc,
est surtout développé dans le Soissonnais et le Laonnais. Il est
représenté également liès-près de Paris par une couche mince et'
sableuse à Vaugiraid et à Issy. C'est une pierre très-tendre à Brie,
au nord de Laon ; mais on en fait au contraire de solides matérians
de construction sur d'autres points, comme à l'Isle-Adam, à Festieux,
aux environs de Laon, au mont Ganelou près de Compiègne, où
les ouvriers l'appellent la pierre à liards, etc.
Ce nom vulgaire lire son origine justement de la présence des
umomulites, dont la forme générale est celle d'une pièce de mon-
naie. Nous avons déjà cité des foraminifères appartenant au même
genre nummulitc que Ion trouer dans les sahlei glauconit&fes.^
Celle^s que nous rentoiilionb maintenant sont d espèces difTérentes, J
parmi lesquellei la pluf> commune est connue sous le nom dei
N. lœvigata (Lamk) (hg 54) Elles ont, comme on voit, unfrfl
coquille enroulée sur un plan, à ou\erture unique contre le reloiff.l
de la spire el en fente transversale dans le jeune ftgo. Les cloisonil
qui séparent les chambres successives sont arquées et présentent 1
LE CALCAIRE A NUMUULITES. 465
un réseau cloisoniiaire, qui ne commence qu'à une certaine dis-
tance du pied des cloisons. Les pores sont très-visihlcs.
Nous aurons dans la suite l'occinsiou de rt-ti-ouver des nummulites
i des niveaux plus élevés de la série parisienne.
b. — Pierre Je Siiînl-Leu.
CABiCTÈBESGÉ.NÉRAOX DE L.l PIERRE DE SaINT-LEL'. — Los COUCllCS
que nous venons de décrire sont surmontées aux environs de Greil,
à Saint-Leu [Oise], par 8 mètres d'éjuiisseur d'un calcaire tendre,
jaunâtre et gras, d'oii l'on tire en al)ondance d'excellentes picnvs
de construction.
Ce niveau si important, comme on voit nu point de vue industriel,
est loin d'offrir partout le mémo aspect. A l'Isle-Adam, par exemple,
localité cependant assez voisine de Saint-Leu, In pierre esl fine et
dure, et les ouvriers la distinguent sous le nom particulier de
roche des Forgets. A Liancouil, près de Gisors (Eure), les bancs so-
lides admettent en mélange dos lits sableux riches en fossiles bien
conservés. Aux Carrières-Saiat-Uenis, l'aspect est encore plus diffé-
rent de celui qu'on observe à Saint-Lcu, puisque la zone que nous
considérons est occupée par2 mètres d'<'!paisseur de plaquettes dures,
chargées de glauconie et alternant aveu des sables calcaires.
Accident MAGNÉSIEN DE Pont-Saiste-Maxesce. — Eulin, relative-
FlG. S5. — Disposition du cglcgirc magnfBicn de Pont-Sainle-Maxence-
3. Bwlc à TEn'sint. —S, Cslralri' niah-n<^!L'ii. — I. l'ioriF do Saiiil-Lcu.
ment aux formes que peut revêtir lu pieri-e de Saint-Leu, nous
signalerons l'état qu'elle affecte à Pont-Sainte-Maxence, dans le dé-
partement de l'Oise.
Dans cette localité, les couches calcaires offrent un accident rap-
pelant d'une manière Ti-appante celui que la craie présente, comiiKi
nous l'avons vu, à Beynes (1). En effet, on trouve à Pont-Sainte-
(1) Bulkt. de laS.K. géologique 2' itiÎJ, Iftôi, (. XH, p. 132«.
dHZX/. TERIU):{S TERTUIRES.
Masence (fig. 55}, inunédialement sous le banc à verraîns, une
couche épaisse de 8 à 10 mètres, et constituée, corame de Ver-
neuil l'a constaté le premier, par un sable calcaire assez dolomî-
tique pour avoir pu servir à la fabrication ducarbonate de magnésie.
Une usine, aujourd'hui abandonnée, en a fourni des échantillons
magnifiijues.
A Pont-Sainle-Masence, comme à Beyues, on observe que les
couches magnésiennes sont înclinées et présentent de profondes
corrosions le long de leurs joints. Dans la première localité comnie
dans l'autre, des nodules de silex souvent très-fortement altérés sont
noyés dans la matière dolomitisée.
Il i-ésulte de cette ressemblance d'allure uue ressemblance évi-
dente dans le mode de formation, et, par conséquent, nous dévoua
admettre que des sources thermales chargées do principes magné-
siens sont venues à Pont modifier des couches calcaires préalable-
ment consolidées.
Le sable, qui a été étudié par M. Daraour (1), forme une couctiG
ou plutôt des amas dont l'épaisseur varie depuis quelques déci-
mètres jusqu'à 3 mètres environ. Il est superposé au calcaire
à nununulites, et se trouveau-dessous du calcaire grossierà Cerithiim
gigœiteum, dont il n'est séparé, en quelques endroits, que par uue
très-mince couche d'argile brune. Sa couleur est le gris jaunàlre;
il est formé de grains très-Qus qui, observés au microscope, ont
conservé, pour la plupai't d'entre eux, l'apparence extérieure du
rhomboèdre particulier au carbonate de cbaus ou à la doloniie. On
y reraai'que aussi un mélange de grains de quartz hyalin en frag-
ments anguleux et de rares puillettes de mica argenté.
Sa densité est de 2,811.
Il produit une assez vive effervescence avec les acides nitrique et
cblorhydrique, qui le dissolvent en laissant déposer lUi résida
quarlzeux dont le poids s'élève à environ 6 pom* 100 de la matière
employée. La liqueur acide laisse également déposer, mais avec
lenteur, des Ilocons d'une matière bitumineuse de couleur brune.
Lorsqu'on attaque le sable par l'acide cblorhydrique, la dissolu-
tion est accompagnée d'un dégagement de gaz fétide dû à la pré-
sence des matières bitumineuses qu'on vient d'indiquer. Si l'on
fait évaporer à siccité la dissolution chloi'hydrique après l'avoir
séparée des grains quartzeux insolubles, et si l'oufait chauffer la
(1) Damour, Hullel. de In **(•. gév/ngiq
:• lérîp, l. XIII. p. 67.
L£ GALGAIRË A ^UMMUUTES. 167
résidu de révaporalion dans une capsule de platine, la masse se
boursoufle, blanchit, et ne se fond pas, même à la température du
rouge-cerise. En traitant par l'eau la masse refroidie, il se dissout
du chlorure de calcium, et il reste un résidu très-notable formé de
magnésie contenant une faible proportion d'oxyde de fer.
L*acide acétique attaque également le sable de Pont-Sainte-
Maxence, mais la dissolution ne s'effectue qu'avec beaucoup de len-
teur. Une dissolution aqueuse de chlorhydrate d'ammoniaque
l'attaque de même, à la suite d'une ébullition prolongée.
Chauffé à la température du rouge blanc, il perd 4out l'acide
carbonique uni aux bases, et laisse une masse terreuse, blanche,
qui ne s'échauffe pas sensiblement lorsqu'on y ajoute de l'eau
goutte à goutte : celte masse terreuse se dissout en partie, avec dé-
gagement de gaz ammoniacal, lorsqu'on la met en contact, à froid,
avec une dissolution de nitrate d'ammoniaque ; si l'on fait bouillir
le tout, on obtient une dissolution à peu près complète de la masse
terreuse, à l'exception de l'oxyde de fer et d'un silicate de chaux
formé pendant la calcination, par l'action de la chaux sur les grains
de quartz mélangés dans le sable.
L'analyse du sable magnésien a donné les résultats suivants :
Carbonate de chaux 55,35
Carbonate de magnésie 37, 2d
Oxyde fcrrique 0,65
Alumine 0,35
Matières bitumineuses 0,60
Quartz en fragments anguleux 6,10
100,29
En faisant abstraction du mélange de quartz, d'alumine, d'oxyde
de fer, etc., ce sable doit être considéré comme un calcaire magné-
sien ou dolomie, qui contient :
OXYGÈNE. RAPPORTS.
Carbonate de chaux 59,78 28,61 5
Carbonate de magnésie /10,22 22,78 4
100,00
Cette composition, qu'on peut représenter par la formule :
.V9Ca0|
4/9 MgO i "^^ '
est presque identique avec celle de la dolomie cristallisée de iiolo-
168 TERRAINS TEKTfAlRIiS.
soruk, analysée par M. Rammeisberg, et des dolomies de Lockport,
de Glucksbrun, de Bohême et de Villefranche.
On trouve dans cet amas de sable magnésien des nodules cal-
caires plus ou moins volumineux, qui, observés à la loupe, parais-
sent formés d'un agrégat confus de grains cristallins. Ces nodules
ont présenté la composition suivante :
Carbonate de chaux 82,14
Carbonate de magnésie 8,58
Oxyde ferrique 0,50
Sable quartzeux 7,65
Matière bitumineuse et humidité 1,12
100,00
Enfin, entre le sable magnésien et le calcaire grossier qui lui
est superposé, se trouve intercalée en quelques places une petite
couche de 4 à 10 centimètres d'un calcaire gris jaunâtre, criblé de
cavités huileuses qui lui donnent assez l'apect des roches scoriacées
particulières aux terrains volcaniques. Ce calcaire, de formation
évidemment aqueuse, aussi bien que les terrains qui Tenviron-
nent, a donné à l'analvse :
Carbonate de chaux 86^05
Oxyde ferrique 0,70
Alumine et silice .• • • • 1»90
Matière bitumineuse 0,60
Sable quartzeux *. 10,15
100,00
Les cavités huileuses qu'il renferme en si grande quantité
semblent dues à un dégagement de corps gazeux qui l'ont converti
en une masse écumeuse ; cette masse s'est ensuite solidifiée par
l'action du temps.
Les faits qui viennent d'être signalés ne sont pas exclusivement
propres à Pont-Sainte-Maxence. On les retrouve dans beaucoup
d'autres localités et toujours exactement au même niveau.
Nous citerons, par exemple, Sainl-Maximin et Verberie dans
l'Oise (1), ainsi que l'Ile-Adam et Anvers dans Seine-et-Oise.
Faîjnk Dti CALCAIRE DE Saint-Leu. — Lcs fossilcs du calcaire de
Saint-Leu sont mnombrablcs.
(I) Bullet.de la Soc. géologique, 2® série, 1859, t. XVIf, p. 137.
LE GALCAIKË Â NUMMULITES. 169
* Parmi les mollusques, nous citerons des céphalopodes du genre
Nautile, et spécialement le TV. Lamarckii (Desh.), trouvé souvent à
Vaugirard, à Pont-Sainte-Maxence et ailleurs. Suivant M. Deshayes,
il est probable que c'est cette espèce que Lamarck a rapportée au
JV. Pompilius (1), la prenant pour son analogue fossile, et que tout
le monde connaît bien. Elle a en effet beaucoup de ressemblance,
quant à la forme générale, à la grandeur et à la disposition de Tom-
bilic; mais dans l'espèce vivante, les cloisons ont un bord simple,
tandis qu'ici elles ont une double sinuosité fort remarquable. L'es-
pèce fossile se distingue encore par la position du siphon un peu
plus postérieure, et par son diamètre, qui est beaucoup moindre. On
rencontre assez fréquemment de petits fragments de cette espèce,
et on les reconnaît facilement à leur nacre brillante qui a conservé
tout son éclat.
Le N. umbilicaris (Desh.) est voisin du précédent, mais sa taille
est deux fois aussi grande. La coquille est discoïde, à dos très-con-
vexe, ayant l'ouverture grande, épaisse sur les bords, surtout dans
les parties qui avoisinent l'ombilic. Les cloisons sont simples, très-
concaves, et elles sont percées vers le centre d'un siphon propor-
tionnellement plus gros que dans le nautile précédent.
Beaucoup de gastéropodes et de bivalves sont mêlés k ces cépha-
lopodes. Parmi ces derniers, nous mentionnerons quatre coquilles
spécialement caractéristiques : deux sont du genre Corbis et deux
du genre Lucina.
Le Corbis lamellosa (Lamk) est une coquille très-belle, très-élé-
gante et très-répandue. Elle est ovale, inéquilatérale, peu épaisse,
couverte de lames trans verses élevées, un peu obtuses dans le mi-
lieu, crépues ou festonnées vers le bord antérieur ; les stries lon-
gitudinales sont fines, très-rapprochées. Le bord est assez mince,
crénelé, la lame cardinale étroite ; les dents cardinales sont petites ;
des latérales, l'antérieure est la plus forte et la plus près des cardi-
nales. On ne trouve que très-rarement des individus complets. 11
arrive quelquefois que le test de cette coquille se dédouble complè-
tement ; toutes les lames alors disparaissent, et l'on ne voit plus que
des stries rayonnantes très-régulières : dans cet état, on pourrait le
considérer comme une espèce distincte.
Le Corbis Pectunculm de Lamarck a tant d'analogie avec le pré-
Ci) Deshayes, Description des animaux sans vertèbres du bassin de Parw, t. III,
p. 625.
m^^^^^^B TKRRAmS TERTIAiIttS.
cèdent, qu'au premier aperçu on pourrait croire qu'il n'en dillerequ?
par son volume plus considérable. Mais la taille n'est pas le seul
caractère qui l'en distingue. Cette coquille est plus arrondie, moins
înéqui latérale, plus épaisse; ses lames sont plus distantes. Les stries
longitudinales sont plus fortes et plus écartées. Le bord est plus
épais, la lame cardinale plus Sarge ; le crochet plus saillant, 1a lu-
nule plus grande; les dents latérales plus fortes, et l'antérieure plus
écartée. Ces différences s'aperçoivent facilement en comparant lej
jeunes individus du C. Pectunculus avec des plus grands du C, la-
mellom, et elles deviennent bien plus sensibles encore en compi-
rant les grands individus des deux espèces. Elles se dJslinguenl
encore facilement en ce que les valves du C. Pectunculus sont plus
profondes. Cette coquille attciut 1 décimètre de large sur 9 cenli-
mèlres de long.
Le Lucina giganlea (Desh.) est la plus grande des luciacs, ayant
environ 8 centimètres de diamètre. Il est orbiculé, lisse ou seu-
lement marqué circulai rement de stries d'accroissement qui sont
croisées par d'autres stries rayonnantes très-superlicielles qui s'ape^
çoivent à peine ; son crochet est petit et la lunule àpeine marquée;
la charnière est sans dent. Des nymphes grandes et fort saillantes
étaient destinées à donner insertion à un ligament qui devait êbï
Irès-puissant. Le bord est lisse, mince et tranchant; tout le test est
mince aussi. Toute la surface intérieure comprise entre les impres-
sions musculaires et celles du manteau est pointillée, irrégulière-
ment, comme cela a lieu dans un très-grand nombre de lucines ; le
reste de la surface intérieure est lisse. Les iropi-essions musculairef
sont grandes, et celle du manteau est plus large qu'elle ne l'est ordi-
nairement.
Enfin le Lucina contorta (Desh.), beaucouj) plus petit que le pré-
cédent, est presque toujours couvert de stries lamelleuses, ou du
moins elles y existent constamment à la partie intérieure; il y aune
lunule profonde et constante ; la chai-nièrc a constamment, depuis
le plus jeune âge jusque dans ta plus grande taille, deux dents car-
dinales bien marquées, jamais de dents latérales ; des nymphes qui
sont moins saillantes sont recouvertes par le corselel.
c. — BïQc i verrains ou 11 Ceriihiian gigantevra.
Cahactères généraux du bvkc a verrains. — Le calcaire grossier
inférieur est couronné par le liane à verrains, ainsi nonuné du nom
LE CALCAIRE A NUHHDLITES.
171
qiie les carriers donnent parfois aux moules du céritlie gigantesque.
Près de Paris ce banc est nommé Saint-Jacques pas les praticiens.
Il consiste en 1 à 6 mètres d'une l'oche solide, très-propre à la taille,
et qui fournit des matériaux de bonne qualité, cependant moins
estimés, en général, que ceux fournis par la pierre de Saint-Leu.
Près de Paris le banc est mince, et constitueà Yaugirard, à Gentilly,
au bas Meudon, aux Carriëres-Saint-Denis, etc., la base des exploi-
tations de calcaire. Il fournil dans ces
localités les moellons de calcaire gros-
sier les plus denses que l'on connaisse,
puisqu'ils pèsent 2,7.
Faune bu banc a verrains.— A l'est
du bassin, par exemple aux environs
d'Ëpemay, et tout spécialement à Cha-
mery, le banc est à l'état de sables,
d'où l'on extrait une multitude de
fossiles dans un état admirable de con-
servation.
Ces fossiles sont très- nombreux.
En première ligne, le Ceritkium
giganteum (Lamk) (fig. 56), qui donne
son nom au banc tout entier, doit
nous arrêter. C'est une grande coquille
dépassant souvent 50 centimètres de
long et 20 centimètres de grosseur.
On ne le reconnaît pas d'ailleurs seule-
ment à sa taille, mais aussi, comme
l'eipose M. Deshayes, à plusieurs carac-
tères qui lui sont propres, en les pre-
nant depuis le jeune âge jusqu'à l'état
de vieillesse. Les premiers tours des
jeunes individus sont lisses et forte-
ment carénés dans le milieu. A cette ca-
rène s'ajoute d'abord à la partie inférieure des tours, un rang de
petites granulations, puis bientôt pai'alt une petite strie granuleuse ;
une seconde strie s'ajoute au-dessus de la carène. Peu à peu cette
carène diminue, tandis que les stries augmentent, ainsi que les
granulations de la base des tours ; de sorte que vers le vingtième
tour environ, c'est-à-dire loi'squc la coquille a acquis une longueur
de près de fi ou 7 centimètres, la carène est réduite au volume
\
^ , _ TERRAINS TERTlAIRtS.
des sli-ies qui l'accompagnent. Ces slries, qui sont granuleuses, 6-
niasent par devenir lisses, el enfin elles oui une tendance à s'efflacer
lorsque la coquille est parvenue vers le trentième tour. Alors elle
a environ cinq pouces de longueur. Les tubercules de la base u
sont constamment accrus, et sur les dix derniers tour ils sont très-
gros, obtus 8U sommet et un peu comprimés sur les cù\é&. La dif-
férencG, dit M. Deshayes (1), qui eiiiste entre les jeunes indiviitus
et les vieux est telle que l'on pourrait facilement en Taîre deux
espèces si l'on n'avait des intermédiaires qui servent à établir leurs
rapports. D'après ce que nous venons de voir, la coquille sti truure
doue composée de quarante? tours étroits , aplatis , ayant une
suture superficielle, si ce u'est sur les derniers tours uii elle est ca-
naliculée. Le dernier tour est très-grand, il se termine supétjeu-
rement par un canal allongé Tort large, recourbé en arrière el en
partie recouvert en avant. La columelle esl subeyliudrique ; elle wl
fort épaisse et oITre vers son milieu un seul gros pli, el l'on trotm
à la base du canal un bourrelet saillant qui le circonscrit et qui si-
mule un second pli lorstgue lu columelle est mise à découvert dans
les individus mutilés; un bord gauche épaissi, mais étroit, s'étale
sur l'avanl-demier tour. La lèvre droite est d'une épaisseur consi-
dérable ; elle esl formi-e de lames épaisses, rcployées en dehors et
dont les bords sont irrégulièrement découpés. Celte lèvre s'avance
beaucoup au-dessus de l'ouverture et la cache en partie. Celte proé-
minence est augmentée par une sinuosité furl large que fait ce bord
au moment de se joindre à l'angle iiirérieur de la coiiuille.
Les turritelles sont très-nombreuses. Le T. imbricataria nous a
déjà occupés comme se trouvant dans les sables glauconiféres. Le
T. lerebellala (Lamk) est remarquable par sa grande taille, qjai
atteint 20 centimètres. C'est une coquille allongée turriculée ; ses
tours, au nombre de vingt environ, sont convexes, assez larges lA
bordés à leur sommet par un bourrelet assez saillant, convexe, au-
dessous duquel on voit une suture simple qui se dislingue dilïici-
lemcnl des stries qui l'accompagnent, La surface extérieure est
couverte d'un grand nombre de stries fines, simples, rapprochées,
inégales, souvent interrompues, surtout vers l'ouverture, par des
stries d'accroissement fort onduleuses, quelquefois assez saillantes.
Le dernier tour esl circonscrit à sa circonférence par une carènu
(1) Deihajies, D»crîplion rfw
If vertèbres dv bamn dePaiis, I, III,
LE CALCAIRE A NUHMULITKS. 173
simple, élroile et fort afguè, au-dessous de laquelle se montrent
quelques sillons concentriques entre lesquels on voit des stries
très-fines. L'ouverture est ovale-obronde ; son bord gauche est étalé
sur ravanl-dcmier tour ; le bord droit csl Irès-mincc, tranchant; il
est fortement sinueux vers son extrémité supérieure et un peu ver-
sant à la base.
A peine plus court que le précédent, le T. sulcifera (Desh.) a
15 centimètres de longueur. 11 est allongé, très-poiiitu au som-
met, et sa spire est formée de vingt à vingt-deux tours qui sont
b^s-convexes. Les premiers sont striés, mais à mesure que la co-
quille s'accroît, les stries se changent peu u peu en sillons trans-
verses, inégaux, réguliers, au nombre de dix ou douze sur chaque
loar ; au sommet ils sont aigus et tranchants ; les intervalles qui les
séparent sont lisses : on remarque seulement des stries longitudi-
nales onduleuses, produites par les accroissements. La suture est
peu profonde ; elle est presque toujours suivie par un petit canal
superâcîel, lisse. L'ouverture est presque ronde ; la columelle est
peu épaisse, arrondie et suivie d'un bord gauche très-élroit. Le
bord droit est mince et tranchant ; il est profondément sinueux
à la base.
Parmi les acéphales, il faut citer tout particulièrement le gros
Craaatella lumida (fig. 57], qui, surtout à l'élal de moule, remplit
- Crassateiia iumida.
la roche dans certaines localités. C'est une coquille inéquilatérale
ovale, (rigone. La charnière se compose sur la valve gauche d'une
dent cardinale très-forte, triangulaire, pyramidale, de chaque côté
de laquelle se trouve un enfoncement, et, tout à fait sous le crochet,
une fossette peu profonde dans laquelle se fixe le ligament. Sur la
valve droite on observe une fossette très-grande, triangulaire, dans
laquelle s'insère la dent cardinale de la valve opposée ; de chaque
TERitÂINS TEHTUIKKS.
côté de cette fossetle, une dent pyiamidale qui est i-eçue dans la
fossette de la valve gauche. On observe aussi au-dessous du cro-
chet l'impression du ligarneut. La lunule est très-enfoncée el sulf-
cordrforme. M. Deshayes a donné le dessin d'une ci'assatelle de
cette espèce ayant plus de 7 centimètres el demi de large sur
un décimÈlre de largeur (1). a II y a quelques individus qui sont
encore plus grands, ajoule-t-il ; nous en possédons une valve qoi
a 9 centimètres 3 millimètres de long et 11 centimètres et demi de
large. »
On renconire fréquemment le Pechtnculus puln'natus (Kg. 58).
— Fectuni:!iliis pitlvinnius.
Pris dans sa généralité, le calcaire grossier moyen se divise en
deux groupes de couches dont l'inférieure, épaisse de 1 à 10 mètres,
reçoit le nom de vere/elés ou de lambourdes, et dont l'aulre, qui
varie de 30 centimètres à 2"',50, est le f^me royal des carriers.
a. — Vergalés ou lambourdes,]
Suivant l'expression des ouvriers, les vergelés ou lambourdes
sont des pierres maigres et non gélives; ce qui sîgiu'fie que
ce calcaire ne renferme point de parties argileuses. L'argile en
effet, par l'eau qu'elle contient, agit, lors du froid, d'une ma-
nière très-décisive quant à la démolition des roches. Chaque parti-
(1) D''shay«s, Deserfplio.
p. 737.
w animaux mm verlébres du basiin de Peri'à, t.
LE CALCAIRE A MILLIOLITES. 175
cule d'argile humide augmentant par le fait de la gelée d'une partie
très-notable de son volume, fait éprouver à la pierre l'effet d'un
coin dont la force est irrésistible, et à laquelle la matière pierreuse
ne tarde pas à céder.
Les vergelés sont des calcaires d'un blanc jaunâtre, souvent
marbrés de veines jaunes ou rougeâtres dues à des infiltrations fer-
rugineuses. C'est dans la partie inférieure que se trouvent les cou-
ches les plus dures et parfois coquillières, comme on l'observe par
exemple à Poissy, où ce calcaire est nommé roche.
Les principaux fossiles qu'on y distingue sont analogues à ceux
qui vont se présenter dans les couches suivantes. Il suffira d'insister
ici sur les seules Millioliles^ auxquelles le terrain doit son nom. Ce
sont des foraminifères composés de loges qui se pelotonnent par
paires autour d'un axe commun. Ces loges font chacune dans leur
enroulement la longueur totale de la coquille ou la moitié de la cir-
conférence; en sorte que l'ouverture, munie d'un appendice, se
trouve alternativement à une extrémité ou à l'autre. Dans le cal-
caire grossier de Grignon et de Blaye, Alcide d'Orbigny a décrit
plusieurs espèces différentes de millioles dont quatre ont été rap-
portées au genre Biloculina.
Les vergelés sont très-développés sur les bords de l'Oise, mais on
les retrouve aussi aux Carrières-Saint-Denis, à NanteiTC et dans
toute la plaine située au sud de Paris.
b, — Banc royal.
Le banc royal, qui couronne habituellement les vergelés, est bien
supérieur à ceux-ci au point de vue des propriétés industrielles.
Habituellement dépourvu d'argile, il n'en contient jamais assez pour
devenir gélif. D'un autre côté, quoique en couches minces, il pré-
sente des blocs naturels assez volumineux pour qu'on y taille facile-
ment de grandes pierres d'appareils.
C'est une pierre d'un blanc ordinairement grisâtre, bien homogène
et habituellement dépourvue de marbrures.
On exploite le banc royal à Conflans-Sainte-llonorîne, à Neuilly,
à Méry- sur-Oise, à Gentilly, à Montrouge.
Faune du banc royal. — Les fossiles du banc royal sont extrême-
ment nombreux.
Nous nous bornerons à décrire rapidement les plus caracté-
ristiques.
TERBAISS TtRTMIRES.
L'Orhitolites compianata (Lamk) (fig. 59), est un foraminirtn
dont la coquille (lîscoïtlale, plane, égale, est eucroùlée des deuï
i^rttés et ornée de stries concentriques. On y trouve des loges nom-
w
Fio. 59. — Oi-biioMef comjilannta,
breuses disposées par lignes irrégulières Iransverses, et visrbW
seulement au pourtour.
Le Fiisiis ]\'oe est repi-ésenté dans la ligure 60.
Le Terebellum eonvitlutum (Lamk) préseult!
une forme très-caracléris tique. C'est une
coquille Irès-mince et très-fragile que l'ia
renconlrc rarement en bel élal de conser-
vation. Elle est allongée, cylindracée; toule
tisse, obtuse au sommet. Sa spire est entière-
ment rachéc, mais non à la manièm des porce-
laines, car, lorsqu'on brise la coquille btM
précaution, on voit la spire développée ii la
même manière que dans les autres espècet;
seulement, dans celle-ci, elle est cachée pif
le développement supérieur du bord droit, qw
l'on voit remonter jusqu'au sommet. L'ouïe^
ture est allongée, élroile, un peu dilaléo àson
extrémité antérieure; elle esl oxtrémenieDl
rélrécie, en fente capillaire, à son extrémité
opposée. La columclle est arquée et «Mvme
iuau.„ur, j_^^^ toute sa longueur : elle esl re^éluc
d'un bord gauche très-mince et Irès-élroît, et se termine A ta baM
en une poinic aiguë, vers laiiuclle se dirige obliquement reïtrt"
mité du hoi-d droit; de ce côté, le bord est développé de maDiËn
à laisser apercevoir l'intérieur de la coquille lorsqu'on la repuw
par la base.
Le Cardium aviculare (f^amU) présente im aspect très-peu ordi-
naire parmi les bivalves. C'est une jolie coquille triangulsirCi
allongée, cordiforme, atténuée à son exti-émité inrérieure; des trois
câtés du triangle, le bord supérieur ou cardinal est le plus court,
le postérieur le plus long. Elle esl inéqiiilalérale; lecrochel, quÎL'sl
LE GALGAIRË A MILLIOLITËS. 177
petit et peu saillant au-dessus du bord cardinal, s'incline oblique-
ment vers son extrémité antérieure; il donne naissance à une
carène aiguë, armée de longues écailles spiniformes imbriquées, qui
partage la coquille en deux parties inégales el aboutit à un angle
inférieur.
Le côté antérieur est le plus étroit et est orné de vingt à vingt-
cinq côtes longitudinales aplaties, couvertes pour la plupart de petites
écailles, dont un petit nombre sont tuberculeuses, surtout à la
partie supérieure. Le côté postérieur est beaucoup plus déprimé,
surtout vers Tangle supérieur, où la cavité des valves est réduite
considérablement : les cotes qui se voient sur cette partie des valves
partent en rayonnant du côté postérieur du crochet ; elles sont très-
aplaties, larges et séparées par des intervalles égaux aux côtes. La
partie postérieure du bord cardinal est ornée d'un rang de longues
écailles épineuses, imbriquées comme celles de la carène dorsale. La
charnière est droite ; on y remarque sur la valve gauche deux petites
dent^ cardinales obliques, entre lesquelles est une fossette conique
assez grande, dans laquelle est reçue la seule dent cardinale de
Tautre valve. La dent latérale antérieure manque tout à fait, mais
la postérieure est semblable à celle des autres Cardium, Les impres-
sions musculaires, qui sont d'une taille médiocre, se voient aux
deux extrémités du bord cardinal et au-dessous de lui.
Les vertébrés sont représentés dans le banc royal par des poissons
assez nombreux, parmi lesquels V Hemirhynchus Deshayesi (Agass.)
est le plus remarquable. La galerie de géologie du Muséum s'est
récemment enrichie d'une plaque de calcaire grossier à milliolites
portant de très-nombreuses empreintes de poissons (1). Cette plaque
provient d'une carrière de Puteaux (Seine), où l'on pouvait admirer
récenunent encore une innombrable accumulation de poissons tous
semblables, conservés jusque dans les moindres détails de leur sque-
lette et de leurs téguments. Ces poissons étaient réunis là en nombre
prodigieux, et semblent avoir succombé à la suite d'une action vio-
lente, telle qu'un cataclysme ou l'arrivée subite de principes toxi-
ques dans les eaux qu'ils habitaient; du moins n'expliquerait-on
pas aisément d'une autre manière les contorsions qu'ils présentent
souvent, et qui rappellent les allures tourmentées des poissons du
Hansfeld ou d'ailleurs.
(1) Stanislas Meunier, Comptes rendus de l'Académie des sciences ^ 1872,
t. LXXIY, p. 822.
ST. MEUNIER. 12
TERRAINS TERTlAIRtS.
Les poissons de Puteaux paraissent se l'apporter Lous à la ménie
espèce; mais cette espèce, jasqu'ici exlrêmeinent rare, a'élait connue
des paléouCfllogistes que par des échanlillons incomplets. Agassiz,
qui lui a imposé le nom cité plus haut A' Hemirhynchu» Ûeshat/ai,
s'exprime ainsi h son égard (1) : a II est à regretter que cette
espèce si importante, en ce qu'elle établit un passage entre deux
types assez diiïérents, ne soit pas connue dans tous ses détails.
Nous n'en connaissons jusqu'ici que la télé et une partie de la
colonne vertébrale ; mais, à en juger par sa pbysionomie générale,
il parait que c'était un poisson très-allongé, u
Il faut ajouter que dans sa Zoologie et Paléontologie fronçaim,
M. le professeur Paul Gervaia a donné de son cûté une représenta-
tion partielle de ce même poisson.
Quoi qu'il en soil, efgràce aux écbantillons fournis par la ca^
rière de Puteaux, on peut aujourd'hui combler les lacunes de la
description d'Agassiz. On peut constater, par exemple, que Vffemî-
rfiymhus atteignait parfois un mètre de longueur, avec une lai-geur
moyenne de 12 centimètres, et qu'il présente une nageoire con-
tinue aussi bien sur le dos que sous le ventre. On peut étudier toutes
les particularités de ses épailles, qu'Agassiz n'a vues que par leur
face interne ; etc.
C'est sans doute a des vertébrés qu'il faut rapporter les empreintes
déjà signalées parfois, à la surface des bancs du calcaire grossier, et
par exemple par M. le docteur Eugène Robert, qui a donné au
Muséum un échantillon provenant des carrières du château du
Bois-de-l' Arbre, près d'IIennon ville (Marne). Ce sont des empreintes
trilobées de pas, qui paraissent avoir la plus grande ressemblance
avec celles qu'on a attribuées à une tortue fossile, à la surface de*
grès du comté de Dumfries, en Ecosse.
11 ne pamtt point, cependant, que ces empreintes de pas de cb^
Ionien appartiennent à la mônae espèce qui a laissé ses débris osset^
dans les carrières de Nanleri-e ou de Passy (celles-ci pourraient co'
vrir la main) ; elles semblent plutôt avoir été produites par M
grande espèce de tortue marine. Les" plaques calcaires qui porte'
ces empreintes offrent aussi une autre particularité curieuse, s'
laiiuelle M. Robert adéjà appelé l'attention dans son article arcbé^
logique sur la station celtique de Luthernay (^) : il s'agit A'ed
(i) Agaisiz, Reclierdies sur les poissom /osales, l. V, ;
(2) E. Robert, lexUoivies, (. XVII, p. 38S,
!8 et pi. XXX.
LE CALCAIRE A MILLIOLITES. 179
preintes qui rappellent parfaitement ces petites ondulations réticu*
lées qu'offre la surface du sable, lorsque la mer s*est retirée lente-
ment, et qu'on aperçoit même au . fond de l'eau. On leur a donné
quelquefois le nom pittoresque de vent fossile. Or, c'est dans ces
conditions-là que se présentent les pas de tortue.
Flore du banc royal. — Les végétaux sont nombreux dans le
banc royal. Ce sont surtout des plantes marines ou d'eau saumàtre.
Nous énumérerons les plus fréquentes.
Les Culmites ou Caulinites abondent dans le calcaire grossier ;
ils ont la plus grande analogie avec les Caulinia, plantes a(|ua-
tiques actuelles submergées, croissant dans les étangs, les fossés
et les ruisseaux, et qu'on rencontre souvent à des latitudes diverses,
en Europe, en Afrique, en Amérique et aux Indes orientales. Le cal-
caire grossier contient : C. parisiensis (Brongn.)/C rio(/o5M5(Unger),
C ambiguus (UngO, C. Wateleti (Ad. Brongn.), C. fomnosus (Wat.),
et beaucoup d'autres encore dont la détermination est plus ou
moins douteuse.
Le Phyllùesmultinef^visde M. Ad. Brongn. provient de Montsouris.
C'est, comme l'auteur l'a reconnu lui-même, un vrai Potamogeton
qui n'est pas sans analogie avec le P. natans^ si abondant dans nos
rivièi'es. Le seul échantillon connu consiste en une feuille arrondie,
offirant des nervures nombreuses et très-anastomosées. Beaucoup
. d'autres Potamogeton ont été trouvés dans le calcaire grossier.
Des Flabellaria se rencontrent souvent au même niveau. Un des
plus anciennement connus a été désigné par M. Ad. Brongniart sous
le nomde F. parisiensis. Ce beau palm ier présente un pédoncule d'une
largeur de 12 millimètres dans toute sa longueur; les feuilles sont
matilobées, et les lobes, très-étroits sont nombreux, rapprochés, et
Tonnent une fronde peu élargie. Cette espèce est d'ailleurs fort rare.
VEquisetum deperditum (Watelet) a été découvert dans le calcaire
grossier de la Glacière, à Paris même. Il se rapproche beaucoup de
la prâe connue sous le nom d'elimosum, et offre un épi ovale-oblong
formé de plusieurs rangs superposés d'écailles.La tige est marquée
de stries longitudinales et d'articulations en forme d'anneaux.
Les Zostera ou Zosterites appartiennent à la famille des naïadées.
M. Walelet en distingue dans le calcaire grossier deux espèces dif-
ybKù\idA.\jei Zosterites Lamberti (Wat.) consiste en feuilles longues,
trèft^troites, arrondies et un peu acuminées au sommet. Ce n'est
çi'avec une forte loupe que l'on parvient à distinguer quelques ner-
Ynres longitudinales et très-fines. Le Zosterites enervis[kA. Brongn.)
I
TERIttlNS TERTUmES.
n'a pas encore été l'objet d'une description sérieuse, el quelques
doutes entourent sa détcnninalion.
Rognons siliceux du banc royil. — Le banc royal est inlà^
sant à un point de vue où nous avons déjà t!'tudié des couches beau-
coup plus anciennes, c'est-à-dire par les rognons minéraux qui s'f
trouvent contenus. Ce sont des rognons de silex d'une analogie
évidente avec les rognons siliceux de la craîe. Comme ceux-ci, ils H
sont fréquemment formés autour de certains fossiles comme cenin'
d'attraction, et ils ont une tendance manifeste à se disposer en lils
horizontaux.
Par suite deleur croissance successive, des rognons arrivent par-'
fois à se souder, et leur ensemble prend l'aspect de plaquettes plus
ou moins étendues. C'est ce qu'on peut observer par exemple i'
Puteaux. Ailleurs, la silicification s'est presque bornée à la maliËm
des coquilles contenues dans les couches, de façon qfle ces coquilles
sont exactement transformées en silex. U n'y a pas de meilleure
localité pour observer cette circonstance que Pierrelaye, près de
Pontoise. 11 y a dans ce fait un problème très-intéressant k étudier.
Un petit échantillon du banc royal de cette Jocalité peut o^r
k la fois des coquilles restées parfaitement calcaires, et, presque
au contact, d'autres coquilles entièrement silicifiées. La substanc»
siliceuse adonc dissous le lest de ces coquilles sans néanmoins dis-
soudre le calcaire environnant, cependant plus soluble dans les
acides, et a substitué à la substance ainsi enlevée de la silice,
sans que les régions voisines aieni été le moins du monde sili-
cifiées. '
§ 3. — Calcaire aop^rlear on à l'érKhpx.
Épais de 3 à 16 mètres, le calcaire gi-ossiur supérieur (calciin'i
cérithes de Brongniart) se répartit en couches nombreuses nettenwnl
caractérisées et faciles à distinguer les unes des autres. Toutefois
ces diverses couches peuvent, pour la commodité de l'étude, se
répartir en deux groupes dont le plus inférieur s'ap|>elle le bimc
vert, et l'autre le banc franc.
Examinons-les successivement.
Le banc vert constitue le repère le plus constant dans le calcaîn'
grossier parisien.
LE CALCAIRE A CÉRITHES. 181
Pris en bloc et considéré dans son état le plus complet, il se
compose de couches marneuses produites par le mélange de lits
d'eau douce et de lits marins, intercalées entre deux assises tout
à fait marines.
Ces deux couches, dont Tune commence le banc vert pendant que
Tautre le termine, sont tellement identiques entre elles sous tous les
rapports, que Ton est porté à considérer les couches marneuses dont
nous venons de parler comme un simple accident venant s'intercaler
dans un grand système marin.
Comme on voit, le banc vert offre un ensemble tout à fait sni-
gulier dont Tétude est des plus intéressantes (Gg. 61).
Fk;. 61. — Coupe du banc vert.
6. Cliqnart. — 5. Couche à Cyclostoma mumia. — \. Couclio à Cerithium lapidum. —
. Gouehe à Cerithium mutabile. — i. U^min. — 1. Saint-Nom.
Les deux bancs marins qui encadrent pour ainsi dire le banc vert
sont blancs, parfois durs et siliceux et donnent les meilleures pierres
de construction de tout le bassin de Paris.
Celui qui occupe la position la plus inférieure s'appelle, dans la
pratique, le Saint-Nom, et les carriers de l'Aisne le nomment roche
du bas; tandis qu'à Vaugirard, à Bagneux, à Creteil et ailleurs on
l'appelle liais. L'autre est le cliquait, et dans l'Aisne la roc^e du
haut: c'est le liais de Montesson et de Carrières-Saint-Denis.
Des échantillons séparés peuvent être complètement confondus
ensemble, non-seulement à cause des caractères minéralogiques,
mais aussi d'après l'examen des fossiles.
182 TERRAINS TERTIAIRES.
FAtNE DC B*NC VERT. — Le plus Caractéristique de ces fossiles est
le Ttirrilella fasciata (Lamk), belle coquille représentée ci-contre
(lig. 62]. C'est, comme on voit, une coquille conique
oiïrant une spire très-régulière, très-pointue au
sommet, composée de 17 à 18 tours plus ou moins
convexes, quelquefois aplatis et présentant sur
leur surface des carènes étroites et tranchantes en
nombre variable et ordinairement inégal. Outre
les carènes des tours précédents, le dernier en pré ■
sente à sa circonférence une de plus,et]'oa trouve
sa base chargée de 3 ou k sillons concentriques,
plus ou moins, rapprochés et graduellement dé-
Tun-nella /ajeiiiia. *^™'^^"*^'*^ '" circonférence vers le centre. L'ou-
verture est médiocrement grande^; elle est ovale-
obronde, plus haule que large, versante à la base. La columelle,
tordue et arquée dans sa longueur, est fort courte, assez épaisse,
légèrement aplatie et bordée en dehors par un angle vif.
De nombreux cérilbes remplissent parfois les deux liais; nous en
citerons quatre qui sont particulièrement fréquents.
Le Ceriihium angulosum (Lamk) est une coquille allongée, turri-
culée. Ses tours sont nombreux, assez étroits et fortement anguleux
dans le milieu, ils sont pourvus d'un assez grand nombre de cAtes
longitudinales distantes, dont quelques-unes se changent parfois en
varices ; ces côtes sont traversées par un grand nombre de stries
inégales, fines et serrées : celle des stries qui est placée sur l'angle
des tours en passant sur les côtes y produit un petit mamelon très-
aigu, spiniforme. Le dernier tour, très-convexe à la base, est sil-
lonné en dessus. L'ouverture est oblique, grande, dilatée, ovale
subtrigone, et presque en tout semblable à celle du Certtkium inter-
ruptum dont nous allons parler. Le bord droit se projette en avant ;
il est mince, tranchant, coupé en demi-cercle et obscurément sil-
lonné à l'intérieur. La columelle est oblique, assez épaisse; elle se
joint au bord droit, en formant une légère dépression qui remplace
le canal de la base.
Le Certtkium interrvptum (Lamk) est fort remarquable par la
forme de son ouverture. C'est une coquille fort allongée et très-
pointue. Ses tours, au nombre de 20ou 21, sont étroits, convexes et
(rès-souvenl interrompus par de grosses varices épaisses irréguliè-
rement éparses sur toute la spire. Les tours sont chargés de nom-
breuses cotes longitudinales légèrement arquées dans leur longueur.
LE CALCAIRE A CÉRITHES. 183
Elles sont Imyersées par quatre sillons granuleux qui deviennent sim-
ples en passant sur les varices. L'ouverture est fort singulière ; elh»
se détache quelquefois un peu de Tavant-demier tour; elle est très-
dilatée et ovale subtriangulaire. Son bord droit se projette forte-
ment en avant et est mince, tranchant et sillonné à Tintérieur; sur
le côté, il offre une sinuosité assez profonde. La columelle est peu
épaisse, saillante, arquée; elle est suivie d'un bord gauche calleux
assez étroit ; Téchancrure de la base est peu profonde et se réduit à
une simple dépression anguleuse au point de joliction de la colu-
melle et du bord droit.
Cette coquille est fréquente, mais le Cerithium serratum (Lamk)
est encore beaucoup plus commun.
Celui-ci constitue d'ailleurs une espèce très-facile à distinguer.
Ses tours sont nombreux et rapprochés. Les premiers, ceux qui
appartiennent au jeune âge, présentent trois rangs presque égaux de
granulations; le rang inférieur augmente successivement, finit par
devenir très-proéminent et par former une carène saillante profon-
dément denticulée. I^es dentelures sont comprimées et très-aigues
dans la plupart des individus; les stries du jeune î\ge disparaissent,
et alors la coquille est lisse dans l'intervalle des carènes; le dernier
tour présente en dessus deux séries de granulations aiguës. L'ou-
verture est médiocre; elle est oblongue oblique; son extrémité
inférieure est terminée par un canal assez peu relevé du coté du dos.
La columelle est simple,, épaisse, et revêtue d'un bord gauche qui
devient calleux dans les jeunes individus. Le bord droit s'épaissit
avec l'âge; il est sinueux vers l'angle inférieur et assez saillant
à son extrémité antérieure.
Enfin, le Cerithium calcitrapoides, qui est également très-commun
et très-caractéristique, est une coquille allongée, turriculée, pointue
au sommet, à tours nombreux et très-convexes, étroits, sans stries,
à suture profonde et quelquefois bordée en dessus d'un rang de petites
granulations ou de petites dentelures ; sur le milieu des tours s'élève
ime rangée de gros tubercules pointus, un peu comprimés, redressés,
simples, donnant naissance assez fréquemment à une côte longitu-
dinale qui part de la base en dessus et en dessous. Le dernier tour
est très-convexe. Outre la rangée de tubercules, on en trouve deux
autres vers la circonférence, et elles sont formées de tubercules plus
petits et plus obtus. L'ouverture est ovale subtrigone ; elle se termine
Ultérieurement par un canal assez allongé, très-étroit, profond. Le bord
ifoit est mince et tranchant, régulièrement arqué dans sa longueur,
TERrUlNS TERTIAIRES,
pourvu latéralement d'une sinuosité peu profonde. Lacolumdle
est assez étroite, fortement arquée dans toute sa longueur ; elle esl
revêtue d'un bord gauche très-étroit et assez épais, qui se jornl t
l'extrémité du bord droit pour former une goullière. Dans quelques
individus qui pourraient fonner une variété, on trouve à la partie
inférieure des tours une ou deux petites stries transverses garnies i
de granulations.
Cocome nous venons de le dire, entre les deux bancs marins se
trouvent diverse^ couches, les unes marines, les autres d'eau douce
ou saumàtre. C'est à leur ensemble que l'on a donné parfois, d'unr
manière exclusive, ce nom de banc vert si manifestement applicable
à toute la série que nous avons admise.
La partie principale de celle région moyenne du banc est oat
couche marneuse de couleur verdâtre, contenant une quantité parfois
considérable de CerUhium lapidum (Bg. 63). Cette coquille, que nous
FIG. 63. — CerUhium lapidum.
retrouverons encore au-dessus du calcaire grossier, est fort singu-
lière et facilement reconnaissabie. Elle est allongée, turricnl^'
étroile. Sa spire, très-pointue, est composée d'un très-grand nomb^^
de tours qui vont jusqu'à 30 dans les grands individus, dont la lo^"
gueur est de plus de 5 centimètres. Les premiers tours du jeun« ^^
sont généralement fort différents de ceux qui suivent. Ces toi***'
jusqu'au 15' ou 18% sont chargés de fines stries et très-souvent s*^
fortement carénés vers leur partie supérieure. La carène, quelqi**
fois simple, quelquefois dentelée, s'efface peu à peu, et finit f^
disparaître complètement; alors les tours sont convexes, liss^^
et réunis par une suture linéaire simple. Le dernier tour est cou»^
convexe, déprimé à la base et quelquefois pouiTu à sa circonféren*
LE CALCAIRE A CÉRITHES. 185
d'une ou deux stries plus ou moins apparentes. L'ouverture est
arrondie dans le fond ; elle est petite, ovale obronde à son entrée ;
le bord droit est très-mince, tranchant et saillant en avant ; sur le
côté, il présente une échancrure assez profonde. La columelle est
extrêmement courte, épaisse, cylindracée ; le canal de la base est
large, peu profond et fort court.
Les caractères physiques de la couche à C. lapidum varient
beaucoup, suivant les localités. A Limay, c'est une roche assez dure
pour fournir de véritables pierres de taille; à Gentilly, au contraire,
elle est complètement impropre à cet usage, et est activement
exploitée pour la fabrication de la chaux hydraulique. La quantité
d'argile qu'elle contient lui donne des qualités très-précieuses à ce
point de vue.
Au-dessous de la couche à Cerithium lapidum se rencontre sur
différents points un lit argileux renfermant beaucoup de coquilles
écrasées, parmi lesquelles on reconnaît surtout des lucines.
En 1824, M. Desnoyers découvrit à ce niveau, à Vaugirard, à
Sentis et ailleurs, de nombreuses empreintes végétales renfermant
des bois carbonisés passant, par places, à un véritable lignite. Ce
lignite s'est retrouvé depuis à Passy, où son épaisseur est relative-
ment considérable.
Cette couche à lucines et à végétaux acquiert à Nanterre une
épaisseur assez grande pour qu'on en puisse extraire de la pierre
à bâtir. On la désigne souvent sous le nom de roche de Nanterre,
Au-dessus de ce lit, ou, quand il manque, en contact avec le banc
inférieur à Turritella fasciata, se voit une couche souvent très-mince,
dont la faune, très-nombreuse, offre cette particularité pleine d'en-
seignement, comme nous verrons, d'avoir avec la faune future des
sables moyens ou de Beauchamp les plus étroites analogies. Les
cérithes y sont très-nombreux.
Le Cerithium cinctum est peut-être le plus caractéristique. Il est
allongé, ti^rriculé, très-pointu au sommet ; on compte quelquefois
vingt-quatre tours à la spire, longue de 6 à 7 centimètres. Ces tours
sont étroits, aplatis, séparés par une suture linéaire bordée d'un petit
bourrelet plissé. Sur chaque tour on voit trois rangées transverses,
régulières, égales et également distantes, de granulations rappro-
chées, ayant une tendance à se confondre par leur base. Le dernier
tour est convexe à la circonférence et pourvu dans cet endroit de
deux sillons simples ; à la base il est aplati et finement strié. L'ou-
verture est ovale-oblongue, plus haute que large. La columelle est
"îBP^^"' TERRAINS TERTIAIRES.
conique, courte, obliquement tronquée el revêtue dans sa lon-
gueur par un bord gauche peu épais et appliqué dans loute sa lon-
gueur; le bord droit est mince et tranchant, profondément sioui
latéralement; l'échancrure terminale et très-courte et peu pro-
Tonde.
Le C. inUrmplum, déjà cilé dans les liais, se retrouve ici avec les
caractères que nous avons indiqués, et le C. mutabile, quiest un des
fossiles les plus caractéristiques des sables de Bauchamp, appamtt:
au niveau qui nous occupe en ce moment. Nous ne disons que '
mentionner ces deux coquilles; la dernière nous arrêtera dans le
chapitre suivant.
Généralement la couche intéressante qui nous occupe est à l'élat
de pierre tenace. Cependant il arrive parfois qu'elle soit à l'état sa-
bleux. C'est ce qui a lieu, par exemple, à Passy, localité qui a founii, ,
grâce à cette circonstance, de beaux exemplaires de fossiles dani
un étal de conservation parfaite.
Comprise entre le banc à Cerithium lapîdutn et le banc supérieur
à Turi-itelia fasciata, on peut observer quelquefois une couche dont
l'origine est entièrement d'eau douce. Les coquilles les plus abon-
dantes sont des Pianorbis, Limmva, Pùludina, Cyclostoma.
Le Cyclostoma mumia, concentré parfois dans des feuillets distincts
qu'il remplit presque complètement, est intéressant entre tous,
à cause de sa persistance qui le fait se conlinuvr
»à travers plusieurs formations géologiques successiva.
Nous aurons bien des fois à le citer par la suite; il faut
donc le décrire tout de suite. C'est [tig. Qh) une co-
quille turriculée, striée en travers d'une manièreasBez
apparente. Des stries longitudinales très-fines, visibles
seulement à la loupe, forment avec les premières un
Fie. ea. réseau très-fin. Le sommet est un peu obtus; les tours
Cyclostoma sont peu bombés et les sutures peu profondes. L'ou-
verlm'c est petite, ovale, un peu anguleuse supé-
rieurement, ordinairement entourée d'un bourrelet plus ou moin^
épais qui en fait le bord ; lorsque ce bourrelet n'existe pas, la lèvre
est renversée au dehors. L'ombilic est petit, en partie caché par l«
bord gauche de l'ouverture.
Avec ces coquilles d'eau douce se trouvent des empreintes de vé-
gétaux également aquatiques, et tout spécialement des Chara.
Il peut arriver que les diverses couches du banc vert soit>nI peu
développées. Dans ce cas, il esl ordinaire que le système situé entre
LE CALCAIRE A CËRITHES. 187
les deux liais soit limité en haut et en bas par deux couches d'ar-
gile verte assez épaisses pour déterminer un niveau d'eau.
Le banc vert, à part les fossiles caractéristiques que nous avons
successivement mentionnés à propos de chaque couche, fournit à la
paléontologie des vestiges de nombreux animaux vertébrés.
Plusieurs poissons proviennent de ce niveau. On peut citer sur-
tout des squales représentés par leurs dents, comme la scie ou
Priitis parisiensis (P. Gervais), le Carcharodon disauris (id.); puis le
Ckrysophrys ou Daurade, VAcanthinus Z>M(;û/«V(Agass.), provenant de
Vaugirard, le Zanclus eocenus (P. Gervais), et le Labrax major
(Agassiz).
Le calcaire grossier, par exemple à Passy et à Gentilly, contient
des dents de crocodiles, les unes cannelées et les autres dépourvues
de cannelures. M. Paul Gervais établit deux catégories parmi ces
dernières. Les unes sont lisses, subcomprimées, à bords entiers,
mais tranchants plutôt que carénés; les autres sont en cônes assez
réguliers, pourvues en avant et en arrière d'un rebord saillant, et
guillochées sur la plus grande partie de leur sommet.
M. le docteur Eugène Robert a extrait du calcaire grossier des
vestiges, d'ailleurs indéterminés, et qu'on rapporte à des oiseaux.
C'est au même géologue qu'on doit la découverte à Nanterre de
mammifères du genre Lophiodon. Ces pachydermes herbivores, qui
apparaissentainsi dans le calcaire grossier, se prolongeront, comme
on verra, après la faune du gypse, dans laquelle ils joueront un grand
rôle. Le genre lophiodonte est donc remarquable par sa persistance
et, conune nous le verrons, aussi par les modifications qu'il a subies
FiG. 65. — Lophiodon parisiense,
dans la série des âges. L'espèce de Nanterre porte le nom de Z. pa-
risiense. La figure 65 en représente la mâchoire inférieure.
Le Pachynolophus constitue un genre extrêmement voisin du pré-
cédent, et qui, comme lui, se présente dans le calcaire grossier. Sa
taille est inférieure à celle des vrais lophiodons, et sa dentition est
188 TEBBAISS TERTIAIRES,
différeiile : les molaires supérieures sont au nombre de sept au lien
de n'être que six, comme à la mâchoire inférieure. C'est d'ailleurs lu
genre plus ancien, puisque des vestiges en sont fournis par l'argile
plastique. Mais de très-beaux échantillons attribués au Pachyna-
lop/ius Prevostii (P.Geryais) ont été extraits du calcaire à céritbes de
Gentilly. A Passy, on a recueilli des restes de P. Duvaln(P. Gerv,),
qui est représenté aussi à Nanterrc et k Vaugirard en compagnie du
Lopkiodori parisiense.
Un mammifère de la famille des suidés a été découvert au mém«
niveau àNanterre et à Passy, C'est leDichobune suitlum (P. Gerv.),
d'ailleurs incomplètement connu. Il est possible, d'après l'autuur
lui-même, que cette espèce, mieux étudiée, doive être rapprochée
des Xip/iodon.
Flore du banc royal. — Voici, d'après M. Watelel (1), la flore
du calcaire grossier, dont la plus grande partie provient des coucIips
que nous étudious en ce moment.
i
' Confervitc
LaminarilB 5
I Chondrilea i
Algues 22 ^ CorallinileB 1
I Sphœrococcites 1
Delesflerites 1
FucDidïE 6
i Algacitea 3
Cbtptogahes vasgulaines : b.
Fougères. . .
Characées. .
Equiaelum. .
TœnLopterii î
MoHOCfiTYLËunNËS : 17.
f Zosteriles 2
. . . . i's i CauliniteB 5
( PolamoeetQn 7
I Nipadites 1
„ i Flabellarie 1
(I) Walelet, Desa-iplion des plante» fostiles du bassin de Paris, 1866, ïd'
p. 256.
i-a*^
LE CALCAIRE A GÉRITHES. igg
Dicotylédones angiospermes : 5.
Bétulacées
Ulmacées
... 1
... 1
. . . 3 ^
1
Betulinum
Ulmus
Protéacées
Grevillea
Lomatia
{ Dryandroides
MONOPÉTALES : 1.
Apocynées 1 Echilonium
POLYPÉTALES : 1.
Nymphéacées 1 Nymphaea. .
Calcaire d'eau douce de Provins. — C'est exactement au niveau
du banc vert que paraît devoir se placer un calcaire d'eau douce
très-développé dans Seine-et-Marne, à Provins particulièrement, et
sur l'âge duquel on a vivement discuté.
La principale raison de Tidentification à laquelle nous adhérons,
c'est la trouvaille faite dans les couches de Provins de restes de
Lophiodon, et à cet égard un excellent mémoire de M. P. Michelot
doit être signalé (1 }.
Le calcaire d'eau douce dit de Provins peut être suivi à partir
de cette ville et de Saint-Parre (Aube) jusqu'à Longpont, dans le dé-
partement de l'Aisne, en passant par Cramant (Manie), ainsi que
Vavait reconnu le docteur Emile Goubert.
Ce qui a fait hésiter longtemps quant à l'àgc du calcaire de Pro-
vins, c'est que dans tout l'est du bassin cette formation est exclu-
sivement d'eau douce, sans alternance de ces couches marines si ca-
ractéristiques du banc vert. Mais on doit simplement en conclure une
difTérencedu plus aumoins dans l'action alternative des eaux douces
et salées. Celles-ci, d'ailleurs, n'ont pas été complètement sans in-
fluence, puisque le calcaire de Provins offre, dans certaines parties,
de petits Cyrena, c'est-à-dire des mollusques propres aux régions
saumâtres (2).
On y recueille :
Planorbis Leymerii, Desh. Limnœa Michelini^ Desh.
P. Chertierif Desh, Hélix Edwardsi^ Desh.
Paludina novigenttensts, Desh. Agatina Nodoit, Desh.
P. Orbignyana, Desh. Cyclostoma mumta, Bron^.
(i) mchéioï, Bullet. de la Soc. géologique, 2« série, 1864, t. XXI, p. 212. —
Yoyei, sur le même sujet, le Mémoire de M. Hébert, même recueil, t. XIX, p. 675.
(2) Goubert^ Bullet, de la Soc. géologique, 2^ série, 1866^ t. XXIV, p. 154.
TEHRAINS TERTIMRES.
PaiTTii les coquilles d'eau douce ii Taut en signaler qnef
comme les plus riiiquentes.
Le Plmorbis Leymerii (Desh.) est une grande coquille discoîdfi
orbiculaîi-e, peu épaisse, peu concave en dessus, plus proFondémeat
excavée en dessous, régulièremenl arrondie à sa circonférence (1),
La spire compte huit tours éli-oils dont l'accroissement est très-leal;
ces tours sont aussi largement exposés d'un côlé que de l'autre; peu
convexes en dessus, ils le sont un peu plus eu dessous; ils sont
peu involïés les uns dans les autres, et ils sont réunis par une su- i
ture linéaire simple el peu profonde. Le demîer tourest assez grand,
cjlindracé; il se termine par une ouverture non dilatée, mais fort
oblique et subcirculaire. Le sommet de la spire, qui, dans les co-
quilles lurbinées, est la partie la plus proéminente, est ici le point
le plus enfoncé de la surface supérieure. Dans les grands individus,
le dernier tour est chargé de nombreuses stries d'accroissement.
Dans le jeune âge, cl surtout à la circonférence, on trouve Burle
test des stries ti'ansverses, iines, régulières, serrées, sur lesquelles
passent obliquement les stries d'accroissement ; ce qui forme un
réseau qui ne manque pas d-' élégance.
Le Paludina Orbignyana [Desh.) est presque aussi gros que la
paludine des marnes de Rilly (voyez ci-dessus, p. 122), mais il
est plus étroit à la base et beaucoup plus obtus au sommet. La
spire compte cinq tours très-convexes : les trois premiers sont obtu-
séraent anguleux à la circonférence, au point où ils se joignent pat
la suture ; les deux derniers n'offrent plus la moindre trace de cet
angle, et le dernier tour est très-grand, subglobnieux , égal en
hauteur à tout le reste de la spire ; un peu déprimé dans la région
ombilicale, il est ouvert d'une petite fente. L'ouverture serait circu-
laire, sans l'angle postérieur qui en dérange la régularité ; son pla%
s'incline obliquement en arrière sur l'axe longitudinal. Le lest^
dont on ne connaît que des portions incomplètes, est lisse et
que de stries peu apparentes d'accroissement.
Le Cyclostoma muniia est d'ailleurs extrêmement fréquent, co
dans le banc vert de Paris.
Il est probable que la formalion de Provins s'est continuée plua;
longtemps que celle du banc vert proprement dit, car elle n'est
point surmontée comme celle-ci par les cailloux et les sables
(1) Deshajea
[. I[, p. 739.
Desûriplion des t
s vertèbres du bassiti de Paris,
LE CALCAIRE A CÊRITHES. 191
Beauchamp, mais immédiatement par le travertin inférieur ou de
Saint-Ouen.
6, — Banc franc.
Le banc franc, défini comme il a été dit plus haut, constitue
un petit système d'une certaine importance industrielle, mais
dont l'épaisseur, parfois inférieure à un mètre, ne dépasse jamais
5 mètres. C'est dans le sud de Paris qu'il est surtout développé.
Les carriers y distinguent les bancs francs proprement dits, et
au-dessus, la roche de Paris. Ces distinctions n'ont d'ailleurs pas
de réalité géologique, et ne doivent par conséquent pas nous
arrêter.
Le système du banc franc comprend plusieurs couches marines
séparées les unes des autres par des sables calcaires plus ou moins
marneux. Les fossiles y sont répartis très-inégalement : certaines
couches {roche) en sont presque exemples ; d'autres, appelées gri-
gnartb, en sont pour ainsi dire pétries.
La quantité d'argile que ces couches contiennent souvent les
rend gélives, et par conséquent de mauvaise qualité au point
de vue des constructions. Elles sont néanmoins quelquefois très-
dures et alors très-recherchées, au point que dans certaines loca-
lités, comme Arcueil et Genlilly, les carrières sont complètement
épuisées.
Faune du banc franc. — Les coquilles du banc franc appartien-
nent it des espèces peu nombreuses. Dans le bas, nous citerons les
Cerithium derUiculaium et angulosum que nous avons déjà décrits, et
le Cerithium cristatum, dont la présence est caractéristique. C'est
une coquille allongée, turriculée, très-pointue au sommet, com-
posée d'un grand nombre de tours étroits, sur la surface desquels
On remarque un nombre plus ou moins gi'and de petits plis lon-
gitudinaux et irréguliers, produits par des accroissements. Sur le
tnilieu des tours s'élève une carène tranchante, fortement dentelée
sur son bord : les dentelures sont comprimées et fort aiguës. Le
dernier tour est convexe, un peu déprimé à la base, et chargé
depuis la circonférence jusqu'au centre, de sillons concentriques
irrégulièrement granuleux. L'ouverture est petite, arrondie dans
le fond, ovale-oblique à son entrée. Son bord droit est très-mince ;
il forme un prolongement considérable à sa partie antérieure ; sur
le côté il est profondément sinueux. La columelle est assez épaissie,
courte, cylindrique, accompagnée d'un bord gauche assez épais
J92 TERRAINS TERTIAIRES.
et appliqué dans toute son étendue; le canal tennlîfi^l
très-oblique et assez largement ouvert.
Dans les parties supérieures du banc franc apparaissent, en outre,
le Cerithium lapidum et le Cydosloma mumia qui nous ont déjà
occupés.
Le Nalica muiabilis (Desh.) est lisse, subglobuleux, quelqueToIs
ovalaire. Sa spire est courte et pointue, composée de huit tours très-
étroits, très-convexes, ordinairement aplatis en dessus. Le dernier
tour est beaucoup plus grand que la spire; l'ouverture qui Je ter-
mine est médiocre, semi-lunaire, et terminée à sa base par une
sinuosité assez profonde. Le bord droit est tranchant, mais subite-
ment épaissi à Tintérieur ; il est légèrement sinueux dans sa lon-
gueur et fortement incliné, ainsi que l'ouverture sur l'axe centnJ.
A la base du dernier tour, se voit un petit ombilic très-profond,
toujours entouré d'une surface lisse : celte partie est Irès-variaUa
selon les individus, tous sont perforés ; mais on remarque dant'
une série de variétés que cet ombilic s'agrandit peu à peu et finit
par devenir très-large et infunditmlifomie. Cette natice est d'ailleilis
une des coquilles les plus communes des environs de Paris.
Dans les mêmes couches existe, et parfois avec une extrême abon-
dance, le Lucina saxorum (Lamk). C'est une coquille orbiculaire,
lenticulaire, subanguleuse antérieurement et un peu sinueuse
postérieurement, assez aplatie, élégamment striée. Les stries
sont très-fines , très-régulières , très-rapprochées. Les crochets
sont petits, courbés ; la lunule est saillante, ainsi que le corselel;
ils sont indiqués par une ligne déprimée. La charnière porlP
deux dents cardinales et une dent latérale antérieure, le phis
souvent avortée ; la nymphe est grande et recouverte par une partie
du corselet.
C H API THE in
LES CAILLASSES.
On pourrait, à l'exemple de plusieurs géologues, regarder les
caillasses, ou calcaires fragiles, comme constituant un simpleappeti-
dico du calcaire grossier; car elles l'accompagnent avec les mêmes
LES CAILLASSES. 193
allures et ont participé aux mêmes actions générales que lui. Cepen-
dant on y reconnaît en outre le développement d'actions si spéciales,
si singulières, qu'on se sent porté à y voir un ensemble de dépôts
datant d'une époque où les conditions précédentes avaient subi de
profondes modifications. C'est surtout au point de vue minéralo-
gique que l'étude des caillasses peut à cet égard être très-instructive,
et il y a lieu de remarquer que les couches, où les effets auxquels
nous faisons allusion sont le plus développés, présentent juste-
ment une pénurie presque absolue en vestiges organisés. La mer,
siège de réactions chimiques intenses, était devenue sans doute
impropre h la vie.
§ 1. — Callla««e8 eoqailllèrefi.
Mais entre le calcaire grossier et ces assises d'origine chimique,
se trouvent, comme transition, de nombreux petits lits désignés
sous le nom de caillasses coquillières^ impropres déjà aux usages
ordinaires du calcaire grossier, mais ne présentant point encore les
minéraux adventifs que nous allons décrire.
Ces caillasses coquillières, séparées quelquefois des caillasses et
réunies au calcaire grossier, commencent en général par un banc
solide, rougeâtre, désigné souvent par les ouvriers sous le nom de
rochette. C'est la petite roche faisant suite, comme on voit, au banc
de roche proprement dit, sauf dans quelques cas, qu'on ne peut
omettre, où elle en est séparée par une mince couche de sable cal-
caire.
FiG. 66. — Corbula anatina.
' Cette rochette est dans beaucoup de cas littéralement pétrie
de petites coquilles constituant l'espèce Corbula anatina (Wg. 66), de
Lamarck. Elle est transversale ; ses deux valves sont presque éga-
lement bosselées ; elles sont minces, diaphanes et fragiles comme
celles des anatines, mais la charnière ne laisse point de doute pour
son véritable genre. Elle est élégamment striée sur toute sa surface
extérieure» mais les stries de la valve inférieure sont bien moins
prononcées que celles de la supérieure ; elle est équilatérale ; son
bord antérieur se prolonge un peu en bec obtus et large. Sa lon-
gueur est de 12 millimètres et sa largeur de 21 .
ST. MEUNIER. i^
iiKll^^^- TERRAINS TERTIAIRES.
Au-dessus de la rochette se présente très-fréquemment une mame
marine (jue les ouvriers appellent pain d'épîce, sans doute à cause-
dcsacouleur, et qui, outre \e CorbulaontUmaBlivs Cetil/iium lapidum
et crislalum, qui nous sont déjà connus, renferme quelques co-
quilles nouvelles pour nous.
Le Cytherea elegans [Lamk), qao nous relrouveronsdaus les sables
de Beaucharop, est petit, ovale, subtransverse , inéquilatéiul , k
crochet petit, à peine saillant, peu courbé. 11 est couvert en dehon
de stries assez distantes, régulières, arrondies, et diminuant insensi-
blement du bord vers le crochet. La lunule est ovale. La charnière,
sur une lame cardinale courte et étroite, présente sur la valve droit»
trois dents cardinales : l'antérieure est fort petite, rapprochée de b
moyenne, qui lui est presque parallèle; la postérieure est bifide, l*'
valve gauche n'offre que deux dents cardinales, la postérii
confondant avec la nymphe; la dent latérale est très-voisine det^
cardinales.
L'Anmnia lenuisiriata (Desh.) est variable. Généralement il est
orbiculaire, aplati, mince, transparent, d'un jaune pâle, si ce n'est
dans le centro de la surface interne, où l'on remarque une tache
blanche d'une médiocre étendue, sur laquelle se voient assez dis-
tinctement les impressions musculaires. Le crochet de la valfi
supérieure est ordinairement arrondi, obtus et à peine saiUaiil; le
bord cardinal, immédiatement au-dessous de lui, est épaissi el pr»
sente une petite surface striée sur laquelle peut s'insérer le IkloD
de la valve opposée. Celle-ci est proport i on nellemenl plus pe^lfl
que l'autre ; lorsqu'on la trouve en place, ce qui est estrémemeot
rare, elle couvre à peine le tiers de la surface interne. Elle est
percée d'une ouverture médiocre, arrondie et subovalaire, immé-
diatement au-dessous d'une apophyse saillante, terminée par n»
épaisstssement médiocre qui sert à l'articulation cai-dinale. Cert«
valve est lisse des deus côtés, tandis que la valve supérieure pré-
sente constamment des stries capillaires longitudinales lrë»-seiT^
et très-nombreuses.
Le Cerilkium echidnoides, (Lamk) est facile à reconnaître. CeU(
coquille est allongée et turricuiée. Sa spire est fort pointue, formée
de 1 3 ou 14 tours étroits, convexes, sur le milieu desquels s'élÈvenl
deux carènes transverses dentelées sur leur bord ; le-s dentelures,
assez aiguës dans la plupart des individus, se chaiigeut quelquefois
en tubercules. Le dernier tour est assez grand, convexe et pourvu
à la circoaféri}nce de deux carènes tuberculeuses, distantes, moius
!.ES GAiLLASSES. 195
saillantes que celle des tours précédents. L'ouverture est assez
grande, un peu dilatée, subtrigone; son bord droit est mince et tran-
chant; réchancrure latérale dont il est pourvu est assez large. La
columelle est un peu tordue dans sa longueur; elle est étroite, c\ lin-
dracée, pointue au sommet et revêtue d'un bord gauche étroit, mais
épais et calleux à son extrémité postérieure.
§ 2. — Callla0«e« non eoqaillières.
Les caillasses non coquil Hères , ou caillasses proprement dites, se
composent d'une alternance de calcaires compactes, de lits d'argile,
de sables calcaires ou siliceux, de plaquettes de silex corné, de
marnes fissiles, etc.
On peut compter à Vaugirard jusqu'à dix-huit de ces couches
successives.
C'est d'ailleurs un terrain sans aucun intérêt pratique, les roches
qu'il contient n'étant propres à aucun usage.
Mais, comme nous l'avons déjà laissé entrevoir, les caillasses
non coquillières offrent une importance exceptionnelle par les
actions chimiques et minéralogiques dont elles renferment les
résultats.
Ceux-ci consistent surtout en cristallisation de minéraux qui se
présentent d'habitude à l'état amorphe dans des couches aussi peu
anciennes, ou bien à l'état cristallin, mais seulement alors dans les
filons proprement dits. On constate souvent d'ailleurs, chez ces cris-
taux, une particularité des plus remarquables, à savoir, qu'ils n'ont
pas la forme appartenant en propre à la substance qui les constitue.
Si Ton veut, cette substance a revêtu une forme d'emprunt, et en
Tétudiant de près, on reconnaît que cette forme est celle d'une autre
substance.
' Il y a donc épigénie^ pour nous servir de l'expression en usage
parmi les minéralogistes.
C'est ainsi que le quartz ou le calcaire spathique se montrent
souvent dans les caillasses avec les formes du gypse.
Le quartz se montre d'ailleurs aussi, à Neuilly par exemple,
avec les angles qu'il affecte dans les terrains cristallins ; et c'est un
hit bien intéressant que d'extraire de la partie supérieure du cal-
caire grossier des prismes bipyramidés de cristal de roche, atteignant
parfois près d'un centimètre de longueur, et d'une pureté telle,
qu'une fois séparés de leur gangue, il serait impossible de les dis-
tinguer de ceux que founiisspnt les assiius piimiti\es du globe
les lilous
Beaucoup des eouthes de sables quirtzeu\ des ciillas'îes son)
imrqates de méiiiL d uue maTiièrp très nette au se nu de la cris-
tallisilion quoique les n slaux soient souviut imjiaifiils tt
dinaiic colores plus eu m n f^tUm il pu I ml rp} ili ii di^
imtièpes ttraiigères
Le calcaire ou catbonate dt. chau\ '^t, pt s iiLc daii^ ks luarues
des caillasses avec lus mômes formes que dans les (lions, soîlen
cristaux ipit sotiL ou des rhomboèdres, ou plus rarement des scal^'
noèdes, soit en plaques fibreuses à cassure soyeuse, comme le moB-
treut les échantillons si abondamment i'ecueilli:i à Nanlei-rc. On pcuï
regarder aussi comme le produit d'une précipitation chimique la
saille (nicaire lin, un peu agglutiné, et qui sert ii polir le bois sobb
le nom do Iripoli de Nanlerre.
Un minéral spécial aux filons se rencontre dans les caillasses.
C'est la Ouorine, ou spalb tluor, qui consliluc ici de très-petits cul)e(
parlaîtement nels et d'un fauve clair.
Cet ensemble de minéraux cristallisés suppose qu'à l'époque (lus
caillasses, des sources minéi-ales et theimales riches en principes
analogues Ji ceux qui incrustent les Glons se sont fait jour au fond
de la mer tertiaire. Leur première influence fut de tuer lesdlres
vivants qui la peuplaient ; puis leurs produits vinrent se stratilier
dans le bassin en même temps que des sédiments d'origine pure-
ment mécanique apportés des rivages par les courants marins. Aprèi
le dépôt, et selon toute probabilité, les diverses espèces minérab
ainsi en présence se firent éprouver des actions mutuelles aidées par
la température élevée qui continuait de régner. C'est alors queb
épigénics purent se produire, en même temps que les pIaqueU«<
de silex, parfois de grandes, dimensions que nous avons ^
mentionnées.
Il y a d'autant plus d'intérêt à insister sur ce régime spécial de l>
mer des caillasses, que nous retrouverons les manifestations d'w^
lions tout à fait comparables à une époque plus récente, c'esl-
à-dire à celle du gypse et des marnes vertes qui le surmontent.
REMARQUES SUR LE CALCAIRE GROSSIER. 197
CHAPITRE IV
REMARQUES SUR LE CALCAIRE GROSSIER
ET LES CAILLASSES.
Le calcaire grossier, en y comprenant les caillasses, dont on peut
légitimement en faire un simple appendice, est loin de se présenter
toujours en couches horizontales. Déjà au .début de cet ouvrage
nous avons mentionné l'inclinaison qu'il présente dans la vallée
de la Mauldre. A la Chapelle, localité d'où provient la coupe que
nous avons donnée page 20, le plongcmcnt est de plus de 50 degrés
vers le sud-ouest ; et il est évident que ce déplacement de couches
visiblement horizontales lors de leur dépôt est dû au soulèvement
de la craie magnésienne de Beynes.
Toutefois cette inclinaison est tout à fait exceptionnelle. Dans
toute la partie orientale du bassin de Paris, les couches plongent
vers le sud, mais la pente n'atteint pas 7 minutes, et l'allure géné-
rale des couches offre les résultats suivants, qu^ nous empruntons
à d'Archiac. Dans la partie orientale du bassin, l'inclinaison du
N. au S., inclinaison à laquelle participent tous les groupes tertiaires,
est facile à constater (1) ; cependant on doit remarquer qu'elle ne
devient sensible que depuis la ligne de partage des eaux de l'Ourcq
et de l'Aisne. En effet, dans la vallée du Petit-Morin, près de Mont-
mirail, les marnes du calcaire grossier ont une altitude de 134 mè-
tres, comme au-dessus de Château-Thierry, et il y a probable-
ment une dépression de leur niveau dans la vallée de l'Ourcq,
puisque au-dessus d'Oulchy-le-Château elles ne sont qu'à 117 mè-
tres. Les altitudes des divers points du plateau au midi de Sois-
sons varient entre 1/tO et 160 mètres, celles des plateaux au nord de
TAisne entre 150 et 200 mètres; le calcaire grossier supérieur atteint
209 mètres à Aubigny, et les marnes 216 dansles garennes de Mont-
chaloiis, sur le même plateau. La moyenne du relèvement entre
Oulchy-le-Chàteau et ces derniers points, sur une étendue en ligne
droite N. E.,S. 0., d'environ Zt4 kilomètres ou douze lieues, peut être
. (1) D*Archlac^ Mémoires de la Soc. géologique^ 1863, t. V, p. 258.
l>4fl^^^Ê^^ ^m TERItAlSS TEllTIilRES.
évaluée à 88 inèlres, ce qui doiiaerait une pente de 0' 6' 52". Une
coupe N. S. du plateau de Grandru au nord de Noyou (attitude,
180 mètres) à Meaux donnerait une inclinaison sensiblement égale,
La diiïérence du niveau est de 13ù mètres entre ces deux points
distants d'environ quinze lieues, circonstance quijustifieraitladé-
pression que nous ayons supposé correspondre à la haute vallée de
rOurcq. L'inclinaison du plateau de Senlis aux enviroos de Paris,
sur la rive droite de la Seine, est plus faible de moitié, lorsqu'on ne
considère que les parties du groupe qui constituent la surface du sol,
Sur la rive gauche de la Seine, les couches plongent au contraire
très-rdhiement au N. vers le thalweg de la rivière, et depuis les
parties les plus éloignées à l'ouest près de Louviers. Il y a égale-
ment une pente vers l'est, représentée par une différence de niveau
de 102 mètres sur une étendue de dix-huit lieues et demie; comme-
à l'cslentre Montmiraîl et Meaux, il y a une pente à l'ouest, aussi de
102 mètres sur une étendue de douze lieues et demie, pente égale
à celle d'Où Ichy-le -Château à Aubigny et du plateau de Grandru à
Meaux. La région la plus basse que foime le calcaire grossier à la
surface du sol est le cap avancé qu'entoure la Seine et qui est occupé
parla partie septentrionale de la forêt de Saint-Germain et le parc de
Maisons. Les marnc% n'y sont qu'à 30 mètres au-dessus du niveau
de la mer. Sur le plateau de Conflans-Sainte-Honorine, elles sont à
hk mètres, el' sur celui de Houilles à fi9 ; mais on doit regarder les
sinuosités que décrit la vallée de la Seine entre Charenton et Meulu)
comme le résultat de brisures survenues dans les assises secon-
daires et tertiaires et dont cette vallée suit actuellement les contours.
Eu comparant le niveau de la basse forêt de Saint-Germain, où les
marnes sont couvertes par le diluvium, à la falaisequi borde la
Seine sur sa rive droite, entre Sartrouville et la Fretle, on se con-
vaincra de l'abaissement du calcaire grossier sur la rive gauche.
L'absence des sables de Beauchamp, qui couronnent au conti-aire
les collines de la rive droite, indiquerait de plus que les brisures
se sont produites avant le phénomène diluvien qui a contribué &
façonner les contours de la vallée et qui a entraîné les sables et grès
moyens dont on ne trouve plus que des blocs isolés sur la rive
gauche. Nous ne faisons d'ailleurs que constater ici un genre d'ac-
cident qu'on observe aussi dans le voisinage immédiat de Paris,
à Meudon, à Vincennes, elc. Lorsqu'on cherche à suivre les allures
souterraines du calcaire grossier après qu'il a cessé d'affleurer sur
les pentes ou au pied des collines, on arrive à reconnaître avec
REMARQUES SUR LE CALCAIRE GROSSIER. 199
Sénarmont (1), que le point le plus bas qu'il atteigne, et vers lequel
les couches semblent plonger de toutes parts, fee trouve au-dessous
de Saint-Denis.
Quoique les forages exécutés aux environs et dans l'enceinte de
Paris soient fort nombreux et que Ton ait tenu note des couches
traversées dans chacim d'eux, la difficulté de déterminer les carac-
tères des roches ramenées par la sonde et le manque d'examen
suffisant des échantillons ne permettent pas de présenter une déter-
mination rigoureuse de la disposition de ces mômes couches. Mais
comme tous ces forages ont atteint les argiles plastiques et leurs
sables, et que plusieurs même ont pénétré jusque dans la craie, on
a toujours la certitude que la sonde a dépassé le niveau du calcaire
grossier. Or, il résulte de tous ces documents que le calcaire grossier
non-seulement diminue d'épaisseur sur la rive droite de la Seine,
entre Passv et Charenton, de manière à avoir été méconnu dans
plusieurs des sondages exécutés dans cette partie de l'enceinte de
Paris, mais encore qu'il s'y abaisse jusqu'au-dessous du niveau
actuel de la mer, et que bien qu'il se relève sur la rive gauche et
présente une épaisseur assez considérable, rien ne prouve qu'il se
prolonge sous le calcaire de Saint-Ouen, à plus de trois lieues au
sud de la capitale. En remontant la vallée de la Seine, les forages
de Crosne, de Champrosay, de Soisy-sous-Étiolles , de Corbeil,
d'Étampes, d'Essonnes, de Saint-Michel, etc., n'ont fait connaître
aucune trace de calcaire grossier entre le calcaire lacustre moyen
et les argiles aquifères dépendant de l'argile plastique. Cette
différence de niveau, dont le maximum peut être estimé à 50 ou
55 mètres, s'est produite bien avant le phénomène diluvien qui, en
agissant plus particulièrement sur la partie basse du sol, a con-
tribué à masquer ou à altérer les effets exclusivement dus à la dis-
location. Si cette dislocation a eu pour ell'et d'élever les couches de
la rive gauche, la différence de niveau des bancs supérieurs du cal-
caire grossier dans les puits de Saint-Denis et de Saint-Ouen avec
ceux du plateau de Montchalons, à l'estde Laon, serait de 218 mètres.
Si, au contraire, elle a produit l'abaissement de la rive droite sans
affecter le massif de Passv, la différence ne serait que de 150 mètres
environ entre l'altitude de ce même plateau et celle de la plaine de
Montrouge, qui n'aurait pas été affectée non plus; et, dans ce cas, la
(1) Sénarmont, Essai cTvne description géologique du département de Seifie»
ei'Oise. Paris, iSUy p. 243.
^i^^^^^^^^^ TEBltAINS TEIITUI
comparaison de ces deux bords opposés du bitssiii n'»in confirnH'-
rail pas moins riDclinaison fïénérale de toul le système tertiaire dii
N. E. au S. 0. Or, il est facile de voir que celte dernière- disposi-
tion ne peut être due qu'à un relèvement en masse ou h. une large
flexion de la }>arlie nord-est des bords du bassin ; car, d'une paît,
les caractères des couches et des fossiles prouvent que, dans presqnr
toute son étendue, les sédiments contemporains se sont déposés
sous des profondeurs d'eau peu différentes; et, de l'autre, s'il
n'y avait pas eu un relèvement subséquent au S. E., ces mémw
eaux, atteignant 216 mèti-es d'altitude relative, auraient envahi a»
sud et fi l'ouest du bassin de la Seine des étendues Irés-wuside-
rables, ce dont il n'esiste aucune trace {!).
Il n'est presque aucune localité où le système que nous venons
d'étudier soit au grand complet ; ol, en général, son épaisseur tolali* '
ne dépasse pas 25 mètres, maximum qui se tmuve atteint entre
Manies et Laon. Cependant Goubert, a signalé, entre autres à Mort- '
cerf, département de Seine-et-Marne, une coupe où le calcairei
grossier, riche en fossiles, est repi-ésenté depuis la couche îi cérithea i
gigantesques jusqu'aux caillasses (2).
A l'E-, le calcaire grossier s'amincit pour se terminer en coin entre
les coucht's des sables inférieurs et celles du calcaire de Saint-Uueo.
Al'O., il se termine de la même manière vers iloudon, entre l'ar-
gile plasti[]ue et le même travertin de Saint-Ouen.
La cl assiii cation des couches qu'il comprend, que nous avons
adoptée dans les pages qui précèdent, a été proposée en 1855 par
M. P. Michelol, chargé spécialement, comme ingénieur de l'État, du
service des carrières. C'est ce qui nous a permis de foire inarchcr
de front la cunsidémlion de l'usage industriel des diverses couches
avec l'étude de leurs caractères géologiques et paléontologiqnes.
Cette classification est résumée dans la coupe ci-contre (Hg. (»7),
qui donne, comme on voit, les couches que voici :
Cnillasscs < CaillasseiBans c')quilles((ripolide Ntinlerre).. 0"',GD i C^.OO
duealcairegrossier.j Caillasses coquEllièrea dites rochetle (I'°,50 a 2™, 0(1
f Rncho (do l'aris) 0",2& à 1",M '
. . iBanc franc (de Paria) l'",00 à i",Ofc'
, , . , J Clinuart (roclies du liaul de l'Aisne) 0"',60 ii l",Oi.I
' i Batit icrl fel coiic:hBs atceisoircs) l'",00 à 6",W.
' Sainl-Nom (rocUes du baa de l'Aisne] l'-.SO à t^.Ol
(1) D'Arcliiac, Ilisf. ifea progrès de In géologie, 18^9, t. 111, p, 595,
(2) Gûuberl, Hullet. d« laSûC. gôologiqve, S'iéiie, 1. \X, (.. 729.
LES SABLES DE BEAUCHIUP. 20t
(Banc rojal 0-,30 à 2", 50
i Vergelé! {lambourdei) 1°'.00 b 10", 00
{ Bancs à vcrrains (C. gignnteum) 0"',60 à O^jOO
' Saint-Leu {roche des Forget») 2"', 00 h. i O^.ÔO
Bnnc i nummulites (S. Irfvigota) l^jOO o ]2",0O
FjG. G7, — Coupe générale du calcaire grossier.
ii. Taire t^cUIo. - H. Cail
8. Cliquvt, — 7. Banc ■icri. — G.
i. B*iK i Cerilliium ^iijanleum.
tsfï. — 10. Roclw (ilr E'aris). — 0, Ifciiii Ci^anc <d.' l'aiis),
iBiii1-S..ni. — 5. Honc tuyal. — i. \'.TBi'J.;a ou Inuibaurdfs.
- i. S«iiii-L,!u. — i. Ifciiic à Xiimmuliles lai^igala.
ClIAPITItK V
LES SABLES DE ItEAUCHAMP.
■ Oaractèdes Gé>~Éit.virx des sables de Bkauchamp, — Immédiate-
ment au-dessus du calcaire grossier, couronné )iar l'intéressant
L'usemble des caillasses, se développent d'épaisses couches de
»ables désignées souvent sous le nom de sables du Deaui-hamp,
il cause de la localité, située près d'Heibtay, où leur étude a été
souveDt faite, mais qu'il serait peut-éire plus natuix;! d'appeler,
comme on l'a proposé, tables moyens. Au-dessous d'eux, en
ttffet, n'existent, en fait de sables, que ceux de l'argile plastique
fpi'on peut appeler sables inféritiurs, puisque les autres sables qu<^
202 TERRAINS TERTIAIRES.
nous avons étudiés, ceus de Rilly, de Chalons-sur-Veaîe, de Brs-
cheus, n'exislent point dans les mêmes localités. Au-dessus «
développent les sables de Fontainebleau, appelés souvent sabi&
mpérieurs.
Les sables de Beauchanip ont clé reconnus de l'E. à l'O., depuis
Epeniay jusqu'aux limites des déparlements de l'Eure et de la
Seine-Inférieure.
Ils se composent d'épaisses assises de sables proprement dîls, de
gvès plus ou moins durs, et, à la patlie supérieure, dans les localités
où l'ensemble est complet, de calcaires marins recouverts euï-
ménies d'un peu de sables qui les séparent du travertin de Saiot-
Ouen. Au Guépelle, par exemple, ces calcaires peuvent être observés
presque à la surface du sol,
La coupe que nous donnons (fig. 68) dps sables de Beauchaiiip
trrrr^
Via, G8. — Coupe des sables moyens.
I
10, Tnmirlio fe SBÎul-Oucn. -
fi. S.itiLEi Dismeut fuoiilifère. - S
caira iHisiRl iiiIi'rlcuniDenl an '
a été relevée par M. Charles d'Orbigny, lors de l'ouverture de la
Irancliée du chemin de fer de Paris à Saint-Germain, au travers de
la plaine de Monceaux. Elle comprend les couches suivantes, ran-
^'ées à partir de la plus ancienne, fournée des grbs et des sables qui
reposent directement sur les caillasses.
I" Sable vcrdiltre, légèrement calcarifère et argilifère, renfermant
LES SABLES DE BEAUGHAMP. 203
des rognons et un petit lit de grès coquilliers. Ce banc correspond
aux grès exploités à Beauchamp.
2" Calcaire d'un gris jaunâtre, assez compacte, non coquillier,
passant inférieurement à un calcaire friable, sablonneux et très-
coquillier. {Cerithium laptdum, Natica mutabilis^ Melania hordacea^
Calyptrœa trochiformis^ Cytherea elegans, Venericardta, etc.).
3" Calcaire d'un gris jaunâtre, assez compacte, non coquillier,
contenant un grand nombre de rognons de calcaire, tantôt carié,
tantôt caverneux ou spathique et quelquefois quartzifère.
4" Plusieurs petits lits de marnes feuilletées et de calcaire argi-
lifère d'un blanc grisâtre, ne contenant point de coquilles, mais
dont Taspect indique néanmoins une origine d'eau douce.
5° Sable verdàtre marneux, plus ou moins friable, contenant un
grand nombre de coquilles marines et des rognons de calcaire
strontianien coquillier {Avicula fragilis^ Cerithium mutabile, Fusus
mbcarinatus, Fistulana, Chama, etc. ) .
6® Marne blanche pulvérulente et sable renfermant des silex en
plaques et des géodes de quartz grenu carié et calcarifère.
7* Marne endurcie strontianienne, verdàtre, plus ou moins com-
pacte, se divisant à l'intérieur en nombreux retraits, et dont les
surfaces naturelles sont polies et enduites de dendrites.
8° Petite couche de marne feuilletée en partie magnésienne.
9° Plus de 13 mètres de calcaire ou de marne ne contenant
que des coquilles d'eau douce (travertin ou calcaire siliceux infé-
rieur).
Enfin, au-dessus de ce dépôt commence le terrain gypseux. Sénar-
mont a fait remarquer que les sables moyens, de même que les
-couches tertiaires qui leur sont antérieures, semblent plonger vers
un point situé au-dessous de Saint-Denis, et qui représente comme
une sorte de centre du bassin (1). C'est un fait sur lequel nous avons
déjà insisté à l'occasion du système du calcaire grossier (voyez
ei-dessus page 199), mais sur lequel il était indispensable de re-
venir ici.
C'est dans le nord du bassin que les sables de Beauchamp occu-
pent les plus vastes surfaces.
Aux environs de Senlis, ils forment le sol des forêts de Hallate et
de Chantilly .'Le sol de la forêt de Villers-Cotterets est dans le même
(1) Sénarmont, Essai cT une description géologique du département de Seine-
^-Otse^ 1844. In-8°, p. 243.
204 TERRAINS TERTIAIRES.
cas. De petits lambeaux de sables peuvent être .suivis jusqu'aux
environs de Reims. On les retrouve le long de la vallée de Marne
à partir de Fleury-la-Rivière, le long du Grand-Morin à partir de
Montmirail, le long du Petit-iMorin à partir de Crécy. Ces sables
apparaissent à Ormesson, à Maisons -Alfort, où leur limite touche
presque les fortifications de Paris; à Ivry, à Bourg-la-Reine, à
Neauphle-le-Vieux, à Houdan, sur la chaussée d'Ivry-la-Bataille,
à Mantes, à Magny, à Montjavoult, enfin à TIsle-Àdam, qui ferme
le cercle commencé à Chantilly*
Sur cette grande surface, l'épaisseur du sable varie beaucoup d'un
point à l'autre. Dans le bois de Champlàtreux, Sénarmont leur assi-
gne 20 mètres d'épaisseur. Autour de Beaumont, cette épaisseur
serait de 15 à 30 mètres ; une coupe prise auprès de l'arc de l'Étoile
n'a donné que 11 mètres.
Entre Saillancourt et Triel, on trouve une coupe des plus inté-
ressantes en ce qu'elle montre la superposition directe du calcaire
de Saint-Ouen sur les sables de Beauchamp, et de ceux-ci sur les
caillasses du calcaire grossier. Voici cette coupe relevée en détail
par M. P. Michelot en 1852.(1) :
CALCAIRES DE SAINT-OUEN.
Calcaire marneux en petits fragments avec Paludina (Bithi- m
nia) pusilla 0,50
Calcaire compacte en banc suivi 0,dO
Marne siliceuse compacte brisée; nombreuses paludines. .. 0,80
GRÈS DE BEAUCHAMP.
Sable verdâtre avec nombreux Melania hordacea 0,40
Sable gris Irès-coquiUier [Cerithium mutùbile^ Cytherea
eiegans, Lucina saxo7'umj Cerithium obliqvum, Caly-
ptrœa trochiformis^ et autres fossiles de Beauchamp. . . 3,00
Banc sableux très* grossier coquillier (mêmes fossiles) 0,50
' Sable jaune terreux 8,A0
Banc assez dur, grains sableux très-grossier 0,50
Sable jaunâtre 0,50
Banc d'argile jaunâtre sablcnx 0,80
Alternances de sable et de grès en plaquet es avec quelques
lits et plaquettes concrétionnces 1,10
Banc de grès rubané 0,10
Couche de sable avec nombreux rognons do grès très-
lendre 0,30
Sable marneux jaunâtre 0,50
(4) P. Michelot, Bullet. de la Soc. géologique, 2° série, 1855, t. XII, p. 1324.
LKS SABLES DE BEAUCHAMP. 205
m
Sable blanc 0 20
Sable jaune vcrdâtre 0,60
Marne jaunâtre fissile 0^15
Marne avec rognons siliceux 0,30
Marne caillasseuse coropacle 0,10
Argile verdâtre, 0,02
Marne blanche fissile 0,15
Banc gréseux presque compacte 0,50
Marne blanche fissile 0,50
Marne solide caillasseuse compacte 0,A5
La même, feuilletée . . 0,50
Marne blanche fissile 0,08
Marne sableuse jaunâtre 0,20
Petit banc gréseux grisâtre, coquillier 0,10
Marne calcaire sableuse diversement co'.orée 0,50
CAILLASSES.
Banc suivi de calcaire siliceux^ avec noyaux disséminés de
marne blanche, aspect de poudingue 0,30
Marne sableuse blanche 0,05
Banc de caillasse siliceuse, aspect de meulière 0,08
Couche de craon marneux rubané de jaune et de blanc,
avec quelques lits concrétionnés 0^30
Les sables de Beauchamp, étudiés dans leur ensemble, que ne
donne d'ailleurs aucune localité prise en particulier, peuvent, sui-
vant Goubert (1), se répartir en trois niveaux caractérisés à la
fois par leurs caractères minéralogiques, leurs fossiles, leur faciès
géologique et leur distribution topographique.
Examinons-les successivement.
§ 1. — ]Si¥eaa Inférieur.
Caractères généraux. — Les sables du niveau inférieur reposent
le plus souvent sur les caillasses et quelquefois aussi sur le cal-
caire gi'ossier.
On peut les étudier à Anvers, sur les bords de l'Oise et dans toute
la région de l'Ourcq.
Souvent ce sont des sables argileux, et d'ordinaire on y rencontre
beaucoup de galets siliceux et de galets calcaires plus ou moins
arrondis et provenant manifestement de la craie et du calcaire
grossier. Dans certaines couches, les galets, parfaitement ronds, sont
(1) Goubert, BuUet. de la Soc. géologique, 2« série, t. XVII, p. 137.
TERRAINS TERTIAIBES.
plus ou moins cimeatéa en im poudingue plus ou moins friable.
Les galets calcaires sont fréquenimi.'nt perforés par des animaux
lithophages, tels que :
SaxicuvB. Pholai.
Fistutana. Vioio.
Non-seulement les galets sont roulés et rappellent ce qui se pro-
duit sous nos J'eus le long des côtes oii des pierres sont battues
par les flols do la mer, mais les fossiles eux-méraes présentent un
faciès frotté et usé tout à fait caraclérislique, et prouvant qu'ils ont
été longtemps le jouet des eaux. C'est ce qu'on observe surtout,
chose digne d'attention, pour des fossiles identiques avec ceux qui
vivaient déjà à l'époque du calcaire grossier. Du nombre son!
ie Fusus longœvus, le Venericardia platii'cosla, le TviTttella carini'
fera, etc.
Faune. — Mais avec eux se trouvent en abondance des coquilles
nouvelles, dont nous citerons les principales.
Eu regardant avec allenlion le sable du niveau qui nous occupe,
on ne tarde pas à reconnaître qu'il renferme des milliards de
Nummulites variolaria, petit foraminifère parfaitement distinct des
N. planulala et Iwvigata qui nous sont déjà connus, et dont les
caractères sont même si nets, qu'on a voulu en faire un genre
^'
FiG. 69. — Niimmutites variolariu.
distinct sous le nom de LmticuUtea. Ce protozoaire est représenté
dans la figure ci-jointe (fig. 69}. On voit d'ailleurs qu'il présente,
comme toutes les nummulites, une coquille eiiroulée] sur un plan,
à ouverture unique contre le retour de la spire. Dans le jeune îlge,
cette ouverture se présente sous la forme d'une étroite fente.
Un dernier caractère des sables du niveau inférieur, est de con-
tenir en abondance des restes de polypiers. Deux sont remarqua-
blement communs. Ce sont YAsirea panicea (>lich.) et le Madrepora
Solanderi (Defr,),
Le premier est un polypier massif, en forme arrêtée, composé
de polypiérites unis par les côtes, qui sont Irès-développées, et
croissant par gemmation extracalicutairc. L'épilhèque est complet;
la cotumelle est spongieuse, les cloisons sont dentelées ; il y a une
dent interne plus forte que les aulres.
LES SABLES DE BEAUGHAMP. 207
Le Madrepora Solanderi est en masses ramifiées, fasciculées. La
croissance a lieu par bourgeonnement. Les parois sont poreuses.
L'intérieur présente des cloisons principales plus développées que
les autres.
Parmi les polypiers, très-abondants aussi, des sables de Beauchamp
du niveau inférieur, nous citerons :
Dendrophylla cariosa^ Mich.
lÀthodendron trregulare, Mich.
Anthophyllum distortum, Mich.
Agaricia infundibuliformiSy Mich.
Poriies Deshayesiana, Mich.
Palmipora Solanderi j Mich.
Geodia piriformis^ Mich.
A Anvers, on a découvert les restes de divers poissons. Nous
citerons surtout un os roulé portant des dents incomplètes et les
points d'insertion de plusieurs autres, que M. Hébert a recueilli, et
qui, d'après M. Paul Gervais, paraît être une portion d'os incisif
qui pourrait avoir appartenu à un poisson voisin des sciènes.
M. Hébert a découvert à Bresmier les vestiges d'un céphalopode
dont H. Munier-Chalmas, qui les a étudiés, fait un nouveau genre
sous le nom de Bayanoteuthis, en l'honneur d'un jeune géologue
que la science a récemment perdu. On sait que M. Schœnbach est
le premier qui ait décrit une bélemnite tertiaire sous le nom de
Belemniies rugi fer. Cette espèce diffère très-peu de celle de M. Hé-
bert, et se distingue des vraies bélcmnites par le rostre, qui présente
deux sillons sublatéraux, et par la section ovale du fragmo-cône,
qui est beaucoup plus étroit et plus allongé.
A cette occasion, M. Municr fait remarquer que les beloptères
du bassin de Paris présentent deux types génériques très-distincts :
le premier, muni d'appendices aliformes, est le genre B^lopiera; le
second, privé de ces appendices et n'offrant plus que des crêtes
latérales, doit, suivant lui, constituer un genre nouveau qu'il désigne
sous le nom de Belopterina, et dont le type serait le Beloptera
Levesqueif des sables de Cuise.
§ 2. -* MlTeaa moyen.
Caractères généraux. — Le niveau moyen des sables de Beau-
champ est, de tous, le plus épais. On peut le subdiviser en deux
horizons dont l'inférieur est essentiellement sableux et gréseux,
tandis que l'autre est calcaire.
208 TERRAINS TERTIAIRES.
Faune. — Le premier est extraordinairement riche en fossiles, el
c'est à lui que la localité même de Beauchamp doit, parmi les géo-
logues, son universelle célébrité. Il serait impossible de dresser
une liste de tous ces débris; nous citerons les principaux en don-
nant quelques détails seulement sur les plus caractéristiques.
A Verneuil, dans le département de la Marne, des carrières ont
été ouvertes dans le grès de Beauchamp pour l'extraction des pavés.
M. de Raincourt, qui a étudié cette localité, a reconnu qu'elle con-
cerne le niveau moyen des sables et y a recueilli, entre autres, les
fossiles suivants (1) :
Clavagella.
Teredo.
Gastrochœna ampuUaria, Desh.
Tubes de Gaslrochœna ampuUaria.
Jouannelia Dutemplei, Desh.
Pholas eleg;an8, Desh.
Solen gracilis, Sow.
— obliquus Sow.
Cultellus fragili^, Defr.
Thracia.
Solemya Guvieri, Desh.
Gardilia Michelini, Desh.
Siliqua angusta, Desh.
Mactra i*. ontradicta, Desh.
Grassatella trigonata, Lamk.
— donacialis, Desh.
Erycina decipiens, Desh.
Diplodonta striatina, Desh.
— elliplica.
— bidens, Desh.
— consorsî Desh.
Gorbiila complanata, Sow.
— gallica, Lamk.
— pixidicula, Desh.
— striata, Desh.
— ficus, Brand.
— pisum, Sow.
— minuta^ Desh,
Neœra cochlearella, Desh.
Poromya Baudoni, Desh.
Saxicava.
Venerupis oblonga, Desh.
Vencrupis strialina, Desh.
Psammobia rudis, Desh.
— nitida, Desh.
— papyracea, Desh.
Sportclla dubia, Desh.
— anomala, Desh.
— maclromya, Desh.
— inœquilaleralis, Desh.
Tellina canaliculata, Edw.
— exclusa, Desh.
— lunulala, Desh.
— rostralis, Lamk.
— lamellosa, Desh.
— subrotunda, Desh.
Lucina gibbosula, Lamk.
— Rigaultiana, Desh.
~ - saxorum, Lamk.
— elegans, Desh.
— sublobata, Desh.
— Hayeri î Desh.
— albella, Lamk.
Donax nitida^ Lamk.
— auversiensis, Desh.
— laiiceolata, Desh.
Lutetia parisiensis, Desh.
Gyrena ovalina, Desh.
— oblonga.
— crassa, Desh.
— deperdila^ Desh.
Tapes parisiensis ? Desh.
Gytherea lœvigata^ Lamk.
— ovalina, Desh
(1) Do Raincourt, Bulletin de la Société géologique, 2« série, t. XVII, p. 499,
et t. XVIII, p. 564.
L£S SABLES DE BEAUCHÂMP.
200
Gytherea'lunularia, Desli.
— rustica, Desh.
— elegans, Desh.
— striatula, Desh.
Venus solida, Desh.
— obliqua, Lamk.
Yenericardia oblonga, Desh.
— planicostata, Lamk.
Gardita caumontiensis, Desh.
— diyergens, Desh.
— sulcata, Lamk.
— aspera, Lamk.
Gardium venustum, Desh.
— discors, Lamk.
— porulosum, Lamk.
— parile, Desh.
— obliquum, Lamk.
— impeditum, Desh.
— granulosum, Lamk.
Gypricaidia abducta, Desh.
Arca irregularis, Desh.
— biangula, Lamk.
— minuta, Desh.
— rudis, Desh.
— hiantula, Desh.
— planiscosta, Desh.
— aviculina, Desh.
— cylindracea, Desh.
— 8capulina,.Lamk.
— lœvigata, Gaillat.
— obliquaria, Desh.
Pectunculus depressus, Desh.
— subangulalus, Desh.
Nucula capillacea, Desh.
— deltoidea, Lamk.
— lunulata, Desh.
— fragilis, Desh.
Trtgonocœlia cancellata, Desh..
Leda incrassata, Desh.
Goodhalia obscura^ Desh.
— milliaria, Desh.
Gbama sulcata, Desh.
— rusticula, Desh.
Modiola cordala, Lamk.
Uytilus.
Pinna margaritacea, Lamk.
Pecten.
SpoDdjlus.
8T. MBUNIER.
Ostrea lamellaris.
Anomia.
Siphonaria.
Patella Raincourli, Desh.
Ëmarginula clathrata, Desh.
Parmophorus elongatus, Lamk.
Dentalium coarctalum, Lamk.
— multislriatum, Desh.
— aculicostata, Desh.
— brevifissurum, Desh.
Pileopsis cornu-copiœ, Lamk.
Calyptrœa trochiformis, Lamk.
BuIIœa.
Bulla cylindrica, Brug.
— cylindroidcs, Desh.
Bulimus.
Auricula ovala, Lamk.
Cyclostoma mumia, Lamk.
Planorbis rolundatus, Brug.
Limnœa arenularia, Brard.
£ulima.
Melania ItTvi^ata, Desh.
— hordacea, Lamk.
— decussa'a, Desh.
— laclea, Lamk.
lUssoabuccinalis.
— cochlearella^ Lamk.
Diastoma.
Keilostoma marginata, Desh.
Skanea hordeola.
OJostomia.
Lacuna.
Paludina microstoma.
— conica. •
Nerita angistoma, Desh.
Neriptosis.
Natica cepacea, Desh,
— mulabilis, Desh.
— epigloUina, Lamk.
— lineolata, Desh.
Turbonilla acicula.
Tornatella inflata.
Pyramidella lerebellata, Lamk.
Scalaria muUilamella, Bast.
Delphinula slriata, Lamk.
— callifera, Lamk.
— spiruloiJes.
Trochus palellatus, Desh.
14
^^^^^^^^^^^^^^^ TERRAINS 1
TrocliuB agglulinans, Lanik.
FuBUB flculneui, Lamk.
Turbo Ifl^viBfllus, Desh.
— minax, Umk.
— bîcaHlialus.
— minutue, Lamk.
— trieoîtslus, Desh.
— Kckulatui, Lamk.
Pyrula Jg^vigata, Lamk.
— nexiliB, Lamk.
Utlarina.
Murex dîsLinB,Desli.
Turritella irabricalaria, Lamk.
— criapus, Lamk.
— sulcifera, Desh.
— luhïfer, Brug.
— Raincourli, Desh.
Roslellaria nssurelia, Lamk.
CassLdaria cariData, Lamk.
— nnguslum, Dcsii.
Ruccinum Andra;i, Basl.
— BcalaroideB, Ueili.
Terebra plicalula, Lamk.
— Broocliii, Desh.
MilrafuselU lia, Lamk.
— marginalum, Desh.
Volula digiUlina, Lamk.
— rodiferum, Desh.
— lurgidula, Desh.
Marginella ^burneD, Lamk.
^ cpronatum, Desh.
- marginaïa.
— gibbosuiii, Detr.
Cy|irn;a Lamarckii, Desh.
_ obliqualum, Deah.
Dliva Branderi, Sow.
_ cranalulBlum, Desh.
ApcMIaria.
— mutabilB, Dasb.
l^mna elegana, Agass.
_ BoBnardi, Desh.
SpatanguB Brîgnonenîi», Agaas.
— lapidum, Lamk.
hfulellina placenlula, Agass.
Ovulites mar);ari(ai:ea, Lamk.
— deperdiUm.
Illeria eninaslla, Hicbetin.
— BubtanBliEulatum(v.), Desh.
Serpula.
Pleuroloma coronala.
Polytripa.
— venlricosa, Lamk.
Aslra^a beilula, Micl.elîa.
— curvicosta, Lamk.
- Amdiaoïi, Defr.
— lurrelU, Lamk.
Poritea DeshajeBiana, Micbelio.
TriForii plicatua, Debh.
Ajupora Solanderi.
Cancellana eMilsn, Saw.
— fiiBciolaria.
Palmipora Solaiidori.
EFuiua iubcarînstus, Uioh.
OcuUna conferla -•
Voici quelques-uns des fossiles qui peuvent être signalés dans
«ette liste d'une manière spéciale :
Enpi'emièreligneplusieui'scéi'ithes sont d'une abondanceextrème.
Le CeriChium mulabile (Lamk) {fig. 70) est une coquille fort élé-
gante, allongée, tuniculée, lrès-|)oiiilue au sommet. Les lours sonl
nombreux el étroits, aplatis ; les six ou sept premiers sont chargés
de trois stries granuleuses, d'une grande élégance par leur extrême
régularité; l'une de ces stries, celle de la base des tours, devient de
plus en plus saillante, et fmit bientôt par se changer en un rang
LES SABLES DE BEAUGHAMP. 211
Irès-régulier de tubercules rapprochés et obtus au sommet, tandis
que les autres stries granuleuses ont conservé leur finesse. Le der-
nier tour présente à la base quatre ou cinq sillons inégaux, entiè-
rement lisses et simples. L'ouverture est assez
grande, dilatée ; le canal de la base est plus grand
proportionnellement que dans les autres espèces :
il est large et tout à fait découvert. La columelle
«st revêtue d'un bord gauche, qui devient cal-
leux et saillant dans les vieux individus ; le bord
.droit est épais, saillant en avant, arqué dans sa
longueur, fortemeiïit sinueux vers son extrémité
inférieure. Lorsqu'on examine à la loupe les
individus bien frais de cette espèce, on voit un
très-grand nombre de stries transverses exces-
sivement fines, couvrant toute leur surface. Le ^^^' ^^*
dernier tour est proportionnellement grand. ^^'''fabZ'^^
Outre les stries granuleuses, il offre à sa partie
supérieure, trois et quelquefois cinq sillons égaux, dont les infé-
rieurs sont les plus gros et les inférieurs les plus fins. Ces sillons,
ainsi que les carènes qui les séparent, sont lisses. La figure
ci-jointe montre l'aspect le plus habituel de ce cérithe, qui varie
beaucoup, comme son nom l'indique.
Le Cerithium scalaroides (Desh.) a par sa forme extérieure beau-
coup de ressemblance avec quelques coquilles du genre scalaire, et
leur ressemble même par la forme de l'ouverture, dont le canal est
à peine marqué. Cette coquille est allongée, turriculée, conique,
pointue au sommet, composée de quinze à dix-huit tours très-con-
vexes, nettement séparés par une suture linéaire et profonde; sur
. ces tours se montrent cinq ou six petits sillons transverses inégaux,
sur lesquels passent un assez grand nombre de petits plis longitu-
dinaux, arqués dans leur longueur, espacés plus ou moins régu-
lièrement, selon les individus; dans la plupart, au point d'entre-
croisement, s'élève une petite granulation. Le dernier tour est
très-convexe; il est sillonné à la base et terminé par une ouverture
parfSûtement arrondie dans le fond et un peu ovalaire à son entrée.
Cette ouverture a un canal terminal tellement réduit, que Ton a
quelque peine à placer l'espèce dans le genre cérithe, et cependant,
lorsqu'on vient à la rapprocher de quelques espèces analogues,
on ne peut disconvenir que ce soit sa véritable place. Le bord droit
est saillant en avant, et se termine en une sorte d'oreillette dont la
TËBRAIISS TEKTIAlIltt..
inoémineiice esl encore aiigmeiilée par une large et prorondv
l'chaiicnire qu'il présente laléi'aleinent. Lacolumelie est peu épaisse,
un peu cylinilracée, courte et revêtue d'un bord (fauche Irès-élroît.
Le Psaiarnobia m'tidn (Desh.) est o val e-tvans verse, étroit, trèa-
(k'iprimé latéralement et très-inéquiiatml, Son lest est estréme-
inenl mince, papyracé et d'une extrême fragilité ; aussi esHI très-
dinicile de recueillir les valves entières. Le côté antérieur est prés
de deux Tois plus long que le postérieur; il est ellipsoïde, obtus ea
avimt. Le bord inférieur est presque droit et parallèle au supérieur;
!■• crtté postérieur est subtrianguUire; un angle très-aigu le par-
court depuis te crochet jusqu'à l'extrémité inférieure et postérieure.
La surface extérieure est lisse, polie, brillante; il faut l'examiner
à la loupe pour y découvrir un petit nombre de stries d'accroisse-
ment. Le bord cardinal est étroit, linéaire. La charnière porte deui
dents cardinales sur la valve droite; elles sont rapprochées, presque
pai'allèles ; une seule dent, sur la valve gauche, étroite et saillante,
vient se placer dans la fossette que laissent les deux dents Ae li
valve opposée. La nymphe est courte, proéminente, triangulaire,
obliquement tronquée en arrière; sa surlace extérieure est con-
vexe, cylindracée et limitée par une strie extrêmement étroite. Le
sinus palléal est profond, mais étroit ; il est hôriionlal, et son eitré-
milé atténuée vient aboutir sur la ligne ventrale, avec laquelle il se
confond .
Le Diplodonta bidem (Dcsli.) est suborhiculaire, on peusubtri-
gone, et olfre une impression pniléale (|ui, au lieu de former une
ligne simple, comme dans la plupart des diplodontes, en prosente
constamment deux plus ou moins pai-allèles. La surface extérteurf
est peu convexe ; elle est couverte de stries irréguliëres et inégales
d'accroissement. Le côté antérieur est le plus court ; le postérieur
est généralement un peu atténué. Sur un bord cardinal droit s'élt-
vent deux dents cardinales, peu inégales, divergentes, dont la plus
grosse est loujoui-s profondément bifide. Il n'existe aucune trace Je
lunule, tandis que du c(yé postérieur un petit corselet, nettemeul
limité, circonscrit le ligament. La portion antérieure du bord car-
dinal est partagée dans sa longueur par un sillon que l'on voit sr
prolonger jusqu'à l'origine de l'impression musculaire antérieure.
Les deus portions du bord sont égales et placées au même niveau
Les impressions musculaires sont étroites, ovales-oblongues ; elles
descendent au-dessous d'une ligne qui diviserait la coquille en deas
parties égales.
* LES SABLES DE BEAUCHAMP. 213
Le Cyrena deperdita (Desh.) a été longtemps confondu avec les
mactres ou avec les pernes. C'est cependant, comme le montre le
savant auquel on en doit la spécification, une véritable cyrène
d'une espèce bien caractérisée. Celte coquille est assez variable dans
sa forme; le plus souvent elle est ovale ,peu trans verse, subtrigone;
d'autres fois elle est plus transverse; quelquefois enfin elle a
presque autant de largeur que de longueur, et alors elle est d'une
forme plus trigone. Elle est renflée, cordifonne, à crochets proé-
minents, le plus souvent lisse, avec quelques indices de ses accrois-
sements, quelquefois assez régulièrement striée. La charnière est
étroite; elle présente sur la- valve gauche trois dents, dont la mé-
diane est bifide ; il v en a deux sur la valve droite. Les dénis laté-
raies sont presque égales, l'antérieure cependant est la plus courte.
Le Lucina saxorum (Lamk) nous est déjà connu pour s'être pré-
sentée dans le calcaire grossier, où nous avons eu l'occasion de le
décrire (voy. antè, page 192).
Le niveau du haut, riche en grès, comme nous venons de le voir,
a un faciès moins marin que le précédent.
Il consiste, à Beauchamp même, en une mince couche d'un sable
verdàtre, argileux, que recouvre le travertin de Saint-Ouen. On y
ti"Ouve des cérithes, dont les uns, comme le C. scalaroides, se mon-
traient déjà dans le niveau précédent, tandis que d'autres sont spé-
ciaux.
Le C. Bouei (Desh.) (fig. 71) est dans ce cas. C'est une coquille
allongée, turriculée, composée de quatorze à
quinze tours convexes, étroits, sur le milieu des-
quels s'élève une carène tranchante, armée de
dentelures aiguës très-régulières et fort compri-
mées; au-dessous de cette carène on voit sur
chaque tour un sillon granuleux, et quelquefois
la suture laisse à découvert une partie d'un se-
cond sillon semblable. Sur le dernier tour il existe cerithium Bouei
toujours trois sillons égaux, également distants
et granuleux dans toute leur étendue ; le reste de la surface est
couvert de stries excessivement fines, égales, très-rapprochées;
celles que Ton voit à la base du dernier tour sont plus grosses
et entourent le canal dans toute sa hauteur. L'ouverture est ovale-
oblongue, subtrigone; elle se termine par un canal court, fort
étroit et fortement contourné. La columelle est étroite, revêtue
d'un bord gauche mince et appliqué dans toute son étendue ; le
bord droit est mince et traDchant, légèremeiil arqué dans sa Ion-
gneur, el il forme k l'extérieur un angle Irès-aigu, qui correspond
à la cafène du dernier tour.
Le Melania bordacea (Lamk) {fig. 72) se Irouve par milliers.
Celte pelile coquille est presque aussi varialilf
tdans la l'omie qui; dans les stries dont elle est Ii^
plus souvent couverte. Elle est allongée, conjqne,
épaisse; ses sutures seul peu pi-ofondes; Im
stries sont BEse;; fines : on en remarque assis
constamment une plus grosse vers la partie su-
périeure des tours, ciï qui leur donne une forme
., , , ', , leaf'reraent anguleuse; les stries de la base sont
moins prolondes et moins se,nsibles. L'ouverture
est pelilc, proportionnellement à la gi'andour de la coquille ; elle est
peu dilatée à la base, ou elle oiïre un sinus peu profond. La lèvre
droite est simple 1 1 Iranchanle ; la gauche est renversée sur la coIq-
melle qu'elle borde.
Le Cytherca elegans (Lamk) se trouve ici en quantité considé-
rable; nous ne faisons que le ment)onner,puisquenous l'avons déjii
décrit h propos des caillasses du calcaire grossier (voy. page 194).
A Lisy-sur-Ourcq, le niveau qui nous occupe est repi-ésenté (1^
par une couche calcaire à peine gi-éseuse, épaisse de plusieurs
métrés, et donnant une excellente pierre de taille, connue dans ta
pratique sous le nom de pierre de Lày.
On relmuve les mêmes couches à Louvres, dans le département
d(! Seine -el-Oi se, el c'est de celte localité que proviennent les mal
riaux dont on a fait le soubassement de la Madeleine.
g 3. — ^tUean i>u|>^rlenr.
Enfin, dans certaines localités, comme lUortefontaine, au sud
Cbuntilly, et dans l'enceinte même de Paris, autour de l'arc de
l'Etoile (2), il existe un niveau supérieui', tanlât sableux ett&nUfr
Calcaire, caractérisé par une faune nombreuse el des plus remar>.
quables.
Fal.ve. — Parmi les fossiles compris dans celle faune, quelques-
uns doivent être cités ù part uonnne spécialement caractéris-
tiques :
(I) Butlet. (le la Soc. géoloyfqta-, 2- sério, t. XVIIl, p. âS5.
{'2J Voïsï ci-dcsboin, pag-E 220.
LES SABLES DE BEAUCHAHP. 215
Le Ceritkium tricarinatum (Lamk) (fig. 13) est une des coquilles.
les plus élégantes des environs de Paris. Elle est assez grande, tur-
ricnlée. Ses tours sont nombreux et étroits: on en compte vingt-six.
oo TÎngt-sept dans les grands individus bien conservés ; ils sont
carénés à leur partie supérieure et ils semblent imbriqués les un*
dans les autres à la manière 'de ceux du Turritella imbricataria.
La carène, rortsaillanle, est régulièrement dentelée sur son bord; les
dentelures sont plus ou moins profondes et plus ou moins nom-
FlG. 75. — Ceritkium tricarinatum.
breases, selon les individus : au-dessous d'elles chaque tour offre
deux autres carènes, ou plutôt deux sillons un peu élevés, formant
deux rangées de granulations. Dans certains individus, la carène
n'est guère plus grosse que ces deux sillons, et c'est à ceux-là vrai-
semblablement que Lamarck a donné le nom de tricarénés. Le der-
nier tour est aplati en dessus, et il présente au-dessus de la dernière
carène un ou deux angles obtus rapprochés, onduleux ou subgra-
nnleux. L'ouverture est dilatée, assez grande; elle se termine anté-
riearement par un canal profond, court, à peine renversé vers le
dos. Lorsqu'on regarde la coquille de face, ce canal est en partie
cadlé par l'exlrémité du hord droit : celui-ci est fort épais, renversé
au dehors ; il est dilaté, très-proéminent en avant et déprimé laté-
ralement par une large échancrure ; son extrémité inférieure aboutit
à une sorte d'oreillelte saillante en dehors de l'avant-demier tour.
Le Ceritkium Cordieri (Desh.) est une coquille coDOïde, turri-
culée. La spire, à laquelle on compte seize ou dix-sept tours légè-
rement convexes ou loul à fait aplatis, est lovl aiguë au sommel,
Dans le plus grand nombre des individus, chaque tour est orné de
trois stries Iransverses, ou plutôt de trois séries detrès-firies frra-
niiiatioiis, et le soniraet des tours est couronné par un quatrième
rang dont les granulations sont uu peu plus gi'osses et un peu plus
saillantes. Dans les vieux individus, il arrive souvent que deux stries
plus lines que les premières viennent s'interposer, de manière que
les derniers tours sont pourvus de cinq rangées de granulations; à
la cireonférence du dernier tour on remarque deux carènes obtuses
au-dessus desquelles la base est ordinairement lisse. L'ouverture
est ovale oblique, atténuée h ses exlrémilés. Le bord droit, médio-
crement épais, forme une sorte de bec proéminent à son extrémîlé
antérieure; il est pourvu latéralement d'une sinuosité large et pro-
fonde. La columelle est très-courle, sublronquée, revêtue d'un bord
gauche peu épais et terminé par un cai>al large, très-court et un pea
renversé en dessus.
Le Cerilhium pleurotomoides (Lamk) est très-variable. C'est une
coquille allongée, turriculée, assez étroite, très-pointue au sommet.
Sa spire est composée de quatorze ou quinze tours légèrement con-
vexes, sur lesquels on voit constamment deux séries trausverses de
petits tubercules obtus ; ces tubercules sont rapprochés et plus ou
moins nombreux, selon les individus; ils sont égaux et réguliers, Le i
dernier tour est assez grand et terminé antérieurement par un c&n^
étroit, mais allongé. Vers la circonférence de ce dernier tour, on
trouve ordinairement une ou deux rangées de nodosités beaucoup
plus obtuses. L'ouverture est ovale-obronde, obtuse postérieure-
ment, terminée antérieurement par un canal étroit et profond. Lc
bord droit est régulièrement arqué dans sa longueur; il semble
écrasé de haut en bas, ce qui donne à l'ouverture une l'orme sub-
Iriangulaire; il est mince, trancbant, recouvre un peu l'ouverture,
et il est poui-vu sur le cùlé droit d'une échancrum profonde el
étroite, semblable à celle des pleurotomes. La columelle est éti-oîte,
allongée, pointue au sommet, concave et arquée dans sa longueur'^'
le bord gauche qui !a relève est étroit, légèrement saillant et ter-
miné par une callosité assez épaisse à l'angle supérieur de l'ou'
vertu rc.
Le Corbula gallica (Lamk) est grand, bombé, renflé, à' crochets
proéminents, surtout celui de la valve inférieure, qui est légèremenL
strié en travers; dans le reste de la surface, cette cor^uille est lisseou
seulemeiil marquée des stries irrégulières de ses accroissements, ta
LES SABLES DE BEÀUGHAMP. 217
valve supérieure est plus petite, plus aplatie, lisse, marquée de sept
ou huit petites côtes irrégulières, longitudinales et rayonnantes. I^a
dent cardinale de cette valve naît du bord; elle est très-grande, co-
nique, pyramidale, perpendiculaire au plan de la coquille, séparée
en deux parties inégales par un sillon profond et marquée très-sen-
siblement par rimpression du ligament.
Le Cytherea deltoidea (Lamk) est une petite espèce presque
aussi longue que large, subéquilatérale et subtrigone, le côté an-
térieur étant plus court et plus arrondi que le postérieur. La surface
extérieure est très-finement striée en travers ; les stries sont arron-
dies et très-serrées. La lunule est grande, ovale. Le crochet est petit,
peu saillant; la lame cardinale est fort étroite. Elle porte sous le cro-
chet trois dents cardinales de la valve droite, et deux plus épaisses
sur la valve gauche; la dent latérale est petite, comprimée, parallèle
au bord. L'impression abdominale a une échancrure médiocre.
Les sables qui nous occupent ont donné à M. Hébert une phalange
unguéale d'une espèce d'oiseau de taille moyenne. C'est jusqu'ici
la seule indication que l'on ait de l'existence de ces animaux
à répoque où nous sommes parvenus.
Le Crocodilus Rollinati (Laurillard) s'éloigne , suivant la re-
marque de Cuvier, des autres crocodiles par quelques caractères
importants. L'un des plus certains est la forme comprimée des dents
et la disposition finement serratiforme de leurs bords, principa-
lement du bord postérieur, ce qui rappelle assez bien les dents
de mégalosaures ; toutefois ces organes sont' implantés ici dans do
véritables alvéoles, comme chez les autres crocodiliens. C'est encore
* M. Hébert qui en a signalé la présence dans les environs de Paris.
Grès a avicules. — Le niveau supérieur des sables de Beau-
champ est couronné, par une couche, d'ordinaire très-mince, d'un
grès plus ou moins calcarifère, rempli d'empreintes d'une petite
coquille, YAvicula fî*ogilts (Defr!), qui est des plus caractéristiques.
C'est une coquille obronde, tronquée supérieurement, peu oblique,
très-mince, trës-fragile, blanche, nacrée et fort peu bombée à l'ex-
térieur. Son bord supérieur ou cardinal est droit, simple et assez
épais ; il se prolonge en avant en un bec court et sinueux à la
base; le bord postérieur, sinueux à sa partie supérieure, se termine
par un appendice caudiforme très-court. Les bords, et surtout
l'inférieur, sont régulièrement courbés; ils sont minces, simples
et tranchants. Le plus souvent cette coquille ne peut être isolée de
la roche qui la contient.
218 TERRAINS TERTIAIRES.
C'est sans doute au niveau tout à fait supérieur des sables de
Beauchamp qu'il faut rattacher la couche de marne yerdâftre
qui accompagne si souvent le sable de Beauchamp, par exemple ,
à Fleurines, à Montereau, à Clichy et ailleurs.
Constant Prévost en éite d'analogues du côté de Pontoîse, arec
indice de gypse ; de façon qu'on pourrait y voir comme l'aurore
de la formation gypseuse, séparée cependant des sables de
Beauchamp par le système de Saint-Ouen. C'est un point sur lequel
nous reviendrons.
m
PROÏCÈNE
Le terrain proïcène comprend toutes les formations comprises
entre les sables de Beauchamp et le terrain miocène, c'est-à-dire
successivement :
3. Le travertin de la Brie.
2. Le gypse.
1 . Le travertin de Saint-Ouen.
CHAPITRE PREMIER
LElTRAVERTINj INFÉRIEUR OU DE SAINT-OUEN.
Caractères généraux du travertin de Saint-Ouen. — Comme
on vient de le voir, les couches les plus supérieures des sables de
Beauchamp sont moins exclusivement marines que les assises
inférieures. C'est l'effet d'un changement de régime qui s'accentue
de plus en plus jusqu'à l'époque du travertin de Saint-Ouen, où
se manifeste l'influence exclusive de l'eau douce.
Le travertin inférieur est en effet une formation essentielle-
ment lacustre. C'est à M. Charles d'Orbigny qu'on en doit les pre-
mières coupes complètes. Elles datent de 1836^ époque de la con-
LE TRAVERTIN DE SAIRT-ODEM. 310
stmction du chemin de fer de Monceaux. En voici un exemple
choisi sur un point où la formation d'eau douce se montrait sur
9 mètres de puissance (lig. TU) :
Fie, 74. — Coupe du Iraverlin de Saini-Oosn.
«. — 7. Cllcaire.— 9 Uarno Sïte eilei — 5 CalcBirc. — 4. UwiM. — d. Cidcai
1° Plusieurs couches de sable, de marne et d'argile, établissant un
passage entre les grès de Beauchamp et les travertins proprement
dits.
2° Diverses alternances de marnes et de magnésites, avec nom-
breuses plaquettes de silex vésinile noirâtre. Ces couches renfer-
ment beaucoup de Cyclostoma mumia comprimés et des paludlnes
(Bithynia pmiUa).
3° Banc puissant de calcaire marneux, avec osdeœaminirères et
coquilles d'eau douce, sur lesquels nous allons revenir.
4" Six lils de marne et d'argile calcarifères avec nombreuses
coquilles d'eau douce.
t° Calcaire avec graines et liges de Ckara, feuilles comprimées de
Typha; Paludina, Limitœa, et débris de poissons indéterminables.
S* Nouvelles alternances de marne et de magnésite avec silex,
Paludina,, Cyclostoma mumia, etc.
7' Banc assez puissant de calcaire, tantôt siliceux, tantôt mar-
neux et quelquefois bréchiforrae, renfermant souv.ent des rognons
de silex ménilite passant au silex iicctique, et fréquemment entouré
de magnésite d'une couleur gris rosàtre ou brunfilre. Ce calcaire,
et quelquefois même les ménilites, sont pétris de graines de Chara
220 TERRAINS TERTIAIRES.
medicaginula et de coquilles d'eau douce, telles que- PlonorbiSy
Limnœa, Paludina. C*est dans cette couche que M. Charles d'Orbipy
découvrit à la fois trois espèces nouvelles de paludines.
8® Enfin, au-dessus du calcaire précédent, viennent encore plu-
sieurs lits de marne et de magnésite recouverts par des couches
appartenant à la formation du gypse.
Les travaux de Tavenue de Tlmpératrice ont, entre autres, permis
de constater la situation du travertin de Saint-Ouen entre le sable
de Beauchamp et la formation gypseuse. Voici la coupe relevée en
1855 par M. Michelot (1) près de la rue de Bellevue :
m
Terre végétale et remblais 1,00
FORMATION DU GYPSE.
m
Marne sableuse verdâtre remaniée 0,50
Marnes argilo-sableuses verdâtres avec rognons solides très-
pesants 0,80
Marne jaunâtre 0,15
Lit d*argile verte 0,05
Banc caillasseux 0,15
Calcaire marin très-coquillier, avec nombreux cérrlhes; as-
pect de calcaire grossier 0,15
Calcaire plus compacte sans fossiles, lié au banc précédent. 0,10
Marne caillasseuse jaunâtre avec rognons très-pesants. . i . . 0,40
CALCAIRE DE SAINT-OUEN (épaisscur lotalc, 7™,50).
m
Argile brune feuilletée 0,12
Marne blanche sans fossiles 0,80
Marne calcaire remplie de iimnées 0,20
Marne blanche fragmentaire 0,55
Calcaire compacte dur 0,20
Argile grise feuilletée 0,10
Calcaire gréseux compacte 0,12
Marne argileuse à paludines 0,12
Marne gris jaunâtre 0,30
Marne argileuse à paludines 0,10
Marne jaunâtre sans fossiles 0,15
Calcaire compacte sans fossiles 0,30
Marne blanche à paludines coupée de lits d'argile 1,00
Marne argileuse à paludines • 0,05
Marne sans fossiles 0,60
Argile violacée avec nombreux Cyc/o5/oma mumta .écrasés. . 0,15
Lit d'argile grise 0,01
(l) P. Michelot, BuUet, de la Soc, géologique^ 2« série, 1855, t XII, p. 1314.
LE TRAVERTIN DE SAÏNT-OUEN. 221
111
Marne blanche avec un Ht d'argile au milieu 0,22
Lit d'argile grise 0,01
Marne blanche en couches de 0 '",08 à 0"*,10 coupées par
des lits d*argile 0,35
Lits d'argile grise 0,03
Marne blanche sans fossiles en couches de 0<",08 àO^^^lO
coupées par des lils d* argile 0,80
Filet d'argile »
Marne grise 0,11
Marne blanche coupée par deux lils d*argile 0,20
Lit d'argile grise 0,01
Marne blanche 0,08
Filet d'argile »
Marne blanche 0,10
Filet d'argile »
Marne sableuse 0,12
Filet d'argile »
Marne blanche sableuse 0,23
Argile ligniteuse feuilletée 0,03
Marne compacte dans le haut, fissile dans le bas 0,20
Filet d'argile »
Concrétion niviforme 0,12
SABLES DE BEAUCHAMP.
Calcaire marneux avec nombreuses empreintes (3i*Avicula fra- ni.
giliSy Cerithiuniy etc 0,25
Argile feuilletée 0,02
Calcaire marneux fragmentaire 0,20
Lit d'argile grise 0,01
Marne grise 0,15
Calcaire marneux poreux et fissuré 0,12
Marne sableuse avec couche de sable pur au milieu 0,15
Lit d'argile grise 0,01
Marne blanche solide *0,08
Lit d'argile grise 0,01
Marne blanche fissile 0,1 8
Sable avec veines et poches marneuses 0,25
Sable pur verdâlre 0,45
Les résultats fournis par la coupe qui vient d'être résumée peu-
vent passer conune une moyenne de ceux que donnent les diverses
ooupes relevées dans le travertin inférieur. Les différences d'une
localité à une autre viennent de l'épaisseur plus ou moins grande
de diverses couches, dont les unes peuvent arriver à disparaître tout
à fait pendant que d'autres prennent l'importance prépondérante.
D'ailleurs il faut reconnaître que ce terrain, quoique étudié déjà
4 TERRAINS TERTL
à maintes reprises, esl bien loin d'élre nomplélenient coiiim. \ clï-
verses époques on en a rapproché des formations qui, décidémenl,
sonl d'un autre âge.
C'est ainsi qu'en 1831, Dufrénoy montra qu'il en faut séparer
complètement le travertin de Cliampigny, confondu jusque-là avec
lui, et qui, comme on verra, appartient au leiTaia gypseux.
Le travertin de Château-Landon, regardé longtemps comme
syuchronique du tmvertin inférieur, est reporté maintenant, du con-
senlemeut générai, au travertin moyen ou de la Bric.
De même, le calcaire dit du Provins, et dont nous avons précé-
demment indiqué les caractères identiques avec ceux du banc vert,
a été considéré jusque dans ces dernières années comme dépen-
dant du travertin de Saint-Ouen, avec lequel il a cerlaîncs analogies
d'aspect et dont il contient même certains fossiles, comme le
Cyclostoma mtimia.
Faune du calcaire de Saikt-ûuen. — Déjà noua avons eu à
mentionner quelques fossiles du calcaire de Saint-(-luen.
Parmi les très-nombreux fossiles qui ont été reconnus, quelques-
uns méritent de nous arrêter un moment. Plusieurs mammifères
ofirent cet intérêt, d'annoncer pour ainsi dire la faune si abondante
du gypse. Ce sont surtout des pachydennes.
Le Palœolkerium (Cuv.) se reconnaît avant tout à sa dentition.
Il a sept molaires à chaque mâchoire, dont les supérieures sont
assez semblables h, celles des rhinocéros. La •[H'emière est notable-
ment plus petile que les autres et ne présente qu'un seul lobe.
Les inférieures ont des croissants à convexité externe, la première ,
étant aussi petite et à un seul lobe, la dernièi'e à trois lobes, La
barre est très-courte et les canines sont saillantes. Les os nasaux,
relevés, décèlent l'existence d'une petite trompe flexible. Les pieds
antérieurs et postérieurs ont trois doigts. Cuvier les rapprochait
des tapirs par leur forme extérieure; mais la récente découverte d'uo ,
squelette entier dans le gypse de Vitry montre que l'aspect général i
était plutôt celui d'une antilope.
L' Anopiot/ierium (Cuv.) est le type d'une tribu de pachydermes
dont le caractère principal consiste dans l'absence de barres aux
màclioires. 11 en résulte que les dents font une série continue, ca-
ractère rare chez les mammifères et qui, dans la nature vivante, est
spécial à l'homme et à la plupart des quadrumanes. Les molaires
sonl au nombre de sept ii chaque mâchoire. Les arrière-molaire
présentent unchevronàsommetdirigé eu dedans, qui se rapproche
LE TRAVERTIN DE S\IHT-OUEN. 223
d'un gros mamelon interne, avec lequel il finit par se confondre
lorsque l'usure est plus avancée. Les molaires inférieures ont deux
collines s'usant en forme de cœur; la septième a un troisième lobe.
Les dents sont toutes à peu près égales en hauteur, et la canine ne
dépasse pas les autres. Les pieds sont à deux doigts. La queue est
longue, composée de vertèbres fortes et épaisses, ce qui a fait
penser à Cuvier que ces animaux étaient plongeurs et vivaient à peu
près comme l'hippopotame.
A diverses reprises, on a extrait des marnes de Saint-Ouen des
ossements, d'ailleurs indéterminables, d'oiseaux. Il y a tout lieu de
supposer, d'après diverses considérations, que ces oiseaux avaient
de l'analogie avec ceux que les marnes du gypse renferment
en quantité relativement considérable. Nous y reviendrons tout
à l'heure.
Les reptiles sont représentés par des sauriens et par des chélo-
niens. Parmi ces derniers, on peut mentionner de grandes cara-
paces, malheureusement incomplètes, et qui, pensons-nous, n'ont
point été jusqu'icil'objel d'études complètes, qui ont été retiréesdes
couches du travertin de Saint-Ouen traversées lors des travaux du
boulevard Malesherbes, à l'intérieur même de Paris.
Des poissons indéterminables ont été signalés dans plusieurs
localités.
Les coquilles les plus remarquables ne sont pas très-nombi euses ;
toutes ont leurs analogues génériques vivantes
dans la faune de nos rivières et de nos marais.
Le Limnaa longiscata, (Brongn.) (lig. 75) est
allongé, subturriculé, étroit, très-lisse, com-
posée de sept ou huit tours de spire assez rappro-
chés, peu bombés, séparés par une suture peu
profonde. L'ouverture est ovale-allongée, un peu
dilatée à la base, rétrécie supérieurement ; la
lèvre est mince et tranchante ; le pli columellaire
est peu saillant, petit, arrondi. La columelle
est bordée. Fie 75.
Le Planorbislrotwidatm (Brongn.) {fig. 76) est Limiiaa longi-
assez grand et présente jusqu'à 3 cent. 1/2 de dia-
mètre. Il est plat en dessus et concave en dessous ou largement
ombiliqué. Ses tours de spire sont très-réguliers et tous très-visi-
Ues des deux c6tés ; ils sont arrondis, non anguleux, au nombre de
5 ou 6. L'ouverture est oblique à l'axe et assez grande. Sur les indi-
TKBRATNS TEBTlAfl
vidus bien conservés on voit des stries obliques assez ivguli&]¥>,
(jui ne sont que des traces d accroissement
Ku;. 7G. — Plan.
Lp Cyclosloma muinîa nous est déjà connu [voy. p. 186).
I.e Bithynia pusilla (Desh.)cst une toute petite coquille de 3 mil-
liiuètres environ, donll'abondance est extrême. Elle est bien lairac-
lérisée par sa forme allongée, lum'culée, subcylîndracée. Quel-
quefois son sommet est obtus, d'autres Fois il est assez acuminé.
Ses tours de spire, au nombre de six, sont convexes, arrondis,
lisses, bien séparés par une sulure profonde : le dernier grossit
souvent assez subitement, ce qui le dispropur lionne d'avec tec
autres; mais cela ne se voit que rarement. L'ouierture est petite,
ronde; ses bords sont minces, Irancbarils el contournés; la bau
est percée d'un petit ombilic.
Flore du calcaihe de S.unt-Olikn. — Les plantes du calcaîn
de Saint-Ouen sont toules d'eau douce. Le Chara medicnginula sfr
retrouve dans les travertins plus récents de la Brie et de la Beauce.
iVcsl surtout à l'état de graines que cette plante se présente, et ces
graines ont depuis très-longtemps attiré l'attention des natura-
listes. Suivant la remarque de M. Watelet (l) : « Nulle plante n'».
donné lieu à des opinions plus diverses, à des erreurs plus i
nifestes. Dès 1785, Dufom-ny de Villers étudia avec soin ceÀ
petits corps, auxquels il donna le nom de Vollex et qu'il const^
dère comme de pelils oursins. Il lut, à ce sujet, un mémoirs'
à l'Académie des sciences le 18 juin de la même année. Laaiarck
» ensuite donné une description de ce fossile, auquel il impa
le nom de Gijrogonileis. Il le regardait comme un mollusque à e
qitille unlvalve mbuntloailaire ; plus tard (2), considérant ton-
(t) Walelel, Dcscriplioii des ptanies fbssiles des eiiiiroiis rie Paris. Pïri*.
tSSH, p. bO.
(2) Lamarck, Mémoires sur les foisiles des etm'-ons de Pni-ii. — Rmu
l'Iannhcs svr Ifs coquilles fossiles des environs de Paris, l'arit, 1823.
LE TR4VERTIN DE SAINF-OUEN. 225
jours ces corps comme des mollusques, il ajoutait que vraisem-
blablement les gyrogonites étaient fermés par mm opercule ou une valve
particulière qui s'ouvrait et se refermait à la volonté de ranimai,
Denys de Montfort (1) figura et décrivit les gyrogonites, mais avec peu
d'exactitude et n'ajouta rien aux faits connus. Brard suivit (2) assez
exactement les idées de Lamarck ; mais il fit varier le nombre des
côtes spirales qu'il assura être de cinq ou six. Desmarest fit sur les
gyrogonites un mémoire remarquable qu'il lut à la Société philo-
matique ènaoùt 1810, et dans lequel il fit connaître mieux que ses
devanciers l'organisation de ces petits corps. Cet habile observa-
teur pensait déjà que les gyrogonites ne pouvaient appartenir au
règne animal, mais il ne sut aller plus loin. Léman présenta en
1812 à la Société philomatique des observations qui annonçaient
l'analogie des gyrogonites avec les graines de Chara, » Voilà l'histo-
rique à peu près complet de ce fossile intéressant, dont M. Watelet
décrit quelques espèces parfaitement caractérisées.
Le C. medicaginula, qui doit spécialement nous occuper en ce mo-
ment, est facile à distinguer; car, quoique sa surface soit sphérique
comme celle de plusieurs autres, on observe que les valves présen-
tent vers la suture une petite crête simple, tranchante et bien carac-
térisée. On compte, en regardant du côté de la surface de la graine,
sept tours de spire, et les pôles sont formés par la réunion de cinq
valves qui se terminent par des extrémités toujours un peu tuber-
culeuses.
Minéraux .accidentels. — Au point de vue pétrographique, le
terrain du travertin de Saint-Ouen offre un intérêt tout particulier.
En effet, presque toutes les marnes et les argiles qu'on y rencontre
avec tant d'abondance sont magnésiennes. Leur dépôt suppose
donc dans les eaux un régime spécial qu'on peut rapprocher des
phénomènes que nous avons constatés dans la craie de Beynes et
dans le calcaire grossier de Pont-Sainte-Maxence. Il faut toutefois
remarquer une différence notable avec ce que nous ont offert ces
localités, à savoir, l'absence absolue de toute action pouvant res-
sembler même de loin au métamorphisme.
Voici, en tous cas, la composition de Tune de ces argiles, ana-
lysée par Berthier :
(1) Denys de Monlfort, Conchyliologie systématique y et classification métho»
diqtut de coquilles, Paris, 1808-1810.
(2) Brard, Annales du Muséum d'histoire naturelle ^Vanst 1809, l* XIV, p. 438.
8T. MEUNIER. *^
^W^^^^^^^^ l'EIlUàlHS TERTL
Silice 51,0
Alumitifl l»,D
Magnésie 13,A
Oïjde de fer 3,0
Eau 18,2
9a, 0 {.■
Avec la présence de k magnésie dans les i-oches de SaiiU-OueD
coïncide celle de rognons siliœux dont les formes rappellent celles
des silex du calcaire grossier et de la craie. Mais ici le minéral est
hydraté au lieu d'êti'e anhydre, et appartient à l'espèce opale, v»-
riélé dite ménilùe, parce que le type en a été trouvé d'abord dans
les marnes gypseuscs de Ménilmontant. Celte nature hydratée rend
l'origine de ces rognons beaucoup plus facile à expliquer, puisque,
comme nous l'avons ^déjà dit, on peut assister de nos jours à la
concrétion de la silice de composition analogue, sur les bords des
geysers d'Islande, par exemple.
La structure de ces raénilites est d'ailleurs extrêmement intéres-
sante à étudier de très-près et même avec le secours du microscope;
car on y retrouve jusque dans ses moindres détails la structure des
mames feuilletées au milieu desquelles a eu lieu la concrétion.
C'est l'analogue exact de ce que donnent les bois silidliés, où l'ott
retrouve toutes les particularités qu'aurait fournies l'élude microsco-,
pique de la plante a lêlat liais, la matière organique ayant été rem-i
placée, molécule i mokcule, par la matière siliceuse. Les feuil!^;!
de la marne se commuent au travers des rognons, et l'on retrouve;
dans ceux-ci Ils fossiles Chara, Bithynia ou autres, que la niarne
pouvait contenir II en resuite bien évidemment que ces rognons
résultent de I mhllralion lente et longtemps continuée dans le cal-.
Caire d'un liquide siliceux capable à la fois de dissoudre sa matière
et de déposer 1 opale Aucune élévation de température n'est néces-
saire pour rendre compte du phénomène, la silice élant, quoique
faiblement, soluble dans l'eau froide.
Dans certaines circonstances, les rognons de ménilile subissent'
comme une sorte de pourriture due à la perte de leur eau ; ils de^
viennent blancs, tout à fait opaques et d'aspect farineux. Les vides
laissés par l'eau les rendent très-spongieux, de façon que, placés
sur l'eau, ils y surnagent. Alors ils constituent les silex tKCtiqw»,
Le calcaire de Saint-Ouen en renferme à différents niveaux et dana
des localités très-nombreuses, par exemple au nord de Saint-Denis.
Il faut remarquer que le travertin de . Sain t-( dieu coiitienten outre,
LK GYPSE. 227
surtout dans les couches formées de calcaire compacte siliceux
des géodes toutes tapissées de cristaux de quartz anhydre, rap-
pelant à tous égards ceux que contiennent les silex de la craie
ou les lits siliceux des caillasses. Leur formation, pas plus que celle
de ceux-ci, n'est d'explication facile, et c'est, comme on voit, un
J^ très-fréquent qui devra être Tobjet de nouvelles études.
CHAPITRE II
LE GYPSE.
Caractères généraux de la formation gypseuse. — Nous arrivons
à un système de couches dont l'importance est tout à fait exception-
nelle au double point de vue de la géologie pure et de la pratique.
C'est le système gypseux, caractérisé par un minéral, le gypse, ou
sulfate de chaux hydraté, que nous avons déjà rencontré comme
partie accessoire dans les terrains de craie, d'argile plastique, etc.,
mais qui ici constitue seul des assises puissantes.
La formation gypseuse occupe autour de Paris une surface assez
grande. On peut la considérer comme constituant une vaste lentille
qui vient mourir au nord, à Pont-Sainte-Maxence. On la suit à partir
de ce point dans toutes les collines suffisamment élevées, comme
à Taillefontaine (au nord de Villers-Cotterets) , et jusqu'au sud de
Reims. La limite du gypse longe alors la frontière crayeuse de la
Champagne et passe par Epernay, Vertus, Sézanne. Elle apparaît à
Melun, à la Ferté-Aleps, à Chevreuse, à Montfort-l'Amaury, à Mantes,
à la Roche-Guyon, et à Beaumont, où le cercle se ferme.
A Torigine, toute la surface comprise dans cette ligne a dû être
couverte par la formation gypseuse ; mais, par suite d'une série de
dénudations qui se sont succédé depuis lors, cette formation est
actuellement déchirée en lambeaux qu'on ne trouve plus que dans
l'épaisseur des collines.
Naturellement c'est vers le centre du bassin que le dépôt de gypse
est le plus puissant; mais, même dans cette région, les couches
sont peu continues. Leur forme est lenticulaire et elle se termine
rapidement en biseau.
IëRRAINS TEIlTiiiRtS.
Par suile de sa grande allérabilité sous laclioD des ngcnls nlmoîT
phériques, le gypse en nature n'nlflcure nulle pnri. les eaux de'
pluie et la gelée ayant détruit cette roclie si solubio, jiarloul où elles'
uni pu l'atteindre. 11 arrive aussi, dans beaucoupdecas, quelegjpu
proprement dit n'existe pas, et que le système est l'epréseotépardei
couches plus ou moins épaisses de marnes. Parmi ces marnes. Il
plas conslanlC; est la marne verte, qui couronned'habilude la for-
mation gypseuse, et qui constitue un horizon strali graphique de)
plus nets et conséquemmeni des plus précieux. i
(3n aura une idée de la composition de cet intéressant ensemblt
de couches, les unes gypseuses, les autres maroeusGS, sableuses oa
calcaires, par le relevé suivant, dû à Brongniart (1), des lits consti-
tuant les célèbres carrières h plâtre de Montmartre. Il y a d'aulanl
plus d'intérêt à reproduire cette description, que les couches en'
question ne sont aujourd'hui plus visibles. L'énuméralion est failo ,
de haut en bas, c'est-îi-dire de la couche la plus récente vers U
plus ancienne.
1. Sable el grés qiimUzetiT.
Le sable qu'on trouve au sommet de Montmartre est quelque-
fois agglutiné et forme des grès rougeàlres, mais friables, qui ren-
ferment des moules de coquilles. La matière de la coquille n'existe
plus, et l'on ne voit mûme dans le sable aucun débris de ces co-
quilles. Ce giv's est composé de grains de quartz assez gros, peu
arrondis, maïs point cristallisés; il ne fait aucune effervescence, et
est infnsible au feu de porcelaine. Les coquilles qu'il renferme soal
toutes marines, el généralement semblables à celles de Grignon:
nous y avons déterminé les espèces suivantes :
Cerilhium mulatiile.
Solarium.
Calyplrffs Irochiforniis.
Melania cuslellata.
Peclunculua pulvinalus.
CylbereB nilidula.
Des empreintes qui par<
CjLhere.i lasvïgala.
— clegan»?
Craicaleliii compressa,
Donai retuM.
Corbula nigosa.
Oslrea flubeilula.
es à des fragments d'oursîi
2. Sable argileux etjaumUre.
!l est d'un jaune sale; il ne fait point effervescence et n'est donc
(1) Brongniart, Description géologique des ei
p. 30a.
LE GYPSE. 229
point calcaire, quoiqu'il recouvre immédiatement la marne sui-
vante ; mais il éprouve un commencement de vitrification au feu de
porcelaine.
1 et 2 ensemble, 30", 00.
3. Marne calcaire blanchâtre. — 0°,10.
Elle est très-friable, très-calcaire ; elle est presque entièrement
composée de petites huîtres {Ostrea linguatula, Lamk) brunes, et de
débris de ces coquilles.
U. Marne argileuse jaunâtre, — 0'",^0.
Elle est jaune pâle, sale et par fragments. Elle renferme moins
de coquilles que la précédente et la suivante. Ce sont des débris
d'huîtres.
5. Marne calcaire fragmentaire. — 0",20 (1).
Elle se brise facilement en petits morceaux assez solides. Elle est
très-coquillière et renferme absolument les mêmes espèces que
le n* 3.
6. Marne argileuse grise, — 0",85,
Elle est grise, marbrée de jaune, fragmentaire. Elle ne ren-
ferme à sa partie supérieure que quelques huîtres {Ostrea lingua-
tula). Elle est plus argileuse dans son milieu, et contient alors
beaucoup plus d'huîtres. Elle devient brune et très-argileuse à sa
partie inférieure ; elle fait à peine effervescence et ne renferme plus
de coquilles.
7. Marne argileuse blanchâtre et marbrée de jaunâtre, — 0'°,65.
Elle est fragmentaire à sa partie supérieure. Elle ne contient pas
de coquilles ; elle devient fissile et plus grise vers sa partie infé-
rieure.
8. Marne calcaire blanchâtre. — 0™,15.
Elle est friable dans quelques parties, et dure dans d autres, au
point d'acquérir la solidité et la cassure serrée de la chaux carbona-
tée compacte. Elle renferme des coquilles d'huîtres d'une espèce
différente des précédentes (OôVreacaw«/?*s, Lamk); quelques-unes ont
(l) C'est entre les bancs n"* 5 et 6 que M. de Lajonkaire a observé dernière-
ment un lit composé de nodules de calcaire compacte, ayant l'aspect du calcaire
d'eau douce, et renferroapt un très-grand nombre de petites coquilles qui parais-
sent être des paludines, assez semblables au Paludina thermalis^ avec quelques
potamides ; et plus bâs, au milieu des nombreuses coquilles maiines du banc n° 10,
des coquilles turriculées que ce jeune naluruliste rapporte aussi aux potamides.
Il croit trouver dans ce fait un nouvel exemple du mélange des productions ma-
rines et lacustres au passage do ces deux terrains. (Note de Brongniart.)
^ ~ TEFtHAINS TERTIAinES.
jusqu'à un décimètre dans leur plus graude diiuëusion. On Irouvp
dans le même lit des débris àe crabes et de balanes.
Les couches de 3 à 8 inclusivement paraissent appartenir à un
même système qui serait cai-actérisé par ta présence habituelle des
buttres et par la rareté des univalves.
9. Mameargileusebrune,jaiine,verdâtre, fragmentaire. — 0",15.
Elle ne renferme point de coquilles et est pénétrée de sélénile;
elle fait un peu effervescence.
10. Marne argileuse sablonnevse. —(i'",2i).
Elle est assez dure et d'un gi-is jaunâtre ; elle fait une vive effer-
vescence avec l'acide nitrique; elle contient des moules do coquilles
bivalves indéterminables.
11. Marne argileuse jaune. — O^iSO.
Ce banc est pétri de débris de coquilles , et quoique ces coquilles
soient presque toutes écrasées, nous avons pu y reconnaître les
p;enrea et les espèces suivantes :
Nerila, Bspèca lisse, mais indéUrrainable.
ÂmpKliaria patvlaT, très-pelils.
Troe/mi.
Ceritkiwm plieatum.
Vylherea elegata.
Cj/lherea semisukaln?, miiiç plus épais
Cnrdium obliqiium ?,
Eryr.irta.
Nuculn margnHlacea.
Peclân.
Cette marne est plus fragmentaire que fissile; les coquilles y sont
toutes disposées sur le plal.
On y trouve aussi des fragments de palais d'une raie analogue i
la raie aigle, et nous avons i-ecueilli un fragment d'aiguillon d'une
raie voisine de la pastenague.
12. Marne argileuse très- feuilletée, à filets ondulés.
D'un violet noirâtre lorsqu'elle est humide. Elle se gonfle el sa
ramollit dans l'eau, et fait effervescence dans l'acide nitrique.
Cette espèce de vase argileuse endurcie est percée de trous enlife-
rement remplis de la marne supérieure, comme s'ils avaient été
faits par des pholades et remplis postérieurement.
13. Marne calcaire grise. — O^.SO.
Dure dans quelques endroits, mais généralement friahle. Elle ne
renferme pas de coquilles.
LE GYPSE. 231
1/i. Marne argileuse fissile. — 0^,70.
En feuillets alternatifs et nombreux, plus ou moins colorés de
blanc, de jaune et de vert. Elle est assez solide et fait à peine effer-
vescence.
15. Marne calcaire blanche. — 0",1^-
Semblable à celle du 13, mais plus solide et plus blanche.
16. Marne argileuse. — 0",50.
Fissile comme le 14. Elle est moins délavable dans Teau et fait
à peine effervescence.
1 7 . Marne calcaire verdutre . — 0 " , 0 5 .
Elle est assez argileuse, ce que prouvent les nombreuses fissures
qui s'y forment par le dessèchement ; elle est d'ailleurs peu solide.
18. Marne argileuse verte, — 4", 00.
Cette couche épaisse est d'un vert jaunâtre, elle n'est point fissile,
mais friable. Elle fait une assez vive effervescence avec l'acide ni-
trique, et se réduit par la fusion en un verre noirâtre homogène. On
n'y voit aucun débris de corps organisés. Cette marne renferme des
géodes globuleuses, mais irrègulières, [qui se dissolvent entière-
ment dans l'acide nitrique.
Ces géodes verdâtres ont leurs fissures et leur intérieur tapissés
de cristaux de chaux carbonatée. On trouve vers leur centre un
noyau mobile de même nature que l'enveloppe.
La marne verte est, comme nous l'avons dit plusieurs fois, le
banc le plus apparent, le plus constant, et par conséquent le plus
caractéristique de la formation gypseuse.
19. Marne argileuse jaune. — O^jSS.
Elle est très-feuilletée et renferme entre ses feuillets un peu
de sable fin jaunâtre, et de petits cristaux de sélénite. On ne voit
point de coquilles dans ses feuillets supérieurs.
19 bis, Mêmemarne, moins feuilletée, renfermant des coquilles.
C'est dans cette marne que se trouve ce lit mince de cythérées,
qui règne avec tant de constance dans une très-grande étendue
de terrain.
Nous n'avons vu à Montmartre que quelques Ceinthium plicatum
et des cythérées bombées ; les cythérées planes paraissent manquer
dans les carrières que nous avons examinées. Nous ne connaissons
de spirorbes que dans les carrières de Test.
19 ter. La même marne, mais beaucoup moins fissile et d'un
vert sale jaunâtre.
Elle contient, immédiatement au-dessous des coquilles précé-
^HB^^^^^^F TERHAINS TtRTlAlRËS.
dentés, des rognons de slrontîane sulfalée, terreuse, compacte,
qui fait un peu effervescence avec l'acide nitrique.
20. Gy/iae marneux en lîls ondulés. — O^.SO.
Les zones gypseuses alternent avec des zones de marne calciiire
friable.
21. Marne blanche compacte. — 0°,58.
Elle CBt d'un blanc grisâtre, marbré et tacheté de jaunâtre. Elle est
assez compacte, et fait uneviolenleclfervescenceavecracîdenitrique.
22. Marne calcaire fragmentaire. — 0°',72.
Elle est blanchâtre ; ses fragments sont assez gros et solides,
quoique tendres.
23. Marne calcaire pesante. — O^.OS-
Ëlle est d'un blanc sale, assez dure, quoique fragmentaire.
Les marnes n°" 21 , 22 et 23 ont leur correspondant exact parmi
les marnes blanclies de la butte Chaumont et de Pantin. On n'y voit
pas, il est vrai , comme dans ces dernières, les limnées abondantes
qui les caractérisent; mais elles sont de même nature, dans la
même situation, et nous avons cm apercevoir quelques débris de
coquilles dans celles des carrières de l'est de Montmartre,
2i. Marne argileuse friable, verdâlre. — 0°,35.
Elle ressemble en tout aus manies argileuses feuilletées n" 19,
mais on n'y connaît point de coquilles ; on y voit seulement quel-
ques débris infoimes de poissons.
25. Marne calcaire sablonneuse. — O'",08.
Elle est blanchâtre, friable ; ses surfaces supérieure et inférieure
sont ocracées.
26. Marne eiilcaire à fissures jaunes. — 1"',13.
Elle est très-fragmentaire; ses fragments sont parallélipipédiques.
Leurs surfaces sont recouvertes d'un vernis jaune d'ocre, surtout
vers la partie inférieure, qui se confond avec le numéro suivant.
27. Marne argileuse verdtUre. — Q"'M.
Elle est assez solide et même fragmentaire dans ses parties supé-
rieures ; ses fissures sont teintes d'un enduit d'ocre. Vers son mi-
lieu, et surtout vers son lit, elle est feuilletée et rubanée de vert et
de blanchâtre.
Les feuillets sont traversés par des espèces de tubes ondulés^
remplis de marne ocreuse.
Celte marne fait très-peu effervescence.
28. Marne calcaire tendre, blanche. — 0'",a8.
Elle est très-fragmentaire, et forme trois zones lilanciies qui sont
LE GYPSE. 233
séparées par des couches minces de marne argileuse brun verdâtre.
II y a au milieu de cette couche un petit lit de gypse Irès-distinct.
29. Argile figuline brun verdâtre, — 0",27.
Cette argile ne fait aucune effervescence.
30. Marne calcaire blanchâtre.
Elle est d'un blanc verdâtre, et un peu plus brune vers le bas.
Elle se divise en fragments assez gros.
31. Marne argileuse compacte. — 0'°,62.
En lits alternatifs gris, jaunâtres et blancs.
32. Marne argileuse brun verdâtre. — 0^,62.
Elle ne fait que très-légèrement effervescence ; elle est fissile et
même friable, et renferme beaucoup de sélénite,
33. Marne calcaire blanche. — 1"',33.
Elle se divise en fragments, dont les fissures sont teintes de jaune
d'ocre.
34. Marne calcaire jaunâtre. — 0™,70.
Elle est feuilletée et fragmentaire. Les fissures sont couvertes
de dendrites, et renferment des cristaux de sélénite.
PREMIÈRE MASSE.
35. Gypse marneux (premier banc). — O'^j/iO.
Il est friable, un peu jaunâtre dans ses fissures. Il fait une très-
vive effervescence.
Il varie beaucoup d'épaisseur, et est quelquefois réduit à un très-
petit filet.
Ces bancs de gypse impur sont appelés chiens par les ouvriers.
36. Marne calcaire jaunâtre ruhanée, — 0'",86.
Elle est fissile, assez tendre, et renferme quelques cristaux de
sélénite.
37. Marne calcaire blanchâtre fissile. — 0",40.
Elle est blanche, fissile et friable, avec des infiltrations ocracées.
Elle renferme entre ses feuillets des petits lits de gypse marneux.
38. Gypse marneux {second hsLïïc).
Il parait être une dépendance du n° 35. Il est tantôt réuni avec
cette couche de gypse, tantôt il en est séparé par les couches de
marne calcaire n°' 36 et 37
39. Sfarne calcaire blanchâtre fragmentaire. — 0"*,25.
Elle est d'un blanc jaunâtre. Ses nombreuses fissures sont cou-
vertes d'un vernis jaune et de dendrites noires.
234 TERRAINS TERTIAIRES.
40. Gypse marneux (troisième banc). — 0"*,(iO.
La partie supérieure est moins impure que la partie inférieure,
qui est très-marneuse.
U\. Marne argileuse friable jaunâtre. — 0",33.
Elle est un peu feuilletée ; les surfaces des fissures sont jaune
d'ocre. Elle renferme des infiltrations de sélénite.
k2. Gypse marneux (quatrième banc). — 0",!^-
Il est plus pur que les deux couches précédentes, et fait, par
conséquent, moins d'effervescence dans Tacide nitrique.
/i3. Marne calcaire blanche, — 1",10.
Elle est un peu jaunâtre, et se divise en gros fragments assez
solides. Ses fissures sont couvertes de dendrites noirâtres.
UU. Gypse marneux (cinquième banc). — 0",33.
Il est blanc, friable, assez effervescent.
45. Marne calcaire tendre. — 0",80.
Elle est blanchâtre, avec des zones horizontales jaunâtres et des
petits filets de sélénite.
46. Gypse saccharoïde.
C'est la première masse exploitée. Les ouvriers l'appellent aussi
haute masse ; elle a en tout de 15 à 20 mètres.
Elle est distinguée par les ouvriers en plusieurs bancs, auxquels
ils donnent des noms particuliers, mais qui varient un peu suivant
les diverses carrières.
Nous ne ferons mention que des bancs qui présentent quelques
faits remarquables.
a. Les fleurs.
Il renferme des lits très-minces de marne calcaire.
b. La petite corvée.
Nous y avons vu une couche de silex de 3 à 4 millimètres.
c. Les heurs ou le gros banc,
d. Les hauts piliers.
Ces deux dernières assises se divisent en prismes verticaux. De
là le nom de hauts piliers que l'on a donné à la seconde assise, en
raison de la hauteur des prismes.
e. Les piliers noirs.
Il est très-compacte.
f. Les fusils.
Cette dernière assise de la première masse est composée d'un
gypse assez homogène qui fait effervescence ; elle est remarquable
par les silex cornés qu'elle contient. Ces silex sont des sphéroïdes
LE GYPSE. 235
OU des ellipsoïdes très-aplatis ; ils semblent pénétrés de gypse, et
se fondent dans le gypse d'une manière insensible,
g. Gypse laminaire jaune (Tocre,
A grandes lames mêlées de marne argileuse sablonneuse. 0°\03.
h. Gypse jaunâtre friable.
Renfermant de petits lits de marne blanche. — O«»,0îi.
Ici se termine ce que les ouvriers appellent première ou haute
masse. Elle a environ, depuis les huîtres jusqu'aux
cythérées 9'"
Depuis les cythérées jusqu'au sommet de la forte
masse de gypse 13"
Depuis ce sommet jusqu'au-dessous des fusils. . . . 20"'
Total 42"' (1).
C'est dans cette masse, et probablement dans les premières assises
nommées les fleurs^ qu'on a trouvé, quoique très-rarement, des
coquilles fossiles. Celle que nous possédons est noire, et appartient
évidemment à l'espèce que M. de Lamarck a nommée Cychstoma
mumia,
m
• SECONDE MASSE.
La seconde masse commence aussi par le gypse :
1. Gypse friable {pelage), — 0",24.
Effervescent.
2. Marne calcaire feuilletée, — 0^,08.
Elle est friable.
3. Gypse compacte (tête de moine), — O^jlô.
Peu effervescent, quoique impur, c'est-à-dire souillé d'argile.
4. Marne calcaire friable. — 0™,11.
5. Gypse saccharoîde {œuf). — 0"',30.
Il est assez pur, à peine effervescent. Cette couche est exploitée.
6. Marne calcaire compacte. — 1™,38.
Elle est fragmentaire et tachée de fauve et de noir sur les parois
de ses fissures naturelles.
La partie supérieure est la plus friable. La partie inférieure, beau-
coup plus solide, est quelquefois séparée de la supérieure par un
petit lit de marne feuilletée.
(I) En ajoutant à cette somme 29 mètres pour Tépaissenr de la masse de sable,
on a en tout 71 mètres.
^^^^^^■^ TERRAINS TERTiAlHËE.
7. 3/arne calcaire assez compacte (faux ciel). — 0"',Û/|.
Elle renferme, vers sa partie inférieure, de gros crîslaux de
séléiiile en fer de lance.
8. Mante argileuse verdAtre [souchet) . — O^jSl à 0'°,30.
Lorsqu'elle est humide, elle est grisâtre, marbi'ée de bran ; lors-
qu'elle est sèche, elle est compacte dans sa partie supérieure, très-
feuilletée daDS sa partie inférieure
Cette marne est vendue dans Paris sous le nom de pierre à déta-
cher; elle ne fait effervescence que lentement. C'est dans cette
couche que se trouvent les gros rognons de stronliane sulfatée de
la seconde masse.
Ces rognons volumineux, quoique compactes, le sont moins que
ceux de la 'première niasse. On n'y voit point ces fissures tapissées
de cristaux qu'on remarque dans les premiers, mais on y observe
im grand nombre de canaux à peu près verticaux et parallèles,
quoique tortueux et à parois raboteuses. Ces canaux sont tanti^t
remplis de marne et lantrtt vides. Ils semblent indiquer par leur
forme le passage d'un gaz qui se serait dégagé au-dessous des
masses de strontiane et qui les aurait traversées.
Les parties de ees rognons qui sont dégagées de mame ne font
point effervescence.
9. Gypse impur [les chiens). — û°',57.
Il est mêlé de mame, très-effervescent.
10. Marne calcaire cimpacte. — 0",52.
Arborisée de noir en dendrîtes superficielles.
11. Marne argileuse feuillelée {les foies). — li°','25.
Elle est grise et se divise en feuillets extrêmement minces. Elle
fait effervescence, mais peu vivement.
12. Marne calcaire (les cailloux). — U"',5l).
Très-compacte, arborisée de noir.
13 A. Morne argileuse {/rise. ^^^m
Très-feuilletée, à peine effervescente. ^^^H
13 B. Gypse impur ferrugineux;. ~~ 0",04. ^^^|
Le plan supérieur de ces couches est marqué d'ondulations sem-
blables à celles d'une eau tranquille et toutes dirigées du S. E.
au N. 0.
14. Gypse compacte [les (leurs). — - 0'",ù6.
Il est effervescent dans cerlaines parties, pur dans d'autres,
Sa partie inftirieure renferme des grains arrojidis de sable cal-
caire.
LE GYPSE. 237
15. Sélénite laminaire [les laines), — 0™,27.
Cette couche disparaît presque dans de certains endroits.
16. Gypse compacte {les moutons). — O^jôG.
Il est très-beau et donne de très-bon plâtre. Il fait effervescence.
17. Sélénite laminaire {les couennes) , — 0^,1 8.
18. Marne calcaire blanche {les coffres), — O^jOS.
Elle est tendre,
19. Gypse et sélénite cristallisés confusément {gros bousin), —
0«»,50.
Ils sont mêlés.
20. Gypse très-compacte {tendrons du gros bousin), — 0",08.
A zones ondulées, mais parallèles. Il ne fait point effervescence.
C'est dans cette couche compacte que se percent les trous de mine.
21. Gypse très-^ompac te [cliquart), — 0™,06..
Il est en couches minces ondulées, dont les ondulations forment
non des lignes comme dans le n° 13, mais des réseaux. Il ne fait
point effervescence.
22. Gypse saccharoide feuilleté {petits tendrons), — 0'°,11.
Il y a de la marne jaunâtre entre ses feuillets.
23. Gypse saccharoïde compacte {pilotin), — 0'",25.
Effervescent, On nous a assuré avoir trouvé dans cette couche un
oiseau fossile.
24. Sélénite cristallisée (petit bousin), — 0'°,20.
Elle est cristallisée confusément. Le lit de la couche est composé
de zones compactes ondulées, semblables au cliquarl, et pesantes
comme lui.
25. Gypse saccharoïde {gros tendrons ou tête de g9vs banc).— 0",27.
Il est un peu effeiTescent.
26. Gypse saccharoïde compacte {gros banc), — O^jOS.
Il est à peine effervescent.
27. Sélénite cristallisée confusément {grignarddu gros banc), —
0"\07.
28. Gypse saccharoïde compacte {les nœuds). — 0'",16.
29. Gypse impur rougeâtre {les ardoises), — 0"',08.
Feuilleté, mêlé de feuillets de marne argileuse.
30. Gypse saccharoïde compacte {les rousses), — 0™,20.
Cetter seconde masse ne paraît renfermer, comme on le voit, au-
cune coquille. Elle a en totalité, depuis les fusils jusqu'au-dessous
des rousses, environ 10 mètres.
TKRRAINS TËKTIAIHES.
TROISIÊHB MASSE (6g. 77).
Nous suivrons, dans la détermination un peu arbitraire de cet
masses, la division établie par M. Desmarest, qui est elle-même
fondée sur celle des ouvriers.
Fie, 77. — Coupe de la Iroisième masse Ju gypse de Honlmartre
(d'après BroagniarlJ.
4. Marne calcaire {lesoucket). — O^iSS.
Blanchâtre, tachetée de jaune, à cassure concKoïde, souvent
arboriséc de noir.'
2. Marne argileuse verte feuilletée [les foies). — fl"',9.
3. Marne calcaire blanche {marne dure). — O^.OS.
Elle est cependant assez tendre, ntèlée d'un peu de (lypse.
LE GYPSE. 239
U. Gypse compacte {les couennes et les fleurs), — 0",32.
Sa partie supérieure renferme une zone de gypse laminaire.
5. Gypse compacte. — 0^,3/i.
Il est mêlé de marne.
6. Sélénite laminaire {les pieds -d'alouette). — 0",ft6.
7. Marne argileuse feuilletée,
Verdàtre, mêlée de gj pse.
8. Gypse compacte {pains de quatorze sous).
En gros rognons dans la marne suivante.
9. Marne calcaire blanche, — O",?©.
iO. Marne argileuse, feuilletée, verdàtre. — O^jO'i.
11. Marne calcaire blanche. — 0",66.
Sa cassure est conchoïde ; cette marne se confond avec le n" 12.
12. Gypse cotnpacte.
Il est mêlé de marne.
13. 14 et 15. Gypse compacte. — 1",40.
Il est divisé par sept à neuf zones ondulées de sélénite laminaire
que les ouvriers nomment moutons, tendrons et gros bancs.
16. Mœ^ne calcaire blanche (marnes prismatisées). — 0",ft9.
A retraits prismatiques renfermant quelques débris de coquilles.
1 7 . Gypse compacte {petit banc) . — 0" , 1 9 .
Il est comme carié.
1 8 . Marne calca ire jaunâtre . — 1 " , 00 .
Elle est assez tendre.
La partie supérieure de ce banc remarquable renferme un grand
nombre de coquilles marines, ou plutôt de moules de ces coquilles,
car la coquille proprement dite a disparu ; on ne voit que le relief
de la surface extérieure, tout le milieu est marne. Ces coquilles,
analogues à celles de Grignon, ont été rassemblées et déterminées
de la manière, suivante par MM. Desmarest fils et Prévost.
Calyptraea trochiformis. Cardium porulosum.
Murex pyraster. Crassatella lamellosa.
Quatre cérithes. Cytherea semisulcata.
Turritella imbricataria. Solen vagina.
— terebra. Corbuia gallica,
Voluta cythara. — striata.
— muricina. — anatina? (1).
Ampullaria sigaretiiuu
(1) On Terra plus loin les modificatioûs que les progrès de la science ont ap-
portées dans ces dernières années à ces déterminations.
TKIlRAiNS TERTIAIHES,
Les mêmes naluralisles y onl trouvé en outre des oursins du
genre des spatangues, différenls du Spatangus coininguinum qa'oa
trouve dans la craie, et de petits ourains qu'on trouve à Grignon,
qui appartiennent au genre Chjpeaster. Ils ont retiré de celte marne
des pâlies el des carapaces de crabes, des dénis de squale (glosso-
pètres), des arêtes de poissons et des parties assez considérables
d'un polypier rameux qui a quelque analogie avec les isis et les
encrines, et que M. Desmarest a décrit sous le nom A' Ampkytwie
parUienne.
Le lit supérieur renferme d'autres corps dont ta connaissance est
également due à MJM. Desmarest et Prévost. Ce sont des pyramidea
quadrangulaires formées de la même marne, et dont les faces sont
striées parallèlement aux arêtes des bases. Ces pyramides onl
jusqu'à 3 ctinlimèlres de hauteur sur une base carrée de 6 cenli-
mèlres de c6té. On ne doit pas considérer ces solides comme des
moitiés d'octaèdre, car leur base est tellement engagée dans It
marne, qu'on ne peut par aucun moyen découvrir les faces opposées
qui compléle raient l'octaèdre ; mais on observe dans leur réuuiou
entre elles une disposition très-remarquable. Ces pyramides soûl
toujours niunies six ensemble, de manière qu'elles se louchent par
leurs faces, el que'lous les sommets se réunissent en un même
point. Il résulte de celte réunion un cube dont les Taces ne peuvent
cependant pas être mises nalurellement à découvert, puisque les
bases des pyramides se continuent sans interruption dans la marne
qui leur sert de gangue, et qui est absolument de même nalUre
qu'elles (1).
Le milieu de la couche de marne que nous décrivons, renferme
des cristaux de sélénile et des rognons de gypse niviforme. Enfin
la partie inférieure ne conlient aucune coquille.
19. G i/pse compacte. — 0'°,22.
20. Marne argileuie feuilletée. — O^iûS.
21. Gypse compacte {banc iimge). — 0",30.
22. Marne calcaire blanche, fi'iable. — O^jlfi.
23 et 24. Maitie argileast: feuilletée {les foies).
Elle renferme dans son milieu un banc de gjpso d'une épaisseur
très-irrégulière. — O^.SB.
Celte manie, qui csl feuilletée, laisse voir entre ses feuillets des
(il Kou
s pjraniides signalûi^s finr Desmarcit el Conilanl
LE GYPSE. 241
empreintes bruueb et brun rouge de corps rameux aplatis, qui
semblent être des empreintes de fucus.
25. Calcaire grossier dur {cailloux blancs).
Il renferme des coquilles marines. — O^jlô.
26.. Gypse impur compacte.
Renfermant des coquilles marines. — 0"*,i2.
27. Calcaire grossier tendre (souchet).
Renfermant des coquilles marines.
Ces trois assises contiennent les mêmes espèces de coquilles ; ce
sont des cérithes qu'on peut rapporter sMpetricolum et au terebrale.
Les moules de ces deux coquilles sont aussi différents de ceux de
la marne du n° 18. On y voit en creux le moule de Textérieur
de la coquille, et en relief celui de Fintérieur ou du noyau; la place
de la substance même de la coquille est vide.
28. Marne argileuse feuilletée. — 0'",08.
29. Gypse impur.
Il est mêlé de calcaire. — 0'",06.
30. Gypse compacte {pierre blanche). — 0",69.
Il se divise par petits lits horizontaux.
31. Marne calcaire blanche.
Nous ne connaissons pas l'épaisseur de ce lit, ni le terrain sur
lequel il repose.
Cette troisième masse, mesurée en totalité à la carrière de la
Uutte-au-garde, et prise du banc de gypse le plus haut, c'est-à-dire
un mètre au-dessus du souchet, a, dans sa partie la plus haute, de
10 à 11 mètres.
Après la description qu'on vient de lire et qu'on peut regarder
comme typique, quelques mots complémentaires suffiront à l'égard
des principales couches reconnues de l'étage du gypse. Depuis
l'époque de Brongniart, les études relatives au gypse ont été extrê-
mement nombreuses, et aujouM'hui c'est un des terrains les plus
intéressants par le nombre et la variété des problèmes qu'il a sou-
levés et dont la solution, il faut l'ajouter, est loin d'être dès main-
tenant acquise.
. § 1. — Grèi» infra-gyiksenx.
À son contact avec le travertin deSaint-Ouen, le termin du gypse
consiste ordinairement en sables parfois agglutinés en grès. Ces
sables, qu'on peut étudier à Paris mémo, du côté du boulevard
ST. MEUNIER. 16
TERRAIMS TERTIAIRES.
Malestierbes et des Champs-Elysées chaque fois que des Uavaan de
leiTiissementlc meltenlà découvert, ont élé signali?» d'aboi-d par
M. Ili^lh^it à la [thcc de l'Earope, et so piésenleot aussi à Argonteuil,
au [)ied de la butte d'OrgemonI, où. un iDomeut, on les a coiironilus
avec le» sables de ïSeauchaïup.
Il y a déjà longtemps que M. Hébert les avait signalés il la place
de l'Europe, mais c'est seulemeut depuis peu qu'où les a étudiés de
très-près. Les fossiles qu'ils l'enferment en assez grand 11011111111
offrent ce caractère, riche on enseignements, d'appartenir, au inoiii»
en partie, à la faune des sables de Beauchaïup, dont ils sont cepeih
dant séparés par lonle la fonnalion de Saint-Ouen,
Au dire des ouvriers, ces fussiles des grès sont, au moins à Ar-
genteuîl, extrêmement nombreux, mais en général on n'a pu jus-
qu'ici les réunir qu'en petite quantité, et ils sont pour le plus grand
nombre en fort mauvais état. Des doutes subsistent donc sur la
plupart des espèces ; voici néanmoins la liste de celles qui ont été
recueillies par MM. Bioche el Fabre, liele que nous empruntons
à un mémoire de M. Deshayes (1) :
1° Une lucine à fines lamell(>s concentriques, rapprochées, qui
parait bien être le Lucina saxarum (Lamk).
2° Une cai'dite qui, par sa forme, le nombre et l'écartemenl de sel
côtes rayonnantes, parait semblable au CardUadivergms{{ief,\i.).
3° Une très-belle espèce de Mytilus, un peu moins grande que le
RigauUi, présenlantdes ornements semblables, mais beaucoup plus
étroite et plus courbée dans sa longueur. Elle est nouvelle, et
M. Deshayes lui a donné le nom du géologue qui en a fait la décou-
verte, MytUm Biochei.
k' Nalice indéterminable se rapprorlianl du mutabilis.
5" Ceriihium eoncavum (Sow.), variété un peu plus courLe et plus
renflée que le type le plus répandu.
6° Cerithium avoisinant le Hoissyi.
7' et %' Cerithium ; Ae\i\ espèces indéterminables-
« Tous ces fossiles, dit M. Deshayes, par leur aspei;l aussi bieil
que parcelles des espèces qui sont déterminées, appartiennent incon-
testablement àla faune des sables moyens; la couche qui les rcccje
est donc très-probablemenl la même «[ue celle observée par M. Hé-
l}ert Ji la place de l'Europe et ailleurs, et qui est considérée avec
juste raison comme une sorte de récunenee do la merdes sables
{i) l)eshiijts, Butkt. ih la Sût. géolui/iijw, 'i' sùrie, l. XXIU, p, 327.
LE GYPSE. 243
moyens venant recouvrir le vaste dépôt lacustre des calcaires de
Saint-Ouen. Il est très-intéressant de constater une fois de plus que
le gypse a commencé à se déposer dans les eaux d'une mer peu
profonde dans laquelle vivaient des aniipaux semblables à ceux des
sables moyens ; la présence de ces animaux a même persévéré pen-
dant le dépôt des premières assises de gypse, ainsi que le prouvent
des observations de Prévost et Desmarest, et celles de MM. Bioche
et Fabre. Mais, dès cette époque, une autre faune jusqu'alors
inconnue commence à se manifester ; ses précurseurs se mêlent au
petit nombre des représentants qui subsistent encore d'une grande
faune près de s'éteindre. Cette faune nouvelle, nous la connaissons ;
elle" caractérise la dernière grande époque du remplissage du bassin
de Paris. M. Élie de Beaumont, et beaucoup d'autres géologues, d'a-
près lui, la considèrent comme le commencement de la période
miocène; nous fondant au contraire sur des considérations pure-
ment zoologiques, nous avons toujours soutenu cette opinion que
les sables de Fontainebleau constituent la fin de la grande période
éocène, et les faits nouveaux que nous venons de rapporter, qui
prouvent le mélange des deux faunes, viennent confirmer notre
opinion et nous y affermir plus que jamais. Les deux faunes ne
sont pas isolées, comme on l'avait cru jusqu'à présent. Au lieu d'être
séparées par le phénomène considérable des gypses, c'est pendant
la longue période qu'a exigée ce dépôt que les deux faunes, d'abord
mélangées, se sont détachées l'une de l'autre et ont fini par être
complètement distinctes. »
La récurrence dont il vient d'être question de la mer de Beau-
cbamp après le dépôt lacustre de Saint-Ouen est un fait à rappro-
cher de celui que M. Barrande a fait connaître dans des terrains
beaucoup plus anciens, et qu'on désigne sous le nom de colonies,
§ 2i '-^ ^ypHti pro||»remeii( dit*
Quoi (JU'il en soit, c'est au-dessus des couches marines sableuses
et gréseuses que commence tout le système proprement dit du gyps«,
doUt là coupe de Montmartre noUs a déjà donné une idée.
Reprenons quelques-uns des faits qui s'y rapportent et rangeons-
les, suivant la division adoptée par les ouvriers carriers, en quatre
masses de gypse superposées. Remarquons que ces masses sont
dans la pratique comptées dans l'ordre inverse de celui que nous
suivons, c'est-à-dire de haut en bas, de façon que la première
TEKRAINii TEItl'UlRES.
masse des ouvriers est ta plus élevw; ou l'appellf aussi fiaule
Pendant très-lougleiups, on a admis que loul l'ensemble du
gypse est d'origiue lacustre ou fluvialile, el nous allons voir en
effet qu'on y trouve à des niveaux tfès-dlvers dos fossiles terrealres
Irès-nomljrcux, el des coquilles d'eau douce, parmi lesquelles nous
pouvons cilertoutde suite les ^envps Cyctosloma, Limna-a, Bulimus,
Poiamidei, Paludîna, etc. , et des crustacés coninie les Cypj'is el les
Palœoniscus.
Cependant, dès 1809, Constant Prévost et Desmai'est signalent
dans des masses gypseuses dt; .Montmartre la présence de fossiles
marins.
Voici, comme nous l'avons déjà dit, la lisle de ces fossiles telle
qu'elle fui publiée immédiatement par Conslanl Prévost, e[ repro-
duite par Urongniart dans la Descriplion géolotjique des environs
de Paru :
1. Caljiilreea Irocbirai'iiiis.
2. Murex pjra»ler.
3. yualro cérilbes uou dvlerm
A, Turrilella imbricLiUiria.
6. — twebra,
C. Volula ciUiara.
7. — muriciiia.
e. AmpuUaria sigaietijia.
U, Ciu'dium paralMum.
10. Ci'assudlla lauielloSH.*
11. Cyllierca semisulcala.
12. Solea vagiua.
13. Corbtda gBllicu.
là. — ■ strinla.
15. — aaaliim.
Or, il résulte des études de M. Desliayes(l),que la plupart de ces
déterminations sont inexactes. Ceci a, comme on va voii', une im-
[lurlancs considémble à cause des liaisons que nous ferons ressortir
plus loin entre la faune du gypse et celles de Beaucbamp el de Fon-
tainebleau.
Pour le comprendre, il faut dire tout de suite que la couche de
Montmartre n'est pas un accident local, mais que bien au contraire
il existe entre la troisième el la quatrièmemasse du gypse un niveau
fossilifère marin qui, découvert par Desmai-est à la Uutle-au&-
gardes, a élé retrouvé il y a quelques années à Argeuteuil (2) |tar
MM. Biocbe el t'abre. Il nous parait intéressant de rqiroduire la
(1) Debhayes, Btillel. de la bV. gêohijique, 1' Bérie, 186C, 1. XXJII,
{•!) Bioche et Fabic, IMM. de Ut Soc. ^éoloyir/ue, 2'' «érie, 1866, l
LE GYPSE. 245
coupe donnée par ces géologues, afin qu'on la puisse comparer
à celle de Desmarest lui-même. La voici :
29 . Gypse »
28 . Marnes jaunâtres, avec des lucines et autres coquilles ma-
rines (Lucina Heherti^ Corhulomya Nystii^ C, subpisum ?,
Nucula Lyellana) 0^20
27 . Gypse saccharoïde 0,65
26. Gypse pieds-d'alouette ondulé. \
25 . Gypse cristallin ondulé ) '
24 . Gypse marneux mélangé de calcaire et traversé par des cor-
dons ondulés de marnes brunes feuilletées. Ce banc forme
la base de la seconde masse de grypse. Environ 2,00
23 . Marne blanche, criblée de taches jaunâtres à cassure con-
choïde, traversée par des fissures noircies par Toxydc de
manganèse 0,70
22. Gypse marneux et cristallin avec lits intercalés de marnes
brunes 1,40
21 . Marne analogue au n° 23 0,40
20 . Gypse compacte 0,40
19 . Marne blanche analogue au n<> 23 0,35
\%, Gypse compacte pareil à celui du n® 20 0,40
17 . Marne blanche analogue au n^ 23 0,20
16. Gypse saccharoïde traversé dans le bas par do nombreux
cordons de gypse cristallin. Environ 2,00
15 . Marne blanche 0,05
14 . Gypse saccharoïde 0,80
13. Gypse cristallin, base du n° 14, et qu'on peut considérer
comme la base de la troisième masse 0,07
12. Marne assez douce au toucher, plus fissile dans le bas que
dans le haut ; mais ne se fendant bien en feuillets que
lorsqu'elle est suffisamment mouillée. Cette couche, brun
verdâtre quand elle est mouillée, et jaune verdàtre quand
elle est sèche, est traversée par des fissures dont les pa-
rois sont noires à cause de l'abondance des dendriles.
Cette marne, très-fossilifère, est caractérisée par l'abon-
dance des :
Pholadomya.
Corbtila,
Cnrdium,
On y trouve aussi des :
Telhna (très-rare),
Crassatella (communs).
Lucina (communs).
Cardita (communs).
246 TERRAINS TERTIAIRES.
Tur niella (communs).
Cerithium (communs).
Voluta (très-rares).
Natica (communs).
Des débris de Calltanassa (très-communs) et autres crusta-
cés ; des vertèbres de poissons (très-rares) ; des Ëcbinides
(communs); et enfin des Amphiioites painsiensis (très- m
communs). Environ 0,40
il , Marne calcaire compacte, blanche quand elle est sèche, jaune
quand elle est humide, bleue dans quelques endroits.
Cette couche renferme en premier lieu des cristaux len-
ticulaires de gypse et des géodes tapissées d'épigénies de
gypse en carbonate de chaux, en rhomboèdfes inverses
(ces géodes sont ou vides ou remplies de gypse nivi>
forme) , et , en second lieu , des retraits prismatiques
identiques avec ceux qu*a décrits Constant Prévost^ et un
très-grand nombre de moules de coquilles marines, no-
tamment :
Natica (très-communs).
Cerithium (très -communs),
Turritella (commun).
Voluta (très-rare).
Lucina (très-commun).
Cardita (très-commun).
Anomia (très-rare).
Corbuia (commun).
Psammobia (très-commun), etc.
Pinces de crustacés, Callianassa et autres, etc. Épaisseur
environ 0,50
1 0 . Marne calcaire brun verdâtre quand elle est humide, jaune
verdâtre quand elle est sèche, fossilifère; on en a extrait
un fragment de cérithe, des plantes, etc 0,10
9 . Marne calcaire blanche, friable, avec taches jaune rou*
geâtre 0,43
8. Marne argileuse multicolore, généralement brune, avec Ai-
coïdes. Environ 0,05
7 . Gypse compacte, percé de tubulures et renfermant parfois
des cristaux en fer de lance. La surface supérieure de ce
banc est fort ondulée, et son épaisseur fort variable. En
moyenne 0,32
6. Marne argileuse brune feuilletée, avec empreintes de fu-
coïdes (?). Cette couche, qui suit les ondulations du banc
de gypse sous-jacent, varie en épaisseur de 0",04 à
^"jOS. En moyenne 0,08
5. Gypse compacte géodique à surface supérieure fortement
ondulée 0,28
LE GYPSE. 247
m
à, Marne grise ondulée, enclavant de petits rognons de gypse. . 0,04
3. Calcaire marneux brun se liant par le bas au gypse n'^ 2,
el par le haut à la marne n° 4 0,08
2. Gypse saccharoïde, traversé par une dizaine delils minces
et ondulés de gypse cristallin. Environ. 0^42
1 . Gypse saccharoïde, se divisant à sa partie supérieure en
plaquettes horizontales^ dont les surfaces présentent de
belles ondulations. Épaisseur environ 0,50
Cela posé, M. Deshayes] (1) a soumis les fossiles recueillis par
MM. Bioche et Fabre à une étude minutieuse, et les résultats de son
examen doivent être consignés ici, car nous verrons dans un mo-
ment les conséquences importantes qu'on en peut tirer quant à la
limitation du terrain miocène. Voici les déterminations publiées
par le savant professeur du Muséum :
1. Corbula subpisum, d'Orb.
2. — pyxidicula, Desh.
3. — /ÎCIA5, Brongn.; C. ana<iVia,Prév. etDesm.
4. Pholadomya litdensis, Desh.; Tellina roshaliSy P. el D.
5. Tellina Nystii\ Desh.
6. Psammobia stampinensis^ Desh.
7. — neglecta?, Desh.
8. Cardium granulosum^ Lamk.; C. porulosum, P. et D.
9. Lucina Heberti, Desh.; Corbula gallica^ P. et D.
10. — Thia^ensi??, Hébert.
11. — undulata??, Lamk.
12. Crassatella Desmarestii, n. sp., Desh.; C. lamellosa, P. et D.
13. Cardita Kikxii^ Nyst.
14. — divergens, Desh.
15. Aviculastampinensis, Desh,
16. Anomya?,
17. Calyptrœa striatellOy Nyst., C. trochiformis, P. et D.
18. Natica micromphalus? ?, Sandb.
19. — ou autre genre voisin
20. Turritella communîs, Philippi (nonRisso); f. imbricataria ou terebra,
P. etD,
21. Bithynia?,
22. Cerithium iricartnatumj Lamk.; var. unicartnata,
23. — deperditunij Desh.
24. Cerithium, non déterminé, mais rappelant le C. limula,
25. Voluta depauperata, Sow.; V. cithara, P. et D.
26. — n. sp., Fabri, Desh,
27. Ficula?.
28. Callianassa,
(1) Deshayes, Bw//e^ de la Soc, géologique, 2° série, 1866, t. XXIIÎ, p. 329.
TBRIIAINS TERTIAIBI».
29. Prenatler Prfeoili, Oesor.
30. Vertèbre Je paï.'tMn.
St. Empreintes d'Jmpkiïoifef pnraiena'i, Detrvi,
sa, CulMlm Prewuft, Desli,; Sofcn vagina, V. elD.
33. DiplodoHla Guyerdeti, Befb. ; Cytherea semitukatOy P.
3A. Fvtus luhlmnetfosiii, Desb.; Muret pymslfp, |'. et D.
Bien des années après la découverte de Desniarest, M. Hébert d&-
coumt à Ludes, dans le département de la Manie, entre le calcaire
de Saint-Ouen et le frjpse proprement dit, une couche de mames
remplies de coijuillei: marines. La plupart de ces coquilles appar*
tiennent à la faune de Bpauchanip. L'une des plus caracléristiques
était nouvelle et porte le nom di' Pholndomya ludensis (Desh.)
(fig. 78).
Flfi. 78. — Pholadomya ludeiiiK.
l'.'esl, rnnime tm le voit, une coquille ovale-oblonfjue, ti^ansverse,
enllée, quelquefois un peu plus comprimée latéralement; elle est
inéquilatérale, et, comme toujours, c'est le d'ilé antérieur le pla«
court, le plus large et le plus olitus. Le bord inférieur e.st légère-
ment courbé dans sa longueur; le supérieur est presque droit, un
peu déclive; aussi l'extrémité postérieure, quoique arrondie, est ce-
pendant plus étroite que l'antérieure. I^sciïieliels.enfiésetarrondis,
sont cependant peu proéminents; ils donnent naissance par leur
sommet à des cales longitudinales, dont le nombre est variable ;
elles varient également pour l'épaisseur et ia distance qui les sépare;
des plis transverses découpent inégalement les cdles longitudi-
nales, et dans le plus grand nombre des individus le ct^té anlâ-ieur
elle postérieur restent lisses. Il n'est pas rare de rencontrer des
individus sur lesquels sont nettement reproduites les impressions
LE GYPSE. 249
des muscles et du manteau. L'impression musculaire antérieure est
oblongue, étroite, courbée dans sa longueur et située proche du
bord, à la partie la plus saillante du côté antérieur; l'impression
musculaire postérieure est circulaire, peu éloignée du bord dorsal
et à peu près à égale distance de la charnière et de lextrémité pos-
térieure. On remarque dans quelques exemplaires le fait suivant :
le bord antérieur de l'impression musculaire postérieure était muni
d'une crête ou d'une lame saillante qui a laissé une empreinte pro-
fonde dans le moule intérieur; quelquefois une crête semblable, plus
courte et moins épaisse, se relevait aussi en arrière du muscle an-
térieur. L'impression palléale est large et profonde ; son axe n'est
pas parfaitement horizontal, il est un peu oblique de haut en bas
et d'avant en arrière.
Gk)ubert a constaté à Argenteuil la présence d'un lit tout rempli
d'empreintes de Lucina Heberti, caractéristique des sables supé-
rieurs. Voici la coupe de cette assise.
i. Gypse en petits cristaux fer de lance, rouges, agglutinés con-
fusément autour d'un point. (Ces sortes de cristaux sont appelés
gn'gnards on pteck-d* alouette parles carriers). Ce gypse, comme le
Ht ci-dessous n° 2, n'est mis à jour qu'en un point, chez M. E. Collas.
Chez M. Bas, on l'exploite, et l'on exploite même des bancs infé*
rieurs, comme le montre la coupe ci-après. — 0°,05.
2. Gypse saccharoïde exploité. — 0'",50.
S. Schiste à coquilles marines. Marnes blanchâtres quand elles
sont sèches, jaune rougeâtre quand elles sont mouillées, séparant
les bancs de gypse 2 et 5. A leur base, on a 0",05 de marnes assez
compactes, sans fossiles, marquées dans leur section verticale de
lignes jaunes, grises ou blanches. Ces marnes peuvent être fendues
dans le sens de la stratification, non en feuillets plans, mais en
surfaces un peu conchoïdes, que parcourent des veines ou bandes
irrégulières et sinueuses, diversement colorées. Au-dessus,
viennent 0"»,02 de marnes pénétrées, dans leur coupe horizontale,
d'anneaux ronds ou d'ellipses très-régulièrement conformées, sortes
d'orbicules, rouges dans leurs zones extérieures, plus claires vers
le centre, où l'on remarque un ou deux points blancs ou couleur de
rouille. Ces points centraux sont la section de petits canaux droits,
creux ou pleins, à parois rouges, se prolongeant dessous de 0°,01
à O^jOS, de même que les vaisseaux d'une tige qui, dans une coupe
horizontale, semblent des cercles plus ou moins parfaits. Enfin, au
contact du gypse n° 4, les marnes sont très-rouges et parsemées de
>mk. . . . TEHRAINS ÎËRTlAlRtS.
points crayeux blancs; c'est iramédiatement sous ce cordon ferru-
gineux qu'on trouve quatre, cinq et six Teuillcts à coquille» marities.
Un feuillet est couvert de nombreuses empreintes, dont plusieurs
sont très- fraîches, et sur le suivant on a les moules qui leur cor-
respondent, — 0",15.
U. Gypse piedu-d' alouette, confusément cristallisé, rouge, formant
la base du n° 5. — 0'°,20.
r>. Gypse saccharoïde, — fl",60.
6. Marnes calcaires compactes, vertes, se cassant d'elles-mémeii
à l'air en nombreux fragments conchoïdaux, couverts de dessins
superficiels, rouges, irréguliers. Ces marnes sont vraisemblablement
trop minces pour représenter les marnes interposées entre la se-
conde et la troisième masse, dans les carrières typiques de Pantin.
7. Bancs principaux de la seconde masse du gypse. Gypse
saccharoïde avec nombreux cordons, presque de O^jlO en O^.IO,
de marne criblée souvent de cristaux de gypse l'auge pieds-d'a-
louette. Ce gypse prend un peu, dans le haut, l'aspect de colonnes
pseudo-prismatiques qui est plus fréquemment propre à l'un des
bancs de la haute masse, et qui est diï, dans celui-ci comme dans
celui-là, à un retrait perpendiculaire de la stratification. — 8"', 00.
8. Marne compacte, solido, noircissant à l'air par l'abondance
des dendrites, et présentant de nombreux et grands retraits orbicu-
laires. Deux niveaux de nombreux petits rognons isolés de silex
ménilite, gris, non bleuâtre, comme ceux des puits à plâtre de
Villejuif. Nombreuses petites lâches rougeàtres çà et là, qui sont
comme autant de petites lentilles de gypse cristallisé. — l^.OO.
9. Marne blanchâtre. — 0",05.
10. Gypse marneux. —0", 06,
11. Argile marneuse, dans l'ensemble vcrdàlre, marbrée du reste
et smeelique. — 0°>,30.
12. Gypse argileux brun. — 0",25.
13. Marne blanche, compacte, avec petits cristaux de gypse.
C'est sans doute le niveau des fers-de-lance de Pantin et Romain-
ville, des silex gypsifères {fusils des ouvriers) de ces mêmes gise-
ments ; enfin des cristaux opaques de sulfate de cbaux, dits albâtre
gypseuse de Lagny (Seine-et-Oîse), à cause de leur ressemblance
avec l'albâtre calcaire ou antique, et qui son! remarquables par les
cristaux de quartz limpide qu'ils renferment. — 2'".
14. Première masse de gypse ou haute masse. — 20«.
LE GYPSE. 251
Goubert montra en 1866 que les fossiles d'Argenteuil se retrouvent
aussi à Romainville et exactement au même niveau (1). Ce fait a là
d'autant plus d'intérêt, qu'à un niveau plus élevé et dans la même
localité, le même géologue avait signalé une couche où se trouvent
des mollusques identiques avec ceux des sables moyens (2). Cette
couche peut être observée au pied même du fort de Romainville,
entre la première et la deuxième masse du gypse, un peu au-dessous
du niveau des grands fers-de-lance. Les fossiles les plus remar-
quables qu'elle contienne sont des Cerithium^ et tout spécialement
le C. iricarinatum et le C. pleurotomoides, qui, comme nous avons
eu. l'occasion de le dire, sont tout à fait caractéristiques des sables
de Beauchamp (niveau de Mortefontaine, la Chapelle en Serval,
Saint-Sulpice, etc.).
C'est en 1860 aussi que Goubert (3) décrivit la couche de
marne fissile d'Argenteuil au sein même de la seconde masse,
et qui contient des mollusques des sables supérieurs. Ici ce sont
des bivalves qui dominent, et spécialement :
Corhulomya Nystùy Desh.
Corbula subpisum^ d'Orb.
Lucina Heherti, Desh.
Niccula Lyellana, Bosquet.
Voyons maintenant successivement quels sont les caractères des
principales assises gypseuses.
n. — Quatrième masse.
La quatrièn.e masse gypseuse, c'est-à-diré la plus profonde et la
plus ancienne, est peu développée : par exemple à Argenteuil, où elle
repose directement sur les sables marins que nous avons décrits
plus haut.
On y distingue deux couches relativement épaisses de gypse assez
pur et plusieurs couches marneuses avec quelques cristaux de
sulfate de chaux. Dans certaines parties se rencontrent de petites
poches remplies de gypse niviforme.
h. — Troisième masse.
La troisième masse a été longtemps considérée comme la plus
(1) Goubert, Bullet, de la Soc, géologique, 2" série, 1866, t. XXHÏ, p. 343.
(2) Idem, lôtV/., 1860, t. XVH, p. 600.
(3) Idem, ibid., p. 812.
nWP^^" TERRAINS TKRTUIRES.
ancienne, el les carriers la désignent encore Irès-souvenl suus le
nom de basse masse.
Elle comprend vingt h trente couches lic marne el de gypse
ayant, vers le centre du bassin, une puissance moyenne de 10 mè-
tres. Pour l'étudier, Argeuleuil, ^oisy, l'antin el beaucoup d'aulrea
localités sont parliculièi'ement favorables.
Vei-s sa partie inCérieure se trouvent deux petits lits d'un calcaire
marin, séparés par un liauc de gypse qui contient lui-même des
coquilles marines.
Le calcaii* exploite à Corlieil pour la fabrication de la chaux
hydraulique se rapporte à ce niveau (t). « Ce calcoii-e, dit Gou-
bert, est, près du pont rl'Essonnes, recouvert par les marnes vertes;
c'est, non pas le correspondant de la Brie, comme le pensent la plu-
part des auteurs, mais celui du gypse et du travertin de Champi^ny,
avec leijiiel il a beaucoup d'analogie minéralogique. Pour bien
constater les marnes vertes au-dessus de ce calcaire, on peut ntanter
la route de Paris, Ifi où elle croise la route départementale n' 3. On
trouve vers le milieu du coteau une tuilerie exploitant les marnes
vertes. Au-dessus de celte couche existe un banc de marne blanche
d'un mètre, assez pure, utilisée par une fabrique de cfmvertuifS
d'Kssonnes; le tout est surmonté d'argiles ocreuses. sableuses, em-
ployées pour la tuilerie, remplies de fragments de meulières sans
fossiles, de l'aspect des meulières de Montmorency, maïs qui sont
des meulières de Brie. Ces meulières, rousses, poreuses, cristallines,
sont en effet recouvertes par le sable de Fontainebleau, soit dans
cette butte, soit surtout dans la butte sise de l'autre eflté de l'Es-
sonnes el Iraversée également par la route de Paris, n
Un peu au-dessus de la couche calcaire, est une couche k vég^
taux marins, tels que des Fucus, qui étaient visibles h Montmartre,
ainsi qu'aux buttes Chaumont, suivant l'observation de M. Jau-
ne Itaz,
C'est encore plus haut que se trouve, à Montmartre, la couche où
Constant Prévost et Desmarest ont trouvé les premières coquilles
marines qui aient été signalées dans le gypse, el dont nous avons
déjà parlé.
La couche à fossiles marins a fourni aux mêmes observateurs de
singuliers retraits polyédriques dont l'étude offre quelque intérêt.
Ce sont des pyramides h hase carrée, dont les faces sont couvertes
(1) r.oiibert, On./e/. rfe l/i Snr. yè^logique. 2" siipie, t. XX.
LE GYPSE. 253
de stries parallèles entre elles et à la base, de façon à rappeler celles
qui se montrent sur divers cristaux, et par exemple sur le sel en
trémies. Un fait remarquable, est que ces pyramides ne sont jamais
isolées : réunies par six autour d*un point commun, elles forment
un ensemble qui n'est pas limité extérieurement.
L'origine de ces intéressants accidents a été cherchée dans une
pseudomorphose; c'est-à-dire qu'on admettait que du sel avait cris-
tallisé dans la roche de façon à développer des trémies, puis, qu'il
avait ensuite disparu par l'effet de sa dissolution. A l'appui de cette
opinion, M. Ami Boue a cité, par exemple, diverses localités du
Tyrol où, de nos jours, ont lieu des actions analogues.
De son côté, Goubert (1) repousse l'opinion de Constant Prévost.
Il fait remarquer que dans beaucoup d'échantillons de retraits, par
exemple dans les belles géodes de calcaire à célestine des bancs à
CmHthiumplicatum de laFerté-Aleps,.de même que dans les concré-
tions à retraits des caillasses ou des marnes de Saint-Ouen, il existe
toujours des fissures entre les retraits de formes polyédriques plus ou
lûoinsaccusées, plus ou moins nettement régulières. Ici, au contraire,
il s'agit de formes cristallisées prises dans la masse même de la marne
sans fissures ambiantes, toujours très-régulières. Deux formes pré-
dominent. L'une se rapporte à des moules de rhomboèdres, parfois
déprimés avec arêtes vives de 0"*,02 de longueur à 0«>,10 ; ces
trois systèmes d'arêtes se croisant à 60 degrés, chaque arête est en
saillie dans une moitié de la forme cristalline, en creux dans Tautre.
La seconde forme est constituée par des empreintes d'octaèdres
à deux arêtes de 0",03 de longueur, se croisant sous un angle de
90 degrés. Dans l'une et l'autre, il existe des stries régulièrement
superposées* « On pourrait croire, dit- il, à de la pyrite. 11 faudrait
d ailleurs mesurer les angles pour savoir s'il s'agit réellement de
cristaux. »
c. — Deuxième masse.
La seconde masse consiste en une alternance, sui* 8 ou 9 mètres
d'épaisseur, de couches de gypse grenu ou cristallisé et de marnes.
Suivant la grosseur des cristaux, les ouvriers distinguent des qua-
lités de plus en plus pures, et par conséquent de plus en plus recher-
chées, sous les noms degrignards, de pieds-d* alouette et de fers-de-
lance.
(1) Goubdrt, Ballet, de la Soc, géologique, 2^ série, l. XXiii, p. 343.
254 TERRAINS TERTIllRES.
Les fers-de-lance résultent du groupement relier de deux cris-
taux lenticulaires dont les axes sont tellem^it pboés Tim par r^
port à Tautre, que pour s'en rendre compte, on peat les comparer
àTensemble des deux moitiés d'un seul cristal, dont l'une anrut
tourné sur elk^méme de 180 degrés. C'est ce qu'on nomme, à cause
de cela, une hétnitropie. Il en résulte un angle rentrant, et le dÎTi^
donne des lames a\ant sensiblement la forme d'un fer de flèche.
Iji gypse grenu est en général impur. Voici la composition d*iioe
qualité moyenne :
Chaux combinée avec l'acide sulfuriqoe 29,39
Acide sulfurique 41,00
Eau 18,77
<^1caire mélangé au gypse 7,63
Argile mélangée au gypse 3,21
100,00
Parmi les marnes, celle qu'on distingue sous les noms de mte-
tite, de pierre â déiacher, de savon de soldat j mérite d'être citée à
part. C'est une matière verdàtre, marbrée, très-onctueuse, renfer-
mant en moyenne :
Silice 50,50
Alumine 22,10
Chaux 1,30
Oxyde de fer 1,70
Magnésie 0,50
Eau 24,10
100,20
Au niveau de la smectite, se trouvent souvent des rognons épars
de strontiane sulfatée ou célestine, dont la structure est radiée, et
que les artificiers recherchent pour en extraire la strontiane dont il»
colorent leurs feux rouges.
Comme nous Tavons indiqué, c'est vers la base de la deuxième
masse que Goubert a trouvé \e schiste à Lucina Heberti et Nucula
Levesqueï.
Un peu au-dessus se présente la petite couche à Ceint hium trica-
rinatum et Cerithium pleurotomoides,
di — Première masse»
La première masse, où liaiile masse, est, de toutes, la plus impor-
LE GYPSE. 255
tante au point de vue industriel. Elle commence par un dépôt
gypseux de 15 à 20 mètres d'épaisseur et formé de couches aux-
quelles les ouvriers donnent, comme le montre la coupe de iVlont-
martre, des noms spéciaux, et qui sont séparées par des couches de
marne : les fusils^ les fleurs^ les hauts piliers, etc.
Les fusils, situés vers le bas, tirent leur nom de rognons de silex
imprégnés de gypse qui sont disséminés dans la couche.
A peu près au même niveau se retrouvent des ménilites tout à
fait comparables, à tous égards, à celles que nous ont fournies les
marnes du terrain de Saint-Oùen. Quelques-unes sont de dimen-
sions considérables, et leurs nuances varient du bleu pâle au jaune
grisâtre-
La haute masse est couronnée par trois couches de marnes
qu'on peut reconnaître de loin à leur couleur et qui offrent des carac-
tères très-distinctifs» La première est blanche, la seconde jaune, .et
la troisième verte.
Les marnes blanches, parfois fort épaisses, forment des couches
recoupées par une foule de fissures dont les parois sont ordinaire-
ment enduites de dendrites manganésiennes. Vers le haut, elles
contiennent des coquilles d'eau douce qu'on peut recueillir par
exemple à Romainville, et parmi lesquelles il faut citer le Cyclostoma
truncatum (Brard), dont Nyst fait le Bithynia Chasteli, et que M. Des-
bayes décrit sous ce nom (1). C'est une coquille d'une médiocre
taille, présentant à l'état adulte une troncature près du sommet.
Quand cette troncature n'a point encore eu lieu, la coquille est
aîlongée subturriculée, et la spire est formée de sept tours; après
la troncature» elle est oVale-oblongue, subcylindracée et réduite à
quatre ou cinq tours ; dans cet état, le dernier tour est presque égal
à la moitié de la longueur de la coquille. Les tours de spire sont
lisses, convexes, réunis par une suture simple et profonde. On
remarque dans un petit nombre d'individus, surtout sur le dernier
tour, quelques plis longitudinaux. Au centre du dernier tour se
trouve une petite perforation columcllaire qui est plus grande dans
le jeune âge. L'ouverture est grande, ovalairc, évasée et garnie en
dehors d'un bourrelet épais, quoique étroit. Vue de profil, le plan de
l'ouverture est parallèle à l'axe longitudinal ; il se projette même
un peu en avant, et l'on remarque une légère flexion du péristome
un peu au-dessus de son insertion à Pavant-dernier tour.
(1) Deshayes, Description des animaux sans vertèhresy i, II, p. ^^^,
t . TËR[tAINS l'KHTIAIttES.
Les marnes blanches sont très-rechercliées pour la rabi-icalîon
des ciments hydrauliques el exploitées acliveraeiil à Panlin et ail-
leurs. La composilioii de ces iiiai'nes est en effet Irès-voisiue de
cellca qu'on exploite dans le terrain jurassique pour la production
des ciments les plus estimés. Il suffit d'une simple cuisson et d'ua
broyage pom' que le ciment soit propre à ses divers usages.
Les marnes jaunes contiennent en abondance une coquille
{lig. 79) désignée sous le nom de Cylherea convexa, que le natura-
liste Gray rapporte aux Glauconomya, actuellement vivante dans les
rivières de l'Inde.
l'iG, 73. — Cyther
I
Les marnes vei'tes, qui, suivant ce que nous avons déjà dit,
représentent l'horizon le plus constant de la furniation gypseuse,
sont visibles souvent de loin à cause de lit végétation spéciale
qu'elles portent.
Eu effet, cette végétation est surtout composée de plantes maré-
cageuses ou aimant l'humidité, comme sont, parmi les arbres, les
saules et les peupliers. Située en général à mi-côte ; elle contrasta
de la manière la plus nette avec In llore du calcaire grossier qui
couvre le niveau des plaines, et celle des sables de Fontainebleau,
composée surtout de forints et qui recouvre les sommets.
Les marnes vertes semblent correspondre à un régime tout spé-
cial des eaux dans lesquelles elles se sont déposées. On y rencontra
en effet des minéraux loutà fait spéciaux, dont l'état l'appelle, ù s'y
méprendre, celui de terrains beaucoup plus anciens.
Tout d'abord la nuance particulière de ces niâmes est duc & la
présence d'un silicate de fer voisin delà glauconiecl qu'on retrouve
dans des couches crétacées. La célestiue s'y montre aussi en aboti-
donce, comme ciment de rognons plus ou moins gros, de grès
quarlzeux, des marnes dans la partie suiiérieure du lermiu qui
nous occupe. .Mais ce qui duil surloiil iirii'ler notre iillentiou, c'est
LE GYPSE. 257
la présence de calcaires dont Taspect est tel qu'on les prendrait pour
des roches jurassiques.
En premier lieu, on trouve à Villejuif, ainsi que M. Ch. d'Orbigny
Ta le premier signalé, une couche mince d'un calcaire parfaitement
oolithique et rempli de petites coquilles d ailleurs brisées et indé-
terminables. En second lieu, j'ai rencontré au même niveau, niais
dans une autre localité, un calcaire sur lequel je demande la per-
mission d'appeler l'attention, parce que je crois que jusqu'ici il a
passé inaperçu, et que, lui aussi, présente un faciès qu'on ne s'at-
tendrait pas à observer dans une formation aussi récente (1).
C'est dans une marnière ouverte le long de la route qui relie
Cbampigny à Chennevières-sur-Marne (Seine-et-Oise), et sur un
point plus voisin de celte dernière localité que de l'autre, que
j'ai rencontré le calcaire nouveau. Son gisement semble d'au-
tant plus intéressant, que la marnière de Chennevières permet
d'apprécier une fois de plus toute la justesse des opinions de
M. Hébert, relativement à l'âge relatif du travertin de Champigny
et des meulières de la Brie.
Ces meulières étant exploitées plus haut sur le plateau, du côté
de Villiers, par exemple, la marnière oflVe à sa partie supérieure
une argile sableuse, blanchâtre, dans laquelle sont noyés des
rognons de silex corné et des plaquettes d'un calcaire compacte
très-fin, d'un blanc jaunâtre, souvent marbré de jaune clair. C'est
au-dessous que commencent les marnes vertes, présentant à leur
partie supérieure des lits plus ou moins brunâtres, où sont préci-
sément les nodules calcaires dont je vais parler, et une couche
triès-mince d'une argile blanchâtre qui parait contenir de la
strontiane.
Comme le travertin de Champigny est exploité beaucoup plus
baSy par exemple sur la route de Bry, où l'on en fait de la chaux
grasse, il est manifeste que la marne verte sépare les meulières
de Brie du travertin de Champigny, et, par conséquent, comme
l'enseigne l'éminent professeur de la Faculté des sciences, que ce
travertin est, sur la rive gauche de la Marne, le correspondant
et l'équivalent du gypse de Nogent. C'est un point sur lequel nous
allons d'ailleurs revenir.
Quoi qu'il en soit, le calcaire de Chennevières contraste avec
(1) Stanislas Meunier, Comptes rendus de l'Académie des sciences^ 1873^
t. LSXVll, p. 1037.
ST. MEUNIER. M
TERIIAIHS TEBTIAIIIES.
toutes les roches environDantes par sa struclure éminemment cris-'
liilline et par son aspwl de lout point comparable h celui de mainte-
calcaires encriuilîques. Sa couleur est d'un jaune ocreux rappelant
cplle du fer spatliique. Il se présente en rognons de formes estrê—
memenl tuberculeuses. Quand on brise ces rognons, on reconnate
qu'ils sont souvent comme enveloppés d'une soi'le d'écorce ào cal-
caire fibreux à peu près blanc, alleignanl parfois 5 millimètres
d'épaisseur. La tuasse contient des vacuoles où il n'est pas rare de
rencontrer des cristaux très-nets de spath calcaire; elles peuvent
présenter aussi des concrétions calcaires tuberculeuses d'mi blanV
Ae lait.
Si l'on dissout le calcaire de Chennevièi-es dans l'acide chlorhy-
driquo faible, on obtient une liqueur parfaitement incolore, ne con-.
tenant que de la chaux et im peu de magnésie. Le fer reste lout^
entier insoluble dans la matière argileuse k laquelle est due la coliH
ration de la roclie, p| qui, par conséquent, contrairement à rappa-«<
renée, est simplement interposée entre les cristaux. Examinée au>
microscope, cette matière est tout à fait amorphe, mais elle contienti
quelques grains de quartz hyalin extrêmement actifs sur la lumière
On remarquera que cell« argile ocreuse contenue dans les-
rognons est essentiellemenl différente de la marne verle dang
laquelle ils sont englobés. Son origine doit être analogue à celledoi
calcaire lui-même, et se rattacher par conséquent, comme nous;'
If. disions plus liaut, à un régime spécial de sources incrustantes.-
t^'est une sorte de rappel des actions qui ont produit des accidenls--
si dignes d'intérêt dans les couches supérieures au calcaire grossier,
désignées sous le nom de caiflasses (voy. page 195).
Faunk du rypsk. — C'est dans la première masse de gypse, et
dans les marnes blanches à ciment qui lui sont subordonnées,!
(joe se trouvent surtout les ossements de vertébrés dont l'étude
a conduit Cuvier a conslituer l'anatomie comparée et la paléonto-
logie.
Les poissons sont fait peu nombreux. Les reptiles au contraire-*
.sont représentés par plusieurs types remarquables.
Le Crocodilus parisieiisis (Cuvier) est indiqué par des r«s(ea
assez nombreux, mais tous incomplets, au point qu'on ne saurait
affirmer l'identité ou la diU'ércnce spécilique des individus fournis
par des couches du même àgc, mais dans des localités difféi-eates,
]/Eniys Cuviiri ou E. parisienm (Cray) est caractérisé par une
LE GYPSE, 259
•carapace passablement bombée et par un plastron large, non mo-
bile, solidement articulé à la carapace. Les restes qu*on en a sont
si incomplets, que Cuvier n'admet pas qu'ils puissent suffire à ca-
ractériser une espèce.
Le Trionyx parisiensis (Cuvier), au contraire, a le corps très-
déprimé, et son plastron est uni seulement par des cartilages qui
n'ont laissé aucune impression scutale.
Beaucoup d'oiseaux ont été extraits des plàtrières. La pretnière
indication en est due à Lamanon, naturaliste éminent qui périt
dans le naufrage de la Pérouse. Nous empruntons à M. Paul
<iervais (1) quelques renseignements intéressants à cet égard. C'est
en 178*2 que Lamanon signala dans le Journal de physique l'em-
preinte, ayant encore conservé quelques os du corps, d'un oiseau
engagé dans la pierre à plâtre. Ce fossile est le même que Cuvier
représente dans le lome III de ses Ossements fossiks, à la fig. l'^'de la
planche 73. 11 a appartenu pendant quelque temps à Darcet. Un se-
cond omitholithe de Montmartre fut publié par Pierre Camper (2).
C'était une patte, dont son fils fit paraître la figure quelque temps
après. Un troisième arriva à la connaissance de Cuvier, qui le pré-
senta à rinstitut en 1800, et pendant la même année on en reconnut
deux autres consistant en une patte et en l'empreinte d'un corps
presque entier, cette patte et ce corps provenant de deux individus
différents. Ceux-ci appartenaient à un graveur d'Abbeville nommé
EUuin. Us furent l'objet de plusieurs notices dues à la Métherie, qui
dirigeait alors le Joumol de physique^ et à quelques amateurs d'his-
toire naturelle. L'un de ces derniers, nommé Goret, envova une
copie de ses remarques à l'administration du Muséum, le 1" prairial
de la même année. Ainsi, il y avait dès lors cinq omitholithes ou
débris fossiles d'oiseaux bien constatés, provenant des gypses
de Montmartre. Recherchés d'abord par Guettard et par Lamanon,
ils occupaient alors très-activement G. Cuvier. Depuis cette époque
jusqu'en 1824, on a rencontré beaucoup d'autres omitholithes
dans les mêmes plàtrières ou dans celles qui dépendent de la
môme région, et Cuvier en a fait l'objet d'un chapitre spécial dans
son ouvrage (3). Dans l'édition de 1825, il en traite avec quelque
détail ; et comme les pieds d'oiseaux sont plus fréquemment con-
(1) Paul Gervais, Zoologie el Paléontologie françaises , p. 405. ln-4<*, 1859.
(2) Pierre Camper, Mémoires sur les fossiles de Maestricht, inséré en I78G
dans les Transactions philosophiques,
(3) G. Cuvier, Sur les ossements fossiles ^ l. lil.
TERRAINS TERTIAIRES,
serves dans le gj'pse qu'aucune aùlre partie du squf:leIto dos mêmM
animaux, et que, plus susceptibles de comparaison, ils indiquent,
dans la plupart des cas, l'ordre véritable des espaces auxquelles ils
ont appartenu : c'est essentiellement par leur examen que l'auteur
de ce travail s'est laissé guider. Sans prétendre arriver, par la seule
coimaissance de ces organes, à la diagnosc absolue des espk:es
d'oiseaux qui ont été enfouies dans le gisement que ses recherches
ont contribué à rendre célèbre, il en reconnaît neuf sortes ou
espèces bien distinctes, toutes démontrables par leur pied. On
y reconnaît les espèces principales suivantes :
1° Oiseoun de proie.
5
ÉctiaSBiers.
CircusT.
Scolopax?.
Halimtus ou Pandia» ?■
Tringa ? Ho/p'^nni.
Strix?.
Pe/itho 7.
2* Passorcaux.
A'-dm r.
Silta ? Cuvieri.
Nmatatua gijpmrum
3» Grimpeurs.
6
Cputropus? antijuus.
Pelecanus î .
a» Gallinacés.
Colurnix'.
Les mammilères sont innombrables, i>t il faudra nous borner
à mentionner ici les principaux.
Les marsupiaux sont représentés entre auti'es par le Didelphi»
Cuvieri (Fischer), connu sous le nom AeSarii/ue des plntrièret que
Cuvier lui avait donné. Sa taille est un peu supérieure à celle de la •
Marmotte. Elle est accompagnée à Montmartre d'un autre animal
fort voisin que M. Paul Gervaîs désigne sous le nom de /"eî-aMe-'
rium Laurillardi, et dont la taille n'est que la moitié de celle du
précédent.
Plusieurs carnassiers ont laissé leurs débris dans le gypse. Le
Loup [Canis parisiensh, Laurill.) n'est connu que par une seule mâ-
choire infériuure, laquelle est fort incomplète et n'a consei-vé qu'une''
seule dent. Cuvier le désigne sous le nom de Chien des plâtrièrea(i),-
mais de Blainville croyait y reconnaître un débris de l'espèce
actuelle des hath {Canii lagopus, Linné). VByienodon parîtiensi*
[Laurillardj [fig. 80) oiïre une taille voisine (2) de celle des Thyla-'
(1) G. Curier, Reclierchss tur les ouementî /hatiles, l. III, p. 287.
(2) BUinville, (hléograpitie, ou Descriplioa iconographique comparée du ique-
lelle et du système dentaire des Mammifères réeenls et fosillet, t. II.SECUMiiTls. '
s,e.Canis, p. 107-108,
LE GYPSE. 26t
cjnes. L'ouverture postérieure des fosses nasales, qui est très-
reculée, indique, suivant M. Paul Gervais, que l'animal était sans
doute aquatique.
Fie. 80. — Hysnodu
Le Plerodon dasyuroides (Blainv.) rcprisaal'j p ar uic mâchoire
trouvée à Sannois, a la taille d'une forte panthère. Ses rapports avec
le précédent sont incontestables; mais il en diffère d'une manière
notable. La mâchoire de Sannois indique un camivore plus grand
que te Sarcophile oursin et même que leThylacynede Han-is. Quoi-
qu'il manque des foramina paiatina de ces marsupiaux, il fait bien
voir que ta tête se rapprochait par sa forme de celle des Sarcophiles,
et qu'elle était de même très-élargie vers les apophyses maxillaires
des os zygomatiques. Des cinq molaires conservées à gauche, trois
sont des avant-molaires, et paraissent un peu différentes de leurs
correspondantes chez YHyœnodon parisiemis.
La Genelte des plàtrières de Guvier, ou Cyotkerium parisieme,
(P. Gervais), doit aussi 6tre mentionnée ici.
Les pachydermes jouent le rôle principal et nous en citerons plu-
sieurs. Le Palœolherium, que nous avons déjii cité à propos des tra-
vertins de Saînt-Ouen, doit nous arrêter tout d'abord (fig. 81).
C'était un des animaux les plus répandus à l'époque du gypse. Il
ressemblait assez à une Antilope par la forme générale, maïs il se
rapprochait des Tapirs par une foule de caractères, tels que la forme
4e la tête, la brièveté des os du nez, qui annonce que les Palœothe-
rium avaient comme les Tapirs une petite trompe ; enfin, par les
six incisives et les deux caninesà chaque mâchoire. Mais ils ressem-
blaient aux rhinocéros parleurs dents màchelîères, dont les supé-
rieures étaient carrées, avec des crêtes saillantes diversement con-
figurées, et les inférieures en forme de doubles croissants, et par
leurs pieds, tous les quatre divisés en trois doigts, tandis que chez
TERBAISS TERTIAlRtS.
les Upirs ceux (le devant en ont quati'e. Ils vivaient par lmii|n'i
nombreuses sur les rivages des Qenves et des lacs.
Fie. Bl. — l'a/ti'oi/ierium metliiiiii.
Le Paloplotherium a beaucoup d'aualogie avec le précédent. Il b
pris beaucoup d'intérêt depuis les travau:^ de M. le professeur Al-
liert Gaudry, qui a moutré qu'il s'est modifié depuis le calcaire
grossier, époque de sa première appniition, et qu'alors il était beau-
coup plus dilîérent àa Palœothentim qu'à la période gypseuse(t).
L'Attoplolherium, déjà signalé dans le travertin de^Saiut-Ouen, est
bien plus commun dans le terrain gypseux. Cuvier le considérait
comme ayant à la fois des affinités avec les rhinocéros, les chevaux,
les liippopotanics, les cocbons et les chameaux. On a été assez heu-
reu\ pour trouver le moule en plâtre du cerveau de cet animal,
cerveau pourvu de circonvolutions. Voici la description que Cuvier
donne lui-mérae du genre d'animau;: qui nous occupe. « Les Ano-
plotliériums, dit-il, ont deux caractères qui ne s'observent dans
aucun autre animal : des pieds à deux doigts, dont les métacarpes
et les métatarses demeurent distincts et ne se sondent pas en canoa
comme chez les ruminants; et les dents en série continue, et que
n'interrompt aucune lacune. L'homme seul a des dents ainsi con-
tiguës les unes aux autres sans intervalle vide. Celles des anoplo-
thériums consistent en six incisives à chaque miUhoive, une canine
et sept molaires de chaque côté tant en haut qu'en bas; leurs
canines sont courtes et semblables aux incisives externes. Les troi*
premières molaires sont comprimées, les quatre autres sont à la,
(I) Albcrl Gaudry, B-illel. de la Soc. yèologique, V tÈrio, l. XXI, p. 312.
LE GÏPSE. 263
mâchoire supérieure, carrées, avec des crêtes traiisverses et un petit
cône entre elles; à la mâchoire inférieure, en double croissant,
mais sans collet à la base. La dernière a trois croissants. Leur tète
est de forme oblongue et n'annonce pas que le museau se soit
terminé ni en trompe, ni en boutoir. »
Plusieurs espèces d'Anoploifiei'ium e<ii5tent dans nos plâtrières.
Le plus fréquent est l'Anopl. commune {fig. 82). « Sa haute m- au
FiG. 82. — Anophthiiiv
garrot était assez considérable, elle pouvait allci a plus de trois
pieds et quelques pouces ; mais ce qui le distinguait le plus, c'était
une énorme queue : elle lui donnait quelque chose de la stature de
la loutre, et il est très-probable qu'il se portait souvent, comme ce
carnassier, sur et dans les eaux, surtout dans les lieux marécageux.
Hais ce n'était sans doute point pour pêcher, noire, Anoplotherium
étant herbivore ; il allait donc chercher les racines et les tiges succu-
leoles des plantes aquatiques. D'après ses habitudes de nageur et
de plongeur, il devait avoir le poil lisse comme la loutre ; peut-être
même sa peau était-elle demi-nue. il n'est pas vraisemblable non
plus qu'il ait eu de longues oreilles, qui l'auraient gêné dans son
graire de vie aquatique; et je penserais volontiers qu'il ressemblait
à cet égard à l'hippopotame et aux autres quadrupèdes qui fré-
quentent beaucoup les eaux. Sa longueur totale, la queue comprise,
était au moins de huit pieds, et sans la queue, de cinq pieds et
quelques pouces. La longueur de son corps était donc à peu près
la même que dans un âne de taille moyenne, mais sa hauteur
n'était pas tout à fait aussi considérable. » (Guvier.)
Le Xiphodon gracile (Cuviey ) devait être une sorte de pachyderme
TEllllAINS TEllTIAIRES.
à pieds bisa1<]iies el à Tormes élancées comnie celles des antilopes.
A en juger par ses raé la tarsiens, il était un peu moins élevé sur
jambes que Y Antilope Dot-cas du sud de l'Algérie et un peu moins
svelle. Les débris qu'on a recueillis jusqu'ici semblent appartenir
à deux ou trois espèces ou races. En 1850, on en a trouvé à Gagny,
près de MontfeiTneil, un squelette presque entier que les joumaus
avaient d'abord signalé comme un squelette buniain,
L'Ampliimerij; murinus (Poinel) était pour Blainville un véritable
Chevrolutn (1), opinion qui n'est pas admise sans réserve partons
les naturalistes. Sa dentition n'est pas encore complètement conuue
et il est par conséquent difficile de se prononcer.
Le C/iœropotatnns parisiensis [Cuvier] présente ia plupart des carac-
tères de ses congénères vivants, et dépasse quebfucfois la taille du
cochon de Siam. C'est à Montmartre qu'on le trouva d'ahord,
mais on l'a recueilli au même niveau dans le midi de la France el
à l'Ile de Wight.
Le Tlieridomys Cuvieri ( Jourdan) est eslrômemenl voisin des loii's,
animaux dont Cuvler l'avait rapproché. On n'en connaît que des
fragments de mâchoire inférieure, dont l'un, droit, porte l'iiici-
sive et la première molaire, el l'autre, gauche, porte l'incisive et
quatre molaires, dont la dernière était en Iraio de soilir de son '
alvéole.
On appelle Sciurus foisilis (GiebelJ, un animal qui n'est peut-être
pas, malgré sou nom, un véritable écureuil. Il n'est représenté que
par un débris de crâne trouvé à Montmartre, et dont Cuvier dit :
a Comparée à l'écureuiL commun, cette tête n'offre presque aucune
différence sensible. Quant à l'espèce, ce morceau est trop mutilé
pour qu'on puisse en fixer le caractère, u M. Paul Gervais a examiné
la pièce elle-même dans la collection du Muséum et l'a décrite dans
sa Zoologie et Paléontologie fi-ançaisûs. On v l'oit encore ; le moule en
relief des hémisphères cérébraux; incomplètement, la série des mo-
laires gauches dégagées par leur partie radiculaire, et l'emplacemenl
des arcades zygomatiques. La longueur du crâne est de 38 milli-
-mètres; la largeur aux arcades zygomatiques, de 20 ou h peu près.
Les C/iiropléres, ou chauves- souris, sont représentés dans le
gypse. Le Vesperlilio parhiefisis (Pictet) (2) est désigné par Cuvier
sous le nom de Chouve-Souris fossile de Muittinarlre, d'après un très-
(i)B
(2) i'
1, Osléograpliir^ KuiHTlÀSTS, (850, p. 60.
VaiW de paléontologie, 2= éJil. l'aHi, 1853, l. f, p.
LE GYPSE. 265
bel échantillon trouvé dans cette localité, déposé au Muséum ^t
décrit par Cuvier (1 ) et de Blainville (2).
Ces indications des principaux fossiles extraits des couches du
gypse ne seraient pas complètes, si nous ne mentionnions la décou-
verte remarquable faite par M. Desnoyers (3) en 1859, d'empreintes
de pas à la surface des bancs de pierre à plâtre.
« Voici comment, dit-il, j'ai été mis sur la voie de cette découverte.
Depuis longtemps le désir de vérifier sur place le mode d'enfouis-
sement des ossements fossiles qu*on trouve en assez grande abon-
dance dans les plàtrières de la vallée de Montmorency m'a fait
visiter fréquemment ces carrières, et m'a mis à même de préserver
de la destruction un grand nombre de débris intéressants de ces
animaux. Je ne tardai pas à m'apercevoir que les bancs les plus
riches en ossements, que les surfaces mêmes sur lesquelles des
portions de squelette ou même des squelettes entiers de mammi-
fères et d*oiseaux avaient été déposés, contenaient aussi des cavités
en forme d'amandes, disposées par groupes et se reproduisant à de
certaines distances souvent régulières. » Ces sortes d'amandes étaient
toujours imprimées en creux à la surface supérieure des bancs
et en relief à la surface inférieure des bancs superposés. Leurs
formes et leur grosseur étaient très-variables; elles atteignaient
quelquefois plusieurs centimètres de profondeur et de diamètre.
Elles n'étaient jamais complètement détachées des bancs de plâtre;
elles faisaient corps intime avec eux et ne pouvaient être, par con-
séquent, un objet étranger, un fossile quelconque enveloppé dans
la pâte du gypse.
Elles ne pouvaient être, non plus, une concrétion gypseuse, ou
une agrégation minérale comparable aux silex ménilites ou aux no-
dules de strontiane des marnes du même terrain, puisque la partie
concave était toujours sur la face supérieure des couches et la
partie convexe toujours en saillie sur la face inférieure du banc
superposé.
On en devait conclure, au contraire, qu'elles représentaient une
impression passagèrement laissée, et ainsi reproduite en creux et
en relief au contact de certains bancs. «Leurs formes les plus habi-
tuelles étaient tellement inégales, dit l'auteur, que je n'osais m'ar-
(1) Cuvier, Ossements fossiles^ 4® édit., 1. 1, p. 384.
(2) De Blainville, Ostéagraphie, Chéiroptères, p. 91, Atlas, pi. I, fig. 3.
(3) Desnoyers, Bullei, de la Soc, gdoiogique, 2° série, 1859, t. XVI, p. 936.
B^if^^^^^ TEnRAI^S TERTIAIRES.
rtHcr dwfinitivemenl à la pensée, qui m'avail frappé d'ahord, ili-
leur chercher une origine organique. »
Mais plus lard, ayant remarqué entre ces groupes d'amandes (les
traînées sinueuses, dont quelques-unes se terminaient par dei*
extrémités caudales très-évidentes et régulièrement variées, M. Des-
noyers trouva un argument de plus à l'appui de la présomption qu'il
avait conçue d'abord que ce pouvait être la trace de la marche di'
reptiles voisins des geckos, des varans, des iguanes, ou de gi'ands
batraciens à doigt.s inégaux et inégalement disposés sur chaque
membre. N'y voyant cependant pas encore un élément sufiisant
de certitude, il examina attentivement le contact des baltes au
moment de leur séparation par le travail des ouvriers, et bientilt i)
remarqua d'autres formes, toujoure en creux sur la face supérieure
des bancs inférieurs, toujours en relief sur la face inférieure des
bancs superposés, et séparées, au contact, par une légère pellicule
de marne, la même qui entoure les ossements du gypse, et tout à
fait analogue à celle qui a été observée sur les empreintes de pas,
dans les principaux gisements des grès triasigues.
Plusieurs de ces empreintes, dont les reliefs étaient le plus net-
tement conservés, comme on l'a généralement observé dans les
autres gisements, représentaient des noyaux hisuiqués, qui rap-
pelaient le pied des Anoptotherium ; les autres étaient trilobées ol
|iouvaient indiquer les trois doigts du pied des Palaolherium. De
plus grandes empreintes, soit en creux, soit en relief, partagées en
plusieurs lobes et tenninées par des phalanges unguéales, i-eprc-
sentaient complètement les grands doigts des oiseaux ou ormlki-
ckmlet gigantesques, si caractéristiques des grès triasigues du Alas-
sachusetts , dans la vallée de Connecticut, aux Ëtats-Uuis, et dout
on a donné tant de descriptions et de Bgures, depuis celles de
MM. Hitchcock cl Deane.
D'autres empreintes, formées de trois doigts fort allongés, arti-
culés et garnis d'ongles très-pointus, rappelaient la couforoiatioii
des pieds de grands échassiers, et surtout celle des pieds du Jacana.
Elles étaient de giandeurs différentes; la largeur, la profondeur des
empreintes étaient toujours proportionnées à leur louguem*.
Plusieurs empreintes oiïrirent, de la manière la plus évidente,
la forme des pieds de carnassiers plantigradfc de différentes tailles.
L'une d'elles, de la taille d'un grand chien, avec un large talon,
quatre doigts bien séparés et la trace d'un pouce arrondi, détaché
latéralement du reste du pied, représentait le carnassier qu'on
LE GYPSE. 267
a rapporté au genre Pterodcn^ et dont une mâchoire a été décou-
verte, comme nous le disions tout à l'heure, dans les plàtrières de
Sannois.
D'autres empreintes, moins régulières, offraient une apparence
si évidente de reptation de corps à peau tantôt lisse, tantôt cha-
grinée et ligueuse, comme les empreintes laissées par les pieds,
que Tauteur ne fut pas étonné d'apercevoir bientôt des impressions
de membres latéraux, telles que pouvaient en produire de grands
batraciens, ou des geckotiens, ou des crocodiles rampant sur un
sol mou et fangeux. Quelques autres empreintes reproduisaient des
formes complètement analogues à celles que laisseraient des tortues
tn'onyxj en appuyant leur plastron sur une matière molle; les
parties cartilagineuses et les parties osseuses y étaient très-bien
indiquées.
Les bords dentelés de certaines carapaces y étaient aussi parfai-
tement évidents. D'autres espèces de tortues, semblables aux
émydes et peut-être même aux chélonées, y ont laissé des empreintes
de pieds, sous forme de rames très-nettement dessinées et de diffé-
rentes tailles.
D'autres cavités, profondes de plusieurs centimètres et garnies
de traces d'ongles sur leurs bords, rappelaient assez exactement
l'impression de pieds ou de moignons de tortues terrestres.
Autour de beaucoup de ces empreintes on voyait la trace du glis-
sement des pas, et le relèvement, en forme de bourrelet, de la ma-
tière gypseuse comprimée par la pression des pieds et d'autres
parties du corps.
€ Les traces de reptiles, dit M. Desnoyers, me paraissant être les
plus nombreuses, je communiquai mes présomptions à M. A. Du-
méril, professeur d'erpétologie au Muséum d'histoire naturelle, qui,
à la vue des échantillons, ne demeura pas moins convaincu que
moi, et m'en facilita fort obligeamment la comparaison avec les
pas de reptiles vivant dans la ménagerie, en les faisant ramper et
marcher sur de la terre glaise. »
Les doutes se dissipant de plus en plus sur l'origine organique
de ces empreintes, l'auteur ne craignit plus d'embarrasser la science
par un fait douteux, qu'il est souvent plus difficile de rétracter que
de faire admettre, et il ajoute :
« J'aurais voulu y ajouter un dernier élément de certitude, celui
des traces d'animaux se prolongeant isolément sur d'assez grandes
surfaces; mais je n'ai pu encore vérifier cette circonstance que pour
TERllÀlNS TERTIAIRES.
un petit nombre d'enipreiules. Je l'ai reconnue, toutefois, pour un
mammifère, {lour plusieurs oiseaux et pour plusieurs reptiles. Le
mode d'exploitation des carrières de plâtre oiTre, pour ce résultat,
d'assez grandes diriicultés. L'exploitation se Tait ordinairement par
coupes verticales, et il m'a fallu souvent attendre plusieurs mois
avant de retrouver la suite de pas que j'avais constatés une première
fois; mais celte riialisation, ainsi retardée, de mes prévisions était
assurément bien propre à augmnnter la certitude des faits observés.
Une autre diflicullé plus grande, qui tient à un fait géologique
des plus intéressants et resté aussi, je crois, inaperçu, est l'existence
sur la surface de la plupart des bancs qui contiennent h plus d'em-
preintes de pas, de traces d'érosions, de sillonnemenls, de canaux
sinueux, d'ondulations, tels qu'en produisent les eaux peu pro-
fondes en mouvement, ou s'écouiant avec rapidité sur des surfaces
incomplètement endurcies (1). Les pas se confondent souvent avec ces
sinuosités irrégulières ; et quand plusieurs animaux ont traverâéen
différents sens les mêmes surfaces, il en est résulté une confusion
assez glande et une apparence de trépignements, telle qu'on l'a gé-
neialement observée dans les grès iriasiques. Ces canaux smueun,
lemplis eux-mêmes par de la matière gypseuse des bancs supé-
rieurs, et qui n'en sont séparés, comme elle, que par de simples
lilels de marne verdâlre, sont essentiellement difl'éi'enls d'autreii
canauK ondulés qui se voient fréquemment au contact des bancs du
gypse Ceux-ci sout les prolongements horizontaux des fentes ver-
ticales d eioston qui sillonnent et divisent les gypses, les grès et
les calcaires des collines des environs de Paris, en pocbes inégvies
remplies de limon et de graviers à ossements diluviens. Ces ca-
naux horizontaux ou inclinés dans tous les sens, produits par fac-
tion des eaux, sont tantôt vides, tanlét remplis de limon jaune,
comme les poches supérieures, mais ils n'ont jamais été l'emplis par
le relief des bancs de gypse superposés. »
M. Desnoyers reconnut la prolongation des bancs à empreintes sur
les deux côtés de la vallée de Montmorency, et fi peu près aux
mêmes niveaux sur les deux parts : à l'E. , du côté de la forêt, depuis
les carrières de Monlmorency jusqu'à celles de Saint-Leu et de Fré-
pillon; à rO.,sur l'autre rive, depuis Argeuteuil et Sannois jusqu'à
llerblay, 11 existe au moins cinq ou six niveaux de ces surfaces à
(I) Voyez plus haut ce qui
calcaire groaiitr (page 178).
s anaIngucB d.inj l«
LE GYPSE. 269
empreintes, toujours avec les mêmes circonstances, dans la masse
supérieure du gypse, la plus riche en ossements fossiles, qui, dans
cette partie du bassin de Paris, a une épaisseur variable de 10 à 15
mètres, et qui, déposée sous des eaux moins profondes que la
masse inférieure, pouvait plus aisément recevoir les empreintes des
pas d'animaux. Ces bancs sont d'épaisseur fort inégale, et l'un
d'entre eux est même subdivisé en deux lits par une de ces lignes
d'empreintes qui ont souvent pénétré, par l'effet du poids du corps
et de la mollesse de la pâte, jusqu'à plusieurs cenlimètFes dans le
gypse.
On retrouve les mêmes indices dans d'autres collines gypseuses,
à Montmartre, à Pantin, à Clichy, à Dammartin, etc., mais on les
a suivis avec moins de précision , n'ayant pu les observer que
momentanément .
Une comparaison très-intéressante à faire est celle des empreintes
les mieux caractérisées avec les types des animaux fossiles du
terrain du gypse, ou terrain êocène supérieur. Le bassin de Paris en
contient seul trente à quarante espèces, reconnues presque toutes
par Cuvier. Déjà on a pu trouver des rapports, pour les mammifères
pachydermes, avec les Anoplotherium et les Palœotherium de diffé-
rentes tailles; avec plusieurs carnassiers dont les ossements,
quoique infiniment plus rares dans le gypse que ceux des pachy-
dermes, ont déjà fourni six ou sept espèces ; avec plusieurs espèces
d'oiseaux, et surtout avec des tortues de différentes familles, lacus-
tres, fluviatiles et terrestres, dont l'existence a été constatée aussi,
en général, par Cuvier, d'après l'étude de leurs débris osseux.
En outre, on reconnaît^ plusieurs types qui ne sont point
encore représentés par les ossements découverts, et particulière-
ment des reptiles voisins des varans ou des geckos, peut-être des
têtards de salamandres ou des batraciens; plusieurs oiseaux,
surtout une ou deux espèces d'oiseaux gigantesques, dont le pied
est articulé en larges phalanges comme celui des foulques, et qui
peuvent rappeler le Gastomis du conglomérat inférieur de Meudon,
quoique le gisement de celui-ci soit plus ancien. Le plus grand
doigt de deux de ces empreintes recueillies par M. Desnoyers
atteint une longueur de plus de 20 centimètres, longueur presque
égale à celles des plus grands ornitkichnùes des Etats-Unis.
Ces déterminations, pour offrir plus d'exactitude, ont besoin d'un
examen plus rigoureux, qui sera surtout facilité par des découvertes
nouvelles.
pAi^> ii^ ^ ^^nnuaum «maie 4i!^ F^ua^ des 2;pfi». consultée par
>H 'i^'^'t ^'Vf^i^fiunit'i. «ii*^ înaiiiiiufï^f»» pachyiLUPgs fcabrtaiil sur
> iyvf»i '(««»^ feie* ac «fi»^ nv>r**5- *ilw eoniiB^ • jmer Fa icnarfoé pour
(Kn^'^^r^^ ^^rouir^ <ti»^ ÊKM à p«)avw fré^noiier âoorcirt et même
iMrbéUT k^i ^aiix« a b. aKin{i<!rf*r A^ lootre»; é» camaâswfs qui
Wt^ifiXÂ fofB^rrefte^ pf»dic;<ieriiii»«idoBft<« troo^i» btnceéTÎ-
#Vti»^^, r>^#nM^:«ff^iav«t Hsa» 1» enpranles de pas aussi bien que
A^t$\ Ui% ff^^^(9f:XiU, iVMH «nKrjre qoeiqiie^rMà daos FéUt de brisure
Aé' t7^!fiÀm% m f^ Afr trkm:s de Paimâkerimm, brisure prov«iant
^/0tr^ti f'^téU-ffnneni de la dent d'animaiu carnassiers^
^À'A frt%*rst$i% du i^yp($e ^Hii des oiseaux de rira^ ; les nombr^ii
r(^ÂiUr% %(rtîi d'^a doace ou de sols humides.
i\ j a Atmc,^ %fm% c^ différents rapports, confirmation assez corn-
\4kh', At; la théririe qui a fait considérer les gypses de Paris comme
d/ffK>^;^ nvt'Â', U^irn marnes dans un grand lac, ou dans plusieurs
\f4*iiin UwA r^mimuniquant entre eux, et entourés des animaux dont
U'M AMmn ont et/; enfouis dans les couches.
Kn Mifçnalarit l(;s intéressantes empreintes que nous venons de
Mcrm% M. l)o.Hnoyfîrs, ajoute : « Je ne me dissimule pas que beau-
(•(Hip (l«î (|iJ<*HtionH pourront être soulevées par ce fait nouveau, soit
|KMir la tlMîorir, «uicorc fort controversée de la foimation du gypse,
Moit |)(Mir In llu'HH'ir. générale des terrains tertiaires du bassin de
l'nriH; mais jr (îr(»is prudent de réserver toute discussion à cet
«'•gani jiiH(|n'i'i ro (|U(' Ic^ fait des empreintes de pas d'animaux
Il répo(Hh^ Icriiairn s(»il (Mitré définitivement dans la science. On
piMUTU (Mï n^'horchcM' l(»s causos, soit dans les intermittences pério-
tlitpit^H dt\s (Mm\ i\\\\ oui transporté et déposé les gypses et leurs
marntvH dans lo bassin' laruslro, soit dans les abaissements et
ii^l^vt^iutMUs siuvossifs qui ont pu faire changer fréquemment les
rapports du sol émorgé onvimnnant et celui du fond des lacs.
Mal^iV lo voisinage do Ihabitation dos animaux, oîi voit aussi quel-
quefois des tnuvs de tn\ns|H>rt. CVst ainsi que sur l'un des bancs
n\j»seu\. wvouvert d'ossements de AiAroMtvvw/j j'ai observé phi-
shMUN |Hiits galets de quart/, empalés, i\>mme eux, dans la rocbe,
t;ot jusqu'aloi^ iuixuuui dans l'étude des g> iv>e> parisiens.
A Ti>V p^\^lv^ blousent ^-^N^ut ^nni de temps, le iKimbiv: de £iils sem-
b\^WeN ,^ \vhù des en>jvïviuîe;^ do> plàîrîères lie l>ari< sert Ci>nslale
.î>)îi> d.'^iittVN lv>ssins. ii^t surti^iit dâus k> f>pM> du Pay <^ eu
LE GYrSE. 271
bassin d*Aix, dans les calcaires du Bourbonnais et de l'Auvergne,
dans la mollasse de Suisse, si propre à conserver les empreintes, et
aussi dans te riche dépôt de Sansan, où M. Lartet ajoutera peut-être
cette découverte à tant d'autres. J'ai déjà, dans le bassin même
de Paris, d'autres indices, mais incertains, d'empreintes de pas
dans des bancs plus anciens, et en particulier dans les grès de
Beauchamp, dans les couches calcaréo-marneuses supérieures
du calcaire grossier, dans lequel on a trouvé, à Nanterre et
à Neuilly, des débris de Lophiodon, d'autres mammifères, et des
l'epliles parfaitement conservés. Les coprolites de reptiles qu'on
trouve fréquemment avec des coquilles d'eau douce , dans les
couches marneuses à lignites du calcaire grossier supérieur, a
Vaugirard et à Montrouge, que j'ai fait connaître il y a près
de quarante ans, et qui ont été aussi indiqués depuis par M. Robert,
dans les mêmes couches, à Passy, et par M. Ch. d'Orbigny, dans le
conglomérat de l'argile plastique de Meudon, démontrent la pré-
sence des crocodiles dans ces eaux et sur leurs bords pendant
presque toute la durée du terrain éocène. »
§ 3. — Généralités sur le irrpse.
a. — Substances uliles.
Le terrain gypseux fournit plusieurs substances uliles, et en pre-
mière ligne le plaire, qui n'est autre chose que le gypse cuit^ c'est-à-
dire privé de ses deux équivalents d'eau de constitution.
La cuisson du plâtre se fait dans des fours spéciaux.
Les diverses variétés donnent des plâtres de différentes qualités.
Le plaire ordinaire provient des masses à cassure grenue et saccha-
roïde qui constituent les bancs les plus épais de nos carrières. Les
sortes iSnes sont obtenues au moyen de gypse cristallisé. Les
grignarck et les pieds-d' alouette donnent un plâtre très-fin et très-
estimé; le plus pur provient des grands fers-de-lanoe préalablement
débarrassés de la marne dans laquelle ils sont empâtés.
Le phénomène si vulgaire de la prise du plâtre est loin d'être
complètement expliqué. Suivant M. Ed. Landrin,'qui a récemment
fait d'intéressantes expériences sur ce sujet (1), lorsqu'on examine
(1) Ed. Landrin, Comptes rendus de l'Académie des sciences, 1874, t. LXXIX,
p. 6Ô8,
mi^ TERRAmS TEKTIAIRES.
au microscope ce qui a lieu pcudaiil la prise du plAtre, on voit
qu'on peutdiviser celle prise en trois temps : 1" Le plâtre mil preiiil
au contact de l'eau une forme cristalline. 2° L'eau qui entoure Ips
cristaux dissout une certaine proportion de sulfate de chaux. 3" Une
partie du liquide s'évapore par le fait de la ciialeur dégagée dans la
combinaison chimique; un crislal se forme el détermine la crislal-
lisation àa toute la masse par un phénomène qui paraît analogue
à ce qui se passe quaud ou joUe une parcelle de sulfate de soude
dans une solution sursaturée de ce sel. « Cette manière d'expli-
quer la solidification du plâtre, dit l'auteur, n'est pas particulière
il ce corps , et peut être appliquée aux ciments et aux mortiers
hydrauliques. On peut démontrer celle interprétation au moyen de
l'expérience de cours suivanle : On verse de l'eau sur du carbo-
nate de soude anhydre; une partie du sel se dissout, tandis que
l'autre partie se solidifie, grâce à l'enchevêtrement des crislaui,
el fait prise assez rortement pour maintenir l'agitateur au fond
du verre, absolument comme le ferait un mélange de plâtre cuit
et d'eau. »
Ce n'est d'aillem's pas seulement comme matière propre aux coq-
structioils ou au moulage que le plâtre est employé. L'agriculture
Irouve dans celte substance un amendement précieux. La décou-
verte de son action sur la végétation marque une grande époque
dans les fasles agricoles. Ce fut vei's le milieu du \vm' siècle qu'un
ministre protestant appelé iVlayer, étudia celle substance comme
engrais. Le brillant résultat qu'il en obtint sur les fourrages fut
bientât connu dans toute l'Europe et jusqu'en Amérique, où les
effets surprenants du plâtrage furent bientôt confirmés par l'impo-
sante autorité de Franklin. Los carrières de Montmartre furent alors
largement mises à contribuliun 'pour les besoins des agronomes
du nouveau monde.
Les efi'ets du plàti-e ayant, dans les deux mondes, escilé des
transports d'admiration, on considéra d'abord celle substance
comme un stimulant favorable à Inutes les cultures et h tous les
sols; mais la pratique ne larda pas à faire reconnaître que pour
agir avec efficacité, le plâtre, comme la chaux, comme la marne,
a besoin du concours ^'engrais organiques : car l'elfet en est
presque nul quand le sol est entièrement dépourvu de ces engrais.
L'expérience prouve en outre qu'il n'agil ulilement que sur mi
nombre limité d'espèces végétales. Aujom'd'hui il est bien reconnu
qu'au mojen de 200 à 300 kilogrammes de plaire répandus sur
LE GYPSE. 273
un hectare, la luzerne, le trèfle, le sainfoin," etc., prennent un dé-
veloppement considérable et presque double de celui qu'on obtient
sans remploi de cette substance; les feuilles de ces plantes devien-
nent alors plus nombreuses, plus larges et d'un vert plus foncé ; les
racines participent également à cette augmentation de poids. Le
colza, là navette, le chanvre, le lin, le sarrasin, les vesces, les pois,
les haricots, prospèrent aussi au moyen du plâtrage ; mais l'action
du plâtre est douteuse sur les récoltes sarclées, et les céréales n'en
ressentent aucun eflet appréciable.
L'époque la plus convenable pour plâtrer est généralement le
printemps, alors que les plantes présentent déjà un certain déve-
loppement. C'est surtout le matin qu'il convient de répandre cette
poudre blanche, afin qu'elle adhère momentanément aux feuilles
encore mouillées par la rosée. On obtient aussi de très-bons elîels
en incorporant le plâtre au sol à l'époque des labours d'automne ;
mais par la raison que tout engrais inorganique agit avec d'autant
plus d'énergie qu'il est plus divisé, on regarde la méthode de sau-
poudrer comme la meilleure, parce que le plâtre, s'attachant aux
feuilles humides, ne s'en sépare ensuite que peu à peu et se répartit
ainsi plus uniformément.
En général, la proportion de plâtre que l'on répand sur un hec-
tare varie de 200 à 2000 kilogrammes, selon la nature des sols et
des cultures. Malheureusement le prix en est souvent assez élevé
pour influer sur la quantité des doses et pour en faire répéter quel-
quefois l'emploi.
Les marnes blanches qui accompagnent le gypse sont exploitées,
conformément à ce qu'on a vu tout à l'heure, dans beaucoup de lo-
calités, pour la fabrication de ciments hydrauliques d'excellente
qualité.
Comme nous l'avons déjà dit, la smectite, subordonnée au
gypse, peut être utilisée comme terre à foulon. Elle agit par capil-
larité pour enlever les matières grasses des fibres et tissus, avec
lesquels on la brasse en présence de Teau. C'est de là que lui
vient le nom vulgaire de savon de soldai, sous lequel on la vend
en petits pains pour enlever les taches de graisse sur les vêle-
ments.
Rappelons enfin qu'on recherche la strontiane sulfatée ou céles-
tine, contenue dans le système gypseux, pour fabriquer les feux
rouges dont se servent les artificiers.
ST. MEUNIER. IH
TERRAINS TEItTUIRES.
- Origine et mode de formali
SOUIDI
la séri
L'origine et le mode de formation du gypse ont beaucoup préoc-
cupé les géologues et les chimistes.
Hypothèses sÉniMESTAinES. — On ne peut pas en effet y voir pure-
ment et simplement te i-csultat d'un sédiment. Car celte manière
de Toir supposerait l'esistence de falaises égalemeni gypseuses,
ises pendant longtemps à l'action démolissante de la mer. *
géologique ne présente rien qui puisse avoir constitué ces
falaises nécessairement considérables.
Une aulre supposition qui se présenle il l'esprit est de voirdans
les couches de gypse le résultat do dépôt fourni par une disso-
lution gypseuse soumise à l'évaporation. Mais on y renonce bien
vite, en remarquant que des mollusques et des poissons vivaieni
dans les eaux où se faisaient tes sédiments, eaux qui eussent é(é
incompatililes avec leur existence, si on les suppose chargées
de gypse.
HvroTUÈSE KPiGÉKiQtlE. — 11 parait dès lors naturel d'appliquer à
la formation du gypse de Paris la théorie épigénique, si évidem-
ment exacte pour d'autres niveaux géologiques. Aux États-Unis,
par exemple, suivant la remarque de M. Slerry Hunt, le gypse ré-
sulte manifestement, dans une foule de localités, de la transforma-
tion subie par des calcaires, sous l'influence de sources cbaigécs
d'acide sulfurique. Mais, en y regardant de plus près, tl faut biâB
t-econnaitre que cela non plus ne rend pas compte des faits oDîertiJ
par les plàtrières parisiemies. En effet, les couches calcaires (pf
encaissent la formation gypseuse ne sont nulle part corrodéM<
comme il airiverait forcément h la suite d'inliltrations sulfurïqueS'
Les coquilles et les ossements empâtés au milieu môme du sulfate
de cliaux ont conservé leur nalure calcaire ; enfin, comme on l'a
vu à maintes reprises dans les pages qui précèdent, de minces
couches de marnes cl de calcaire sont à tous les niveaux inter-
calées entre les lits de gvpae, et nulle part on ne constate UM
coiTosion quelconque. Il faut donc rejeter aussi la théorie épigé'
nique, malgré l'altrait qu'elle offre à première vue.
Hypothèse uvdhothebmale. — Reste une simple hypothèse, mais
celle-ci très-vraisemblable, qui consiste à faire du gypse le produit
de sources thermales. On est d'autant plus porté, même avant
examen minutieux, à l'accepter, qu'à l'époque du gjpee corresponJ
LE GYPSE. 275
exactement, dans un grand nombre de régions, une recrudescence
dans Texercice des actions geysériennes. C'est à cette époque, par
exemple, que se rapporte le curieux terrain dit terrain sidéroli-
thique^ où s'allient d'une manière si intime les caractères des ter-
rains stratiiSés avec ceux des gîtes métallifères. Et l'étude de ce
terrain peut même, comme on va voir, éclairer la question qui
nous occupe.
Préoccupé, en effet, de déterminer la constitution géologique des
environs du val de Délémont, dans le canton de Berne, en Suisse,
M. Greppin a reconnu que d'épaisses couches de cette région dési-
gnées sous le nom de nagelfluhe jurassique se rapportent au terrain
sidérolithique. Or celui-ci, comme il résulte de nombreuses études,
n'appartient pas au terrain crétacé, où d'abord on avait pensé à le
comprendre, mais à ce niveau remarquable du terrain tertiaire où
se présente le gypse de nos .environs. M. Greppin a découvert en
effet, dans les dépôts de Délémont, des ossements de Palœothenum,
c'est-à-dire justement des fossiles de la pierre à plâtre de Paris.
Cela posé, et mettant en œuvre les résultats de M. Greppin,
M. Gressly (l)a étudié avec soin le terrain sidérolithique, et il en a
cherché l'origine. De ses recherches est résultée pour lui la convic-
tion que ces dépôts sont les produits d'épanchements analogues
aux éruptions boueuses, de sources chaudes jaillissantes, chargées
d'oxyde de fer et de manganèse, de silice, d'alumine, de chaux et
d'acide sulfurique. Ces matériaux, après avoir pénétré et incrusté
les crevasses, les fentes des roches environnantes, se répandaient
en éventail dans les dépressions du sol, en déposant les brèches
jurassiques, les sables, le fer, les argiles et les marnes. « Or, dit
M. Hébert (2), M. Greppin décrit des faits qui s'adaptent admirable-
ment à cette explication; il retrouve les cheminées avec leurs
parois quelquefois silicifiées, les unes remplies encore d'argiles
avec du gypse, du minerai de fer, d'autres donnant encore passage
à des nappes d'eau assez considérables. Quant à l'âge de ce dépôt,
il ne peut plus être douteux; car, si à Délémont môme M. Greppin
n'a encore trouvé qu'un calcanéum de paléothérium, c'est dans le
même terrain^ dans les fissures des calcaires kimméridgiens remplies
de marne et d'argile mélangées à de la mine de fer et à des brèches
(1) CrenXy y Mémoires de la Société helvétique des sciences naturelles^ iMi
t. V, p. 245.
(2) Héhèrt, Bullet. de la Société géologique, 2« série, 1855, t. XH, p. 765.
calcaires, que M. Carlier a recueilli, il y a quelques années, à 1
Egerkinden, dans le canton de Soleure, les fossiles suivants :
Paiaot/ieriunt inediunt., Cuv.
— magnum, Cuï.
Aiiopiolherium commh
— gracile, Cnv,
Elc.
Cl Et maintenant , ajoute le savant professeur de la Sorl)oiine,
pour nous qui nous sommes souvent demandé d'où venait noire
gypse, il est clair que l'origine est celle qu'indique M. Grcssly ; seu-
lement, moins heureux que lui, nous ne voyons pas autour de nous
les cheminées qui l'ont amené. Il ne nous est pas donné, comme
à Délémont, de voir des filons verticaux de celle substance Ira-
versant, de la base jusqu'au milieu, la masse des argiles sidéro-
lilhiques. 11 est même certain que leur point de départ doit filre
à une assez grande distance du bassin où s'est effectué le dépât.
11 a bien fallu que les produits de ces éi-uplions boueuses fus-
sent entraînés par des courants, pour qu'elles pussent recevoir
la stratification si remarquablement régulière, que l'on observe dans
nos carrières, sur des étendues aussi considérables, tandis que rien
de semblable n'existe à Délémont, dans le voisinage des sources, où
tout devait se déposer dans un certain désordre ; et c'est en effet ce
que l'on observe. Mais, en Suisse, comme dans le bassin de Paris,
comme aussi dans la Souabc, où M. le docteur Fraas a découvert
en 1852 un assi'z grand nombre des espèces de Mammifères de
Montmartre, dans le minerai de for oolilhique de cette contrée,
la destruction des paléothériums' et des anoplolhériums a été
le résultat de courants puissants, probablement d'inondations,
déterminées par des phénomènes analogues à ceux que suppoK
M. Gressly. s
C'est également à l'époque du gj'pse parisien que, dans une région
toute différente, se sont formés, par un mécanisme tout à fait com-
parable, les amas de chaux phosphatée ou phosphorite. Ce qui dé-
montre en effet d'une manière irrécusable l'âge de ces curieux
dépôts du Quercy [Loi, Lot-et-Garonne, etc.), c'est leur richesse en
débris de mammifères identiques, pour la plupart, à ceux des gypses
de Montmartre et que M. le professeur Paul Gervais a i-écenimenl
étudiés.
LE TRAVERTIK DE CHAMPICHY.
CABACrÈBes GÉNÉRAUX. — D'ailleurs, ce qui achève de donner au
gypse une allure francheinent geysérieime, c'est que, dans certains
points du bassin, le dépôt de sulfate de chaux est remplacé par
celui de matières toutes différentes et évidemment fontigénlques.
Il n'y a pas pour l'observer de meilleure localité que Cbampigny,
sur la rive gauche de la Marne.
Le dépât de Cbampigny est constitué par un véritable travertin
tellement analogue à celui delà Brie, qu'on l'a confondu longtemps
avec lui. Dans les points où il est calcaire, on l'exploite activement
pour la fabrication d'une excellente chaux hydraulique; quand il
est siliceux, on en fait des pierres de construction ou du macadam.
C'est dans les parties siliceuses qu'on renconire divers accidents
minéral ogique s qui méritent d'être signalés comme se rapportant
à l'histoire chimique déjà si intéressante de la silice.
Age du travertin se cbampigny. — Quant à la place du dépôt de
Cbampigny dans la série stratigraphique et au synchronisme qu'on
admet entre lui et le gypse, ils résultent de la coupe ci-jointe, era-
pnmtée à M. Hébert (i), à qui sont dues aussi les considérations
que voici :
Si l'on part de la rive gauche de la Marne, en face de l'Ile orientale
FiG. 83. — Coups du Iraverlia de Cltampigny.
OÙ était situé le moulin, aujourd'hui détruit, de firie-sur-Mame et
qu'on monte le coteau au S.-E., on aura la succession suivante que
l'on peut remarquer, lig. 83.
1° La base de ce coteau a; en ce point, une altitude de 38 mètres,
(i) llél>ert; Bu'kt. de la Soc. géologique, 2' série, t. XVII, p. 803.
T7^^^^^^^^' TEBBAINS TERTIAIRES.
Il est recouvert par la végétation sur une Iiauleur de 6 mètres en-
viron ; puis d(is Iraricbées ouvertes pour de petites carrières
montrent, sur une épaisseur de 2 à 3 mètres, le calcaire de Sainl-
Ouen, reconnaissable ù ses empreintes de tiges et de graines de
Chara, et surtout à l'abondance des Limnœa longiscata, Planorbà
rotundalusa\planulaius,CycloslQmamumia,qa\ forment un lit parti-
culier où ces fossiles sont toujours en très-grande quantité. Ce iil est,
en co lieu, à un mètre au-dessous de la surface supérieure du calcaire
de Sainl-Ouen,qui atteint ainsi une altitude'd'environ kl mètres. En
donnant à cette assise ime épaisseur totale de 8 à 9 mètres, à peu
près ce qu'elle a dans la tranchée des docks, entre le lit marin
à avicules et la marne à pholadomyes, il resterait, entre le niveau
de la rivière et la partie inférieure du calcaire de Saint-Ouen, une
épaisseur de 2 à 3 mètres qui doit coiTespondre à la partie supé-
rieure des sables de Beauchamp et aux calcaires qui le recouvrent,
jusques et y compris le calcaire à avicules ; puis, à une faible profon-
deur se rencontrerait le calcaire grossier, exploité à moins d'un
kilomètre au S, 0., il 38 mètres d'altitude environ. Les couches
plongent au N. E.
2° La surface du calcaire de Saint-Ouen se détache nettement des
assises marneuses qui la recouvrent. Elle présente des fentes îrrfr-
gulières, des traces de dénudation, et est enduite d'iDcrustatioQS
calcaires qui pénètrent dans les fentes, et semblent avoir découlé
des marnes supérieures à l'époque de leur dépôt, quoique ces in-
crustations puissent être, k la rigueur, considérées comme beaucoup
plus modernes. Néanmoins le durcissement des calcaires de Saint-
Ouen au contact des marnes sous-jacentes, et la manière brusqtw
dont ils se terminent, annoncent une lacune à laquelle peuvent
correspondre quelques petites couches de la tianchée des docks ou,
d'autres localités.
3° Au-dessus des marnes de Saint-Ouen vient une série de liU
d'argiles, de sable, etc. , dans laquelle on n'a pas trouvé de fossiles.
a. ktgAe brune feuRlelée 0,20
b. MarneargileiueverdâtreaveccilcaireconcréliDiinécnbas. 0,60
r, Sablo nrBileui ou argilt snbleuse, 0,10
^v- rf. Sable gril 0,06
^h t. Cordoii (Ie cakaire cancrËtioniiâ blanc jaunâlre 0,06
^L f. lUrnegriM 0,15
^V g. Sibls gril verdàlre, qualqucfuis ajgliitjiié ca grji 0,10
^1 TdUI 1,57
LE TRAVERTIN DE CHAMPIGNY. 279
4® Marne calcaire blanche, avec calcaire concrétionné tacheté de
jaune, semblable au lit e^ mais contenant de nombreux fossiles
marins (natices, turritelles, cérilhes, etc.). — 0",20.
5° Marne blanche calcaire, feuilletée en bas, compacte en haut,
avec un lit mince d'argile verte feuilletée au milieu. — 0",53.
6** Marne jaune verdâtre, avec un lit de nodules de calcaire con-
crétionné et cristallin au milieu, rempli de fossiles marins (cardites,
psammobies, pholadomyes, corbules, turritelles, natices, cérithes.
— l«n,20.
7** Marne grise, mouchetée de jaune, assez semblable d'ailleurs
à la précédente, mais plus sèche, moins argileuse et sans fossiles.
— 1",50.
8** Partie recouverte par la végétation jusqu'au sommet du coteau,
dont l'altitude, au point de bifurcation des routes de Brie, de Villiers
et de Champigny, est de 62 mètres.
A 100 mètres de ce point, sur la route de Villiers-sur-Marne et à
6ft mètres d'altitude environ, on exploite sur le territoire de Cham-
pigny, sur une épaisseur de 2°», 50, un travertin identique avec celui
de Champigny, que l'on peut voir d'ailleurs à peu près au même
niveau dans plusieurs des carrières qui sont au nord de Cham-
pigny.
A cent pas au sud de cette carrière, près du pont que le chemin
de fer de Mulhouse a jeté sur la route de Champigny, se trouve
un emprunt qui comble précisément la lacune de la coupe précé-
dente.
La partie supérieure est environ à 57 mètres d'altitude, et se
compose d'une couche de calcaire concrétionné en plaquettes,
épaisse de 2 mètres, qui forme évidemment la base du travertin
de Champigny, lequel aurait ainsi en ce point une épaisseur de
9 mètres.
Au-dessous, on voit la succession suivante de haut en bas :
m
1^ Argile gris jaunâtre avec concrétions calcaires 0,60
2° Lit très-régulier d'argile verle 0,05
Z^ Marne blanche mouchetée, divisée en deux par un lit
mince d'argile brune 1,20
U^ Lits minces d'argile jaune et verle, de calcaire concré-
tionné et de marne grise avec nodules friables de car-
bonate de chaux cristallisé à la base. ... de 0,80 à 1,30
5^ Argile verte feuilletée avec nodules friables de carbonate
de chaux cristallisé à la base 0,30
•iîfî-" TEHRAINS TEBTUmtS
6" Marne grise avec plusieurs liU de calcaire concréliopuË
et crislallisé, en blocs Î9ol<^», îrrégulierE, gQuvcnl
cloisonnés 1,50 ù 2,80
7° Marne el argiîe veitp à Cardites et aulrel fosailBs ma-
rina (n° 7 de la coupe prMdente), rormant la ha°e
de celle Iranchée. . , , . , , , 0,21)
Dans la coupe précédente, la partie supérieure de la marne marine
(n" 6) était à une altitude d'environ 50 noètres. Dans celle-ci, elle
se trouve à une altitude pi-cstf ue identique ; ce qui est tout naturel,
vu le voisinage de ces deux coupes.
Il résulte de là qu'on peut et qu'on doit distinguer entre le cal-
caire siliceux de Saint-Ouen, qui alUeure sur le bord de la Marne,
el celui de Champigny, une série de marnes très-variées, avec lils
de calcaire concrétionné ou cristallisé, et quelques minces coucha
de sables, série dont l'épaisseur totale est de 9°,75, soit d'enviran
10 mètres.
La nature des argiles et des calcaires que renferme cette série, l«s
petits liEs de sables qui y sont intercalés, tendent à la faire consi-
dérer comme un seul et même système au point de vue minéralo-
gique, comme le i-ésullat d'actions sédimenlairea très-variées, mais
tout à fait distinctes de celles qui ont donné naissance aux deux
masses calcaires enlre lesquelles elle est enclavée. Son caractère le
plus remarquable, c'est d'ofTrir la preuve que la mer a contribué
pour sa part, mats pendant une durée Irès-courte, dans la produc-
tion des coucbes qui la composent.
Ces marnes marines renferment exactement les mêmes espèces,
que celles de la partie supérieure de la tranchée des ilocks, de
CLapellc, etc. ; elles correspondent aussi au calcaire marin de Lui
et de Vergenay, près de Ilrims. On peut ajouter qu'il y a lougtem|
déjà, dans une excursion dirigée par Elie de Beaumonl, elles ont
constatées dans les tranchées de la redoute de Gravelle, au-dt
de Joinvillc-lc-Pont, et là, comme partout, l'eposant sur le calcaire'
de Saint-Ouen, M. Hébert en a déposé alors des échantillons dans la
collection do l'Kcole normale.
Quand on compare la coupe que nous venons de détailler avec
celle de l'avenue de l'Impératrice publiée par M. Micbelot (1), celle
de l'embarcailère du chemin de fer de Strasbourg donnée par
(1) V0ï^7 p1<.9
LE TRAVERTIN DE CHAMPIGNY. 281
M. Ch. d*Orbîgny (1), et aussi avec celle des docks, que tout le
monde connaît, on est frappé de leur parfait accord.
En partant du banc de calcaire siliceux rempli de Limnœa Ion-
gïscata et de Planorbis rottindatus, repère facile, on a en effet :
1° Marne calcaire ou calcaire compacte, formant la partie supé-
rieure du calcaire de Saint-Ouen, épaisse d'environ un mètre à Brie-
sur-Mame, comme à l'avenue de l'Impératrice, de 1™,70 à l'embar-
cadère de Strasbourg (n°^50, ^9, /*8 de la coupe de M. d'Orbigny), et
de 2"',50 aux docks.
2** Marnes diverses, en général sableuses : 0™,62 à l'avenue de
l'Impératrice, 1",15 aux docks, l'°,57 à Brie-sur-Marne, O'^fiS à
l'embarcadère (n°' Ul hUU).
3" Calcaire à cérilhes : O'^jlS à l'avenue de l'Impératrice ; de 0™,05
à 0",25 aux docks (2), 0^,20 à Brie; 0^,10, mais à l'état de grès,
à l'embarcadère (n° U^).
ii« Marnes diverses ou sables : 2™,50 à l'embarcadère (n*"' l\t
à 36), i°»,35 aux docks, 0™,53 à Brie-sur-Marne.
5® Marnes vertes à Pholadomya ludensis : l'",20 à Brie, 0"»,30 aux
docks^ 0"',20 à l'embarcadère (n° 35).
6« Série de marnes variées, avec lits de rognons géodiqiies de cal-
caire cristallin ou concrétionné, et quelques assises sableuses : en-
viron 6 mètres à l'embarcadère de l'Est (n°' 3i à 11), aussi bien
qu'à Brie-sur-Marne.
Il est donc bien évident que cette série, épaisse d'environ
10 mètres, est bien exactement composée des mêmes éléments à
Brie-sur-Marne que sous la marne gypseusede la butle Montmartre,
et qu'elle présente deux lits marins identiques : l'un ordinairement
calcaire, où abondent les cérites, et l'autre argileux, un peu plus
haut, où se trouvent les pholadomyes.
Au-dessus de cette série, on arrive d'une part à l'embarcadère
du chemin de fer de Strasbourg, au premier banc de gypse, et de
l'autre, à Brie-sur-Marne, aux premières couches du travertin de
Champigny.
C'est donc en ce point précis qde la composition du sol parisien
présente, à de si courtes distances, le contraste le plus singulier. Il
ne sera donc pas inutile d'insister un peu plus encore sur la suc-
(1) Charles d'Orbigny, Bullet. de h Soc. géologique de France, 1855, t. XII,
p. 1309.
(2) Cette couche atteindrait même 0^,80, d'après Ch.'d'Orbigny (tableau de 1855).
282 TERRAINS TERTIAIRES.
cession ascendante des couches. Comme Ta justement fait remar-
quer M. Ch. d'Orbigny, les assises qui séparent la tranchée des
docks du système du gypse, tel que Al. Brongniart Ta si admirable-
ment décrit, sont ce qu'il y a de moins connu dans le terrain des
environs de Paris. On peut ajouter que cela donna beaucoup de
prix à la coupe de l'embarcadère du chemin de fer de Strasbourg.
Mais quand on compare la partie supérieure de cette coupe, à partir
du n° 10, avec celle de la Hutte aux-gardes donnée par Constant
Prévost et Desmarest (1), et reproduite par Al. Brongniart (2), on
acquiert la conviction que Ton a affaire aux mêmes assises, c'est-
à-dire à la partie inférieure de la basse masse.
On en jugera par la comparaison suivante :
Ch. d*Orbigny. A. Rrongniart (p. A69).
Numéros. Ëpaiss. Numéros. Éfiaiss.
m. m.
Gypse 10 1,00 30 et 29 0,75
Marne 9 et 8 0,20 28 0,08
Calcaire et gypse avec cérithes. 7 0,30 27 et 26 0,3)
Calcaire dur avec cérithes. ... 6 0,20 25 0,16
Marne feuUletée et gypse 5 0,20 2A et 23 0,22
Calcaire 4 0,30 22 21. (marne,
cale, et gypse). 0,46
Marne feuilletée 3 0,10 20 0,05
Marne à retraits et gypse 2 2,00 19,18,17,16... 1,90
Gypse...; 1 2,00 15,14,13,12... 2,06
Il y a donc une bien grande probabilité, s*il n'y a pas certitude
absolue, pour que la coupe de M. d'Orbigny soit la continuation
directe et sans lacune de la coupe de Brongniart, e nsorte que nous
pouvons conclure que le système des marnes avec lits marins, qui
supporte directement le travertin de Champigny à Brie-sur-Marne,
est bien le même que celui sur lequel repose le système du gypse
tel qu'il a été décrit par Brongniart.
Revenons actuellement à la carrière mentionnée ci-dessus au
point de croisement des routes de Brie, de Villiers et de Cham-
pigny. Nous avons vu que le travertin qu'on y exploite a sa base
à une altitude d'environ 55 mètres; on le retrouve dans de nom
breuses carrières, depuis ce niveau jusque derrière les maisons de
Champigny au N., à une altitude d'environ 80 mètres.
(1) C. Prévost, Journal des Mines, vol. XXV, p. 215, pi. 1.
(2) Cuvier, Ossements fossiles^ t. II, p. 469 (3*^ édition).
LE TRAVERTIN DE CHAMPIGNY. 283
Une marnière, aujourd'hui abandonnée, située à Test de Cham-
pigny, au point où le chemin de Cœuilly croise la vieille route de
Champigny, point dont la base est à peu près à 81 ou 82 mètres
d'altitude, va nous faire connaître la série des couches qui recou-
vrent le travertin.
En voici le détail, tel que M. Hébert l'a relevé en 1852, alors que
cette marnière était en exploitation, et tel qu'on peut encore aujour-
d'hui le vérifier sans beaucoup de peine.
i^ A la base, marne calcaire verdâtre et jaunâtre, exploitée
autrefois comme chaux hydraulique naturelle, avec
rognons de calcaire siliceux compacte, remplis de
Cyclostoma truncatum (d*Arch. et de Vern., sp.), et m
contenant aussi des Limnées, ... 0,40
2^ Lit de silex rubané avec Cyclostoma truncatum 0,05
3*^ Marne calcaire grise avec le même fossile et des em^
preintes végétales 0^30
4<^ Marne calcaire blanchâtre, moins argileuse que les pré-
cédentes, avec petites tubulures • 0,80
h^ Marne calcaire blanche^ sèche, criblée de petites cavités. 1,50
6** Marne jaune feuilletée, avec vertèbres de poissons 1,20
7° Marnes vertes, à rognons de strontiane, visibles seule-
ment sur. 1^50
(mais s'élevant plus haut.)
Total .. 5,75
La partie supérieure de cette coupe nous met à 87 mètres
d'altitude.
En montant sur le plateau, on rencontre, lorsqu'on fait des
fouilles, des assises peu épaisses de calcaire d'eau douce ; puis les
meulières de Brie qui étaient exploitées en 1852 sur la route de
Rozoy, à 2 kilomètres de Champigny , et qui le sont aujourd'hui sur
le même plateau, de 105 à 109 mètres d'altitude, en beaucoup de
points, notammment près de la ferme des Bordes.
De cette coupe, il résulte qu'au-dessus du travertin de Champigny
ilya:
m
1» Marne calcaire à Cyclostoma truncatum^ au moins* . • . 3,00
2<^ Marne jaune feuilletée, à débris de poissons 1,20
3^ Marnes vertes à rognons de strontiane. Épaisseur pro-
bable 4,00
4® Calcaire de Brie, meulières et argiles 15. à 20,00
Le tmvertin de Champigny, loin d'être une manière d'être parti-
38A TKRHAIKS TF.RTIimES.
culière du calcaire de Brie, comme le voulait Dafrénoy, en esl
donc séparé par les marnes vertes k rognons sliontianifères e( les
marnes à ci/tk^rèes (mames h Cyrena convexa). Les marnes cal-
caires à Cycloiloma Iruncalum correspondent aus marnes calcaires
à iimnéos supérieures au gypse de Pantin, dans lesquelles ce foss-ile
se rencontre, aussi bien que dans les manies à cyrènes.
Ceux qui auraient quelque (toute peuvent visiter un troisième
point qui servira à relier la coupe de PanliD avec celle de Cham-
pigny do la manière la plus intime.
Le village de Kresnes est assis sur les mames marines à 0»lrea
cyathala et longirostrii, qui ont là plus de li mètres d'épaisseur et
présentent dos bancs assez puissants de calcaire friable, remplis de
coquilles marines. En dessous vient un calcaire d'eau douce qui
représente le calcaire de Brie, i«i fort atténué et à peu près dépour^ii
de meulières; puis, en continuant à descendre, viennent les cou-
ches suivantes ouvertes dans les raarnières au S. 0. du village :
1* Harne» vertci avec plusieurs lits de rognona de ciilciirc m
«Ironlitttiifère 1,00
2° Marnai jaune verdStrc fiiuilletfes, irec nombreux tos-
sila», Cijrenn convexn^ Psammobia plunn, Cycta-
stonitt Iruncntum, Cerilhium plkatum, Cypris, débris
de poissons, et tils minces <le gfpsc crislallisè 1,00
3° Alternnnce de manie verdiltre et de marne Dunche. . . . 2,00
4* Marno calraire blanche, quelquefois verJàlre, avec liin-
nées et Cijchitoma Irimcalum, jaunâtre nu milieu . . 0,00
&• Cïiiso.
Cette coupe représente donc exactement la série des mames com-
prises à Pantin entre le ^ypse et le calcaire de Brie, aussi bien que
celle des marnes supérieures au travertin de Champigny.
Il Tauldonc, do tout ce qui précède, tirer nécessairement la con-
clusion, que/fl travertin de Champigny est, comme le gypse, compris
mire les marnes marines à Pholadomya ludensis, et les marnes d'eau
douce à Limnées qui recouvrent le gypse et le séparent des marna
à Cyrena convexa.
OUSKBVATION SUR L'OHiGISE f.l-DKSSUS ATTniRdÉE AU CVPSË ET An
ROCHES sïNCHRONiocES. — Toul ceci une fois admis, on comprend
comment le gypse peut être le résultat de sources thermales situées
sur les frontières du bassin parisien et déversant leurs produits,
soit dans des courants d'e^iu douce, soit dans l'eau saumi\tre d'un
estuaire.
LE TRAVERTIN DE CHAMPIGNY. 285
Suivant la force relative des courants et conformément au méca-
nisme signalé par Constant Prévost et dont nous avons parlé au
début de cet ouvrage, il y a dépôt lacustre et dépôt marin dans un
point déterminé, et conséquemment ce fait explique les alternances
signalées de couches à fossiles d'origines évidemment différentes.
Il n*y a donc pas lieu de conclure Torigine marine du gypse
de celle bien constatée de certaines marnes qui raccompagnent,
et par conséquent on ne peut souscrire à la conclusion suivante
de Goubert.
a Que les marnes du gypse, dit-il, soient marines ou du moins
saumâtres, c'est un fait qui paraît déjà acquis à la science. Il en est
probablement ainsi du gypse lui-môme. Si l'on n'y a pas encore
constaté de mollusques, ne serait-ce pas un peu la conséquence de
la négligence que la plupart des géologues affectent pour des re-
cherches bien ingrates, il est vrai, au milieu de roches cristallisées?
Mais s'il a suffi de se donner la peine d'examiner attentivement
pour trouver les niveaux fossilifères dans les marnes du gypse, n'en
serait-il pas de même pour le gypse? Ne serait-il pas le résultat
d'une transformation chimique d'un calcaire préalablement déposé
dans les eaux saumâtres (1). »
Au contraire, d'après ce qui précède, nous nous rangeons à l'avis
de M. Hébert, qui ne voit dans les minces couches d'argiles marines
du gypse que le résultat d'invasions lentes et intermittentes de la
mer voisine du lac où se déposait le gypse. La cristallisation en
couches minces et successives de celui-ci, et la consolidation de
bancs plus ou moins puissants, exigeaient en effet une enceinte
fermée donnant lieu à une forte évaporation, et eussent été impos-
sibles au milieu des masses d'eau d'un golfe en communication
libre avec l'Océan. L'alternance régulière si souvent remarquée des
couches de marnes et des couches de gypse fait penser naturelle-
ment à des sortes de marées, donnant lieu à une sorte de chrono-
mètre naturel, analogue à ceux qu'on a observés dans une foule de
circonstances. A ce sujet, il est intéressant de rappeler les faits ré-
cemment constatés dans l'isthme de Suez. Il y existe près des lacs
Amers un épais banc de sel, composé de couches horizontales va-
riant d'épaisseur de 5 à 25 centimètres, correspondant, si l'on veut,
aux couches de gypse, nettement séparées par une pellicule de
sable fin, correspondant aux feuillets de marne de nos plàtrières.
(1) Goubert, Bullet. de la Société géologique, 2» série, 1866, t. \X1II, p. 844.
TliRRAINS TERTIAIRES. 1
Celle identité de structure suppose une grande analogie dans le
mode de formation. Or, comme le fait remarquer M, de I.esseps (1),
la seule hypothèse admissible, relativement au sel, est qu'après
l'obstruction de deux branches de l'antique canal de cummunication,
les eaux des facs Amers n'étant plus alimentées qu'aux grandos
marées d'équinoxes, ou même il iiitei'valle beaucoup plus éloigné,
lors des marées exceptionnelles, et l'évaporation étant ainsi supé-
rieure à l 'alimentât ion, ces eaux se sont graduellement abaissées el
concentrées jusqu'au point de saturation; les dépôts de sel onl alors
commencé, et la couche déposée s'est augmentée lanl <|ue la nappe
liquide n'a pas été asséchée et jusq'uà ce qu'une marée exception-
nelle, en apportant aux lacs un certain volume d'eau fraîche de
k mer Rouge, soit venue suspendre pour un temps la formation
des dépôts.
La poussière de sable que les grands vents de khamsin avaient
fait déposer à la surface écumeuse de la nappe en travail de cristal-
lisation, y est restée emprisonnée lorsque cette nappe a été com-
plètement, desséchée et a formé l'espèce d'enduit jaunâtre qui re-
couvre chaque tranche du bloc de sel qui n'a pu être emporté
lorsqu'une nouvelle grande marée est venue inonder et recouvrir
ce banc, et remplir de nouveau partiellement les lacs. L'action
directe du soleil sur la surface du banc, lorsqu'il s'est trouvé à sec,
a pu d'ailleurs contribuer à retenir la coucbe de sable agglutinée
avec le sel en en formant une sorte de croûte d'une plus grande
dureté. Au remplissage qui a suivi, cette croule el la tranche de sel
qu'elle recouvrait, ont pu se dissoudre sur une cerlnine hauteur en
attendant de nouveaux dépôts ; le sable est resté sur la surface so-
lide du sel, comme un témoin de la formation qui venait d'avoir
lieu et l'a séparée de la suivante. On voit immédiatement comment
ces remarques s'appliquent à la formation du gypse, pourvu qu'où
remplace les grandes marées par les effluves d'eaux minérales
chargées de sulfate de chaux, et le vent du désert par des ruisseaux
limoneux.
Pour ce qui est relatif au gypse, il faut remarquer que son dépôt
avait évidemment lieu en eau extrêmement peu profonde. C'est oe
que montrent, par exemple, les surfaces d'érosion que nous avons
signalées comme se pi-ésentanl si souvent à la surface supérieure
LE TRAVKBTIN DE CHAMPIGNY. 287
des bancs de gypse, et cette circonstance est conforme au mode de
formation que nous venons d'admettre. On tire la même consé-
quence aussi de l'existence, à travers maints bancs de gypse, de
cavités verticales cylindroïdes tout à fait assimilables aux marmites
de géants si nombreuses, par exemple, sur le littoral de la péninsule
Scandinave. On en aperçoit fréquemment dans le granité et le
gneiss qui constituent en grande partie cette région. Leurs dimen-
sions sont très-variables : leur diamètre atteint souvent plusieurs
mètres et leur profondeur est plus considérable ; le frottement en
a arrondi et souvent poli les parois ; le fond en est grossièrement
hémisphérique. « A la vue de ces formes significatives, dit M. Dau-
brée (1) , il est difficile de ne pas y reconnaître tout d'abord des perfo-
rations produites par l'intervention d'un liquide doué d'un mouve-
ment gyratoire, et dont l'action perforante était considérablement
renforcée par les galets que ce liquide faisait lui-même tournoyer.
Dès galets parfaitement arrondis qui se trouvent souvent encore au
fond des marmites, sont en quelque sorte pris en flagrant délit
d'attaque. Ces cavités, très-fréquemment éloignées de tout cours
d'eau, remontent à des actions qui ont depuis longtemps cessé ;
mais elles ont une analogie évidente avec les trous circulaires qui
se produisent de nos jours dans les remous des eaux courantes,
près des cascades, ou bien sur le fond des glaciers, dont les eaux de
fusion se précipitent de toutes parts, avec impétuosité, à travers
les crevasses. Elles diffèrent de ces derniers par leurs dimensions
•
imposantes. » Or, le gypse en offre souvent de tout pareils. On en
voyait, il y a quelques années, une série très-remarquable à Argen-
teuil, dont la verticalité parfaite et la forme quasi géométrique
en faisaient des pendants exacts des marmites du Nord ; de gros
galets arrondis gisant dans le fond complétaient la ressemblance
et indiquaient clairement le mode de formation de ces cavités. Leur
âge est d'ailleurs très-postérieur à celui de l'époque gypseuse, et se
rattache peut-être à la période quaternaire*
On peut se demander comment la formation des gfos crîstaUX
en fer de lance est compatible avec le mode de formation que noils
attribuons au gypse. S'il y a réellement eu le charriage, à l'idée
duquel nous avons été conduit d'une manière si naturelle, on ne
peut croire qilé ces gros cristaux aient pu être entraînés sans subir
(1) liâubréé, Comptes rendilts de P Académie des sciences^ 1874^ t. LXXîXi
TERRAINS TERTIilHEâ.
des froltemenls qui ]es auraient coinplétemeul déformés. D'ailleurs
il surKt do les cxaiuiiier dans leur gangue marneuse, pour élre bien
certain qu'ils se sont formés à la place même d'où on les extrait.
Or, diverses expériences permettent de supposer (]u'ils résullenl
d'un mouvement moléculaire, développé au sein d'un magma
plus ou moins amorphe, ù la faveur d'un temps prolongé. Déjà
nous avons rapporté les faits signalés par M. Marc Séguin sur un
sujet analogue; il faut rappeler aussi les résultats obtenus par
M. Henri Sainle-CIati'e Deville, qui a vu, sous l'inDuence d'alterna-
tives do température, un précipité amorphe se ti-ansformer peu à
peu en une poudre cristallisée. Cette explication s'applique, comme
on voit, non-seulement aux fers-de-laoce, aux pieds-d'alouette et
aux grignai'ds, mais aussi aux couches de gypse simplement sac-
charoïde et grenu. Rien ne prouve qu'au moment de son dépOt,
celte substance n'était pas complètement terreuse, peut-être même
mélangée dans certains cas avec des marnes qui s'en seraientsé*
parées peu ù peu à la faveur d'un mouvement intestin. Une foule
de faits de la géologie doivent s'expliquer d'une manière analogue,
et peut-être, entre autres, la présence des empreintes de trémies qui
nous ont déjà occupés dans les marnes du gypse.
CHAPITRE III
LE TRAVERTIN MOÏEH OU DE LA BllJE.
4
II est impossible d'établir une ligne de démarcation absolue entre
le terrain gypseux qui vient de nous occuper et le travertin de la
Brie, qui lui est immédiatement superposé. Le type de ce terrain,
intéressant îi divers égards, peut éti'e cherché dans la meulière de
la Ferté-sous-Jouarre.
Dans leur Description géologique des environs de Paris, Cuvîer et
Brongniart le rapportent au travertin supérieur ou de la Beauce,
avec lequel, comme nous verrons, il pi-ésente de grandes analogies
d'aspect. Apportant à la classification des iLustres créateurs de la
géologie parisienne la plus grande modification qu'elle ait subie,
Dufrénoy montra que l'âge des meulières de Bric est tout à fait
différent de celui des meulières do Beauce. Tout l'épais système
LE TRAVERTIN DE LA BRIE. 289
des sables supérieurs ou de Fontainebleau sépare ces deux traver-
tins (1). Cette rectification a trop d'importance pour que nous ne
nous y an'étions pas un moment.
A l'appui de son opinion, Dufrénoy donna plusieurs coupes,
parmi lesquelles nous retracerons seulement celle prise à la côte
de Flagny, située à moitié chemin entre la Ferté et Montmirail.
Cette coupe, dirigée du nord au sud, passe par Sablonnières, village
situé dans le fond de la vallée du Morin, par Ondervilliers, placé
à mi-côte, et vient se terminer au tertre de Flagny. On trouve :
1» Dans le fond de la vallée du Morin, les sables siliceux du cal-
caire grossier; ils contiennent tous les fossiles caractéristiques de
ce terrain ; on voit même an-dessus une petite couche de calcaire
à cérithes.
2° Le calcaire siliceux recouvre bientôt le système de couches
qui dépendent du calcaire grossier : cette première formation est
fort puissante. Toute la première pente de la vallée est sur le cal-
caire. Il contient, dans quelques parties, beaucoup de limnées et de
planorbes; malgré les recherches les plus scrupuleuses, on n'a pu
y découvrir de Chara. Arrivé à la hauteur d'Ondervilliers, le cal-
caire devient très-siliceux, et bientôt toute la surface du pays est
recouverte de fragments de meulières enlevés par la charrue ou
de débris qui proviennent des exploitations ouvertes sur plu-
sieurs points de cette plaine. A Ondervilliers, la meulière n'est
point mélangée de sable comme à Tarterel ; elle est seulement
associée à des argiles ocreuses, au milieu desquelles on trouve çà
et là des blocs plus ou moins considérables, susceptibles d'exploi-
tation.
3" En continuant à remonter le petit ruisseau qui passe près
d'Ondervilliers, on aperçoit bientôt le tertre de Flagny qui domine
le pays; il forme un mamelon isolé, entièrement indépendant du
reste du terrain, et parait comme le témoin d'une formation qui
a couvert toute la contrée lorsque les terrains tertiaires se sont
déposés. La pente de cette colline, sans être brusque, est beaucoup
plus rapide que celle du pays dont il vient d'être question ; la nature
de son sous sol est également très-différente. Il est composé d'un
sable- jaunâtre ferrugineux, souvent argileux et micacé dans quel-
ques parties. Au milieu de ce sable, on trouve des blocs plus ou
moins considérables d'une meulière rougeâtre très-caverneuse,
(1) Dafrénoy, Bullet. de la Soc, géologique^ 1834, t. IV, p. 162.
ST. MEUNIER. 10
TERRAIKS TERTUIRES.
dans laquelle il existe une grande quantité de limnées et de graine»
de Ckara à l'état de moules siliceux.
Le travertin mojeu occupe, dans nos environs, une assez vaste
surface dont les limites se rapprochent beaucoup de celles de Tan-
cienne province de Brie. El les passent au nord de Fère en Tar-:
denois, à Reims, puis longent la limite du terrain crétacé jusqu'au
^ud de Sézanne; on les suit à Fontainebleau, Arpajon, .Sccans et la
Ferté-sou 8-Jouarre.
Au point de vue stratigraphique, ce terrain se divise très-natu-
rellement en deux étages, qui sont :
Voyons successivement leurs caraclèies.
g 1, — CalcBli'o Ar I
C.iniCTÊRES GÉNÉRAUX. — La puissance de cet étage dépasse rare-
ment 6 mètres. Il commence, à la partie inférieure, par des marnes
blanches, reposant directement sur les maruus vertes supérieures
au ftjpse, et se fondant même quelquefois avec elles, mais qui
souvent sont plus riches en carbonate de chaux.
Au-dessus, vienncut les couches du calcaire. CeJuî-ci est d'un gris
blanchâtre, & cassure mate, et même, lorsqu'il est compacte, con-
choïde. Souvent sa structure caverneuse rappelle c^Ue des meu-
lières, et dans ce cas il n'est pas rare de le voir, se chargeant
progressivenieut de silice, passer d'ime ntanière parlaiteineni
insensible à la meulière proprement dite. C'est ce qu'on peut re-
marquer auï portes mêmes de Paris, à Villejuif, où d'un C4llé
de la route !e travertin est paifailemeut calcaire, tandis qu'eu fiwe,
et juste au même niveau, il est complètement siliceux.
Dans d'autres localités, àMelun, par exemple, on voit, au milieu
mém[> des bancs calcaires, des rognons de siles aplatis, diversi-
formes, dont le grand diamètre varie, d'après les mesures de
d'Arcbiac (1), de 60 à 80 centimètres, et l'épaisseur de 10 à 15 ou
davantage. Leurs teintes sont extrêmement variées. Us sont {^rift
blancbfklre, marbrés de gris foncé, rouge brun, brun clair, ztmês
(i) D'Arcbiac, Histoire des progrès de la géoioyie, (. II, p. 551.
n
L£ CALCAIRE DE BRIE. 291
de blanc et de brun comme les onyx, bleuâtres passant à la calcé-
doine et tachés de blanc. Il y en a aussi de jaunes, de noirâtres, d'un
rouge plus ou moins vif, passant à la cornaline, de roses et de lie
de vin. Souvent la silice se fond insensiblement dans la pâte cal-
caire.
Au-dessus des couches calcaires viennent des marnes blanches,
grises ou verdâtres, qui les séparent des meulières dont nous allons
parler.
C'est dans ces marnes que Dufrénoy a signalé, à Chennevières,
près de Champigny, une variété de magnésite formant un lit de
38 centimètres d'épaisseur (1). Elle est d'un blanc grisâtre et tra-
versée par des veinules d'oxyde noir de manganèse. La même sub-
stance existe au même niveau aux environs de Coulommiers, dans
le département de Seine-et-Marne (2).
Faune du calcaire de Brie. — Le calcaire de Brie contient les
vestiges d'une faune intéressante.
Les mollusques y sont peu nombreux et exclusivement terres-
tres ou d'eau douce. ATrcuzy et ailleurs, on YrecueïWe des Belix de
différentes espèces, analogues à celles que nous trouverons plus loin
dans le calcaire de Beauce. Le Limnœa iongiscata, que nous avons
déjà rencontré en si grand nombre dans le travertin de Saint-Ouen,
se retrouve ici avec une profusion analogue. D'autres limnées lui
sont d'ailleurs mélangées, et spécialement les Z. f aôulum {Bvongn.)^
L. Briarensis (Desh.) et Z. ff eberti (Uesh.), Le Planorbis rotundatus
est très-abondant, et lui aussi nous est connu pour s'être présenté
dans le travertin inférieur.
II y a plusieurs Paludina, et dans le nombre ce P, pusilla qui
pétrit des couches entières de marnes de Saint-Ouen, et qui ici
existe non-seulement dans les couches calcaires de la Brie, mais
aussi dans les meulières proprement dites.
Les carrières des environs de Sézanne ont fourni des restes de
Lophiodon^ auxquels MM. Hébert et Paul Gervais attribuent l'âge
du calcaire de Brie. Ce résultat est très-intéressant, en montrant que
ce pachyderaie, apparu dès l'époque des ligniles, c'est-à-dire bien
avant le Palœothe?'ium, a persisté longtemps après celui-ci, dont
on ne retrouve aucun vestige après la formation gypseuse.
Flore du calcaire de Brie. — Souvent on observe des empreintes
(1) Dufrénoy^ Annales des Mines, 4° série, 1831, t. I, p. 393.
(2) Builet. de la Soc. géologique, iSU, t. I, p. 224.
Îi92 TKRRALNS TERTlAIRïS:
de végétaux dans le terrain qui nous occupe, mais elles sont rare-
ment déterminables et ne paraissent pas jusqu'ici avoir été l'objet
d'études spéciales. Disons cependant qu'à Treuzy, localité que nous
citions tout à l'heure, on peut recueillir de nombreuses graines
de palmiers,
§ 2, — HmlU-rcM <tf Bric.
CARACTfERKS rÉNÉRAUx — Les meuli(>rcs sont comme noyées dans
des argiles impmes ou glaises, c-olorées en bmn, jaune, roufïe,
ou blancKâti'es et se présentant sous li forme de bancs dis-
continus, ou, plus exactement encore de masses ou grands rognons
irréguliers.
Le nom dos raLuIicresi vient comme on sut de l'usage qu'on eu
fait pour la fabrication des meules a moudre et leur qualité, à cet
égard, est duL a leur structure caverneuse \ ce titre, elles sont
I
FiG. 84. — Coupa des meulières à la Ferté-EDiu.Iau
4. S>Hc'srermgiitous(di;KoiiUiiii!Ueau). — 3. Meulières de la Brk. — i. Gïii*.-. — l. Ctktin
très-recherchées, exploitées à grands frais et exportées quelquefois
à des dislances considérables. La Ferté-sous-Jouarre occupe dans
l'industrie des meules une des places les plus distinguées. La figure 8S
donne la coupe du coteau dans lequel ont lieu les exploitations.
Comme on voit, le bas du coteau est eonslitué par des couches
de calcaire grossier au-dessus duquel apparaît la formation gyp-
seuse. Le haut du coteau est occupé par le sable de Fontaine-
bleau. C'est entre ce sable, dont la puissance atteint 2ii mètres, et
le gypse, que se montrent les meulières et leurs argiles.
Le banc proprement dit a de 3 à 5 mètres d'épaisseur. Les car-
rières il meules sont à ciel ouvert, et leur exploitation demande par
conséquent des déblais préliminaires extrêmement considémbles.
LES MEULIÈRES DE BHIE. 293
Une fois en présence du banc, c'est au bruit que la pierre rend sous
te marteau qu'on reconnaît sa qualité.
La Ferté-sous-Jouarre est la seule localité où Ton puisse fabri-
quer des meules d'un seul morceau, ce qui suppose des rognons
de meulières très-volumineux. On taille un cylindre qui, d'après sa
hauteur, doit donner une ou deux meules. On trace sur sa hauteur,
dans ce second cas, un sillon de 9 à 12 centimètres de profondeur,
dans lequel on fixe des cales de bois. Entre celles-ci sont placés
des coins de fer que l'on chasse avec précaution pour déterminer
la rupture. L'ouvrier écoute attentivement, et c'est d'après la na-
ture du bruit que produit la fissure qu'il juge s'il doit hâter ou
ralentir l'entrée de ses coins. C'est une fabrication très-intéressante
à suivre.
A la Ferté même, et à plus forte raison dans les gisements moins
favorisés, on fait aussi des meules en plusieurs morceaux qui sont
réunis par des cerceaux.
L'exploitation des meules dans cette localité classique remonte
à plus de quatre cents ans.
Les argiles à meulières ne sont guère employées ; cependant, à
Montfort-l'Amaury, on les exploite comme amendement pour les
besoins de l'agriculture.
Faune. — Les fossiles des meulières de Brie consistent princi-
palement en coquilles, qui sont, pour la plupart, les mêmes que
celles du calcaire. Dans certains points, tels que Montfort-l'Amaury,
les Limnœa inflata (Brongn.) sont extrêmement nombreux. Cette
petite espèce est globuleuse, très-ventrue; à spire assez élevée et
pointue, composée de cinq tours dont le dernier est très-grand, de
la moitié aussi haut que le reste de la coquille. L'ouverture est assez
régulièrement ovale, oblique à l'axe ; la columelle est très-courte,
tandis que le pli columellaire est fort long, peu tordu et peu saillant.
Le Limnœa cylindrica (Brard) est ventru. Sa spire est courte et
presque scalariforme ; les tours en sont bien séparés par une suture
profonde; ils sont lisses et subcylindriques. Le dernier tour occupe
plus des trois quarts de la hauteur tolale. L'ouverture est assez
grande, ovale, évasée à sa partie antérieure ; la columelle est simple,
el le pli columellaire est droit, court, pyramidal, peu saillant,
quoique assez fortement tordu sur lui-même.
Flore. — A Melun, à Longjumeau et ailleurs, les meulières sont
pétries de végétaux. Nous citerons : Carpolithes thalictroides pari-
siensis; C. ovulum; Chara helicteres; Nymphœa Arethusœ.
TB^^^^ TEIIBAINS TERTIAIRES."
OniCITIE ET MODE DE FORMATIOS DES MEULIÈRES. — C'CSl Un problème
Irês-inléressanl que celui de l'origine et du mode de formation des"
meulières. M. Meugy a émis à cet égnrd une hypothèse Irès-ingé-
nieuse(l), qui, bien qu'elle ail dû être ropoussée, mérite néanmoins
d'être exposée ici. Voici la substance du mémoire de M. Meugy :
fl Avant d'entrer dans aueun détail, nous croyons devoir rappeler
les limitesgéographrques des deux terrains a meulièfos. Ils forment
un vaste bassin discoïde embrassant une partie des départements
de Seîne-et-Oîse, de Seine-et-Marne, de l'Aisne et de la Marne, et
dont la concavité est tournée au nord. Le bord de ce bassin coïncide
à peu près avec les limites septentrionales des départements de
Seine-et-Oise et de Seine-et-Marne, 11 suit ensuitP parallèlement la
vallée de la Marne, en touchant Fèrc en Tardenois (Aisne), puis se
recourbe au sud en passant à Épemay, Sèvres, Provins, Fontaine-
hleau et Ramhouiliel. Mais toutes les parties de ce bassin sont loin
d'élre également riches; car l'étage des meulières inférieures'
manque, pour ainsi dire, complètement sur la rivedroite de la Seine
et de la Marne, dans les deux déparlements de Seine-et-Oise et de
Seine-et-Marne. Cet étage semble faire suite à celui des meulières
supérieures, qui, abstraction faite des lambeaux isolés au sommet
de quelques monticules dans les arrondissements de Mantes, Pon-
toise et Meaux, se réduit à un petit bassin de forme elliptique dont
Chevreuse occupe à peu près le centre, et qui est séparé du terrain
à meulières inTérieures par les côtes sableuses de Sceaux, Palaiseau
et Montihéry. Ces deux terrains se trouvent donc, pour ainsi dire,
dans le prolongement l'un de l'autre, bien qu'occupant des niveaux
différents et semblent avoir été formés, en partie du moins, à uns
même époque par des eaux qui ont ruisselé sur toute la surface où
ils s'étendent. »
Le fait le plus général, et sur lequel il convient d'appeler l'atten-
tion tout d'abord, parce qu'il s'applique aux deux étages de meii-
lières, est la nature roiiiéralogique de l'argile associée à la rodie,,
quand celle-ci est bien en place. Si la meulière n'a pas été déplacée^
ce qu'on reconnaît facilement h la disposition horizontale que lef
bancs siliceux, bien que discontinus, afTectent généralement, OD
n'observe dans les interstices de la pierre que de la glaise compacta,'
grise ou rougeiUre, dans laquelle sont enipfttés des lentilles de
sable et des fragments anguleux et non arrondis de silex meulière.
(i) Meugj-, Bullcl. de lo Soc. gi'olayii/iie, 2' série, t, Xl[l, p. 117 et 581.
LES MEULIÈRES DE BRIE. 295
Au-dessus de cette première assise, il existe très-souvent à la sur-
face du sol un dépôt sableux ou limoneux, dont les parties consti-
tuantes remplissent les cavités ou les fentes du terrain sous-jacent.
Cette couche de gravier, de sable et d'argile rougeâtre, plus ou
moins sableuse, qui recouvre la superficie des plateaux, renferme
aussi des meulières ; mais celles-ci s'y trouvent disséminées sans
aucun ordre en blocs isolés, et leur gisement diffère, par suite, de
celui des meulières du dessous, dont la stratification est au con-
traire assez marquée.
De plus, on observe à différents niveaux des blocs de meulières
empâtés dans l'argile ou limon, ou mélangés avec des cailloux
roulés de toute nature.
Les faits observés prouvent, en un mot, que les meulières infé-
rieures, comme les meulières supérieures, associées à des argiles
compactes, sont recouvertes par des terrains tantôt sablonneux et
graveleux, tantôt limoneux, qui empâtent tous deux des blocs plus
ou moins volumineux de la roche sous-jacente.
Les meulières paraissent donc, pour M. Meugy, avoir été remuées
ou déplacées à deux* époques différentes : premièrement, à l'époque
du dépôt des sables et graviers; deuxièmement, à celle. du limon.
Le massif, pris dans son ensemble, affecte bien une disposition
horizontale; mais ses diverses parties, au lieu de faire corps entre
elles ou de se lier l'une à l'autre par des veinules plus ou moins
épaisses, consistent au contraire en fragments de toutes grosseurs,
à surfaces droites, séparés les uns des autres par des intervalles
souvent très-étroits, remplis de glaise. En un mot, les matériaux
constituants de ce terrain sont disposés comme si l'argile s'était
formée après le dépôt de la meulière. Une opinion toute contraire
a été émise par M. Constant Prévost (1). Suivant cet auteur, les
masses siliceuses seraient contemporaines des argiles qui les enve-
loppent, et auraient été produites à la manière des silex de la craie,
par des agglomérations de la silice au sein du limon argileux. Mais
la structure fragmentaire des meulières, bien différente de celle des
silex du terrain de craie, qui est au contraire arrondie, noduleuse
ou mamelonnée, nous paratt s'opposer à ce que cette hypothèse
puisse être admise. D'ailleurs on ne pourrait expliquer ainsi la pré-
sence des débris qu'on observe au milieu des argiles dans les inter-
(1) Constant Prévost, Quelques faits relatifs à la formation des silex meulières
{Bullet.de la Soc. philomatique, 1826).
nn^^^^^^^^" TERRAIBS TERTlAIRïSf"
valles horizontaux qui sépan-nl les bancs de meulières et jusqu'à la
partie inlérieure de la foim.iUon. Kous ne pouvons non plus ad-
mettre, avec il. Constant Prévost, que, les traces de mjjtures et de
dislocations que présentent les massifs de meulières doivent être
attribuées au tassement des sables qui les supportent. Car cette
explication ne pourrait évidemment s'appliquer aux meulières infé-
rieures. Enfin, certains faJts qui n'ont pas échappé aux investiga-
tions de Dufrénoy, ne peuvent laisser de doutes sur la non-con-
temporanéité des argiles et des meulières. Ainsi, ce savant a re-
maiHiué que la meulière de Brie n'était qu'un accident au milieu du
calcaire siliceux, et que le développement de l'un de ces ten-ains
correspondait ordinairement à un amincissement de l'autre. Le
teirain des meulières ne form(> pas, eu elTet, ime nappe contiuue et
stratihéeregulièrementau-dessus du calcaire siliceux, puisqu'on ren-
contre aux mêmes niveaux, tantôt les meulièi'es avec leurs argiles,
tautât les roches de travertin supérieur. Or, si les meulières s'étaient
formées dans les argiles, on ne comprendrait pas pourquoi ce ter-
rain ne s'étendrait pas eu couche régulière au-dessus du calcaire
lacustre. De pinson voit souvent (Villcœoissou,EBSonnes, Marelles,
Epinay, etc.) la meulière passer insensiblementau calcaire siliceux.
M. Meugy insiste beaucoup sur ce point, parce qu'il lui semble
donnei' la clei' du mode de foi'maliun de cette roche. A Marolles,
notamment, on remarque au fond des carrières des bancs presque
continus de calcaire siliceux passant à une meulièrt; poreuse. Ces
bancs sont l'ecouverts par des meulières associées à des glaises
compactes auxquelles sont superposées d'autres meulières en fmg-
ments anguleux, avec glaises rougeâtres et verdàlres enveloppées
dans des argiles plus maigres, mêlées de gros sable, qui empâtent
aussi des parties marneuses blanches. Quelquefois le gravier domine,
et eu certains points ce gravier est lui-même recouvert par un peu
de limon argilo-sableux jaunâtre qui emplit les dépressions du sous-
sol. Dans les carrières ouvertes entre Montgerau et lirunoy pour
l'extraction de la piene destinée au macadamisage des rues de
Paris, on observe au-dessus du banc siliceux exploité, qui a 2 mè-
tres de puissance, une couche de marne blanche dont la surface
présente de nombreuses ondulations, puis des fragments détachés,
formés partie de meulièi'e, partie de calcaire siliceux, dans une ar-
gile rougeàlre mêlée de gravier, qui l'eufemie aussi des lambeaux
de marne, au milieu desquels on distingue encore quelquefois des
parties siliceuses meuliéri formes. Celte ai'^ile, dont l'épaisseur est
LES MEULIÈRES DE BRIE. 297
de 2 à 3 mètres, remplit les nombreuses fentes du banc inférieur.
Il semblerait que la couche supérieure du travertin, dont il n'existe
plus maintenant que des débris, a été partiellement décomposée, et
que ces débris ont été remaniés postérieurement. A Villemoisson,
les bancs de calcaire siliceux ne sont, pour ainsi dire, cariés qu'à la
surface, et une même pierre présente à la lois du calcaire compacte
jaunâtre, de la silice gris bleuâtre et de la marne blanche ou gris
blanchâtre. Il en est de même à Epinay et à Essonnes. Dans l'une
des carrières ouvertes dans celte dernière localité, au sommet de la
côte, sur la routé de Mennecy, se montrent des bancs épais de cal-
caire siliceux traversés par des filières très-étroites, au contact des-
quelles la pierre était complètement transformée, et, à quelques
centimètres de ces fentes, la meulière devenait de moins en moins
cariée et passait graduellement au calcaire compacte.
Les vides contigus aux filières ne renfermaient qu'un léger dépôt
de glaise rôugeâtre. Sénarmont a cité, d'ailleurs, plusieurs loca-
lités du département de Seine-et-Marne où la meulière n'est pas
exclusivement siliceuse et renferme de 3 à 15 pour 100 de carbonate
de chaux, comme entre Saint-Ouen et Rebais, aux environs du
Plessis-Picard, de Servon, de Brie-Comte-Robert, de la forêt d'Ar-
mainvilliers, etc. o J'ai moi-même recueilli, dit l'auteur, sur leplateau
qui borde la Marne, à l'est de Champigny, dans un terrain remanié
consistant en une argile jaunâtre avec fragments siliceux et mar-
neux, des échantillons de meulières imparfaites, au centre desquels
on distingue de petits noyaux compactes et calcaires de nuance
grisâtre, entourés d'une enveloppe blanche toute siliceuse (1). »
Maintenant, comment peut-on concevoir le mode de formation des
meulières et des glaises qui les enveloppent? On lit dans la Descrip-
tion géologique des environs de Paris par Brongniart (page 79) :
« C'est dans ce terrain (calcaire siliceux) que se trouve une des
sortes de pierres connues sous le nom de meulières, et qui semblent
avoir été la carcasse siliceuse du calcaire siliceux. Le silex, dé-
pouillé de sa partie calcaire par une cause inconnue, a dû laisser et
laisse en effet des masses poreuses, mais dures, dont les cavités
renfennent encore de la marne argileuse, et qui ne présentent âu-
(1) Nous dirons, à cet égard, conformémenlà rassertion de M. Meugy, que nous
avons recueilli nous-même dans les meulières de Brie de Grand-Vaux (Seine-et-
Oise) des échantillons absolument calcaires, extrêmement friables^ et qu'on
pourrait confondre pourTaspect avec la craie blanche proprement dite. Nous avons
déposé un échantillon de ce genre dans les collections du Muséum.
^^^^^^^^^ TEBRâlNS TERTIAIRES.
Guac trace de stratîrication. \ous avons fait de véritables meulièi'es
artificielles en jetant du calcaire siliceux dans dû l'acide nitrique. i>
Chacun peut répéter cette expérience bien simple, et l'on ru-
inanjuera que l'acide laisse un résidu argileux jaunâtre, qui paraît
représenter certaines glaises associées à la pierre meulière.
itlais dans cette manière de voir, à quelle époque ces eaux acides
ont-elles fait irruption dans le bassin de Paris? Il résulte des faits
observés qu'ellesn'auraienl pu arriveravant le dépât des sablesde Fon-
tainebleau: cai', s'il en était ainsi, il semble que le calcaire siliceux
devrait avoir été attaqué à peu près uniformément sur toute son
étendue ; et l'on ne verrait pas, au même niveau et en des points
aussi rapprocbés que Juvisy et Villemoisson par exemple, d'un câté
le calcaire siliceux intact, et de l'autre le même calcaire en partie
transformé.
M. Meugy a observé, d'ailleurs, il Hondevilliers, à deux lieues au
sud de Nogent-l'Artaud, un fait qui ne peut guère laisser de doute
à ce sujet. 11 existe dans cette commune' de grandes cairières où l'on
exploite le travertin supérieur pour les fabricants de meules de la
Ferté-sous-JouaiTe. Dans l'une d'elles, ouverte depuis douze à quinze
ans au milieu d'un terrain appartenant au sieur Dumoncet, on voit
les .'iables supérieurs interrampus par une grande poche ([ui est
l'emplie de limon et qui atteint le massif exploité. Ce massif con-
siste en bancs siliceux plus ou moins cariés, qui fout corps eiltre
eux, et dont les vides sont presque entièrement remplis d'argile sa-
bleuse jaune et giise, qui se lie évidemment au limon du dessus,
l'i', si les eaux acides élaient venues antérieurement aux sables, il
serait naturel que les vides restant dans la pierre fussent remplis de
sable et nou de limon. De plus, la pierre meulière cariée, la seule
qui soit propre à la fabrication des cari"eaux îi meules, se trouTe
uniquement au-dessous de cette poche, et en général dans les
parties où les sables manquent. On n'observe, en effet, sous ces
sables, qui sont supportés par un lit imperméable de glaises de di-
verses couleurs, que des bancs épais de cailloux, avec fentes vei'li-
cales remplies tantôt de limon, tantôt de sable pur. Les ouvriers
disent eux-mêmes qu'ils craignent le sable, parce qu'ils savent, par
expérience, qu'il n'y a pas de bonne pierre au-dessous.
Les eaux acides n'ont pu aniver non plus immédiatement après
le dépôt des' sables, car, dès qu'il n'est guère possible de concevoir
l'allure toute particulière des meulières inférieures sans admettre
une dénudation préalable de ces sables, la concordance qui existe
LES MEllLIÈBES DE BRIE. 299
entre cette formation et le calcaire de Beauce s'opposerait à cette
supposition.
Ces eaux n'auraient donc pu affluer qu'après le calcaire lacustre
supérieur et lorsque ce dernier avait déjà été raviné ainsi que les
sables, c'est-à-dire lorsque le relief du sol présentait à peu près la
configuration actuelle, abstraction faite des dernières vallées. « Or,
dit M. Meugy, comme le. terrain des meulières supérieures est dis-
posé, relativement au calcaire de Beauce, de la même manière que
celui des meulières inférieures, par rapport au calcaire de Brie, et
que, par suite, la physionomie qui leur est propre n'a pu leur être
imprimée que par des causes semblables ; comme, d'un autre côté,
les graviers et glaises qui se rattachent au terrain de Sologne rem-
plissent les vides des meulières, dont ils renferment aussi des frag-
ments, il s'ensuit que les eaux acides dont il est question n'ont pu
envahir le lac parisien que vers la fin de la période miocène, avant
l'époque des faluns. Elles se seraient alors répandues sur les calcaires
siliceux, et les auraient décomposés plus ou moins complètement
en laissant pour résidu, d'une part, le squelette siliceux du calcaire,
et, d'autre part, l'argile ferrugineuse, primitivement mêlée d'une
manière intime au carbonate de chaux. Un peu plus tard les vides
nombreux et irréguliers existant au milieu de ce squelette ou de
cette espèce de carcasse du calcaire siliceux (pour nous servir de
l'expression pittoresque de Brongniart) auraient été remplis par Içs
glaises et les sables du terrain de Sologne. Cette hypothèse parait
rendre assez bien compte de tous les faits observés. En effet, il est
naturel de supposer que, par suite delà décomposition des calcaires,
les veines siliceuses ne faisant plus partie d'un massif compacte, se
sont facilement rompues dans les points où elles offraient le moins
de résistance. Il est résulté de là, d'une part, de menus débris qui
ont été empâtés par les argiles, et, d'un autre côté, des fragments
tantôt en grosses masses, tantôt en plaquettes, qui sont restés à peu
près dans la position qu'ils occupaient d'abord, mais qui, par suite
du tassement, ont dû s'incliner plus ou moins en divers sens et
présenter les apparences de dislocation qu'on observe. Les inter-
valles argileux qui existent au milieu des massifs de meulières
seraient donc, pour la plupart, une conséquence de la dissolution
du calcaire et des marnes associées à la silice ; mais ils ont pu pro-
venir aussi quelquefois de fissures résultant du retrait même de la
matière. Dans le premier cas, l'argile provenant de lattaque du cal-
caire par l'acide a formé un léger dépôt dans les vides produits par
^P^^^^^^^^ tERRAinS TERTiAIBES,
l'enlèvemenl du carbonate de chaux, lesquels vides ont pu être pos-
térieurement comblés par lus glaises de Sologne; et, dans le second
cas, ce sont seulumeut ces glaises qui se sont ÎDSitrées dans les
fentes de la pierre en même temps que d'autres matériaux détachés
des terrains environnants. C'est ainsi que, dans les carrières de
Ferrières et de Collégien (Seine-et-Marne), situées à deux, lieues au
sud de Lagny, on trouve quelquefois, au niilieu du massif siliceux
et même au-dessous, de petites veines de sable provenant de (a dé-
gradation des monticules voisins. C'est ainsi qu'à Saint-Michel-sur-
Orge (Seine-et-Ûise), les fentes des bancs de caillasse sont aussi
remplies par du sable ou par une glaise sableuse brune, analogue à
celle qui existe quelquefois dans le nord à la base du limon. Quant
aux graviers et sables de Sologne, on conçoit que l'agitation des
eaux qui avait uécessaircmeul lieu au moment de leur transport,
ail suffi pour soulever les blocs isolés de meulière déjii mécae en-
tourés de glaises qui gisaient pôle-môle à la surface du sol.
«Leschoses se sont probablement passées comme nous venons de
le dire, quand les bancs calcaii'es se trouvaient découverts à la sur-
face des plaines. En dehors de leurs aflleuremenls, au contraire,
quand ils étaient préservés du contact de la liqueur acide par les
veines glaiseuses imperméables qui existent pre-s(|ue toujours à la
base des sables supérieui-s, et par une plus ou moins grande épais-
seur de marnes du calcaire de Deauce, ils ont dû conserver leur
structure primitive.
» Quelquefois les couches calcaires, bien que se trouvant à une
certaine profondeur, ont pu être attaquées, soit que les eaux venant
de la surface se soient répandues dans les fissures du sol, soît que
ces eaux soient sorties de l'intérieur en certains points ù l'état de
sources; mais les diverses parties du massif coiixidé n'ont pu se
désunir, et l'action de l'acide n'a dû avoir pour effet que de laisser
de petits noyaux argileux dans les pores de la pierre, comme il Epi-
nav et à Chamarande, et d'engendrer de la limonite, qui s'est agglo-
mérée en quelques points sous forme de nodules.
» Ainsi, les divers terrains à meulières ne seraient que le résultat
d'une modification opéree sur les deux calcaires lacustres par des
eaux acides qui auraient agi postéi'ieuremeut à leur dépât, dans un
même bassin dont la forme et la profondeur, indépeudantes de
l'étendue des deux formations , n'ont été déterminées que par
lo relief des couches inférieures et par les dénudations que le sol
superiiciel avait déjà éprouvées.
LES MEULIÈRES DE BRIE. 301
» Quant à la nature et à l'origine de Tacide auquel nous attribuons
la décomposition des calcaires siliceux, ce sont là des questions
qu'il n*est guère possible d'aborder et encore moins de résoudre.
Des sources d'acide carbonique, telles que celles qui existent de
nos jours, auraient-elles suffi pour détruire d'aussi grandes masses
calcaires? On serait plutôt porté à supposer que l'agent qui a servi
à la désagrégation et à l'altération de ces roches a été l'acide chlor-
hydrique, qui s'échappe encore par torrents des volcans actuels, et
qui existe aussi quelquefois dans les sources thermales. L'acide
sulfiirique résultant du grillage des pyrites ou de la combustion
lente du gaz hydrogène sulfuré au contact des corps poreux, a peut-
être aussi joué un rôle. Quoi qu'il en soit, les émanations acides
auraient coïncidé avec le soulèvement désigné par le nom de système
du Sancerrois,que M. Élie de Beaumont regarde comme séparant le
terrain d'eau douce du bassin de Paris des falunsde laTouraine. »
Malgré l'attrait que peut avoir cette supposition, il ne faut pas
méconnaître qu'elle soulève des difficultés insurmontables. Tout
d'abord on peut remarquer son extrême complication.
Et puis, quoi qu'en ait dit M. Meugy, les deux niveaux de meu-
lières sont parfois superposés sur une même verticale et séparés
l'un de l'autre, non-seulement par le sable de Fontainebleau, mais
aussi par des couches de calcaire qui auraient nécessairement subi
Finfluence dissolvante d'un agent capable d'agir sur les strates
extrêmes de l'ensemble. Cette même remarque s'applique égale-
ment au cas très-fréquent où les lits de meulières sont recouverts
par des couches de calcaire plus ou moins siliceux. C'est, par
exemple, ce que donne la coupe suivante prise au-dessus du village
de Juvisy, au lieu dit la Cour de France :
ià. Terre végétale »
13. Sable de Fontainebleau argileux A, 00
12. Lit d'argile 0,50
11. Marne calcaire grise avec buîtres (0. cyathula, 0. ton-
girostris, etc.) 0,30
10. Marne calcaire grise avec concrétions calcaires remplies
de million tes et autres coquilles marines 1,00
9. Marne sableuse jaunâtre avec petits fragments arrondis
de marne blanche 0^50
8. Marne calcaire blanche contenant à la partie supérieure
des planorbes et des limnées, alternant à la partie
inférieure avec des lits de silex accompagnés d'un
peu d'argile jaunâtre v 3,00
I
I
TERRAINS TËitTlAlHKSi"
7. Ilanc de calcaire siliceuxcompacle (la surface inférieure
de eu liaoc est â t'élal de meulière). 1.60
G. iieutière accompagnée d'un peu d'argile jaunilre. ■ . . 0,iO
5, Calcain.' siliceux conerÉLiooné et meulïérironne 0,80
i. U«ulièreet eaicaïre ^iLceax de 1 i 3,flO
3. Hames rertes 5,00
2. Harnes jaunes Ceuilletées (marnei II cjthérées de Bron-
gniartj 1,00
1. Marnes Lleuàlrea et blancliâlres a
On voit donc, suivant la remarqae de M. Hébert (1), qu'H existe
de véritables meulières au milieu du calcaire siliceux, soos des
assises assez puissantes de maniRS calcaires, d'argiles et de sablM.
Ces meulières, si elles étaient dues à l'action d'un acide, et l'on ae
peut nier qu'il fût possible d'en obtenir par ce procédé, n'aiiAtent
certainement pas été produites à une époque postérieure ft'cd)»
de la formation du calcaire siliceux; elles sont évidemment coAUii^
poraines.
Une autre hypothèse à faire, au sujet de l'origine et du mode de
formation des meulières, consiste à en faire des produits cûia|âin-
bles aux tufs siliceux des geysers actuels.
Les fçeysers sont, comme on sait, des sources dont la tcnipte-
lure élevée est fournie par les régions profondes. L'eau iétti
sources tient en dissolution do la silice qui se repose le longdéiBs-
surc^ qui livrent passage au liquide et les tapisse d'incinlisUtfons
variées.
Le plus célèbre et certainement le plus beau est le grand flcj-str
d'Islande (fig. 85). De loin, de légères vapeurs rampant dans ia
plaine basse, au pied de la montagne de Bladfell, indiquent l'em-
placement du jet d'eau et des som'ces voisines. La vasque de piciTi?
siliceuse que le Geyser s'est lui-même formée pendant le cours des
siècles, n'a pas moins de 16 mètres de largeur et sert de bassin
extérieur ù un entonnoir de 23 mèti'es, du fond duquel s'élèvent les
epLU\ et la vapeur. Une mince nappe liquide s'épanche par-dessus
les bords de la vasque et desj^end en cascatelles sur la pente eïté-
rieure. L'air froid fait baisser la température de l'eau à In siwface,
mais en même temps la chaleur augmente de plus en plus dans les
coucbos inférieures ; en certains endroits, des bulles se forment nu
fond de l'eau et viennent éclater dans l'air. Bientôt ces couches de
vapeurs s'élèvent en nuages dans l'eau verte et transparente ; mais,
(i) BÉbtrl, llul/el. île In Soc. gôùlogiquc, 1, 1111, p. 603.
LES MEIÎLIÈIltS
rencontrant les masses plus froides de la surface, elles se dissolvent
de nouveau. Enfin, elles anivent presque dans la vasque et sou-
lèvent les eaux eu bouiliotmant; les vapeurs jaillissent cà et là dans
la nappe liquide; la température du bassin tout entier s'élève au
point d'ébuUition, la surface se gonfle en masses écumeuses, le sol
tremble et mugît sourdement. La chaudière laisse échapper sans
cesse (les nuages de fuuiéû, qui taiitût s'accumulent sur le bassin,
taiitùt sont balayés par le vent. Quelques moments de silence suc-
cèdent de temps en temps au siFflemciU des vapeurs. Tout à coup
la résistance est vaincue; l'énorme jet s'élance avec fracas, et,
comme un pilier de marbre éblouissant, surgit à plus de 30 mètres
dans les airs. Un deusièmc, puis un troisième jet se succèdent i"upi-
dcment; mais le magnifique spectacle ne dure qu'un petit nombre
de minutes. La vapeur sccliappe; l'eau, refroidie, tombe dans la
vasque el sur le pourtour du bassin, et, pendant des heures et
même des jours, on attend vainemenl une nouvelle explosiou. En
»'
!(i(s il'' f)ifi/l')gie de M, Contejeu
I
TERRAINS TEHTIAIHES,
se penchanl au-dessus de rentoniioir duquel sortait un tel orage
d'écume el de bruit, et où l'on ne voit plus alors qu'une eau bleue
transparente, faiblement ridée, on peut à peine croire, dit le chi-
miste Bunsen, au changement soudain qui vient de s'opérer. Les
minces déprtts de matières siliceuses (jue laissent en s'évapiiraiU
tes eaux bouillantes ont déjà formé un monticule conique autour
de la source, et tùt ou tard la margelle do pierres fn^andissanta
aura tellement accru la pression de la masse liquide dans la Ton-
laine, que les eaux s'ouvriront à la lin une nouvelle issue en dehors
du cùne.
y\. le docteur Eugène Robert s'est attaché à faire ressortir le»
analogies que présentent les geyséritcs avec les meulières tertiaires.
Voici comment il s'exprime sur cet intéressant sujet (1) :
u En comparant les dépâls siliceux de l'Islande encore en pleine
activité avec ceux des meulières, nous arrivons, en procédant do
connu à l'inconnu, à pouvoir dire que les meulières de nos terrains
neptuniens se sont sans doute formées de la même manière que
celles des terrains volcaniques. Les bassins des sources thermales
où l'eau est tranquille, et que, par ce fait on appelle, en idiome islan-
dais lixngan (bains), pour les distinguer des Ai'crs, prononcez ywer:
(chaudrons), où elle est toujours en ébullitton, nous fournissent
surtout une indication précieuse. Là, nous aurons la preuve que la
silice gélatiniforme, sur laquelle des minéralogistes font préala-
blement passer les agates, calcédoines, corps organisés silici liés, etc.,
avant de se durcir, ne peut prendre cet état de gelée qu'à l'aide d'ans
température élevée bien inférieure cependant à celle qui en-
gendre les concrétions siliceuses du chou-fleur. En effet, les oaui
refroidies de ces sources ne iléposent point de silice concrétionnée.
Voilà trente ans que nous avons rendu captive de| l'eau du grand
Geyser, puisée dans son bassin même après l'une de ces magni-
fiques éruptions qui l'ont rendu si célèbre; et à l'heure qu'il esl.il
ne s'est condensé au fond des bouteilles qui la renferment que des
flocons d'une matière gélatiniforme que l'on pourrait prendre pour
de la silice, s'il n'en restait plus après la combustion qu'un peu de
charbon. L'ne certaine chaleur douée de toutes les propriétés ther-
males parait donc devoir être indispensable pour que les réactions
puissent s'opérer facilement. Au reste, afin de mieux faire ressortir
(1) Eugène Robert, Rnpppochemenh ei
H li-s meulières proprement dites.
■e les dépôts fonligéniquea de f blonde
LES MEUUËilES D£ BRIE. 305
les traits de -parenté qui nous semblent exister entre les produits
des geysers et les meulières, il vaut mieux, en recourant à notre
journal de voyage, opposer ces roches les unes aux autres. »-
Abstraction faite des concrétions siliceuses en chou-fleur dont on
a fait une espèce minérale sous le nom de geysériHe, que le grand
Geyser, particulièrement, dépose encore à une température qui
excède 1.00 degrés centigrades (elle peut aller à 124 degrés centi-
grades), voici ce qu'on rencontre en partant du petit cône surbaissé
au sommet duquel il jaillit, et sur la rive droite d'un ravin qui le
contourne :
1° Concrétion siliceuse blanchâtre, friable, avec empreintes de
graminées, de prèles et de cypéraoées, plantes vivant encore, près
de là, dans des terrains tourbeux arrosés par le Beinà, qui reçoit
toutes les eaux des geysers.
S*» Un peu plus loin, au-dessous et au-dessus d'une concrétion
siliceuse en chou-fleur, se présente une concrétion siliceuse calcé-
donieuse, plus ou moins feuilletée, ayant une singulière analogie
avec nos meulières.
3** On trouve aussi dans les mêmes localités voisines de l'Hécla,
mais non en place, une autre concrétion siliceuse, fibreuse, demi-
dure, oflrant une ressemblance assez grande avec le silex nectique
de Saint-Ouen. Ici on serait tenté de la prendre pour une pierre
ponce.
4° Ces concrétions siliceuses, qui ressemblent si bien à nos meu-
lières, gisent comme elles dans une argile bolaire de diverses
couleurs, ordinairement rougeàtre, gris rougeâtre, jaune blanchâtre,
bleu tendre et lie de vin.
Il est probable que, dans l'origine, les concrétions siliceuses se
trouvaient recouvertes par les argiles, et que ce sont les dégrada-
tions du sol par les pluies qui les ont ainsi mises en évidence.
Le sol où tous ces dépôts se sont formés parait jouir constamment
d'une température qui varierait entre 25 et 30 degrés centigrades.
Elle a pu s'élever plus haut, et s'y élève probablement encore,
car on a noté 41 degrés centigrades dans un trou rempli d'eau
où vivaient des limnées suspendues à des conferves d'un beau
vert noirâtre.
C'est dans ce terrain, qui s'étend jusqu'au pied des montagnes
Laugarfiall et Midfellsfiall, que s'observent le plus souvent des em-
preintes végétales, telles que des feuilles de Betula alba et nana^ et
A'Arbutus uva-ursi. On y trouve aussi une grande quantité de tiges
ST. MEUlflU. 20
TEBRAINS TERTIilHES.
pétrifiées isolémenl et parfaitement reconnaissables. La plupavtsoal
entièrement converties en un ijuartz calcédonieux. « Nous ajoute-
rons, dit M. lîoberl, que toutes ces empreintes végétales et ces
moules de liges révèlent la disparition d'uu petit bois de bouleaux
qui prospérait autrefois dans cet endroit ; on le retrouve d'ailleurs
un peu plus loin. Nous insistons sur ce fait, parce qu'il peut servir
à expliquer l'étmnge accumulation de troncs de grands arbres sili-
cifiés qu'on a cru devoir rapporter à la famille des laxinées, et qui
vraisemblablement boisaient le sommet d'une colline pi-ès de
Neauphle-le-Chàleau et dans la propriété de M. Mortemer. On serait
d'autant plus disposé à faire un rapprochement entre ces gisements
de végétaux silicifiés, qu'on trouve aussi dans les meulières qui
accompagnent les tiges de taxinées, des empreintes de feuilles qui
n'ont pu appartenir qu'à des ifs de l'ancien monde. Mais voyons
maintenant ce qui caractérise plus particulièrement la incutière.
0 Tout le monde sait, ou du moins les personnes qui ont cherché ï
débrouiller les phénomènes géologiques si complexes dont le bassin
de Paris a été le théâtre savent que les meulières, suivant la classi-
fication de Cuvier et de Brongniart, gisent au milieu d'argiles de
diverses couleurs, soit en couches plus ou moins épaisses, soit en
masses isolées çt même en rognons ou nodules.
1 Le plus souvent ces meulières ne renferment pas de corps orga-
nisés, d'autres fois elles en ont beaucoup ; mais c^ n'est guère que
sur les bords de ces dépôts, là où l'eau n'était sans doute pas assez
profonde pour s'opposer à l'existence des mollusques, que les fossiles
sont le plus abondants; avant l'époque quaternaire, où nos collines
ont pris leurs formes actuelles, les bords de ces dépôts ne devaient
être que les rives des dépressions du sol, plus ou moins grandes et
considérées généralement comme ayant été des lacs daus lesquds '
tes argiles se déposèrent.
» C'est dans ces circonstances que la silice, au lieu de s'étendre en
assises plus ou moins cellulaires, plus ou moins cariées, s'est con-
centrée ou par couches concentriques ou par emboîtement, en aBeo-
tant la forme de sphéroïdes ou d'ovoïdes souvent d'une régularité
parfaite, pour ainsi dire géométrique. La matière de ces rognons k
la smface desquels des coquilles d'eau douce, telles que limnées,
planorbes, potamides, etc., sont à moitié empâtées, est beaucoup
plus dense que la meulière ordinaire, et tout à fait au centre ilya
ordinairement une cavité occupée par un noyau de silicequî sedés-
agrège très-facilement. Enfin les mêmes coquilles d'eau douce sont
LES MEULIÈRES DE BRIE. 307
disséminées dans l'épaisseur des couches concentriques, dont la su-
perposition donne nécessairement à la coupe des rognons, en quelque
sens qu'on la pratique, la contexture conchoïde. On serait alors
porté à croire que ces tests, lorsqu'ils étaient habités par les mol-
lusques, ont été autant de centres d'attraction de la silice, comme
cela parait avoir incontestablement eu lieu par les silex pyroma-
ques. Nous attachons d'autant plus d'importance à cette remarque,
qu'on retrouve en Islande des rognons semblables ou des concré-
tions siliceuses à emboîtement, précisément à la limite des dépôts
argileux. Rien de semblable dans la cmie, si ce n'est par-ci par-là
dans la masse des silex pyromaques géodiques, dont la cavité est
due à des animaux mous qui n'ont pas eu le temps d'être changés
en pierre. Ces chambres ont pu alors se tapisser tantôt de calcé-
doine, de cornaline, tantôt de cristaux de quartz hyalin, et même
se remplir de pyrite de fer.
» Tels sont les rapprochements que nous croyons pouvoir faire
entre nos terrains à meulières supérieures et les terrains geysériens.
Nous nous sommes seulement demandé s'il ne serait pas plus
rationnel de faire intervenir des épanchements d'eau thermale qui
n'aurait guère dépassé 40 degrés centigrades, pour expliquer
toutes les formes que prend la silice dans nos terrains tertiaires,
plutôt que de n'y voir que le simple effet d'un départ ou d'une sé-
paration mécanique des éléments constituants des dépôts argilo-
sUiceux (1).
» L'analogie que nous signalons entre toutes ces formations sili-
ceuses, tant au milieu des roches volcaniques de l'Islande que dans
les dépôts argileux du nord de la France, nous parait si grande, que
s'il fallait donner une description plus complète de toutes ces for-
mations, on n'aurait rien de mieux à faire que d'employer les
(1) « Nous en exceptons toutefois les sables proprement dits, ainsi que les grès
sur lesquels reposent, dans le bassin de Paris, les argiles à meulières, parce que,
suivant nous, ces dépôts ne sont que la réunion de petits fragments de quartz pro-
venant de la destruction de roches cristallines ; et ce qui tendrait à le prouver,
c'est la rencontre dans la masse du sable de cailloux quartzeux roulés, et surtout
de couches très-minces composées exclusivement de mica (Meudon). Et les argiles,
d'où les fiûtes-vous venir? dira-t-on. De la décomposition du feldspath ; en sorte
que nous ne retrouvons ici sous une forme toute nouvelle, et comme résultat de
la trituration des roches primitives, les trois éléments constituants (quartz, mica,
feldspath) du granit, par exemple, à travers lesquels les eaux thermales siliceuses
se sont infiltrées.
» Les grès, qui, dans beaucoup de circonstances, représentent les sables sur les-
^r^^^^^^^^^ TEURAISS TEnTlA[RES.
mêmes termes, de se servir des mêmes mois. Nous ne craignons
pas de dire que plus on voudra approrondir ci^ sujet, moins on fera
des obsLTvations qui puissent étru négatives.
" Il ne manque donc pour établir une ressemblance parraite, el il
ne pouvait pas en être autrement, dans la supposition d'un épau-
chement ou d'une inËltralion générale d'eau\ chaudes chargées de
silice et de se! de soude dans nos argilcsîi meulières, que l'existence
de concrétions siliceuses semblables à celles qui incrustent les
réservoirs des eaux thermales de l'Islande. Il faut que le point de
départ, la véritable source de la silice à meulière ait été bien éloi-
gnée, à une très-grande profondeur, inaccessible à toute investiga-
tion, pour expliquer l'uniformité d'aspect, l'unité de composition i
de nos terrains argito-silîceux. Faudra-t-il en conclure quelatem*'
péralure de l'écorce terrestre a été jadis très-élevée i-elativ^nenl k •
cequ'elleestaujourd'hui?Acoupsûr,Iesanoplothériums, leslophio-
dons, les crocodiles ou tortues, ainsi que les grands monocotylédonés,.
tels que l'Yucca, dont nous avons trouvé tant de débris et d'em- ■
pi-einles, eu 1828, daas les carrières de Nanterre et de Passy, témoi-
gnent que le climat d'alors de notre zone aujourd'hui tempérée,
était extrêmement doiix, pour ne pas dire comparable à celui des tro-
piques ; mais rien ne prouve que ce climat ait emprunté exclusive-
ment sa chaleur au soleil. Si, au contraire, nous admettons que les
dernières couches du globe ont joui pendant longtemps, des siècles
peut-être, d'une température élevée entretenue par l'abondance des
eaux thermales, nous concevrons facilement que la chaleur proiirc
à ces couches ait suHi pour contrebalancer les rigueurs de l'hiTer,
cl mettre, par conséquent, la surface de la terre dans les conditions
d'une serre chaude oii les thermosiphons sont remplacés par une
indnité de tubes capillaires.
Il Lorsque nous nous rendîmes pour la première fois, 11 mai 1835,
quels rcpDseul las argiles à meuliùrus, viennont bien il l'appui de celte Ihiarie;
car, diins ca cas-ci, laur formation est duc à la mèiae iuflltratiun de silice qui an-
rail doniio naisaancB aux raeulièrea après avoir agglutina les ^''aîns de quant
entre oux. Il ne nous rfpugne pas aussi d'adoiellre que les salilus et les aigilet
dans lesquelles se sont condensées les meulif^res soient arrivés en mâme l«mp);
mais, par suite de la pesanteur apéciltque plus grande du saLli;, celui-ci e'uI
déposé !e premier ; ce qui explique assez bien les veines de ssble, et réciproque-
ment d'argile, dans l'un et l'autre terrain. On n'a qu'à prendre un peu de sable «t
d'argile provenant de ces depuis, de les brasser, el l'on aura en petit, dans le vase
OLi se sera taile l'expérience, une image lïdèle des grands depuis de sable et d'sr-
glle supérieurs, n (Nulu de H. Itulivrl.)
LES MEULIÈRES DE BRIE. 309
en Islande^ le sol était encore couvert de neige, et cependant, dans
le voisinage des eaux thermales, la végétation des plantes herbacées
et des mousses ne paraissait pas avoir subi de ralentissement sen-
sible en hiver.
» En somme, nous admettons que les meulières de nos terrains
tertiaires ont été formées par infiltration de la silice tenue en dis-
solution à travers les amas d'argile , et qu'elles n'ont pu acquérir
la structure généralement caverneuse qui les caractérise que sous
l'influence d'une température assez élevée. D'où nous inférons qu'à
une certaine époque, qui doit être bien reculée, alors que les cou-
ches superficielles de l'écorce terrestre achevèrent de se constituer,
il a dû y avoir en même temps des épanchements considérables
d'eaux thermales siliceuses. « Dans les temps delà première érup-
« tion, a dit Buffon, les feux n'auraient-ils pas percé dans les plaines
€ et au pied des montagnes (!)?•> Quoi qu'il en soit, nous estimons que
la sortie des eaux chaudes s'est effectuée sur une assez grande éten-
due pour que nous puissions leur donner le nom de période sili-
ceuse, que nous proposons d'intercaler entre deux autres grandes
périodes : l'une calcaire, qui comprendrait la craie, le calcaire gros-
sier et le calcaire d'eau douce ; l'autre ferrugineuse, à laquelle on
pourrait rapporter la coloration généralement rougeâtre de certains
terrains de transport, ainsi que les dépôts de fer hydroxydé pisoli-
thique et les conglomérats ferrugineux qui couronnent les plateaux
à meulières. »
D'un autre côté et toujours au même point de vue, rappelons que
des phénomènes éruplifs et hydrothermaux analogues à ceux des
geysers ont joué à diverses époques un rôle considérable dans
Tédification des terrains parisiens. Déjà, par exemple, nous avons
mentionné les éjaculations d'argiles bariolées sorties, suivant MM. Po-
tier et Douvillé, par la faille de Vernon. Ces argiles ont avec les
glaises des meulières des analogies telles, qu'attribuer à ceUes-ci unie
origine geysérienne serait extrêmement naturel. C'est un point que
nous examinerons avec plus de détails quand nous étudierons les
meulières supérieures, durant le dépôt desquelles parait s'être pré-
cisément ouverte la faille que nous venons de citer.
(1) « Ce qu'il y a de certain, c'est que dans le bassin de Paris, il n*y a aucune
apparence de soulèvement : du moins les strates tertiaires sont-elles restées hori-
zontales; tandis qu'en Islande il est évident que les sources thermales se sont fait
jour au fond des grandes vallées de déchirement. » (Note de M, Robert,)
310 TERRAINS TERTIAIRES.
Disons cependant tout de suite que Tassimilation des meulières aux
geysérites soulève elle-même une difficulté qui parait considérable.
Elle consiste dans l'ignorance où nous sommes du procédé suivant
lequel les geysérites, qui sont fortement hydratées, ont pu perdre
leur eau pour passer à Tétat de meulières parfaitement anhydres. On
est autorisé à croire que des études ultérieures éclaîrciront ce point
jusqu'ici si obscur, car dans certains cas nous voyons Teau des
roches hydratées se perdre et disparaître sans qu'il y ait eu élévation
nouvelle de température. Nous avons, par exemple, signalé dans
Seine-et-Oise, aux environs de Villeneuve-Saint-Georges, des blocs
de grès donnant lieu à une déshydratation de ce genre.
II
TERRAIN MIOCÈNE
Déjà, en parlant de ten'ain gypseux, nous avons vu que les géolo-
gues sont très-éloignés d'être d'accord quant à la limite commune
de l'éocène et du miocène. Nous allons avoir dans un moment l'oc-
casion de revenir une dernière fois sur cette question, résolue pour
nous, comme on voit par le litre qui précède, au moins d'une ma-
nière provisoire. En attendant que l'étude des sables de Fontaine-
bleau nous ait mis en possession des faits nécessaires à la discussion
complète, nous dirons que le terrain miocène de Paris se subdivise
en deux grands groupes que nous étudierons successivement, et
qui sont :
2. Le travertin supérieur ou de la Beauce.
1 . Les sables supérieurs ou de Fontainebleau.
CHAPITRE PREMIER
LES SABLES DE FONTAINEBLEAU.
Comme nous venons de le dire, les sables de Fontainebleau offrent
un intérêt tout spécial en représentant, pour beaucoup de géologues,
LES MARNES A HUITRES. 311
la base même du terrain miocène. Ils couvrent une très-vaste
surface dont les frontières sont complètement différentes de celles
des terrains précédents. Cette surface, telle que la montre la carte
géologique des environs de Paris, est nettement limitée au nord,
à Test et à l'ouest.
Mais au sud et au sud -ouest le terrain des sables supérieurs plonge
sous le travertin de la Beauce et sort complètement des limites que
nous nous sommes tracées. On se rappelle que Brongniart a insisté
déjà sur cette circonstance en déterminant les bornes de son bassin
de Paris.
D'ailleurs, presque partout dans la zone que nous avons à étudier,
le terrain des sables supérieurs est réduit à l'état de petits mame-
lons plus ou moins hauts, dàttis lesquels on voit avec évidence les
témoins de couches anciennement beaucoup plus développées.
Nous diviserons ce terrain en trois niveaux, qui sont :
3. Grès de Fontainebleau.
2. Sables et bancs de coquilles.
1. Marnes à huîtres.
1. — lies marnes à huîtres.
Cuvier et Brongniart réunissaient les marnes à huîtres à la for-
mation gypseuse, dont elles constituaient alors le couronnement.
Toutefois on va voir que, par leurs fossiles, elles font partie essen-
tielle du groupe de Fontainebleau ; et nous savons déjà qu'elles sont
séparées du gypse par tout le système de la Brie, dont les savants
auteurs de la Description géologique des environs de Paris avaient
complètement méconnu l'âge et la place dans la série stratigra-
phique.
Les marnes à huîtres, par leur extrême constance, et malgré leuï
très-faible épaisseur, constituent un horizon des plus précieux. Leur
nom vient de la profusion avec laquelle des écailles d'huîtres y sont
répandues. Celles-ci n'appartiennent pas toutes, à beaucoup près,
à la même espèce ; deux types tout à fait principaux doivent être
distingués :
L'Ostrea longirostris [LdLmk) (fig. 86) est remarquable par sa grande
taille, qui dépasse parfois 15 centimètres. Il est généralement
ovale-allongé, épais, terminé par un crochet plus ou moins long,,
tantôt droit, tantôt contourné. A l'extérieur, les valves sont folia-
cées, rugueuses. L'inférieure, fixée par unti assez largp surface, vA
fort épaisse et composée d'un grand nombre de feuillets séparés
entre eus et faciles à briser. La surface cardinale du talon est plus
ou moins allongée, ordinairemcnl assez étroite à la base, où elle est
TERHA1SS TERTIAIRES.
loiigirostris.
profondément sinueuse. Cette surface est striée et quelquefois sil-
lonnée profondément en travers; elle est neltement circonscrite de
chaque c()lé par un sillon peu profond. Une gouttière large el assez
profonde occupe le milieu de la surface cardinale. Cette gouttîèreesl
accompagnée latéralement de deus bourrelets aplatis semblables
à des rubans. Le l)ord cardinal ne laisse au-dessous de lui aucune
LES MARNES A HUITRES. 313
cavité; il est obtus, prorondément sinueux. La valve supérieure est
plus petite que l'inférieure. Son crochet est beaucoup plus court;
il est trës-aplati à la surface interne ; et il dilTère d'une manière
très-notable de celui de la valve inférieure. Sa surface est égale-
ment partagée en trois parties, mais disposées précisément à l'in-
verse de ce qui existe dans l'autre valve, c'est-à-dire que la partie
moyenne est occupée par un bourrelet aplati, large, qui correspond
à la gouttière de la valve inférieure, et de chaque côté de lui se
trouve une gouttière à peine creusée, qui reçoit le bouTrelel de
l'autre valve. La face interne des valves est lisse, peu profonde
comparativement à l'épaisseur de la coquille ; elle présente vers le
tiers inférieur de sa longueur et sur le côté postérieur une impres-
sion musculaire petite, semi-lunaire, ordinairement superHcielle,
devenant quelquerois un peu proFonde dans les vieux individus.
Le bord des valves est épaissi, si ce n'est h leur partie inférieure,
où il reste mince; il est simple et reste constamment sans créne-
hires.
VOslrea cyatkula (Lamk) (fig. 87) est une coquille qui n'acquiert
jamais un grand volume ; elle n est pas très- variable. Sa forme la
— Uiti ea Lyaikulu
plus ordinaire est ovale obionde Sa \alve mfeneure, très-convexe
en dehors, est obtuse inferieurement , et se termine, à sa partie
supérieure, par un crochet assez long, presque toujours contourné
sur le côté postérieur ; la surface extérieure de cette valve est couverte
de eûtes obtuses, longitudinales, rayonnantes, peu saillantes, inter-
rompues par des accroissements irréguliers, lamelleux. Ces côtes
sont ordinairement étroites et distantes; il y a cependant des indi-
TERRAINS TERTUiRES.
vidus dont les côles sonl plas larges. La surface supérieure du cro-
cliel est asseis éLroile, triangulaire, striée en travers et creusée d'une
gouttière peu profonde, obscurément limitée do chaque côté parim
liouiTelet pou saillant. La valve supérieure est operculifonni',
devient un peu bombée et fort épaisse dans les vieux individus;
elle est munie à l'extérieur d un grand nombre de stries Iraiis-
vei'ses, sublamelieuses ; le talon de cette \alve est coupé en plao
oblique ; il est triangulaire, aplati, a bec large et peu sinueuK ; dans
le milieu il est dépourvu de goultieie et de bourrelets latéraux. U
surface interne des valves esl lisse; la cavité de la valve inférieure
est profonde et se prolonge un peu dans l'intérieur du crochet.
L'impression musculaire esl seini-luuaii-e, peu profonde, sabcenlrale
et un peu postérieure. Cette coquille, quoique très-commune, ne se
rencontre que rarement avec les deux valves réunies.
CaH\CTÉBES STRATIGKAPHIQirES DES MARNES A HUITRES. Sî, danS
une foute de localités, Villejuif par exemple (voy, fig. 88), le terrain
^^^a.
1
qui nous occupe se réduit îi une simple couche de marne pleine
d'huîtres, ailleurs, au contraire, il atteint beaucoup plus de puis-
sance, et admet des éléments beaucoup plus variés.
A Montmartre, par exemple, il est Irés-développé, et l'on y dis-
tinguait dix Ji douze couches parfititeinenl distinctes, devenant
sableuses dans le haut, de façon à se fondre petit à petit avec le
sable proprement dit. I/une des couches de Montmartre esl pétrie
de petites bilhynies,et il est évident dès lors qu'elle esl d'eaudouce,
quoique enclavée dans un ensemble essentiellement mai'ïn. D'au-
tres sont très-calcaires, et elles deviennent parfois si compactes,
qu'on a tenté, dans le temps, des essais d'ailleurs malheureux pour
en tirer des pierres lithographiques.
LES MARNES A HUITRES.
315
A Versailles, les marnes à huîtres présentent des retraits polyé-
driques pareils à ceux du terrain gypseux.
Comme accident minéralogique, nous signalerons dans les marnes
à huîtres de Villejuif et d'ailleurs, des amas de sable magnésien
blanc comme la neige et d*une pureté admirable.
Dans tout le sud de Paris, les marnes à huîtres atteignent une
puissance remarquable, et admettent, entre autres couches remar-
quables, d'épaisses assises d'un calcaire rempli de milliolites, et qu'à
première vue on pouiTait confondre à cause de cela avec le calcaire
grossier moyen.
Ce calcaire, signalé d'abord par Huot à Neauphle-le-Vieux, fut
retrouvé à Juvisy par Charles d'Orbigny, et depuis lors, dans diverses
localités, par différents géologues. Nous en avons nous-même con-
staté l'existence à Fresnes-lez-Rungis (1), où il offre des particula-
rités remarquables (fig. 89).
FiG. 89. — Le calcaire à Cerithium plivatum de Fresnes-lez-Rungis.]
5. Marnes à petites huîtres. — 4. Marnes à grosses huîtres. — 3. Lits de galets calcaires. —
2. Calcaire à Cerithium jUicatiim et à milliolites. — 1. Travertin de la Brie.
11 existe dans le village même de Fresnes-lez-Rungis (Seine) une
petite carrière, maintenant abandonnée, qui présente, de haut en
bas, sur une épaisseur de 3 à 4 mètres, les couches suivantes au-
dessous de la terre végétale : 1** Marne blanche toute pétrie d'Ostrea
cyathula; 2° marne brune; 3° marne blanche sans fossiles ; k^ marne
brune identique au n" 2 ; 5*» marne blanche sans fossiles, iden-
tique au n° 3; 6" marne pétrie i'Ostrea longirostris ; 8" marne
sableuse très-blanche ; 9** enfin calcaire à Cerithium plicatum,
Cytherea incrassata, milliolites, pinces de crustacés, etc.
C'est ce calcaire qui faisait l'objet de l'exploitation aujourd'hui
(I) Slanislas Meunier, Comptes rendus de V Académie des sciences^ 1873>
t. LXXYII, p. 1547.
316 TERRAINS TERTUIM
interrompue ; on le voit sur |>lus d'un mèlre J'.'paîsseiir, maïs 5oii
support n'est pas visible.
Entre Petit-Fresnes et Chevillv, une exploitaliou de meulières
de Brie montre ce même calcaire en couche bien plus mince, sur-
monté de marne blanche à laquelle suceède la couche h 0. tmgi-
roslris, et reposant sur un petit lit de marne rougeàlre ijui surmDuk*
les meulières.
La position de ce calcaire est donc nettement déterminée, et il y
a lieu, par conséquent, de iigurer désormais sur la carte géolo-
gique le sahlede Fontainebleau dont il constitue la Ijase, dans cetti'
partie occidentale du plateau de Villejuif.
Ce point établi, revenons k la carrière de Fresnes. Les couches
y sont nettement inclinées vers le fiord-ouest, ce qui faitque daus
une porliou de la carrière c'est la couche à 0. longù'ostm qui al-
lleure, tandis que dans une autre, et (juoique ces assises soienl
iTStées parraiteraent parallèles entre elles, c'est la couche à 0. cya-
l/iula. (Je fait, uni à cet autre que les huîtres sont ici a la cote Jk
SI mètres, tandis qu'à Chevillj les meulières de Brie sont k celle (le
87 mèlres, montÉC qu'il y a eu glissement en masse, glissement
causé sans doute par un tassement des marnes vertes sous-jacentes,
Un point sur lequel il laul en outre appeler spécialement l'allen-
tion, c'est la présence, dans la couche à 0. cyathula [n° 1 de la coupe
ci-dessus), de nombreux petits galets de calcaire oiïrant tous les
caractères de pierrailles longtemps battues par les Rots. Il semble
en résulter que Fresnes-lez-Rungis est précisément placé sur le lit-
toral de la mer où vivaient les 0. cyathtla. Ceux-ci se sont souvent
lixés sur les galets dont il s'agit, comme l'ont fait aussi des ser-
pules, des balanes, des bryozoaires et d'autres animaux marins.
Ce qui ajoutedc l'intérêt à cette remarque, c'est qu'en examinant
ces galets calcaires et en les brisant, on constate qu'ils sont fossi-
lifères. Certains d'entre eux sont comme pétris de petites bith^nies
qui ne paraissent correspondre à aucune de celles que M. Dcshayea
décrit comme appartenant au terrain des sables de Fontainebleau.
Au contraire, elles paiaissent identiques au B. pusilla du calcaire
de Sainl-Ouen.
Si l'on fait attention que les galets calcaires signalés ici ont la plus
grande analogie d'aspect et de texture avec les calcaires lacustres,
on sera porté à croire que c'est par la démolition du travertin
inférieur que la mer à 0. cyatkuta a produit, à Fresnes, ses galets.
Ajoutons que la hith\nie contenue à l'intérieur des galets se
LES MARNES A HUITRES. 317
retrouve autour d*eux dans l'argile où ils sont noyés. Mais avant
d'admettre qu'elle est contemporaine de VO. cyathula^ on peut pré-
sumer qu'elle subsiste après la désagrégation du calcaire marneux
qui le contenait déjà à l'état fossile, et que sa petitesse l'a préservée
de toute altération.
On voit qu'il résulte de ces faits, non-seulement la connaissance
d'un point du littoral de la merdes huîtres, mais aussi celle de l'âge
des falaises qui la bordaient en ce point .
Faune des marnes a huîtres. — Les fossiles du terrain des marnes
à huîtres vont se retrouver dans le sable coquillier dont nous
allons parler. Signalons cependant ici quelques coquilles qui accom-
pagnent fréquemment les huîtres et les bithynies dont nous venons
de parler.
Le Cerithium plicatum (Lamk) (fi g. 90) est un des fossiles les
plus caractéristiques de ce niveau. C'est une
coquille allongée, étroite. Ses tours de spire sont
peu nombreux comparativement à d'autres es-
pèces voisines, où l'on en compte bien davantage
sur la même longueur. Ils sont à peine convexes,
séparés entre eux par une suture assez profonde ;
leur surface présente un grand nombre de plis
longitudinaux épais, traversés par quatre sillons
réguliers, simples et assez profonds. Le dernier
tour est très-convexe à la base ; il est sillonné dans
toute son étendue, et ses sillons sont granuleux. ^^^' ^^' ^/^''^""''*
' , *^ plicatum.
L'ouverture est ovale, régulière, plus haute que
large; la columelle est courte, subitement tronquée, courbée en arc
de cercle dans sa longueur. Le bord droit est mince et tranchant,
à peine sinueux latéralement ; à sa jonction à l'avant-demier tour,
on remarque une petite gouttière profonde et étroite, en partie re-
couverte par un petit bourrelet appartenant au bord gauche; le canal
de la base est étroit, profond, mais très-court.
Le Natica patula (Desh.), espèce du calcaire grossier, se retrouve
ici. C'est une coquille ovale, globuleuse, très-ventrue et sensible-
ment aplatie en dessous ; elle est lisse, polie, obscurément striée,
surtout vers l'ouverture. Sa spire est courte et pointue ; elle est
formée de sept ou huit tours très-convexes et fort étroits ; le dernier,
très-ample, se dilate en se terminant par une grande ouverture
régulièrement semi-lunaire. Le bord gauche est presque droit, garni
supérieurement d'une callosité mince et fort large qui se joint obli-
318 TERRAINS TEBTUIRES.
quemenl au bord columellaire eu formanl une légère saillie au-des-
sus de l'ombilic. Celui-ci est très-grand, infundibuli forme, lisse el
comme vernissé à l'intérieur; un bord saillant et contourné eu spi-
rale le circonscrit nettement au dehors. Celte' particularité au boni
saillant de rorabilic n'existe pas seulement dans cette espèce; elle
se montre aussi, mais Caiblenaent, dans quelques espèces vivantes,
T^ bord droit est trës-amplemeut dilaté; il est tranchant à son
extrémité. Il est mince dans les jeunes individus et s'épaissit d'une
manière très-notable dans les vieux. A l'exception de l'onibilic,
tout à fait nu et fortement bordé en debors, cette coquille préscjiti-
tous les caractères des Nalica, et s'éloigne des ampullaires, avecles-
<[uelles cependant Lamarck l'avait classée.
Le Cytherea temisulcata (Lamk), également représenté déjà dans
le calcaire grossier, est ovale, subtrigone, déprime, lisse et bril-
lant dans toute sa moitié antérieure, sillonné assez profondément
dans sa partie postérieure. Le corselet est très-pi-ofond, séparé de
la surface extérieure par une vive arête. La lunule est moins dépri-
mée; elle est grande, lancéolée, sinueuse dans l'endroit qui corres-
pond à la dent latérale ou à la fossette qui ta re^'oit. La charnière esl
supportée par une lame cardinale épaisse, fort lai'ge, fortement
recourbée dans son milieu ; elle présente sur la valve droite trois
dents cardinales ; l'antérieure est la plus petite ; sur la valve gauchit
deux dents cardinales seulement : c'est la postérieure qui manque;
la dent latérale est allongée el fort l'îpaisse.
Dans le calcaire à millioliles se trouvent fréquemment des pinces
et autres débris de cnistacés.
^ 2. — SaMen el bnnoH coqnlllleni.
Ces sal)les, constituant le second niveau du terrain de Fon-
tainebleau, sont loin d'être fossilifères dans toute leur épais seiu-.
C'est dans le haut que se rencontrent les couches les plus coquil-
lières.
Comme localité particulièrement favorable à l'étude de ces inté-
ressants dépôts, on peut signaler tout spécialement les environs
d'Etampes, et surtout Jeun'c et Morigny.
A Jeurre, la couche fossilifère, par suite de l'absence des marnes
à huîtres, repose directement sur le travertin de la Brie. Elle donne
d'ailleurs, comme les marnes, d'innombrables O&trea eijaikuln
SABLES COQCIUIËRS. 310
mêlés à (les Ceriihium pUcatum, mais on y trouve eo outre de nom-
breuses espèces nouvelles pour nous.
Le JVatica crassatina Desh. (1) est remarquable par les grandes
dimensions qu'il peut atteindre. Il est ventru, globuleux, à spire
peu saillante, h tours arrondis, séparés enlre eux par une su-
tare canaliculée et profonde. Toute la surface semble lisse, mais,
Tue à la loupe, elle offre un grand nombre de stries régulières,
très-fines et superficielles. L'ouverture est grande, ovale. Le bord
■droit est simple ; mais le gauche se reploie sur la columelle, s'y
étale en un long bourrelet qui entoure l'ombilic. Cet ombilic,
qui doit être fort grand, est entièrement recouvert par une callosité
épaisse. La columelle, amincie vers la base, se courbe considéra-
blement et forme un sinus profond dans cette partie.
Le Cerithivm trochleare (Lam.) (fig. 91) est une coquille fort élé-
gante, allongée, turriculée. Ses tours sont nom-
breux, étroits ; sur les premiers, on remarque une
seule et foit grosse carène au-dessus de laquelle
s'en élève une seconde, qui ne commence à pa-
raître que sur le quatrième tour et dès le cin-
<iuième ou le sixième toutes deux sont égales el
conservent une parfaite régularité ; des plis nom-
breux et longiludinaux descendent perpendicu-
lairement d'une suture à l'autre, passent sur les "^' ""' '-*'■"''"'"'
■ trochleare.
«arènes et y produisent des ondulations ou des
crénelures très-régulières. Les carènes, étant placées aux extré-
mités de chaque tour, laissent entre elles une gouttière profonde,
tantôt simple, tantôt pourvue d'une forte strie granuleuse. Le
dernier tour est anguleux à sa circonférence; il est aplati à. sa
base et strié dans presque toute cette partie. L'ouverture est
ovale, subquadrangulaire ; la columelle, cylindrique, est fortement
tordue dans sa longueur et pourvue d'un seul gros pli médian ;
le bord droit, très-fragile et toujours mutilé ; le c^nal de la base
est étroit et peu profond.
Le Cytherea incrimata (Desh.) est presque orbiculaire ; ses deux
diamètres sont presque égaux. Cette coquille est très-oblique, très-
inéquilalérale ; son crocbet est gonflé, recourbé vers la lunule,
qui est en cœur, fort grande et indiquée par une strie. Toute la
surface est lisse ou substriée par des accroissements irréguliers ;
(1) DeriinjM, Animaux sant verlibret, t. III, p. 58.
320 TEKRAlIiS TERTIAIRES.
la lame cardinale est courle et large sous le crochel ; les Irois denU
cardinales qui s'y renconlrent sont très-épaisses et divergentes ; la
denl latérale est rudiinentaire, à peine perceptible dao s quelques
individus.
Le Peclunculus oliooatus (Desh.) (fig. 92) est très-bombé, cordi-
forme. Les ciw;hets sont petits, peu saillants au-dessus du bord,
mais la surface du ligament étanl giande et formant un angle pn>
Fil!. 92. — PKlunculu» ùbiHiatUi.
fond, ils semblent saillir plus que dans les autres espèces. Le
test est fort épais et néanmoins très-fragile, à cause de la matière
dans laquelle II se trouve. La surface estérieure est chai-gée d'uii
assez grand nombre décotes très-aplaties qui disparaissent presque
complètement sur le c<3lé pobtérieur, où elles sont d'ailleurs beau-
coup plus étroites et plus nombreuses. En aboutissant sur le bord,
elles y produisent des crénelures comtes, étroites, pointues, creu-
sées en gouttières dans leur longuem-. La charnière est large,
aplatie, le plus souvent dénuée de dents dans le milieu, ou en pré-
sentant un petit nombre d'irrégulières et de très-courtes; leeautreBr
grandes et obliques, quelquefois anguleuses ou ployées, sont en très-
petit nombre, surlout dans ies vieux individus, oiil'onen compte
quelquefois trois seulement ; mais le plus souvent il y eu a cinq ou
six de cbaque côté : ces dents sont siriées perpendiculairement sut
leurs faces latérales. En avant des dents sêriales, le bord cârdina
présente une surface lisse assez large, se terminant, à l'intérieur
des valves, par un boi'd aigu. La surface du ligament est grande,
triangulaire, en plan oblique, ce qui détermine l'écarlcmenl des
SABLES COQUILLIERS. 321
crochets. Quand on a des individus bien conservés de cette espèce,
ce qui est extrêmement rare, on voit que toute la surface est cou-
verte d'un fin réseau produit par Tentrecroisement de fines stries
longitudinales et transverses.
Le Pectunculus angusticostatus (Lamk), môle au précédent, est une
belle coquille orbiculaire, lenticulaire, très-convexe. Elle est équi-
latérale, assez épaisse, à crochets très-petits, recourbés, très-rap-
prochés ; ils donnent naissance à un grand nombre de côtes convexes
suhstriées régulièrement en travers. Dans le plus grand nombre des
individus, ces côtés sont larges, égales et séparées entre elles par
un sillon étroit. De ces individus qui ont les côtes larges on passe,
par des transitions insensibles, à ceux qui ont des côtes très-étroites.
Mais ce qui est Irès-remarquable, c'est qu'à mesure que les côtes se
rétrécissent et laissent entre elles des espaces plus larges, on voit
les stries transverses se montrer de plus en plus, et finir, lorsque les
côtes sont réduites en vives arêtes ou sont devenues linéaires, par
être profondes et d'une extrême régularité. La charnière est assez
longue et fortement arquée ; elle est étroite et porte des dents nom-
breuses qui ne laissent point d'intervalle nu sous le crochet.
L'espace du ligament est triangulaire, peu incliné, court et étroit,
présentant des stries fines, mais distortes et en petit nombre. Les
bords, épaissis, sont finement crénelés dans toute leur étendue.
Les crénelures sont comme écrasées, courtes et anguleuses.
Le Cyrena convexa, déjà signalé dans l'étage gjpseux, doit être
mentionné ici. On verra tout à l'heure l'intérêt qui ressort delà
comparaison de ces deux époques géologiques.
Il n'est pas très-rare d'extraire des sables de Jeurre des frag-
ments osseux du grand Lamantin désigné sous le nom de Manatus
Guettardi. Dans une seule promenade, nous en avons rapporté nous-
même cinq beaux échantillons.
A Malassis, auprès de Morigny, on se retrouve à très-peu près au
même niveau qu'à Jeurre. Cependant on y trouve des fossiles non
reconnus dans cette localité.
Le Lucina Heberti (Desh.) (fig. 93), signalé déjà dans les marnes du
gypse, se trouve ici en abondance. Cette coquille est orbiculaire,
déprimée, lenticulaire, équilatérale et très-souvent obscurément
rayonnée à sa face. Le côté antérieur est largement demi-circulaire; le
postérieur est tronqué transversalement; la surface extérieure est non-
seulement divisée par des temps d'arrêts prononcés dans les accrois-
sements, mais de plus elle est chargée d'un grand nombre de stries
ST. MEUmER. 21
Saa TEtlBAlHS TERTIAIil£S.
trous verses, serrées, mais irrégulières comnif des stries d'accrois-
sement. Au-dessus de crocliets petits, poiiilus el inclinés, se
dessine une double lunule : la première est petite, plane, lis$o,ï
peine concave, oblongue lancéolée, bornée par un angle assez aigu;
l'autre est beaucoup plus grande, elle occupe toute la longueur dn
calé antérieur et supérieur de la coquille; elle est limitée par un
sillon peu déprimé. Un grand corselet, limité de la même
que la iiiiiule, occupe tiiut le cûté posléricur e! déleniiine la lon-
(fui'ur de la troncature. Le bord cardinal est étroit el presque sans
dents ; on aperçoit un simple rudiment d'une dent cardinale sur
chaque valve et les dents latérales sont très-obsolèles. L'impression
musculaire antérieure est remarquable à plus d'un titre : elle est
d'une largeiu- égale dans tout sou parcours ; sa portion antérieure
n'est point distincte du reste, et elle est plus large en proportion que
dans la plupart des autres espèces.
On retrouve facilement la même faune à Elampes mérae, au lieu
ditlaciVle Saint-Martin, où la couche fossilifère est surmontée de
15 mètres environ de sable blanc et de travertin de laGeauce. Nous
aurons tout àTheure l'occasion de revenir sur ce gisement.
Goubert a signalé à la Ferté-Aleps une couche renfermant encore
les mêmes fossiles, avec cette particularité intéressante qu'on
rctiouve dans le haut le correspondant exact d'un calcaire signalé
a Montmartre depuis de longues années et riche en fossiles. Ce cal-
caire, d'ailleurs non accompagné des sables fossilifères, se retrouve
dans beaucoup d'autres localités. On peut l'étudier sous forme d'une
roche gréseuse au-dessus du gypse d'Argenteuil, où il est rempli
démoules, de coquilles parmi lesquelles les plus fréquentes sont 1«
Cerithmn plicatum, le Cythereaincrassata, etc.
Ailleurs il passe à un véritable grès, et admet même de gros
galets, comme h Romainville, où un grossier poudingue fournit
eu abondance les empreintes des coquilles que nous venons de
GRËS D£ FONTAmEBLEAU. S23
§ 3. — Grès de Fontainebleau.
Caractères généraux. — Les sables du troisième niveau sont
«
essentiellement quartzeux ; pourtant, surtout dans le haut, on y ren-
contre souvent du mica, quelquefois même en quantité considé-
rable. Cette constitution montre surabondamment qu'ils dérivent
de la démolition de roches cristallines, granitiques ou gneissiques,
sous l'influence d'eaux courantes qui les ont charriés très-loin de
leur situation originelle.
A la partie supérieure, les sables de Fontainebleau sont agglutinés
en grès plus ou moins durs et dont le ciment varie de nature.
Souvent ce ciment est siliceux, et alors il en résulte une roche si
compacte, qu'on ne peut souvent plus reconnaître sur les échantil-
lons sa nature arénacée. C'est le grès dit lustré^ dont la dureté est
extrême et qu'on recherche pour le pavage. Son grain est si uni-
forme, qu'un ébranlement imprimé en un point se propage égale-
ment tout autour : il en résulte qu*un coup de marteau appliqué
convenablement détermine une cassure conique que les carriers
des environs de Domont, par exemple, savent produire presque à
coup sûr.
D'autres fois le ciment est calcaire, ce qu'on reconnaît à l'effer-
vescence que le grès donne avec les acides, en même temps qu'il se
désagrège. Le grès calcarifère est plus répandu que le précédent,
et c'est lui qui constitue le plus grand nombre de nos pavés. Quel-
quefois le ciment calcaire, malgré la présence du sable, a pu cris-
talliser avec la forme géométrique qui lui est propre, et donner
naissance ainsi à ces accidents qu'on nomme improprement grès
cristallisé, et qu'on collectionne par exemple à Bellecroix, dans la
forêt même de Fontainebleau.
M. Delesse, qui a étudié chimiquement cette variété de grès (1), a
reconnu qu'il suffit d'une quantité relativement très-faible de cal-
caire pour forcer le sable à entrer dans un polyèdre cristallin.
Quatre petits rhomboèdres inverses, pesant ensemble 3«%8/i, lui
ont donné :
Sable 57
Calcaire A3
100
(i) Delesse, Bullet, de la Soc» géologique, 2® série, 1853, t. XI, p. 55.
32d TERRAINS TERTIAIRES.
De même un cristal semblable aux précédents, mais isolé au
milieu même du sable et pesant iU grammes, renfermait :
Sable 62
Cilcaire 38
lUO
Enfin, deux petits cristaux accolés, pesant 2k',53, ont fourni :
Sable 63
Calcaire 37
100
Ces chiffres indiquent une puissance dans la cohésion cristalline
qu'on pouvait ne pas prévoir.
A côté de parties franchement cristallisées, comme celles qui
viennent de nous occuper, le grès calcaire en offre qui se présentent
sous des apparences tuberculeuses très-variées et souvent bizarres.
Parfois il est composé de boules sensiblement sphériques et réunies
en grappes plus ou moins volumineuses.
Dans ce cas il suffit, pour produire l'agglutination, d'une quan-
tité de calcaire encore bien moindre que dans le grès cristallisé. Un
grès ainsi botryoïde composé de cinq globules, du poids total de
98',3/i, a donné à M. Delesse :
Sable 83
Calcaire 17
100
Souvent, comme ciment, au calcaire se joint l'oxyde de fer
anhydre (hématite) ou hydraté (limonite), et il en résulte des grès
colorés en rouge ou en jaune. Si les deux matières colorantes se
montrent dans le même bloc, il se présente des grès veinés ou ba-
riolés, comme on en rencontre à chaque pas. A Orsay, le grès blanc
ordinaire renferme par places des veines d'un noir profond. La
couleur sombre est due à de l'oxyde de manganèse, et, chose
curieuse, il ressort d'analyses publiées par M. le duc de Luynes (1),
que le grès manganésifère contient en même temps une quantité
sensible d'oxyde de cobalt : métal qu'on n'est pas habitué à ren-
(1) Ch. d*Orbîgny, Description des roches, 1868, p. 226.
GRÈS DE FONTAINEBLEAU. 325
contrer dans les roches de nos environs. Voici la composition d'un
échantillon moven :
Silice 6,936
Bioxyde de mangauèse 1,642
Sesquioxyde de fer 0,748
Protoxyde de cobalt 0,0(»8
Alumine 0,202
Eau 0,463
Cuivre
livre )
i , traces
senic ;
«
10,999
Mode de formation des rognons de grès. — Le grès forme en
général de gros rognons plus ou moins stratiformes dans la masse
même des sables. Il en résulte, selon toute probabilité, que ces
rognons résultent d'infiltrations. Ce qui confirme cette manière
de voir, c'est que très-souvent les grès sont associés sous forme
de rognons à de la silice arénacée.
Par exemple, les grès de Fontainebleau constituent au milieu des
sables quartzeux des nodules de formes variées, séparés d'une ma-
nière brusque de la substance incohérente qui les enveloppe. Nous
nous sommes proposé par des expériences de préciser les condi-
tions de formation de ces nodules, et voici quelques-uns des faits
que nous avons constatés (1).
Lorsqu'on examine avec attention ces nodules, dont le volume
atteint parfois des proportions considérables, on reconnaît qu'ils se
rapportent à deux grands types, reliés, comme il arrive toujours,
par de nombreux intermédiaires.
Les uns offrent une structure feuilletée ou stratiforme très-nette;
ce sont les plus fréquents et aussi les plus volumineux. Chaque
couche dont ils sont formés se sépare dé la voisine avec une faci-
lité souvent très-grande et s'en distingue par un autre degré de
cohésion. Quelques-unes de ces couches, quoique offrant à la vue
unaspect identique à celui des plus dures, se réduisent néanmoins en
sable au moindre contact et font à peine effervescence par les
acides ; ce dernier fait indique que le ciment calcaire n'y existe
qu'eu très-faible proportion. Ce sont en quelque sorte des ébauches
de couches. 11 ne faut qu'une attention superficielle pour observer
(1) Stanislas Meunier, Presse scientifique des deux mondes, t. II, de 1866,
p. 303.
TERRAINS TERTIAIRES.-
que ces couches friables existent en général k la périphérie des
nodules, el comme on ne peut concevoii' iju elles aient laissé passer
à travers leurs pores la matière incruslanle sans s'en charger, îl faul
reconnaître que dans tes nodules qui nous occupent les couches in-
térieures sont plus anciennes que celles qui occupent une position
plus superficielle. 11 est bon de noter ce fait, qui indique, comnu-
on le verra tout à l'heure, c erlaines conditions de Tormation des
nodules de grès.
Disons en passant que ces notions ne s'appliquent qu'aux nodules
encore en place au milieu du sable, car ceux qui sont restés ex-
posés à l'air pendant un certain temps ont nécessairement, sous
l'influence des pluies et des trottements qu'ils ont subis, perdu leurs
parties friables.
La forme des nodules dont il s'agit est essentiellement variable.
Elleapourcaractèi'e constant détre arrondie. Souvent elle approche
de celle d'ellipsoïdes groupés en nombre plus ou moins considé-
rable. Sur une cassure suffisamment étendue, par exemple sur
toute la section d'une carrière établie dans un nodule, on voit un
système de couches, sensiblement parallèles, correspondre it chacun
des ellipsoïdes composants, et en outre des couches générales plus
ou moins étendues par-dessus plusieurs ellipsoïdes à la fois. Un
nodule un peu gros se compose donc en général d'unu série de ho-
dules d'âges diU'érents.
On observe souvent entre les couches dont nous venons déparier
des cavités ou poches remplies de sable non agglutiné. Ces poches,
qu'on peut comparer aux couches peu cimentées dont il a été ques-
tion plus haut, ont ordinairement une forme allongée dans le sens
horizontal et une épaisseur assez faible. Leur forme générale est
celle d'un polyèdre à faces courbes et à angles vifs dont les arêtes
sont représentées par l'intersection des couches voisines.
A côté des nodules feuilletés qui nous ont occupés jusqu'ici, ou
en trouve d'autres qui en difl^èrent beaucoup sous le rapport de la
structure. Ceux-ci ont une texture botryoïde des plus nettes. Ils sont
formés de sphères plus ou moins parfaites soudées entre elles, de
manière à former des grappes et des chapelets (|uelquefois très-
volumineux. Les grains sphêriques qui les coustituent ne présen-
tent pas, au moins ordinairement, une structure concentrique que
l'on puisse distinguer. Leur surface extérieure est recouverte de
petits fragments siliceux qui la pralinent et qui sont à peine adhé-
rents. La cohésion de ces boules est très-variable. Elle arrive dans
GRÈS DE FONTAINEBLEAU. 327
certains cas à être excessivement faible, ce qui indique, comme
pour les précédents, une très-faible portion de ciment calcaire. On
remarque souvent que les masses botryoïdes forment la partie in-
férieure des nodules feuilletés et leur sont intimement unis. Dans
ces nouveaux nodules on ne trouve pas de poches de sable incohé-
rent analogues à celles qui ont été précédemment citées. Mais les
interstices que laissent entre ell es les spliérules de grès sont
entièrement remplis de sable dépourvu de ciment, de telle façon
qu'à cette sorte de nodules correspond une seconde sorte de poches.
Celles-ci n'ont pas de forme générale déterminée.
L'altération des blocs de grès sous l'inQuenee des agents atmos-
phériques représente une sorte d'anatomie de ces blocs qui permet
d'en déterminer la structure. Sous l'action des causes de destruction
dont il s'agit, la surface primitivement lisse du grès se creuse de
sillons étroits indiquant les lignes de moindre cohésion. On voit
ainsi se dessiner des feuillets nombreux sur des blocs qui paraissent
dénués de toute structure stratiforme; et il arrive que les masses
d'apparence homogène décèlent avec le temps leur organisation
sphéroïdale. Ces masses, en effet, par suite de leur destruction, se
recouvrent d'un très-grand nombre de petits mamelons ellipsoïdaux
et de grosseur sensiblement uniforme. Dans quelques cas, ces ma-
melons étant très-serrés, leur contact se fait suivant les faces de
polyèdres réguliers, et le bloc de grès semble recouvert d'un réseau
polygonal fort remarquable.
On arrive facilement, après cette rapide étude des nodules du
grès de Fontainebleau, à se faire une idée de leur mode de for-
mation.
D'abord il suffit de jeter un coup d'œil sur une carrière de grès
pour être convaincu que la pierre est postérieure au sable qui l'en-
toure ; la position des masses pierreuses au milieu même de la
matière arénacée, et surtout l'existence, dans un certain nombre de
nodules, de poches remplies de sable, en fournissent la preuve.
En second lieu, il est évident que les nodules de grès sont dus
à l'arrivée dans la masse incohérente de filets d'eau chargés de la
matière incrustante, c'est-à-dire de carbonate de chaux ; du moins
n'imagine-t-on pas facilement un autre mode de formation. On
peut même préciser davantage dans beaucoup de cas, et affirmer que
les eaux incrustantes sont arrivées par la partie supérieure pour
s'écouler de haut en bas. En effet, il n'est pas rare que l'observation
des nodules conduise à constater que l'infiltration n'a pu avoir
^!l^^^^" TERRAIKS TEUTIAIHES.
lieu dans un autre sens. Voici comment. Nous avons dit qu'il arrive
souvent que des masses botrj'oîdes existent k la partie inférieure
des nodules Teuilletés ; or, on observe que les sphéroïdes qui com-
posent ces masses sont souvent terminés en poiule et quelquefois
même se continuent à travers le sable en une sorte de stalactite
généralement peu prolongée.
Mais, dans quelles conditions spéciales a eu lieu l'incrustation?
i-' observation directe ne suflisaiit pas pour répondre à cette questiou.
nous avons eu recours à l'expérience. La méthode que nous avons
employée a consisté à faire arriver dans du sable quartzeus très-fin
des solutions aqueuses, plus ou moins concentrées, de sel conve-
nablement choisi ; nous avons fait principalement usage de chlo-
rure de calcium et de silicate de potasse. On conçoit que nous
ayons rejeté le carbonate de chaux, dont la faible solubilité, méiue
dansl'oau chargée d'acide carbonique, rend l'emploi très-peu com-
mode.
Lors donc qu'on fait arriver dans du sable quarlzeux la disso-
lution concentrée d'un sel bien choisi et (ju'on abandonne le
tout à la dessiccation, on obtient en général une masse dure plus
ou moins mamelonnée, plongée au .milieu d'un excès de sable
incohérent. Sous ce rapport, le résultat de l'expérience a quelque
analogie avec les productions naturelles, mais celle analogie ne se
poursuit dans aucun détail de structure. La masse dure n'est pas
nettement séparée du sable environnant. Au contraire, du sable de
moins en moins cimenté établit entre Icsdeus termes extrêmes une
série de transitions. Si l'on coiipele nodule artificiel, on n'y observe
rien qui ressemble à des couches superposées ; il ne renferme
jamais de poches pleines de sable; enfin de quelque manière
que l'on s'y prenne, il ne présente jamais de parties vraiment
bolryoïdes.
On pouvait espérer un résultai meilleur en faisant arriver sur le
sable î,des solutions salines, non plus froides, comme celles em-
ployées précédemment, mais plus ou moins chauffées; ce qui con-
duirait à faire intervenir les eaux thermales dans ta foimation des
nodules de grès. Mais bien que nous ayons varié les conditions
de concentration de liqueur, de durée de l'expérience et de propor-
tion relative du liquide et du sable, nous ne sommes jamais arrivé
par cette méthode qu'à reproduire les résultats déjà fournis par lu
première série d'expériences.
Nous avons alors sougé à renverser les conditions dans lesquelles
GRÈS DE FONTAINEBLEAU. 329
nous nous étions placé jusque-là, c'est-à-dire que nous avons fait ar-
river les solutions salines froides sur le sable préalablement chauffé.
Dès lors les résultats ont présenté tous les caractères des grès natu-
rels. Nous citerons quelques-unes de nos expériences.
Du sable blanc étant chauffé à 150 ou 200 degrés dans un bain de
sable ordinaire, on y projette au moyen d'un tube bien effilé une
petite quantité d'eau pure. Dès que cette eau est versée, on cherche
dans la masse arénacée au moyen d'une lame métallique, et l'on
extrait un nodule tout à fait distinct du sable qui l'entoure, doué
d'une certaine cohésion et offrant une surface mamelonnée. Par le
fait seul de sa dessiccation, ce nodule retombe en poussière; aucun
ciment n'ayant été introduit dans la masse. L'eau pure ayant été
remplacée par une dissolution assez concentrée de chlorure de cal-
cium, le nodule put être complètement desséché sans perdre sa
forme, et il fut beaucoup plus commode d'étudier ses caractères.
Il avait une forme légèrement mamelonnée et une dureté tout à
fait comparable à celle du grès ordinaire. Sa structure était homo-
gène, comme il était facile de le prévoir, puisqu'il avait été formé
d'un seul jef. Mais nous ne rencontrâmes aucune difficulté à ob-
tenir des nodules feuilletés. Pour cela, nous produisîmes un nodule
semblable au précédent, puis, sans le retirer, nous fîmes arriver
dans le sable, à l'endroit même où le nodule était enfoui, une
nouvelle quantité de liquide incrustant. Celui-ci s'étendit sur le
nodule pour former une couche plus ou moins distincte de la
masse première, suivant que les degrés de concentration des liquides
incrustants employés étaient plus ou moins différents. Jamais
cette couche n'a enveloppé totalement le nodule primitif; la partie
inférieure de celui-ci est restée à la surface. C'est d'ailleurs ce que
l'on observe quelquefois dans la nature, quand les nodules sont
convenablement coupés.
Il est clair qu'en faisant arriver de nouvelles liqueurs, on peut faire
de nouvelles couches presque indéfiniment.
On est par celte expérience mis sur la voie de l'explication d'un
fait signalé tout à l'heure : c'est que souvent les couches supérieures
des nodules sont les plus friables. Si en effet on prépare un nodule
feuilleté, en ayant soin de prendre pour chaque feuillet une solution
saline moins concentrée que pour le feuillet précédent, les couches
supérieures arrivent bientôt à n'avoir qu'une très-faible cohésion.
Il résulte de celte expérience que le fait observé pourrait s'expli-
quer par un appauvrissement progressif des eaux incnistantes. Les
nodules artiiiciels ont souvent pr<^5cnté, comme les masses natu-
relles, les poches pleines de sable qui ont éUS précédemment signa-
lées. Des résultats )>areilsontété obtenus en remplaçant le chluitii'c
(le calcium par le silicalo de potasse, et l'on aurait évidemment \m
faire beaucoup varier la nature de la substance incrustante sans
déterminer do cbangement dans les nodules.
Après avoir ainsi produit de véritables gi-ôs À ciment de clilomrp
de calcium ou de silicatede potasse, nous voulûmes en préparer qui,
par le ciment lui-même, reproduisissent la roche ualurelle. Ici de
grandes dinicultés se présentèrent, à cause du peu de solubilité du
carbonate de chaux. Il aurait fallu laisser l'expérience en traiii
pendant un temp.s très -prolongé, et dans ce cas il est certain qu'on
eût obtenu un succès complet; les résultats atteints en quelques
heures en sont la preuve évidente. Mais le ])ea de ciment ainsi
introduit dans la masse lui laissait une friabilité incompatible avec
une étude complète.
Nous sommes arrivé par la méthode qui vient d'être expoi
préparer, outre les grès feuilletés, des masses présentant une slmc-
ture parfaitement bolryoîde. Pour cela, le tube eflilé emplovê^
ci-dessus, cl qui débile dune manière plus ou moins continue lé
liquide aggluliuatif pendant un temps plus ou moins prolongé, a été
remplacé par une pipette qui laisse échapper le liquide en gouttes
séparées, dont chacune tombe en un endroit particulier. Chacum
de ces gouttes détermine la formation d'une sphêie h surikce pm-
lînée, et si ces sphères sont suflisamment rapprochées, elles se sou-
dent sous des formes de chapelets ou de grappes tout h fait sem-
blables à celles du grès naturel. Entre les sphéroïdes ainsi soudés
existe un excès de sable parfaitement incohérent, et dans lequel ou
ne trouve que des traces de la matière saline employée comroo
ciment.
Nous croyons qu'il serait diflicile d'obtenir une plus complète
conformité entre les résultats de l'expérience et les minéraux qu'il
s'agissait de reproduire. Un seul pas resterait à fairo, qui serait
d'obtenir des giès il ciment calcaire. Mais l'expérience, qui réus-
sirait à coup sûr, ne vaut certainement pas la peine d'élra tentée
après celles dont nous venons de rendre compte. Il est hors de
doute qu'on obtiendrait avec la solution aqueuse de carbonate de
chaux des nodules qu'il serait impossible de distinguer de ceux
qu'on roncontre dans la nature. Ajoutons toutefois que nous ne
regardons pas la formation des nodules naturels comme ayant été
GRÈS DE FOiNTAlNEBLEAU. . 331
précédée d'un échauffemenl considérable des sables ; et signalons
-celte question à de nouvelles recherches.
La disposition des grès au milieu des sables rend compte de
l'entassement de blocs qu'on observe dans tous les pays où existe
la formation qui nous occupe, à Étampes et à Fontainebleau par
•exemple. En effet, les agents externes, et spécialement la pluie et
les eaux sauvages entraînant le sable peu à peu, les masses de grès,
■d'abord enveloppées, restent sans appui et descendent progressi-
vement suivant la verticale, jusqu'à ce qu'un autre bloc ou une
couche solide les arrête. C'est h ce mécanisme si simple que sont
dus bien des beaux sites rocheux de nos environs.
PouDiNGUES SUPÉRIEURS DE Nemours. — Une bounc partie des
poudingues de Nemours date de l'époque des grès de Fontainebleau,
^t non pas comme une autre, de celle de l'argile plastique. Déjà à
propos de ce dernier terrain nous avons fait remarquer que, con-
trairement à l'opinion des premiers géologues qui se sont occupés
de la question, il y a deux niveaux très-distincts de poudingues, à
Nemours même. La tranchée du chemin de fer a recoupé des pou-
dingues inférieurs à ciment argileux et qui sont réellement contem-
porains de l'argile plastique. Mais en même temps le sommet des
collines et leurs flancs (à cause de nombreux éboulements) pré-
sentent un autre poudingue à ciment siliceux contemporain des
sables supérieurs. Ceux-ci peuvent être étudiés aussi dans les en-
virons d'Elampes, à Perrier, près de Saclas, où se présente la succes-
sion des couches que voici (1) :
1. Sol végétal 0"»,50
2. Diluvium rougeâtre 0",75
. 3. Lœs8 jaunâtre analogue à celui des environs immé-
diats de Paris O^jôO
à. Sable de Fontainebleau 1 met.
ô. Banc de grès bien consolidé et exploité 2*", 50
6. Poudingue siliceux adhérent à la partie inférieure
du banc de grès. Les galets qui composent ce
poudingue sont des rognons de silex pyromaque
de la craie. Leur consolidation, par suite d'infil-
trations calcaires, a dû précéder celle du banc de
grès 0°',20
7. Sable de Fontainebleau 10 met.
8. Deuxième zone de poudingue consolidé, sembhble
au no 6. 0™,20
(1) D*Orbîgny, Ballet, de la Soc. géologique, 2* série, i859, t. XVH, p. 43.
TEBHAIKS TEilTUmBS."
9. Sable quBrUc'Lix
10. Troisiànie »oiie de poudiugUB ci
11, Sable de Fontainebleau
Au moulin des Cnilles, îi U kilomètres au sud de Snclas, les
mêmes dépôts de silex se montrent avec une grande puissance. On
les voit aussi afdeurer sur presque toutes les collines de sables de
Fonlainebleiiu qui constituent les deux rives de la vallée de Is
Juine, depuis Saclas jusqu'à Etampea. Mais on no les retrouve
agglutinés et transformés en poudingue qu'à Boissy- la-Rivière,
entre Saclas et Ormoy, où, au contact du grès, ils forment pncore
un banc régulier d'une grande étendue, fortement consolidé et
ayant environ 60 centimètres d'épaisseur.
Les pond in gués des sables de Fontainebleau présentent des carac-
tères à l'aide desquels on peut facilement les distinguer do ceuï
de l'argile plastique. Les premiers sont composés de galets desilei
et de sable çuartzeux pur, le tout agrégé par un ciment compléle-
ment calcaire ou faiblement siliceux. Les poudingues de l'argile
plastique sont formés des mêmes galets de silex, mais toujours
associés h des matières marneuses, et le tout est en général ag-
glutiné par un ciment siliceux qui donne souvent h la roche l'asped
lustré.
Quant à leur origine, les galets siliceux des sables de Fontaine-
bleau ont été arrachés originairement k la craie, ainsi que le con-
statent plusieurs espèces de fossiles qu'on va Irouvés.
S ù.-
Hahlp ae Funlaîncblran.
Voici venu le moment d'examiner cette divergence d'opinions
entre les géologues, dont les uns font du sable de Fontainebleau la
base du terrain miocène, tandis que d'auti'es y voient le sommel
de l'éocène. Élie de Iteaumon t (1 ) et M. Hébert (2), entre autres, sont
de la première opinion, it laquelle, on l'a vu, nous nous sommes
rallié. Ils se fondent surtout sur des considérations straligrapbi—
ques, d'oii il résulte qu'à l'époque des sables de Fontainebleau la
contigul'ation du bassin de Paris a subi, et d'une manière déGmtivet
une altération profonde. SI. Deshayes professe l'opinion inverse
(1) Elie do Beaumonl, Mémoires pour servir à u
la France. Paris, 183(i.
(2) Hébert, Ballet, tk la Soc. géologique, 2' série.
ne description géoloffigue ite
laee, t. xxin, p. 339,
REMARQUES SUR LE SABLE DE FONTAINEBLEAU. 333
et appuie avant tout sa manière de voir sur des études paléonto-
logiques (i).
Après avoir publié la liste des fossiles recueillis par MM. Bioche
et Fabre à la base du gypse, le savant conchyliologiste fait remar-
quer qu'il en peut sortir deux séries très-distinctes d'espèces. Dans
la première, en effet, il réunit les suivantes :
Lucina Heberti,
Corbula subptsum.
Corbulomya Nystii.
Tellina Nystii.
Psammobia stampinensis.
Nucula Lyellana,
A V icula stampinensis .
Calyptrœa striateila,
Turritella communis.
et se trouve dans la faune des sables de Fontainebleau. En rap-
prochant les autres espèces :
Corbuia pyxidicula. Cerithium tricarinatum,
Corbula ficus, \ Cerithium deperdiium,
Phûladomya ludensis. Fusus sublamellosus,
Cardium granuiosum. j Voluta depauperata,
on se trouve dans la faune des sables de Beauchamp. « Il est donc
évident, dit le célèbre paléontologiste (2), que dans la partie infé-
rieure des gypses, deux faunes se rencontrent et se mélangent dans
des proportions qui, plus tard, seront plus rigoureusement déter-
minées, lorsque des recherches ultérieures auront définitivement fixé
le nombre des espèces. — Il est évident, continue-t-il, que l'époque
géologique de l'apparition des sables supérieurs de Fontainebleau
dans le bassin de Paris a été de beaucoup antérieure à celle pré-
cédemment fixée par les géologues. — Il est évident, par la suc-
cession des observations de Prévost et Desmarest, de Goubert, et
enfin de MM. Bioche et Fabre, que la série entière des gypses a été
déposée dans la mer; et déjà, depuis l'importante découverte de
M. Hébert, de la couche marine infra-gypseuse, on pouvait soup-
çonner l'origine marine de cette formation, intercalée qu'elle est
entre deux dépôts marins. — Enfin, il n'est pas moins évident que,
si la recherche des équivalents marins du gypse en dehors du bassin
de Paris a été la légitime préoccupation des géologues aussi
(1) Deshayes, Description des animaux sans vertèbres découverts dans le bas^
sin de Paris, t. I (introduction), 1866.
(2) Deshayes, Bullet» de la Soc, géologique^ 2® série, t. XXIII, p. 33il.
■«»• »fc^^^ TERRAINS TtHTlilRES.
longtemps qu'ils out ciu à l'origine lacustre de cette formation,
celle préoccupation perd désormais tout son intêrél, puisque le
gypse poiteen lui-même la preuve d'une origine toute différenle. o
Ces conclusions lurent, de la partdeM. Hébert, l'objet d'une dis-
cussion înléi'es saute. Suivaut lui, le mélange de faunes dont il
est question n'a rien qui doive surprendre. Dans son upinion, en
cITet, le gypse correspond à la puissante formalioii marine de»
hautes Alpes, à laquelle il a, avec M. Renevier, donné le nom de
/errain mimmulilique supérieur. La Faune de ce terrain est aussi
une faune de mélange de fossiles éocènes et de fossiles des sables
de Fontainebleau. 11 n'en est pas moins vrai que, pour lui, la ligne
de démarcation la plus tranchée vient se placer entre ce terrain il
faune de mélange et d'autres assises nummulitiques plus récentes,
celles de Caslel-Gomberto, Salcedo, etc., qui représentent beaucoup
mieux les couches miocènes. Dans le nord comme dans le sud,
l'origine des sables de Fontainebleau correspond, pour M. Hébert,
à la base du terrain tertiaire moyen, comme celui du gypse ou de
ses équivalents marins correspond à la partie la plus l'écenle du
terrain tertiaire inférieur. Rien ne prouve d'ailleurs, pour le savant
professeur de la Sorbonne, que la faune mai'ine de l'époque da
gypse soit devenue pendant celle époque la même que celle des
sables de Fontainebleau, puisque l'on a constaté à Paulin l'esislencit
de fossiles des sables de Beauchamp (Cerithium tricarinatim,
C. pleurotomoides) à la base même de la masse supérieure, c'est-à-
dii-e à un niveau plus élevé que les couches qui viennent de nous
occuper.
Mais, on peut aller plus loin, si, comme l'a fait le professeur de la
Faculté des sciences, ou e.vamine la forme de la mer des sables
supérieurs, pour la comparer ensuite à celle des autres mers qui
s'étaient succédé dans le bassin depuis la craie.
u La mer dans laquelle se déposaient nos sables de Fontainebleau,
dit-il (1), devait nécessairement contourner l'Ardenne pour aller
rejoindre le Limbourg belge; de là, elle devait se diriger à peu prés
par Dusseldorf, Osnabriick, contrées où se trouvent des couches de
même âge. Puis, passant au nord du Harz, longeant le pied septen-
trional de ces montagnes , elle allait rejoindre la vallée du Rhin
à Mayence, en occupant toute la région volcanique comprise entre
tiassel au nord et Francfort au sud.
(1) Hébïrl, Bullef. de lu Soc. géologique, 2" série, l. XSdl, p. 339.
REMARQUES SUR LE SABLE DE FONTAINEBLEAU. 335
» Le relief de celle contrée, dû au soulèvement de la chaîne prin-
cipale des Alpes, n'est venu que plus tard interrompre la dépres-
sion qui joignait Mayenceà Cassel. Comme, d'un autre côté, l'ouver-
ture du défilé du Bingerloch est postérieure au terrain tertiaire, il
s'ensuit évidemment que la communication entre les divers gise-
ments, qui sont aujourd'hui pour nous autant de témoins irrécu-
sables de la présence de la mer en ces diflerents lieux à une même
époque, n'a pu s'établir d'une autre manière. De Mayence, la mer
se prolongeait au sud par toute la vallée du Rhin jusqu'au delà de
Bàle, au pied du Jura bernois. Nous n'avons aujourd'hui aucune
donnée qui puisse nous indiquer si ce prolongement était une com-
munication entre deux mers, ou un simple golfe allongé. Jusqu'ici,
à l'est et au sud de la région que nous venons de parcourir, on n'a
encore signalé aucun dépôt appartenant à cette époque.
» Pour nous faire quelque idée du contour du rivage septen-
trional de celte mer, dont nous venons de tracer le bord méridional,
il faut se rappeler que le Boulonnais faisait alors partie de l'An-
gleterre, qui était peut-être reliée à la France par le prolongement du
Cotentin, de la Bretagne et du Cornouailles. La portion de la Manche
comprise entre le Cotentin et le Boulonnais avait déjà été précédem-
ment deux fois un golfe : d'abord à l'époque de la craie supérieure,
en second lieu à l'époque du calcaire grossier. L'existence incontes-
table, àRouville-la-Place, près de Saint-Sauveur le Vicomte (Manche),
et dans l'île de Wight, de couches marines caractérisées par des fos-
siles de l'époque des sables de Fontainebleau, nous prouve que celte
région est redevenue golfe une troisième fois à cette même époque.
Alors le rivage septentrional de notre mer devait donc, dans la mer
du Nord, laisser à l'ouest les côtes de l'Angleterre, contourner la pointe
du Boulonnais, se diriger à travers la Manche sur l'île de Wight,
revenir au sud sur le Cotentin, pour de là aller regagner le bassin
de Paris. Ici, pour continuer notre tracé, peut-être aurions-nous
besobi de renseignements plus positifs ; toutefois, si nous consi-
dérons que l'on ne cite sur la surface de la Normandie aucun
lambeau qui puisse être, sans contestation, rapporté aux sables de
Fontainebleau, tandis que d'autres assises, comme les lignites du
Soissonnais par exemple, ont laissé çà et là, dans ce même pays,
des traces de leur ancienne extension, nous serons amenés à
donner à la mer des sables de Fontainebleau, entre le Cotentin et le
bassin de Paris, à peu près le môme rivage que celui que nous
avons dû adopter pour la craie supérieure et pour le calcaire
^S^^^^ TERliiltiS TERTIAIRES,
grossier, c'est-à-dire qu'en parUint de l'embouchure de \a. Vite, ce
rivage ira, un peu au delà de Dieppe, pénétrer dans le liassin de la
Somme, contourner le pays de Bray, de manière h revenir à l'ouest
jusqu'à la vallée de l'Epte, pour se diriger d'abord au sud, en
passant par Vemon (i), puis à l'ouest vers la vallée de la Loire.
» On ti-ouve, en effet, dans les environs du Mans, de la Flèche, el
dans beaucoup d'autres points, des sables et des grès cpii onl flé
jusqu'ici rapportés par tous les géologues aux sables de Fontaine-
bleau, et alors la liaison avec le bassin de l'Aquitaine, où la faune
de ces saliles se trouve largement i-epréseiitée dans les faluus de
Goas et d'autres localilés, serait toute naturelle par la vallée de la
Loire el par l'emplacement actuel de l'Océan. TnuLefors, je u'ù
établi celte liaison qu'avec doute, des observations Faites l'aonée
dernière m'ayant douné à penser que le grès du Maine pouvait bien
être plus ancien, n
Or, à côlé du littoral qui vient d'être défini, si l'on se rt-présenle
la côte du la mer aux diverses époques aulérieures, on voit, d'i
part, qu'il n'y a aucune analogie dans les formes, l't, d'autre pnrt
que tout ce qui précède l'époque de Fontainebleau dans le terrain
lertiaii-e offre la plus complète homogénéité : « Pendant celle
mière période, dit M. Hébert (2), la mer s'avance du nord au îiidn
lentement, par petites étapes pour ainsi dire, s'arrélanl rontre Is
versant septentrional de l'Ardenne à l'époque des marnes heersienna,
pénétrant un peu au delà du pied du Bray à l'époque des sabla dt
Bracheux, et s' étendant alors dans toute cette moitié seplentrioii^fr
du bassin parisien jusqu'à la pointe orientale de la montagne de
Reims ; puis, continuant ce mouvement vers le sud, elle amène les
sables de Cuise plus près de Paris, et s'étend à l'ouest jusqn'
Gisors. Enfin, le calcaire grossier dépasse au sud de quelques kilo-
mètres seulement la latitude de Paris el alteint à l'ouest Louviers.
Ce mouvement progressif est exactement le même en Angleterre.
Les sables de Woolwich, qui représentent nos sables de Bracheui,
s'arrêtent dans la vallée de la Tamise; les dépôts contemporains du
calcaire grossier s'étendent jusqu'au Harapshire el à l'Ile de Wight|
aussi bien que dans le Colentin ; et dans toute celte partie
(1) Élie de ^6aiima(A{Sys(éineihstnontagne», p. 471) signale li^ns celte r*i
UD relèvBuieat N. S. qui a rarmé In limite occideaUle du grès ile Foutainebleaiiv
Le calcaire grossier l'étend plus â l'O., jusqo'aupréa de Louvien ; il est antérieur
à ce ralévemenl, qui dépend du Système de Corse el i/e Sardaigiie.
(2) lléberl, Bii/lcl. d<: ta Sac. yéalogiqm, 2" série, 1855, t. XII, p.
LE TRAVERTIN SUPÉRIEUR. 337
imssin anglo-français il n'y a rien qui représente les dépôts vérita-
blement marins du Soissonnais.
» A partir du calcaire grossier, la mer se retire progressivement.
Dans le bassin parisien, les sables de Beauchamp rentrent, à peu de
chose près, dans la circonscription des sables de Cuise, Ils manquent
complètement en Belgique et dans le Cotentin ; mais ils subsistent
dans le Hampshire et Tlle de Wight, où les argiles de Barton en
renferment en abondance les espèces les plus caractéristiques.
» Enfin, cette première mer tertiaire manifeste encore son retour
momentané dans le centre du bassin parisien par les marnes à Pho-
ladomyes situées à la base du gypse, où nous retrouvons, et les
mêmes fossiles en majorité que dans les sables de Beauchamp, et
une semblable circonscription sur une moins grande superficie.
» Les premières traces du séjour de la mer que nous rencontrions
ensuite sont immédiatement au-dessus du gypse et des marnes
d*eau douce qui l'accompîignent , les marnes à Cythérées de
Brongniart, marnes où abondent le Cyrena convexa (Brongn. sp.,
Héb. etRenv.), le Cerithium plicatum (Lamk), une Psammobie, etc.,
faune toute nouvelle pour le bassin de Paris, et qui, s'observant dans
le Limbourg, à Mayence, en Suisse, etc., caractérise une circon-
scription essentiellement différente, celle des sables de Fontai-
nebleau. »
CHAPITRE II
LE TRAVERTIN SUPÉRIEUR.
A la suite des sables de Fontainebleau vient un terrain essentiel-
lement d'eau douce, mais comprenant cependant certaines couches
marines, et remarquable tout d'abord par son extrême analogie
d'allures et de constitution avec le travertin moyen. Cette analogie
est même si intime, que Cuvier et Brongniart n'avaient pas su dis-
tinguer les deux niveaux, et que c'est seulement en 1833 que
Dufrénoy découvrit leurs caractères distinctifs (1).
Le terrain qui va nous occuper maintenant est désigné souvent
(i) Dufréttoy, Bullet. de la Soc, géologique, 2« série, 1834, t. IV, p. 161.
ST. «EUfllfiK. 22
338 TERRAINS TERTIAIRES.
SOUS le nom de travertin supérieu7\ On l'appelle aussi ^avertin de
la Beauce, parce que le sol de celle ancienne province en esl en
gi'ande partie conslilué.
Le travertin supérieur, considéré dans son ensemble, se divise
naturellement en deux systèmes, qui sont :
2. Le calcaire lacustre de TOrléanais;
1 . Le travertin de la Beauce.
§ 1. — lie travertin de la Beanee.
Le travertin de la Beauce constitue un système Irès-déveioppé, el
dans l'épaisseur duquel il est naturel de distinguer deux niveaux
successifs correspondant sensiblement, pour la nature el la position
relative, h ceux que nous avons admis dans le travertin de la Brie.
C'est ce travertin, plutôt que tout le terrain supérieur, qui, par ses
caractères, avait trompé les auteurs de la Description géologique.l^
calcaire de l'Orléanais les avait en effet très-peu préoccupés, à cause
de sa situation sur la frontière du bassin.
Comme le travertin de la Brie, celui-ci peut se répartir en deuï
niveaux, dont l'inférieur esl composé de calcaires^ el Taulre de meu-
lières. Voyons en quoi ils consistent.
a. — Calcaire de Beauce.
Caractères (iÉNÉRAUX. — Dans la forêt de Fontainebleau, sur la
roule de Paris, le calcaire de Beauce offre aux études du géologue
un escarpement de 10 mètres. On y distingue une quinzaine de cou-
(»hes, dont plusieurs sont très-bitumineuses el qui se chargent de
silice dans le haut.
Celte disposition, avec (|uelques variantes, se retrouve dans une
foule de localités, telles que Rambouillet, Cernay-la- Ville, Trappes,
Cercolte, etc.
Faune. — Les fossiles qui caractérisent ce niveau sont pour
la plupart terrestres ou d'eau douce; cependant nous allons avoir
à en signaler de marines.
\iHcli,i' Leuiani (Rrongn.) est parfaitement caractérisé par sa
forme subglobuleuse, un peu déprimée; par sa spire assez saillante,
ses tours de spire arrondis et au nombre de cinq. Son dernier tour
ne présente aucune carène ni aucun angle saillant dans son contour.
L'ouverture est engagée sous la roche, mais on aperçoit un petit
LE TRAVERTIN DE LA BEAUGE. 339
ombilic. Toute sa surface devait être presque lisse, on n'y voit que
quelques stries de ses accroissements.
Le Cyclostoma arUiquum (Brongn.) est une coquille d'autant plus
remarquable, qu'elle offre une analogie complète avec une de nos
espèces vivantes les plus communes. Aussi, comme il n'est per-
sonne qui n'ait vu le Cyclostoma elegans^ il sera très-facile de se
faire une idée de la coquille miocène. En effet, la seule différence
que M. Deshayes trouve à noter, c'est un peu plus de longueur
dans le diamètre de la base.
A un niveau un peu plus élevé, le calcaire passe à une manie
d'origine évidemment saumàtre, remplie de moules d'unecoquille
tout à fait caractéristique, le Potamides Lamarckiï, C'est une coquille
comprise d'abord dans le genre Cerithium, et que nous aurons
à signaler tout à l'heure dans les sables d'Ormoy. Elle est allongée,
^urriculée quelquefois, singulièrement dilatée dans les vieux indi-
vidus. Les tours sont nombreux et convexes.. Les premiers sont
chargés de petites côtes longitudinales un peu obliques, sur les-
quelles passent de petits sillons trans verses; peu à peu les côtes
longitudinales disparaissent et sont remplacées par de petits plis
irréguliers ; les deux stries transverses persistent davantage, et on
les trouve quelquefois jusque sur le dernier tour ; celui-ci est très-
convexe, déprimé à la base. L'ouverture est petite, arrondie et
terminée par une échancrure peu profonde, assez semblable à celle
de certaines turritelles. Le bord droit est mince, très-tranchant ;
il est très-saillant en avant et profondément échancré sur le côté.
La columelle est très-courte, arquée et revêtue d'un bord gauche
étroit et à peine saillant.
La côte Saint-Martin d'Étampes, que nous citions tout à l'heure,
compte parmi les localités où se rencontre le Potamides. 11 pétrit des
couches plus ou moins ligniteuses, où se trouve aussi le Bithynia
Dubuissoni^ et toute une faune presque microscopique, riche en
hélices et autres coquilles terrestres, dont on doit la connaissance
à M. Munier-Chalmas.
Plus récemment, le même géologue a retrouvé celte faune intéres-
sante à Palaiseau, à Jouy (près de Versailles), à Montmorency, entre
Ormoy et Étampes, à la Ferté-Aleps, et enfin à Malesherbes. Dans
toutes ces localités, elle occupe le même niveau et se trouve cantonnée
dans les premières couches du terrain de Beauce, accompagnée
presque toujours du Potamides Lamarckii^ qui forme, comme on
voit, un horizon stratigi'aphique très-remarquable.
3d0 TBRHAIMS TERTIAIRES.
i^est encore au même niveau que se trouve, toul près d'Étampes,
la célèbre localité d'Ormoy, dont le sable a fourni une collection si
intéressante de coquilles admirablement conservées, et parmi les-
quelles se présentent justement les espèces marines auxquelles
nous venons de faire allusion.
La ligure 9ù montre la constitution de cette localité désormais
classique, et dont le vérilable âge a été l'objet d'une discussion
¥ta. SA. — Coupe prise i Ormo;.
1. Sdlilu bla'ii:. — i. Marne calcaire. -- 3. Ssblo coquillier. — 1. Calcaire de Belilice.-
d. Marne il'cau douce. — 0. Calcaire lacustre.
instructive entre M. Ch. d'Orbigny et M. Hébert. On voit par la
coupe que le niveau marin d'Ormoy constitue comme un point sin-
gulier dans l'ensemble des couches à Polamides. Par conséquent,
il appartient au terrain duHravertin de la Beauce, et non pas à celui
des sables de Fontainebleau, comme on l'avait pensé d'abord.
Voici la liste des couches observées à Ormoy :
0. Calcaire lacustre avec lils siliceux intercsléi. Environ 2â'°,OII
5. Marne d'eau douce O^.fiB
3. Lit de gréa calcaire rempli de l'olamides Lamarckii
(Brongn.) et de Bithynia Dubuissoni, (Bouillet) O'.OS
3, S^ible rempli de coquilles marines, dont les plus abondantes
Cardila Ua:tm, Uesli.
Cytkei-ea inei-assala, Deali.
Lmina Heberli, Desh.
Cerilliium pticatum, Lamk.
Epaisseur de cette couche 1",(KI
2. Marne calcaire remplie de Poinmiiies Lamarckii et de Bi-
tkynia Dubuissoni O-.SV
i. Sable blanc sans fossiles, avec un lit de cailloux roulés
il 8 mètres de la surracc supérieure. (Ce lit de cailloux
roulis se voit, assez mal, il est vrai, dans une satilière
qui est à cdlû de lu maison. 11 est à un niveau bien plus
élevé que celui d'Élampes . ) 10",0I)
Un puits creusé dans la propriété a pénétré 15 mè-
tres plus bas dans les sables, sans les traverser.
LE TRAVERTIN DE LA BEAUCE. 341
Parmi les coquilles qui viennent d'être mentionnées, deux doivent
nous arrêter un moment : ce sont le Bithynia Duôuissonï et le Car-
dita Bazini.
Le Bithynia />w^m2S50wî (Bouillet),est une petite coquille allongée
régulièrement conique, assez large à la base. 8a spire, très-pointue,
se compose de six ou sept tours peu convexes et néanmoins séparés
par une suture assez profonde et canaliculée. Le dernier tour est
grand, globuleux, convexe à la base et percé d'une petite fente om-
bilicale; il forme un peu plus du tiers de la longueur totale. Toute
la surface de la coquille est lisse, brillante, malgré les très-fines
stries d'accroissement que la loupe y découvre. L'ouverture est
d'une médiocre étendue ; elle est ovale, anguleuse postérieurement.
Le péristome est continu et forme un bord saillant au-dessus de la
fente ombilicale. Il est mince, tranchant et perpendiculaire, c'est-
à-dire parallèle à Taxe longitudinal.
Le Cardita Bazini (Desh.) est ovale - oblong, subtransverse,
très-inéquilatéral, le côté antéiMeur large, obtus, demi-circulaire,
formant le cinquième environ de la longueur totale. Le côté posté-
rieur est plus étroit, obliquement tronqué. Les crochets sont assez
grands, contournés au-dessus d'une lunule petite, aussi haute que
large, en forme d'écusson ; elle est lisse et séparée par une strie
profonde. » Vingt à vingt-deux côtes régulières se distribuent à la
surface; elles sont convexes, plus étroites que les intervalles qui
les séparent; elles sont chargées de tubercules obtus et transverses.
Sur la côte postérieure un corselet est limité par une dépression
poncave assez large, dans laquelle se placent une ou deux côtes
Irès-étroites, lisses; celles des côtes postérieures placées sur la li-
mite du sinus portent souvent de grandes écailles irrégulièrement
disséminées, il en est de même des trois côtes comprises dans Tin-
térieur du corselet. La charnière est assez épaisse; elle consiste en
deux dents très-inégales sur la valve gauche, toutes deux inclinées
en arrière : l'antérieure est en pyramide triangulaire, un peu courbée
à son sommet ; la postérieure est fort longue et étroite ; sa surface
supérieure est très-finement striée en travers; la dent de la valve
droite est fort grosse et très-longue, son extrémité antérieure est
tronquée obliquement et son sommet est un peu infléchi. Sa surface
supérieure est également striée. Aux extrémités de la charnière, en
avant sous la lunule, et en arrière à l'extrémité de la nymphe, on
remarque un rudiment de dent latérale.
Notons, en passant, que le gisement d'Ormoy a fourni à M. de
TERRAINS TERTIAIRES,
llainTOurl des ossements de poissons qui ne paraisseni d*ailleui-s
pas avoir êlé l'objet d'une détermination exacte (1),
D'ailleurs la faune d'Ormoy n'est déjà plus spéciale à cette loca-
lité, M. Munier-Clialmab signale (2) aux environs d'Étampes, près do
Itaineait du Ikrrefour, une r-arriére qui donne :
ti. Des assises de travertin, de calcaire marneux ou siliceux, ren-
fermant des Potantrdei Lamorckii.
3. Une couclie marine de O",30, renfennant les Cardila Bazini,
Cerilhium plicatum, Cyllierca incrassata, Cytherea aplendida, Lucimt
Heberti.
•1. Environ 2 m^li-es de marnes renfermant des rognons un
ii<?s plaques de calcaire lacustre ou saumAlre fi Potamide» Lamarckii,'
l't appartenant il la l)ase des calcaircts de Keaucc.
1. I^omine support général, 2 mètres de sables de Fonlaiw-
l»leau parfaitement purs.
L'auteur en lire natui-elfement cette conclusion, que les salilet
même d'Ormoy o sont supérieurs à la base des meulièi'es et des cal*
caireK de Beauce », (le qui précède a déjà amené le lecteur i Hi
reconnaître la jusle.sse.
On peut rapporter au même niveau les plaquettes de raeoliftres
ivmplies de Pulamides, que l'on recueille par exemple sur le plaloau
de Cormeille en Parisis, entre Sannois et Ermonl.
D'après Gouberl, il faut y placer aussi la magnifique siibli^re
de la montagne du Tartre, près de Maisse, dans le déparlemenl ilf
Seine-el-Oise (3). On y Iniuve 30 mètres de sable azoî(]ue blanc, uu
|)eu micacé, Irès-meuble, avec quelques concrétions ferrugineuses
iiTépilières. Au-dessus de ce sable se rencontre un banc, alteîgnaul
par places jusqu'à un mètre de sable violet brun, ligniteux, veiité
de verl çà et là, ou ferrugineux, désagrégé, ondulé et non en ligne
droite, tranchant par sa couleur avec la masse des sables sous-
jacents. II est rempli de grandes limuées, toutes avec test, entières
l'i la bouclie comme ù la pointe, et qui paraissent être le L. Bnm-
gniarti (Desh.)- Elles sont mêlées ii de grosses limnées ovoïdes h
spire courte, moins alwndnnies que semble le /.. comea ; h des es-
pèces plus allongées, paraissant le /.. fabula; enfin àde nombreuses
petites limnées ovales-oblongues, dont M. Munier-Clialmasa fait
(1) De RiUf^urt, BuiM. rfe ta Soc. géologique. S* série, 1870, t. 5XÏU, p. BM.
(2) Munier-Chalmas, Butlel. dg la Snc. gMogiqm, 2' siiria, 1870, t. Sïïll.
t>, 693.
f3j r,<..iber|, /?»//W. //<■ /n A,^. ç,Mo;/i>iw, 2- ,éw, 1807, 1, XXIV, p. SIS.
LE TRAVERTIN DE LA BEAUGE. 343
le £. Gouberti. Citons également d'assez fréquents Cyclostoma anti-
quum parfaitement intacts, quelques-uns avec opercules ; des oper-
cules détachés [de cette coquille ; un Anryltis (A. Gouberti^ Munier-
Chalmas), de petites hélices, des Planorbis cornu (Brongn.), des Pupa,
quelques Bithynia Dubuissom (Brongn. ) et des Carychium, etc. En
lavant le sable, ces petites espèces sortent en abondance.
On est vraiment surpris de voir la fraîcheur et le nombre de ces
coquilles, alors que leurs analogues sont partout ailleurs empâtées
dans nos meulières de Montmorency ou les calcaires de la Beauce.
Ces fossiles se montrent tous dégagés à la surface de la coupe, par
le vent qui y souffle comme au milieu des dunes et par la pluie. Le
sable en est çà et là tout blanc. A la base de ce sable à limuées, on
trouve un nombre relativement grand de côtes qui paraissent ap-
partenir au Lamantin de Guettard {Manatus Guettardî)^ et de grosses
dents canines ou molaires de Lophiodon, fragiles, mais bien con-
servées, mêlées à du bois carbonisé.
b. — Meulières supérieures.
Caractères GÉNÉRAUX. — Les meulières supérieures constituent
le sommet des plateaux les plus élevés de nos environs immédiats ;
c'est pourquoi on les appelle souvent mew//^e5 c?e Montmorency. On
les exploite pour les constinictions, et dans les trous d'extraction
on peut constater que leur gisement est identique avec celui des
meulières de Brie.
En d'autres termes, elles constituent comme celles-ci des bancs
discontinus ou de gros rognons noyés dans une argile bariolée.
11 est rare que leur qualité les rende propres à la confection des
meules à moudre; toutefois une localité des environs de Ram-
bouillet ^tire son nom de les Moilières de l'exploitation qu'on y fait
et qui rappelle en très-petit celle de la Ferté-sous-Jouarre.
Faune et Flore. — Les meulières supérieures renferment sen-
siblement les mêmes fossiles que le calcaire de Beauce. Les
limnées {comea et cylindrica)^ le Planorbis cornu (Brongn.) sont
les plus communs. Cette dernière espèce, quoique assez grande,
puisqu'elle a i^ millimètres de diamètre, est remarquable parmi
les planorbes par le petit nombre de ses tours de spire. 11 y en a
quatre, le dernier «'agrandissant promptement et enveloppant tous
les autres, ce qui le rend profondément ombiliqué ; en dessus il est
peu concave.
TEHRAIBS TERTIAII
Fréqueramenl les mpulières renferraeni des lipes pt des frrainps
de Chara mediiaqmula
On[{,i>E ET MODE DE FORHiTiuN.^ — Ctii peut remarquer que, comme
la meulière de Brie, celle de Beau&î re|K)se sur des couches cal-
caires. C'est dire que l'hypotbèse de M. Meugy, rapportée préte-
demment, peut s'y appliquer aussi bien que pour le premier levraJii,
Toutefois les mêmes objections peuvent y être faîtes, et nous avons
déjà dit pourquoi nous croyons devoir ne pas Tadopler. A toi»
égards, l'hypothèse geysérienne nous paraît bien préférable ; aussi.
comme nous l'avons annoncé, allons-nous donner, d'après MM. Po-
tier et Douvillé {!), quelques détails sur la faille de Manies et d<;
VeiTion fi laquelle les dépAts en question paraissent se rattacher.
Ur, il résulte des observations de ces géologues que la faille en
question est accompagnée d'une surélévation des couches situûa
sur le nord-est de la faille. Celte dénivellation intéresse les terrains
tertiaires, jusques et y compris les sables de Fontainebleau. La
liaison intime des sables de Fontainebleau et du calcaire de
Beauce conduit à admettre que la dénivellation s'est pi-oduite posté-
riem'eraent à cette formation. Les sables granitiques, qui se présen-
lent plusieurs fois avec les caractères propres aux liions d'injection.
se rencontrent presque toujours aux points où la dénivellation peut
être observée : il y a donc lieu de considérer la venue des sables
comme intimement liée à cette dénivellation, c'est-ii-dire comme
postérieure au dépflt du calcaire de Beauce.
§ 2. — liC rnlraii'c liiriiHtrc ilo rorlrnnnlH.
On ne peut guère dire que le CJilcaire de l'Orléanais soit superposé
au travertin de la Beauce ; il est pliis exact de le considérer comme
lui faisant suite vei's le S. 0. Toutefois, comme toutes les couches
plongent dans cette direction, il y a une zone, étroite il est vrai, oli
le recouvrement des deux formations l'une par l'autre peut être
plus ou moins bien observé.
C'est vers la Ferté-Aleps que commence le terrain qui nous
occupe maintenant, et il ne tarde guère à sortir du cadre que nous
noua sommes tracé.
(!) Poliar el Douvillé, Compte! rendus th l'Académie ilts w'eacfx (G
et Bullel. ih In Soc. géologique, 1' sêrip. 1872, l, XXIX, p. 472.
MI87S).
LE GÂLGÂIRE LACUSTRE DE L'ORLÉANAIS. 345
Dans cette localité, le calcaire lacustre renferme des couches extra-
ordinairement riches en débris de mammifères. Ce gisement, signalé
d*abord par Goubert, a été étudié ensuite par M. Munier-Chalmas (1),
puis par M. Tournouër.
Dans son travail, M. Munier-Chalmas avait constaté dans ce gise-
ment :
Deux Crocodilus indéterminés ;
V Anthracotherium magnum ;
Un Tragulotherium ou Ampkitragulus? ;
Un animal du type paléothérien.
M. Tournouër n'a rien trouvé qui pût se rapporter à ce dernier type.
Le petit Amphitragulus ou Gelocus a été au contraire retrouvé par
cet observateur et par M. Bioche.
Quant à Y Anthracotherium^ M. Tournouër en a recueilli de très-
grandes canines appartenant probablement à la mâchoire inférieure,
et une belle prémolaire, non usée, fort différente des prémolaires
inférieures d'il, oncideum.
Mais les dents les plus nombreuses trouvées dans ce gise-
ment sont celles du Rhinocéros. M. Gaudry rapporte de nom-
breuses molaires inférieures et supérieures à VAceroikerium Briva-
tense (Bravard). Avec ces dents ont été recueillis des fragments d'os
longs, tibias, omoplates, etc., qui appartiennent sans doute aux
mêmes animaux.
« Ce gisement, dit M. Tournouër, offre un réel intérêt par la pré-
sence de plusieurs espèces de vertébrés des dépôts miocènes de
l'Allier et de l'Auvergne dans une position stratigraphique très-nette
et à un niveau parfaitement déterminé. Je rappellerai en effet que
les débris de la Ferté-Aleps se trouvent à la base d'un petit dépôt de
sable brun ou jaune foncé rempli delimnées(Z. ^rowg'W2o?Ve(Desh.),
de Cyclosloma antiquum (Br.), etc., qui surmonte immédiatement la
masse des sables blancs marins de Fontainebleau, dans lesquels la
sablière est ouverte, et qui est surmonté lui-même sur 2 ou 3 mètres
par les premières assises du calcaire blanc lacustre de laBeauce, qui
forme normalement le plateau de toute la région. La position de ce
bombedesi donc parfaitement nette et peutêlrefort utile pour la fixa-
tion de l'âge d'autres dépôts ossifères plus isolés. »
(1) Munier-Chalmas, Bullet. de la Soc. géologique, 2® série, U XXVII, p. 692.
346 TERRAI?(S TERTIAIRES.
111
TERRAIN PLIOCÈNE
CHAPITRE UMQDE
LES SARLES DE SAIMT-PREST.
Caractères r.ÉNÈR.\ux. — Le terrain tertiaire supérieur ou pliocène
n*apparatl dans les environs de Paris que comme une singularité.
C'est seulement à Saint-Prest, auprès de Chartres, dans le dépar-
tement d'Eure-et-Loir, qu'on peut Téludier. C'est un terrain de
transport d'aspect fluvialile. formé de 15 mètres de sables reposant
directement sur la craie et recouvert par le loess. Ce sable, cpi'on
pourrait à la première Aiie confondre avec un atterrissement quater-
naire, est situé à 25 mètres au-dessus des alluvions de l'Eure. Les
fossiles qu'il renferme en abondance le distinguent d'ailleurs com-
plètement des dép Us diluviens, et nous emprunterons à M. Laugel
quelques détails à ce sujet (1).
Les sables de Saint-Pi-esl, exploités à quelque dislance de Chartres,
sur le bord de l'Eure, n'ont pourtant rien de commun avec les
dépôts diluviens proprement dits, auxquels a donné naissance le
phénomène de creusement des vallées; ils remplissent une dépres-
sion latérale à la rivière qui devait déjà exister avant l'approfondis-
sement de la vallée de l'Eure. La coupe de la sablière laisse voir, au-
dessous d'une Irès-gi-ande épaisseur de limon des plateaux, en
premier lieu des bancs de galets siliceux, ensuite du sable blanc
mêlé de galets, enfin du sable blanc très-fin. Dans toute la sablière,
sauf dans les sables fins inférieurs, il y a de gros blocs usés de silex,
de grès, quelquefois de poudingue siliceux. Certaines zones, no-
tamment dans la partie inférieure, contiennent des parties feldspa-
thiques mélangées avec des grains de quartz hyalin.
(1) Laugel, Bullef. de la Soc. géologique^ 2® série, t. XIX, p. 709.
LES SABLES DE SAINT-PRBST. 347
Faune. — M. Lartet a déterminé les mammifères trouvés àSaint-
Prest, et collectionnés en i8/i8 par M. de Boisvillette, ingénieur
en chef des ponts et chaussées à Chartres.
1° Elephas meridionalis (Nesti), représenté par un grand nombre
de dents, des mâchoires et quelques fragments d'os longs.
2^ Rhinocéros,,. Une ou deux espèces représentées par quelques
dents isolées et des os d'extrémités très-élancés. L'une des espèces
paraîtrait se rapprocher du Rhinocéros qui accompagne, dans le val
d*Amo, V Elephas meridionalis,
3" Une dent prémolaire A' hippopotame ^ probablement YHippO"
pofamus major,
k'' Quelques dents d'un cheval^ qui parait être le même que
XEquus amensis,
5" Un grand bœuf, représenté par des dents et des portions de
cornes, etc. Un petit Aœw/', représenté par des dents de moindre taille
que les grands bœufs, d'une époque postérieure.
6» Un cerf de très-grande taille, à en juger par des portions de
bois et d'os longs, et deux molaires supérieures. Par la forme de ces
dents, ce cerf se rapprocherait de l'élan ; mais ce rapprochement ne
serait pas confirmé par la forme des bois. C'est le Megaceros Carnu-
iorum.
V Un rongeur de grande taille (Trogontherium, Fischer), repré-
senté par un crâne et des os du pied (l).
Il convient de dire ici un mot de quelques-unes ^e ces es-
pèces.
U Elephas meridionalis (Nesti) se rapproche beaucoup, géolo-
giquement, de VE, primigenius ou mammouth, que nous ren-
contrerons dans le terrain quaternaire. Il se distingue surtout
par une mâchoire inférieure à symphyse plus longue. M. Pictet
ne le regarde pas comme certain (2), et M. Paul Gervais (3) est
d'avis que les débris attribués à l'éléphant et trouvés dans les ter-
rains tertiaires paraissent devoir être rapportés au mastodonte
(fig. 95).
VHippopotamus major (Cuv.) ressemble beaucoup à l'hippo-
potame actuel, et Blainville pensait même qu'il devait lui être
(1) Dans une note adressée à la Société géologique, le 6 novembre 1848, M. de
Boisvillette avait mentionné de plus des restes d*Aniilop€, de Morse et de Car-
nassiers, mais ils n'ont jamais été l'objet d*une détermination spécifique.
(2) Pictet, Traité de paléontologie, t. I, p. 285.
(3) Paul Gervais, Zoologie et Paléontologie françaises, p.. 36.
TEItKAlNS TËItTIAUlB&
réuni (1). Toiih^fois la plupart des paléonlologîsles consitlèfenl celte
espèce comme clisliucU-. \h sp londeul sur les formes dilTitreuU»
de sa mâchoire, sur les stries obliques de la face anlih'ieure des
canines, sur l'écarleraeiil plus grand de la deuxième et la troisième
molaire, sur l'occiput plus haut, la face plus courte, etc., et aussi
sur la différence de taille; car l'hippopotaitic fossile dépassait de
beaucoup les dimensions iIps plus prands individus lUi monde
actuel,
- Musloilnn iongi
Lp Rhimceros lep/or/iinus est (également li-ès-comniun o\ ri'pri'-
senté par des parties très-variées de son st[ue!ette.
Opinions diverses sitr l'ace dks sables hk Saint-Phest. —
Il faut d'ailleurs ajouter que si, pour le plus paiid nombre des
géologues, le dépôt de Saînl-Presl est réellement pliocène, pour
qiiei'iues savants il est au contraire diluvien : c'est, par exemple,
l'opinion de M. le professeur Paul Gervais, si autoi'isé en pareille
matière. M. Belgrand a présenté, de son côté, des observations donl
ia conclusion pourrait être la même (2}. « Je n'ai pas, liit-il, la
pi-étention de résoudre le diflicile problème de la faune de Saint-
Presl; mais il est un point sur lequel je crois devoir appeler l'atten-
(1] Bbinville, Ostéoyraphie, ou Dtacription iconograp/iique comparée du iqui-
Mie et du système tiettnindrs Mammifères rieeiili el fossUes ; HippopolamfSt tt
Cocliont, p. 55.
(2) Bplgrand, I» S-î;..; p. 207,
LES SABLES DE SAINT-PREST. 349
tion des géologues. Si l'on compare la faune des sables de Saint-
Prest à celle des sablières de la Seine, à Paris, on est frappé de
Tabondance et de la grandeur des cervidés dans le premier; les
bovidés au contraire y sont peu nombreux. Dans les graviers de
Paris, les bovidés dominent, surtout dans les hauts niveaux ; les
cervidés y sont moins nombreux et surtout moins grands qu'à
Saint-Prest. Or, si l'on tient compte de la nature du sol des deux
bassins, ces cantonnements s'expliquent facilement. Le bassin de
l'Eure, entièrement perméable, impropre à la végétation des prairies
et des pâturages, complètement privé de sources, et d'eau par consé-
quent, si ce n'est au fond des vallées principales, ne convient point
aux bovidés, qui ne peuvent se passer d'eau et de prairies. Si aujour-
d'hui nos bœufs revenaient à l'état sauvage, ceux de la Beauce
abandonneraient le pays et se retireraient dans le Perche ou dans la
vallée d'Auge. A la vérité, il pleuvait beaucoup dans Tàge de pierre;
mais les eaux pluviatiles disparaissaient de la surface de la Beauce
soit en ruisselant, soit absorbées par le sous-sol, qui devenait immé-
diatement aride comme aujourd'hui, dès que la pluie cessait, et ne
pouvait convenir à la végétation des prairies. Les sources de l'Eure
et de ses affluents, la Voise, la Vègre, la Biaise, l'Avre et l'Iton, toutes
situées au fond des vallées, étaient certainement mieux alimentées
que de nos jours; mais les plateaux intermédiaires ne retenaient
pas l'eau nécessaire aux bovidés. Les bœufs devaient donc être
rares en Beauce, même dans les temps si pluvieux de Tàge de
pierre. Les plateaux qui bordent la Seine leur convenaient bien
mieux. Les argiles de Brie, encore si humides de nos jours, devaient
produire d'abondants pâturages; les sources innombrables des
marnes vertes coulaient dans les moindres dépressions du sol ; les
bœufs de l'âge de pierre devaient donc être très-nombreux sur ces
plateaux.
« Les cervidés, au contraire, ne cherchent ni les lieux humides,
ni les gras pâturages; dans les terrains imperméables, ils meurent
souvent de la cachexie aqueuse à la suite des années très-humides.
Si les bois de la Brie n'étaient pas coupés de fossés et assainis de
longue main ; si les propriétaires ne faisaient de grands sacrifices
pour y conserver le gibier de luxe, tous les chevreuils et les
cerfs de cette contrée se réfugieraient dans les forêts arides des
sables miocènes, et mieux encore dans les bois non moins secs
des calcaires de la Bourgogne. Il semble donc très-naturel que
les cerfs aient été plus nombreux dans la Beauce, quand elle était
boisée, et les bœufs dans la Brie. » D'un côté, on verra, dans le
chapitre relatif au diluvium, combien la faune de Saiut-Prest est
analogue à celle bieu certainement quaternaire des sablières <le
Montreuil.
VeSTKIES de L'|5DUSTHIE HUMAIKE tJKCOGYERTS A SaI^jT-I'uEST.
Quoi qu'il en soil, Saint-Prest tire un intérêt tout spécial d'une
importante découverte que fil M. Desnoyers dans celte localité
désormais classique, il constate en effet que la plupart des osse-
ments provenant de celle localité présentaient l'empreinte de la
main de l'homme. Sur uu crâne d'éléphant il montre la mai'que
de Hèclies qui, après avoir traversé la peau «t les chairs, avaient
glissé sur t'os; il montre que tous les crAnes du grand cerf uonimo
Megaceros Carmitorum paraissent avoir été brisés par uu coup v
lent donné sur l'os frontal, près du point d'inlerseclîon dvs dvux
bois ; que ces bois portent à la base des incisions dirigées lal^Tale-
mentelde haut eu bas, comme celles qu'eût faites unoulil tranchaal
employé à enlever la chair et à détacher les tendons ; que les '
ruminants sont brisés en long et eu travers, et semblent l'avoir èi^
dans Je but d'en e&traire la moelle; etc.
Quelques géologues adoptèrent immédiatement l'opinion iv
M. Desnoyei-s; d'autres réservèrent la leur. Un crâne de cerl' Irouvt'
Ji Saint-Prest était percé d'un trou évidemment fait du vivant de
l'animal ; on supposa qu'il avait pu être fait pendant uu de cet
combats furieux qu'à de certaines époques les cerfs se livreut ei
en\- La plupiu't des os de Saiut-Presl portent des slries et dw
rayures de divers genres ; mais comme on s'en est assui-û par des
expériences faites au Jardin zoobigique de Londres, les porcs-épic»
rayent à peu près de la même manière les os Tiiiis iju'ils rongent,
et justement on a découvert, comme on vient de le voir à Stiiitlr
Prest, la mâchoire d'un grand rongeur. Enfin, ou fit surloiil
remarquer qu'aucune arme, qu'auuun instruuKHil n'avait été
trouvé dans ce gisement; el, en leur absenee, les meulièivs in-
voquées par .M. J. Desnoyers (I) paraissent insuffisantes même â
des géologues qui, comme M. Ch. Lyell (2), sont portés Ji admettre
que l'homme a vécu en effet à répoi|ne où se déposaient les terrains
tertiaires.
(1) J. Deanojier», Complet i-emlat de l'Ara'/émie ilcs sdeHc^s, 1863. i
{a) Lyell, r Ancieimeli de l'homme priiuvôepnr lu géil'^ie, traduit |iar
2' édil. Paris, 1870.
LES SABLES DE SAIMÎ-PRËST. 351
Or, c'est ce témoignage réclamé par M. Ch. Lyell, que M. labbé
Bourgeois produisit quelque temps après devant TÂcadémie des
sciences (1). « Je n*ai pas rencontré, il est vrai, dit-il, la forme clas-
sique de Saint-Acheul et d'Abbeville; mais j'ai pu recueillir à tous
les niveaux les types les plus communs, tels que têtes de lances ou
de flèches, poinçons, grattoirs, marteaux, etc. L'un de ces instru-
ments paraît avoir subi l'action du feu. Les silex taillés des sables
et graviers de Saint-Prest sont très-grossiers et présentent la res-
semblance la plus frappante avec ceux que j'ai signalés dans le
diluvium de Vendôme. » D'après cela, l'homme appartiendrait au
terrain tertiaire supérieur; nous allons le voir jouer un grand
rôle pendant toute la période quaternaire.
(1) L'abbé Boiirgeois, Comptes rendus de l'Académie des sciences^ 1867,
l. LXIV, p. 47.
TERRAIN QUATERNAIRE
L'étude du terrain quaternaire présente des difficultés considé-
rables. Les formations dont il se compose sont extrêmement com-
pliquées, et les synchronismes qu'on cherche à établir entre cer-
taines d'entre elles sont le plus souvent douteux. Sa liaison intime
avec le pliocène d'une part, et avec le terrain moderne de Tautrc,
en fait, à certains égards, comme une division purement artificielle,
et cependant on va voir qu'il se distingue à la fois par son allure
générale et par ses nombreux fossiles. Il tire d'ailleurs un immense
intérêt de sa situation même dans la série stratigraphique, situa-
tion qui en fait comme un pont jeté entre la géologie proprement
dite et l'histoire moderne du globe. Nous verrons comment de son
étude ressort l'explication d'une foule de fails relatifs aux âges plus
anciens de la terre. Ajoutons qu'il est impossible de le limiter net-
tement et d'en donner une bonne définition. Tout y est sujet à dis-
cussion, jusqu'aux formations qu'on y peut distinguer.
Nous y étudierons successivement quatre groupes principaux
et d'importance très-inégale, savoir : le diluvium proprement dit,
le limon des plateaux^ les cavernes et les tourbières.
CHAPITHE PREMIER
DESCRIPTION DES COUCHES QUATERNAIRES,
DILUVIUM PROPREMENT DIT.
Le nom de diluvium est mauvais, car il implique l'admission
d'une idée qui, si elle n'est pas absolument fausse, est au moins
LE DILUVIUH. 353
dénuéede toute démonstration, savoir, qjie les dépôts qui vontnous
occuper sont le produit d'une vaste inondation, d'un phénomène
diluvien. Nous aurons plus loin à examiner cette question; pour
le moment, acceptons le nom imposé par un long usage, mais n'y
attachons aucun sens déterminé.
Fie. 96. — Coupe d'une sablière de Levai loi»-Perre(.
— 11. LiiQun nniipatru. — 10. CiitlMii unis pw u
12. HimKii niperflcisl
noircies par du inan^Hiièse, dcposéca
grifl. — 5. Limod >r|^ËUï. ^ 1. Csillo
ninni. - 6. C
1^ asbl* gria. -
Le diluvium se présente dans une foule de localités autour de
Paris, avec ses caractères moyens. La figure 96 reproduit, d'après
M. Reboux (1) la structure d'une caiTière, située à Levallois-Perret,
el qu'on peut prendre comme type.
Tout cet ensemble de couches, avec des variantes plus ou moins
considérables, se retrouve dans un grand nombre de localités, telles
que Gharonne, la barrière d'Italie, Joinville-le-Pont, Canonville,
{i) Rebuux, Builel, de la Si-c. yéohyiiiw.
; 1860, 1. XXIV, p. 145.
35& TERIIAIN QUATERKAIKI^
Greuelle, etc., clc On feul l'observer le long de beaucoup de
rivières, et par exemple M. Boucher de Peilhes a i-etevé Ji jVbbevillc
(Somme) lieaucoup de coupes devenues célèbres el tout à fait com-
parables à celle qui précède.
Quand on étudie dans leur ensemble les cjirrières les plus coiii-
plèles dc'diluvium, il est oi-dinaire de constaler que les couches iii-
lërieures sont grises, tandis que celles du haut sont d'un rouge plus
ou moins ocrcux. A cette dilTéi'ence de couleur en correspondent Ak
profondes dans les caractères paléoatulogiques, et surtout, comme
on verra, en ce qui concerne l'origine et le mode de formation.
Aussi dislingue-t-on en général le diluvium rouge et le dilwiwi
yris. Nous les décrirons à part.
I. — Diluvium gril.
C\KACTGREâ (jènéhaL'x, — Le rfiVaii(um ym consiste en alternaincs
de sables et de graviers de diverses grosseurs, en général bien stra-
tifiés. Souvent les sables sont disposés en lits obliques ii la strati-
fication, absolument semblables à ceux qu'iilTectent les sables char-
riés de nos jours par les rivières.
Les matériaux dont le diluvium gi'is se compose méritent d'élre
signalés. L« qui domine, c'est le silex, et l'on reconnaît facilemenl
que in plupart des galets siliceux ont été tournis au diluvium par
les couches crétacées. Le fait est surabondamment déinuntré par
la présence de fossiles de la craie dans un grand nombre de ces
galets. D'auli-es sileK proviennent du calcaii'e grossier, du travertiu
de Champigny, des divers niveaux de meulières, etc. Les poudiii-'
gue« de l'argile plastique sont abondamment représentés, et parfois
par des blocs éjiormes. Les grès de tous les niveaux s'y rencontrent,
reconnaissaliles souvent aux fossiles qu'ils renferment. Les cal-
caires sont richement représentés, Outre les diverses assises que
nous avons eu l'occasion d'étudier dans nos environs; les couches
plus anciennes des parties hautes du bassin ont fourni également
des échantillons. C'est ainsi qu'on peut recueillir jusqu'à la gare
d'iviy des fragments de calcaire lithographique de divers niveaux du
terrain jurassique de la Bourgogne. Enfin une nombreuse catégione
de galets qui attirent encore plus l'attention que les précédents
peut fournir toute la collection des roches cristallines du Morvao.
Le granité, les porphyres, la syénite, le gneiss et même le basalle,
s'y trouvent en blocs plus ou moins arrondis.
L£ DILUYIUM. 355
Voici d'ailleurs, d'après M. Roujou, la liste des diverses roches
que ce géologue a recueillies dans le diluvium parisien :
Pe^çmatite.
Granité porphyroïde.
Granité à gros grains.
Granité à grains fins.
Gneiss.
Porphyre quartzifère.
Eurite.
Porphyre feldspathique noir.
Leptynite grenatifére.
Quarts.
Àrkose provenant des frontières du
Morvan.
Silex pyromaque de la craie.
Silex en plaquettes du calcaire gros-
sier.
Silex ménilite du calcaire de Saint-
Ouen.
Silex nectique du calcaire de Saint-
Ouen.
Silex et meulières de la Brie .
Meulières de Montmorency.
Quartz cristallisé avec carbonate de
chaux également cristallisé) et pro-
venant des caillasses du calcaire
grossier.
Grès verdàtre avec coquilles prove-
nant des sables moyens.
Gi^ d*nn rouge vineux, formation
indéterminée (très-rare).
Grès jaunâtre et blanc de la forma-
tion des sables de Fontainebleau.
Plaquettes de grès ferrugineux d*un
brun très-foncé (très-rare). Cette
roche parait provenir de forma-
tions que l'on observe dans plu-
sieurs localités à la partie supé-
rieure des sables de Fontaine-
bleau.
Aragonite, reconnue dans une sa-
blière de Levallois, puis dans une
autre de Montreuil.
Calcaire très-blanc, de texture cris-
talline et saccharoïde (très-rare).
Formation indéterminée.
de la craie, de l'argile plas
tique,
des poudingues de l'argile
Fragments! plastique.
divers < du calcaire grossier iufé-
provenant j rieur.
du calcaire grossier moyen,
du calcaire grossier supé-
^ rieur.
Ma^nésite, marne jnagnésienne du
calcaire de Saint-Ouen.
Fragments de gypse.
Morceaux de marne provenant des
marnes vertes.
Nodules avec cristaux de célestine,
même origine.
Fossiles enlevés à des terrains plus
anciens que le quaternaire.
Bois siliciûés.
Coquilles et zoophytes de la craie.
Fossiles du calcaire grossier.
Fossiles d'origine indéterminée»
Peroxyde de manganèse»
Le volume de ces blocs de nature si diverse est quelquefois con-
sidérable. On peut voir au Muséum un galet granitique de près
d'un mètre cube, provenant du diluvium de PariSi II existe en ce
moment à Ivry, dans unecoucbe diluvienne superposée au calcaire
grossier et sur laquelle nous aurons plus loin à revenir, un bloc de
poudingue des sables de Fonlàinebleali ayant plusieurs mètres
ciibes; Lors de travaux récients, oh a rencontré, dans le diluvium
^^^^^^ TEUftAlN miATEBNAIRfr'
auprès du ponlde Sèvivs, un morceau de meulière ayaut 12mèti'es
cubes; etc.
Dans beaucoup de cas, les galets sonl cimentés enlre eux par des
iiililtralious géiiéi-alement calcaires, el il en résulte des poudiugues
diluviens remarquables souvent par la variété des roches qui \es
composent.
A côlé de ces couches grossières et contrastant avec elles, se
montrent, comme nous l'avons dit, des lits de sable fin dont l'élude
microscopique donne, à l'échelle près, des résultats analogues k ceui
qui précèdent, puisqu'elle J)ermel de reconnaître la provenance
très-diverse des matériaux maiiitenanl iutiuiemenl mélangés. De
petits grains de feldspath sont mêlés eu effet avec des fragments
siliceux venant de la craie ou des étages tertiaires, avec des parti-
cules calcaires d'âges très-différents, etc.
Faune du diluvium gris. — Les fossiles que l'on a exti-ails du
diluvium gris sont innombrables ; et, bien entendu, nous faisons
abstraction des restes organisés très-nombreux qui s'y trouvent
enfouis, quoique arantun âge très-antérieur, c'est-à-dire de ceuï
qu'on trouve dans les galets qui ont été cités, ou de ceux qui,
par suite de remaniements quaternaires, ont été routéâ avec les
sables. Beaucoup de poudingues diluviens, sm'tout du calé de Cham-
pigny et de Joinville-le-Pont, renferment des turrilelles du calcaire
grossier. On retrouve en abondance ta même coquille, entre Join-
ville et Charentou, dans le sable actuel de la Marne, en mélange
avec les limnées, tes paludines et les unios en ce moment vivants
dans celte rivière.
Ces fossiles mis à pari, il en reste beaucoup dont il importe de
citer les noms comme faisant partie de la faune quaternaire. Dans
les couches fines se trouvenl des coquilles qui sont toujours d'eau
douce, circonstance qui a fait donner à ces couches le nom de dilu-
vium lacustre. Nom vicieux, puisqu'il ferait croire à un dép6l spécial,
tandis qu'il s'agit simplement de celles de couclies du diluvium où
a été possible la conservation des coquilles.
Coquilles lacustres. — Quoi qu'il en soit, les couches coquillièrei
sont très-nombreuses. A Gentilly, à Arcueil, à Charonne, à Joiiiville-
le-Pont, etc. , on peut les étudier. C'est dans cette dernière localité
que M. Charles d'Orbigny a relevé la coupe que voici et que nous
devons ciler tout d'abord, puisque c'est la première publiée à l'éganl
du terrain qui nous occupe.
La sablière diluvicmie de .loinville offre diverses assises parfailf-
LE DILUVIU».
ment distinctes, qui paraissent devoir être rapportées à plui
époques géologiques, ainsi que le repi-ésente la figure suîvanle
e eabtière à Join vil le-le- Pont.
(Gg. 97) où se trouve indiqué le faciès général du diluvium de
Joinvilie. Il convient d'en donner une description détaillée :
7. Sot Téfiétal méUngé de liets.
6. Lœa« ou Ishm Itan entirons de Bicfilre il a pluaieun mètres
de paiMance) «".SO
5, Diluvium rougeâlre, formé de table qaartzeuK, très-argileus
et rerrugioeux, avec nombreux galets et graviers O'',70
II repose sur un sahle un peu marneux, d'un gris blan-
chitre, avec quelques rares galels disséminés seulement sur
certains poinla de la couche. Ce dépôt, qui à Joinvilie Terme
une lone très -distincte, ne contient point de coquilles Tossile . «"J^
i. Diluvium grii à galets granitiques et porphjriques, présentant
sur quelques poinla des fragments de coquilles lluviatiles et
terrestres presque toujours brisées, et probablement ddachées
de la couciie coquilliire n° 3, sur laquelle repose cette assise. ^
Au milieu de ce dép9( est une petite looe, d'environ cinq ceii-
limétrts d'épaisseur, et non continue, de sable marneux sans
coquilles ni galets 0",50
3. Couche lacustre de sable marneux blanchilre, plus ou moins Dn,
çoplenant parfais, «oit des zones de calcaire niviforme, soit.
TEKIlAlti QUATËRHAlREf.
oumiiie le lie<^, -iei rngnon» giodiquca de marnolile. CelUt
CDUclie rËnferme quelque» débris de munnuifèreB, de repLilea,
el une multilude prodi^'euso de coquilles tcrreslrea et fluTÏa-
liles d'une parfaite coiuerTation (lOjreE ei-aprèa l'éuuméralion
da cen coquilles^
. Diluvium ft\s h éléments granitiques, roruiant un dépAl tumul-
tueux il In base duquel ne trouvent de gros bloci erratiques.
Ce diluvium gcii inférieur contient lur eerlaîng points ;
1° quelques débris de coquïllea terreslreseiaDviatiles ; 2° des
cériihen, dtig nsUef s, cl d'autres coquilles marioes roulées qui
out été arrachées aux terrains préexistnati, notamment au
calcaii'e grossier, et aux fables el gr6s dits de Beaucliump ;
3° des ossements de mammifères, tels que des dents iVE/e-
phat inimigenius et de Rhinoi^ei-oi ticitorhinvs. Enlln, au
milieu des galets qui constituent ce diluvium, se trouvent
parfois des lones noa continues de sables sans galets, ajsnl t|é
20 k 30 centimètres de puissance.
. Travertin inférieur (calcaire de Saint-Ouen) sur lequel reposa
le diluvium.
Dès ses premiëi'es l'echerches de 1839, M. Ch. d'Ortiigay relira de
la sablière du diluvium lacustre de Joînville les espèces suîvnnles,
qui furent déterminées par M, Hupé :
Flrtix nemoralls, Linn.
— pulchella, MOll.
— lioriensis, MQll.
^ litgpida, Linn.
— carthusianella, Millier (du
midi de la France).
Znniles (genre réuni aux IMix par
quelques auteurs).
Valvata piscinalis, Millier.
— depresia, rfeiff.
Bnlimus foIJiculuG.
— lubricus, Brug. {H.Cijh'ndri-
cus, Moq.).
Piipa umbilieaj Drap.
Verligo {Pupa) mustorum, Drap.
Succinea putris, Ferr. (He/irpiifris,
.n.)
, Drap, (.lu
i de
Limnica paluslris, Drap.
— auricularia, Umlc (flg. 9S].
V
Limi>n>a ovata . Lamk ILimiiiea /ûm
Planorbis oorneiis, Uiink.
— morginatus, Drap.
^ cariuatua, Hilller.
— albus, Uiilier.
— vorlex, Mûltcr.
Aurylus diivinlilis. Hflller.
LE DILUVIUM. 359
Cyclostoma elefans. Drap.
Paladioa achatina, I<aink,
Bithynia tentaculata, Stein {Paludinn
impura^ Brand).
Opercules de Bithynia tentacu-
lata,
Bithynia marginata, Dupuis (du midi
de la France).
Paludestrina (d<j| midi de la France).
Gyclas cornea, Lamk {SpheBrium,
Bourguignat).
— rivicola , Leach (Sphœrium
rivieola^ Bourg.)
Pisidium amnicûm, Jenyns.
— pusillum^ Jenyns.
Unie littoralis, Guv, (J7, rhomboideus^
Moq.)
Dreissena polymorpha, Van Beneden.
Beaucoup plus récemment M. Goubert a signalé d'autres localités
où les mêmes couches se présentent.
Quand, sorti de Paris par la barrière de Fontainebleau, on prend
la première rue à droite {rue du Pont^^euf), on rencontre une vaste
carrière ouverte pour l'exploitation du calcaire grossier. Les tran-
chées n'ont jusqu'à ce jour mis à nu que le diluvium. La coupe, de
bas en haut, est Ja suivante :
!• Poudingue siliceux et calcaire, à gros morceaux de silex de la
craie, avec des plaques de calcaire grossier à foraminifères et à
Corbula angulata; quelques galets de granité rouge à gros grains;
os de Bo8^ dents d*Elephas primtgentus, — 0™,08.
2® Marne argileuse blonde, avec poches irrégulières de sable
grossier, blanchâtre, à petits grains de quartz. Par places, ce sable
devient très-ferrugineux. Il contient beaucoup d'opercules de Bi^
thynia tentaculata, plus des coquilles terrestres et d'eau douce fort
fragiles. Dans l'argile même, Hélix, Cyclas, Pisidium, Valvaia,
Vertigo muscorum. Pas de coquilles tertiaires roulées, sauf un petit
polypier. — 3 mètres.
5" Argile ocreuse, en couche assez régulière, tranchant sur la
couleur de l'argile sous-jacente. — 0",15.
4* Argile marneuse moins ferrugineuse, mais plus rouge que
celle du iV* 2, avec lits verdâtres à la base. Elle est très-compacte,
sans graviers roulés, et passe, vers la partie supérieure, à la terre
végétale. Nombreux opercules de Bithynia tentaculata, nombreux
Pisidium (les mêmes que plus haut), quelques Cyclas, Hélix (pe-
tites espèces, surtout H, hispida, h,), Valvata, Planorbis, Unio.
— 3 mètres.
Cette coupe parait appartenir tout entière à ce que les géolo-
gues parisiens nomment diluvium gris. Le poudingue consolidé
n* 1 est le même que celui que M. Ch. d'Orbigny a signalé à la So-
ciété, le 7 novembre 1859, comme existant à la base des sablières
AIN yUAUnKAtRe.
df. la nie de Oeuilly. Largile ii» 4 nesl certainement pas du lœss
(le lœss de BJc^lre, blund tl argileux, contienl quelques coquilles
identiques). Elle se rallache à la zone de sable mameux à coquilles
terrestres et fluvîatiles, que >L Ch. d'Orbîgny annonçait, à laméme
séance, comme existant sur le trajet du chemin de fer de Vin-
cennes, entre le diluvium gris et le diluvium rouge, zone qu'il
avait constatée dès 1855 it Charonne. On peut donc assimiler ces
argiles à la couche sahleuse de Joinville-le-Pont, décrite par
M, Ch. d'Orbigny devant la Société géologique, dans la séance du
21 novembre 1859, et qui est malheureusement perdue pour
la géologie parisienne, la carrière ayant été comblée.
L'argile de Gentilly, comme celle que nous signalei-uns rue des
Barons, diiïère cependant h plusieurs points de vue d'avec l'assise si
bien connue de Joinville. On ne rencontre au-dessus de ces deux
gisements de Gentilly, ni le lœss, ni le diluvium rouge: mais ces
couches sont classiques à quelques pas de la, près de l'hospice de
Bicétre. L'argile de la rue du Pont-Neuf parait moins fossilifère que
le sable de JoinviUe, surtout en espèces ; le fait est peut-être dû à ce
que les coquilles n'y sont pas dégagées et à leur grande fi-agîlité.
Quant aux individus, ils pullulent, et, en cassant des mottes de cette
argile, on trouve certains fragments liltér.tlement couverts de fos-
siles, de pisidies notamment, presque toujours bivalves ou d'oper-
cules de Bithynia tentaculata.
Les coquilles de la couche lacustre en question appartiennent,
comme celles de la rue des Barons dont nous allons parler, aux
genres aquatiques et souvent terrestres de nos environs. On n'y
a pas constaté, comme à Joinville, d'espèces du midi de la France
(paludestrines, Bithynia marginata, Dupuis, etc. ). Ce qui prédomine
dans les n"' 2 cl 4, ce sont les opercules de Bithynia tentaculata,
Stein. [Paludma impura, Brard); les bithynies elles-mêmes sont
peu communes. Viennent ensuite les pisidies {P. amnicum, Jenyns,
et surtout le petit P. caseiianum. Poli, \ar. planulalum, Baudon),
les Cyclas {C. cornea, Lamk), le Vertigo tnuscorum, Drap. {Pu/m,
Nilss.), VHydrobia marijinata; des succiniies, des planorbes, des
valvées {V. depresxa, etc., Pfeiller), des Htlix. L'6>iioest rare; c'est
une variété de \'U. /if/ora/('s (Cuvier), qu'on li-ouvail à Joinville,
oblongue, obtuse, non arrondie, non aplatie, sans impression mus-
culaire.
peus cents pas plus loiu, rye des Barons, existe gîte carrière de
Wlcflir^ fçroisier wplgilée 4epuiB lopgues «naée».
LE DILUVIUM. 361
•
La coupe csl ia suivante, de bas en haut :
Calcaire grossier moyen.
Calcaire grossier supérieur, à cérithes.
Caillasses. Alternance de marnes blanches [tripolide Nanterre),
de bancs d'argile verte et ocreuse. Vers la partie supérieure, lits de
calcaire cristallisé, carié, en plaquettes. Un mètre plus haut, banc
assez régulier de calcaire crête-de-coq (épigénie de cristaux de gypse
en carbonate de chaux) très-dur, se répétant sept ou huit fois au
milieu de ces marnes blanches dites tripoli. Les caillasses sont ici
fort développées. Elles n'offrent pas à leur base les lits dits pain
d'épiée ei rochette^ riches en fossiles, avec tests, et bien connus dans
les carrières qu'on rencontre à Genlilly en venant de la rue de la
Santé, et à Vaugirard.
Au milieu de la carrière, les caillasses sont largement ravinées
par une poche de diluvium atteignant 10 mètres dans sa plus
grande hauteur. La partie inférieure de cette fondrière quaternaire
est caillouteuse, et contient surtout du calcaire remanié. 50 centi-
mètres plus haut, commence une argile ocreuse et verdûtre, remplie
de petits grains de quartz ; les lits les moins riches en quartz sont
pétries de pisidies. Plus haut, l'argile, moins impure, contient
surtout de petits gastéropodes : Hélix (plusieurs), Pupa^ Succinea^
Planorbis (plusieurs), Physa, Vatvoita^ Bithynia tentaculata et spé-
cialement ses opercules, Zonites cellaria (Mûller), etc.
Ici encore ni diluvium rouge, ni lœss. La nature pétrographique
de ce diluvium argileux est assez distincte par rapport à l'argile de
la rae du Pont-Neuf; les pisidies, les cyclades, sont assez rares,
sauf à la base. Les petits Hélix et les Vertigo {Papa) dominent. Ils
ont souvent encore de? traces de couleur et sont beaucoup moins
fragiles que rue du Pont-Neuf.
Si, ne se contentant pas des fossiles qu'on trouve au hasard en
cassant les mottes de terre, on prend soin de délayer ces mottes
dans l'eau, puis de chercher, à la pince de baleine, les* petites co-
quilles surnageant et surtout celles que dégage incessamment le
moindre filet d'eau , on constate que l'argile de la rue des Barons est
à peu près aussi riche que la couche sableuse de Joinville. Ce sont
d'ailleurs les espèces vivant encore dans nos environs, les mêmes
qu'à la rue du Pont-Neuf et à Joinville.
Le troisième gisement signalé par Goubert se trouve à l'est dç
Paris, sur le coteau de Rom^inville (Seine), à près de trois lieues de
GwUUy. Ici ^(m sprnwe» wseis pr^s de Qh^rçiinet une des \q(^\\^%
TËltnilN QUATEnNAlHEi
du diluvium ^vh fossilifère de M. Ch. d'Orbigny, pour qu'on croie
(iiï prime abord avoir affaire à la zone coquillièiv dont Charonne el
Joinvillc faisaient partie.
[Tue des carrières les plos connues du géolojiue, sur le flaac du
coteau surmonté par le fort de Itomainville, est ceJle de H. Pin-
tendre, aujourd'hui presque abandonnée, comme ces belles carrières
de Pantin. Or, cette exploitation correspond à une sorte de potilt*
vallée naturelle ouverte entre le monticule qui domine le fort pré-
cité et le coteau dit du Porc, à cause du parc de M. Képlat.qui en
occupe une grande partie. Quand on gravit le versant méridional de
la carrière, celui qui entame presque le coteau du parc ; quand,
pour être plus précis, on quitte la carrière à l'endroit oii s'exploitent
les masses moyennes et inférieures du gypse, pour gagner le petit
cbemin contournant le coteau du parc et montant de Noisy-le-Spc
il la rue de Paiilin {UornainviUe), on trouve à 30 mètres environ
du chemin, au-dessus des nmmes supérieures du gypse, un dilu-
vium à petits ffelix, h Vertigo muscomm et à succinées, qui parait
fort intéressant. Il est visible dans plusieurs tranchées et fondrières,
sur 8 à 10 mèlrns d'épaisseur. Il est fait de sable marneux, gris,
verdàtre ou ocreux; h la base, il passe pou h peu plusieurs lits de
silex pyromaque de la craie, la plupart petits, presque tous angu-
leux, non roulés. Cette partie inférieure, à paît cependant l'argile
ferrugineuse qui la colore ordinairement, offre donc assez le carac-
tère assigné empiriquement à notre diluvium rouge: il faut penser
d'ailleurs que nous sommes sur le versant d'un coteau, il près de
50 mètres au-dessus de la plaine où passe le chemin de fer de l'Est.
On ne saurait songer an diluvium jaunAtre à graviers granitiques,
ou au quartz blanc supérieur au lœss des plateaux de Gentilly,
Charonne, Trappes, etc.
Quoi qu'il en soit de cette détermination chronologique, ce dépAl
diluvien supérieur, qui contient fort rarement des coquiUes ter-
tiaii-es roulées, est extrêmement riche en petits Beitx et en Vertigo
mmcoi-um non fragiles, bien conservés tous. Les succinées y sont
moins communes. On ne saurait dire que ces coquilles proviennent
de terre arable, car elles se trouvent dans ce sable grossier k toutes
profondeurs; en lavant sous une mince couche d'eau tels morceaux
de sable ne paraissant pas fossilifères, on recueille un certain
nombre A'Helix et de Vertigo.
lîoubert a suivi le même diluvium au-dessus des marnes du
gypse jusqu'au fort de Rosny. Lil, le long de la roule qui descend
LE DILÎJVIUM. 3«^
au village, et au-dessus de la plâtrière de Rosny, il a pu recueillir
notamment Hélix roimdaia, H, ericetorum (Mûller), H, cosiuiata,
CaracoUa îapicida (Lk sp.) [Hélix],
Nous avons eu nous-même roceasion d*étudier des poches de
diluvium lacustre situées sur le calcaire grossier vers le haut d'Ar-
cueil, à un niveau considérable. Elles nous ont donné surtout des
coquilles extrêmement petites, comme Cyclas amnicum, Valvata
piscinalis et Ancylus fluviatilis.
A Mcntreuil, M. Roujou a recueilli les espèces suivantes, qui ont
été déterminées par M. le docteur Fischer : .
ClausîKa Balpliii, Gray.
Helix nemoralis, Linné.
— costata, Mtiller.
Ancylus fluviatilis. Millier.
Limnœa auricularia, Linné.
Gyclostoma elegahs, Mûller.
Pisidium casertanum, Poli.
— amnicum. Millier.
Sphœrium corneum, Linné,
Unio (espèce encloisonnée).
bithynia tentaculiita, Linné.
Un des gisements les plus abondants du bassin de la Seine est
certainement celui de Viry-Noureuil, exploré surtout par MM, Lam-
bert et Melleville, et qui se trouve dans la vallée de TOise, entre la
Fère et Chauny. Voici la liste des coquilles fournies par cette inté-
ressante localité :
Cyclas cornca. Drap.
— rivicola, Leach.
Pisidium cinereum, Aid.
— pusillum, Jenyns.
— amnicum, Millier.
Sueeinea oblonga, Drap.
— Pfeifferi, Drap.
■ — iongiscata, Mor.
Bithynia tentaculata, Drap, (avec oper-
cules).
Paludina ventricosa, Drap.
Limnsea palustris. Drap.
Limneea auricularia, Lamk.
— ovata, Lamk.
— vulgaris, Pfeiff.
Valvata minuta^ Drap.
Planorbis corneus, Lamk.
— marginatus. Drap.
— contortus, Miiller.
— carioaius, Mûller.
Ancylus fluviatilis^ Millier.
— deperditus, Ziegl.
— striatus, Quoy et Gray.
Pupa umbilica, Drap.
Un naturaliste des plus éminents, M. Bourguignat, a étudié avec
soin la faune malacologique des couches inférieures du diluvium
gris, et il y a reconnu, en définitive, la présence de 76 espèces, dont
38 sont nouvelles et n'existent plus actuellement. 30 sont terres-
tres et 46 fluvialiles.
TEtIKAIN UUATtRNAlIi^
Il y a le plus grand intérêt à reproduire ici te tableau tfp cos
espèces classées par l'Huteur suivant leur mode d'habilation et leur
manière de vivre (1).
Les mollusques terrestres peuvent se diviser ;
1° En espèces particulières aux coteaux pierreux, maigres, non
boisés:
Suecinea joiovilleiisi!.
Helix Dumeiniliina.
— Ruchelians .
Ilelil Radigueli.
Bulimus 1 ridons.
Cirjchium IridenUlum,
GyclOEtoma luletianum.
2° En espèces particulières aux endroits humides et ombragés :
Vilrtna Bnlediluiiann.
Suecinea italïca.
Zonilsa elephanlinum.
H Plis nemoralia.
— Hrbustonim.
— tapicida.
— pulchella.
— colla ta.
— liiletîar».
Helix Belgrandi.
Buliinui montanus.
— Bojanus.
ClauEilia joinvillensi
Cyclosloma elegans.
F D ma lia prïmieva.
3' En espèces ayant vécu sur les plantes aijuatiqiies ou dans les
gazons humides des rives du fleuvi' :
Suecinea pu tris.
Helix celtica.
Helix Bouche riana.
Fi?riissjcia subcylindrica.
Quant aux coguilley fluviatiles, elles peuvent se répartir en espèces
spéciales aux fontaines, ou aux eaux limpides de petits i
enfin en espèces de rivière,
Les mollusques des eaux limpides sont les suivants :
Ancylus gibboai
Belgrandia join
— archœn.
— Desnoyersi.
llel grand la Kdwardeinn
— Dumesniliana.
^ DeshajBiana.
{i] Hourgulgimt, Ciitntogm cks Mollusquei ieneatres i
Tunt de Parti i> Pipoiui quaternaire, i869. p. 31. (n^».
LE DILUVIUM.
365
Les mollusques de rivière se subdivisent, suivant leur manière
de vivre, eii espèces :
!• Adhérentes aux pierres ou aux cailloux :
Aiicylus simplex.
— antediluvianus,
— Desnoyer si.
Amnicola primœva.
Amiiicola Radigueli.
Vnivata minuta.
— planorbulina.
2° Ou vivant sur les tiges, les feuilles des plantes aquatiques, ou
sur des débris de bois mort :
Planorbis complaualus.
— dubius.
— albus.
Planorbis Radi^ueli.
Liinnœa auricuiaria.
— Roujoui.
3° Ou rampant sur le limon ou sur le gravier :
Bithynia tentaculata.
— archœa.
Valvala obtusa.
Lartetia Belgrandi.
— joinvillensis.
Lartetia Radigueii.
— Roujoui.
— Mabilli.
— sequanica.
— Nouletiana.
k"* Ou habitant au pied des plantes aquatiques ; au milieu des
racines :
Valvata piscinalis.
— Gaudryana.
— spirorbis.
Sphœrium corneum.
Pisidium casertanum.
— Vionianum.
— pusillum.
5° Ou s'enfonçant dans la vase :
Pisidium amnicum.
— Uenslowianum.
Pisidium conicum.
— obtusale.
6* Ou enfin s'enfonçant à moitié dans le gravier du fond ;
Unio rltomboideus.
— joinvillensis.
Unio hippopotami.
De ces divers faits, M. Bourguignat tire des conséquences qu'on
nous saura gré de reproduire, car elles sont relatives aux conditions
générales qui ont présidé au dépôt des couches quaternaires d'où
TKIIKAJ» UUAItUNAlKK.
piovieliin'iil Ifs coi|iiilles précéd«mmeut énuméi'ées. OrtSHJtÎRt im
peu plus loin l'imporULiice de ces cousidérations, aloi^ que nous
chercherans à préciser l'origine et le mode de formation du (bio-
lalacologique, dit M, Bourguignat (1), loi-squ'elle
est bien comprise, est une des plus belles sciences du monde ; i'«
iiVslquc par elle que l'on pourra an'iver à la connaissance des temps
préhisloriques. Le mollusque, en efl'et, est le seul être sur lequel
un peut appuyer un système, créer une tiiéorie, par cela même
qu'il est pi-esque immobile, qu'il naît, qu'il vit, qu'il meurt |>our
ainsi dire à la même place, et que son acclimulation, des plus dif-
lifiles, ne peut a'elTecluer, quand elle s'effectue, que d'après ces
saines lois de vitalité générale parfailement reconnues. On com-
pri^ud donc que si le mollus(|ue est l'animal sédentaire par excel-
lence, le sol sur lequel il rampe, le climat sous lequel il vit, doivent
avoir sur lui tes plus grandes influences, et, par conséquent, que ces
influences doivent se traduire chez lui par tels ou tels signes diffé-
rentiels ou caractéristiques de la plus haute valeur scientillque. Ainsi
les coquilles fossiles dont je viens de donner la liste, par l'ensemble de
leurs caractères, dénotent pour l'époque dans laquelle vivaient ixn
esptïcoa une climatologie loute diO'érente de celle qui existe aujou^
d'hui. Le climat de uotie paya devait être plus froid et surtout beau-
coup plus humide. La forme élancée des Succinea joijwillensii t\
Sulimus montaniis ; la surface rugueuse, comme plissée, des Helù
Oumemiliana, Huehetiana, Hadigueli, etc.; l'enroulement excessive-
ment conoïde de certaines espèces, connnele nemoi-a/is, par exemple,
sonlauttmt de signes caracléristiques indéniables d'une température
des plus humides, d'une moyenne un peu plus froide que celle de
notre époque. Les formes de la faune actuelle qui correspondent
aux formes des coquilles terrestres de ce diluvium se i-encontreiil
mainleiuuit, soit dans les contrées sepleniriouales de l'Iriande, soit
dans les parties montueuses uord des Alpes lyroliennes ou transyl-
vaniennes. L'examen des formes des espèces fluvlatiles, ainsi que
celui des formes des coquilles teri^slresi donnent un résultat sem-
blable. De nos jours, tes mollusques fluvialilcs analogues à ceux
deMontreuil, de Joinvilte ou de Canonville, ne se reti-ouvent plus
que dans les eaux froides des pays monlUeuxi
(I) Bour^ignat, Catalogue ries Moltuiquea Urreatrca el (luviatUes des enti^ .
'OHS de Parts à Pépoque i/mlfrnaiif, 1869, p. 23. In-i",
LE DILUYIUM. 367
» A l'époque donc des âges préhistoriques où vivaient les espèces
enfouies dans la partie inférieure du diluvium de la Seine, le climat
de notre pays devait être d*une extrême humidité. Sur lesjtrois cent
soixante-cinq jours de l'année, trois cents jours au moins devaient
être couverts, brumeux ou pluvieux. La Seine, à cette époque, ali-
mentée par des pluies presque continuelles, devait couler à pleins
bords, non pas dans ce lit actuel qu'on lui connaît, mais dans ce lit
préhistorique dont elle a laissé des traces jusque sur les hauteurs
de Montreuil et de Canonville. Aucune des coquilles fluviatiles que
je viens de publier ne porte le cachet si reconnaissable d'espèces aux
eaux fangeuses et marécageuses, signe indubitable que les eaux du
fleuve étaient d'une assez grande limpidité ; que son cours n'était
pas tf^rrentiely mais était au contraire plein et continu^ avec une vitesse
moyenne peu supérieure à celle du fleuve actuel lors des eaux hiver-
nales. Les campagnes de cette époque, grâce à une humidité con-
stante, devaient être couvertes de magnifiques forêts, si j'en juge
d'après quelques espèces. Mais, par opposition, les rives du fleuve
étaient dénudées. Les BelixDumemiliana, Ruchetiana^diluvii^ Radi-
gmli, etc., Bulimtis tridens, etc., par l'ensemble de leurs formes et
de leurs signes caractéristiques, indiquent des plages et des coteaux
pierreux, assez maigres en gazon, parsemés çà et là seulement de
quelques buissons. L'année devait donc s'écouler, pour les hôtes qui
vivaient à cette époque reculée, dans de longues alternatives de
brouillards, de temps couverts et de pluies fines et continues. En
hiver, le froid n'était pas d'une très-grande intensité. En été, la
chaleur, sauf de bien rares exceptions, ne devait pas être non plus
bien forte. L'écart des températures estivales et hivernales était donc
à peu près nul. Ainsi, selon nous, d'après les caractères des ani-
maux que je viens d'observer, les saisons passaient de Tune à l'autre
d'une manière insensible, dans une espèce de température relati-
vement plus froide que la nôtre en moyenne, mais sans être rigou-
reuse, tempérée qu'elle était par des brouillards ou des pluies
presque continuels. »
Nous veiTons plus loin ce que d'autres considérations peuvent
enseigner sur ces divers points de vue si intéressants.
Animaux tetreêtreSi — Les coquilles ne sont pas^ à beaucoup près,
les seuls fossiles du diluvium gris; Avec elles se présentent des
ossements d'animaux vertébrés, et ceux-ci, grâce à leur soliditéj
se retrouvant même dans des couches de gravier où les coquilles
n'ont pu résister aux chocs qu'elles ont eu à subir;
3fiS TttlHAlN UIUTKIINAIRË,
Dans œtle nouvelle direction, les résuiuts sonl dès tnaiiitetiant
extrêmement nombreux, et beaucoup préseutent le plus vif intêriH.
Nous no mentionnerons quelques-uns sur lesquels on trouve
des détails dans le bel ou\-rage de AI. Bel^rand (1).
Montreuil, près de Vinceones, est une localité extrêmement
remarquable à ce point de ^-ue. Onze sablières y sont exploitées;
dans toutes on trouva' des ossements, mais les plus ricbes sont
celtes qui environnent la roule de l'arîs, et sont situées par consé-
quent dans l'anse dç la vallée.
' l'ouf nu ossement. dit M. Bel^Tind, qu'où découvre daus les
autres sablières, on en trouve certainement dix dans celle-ci. a Ces
ossements se trouvent toujours dans le l'ond des sablières, rarement
à plus de 2 ou 3 mètres au-dessus du terraiu terliaii'e sur lequel
reposent les graviers. Leur état de conservation est très- variable ;
quelques-uns n'ont subi aucune altération : ou ci'oirait, à les voir
si parraits, qu'ils vieunetit d'être désarticulés. Ou en a retiré certai-
nement une jambe complète d'Awocfis. L'bumérus, le cubitus et
le radius, les sis os du carpe, le mélacarpien el son petit os complé-
mentaire, ont été recueillis dans leur position naturelle: cinq des
phalanges et leur |)elil os étaient au-dessous dims le sable. Â cûlé
et un pou au-dessus, se trouvait la tête, mais renversée, c'est-à-dire
à plat sur l'os frontal. L'atlas el une autre verlèbre cei-vicale oui
été recueillis dans le voisinage, avec un fragment d'un autre méla-
carpien; mais connue ils étaient mêlés avec beaucoup d'ossements
provenant d'autres animaux, on n'oserait affirmer que tous ces
débris de grand bœuf apparlieaneut au même Aurochs.
C'est dans les sablières de Montreuil que, pour la première fois,
un a trouvé des ossements d'animaux considérés jusque-lk comme
appartenant à l'époque tertiaire, tout à l'ait analogues ii ceux de
Saint-Prest. près de Cbaiti'es. El c'est le lieu de rappeler que pour
quelques géologues, Saint-Prt-st n'est réellement pas tertiaire, mais
bien diluvien.
Parmi les animaux dont on a reconnu des vestiges à Montreuil, il
faut citer tout d'abord des llhinueeros. Le M. Merckii est représenté
par des molaires, de même que le R. etruscus. C'est au //. teplo-
r/u'nus que jiaratl appartenir un fragment de mâchoire inl'érieure
garni des deux dei'nièi'es molaires. Ces fossiles auraient suffi à faire
()) BplgrnniJ, La Sei.ti
u parisien aux âges anté/ihlorigiiet, 186)
IlLfi DlLliVIUM. 369
classer autrefois les graviers de Montreuil dans le terrain pliocène,
mais il est certain qu'ils sont quaternaires; confirmation de ce que
nous disions plus haut de Pintime liaison du terrain quaternaire
avec les époques antérieures.
Plusieurs cerfs ont laissé leurs débris à Montreuil. A côté du Cei*-
vus megaceroi et de l'élan [Cerims' Alces)^ cette localité a révélé Une
espèce toute nouvelle* le C. Belgrandi, dont on possède mainte*
nant de nombreux échantillons et que M. Ed. Lartet a étudié âveC
soin.
Ce cerf, dont le frontal est égal en largeur à celui du Megacet*oÉ^
s'en distingue, comme l'a reconnu M. Lartet, par les caractères
suivants : Les bois sont plus grêles et moins inclinés latéralement;
L'andouillèr basilaire manque. Le premier andouiller se détache de
la face intérieure du merrain, au lieu de partir de la face antérieure;
comme cela a lieu dans le plus grand nombre des cerfs. Cet
andouiller parait ensuite se recourber et se projeter en avant.
Le Ceruus Belgrandi devait être assez commun aux envii*ons de
Paris, car les seuls sablières de Montreuil ont fourni les débris
de quatre frontaux.
VUrsus spelœus et VHyœna spelœa ont marqué leur présence par
les dents qu'on recueille fréquemment.
Comme nous le disions tout à l'heure, V Aurochs n'est pas rare.
Le cheval est moins commun, ainsi que le sanglier.
On peut voir dans la galerie de géologie du Muséum un humérus
énorme à'Flephasprimigemus (mammouth). Cet os a i^,^5 de hau-
teur, et dépasse, par sa taille, tous ceux- connus jusqu'ici.
En somme, et d'après M. Belgrand, la faune de Montreuil com-»
prend les espèces suivantes :
CARNASSItRS.
Hyœna spelœa.
Vrsus (de petite taille).
Carnassier indéterminé.
PROBOSCIDIENS.
Elephas,
• — antiquus.
Elephas primigenius.
PACHYDERMES.
Rhinocéros Merckii,
— etruscus,
— leptorhinus (î).
ST. MEONIKR.
Hippopotamus major.
Sus scrofa»
24
870
TtRRAIN QUATERNAIRE.
Equus grande iaiUe,
SOLIPÊDES.
I Equus petite taille.
RUMINANTS.
Bison europceus,
Bo8 petite taille.
Cervus Alces.
— megaceros hibernicus (?).
— Belgrandi,
— Elaphus,
Ceruus Capreolus- (?}.
— indéterminé, à bois trè»-
étendus latéralement.
— indéterminé, de Irès-pelite
taille.
Le gisement de Gentilly et de la butte aux Cailles, cité précédem-
ment pour les coquilles qu'on y trouve, a donné à M. Duval de
nombreux mammifères dont Constant Prévost a dressé en 1842
la liste que voici (1) *
Éléphant: côte et portion du bassin,
fragments de dents.
Cerf : bois.
Bœuf : plusieurs os et dents.
Rhinocéros : os du carpe et dent
molaire.
Chevrotain, très-petite espèce : por-
tion de tibia.
Blaireau : mâchoire et plusieurs dents.
Cochon : dents.
Tigre ou lion : dent canine.
Cheval : mâchoire.
Rongeurs : dents et vertèbres de plu-
sieurs espèces très-petites (cam-
pagnols, marmottes).
Oiseaux : os de gallinacés.
Batraciens.
Lézards.
Serpents.
Dans la traversée de Paris même, on trouve le long de la Seine
trois stations particulièrement riches au point de vue qui nous
occupe. Elles sont situées vers la petite rue de Neuilly, à Grenelle
et à Levallois-Clichy.
C'est surtout dans ces deux dernières localités que les récoltes
les plus fructueuses ont été faites, et cela, grâce aux efforts de deux
chercheurs infatigables, MM. Martin et Reboux, qui exploitèrent,
l'un le diluvium de Grenelle, l'autre celui de Levallois et de Clichy.
Ils réunirent les restes des mammifères suivants :
Elephas primigenius, •
— antiquus,
hhinoceros iichorhinus t
Autre Rhinocéros à membres plus
grêles.
Equus Asinus.
(i) Coilsl. Prôvosl, BUlieti de /n Soc. géoiog^iV^ sèriCi 1842, t. XIÏI» p. 297.
LE DILUVIUM. 371
Equus Caballus (la vaiiété dite pli-
cidens domine).
Hippopotamus amphibius.
Bos (de la taille du Bos primiye^
mus).
Bos (de la taille de VAurocIis).
Zèbre (bœuf indien)?.
Cervus Tarandus (renne).
Cerf du Canada.
Cerf commun de France.
Grand cervidé indéterminé.
Précédemment, M. H. Gosse (de Genève) avait recueilli à Gre-
nelle :
Hyœnu, \ Ftlis (de très-grande taille).
M. Albert Gaudry a publié sur Tensemble de ces fossiles des
réflexions dont voici la substance (1) :
Les restes d'éléphants figurent parmi les pièces les plus com-
munes dans les sablières; cela tient peut-être à leur grand
volume, qui doit attirer les regards des ouvriers. Les débris des
jeunes éléphants paraissent surtout abondants, à en juger par les
recherches faites jusqu'à présent : sur 9 molaires d'éléphants que
M. Martin s'est procurées à Grenelle, il y en a 7 qui proviennent
d'individus jeunes. M. Reboux a trouvé aussi des dents de petits
éléphants à Levallois. En consultant les restes d'éléphants de Gre-
nelle ou de ses environs, classés dans les anciennes collections du
Muséum, on observe que la plupart appartiennent également à des
sujets non adultes. La réunion de ces petits animaux est singulière,
car l'éléphant femelle n'ayant qu'un éléphanteau à la fois, il n'y a
pas de raison pour que les jeunes soient plus nombreux que les
adultes.
« Il est à noter, dit M. Gaudry, que la plupart des molaires de
mammouth et d'éléphant antique découvertes dans le drift pré-
sentent des types peu accentués : ceci ne peut étonner les natura-
listes qui admettent la théorie de la lente modification des espèces ;
car, à l'époque où le drift s'est déposé, le mammouth et l'éléphant
antique sont à la fin de leur existence spécifique; par conséquent
la divergence de leurs caractères doit être parvenue à son maximum.
Pour les voir se lier entre eux, il faudrait remonter vers le temps
où ils ont commencé, c'est-à-dire Vers l'époque pléistocène, alors
que se déposait le forest-bed du Norfolk. En eiïel, ainsi que le
montrent les belles séries du musée de Norwich et la colleclicin du
(1) Albert Gaudry, Sur les instruments humains et les ossements d'animaux
trouvés par MM, Martin et Heboux dans le terrain quaternaire de Paris (Bullel,
delaSoCi géoloçy 2« série, 18G6, t. XXIV, p. 150).
TKRRAIN miATKRNÀlRÏ.
révêreDd Gunn, on rencontre dans le foresl-bed des molaires de
formes intermédiaires, soit entre celles de \' éléphant aitliqtie et Aa
mammouth, scit entre celles de i'éléphanl antique el de l'éléphant
méridionam).
» Lorsque M. Owen, dit M. Gaudry, examina les dents de cbi!-
vaux de la caverne d'Orestoa, il observa des molaires supérieures
dont l'émail était plus plissé que chez les cbevaus actuels; il
inscrivit ces molaires sous le nom d'Eguus pUcidms, pour les
distinguer des dents ordinaires, qu'il rangea sous la désignation
d'^. fossiiit [E. CabaUus). Le savant paléontologiste anglais ne
manqua pas de faire ressortir l'intérêt de la découverte d'un cheval
quaternaire qui a fonné un intermédiaire entre les chevaux ti'r-
liaires nommés bipparions el les chevaux actuels, En considérant le
plissement de l'émail sur les dents de chevaux recueillies dans li»
sablières de Paris, j'ai cru remarquer : 1" que souvent les molaires
supérieures ont leur émail un peu plus plissé que chez nos chcvaui
domestiques, les dauws, les zèbres, et qu'elles rappellent le ty|ie
de \'E. plicidena d'Oreslon; V qu'il y a une transition insensible
entre les molaires dont l'émail est Irès-plissé et celles où il est pca
plissé; d'oii il faudrait conclure que les chevaux auxquels appar-
tiennent ces dernières molaires constituent une race descendue de
l'A', plicidens. Si ces observations se confirmaient, elles rouniiraieiit
un utile document pour l'étude de la transfumiatinn des êtres.
M. Rûlimeycr, qui connaît si bien la dentition des équidés, tend
à considérer les espèces des divers chevaux fossiles européens
comme de simples races. »
Le Rhinocéros ticliorhitius tire son nom de la disposition de set
narines, qui étaient séparées l'une de l'auli'e par une cloison
osseuse; il avait deux cornes comme le rhinocéros d'Afrique
(celui des fndes n'en a qu'uue), était couvert de poils abondants, et
sa peau n'était pas ridée comme celle de son congénère africain
actuel.
On sait qu'un animal de celte espèce fut trouvé en chair et en M
dans les glaces de la Sibérie, dont la lempémlure basse l'avait
soustrait à la décomposition depuis un temps qu'on ne peut
évaluer.
A cOlé de lui, les salili^Ves de Paris contiennent d'autres rhiuo-
(1) }e parle seulcmenl ici de V éléphant mériilioiinl du fored-bed, car Yéléplaiit-
mériilioniil du craj ost liés -différent de Vélip/tcnl antique. (Hôte de H. CaudfJ.)'
LE DILUVIUH.
céros, spécialement le R. Merckii, qui en dilfève œinplétpmenl et
dont les dents sont facilement reconnaissables.
L'Ettphm primigeniiis ou mammouth (iîg. 99) est abondamment
représenté dans le diluvium, On trouve ses dents, ses défenses et
ses os. Comme nous l'avons dit, M. Bel^rand a l'ail, entre autres,
déposer au Muséum un humérus trouvé dans Paris même, et qui
est très-bien conservé.
Suivant in description de Cuvier, col animal était haut de 15 à
18 pieds; couvert d'une laine grossière et rousse, et de longs poils
roides et noirs qui lui formaient une crinière le long du dos. Ses
énormes défenses étaient implantées dans des alvéoles plus longs
taSB^^^^^Hj 1 TkKII.im QUATLIUSAlhE
que cens des éléphants Ue nos jom-s ; mais du reste il resseiublnil
assez à l'éléphant des Indes. Son crùne était allongé, son front con-
cave. La mâchoire était obtuse, à mi^cheliëres larges, paralléli?»
et marquées de rubans serres. Comme le rhinocéros qualeraaiiv,
il s'est trouvé conservé dans les glaces de la Sibérie.
On a trouvé, outre les dents, de nombreux os de chevaux dans
les sablières de Gi'enelie, de Levallois et de Clichy. La plupart éga-
lent en dimension ceux de nos plus forts chevaux domestiques.
M. Martin a découvert à Grenelle trois défenses, une incisive el
une molaire d'hippopotame. M. Reboux a rencontré une molaire
du môme animal à Levallois. » En comparant ces pièces avec
celles de V //tppùpoiamus major du val d'Amo, dit M. Gaudrj,
j'ai observé qu'elles ont un cinquième de moins et qu'elles
annoncent un animal de formes moins lourdes. Lorsque je les
ai rapportées auprès des plus grandes têtes de rhippopolame
amphibie, qui vit maintenant en Afrique, j'ai vu que la dimension
et la forme sont parfaitement les mêmes ; je n'ai donc pas de l'ai-
s on pour séparer de cette dernière espèce l'hippopotame fossile
de Paris. )j
Le bœuf dont on trouve des vestiges nombreux dans le diluvium
gi-is, est le Bos primigpnius. D'un tiers plus grand (]ue le bo'uf do-
mestique ordinaire, il a les comes-recourbées et rabattues en avant.
C'est encore une question de savoir si cet animal est exacli>meiit
l'Aumchs, encore vivant, comme on sait, en Lilhuauie, et dont, au dire
de César, la forêt Hercynienne était peuplée. D'après G uvier, celle
identité ne doit pas êti'e admise. Il conclut en effet qu'il existait au
commencement de notre ère des bisons ou bceufs à crinière et des
Unis ou bœufs à grandes cornes, et c'est à tort, suivant lui, que !os
modernes nomment Uivi l'animal que les Prussiens appellent au-
jourd'hui AurocAs. Ce nom lui parait être celui du Bos primigeniui.
L'aurochs est au contraire le bison des anciens, et sous ce rapport ce
dernier nom lui convient tout aussi bien et môme mieux qu'au
giand bœuf de l'Amérique du Nord, pour lequel on l'emploie le plus
souvent de nos jours. M. Paui Gerçais pense au contraire que
VUrus de César est de beaucoup le plus généralement admis
aujourd'hui.
Le renne (fig. 100) cité dans plusieurs localités des environs de
Paris, n'est connu à l'état fossile dans nos régions lempéi'ées que
depuis un peu plus d'un siècle seulerncnL
IU'V6nanld'K(«nipns en 17.11, GiielUu-d (il voira ses collègues di'
LE DILUVIUM. 375
l'Académie des sciences divers ossements trouvés aux environs
de cette ville (1) et que Ton reconnut bientôt pour appartenir au
renne. Il est établi maintenant, par des découvertes innombrables
de ses débris, que ce ruminant, apparu en Europe avec le mammouth
et le rhinocéros à narines cloisonnées, a partout vécu dans les
mêmes contrées que le premier de ces grands mammifères. Mais il
a continué à vivre en Europe après la disparition de Téléphant pri-
mitif, et cette survivance caractérise un laps de temps bien circon-
scrit, auquel on donne le nom (Vdge du Benne,
Fie. 100. — Bois de renne (Cervus Tnrandus],
Homme et industrie primitive, — Les recherches entreprises dans
le diluvium amenèrent la trouvaille de silex taillés. Déjà nous les
avons rencontrés dans le terrain tertiaire de Saint-Prest, mais c'est
dans le diluvium que les découvertes de ce genre furent faites en
premier lieu. Quoique ces silex taillés soient extraordinairement
nombreux, on est resté bien longtemps sans en connaître la véri-
table nature, et beaucoup de personnes n'y voulurent voir que le
produit de cassures accidentelles.
C'est surtout aux efforts de Boucher de Perthes qu'est due Vdid
mission définitive de ce gi'and fait, que les silex en question sont
le résultat d'une industrie humaine; que par conséquent l'homme
a été contemporain des animaux quaternaires; que, en d'autres
termes, il existe réellement des hommes fossiles.
On sait comment cette conséquence fut pleinement justifiée par
(i) Gueltard, Histoire de T Académie des sciences y année 1751.
T£RiU[? UI'â^TëHNAIRE,
la découvorte, h Uoulin-Quignon, pr«s d'Abbeville, d'une mftchoire
Immaine conlemporaine du diluvium gris. Et il faut insîslcr ici
^pécialemenl sur les fails dont l'élude du diluvium parisien a eu-
richi la paléontologie huniaine,
M, Boucher de Perlhes lui-même, alors que l'on contestait ses
Recouvertes dans la Somme, sij^alu le diluvium de Grenelle comme
identique avec celui qu'il étudiait de son côté, et comme devant
en conséquence fournir les mêmes trouvailles aux chewlieurs.
Plusieurs personnes, M. Martin (de Vervins), M. Heboux, etc., no
lai-dèrent pas ii vérifier cette prévision, et le diluvium parisien est
tout aussi riche que celui de la Picardie,
Les silex taillés qu'il a fournis appartiennent à divers types prin-
cipaux qui se retrouvent partout, et dont il est facile de reconnallre
l'usage.
Un très-actif explorateur du diluvium parisien, et spécialement
desdépôlsdesThernes,deLevallois-Perretetdesenvîrous, M. Heboux.
- Lame <le silex li
tr- subliÉri! lie Lctulluis (M. Reboijxj.
dont nous avons déjà cité le nom, a proposé d'établir parmi les
silex taillés une chronologie fondée il la fois sur la perfection plus
ou moins grande du travail qu'ils ont subi et sur le niveau plus ou
LE DILUVIDM, 377
moins élevé où on les recueille. A ce double point de vue, trois
époques successives peuvent être distinguées.
La première, époque d*enfance, est celle de la pierre éclatée
(fig. 101). Elle fournit des instruments nombreux de silex pyroma-
que, et ce qui la caractérise, c'est le mode opératoire par lequel le«
instruments sont obtenus. Elle suppose l'existence simultanée de
trois pierres, savoir : le percuteur, qui remplit l'office de marteau ;
le nucleus ou matrice, sur laquelle on frappe, et Y éclat que chaque
coup détache. C'est la période la plus primitive, et cependant certains
peuples la traversent encore. Au premier abord, ce qui surprend,
c'est l'énorme quantité d éclats de silex de celte époque, que Ton
trouve accumulés en certains points; mais la chose s'explique
précisément par l'observation des sauvages qui en sont encore à cette
première étape de l'humanité. Ceux-ci ont-ils un animal à dépecer,
une gazelle par exemple, voici comment ils s'y prennent. Ils s'as-
seyent à terre, le gibier entre les jambes. A leur gauche est un nu-
cleus, à leur droite un percuteur. Un coup du second sur le premier
leur donne un couteau qu'ils emploient à faire une incision dans
la peau du fauve. Mais le silex ne coupe bien que tant qu'il est
tout frais ; après quelques coups, son til s'émousse.
Le sauvage le jette alors à sa droite, et le percuteur lui fournit un
second couteau. Et ainsi de suite, le débit d'un animal un peu fort
donnant naissance à tout un tas de couteaux émoussés. A chaque
instant on retrouve de pareils tas dans les cavernes, et l'on est porté
à y voir les restes d'un atelier de coutelier, quand ce sont ceux
plutôt d'un étal de boucher.
La deuxième époque de M. Reboux est celle de la pierre taillée ^
(fig. 102). Les outils et les armes qui lui appartiennent ressemblent
souvent à ceux de la période précédente, qui en sont comme les
ébauches ; mais c'est par un procédé tout autre qu'ils sont obtenus.
Ici plus de nucléus d'où les éclats sont détachés. On choisit une
pierre ayant plus ou moins la forme de l'objet qu'on veut tail-
ler; puis, à petits coups de percuteur, on l'amène progressive-
ment à l'état voulu. Le travail est donc beaucoup plus grand,
mais les produits sont beaucoup plus parfaits et beaucoup plus
variés.
Enfin, la troisième époque, celle de la pierre polie, n'est qu'un
perfectionnement de la seconde, correspondant à la grande inven-
tion du polissage.
Si ces trois époques sont nettement caractérisées, comme on le
TERIIAIN gUATKHNAillB.'^
voit, il faul néanmoins remarquer que l'avènement de chacune
d'elles n'a pas abrogé les pratiques des précédentes.
Pendant l'âge de la pierre taillée et même pendant c«hn de U
pierre polie, on a continué à se servir de fa pierre éclatée, qui seule
fournissait des couteaux sufïisamment tranchants.
-e des dUuvione qualei
(M Keboux).
Bien plus, cetle pifiie eLi^lee est d'usa{,'e, non-seulement cheï
les sauvages dont nous parlions tout à l'heure, mais m^ie panni
certains peuples relative m eut civibbes qui, comme les habitants dit
Mexique, font remplir à des éclats d obsidienne l'odicL' de nos rasoirs.
De même la pierre simplement taillée a coutume d'être employée
concurremment avec la pierre polie, réservée aux objets de luxe.
l/oiiiiHi de succession de ces époques ne saui'ait être douteux. H
résulte du gisement superposé dans les couches du diluvium des
LE DILUVIUAI. 379
silex qui leur appartiennent respectivement, et de Tàssociation de
ces silex avec des restes d*animaux d*àges différents. C'est ce que
montre parfaitement la coupe (fig. 96, page 353) relevée par
M. Reboux dans une carrière de sable de Levallois et dont nous
avons déjà donné la description. Dans les parties basses, c'est-à-dire
dans les couches les plus anciennes, se rencontrent des silex éclatés
en mélange avec le mammouth {Elephas primigenius); plus haut,
les pierres taillées se montrent de compagnie avec les os d'animaux
de l'âge du renne (Cervus Tarandus) ; au-dessus, enfin, des haches
polies marquent l'horizon du Bos Urus,
Frappé de l'immense variété des outils de pierre qu'il rencontrait
à chaque pas, M. Reboux s'est demandé comment ces outils avaient
pu être utilisés, car il est évident que les silex, tenus simplement à
la main, sont très-peu commodes et d'un usage très-fatigant. Dans
cette recherche d'un genre tout nouveau, il a commencé par assi-
gner aux diverses pierres les destinations auxquelles leurs formes
semblent les rendre plus particulièrement propres.
Cela posé, et pour bien comprendre les difficultés que l'auteur eut
. à surmonter pour restaurer les emmanchures dont il a présenté
un grand nombre à la Société anthropologique, il faut remarquer
que les us et coutumes de la plupart des sauvages contempomins
n'étaient que d'un très-faible secours. L'homme quaternaire dé la
France n'avait pas à sa disposition, pour fixer la pierre dans son
manche, ces résines et ces fibres végétales dont les Australiens, par
exemple, font un si fréquent emploi. Vivant au milieu du rude climat
de l'époque glaciaire et réduit aux ressources dont disposaient les
Esquimaux avant l'arrivée des premiers missionnaires suédois, il
devait avoir recours aux matières animales. Ceci quelquefois pour
les manches eux-mêmes, qui durent être faits avec des os, faute de
• branches d'arbres. Mais c'est l'exception, la France au contraire
étant en général couverte de vastes forêts au moment qui nous
occupe.
M. Reboux, armé de plusieurs silex, s'est rendu dans un des abat-
toirs de Paris. Avec un couteau il a écorché une partie d'un bœuf,
puis, à l'aide d'un grattoir, il en a enlevé le poil. La surface interne
a été débarrassée, moyennant l'emploi d'un racloir, de tous les
lambeaux de graisse et de chair qui y adhéraient. Une fois la peau
séchée, le couteau a servi à y débiter de minces lanières qui, en-
duites de moelle crue, se sont ramollies et ont ainsi acquis la plus
parfaite souplesse.
380 TERKAIN QUATERNAlKE.
C'est au peint, pour le dire en passant, qu'avec ces aiguilles de
rage du renne, ces lames se sont emportées comme du fil à coudre
et qu*elles auraient pu parfaitement servir à fabriquer un vêtement
de peau.
Armé d'un silex tranchant, M. Reboux a abattu un jeune arbuste
et en a fabriqué un manche dont une extrémité a été fendue. Dans
la fente, une hache fut introduite et fixée à l'aide de lanières de
cuir, ou encore au moyen d'intestins frais de bœuf ou de mouton.
En se desséchant, ces matières animales se contractent et donnent
à l'emmanchure une solidité à toute épreuve.
Une fois pourvu de cette hache, le reste alla tout seul. L'abatage
des arbustes no fut plus qu'un jeu, et par conséquent la fabrication
des manches. L'un des plus utiles fut celui qui permit l'emploi com-
mode de la scie ou des couteaux. Avec ces outils si bien emmanchés,
M. Reboux a, devant nous, enlevé de larges copeaux sur une grosse
branche bientôt pourvue d'une extrémité pointue. Les instruments
de chasse, comme javelots et flèches, furent emmanchés de même
sans diflicullé, et même des outils aratoires, comme de petites ber-
minettes dont la signification a été de la sorte déterminée.
Parmi les armes de chasse restituées par M. Reboux, signalons le
lazzo. composé de deux de ces pierres naturellement percées, qu'on
rencontre si fréquemment réunies par une longue lanière de cuir.
Nous pourrons prolonger beaucoup l'énumération de ces restau-
rations d'armes et d'outils dont M. Reboux a formé chez lui les plus
instructives panoplies. « Qui a jamais vu l'entaille d'une hache de
pierre sur une branche d'arbre?» demandait, il y a dix ans, unérudil
qui voulait que les habitations lacustres aient été construites parles
castors. C'est une question qu'on ne se permettrait plus aujour-
d'hui. Et c'est ainsi que la science arrivera k nous dévoiler les
détails les plus intimes de la vie de nos premiers ancêtres.
C'est à la suite de ces faits qu'il faut mentionner la découverte,
dans le bassin de Paris, d'une pierre consacrée au polissage des
haches quaternaires, et que M. le docteur Eugène Robert a donnée
il la collection du Muséum. Elle provient des environs de la ferme
de Luthernay, dans le département de la Marne. C'est un grès rou-
gccitro de 0'",60 de longueur, de forme tétraédrique, plan d'un côté
et arrondi des deux autres.
« Au premier abord, dit l'auteur, j'avais été tenté do la prendre
pour une borne de champ renversée par la charrue ; mais, en la re-
tournant sur tous ses sens, je no tardai pas à reconnaître qu elle
LR DILUVIUM. 381
avait élé fraîchement arrachée du sol dans un labour profond,
comme les bœufs qu'on emploie dans le pays sont'capables d'en
faire. D'ailleurs, elle est couverte d'incrustations noirâtres d'hydrate
de manganèse, qui ne peuvent témoigner que d'un long séjour dans
la terre. Elle avait aussi attiré mon attention par un miroitement
particulier sur l'une de ses faces, la seule qui fût polie.
» Bien que cette pieiTç fût d'un poids considérable (35 livres),
je n'hésitai pas, dit M. Robert, à la rapporter au milieu d'ouvriers
charpentiers et carriers, occupés en ce moment dans la ferme de
Saint-Joseph, que j'habite au Bois-de-l'Arbre, près de Luthemay:
je tenais à avoir le contrôle de personnes très-compétentes. Toutes
furent unanimes pour dire qu'une pierre de ce genre n'avait pu
avoir été usée de la sorte par des hommes de leur métier; car les
grès dont ils se servent sont toujours plus ou moins rêches, tandis
qu'ici il y a une surface légèrement concave, qui s'adapte parfaite-
ment à la forme des haches de pierre, unie et polie comme un miroir.
Pour eux, cette grande pierre a aiguiser est de la plus haute anti-
quité. Fort de ce jugement, je soumis à la loupe la surface polie de
cette gigantesque pierre à repasser, et je reconnus que les grains de
quartz dont elle se compose avaient été élimés par un frottement
prolongé : je pris alors une hache ébréchée, et je m'assurai qu'en
agissant à sec sur le grès en question, on obtenait, de part et d'autre,
un polissage parfait. Ce n'est plus qu'une question de temps. Aussi
l'esprit reste confondu, quand on pense à ce qu'il a ftillu d'heures
pour obtenir des haches polies par ce procédé; raison de plus,
comme je n'ai cessé de le dire, pour que ces haches perfectionnées
aient été destitiées à des chefs et non à des usages grossiers. »
Dans plusieurs points des environs de Paris et dans l'enceinte de
cette ville, on a découvert des restes de squelettes humains enfouis
dans le diluvium gris non remanié^ et par conséquent contempo-
rains de sa formation.
Nous citerons d'abord les trouvailles de ce genre faites sur la
rive droite de la Seine, h Ciichy, et nous en emprunterons la descrip-
tion à M. le docteur llamy (1).
«Ce n'est que dans certaines alluvions des bas niveaux de la Seine
qu'on rencontre, associés à des débris humains plus ou moins
caractérisés comme dolichocéphales, quelques ossements, peu
nombreux d'ailleurs et fragmentés, qu'il est possible de rattacher
(l) Hamy, Précis de paléontologie humaine^ 1870, p. 2H.
TtRRAm (JliAîtHNAIRE.
au groupe brachycéphale. Ce mélange de races a été surtout observé
dans lus gisements de la rive droite de la Seine exploités \m-
M. Reboux.
On pemai^quera d'ailleurs que, dans les couches les plus pro-
fundes, t'homine fossile dolîcbocépKale est encore seul, el ce nVsI
qu'un ptju plus haut, et par conséquent plus tard, qu'il sejuxtapoui
au brachycéphale.
Le 18 avril 1868, M. Eugène Bcrtmnd déciiuvrail ii une profon-
deur de 5", 45, dans une carrière de Clichy, une voûte de crâne
bumain presque complète et quelques os des membres (1). Ces
débris avaient été recouverts par un grand nombre de couches non
remaniées de sables, d'argiles elde cailloux (2). Au même niveau se
rencontrent souvent dans la canière des débris d'élépbant, de rhi-
nocéros, de cheval, de bteuf et de cerf. La voûte restaurée, d'appa-
l'ence féminine, se compose de fragments importants du frontal cl
des pariétaux, de l'écaillé occipitale presque entière, et de In plus
grande partie du temporal droit. Assez allongé d'avant en ari-iêre,
pour fournir un indice égal h 67 ou 68, le crâne de Glichy, auquel
manque malheureusement la portion cérébrale du frontal, est bas,
étroit et fuyant d'avant en arrière. U présente dans sa région pa-
riétale Ja dépression postérieure de la suture sagittale précédera-
meut indiquée. Ses lignes musculaires occipitales sont peu inai'-
(|uées, son trou occipital reculé eu arrière. Le conduit auditif est
petit , l'apophyse mastoïde courte et arrondie ; l'épaisseur des
os est énorme, elle atteint ^!^ et 15 millimètres sur If. frontal; entin
les sutui'cs sont simples : ciiractères d'infériorité très-frappanls,
(lu'on l'etrouve sur quelques crânes anciens, et qui sont habituels
(1) E. Bcrtratul, Cifinc si os:,eiiienla Irouné^ dans une eari'îèiv Je Cavmve dt
Clichij [BalM. du la Soc. rfanthropai. de Paris, 2' «trie, l. ill, p. 331). — Vny»
h iliscutsion qui n suivi ccUb communiualign, et ileux note» de MU. Broea
et Pruiier-bey sur la mcme pièce, inséréeii dans le mtaui volume, pages 363, 371
ol 108. — Belgrand, la S^ine, pi. XLVtu et XLviiitii, ilg. 1 El 2.
(2) La carrière de Clichy, d'oii proviennent les osiemcnls décrits ci-eonlcc,
présente à sa coupe :
1» Terre vi^c^tile 0'*,70
2° Dilavtum rouge 0",92
3" Sables jaunos plus ou moipa si'Eileux {lirss in/i-
rieur), avec petite» bandes d'nrgile 2",G8
4" Diluvium gris )'",15
C'est dans une petilo bande de sable rougcàlrc sulija;cnlo ii cica il5 cciilimi-
rcs (le diliiviuiii iiue M. Eugène licrlrimd a fait sa trouvaillv.
LE DILUVIUM. 383
chez un certain nombre de primates voisins du genre humain par
leur anatomie. Cette infériorité manque au fémur, qui s'exagère
dans un sens opposé en développant énormément sa ligne âpre. Elle
se retrouve sur le tibia, dit platycnémique^ parce que, comme celui
de l'anthropomorphe, il est aplati latéralement de manière à simuler
une lame décadré droit (fig. 103) dont le bord tranchant serait dirigé
e
\i\ 2 .
Fig. 103
N* 1 . Coupe transversale d'un tibia ordinaire au niveau N du trou nourricier. — ÀL, face externe
sous-cutance. — IN, surface du poplitc. — NE, surface du jambier postérieur.
N® 2. Coupe au même niveau d'un tibia platycnémique. — Môme signification des. lettres.
en avant. Ce dernier caractère, sur lequel, à notre sens, on a trop
insisté, se retrouve à peu près au même degré sur presque tous
les fossiles, à quelque race qu'ils appartiennent d'ailleurs, dont le
squelette des membres a pu être étudié jusqu'à présent. Nous aurons
roccasion d'y revenir plus tard. Un peu au-dessus de la couche
ossifère que M. Eugène Bertrand a fait connaître, s'en trouve une
autre d'origine postérieure, dont M. Reboux a tiré tout le parti pos-
sible dans ces derniers temps. A ce niveau apparaît une race en-
core inconnue jusque-là, et qui prendra bientôt une place impor-
tante dans les temps quaternaires. C'est Tune des races qui con-
stitueront le groupe mongoloïde de M. Pruner-bey.
Plus heureux que les observateurs qui l'avaient précédé,
M. Reboux avait recueilli à diverses reprises dans les bas niveaux
de la Seine des fragments de squelettes humains, qu'il a com-
muniqués à M. Hamy. Des trois petites séries de pièces trans-
mises par cet observateur, la première n'a malheureusement
aucun autre intérêt que celui de confirmer par la présence des
débris de l'homme dans cette couche ossifère sa contemporanéité
avec les mammifères éteints, tant de fois prouvée déjà parla décou-
verte des produits de son industrie.
Cette première série, recueillie roule do la Révolte», à k mètres de
384 TËKRÂlN QUATERNAIRE.
profondeur, ne se compose en effet que d*un fragment de pariétal
gauche, et de la partie correspondante de Técaille occipitale, qui
ne présentent rien de particulier; leur épaisseur est moyenne
(6 à 7 millimètres), et les sutures sont aussi compliquées que dans
nos races actuelles.
La seconde série, recueillie route de la Chaumière, à une profon-
deur de 5 mètres, est plus instructive ; cependant les pièces qui la
composent proviennent en majeure partie d'un enfant, et Télude
des os en voie de développement, incomplète encore pournos races
actuelles d'Europe, n'est pas même à Tétat d'ébauche en ce qui
concerne les races anciennes de nos contrées. Le maxillaire infé-
rieur, presque complet, annonce un enfant de sept ans environ.
Cet arc osseux est relativement fort : son épaisseur au menton est
de ik millimètres; au niveau des molaires en voie d'éruption, elle
en atteint 15. La branche montante est inclinée à 50 degrés sur
la branche horizontale, et l'union du bord postérieur de l'une au
bord inférieur de l'autre, plus ou moins anguleuse dans la plupart
des cas, se fait ici par une courbe assez régulière.
La cavité sigmoïde est d'ailleurs plus profonde, l'apophyse coro-
noïde plus allongée et plus inclinée en dehors, l'angle inférieur plus
courbé en dedans que chez la plupart des enfants du même âge
dans nos races européennes ; les empreintes musculaires sont aussi
plus marquées, les crêtes myloïdiennes plus saillantes, enflnies
lignes maxillaires externes beaucoup plus accusées. Les incisives
sont implantées dans le maxillaire obliquement de haut en bas
et d'avant en arrière, de façon à donner naissance à un progna-
thisme dentaire qui devait être bien plus accentué à la mâchoire
supérieure.
« Remarquons enfin que la longueur du diamètre interangulaire
de cette mandibule est assez considérable, pour avoir fait supposer
à quelques anthropologistes que l'individu dont nous étudions les
fragments fut brachycéphale. Nous nous sommes convaincu, par
l'étude attentive d'un certain nombre de mâchoires dont nous pos-
sédons les crânes, que les relations entre l'écartement des branches
montantes et l'importance (jue prend le diamètre transverse maxi-
mum, ne sont pas aussi intimes qu'on a bien voulu le dire. »
M. Hamy pense, au contraire, que cette mâchoire inférieure,
(jui présente bien des traits de ressemblance avec celles des sépul-
tures néolithiques, a appartenu, comme celles-ci, h un dolicho-
céphale.
LK DlLUVllM. 385
Deux morceaux d!occipital et de pariétal ont été recueillis en.
même temps que les mandibules que nous venons de décrire. Ils
semblent avoir appartenu au même sujet. Quelques points seu-
lement attirent Tattention sur ces débris : la complication des
sutures d'abord, qui, en dépit des opinions de M. Schafahausen (1),
ne sont pas moins grandes que dans la pièce mentionnée plus
haut; puis Texistence d'une dépression transversale de la largeur de
près d'un doigt, coupant horizontalement l'occipital au-dessous de
l'inion, et le pariétal, entre sa bosse et son bord temporal. Nous ne
croyons pouvoir trouver d'explication satisfaisante à cette anomalie
que dans la supposition d'une déformation artificielle par pression
exercée d'avant en arrière, comparable à celle que certains Euro-
péens, dignes d'être rapprochés à ce point dé vue des sauvages
d'Amérique et d'Océanie, ont impunément pratiquée jusqu'à ces
derniers temps (2).
Dn dernier fragment, provenant d'un adulte (3), accompagnait
les débris dont on a fait connaître ci-dessus les caractères anthro-
pologiques les plus remarquables. C'est la moitié interne et
inférieure d'un maxillaire supérieur droit, comprenant les alvéoles
des deiix incisives, de la canine, des deux prémolaires et de la pre-
mière grosse molaire, qui, en raison de son allongement d'avant
en arrière, du peu d'étendue de ses dimensions en largeur, nous
paraît devoir être rapportée à la race à laquelle appartiennent les
restes qu'on vient d'étudier. En efl'et, ce qui reste de l'orifice nasal
est long et étroit ; les fosses incisives et canines, comme la saillie
qui les sépare, s'allongent de haut en bas, sans presque s'étendre
dans le sens transversal; enfin la voûte palatine est relativement
peu développée en largeur, et ce qui est demeuré intact de l'arcade
alvéolaire prend une direction presque parallèle au plan médian
(1) Congrès internat,, 2^ sess., 1867, p. 413.
(2) A. Foville, Déformation du crâne résultant de la méthode la plus géné-
rale de œuvrir la tête des enfants. Paris, 1834, In-8°, br., avec pi., etc.
(3) Nous aurions hésité à baser notre démonstration de la préexistence des doli-
chocéphales dans la vallée de la Seine, si nettement établie d'ailleurs par la décou-
verte de M. Eug. Bertrand, si nous n'avions eu à notre disposition que les pièces
de la route de la Chaumière ci-dessus décrites, extrêmement fragmentées, d'une
fossilisation incomplète et sillonnées d'empreintes de racines. Elles pourraien
bien avoir été trouvées dans une alluvion remaniée. Cette observation ne porte,
nous le répétons, que sur les pièces de la route de la Chaumière, qui se rappor-
tent à renfant de sept ans. {Note de M. Hamy.)
ST. NEUlflFR. 25
388 TERRAIN OUATERMimK,
veilical de la lélii. Tous ces caracltîi'us aiialouiiques indiquent H
face latéralement déprîméi!, qui devait accompagner un cr&ne à dia-
mètre antéro-postéricur prédominant. « Nous ci'oyonsdonc pouvoir
attribuer ce fraguienl à une race dolichocéphale, peul-élre ii celle
dont les alluvious rhénanes nous ont conservé les vestiges. L'éplno
aiilérieui'e est modérément saillante, et la fosse nasale se termineen
avant par un bord tranchant, ainsi qu'on l'observe sur les faces des
dolmens, dont se rapproche beaucoup cos curieux débris, t.
L'incisive moyenne e,st encore on place, et elle est tellement
usée, qu'une moilié de sa substance a dispam. CaUa usure, dite
paléortlologigue, se Teiiconlve, au même degré, chez les individus de
toutes races des deux ppriodt's, archéoiilhique el néolithique. Nous
l'avons observée sur un grand nombre de dénis appartenant à des
dolichocéphales dfi l'Age de la pierre polie (monuments niégalithii]acl'
d'Argenleuil, de Chamont, de Bougon, de Genoy, etc.), aussi h
que sur celles des troglodytes brachycépkahs des âges quaternaires.
Elle peut d'ailleurs se manifester dès la première dentition, aÎDÂ
qu'on l'observe quelquefois aujourd'hui.
Une aulrti découverte de M. Ileboux, k Clidiy, vient de la dé-
montrer d'une manière péremploire. En effet, sur un maxillaira
inférieur d'enfant de sept à huit ans, extrait de la caiTière dont
M. Eug. Bertrand a exhumé le crAiie que nous avons décrit ; sur a
maKillaire, disons-nous, qui dilTère de celui dont nous avons pnriA
tout à l'heure par l'exiguïté relative de ses dimensions, par unt
moindre saillie de son menton, par reffacement de ses tuberculfl
yéni inférieurs, les deux molaires de lait sont horizontaleœea]
usées, au point du mndre presque impossible l'étude des cuspid«til
La sablière qui contenait cette mi'ichoire de jeune sujet, avec ud^
partie du fémur droi t correspondant et une douzième verlèbre Aat^
sale à peu près inlacle, a fourni encore, à i"',20 (l^.SS par coih
séquenl au-dessus du niveau où reposaient les os trouvés pa
M, Eug. Bertrand), différents fragments de crftne et un maxillaiit
inférieur d'adulte extrêmement intéressants.
ils repi'ésentent une race tout à fait dilTéi'ente do celle que lei
matériaux recueillis par MM. Ami Boue, Faudel, Cocchi, etr»,
ont permis de reconstituer en partie, et (jui vivait seule dans Ë
vallée de la Seine pendant que se déposaient les couches les phi
anciennes de ses alluvions de bas niveaux. Il s'agit de cette pelîU
race très-vraisemblablement brachycéphale, et rapportée t
son au groupe hyperboréen, race qui intervient dans la faiioft
LE DILUVIUM. 387
quaternaire au moment où se forment les dernières couches des
bas niveaux fluviatiles.
Quelques-uns de ses caractères fondamentaux, exiguïté de taille,
réduction des diamètres antéro-postérieurs , conformation parti-
culière du visage, se rencontrent dans les débris recueillis par
M. Reboux. Le premier caractère est affirmé par un fragment
de maxillaire inférieur de dimensions très-réduites, quoique pro-
venant d*un sujet dont la dent de sagesse a commencé son évo-
lution; cet arc osseux mesure seulement ISmillim. de hauteur au
niveau de la seconde molaire. Par contre, il est d'une très-grande
épaisseur, puisqu'il atteint 17 millim. environ vers le même poinl,
et présente des crêtes myloïdiennes bien marquées. Les dents
qu'il porte encore, deuxième prémolaire, première et deuxième
grosses molaires gauches, sont petites et un peu usées ; les deux
dernières surmontées l'une et l'autre de cinq tubercules. La
seconde est un peu plus grosse que la première, ce qu'on a cm
longtemps particulier aux singes ; on observe très-habituellement
la disposition contraire dans les races humaines actuelles (•!).
La réduction des diamètres antéro-postérieurs se manifeste d'une
part sur la moitié d'un frontal transversalement aplati (2) et sur la
partie de l'écaillé occipitale qui comprend les épaississements
osseux, correspondant aux sinus. Il est facile, sur ce fragment,
comme sur une autre pièce qui lui est semblable et qui vient de
la même localité, de constater combien la protubérance externe
est peu marquée, combien l'occiput est taillé à pic.
Quant à la face, l'angle interne et supérieur de l'orbite est
un angle droit, et l'apophyse orbitaire externe est fortement
inclinée en bas, en avant et surtout en dehors; ce qui est en
rapport avec un développement considérable du diamètre bima-
laire. Ces deux caractères faciaux sont propres au groupe hyper-
boréen, dont on a rapproché avec raison d'autres fragments tirés
des cavernes et semblables à ceux que nous venons de décrire
succinctement.
A Grenelle, en association avec des os de renne et des silex taillés,
M. Martin a découvert à 1",^0 au-dessous du sol de nombreux osse-
(i) Pruner-bey, V homme et V animal {Bullet, de la Soc, (ranihropol., 1865,
t. VI, p. 553.
(2) H n*est pas sans intérêt de faire observer (fue cette pièce porte une suture
médio-frontale visible dans toute son étendue, et qui n'est fermée que vers le milieu
de son trajet, dans une longueur d'un cefilimèti'e environ. {Note de M, Hamy.)
388 TEnRAIN QUATERNAlKI
ments humains. On y remarque sept crânes qui se mpproclieiif
beaucoup de la race mongoloïde (le M. le docteur Pruner-bcy el d.Hit
[|uel(}UGS-uns sonl prognathes, quatre frontaux et d'autres o
Ce n'était d'ailleurs pas là une sépulture : les squelettes ont éYi-
demmeiit été charriés au moment d'une grande crue avec toute
l'alluvion; ce qui n'empêche pas que souvent les diverses pailiea
des ossements aient pu conserver leurs rapports naturels. Ainsi,
dans uu des crânes, la mi\clioire inférieure était encore en place.
La partie supérieure d'un des squelelte-s a été trouvée presque
entière, la lête en bas. « Les ossements, dit M. Belgrand (1), ont
été enfouis dans un banc de sable, lorsqu'ils se tenaient encore
parleurs ligaments, "
D'après les savantes études de M. le docteur llamy (2), « W ossftf
ments de Grenelle sonl d'une race dolichocéphale et de grands
taille, intermédiaire à divers égards entre les deux races, très-diffé-
rentes, qui successivement sont venues peupler l'Europe occiden-
tale. Le fémur de l'homme de Grenelle indique que ce sujet avait
l^yVO environ, n
Les crânes sonl volumineux, t La circonféreuce hoi-izoïitale de
l'homme, dit M. Hainy, atteint en eiïet 543 millim., celle de lu pre-i
miëre femme dépasse 528, celle de la seconde égale 525. La capacité
crânienne, déterminée appruximalivement par le cubage «u moyel
du plomb n° 8, s'élève à 1511) centimètres cubes pour l'hoinnifli
à 1325 environ pour le seul des crânes féminins qui ait conserva
sa base à peu près intacte. Cette capacité crânienne considérable esl
à peu près également répartie entre les régions antérieure et posté-
rieure. La loge frontale est assez spacieuse chez nos trois individus:
la longueur de la courbe du coronal atteignant 130, 126 el
140 millim.; la largeur, indiquée parle diamètre frontal minimum^
étant représentée daiileui-s par 93, 103 et 92. La circonférenca
horizontale préauriculaire atteint 247, 2J3 et 2.'i5, et la circonfé-<
reuce transverse sus-auriculaire 312, 305 el 315 (?}. Mais les lobeî
postérieurs aussi sont volumineux ; l'éciiille de l'occipital se projettt
noiabicment en arrière du lambda et de la protubérance occipilald
externe, peu prononcée d'ailleurs. La courbe de la portion cérd?
brate de cette écaille est de 70, «Oet 72 niillim., et sa courbe horM
(i) ilelgran^I, Lu Utinr. hh.n
1, 188.
(2; Ihriiii, r.ikjfi ih imiéiJilolo^
•ea aux ili/es niiMiisInrii/uri, l. I,
lie, 1870, [. 2Ô3.
L& DILUVIUM. 389
zontale postauriculaire de 285, 295 et 280. Ce développement de la
région postérieure du crâne coïncide avec la présence d'anomalies
donnant naissance h un os épactal sur notre individii masculin et à
des os wormiens sur les deux femmes. Les sutures, assez peu com-
pliquées, semblent plus fermées en avant qu'en arrière. Ce carac-
tère, comme le précédent, est un signe d'infériorité. Il est spécia-
lement attribué par Gratiolet aux races humaines les moins nobles.
Quant aux anomalies du lambda de nos crânes de Grenelle, elles
occupent de préférence celte région chez les peuples les moins
civilisées, tandis qu'elles sont relativement plus fréquentes au
bregma dans les races supérieures. Nous signalons enfin, sur la
suture sagittale, une sorte de voussure plus ou moins étendue, qui
n'est pas sans analogie avec celle que l'on remarque sur certains
crânes hyperboréens et qui donne à la voùle inclinée sous un cer-
tain angle un aspect légèrement ogivaL Les faces sont malheureu-
sement mutilées; ce qu'il en reste permet néanmoins, sur nos deux
premiers crânes, de constater que les arcs sourciliers sont Irès-déve-
loppés, les glabelles saillantes, les apophyses orbitaires externes
obliquement dirigées, les racines du nez assez épaisses. Ces faces
sont relativement courtes et larges, développées dans le sens trans-
versal au niveau des pommettes, brusquement rétrécies au-dessous.
Les orbites sont peu hautes, extrêmement larges. L'indice orbitaire,
c'est-à-dire le rapport du diamètre vertical au diamètre transverse,
supposé égal à 100, est de 73 sur le seul crâne qui possède une
orbite complète. Cette orbite est d'ailleurs découpée en rectangle et
très-obliquement dirigée en dehors et en bas. Ce qui précède s'ap-
plique à la face du sujet mâle ; ce qui reste de la même région sur
le premier sujet femelle présente, atténués, les mêmes caractères.
Sur les deux sujets, la face, généralement orthognathe, est un peu
prognathe dans sa région alvéolaire ; l'angle facial supérieur, dont
le sommet correspond à l'épine, égale 80 degrés et86 degrés?. L'angle
facial moyen, qui a son sommet au bord de l'alvéole des incisives,
est de 72 degrés et 73 degrés. Sur le seul maxillaire inférieur que
nous possédions intact, celui de la femme, ce prognathisme se re-
trouve légèrement indiqué. Cet arc mandibulaire, assez mince sur le
mâle, est au contraire très-épais chez la femelle. Il mesure alors \U à
15 millim. à la symphyse et 17 millim. au niveau de la deuxième
grosse molaire. Ces mâchoires inférieures sont d'ailleurs assez
élevées et terminées en pointe triangulaire. Les dents qu'elles por-
tent, très-bien conservées, sont usées obliquement de bas en haut
TERItAIN UCATËnMUAJ
et de dehors en dedans. La remanjuable alliance des caractères de
supériorilé eld'ini'ériorilf! que nous présentent les télés fossiles de
Grenelle; celte combinaison anatomique qui associe, par exemple,
une face frontale assez vasle à un occipul assez volumineax,
qui, sur un crâne de gi'anile capncité, fait marcher d'avant en
arrière la synoslose, qui superpose une région faciale supérieure
orlhognalhe à une région alvéolaii'e prognathe, se signale jusque
dans les membres par des juxtapositions vraiment étonnantes de
caractères presque simiens et d'altribuls propres aux i-aces hu-
maines considérées comme les plus élevées. Ainsi l'humérus est
s tordu que dans nos races blanches actuelles, ce qui est m
caractère d'infénorilé, et cet os est relativement plus long par rap-
port au radius, ce qui éloigne noire fossile des races humaines sau-
vages. [Le fémur est fortement tordu au contraire, mais sa ligDe
âpre esl saillante, ce qu'on n'observe pas chez les individus placés
> plus infimes de l'éclielle ethnographique. Le tibia
latijcnémique ; le péroné est remarquable par ses gout-
tières musculaires profondes et la saillie de la créle d'insertion
du ligament inlerosseu.'^. Les cubitus sont courbés en dessous de
l'olécràne, les radius au-dessous de la capsule, de façon à présenlet
une concavité antérieure comme chez les grands singes anthropo-
morphes. Un bassin d'homme presque entier a été conservé: il e«t
grand et robuste; les os iliaques sont évasés et les fosses de mén»
nom profondément concaves; le sacrum, large, est en même temps
follement courbé ; sa hauteur est considérable. A cflté de ces carac-
téristiques élevées nous avons à signaler des marques presque bes-
tiales. Ainsi, comme dans les races humaines inférieures, la di^MK
physe de la première vertèbre lombaire se subdivise légènement en
parapophysc et en métapophyse. Ces deux saillies osseuses, com-
plètement séparées chez les pilhéciens, se fusionnent complètement
chez les anthropomorphes, dont se rapproche à ce point de vue
l'homme de Grenelle, présentant ainsi dans son système veilébral,
comme dans son cri'ine, sa face et ses membres, un bizarre m^ange
de noblesse et de bestialité. Ce précurseur de la civilisation, cet
initiateur de l'industrie et de l'art, devait nécessairement ftllîeri
l'esprit qm conçoit la force qui exécute. C'est cette force bmials
qui, mise au service d'une intelligence développée, a assuré le pro-
gi'ës inséparable de la sécurité.
Il faut aussi mentionner, parmi les vestiges laissés dans nos en-
virons par l'homme quaternaire, les ossements i-ecneiUis dans 1»
LE DILUVIUM. 391
plaine de Sèvres, et qui portent les traces faites, selon toute apparence,
par des instruments de silex. « Parmi les os venant de cette loca-
lité, dit M. Lartet (i), il y en a qui présentent des entailles pro-
fondes avec un plande section légèrement ondulé et strié, comme s'il
eût été produit avec un tranchant flexueux et imparfaitement ai-
guisé, analogue à celui de certains silex taillés que Ton a recueillis
dans le diluvium d'Abbeville. »
A 900 mètres environ en aval du pont de Villeneuve-Saint-
Georges, se trouve une berge presque à pic, qui, en certains points,
s'élève à li mètres au-dessus du niveau des basses eaux. Cette
berge est formée par un limon jaunâtre analogue au lœss des vallées,
et qui est couvert d'une mince couche de terre végétale avec laquelle
il se fond insensiblement. Au-dessous de la zone jaunâtre se trouve
un banc limoneux qui paraît reposer sur des sables.
La couche grise ou inférieure ne renferme rien de remarquable,
mais il n'en est pas de même des limons jaunes. M. Roujou (2) en
a extrait de nombreux objets intéressants. Cet observateur y a re-
connu en effet de petits amas de cendres à peu près circulaires, de
40 centimètres à un mètre et demi de diamètre: ils ne paraissent
contenir que des silex calcinés qui ne présentent aucun indice de
travail ; les ossements y manquent aussi; les amas de cendres se
trouvent à plus de 3 mètres au-dessous du sol.
Au-dessus de ce foyer et à différents niveaux, apparaissent des
couches de cendres reposant sur une terre calcinée; autour des
cendres et presque à plus de 30 centimètres de distance, il y a des
poteries, des silex taillés, des ossements d'animaux fracturés, mais
assez rarement travaillés. C'est à 2 mètres de profondeur qu'on
rencontre les foyers les plus riches en silex taillés et en ossements
d'animaux ; lorsqu'on approche très-près de la surface, le nombre
des silex taillés paraît dimini^er, mais la poterie devient plus par-
faite et semble se rapprocher de celle qui dans nos environs, carac-
térise l'âge du bronze. Il y a donc là peut-être en superposition
plusieurs âges différents.
Jamais l'auteur n'a recueilli ni bronze, ni aucun autre métal dans
les foyers ; de plus, il a examiné avec soin tous les grès à polir, et
sur aucun il n'a rencontré la moindre trace de métal ; enfin les
(1) Larlet, Builet, de la Soc. géologique, 2" série, t. XVU, p. 492.
(2) Roujou, Gisement de Fâge de la pierre polie {Bullet. de la Soc. d'anthrO'
pol. de Paris, 1865, t. VI, p. 264;.
TERRAIN IjUATKKTIi
cornes el les os d'animaux. i]ui oui été scîcs et Iravaîtlés présimteitt
des entailles dilTérentes de celles que produisent les iaâtrumenU
mélalliques,
ToutdabordM. floujou jiensaque les foyers de Villeneuve-Saint-
Georges sont des sépultui-es à incinération : depuis, plusieurs cir-
constances lui oui Tait modiltei' un peu celte manière de voir. > SI,
dit-il, plusieurs de ces foyers ue sont pas des sépultures à incinè-
valion, il devient très-diflicile d'expliquer la présence tout aupttx
de poteries brisées très-aboudanles, d'os travaillés, de silex taillés,
et principalement de quelques haches émoussées à petits coups vers
les extrémités ; de plus, ils présentent une remarquable analogie
avec des sépultures à incinération bien reconnues pom* telles, mais
d'une époque plus i-écente. D'un aulre ciilé, on peut objecter que
les amas de cendres ne renferDient qu'un petit nombre d'os incinérés,
dont un seul était assez complet pour que l'on put penser, par sa
forme, qu'il était humain ; et encore ce qui enlève à ce dernier lail
beaucoup de sa valeur, c'est la présence d'un fragment de canon
de ruminant entièrement calciné. «
L'auteur a pourtant rencontrédes os humains, un fragment de
mâchoire inférieure et un fémur limé à l'une de ses exlrémitês; mais
ces os n'avaient pas subi l'aclion du feu, et eu outre ils étaient sé-
parés des autres pièces du squelette, qu'il fut im|>ossible du retrou-
ver, et associés à des os d'animaux fracturés, à des poteries bris6*s
et à des silex taillés. Ces diverses circonstances pourraient faire
considérer ces débris comme les restes d'un repas d'aulhi-opophages,
et paraissent peu favorables à l'hypothèse d'une sépulture.
Pour expliquer la formation du terrain recoupé aujourd'hui par
la berge de Villeueuve-Saint-Georges, M. Houjou présente les consi-
dérations suivantes que nous croyons devoir reproduire (i), « Une
ou plusieurs tribus, dit-il, ont dû s'établir dans les environs de
Villeneuve-Saint-Georges, ù l'époque où les limons gris d'origine
probablement paludéenne avaient fini de se former; quelques-uu«a
même avaient dû arriver auparavant. Ces tribus ont allumé du feu
sur ce sol ; peut-être aussi y ont-elles hrùlé leurs morts et enseveli
leurs cendres dans des fosses ou pulls Irès-peu profonds. A chaque
déhoi'demeut, les eaux devaient entraîner des terres et des limons
et les accumuler sur ce sol, qui présentitit probablement une {iciiie
(1) Honjuu, Ginemeiil de l'iigc de la piei-re polie iIjh envirom rie l'il/ettraee-
S/wit-Gsoi-t/es [Ik'ld. deloSuc. iffmlkr^Ml. ik l'iirû, 1865, l, VI, p. a67 .
LE DILUVIUM. 393
douce. Les eaux une fois retirées, on établissait de nouveaux foyers
ou de nouvelles sépultures, que de grosses crues ne tardaient pas
à recouvrir de nouveaux limons. Je crois que telle est Torigine de
ces superpositions, inexplicables dans toute autre hypothèse. On
a objecté que pour que cette superposition fût réelle, il faudrait
qu'elle existât encore à une assez grande distance de la Seine.
Mais quand bien même cette disposition n'existerait qu'à 10 ou
20 mètres du fleuve, et je suis porté à croire qu'il peut en être
ainsi, cela ne prouverait rien contre l'hypothèse que j'ai émise,
puisque je regarde les couches comme s'étant formées dès l'origine
sur un plan plus ou moins incliné, et que par conséquent les plus
récentes sont les plus voisines du fleuve. S'il en est ainsi, ce qui se
trouve séparé dans les berges peut fort bien se trouver réuni dans
les champs, où le sol ne pouvait s'accroître de même. »
De l'étude des foyers de Villeneuve-Saint-Georges, M Roujou
conclut qu'ils sont l'œuvre d'une ou de plusieurs tribus sédentaires
et non pas nomades. Cette tribu, se demande-t-il, cultivait-elle la
terre? Et il répond : « Je l'ignore complètement ; mais ce qui me
parait certain, c'est qu'elle avait une nourriture animale très-
variée. S'il faut en juger par les débris que j'ai trouvés, deux
espèces de bœuf, le cheval, deux espèces de porc, une grande et
une petite, le cerf, la chèvre, le mouton, le chien, le castor et
quelques oiseaux, leur ont probablement servi d'aliment. Chose
singulière, eu égard à la situation, les débris de poissons faisaient
absolument défaut. Moins heureux que les explorateurs des lacs de
la Suisse, je n'ai pu trouver aucun débris de végétal, si ce n'est des
morceaux de bois. Un limon calcaire et siliceux, exposé aux alter-
natives de la sécheresse et de l'humidité, ne peut conserver des
graines et des fruits comme le fait la tourbe ; il en est de même
pour une foule d'objets : ainsi, je ne puis espérer retrouver ni
cordes, ni filets, ni tissus, ni corbeilles, comme en fournissent les
cités lacustres, et c'est là une très-regi'ettable lacune. Cependant
je suis arrivé par une voie indirecte à reconnaître avec un certain
degré de probabilité l'existence de quelques industries qui n'ont pas
laissé de traces positives. Ainsi des trous étroits pratiqués dans les
anses des vases m'ont fait soupçonner l'existence de cordes faites
avec des fibres végétales ou des tendons d'animaux ; Texistence
d'un grand nombre de grattoirs demi-circulaires, convexes, ana-
logues à ceux dont beaucoup de sauvages se servent encore pour
gratter les peaux, me fait penser que la dépouille des animaux
73BSF^^^^^^ TERRAIN QUATERNAlItE.
devait être très-recherchée alors : j'ai élè coiifiimé dans cette hypo-
thèse par la découverte d'un certain nonilire de poinçons d'os
très-propres à percer le cuir. Les débris de végétaux alors employés
comme alimenls ne pourraient guère se reirouver en cet endi-oit
qu'à l'état de charbon, et jusqu'à présent ils m'ont fait défaut. J'ai
trouvé près de quelques foyers des meules de grès unies et polies
par un long frottement; les plus petites seules étaient enlières, les
autres étaient brisées en un assez grand nombre de fragmeuts. Li
plus petite de ces meules a seulement h a. 6 centimètres de dia-
mètre, beaucoup ont 10 à 12 centimètres; je n'en ai pas encore
rencontré de plus grandes entières, La présence de ces ustensiles
serait de nature à faire croire à la culture d'une céréale, si l'on
n'avait pas certaines raisons pour en douter. Les meules de grés
s'égrènent toujours un peu, d'où il résulte (|ue la faiine obtenue
use plus ou moins les dents. Je possède une mâchoire humaine inf^
ricure trouvée dans ce gisement, dont les molaires sont peu ou point
usées; l'usure au contraire est très-manifeste sur dus molaires
trouvées dans différentes contrées. La tribu établie dans les ea-
virous de Villeneuve-Saint-Georges fabriquait des poteries en abon-
dance, et beaucoup de ces poteries étaient coloi'ées en noir à l'aide
decliarbou réduit en poudre très-liue; le charbon ne pouvait âtre
réduit à cet état qu'à l'aide d'instruments analogues k ceux que je
viensde décrire. De plus, j'ai trouvé unfragraentde mculette de grès
colorée en noir par une substance qui paraît être du charbon. Comme
on le voit, je n'ai pas de raison suflisanle pour admettre comme
prouvé que les hommes qui vivaient alore cultivaient des céréales, i
Sn 1866, M. lioujou mit sous les yeux de la Société d'anthropo-
logie des débris provenant d'un squelette humain extrait du gise-
ment de Villeueuve-Sainl-Georges. Ces débris, recueillis par
MM. Roujtiu et de Mortillct, furent décHis par m dernier (1). < La
sépulture, dit-il. se trouvait engagée à 2"',30 au-ilessous de la surface
du sol de la plaine ; la coupe de la berge ne portait aucune trace de
creusement d'une fosse. Le tassement des terres avait écrasé eo
pai'tie le squelette et dérangé les os ; pourtant l'ensemble permettait
de reconnaître que le corps avait été placé du cûlé du nord-ouest,
et les pieds vers le sud-est ; soit les pieds eu amont et la tète en
aval. Les ossements ne portaient aucune trace de crémation, ce-
pendant la léte reposait sur un tas fort large et très-considérable de
(1) Mortillet, Malirima pour l'étude lie rhontme, aoill 1861
LE DILUVIUM. 395
cendres. Ces cendres, groupées et très-pures, sans le moindre silex
calciné, ne sont pas le produit d'un foyer usuel, mais bien d*un bûcher
funèbre spécialement allumé pour la circonstance. Le corps était
accompagné uniquement de petits fragments de silex, éclats taillés
intentionnellement à arêtes vives. Ce sont les silex votifs de
M. Leguay. Les ossements d'animaux entiers ou brisés et les
fragments de poterie faisaient entièrement défaut. Le corps a dû
être simplement étendu sur le sol où l'on avait préalablement
allumé un grand bûcher, puis recouvert d'une, certaine quantité
de teiTe. A 35 centimètres au-dessus, nous avons trouvé divers
fragments d'os d'animaux, brisés pour en extraire la moelle ; plus
haut se trouvaient quelques débris de poterie grossière mal cuite,
avec grains pierreux dans la pâte et des morceaux de charbon
des foyers ordinaires. »
M. Roujou a, de son côté, signalé divers faits que nous croyons
devoir reproduire : «J'ai, dit-il (1), trouvé des cendres presque
partout où il y avait des ossements ; ces ossements étaient dispersés
de la manière la plus singulière sur une superficie de neuf pieds de
diamètre environ : ainsi, un fragment de crâne se trouvait à .côté
d'un calcanéum et d'un métacarpien. Un certain nombre de ver-
tèbres avaient conservé leurs rapports normaux, mais avaient glissé
les unes sur les autres par suite de la pression des terres. Le sque-
lette était incomplet ; le crâne était représenté par l'os occipital et les
pariétaux; le frontal manquait. Les os de la face, y compris la mâ-
choire inférieure, n'ont pas laissé de trace. J'ai pu extraire deux
fragments d'omoplate, deux clavicules, un petit fragment de côte.
» Des pieds et des mains il ne restait que quatre ou cinq os, parmi
lesquels il faut citer un astragale et un calcanéum ; des os longs :
deux humérus dont un brisé, deux radius, un cubitus et deux
tibias. Chose singulière, les fémurs manquaient. La présence du
squelette nous a été révélée par une rotule qui ressortait un peu des
terres. Comme M. de Mortillet, je suis porté à voir ici une sépul-
ture. Cela posé, je me demande comment expliquer cette dépression
étrange, cette disparition d'os aussi forts que le bassin et les
fémurs, tandis que d'autres pièces, bien moins résistantes, bien
plus susceptibles d'être entraînées, sont restées intactes et presque
dans leur situation normale. 8ont-ce des carnassiers qui ont bou-
(1) Roujou, Squelette hummn de l'âge de la pierre polie découvert à Villeneuve-
Saint-Georges (Bullet. de la Soc, d'anthropol., 2« série, 1866 j t. I, p. 606).
^H danl q
^H q
^^1 aulres
^^1 I
TE1;RAI!S (^l'ATEEtNiOt
levei^é cette st^piiltum? Mais aloi-s cifmni(mt ne voit-on pas sur te
os l'empreinte de Icui-s dents puissanles? Serions-nous eu présence
des restes d'un i-epas d'an l h ropo phases ? Alors comment expliquer
l'absence de toute strie, de toute entaille sur les os? C'est doue
encore l'hypothèse d'une siipullure qui ust de beaucoup la plus
vraisemblable. Il me semble cependant, pour diverses taisons i]ue
j'exposerai dans la suite, que Fanthrupophagio e&islait à Villcneuvi:.
J'y ai bien souvent rencontré des ossements humains mutilés, en-
tassés péle-më!eavecdes silex taillés, des poteries brisées, des débris
d'animaux et des détritus de toute nature, que l'on pourrait consi-
dérer comme des débris de cuisine et des ordures jetées à la porte
des huttes ; c'est ce igui a lien encore chez une loule de peuplades
sauvages, Je v;iis maintenant donner le résultat de quelfjues me-
sures prises sur ces antiques ossements. Le tibia, un peu Fracturé
à son extrémité inférieure, parait avoir eu de 3S à 34 centimètres
de longueur ; il est gros et un peu court ; il présente la forme d'uu
prisme à base triangulaire. La largeur maximum de la paiiie in-
férieure est de 77 millimètres. Un humérus a 332 millimètres de
longueur. La perforation de la cavité olécrinienne est très-nelle et a
un millimèli'eet demi de diamètre. Le trou de la cavité olécrânlense
de l'autre immérus, qui est malheureusement fracturé, est beaucoup
plus giand ; sou petit axe mesure 6 millimètres et demi , et le plus
petit 5. La plus ^nde largeur de l'extrémité inférieme d'un de
ces os, mesurée sur une ligne passant un peu au-dessus de la per-
foration, est de 62 millimètres. Li .largeur maximum de la tiîte est
de 51 millimètres. Le corps de l'o-s, vers son milieu, peut avoir en
moyenue de 20 à 23 millimètres de diamètre. Le radius, du bord de
la cavité articulaire jusqu'à l'extrémité de l'apophyse styioîde, me-
sure Su centimètres. Le dianoètre de la tête est en moyenne do
23 millimètres; le corps de l'os est aplati, la créle est presque tran-
chante et décrit une courbe très-sensible. Le crâne était brisé en
fragments assez petits, dispersés sur une surlace de huit à neuf pieds.
Ce n'est qu'avec les plus grandes peines que j'ai pu le restaurtr, et
encore les pièces ont joué en séchant, de manière à le défomier. Le
frontal manque, ainsi que d'nulres parties, de façon qu'il est im-
possible de déterminer avec certitude ses diamètres. On voit cepen-
dant qu'il devait être dolichocéphale, ainsi que le pense M. Pruner-
bey, qui l'a examiné. Ce crâiie est petit, même par rapportai»
autres os, qui ont de faibles dlmem
sente ni bosse ni saillie irrégutière.
; la partie occipitale ne prt'-
e ojurbe douce cl nnie ;
LE DILUVIUM. 3Î>7
il est très-mince, surtout pour l'époque reculée à laquelle il re-
monte. Les pariétaux ont à peine 6 millimètres et demi d'épaisseur
maximum. Les quelques os des pieds et des mains que j'ai pu re-
trouver permettent de penser que les extrémités n'étaient pas très-
fortes, résultat qui, du reste, concorde avec tout ce qui a été observé
jusqu'à ce jour. Je citerai encore deux fémurs trouvés dans le même
gisement, mais dans des parties et à des profondeurs différentes.
» Le premier est probablement le plus ancien ; il est remarquable
par un aplatissement très-sensible de la partie supérieure au-des-
sous du petit Irochanter, et par le faible relief de la ligne âpre qui
forme un bourrelet de 2 millimètres et demi au plus d'épaisseur
maximum sur un centimètre au moins de largeur.
» Le second fémur est plus petit ; il présente une ligne âpre bien
plus accentuée et près de moitié plus étroite ; la fossette intercon-
dylienne postérieure est aussi moins profonde que dans le premier.
J'ai trouvé à différentes époques d'autres ossements humains à
Villeneuve. Je dois d'abord mentionner une petite mâchoire
humaine d'un type primitif, dont les molaires sont égales; la der-
nière présente cinq tubercules. Elle était isolée de tout autre os
humain, mais associée à des débris mutilés de bœufs, de porcs, etc.,
à des poteries et à des silex taillés. Un peu plus tard, j'ai découvert
un fémur enfoui plus profondément et plus ancien; il se trouvait
dans des conditions identiques. Enfin, il va quinze jours j'ai été
assez heureux pour me procurer un autre fémur situé, cette fois
encore, à un autre niveau et présentant un type tout différent du
premier. Il était brisé exactement comme les canons de ruminants
qui l'accompagnaient, et de plus il y avait tout auprès des charbons
un canon d'animal façonné en pointe, des silex taillés, et une fusaïole
de terre cuite grossière et bien moins élégante que celles de l'âge
du bronze que nous trouvons dans nos environs. Le fémur humain
n'a pas été fendu longitudinalemenl, il est vrai, mais il est rompu
transversalement comme ceux des animaux, qui ont bien certaine-
ment servi d'aliment. Il n'y aurait au reste rien d'étonnant que
l'anthropophagie eût existé aux environs de Paris pendant l'âge de
la pierre polie, puisqu'on la retrouve à la même époque dans le sud-
ouest de la France, comme l'ont prouvé MM. Garrigou et Filhol. »
(Roujou, Bulletin de la Société d'anthropologie^ 1866, p. 609).
Si l'on veut se faire une idée de l'ancienneté du gisement de
Villeneuve-Saint-Georges, il faut considérer que la Seine Ta formé
lentement, en accumulant des limons; qu'ensuite elle l'a entraîné
398 TERRAIN QUATERNAIRE.
et coupé à pic, ce qui implique un léger changement de direction de
son cours, changement qui doit nécessairement se produire à cause
de Taccroissemenl des coudes.
Dans une dernière note (1), M. Roujou modifie un peu sa manière
de voir à Tégard des foyers de Villeneuve-Saint-Georges. Il pense
que ces foyers ont été allumés, en grande partie du moins, à la
surface du sol, les uns en plein air, les autres peut-être dans des
huttes, comme semblent Tindiquer de très-rares fragments de terre
cuite portant des traces de clayonnages. Ces débris paraissent pro-
venir de cabanes de branchages et recouvertes de terre qui auront
été détruites par un incendie. Quelques foyers ont été certainement
établis dans de petites fosses dont la surface calcinée a conservé sa
fonnc primitive.
«Le sol s'exhaussait insensiblement par suite des dépôts de limon
abandonnés par les eaux ; de nouveaux foyers étaient allumés sur
ces limons, et leurs cendres bientôt recouvertes par d'autres sédi-
ments. Cette série de phénomènes s'est continuée jusqu'à ce que le
sol eût atteint un niveau de 3 mètres et demi environ au-dessus des
eaux. Sur certains points on rencontre des amas de pierres qui
avaient probablement pour but de founiir un sol plus ferme et
moins humide.
» Les os d'animaux brisés, les silex taillés et éclatés, les poteries
fragmentées que l'on trouve dans le gisement de Villeneuve, sont
presque toujours des débris de repas, des objets de rebuts et des
déchets de fabrication.
» La présence constante de ces os près des foyers de la zone moyenne
ne doit point nous surprendre. Notre climat, encore froid et humide
de nos jours, devait l'être davantage à cette époque reculée, comme
tout concourt à nous le faire supposer, et les sauvages d'alors
devaient passer la plus grande partie de leur temps auprès de leurs
feux, à tailler des silex et à façonner une foule d'autres ustensiles.
)) Les ossements humains que Ton rencontre, assez rarement,
il est vrai, auprès des foyers, ne prouvent pas que ces derniers
soient des sépultures. Ces os ne sont presque jamais calcinés. Le
seul débris humain brûlé qui ait été trouvé est une phalange, et
sa présence peut s'expliquer tout aussi aisément par l'anthropo-
phagie que par l'hypothèse des sépultures* » Depuis, comme nous
(1) Roujou, Remarques sur les foyers de Villenetive-Saint-Georges {Bullel. de
la Soc, d'anthropoLy 2° série, 1867, t. II, p. 286).
L£ DILUVIUM. 309
l*avons dit, M. Roujou a découvert dans un amas de cendres un
fragment calciné de canon de ruminant, et il n'y a pas lieu d'en
conclure que ce dernier ait eu les honneurs du bûcher.
«L'existence de l'anthropophagie, dit l'auteur, pendant l'âge de la
pierre polie me paraît devenir de plus en plus probable, et le jour
où elle sera démontrée avec toute la certitude désirable, n'est sans
doute pas très-éloigné. J'ai rencontré plusieurs fois dans le gise-
ment de Villeneuve-Saint-Georges des débris humains épars et
mêlés à des débris de ruminants ; ils étaient souvent brisés comme
ces derniers, à 6 ou 10 centimètres des têtes articulaires, de ma-
nière que Ton pût facilement extraire de ces tronçons la moelle
qu'ils contenaient. Je n'ai pas attribué dans le début, à ces os, toute
l'importance qu'ils ont en réalité. Ils ne me paraissent pas une
preuve certaine de l'anthropophagie, parce qu'ils ne portaient pas
de stries et de coupures comme un certain nombre d'os d'animaux.
Depuis, une étude plus minutieuse m a fait reconnaître que la grande
majorité des os d'animaux brisés ne présentent pas de stries, et
cependant ils sont très-certainement des restes de repas. De plus,
les entailles se trouvent surtout sur certains os, les astragales, par
exemple ; elles ont dû être faites en isolant les os ou en détachant
les ligaments. Les stries n'ont pas été produites en coupant les
chairs. De leur absence sur les os humains, il ne faut donc pas
conclure que ces tribus primitives n'étaient pas cannibales, mais
seulement qu'elles employaient rarement les tendons humains. Dans
une de nos dernières excursions, M. B. Pommerol a découvert un
petit fragment de crâne humain fort curieux: ce fragment, déter-
miné par notre éminent collègue, M. le docteur Pruner-bey, porte
sur un des côtés une coupure très-nette et faite à dessein. »
Sur la rive droite de la Seine, près du pont de Choisy-le-Roi et à
25 mètres environ du fleuve, iM. Roujou a signalé plusieurs foyers
engagés dans un limon argileux grisâtre, à un niveau variant entre
3 et 4 mètres de profondeur au-dessous du sol (1). Ce limon est
recouvert par une couche de lœss renfermant des concrétions cal-
caires et diflérent, sous plusieurs rapports, de celui de nos collines.
Les foyers se trouvent à deux niveaux différents dans le limon
argileux; ils contiennent des charbons, quelques silex calcinés, de
la terrQ brûlée, de rares fragments d'os, et parfois des Unio, dont la
(1) Roujou, Foyers engagés dans le laéss près de Choisy-le-Boi {Bullct. de la
Soc. d'anthropol,, 2^ série, 1866, t. I, p. 281).
àOO TERRAIN QUATERNAIRE.
présence doit être attribuée à Tintervention de rhomme. A 50 cen-
timètres et au-dessus des foyers, l'auteur a rencontré quelques
fragments de poteries fort grossières et présentant de l'analogie avec
celles de Villeneuve-Saint-Georges. Les os étaient trop incomplets
et trop altérés pour pouvoir être déterminés ; cependant une dent
paraît avoir appartenu à un porc.
Au niveau des foyers supérieurs, M. Roujou a recueilli dans les
terres un couteau de silex qui présente celte particularité curieuse
d'avoir une zone du poli le plus vif et qui n'a pas été produite par
la main de l'homme. « Elle a dû résulter, dit l'auteur, d'un frotte-
ment naturel ; peut-être celui d'un caillou engagé dans un glaçon. »
M. Roujou pense que les foyers inférieurs de Choisy sont au
moins aussi anciens que ceux de Villeneuve-Saint-Georges, qui
sont de l'âge, comme ou l'a vu, de la pierre polie, et leur origine
doit être analogue. « L'inclinaison des couches des limons gris, dit
l'auteur, me porte à croire que ces limons formaient une tle plus
élevée et séparée de la terre par un bras marécageux ; des hommes
se sont établis sur cet îlot et y ont allumé du feu, puis le sol s'est
accru et a recouvert leurs foyers. Sur ces limons se sont accumulés
de nouveaux débris qui ont été ensevelis à leur tour. Enfin, après
bien des siècles et par suite de circonstances difficiles à déterminer,
la nature des alluvions a changé, le lœss a comblé le bras de rivière
et a nivelé le sol. »> (Roujou, pages 282, 283.)
Entre Choisy-le-Roi, Orly et la Seine, se trouve un gisement de
silex taillés d'où l'on a extrait des os humains. On le désigne sous le
nom de Trou-d'Eiifer. M. Roujou a fait dans le voisinage la trou-
vaille d'un crâne à coté duquel gisait un vase de terre noire extrê-
mement friable (1), et nous-même avons recueilli des débris d'une
tète humaine dont l'âge ne peut être précisé.
Au mois de janvier 1867, un cultivateur d'Argenteuil (Seine-el-
Oise), qui s'était chargé de débiter de grosses pierres qui existaient
au niveau du sol dans un endroit dit le Désert y situé sur- la
commune d'Argenteuil, à l'extrémité du côté d'Épinay, et non loin
de la Seine, rencontra au-dessous une grande quantité d'ossements
humains. Ayant fouillé à l'emplacement des pierres, il y découvrit
une moitié de hache polie, ainsi qu'un couteau de silex. Ce cou-
teau, de 18 centimètres de longueur, l'un des plus beaux qui exis-
tent, a été taillé dans une lame de silex qui, à l'origine, devait
(1) Roujou, Bullet. de iu Soc. (f anthropologie y 2* série, 1866, t. I, p. 239.
LE DILUVIUM. Mi
être de beaucoup plus longue. Il a été retaillé dans tout son pour-
tour, appointé aux deux bouts^ et la bosse de clivage à été rabattue
à la taille pour en diminuer la saillie. Le silex de ce couteau vient
des ateliers de Pressigny, et avec les deux couteaux du musée d'ar-
tillerie trouvés à Bercy et quelques autres objets recueillis aux envi-
rons de Paris, il témoigne une fois de plus lés rapports de com-
merce des Parisii avec les produits de Pressigny.
Prévenu de cette découverte, M. Leguay se rendit tout de suite
à Argenteuil, où il reconnut que ces pierres appartenaient à un
monument antéhistorique du genre de ceux appelés allées cou-
vertes, qui, bien que déjà en partie détruit, offrait encore un vif
intérêt. La longueur primitive est indéterminée ; mais, d*après
divers renseignements, il parait que depuis de longues années on
en a extrait des pierres, et qu'on y a rencontré une grande quantité
d'ossements qui ont été dispersés.
Ce qu'il en restait pouvait avoir encore une longueur d'environ
7 mètres ; c'est cette dimension qu'il sera facile de donner au mo-
nument après sa restauration. 11 n'existait aucune éminence de terre
FiG. 104. — Élévation du portique de la pierre turquaise, près de Luzarche.
Le portique est formé de deux pierres verticales supportant une pierre horizontale actuellement
cassée. L'fflitrée, à l'ouest, est établie par deux étroites pierres formant, pieds-droits, surmontées
d'une architraye laissant 75 centimètres pour le passage (1). {Biillet. de la Société parisienne
d^ archéologie.)
au-dessus, ou du moins aujourd'hui n'en voit-on aucune trace.
On peut croire qu'à Maintenon (Eure-et-Loir), à Chaumont (Oise),
à Lompans, près de Luzarches (Seine-et-Oise) (fig. 10/t et 105),
et même à la Varenne Saint-ïlilaire (Seine), il n'en existait pas (2).
(1) Le monument de pierre turquaise se trouve dans Tancienne forêt de Car-
nelle^ à mi-côte et sur le versant sud d'une des collines formant la séparation du
bassin de la Seine et de celui de l'Oise ; il est situé près de la voûte dite du Bois
carreau, à 150 mètres au-dessus du niveau de la mer.
(2) Louis Leguay, Sur Vallée couverte d' Argenteuil {Bullet, de la Soc, d'an-
thropologief 2*» série, t. II, p. 26C).
ST. MEUNIER. 26
TtUMAIN UUATEKNAlHti;. I
La construction de ce monument est toute particulière et unique^!
en exceptant la caverne de Mizy, qui est sur un plan circa<1
lairc. '
1 2§.%
I m
j fil
5 l'a i
I 'fis
f î^j
Do plan rectangulaire, il est composé de deux murs parallèles
entre eus, espacés de 1-,M environ, destinés, dès l'orifine. à sup-
porter de grandes pieiTes d» diverses grandeurs, |iurti[' en calcaire
LE DILUYIUM. àOZ
Siliceux, partie en e;rès provenant des environs de Montmorency ou
bien du coteau dUerblay, sur le versant entre cette dernière com-
mune et le Plessy-Bouchard.
Ces deux murs ne sont pas établis, comme la majeure partie des
monuments de ce genre, au moyen de grandes pierres placées
debout suivant Tappareil mégalithique. Ils sont littéralement con-
struits, nous dirions aujourd'hui limousines^ en plaquettes de meu-
lières placées à sec et suivant la pente du terrain, qui va en déclinant
vers la Seine, située au midi, dont il est éloigné d'environ une
centaine de mètres.
Au nord, Tallée est fermée par une forte pierre plantée sur sa
pointe la moins large, s'arc-boutant sur le mur de droite pour
résister à la poussée des terres, qui aurait d'autant plus de prise,
que cette pierre a été plantée avec un surplomb très-apparent.
Quant à la fermeture à l'opposé, celle du midi, on n'en peut rien
dire, personne ne se rappelant l'avoir vue.
Le sol ou le dallage, qui s'étend encore en partie sur une lon-
gueur d'environ 13 mètres, est composé de pierres plates de toutes
grandeurs, juxtaposées, et dont les joints les plus espacés sont rem-
plis par de plus petites pierres.
a Autant comme architecte que cotnmé archéologue, je n'hésite
pas, dit l'auteur, à avancer que l'ouvrier ou les ouvriers qui ont
construit cette allée (car le travail indique plusieurs mains) étaient
très-habiles, et que, dans leur manière d'exécuter ce travail, ils pro-
iUaient d'une expérience acquise, ils suivaient une tradition. »
Le mur de gauche s'étant abattu à l'intérieur du monument, sa
chute a produit un singulier effet sur les corps humains qui étaient
il l'intérieur, et qui alors n'étaient pas encore protégés par la terré
infiltrée. Presque tous ceux qui se trouvaient près des murs tombés
ont été chassés du côté opposé, vers le mùr resté en place ; et les
vertèbres encore assemblées, occupant leur place noanale relative-
ment aux autres os, semblent indiquer que les corps étaient placés
debout le long du mur. Les débris du bassin étaient interposés elntré
ces vertèbres et les os des jambes placés du côté du mur tombé,
tandis que la tête se trouvait du côté opposé, près du miir resté en
place, lorsque toutefois tous ces os n'ont pas été pulvérisés, ce qui
à lieu le plus communément.
Les divers objets recueillis avaient subi le môme mouvement; ils
se trouvaient tous du côté du mur conservé, alors que près du mur
démolion n'a trouvé que des silex votifs ou éclatés et des fragments
*U^^^^^P^™™ TKBUAIS miATEriNAlHE,
<dc poteries qui, n'étant pas poilos parle morl, mais hÏL'ti placera SM
pieds, n'oQl pas moins subi l'impulsiou qui lui a été douuét;.
Un autre fait vient confirmer celle position des curps. La lét*' (lu
mur, en s'aballant et en venant heurter contre le mur vïs-à-vis,
à env n 1 n t u 80 ntimèlres de hauteur, suivant le myon.
onne p II t u d même mur, a. fixé les corps en place,
Ainsi [ lu u lu de cette façon, il en est deux dont
'auteu a pu lat 1 p silion d'une manière positive.
Part d t b aies étaient au-dessus du mur ren-
versé, avec la tête et les ossements des Lras, tandis que les verti-brts
lombaires, les fi-agmeiits du bassin, ainsi que les os des jambes,
étaient au-dessous des matériaux du mur qui, en tumbaul, lus
avaient maintenus dans leur position respectiv(^ L'une des léti'S
provenant de l'un de ces deux corps est parfailemeul conservw.'.
De plus, parmi les objets, il en est qui furent trouvés également
séparés par les débris du mur; et sur les trois morceaux de quarli
l'ose percés recueillis le même jour, il en est deux qui étaient au-
dessous du mur, tandis que l'auti'e se trouvait au-dessus.
Lorsque M. Legruay est arrivé près do la pierre du fond, il a eu la
pleine conlinnation de cette position verticale des corps. Il y a run-
contré quati-e fémurs placés debout ; deux d'entre eux étaient encore
assemblés avec le bassin, qui supportait à son tour la tête. Cette
tète avait le front adhérent à la pierre; ce qui, de même que les
os, indique qu'il avait été placé faisant face à cette pierre.
Les objets recueillis sont nombreux el fort intéressants au point
de vue de la coutemporanéité. Ce sout des haches de jadéite cl dw
silex emmanchées ou non dans des cornes de cerf, des silex vuUfs,
despointesdellécbe, des poinçons, fragments de poteries, etc.; deux
Iliaques arrondies qui paraissent provenir, l'une de la tortue ter-
i-estre, l'autre d'une défense de sanglier; enfin une vingtaine de
rondelles de nacre. En fait do diibris d'ajiimaux, furent trouvées la
léto d'un gros blaireau, qui a bien pu s'introduire dans le monument
à uoe époque relativement récente, une défense de sanglier et
la moitié d'une mâchoire de castor. De plus, une grande quaulilé
d'ossemenls humains, dont une tête d'homme complète, avec la
moitié du maxillaire inférieui'.
Ainsi qu'il est facile de le voir par la nomenclature des objela
ci-dessus, la faune de ce monument est peu mêlée. Le castor et le
sanglier sont avec le blaireau dont l'ancienneté peut ûlre douteuse.
Les animaux placés dans la sépulture, le sanfilier, le cheval, le cerf
LE DILUVIUM. • 405
et la tortue terrestre ont continué à faire divers outils et ossements.
Tous ces animaux existent encore.
La ruine de ce monument a dû suivre de bien près sa construc-
tion ; mais elle n'a été que successive, et elle ne s*est pas opérée
instantanément sur toute sa longueur. Ce qui semble le prouver,
c'est la position verticale des corps en certains endroits qui a per-
mis leur division en deux parties, Tune au-dessus, Tautre au-dessous
du mur renversé ; c'est également la position de quelques-uns des
corps tombés avec le mur, et dont les os avaient conservé leur place
normale, jambes à droite, tête à gauche, tandis que dans d'autres
endroits les corps s'étaient affaissés, tous les os s'étaient réunis en
un monceau; cependant, en d'autres endroits, ils étaient épars.
Dans ces dernières circonstances, la terre diffère complètement
de celle rencontrée aux premières. Autant ici, où les corps étaient
debout, la terre était dense, compacte, comprimée par les pierres,
autant là elle a filtré insensiblement, prenant la place des parties
molles décomposées.
Cependant ce n'est pas dans cette dernière terre que les os sont
le mieux conservés ; c'est à l'endroit où elle est le plus comprimée,
où les os étant, en un mot, le moins en contact avec Tair extérieur,
l'auteur a recueilli les plus beaux échantillons anthropologiques.
Ensuite il faut croire que ceux qui avaient construit le monu-
ment n'étaient pas éloignés, et qu'ils avaient eu connaissance de sa
destruction, puisqu'ils avaient rapporté les pierres sei*vant à com-
bler le vide formé par l'éboulement, ainsi qu'on le disait tout à
l'heure à propos du plafond. Quelques recherches aux environs
feront sans doute reconnaître un jour la situation de leur résidence.
Dans un lieu appelé encore le Cimetière des Anglais, situé sur la
commune de Vauréal, près de Pontoise, existe un monument méga-
lithique dont on doit la connaissance à M. de Caix de Saint-
Aymour (1). Ce monument est situé au sommet d'une colline for-
mant en cet endroit le bassin très-rétréci de l'Oise, qui fait là un
coude très-prononcé. Les grosses pierres du cimetière des Anglais,
formant un rectangle, dominent la rivière d'environ 80 pieds.
Appuyées du côté de l'ouest à un chemin qui contourne la colline
et descendant dans sa déclivité vers la rivière, qui est située à l'est,
elles présentaient un développement de 1^ mètres de longueur en-
viron sur 2'",30 de largeur moyenne. Elles sortaient de terre d'une
(i) Bullet. de la Société d'anthropologie, 2® série, 1867, t. Il, p. 664,
TEHBAlîi (JUATEIlNArRfeJ
hauteur variant entre 2 mi^U'es et i'",25; au fond, tit appuyé au sen-
tier dont on vient de parler, un grés plus gros que les autres main-
tenait les terres et servait de point d'appui aux pierres des parois.
En somme, c'est une sépulture, et l'auteur pense qu'elle a dû è{rii
couverte de pierres plaies.
I^e terrain sablonneux où se trouve creusé le monument avait
Bans doute présenté de grandes Facilités à ses constructeurs, car ce
n'est (ju'à un mètre de profondeur, c'est-h-dire près de 2", 60 du
sommet des pien-es, que M. de Saint-Aymour arriva au sol primitir
sur lequel reposait une couche de 30 à 40 centimètres d'ossemeiils,
mélangés à des silex, h des charbons et à des objets divers,
La sépulture de Vauréal se divisait eu trois chambres de dimen-
sions divei'ses et d'inégale conservation. Ces chambres étaient for-
mées par deux murs de pierres sèches d'un<s largeur de fiO centi-
mètres et de hauteur un peu moindre, maintenant les terres de U
chambre supérieure, le sol s'abatssant de l'autre cMé, daus le sens
de la pente du terrain.
Dans la première chamhre, et à ù mètres de l'entrée, se troUTaît
un gros bloc de grès de l^.SS de long sur 60 centimètres de largo,
Ce grès, placé debout, perpendiculairement aux pierres de la paroi,
paraissait être dans sa position primitive; il partageait la largeur du
monument en deux parties inégales : l'une â gauche, en regaidaiit
le fond, de 50 centimètres de large, remplie de pierres calcairos;
l'autre, à droite, formant sépulture, mais comhléc en partie par Ift i
chute des pierres de la paroi, et peut-être du toit.
Les pierres de la paroi reposaient presque toutes sur un petit
mur d'appui de pierres sèches, la couche d'ossements élant partoul
Inférieure à la base de ces pierres ; de plus, les intervalles des grès,
sont remplis de pierres de moyenne grosseur, arrangées avec B(t
les unes au-dessus des autres. EnGn, il existe du côté du nord un
mur de soutènement, ou plutilt un assemblage de pierres destinées
probablement à atténuer la pression des terres, et dans ce mur,
l'auteur a rencontré un fragment de crâne et une hachette rolaillt-e
Les objets trouvés dans les diverses chambres sont nombreux.
Dans la première, celle d'entrée, M. de Caix a trouvé une hachette
de librolite percée par le haut ; un anneau rond de spath fluor ; un
polypier de la craie, arrondi de mainère à former un anneau ; deux
pointes de lance de silex ; une grande hache polie de silex coméen ;
une longue dent de porc; deux canines de cheval percées à une de
leurs estrémilés: deux fra.imienlsde couteaux de silex, etc. Dans la
LE DlLllVIUM. à07
seconde, .celle du milieu, mesurant seulement Q^jSO de large, on a
ramassé, outre un grand nombre de silex votifs, comme dans les
autres chambres, un grand vase de poterie rouge de 20 centimètres
de haut sur 15 de large : cette poterie a la forme d'un manchon ; elle
est faite à la main, cuite sur le feu, et plus large à sa partie supé-
rieure qu*à sa partie inférieure; elle porte à son extrémité supé'
rieure un renflement exécuté au moyen de la pression des doigts.
La môme chambre a fourni une pointe de flèche ébarbée, brisée à la
naissance de la pointe destinée à entrer dans le bois, une sorte de
racloir, etc. Enfin, c'est dans la troisième chambre que furent dé'
couverts, outre les débris de près de quarante squelettes plus ou
moins incomplets, cinq crânes posés sur une même ligne, et sous
chacun de ces crânes l'amulette que chaque individu devait porter
au cou, c'est-à-dire : un collier de rondelles d'os et d'ardoise, au
bout duquel pendent un amulette de jadéite, un anneau de calais,
un disque de schiste coticule avec petits fossiles, enfin deux dents
de cheval percées.
La plus intéressante de ces pièces est certainement le collier^ dont
l'auteur est parvenu à recueillir presque toutes les rondelles en
passant le sable avec un tamis très-fin. Ces rondelles ont dû être
tournées, comme on peut s'en convaincre par un minutieux exa-
men. Outre ces amulettes, cettQ chambre contenait encore : quatre
couteaux de silex pyromaque ; une pointe de lance de silex cor*
néen; une grande hache de silex blanc.
M. Pruner-bey (1), en nettoyant un des crânes (féminin) de la
gangue qui l'entourait, a trouvé un bout supérieur d'omoplate
humaine, dans laquelle une incision très-nette avait été faite ; cette
incision était remplie par une petite rondelle exactement semblable
à celles du collier, et cette rondelle, collée à l'os par une matière
gélatineuse, a dû servir à suspendre ce singulier scapulaire au cou
de cette dévote primitive.
Par exemple, une sépulture antéhistorique a été découverte aux
environs du village de Champceuil, arrondissement de Corbeil
(Seine-et-Oise), près du tracé de l'aquediic de la Vanne, au sommet
d'un mamelon de sable de Fontainebleau (2). Des squelettes étaient
ensevelis dans le sable, entre un banc de calcaire de Beauce et une
(1) M. le docteur Pruncr-bey a fait une étude très-complète des crânes de
Yauréal (Hébert, Builet. de la Soc. d'anthropologie, 2« série, 1867, t. Il, p. 680).
(2) Belgrand, la Seine, le bassin parisien aux âges antéhistoriques, l. I,
p. 473.
TERRAIN QUiTKKNAIRE.
table de grès. Ils étaîr'nt assis, les genoux relevés sous le menton.
La découverte a été faite par les ouvriers qui exploitent le grès pour
en faire des pavés; on suppose qu'il y avait douze squelettes: un
seul a été sauvé par 51. Bréguet, qui l'a déterré lui-même, ainsi
qu'un vase et un couteau de silex trouvés dans la sépulture. Le sque-
lette est remarquable par sa petitesse ; il appartenait il un liomine
âgé, atteint de rachitisme.
M. le docteur Eugène Robert a découvert une sépulture anléliîs-
toriqueà Meudon.en juillet I8!i5 (1). Ilarecoiinuquecemonumeul
était une petite allée couverte, très-surbaîssée,ptutât qu'un dolmen,
Il fut démoli, et ses débris, conservés dans le parc de Meudon
jusqu'au moment du siège de Paris (1B70), où les savants allemands
ne trouvèrent rien de mieux à faire que de les précipiter dans les
fossés.
Le monument de Meudon renfermait les traces de deux races
humaines très-différentes, comme il est aisé de s'en convaincre en
examinant les crânes recueillis. Les uns appartiennent bien mani-
festemenl au type celtique de M, le docteur Pruuer-bey ; les autres
à la race mongoloïde de cet anlhropologiste. Ces derniers se trou-
vaient, dit-un, dans la zone la plus profonde et étaient colorés en
gris par le manganèse; les crânes celtiques, au contmire, se trou-
vaient plus près de la surface du .sol, et présentaient la teiule
jaunâtre ordinaire des os.
'2. — Diluvium rouge.
Caractères oénèhaux. — Dans toutes les localités où se trouvent
simultanément le diluvium gris et le diluvium rouge, celui-ci
i-ecouvro toujours le premier. C'est au point que relativement
aux recherches de silex taillés et de fossiles dont l'Age a besoin
d'être précisé. M, Hébert pose en principe que la présence du
diluvium rouge est le seul caractère certain de l'iuté.grité du dilu-
vium gris SQUs-jacent.
Souvent, cependant, le diluvium grisn'a pas ce couronnement, et
il n'est pas raie, Ji l'inverse, que le diluvium rouge repose direc-
tement sur une couche d'un ùge tout ditréreiit. Il en résulte mani-
festement que ces deux dép<^ts sont indépendants l'un du l'autm,
(I) lïiig:ène Robert, Comptea nndm de r4<:aiéi^ie dea n
tb se|it, 1845,
«X, ISA I- >['(■•
LE DlLllVllM. AOe
suivant la remarque que Sénarmont fit le premier aux environs
ie Paris (1).
Un caractère à peu près constant du diluvium rouge est de pré-
senter une surrace inrérieure extrêmement onduleuse et tour-
mentée, donnant l'idée d'un ravinement profond que la roche
sous-jacenle aurait subi au moment de son dcpât. Ce ravinement
est d'ailleurs très-cerrain dans une foule de cas, et nous aurons à y
revenir. Mais souvent aussi il est purement apparenL C'est ce qui a
lieu spécialement lorsque les deux dépôts de diluvium sont directe-
ment superposés l'un à l'autre. L'aspect premier, comme le montre
la figure 106, donne l'impression d'un ravinement subi par le dilu-
FlG. 106. — Coupe montrant la superposition ilu diluvium rouge (1) au diluvium
gria (2), et la cgntinuité de certains lits de galets au travers de cea deux
diluviuiDs.
TÏum gris, et que l'autre serait venu combler. Mais en y regardant
de plus près, on reconnaît que les prolongements vers le bas de la
matière colorante du diluvium rouge ont pu se faire sans déplacer
les cailloux gris qui le supportent. Souvent en elTet les lits hori-
zontaux de ces cailloux se prolongent sans subir la moindre dé-
viation au travers de parties dont les unes sont rouges et les autres
grises. Comment expliquer cette disposition, même en admettant
que des infiltrations se sont produites efllre les deux couches pri-
mitivement parallèles ?
Et cette opinion est confirmée par l'examen de la substance
à laquelle le diluvium rouge doit sa couleur. C'est »ne argile très-
fine, et par conséquent très-délayable, dans laquelle sont noyés des
cailloux en général fort analogues à ceux du diluvium gris.
On remarque pourtant certaines différences entre les deux
diluviums, mais il ne faut pas leur attribuer une grande constance.
(1) De Sénarmonl, Descriplioii géologique 'lu département lia Seine-el-Oim,
416 TERIIAIM (JUATEKSAII
Les fossiles sonl plus rares ùaus le rouge qnodans l'autre. Les silex
y sont quelquefois moins roulés, k's galels souvent moins gros.
Nous reviendrons tout à l'heure sur ce terrain, en cherclianl
quelli' orifiine et (jumI mode du fonnalionon piiut lui attribuer.
Carictéres cénbraijs. — Le lœss conslitue dans nos environs
une sorte de limon fin souvent lié par ses allures avec les diluviums
qui Tiennent do nous occuper, et que pour celle raison nous lais-
sons avec eux, mais parfois aussi complètement indépendant. Son
nom lui vient de son analogie d'aspect avec le dépôt timoneuiL
de la vallée du Rhin, connu en Alsace depuis très-longtemps sous
les noms de lœss ou de lefirn .
Lesaltitudcs qu'il peutalteindre autour de Paris varient beaucoup.
A Gentilty, ii est à 50 mètres; à Bellevue, à 110. Mais cette der-
nière cote est tout à fait esceptionnelle.
AfiE DU L(KSs, — Son âge, par rapport aux autres dépôts dilu-
viens, n'est guère cei-lain. M. Charles d'Orbigny le regarde comme
pouvant recouvrir le diluvium rouge, et par conséquent comme
étant plus récent. M. Héliert, au contraire, le place cnli-e le dilu-
vium gi'is et le diluvium rouge. Nous verrons comment on peut
rendre compte de ces divergences d'opinions.
Existence de deux u(KS5 superposés. — Dans la plupart des localités
où il se présente, et suivant la remarque de M. Delanoue(l), le lœss
se subdivise en deux niveaux [tarfaitement tranchés. Le plus infé-
rieur est de couleur d'oci-e jaune clair, argilo-sableux et si maigro,
qu'on ne peut le faire entrer que pour un tiers ou un cinquième
dans la fabrication des briques. On l'appelle ar^i'/e'/e en Normandie,
terre douce en Picardie. Il contient toujours une forte proportion de
calcaire qui va jusqu'à 0,30, en partie dans sa piUe, en partie sous
forme de concrétions luberculaires ou cylindriques, sur lesquelles
nous reviendrons. C'est ce lœss inférieur qui offre In plus grande aoa>
togie avec celui des bordsdu Rhin. Il est presque toujours ivcouvert
par le lœss supérieur, mais il ne s'étend nt aussi loin ni aussi haut,
ce qui montiv sa parfaite indépendance. Sa stérilité est notoire; en
Picardie, il ne rend pas la semence quand il est cultivé seul el sans
amendements. Le lœss sup^Vieurest d'un brun oereux rougcfltre;il
(1) Delanoue, Buikt. de la Suc. géologirp
, 2- sWc, 1867, 1
LE DILLVIUM. Hi
est plus ferrugineux el d'une nuance plus foncée que celle du lœss
inférieur, dont il se distingue souvent par une ligne de démarcation
nettement tranchée. Il est bien plus argileux que le précédent, et
généralement connu sous le nom d'argile et de terre à briques, parce
qu*il peut être employé seul à cet usage. Le calcaire n*est pas un
élément essentiel et caractéristique de sa composition, car les acides
n*y produisent pas de sensible effervescence. Son caractère principal
et tout particulier, est de recouvrir tous les terrains sans exception
et de n'être recouvert par aucun autre. 11 s'étend comme un manteau
immense sur les plaines et plateaux de la Beauce, de la Brie, de la
Normandie, de la Picardie, de l'Artois, des Flandres, delà Belgique
et d'une partie des Pays-Bas et de la Prusse rhénane, dont il fait la
richesse par sa constante fertilité. Ce manteau de limon est tracé à
Paris et dans le Nord par les buttes tertiaires qui formaient au
milieu des eaux du lœss supérieur une multitude d'îlots et de véri-
tables archipels (moulins de Sannois, Montmorency, mont Cassel,
mont Noir, mont des Chats, etc.). Et, remarquons-le bien, ces îles,
ces portions du sol que n'a pu submerger le lœss supérieur, ne se
trouvent pas à l'est dans les contrées aujourd'hui hautes, mais à
l'ouest, dans celles qui sont maintenant peu élevées au-dessus de
la mer, dans les Flandres et aux environs de Paris.
Quoi qu'il en soit, les deux lœss ont une composition massive
homogène, non stratifiée ; de plus, et cela .est bien extraordinaire,
ils sont à peu près dépourvus de fossiles. Ceux-ci consistent presque
exclusivement en coquilles encore vivantes dans le pays, qu'il est
très-difficile de distinguer de celles qui chaque hiver s'enfouissent
volontairement pour se soustraire au froid, et où Ton remarque
surtout des Hélix, des Cyclostoma, des Papa, etc.
Le lœss renferme à peu près toujours des sortes de tubulures
blanches plus ou moins ramifiées, d'un aspect très-caractéristique
et qu'on retrouve cependant dans beaucoup d'autres formations.
Elles sont dues à un dépôt cylindroïde de carbonate de chaux que
les racines des végétaux vivants déterminent autour d'elles, grâce
aux acides qu'elles exsudent par le fait de leur respiration. On sait
en effet que les racines émettent des acides capables de dissoudre
de la chaUx, même quand elle est à l'état de calcaire. C'est ce que
montrait d'une manière très-intéressante une plaque de marbre
blanc déposée à l'Exposition universelle de 1867. Cette plaque, con-
stituant le fond d'une caisse où des plantes avaient poussé, montrait
une surface profondément corrodée sur laquelle chaque racine avait
r
m TUtHlLN UtATERNAIKE.
cRosé on iiWtm où Yoa eùl pu roir son moule. La chaux, entraînée
à l'élal dr f4-\ ùi^anique. ne lardail pas à repasser à l'élat de calcaire
qui imprë^naît la terre. C'est une réaction toute pareille qui a lieu
dans le lœss, et te (raverse ea tous sens de ces iunomliraliles lubu-
lon-s tapissées.
Co autre minéral caïadéristique du lœss est la marnolillie tulwr-
culaire qa'on y Irouve en abondariœ et liont l'ongine est liée à celle
ik-s tubulures blancb*». Le calcaii'e dissous est venu en elTet en
certains points ômenler la matière limoneuse, et donner naissance
ftox concrétions auxquelles nous faisons allusion.
TâAt^BS pu LŒSS. — Le lœss est susceptible de quelques usages.
D'abord au point de vuea^cole. on peut remarquer que le lœsscon-
slitue une terre végétale par^ite. La fertilité proverbiale de la plaine
du Ithin est une preuve de ses éminenles qualités agronomiques,
et l'on conifNrend que dans certaines circonstances le lœss ait é\è
transporté, luéme à de grandes distances, comme amendement.
Le Icess étant un peu plastique à cause de l'argile qu'il renferme,
on l'utilise comme terre à pots. Les pots à fleur en sont habituel-
lement faits. La /err« à poék des fumistes est du lœss.
LE LIMOS DES PLlTEArX.
C.\R.\CTtRES GÉNÉRArs. — Les plateaux de nos environs sont en
général recouverts d'une couche mince et continue d'un limon,
qui, par sou aspect général, rappelle ia matière argileuse du dilu-
vium rouge.
Sur le plateau de la Brie il offre des caractères identiques à ceui
du limon de Flandre et de Picardie.
Celle argile sableuse forme la couche superlicielle du sol en un
grand nombre de points. Elle existe sur les versants de la plupart
des vallées comme sur les plateaux, et l'on peut dire que c'est à elle
qu'est due la fertilité de la plus grande partie du département île
Seine-et-Marne, où elle est généralement répandue, surtout entre
les deux rivières d'où ce déparlement tire son nom. Elle e^t notam-
ment très-dé veloppée sur le plateau de Tarterel, pri-s de la Fert^
sous-Jouarre, où l'on exploite depuis longtemps tes pierres Jl meules
dont la réputation est bien connue et qui s'expédient dans toute
l'Europe et même en Amérique. A la partie supérieure de ce plateau,
elle atteint jusqu'il 12 mètres de puissance. Ou est donc obligé de
faire des déblais considérables pour découvrir la picn'e exploitable.
LE LIMON DES PLATEAUX. A13
•Les talus de ces hautes tranchées sont entièrement dans un limon
argilo-sableux jaune, tout à fait semblable au lœss du nord ; et il ne
se trouve que quelques lambeaux des sables marins supérieurs
entre cette argile et le massif de meulières, dont l'épaisseur est
moyennement de U mètres. Dans la Brie, on rencontre le limon par-
tout où l'on prend la peine de le rechercher. De la Ferté-sous-Jouarre
à Montmirail, à Coulommiers, à la Ferté-Gaucher et à Provins, de
Meaux à Melun et à Brie-Gomte-Robert , on peut toujours constater
son existence, soit à la surface des plateaux, soit sur les versants
sud des vallées, qui sont, la plupart du temps, beaucoup moins
inclinés que ceux du nord.
Ce fait, que l'on peut remarquer dans le nord de la France, se
reproduisant aussi aux environs de Paris, paraît acquérir, par cela
même, une assez grande généralité pour mériter d'être signalé à l'at-
tention des géologues : car il facilite beaucoup la confection des
cartes géologiques détaillées. On peut, à l'exemple de M. Meugy,
le formuler de la manière suivante : Quand une vallée est dirigée
du sud au nord ou de l'est à l'ouest, dans une contrée couverte de
limon, c'est sur le versant de l'est ou sur celui du nord, dont le talus
est le plus rapide, que se dessinent les affleurements des divers ter-
rains, tandis que le versant de l'ouest ou du sud, qui présente une
inclinaison très-faible relativement au précédent, est presque tou-
jours couvert entièrement de limon.
Ce même terrain existe aussi dans Seine-et-Oise, où il est toute-
fois plus restreint que dans Seine-et-Marne. C'est surtout au-dessus
des meulières supérieures qu'il s'étend avec le plus de continuité,
et il nous suffira de citer comme exemple les excellentes terres de
la plaine de Trappes, dont il constitue le sous-sol. On reconnaît*
aussi l'argile jaune du limon dans la plupart des vallées, surtout sur
les versants sud et ouest, où elle masqué le plus souvent les affleu-
rements des terrains inférieurs.
Ce dépôt superficiel, qui a été formé* à l'époque quaternaire,
lorsque le relief du sol se rapprochait beaucoup de sa configuration
actuelle, recouvre les terrains antérieurs sous forme de manteau,
de sorte qu'il n'est pas possible, à priori, de prévoir ses gisements
comme pour les couches horizontalement stratifiées. Tantôt il se
trouve au sommet des plateaux, comme aux environs de Trappes,
tantôt sur les flancs des vallées, comme entre Gercanceaux et
Nemours. A 3 kilomètres d'Étampes, sur la route de Pithiviers,
il se montre à la cote d'environ 140 mètres, recouvrant le calcaire
414 TERRAIN QUATERNAIRE. '
(le Bcàuce, taudis qu'à peu de dislance, à la Ville-Sauvage, c'est uû
terrain sableux et glaiseux qui affleure au niveau de 150 mètres.
Le limon empâte souvent des blocs de meulière, et il en est de
même du terrain à cailloux qui se trouve à la base de ce dépôt.
Entre la filature d'Yères et le chemin de fer de Lyon, par exemple,
j'ai observé, à 10 mètres à peine au-dessus du niveau des eaux de
la rivière, un gros bloc entouré d'une argile jaune, dans laquelle on
distinguait de petites coquilles terrestres (Pupa^ Heliœ),
Usages du limon. — Le limon des plateaux est utilisé comme le
lœss et plus que lui à la fabrication des briques. Aux portes mêmes
de Paris on voit, de toutes parts, les petits établissements des bri-
quetiers exploitant ce dépôt superficiel.
C'est à lui que nous rattachons, en qualité d'appendice, le minerai
ferro-manganésifère qui se présente sous forme de poudingue à la
surface de divers plateaux, comme celui de Bellevue, où il atteint
170 mètres d'altitude. Dans la Brie on l'observe à 100 mètres, et,
d'après M. de Lapparent, c'est encore le même dépôt qui se montre
à 30 mètres à la surface du pays deBray (1). Le limon proprement
dit recouvre en général le minerai en question, qu'on n'a pas songé
à utiliser, vu son peu d'épaisseur et de pureté.
Age du limon. — Comme on voit, nous rangeons le limon des
plateaux parmi les dépôts quaternaires. Telle est aussi l'opinion
d'un très- grand nombre de géologues. Pourtant M. Élie de Beau-
mont le considérait comme pliocène. De fait, il est peut-être antérieur
au diluvium gris ; mais sa formation pourrait bien continuer sous
nos yeux. C'est un point qui nous occupera. Il ne renferme d'ail-
leurs pas de débris de mammifères, et ses coquilles appartiennent
toutes à des mollusques encore vivants»
LES CAVERNES.
Caractères généraux, t- C'est aussi parmi les dépôts quaternaires
qu'il faut ranger ceux qui remplissent, dans nos environs, des exca-
vations de formes diverses, auxquelles, par extension^ on a donné
le nom de cavernes. On se tromperait fort sij d'après ce nom, on
s'attendait à rencontrer des grottes proprement dites ou des caves
naturelles. Les cavernes dont nous allons nous occuper sont, sauf de
très-rares exceptions, des fentes de certaines roches actuellement
(1) De Lapparent, Bullct. do la Soc, géologique^ 1^ série, 187îi, t. XXIX,
p. 333.
.LES CAVEKHES. Slî
remplies de limon, ou des interstices entre des blocs éboulés. La
figure 1 07 montra, d'une manière générale, comment se pi'ésentent
les cavernes qu'on peut observer sur les flancs du coteau d'Auvers,
auprèsde Pontoise, eldont l'étude a occupé successivement M. Charles
d'Orbigny et M. Desnoyers. On en retrouve d'identiques dans une
foule d'auti'cs localités, comme l'IsIe-Adam, Montmorency, etc.
it lee blocs éboulva sur les flancs du coteau d'Auvers,
cl les cavernes qui en résultent.
- 4. Calcaire grossior. — 3. Cnuclios do gril. — i. Sobl« di; Uf.ii-
Faune des cavëbnes. — Les fossiles trouvés dans les cavernes
sont très-nombreux, et appartiennent surtout à des mammifères dont
beaucoup ont cessé de vivre dans la contrée et dont plusieurs même
sont d'espèces éleintes. On en doit un examen k M. Pomel.
Le renne [Cervus Tarandm), li-ouvé dans les cavernes de Mont-
morency, doit être cité tout de suite à cause do la présence du même
animal dans les cavernes du midi de la France, où des os sont asso-
ciés aux vestiges de l'homme quaternaire. Il résulte en effet, de la
comparaison de ces gisements, des indications précieuses quant à
l'ôge des cavernes parisiennes; indications confirmées d'ailleurs par
la présence des autres fossiles qu'elles ont fournis. Le renne de
Montmorency est représenté par des dents, des fragments de bois et
des os divers.
L'ours des cavernes {Ursus spelœus, lig. 108) est représenté par
des dents et des os divers qu'on a recueillis dans plusieurs sablières
de Paris et des environs. Les restes de cette curieuse espèce indi-
quent des individus de très-forte toille, ce qui permet de les distin-
guer aisément de cens des ours actuels. Ils s'en éloignent encore,
mais non dans tous les cas, par le grand développement de leurs
Ikisscs frontales et par la grande différence de leurs lignes sagittale
TERRAIN OliATEHNAIIiE.
el nnsiilo. Ils onl aussi le bord inférieur des inandibiiks pins convexe,
sui'loiil au-dessous de la pénultiî;mc molairf, Uindis que, dans nos
ours actuels, sa direction approche davantage de la ligne droite.
A ctis caractères il faut ajouter que les petites molaires, qui devraient
Èlve au nombre de 'i de chaque calé, à chaque mâchoire, élaieiil
caduques de très-bonne heure, et qu'elles disparaissaient, laissant
entre les grosses molaires et les canines une barre complète.
Fie. 108. — Tdie de VUrsus spe/a-us.
Le g:rand chat des cavernes {Felis spelœa) a été ri.-cuoilli à Aiiïïts,
eu compagnie de l'hyène (Hi/œna spelœa),
A Montmorency, on a recueilli le Spermophilm supercilioiiiii,^''
Lepiis dilavianus, la musaraifîne {Sorcw telragonurus), des cheval»,
des bœufs, 1 élan, etc.
LES TOUBBIÈHBS.
Caractères génébalx. — Enfin, parmi les formations quatfif-
naires, il faut citer les tourbières, qui font aussi partie du terrain «tii-
temporain, mais qui contiennent souveut dans leurs couches infé-
rieures des restes d'animaux éteints. C'est ainsi, pour ne citer qu'un
exemple, qu'aux environs d'Arpajon on a extrait d'une tourbière des
restes de ce Bas primigenius que nous a déjà fourni le diluviuiH
proprement dit. Dans certaines localités, des tourblèivs sont extrê-
mement riches en fossiles. En Irlande, on en a extrait par exemple
le grand Megaceros hibermcus, cerf éteint dont les bois avaient 3 mi-
tres d'envergure. En Danemark, les tourbières ont fourni les fâiU
les plus intjiLirlaiils à l'égard de l'homme quaternaire, etc.
LES TOURBIÈRES. 417
Aux environs de Paris, les tourbières couvrent des surfaces
considérables et donnent lieu à de vastes exploitations, la tourbe
constituant un combustible souvent employé. On peut en voir
de très-belles dans les vallées d'Essonne et de moins grandes
à chaque instant sur les rives de la Seine, de l'Oise, de l'Aisne,
de la Marne, etc.
Mode de formation. — L'origine des tourbières est entièrement
intéressante.
L'eau est l'agent essentiel du tourbage ; mais pour que ce phéno-
mène prenne naissance, il faut un concours de circonstances que
d'Archiac a cherché à préciser. Suivant ce géologue, pour que la
tourbe se forme par suite de la décomposition des matières végé-
tales, il faut que les eaux ne soient pas complètement stagnantes,
qu'elles ne charrient pas une grande quantité de limon, qu'elles
soient peu sujettes à de grandes crues. Il faut en outre qu'elles
soient Irès-peu profondes, que leur mouvement soit très-peu
rapide, et qu'elles roulent sur un fond argileux ou peu perméable,
et non sur des dépôts de transport diluvien, de sable, de gravier ou
de cailloux roulés. Les vallées essentiellement tourbeuses, telles
que celles de l'Authie, de la Somme, de l'Ailetle, de l'Ourcq, de l'Es-
sonne, des petits affluents de la rive droite de l'Oise, dans le dépar-
tement de ce nom, de la Brèche, du Thérain et de l'Epte, etc.,
sont plus ou moins argileuses dans toute leur étendue ; tandis que
les vallées proprement dites de l'Oise, de l'Aisne, de la Marne, de la
Seine, dont les eaux coulent sur un diluvium vaseux et un lit de
cailloux roulés plus ou moins épais et plus ou moins étendu sur
leurs bords, ne présentent nulle part de véritable tourbe continue
sur des surfaces d'une certaine importance.
Parmi les végétaux dont les débris concourent à la formation de
la tourbe, ce sont les mousses du genre sphaigne [Sphagnum) qui
prennent le rôle le plus considérable. Ces plantes aquatiques sont
vivaces; la seule condition nécessaire à leur existence paraît être
une certaine quantité d'humidité absorbée par la couronne ou la
tige du végétal. Ce qui leur permet de coopérer si activement à la
formation de la tourbe, c'est que, comme les autres mousses, elles
sont acrogènes ; en d'autres termes, elles croissent exclusivement
par leur sommet, et à mesure que la partie supérieure de la tige
s^allonge, la partie inférieure meurt. Dans une masse de sphaignes,
il y a donc deux couches superposées : l'une, supérieure, en voie de
végétation ; l'autre, sous-jacente, déjà soumise à Tadion du tourbage.
ST.. MEUNIER. 27
«18 TERRAIN QUATERHimE
Celle-ci tend sans cesse à augmenter d'épaisseur par l'addition de
la couche superficielle destinée à être à son tour recouverte par un
nouveau Ht de sphaignes. Dans la figure 1U9 nous l'avons même
subdivisée en deux niveaux, correspondant, le supérieur à la tourbe
nouvelle, et l'autre à la tourbe déjà devenue. compacte par suite de
la compression qu'elle éprouve de la part de la masse superposée.
Fie 1 D9 — Coupe I
3. Splugmim <^n pleine Té^dlalion. — S. Tourbo
La croissance des sphaignes est très-rapide ; et comme ces plantes
se ramifient beaucoup, elles finissent, en se pressant les unes contre
les autres, par former un feutrage épais qui recouvre le sol ou con-
stitue au-dessus des eaux marécageuses une espèce de plancher
flottant ; sur ce plancher d'autres plantes, puis des végétaux ar-
borescents, tinisscnl par se développer. Quant à la rapidité du
développement des sphaignes et à la faculté qu'elles ont d'envahir
de vastes espaces en liës-peu de temps, il suffira, pour les mettre ea
évidence, de dire que, d'après M, Lesquereux, une seule capsule de
Sphagnum peut contenir jusqu'à 2 690 000 spores ou graines.
CHAPITRE II
MODK DE FORMATION DES CltAVtERS ET l.EMORS
OUATËItHAIRËS.
1. — THÉORIES PBOPOatES.
Après l'énumération que nous venons de faire des foi-mations
quaternaires des environs de Paris, il faut chercher à en expliquer
l'origine et le mode de formation.
ORIGINE DES DÉPOTS QUATERNAIRES. 419
Un fait qui ressort de l'étude précédente et qu'il est important de
signaler pour le but que nous nous proposons, c'est que la forma-
tion des diluviums de tout genre est liée de la manière la plus
étroite et la plus évidente au creusement des vallées. Le môme mé-
canisme doit simultanément rendre compte des deux ordres de faits,
et c'est une raison pour que nos efforts d'explication, quel qu'en
soit d'ailleurs le succès, présentent d'autant plus d'intérêt.
Les géologues sont assez généralement d'accord pour faire du
diluvium le résultat de phénomènes violents et peu prolongés. Or,
les phénomènes violents ont joué ert géologie un rôle dont l'impor-
tance va maintenant en diminuant tous les jours. Aux anciennes
révolutions du globe dont Guvier a donné un si saisissant spectacle,
les progrès de la science tendent de plus en plus à substituer l'idée
de phases ménagées constituant une évolution progressive. Et la
formation elle-même des chaînes de montagnes apparaît, dans
beaucoup de cas au moins, comme un phénomène lent dont la ma-
nifestation a pu être parfaitement compatible avec la continuation
de la vie dans les régions mêmes où il avait lieu.
A ce point de vue, le renouvellement des faunes devient le résultat
de changements lents et ménagés, au lieu d'être, comme on l'a cru
pendant si longtemps, la conséquence nécessaire de destructions
totales et à chaque instant recommencées de tous les êtres vivants.
Contre toute attente, le diluvium est devenu le dernier refuge de
celte géologie brutale. Ceci mérite de nous arrêter.
Dans l'opinion d'un très-grand nombre de géologues, le creuse-
ment des vallées est l'effet d'un immense rabotage infligé aux
formations antédiluviennes par de gigantesques courants d'eau.
'Nos collines sont comme des témoins demeurés après ce travail
digne des Titans. Le mont Valérien se prête tout spécialement à
celte interprétation.
Les arguments en faveur de cette hypothèse ne manquent pas.
L'un d'eux est tiré de la disposition des terrasses de graviers qui
longent nos vallées et dont la figure 1 10 donne le profil général. On
peut en effet, et l'on doit y voir l'accumulation des produits de la
grande démolition à la suite de laquelle nos collines se trouvent
isolées les unes des autres. Mais si ce fait est incontestable, le point
où l'on peut discuter est de savoir si la démolition a été rapide ou
lente; si les terrasses sont le produit d'un phénomène violent, ou au
contraire d'une action analogue h celle que nous observons encore
aujourd'hui.
420 TERRAIN QUATERNAIRE.
Remarquons tout de suite que, dans tous les cas, les diverses ter-
rasses d'une même vallée sont nécessairement d'âges différents, et
que la plus élevée est nécessairement la plus ancienne.
En effet, pour que les deux terrasses supérieures de notre vallée
(2 et 2) aient pu se former, il fallait évidemment ou que la vallée
ne fût point encore creusée autant qu'elle Test actuellement, ou
qu'elle eût été remplie à l'origine dadiluvium dont les terrasses en
question ne seraient qu'un reste. Dans les deux cas, comme on voit,
les deux terrasses inférieures 2' et 2' correspondent à une phase
diluvienne postérieure à celle qui a produit 2 et 2.
FiG. 110. — Disposition générale des terrasses de gravier le long des rivières.
1. Limon des plateaux. — 2. Première terrasse. — 2'. Seconda lerrasse. — 3. Alluvioos
actuelles. — 4. Lit Am la rivière. — A et A'. Niveaux snccessi fs du fond de la vall(5e dans
les époques correspondantes à la formation des terrasses.
Toutefois cette conséquence peut conduire dans certains cas à
un résultat paraissant incompati bte avec ceux que nous avons con-
statés précédemment, et qui a amené M. Belgrand(1)à établir entre
les deux diluviums, rouge et gris, une chronologie précisément
inverse de celle que nous avons admise.
Voici comment. Auprès de Paris, il n'est pas rare de rencontreF
le diluvium rouge comme constituant seul les terrains élevés de la
vallée de la Seine. C'est ce qui se présente à la butte aux Cailles
par exemple. Au contraire, le diluvium gris forme à la gare d'Ivry
(rue du Chevalerel), entre autres, la terrasse inférieure. 11 en
résulte donc que le diluvium gris est plus récent que l'autre;
c'est-à-dire la conclusion inverse de celle qu'on obtient par
l'étude des carrières où les deux diluviums se montrent simul-
tanément.
Nous verrons néanmoins que cette divergence peut, avec beau-
coup d'apparence d'exactitude, être attribuée à une confusion entre
deux ordres de phénomènes parfaitement distincts.
Étant doD'înosé r|uela formation du diluvium doit rendre compte
{\) Belgrand, Ballet, de ta Soc. géologique, 2^ sé-ie, 1864, t. XXI, p. 178.
THÉORIE FLUVIALE. Û21
du creusement des vallées, voyons quelles sont les diverses hypo-
thèses proposées jusqu*à ce jour. Elles sont au nombre de trois :
i • La théorie fluviale ;
2" La théorie glaciaire ;
3^ La théorie marine.
Examinons-les successivement.
1° Théorie fluviale, — M. Belgrand, qui a fait une spécialité de
Tétude approfondie des terrains quaternaires parisiens, est le défen-
seur le plus ardent de cette théorie.
Suivant lui, la vallée actuelle était à Tépoque diluvienne le lit d'un
fleuve gigantesque coulant dans le même sens que le fleuve actuel,
qui ne serait qu'un faible résidu de la rivière quaternaire. Les eaux,
très-limoneuses, étaient trop rapides d'abord pour déposer les troubles
qu'elles charriaient. Leur vitesse leur permettait de creuser progres-
sivement le fond de la vallée; mais à mesure que la dépression
augmentait, le niveau baissait nécessairement sur les plateaux, et
le fleuve subissait un ralentissement proportionné.
C'est alors que le limon des plateaux se serait déposé.
Les parcelles grossières allaient s'accumuler sur les flancs des
coteaux disposés de façon à se trouver préservés du choc direct de
Peau, et y constituaient le dépôt que M. Belgrand a cru devoir dis-
tinguer sous le nom de diluvium des coteaux (1).
Enfin, les sables et galets voyageaient au fond du lit, et se dépo-
saient en longues bandes sur les terrasses, par un mécanisme que
l'on met en usage dans nos égouts pour y faire circuler des sables
et des cailloux.
A leur suite s'étendaient les limons : le rouge sur les terrasses
élevées, et le lœss sur le diluvium gris.
Parmi les diverses objections qu'on peut faire à cette théorie, et
qui nous engagent pour notre part à ne pas l'adopter sans réserve,
est la difficulté d'assigner des sources et des moyens d'alimentation
aux fleuves énormes qu'elle suppose, et dont ne rend certaine-
ment pas compte le régime climatologique dont M. Belgrand dote
sa période diluvienne.
T Théorie glaciaire, — La théorie glaciaire est défendue par beau-
coup de géologues, en tête desquels il faut citer M. Charles Lyell.
D'après elle, le diluvium aurait été charrié par des glaces. Les gros
(1) Belgrand, Bullet, de la Soc. géologique^ 2^ série, 1868, t. XXV, p. A99.
&22 TERRAIN QUATERNAIRE.
échantillons de granité et d'autres roches que nous y avons signalés
précédemment seraient des blocs erratiques. Le lœss serait de la
boue glaciaire.
A Tappui de cette théorie, divers observaleuf s ont annoncé avoir
trouvé dans la vallée de la Seine des galets présentant des stries
analogues à celles que produisent les glaces.
M. Julien (1) signale dans divers points de la vallée des couches
remaniées où il pense reconnaître une moraine profonde. Sur le pla-
r
teau qui sépare l'Essonne de TEcole, il n'y a pas trace, suivant ce
géologue, de la formation de la Beauce en place ; mais le banc de grès
de Fontainebleau qui forme la surface du coteau est recouvert par
un limon, plus ou moins remanié,, de couleur et d'épaisseur variées
et pétri dans toute sa masse d'une quantité innombrable de cailloux
anguleux et, suivant l'auteur, str4éSf provenant des couches de la
Beauce. a L'aspect de ces cailloux, dit M. Julien, est remarquable.
Leur forme polyédrique, les traces de frottement, leurs stries nom-
breuses, les font ressembler, à s'y méprendre, aux cailloux d'une
moraine profonde. Un fait est à noter, c'est l'absence de gi*anite,soit
à l'état de blocs isolés, soit mêlé par décomposition à la terre végé-
tale. Cette formation, évidemment plus ancienne que le creusement
des vallées latérales de la Seine, ne nous a offert aucune trace de
remaniement atlribuable aux eaux venant du Morvan. »
D'un autre côté, et comme pour compléter les indications fournies
par les galets striés, oq a annoncé l'existence aux environs de Paris
de roches polies et cannelées, comme le sont celles qui servent de
support aux glaciers. Nous citerons surtout à cet égard les mémoires
de M. Belgrand (2), Tardy (3) et Collomb (Zi). C'est à ce dernier que
nous empruntons les détails suivants.
Le sommet de la colline de la Padole (Seine-et-Marne) est sensi-
blement horizontal. La surface, qui est un grès (de l'âge des sables
supérieurs) exploité pour le pavage, est sillonnée de nombreuses
stries, sensiblement parallèles et rectilignes; elles sont parfois très-
rapprochées , d'autres fois à la distance de quelques centimètres les
(1) Julien, Ballet, de la Soc. géologique, 2« série, 1870, t. XXVII, p. 559.
(2) Note sur la présence de stries à la surface d*un sable de grès de Fontaine-
bleau dans la localité dite la Padole (Bull, de la Soc. géologique, 2* série, 1870,
t. XXVII, p. 649.
(3) Tardy, Sur les grès striés de la Ferté^Aleps (même vol. p. 646).
(4) Collomb, Note sur des stines observées sur les grès de Fontainebleau à la
Padole et à Champceuil (Seinc-ol-Marne) (môme vol., p. 557),
THÉORIE GLACIAIRE. A23
unes des autres ; leur longueur varie de 50 ^ 60 centimètres.
Sur certains points, elles se croisent légèrement sous un angle
très -aigu; elles suivent les ondulations de la surface, exactement
comme les stries qu'on observe sur les roches qui ont été frottées
par les gJaciers. Lorsque le grès est couvert par le calcaire Ijicustfe
de la Beauce, les stries cessent de se montrer.
Elles n'ont, sans aucun doule, pas la même netteté; elles ne sont
pas aussi bien dessinées et burinées que celles qui piçistant sur des
roches à pâte fine et dure, comme les calcaires alpins ouïes schistea
argileux des Vosges^ où les stries glaciaires sont tracées en coup de
burin. Les grès de Fontainebleau n'ont pas un grain très-fin ; les
stries y sont un peu grossières ; elles sont en rapport avec la nature
de la pâte de la roche.
Leur direction, dans le sens du sud^ouest uu nord-est, est
presque perpendiculaire à la direction des grandes dénudations qua-
ternaires du bassin de la Seine, dénudalions et érosions qui se sout
prolongées jusqu'au littoral de la Manche en passaut par le pays de
Bray. Quelques échantillons de l\0 à 50 centimètres de côté, que les
ouvriers, armés de fortes masses, ont réussi à détacher, ont été con-
servés ; les stries parallèles y sont très-clairement prononcées, mais
le phénomène est encore plus frappant sur place que sur des échan-
tillons.
A 3 kilomètres au nord de la Padole, près du village de
Champceuil, il y a une autre butte de grès de Fontainebleau faisant
suite au même massif. Sur le sommet très-aplati, on remarque uu
régime de stries en tout pareilles aux précédentes. Le grès y forme
un petit plateau dénudé, presque horizontal, ondulé comme le
précédent. Sur un point du côté sud, les sables de grès s'infléchis-
sent brusquement ; on y remarque un couloir rétréci par le bas, une
espèce de ka)Tenfelder à forte pente : les stries y sont fortement
accentuées; elles remontent le long des parois, comme on en voit
au pied du pavillon Dollfus, au glacier de l'Aar.
La direction des stries sur le plateau de cette seconde butte est
pareille à la première ; elles courent dans le sens moyen du nord-est.
De pareilles stries paraissent exister sur plusieurs autres buttes
de grès de Fontainebleau.
Les géologues qui ont observé des roches striées dans les Alpes
ne verront aucune différence sensible avec celles dont il s'agit ici.
Dans l'opinion si autorisée de M. Collomb, il n'y a que les glaciers
qui puissent produire ce résultat.
WBt i^^^.xT: trhrain «vatëbkj
Mais si des glaciers ont existé dans celte parlie de la France, rm
peul se demander : Où sont leurs moraines? Voici la réponse : Sur
un glacier pareil, il ne ponvait y avoir ni momi nés superficielles,
ni moraines franlales ; en vertu de son mouvement de |)rogression,
il "ne pouvait entraîner avec lui que des moraines profondes. Les
moraines médianes et latérales n'existent que sur les glaciers qui
sont dominés par des pics supérieurs ; ctis sortes de dépâts ne sf
forment que par les éboulements et par le frolteraenl énergique du
glacier sur les parois qui l'encaissent. Ici la configuration topogra-
pliique s'oppose à celte action; le glacier n'était encaissé nulle
part. Si l'on prolonge la ligne de direction des stries vers le sud-
ouest, qui parait être leur point de départ, cette ligne passe par
Orléans, Poitiers, etc., nulle part elle ne rencontre de hautes mon-
tagnes ; il n'y a donc pas lieu de s'élonner si l'on ne rencontre pas
de moraines : en tenant compte du relief du sol, elles ne pouvaient
exister que dans des cas tout h fait exceptionnels.
Si les moraines superficielles n'existaient pas, les moraines pro-
fondes ont pu néanmoins dépiaoei' cl transporter une masse consi-
dérable de matériaux, sans leur donner cette forme définitive de
digue ou de baiTage qu'on désigne ordinairement sous te nom
de moraines, matériaux qui ont pu passer a l'elat de diluvium.
D'un auire c^té, nous venons de voir que la direction des stries
n'est pas en rapport avec le phénomène qui a façonné le relief
actuel du pays; les rivières, les vallées, les dénudations du plateau
de la Brie sont, en moyenne, orientées vers le noi'd-ouest, et les
stries vont au nord -est, dans une direction presque perpendiculaire :
d'où l'on pouvait concluri' que les vallées n'existaient pas encore
lorsque ces stries se sont produites, parce que les glaciers, quel que
soit leur volume, se moulent toujours sur le relief du sol ; ils che-
minent comme les riviores, en suivant le thalweg existant. Si les
valléesde la Seine, de l'Essonne, etc., eussent existé à celle époque,
les glaciers auraisnl naturellement pris la direction nord-ouest. Le
relief était donc différent de ce qu'il est aujourd'hui ; ce qui ferait
remonter leur date jusqu'au coramencemeut de l'époque quahir-
naire ou peut-être à la lin du pliocène.
Toutefois ces divers faits favorables il l'origine glaciaire du dilu-
vium sont bien loin d'être démontrés,
Les stries et les cannelures signalées sur les roches peuvent, au
nioin.s dans beaucoup de cas, résulter d'une soile de dissection
due à l'actioiL îles agents atmuspliériques.
THÉORIE GLAClAjRt. 425
M. G.deMortillet, quia recueilli au Pecq, près de Saint-Germain, des
silex admirablement striés, n'admet pas pour cela que des glaciers les
aient apportés au point où on les ramasse aujourd'hui. « Les glaciers,
dit-il (1), en glissant sur le sol, produisent, par leur poids, une tritu-
ration et un amalgame de tous les matériaux sous-jacenls. C'est ce
qu'on désigne sous le nom de boue glaciaire. Cette boue est carac-
térisée par un mélange d'éléments de toute grosseur qui se trouvent
associés sans aucune trace de stratification, sans aucun ordre. Or,
dans le diluvium ou terrain quaternaire de Paris, il n'y a pas la
moindre trace de cette boue glaciaire. Les éléments, au contraire,
sont bien lavés et groupés suivant leur grosseur et leur poids. Le
sable est séparé du gravier, et le gravier des cailloux. Il y a toujours
une stratification bien nette, bien marquée. Les cailloux striés se
trouvent évidemment là dans un dépôt de formation fluviatile. Les
glaciers, pesant lourdement sur le sol et triturant les éléments sous-
jacents, détruisent surtout les débris fossiles en phosphate et en
carbonate de chaux ; aussi ne trouve-t-on pas de débris fossiles
dans les formations glaciaires proprement dites, les formations dues
à de véritables glaciers. Il en est tout autrement dans les dépôts
quaternaires du bassin parisien. Ils contiennent en grande abondance
des coquilles remaniées provenant des diverses assises tertiaires,
et très-fréquemment aussi des ossements d'animaux de l'époque
même du dépôt. Les Elephas primigenius sont communs, et parmi
leurs débris ceux de jeunes individus se trouvent proportion-
nellement très-nombreux ; ce qui est très-naturel dans les dépôts
d'un grand cours d'eau où les jeunes se noient plus facilement que
les vieux, et ce qui est inexplicable avec un glacier. A l'époque
quaternaire, il y avait donc, dans la vallée de la Seine, un grand
cours d'eau et non un glacier. Quant aux stries, elles ont dû se
former par l'eiïet des glaces flottantes. »
Nous verrons que M. Belgrand arrive à une conclusion analogue
relativement à l'origine des dépôts diluviens de la Seine.
D'un autre côté, les gros galets du diluvium n'ont, en aucune
façon, l'apparence de blocs glaciaires. Comme le fait remarquer
M. Hébert, ils- sont roulés comme des boulets, et l'on peut s'en
assurer, par exemple, tout le long de la vallée de la Seine, spécia-
lement entre Montereau et Auxerre.
(1) C. de Mortillet, Bullet, de la Soc, géologique, 2® série, 1870, t. XXVII,
p. 697.
426 TERRAIN QUATERNAIRE.
3° Théorie mntu'ne, — M. Hébert, qui a très-savamment insisté
sur les difficultés que présentent les deux théories précédentes, croit
en venir à bout en admettant que le diluvium est dû à Tintervenlion
de la mer. C'est un moyen, comme on voit, de trouver l'immense
quantité d'eau dont il est bien difficile de pourvoir les fleuves
quaternaires. La mer, soumise à de violentes oscillations, aurait
recouvert tout le nord de la France, puis se serait écoulée vers
son bassin primitif en abandonnant sur sa route les produits de
l'immense démolition réalisée en un moment.
Mais celte théorie offre elle-même de sérieuses difficultés, en outre
même de celle qui consiste dans l'absence de fossiles ms^rins, et que
M. Hébert a plutôt écartée par avance qu'il n*y a répondu. Par exemple,
elle parait incompatible avec la présence si bien constatée de cer-
taines couches parfaitement délayables en despoints où, évidemment,
l'inondation marine les eût emportées. C'est ainsi que les marnes
à huîtres, en couche très-mince et parfaitement continue, recouvrent
les meulières de Brie. De même, à Joinville-le-Pont, la couche de
sable fin renfermant les coquilles lacustres, dont nous avons donné
la liste précédemment, est recouverte d'une couche de diluvium
à grains granitiques. Le cataclysme à la suite duquel ces grains
sont arrivés, aurait entraîné certainement le sable sous-jacent
sur tout le plateau situé entre Villejuif et Longjumeau. D'autres faits
analogues pourraient être cités en très-grand noipbre; d'où Ton peut
conclure, croyons-nous, en toute assurance, que la théorie marine
ne donne, pas plus que les précédentes, la solution complète du pro-
blème.
2. — DISTINCTIONS A ÉTABLIR DANS LE SUJET.
Peut-être tous les faits que l'étude du diluvium a conduit à con-
stater peuvent-ils s'expliquer beaucoup plus simplement qu'on a, en
général, cherché à le faire, par l'application aux temps passés des
causes actuellement actives.
Cette application, qui pourrait surprendre au premier aspect, est
d'ailleurs légitimée, remarquons-le bien, par la liaison intime des
alluvions quaternaires avec les alluvions modernes, qui en sont
manifestement la suite.
Mais, pour que l'explication à laquelle nous allons nous arrêter
soit claire, il convient de remarquer, conformément à ce que nous
avons dit déjà, que la complexité extrême du diluvium ne peut se
satisfaire d'une cause unique.
ORIGINE DU L0Ë8S. A27
Nous avons en vue le diluvium proprement dit, ou diluvium gris,
et par conséquent il faut, avant tout, éliminer le lœss et le dilu-
vium rouge. L'origine de chacun d'eux conduit d'ailleurs à des
considérations intéressantes.
Origine du loess. — Les limons fins, dont le type le plus pur est le
lœss, continuent à se former sous nos yeux, comme en témoigne la
présence de coquilles vivantes dans ses couches les plus supérieures
et sa présence sur les formations de tout âge qui sont à la surface du
sol. Sans vouloir déterminer dans tous ses détails son mode de for-
mation, nous ferons remarquer qu'il doit se former, non-seulement
aux dépens des courants d'eau qui peuvent lui fournir leurs troubles,
mais aussi aux dépens des courants aériens ou atmosphériques qui,
très-certainement, déposent en abondance un sédiment minéral.
On n'a pas insisté assez jusqu'ici sur le rôle de Tair comme
véhicule des sédiments géologiques. Cependant notre atmosphère
charrie sans cesse des poussières qui vont nécessairement s'accu-
muler sur les points relativement calmes. Pour se rendre compte de
l'importance que des formations de ce genre peuvent acquérir,
il convient d'aller les étudier dans des contrées où, par suite d'actions
spéciales, elles se développent sur une échelle exceptionnelle. Le
Mexique est dans ce^as, comme l'a reconnu M. Virlet d'Aoust (1).
On y observe en effet un terrain qui consiste en une masse argi-
leuse et quelquefois argilo-mameuse, généralement jaunâtre, qui,
non-seulement enveloppe complètement certaines montagnes isolées
et plus particulièrement quelques volcans, mais encore constitue les
flancs et la base de plusieurs chaînes de montagnes, telles que
celles du Popocatepetl et du Cetlatepetl ou d'Orizaba. Ce terrain
s'observe sur les flancs de ce géant des montagnes mexicaines
jusqu'à la limite de la végétation arborescente, qui s'élève elle-même
dans cette région jusqu'à la hauteur de 3800 mètres au-dessus du
niveau de la mer; il y atteint souvent, surtout vers les bases, 60, 80
et jusqu'à 100 mètres de puissance.
Ce dépôt d'une composition assez homogène renferme cependant
tous les blocs et fragments détachés et roulés des montagnes qu'il
recouvre; en sorte que, sur certains points, il semble ne constituer
que le ciment d'un conglomérat formé de débris de roches sous-ja-
centes ; et comme il est en partie de formation très-moderne, puis-
qu'il continue à se former de nos jours, il présente généralement peu
(1) Virlet d'Aoust, BuUei, de la Soc. géologique, 2» série, t. XV, p. 129.
^i^KT ÎEUIUIIS ylATlillNAla
(le consistauce. C'est, en un mot, un terrain assez meuble; aussi
([uaiid les pluies lorrenliollcs de celte région tropicale viennent à le
renverser, elles y forment en très-peu lie lêmps des borrancas, sorte
de coupures extrèmemonl profondes où les ^ands arbres de la
surface, à mesure qu'ils sont entraînes par les éhoulements,
s'engloutir avec les terres qui les accompagnent, et que le torrent
reporte bienlAt ensuite sous forme d'alluvions dans la plalm
M. Virlet d'Aoust avait d'abord pensé tout naturellement quu ce
terrain était, comme celui de la plaine, formé par les alluvions flu-
viales résultant de la désagrégation séculaii-e des roches qui consti-
tuent les montagnes qu'elles recou\Tent. Mais bientôt ce géologue
s'aperçut que ce mode (le formation ne pourrait rendre compte de
l'espècp de calolle qui enveloppe entièrement les sommets isolés de
la plaine. Quant à supposer qu'il aurait pu être soulevé eu même
temps que tes chaînes elles-mêmes, cela n'est pas davantage admis-
sible. ])uisqa'on y trouve parfois des débris de polerîtis et de bois ,
cai'bonlsés qui annoncent une origine, en partie au moins, posté-
rieure à l'existence de l'homme.
Enfin, en e:caminanl la condguration de cette région du Mexique,
0)1 reconnaît qu'aucune des monlagnes qui l'entourent, si l'on ea
excepte le Nevada de Tobira, aulie volcan présentant à peu près la ■
même série de faits géologique», n atteint la hautem-de la limite de
la végétation ai'boresceute, qui t ï^t en même temps celle du terrain
qui nous occupe; en soite qu'il u'e«l pas admissible qu'il puisse
jamais avoir été formé aux dispens de leurs débris.
D'oii proviennent donc les éléments qui les composent? « Telle
est, dit M. Virlet d'Aoust, la question que je m'étais posée bien des
fois, lorsqu'en réHécbissimt à l'un des phénomènes météoriques les
plus eurieux, que je crois partîculierau grand plateau mexicain, au
Mesa d'Anahuac, du moins je n'ai eu l'occasion de l'observer que là,
j'ai cru en trouver l'explication toute naturelle. Ce phénomène qui
m'avait vivement frappé lors de mon arrivée au Mexique est celui
des trombes de poussièi'e, désignées sous le imui de remotmas de
polvo,ou tourbillons de poussière, que l'on voillrès-rréquennnenlse
former a la fois sur un très-gi-and nombre de points des plaines. Cas
trombes enlèvent la poussière qui les recouvre, laquelle tourbil-
lonne et s'élève en spirale, avec une grande rajiidité, sous forme de
colonnes très-minctia jusqu'à des hauteurs considérables que je
n'eslime pas à moins de 500 îi6lHJ mètres en mojenne; blentâlccs
trombes se résolvent d'un cAlé, pendant qu'il en survioiLt d'aulrf
ORIGINE DU D!Li;VIUM ROUGE. Zi29
sur d'autres points : mais la poussière ainsi enlevée au sol reste en
partie en suspension dans Tatraosphère, et quelquefois en assez
grande abondance pour que celle-ci en soit un peu obscurcie et
prenne une teinte jaunâtre. »
Si l'on ajoute h ces faits que, dans les régions très-montagneuses,
surtout quand les montagnes présentent des crêtes chargées de
glaces et de neiges perpétuelles, comme celles de la partie du
Mexique qui nous occupe, il existe, comme sur les rivages de la mer,
des courants d'air intermittents qui se chargent de transporter dans
un sens ou dans un autre, et jusque dans les régions les plus
hautes, la poussière enlevée à la plaine, on concevra facilement que
partout où cette poussière rencontrera une végétation et surtout
une végétation arborescente, elle devra être arrêtée et fixée au sol ;
tandis que celle qui se dépose sur les pentes dénudées, où rien ne
' peut la retenir, est bientôt rendue auîc vallées, où elle est de nou-
veau entraînée par les eaux pluviales. On concevra donc facilement
aussi, d'après ces faits, qu'un transport aérien semblable et souvent
répété doit arriver à constituer encore assez rapidement un sol
ou accroître beaucoup celui qui existait déjà, quand il reçoit le
concours d'une forte végétation.
Remarquons d'ailleurs que si au Mexique le phénomène des
trombes continue à rendre la formation des terrains aériens plus
rapide, ailleurs l'action de certains vents régnants ne doit pas
moins concourir à la formation de dépôts analogues, et il est très-
probable que beaucoup de ces dépôts considérés jusqu'ici comme le
résultat des seules eaux pluviales, seront rangés parmi les forma-
tions aériennes, ou tout au moins devront être considérés comme
ayant une origine mixte, c'est-à-dire comme dus au concours
simultané d'alluvions pluviales et aériennes.
Nous sommes très-disposé, pour notre part, à ranger le lœss
parmi les formations dont il s'agit.
Origine du diluvium rou(;e. — Le diluvium rouge a bien mani-
festement une origine toute différente de celle du diluvium gris.
Déjà nous avons insisté sur l'état corrodé de la surface des roches
qui le supportent. Les puits naturels qu'il remplit ont été comparés
maintes fois aux marmites de géants. Mais nous croyons que cette
assimilation est tout à fait inexacte. On voudra bien se reporter à
la description que nous avons donnée plus haut (page 287) de ces
marmites, et nous avons dit que de pareils accidents se sont très-
certainement produits à dive)rses époques géologiques; et dans
dSO TtRKAIN QUATERniIRE.
plusieurs circonslaticeson peut observer des excavations aualogucs
auxquelles peut s'appliquer la dénomination de ftaiilet. Comme
exemplenous mentionnerons les magnifiques orgues que présentait,
il y a bien peu d'années encore, la surface du gypse d'Argenteuil.
Les puils, rapprochés les uns des autres, avaient été vidés avec soi^,
et l'on pouvait constater la régularité de leurs formes et la verticalilc
de leur axe. Souvent on retrouvait au fond les galets dont l'action
corrodante avait déterminé les marmites. Il est h regretter que les
progrès de l'exploitation aient maintenant fait disparaître cette
couche si intéressante.
Il est évident que certaines roches supportant le diluvium
peuvent offrir rfe véritables marmites. Mais, et c'est là le point sur
lequel il faut insister, les puits naturels que remplit le diluvium
rouge dans d'innombrables localités n'offrent avec les marmites
aucune analogie (fig. l\V.
Remarquons d'abord que ce ne sont plus des cavités cylindriques
verticales plus larges en haut qu'en bas, et contenant à la base les
cailloux arrondis qui les ont creusées. Ce sont des conduits dont la
profondeur n'est pas connue {1), en général très-sinueux, ayanl
(t) A Cœuvres, par exemple, M. Watelel i
pareil puiU iBallei. de la Soc géologique, '
cherché lans succès le fond d'un
'ïfrie, l. XXIll, p. 379). — Bdw
LES PUITS NATURELS. 431
des étranglements et des renflements, et qui par conséquent ne
peuvent résulter d'une corrosion mécanique. D'ailleurs il est des
cas où ils n'arrivent pas à la surface du sol et se perdent néanmoins
dans la profondeur.
La craie blanche à silex des environs de Norwich, dit M. Lyell (1),
est couverte de sable ferrugineux et de gravier avec un peu d'argile
rouge, d'une épaisseur variable. La craie offre des sillons profonds,
des crêtes étroites, des trous et des protubérances plus larges
au sommet qu'à la base. A Eaton, deux lieues à l'ouest de Norwich,
il y a des trous cylindriques remplis de matières meubles qui pro-
viennent évidemment du dépôt placé au-dessus. Ces trous ressem-
blent d'ailleurs à ceux de beaucoup d'autres districts de l'Anglclerre,
où la craie est aussi recouverte de sable et de graviei\ Les trous
d'Eaton sont symétriques et en forme de cônes renversés. La largeur
de leur orifice varie de quelques centimètres à plusieurs mètres ; à
la partie inférieure, ils se terminent en pointe et presque tous sont
verticaux.
Ces cavités renferment du sable et des cailloux roui ?s, des silex
de la craie non roulés et une fine argile sableuse. Les cailloux
roulés sont principalement des silex mous, et quelques-uns sont de
quartz blanc. On y trouve aussi des fragments de grès anguleux, et
tous sont semblables à ceux du dépôt meuble qui recouvre la craie.
L'argile est également la même. En général, le sable et les cailloux
occupent le centre des trous, tandis que l'argile en tapisse les côtés
et le fond ; mais nulle part on ne rencontre de matière calcaire.
Quelques gros rognons de silex dont la forme est intacte sont
placés isolément, à diverses profondeurs, dans les trous les plus
larges; mais on n'en remarque point qui aient été accumules au
fond. Les trous de moindre dimension sont souvent traversés par
des lits horizontaux de rognons demeurés en place après l'enlève-
ment de la craie, et trop volumineux pour tomber au fond de la ca-
vité dans les parois de laquelle ils sont restés engagés en partie.
L'argile qui enduit ces parois sur une épaisseur do 2 centimètics
ou davantage, et qui est plus épaisse au fond, s'étend aussi sur les
bords du trou presque à une certaine distance, supportant le dépôt
en avons fait autant à Ivry ; cependant l'opinion des ouvriers est que ces puits
ne.se prolongent pas.
(1) Sur les cavités tubulaires remplies de gravier et de salle, appelles :
Sand pipes, datif la craie près de Norwich [Londo.i and Edinburgh philosophical
Magazine^ octé 1839).
432 TKRRAIN QUATERNAIRE.
de sable et de cailloux. Dans le voisinage immédiat des trous, la
craie est tendre, friable et un peu colorée par un mélange de sable
tin, d'argile et de fer. On voit encore dans les fissures de la craie
des lits très-minces d'argile verdàtre ou rougeâlre, introduite d'en
haut par des fentes verticales ou obliques. La présence d'un trou
dans la craie est annoncée dans le dépôt de gravier qui la recouvre
par l'oblitération de la stratification. Quelquefois les lits de gravier
et de sable s'inclinent vers le trou, de manière à prendre dans
celui-ci une position verticale, comme s'ils y étaient tombés par
le manque de support. Le dépôt de sable et de cailloux dont il
s'agit ici appartient au crag de Norvvich.
A llegham, des trous obliques et tortueux sont assez fréquents, ils
ont jusqu'à .10 mètres de profondeur et niême davantage. Les
espèces de poches qu'on y remarque à diverses hauteurs sont les
extrémités de trous irréguliers dégagés par l'exploitation. Le lit
de silex de la craie y est ondulé, comme s'il avait été dérangé. Des
excavations plus ou moins analogues se voient à Hellesden. A Thorp,
un trou de 6 mètres de large est rempli de graviers, de sables,
d'argiles, de pierres et de silex de la craie. On peut l'observer sur
une hauteur de 12 mètres, se rétrécissant très-régulièrement vers
le bas. Dans sa partie supérieure, il traverse un banc de sable de
3 mètres d'épaisseur qui recouvre la craie et dont quelques lits sont
remplis des fossiles du crag de Norwich. Un lit d'argile sableuse
gravit les parois du trou sur une étendue de plusieurs mètres,
passant de la craie dans un lit sableux qui est au-dessus, pour se
prolonger ensuite horizontal autour du trou. Au contact et eu
dedans de celte argile, se trouve un autre lit de sable ferrugineux,
endurci, renfermant des moules de coquilles marines, non seule-
ment dans sa partie horizontale, mais encore dans celle qui descend
le long de la cavité jusque dans la craie; au contact de celle-ci et
du sable, il y a un lit de gros silex un peu roulés.
Relativement à l'origine de ces cavités cylindroïdes ou conoïdes,
M. Lyell pense que la craie a été enlevée par l'action d'une eau
chargée d'acide. Les nodules siliceux seraient alors restés en place
dans les petits trous, par suite de la dissolution de leur gangue.
D'après la manière dont les plus grands rognons sont disséminés
parmi les matériaux qui remplissent les trous les plus larges, on
peut juger que le creusement et le remplissage ont été graduels et
contemporains ; car si le creusement se fût opéré avant l'introduc-
tion d'aucune matière étrangère, on trouverait nécessah^^ment au
L£S PUITS NATURELS. 433
fond des trous, qui ont 15 et 20 mètres de hauteur sur 7 de largeur,
des tas de silex qui y seraient tombés par suite de la disparition de
leur gangue.
Les strates du crag de Norwicli avaient été déjà déposées sur la
craie lors de Texcavation des trous, comme le prouve la manière
dont les lits de gravier y sont tombés.
M. Lyell fait voir ensuite que Thypothèsc qui attribue les trous
à des sources acides provenant de grandes profondeurs n*est pas
applicable à la plupart d'entre eux, puisque leur diamètre diminue
de haut en bas et qu'ils sont complètement fermés à leur extrémité
inférieure (1). Il regarde comme plus probable qu'ils ont été formés
par des eaux de pluie imprégnées d'acide carbonique et descendues
dans les trous ou sillons préexistants à la surface de la craie.
Comme le fait remarquer d'Archiac (2), cetle manière de voir,
émise d'abord par M. Blackadder, puis par de la Bêche, s'est trouvée
confirmée par les observations de M. Strickland, qui a remarqué à
Heuley , sur les bords de la Tamise, des enfoncements dans le gravier
que recouvre la craie. Ces effets se produisent à 60 ou 90 mètres
au-dessus de la rivière et loin de toute causé apparente, telle que
des eaux courantes que l'on pourrait supposer avoir miné le gravier
en dessous. Celui-ci a de 3 à 6 mètres d'épaisseur, et les enfonce-
ments, qui sont soudains, laissent au-dessus une cavité presque cir-
culaire de 1 à 2 mètres de large sur 0°,60 à 1",20 de profondeur.
Ces affaissements ne paraissent pas avoir lieu dans les endroits
où la craie est à nu, la pluie étant alors également absorbée par
toute la surface, au lieu d'être dirigée sur certains points, comme
cela doit avoir lieu lorsque l'argile et le gravier occupent la super-
ficie du sol. S'il en était ainsi, la plupart des cavités remplies de
gravier, et si communes dans la craie, résulteraient de l'action des
agents atmosphériques. Dans le cas où, comme à Thorp, le puits
pénètre dans le sable et le gravier jusqu'à une certaine hauteur,
on peut supposer que la partie supérieure du dépôt traversé a été
enlevée par dénudation, et que d'autres lits se sont ensuite formés
par-dessus. Quant à l'argile sableuse trouvée au fond et contre les
les parois, aussi bien qu'autour de Torifice des puits, on doit penser
(1) On a vu plus haut (page 430, en note) que cette fermeture n'a réellement
pas lieu, du moins dans la plupart des cas, et l'on comprend comment on a pu être
induit en erreur à cet égard par les coudes brusques si fréquents dans les puits qui
nous occupent.
(2) D'Archiac, Btillet, de la Soc, géologique j t. II, p. 461.
ST. MEUNIER. 28
au TERRAIN QUATERNAIRE.
que ce sont les parties les plus ténues des couches de sable et de
cailloux placées au-dessus, qui ont été entraînées, puis déposées
par les eaux filtrant au travers. La craie, autour des trous et à la
surface de contact avec l'assise de transport, renferme en effet une
certaine quantité de cette matière argilo-sableuse.
L'hypothèse du creusement successif s'accorde également avecla
position des sables et des cailloux qui, d'abord horizontaux, ont à
présent dans les puits une position verticale. Si les puits avaient été
remplis tout d'un coup,"cet arrangement n'aurait pas eu lieu, etTou
n'apercevrait point de stratification parmi les matériaux qui, dans
les puits les plus larges, sont descendus à une grande profondeur
par des mouvements successifs.
M. W. Stark (1) a reconnu l'exactitude des faits constatés par ses
prédécesseurs autour de Norvvich, ainsi que le remplissage ultérieur
des puits naturels ; mais il regarde la formation des cavités comme
contemporaine de la craie et résultant de son mode de dépôt ; opi-
nion qui paraîtra peu vraisemblable si l'on a égard aux caractères
des cavités elles-mêmes. M. W. B. Buckland (2), après avoir cité
plusieurs exemples du ravinement de la craie, conclut que tous ces
effets peuvent être attribués à l'action d'eaux acidulées. Les érup-
tions volcaniques, fréquentes pendant l'époque tertiaire, ont pu sur
certains points imprégner les eaux de la mer d'acide carbonique,
qui aurait dissous la craie sous-jacente alors immergée. Depuis et
aujourd'hui encore, des effets du même genre corrodent et forment
des cavités à la surface de la craie sous la couche peniiéable de
sable et de gravier.
M. J. Trimmer (3) est arrivé de son côté à une conclusion tout à
fait opposée en attribuant les puits naturels à une action mécanique
et non chimique de l'eau. Cette action aurait été le choc et le bri-
sement des vagues sur une côte basse, avant le dépôt tertiaire infé-
rieur. L'auteur a reconnu que les cavités en question ne sont que
la terminaison de l'exlrémilé de sillons de 0™,15 à 0°,60 de profon-
deur dans les parties les moins excavées mises à découvert, mais
qui s'élargissent et s'approfondissent en s'approchant des puits,
jusqu'à ce qu'enfin ils se confondent avec eux. Contrairement à ce
que nous venons de rapporter d'après Lyell, les silex du dépôt
(1) stark, The London and Edinhurgh philos . Magaz,, 1839, p. 257 et 455.
(2) Buckland, Report of^^h Meeting BritishAssoc. at Birmingham^ 1839, p. 56.
(3) Trimmer, Proceeding of the Geological Soc. of London^ vol. IV, p. 6.
LES PUITS NATURELS. iS35
meuble qui recouvre la craie ne seraient point roulés, tandis que le
petit nombre de ceux que l'on trouve dans les puits sont extrême-
ment usés et arrondis. Enfin, il y aurait encore d'autres caractères
attribués à une action mécanique; et fauteur signale aux environs
de Norwich beaucoup d'exemples de ces sillons aboutissant à des
trous cylindroïdes creusés dans la craie avant le dépôt du crag
supérieur.
« €ette étude détaillée, dit d'Archiac, faite par M. Trimmer
avec un grand soin et accompagnée de dessins propres à jeter
beaucoup de jour sur ses descriptions, doit faire abandonner toute
idée que ces trous ou puits naturels aient jamais pu servir de pas-
sage à des matières venues de l'intérieur du sol. » Nous cherche-
rons si, dans les environs immédiats de Paris, une conclusion bien
différente ne paraît pas tout à fait légitime.
Mais voyons d'abord les résultats obtenus |)ar divers géologues
étudiant des localités situées non plus au loin, mais dans le péri-
mètre même où nous devons nous mouvoir.
Placé,' on peut le dire, à Tantipode des observateurs précédents,
M. Melle ville donne aux puits naturels une origine si nettement
profonde, qu'il n'hésite pas à supposer que toutes les couches ter-
tiaires soient dues à des sources calcarifères qui se seraient élevées
à travers les assises de sables : opinion que nous ne saurions par-
tager, mais qu'il convient d'enregistrer. Parlant des puits naturels,
M. Melleville dit : (1) « J'ai pu constater leur présence dans les
sables inférieurs, les argiles plastiques, le terrain lacustre moyen et
les gypses. J'eus ensuite plusieurs fois l'occasion de voir que quel
que soit le niveau du terrain à la surface duquel ils débouchent, ils
le traversent non-seulement de part en part, mais percent encore
chacun de ceux placés au-dessous, et descendent ainsi jusqu'à la
craie, où ils s'enfoncent jusqu'à une profondeur inconnue. 11 y a
des puits qui débouchent de la craie pour s'arrêter au niveau
inférieur des argiles plastiques. Ils sont ordinairement remplis par
des argiles pyriteuses. D'autres traversent toute la masse des sables
inférieurs pour se terminer à la surface du calcaire grossier. Ceux-
ci sont généralement occupés par des argiles jaunes auxquelles sont
associés des filets verticaux de sable et des cailloux de quartz dont
le grand axe est aussi dans une position verticale. Enfin, d'autres
puits naturels traversent tous ensemble les sables inférieurs, le
(1; Melleville, Biiliet, de la Soc. géologique, 1H43, t. XIV, p. 184,
436 TItllIUIN UIIATËRNAIRË.
calcaire grossier, le terraùi lacustre moyen, ainsi que les gypses.
Ces derniers sont souvent rempiis par des marnes blanches, m
« Les puits naturels, dit plus loin l'auleur, ne sont que d'anciens
canaux semblables à ceux des sources des rivières actuelles, mais
d'une plus grande dimension, pour lesquels les eaux des contrées
élevées, en jaillissant autrefois sous les lacs du bassin parisien, y ap-
portaient iion-seulement les matières terreuses entraînées au fond
des hautes vallées d'où elles venaient, mais encore une partie des
raches qu'elles corrodaient par lem* course souterraine, etc.. Ainsi
les argiles tertiaires ne seraient que des argiles plus anciennes
remaniées ou celles entraînées par les eaux pluviales au fond des
hautes vallées et Iransporlét's dans le bassin de Paris à travers les
canaux souterrains des puits naturels. Les calcaires et les marnes
tertiaires sci-aient les calcaires secondaires, dissous et rapportés à
la surface; les gypses, formation inexplicable par les anciennes théo-
l'ies, ne seraient autre chose que des gypses anciens remaniés, etfl.»
On a vu, à l'occasion de chacune de ces formations, quelles sont
les idées auxquelles nous nous rallions pour en expliquer l'ori-
gine et le mode de formation. Il n'y a donc pas lieu d'y revenir ici,
mais nous pouvons nous faire l'écho exact de d'Ârchiac, qui,
après avoir analysé le travail de M. Melleville, s'exprime ainsi (I) :
" On doit regretter que l'auteur ait complètement omis de citer
dans son mémoira les localités précises où il avait observé ces puits
traversant plusieurs groupes tertiaires à la fois et se prolongeant
même dans la craie, car les géologues venus après lui auraient sans
doute appuyé de leur témoignage, d'abord les faits, et ensuite les
conséquences qu'il a déduites de ses recherches. Pour nous, qui
avons eu l'occasion de voir lieaucoup de ces puits naturels, nous
n'eu avons trouvé aucun qui passiU d'un groupe dans un autre (i);
tous avaient été remplis par le dépôt de transport de la surface, et
les observations multipliées de M. de Sénarmont (3) dans le dépar-
lement de Seine-et-Oise sont en cela d'accord avec les nôtres. "
En donnant une explication des coupes théoriques qui accom-
pagnent sa commiuiicatiou, M. Melleville a encore émis cette opi-
nion qui paraît lui être propre, savoir, que l'cspaec occupé par le
(i) D'.irchiac, !Ii;toîrs îles }irogrès de ta géologie. Paris, l. Il, p. GâH.
(2) D'Archiac, Bullel. lie la Soc. gMogigue, 18i3, l. V, p, 216 et 250.
(3) Sénarmunt, Essai 'l'une deteriptiim géologi<iuc du dé/inrlement de Seiaf-
et-OLe,p, 4e.
LES PUITS NATURELS. 437
bassin de la Seine pendant l'époque tertiaire n'était pas un es-
tuaire, mais une mer intérieure ou Caspienne sans communication
permanente avec la haute mer, et dans laquelle n'affluait aucun
cours d'eau un peu considérable. Cette Caspienne aurait été alterna-
tivement remplie par les eaux marines qui auraient transporté les
sables inférieurs, moyens et supérieurs, puis par des eaux douces
qui auraient charrié à leur tour de l'intérieur de la terre et par des
siphons ou puits naturels, toutes les matières argileuses, calcaires,
gypseuses, marneuses et siliceuses. En outre, cette mer se serait
divisée à plusieurs reprises en un certain nombre de petits bassins.
Dans une seconde coupe de la même surface, mais supposée posté-
rieure au creusement des vallées, l'auteur fait comprendre comment
la disposition actuelle du sol résulte de la destruction des couches
meubles de sable, partout où elles n'étaient point protégées par des
dépôts plus résistants, argileux, marneux ou calcaires.
On peut remarquer, avec d'Archiac, relativement à cette dernière*
hypothèse que, si d'une part elle est appuyée sur cette circon-
stance que du point le plus bas du bassin, ou au-dessous de la plaine
Saint-Denis, certaines couches tertiaires se relèvent à l'ouest et au
nord-ouest, à peu près comme dans les autres directions, de l'autre
elle est en contradiction avec toutes les opinions émises jusqu'à
présent, et de plus avec cette circonstance bien connue que la faune
d'une mer fermée ou d'une Caspienne est toujours très-pauvre en
espèces d'animaux mollusques. Telles sont la mer d'Aral, la mer
Caspienne et même la mer Noire et la Baltique, qui ne sont pas
complètement fermées. Or le calcaire grossier offre une variété de
genres et d'espèces tout à fait incompatible avec la supposition
énoncée plus haut.
M. Leblanc (1) a étudié avec le plus grand soin, aux environs de
Paris, des puits naturels qui aboutissent en général au sable rouge
superficiel, descendant plus ou moins dans les couches sous-
jacentes. Il les a particulièrement observés dans les travaux des
fortifications, à Ivry, Montrouge, Vaugirard, au bois de Boulogne, à
la Chapelle Saint-Denis, au mont Valérien, etc. Leur diamètre est de .
1 à /i mètres et même davantage. Beaucoup d'entre eux traversent
le calcaire grossier exploité, et il yen a que l'on a reconnus sur une
hauteur de 16 mètres. Les parois et le fond sont tapissés d'argile
rouge, fine, et le centre est occupé par le sable rouge le plus grossier;
(1) Leblanc, BuUei, de la Soc, géologique^ 18^2, t. XIII, p. 360.
TERRAIN QUATERNAIHË.
le dessus, en forme lie poche, est rempli de sable de même conteur,
de silex dont le grand axe est vertical , et de fragments de grès et de
meulières. De plusieurs de ces puits portent, enli-c les bancs du cal-
caire grossier, de petits conduits qui montrent des traces du pas-
sage prolongé des eaux, et qui souvent aussi sont remplis de l'argile
fine qui revêt les parois des puits. Au-dessus de cette même argile
on trouve ([uclquefoia des filets rudimentaires de sable, d'argile cl
de calcaire qui semblent se raccorder avec de petits lits subordonnés
il la partie supérieure des marnes du calcaire grossier.
L'auteur pense que ces cavités sont des puits d'éjection qui ont
émis successivement les calcaires, le sable rouge, peut-être le limon,
el qui, à une époque postérieure, sont devenus absorbants comme
ils le sont encore aujourd'hui. M. Leblanc cite enlin des puits qui
auraient été remplis par le calcaire lacustre de Saiut-Ouen et
d'autres, dans le gjpse, par les marnes supérieures, et il est porté
*à considérer, comme M. Melleville, <i tout le terrain tertiaire des
environs de Paris cx)mme formé par diverses matières dissoutes ou
tenues en suspension et éjectées par des sources successivement
dans la mer et dans les lacs d'eau douce, pendant que tout le sol
des environs èlaît à un niveau inférieur à celui qu'il occupe
aujoui-d'hui »,
Nous avons nous-méme l'ait, h l'égard de ces puits, un certain
nombre d'observations et d'expériences dont la conclusion nous a
paru lrcs-netle{l). Nousavons pensé que l'obsejvation pure etsimple
n'était pas suffisante pour résoudre le problème, et que la forme môme
des cjivilés, tout irrégulière qu'elle est, devait déiiendre en partie
du sens suivant lequel avait eu lieu l'attaque de la roche calcaini,
Dans des expériences variées, des blocs calcaires furent soumis
k l'action de l'eau acidulée à 10 degi-és, el arrivant, sous des pres-
sions différentes, tantôt par-dessus et tantôt par-dessous. Des puits
furent toujours creusés ainsi, mais de formes essentiellement diffé-
rentes selon les ms el se rapportant k deux types principaux telle-
ment nets, qu'à la première vue on reconnaît s'ils ont été foi-és par
un jet ascendant ou par un jet descendant.
Dans le premier cas, on obtient toujoni-s une cavité conoïde dont
la pointe est dirigée an haut, et qui conserve cette forme alors même
que la perforation des blocs a été complète. Avec un jet descendant
LES PUITS NATURELS. 439
au contraire, la cavité est grossièrement cylindrique et présente
dans ses irrégularités les analogies les plus intimes avec les perfo-
rations naturelles.
En présence de ce résultat, il ne paraît pas possible d'hésiter, et
de penser encore que les puits aient été creusés par des eaux éma-
nant des profondeurs.
Pour ce qui est du remplissage, il y a néanmoins lieu de distin-
guer entre les différents éléments qui y contribuent. Les graviers,
le sable et Targile paraissent avoir trois origines tout à fait diffé-
rentes.
1° Les graviers proviennent du diluvium, ainsi qu'on l'a déjà dit,
et la disposition de leurs lits montre dans quelques cas comment
le forage des puits a été successif.
2° En ce qui concerne le sable, on reconnaît qu'il représente
nettement, dans une foule de points, le résidu même de la dissolu-
tion du calcaire. Dans les expériences citées plus haut, nos puits
forés en dessus étaient toujours remplis à la partie inférieure d'un
sable quartzeux très-pur identique (à la matière colorante près,
simplement mélangée) au sable des puits naturels dlvry : c'est ce
que l'examen microscopique a confirmé.
A cet égard, on peut i:emarquer en passant qu'une bonne partie
au moins des sables de Reauchamp doit résulter de la dénudation
du calcaire grossier, à laquelle certains fossiles ont pu résister,
comme on l'observe souvent dans les couches inférieures des sables
moyens, par exemple à Anvers.
Si nous insistons sur ce point, c'est qu'il paraît de nature à rendre
compte de certains faits inexpliqués jusqu'ici, et, pour n'en citer
qu'un exemple, de l'origine des sables quartzeux de Rilly-la-Mon-
tagne. Nous avons déjà dit à quelle hypothèse M. Hébert, en cher-
chant à en rendre compte, avait été conduit ; et l'on sait (\ue le
même géologue admet que le dépôt de ces sables, dont l'épaisseur
totale ne dépasse guère 7 mètres, a été accompagné d'une dénu-
dation de 100 mètres au moins de roches plus anciennes, spé-
cialement de celles qui dépendent du calcaire pisolithique. Or, ayant
examiné de très-près la constitution des marnes du mont' Aimé,
nous y avons reconnu en abondance l'existence de petits grains
quartzeux rigoureusement identiques à ceux qui constituent le
sable de Rilly. En dissolvant ces marnes dans un acide, ou simple-
ment en les soumettant à la lévigation, on isole un sable qu'il est
impossible de distinguer du produit naturel.
*40 TEflRilN gUATCRNAIRE.
3' Pour i'argiie rouge, la queslioii d'origine paraît plus difficile,
nemarquoiis Loulefoi» qu'elle esl identique à elle-même dans luus
les puils obser\és autour de Paiis ; qu'elle est de plus eu plus puro
à mesure qu'on l'éludie dans des régions plus profondes, de laçoii
que certaines ramifications étroites des puils la contiennent à un
élat qui rappelle le lithomarge des fiions ; enfin, qu'elle parait four-
nir à l'analyse les mêmes résultats que l'argile rouge, netlemeiil
geysérienue, qui accompagne la phosphorile, pai' exemple à l'endaiï,
dans le Lot, el résen'ons la question de son origine pour des études
ultérieures.
Origine du diluvium gris. — Ces diverses éliminations une fois
réalisées, revenons au diluvium gris. Toute réflexion faite, c'est à
l'hypothèse fluviale qu'il convient de s'arrêter, mais k l'hypoLbèse
fluviale fortement modifiée et surtout adoucie.
Les vallées des rivières sont, avant tout, le résultat de fractures.
Les failles qui accompagnent la Seine dans les diverses parties (le
son cours en sont une preuve, entre autres. Cela posé, on peut ad-
mettre que le fleuve n'élait,à l'époque quaternaire, ni plus volumi-
neux, ni plus rapide qu'à présent. Cràce à la puissante collaboration
d'un temps indéterminé, il a élargi sa vallée, et de leur ciiLé les
agents atmosphériques divers ont travaillé sans relâche à eu adoucir
les pentes.
On sait qu'une rivière ne saurait couler en ligne droite. Les
méandres, faibles d'abord, s'acxentuent de plus en plus. Il en résulte
ces boucles si marquées par exemple à l'ouest de Paris, el qui dé-
terminent des sortes de presqu'îles dont l'isthme , par suite de la
corrosion exercée pai' le fleuve sur ses rives, va constamment en
s'.imincissant. On sait qu'au bout d'un temps suffisant, l'isthiDC
rompu livi-e passage à la rivière, qui délaisse la boucle pour prendre
le chemin plus court qui lui est ouvert : les fausses rivières du Mis-
sissipi sont dues à ce mécanisme dont on voit des traces Irès-neties
aussi le lougduRbinet de beaucoup d'autres rivières.
Il résulte de là que la rivière se déplace constamment* sur le fond
de sa vallée, et l'on peut admettre qu'au bout d'un temps suflisant
et qudie que soit la faiblesse de son volume, elle a remanié succes-
sivement tous les points du sol de cette plaine.
Ce simple fait d'observation donne donc de quoi expliquer le
dépôt de gi-avier (de diluvium, si l'on veut) sur une surface
beaucoup plus grande que celle couverte par les eaux.
Pourrendi'e compte des terrasses, il faut ri'miir(|uer que la sur-
ORIGINE DU DILUVIUM GRIS. 441
. face du sol n*est pas immobile. Depuis Tépôque où le sable de Fon-
tainebleau se déposait dans la mer, le sol de nos environs s'est élevé
d'une quantité très-considérable, dépassant 170 mètres, qui est la
cote des sables supérieurs. Or, ce soulèvement, qui se continue
peut-être encore, a été certainement très-lent.
Supposons seulement qu'il ait persisté après le dépôt des pre-
mières alluvions de la Seine. Il en résulterait que, Iprsque celle-ci,
par suite de ses divagations, serait revenue vers un point où précé-
demment elle aurait déposé des alluvions, le niveau du sol ayant
changé, ces anciens dépôts n'auraient pu être de nouveau sub-
mergés. La rivière alors s'est bornée à les attaquer par la base,
comme précédemment elle faisait des coteaux eux-mêmes, et la li-
mite des terrasses est comme la tangente des divagations de cette
•nouvelle période. L'équidistance des terrasses indiquerait une
sorte de périodicité dans ces divagations successives.
C'est de même à des soulèvements lents qu'il faut attribuer l'aban-
don de certaines vallées, maintenant à sec et cependant couvertes
à l'origine par le cours d'eau. La Marne passait sans doute autrefois
par la vallée d'Ourcq ; et à un certain moment la Seine devait en-
tourer le mont Valérien. Un semblable témoin ne saurait s'accom-
moder des causes violentes auxquelles on attribue si souvent sa
séparation des coteaux voisins.
Il resterait à faire comprendre comment, dans cette supposition,
le transport de gros blocs renfermés dans le diluviuma pu avoir
lieu. Sans prétendre donner cette explication, remarquons que, sous
l'action de la rivière minant ses anciens dépôts, un fragment de
granité par exemple, éboulé sur le sable, est précipité un peu plus
bas, et descend par conséquent selon la pente de la vallée, quoique
d'une quantité extraordinairement faible. Cela fait, et sous l'in-
fluence de tassements dus aux trépidations que produit la rivière
elle-même, les grains de sable fin s'insinuent peu à peu sous les
gros, qui sont soulevés, et prêts par conséquent à subir de nouveaux
éboulements. Peut-être cette action, en se continuant suffisamment
longtemps, peut-elle rendre compte du transport des blocs à longue
distance. C'est un point qui mériterait de nouvelles études.
TERRAIN ACTUEL
Nous voici arrivés par des transitions insensibles à l'époque
actuelle, dont la description ne saurait nous arrêter puisqu'en défi-
nitive elle ne compte pas comme époque géologique. Remarquons
cependant combien, pour ceux qui la soumettent à un examen
méthodique, elle est instructive, même au point de vue de Thistoire
de notre globe.
Un premier fait à signaler est la manière dont elle se fond pour
ainsi dire avec Tépoque immédiatement antérieure. M. Deshayes
assure avoir constaté des lignes de démarcations nettes, au nombre
de cinq, dans la série stratigraphique, à chacune desquelles corres-
pond une sorte de rénovation de la nature; nous avons rapporté
les considérations du savant conchyliologiste, et nous avons insisté
en particulier sur les différences réciproques du terrain crétacé el
du terrain tertiaire.
Or, entre la période quaternaire et la période actuelle, rien
d'analogue ne paraît se montrer; la ligne de séparation semble
absolument artificielle, et l'homme fossile paraît s'être donné la
lâche d'effacer les limites qu'une tendance trop généralement
répandue porte à établir partout. Depuis l'homme de l'âge dit
de la pierre éclatée jusqu'au Caucasique le plus civilisé, nous
avons une série si fortement unie, que c'est d'une manière tout
à fait abstraite que certains faits ont été cités dans les pages
qui précèdent comme suffisamment anciens, et que d'autres ont
été omis comme n'appartenant plus aux périodes géologiques.
Les hommes constructeurs de dolmens nous ont occupé, mais
nous nous sommes abstenu de parler de ceux qui en faisaient
des instruments de culte sans en savoir l'origine. L'apparition
des métaux nous a servi de limite entre la géologie et l'histoire :
comment trouver une séparation plus artificielle ?
ACTIONS PROFONDES. àà3
Bien plus, et toujours dans le même ordre de considérations, le
terrain quaternaire parait se souder intimement avec le terrain ter-
tiaire; d'où il résulterait peut-être que, pour les géologues futurs,
nous ferons partie de l'époque tertiaire, aussi bien que les nummu-
liles qui nous ont si fort précédés.
En outre, il faut remarquer que, comprise comme nous venons
de le faire, la période quaternaire, d'ailleurs intimement liée à
la période actuelle, n'offre rien d'anormal. Supposons en effet
que notre vallée d'aujourd hui s'affaisse sous la mer et qu'il s'y
fasse des dépôts marins. La coupe qu'on y pourrait relever plus
tard donnerait, comme le montre la figure 112, n* 1, les couches
^^^^--
fK. 112, n" i et 2, — Parallèle cnire le diluviumet le conglomérat o:
eilr pksl
anciennes dénudées portant le dépôt diluvien arénacé, sur lequel
se trouveraient les couches marines régulièrement stratifiées. Or,
c'est rigoureusement ce que donne à maintes reprises la série
géologique.
A Meudon, pour ne citer qu'un seul exemple, n'avons-nous pas
relevé une coupe (fig. 112, n" 2) où l'on voit la craie dénudée
porter le dépôt arénacé désigné sous le nom de conglomérat, et
au-dessUs duquel les coaches marines -tertiaires sont régulièrement
stratifiées?
Ce conglomérat avec ses galets, ses coryphodons et ses anodoutes,
coiTcspond rigoureusement, à ce point de vue, au diluvium avec
ses cailloux, ses éléphants et ses cyclades.
C'est ainsi que les périodes anciennes, éclairées par l'étude des
causes actuelles, peuvent jeter de la lumière sur les formations ré-
centes. Aussi, à notre avis, est-ce un des principau.\ éléments d'in-
térêt du diluvium que de nous prouver qu'à l'heure présente, nous
TERHAIH ACTUeL.
vivons en pleine géolofçie. La leire traverse les phases d'une évo-
lution, el par conséquent ses caractères changent avec le temps;
mais son histoire est une. Les phénomènes anciens s'esptiquenl en
grande partie par l'exercice des causes actuelles.
L'activité géologique de la période actuelle est, dans les environs
de Paris, manifeste à beaucoup d'égards.
La Seine et ses aflluenls continuent le remaniement de leurs sédi-
ments et donnent lieu à des couches rossilifères tout à fait compa-
rables à celles des terrains où les eaux ne peuvent plus atteiudre.
La pluie et les autres météores poursuivent la dénudation de loules
les collines, entraînant les parties fines dans les vallées, où les cours
d'eau se chai'gent de les charrier dans le bassin de l'Océan. Les eaux
d'inliltration réalisent des actions chimiques telles que la dissolu-
tion du calcaire qui va se déposer ensuite sous des foraies vanée.s.
A Meiidon, par exemple, il se produit tous les jours un véritable
travertin tout pétri de végélaux et comparable de tous points
aux roches analogues des périodes géologiques. A Gentilly et à
Bicôlre, dans des poches de calcaire grossier, se déposent lente-
ment de longues stalactites cristallines, que plus tard on pour-
rait croire contemporaines des couches qui les renferment, et qui
cependant leur sont très -postérieures. Le béton romain des bains
découverts rue Gay-Lussac contient des cristaux contemporains
d'aragonite.
La fossilisation s'exerce de toutes parts. Dans nos tourbières,
le bois des troncs d'arbres passe graduellement à l'élal de lignite.
Les coquilles au fond des eaux, et les squelettes des animaux
de tous genres ensevelis dans la vase, subissent des transfoi-
mations tentes qui les rapprochent sans cesse de leurs congénères
fossiles.
Les actions profondes sont loin également de cesser de Fonction-
ner autour de nous. Les trépidations du sol, quoique très-faibles,
ne sont pas rares autour de Paris, et nous devons croire qu'un de
leurs effets est de contribuer à ces exhaussements de certaines ré-
gions du bassin dont les terrasses des livières apportent des témoi-
gnages si éloquents. Sans doute aussi sont-ils accompagnés de la
préparation ou de l'accentuation de failles analogues à celles dont
nous avons signalé la présence à nos portes.
f-es mêmes actions profondes se manifestent aussi par l'arrivée
de'sources minérales plus ou moins chaudes et plus ou moin.^
chargées de principes variés. En première ligne doit être mention-
SOURCES MINÉRALES. 445
née dans ce rapide a'perçu la célèbre source sulfureuse d'Enghien,
et qui, d'après l'analyse de M. Fremy (1), renferme :
Azote 0,026
Acide carbonique 0,462
Acide sulfurique 0,057
Hydrochlorate de soude 0,017
Hydrochlorate de magnésie 0,100
Hydrosulfate de chaux 0,079
Hydrosulfate de magnésie 0,105
Sulfate de magnésie 0,024
Sulfate de chaux 1 ,280
Sous-carbonate de magnésie 0^469
Sous-carbonate de chaux 0,322
Sous-carbonate de fer 0,035
Silice 0,030
Matière végéto-animale 0,045
3,051
Il est évident que celte eau, traversant les assises du terrain pari-
sien, peut donner, le long des canaux qui lui fournissent une issue,
des minéraux extrêmement variés et analogues à ceux que contien-
nent les couches plus anciennes.
A Passy, des sources, dont les vertus médicinales sont fort ap-
préciées, se font remarquer par la grande quantité de sulfales
qu'elles contiennent. L'une d'elles donne pour un litre :
Sulfate de chaux 2,774
— de magnésie 0,300
— de soude 0,340
— d'alumine. 0,248
— — et de potasse traces
Sulfate de fer 0,412
Chlorure de sodium 0,060
— de magnésium 0,226
Silice et matière organique non dosées
4,360
Bagneux, à la porte même de Paris, donne une source chlo-
rurée doat Vauquelin a publié une analyse (2).
(1) Fremy, Journal de pharmacie^ t. XI, p. 61.
(2) Vauquelin^ Annales de chimie et de physique, t. XVIH^ p. 220.
446 TERRAIN ACTUEL.
Dans Seine-et-Oise, à Forges-sur-Briis, une eau minérale contient
par litre, d'après les recherches de M. 0. Henry (1) :
Carbonate de chaux et de magnésie 0,105
Sulfate des mêmes bases 0,080
Chlorure de sodium et de magnésium . . . 0,115
Matière organique traces
0,300
Nous ne ferons que mentionner les eaux minérales du village
de Pierrefonds (Oise), dont les eaux sulfureuses on été étudiées
par M. 0. Henry (2) ; celle de Provins, dont on doit une analyse
à Vauquelin et à Thenard(3) ; celle de TÉtampe {U]\ celle des envi-
rons de Nogent-sur-Seine, où Cadet a signalé le fer en quantité
notable (5).
Enfin, pour énumérer toutes les faces principales de la grande
question qui nous occupe, nous voyons dans cet ensemble si
homogène du diluvium et du terrain actuel, certaines espèces ani-
males disparaître, et cela bien évidemment sans secousse, sans
destruction violente. Ce n'est pas un cataclysme qui, dans des
tourbières encore florissantes, a fait disparaître le grand cerf d'Ir-
lande ou le Bos primigenius d'Arpajon, et cette disparition, que l'on
peut dire contemporaine, explique celles dont la série géologique
tout entière nous donne le constant spectacle.
A l'inverse, la géjlogie nous montrant des apparitions succes-
sives d'espèces, nous pouvons espérer que, malgré la difficulté de
pareilles observations, qui nécessiteront des méthodes absolument
nouvelles, nous pourrons constater sous nos yeux des apparitions
de ce genre.
(1) Henry, Ballet, de V Académie de médecine^ 1842, p. 271.
(2j Henry, Anmiaire de Milon et Reiset, 1847, p. 303.
(3j Vauquelin et Thenard, Annales de chimie, t. lAXXV, p. 19.
(4) Petit, Revue scientifique et industrielle, t. XIII, p. 65.
(5) Cadet etSalverte, Annales de cliimie^ t. XLV, p. 315.
FIN
Table alphabéîique des localités.
TABLE ALPHABÉTIQUE
DES LOCALITÉS CITÉES DANS L'OUVRAGE
Nota, — On a fondu avec cette table un Index de toutes les
LOCALITÉS RICHES EJN FOSSILES (Ics cnvirous de Paris. Elles sont im-
primées en caractère spécial. Nous y avons compris l'indication de
points où les recherches ne sont ordinairement plus possibles,
comme celles qui font maintenant partie de Paris. Une circon-
stance fortuite, comme rétablissement de fondations, etc. , pouvant
en effet y permettre exceptionnellement une exploration, il est bon
d'avoir une indication sur la richesse possible du lieu. Nous avons
spécialement insisté sur la présence des fossiles végétaux généra-
lement très-négligés, et dont Tétude est cependant si intéressante.
Il va sans dire que nous avons donné une importance toute spéciale
aux localités établies sur les terrains tertiaires.
Aar. Glacier, 423.
ABBECOURT. Sables inférieurs de l'ho-
rizon de Bracheux. C'est un des
points les plus riches en coquilles
de ce niveau. Certaines-coquilles y
existent d'une manière exclusive,
comme le Plicatula follis, Defr.,
par exemple.
— Tortue fossile, d/t3.
Abbeville. Diluvium, 354.
Abondant. Argile plastique, 88.
ACON IN (Aisne). Calcaire grossier in-
férieur : Ostrea car ma, Desh.;
Ostrea eleganSy Desh., etc.
ACY EN MULtIEN. Calcaire grossier,
avec fruilâ et tiges du Chara
Lemani. Sables movens, avec
nombreuses coquilles : Cyrena
cuneiformis, Fer.; Chania fini-
briata, Defr. ; Littorina variculosa,
Desh., etc. Cette dernière est spé-
ciale à la localité.
Aduiatique. Sables à foraminiféres,
i8.
Ailette (Vallée de I'). Tourbières,
417.
Aimé (Mont;. Calcaire pisolithique,
63, 73-76.
Aisne (Département de 1'). Formation
des lignites, 139.
— (rivière;. Court vers le centre du
bassin parisien, d4.
tms TABLE ALPHABÉTIQUE
Aisne (Vallée de V). Tourbières, 417.
Aix. Gypse, 271.
Aix-la-Chapelle. Végétaux des sables,
129.
AIZY (Aisne). Sables inférieurs. Parmi
les innombrables coquilles de celte
localité, nous citerons les|sui vantes,
dont plusieurs lui appartiennent en
propre : Poromya Forbesi, Desh.;
Solen angmtus, Desh.; Lticina
discors, Desh.; Cardium con-'
vexum, Desh.; Sportella fragilis,
Desh.; Diplodonta Eudora, Desh.;
Diplodonta Aizyensis, Desh.; Avi-
cula Dixoni, Hesh. ;Avicula Wate-
leti, Desh.; Dentalium abbrevia-
turriy Desh.; Dentalium nitidumj
Desh.; Scalaria Aizyensis, Desh.;
Cerithium pervium, Desh.; Ceri-
thium deceptor, Desh.
Alençon. Situé sur le terrain juras-
sique, 11.
Allaye. Frontière du bassin de
Paris, 17.
Alpes (Chaîne des) et mer miocène,
335.
Alsace. Lœss, 410.
Ambleville. Calcaire pisolithique,
74.
Amy. Lignites, 143.
ANDELAIRE, près la Fère (Aisne). Li-
gnites : Natica consobrina, Desh.,
etc.
Andelys (les). Fossiles de la craie, 57.
Angleterre (Côtes sud de ï) citées
pour leurs éboulemenls, 6.
— comprenait le Boulonnais à l'é-
poque miocène, 335.
ANGY (Oise). Calcaire grossier : Dia-
stoma inermis, Desh.
Anjou. Argile à silex, 85.
ANTILLY. Sables moyens: CorbulaLa-
marckiiy Desh., etc.
Août (Mont). Altitude de la craie, 45.
— Argile à silex, 85.
Aral (Mer d'). Ses caractères, 437.
ARCUEIL. Calcaire grossier. Nous ue
citons cette localité que pour les
empreintes qu'on y trouve de pois-
sons et de plantes. Les coquilles
y sout innombrables, mais ne peu-
vent être isolées. Pour les plantes,
cette localité est exceptionnelle-
ment riche. Nous citerons : Algues
(Corallinites) ; Fougères (Tœnio-
pteris)', Naïadées (Potamogeton);
Cupressinées (Callitrites) ; Abié-
tinées {Pinu^)', Taxinées {Poâih
carpus) ; Protéacées (Grevillea, Lo-
matia, Dryandroides) ; Apocynées
[Echinotium). — Diluvium lacustre :
Ancylus fluminalis, etc.; Valvata
piscinalis, etc.
— Sidérose de Targile plastique,
110.
— Diluvium lacustre, 356.
Ardenne contournée par la mer mio-
cène, 334.
ARGENTEUIL. Gypse. Coquilles man-
nes à divers niveaux : Lucina He-
bertij Desh., etc.; restes de mam-
mifères, oiseaux,etc.; empreintesde
leurs pas; coquilles d'eau douce
(iimnées, etc.). Sables supérieurs :
Ostrea cyathula, Lamk; Cerithium
plicatum, Lamk.; Cytherea incras-
sata, Desh., etc.
— Gypse, 242.
— Calcaire à Cerithium plicatum,
— Monument mégalithique, 386-
400.
— Marmites de géants, 430.
Argonne. Ses défilés, 14.
Armainviluers (Forêt d'). Meulières,
297.
Arpajon. Meulières de Brie, 290.
— Tourbières, 416.
Arsy. Exploitation des lignites, U6.
Artois. Lœss, 411.
Athènes. Son rôle dans la Grèce an-
tique, 13.
ATTAINVILLE. Sables moyens : Mêla-
nia hordacea, Lamk; Natica pari-
siensis, d'Orb.
AuBiGNY. Calcaire grossier, 197.
DES LOCALITÉS CITÉES DANS L'OUVRAGE.
459
AuLT (le bourg d'). Cité pour les ébou-
lements que la mer y détermine, 5.
AuRE (rivière). Région d*oû elle tire
sa source, i6.
AUTEUIL. Argile plastique : Coproli-
tbes; Cyrena cuneiformis, Féruss.;
Cerithium variabile; fruits indé-
terminés, etc.
— - Crocodile des lignites, 96.
— - Grès de l'argile plastique, 115.
— Fausses glaises, 116.
AuTHiE fVallée de 1'). Tourbières,
417.
AUTRECHES. Calcaire .grossier : Naïa-
dées (Caulinites).
Auvergne. Son rôle dans la géologie
générale de la France, 13.
— Calcaire, 271 .
AUVERS. Sables moyens. Une des loca-
lités les plus riches de ce niveau,
possédant en propres diverses co-
quilles comme : Lyonsia Heberliy
Desh . ; Lucina Rigaultiaruiy Desh . ;
DiplodontaauversiensiSj Desh.yeic.
On y trouve d'innombrables poly-
piers , poissons , etc. Terrain qua-
ternaire. Cette localité a fourni à
M. Ch. d'Orbigny, puis à M. Des-
noyers, de nombreux restes de mam-
mifères.
— Sables glauconiféres, 150.
— Sables moyens, 205.
— Cavernes, 415.
Auxerre. Galets diluviens, 425.
AvEYRON (Département de V). Son
terrain jurassique, 12.
AviZE. Coupe géologique, 77.
Ay (Marne). Lignites : Cyrena anti-
qtui, Fér., C. cuneiformis, Fér.;
Neritina Dutemplei, Desh., etc.
BABEUF. Lignites: Cyrena trigona,
Desh.
BAGENCOURT. Lignites : Ostrea hete-
roclita, Defr.
BAGNEUX (Seine). Calcaire grossier:
Abiétinées (Pintis).
— Calcaire grossier, 181.
— Source minérale, 445.
gT. MEUNIER.
Bagneux (Seine-et-lVIaine). Grès de
l'argile plastique, 115.
Bakou. Volcans de boue, U2.
Bale. Littoral de la mer miocène,
335.
Baltique (Mer). Ses caractères, 437.
BANTELU. Sables inférieurs : Corbula
striatina, Desh.
Bar-le-Duc. Situation de son champ
de bataille, 14.
Bar -SUR -Aube. Situation de son
champ de bataille, 14.
Bar -SUR -Seine. Situation de son
champ de bataille, 14.
BATIGNOLLES (Paris). Calcaire de Saint-
Ouen : Limnœa convexa, Edw.
BAYEUX. Sables supérieurs : Corbula
longirostris, Desh.
BAZOCHES. Lignites : Mytiluslœviga-
tus, Desh. 'jMelaniainquinata, Defr.
Grès superposés aux lignites : Pal-
miers (Flabellaria); Laurinées(Laie-
rus); Protéacées (Petrophyllum,
Loniatla). errain quaternaire : Mu-
sacées (Musophyllum).
Beachy-Head (Angleterre). Digue sous-
marine, 7.
Beauce (province). Frontière du bas-
sin de la Seine, 16.
— Ses frontières étaient en rap-
port avec sa constitution géolo-
gique, 2 1 .
BEAUCHAMP. Sables moyens. Une des
localités les plus riches de ce ni-
veau.
— Alternance de dépôts marins et
d'eau douce, 138.
-- Sables moyens, 201, 208.
BEAUGRENIER,près Montjavoult. Cal-
caire grossier : Avicula trigonata,
Lamk ; Lima dilatata, Lamk. Sa-
bles moyens : Tellina Vcrneuilli,
Desh.
Beaumont. Gypse, 227.
— Sables moyens, 204.
BEAURAINS. Lignites : Paludina sues-
sionnensis, Desh.
— Exploitation des lignites, 146.
29
TABLE ALPHABÉTIQW*
BEAUUAIS. Craie : Beïemniteiia
(/rata, d'Orb.
BEAUVAL, firès la F^rld-sous-Jouarre.
Sables moyens : Ludna ermmon-
villensis, i'Orb., L. Rigaultiana,
Desli.; Cytherea delicatula, \^es^^.,
C. slriatuUi, Desh.
Belgique, Lcesa, 411.
Bellectioix, Gi^ cristallisé, 323.
Bellefontaine, Argile plasli^e, 107.
BELLESME (Omê). Craio : Spongiaires
[Guellardia stellata, Mich.; Sipko-
nia).
BELLEU. Grès superposés aux ligniles.
C'est sans doute, à ce niveau, la lo-
calité la plus riche en végétauï.
Voici la liste des genres que M. Wa-
telet, y signale : Funginées; Fou-
gères (Lygodium); Graminées(Pofl-
âtes); Sinilacées (Smilofitei) ^ Zin-
gibéracées {CannophyUitBS); Kaïa-
dées {Caulitiiles, Potamogeton);
Palmiers {Flubellaiia, Phœnicites,
Anovialophyllita , Palmadtes ) ;
Taxiiiées (Podocarpusj ; Myricacées
(Complonia, Myrica); Bétulacées
(Betula, Alnui) ; Cupulifères (Quer-
cui, Fagus, Ctatanea, Carpinus);
Ulraaoées (tfimMs); Morées {Ficus.,
Artocarpidium); Bal9ainiQLiées(£,i-
quidambar); Salicinées {Popalus,
Salix); Laurinées {Cinnamomum,
Daphtwgene, Persea, Bemoin,
Lawrwa); Protéacées {Banksia,
Dryandroides); Apocyuées (Apocy-
nophyllum); Sapotées (Chrysophyl-
lum, Sapotacites); Ëbénacêes {Bios-
pyroi); Êricacées (Antiromeila);
Anonacées {Anona}; Magiioliacécs
(Magnolia); Butlnériacées (Dom-
beyopsâ) ; Tiliacées {Apeibopsii ,
Grevia); Slerculiacées {SterculUi);
Acérinées (Acar); Majpigbiacées
(Banisleria); Sapiudacées (Cupa-
nia); Juglandéea (JttgloTis) ; Com-
brélanées (Terminalia); Myrta-
cées {Èugenia); Poraacées (Pinis);
Papilionaci5es (Trigonella, Doli-
chiles, Piscidia, Cercis.GlediUcki
Ctesatpina, Eutada, Acacia). Les
carrières de Belleu sont d'ailleim
épuisées av^ourd'hui. C'est dant
lespavés mêmes de ta ville de Sois-
sons qu'on peut espérer de faire
les plus fructueuses récoltes.
BELLEVILLE (Paris). TraTertin de la
Brie ; Lmnœa fnbulum, Rrongn.;
Planorbii depressits, Nyst. Localité
à peu prés inaccessible aujourd'hui.
BELLEVUE près Meudon. MeuUèro-
supérieures ; Cyclmtoma mti-
^um, Brongn.
^ Sa situation dans le bassin de
Paris, 17.
— Altitude du 1ggss,410.
— Minerai de fer quaternaire, lli.
BELLEVUE près VÎUers-Cotterel».
Meulières supérieures : lAtMOS
cylindrica, Brard, etc.
BERCHERES. Calcaire grossier ; FuHU
decussatus, Desh.; Scalaria ie-
Cîissala, Lamk; Turrilella tau-
striata, Besh. Cette dernière co-
quille paraît propre à la locslilé.
Bercï. Silex taillés, 401.
Berjiddes. Attols, 38.
BEHNOH, près Epemay. Terrain cré-
tacé. Ligniles ; Terediwi pirto-
nala, Lamk ; MyUlus Dutemplâ,
Desh. ; Ckara Brongniarti, Héb.
Behru (Mont). Altitude de la craie,
45.
BETZ. Sables moyens : Corbniapau:
Cyrena cuneiformis, Fér. ; CAatM
fimbriata, Defr.
BETKES. Craie : Micraster cor iw-
guinum ; Spongiaires : Argile k
silex (fossiles roulés) : Anan-
chytes gibba; Calcaire grossier:
Ostrea radiosa, Desh : Donan ni-
Uda, Lamk- Turriteltatrochoida,
Desh.; Foiciolaria funictiUm,
Desh., etc. Cette dernière coquille,
cxclusivcmcDl propre à Beyoes,
représente le seul fasciolaîre enniia
dans le bassin de Paris. Actuelle-
DES LOCALITÉS CITÉES DANS L*013VRAGE.
A51
ment le banc fossilifère n'est pas
accessible, mais il y am'a lieu de
l'exploiter activement à la première
occasion.
— Craie à Micraster cor angui-
num, 27.
— Argile à silex, 86.
Bezauler. Argile plastique, 108.
BlcÈTRE. Faille qu'on y observe, 28.
— Stalactites dans le calcaire gros-
sier, 444.
BiÈVRE (Vallée de). Son rôle dans, le
bassin de Paris, 17.
BiMONT (Oise). Craie magnésienne,
33.
Blngerloch (Défilé de). Son âge, 335.
Blaye. Calcaire grossier, 175.
Bohême. Poisson de la craie, 54.
BoissY-LA-RmÈRE. Poudingue de Ne-
mours, 332.
BONAFLE. Exploitation des lignites,
146.
BONCONVILLIERS. Sables moyens : Fis-
surella decisa, Desh. ; Parmopho-
rus concavus, Desh.; Modiola am-
bigua, Desh., etc.
BONNEVAL. Frontières du bassin de
Paris, 17.
BOUCQUES (Aisne). Lignites : Équisé-
tacées.
BOUGIVAL. Craie blanche, 34.
— Calcaire pisolilhique, 58.
— Conglomérat, 100.
— Grès de l'argile plastique, 115.
BOULEAUX (les), près Gisors. Calcaire
grossier : Clavagella Lamarckii,
Desh.
BOULLAIMCOURT (Oise). Lignites : Cy-
rena antiqua, Féruss., etc.
— Lignites, 143.
Boulogne (Bois de). Puits naturels,
437.
Boulonnais à l'époque miocène, 335.
Bourbonnais. Calcaire, 271.
Bourg-la-Reine. Sables moyens, 204.
BOURGUIGNON (Aisne). Sables infé-
rieurs : Lucina Levesquei, d'Orb.
BOURSAULT. Calcaire grossier: Cy-
rena RigauUiana, Desh., C. bre-
vimculay Desh.; Lucina pulchella,
Agass. ; Cerithium giganteum,
Lamk, etc.
BOURY (Oise). Calcaire grossier supé-
rieur : Crassatella sinuosay Desh. ;
Cerithium parisiense, Desh. , C.
cornucopiœ, Sow. Ces deux der-
nières espèces, magnifiques co-
quilles de 24 et 23 centimètres
de long, sont exclusivement propres
à Boury.
BOVES(les). Calcaire grossier : Gastro-
chœna ampullaria, Lamk.
BRACHEUX (Oise). Sables inférieurs,
l'une des localités les plus riches
de ce niveau.
— Sables marins, 133.
Braisne. Palmiers fossiles des sables
glauconifères, 157.
BRASLES, près Château-Thierry. Cal-
caire grossier : très-nombreuses
coquilles; Naïadées (Zosterites).
Bray (Pays de). Ses caractères singu-
liers, 72".
— Contourné par la mer miocène,
336.
— Minerai de fer quaternaire, 414.
Brèche (Vallée de la). Tourbières, 417.
Bresmier. Sables moyens, 207.
Bretagne à l'époque miocène, 335.
BRÉTIGNY (Aisne). Lignites. Équisé-
tacées.
Brétigny (Oise). Lignites, 143.
Brie (province). Ses frontières sui-
vent celles de sa formation géolo-
gique caractéristique, 21.
— Sa constitution, 288.
— (Plateau de la). Limon des pla-
teaux, 412.
Brie, près Laon. Calcaire grossier,
164.
Brie-Comte-Robert. Meulières, 297.
— Limon, 413.
Brienne. Situation de son champ de
bataille, 14.
Brillants (Colline des), près Meudon»
Conglomérat, 96.
452 TABLE ALPUABÉTldUE
BRIMOHT. Sables inférieurs, localilé
liléj : Photfu etegant, Desb.; Cn-
extrêmement riche : Crocodilm
rma dislinda, Desh. ; Chaîna ^m-
dejireniifrom; Trimyx; Ct/tkereii
ttririta, Defr., C. turgiduta, Uiak.;
orbicularii, Edw.; TelUna Bri-
Diplodonta eUiptiat, Desh., elc.
monli, Desh. ; Turritella belloca-
CâURÏ-SUR-MUTS, Sables inférieurs :
cina,Gtsh.;Nerila Brimotiti, etc.
Ostrea keterodUa, Defr.
— Fossiles des sables marins,
— Tortue fossile, Ui.
135
CEncANCEAUx. Lioion, 413.
BrcnOï. Meulières, 296.
l'-BROonE. Calcaire de Beauce, 338.
BRUYËftES-SOUS-UOtt. Llgnites : iUv/a-
CERFROÏ (Aisne). Calcaire grossier :
wia inqiiiaata, Detr. ; Cerithmm
Cardita angustkmlata, Desh.
turliimîdes, Desb., etc.
CERNAT- Ut-VILLE, près Rambouillet.
BRY- (ou BRIE) SUR-MARNE. CalcHire
Calcaire de Deaoce : Limnœa a>n-
de Saitit-Ouen : Planorbis obtusus.
ilila, Desh. ; Planorbis rotundatas.
Sow.
Brongn., P. depressus, Nysl.
— Coupe, 277.
— Calcaire de Beauce, 338.
- Gypse, 257.
Ceilatepktl. Terrain qui le recou-
CaeN, simé sur le terrain jurassii|ue,
vre, i-il.
II.
CÉVEN:re3, contournées parle terraio
CAROits, silué sur le terrain jiiras-
jurassique, 11.
sii|ue, It.
CuAiLLEVET. Ijgnites, U6.
Cailles (Bulle aux). Diluvîum, 37».
CHAtLLOT (Paris). Calcaire grossier :
— Diluvium rouge, i90.
Lucina atnbigua, Uefr. Cette co-
Cailles (Muulio des). Poudingues de
quille, découverte il ChaiUot pur
Nemours, 332.
Defrance, n"a pas élé retrouvée
CAILLOUEL.SablcsmoyeHs:AbiéIinées
depuis.
{Amucacites).
CiiArNTBE,\uviLLE. Grès de l'argile '
Calais. Digue sous-marine, 7.
plastique, 115.
Canon VILLE. Diluvium, 353.
CHALQNS-SUR-VESLE. Sables inté-
rieurs (local ilé eitrémemenl riche) ;
^ Son rûle dans la géologie géné-
Teredina Omeni, Desb.; Païuh
rale de la France, 13.
pœa; Thracia Preattmchi, Dcsii.;
CltRNETIH, près Lagny. Traverlin de
Cytherea orbiaUuris, Edw.; Cj-
Brie : Bilhynia Duchasteli, Desh.;
rena tumlata, Desh., C. aibor-
Sables supérieurs : Bilhijnia Du-
bicularis.ïiesb., C. veaeriformit.
biiisiOHii, liouillel.
CARBEFOun [Hameau dul, près Ëlam-
DiplodonUt ingens. Desh., D.
pes. Calcaires de Beauce, 312.
fragitis, Desh., D. tnœqmtis.
Cahhières-Saint-Denis. Calcaire gros-
Desb.; Cerithium catnlautujM,
sier, 16i.
Desb.; etc.
Casi'IENNE (Itive de la). Volcans de
— Saliles marins, 133. ■
bouc, lis.
CnAUAiiANDE. Meulières, 300.
— Ses caractères, 437.
CHAMBLÏ. Calcaire grossier : Ottru
CAS9EL. Litloral de la mer miocène.
ciimbiUa, Desh.
38t.
CHAHBOns. CalMire grossier : Sofc-
Caucase. Volcans de lioue, H2.
curlm; Cylkerm anatoga, Desh,;
Bdhijnin Eugettii, Desh.
CftltMONT. Sables moyens {riche loca-
CHAMERY (Marne). Calcaire grossier:
DES LOCiaiTÉS CITÉES DANS L'OUVRAGE.
453
Teredina pei'sonata, Lamk ; Ceri-
, Ihium giganteum, Lamk.
— Calcaire grossier, 171.
Champagne. Rognons de pyrite, M.
Champceuil. Roches glaciaires, 423.
Champigny (Plateau de). Meulières,
. 297. .
— Gypse, 257.
— Poudingues diluviens fossilifè-
res, 356.
— Travertin, 277.
CnAMPLATREUx (Bois de). Sables
moyens, 204..
Champrosay. Forage, 199.
Champs-Elysées. Grès infra-gypseux,
242.
Chantilly (Forêt de). Sables moyens,
203.
CHAPELLE (la) près d'Orléans. Cal-
caire de Beauce : Limnœa dilatata,
Noulet, L. urceolata, Braun., L.
Noueli, Dosh.
CHAPELLE (la) près Houdan. Calcaire
grossier supériem» : Corbula angu-
lata, Desh. ; Cerithium lapidum,
Lamk.
Chapelle (la), entre Saint-Cyr et
Dreux. Redressement des couches
du calcaire grossier, 19.
CHAPELLE EN SERVAL (la). Sables
moyens : T^/fo'na parilis, Desh.;
Avicula Defrancii, Desh.
CHAPELLE-GODEFROY (la), près Nogent-
• sur-Seine. Craie : Ancyloceras,
Chapelle -Saint -Denis. Puits natu-
rels, 437.
Charenton. Calcaire grossier, 198.
CHARONNE. Diluvium lacustre. Faune
analogue à celle de Joinville-le-
Pont.
— Diluvium, 353-356.
CHARTRES. Calcaire de Beauce : Hé-
lix Aureliana, Brongn., H. Bar-
randi, Desh.
— Absence de la craie de Meudon,
36.
Chassemy. Palmiers fossiles des sa-
blés glauconifères, 157.
CHAtEAUDUN. Grès ladères, 85.
Chateau-Landon. Travertin, 222.
— Poudingues, 109,
Chateauneuf. Argile à silex, 87.
CHATEAU-ROUGE. Calcaire grossier :
Turritella imbricataria, Lamk.;
Scalaria striatula, Desh.; Litiopia
acuminata, Desh.; Rissoina serai-
striata, Lamk.
CHATEAU -THIERRY. Lignites : Ceri-
thium ftiscatum y Mantell. Calcaire
de Brie : Chara Archiaci, Wat.
— Calcaire grossier, 197.
Chatillon-sur-Seine. Situation de son
champ de bataille, 14.
Chaumière (Route de la) (Paris).
Débris humains du diluvium,
384.
Ciiaumont. Situation de son champ
de bataille, 14.
— Frontière du bassin de Paris, 18.
Chaumont (Buttes). Gypse, 252.
CHAUMONT (en Vexin). Calcaire gros-
sier inférieur : Cytherea calvi-
montana, Desh. ; Lucina pul-
chella, Agass.; Avicula calvimon-
tana, Desh.; Psammobia spathula,
Desh. (espèce propre); Turritella
elegans, Desh.; Fusus maximus,
Desh. ; etc. Localité des plus riches
et des plus intéressantes.
— Calcaire grossier, 164.
— Monument mégalithique, 386-
401.
Chauny. Diluvium lacustre, 363.
CH AU SSY. Calcaire grossier : Poromya;
Corbula exarata, Lamk ; Venus
conformiSy Desh. ; Terebraiula
bisinuata , Lamk. ; T. Putoni ,
Beaudon ; Argyope cornuta, Desh.;
Mesostomapulchrum, Desh. ; Ade-
orbis Fischer i, Desh.; Cerithium
imperfectum, Desh.
Chaville (les bois de). Leur situation
dans le bassin de Paris, 17.
CHAVOT. Lignites : Unio truncatosus
Mich.
^^^^^^^^^^^^ TABLE ^^^^
^^F ClIENNEYIÈRES-Sm-MAllNE. Munies
COHFLflHS-SfllHTE-HOHOBlHE, Calcaire
^H vertes, S57.
grossier : Mylilus riinosus, Lamlt.
^H —Magnésîle, â«JI.
— Calcaire grossier, 175,
^B CHÊRY-CHARTREUVE. Sables moyens :
COHBEIL. Forage, 199.
^H Cyrena antigua, Fér.; Chatna
— Gypse, 252.
^^H ïurgiiJufa, Lamk; Diplodonta
CORNEILLE EH PARISIS. Meulières su-
^H efjipffca, Desh.; CanliVia ^ic/ia-
périeures : Potamides Lamarckii,
^H fini, Desh. Localité Irès-rictie.
Desh.
^H CHESHEAUX, près Cliaieau-Thierry.
— Meulières à polatnides, 342.
^^H Sables moyens : Melania lactea,
Coamcï. Sables de Ililly, 125.
^H Lamk; Natica parisiensis, d'Otb.
ConsouAiLLES à l'époque miocène,
^H CnEVÂLERÉT(Rue du) (Paris). Diluvium
335.
^H gris, m.
Cote-Sai.nt-Martin. Subies coquil-
^H Chevuxy. Marnes à huilres, ilIG.
liers, 322.
^H Chevreusë. Gypse, 237.
~ Calcaire de Beauce, 339.
^H — Meulières, 294.
COTËSTIN. Crag, 83.
^H CHECT. Calcaire grossier : Fimbria
— A l'époque miocène, 335.
^H ^or/ieJIosa, Lamk ; Cardium gigas.
COULOMBS. Sables moyens : Maclm
^H Defr. Cette dernière coquille esl
coHtradicla, Desh. ; Cj/therea (ri-
gomila, Desh. ; etc.
^^H celles que rournît le bassin de
Coulomwehs. Magnêsilc, 291,
^H
— Limon, 413.
^^M Choisy-le-Roi. Foyera quaternaires,
Couii DE FnAUCE. Meulières, 301.
^H
CouRBEToN (Seine-el-Marne). Ai^iie
^H Cimetière des Anglais, prés Pontolse,
plastique, 106.
COUflCELLES (Aisne). Grés supérietiT
^H CiPLY(Gel^ique). Craie blaaclie,35.
aux lignites. Localité exlrèmemetil
^M CLKIROIX. Craie. Ligniies : Osirea he-
riche en plantes fossiles. Nous d-
^H leroclUa, Ilefr.
lerons surtout les familles suivftii-
les : Lichens; Graniinées(P(Kicil«^;
^^H — Uiluvium, 370.
Palmiers {Flabetlaria); Myricacées
^H — Sables moyens, 213,
{Myricay, Protéacèes {Haiea).
^H CŒUVRES (Aisne). Sables lufi^rieurs ;
— Planlea des lignites, 145.
^H Corbtila gallicula, Desh, Calcaire
COUflTAGNOIt.CalcMire grossier. Leca-
^^H grossier : Lophtodon.
^H ^ Puits naturels, 430.
innoinbrables coquilles qu'elle a
^H COIHGDURT (Oise). Calcaire grossier.
fournies.
^^1 Cette localité fournit plusieurs
CouRTEMPiEimE. Vallée maréK^use,
^^H espèces qu'on ne rencontre pas
109.
^H ailleurs. Par exemple ; Cliama
CoDBViLLE, près Chartres. Froniîère
^H inormta, Desh.; Cytherca obso-
du bassin de Paris, 17.
^H leta, Desh.
— Argile à silex, 87.
^H Collégien. Meulières, 800.
CRAMftHT, prés Arize (Marne). Lai-
^H COMPIEGME. : Ligniies Pectuncidm
tes : Spkenia; Cyrena carditÀdit,
^H ' paucifffmtdfus, Desh. Sables <1u
Desh.; MyiUux DulempUi, Desh.
^^P Soissonnais : PhymiUoderma.
— Calcaire d'eau douce, 189.
^^B • — Sa situation dans le bassia île
CnAONNE, Siiuation de son champ de
^H Paris,
bataille, 14,
DKS LOCALITÉS CITÉES DANS L'OUVRAGE.
455
CRAQUELOTS(les), près Mortefontaine.
Sables moyens : Cytherea cuneata,
Desh. , Cytherea deperdita, Desh.;
Melania frumentum, Desh.
Crécy. Sables moyens, 204.
CREIL. Sables moyens : Ostrea De-
francii, Desh.
CRENES. Sables moyens. Très-inléres-
sante localité qui n*est restée acces-
sible que pendant fort peu de
temps et dont M. Hébert a été
jusqu'ici seul à profiter et à faire
profiter la science. Arca deci-
piens, Desh.; Cytherea soror,
Desh. ; Cyrena planulata, Desh. ,
Cyrena minuta, Desh.; Donax
trigonula, Desh. ; Hipponyx He-
bertij Desh.; Natica ambula-
crum, Desh. ; Cerithium trivitta-
tum, Desh. ; etc.
CRÉPY. Sables moyens : Corbula an-
gulatUj Lamk; Bithynia pulchra,
Desh.
CRESSONSACQ. Sables inférieurs : Pe-
cten breviauritus, Desh.
Créteil. Calcaire grossier, 181.
GRISOLLES (Oise). Grès inférieur aux
lignites: Palmiers (Flabellaria).
Crosne. Forage, 199.
CROUY. Sables moyens : Corbulomya
complanata, Sow.
CUIS. Lignites: Teredina per Sonata,
Lamk; Cyrena singularis, Desh.
Travertin de Saint-Ouen : Paludina
Matheroni, Desh.
CUISE-LA-MOTTE. Sables glauconi-
fères. Localité infiniment riche en
coquilles et débris d'animaux plus
élevés que les mollusques, tels que
poissons et reptiles.
— Sables glauconifères, 150.
CUIZY EN ALMONT. Sables inférieurs :
Solen; Diplodonta radians, Desh.
CUMIERES. Calcaire grossier : Cythe-
rea parisiensis, Desh.; Chama
calcarata, Lamk; Corbula ana-
tina, Defr. ; Neritina lineolata,
Desh.
CUVERGNON. Sables moyens : Ceri-
thium tuberculosum, Lamk, C.
œquistriatum, Desh.
CUVILLY (Oise). Lignites : Cyrena trl-
gona, Desh.
DAMERY (Seine-et-Marne). Calcaire
grossier : Fistularia ; Lu^ina pu-
chella, Agass.; Natica dameria-
censis, Desh.
Dammartin. Gypse, 269.
Danemark. Tourbières, 416.
Délémont (Val de). Gypse d'origine
hydrothermale, 275.
Désert (le), près Argenteuil. Monu-
ment mégalithique, 400.
Diablerets. L'âge de ses couches
tertiaires déterminé par Al. Broif-
gniart, 4.
Dieppe. Digue sous- marine, 7.
— Craie, 35.
— Littoral de la mer miocène, 336.
DISY, près Épernay. Lignites. Cyrena
tellinella, Fér., Cyrena trigona,
Desh»
DiVES. Éboulement de ses falaises, 6.
DOCKS (Paris). Travertin de Saint-
Ouen : Bithynia cyclostomœfor-
mis, C. d'Orb. Cette coquille n'a
pas été retrouvée. Le même gise-
ment a fourni, des reptiles (tor-
tues), des poissons indétermina-
bles, des mammifères {Palœothe-
rium), etc.
DOMONT. Grès lustré à cassures coni-
ques, 323.
Dore (Mont). Ses roches volcani-
ques, 12.
DORMANS (Marne). Calcaire grossier:
Palmiers (Palmacites).
— Sables de Rilly, 125.
— Alternance de dépôts marins et
d'eau douce, 138.
DoRMELLE. Argile plastique, 107.
Douvres. Digue sous-marine, 7.
DOUY-LA RAMÉE. Sables moyens. Car-
dilia Michelini, Desh.
Dreux. Ondulations de la craie, 46.
— (Forêt de). Argile à silex, 87.
UbQ
TABLE ALPHABÉTIQUE
DUCY. Sables moyens : Corbula La-
marckii, Desh.; Cytherealœmgata,
Lamk ; Hipponyx patelloides ,
Desh., etc.
DuMFRiES (Ecosse). Empreintes de pas
sur le grès, 178.
DussELDORF. Littoral de la mer mio-
cène, 334.
Eaton, près Norwich. Puits natu-
rels, 431.
Ecole (Environs du cours de V). Mo-
raine quaternaire, 422.
ECOUEN. Sables moyens : Venerupis
striatula, Desh.
Egerllnden (Suisse). Fossiles du
gypse, 276.
Enghien. Source sulfureuse, 445.
ËPARMAILLES (les), près de Provins.
Calcaire de Provins : Bithynia Des-
chiensiana, Desh.; Limnœa Miche-
Uni^ Desh . ; A chatina Nodoti, Desh.
ËPERNAY. Lignites : Lucina sparna-
çfïisis, Desh.
— Situation de son champ de ba-
taille, 14.
— Frontière du bassin de Paris, 18.
— Sables moyens, 202.
— Gypse, 227.
Éplnay. Meulières, 296.
— (Environs d'). Monument méga-
lithique, 400.
Epte (Vallée de 1'). Lignites, 139.
— et la mer miocène, 336.
— Tourbières, 417.
ERMENONVILLE. Sables moyens : Lu-
cina ermenonvillensiSy Desh. ;
Chama turgidula, Lamk ; Cytherea
delicatula, Desh.
Essonne. Forage, 199.
— Meulières, 296.
— (rivière). Sa situation dans le
bassin de Paris, 17.
— (Vallée d'). Tourbières, 417.
ËTAMPES. Travertin de Saint-Ouen:
Chara depressa^ Wat. (Voy. Cote
Saint-Martin.)
— Forage, 199.
— Sables coquilliers, 318.
— Renne quaternaire, 375.
— Sources minérales, 446.
— (Rivière d*). Sa situation dans le
bassin de Paris, 17.
Étaples (en face d'). Sondage de la
Manche, 7.
États-Unis. Gypse de formation con-
temporaine, 274.
Étoile (Arc de V). Sables moyens,
214.
ËTRECHY. Sables supérieurs. Innom-
brables quantités de coquilles dont
beaucoup sont propres à cette riche
localité; On peut citer comme spé-
cialement intéressantes : Avicula
stampinensis , Desh.; Chiton Ter-
quemiy Desh. ; Cœcum EdwarM,
Deshayesia parisiensiSjRaMlin. Des
ossements de lamantin (Ma/natus
Guettardi) se rencontrent fréquem-
ment.
Eure (Département de V). Argile à
silex, 85.
— Sables glauconifères, 150.
— Sables moyens, 202.
— (rivière). Région d'où elle tire sa
source, 16.
Eure-et-Loir. Argile à silex, 85.
Europe (Place de V) (Paris). Grès
infra-gypseux, 242.
ËVËQUEMONT. Meulières supérieures :
Limnœa inflata, Brongn., Limnœa
Tombecki, Desh.
ÉVREUX. Argile à silçx, 86.
ËZANVILLE. Sables moyens : Cyrena
cuneiformis, Fér.; Venerupis ob-
longa, Desh.
Falaise (Marne). Calcaire pisoli-
thique, 78.
FALAISE (la) ( Seine -et-Oise). Calcaire
pisolithique : Trochus Gabrielis,
d'Orb. ; Lima Carolina d'Orb.;
Nautilus spherica d'Orb.; Cidaris
Forchhammeri.
— Calcaire pisolithique, 62.
Favières. Argile à silex, 87.
Faxoe (Suède). Calcaire pisolithique,
62.
DtS LOCALITÉS CITÉES DANS L'OUVRAGE.
457
Fay (Vallon du). Poudingues de Ne-
mours, 103.
FAY-AUX-LOGES. Calcaire de Beauce :
Hélix Defrancii, Desh., Hélix Mo-
roguesij Brongn.
FAYEL (le). Sables moyens. Localité
d'une extrême richesse, où beau-
coup d'espèces rares, oii même in-
connues ailleurs, peuvent être re-
cueillies. Cardilia Michelini, Desh.;
Tapes parisiensis, Desh.; Scalaria
Michelini, Desh.; Cerithium fayel-
lense, Desh. ; Cancellaria anguli-
ferciy Desh., etc.
FERCOURT. Calcaire grossier : Cythe-
rea parisiensis y Desh.; Dentalium
striatum, Sow., Dentalium Bron-
gniarti, Desh.; Natica semiclausa,
Desh.
FÉRE (la). Sables inférieurs : Phola-
domya cuneata, Sow.; Chenopus
Heberti, Desh. ; Palmiers (Flabel-
laria). Travertin de la Brie : Chara
Archiaci, Watelet.
— Diluvium, 363.
FÉRE EN Tardenois. Meulières, 290.
Ferrièhes. Meulières, 300.
Ferrotte. Argile plastique, 108.
FERTÉ-ALEPS(la). Calcaire de Beauce:
Mammifère^.
— Sa situation dans le bassin de
Paris, 17.
— Gypse, 227.
— Sables coquilliers, 322.
— Calcaire de Beauce, 339.
— Calcaire de l'Orléanais, 3i4.
Ferté-Gaucher (la). Limon, 413.
Ferté-Milon (la). Calcaire grossier,
164.
FERTË-SOUS-JOUARRE (la). Sables
moyens : Lucina ermenonvillensis,
d'Orb . , Lucina Rigaultiana, Desh. ;
Cardilia Michelini, Desh.; Denta-
lium fissura, Lamk, etc.
— Meulières, 288, 292.
— Limon, 413.
Festieux. Lignites, 146.
— Calcaire grossier, 164.
FIEULAIHE (Aisne). Sables inférieurs
(horizon de Bracheux) : Myrica-
cées {Myrica). Grès inférieurs aux
lignites : Cypéracées (Cyperites).
Sables du Soissonnais (horizon de
Cuise-1 a-Motte) : Fougères (Tœnio-
pteris).
FISMES, entre Soissons et Reims. Sa-
bles inférieurs : Voluta zonata,
Desh.
Fiz (Pic des). Sa géologie faite par
Al. Brongniart, 4.
Flagny. Meulières de Brie, 289.
Flagy. Argile plastique, 108.
Flandres. Lœss, 411.
Flèche (la). Sables miocènes, 336.
Fijiurines. Sables moyens, 218.
FLEURY-LA-RIVl£RE. Calcaire grossier.
Nombreuses espèces bien conser-
vées.
— Sables moyens, 204.
— Absence des sables marins,
134. •
Fllns. Calcaire pisolithique, 75.
FoNDOiRE (la). Sables de l'argile plas-
tique, 107.
FONTAINEBLEAU. Calcaire de Beauce :
Limnœa dilatata, Noulet, Limnœa
fabulum, Brongn., Limnœa opima,
Desh.; Hélix Beyrichi, Desh., Hé-
lix impressa , Sand. ; Achaiina
electa, Desh.
— Sa situation dans le bassin de
Paris, 17.
— Meulières de Brie, 290-294.
— (Barrière de). Diluvium, 359.
— (Forêt de). Grès cristallisé, 323.
— Calcaire de Beauce, 338.
FOHTEHAY-SAIHT-PÊRE. Calcaire gros-
sier. Gisement très-intéressant. Co-
quilles rares, parfois propres à la
localité : Pecten infumatus, Lamk;
Scalaria timida, Desh., etc.
FONTENAY-SOUS-BOIS, près Yincennes.
Meulières supérieures : Bithynia
terebi^a, Desh.
Forges-sur-Briis. Source minérale,
446.
"^V
438 -^^ TABLE ALPHA BÉTIQUK. |
France. Sa siruclure géologique gé-
OILODOURT. Sables inférieurs : (htrta 1
ncrule. 1 1 .
multicostata, Desh.
— ceniralp. Son massif moiila-
GmGE^■n- Volcan de boue, 113,
gneu\. a.
GISORS. Calcaire grossier. Localité
FfiANCFiiiiT. Lilloral di; lu mer niio-
trés-riche.
f.'-iie, ;s3i.
— Frontière du bassin de Paris, 18.
FfiÉMiNcouiiT. Argile à silex, 88.
— Recouvrement des ligniles par le
FnÉPELLON. Gvpse, 2fi8.
calcaire grossier, 139,
FRESMES-LEZ-itUKGIS. Gypse : Xipho-
GUCIERE (la) à Paris. Calcaire gn^
éon. gracile, Cuv. Sables supé-
aier : Algues, Ëquîsélacées.
rieurs; Cytherea vacrntmiit, Desb.;
— Végétaux do calcaire grossier.
Cerithmmplmtum, Desb. ■,Ostrea
179.
lonQifOitris, Lamk, OUrea cya-
Glandëlles. .4rgi)e plasti({ue, 108.
thuUi, Lamk. Pinces de crustacés.
GO.AS. Fulun3,336.
— Formation gj-pseusc, 281,
GOIRIUURT. Sables moyens : Onux
— Calcaire à Cerithium pticatum.
nitida, Lamk.
315.
GoLA^-co^lT. Liguiles, 143.
Fbette (la). Calcaire grossier, 198.
GOMERFOHTklHE. Calcaire gros^er:
FRILEUSE (la), pr*sde Beynes. Calcaire
Solen proximtis, Desh.
grossier supérieur : Cmthium la-
Gbandon (Plateau de). Calcaire gros-
pidum, Lamk, Cerithiam echid-
sier, 198.
noidM. Desh. BrtA{mw;elc.
GBAND-VAra. Meulières, 297.
FRDIOMDHT. Ligoiies: Sphmiia: Ceri-
Gn.iVEi.T.E (Redoute de». Gypse, i80.
thium turbinoides, Desh,
Gravesend (Angleterre). Craie, 35.
Gagnv. Gypse, 26i.
GREHELLE. Diluvium. Localité eilrè-
GKHELOM (Mont), prés Compiégne.
mement riche eu ossements des
Calcaire grossier inférieur : tiuni-
mammifères qualeruaircs : Eie-
mulites.
— Calcaire nummuiitique, 16i.
etc. On j a recueilli aussi des (lé-
GAHHES, pi-ës Breteuil (Oise). Sables
bris humains de la même époiiue «I
inférieui^ : Clavanella; Abiélinées
des silex taUlés.
(PIHMJ).
— (Forage de). Renseignement sur
Cay-Lussac (Rue) (Paris). Delon ro-
la structure profonde du bassin
main avec aragonile, 444.
de Paris, 1Û.
Genoy. Monument mégalithique, 386.
— Coupe du puit3 artésien, li.
EERTILLlf.Calcaire grossier: Poissons.
— Diluvium, 354-370.
Fsammobia tenuimlca,\ii!sh . ; Cor-
— Os humains da diluvium, 3S7.
diiim aviatlare, ]junk; Orbitoli-
GRIGNDH. Calcaii-e grossier. Poinl
tes campUlnala, Lamk; BuUa Le-
tout à fait classiques maïs luain-
brunii, Desh. Kaiadées (Coralli-
tetiaut d'un abord dilfidle. On ; a
niles). DiluTium lacustre : campa-
découvert une foule de coi{uiUes
dont beaucoup n'existent pas ail-
Cijclas amnicum.
leurs. Desplanless'ypréseDteul.el
— Calcaire grossier, (71.
surtout celles qui dépendent de U
— Diluvium lacustre, 3SI3-360.
famille des Naladées {Caulinitesl
— Lœss, 410.
— Calcaire grossier, 175.
— Stalactites dans le calcaii'e gros-
GROUX (le.). Calcaire grossier : Lh-
sier, 4-11.
^ 1
ciitii pukhella, Agass. ; P/icateto
DES LOCALITÉS CITÉES DAKS L'OUVRAGE.
A59
squamula, Desli.; Turritella su-
bula, Desh. ; Fusus maximus,
Desh., etc. C'est une localité très-
riche et des plus intéressantes.
CUËPELLE (le), près Senlis. Sables
moyens: CardiliaMichelini, Desh.;
Lucina ermenonvillensis, d'Orb. ;
Lucina Rigaultiana, Desh. ; Den-
talium Defrancii, Desh.; et une
quantité innombrable de coquilles
intéressantes.
— Sables moyens, 202.
€UEUX. Sables inférieurs : Cyrena
intermedia, Desh.; Cyrena acutan-
gularis, Desh. ; Pisidium cardio-
lanum, Desh.; Cardium Bazini,
Desh.; Cardmm Edwardsi, Desh.;
Triton aniiquum, Desh. Très-
remarquable localité.
fiUlSCARD (Aisne). Lignites. Cyrena
antiqua, Fér. ; Équisétacées.
fiYPSEUIL. Sables moyens: Cypricar-
dia eleganSy Desh. ; Liicina squa-
multty Desh.
ilADAHCOURT (Oise). Calcaire gros-
sier : Psammobia Beaudini, Desh.
Sables moyens : Sphenia.
MALLATE (Forêt de). Sables de Fontai-
nebleau: Cyrena s^wi5fnato,Desh. ;
C. convexay Hébert; Cerithium
plicatum, Brug.
— Sables moyens, 203.
«ARIENNE (Aisne). Sables moyens :
Tiliacées {Grewia); Papilionacées
{Piscidia),
Harz. Situation par rapport à la mer
miocène, 334.
Hastlngs (Sondage de la Manche en
face de), 7.
Hecla. Concrétions siliceuses, 305.
ilERBLAY. Gypse. Cyrena semistriata,
Desh. (C. convexa, Héb.). Meu-
lières supérieures : Bithynia pyg-
mœa, Desh.
— Sables moyens, 201.
— Gypse, 268.
MËRELLE (le), près Saint-Jusl (Oise).
Sables inférieurs : Perna Bazini,
Desh. Espèce découverte dans
cette localité et qui lui paraît spé-
ciale.
HERMES (Oise). Calcaire grossier :
Ostrea cincinnata, Lamk; Lucina
mutabilis, Lamk.
HERMONVILLE. Calcaire grossier :
Ostrea flabellula, Lamk; Cyrena
nobilis, Desh. , Cyrena Dutemplei,
Desh., Cyr. Charpentieri, Desh.;
Turritella Lamarckii, Defr. Mar-
nes du gypse : Pholadomya luden-
sis, Desh. Riche et intéressante
localité.
— Sables de Rilly, i26.
— Empreintes de pas sur le calcaire
grossier, 178.
HÉROUVAL. Sables inférieurs : Poro-
mya antiqua, Desh.; Cyrena tetra-
gona, Desh. ; Cardium Levesquei,
d'Orb.; Chama distans, Desh.;
Cytherea humerosa, Desh.; Diplo-
donta Endora, Desh., Diplodonta
radians, Desh.; Melania herou-
vallensis,Y)f>sh. Calcaire grossier :
Lucina pulchella, Agass. ; Lacuna
solidula, Desh.; Quoya heterogena,
Desh. ; Rissoina transversana ,
Desh. Plusieurs de ces espèces
appartiennent en propre à cette
riche localité.
Heuley (Angl.). Puits naturels, 433.
HiRSON. Situé sur le terrain juras-
sique, li.
HOUDAINVILLE (Oise). Sables infé-
rieurs : Lucina Levesquei, d*Orb.;
Ostrea submissa, Desh.
HOUDAN. Calcaire grossier. Une des
plus riches et des plus intéressantes
localités de nos environs : les
espèces s'y comptent par cen-
taines.
— Ondulations de la craie, 46.
— Sables moyens, 204.
HouDEViLLiERS. Meulières, 298.
Houilles. Calcaire grossier, 198.
Houppe (Bois de la). Altitude de la
craie, 45.
^^^vm^^^^^^^s ^^^^f
^^r HurSNE (rivière). Bé^iou d'où elle
losa, Lamk; Cardtum oblîquum.
^^M tire sa source, IG.
Umk ; etc. \
^^M Hutte aux Gmilies, ù Monlmarlrt;.
Java. Volcimsdeboue, HI. 1
JEURES, près Etréchy. Sables supé-
^H Gypse, 2li.
^^1 iLE-DE-FiLVNCE. Ses caractères pro-
rieurs; Synrfosmya elmfanî, Deslu'
^^H
Lacuna tabiata, Sandb.; Tiirri-
^^M Iluers. Frontière du bassin de Piiris,
tella planospira. Nyst; BetOa-
^H
lium acutum, Hébert; Denta-
^^M Indes. VoIcuds de boue, 111.
lium Kickxii, Nyst; Cerilhmrn
^^M Irmnde. Tourbières, il(i.
jeiirense, Desb.; Deshai/esia pa-
^^H Islande. Le graud Geyser, SOS.
risicnsis, Raulin; Neritina Dit-
^^1 Isle-Adam. Culcaire grossier, ISi.
chaslcti, Desb. ; et une graade
^^M — Sables moyens, W.
quantité d'autres espèces rares et
^H[ — CaTernes, 115.
^^V ISSOU, près Mantes. Calcaire grossier :
^^1 Natica iiistica, Desh. Cette Lelle
JOIGHT, près Beauvais. Craie : Ec»i-
^^H espèce, découverte par ÏI. Hé-
noconjs vulgaris, Breyn.
^^H bert, parail exclusivement propre
JDINVILLE-LE-PDHT. Dilavium lacus-
^^^ à Issou ; elle y est exlrâmemenl
Ir^i : Paludina Achattm; Belix
^^1
hortensis, Uelîx htspida, HfUs
^^H ISST. Culcaire grossier : Nipacées
bipicida. Hélix nemoralit, Hetm
^^M (rruils deN'padUes.)
^^B — Conglomérai, 99.
mus lubriati; Ancytm ftuviatUit:
^^H — Calcaire slronliaiiien, 110.
Limaœa ovata, Limnœa aiuicu-
^^H — Calcaire grossier, (6i.
Uiria; Vaioata obtusa. ValoalA
^^M Italie (Barrière d'). Diluviura, 3ô3.
piscimlii; Cyclas contea. Ele-
^^M Iton (rivière). Région d'où elle lire
phas , Rhinocéros , Uippopola-
^H sa source, 16.
mu5,etc.
^H IVOftS. Sables inférieurs ; BuUn
— Diluïium, 353-356.
^^1 cylmdroides, Desb. Sables moyens :
JONCHERir (Mai-nej. Sables inférieun:
^H TeUitia mutala, Desb.
Cyrena irUermedia, Desb., Cy-
rena acutangularis, Desh. ; Ptn-
^H IVRY. Sables moyens, SOi.
^H ~- Puits naturels, ^idl.
dium cardiotanum, Desh. ; Diph-
donta fragiUs, Desb., Di^dmla
^^H les roulés de tous les terrains du
imequalà, Desb. ; Laama itgare-
^^H bassin. Loess : Hélix arbustorum.
tina, Desh.; Bithynia limbata.
Drsh., etc.
^^M ralâ, Hélix conciwaa, Belix his-
JOUT (Aisne). Calcaire grossier : Al-
^^M piàa; Pupa muscorum; Bulîmus
gues {CmfervUes. Laminariltl,
Fitcus, Corailitûles, elc.j; NaJadèM
^^H ^ DituTÎum gris, HO.
{CaulinUes); Nympbéacées (iVyM-
^^M IvitY-LA-BAT AILLE. Sables movcos,
phœa).
^H
JOUT près Versailles. Mealièressopé-
^H JAIGHES. Sables moyens : Cyrena de-
rieures : Ancylus depressus, Desb.;
^^H perdila, Desb. ; Chama (imbriata.
Limnœa sytnetriai, Brartl.
^H
— (coleauit de). Leur rôle dans le
^H JltUL90NNE. Calcaire grossier : TelUna
bassin de Paris, 17.
^^H doniicialis, Lariik; Fimbrialamel-
- Calcaire de Beauce, 330.
DES LOCALITÉS CITÉES DANS L'OUVRAGE.
HQi
JuiNE (Vallée de la). Collines de
sable, 332.
Jura bernois et mer miocène,
335.
JussY. Lignites, 146.
JUVISY. Sables supérieurs : Limnœa
minor, Thomœ.
— Meulières, 301.
Kertch. Volcans de boue, 112.
LAGNY. Lignites : Paludina lenta,
Sow.
— Meulières, 300.
Langres. Crête sur laquelle il est
situé, 14.
LAON. Sables inférieurs : Localité très-
riche, fournissant des espèces très-
rares et parfois inconnues ailleurs.
On y recueille : Pecten laudunen-
sis, Desh. ; Lucina discorSy Desh.;
Pholadomyavirgulosay Sow.; Fra-
gilia laudunensis, Desh. ; Chama
plicatella, Desh. ; Cardium ingra-
tum, Desh. ; Diplodonta radians,
Desh., etc.
— Situation de son champ de ba-
taille, 14.
— Sables marins, 134.
— Sables glauconifères, 150.
lATTAINVILLE. Calcaire grossier : Cy-
therea C07'bulina, Lamk. Sables
moyens : Cypricardia elegans ,
Desh.
Laugarfiall (Islande). Empreintes
végétales, 305.
Lavaux. Ppudingue de Targile plas-
tique, 108.
LAVERSINE (Aisne). Sables inférieurs :
Cytherea scinctillay Desh.; Spor-
tella modesta, Desh.
LAVERSINES (Oise). Calcaire pispli-
. thique : Lima Carolina; Cydaris
Forchhammeri, etc.
— Calcaire pisolithique, 62-75.
Levallois-Perret. Diluvium, 353-
376.
iEVEMONT. Sables moyens. Localité
. fournissant beaucoup de fossiles du
niveau de Beauchamp.
Lewes (Angleterre). Fossiles de la
craie, 54.
LIANCOURT. Calcaire grossier : Lwcma
pulchella, Agass. Point offrant un
grand intérêt.
— Calcaire grossier, 165.
Ligny. Situation de son champ de
bataille, 14.
LiMAY. Calcaire grossier, 185.
LiMBOURG belge. Mer miocène, 334.
LIMÉE, près Braisne (Aisne). Lignites :
Teredina personata, Lamk.; Cy-
rena cuneiformis, Fér.
LISY-SUR-OURCQ. Sables moyens : Cla-
vagella ; Emarginella costata ,
Lamk.
LoiNG (rivière). Sa situation dans le
bassin de Paris, 17.
— (Vallée du). Argile plastique, 107.
Loir (rivière). Région d'où il tire sa
source, 16.
Loir-et-Cher (Département du). Jas-
pes, 109.
Loire (Vallée de la) et la mer mio-
cène, 336.
LoMPANS. Monument mégalithique,
401.
LONGJUWlEAU.Calcairede Brie: Grami-
nées (Arundo). Sables supérieurs:
Corbula longirostris, Desh.; Myti-
Itis denticulatus , Lamk. Meulières
supérieures : Naïadées (fruits dePo-
tamogeton); Taxinées (Glyptostro-
bites) ; Nymphéacées (Nymphœa) ;
Papilionacées (Carpolithes).
— Meulières de Brie à végétaux,
293.
LoNGPONT. Calcaire d*eau douce, 189.
LoNGUESSE. Calcaire grossier, 162.
LoNGWY. Crête sur laquelle il est
placé, 14.
— Situé sur le terrain jurassique,
11,
Lot (Département du). Phosphorites,
276-439.
Lot-et-Garonne (Département de).
Phosphorites, 276.
LouviERS. Calcaire grossier, 198.
^^B (es TiBLE ALPRARËTIQtE. ^^^^|
^V LDUVHES. Sables mofcDS : Oilrea De-
MMEUIL, prës Bel/.Saliles moyens :
^H /nincii, Uesb.
Ceritliiiwi bicarinatiim, Lanik.
^H LUDES. Sables moyens: CAnma tar-
MAREUIL-EN-DOLE Sables uioyoïs-.Pd-
^m giduta, Lanik; Carrfifia Micbelini,
^H Desh.; Osfr^a ludensis. Desb.;
ritella sulcifera. Desh.
^^1 Cytherea nitidabi, Lumh. Marnes
«HHEUIL-UIIOnE. Ugniles: Équisé-
^^1 du g>'pse. Pmtnviobia neglecla.
laci^-cs.
^H ncsb.'; Pholadomtja ladeiisis ,
■«HIEIIT, près Orléans. Calcaire de
^M
Deauc« ; LimnaadUatata, îfoulel,
^H _ Marnes du gypse, 248.
Limnœa urceobUa, Bran go.
^H LtTiiERNAï (Marni;). Calcaire ^ros-
MARIGHY-SklHTE-GENEVlEIIE (Aisne),
^H
Calcaire grossiei' ; Naiadêes (Cau-
linitts). Cesl de cette localité que
^H I,UZAHCIICS (Environs de). Allée cou-
vienl lu maguiGquc Caulinitei f(H-
^m verte, 401.
mosus, Wul.
MKRIHES.Saliles moyens OslreaDe-
^M
fmncii, Desh-
^M Magnï. Sables moyens, 20i.
^H Maillv. Lignites, 139.
Paris, 17.
^H MimTEHOM. Calcaire de ^ne-.BUhy-
— Fausses glaises, 118.
^H nia Dachasteli, Desh.
Mahne (Département de la). Ligniles,
^H — Absence de la craie de Meuilon,
139.
^m
— (rivière). Court vers le cenlrfl
^^M — Monument mégalitbique, iUf.
du bassin parisien, li.
^H Maisons (Pure de). Calcaire grossier.
— (rivière). Différence delaslruc-
^M
lure géologique de ses deuK rires
^H Maisons-Alfort. Sables moyens, SOI.
à Nogent, 21.
^H Haesse. Calcaire de Beauce, 3i2.
— (Vallée de la). Sables moyens,
^H MAITRE- (le) SOUS-FOHTEHAT. Calcaire
20i.
— (Vallée de la). Tourbières, 417.
^H
MAnoLLES. Meulières, 296.
^H Maussis. Sables coquilUers, 321 .
MAHTIGHT. Sables inférieurs : Corbula
^^M Mai.eSKBRBES. Calcaire de Beauce,
gallknda, Desh.
^H 339.
MAHT. SaLIes moyens. Localité escep-
^H — (Boulevard). Travertin de Saint-
tiounellement riche : Cylhena
^M Ouen, 223.
velula, Desh.; Cyrena roborafa,
^H Mancbe (la). Ëlude de ses sédimenU
^H actuels, pur C. Prévost, 5.
d'Orb,; Corîratapiiridiciite.Dcsh.,
^H — Hetiefdesonfond, 7.
Corbuia RigauUiana, Desh.; A«-
^H Mans (le). Sables miocènes, 33(i.
riti^sis parisiensis, Desh.
^H Mansfeld. Poissons du scbisie bitu-
MAssAaiusETTs. Ormtkichnites , 2C6.
^m mineux, 177.
Maubeuce (Environs de). Minerais de
^H Mantes. Frontière du bassin de Pa-
fer, 111.
^M
MAULE-SUR-MAULDRE. Calcaire gros-
^H — Sables moyens, SOi.
sier ; Tellina comeola, Lamk;
H - Gypse, 227.
Cyrena compressa, Desh., Cyrena
^^H MAtiCOtJSSiS. Sa siluation dans le bas-
oUiqm, Desh.; TurriteUa La-
^M sin de Paris, 17.
ittarckii, Defr.
DES LOCALITÉS CITÏ^ES DANS L'OUVRAGE.
/i63
MAULETTE, près Houdan. Calcaire
grossier : Bithynia globulus, Desh.
M AU REPAS. Meulières supérieures.
Limnœa ventricosa, Brongn.
Mayence. Littoral de la mer mio-
cène, 334.
Mayenne (rivière). Région d'où elle
tire sa source, 16.
Meaux. Meulières, 294.
— Limon, 413.
Melun. Gypse, 227.
— Meulières de Brie, 290.
— Meulières de Brie à végétaux,
293.
— Limon, 413.
MEHIL-AUBRY (le). Sables moyens :
Diplodonta ellipticajBesh.; Cyrena
compta, Desh.
Mennecy. Meulières, 297.
MERCIN, près Soissons. Sables infé-
rieurs : Syndosmya Lamberti,
Desh.; Venus obliqua, Lamk; Di-
plodonta Eudora, Desh.; Cyrena
Wateleti, Desh., Cyrena scinctilla,
Desh.; Turritella Dixoni, ï^esh.;
Cerithium tœniolatum, Desh,, Ce-
rithium suessionense , Desh. Inté-
ressante localité riche en espèces
rares et fructueusement exploitée
par M. Lambert.
MÉRY-suR-OiSE. Calcaire grossier,
175.
Metz. Situé sur le terrain juras-
sique, 11.
— Crète qui le domine, 14.
M EU DON. Craie. Calcaire pisolithi-
que. Conglomérat : Cerithium ma-
dunense, Desh., Cerithium inopi-
natum , Desh. Calcaire grossier :
Palmiers (Palmucites).
— Situation dans le bassin de Pa-
ris, 17.
— Faille qu'on y observe, 18.
— Craie blanche, 34.
— Calcaire pisolithique, 62-73.
— Conglomérat ossifère, 90.
— Monument mégalithique, 408.
— Son conglomérat comparé au di-
luvium, 443.
— Travertin contemporain, 444.
M EU LAN. Calcaire grossier : P/icattt/a
parisiensis, Desh.
— (Environs de). Terrain orlhro-
cène, 148.
— Calcaire grossier, i98.
Mexique. Terrain météorique, 427.
Mézenc. Ses roches volcaniques, 12.
MÉziÈRES. Situé sur le terrain juras-
sique, 11.
— Crète sur laquelle il est placé ,
14.
MiDFELLSFiALL (Islande). Empreintes
végétales, 305.
MiLHAU. Situé sur le terrain juras-
sique, 11.
MILON. Meulières supérieures. Pla-
norbis cornu, Brongn. ; Pupa
Defrancii, Brongn.
MississiPL Ses fausses rivières, 440.
MizY. Monument mégalithique, 402.
MOISELLE. Sables moyens : Melania
hordacea, Lamk; Natica pari-
siensis, d*Orb. Localité fructueuse.
MoLiNCHART. Lignites, 139.
MoLLiËRES (les), près Rambouillet.
Meulières supérieures, 343.
MONAMPTEUIL. Calcaire grossier : Bue-
cinum stromboides, Hermann.
MONCEAU. Calcaire de Saint-Ouen :
Bithynia cyclostomœformis , Ch.
d'Orb., Bithynia varicosa, Ch.
d*Orb. Cette localité, où l'on a
trouvé des restes de reptiles et de
mammifères, n'est plus accessible
que tout à fait accidentellement et
à Toccasion seulement des travaux
de constructions.
— (Plaine de). Sables moyens, 202.
— (Plaine de). Calcaire de Saint -
Ouen, 219.
MONCEAU (le), près Épernon. Tra-
vertin de la Beauce : Limnœa De-
nonvilliersi , Desh. ; Planorbis
solidus, Thomœ.
MONNEVILLE. Sables moyens : Ostrea
— ^^r "n
SBt ^^^^^3» TAliLE ALPHABÉTIQUE ]
dorsata, Desfa.; Corfmla pixidi-
M0NTEnEAjj-!.E5-LEUPS. Ligiiiles, 139.
fula, Desh.; Turritella grmutom.
MONTESSON. Calcaire grossier. 181.
Desh.
MuNTFKRjiEiL (Env. de). Gypse, 2W.
MONS EH UON NAIS. Sables inférieurs:
MoNTFOiiT. Fronlières du bassin de
Corbula gallicula, Desh,; Lwcina
Paris, 18.
dUcors, Desli.; dltherea proji-
MosTFonT-L'AMAUHï. Gypsc, 247.
ma, Desh.; Diplodonta radians.
— Argiles à meulières. 293.
Desh.
MoNTGEHON. Meuliêfus, 296.
MOHTABUZARD, prés Orléans. Calcair<!
MONTHELaM. I.ignites : Vniotranm-
lie lii Beauce : Ancylus Boiirgeoisi,
tosus, Miuh.
Desii. ; Heto iVourii, Desh. ; aeto
MONTIGHT. Sables moyens : Citrdium
BaMOMrf», Brongn. ; Ackatina au-
Bond, Desh.
retianensis, Desb.
HONTJAÏOULT. Calcaire grossier;
MONTIEHT. S!»l)[es moyens : Liiciu'i
Sphenia ; Gadus biUtbiatus, Desh. ;
Algues {Fucus).
ddicalula, Desb.
— Sables moyens, 20-1.
MONTAICU. Ligniles, liC.
MosTLHÉRï. Meulières, 29i.
Mo.fr Aimé. .^Ililude de la craie, 45.
MONTMARTRE. Calcaire de Saint-
HOHTAIHVILLE. Calcnire |)isolilhiquc.
Onen : Bithspiia pyramidrUU,
Lima Carotma d'Orb.; Naiitiliis
Desh., Bith. varicosa, Gh. d'Orb.
sphwricas, il'Orb.
Gypse : Nntica sigaretina, Xtnb.;
— Calcaire pisolilhique, &i-lh..
Cyrem conuxa , Hébert ; Ptam-
MoNTALElS (les), près Meudoii. Con-
tnobiapiana, Desh., etc.
glomérat, 90.
— Théâtre des li^ourailles da ioi- '
M0STARGI8. Situé sur la limite (In
siles étudiés par Cuvier, 2.
bassin de la Seine, 1 S.
— Alternance de dépôts marins et
MomtCassel. Lœss, 41 f.
d'eau douce. 138.
MONTCHALONS. Calcaire grossier.
— Gypse, 228.
199.
— Marnes à huilres, 314.
Mont DES Chats. Ijuss, 411.
MONTMÉDï. Crête sur laquelle il est
KONTEREAU. Calcaire pisolilhique :
placé, 1 i.
Cidaris Forchhammeri. Craie : les
NI0HTMIRA1L. Calcaire grossier : Tel-
mêmes t'ussiles qu'à Meudou. Cal-
Una sinuata, l.amk ; VuUeliu di-
caire de Provins.
perdifa, Lanik.
— Situation de son rhaiiip de
— Situalion de son champ de ba-
balaillc, 14.
laille, U.
— Fronliére du bassin de Pa-
— Poudingue supérieur aus sables
ris, 18.
glauconiféres, 160.
— Fabrique de blanc d'Espa-
— Altitude du calcaire grossier.
gne, 57.
197.
— Calcaire pisolilhique, (J2-75.
' — Sables moyens, 204.
— Argile plasUque, 103-106.
— Meulières de Brie, 289.
— Sables de l'argile plastique,
— Limon, 413.
J13.
MONTMIREL. Calcaire grossier : Ser-
— Minerai de fer de l'argile plas-
jiiiiorbis ormlus, Desh.
tique, 114.
MONTMORENCY. Sables supérieurs:
-- Sables moyens, 218.
Bissoa turbinala, \ietr.-, Ceritkium
— Galets diluviens, 425. j inlrudontaluw. Di^sh., Cer'UhiUHi
i
^^^H
DES LOCALITÉS CITÉES DANS L'OUVRAGE.
465
Hmula, Desh. Meulières supérieu-
res : Bithynia pygniea, Desh. ;
Limnœa vesiculosa, Desh. , Lim-
nœa inflata, Brongn.; Characées
(Chara). Terrain quaternaire : res-
tes de mammifères.
— Empreintes sur le gypse, 265.
— Calcaire de Beauce, 339.
— Lœss, 411.
— Cavernes, 415.
MONTREUIL, près Vincennes. Marnes
du gypse : Limnœa strigosa ,
Brongn.; Diluvium lacustre : fos-
siles analogues à ceux de Join-
ville-le-Pont.
— Diluvium lacustre, 363-368.
MONTREUIL-$UR-MARNE. Calcaire de
Saint-Ouen : Limnœa convexa,
Edw.
MONTROUGE. Calcaire grossier : co-
quilles innombrables. Naïadées
{Caulinites, Potamogeton) ; Cupres-
sinées (Callitrites). Diluvium : Odo-
benotherium (?).
— Calcaire grossier, 175.
— Puits naturels, 437.
MONT-SAINT-MARTIN . Sables moyens.
Corbula ventricosa, Desh.
MoNTSOURis. Végétaux du calcaire
grossier, 179.
Mont Valérien, constitue comme un
témoin du creusement des val-
lées, 419.
MORAINVAL. Calcaire grossier : Pe-
cten optatm, Desh.
MORANCEZ, près Chartres. Limnœa
Michelini, Desh. ; Planorbis Ley-
meriiy Desh.; Planorbis Chertieri,
Desh.
MoRET. Argile plastique, 107.
MORIGNY. Sables supérieurs. Localité
exceptionnellement riche, oflrant
sensiblement les mêmes fossiles
que Jeures et Etréchy. C'est là que
M. Raulin a découvert son Des-
hayesia parisiensis.
— Sables coquilliers, 318.
MORTCERF. Calcaire grossier, 200.
ST. MEUNIE».
MORTEFOHTAIHE. Sables moyens.
Très-riche et intéressante. localité.
Corbula augulata, Desh.; Bithy-
nia pulchrUy Desh.
— Sables moyens, 214.
MOUCHY. Calcaire grossier : Teredo;
Lucina pulchella, Agass. ; Spor-
tella proximay Desh. ; Diplodonta
profunda, Desh.; etc.
MouLiNEAUX, près Meudon. Calcaire
strontianien, 44.
— Conglomérat, 97.
MouLiN-QuiGNON Mâchoire quater-
naire, 376.
MOURBALLON (Aisne). Sables infé-
rieurs : Pectunculus polymorphus,
Desh.
MOUY. Calcaire grossier. Localité
très-riche, d'où proviennent plu-
sieurs coquilles qui ne se présen-
tent pas ailleurs : Venus turgidula,
Desh. ; Scalaria primula, Desh. ;
Fissurella imbrex, Desh.
MOYVILLERS. Sables inférieurs ; Neri-
tina nucleus, Desh.
MUIRAHCOURT. Lignites. Localité
exceptionnellement riche en restes
de reptiles. Cyrena antiqua, Fér.;
Thracia Bazini, Desh.; Equisé-
tacées ; Graminées {Arundo),
— Fossiles des lignites, 143.
MUIZON, près Reims. Sables infé-
rieurs : Ostrea inaspecta, Desh.
Nancy. Crète qui le domine, 14.
Nanterre. Son calcaire marin, 7.
— Alternance de dépôts marins et
d'eau douce, 138.
— Fossiles du calcaire grossier,
187.
— Caillasses, 196.
— Débris d'yucca dans le calcaire
grossier, 308.
NAHTEUILLA-FOSSE. Calcaire grossier :
Cerithiumgiganteum, Lamk.; Sili-
quaria millepeda, Desh.
NANTEUILLE.HAUDOUIN. Sables mo-
yens : Venerupis oblonga, Defsh.
NANTEUIL-SUR-MARNE. Calcaire de
30
/i66
TABLE ALPHABÉTIQUE
Saint-Ouen : Paludina Matheroni,
Desh. ; Bithynia pyramidalis ,
Desh. ; Bithynia varicosa , Ch.
d'Orb.
Neauphle. Conglomérat ossifère,
96.
NEAUPHLE, près Soissons. Lignitcs :
écailles et débris de poissons ga-
noïdes. Localité intéressante.
NEAUPHLE-LE-CHATEAU. Meulières su-
périeures : Taxinées {Glyptostro^
hites).
Neauphe-le- Vieux. Sables moyens,
20-4.
— Empreintes végétales dans les
meulières, 306.
— Calcaire à Cerithium plicatum,
315.
Nemours. Sa situation dans le bassin
de Paris, 17.
— Poudingues inférieurs, 102.
— Poudingues supérieurs, 331.
— Limon, 413.
NESLES. Calcaire grossier : Cardium
avicularSy Lamk.
HEUILLY, près Chars (Oise). Sables
supérieurs : Corbulomya; Rissoa
turbinata, Defr.; Melania semi-
decussata, Lamk ; Natica crassa-
tina, Desh.; Cerithium conspi-
cuum, Desh.
Neuilly (Seine). Calcaire grossier,
175.
— Caillasses, 195.
— Diluvium, 370.
NEUVILLE (la), près Louvois (Marne).
Calcaire de Rilly : Morées (Ficus);
Salicinées (Populus).
NEUVILLE- AUX -BOIS. Calcaire de
Beauce : Hélix Defrancii, Desh.,
Hélix Moroguesi, Brongn., Hélix
Ramondi, Brongn.
NÉvÉLÉ. Argile plastique, 108.
NOAILLES. Sables inférieurs. Localité
très-intéressante, dont beaucoup
d'espèces n'ont pas été retrouvées
ailleurs : Lucina discors, Desh. ;
Diplodonta cœlata, Desh.; Lacwwa
fragilis, Desh. ; Turbinella minoVy
Desh.
NOGENT-L'ARTAUP. Calcaire grossier :
Cardium asperulum, Lamk.
— Meulières, 298.
Nogent-sur-Marne. Formations géo-
logiques diverses des deux côtés de
la Marne, 21.
— Gypse, 257.
Nogent-sur-Seine. Situation de son
champ de bataille, 14.
— Eau minérale , 4-46.
NOISY-LE-GRAND. Calcaire de Brie:
Bithynia Duchasteli, Desh. Cal-
caire de Beauce : Limnœa minor,
Thomae.
Noisy-le-Sec. Gypse, 252.
Nord (Mer du).*Sa profondeur, 7.
Normandie. Argilette, 410.
NoiiwiCH (Angleterre). Craie blanche,
35.
— Puits naturels, 431.
NOYON. Lignites : Ostrea heteroclita,
Defr. ; Cerithium fuscatum, Man-
tell, Palmiers {Flabellarid) \ Gu-
pressinécs (Cryptomeria). Très-
intéressante localité.
NUCOURT, près Magny. Calcaire
grossier : Cardium aviculare,
Lamk.
Océanie. Attols, 37.
Œningen. Marnes, 83.
OGER. Lignites : Cerithium Fischeri.
Desh.
OGNOLLES. Lignites î Cyrena trigona,
Desh.
OIGNY. Lignites : Hélix Ferrandi,
Desh.
Oise (Département de V). Craie ma-
gnésienne, 33.
— Poudingues des lignites, 139.
— (Vallée de 1'). Lignites, 139.
— Diluvium lacustre, 363.
— Tourbières, 417.
— (rivière). Court vers le centre du
bassin parisien, 14.
Ollezy (Aisne). Craie magnésienne,
33.
DES LOCALITÉS CITÉES DANS L'OUVRAGE.
467
Ondervilliers. Calcaire siliceux ,
289.
Orge (rivière). Sa situation dans le
bassin de Paris, il.
ORGEMONT, près Argenteuil. Marnes
du gypse : coquilles marines.
— Gypse, 242.
Orglande (Manche). Calcaire pisoli-
thique, 66.
Orizaba. Terrain qui le recouvre,
427.
Orléanais. Sables, 83.
Orléans. Sa situation par rapport au
bassin de Paris, 17.
Orly. Silex taillés, 400.
ORHHE (Ferme de V), près Beynes. Cal-
caire grossier. Une des plus riches
localités du bassin, fournissant
de très-nombreuses espèces rares,
ou même spéciales, comme : Ce-
rithium Duchasteliy Desh., etc.
— Relèvement des couches dans son
voisinage, 28.
Ormesson. Sables moyens, 204.
ORMOY, près Étampes. Calcaire de
Beauce. Point très-riche et offrant
une faune spéciale : Cardita Ba-
zini, Desh.; etc.
— 5ables coquilliers, 340.
Orne (Département de T). Minerais
de fer, 415.
— (rivière). Ses apports limoneux
dans la mer, 6.
— Région d'où elle tire sa source,
16.
ORSAY. Sables supérieurs : Cytherea
incrassala, Sow., etc. C'est de là
que provient la seule valve connue
dans le bassin de Paris, du Tapes
decussata, Lin. H serait intéres-
sant de la retrouver.
— Grès cobaltifére, 324.
Or vanne (Vallée de T). Argile plas-
tique, 107.
OSLY. Sables inférieurs : Dentalium
œquale, Desh.
Osnabruck. Littoral de la mer mio-
cène, 334.
OuiZïLLE. Argile plastique, 107.
OULCHY-LE-CHATEAU. Paludina inter-
media, Desh. M. Deshayes, à qui
nous empruntons l'indication de
cette coquille, n'en connaît pas le
gisement.
— Calcaire grossier, 197.
OuRCQ. Région des sables moyens ,
205.
— (Vallée de 1'). Tourbières, 417.
— La Marne y passait autrefois,
440.
Padole (la) (Seine-et-Marne). Roche
striée par le phénomène glaciaire,
422.
PAGNOTTE (Mont), dans la forêt de
Hallate, près Senlis. Sables supé-
rieurs : Bithynia plicata, d'Areh.
et Vern.
PALAISEAU. Meulières supérieures :
Limnœa fahulum, Brongn.; Limr-
nœa symmetrica, Brar.d ; Hélix Le-
m
mami , Brongn. , Hélix Desma-
resti, Brongn.; Pupa Def rancit^
Brongn.; Bithynia pygmœa, Desh.;
PotamidesLamarckii y Brongn.
— Sa situation dans le bassin de
Paris, 17.
— Meulières, 294.
— Calcaire de Beauce, 339.
PANTIN. Gypse. Cyrena semistriata,
Desh. {C.convexa, ^éh.)\Limnœa
strigona, Brongn. ; Planorbis de-
pressuSy Nyst , Planorbis planu-
/a<ws, Desh. Mammifères, etc.
Localité classique.
I — Gypse, 250.
PARGNON. Calcaire de Brie : Char a
Archia^i, Wat.
Paris. Intérêt de son bassin, 1 .
— Son rôle dans la géologie géné-
rale de la France, 13.
— Causes de sa splendeur, 15.
— Il est au centre de cuvettes em-
boîtées les unes dans les autres,
15.
PARISIS-FONTAINE. Sables inférieurs :
Ostrea suessionensiSf Desh.
^^^BT^i^^^^^^^^K ^^^^^^^^
^^^r PARHES. r^lcaifc grossier. Une îles
PISSELOUP. Calcaire de Drit- : Chara
^^H localités hs plus riclms du bassin :
Archiaci, Wal.
^^1 Lucim pukhella, Agass. ; Spor-
l'iTHiUERS. Limon, 413.
^^M lella donaciformù, Desli . ; Scalaria
PLAYLV. Sables moyens : CerUAim
^^K- coronalis, iivsb.; Lacuna buU-
^^B moidcs, Desh.; etc.
PLESSIS-ÏILLETTE,prÉsSacj-le^rand.
^^r PASLT. Calcaire grossier : PiUopsis
Sables inférieurs : Cardita mulli-
costata, Lamk.
^K PASST (Paris). I^calilé mainlenanl
Plessis-Picard (le). MeuUères, 207.
^^^ inaccessible, mais ipi a donné une
PLESST (le).CaIcairegrossier:ffat>ca
^^B foule d'espèces du plus vif latéral.
hylirida, Umk.
^^H cl donl beaucoup sont spccinles
PLEURS. Sables inférieurs : Chara
^^M Cooeiaméral: PkijsaHebertiDesb.,
helicteres, Broupi.
^^H Calcaire grossier : TeUîna dona-
PoEssï. Calcaire grossier, 175.
^^H cialis, I.amk ; Cyrena compressa.
POMMIERS. Sables inKrieurs. i-Mlun-
^^M Desh. ; Fusus Beroillei , Uesb. ;
^^H Chara Lem/mi, Brongu.
POIICHOU(Oise). Calcaire grossier;
^^H — (Forage de), ilenseigueinents sur
^^H la structure profonde du bassin de
Cypricardia etegans, Desli.
^H
PONT-*CÏ (Aisne). Ligniles : Daph-
^^H — Calcaire gross'.er, 178.
iioidées (Pimelea).
^^H — Yucca dans le calcaire gj-ossier,
PONTCHARTHAIH. Calcaire de la Brie:
^H
Chara Brongniarti, Rraun. Sablcî
^H - Sources mioéndes, 4i5.
supérieurs. Une des plus ricb(s
^^M Pavs-Has. Lœss, 411.
localités du bassin.
^^1 Pecq (le). Sileif striés, i'S5.
PoNTGOL'iN. Frontière du bassin d«
^^M PERNAHT (Aisne) : Lignites.Cupulifères
Paris, 17.
^^M iQaercus) ; Horées {Ficus) ; Pro-
PONTOISE. Sables moyens : Crasiatà-
^^M léacées (Bmksia).
la sulcaUt, Sow.
^^Ê — Planter des ligniles, i 15.
— Subies moyens, 218.
^^H Përrieh. Conglomérat ponceu^i, S-t.
- Meulières, 294.
^^1 Pehriëu, près Êtampes. Paudin^ues
— Monument mégalithique, 405.
^^1 de iNemours, 331.
PORT-SBIHTE-MAltERCE. Ligniles: CJta-
^H PËVï. Sables de Ililly, 126.
^H Picardie. Argile â silex, m.
^H — I)iIuTium,37(!.
^H ^ Terre douce, 410.
slrlaia, Desh.
^^H Picotiêre: (la). Argile à silex, 87.
— Sables glauconifères, 150.
^^H PIERREFOHDS. Sables iDrérieurs:(Jt(Oj/a
— Calcaire grossier maguésieil .
^^M Merogena, Desh.; Odostomi pli-
1B3.
^^M catum, Oesh.; Turbonilta ni-
PORT-TOURROï, prés Pithiviers. Cal-
^^P tida, d'Orb.; Buila radius, Dcsli.-,
citire de ISeauci? : Limnaa dilatata.
^^H Pileopsis squatnaformis, Lamk.
Soulel, Limnœa urceolata. Braun.
^H - Sables glauconifùres, 150.
PiiPOCATETETL. Terrain qui le recoo-
^^H ^ Eaux sulfureuses, 446.
Tre, .ti7.
^^M PiEBitELAïE. Silicilicalions dans le
PORT-MARLÏ. Calcaire pisolilhique «
^^1 calcaire grossier, 180.
craie. A peu près les mêmes Ibs-
^H PiLUEns. Argile plastique, 107.
si les qu'a Heudon.
DES LOCALITÉS CITÉES DANS L'OUVRAGE.
A69
— Craie blanclie, 31.
— Calcaire pisolithiquc, 57.
POUILLON, près Reims. Calcaire gros-
sier : Cyrena Charpentieri, Desh.,
Cyrena compressa, Desh., etc.
PRÉCY (Oise). Craie : Ananchytes ova-
ta, Lamk. Diluviuin : silex taillés,
Elephas, etc.
PRESSIGNY. Silex taillés, 401.
PROU LEROY. Sables inférieurs : Peden
breviaurituSy Desh.
PROVINS. Calcaire dit de Provins :
Lophîodon.
— Son calcaire lacustre, 7.
— Calcaire d'eau douce, 189.
— Limon, 413.
— Meulières, 291.
— Source minérale, 446.
PROY. Sables moyens : Cerilhium tu-
berculosum , Lamk , Cerithium
œquistriatum, Desh., Cerithium
deperditum, Desh.
Prusse RHÉNANE. Lœss, 411.
PuEBLA (Rue de), à Paris. Couches
gypseuses ondulées, 8.
PUISEUX. Sables moyens : Melania
hordacea, Lamk.
PuTEAUX. Poissons du calcaire gros-
sier, 177.
PuY (le). Gypse, 270.
Pyrénées. Couches calcaires ondu-
lées, 8.
Quedlimbourg. Fossiles de la craie,
54.
QuERCY. Phosphorites, 270.
QUINCY (le), près Meaux. Calcaire de
Brie : Bithynia terebra, Desh.
QUINCY-SOUS- LE-MONT. Terrain de
transport : Palmiers (Palmacites).
RAMBOUILLET. Calcaire de Beauce :
Planorbissolidus, Thomœ.
— Meulières, 29 i.
— Calcaire de Beauce, 338.
Rebais. MeuHères, 297.
REIMS. Craie : Pecten cretosus, Defr.;
Cidaris vesiculosa, Goldf.; etc.
— Relèvement de la craie, 46.
— Sables moyens, 20 i.
RËQUIËCOURT. Calcaire grossier :
Diastomn costellata, Desh.; Fu-
sus Noe, Lamk.; etc.
RESSONSLE-LONG, près Vic-sur-Aisne.
Bithynia WebsUri, Morris.
RËTHEU1L. Sables inférieurs : Can-
cellaria nana, Desh. Riche loca-
lité.
RÉVOLTE (Route de la), à Paris.
Débris humains du diluvium, 383.
Rhl\ (Vallée du). Situation par rap-
port à la mer miocène, 334.
— Lœss, 410.
Rhône (rivière). Cité pour S3S rap-
ports avec le terrain jurassique,
11.
RiLLE (rivière). Région d'où elle tire
sa source, 16.
RILLYLA-MONTAGNE. Calcaire lacustre
inférieur : Cyclas Boissyi, Desh.,
Cyclas Rillyensis, Desh., Cyclas
Verneuiliy Desh.; Pisidium nu-
cleus, Desh., Phidium Denon-
villiersiy Desh.; Bithynia N y sti,
Boissy. Lignites : Melania triti-
cea, Fért ; Cyrena Arnouldi, Mi-
chaud, etc.
— Sables et marne, 120.
RocHE-GuYON (la). Gypse, 227.
ROCQUENCOURT. Sables supérieurs :
Ostrea callifera, Lamk.
RoGÉcouRT. Lignites, 146.
ROMAINVILLE. Calcaire de Brie. Lim-
nœa briarensis, Desh., Limnœa
Heberti, Desh. ; Planorbis depr es-
sus, Nyst. Sables supérieurs : Ceri-
thium plicatum, Desh.
— Gypse, 250.
— Poudingue à Cerithium plica-
ium, 322.
— Diluvium lacustre, 361.
ROMERY. Série lacustre, ^34.
flOMY. Calcaire grossier : Ostrea fia-
bellula, Lamk.
ROQUET (le), près Magny. Calcaire
grossier : Cardita calcitrapoides,
Lamk; Ostrea elegans, Desh.
RosNY (Fort de). Diluvium, 362.
470
TABLE ALPHABÉTIQUE
Rouen. Fossiles crétacés, 4.
— Faille qu'on y observe, 28.
Rou ville-la-Place (Manche). Couches
miocènes, 335.
ROUVRES. Sables moyens : Donax pa-
risiensiSy Desh.; Cyrena cuneifor-
mis, Fér.; CythereaHebcrtijDesh.;
Chama papyracea, Desh.; Tur-
ritella interposita, Desh. Localité
très-riche et très-intéressante.
ROY. Sables inférieurs : Nerita Schmi-
delliana, Chemn.
RoYAN (Charente-Inférieure). Cal-
caire pisolilhique, 63.
ROYLAI. Sables inférieurs : Natica
semipatula, Desh.; Turritella hy-
brida, Desh.
R0ZI£RES. Calcaire grossier : Corbuîa
angulata, Desh. Sables moyens :
Cytherea cuneata, Desh.
ROZIÊRES (les), près Epernay. Ligni-
tes : Melania triticea, Fér.
Rue d'Elva (Aisiie). Craie magné-
sienne, 33.
RUSSY. Calcaire grossier : Venus
obliqua, Lamk. ^
Saclas (Environs de). Poudingues de
Nemours, 331.
SACY-LE-GRAND. Sables moyens : Cu-
cullœa crassatina, Lamk.
Saillancourt. Sables moyens, 20i.
SAINCENY. Lignites. Localité des plus
riches et des plus intéressantes,
dont beaucoup d'espèces sont spé-
ciales : Phalas Levesqueiy Desh. ;
Mactra Lamberti, Desh.; Diplo-
douta saincenyensis, Desh. ; Cy-
therea saincenyensiSy Desh., Cy-
therea Lambert i, Desh.; Cyrena
saincenyensis, Desh., Cyrena
Forbesi, Desh. ; Melania triticea,
Desh. ; Melanopsis ornata, Desh.;
etc.
SAINT-ANGE (Marne). Craie. Sensible-
blement les mêmes fossiles qu'à
Meudon.
— Argile plastique, 108.
Saint -Arnault. Argile à silex, 87.
Saint-Cloud. Sa situation dans le
bassin de Paris, 17.
Saint-Cyr. Sa situation dans le bas-
sin de Paris, 17.
— Ondulations de la craie, 46.
Saint-Denis. Point de convergence
des plongements des couches ter-
tiaires, 199.
SAINT'FËLIX. Calcaire grossier. Loca-
lité très-riche et très-intéressante :
Cytherea sulcataria , Desh.;
Lucina pulchella, Agass. ; Ceri-
thium felix, Desh.
SAINT-GERMAIN. Calcaire grossier:
Rostellaria columbella, Lamk;
Cardium hippopœum , Lamk ;
Crassatella tumida, Lamk.
— (Forêt de). Calcaire grossier»
198.
SAINTGOBAIN . Sables inférieurs : Ceri-
thium papale, Desh., Cerithium
tenuistriatum, Desh.; Fusus Lam-
berti, Desh. Localité très-fruc-
tueuse.
Saint-Jean. Argile à silex, 87.
SAINT'LEU. Meulières supérieures:
Limnœa inflata, Brongn. , Lim-
nœa fabulum, Brongn.
— Calcaire grossier, 165.
— Gypse, 268.
Saint-Mamès. Minerai de fer de l'ar-
gile plastique, 114.
SAINT- MARTIN (Côte), près Etampes.
Sables supérieurs : Bithynia Du-
buissoni, Bouillet. Calcaire de
Beauce : Limnœa stampinensis ,
Desh. ; Hélix Munieri, Desh. ; Pupa
anodon, Desh. Localité devenue
intéressante par la découverte qu'y
a faite M. Munier-Chalmas d'une
nombreuse faune presque micros-
copique tout à fait nouvelle.
SAINT-MARTIN-AUXBOIS. Sables infé-
rieurs : Perna Bazini, Desh. Cette
coquille, ici brisée, ne se trouve
entière qu'à la Hérelle. Lignites :
Cyrena Deshayesi, Hébert.
SAINT-MAUR. Diluvium lacustre : fos-
DES LOCALITÉS CITÉES DANS L'OUVRAGE.
471
siles analogues à ceux de Joinville-
le-Pont.
Saint-Maximin (Oise). Calcaire gros-
sier magnésien, ^68.
Saint - Michel - sur - Orge. Forage,
199.
— Meulières, 300.-
SAIHT-HICOLAS. Sables inférieurs :
Nerita SchmidelUana, Che mn . ;
Pleurotoma sublevigata, d'Orh,
SAINT-NOM. Calcaire grossier : Pal-
mier (Flabellarià).
SAINT-OUEN. Calcaire de Saint-Ouen :
Bîthyniapyramidalis, Besh.;Lim-
nœa pyramidalis , Brard; Limnœa
inconspicua, Desh.
— Travertin, 218.
SAINTPARRES (Côte), prés Nogent-sur-
Seine. Calcaire de Provins : Acha-
tina Nodoti , Desh.; Paludina
Orbignyana , Desh., Paludina
novigentiensis, Desh.
— Calcaire d'eau douce, 189.
Saint-Prest. Alluvions, 83.
— Sables pliocènes, 346.
SAINT-PRIX. Meulières supérieures :
Limnœa inflata, Brongn., Lim-
nœa symmetrica, Brard, Limnœa
cylindrica, Brard.
Saint-Quentin. Argile à silex, 86.
SAINT-SAUVEUR (Aisne). Lignites :
Bithynia Eeberti, Desh.; Ceri-
ihiumturbinoides, Desh.; Equisé-
tacées.
SAINT-SAu^^UR-LE- Vicomte (Manche) .
Couches miocènes, 335.
Saint-Simon (Bois de) [(Aisne). Craie
magnésienne, 33.
SAINT-SULPICE. Sables moyens. Riche
localité d'où proviennent des es-
pèces spéciales : Natica Gouberti,
Desh. ; etc.
SAINT-THOMAS (Aisne). Calcaire gros-
sier : Venus Geslini^ Desh.; Denta-
lium incertum, Desh. ; Turritella
terebellata, Desh.
SAIHTE-CROIX. Calcaire grossier : Fim-
bria lameîlosa, Lamk.
Sainte-Menehould. Situation de son
champ de bataille, 14.
Salens (Seine-et-Marne). Argile plas-
tique, 103.
SAMMERON. Sables moyens : Corbula
ficus, Desh.
Sancerrois. Faille qui le traverse,
H3.
SANDECOURT. Calcaire grossier : Cy-
therea sulcataria, Desh.
Sannois. Gypse, 261.
— (Moulin de). Lœss, 411.
Sansan. Calcaire fossilifère, 271.
Saône (rivière). Citée pour ses rap-
ports avec le terrain jurassique,
11.
Sarrans (Mont). Or natif dans les
lignites, 147.
SARRAU, près Epernay. Lignites :
Melania Geslini, Desh.; Chara
Brongniartiy Hébert, Chara Du-
templei, Wat.
Sarthe (rivière). Région d'où elle
tire sa source, 16.
Sartrouville, Calcaire grossier, 198.
Saxe. Poissons de la craie, 54.
Scandinavie. Marmites de géants,
287.
SCEAUX. Sables supérieurs : Ostrea
longirosiriSy Lamk., Ostrea cya-
thula, Lamk.
— Meulières de Brie, 290.
SEGRAIS, près Pithiviers. Calcaire de
Beauce : Limnœa parvula, Desh.
Seine (rivière). Edifle une couche
fluviatile au fond de la Manche, 5.
— (Bassin de la). Ses limites d'a-
près Brongniart, 16.
— (Bives de la). Tourbières, 417.
Seine-Inférieure (Département delà).
Lignites, 148.
— Sables moyens, 202.
Seine-et-Marne. Fertilité due au
limon, 412.
Seine-et-Oise. Lignites : 139.
SENLIS. Calcaire grossier : Naïadées
(Caulinites). Sables moyens : Del-
phinula biangulata, Desh.
I
TABU ALfHABETlQbE
— r^cairc grossier, 185.
— lEnrirons de;. Sables moyens.
203.
— (Plateau de). Son inclinaison,
SEPTVtUX. Sables inférieurs : Corbula
QaUicuta, Mvsh.
SEMIIS. Sables moyens : Chama lu.r-
giduta, Lauik.
Sëhgv. Aliernaucé de ilépAls d'eau
douce el marins, 138.
SÉniNCiiCRT. Terrain orlUrocène, Ii8.
SEDMIER, près Reims. Ligniles : Cj}-
renn Dethaijesi, Hébert.
SERMOISE. Sables inférieurs. Corbula
regalbiensis, Desb. ; Tellina déco-
rata, Wat.; Cylhi-rea proxima,
Desh.; Cyih. atessionetuit, Desk..
Turritella Uirbinoides, Uesb. Inté-
ressante localité.
SerVON. Heulières, S97.
SEVflES. Calcaire grossier : Aturia
zic-zac, Edw. (NaulUusZ., Sow.).
— Meulières, 291.
.— Os incisés du diluvium, 391.
SËUIIE. Calcaire de Rilly. Localité
exceptionnellemetil riche au poil
de Tue de la botanique fossili
— Situation de son champ de ba-
taille, 14.
— Frontières du Lassiu de Parts,
18.
— Calcaire lacustre, 12G-127.
— Gypse, 227.
~ Fossiles lia calcaire de BrJc,
291.
SiBÊniË. Animauit qualernaires con-
servés dans les glaces, 37i.
Soisso.NNAis. Lignites, 118.
SOISSONS. Ufîâliàs -.(htreaplicaleUa.
Desh. Sables inférieurs : Turritella
rotifera, Lamk; Cerilhium funa-
fum, Manlell.
— Empreinles végétales dans le'
pavés de cette ville, 145.
— Poudingue supérieur aui sables
glauconirères, 160.
Soisï-sous-ÉnoUES. Forage, 199.
Sologne. Sables, 83.
— Glaises, 300.
SonNE /Département de la ). Craie
marmorescRute, 33.
- (Vallée de la/, Tourbières. 417.
SouAHE. Fossiles du gypse, 276.
SoL'PPES. Poudingues de .\'emoiirs,
104.
Sparte. Son râle dans la Grèce an-
tique, 13.
Strehlen. Fossiles de la craie, 54.
Suez. Cristallisation du sel, 38S.
Sutsse. Mollasse, 271.
SuBviixE (Seine-et-Marne). Argile
plastique, 106.
Sl'zv. Exploi talion des lignites, 146.
lAm.ECOîfTAi.NE. Gypse, i27.
Taman. Volcans de boue, Ilâ.
TMCROU. Sables moyons : TitmWta
granulasa, Desli.; Corbola fiCUt,
Desh.
Tarteiœl (Plateau de). Ijmoa, 412.
ÏAHTERO. Meulières de Brie, 289.
Tartre (Moniagae du/. Calcaire de
Bcauce, 343.
TERNES fies) à Paris. Diluvium: sÎIm
taillés, Elephas; Hîppopotatma;
Rhinocéros, etc.
— Silex taUlés, 376.
Thérai.n (Vallée duj. Tourbières,
417.
TuiMEiLus. Argile à silex, 87.
THIVERUtL.Sables moyens : CerMkm
tricarinatam, Lamk.
Thohp (Angleterre). Puits naturels,
433.
THURT. Calcaire grossier : Cythersa
corbiilina, Uesli.
TOMBERItT (le>, prés Senlis. Calcaire
grossier : Venus scrobineUala ,
Lamk. Sables moyens; Siphonaria
spectabilis, Desh.
TOSSEMONT. Sables inférieurs : TetUm
hytirida, Desh.
TouL. Situation de son clinnip de ba-
taille, 14.
Tou^Al^E. FaluQS, 83.
I — Argile à silex, «5.
_J
DES LOCALITÉS CITÉES DANS L'OUVUAGE.
473
Trappes. Calcaire de Beauce, 338.
— (Plaines de). Limon, 41 3.
Treuzy. Argile plastique, 108.
— Fossiles du calcaire de Brie, 291 .
Triel. Sables moyens, 204.
TBIGNY. Sables inférieurs : Lucina
GoodalU Sow.; Bulla cincta, Desh.
TROISSY. Sables moyens : Naticapa-
risiensiSy d'Orb.
TROLLY-BREUIL. Lignites : Cyrenacu-
neiformiSy Fér. Sables inférieurs :
Nerita tricarinata, Lamk.
Troyes. Situation de son champ de
bataille, 14.
— Fabrique de blanc d'Espagne, 57.
TuRRACO. Volcans de boue, 113.
Tyrol. Marnes à retraits prismati-
ques, 253.
ULLY-SAINT-GEORGES. Calcaire gros-
sier. Très-riche et très -intéres-
sante localité : Aviculamicropteraj
Desh., Avicula macrotis, Desh.;
Argiope crassicosiata , Baudon;
Chiton grignonensiSy Lamk; Li-
tiopia acuminata.Desh.; Fimbria
subpectunculus y d'Orb. ; Ccri-
thium spiratuniy Lamk, Cerithium
filiferum, Desh. Beaucoup de co-
quilles sont spéciales à cette loca-
lité.
Urcel. Lignites, 139.
VAILLY (Aisne). Sables inférieurs : Pal-
miers (Palmacites). C'est de cette
localité que vient le gros tronc de
Palmacites (Endogenites) echina-
tus qui figure dans la galerie de
géologie du Muséum.
— Palmier des sables glauconi-
fères, 157.
Valérien (Mont). Puits naturels, 437.
— A dû former une île de la Seine,
440.
VALMONDOIS. Sables moyens. Localité
extrêmement riche , mais d'un
abord devenu difficile.
— Sables glauconifères, 150.
Valmy. Situation de son champ de
bataille, 14.
VANDANCOURT. Calcaire grossier :
Psammobia Lamarckii, Desh.;
Lucina pulchella; Agass.; Cardium
Passyi, Desh.; Chaîna calcarata^
Lamk.
Vannes. Sidérose, 110.
Varenne - Saint-Hilaire. Monument
mégalithique, 401.
VARINFROY (Bois de). Calcaire de
Saint-Ouen : Limnœa inconspicua,
Desh.
Vauciiamps. Situation de son champ
de bataille, 14.
VAUGIRARD. Calcaire grossier : Tapes
tenuis, Desh.; \\g\ies (Chondrites,
Sphœrococcites); Naïadées {Cauli-
niteSj Potamogeton). Diluvium :
Elepha^ primigenius.
— Sidérose de l'argile plastique, 110.
— Sables de l'argile plastique, 113.
— Calcaire grossier, 164.
— Caillasses, 195.
— Puits naturels, 437.
Vauréal, près Pontoise. Monument
mégalithique, 405.
VAUROT ou VAUXROT. Lignites : Ceri-
thium poUjgyratum, Wat.; Ceri-
thium Wateletiy Desh.
VAUX, près Pontoise. Sables moyens :
Sportella macromya, Desh.
VAUX-SOUS-LAOH. Sables inférieurs :
Tellina pseudo-donacialis, d'Orb.;
Pecten Prestwichii, Morris.
VAUXBUIN, près Soissons. Lignites :
Pholas a f finis, Desh.; Amygdalées
(Amygdalus).
VÉLY. Lignites : Bithynia Websteri,
Morris.
VENDEUIL, entre laFère et Saint-Quen-
tin. Lignites : Tellina acutangula,
Desh.
VENDREST. Sables moyens. Une des
plus riches localités du bassin :
Cyrena deperdita, Desh ; Chama
fimbriata, Defr.
VER. Sables moyens. Très-riche et
très-intéressante localité. Chama
turgidula, Lamk; Diplodonta el-
474
TABLE ALPHABÉTIQUE
liptica, Desh.; Rissoa cingulata,
Desh.
VERBERIE. lÀ%mies:Cyrenacuneifor'
mis, Fér.
— Calcaire grossier magnésien, 168.
Verdun. Sa situation géologique,
U.
Vergenay (Marne). Calcaire marin,
280.
VÉRIGNY. Lignites , 139.
Verneuil. Frontière du bassin de
Paris, 17.
Verneuil (Marne). Sables moyens,
208.
Vernon. Recouvrement des lignites
par le calcaire grossier, 139.
— Faille qu'on y observe, 309.
Verrières (Bois de). Leur situation
dans le bassin de Paris, 17.
VERSAILLES. Sables supérieurs : Cor-
bula subpisum, d'Orb ; Trochus
subincrassatay d'Orb.
— Marnes à huîtres, 315.
Vertus (Marne). Poissons de la craie,
54.
— Calcaire pisolithique, 65.
— Gypse, 227.
VERVINS (Aisne). Sables inférieurs.
Localité très-riche en empreintes
végétales : Graminées {Bambu-
sium (?), Poacites); Cypéracées {Cy-
perites); Zingibéracées (Anomalo-
phyllum)', Myricacées (Mynca)\
Morées (Ficus); Platanées (Plata-
nus); Protéacées {d^evillea, Dryan-
droides); Sterculiacées (Sterculia).
VERZENAY. Lignites : Cyrena Ar-
nouldi, Michaud.
Verzy. Altitude de la craie, 45.
Vétheuil. Poudingue supérieur aux
sables glauconifères, 160.
Vexin (province). Ses frontières étaient
en rapport avec sa constitution
géologique, 21.
— français. Lignites, 148.
VIGNY (Seine-et-Marne). Calcaire piso-
lithique, 60-74.
Villecerf. Argile plastique, 108.
Ville-d'Ayray. Sa situation dans le
bassin de Paris, 17.
VILLEDIEU, près Blois. Craie : Janira
quadricostata , d'Orb.; Semicites
disparais, d'Orh.;Plethopharacer'
vicornis, d'Orb.; Multalea magni-
fica, d*Orb.; Cyphosoma rtigosum,
Agass.
ViLLEFLAMBEAU. Argile plastique, 108.
ViLLEJUiF. Marnes vertes, 257.
— Travertin de la Brie, 290.
— Marnes à huîtres, 314.
ViLLEMARÉCHALE. Argile plastique ,
108. '
ViLLEMER. Argile plastique, 108.
ViLLEMOissoN. Meulières, 296.
VILLENAUXE, près Nogent- sur-Seine.
Calcaire de Provins : Paludina no-
vigentiensis, Desh.
Villeneuve-Saint-Georges. Grès fer-
rugineux, 43.
— Blocs de grès à la surface du sol,
310.
— Foyers quaternaires, 391.
VILLEPREUX. Sables supérieurs : Os-
trea longirosiris, Lamk; Scalaria
Sandbergeri, Desh.
VILLERS-COTTERETS. Calcaire de Brie :
Chara Archiaci, Watelel.
— (Forêt de). Sables moyens, 203.
Villers-sur-Condun. Lignites, 143.
Ville-Saint-Jacques. Argile plasti-
que, 107.
Ville-Sauvage. Limon, 413.
VILLETTE (la) à Paris. Calcaire de
Saint-Ouen : Bithyniapyramidalis,
Desh. ; Bithynia varicosa, Ch.
d'Orb.
ViLLiERS. Gypse , 257.
Viltet. Argile plastique, 106.
Vire (rivière). Ses apports limoneiL\
dans la mer, 6.
ViRY-NouREUiL. Diluvium lacustre,
363.
Vitry-le-François. Situation de son
champ de bataille, 14.
VIVRAY (le). Sables inférieurs : Spor-
tella gibbosula, Desh. ; Corbula
DES LOCALITÉS CITÉES DANS L'OUVRAGE.
475
striatina, Desh. Calcaire grossier :
Cytherea sulcataria, Lamk, Cy-
therea nitidulay Lamk ; Scalaria
elegantissima, Desh.
VOREGNY. Sables inférieurs : Tellina
hybrida, Desh.
Vosges. Roches glaciaires, 423.
VouLX (Seine-et-Marne). Argile plas-
tique, 106.
VREGNY. Sables inférieurs : Diplo-
donta punctatissima , Desh. ; Sili-
quaria gracili$, Desh.; Tellina
Beyrichii, Desh. Localité très-
intéressante.
WiGHT (ile de). Citée pour ses ébou-
lements, 6.
— Couches miocènes, 335.
WooLWiCH. Sables correspondants à
ceux de Bracheux, 336.
YÈRES. Limon, 413.
Yonne (rivière). Court vers le centre
du bassin parisien, 1 i.
FIN DE L\ TABLE ALPHABETIQUE DÈS LOCALITES CITEES.
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES
Acacia des sables glauconifères, 159.
Acanthium Duvalii du calcaire gros-
sier, 187.
Acer des sables glauconifères, 159.
Acerotherium du calcaire de l'Or-
léanais, 345.
Adiantum du calcaire de Sézaune,
127.
Agaricia des sables moyens, 207.
Agatina du calcaire de Provins,
189.
Age de la pierre, 377.
— de^ sables de Sainl-Prest, 3i8.
— du calcaire pisolithiqne, 59.
Algacites du calcaire grossier, 188.
Algues des sables glauconifères, 158.
— du calcaire grossier,- 188.
Allées couvertes du terrain quater-
naire, iO\.
Alnm du calcaire de Sézanne, 127.
— des sables glauconifères, 158.
Alsophila du calcaire de Sézanne, 127.
Alternance des couches marines et
des couches d'eau douce; diffi-
culté de rexpliquer, 5.
Alveolina des sables glauconifères,
150.
Ambre des fausses glaises, 116.
— des lignites, 147.
Amendement agricole fourni par les
lignites, 145.
Amnicola du diluvium, 365.
Amphimeryx du gypse, 264.
Amphitoîdes parlsiensis du gypse,
246..
Amphitragulus du calcaire de TOr-
léanais, 345.
Ampullaria des sables glauconifères,
150.
Amulettes quaternaires, 406.
Analyse chimique de Targile plas-
tique, 106.
Ananchytes ovata cité, 29.
— gibbay décrit et figuré dans la
craie de Beynes, 29.
— ovata, de la craie, 49.
Anatomie comparée, créée à Paris
par Georges Cuvier, 2.
Ancillaria des sables glauconifères,
150.
— des sables moyens, 210.
Ancylus Gouberti du calcaire de
Beauce, 343.
— du diluvium, 358.
Andromeda des sables glauconi-
fères, 159.
AnnéHdes des sables glauconifères,
150.
Anodonta antiqua du conglomérat,
95.
— Cordieri du conglomérat, 94 et
97.
Anomalophyllites des sables glauco-
nifères, 158.
Anomia dessables glauconifères, 150.
— tenuistriata des caillasses, 194.
— des sables moyens, 209.
— du gypse, 246.
Anomophyllum des sables de Bra-
cheux, 136.
IVVBI-E ALPHAIJÉTIQUE DES MATIÈRES.
477
Anona des sables glauconifères, 159.
Anoplotherium du calcaire de Saint-
Ouen, 222.
— du gypse, 262.
Anthophyllum des sables moyens,
207.
Anthracotherlum magnum du cal-
caire de l'Orléanais, 345.
— oncideum du calcaire de l'Orléa-
nais, 345.
Anthropophages du diluvium, 392.
Apatélite de l'argile plastique, 109.
— des fausses glaises, 118.
Apcibopsis des sables glauconifères,
159.
Apocynophyllum des sables glauco-
nifères, 159.
Apparition d'espèces nouvelles, 447.
Applications industrielles de la craie,
57.
Aragonite dans le diluvium, 355.
— dans le béton romain, 444.
Aralia du calcaire de Sézanne, 128.
Arbutus des geysérites d'Islande, 305.
Arca du calcaire pisolithique, 65.
— des sables glauconifères, 150.
— des sables moyens, 209.
Ardea du gypse, 260.
Ardoises (gypse), 237.
Argiles de l'étage des lignites, 145.
— à meulières de Brie, 293.
— à silex, 84,86,88.
— fine du diluvium rouge, 409.
— fine des puits naturels, 437.
— plastique, 105.
Argilette de Normandie, 410.
Arkose dans le diluvium, 355.
Artocarpidium des sables glauconi-
fères, 159.
Artocarpoides du calcaire de Sézanne,
128.
Aspidium du calcaire pisolithique, 78.
Asplenium du calcaire pisolithi-
que, 78.
— du calcaire de Sézanne, 127.
Astrœa du calcaire pisolithique, 67.
— panicea des sables moyens, 206.
Attols, 38.
Auricula des sables glauconifères,
150.
— des sables moyens, 209.
Aurochs du diluvium, 368-369.
Avicula fragilis des sables moyens,
217.
— du gypse, 247.
Axopora des sables moyens, 210.
Baculites Faujasii du calcaire pisoli-
thique, 62.
BambusiuM des sables de Bracheux,
136.
Banc franc du calcaire grossier, 191.
— à Nummulites, 161.
— de polypiers du terrain jurassique ,
40.
— rouge (gypse), 240.
— rayai (banc de calcaire grossier),
175.
— vert (du calcaire grossier), 180.
Banisteria des sables glauconifères,
159.
Banksia des sables glauconifères ,
159.
Basse masse de gypse, 252.
Bassin de Paris, son autonomie géo-
logique, 10.
— Son rôle dans [la géologie géné-
rale de îa France, 12.
— Ses limites d'après Brongniart ,
16.
Batraciens du diluvium, 370.
Bayanotheutis des sables moyens,
207.
Belemnitella mucronata, 35.
— quadrata, 35.
— du calcaire pisolithique, 62.
Belemnites rugifer des terrains ter-
tiaires, 207.
Belgrandia du diluvium, 364. .
Beloptera des environs de Paris,
207.
— des sables de Bracheux, 135.
Belopterina des sables de Cuise, 207.
Benzoin des sables glauconifères ,
159.
Berenicea cité dans la craie de Bey-
nes, 31.
478
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIËBES.
Béton romain cristallifère de la rue
Gay-Lussac, 444.
Betula du calcaire de Sézanne, 127.
— des sables glauconifères, 158.
— des geyser ites d'Islande , 305.
Betulinum du calcaire grossier, 189.
Bifrontia des sables glauconifères,
151.
— laudunensis des sables glauconi-
fères, 155.
BilocuUna du calcaire grossier, 175.
Bison du diluvium, 370.
Bithynia du gypse, 247.
— des marnes à huîtres, 315.
— du diluvium, 359.
— Chasteli du gypse, 255.
— Dubuissoni du calcaire de Beauce,
339-341.
— pusilla des marnes deSaint-Ouen,
224. •
Blaireau du diluvium, 370.
Blanc d'Espagne, 57.
Blecknum du calcaire de Sézanne,
127.
Blocs volumineux dans le diluvium
gris, 355.
Bœuf des sables de Saint-Presl, 347.
— des tourbières, 416.
— des cavernes, 416.
Bois silicitiés dans le diluvium,
354.
Bone-bed du calcaire de l'Orléanais,
345.
Bos du diluvium, 359.
— primigenius des tourbières, 416.
Boue glaciaire, 425.
Bryozoaires de la craie de Beynes,
31.
Buccinum des sables glauconifères,
151.
— des sables movens, 210.
Bulimus des sables glauconifères,
151.
— des sables movens, 209.
— du diluvium, 358.
BuUa des sables glauconifères, 151.
— des sables movens, 209.
BuUœa des sables moyens, 209.
Cœsalpinia des sables glauconifères,
159.
Caillasses, 192.
— coquillières, 193.
— non coquillières, 195.
Cailloux (banc de gypse), 236-241.
Calamophyllia du calcaire pisolithi-
que, 67.
Calcaire de Beauce, 338.
— bitumineux de l'étage des lignites,
139.
— de Brie, 290.
— de Corbeil, 252.
— cristallisé dans la craie, 45.
— d'eau douce de Provins, 189.
— à cérithes, 180.
— fragiles, 192.
— grossier, 160.
— grossier redressé à la Chapelle,
19.
— lacustre de l'Orléanais, 344.
— magnésien de Pont-Sainte-Maxen-
ce, 165.
— maigre, 174.
— à milliolites, 174.
— non gélif, 174.
— oolithique des marnes vertes,
257.
— pisolithique, 58.
— de Sézanne, 127-132.
— spathique des caillasses, 195.
— spathique des marnes vertes,
257.
CcUlianassa du gypse, 246.
Calyptrœa des sables glauconifères.
151.
— des sables moyens, 209.
— du gypse, 247.
Cancellaria des sables glauconifères,
151.
— des sables moyens, 210.
Canis parisiensis du gypse, 260.
Cannibales du diluvium , 392.
Cannophyllites des sables glauconi-
fères, 158.
CaprifoUum du calcaire pisolithique,
78.
Capulus du calcaire pisolithique, 64.
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES.
479
Caractères singuliers du pays de Bray,
72.
Carcharodon disauris du calcaire
grossier, 187.
Cardilia des sables moyens, 208.
Cardita du calcaire pisolilhique, 65.
— des sables moyens, 209.
— du grès infra-gypseux, 2i2.
— du gypse, 245.
— Bazini du calcaire de Beauce,
341.
Cardium du calcaire pisolilhique,
65.
— des sables glauconifères, 151.
— des sables moyens, 209.
— du gypse, 245.
— aviculare du calcaire grossier,
176.
— hippopœum du calcaire grossier,
161.
— porulosum du calcaire grossier,
162.
Carnassiers du diluvium, 369.
Carpinus des sables glauconifères,
158.
Carpolithes des meulières de Brie,
293.
Carya des sables glauconifères, 159.
Cnrychium du calcaire de Beauce,
343.
Cassidaria des sables glauconifères,
151.
— des sables moyens, 210.
Castanea des sables glauconi-
fères, 158.
Castor du terrain quaternaire, iOi.
CaM/in/a actuelle, 179.
Càulinites des sables glauconifères,
158.
— du calcaire grossier,. 179.
Causes actuelles (Théorie des), 4.
Cavernes, 414.
Ceinture crayeuse du bassin de Pa-
ris, 18.
Celastrinites du calcaire de Sézanne,
128.
Célestine de la craie, 44.
— des fausses glaises, 117.
Célestine du gypse, 254.
— des marnes vertes, 256. .
Cellepora de la craie de Beynes,
3i.
Celtique (Type), 408.
Cendres noires, 139.
Cendrières de l'Aisne, 146.
Centropus du gypse, 260.
Cephalites campanulatus de la craie
de Beynes, 32.
Céphalopodes des sables moyens,
307.
Cercis des sables glauconifères, 159.
Cerf des sables de Saint-Prest, 3i7.
— du diluvium, 369.
Cerithium du calcaire pisolilhique,
63.
— des sables glauconifères, 1 51 .
— des sables moyens, 210.
— du grès infra-gypseux, 242.
— du gypse, 246.
— acutum des sables glauconifères,
155.
— angulosum du calcaire gros-
sier, 182.
— Bouel des sables moyens, 213.
— calcitrapoides ducalcaire grossier,
183.
— cinctum du calcaire grossier, 185.
— Cordieri des sables moyens, 215.
— cristatum du calcaire grossier,
191.
— echidnoides des caillasses, 194.
— giganteum du calcaire grossier,
171.
— inopinatum de l'argile plasiique,
110.
— interruptum du calcaire grossier,
182.
— lapidum du calcaire grossier,
184.
— mutabile du calcaire grossier,
186.
— mutabile des sables moyens, 210.
— pleurotomoidesàes sables moyens,
216.
— plicatum des marnes à huîtres,
317.
A80
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES.
Cerithium plicatum des sables supé-
rieurs, 322.
— plicatum du calcaire de Beauce,
342.
— scalaroides des sables moyens,
211.
— serratum du calcaire grossier,
183.
— tricarinatum des sables moyens,
215.
7— trochleare des sables supérieurs,
319.
— variabileàes fausses glaises, 119.
— variabile des ligniles, 142.
Cervus Alces du diluviura, 369.
— Belgrandi du diluviura, 369.
— Tarandus des cavernes, 415.
Chaînes de montagnes (leur forma-
tion), 419.
Chama du calcaire pisolithique, 66.
— des sables glauconifères, 151.
— des sables moyens, 209.
— calcarata du calcaire grossier,
163.
— lamellosa du calcaire grossier,
163.
Chara du calcaire de Sézanne, 127.
— existant peut-être dans Targile
plastique, 110.
— du calcaire grossier, 186.
— des meulières de Brie, 293
— medicaginula des marnes de
Saint-Ouen, 224.
— des meulières supérieures, 344.
Chat des cavernes, 416.
Châtaignier du calcaire pisolithique,
78.
Chauve-souris fossile de Montmar-
tre, 26i.
Chaux phosphatée des fausses glaises,
117.
Chéiroptères du gypse, 264.
Cheval des sables de Saint-Prest,
347.
— des cavernes, 416.
Chevrotain du diluvium, 370.
Chiens (gypse), 236.
— des plâtrières, 260.
Chœropotamus du gypse, 264.
Chondrites du calcaire grossier, 188.
Chronologie de Tâge de la pierre,
377.
Chrysophrys du calcaire grossier,
187.
Chrysophyllum des sables glauconi-
fères, 159.
Cidaris du calcaire pisolithique, 67.
— Forchhammeri du calcaire piso-
lithique, 69. . .
— pseudo-hirudo de la craie , 51 .
— serrata de la craie, 50.
Ciment hydraulique fabriqué avec la
craie et l'argile, 58.
— des marnes du gypse, 256.
Cinnamomum des sables glauconi-
fères, 159.
Circonvallations naturelles qui entou-
rent et protègent Paris, 14.
Circus du gypse, 260.
Cissus du calcaire de Sézanne, 128.
Classification des terrains parisiens,
21.
— des terrains tertiaires, 82.
— des couches du calcaire grossier,
201.
Clausilla du diluvium, 363.
Clavagella des sables moyens, 208.
Cliquart (du calcaire grossier), 181.
— (banc du gypse), 237.
Cobalt dans le grès d'Orsay, 324.
Coffres (gypse), 237.
Collier quaternaire, 407.
Collines (leur structure générale aux
environs de Paris), 18.
Colonies de M. Barande, 243.
Comptonia des sables glauconifères,
158.
Çonfervites^ du calcaire grossier, 188.
Conglomérat ossifère, 90.
Considérations sur la faune malaco-
logique du diluvium, 364.
Conus des sables glauconifères, 151.
Coprolithes des fausses glaises, 117.
— des lignites, 144.
Coquilles d'eau douce du conglo-
mérat, 92.
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES.
âdl
Goqui]]es fossiles de Sézanne, 132.
-:- de Bracheux, 13i.
— des sables glauconifères, 450."
— siliciliées du calcaire grossier,
480.
CoralUniies du calcaire grossier, i88.
Coraux et îles madréporiques, 38.
Coyax appendiculatus de la craie,
54.
Corbis du calcaire pisolilliique, 65.
— lamellùsa du calcaire grossier,
169.
— Pectunculus du calcaire grossier,
169,
Corbula des sables de Braciieux ,
135.
— des sables glauconifôres, 151 .
— des sables moyens, 208.
— du gypse, 245.
— du diluvium, 359.
— anatina des caillasses, 11)3.
— gallica des sables moyens, 216.
Corbulomya du gypse, 251.
Cornus du calcaire de Sézanne, 128.
Correspondance des couches dans les
collines voisines, 19.
Corrosion du marbre par les racines
végétales, 411.
Corylm du calcaire pisolithique, 78.
Coryphodon du conglomérat, 94.
— des lignites, 144.
— anthracoidetim du conglomérat,
98.
— Owenii du conglomérat, 99.
Coscinospora mpuliformis de la craie
de Beynes, 32.
Cotes des différentes formations géo-
logiques, 21.
Cotumyx du gypse, 260.
Couches tertiaires des Diablerets, 4.
— traversées par le sondage de Gre-
nelle, 24.
Couennes (gypse), 237-239.
Coupes générîiles de la France, 15.
Courants aériens comme agents géo-
logiques, 428.
Couteaux de silex du diluvium, 378.
Craie de la montagne de Kiz, 4.
ST. MEUNIER.
Craie, ses limites à Test du bassin de
Paris, 18.
— relevée à Meudon, 18.
— généralités, 24.
— classification de ses assises, 27.
— à Micraster cor anguinum, 27.
— de Bevnes, 27.
— magnésienne de TAisne, 33.
— magnésienne de Beynes, 32.
— magnésienne de TOise, 33.
— magnésienne de la Somme, 33.
— à Belemnitella mucroiiata, 34.
— de Meudon, 37.
— contemporaine, 37.
— des Bermudes, 39.
— glauconieuse considérée comme
synchronique de la craie blanche,
42.
— de Beims, 57.
Crânes humains du diluvium, 382.
Crassatella du calcaire pisolithique,
64.
— des sables glauconiféres, 151.
— des sables moyens, 208.
— du gypse, 215.
— des sables de Bracheux, 135.
— lumida du calcaire grossier, 173.
Creusement des puits naturels (hypo-
Ihèses à cet égard), 433.
— des vallées, 419.
Crocodile des lignites d'Auteuil, 96:
— (lu calcaire grossier, 187.
Crocodilus du calcaire de l'Orléa-
nais, 345.
— Becquereli du conglomérat, 96.
— depressifrons du conglomérat,
96.
— des lignites, 144.
— obtusidens des sables glauconi-
fôres, 156.
— parisiensis du gypse, 258.
— Rollinati des s.ables moyens, 217.
Crustacés dans le calcaire des marnes
à huîtres, 315.
Cryptogame des sables glauconiféres,
158.
Cryplomeriades sables de Bracheux,
136.
31
àS2
TABLE ÂlPRÀBÉTfOUE DES MATIÈRES.
Cucullœa crassatina des sables de
Bracheux, 135.
CtUmites du calcaire grossier, 179.
Cultellus des sables moyens, 208.
— du gypse, 248.
Cupania des sables glauconifères ,
159.
Cyatheites du calcaire de Sézanne,
127.
Cyclas du conglomérat, 96.
— des sables de Bracheux, 135.
— des lignites, 142.
— du diluvium, 359.
Cyclostoma du calcaire de Provins,
189.
— des sables moyens, 209.
--du diluvium, 359.
— dîi lœss, 411.
— antiquum du calcaire de Beauce,
339.
— antiquum du calcaire de TOrléa-
nais, 345.
— Arnouldi des sables de Uilly,
123.
— mumia du calcaire grossier, 186.
— mumia des marnes deSainl-Ouen,
224.
— tmncatum du gypse, 255.
Cyotherium du gypse, 261.
Cyperites du calcaire de Sézanne,
• 127.
— des sables de Bracheux, 136.
Cyprœa des sables glauconifères,
151.
— des sables moyens, 210.
Cypricardia des sables glauconi-
fères, 151.
— des sables moyens, 209.
Cyprina scutellaria de Bracheux,
135.
Cyrena du calcaire do Provins, 18!).
— d(;s sables moyens, 208.
— antiqua des fausses glaises, 118.
— convexa des sables supériem's,
321.
— convexa du gypse, 256.
— cuneiformis des fausses ghiises,
118.
Cyrena cuneiformis des sables de
Bracheux, 135.
— deperdita des sables moyens, 213.
Cytherea des sables glauconifères,
151.
— des sables moyens, 209.
— convexa du gypse, 256.
— deltoidea des sables moyens, 217.
— elegans des caillasses, 194.
— elegans des sables moyens, 214.
— incrassata des sables supérieurs,
319.
— incrassata du calcaire de Beauce^
342.
— semisulcata des marnes à huî-
tres, 318.
— splendida du calcaire de Beauce,
342.
Daphnogene du calcaire de Sézanne,
128.
— des sables glauconifères, 159.
Delesserites du calcaire grossier, 188.
Delphinula des sables glauconifères,
151.
— des sables moyens, 209.
Démolition des falaises par la mer, 5.
Dendrophylla des sables moyens, 207.
Dentalina de la craie, 49.
Dentalium des sables glauconifères,
150.
— des sables moyens, 209.
Denis humaines du diluvium, 386.
Dénudation qui a précédé la forma-
tion du conglomérat, 100.
— actuelles, 444.
Déshydratation des opales, 43.
— des grès ferrugineux, 43.
Deuxième masse de gypse, 253.
Diadema du calcaire pisolithique,
m.
Diastoma des sables moyens, 209.
Dichobune suHlum du calcaire gros-
sier, 188.
Didelphis Cuvieri du gypse, 260.
Digues sous-marines de la Manche, 7.
Diluvium, 352.
— gris, 354.
— lacustre, 356*
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES.
483
Diluvium rouge, 408.
— des coteaux, 421.
— rouge (son origine), 429.
— gris (son origine), 439.
Diospyros des sables glauconiféres,
159.
Diplodanta des sables moyens, 208.
— bidens des sables moyens, 212.
— du gypse, 248.
Disparition des espèces , 446.
Dissolutions diverses par les eaux
sauvages, 444.
Divagations des rivières, 439.
Dolichites des sables glauconiféres,
459.
Dolomie de Beynes, 32.
— de Biraont, 34.
— de Pont-Sainte-Maxence , 105.
Dombeyopsis des sables glauconi-
féres, 159.
Donax des sables moyens, 208.
Dreissena des sables glauconiféres,
151.
— du diluvium, 359.
Dryandroides des sables de Bra-
cheux, 136.
— des sables glauconiféres, 159.
— du calcaire grossier, 189.
Dryophyllum du calcaire de Sézanne ,
127.
Eaux minérales des environs de Pa-
ris, 445.
Échinides du gypse, 2i6.
Echirwcorys vulgaris, 30.
Echinolampiis du calcaire pisolilhi-
que, 66.
Ëchitonium du calcaire de Sézanne,
128.
— du calcaire grossier, 189.
Éclats de silex du diluvium, 377.
Élan des cavernes, 416.
Elephas meridionalis des sables d *
Saint-Prest, 347.
— pt^imigenius du diluvium, 359,
369-373.
Elimosum actuel, 179.
Ellipsomilia du calcaire pisolilbitfuis
67.
Emarginula du calcaire pisoiithique,
64.
— des sables moyens, 209.
Emmanchure des silex taillés du di-
luvium, 379.
Empreintes de pas sur le calcaire
grossier, 178.
— de pas sur le gypse, 265.
— végétales des geysérites d'Islande.
305.
Emys Bullochi des sables glauconi-
féres, 157.
— Cuvieri du gypse, 258.
Enallhelia du calcaire pisoiithique,
67.
Endogenites echinatus des sables
glauconiféres, 157.
Entada des sables glauconiféres, 159.
Eocéne, 82, 89.
Épaisseur totale du calcaire grossier,
200.
Epigénies des caillasses, 195.
Equidistance des terrasses de gravier
de la Seine, 440.
Equisetum deperditum du calcaire
grossier, 179.
Equus du diluvium, 370.
— arnensis des sables de Saint-
Prest, 347.
— plicidens du diluvium, 372.
Ericina des sables glauconiféres, 151 .
— des sables moyens, 208.
Euchoris halocyon de la craie, 54.
Eugenia des sables glauconiféres,
159.
Eulima des sables moyens, 209.
Eurite dans le diluvium, 355.
Expériences pour expliquer sans
effort mécanique le plissement
(le certaines roches, 8. .
Exploitation des ligiiites de TAisue,
146.
— de la tourbe, 417.
Extension géographique du calcaire
pisoiithique, 72.
Fa{ius des sables glauconiféres, 158.
Failles qui traversent la craie, 44.
— de la ferme de l'Orme, 47.
^^^Hm^^^V DES HiT]ËRES. ^^^^^^^^1
^^F t'Iille <Ië Vernuii, m, Ui.
F<m-lei des sables de Rilly, 1^5.
^^M Malaise de la mer miocéni-, ^Ifi.
— des lignittts, liO,
^^1 Fmfiolariii du calcaire pisolilhiqui:,
— du diluvîum gris, 356.
^H
t'ossilisatioD contemporaine, iU.
^^^ — créUcée de Meoiton, m.
158.
^^H — [ciliaire comparée à la {\im\c
— du calcaire grossier, 188.
^H ci-élacée, 80.
Foyers quaternaires, 391.
^H ~ luur renouvellciuirot. 4t!).
Fiicoidet du calcaire gi-ossîer, t8H.
^H Fausses glaises, 116.
Tusils (gypse), 23i.
^^H Fausses rivières du Mississipi, iW.
Fucus du calcaire grossior, 188.
^^M i'nm ciel (gypse), 23fi.
- du gypse, 252.
^H Fd» du diluTium, 371 .
Fusa» du calcaire pisolilliique, (!■'<.
^^P_ — spieka des cavernes, il(i.
— des sables gl au conifères, 15t.
^^1 Fer pliosplialé des fausses glaises,
— des saliles moyeus, SIO.
^H
- du gypse, 2i«.
^H Fer-ile-lauce du grpse, â51-:287.
- Noe du calcaire grossier, 17li
^H Ferliiilédulœss, 411.
^^1 FirruKiada du iHluvium, 3Rt.
Beynes, 30.
^H Ficu^ du i^pse, Si7.
tlalets qui suniioulcnl les sahlits
^H Ficus des sables de Bracheux, ISO.
glauconifercs, 159.
^H — des sables g'Iauconifëres, 159.
— ronds dans les sables de Beau-
^^B Fmurella des sables j^lauconiféres,
champ, 205.
^B
-~ calcaires d^uis les marnes A huî-
^H FintH/drui des sables moyens, 3U0.
tres. 315.
^^1 Flubellaria des sables de Bractieut,
— divers du diluviuui gris, 351.
^H
- SI ries, 422.
Giislontig pariskiisis du cojiylo-
^^H — du calcaire grossier, ITU.
méral, 94.
^H Fleurs' (bancs de gypse), 331, 33U,
Giistroehœiia «les s^ililcs iiiojeus, 308.
^H
Cmiala mwrorhynchiu du ealcair«
^H Flore du calcaire pisolittiii|U<!, 78.
pisolithique, 78.
^H Fluorine des caillasses, IJW.
(lêiivilé des pierres, 171.
^H Fludale (Tliénrie) relative auxJépûls
Golocus du calcsir.! de l'OrJéjiiiwi,
^^f qiiulcrnaires), iSI.
345.
^1 Foies (gypse), tatà, 238, âiO.
Gjuelte des plàlriiïres, 261.
Ccoiiia des sables moyens, âU7.
^H
Ueysériles, 305.
^H Fùrmatious diverses iiy;ml la uiéuie
Geysers d'Islande. 303.
^H
Glaciaire (Théorie), 421 .
^^^ Foiailes, leur coanuissaiice dans l'aii-
Olimcoaomya ocluelles, :25(i.
^^H liquilé et le moyeu âge, 1. —
Gkditschia des sables glauiwni-
^^M l>:avrt!s de Cuvier, 3. — Ils ca-
fores, 159.
^^H ractérisent les couches qui les
Gneiss dans le diluvimn, 355.
^^H conlienneni, 3.
Goodhalla des sables moyens, 209.
^^H — crélaccs dans l'argite A silex, 85.
Graminées des saldes glauconiférés,
158.
^^Ê —■ des fitusses gluise», 1 18.
Grauile dans le diluviuui, 355. '
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES.
Û85
Grés druidique, 85.
— ladère, 85,
— de l'argile plastique, 115.
— à cyrènes des ligniles, 139.
— de réfage des liguiles, 115. »
— à avicules, 217.
— infra-gypseux, 241.
— cristallisé, 323.
— de Fontainebleau, 323.
— lustré, 323.
— s!rié par le phénomène glaciaire.
422.
GremUea des sables de Braclieux.
130.
— du calcaire grossier, 189.
Grewia des sables glauconifères, 159.
Greîviopsis du calcaire de iSézanne,
128.
Grignard du calcaire grossier, 19 i.
— du gros banc (gypse), 237.
Gros banc (gypse), 234, 237.
Gros bousin (gypse), 237.
Gros tendrons (gypse), 237.
Gypse, 227.
— eristallisé de la craie, 45.
— cristallisé de l'argile plasli<iuo,
109.
— des lignites, 147.
— ni vi forme, 251.
— grenu (sa composition), 25i.
— son origine, 274.
Gyrogonites des marnes de Salnl-
Ouen, 224.
Haches de l'âge de la pierre, 381 .
Hakea dessables glauconifères, 159.
Haliœtus du gypse, 260.
HalUrhoa costala la craie de Beynes,
32.
Hamamelites du calcaire de Sézanne,
128.
Hauts piliers (gypse), 23 i.
Hedera du calcaire de Sézanne, 128.
Helcion du calcaire pisolilhique, Gi.
Hélix des sables de Bracheux, 135.
— du calcaire de Provins, 189.
— du calcaire de Brie, 291.
— du diluvium, 358.
— du lœss, 411.
Hélix du limon des plateaux, 414.
— hemisphœrica des sables de Rillv.
123.
— Lemani du calcaire de Beauce,
338.
Hemirhynchus Deshayesi du calcaffe
grossier, 177.
HemitelUes du calcaire de Sézamie,
127.
Heurs (banc de gypse), 234.
Hippalimus du calcaire pisolithique,
67.
Hippopotamus major des sables de
Saint-Prest, 347.
— du diluvium, 369.
Holaster pilula de la craie, 51.
Homme des sables de Saint-Prest,
348.
— du diluvium, 374.
— des tourbières, 416.
Horizontalité des couches aux envi-
rons de Paris, 18.
Huîtres des fausses glaises, 119.
Hyœiia spœlea du diluvium, 369.
— spœlea des cavernes, 416.
Hyène des cavernes, 416.
Hyenodon du gypse, 260.
Iguanodon Mantelli de la craie, 56.
Iles madrcporiques dans leur rapport
avec les formations crayeuses,
37.
Inclinaison des couches du calcaire
grossier, 197.
Industrie primitive (vestiges dans le
diluvium), 375.
fnfundlbulam du calcaire pisolithi-
que, 6i.
Inoceramus Cuvieri de la craie, 53.
Isatis du gypse, 260.
Janira quinquecostata de la craie de
Bévues, 31.
Jouannetia des sables movens, 208.
Juglandites du calcaire de Sézanne,
128.
Juglam des sables glauconifères,
159.
Karrenfelder des glaciers, 423.
Keiloslonia des saldes movens , 209.
^^^VlflE^ÂT ALI>HABr.TIUlE MATIÈRES. ^^^^^^^H
^^K Labrax major du calcaire grossit-r,
Limites de lamer des sables dcFou-
^H
tainebleau, 33i.
^H Lacma des sables moyens, JU».
Limnœa des fausses glaises, 1 10,
^H Udére, 85.
— (lu <alcsire grossier, 166.
^^B Laines <gypse), 237.
-r du ciilcaire de Provins, 189.
^^H Lamantin des sables supérieurs, 'è±\ .
— des sables moyens, 309.
^^H Lambourdes {hmea de calcaire gros-
— du calcaire de Brie, 3»! .
^H sien, ITi.
— des meulières de Brie, âU3.
^^H Liiminarites du calcaire grossier.
— du calcaire de Beaucs, 3i2.
^M
— des menliéres supérieun's, 3ill.
^^M Lamna de la craie, 5i.
— lia diluviuffl, 338.
^^M — des sables moyens, âlO.
— auricuiaria du diluvium, 35N.
^H LflWi'fM du diluTium, 365.
— BroivwiarfiducalcairedeBcatHf,
^H Lufirut/lu calcaire de Sëzanne, Mti
3i3.
^H — des sables glaucom'fères, 15!).
— ifrowffniari* du calcaire de l'Or-
^H Uzxn de l'âge de la pierre, 380.
léanais, 345.
^H /.wfa des sables moyens, im.
— corneu du calcaire de Beaaix,^Ui.
^^m Leguminmtes des sables glaiicoiii'
^H fères, 159.
3i3,
^H Lehm,
— cylindrica des meulières snp^
^H Leiodon anceps de la craie, 55.
rieures, 343.
^H LenticulUe» ries sables moyens, 206,
— /(i6uf£( du calcaire [le Beauce,3{â,
^H Lepidosteui suemoneiavs du conglo-
— Goulierti du calcaire de Beaure,
^H mérui,
3i3.
^H Leptynile dans le dilurium, 355.
— longiscata des marnes de Saiiil-
^H Lepus des cavernes, it6.
Ouen, 233.
^H Lézard du diluTium, 370.
Limnées du conglomérat, 9U.
^H Liais de Bagneu-x (calcaire grossieri,
Limon des plateaux, ilâ.
^H
Liou du diluvium, 370.
^H — de Montessou (talcaire grossier),
^H
fères, 159,
^H Liaison de lu faune de Bracheux avf^'
^^B celles d'autres époques, 135.
Littoral de la mer miocène, 316,
^^B — de l'origine du dijuvium avec 1 '
UUnrina des sables movens. âtO.
^^H creusement des vallées, ilS.
Lœss, 110.
^^H — du terrain quaternaire avec le
- {son origine), i97,
^^V terrain actuel, ^^t.
^H Lichen {les sables ^laninnifères, iôfi.
l.-)!). .
^^H Lignites supérieur!) de l'argile phs-
— du calcaire grossier, 18a.
^H
Lupkiodon des liguiles, 141.
^H — (étage desl, im.
— du calcaire grossier, 187.
^^1 — du calcaire grossier, 185.
-du calcaire de Brie, 291.
^H Lima Carolina du calcaire pisoli-
- du calcaire de Beauce, 343.
^H Ibique, 66.
Loup du gypse, 260.
^H Limites géographiques de la cniii'
Lucina du calcaire pisolithique, 65.
^B blanche, 35.
— des sables glauconifères, lâl.
^^B — géographiques de la fofmalion
— des sables moyens, 308.
^^M Etypseuse, mi.
— des grés infra-gypse us, iti.
TABLli: ALPHABr.TIQVB DES MATIÈRES.
487
Luc na du gypse, 245.
— contorta du calcaire grossier, 1 GD .
— ^î^an<«ldu calcaire grossier, 170.
— Heberti du gypse, 249.
— Heberti des sables supérieurs,
321.
— Heberti du calcaire de Beauce,
342.
— saxorum des sables moyens, 2i3.
— saxmiim du calcaire grossier,
192.
Ludoviopsis du calcaire de Sézanne,
127.
Lunulites des sables glauconifères,
150.
— du calcaire grossier, 161.
Lutetia des sables moyens, 208.
Lygodium des sables glauconifères,
158.
Mâchoire humaine de Moulin-Quignon,
376.
Mactra des sables glauconifères, 151 .
— des sables moyens, 208.
Madrepora Solanderi des sables
moyens, 207.
Madrépores, 38.
Magas pumilus de la craie, 52.
Magnésie dans la craie de Beynes, 32.
— dans la marne de Saint-Ouen,
225.
Magnolia du calcaire de Sézanne,
128.
— des sables glauconifères, 159.
Mammifères du conglomérat, 92.
— des lignites, 143.
— du calcaire de l'Orléanais, 345.
— des sables de Saint-Prest, 347.
Mammouth du diluvium, 369-373.
Manatus Guettardi des sables supé-
rieurs, 321.
Manganèse peroxyde dans le dilu-
vium, 355.
Marchantia du calcaire de Sézanne,
127.
— du calcaire pisolilhique, 78.
Marginella des sables de Bracheux,
135.
— des sables glauconifères, 151 .
Marginella des sables moyens, 210.
Marine (Théorie) à Tégard des dépôts
quaternaires, 426.
Marmites de géants, 287, 429.
Marnes à physes, 120.
— blanches supérieures du calcaire
pisoHthique, 73.
— magnésiennes du travertin de,
Saint-Ouen, 225.
— prismatisées du gypse, 239.
— à retraits pyramidaux du gypse^.
252.
— à cyrènes, 256.
— blanches du gypse, 256.
- jaunes du gypse, 256.
— vertes, 256.
— à huîtres, 311. •
— heersiennes, 336.
Marnolithe tuberculeuse du lœss,
412.
Megaceros Carnutorum des sables
de Saint-Prest, 347.
— du diluvium, 369.
— des tourbières, 416.
Megaspira exarata des sables de
Billy, 124.
Melania des fausses glaises, 119.
— des sables glauconifères, 151.
— des sables moyens, 209.
— hordacea des sables moyens, 214,
— inquinata des lignites, 143.
Melanopsis buccinoidea de Bracheux,
135.
Ménilite du travertin de Saiut-Ouen,
226.
Mer des sables de Fontainebleau,
334.
— des marnes heersiennes, 336.
— des sables de Bracheux, 336.
— des sables de Cuise-la-Motte,
337.
Meules à moulin de la Ferté-sous-
Jouarre, 293.
— en meulières supérieures, 343.
Meulières de Brie, 292.
— leur origine et leur mode de for-
mation, 294.
— supérieures, 343.
/l88
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIËUES.
Meulières de Montmorency, 3i.3.
— supérieures, leur origine, 344.
Bfezoneurum des sables glaucoiii-
fères, 159.
Mica dans le sable de Meudon, 307.
Micraster cor anguinum de la craie
de Beynes, 28.
— ]irongniarti de la craie, 49.
Milliolites du calcaire grossier, 17.5.
— dans le calcaire des marnes à huî-
tres, 315.
Minerai d*acide sulfuriquc, 44-1 45.
— de fer de Targile plastique, 110.
— de fer des sables quartzeux, 113.
— d'alun, 145.
— ferro-manganésifère des plateaux,
414. .
Minerais de sulfate de fer, 145.
— de fer du terrain sidérolithiquo,
275.
Minéraux accidentels de Targile plas-
tique, 109.
Miocène, 82, 310.
Mitra du calcaire pisolithique, 63.
— des sables glauconifères, 151.
— des sables moyens, 210.
Mode de formation des sables de Bra-
cheux, 137.
— de dépôt des lits alternatifs de
marne et de gypse, 285.
Modiola des sables glauconifères ,
151.
— des sables moyens, 209.
Mongoloïde (race humaine), 408.
Monimiopsis du calcaire de Sézann{^,
128.
Monocotylédones des sables glauco-
nifères, 158.
Monuments mégalithiques quaternai-
res, 401, 405, 407, 408.
Moraines quaternaires, 422.
Mosasaurus Camper i de la craie, 55.
Mouhns à broyer la craie, 57.
Mousses des tourbières, 417.
Moutons (gypse), 237.
Murex des sables glauconifères, 151 .
— des sables moyens, 210.
— du gypse, 248.
Musaraigne des cavernes, 41 G.
Myrlca du calcaire de Sézanne, 127.
— des sables de Braclieux, 136.
— des sables glauconifères, 158.
Mytilîis du calcaire pisolithique, 65.
— Biochi du grès infra-gypseux ,
2i2.
— des sables moyens, 209.
Natica des sables de Bracheux, 135.
— des sables glauconifères, 151.
— des sables moyens, 209.
— du grès infra-gypseux, 242.
— du gypse, 246.
— crassatina des saliles supérieurs,
319.
— mutabilis du calcaire grossier,
192.
— supra-cretacea du calcaire pisoli-
thique, 62.
— patula des marnes à huîtres, 317.
Nautilus du calcaire pisolithique,
62.
— des sables glauconifères, 152.
— LamarckiidvL calcaire grossier,
169.
— Pompilim actuel, 169.
— umbilicaris du calcaire grossier,
169.
Neœrea des sables movens, 208.
Nerita des sables glauconifères, 152.
— des sables moyens, 209.
Neriiina des sables de Bracheux, 135.
— conoidea des sables glauconifères,
153.
— globultis des lignites, 143.
Neritopsis des sables moyens, 209.
Nipadites du calcaire grossier, 188.
Nœuds (gypse), 237.
Nucleus de silex du diluvium, 377.
Nucula des sables glauconifères, 152.
— des sables moyens, 209.
— du gypse, 251 .
Numenius du gypse, 260.
Nummulites des sables glauconifères.
152.
— /flpri^a^a du calcaire grossier, I6i.
— planulata des sables glauconi-
fères, 155,
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES.
489
NuinmtUites variolaria des 9al)Ios
moyens , 206.
Nymphœa du calcaire grossier, 189.
— des meulières de Brie, 293.
Oculinaàes sables moyens, 210.
Odostomia des sables moyens , 209.
Œuf (banc du gypse), 235.
Oiseaux des sables moyens, 217.
— des marnes de Saint-Ouen, 223.
— du gypse, 259.
— du diluvium, 370.
Oliva des sables glauconifères, 152.
— des sables moyens, 210.
Onchosaurus radicalis de la craie,
56.
Ondulations de la craie autour de
Paris, 46.
Opales du travertin de Saint-Ouen,
226.
Or natif des lignites, 147.
Orbitolites complanata du calcairo
grossier, 176.
Origine de la craie blanche, 37-40.
— du conglomérat, 99.
— de Targile plastique, 111.
— du gypse, 274.
— geysériennc de l'argile rouge dilu-
vienne, 439.
Ornithoiithes du gypse, 259.
Orthrocène, 89.
Os inci-sés des sables de Saint-Prest,
348.
Ostrea du calcaire pisolithique, 66.
— des sables glauconifères, 152.
— des sables moyens, 209.
— bellovacina de Bracheux, 135.
— bellovacina des lignites, 140.
— canalis du gypse, 229.
— cyathula des marnes à huîtres,
313.
— cyathula des sables supérieurs,
318.
— lingiuitula du gypse, 22 J.
— longirostris des marnes à huîtres,
311.
— vesîcularis de la craie, 53.
Ours des cavernes, 415.
Outils de silex du diluvium, 379.
Omila du calcaire pisolithique, 63.
— des sables glauconifères, 152.
— des sables moyens, 210.
Oxyde de manganèse dans le grès
' d'Orsay, 324.
Pachynolophus du calcaire grossier,
187.
Pain d'épice (couche des caillasses),
194.
Pains de quatre sous (gypse), 239.
Palœonictis gigantea des lignites,
144.
Palœotherium du calcaire de Saint-
Ouen, 222.
— du gypse, 261.
Paléontologie.Elle est née à Paris, 2.
Palmacites des sables glauconifères,
158.
Palmiers des sables glauconifères,
157.
— graines dans le calcaire de Brie,
292.
Palmipora des sables moyens, 207.
Paloplotherium du gypse, 262.
Paludestîina du diluvium, 359.
Paludina du calcaire de Provins,
189.
— des sables movens, 209.
— du calcîiire de Brie, 291 .
— du diluvium, 359.
— aspersa de l'argile plastique, 110.
— aspersa des sables de Rilly, 123.
— lenta du conglomérat, 95.
— Orbignyana du calcaire de Pro-
vins, 190.
— suessionensis du conglomérat ,
99.
— thermalis du gypse, 229.
Paludine du calcaire grossier, 185.
Pandion du gypse, 260.
Parallèle entre le diluvium et le
conglomérat de Meudon, 443.
Parmophorus des sables glauconi-
fères, 152.
— des sables movens, 209.
— sur \(x calcaire grossier, 178.
Pas (empreintes) sur le gypse, 265.
Patella des sables movens, 209.
490
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES.
Pecten des sables glauconifères, 152.
— des sables moyens, 209.
— quinquecostatm la craie de Bey-
nes, 31.
— solea du calcaire grossier, 1 61 .
Pectunculm des sables glauconi-
fères, 152.
— des sables moyens, 209.
— angusticostatus des sables supé-
rieurs, 321.
— obovatm des sables supérieurs,
320.
— pulvinatus du calcaire grossier,
174.
Pegmatite dans le diluvium, 355.
Pelage (banc du gypse), 235.
Pelecanus du gypse, 260.
Pelidna du gypse, 260.
Peratherium Laurillardi du gypse,
260.
Percuteurs de silex du diluvium,
377.
Persea des sables glauconifères, 159.
Petit banc (gypse), 239.
Petit bousin (gypse), 234.
Petite corvée (banc du gypse), 236.
P«»!its tendrons (gypse), 237.-
Petrophiloides des sables glauconi-
fères, 159.
Phasianella des sables moyens, 210.
Phœniciies des sables glauconifères,
158.
Pholadomyades sables glauconifères,
152.
— du gypse, 245.
— ludensis du gypse, 248.
Phosphorite du Quorcy, 276-439.
PhyUites multinervis du calcaire
grossier, 179.
Phyllocœnia du calcaire pisolithiqu(^,
67.
Physa des fausses glaises, 119.
— du diluvium, 361.
— gigantea des sables de Rilly,
1 ^>2
— Hébert i du conglomérat, 96.
Phytodenna des sables glauconifères,
158.
Pieds-d'alouette (gjT)se), 239.
Pierre blanche (banc de gypse), 2il.
— à détacher, 236.
— éclatée, 377.
— de Falaise, 79.
— de foudre, 44.
— à liards, 164.
— de Lisy, 214.
— polie du diluvium (âge de la),
377.
— de Saint-Leu, 165.
— taillée du diluvium (âge de la)
337.
Pileopsis des sables glauconifères,
152.
— des sables moyens, 209.
Piliers noirs (gypse), 234.
Pilotin (gypse), 237.
Pimelea des sables glauconifères,
159.
Pinna des sables glauconifères, 15â
— des sables moyens, 209.
Piniis des sables de Bracheux, 136
Piscida des sables glauconifères
159.
Pisidium du diluvium, 359.
Pistes sur les bancs de gypse, 265.
Placuna des sables glauconifères^
152.
Planorbes du conglomérat, 92.
— des fausses glaises, 1j8.
— du calcaire grossier, 186.
Planorbis du calcaire de Provins,
189.
— des sables moyens, 209.
— du diluvium, 358.
— cornu des meulières supérieures,
340,
— cornu du calcaire de Beauce, 343.
— Leymerii du calcaire de Provins,
190.
— rotundatus des marnes de Saint-
Ouen, 223.
Plat anus des sables de Bracheux,
136.
Plateau central de la France; son
rôle dans la géologie générale
de notre pays, 12.
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES.
491
Plâtrage des cultures, 272.
Plâtre, 271.
Platycnémie des tibias quaternaires,
383.
Pkurotoma du calcaire pisolithique,
62.
— des sables glauconifères, 152.
— des sables moyens, 210.
PUocène, 82, 346.
Plissement des roches; ses causes
peuvent être diverses, 8.
Pluie comme cause de^ puits natu-
rels, 433.
Poacites des sables de Bracheux,
136.
— des sables glauconifères, 158.
Podocarpm des sables glauconifères,
158.
Poissons de la craie, 54.
— du calcaire pisolithique, 78.
— du conglomérat, 92-96-99.
— des lignites, 143.
— des sables glauconifères, 152-156.
— du calcaire grossier, 177-187.
— des sables moyens, 207.
— des marnes de Saint-Ouen, 223.
— du gypse, 246-258.
Polissage glaciaire des roches de la
vallée de la Seine, 422.
Polissoir de Tâge de la pierre, 380.
Polypiers des sables moyens, 206.
Polytremacis du calcaire pisolithi-
que, 67.
Polytripa des sables moyens, 210.
Pomatia du diluvium, 364.
Populmdii calcaire de Sézanne, 128.
— des sables glauconifères, 159.
Porites des sables moyens, 207.
Poromya des sables moyens, 208.
Porphyre dans le diluviiun, 355.
Potamides Lamarckii du calcaire de
Beauce, 339.
Potamogeton du calcaire grossier,
179.
Poudingues diluviens, 356.
— à Cerithium plicatum de Romain-
ville, 322.
— des lignites, 134.
Poudingues de Nemours,102-103-105.
— supérieurs dé Nemours, 331.
Première masse du gypse, 254.
Prenaster du gypse, 248.
Prionastrœa du calcaire pisolithique,
67.
Prise du plâtre, 2271.
Pristis parisiensis du calcaire gros-
sier, 187.
Profondeurs comparées de la Manche
et de la mer du Nord, 7.
Proïcène, 89-218.
Protoficm du calcaire de Sézanne, ,
128.
Provinces (anciennes) correspondent
à des régions géologiques, 21 .
P$aimmbia des sables de Bracheux,
135.
— des sables moyens, 208.
— du gypse, 246.
— nitida des sables moyens, 212.
Pterodon dasyuroides du gypse,
261.
Pterospermites du calcaire de Sé-
zanne, 128.
Ptychodm decurrens, de' la craie,
54.
Puits artésiens pei*mettant d'appré-
cier la structure profonde du
sol de Paris, 16.
— artésien de Grenelle ; couches
qu'il a traversées, 24.
— naturels du terrain quaternaire,
429.
Pupa des sables de Rilly, 124.
— des calcaires de Beauce, 343.
— du diluvium, 358.
— du lœss, 411.
— du limon des plateaux, 414.
Pyramidella des sables moyens,
209.
— exarata des sables de Killy, 124.
Pyrina du calcaire pisolithique,
66. '
Pyrite de la craie blanche, 43.
— de Targile plastique, 109.
— des fausses glaises, 116.
— des lignites, 146.
^92
TABLE ALPHABÉTIQlJt: DES MATIÈRES.
Ptp'ula des sables glauconifères,
152.
— des sables moyens, 210.
Pljrus des sables glauconifères,
150.
QuaiMz cristallisé des caillasses,
195.
— cristallisé dans les marnes de
Saint-Ouen,227.
— dais le diluvium, 355.
Quatrième masse de gypse, 251 .
Quercm des sables glauconifères,
158.
Radiaires des sables glauconifères^
150.
Race bumaine dolichocéphale du dilu-
vium, 385.
Rachitisme d'un squelette quater-
naire, 408.
Racines végétales; leur action dé-
colorante sur le lœss, 411.
Rasoirs d'obsidienne employés au
Mexique, 378.
Ravinement de la craie qui supporte
l'argile à silex, 89.
— des roches qui supportent le
diluvium rouge, 409.
Récurrence de la mer de Reauchamp
à l'époque de gypse. 243.
Relèvement de la craie à Meudon,
18.
— de la craie postérieur à son dé-
pôt, 40.
Relief de la craie autour de Paris,
45.
Remaniement des sables par la
Seine, 444.
Renne du diluvium, 371-375.
— des cavernes, 415.
Renouvellement des faunes, 419.
Renversement des couches aux envi-
rons de Beynes, 28.
Reptiles de la craie, 54.
— du conglomérat, 92.
— des fausses glaises, 1 19.
— des ligniles, 143.
— d3s sables glauconifères, 156.
— des marnes de Saint-Ouen, 223.
Retraits polyédriques dan^ les mar-
nes à huitres, 315.
— pyramidaux des marnes du gypse,
252.
Révolutions du globe, 419.
Rhamntis du calcaire de Sézanne,
128.
Rhinocéros du calcaire de l'Orléa-
nais, 345.
— du diluvium, 368-369.
— leptorhinus des sables de Sainl-
Prest, 347-348.
— tichorhinus, 372.
Rkynchonella du calcaire pisolithi-
que, 66,
— limbata de la craie, 52.
— octoplicata de la craie, 52.
— vespertilio de la craie, 52.
Rissoa des sables moyens, 209.
Roche du bas (calcaire grossier),
181.
— des Forgets, 165.
— du haut (calcaire grossier), 181.
— de Nan terre (calcaire grossier),
185.
— de Paris (calcaire grossier), 191.
— de Poissy (banc de calcaire gros-
sier moyen), 175.
— polies par les glaces, 422.
Rochette, 193.
Rognons des. sables glauconifères,
150.
— de grès, leur mode de formation,
325.
— de marnolithe du lœss, 412.
— de silex de la craie, 42.
— siliceux du calcaire grossier
(banc royal), 180.
— siliceux des travertins de Saint-
Ouen, 220.
— siliceux du gypse, 234.
Rongeurs des sables de Saint-Prest,
347.
Rostellaria des sables glauconifères,
152.
— des sables moyens, 210.
Rotalina de la craie, 49.
Rousses (gypse), 237.
/
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES.
â93
Sables de Targile plastique, 1i3-H5.
— de Beauchamp, 201.
— de Bracbeux, 133.
— cristallisés des caillasses, 196.
— de Châlons-sur-Vesle, 133.
— de Tétage des lignites, 145.
— de Fontainebleau, 310-333.
— glauconifères, 149.
— à iufusoires de TAdriatique, 48.
— magnésien de Pont-Saintc-Maxence,
165.
— magnésien dans les marnes à
huîtres, 315.
— moyens,. 201.
— deRilly, 120,121, 125.
— de Saint-Prest, 346.
-- supérieurs coquilliers, 318.
Saint-Jacques (banc de calcaire gros-
sier), 171.
Saint-Nom (banc de calcaire gros-
sier), 181.
Salbandes argileuses des puits natu-
rels, 438.
Salix du calcaire de Sézanne, 128.
— des sables glauconifères, 159.
Salses, 112.
Sand'pipes des puits naturels de
l'Angleterre, 431.
Sanglier du diluvium, 369.
Sapotacites des sables glauconifères,
159.
Sarigue des plàtrières, 260.
Sassafras du calcaire de Sézanne,
128.
Saurauja du calcaire de Sézanne, 128.
Sauvages actuels, encore à l'âge de
la pierre, 377.
Savon de soldat, 25i.
Saxicava des sables moyens, 206.
Scalaria des sables glauconifères,
^ 152.
— des sables moyens, 209.
Schiste à coquilles marines du gypse,
249.
Sc'urus fossilis du gypse, 264.
Scolopax du gypse, 260.
ScutelUna des sables moyens, 210.
Sédimentation aérienne, 427.
Sédiments divers de la Manche, 5.
Sel cristallisant dans la boue argi-
leuse, 42.
Séparations des périodes géologi-
ques, 442.
Sepia des sables glauconifères, 152.
Sépultures quaternaires, 401 et suiv.
Serpent des sables glauconifères ,
156.
— du diluvium, 370.
Serpula des sables glauconifères ,
150.
— des sables moyens, 210.
Sidérolithique (Terrain), 275.
Sidérose de Targile plastique, 110.
Sigaretus des sables glauconifères,
152.
Silex branchu de la craie de Beynes,
27.
— brisés dans les failles de la
craie, 44.
— de la craie, 42.
— nectique des' marnes de Saiiit-
Ouen, 226.
— en rognons dans le calcaire
grossier (banc royal), 180.
— taillés des sables de Saint-Prest,
351.
— taillés du diluvium, 376.
Silicification de coquilles dans le cal-
caire grossier, 180.
Siliqua des sables moyens, 203.
Siphonaria des sables moyens, 209.
S phonia fiem de la craie de Beynes,
32.
SUta du gypse, 260.
Situation du limon sur les flancs des
vallées, 413.
Skanea des sables moyens, 209.
Smectite, 254.
Smilacites des sables glauconifères^
158.
Solarium du calcaire pisolithique,
62.
— des sables glauconifères, 152.
Solemya des sables moyens, 208.
Solen des sables glauconifères, 152.
— des sables moyens, 208.
hU
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES.
Sorex des cavernes, 416.
Souchet (gypse), 236-238-241.
Soulèvement lent de la vallée de la
Seine, 440.
Sources minérales ayant produit la
craie magnésienne, 33.
— acides comme causes des puits
naturels, 433.
Spatangus des sables moyens, 210.
Spath fluor des caillasses, 196.
Spermophilus des cavernes, 416.
Sphœnopteris du calcaire pisoli-
thique, 18.
Sphœria des sables glauconifères,
158.
Sphœrium du diluvium, 359.
Sphœrococcites du calcaire grossier,
188.
Sphaigne des tourbières, 417.
Spicules d'épongés dans la craie de
Beynes, 31.
Spondylus du calcaire pisolithique,
66.
— des sables glauconifères, 152.
— des sables moyens, 209.
— œqualis de la craie, 53.
Spongiaires dans la craie de Beynes,
31.
Sportella des sables moyens, 268.
Squales de la craie, 54.
— des sables glauconifères, 159.
Squelettes humains du diluvium,
381.
Stalactites contemporaines dans le
calcaire grossier, 444.
Sterculia du calcaire de Sézanne,
128.
— des sables de Bracheux, 136.
— des sables glauconifères, 159.
Stries glaciaires sur les roches de lu
vallée de la Seine, 422.
— produites par des glaces flol-
tantes, 425.
StriûC de gypse, 260
Strontiane sulfatée du l'argile plas-
tique, 110.
— sulfatée des fausses glaises, 117.
— sulfatée du gypse, 254.
Strontiane sulfatée des marnes vertes,
256.
Subdivision de Téocène, 89.
Succin des fausses glaises, 116.
— des lignites, 147.
Siiccinea du diluvium, 358.
Sulfate d'alumine des fausses glaises,
117.
Sus du diluvium, 360.
Symplocos du calcaire de Sézanne,
128.
Synchronisme de couches,les unes ma-
rines, les autres d'eau douce, 7.
Système de Corse et de .Sardaigne,
336.
Tœniopteris des sables de Bracheux,
136.
— du calcaire grossier, 188.
Tapes des sables moyens, 208.
Tapirotherium des lignites, 144.
Tellina des sables glauconifères, ihi.
— des sables moyens, 208.
— du gypse, 245.
Terebellum des sables glauconifères,
152.
— convolutum du calcaire grossier,
176.
Terebra des sables glauconifères,
152.
Terebratula Heberti de la craie, 52.
— du calcaire pisolithique, 66.
Teredo des sables moyens, 208.
Terminalia dessables glauconifères,
159.
Terrain actuel, 442. .
— crétacé, 24.
— jurassique. Son rôle dans la struc-
ture générale de la France, 11.
— météorique, 427.
— nummulitique supérieur des Al-
pes ,334.
— parisiens (leur classification), 21.
— quaternaire, 352.
— superficiel de la craie, 84.
— tertiaires, 80.
Terrasses de gravier le long des
rivières, 419.
Terre à briques, 411.
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES.
495
Terre dolomitique de Bimonl, 34.
— douce de Picardie, 410.
— à foulon, 273.
— de pipe de Montereau, 106.
— à poêle, 412.
— à pots, 412.
— végétale, 412.
Tête de chat, 150.
— de gros banc (gypse), 237.
— de moine (banc de gypse), 235.
Tkeridomys du gypse, 264.
Thracia des sables moyens, 208.
Tigre du diluvium, 370.
Tomatella des sables glauconifères,
. 152.
— des sables moyens, 209.
Tortues du gypse, 158.
— du calcaire pisolithique, 78.
— des lignites, 143.
— des marnes de Saint-Ouen, 223.
Tourbage, 417.
Tourbières, 416.
Tourbillons de poussières comme
agents de sédimentation, 428.
Tragulotherium du calcaire de l'Or-
léanais, 345.
Transport de gros blocs par la Seine,
440.
Travertin de la Beauce, 338.
— de la Brie, 288.
— de Champigny, 277.
— de Château-Landon, 222.
— contemporain, 444.
— inférieur, 218.
— moyen, 288.
-- de Saint-Ouen, 218.
— supérieur, 337.
Trépidations du sol, 444.
Trichonella des sables glauconi-
fères, 159.
Triforis des sables moyens, 210.
Trigonocœlia dessablesmoyens, 200.
Tringa du gypse, 260.
Trtonya? du calcaire pisolithique, 78.
— granosa des sables glauconifères,
157.
— lœvigata dessables glauconifères,
157.
Trionyx parisiensis du gypse, 259.
— vittatus du conglomérat, 97.
— vittatus des lignites, 143.
Tripoli de Nanterre, 196.
Triton des sables glauconifères,
152.
Trochm du calcaire pisolithique,
62.
— des sables glauconifères, 152. •
— des sables moyens, 209.
Trogontherium des sables de Saint-
Prest, 347.
Troisième masse de gypse, 251.
Trombes comme agents géologiques,
428.
Troncs silicifiés dans les meulières,
306.
Tubulures de la craie, 37.
— blanches du lœss, 411.
Turbinolia elliptica des sables glau-
conifères, 159.
— des sables moyens, 210.
Turbo du calcaire pisolithique, 62.
— des sables glauconifères, 152.
— des sables moyens, 210.
Turbonilla des sables moyens, 209.
Turritella des sables de Bracheux,
135.
— des sables glauconifères, 152.
— des sables moyens, 210.
— du gypse, 246.
— fasciata du calcaire grossier,
182.
— imbricataria des sables glauconi-
fères, 152.
— imbricataria du. calcaire grossier,
172.
— sulcifera du calcaire grossier,
173.
— supracretacea du calcaire pisoli-
thique, 62.
— terebellata du calcaire grossier,
172.
Ulmus du calcaire de Sézanne, 127.
— des sables glauconifères, 158.
— du calcaire grossier, 189.
Vmbrella des sables glauconifères,
152.
â96
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES.
Unio du (liluvium, 359.
Unios (lu conglomérat, 99.
Ursus spœleus du diluvium, 369.
— spœltus des cavernes, 415.
Ums du diluvium, 374.
Usages industriels des sables de
Targile plastique, 113.
— industriels des lignites, 145.
Uteria des sables moyens, 210.
Valeur commerciale de Targile de
Montereau, 108.
Vallées (leur creusement), 419.
— desséchées, 440.
— de la Seine, sa direction, iS.
— tourbeuses, 417.
Valvata du diluvium, 358.
Végétation en rapport avec la nature
du sol qui la porte, 21 .
Végétaux fossiles du calcaire pisoli-
thique, 78.
— fossiles des sables de Bracheux,
136.
— fossiles de Sézanne, 127-129.
— fossiles des lignites, 14i.
— fossiles des sables glauconifères,
157.
— fossiles du calcaire grossier, 179.
— fossiles du calcaire grossier supé-
rieur, 188.
— fossiles du calcaire de Saint-
Ouen, 224.
— fossiles du calcaire de Bric,
291 .
— fossiles des meulières de Brie,
293.
Venericardia des sables glauconi-
fères, 152.
— des sables moyens, 209.
Vewm des sables glauconifères, 152.
— des sables moyens, 209.
Vergelés (banc du calcaire grossier),
174.
Verrai ns (nom vulgaire du Cen-
thium giganteum, 170.
Verrucaria des sables glauconi-
fères, 158.
Vertigo du diluvium, 358.
Vespertilio du gypse, 26 i.
Viburnum du calcaire de Sézanne,
128.
Vioia des sables moyens, 206.
Vitrina du diluvium, 36 i.
Vivianite des fausses glaises, 117.
VolcancitoSy 113.
Volcans de boue, 111.
Voltex des marnes de Sainl-Ouen,
22i.
Voluta du calcaire pisolithique, 63.
— des sables glauconifères, 152.
— des sables moyens, 210.
— du gypse, 246.
Webstérite des fausses glaises, 117.
Xiphodon gracile du gypse, 263.
Xylomites des sables glauconifères,
158.
Yucca dans le calcaire grossier,
308.
Zanclus eocenus du calcaire gros-
sier, 187.
Zèbre du diluvium, 371.
Zingibéracées des sables glauconi-
fères, 158.
Zizyphm du calcaire de Sézanne,
128.
Zonites du diluvium, 358.
Zostera du calcaire grossier, 1 79.
Venerupis des sables moyens, 218. \ Z osier ites du calcaire grossier, 179,
K[N DE LA TAbLE ALPHABÉTIQUE DES MATIERES.
TABLE DKS NOMS PROPKES CITÉS
Agassiz. Opinion sur VHemirhffn-
chus, 178.
Archiac (d'). Craie magnésienne dans
TAisne, 33. — Son opinion sur le
calcaire pisolithique, 59. — Con-
sidérations sur le bassin tertiaire
de Paris, 8i . — Age de Targile à
silex, 86. — Age des poudingues
de Nemours, 103, — Exploitation
des lignites de TAisne, 146. —
Remarques sur le calcaire gros-
sier, 197. — Calcaire de Brie, 290.
Puits naturels, 433.
Aristote. Cite les fossiles, 1.
Barrande. Théorie des colonies, 243.
Beccarius. Signale les foraminifères,
48.
Bêche (de la). Puits naturels, 433.
Becquerel. Succin dans les fausses
glaises, 116.
Beîgrand. Age des sables de Saint-
Prest, 348. — Étude sur le dilu-
vium de la Seine, 368. — Sépul-
ture de Champceuil , 407. — Age
relatif des deux diluviums gris et
rouge, 420. — Théorie fluviale re-
lative à la formation des dépôts
quaternaires, 421 . — Roches polies
quaternaires, 422.
Bernard Palissy. Remarque les fos-
siles, 2.
Berthier. Analyse d'une argile ma-
gnésienne, 225.
Bertrand (Eugène). Débris humains
du diluvium, 382.
ST. MEUNIER.
Bioche. Coquilles marines du gypse,
242.
Blackadder. Puits naturels, 433.
Blaiuville (de). Reptiles du conglo-
mérat, 92. — Fossiles du gypse,
265. — Hippopotames de Saint-
Prest, 347.
Blaviers. Minerais de l'Orne, 115.
Boissy (de). Fossiles des sables de
Rilly, 125.
Boisvillette. Mammifères des sables
de Saint-Prest, 347.
Boucher de Perthes. Homme quater-
naire, 354-375.
Boue. Marnes à retrait polyédrique,
253. — Homme quaternaire, 386.
Bourgeois. Silex taillés des dépôts de
Saint-Prest, 351 .
Bourguignat. Faune malacologique
des couches inférieures du dilu-
vium, 363.
Brard. Opinion sur les CharUy 225.
Bréguet. Sépulture de Champceuil,
408.
Breyn. Étude des foraminifères, 48.
Brimont (de). Tortue fossile du mont
Aimé, 78. — Poissons des sables
glauconifères, 156.
Broca. Homme quaternaire, 382.
Brongniart (Alex.) Caractères paléou-
lologiques des formations succes-
sives, 3. — Limites qu'il assigne au
bassin de Paris, 16. — Succin dans
les fausses glaises, 116. — Age des
ftiusses glaises, 1 48. — Subdivision
32
— -1
âB8 TABLE DES NOMS PROPRES CFTÉS. |
(lu calcaire grossier, lOO. —Coupe
les terrains lerliaires,80;— Destrip-
du gypse de Monlmarlre, 2S8,
tionduJVn-itina conoidea, 153. —
Brongniart (Adolphe), Végétaux dr
Descriplion du Chama calcarala.
Sézanne, ill. — Flore du calcaiee
163, — Description du Cerithium
grossier, 179.
giganteum, (71. — Dessin d'une
Buckland. PuiU naturels, i3i.
crassatelle, I7i. — Coquilles ma-
Buteux. Craie magnésienne dans la
rines du gypse, 21i. — Limites du
Somme, 33.
lerrainraiocéiiE,2i3.— Descriplion
du Bithynia ChasMi, 255. — Des-
Cadel. Analyse d'eaux minérales, Wl
Camper. Desnriplion du Mosaaaurun.
cription du Nalica crasialina, af 9.
55.
— Age du sable de Fonlaîuebleaa,
Camper (Pierre), Oiseaux du gypse,
332; — Caractères du Cycto$tomn
259.
antiquum, 339. — Ligues de dé-
marcations entre les périodes géo-
18.
logiques. Ht, ]
Cartier. Fossiles du gypse, 27().
Ilesmaresl. Élude des Chara, 225. J
Cazanove (de). Silex du jiionl Aimé, 85.
Desnoyers, Argileàsilex, 85. — Osse- J
Cocchi. Homme quaternaire, 386.
menu des (aluns de la Loin;, 93;_l
Collomb. Roches polies (piatemaires.
— Empreintes végétales cl lignite 1
m.
du banc vert, 185, — Enipreintei 1
Cornuel. Klmie des toraminifères ,
de pas sur le gypse, 265. — Sea-M
18.
Colleau. Descriplion de l'Anauchyte^
les sables de Soiul-Prest, 35fl. -M
omta, 50, — Descriplion du Cida-
Cavernes d'Anvers et de Monttno- |
rU Forchkammeri, 69,
rency, 415.
Cu?ier. Créateur de la patéoatologie.
Douvillé, Faille de Vernon, 88. 309-
1 ; — Décrit le Moiostuirus, Ôô. -
3U,
Crocodilus RoUinati, iil.— Fos-
Drouet, Sables de Rilly, 120.
siles du gypse, 259.
Dufourny de Villers. Opinion sur les
Chara, 224.
des terrains tertiaires de Paris, 8:2,
Dub-énoy. Célestîne des fausses glai-
Cïjek. Élude des foramiaitères , 48.
ses, 1 17. — Opjjiion sur le travertin
Daraour. Calcaire magnésien de Ponl-
de Gliampignï, iii. - Age des
Sainte-Maxence, iW>.
meulières, 288. — Magiiéslle de
Dai-cet. Oiseau du gypse, 259,
l-hennevières, 291. — Age du Ira-
Darwin, Formation contemporaine d'j
verliji supérieur, 337.
roches crayeuses, 37.
Dufienoy et Elle de Beaumont. Des-
Daubrée, Marmite des géants, 987
criplion géologique de la France.
Davidson. Magas pttmUag, 52,
11.
Dujurdin. Argile 4 silex, 85.
Delanoue, Distinction de deux liess
Dumas. Webslérile des fausses glai-
8uper|iosés, 410.
ses, H7,
Delesse, Analysa du grès crislalîisé.
Duméril. Empreintes de pas sur le
3â3.
gypse, 267.
Denys, de Montfort. Opinion sur les
Dûment, Fossiles du conglomérai, 99.
Chara, 225.
Duval, OrnaUr des lignites, 147. —
Oeshay es. Opinion sur le calwiire pis-
Fossiles quaternaires de Ikntilly,
olilhique, 59.— Considérations sur
370.
TABLE DES NOMS PROPRES CITÉS.
499
Ebelmen. Pyrite de Targiie plastique,
109.
Ebray. Mode de formation des pou-
dingues de Nemours, 105.
Ehrenberg. Foraminiféres de la craie,
47.
Élie de Beaumont. Calcaire pisolithi-
que, 58. — Limitation du terrain
miocène, 243. — Coupe de Gra-
velle, 280. — Système du Sancer-
rois, 301. — Age du sable de Fon-
tainebleau, 332. — Age du limon
. des plateaux, 414.
Elie de Beaumont et Dufrénoy. Des-
cription géologique de la France,
11.
Ettingshausen. Végétaux fossiles,
129.
Fabre. Coquilles marines du gypse,
242.
Faudel. Homme quaternaire, 386.
Fauj as-Saint-Fond. Mosasaunis, 55.
Filhol. Homme quaternaire, 397.
Fischer. Coquilles du diluviura de
Montreuil, 363.
Foville, Crânes déformés, 385.
Fraas. Fossiles du gypse, 276.
Franklin. Action agricole du plâtre,
272.
Fremy. Analyse de l'eau d'Enghien,
445.
Garrigou. Homme quaternaire, 397.
Gaudry (Albert). Fossiles du conglo-
mérat, 97. — Végétaux fossiles, 130.
— Paloplotheriuniy 262. — Rhino-
céros de la Ferté-Aleps, 345. —
Animaux fossiles du diluvium pa-
risien, 371.
Gervais. Tortue fossile du mont-aimé,
78. — Classification du terrain
éocène, 89. — Liste des poissons
des sables glauconifères , 15G.
— Squales du calcaire grossier,
187. — Poisson des sables moyens,
207. — Fossiles du gypse , 259.
— Fossiles des gîtes de phosphates,
276; — Lophiodon de Sézanne,
291; — Éléphant de Saint-Presl,
347. — Age des sables de Saint-
Prest, 348; — Opinion sur Tau-
rochs, 374.
Goret. Oiseaux du gypse, 259.
Gosse. Fossiles quaternaires de Gre-
nelle, 371.
Goubert. Calcaire d'eau douce à Cra-
mant, 189. — Coupe du calcaire
grossier à Mortcerf, 200. — Subdi-
vision des sables moyens, 205. —
Schistes à lucines d'Argenteuil et
de Romainville, 249-251. — Ori-
gine du gypse, 285. — Sables de
Maisse, 342. — Calcaire de la
Ferté-Aleps, 345. — Diluvium
lacustre, 359.
Graves. Craie magnésienne dans
l'Oise, 33. — Calcaire pisolithique
de Laversines, 75. — Poissons des
sables glauconifères, 156.
Gray. Coquilles de l'Inde, 256.
Greppin. Origine du gypse, 271.
Gressly. Origine du gypse, 275.
Guettard. Oiseaux du gypse, 259. —
Bois de renne quaternaire, 374.
Hamy. Paléontologie humaine, 381.
Hébert. Classification des terrains
crétacés, 27. — Surélévation de la
craie de Beynes, 28. — Distinction
entre Ananchytes gibba et A.
ovata, 29. — Craie de Meudon,
35. — Relief de la craie autour de
Paris, 46. — Caractères des our-
sins de la craie, 49. — Opi-
nion sur le calcaire pisoHthique,
70. — Classification des terrains
tertiaires de la France septen-
trionale, 83. — Argile à silex, 85.
— Mode de formation du conglo-
mérat, 100. — Sables de Rilly,
121. — Sables de Bracheux, 137.
Poisson des sables moyens, 207.
— Oiseau des sables moyens, 217.
— Grès infra-gypseux, 242. —
Marnes à pholadorayes, 248. —
Origine du gypse, 275 . — Age du
travertin de Champigny, 277. —
Lophiodon de Sézanne, 291. —
r.lbLL DES NOMS PROPRES CITES.
Formalinii des meulières, 302. —
Age des sables de Koolainebleau,
333. — Sables d'Ormoy, 310. —
UUuvium rouge, 408. — Age du
lœss, ilO. — Objection conlre
l'oriBine glaciaire du diluïiuni,
i25. — Théorie marine de la for-
mation du diluviuiu, i^i.
Heer. VégéUuK fossiles, 130.
Henry (Ossian). Analyses d'eaux mi-
ni! l'aies. 446.
llilobcock. OmilhkknUei, S66.
lluot. Calcaire à CerilhiumpiicatUM,
315.
Hupé. Coquilles laïustrrs du dilu-
Jaiioeltat. Ciilcaire slronlianieu, 4i,
110. — Plantes fossiles du gypse,
252.
Julien. PbénouiAnc glticiaire de lu
vallée de la Seine, 122.
Lajonkaii'e, Coquilles du gypse, SâO.
I.amanon. Oiseaux du gypse, S59.
Lainarck. Opinion sur les CAara, 221.
— Cycloitoma du gypse, 235.
Lambert. Coquilles lacustres du il il u-
ïiuffl, 303.
La Mélherie. OiseJiux du gypse,
259.
lia nd fin. Théorie de la prise du
plaire, 271.
l^pparanl (de). Age de l'argiJe à
silex, 8fi. — Minerai de fer du
limon des plateauï, 414.
Larlet (Edouard). Élude du Gasior-
niï, 98. — Fossiles de Sansan, STl -
— Mammifères des salilesde Sciint-
Presl, 3i7. —Cerfs du diluvium,
36!). —Os incisés de Sèvres, 391.
I.augei. Argile à silev, 85. — Sables
de Saint-Prest, 3i().
Laurillard. Iteptilcs du conglomérai,
92.
Leblunc, l'uils ualurds, 437.
Legay. Silex volifs, 3»5. — Allée
couverte d'Argeoteuil. 400.
Léonard de Vinci. Remarque sur les
fossiles, 2.
Lesquereux. Végétation dus spliai-
gjies, 418.
Usseps (de). Cristallisai ion du s'.'l
dans l'isthme de Suez, 286.
I.evesqne. Poissons des sables glau-
conitéres, 156.
Luynes fde). Grès coballitèi-e. 32i,
l.yell. Origine de la uraie, 37, --
Fossiles de Fasoe, 68. — Clussi-
fiualion des lerraius lerliaires, 82.
Opinion sur l'homme lerliaîre,
359. — Théorie glaciaire de la
formation du diluvium, Hi. -^
Puits naturels, 431.
.\farlio. Fossiles du diluvium de Gre-
nelle, 370-376.
iUatheron. Lignites de Nans, 136.
Jlnyer. Action agricole du plâtre,
272.
.Weillet. Ornalif.des hgnil.-s, 1*7.
Melleville. Onlirocène du nord d«
Paris, 120. — Faune des sables
glauconifères, 150. — Coquilles
lacustres du diluvium, 363.— Puits
naturels, 435-
Mercey (de). Craie magnésienne dans
l'Oise, 31. — Age de l'argile i
silex, 86.
ileugy. Origine et mode de formation
des meulières, 29 t. — Meulières
de Beauce, 344. — Règle relative
au dépdt des limons sur les Oancs
des coleaux, 4J3.
Michaud. Fossiles des sables de Rilly,
122.
.Hidielnt. Élude générale du calcaire
grossier, IfiO. —Age du culr.aire
de Provins, 189, — Coupe dtus
sables moyens, 201. — Coupe dea
travertins de Sainl-Ouen, 220, —
Coupe de l'avenue de rimpéra-
iricc, 280.
Alorlillet. Homme quuteroaire, 394.
~ Silex striés, 425.
Mulot. Forage du puils de Crcuelle,
nier-Chalmas. Céphalopode des
lahbs moyens, 207. — Faune du
TABLB DES NOMS PROPRES CITÉS.
501
travertin supérieur, 339. — Cal-
caire de rOrléanais, 345.
Nelson. Observations des îles madré-
poriques des Bermudes, 38.
Omalius d'Halloy. Origine de Targilc
plastique, 411.
Orbigny (Alcide d'). Étages senonieii
et danien, 21. — Étude des fora
miniféres, 48. — Recherches sur
la faune du calcaire pisolithiquc,
61. — Millioles du calcaire |^ros
sier, 175.
Orbigny (Ch. d'). Fossiles de la craie
deMeudon, 54. — Opinion sur le cal-
caire pisolitliiquc, 59. — • Calcaire
pisolithique de Montereau, 75. —
Conglomérat de Meudon, 90. — Fer
carbonate dans Targile plastique,
110. — Grès de Targile plastique
115. —Sables de Rilly, 120. -
Coupe des sables moyens, 202. —
Coupe du travertin de Saint-Ouen,
218. — Calcaire oolithique des mar-
nes vertes, 257. — Coprolithes de
reptiles, 271. — Coupe des Docks,
281 . — Calcaire à Cerithium plica-
tuiriy 315. — Poudingues supé-
rieurs de Nemours, 331. — Sable,
d'Ormoy, 340. — Coquilles la-
custres du diluvium, 356. — Age
du lœss, 410. — Cavernes d'Au-
vers, 415.
Owen. Étude du Mosasaurus, 55. —
Coryphodon, 98. — Chevaux qua-
ternaires, 372.
Pictet. Son opinion sur Cuvier, 2. —
Description des foraminifères ,
48. —Éléphant de Saint-Prest, 347.
Plancus. Étude des foraminifères, 48.
Planté (G.). Fossiles du conglomé-
rat, 97.
Platon. Mention des fossiles, 1.
Pline. Mention des fossiles, 1 .
Pomel. Végétaux fossiles du mont
Aimé, 78. — Végétaux de Sézanne,
127. — Serpent et tortues des sa-
bles glauconifères, 156. — Faune
des cavernes, 415.
Pommerol. Homme quaternaire, 399.
Potier. Faille de Vernon, 88, 309-
344.
Prévost (Constant). Rôle des causes
actuelles en géologie, 5. — Carac-
tères généraux de la craie pari-
sienne, 40. — Tire du gisement
de VOsirea vesiculark des notions
quant à Torigine de la craie, 53.
— Théorie des affluents, 93. —
Origine de Targile plastique, 111.
— Sables de Bracheux, 137. —
Marne supérieure des sables de
Beauchamp, 218. — Coquilles
marines du gypse, 239. — Mode
de formation des meulières, 295.
Pruner-Bey. Homme quaternaire,
382. — Crânes de Vauréal, 407.
Pythagore. Mention des fossiles, 1.
Raincourt (de). Faune des sables
moyens, 208. — Poisson des sa-
bles d'Ormoy, 342.
Rammelsberg. Dolomies, 168.
Raulin. Age des poudingues de Ne-
mours, 103. — Faille du Sancer-
rois, 113.
Reboux. Coupe d'une sablière dilu-
vienne, 353. — Fossiles diluviens
de Paris, 370-376. — Chronologie
de Tàge de la pierre, 377. — Res-
tauration des armes et outils de
Tàge quaternaire, 379.
Reclus. Description des volcans de
boue, 113.
Renevier. Terrain nummulitique su-
périeur, 33i.
Reuss. Élude des foraminifères, 48.
Robert. Coprolithe des fausses glai-
ses, 117. — Palmier des sables
glauconifères, 157. — Empreintes
de pas sur le calcaire grossier,
178. — Lophiodon de Nanterre ,
187. — Coprolithes de reptiles,
271. — Concrétions des geysers, 304;
— Polissoir quaternaire, 380. —
Sépulture de Meudon, 408.
Roujou. Nature lithologiquc des ga-
lets du diluvium, 355. — Fossiles
509
TABLE DES NOIfS PROPRES CITÉS.
du diluvium de Montreuil, 363. —
Homme quaternaire de Villeneuve-
Saint-Georges, 391.
Reys (de). Poudingues de Nemours,
103,
Rozet. Son opinion sur les roches
ondulées, 8.
Rûtimeyer. Cheyaux quaternaires ,
372.
Saint- Aymour. Sépulture de Vauréal,
406.
Sainte-Claire DeviUe. Cristallisation
lente, 288.
Saporta (de). Végétaux fossiles de
Sézanne, 127.
Schaafhausen. Homme quaternaire,
385.
Schœnbach. Bélemnite tertiaire, 207.
Schulze. Étude des foraminifères, 48.
Séguin (Marc). Cristallisation au mi-
lieu d'une matière pâteuse, 42-288.
Senarmont. Remarques sur le cal
Caire grossier, 199. — Meulières
calcarifères, 297. — ^^ Diluvium rou-
ge, 409. — Puits naturels, 436.
Sénèque. Mention des fossiles, 1.
Stark. Puits naturels, 434,
Sterry Hunt. Gypse contemporain des
États-Unis, 274.
Strickland. Puits naturels, 433.
Strozzi. Végétaux fossiles, 131.
Tardy. Roches polies quaternaires,
422.
Thenard. Analyse d'eaux minérales^
446.
Tournouer. Calcaire de la Ferté-
Aleps, 345.
Triger. Argile à silex, 85. •
Trimmer. Puits naturels, 434.
Unger. Végétaux fossiles, 129.
Valenciennes. Étude du GastomiSj
98.
Vasseur. Lepidostées du conglomérat,
96.
Vauquelin. Analyse de Teau de Ba-
gncux, 446.
Verneuil (de). Calcaire magnésien de
Pont-Sainte-Maxence, 166.
Viquesnel. Calcaire pisolithique du
mont Aimé, 77.
Virlet d*Aoust. Terrain météorique
du Mexique, 427.
Watelet. Végétaux fossiles de Sé-
zanne, 129. — Flore des sables de
Bracheux, 136. — Flore des sables
glauconifères, 158. — Flore du
calcaire grossier, 179 et 188. —
Sur les Chara, 224. — Puits na-
turels, 430.
Wegmann (de). Expériences sur les
ondulations des roches stratifiées,
8. — Végétaux de Sézanne, 127.
FIN DE LA TABtE DES NOMS PROPRES CITÉS.
Table DEsyMàTiÉass.
TABLE DES MATIÈRES
Avertissement v
Introduction 1
Importance du bassin de Paris au point de vue géologique 1
Caractères paléontologiques des formations successives 3
Rôle géologique des causes actuelles i
Autonomie géologique du bassin de Paris 10
Constitution générale des environs de Paris 18
Classification des terrains parisiens 21
TÉRRAKVS SECOMDAIRES 24
I. ~ LA CRAIE 24
Chapitre I". — Craie à Micraster cor anguinum 27
Craie de Beynes : 27
Chapitre II. — Craie à Belemnitella mucronata 34
Craie de Meudon 37
Formation des rognons de silex 42
Minéraux disséminés dans la craie 43
Relief de la craie autour de Paris 45
Faune de la craie de Meudon 47
Caractères distinctifs de la faune crétacée de Thorizon de
Meudon 56
Applications industrielles de la craie 57
II. — LE CALCAIRE PISOLITHIQUE 58
Découverte du calcaire pisolithique 58
On le considère longtemps comme tertiaire 59
Alcide d'Orbigny en fait le correspondant de la craie de
Maestricbt 61
Opinion de M. Hébert sur Tâge du calcaire pisolithique 70
Objection de d'Archiac 70
504 TABLE DES MATIÈRES.
Caractères stratigraphiques généraux du calcaire pisolithique. 7 1
Calcaire pisolithique de Meudon 73
Calcaire pisolithique de Vigny 7i
Calcaire pisolithique de Montainville 71
Calcaire pisolithique d'Ambleville 71
Calcaire pisolithique de Flins 75
Calcaire pisolithique de Montereau 75
Calcaire pisolithique de Laversines 75
Calcaire pisolithique du mont Aimé 76
TERRAIM s TERTIAimCUi 80
Notions générales 80
Classification des terrains tertiaires de la France septentrionale . 83
L'Argile a silex 85
Argile à silex de la Touraine et de l'Anjou , . . 85
Argile à silex de l'Eure et d'Eure-et-Loir 85
Age de l'argile à silex 86
Origine de l'argile à silex 88
L — TERRAIN ÉOCÈNE 89
L — Orthrocène , . 90
Chapitre. I". — Région sud de Paris 90
§ 1. — Conglomérat ossifère 90
Faune du conglomérat 94
Mode de formation du conglomérat 99
§ 2. — Argile plastique 105
Argile plastique de Montereau 106
Caractères minéralogiques de l'argile plastique. —
Minéraux accidentels 109
Origine et mode de formation de l'argile plastique. ... lit
§ 3. — Sables quartzeux 113
Minerai de fer subordonné 113
Grès de l'argile plastique 115
Origine des sables de l'argile plastique 115
§ 4. — Fausses glaises 116
Minéraux disséminés dans les fausses glaises 116
Faune des fausses glaises 118
Chapitre IL — Région nord de Paris 119
§§ 1 et 2. — Sables de Rilly et marnes à physes 120
Origine des sables de Rilly 121
Faune des sables de Rilly ; 122
Mode de formation du dépôt de Rilly 125
TABLE DES MATIÈRES. 505
Importance de la formation de Rilly 125
Calcaire de Sézanne 127
§ 3. — Sables marins de Bracheux et de Châlons-sur-Vesle. 133
Caractères généraux des sables de Bracheux 133
Faune des sables de Bracheux 134
Mode de formation des sables de Bracheux 137
§ 4. — Lignites 138
Caractères généraux des lignites 1 38
Faune des lignites 1 40
Flore des lignites 144
Applications industrielles des lignites 145
Chapitre III. — Parallèle entre les deux régions précédemment
étudiées 147
II. — ÉOCÈNE PROPREMENT DIT 149
Chapitre I«^ — Les sables glauconifère? 149
Faune des sables glauconifères 150
Flore des sables glauconifères 157
Caractères des fossiles des sables glauconifères 159
Chap. II. — Le calcaire grossier 160
§ 1 . — Calcaire inférieur ou à Nummulitos 160
a. Banc à Nummulites lœvigata 161
Faune du banc à Nummulites 161
b. Pierre de Saint-Leu 165
Caractères généraux de la pierre de Saint-Leu 165
Accident magnésien de Pont-Sainte-Maxence 165
Faune du calcaire de Saint-Leu 168
c. Bancs à verrains ou à Cerithiu7n giganteum 1 70
Caractères généraux du banc à verrains 170
Faune du banc à verrains 171
§ 2. — Calcaire moyen ou à Milliolites 174
a. Vergolés ou lambourdes 1 74
b. Banc royal 1 75
Faune du banc royal 175
Flore du banc royal 179
Rognons siliceux du banc royal 180
§ 3. — Calcaire supérieur ou à Cérithes 180
a. Banc vert * 180
Faune du banc vert 182
Flore du banc vert 188
Calcaire d'eau douce de Provins 189
b. Banc franc 191
Faune du banc franc 191
506 TABLE DES MATIÈRES.
Chapitre III. — Les caillasses 192
§ 1 . — Caillasses coquillières 193
§ 2. — Caillasses non coquillières 195
Chapitre IV. — Remarques sur le calcaire grossier et les
caillasses 197
Chapitre V. — Les sables de Beanchamp. . . ^ ^iOl
Caractères généraux des sables de Beaucfaamp 201
§ 1. — Niveau inférieur 205
Caractères généraux 205
Faune 206
§ 2. — Niveau moyen 207
Caractères généraux 207
Faune 208
§ 3. — Niveau supérieur 214
Faune 214
Grès à avicules 217
III. — Proïcène 218
Chapitre P'. — Le travertin inférieur ou de Saint-Ouen 218
Caractères généraux du travertin de Saint-Ouen 218
Faune du calcaire de Saint-Ouen 222
Flore du calcaire de Saint-Ouen 224
Minéraux accidentels .' 225
Chapitre II. — Le gypse 227
Caractères généraux de la formation gypseuse 227
§ 1. — Grès infra-gypseux 241
§ 2. — Gypse proprement dit 243
a. Quatrième masse 251
h. Troisième masse 251
c. Deuxième masse 253
d. Première masse 254
Faune du gypse 258
§ 3. — Généralités sur le gypstî 271
a. Substances utiles 271
b. Origine et mode de formation 274
Hypothèses sédimentaires 274
Hypothèse épigénique 274
Hypothèse hydrothermale 274
§ 4. — Le travertin de Champigny 277
Caractères généraux 277
Age du travertin de Champigny 277
Observation sur rorigino ci-dessus attribuée au gypse
et aux roches synchroniques 284
TABLE DES MÀTIËRES. 507
Chapitre III. — Le travertin moyen ou de la Brie 288
§ 1 . — Calcaire de Brie 290
Caractères généraux. 290
Faune du calcaire de Brie 291
Flore du calcaire de Brie 291
§ 2. — Meulières de Brie 292
Caractères généraux 292
Faune 293
Flore 293
Origine et formation des meulières 294
II. — TERBAIN MIOCÈNE 310
Chapitre I". — Les sables de Fontainebleau 310
§ 1. — Les marnes à huîtres 311
Caractères stratigraphiques des marnes à huîtres 314
Faune des marnes à huîtres 317
§ 2. — Sables et bancs coquilliers 318
§ 3. — Grès de Fontainebleau 323
Caractères généraux 323
Mode de formation des rognons de grès 325
Poudingues supérieurs de Nemours 331
§ 4. — Remarques sur le sable de Fontainebleau 332
Chapitre II. — Le travertin supérieur. 337
§ 1 . — Le travertin de la Beauce 338
a. Calcaire de Beauce 338
Caractères généraux 338
Faune 338
h. Meulières supérieures 343
Caractères généraux 343
Faune et flore , 343
Origine et mode de formation 344
§ 2. — Le calcaire lacustre de l'Orléanais 344
m. — TERRAIN PUOCÈNE 346
Chapitre unique. — Les sables de Saint-Prest 346
Caractères généraux 346
Faune 347
Opinions diverses sur Tâge des sables de Saint-Prest 348
Vestiges de l'industrie humaine découverts à Saint-Prest. . . 350
TERRAIIiS QlJATEliMAUl&ES 352
Chapitre I®'. — Description des couches quaternaires 352
Le diluvium proprement dit 352
508 TABLE DES MATIÈRES.
§ l . — Diluvium gris 354
Caractère généraux 354
Faune du diluvium gris 356
Coquilles lacustres 356
Animaux terrestres 367
Homme et industrie primitive 375
§ 2. — Diluvium rouge 408
§ 3. — I^ lœss. m
Caractères généraux 4i0
Age du lœss 410
Existence de deux lœss superposés MO
Usages du lœss iiî
Le limon des plateaux iii
Caractères généraux 412
Usages du limon iU
Age du limon iU
Les cavernes ' iii
Caractères généraux i\i
Faune des cavernes 415
Les tourbières 416
Caractères généraux 416
Mode de formation 417
Chapitre IL — Mode de formation des graviefs et des limons
quaternaires ; 418
1 . — Théories proposées 418
1° Théorie fluviale 4-21
-2^ Théorie glaciaire 441
3° Théorie marine Mi^
•2. — Distinctions à établir dans le sujet 42( J
Origine du lœss MT
Origine du diluvimn roupf!» i:2î^
Origine du diluvium gris 43l>
TKRR.4l.i;S ACTl'KI.S Mi
Table alphabétique des localités citées et Index des gisements fos-
f . silifores les plus riches et les plus intéressants 447
Table alphabétique des matières 470
Table alphabétique des noms d'auteurs 497
FIN DE LA TADLE DES MATIKRES.
TABLE DES FIGURES
1.
2.
3.
Fis. IVijjcs
Coupe géologique de la mon-
tagne des Fiz à
Existence dans la Manche de
digues sous-marines 7
Situation du bassin de Paris
dans la constitution géolo-
gique de la Ffance 11
à. Section générale delà France
du nord au sud 16
5. Section générale de la France
de l'ouest à l'est. 16
6. Coupe de Meudon à Mont-
martre 19
7. Coupe de la tranchée du che-
min de fer de l'Ouest à la
Chapelle, entre Saint-Cyr et
Dreux 20
8. Tableau général des terrains
parisiens 23
9. Coupe du puits artésion de
l'abattoir de Grenelle 25
10. Micraster cor anguinum.... 28
1 1. Ananchytes gibba 29
12. Galerites albogalerus 30
13. Janira quinquecostata 31
14. Siphonia ficus 32
15. Cephalites campanulatus . . . . 32
16. Ilallirhoa. costati 32
17. Coscinospora cupuliformis. . . 32
18. Coupe de la colline de Bi-
mont (Oise) 34
19. Belemnitella mucronata 36
20. Ailol 39
21. Foraminifôres de la craie. . . 47
22. Ananchytes ovata 50
23. Rynchonella vespertilio . . . . . 52
24. l'Ole de Mosasaurus Gamperi. 55
25. Mâchoire inférieure de l'Igua-
nodon Mantelli 56
26. Coupe du calcaire pisolithique
ù Bougival 59
Fi:<. Pajfcs
27. Lima Garolina 66
2S. Coupe de Montain ville à Ver-
tus 72
29. Coupe du mont Aimé à Avize
(Marne) 77
{0. Coupe de l'argile à silex à
Frémincourt 88
31. Conglomérat ossifère de Meu-
don 91
32. Anodonta Cordieri (moule in-
terne) 95
33. 34 et 35. Coupe du conglomé-
rat à Bougival 100, 101
33. Coupe synthétique du conglo-
mérat 1 02
37. Coupe prise entre Fay et Ne-
mours 104
3 ], Volcans de Turbaco 112
î9. Cyrena cuneiformis 118
19. Coupe de la colline de Killy. 120
4 i . Physa gigantea 122
42. Coupe des dépôts deSézanne. 132
4'j. Coupe prise entre Châlons-sur-
Vesle et Villers-Franqueux. . 134
41. Coupe de l'étage des ligniles. 138
45. Ostrea bellovacina (valve infé-
rieure) 140
^i6. Ostrea bellovacina (valve supé-
rieure) 141
47. Cerilhium variabile 142
18. Coupe prise à Sérincourt. ... 148
49. Neritiiia conoïdca (vue en
dessous) 154
50. Neritiuaconoïdea (vu de profil) 154
51. Nummulites planulata 156
52. Tuibinolia elliplica 159
r)3. Chama lamellosa 164
54. Nummilites lœvigata 164
55. Disposition du calcaire magné-
sien de Pont-Sainte-Maxence. 165
56. Ceritbium gigantcum 171
510
TABLE DES riGUlŒS.
¥ig. Pages
57. OassatelU tumida. 173
58. Pectunculns pulvinatus 17^
59. Orbifolites complanata. 176
60. Fusas Noe 176
61. Coupe du banc Tert 181
62. Turritella fasciaU 182
63. Cerithium lapideum 186
6^. Cyclostoma mnmia 186
65. fjophiodon parisiense 187
66. Corbula anatina 193
67. Coupe génénle du calcaire
grossier 201
68. Coupe des sables moyens. . . . 202
69. Nummulites variolaria 206
70. Cerithium routabile 211
71. Cerithium Bouei 213
72. Melania hordacea 21 â
73. Cerithium tricarinatum 215
7/ii, Coupe du travertin de Saint-
Ouen 219
75. Limnaea long^iscata 22 '
76. Planorbis rotundatus 22)
77. Coupe de la troisième masse
du gypse de Montmartre. . 238
78. Pholadomya ludensis 263
79. Cyiherea convexa 256
80. Hyœoodon 26i
81. Palseolherium médium 262
82. Anoplolherium commune.... 263
83. Coupe du travertin de Cham<
pigny 277
86. Coupe des meulières à la
Ferté-sous-Jouarre 29 i
85. Geyser d'Islande 3D3
86.- Ostrea longirostris 312
87. Ostrea cyathula 313
88. Les marnes à huîtres à Villejuif. 316
89. Le calcaire à Cerithium de
Fresnes-lez-Kungis 315
90. Cerithium plicatum 317
91 . Cerithium trochleare 31g
92. Pectunculus obovalus 320
93. LucinaHeberti 322
Fig. Pages
96. Coup^ prise à Ormoy. 366
95. Mastodoa kwprostris 368
96. Coupe d'une sablière de Le-
vallois-Perret. . . ^ 353
97. Coupe d'une sablière à ioin-
ville-le-Pont 357
98. Limniea anricularia • 358
99. Mammouth ^73
100. Bois de renne (Cervus Ta-
randus) 37JV
101 . Lame de silex d'une sablière
de Levallois 376
102. Pointe de lame des alluvions
quaternaires de Levallois. . 378
103 n^ 1. Coupe transversale d'un
tibia ordinaire au niveau N
du trou nourricier.
— n® 2. Coupe au même niveau
d'un tibia platycnémique. . 383
106. Élévation du portique de la
pierre turquaise, près de
Luzarches 601
105. Dolmen de la pierre tur-
quaise 602
106. Coupe montrant la superpo-
sition du diluvium rouge
au diluvium gris 609
107. Coupe montrant les blocs
éboulés sur les flancs du
coteau d'Âuvers et les ca-
vernes qui en résultent. . . 615
108. Tête de l'Ursus Spelœus. . . 616
109. Coupe d'une tourbière 618
110. Disposition générale des ter-
rasses de gravier le long
des rivières 620
111. Puits naturels remplis d'ar-
gile rouge quaternaire au
travers des couches de cal-
caire grossier à Ivry 630
112. Parallèle eulre le diluvium
et le conglomérat ossifère
de Meudon 663
PIN DE LA TABLE DBS FIGURE!^.
PARIS. — IMPRIMERIE DE K. MARTINET, RUE MIGNON, 9.
«