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Full text of "Géologie et minéralogie appliquées; les minéraux utiles & leurs gisements"

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HARVARD  UNIVERSITY 

GEOLOGICAL  SCIENCES 
LIBRARY 


PURCHA8BD  PROM 

PART  OP  THE  INCOMB 

OP  THE 

ALBERT  F.  HOLDEN 
BEQUEST 


Transferred  to 

CE  LIBRARY 

005 


JAN    91S 


V 


TOURS.    —   IMPRIMERIE   DESLIS   FRERES. 


I      4 


BIBLIOTHÈQUE  DU  GOMCTIUR  Dl  TRiTlDI  PUBLICS 

: ji^ ' — 

GÉOLOGIE 


KT 


MINÉRALOGIE    APPIJQUÉES 


LES  MINÉRAUX  UTILES  k  LEURS  GISEMENTS 


PAK 


Henri    CHARPENTIER 

inGÉ.fiet'R  ciriL  des  mines 

DIPLÔMÉ  DR  L'éCOLK   SUPÉRlBUnE   DES   MI»EB   DE   PARIS 


PARIS 

v^*  Ch.  dunod,  éditeur 

LIBRAIRB     DES     PONTS     ET     CHAUSSÉES,     DES     MINES 

ET    DES    CHEMINS    DE    FER 

49,  Quai  des  Grands- A iigustlns,  49 


1900 


TOURS.    —   lliPRIMERIE    DESLI6    FRERES. 


BIBUOTHSQIII  DU  GOlfOUGTEDR  Dl  TRiTiDI  FDBLIGS 

'. r?^ ' 


57 


GEOLOGIE 


ET 


MINÉRALOGIE    APPIJQUÉES 


LES  MINÉRAUX  UTILES  &  LEURS  GISEMENTS 


PAR 


Henri    CHARPENTIER 

inoÉxiEcn  CIVIL  des  mixes 

&IPL.ÔVÉ  DB  l'école  aUPÉRiBURE   DES   MINES   OE   PARIS 


PARIS 

V  Ch.  dunod,  éditeur 

LIBRAIRB     DBS    PONTS     ET     CHAUSSÉES,     DES     MINES 

ET    DBS    CHEMINS    DE    FER 

-49,  Qaal  des  Grands- A  iigustins,  49 

1900 


VI 


COMITÉ   DE  PATRONAGE 


HATON  DE  LA 

GOUPILLIÈRE 
HENRY  (E.) 
HUET 


M*  LE  BERQUIER 
MARTINIE 


METZGER 


MICHEL  (J.) 


Membre  de  rinstitot,  Inspecteur  général  des  Mines, 
Direetenr  de  TEcole  nationtle  snpérieure  des  Mines. 
Inspeetear  général  des  Ponts  et  Ghnassées. 

Inspecteor  général  des  Ponts  et  Oisussées  en  retraite, 

ancien  Direetenr  administratif  des  TraTsnx  de  larille 

de  Paris. 
LAUSSEDAT  (le  Colonel)    Membre   de   l'Institut,  Directeur   du  Conserratoire 

national  des  Arts  et  Métien. 
Arocat  i  la  Cour  d'appel  de  Paris. 
GontrMeur  général  de  l'Administration  de  l'Année, 

Ancien  président  de  la  Société  de  Topographie  de 

France. 

Inspecteur  général  des  Ponts  et  Chaussées,  Directeur 
des  Chemins  de  fer  de  l'Etat. 

Ingénieur  en  chef  au  Chemin  de  fer  de  Paris  à 
Lyon  et  à  la  Méditerranée. 

Conseiller  d'Etat,  Directeur  de  l'Industrie  au  Minis- 
tère du  Commerce,  de  l'Industrie  et  des  Postes  et 
Télégraphes. 

Inspecteur  général  des  Ponts  et  Chaussées,  Direc- 
teur de   l'Hydraulique  agricole  au    Ministèn  de 
l'Agriculture. 
Professeur  an  Consenratoira   national    des  Arts  et 
MéUera. 

Le  Président  de  l'Association  philotecbnique. 

Le  Président  de  l'Association  polytechnique. 

Le  Président  de  la  Société  des  Anciens   Elères  des  Écoles   nationales    d'Arts 

et  MéUers. 

Le  Président  de  la  Société  des  Condueteura,   ContrAleura  et  Commis  des  Ponts 

et  Chaussées  et  des  Mines. 

Le  Président  de  la  Société  des  Ingénieurs  cirils  de  France. 

Le  Président  de  la  Société  de  Topographie  de  France. 

QUENNEC  Directeur    du    Personnel   de   la    Préfecture    de    la 

Seine. 

RÉ8AL  Ingénieur  en  chef  des  Ponts  et  Chaussées,  Professeur 

à  l'Ecole  nationale  des  Ponts  et  Chaussées. 

ROUGH^  Professeur   au    Conserratoire  national  des  Arts  et 

Métien. 

8ANOUET  Président  de  la  Société  de  Topographie  parcellaira  de 

France. 
TISSERAND  Conseiller  maître  à  la  Cour  des  Comptes. 


NICOLAS 


PHILIPPE 


PILLET 


l  Chtoaéit- 
r  (JD  C»B«n*" 


•DUOTHÈOirB  DU  GOIDUCTSDR  DB  TBATAUZ  raBUGB 


Comité  de  rédaeClon 

8IKGS   :  46,  QUAI  Dl  L*BÔTIL-DI-VILLI 


rilioD  d*  !'*'■* 

1.     TAnAflflIlBl  " 


fer  A  ft*' 
) 


JOL1BOI8 


BOBTNAL 


DAGREMONT 


^l»  ' 

PALCOU 

tur.'   ^ 

• 

LAYE 

m" 

VIDAL 

*^    ^ 

BurMiu 


PKÉODBirr  : 

Condoeteur  dM  PonU  et  ChaattéM,  Agent  royer  c«ntoaai 
(Serriee  ordinaire  etTÎeinal  de  1%  I9eine),  ancien  Président 
de  la  Société  des  Condvcteiure ,  ContiMeurt  et  Commis  des 
Ponts  et  Chaussées  et  des  Mioek»  Membre  des  Soeiétés  des 
Infénienrs  cirils  de  France,  dee  Ingénieurs  coloniaux, 
des  anciens  élères  des  Beolet  d'Arts  et  Métiers,  de 
Topographie  de  France,  etc.,  Proresaeur  à  l'Association 
philoteehniqne. 


Sbcrrau»  Obnbbal  : 
Ingéniear  ciril,  dessinatear  industriel. 

VlCIrPRSSIDBltn  : 

Condoeteur  des  Ponts  et  Chaussées,    Sous-inspecteur  de 
l'Assainissement,  Senrice  municipal. 

Chef  de  bureau  à  la  Préfecture  de  la  Seine,  Chef  du  cabi- 
net  du  Directeur  administratif  des  services  d'architec- 
ture,  des  promenades  et  plantations. 
Ancien  commis  des  Ponts  et  Chaussées,  Ingénieur  des  Arts 
et  Manufaetures  (C*  du  Chemin  de  fer  du  Nord). 

Condoetear  des  Ponts  et  Chaussées  (Contrôle  du  Chemin  de 
fer  du  Blidi). 


CANAL 
OBJU8T 

OIÉBOLD 
MARTIN 


SBCMT4IIUM  : 

Conducteur  des  Ponts  et  Chaussées,  Contrôleur  Comptable 

des  Chemins  de  fer  (Orléans). 
Condnelear    municipal  (SerTÎee  des  Eaux),   Ingénieur  des 

Arts  et  Manufaetures,  Répétiteur  à  l'École  centrale  des 

Arts  et  Manufactures. 
Conducteur   des  Ponts   et   Chaussées,  Sous-inspecteur  de 

l'Assainissement,  Serriee  Municipal. 
Avocat,  professeur  libre  de  droit. 


VIII 


COMITÉ   DE    RÉDACTION 


Membres  dp  Comité  : 


AUGAMC7S 


GUVILLIBR 


DAROART 
DARIÂS 


DBCRBSSAIN 


BYROLLES 


HABY 


HALLOUIN 


loi^énieur   dèt   Arta  «l  Manuraeturea,  chef  d'atelier   aux 
ohemins  de  fer  da  Nord. 

ContrAleor  principal  dei  Minaa  (Contrôle  des  chemins  de  fer 
de  rOuest). 

Conducteur  principal  des  Ponts  et  Chaussées  (Service  ordi- 
naire et  vicinal  de  la  Seine). 

Condaetear   Municipal  (Service    des    Eaux),   Lfceneié   es 
Sciences,    Professeur  à  l'Association    philoteebnique  et 
à  r£cole  spéciale  des  Travaux  publics. 
Contrôleur   principal   des  Mines  (Service  des  appareils  à 
vapeur),  Professeur  à  l'École  d'Horlogerie. 

Conducteur  des  Ponts  et  Chaussées,  Membre  de  la  Société 

*  des  Ingénieurs  civils  de  France,  Directeur-Fondateur 
de  l'École  spéciale  des  Travaux  publies. 

Ancien  conducteur  des  Ponts  et  Chaussées,  Rédacteur  an 
Ministère  des  Travaux  Publics,  Professeur  à  l'AssociaUo» 
philotechnique. 

Ancien  Conducteur  des  Ponts  et  Chaussées,  Inspecteur  prin- 
cipal de  l'Exploitation  commerciale  des  Chemins  de  fer 
de  rÉUt. 
LÉVY-SALVADOR  Ingénieur  du  Service  technique  de  l'Hydraulique  agricole. 
MALETTE  (G.)  Conducteur  des    Ponts    et   Chaussées,  Agent  voyer   can- 

tonal (Service  ordinaire  et  vicinal  de  la  Seine). 
Ancien  conducteur  de  l'Hydraulique  agricole,  Rédacteur  an 
Ministère    de   l'Agriculture,  Professeur  à   l'Associatioi» 
philotechnique. 
Conducteur  des  Ponts  et  Chaussées  (Service  du  nivellement 
général  de  la  France). 

Contrôleur  principal  des  Mines  (Service  des  appareils  à 
vapeur). 

Conducteur  des  Ponts  et  Chaussées  (Service  ordinaire  et 
vicinal  de  la  Haute- Vienne). 

Conducteur  des  Ponts  et  Chaussées,  Service  municipal 
(Métropolitain). 

Conducteur  Municipal,  Chef  du  Service  de  l'Eclairage  de 
la  1**  section  de  Paris,  Secrétaire  adjoint  de  la  Société 
de  Topographie  de  France,  Professeur  à  l'Association 
polytechnique,  Vice-Président  de  l'Association  amicale 
et  de  prévoyance  des  Employés  municipaux  de  la  Direc- 
tion des  Travaux  de  Parie. 

Conducteur  municipal,  Chef  de  bureau  de  section. 


PRADÉS 


PRÉVÔT 


RBBOUL 


ROUX 


8IMONET 


SAINT-PAUL 


WÉRY 


\ 


A  M.  H.  CHARPENTIER. 


Cher  Monsieur, 

En  souvenir  de  notre  collaboration  à  Tétude  de  la 
topographie  souterraine  du  bassin  houiller  du  Pas-de- 
Calais,  vous  avez  bien  voulu  me  demander  de  présenter 
au  public  votre  Traité  de  Géologie  et  de  Minéralogie 
appliquées. 

Je  viens  de  lire  avec  beaucoup  d'intérêt  cette  étude 
8ur  les  gisements  des  minéraux  utiles,  que  vous  avez  fait 
précéder  d'un  résumé  succinct,  mais  fort  substantiel,  des 
connaissances  de  géologie  générale  utiles  à  Tingénieur. 
J'ai  reconnu,  dans  votre  ouvrage,  la  trace  des  leçons  des 
maîtres  éminents  dont  vous  avez  suivi  renseignement 
à  TEcole  supérieure  des  Mines;  mais  j'y  ai  surtout 
retrouvé  avec  plaisir  en  maints  endroits,  la  marque  des 
observations  personnelles  que  vous  avez  recueillies  et 
notées,  lors  des  nombreux  voyages  d'étude  et  de  mis- 
sion que  vous  fîtes  en  ces  dernières  années,  tant  en  France 
qu'à  l'Etranger,  notamment  pour  prospecter  ou  pour 
mettre  en  exploitation  les  pétroles  des  Carpathes  et  des 
Apennins,  les  lignites  de  l' Autriche-Hongrie  et  de  la  val- 
lée du  Rhin,  les  gisements  manganésifères  des  Pyrénées, 
les  lits  ardoisiers  des  Ardennes  belges,  et  divers  autres 
gites  houillers  et  métallifères. 

En  lisant  votre  ouvrage,  j'ai  été  heureux  de  constater 

que  vous  aviez  su  adopter  une  classification  réellement 

pratique    reposant    sur    l'importance    industrielle   des 

\      divers  minéraux  que  vous. étudiez  :  c'est  ainsi  que  vous 

1 


i 


X  PRÉFACE 

passez  en  revue,  en  première  ligne,  les  matériaux  utili- 
sés pour  la  construction,  puis  les  minerais  employés 
dans  la  métallurgie;  vous  abordez  ensuite  le  chapitre 
des  combustibles  minéraux,  qui  jouent  un  rôle  si  impor- 
tant dans  rindustrie,  et,  à  ce  sujet,  j'ai  remarqué  le  soin 
que  vous  avez  mis  à  décrire  notre  beau  bassin  houiller 
du  nord  de  la  France;  vous  terminez  ce  chapitre  si 
intéressant  par  une  étude  des  plus  soignées  sur  les  hydro- 
carbures, pétroles,  asphaltes,  etc.,  dont  l'exploitation  a 
pris,  depuis  quelques  années,  tant  de  développement. 
Après  cette  description  très  documentée  des  composés 
du  carbone  et  de  leurs  gisements,  vient  celle  des  miné- 
raux utilisés  par  Tagriculture,  les  industries  chimiques  et 
diverses  industries  d'importance  secondaire,  et  votre 
travail  se  clôt  enfin  par  Texamen  des  minerais  des 
métaux  rares  et  des  pierres  précieuses. 

Pour  chaque  minéral  étudié,  vous  donnez  des  indica- 
tions détaillées  sur  ses  propriétés,  sur  son  emploi  indus- 
triel, sur  son  mode  d'exploitation,  sur  le  tonnage  pro- 
duit et  sur  le  prix  de  vente,  ainsi  que  sur  la  situation 
géologique  des  divers  gisements  où  on  le  rencontre. 

Vous  faites  ressortir  en  première  ligne,  dans  l'étude 
des  gisements  de  chaque  minéral,  les  richesses  que  ren- 
ferme la  France,  richesses  qui  sont,  en  général,  assez  mal 
connues  ;  puis  vous  examinez  successivement  les  autres 
gisements  de  l'Europe  et  enfin  ceux  que  présente  le 
reste  du  monde. 

Vous  terminez  chacune  de  ces  descriptions  conscien- 
cieuses par  une  bibliographie  fort  complète,  qui  évitera 
de  longues  et  fastidieuses  recherches  à  ceux  de  vos 
lecteurs  qui  voudront  approfondir  Tétude  d'un  minéral 
déterminé. 

En  résumé,  j'ai  constaté  avec  grand  plaisir,  dans  tout 
votre  ouvrage,  beaucoup  de  méthode  et  de  clarté  ;  vous 
avez  su  éviter  d'encombrer  vos  descriptions,  de  termes 


PRÉFACE  Xr 

scientifiques  qui,  sans  utilité  réeUe,  en  auraient  rendu 
la  lecture  moins  attrayante. 

Dans  de  telles  conditions,  il  est  certain  que  votre 
Traita  de  Géologie  et  de  Min&alogie  appliquées^  si  riche 
en  renseignements  de  toutes  sortes,  rendra  de  grand» 
services  non  seulement  à  l'ingénieur  et  au  conducteur 
de  travaux  publics,  mais  encore  à  toute  personne  qui, 
sans  avoir  de  réelles  connaissances  techniques,  s*in- 
téresse  pourtant  aux  entreprises  minières  et  aux  indus- 
tries qui  en  dérivent.  A  Theure  actuelle,  ces  personnes- 
sont  nombreuses,  en  raison  de  Ténorme  développement 
qu*ont  pris,  en  ces  derniers  temps,  les  charbonnages,  la 
métallurgie  et  les  travaux  publics  et  du  haut  degré  de 
prospérité  que  Tindustrie  a  atteint. 

Votre  ouvrage  sera  sûrement  fort  bien  accueilli  et 
hautement  apprécié,  grâce  à  ses  qualités  que  j'ai  indi- 
quées bien  sommairement,  il  est  vrai,  et  grâce  aussi  au 
caractère  personnel  qui  le  distingue. 

Pour  ma  part,  je  tiens  à  vous  remercier  d'avoir  songé 
à  me  demander  de  le  présenter  à  vos  lecteurs. 

Votre  bien  dévoué, 

A.  SOUBBIRAN, 

Ingénieur  en  chef  des  Mines. 


TRAITE 


DE 


GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 


PREMIERE    PARTIE 


*  f 


PREaS  DE  GEOLOGIE  GENERALE 

AVEC  éLÉMENTS 

DE    MINÉRALOGIE    ET    DE    PALÉONTOLOGIE 


Défiilition.  —  La  géologie  est  la  science  qui  a  pour  but 
d^éludier  la  structure  de  la  croûte  terrestre. 

Cette  étude  conduit  à  constater  la  trace  des  transforma- 
tions successives  des  terrains  et  à  rechercher  quelles  ont  été 
ces  transformations  et  dans  quel  ordre  elles  se  sont  succédé. 

La  géologie  traitera  donc  à  la  fois  de  la  description  des 
matériaux  qui  composent  notre  globe  et  de  la  formation  de 
leur  gisement.  Ces  matériaux  se  divisent  en  substances  mi- 
nérales et  en  substances  organisées,  dont  Tétude  appartient 
à  des  sciences  particulières  qui  peuvent  être  considérées 
comme  des  chapitres  de  la  géologie  générale  et  qui  sont  :  la 
minéralogie  aidée  de  la  cristallographie  et  de  la  pétrographie  ; 
\SL  paléontologie  éclairée  par  la  botanique  et  la  zoologie. 

La  géologie  proprement  dite  n'est,  par  suite,  que  l'histoire 
des  matériaux  qui  constituent  le  globe  terrestre. 

Ce  précis  de  géologie  comprendra  les  éléments  de  minéra- 
logie et  de  paléontologie  nécessaires  pour  définir  et  classer 
les  terrains  et  les  substances  minérales  rencontrées  et  pour 
déterminer  leur  âge. 

GÉOLOGIE.  1 


CHAPITRE  I 


PHÉNOMÈNES  ACTUELS 


La  terre  a  été  le  théâtre  d'une  série  de  révolutions  dont  les 
traces  sont  facilement  reconnues  par  le  géologue.  Aujour- 
d'hui encore  sa  forme  n'a  qu'une  stabilité  apparente  ;  conti- 
nuellement les  agents  mécaniques  ou  chimiques  en  modi- 
fient l'écorce. 

On  conçoit  que  les  forces  actuellement  en  jeu  sont  encore 
celles  qui  ont  présidé  au  bouleversement  géologique  avec 
parfois  un  redoublement  de  puissance. 

L'étude  des  agen,ts  naturels  qui  continuent  à  modifier  la 
surface  de  la  terre  doit  donc  être  le  premier  objet  de  la  géo- 
logie. 

De  ces  agents,  les  uns  sont  externes,  les  autres  internes. 

Les  premiers  (atmosphère,  eaux  courantes,  eaux  de  la  mer^ 
eau  solide,  êtres  animés)  ont  leur  principe  dans  la  chaleur 
solaire  ;  à  la  faveur  de  cette  chaleur,  ils  font  perdre  à  l'écorce 
terrestre  sa  cohésion,  et  les  matériaux  qui  résultent  de  celle 
désagrégation  tombent,  sous  l'action  de  la  pesanteur,  jusqu'à 
ce  qu'ils  aient  trouvé  une  meilleure  situation  d'équilibre. 

Les  agents  internes  ont  leur  siège  dans  les  profondeurs  de 
l'écorce,  et  leur  source  dans  l'énergie  calorifique  propre  du 
globe  ;  leur  action  se  traduit  par  les  phénomènes  thermiques,, 
volcaniques  et  séismiques. 

2  1    -  AGENTS  GÉOLOGIQUES  EXTERNES 

1.  Action  de  l'atmosphère.  —  L'atmosphère  agit  par  les 
variations  de  température  et  surtout  par  les  alternances  de- 
sécheresse  et  d'humidité  ;  clic  pout  ainsi  modifier  la  surface 


PHÉNOMÈNES    ACTUELS  3 

du  sol  et  même  désagréger  les  roches  complètement.  Le  gra- 
nité en  fournit  un  exemple  :  il  est  formé  de  quartz,  de  mica 
et  de  feldspath  ;  sous  l'influence  de  la  vapeur  d'eau  et  de 
Tacide  carbonique  de  l'atmosphère,  le  feldspath,  facilement 
attaquable,  se  décompose  en  silicate  alcalin  soluble,  qui  es( 
éliminé,  et  en  silicate  alumineux  insoluble,  qui  persiste; 
raltération  de  cet  élément  sufflt  pour  causer  lentement  la 
désagrégation  de  la  roche  en  menus  fragments. 

L'atmosphère  agit,  en  outre,  par  sa  force  vive  :  les  vents 
transportent  ces  fragments  et  font  naître  les  dunes,  monti- 
cules de  sables  qui  atteignent  jusqu'à  180  mètres  de  hauteur 
(Sahara);  les  dunes  se  forment  sur  les  continents  (dunes 
continentales)  et  sur  les  rivages  delà  mer  (dunes  maritimes). 

L'atmosphère  peut  encore  avoir,  sur  le  sol,  une  action  clii- 
mique,  soit  par  son  oxygène,  soit  par  son  acide  carbonique. 

2.  Action  dr  la  mer.  —  Les  eaux  de  la  mer  couvrent  les 
trois  quarts  de  la  surface  du  globe;  poussées  constamment 
parles  marées  et  les  courants,  elles  produisent,  sur  les  côtes, 
des  érosions  puissantes,  variables  avec  la  nature  des  roches, 
avec  leur  situation  et  la  forme  de  leur  talus;  la  puissance 
destructive  des  vagues  dépend  aussi  beaucoup  de  l'intensité 
du  vent. 

Avec  le  temps,  certaines  côtes,  minées  par  la  vague,  re- 
culent peu  à  peu  ;  c'est  ce  qui  arrive  sur  les  rivages  fran(;ais 
et  anglais  de  la  Manche,  où  le  recul  des  falaises  a  pour  effet 
d'élargir  de  plus  en  plus  le  Pas-de-Calais. 

Parmi  les  matériaux  provenant  de.  Térosion  des  falaises, 
les  uns,  plus  durs,  demeurent  sur  le  rivage,  s'arrondissent 
par  le  frottement  continuel  et  deviennent  des  galets;  d'autres, 
moins  cohérents,  forment  des  graviers  en  avant  des  galets, 
puis  des  sables  fins;  enfin  les  matières  les  plus  fines  ne 
peuvent  se  dépos.er  qu'au  large,  là  où  la  vague  est  moins  agi- 
tée; elles  forment  ainsi,  assez  loin  en  avant  des  côtes,  des 
dépôts  de  boues  ou  vases,  tantôt  vertes,  tantôt  bleuâtres. 

Les  galets  et  les  sables  restés  près  du  rivage  sont  sans 
cesse  en  mouvement  sous  l'action  des  flots  et  peuvent  che- 
miner assez  loin  de  leur  point  d'origine.  Dans  les  anses  des 
rivages,  où  la  mer  est  peu  profonde  et  peu  agitée,  les  sablos 
cl   les  galets  s'arrêtent  au  pied  des  promontoires  qui  1er- 


4  PBËCia    DE   GÉOLOGIE 

minent  les  anses,  et  forment  à  l'entrée  de  la  baie  deux  jetées 
ou  flèches  qui  Unissent  quelquefois  par  se  réunir,  formant 
ainsi  un  cordon  littoral  et  transformant  la  baie  en  une 
taijune  ou  un  étang. 

3,  Action  des  ealï  d'infjlthation.  —  L'air  se  charjçe  de 
vapeur  d'eau  au  voisinage  des  océans  et  des  grands  lacs,  sui^ 
tout  du  côté  des  mers  tropicales;  entraîné  par  les  courants 
atmosphériques  vers  les  pâles,  il  subit  un  refroidissement,  et 
une  partie  de  la  vapeur  d'eau  qu'il  contient  se  précipite  sur 
le  sol  h  l'élit  de  pluie  ou  de  neige.  (En  Europe,  la  proportion 
d'eau  de  pluie  tombée  s'élève,  en  moyenne,  chaque  année, 
à  la  hauteur  de  O^.SS.) 

Si  la  pente  du  sol  est  faible,  ou  si  le  sol  est  perméable, 
l'eau  de  pluie  s'infiltre  promptement.  Les  terrains  per- 
méables sont  les  terrains  meubles  (sables  et  graviers)  et  les 
terrains  fissurés  (calcaires  solides  et  grès). 

Dans  les  terrains  meubles  il  y  a  imbibition  progressive  et 


production  de  nappes  d'eau,  qui  s'écoulent  par  des  sources 
dans  le  fond  des  vallées  et  des  ravins  qui  les  entament. 

Si, par  exemple,  on  suppose  un  platean  dont  la  surfoce  est 
formée  de  sables  supportés  par  un  lit  d'argile,  l'eau  qui 
s'est  inflitrée  à  travers  la  couche  de  sable  est  arrêtée  par  l'im- 
perméabilité de  la  couche  d'argile  ;  des  sources  apparaissent 
alors  sur  les  flancs  de  la  vallée  aux  points  les  plus  bas  des 
ondulations  formées  par  l'affleurement  du  lit  argileux. 

Quand  une  couche  perméable   se  trouve  enclavée  entre 


PHÉXOSIÈRES    ACTUELS  S 

deux  autres  imperméables,  l'eau  de  pluie  esl  retenue  entre 

ces  deux  dernières  et  forme  une  nappe  souterraine.  Dès  lors, 

,    si  par  un  sondage  on  atteint  celle  nappe,  l'eau  jaillit  k  la  flur- 

face  du  sol  :  c'est  l'origine  des  sources  artésiennes  (flg.  1). 

Dans  les  terrains  Ossuiés  comme  les  terrains  ralcaires,  les 
eaux  circulent  i  travers  les  fentes, lesélargissenteny  créant 
même  des  f^roltes  et  débouchent  dans  les  vallées  en  sources 
abondantes;  c'est  ainsi  qu'est  formée  la  fontainede  Vaucluse. 

En  circulant  dans  les  nombreux  ranauï  des  grès  ou  des 
calcaires,  les  eaux  d'inHllration  exercent  des  actions  érosives 
qui  provoquent,  à  la  surface,  des  effondrements  ou  des  ébou- 
lemenls. 

4.  Action  ues  kal'x  courantes.  —  Si  le  sol  est  imperméable 
ou  encore  si  la  pente  esl  trop  forte,  l'eau  de  pluie  ruisselle  à 
la  surface  au  lieu  de  s'infiltrer. 

Elle  agit  alors  par  sa  masse  et  par  sa  vitesse,  et  son  action 
dépend  de  la  nature  et  du  relief  du  terrain;  l'érosion  peut 
se  li-aduire  par  des  effets  remarquables  (piliers,  pyramides, 
arcades,  etc.). 

Torrenti.  —  Dans  les  pays  de  montagnes,  le  terrain  est 
disposé  de  telle  façon 
q™  ]es  enu,!  pluvi.ics 
se  réunissent  par  de 
nombreuses  rigoles 
dans  une  dépression 
qui  est  le  bassin  de  ré- 
ceplion  d'un  torrent; 
elles  en  sortentpur  un 

étroit  couloir  qui  est  i 

le  canal  <f écoulement,  '. 

el,  dans  ces  parcours,  I 

elles  ne  cessent  de  ra- 
viner le  .sol  et  les  pa- 
rois du  canal,  tant  par 
leur  force  vive  que  par 

le  choc  des  matériaux  Fm.  1,  _  CSn*  de  dcJMlirm  d'gn  lorrcnl. 

qu'elles  arrachent;  en 

arrivant  dans  la  vallée,  elles  perdent  leur  vitesse,  et  les  ma- 
tériaux qu'elles  transportent,  sables,  galets,  boues,  s'accu- 


6  PRÉCIS    DE   GÉOLOGIE 

mulent  en  un  amas  conique  qui  est  le  cône  de  déjection  dtt 
torrent  (fig.  2).  A  mesure  que  ce  cône  s'allonge,  la  pente 
du  torrent  diminue,  ainsi  que  sa  puissance  mécanique. 

Ce  qui  distingue  le  torrent  des  autres  cours  d'eau,  c'est  sa 
rapidit»^  extraordinaire,  ce  sont  surtout  ses  alternatives  de 
crues  soudaines  et  de  repos. 

Rivières  et  fleuves.  —  Les  eaux  pluviales  finissent  toujours 
par  se  réunir  au  fond  des  vallées,  où  elles  donnent  nais- 
sances aux  rivières,  lesquelles  forment  les  grandes  artères 
appelées  fleuves. 

Dans  la  partie  supérieure  de  leur  cours,  les  rivières,  à 
cause  de  la  pente  du  terrain,  ont  une  allure  torrentielle  et  se 
livrent  à  un  travail  d'afTouillement  et  d'érosion  ;  si  elles  dis- 
posent d'une  grande  masse  d'eau  et  d'une  forte  pente,  elles 
peuvent  creuser  des  gorges  profondes,  telles  que  les  cations 
du  Colorado  ;  si  elles  rencontrent  des  obstacles  résistants,  il 
se  forme  des  cataractes  ou  des  rapides,  et  souvent  les  eaux 
s'étendent  en  lacs  derrière  les  barrages  formés  par  ces  obs- 
tacles. 

La  rivière  creuse  ainsi  son  lit  jusqu'à  ce  que  la  pente  ait 
diminué,  et  pendant  ce  travail  elle  ne  suit  pas  un  chenal 
constant.  Une  fois  la  pente  réduite,  elle  quitte  son  ancien  lit, 
ou  lit  majeur,  et  occupe  un  lit  moins  large,  ou  lit  mineur, 
dont  la  situation  change  dans  la  vallée. 

Allavionnement.  —  Quand  la  rivière  se  déplace  ainsi,  elle 
est  dite  divagante  ;  elle  a  pour  caractère  d'attaquer  les  par- 
ties concaves  de  ses  rives  et  de  les  faire  ébouler;  les  produits 
des  éboulements,  cailloux,  graviers,  sables  et  limons,  sont 
entraînés  par  les  eaux  et  se  déposent  en  alluvions  au  fond 
du  lit  ou  sur  les  rives  convexes.  C'est  surtout  à  l'époque 
des  crues  que  se  forment  les  alluvions;  les  sables  et  les 
cailloux  sont  violemment  charriés,  et  les  eaux  débordées 
s'étalent  sur  une  grande  surface  qu'elles  recouvrent  de  limon 
(silicate  d'alumine  ferrugineux  avec  des  parties  sableuses). 

Enfin  la  pente  se  réduit  de  plus  en  plus;  le  lit  prend  une 
largeur  uniforme,  et  le  cours  d'eau  est  à  Vétat  de  régime. 

Travail  des  fleuves  à  leur  embouchure.  —  l^"  L'embou- 
chure d'un  fleuve  peut  être  un  estuaire  profond,  où  la  marée 

•™ce  son  influence  ;  les  limons  apportés  par  le  cours  d'eau 


PHÉNOMÈNES    ACTUEI^  î 

forment  dans  cette  échancrure  un  bourrelet  d'alluvions,  qui 
tend  à  oblitérer  l'entrée  du  fleuve  ;  cette  digue,  ou6arre,  se 
déplace  sous  Taction  des  marées  ; 

2®  Un  fleuve  peut  avoir  sou  embouchure  dans  une  mer  qui 
n'est  pas  sujette  à  de  grandes  marées;  les  matières  qu'il 
transporte  se  déposent  dans  Testuaire  qui  est  alors  large  et 
peu  profond;  ces  dépôts  sont  augmentés  au  moment  des 
crues  et  sont  favorisés  par  le  cordon  littoral  ;  ils  forment 
ainsi  une  sorte  de  ct'me  de  déjection,  qui  devient  un  Ilot 
triangulaire  tournant  sa  pointe  vers  la  source  du  fleuve  et  le 
divisant  en  deux  branches;  de  là  le  nom  de  delta.  Les  deltas 
tes  plus  connus  sont  ceux  du  Nil,  du  Rhône  et  du  Mississipi. 

6.  Action  de  l'eau  solide.  —  A  différentes  altitudes, 
variables  avec  les  pays,  la  neige  tombée  pendant  la  saison 
froide  ne  fond  point  pendant  Tété;  elle  devient  persistante 
ou  perpétuelle.  La  limite  des  neiges  perpétuelles  correspond 
à  une  altitude  qui  est  de  2.700  mètres  environ  dans  les  Alpes 
et  les  Pyrénées,  3.500  mètres  au  Caucase,  kSOO  mètres  à 
rÉquateur. 

Neige.  —  La  neige  tombant  sur  ces  hauteurs  s'accumule 
en  masses  considérables  qui  finissent  par  s'écrouler,  en 
entraînant  des  pierres  et  des  roches  et  en  formant  ainsi  des 
avalanches.  Mais,  si  la  neige  tombe  dans  un  cirque  d'où  elle 
ne  peut  s'échapper,  elle  donne  lieu  à  la  formation  d'un 
glacier. 

Glaciers.  —  La  neige  ainsi  accumulée  dans  le  cirque  ou 
bassin  de  réception  forme  bientôt  un  amas  d'un  poids  consi- 
dérable, et  la  partie  inférieure  s'écrase  sous  l'effet  de  la 
compression.  Puis  la  compression,  augmentant,  abaisse  le 
point  de  fusion  de  la  neige  ;  celle-ci  fond  alors  en  partie, 
bien  que  la  température  soit  inférieure  à  0°.  L'eau  formée 
slnllltre  dans  les  interstices  des  cristaux  do  neige  où  elle  se 
congèle  de  nouveau.  La  neige  est  ainsi  transformée  en  une 
masse  granuleuse  parsemée  de  bulles  d'air,  et  constitue  ce 
qu'on  appelle  le  névé. 

Sous  l'action  de  son  poids  et  de  la  pression  des  neiges 
supérieures,  le  névé  descend  dans  la  gorge  où  débouche  le 
cirque,  fond  partiellement  en  arrivant  u  une  zone  de  moindre 
altitude,  devient  ainsi  plus  compact  et  se  transforme  en  une 


8  PRÉCIS   DE   GÉOLOGIE 

glace  consistante  et  translucide  qui  caractérise  les  glaciers, 
La  glace,  inextensible,  se  couvre  de.  fissures  et  de  crevasses, 
qui  sont  bientôt  comblées  par  les  chutes  de  neige  ou  par  la 
congélation  de  Teau  provenant  d*une  fusion  superficielle.  Tel 
est,  succinctement,  le  mécanisme  de  la  formation  d*un 
glacier. 

M onyement  des  glaciers.  —  Des  objets  perdus  à  la  surface 
d'un  glacier  ont  été  retrouvés  plus  tard  à  un  niveau  plus 
bas  ;  les  glaciers  n'ont  donc  qu'une  immobilité  apparente,  et 
leur  mouvement  de  progression  a  été  Tobjet  de  mesures  pré- 
cises. En  Suisse,  la  vitesse  moyenne  de  la  glace,  à  la  surface, 
varie  depuis  2  centimètres  jusqu'à  1",25  par  vingt-quatre 
heures. 

Effets  mécaniques  des  glaciers.  —  Les  glaciers  ayant,  en 
moyenne,  une  épaisseur  de  30  à  40  mètres  (cette  épaisseur 
peut  atteindre  plusieurs  centaines  de  mètres),  on  comprend 
que  leur  masse  produise  sur  les  roches  encaissantes  une  éro- 
sion puissante  ;  les  blocs  anguleux,  entraînés  avec  la  glace, 
strient  et  polissent  les  roches  des  parois,  ou  bien  ces  der- 
nières usent  et  arrondissent  les  graviers  et  les  cailloux  char- 
riés. Sur  le  fond  du  glacier,  Térosion  est  encore  plus  mar- 
quée, et  les  roches,  polies  comme  par  une  meule,  prennent 
<les  formes  arrondies  {roches  moutonnées).  Le  produit  final 
de  Taction  du  glacier  sur  son  lit  est  une  boue  fine,  d'un  gris 
d'ardoise. 

Effets  de  transport.  —  Le  glacier  entraine  dans  son  mou- 
vement tous  les  débris  do  roches  que  la  pluie,  la  gelée  ou  les 
avalanches  détachent  des  escarpements  qui  l'encaissent;  ces 
débris  forment  le  long  du  glacier  deux  traînées  appelées 
moraines  latérales. 

Si  deux  glaciers  se  réunissent  en  un  seul,  la  moraine  de 
droite  de  l'un  se  joint  à  la  moraine  de  gauche  de  l'autre,  et 
de  cette  jonction  résulte  une  moraine  médiane. 

Tous  les  produits  charriés  par  le  glacier  arrivent  à  son 
extrémité,  qui  se  termine  par  un  escarpement  à  pic  ;  ils  s'en- 
tassent au  pied  de  cet  escarpement  et  forment  un  amas  demi- 
circulaire,  qui  est  la  moraine  frontale^  mélange  de  boue  fine, 
de  petites  pierres,  de  cailloux  polis  et  arrondis  et  de  blocs 
qui  ont  parfois  des  dimensions  énormes. 


PHÉNOMÈNES    ACTUELS  9 

Extrémité  des  glaciers.  —  Le  glacier,  en  progressant, 
arrive  à  une  région  dont  la  température  est  moins  basse  ;  la 
glace  fond,  et  la  quantité  de  glace  que  perd  ainsi  le  glacier 
peut  être  égale  à  la  quantité  de  glace  qui  se  forme  en  amont. 
Le  glacier  se  termine  en  ce  point  en  laissant  échapper  un 
torrent  qui  roule  des  eaux  boueuses,  mélangées  parfois  de 
blocs  volumineux. 

D'ailleurs,  cette  extrémité  subit  un  déplacement  continuel, 
car  la  quantité  de  glace  qui  disparaît  par  la  fusion  et  celle 
qui  est  apportée  par  les  chutes  de  neige  varient  avec  les 
saisons. 

Glaces  polaires.  —  Dans  les  contrées  polaires,  la  limite 
des  neiges  perpétuelles  s*abaisse  au  niveau  de  la  mer  et  le 
sol  se  couvre  d'une  immense  nappe  glacée.  Cette  nappe  che- 
mine avec  une  vitesse  plus  considérable  que  celle  des  gla- 
ciers  des  Alpes  ;  comme  la  pente  est  à  peu  près  nulle,  cette 
vitesse  ne  peut  être  attribuée  qu'à  l'énorme  pression  des 
masses  supérieures.  Les  glaciers  polaires  arrivent  ainsi  jus* 
qu'à  la  mer;  là  leur  extrémité,  venant  à  surplomber,  se 
brise  avec  fracas  en  morceaux  énormes,  qui  deviennent  des 
glaces  flottantes^  ou  icebergs. 

Les  glaciers  polaires  n'entraînent  que  très  peu  de  pierres, 
tandis  que  les  banquises,  glaces  qui  se  forment  le  long  des 
côtes  par  congélation  directe  de  l'eau  de  la  mer,  sont  char- 
gées de  boue  et  de  pierres  provenant  des  falaises  du  rivage. 
A  la  suite  de  violentes  tempêtes,  les  banquises  peuvent  se 
détacher  et  se  briser  en  semant  au  fond  de  la  mer  les  débris 
qu'elles  portaient  (blocs  erratiques). 

0.  Action  chimique  des  eaux.  —  L'eau  de  la  mer,  par  son 
évàporation  naturelle,  produit  les  dépôts  de  sulfate  de  chaux, 
de  sel  marin  (marais  salnnts)  et  même  de  chlorure  de 
potassium  et  de  magnésium.  Dans  les  mers  très  chaudes,  les 
grains  de  sable  s'incrustent  de  carbonate  de  chaux  résultant 
de  l'évaporation  sur  le  rivage;  de  même,  les  galets  des  plages 
s'agglomèrent  en  poudingues. 

Les  eaux  météoriques  (eaux  de  pluie),  chargées  d'oxygène, 
oxydent  les  roches  qu'elles  traversent  ;  l'oxydation  est 
attestée  par  une  teinte  brune  dans  les  terrains  ferrugineux. 
Ces  eaux,  par  leur  acide  carbonique,  peuvent  dissoudre  du 


iO  PRÉCIS    DE   GÉOLOGIE 

calcaire  dans  les  terrains  où  elles  ont  circulé;  en  arrivante 
l'air  libre,  elles  s'évaporent,  et  le  calcaire  se  dépose  autour 
<les  herbes  ou  des  mousses  en  formant  des  tufs. 

Quand  les  eaux  calcaires  s'évaporent  lentement  sur  les 
parois  de  cavités  souterraines,  elles  produisent  des  stalac- 
tiles  partant  de  la  voûte,  et  des  stalaf/mites  s'élevant  du  sol  ; 
ces  incrustations  sans  cesse  accrues  flnissent  par  se  rejoindre 
et  former  des  colonnes. 

7.  Action  des  organismes.—  Les  organismes  ont  conti'ibué, 
par  Taccumulation  de  leurs  dépouilles,  à  l'accroissement  de 
l'écorce  terrestre. 

Mode  de  formation  de  la  tonrbe.  —  La  tourbe  est  le  pro- 
duit de  la  décomposition,  sous  l'eau,  de  certains  végétaux 
d'ordre  inférieur,  tels  que  les  mousses,  et,  en  particulier,  les 
sphaignes.  Ces  mousses  ont  besoin,  pourse  développer,  d'une 
eau  limpide  et  d'une  atmosphère  humide  avec  une  tempéra- 
ture moyenne  ne  dépassant  pas  8^  G.  Dans  ces  conditions, 
elles  croissent  rapidement,  mais  elles  meurent  du  pied;  la 
base,  constamment  à  l'abri  de  l'air,  subit  une  décomposition 
incomplète  et  passe  à  l'état  de  tourbe.  Les  tourbières  se 
développent  surtout  dans  les  régions  tempérées  et  froides. 

Lignite  et  honille.  —  Des  débris  de  plantes  ou  d'arbres 
peuvent  être  charriés  par  les  fleuves  dans  les  deltas,  ou  bien 
des  végétaux  peuvent  Atre  enfouis  sous  des  alluvions;  la 
fibre  et  l'écorce  de  ces  végétaux  se  décomposent  à  l'abri  de 
l'air  et  se  transforment  en  lignites. 

La  houille  et  Tanthracite  proviennent  aussi  de  la  décom- 
position de  végétaux  terrestres  à  l'abri  de  l'air;  mais  un  cli- 
mat tropical  régnait  dans  toutes  les  régions  où  s'est  formée  la 
houille.  (Voir  Géologie  appliquée,  chapitre  des  Combustibles 
minéraux.) 

Action  des  organismes  marins.  —  Sur  les  côtes,  les  mol- 
lusques marins,  par  l'accumulation  de  leurs  coquilles,  ont  pu 
former  des  dépôts  puissants;  telle  est  l'origine  des  roches 
calcaires  appelées  lumachelles. 

Loin  des  côtes  on  trouve,  au  fond  de  l'océan,  une  vase 
blanchâtre  contenant  jusqu'à  96  0/0  de  carbonate  de  chaux; 
elle  est  constituée  par  de  minuscules  enveloppes  calcaires  de 
foraminifères  où  dominent  les  globigérines. 


PHÉNOMÈiNES    ACTCELS 


11 


Dans  les  latitudes  froides,  des  glaces  flottantes,  des  algues 
très  petites,  appelées  diatomées^  et  des  radiolaires  (foramini- 
fères)  forment  une  vase  siliceuse. 

Tous  ces  dépôts  marins  se  forment  lentement  et  n  at- 
teignent qu'une  faible  épaisseur. 

Récifs  coralliens.  —  Les  polypiers,  au  contraire,  qui 
sécrètent,  aux  dépens  du  sulfate  de  chaux  de  Feau  de  mer, 
un  squelette  calcaire,  forment  rapidement,  près  des  côtes,  des 
massifs  calcaires  puissants  et  solides;  vivant  en  colonie,  ils 
constituent  une  masse  qui 

s'accroît  sans  cesse  par  le  /^«mv;  flf^^l 

sommet  ou  la  surface,  tan- 
dis que  la  base  meurt  (/?9. 3). 

La  vague  comble  les  in- 
terstices de  l'édifice,  qui 
devient  compact  et  foi*me 
un  récif  corallien. 

Pour  le  développement 
des  organismes  coralli- 
gènes,  il  faut  une  eau 
exempte  de  sédiments  en 

suspension,  et  la  température  ne  doit  pas  descendre  plus  bas 
que  20«  C.  au-dessous  de  zéro;  la  profondeur  ne  doit  pas  être 
supérieure  à  une  trentaine  de  mètres.  D'ailleurs,  les  coraux 
se  développent  mieux  dans  une  mer  tumultueuse,  et  leur 
bord  extérieur  qui  reçoit  surtout  les  chocs  de  la  vague  est 
le  plus  vivace  et  le  plus  élevé. 

C'est  ainsi  que  se  forment  les  récifs  frangeants  qui  sont  ap- 
pliqués contre  la  côte  qui  leur  fournit  un  point  d'appui,  les 
récifs-barrières,  k  quelque  distance  des  côtes,  et  les  atolls,  récifs 
annulaires  avec  lagune  intérieure,  qui  s'élèvent  en  plein  océan. 

Sur  le  bord  extérieur  des  récifs  coralliens,  les  dépôts  qui 
se  forment  sont  composés  de  débris  de  coraux;  ces  dépôts 
s'agglomèrent  en  un  calcaire  compact  qui  peut  devenir 
coquillier;  sur  le  bord  intérieur,  abrité  contre  le  choc  des 
vagues,  on  trouve  un  calcaire  plus  tendre  ;  et  sur  la  plage  le 
dépôt  de  carbonate  de  chaux  autour  des  sables  donne  lieu  à 
la  formation  d'oolithes,  qui,  en  s'agglomérant,  constituent  le 
calcaire  oolithiqtte. 


Fio.  3.—  Récif  corallien. 


12  PRÉCIS    DE    GÉOLOGIE 

l  2.  ~  AGENTS  GÉOLOGIQUES  INTERIIES 

1'.  PiiÉNOMENEs  VOLCANIQUES.  —  Lcs  volcans,  qui  mettent  en 
communicalion  la  surface  du  globe  avec  les  matières  fluides 
situées  au-dessous  de  Fécorce,  se  présentent  sous  la  forme 
d'une  montagne  terminée  par  un  orifice  en  forme  de  coupe, 
appelé  cratère  f  où  vient  déboucher  un  canal  auquel  on  a 
donné  le  nom  de  cheminée.  Quand  le  volcan  est  à  Tétat  de 
repos,  Texislence  du  foyer  interne  ne  se  traduit  que  par  des 
dégagements  de  fumée  accompagnés  de  faibles  explosions. 

Au  moment  des  éruptions,  annoncées  par  des  gronde- 
ments du  sol,  le  volcan  lance  au  loin  et  à  de  grandes  hau- 
teurs des  produits  solides,  cendres  et  scories  embrasées, 
des  produits  liquides  ou  laves,  et  des  vapeurs  qui  forment  des 
nuages  épais. 

Cônes  de  débris.  —  Les  premières  projections  du  volcan  se 
composent  de  débris  arrachés  à  la  cheminée  ou  au  cratère  ; 
le  volcan  lance  ensuite  des  fragments  de  lave  visqueuse  et 
des  cendres  qui  ne  sont  autre  chose  que  de  la  lave  solidiflée 
dans  un  grand  état  de  division.  Tous  ces  produits  retombent 
en  averse  autour  de  Torifice  de  sortie  et  y  font  naître  un  cône 
de  débris  dont  les  dimensions  sont  variables  et  dont  le  talus 
a  une  inclinaison  de  35  à  4(R  Ces  cônes  manquent  de  cohé- 
sion et  sont  exposés  à  une  lente  destruction  sous  TefTorl  des 
agents  atmosphériques,  quand  une  éjection  ultérieure  de 
lave  ne  vient  pas  les  consolider. 

Cônes  advenUfs.  —  Au  moment  de  l'explosion,  les  matières 
lluides  peuvent  sVchapper  par  des  fentes  s'ouvrant  sur  les 
flancs  du  volcan  ;  il  se  forme  ainsi  plusieurs  éruptions  laté- 
rales dont  les  cendres  et  les  scories  produisent  des  cônes 
adventifs  pouvant  atteindre  300  mètres  de  hauteur. 

Laves.  —  I/émission  des  laves  est  le  fait  le  plus  important 
de  l'éruption.  Les  laves  sont  toutes  formées  desilicat.es;  elles 
donnent  naissance  à  des  roches  solides  en  se  solidifiant. 

11  y  a  les  laves  acides  ou  légères^  riches  en  silice,  en  soude 
et  en  potasse,  et  les  laves  basiques  ou  lourdes  chargées  d'élé- 
ments ferrugineux  qui  leur  donnent  une  coloration  noire. 

Les  laves  lithoïdes  donnent,  en  se  refroidissant,  une  roche 


PHÉNOMÈNES    ACTUELS  13 

compacte;  les  laves  vitreuses  donnent  une  roche  vitreuse; 
la  lave  peut  aussi  être  entièrement  cristallisée  ou  renfermer 
des  cristaux  qui  se  détachent  sur  une  pAte  compacte.  Les 
laves  basiques,  plus  fluides,  se  solidiflent  lentement  en  traî- 
nées visqueuses  ondulées:  ce  sont  les  laves  cordées  ;  les  laves 
acides,  peu  fusibles,  se  couvrent  d'une  croûte  de  scories  ;  la 
partie  restée  liquide  dégage  des  gaz  et  des  vapeurs  qui  dé- 
chirent la  croûte  et  donnent  à  la  surface  un  aspect  rugueux 
(chèvres  d'Auvergne). 

Vitesse  et  température  de  la  lave.  —  La  vitesse  de  la  lave, 
qui  dépend  de  sa  fluidité,  varie  de  1  centimètre  à  plusieurs 
mètres  par  seconde. 

La  température  est  très  élevée  et  dépasse  1.000<>;  la  lave 
peut  conserver  longtemps  sa  chaleur;  cependant  son  action 
calorifique  ne  s'étend  pas  sur  un  grand  rayon. 

Modes  d*épanchemeiits  de  la  lave.  —  i°  La  lave  peut  couler 
à  Tair  libre  par  déversement  ;  elle  forme  alors  une  nappe  plus 
ou  moins  large,  d'épaisseur  assez  uniforme,  compacte  à  la 
base  et  celluleuse  en  haut;  son  inclinaison  est  faible. 

2°  La  lave  peut  aussi  s'échapper  par  des  Assures  du 
cône  ;  elle  forme  alors  de  véritables  filons  souvent  verticaux, 
sortes  de  murs  en  saillie  appelés  dykes. 

3<*  Elle  peut  quelquefois  sortir  en  coulées  discontinues  ; 
c'est  le  cas  qui  se  présente  pour  les  volcans  à  forte  pente  ;  la 
lave  se  solidifie  alors  en  gros  blocs  qui  se  réunissent  au  pied 
du  cône. 

Ëmanations  gazenses.  —  Des  émanations  gazeuses  s'échap- 
pent soit  des  cratères  en  activité,  soit  de  la  lave  incandes- 
cente. 

On  appelle  fumerolles  des  fumées  blanches  qui  se  dégagent 
de  la  lave  ;  elles  sont  d'abord  sèches  à  cause  de  la  tempéra- 
ture et  sont  surtout  formées  de  vapeurs  de  sel  marin;  plus 
loin  se  dégage  de  la  vapeur  d'eau  acide  à  300  ou  400<^  ; 
puis  des  fumerolles  alcalines  et  des  fumerolles  froides  où 
domine  de  la  vapeur  d'eau  à  moins  de  100<>,  mêlée  à 
de  l'hydrogène  sulfuré  ;  en  dernier  lieu  se  produisent  des 
émanations  d'acide  carbonique  qui  peuvent  persister  long- 
temps, même  après  l'extinction  du  volcan.  On  trouve  de 
l'hydrogène  et  des  hydrocarbures  dans  les  produits  gazeux, 


14  PRÉCIS   DE   GÉOLOGIE 

ainsi  que  des  chlorures  anhydres  (chlorure  de  fer),  de  Tacide 
borique,  des  sulfures  d'arsenic,  etc. 

2.  PuÉNOMÈNEs  THERMAUX.  —  On  Comprend  sous  le  nom 
de  phénomènes  thermaux  d'autres  manifestations  de  la  cha- 
leur interne,  localisées  dans  le  voisinage  des  anciens  centres 
volcaniques  :  ce  sont  les  solfatares,  les  salses,  les  mofettes, 
les  geysers,  etc. 

Solfatares.  —  On  appelle  solfatares  des  dégagements  vio- 
lents de  vapeur  d'eau  mélangée  d'hydrogène  sulfuré;  ce  gaz 
se  décompose  en  arrivant  à  l'air;  une  partie  du  soufre  se 
dépose  et  l'acide  sulfureux  formé  se  convertit  en  acide  sul- 
furique  qui,  réagissant  sur  les  silicates  des  roches,  forme  des 
sulfates  (alun  et  gypse). 

Les  soffioni  de  Toscane,  qui  fournissent  de  l'acide  borique, 
sont  aussi  des  solfatares. 

Geysers.  —  Les  geysorssonl  des  dégagements  intermittents 
d'eau  bouillante,  en  jets  qui  peuvent  atteindre  60  mètres  de 
hauteur.  L'eau  provient  des  infiltralions  et  doit  sa  tempé- 
rature au  voisinage  d'émanations  chaudes  issues  d'un  foyer 
volcanique  souterrain  ;  cette  eau  contient  en  dissolution  une 
grande  quantité  de  silice  hydratée  (geysérite),  qui,  en  se 
déposant  autour  de  l'orifice  de  sortie,  forme  des  concrétions 
abondantes. 

Les  éruptions  de?  geysers  sont  intermittentes  et  ne  durent 
que  peu  de  temps  en  général.  Les  geysers  les  plus  remar- 
quables sont  le  Te-ta-rata  (Nouvelle-Zélande),  dont  les  eaux 
descendent  en  cascades  sur  une  suite  de  terrasses  siliceuses, 
le  Grand  Geyser  d'Islande,  et  ceux  du  Parc  national  du  Yel- 
lowstone  (Étas-Unis). 

Sources  thermales.  —  Los  eaux  d'in  filtrai  ion  s'échauffent 
en  pénétrant  profondément  dans  un  sol  fissuré;  la  vapeur 
d'eau  produite  les  refoule  vei^s  la  surface  ;  mais,  à  cause  de 
leur  température  souvent  élevée,  elles  dissolvent,  dans  leur 
trajet  souterrain,  des  principes  minéraux  actifs,  d'où  le  nom 
de  sources  minérales  qu'on  leur  donne  souvent. 

Le  débit  de  ces  eaux  est  variable;  il  en  est  de  même  de 
leur  température.  (Voir  Géologie  appliquée,) 

Salses.  —  Mofettes.  —  Les  salses  ou  volcam  de  boue  sont  de 
petites  éminences  eratériformes,  d'où  s'échappent,  par  érup- 


PHÉNOMÈNES    ACTUELS  45 

lions  discontinues,  des  flots  d'une  boue  fine  et  salée  et  des 
gaz  hydrocarbonés  (maccalube  de  Sicile;.  Les  salses  de  la 
Caspienne,  près  de  Bakou,  rejettent  surtout  du  pétrole. 

Les  mofettes  sont  des  exhalaisons  d'acide  carbonique  qui 
caractérisent  des  régions  où  Tactivité  volcanique  est  depuis 
longtemps  éteinte  (ex.  :  grotte  du  Chien,  près  de  Naples). 


l  3.  -  EXPUCATIOH  DES  PHÈNOMÈIIES  ÉRUPTIFS 

L'influence  de  la  chaleur  solaire  ne  se  fait  sentie  qu'à  une 
très  faible  profondeur  du  sol,  et  on  peut  trouver  dans  chaque 
lieu  une  zone  souterraine  dont  la  température  constante  est 
indépendante  des  variations  atmosphériques;  cette  zone  se 
trouve  à  Paris  à  une  profondeur  de  10  mètres.  Mais,  si  on 
s'enfonce  de  plus  en  plus  dans  le  sol,  on  constate,  quelle  que 
soit  la  région,  que  la  température  augmente  régulièrement 
de  1*^  par  :)0  ou  32  mètres.  On  est  conduit  alors  à  penser 
qu'à  une  certaine  distance  de  la  surface  la  chaleur  est  suffi- 
sante pour  maintenir  en  fusion  toutes  les  roches  de  Fécorce 
terrestre;  cette  distance  est  relativement  faible  en  comparai- 
son de  la  longueur  du  rayon  terrestre.  On  admet  donc  Texis- 
tence  d'un  noyau  fluide ^  reste  de  Tétat  primitif  de  notre 
globe. 

De  cette  hypothèse  on  peut  déduire  Texplication  des  phé- 
nomènes volcaniques  :  la  masse  fluide  interne  est  leur  foyer; 
et,  comme  l'écorce  a  une  épaisseur  et  une  résistance  très 
variables,  il  se  produit  des  mouvements  du  sol,  et  la  masse 
fluide  se  fait  jour  à  travers  les  fissures,  avec  de  violentes 
explosions  quand  les  gaz  emprisonnés  acquièrent  une  forte 
tension. 

A  cause  de  l'énorme  quantité  de  vapeur  d'eau  rejetée  par 
les  éruptions,  on  a  admis  aussi  l'intervention  des  eaux 
marines;  les  terrains  volcaniques  étant  très  fissurés,  les  eaux, 
qui  sont  à  proximité,  arrivent  en  contact  avec  les  masses  en 
fusion  et  se  transforment  bmsquement  en  vapeur. 

TremblemenU  de  terre.  —  La  terre  étant  formée  d'une 
enveloppe  relativement  mince  et  de  résistance  variable, 
entourant  un  noyau  liquide  ((ui  so  refroidit  peu  à  peu  et  se 


16  PRÉCIS   DE   GÉOLOGIE 

contracte,  il  arrive  que  celte  enveloppe  se  plisse  et  se 
couvre  de  bourrelets  et  de  rides,  ou  même  se  distend  et  se 
déchire,  à  cause  de  son  manque  d'élasticité. 

Les  tremblements  de  terre  sont  des  ébranlements  très  courts 
caractérisés  par  un  état  particulier  de  trépidation  du  sol  ;  un 
bruit  sourd  précède  souvent  Tébranlement  qui  se  traduit  par 
des  ondulations  et  plus  fréquemment  par  des  secousses. 

Ces  secousses  se  font  sentir  à  des  distances  variables  et 
avec  une  vitesse  qui  dépend  de  la  constitution  des  terrains  ; 
les  terrains  meubles,  tels  que  les  sables,  propagent  peu  le 
mouvement,  mais  sont  plus  bouleversés  qu'un  sol  formé  de 
laves  ou  de  roches  calcaires.  L'océan  transmet  les  ébranle- 
ments plus  loin  que  ne  le  font  les  couches  rigides  de  Técorce 
terrestre,  et  il  se  produit  une  vague  de  translation  dont  les 
efTets  sont  parfois  terribles. 

Des  crevasses  profondes  se  forment  dans  le  sol  à  la  suite 
de  ces  secousses;  elles  se  referment  ou  bien  restent  béantes. 

Oscillations  lentes.  —  On  a  observé  aussi  des  soulèvements 
el  des  affaissements  du  sol;  ces  mouvements  s'apprécient  sur- 
tout le  long  des  côtes,  où  le  niveau  de  la  mer  fournit  un  point 
de  repère  fixe  ;  ils  peuvent  être  brusques  ou  se  produire  gra- 
duellement et  lentement.  Ainsi  on  observe  un  exhaussement 
en  beaucoup  de  points  de  la  côte  française,  en  Artois,  au 
Groisic,  à  la  Rochelle,  et  surtout  sur  les  plages  de  la  Tunisie. 
Les  côtes  de  Bret^igne  en  général  et  celles  de  Hollande 
subissent,  au  contraire,  un  aiïaissement  progressif. 

Ces  oscillations  lentes  sont  pour  ainsi  dire  insensibles  et 
nesont  appréciables  qu'après  un  grand  nombre  d'années. 


CHAPITRE  II 


FORMATION  DE  L'tCORGE  TERRESTRE 


L'étude  des  agents  internes  a  fait  admettre  Texistence  d'un 
noyau  liquide  à  Tintérieur  de  la  terre.  On  peut  expliquer  sa 
formation,  ainsi  que  celle  de  toute  notre  planète,  suivant  la 
magistrale  théorie  due  à  Ixiplace  et  acceptée  aujourd'hui  par 
la  grande  majorité  du  monde  savant. 

Théorie  de  Laplace.  —  Le  système  planétaire  gravitant 
autour  du  soleil  ne  formait  à  Torigi ne,  avec  cet  astre,  qu'une 
nébuleuse  pareille  à  celles  que  les  plus  forts  télescopes  nous 
permettent  encore  d'observer  dans  le  ciel. 

Le  refroidissement  de  la  masse  cosmique,  qui  formait  cetle 
nébuleuse,  s  efTectuant  par  suite  du  rayonnement  intersidéral, 
a  eu  pour  résultat  la  concentration  de  la  matière  et  Taccélé- 
ration  du  mouvement  de  giration  dont  elle  était  animée.  Ce 
sont  là  deux  conséquences  du  principe  de  la  conservation 
de  Ténergie.Les  fragments  dont  la  concentration  avait  été  lu 
plus  rapide  se  sont  trouvés  projetés  loin  du  centre  et  ont 
donné  naissance  aux  planètes. 

La  terre  a  donc  subi  deux  phases  de  transformation,  une 
première  phase  stellaire  très  courte,  pendant  laquelle  elle 
jouissait  d'une  lumière  propre,  une  seconde  phase  planétaire 
dans  laquelle  elle  s'est  éteinte,  puis  solidifiée. 

Nojan  centraL  —  La  solidification  a  naturellement  com- 
mencé par  l'extérieur,  en  emprisonnant  un  noyau  fluide. 
D'autre  part,  à  Tépoque  où  toute  la  masse  était  liquide,  les 
matériaux  qui  la  composaient  ont  pu  se  disposer  par  ordre 
de  densité.  Les  matières  les  plus  légères  et  en  même  lemps^ 

G^.OLOGIE.  2 


18  PRÉCIS   DE   GÉOLOGIE 

les  plus  réfractaires  montaient  à  la  surface,  tandis  que  les 
lourdes  masses  métalliques  bien  fusibles  gagnaient  le  centre. 
Seuls  quelques  métaux  facilement  oxydables  se  mêlaient  à 
Técume  siliceuse  de  la  surface,  semblable  aux  scories  qui 
viennent  nager  à  la  partie  supérieure  d'un  bain  métallique. 
Ainsi  s'expliquerait  la  forte  densité  du  globe  terrestre,  com- 
parée à  celle  des  couches  superficielles.  Les  calculs  basés  sur 
la  déviation  de  la  verticale  dans  le  voisinage  d'une  montagne 
ou  sur  la  variation  des  oscillations  du  pendule  dans  un  puits 
do  mine  prouvent  que  la  densité  de  la  terre  est  de  5,5  envi- 
ron. Or  Teau,  qui  occupe  la  plus  grande  partie  de  la  surface 
terrestre,  a  une  densité  égale  à  Tunité,  et  celle  de  la  plupart 
des  roches  connues  varie  entre  2  et  3  ;  il  faut  donc  que  les  par- 
ties voisines  du  centre  aient  une  densité  bien  supérieure. 
La  même  remarque  permet  de  donner  une  explication  du 
magnétisme  terrestre.  L'analyse  spectrale,  en  révélant  le 
secret  de  la  composition  du  soleil,  semble  prouver  en  même 
temps  que  les  profondeurs  terrestres  ne  contiennent  pas  de 
corps  qui  nous  soient  totalement  inconnus.  Le  fer  y  joue 
probablement  un  rôle  important,  grâce  auquel  il  peut  mani- 
fester ses  propriétés  magnétiques. 

Terrains  primitifs.  —  L'atmosphère,  composée  des  vapeurs 
de  tous  les  corps  aisément  volatilisables  et  séparée  du  noyau 
interne  par  une  couche  de  matériaux  très  mauvais  conduc- 
teurs de  la  chaleur,  se  résolvait  en  un  liquide  dont  on  ima- 
gine les  effets  corrosifs  sur  la  pellicule  solide.  De  plus,  au 
moment  de  la  condensation  des  chlorures  et  des  corps  alca- 
lins, toute  l'eau  des  océans  était  encore  à  Pélat  gazeux,  et, 
rien  ([ue  de  ce  fait,  la  pression  atmosphérique  était  250  ou 
300  fois  plus  forte  qu'elle  ne  l'est  actuellement;  on  conçoit, 
dans  ces  conditions,  l'importance  de  phénomènes  analogues 
par  leur  essence  aux  phénomènes  actuels. 

De  l'action  cristalline  due  au  refroidissement  et  de  l'action 
de  la  pesanteur  s'exerçant  sur  les  particules  arrachées  par 
les  érosions  à  la  croûte  solidifiée,  il  est  résulté  un  terrain  à 
la  fois  cristallin  et  stratiforme,  qui  a  reçu  le  nom  de  terrain 
primitif. 

Ce  terrain  contient  tous  les  éléments  dont  est  formée 
Técorce  terrestre;  car  il  n'est  venu  s'y  ajouter  par  la  suite  que 


FORMATION    DE    l'ÉCORCE   TERRESTRE  19 

la  petite  quantité  de  matières  contenues  dans  Tatmosphère 
des  premiers  Ages,  en  particulier  le  charbon,  qui  devait  exis- 
ter à  cette  époque  à  Tétat  d'oxyde  de  carbone.  Quant  aux 
venues  éruplives,  elles  ont  amené  au  jour,  par  les  cassures 
de  l'écorce,  diverses  roches  dont  la  composition  chimique 
est  semblable  à  celle  des  terrains  primitifs. 

Sous  rinfluence  d'agents  ne  diiîérantde  ceux  qui  viennent 
d'être  étudiés  que  par  la  puissance  de  leur  action,  tous  ces 
roatéiiaux,  après  divers  remaniements,  se  sont  superposés,  en 
couches  sensiblement  horizontales,  au  moins  lors  de  leur 
dépôt  et  ont  ainsi  formé  les  terrains  ou  les  roches  sédimen- 
taires. 

Par  opposition,  on  appelle  roches  ignées  les  roches  dues 
aux  formations  primitives  ou  venues  postérieurement  de  la 
profondeur  à  travers  les  fractures  de  la  croûte  terrestre. 

;  1 .— ROCHES  IGNÉES 

Composition  des  roches  ignées.  —  Les  roches  sédimen- 
taires  provenant  de  la  décomposition  des  roches  ignées,  il 
convient  d*étudier  d'abord  ces  dernières. 

La  silice  et  l'alumine,  deux  corps  éminemment  durs  et 
réfractaires  et  d*une  grande  légèreté  spécifique,  ont  parti- 
cipé plus  que  tout  autre  à  la  formation  de  la  croûte  primi- 
tive. 

Ces  substances,  fondues  par  leur  combinaison  avec  les  oxydes 
métalliques,  ont  cristallisé  ensuite.  Les  oxydes  qui  dominent 
dans  les  roches  légères  sont  ceux  des  métaux  les  plus  légers, 
c'est-à-dire  des  métaux  alcalins  et  alcalino-terreux. 

Minéraux  des  roches  acides.  —  Ainsi  se  sont  formés,  à 
côté  de  la  silice  en  excès  qui  s'est  séparée  à  l'état  de  quartz, 
des  minéraux  de  roches  dites  acides,  parce  que  la  silice  y 
joue  le  rôle  d'acide  silicique.  —  Les  types  de  ces  minéraux 
sont  : 

Les  feldspaths,  combinaisons  de  silice  et  d'alumine  avec  des 
métaux  alcalins  et  alcalino-terreux;  on  peut  citer  parmi  les 
feldspaths  :  Vorthose  et  le  microcUne^  à  base  de  potasse  ;  Valbite, 
à  base  de  soude;  et  Voligoclase,  contenant  de  la  soude  et  de  la 
chaux  ; 


20  PRÉCIS    DE   GÉOLOGIE 

Les  micas^  moins  riches  en  silice,  qui  contiennent  des 
métaux  plus  lourds;  ils  sont  colorés  en  noir  par  des  oxydes 
de  fer  et  présentent  une  apparence  feuilletée  à  cause  de  leur 
division  en  lamelles  flexibles  et  élastiques;     . 

Les  chlorites,  qui  sont  très  voisines  des  micas,  mais  dont 
les  lamelles  flexibles  ne  sont  pas  élastiques. 

Pendant  cette  cristallisation  des  silicates  métalliques,  les 
métalloïdes  ont  joué  sans  doute  le  rôle  de  dissolvants,  et  on  en 
retrouve  la  trace  dans  les  minéraux  accessoires.  Telles  sont 
la  tourmaline^  qui  contient  du  fluor  et  du  bore,  le  sphène  et  le 
rutile  où  entre  le  titane,  Vapatite  qui  renferme  du  pliosphore 
et  du  chlore. 

Minéraax  des  roches  basiques.  —  Après  les  roches  acides, 
il  s'en  est  formé  d  autres  plus  lourdes  qu'on  appelle  rocher; 
basiques,  parce  qu'elles  contiennent  moins  de  65  0/0  de  silico, 
teneur  qui  est  dépassée  dans  les  roches  acides. 

Les  minéraux  qui  les  constituent,  plus  nombreux  que  ceux 
des  roches  légères,  peuvent  se  grouper  en  quelques  grandes 
familles  : 

Ce  sont  des  feldspaths  pauvres  en  silice,  comme  le  labrador 
ot  Vanorthite. 

Puis  des  minéraux  où  Falumine  n'entre  guère  qu'à  Téial 
de  mélange  et  dont  la  silice  est  combinée  avec  de  fortes 
proportions  de  chaux,  de  magnésie  et  d'oxyde  de  fer.  Tels 
sont  :  les  amphiboles,  où  la  magnésie  l'emporte  légèrement 
sur  la  chaux,  et  parmi  lesquelles  on  peut  citer  Vactinote  et  la 
hornblende  ; 

Lespyroxénes,  difTérentsau  point  de  vue  cristallographiquc, 
mais  chimiquement  très  voisins,  tels  que  :  la  diallage  eiVaugite, 
qui  sont  des  pyroxènes  clinorhombiques;  Venstatite  et  la 
bronzite,  pyroxènes  rhombiques; 

Les  péridots,  surtout  magnésiens  et  plus  basiques  que  les 
silicates  précédents  :  le  principal  est  Volivine. 

En  résumé,  l'instrument  essentiel  de  la  consolidation  de 
Técorce  terrestre,  c'est  la  silice  qui,  réfractaire  et  saturée  d'oxy- 
gène, est  remarquable  par  la  stabilité  de  ses  combinaisons. 
Un  rôle  analogue  est  joué  dans  le  monde  organique  par  le 
carbone,  élément  constitutif  de  tous  les  corps  vivants,  et  qui, 
placé  près  du  silicium,  dans  la  série  des  corps  simples,  e^t 


FORMATION    DE    l'ÉCORCE   TERRESTRE  21 

cependant  remarquable  par  la  facilité  avec  laquelle  il  se  prête 
à  des  compositions  et  des  décompositions  incessantes. 

CLASSIFICATION    DES    ROCHES    IGNBES 

Les  roches  éruptives  forment  dans  Thisloire  du  globe  deux 
séries  bien  tranchées.  La  première,  commencée  au  début  de 
l'ère  primaire,  continue  pendant  la  première  partie  de  Tère 
secondaire;  elle  est  caractérisée  parla  forte  teneur  en  silice 
des  roches  qui  la  composent.  L'activité  interne  cesse  ensuite 
de  se  manifester  dans  les  époques  connues  sous  les  noms 
de  jurassique  et  de  crétacée;  puis,  dans  Tère  tertiaire 
et  jusqu'aux  temps  actuels,  les  roches  éruptives  viennent 
de  nouveau  se  mêler  aux  dépôts  sédimentaires. 

Cette  seconde  période  est  caractérisée  par  des  épanche- 
ments  de  matières  qui,  encore  acides  au  début,  deviennent 
de  pins  en  plus  basiques  et  de  plus  en  plus  lourdes. 

On  peut  tirer  de  là  une  classification  des  roches,  en  roches  acides 
et  roches  basiques,  divisées  elles-mêmes  en  roches  anciennes  et 
roches  modernes. 

La  texture  (c'est-à-dire  le  mode  d'association  des  minéraux), 
qui  était  cristalline  au  début,  devient  de  plus  en  plus  amorphe  ; 
c'est  d'abord  une  pâte  dans  laquelle  nagent  des  cristaux,  puis 
où  les  cristaux  deviennent  de  plus  en  plus  rares  pour  ne  plus 
laisser  subsister  qu'une  pâte  vitreuse. 

D'après  MM.  Fouqué,  Michel  Lévy  etde  Lapparenl,  la  texture 
cristalline  a  reçu  le  nom  de  type  granitoïde,  la  texture 
intermédiaire  a  donné  le  type  trachytoïde,  et  la  texture 
amorphe  a  formé  le  type  vitreux. 

On  supprimera  ainsi  des  dénominations  qui  prêtent  à  l'équi- 
voque, et  particulièrement  le  nom  de  texture  porphyrique,  qui 
a  servi  à  désigner  des  roches  si  différentes  que  les  progrès  de 
la  cristallographie  ne  permettent  plus  de  les  classer  ensemble. 
Le  mot  de  porphyre,  qui  signifie  seulement  roche  rouge,  à 
cause  de  la  couleur  du  porphyre  rouge  antique,  a  servi  pendant 
longtemps  à  désigner  toutes  les  roches  de  texture  analogue, 
c'est-à-dire  présentant  de  grands  cristaux  tranchants  sur  une 
pâte  à  grains  indiscernables.  L'examen  de  ces  roches  à  la 
lumière  polarisée  montre  que  si,  dans  les  unes,  la  pâte  est 


22  PRÉCIS    DE   GÉOLOGIE 

amorphe,  caractère  qui  les  fait  rentrer  dans  le  groupe  des 
roches  Irachytoïdes,  les  autres  sont  entièrement  cristallines 
et  se  rattachent  aux  roches  granitoïdes. 

Cette  distinction  est  importante,  caria  texture  des  micro- 
granulites,  par  exemple,  prouve  que,  dans  la  seconde  période 
de  consolidalion,  la  pâte  au  sein  de  laquelle  se  formait  la 
roche  et  les  circonstances  qui  accompagnaient  sa  formation 
étaient  les  mêmes  que  lors  de  la  consolidation  des  premiers 
cristaux.  Pour  les  roches  trachytoîdes,  au  contraire,  les  cir- 
constances avaient  complètement  changé. 

ROCHES    ACIDES 

A,  Série  ancienne.  —  Type  granitoïde.  —  Le  granité  est  un 
agrégat  de  cristaux  dans  une  pâte  qui  est  elle-même  cristal- 
line. Il  est  formé  de  quartz,  de  feldspath  et  de  mica. 

Dans  le  granité porphyroïde,  des  éléments  de  feldspath  ayant 
jusqu'à  0'",10  de  long  tranchent  sur  le  reste  de  la  pâte. 

Dans  le  granité  à  amphibole  et  dans  le  granité chloriteux  ou 
protogine^  le  mica  est  remplacé  par  de  Tamphibole  ou  de  la 
chlorite. 

Le  gneiss  est  composé  des  mômes  éléments  que  le  granité, 
mais  il  s'en  distingue  par  Torientation  des  lamelles  de  mica 
en  lits  parallèles  et  par  rallongement  des  grains  de  quartz. 
Aussi  est-il  schisteux  et  fissile.  C'est  l'élément  fondamental  du 
terrain  primitif.  On  distingue  le  gneiss  gris  et  le  gneiss  rouge. 

Le  gneiss  granitoïde  forme  une  transition  ininterrompue 
entre  le  gneiss  et  le  granité. 

Le  micaschiste  est  essentiellement  formé  de  quarts  et  de 
mica.  Il  est  encore  plus  feuilleté  que  le  gneiss  dont  il  se 
rapproche  eu  se  chargeant  de  feldspath.  C'est  aussi  un  des 
éléments  principaux  du  terrain  primitif. 

La  granulite  est  une  roche  rose  clair  dans  laquelle  le  mica 
noir  est  remplacé  par  du  mica  blanc;  en  outre,  le  quartz  et  le 
mica,  beaucoup  moins  abondants  que  le  feldspath,  peuTent 
n'être  contenus  qu'en  inclusion  dans  celui-ci. 

La  pegmatite  est  une  granulite  à  larges  cristaux  dans  laquelle 
le  feldspath,  de  couleur  très  claire,  forme  de  grandes  plages 
orientées  uniformément. 


FORMATION    DE    l'ÉCORCE   TERRESTRE  23 

Toutes  les  roches  précédentes  offrent  ce  caractère 
commun  qu'elles  se  montrent  en  massifs  ou  en  amas,  tandis 
que  les  suivantes  se  présentent  en  nappes  et  en  filons  indi- 
quant un  épanchement  de  matière  fluide. 

Le  porphyre  granitoide  est  un  granité  auquel  de  grands  cris- 
taux de  feldspath  donnent  Taspect  porphyrique. 

Dans  les  porphyres  microgranulitiques^  la  pâte  ne  montre 
qu'au  microscope  polarisantsa  texture  cristalline;  ellecontient 
de  grands  cristaux  clairs  d'orthose  et  de  quartz  bipyramidé. 

Type  traghytoîde.  —  Le  porphyre  globulaire,  formé  de  la 
même  pâte  que  les  précédents,  contient  de  petits  sphérolithes 
de  matières  amorphes  ;  une  notable  partie  de  la  pâte  est  aussi 
amorphe. 

Le  porphyre  pétrosiliceux,  dont  la  couleur  varie  du  brun  au 
violet,  présente  des  cristaux  de  quartz  à  angles  vifs,  associés 
à  de  Torthose,  à  du  mica  noir  ou  à  de  Tamphibole. 

Type  vitreux.  —  La  rétinite,  ou  Pechstein,  ainsi  nommée  à 
cause  de  son  éclat  résineux,  est  un  verre  naturel  à  cassure 
conchoîdale;  ses  couleurs  dominantes  sont  le  brun  et  le  vert 
foncé  avec  taches  rouges.  Elle  contient  de  63  à  73  0/0  de  silice. 
1^  sanidine,  ou  orthose  vitreuse,  y  paraît  en  reflets  chatoyants. 

Le  vitrophyre esixm  Pechstein  porphyrique  ofl'rant quelques 
cristaux  bien  nets  dans  la  pâte. 

B.  Série  moderne.  —  Les  roches  acides  sont  beaucoup 
moins  importantes  dans  la  série  moderne.  On  donne  le 
nom  de  liparites  à  toutes  celles,  quelle  qu'en  soit  la  texture, 
dont  la  teneur  en  silice  exige  la  présence  de  quartz  en  liberté. 

Type  granitoide.  —  Les  liparites  granitoides  sont  représen- 
tées par  les  granités  de  Tîle  d'Elbe  et  de  rAlgérie,  à  pâte 
microgranulitique,  où  l'orthose  appartient  surtout  à  la  variété 
vitreuse  ou  sanidine.  Après  le  long  repos  de  la  période  secon- 
daire, elles  caractérisent  un  retour  à  la  puissance  de  cristal- 
lisation des  premières  roches  acides,  mais  sans  pouvoir  arri- 
ver à  la  formation  d'aussi  grands  cristaux. 

Type  trachytoïde.  —  Les  liparites  trachytoïdes  s'appellent 
encore  rhyolithes  et  porphyres  quartzifères.  Les  roches  con- 
tiennent du  mica  noir,  de  l'amphibole,  de  Toligoclase  et  du 
quartz;  la  pâte  complètement  amorphe  est  d'une  couleur 
claire,  rosée  ou  violacée. 


24  PRÉCIS    DE   GÉOLOGIE 

On  a  appelé  trachytes  toutes  les  roches  d'origine  volca- 
nique caractérisées  par  la  rudesse  de  leur  toucher  (d'où  leur 
nom  qui  veut  dire  rude)  et  qui  représentent  Télément  acide 
des  épanchements  dont  le  basalte  est  le  ternie  basique.  On 
réserve  plutôt  aujourd'hui  le  nom  de  trachytes  aux  roches 
acides  de  ce  groupe  dont  Torthose  ou  la  sanidine  est  l'élé- 
ment dominant. 

Les  trachytes  sont  donc  formés  d'une  pâte  feldspathiquc 
dans  laquelle  sont  répandus  de  gros  cristaux  de  sanidine 
avec  d'autres,  plus  petits,  de  pyroxène  et  de  hornblende. 

La  phonolite  est  un  trachyte  dans  lequel  la  néphéline  ou 
la  leucite  remplacent  en  partie  la  sanidine.  La  pâte  présente 
souvent  un  état  de  cristallisation  assez  avancé. 

Les  andésites  comprennent  presque  tous  les  trachytes  des 
anciens  auteurs.  Le  feldspath  qui  les  compose  est  un  plagio- 
clase  et  souvent  du  labrador.  La  teneur  en  silice  y  atteint 
66  0/0,  et  le  quartz  se  sépare  parfois  en  cristaux.  On  en  dis- 
tingue trois  espèces  suivant  que  le  minéral  associé  au  plagio- 
clase  est  le  mica  noir,  l'amphibole  ou  le  pyroxène. 

Type  vitreux.  —  Le  type  vitreux  est  celui  qui  rappelle  le 
plus  la  série  ancienne.  Les  liparites  vitreuses  sont  de  véri- 
tables rétinites.  Les  perlites  sont  des  rétinites  qui  présentent 
une  agglomération  de  petites  sphères  formées  d'écaillés  con- 
centriques apparaissant  sur  les  surfaces  de  cassure  comme 
des  perles. 

{.^obsidienne  ou  verre  des  volcans  est  noire  ou  vert  foncé, 
elle  contient  de  60  à  80  0/0  de  silice.  Sa  composition  chimique 
est  à  peu  près  cdle  de  Forthose.  Sa  densité  est  de  2,41  à  2,57. 

La  ponce  est  de  l'obsidienne  poreuse  dont  la  densité  est 
légèrement  inférieure  à  2. 

ROCHES    BASIQUES 

A.  Série  ancienne.  —  Type  granitoïde.  —  La  syénite  est 
un  véritable  granité  sans  quartz  où  l'amphibole  remplace 
ordinairement  en  partie  le  mica  qui  y  est  toujours  noir.  On 
distingue  les  syénites  à  amphibole,  les  syénites  à  mica  noir 
et  les  syénites  à  augite,  où  le  pyroxène  l'emporte  sur 
l'amphibole. 


FORMATION    DE    L*ÉCORCE   TERRESTKE  25 

La  mitiettey  ou  ortholite,  d'après  le  service  de  la  carte  géolo- 
gique, est  une  syénite  très  micacée,  c'est-à-dire  qu'elle  se 
compose  de  petits  grains  d'orlhose  soudés  par  du  mica.  Elle 
correspond,  dans  la  série  précédente,  aux  porphyres  grani- 
toïdes. 

La  kersantite,  ou  kersanton,  est  encore  une  roche  foncée 
formée  de  mica  magnésien  avec  un  plagioclase  au  lieu  d'orthose. 

La  diorite  est  un  mélange  granitoïde  de  plagioclase  et  de 
hornblende.  On  distingue  la  diorite  à  oligoclase  et  la  diorite 
à  labrador,  suivant  le  plagioclase  dominant. 

Le  gaJbhro  est  une  roche  verddtre  formée  de  plagioclase  et 
de  diallage. 

Dans  la  diàbase  la  diallage  est  remplacée  par  du  pyroxène 
augite. 

La  diallage  et  le  pyroxène  peuvent  être  remplacés  en  par- 
tie par  du  péridot;  on  a  alors  des  roches  dont  quelques-unes 
contiennent,  en  outre,  du  feldspath  et  qui  sont  les  péridotites. 
Celles-ci  se  décomposent  facilement  en  donnant  une  roche 
verte  très  répandue,  la  serpentine,  qui  n'est,  en  somme,  qu'un 
silicate  hydraté  de  magnésie. 

Type  trachytoïde.  —  Vortophyre  a  la  même  composition 
minéralogique  que  la  syénite  et  la  minette;  on  l'appelle  aussi 
porphyre  syénitique.  On  en  connaît  des  variétés  noires  et 
d'autres  brunes.   • 

La  porpkyrite  accuse  une  structure  encore  plus  fluidale. 
Le  porphyre  rouge  antique  et  le  porphyre  vert  antique 
rentrent  dans  cette  catégorie,  qui  contient  toute  une  gamme 
de  porphyres  verts  et  bleus. 

Le  mélaphyre  se  compose  de  cristaux  de  plagioclase,  de 
péridot  et  de  magnétite.  C'est  une  roche  noir  verddtre. 

fi.  Série  moderne.  —  Type  granitoïde.  —  Veuphotide 
est  l'équivalent  du  gabbro  de  la  série  ancienne;  c'est  encore 
un  composé  de  plagioclase  et  de  diallage. 

I^  diallage  peut  être  remplacée  par  du  pyroxène  augite  ; 
on  a  alors  la  dolérite  correspondant  k  la  diabase. 

Les  péridotites  de  la  série  moderne  donnent,  comme  les 
anciennes,  une  série  de  serpentines  correspondant  à  chacune 
de  leurs  variétés. 

Type  trachytoïde.  — Les  basaltes  sont  des  roches  compactes 


26  PKÉCIS   DE    GÉOLOGIE 

à  cassure  esquilleuse  de  couleur  noire.  Par  le  retrait,  les 
coulées  de  basalte  se  divisent  en  prismes  hexagonaux  nor- 
maux à  la  surface  de  la  coulée.  Leur  teneur  en  silice  est  de 
43  0/0.  La  pâle  est  formée  de  labrador,  d'augite,  d'olivine  et 
de  roagnétite.  Les  cristaux  sont  du  pyroxène,  de  la  magnétite 
et  surtout  de  rolivinc. 

Dans  les  téphrites  la  néphéline  remplace  le  labrador;  Toli- 
vine  est  ordinairement  absente. 

Dans  les  leucitophyres,  le  labrador  est  remplacé  parla  leuci  te. 

Type  vitreux.  —  Le  type  vitreux  est  représenté  par  les 
vitrophyres  basaltiques  qu'on  a  distingués  en  tachylites  et 
A^a/omé/anes,  suivant  qu'ils  sont  solubles  ou  non  dans  les 
acides.  Ce  sont  des  verres  naturels  basiques  riches  en  péri- 
dot;  leur- teneur  en  silice  est  de  50  à  53  0/0. 

g  2.  -^  ROCHES  SÉDIMENTAIRES 

Les  formations  sédimentaires  sont  dues  à  trois  sortes  de 
dépôts.  Les  dépôts  détritiques,  les  dépôts  chimiques  et  les 
dépôts  organiques. 

Dépôts  détritiques.  —  Les  dépôts  détritiques  ou  élastiques 
résultent  de  Faction  de  l'atmosphère,  de  la  mer,  des  eaux 
d'infiltration,  des  eaux  courantes  et  des  glaciers  sur  des 
roches  préexistantes. 

On  peut  les  diviser  en  deux  groupes  :  les  dépôts  arénacés 
et  les  dépôts  argileux,  suivant  qu'ils  sont  formés  de  grains 
discernables  ou  (}ue,  tenus  longtemps  en  suspension  par  les 
eaux,  ils  ne  forment  plus  qu'une  poussière  impalpable.   * 

Les  premiers  sont  le  plus  souvent  formés  de  silex  et  de 
roches  dures,  tandis  que  les  seconds  contiennent  surtout 
des  silicates  alumineux  et  des  calcaires. 

Quand  ils  sont  de  formation  marine,  les  dépôts  arénacés 
sont  des  dépôts  de  rivage,  tandis  que  les  roches  argileuses 
ou  vaseuses  sont  des  formations  de  haute  mer. 

!•  Dépôts  arénacés.  —  Suivant  leur  grosseur,  les  dépôts 
arénacés  reçoivent  le  nom  de  blocs  erratiques,  galets,  gra- 
viers, sables,  quand  ils  sont  à  l'état  de  dépôts  meubles. 

Mais  le  plus  souvent  ces  dépôts,  traversés  par  les  eaux 
d'infiltration,  se  sont  agglomérés. 


FORMATION    DE   l'ÉCORCE    TERRESTRE  27 

Les  gros  fragments  ainsi  réunis  sont  des  brèches  ou  des 
poudingues,  suivant  que  leurs  éléments  sont  anguleux  ou 
arrondis. 

L'agglomération  des  sables  par  un  ciment  quelconque 
quartzeux,  calcaire  ou  ferrugineux,  a  donné  les  grès, 

2*>  Dépôts  argileux.  —  Les  dépôts  argileux  sont  constitués 
par  des  silicates  d'alumine  hydratés  mélangés  de  quartz  et 
de  mica  en  poudre  et  souvent  colorés  par  Toxyde  de  fer. 

Quand  les  éléments  sont  à  leur  plus  grand  degré  de 
finesse,  il  en  résulte  un  produit  sans  consistance,  le  limon 
ou  lehm;  s'il  est  calcarifère,  c'est  le  loess. 

Les  argiles  sont  compactes  et  sans  stratification,  comme 
un  précipité  chimique,  ou  bien  elles  sont  schisteuses.  Par 
l'efTet  du  métamorphisme,  elles  peuvent  devenir  feuilletées 
et  donnent  les  phyllades  et  les  ardoises. 

Dépôts  chimiques.  —  Les  dépôts  dont  l'origine  est  unique- 
ment due  à  un  phénomène  chimique  occupent  un  espace 
moins  important  que  les  autres. 

Les  meulières  sont  dues  à  un  dépôt  chimique  de  silice. 

Les  travertifis  calcaires  et  les  tufs  sont  formés  par  la  préci- 
pitation du  carbonate  de  chaux  contenu  dans  certaines 
eaux. 

Le  sel  gemme,  Vanhydrite  et  le  gypse  prennent  souvent 
naissance  par  la  réaction  de  vapeurs  sulfureuses  sur  le  cal- 
caire. 

Les  dépôts  de  soufre  sont  formés  par  la  décomposition  du 
gypse  ou  sulfate  de  chaux  au  contact  d'hydrocarbures. 

Enfin  on  peut  encore  citer  la  dolomie,  les  silex  de  la  craie, 
les  nodules  de  fer  carbonate  du  terrain  houiller  et  les  ménilites 
siliceuses  de  certaines  marnes. 

Dépôts  organiques.  —  La  plus  grande  partie  des  calcaires 
a  été  formée  par  la  voie  organique  ;  ce  sont  des  débris  de 
foraminifères,  de  polypiers,  d'échinodermeSyde  mollusques,  avec 
des  restes  siliceux  de  radiolaires,  d'épongés  et  de  diatomées. 
Il  en  a  déjà  été  question  à  propos  dos  récifs  coralliens.  Il  en 
sera  parlé  plus  longuement  dans  la  géologie  appliquée. 

Le  tripoli,  ou  farine  fossile,  est  constitué  par  des  diatomées 
ou  algues  siliceuses. 

Enfin  la  tourbe,  le  lignite,  le  jais,  la  houille,  V anthracite  et 


28  PRÉCIS   DE   GÉOLOGIE 

les  huiies  minérales  sont  dus  à  des  débris  de  plantes  orga- 
nisées. 


{  3.  -  ROCHES  MÉTAMORPHIOUES 


On  désigne  sous  le  nom  de  métamorphisme  la  modification 
subie  par  les  roches  (par  les  roches  sédimentaires  surtout) 
postérieurement  à  leur  dépôt;  cette  modification  est  due 
soit  à  des  actions  mécaniques  (métamorphisme  mécanique), 
produites  lors  de  la  formation  des  montagnes,  soit  à  des 
actions  calorifiques  ou  chimiques  exercées  par  les  roches 
éruptives  sur  les  terrains  qu'elles  traversaient. 

Métamorphisme  mécanique.  —  Sous  Tefîetdes  compressions 
énergiques  développées  pendant  les  phénomènes  orogé- 
niques, les  roches  sont  devenues  schisteuses  et  cristallines; 
c'est  ainsi  que  des  argiles  molles  et  plastiques  ont  été  con- 
verties en  schistes  ardoisiers  et  des  calcaires  amorphes  en 
calcaires  cristallins.  Sous  Tinfluence  de  la  chaleur  produite 
par  la  pression,  Teau  qui  imprègne  les  roches  a  été  sur- 
chaufîée  et  a  dû  suffire  pour  provoquer  des  cristallisations 
partielles  et  donner  naissance  à  des  minéraux  dans  les  argiles 
ou  les  calcaires  comprimés. 

Métamorphisme  d'influence.  —  Quand  les  roches  éruptives 
s'épanchent  à  travers  les  sédiments,  elles  peuvent  les  modifier 
dans  leur  composition  ou  leur  structure  :  l*'  Si  la  modification 
est  due  à  laxihaleur  de  la  roche  injectée,  elle  ne  se  produit 
que  sur  une  zone  de  peu  d'étendue;  ainsi,  au  contact  du 
basalte,  les  grès  se  fendillent  ;  dans  de  pareilles  conditions, 
los  calcaires  durcissent,  l'argile  passe  à  l'état  de  porcelanite, 
la  houille  à  l'état  de  coke  ;  2°  quand  les  roches  injectées  sont 
des  roches  granitiques,  riches  en  silice,  de  véritables  actions 
chimiques  se  produisent  et  le  métamorphisme  se  manifeste 
à  plusieurs  centaines  de  mètres  du  contact,  car  les  dissol- 
vants (eaux  chaudes  ou  vapeur  sous  pression,  chargées  de 
principes  actifs),  qui  ont  concouru  à  la  formation  de  ces 
roches,  se  sont  répandus  dans  les  terrains  traversés. 

Ainsi,   au  voisinage  du  granité  et  de   la    granulite,  les 


FORMATION    DE   l'ÉGORCE   TERRESTRE  29 

schistes  deviennent  noduleux  ;  plus  près  du  contact,  ils 
deviennent  maclifères,  c*est>à-dire  renferment  des  cristaux 
prismatiques  de  macle  ou  chiastolite,  silicate  d'alumine  à  peu 
près  pur  résultant  de  la  cristallisation  du  silicate  alumineux 
des  schistes;  au  contact  même,  il  y  u  formation  de  paillettes 
de  mica  noir. 

Dans  les  calcaires,  les  granités  font  apparaître  des 
minéraux  nouveaux,  silicates  d'alumine,  de  chaux  et  de  fer, 
dont  les  éléments  sont  empruntés  à  la  roche  éruptive  et 
aux  calcaires;  tels  sont  les  grenats  •  grossuluire,  mélanilf\ 
idocrase). 


!  4.  -  FILONS 


Les  nions  sontdes  cassures  ou  des  fentes  traversant  Técorce 
terrestre,  qui  se  sont  remplies  de  substances  diverses  sous 
reffet  de  causes  très  variées.  Les  filons  sont  miHallifères 
quand  ces  substances  peuvent  fournir  des  métaux  usuels. 

Les  matières  métalliques  ont  été  apportées  avec  los  masses 
liquides  injectées,  ou  bien  ont  été  déposées,  par  voie  do 
sublimation,  par  les  vapeurs  émanées  de  ces  masses;  d'autre 
part,  les  eaux  d'infiltration  venant  de  la  surface  ont  détermin*^ 
dans  ces  fentes  des  phénomènes  divers,  dissolutions,  ron- 
crétions,  cristallisations. 

\A  où  Tair  extérieur  n  a  pas  eu  accès,  il  s'est  formé  surtout, 
avec  les  gangues,  des  sulfures  métalliffues.  La  partie  supé- 
rieure des  filons  a  été  notablement  oxydée  par  Tair  apport** 
par  les  eaux  de  la  surface. 

I^  puissance  des  filons,  ou  épaisseur  mesurée  normale- 
ment aux  parois,  est  très  variable  ;  elle  peut  n'être  que  de 
quelques  centimètres  ;  elle  varie  aussi  dans  un  même  filon  ; 
les  filons  en  chapelet  présentent  une  série  de  renflements  el 
d'étranglements. 

La  direction  des  filons  est  voisine  de  la  verticale  ;  les  parois 
de  la  roche  encaissante  sont  les  èpontes,  dont  l'une  est  le  toit 
et  l'autre  le  mur;  entre  les  épontes  et  le  filon,  il  y  a  souvent 
une  couche  de  matières  argileuses  appelée  salbaude. 


32 


PRÉCIS    DH   GÉOLOGIE 


PREMIER   GROUPE  *.    MINKRAl'X 


XOMR 


Silice  anhydre 

Au  plus  1  0/0  d'eau 
dans  le  Q.  silex. 

DeDsilé  :  2,6 

lofusible  au  chalumeau 

[Insoluble  dans  les  acides 
et  les  solutions  alca- 
lines. 


Dureté  :  7 

^    Fait  feu  au  briquet,  en 
dég^ageant  l'oi 
pierre  à  fuvil. 


^   I  dég^ageant  l'odeur  de 


\ 


Densité  :  22  (celle  du 
Q.  artificiel  1.  fondu). 


Silice  hydratée 
(3  à  15  0/0  d'eau) 

Densité  :  1,9  à  2,3.  — 
Soinble  dans  les  solu- 
tions alcalines  bouil- 
lantes. 

Dureté  :  5  à  6 


Quartz  hyalin. 


Q.  compact 
ou  quartzite. 


O.  Agate 
ou  Calct^dotne. 


Q.  Jaspe. 


Compact 
Pierre  à  fusil). 


r6lb  litholooiqcb 


En  grains  dans  beaucoup  de 
roches,  en  filons,  en  géodes 
(caTilés  tapissées  de  cristaux;, 
sables,  grès. 


Parait  résulter  de  la  méta- 
morphisation  d'anciens  grès. 
Dans  les  terrains  primitif  ou 
les  terrains  de  transport  pro- 
venant de  ceux-ci. 


En  filons  ou  en  rognons  géo- 
diques  dans  les  roches  erislal- 
Knee.  Se  trouve  aussi  dans  lo 
jurassique. 


[Carié 
Pierre  meulière). 


Parait  résulter  de  la  méta- 
morpbisation  de  roches  argi- 
leuses très  siliceuses.  —  Ainsi 
se  forme  de  nos  jonrs  la  por- 
celanite  ao  contact  des  houil- 
lères embrasées. 


Dans  le«  terrains  anthrari- 
fèrcs  secondaire»  (lits  de  ro- 
gnons dans  la  craie)  *-t  ter- 
tiaires. 


Q.  Tndymile. 


En  blocs  on  en  bancs  dans  les 
argiles  tertiaires. 


0.  Résinile. 


Dans  certains  trachytes. 


Dans  les  terrains  sédimen- 
ts ires,  porphyriques,  flioos  raé^ 
lanifères. 


Q    tt-rreux. 


FORMATION    DR    L  ÉCORCE   TERRESTRE 


33 


OL'ARTZEUX   (silice) 


PmifClPAVX   CARACriRBS 


KMPLOlt 


Cristallin.  —  F.  babilaelle  :  Prisme  hexagODal  bipyramidé. 
\  —  DoublameDt  réfriafenl.  —  Transpareot  et  incolore  ion- 
.       qu'il  est  pur  (cristal  de  roche).  —  Eclat  vitreux  dans  la 


cassare. 


f 


Grenu  ou  compact.  —  Pen  d'éclat.  —  Couleur  gnê  blan- 
cbAtre.  —  Slruet.  sourent  pseudo-régulière  en  parallé- 
lipipédes. 


Lunetterie,  Verrerie, 

Mortiers  (coastraetion). 

Moellons,  etc. 


i  Concrétionné  et  souvent  mamelonné.  —  Translucide.  — 
*  Tantôt  incolore,  tantôt  rersicolore  et  rubanné.  —  Mélange 
j      intime  de  Q.  cristallin  et  de  Q.  amorphe. 


Analogue  i  l'agate,  mais  non  translucide .  —  Généralement 
unieolore.  —  Appelé  parfois  silex  corné. 


S 


I 


Généralement  en  rognons  tuberculeux  ou  ramiflés.  —  Cas- 
sare esouilleuse,  translucide  sur  les  bords.  —  Couleur  terne, 
quelquefois  rubanné. 


I  Structure  cariée,  surtout  dans  les  masses  de  foible  dimen- 
I       sioa.  —  Peu  translucide. 


\  Connu  seulement  en  lamelles  cristallines  microscopiques. 


Non  cristallisablo 
Eclat  résineux 


Opale.  —  Translucide  et  nacrée. 
Résinite.  —  Variété  commune  en  reines, 
plaques,  rognons,  etc. 


1     En  rognons  ou     (  Silex  neetique.  —  Flotte  sur  l'eau. 

/       en  masses.        i  Tripoli  (Bohême). 

(  Texture  poreuse  ^  Randanile  (Auvergne). 


I 


Pavsges. 


Joaillerie. 


Pierres  d'ornement, 
de  touche. 


Moellons  de  blocage 
Pierres  à  fusil. 


Meules, 
Moellons. 


Joaillerie. 

» 


Poudre  à  polir. 
Fabric.  de  la  dynamite 


GiOLOOIB. 


34 


PRÉCIS   DE   GÉOLOGIE 


deuxieme  groupe  :  mineraux  silicates 

[aj  silicates 


nous 


Orthose 

ou  Orthodase 

(65  0/0  de  silice  enviroD). 


4> 


9 


•I 


9  CO 


/ 


9 

1  S- 

I  s. 

°  S" 


a 


o 
S 


x 


Sanidine 


Pétimzé 


PélrosUex 


U  'O 

S     .2  5 

'S  «3 


Oligoclase 
(  ;2  0/0  de  silice) 


o 
Ou 


SB 

S  •" 

CL  a» 

6c"g.S 
^  «  o 
o  fi  .ts 
fr4  0.6 


Labrador 
(53  0/0  de  silice) 


FeUUpeUhotdet 

DifTéraDt  des  feldspaths  surtout  par^ 
la  forme  de  leurs  cristaux  et  par  leur] 
facilité  d'attaque  aux  acides. 


Lencite 
appelée  aussi  amphigène 


Néphéline 


FORMATION    DE   l'ÉCORCE   TERRESTRE 


35 


(silicates  de  diverses  bases) 
aluminbux 


rAlb  utbolooiqob 


\ 


Elément  essentiel  des  roches 
grsoitiqaes. 


^Élément  essentiel  de  beeu- 
(  coup  de  roches  trsehy- 
tiques. 


*Se  trouTe  dans  les  terrains 


granitiques. 


Élément  fréquent  des  roches 
porphyriques.  Se  trouve 
aussi  en  amas  ou  filons 
dans  les  terrains  grani- 
tiques. 


En  cristaux  ou  en  masses 
lamellaires  dans  les  gra- 
nite^,  gneiss,  porphyres, 
diorites,  etc. 


lElément  essentiel  des  méta- 
<     phyres,  basaltes,  etc. 


^Se  rencontrent  dans  les  roches 
]     volcaniques    anciennes    et 
modernes. 


PRIKCIPAOX   CARACTiaeS 


(R2.All.Si«.0l6.).  Contient  parfois  un  peu  de  Na.  — 
Inattaquable  aux  acides.  —  Blanche,  blanc  rouge&trc, 
roug^  de  cbair,  verdAtre. 


(Ryarolile,   Feldspsth  vitreux).  —  Texture  fendillée. 
Couleur  gris  clair.  —  Eclat  vitreux. 


Structure  lamellaire.  —  S'associe  au  Icaolin  pour  la  fabri- 
cation de  la  p&te  à  porcelaine. 


Magma  feldspathique  avec  excès  de  silex.  —  Text.  com- 
pacte. —  Cassure  esquilieuse,  quelquefois  translucide 
sur  les  bords. 


(Na3.Ca3KtAI4.Si9.02«.)  —  Contient  parfois  Mg. 
taquable  par  les  acides. 


—  Inat- 


(Ca.NaS.Al^SiS.OlO.).  —  Un  peu  plus  fusible  que  Toli^o- 
clase.  —  Presque  complètement  attaqué  par  l'acide 
ehlorhydiique. 


(K2.AI2.Si*.0'2.).  —  Syst.  cubique;  cristaux  en  trapé- 
zoèdres.  —  Infus.  au  chalumeau.  Complètement  attaqué 
par  les  acides  sans  faire  gelée.  —  Gris  clair.  —  Eclat 
vitreux.  Cassure  conchoTde. 


(Na.K.Al2.Si2.08.).  —  Prismes  hexagonaux.  —  Diffici- 
lement fusible.  —  Fait  gelée  dans  les  acides.  —  Inco- 
lore ou  grisAtre.  —  Eclst  vitreux.  —  Cassure  conchoTde. 


36 


PRÉCIS   DE   GÉOLOGIE 


deuxième  groupe  *.  minéraux  silicatks 

(a)  silicates 


710118 


s 


Micas 

(40  0/0 

de 
silice). 


S  * 


A 1203,  avec  substitution  partielle  de  Fe£03 

et 
soit  MgO,  / 

soit  KO,   adjonction    fré-  \  accompagnées    de    divers 

(^uente  de  fluor  et  de  j    alcalis. 

lithine.  ' 


Séricite.  —  Silic.  hydraté  de  Alâ03,K0. 


Chlorite.  ~  Silic.  hydraté  de  AlS03,MgO,FeO. 


Argilea 


Silicates  d'Al<03  hydratés  ou  non,  mais 
contenant  toujours  une  certaine  quan- 
tité d'eau  qu'on  ne  peut  pas  faire  dis- 
paraître sans  modifier  leur  nature. 


Conticnn(>nt,  en  outre,  habituellement  du 
carbonate  de  chaux,  de  l'oxyde  de  fer, 
de  la  magnésie,  etc. 


Kaolin 
(argile  pure  à  porcelaine). 


o 


A.   Plastique 
(à  faïence  fine). 


A.  Figuline 
(à  terms  cuites). 


A.  smeetiques 
(terres  à  foulon). 


FORMATION   DE   l'ÉCORGE   TERRESTRE 


37 


(SILIGATKS   DE   DIVERSES   BASES) 

ALUMiNEUx  (suite) 


iiAls  utholooiqvi 


Elément  euenliel  des  gra- 
nités, gatisfl,  mieasehistes. 
sehistes  argileux.  •—  Fré- 

Îaent  dans  certains  grès  et 
ans  certains  sables  quart 


zeuz. 


Elément  essenUal  des  schistes 
sériciteox. 


PRISCIPAOX  CASAcrtass 


En  lames  ou  lamelles  d'un  éclat  de  nacre,  élastiques, 
—  Peu  fusibles.  —  Peu  attaquables  aux  acides.  — 
Rayés  par  l'ongle.  —  Doux  au  toucher. 

Micas  magnésiens  :  Noirs  ou  d'un  brun  foncé. 

Micas  potassiques  :  Blanc  d'argent,  rerdAtres,  rou- 
geitres,  bruns. 


Paillettes  Terdâtres,  satinées,  onctueuses  au  toucher. 


Elément  essentiel  de  la  pro- 
togine  et  des  schistes  chlo 
ritenx. 


Proviennent  de  la  décomposi- 
tion des  silicates  alumineux 
et  surtout  des  feldspaths. 


Dans  les  terrains  granitiques  : 
sous  l'action  de  l'air,  les 
feldspaths  des  granités  se 
décomposent  en  carbonates 
alcalins  et  silicate  d'alu- 
mine, ce  dernier  insoluble 
(kaolin). 


Forment  dans  le  sol  des  ter 
raine  secondaires  et  ter 
tiaires  des  couches  imper 
méables  à  l'eau  (terres 
glaises,  terres  fortes).  — 
Produites  par  roie  de  Irans 
port. 


En  couches  dans  les  terrains 
jurassique  et  crétacé. 


Lamelles  hexagonales  Tcrt  jaunltre.  —  Onctueuses  au 
toucher.  —  Non  élastiques.  —  Apparence  souvent 
grenue. 


Texture  terreuse.  —  Friables  lorsqu'elles  sont  sèches, 
piteuses  lorsqu'elles  sont  mouillées.  —  Happement  à  la 
langue.  —  Odeur  argileuse.  —  Couleur  d'un  blanc 
terne,  souvent  modiQée  par  des  matières  étrangères. 


Blanc.  —  Fait  difficilement  p&te  aTec  l'eau.  —  Mélang<^ 
de  feldspath  (pétunzé),  il  se  ritrïfie  à  moitié  à  la  cuisson 
(pâte  à  porcelaine). 


Font  arec  l'eau  une  pAte  plus  ou  moins  liante  qui,  calcinée 
au  roup^,  prend  un  fort  retrait  et  devient  dure,  sonore. 
PuWénsées  alors,  fournissent  la  pouuolaoe  artificielle 
(mortiers  hydrauliques). 


Très  tendres.  —  Très  hydratées.  —  Font  arec  l'eau  une 

EAte  peu  liante.  —  Happent  peu  à  la  langue.  —  Absor- 
ent  facilement  les  corps  gras  (terres  A  foulon). 


38 


PRÉCIS   DE   GÉOLOGIE 


DEUXIÈME   GROUPE   (SUlte)   l 


Amphibole 
(Silicate  de  CaO.MgO) 


Pyroxèoc 
Silicate  de  CaO,MgO,  FeO 
(50  0/0  de  silice  enriroD) 


Variétés  d'amphibole 
et  de  pyroxène 


Péridot  (ou  olivine) 
(Silicate  de  MgO,FeO) 


Talc 

Silic.  hydr.  de  MfcO 

(62  0/0  de  silice  environ} 


Serpentine 
Silic.  hydrat.  de  Mg:0,FeO 


r6lk  LITBOLOaigUK 


|Elle  figure  dans  beaucoup  de  roches  cris- 
tallines. Forme  à  elle  seule  les  amphi- 
bolites. 


[Roches  Tolcaniques  diTerses. 
iRoches  ophiUques. 


.Très  abondant  dans  certains  basaltes. 


YEn  petites  masses  dans  les  schistes  séri- 
'.  cileuz,  la  protog^ne  et  les  roches  ser 
/    penlineuses. 


\ 


Provient  souvent  du  péridot  par  déeom- 
I    position. 


Glauconie.  Silic.  hydrat.  de  KO,FeO        iOrès  et  calcaires  glauconieux. 


FORMATION    DE   l'ÉCORCE  TERRESTRE 


39 


(b)  silicates  peu  ou  point  alumine ux 


PRINCIPAUX  CARACTUeS 


a 

O 

A. 

.1 

3 

•g 

> 


Hornblende  (noire)  ](Ca8.lfg«.Si9.0M}.  Les  variélée  fonces  eontieunent  en  outre 

FeO  et  Al^QS.  —  Prismes  rhomboldaux  obliques  tTee 
deox  clivages  faciles,  ptrall.aux  faces  lalér.  du  prisme. 
—  Densité  :  2,9  à  3,5.  —  Assez  facilement  fusible.  — 
Inattaquable  aux  acides. 


Aetinote  Terte 


I. 


Augite  (noir) 
Diallage  (Terte) 


I 


( 


|(Ca.Sig,Fe.SiO''f.)*  —  Mêmes  propriétés,  sauf  des  angles 
un  peu  différents.  —  Toujours  moins  fusible  que  la 
bomblende. 


Aabeste.  >-  En  Qlaments  adhérents. 
Amiante.  —  En  filaments  libres. 


(Mg2.Fe9.5i.04.).—  Prisme  droit  à  base  rhombe. 
meau.  —  Pulvérisé,  il  fait  gelée  avec  les  acides. 
—  Jaune  verd&tro. 


Densité  :  3,4.  —  Infus.  au  chalu- 
Cassure  concholde.  —  Dureté  :  7. 


i  En  masses  de  feuillets  flexibles,  mais  non  élastiaues.  —  Onctueux  au  tou- 
T.  foliacé  /      cher.  —  Densité  :  2,6  à  2,7.  —  A  peine  fusible  sur  les  bords.  — 
j      Dureté  :  1.  —  Vert  tendre.  —  Eclat  nacré. 

T.  compact  ou  Stéatite.  Compact  ou  granulaire.  Très  onctueux  au  toucher.  —  D'un 
blanc  sale,  parfois  teinté. 


. 


Moins  tendre  et  moins  onctueux  que  le  talc.  — ^  Densité  moyenne  :  2,63,  lorsqu'elle  est 
pure.  —  Généralement  verte  et  souvent  tachetée.  —  A  peine  fusible  sur  les  bords 
très  minces. 


Grains  verts,  souvent  éeailleux,  ressemblant  à  la  ehlorite. 


■B 


40 


PRÉCIS   DE   GÉOLOGIE 

TROISIÈME   GROUPE    :    MINERAUX  GALGARRUX 


MOUS 


«3 

e 
o 


é 


Chanx  carbonatée  rhom- 
boédrique 

ou 

Calcaire 

CaO.COî 

Cristalline  eo  formes  déri 
▼ées  du  rhomboèdre.  — 
Deosité:  2,70  à  2,73. — 
Infusible  lorsqu'elle  est 
pure.  —  Donne  de  la 
chanx    Tive    par  ealci- 

/      nation. 

/  A  peine  soluble  dans  l'eau 
pare,  —  un  peu  dans  les 
eaux  chargées  d'acide 
carbonique.  —  Attaquée 
arec  efTervescence  vive 
par  les  acides  les  plus 
faibles. 

Dureté  :  3. 
Souvent   associée    à    des 
matières  étrangères  (C. 
siliceux,  argileux,  etc.) 


Chaux  carbonatée  prisma- 
tique ou  aragonite. 


Dolomie 

proprement  dite 

CaO,C02  +  MgO,C02 

Calcaire  dolomitique 

ou  C.  magnésien. 


Chaux  sulfatée,  ou  Gypse 
CaO,S03  4-  2H0 


Calcaire 
cristallin 
ou 
apathique. 


rAlB    LITBOLOOIQUX 


C.  fibreux. 


En  filons,  géodes,  etc.,  dans 
les  roches  calcaires.  Uançoe 
fréquente  des  filons  métalli- 
fères. 


Parois  des  caTernes  et  des  fis- 
I  sures  dans  les  roches  cal- 
I  eaires.  —  Eaux  courantes,  at 
'     même  fonds  de  lacs. 


C.  oolithique. 


En    bancs    puissants ,    sortoat 
dans  le  terrain  jurassique. 


C.  saccharoTde. 


(Abondant  dans  les  terrains  pri- 
maires. 


r   «^.«».^<       iTrès  répandu  dans  les  terrains 
C.  compact.      \    aArf:Jl„i.îr^ 


<     sédimentaires 


C.  terreux. 


iTrès  répandu  dans  les  terrains 
*  sédimentaires  surtout  dans  le 
J     terrain  crétacé  (craie). 


Dans  certaines  argiles  et  certains 
filons  ferrugineux.  — Géodes. 


!  Mêmes  variétés 
\  de  texture  que 
1  dans  le  calcaire. 


G.  cristallin. 
G.  fibreux 
<(albfttre  gypseux). 
i  G.  saccnarolde. 


Terrain  permien  et  triasique. 
Très  répandu  dans  le  juras- 
sique et  le  crétacé  des  con- 
trées méditerranéennes.  Ori- 
gine souvent  métamorphique. 


En  couches  dans  les  terrains 
triasiques  et  tertiaires. En  amas 
dans  les  terrains  secondaires 
de  certaines  régions  monta- 
gneuses. 


FORMATION    DE   l'ÉCORCE   TERRESTRE 
(SKLS   A    BASE   DE   CHAUX,    SAIT   LES    SILICATE^) 


41 


PRMCIPADX    CARACriniU 


Facilement  clirable  en  rhomboèdres.  —  Inoolore  et  transparent 
lorsqu'il  est  pur  (spath  d'Islande)  ;  sourenl  jaunâtre  ou  laiteux. 
—  Abondant  en  masses  plus  ou  moins  lamelleuses.  —  Double- 
ment réfringent. 


Formé  par  voie  de  concrétion.  —  Filons,  stalactites,  stalagmites, 
produits  par  mi«aellement  (albAtre  calcaire,  marbre  flbreux). 

Tufs  calcaires,  dépôts  à  textare  plus  ou  moins  lâche  (Trarertin, 
tuf  compact;. 


Petites  ooUthes  calcaires  agglomérées    avee  ciment  calcaire  plus 
on  moins  abondant. 


EMPLOIS 


Appareils 
polariseurs. 


Ornementation. 
Oonstructious. 


Texture  cristalline  confuse,  résultant  d'actions  métamorphiques. 
Blanc  lorsqu'il  est  pur,  on  bien  di?ersement  coloré.  Il  com- 
prend les 


Constructions  quand 
il  est  bien  agrégé. 


Marbres 


/  simples  (uniquement  calcaires)  ; 


brèches  (à  fragments  calcaires  empâtés)  ; 
composés  (à  fragments  non  calcaires,  emi 
lumachelles  (à  coquilles  fossiles  nombreuses). 


saccharoïdes  \  composés  (à  fragments  non  calcaires,  empâtés)  ; 


Cassure  mate,  —  esquillense  (tendance  à  l'étst  cristallin,  — 
conchoîde  (indice  d'un  mélange  d'argile),  —  inégale.  —  Var.  : 
C.  lumachelle  (pétri  de  coquilles  fossiles). 


Friable.  —  Tache  habituellement  les  doigts.  —  Happe  un  peu  à 
la  langue.  —  Blanc,  parfois  gris  ou  brunâtre,  composé  souvent 
de  coquilles  de  foraminifères  (craie). 


Cristallise  dans  le  système  du  prisme  ortborhombique.  —  Den- 
sité :  2«93.  —  Dureté  :  3,75.  —  Cassure  vitreuse. 


Statuaire 

(marbres  simples  les 

plus  fins). 

Orneroenlation. 


Constructions. 

Pierres 
lithographiques. 


Peu  susceptible 

d'emploi  dans  les 

constructions. 


Solubie  dans  HCl  avec  effervescence  lente.  —  Plus  dense  et  plus 
dure  que  le  calcaire.  —  Couleur  propre  d'un  blanc  laiteux, 
teintes  claires. 

Avec  HCl,  effervescence  vive  qui  s'affaiblit  brusquement  (moins  de 
MgO  que  dans  la  dolomie). 


3  clivages,  dont  un  très  facile.  •—  Souvent  bémitrope  (en  fer  de 
lance).  —  Densité  :  2,28  à  2,33.  —  Fusible  au  chtlumeau.  — 
Peu  solubie  dans  l'eau,  solubie  dans  HCl  étendu.  —  Dureté  :  2. 
—  Blanc  ou  à  teintes  claires. 

Textures  analogues  â  celles  du  calcaire,  mais  jamais  terreuses. 


Plus  résistants  que 
les  calcaires  à  l'usure 

par  frottement. 
(Dalles,  bornes,  etc.) 


Pierre  à  plâtre. 

Quelquefois  (albâtre 

gypseux)  employé 

dans  l'ornementation. 


CHAPITRE  III 


2  1.  —  PRINGIPB8  DE  LA  CHRONOLOGIE  GÉOLOGIQUE 


Age  des  terrains  sédimentaires.  —  L'objet  de  la  strati- 
graphie ou  de  la  géologie  proprement  dite  est  de  déterminer 
rage  relatif  des  formations  géologiques;  celte  détermination 
se  fait  au  moyen  de  certaines  règles  qu'on  va  énumérer 
d'abord  en  ce  qui  concerne  les  dépôts  sédimentaires. 

Principe  de  superposition.  —  Dans  les  terrains  stratifiés, 
formés  de  couches  superposées,  une  couche  est  plus  récente 
qu'une  autre  qu'elle  recouvre,  sauf  dans  les  cas  de  renversement. 

Lacunes.  —  L*expérience  montre  qu'en  certains  points 
d*une  région  la  sédimentation  peut  avoir  été  interrompue; 
en  chacun  de  ces  points  il  y  a  une  lacune,  et,  dans  l'intervalle 
de  temps  qui  lui  correspond,  des  sédiments  se  sont  formés 
ailleurs.  Ces  lacunes  se  manifestent  par  les  discordances  de 
stratification  ;  quand  des  couches  horizontales  ou  peu  incli- 
nées reposent  transgressivement  sur  des  sédiments  plus 
anciens  redressés,  c'est  qu'un  phénomène  de  dislocation 
s  est  produit  entre  la  formation  de  deux  groupes  discordants, 
et  a  interrompu  la  sédimentation. 

Vétat  des  surfaces  de  contact  des  couches  révèle  aussi  les 
lacunes  qui  ont  été  causées  par  une  émersion;  ainsi  la 
marque  des  intempéries  sur  des  roches  indique  que  ces 
roches  ont  subi  une  exposition  prolongée  à  l'air  avant  de 
s'immerger  à  nouveau  et  d'être  recouverts  par  d'autres  dépôts. 

Si  on  rencontre  une  discordance  paléontologique y  c'esl-li-âire 
des  écarts  notables  entre   les    faunes   de  deux  sédiments 


PRINCIPES   DE    LA    CHRONOLOGIE   GÉOLOGIQUE  43 

formés  dans  des  conditions  analogues,  on  se  trouve  encore 
en  présence  d*une  lacune. 

Caractères  paléontologiques.  —  Fossiles.  —  Des  restes 
d^animaux  ou  de  végétaux,  appartenant  presque  tous  à  des 
espèces  disparues,  se  trouvent  dans  la  plupart  des  sédiments 
et  sont  contemporains  de  leur  formation;  d'autre  part,  la 
paléontologie,  qui  a  pour  objet  Tétude  de  ces  restes,  montre 
qu'à  chaque  époque  correspondent  des  types  spéciaux  et  que 
les  types  qui  s'écartent  le  plus  de  ceux  des  temps  actuels 
appartiennent  aux  sédiments  les  plus  anciens.  On  a  donc  un 
moyen  efficace  de  déterminer  Tordre  de  succession  des 
couches'stratiAées. 

Les  principaux  fossiles  qu'on  rencontre  parmi  les  inver- 
tébrés sont  :  les  trilobiteSj  crustacés  qui  disparaissent  avant 
la  fin  de  l'ère  primaire  ;  les  ammonites^  les  bélemnites,  les 
ortkocères,  etc.,  familles  appartenant  aux  mollusques  cépha- 
lopodes; les  lymnées^  les  turritelleSyles  cérithes,  etc.,  qui  sont 
des  mollusques  gastéropodes  ;  les  huîtres  ou  ostrea,  les  car- 
diteSy  les  trigonieSf  lesp/tca^Wes,  etc.,qui  sont  des  mollusques 
acéphales  ;  les  linguleSy  les  térébratules^  productuSj  spirifer, 
rhynchonelles,  etc.,  genres  les  plus  importants  des  mollusques 
brachiopodes.  Les  oursins^  les  encrines  sont  des  échino- 
dermes;  les  nummulites^  les  mUioliteSy  les  alvéolines,  les 
fusulines  sont  des  foraminifères.  Ces  divers  fossiles  seront 
passés  en  revue  ci-après,  avec  les  terrains  qu'ils  caractérisent. 

Age  des  roches  érnptiyes.  —  Une  roche  éruptive  est  plus 
récente  que  les  terrains  qu'elle  traverse  en  filons,  ou  que  les 
couches  où  elle  s'est  intercalée  en  nappes. 

D'autre  part,  quand  un  conglomérat  contient  des  débris 
d'une  roche  éruptive,  on  peut  en  conclure  que  cette  roche  a 
fait  éruption  avant  le  dépôt  du  conglomérat.  Ces  observa- 
tions ont  conduit  à  classer  les  éruptions  en  deux  grandes 
séries  :  les  éruptions  anciennes,  qui  se  sont  produites  durant 
toute  l'ère  primaire  et  un  peu  au  delà;  les  éruptions  ma- 
dernesj  qui  commencent  avec  l'are  tertiaire  et  continuent 
jusqu'à  nos  jours. 


PRÉCIS   BE   GÉOLOGIE 


DISHOSITIOK    DES   TKKRAINS   FORMANT  L  BCORCB  TBRRBBTRB 

TerrainB  lédimontairea.  —  Les  malériaux  composant  le» 
terrains  sédiiuenlaires  sont  en  grande  partie  des  débiis  de 
li'irains  primitifs,  des  débris  organiques  ou  des prâcipilés 
chimiques. 

Ils  se  sont  déposés  sous  l'action  de  la  pesanteur  en  couches 
ordinairement  horizontales  etàsurCaces  généralement  paral- 
lèles. Ces  couches  ou  strates  ont  reçu  les  noms  de  bancs  et 
assises  lorsqu'elles  sont  très  puissantes,  de  lits  lorsqu'elles 
sont  peu  épaisses,  et  de  feuillets  lorsqu'elles  sont  minces  et 
peu  étendues. 

L'épaisseur  d'une  strate  peut  être  variable  en  différents 
points  et  présenter  des  lenllements  ou  des  étiremeots. 

Plissements,  —  Sous  l'influence  des  mouvements  du  sol 
postérieurs^  leur  formation  et  suivant  la  disposition  des  ter- 
rains de  base,  les  couches  peuvent  présenter  des  plis  de  dif- 
férentes formes  ;  les  principales  dispositions  de  ces  plis  sont 
la  disposition  anticlinale  et  la  disposition  synclinale  {fig.  5), 


Lorsqu'une  ou  plusieurs  couches  juxtaposées  sont  parallèles 
entre  elles,  on  les  dit  en  stratification  concordante;  lors- 
igu'un  ensemble  de  couches  vient  se  placer  oblique  ment  surune 
autre  couche,  on  dit  qu'il  y  a  stratification  discordante  {/t||.  6). 


PRINCIPES    DE    LA    CHRONOLOGIE    GÉOLOGIQUE  45 

FractiiTM.  —  Lorsqu'une  OU  plusieurs  couchessontbriBéfs, 
OD  dit  qu'il  y  a  fracture;  le  plan  de  séparation  s'appelle  joint. 


Stivti/leationB 


Faille!.  —  Lorsqu'une  des  lèvres  du  joint  a  glissé  par  rap- 
port i  l'aulre,  le  joint  devient  une  faille  {pg.  1). 

VaUéta.  ~  Les  vallées  que  l'on  observe  h  la  surface  du  sol 
peuventprovenird'une  déchirure  au  Rommel  d'un  pli  anticli- 
nal {fig.  8),  ou  peuvent  être  produites  par  une  érosion  de 

}Mlét  »ntîclineU 


terrains  entraînés  par  l'eau;  mais,  dans  bien  des  cas,  t<'s 
vallées  proviennent  simplement  d'un  plissement  synclinal. 

Tarraisa  jmptifa.  —  Les  terrains  éruptifs  apparaissent  au 
milieu  de  terrains  sédimentaircs  soulevés  ou  tissures.  Ce  sont 
généralement  des  poinlements  de  peu  d'épaisseur,  qui  s'rn- 
foDcent  sous  la  croûte  terrestre.  On  les  appelle  alors  liions  ou 
dikes. 


i6  PRÉCIS   DE    GÉOLOGIE 

Les  nions  ont  une  direction  assez  variable  :  quelquefois 
ils  sont  absolument  verticaux;  d'autres  fois  ils  suivent  des 
strates  de  terrains  sëdimentaires  friables,  au  travers 
desquels  ils  ont  pu  se  faire  jour  plus  facilement  qu'en  bri- 
sant les  couches  voisines  trop  résistantes  [fig.  9). 


Terrains  primitifs.  —  Dans  les  parties  qui  ont  été  recou- 
vertes par  les  terrains  sédimentaires,  le  terrain  primitif  cris- 
tallin n'appuratt  qu'en  pointeraents.  Mais  une  grande  partie 
des  massifs  montagneux  les  plus  importants  du  globe  est 
entièrement  formée  par  ces  terrains  primitifs  souvent  slra ti- 
lles, et  Assurés  par  toutes  les  dislocations  qui  ont  affecté  la 
croûte  terrestre  aux  époques  postérieures  à  leur  formation. 

i  2.  -  GRANDES  DnnstONS  GËOLOGIdOES 

A  l'aide  des  données  précédentes  on  a  pu  établir  trois 
grands  groupes  de  formations  sédimentaires,  correspondant 
chacun  à  une  ire  de  l'histoire  terrestre.  Les  groupes  com- 
prennent un  certain  nombre  de  terfains;  les  terrains  se  sub- 
divisent en  élages  et  en  sous-étages,  et  ceux-ci  eu  assises, 
puis  en  lUs  ou  couches. 

D'ailleurs,  à  la  base  de  tous  les  sédiments  se  trouvent  les 
roches  cristal  top  hyUiennes,qai  constituent  le  terrain  primitif. 

i.  —  Teiikain  primitif 

Caractères.  —  Le  terrain  primitif  ou  cristaltophyllien  forme 
le    svbslratum   constant    des    dépôts  sédimentaires;    il    se 


GBANDES   DIVISIONS   GÉOLOGIQUES  47 

présente  dans  tout  le  globe  avec  les  mêmes  caractères.  Ses 
éléments  sont  cristallins  et  stratiformes  ;  les  plus  impor- 
tants sont  le  gneiss  et  le  micaschiste  avec  leurs  variétés.  Il 
fournit  des  sols  peu  fertiles,  et  il  ne  renferme  point  de  restes 
organiques. 

Dmsions.  —  Gneiss.  —  Le  terrain  primitif  comprend 
deux  étages  principaux  :  i°  Vétage  du  gneiss,  gneiss  gris  oa 
granitoîde,  où  le  mica  est  disséminé  en  larges  paillettes  ne 
formant  pas  des  rubans  continus  (gneiss  des  Basses-Pyrénées, 
de  Rome,  du  mont  Blanc,  de  la  Guyane  Française). 

Micaschistes.  —  2*  L'étage  des  micaschistes,  superposé  au 
premier,  de  composition  plus  variée  et  d'allure  plus  strati- 
forme. 

On  trouve,  dans  le  terrain  primitif,  des  amphibolites,  des 
chloritoschistes  et  des  séricites  ou  roches  schisteuses  à  miné- 
raux. On  y  rencontre  aussi  la  staurotide,  Tandalousite,  le 
disthène  (silicates  anhydres  d'alumine),  le  grenat  (silicate 
d'alumine  et  de  fer)  et  le  fer  oxydulé. 

Le  terrain  primitif  forme  la  plus  grande  partie  du  Plateau 
Central,  en  France,  et  une  partie  de  la  Bretagne  et  des 
Vosges  ;  on  le  trouve  aussi  en  Saxe,  en  Bohême,  en  Ecosse  et 
dans  la  Scandinavie;  au  Canada,  au  Brésil,  en  Chine,  etc. 


2.  —  È 


RE    PRIMAIRE    OU    PALEOZOÏQUE 


Caractères.  —  Cette  série  comprend  les  terrains  qu'on  a 
appelés  terrains  de  transition.  En  effet,  la  séparation  n'est 
pas  nette  entre  les  schistes  cristallins  primitifs  et  les  pre- 
miers sédiments  de  ce  groupe  ;  ces  sédiments  ont  l'aspect 
cristallin  (phyllades). 

L'ère  primaire  a  été  marquée  par  de  grands  mouvements  de 
dislocation  et  de  nombreux  phénomènes  éruptifs. 

Dans  cette  série  régnent  les  trilobites,  petits  crustacés  dont 
le  corps  est  divisé  longitudinalement  en  trois  lobes,  et  la 
flore  est  formée  de  cryptogames. 

DiTisions.  ^Terrains  cambrien,  silurien,  dévonien,permo- 
carbonifère. 

a)  Terrain  cambrien  (Cambria,  Pays  de  Galles).  —  Dans  la 


48  PHÉCIS    DE   GÉOLOGIE 

période  cambrienne,  les  continents  sont  nidimeataires,  peu 
propres  i  la  rie  ;  la  température  est  tropicale  ;  il  y  a  très  peu 
de  fossiles  ;  il  n'y  a  pas  de  végétaux. 

S  (  Oldhunia  radiala  (empreintes  indétennlnées)  [fig.  10); 

î  !  Paradoxidea  bohemicus  (trilobile)  (/îg.  H); 

£  '  LtngulB  Davisii. 

^  /  Ardennea  :  Ardoises,  de  Fumay,  schistes  noiri  pyritiftres  d« 

JS'  I  Hevin,  quartiites  de  Monthermé,  ardoises  et  quartiite*dc 

|2l  Deville; 

^Ë  j  CoteDtin  ;  Phyllades  de  Saint-LA;  poudingues  pourprés  ; 

^S  l  Bretagne  :  Schistes  de  Rennes;  phyllades  de  Douamenez; 

^  1  Bahème  (grmiwackc  de  Pnibram],  Suide,  Canada,  Brésil. 


b]  Teabain  siLiniEX.  —  Ce  terrain  tire  son  nom  du  pays  dts 
Silures,  anciens  habitants  de  l'ouest  de  l'Angleterre.  Daus 
cette  période,  les  continents  commencent  h  s'esquisser  sous 
forme  d'Ilote;  la  faune  est  riche  en  bnichiopodes,  en  cépha- 
lopodes et  en  graptolilhes  { hydroxoaires),  qui  sont  exclu- 
sivement propi'es  A  cette  période.  On  trouve  des  débris  de 
poissons  et  des  traces  de  végétaux. 

!'  Daliuanites   socialis  (Irilobitet),   Irinucleus  omatus  (trilo- 
bites  du  gtèa  de  May)  ; 
Calymène  Blumenbacbt  (trilob.  du  calcaire  de  Oudiey)  (/^.  12)  ; 
Orthoceras  truncatiim,  re^ulare  (céphalopodes); 
Cardiola  interruptn  {fit/.  13); 
Monograptua  priodon  [fig.  14),  lurricuiatuB  (graptoUt.)  (fig.  13). 


GRAVIDES   DIVISIO>'H   GËOLOCIQUBB 


-Manofnplui  pri(Ml< 


^     j  Bretagne  :  Grèi  armoricain»  ou  à  bilobites  à  la  baie  ;  Ter 

gp    I      hydroiydé  ;  schiste»  à  caJyméne»  ou  ardoisiers  (Angers)  ; 

■g  .  \  Colentin  et  Calvados  :  Schisle»  à  calymènes  et  grès  de  M«y; 

c  3  '      calcaires  de  Feugeroltes  ; 

'=S\  Angleterrr  ;  Gris  de  Caradoc,  calcaires  de  Dandleilo.  cai- 

S~l     cnire»  de  Dudiey; 

■ë     F  Bohème  :  Schistes  et  grès  en  bas,  calcaires  marmoréens  au 

c)  Tfhrajn  dSvomen.  —  Dans  la  période  dévonienne  qui  a 
été  étudiée  tout  d'abord  dans  le  Devonshire  par  Murchison, 
les  conlinenlfl  s'accusent,  surtout  au  nord. 

Les  dislocations  du  sot  sont  moins  rré(|ucnles. 

La  faune  s'est  appauvrie  ;  des  massifs  calcaires  sont  cons- 
truits par  les  stromatopores  (hydrozoairesl  et  on  trouve  beau- 
coup de  restes  de  poissons  ganoides.  Une  vég^-tation  puis- 
sante se  développe  (cryptogames). 

Ce  terrain  se  divise  en  trois  étages  :  élage  rhénan  (à  la 
base),  étage  eifélien  et  étage  famennien. 


ISirifer  Rousseani  ; 
Leptcena  Murchisoni  {fig.  16); 
Pleurodyctyun)  problei)?nticum  [potyp.} 
(fia-  "J-- 


PaËCIS   DE    GÉOLOGIE 

(DévoDieo  moyen  i  Spiriter  ipeciosui; 
(eifélien).  f  CalcesU  sandolina  (polyp.)  ; 

,  Spirifer  Vemeuilli  ijig.  13)  ; 
(D.  supérieur      )  Rhynchonelk  cuboïdei  ; 
(famenoien).       ,  Fougères,     lepidodendror»,    cjclopteris 
'     (As-  191- 
,'  Dans  les  Ardennea,  le   Dévonien  inférieur  esl  représenté  par 
I      les   poudiDgues   de  Pépin,  les  arkoses  d'Haybes,   les  grés 
I      d'Anor  [pour  pavés),  La  grauwacke  de  Monligny,  lea  grée  de 
1     Virau  ; 

I  Le  Dévonien  moyen  comprend,  dans  les  Ardenaes,  des  schistes 
'  à  calcéoles  et  les  calcaires  marmoréens  ds  (iivet;  le  cal- 
\  Caire  de  Plymoutb  enJAugleterre  ;  le  calcaire  de  l'Eifel,  elc.,.; 
Iau  dévonien  supérieur  appartiennent  les  schistes  de  la 
I  Famenne  (Ardennes),  les  psamniites  (gréa  micaués).  du 
I  Coadroz  (Belgique),  le  vieux  grès  rouge  en  Angleterre  : 
I  Le  dévonien  se  trouve  encore  dans  les  Vosges,  le  Var.  le  Lan- 
I      guedoc  (marbre  de  Canne),  en  Bretagne,  au  Brésil,  etc. 


Fis.  llj.  ~  Lepls» 


d)  TERHA1.N  PEHMO-CkKDOMFKnE.  —  CaTactèrei.  —  Les  conti- 
nents Ront  assis  ;  il  règne  dnns  tout  le  globe  un  climat  tropical 
qui,  À  la  faveur  d'une  atmosphère  humide,  donne  lieu  À  une 


CBAKDES    DIVISIONS   GÉOLOGIQUES  51 

végélation  paissante  de  cryptogames,  partout  les  mâmes. 
Des  pluies  aboudanles  entraînent  des  débris  de  plantes  avec 
des  débris  du  sol  sous-jacent;  les  fonds  des  lacs  se  couvrent 
de  couches  de  grès,  de  schistes  et  de  végétaux  qui,  à  l'abri 
de  l'air,  se  changent  en  houille.  Dans  les  mers,  les  dépôts 
calcaires  augmenlent;  ils  sont  dus  aux  foraminifèreti  {fum- 
lines),  brachiopodes,  échinodermes,  polypiers. 


Fin.  19.  —  Cj-cloplcrit. 

La  faune,  partout  uniforme,  est  formée  de  produrtus,  de 
spirifers,  de  reptiles  amphibies  (labyrinthodontesj  et  d'in- 
sectes dont  quelques-uns  élaient  gigantesques. 

Iji  flore  est  surtout  composée  de  cryptogames  de  haulc 
laille  (fougères,  lycopodiacécs,  équisélacées)  ;  il  y  a  aussi  des 
phanérogames  gymnospermes  icycadées  et  conifères);  il  n'y 
a  pas  de  monocolylédones  ni  de  dicotylédones. 

Faciès  da  l'Europs  septentrionale  et  morenne.  —  1°  Dans 
lupênode  anlhracifère.  des  mouvements  du  soi  déterminent 
des  sillons  où  la  mer  pénètre;  il  se  forme  là  des  dépôts 
schisteux  el  arénacés  appelés  cii/hik  (Hardt,  Vosges,  Russie)  ; 
plus  loin,  vers  le  nord,  ce  sont  des  calcairrs  élevés  par  des 
organismes.  Cet  étage  comprend  donc  deux  types,  l'un 
<  r.tier,  l'autre  pélagique  ; 


52  PRÉCIS  DE  céologie; 

2°  Dans  Yépoque  houillère  inférieure,  la  mer  se  retire,  et  sur 
les  dépôts  précédents,  des  pluies  amènent  des  végétaux  et  des 
sédimeDts  détritiques;  alors  se  forment  les  riches  bassins  de 
Weslphalie,  de  Flandre  et  d'Angleterre  ; 

3"  ipoque  houillère  supérieure.  —  La  mer  recule  de  plus 
en  plus  :  c'est  le  régime  continenlal.  Les  dépôts  se  font  non 
plus  dans  la  mer,  mais  dans  les  lacs  intérieurs  (  Plateau  Cen- 
tral, Vosges,  Bohême); 

4*  Époque  permienne  ou  penéenne.  —  L'Europe  est  presque 
entièrement  émergée;  il  ne  se  dépose  plus  ({ue  des  grès 
ronges;  la  mer  revient  quelque  temps  sur  les  régions  sep- 
tentrionales, et  les  dernières  dépressions  sont  comblées  par 
du  sel  et  du  gypse  (gisement  de  Stassfurth);  il  y  a  peu  de 
restes  organiques,  d'où  le  nom  de  penéen,  qui  veut  dire 
pauvre. 

Faciu  méditerranéen.  —  Dans  la  région  de  la  Méditer- 
ranée, des  calcaires  se  déposent  pendant  toute  la  périride. 

Ordre  de>  dépôts.  —  1°  Schistes  et  calcaires  à  la  base 
(étage  anihracifère);  2°  poudingues,  grès  (grès  bouilli>r), 
schistes  et  argiles,  couches  de  houille  intercalées;  -1°  grès 
rouges  fZechstein],  sel  et  gypse. 


Fin.  ÎO.  -  Produtla.  ton. 

[  Productug  Cors  (calcaire  de  Vhi)  (fig.  30),  (ji- 
reliculatus  ; 
Klriatui,  Klaber: 


GRANDE3    DIVISIONS    GÉOLOGIOUES  93 

il  LepidodeadroD,  sjgillaria 
\  AnDuIana,     calamités, 
/    (équiïét.). 
(à  fougère.).       1    J^P'^^^j^'     «vrop.en. 


iProductus  horridus  du  lechslein  (fia-  23)  : 
Palœoniscus    (poisBoa);   coprolillies  de    rep- 
tile». 


54 


PRÉCIS    DE  GÉOLOGIE 


g 

o 
•o 
te 

a 

3 


En  France 


Angleterre. 


3 


?  I  Belgique . . 


2 

o 

c 
'C 


^ 


Allemagne 


\ 


Dans  le  bas  Boulonnais  on  trouve  des  dolo- 
I      mies   et  des  calcaires  marmoréens  (étage 
anthracifère)  ; 

En  Bretagne,  des  grès  et  schistes  (Changé, 
Sablé}  représentent  Tanthracifère  ; 

Dans  les  Vosges,  les  grauwackes  de  Thann 
représentent  Tanthracifére,  et  des  grès 
rouges,  le  permien; 

Plateau  Central  :  Grauwacke  du  Roannais  et 
grès  anthraciteux,  pouddingues  et  grès  du 
Morvan,pour  Tanthracifère;  traces  du  houil- 
1er  inférieur  près  de  Rive-de-Gier,  bassins 
de  Saint-Etienne,  de  Decazeville  pour  le 
houiller  supérieur;  schistes  bitumineux 
d'Autun,  riches  en  huile  minérale,  pour  le 
permien; 

Le  Gard  a  le  houiller  supérieur  ;  THérault  a 
les  deux  étages  houiller  et  anthracifère. 

Calcaire  compact  de  montagne  ; 

Grés  meulier  ou  millstone  grit,  coal-measures 
(couches  de  houille),  pour  le  houiller  infé- 
rieur ; 

Le  houiller  supérieur  est  peu  représenté  ; 

Nouveau  grès  rouge  et  calcaire  magnésien, 
pour  le  permien. 

L'anthracifère  est  représenté  par  des  calcaires 
bleus  noirâtres  (calcaires  de  Tournai),  puis 
par  une  dolomie  grise,  du  calcaire  gris  (cal- 
caire de  Visé)  et  des  schistes  noirs  ; 

Le  houiller  inférieur  est  représenté  par  des 
houilles  maigres,  demi-grasses,  grasses,  et 
des  charbons  à  gaz  (ou  flénus). 

En  Westphalie,  Tanthracifèreest  constitué  par 
les  culms  (grès  et  grauwackes)  ; 

Le  houiller  y  est  très  développé,  ainsi  qu'en 
Silésie  ; 

Dans  les  Ardennes  (bassin  de  la  Sarre),  la 
houille  appartient  au  houiller  supérieur;  le 
permien  est  très  développé  avec  des  grès 
rouges  et  des  tufs  porphyriques  ; 

On  rencontre  surtout  le  permien,  qui  com- 
prend :  un  grès  rouge,  puis  un  schiste  bitu- 
mineux riche  en  minerai  de  cuivre  (Mans- 
feld),  et  le  Zechslein,  calcaire  argileux  et 
dolomitique,  gypse  et  sels  alcalins  (Stass- 
furth). 


GRANDES   DIVISIONS   GÉOLOGIQUES  55 

3.  —   Ère    SECONDAIRE    OU    MESOZOÏQUB 

CaractèreB.  —  L*activité  interne  est  nulle  ;  il  y  a  quelques 
éruptions  au  début  ;  il  se  produit  seulement  des  affaisse- 
ments ou  des  exhaussements  lents. 

C'est  une  ère  de  tranquillité,  caractérisée  par  la  rareté  des 
conglomérats  et  par  la  puissance  des  masses  calcaires. 

C'est  Tépoque  des  reptiles  et  des  sauriens;  vers  la  fin  de  la 
période  apparaissent  des  mammifères  inférieurs,  puis  des 
oiseaux  reptiliens. 

Dans  les  mers  dominent  des  ammonites  et  des  bélemnites 
(céphalopodes),  qui  caractérisent  les  terrains  de  cette  période. 

Ixi  flore  est  moins  variée  et  moins  brillante,  car  le  climat 
est  plus  sec  ;  elle  comprend  surtout  des  cycadées  et  des  coni- 
fères, et  vers  la  fin  quelques  monocotylédones  et  dicotylé- 
dones. 

Division.  —  Trias,  jurassique  {infralias^  lias  et  oolithe), 
caéTAcé  (infra-crétacé  et  crétacé). 

a)  Trias.  —  Une  mer  largement  ouverte  occupe  le  sud  et 
Test  de  l'Europe  ;  le  nord  et  l'ouest  sont  couverts  de  détroits, 
de  bras  de  mer  ou  de  golfes  séparant  de  grands  espaces 
émergés,  et  dans  ces  contrées  dominent  les  lacs  salés  et  les 
lagunes,  qui  se  comblent  de  grès,  de  marnes  bariolées  et 
salifères,  tandis  qu'au  sud  et  à  Test  des  organismes  marins 
construisent  des  calcaires. 

Les  ammonitidés  font  leur  apparition. 

Le  trias  se  présente  en  Europe  sous  trois  formes  ou 
fades  : 

1°  Un  faciès  pélagique  ou  de  haute  mer  (Tyrol,  Alpes  Au- 
trichiennes) ; 

2®  Un  faciès  continental  (Ardennes  et  Angleterre)  ; 

3^  Un  faciès  mixte,  formé  d'un  étage  marin  (muschelkalk) 
entre  deux  étages  d'eau  douce  (keuper  et  étage  vosgien). 

C'est  à  cause  des  trois  termes  bien  distincts  présentés  par 
le  faciès  mixte  que  ce  terrain  a  reçu  le  nom  de  trias  ;  ces 
trois  termes  s'observent  surtout  en  Lorraine  et  en  Alle- 
magne. 


PRÉCIS    DE    GÉOLOGIE 


1Eiicrtjius]iliirormis(échino(l.  du  muachetkalk); 
Terebraluk  vulgaris  (brecliiopodes  du  muschelkalk)  ; 
s  '  Animoniles  Aon,  subunibjlicalus  ; 
^   I  Os  de  autboaaurus  (saurien  du  muscbelkalk)  ; 

I  Traces  de  cheirotherium  (batracien  du  grès  bigarr*)  ; 
I  Dinoiauriens.  uiaeaux  et  reptiles; 
l  Preiei,  cycadées,  couiréres,  Tougères. 


Fxi.  !4.  —  Ccntitci  noduiia. 

Lorraioe  el  Allemagne  :  Dans  ces  pays  on 
trouve  les  trois  étages  du  trias,  savoir  : 

i'  L'éldge  vosgien,  klaiia.se,  qui  comprend 
le  grès  vosgien  à  gros  galets  de  quarti, 
puis  le  grès  bigarré  au  dessus  et  le  grès 
rouge  bariolé; 

£■  Le  muschelkalk  (étage  Trancouien  ou 
conchylien].  assise  marine  Tormée  d'un 
calcaire  gris,  puis  de  gisements  doiomi- 
tiques  et  gypseux  ; 
J3'  lÀ  keuptr,  étage  des  lunrnes  irisées: 
c'est  une  assise  d'eau  douce  ou  saumàtre, 
composée  d'argiles  contenant  du  gypse 
et  du  sel  gemme  ^Dieuze  et  VarangevilJe) 
el,  au  dessus,  en  quelques  points,  des 
lignites  pyriteui  ; 
I  Onretrouve  lesgrésrouges  et  les  marnes  iri- 
sées du  trias  au  Morvan,autourdu  Plateau 
Centrai, dans  les  Pyrénées  et  en  Espagne; 

Dans  les  Alpes  du  Tyrol,  les  assises  du  trias 
sont  toutes  de  formation  marine  \  on  y 
trouve  des  calcaires,  des  dolomies  et  du 
sel  gemme. 


GRANDES    DIVISION»    (iËOLOtilQUES  57 

6)  Lias  (Jurassique  iiirérieur].  —  La  mer  revient  sur 
l'Europe  occideDtale  et  couvre  les  régions  émergées  ;  celle 
invasion  marine  ue  laisse  h  découvert  que  tjuelques  maseifs 
anciens,  Plateau  Central,  Armorique,  Vosges;  les  Alpes  et  les 
Pyrénées  sont  il  peine  ébauchées  ;  le  reste  de  la  France  est 
immergé  et  forme  trois  bassins  :  anglo-parisien,  pyrénéen, 
méditerranéen.  Une  sédimenlation  marine  littorale  com- 
mence. 

Les  ammonites  sunl  nombreuses;  les  bélemniles  appa- 
raissent, ainsi  <jue  les  huilres  et  les  sauriens  (plésiosaures, 
ichthyosaures). 

La  végétation  a  un  aspect  monotone  (conifères,  Tougères 
et  surloul  des  cycudées]  ;  il  n'y  a  pas  encore  de  zones  clima- 
tologiques  bien  définies. 

Dîvkion  en  étaijes.  —  hhetieti  (h.  la  base],  htttangien  :  ces 
deux  étages  forment  l'infra-lias;  sinémurien  (de  Semur), 
liatien,  toarcten  (de  Thouars)  ;  ces  trois  étages  constituent  le 
lias  proprement  dit. 


I  Avicula  contorla  (rhélien); 
i  \  Ammonites  plsoorbis,  an)^latui  (hettangien)  {fig.  26  et  il)  ; 
ë  '  Pour  le  sinémurien.  Ammonites  bisulcatus,  Ammonites  Buck- 
S  \      laodi,  Lima  gigantea,  Grvphœa  arcuata  {fig.  28),  Spiriferina 
^  I      Walcoti,   Belemuites   aculus,   ichihyosaure  et  pléwosnure, 

\      ptérodaityle  ; 


PRÉCIS    DE   GËOI-OULE 

IPour  le  liasien  :  Gryphœa  cymbiuni  :  Ammonites  raricostatut, 
ammonites  ipinatus,  ammoaites  plnnlcostatua,  ammonites 
margaritatus  ;    Plicatula   Epinosa,   Terebratula   numismalii 
tfiS'  39]  ;  Belemnites  clavatus,  uiger,  brevia,  acutui  {fis-  30). 
Pour  le  toarcien  :  Posidonia  Bronnîj  IJig.  31),  Belemnitoa  tire- 
gularis,  triparti  tua; 
Ammonites  radians,  birrons,  opalinus,  serpentinus; 
Trigonia  navis. 


L'étage  rhélien  esl  représenté,  en  Lorraine,  par  des  grès  ou 
I      arkoses ; 

i  Étage  betlangien  :  Grès  dilettange  (Luxembourg);  calcaJre 
l  jaunâtre,  dit  Toie  de  veau,  et  lumachette,  en  Bourgogne; 
I     calcaire  d'Osmanville  (Normandie)  ; 

I  Etage  sinèniurien  ^  Calcaires  gris  bleuâtres,  en  Lorraine  et 
1     dans  les  Ardennes,  allernant  avec  des  lits  de  marnes  (lias 

_  bleu)  ; 
/  Ëtage  liasien  :  Calcaires  sableux  dans  les  Ardennes,  marnes  à 
nodules  Terrugineux  en  Lorraine,  calcaire  à  Itélemniles   en 
Uourgogne  (calcaire  à  ciment  de  Pouilly)  ; 
Ëtage   toarcien  :     Argiles  à  Posidonia    Bronnii   (Ardennes), 
pjriteuses  et  bitumineuses  en  bas,  ferrugineuses  en  haut. 
En  Ixtrraine,  les  marnes  k  posidonia  sont  recouvertes  d'une 
oolilhe  ferrugineuse,  Tormant  un  riche  gisement  de  peroxyde 
',     liydratË  ;  le  ciment  de  Vassy  provient  d'un  calcaire  argileux 
I     de  cet  élage. 


GRANons    Divisions    GËOLOlilQUEM  M 

c)  OoLiTHB.  —  Dans  l'oolithe,  les  dépdts  se  forment  au 
milieu  d'un  grand  calme;  il  n'y  a  point  d'éruptions;  les 
organismes  construisent  de  puissants  massifs  calcaires. 

Le  nord  el  l'ouest  de  l'Europe  émergent  progressivement, 
(.es lones  climatologiques  ne  sont  pas  formées;  la  Hore  est 
pauvre. 

Dans  la  faune  prédominent  les  oursins,  les  brachiopodes 
el  les  polypiers;  les  mammifères  ue  sont  représentés  que  par 
quelques  petits  marsupiaux;  il  y  a  beaucoup  de  sauriens 
ilinosauriens,  crocodiliens,  ptérodactyles,  et  on  rencontre 
Varekœopterix,  oiseau  reptilien,  et  les  premières  tortues, 
ainsi  que  les  poissons  téléostéens. 

Sous-divisions.  —  On  peut  distinguer  à  peu  près  partout  les 
étages  suivants  :  bajocien  (de  Bayeux;,  balhonien  (de  Bath), 
o;cfordien,  corallien,  kimmeridgienet  portlandien;  ces  deux 
derniei-s  forment  le  lithonique.  Les  deux  premiers  consti- 
tueut  le  jurassique  moj/en,  les  autres  le  jurasfique  tupêriear. 
Voici  quelques  indications  sur  leur  composition  en  France. 

^  I  Ammonites  Humphresiuius  {fig.  32)  et  Murcbiionte ; 

^  \  Terebralula  peroraiis,  Relemnites  luUalus,  Belemaitei  gigan- 

^  (  TrigoDiacoslataOîa-  33). 


Fis.  3!.—  AmmaniUt  humphniianui.  Fia.  33.  —  Trigonii  coiUli. 

j  [  On  trouve  dans  cet  étage  un  calcaire  pur  ou  argileux  i  on  le 
1  \  voit  en  Bourgogne  (calcaire  à  entroquea].  dan«  la  Meuse  et 
|- i  les  Ardennes;  avec  oolithesrerrugiueuies,  dans  le  Calvados 
s  '     et  la  Franche-Comté. 


PRÉCIS   DE   fiËOLOGIE 


i  Ammonites  Iripartitus  ;  ostrea  acuminata  (terre  a  foulon}  ; 
Rlijnchonella  ipinosa,  decorata  (grande  oolithe]  ; 
Terebratula  diguna,  cardiutn  {fig.  31). 
A  la  base  ;  argile  ou  calcaire  marneux  :  terre  à  fonlon  ; 
I  Au  milieu  :  culcaire  blanc  s  grains  lins,  c'est  la  grande  oolithe 
'      fournissant    les  pierres  de   Comblanchien  (CQte-d'Or),    tes 
1      pierres  de  ChaUmont,  Caen,  Besançon, Cliauvigny (Vienne); 
I     Beaulieu  et  Saint-Daud  (Charente)  ; 
.  Eu  haut  :  calcaires  épais.  jauD&tres. 


I  Ainuioniles  inarrocephalus  (^g.  3S).coroiiatus,  curdatus,  Lam- 

\      bcrti;  Delemnites  hastalus  ; 

'  Osirea  (ou  griphiea]  dilatata  (pg.  :I6). 

y  Cet  étage  est  presque  entièrement  argileux  ;  il  n'offre  guère 

I       de  bancs  dura  qu'à  sa  base  et  à  son  sommet  ; 

I  En  Lorraine  et  dans  les  Ardennes  il  comprend  ; 

I  A  la  base  :  un  calcaire  marneux  peu  épais; 

1  Au  dessus  :  des  argiles  jt  Ammonites  Lamberti  et  Belemuîtes 

/      hastatus,    puis  des  calcaires   ï  chailles  (concrétions  sili- 

\     ceuses),  lesquels,  dansles  Ardennes,  sont  remplacés  par  la 

J     gaize  (grés  tendre  à  silice  gélatineuse]  ; 

I  Au  siimmet.  il  y  a  une  oolithe  ferrugineuse  (Neuvizy)  ; 

I  l)n  trouve  aussi  cet  étage  en  Normandie  (argiles  de  Divei, 

I       falaise  des  Vacbes-Noires),  aux   environs  de  Besançon   et 

I       près  de  Grenoble  (calcaires  de  la  Porte-de-France). 


en 

07 


as 
O 

a. 


GRANDES    DIVISIONS   GÉOLOGIQUES  61 

4*  CORALLIEN  (ou  rauracîeii) 

Cet  étage  est  ainsi  appelé  parce  que  plusieurs  de  ses 
assises  sont  formées  de  débris  de  coraux  ou  de  masses  de 
polypiers. 

Diceras  arietinum  ; 

Des  oursins  :  Cidaris  florigemma,  Echinobrissus  clunicularis, 
Âcrosalenia  spinosa; 
I  \  Nerinea  moreana,  tuberculosa  ; 
^  f  Ostrea  solitaria  ; 

Rhynchonella  trilobata,  pinguis. 
Le  Corallien  est  tout  entier  calcaire  ; 

Dans  les  Ardennes  il  est  épais  ;  il  existe  là  en  massifs  ooli- 
thiques  (calcaires  de  Saint- Mihiel,  Lérouville,  Commercy), 
en  calcaires  à  grains  Ans,  lithographiques  : 
En  Normandie  on  trouve  des  calcaires  oolithiques  à  oursins 
§  i     et  nérinées  et  des  calcaires  à  polypiers  (coral-rag)  ; 
^  f  En  Franche-Comté  ce  sont  des  bancs  h  polypiers  surmontés 
\     par  des  calcaires  oolithiques. 

5"  KIMMBHIDGIEN 

£  i  Ostrea  deltoïdea,  Ostrea  (ou  exogyra)  virgula,  Astarte  Minima  ; 
-  I  Pteroceras  Oceani  ; 

'  Ammonites  orthoceras,  Catalaunicus. 
Cet  étage  est  composé  d'argiles  ou  de  marnes,  avec  quelques 
_         rares  calcaires  purs  ; 

S  <  On  le  rencontre  dans  les  Ardennes  et  en  Lorraine,  en  Nor- 
g  i     mandie  (argiles  de  llonfleur).  en  Franche-Comté  (calcaire  de 

(      Saint- Ylie  et  de  Daraparis)  et  dans  les  Charentes. 

6*  PORTLANDIEN 

Ammonites  gigas  : 

Ostrea  ezpansa,  Trigonia  gibbosa. 

Le  Portlandien  est  composé  découches  généralement  calcaires, 
peu  épaisses,  dures,  souvent  fissurées.  A  cet  étage,  appar- 
g  \  tiennent  les  calcaires  compacts  du  Barrois  sur  lesquels  est 
5  ]  bâti  Bar-le-Duc,  Yoolithe  vacuolaire  (pierres  de  Savon- 
1  \  nières,  de  Chevillon,  de  Brauvilliers),  les  calcaires  à  ciment 
I  I  et  à  chaux  hydraulique  des  environs  de  Grenoble  et  la  pierre 
"  I     de  TEchaillon  ; 

\  Cet  étage  manque  en  Normandie. 


o 

EE4 


O 

o 


62  PRÉaS  DE   GÉOLOGIE 

(En  Angleterre,  il  comprend  lecaJcuire  de  Portland  et,  au  dessus, 
des  calcaires  argileux  gris  et  des  marnes  formant  les  couches 
de  Purbeck; 
o  \  Les  argiles  du  Pays-Bas  (plaine  des  Charentes  entre  Cognac 
S  1     et  SaintJean-d'Angély),   avec  amas  de  gypse  et  quelques 
3  I     bancs   calcaires    durs,  correspondent    au   purbeckiea  de 
\     TAngleterre. 

d)  Terrain  crétack.  —  i^  Période  infra-crétacée,  —  L'Eu- 
rope septentrionale  est  d'abord  émergée  ;  la  mer  est  à  peu 
près  la  Méditerranée  actuelle. 

A  la  suite  d'un  afTaissement,  la  mer  envahit  de  nouveau 
TAUemagne  et  le  nord  de  l'Europe,  puis  le  bassin  de  Paris, 
et  ensuite  la  Normandie  et  l'Angleterre. 

Sur  le  continent  régnent  lesdinosauriens,  reptiles  bipèdes, 
dont  Tun  d'eux,  Viguanodon,  a  une  taille  gigantesque. 

La  flore  reste  jurassique;  l'apparition  des  peupliers  indique 
une  difTérenciation  des  climats. 

2"  Période  crétacée,  —  L'invasion  marine  atteint  son  maxi- 
mum; le  régime  marin  s'établit  tranquillement;  à  la  base  se 
trouve  une  mince  couche  de  grès  grossier,  de  la  craie  mou- 
chetée de  grains  verts  de  glauconie,  puis  de  la  craie  légè- 
rement marneuse,  et,  au  dessus,  de  la  craie  blanche  mêlée 
de  lits  de  silex. 

Alors  se  produit  de  nouveau  une  émersion  des  contrées 
septentrionales. 

Dans  les  régions  méditerranéennes,  le  régime  reste  marin, 
et  les  rudistes  (mollusques  acéphales)  sont  surtout  les  arti- 
sans des  formations  calcaires. 

Les  ammonites  déclinent,  les  plantes  dicotylédones  angio- 
spermes font  leur  apparition. 

SouS'divLsions.  —  L'infra-crétacé  comprend  les  trois  étages: 
néocomien  (à  la  base),  aptien,  albien  ou  gault;  le  crétacé 
supérieur  comprend  quatre  étages  :  le  cénomanien  (à  la  base), 
le  turonien,  le  sénonien,  le  danien. 

1*  ÉTAGE   NÉOCOMIEN 

„:  i  Belemnites  dilatatus,  emerici  {fig.  37)  ; 

~  j  Terebratula  janitor,  Ammonites  radiatus,  interruptus  ; 

I  j  Ostrea  Couloni  ;  Toxaster  complanatus  (oursin)  ; 

^  '  Requieni.i  ammonia  ;  Spatangiis  retusus. 


GRANDES    DIVISIONS   GÉOLOCIUDES 

I  Dans  le  basûn  de  Paris  (région  oriental ej.  cet  étage  comprend 
1  des  gréa  ferrugineu:!,  géodiquea,  et  des  sables  blancs  ;  puis 
1  des  calcaîTes  àspatanguei,  et,  au  dessus,  des  grès  et  des  ar- 
I      giles  aux  couleurs  tïtcs;  au  sommet,  dei  minerais  de  fer 

IooliUÛque  (Wassy,  Vandejvre); 
En  ProTeoce,  cet  étage  est  très  développé,  ainsi  que  dans  le 
Gard  et  dans  l'Ardèche(pierres  de  Barulel,  près  de  Nîmes, 
pierres  h  chaux  du  Teilj. 


Fostiles  :  Ostrea  aqutla.  Plicalula  placunea. 
c  I  Dans  la  partie  orientale  du  bassin  de  Paris,  l'aptien  est  Terme 
=  ]     par  des  argiles  ;  il  est  Ten-ugineux  dans  les  Ardennes  ; 
S'A  l'ouest   et  au  nord  du    bnasin,  ce  sont   des  argiles  glauco- 

S  I  I>e  même  prés  d'Apt. 


ÎBelemnites  minimus  ; 
AiDDionites  momillaris  {fig.  38),  splendens  : 
Inoceramus  sulcatus. 
I  Dans    la  région  orientale  du  bassin  de  Paris  (Meuse  et  Ar- 
I     dennes],  l'albien  comprend  des  sables  vert^  è  la  base,  con- 
1      tenant  de*  nodules  de  phosphate,  puis  des  argiles  bleuAtres 
j      (gault),  puisia  gaiie; 

j  II   se  trouve  aussi  à  l'ouest  et  au   nord  de  Paris  et  en    Pro- 
1       Teoce;  en  Russie  il  est  très  riche  en  phosphate. 


PBÉC19   DE   GÉOLOGIE 

4'  fiTtoE  cènoHi^iEx  (à  craie  glauconteuse) 

l  Ammonites  rotomagensis  (/îfl.  39),  turrilites  costatus  [fig.  40); 
j  Scaphites  ipqualis,   oslrea  cnlumba,   belemniles   plenua. 
(  Dans  le  bassin  de  Parii,  le  cénoma- 
I       ni  en    comprend  :    au    nord   et   ft 


1  (aisiae  de  la  montagne  de  Saiole- 
I  Catherine  prés  de  Roueni;  à  l'est, 
I  de;  sables  glnuconieux  et  des  cat- 
(      caires   marneux    gris    bteuAtres; 

au  sud,  les  sableset  gréi  du  Mans, 

le  sables  du  Perche; 
1^  cénomanien  se  reconnaît  en  Pro-       au 

vence,    dans    la   Charente,    près 

d'Angouléme;  en   Russie  il  est  riche  e 

leui. 


S*  *TAOR  TL'Roxiiv  {ctaie  de  Touraine  ou  croie  tuITeau] 

c  \  Inoceramus  labiatus  {fig.  411;  rbynctionella  Cuvieri  ; 
J  )  Ilippurites  organisnns  (riidiste). 

.  I  En  Touraine,  la  craie  micacée  dite  Ivffeav  est  de  cet  étage. 
,1  \  En  Normandie  et  dans  le  Boulonnai»  on  trouve  une  craie 
^  '  marneuse  employée  pour  fabriquer  de  la  chaux  hydrau- 
I  J      lique. 

1  J  A  l'est  du  bassin  de  Paris,  ce  sont  des  calcaires  n 
"  f     tout  (Valmy). 


(3 

O 


GRANDES    DIVISIONS    GÉOLOC.IQL'RS  65 

€*  ÉTAOB  sÉNONiBN  (craie  blanche) 

é  i  Belemnites    mucronatus,   belenmites  quadratus  (craie  phos- 

^  I     phatée  de  Picardie}; 

j|  '  Micrasler  coranguinum,  cortestudinarium  (oursins)  {fig.  42). 

On  distingue  deux  assises  :  à  la  base,  la  craie  à  micrasters, 

craie  noduleuse  qu'on  voit  en  Picardie  (prés  de  Péronne),  en 

Normandie  et  en  Touraine;  au  dessus,  la  craie  à  bélemni- 

telles,  en  couche  puissante  :  craie  phosphatée  de  Picardie 

Q  (     (Beau  val),  craie  de  la  Champagne  Pouilleuse,  craie  de  Reims, 

g  ]     craie  de  Meudon; 

S  I  Dans  les  Charentes  et  la  Dordogne,  le  sénonien  comprend  deux 
sous-étages,  le  santonien  (de  Saintes)  et  le  campanien. 
De  même  en  Provence. 

7*  ÉTAOE  DANIEL 

i  \  Baculites  anceps  ; 

i  i  Mosasaurus  de  Maëstricht. 

Le  danien  est  représenté  :  dans  le  bassin  de  Paris,  par  un  cal- 
caire en  petits  grains,  dit  pisolithique,  qu'on  observe  à 
Meudon,  Vigny,  Montereau  ;  dans  le  Cotentin,  par  un  cal- 

o  \     Caire  blanc  jaun&tre  (calcaire  à  baculites). 

.     Les  deux  assises  se  trouvent  dans  le  Hainaut  (craie  phospha- 

|.  \     tifére  de  Ciply,  craie  de  Maëstricht  où  on  a  découvert  les 
ossements  de  mosasaurus. 
La  craie  de  Royan  (Charente-Inférieure),  les  calcaires  à  lignite 
du  bassin  de  Fuveau,  en  Provence,  les  calcaires  jaunes  de 
Gensac  (Haute-Garonne)  appartiennent  au  danien. 

4.  —  Erb  tertiaire,  pu  néozoïque 

Caractères.  —  L'ère  tertiaire  est  marquée  par  une  différen- 
ciation des  conditions  physiques  et  biologiques,  Jusqu*alors 
uniformes;  la  mer  est  rejetée  peu  à  peu  dans  ses  limites 
actuelles;  TEurope  émerge  de  plus  en  plus  :  c'est  Tère  conti- 
nentale. 

Les  mouvements  orogéniques  ont  une  grande  amplitude, 
et  les  Pyrénées,  les  Alpes,  les  Apennins,  les  Carpathes,  le 
Caucase,  THimalaya,  les  AUeghanys,  les  Cordillères  achèvent 
de  se  former. 

L'activité  interne,  après  une  longue  période  de  repos, 
se  manifeste  avec  puissance  :  des  filons  se  forment  et  déposent 

tiÉor.oGiB.  5 


66  PRÉCIS    DE  OÉOLOGIE 

dans  Técorce  terrestre  des  substances  où  dominent  l'or  et 
Targent. 

Les  mammifères  se  développent  vigoureusement;  les 
ammonites  et  les  bélemnites,  disparues,  sont  remplacées  par 
les  gastéropodes  et  les  acéphales.  Les  foraminifères(nummu- 
lites)  prospèrent  à  la  place  des  polypiers. 

Les  angiospermes  prédominent  parmi  les  plantes. 

Dmsions.  —  Pour  fixer  Ftlge  des  dépôts  et  les  distinguer, 
on  se  base  sur  ce  principe  :  plus  le  dépota  d'espèces  encore 
vivantes  dans  la  mer  à  laquelle  on  le  rattache,  plus  il  est 
récent;  de  là  les  noms  éocènCy  oligocène^  miocène,  pliocène j 
pour  caractériser  les  périodes  de  Tère  tertiaire. 

a)  ÉOGÈNE. —  Les  conditions  physiques  de  l'époque  éocène 
sont  les  suivantes:  au  nord,  il  y  a  lutte  de  Tocéan  et  de  la 
terre  ferme,  et  formations  d'eau  douce  ou  d'eau  salée  abon- 
dantes; au  sud,  il  n'y  a  que  des  formations  marines  (calcaires 
construits  par  les  nummulites).  Le  climat  est  chaud,  l'hiver 
presque  nul. 

Puis  la  mer  nummulitique  envahit  le  nord,  et  les  saisons 
deviennent  brûlantes  jusqu'au  pôle,  avec  des  périodes  plu- 
vieuses et  tempérées  ;  la  végétation  devient  riche  et  variée  ;  il  y 
a  des  palmiers  en  France  et  des  cocotiers  jusqu'en  Angleterre. 

Sous-divisions.  —  L'éocène  comprend  trois  étages  :  le 
suessonien,  étage  inférieur  (de  Soissons);  l'étage  parisien,  et 
le  ligurien  ou  étage  supérieur.  Voici  succinctement  leur  com- 
position dans  le  bassin  de  Paris: 

1*  Sables  et  calcaires  Je  Rilly^  sables  de  Bracheux  :  les  sables 
de  Rilly  sont  blancs  et  purs  ;  les  sables  de  Bracheux  (près 
de   Beauvais)  sont  gris  verdàtres,  riches  en  glauconie  et 
c  I      chlorite. 

«  I  Fossiles:  Cyprina  scutellaria,  cuculleacrassatina; 

S  I  Physa  gigantea  {fig.  43),  melania  inquinata  (fg.  44). 

§   '  2*   Argiles  plastiques  et  lignites  pyritenx  du  Soissonnais. 

s  \  Fossiles  :  Cyrena  cuneiformis  {fig.  45  et  46)  ; 

Ë  1  Cerithiuui  turris,  Cerithium  variabile. 

2  I 

a  I  3*  Sable  de   Cuise  (prés  de  Compiègne);  ce  sont  des   sables 

u  I     fins,  gris  jaunâtre,  dits  nummulitiques. 

.^.[  Fossiles  :  Nummulites  planulata  {fig.  47);  ' 
I  Cerithium  acutum,  Turritelia  édita  ; 

\  Cyrenum  gravesi. 


GRANDES    DIVI3I0.V3    GÉOLOGIQUES 


il 


11*  Calcaire  grouier  i  la  base  ;  on  y  rapporte  le  banc  de  Saint- 
Leu,  les  vergelés  et  lambourdes  (pttris  de  milliolilea},  le 
b&QC  royal,  le  banc  verl,  le  calcaire  à  cérithes  (Haie  et  cli- 
quards). 
Fossile*  :  Cerithium  gîganteum,  cristatum,  lapidum  ; 
j  Nummulites  lievigata  ; 

Tumt«lla  imbrlcetaria  (fig.  iS). 

12*  Sables  et  gris  de  Beauchamp.  —  Leurs  /oisilea  sont  : 
Cerithium  mulabile.  tricarinalum,  Cordieri; 
Fusus  polygonus,  Kusus  minax. 
3*  Calcairei  lacustres  de  Saint-Ouen,  dont  les  fossiles  sont; 
\      LimniBB  longiscata  (fia.  49],  Planorbis  rotundalus  [fig.  50). 


«8  PBËCIS    DE   fiËOLOGIB 

j  I  Hnrnes  infea-gypseuaea,  gypui  el  traoerUtu  (Champign]?}  ; 
\,  {         FosiiUs  :  Pholadomya  ludensiii  ; 
M  f  Pachydermes  (tels  que  le  palieotherium). 

Dans  les  régions  médilerranéennes,  les  di^pôls  sont  consti- 
tués par  des  grfes  et  des  calcaires  pétris  de  nummulites,  mil- 
lioliles,  alvéolines;  on  les  observe  à  Biarrili, 
à  Nice,  dans  les  massifs  des  Alpes  et  des  Apen- 
nins, dans  les  Carpathps,  dans  les  Balkans,  en 
firèce,  en  Kgypie.  en  Algérie,  en  Perse. 

b,i  Oliuock.'je.  —  La  période  oligocène  est 
comprise  entre  le  principal  soulèvement  des 
Pyrénées   et   la  (in  du  régime  lacustre  qui  n 


précédé  l'invasion  de  la  mer  mollossique.  Le  début  de  la 
période  est  marqué  par  une  invasion  marine  venant  du 
nord;  la  mer  arrive  jusqu'à  BAIe  et  jusqu'en  Auvergne;  cette 
mer  tempère  le  climat.  Puis  elle  se  relire  ;  l'Europe  devient 
terre  ferme  et  se  couvre  de  grands  lacs. 

Tians  la  faune  on  trouve  te  ruminant  anthracotherium 
avec  le  palxolherittm ;  il  n'y  a  pas  de  proboscidiens. 

La  llore  est  très  riche  et  comprend  des  palmiers,  des 
liguiers,  des  chênes,  des  acacias  el  des  érables- 

Soua-divifions.  —  L'oligocène  comprend  deux  étages  :  le 
tongrien  -i  la  base,  et  l'aquilanien.  Dans  le  bassin  de  Paris, 
l'oligocène  a  la  composition  suivante  : 


GRANDES    DIVISIONS    GÉOLOGIQUE»  69 

I  I*  Ala  bue,  de*  marne»  angl&iseï  j&unei  à  cyrèneB. 
l  Fotiih  .*  Cyrena  conveia  ; 

1  3'  Meulières  et  calcaires  île  Brie  (pierres  de  Ch&teau-LaDdon,  ; 

'  i'  Marnes  à  huîtres,  sablea  et  grès  de  FontaÎDebleau. 

I  Fotiitet  :  Ostrea  cyalhula,  longiroitris  ; 

I  Natica   craisatina    {fig.  SI),    Cerithium  pllcatum 

f  (fc-52): 

I  Cytherea  eplendida,  incratBata. 

i  Calcaires  lacustres  de  Beauce  et  meulières  de  MoDtmorency. 
FoitiUi  :  Potamides  Lamarcki  : 
Umoea  cyliodrica; 
Planorbis  cornu. 


c)  HiocÉNE.  —  Les  gracds  iacs  se  sèchent,  et  les  vallées 
lluTJaleH  commencent  h  se  dessiner;  puis  le  sol  s'affaisse  et 
la  mer  envahit  la  Suisse,  la  vallée  de  la  Loire,  l'Autriche  et 
l'Asie  Mineure  :  on  l'appelle  mer  Uollassique  ou  Helvétienne, 
parce  que  c'est  dans  ses  eaux  que  s'est  formée  la  mollasse 
(grès  tendres,  faciles  à  tailler,  durcissant  k  l'air,  enlremêlés 
de  poudingues  et  de  conglomérats).  Ensuite  la  mer  se  retire, 
le  sol  s'exhausse  graduellement;  les  phénomènes  volcaniques 
sont  fréquents  :  les  Alpes,  les  Cordillères,  l'Himalaya  se 
soulèvent. 

Le  climat  devient  plus  tempéré,  et  la  végétation  est  très 
riche  et  très  variée  (jusqu'en  Islande). 


72  PRÉCIS   DE   GÉOLOGIE 

Ensuite  la  température  s^est  radoucie,  les  cours  d'eau  ont 
pris  une  allure  plus  tranquille,  et  le  régime  actuel  s*esl 
(Habli. 

Faune.  —  Elle  contient  les  espèces  suivantes  :  Elephas 
antiquus,  Rhinocéros  Marcki,  Hippopotamus  major,  puis  le 
Mammouth  ou  Elephas  primigenius  à  crinière,  et  le 
renne. 

Les  traces  de  Thomme,  restes  de  squelettes  ou  débris  de 
son  industrie,  apparaissent  à  Tépoque  du  mammouth  :  c^est, 
pour  nos  pays,  Tâge  des  silex  taillés,  non  polis,  ou  âge  paléo- 
lithique, suivi  par  Tâge  de  la  pierre  polie  ou  néolithiqve,  puis 
par  rage  de  bronze  et  par  Tâge  de  fer. 

Dépôts.  —  i^  Les  dépôts  quaternaires  formés  par  Faction 
directe  des  grands  cours  d'eau  et  des  pluies  sont  des  allu- 
vions  qui  couvrent  les  vallées  ou  les  flancs  des  collines  et 
rjui  consistent  en  cailloux  roulés  et  graviers  à  la  base,  sables 
et  limons  à  la  partie  supérieure  ;  c'est  surtout  dans  les  sables 
et  les  graviers  qu'ont  été  trouvés  les  fossiles. 

Les  limons  sont  :  le  lœss,  mélange  intime  d'argile  et  de 
sable  en  petits  grains,  avec  un  peu  de  carbonate  de  chaux 
et  un  peu  d'oxyde  de  fer  qui  le  colore  en  jaune  ;  au  dessus 
est  le  limon  toiujc  ou  limon  à  briques,  argileux,  sans  calcaire, 
avec  des  cailloux  anguleux  à  la  base  ; 

2®  Dans  les  cavernes  creusées  sur  les  flancs  des  vallées, 
les  eaux  dMnflltration  ont. produit  des  stalactites  et  des  sta- 
lagmites ;  les  pluies  et  les  cours  d'eau  ont  formé  des  dépôts 
de  gravier,  de  sable  et  de  limon,  riches  en  débris  fossiles; 

3^  Les  nappes  glaciaires  ont  donné  lieu,  surtout  dans  les 
contrées  septentrionales,  à  des  dépôts  formés  d'un  limon 
argileux  rempli  de  silex  anguleux  {terrain  erratique  dunord}^ 
ou  bien  elles  ont  semé,  à  des  altitudes  variées,  des  blocs  par- 
fois volumineux  (blocs  erratiques  de  la  Suisse  et  de  la 
Russie). 


GRANDES    DIVISIONS   GÉOLOGIQUES 


73 


TABLEAU   RésUMK    DE  lA   CHRONOLOGIE   G^.OLOGIQUR 


tHES 


t    a- 

S  S 


■-  s 

"2  « 

o  o 

'/>  e 


'■5  2 


O 


TERRAINS 


Primitif 


Gambrien. 
Silurien . . 
DévGoien . 


Per  mo-carboni  fëre 


ÉLÉMENTS  ORGANIQUES 

CARACTéniSTlQrC» 


ÉRUPTIONS 


Règne  des  trilobitesdans^GraniteSt  gra- 
toute  la  série,  des  pois- >  nulites,  syé- 
sons  ganoïdes  dans  le?  nites,dioriles, 
Dévonien.  »  porphyres  et 

porphyrites. 


1f[^  j Ammonites,    bélemnitesjEuphotides, 

*•*• .'• j     et  brachiopodes.  S    diorites. 

Lias        î  1 

Oolithe  !  S^"^  jurassique. ^Plantes  cycadées.  [pénode  de  re- 

Infra-crétacé,  j  Série    cré- j  Céphalopodes  à  tours  dé-^    pos. 
Crétacé.  t  tacée  . 


cré-  j  Céphalopodes  à  tours  dé-i 
'     roulés  et  rudistes.         ' 


Eocéne. . . 
Oligocène 


Miocène . 
Pliocène. 


Pleistocène  ou  quaternaire. 


"^T^&.'.'-l'Wîë'" 


Plantes  angiospermes. 


Mammouth;    apparition 

de  l'homme. 
Faune  et  flore  actuelles. 


)  récentes. 
1  Basaltes,  pho- 
'  nolites,  andé- 
f    sites. 

Volcans  de 
ritalie  et  de 
l'Auvergne. 


74 


PRÉCIS   DE   GÉOLOGIE 


DEUXIEME  PARTIE 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


CHAPITRE   I 
CONSIDÉRATIONS  GÉNÉRALES 


Objet  de  la  géologie  appliquée.  —  La  géologie  appliquée  est 
le  complément  de  la  géologie  pure.  Celle-ci  enseigne  This- 
toire  des  matériaux  qui  composent  le  globe.  Elle  fait  le 
dénombrement  et  la  classiflcation  de  ces  matériaux.  Elle 
traite  de  la  formation  des  calcaires,  des  marbres,  des  com- 
bustibles minéraux,  des  minerais  métalliques  et  met  ainsi  au 
jour  les  richesses  de  toute  nature  que  contient  notre  pla- 
nète. 

La  géologie  appliquée,  qu'on  pourrait  aussi  appeler  géologie 
pratique,  apprend  le  moyen  de  tirer  parti  de  ces  richesses. 

La  géologie  proprement  dite  satisfait  seulement  à  un  besoin 
moral  de  Tesprit  humain  en  faisant  entrevoir  quels  phéno- 
mènes ont  dû  présider  à  la  formation  de  Técorce  terrestre 
et  quels  ^cataclysmes  l'ont  affectée;  la  géologie  appliquée 
répond  à  des  exigences  matérielles  d'une  utilité  plus  immé- 
diate. 

C'est  la  science  qui  apprend  à  l'ingénieur  à  rechercher  les 
matériaux  utiles  renfermés  dans  le  sol  et  à  prévoir  la  possi- 
bilité de  leur  mise  en  valeur. 

Elle  correspond  à  des  besoins  impérieux  du  corps  et  de 
Tesprit,  tels  que  ceux  de  s'abriter  dans  des  maisons  solides, 
de  se  chauffer  à  l'aide  de  combustibles  minéraux  et  de  fabri- 


7G  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

quer  avec  les  métaux  les  ustensiles  utiles  à  la  vie  ménagère, 
à  lagriculture,  à  Tindustrle  et  aux  beaux-arts. 

Inflaence  de  la  géologie  sur  les  conditions  d'existence  des 
hommes  dans  les  diverses  contrées.  —  En  réalité,  il  n'y  a 
pas  de  matières  inutiles,  et,  si  Thomme,  satisfait  des  richesses 
qu'il  trouve  sous  sa  main,  laisse  parfois  sans  emploi  d'abon- 
dants matériaux,  il  s'ingénie,  dans  des  contrées  moins  favo- 
risées, à  mettre  en  œuvre  les  humbles  ressources  que  lui 
indique  la  géologie. 

A  défaut  du  calcaire  qui  lui  permet,  en  Touraine,  de  sculp- 
ter délicatement  les  beaux  châteaux  de  la  Renaissance,  il 
construit  dans  les  Flandres,  grâce  à  l'argile  qu'on  y  trouve, 
des  maisons  de  briques,  moins  grandioses  il  est  vrai,  mais 
solides  et  peu  coûteuses.  En  Champagne,  il  bâtit  des  habita- 
lions  d'une  architecture  très  pauvre,  car  il  n'y  rencontre  que 
de  la  craie,  substance  poreuse  et  sans  résistance,  assez 
impropre  à  la  construction.  En  Italie  et  en  Grèce,  les  dépôts 
de  marbres  et  la  lave  des  volcans  permettent,  par  contre,  de 
construire,  à  peu  de  frais,  de  riches  palais  et  d'étendre  dans 
les  rues  ces  belles  dalles  bien  unies,  qui  donnent  aux 
moindres  voies  un  aspect  propre,  alors  même  qu'elles  sont  à 
peine  entretenues. 

Et  il  en  est  de  même  des  autres  pays,  où  le  sous-sol  géolo- 
gique détermine  l'architecture  et,  par  suite,  les  conditions 
d'existence  des  habitants. 

Au  point  de  vue  industriel  également,  la  mise  en  pratique 
des  méthodes  de  la  géologie  appliquée  a  transformé,  quelque- 
fois subitement  et  comme  par  un  coup  de  baguette  magique, 
des  régions  abandonnées  de  l'homme  ou  même  inconnues 
de  lui;  telles  sont  la  découverte  de  la  houille  dans  le  Nord 
(le  la  France,  celle  du  pétrole  au  Caucase  et  en  Amérique, 
de  l'or  en  Californie,  en  Australie  et  au  Transvaal,  du  fer  à 
Bilbao,  etc. 

Les  grands  dépôts  de  matières  utilisables  dans  l'écorce  ter- 
restre sont  des  foyers  autour  desquels  la  vie  humaine  atteint 
son  maximum  d'intensité  et  d'utilisation;  la  science  qui 
conduit  à  leur  découverte  et  à  leur  mise  en  valeur  est  donc 
entre  toutes  une  science  de  progrès  et  de  civilisation. 

Géologie  appliquée  à  l'étade  d'un  gisement.  —  On  donne 


CONSIDÉRATIONS   GÉNÉRilLES  77 

le  uom  de  giles  ou  de  gisements  aux  dépôts  de  matières  uti- 
lisables que  renferme  Técorce  terrestre.  C'est  donc  Tart  de 
découvrir  et  d'étudier  un  gisement  qui  sera  exposé  dans  ce 
livre. 

La  géologie  appliquée  doit,  de  plus,  enseigner  à  préparer  la 
mise  en  valeur  des  matériaux  dont  l'exploitation  des  mines, 
la  métallurgie  et  la  construction  donneront  l'utilisation 
industrielle. 

Le  gisement  d'une  matière  quelconque  étant  indiquas 
peut-on  l'exploiter  :  telle  est  la  question  que  l'ingénieur  a 
souvent  à  résoudre.  C'est  la  géologie  appliquée  qui  doit 
répondre,  et  nos  efforts  vont  tendre  à  donner,  d'une  façon 
aussi  claire  et  aussi  générale  que  possible,  la  solution  de  co 
problème  pour  les  cas  principaux  qui  peuvent  se  présenter. 


ÉTQDE  D'UN  GISEMENT 


L'ingénieur  chargé  de  présenter  un  rapport  sur  un  gise- 
ment déjà  découvert  ou  d'étudier  une  contrée  encore  vierge 
doit  nécessairement  s*inspirer  des  circonstances  particu- 
lières qui  motivent  sa  mission,  pour  la  direction  de  ses 
études  et  la  rédaction  de  son  rapport;  mais  on  peut  cepon- 
nant  donnera  ce  sujet  des  indications  générales  utiles. 


PREPARATION    D^UN   VOYAGE    o'ÉTUOES    MIMÈHES 


La  préparation  d'un  voyage  d'études  minières  exigera  un 
temps  variable,  suivant  l'importance  des  gisements  à  étudier 
ou  l'étendue  et  Téloignement  de  la  région  qui  doit  être 
explorée  en  vue  de  la  découverte  des  gisements  qu'elle  peut 
contenir.  On  devra  d'abord  s'enquérir  des  travaux  publiés 
sur  la  géologie  des  régions  à  étudier  et  consulter  autant  que 
possible  les  explorateurs  qui  les  auraient  déjà  parcourues. 
Outre  les  renseignements  technique    et  économiques,  ceux 


78  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

qui  ont  trait  aux  conditions  climatériques  et  à  la  sécurité 
des  routes,  etc.,  ne  devront  pas  être  négligés.  £n  effet, 
dans  beaucoup  de  régions,  la  saison  pendant  laquelle  peut 
s'accomplir  fructueusement  un  voyage  de  recherches  est 
nettement  limitée  :  il  faudra  éviter  la  saison  des  pluies  dans 
les  régions  tropicales  et  se  munir,  en  vue  dé  la  traversée  des 
régions  peu  sûres,  des  armes,  des  munitions,  des  protec- 
tions diplomatiques  ou  militaires  indispensables  à  la  réussite 
de  l'exploration. 

Dans  le  cas  où  il  s'agit  de  gisements  déjà  connus  et  exploi- 
tés, il  sera  nécessaire  d'étudier  tout  ce  qui  aura  été  publié 
à  leur  égard,  de  consulter,  s'il  y  a  lieu,  les  personnalités 
techniques  ou  financières  qui  auraient  fait  partie  des  con- 
seils d'administration  ou  du  personnel  dirigeant  des 
sociétés  constituées  pour  Texploitation  du  gisement.  Après 
avoir  étudié  la  géologie  générale  du  pays  à  parcourir  et  la 
géologie  spéciale  du  gisement  considéré,  on  doit  se  préoccu- 
per du  matériel  à  emporter  au  point  de  vue  des  travaux  de 
recherches  à  effectuer,  des  essais  et  analyses  à  faire  sur 
place. 

Matériel  de  recherches.  —  En  ce  qui  concerne  les 
recherches,  il  y  aura  lieu  de  s'informer,  avant  le  départ,  si  des 
travaux  de  découverte  ont  déjà  été  faits,  s'ils  sont  eu  nombre 
suffisant  et  s'ils  ont  été  maintenus  en  bon  état.  Si  rien  n'a 
encore  été  fait,  il  faudra  s'enquérir  des  ressources  du  pays 
en  fait  de  personnel  et  de  matériel  de  sondage,  d'explosifs, 
d'outils  de  terrassiers,  etc.  Souvent  il  sera  nécessaire  d'em- 
mener un  chef  mineur  capable  d'exécuter  les  travaux  de 
sondage  au  moyen  des  appareils  que  l'on  trouvera  sur  place 
ou  que  l'on  emportera. 

Sondages.  —  Il  est  souvent  avantageux,  quand  il  s'agit  de 
sondages  importants,  de  traiter  avec  une  maison  s'occupant 
spécialement  d'entreprises  de  sondages,  laquelle  fournit 
alors  le  personnel  et  le  matériel  nécessaires.  L'importance  et 
la  nature  du  matériel  de  sondage  étant  très  variables,  suivant 
les  matières  qu'il  s'agit  de  rechercher  et  les  terrains  à  traver- 
ser, il  faudra  s'entourer  de  tous  les  renseignements  possibles 
à  ce  sujet  avant  le  départ. 

Un  équipage  de  sonde  peut  en  effet  être  très  restreint  s'il 


CONSIDÉRATIONS   GÉNÉRALES  79 

s*âgit  de  recherches  superficielles  ne  dépassant  pas  quelques 
mètres,  tandis  qu'il  peut  atteindre  une  importance  considé- 
rable dans  le  cas  de  recherches  à  grande  profondeur. 

Le  chevalement  sera  réduit,  dans  le  premier  cas,  à  quelques 
poutres  supportant  une  poulie,  tandis  qu'il  atteindra  les  pro- 
portions d'un  véritable  édifice  si  le  sondage  doit  reconnaître 
des  niveaux  très  profonds;  il  comprendra  alors  un  échafau- 
dage très  résistant  supportant  des  molettes  et  contenant  un 
treuil  de  manœuvre  à  vapeur,  des  bureaux,  des  logements  et 
des  magasins. 

La  sonde  sera  très  différente  dans  Tun  ou  l'autre  cas,  la 
section  et  la  longueur  des  tiges,  variant  avec  la  profondeur, 
ainsi  que  leur  mode  d'assemblage  (à  vis  ou  à  enfourche - 
ment).  Dans  le  cas  de  sondages  importants,  l'emploi  de 
guides  et  de  parachutes  s'impose  pour  éviter  le  décentrage 
du  trou  et  le  voilement  des  tiges.  La  forme  et  la  nature  des 
outils  d'attaque  sont  fonctions  des  terrains  à  traverser  ;  on 
opérera  par  battage  ou  par  rodage  au  moyen  d'outils  tran- 
chants ou  contondants  (tarières,  alésoirs  ou  trépans). 

Dans  les  terrains  peu  consistants,  le  tubage  des  trous  de 
sonde  est  indispensable,  surtout  quand  on  doit  assurer  leur 
permanence.  On  emploiera,  suivant  les  cas,  des  tubes  tem- 
poraires ou  des  tubes  définitifs,  que  l'on  enfoncera  par 
simple  superposition  les  uns  au-dessus  des  autres,  au  moyen 
de  presses  spéciales.  Enfin,  dans  les  cas  de  grands  sondages, 
il  faudra  prévoir  les  accidents,  tels  que  la  déviation  des 
trous,  la  rupture  des  tiges  ou  des  instruments  d'attaque,  et 
se  munir  d'outils  de  secours  spéciaux,  tels  que  coupe-tuyaux, 
caracoles,  cloches,  etc.  *. 

Emplacement  et  nombre  des  trous  de  sonde.  —  On 
emploiera  surtout  les  trous  de  sonde  dans  les  cas  de  couches 
nettement  stratifiées  et  homogènes  (matériaux  de  construc- 
tion, combustibles  minéraux,  etc.).  L'exécution  d'un  trou  de 
sonde,  pour  reconnaître  un   filon  métallifère  ou   un   amas 

»  Voir,  pour  plus  de  détails,  Exploitation  des  Mines,  par  M.  Colomer 
{Bibliothèque  du  Conducteur  de  Travaux  publics)  ;  —  ou  Cours 
(T exploitation  des  MineSy  de  M.  IIaton  de  la  Goupiluère  (édition 
de  1897}  —  et  les  notices  rédigées  par  les  principaux  entrepreneurs 
de  sondage. 


80  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

irrégulier,  ne  donnerait  aucun  résultat,  car  les  matières 
à  étudier  sont  alors  en  couches  souvent  assez  minces  pour 
que  le  sondage  les  traverse  sans  qu'on  s'en  aperçoive  ou 
sans  qu'on  puisse  ramener  à  la  surface  des  éléments  d'étude 
suffisants. 

L'emplacement  des  trous  de  sondé  sera  déterminé  par  les 
indications  recueillies  à  la  surface,  s'il  y  en  a,  ou  par  la  con- 
formation topographique  de  la  contrée  à  explorer.  Leur 
nombre  variera  avec  leur  profondeur;  il  devra,  en  principe, 
être  aussi  considérable  que  possible  ;  mais  il  est  évident  que, 
s'il  s'agit  de  sondages  à  grande  profondeur,  il  se  réduira 
souvent  à  un  ou  deux,  à  cause  de  dépenses  qu'entraîne 
l'exécution  de  ces  travaux. 

Les  débris  ramenés  par  la  sonde  fourniront  des  indica* 
tions  sur  la  composition  des  terrains  traversés  ;  il  faudra  les 
recueillir  avec  soin,  les  laver  et  en  examiner  les  fragments 
à  la  loupe  ou  au  microscope;  on  peut  d'ailleurs  recueillir  des 
indications  plus  précises  en  découpant  dans  les  terrains  des 
carottes  assez  volumineuses  au  moyen  d'outils  spéciaux  appe- 
lés découpeurs  et  emporte-pièces.  S'il  s'agit  de  produits 
liquides,  on  peut  employer  la  pipette  Bazin. 
'  On  tiendra  un  journal  de  sondage  très  soigné,  de  manière 
à  pouvoir  reconstituer  tout  l'historique  de  la  recherche;  les 
échantillons  recueillis  aux  diverses  profondeurs  seront 
réunis  et  conservés  en  une  collection  géologique  permet- 
tant une  étude  ultérieure  détaillée  des  couches  traversées; 
on  évitera  ainsi  bien  souvent  les  pertes  de  temps  et  d'argent 
que  nécessiterait,  quelques  années  plus  tard,  l'exécution  de 
nouveaux  sondages,  en  cas  d'incertitude  sur  les  résultats  des 
premiers. 

Cubage.  —  La  délimitation  exacte  du  gisement  doit  se 
terminer  par  l'appréciation  du  volume  des  matières  en  dépôt, 
ou  cubage,  et  peut  se  faire  au  moyen  de  sondages,  de  fendues 
et  de  tranchées;  quelquefois,  si  lesaffleurements  ne  permettent 
pas  d'orienter  des  tranchées  de  recherches,  il  faudra  procéder 
au  creusement  de  puits  et  de  galeries,  si  l'on  prévoit  que  ces 
ouvrages  pourront  fournir  des  indications,  sans  que  l'on  soit 
obligé  de  leur  donner  des  dimensions  exagérées.  Toutefois, 
s'il  s'agit  d'un  gîto  étendu  et  d'une  matière  d'un  prix  élevé, 


CONSIDÉRATIONS    GÉNÉRALES  8i 

on  pourra  pratiquer  des  galeries  de  recherches  à  flanc  de 
coteau  ou  bien  creuser  un  puits  et  conduire  des  bowettes  de 
recherches  de  grande  longueur  dans  diverses  directions. 

On  procédera  à  des  prises  d'essai  dans  tous  les  points 
intéressants  :  fond  de  galerie,  fond  de  puits  ou  de  tranchées. 
Il  sera  souvent  utile  de  conduire  un  travers-bancs  que  Ton 
étendra  en  direction  adroite  et  à  gauche  dans  la  veine,  quand 
on  Taura  atteinte,  en  ayant  soin  de  prévoir  des  rampes 
d'écoulement  pour  les  eaux  et  d'évacuation  pour  les 
déblais. 

Il  arrive  généralement  que  les  travaux  de  recherches  sont 
utilisés  pour  des  expertises  ultérieures  et  même  pour  la  mise 
en  valeur  définitive  du  gisement;  il  faut  donc  veiller  à  ce 
qu'ils  puissent  se  conserver  en  bon  éiat  pendant  un  certain 
temps  en  boisant  les  galeries  et  les  puits,  s'il  y  a  lieu. 

On  devra  aussi,  autant  que  possible,  faciliter  l'accès  du  fond 
des  travaux  au  moyen  de  treuils  à  bennes,  d'escaliers  ou 
d'échelles  flxes  en  fer  ou,  tout  au  moins,  à  l'aide  de  quelques 
échelons  en  bois. 

La  prospection  d'un  gisement,  pour  être  complète,  doit 
comprendre  outre  les  travaux  matériels  de  recherches  qui 
viennent  d'être  indiqués,  une  étude  approfondie  de  la  géologie 
etde  lagéographie  du  pays  permettant  de  prévoir  la  richesse  du 
gisement  et  son  exploitabilité .  L'ingénieur  prospecteur  ne 
saurait  trop  insister  aussi  sur  les  considérations  économiques 
de  l'exploitation  à  venir,  et  il  doit  pouvoir  analyser  rapide- 
ment les  matériaux  et  les  minéraux  qu'il  découvre.  On 
donnera  ci-dessous,  au  sujet  de  ces  divers  points,  quelques 
indications  générales,  avant  d'aborder  Tétude  de  chaque  miné- 
ral en  particulier. 

Étude  géologique.  —  On  s'attachera  à  faire  une  étude 
géologique  aussi  complète  que  possible  de  la  contrée  où  se 
trouve  le  gisement  considéré,  et  on  dressera  une  carte  men- 
tionnant la  nature  des  terrains  et  des  roches  avec  les  failles 
et  les  filons,  en  déterminant  l'âge  des  diverses  formations. 
Les  filons  seront  suivis  sur  toute  leur  longueur  au  moyen  de 
fexamen  des  affleurements,  combiné  avec  les  résultats  des 
sondages  et  des  percements  de  galeries.  Les  parties  riches  des 
filons  seront  notées  avec  soin,  ainsi  que  toutes  les  variations 

GÉOLOGIB.  6 


82  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

d'épaissear,  de  direction  et  de  profondeur  dont  on  pourra  se 
rendre  compte.  Les  renseignements  que  l'on  recueillera  sur 
place  auprès  des  prospecteurs  locaux  et  des  industriels  déji 
établis  dans  le  pays  seront  du  plus  grand  secours  dans  ces 
recherches  délicates. 

L'étude  géologique  d'un  gisement  sert  de  base  à  toute  son 
exploitation  ultérieure;  il  ne  faut  donc  rien  négliger  pour 
s'assurer  de  son  exactitude.  L'ingénieur  prospecteur  devra 
s'appuyer  sur  les  travaux  des  géologues  qui  l'auront  précédé  ; 
mais  il  aura  soin  de  vérifier  soigneusement  leurs  indications 
et  de  contrôler  l'exactitude  des  cartes  géologiques  delà  région 
qui,  étant  dressées  généralement  à  une  très  petite  échelle^ 
sont  susceptibles  de  contenir  quelques  erreurs  pour  les  zones 
ordinairement  peu  étendues  dans  lesquelles  on  cherche  à 
établir  des  exploitations  minières. 

Topographie.  —  Pour  faire  une  étude  géologique  complète 
et  fructueuse  du  gisement  à  explorer,  il  est  nécessaire  d'en 
déterminer  exactement  la  situation  topographique;  dans  ce 
but,  on  devra  se  procurer  tous  les  plans,  même  les  plus  anciens 
qui  auront  été  dressés  du  gisementet  des  travaux  de  recherches 
ou  d'exploitation  déjà  effectués.  De  plus,  pour  les  consta- 
tations rapides,  l'ingénieurprospecteur  devra  être  muni  d'une 
boussole  de  poche  avec  talon  et  aiguille  d'inclinaison,  ainsi 
que  d'un  petit  baromètre  métallique  pour  déterminer  les 
altitudes  et  repérer  les  points  qu'il  devra  explorer. 

Étnde  géographique.  —  L'exploitabilité  d'un  gisement 
dépend  souvent  de  sa  situation  géographique;  le  rapport  devra 
indiquer  les  centres  industriels  ou  les  agglomérations  les  plus 
importantes  qui  se  trouvent  dans  la  région  à  explorer;  on  y 
mentionnera  les  moyens  d'y  accéder  par  chemin  de  fer,  par 
voie  d'eau  ou  par  les  routes,  en  notant  les  distances  compa- 
ratives et  le  prix  de  revient  des  divers  modes  de  transport 
existant  ou  à  établir.  Si  l'on  se  trouve  au  voisinage  de  la  mer^ 
il  pourra  y  avoir  intérêt  à  relier  la  mine  au  rivage  par  une 
route  ou  par  une  voie  ferrée,  ou  à  construire  une  estacade 
pour  faciliter  l'embarquement  des  minerais,  surtout  s'il  s'agit 
d'une  exploitation  devant  porter  sur  un  tonnage  considérable 
et  exigeant  des  moyens  de  transport  puissants.  La  facilité  des 
communications  permet  d'installer  les  machines  à  peu  de 


CONSIDÉRATIONS    GÉNÉRALES  83 

frais,  et  parfois  on  se  trouve  obligé  d'abandonner  des  gîtes 
intéressants,  parce  que  Ton  est  dans  l'impossibilité  d'amener 
à  pied  d'œuvrele  matériel  d'exploitation  nécessaire.  La  diffi- 
culté des  communications  est  d'ailleurs  un  obstacle  à  Tap- 
provisionnement  des  travailleurs  que  Ton  devra  payer  en 
conséquence  et  que  Ton  recrutera  avec  peine,  s'il  s'agit  d'un 
pays  dénué  de  ressources. 

Il  est  de  la  plus  haute  importance,  avant  d'entreprendre  la 
prospection  d'une  contrée,  de  se  munir  des  cartes  à  grande  et 
à  petite  échelle,  les  mieux  faites,  les  plus  détaillées  et  les  plus 
récentes  qui  aient  été  publiées  sur  cette  région. 

Hydrologie.  —  Une  question  importante  est  celle  du  régime 
hydrologique  de  la  contrée.  Pour  certaines  exploitations,  il 
est  indispensable  de  disposer  soit  d'un  cours  d'eau,  soit  de 
sources  abondantes.  Si  l'on  a  besoin  d'une  force  motrice 
considérable,  il  peut  être  très  intéressant  de  créer  des  déver- 
soirs, pour  l'établissement  dé  moulins  ou  de  turbines  desti- 
nés à  servir  de  moteurs.  On  pourra  ainsi  actionner  des 
dynamos,  permettant  de  transporter  sur  le  carreau  de  la 
mine  l'énergie  électrique  nécessaire  à  la  commande  de  ven- 
tilateurs, de  bocards,  voire  même  de  machines  d'extraction, 
ainsi  qu'à  l'éclairage  des  chantiers.  Il  faudra  donc  étudier 
avec  soin  le  régime  des  cours  d'eau  avoisinants,  se  faire  ren- 
seigner sur  l'importance  de  leurs  crues,  qui  peuvent  être 
nuisibles  aux  travaux  de  lamine,  ainsi  que  sur  leurs  périodes 
de  sécheresse,  qui  peuvent  arrêter,  par  manque  d'eau,  les 
usines  de  force  motrice. 

Rocratement  du  personnel.  —  La  question  du  recrutement 
de  la  main-d'œuvre  est  également  primordiale.  Dans  certains 
|.ays  il  existe  une  population,  habituée  de  longue  date  aux 
travaux  miniers,  qui  fournira  une  main-d'œuvre  abondante 
et  entendue.  Dans  d'autres  régions,  au  contraire,  le  caractère 
essentiellement  agricole  de  la  population  rendra  impossible 
le  recrutement  sur  place,  et  on  sera  obligé  de  faire  venir  à 
grands  frais  le  personnel  dont  on  aura  besoin. 

Si  le  pays  est  malsain,  ce  personnel  sera  très  exigeant,  et 
on  devra  s'attendre,  surtout  dans-  les  premiers  temps  de 
l'exploitation,  à  le  voir  diminuer,  par  suite  de  la  mortalité  et 
des  rapaliiomonls. 


84  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Il  faudra  se  rendre  compte  des  conditions  d'hygiène  du 
pays  et  s'enquérir  des  maladies  endémiques  et  des  épidémies, 
si  fréquentes  dans  les  pays  intertropicaux. 

L'extrême  chaleur  et  des  froids  rigoureux,  ainsi  que  les 
saisons  pluvieuses  prolongées,  ralentissent  ou  arrêtent, 
pendant  une  partie  importante  de  Tannée,  les  travaux  de 
mine  et  les  transports  ;  on  doit  donc  en  tenir  le  plus  grand 
compte  dans  rétablissement  d'un  projet  d'exploitation. 

Considérations  économiques.  —  Il  est  nécessaire,  dans  une 
exploitation,  de  pouvoir  disposer  de  bois  en  planches,  en 
poutres  et  en  poteaux,  soit  pour  les  soutènements  dans  les 
galeries,  soit  pour  la  construction  de  hangars  ou  d'habita- 
tions ouvrières,  permanentes  ou  temporaires.  On  étudiera 
donc  l'importance  des  forêts,  et  surtout  la  nature  des  essences 
et  les  dimensions  des  arbres  qui  les  composent.  Il  sera  utile 
aussi  de  connaître  les  centres  industriels  qui  ont  fourni  le 
matériel  des  installations  voisines,  s'il  y  en  a;  de  s'enquérir 
des  droits  de  douane,  des  prix  du  fret,  du  moyen  de  déchar- 
gement dans  les  ports,  et,  en  général,  de  tous  les  éléments 
nécessaires  pour  calculer,  le  plus  exactement  possible,  le 
prix  de  revient  des  machines  et  des  maténaux  de  construc- 
tion, rendus  à  pied  d'œuvre.  On  pourra  avoir  besoin  dé  ces 
renseignements,  pour  établir  des  constructions  métalliques, 
ou  pour  installer  Textraction  ou  la  préparation  des  minerais. 
Aucun  détail  ne  doit  être  omis,  et  il  sera  très  important  de 
connaître  le  prix  de  la  main-d'œuvre,  ses  variations  possibles 
e^  leurs  causes,  les  besoins  du  pays,  le  développement  de  son 
industrie,  ses  importations  et  ses  exportations,  sa  législation 
minière,  son  organisation  politique  et  administrative,  et  de 
se  rendre  compte  de  l'accueil  qu'y  reçoivent  les  chefs  d'in- 
dustrie et  les  ouvriers  étrangers.  En  un  mot,  l'ingénieur 
prospecteur  devra  s'attacher,  pour  l'étude  d'.un  gisement, 
non  seulement  à  des  considérations  géologiques,  mais  encore 
à  toutes  les  indications  susceptibles  de  le  renseigner  complè- 
tement sur  le  prix  de  revient  et  sur  le  prix  de  vente  pro- 
bables du  minerai  ou  de  la  roche  à  exploiter. 

Prise  d'essai.  —  On  devra  apporter  le  plus  grand  soin 
dans  le  choix  des  points  où  l'on  prélèvera  les  échantillons 
et  faire  tous  ses  efforts  pour  arriver  à  une  moyenne  exacte 


COKBIDÉRATIONS   GÉ?IÉ1tAI.ES  SS 

par  des  attaques  multiples.  Il  Taut  se  prémunir  contre  1«8 
difTérences  de  compacité  des  diverses  roches,  surtout  quand 
on  prélève  des  échantillons  au  moyen  de  coups  de  mine; 
la  portion  du  gtte  abattue  par  un  explosif  contiendra 
souvent  plus  de  matières  utiles  que  n'en  contient  le  gise- 
ment en  moyenne,  parce  que  les  sulfures  et  les  chlorures 
minéraux,  par  exemple,  sont  en  général  plus  tendres  et  plus 
portés  à  s'elTriter  et  k  tomber  que  les  roches  encaissantes  ; 
on  devra  donc,  dans  ce  cas  surtout,  multiplier  les  prises 
d'essai  et  faire  broyer  une  quantité  importante  de  minerai, 
sur  laquelle  on  prélèvera  des  échantillons  définitifs,  par  l'une 
des  méthodes  suivantes: 

i"  Pour  une  prise  d'essai  méthodique,  on  fait  avec  le 
minerai  un  tas  circulaire  de  l  mètre  de  haut  et  de  8  à 
10  mètres  de  diamètre,  puis  on  pratique  une  tranchée  sui- 
vant un  diamètre;  on  pulvérise  les  matières  qu'on  eu  retire. 


et  on  fait  un  nouveau  las  sur  lequel  on  recommence  la 
même  opération,  et  ainsi  de  suite,  jusqu'à  ce  qu'on  n'ait  plus 
que  2à  3  mètres  de  matières,  présentant  bien  la  composition 
moyenne  {Voir  fig.  55)  ; 

2"  On  peut  aussi  opérer  sur  des  las  rectangulaires,  suivant 
la  méthode  allemande,  l.e  tas  a  1  mètre  de  haut,  3  à  4  mètres 


86  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

de  large  et  8  à  tO  mètres  de  long  ;  sur  la  surface  on  dessine  un 
damier  et  on  enlève  le  minerai  compris  dans  un  certain 
nombre  de  cases  systématiquement  choisies  (Voir  fig,  56). 

Sur  le  minerai  ainsi  prélevé,  on  fait  de  nouvelles  prises, 
jusqu'à  ce  qu'on  n'en  ait  plus  que  la  quantité  voulue  ; 

^^  Aux  États-Unis,  on  a  essayé,  pour  les  métaux  précieux, 
de  faire  des  prises  d'essai  mécanique. 

Le  minerai  versé  dans  une  trémie  tombe  sur  la  pointe  d'un 
cône  ;  au  moyen  d'une  glissière  ou  d'un  secteur  évidé  on 
isole  ce  qui  tombe  sur  un  dixième  de  la  circonférence. 

L'analyse  chimique  ou  minéralogique  fournit  ensuite  la 
composition  exacte  du  minerai. 

Essais  sûr  place.  —  Laboratoire  de  voyage.  —  Outre  les 
analyses,  que  l'on  fera  effectuer  dans  des  laboratoires  spé- 
ciaux, officiels  ou  non,  il  sera  bon  de  procéder  sur  place  à 
divers  essais  et  mémo  à  des  analyses  rapides,  surtout  s'il 
s'agit  de  gisements  non  encore  reconnus,  il  y  aura  lieu  de 
faire  les  essais  tantôt  par  voie  sèche,  tantôt  par  voie  humide. 

Il  sera  donc  indispensable  d'emporter  avec  soi  un  matériel 
de  laboratoire,  réduit  au  strict  nécessaire,  si  la  région  à 
explorer  est  éloignée  de  tout  centre  industriel. 

Au  premier  rang  des  appareils  indispensables  à  tout  pros- 
pecteur, il  faut  placer  une  paire  de  bonnes  balances,  avec  des 
séries  de  poids  correspondants.  L'une,- pour  les  pesées  déli- 
cates, pourra  peser,  par  exemple,  1  gramme  au  centième  de 
milligramme  près,  et  l'autre  pourra  peser  2  ou  300  grammes 
au  centigramme  près.  Le  laboratoire  portatif  devra  com- 
prendre, en  outre,  les  ustensiles  nécessaires  pour  pulvériser 
les  roches  (mortier  en  fonte,  en  porcelaine,  pilons,  marteaux, 
enclume  en  acier,  ciseau  à  froid)  et  pour  faire  des  essais  par 
voie  sèche  et  des  coupeltations  (coupelles,  moules  à  cou- 
pelles, moufles,  creusets,  fourneau  à  moulles,  pinces  à 
creusets,  pinces  à  coupelles,  pinces  et  brosses  à  boutons, 
tubes  à  essai,  scarificateur,  moules  et  pinces  à  scarificateur). 

Pour  les  essais  par  voie  humide,  on  prendra  des  capsules, 
des  ballons  d'essai,  des  burettes,  des  flacons  séparateurs; 
comme  produits  indispensables,  du  borax  ordinaire  et  vitri- 
fié, du  plomb  à  essayer,  du  plomb  granulé,  de  la  lilharge 
(10  kilogrammes),  du  bicarbonate  de  soude  (40kilogrammes)i 


CONSIDÉRATIONS    GÉNÈRALKS  87 

de  Tazotate  de  potasse  (2  kilogrammes^,  de  la  cendre  d*os 
(10  kilogrammes),  de  Targent  en  lamelles  (25  grammes),  de 
Tacide  chlorhydriqi|e  (3  litres),  de  Tacide  azotique  (3  litres), 
de  la  silice,  de  Tammoniaque  et  du  sulfure  d'ammonium. 

On  pourra  fabriquer  soi-même  les  coupelles,  au  moyen 
d'un  moule  spécial  dans  lequel  on  comprimera  avec  un 
mandrin  la  cendre  d'os  humide.  A  la  rigueur,  on  peut  pré- 
parer soi-même  la  cendre  d'os  en  brûlant  des  carcasses  de 
moutons  ou  de  chevaux. 

Enfin  Ton  devra  se  munir  d'un  microscope  polarisant  et 
de  ses  divers  accessoires,  tourmaline,  mica-quart-d'onde, etc., 
si  l'on  veut  procéder  à  un  examen  micrographique  des 
roches  rencontrées.  Pour  reconnaître  rapidement  les  espèces 
minérales  d'après  leur  dureté,  on  se  servira  d'une  pointe 
d'acier.  L'essai  au  tube  ouvert  se  fera  dans  des  tubes  à  essais 
en  verre,  que  l'on  soutiendra  au  moyen  d'une  pince  en  bois 
au-dessus  de  la  flamme  d'une  lampe  à  alcool. 

EsMi  an  chalumeau.  — r  Une  excellente  méthode  d'infor- 
mation est  l'essai  au  chalumeau,  soit  avec  le  borax,  soit  avec 
le  sel  de  phosphore.  Suivant  l'aspect  des  perles  obtenues,  on 
peut  déterminer  la  plupart  des  espèces  minérales  d'une 
manière  très  nette  et  très  rapide;  on  trouvera  dans  V Agenda 
du  Chimiste ,  publié  par  la  maison  Hachette,  tous  les  rensei- 
gnements nécessaires  pour  les  essais  au  chalumeau. 

Il  n'est  cependant  pas  inutile  de  citer  ici  un  résumé  des 
diverses  opérations  de  l'analyse  au  chalumeau,  qui  permettra 
au  prospecteur  de  reconnaître  en  quelques  instants  le  mi- 
nerai qu'il  aura  rencontré. 


ESSAI    AU   CHALUMEAU 

RÉSUMÉ    DES    DIVERSES    OPÉRATIONS 

I.  Examen  du  minerai  chauffé  dans  un  tube  fermé. 
II.        —  —  —  —  ouvert. 

III.  Examen  sur  le  charbon  sans  réactif. 

IV.  —  —  avec  réactif. 
V.  Sur  la  pince  à  bouts  de  platine. 

VI.  Sur  le  fil  de  platine  avec  borax  ou  sel  de  phosphore. 


88  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 


I.  —  EXAMBN  DANS  LE  TUBB  FERMÉ 

Ctypse  (CaOSO^  +  2Aq).  —  Dégagement  d'eau. 
Pynte  (FeS*).  —  Dégagement  de  S. 

Mispickel  (FeAsS).  —  Sublimé  rouge  de  sulfure  d'As,  puis  sublimé 
métallique  d'As. 

Cuivre  gris  [SbS^  +  4(Cu^Fe)S].  —  Sublimé  rouge  de   sulfure 

de  Sb. 
Cinabre  (HgS).  —  Sublimé  de  sulfure  de  Hg.  Si  on  le  mélange  à  la 

soude,  on  obtient  du  Hg. 

II.  —  Examen  dans  le  tube  ouvert 

Smalline  (cobalt  arsenical).  —  Sublimé  d'acide  arsénieux,  puis 

fumées  blanches. 
Cuivre  gris.  —  Sublimé  d'oxyde  d'antimoine  et  dégagement  d'acide 

sulfureux. 

III.  —  Essais  sur  le  Charbon  sansri^actip 
!•  Réduction 

Cérusite  (PbO,CO«}.  —Fond et  donne  du  plomb. 

2*  Grillage 

Chalcosine  (Cu^S).  —  Fond,  dégage  de  l'acide  sulfureux. 
Cuivre  gris,  —  Fond,  dégage  de  l'oxyde  d'antimoine  et  de  Tacide 
sulfureux. 

IV.  —  Essais  sur  le  charbon  avec  réactifs 
1*  Réduction  avec  la  soude 

Pyromorphite   (plomb   phosphaté).  —  Donne  du   plomb    métal- 
lique. 
Malachite  (cuivre  carbonate  vert).  —  Donne  du  cuivre. 

2'  Réduction  avec  soude  et  oaalale  de  potasse 

Étain  oxydé.  —  Étain. 

3"  Essais  sur  le  charbon  avec  réactif  au  nitrate  de  cobcUt 

Giobertite  (magnésie  carbonatée).  —  Prend  une  coloration  rose 

pâle. 
Zincenise  (zinc  hydrocarboné).  —  Prend  une  coloration  verte. 
Kaolin  (silicate  d'alumine  hydraté).  —  Prend  une  coloration  bleue. 


CONSIDÉRATIONS   GÉNÉRALES  89 

V.  —  Essais  avbc  la  piacb  a  bouts  ùe  plati^îe 

!•  Fusibilité 

Mésotype  (hydrosilicate  d'alumine  et  de  soude).  —  Fond  facile- 
ment et  colore  la  flamme  en  jaune. 

Grenat  almandin  (silicate  d*aiumine  et  de  FeO).  —  Fond  assez  faci- 
lement Qt  devient  noir  et  magnétique. 

Epidote  (silicate  d*Al»0^Fe^03,  CaO  -4-  un  peu  d'eau).  —  Fond  assez 
facilement  en  une  masse  noire. 

Orthose  (silicate  d'Al^O»  et  de  RO^.  —  Fond  difficilement  sur  les 
bords. 

2*  Coloration  de  la  flamtne 

I.^pfcfo/t7e(micalJthifëre).  —  Flamme  rouge. 

Wit hérite  (baryte  carbonatée).  —  Flamme  vert  pâle. 

Strontianite  (strontiane  carbonatée).  —  Flamme  rouge. 

Yl.  —  Essais  sur  le  fil  de  platine  avec  borax 

Acerdèse  (H*0,Mii*0»).  —  Perle  rouge  améthyste,  incolore  à  la 

réduction. 
Malachite,  —  Perle  bleue,  rouge  au  feu  de  réduction. 
Oligiste.  —  Perle  Jaune,  vert  bouteille  à  la  réduction. 
Smaltine,  —  Après  grillage,  le  globule  donne  successivement,  sur 

la  coupelle,  les  réactions  du  fer,  du  cobalt  et  du  nickel. 

Fe  =  jaune 
Co  =  bleu 
Ni  =  brun. 


On  doit  à  M.  Stanislas  Meunier  un  moyen  original  de 
reconnaître  exactement,  sans  aucune  difficulté  et  sans  ana- 
lyse compliquée,  tout  minerai  et  toute  roche  rencontrés  au 
cours  d'une  prospection.  (Voir  la  Lithologie  pratique^  par 
St.  Meunier;  Dunod,  éditeur;  pages  176  à  198.) 

Les  prospecteurs  qui  auront  employé  une  fois  ce  procédé 
d^investigation  s'en  serviront  constamment  par  la  suite. 


90  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

DIVISIONS  DE  CE  TRAITÉ  DE  GÉOLOGIE  APPUOUÉE 

Après  cet  exposé  indispensable  pour  fixer  les  idées  de 
ringénieur  géologue,  quelle  que  soit  la  prospection  qu'il  peut 
avoir  à  accomplir,  recherche  déroches,  de  matériaux  de  cons- 
truction ou  de  minéraux  quelconques,  cet  ouvrage  compren- 
dra Texamen  successif  des  divers  matériaux  que  renferme 
notre  globe,  et  qui  sont  susceptibles  d'être  utilisés  par  Tin- 
dustrie,  les  arts  ou  les  divers  besoins  de  Thumanité,  et  l'in- 
dication, pour  chacun  d'eux, des  particularités  les  plus  intéres- 
santes, qui  ont  été  constatées  jusqu'à  ce  jour  dans  les 
gisements  exploités  ou  même  seulement  reconnus. 

Classifications  diverses.  —  Pour  la  classification  des  ma- 
tières que  l'on  doit  étudier  dans  ce  traité,  nous  pouvions 
choisir  entre  quatre  systèmes  correspondant  respectivement 
aux  caractères  chimiques,  géologiques,  géographiques  et 
aux  applications  pratiques  de  chaque  minéral. 

I.  La  classification  chimique,  qui  est  souvent  employée, 
présente  de  nombreux  inconvénients  pour  Tétude  qui  nous 
occupe. 

Des  corps  dont  les  affinités  chimiques  sont  indéniables, 
comme  le  carbone  et  le  bore,  ont  des  gisements  ne  présentant 
aucune  analogie.  Certains  éléments  qu'amène  la  nomencla- 
ture chimique  n'ont  aucune  importance  minéralogique, 
l'iode,  par  exemple,  tiré  exclusivement  des  cendres  de  varech, 
d'ordre  végétal  par  conséquent;  d'autres,  comme  l'oxygène, 
le  corps  le  plus  répandu  à  la  surface  de  la  terre  et  celui  dont 
l'influence  chimique  est  prépondérante,  doivent  être  forcé- 
ment passés  sous  silence  dans  un  traité  de  géologie  appliquée. 

De  plus,  les  composés  binaires  se  rencontrent  deux  fois: 
le  chlorure  de  sodium,  s'il  est  étudié  à  propos  du  sodium, 
devrait  au  moins  être  cité  au  chapitre  du  chlore.  Les  sili- 
cates sont  séparés  de  certains  aluminates  auxquels  les 
rattachent  cependant  une  série  de  composés  mixtes  et  de 
roches  complexes. 

IL  D'autre  part,  la  classification  ne  peut  reposer  sur  des 


CONSIDÉRATIONS    GÉNÉRALES  91 

caractères  géologiques.  Un  même  corps,  la  pyrite  cuivreuse 
par  exemple,  est  d'origine  filonienne  à  Rio-Tinto,  tandis 
qu'au  Rammelsberg,  dans  un  gisement  très  analogue,  il  est 
«rorigine  nettement  sédimentaire.  —  L'or,  Pun  des  métaux 
les  plus  anciens,  se  rencontre  dans  des  filons  de  quartz 
appartenant  à  l'ère  primaire  dans  les  conglomérats  cam- 
briens  des  montagnes  Rocheuses,  par  exemple;  ce  même 
métal  se  retrouve  dans  des  filons  aurifères  de  la  Transylva- 
nie, du  Colorado,  de  TAutriche,  qui  appartiennent  à  la  fin  de 
l'ère  tertiaire. 

Il  en  est  de  même  pour  Tétain,  qui  se  rencontre  dans  des 
granulites  dévoniennes  et  aussi  dans  des  couches  tertiaires 
<le  Toscane. 

Le  mercure,  le  plomb,  etc.,  se  rencontrent  dans  des 
terrains  appartenant  à  des  formations  tout  à  fait  différentes. 

Certainis  minerais,  d'origine  uniquement  sédimentaire, 
appartiennent  aussi  très  souvent  à  différents  âges  géologiques 
(houille,  calcaire,  etc.). 

lU.  On  pourrait,  à  la  rigueur,  admettre  une  classification 
géographique  permettant  à  l'ingénieur  qui  séjourne  dans 
une  contrée  de  retrouver  facilement  tous  les  gisements  qui 
se  trouvent  dans  son  voisinage.  Mais  cette  classification  pré- 
sente divers  inconvénients  : 

L'ingénieur  ou  le  conducteur  de  travaux  publics,  par 
exemple,  n'aura  besoin  que  de  renseignements  sur  les 
matériaux  de  construction,  granité,  pierres  à  chaux  ou  à 
ciment,  calcaires,  ardoises,  etc.,  et,  dans  les  divers  chapitres 
de  la  classitication  géographique,  ces  renseignements  se  trou- 
veront noyés  au  milieu  d'indications  sur  les  minerais  métal- 
lifères ou  autres. 

Ce  même  agent  ne  pourra  pas  embrasser  rapidement,  dans 
un  ouvrage  ainsi  disposé,  l'ensemble  des  gisements  des 
matériaux  qui  l'intéressent,  ni  découvrir,  par  suite,  les  gise- 
ments des  contrées  voisines  auxquels  il  pourrait  avoir  recours. 

Si  la  contrée  qu'il  habite  ne  possède  pas  de  calcaire 
ilonnant  l'espèce  de  chaux  dont  il  a  besoin,  la  chaux  hydrau- 
lique, par  exemple,  il  faut  qu'il  puisse  trouver  facilement 
dans  quelle  contrée  voisine  il  rencontrera  l'argile,  dans 
quelle  autre  le  carbonate  de  chaux,  qui  pourront  lui  fournir. 


92  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

après  mélange  et  calcination,  la  chaux  hydraulique  dont  il 
aura  besoin. 

Il  est  évident  aussi  que  la  recherche  ou  Tétude  de 
sources  minérales,  par  exemple,  sera  facilitée  si,  dans  un 
traité  de  géologie  appliquée,  on  trouve  au  même  chapitre 
toutes  les  indications  sur  les  venues  thermales,  sans  avoir  à 
compulser  tout  Touvrage  pour  y  étudier  le  régime  des  eaux 
minérales  dans  chaque  contrée. 

IV.  En  présence  de  la  presque  impossibilité  d'établir  une 
classification  rationnelle,  il  paraît  sage  de  se  contenter  d*une 
classification  pratique. 

Notre  nomenclature  ne  comprendra,  du  reste,  que  les  corps 
qui  se  présentent  en  masse  importante  dans  la  nature  ou  qui 
ontdansles  arts  une  utilité  particulière.  On  ne  traitera  pas  de 
métaux  tels  que  le  ruthénium,  dont  Thistoire  n'appartient 
pas  plus  à  la  géologie  que  sa  préparation  ne  dépend  de  la 
métallurg'e,  et  il  a  paru  inutile  de  s'appesantir  sur  des  corps 
tels  que  le  sélénium,  qui  est  d'un  usage  très  restreint,  non 
plus  que  sur  certains  autres  corps,  tels  que  ceux  que  Ton  ne 
trouve,  comme  l'iode,  que  dans  les  eaux  de  la  mer  et  en  bien 
faibles  proportions. 

La  plupart  de  ces  corps  sont  du  domaine  de  la  chimie 
industrielle  plutôt  que  de  la  géologie. 

Classification  adoptée.  —  La  classification  adoptée  dans  ce 
traitt';  de  géologie  pratique  est  basée  sur  l'utilisation  des  maté- 
riaux. Les  plus  employés  et  les  plus  répandus  seront  examinés 
tout  d'abord  ;  ainsi  les  premiers  chapitres  traiteront  des 
matériaux  de  construction  et  des  minerais  employés  pour  la 
métallurgie;  les  chapitres  suivants  comprendront  les  com- 
bustibles, les  hydrocarbures,  les  minéraux  employés  dans  les 
industries  chimiques  et  dans  l'agriculture  et,  en  dernier  lieu, 
sera  placée  l'étude  des  minerais  des  métaux  rares  et  des 
pierres  dites  précieuses. 

DiTisions  des  chapitres.  —  Dans  chaque  chapitre  les  mi- 
néraux seront  classés  suivant  leur  importance  industrielle; 
pour  chacun  d'eux,  on  indiquera  successivement  : 

i^  Les  caractères  distinctifs  du  corps  à  étudier  et  les  pro- 
priétés physiques  et  chimiques  permettant  de  le  recon- 
naître; 


CONSIDÉRATIONS    GÉNÉRALES  93 

2**  Les  divers  usages  et  les  conditions  d'emploi  du  corps  et 
de  ses  composés  ; 

3*  Les  divers  minerais  d'où  il  peut  être  tiré,  avec  leur  géo- 
génie,  s'il  y  a  lieu  ; 

4°  Les  gisements  connus  exploités  ou  non,  la  description 
détaillée  des  principaux  d'entre  eux  et  des  modes  d'exploi* 
tation  employés,  avec  leur  prix  de  revient  ; 

5<»  La  production  de  chaque  minerai  pendant  les  dernières 
années  avec  le  prix  de  vente,  pour  le  monde  entier,  et  des 
renseignements  statistiques,  économiques  et  commerciaux 
pour  les  principales  exploitations  ; 

6^  Une  bibliographie  complète  pour  chaque  corps,  permet- 
tant de  trouver  les  renseignements  les  plus  récents  et  les 
plus  détaillés  pour  les  matériaux  et  les  minerais  dont  on 
veut  approfondir  l'étude. 


L'on  rencontrera,  au  cours  de  cet  ouvrage,  un  certain 
nombre  de  renseignements  empruntés  aux  études  si  docu- 
mentées et  si  complètes  de  MM.  Nivoit  {Géologie  appliquée  à 
Part  de  Vingénieur),  Stanislas  Meunier  {Géologie  pratique), 
Haton  de  la  Goupillière  {Cours  d'exploitation  des  mines)  et  de 
Lapparent  {Traité  de  Géologie),  aux  documents  laissés  par 
M.  Fuchs,  ingénieur  en  chef  des  Mines,  et  surtout  au  cours 
professé  à  l'École  supérieure  des  Mines  de  Paris  par  notre 
éminent  maître,  M.  L.  de  Launay. 

Nous  renvoyons  à  ces  divers  auteurs  ceux  de  nos  lecteurs 
qui  voudront  étudier  plus  complètement  un  des  gisements 
qui  n'aura  pu  souvent  être  qu'effleuré  dans  le  cadre  restreint 
de  cet  ouvrage. 

Aces  diverses  sources  de  renseignements  nous  avons  Joint 
le  résultat  de  nos  recherches  et  observations  personnelles 
faites  au  cours  de  fréquentes  missions  et  de  voyages 
d'études  dans  divers  pays  et  pour  de  nombreux  minerais,  tels 
que,  notamment: 

Les  gisements  hydrocarbures,  pétrole,  asphalte,  bitume, 
ozokérite,  etc.,  de  la  Galicie,  la  Hongrie,  l'Italie,  la 
Limagne,  l'Hérault,  les  Landes,  etc.  ;  les  gisements  houillers 


94  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

et  anthracifères  de  France  et  de  Belgique,  les  lignites  de 
Hongrie,  de  Styrie,  d'Autriche,  d'Allemagne  et  d'Italie,  les 
ardoisières  des  Ardennes,  les  gîtes  nianganésifères  des 
Pyrénées;  divers  gisements  de  minerais  de  fer  ;  les  minerais 
de  plomb  argentifère  de  Freiberg;  les  marbres  du  Boulonnais 
et  de  ritalie  et  les  calcaires  de  Soignies,  d'Ecaussine,  etc. 

Nous  espérons  que  leslecteurs  de  la  Bibliothèque  du  Con- 
ducteur de  travaux  publics  pourront  trouver  dans  cet  ouvrage 
quelques  renseignements  qui  leur  seront  utiles  pour  leurs 
travaux,  soit  comme  constructeurs,  pour  les  matériaux  qu'ils 
auront  à  employer,  soit  comme  prospecteurs,  pour  les  gise- 
ments qu'ils  auront  à  reconnaître  en  vue  d'une  exploitation  à 
venir. 

Le  Précis  de  Géologie  générale  qui  précède  ce  Traité  de 
Géologie  et  de  Minéralogie  appliquées  renferme  des  éléments 
de  minéralogie  et  de  paléontologie.  Cet  abrégé  de  géologie, 
très  succinct,  contient  les  principaux  renseignements  sur  la 
formation  du  globe  terrestre  et  sur  les  divers  terrains  que 
renferme  notre  planète,  avec  leur  ordre  de  dépôt.  On  y 
trouvera  tous  les  éléments  nécessaires  à  l'étude  des  terrains 
où  l'on  rencontre  les  minéraux  dont  les  gisements  sont  passés 
en  revue  dans  les  chapitres  qui  vont  suivre. 


CHAPITRE    II 


MATÉRIAUX  DE  CONSTRUCTION   ET  ROCHES 
EMPLOYÉES  DANS  LES  TRAVAUX  PUBLICS 


Ce  chapitre  comprend  Tétude  des  mutériaux  de  construc- 
tion et  des  matières  employées  dans  les  travaux  publics  ;  on 
en  exceptera  les  minerais  métalliques,  qui  ne  sont  générale- 
ment utilisés  dans  les  constructions  qu'après  une  transfor- 
mation préalable  ;  ces  minerais  feront  Tob  jet  du  chapitre 
suivant. 

On  peut  diviser  celte  élude,  pour  plus  de  facilité,  en  deux 
parties  principales,  d'après  Torigine  et  la  formation  des  ma- 
tériaux : 

1®  Les  roches  ignées  ou  éruptives  ; 
2«  Les  roches  sédimentaires. 

Définition.  —  On  appelle  roche  une  substance  minérale 
assez  répandue  dans  la  nature  pour  pouvoir  être  considérée 
comme  partie  intrinsèque  de  Técorce  terrestre. 

Caractères  généraux  des  roches.  —  On  trouvera,  dans 
le  premier  chapitre  de  ce  traité,  le  moyen  de  reconnaître  la 
roche  ouïe  minerai  que  Ton  veut  exploiter  ou  employer;  on 
ne  reviendra  pas  ici  sur  ce  point;  mais  il  est  utile,  en  ce  qui 
concerae  particulièrement  les  roches,  de  se  rendre  compte 
rapidement  de  certaines  de  leurs  propriétés  et  de  leurs  qua- 
lités relatives  à  l'emploi  auquel  elles  sont  destinées. 

Ces  diverses  propriétés  sont: 


96  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

La  dureté,  la  résistance,  la  ténacité,  la  flexibilité,  la  den- 
sité, la  structure,rhoniogénéité,raltérabilitésous  Finfluence 
des  éléments  atmosphériques,  de  la  chaleur  ou  de  la  gelée. 

Selon  la  propriété  prédominante  dans  chaque  roche,  on 
remploie  comme  fondations,  comme  pierre  à  bâtir  pour  les 
habitations  ou  pour  les  monuments  plus  durables,  comme 
couverture  de  bâtiment,  comme  pavage  des  rues,  bordure 
des  trottoirs  ou  empierrement  des  routes,  ou  comme  déco- 
ration des  édifices. 

On  indiquera,  pour  chaque  roche,  les  qualités  qui  lui  sont 
propres  et  qui  la  font  rechercher  plus  particulièrement 
pour  les  divers  besoins  des  constructions  ou  des  travaux 
publics. 


Prbmièrb  paktib.  —  ROCHES  ËRUPTIVES  OU  IGNÉES 

On  peut  voir,  dans  le  Précis  de  Géologie  qui  précède  ce 
Traité  de  Géologie  et  de  Minéralogie  appliquées,  que  les  roches 
éruptives  ont  été  classées  en  roches  anciennes  et  modernes^ 
acides  et  basiques.  Une  classification  aussi  détaillée,  indis- 
pensable pour  l'étude  théorique  des  roches.  Test  beaucoup 
moins  au  point  de  vue  de  leur  utilisation,  qui  seule  intéresse 
le  constructeur.  Pratiquement  la  composition  microscopique 
est  indifférente  ;  au  contraire,  l'apparence  peut  jouer  un 
rôle  important,  aussi  distinguera- t-on  les  roches  éruptives 
en  trois  catégories,  suivant  leurs  caractères  extérieurs. 

On  appellera  roches  granitiques,  les  roches  formées  d'élé- 
ments de  grandeur  de  même  ordre;  porphyriques,  celles 
qui  présentent  de  grands  cristaux  tranchant  sur  une  pâte, 
quelle  que  soit,  d'ailleurs,  la  nature  de  cette  pâte  ;  et,  enfin, 
rocfies  volcaniques  ou  laves,  les  roches  vitreuses  sans  cristaux. 


1^    ROCHES   GRANITIQUES 

Les   roches  granitiques   sont  formées  de  trois  éléments 
principaux  :  quartz,  feldspath  et  mica,  ce  dernier  pouvant 


U&TËBIAUX    DE    CONSTRUCTION  97 

être  remplacé  par  différents  minéraux  magnésieas,  par 
exemple  par  de  l'amphibole.  Elles  sont  Tonnées  de  cristaux 
soudés  entre  eux,  qui  se  liassent  suivant  des  angles  1res 
aigus,  et  elles  présentent  un  poids  spéciilque  élevé,  de 
2.600  kilogrammes  au  moins  par  m^tre  cube. 

Elles  ne  font  pas  effervescence  sous  l'action  des  acides  et 
durcissent  au  feu  sans  donner  decbaux  ni  de  pldtre. 

CJunuatS.—  Le  granité  tfig.  37),  très  abiimlant  àla  surface 
du  globe,  l'est  cerlainement 
ilavantaRe  encore  aux  niveaux 
inférieurs, puisqu'il  s'est  formé 
en  profondeur  sous  des  pres- 
sions considérables  et  qu'il  a 
fallu  des  accidents  particuliers 
pourl'amenerau  jour  ;  de  plus, 
comme  son  apparition  a  com- 
-  mencé  aux  époques  les  plus 
reculées   de    l'histoire  géolo-  Fm.  r^7.  —  linniir. 

gique,  il  a  dû  en  bien  des  points 

être  recouvert  (Kir  des  formations  plus  récentes.  Le  gneiss 
et  le  micasehiKU,  qui  sont  des  roches  granitiques,  forment 
l'écorce  primitive  i|ui  s'est  étendue  sur  toute  la  surface  du 

Le  granité  apparaît  principalement  dans  les  régions  mon- 
tagneuses d'Angleterre,  d'Ecosse,  de  Scandinavie,  de  Fin- 
lande, de  Bohême,  de  Wurtemberg  et  d'Espagne.  En  France, 
on  l'exploite  plus  particulièrement  en  Bretagne,  en  Nor- 
mandie, dans  l'Auvergne,  le  Limousin,  les  Vosges,  la  Côte- 
d'Or,  les  Pyrénées  et  les  Alpes. 


V  coNsimicTiON 


L'usage  le  plus  ft-équeut  du  granité  est  celui  qu'on  en  fait 
dans  les  constructions.  11  s'y  prête  parfaitement,  ù  cause  des 
trois  propriétés  qu'il  réunit  à  un  haut  degré  :  dureté,  résis- 
tance, élasticité  ;  il  les  doit  ù  ses  trois  éléments  :  le  quarU, 
qui  forme  un  squelette  dur;  le  feldspath,  qui  constitue  un 

CtOLOOIC.  7 


98  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

élément  donnant  la  résistance  ;  le  mica,  qui  lui  communique 
son  élasticité. 

La  résistance  à  Técrasement  est  d'autant  plus  grande  que 
le  grain  est  plus  fin  :  pour  les  granités  à  petits  éléments 
prenant  bien  le  poli,  elle  peut  s'élever  à  1.500  kilogrammes 
par  centimètre  carré  ;  pour  des  granités  grossiers,  elle  est 
encore  de  500  kilogrammes  par  centimètre  carré,  ce  qui 
représente  sept  à  dix  fois  la  résistance  du  marbre  blanc 
veiné  le  plus  dur. 

L'inconvénient  de  ces  matériaux  est  la  difficulté  de  la 
taille,  qui  en  élève  beaucoup  le  prix.  Le  granité  vaut,  à  Paris, 
de  200  à  250  francs  le  mètre  cube.  L'exploitation  du  granité 
se  fait  à  Taide  des  fourneaux  de  mine,  au  moyen  desquels 
on  en  fait  sauter  de  grands  quartiers  ;  on  taille  aussi  les  faces 
extérieure  et  supérieure,  et  on  fait  éclater  avec  des  coins  en 
bois  qu'on  imprègne  d'eau  pour  les  faire  enfler. 

Le  granité  est  particulièrement  propre  à  la  construction 
des  monuments  auxquels  on  veut  assurer  la  durée;  on  peut 
citer  les  suivants  :  l'abbaye  du  Mont-Saint-Michel,  qui  a  été 
sculptée  dans  le  granité  de  Normandie,  malgré  le  voisinage 
des  excellents  calcaires  du  Calvados;  le  couvent  de  l'Escurial 
est  en  granité  de  Guadarrama;  la  cathédrale  de  Saint-Péters- 
bourg, la  colonne  de  l'Empereur  Alexandre  et  les  fortifica- 
tions de  Cronstadt  sont  en  granité  de  Finlande;  malheureu- 
sement les  granités  de  Finlande  no  sont  pas  absolument 
inaltérables;  au  cours  des  variations  de  la  température,  ils 
s'effritent  par  suite  de  la  kaolinisalion  du  feldspath. 

Du  FÉRENTEs  VARiÉTi^s  DE  GRANITE.  —  Différentes  variétés  de 
granité  peuvent  êlre  utilement  employées  dans  la  cons- 
truction : 

Protogine.—  En  Savoie,  près  de  Saint-Jean-de-Maurienne, 
les  carrières  d'Épierre  donnent  un  granité  blanchâtre  nuancé 
de  vert  appartenant  à  la  variété  à\\(^  protoçfine  {fig,  58),  très 
employée  dans  la  région  jusqu'à  Lyon  et  Saint-Etienne.  Ce 
granité  a  servi  à  construire  le  soubassement  de  la  banque  de 
France  à  Chambéry.  Sa  résistance  à  l'écrasemeçt  est  d'envi- 
ron 1.200  kilogrammes  par  centimètre  carré.  Son  prix  varie  de 
35  à  40  francs  le  mètre  cube  sur  carrière.  Les  exploitations 
de  Bonjean,dansla  Côte-d'Or,  produisent  un  très  beau  granité 


MATÉRIAUX    DE    CONaTRUCTION  99 

h  feldspath  rose;  elles  ont  fourni  le  piécleslal  de  la  slatuejde 
VeroingéloriK,  à  Alise-Sainte-Reiae. 


Lrpttnite.  —  Près  d'Annonay,  dans  l'Ardèche,  on  exploite 
une  leptynite  très  dure,  blanc  grisltre,  à  grain  lin;  on  en 
a  construit  les  ouvrages  d'art  et   les  églises  de  la  région. 

Sï^NiTE.  —  La  fyénite,  qui  est  un  granité  où  le  hornblende 
remplace  le  mica,  doit  à  cette  circonstance  d'être  susceptible 
d'un  beau  poli  qui  la  rend  propre  i  l'ornemenUtion. 

Les  fùla  de  colonne  du  vestibule  de  l'Opéra  sont  en  syé- 
nite  rouge-corail  provenant  deServance  (llnule-Saône}.  On  y 
trouve  aussi  une  autre  variété  appelée  granité  feuille  morte 
dont  sont  faites  les  colonnes  du  scjuare  des  Arts  et  Métiers  et 
celles  de  l'avenue  de  l'Observatoire. 

Des  environs  de  Hemiremont  dans  les  Vosges  on  exporte 
aussi,  au  loin,  une  syénite  feuille  morte;  on  peut  en  voirun 
échantillon  dans  le  dallage  du  Panthéon.  Le  prix  de  revient 
du  mètre  cube  poli  est  de  100  francs  â  Épinal. 

Les  Égyptiens  préféraient  pour  leurs  constructions  le  gra- 
nité au  calcaire,  et,  bien  (ju'ils  eussent  celui-ci  à  leur  disposi- 
tion, ils  faisaient  venir  un  beau  granité  rouge  amphibolifère 
des  environs  de  Syène,  ville  d'où  vient  le  nom  de  syénite. 
C'est  avec  cette  pierre  qu'est  édifié  l'obélisque  de   Louqsor 


100  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

dont  le  piédestal  sort  des  carrières  de  Lober  dans  le  Finis- 
tère. De  ces  grandes  carrières  qui  occupent  plus  de  trois 
cents  ouvriers,  on  tire  un  beau  granité  gris  clair  prenant 
bien  le  poli. 

DioRiTE.  —  La  dioritCf  qui  contient  beaucoup  de  mica,  se 
polit  moins  facilement;  mais  le  mica  lui  communique  une 
belle  couleurnoire,  qui  la  fait  apprécier  pour  les  monuments 
funéraires. 

Kersantite.  ->  La  kenantite,  qui  décore  aussi  beaucoup  de 
cimetières,  se  rencontre  souvent  dans  les  églises  gotbiques 
et  les  calvaires  de  la  Bretagne. 

EuPHOTiDE.  —  Veuphotiile  est  exploitée  dans  le  Piémont; 
elle  a  servi  à  élever  la  chapelle  des  Médicis  et  Téglise  San 
Lorenzo,  à  Florence. 

Le  gneiss  et  le  micaschiste  sont  trop  feuilletés  pour  entrer 
dans  la  composition  des  monuments.  Dans  le  Limousin  et 
la  Toscane  on  les  utilise  comme  moellons;  ils  ont  Tavantage 
de  se  débiter  facilement  suivant  des  plans  parallèles. 

B,  —  Granités  employas  dans  les  travaux  publics 

Le  granité  est  encore  employé  dans  Texécution  des  travaux 
publics;  il  ne  craint  ni  Faction  de  Teau  douce,  ni  celle  de 
Tcau  de  la  mer,  et  est  particulièrement  indiqué  pour  les 
travaux  de  port  et  les  murs  de  quai. 

Pour  le  port  de  Cherbourg  on  s'est  servi  d'une  syénite 
porpbyroïde  rose  provenant  des  carrières  de  Fennonville, 
dans  la  Manche.  Le  prix  de  revient  n'était  que  de  30  francs 
If»  mètre  cube  pris  à  la  carrière. 

C\  —  Granités  pour  pavage 

Les  qualités  de  résistance  à  Tusure  et  d'élasticité,  que  le 
f^ranite  doit  à  sa  composition,  le  rendent  encore  propre  à 
faire  des  dalles,  des  bordures,  et  à  servir  à  Tempierrement 
lies  routes. 

Pegmatite.  —  A  Paris,  on  se  sert,  pour  le  dallage,  d'un 
granité  à  grains  fins,  riche  en  mica,  qu'on  trouve  abondam- 


MATÉRIAUX    DE   CONSTRUCTION  101 

ment  en  Normandie  et  en  Bretagne.  Des  carrières  deBellière, 
près  Vire,  on  tire  pour  Tempierrement  une  pegmatite,  ou 
roche  à  gros  cristaux,  dans  laquelle  le  quartz  et  le  feldspath 
de  couleur  blanche  prédominent. 

Hyalomicte.  —  Vhyalomicte  des  environs  de  Lamballe,  en 
Bretagne,  sert  au  même  usage.  C'est  un  granité  sans  feld- 
spath. Aux  carrières  d'Épi  erre  dont  il  a  été  question  à  pro- 
pos de  la  protogine,  on  exploite  aussi  une  diorite  pour  pavés. 
L'hyalomicte  doit  à  Famphibole  une  ténacité  particulière; 
mais,  à  Tusage,  elle  devient  polie  et  glissante. 

Minette.  —  On  exploite  dans  les  Vosges,  pour  l'empierre- 
ment des  routes,  un  granité  micacé  appelé  minette,  qui  est 
brunâtre,  très  tenace,  mais  qui  se  désagrège  quelquefois  par 
la  décomposition  de  ses  éléments. 

Le  prix  de  revient  de  ces  divers  matériaux  varie  de  30 
à  80  francs  pris  à  la  carrière;  la  taille  de  la  face  supérieure 
coûte  25  francs  le  mètre  carré  à  Paris,  transport  et  taille 
compris;  pour  les  dalles  et  bordures  de  trottoirs,  il  faut 
compter  150  francs  le  mètre  cube. 

Feldspath  (pétrosilex).  —  On  peut  ajouter  à  cette  série  de 
roches  le  feldspath,  qui  est  un  des  trois  éléments  constitutifs 
du  granité. 

Le  feldspath  orthose  est  très  dur  et  bien  homogène  à 
l'état  compact;  il  est  connu  sous  le  nom  de  pétrosilex.  Il 
est  alors  impur  et  présente  des  cassures  écailleuses.  Il  res- 
semble au  silex  dont  il  ne  peut  être  distingué  que  par  sa  fusi- 
bilité au  chalumeau. 

Le  pétrosilex  est  employé  spécialement  pour  l'empierrement 
des  routes  et  la  préparation  du  macadam.  Chez  les  Anciens 
et  encore  aujourd'hui  chez  les  Esquimaux,  on  en  fait  des 
armes  et  des  instruments.  Quelquefois  il  sert  dans  les  cons- 
tructions comme  pierre  d'appareil. 

On  trouve  le  pétrosilex,  appelé  aussi  Eurite,  dans  les 
terrains  cristallins  primitifs  des  étages  du  gneiss  et  des 
talcschistes,  notamment  en  BretagnCy  au  Saint-Gothard,  au 
Canada f  etc. 


102  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

D.  —  Granités  pour  meules 

L'emploi  du  granité  pour  la  confection  des  meules  est 
aussi  justifié  par  sa  grande  résistance  à  Técrasement  et  s'a 
faible  usure  au  frottement  ;  mais  il  faut,  pour  les  meules, 
du  granité,  à  grains  (lus  qu'on  trouve  principalement  en 
Hollande,  en  Allemagne  et  en  Russie.  En  France,  on  trouve 
une  variété  de  protogine  exploitée  en  Savoie,  qui  convient  à 
cet  usage. 

Les  morceaux  de  petites  dimensions  sont  taillés  pour  bor- 
dures de  trottoirs. 

E.  —  Matérlj^ux  réfractaires 

Quand  le  mica  se  développe  aux  dépens  des  autres  élé- 
ments, le  granité  devient  réfractaire  et  peut  servir  à  la  con- 
struction des  fours.  11  offre  d'ailleurs,  dans  ce  cas,  une  dureté 
beaucoup  moins  grande  et  se  débite  à  la  scie  à  dents. 

Gneiss  et  micaschiste.  —  Le  gneiss  sert  surtout  comme  pro- 
duit réfractaire.  En  Toscane,  on  fait  aussi  des  matériaux 
réfractaires  avec  du  micaschiste. 

Talcschiste.  —  En  Moscovie,  le  talcschiste  s'y  prête  mieux 
encore. 

Si  l'on  veut  classer  d'après  leur  nature  minéralogique  les 
diverses  roches  granitoïdes  étudiées  ci-dessus,  on  obtient  le 
tableau  suivant  : 

Gneiss. 

Granités  feldspathiques |  j^eP^y^jff  • 

^        *  '  Pegmatite. 

Protogine. 

Hyalomicte. 

Rersantite. 

Granités  micacés /  Minette. 

1  Micaschiste. 
l  Talcschiste. 

\  Amphibolite. 
Granités  amphiboliques \  Diorite. 

'  Syénite. 
Granité  pyroxénique Euphotide. 


MATÉRIAUX    DE   COIfSTRLCTlON  103 

2°   nOCHES   PORPHVBIQUBa 

Les  roches  porphyriques  sont  ai^sez  peu  employées  ilaDs  la 
roDslmcUon.  Ces  pierres  sont  cepeiiJanl  parmi  les  jilua 
dures  el  les  pluâ  tenaces  qu'on  puisse  rencontrer;  elles 
résistent  liten  aux  chocs  et  à  r''crasemeDt,  mais  elles  sont 
d'une  taille  difficile,  à  acuse  de  leur  dureté  même  ;  elles  sont 
estimées  pour  l'orne  mental  ion,  par  suite  du  beau  poli  dont 
elles  sont  susceptibles. 

On  les  classe  généralement  d'après  la  prédominance  de 
l'on  des  éléments  qui  les  composent,  en  : 

Porphyre  feldspathique  ; 

—  (|uartzifère  ; 

—  pyroïénique  ; 

—  amphibolique  ; 
Serpentine  ; 

Trapps. 

PonpuvRR  FRLDSPATBigue.  —  Le  porphyre  feldspathique  est 
employé  à  peu  près  uniquement  comme  pierre  d'ornemt^nt 
pour  la  décoration  des  édifices.  On  en  a  fuit  aussi  des  obé- 
lisques, des  vases,  des  baignoires,  etc. 

Usages.  —  1^  taille  du  porphyre  se  fait  au  moyen  du  dia- 
mant noir.  Les  principaux 
centres  de  cette  industrie 
sont  à  Florence,  à  Ékateri- 
nembourg  en  Russie  el  à 
Elfdalen  en  Suède. 

Le  plus  estimé  i:hei  les 
Romains  était  le  porphyre 
rouge,  qui  est  le  type  carac- 
téristique de  celte  roche 
(Kopfupi^  roche  rouge). 

Ce  porphyre,  très  reraar- 

1.1  /..  I       -  Fin.  M.  —  PorphjK. 

qnable,  a  été  employé  pour 

les  colonnes  de  Sainte-Sophie  à  Constanlinople,  l'obélisque  de 

Sixle-Quint  h  Rome,  le  palais  du  Quirinal  et  les  monuments 


iO^  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

anciens  de  Rome,  d'Aix,  d'Arles  et  d'Orange.  A  Paris  et  en 
Bretagne,  à  Brest  notamment,  le  porphyre  {fig,  59)  a  été 
utilisé  pour  le  pavage  des  rues,  bien  que  la  propriété  qu*il 
a  de  se  laisser  polir  facilement  présente  Tinconvénient  de 
rendre  les  chaussées  pavées  en  porphyre  dangereuses  et 
glissantes  à  la  longue. 

Gisements,  —  Il  existe  des  gisements  de  porphyre  feld- 
spathique  dans  les  Vosges,  le  MoiTan,  TËsterel,  en  Corse  à 
Girolata,  et  en  Egypte  au  Djebel-Dokhan  où  le  gisement  est 
abandonné  et  pourrait  dirOcilement  être  repris  aujourd'hui. 

Dans  le  Palatinat  à  Kreutznach,  il  existe  un  gisement  de 
porphyre  feldspath ique  dans  lequel  la  roche  est  divisée  en 
zones  superposées  formées  de  nappes  prismatisques  à  élé- 
ments sensiblement  verticaux  de  20  centimètres  de  diamètre 
et  de  3  mètres  de  hauteur  en  moyenne.  On  peut  en  conclure 
que  le  porphyre  s'est  étendu  horizontalement  lors  de  sa  for- 
mation, ce  qui  peut,  dans  certains  cas,  faciliter  la  recherche 
du  prolongement  d'un  gtte  de  porphyre. 

Porphyre  quartzifère.  —  Les  usages  du  porphyre  quartzi- 
fère  sont  les  mêmes  que  ceux  du  porphyre  feldspathique. 

Gisements.  —  Les  principaux  gisements  sont  ceux  de 
Montchérus  (Nièvre),  où  Ton  trouve  un  porphyre  blanc  ver- 
dàtre  et  rouge.  Le  massif  exploitable  est  vraisemblablement 
très  étendu,  à  en  juger  par  les  travaux  qui  y  ont  déjà  été 
effectués.  Dans  le  Limousin  et  près  des  gttes  stannifères  du 
Cornwall,  on  trouve  un  porphyre  quartzifère  gris  clair; 
on  rencontre  encore  cette  roche  à  Lessines  et  à  Quénart, 
dans  le  Hainaut  belge.  C'est  de  là  qu'elle  est  envoyée  à  Paris 
pour  le  pavage  des  rues. 

Prix  de  vente,  —  Les  porphyres  quartzifères  et  feldspa- 
thiques  sont  vendus  de  40  à  50  francs  le  mètre  cube  sur 
place,  en  général  ;  leur  poids  est  de  2.450  kilogrammes  au 
mètre  cube,  et  leur  résistance  à  l'écrasement  est  en  moyenne 
de  900  kilogrammes  par  centimètre  carré. 

Porphyre  pyroxk.nique.  —  Le  porphyre  pyroxénique,  appelé 
aussi  mélaphyrej  contient,  comme  son  nom  l'indique,  une  pâte 
où  le  pyroxène  prédomine  avec  des  cristaux  de  Labrador; 
il  ne  renferme  pas  de  quartz. 

Usages,  —  Le  mélaphyre,  d'un  beau  vert  foncé,  dont  le 


MATÉRIAUX    DE   CONSTBL'CTION  105 

type  est  le  «  porphyre  verjt  antique  »,  si  apprécié  en  Grèce 
et  eu  Italie,  sert  à  la  décoration  des  édifices  :  mosaïque  de 
Sainte-Marie-Majeure  à  Rome,  soubassement  des  colonnes 
du  vestibule  de  TOpéra  de  Paris,  tombeau  de  Napoléon  aux 
Invalides,  etc. 

Gisements,  —  Les  principaux  gisements  du  porphyre 
pyroxénique  se  trouvent  dans  la  Laconie  près  de  Sparte, 
dans  les  Vosges  et  dans  TEstérel,  dans  le  lit  de  la  Durance 
qui  charrie  des  cailloux  roulés  de  porphyre,  provenant  des 
Alpes. 

Porphyre  asiphibolique.  —  Le  porphyre  ampbibolique  à 
pâte  également  verdâtre  est  composé  principalement  de 
labrador  et  d'oligoclase. 

Les  opkites  que  Ton  trouve  dans  les  Pyrénées,  et  qui 
viennent  pointer  à  travers  le  tertiaire  des  Landes,  sont  une 
variété  de  porphyre  ampbibolique. 

Usages.  —  Ces  porphyres  durs  et  tenaces  sont  à  peu  près 
uniquement  employés  pour  l'empierrement  des  chaussées. 

Gisements.  —  On  les  rencontre  dans  les  Pyrénées  aux 
environs  de  Gavamie,  dans  les  Vosges,  en  Bretagne,  à 
Dinan,  etc. 

Serpentine.  —  La  serpentine  est  une  roche  à  pâte  formée 
de  silicate  de  magnésie  et  de  protoxyde  de  fer  avec  quelques 
éléments  de  diallage  qui  lui  donnent  Taspect  porphyroïde, 
et  des  veines  de  calcaire  spathique  blanc  qui  la  font  recher- 
cher pour  Tornementation. 

Propriétés  physiques. —  La  serpentine  est  verdâtre  ou  brun 
marron  ;  elle  a  la  dureté  du  marbre  et  est  susceptible  d'un 
beau  poli;  mais  elle  a  peu  de  cohésion  et  peu  de  résistance 
à  Técrasement. 

Elle  est  souvent  traversée  par  des  fentes  et,  par  suite,  se 
présente  rarement  en  blocs  de  grandes  dimensions. 

Usages.  —  Néanmoins  on  l'emploie  pour  faire  des  socles 
de  statues  et  de  petites  colonnes;  elle  est  même  quelquefois 
utilisée  comme  pierre  de  taille. 

La  cathédrale  de  Florence  est  revêtue  extérieurement  de 
divers  marbres  et  de  plaques  de  serpentine. 

En  France,  lancienne  chartreuse  de  la  Verne,  près  de 
Saint-Tropez,  a  été  entièrement  construite  avec  cette  roche. 


106  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Gisements,  —  Les  gisements  de  serpentine  les- plus  connus 
se  trouvent  dans  les  Vosges,  aux  environs  d'Ëloyes  (couleur 
verte  avec  nuances  rouges  variées),  à  Maurins  dans  les 
Hautes- Alpes  (verte  avec  veines  blanches),  dans  la  Corse,  Tlle 
d'Elbe,  la  Toscane,  au  Prato. 

La  serpentine  ne  se  décompose  pas  à  Tair,  de  sorte  que, 
dans  les  régions  où  affleure  cette  roche,  on  peut  suivre  faci- 
lement Tallure  de  son  gisement  en  se  guidant  sur  la  végé- 
tation, qui  est  nulle  le  long  des  affleurements  de  serpentine, 
tandis  que  les  massifs  calcaires  qui  l'entourent,  facilement 
décomposables  sous  Faction  des  agents  atmosphériques, 
ofl'rent  aux  végétaux  un  terrain  plus  propice  à  leur  déve- 
loppement. Cette  circonstance  permet  quelquefois  de  retrou- 
ver un  fllon  de  porphyre  qui  aurait  été  déplacé  par  une 
faille  ou  un  bouleversement  de  terrains. 

Prix  de  vente.  —  En  Corse,  près  de  Bastia,  la  serpentine 
est  vendue  à  raison  de  250  francs  le  mètre  cube,  sur  place. 

A  Paris,  on  peut  se  procurer  de  la  serpentine  des  Hautes- 
Alpes,  au  prix  de  850  francs  à  1.300  francs  le  mètre  cube.  On 
rachète  souvent  en  plaques,  au  prix  de  35  à  50  francs  le 
mètre  carré,  selon  la  qualité  et  la  couleur. 

Trapp.  —  Les  trapps  sont  de  composition  assez  variable, 
mais  rentrent  tous  dans  la  catégorie  des  roches  porphyriques. 
Ils  présentent  une  pâte  à  grains  très  Ans,  de  couleur  brune  ou 
verdàtre,  et  se  rapprochent  tantôt  des  porphyres  amphibo- 
liques,  tantôt  des  mélaphyres. 

Usages.  —  Les  trapps  sont  employées  pour  l'empierre- 
ment des  routes. 

Gisements.  —  On  trouve  souvent  les  trapps  au  voisinage 
des  bassins  houillers,  notamment  à  Brassac  et  à  Commentry  ; 
on  en  trouve  aussi  dans  les  Vosges,  en  Bavière,  à  Oben^ein, 
et  au  Canada  (lac  Supérieur). 

Gëogénie.  —  Les  trapps  se  sont  répandus,  lors  de  leur 
formation,  entre  des  couches  straliflées,  grâce  à  la  grande 
fluidité  de  la  roche  avant  sasolidiflcation. 

Les  terrains  sédimeutaires  encaissants  ofl'rent  moins  de 
résistance  aux  agents  atmosphériques;  il  s'ensuit  assez  sou- 
vent que  de  tels  gisements  {fig.  60)  présentent  l'apparence 
d'escaliers  dont  les  trapps  forment  les  saillies. 


3IATÉBIAUX    DE    CONSTRUCTION 

L'éteDdue  de  ces  gisemeots,  soitea  nappes,  3 
compactes,  est  parrois  très  considérable. 


3*  HOCUBS  VOLCANIQUES    OU    LAVES 

Ce  chapitre  comprend  les  roches  vitreuses  sans  cristaux, 
semblables  À  celles  qu'on  observe  actuellement  dans  les 
éruptions  volcaniques  :  laves,  ponces,  elc. 

Ces  roches  se  rapprochent,  par  leur  composition  minéra- 
logique,  des  granités  et  des  porphyres  ;  mais  leurs  caractère! 
extérieurs  sont  bien  distincts. 

On  peut  réunir  les  diverses  roches  volcaniques  en  trois 
groupes  principaux  : 

Les  trachyles; 
Les  basaltes  ; 
Les  laves. 

Trachttb.  —  l.es  trachytes  comprendront  les  roches  vol 
cnniques  Teldapathiques,  rudes  au  toucher  (-upsxu:  =  rude), 
composées  d'une  pâle  vitreuse  pouvant  contenir  des  cristaux 
de  pyroxène,  d'amphibole,  de  mica,  et  de  Ter  oligiste. 

Les  variétés  principales  de  trachyte  sont  :  It^liparite,  la 
phoQolite,  l'obsidienne,  la  ponce  et  la  di^mite. 

Usage».  —  On  emploie  les  trachytes  comme  matériaux 
de  coDstructioD.  Ce  -aonl  des  pierres  très  dures  ayant  une 
résistance  de  300  à  900  kilogrammes  par  centimètre  carré. 


108  GÉOLOGIE    APPUQL-fcE 

¥A\es  peuTfiil  i^n'ir  pour  les  consiniclîoDS  et  les  moDnmeDts 
de  longue  duti-e.  On  s'en  fert  aosfi  pour  faire  des  meules  à 
graios. 

La  ponce,    ou  pierre   ponce    &  l'élal  compacl,  peul  être 

emploj^ée  comme  pierre  de  coDstruclion. 

t.e  plus  souTenl  elle  est  réduite  ep  poudre  et  est  employée 

pour  le  polissage  de  l'ivoire,  de  certaines  pierres 

ui. 

t  quelquefois  employée  comme 

été  employée  pour  faire  des 
des  dards  de  (lèches. 
Je  vente  des  tracliytes  varie  de 
aucs  le  mètre  cube  sur  le  lieu 

c.  —  Les  principaux  gise- 
trachyte  exploités  se  Irouvenl 
ont-Dore  (phonolite),  au  Puy- 
Ime  (diJmtte),  en  Ethiopie, 
le  Cantal  et  en  Islande  (obsi- 
le),  dans  les  lies  Lipari,  dans 
er  Tyrrhénienne,  au  Vésuve, 
tna,  sur  les  bords  du  Rhin 
;c)  et  en  Hongrie. 
•ALTE.  —  Les  basaltes  sont 
lierres  noires  formées  princi- 
nenl  de  pyroxène  et  de  labra- 
dor; quand  ces  roches  sont 
compactes,  elles  sont  dures 
et  très  résistantes  [jusqu'à 
2.000  kilogrammes  par  centi- 
(u  i,)u«  u  ,.v.  „j^|,.g  çarj-^j.  g(,mgnt  elles  se 
pré.-xMitciit  h  r^lal  prismatique,  généralement  &  six  pans. 

Vsagrs.  —  Les  basalti's  compacts  font  d'excellents  malé- 
riiiux  de  construction  :  mais  leur  couleur  noire  est  souvent 
peu  appnk'téf,  Les  basaltes  prismatiques  \fi(i.  61)  sont  tout 
il<''sj)(n<^  pour  faire  des  bordures  de  trottorrs,  des  encadre- 
ments di>  feniHres,  etc.  Montélimar  est  pavé  en  basalte.  En 
Hollande,  rette  itiche  sert  à  la  construction  des  digues;  enfln 


MÂTÉHIAUX    DE   CONSTHL'CTION  10!) 

on  Ta  employée  quelquerot»  pour  la  conTeclion  d  objels  d'an. 

Gisementi,  —  La  plupart  des  logions  volcaniques  reu- 
fermentdes  basaltes. 

En  Auvergne,  dans  le  Cantal,  dans  le  Velay,  en  Bohême, 
au  Groenland,  et  en  Islande  notamment,  on  exploite  de  beaux 
gisements  de  basalte. 

I.AVB.  —  Les  laves  sont  des  roches  celluleuses  et  rendilléos, 
rarement  compactes  Iflg.  62). 

Elles  sont  de  formation  récenl«  (ère  quaternaire);  leur 


composition  se  rapproche  tantôt  de  celle  des  basaltes, 
tantôt  de  celle  des  trachytes.  Agglomérées  par  un  ciment, 
elles  forment  ce  qu'on  appelle  des  tufs  volcaniques. 

Usages.  —  On  emploie  souvent  les  laves  comme  matériaux 
de  construction,  ù  cause  de  la  facilité  avec  laquelle  elles 
prennent  le  mortier.  Leur  résistance  est,  d'ailleurs,  assez 
forte,  puisqu'elle  atteint  300  et  400  kilof;rammes  par  centi- 
mètre carré. 

I^s  laves  ont  été  employées  autrefois  comme  dalles  dans 
le»  rues  de  Paris  ;  à  Naples,  elles  sont  employées  au  même 
usage;  elles  ont  aussi  servi  à  construire  les  fortilicalioii!' 
d'Agde  (Hérault)  et  le  dôme  de  la  cathédrale  de  Cologne. 

Gisements.  —  Les  gisements  de  lave  exploités  sont  ceux 
du  massif  volcanique  du  Centre  de  la  France,  de  Volvic  (Puy- 
de-Dôme),  de  Vines  {Aveyron),  d'Agde  (Hérault),  d'Audernacli 
(bords  du  nhin),  de  l'Ile  de  la  Réunîou,  du  Mexique,  de  la 
Somma  (Vésuve),  etc. 

La  lave  ordinaire  (Puy-de-Dôme)  se  vend  environ  30  francs 
le  mètre  cube  sur  le  lieu  d'extraction.  La  lave  Une  propre  ù 


ilO  GÉOLOGIE   APPLIQCÉE 

la  sculpture  se  vend  jusqu'à  150  francs  le  mètre  cube  sur 
place. 

Deuxième  partie.  —  ROCHES  SÉDDfElfTAIRBS 

Les  roches  sédimentaires  forment  la  plus  grande  partie  de 
la  surface  terrestre  et,  sauf  ^.certaines  contrées  où  l'action 
volcanique  a  été  prépondérante,  les  roches  éruptives  n'appa- 
raissent au  milieu  des  terrains  de  dépôt  que  comme  des 
massifs  isolés. 

Trois  éléments  principaux  entrent  dans  la  formation  des 
roches  sédimentaires  le  calcaire,  l'argile  et  la  silice  ;  la 
houille  peut  aussi  être  regardée  comme  une  roche  sédimen- 
taire,  ainsi  que  les  autres  combustibles  minéraux  ;  mais  ils 
seront  traités  dans  un  chapitre  spécial  avec  les  carbures  et 
leurs  dérivés. 

Classification  adoptée.  —  Les  roches  sédimentaires  se 
rencontrent  dans  presque  toutes  les  formations  géologiques, 
avec  des  conditions  de  dureté,  de  résistance  ou  d'aspect 
extérieur  absolument  indépendantes  de  Tétage  auquel  elles 
appartiennent. 

Il  est  donc  impossible  d'adopter,  pour  ces  roches,  une 
classification  géologique. 

On  les  a  divisées  ici,  d'après  l'importance  de  leur  utilisa- 
tion pour  les  travaux  publics  et  les  constructions,  en  trois 
grandes  catégories  : 

i°  Les  roches  calcaires,  comprenant  les  pierres  à  bâtir,  le 
marbre,  le  gypse,  la  pierre  à  chaux,  etc.  ; 

La  craie,  qui  n'est  pas  employée  pour  les  constructions, 
sera  étudiée  au  chapitre  des  Industries  diverses  ; 

2«  Les  roches  siliceuses,  comprenant  le  silex,  la  pierre 
meulière,  le  grès,  les  sables  quartzeux,  etc.  ; 

3*»  Les  roches  argileuses,  comprenant  l'argile,  le  pisé,  le 
schiste  et  les  ardoises. 

I.  —  Roches  calcaires 

Caractères  généraux.  —  Le  calcaire  est  une  roche  formée 
de  carbonate  de  chaux,  qui  tient  en  faibles  proportions  des 


MATÉRIAUX   DE   CONSTRUCTION  111 

oxydes  de  fer  et  de  manganèse  et  qui  est  presque  toujours 
mélangée  d'argile  et  de  sable. 

Les  calcaires  compacts  et  les  marbres  sont  généralement 
formés  de  coquilles  noyées  dans  un  ciment  terreux  ou  cris- 
tallin. 

On  reconnaît  facilement  les  roches  calcaires  aux  caractères 
suivants  : 

Elles  peuvent  être  rayées  par  la  pointe  d'un  canif  et  elles 
font  efTervescence  sous  Taction  d'un  acide,  même  faible, 
cette  réaction  étant  d'autant  plus  vive  que  le  calcaire  est 
plus  pur. 

Le  calcaire,  que  Ton  trouve  dans  les  terrains  primitifs  à 
Tétat  lamellaire  et  saccharoïde,  se  rencontre  avec  de  nom- 
breux fossiles,  trilobites,  encrines,  etc.,  dans  les  terrains. car- 
bonifères et  permiens  (marbres  et  calcaires  gris  bleuâtre) 
et  existent  en  abondance  dans  les  terrains  secondaires 
(marbres,  marnes  irisées,  oolithes,  pierres  lithographiques, 
pierres  à  chaux  et  craie).  Les  terrains  tertiaires  fournissent 
le  calcaire  grossier,  le  calcaire  de  Saint-Ouen,  etc.  ;  enlin, 
à  l'époque  actuelle,  il  se  forme  encore  des  dépôts  de  calcaire 
dans  les  atolls  et  les  conglomérats  modernes. 

A.  --  Pierres  a  bâtir 

Les  calcaires  proprement  dits  sont  les  matériaux  de  cons- 
truction par  excellence  ;  aussi  leur  donne-t-on  les  noms  de 
pierres  à  bâtir,  pierres  de  construction  et  pierres  de  taille. 

Qualités  des  pierres  à  bâtir.  —  Les  qualités  de  la  pierre  à 
bâtir  sont  les  suivantes  :  résistance  suffisante  pour  supporter 
les  poids  des  constructions,  dureté  assez  grande  pour  con- 
server la  netteté  des  arêtes  et  des  moulures  sans  nuire  à  la 
facilité  du  travail,  finesse  du  grain  se  prêtant  à  une  orne- 
mentation délicate,  homogénéité  et  abondance  entraînant  le 
bas  prix  du  produit. 

Pour  les  calcaires  durs,  le  poids  du  mètre  cube  est  de  2.200 
à  2.800  kilogrammes  ;  la  résistance  à  l'écrasement  est  de 
300  à  1.000  kilogrammes  par  centimètre  carré  ;  pour  les 
calcaires  tendres,  le  poids  du  mètre  cube  varie  de  1.400  à 
2.200  kilogrammes,  et  la  résistance  à  l'écrasement,  de  50  à 


112  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

300  kilogrammes  par  ceatimètre  carré;  on  admet  que  cette 
résistance  est  proportionnelle  à  la  densité. 

Les  premiers  se  débitent  à  la  scie  sans  dents  avec  du  gn^s 
et  de  Teau  ;  les  seconds  peuvent  se  débiter  avec  la  scie  à 
dents. 

Les  variétés  compactes  à  cassure  inégale  sont  celles  qui 
conviennent  le  mieux  à  rarchitecture. 

On  distingue  les  pierres  de  liais,  qui  sont  bien  homogènes, 
et  les  roches  qui  contiennent  des  grains  de  mica  et  de  quartz 
qui  en  diminuent  beaucoup  la  valeur,  les  pierres  gélives,  qui 
éclatent  sous  l'action  de  la  gelée,  et  les  pierres  sèches,  les 
pieiTes  de  vilaine  couleur  et  à  grain  grossier  employées  dans 
les  fondations,  etc. 

Efsai  des  pierres  à  bâtir.  —  L'essai  d'une  pierre  de  taill»* 
se  fait  ainsi  : 

1«  On  apprécie  la  dureté  qu*elle  oppose  à  l'action  de  la 
scie; 

2^  On  mesure  sa  résistance  en  comprimant  à  la  presse 
hydraulique  un  côté  de  dimensions  déterminées; 

3®  On  examine  son  degré  de  gélivité  en  en  plaçant  un 
morceau  dans  un  mélange  réfrigérant  ;  on  peut  encore,  ce 
qui  est  plus  simple  et  donne  sensiblement  les  mêmes  résul- 
tats, en  plonger  un  fragment  dans  une  dissolution  bouillante 
et  saturée  de  sulfate  de  soude;  on  retire  pour  laisser  cristal- 
liser et  on  replonge  de  nouveau  dans  la  liqueur  pendant 
cinq  ou  six  jours;  il  ne  doit  pas  se  produire  d'éclatement. 

La  qualité  des  pierres  qu'on  trouve  dans  un  pays  influe  à 
un  haut  degré  sur  la  civilisation  de  ce  pays.  Les  grandes 
villes  telles  que  Paris,  Bordeaux,  Marseille,  se  trouvent  sur 
le  terrain  crétacé  qui  fournit  abondamment  de  la  pierre  à 
bdtir.  Plusieurs  villes  remarquables  plus  encore  par  la  façon 
dont  sont  construites  les  habitations  particulières  que  parla 
beauté  et  la  hardiesse  de  quelques-uns  de  leurs  monuments  : 
Besançon,  Metz,  Nancy,  Dijon,  Bourges,  Poitiers,  sont  cons- 
truites sur  une  bande  de  terrains  jurassiques  entourant  \o 
bassin  tertiaire  de  Paris,  dans  lequel  on  trouve  les  excellentes 
pierres  d'appareil  de  l'oolithique. 


MATÉRIAUX    DE   CONSTRUCTION  113 

-  Les  variétés  de  pierres  à  bdtir  sont  innombrables  :  on 
passera  en  revue  les  principales,  en  les  classant,  autant  que 
faire  se  pourra,  par  dureté. 

Calcaire  coxpact.  —  Les  calcaires  les  plus  durs  sont  les 
calcaires  compacts.  Parmi  ceux-ci  on  compte  : 

Ia  pierre  de  Tonnerre  (Yonne),  appartenant  à  Tétage  du 
féquanien,  est  très  compacte,  jaunâtre  ou  grisâtre.  Elle  se 
polit  facilement  et  s'emploie  surtout  en   dallages,  mais  se 

prête  aussi  à  la  sculpture  et  à  Tornementation. 

La  pierre  de  Comblanchien  (  Yonne)  est  une  pierre  très  ana- 
logue; elle  résiste,  comme  celle  de  Tonnerre,  à  des  charges 
de  1.000  kilogrammes  par  centimètre  carré  et  vaut  de  50  à 
60  francs  le  mètre  cube. 

La  pierre  renommée  de  Saint- y/te  et  de  Damparis,  dans  le 
Jura,  est  un  calcaire  très  fin  à  cassure  conchoîdale  qui 
appartient  à  la  base  du  séquanien.  Elle  a  une  couleur  jau- 
nâtre et  rougeâtre  par  places  ;  mais  elle  est  très  homogène 
et  peut  se  tourner  et  se  sculpter.  Elle  prend  un  beau  poli. 
Cette  pierre,  qui  pèse  2.700  kilogrammes  par  mètre  cube 
et  résiste  à  des  charges  de  770  à  870  kilogrammes  par  centi- 
mètre carré,  coûte  80  francs  le  mètre  cube  sur  plaœ  et 
100  francs  à  Paris  tous  frais  payés.  Le  calcaire  de  Saint-Ylie 
a  été  employé  dans  beaucoup  de  monuments  en  Franche- 
Comté.  A  Paris,  il  a  servi  à  la  construction  des  ponts  Saint- 
Michel  et  Solférino  et  de  Téglise  de  la  Trinité,  etc. 

Le  calcaire  de  Sampans,  dans  la  même  région,  provient  du 
bathonien.  11  est  de  nuances  un  peu  plus  vives  ;  on  Ta  em- 
ployé au  nouvel  Opéra  et  au  Trocadéro.  Il  s'exporte  jusqu'en 
Amérique,  où  il  a  servi  pour  la  base  du  monument  de 
Christophe  Colomb,  à  Mexico. 

Travertin.  —  Le  travertin  est  un  calcaire  compact  d'ori- 
gine lacustre,  formé  par  les  matériaux  abandonnés  dans  des 
eaux  calcaires  autour  de  végétaux  et  de  mousses  ;  aussi 
contient-il  un  grand  nombre  de  cavités  vermiculaires  pré- 
sentant parfois  des  empreintes  de  feuilles.  11  a  une  grande 
résistance,  600  à  900  kilogrammes  par  centimètre  carré,  qui 
s'allie  à  une  grande  légèreté;  de  plus,  il  fait  bien  corps  avec 
le  mortier  qui  entre  dans  les  cavités.  C'est  grâce  à  ces 
propriétés  qu'il  a  été  employé  pour  l'immense  coupole  d«^ 

OÉOLOGIB.  8 


il4  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Saint-PieiTe   de  Rome  et  pour  les  voûtes  de  nombreuses 
églises  modernes. 

Le  travertin  dit  de  Château- Landon,  dont  Tusage  est  si  fré- 
quent à  Paris,  est  extrait  principalement  de  Souppes,  près  de 
Fontainebleau,  où  il  forme  de  nombreux  bancs  de  O^^jSO  en 
moyenne.  11  vaut  de  70  à  200  francs  le  mètre  cube,  sur  place. 
On  peut  le  voira  TArc  de  Triomphe  de  TÉtoile  et  à  la  fontaine 
Saint-Sulpice  à  Paris,  et  dans  Tescalier  de  Téglise  Sainte- 
Gudule,  à  Bruxelles,  etc. 

Liais  et  cliqua  ht.  —  Le  liais  et  le  cliquart  des  environs  de 
Paris  ont  une  cassure  conchoïdale,  avec  un  grain  très  fin  ; 
ils  ne  sont  pas  gélifs,  leur  seul  défaut  est  le  peu  d'épaisseur 
des  bancs,  30  à  40  centimètres.  Ils  ont  été  très  recherchés, 
autrefois  ;  on  les  retrouve  dans  la  construction  de  Notre- 
Dame  de  Paris,  dans  la  jolie  chapelle  du  château  de  Versailles- 
et  dans  les  bas-reliefs  de  la  fontaine  des  Innocents.  La  cons- 
truction du  Panthéon  a  contribué  à  Tépuisement  des  bancs 
de  la  Plaine-Saint-Denis,  et  les  liais  sont  devenus  rares  dans 
le  voisinage  immédiat  de  Paris;  on  les  exploite  surtout 
actuellement  dans  TAisne.et  en  Seine-et-Oise,  à  Feslieux, 
Mont-Gauelon,  Crépy,  Villers-Collerels.  Leur  résistance  es! 
de  300  à  500  kilogrammes  par  centimètre  carré. 

Calcaire  carbonifère.  —  Le  calcaire  de  Soignies  et  (VÉcaus-- 
5mes.(Hainaut  belge)  est  gris  bleuâtre;  il  appartient  au  ter- 
rain houiller  et  doit  sa  coloration  à  une  faible  proportion  de 
bitume.  Il  est  formé  de  débris  de  crinoïdes  qui  lui  donnent 
une  texture  cristalline  et  Taspect  d'un  granité.  Il  peut  être 
poli  et  sculpté  comme  le  marbre;  on  remploie  non  seule- 
ment en  Belgique,  mais  en  Hollande  et  dans  le  nord  de  la 
France,  en  Anglet<»rre  et  aux  États-Lnis.  Il  sert  pour  les- 
constructions  hydrauliques  et  lesmunuments  funéraires,  etc. 

1-e  calcaire  de  Givet  (Ardennes),  qui  appartient  au  même 
étage  géologique,  est  aussi  un  calcaire  coloré  en  noir  par  des 
matières  bitumineuses:  il  est  exploité  sur  une  assez  vaste 
échelle,  mais  est  fré(iuemment  gélif. 

Calcaire  a  entroques.  —  Gisements  de  la  Meuse.  —  Le  cal- 
caire à  entroques  doit  son  nom  aux  entroques  (débris  d'ai'ti- 
rulations  d'encrines)  dont  il  est  formé;  il  fait  partie  de  Tétage 
corallien.   On    Texjiloilo  à  Euville  et  à   Lérouville  près  de 


MATÉRIAUX   DE   CONSTRLXTION  il9 

Gomraercy  (Meuse)  ;  il  peut  supporter  250  à  450  kilogrammes 
par  centimètre  carré  et  vaut  de  40  à  60  francs  le  mètre  cube^ 
Il  résiste  bien  à  la  gelée.  On  en  envoie  beaucoup  à  Paris; 
il  a  été  employé,  sous  TEmpire,  aux  travaux  des  Tuile- 
ries; on  l'exporte  aussi  en  Allemagne,  où  le  socle  de  Téglise 
d'Ëssen,  notamment,  en  est  formé. 

Calcaire  oolituique.  —  Le  calcaire  oolithique,  qui  a  donné 
son  nom  à  tout  un  étage  géologique,  est  un  calcaire  composé 
de  petits  grains  arrondis  accolés  les  uns  aux  autres  à  la  ma- 
nière d'œufsde  poissons;  ces  grains  sont  très  petits, un  tiers 
de  millimètre  &  peine  ;  quand  ils  ont  la  grosseur  d'un  grain 
de  millet,  on  l'appelle  calcaire  miliolithiquef  et  pisolitkique 
quand  ils  atteignent  celle  d'un  pois. 

Les  calcaires  oolithiques  s'emploient  beaucoup  pour  la 
construction;  ils  sont  beaucoup  moins  durs  à  travailler  que 
les  calcaires  compacts  et  présentent  une  bonne  résistance. 
Malheureusement  ils  sont  souvent  gélifs,  et  il  faut  toujours 
s'en  méfîer  sous  ce  rapport.  On  en  exploite  en  Normandie,  en 
Bourgogne,  dans  le  Jura,  la  Lorraine,  les  Ardennes,  etc. 

Gisements  du  Calcados.  —  Un  des  meilleurs  calcaires  ooli- 
thiques est  la  pierre  de  Caen,  dont  les  carrières  se  trouvent 
à  Allemagne  (Calvados).  Outre  les  églises  gothiques  de  Nor* 
mandie,  cette  pierre  a  servi  à  construire  la  cathédrale  de 
Cologne,  le  palais  du  Parlement  et  l'abbaye  de  ^Westminster 
à  Londres.  Elle  pèse  environ  2.000  kilogrammes  le  mètre 
cube,  résiste  à  un  poids  de  150  à  200  kilogrammes  par  centi- 
mètre carré,  et  ne  coûte  que  20  francs  le  mètre  cube  sur 
carrière. 

Calcaire  grossier.  —  Le  calcaire  grossier  est  une  roche  à 
texture  peu  serrée  et  à  grains  irréguliers;  il  est  formé  de 
coquilles  et  de  polypiers  broyés,  réunis  par  un  ciment  cal- 
caire. Il  a  donné  son  nom  à  un  niveau  de  Féocène. 

Gisements  de  Paris.  —  Le  calcaire  grossier  parisien  a  été 
largement  exploité.  On  lui  a  emprunté  la  masse  énorme  de 
matériaux  qui  a  été  tirée  des  catacombes  et  qui  a  servi  à 
construire  Paris.  C'est  une  pierre  tendre  et  facile  à  couper 
avec  la  scie  à  dents.  Il  est  prudent  de  ne  l'employer  que 
pour  les  étages  supérieurs  des  édifices,  car  sa  résistance,  qui 
jieut  descendre  à  30  kilogrammes,  ne  d^-passe  guère  1>0  kilo- 


il6  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE  * 

grammes  par  centimètre  carré,  sauf  pour  quelques  bancs 
plus  durs,  mentionnés  ci-dessous.  Les  ouvriers  parisiens  en 
ont  fait  un  grand  nombre  de  catégories  : 

Le  vergeté,  d'un  grain  très  uniforme  et  qui  conserve  bien 
la  sculpture  ;  il  a  servi  à  bâtir  les  façades  du  palais  du 
Louvre,  du  côté  de  la  cour  et  du  quai.  La  lambourde,  qui  est 
très  coquillifère  ;  elle  fournit  les  moellons  et  les  pierres  d'ap- 
pareil des  constructions  courantes.  Ces  pierres  valent  de 
45  à  25  francs  le  mètre'cube. 

Le  calcaire  grossier  fournit  aussi  des  pierres  de  qualité  un 
peu  supérieure;  ainsi,  le  banc  royal,  le  banc  franc  et  le  banc 
de  roche  résistent  à  des  charges  de  150  à  200  kilogrammes. 
Le  banc  de  roche  est  remarquable  par  ses  pierres  de  grand 
appareil.  Il  a  servi  pour  les  colonnes  de  la  cour  du  Louvre, 
qui  ont  3'^,50  de  fût.  Il  est  cependant  regrettable  qu'on  n'ait 
pas  employé  de  meilleurs  matériaux  pour  ce  monument.  Il  en 
est  de  même  du  Palais  de  Justice,  dans laconstruction duquel 
on  a  prodigué  les  pierres  de  qualité  inférieure.  Le  calcaire 
grossier  est  souvent  gélif  et  doit  être  examiné  avec  soin; 
on  ne  s'en  est  pas  sufllsamment  souvenu  en  construisant  la 
cathédrale  de  Meaux  avec  du  calcaire  grossier  d'Armen- 
tières  ;  aussi  a-t-elle  nécessité  de  coûteuses  réparations. 

Tuf  calcaire.  —  Les  tufs  calcaires,  beaucoup  moins  résis--> 
tants  que  les  travertins,  ont  cependant  une  origine  analogue. 

Gisements  du  Jura,  —  Ils  se  forment  encore  actuellement 
par  voie  de  concrétion  au  voisinage  de  suintements  et 
recouvrent  les  pentes  de  beaucoup  de  vallées,  dans  le  Jura 
notamment.  Ce  sont  des  pierres  très  légères  qui  durcissent  à 
l'air  et  servent  à  faire  des  voûtes  de  caves,  des  chemi- 
nées, etc.,  etc. 

Craie  tufeau.  —  Gisements  de  la  Touraine.  -^  La  craie  tufeau 
est  un  calcaire  terreux  qui  contient  de  30  à  50  0/0  d'argile.  Il 
est  d'une  médiocre  résistance  et  absorbe  facilement  l'eau. 
Cependant  son  extraction  est  peu  coûteuse,  et  il  se  prête  bien 
à  la  sculpture  ;  aussi  la  craie  tufeau  a-t-elle  servi  à  cons-^ 
truire  des  châteaux  à  Tours,  Angers,  etc.  On  ne  peut  guère 
lui  imposer  des  charges  supérieures  à  75  kilogrammes  par 
centimètre  carré  :  mais  on  a  de  belles  pierres  d'appareil 
à  20  francs  le  mètre  cube. 


MATÉaiAUX   DE   CONSTRUCTION  117 

B.  —  Marbrrs 

-  On  a  longtemps  appelé  marbre,  toute  roche  susceptible 
de  prendre  le  poli,  et  on  comprenait  sous  cette  dénomination 
des  porphyres,  des  anhydrites  et  des  serpentines.  Il  faut 
réserver  ce  nom  aux  roches  calcaires  pouvant  se  polir  ;  mais 
la  distinction  avec  les  calcaires  proprement  dits  reste  encore 
délicate;  car  quelques-uns  de  ceux-ci,  comme  le  calcaire 
compact  de  Sainle-Ylie,  peuvent  recevoir  un  certain  poli  et 
ressemblent  un  peu  à  du  marbre. 

Caractères  généraux  des  marbres.  —  Les  marbres  ont  une 
texture  compacte  et  une  cassure  lamelleuse  ou  saccharoïde; 
ils  sont  formés  de  grains  cristallisés,  visibles  seulement  au 
microscope;  des  infiltrations  bitumineuses  ou  ferrugineuses, 
et  des  coquilles  fossiles  leur  donnent  des  apparences  colorées 
et  veinées,  très  diverses.  Ils  ont  été  produits  par  un  méta- 
morphysme  du  calcaire  dû  à  Tinflueuce  de  la  chaleur,  de  la 
pression,  et  de  mouvements  mécaniques. 

Les  marbres  sont  les  calcaires  les  plus  résistants  et  les 
plus  durs;  ils  peuvent  supporter  des  charges  de  500  à 
1.200  kilogrammes  par  centimètre  carré  et  se  coupent  à  la 
scie  sans  dents  avec  du  grès  et  de  Teau  ;  leur  densité  varie 
entre  2,60  et  2,85.  —  Leur  dureté  permet  de  les  employer 
pour  les  constructions  et  pour  la  statuaire.  On  réunira,  dans 
ce  chapitre,  Tétude  des  diverses  sortes  de  marbres,  quels 
que  soient  les  usages  auxquels  ils  sont  destinés. 

Parallèlement  au  lit  de  carrière,  les  marbres  présentent 
le  plus  souvent  un  plan  de  clivage,  qu'on  appelle  la  passe. 
Suivant  un  plan  perpendiculaire,  la  résistance  est  beaucoup 
plus  grande  et  forme  la  contre-passe.  Les  plaques  se  taillent 
suivant  la  passe  ;  on  augmente  ainsi  en  même  temps  leur 
flexibilité  et  leur  résistance.  On  découpe  des  plaques  de 
2  centimètres  et  d'autres  de  8  à  10  millimètres  d'épaisseur, 
au  moyen  de  châssis  garnis  de  lames  parallèles  et  mus  méca- 
niquement ;  un  châssis  débite  de  120  à  150  mètres  cubes  par 
an  ;  son  établissement  avec  force  motrice,  etc.,  revient  à 
12  ou  15.000  francs. 


118  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Marbbe  blanc.  —  Gisements  de  Carrare.  —  Le  plus  beau 
marbre  blanc  est  le  marbre  de  Carrare  (Italie).  C'est  un  cal- 
caire saccharoïde  à  grains  très  tins,  d'un  éclat  gras  ou 
cireux,  susceptible  de  prendre  un  très  beau  poli.  Les  car- 
rières, qui  datent  do  la  fin  de  la  République  Romaine,  four- 
nissent encore  à  la  consommation  du  monde  entier.  La 
première  qualité  vaut  de  1.200  à  2.000  francs  le  mètre  cube 
sur  place  ;  la  deuxième  qualité  coûte  de  300  à  600  francs  ; 
enfin,  la  troisième  qualité  ou  ravaccione^  se  vend  de  200 
à  300  francs;  cette  dernière  qualité  est  souvent  marquée  de 
taches,  avec  des  veines  grisàXres  et  des  paillettes  de  mica. 
Elle  contient  quelquefois  des  géodes  tapissées  de  quartz.  Une 
carrière  fournissant  du  ravaccione  a  longtemps  été  exploi- 
tée pour  le  compte  du  Gouvernement  Français,  et  quelques- 
uns  des  chefs-d'œuvre  de  nos  sculpteurs  en  souffrent  actuel- 
lement, car  ces  marbres,  de  qualité  inférieure,  ne  résistent 
pas  bien  à  l'action  de  l'air. 

Gisements  de  Paros.  —  Le  marbre  de  Paros  (Grèce)  jouit 
d'une  célébrité  égale  au  précédent;  c'est  la  matière  de  toutes 
les  statues  que  nous  ont  laissées  les  Grecs  ;  ils  l'appelaient 
lychnite  (de  Xuy^vo;  =:  lampe).  Ce  marbre  a  l'inconvénient 
d'être  souvent  micacé  et  ne  fournit  que  des  blocs  de  petites 
dimensions  ;  on  en  a  cependant  repris  récemment  l'exploi- 
tation. 

Les  autres  gisements  de  marbres  blancs  sont  les  sui- 
vants : 

Grèce,  —  L'Attique,  le  Pentélique  et  l'Hymette,  ce  dernier 
surtout,  fournissaient  de  beaux  marbres  blancs  à  la  Grèce  et 
à  Rome. 

Les  Anciens  exploitaient  encore  les  marbres  blancs  des  îles 
de  Thaso  et  de  Proconèse,  actuellement  Marmara,  nom  tiré 
de  la  présence  des  exploitations  de  marbre.  Le  marbre  cappa- 
docien,  blanc  et  très  transparent,  servait  parfois  de  vitres 
dans  l'antiquité. 

Italie,  —  D'Italie  viennent  :  le  marbre  de  Gênes  [bianco 
de  Genova)y  qui  vaut  le  carrare,  celui  de  SanJuliano  près 
Pise,  dont  sont  construits  le  Dôme,  le  Baptistère,  la  Tour 
penchée  et  le  Campo-Santo;  celui  du  lac  Majeur,  qui  a  servi 
à  édifier  la  cathédrale  de  Milan,  etc. 


MATÉRIAUX    bV.    CONSTRUCTION  tlO 

L'ilalie  a  produit,  en  1S9|},  SO. 750  tonnes  de  marbre  brut, 
valant  4.845.000  fraacs. 

France.  —  Gisements  (U  Saint-Béat.  —  En  France,  on 
trouve  du  marbre  btanc  saccharoïde  à  Saint-Béat  sur  le  ver> 
sant  septentrional  de  la  montagne  de  Rie;  il  est  quelquefois 
légèrement  gris&tre,  mais  plus  résislanl  que  le  carrare.  David 
et  Rogier  le  pri-féraient  i  ce  dernier  pour  les  blocs  de 
grande  dimension.  Au  moyen  itge,  on  s'en  est  servi  pour 
décorer  la  basilique  de  Saint-Sernin,  A  Toulouse.  Les  esca- 
liers et  le  pourtour  du  bassin  de  Versailles  sont  cons- 
truits avec  ce  marbre. 

Espagne.  —  Gisemenlt  de  Gobas.  —  On  peut  encore  signa- 
ler les  marbres  blancs  saccharoides  de  Gabas  (Basses-Pyré- 
nées), des  monts  Filflla  (Algérie),  des  Sierras  de  Bacarés  et 
tl'Orto,  en  Espagne.  Quant  aux  marbres  blancs  veinés,  ils  ont 
beaucoup  moins  de  valeur;  on  en  trouve  assez  abondamment 
en  France  et  Hurtout  en  Italie. 

Marbhk  noir.  —  Les  marbres  noirs  n'ont  véritablement 
de  valeur  que  quand   ils  sont  parfaitement  noirs.  Celui  de 


SainUCrépin,  dans  les  Alpes  Françaises,  était  connu  des 
Romains.  Il  en  existe  à  Bellignies  (Nord)  et  à  Sainte-Luce 
(Isère),  en  Belgique  àNaniur,  dansleHari,  en  Angleterre,  etc. 
Le  noir  français  présente  des  taches  Manches  sur  un  fond 
noir;  mais  il  est  susceptible  d'un  poli  convenable  ;  le  Sainte- 


130  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Anne,  au  contraire,  dont  le  fond  tourne  au  gris,  est  toujours 
terne,  aussi  se  vend-il  de  100  à  150  francs  le  mètre  cube  sur 
place.  Ces  deux  marbres  servent  pour  les  meubles,  les  che- 
minées communes,  les  comptoirs,  les  devantures  de  bou- 
tiques, etc. 

Marbre  uhis.  —  Les  marbres  auxquels  des  inliltralions 
charbonneuses  donnent  une  couleur  grise  uniforme  ou 
nuancée  d'autres  couleurs  sont  très  nombreux., 
.  Gisements  de  Marquise  IPat-de-Catais).  —  Le  marbre  Napo- 
léon, qu'on  tire  des  carrières  de  Marquise  (Pas-de-Calais),  est 
gris  brun  ou  café  au  lait.  Il  a  servi  à  la  constructioD  de  la 
colonne  de  la  Grande-Armée,  à  Boulogne  ;  on  l'a  employé 
également  pour  la  décoration  du  tombeau  de  Napoléon,  de 
la  Chapelle  expiatoire,  de  la  Bourse  et  de  la  Madeleine,  i 
Paris,  et  des  cathédrales  d'Arras  et  d'Amiens.  Il  ne  vaut  que 
440  francs  le  mètre  cube  rendu  à  Paris. 


Fm.  ai.  —  PJiquf  de  marbra  grii. 

Gisements  de  Sarrancoiin  (Hautes-PyrinÉes).  —-  Le  sarran- 
colin,  tiré  des  canières  de  ce  nom  dans  la  vallée  d'Aure 
(Hautes-Pyrénées),  est  un  marbre  bréchiforme  à  dessins 
anguleux.  Le  gris  y  domine  avec  du  Jaune  et  du  rouge.  C'est 
un  des  marbres  les  plus  estimés  de  France;  coupé  en 
plaques,  il  vaut  de  15  à  23  francs  le  mètre  carré  :  les 
colonnes  monolithes  du  grand  escalier  de  l'Opéra  sont  en 
sarrancoiin;  elles  ont  coûté  5.000 francs  chaque. 

Gisements  de  ta  Mayenne.  —  Le  «arranco/in  de  FOueit,  qui 


MATÉRIAUX    DE   CONSTRUCTION  121 

▼ient  de  la  Mayenne,  est  aussi  gris,  nuancé  de  jaune  et  de 
rouge  ;  mais  il  ne  possède  pas  les  couleurs  éclatantes  de 
celui  des  Pyrénées.  Son  bas  prix  permet  de  l'employer  pour 
la  confection  des  cheminées  et  des  dessus  de  commodes. 

Marbre  jauni.  —  Les  marbres  jaunes  sont  rares  et  très 
chers.  Les  Grecs  exploitaient,  près  de  Lacédémone,  un  beau 
marbre  d'une  couleur  jaune  d'or,  qui  est  très  rare  aujour- 
d'hui. On  ne  trouve  plus  que  des  marbres  nuancés  où  le 
jaune  domine. 

Gisement  de  Sienne,  —  Le  marbre  jaune  de  Sienne  pré- 
sente de  grandes  taches  d'un  jaune  vif,  irrégulières  et  entou- 
rées de  veines  plus  foncées,  violettes,  rouges  ou  pourpres  ;  il 
vaut  jusqu'à  1.000  francs  le  mètre  cube. 

Gisement  de  Beyrède  (Hautes-Pyrénées),  —  On  exploite  depuis 
longtemps  à  Beyrède  (Hautes-Pyrénées)  un  marbre,  dit 
•marbre  antin,  qui  est  jaune  à  nervures  rouges  ou  blanc  à  ner- 
vures jaunes  et  rouges. 

Gisement  de  Philippeville  {Algérie).  —  Le  marbre  de  Phi- 
lippeville  (Algérie)  a  un  éclat  gras  et  brillant  ;  il  est  jaune 
uni,  mais  passe  vite  au  jaune  rose  et  au  rougeâtre.  On  croit 
en  avoir  retrouvé  quelques  traces  dans  les  monuments 
anciens  mis  au  jour  par  des  fouilles  pratiquées  à  Rome. 

Marbre  bleu.  —  Quand  le  marbre  se  trouve  mélangé  de 
matières  charbonneuses,  il  prend  une  couleur  bleue. 

Gisements  de  France.  —  En  France,  on  trouve  des  marbres 
bleus  à  Arbois  et  près  de  Salins  (Jura),  en  Bretagne  à  Plou- 
gastel  et  à  Brest;  à  Ghâtillon-sur-Seine,  à  Cannes  (Aude)  et 
en  Corse  à  Serraggio. 

Gisements  de  Toscane,  —  Le  marbre  bleu  le  plus  employé 
vient  des  carrières  de  la  Capella,  près  Serrovezza  (Toscane); 
on  l'appelle  bleu  tt^rgum;  c'est  un  marbre  saccharoïde,  teinté 
en  bleu  grisâtre  par  des  matières  charbonneuses  (200  francs 
environ  le  mètre  cube  sur  place). 

Quand  il  présente,  en  outre  de  sa  teinte  bleue,  des  veines 
noires,  on  l'appelle  bardiglio  ;  il  a  d'autant  plus  de  prix  que  ces 
veines  sontplus  fines;  quand  elles  forment  des  dessins  imitant 
plus  ou  moins  des  fleurs,  il  prend  le  nom  de  bardiglio  fiorito 
et  coûte  plus  de  300  francs  le  mètre  cube  pris  à  la  carrière. 


-122  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Marbre  rouge.  —  Gisements  de  Grèce.—  Les  Romains,  qai 
appréciaient  surtoul  des  marbres  unis,  exploitaient  à  Cynopo- 
lis,  en  Grèce,  an  marbre  rouge  uniforme  avec  quelques  veines 
blanches.  Ce  marbre,  appelé  rouge  antique,  décore  le  forum 
•et  les  monuments  d^  la  Voie  Appienne  ;  on  a  repris,  de 
nos  jours,  les  anciennes  carrières,  mais  le  marbre  qu'on  y 
trouve  passe  vite  au  marron  veiné  de  blanc  et  de  noir,  et  plus 
souvent  de  gris  ;  il  est  alors  assez  laid. 

Gisement  de  Caunes  (Hérault).  —  A  Cannes  (Hérault),  on 
•extrait  d'un  magnifique  gisement  toute  une  série  de  marbres: 
Le  grand  incarnat  du  Languedoc  est  un  beau  marbre  à 
grandes  parties  rouges  et  blanches.  Il  a  servi  à  décorer  le 
palais  de  Versailles,  le  Trianon,  Téglise  Saint-Sulpice,  le 
musée  du  Louvre,  etc.  Le  marbre  dit  rouge  turquin  est  un 
peu  plus  gris  ;  le  rouge  français,  semblable  au  rouge  antique 
est  cependant  moins  brillant.  La  griotte,  d'un  rouge  vif  par- 
semé de  taches  blanches,  passe  vite  à  la  griotte  brune  et  à  la 
griotte  panachée  ;  le  cervelas  est  marqué  de  taches  blanches 
et  grises  sur  fond  rouge. 

Ces  marbres  valent,  en  moyenne,  350  francs  à  Carcassonne; 
mais,  quand  ils  ont  supporté  le  transport  jusqu'à  Paris,  ils 
reviennent  de  750  à  1.000  francs  le  mètre  cube;  aussi  ne 
peuvent-ils  pas  supporter  la  concurrence  belge. 

Gisements  de  Franchimont  (Belgique),  —  Le  marbre  dit 
rouge  royal  de  Franchimont  (Belgique)  est  rouge  panaché  de 
gris  et  de  blanc;  il  ne  coûte  que  500  francs  le  mètre  cube, 
rendu  à  Paris,  où  il  est  très  employé  ;  il  a  servi  au  dallage 
de  la  galerie  d'Orléans  au  Palais-Royal,  à  la  décoration  des 
appartements  de  réception  du  Ministère  des  Finances  et  du 
Musée  de  Versailles. 

Marbres  composés.  —  On  appelle  marbres  composés  les 
marbres  dans  lesquels  il  entre  des  matières  non  calcaires 
qui  forment  des  veines  diversement  colorées. 

Gisement  de  Campan  (Hautes-Pyrénées),  —  A  Campan,  dans 
les  Hautes-Pyrénées,  on  extrait  un  marbre  qui  est  composé 
de  matières  saccharoïdes  avec  des  veinules  schisteuses,  et 
des  rognons  coquillers  entourés  de  schistes.  Le  campan 
est  vert,  Isabelle  ou  rouge;  il  a  une  très  grande  valeur,  mais 
s'altère  rapidement  à  l'air  et  ne  doit  être  employé  qu*à  la 


MATÉRIAUX    DE   CONSTRUCTION  423 

ilécoration    intérieure.     C'est    une    précaution    qu'on   n'a 
malheureusement  pas  eue  à  Versailles  ni  au  grand  Trianon. 

Le  porter  est  un  marbre  à  fond  noir  sillonné  de  veines 
feldspathiques,  jaunes  et  brillantes  comme  de  Tor. 

Gisement  de  Porto-Venere  (Italie),  —  A  Porto- Venere,  dans 
les  Apennins,  le  portor  ne  coûte  que  300  francs  le  mètre 
4!ube  et  peut  s'extraire  en  gros  blocs.  Il  s'altère  aussi  à  Tair. 

Gisement  de  Sauveterre  (Haute-Garonne).  —  En  France,  on 
exploite  du  portor  à  Sauveterre  (Haute-Garonne),  dans  la 
vallée  de  la  Barousse,  près  Foubot  (Hautes-Pyrénées),  en 
Corse  près  de  Saint-Florent,  et  à  Regneville  (Manche).  Celui 
<les  Pyrénées  ne  coûte,  taillé  en  plaques,  que  10  francs  le 
mètre  carré. 

Le  cipolin  est  un  marbre  composé  qui  contient  des  paillettes 
<le  mica  ou  de  chlorite  réparties  dans  du  calcaire  saccharoïde. 

Le  cipolin  antique,  lapis  phrygias  des  Romains,  est  veiné 
de  blanc,  de  jaune  doré  .et  de  gris  vert.  On  Ta  exploité  en 
Orient. 

Gisements  de  Connemara  (Irlande),  —  A  Connemara,  près  de 
Galloway,  en  Irlande,  on  exploite  un  cipolin  dont  les  veines 
sont  ondulées,  lia  masse  a,  en  outre,  été  pénétrée  par  de  la 
serpentine  d'éclat  cireux  et  de  couleur  verddtre. 

LuMACHELLE.  —  Les  lumachellcs  sont  des  marbres  qui 
contiennent  de  nombreux  débris  de  coquilles  cristallines  de 
diverses  couleurs. 

Gisement  du  Hainaut,  —  Le  drap-mortuaire  du  Hainaut  est 
un  marbre  à  fond  noir  qui  contient  des  coquilles  turricu- 
lées  cristallines  blanches. 

Gisement  de  Narbonne.  —  La  lumachelle  de  Narboniie 
montre  des  bélemnites  blanches  sur  un  fond  noir.  Le  marbre» 
de  l'Argonne  est  formé  de  coquilles  noirâtres  disséminées 
dans  un  calcaire  gris  blanchâtre. 

Marbres  brèches.  —  On  appelle  brèches,  des  marbres  for- 
més de  morceaux  anguleux  de  calcaire  réunis  par  un 
ciment  calcaire  de  coloration  différente. 

La  brèche  violette  antique  est  un  très  beau  marbre  à  fond 
violet  noirâtre,  relevé  par  des  débris  de  fossiles  et  des  frag- 
ments de  calcaire  de  couleur  brune  ou  jaunâtre  ;  il  en 
existe  quelques  colonnes  au  Louvre. 


124  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

Gisement  de  Villette  (Isère).  —  Le  marbre  de  Villette-en- 
Tarentaise,  surFIsère,  ressemble  beaucoup  à  la  brèche  antique. 

Gisement  de  Saint- Girons  [Ariège).  —  Le  grand-antique  de 
Saint-Girons  (Ariège)  est  une  brèche  formée  de  larges  frag- 
ments angulaires  noirs   réunis  par  des  veines  blanches. 

Le  petit-antique,  de  même  provenance,  est  formé  de  mor- 
ceaux plus  petits. 

Gisements  d'Aubert  {Ariège),  de  Cascalet  (Aude),  de  Sauve- 
terre  (Basses-Pyrénées).  —  La  même  distinction  sépare  le 
grand-deuil  et  le  petit-deuil  qui  en  sont  des  variétés  et  qu'on 
trouve  à  Aubert,  à  Cascalet  et  à  Sauveterre. 

Gisement  de  Serravezza (Toscane).  —  La  brèche  africaine  est 
un  marbre  blanc,  jaune  ou  bleu,  traversé  par  des  veines 
violettes;  on  l'extrait  à  Serravezza.  On  en  voit  de  belles 
tables  dans  les  appartements  de  Versailles;  mais  il  résiste 
mal  à  Pair. 

Gisement  de  Syrie.  —  La  brèche  d^Alep  qui  vient  de  Syrie  et 
qui  est  très  renommée,  est  formée  de  morceaux  rouges  ou 
jaunâtres  réunis  par  un  ciment  gris  tacheté  de  noir. 

Les  carrières  d'Alet,  près  d'Aix,  qui  exploitent  un  marbre 
de  mêmes  nuances,  ont  profité  de  la  ressemblance  du  nom. 

La  brèche  de  Vérone,  composée  de  fragments  bleus  dans 
un  ciment  rouge,  est  un  marbre  magnifique  tiré  des  mon- 
tagnes du  Trentin. 

Les  brocateUes  sont  des  brèches  à  très  petits  éléments. 

Gisement  de  Tortosa  (Espagne).  —  La  brocatelle  d'Espagne, 
de  Tortosa  (Catalogne),  est  à  fond  lie  de  vin  avec  de  petites 
taches  rondes,  jaunes  et  blanches. 

La  brocatelle  de  Sienne,  très  estimée  aussi,  a  des  taches 
violettes  ou  jaune  orange. 

Gisements  de  Boulogne  (Pas-de-Calais)  et  de  Moulins  (Jura). 
—  En  France,  on  ne  peut  guère  citer  que  la  brocatelle  de 
Boulogne,  tachetée  de  brun,  et  la  brocatelle  de  Moulins  (Jura) 
gris  bleuâtre,  parsemée  de  taches  jaunes  avec  de  nombreux 
fossiles. 

C.  —  Pierres  a  chaux,  a  ciment  et  a  plâtre 

La  série  des  roches  calcaires  utilisée,  dans  les  constructions 
comprend  des  roches  tendres,  qui,  par  suite  de  leur  friabilité, 


MATÉRIAUX   DE   CONSTRUCTION  125 

ne  peuvent  être   employées  que  broyées.   Telles  sont  les 
pierres. à  chaux,  et  le  gypse  ou  pierre  à  plâtre. 

Calcaire  argileux.  —  Les  pierres  à  chuux  sont  des  cal- 
caires argileux  dans  lesquels  Targile  s'allie  au  carbonate  de 
chaux  en  toutes  proportions.  Quand  la  teneur  d'argile  -est 
faible,  le  calcaire  donne,  par  cuisson,  de  la  chaux  qui  est 
employée  avec  de  Teau  et  du  sable  à  la  fabrication  du 
mortier. 

Si  la  proportion  d*argile  dépasse  20  0/0,  le  mélange  prend 
un  aspect  terreux,  se  délite  facilement  et  happe  à  la  langue; 
il  ne  donne  plus  alors  de  chaux  utilisable,  mais  peut 
servira  la  confection  du  ciment  et  des  pouzzolanes.  Du 
reste,  les  propriétés  variant  toujours  dans  le  même  sens  à 
mesure  que  la  teneur  en  argile  augmente,  on  peut  établir 
Téchelle  suivante  : 

Quand  le  calcaire  contient  moins  de  5  0/0  d'argile,  il 
donne  de  la  chaux  grasse^  qui  a  la  propriété  de  former  avec 
Teau  une  pâte  grasse  et  foisonnante. 

Si  le  calcaire  renferme  de  5  à  i2  0/0  d'argile,  la  chaux 
devient  maigre;  elle  donne  avec  l'eau  une  pâte  courte  beau- 
coup moins  liante. 

Avec  une  teneur  de  12  à  20  0/0  d'argile,  on  obtient  par 
cuisson,  de  la  chatix  hydraulique  qui  a  la  propriété  de  durcir 
sous  l'eau.  La  durée  de  la  prise  varie  de  deux  à  quinze  jours; 
elle  augmente  avec  la  teneur  en  argile. 

Quand  la  proportion  d*argile  s'élève  de  20  à  25  0/0,  la 
'  chaux  fait  encore  prise,  mais  elle  tombe  rapidement  en 
poussière.  Cependant,  si  on  pousse  la  température  jusqu'au 
point  de  vitrification,  on  obtient  une  chaux  faisant  prise  en 
une  demi-journée  tout  au  plus  :  c'est  le  ciment  de  Port- 
land. 

Avec  des  calcaires  tenant  de  25  à  30  0/0  d'argile,  on 
fabrique  à  haute  température  les  ciments  romainSj  dont  la 
prise  se  fait  en  quelques  minutes,  même  sous  l'eau. 

Préparation  des  ciments  et  de  la  chaux.  —  La  fabrication  de 
la  chaux,  hydraulique  ou  non,  est  facile  ;  la  seule  précaution  à 
prendre  est  de  bien  connaître  la  proportion  d'argile  initiale, 
de  façon  à  obtenir  la  qualité  de  chaux  qu'on  recherche. 
L'installation  des  fours  est  toute  simple.  S'il  y  a  des  parties 


126  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

défectueuses,  après  avoir  éteint  la  chaux,  on  les  sépare  par 
blutagttw 

Les  ciments  dePortland  exigent  une  installation  plus  com- 
pliquée, car  il  h»i,  broyer  très  fin  pour  avoir  un  produit 
homogène  et  ne  gonflaat  pas  dans  les  constructions  ;  de  plus, 
on  a  besoin  de  meilleurs  fours  de  cuisson,  caria  température 
doit  atteindre  celle  de  la  fusion  du  fer.  Le  choix  de  la 
matière  est  aisé  ;  tous  les  calcaires  contenant  une  quantité 
d  argile  suffisante  sont  bons.  Les  plus  estimés  sont  faits  à 
Boulogne  avec  le  calcaire  portlandieu. 

La  préparation  des  ciments  romains  est  très  difficile  et  se 
heurte  à  des  difficultés  inexpliquées.  En  France,  on  ne  les 
réussit  guère  qu'à  Vassy,  avec  des  calcaires  appartenant  au 
portlandien,  et  à  Grenoble, 

Le  ciment  noir  de  Ponilly  est  fait  avec  des  calcaires  pro- 
venant du  rhétien  ;  ces  calcaires  contiennent  une  assez  forte 
proportion  déplâtre  (jusqu'à  7  0/0). 

Calcaire  siliceux.  —  Le  calcaire  s'allie  aussi  à  la  silice; 
il  se  présente  alors  en  masse  blanche  compacte,  à  cassure 
conchoïdale.  On  trouve  de  nombreux  échantillons  de  cal- 
caire siliceux  dans  le  bassin  tertiaire  parisien  et  dans  cer- 
taines formations  lacustres. 

Gisement  du  Teil  (Ardèche),  —  Les  calcaires  du  Teil  (  Ardèche), 
renfermant  17  0/0  de  silice,  donnent  d'excellente  chaux 
hydraulique,  qui  résiste  assez  bien  aux  eaux  de  la  mer,  dans 
lesquelles  la  chaux  hydraulique  se  délite  rapidement. 

Calcaire  magnésien.  —  On  trouve  souvent  le  carbonate  de 
chaux  associé  à  de  la  magnésie;  il  existe  tous  les  intermé- 
diaires entre  le  calcaire  et  la  dolomie  composée  d'équivalents 
égaux  de  carbonate  de  chaux  et  de  carbonate  de  magnésie. 

Les  dolomies  sont  très  répandues,  mais  ne  forment  pas 
des  couches  régulières,  comme  le  calcaire.  On  avait  essayé 
d'en  faire  des  chaux  hydrauliques;  on  y  a  à  peu  près 
renoncé  à  cause  des  difficultés  de  la  cuisson.  Si  on  exagère 
tant  soit  peu  la  température,  le  produit  se  délite  dans  l'eau 
sans  faire  prise. 

Gypse  ou  pierre  a  plâtre.  —  Le  gypse,  appelé  aussi  albâtre 
gypseux,  sélénile  et  pierre  à  plâtre,  est  une  roche  dont  l'as- 
pect se  rapproche  de  celui  du  calcaire.  Le  gypse  saccharoïde 


MATÉRIADX-  DE   C0^8TRl;CTI0^■  127 

a  la  texture  du  marbre  statuaire;  il  s'en  distingue  par  sa 
grande  lianslucidité.  Sa  cassure  est  grenue  et  inégale;  au 
couleur,  ordinairement  d'un  blanc  éclatant,  peut  passer  au 
gris  et  au  jaune  et  devient  même  rougeûtre.  On  trouve  aussi 
du  gypse  compact,  qui  a  une  cassure  esquilleuse  et  une  cou- 
leur blanc  sale  ou  jaune,  le  gypse  se  trouve  généralemeni 
en  grands  cristaux  ofTectanl  une  forme  de  fer  de  lance.  Le 
gypse  est  du  sulfate  de  chaux  hydraté  presque  pur.  La  variété- 
compacte  des  environs  de  Paris  comprend,  en  outre,  de  la 
silice  et  un  peu  de  carbonate  de  chaux.  Le  gypse  ne  fait  pas 
effervescence  dans  les  acides;  mais  il  se  raye  facilement  h 
l'ongle;  grdce  à  ces  deux  caractères,  il  se  distingue  du  cal- 
caire et  des  autres  roches. 

Soumis  à  l'action  du  feu,  il  perd  son  eau  de  cristallisation 
et  se  transforme  en  pldtre. 


Fia.  65.  ~  Gypt(. 

Formation  du  gypse.  —  Le  ffypse  est  sédimenlaire  dans  les 
dépAlB  de  marnes  iristies  qu'on  trouve  dans  la  Meiise,  la 
Mcurthe  et  VAveyron,  ou  dans  les  terrains  tertiaires  de  Paris 
et  d'Aix  en  Provence;  il  est  postérieur  aux  roches  qui  le 
contiennent,  dans  les  amas  de  terrains  métamorphiques  des 
Alpes  et  des  Pyrénées  ;  enfin  il  est  dû  h,  l'action  des  sources 
thermales  sur  le  calcaire,  dans  ceKains  dépôts  où  il  est 
accompagné  de  sulfates,  de  dolomie,  de  bitume,  etc. 

I.e  gypse  saccharotde,  connu sousie  nomd'a/iMJtrc  gypseux, 
.serti la  fabrication  de  statuettes,  socles  de  pendules,  etc..  etc. 
Sa  valeur  esl,  du  reste,  très  inférieure  à  celle  de  l'albûlre 
calcaire,  doué  de  plus  d'éclat  et  de  plus  de  solidité. 

Gaemtnt  de  Vollerra  iToscane).  —  On  exploite  à  Votterra.  iii 
Toscane,  un  al  bût  re  gypseux  blanc  veiné  de  lignes  brunâlrcs. 
qui  était  déjà  connu  par  les  Étrusques  qui  en  ont  fait  un 
grand  nombre  de  tombeaux. 


1S8  i;ÉOLOGlE    APPLIQUÉE 

Giiemenl  de  Lagny  {Seine-et-Uarne).  —  A  LagDy,  dans  la 
Seine-«t-MarDe,  it  y  a  également  un  beau  massif  d'albâtre 
gypseuT. 

Gisement  de  Saint- Jean^-Maurienne.  —  Le  gypse  de  Saint- 
Jean -de-Hau  ri  en  ne  est  blanc  et  translucide;  il  asei-vi  i  orner 
la  cathédrale  de  cette  ville. 

Gisement  du  Mexique.—  Dans  l'État  AePuébla  (Mexique). on 
trouve  un  gypse  si  blanc  et  si  transparent  que  les  anciens 
Mexicains  le  coupaient  en  lames  comme  du  mica  et  l'uli- 
lisaient  comme  vitres. 

Plâtre.  —  Le  principal  usage  du  gypse  est  la  fabrication 


du  plâtre.  ChaufTé  à  120°  dam  des  fours  spéciaux,  le  sulfate 
lie  chaux  perd  son  eau  d'hydratation;  on  le  réduit  en 
poudre  et  on  le  gàcke  ensuite  avec  33  à  50  0,0  d'eau  ;  il 
cristallise  de  nouveau  en  formant  une  masse  compacte  par 
suite  de  l'enchevOtrement  des  cristaux.  Si  la   température 


MATÉRIAUX   DE    CONSTRUCTION  129 

était  poussée  trop  haut,  la  pierre  à  plâtre  perdrait  son  eau  de 
cristallisation,  qu'elle  ne  reprendrait  ensuite  que  très  lente- 
ment, elle  serait,  par  suite,  inutilisable. 

Le  plâtre  a  la  précieuse  propriété  défaire  prise  presque 
immédiatement,  aussi  est-il  employé  dans  les  travaux  qui 
doivent  être  faits  rapidement,  voûtes  de  caves,  moulage  de 
corniches,  plafonds,  scellements,  etc.  A  Paris,  on  en  fait  une 
consommation  qui  va  presque  à  Fabus,  et  dans  bien  des 
maisons  il  remplace  la  chaux  et  le  mortier. 

Gisements  du  bassin  de  Paris  et  d* Aix-en-Provence.  —  Le 
pldtre  de  Paris  et  celui  d'Aix-en-Provence  sont  bien  meilleurs 
que  ceux  qui  sont  fabriqués  avec  les  autres  variétés  de 
gypse;  ils  font  prise  plus  rapidement  et  résistent  mieux 
aux  agents  atmosphériques;  on  a  attribué  leur  qualité  à  la 
quantité  de  calcaire  qu'ils  renferment;  mais  les  bancs  de 
Romainville,  par  exemple,  en  contiennent  très  peu;  ceux  de 
Montmartre  en  tiennent  12  0/0,  et  leur  qualité  est  à  peu  près 
la  même. 

C'est  plutôt  à  la  silice  gélatineuse  qu'ils  contiennent,  qu'il 
faut,  parait-il,  attribuer  la  supériorité  des  plâtres  de  Paris 
et  d'Aix. 

Le  gypse  cristallin  donne  un  plâtre  plus  fin,  mais  moins  résis- 
tant ;  on  s'en  sert  pour  former  l'enduit  extérieur  des  statues. 
Mélangé  avec  de  la  colle  de  poisson  et  coloré  avec  des 
acides  métalliques,  le  plâtre  donne  le  stuc  qui  sert,  depuis 
l'antiquité,  à  imiter  les  marbres. 

On  emploie  le  stuc  dans  les  constructions,  pour  le  revête- 
ment intérieur  des  cages  d'escalier,  des  antichambres  et  de 
diverses  pièces;  il  no  doit  servir  qu'à  Tintérieur  des  maisons 
ou  à  l'abri  des  agents  atmosphériques. 

AiNHYDRiTE.  —  Lc  sulfate  de  chaux  anhydre  s'appelle 
anhydrite  ou  gypse  anhydre. 

L'anhydrite  est  compacte  ou  saccharoïde  et  ressemble  plus 
encore  que  le  gypse  au  marbre  statuaire;  sa  dureté  (3  à  3,5) 
la  distingue  bien  du  gypse.  Elle  est  blanche  ou  légèrement 
colorée  par  de  l'oxyde  de  fer  ou  du  bitume,  en  gris,  en  rouge 
ou  en  bleu.  Elle  contient  souvent  des  traces  de  silice,  de  fer 
ou  de  bitume.  Elle  ne  fait  pas  elTerve.-^cence  avec  les  acides, 
ce  qui  la  sépare  nettement  des  calcaires. 

GÉOLOGIE.  9 


130  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

Formation  de  Vanhydrite,—  L'anhydrite  se  trouve  en  amas 
dans  le  terrain  primitif.  Elle  forme  aussi  des  poches  dans  les 
calcaires  de  divers  étages.  Elle  est  due  alors  à  des  vapeurs 
sulfureuses  qui  ont  traversé  les  fissures  de  ces  calcaires  en 
transformant  des  carbonates. 

L'anhydrite  peut  se  polir  et  se  travailler  comme  le  marbre  ; 
elle  ne  peut  cependant  pas  être  exposée  au  plein  air,  car 
alors  elle  se  ternit  et  se  transforme  en  gypse. 

Gisement  de  Vizille  [Isère),  —  On  l'exploite  à  Vizille  dans 
risère.  Elle  a  servi  à  faire  des  colonnes  de  5  mètres  de  haut 
dans  Téglise  de  Haute-Gombe,  autour  du  tombeau  des  rois  de 
Sardaigne.  L'anhydrite  de  Vizille  se  vend  à  Paris  au  prix  de 
500  francs  le  mètre  cube. 

Sous  le  nom  de  marbre  bleu  de  Wurtemberg,  elle  sert  aussi 
à  la  décoration. 

Gisement  de  Vulpino  (Italie).  —  Enfin  à  Vulpino,  près  de 
Bergame  (Italie),  on  trouve  une  anhydrite  silicifère  appelée 
vidpinitey  à  laquelle  les  8  0/0  de  silice  qu'elle  contient  com- 
muniquent une  jolie  couleur  cendrée  et  une  dureté  assez 
grande.  On  en  fait  des  cheminées  et  des  dessus  de  tables. 

BIBU06RAPHIE  DU  CALCAIRE,  DU  UARBRE,  DE  LA  CHAUX,  ETC. 

1870.  Verploilalion  des  marbres  de  Carrare,  de  Massamaritima  et 

de  Seravezza  {Cuyper^  t.  XXVH,  p.  423). 
1870.  Dupont,  Marbre   de   Givel  {Bulletin   de  V Académie  de  Bel- 

îfiquey  3*  série,  t.  II). 

1873.  Leymerie,   Sur  la  position    et  le   mode   de  formation   des 

marbres  dévoniens    du  Languedoc  (Bulletin  de  la   Société 
de  Géologie^  3*  série,  t.  I,  p.  242). 

1874.  Leymerie,    Calcaire   carbonifère  des  Pyrénées^  marbres   de 

Sainl-Béat  (Comptes   rendus  de   VAcadémie  des  sciences^ 

t.  XXIX,  p.  145). 
1874.  Coquand,  Sur  les  marbres  blancs  statuaires  des  Pyrénées  et 

de  la  Toscane  (Comptes  Rendus,  t.  LXXIX,  p.  411). 
1878.  Renevier,  Sur  le  macigno  des  Apennins  et  le  marbre  de  Car- 

rare  (Bulletin  delà  Société  vaudoise  des  Sciences  naturelles, 

2*  série,  t.  XV,  p.  92)  (Lausanne). 

1878.  Gypse  dévonien  de  Russie  (Richesses  minérales  de  la  Russie. 

Exposition  de  1878). 

1879.  Potier,   (iypse  de  Vancien  Comté  de  Nice   (Bulletin   de    la 

Société  de  Géologie,  3*  série,  t.  VII,  p.  603). 
1879.  Ch.  Barrois,  le  Marbre  griotte  des  Pyrénées  (Annales  de  ta 
Société  géologique  du  Nord), 


MATÉRIAUX   DE    CON8TR0CTION  131 

1879.  De  Tribolet,  Sole  sur  les  carrières  de  marbre  de  Haillon  en 

Valais  {Bulletin  de  la  Société  des  Sciences  naturelles  de 
Seufchàtel). 

1880.  Carez,  Etage  du  gyp^e  auprès  de  Château-Thierry  (Bulletin 

de  la  Société  de  Géologie,  3-  série,  t.  VI H,  p.  247  et  462). 

1881.  Charpy,  Sur  Vindustrie  de  la  marbrerie  à   Saint-Amour  et 

sur  les  divers  gisements  de  marbre  dans  le  département  du 
Jurti. 

1881.  Caravin-Cachin,   Découverte  du  gypse  dans  les  couches  du 

tertiaire  éocène  supérieur  du  Tarn  (Comptes  Rendus, 
t.  XCm,  n*  19,  p.  753). 

1882.  Renevier,     Nouveau    gisement   de  marbre    saccharoxde   sur 

Brançon  en  Valais  [Bulletin  de  la  Société  vaudoise  des 
Sciences  naturelles,  2*  série,  t.  XVIH,  p.  129)  (Lausanne^ 

1882.  Viriet  d'Aoust,  Rapport  sur  les  marbres  et  les  piert*es  litho- 
graphiques du  déparlement  de  VAude  (Paris). 

1885.  Frossard,  Les  marbres  des  Pyrénées  (Bulletin  de  la  Société  de 
Géologie,  3«  série,  t.  XIII,  p.  272). 

1885.  Decœur,  Chaux  hydraulique  du  Teil  dans  l'Ardèrhe  (Indus- 

trie minérale,  2'  série,  t.  XIV,  p.  411  et  473). 

1886.  Note  sur  les  plâtrier  es  de  Saint-Martin,  commune  de  Lar- 

roque  (Tarn)  [k  Montauban,  chez  Forestié]. 
1888.  Arnaud,   Argiles  gy psi f ères    des  Charentes   (Bulletin  de   la 

Société  de  Géologie,  3-  série,  t.  XVIÏ,  p.  290). 
1891.  Thomas,  Gypses  des  hauts  plateaux  de  Tunisie  (Bulletin  de 

la  Société  de  Géologie,  6  avrils 

2^    ROCHES    SILICEUSES 


On  peut  diviser  les  roches  siliceuses  en  trois  cate^gories, 
suivant  qu'elles  sont  compactes,  agglomérées  ou  meubles. 

ROCHES    SILICEUSES   COMPACTES 

Les  roches  siliceuses  compactes  sont  d'origine  purement 
chimique. 

On  distingue  parmi  ces  roches  le  silex,  la  meulière  et  la 
gaize. 

Silex.  —  Les  silex  s'appellent  encore  pierres  à  fusil.  Ils  se 
présentent  en  rognons  à  cassure  conchoïdale  d'une  couleur 
blanche,  blonde  ou  presque  noire.  Leur  dureté  est  très  grande 
et  ils  font  feu  au  briquet. 

Le  silex  est  formé  de  silice  presque  pure  (95  à  97  0/0)  mélan- 
gée d'alumine,  d'oxyde  de  fer  et  d'eau.  Il  ne  fait  pas  efîer- 


GÉOLOGIE  appliquée: 

e  aux  acides  el,  pour  l'attaquer,  on  doit  le  traiter  par 
le  carbouate  de  soude  à  la  température  du  rouge. 
Gisements.  —  Les  sileit  existent  dans  presque  tous  les  ter- 
rains   sédimentaires.     On 
en  trouve  surtout  dans  le 
terrain  jurassique,  à  la  basn 
de  l'oxrordien,  dans  l'étagf 
du  grès  vei'l  et  de  la  craie 
blanche   et  dans  les  dilTé- 
rentes  couches  du  terrain 
teriiaire.    Ils    proviennent 
Fin.  67.  —  Site..  d'un    di^pôt  de  Biliee   qui 

s'est  faitauseindes  terrains 
calcaires  toujours  plus  ou  moins  silicifères.  La  silice  paraît 
s'être  concentrée  autour  de  noyaux  organiques,  quoiqu'on  ne 
retrouve  pas  toujours  ceux-ci  à  l'inti^rieur  des  silex. 

Usaffes.  — Le  silex  sert  surtout  à  r^mpierrenaent  des  routes; 
on  l'utilise  aussi  au  pavage,  quoiqu'il  s'y  prête  asseï  mal.  Tou- 
louse, Montauban,  Strasbourg  et  Nancy  sont  pavés  en  galets 
de  silex.  Dans  quelques  villes  du  Midi  de  la  Fronce,  dans  le 
pays  de  Caux  et  en  Picardie,  on  construit  des  maisons  en 
silex  encadré  de  bordures  de  briques,  qui  sont  d'un  elTet 
asseï  pittoresque. 

MEtiLiÈnE.  —  La  meulière  est  une  variété  particulière  de 
silex,  qu'on  trouve  en  masses  asseï  importantes.  Elle  se  |{ré- 
sente  parfoisavec  une  texture  compacte  d'un  gris  blanchâtre  i-t 
avec  la  dureté  du  silex.  C'est 
la  caillasse,  dont  l'emploi 
est  proscrit  dans  les  cons- 
tructions  importantes,  car 
elle  prend  mal  le  mortier. 

Hais  elle  présente  parfois 
une  texture  caverneuse,  qui 
peutdevenir  tellementlàche 

que  la  pierre  ne  pèse  plus  ^.^  ^8,  -  Mnitit,.. 

que   650    kilogrammes  le 

mètre  cube.  Celte  meulière  caverneuse,  appelée  pierre  à 
meule,  silex  molaire  ou  silex  carié,  est  fréquente  dans  le 
terrain  tertiaire. 


MATÉHIAUX   DE    CONSTHt'GTlON  133 

Usayes,  —  Les  plus  belles  meulières  caverneuses  sont  celles 
de  la  Ferté-sous-Jouarre,  qui  sont  surtout  employées  à  la 
confection  des  meules  de  moulins.  Mais  elles  sont  aussi  fort 
estimées  pour  la  construction,  à  cause  de  leur  grande  résis- 
tance à  Técrasement,  unie  à  une  grande  légèreté  qu'elles 
doivent  aux  cavités  dont  elles  sont  parsemées.  De  plus,  le 
ciment,  pénétrant  dans  les  cavités,  fait  corps  avec  la  pierre  et 
donne  une  maçonnerie  bien  homogène. 

A  Paris,  la  meulière  est  prescrite  pour  la  construction  des 
fosses  d'aisance  et  celle  des  égouts.  Elle  sert  aussi  aux  fon- 
dations de  beaucoup  de  monuments;  en  particulier,  les  deux 
théâtres  de  la  place  du  Ghâtelet,  le  Tribunal  de  Commerce, 
rOpéra  et  THôtel-Dieu  reposent  sur  des  assises  en  meulière. 
Les  parements  des  ponts  National,  d'Austerlitz,  des  Invalides, 
de  TAlma  et  ceux  du  Petit-Pont  sont  faits  en  meulières 
piquées  et  en  ciment  de  Poissy.  Ces  pierres  viennent  des 
carrières  de  Ponthiéry  et  d'Orgenoy,  entre  Juvisy  et  Corbeil, 
qui  envoient  journellement  leurs  produits  par  la  Seine. 

Les  carrières  de  Buchet  et  de  Brunoy  fournissent  aussi  des 
pierres  très  régulières,  qui  ont  servi  à  construire  la  plupart 
des  quais  de  Paris;  mais  Therbe  qui  y  a  poussé,  dans  les 
cavités,  amène  de  Thumidité  et  expose  les  pierres  aux  effets 
de  la  gelée.  La  meulière  vaut  de  10  à  43  francs  le  mètre  cube 
sur  carrière.  (Voir  Tétude  de  M.  Colomer,  sur  les  Pierres 
meulières  des  environs  de  Paris,  Revue  technique,  1894). 

Gaize.  --  La  gaize  est  une  des  roches  les  plus  légères  que 
Ton  connaisse  ;  sa  densité  n'est  que  de  1,48;  elle  est  verdàtre, 
très  tendre  et  se  délite  à  Tair  en  se  divisant  en  petits  fragments. 
C'est  une  roche  siliceuse  contenant  un  peu  d'argile  et  des 
grains  de  glauconie  qui  lui  donnent  sa  couleur.  La  silice 
qu'elle  contient  ofTre  ce  caractère  particulier  d'être  soluble 
dans  la  potasse  comme  la  silice  gélatineuse. 

Gisement  de  PArgonne.  —  La  gaize  se  trouve  dans  l'Argonne 
où  elle  forme  une  vaste  lentille  d'une  centaine  de  mètres 
d'épaisseur,  due  certainement  à  une  précipitation  chimique. 

Usages,  —  Cette  roche  donne  d'assez  mauvais  matériaux  de 
construction,  par  suite  de  l'altération  que  lui  fait  éprouver 
l'atmosphère  ;  on  l'emploie  cependant  à  l'intérieur.  Mais  elle 
est  surtout  utilisée  comme  produit  réfraclaire,  à  cause  de  la 


13^  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

forte  proportion  de  silice  qu'elle  contient;  on  en  a  fait  des 
cheminées,  des  fours  de  boulanger,  des  fours  à  chaux  et 
même  des  hauts-fourneaux. 

On  a  cherché  à  remployer  aussi  dans  la  confection  de 
mortiers  hydrauliques;  mais  on  n'y  a  qu'à  moitié  réussi,  à 
cause  des  écarts  de  composition  qu'elle  présente. 

BOGUES   SILICEUSES   AGGLOMÉRÉES 

Brèches.  —  On  appelle  brèches,  des  conglomérats  formés 
de  fragments  anguleux  réunis  par  un  ciment  quelconque. 
Si  les  fragments  sont  arrondis,  la  roche  prend  le  nom  de 
poudingue.  Les  brèches  siliceuses  sont  d'un  usage  assez  rare, 
à  cause  de  la  difficulté  que  l'on  éprouve  à  les  travailler. 

Cependant  à  Polignac,  dans  la  Haute-Loire,  on  exploite 
une  brèche  siliceuse  formée  de  débris  de  roches  volcaniques 
et  ne  pesant  que  3.000  kilogrammes  le  mètre  cube.  Elle  ne 
coûte  que  25  francs  le  mètre  cube;  elle  a  servi  notamment  à 
la  construction  de  l'église  du  Puy. 

La  brèche  universelle  est  composée  de  fragments  de  roches 
très  diverses,  granité,  porphyre  et  pétrosilex,  agglomérés  par 
un  ciment  feldspathique.  C'est  une  des  roches  les  plus  dures 
et  en  même  temps  les  plus  riches  en  couleurs  qui  existent. 
Les  Égyptiens  l'exploitaient  en  Arabie  près  de  Kéré;  ils  en  ont 
fuit  le  sarcophage  d'Alexandre,  qui  a  15  mètres  de  tour  et 
qui  est  couvert  d'hiéroglyphes.  Au  musée  du  Louvre,  on 
voit  des  bases  de  colonnes  et  une  statue  de  prisonnier  bar- 
bare faites  de  cette  matière. 

On  trouve  aussi  des  brèches,  moins  belles,  il  est  vrai,  dans 
le  Ilainaut  et  dans  les  Vosges  entre  Thann  eiGuebwiller, 

La  brèche  rouge  violacé  de  Vizille  est  une  roche  analogue  ; 
elle  est  d'un  polissag»^  difficile  ;  elle  est  colorée  par  des  mor- 
ceaux de  calcaire  rouge  et  do  serpentine  verte.  Elle  vaut 
1.000  francs  le  mètre  cube  rendue  à  Paris,  en  comptant  une 
centaine  de  francs  de  transport. 

Grès.  —  Les  grès  sont  des  pierres  qui  offrent  souvent  moins 
de  résistance  à  l'écrasenieut  que  les  calcaires  et  qui  surtout 
font  difficileinent  corps  avec  le  mortier;  aussi  ne  peuvent-ils 
que  rarement  être  employés  à  la  construction. 


SIATÉRIADX    DE    CONSTRtCTION  135 

Les  grès  sont  composés  de  grains  de  quarli  réunis  par  un 

D'après  la  nature  du  ciment  on  a  des  grès  siliceun, 
argileux     ou     calcariTères. 

Origine.  —  1^  grès  pro- 
vient de  roches  quarlzeuses 
anciennes  qui  ont  Hé  dé- 
truiles  et  dont  les  éléments 
ont  ëlé  ressoudés  plus  tard 
par  la  préripilatton  chimique 
d'un  ciment.  Aussi  les  grès 

conliennent-ilsfréquemment  y^^  ,jç|  __  art, 

du  mica,  du  Teldspalh,  de  la 

serpentine  et  d'autres  débris  des  roches  auxquelles  a  appar- 
tenu te  quarlx. 

QuARTziTE.  —  [.es  quartziles  sont  des  grès  siliceux  dans 
lesquels  la  pâle  soude  si  bien  les  grains  que  le  loula  parfois 
l'apparence  d'une  masse  compacte?  Ils  contiennent  souvent 
des  cristaux  de  quartz  et  de  feldspath,  ijui  leur  donnent  las- 
pecl  de  porphyres.  Parfois  aussi  ils  présentent  des  lits  de 
chloriteetde  mica,  quileur  donnent  une  apparence  schisteuse. 


Les  quartiiles  appartiennent  aux  terrains  paléozoTques  ;  on 
les  rencontre  aussi  fréquemment  dans  l'étage  anthracifère 
des  Alpes. 


136  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Usages,  —  On  a  employé,  pour  le  tombeau  de  Napoléon 
aux  Invalides,  un  grès  rougé  très  dur  (quartzite  de  Finlande), 
qui  a  pris  le  poli  du  marbre. 

Plus  souvent,  on  Tutiiise  comme  pavés.  La  montagne  du 
Roule,  près  de  Cherbourg,  fournit  les  pavés  dits  de  la  Manche, 
très  employés  à  Paris,  où  leur  prix  varie  de  i  20  à  260  francs 
le  mille,  suivant  les  dimensions. 

Gisements  de  Cherbourg.  —  Dans  la  Manche  on  emploie  les 
produits  de  la  carrière  du  Roule  comme  matériaux  de  cons* 
truction,  et  on  en  a  construit  la  jetée  du  port  de  Cherbourg. 

Gisements  desArdennes,  —  On  exploite  aussi  très  activement, 
comme  pavés,  les  quartzites,  dans  les  Ardennes.  Dans  le 
Wurtemberg,  on  trouve  des  grès  siliceux  très  durs  qui  ont 
servi  à  construire  la  cathédrale  gothique  de  Cologne. 

Gisements  du  bassin  de  Paris.  —  Les  grès  du  bassin  tertiaire 
parisien,  de  Fontainebleau  et  de  Beauchamp  sont  formés  de 
grains  quartzeux  très  fins,  réunis  par  un  ciment  siliceux  ou 
calcaire.  Ils  sont  trop  lourds  et  se  prêtent  trop  mal  à  la  taille 
pour  être  employés  à  la  construction,  mais  ils  font  d'excellents 
pavés. 

Grès  bigarra.  —  Le  grès  vosgien  de  la  partie  inférieure  du 
trias  elle  grès  bigarré  du  même  étage  sont  des  grès  à  ciment 
argilo-siliceux.  Ils  fournissent  des  matériaux  qu'on  peut 
employer  à  la  construction.  Leur  poids  est  de  2.000  kilo- 
grammes par  mètre  cube  environ,  et  leur  résistance  à  l'écrase- 
ment de  2.*)0  à  500  kilogrammes  par  centimètre  carré. 

Usatjes.  —  Le  grès  bigarré  a  servi  a  construire  la  cathédrale 
de  Strasbourg;  le  soubassement  de  l'ancien  Palais  de  l'In- 
dustrie de  Paris  était  en  grès  bigarré  de  Phalsbourg. 

Gisements  des  Vosges.  —  Le  grès  de  Votrrcs,  dans  les  Vosges, 
se  divise  en  plaques  qu'on  appelle  laves,  assez  minces  pour 
servir  à  la  couverture  des  bâtiments,  mais  cependant  friables 
et  un  peu  lourdes  pour  cet  usage. 

Guements  du  Wurtemberg, —  Dans  le  Wurtemberg  on  trouve 
du  grès  vosgien  assez  siliceux  pour  qu'on  l'utilise  comme 
pierre  réfrac  taire  pour  la  construction  des  fours. 

Grauwacke. —  Lagrauwacke  est  un  grès  formé  de  fragments 
de  quartz  et  de  roches  éruplives  réunis  par  un  ciment  argileux 
et  parfois  argilo-siliceux.  Elle  est  grise,  jaune  ou  rougeâtre; 


i 


MATÉRfÂUX   DE   CONSTRUCTION  i37 

c'est  une  roche  qu*on  trouve  dans  les  terrains  anciens  de  la 
Bretagne  et  des  Ardennes,  et  qui  ne  sert  que  sur  place  pour 
des  constructions  sans  importance. 

Grès  houillbr.  —  Le  grès  houiller  est  d*un  grain  plus 
grossier  que  la  grauwacke.  Il  se  trouve  en  couches  puissantes 
dans  le  terrain  houiller;  il  est  coloré  en  gris  par  le  bitume 
et  devient  plus  foncé  par  exposition  à  Tair.  Il  pèse  2.100  kilo- 
grammes par  mètre  cube  et  résiste  à  des  charges  de  250  kilo- 
grammes par  centimètre  carré.  Il  vaut  de  35  à  40  francs  sur 
carrière.  Il  a  servi  à  construire  la  ville  de  Saint-Étienne  et 
plusieurs  autres  villes  de  la  Loire  et  de  la  Haute-Loire. 

Gaàs  CALGARiPÈRE.  —  La  molasse  est  un  grès  soudé  par  une 
pâte  calcaire  qui  peut  représenter  le  tiers  de  la  masse.  C'est 
une  roche  très  friable,  mais  qui  durcit  à  Tair.  Elle  pèse 
2.000  kilogrammes  par  mètre  cube  et  s'écrase  parfois  sous  des 
charges  de  100  kilogrammes  par  centimètre  carré.  Pourtant 
elle  prend  bien  le  mortier  et  est  très  employée  pour  les 
constructions  dans  le  sud-ouest  de  la  France.  Les  carrières 
de  Rhune^  près  Ascain,  ont  fourni  la  molasse  avec  laquelle 
un  a  édifié  le  phare  de  Biarritz  et  le  port  de  Bayonne.  En 
Daupkiné  et  en  Savoie,  on  s'en  sert  beaucoup  aussi.  Enfîn 
Genève,  Berne  et  plusieurs  villes  de  la  Suisse  ont  été  construites 
avec  la  molasse.  A  Garcassonne  et  à  Brives,  beaucoup  de 
maisons  sont  faites  d'un  grès  cal  cari  f ère. 

Le  Macigno  est  aussi  une  sorte  de  molasse  qui  a  servi  à 
bâtir  le  palais  Pitti,  à  Florence  ;  il  a  fourni  les  dalles  des  rues 
de  Pise  et  de  Florence. 

Arkose.  —  L'arkose  peut  être  rapproché  des  grès  par  sa 
composition;  c'est  une  arène  granitique  contenant  encore  tous 
les  éléments  du  granité  qui  ont  été  ressoudés  sur  place.  On 
le  trouve  dans  les  Vosges,  les  Ardennes,  le  Morbihan  ;  on  s'en 
sert  comme  pavés  et  comme  matériaux  d'empierrement  pour 
les  routes. 

ROCHES   SILICEUSES   MEUBLES 

Sable  quartzbux.  —  Les  sables  sont  un  produit  de  la  désa- 
grégation des  roches.  Le  quartz  est  celui  des  éléments  des 
roches  éruptives  et  sédimentaires  qui  résiste  le  mieux  aux 
actions  physiques  et  chimiques;  il  est  donc  naturel  que  la 


i38  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

plupart  des  sables  soient  quartzeux.  Le  sable  quartzeux  est 
formé  de  grains  de  quartz  quelq,uefois  arrondis,  plus  souvent 
anguleux.  Quand  il  est  pur,  il  est  d'un  blanc  éclatant,  mais  il 
est  souvent  mélangé  à  d'autres  substances  et  surtout  à  des 
paillettes  de  mica. 

Usages.  —  L'emploi  le  plus  important  du  sable  pour  les 
constructions  est  la  confection  du  mortier;  pour  qu'il  y  soit 
tout  à  fait  propre,  il  ne  doit  pas  contenir  d'argile. 

Moyen  de  reconnaître  un  bon  sable.  —  On  s'en  aperçoit 
aisément  au  simple  toucher;  dès  qu'il  contient  un  peu  d'argile, 
il  salit  les  doigts.  De  plus,  en  approchant  de  l'oreille  une  pincée 
de  sable  qu'on  écrase  entre  les  doigts,  on  entend  un  grésille- 
ment d'autant  plus  net  que  les  grains  sont  plus  anguleux  et 
le  sable  plus  propre  à  la  confection  du  mortier.  Le  sable  étant 
incompressible  peut  servir  aux  fondations  et  au  pavage;  là 
encore  il  faut  qu'il  soit  bien  exempt  d'argile.  Au  contraire, 
lorsqu'il  sertà  rendre  étanche  le  fond  des  canaux  ou  à  arrêter 
des  suintements,  la  présence  de  l'argile  est  une  qualité. 

Gisements.  —  Les  carrières  de  Fontainebleau  fournissent  des 
quantités  considérables  de  sable  quartzeux  qui  sont  aussi 
utilisés  pour  la  verrerie  et  la  cristallerie  (Voir  le  chapitre 
des  Industries  diverses). 

On  peut  aussi  utiliser,  pour  le  mortier,  le  sable  de  la  mer; 
mais  il  faut  avoir  soin  au  préalable  de  l'étendre  en  lits  peu  épais 
et  de  l'exposer  à  la  pluie,  afin  qu'il  puisse  se  débarrasser  des 
sols  déliquescents  qu'il  contient  et  qui  conserveraient  Thumi- 
dilé  dans  le  mortier  des  maçonneries. 

Gravier.  —  Quand  la  dimension  des  grains  dépasse  3  milli- 
mètres, les  sables  deviennent  des  graviers.  Les  grains  de  gra- 
vier sont  généralement  arrondis.  Ils  servent  de  ballast  pour 
les  voies  de  chemins  de  fer.  Us  doivent  alors  être  exempts  de 
matières  terreuses  qui  s'opposeraient  à  rinfiltration  des 
eaux,  et  de  sable  qui  ferait  de  la  poussière.  Les  graviers  sont 
aussi  employés  pour  les  constructions  en  béton,  et  pour  l'em- 
pierrement de  certaines  chaussées;  mais  il  faut  éviter  d'em- 
ployer pour  ce  dernier  usage  des  graviers  dont  le  volume 
serait  un  peu  trop  considérable,  car  ils  produiraient  l'usure 
rapide  des  roues  des  voitures  et  des  sabots  des  chevaux;  ils 
rendraient  d'ailleurs  pénible  la  marche  des  piétons. 


BIATÉRIAUX   DE   CONSTRUCTION  139 

3^    ROCHES    ARGILEUSES 

Les  roches  argileuses  sont  formées  essentietlement  de 
silicate  d'alumine  hydraté. 

On  peut  les  ranger,  d'après  rimportance  de  leur  utilisation 
dans  les  constructions  et  les  travaux  publics,  en  argile  terreuse, 
phyllades  et  schistes. 

ARGILE   A    BRIQUES 

Propriétés  physiques  et  chimiques,  —  Vargile  terreuse  propre- 
ment dite  provient  de  matières  qui  se  sont  déposées  après 
avoir  été  longtemps  tenues  en  suspension  dans  les  eaux  à 
Tétat  boueux.  Pure,  Targile  est  réfractaire,  c'est-à-dire  que 
non  seulement  elle  est  infusible,  mais  qu'elle  se  contracte  au 
feu.  La  présence  des  oxydes  métalliques  lui  fait  rapidement 
perdre  cette  propriété.  L'argile  est  plastique,  c'est-à-dire 
qu'elle  se  laisse  facilement  modeler.  Séchée  au  feu,  elle  devient 
cassante  et  dure  au  toucher.  Dès  qu'elle  a  perdu  son  eau  de 
combinaison,  elle  perd  toute  sa  plasticité.  L'argile  est  recon- 
naissable  au  goût  par  sa  saveur  sèche.  On  la  définit  en  disant 
qu'elle  happe  à  la  langue.  Elle  a  aussi  une  odeur  particulière, 
Todeur  argileuse. 

H  existe  un  grand  nombre  de  variétés  d'argiles  : 

Les  argiles  plastiques,  le  kaolin,  l'argile  sableuse,  la  marne, 
l'argile  bitumineuse,  l'argile  figuline,  l'argile  calcarifère,  etc. 

Pour  les  constructions  on  n'emploie  guère  que  les  argiles 
figuline  et  calcarifère  impures.  Les  autres  variétés  sont 
employées  pour  la  poterie,  la  faïencerie,  l'amendement  des 
terres,  etc.,  et  seront  passées  en  revue  dans  des  chapitres 
ultérieurs,  avec  les  matériaux  employés  dans  les  arts  indus- 
triels et  dans  l'agriculture. 

La  terre  à  briques  est  une  argile  flguline  impure.  L'argile 
figuline  sert  aussi  à  faire  les  faïences  communes  et  les 
poteries.  On  l'emploie  pour  la  construction  à  l'état  de  pisé, 
c'estrà-dire  délayée  dans  de  l'eau  et  fortement  tassée.  Cette 
maçonnerie  est  surtout  employée  dans  les  départements  du 
Rhône,  de  l'Ain  et  de  l'Isère.  Mais  la  principale  application 


140  GÉOLOGIE   APPLIQIJÉE 

de  Targile  est  la  fabrication  des  briques.  Les  briques  confec- 
tionnées dans  des  moules  des  plus  simples  sont  ensuite 
séchées  au  soleil,  puis  cuites  en  grands  tas.  Dans  beaucoup 
d'endroits  et  surtout  en  Belgique,  en  Hollande,  dans  le  Nord 
et  le  Pas-de-Calais,  les  briques  sont  les  matériaux  de  cons- 
truction courants.  On  fabrique  aussi,  avec  Targile,  des  tuiles 
pour  la  couverture  des  maisons  et  même  de  certains  monu- 
ments, toutes  sortes  de  poteries  pour  la  construction  et  des 
tuyaux  de  canalisation.  On  en  fait  encore,  en  Hollande,  des 
pavés  pour  les  routes. 

Les  argiles  les  plus  propres  à  faire  de  la  brique  sont  géné- 
ralement brunes  ou  rougeâtres,  par  suite  de  la  présence 
«IVixydes  de  fer.  Ce  sont  ces  matières  ferrugineuses,  qui,  par 
la  cuisson,  donnent  à  Targile  la  teinte  rouge  des  briques. 

La  qualité  des  briques  dépend  de  la  composition  et  de  la 
pureté  de  Targile  employée  pour  leur  fabrication  ;  mais  on 
peut  l'améliorer  en  comprimant  fortement  Targile  dans  les 
moules  et  en  la  cuisant  dans  des  fours  spéciaux  (fours 
Hoffmann)  au  lieu  de  la  cuire  en  tas.  H  existe  actuellement 
un  assez  grand  nombre  de  briqueteries  mécaniques,  qui  four- 
nissent^ pour  les  constructions,  des  matériaux  bien  homo- 
gènes, à  un  prix  de  revient  généralement  plus  bas  que  les 
briques  faites  à  la  main  et  cuites  en  tas. 

La  même  argile  peut  être  employée  dans  la  confection  de 
tuiles  pour  couvertures  de  maison.  Des  moules  spéciaux  per- 
mettent de  donner  à  ces  tuiles  toutes  les  formes  voulues. 

La  brique  est  universellement  employée  dans  les  cons- 
tructions, même  dans  les  pays  où  la  pierre  à  bâtir  se  trouve 
en  abondance.  Cela  tient  à  la  facilité  de  sa  fabrication  et,  par 
suite,  àTéconomie  de  son  emploi. 

Pisé.  —  L'argile,  quand  elle  n'est  ni  trop  grasse  ni  trop 
maigre,  est  emj)loyée  crue,  à  Tétat  de  pisé,  pour  des  cons- 
tructions de  peu  d'importance. 

11  existe  même  des  maisons  de  cinq  étages,  entièrement 
construites  on  pisé,  dans  le  centre  de  la  France  ;  mais  il  faut 
avoir  soin  de  recouvrir  le  pisé  d'un  enduit  qui  le  préserve 
de  l'action  des  agents  atmosphériques. 

Incotivénients  des  terrains  argileux  pour  les  constructions.  — 
L'argile,  qui  rend  de  si  grands  semces  pour  l'édification  des 


MATÉRIAUX    DE   CONSTRUCTION  141 

maisons,  présente  de  graves  inconvénients,  lorsqu'elle  cons- 
titue le  sol  sur  lequel  on  doit  exécuter  des  constructions  ou 
des  travaux  publics. 

Quand  les  dépôts  argileux  du  sol  sont  à  Tabri  des  agents 
atmosphériques,  ils  se  maintiennent  bien  et  conservent  une 
dureté  suffisante  pour  les  fondations  ;  mais,  quand  ils  ont  été 
exposés  à  Tair,  ils  prennent  facilement  Thumidité  et  se 
délayent  rapidement. 

Il  arrive  ainsi  que  de  grandes  masses  de  terrains  se 
déplacent  par  glissement,  généralement  après  une  saison 
pluvieuse,  entraînant  avec  eux  ou  disloquant  les  construc- 
tions qui  les  surmontent. 

Il  est  donc  nécessaire  de  masquer  rapidement  avec  des 
maçonneries  la  surface  des  terrains  argileux,  afln  d'éviter  le 
fendillement  superficiel  qui  se  produirait  sous  Taction  du 
soleil  et  faciliterait  ultérieurement  Tinflltration  des  eaux. 

BIBLIOGRAPHIE  DE  L'ARGILE 

1874.  Schlœsing,  Sur  la  constitution  des  arfjlles  et  kaolifis 
{Comptes  Rendus,  t.  LXXIX,  p.  376  et  473). 

1880-1881.  Fontannes,  Terrains  des  environs  de  Bollène  {Bulletin 
de  la  Société  de  Géologie^  3*  série,  t.  IX,  p.  438). 

1837.  Le  Chatelier,  Constitution  des  argiles  {Comptes  Rendus  de 
l'Académie  des  Sciences). 


PHYLLADES 

Les  phyllades,  ou  schistes  ardoisiers,  sont  dos  roches 
schistoïdes  feuilletées,  dont  le  nom  est  tiré  du  grec 
'ç-jXXov  =  feuille). 

Les  phyllades  constituent  des  assises  puissantes  dans  divers 
terrains.  Ils  appartiennent  au  cambrien  et  au  silurien  dans 
les  Ardennes  et  dans  le  Maine-et-Loire,  à  la  base  du  terrain 
houiller  à  Briançon^  dans  les  Alpes,  et  aux  terrains  nummu- 
litiques  à  Glaris,  en  Suisse. 

Ce  sont  des  argiles  compactes,  devenues  schisteuses  par 
compression  et  métamorphisme. 

Ardoises.  —  Quand  les  phyllades  peuvent  être  fendus  en 


I 


142  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

lames  très  minces,  on  leur  donne  plus  spécialement  le  nom 
d'ardoises. 

Propriétés  physiques  et  chimiques.  —  Les  ardoises  sont  des 
phyllades  de  couleur  grisâtre,  bleutée,  violacée  ou  rougeâlre. 
Leur  pâte  est  fine,  compacte  et  homogène. 

Elles  sont  formées  par  un  silicate  d'alumine  impur,  riche 
en  débris  organiques  et  contenant  des  traces  de  chaux,  de 
magnésie,  de  titane  et  3  0/0  d'eau  environ. 

Leur  densité  varie  de  2,61  à  2,95. 

La  dureté  varie  depuis  celle  du  gypse,  pour  les  phyllades 
satinées,  jusqu'à  celle  du  marbre,  quand  elles  passent  insen- 
siblement aux  schistes  argileux,  en  perdant  leur  éclat.  La 
résistance  à  la  rupture,  assez  faible  dans  les  ardoises, 
augmente  très  rapidement  avec  Tépaisseur.  M.  Blavier  a 
trouvé,  en  opérant  sur  des  ardoises  de  0",25  de  côté,  que, 
pour  des  épaisseurs  respectives  de  1,  3,  5  et  7  millimètres, 
les  charges  de  ruptures  étaient  8,  50,  i20  et  179  kilogrammes. 
Il  y  a  donc  intérêt  à  employer  des  ardoise^  aussi  épaisses 
que  les  charpentes  peuvent  les  supporter. 

Les  bonnes  ardoises  se  fendent  facilement  en  feuilles  très 
fines  et  rendent  au  choc  un  son  de  cloche. 

L'ardoise  a  la  propriété  de  s'altérer  difficilement  à  l'air  et 
de  pouvoir  se  diviser  en  feuilles  très  minces  et  cependant 
très  résistantes. 

Schistosité.  —  Cette  dernière  particularité  s'appelle  la 
schistosité  ;  c'est  le  caractère  principal  de  Tardoise. 

La  schistosité  est  le  résultat  d'efforts  mécaniques  posté- 
rieurs au  dépôt  des  phyllades  ;  elle  affecte  souvent  une  direc- 
tion différente  de  la  stratification,  et  elle  est  plus  ou  moins 
accentuée,  selon  que  Ton  se  trouve  dans  des  parties  du 
gisement  plus  ou  moins  affectées  par  ces  efforts  mécaniques. 

La  compression  des  schistes  ardoisiers  s'étant  générale- 
ment exercée  dans  plusieurs  sens,  on  remarque  ordinaire- 
ment sur  les  ardoises  une  seconde  schistosité  moins  nette, 
qu'on  appelle  le  longrain  et  qui  sert  d'indication  pour  l'aba- 
tage  et  le  fendage  des  ardoises. 

Certaines  qualités  d  ardoises  s'imprègnent  facilement  d'hu- 
midité et  ne  peuvent  pas  se  conserver  longtemps;  car,  à  la 
première  gelée,  elles  se  brisent  presque  immanquablement. 


MATÉRIAUX    DE    CONSTRUCTION  143 

Ces  sortes  d'ardoises  ne  peuvent  pas  être  employées  pour  la 
couverture  des  maisons. 

Usages.  —  Les  ardoises,  grâce  à  leurs  propriétés  de  schis- 
tosité,  de  résistance  et  d'imperméabilité,  sont  employées, 
selon  leur  qualité  et  leur  couleur,  à  faire  des  tableaux  noirs 
grisâtres  pour  les  écoles,  des  revêtements  de  salles  de  bains 
et  de  laiteries,  des  pavages,  des  mangeoires  pour  les  che- 
vaux, des  tables  de  billard,  etc.  ;  mais  leur  principal  usage 
est  la  couverture  des  maisons  et  des  monuments. 

Cuites  ou  vernissées,  elles  servent  à  la  décoration  inté- 
rieure des  habitations. 

Géogénie,  -»-  Ces  matériaux,  si  résistants  et  cependant  si 
fissiles  suivant  leur  plan  principal  de  clivage,  ont  été  formés, 
dès  Tère  primaire,  par  des  argiles  très  ténues,  qui  se  sont 
trouvées  comprimées  entre  des  lits  de  quartzites  et  de  grès, 
puis  redressées,  amincies,  repliées  et  enfin  transformées 
par  la  compression  et  par  la  chaleur  due  au  frottement  des 
roches,  en  ardoises  solides  et  lamelleuses,  telles  qu'on  les 
trouve  dans  les  divers  gisements  exploités  actuellement. 

Gisements.  —  Malgré  la  concurrence  que  lui  font  et  les 
tuiles  mécaniques  et  les  couvertures  métalliques,  Tardoise 
se  trouve  employée  à  de  grandes  distances  de  ses  centres 
principaux  de  production,  qui  ne  sont,  somme  toute,  pas 
très  nombreux. 

En  France,  les  principaux  gisements  ardoisiers  sont  ceux 
des  Ardennes  et  de  l'Anjou  : 

Les  Ardennes. —  A  Fumai/y  Haybes  et  Rimagnej  on  trouve 
des  ardoises  de  bonne  qualité,  violettes  ou  rouges  (silurien 
inférieur  et  cambrien).  Les  ardoisières,  bien  que  considérées 
comme  carrières,  y  sont  exploitées  par  puits  inclinés  ou  des- 
cenderies,  jusqu'à  de  grandes  profondeurs,  à  cause  de  la 
forte  inclinaison  des  bancs  (50°). 

Les  ardoises  de  Furaay  ont  été  employées  pour  le  nouvel 
Hôtel  de  Ville  de  Paris.  Celles  de  Rimagne  ont  servi  à  couvrir 
la  Bibliothèque  nationale. 

Les  autres  gîtes  des  Ardennes  sont  ceux  de  Deville  et  de 
Monthermé. 

Les  ardoises  taillées  des  Ardennes  se  vendent  actuelle- 
ment 24  francs  le  mille,  sur  carrière. 


144  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

V Anjou,  —  Les  exploitations  les  plus  importantes  sont 
celles  de  TAnjou.  Les  ardoises  de  cette  région,  qui  font  Tobjet 
d'une  exploitation  considérable,  renferment  malheureuse- 
ment un  peu  de  pyrites  qui  s'oxydent  à  Tair  et  rendent  la 
roche  pulvérulente  au  bout  d'un  certain  nombre  d'années. 
Ce  sont  surtout  des  ardoises  bleues  qu'on  trouve  dans 
l'Anjou  (terrain  silurien),  à  Trélazc. 

On  exploite,  entre  Angers  et  Scgré,  des  veines  de  schistes 
ardoisiers  souvent  fortement  redressées,  dont  la  puissance 
atteint  100  mètres  et  qui  sont  interstratifîées  dans  des 
schistes  siluriens.  Ici  les  bancs  de  grès  des  Ardennes 
manquent  complètement.  Il  existe  de  nombreuses  fentes, 
veines  de  quart  z,  cassures,  etc. 

Les  principales  exploitations  sont  :  Trélazé  (la  Grand'Mai- 
son,  les  Fresnais,  les  Grands-Carreaux,  THermitage)  et 
Saint-Barthélémy.  L'exploitation,  entreprise  pnmitivement  à 
ciel  ouvert,  se  fait  aujourd'hui  souterrainement  en  pratiquant 
de  grands  vides  (60  X  60  X  100  mètres)  éclairés  à  la  lumière 
électrique.  Cette  méthode,  employée  aux  Grands-Carreaux 
depuis  1832,  est  dangereuse,  parce  que  les  grandes  voûtes 
qu'elle  crée  risquent  de  s'ébouler  ;  elle  est  remplacée  par  la 
méthode  en  remontant,  à  la  Grand'Maison  et  à  la  Forèl 
(Segré). 

Autres  gisements  ardoisiers, —  On  trouve  d'autres  gisements 
ardoisiers  en  France  dans  les  régions  suivantes  : 

La  Savoie,  formations  beaucoup  plus  récentes  (terrain 
jurassique). 

Les  Alpes,  terrain  anthracifère  el  nummulitique. 

Le  Dauphinéj  la  Seine-Inférieure,  la  Corrèze,  la  Mayenne,  la 
Manche  à  Saint-Lô,  la  Bretagne  à  Redon,  la  Loire-Inférieure 
au  Grand-Auverné,  le  Maine-et-Loire  à  Noyant-la-Gravoyère, 
le  Calvados  à  Cherbourg. 

En  Belgique,  le  prolongement  du  bassin  de  Fumay  et 
d'Haybes  est  mis  en  exploitation  depuis  quelques  années  aux 
environs  d'Oignies. 

En  Allemagne,  dans  le  Harz  et  en  Saxe,  on  trouve  aussi 
des  gisements  ardoisiers. 

En  Angleterre,  il  existe  des  gisements  considérables  d'ar- 
doises dans  le  Pays  de  Galles.  Les  ardoisières  du  Pays  de 


MATÉRIAUX   DE    CONSTRUCTION  145 

Galles,  très  activement  exploitées,  appartiennent  au  cambrien 
inférieur  (carrières  de  Penrkyrij  de  Uanberis  et  d'Arthog)  ou 
au  silunen  (ardoisières  de  Palmerston  et  de  Llechxoedd  dans 
le  district  de  Blaenau,  et  d'ort^mdans  le  district  deFestiniog, 
appartenant  aux  assises  de  Uandeilo),  Les  ardoisières  du 
Shropshire  appartiennent  aux  couches  siluriennes  de  Wen- 
lock.  On  exploite  à  ciel  ouvert  ou  souterrainement  par  gradins 
inclinés  avec  piliers  abandonnés  (Festiniog),  par  tranches 
horizontales,  également  avec  piliers  abandonnés  (Gorris) 
et  par  gradins  renversés  avec  ou  sans  piliers  abandonnés 
(Grœsor). 

SCHISTES 

Propriété  des  schistes.  —  Les  schistes,  tout  en  ayant  la  même 
texture  feuilletée  que  les  phyllades,  sont  moins  flssiles  que 
ces  derniers  et  s'en  distinguent  par  la  facilité  avec  laquelle 
les  agents  atmosphériques  les  réduisent. en  argile. 

Le  schiste  est  une  pierre  tendre,  sauf  dans  ses  variétés  sili- 
ceuses passant  au  jaspe.  Sa  composition  chimique  se  rap- 
proche beaucoup  de  celle  des  phyllades:  CO à 70 0/0 de  silice, 
15  à  20  0/0  d'alumine;  le  reste  est  de  Toxyde  de  fer,  de  la 
magnésie  et  de  Teau. 

Gisements  et  usages.  —  On  rencontre  les  schistes  dans  les 
terrains  anciens  et  particulièrement  dans  les  couches  silu- 
riennes. Ils  peuvent  servir  à  la  construction  et  forment  des 
moellons  de  hauteur  uniforme  et  des  lits  bien  plats  ;  mais 
pour  le  parement  ils  sont  trop  irréguliers  et  doivent  être 
dressés  à  la  scie,  ce  qui  augmente  beaucoup  le  prix  de  re- 
vient. On  a  bâti  ainsi  plusieurs  villages  de  TAnjou  et  des 
Ardennes. 

Les  schistes  peuvent  aussi  servir  à  faire  des  dallages, 
des  appuis  de  fenêtres  et  des  marches  d'escaliers.  Les  espèces 
siliceuses  qui  sont  les  plus  dures  sont  celles  qui  con- 
viennent le  mieux  pour  ces  usages. 

L'inconvénient  principal  des  schistes  dans  les  construc* 
tions,  c'est  qu'ils  ne  prennent  pas  très  bien  le  mortier  ;  on  ne 
les  emploie  que  dans  les  pays  où  les  autres  pierres  font  abso- 
lument défaut. 

OÉOLOOIB.  10 


146  GÉOLO&IE   APPLIQUÉE 

BIBU06RAPHIE  DBS  ARDOISES 

1879.  Coste,  Mémoire  sur  le  gîte  ardoisier  d'Argut-Dessus  {Haute- 
Garonne  (chez  Ghaix,  à  Paris). 

1879.  Maumerie,  Sur  la  composition  de  Vardoise  {Comptes  Rendus^ 
t.  LXXXIX,  p.  243)  (Paris). 

1881-1882.  Lahoussaye,  Note  sur  le  terrain  ardoisier  de  Riniagne 
{Annales  de  la  Société  géologique  du  Nord,  t.  IX,  p.  28j 
(Lille). 

1882<1883.  Gosselet,  Communication  sur  les  veines  ardoisières  de 
Fumay  {Bulletin  de  la  Société  de  Géologie,  3«  série,  t.  XI, 
p.  343)  (Paris). 

1883.  Bliimard,    les    Carrières   cTatxloises  à    Angers  {là    Salure, 

n**  525-544,  p.  130)  (Paris). 

1884.  Larivière,  Voyage  aux  ardoisières  du  Pays  de  Galles  {Annales 

des  Mines,  8"  série,  t.  VI,  p.  5C5). 
1889.  Nivoit,  l'Industrie  des  Ardennes. 
1889.  Autissier,   Notice  sur  les  ardoisières  de   Rocheforl-en-Terre 

(Morbihan)  (Saiot-Étieone-Théolier). 
1891.  Ichon,  Sur  l'exploitation  souterraine  des  ardoisières  d'Angers 

{Bulletin   de   la  Société  de  l'Industrie   minérale,  3*   série» 

t.  IV). 
1896.  Les   Ardoisières,   par    Watrin,    contrôleur  des    Mines,     à 

Méziëres. 


CHAPITRE  III 


MINÉRAUX  EMPLOTËS  DANS  LA  MÉTALLURGIE 


LE  FER  ET  SES  BONERAIS 

pROPRiéTÉs  PHYSIQUES.  —  Le  fer  est  un  mêlai  d'un  blanc  gri- 
sâtre, ductile,  malléable  ;  c'est  un  des  plus  tenaces  des  mé- 
taux usuels  ;  on  peut  le  réduire  en  fils  très  (Ins  et  en  lames 
très  minces  (un  (II  de  fer  de  2  millimètres  de  diamètre  ne 
rompt  que  sous  une  charge  de  250  kilogrammes).  Le  fer  est 
doué  d'une  légère  odeur  et  d'une  saveur  métallique  caracté- 
ristiques. 

La  densité  du  fer  fonda  est  de  7,'25;  elle  varie  de  7,40  à  7,90 
lorsqu'il  est  forgé  et  écroui. 

Le  fer  fond  entre  l.oOO  et  4.600®.  Avant  d'atteindre  cette 
température,  il  se  ramollit  et  devient  pâteux  ;  on  peut  alors 
le  façonner  sous  le  marteau  et  le  souder  à  lui-même.  En  se 
solidifiant,  le  fer  pur  cristallise  en  un  assemblage  de  petits 
grains  brillants  et  prend  par  l'étirage  et  le  laminage  une 
texture  fibreuse.  Cet  état  (Ibreux  est  celui  qui  correspond  à 
son  maximum  de  résistance  et  de  ténacité.  Avec  le  temps,  il 
redevient  lentement  cristallin  ou  lamelleux;  les  vibrations 
répétées  accélèrent  cette  modification  de  la  structure  du 
métal,  qui  le  rend  cassant  et  impropre  à  résister  aux  chocs 
sans  se  briser. 

Le  fer  possède  au  plus  haut  degré  les  propriétés  magné- 
tiques (propriété  d'être  attiré  par  un  aimant)  et  reste  lui- 
même  aimanté  quand  il  a  été  sous  l'influence  d'un  aimant. 
Le  fer  pur,  ou  fer  doux,  se  désaimante  et  perd  toute  propriété 
altractive  aussitôt  qu'il  cesse  d'être  sous  cette  influence;  il 


148  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

n'en  est  pas  de  même  de  Tacier  qui  ne  se  désaimante  plus,  à 
moins  qu'on  ne  le  porte  au  rouge. 

Le  fer  est  bon  conducteur  de  la  chaleur  et  de  réiectricité  ; 
sa  chaleur  spécifique  est  de  0,1188.  D'une  dureté  considé- 
rable, le  fer  raye  le  spath  dislande,  mais  est  rayé  par  le  verre. 

Propriétés  chimiques.  —  Le  fer  peut  s'unir  directement 
avec  tous  les  métalloïdes  autres  que  Tazote. 

Il  est  inaltérable  dans  Pair  sec  à  la  température  ordinaire. 
Dans  Tair  humide,  il  se  forme  lentement  à  sa  surface  de  la 
rouille  ou  hydrate  d'oxyde  ferrique.  Dès  que  le  dépôt  de  rouille 
a  commencé  à  se  produire,  l'oxydatiou  devient  plus  active. 

Quand  le  fer  s'oxyde  à  une  température  élevée,  le  produit 
de  la  combustion  est  de  l'oxyde  magnétique  (Fe^O*),  le  seul 
qui  soit  stable  à  haute  température.  Cet  oxyde  (oxyde  des 
battitures)  est  celui  qui  se  détache  du  fer  incandescent  en 
brillantes  étincelles  sous  le  choc  du  marteau.  C'est  le  même 
oxyde  qui  se  produit  par  le  choc  d'un  silex  sur  une  lame  de 
fer  (d'un  fer  à  cheval  sur  un  pavé,  par  exemple). 

Le  fer  décompose  la  vapeur  d'eau  au  rouge  ;  il  se  dégage 
alors  de  l'hydrogène  et  il  se  forme  de  l'oxyde  magnétique.  Le 
ferpyrophorique(sesquioxyde  réduit  en  poussière  impalpable 
par  l'hydrogène,  qui  s'enflamme  spontanément  au  contact  de 
l'air)  décompose  l'eau  lentement  à  15°  et  rapidement  à  100*». 
Enfin  le  fer  est  considéré  en  médecine  comme  un  spécifique 
souverain  dans  le  traitement  de  la  chlorose  et  de  l'anémie. 

Usages.  —  Soit  à  l'état  de  fonte,  soit  à  l'état  de  fer  pur,  soit 
enQn  transformé  en  acier,  le  fer  est  le  métal  dont  l'usage  est 
le  plus  répandu.  Il  est  employé  dans  nos  habitations  où  il 
tend  de  plus  en  plus  à  remplacer  le  bois  et  même  la  pierre  ; 
et  il  joue  le  rôle  principal  dans  la  construction  de  nos  ma- 
chines, de  nos  outils,  de  nos  moyens  de  transport,  de  nos 
armes  et  de  nos  appareils  scientifiques. 

Fonte.  —  La  fonte  est  un  carbure  de  fer  provenant  direc- 
tement de  la  fonte  du  minerai  ;  elle  contient  environ  95  0/0 
de  fer,  2  à  5  0/0  de  carbone  et  quelques  autres  matières, 
telles  que  silicium,  phosphore,  azote,  soufre  et  manganèse. 
Les  propriétés  de  la  fonte  varient  suivant  sa  composition  et 
surtout  suivant  que  le  carbone  s'y  trouve  à  l'état  de  mélange 
ou  de  combinaison. 


MINÉRAUX    EMPLOYÉS    DANS    LA    MÉTALLURGIE         149 

De  là,  diverses  variétés  de  fontes  formant  toute  une  gamme, 
du  doux  au  dur  cassant,  mais  que  l'on  a  classées  en  deux 
types  principaux,  la  fonte  grise  et  la  fonte  blanche. 

Le  fer  s'obtient  en  enlevant  à  la  fonte,  par  des  procédés 
qui  ne  seront  pas  décrits  ici,  le  carbone  qu'elle  contient. 


mNERAIS 

Les  principaux  minerais  de  fer  sont  les  suivants  : 

Oxydes.  —  Les  minerais  oxydés  les  plus  répandus  sont 
la  magnétite  ou  fer  oxydulé  (Fe^O^),  Toligiste  ou  hématite 
rouge,  qui  est  un  sesquioxyde  de  fer  anhydre  (Fe^O^)  ;  enfin 
lalimonite,  appelée  hématite  brune  ou  fer  oolithique,  qui  est 
un  sesquioxyde  hydraté  (Fe^O^HO). 

Carbonate.  —  Le  carbonate  de  fer,  ou  sidérose  (FeCO^), 
porte  aussi  le  nom  de  fer  spathique. 

Sulfures.  —  Le  principal  minerai  sulfuré  est  la  pyrite  de 
fer  (FeS^)  que  Ton  traite  pour  fer,  après  en  avoir  extrait  le 
soufre  (fabrication  de  Tacide  sulfurique]  ;  on  peut  citer  en- 
core la  marcassite,  ou  pyrite  blanche,  et  le  mispickel,  ou 
fer  arsenical,  qui  est  un  sulfoarséniure  de  fer. 

Silicates.  —  Le  silicate  de  fer  entre  dans  la  composition 
de  la  plupart  des  roches  éruptives. 

Ces  divers  minerais  se  trouvent  répandus  en  abondance 
sur  toute  la  surface  du  globe  et  dans  presque  toutes  les 
formations  géologiques.  On  ne  doit  considérer  comme 
minerais  de  fer  proprement  dits  que  ceux  qui  sont  indus- 
triellement exploitables,  c'est-à-dire  les  oxydes,  les  carbo- 
nates et  aussi  les  sulfures  qui  sont  employés  à  la  fabrication 
de  l'acide  sulfurique  avant  de  donner  leur  métal  à  l'industrie. 


r.BOGKNIE 

On  ne  peut  pas  assigner  à  la  venue,  des  minerais  de 
fer  un  âge  unique  et  déterminé,  car  les  nombreux 
gisements  de  fer  connus  appartiennent  à  des  époques  très 
différentes.   En  Scandinavie,  les  minerais  de  fer  abondent 


150  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

dans  les  terrains  primitifs.  Le  cambrien  (Norwège,  Asturies, 
Krivoi-Rog),  le  silurien  (Colentin,  Bretagne,  Espagne,  Bohême, 
Eisenerz),  le  dévonien  (Nassau,  Harz,  Devonshire)  sont  éga- 
lement riches  en  minerais  de  fer.  D'autre  part,  les  terrains 
secondaires,  comme  le  trias  (Allevard,  Gard,  Ardèche),  et  les 
terrains  tertiaires,  comme  Téocène  et  Toligocène  (terrains 
sidérolithiques)  sont  très  riches  en  fer.  On  aura  l'occasion, 
à  propos  des  nombreux  gisements  qui  seront  énumérés  ou 
décrits,  de  revenir  sur  la  géogénie  des  plus  importants 
d'entre  eux. 


GISEMENTS 

On  peut  diviser  les  gisements  de  mineniis  de  fer  en  quatre 
types  principaux  : 

I.  Gîtes  dHnclusion  en  amas.  —  Gîtes  d'inclusion  en  amas 
dans  certaines  roches,  telles  que  les  péridotites  et  les  ser- 
pentines (Taberg,  Suède). 

II.  Gîtes  de  contact,  —  Gisements  filoniens  dus  à  des 
sources  hydrothermales  et  dans  lesquels  la  séparation  entre 
le  métal  et  la  roche  éruptive  est  souvent  tellement  accen- 
tuée qu'on  ne  reconnaît  plus  de  lien  entre  eux.  Dans  cer- 
tains de  ces  gîtes  que  l'on  appellera  gîtes  de  contact,  la 
liaison  entre  le  filon  et  la  roche  est  cependant  assez  nette 
(Oural,  Banat,  Traverselle). 

in.  Filons  proprement  dits.  —  Au  contraire, si  la  séparation 
est  bien  accusée,  on  a  affaire  à  des  filons  proprement  dits 
(Rancié,  Allevard). 

IV.  Amas  stratif ormes.  —  On  décrira,  sous  le  nom  de 
gisements  stratiformes,  les  gisements  nettement  sédimen- 
taires  résultant,  soit  de  Faction  des  venues  d'eaux  acides  sur 
des  calcaires  stratifiés  préexistants,  comme  dans  le  Cumber- 
land  et  l'Erzberg  styrien  (gîtes  de  substitution),  soit  d'un 
épanchement  superficiel  de  ces  eaux,  comme  à  l'île  d'Elbe 
et  à  la  Tafna  (gîtes  d'épanchement). 


MINÉRAUX   EMPLOYÉS    DANS    LA    3IÉTALLURGIE        151 

[.  —  Gîtes  ob  fer  en  inclusion  dans  les  roches 

Les  gîtes  d^inclusion  sont,  en  général,  constitués  par  des 
amas  de  magnétite  en  inclusion  dans  des  péridotites  {Taberg 
en  Suède)  ou  dans  des  serpentines  (comme  dans  le  val 
(VAoste).  La  formation  de  ces  gisements  semble  due  à  Tin- 
tervention  d'actions  ignées,  en  présence  d'un  milieu  basique 
et  d'un  réducteur  magnésien  ou  calcaire  ;  le  fer  aurait  pu, 
grdce  à  ces  circonstances,  cristalliser  en  magnétite  et  le  phos- 
phore éliminé  aurait  cristallisé  à  part  à  Tétat  d'apatite. 

II.  —  Gîtes  de  contact 

Les  gttes  de  contact  forment  la  transition  entre  les  gîtes 
d'inclusion  et  les  gîtes  flloniens  proprement  dits.  Ils  sont 
constitués  par  des  amas  de  magnétite  au  contact,  soit  de 
diorites  ou  de  calcaires  jurassiques  (Banat)^  soit  de  syénites 
(Visokaya  Gora);  la  magnétite  de  Traverselle  se  trouve  en 
liions  au  contact  de  syénites.  Dans  les  gisements  de  contact, 
la  magnétite  est  accompagnée  de  sulfures,  notamment  de 
chalcopyrite,  et  beaucoup  de  mines,  d'abord  exploitées  pour 
fer,  l'ont  été  ensuite  pour  cuivre  {Traverselle^  MednoroU" 
diansk).  Il  semble  que  Ton  doive  attribuer  la  formation  de 
ces  gisements  à  une  combinaison  des  actions  hydrothermale 
et  ignée;  les  métaux  dissous  auraient  été  d'abord  précipités 
à  haute  température  en  milieu  basique  réducteur  par  les 
roches  calcaires  encaissantes,  puis  auraient  cristallisé. 

Gisements  de  Banat,  Hongrie,  Serbie,  —  On  rencontre,  dans 
le  Banat,  la  Hongrie  et  la  Serbie,  une  bande  de  terrain, 
longue  de  300  kilomètres,  dans  laquelle  se  trouvent  de  nom- 
breux amas  d'oxyde  de  fer.  Ces  amas  sont  au  contact  de 
diorites  d'âge  intermédiaire  entre  le  néocomien  et  le  mio- 
cène. Entre  les  diorites  et  les  calcaires  qu'elles  traversent  se 
trouve  une  brèche  composée  de  calcaire  avec  feldspath  et 
quartz  cimentés  par  du  grenat.  C'est  dans  cette  brèche, 
appelée  gangue  par  les  mineurs,  que  l'on  trouve  de  nombreux 
minerais  oxydés  et  sulfurés  de  fer,  de  cuivre,  de  plomb  et  de 


152  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

zinc,  exploités  principalement  à  Rezbanya  (Hongrie),  Mora- 
vicza,  Dognasha,  Oravicza  (Banat)  et  en  Serbie. 

La  Hongrie  a  produit,  en  1897, 1.421.129  tonnes  de  minerai 
de  fer. 

Oural,  -—  Près  de  Nijni-Taguil,  à  Visokaya-Gora  et  à  Bla- 
godât  y  on  exploite  des  amas  de  magnétite  avec  chalcopyrite 
dans  des  syénites  au  contact  de  calcaires  siluriens;  le  minerai 
renferme  une  certaine  proportion  de  phosphore  à  Tétat 
d'apatite;  les  impuretés  (soufre  et  phosphore)  existent  en 
proportions  très  variables  et  atteignent  0,75  0/0  de  soufre, 
et  0,90  de  phosphore  en  certains  points.  On  trouve  également 
dans  les  minerais,  du  zinc  à  Tétat  de  franklinite,  du  cobalt 
oxydé  manganésifère  et  du  vanadium. 

La  production  des  650  mines  de  fer  de  TOural  a  été,  en 
1896,  de  1 .346.273  tonnes.  Les  autres  districts  les  plus  impor- 
tants sont  :  la  Russie  méridionale  (1.258.797  tonnes  en  1896) 
et  la  Pologne  (296.482  tonnes  en  1896). 

Traverselle,  —  A  Traverselle,  près  d'Ivrée  (Piémont),  Toxyde 
magnétique  et  la  chalcopyrite  associés  forment  des  amas 
enchevêtrés  et  des  filons  au  contact  de  Téclogite  et  de  la 
syénite,  dans  les  micaschistes.  Il  se  détache,  des  amas  prin- 
cipaux, des  ramifications  filoniennes  atteignant  jusqu^à 
30  mètres  de  puissance  et  renfermant  des  zones  de  minéraux 
parallèles  aux  parois  avec  géodes  internes.  Le  minerai  est  en 
général  de  la  magnétite  avec  gangue  decalcite  ou  de  quartz; 
souvent  la  proportion  de  pyrites  est  assez  importante  pour 
former  des  gites  de  cuivre  ;  la  chalcopyrite  a  pour  gangue 
une  chlorite  analogue  à  celle  de  la  Prugne  (Allier).  La  venue 
ferrugineuse  parait  nettement  postérieure  à  celle  du  cuivre, 
qui  est  liée  à  une  venue  serpentineuse. 

ni.   —   GÎTES   FILONIENS   PROPREMENT  DITS 

Canigou  [Pyrénées-Orientalesi),  —  On  exploite  aux  environs 
de  la  chaîne  du  Canigou,  dans  les  Pyrénées-Orientales,  au 
contact  de  schistes  siluriens,  un  certain  nombre  de  filons 
qui  fournissent  des  hématites  à  la  surface,  et  du  ferspathique 
en  profondeur.  La  pureté  de  ces  minerais,  d'âge  probable- 
ment éocène,  les  faisait  rechercher,  au  début  de  Temploi  du 


MINÉRAUX   EMPLOYÉS    DANS    LA   MÉTALLURGIE        453 

procédé  Bessemer,  pour  la  fabrication  de  l'acier.  Ces  gîtes 
doivent  être  considérés  comme  fîloniens,  à  cause  de  leurs 
ramifications  profondes  dans  les  calcaires  encaissants,  de  la 
variation  de  leur  puissance  et  de  leur  disposition  en  colonnes; 
d'ailleurs,  les  amas  importants  de  ce  gîte  se  trouvent  presque 
exclusivement  à  la  rencontre  des  filons  métallifères  avec 
les  masses  de  calcaire. 

-  On  trouve  surtout  dans  ces  filons  le  fer  hydroxydé  brun, 
le  fer  oligiste,  Thématite  rouge,  Thématite  brune  et  le  fer 
magnétique.  En  profondeur,  on  trouve  le  fer  spathique  dont 
provient  Thématile  de  la  surface,  par  oxydation.  Les  deux 
groupes  principaux  de  gisements  du  Ganigou  sont  ceux  de 
Batère  et  de  Prades;  dans  le  groupe  de  Batère  on  exploite 
surtout  un  fer  spathique  carbonate  manganésifère  (conces- 
sions de  £a//e$^an^,  La  Pinoiise,  Sarrat-Magre,  Las  Indis,  etc.). 
Dans  le  district  de  Prades,  les  concessions  sont  réparties 
sur  trois  lignes  à  peu  près  parallèles.  La  concession  de  Puy- 
marens  indépendante  des  groupes  précédents,  contient 
des  couches  de  fer  magnétique  dont  la  puissance  atteint 
150  mètres. 

En  1875,  le  département  des  Pyrénées-Orientales  a  pro- 
duit 6.700  tonnes  de  fer  spathique,  6.900  tonnes  de  fer 
oxydalé,  39.000  tonnes  d'hématite  brune  et  3.000  tonnes  de 
fer  oligisle. 

Rancié  {Ariège),  —  F^a  mine  de  Rancié,  dans  le  canton  de 
Vicdessos  (Ariège),  offre  des  amas  filoniens  d'hématite  dans 
des  calcaires  liasiques;  le  calcaire  encaissant  est  un  calcaire 
gris  bleuâtre  stratifié  en  bancs  feuilletés  avec  salbande 
argileuse  régulière  au  toit. 

On  distingue  le  minerai  ferru,  très  abondant  où  Thématite 
brune  domine  avec  gangue  silicieuse,  le  minerai  carbonate 
noir  et  quelques  mélanges  de  ces  minerais.  Les  crevasses 
formées  lors  du  plissement  des  couches  ont  été  remplies  de 
fer  carbonate  blond  par  un  phénomène  do  substitution  que 
la  porosité  des  parois  encaissantes  a  favorisé. 

Le  département  de  T Ariège  a  produit,  en  1895,  environ 
15.000  tonnes  d'hématite  brune,  dans  deux  concessions. 

Allevard  {Isère).  —  On  trouve  à  Allevard  (Isère)  des  filons 
de  carbonate  de  fer  très  réguliers  et  puissants  avec  gangue 


154  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

de  quartz  ou  de  dolomie  ferrugineuse  recoupant  des  schistes 
cristallins  et  des  grès  triasiques.  La  sidérose  cristallisée  ou 
simplement  cristalline  y  est  accompagnée  de  pyrite  de 
cuivre  et  de  blende;  à  la  surface,  elle  est  souvent  trans- 
formée en  hématite  ou  en  fer  oligiste.  Il  existe  un  gisement 
analogue  à  Saint-Georges-d'Hurtière  (Savoie). 

Le  département  de  Tlsère  a  produit,  en  i895, 45.700  tonnes 
de  minerai  spathique  cru  et  15.400  tonnes  de  minerai  spa- 
thique  grillé.  En  1898,  la  production  n'était  plus  que  de 
12.000  tonnes  de  minerai  cru. 

Espagne.  —  Les  gisements  de  fer  des  provinces  de  Murcie 
et  d'Almeria  se  rapprochent  de  ceux  des  Pyrénées,  On  y 
trouve  de  Thématite  en  filons  dans  les  schistes  et  en  amas 
dans  les  calcaires  ;  le  fer  spathique,  peu  abondant  à  la  surface, 
domine  en  profondeur,  notamment  aux  mines  Perreria  et  de 
Fraternidad  (Almeria).  Dans  les  schistes  le  minerai  est  du 
fer  hydraté  rouge  brun,  terreux  et  tendre  contenant  jusqu'à 
55  0/0  de  fer  et  de  2  à  5  0/0  de  manganèse  sans  soufre  ni 
phosphore;  dans  les  calcaires  on  trouve  de  la  mine  douce, 
minerai  hydraté  noir,  tendre,  tenant  56  0/0  de  fer  et  de  5  à 
iO  0/0  de  manganèse. 

La  production  de  la  province  de  Murcie  a  été,  en  1897, 
de  470.000  tonnes;  et  celle  de  la  province  d'Alméria,  de 
300.000  tonnes  de  minerai  de  fer. 

Gisement  de  Zorge  (Harz),  —  On  trouve  en  Qlons  les  mine- 
rais de  feroxydés  ou  carbonates  dans  des  roches  très  divei-ses. 

On  peut  citer  comme  exemple  de  filons  de  fer  oxydé,  le 
gîte  de  Zorge  dans  le  Harz,  qui  renferme,  dans  des  diabases, 
des  veines  d'hématite  très  irrégulières,  souvent  sans  sal- 
bandes  distinctes. 

■ 

Iron-Mountain  (Mmouri).  —  Le  gisement  d'Iron-Mountain 
est  un  exemple  de  veines  de  fer  oligiste  dans  un  mélaphyre 
porphyroïde  surmonté  d'un  dépôt  détritique. 

IV.    —   GrSEMKNTS   STRATIFORMES 

Ainsi  qu'il  a  été  indiqué  plus  haut,  ce  chapitre  doit  passer 
en  revue,  sous  le  nom  de  gisements  stratiformes  ou  sédimen- 
taires,  un  certain  nombre  de  gisements  de  minerais  de  fer 


MINÉRAUX   EMPLOYÉS    DANS   LA   JJÉTALLURGIE         155 

résultant  soit  de  Faction  de  venues  d'eaux  acides  sur  des 
calcaires  stratifiés  préexistants  comme  dans  le  Cumberland 
et  TErzberg  styrien  (gîtes  de  substitution),  soit  d'un  épanche- 
ment  superficiel  de  ces  eaux  (gîtes  de  riIed'ElbeetdelaTafna). 

Il  est  probable  que,  dans  le  cas  des  gites  de  substitution, 
les  eaux  ferrugineuses  ont  transformé  en  carbonate  de  fer 
le/carbonate  de  chau.v  du  calcaire  qui  les  a  absorbées  gn\ce  à 
si\  porosilé. 

On  a  groupé  ci-dessous,  pour  chaque  contrée,  les  divers 
gisements  stratiformes  d'après  Tâge  des  formations  géolo* 
giques  dans  lesquelles  on  les  rencontre. 

Gisements  de  la  France.  —  Il  existe  à  la  Valmy  et  à  Sainte 
Roman  (Ardèche)  des  gites  de  fer  carbonate  dans  les  mica- 
schistes. 

En  1895,  le  département  de  TArdèche  a  fourni  19.000  tonnes 
de  minerai  de  fer. 

Le  fer  est  assez  abondant  dans  le  silunen  en  France  ;  on 
le  rencontre  à  Tétat  d'hématite  rouge  oolithique  phospho- 
reuse 9U  d'oligiste  accompagné  de  grenat,  en  couches 
interstratifiées  au  milieu  de  schistes  ou  de  quartzites.  La 
gangue  est  quarlzeuse. 

On  peut  citer  parmi  ces  gisements  ceux  de  Segré,  de 
Rougé,  de  Diélette,  etc. 

Segré  (Maine-et-Loire).  —  On  trouve  entre  Ch<Ueau-(ion- 
tier  et  Angers,  prH  de  Segré,  des  bandes  de  silurien  compre- 
nant des  schistes  ardoisiers  et  des  quartzites  à  bilobites 
dans  lesquels  sont  interstratifiés  des  lits  de  fer  oxydulé  ou 
de  fer  oligiste;  le  fer  oxydulé  tend  à  dominer  en  profon- 
deur, et  il  existe,  à  la  surface  du  sol,  des  épanchements 
hydroxydés. 

On  trouve  dans  les  départements  voisins  (Mayenne,  Ille- 
et- Vilaine,  Loire-Inférieure,  Gôtes-du-Nord)  des  dépôts  super- 
ficiels d'hématite  pauvre  schisteuse  contenant  des  rognons 
plus  riches  :  à  Rougé  par  exemple,  près  de  Châteaubriant 
(Loire-Inférieure),  oii  Ton  exploite  des  poches  sidérolithiques. 

Diélette  (Manche).  —  Parmi  les  gisements  siluriens  de  la 
Manche,  la  mine  sous-marine  de  Diélette  est  la  plus  intéres- 
sante. On  y  trouve  six  couches  verticales  de  magnétite  et 
d'oligiste  mélangés.  Ces  minerais  sont  analogues  à  ceux  de 


156  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Suède  et  se  rencontrent  dans  des  terrains  métamorphisés 
par  le  granité,  très  probablement  siluriens.  La  quatrième  et 
la  sixième  couches,  seules  exploitées,  ont  fourni  un  minerai 
à  gangue  de  chlorite  et  de  calcite.  La  mine,  que  nous 
avons  visitée  en  1891,  n'est  plus  exploitée  aujourd'hui. 

Saint'Rémy  (Calvados),  —  Les  mines  de  Saint-Rémy  (Cal- 
vados) fournissent  deThématiterouge  sensiblement  phospho- 
reuse avec  de  la  silice  et  de  Talumine,  sans  calcaire  ni  man- 
ganèse. On  n'emploie  ces  minerais  en  métallurgie  qu'à  Tétai 
de  mélanges.  Le  gisement  est  interstratifié  entre  les  schistes  à 
calymènes  et  les  grès  armoricains,  [«es  mines  de  fer  du  Cal- 
vados produisent  environ  100.000  tonnes  de  minerai  par  an. 

On  rencontre,  en  France,  quelques  gisements  de  fer  tria- 
siques,  notamment  dans  le  Gard  et  dans  rArdèche(Merzelet); 
mais  ces  gisements  sont  peu  importants. 

Saône-et-Loire.  —  Le  Creusot  exploite,  dans  le  département 
de  la  Saône-el-Loire,  les  gisements  de  Mazenay  et  de  Changes, 
situés  dans  la  partie  supérieure  de  Thettangien.  Les  minerais 
à  gangue  calcaire  y  forment  une  lentille  de  8  kilomètres  de 
long  sur  un  kilomètre  de  large.  Leur  puissance  varie  de  0*",50 
à  2  mètres. 

La  production  des  mines  de  Mazenay  et  de  Changes, 
qui  avait  été  de  plus  de  250.000  tonnes  en  1870,  a  été,  en 
1898,  de  126.000  tonnes  seulement  de  minerais  bruts  et  lavés. 

Meurthe-et-Moselle.  —  Il  existe  à  la  frontièi-e  de  la  France, 
de  TAlsace-Lorraine  et  du  Luxembourg,  un  gisement  de  mine- 
rai de  fer,  situé  dans  le  toarcien,  auquel  la  découverte  des  pro- 
cédés de  déphosphoration  a  donné  uji  développement  consi- 
dérable. La  région  française  de  ce  gisement  comprend  lesdeux 
groupes  de  Nancy  et  de  Briey  (l'Orne  et  Longwy)  (Meurthe-et- 
Moselle). 

Le  département  de  Meurthe-et-Moselle  est  traversé  du  sud 
au  nord  par  une  longue  ligne  de  collines  aboutissant  près  de 
Metz.  Ces  collines  sont  constituées  par  des  argiles  liasiques 
surmontées  de  bancs  calcaires  appartenant  à  la  base  de 
Toolilhe.  Les  couches  d'argile  et  de  calcaire  y  sont  rare- 
ment homogènes;  elles  sont  composées  de  bancs  de  qualités 
différentes  ;  on  trouve  à  leur  contact  de  l'oxyde  de  fer 
hydraté  à  texture  oolilhique,  tenant  de  30  à  35  0/0  de  fer  et 


MINÉRAUX    EMPLOYÉS   DANS    LA   MÉTALLURGIE        157 

de  0,2  à  i  0/0  de  phosphore.  Les  oolithes  de  ces  gîtes  sont 
reliées  par  un  ciment  d'argile,  de  calcaire  et  de  silico-alumi- 
nate  de  fer.  Ce  ciment,  de  couleur  très  variable,  suivant  sa 
composition,  tient  jusque  35  0/0  de  fer.  Au-dessous  de  30  0/0, 
le  minerai  n'est  utilisable  que  comme  calcaire  ferrugineux. 
Dans  ce  cas  on  recherche  surtout  les  minerais  à  gangue  cal- 
caire. La  puissance  dépasse  rarement  3  mètres  et  on  ne  peut 
pas  exploiter  avec  fruit  les  couches  ayant  moins  de  1  mètre. 

Nancy.  —  Les  principales  concessions  sont,  dans  le  groupe 
de  Nancy  :  celles  de  Chavigny  (247.000  tonnes  en  1895),  du 
Val-de-Fer  (246.000  tonnes),  de  Marbache  (146.000  tonnes), 
de  Ludres  (122.000  tonnes),  de  Bouxières- aux -Dames 
(102.000  tonnes),  de  la  Fontaine-des-Roches  (98.000  tonnes), 
etc.,  soit  en  tout  dix-huit  concessions  exploitées  ayant  pro- 
duit 1.330.000  tonnes,  en  1895,  et  1.672.600  tonnes,  en  1898. 

Longwy.  —  Dans  la  région  de  Longwy,  treize  mines  et 
seize  minières  exploitées  ont  fourni  en  1895:  les  premières, 
1.419.000  tonnes;  et  les  secondes,  329.000  tonnes. 

Les  principaux  centres  sont  :  Hussigny  (440.000  tonnes), 
Saulnes  (281.000  tonnes),  Moulaine  (150.000  tonnes),  Tier- 
celet (i^^.W^  tonnes),  Micheville  (193.000  tonnes),  Godbrange 
(186.000  tonnes),  Longlaville  (114.000  tonnes). 

VOrne.  —  Dans  la  région  de  TOrne,  d'importants  travaux 
sont  en  cours  pour  exploiter  les  gisements  (dix-neuf  conces- 
sions) dont  la  mise  en  valeur  a  été  retardée  par  la  profondeur 
des  couches  (150  à  200  mètres)  et  par  la  nature  fortement 
aquifère  des  morts-terrains  que  les  puits  d'extraction  ont  à 
traverser.  Les  régions  de  Longwy  et  de  l'Orne,  actuellement 
réunies  par  les  dernières  concessions  instituées,  forment  le 
bassin  dit  de  Briey^  qui  a  produit,  en  1898,  1.776.083  tonnes 
de  minerai  de  fer. 

Parmi  les  autres  gisements  toarciens  de  fer  connus  en 
France,  on  peut  citer  ceux  de  Nogent  (Haute-Marne),  de  Saint- 
Priest  et  de  Perrières  (Ardèche),  de  Villebois  (Ain),  de  la  Ver- 
piUière  (Isère)  et  de  iVei/zoc  (Aveyron).  Tous  ces  gisements  sont 
inexploités. 

II  existait  en  France,  à  la  base  du  bajocien,  un  certain 
nombre  de  gisements  d'oolithe  ferrugineuse  aujourd'hui 
abandonnés;   on  peut   citer  notamment  les  gites  d'Ougney 


458  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

(Jura),  d'Isenay,  Vandenesse,  Qimouille  (Nièvre)  el  de  Manda- 
lazac  (Aveyron). 

Privas  (Ardèche),  —  A  Privas,  on  exploite  une  couche  len- 
ticulaire dépendant  du  calcaire  à  enlroques  et  une  autre 
couche  appartenant  aux  marnes  siliceuses  de  Toolithe  infé- 
rieure. Le  minerai  passe  souvent  au  silicate  de  fer. 

La  Voulte.  —  On  exploite  à  la  Voulte  (Ardèche)  un  gise- 
ment callovien  formé  de  bancs  ferrugineux  interstratifiés 
dans  des  marnes  schisteuses  et  répartis  dans  trois  niveaux 
appelés  banc  du  mur,  couche  oolithique  de  minerai  rouge  ; 
banc  moyen,  couche  oxydée  épaisse  de  7  mètres  et  riche  en 
minerais  rouges  feuilletés,  et  banc  du  toit,  minerai  lithoïde, 
pauvre  et  d'épaisseur  médiocre. 

Vassy  (Haute-Marne).  —  Outre  la  limon ite  de  Métabief,  dans 
le  Jura  (néocomien)  et  le  niveau  ferrugineux  du  bas  Boulon- 
nais (wealdien),  les  principaux  minerais  français  du  crétacé 
sont  la  couche  rouge  de  Vassy  et  les  minerais  milliolithiques 
de  Champagne,  situés  dans  Turgonien.  On  trouve  aux  environs 
de  Vassy  du  minerai  de  fer  hydroxydé  dont  les  oolithes 
sont  cimentées  par  une  pûte  argilo-siliceuse  renfermant  des 
coquilles  d'eau  douce.  La  couche  rouge  est  une  argile 
marine  durcie  appartenant,  d'après  ses  fossiles,  à  la  partie 
supérieure  de  Turgonien.  On  donne  également  le  nom  de 
minerais  de  Vassy  à  des  minerais  à  grains  très  fins  (millio- 
lithiques) existant  à  la  base  des  argiles  aptiennes. 

La  production  du  département  de  la  Haute-Marne  a  été, 
en  1895,  de  90.00»  tonnes  de  minerai  hydroxydé  oolithique 
brut  et  de  43.500  tonnes  de  minerai  lavé. 

On  trouve  encore,  en  France,  des  hématites  brunes  en 
grains  dans  Taptien,  notamment  au  Bois  des  Loges,  près  de 
Grandpré  (Ardennes)  et  à  Blangy  (Aisne). 

Dun-le-Roi  [Cher).  —  A  Dun-le-Roi,  on  trouve  un  gisement 
complètement  encaissé  dans  des  calcaires  jurassiques. 

Les  poches  ont  été  élargies  par  des  eaux  répandues  sur  le 
sol.  On  peut  admettre  que  le  fer  a  été  apporté  à  l'état  de 
sulfures  qui  auraient  été  transformés  en  sulfates  près  de  la 
surface.  L'acide  sulfurique  a  corrodé  le  calcaire,  et  le  fera 
été  précipité  en  présence  de  la  chaux. 


MINÉRAUX    EMPLOYÉS   DANS    LA    MÉTALLURGIE        159 

La  production  de  ces  minerais  est  d*environ  2.000  tonnes 
par  an  pour  le  département  du  Cher. 

Berry. —  Enfin  il  existe,  en  divers  points  de  la  France,  des 
poches  superficielles  creusées  dans  des  calcaires  oligocènes 
et  remplies  de  minerai  de  fer  hydroxydé  cimenté  par  de 
Targile  rouge.  Tel  est  le  minerai  du  Berry  en  grains,  de 
couleur  ocreuse.  On  le  trouve  soit  dans  des  poches  superfi- 
cielles, soit  dans  des  gîtes  souterrains  calcaires  ou  argileux. 
Les  poches  sont  en  forme  d'entonnoirs  disposés,  la  pointe 
vers  le  bas,  dans  les  calcaires  jurassiques;  elles  affleurent 
souvent  au  jour  et  sont  remplies  d'argile  ocreuse  empâtant  des 
grains  de  minerai  qui  ont  au  plus  8  millimètres  de  diamètre. 

Gisements  de  V Algérie,—  Mokta-el-Hadid.  —  La  Compagnie  de 
Mokta-el-Hadid  possède  en  Algérie,  outre  les  gisements  de 
Tabarka  et  de  la  Tafna  (Voir  plus  loin),  le  gîte  très  impor- 


Nord 


Fig.  71. 


ySd»utt$ mieuta  et  tifctiiu  .^  Ontasê  êdhitteux  .^.Oaeitifimâalaix  tnSkima> 

Coupe  nord-sud  du  gisement  de  MokU-el-Hadid  (d'après  M.  Parraa). 


tant  de  Moika  (Ain  Mokra),  situé  à  35  kilomètres  du  port  de 
Bône,  auquel  il  est  relié  par  un  chemin  de  fer.  On  trouve 
à  Mokta  des  couches  et  des  amas  de  magnétite  et  d'oligiste 
manganésifères  au  milieu  des  cipolins  du  terrain  primitif,  sur 
une  longueur  de  2  kilomètres  environ.  Le  gisement  est 
interstratifié  par  substitution  à  des  bancs  calcaires  entre  des 
gneiss  et  des  schistes  micacés  grenatifères.  La  formation  du 
gîte  est  due  à  une  action  métamorphique  provenant  de 
sources  hydrothermales  (action  postérieure  au  dépôt  initial 
des  terrains);  les  couches  présentent  des  élargissements 
lenticulaires  et  des  amincissements  entre  les  calcaires  et 
les  argiles  ou  les  schistes  imperméables. 


460  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

ASOO  mètres  àl'ouest  du  premier  amas  aujourd'hui  épuisé 
OD  a  exploité  un  second  amas  qui  a  fourni  800.000  tonnes, 
mais  dont  l'épaisseur  s'est  réduite  à  I  mètre. 

On  extrait  deur  variétés  de  minerai  appelées,  l'uue  mine* 
rai  rouge,  l'autre  minerai  gris.  Ce  dernier,  qui  domine  en 
profondeur,  ne  contient  pas  de  manganèse  et  a  une  teneur 
en  fer  moins  élevée  que  l'autre  variété.  Les  travaux  qui  ont 
eu  lieu  pendant  longtemps  à  ciel  ouvert,  à  cause  du  faible 
plougement  des  couches,  sont  aujourd'hui  presque  Complète- 
ment souterrains. 

Beni'Saf,  la  Tafna.  —  La  Compagnie  de  Uoktji-el-Hadid 
exploite,  en  outre,  près  de  l'embouchure  de  la  Tafna,  la  mine 
de  Beni-Saf,  où  l'on  trouve  des  lentilles  d'hématite  paraissaul 
résulter  d'épancbeoients  sur  des  schistes  liosiques  gris  ou 
roses  très  métamorphisés.  Le  minerai  est  une  hémalite 
rouge  foncé  ou  bleu  noirâtre  très  friable,  riche  en  fer  (65  0/0), 
tenant  3  à  3  0/0  de  manganèse,  sans  soufre  ni  phosphore. 


Fw.  li.  —  Giacoeat  de  Begi-SiT  (conpe  Tcrtlule], 

Les  lentilles  ont  jusqu'à  100  mètres  de  puissance  sur  4  à 
300  mètres  de  longueur.  La  figure  ci-dessus  montre  l'allure 
du  gite  dans  sa  partie  occidentale. 

Le  minerai  est  exporté,  surtout  en  Amérique. 

La  production  des  mines  de  Mokla-el-Hadid  a  été  de 
89.000  lonnes  en  1B93;  celle  des  mines  de  la  Tafna  a  été,  la 
même  année,  de  224.000  tonnes  valant  8  francs  la  tonne. 

En  1896,  l'Algérie  a  produit  en  tout  :  374.476  lonnes  de 
minerai  de  fer. 

Gtsemenlsrfe/aTuniw'e.  — Taborfta.—I.a Compagnie  de  Mokla 
a  la  concession  de  gîtes  encore  inexploités  situés  dans  l'ile 


MINÉRAUX    EMPLOYÉS    DANS   LÀ   MÉTALLURGIE        161 

de  Tabarka  et  sur  le  territoire  des  Meknas,  dans  la  Kroumirie, 
sur  les  confins  de  la  province  deConstantine  et  de  la  Tunisie. 
Le.  minerai  de  ces  gisements  repose  sur  des  marnes  ou  des 
argiles  marneuses  du  suessonien  et  forme  des  poches  et  des 
couches  discontinues  ;  il  consiste  principalement  en  héma- 
tites brunes  ou  rouges,  riches  en  manganèse  et  en  fer  oligiste 
micacé.  La  teneur  en  fer  ne  dépasse  pas  55  0/0  pour  les 
minerais  du  territoire  des  Nefzas  ;  mais  celui  des  Meknas  est 
plus  riche.  Ces  gîtes  ont  été  formés  par  des  venues  hydro- 
thermales. 

Gisements  de  l'Espagne  (Bi76ao).  —  On  doit  rattacher  à  Tétage 
de  la  craie  un  des  gîtes  de  fer  les  plus  importants  du  monde  : 
celui  de  Bilbao  (Biscaye),  exploité  par  un  certain  nombre  de 
Compagnies  minières  espagnoles  et  étrangères.  Son  dévelop- 
pement a  été  extrêmement  rapide  depuis  la  fin  de  la  guerre 
carliste,  qui  avait  arrêté  les  travaux.  Un  port  très  important 
a  été  créé  sur  le  Nervion,  pour  Tenlèvement  des  minerais  de 
Bilbao. 

On  extrait  des  gisements  de  Bilbao  trois  variétés  de  mi- 
nerais : 

\^  Le  campanil  (cloche),  ainsi  nommé  à  cause  de  la  sono- 
rité de  ses  fragments;  c'est  un  minerai  rouge  pourpre  avec  de 
beaux  cristaux  de  spath  calcaire  ;  ce  minerai,  qui  est  le 
moins  siliceux  et  le  moins  hydraté,  est  très  recherché  ;  il  for- 
mait la  grosse  lentille  du  gîte  de  Triano  ;  mais  il  est  rare 
aujourd'hui  ; 

2^  La  vena,  minerai  de  surface,  tendre,  rouge  sombre,  qui 
recouvre  souvent  le  rubio  ;  on  le  trouve  surtout  en  veines 
isolées  dans  le  campanil  ou  le  rubio; 

3°  Le  rubio,  minerai  brun  ou  jaunâtre,  plus  dur  que  la 
vena,  presque  aussi  riche  qu'elle,  mais  caverneux  et  argileux. 

On  trouve  aussi  à  Bilbao  du  fer  carbonate,  qui  existe  en 
filons  en  rapport  avec  le  campanil.  Le  rubio  et  la  vena  sont 
postérieurs  au  campanil.  On  a  considéré  le  gisement  comme 
un  gîte  de  substitution  produit  par  des  épanchements 
éocènes;  mais  cette  théorie  ne  se  vérifie  pas  complètement 
par  les  faits  observés. 

En  général,  on  rencontre  à  Bilbao  des  amas  d'hématite 
intercalés  par  substitution  entre  des  grès  schisteux  ou  mi- 

OÂOLOOIB.  ii 


i62  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

cacés  cénomaniens  (mur)  et  des  calcaires  argileux  luroniens 
(toit).  Cependant  ce  mode  de  gisement  comporte  de  nom- 
^breuses  exceptions,  car  on  trouve  souvent  du  rubio  ou  du 
carbonate  décomposé,  en  couches  sur  des  assises  de  gi*ès,  oa 
encore  du  campanil  sur  des  assises  calcaires  ou  substitué 
aux  calcaires;  en  d'autres  endroits  même,  le  minerai  est 
en  rapport  avec  des  marnes. 

Les  minerais  les  plus  riches  se  trouvent  dans  le  calcaire, 
et  les  mines  les  plus  importantes  sont,  autour  de  Bilbao  : 
Miravella,  El  Morro,  Ollargan,  et  autour  de  Sommorostro,  à 
12  kilomètres  de  Bilbao  :  Triano,  Galdanès. 

Le  gîte  de  Triano  a  4.000  mètres  de  longueur  et  une  largeur 
qui  varie  de  150  à  1.000  mètres. 

La  production  des  deux  principales  Compagnies  minières 
de  Bilbao  était,  en  1895,  de  911.400  tonnes  de  rubio  pour  la 
Orconera  Iron  ore  O»,  et  de  404.000  tonnes  de  rubio  pour  la 
Compagnie  Franco-Belge. 

Le  district  de  Bilbao  a  produit,  en  1897,  5.170.000  tonnes 
de  minerai  (dont  957.000  tonnes  pour  la  Orconera  Iron 
ore  O"). 

On  citera  pour  mémoire  les  gisements  siluriens  d*hématite 
rouge  de  Villa  Canas  (Andalousie).  —  En  1897,1a  production  de 
toute  TEspagnea  été  de 7.468.000  tonnes, dont  800.000  tonnes 
provenaient  de  la  province  de  Santander,  470.000  de  celle  de 
Murcie,  330.000  de  celle  de  Séville  et  300.000  de  celle  d'Al- 
meria.  —  Sur  cette  production,  5.000.000  de  tonnes  ont  été 
exportées  en  Angleterre,  1.000.000  de  tonnes  en  Allemagne 
et  500.000  tonnes  en  France. 

Gisements  du  Portugal,  —  On  a  exploité  à  Santiago  (pro-  - 
vince  d'Alemtejo,  Portugal)  des  amas  d*oligiste  et  de  magné- 
tite  en  relation  avec  des  calcaires  du  terrain  primitif  très 
analogues  aux  gîtes  de  Mokta  et  de  la  Suède.  Les  amas  de 
minerai  en  général  un  peu  manganèse  à  gangue  quartzeuse 
et  calcaire  se  sont  rapidement  amincis  en  profondeur. 

Gisements  de  V Allemagne.—  Elbingerode  (Harz),  —  A  Elbinge- 
rode,  on  exploite  les  amas  de  Buchenberg  (hématite  rouge)  et 
de  Tannichen  (fer  carbonate);  le  premier  est  intercalé  entre 
des  tufs  de  diabases  et  des  phyllades  du  dévonien  ;  Thématile 
rouge  y  est  accompagnée  quelquefois  de  spliérosidérile.  A 


MINÉRAUX    EMPLOYÉS    DANS    LA    MÉTALLURGIE        463 

Tannichen,  le  fer   carbonalé  très  fossilifère   est   intercalé 
dans  les  tufs  de  diabases. 

Silésie,  —  En  Silésie,  les  minerais  de  fer  triasiques  sont 
activement  exploités  ;  il  en  existe  surtout  dans  le  muschel- 
kalk  inférieur  et  aussi  dans  le  houiller,  le  keuper  et  le 
tertiaire. 

Le  muschelkalk  renferme  des  amas  irrégutiers  d'hématite 
brune  impure  (25  0/0  de  fer)  dans  les  calcaires  et  les  dolo- 
mies  (Tarnowitz,  Beutherif  etc.).  Le  minerai  est  une  ocre 
jaune  et  quelquefois  des  rognons  manganésifères  que  Ton 
trouve  au  milieu  de  la  dolomie  dans  des  poches  (mulden)  de 
300  à  600  mètres  cubes,  ou  bien  dans  des  cavités  (neste) 
creusées  dans  le  wellenkalk;  ces  nids  ne  renferment  qu'une 
trentaine  de  mètres  cubes  de  minerai. 

Lorraine  allemande.  —  Le  district  minier  de  la  Lorraine 
allemande  est,  au  contraire,  très  étendu  (41.000  hectares). 

1^  partie  la  plus  riche  du  bassin  s'étend  depuis  la  fron- 
tière luxembourgeois  jusqu'à  une  petite  distance  au  sud  de 
rOrne,  qui  coule  de  l'ouest  à  l'est  entre  Thionville  et  Metz, 
à  22  kilomètres  au  sud  de  la  frontière  du  Grand-Duché 
(exploitations  d%  Moyeuvre  et  d'Hayange),  Les  couches  jaune 
et  grise  dominent;  cette  dernière,  qui  s'étend  dans  tout  le 
bassin,  atteint  souvent  une  puissance  de  4  mètres.  Les  son- 
dages pratiqués  sur  le  plateau  d'Aumetz,  durant  ces  dernières 
années,  ont  fait  découvrir  de  ce  côté  le  prolongement  du 
gisement  à^Esch-sur-VAlzette  sur  une  étendue  de  3.500  hec- 
tares. Les  couches  ont  parfois  20  mètres  d'épaisseur  (à  Très- 
sange^  par  exemple),  et  la  teneur  atteint  40  0/0.  A  Hayange, 
dans  la  concession  de  Wendel,  on  exploite  la  couche  grise. 

Une  nouvelle  voie  ferrée  partant  de  Fentsch  traversera  le 
plateau  pour  rejoindre  le  réseau  actuel  à  Audun-le-Tiche. 
On  peut  estimer  à  900.000.000  tonnes,  le  cube  total  de  minerai 
contenu  dans  le  plateau  d'Aumetz  (i 2.200  hectares  exploi- 
tables). 

Luxembourg,  —  Bien  que  le  bassin  minier  du  Luxembourg 
ait  une  superfîcie  limitée  (3.666  hectares),  l'industrie  minière 
y  a  pris  de  bonne  heure  un  grand  développement  à  cause  des 
conditions  très  favorables  qu'on  y  a  rencontrées  pour  exploite 
à  ciel  ouvert  les  couches  qui  affleuraient.  Les  gisements  se 


164  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

divisent  en  deux  groupes  séparés  par  TAlzelte  :  celui  de  Bel- 
vauX'Lamade laine  à  Touest  et  celui  d'Esch-Rumelange  h  l'est. 

On  y  trouve,  à  fleur  du  sol  et  se  prolongeant  au  sud  et  à 
Touest  dans  la  direction  de  la  Lorraine  avec  une  pente 
de  i  à  2  0/0,  diverses  couches  exploitées  sous  le  nom  de 
couches  noire,  grise,  jaune,  rouge  et  rouge  sablonneuse.*  La 
couche  noire  a  un  bon  rendement,  mais  elle  est  très  aqui- 
fère;  la  minette  rouge,  qui  est  un  excellent  minerai,  sera  très 
vite  épuisée  ;  la  couche  rouge  sablonneuse^  qui  s'étend  à  Test 
du  bassin,  ne  peut  pas  s'exploiter  à  cause  de  la  pauvreté  du 
minerai  qui  est,  de  plus,  trop  siliceux;  la  couche  grise  s'étend 
seule  dans  tout  le  bassin.  La  teneur  moyenne  des  couches 
principales  est  de  40  0/0  à  Lamadelaine  :  elle  est  un  peu 
moins  élevée  à  l'est  (Rumelange).  La  couche  de  minette  jaune 
mesure,  aux  environs  de  Dudelange,  2  à  3  mètres  de  puis- 
sance ;  elle  contient  37  0/0  de  fer,  8  0/0  de  silice,  14  0/0  de 
chaux  et  4  0/0  d'alumine. 

L'extraction,  qui  était  de  722.000  ^nnes  seulement  eu 
1868,  a  été,  en  1896,  de  4.758.000  tonnes,  dont  plus  de 
2  millions  ont  été  exportées,  et,  en  1897,  de  5.349.000  tonnes. 
Le  nombre  des  sièges  en  exploitation  était,  en  1896,  de 
soixante-deux,  occupant  5.000  ouvriers. 

Gisements  de  V  Autriche-Hongrie.  —  Nucic  (Bohême).—  La  So- 
ciété métallurgique  de  Prague  et  la  Société  métallurgique  de 
Bohême  exploitent  à  Nucic  (Bohême)  des  couches  de  mine- 
rai à  structure  oolithique  (chamoisite  grenue  à  gangue  sili- 
ceuse) interstratifiées  dans  des  schistes  siluriens  bariolés  et 
des  tufs  de  diabase.  La  teneur  varie  de  45  à  60  0/0  avec  2  0/0 
d'acide  phosphorique. 

Erzberg  Styrien  et  Carinthien.  —  On  peut  rattacher  au  dé- 
vonien  les  célèbres  gisements  de  fer  spathique  de  l'Erzberg 
Styrien  et  Carinthien  encaissés  dans  des  calcaires  qui  ont  subi 
une  imprégnation  ferrugineuse  irrégulière. 

Le  minerai  de  fer  se  présente  dans  l'Erzberg  Styrien  à 
l'état  de  lentilles  de  sidérose  dans  des  masses  calcaires  inter- 
calées elles-mêmes  entre  les  grauwackes  dévoniennes  et  les 
schistes  permiens  de  Werfen.  Le  gisement,  d'une  puissance 
considérable,  est  attenant  à  la  montagne  de  Reichen  stein. 

Le  minerai  est  entouré  de  calcaire  pauvre   ou  complète- 


MINÉKAL'X    EMPLOYÉS   DANS    LA    BIÉTALLL'RGIE        165 

ment  stérile  qui  existe  aux  épontes  et  aussi  en  zones  dans 
la  masse  même  du  gîte.  La  teneur  du  minerai  grillé  est  de 
50  0/0  de  fer  avec  0,01  0/0  de  phosphore.  L'exploitation  de 
la  mine  d'Eisenerg  a  lieu  principalement  par  un  découvert 
très  étendu. 

L'Erzberg  Garinthien  présente  une  ligne  de  gisements, 
parallèle  à  celle  de  TErzberg  styrien  (Oisa,  Hûttenbergf  Loi- 
ling,  etc.}.  Une  autre  ligne  parallèle  de  gisements  analogues 
se  trouve  au  sud  de  cette  dernière,  dans  la  Garniole  {Selenitza, 
JanerburÇy  etc.). 

Gisements  de  la  Suède.  —  La  Suède  renferme  de  nombreux 
gîtes  de  minerais  de  fer  très  riches  situés  dans  le  laurentien 
ou  dans  le  huronien  représentés  par  des  gneiss  et  des  lepty- 
nites  rouges.  La  zone  où  se  trouvent  les  principaux  gise- 
ments (iâmbâraland)  s'étend  du  nord-est  au  sud-ouest 
•dans  les  gouvernements  de  Gefle,  Kopparberg,  Vestmanland 
et  Orebo.  Au  nord  de  la  province  de  Bothnie,  on  trouve  les 
riches  gisements  de  Luosavara,  Gellivara',  etc.. 

Les  minerais  sont  surtout  de  la  magn^tite  et  de  Toligiste 
tenant  de  40  à  50  0/0  de  fer,  et  très  peu  de  phosphore 
(0,02  0/0  en  moyenne). 

On  distingue  trois  catégories  de  minerais  : 

l'^  Le  minerai  sec  (laurentien  de  Gellivara,  huronien  de 
Norberg,  Striberg,  etc.)  à  gangue  quartzeuse  ou  alumineuse. 
Ge  minerai  est  composé  surtout  d'oligiste  avec  un  peu  de 
magnétite;  il  est  exempt  de  calcaire  et  se  rencontre  dans 
des  gneiss  feldspathiques  ou  quartzeux,  des  leptynites  ou  des 
micaschistes. 

2®  Les  minerais  calcaires  formés  de  magnétite  pure  à 
gangue  d'arendalite  exploités  à  Kallmoraj  à  Norberg,  à  Nord- 
marky  à  Persberg,  etc.  On  ne  doit  ajouter  du  calcaire  à  ces 
minerais  pour  le  traitement  au  haut-fourneau  que  si  la  gangue 
est  un  silicate  très  riche  en  quartz. 

3®  Le  minerai  de  magnétite  manganésifère  (haussmannite,  car- 
bonate de  manganèse)  à  gangue  calcaire  avec  imprégnation 
de  pyrite  (Dannemora,  Swartberg^  etc.).  Ges  minerais  manga- 
nèses ou  minerais  noirs  sont  recherchés  pour  la  fabrication 
de  Tacier;  mais  ils  contiennent  du  soufre  en  quantité  suffi- 
sante pour  nécessiter  un  grillage. 


166  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Le  minerai  de  Taberg  (près  de  Jonkoping)  se  trouve  au 
milieu  des  gneiss;  il  consiste  en  une  péridotite  formée  de 
magnétite,  d'olivine,  d'apatite,  etc.,  et  il  contient5  0/0  d'acide 
titanique,  ce  qui  rend  sa  réduction  moins  facile. 

A  Norberg,  qui  est  le  centre  le  plus  ancien  {xiv«  siècle)  et 
le  plus  important  d'extraction  du  fer  en  Suède,  les  minerais 
des  trois  catégories  se  présentent  dans  des  poches  en  général 
assez  régulièrement  alignées,  soit  dans  les  dolomies,  soit 
dans  les  leptynites.  A  Persberg^  centre  moins  important, 
mais  aussi  ancien  que  celui  de  Norberg,  les  conditions  de 
gisement  sont  analogues;  le  minerai  est  formé  de  magnétite 
avec  proportions  variables  d'hématite,  de  grenat  et  de 
pyroxène  ;  la  puissance  du  gîte  varie  de  20  à  50  mètres. 
A  Dannemoray  où  l'exploitation  remonte  au  xiii<^  siècle,  la 
magnétite,  à  gangue  soit  de  calcaire,  soit  de  grenat  et  d'am- 
phibole, forme  une  série  de  lentilles  dans  une  bande  de  cal- 
caire intercalée  dans  des  halleflinta  à  faciès  porphyrique  ;  la 
bande  exploitée  a  200  mètres  de  large  sur  2  kilomètres  de 
long  ;  les  minerais  assez  pyriteux  subissent  un  grillage  préa- 
lable. Les  mines  de  Dannemora  sont  malheureusement 
situées  dans  le  voisinage  du  lac  Grufsjon,  qui  menace  sans 
cesse  de  les  envahir. 

Depuis  quelques  années  les  minerais  sulfureux  de  plomb, 
de  zinc  et  de  cobalt  sont  assez  activement  exploités  dans  le 
district  de  Dannemora. 

La  production  de  la  Suède  en  minerais  de  fer  en  roche  a 
élé,  pour  Tannée  1894,  de  1.926.500  tonnes,  soit  une  aug- 
mentation de  445.000  tonnes  par  rapport  à  1893.  En  1897, 
celte  production  a  atteint  2.087.000  tonnes.  En  1895,  la 
Suède  a  exporté  800.000  tonnes  de  minerai  de  fer,  dont 
639.000  en  Allemagne.  L'exploitation  des  minerais  du  Norr- 
land  a  pris  une  grande  extension  depuis  qu'on  a  créé  un 
débouché  sur  TOcéan  par  la  construction  de  la  ligne  de 
Gellivara;  la  ligne  ancienne  ne  pouvait  guère  transporter  que 
600.000  tonnes,  le  port  de  la  Baltique  où  elle  aboutit  étant 
fermé  quatre  mois  de  Tannée. 

Gisements  de  la  Russie. —  Krivoi-Rog. —  Des  gisements  de  fer 
silurien  très  importants  existent  à  Krivoi-Rog  au  continent 
de  la  Saksagagne  et  de  TIngouletz,  affluent  du  Dnieper.  Les 


MINÉRAUX    EMPLOYÉS    DANS    LA    MÉTALLURGIE         167 

mines  se  trouvent  sur  les  confins  des  provinces  de  Kerson  et 
d'Ekaterinoslaw.  Dans  une  grande  cuvette  granitique  de 
8  kilomètres  sur  30  kiiomètris,  on  rencontre  des  schistes 
et  des  quartzites  siluriens  dans  lesquels  sont  interstra- 
tifîés  des  amas  lenticulaires  de  fer  oligiste  schistoïde, 
d'hématite  rouge  et  brune  et  surtout  de  fer  oxydulé  magné- 
tique. Ces  lentilles,  au  nombre  de  quatre,  ont  de  20  à 
60  mètres  d'épaisseur.  La  gangue  est  quartzeuse  et  les  mine- 
rais, qui  ont  un  rendement  pratique  de  55  0/0,  ne  con- 
tiennent que  des  traces  insignifiantes  de  soufre  et  de  phos- 
phore ;  Texploitation  a  lieu  à  ciel  ouvert.  Ce  gisement  a  pris 
un  grand  développement  à  cause  de  sa  situation  à  proximité 
du  bassin  houiller  du  Donetz. 

Gisements  de  la  Grande-Bretagne.  —  Les  minerais  de  fer 
stratiformes  se  présentent,  dans  la  Grande-Bretagne,  en  amas 
dans  le  calcaire  carbonifère.  Le  voisinage  de  la  houille  a 
donné  à  ceux  de  ces  gisements  qui  étaient  exploitables  un 
intérêt  énorme.  Tel  est  le  cas  pour  Vhématite  du  Gumberland, 
le  blackband  d'Ecosse  et  du  StaiTordshireetles  A^oA/en^tsens^etn 
de  Westphalie.  Les  lentilles  de  sphérosidérite  existant  dans 
des  couches  de  houille  en  Silésie  et  en  France  sont,  au  con- 
traire, inexploitables  en  général. 

Cumberland.  —  Les  minerais  riches  (50  à  60  0/0  de  fer)  et 
purs  du  Gumberland  ont  joué  un  rôle  prépondérant  en  sidé- 
rurgie pendant  les  premières  années  qui  ont  suivi  la  décou- 
verte du  procédé  Bessemer.  On  y  trouve  l'hématite  dans  le 
granité,  dans  les  schistes  ou  dans  les  calcaires  anciens; 
mais  c'est  dans  le  calcaire  carbonifère  que  l'on  rencontre 
les  principaux  amas  de  minerai  dans  les  districts  de  White- 
haven  et  de  Furness,  Les  amas  d'hématite  sont  situés  soit  au 
toit  (Parkside),  soit  au  mur  du  calcaire  (Bigrigg).  AParkside, 
l'exploitation  date  de  1854;  une  couche  horizontale  de 
35  mètres  de  puissance  située  au  mur  du  calcaire  fournit 
une  hématite  rouge  et  bleue  très  pure  (55  0/0  de  fer  sans 
soufre  ni  phosphore)  compacte,  appelée  :  Blue  pourpre  ore,  de 
texture  globulaire  et  concrétionnée. 

La  figure  ci-après  montre  la  succession  des  trerains  à 
la  mine  de  Parkside  qui  est  située  à  10  kilomètres  du  port  de 
Whitehaven. 


168  GÉOLOGIB   APPLIQDÉE 

A  Nen'-Parkside  on  trouve  les  mêmes  lerraios  recouverts 
par  {es  terrains  de  transport  et  par  un  conglomérat  siliceux 
et  argileux  rouge,  d'Age  permlén.  La  couche  d'hêmalite  qui 
a  1 3  mètres  de  puissance  s'amlucit  et  se  termine  dans  une  faille. 

L'amas  de  Hod-Barrow  est  reconnu  sur  750  mètres  de  loog 
et  ISO  mètres  de  large  ;  sa  puissance  varie  de  15  à  30  mètres- 
Cet  amas  est  situé  dans  le  calcaire  carbonifère  recouvert,  ici 


comme  A  New-Parksîde,  par  le  conglomérat  permiea  et  les 
terrains  de  transport. 

La  production  du  Cumberland  était,  en  1896,  de  I.279.5SS 
tonnes  de  minerai  de  fer. 

Parmi  les  autres  districts  de  la  Grande-Bretagne,  on  peut 
citer: 

Le  CUveland  qui  avait  produit  5.6~8.368  tonnes  en  1896; 
le  Lancashire,  816.570  tonnes;    et  l'Ecosse,  983.670  tonnes. 

La  production  totale  de  la  Grande-Bretagne  s'est  élevée  h 
13.787.878  tonnes  en  1897. 

L'Angleterre  importe  néanmoins  plus  de  5  millions  de 
tonnes  de  minerai  de  fer  d'Algérie,  d'Espagne,  etc..  L'impor- 
tation d'Espagne  en  Angleterre  a  atteint  près  de  cinq  millioas 
de  tonnes  en  1897. 


MINÉRAUX   EMPLOYÉS   DANS   LA    MÉTALLURGIE         169 

Gisements  de  Vile  d'Elbe.  —  Les  célèbres  gisements  de  fer 
de  Vile  d'Elbe  étaient  déjà  exploités  du  temps  des  Romains. 
Ces  gisements  sont  compris  dans  des  schistes  micacés  cam- 
briens  que  recouvrent  des  schistes  siluriens,  des  poudingues 
de  Tépoque  permo-carbonifère  et  des  terrains  appartenant 
à  rinfralias.  Ces  dépôts  superficiels  résultent  de  Tépanouisse- 
ment  de  filons  et  contiennent  de  Toligiste  et  de  Thématite 
avec  du  fer  oxydulé  et  de  la  pyrite. 

Les  schistes  forment  le  mur  du  gîte,  et  les  calcaires  sont  au 
toit;  les  minerais  les  plus  purs  sont  inclus  dans  les  calcaires. 
Le  gîte  de  RiO'Albano  (peu  exploité)  a  une  puissance  variant 
de  10  à  50  mètres  sur  une  étendue  superficielle  de  65  hec- 
tares. Le  gtte  de  Vigneria^  très  ancien,  est  presque  épuisé. 

Le  plus  connu  des  gîtes  de  Tîle  d'Elbe  est  celui  de  Cala- 
mita;  le  minerai  de  fer  accompagné  de  cuivre  y  est  en  relation 
avec  des  pyroxénites  et  des  ilvaïtes  métamorphisées  ;  la  puis- 
sance du  gîte  atteint  50  ou  60  mètres  avec  une  étendue  de 
500  mètres  de  largeur  sur  1.000  de  longueur.  La  teneur  en 
fer  des  minerais  de  l'île  d'Elbe  varie  de  60  à  64  0/0. 

Gisements  des  Etats-Unis.  —  On  exploite  aux  États-Unis 
d'importants  amas  stratifiés  de  magnétite  et  d'oligiste  dans 
le  laurentien.  Les  principaux  districts  sont  ceux  du  lac 
Champlain,  du  haut  plateau  de  New- York  et  New-Jersey  et 
de  Gornwall  (Pensylvanie). 

Lac  Champlain,  —  Dans  le  premier  de  ces  districts  on 
trouve  au  milieu  des  gneiss  laurentiens  des  monts  Adiron- 
dack,  des  amas  de  magnétite  mélangés  d'apatite,  d'une  puis- 
sance de  1  à  15  mètres;  la  puissance  de  la  formation  aug- 
mente vers  le  nord  dans  le  prolongement  canadien. 

Haut  plateau  de  New-York  et  de  New-Jersey.  —  Dans  le  haut 
plateau  de  New-York  et  de  New-Jersey,  on  trouve  soit  de  la 
magnétite  pure,  soit  des  zones  riches  en  magnétite  au  milieu 
de  gneiss  syénitiques. 

Comwall.  —  A  Comwall  (Pensylvanie)  on  exploite  des 
couches  laurentiennes  de  magnétite  avec  sulfures  de  cuivre 
et  minerais  de  cobalt. 

Lac  supérieur.  —  Les  mines  d*hématite  rouge  du  lac  Supé- 
rieur sont  exploitées  aujourd'hui  avec  une  grande  activité 
dans  le  Michigan  et  le  Wisconsin,  surtout  aux  environs  de 


170  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Marquette,  Les  couches  d'hématite  rouge  sont  intercalées 
entre  des  quartzites  et  des  phyllades  huroniens;  les  amas 
exploités  à  ciel  ouvert  ont  de  5  à  30  mètres  de  puissance  et 
ne  sont  pas  nettement  séparés  des  quartzites  encaissants. 

L'exploitation  de  ces  minerais  a  pris,  depuis  quelques 
années,  une  grande  extension  dans  les  districts  du  Gogebu 
et  du  Mesabi  (Minnesota)  notamment,  et  Port-Marquette  sur 
le  lac  Supérieur  est  devenu  un  centre  d'embarquement  très 
important  d*où  le  minerai  part  pour  les  usines  de  PensyU 
vanie. 

Lehig  Valley,  —  On  exploite  dans  la  Lehig  Valley,  sur  le 
versant  oriental  des  Alleghanys,  de  nombreux  amas  d'héma- 
tite brune  dans  les  calcaires  siluriens. 

Production  des  États-Unis.  —  En  1895,  le  district  du  lac 
Supérieur  a  produit  1.606.000  tonnes  de  minerai  de  fer. 

La  production  totale  du  minerai  de  fer  aux  États-Unis,  en 
1895,  a  été  de  16.213.732  tonnes  d'une  valeur  de  95  millions 
de  francs.  Sur  cette  production,  Thématite  rouge  repré- 
sente 78,5  0/0  ;  Thématite  brune,  13  0/0  ;  la  magnétite,  8  0/0  ; 
et  le  carbonate  de  fer,  0,5  0/0.  —  Le  seul  district  de  Michigan 
a  produit,  en  1896,  5.726.441  tonnes  d'hématite  rouge;  le 
Minnesota  en  a  fourni  4.352.626  tonnes  (dont  3.082.973  pour 
le  district  du  Mesabi),  et  l'Alabama,  1.722.148  tonnes;  ce  der- 
nier État  a  produit,  en  outre,  en  1896,  352.000  tonnes  d'héma- 
tite brune. 

La  même  année,  la  production  de  la  fonte  aux  États-Unis 

atteignait  8.761.097  tonnes,  avec  près  de  200  hauts-fourneaux 

en  feu,  dont  plus  de  la  moitié  en  Pensylvanie.  En  1897,  la 

'production  de  la  fonte  atteignait  9.807.123   tonnes,  dont 

6.091.801  tonnes  de  fonte  pour  Ressemer  acide. 


BIBUOGRAPHIE  DU  FER 


1870.  Mussy,  Ressources  minérales  de  VAriège  {Annales  des  Mines, 

6-  série,  t.  XVII,  p.  237). 

1871.  Jannetoz,  Sur  les  minerais  de  fer  pisolithiques  des  environs 

de    Paris  (Bulletin  de  la  Société  de  Géologie,    2*   série, 
t.  XXVIII,  p.  197.) 


MINÉRAUX    EMPLOYÉS    DANS    LA    MÉTALLURGIE         171 

1871.  Levallois,  Sur  le  minerai  de  fer  en  grains  (Bulletin  de  la 
Société  de  Géologie,  2-  série,  t.  XXVIII,  p.  183). 

1873.  Lesley,  The  iron  ores  of  the  South  mountains  in  Pensylvania 
(American  Journal,  t.  XIII,  p.  3). 

1873.  Nouveaux  Gisements  de  minerai  de  fer  dans  le  nord  de  la 

Russie  (Cuyper,  t.  XXXIX,  p.  213). 

1874.  Smitb,  Sur  les  minerais  de  fer  de  la  Suéde  (Meeting  of  iron 

and  steel  instituiez  à  Barrow). 

1875.  Sauyage,  Sur  les  minerais  de  fer  du  lac  Supéneur  (Annales 

des  Mines). 

1875.  Rocour,  Note  sur  le  gisement  et  Vexploitation  du  minerai  de 
fer  de  Mokta-el-Hadid  (Cuyper,  t.  XXXVIH,  p.  205). 

1875.  Fabre,  Sur  le  sidérolithique  de  la  Lozère  (Bulletin  de  la 
Société  de  Géologie,  3*  série,  t.  III,  p.  583). 

1877.  Tichborne,  On  the  formation  of  magnetic  oxide  hy  the  disso- 
ciation of  ferrous  salts  (Proceedings  of  the  Irish  Academy, 
2*  série,  t.  III,  p.  79)  (Dublin). 

1877.  C.  de  Stefani,  Uoligisto  e  gli  altH  minerali  che  si  Irovano  al 

capocalafuria  (Bolletino  del  real  Comision  geologica  d'Italia, 
t.  VIII,  p.  72)  (Rome). 

1878.  Kendall,  Iron  ores  of  great  Britain  {Publication  of  the  géo- 

logie. Sui'vey). 

1878.  Rigaud.  Minerais  de    la  Haute-Marne  (Annales  des  Mines, 

t.  XIV). 

1879.  Baiils,  Note  sur  les  mines  de  fei'  de  Bilhao  [Annales  des  Mines, 

7-  série,  t.  XV,  p.  209). 

1880.  Bourson,  les  Mines  de  Sommorostro  (Boletin  de  la  Comision 

des  mapa  geologica  de  Espana,  t.  VI,  p.  304). 

1880.  Ch.  Hall,  Magnetic  iron  ores  of  the  I^aurentian  System  in 
Northern  New-York  (Albany). 

1880.  Wodsworth,  On  the  origin  of  the  iron  ore  of  Marquette  dis- 
trict Lake  Superior  (Proceeding.  A.  Boston,  t.  XX,  p.  470). 

1880.  Davy,  Note  géologique  sur  les  minerais  de  fer  de  V arrondis- 
sement de  Segré  (Bulletin  de  Vïndustt  ie  minérale,  2*  série, 
t.  IX). 

1880.  Newberry,  the  Genesis  of  the  ores  of  iron  (New- York). 

1880.  Huddleston,  On  the  geological  history  of  iron  ores  (Procee- 
dings of  the  geologist's  Association). 

1880.  De  Grossouvre,  Sur  le  métamorphisme  des  calcaires  juras- 

siques, au  voisinage  des  gisements  sidérolithiques  (Bulletin 
de  la  Société  de  Géologie,  3*  série,  t.  IX,  p.  277).. 

1881.  Dauton,   Note  géologique  sur  les   minerais  de  fer  de  V Anjou 

(Bulletin  de  Vindustrie  minérale,   2*    série,  t.  X,   p.  597). 

1882.  Mallet,  On  tfie  iron  ores  (Geological  survey  of  India,  t.  XV, 

p.  94). 

1883.  Six,  Sur  l'origine  et  le  mode  de  formation  des  minerais  de 

fer  liasiques  (Société  géologique  du  Nord,  t.  X,  p.  121). 
1883.  Bleicher,  Minei*ais  de  fer  de  Lorraine  (Bulletin  de  la  Société 
de  Géologie,  3*  série,  t.  XII,  p.  46). 


172  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

1884.  Braconnier,  Mémoirt  sur  les  couches  de  minerais  de  fer  de 

V arrondissement  de  Prades  (Pyrénées-Orientales). 
188i.  Brustlein,  Fer  de  Laponie  (industrie  minérale;  Comptes  Ren- 
dus, juillet). 
1884.  Mallét,  On  the  iron  ores  (Records  of  the  geological  survey  of 

India,  t.  XVI,  p.  24)  (Calcutta). 
1884.  Czyzskowski,  Les  minerais  de  fer  dans  Vécotve   terrestre 

(Bulletin  de   la   Société  de  l  Industrie  minérale,  2*  série, 

t.  Xïll,  p.  481). 
1884.  Hock,  Mines  de  fer  de  VEspagne  (Cuyper,  t.  V,  p.  510  et  150). 
1884.  Czyzskowski,  Le  minerai  de  fer  de  la  Russie  (Bulletin  de  la 

Société  de  C Industrie  minérale,  t.  XIlI,  p.  292). 

1884.  Peyre,  Gisement  de  fer  carbonate  du  Gard  (Bulletin  de  la 

Société  de  Vinduslrie  minérale,  2'  série,  t.  XIII,  p.  5). 

1885.  De  Roebe,  Mines  de  fer  du  Luxembourg  (Cuyper,  t.  IX,  p.  583). 

1885.  Chapmann,  On  some  iron  ores  in  Central  Ontario  (Proceeding 

and  transactions  of  the  Royal  Society  of  Montréal,   t.    III, 
p.  9)  (Montréal). 

1886.  Babu,  Les  amas  filoniens  de  Traverselle  (Mémoire  manuscrit 

à  rÉcole  des  Mines). 
1886.  De  Grossouvre,  Gisements  de  fer  en  grains  du  centre  de  la 

France  {Annales  des  Mines). 
1886.  Primat,  Mémoire  manusant  sur  les  gisements  de  fer  de  Vile 

d'Elbe  ^Ecole  des  Mines). 
1886.  Lotti,    Mémoire   descriptif  de  la  Carte   géologique  d'Italie 

(lie  d'Elbe),  avec  bibliographie. 
1888.  Coste,    Mémoire   sur    Vinduslrie    du   fer    à    Nijni   Taguil 

(Manuscrit  à  TEcole  des  Mines  de  Paris). 

1888.  llabets.  Mines  de  Bilbao  (Cuyper,  t.  IV,  p.  1). 

1889.  Stanislas  Meunier,  Sur  la  bauxite  et  les  tninerais  sidéroli- 

thiques  (Bulletin  de  la  Société  de  Géologie,  p.  64). 
1889.  H.  Charpentier,  Journal  de  voyage.  Notes  sur  les  gisements 
de  fer  de  VArdèche  (Ecole  des  Mines). 

1889.  G.  Maurice,  Notice  sur  le  minerai  de  fer  de  Dielette  (Parisot, 

101,  rue  de  Richelieu,  Paris). 

1890.  Friedel,  les  Gisements  de  fer  de  la  Tafna;  Journal  de  voyage 

(Ecole  des  Mines). 
1890.  Carnot,   Analyses  de   divers  minerais    de  fer  (Annales  des 

Mines,  1890). 
1892.  De  Launay,  Notes  de  voyage  inédites  (Ecole  des  Mines),  et 

Traité  des  gîtes  métallifères  (Baudry,  éditeur,  p.  633,   t.  1). 
1899.  Hjalmar-Lundbohm,  Les  gttes  de  minerais  de  fer  de  Kûru- 

navaara  et  de  Luossavaara  en  Suède  (Revue  universelle  des 

Mines,  octobre). 


MINÉRAUX   EMPLOYÉS   DANS    LA   MÉTALLURGIE        173 


LE  CUVnZ  ET  SES  MDfERAIS 


Propriétés  physiques  et  chimiques.  —  Le  cuivre  est  un 
métal  rouge  susceptible  d'un  beau  poli.  Dureté,  2,5  à  3.  Den- 
sité, 8,8;  —  8,95  après  écrouissage.  Il  fond  vers  4.150®  et 
brûle  avec  une  flamme  verte.  Très  ductile,  très  malléable, 
tenace,  bon  conducteur  de  la  chaleur  et  de  Télectricité,  il  est 
inoxydable  à  Tair  sec. 

Usages.  —  Le  cuivre  s'emploie  seul  ou  en  alliages.  A  Tétat 
isolé,  on  rappelle  cuivre  rouge  pour  le  distinguer  du  laiton; 
on  remploie  pour  la  construction  des  foyers  de  locomotives, 
pour  le  doublage  des  navires,  pour  la  fabrication  des  cein- 
tures d*obus  à  balles;  on  en  fait  aussi  des  tuyaux  pour  la 
vapeur,  des  alambics,  des  appareils  pour  sucrerie  et  raffi- 
nerie, des  ustensiles  de  cuisine.  Enfln  la  fabrication  de  fils 
et  câbles  électriques  ainsi  que  des  dynamos  en  consomme 
des  quantités  considérables. 


ALLIAGES 


A  Tétat  pur  le  cuivre  se  travaille  aisément  au  marteau  et  à 
la  filière,  mais  il  ne  peut  se  couler  ;  aussi  le  mêle-t-on  géné- 
ralement au  zinc  et  à  Tétain. 

1°  Alliage  de  cuivre  et  de  zinc.  —  Les  principaux  alliages 
du  cuivre  et  du  zinc  sont  le  laiton,  le  similor,  le  métal  du 
Prince-Robert,  le  chrysocale,  le  tombac'et  le  maillechort. 

Le  laiton  (Gu  =  67,  Zn  =  33)  est  beaucoup  moins  cher  que 
le  cuivre  ;  aussi  est-il  beaucoup  plus  employé  que  le  cuivre 
rouge.  Quand  il  est  destiné  à  être  tourné,  on  y  ajoute  un  peu  de 
plomb  {Cu=63  à  65,  Zn  =  33  à35,  Pb  =  2  à  2,5),  qui  le  rend 
plus  sec  et  Tempêche  de  s'arracher  sous  Toutil  comme  le 
cuivre,  dont  le  travail  au  tour  demande  des  précautions  spé- 
ciales. 


174  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

Pour  les  fils  destinés  à  servir  de  conducteurs  pour  le  télé- 
phone, on  augmente  la  ténacité  du  laiton  en  y  ajoutant  un 
peu  d'élain  (Cu  =  64,2,  Zn  =  35,  Pb  =0,40,  Sn  =0,40). 

Le  principal  emploi  du  laiton  est  la  fabrication  des 
épingles.  Cette  industrie,  qui  utilise  environ  la  moitié  du 
zinc  livré  au  commerce,  produit  annuellement  225  milliards 
d'épingles  qui,  au  prix  moyen  de  1  franc  par  3.000  épingles, 
représente  une  valeur  de  75  millions. 

Le  laiton  sert  encore  à  fabriquer  des  boutons,  des  tubes 
pour  suspensions,  des  garnitures  de  lampes  ou  de  meubles, 
des  robinets,  des  inslruments  de  physique,  etc. 

Le  similor  et  le  métal  du  Prince-Robert,  qui  contiennent 
80  à  88  0/0  de  cuivre  et  de  20  à  12  0/0  de  nnc,  el  le  chriso- 
cale  (Gu  =  92,  Zn  =  6,  Sn  =  2)  servent  à  fabriquer  des  bijoux 
faux. 

Le  tombac  ou  cuivre  blanc  (Cu=^97,  Zn  =2,  As  =1)  sert 
à  fabriquer  des  compas  et  des  instruments  de  physique. 

Le  maillechort  (Cu  =  50,  Zn  =  25,  Ni  =  25)  a  la  couleur  et  la 
sonorité  de  Targent;  on  fabrique  en  maillechort  des  pièces 
d'argenterie  que  Ton  argenté  par  les  procédés  galvanoplas- 
tiques  :  cafetières,  plats,  surtouts  de  table,  garnitures  de  cou- 
teaux; on  remploie  aussi  beaucoup  pour  la  sellerie  et  pour 
la  construction  des  appareils  de  physique;  on  en  fait  des 
réflecteurs,  des  monnaies,  des  enveloppes  de  balles,  etc. 

2°  Alliages  du  cuivre  et  de  Vètain.  —  Bronzes,  —  Les  alliages 
du  cuivre  et  de  Tétain  sont  connus  sous  le  nom  général  de 
bronzes;  leurs  propriétés  varient  d'une  manière  continue, 
suivant  la  proportion  des  deux  métaux  qu'ils  renferment. 

Le  bronze  des  monnaies  et  des  médailles,  qui  ne  doit 
j)as  être  cassant,  est  celui  qui  renferme  le  plus  de  cuivre 
(Cu  =  95,  Sn=4,  Zn  =  1). 

Dans  le  bronze  à  canons  on  augmente  la  proportion 
d'étain,  ce  qui  donne  un  métal  d'une  ténacité  remarquable 
(Cu  =  90,1,  Sn=9,9). 

Le  bronze  des  taratams  et  des  cymbales  (Cu  =  80,  Sn  =r  20) 
el  le  bronze  des  cloches  (Cu  =z78,Sn=  22)  doivent  leur  so- 
norité à  la  quantité  plus  forte  d'étain  qu'ils  renferment. 

Mn  augmentant  encore  la  proportion  d'étain,  on  obtient  le 
bronze  des  miroirs  et  des  télescopes  (Cu  =  67,  Sn  ^=  33),  qui 


MINÉRAUX   EMPLOYÉS   DANS    LA    MÉTALLURGIE        175 

est  très  dur  et  susceptible  d'un  beau  poli,  mais  qui  a  perdu 
toute  ténacité  et  ne  résiste  pas  au  choc. 

3*  Alliages  du  cuivre  et  de  V aluminium.  -—  Bronzes  d'alu- 
minium. —  Avec  raluminium,  le  cuivre  forme  un  alliage 
appelé  bronze  d'aluminium  (Gu  =90  à  95,  Âl=:10à5)i  à  la 
fois  tenace,  dur  et  léger,  d'une  belle  couleur  jaune  d'or  et 
susceptible  d'un  beau  poli. 

On  en  fait  des  coussinets  de  machines,  des  objets  d'orfè- 
vrerie, des  chaînes  de  montres,  des  flambeaux,  des  cou- 
verts, etc. 

SELS    DE    CUIVHE 


Le  sulfate  de  cuivre,  appelé  aussi  vitriol  bleu  ou  couperose 
bleue,  est  l'objet  d'un  commerce  important.  Il  est  employé 
pour  le  sulfatage  des  vignes  et  pour  le  chaulage  des  blés, 
pour  la  teinture  en  noir  des  laines  et  des  soies,  et  pour  la 
fabrication  de  certaines  couleurs.  La  galvanoplastie  en  con- 
somme de  grandes  quantités. 

Les  autres  sels  de  cuivre  employés  en  teinture  sont  le  vert 
de  Brunswick  (oxychlorure  de  cuivre),  le  vert  de  Scheele 
(arsénite  de  cuivre),  le  vert  de  Schweinfurth  (acéto-arsénite 
de  cuivre),  la  cendre  bleue  ou  bleu  de  montagne  (hydro- 
carbonate de  cuivre),  le  vert  minéral  (carbonate  bibasique). 

La  malachite  est  un  carbonate  bibasique  naturel  que  l'on 
trouve  particulièrement  en  Sibérie;  on  l'emploie  comme 
pierre  d'ornement  dans  la  construction  et  on  s'en  sert  pour 
fabriquer  des  coupes  et  des  vases. 


MINERAIS 

Les  principaux  minerais  de  cuivre  sont  les  suivants  : 

i^  Le  cuivre  natif; 

2^  Les  oxydes  et  les  carbor^ates,  dont  les  principaux  sont  : 
la  cuprite  (oxyde  cuivreux  Cu^O)  translucide,  rouge  foncé, 
fusible,  soluble  dans  Tacide  nitrique  ;  la  malachite  (carbonate 
de  cuivre),  translucide,  vert,  fnsiblf  sur  le  charbon,  solubh- 


i76  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

dans  les  acides;  Vazurite,  autre  carbonate  de  cuivre  trans- 
lucide, brun,  soluble  dans  les  acides,  fusible  dans  la  flamme 
d'une  bougie. 

3°  Les  sulfures  purs,  qui  ne  contiennent  que  du  cuivre  et 
du  fer  :  chalcopyrite  (GuFeS*),  sulfure  de  cuivre  et  de  fer,  qui 
tient  généralement  de  32  à  34  0/0  de  cuivre  et  29  à  32  0/0  de 
fer  (jaune  d'or  foncé,  fusible  sur  le  charbon,  soluble  dans 
Tacide  azotique);  phillipsite  ou  cuivre  panaché  (Cu^Fe^S*), 
rouge  bronze,  fusible  sur  le  charbon  et  soluble  dans  Tacide 
nitrique,  sulfure  de  fer  et  de  cuivre,  qui  renferme  55,6  0/0 
de  cuivre  ;  chalcosine  (Cu*S),  sulfure  de  cuivre,  qui.  renferme 
79,8  0/0  de  cuivre,  noir  de  fer,  éclat  métallique  faible,  fusible 
dans  la  flamme  d'une  bougie,  soluble  dans  Tacide  azotique. 

4«  Les  sulfures  impurs,  ou  cuivres  gris,  qui  renferment 
15  à  48  0/0  de  cuivre  mélangé  à  d'autres  corps,  arsenic,  anti- 
moine, fer,  argent;  les  principaux  sont  la  tétraédrite,  cuivre 
gris,  qui  comprend  deux  variétés,  Tune  antimoniale,  la  pa- 
nabase  [(Ag,Fe,Zn,Cu)8Sb*S^],  l'autre  arsenicale,  la  tennanlile 
(4Cu^SAs*S'^),  gris  de  fer,  fondant  sur  le  charbon  en  bouillon- 
nant, soluble  dans  l'acide  azotique  ;  la  freibergite;  la  bourno- 
nite  (3Cu«S,SbaS3  +  2PbS,  Sb«S),  antimonio-sulfure  de  plomb 
et  de  cuivre  qui  contient  4^  0/0  de  plomb  et  130/0  de  cuivre, 
et  souvent  une  assez  forte  proportion  d'argent,  minerai  d'un 
gris  métallique,  fusible  sur  le  charbon,  soluble  dans  Tacide 
azotique. 

GÉOGÉNIE 


Les  gisements  de  cuivre  sont  rarement  inclus  dans  une 
roche  éruptive  ;  mais  ils  accompagnent  presque  toujours  des 
roches  basiques  lourdes,  de  couleur  vert  foncé,  magnésiennes 
et  ferrugineuses  :  diorites,  diabases,  etc. 

Le  fait  que  le  cuivre  accompagne  toujours  des  roches  ba- 
siques et  qu'il  se  présente  ordinairement  à  l'état  de  sulfure 
et  jamais  à  l'état  de  chlorure  prouve  que  les  venues  cui- 
vreuses correspondent  à  une  époque  où  la  roche  déjà  refroi- 
die en  partie  avait  perdu  ses  chlorures  et  où  elle  dégageait 
des  sulfures  conformément  à  l'ordre  de  succession  que  l'on 


MINÉKÂUX   EMPLOYÉS   DANS   LA    MÉTALLURGIE         177 

a  nettement  établi  pour  le  dégagement  des  fumerolles  volca- 
niques. 

Les  oxydes  et  les  carbonates  proviennent  de  Taltération 
des  sulfures;  ils  existent  toujours  dans  la  partie  haute  des 
filons  et  sont  dus  par  conséquent  à  une  action  externe. 

Les  sels  de  cuivre  étant  très  solubles  ont  été  parfois  dis- 
sous après  coup  et  ont  donné  naissance  à  des  gîtes  sédimen- 
taires. 

GISEMENTS 

On  peut  diviser  les  gisements  du  cuivre  en  quatre  caté- 
gories : 

1»  Gîtes  incorporés  à  la  roche.  —  Le  minerai  fait  corps  avec 
la  serpentine  qui  Ta  amené  au  jour; 

2^  Cfites  filoniens,  —  Le  cuivre  se  présente  en  filon^àrétat 
de  sulfure  avec  une  gangue  généralement  quartzeuse.  Le 
terme  extrême  de  la  série  donne  les  grands  amas  pyriteux  ; 

3*  Gîtes  de  départ.  —  Le  minerai  est  séparé  de  la  roche, 
diorite  ou  diabase,  mais  reste  à  son  contact; 

i*"  Gites  sédimentaires.  —  Le  cuivre  est  contenu  dans  des 
couches  dont  l'imprégnation  est  contemporaine  des  terrains 
encaissants. 


I.  —  Gîtes  incorporés  a  la  roche 

Les  principaux  gites  de  minerais  de  cuivre  incorporés  à  la 
roche  sont  les  suivants  : 

Gisements  de  la  France.  —  Gisement  de  la  Prugne  (Allier). 
—  On  a  trouvé  au  milieu  du  bassin  carbonifère  de  la  Prugne 
(Allier)  un  grand  filon  cuivreux  qui  recouvre  des  schistes 
et  des  microgranulites  ;  le  remplissage  est  de  la  chlorite 
contenant  un  peu  d*opale  et  de  zircon;  on  a  exploité  à  la 
Prugne  deux  amas  de  chalcopyrite  et  de  phiilipsite  qui  ont 
fourni  du  cuivre  et  de  Targent.  1^  mine  est  aujourd'hui 
abandonnée;  aux  environs,  on  rencontre  des  filons  inex- 
ploités de  pyrite  de  cuivre. 

OÉOLOOIB.  12 


178  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Gisements  de  V Italie.  —  A  Rocca   Tederighi  (province  de 
Grosseio),  le  minerai,  en  veines  ou  en  blocs  compacts,  se 
rencontre  dans  des  serpentines  qui  traversent  les  terrains 
éocènes. 

A  Slestro  Levante  (province  de  Gênes)  on  exploite  quelques 
veines  de  chalcopyrite  et  de  phillipsite  au  contact  de  serpen- 
tines. 

A  Monte  Calvi  (Toscane)  on  trouve  de  la  chalcopyrite 
dans  des  filons  d'augite  qui  traversent  des  marbres  blancs 
liasiques,  avec  une  gangue  de  quartz  et  de  calcite. 

Monte  Catini.  —  Monte  Catini  di  Val  di  Nievole  est  situé 
dans  la  province  de  Lucques,  à  environ  50  kilomètres  à  Touest 
de  Florence.  Le  minerai  de  cuivre  de  Monte  Catini,  déjà 
exploité  par  les  Étrusques  et  par  les  Romains,  est  contenu 
dans  un  filon  complexe  orienté  de  Test  à  Touest,  qui  traverse 
un  gabbro  verdâtre  ou  roussâtre  appelé  gahbro  rosso^  produit 
d'une  éruption  serpentineuse.  Le  remplissage  est  constitué 
soit  par  de  la  serpentine,  soit  par  un  conglomérat  de  mêla- 
phyre  et  de  serpentine  avec  une  argile  onctueuse. 

Le  cuivre  se  présente  souvent,  à  Monte  Catini,  en  masses 
de  chalcopyrite  (5  à  10  mètres  cubes);  on  trouve  aussi  des 
boules  de  chalcosine  formées  d'un  noyau  de  pyrite  de  cuivre 
recouvert  d'une  première  enveloppe  de  phillipsite  (cuivre 
panaché)  et  d'une  seconde  enveloppe  de  chalcosine  et  de 
cuivre  natif. 

La  serpentine  paraît  être  due  à  la  métamorphisation  d'une 
péridotite  cuprifère  accompagnée  de  mouvements  des  épontes 
qui  ont  amené  la  concentration  du  minerai  primitivement 
disséminé  dans  la  masse. 

La  forme  du  gisement  est  celle  d'un  coin  s'élargîssant  en 
profondeur;  son  toit  est  assez  réglé,  mais  il  est  assez  pauvre; 
quant  au  mur,  il  présente  des  boursouflures  irrégulières  où 
l'on  trouve  le  cuivre  panaché  concentré  en  lentilles  de  0"»,iO 
à  2  mètres  d'épaisseur,  longues  parfois  de  15  à  20  mètres. 

L'irrégularité  du  gisement  rend  l'exploitation  très  diffi- 
cile; des  travaux  de  recherches  très  dispendieux  succèdent 
aux  périodes  de  prospérité  pendant  lesquelles  on  a  exploité 
un  amas  important  fournissant  un  minerai  riche  et  homo- 
gène, les  amas  étant  seuls  exploitables. 


MINÉRAUX    EMPLOYÉS   DANS    LA   MÉTALLURGIE         179 

Les  minerais  riches  extraits  de  la  mine  contiennent  7  0/0 
de  cuivre  en  moyenne;  on  a  aussi  traité  d'anciennes  haldes 
dont  la  teneur  est  de  1  0/0  en  moyenne. 

La  production  du  cuivre  en  Italie  a  été  la  suivante  en  1894 
et  en  1896  : 

Minerai  : 

Tonnes.  Francs. 

En  1894,  90.886,  représentant  une  valeur  de    2.228.145 
1896,  90.408  —  —  2.123.595 

Gisements  de  la  Corse.  —  Ponte  Aile  Lecchia,  —  Ce  gisement, 
abandonné  aujourd'hui,  est  analogue  à  celui  de  Monte  Gatini. 
Il  se  rattache  à  une  puissante  éruption  de  roches  magné- 
siennes, recouvrant  des  calcaires  et  des  schistes  jurassiques. 
Le  minerai  (chalcopyrite  et  phillipsite)  avec  gangue  quart- 
zeuse,  se  présente  en  filons  dans  les  euphotides;  il  est  plus 
disséminé  dans  les  chlorites  et  les  serpentines;  enfin  on 
rencontre  quelques  nodules  de  minerai  concentré,  dans  les 
argiles,  comme  à  Monte  Gatini. 


II.    —  GÎTKS   FILONIENS 

Les  gites  de  cuivre  d'origine  hydrothermale  et  filonienne 
sont  très  répandus.  Les  quatre  formes  principales  sous  les- 
quelles lec  uivre  peut  se  présenter  en  amas  ou  en  filons  sont  : 

l*  La  chalcopyrite; 

2®  La  pyrite  de  fer  cuivreuse; 

3"  Le  cuivre  natif; 

4<»  Le  cuivre  gris. 

1°  Filons  de  chalcopyrite.  —  La  chalcopyrite  est  souvent 
accompagnée  de  phillipsite,  quelquefois  de  chalcosine,  et, 
dans  les  parties  hautes,  de  blende  et  de  galène.  La  gangue 
est  ordinairement  du  quartz,  souvent  de  la  sidérose.  Aux 
affleurements  on  trouve  des  métaux  précieux  sous  forme  de 
minerais  oxydés  argentifères  ou  aurifères  (Namaqualand, 
Colorado  et  Styfie). 


180  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

Principaux  gisements.  —  Les  principaux  gisemenls  de  chaU 
copyrite  sont  les  suivants  : 

Algérie  (Kef-oum-Théboum)  ; 
Silésie  (Kupferberg)  ; 

Autriche    (Kupferplatten,    Alpes    styrîennes,    Carinthie, 
Waschgang,  Gross-flagrant)  ; 
Norwège  (Téléraark); 
Afrique  australe  (Namaqualand); 
États-Unis  (Montana,  Arizona). 
Australie  (Burra-Burra,  Nouvelle-Zélande,  Tasmanie). 

Gisements  de  V Algérie.  —  Description  du  gisement  de  Kef- 
oum-ThébouL  —  A  Kef-oum-Théboul,  près  de  la  frontière 
tunisienne,  à  5  kilomètres  de  la  mer,  on  exploite  des  filons 
complexes  de  cuivre,  de  blende  et  de  galène  argentifère. 

La  présence  d'éléments  étrangers  (quartz,  argile  blanche 
avec  divers  sulfures  métalliques)  rend  la  préparation  méca- 
nique du  minerai  très  délicate. 

La  teneur  en  argent  diminue  rapidement  en  profondeur. 
Une  tonne  de  minerai  brut  donne  environ  700  kilogrammes 
de  minerai  de  fusion. 

Gisements  de  la  Silésie.^  En  Silésie,  le  Kupferberg  présenlt' 
des  filons  cuivreux  (chalcopyrite,  phillipsite,  chalcosino, 
gangue  quartzeuse,  dont  la  formation  a  précédé  celle  des 
cuivres  gris)  à  filons  plombifères  et  barytiques  de  la  même 
région. 

Gisements  de  l'Autriche.  —  Près  de  Kitzbuchel,  à  Kupfer- 
platten et  à  Mitterberg,  dans  le  Tyrol,  on  exploite  des  filons- 
couches  de  sulfures  divers  contenant  surtout  de  la  chalco- 
pyrite accompagnée  parfois  de  cinabre  avec  une  gangue  de 
sidérose;  ils  recoupent  des  phyllades  et  des  grauwackes 
d'âge  silurien. 

En  Autriche,  on  a  encore  exploité  dans  les  Alpes  styriennes 
un  gisement  filonien  de  chalcopyrite  aurifère  appartenant  à 
la  période  permo-triasique. 

En  Carinthie,  on  exploite,  aux  mines  de  Waschgang,  dans 
la  vallée  de  Môll,  de  la  chalcopyrite  en  larges  couches  tenant 
jusqu'à  15  00  de  cuivre  dans  des  filons  de  quartz;  ces  mino- 


MINÉRAUX    EMPLOYÉS    DANS   LA    MÉTALLURGIE         181 

rais,  de  même  que  ceux  de  Gross  Flagrant,  près  Saxenburg, 
9ont  aurifères. 
Les  diverses  mines  de  cuivre  autrichiennes  ont  produit  : 

Minerai  : 

Tonnes  Francs 

En  189i,  7.235,  représentant  une  valeur  de..    585.582 
1896,  6.823  —  —  573.864 

Métal  : 

Tonnes  Fnncs 

En  189i,  1.341,  représentant  une  valeur  de..     1.564.021 
1896,  l.OOi  —  —  1.161.203 

Gisements  de  la  Hongrie,  —  A  Kotterbach,  à  Slovinka  et  h 
Gollnitz  on  rencontre  des  filons-couches  analogues  aux 
précédents. 

La  production  du  cuivre  en  Hongrie  a  été  la  suivante  : 

Métal  : 

Tonnes  Francs 

En  1894,  271,  représentant  une  valeur  de..      338.417 
1896,  160  —  —  193.150 


Gisements  de  la  Nortvège.  —  Dans  le  district  de  Télémark, 
près  de  Konsberg  (Norwège),  on  a  exploité  autrefois  des 
filons  situés  dans  la  granulite  et  renfermant  de  la  chalcopy- 
rite,  de  la  phillipsite,  de  la  chalcosine  avec  un  peu  d'argent 
et  d'or.  Ces  mines  sont  aujourd'hui  abandonnées. 

Gisements  de  V Afrique  australe,  —  On  a  découvert  dans  le 
Namaqualand  (Afrique  australe),  sous  un  chapeau  de  fer,  des 
filons  de  chalcopyrite,  de  phillipsite  et  de  chalcosine  à 
gangue  quartzeuse,  recoupant  des  schistes  anciens  et  des 
granités;  ils  sont  souvent  aurifères. 

Gisements  des  Etats-Unis,  —  Description  des  gisements  du 
Montana,  —  Dans  le  territoire  de  Montana  on  exploite,  près 
de  Bulte-City,  des  filons  d'or,  d'argent  et  de  cuivre  (gangue 
quartzeuse)  d'une  richesse  exceptionnelle,  découverts  il  y  a 
environ  vingt  ans.  C'est  là  que  se  trouve  la  célèbre  mine 
d'Anacondaf  qui  occupe  plus  de  six  mille  ouvriers. 

Le  territoire  de  Montana  est  un  des  centres  de  production 


182  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

du  cuivre  les  plus  importants   du  monde,   bien   que   son 
exploitation  ne  date  que  de  1882. 

Le  cuivre  s'y  rencontre  dans  des  filons  ouverts  dans  un 
granité  dioritique.  Le  sulfure  noir  de  cuivre,  qui  forme  la 
partie  supérieure  des  filons,  se  mélange  en  profondeur 
de  chalcopyrite  et  disparaît  presque  entièrement  vers 
200  mètres. 

La  gangue  estquartzeuse.  Les  filons,  parallèles  et  orientés  en 
général  suivant  la  direction  est-ouest,  sont  très  réguliers  et  peu 
inclinés.  Le  filon  principal,  celui  d'Ânaconda,  a  une  dizaine 
de  mètres  d'épaisseur;  il  a  été  reconnu  sur  600  mètres  en 
direction  et  300  mètres  en  profondeur.  Les  épontes  sont  ce- 
pendant, en  général,  mal  définies,  et  les  mineurs  se  basent 
sur  les  conditions  d'exploitabilité  pour  la  limite  à  assigner 
aux  travaux  dans  ces  filons.  Il  y  a  passage  progressif  du  mi- 
nerai à  la  roche,  et  Ton  suppose  que  le  granité  a  pu  être 
attaqué  dans  une  de  ses  fissures  et  décomposé  jusqu*à  une 
certaine  distance  par  dissolution  des  éléments  basiques  tout 
d'abord,  puis  feldspathiques  ensuite.  La  teneur  du  minerai 
en  argent  augmente  en  profondeur  et  atteint  1  kilogramme 
et  demi  par  tonne. 

La  production  du  cuivre  métallique  dans  le  territoire  de 
Montana  a  été  de  83.050  tonnes  en  1894  et  de  i07.600  tonnes 
en  1897,  alors  qu'elle  n'atteignait  que  27.000  tonnes  en  1886. 

(Voir  plus  loin  la  production  totale  de  l'Amérique  du 
Nord.) 

Description  des  gisements  de  r Arizona,  —  On  trouve  dans 
le  territoire  d'Arizona  d'importants  filons  de  chalcopyrite. 
La  chalcopyrite  est  oxydée  à  la  surface  au  contact  de  cal- 
caires cambriens  et  de  trachytes  verts.  A  la  partie  supérieure, 
on  trouve  des  oxydes  et  des  carbonates  à  gangue  ferrifère  et 
manganésifère  ;  la  chalcopyrite  apparaît  en  profondeur. 

Les  filons  du  groupe  de  TArizona  ont  une  gangue  quart- 
zeuse  contenant  des  sulfures  de  plomb  et  de  zinc  ;  rexploi- 
tation  est  relativement  récente  et  le  minerai  est  très  recher- 
ché, à  cause  de  la  pureté  et  de  la  haute  conductibilité 
électrique  du  métal  qu'il  fournit.  Les  filons  ont  jusqu'à 
5  mètres  de  large  et  sont  remplis  d'argile  et  de  minerai. 


UIKERAUX    KMPLOTÉa    IIASS    LA    MÉTALLURGIE         IS3 

La  teneur  du  minerai  diminue  en  prorondeur.  L'analyse 
moyenne  de  ces  minerais  donne  les  résultats  suivants  : 


CuO  U 
MnO»   ) 

C&O  Ifr 
MgO  ) 

Si  0*  2i 

Am*  20 

FeïO'  U 
Perles  au  feu  J 

et  COM  _ 

*  100 

Fia.  7i.  —  CunpcMhiniUqiMilu^KiacnldtrArlioni. 

En  profondeur,  on  rencontre  un  sulTure  de  cuivre  noir  ou 
mattile  avec  une  bande  de  quarts  Triable. 

A  100  mètres  environ,  la  teneur  utile  est  réduite  à  <0  0/0, 
et  les  scories  deviennent  plus  acides. 

La  production  de  l'Arizona,  qui  était  de  S. 000  tonnes  de 
enivre  en  IB6S,  a  atteint  20.200  tonnes  en  189i,  et  36.7S0 
en  1897. 

La  production  totale  du  cuivre  métallique  aux  Blals-Unis 
a  été  la  suivante  : 

Métal: 


Nous  croyons  utile,  étant  donnée  l'importance  de  la  pro- 
duction du  cuivre  aux  États-Unis,  de  donner  ci-après  quelques 
indications  de  détail  sur  cette  exploitation  en  Amérique. 


184 


GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 


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MINÉRAUX   EMPLOYÉS   DANS   LA    MÉTALLURGIE         185 
PRODUCTION   DU   CUIVRE   FIN  (.\Mtf.RIQUE   DU   NORD,   ÉTATS-UNIs) 


Etats-Unis 

1894 

1897 

tonnes 

166.000 

20.200 

57 

83.050 

51.950 

2.960 

7.785 

tonnes 

231.400 

36.750 

6.400 

107.600 

66  150 

4.280 

10.220 

/  Californie 

i  Arizona 

DéuiidesÉtau-unis.  *î?î^g^::::;; 

f  Colorado 

\  Divers 

Gisements  de  V Australie,  —  Burra-Burra,  —  A  Burra-Burra, 
les  schistes  anciens  métamorphisés  sont  traversés  par  de 
riches  filons  de  cuivre  d'une  dizaine  de  mètres  d'épaisseur, 
à  gangue  quartzeuse,  sous  un  chapeau  de  fer  hydroxydé  à  la 
surface;  on  trouve  d'abord  des  oxydes  et  des  carbonates  de 
cuivre,  puis  des  oxy chlorures,  du  cuivre  panaché  et  de  la 
chalcopyrite. 

Au  sud-est  de  l'Australie  on  a  remis  en  exploitation,  en 
1897,  les  mines  de  Cobar  dans  la  Nouvelle-Galles  du  Sud.  Le 
Great  Cobar  Mining  Syndicate  y  possède  de  grandes  mines 
avec  quatre  cent  cinquante  ouvriers  et  deux  fourneaux 
à  water-jacket  de  60  tonnes  en  marche.  Production  en 
1897  :  63.864  tonnes  de  minerai,  ayant  donné  2.699  tonnes 
de  cuivre  (les  mattes  sont  raffînées  à  Lithgow  dans  une 
usine  récemment  construite],  30.424  onces  d'argent  fîn  et 
12.414  onces  d'or  fin;  on  peut  encore  citer  dans  la  Nouvelle- 
Galles  du  Sud  les  mines  de  Burraga,  dans  les  monts  Aber- 
crombie,  dont  les  mattes  sont  raffinées  aussi  à  Lithgow. 

En  Nouvelle-Zélande,  on  peut  citer  la  mine  Champioriy  dans 
la  vallée  d'Aniseed  (Nelson  Province),  où  Ton  exploite  des 
minerais  à  7,5  0/0  de  cuivre  (chrysocolle  à  la  surface)  avec 
pyrites  et  poches  de  cuivre  natif  en  profondeur. 

La  Compagnie  des  mines  de  Chillagoe  (Queensland)  ne  doit 
entrer  en  fonctionnement  qu'en  1900,  quand  le  chemin  de 
fer  reliant  ces  mines  à  Herberton  sera  achevé. 

On  a  fait,  en  1897,  d'importantes  découvertes  dans  l'Aus- 
tralie du  Sud,  dans  le  district  de  Beltana;  dans  la  même 


186 


GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 


région  se  trouvent  des  mines  importantes  dont  les  produits 
(minerai  tenant  20  0/0  de  cuivre)  sont  transfoimés  en  cuivre 
et  sulfate  de  cuivre  à  Waliaroo.  La  Wallaroo  and  Moonta 
Smelling  C^  a  l'intention  d'installer  une  fonderie  de  plomb 
pour  traiter  300  tonnes  par  semaine. 

En  Tasmanie,  la  Mount  Lyell  Mining  and  Railway  O*  a 
fondu  en  six  mois  (1897),  41.507  tonnes  et  va  installer  le 
traitement  électroly tique.  Elle  a  extrait  43.099  tonnes  de 
minerai  dont  38.890  proviennent  des  travaux  à  ciel  ouvert, 
et  le  reste  des  galeries.  Les  convertisseurs,  alimentés  par 
cinq  fours,  ont  traité  5.745  tonnes  de  mattes,  qui  ont  donné 
2.953  tonnes  de  cuivre  fin,  271.036  onces  d'argent  et 
13.034  onces  d'or.  Une  once-troy  pèse  3l5',1035. 

Production  de  V Australie,  —  La  production  du  cuivre  en 
Australie  a  été  la  suivante  : 


Nouvelle-Galles  du  Sud 


Minerai  et  régule  : 

Tonnes 

En  1894,     590,  représentant  une  valeur  de.. 
1896,       15            —                       —          .. 

Francs 

311.175 

1.875 

Cuivre  en  lingots  : 

Tonnes 

En  1894,  1.582,  représentant  une  valeur  de.. 
1896,  4.524               —                         ~         . . 

Francs 
1.515.850 
5.005.900 

Queensland 

Minerai  : 

Tonnes 
En  1894,     422,  représentant  une  valeur  de.. 
1896,      589            —                       —          .. 

Francs 
43î«.550 
526.050 

Tasmanie 

Minerai  : 

Tonnes 

En  1894,      127,  représentant  une  valeur  de.. 
1896,       52            —                       —          .. 

Francs 
125.000 
57.250 

Victoria 

Minerai  : 

Tonnes 

En  1894,     492,  représentant  une  valeur  de.. 

Francs 
369.050 

MINÉRAUX    EMPLOYÉS    DANS    LA   MÉTALLURGIE         187 

2«  Amas  de  pyrite  de  1er  cniTrenee.  —  Le  cuivre  se  trouve 
souvent  en  imprégnation  dans  de  la  pyrite  de  fer  formant 
de  grands  amas  intercalés  dans  les  terrains  sédimentaires. 
Au  point  de  vue  de  Tétude  et  de  la  recherche  de  ces  gise- 
ments, il  est  utile  de  signaler  qu'ils  sont  toujours  au  milieu 
de  schistes,  qu'ils  sont  recouverts  à  la  surface  par  un  cha- 
peau de  fer  hydroxydé  et  qu'enfin  il  arrive  souvent  qu'ils 
se  coincent  en  profondeur;  leur  teneur  en  cuivre  se  main- 
tient d'une  manière  assez  constante  entre  2  et  3  0/0. 

Ces  amas  ont  une  formation  mal  déterminée;  quelques- 
uns,  comme  celui  du  Rammelsherg  (Harz),  sont  nettement 
sédimentaires;  mais,  dans  la  plupart  des  cas,  l'amas  pyriteux, 
simplement  intercalé  dans  des  schistes,  les  recoupe  en  de 
nombreux  endroits  ;  l'amas  ne  présente  aucune  trace  de  stra- 
tification interne  et  est  accompagné  de  veines  quartzeuses  et 
de  roches  éruptives.  Dans  certains  gisements  on  constate  [en 
Scandinavie  (Fahlun,  Vigsnaes,  etc.)]  des  phénomènes  d'in- 
terstratification  accompagnant  des  fractures  filoniennes.  On 
peut  admettre  que  les  amas  pyriteux  ont  une  origine  hydro- 
thermale et  profonde  ;  ils  seront  décrits  à  la  suite  des  gise- 
ments filoniens. 

Les  principaux  gisements  de  pyrite  de  fer  cuivreuse  sont 
les  suivants  : 

Suède  (Fahlun)  ; 

Norwège  (Rôraas,  Foldal,  Vigsnaes)  ; 
Espagne  et  Portugal  (Rio-Tinto,  Tharsis,  San-Domingos, 
Lagunazo,  Confessionario,  la  Zarza,  Aguas-Tenidas. 

Gisements  de  la  Scandinavie,  —  Les  amas  de  pyrite  de  fer 
cuivreuse  sont  très  fréquents  dans  la  péninsule  Scandinave, 
dans  le  terrain  primitif.  Les  plus  importants  sont  ceux  de 
Fahlun,  en  Suède  et  de  Rôraas  et  de  Vigsnaes,  en  Norwège. 

Description  du  gisement  de  Fahlun  {Suède).  —  L^exploi- 
tation  du  gisement  de  pyrite  de  fer  cuivreuse  de  Fahlun,  au 
nord-ouest  de  Stockholm,  remonte  au  xiv«  siècle.  Ce  gise- 
ment se  trouve  dans  des  gneiss  du  terrain  primitif,  redressés 
et  bouleversés  par  des  veines  de  leptynite. 

L'amas  principal,  aujourd'hui  à  peu  près  épuisé,  mesurait 


188  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

2'éO  mètres  du  nord-ouest  au  sud-est,  160  mètres  du  nord- 
est  au  sud-ouest,  et  320  mètres  de  profondeur;  il  était  entouré 
d'une  roche  talqueuse  bréchiforme,  appelée  scfto//,  qui  semble 
être  le  remplissage  d'une  faille. 

Il  existe  à  Fahlun  deux  sortes  de  minerai  : 

\^  Le  minerai  tendre,  ou  blotmalm,  analogue  au  minerai 
de  Rio-Tinto  et  formé  de  pyrite  de  fer  cuivreuse  avec  une 
très  faible  proportion  de  quartz  ; 

2^  Le  minerai  dur  ou  hartmalm,  un  peu  plus  riche  en 
cuivre;  le  quartz  y  est  plus  abondant.  Ces  minerais  sont 
aurifères  et  depuis  longtemps  on  en  a  extrait,  chaque  année, 
quelques  kilogrammes  d'or.  L'or  extrait  est  contenu  dans 
du  quartz  laiteux  et  est  toujours  accompagné  d'un  sélénio- 
sulfure  de  bismuth  et  de  plomb,  d'une  couleur  blanche  écla- 
tante qui  révèle  sa  présence. 

Le  minerai  de  Falhun,  traité  par  la  voie  humide,  après 
grillage,  fournit  du  cuivre,  de  l'argent  et  de  l'or. 

On  produit  également,  à  Fahlun,  de  l'acide  sulfurique  et 
du  sulfate  de  fer. 

La  production  du  cuivre  en  Suède  a  été  la  suivante  : 

Minerai  : 

Tonnes 

En  1894 25.710 

1 896 24 .  331 

Description  du  gisement  de  Rôraas  (Norwège).  —  Le  gîte  de 
Roraas  est  situé  entre  Throndhjem  et  Ghristiana;  l'exploi- 
tation, commencée  vers  le  milieu  du  xvn«  siècle,  est  encore 
assez  active.  Il  existe  à  Rôraas  plusieurs  concessions  dont  les 
plus  connues  sont  Storvarts-Grube  et  Kongens-Grube.  Cette 
dernière  fournit  surtout  de  la  pyrite  de  fer. 

  Storvarts-Grube,  le  minerai  est  intercalé  au  milieu  des 
schistes,  et  le  gisement  a  une  apparence  presque  sédimen- 
taire.  A  Kongens-Grube,  au  contraire,  le  gîte  est  très  redressé, 
et  il  recoupe  nettement  les  schistes  voisins,  entre  lesquels 
il  envoie  des  ramifications. 

A  Storvarts-Grube,  le  terrain  encaissant  est  un  schiste 
chloriteux,  souvent  grenatifère,  de  l'époque  huronienne. 

Le  minerai  de  Kongens-Grube  contient  environ  5  0/0  de 


MtNÉn&UX    EUPLOYÉS    DANS    LA    MÉTALLURGIE         189 

cuivre;  il  se  compose  de  pyrite  de  fer  et  de  pyrite  de  enivre 
associées  à  de  la  pyrite  magnétique  et  à  de  la  blende. 


Fia.  75.  —  Coupt  du  ^l>  de  pyrite  euimuM  de  KongsofrGnibo  (KMi»»|. 

La  formalion  des  gîtes  de  Réraas  est  due,  sans  doute,  à 
des    venues    sulfureuses  sous-marines    correspondant    au 
dépôt  des  schistes;  mais,  cette  action  s'élanl  continuée  après 
leur    soliditlcation,    l'amas    est 
devenu  nettement   Hlonien. 

Gite  de  Vigmaes.  —  Le  gîte  de 
Vigsnaes  se  trouve  au  sud-ouest 
de  la  NorwËge;  il  consiste  en  un 
filon  ramifié  dans  des  schistes 
cambriens,  au  conlactde  gabbros 
&  saussurite. 

Le  minerai  est  une  pyrite  de 
fer  cuprifère,  avec  quarli,  blende 
et  calcite.  Sa  teneur  est  de  400/0 
de  cuivre;  au  milieu  de  sa  masse, 
on  trouve  des  blocs  de  schistes 

isolés  de  f   mètre  sur  3  mètres       , „- 

etàmoitiéimprégnésde  minerai.  Fio.  7e.—  Coup*  «rik«le  du  gii.^ 

En    Norwège,    2.000    hommes     j'd'.J^'i.'^il"»)'*  '"'     ''"'"' 
ont  été  employés,  en  fS97,  à  la 

production  de  00.000  tonnes  de  pyrite.  Les  usines  de  Hôraa> 
et  de  Sulitelma  ont  produit  t.025  tonnes  de  cuivre  en  lin- 


190  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

gots;  le  reste  des  minerais  norwégiens,  traités  dans  des 
usines  étrangères,  a  produit  1.975  tonnes  de  cuivre  pur.  On 
peut  citer,  outre  les  mines  d'Aamdal  (Télémarck),  qui  ont 
donné  1.450  tonnes  de  pyrite  (20  0/0  de  cuivre),  celles  d'Alten 
(Finmark)  avec  400  tonnes  de  pyrite  à  10  0/0  de  cuivre,  et 
celles  de  Bosmo,  avec  20.000  tonnes  de  pyrite  contenant 
50  0/0  de  soufre  et  un  peu  de  cuivre. 

La  production  du  cuivre  en  Norvège  a  été  la  suivante  : 

Minerai  : 

Tonnes  FrtDCS 

En  1890,  18.769,  représentant  une  valeur  de..    969  300 
1894,  20.226  —  —  ..     961.200 

Métal  : 

Tonnes  Francs 

En  1890,       466,  représentant  une  valeur  de..     627.750 
1894,       907  —  —  ..     756.000 

Gisements  de  l'Espagne  et  du  Portugal.  —  Les  importants  gise- 
ments de  pyrite  cuivreuse,  situés  dans  la  province  d'Huelva 
(Espagne)  etd'Alemtejo  (Portugal),  déjà  activement  exploités 
par  les  Anciens,  sont  compris  dans  une  bande  large  de 
20  kilomètres,  orientée  est-ouest,  allant  de  Séville  jusqu'à 
rOcéan  Atlantique,  au  sud  de  Lisbonne;  les  terrains  traversés 
par  ces  gisements  sont  le  silurien  et  le  carbonifère;  de  nom- 
breux pointements  de  microgranulites  et  de  porphyres 
mettent  en  évidence  l'activité  éruptive  ancienne  de  la  région. 
Les  mines  les  plus  connues  sont  les  suivantes  : 

Tharsis,  qui  comprend  quatre  amas  assez  importants,  dont 
un  inexploité  ; 

San-Domingos  (Portugal),  où  Ton  n'exploite  qu'un  seul 
amas  vertical  de  500  mètres  sur  60  mètres,  contenant  des 
intercalations  schisteuses  ; 

LagunazOf  où  Ton  exploite  à  ciel  ouvert  un  amas  de 
150  mètres  sur  15  mètres  ; 

Confessionario  :  cet  amas,  qui  ne  contient  que  de  la  pyrite  de 
fer  cuivreuse  à  51  0/0  de  soufre,  n*est  exploité  que  pour  la 
fabrication  de  Tacide  sulfurique  ; 

La  Zarza^oix  Ton  exploite  des  schistes  imprégnés  sans  amas. 


MINÉRAUX    EMPLOYÉS   DANS   LA   MÉTALLURGIE        191 

Aguas  Tenidas  :  à  Aguas  Tenidas,  les  filons  atteignent  une 
teneur  en  cuivre  de  5  à  6  0/0; 

Et  enfin  Rio-Tinto  qui  est  le  plus  important. 

Gisements  de  Rio-Tinto,  —  Le  gisement  de  Rio-Tinto,  exploité 
par  une  Compagnie  anglaise,  est  situé  dans  la  province  de 
Huelva,  au  sud-ouest  de  TEspagne,  au  milieu  de  schistes  et 
de  phyllades  argileux  appartenant  à  Tépoque  carbonifère. 

Au  contact  de  la  pyrite  se  trouvent  des  pointements  de 
porphyres  dioritiques. 

Les  deux  amas  principaux  sont  le  filon  Norte  et  surtout  le 
filon  San-IHonisio  prolongé  par  Tamas  du  Sud,  qui  est  la 
partie  la  plus  importante  du  gisement  ;  on  exploite  à  ciel 
ouvert  cette  partie  méridionale  du  gite  dont  les  dimensions 
en  plan  sont  de  1/2  kilomètre  sur  120  mètres;  la  profon- 
deur reconnue  est  de  près  de  200  mètres. 

Le  filon  Norte,  exploité  au  début  par  galeries  souterraines, 
est  attaqué  à  ciel  ouvert  depuis  quelques  années;  il  a  été 
reconnu  sur  2.000  mètres  de  longueur  et  150  mètres  de 
largeur. 

Le  minerai  est  formé  de  pyrite  de  fer  à  2,5  0/0  de  cuivre 
en  moyenne  avec  un  peu  de  chalcopyrite  et  divers  sulfures. 
La  masse,  qui  ne  présente  pas  trace  de  cristallisation  ni  de 
sécrétion  sur  les  épontes,  est  recoupée  par  des  filets  plus 
riches  en  cuivre  (chalcopyrite  et  phillipsite). 

On  fond  à  Rio-Tinto,  dans  des  fours  à  manche,  tous  les 
minerais  de  la  région  dont  la  teneur  en  cuivre  dépasse  6  0/0; 
ceux  dont  la  teneur  varie  de  3  à  6  0/0  sont  exportés  en  Angle- 
terre (Swansea);  ceux  qui  tiennent  moins  de  3  0/0  sont 
traités  sur  place.  Enfin  ceux  qui  contiennent  du  plomb  sont 
abandonnés  à  cause  de  la  difficulté  du  traitement.  Tous  con- 
tiennent de  Tor,  mais  en  si  faible  quantité  qu'on  ne  l'extrait 
qu'à  San-Domingos. 

A  Rio-Tinto  comme  à  Tharsis,  les  amas  sont  composés  de 
pyrite  de  fer  cuivreuse  recouverte  de  chapeaux  d'oxydes 
métalliques,  parmi  lesquels  domine  la  limonite.  Les  sulfures 
se  sont  oxydés  au  contact  de  l'eau  et  de  l'air,  et  les  sulfates 
solubles  sont  redescendus  dans  le  filon  pendant  que  restaient 
seuls,  à  la  partie  supérieure,  les  terres  rouges  et  les  sque- 
lettes d'oxyde  de  fer. 


192 


GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 


Les  sulfates  redescendus  au-dessous  de  la  zone  oxydante 
du  niveau  hydrostatique  ont  subi  une  réduction  et  ont  formé 
en  un  grand  nombre  de  points  des  zones  riches  intercalées 
entre  le  chapeau  de  fer  et  la  partie  inférieure  du  filon,  qui  a 
conservé  sa  teneur  moyenne  normale. 

On  doit  donc,  à  Elio-Tinto,  diriger  les  travaux  de  recherches 
de  façon  à  s'approcher  le  plus  possible  du  plan  inférieur  des 
eaux,  aûn  d'atteindre  le  filon  dans  sa  partie  la  plus  riche. 

Le  prix  de  revient  des  exploitations  de  Rio-Tinto  peut  être 
établi  comme  suit,  d'après  M.  Cumenge  : 


Âbata^e,  main-d'œuvre,  surveillance,  ex- 
plosifs  

TRAVAUX 
à 

CIEL  OOVBRT 

TRAVAUX 

SOVTKflRAIIIS 

0,80 

1,20 
0,50 

2    » 
1,75 

0,75 

Cassage,  triage,  chargement,  transport.. 

Entretien  des  outils,  du  matériel  roulant 

et  de  la  voie 

Total 

.2,50 
1     » 

4,50 

» 

Amortissement  du  découvert  et  des  dé- 
blais stériles 

Frais  d'exploitation  d'une  tonne  de  pyrite. 
C.alcination,  lavage,  cémentation 

Frais  totaux  d'exploitation  et  de  traite- 
1      ment  d'une  tonne  de  pyrite 

3,50 
3,20 

4,50 
3,20 

6,70 

1,-70 

1 

En  1897,  la  Compagnie  de  Rio-Tinto  a  extrait  1.388.026  long- 
ions (teneur  moyenne  de  2,81  de  cuivre),  dont  575.733  tonnes 
ont  été  traitées  sur  place  et  ont  fourni  20.826  tonnes  de 
cuivre  ;  le  reste  a  été  exporté  et  a  donné  13.098  tonnes  do 
cuivre  (le  long-ton  pèse  1.016^^,018).  Le  bénéfice  de  la  Com- 
pagnie a  été  de  24.690.000  francs.  On  estime  que  la  Compagni«^ 
a  soixante-dix  ans  de  production  devant  elle  (au  taux  d'ex- 
traction de  Tannée  1897). 

Tharsis,  en  1897,  a  produit  565.945  long-tons,  dont  310.70*2 
ont  été  exportés.  Cette  Compagnie  a  exporté  8.900  tonnes 
de  cuivre  précipité.  Le  bénéQce  a  atteint  9.600.000  francs. 


MINÉRAUX    EMPLOYÉS   DANS    LA    MÉTALLURGIE         193 


La  Compagnie  d*Aguas-Tenidas  n'a  extraitquo  155.000  tonnos 
en  1897  (au  lieu  de  205.000  en  1896). 

Au  total,  TEspagne,  en  1897,  a  exporté  822.570  tonnes  do 
rainerai  de  cuivre  et  217.545  tonnes  de  pyrites  de  fer. 

La  production  totale  du  cuivre  en  Espagne  a  été  la  suivante 
en  1896  : 

Pyrites  : 

Tonnes  Francs 

2.358.281,  représentant  une  valeur  de.     11.762.190 
Minerai  de  cuivre  et  de  colbalt  : 

Tonnes 

992,  représentant  une  valeur  de. 
Métal: 

Tonnes 

Fin 6,  représentant  une  valeur  de. 

En  mattes.    16.378  —  — 

Précipité..    29.873  —  — 


Francs 
119.040 


Francs 
6.000 
4.913.510 
20.776.020 


En  Portugal,  les  mines  de  la  Compagnie  Mason  et  Rarry 
Limited  ont  extrait  177.549  tonnes  de  minerai  et  exporté 
267.000  tonnes  avec  un  bénéfice  de  1.250.000  francs. 

La  production  du  cuivre  en  Portugal  a  été  la  suivante  : 

Minerai  : 

Tonnes 

321,  représentant  une  valeur  de. 


En  1891, 
1896, 

Cément  : 


436 


Francs 

19.770 

52.67.") 


Francs 


Tonnes 

6.921,  représentant  une  valeur  de.     2.493.375 
3.453  —  —  2.339.485 


En   1894, 
1896, 

Pyrites  de  cuivre  : 

Tonnes  '  Francs 

En  1894,  247.246,  représentant  une  valeur  de.     1.891.640 
1896,  207.440  —  —  1.820.195 

Gisements  de  V Italie.  —  Le  Gouvernement  Italien  exploite  à 
Agordo  (Vénétie)  un  amas  de  pyrite  cuivreuse,  qui  est  situé 
dans  des  schistes  argileux  et  dont  Tâge  géologique  est  incertain . 
Le  minerai  exploité  est  un  mélange  de  pyrite  de  fer,  de  pyrito 
(le  cuivre,  de  galène,  de  blende  et  de  quartz,  tenant  1,70  0/0 
de  cuivre. 

GéOLOOIB.  13 


i94  GÉOLOGIE    APPLIQLÉE 

Le  prix  de  revient  du  miDerai  d'Agordo,  que  nous  trou- 
vons dans  un  ouvrage  de  M.  Haton  de  la  Goupillière  (déjà  un 
peu  ancien,  il  est  vrai)  est  le  suivant. 

Prix  de  revient  à  la  tonne  : 

Francs 

Travail  au  chantier 2.489 

Roulage,  extraction 1 .264 

Travail  au  jour  .,, 0.379 

Travaux  au  rocher 0.276 

Machinistes,  charpentiers,  remblayeurs i  .984 

Surveillance 0.598 

Achat  de  matériel 2.253 

Frais  divers 0.074 

Frais  d'exploitation  totaux 9.317 

Frais  de  métallurgie 8.224 

Frais  d'administration i  1 .  146 

Prix  de  revient  total 28.687 


Ce  prix  de  revient  est  forcément  très  élevé,  étant  donné 
que  l'exploitation  est  faite  par  le  Gouvernement,  ce  qui 
entraîne  des  frais  d'administration  très  considérables. 

30  Cuivre  natif.  —  Les  gisements  types  du  cuivre  natif 
sont  les  célèbres  mines  do  rAmérique  du  Nord  et  du  lac 
Supérieur  en  particulier,  qui  ne  sont  surpassées  en  impor- 
tance que  par  les  mines  du  Montana. 

Description  du  gisement  du  lac  Supérieur.  —  I-es  gisements 
du  lac  Supérieur  sont  les  plus  connus. 

Les  principales  mines  se  trouvent  dans  la  presqu'île  de 
Kewco.naw  (Calumet  and  Hecla,  ou  les  puits  appelés  Red-Jackets 
ont  été  approfondis,  en  1899,  jusqu'à  1.493  mètres,  Central 
Mine,  Copperfels,  etc.),  dans  la  région  d'Otonagon  et  sur  la 
Rive  canadienne,  au  nord  du  lac. 

Le  cuivre  se  trouve  dans  des  roches  éruptives,  diabases  et 
niélaphyres,  associées  à  des  schistes  précambriens  dans 
'esquels  elles  sont  intercalées.  Ces  roches,  poreuses  et  facile- 
ment attiiquables,  ont  été  imprégnées,  jusqu'à  une  assez 
grande  distance,  par  des  eaux  thermales  chargées  de  cuivre, 


MINÉRAUX   EMPLOYÉS    DANS    LA    MÉTALLURGIE         19b 

qui  circulaient  dans  les  fentes.  L'existence  de  ces  eaux  est 
mise  en  évidence  par  de  nombreuses  zéolithes  ;  l'argent 
accompagne  souvent  le  cuivre,  malgré  la  différence  de  fusi- 
bilité des  deux  métaux.  La  précipitation  cuivreuse  est  une 
cémentation  produite  par  la  magnétite  contenue  dans  la  pâte 
augitique  des  diabases. 


Fio.  77.  —  Coope  de  la  région  «la  Lac  supérieur. 
H,  Quartzites  et  miaerai  de  fer  (huronien)  :  —  1,  Oiabases,  gabbros  et  nélaphyrei.— 
2,  Porphyres  quartzirères.  —  3,  Diabases  et  mélaphyres  amyg^daloïdes.  —  4,  Grés 
et  conglomérats  intercalés.  —  3,  Mélaphyres  aœy^gdaloïdes  et  diabases.  —  6,  Schistes 
et  grès  rouges. —  7,  Grés  de  Postdam  (cambrion  discordant). 

Credner  et  V.  Groddeck,  qui  ont  étudié,  ainsi  que  W.  Irving, 
la  région  du  lac  Supérieur,  y  ont  distingué,  plusieurs  modes 
de  gisement  du  cuivre. 

1°  Filons  de  fracture.  —  Les  filons  de  fractures  exploités 
uniquement  dans  la  presqu'île  de  Keweenaw,  riches  et  puis- 
sants dans  les  mélaphyres  (jusqu'à  10  mètres  de  puissance) 
deviennent  moins  puissants  dans  la  diorite  dure  et  sont  sté- 
riles dans  les  grès;  le  cuivre  y  est  accompagné  d'argent  natif, 
de  quartz  et  de  calcite  (Copperfels). 

2<*  Dépôts  en  couches.  —  Le  cuivre  se  présente  également 
sous  forme  de  ciment  métallifère,  comme  dans  les  conglomé- 
rats fameux  de  la  mine  de  Calumet  and  Hecla,  où  le  cuivre 
métallique  a  remplacé  en  certains  points  de  gros  cailloux 
feldspathiques. 

On  trouve  aussi  le  cuivre  à  l'état  de  grains  formant  le  rem- 
plissage des  amygdales  des  bancs  de  mélaphyres  et  de  dia- 
bases (lac  Portage).  A  la  mine  de  Goncordia,  le  cuivre  se 
présente  dans  des  roches  à  épidote,  sous  forme  de  houppes 
ou  de  grains  et  aussi  quelquefois  en  grosses  masses. 

L'exploitation  est  assez  difficile,  cai^  il  faut  dépecer  les  gros 
blocs  de  minerai,  après  les  avoir  dégagés  à  la  poudre,  des 
roches  encaissantes.  A  Central  Mine,  on  a  extrait  un  bloc  de 
1.000  tonnes,  et  à  Minnesota  Mine  un  bloc  de  800  tonnes  a 


196  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

exigé  dix-huit  mois  de  travail.  On  rencontre  fréquemment  des 
blocs  de  50  à  60  tonnes  ;  on  les  découpe  à  la  tranche,  et  trois 
hommes,  dont  deux  frappeurs,  ne  coupent  dans  un  poste 
qu'une  longueur  de  20  centimètres  sur  30  centimètres  de 
profondeur. 

Pour  débarrasser  les  petits  morceaux  de  leur  gangue  de 
calcite,  on  les  chaufTe  au  rouge  et  on  les  étonne  à  Teau  froide. 

M.  Irving,  qui  a  étudié  tout  particulièrement  ces  gisements, 
donne  les  indications  suivantes  pour  la  recherche  des  gise- 
ments de  cuivre  : 

1°  On  doit  s'attaquer  de  préférence  aux  diabases  altérées 
et  amygdaloïdes  contenant  surtout  de  Tépidole,  de  la  prehnile 
et  de  la  chlorite;  celles' où  l'on  trouve  de  la  laumonite, 
sont  rarement  riches,  et  celles  où  la  calcite  prédomine  sont 
presque  toujours  stériles  ; 

2<*  Parmi  les  grès  et  les  conglomérats,  on  doit  toujoui*s 
s'attacher  aux  bancs  minces  intercalés  au  milieu  des  diabasos. 

Dans  la  région  du  lac  Supérieur,  les  minerais  provenant  des 
mines  de  Sudbury  (Ontario),  deCapelton  et  Ëustis  près  Sher- 
brook  (Québec),  etc.,  sont  fondus  par  la  British  Golombia 
Smelting  et  Refining  G°,  à  Trail-Creek,  et  par  la  Compagnie 
des  Mines  de  Hall.  Les  mattes  de  Trail-Greek  sont  expédiées 
à  Butte  (Montana).  En  4897,  la  Compagnie  des  Mines  de  Hall 
a  fondu  49.314  tonnes  de  minerai  ayant  donné  1.703  tonnes 
de  cuivre,  957.206  onces  d'argent  et  708  onces  d'or  (1  oncc- 
troy  pèse  Sls^lOSS). 

A  Capeltoriy  dans  la  province  de  Québec,  on  a  extrait 
37.000  tonnes  de  pyrites  cuivreuses;  la  mine  Albert,  de  la  iVt- 
choie  C^,  a  atteint  une  profondeur  de  600  mètres;  et  lamine 
EustiSf  une  profondeur  de  690  mètres. 

A  Terre-Neuve,  les  mines  de  Tilt-Cove  oni  extrait,  en  1897, 
70.000  tonnes  de  minerai  (bénéfice,  700.000  francs);  d'autres 
gisements  existent  kBettS'Cove  et  à  Little-Bay, 

La  production  du  cuivre  dans  cette  partie  de  l'Amérique  du 
Nord  a  été  la  suivante,  durant  ces  dernières  années  : 

Canada 
Métal: 

Tonnes  Francs 

En  1894,  3.509,  représentant  une  valeur  de.     ^  698.295 
1897,  6.033  —  —  7.508.300 


J 


MINÉRAUX   EMPLOYÉS   DANS    LA   MÉTALLURGIE         t97 

Colombie  britannique 


Métal  : 


Toones  Francs 

En  189i,     432,  représentant  une  valeur  de.       238.210 
1897,  2.415  —  —  1.131.290 


4<^  Filons  de.  cniYre  gris.  —  Les  filons  de  cuivre  gris  sont 
accompagnés  de  métaux  précieux  et  donnent  la  plupart  du 
temps,  au  début,  de  beaux  résultats  d'exploitation. 

Mais  leurgangue  de  sidérose  est  gênante  pour  la  préparation 
mécanique;  de  plus,  ils  s'appauvrissent  rapidement  en  pro- 
fondeur avec  transformation  du  cuivre  gris  en  chalcopyrite. 
On  parlera,  au  chapitre  de  V Argent ,  des  cuivres  gris  très 
argentifères  comme  ceux  de  la  Bolivie  et  du  Mexique. 

Les  principaux  gisements  de  cuivre  gris  sont  les  suivants  : 

Espagne  (Sierra-Nevada); 

Mexique  ; 

Algérie  (Milianah,  Mouzaïa,  Tenès,  Bou-Amram,   Djebel- 

Teliouïne,  Babor)  ; 
Bosnie  (Prozors,  Kresevo)  ; 
Tyrol  (Brixlegg). 

Sierra-Nevada  (Espagne),  —  On  a  exploité  dans  la  région  voi- 
sine des  grandes  cimes  de  la  Sierra-Nevada,  des  filons  de 
cuivre  gris  très  argentifère,  contenant  1  0/0  d'argent,  qui 
recoupent  des  micaschistes  et  des  schistes  anciens.  Il  y  a  eu 
substitution  de  la  chalcopyrite  peu  argentifère  au  cuivre  gris 
en  profondeur,  ce  qui  a  amené  l'abandon  des  mines.  11 
existe  autour  de  Santa-Felicia  d'autres  gîtes  qui  pourront  être 
exploités  après  l'ouverture  de  la  ligne  de  Grenade  à  Murcie. 
Sur  le  versant  sud  de  la  Sierra-Nevada,  il  existe  encore 
quelques  gisements  généralement  inexploitables,  sauf  ceux 
de  Saint-André,  qui  peuvent  donner  7  0/0  de  cuivre  et 
i50  grammes  d'argent  à  la  tonne. 

Algérie,  —  On  peut  citer  en  Algérie  deux  groupes  de  gise- 
ments de  cuivre  gris  :  celui  du  massif  de  Milianah  (Mouzaîa, 
Tenès)  et  celui  qui  se  trouve  au  sud  de  Bougie  {Bou-AmraWy 


198  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Djebel  Telioutne  et  Babor).  Tous  ces  gites  se  sont  rapidement 
coincés  en  profondeur  ;  ceux  de  Djebel-Teliouïne  ont  seuls 
donné  quelques  résultats. 

Bosnie,  Tyrol,  —  On  a  étudié  des  gisements  de  cuivre  gris 
situés  à  Kresevo  et  à  Prozors  (Bosnie);  on  y  trouve  le  cuivre 
gris  associé  à  du  cinabre,  presque  toujours  en  quantité  insuf- 
fisante pour  que  l'exploitation  soit  possible. 

La  production  y  a  atteint,  en  1894,  270  tonnes,  représentant 
une  valeur  de  337.992  francs;  en  1896,  elle  n'était  plu&que 
de  206  tonnes. 

EnOn  on  traite  à  Tusine  à  cuivre  de  Brixlegg  (Tyrol)  des 
cuivres  gris  antimonieux  à  gangue  barytique,  contenant  du 
mercure,  du  cobalt  et  du  nickel,  et  provenant  de  la  vallée  de 
riJntt^rinn,  qui  se  trouve  à  peu  de  distance  au  sud-ouest 
de  Kleinkogl. 


111.  —  Gîtes  de  départ  ou  de  contact 

Les  principaux  gîtes  de  départ,  c'est-à-dire  formés  au  con- 
tact de  roches  éruptives,  sont  les  suivants  : 

Russie,  Oural  (Tourinsk,  Mednoroudiansk,  Gumechewsk); 
Nassau  ; 

Banat  (Rezbanya,  Orawicksa  et  Morawicza)  ; 
Serbie  (OfTenbanya,  Rodna)  ; 
New-Jersey  ; 

Chili  et  Bolivie  (Gerro  de  Ternaga,  Cerro-Blanco,  Poro- 
tos,  etc.). 

Oural,  —  La  région  de  l'Oural  comprend  plusieurs  gise- 
ments situés  dans  la  partie  montagneuse  et  sur  les  derniers 
contreforts  du  côté  de  la  Sibérie. 

A  Tourinsk  (district  de  Bogoslowsk),  au  nord  de  la  chaîne, 
le  minerai  complexe,  formé  de  pyrite  de  fer  et  de  cuivre, 
de  chalcosine  et  de  phillipsite,  de  cuivre  gris  et  de  miné- 
raux oxydés,  forme  deux  filons  parallèles  de  2  à  6  mètres 
d'épaisseur,  au  contact  de  diorites  et  de  calcaires  apparte- 
nant au   silurien  supérieur.   Les  minéraux  oxydés   titrent 


MINÉRAUX    EMPLOYÉS   DANS   LA    MÉTALLURGIE         199 

de  10  à  15  0/0  de  cuivre;  mais  les  filons  s'appauvrissent  en 
profondeur  et  tiennent,  en  moyenne,  3  0/0  de  cuivre.  La 
gaDgue  est  tantôt  quartzeuse,  tantôt  calcareuse. 

A  Mednoroudiansk  (district  de  Nijni-Taguil),  on  exploite 
activement  des  minerais  oxydés  (malachite,  azurite,  eu- 
prite,  etc.),  situés  dans  des  terrains  du  même  âge  que  ceux 
des  minerais  de  Bogoslowsk. 

A  Gumechewsk  (district  d^Ekaterinenbourg),  près  de  l'usine 
de  Polewsk  et  autour  de  Tusine  de  Kamensk,  on  trouve  des 
gisements  analogues. 

Description  du  gisement  de  Mednoroudiansk.  —  A  Medno- 
roudiansk, des  argiles  fortement  imprégnées  de  malachite, 
d'azurite,  de  cuprite,  de  phosphate  et  de  silicate  de  cuivre, 
remplissent  une  poche  de  plus  de  100  mètres  de  largeur, 
creusée  dans  le  calcaire  silurien. 

La  roche  avoisinante  est  de  couleur  vert  foncé  ;  elle  est 
formée  de  feldspath  décomposé  et  de  chlorite  tenant 
1  à2  0/0  de  cuivre;  c'est  un  produit  de  la  décomposition 
des  syénites  de  la  région.  Au  contact  des  calcaires  corrodés 
et  de  cette  roche,  se  trouve  une  argile  rouge  très  répandue 
dans  le  district  et  qui  contient  le  cuivre. 

On  peut  admettre  que  la  formation  du  minerai  est  due  à 
l'action  d'eaux  acides  sur  un  gîte  contenant  du  fer  magné- 
tique associé  à  de  la  pyrite  de  cuivre  et  à  de  Tapatite.  On 
retrouve,  en  effet,  au  milieu  de  Targile  rouge,  des  fossiles 
du  calcaire,  moins  attaquables  par  les  acides  que  la  masse 
environnante. 

La  teneur  moyenne  du  minerai  est  d'environ  2  à  3  0/0  de 
cuivre,  et  l'extraction  annuelle  atteint  1.200  tonnes  de  cuivre 
environ. 

L'exploitation  est  parvenue  à  une  profondeur  de  200  mètres 
sans  que  la  composition  du  minerai  ait  changé. 

La  production  du  cuivre,  en  Russie,  a  été  au  total 
de  5.419  tonnes  en  1894,  représentant  une  valeur  de 
6.604.000  francs,  et  de  5.416  tonnes  en  1896. 

Nassau,  —  On  trouve  dans  le  Nassau,  au  milieu  de  diabases, 
des  filons  de  chalcopyrite  accompagnée  de  galène  et  de 
blende,  qui  s'appauvrissent  rapidement  en  pénétrant  dans 
les  schistes  et   les  grès  du  dévonien    inférieur.   Les  frais 


200  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

irexploitation  y  sont  évalués  à  30  francs  par  mètre  carré  de 
surface  iilonienne.  La  préparation  mécanique  donne  35  0/0  de 
cuivre,  et  20  0/0  dans  les  cas  de  gangue  quartzeuse. 

Banat  et  Serbie.  —^  Il  existe,  dans  le  Banat  et  la  Serbie, 
une  bande  de  300  kilomètres  de  long  constituée  par  des 
roches  éruptives,  qui,  d'après  Niedzwieski,  sont  des  diorites  ; 
on  y  rencontre  des  amas  métallifères  de  contact,  contenant, 
entre  autres  sulfures,  de  la  pyrite  de  fer,  de  la  chalcopyrite 
et  de  la  blende. 

Les  principaux  districts  miniers  de  ces  régions  sont  ceux 
de  Resbanya,  Morawicza  et  Orawicksûy  dans  le  Banat,  d'Offen- 
banya  et  de  Rodna  dans  le  Siebenburgen. 

New-Jersey,  —  On  trouve  à  New-Jersey,  au  contact  de 
diorites  dans  les  grès  du  trias,  des  minerais  constitués  par 
de  la  phillipsite,  de  la  cuprite  et  de  la  chrysocole  mamelonnée 
avec  du  cuivre  natif. 

Chili  et  Bolivie,  —  Le  Chili  et  la  Bolivie  renferment  une 
quantité  considérable  de  gisements  fournissant  des  minerais 
de  cuivre  riches;  le  Chili,  seul,  compte  cent  cinquante  fon- 
deries de  cuivre  et  d'argent. 

Les  gisements  du  Chili  forment  deux  groupes  distincts  : 
Le  premier  est  situé  dans  le  nord,  près  de  Valparaiso,  sur  la 
Cordillère  de  la  côte.  Les  filons,  qui  sont  situés  au  milieu  de 
roches  éruptives,  contiennent  de  la  pyrite  de  cuivre  plus  ou 
moins  riche  en  or.  La  principale  mine  est  celle  du  Cerro  de 
Tamaya  près  de  Tongoy,  port  situé  au  nord  de  Valparaiso- 
Lv  (ilon  le  plus  important  a  2  ou  3  mètres  de  puissance  ; 
il  est  situé  dans  unediorite,  et  il  contient  de  la  chalcopyrite 
et  du  cuivre  panaché  renfermant  des  parcelles  d'or  métal- 
lique. 

Le  deuxième  groupe  de  gisements,  situé  plus  au  sud,  dans 
le  voisinage  de  la  côte,  se  trouve  à  une  grande  altitude 
dans  des  terrains  secondaires  stratifiés,  en  relation  avec  des 
porphyres  à  augites  (Cerro-Blanco^  Porotos,  etc.).  Le  mine- 
rai est  un  mélange  de  sulfures  de  cuivre,  de  plomb,  de 
zinc  et  d'argent.  L'argent  est  souvent  exploitable.  Le 
cuivre  ne  peut  être  extrait  avec  bénéfice  que  lorsque  sa  teneur 
est  supérieure  à  7  0/0;  les  frais  d'exploitation  sont  aug- 
mentés par  ce  fait,  que,  pour  atteindre  les  minerais  riches,  il 


MLNÉRAUX    EMPLOYÉS  DANS    LA   MÉTALLURGIE         201 

faut  traverser  des  zones  pauvres  de  minerais  mouchetés- 
(rameos),  qu'on  ne  peut  pas  vendre  à  cause  des  frais  de 
transport.  On  a  essayé  de  soumettre  à  une  préparation 
mécanique  les  baldes  de  ces  minerais  pauvres  abandonnés 
sur  le  carreau  des  mines;  les  lavages  mécaniques,  appliqués 
aux  schlamms,  donnent  lieu  à  des  entraînements  qui  occa- 
sionnent d'énormes  pertes  de  minerai,  et  le  manque  d'eau 
empêche  d'employer,  comme  en  Espagne,  la  cémentation,  qui 
serait  la  véritable  solution.  Le  manque  de  moyens  de  trans- 
port et  rinstabilité  des  institutions  politiques  sont  les  deux 
causes  qui  ont  empêché  l'exploitation  du  cuivre  de  prendre 
un  plus  grand  développement  au  Chili,  qui  est  cependant  le 
pays  du  monde  où  le  cuivre  est  le  plus  répandu. 
La  production  du  cuivre  au  Chili  a  été  la  suivante  : 

Cuivre  en  barres  : 

Tonnes  Francs 

En  1894,  19.840,  représentant  une  valeur  de.    21.861.190 
1896,  20.992 

Minerai  exporté  brut  : 

Tonnes  Francs 

En  1894,  11.106,  représentant  une  valeur  de.      2.221.135 
1896.    6.159 


IV.  —  Gisements  sédimentaires 

Les  gisements  de  cuivre  sédimentaires  sont  assez  fré- 
quents, à  cause  de  la  solubilité  des  sels  de  cuivre  et  particu- 
lièrement du  sulfate.  Le  cuivre  entraîné  par  ce  sel  est  faci- 
lement réduit  et  précipité  soit  par  les  matières  organiques, 
soit  par  les  dégagements  hydrocarbures. 

Les  gites  sédimentaires  sont  plus  réguliers  que  les  autres; 
ils  ne  sont  pas  sujets  à  s'appauvrir  subitement,  et  leur  exploi- 
tation se  fait  à  niveau  constant,  sans  approfondissements 
brusques. 

On  rencontre  ces  gisements  dans  la  plupart  des  terrains 
depuis  le  primaire  jusqu'au  tertiaire;  on  passera  en  revue 
ci-dessous  les  plus  connus,  en  suivant  Tordre  chronologique 
de  formation  des  terrains  qui  les  renferment. 


202  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

10  MYOïïien.  —  Allemagne  (Harz).  —  Dans  le  bas  Harz 
(Rammelsberg)  on  exploite  de  la  pyrite  de  fer  cuivreuse  d*âge 
dévonien. 

Description  du  gisement  de  Rammelsberg.  —  Sur  le  flanc  de 
la  montagne  de  Rammelsberg,  au  sud  de  Goslar  (Harz), 
affleure  une  couche  do  pyrite  de  fer  cuivreuse,  située  au 
milieu  des  couches  dévoniennes  renversées. 

La  puissance  de  cette  couche  est  de  15  mètres  en  moyenne 
avec  quelques  renflements. 

Bien  que  l'exploitation  remonte  à  dix  siècles,  on  n'a  pas 
encore  dépassé  la  profondeur  de  300  mètres. 

Les  raisons  qui  font  ranger  ce  gîte  parmi  les  gîtes  sédi- 
mentaires  sont  les  suivantes  :  Les  traces  de  stratification  sont 
très  nettes  dans  la  pyrite  et  en  concordance  avec  celles  des 
schistes  avoisinants;  de  plus,  le  toit  actuel,  qui  se  trouvait 
sous  le  gîte  avant  le  renversement,  est  imprégné  de  matières 
cuivreuses  jusqu'à  une  certaine  profondeur,  tandis  que  le 
mur  est  tout  à  fait  stérile. 

On  peut  supposer  que  des  eaux  sulfureuses  se  sont  fait 
jour  au  fond  d'un  golfe  et  y  ont  aggloméré  de  fines  pous- 
sières de  sulfures  ;  le  renversement  a  été  produit  par  des 
plissements  postérieurs  à  la  consolidation  des  terrains. 

La  production  totale  du  cuivre  en  Allemagne  a  été  la  sui- 
vante : 

Minerai  : 

Tonnes  Francs 

En  189i,  588.195,  représentant  une  valeur  de.    20.300.195 
1897,  700.619  —  —  23.762.860 

Mattes  : 

Tonnes  Francs 

En  1891,         676,  représentant  une  valeur  de.  131.605 

1897,         31.Ï  —  —  71.900 

Métal  : 

Tonnes  Francs 

En   1894,    23.722,  représentant  une  valeur  de.    27.337.770 
1897,     29.i08  —  -  37.726.880 

2^  Permien.  —  Ritssie,  Bohême,  —  Les  grès  cuprifères  de 
Pcrm  et  de  la  Bohême  septentrionale  contiennent  de  Toxyde 


MINÉRAUX   EMPLOYÉS    DANS   LA    MÉTALLURGIE         203 

de  cuivre  ;  ils  appartiennent  à  l'assise  permienne  appelée 
Rothliegende,  ou  grès  rouge. 

Bolivie,  —  A  Corocoro  (Bolivie),  la  même  assise  renferme 
du  cuivre  natif. 

3<»  Zeichstein.  —  Allemagne  (Mansfeld,  Westphalie,  Hesse).— 
Dans  les  schistes  du  Mansfeldy  de  la  Westphalie  et  de  la 
Hesse,  on  trouve  du  sulfure  de  cuivre  appartenant  au  zeichs- 
tein. 

France.  —  En  France,  dans  les  Alpes-Maritimes ^  on  a 
exploité  des  sulfures  de  cuivre  provenant  du  même  niveau. 

40  Gros  bigarrés.  —  Prusse  rhénane.  —  A  Saint-Avold  et  à 
Mitschemickj  le  minerai  est  un  grès  bigarré  qui  fournit  de  la 
galène  associée  à  de  Toxyde  de  cuivre. 

5*  Tertiaire.  —  Caucase. —  Dans  le  Caucase,  à  Akhtala  et  à 
Allahverdij  le  sulfure  de  cuivre,  qui  se  trouve  en  couches 
dans  le  terrain  tertiaire,  paraît  cependant  être  en  rapport 
avec  les  roches  éruptives,  si  fréquentes  dans  cette  période 
géologique. 

On  peut  citer  encore,  en  Russie,  les  gisements  de  Redabey 
et  de  Kalakentf  d'âge  incertain,  qui  se  trouvent  au  contact  de 
roches  éruptives;  ils  sont  situés  à  60  kilomètres  au  sud- 
ouest  d'Elisabethpol  et  à  45  kilomètres  de  la  station  de  Dalliar 
sur  le  Transcaucasien.  Pour  obtenir  la  force  motrice  néces- 
saire aux  usines  de  préparation  mécanique,  on  a  établi  une 
pipe-line  par  où  arrive  le  naphte  liquide  du  Caucase  que  Ton 
emploie  comme  combustible,  concurremment  avec  Tanthra- 
cite  du  Donetz,  le  bois  et  le  charbon  de  bois.  La  tonne 
métrique  de  naphte,  refoulée  dans  des  tuyaux  en  acier  par 
deux  stations  munies  de  pompes  Worthington,  revient  à 
22  fr.  20;  Tanthracite  sur  wagon  à  Redabeg  revenait  à 
39  francs  la  tonne  en  1898;  le  charbon  de  bois  revient  à 
24  fr.  40;  et  le  bois  à  8  fr.  85. 

Le  minerai  se  compose  de  pyrite  de  fer,  de  cuivre  et  de 
blende;  on  le  trouve  dans  des  quartz  trachytiques  qui 
recoupent  des  diorites;  la  blende  et  le  sulfate  de  baryte 
qui  l'accompagnent  rendent  son  traitement  difficile  (pour  le 
détail  du  traitement,  voir  le  Minerai  Industry  de  1898, 
pages  248  et  249).  On  a  fondu,  en  1897,  36.855  tonnes  de 
minerai;   Tusine  de  traitement  électrolytique  de  Kalakent 


204  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

l>eut  produire  environ  500  tonnes  de  cuivre  électrolytique 
par  an. 

Gisement  tertiaire  du  Boléo,  —  Au  Boléo,  dans  la  basse  Cali- 
fornie (Mexique),  le  cuivre  appartient  au  terrain  tertiaire; 
on  l'y  trouve  à  Tétat  d'oolithes  d'oxyde  et  de  carbonate 
appelés  boléos  et  contenant  de  25  à  40  0/0  de  cuivre. 

La  Compagnie  française  du  Boléo  a  produit,  en  1897, 
172.330  tonnes  de  minerais,  tenant  de  5  à  li  0/0 de  cuivre;  ses 
7  fourneaux  ont  passé  170.965  tonnes  ayant  donné  9.986  tonnes 
de  mattes  et  3.612  tonnes  de  cuivre  noir,  ce  qui  corres- 
pond à  10.330  tonnes  de  cuivre  pur. 

V.  —  Schistes  bitumineux  cuprifères 

Mansfeld  {Saxe  prussienne).  —  L'exploitation  des  gisements 
du  Mansfeld  remonte  au  xiii*  siècle.  Ce  gîte  permotriasique 
occupe  les  versants  sud  et  sud-est  du  Harz.  L'assise  qui  con- 
tient le  cuivre  est  située  à  la  base  du  zechstein,  très  bien 
développé  dans  le  Mansfeld  (schistes  cuivreux  et  calcaires). 

Lu  couche  de  schistes  cuivreux  a  0",50  de  puissance.  Le 
minerai,  formé  de  pyrite  cuivreuse,  de  cuivre  panaché  et 
de  cuivre  gris,  est  disséminé  en  Qnes  parcelles  qui  tranchent 
en  jaune  d'or,  en  violet  rouge  ou  en  gris  sur  la  couleur  noire 
des  schistes  ;  la  partie  inférieure,  sur  une  hauteur  de  10  centi- 
mètres environ,  est  celle  qui  contient  le  plus  de  poussière  de 
minerai  appelée  «  speise  »  par  les  mineui*s.  La  teneur  moyenne 
en  cuivre  est  de  2,5  0/0,  et  si  l'exploitation  est  rémunératrice, 
c'est  grdce  à  la  proportion  d'argent  contenue  dans  le  minerai, 
qui  atteint  5  kilogrammes  par  tonne  de  cuivre. 

On  a  extrait  en  1896,  au  Mansfeld,  650.985  tonnes  de  minerai 
ayant  coûté  en  moyenne  31  fr.  25  la  tonne.  Dans  le  district 
de  Gluckauf,  le  prix  de  revient  descend  à  14  fr.  80;  mais  il 
atteint  45  fr.  50  dans  le  district  de  Schafbreiter,  Les  quatre 
usines  de  fusion  de  cette  région  ont  traité  642.738  tonnes 
de  minerai  en  1897.  Leur  consistance  est  la  suivante  : 

i^  Kochhùtte,  4  à  5  fours  à  4  tuyères  (109  tonnes  par  jour)  ; 
2^  Krughfitte,  3  à  4  fours  à  6  tuyères  (156  tonnes  par  jour); 


MINÉRAUX    EMPLOYÉS    DANS    LA    MÉTALLURGIE         205 

3*>  Eckhardshatte,  4  à  5  fours  à  3  tuyères  (93S4  par  jour)  ; 

4<>  Kupferkammerhutte,  2  &  3  fours  à  6  tuyères  (139^3  par 
jour). 

Les  642.738  tonnes  de  minerai  ont  fourni  50.000  tonnes 
de  mattes,  soit  78  kilogrammes  par  tonne  de  minerai.  On  a 
tiré  par  tonne  de  minerai  32  kilogrammes  de  cuivre  <H 
179  grammes  d'argent.  La  dépense  de  comhustible  a  été  de 
359  kilogrammes  par  tonne  de  minerai  traité. 

On  grille  le  minerai  dans  des  fours  à  cuve,  et  les  gaz  servent 
pour  la  fabrication  de  Tacide  sulfurique  (50  à  66<*  B.).  La  matle 
grillée  est  ensuite  fondue  dans  des  fours  à  réverbère  (spu- 
rofen).  En  1896,  on  a  passé  dans  ces  fours  47.696  tonnes  de 
matte  grillée,  1.228  tonnes  de  minerai  cru,  1.268  tonnes  de 
minerai  sableux,  qui  ont  produit  23.762  tonnes  de  matte 
seconde  (spurstein)  et  748  tonnes  de  copper-bottoms.  Le  spur. 
stein  contenait  par  tonne  739  à  773  kilogrammes  de  cuivre 
et  7''ff,885  d'argent.  On  grille  le  spurstein  et  on  le  traite  par 
le  procédé  Ziervogel. 

Les  résidus  de  désargentation  contenaient,  en  1896,  23^^9 
d'argent  par  quintal  de  cuivre.  Ces  résidus,  tenant  74  0/0  de 
cuivre,  ont  été  réduits  et  raffinés  à  CiOttesbelohnungshûtte 
et  à  Saigerhûtte.  Les  copper-bottoms  ont  été  traités  par 
rélectrolyse  à  Oberhutte. 

Prix  dn  enivre.  —  Le  prix  du  cuivre  aune  répercussion  con- 
sidérable sur  un  grand  nombre  d'industries,  qui  travaillent 
ce  métal  ou  emploient  des  appareils  en  cuivre.  Aussi  ro 
prix  est-il  rendu  très  variable  depuis  une  vingtaine  d'années 
surtout,  par  des  tentatives  de  spéculation  et  d'accaparement. 
Le  prix  du  cuivre,  qui  variait  entre  2.000  et  2.300  francs  la 
tonne  en  1870,  n'était  plus  que  de  1.000  à  1.100  francs  en 
1886-1887.  Alors  se  produisit  une  hausse  considérable  causée 
par  la  spéculation  et,  en  queUjues  mois,  les  anciens  cours  de 
1870  furent  de  nouveau  atteints  et  se  maintinrent  pendant 
toute  l'année  1888.  La  baisse  subite  qui  se  produisit  en  Jan- 
vier 1889  les  ramena  bientôt  aux  environs  de  1.200  francs.  — 
On  assiste,  depuis  Tannée  1898,  à  une  nouvelle  hausse  due 
à  Faugmentation  considérable  de  la  consommation  du  métal 
et  à  l'action  des  spéculateurs;  le  prix  de  2.000  francs  a  été  d<^ 
nouveau  atteint  (1.850  francs  à  la  fin  de  Tannée  1899).  Mais 


206  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

les  hausses  sont  forcément  limitées  par  les  réouvertures  de 
mines  moins  riches,  qui  se  produisent  chaque  fois  que  le 
métal  atteint  des  cours  permettant  &  ces  mines  d'exploiter 
avec  bénéfices.  Les  deux  principaux  marchés  du  cuivre  sont 
New- York  et  Londres. 

Production  du  cuivre  dans  le  monde  entier.  —  La  pro- 
duction du  cuivre  dans  les  diverses  parties  du  monde  a 
été  la  suivante  en  1897  : 

Tonnes. 

Europe 84.215 

Asie 23.368 

Afrique 7 .  590 

Amérique 279.013 

Océanie 18.491 

Total 412.677 

i^eprésentant  une  valeur  d'environ  700.000.000  de  francs. 

BIBU06RAPHIE  DU  CUIVRE 

1873.  Dcshayes,  Gisement  de  cuivre  de  CharHery  près  la  Prugtie 
{Bulletin  de  la  Société  géologique^  3*  série,  t.  I,  p.  50i). 

1873.  Tchoupin,  Journal  des  Mines^  t.  II,  p.  88  et  318  {Cuivre  de 
VOural). 

187i.  Jannetaz,  Minerai  de  cuivre  de  la  Nouvelle-Calédonie  {Bulle- 
tin de  la  Société  géologique,  3*  série,  t.  111,  p    54). 

1877.  Boulangier,  Un  gîte  de  cuivre  en  Auvergne  (Agnat  et  Azerat) 
{Industrie  minérale^  12  juillet). 

1877.  Henry,  Gîtes  de  cuivre  gris  {Industne  minérale^  14  juillet). 

1879.  Czyszkowski,  Explication  sur  les  gîtes  récemment  découverts 
au  sud  de  Bougie  {Industrie  minérale^  t.  III,  4*  livraison). 

1879.  Dieuldfait.  Diffusion  du  cuivre  dans  les  roches  pnmordiales 
et  les  dépôts  sédimentaires  qui  en  procèdent  {Comptes  Rendus, 
t.  LXXXIX,  p.  453). 

1881.  Willimot,    Sur  quelques  mines  de  la  province  de  Québec 

{Commission  de  géologie  et  d'histoire  naturelle  du  Canada). 

1882.  Fuchs,  Note  sur  les  gisements  de  cuivre  du  Boléo  {Association 

française  pour  V avancement  des  sciences ^  t.  XIV,  page  410, 
Grenoble). 

>  Les  titres  d'ouvrages  antérieurs  è  1870  ont  été  supprimés  dans 
cette  liste  déjà  si  longue.  On  pourra  en  retrouver  quelques-uns 
dans  le  Traité  des  Gîtes  minéraux  de  Fuchs  et  Delaunay  (chez 
Béranger). 


MINÉRAUX   EMPLOYÉS   DANS   LA    MÉTALLURGIE        207 

i883.  Firket,    Découverte    de    la    chalcopyrite   à    Mood-Fontaine 

(Rahier).  ln-8'.  Extrait  des  Annales  de  la  Société  géologique 

de  Belgique. 
1883.  Bero,  Zinc  et  Cuivre  aux  Etats-Unis  {Cuyper,  t.  11,  p.  129). 
1881.  Le  Cuivre  au  Japon  {Annales  des  Mines,  p.  531). 
1881.  Deumié,  Sur  les  gisements  de  pyrite  cuivreuse  de  la  province 

d'Huelva  {Industrie  minérale). 
1881.  Babu,     Note     sur    le    Rammelsberg    {Annales    des    Mines 

d'octobre). 
1888.  Cumenge  et  de  la  BongUse,  Rapport  sur  la  mine  de  Calumet 

and  Hecla. 

1888.  Olivier,  Mines  de  cuivre  de  Charrier  {Revue  du  Bourbonnais). 

1889.  B.  Lotti   (traduit  par  A.  Cocheteux),  la  Genèse  des  gisements 

cuprifères  des  dépôts  ophiolithiques  tertiaires  de  Vltalie 
{Bulletin  de  la  Société  géologique  de  Belgique,  Mémoires, 
Bruxelles). 

1889.  DeLaunay,  Imlitstrie  du  cuivre  dans  la  région  d'Huelva. 
{Annales  des  mines,  novembre  avec  bibliographie  détaillée). 

1892.  Les  mines  de  cuivi'e  dAshio,  au  Japon  {Bulletin  des  Annales 
des  Mines,  9*  série,  t.  I,  p.  385). 

1892.  Dorion,  Cuivre  du  cercle  d'Ain-Sefra  (Sud  oranais).  Impri- 
merie Schiller. 

1892.  Leproux,  Gisements  minéraux  du  Caucase  {Annales  des 
Mines,  9*  série,  t.  Il,  p.  510). 

1892.  CVallier,  le  Chili  minier,  métallurgique  et  industnel  {Mémoires 
de  la  Société  des  Ingénieurs  civils  de  France). 

1894.  Weiss,  Origines,  gisements  et  propriétés  du  cMt»re  (Baillère, 

à  Paris). 

1895.  A.  Lacroix,  Sur  quelques  minéraux   des  mines  de  Boléo  en 

Californie  {Bulletin  du  Muséum  d'Histoire  naturelle). 
1891.  Gérard-Lavergne,    VIndustrie  du   cuivre  en    Russie   {Génie 

civil,  t.  XXXI,  p.  103). 
1891.  Couharevitch,  Elude  sur  Vindustrie  du  cuivre  en    Russie 

{Revue  universelle  des  Mines,    3*  série,  t.   XXXIX,  p.  22 

et  144). 
1898.  Ballivian,  El  cobre  en  Bolivia  (La  Paz). 


208  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


LE  PLOMB  ET  SES  MINERAIS 


Propriétés  physiqnM.  —  Le  plomb  est  un  métal  gris 
bleuâtre  d'un  éclat  métallique  prononcé;  très  mou,  il  se  raie 
àTongleetlaisse  une  trace  grise  sur  le  papier.  Densité  :  il, 37, 
très  peu  modifîée  par  le  laminage  et  le  martelage.  Le  plomb 
fond  entre  330  et  335^  et  émet  des  vapeurs  sensibles  au 
rouge;  il  peut  être  distillé  au-dessus  de  i.OOO*.  Malléable, 
ductile,  possédant  une  ténacité  faible  et  une  élasticité  nulle, 
il  est  mauvais  conducteur  de  la  chaleur  et  de  Télectricité. 

Propriétés  chimiqaes.  -  Inattaquable  à  Tacide  sulfurique, 
il  a  Tinconvénient  de  former  des  composés  toxiques  au  con- 
tact de  Teau  et  de  certains  acides. 

Usages.  —  Le  plomb  s'emploie  pur  ou  à  Tétat  d  alliage. 
Pur  et  laminé  en  feuilles,  il  sert  à  couvrir  des  édifices,  à 
doubler  des  cuves  ou  des  réservoirs.  Dans  la  fabrication  de 
Tacide  sulfurique,  c'est  à  l'intérieur  de  chambres  ditos 
chambres  de  plomb,  que  s'opère  la  transformation  de  l'acide 
sulfureux  eu  acide  sulfurique.  Transformé  en  tuyaux,  lo 
plomb  sert  pour  les  conduites  d'eau  et  de  gaz;  il  sert  aussi 
à  la  fabrication  des  balles  et  du  plomb  de  chasse  (avec  un  ou 
deux  millièmes  d^arsenic). 

Alliages.  —  On  emploie,  pour  la  fonte  des  caractères  d'im- 
primerie, un  alliage  contenant  80  0,0  de  plomb  et  20  0  0 
d'antimoine. 

Les  planches  à  graver  la  musique  (!ontiennent  de  70  à 
75  0/0  de  plomb,  5  0/0  d'étain  et  de  20  à  25  0/0  d'antimoine. 
L'alliage  que  Ton  emploie  pour  le  clichage  renferme 
31,25  0/0  de  plomb,  18,75  0/0  d'étain  et  50  0/0  de  bismuth. 

Parmi  les  alliages  de  plomb,  on  peut  citer  encore  :  celui  des 
cuillers  et  des  flambeaux,  qui  contient  20  0/0  de  plomb  et 
80  0/0  d'étain  ;  le  métal  d'Alger,  renformunt  26  0/0  de  plomb, 
69,5  0/0  d'étain  et  4,5  0/0  d'antimoine;  et  le  métal  blanc, qui 
contient  une  proportion  de  plomb  variant  de  trois  à  quatre 


MINÉRAUX   EMPLOYÉS   DANS   LA   MÉTALLURGIE         209 

parties,  pour  seize  parties  d'étain  et  trois  &  neuf  parties 
de  zinc. 

Soudures.  —  La  soudure  des  plombiers  est  composée  de 
33  0/0  d'étain  et  de  66  0/0  de  plomb.  Celle  des  ferblantiers 
comprend  50  0/0  d'étain  et  50  0/0  de  plomb. 

Alliages  fusibles.  —  L*alliage  fusible  de  Darcet,  qui  fond  à 
94<*,  contient  cinq  parties  de  plomb  pour  trois  d'étain  et 
huit  de  bismuth.  L'alliage  de  Wood,  fusible  entre  66  et 
74%  contient  deux  parties  de  plomb,  quatre  d'étain,  une 
de  cadmium  et  sept  à  huit  de  bismuth.  On  obtient  un  alliage 
fusible  à  53<',  en  mélangeant  neuf  parties  d'alliage  de 
Darcet  à  une  pailie  de  mercure.  Les  alliages  fusibles  qui 
servent  pour  les  générateurs  de  .vapeur  (plombs  de  sûreté) 
contiennent  huit  parties  de  bismuth  mélangées  à  des  pro- 
portions de  plomb  qui  varient  de  cinq  à  trente-deux  parties, 
et  à  une  proportion  d'étain  assez  variable. 

Oxydes.  —  Le  plomb  forme  des  oxydes  dont  la  plupart 
sont  utilisés  dans  Tindustrie;  les  principaux  sont  : 

Le  protoxyde  de  plomb  ou  litharge,  qui  sert  ù  préparer 
Tacétate  de  plomb  employé  dans  la  fabrication  de  la  céruse. 
Ce  protoxyde  entre  aussi  dans  la  préparation  de  certaines 
peintures  jaunes;  il  rend  siccative  Thuile  de  lin.  Voxyde 
salin  ou  minium,  entrant  dans  la  composition  du  cristal,  du 
fllnt-glass  et  du  strass  auxquels  il  donne  leur  pouvoir  réfrin- 
gent et  leur  fusibilité,  sert  à  la  préparation  de  peintures 
pour  la  protection  de  certains  métaux  contre  Toxydation  ; 
on  remploie  pour  la  couverte  des  faïences  et  des  poteries  ; 
enOn  il  entre,  mélangé  à  la  céruse,  dans  la  composition  d'un 
mastic  destiné  à  luter  les  joints  des  machines  à  vapeur. 

Snlhire  de  plomb.  —  Le  sulfure  appelé  galène  sert  à  for- 
mer le  vernis  des  poteries  grossières,  en  se  transformant 
pendant  leur  cuisson  en  un  silicate  fusible  ;  mais  le  vinaigre 
et  divers  aliments  acides  attaquent  ce  vernis  plombeux;  il 
peut  en  résulter  de  graves  accidents  d'intoxication. 

Chlorure  de  plomb.  —  Le  chlorure  donne  au  contact  de 
Tair  des  oxychlorures,  tels  que  le  jaune  de  Cassel^  le  jaune  de 
Turner  et  le  jaune  minéral,  employas  en  peinture. 

Carbonate  de  plomb  ou  cémse.  —  Le  carbonate,  très  em- 
ployé en  peinture,  donne  une  couleur  d'un  beau  blanc,  cou- 

OÉOLOOIE.  ii 


212  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

péan,  non  loin  de  Rennes,  on  rencontre  un  filon  puissant  tra- 
versant les  schistes  anciens,  qui  fournit  de  la  galène  et  de  la 
blende  argentifères,  ainsi  que  delà  pyrite  intimement  mélan- 
gées. On  observe  à  Pontpéan  trois  colonnes  d'épaisseurs 
irrégulières,  dont  deux  paraissent  se  réunir  en  profondeur» 
La  puissance  réduite  du  filon  est  de  4  à  6  centimètres 
environ. 

Le  gîte  qui  est  en  relation  avec  une  diorite  tranformée,  en 
maints  endroits,  en  tuf,  est  recoupé  par  deux  failles  argi- 
leuses. Il  y  a  eu  réouverture  stérile  du  filon,  et  les  épontes 
ont  été  fortement  dérangées;  on  a  trouvé  le  schiste  du  toit 
rejeté  au  mur,  à  une  profondeur  de  160  mètres. 

L'exploitation  de  cette  mine  est  très  difficile,  tant  à  cause 
des  venues  d'eau  considérables  qu'on  y  rencontre,  qu'à  cause 
de  la  diminution  de  la  teneur  en  argent  en  profondeur.  La 
marche  des  travaux  dépend  essentiellement  du  prix  des 
métaux  et  du  mode  de  préparation,  qu'on  a  dû  changer  pour 
réduire  les  pertes  en  plomb  et  en  argent.  La  mine  occupait, 
en  1895,  un  millier  d'ouvriers  et  produisait  18.500  tonnes 
de  minerais,  dont  15.000  tonnes  de  galène  argentifère, 
2.400  tonnes  de  blende  et  l.iOO  tonnes  de  pyrite  argentifère, 
sans  compter  12.000  tonnes  de  schlamms  argentifères,  aban- 
données  à  cause  du  cours    trop  bas  des  métaux. 

Pontgihaud  {Puy-de-Dôme),  —A  Pontgibaud  on  exploite  des 
filons  de  galène  postérieurs  au  carbonifère,  contenant  de  la 
blende,  de  la  pyrite  et  du  cuivre  gris,  avec  adjonction  de  quartz, 
de  baryte  et  de  fluorine.  Ces  filons  recoupent  les  granités. 
—  kla  Brousse,  qui  est  la  principale  mine,  la  fracture  située 
au  milieu  des  gneiss,  a  une  ouverture  de  14  mètres;  le 
filon  est  unique  avec  de  très  faibles  bifurcations;  les  parties 
riches  se  présentent  sous  forme  de  colonnes  séparées  par 
dos  zones  stériles.  Au-dessous  de  200  mètres,  le  filon  s'amin- 
cit et  s'appauvrit  en  argent  en  même  temps  que  rincli- 
naison  passe  de  80<>  à  50°. 

En  1895,  la  mine  de  Pontgibaud  occupait  306  ouvriers» 
dont  188  au  fond  et  118  à  la  surface.  La  production  était 
de  1.750  tonnes  de  plomb  argentifère. 

Vialds  {Lozère),  —  Le  champ  de  filons  de  Vialas  est  aujour- 
d'hui sans  intérêt  industriel  ;  mais   il  est  très  intéressant  aa 


MINÉRAUX    EMPLOVfiS   DANS    LA    MÉTAI.LDRGIE         S13 


«s   ~ 

i'  ~ 

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iii 


214  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

point  de  vue  théorique.  Les  filons  de  galène  argentifère  accom- 
pagnée de  pyrite,  de  chalcopyrite  et  de  blende,  recoupent 
des  micaschistes  et  des  granités;  la  gangue  est  tantôt  de  la 
barytine  ou  de  la  calcite,  et  tantôt  du  quartz. 

Rivot  a  distingué  à  Vialas  neuf  systèmes  de  fractures  qui 
indiquent  que  la  succession  des  venues  est  la  suivante: 
galène  pauvre  avec  quartz,  galène  avec  calcite,  galène  avec 
barytine,  galène  argentifère. 

La  mine  de  Vialas,  qui  appartient  à  laSociété  de  Mokta-el- 
Hadid,  est  inexploitée. 

Huelgoat  et  Poullaouen  {Finistère).  —  A  Huelgoat  et  à  Poul- 
laouen,  Tabondance  des  venues  d'eau  a  interrompu  Texploi'» 
tation. 

Le  grand  filon  de  Huelgoat  recoupe  des  schistes  dévoniens, 
des  microgranulites  et  des  grauwackes  siluriennes.  Gomme 
dans  le  Cornwall,  les  parties  les  plus  riches  se  rapprochent  de 
l'inclinaison  maxima;  elles  sont  en  général  intercalées  dans 
des  roches  dures. 

Le  filon  de  Poullaouen  est  mal  défini;  il  recoupe  les 
schistes  et  les  grauwackes. 

Le  minerai  dominant  est  la  galène  argentifère  avec  blende 
et  pyrite;  mais  on  a  trouvé, à  Huelgoat,  des  minerais  rares, des 
bromures,  iodures  et  chlorures  d'argent  et  même  de  Targent 
natif. 

On  trouve,  en  France,  quelques  autres  gisements  plombi* 
fères  pour  la  plupart  inexploités  ;  tels  sont  ceux  de  Notre^ 
Dame-de- Laval  et  de  Rouvergue  dans  le  Plateau  Central,  au 
nord  de  la  Grand'Combe,  de  Buech  et  de  PradaJ,  de  Mar- 
vejolSj  dans  la  Lozère,  à'Aurouze  (Haute-Loire).  Le  gisement 
de  Matines  (Gard),  surtout  exploité  pour  zinc,  n'a  fourni, 
en  1895,  que  930  tonnes  de  plomb  argentifère.  Des  filons 
plombifères  ont  été  autrefois  exploités  à  CAa6rt^nao(Gorrèze) 
et  à  Chitry-leS'Mines  (Morvan). 

On  peut  citer  encore  les  gisements  de  SeiXy  du  Pouech  et 
d'Auliis  (Ariège),  de  la  Châtre  (Indre),  d'Arguts  (Haute- 
Garonne),  de  Pesey  et  de  Macot  (Savoie),  de  Caieuzana,  de  Pic- 
tralba  et  de  Patemo,  près  de  Bastia  (Corse).  La  production 
totale  du  plomb  en  France  a  été  de  9.000  tonnes  en  1897. 

Gisements  de  la  Tunisie,  —  On  trouve,  en  Tunisie,  quelques 


MINÉRAUX   EMPLOYÉS    DANS    LA    MÉTALLURGIE        215 

gisements  de  plomb  dans  des  calcaires  nummulitiques 
(tertiaire),  notamment  au  Djebel  Reças,  à  quelques  kilomètres 
de  Tunis. 

Gisementsde P Allemagne.  --On rencontre,  en  Allemagne,  de 
nombreux  gisements  de  plomb  ;  mais  les  plus  importants  sont 
ceux  de  la  Silésie,  dont  il  sera  parlé  au  chapitre  du  Zinc,  et 
surtout  les  champs  de  ûlons  complexes  du  Harz  et  de  la 
Saxe,  qui  sont  décrits  ci-dessous. 

Parmi  les  autres  gisements  de  galène  d'Allemagne  on  doit 
signaler  ceux  des  Vosges  :  Markich  (gneiss),  Saint-Nicolas 
(dévonien)  ;  ceux  du  nord  de  TAlsace  :  Lembach,  Windstein, 
Katzenthal;  ceux  du  Palatinat  :  Schônau,  Bundenthal,  Erlen-- 
bach:  ceux  de  la  Forêt-Noire  et  du  duché  de  Bade  :  Hofen, 
Kirchhatisen,  Henbronn,  Saint-Ulrichf  Zâhringen,  Neuweier  et 
Gârwikl.  Les  principaux  filons  de  plomb  exploités  se  trouvent 
sur  le  Rhin,  entre  Goblentz  et  Bingen,  et  sur  la  Lahn.  On 
rencontre  dans  le  Nassau  de  nombreux  filons  de  quartz,  de 
blende  et  de  galène  recoupant  des  schistes  {Ems,  Holzappel, 
Obemhoff), 

Une  suite  de  filons  plombifères  se  développe  entre  Namur 
et  Aix-la-Chapelle  {Corphalie,  ^ngis,  Moresnet,  Altenberg, 
Bleiberg)  ;  mais  la  plupart  sont  surtout  exploités  pour  cala- 
mine (voir  le  chapitre  du  Zinc), 

On  doit  cependant  noter  qu'à  Bleiberg  (Belgique)  des  filons 
de  blende  et  de  galène  recoupent  le  terrain  houiller  et  le  cal- 
caire carbonifère.  Ces  gisements  ont  une  allure  très  irrégu- 
lière et,  de  plus,  leur  exploitation  est  gênée  par  des  venues 
d'eau  d'une  abondance  considérable. 

11  est  intéressant  d'étudier  particulièrement  les  régions  du 
Harz  et  de  la  Saxe  qui  sont,  avec  celles  de  Przibram,  de  Joa- 
chimstall  et  de  la  Bohême,  les  types  classiques  des  champs 
de  filons  et  des  champs  de  fractures  complexes. 

Harz,  — Le  plateau  du  Harz  est  composé  en  majeure  partie 
de  terrains  anciens  ;  il  comprend  deux  bassins  :  TOberharz 
et  rUnterharz,  et  trois  grands  gisements  :  le  Rammelsberg, 
décrit  plus  haut  comme  gîte  sédimentaire  de  cuivre,  Glausthal 
et  Saint-Andreasberg  (Oberharz). 

A  Saint-Andreasberg,  le  champ  de  fractures  est  situé  dans 
les  schistes  et  les  grauwackes  siluriens.  On  y  distingue  des 


216  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

filons  de  minerais  d'argent,  de  fer  et  de  cuivre,  et  des  failles 
stériles,  ou  rti5c/i€te,  remplies  de  schistes  et  d'argile,  ayant  jus- 
qu'à 60  mètres  de  puissance.  Les  filons  sont  concentrés  dans 
une  zone  à  peu  près  elliptique,  limitée  au  nord  et  au  sud  par 
deux  puissants  ruschels  (Neufangen  et  Edelleuter  ruschels). 
11  existe  deux  systèmes  principaux  de  filons  argentifères 
recoupés  et  déviés  par  des  ruschels. 

On  trouve  àSaint-Àndreasberg,  dans  une  gangue  de  calcite, 
de  la  galène,  de  la  blende,  de  Tarsenic  natif,  des  arséniures 
et  des  antimoniures  d'argent. 

A  Clausthal  on  distingue  environ  dix  faisceaux  (gangzûge) 
de  fissures  enchevêtrées,  recoupant  le  dévonien  et  le  culm, 
mais  ne  pénétrant  jamais  dans  le  permien.  Des  rejets  très 
accentués  mettent,  en  certains  endroits,  le  culm  au  toit  et  le 
dévonien  au  mur.  On  connaît  trois  principaux  systèmes  de 
filons  :  celui  de  TEst  H^a  (Hora  =  12),  le  faisceau  moyen  H^  et  le 
faisceau  du  Sud  H7;  chacun  d'eux  comprend  un  filon  prin- 
cipal (hauptgang)  atteignant  jusqu'à  20  mètres  de  puis- 
sance, avec  dos  ramifications  secondaires. 

Les  filons,  en  général  fortement  inclinés,  sont  remplis  de 
{jangtonschiefcTy  roche  noire,,  schisteuse  et  tendre,  contenant 
les  imprégnations  et  les  veines  de  minerais  (galène  argen- 
tifère, blende,  chalcopyrite). 

Les  minerais  divers  sont  l'objet  de  traitements  très  perfec- 
tionnés dans  des  usines  appartenant  pour  la  plupart  à  l'Étal 
(Glauslhal,  Allenau,  Lautenthal  dans  TOberharz). 

La  production  du  Harz  supérieur  en  plomb  et  litharge  a 
été  do  iO.OOO  tonnes  en  1896;  celle  du  Harz  inférieur  n'a 
atteint  que  5.000  tonnes. 

Saxe.  —  La  région  montagneuse  qui  s'étend  autour  de 
Freiberg  (Erzgebirge)  comprend  près  de  deux  mille  filons, 
répartis  en  plusieurs  groupes  recoupant  les  gneiss  et  corres- 
pondant à  des  venues  métallifères  successives.  Les  sources 
thermales,  très  abondantes  dans  cette  région,  ont  joué  un 
rôle  très  important  dans  sa  minéralisation.  On  distingue 
en  Saxe,  plusieurs  séries  de  filons  qui  seront  examinées 
successivement  : 

1<*  Filons  sulfurés  anciens  (champs  de  fractures  de  Freiberg 
et  de  Marienberg)  ; 


MINÉRAUX    EMPLOYÉS   DANS    LA    MÉTALLURGIE        217 

2^   Filons    à    remplissage    de    barytine    et    de    fluorine 
.(Annaberg); 
•  3^  Filons  à  remplissage  sulfuré  récent  (Scbneeberg)  ; 
4*  Filous  d'étain  (Voir  chapitre  ultérieur.) 

1©  Freiberg.  —  La  région  de  Freiberg  est  constituée  par  des 
gneiss  gris  recoupés  par  des  veines,  d'ailleurs  peu  abondantes, 
de  granité,  de  granulite  et  de  porphyre.  Les  deux  principales 
mines  de  plomb  sont  celles  d'Himmelfahrt  et  d'Himmelfûrst; 
cette  dernière  offre  des  exemples  de  filons  de  diorite  recou- 
pant les  roches  ci-dessus.  Au  nord,  on  rencontre  les  filons 
métallifères  riches  dans  lesgabbros  ;  ces  filons  s'appauvrissent 
dans  les  schistes.  On  distingue  les  filons  orientés  de  0^ 
à  %<>  (Ho  à  H^),  en  général  riches  (H3,  dits  Btehende,  He,  dits 
morgen),  et  les  filons  de  90*  à  i80",  stériles  ou  pauvres  (H9, 
dits  spath^  et  H|s,  dils  floche).  L'exploitation  se  fait  à  de 
grandes  profondeurs;  quelques  puits  ont  plus  de  600  mètres. 
11  est  impossible  de  s'étendre,  dans  le  cadre  de  cet  ouvrage, 
sur  ce  gisement  si  complexe,  que  Ton  trouvera  parfaitement 
étudié  dans  quelques  traités  spéciaux,  notamment  dans 
le  Traité  des  GUes  métallifères  de  MM.  Fuchs  et  Launay 
(p.  r>87  à  599,  t.  H).  Les  deux  principales  venues,  au  point 
de  vue  de  Texploilation,  sont  la  venue  sulfurée  ancienne  S  et 
la  venue  argentifère  A.  La  venue  S  comprend  trois  groupes 
caractéristiques  dont  le  tableau  suivant  donne  le  détail. 


Edlequariz  formation  ou  / 
formation  du  quartz  [ 
noble ,  surtout  au 
Nord  et  au  Nord- 
Ouest  de  Freiberg, 
dans  les  porphyres  de 
Braunsdorf  et  le  gab- 
bro  de  Siebenlehn. 


Quartz  grenu  laiteux  et 
cristallisé  avec  mis- 
pickel  et  minéraux 
argentifères. 


Kiesige  fonnalion  ou 
formationde  la  pyrite 
cuivreuse,  au  Nord  t 
et  à  l'Est  de  Frei- 
berg. 


Quartz  ancien  grenu 
avec  pyrite  et  mis- 
pickel«  blende  noire, 
galène,  pyrite  de  fer 
et  de  cuivre,  quartz 
blanc  laiteux,  mais 
pas  de  quartz  à  mi- 
néraux argentifères. 


Mines  de  Gese- 
gnete-Berg- 
manns-Hotr- 
nung  et  de 
Segengottes. 
(V^oir  figures 
ci-après.) 

Mines  d'Him- 
melfahrt,  de 
Gersdorf,  de 
Braunsdorf,  de 
Morgenstemet 
de  Friedrich. 


EtlMrautupatk  forma- 
lion  ou  torsuatia^ém 
bmanapatb  noble  au 


0É0L06IB   APPLIQUÉE 
(  QuartE 


«Monde  noiri 
pjTJtea,    miQgBaèse  I  Mines    de     Be*- 
carbonaM ,   dolomle  ;     chert-Giack. 
rote  et  blende  dolo-  L 
mi  tique  jaunitre.       ) 


C  :=  Fluorine. 

0  ==  Gneiss  rouge. 

Q  ^  QuarU    à   dnises 

argentifères. 
R  =  Blende. 


Fis.  79.  —  CaapE  dt  li  nina  G^ugnct*  1  Bnimtdort. 

La  venue  argenlirère  A,  presque  aussi  importante,  a  fourni 
des  amas  très  riches  en  argent.  Les  minerais  se  rencontrcni 


nu  croisement  des  liions  réouverts,  baryliques  ou  stériles, 
avec  les  liions  S  ;  ils  renferment  de  l'argent  rouge  antimo- 
nial  et  arsenical,  de  l'argent  sulfuré  et  de  l'argent  natif  avec 
de  la  dolomie.  Les  autres  venues,  sulfurées,  barytiques  et 


MINÉRAUX    EMPLOYÉS   DANS    LA   mÎTALLL'RGIE        219 

ferrugineuses,  la  venue  de  galène  pauvre  et  la  venue  de  cal 
cite,  sont  bien  moins  importantes  que  les  venues  A  et  S.  La 
production  du  district  de  Freiberg  a  été  de  6.900  tonnes 
en  1897. 

District  de  Marienberg,  —  Les  minerais  se  trouvent,  à  Marien- 
berg,  dans  les  gneiss  recoupant  des  grOnsteins  et  des  micro- 
granulites.  On  y  rencontre  la  venue  argentifère  Â,  composée 
d'argent  rouge,  d'argent  sulfuré  et  d'argent  natif  avec  un  peu 
de  galène  riche. 

2?  Annaberg,  —  Dans  les  gneiss  d'Annaberg  on  retrouve 
des  venues  de  composition  analogue  à  celles  de  Freiberg, 
mais  d'une  importance  beaucoup  moindre.  Les  venues  fer- 
iiigineuses,  bary tiques  et  argentifères  sont,  à  Annaberg,  les 
seules  importantes,  à  l'exclusion  de  la  venue  sulfureuse. 

3®  Schneeberg.  —  Aux  environs  de  Schneeberg  on  trouve 
surtout  des  filons  avec  remplissage  sulfuré,  exploités  pour 
cobalt,  nickel  et  bismuth,  et  situés  au  milieu  de  micaschistes 
et  de  schistes  argileux.  Les  liions  anciens  se  changent  en 
galène  et  en  quartz  dans  les  micaschistes  et  restent  stériles 
dans  les  schistes  argileux. 

Production  du  plomb  en  Allemagne.  —  La  production  des 
divers  districts  de  l'Allemagne,  en  plomb  métallique,  se 
décompose  comme  suit  pour  l'année  1897  : 

Westphalie  et  Province  Rhénane 

Tonnes 

Stolberger  Gesellschaft i 6 . 803 

Rhein  Nassau 6.368 

Mechernich 19.973 

A  Poensgen  und  Sôhne,  Gall. . 7.385 

Emser  Blei  und  Silberwerke 6.100 

Blei  und  Silberhiltte,  Braubach....  11.586 

Total 68.215 

Silésie 

Tonne* 

VValther  Croneckhûlte 8. 179 

Friedrichshûtte 16.349 

Total 24.528 

A  reporter 92 .  743 


220  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

Report 92.743 

Harz 

Harz  supérieur 10.033 

Harz  inférieur 4.939 

Total 14.972 

Saxe 
Freiberg 6.867 

Rolhenbacherhutte,  Siegerland 506 

Anhaltische  RIei  und  Silberwerke. .  2.396 

Nordd.  AIT.  Hamburg 69 

Mansfelder  Gewerkschaft 208 

Total 3.179 

Production  de  rAUemagne Tonne».  117.761 

Gisements  île  F  Autriche,  •—  Outre  les  champs  de  filons  com- 
plexes de  la  Bohême  étudiés  ci-après,  on  peut  citer,  en 
Autriche,  les  mines  de  la  Garinthie  (Raiblj  Bleiberg  et  Windish 
Kappel)  et  du  Tyrol  (Pfundererberg), 

On  exploite  également  des  filons  de  galène  mélangée  à 
d'autres  mineraiis,  dans  le  Banat,  en  Hongrie  et  en  Transyl- 
vanie (SchemnitZf  KremnitZy  Kapnik,  Nagiag,  Offenbanya). 

Gisements  de  la  Bohème.  —  Les  deux  gisements  bohémiens 
de  Przibram  et  de  Mies  sont  situés  :  le  premier  au  sud-est, 
le  second  au  nord-ouest  du  vaste  triangle  formé  par  les  terrains 
siluriens  qui  constituent  le  centre  du  plateau  de  la  Bohème. 

Przibram,  —  Les  mines  de  galène  argentifère  de  Przibram 
sont  exploitées  depuis  le  xiv«  siècle,  et  Ton  y  travaille  aujour- 
d'hui à  des  profondeurs  considérables. 

Les  puits  Adalbert  et  Maria  y  atteignent  1.200  mètres. 

Los  filons  métallifères  traversent  des  schistes  et  des  graii- 
wackes  siluriens  et  ont  été  disloqués  par  un  glissement  éner- 
gique des  couches.  Ces  filons,  très  nombreux  et  de  directions 
très  variables,  sont  en  général  encaissés  dans  des  grunsteins 
(diabases)  et  ont  été  tous  afTectés  par  la  venue  sulfureuse, 
qui  est  ici  la  seule  métallifère.  L'action  des  sources  miné- 
rales a  eu,  à  Przibram,  une  grande  importance. 


f 


MINÉRAUX   EMPLOYÉS   DANS    LA    MÉTALLURGIE         221 

Outre  la  galène  fortement  an ti moniale  et  argentifère,  et  la 
blende  argentifère,  on  rencontre  à  Przibram  la  bournonite 
(filon  Francisci),  la  wulfénite,  la  cérusite,  la  pyromorphite  et 
la  pechblende  (puits  Anna).  La  gangue  est  du  quartz  ou  du 
fer  carbonate.  La  richesse  des  filons  subit  des  variations  en 
profondeur.  Le  filon  Adalbert  notamment,  qui  s'était  appauvri 
pendant  assez  longtemps,  a  présenté  un  enrichissement 
véritable  vers  650  mètres. 

La  production  des  usines  de  Przibram,  qui  appartiennent 
à  rËtat,  a  été,  en  1897,  de  21.000  tonnes  de  plomb  métal- 
lique ayant  donné  31.000  kilogrammes  d'argent. 

Mies.  —  A  Mies,  les  exploitations  sont  partout  abandon- 
nées; les  filons  de  galène  peu  argentifère  avec  blende  et 
pyrite  recoupaient  des  schistes  quartzifères,  traversés  eux- 
mêmes  par  des  microgranulites  et  des  basaltes. 

JoachimsthaL  —  A  Joachimsthal,  à  16  kilomètres  au  nord  de 
Garlsbad,  les.filons  métallifères  forment  un  champ  beaucoup 
moins  compliqué  que  celui  de  Freiberg;  ils  sont  situés  dans 
des  micaschistes  qui  enveloppent  le  massif  de  gneiss  saxon. 

On  rencontre  à  Joachimsthal  des  venues  qui  rapprochent 
ce  gite  de  ceux  de  Schneeberg  et  de  Freiberg;  notamment  les 
venues  de  bismuth  natif,  de  smaltine,  de  nickeline  et  de  pyrite 
en  veines  minces,  avec  gangue  de  quartz  saccharoïde,  et  la 
venue  d'argent  natif  et  de  pyrargyrite,  formant  imprégna- 
tion. Enfin  la  venue  de  calcite  caractéristique  du  gisement  de 
Joachimsthal  fournit  de  Turane.  La  pechblende  (filon  Fran- 
cisci) y  est  accompagnée  de  pyrite,  de  galène  et  surtout  de 
calcite  rouge.  Ces  filons  se  sont  réouverts  à  diverses  reprises 
et  ont  parfois  été  affectés  par  des  plissements  en  relation 
avec  des  sources  thermales  (Garlsbad,  Tœplilz);  ainsi  les 
travaux  du  douzième  étage  du  puits  Kinigkeit  (540  mètres) 
ont  été  inondés  pendant  deux  ans,  à  la  suite  de  la  rencontre 
d'une  source  thermale. 

Le  district  de  Mies  a  produit,  en  1897,  environ  3.000  tonnes 
de  plomb. 

Gisements  de  tEspagne.  —  Dans  la  catégorie  de  gisements 
qui  sont  examinés  en  ce  moment,  on  peut  citer  ceux  de 
Linarès-la-Carolina  (Jaen),  de  VHorcajo  et  de  Castuera  (Ciudad 
Real),  de  Carthagène,  de  Mazarron  et  (TÀguilas  (Murcie). 


2i4  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

Lf^  Compagnies  de  Penarroya  et  d'Aguilas  sont  les  prin- 
cipales Sociétés  exploitantes. 

Les  mines  de  la  prorince  de  Badajoz  prennent  beaucoup 
de  développement,  et  des  gisements  importants  ont  été  décoa- 
vfTts,  en  1897,  dans  le  district  de  Puebia  de  Alcores,  à  Capilla 
et  à  Garlitos;  dans  cette  dernière  localité,  les  minerais 
tiffnnent  jusqu'à  2  kilogrammes  d*argent  à  la  tonne.  Les 
minerais  du  district  de  Mazarron  tiennent  environ  58  0/0  de 
plomb  et  750  grammes  d'argent  par  tonne. 

Région  de  Carthagène.  —  La  province  de  Murcie  (Cartha- 
ijènct  Mazarron)  renferme,  dans  la  sierra  de  Carthagène, 
d^importants  dépôts  métallifères  fournissant  en  abondance 
du  plomb,  du  zinc  et  du  fer,  et  appartenant  à  toutes  les 
catégories  de  gisements  :  amas,  filons  proprement  dits,  gîtes 
d'imprégnation  dans  les  calcaires,  etc.  Mais  ces  divers  gise- 
ments ont  une  origine  commune  nettement  filonienne. 

La  sierra  de  Carthagène,  qui  longe  la  mer  à  Touest  de  la 
ville  olTre  une  série  de  sommets  calcaires  dominant  des  val- 
lées schisteuses  ;  on  y  rencontre  le  minerai  sous  forme  de 
petites  poches  (bolsadas),  de  grands  amas  affleurant  (cres- 
tones),  de  couches  interstratifiées  (capas)ou  encore  de  filons 
véritables.  Des  filons  tertiaires  de  galène  riche  en  argenl 
{Mazarroti)  recoupent  les  trachytes;  d'autres  filons  de  galène 
ot  de  blende  peu  argentifères  sont  situés  au  milieu  des 
schistes.  Comme  exemple  de  filons  riches  en  argent,  on  peut 
citer  ceux  des  districts  de  Mazarron  et  d'Aguilas  (Esperanza^ 
Santa  Ana),  en  général  puissants,  mais  irréguliers  en  direc- 
tion. La  t(*neur  en  argent  est  de  110  grammes  seulement, 
aux  iOO  kilogrammes  de  plomb. 

Les  capas,  ou  gîtes  interstratifiés,  sont  situés  dans  des  ter- 
rains otTrant  la  succession  de  couches  suivante,  en  partant 
de  la  base  : 

Schistes  avec  un  peu  de  blende  inexploitable  ; 

Silicate  de  fer  avec  8  à  10  0  Ode  plomb  (galène); 

Schistes  et  enfin  calcaires  avec  couches  d'oxyde  de  fer 
manganèse  et  de  carbonate  de  plomb  argentifère,  ou  amas 
do  calamine,  galène  et  sidérose. 

Les  silicates  ont  une  grande  imporUince,  car  ils  se  trourent 
^  faible  pi\>fondeur,  faciles  à  extraire  et  à  laver. 


MINÉRAUX   EMPLOYÉS   DANS    LA   MÉTALLURGIE        225 

Le  fer  manganèse  est  exploité  jusqu'à  20  mètres  de  pro- 
fondeur par  des  tâcherons  (partidanos),  qui  abandonnent  le 
minerai  contenant  du  zinc.  Le  fer  plombeux  est  vendu  à  un 
bon  prix,  comme  fondant,  aux  usines  à  plomb. 

En  général,  l'exploitation  est  conduite  sans  plan  bien  défmi 
par  des  sociétés  pauvres  qui  gaspillent  le  minerai. 

Production  du  plomb  en  Espagne,  —  La  production  du 
plomb  métallique  en  Espagne  a  été,  en  1897,  de  189.000  tonnes 
se  décomposant  comme  suit: 

Murcie 90.000  tonnes 

Jaen  (Linarès) 40.000      — 

Cordoba 30.000      — 

Alméria H.OOO      — 

Guipuzcoa. 5.000      — 

Divers 13.000      — 

Total 189.000  tonnes 

La  quantité  d'argent  extraite  peut  être  évaluée  à  plus  de 
200.000  kilogrammes.  En  1898,  la  production  du  plomb  a 
atteint  193.764  tonnes. 

Gisements  de  Vltalie.  —  On  parlera,  dans  le  chapitre  du 
Zinc  des  gisements  plombeux  d'Iglesias  (Sardaigne). 

On  peut  encore  citer  en  Italie  les  filons  de  minerais  de 
plomb  du  Val  Trompia,  de  Pallanza,  de  Brescia,  de  la  province 
de  Gôme  et  de  la  Toscane  (Montieri,  Serra  Bottini,  Scabiano). 

Toscane,  —  On  exploite  en  Toscane,  à  BottinOj  un  filon 
quartzeux  de  galène  argentifère  avec  sulfoantimoniure  de 
plomb  recoupant  les  schistes  anciens. 

Gisements  de  la  Grèce.  —  En  Grèce,  on  exploite  dans  les 
mines  du  Laurium,  des  filons  de  galène  mélangée  de  blende 
et  des  amas  de  galène  et  de  calamine  interstratiflés  dans  des 
calcaires  et  des  schistes  siluriens  (Voir  le  chapitre  du  7Anc), 
—  I^a  production  du  plomb  en  Grèce  a  atteint  15.9i6  tonnes, 
en  1897. 

Gisements  de  la  Sibérie.  —  Près  du  lac  Buïkal  {Nertschinsk) , 
on  exploite  des  galènes  avec  tellurures  d'argent  et  de  plomb 
recoupant  des  calcaires  et  des  schistes. 

oioLOGie.  15 


226  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

Les  filons  et  les  filons-couches  de  Kolivan  (Tomsk),  situés 
en  général  dans  des  roches  siluriennes,  dévoniennes  et  car- 
bonifères, recoupées  par  des  éruptions  de  granité,  de  micro* 
granulite  et  de  porphyre  à  augite,  fournissent  du  plomb 
et  de  Targcnt  associés  à  Tor,  au  cuivre  et  au  zinc.  L<i  gangue 
est  barytique  et  quartzeuse. 

A  Iméoffy  dans  un  filon  reconnu  sur  n40  mètres  de  long, 
avec  une  puissance  de  2  à  100  mètres,  on  a  trouvé  :  or  et 
argent  natifs,  kérargyrite,  argyrose,  argent  rouge,  cuivre 
natif,  cuivre  gris,  chalcosine,  chalcopyrite,  galène,  blende  et 
pyrite. 

Gisements  des  États-Unis.  —  On  trouve  aux  États-Unis  un 
certain  nombre  d'exemples  de  filons  de  galène  argentifère 
et  aurifère  à  gangue  quartzeuse,  notamment  à  Rossie  (Saint- 
Lawrence)  et  surtout  à  Bingham  (Utah)  dans  les  chaînes  de 
Wahsatch  et  de  O'Quirrh  (Old  Telegraph  Mine).  Le  gîle  de 
Bingham  est  un  filon-couche  au  milieu  de  quartzites  houil- 
liers  avec  remplissage  de  sulfures  (galène  et  pyrite  de  fer 
principalement)  et  avec  gangue  siliceuse. 

Dans  le  Colorado,  on  exploite,  outre  les  importants  gise- 
ments de  LeadviUe  (Voir  p.  230),  un  certain  nombre  de  filons 
de  galène  argentifère  à  gangue  quartzeuse  avec  blende,  pyrite 
de  cuivre  et  de  fer  argentifère,  et  minerais  d  argent  (filons  des 
monts  Sherman,  Broun,  Republican-Leavemvorthy  des  comtés 
de  Park  Frcmont,  de  Siimmit,  de  Hed-Cloud-Malvina-Americanj 
du  comte  de  Boulder  (tellurures)  et  du  district  de  Caribon, 

U.  —  Gisements  de  plomb  dans  les  calcaires  avec  piiéNOMÈNBs 

DE  SUBSTITUTION 

Les  venues  métallifères  qui  se  sont  produites  dans  les 
roches  facilement  attaquables  ont  amené  dans  ces  roches 
des  imprégnations  plus  ou  moins  profondes,  et  il  y  a  eu  subs- 
titution de  la  galène  à  la  calcite.  C/est  le  cas  d'un  certain 
nombre  de  gisements  qui  seront  passés  ci-après  en  revue. 

Gisements  de  l'Angleterre  {Derbyshire  et  Cumberland),  —  Les 
gisements  anglais  du  Derbyshire  et  du  Guinberland,  autrefois 
activement  exploités,  n'ont  fourni  respectivement,  en  4897, 


IllNËRAtIX    EMPLOYÉS    DANS    LA.    MÉTALLURGIE         327 

que  S. ISO  tonnes  et  S. 500  tonnes  de  galène  préparf^e.  Les 
filons  de  galène  encaissés  dans  le  calcaire  carbonifère  s'y 
sont  rapidement  appauvris  en  profondeur. 


Pio.  81.  —  Coupe  KhJmtUque  d'un  friaernint  ptombirire  dg  Derbyibirt. 

Gisements  de  l'Autriche  :  Littai.  —  On  trouve  à  LUlai  (Car- 
niole)  la  galène  associée  au  cinabre  à  l'élat  d'imprégnation 
dans  la  grauwacke  de  Gaillhal.  Le  minerai,  lantâl  compact, 
tantôt  bréchiforme,  est  composé  de  galène,  de  hjpnde,  de 
pyrite  de  fer  et  de  cuivre,  et  enfin  de  cinabre  t[u'on  trouve 
dans  des  fentes.  On  y  rencontre  de  nombreux  rejets  formés 
par  des  failles. 

On  explique  la  formation  du  gîte  que  l'on  croit  d'âge  tria- 
sique  par  l'action  d'une  venue  sulfureuse  sur  une  couche 
«Je  carbonate  de  fer  intercalée  dans  la  grauwacke;  l'acide 
carbonique  ainsi  mis  en  liberté  aurait  donné  lieu  à  la  forma- 
lion  abondante  de  carbonate  de  plomb  que  Ton  a  constatée 
dans  ce  gisement.  L'exploilation  ne  dale  que  de  tS78. 

Quant  au  terrain  carbonifère  situé  au-dessous  de  ce  gîte,  il 
renferme  une  grande  quantité  de  carbonate  de  fer, 

La  production  de  Littai  a  été,  en  1897,  de  1.320  tonnes 
de  plomb. 

Raibl  et  le  Bteiberg.  —  On  trouve  encore  de  la  galène  en 
Autriche,  à  Raibt  et  dans  les  célèbres  mines  du  Bleiberg 
carinthien,  dans  le  Villach.  La  galène  en  Itlons,  à  la  limite 
du  trias  et  du  terrain  primitif,  y  est  accompagnée  de  mi- 
nerai de  molybdène  (wuirénile;. 


228  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

La  production  du  district  de  Raiblaété,  en  1897,  d'environ 
1.700  tonnes  de  plomb. 

Gisements  de  la  Suède  :  Sala,  —  I^es  mines  très  anciennes  de 
Sala  sont  situées  au  nord  de  Stockholm,  sur  la  ligne  ferrée 
de  Stockholm  à  Fahluu.  La  galène  argentifère  y  forme  des 
lentilles  d'imprégnation,  d'épaisseur  irrégulière,  concentrées 
dans  une  couche  de  calcaires  dolomitiques  anciens. 

Le  minerai  contient  de  3  à  4  0/0  de  galène  et  0,70  0  0 
d'argcnL  On  trouve  également  à  Sala,  de  la  blende,  de  la 
pyrite  de  fer,  du  mispickel,  du  sulfure  d^anlimoine  et  de 
l'argent,  soit  à  l'état  natif,  soit  à  l'état  de  sulfure  ou  d'anti> 
moniure.  Le  minerai  est  accompagné  de  veines  de  calcite. 

Gisements  des  États-Unis.  —  Les  États-Unis  produisent 
une  quantité  considérable  de  plomb,  fourni  surtout  par 
les  gisements  d'imprégnation.  La  plupart  des  exploitations 
des  États-Unis  doivent  leur  développement  à  la  forte  teneur 
en  argent  du  minerai.  On  trouve  la  galène  dans  le  haut 
Mississipi,  en  fentes  verticales,  en  filons-couches  ou  en 
poches  dans  les  calcaires  siluriens  de  Trenton,  qui  couvrent 
une  vaste  superficie  dans  le  Wisconsln  (Minerai  Point!, 
l'illinois  et  l'Iowa.  Un  certain  nombre  de  mines  de  galène 
argentifère  se  trouvent  dans  l'Utah  (Emma  mine),  dans  les 
calcaires  dolomitiques  du  carbonifère,  au  milieu  des  monts 
Wahsatch  ;  mais  c'est  principalement  dans  le  Nevada  (Silver 
State)  et  le  Colorado,  que  l'exploitation  des  minerais  de 
plomb  argentifères  et  aurifères  a  pris  une  grande  extension. 
On  décrira  ici  les  gisements  des  deux  districts  d'Eureka 
(Nevada)  et  de  Leadville  (Colorado). 

Eurêka  {Nevada).  —  Au  voisinage  d'Eureka,  dans  des  mon- 
tagnes comprises  entre  les  monts  Wahsatch  et  la  chaîne  où 
se  trouve  le  Comstock  Lode,  on  rencontre  les  deux  districts 
de  Prospect-Mountain  et  de  Ruby-Hill;  les  deux  principales 
Compagnies  exploitantes  sont  la  «  Eurêka  consolidated  Mi- 
ning Company  »  et  la  «  Richmond  consolidated  ». 

Les  minerais  sont  contenus  dans  des  calcaires  siluriens  et 
surtout  cambriens;  des  sources  thermales  ont  rempli  les  fis- 
sures des  calcaires  et  ont  donné  lieu  à  des  phénomènes  de 
substitution  très  développés.  Au-dessus  du  niveau  hydrosta- 
tique, le  remplissage  est  formé  de  galène  avec  del'anglésite. 


MINÉRAUX    EHPtXtTÉS    DAKS    LA    KIÉTALLURGIE         329 

de  la  cérusite  et  de  ta  wuifénile;  la  gangue  est  du  fer 
hydroxydé  avec  un  peu  de  quartz  et  de  calcile;  au-dessous 
du  niveau  hydroxydé,  on  ne  trouve  plus  que  des  sulfures  : 
galène,  blende,  pyrile,  etc. 


Les  calcaires  cambriens  renferment,  à  Prospect-Mountain 
cl  à  Ruby-HIII,  des  intercalations  de  schistes,  et  reposent  sur 
des  quartzites  cambriens;  ils  ont  subi  des  dislocations,  qui 
ont  laissé  subsister  des  fissures  et  qui  ont  facilité  la  circu- 
lation des  eaux  métallifères.  A  la  mine  Eurêka,  les  minerais 
sont  surtout  abondants  au  contact  des  quartzites  et  du  calcaire 
broyé;  sur  d'autres  points,  comme  à  Richmond  Mine,  les 
minerais  30Qt,au  contraire, disséminés  dans  le  calcaire  broyé. 
Le  principal  minerai  est  du  carbonate  de  plomb  argentifère 
et  aurifère  ;  on  distingue  le  carbonate  rouge  (fer  hydroxydé, 
anglésite,    cérusite,   ISO  à.  2S0  francs  d'or  et  d'argent  par 


230  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

tonne)  elle  carbonate  jaune  (fer  hydroxydé,  sulfate  et  chloro- 
arséniate  de  plomb,  500  francs  de  métaux  précieux  par 
tonne). 

Leadville  (Colorado),  —  A  Leadville,  les  minerais  sont  con- 
centrés dans  le  calcaire  dolomitique  carbonifère,  qui  a  été 
séparé  des  calcaires  siluriens  et  des  quartzites  cambriens, 
sur  lesquels  il  repose,  par  une  venue  de  porphyre  gris  ;  le 
tout  est  dominé  par  une  masse  de  porphyre  blanc,  et 
Tensemble  de  toutes  ces  couches  repose  sur  une  base  de 
granité  et  de  gneiss.  Les  eaux  sulfurées  ont  pénétré  dans  le 
calcaire  le  long  des  fissures  et  Tout  corrodé;  des  altérations 
de  surface  ont  transformé  les  sulfures  en  carbonates  ou  en 
oxydes. 

Le  minerai,  où  prédominent  le  carbonate  de  plomb  et  la 
galène,  contient  également  un  mélange  de  sulfate  de  fer, 
d'anglésite  et  de  pyromorphite.  L'argent  est  rare  à  Tétat 
natif;  mais  il  se  présente  sous  forme  de  chlorobromures  et 
de  chloroiodures  mélangés,  dans  les  calcaires  magnésiens. 
L'or  natif  est  fréquent.  La  gangue  se  compose  de  silice  ou 
de  silicates  (fer,  manganèse,  alumine). 

Les  trois  principaux  groupes  miniers  sont  ceux  de  Iron 
Hill,  de  Carbonate  Hill  et  de  Fryer  Hill;  ce  dernier  est 
célèbre  par  la  richesse  en  argent  de  ses  minerais. 

La  production  des  mines  de  Leadville  décroît  rapide- 
ment, et  Ton  prévoit  Tépuisement  du  gîte  dans  un  avenir 
prochain. 

Les  mines  de  Leadville  ont  produit  moins  de  plomb,  en  1897, 
que  les  années  précédentes,  parce  que  la  baisse  de  Targent 
a  fait  fermer  beaucoup  de  mines  d'argent  dont  les  minerais 
contenaient  du  plomb;  d'autre  part,  les  grands  gisements 
de  plomb  argentifère  de  Leadville  sont  épuisés;  les  anciennes 
mines  de  Fryer,  Carbonate,  Iron  et  Rock  Hills,  sont  fermées, 
et  l'Arkansas-Valley-Smelting  C®  alimente  les  fours  de  son 
usine  de  Leadville  avec  du  minerai  de  Gœur-d' Alêne  (Idaho!- 
11  existe  dans  le  Colorado  sept  usines  à  plomb,  dont  deux  à 
Denver,  trois  à  Pueblo,  et  une  à  Durango. 

Le  Colorado  a  produit  au  total,  en  1897,  environ  37.000  tonnes 
de  plomb  contre  47.000  en  1896. 

Vldaho  a  produit,  en  1897,  53.000  tonnes  de  plomb  dont 


MLNÉRAOX   EMPLOÏÉS    DANS   LA    MÉTALLURGIE         231 

50.676  tonnes  proviennent  de  Cœur-d'AIène,  et  le  reste  des 
mines  de  Wood  River  et  autres.  Les  mines  de  Cœur-cT Alêne  ont 
fourni  105.000  kilogrammes  d'argent;  la  Consolidated  Tiger 
and  Poorman  C«  a  produit  à  elle  seule  plus  de  80.000  tonnes 
de  minerai  ayant  donné  environ  15.000  tonnes  de  minerai 
préparé. 

Dans  le  Missouri  qui  a  produit,  en  1897,  60.000  tonnes  de 
minerai  de  plomb,  les  principales  mines  se  trouvent  dans  le 
district  de  Saint- François,  Les  minerais  de  la  Motte  con- 
tiennent H  0/0  de  plomb  et  ceux  de  Bonne-Terre  7  0/0 
seulement;  on  les  amène,  par  une  préparation  soignée,  à 
une  teneur  de  70  0/0. 

Dans  le  Montana  (11.800  tonnes  en  1897),  les  principales 
mines  sont  celles  de  Cumberlandj  Yellowstone  et  Great  Eastern 
Jiidge, 

Les  mines  de  Magdûlena  et  de  Kelly^  dans  le  Nevada^  pro- 
duisent du  carbonate  de  plomb  et  de  la  galène  que  Ton 
traite  dans  les  usines  de  la  Graphie  Mining  and  Smelting  G^, 
à  Magdalena,  et  de  la  Gerillos  Smelting  G<*,  à  Cerillos,  dans 
la  province  de  Santa-Fé. 

Dans  VUtah,  la  production  des  trois  usines  en  marche, 
en  1897,  a  été  de  22.000  tonnes  environ.  Les  minerais  pro- 
viennent du  district  de  Bingham  Canyon  et  de  la  mine  Silvcr 
King^  près  de  Park  Gity.  11  existe,  à  Sait  Lake  City,  trois 
usines  à  plomb  assez  importantes  :  la  Germania  (trois  fours 
de  50  tonnes  et  deux  de  100  tonnes),  la  Pensylvania  (de  même 
puissance)  et  Tusine  Hanauer  (quatre  fours  de  40  tonnes). 

III.  —  Gisements  skdimentaires 

Bien  qu'il  soit  ditlicile  de  distinguer  nettement,  des  gttes 
d'imprégnation,  les  rares  gisements  de  plomb  sédimentaires 
que  Ton  connaît,  on  peut  classer  dans  cette  troisième 
catégorie  certains  gisements  qui  semblent  dus  au  dépôt  de 
métaux  en  dissolution  dans  les  eaux  de  bassins  où  se  sont 
formés  des  sédiments.  On  décrira,  comme  type  de  ces 
gîtes,  les  grès  plombifères  de  Commern^  de  Mechemich  et 
de  Saint'Avold  (Provinces  rhénanes),  et  on  rattachera  à  ce 
chapitre  quelques    notes  sur  divers  gîtes  plombifères  peu 


232  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

connus  ou  récemment  découverts  (Turkestan,  Transvaal,  etc.). 

Commem  [Eifel).  —  Près  de  Gommern,  dans  TEifel,  on 
trouve  des  grès  bigarrés  surmontant  des  couches  dévo- 
niennes;  la  partie  inférieure  de  ces  grès  bigarrés  est 
constituée  par  des  conglomérats  et  des  grès  noduleux 
plombifères. 

Les  principales  exploitations  de  grès  noduleux  avec  galène 
sont  situées  au  Bleibergy  près  de  Mechernich,  non  loin  de 
Cologne.  Les  grès  métallifères  blancs  avec  grains  quartzeux 
cimentés  par  de  Targile  ou  du  calcaire,  renferment  en  géné- 
ral de  la  galène,  rarement  de  la  cérusite,  quelquefois  du 
minerai  de  cuivre  (azurite,  malachite);  la  teneur  en  argent 
du  plomb  de  TEifel  est  très  faible  :  27  grammes  par  100  kilo- 
grammes. 

Saint-Avold.  —  Des  gisements  analogues  existent  près  de 
Sarrelouis,  entre  Saint-Avold  et  Wallerfangen;  la  galène,  un 
peu  chargée  de  blende,  est  accompagnée  de  cérusite  et  de 
molybdate  de  plomb. 

Turkestan.  —  Dans  le  Turkestan,  la  Société  russe  des 
Mines  du  Turkestan  s*occupe  de  développer  l'exploitation 
des  mines  de  plomb  et  de  cuivre  découvertes  dans  le 
district  de  Taschkent. 

Transvaal.  —  On  trouve  en  abondance,  paraît-il,  dans 
le  Transvaal^  des  minerais  de  plomb  contenant  de  300  à 
450  grammes  d'argent  à  la  tonne  et  de  50  à  70  0/0  de  plomb. 
Une  Compagnie  (Rand  Central  Réduction  C®)  a  été  formée 
pour  leur  exploitation. 

Caucase,  —  En  Russie,  la  Compagnie  des  mines  d'Alagir  a 
obtenu  la  concession  de  mines  de  plomb  argentifère  dans  le 
Caucase  (district  de  Vladskarkas), 

Mexique.  —  La  plus  grande  partie  des  minerais  de  plomb 
du  Mexique  proviennent  des  mines  de  la  Sierra-Mojada  et 
sont  traités  à  Kansas-City.  Parmi  les  principales  mines,  on 
peut  citer  celles  de  Velardena  et  celles  de  Mapimi  (Compania 
Minera  de  Pe noies),  qui  sont  reliées  au  Central-mexicain 
par  un  embranchement  à  voie  étroite  de  32  kilomètres;  une 
de  ces  mines  atteint  510  mètres  de  profondeur.  Les  princi- 
'  usines  de  fusion  sont  celles  de  Mapimi  (Durango),  de 
ey,  de  San  Luis  Potosi  et  d'Aguas  Calientes.  Ia  pro- 


MINÉRAUX    EMPLOYÉS   DANS   LA    MÉTALLURGIE        23^ 

ductioD  du  plomb  au  Mexique  a  été  de  71.637  tonnes  en  1897. 

Prix  du  plomb.  —  Le  prix  du  plomb  a  beaucoup  varié 
depuis  vingt-cinq  ans.  Le  plomb  de  qualité  supérieure,  qui 
valait  en  moyenne  à  Londres  600  francs  par  tonne  en  1873^ 
a  valu  365  francs  en  1879,  280  francs  en  1884,  350  francs 
en  1888,  252  francs  en  1894  et  323  francs  en  1897.  —  Le 
mouvement  de  hausse  a  continué  de  1897  à  1900,  et,  à  la  fin 
de  1899,  le  plomb  valait  plus  de  400  francs. 

Prix  des  minerais  de  plomb.  —  La  valeur  des  minerais  de 
plomb  dépend  du  prix  du  plomb  métal  et  du  cours  de  lar- 
gent,  la  plupart  des  galènes  étant  argentifères. 

Pour  obtenir  la  valeur  d'un  quintal  de  minerai  de  plomb» 
il  faut  retrancher  de  la  valeur  du  plomb  et  de  l'argent  qu'il 
contient  les  frais  de  fusion,  de  désargen talion,  d'escompte  à 
5  0/0  et  de  transport. 

Soient  : 

M,  la  valeur  du  quintal  de  minerai  en  francs; 

P,  la  teneur  en  plomb  ; 

K,  une  constante  pour  perte  au  traitement  métallurgique^ 

qui  varie  de  6  à  8  ; 
m,  le  prix  du  quintal  de  plomb  métallique  ; 
A,  le  prix  de  l'argent  ; 

9,  le  poids  de  l'argent  au  quintal  de  minerai  ; 

F,  les  frais  de  fusion  ; 

f,  les  frais  de  désargentation  ; 

/,  les  frais  de  transports  et  autres. 

La  valeur  d'un  quintal  de  minerai  sera  donnée  par  la  for- 
mule : 

"=       100      +Ag-F-/'-<. 

Pour  étudier  la  valeur  d'un  filon,  on  apprécie  sa  longueur^ 
son  épaisseur  réduite,  c'est-à-dire  sa  valeur  par  mètre  carré 
de  surface  suivant  le  plan  du  filon,  sa  richesse  en  plomb  et 
en  argent,  au  moyen  d'essais  de  préparation  mécanique  ;  on 
établit  enfin  le  devis  des  dépenses  F,  f^  t,  etc. ,  sur  la  môme  base. 


23  i 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


Pour  reconnaître  la  valeur  totale  du  filon  au  mètre  carré 
en  un  point,  on  fera  le  même  calcul  pour  la  blende  et  on 
ajoutera  les  deux  résultats. 

On  déterminera  avec  soin  jusqu'à  quel  point  il  faudra 
pousser  la  préparation  mécanique  pour  que  les  frais  de  trai- 
tement du  minerai,  augmentés  des  pertes  en  argent  au  lavage, 
restent  inférieurs  à  Taugmentation  de  valeur  qui  résulte 
de  la  préparation. 

On  pourra  donc,  ]>our  chaque  mine  étudiée,  déterminer 
quelle  devra  être  l'épaisseur  réduite  minima  nécessaire  pour 
qu'un  filon  soit  exploitable  avec  bénéfices.  On  peut  citer, 
comme  exemple,  le  cas  des  mines  de  Pontpéan  (Ille-et- 
Vilaine)  où  une  épaisseur  réduite  de  5  à  6  centimètres,  avec 
une  teneur  de  52  0/0  de  plomb  et  1  kilogramme  d'argent  par 
tonne,  permet  une  exploitation  rémunératrice. 

PRODUCTION  DU  PLOMB  DANS  LE  MONDE  ENTIER 


1896 


France  

Autriche-Hongrie 

Belgique 

Allemagne 

Grande-Bretagne 

Italie 

Espagne 

Grèce 

Etats-Unis 

Canada 

Mexique 

Nouvelle-Galles  du  Sud.. 

Totaux 


tonnes 
8.232 
11.680 
17.222 

113.792 
57.200 
20.786 

170.790 
15.180 

158.479 
10.977 
63.000 
30.000 


677.338 


1897 


tounec 
9.000 
11.100 
14.800 

117.761 
60.000 
20.500 

176.000 
15.946 

179.369 
17.698 
71.637 
22.000 


715.811 


BIBU06RAPHIE  DU  PLOMB  ^ 

1870.  Mussy,  Ressources  minérales  de  VAriège  {Annales  des  Mines, 

6-  série,  t.  XVII). 
1870.  Blanchard,  Mine  de  Vallauris  (Cuyper,  t.  XXVII,  p.  170). 

>  On  n'a  indiqué  dans  cette  bibliographie  que  les  ouvrages  spé- 
ciaux postérieurs  à  1870.  Les  ouvrages  plus  anciens,  bien  que 
parfois  très  complets,  présentent  un  intérêt  moins  immédiat. 


MINÉKAUX    EMPLOYÉS    DANS    LA    MÉTALLURGIK        235 

i870.  Michel  Lévy  et  Ghoulette,  Champs  de  filons  de  la  Saxe  et  de 
la  Bohème  septentrionale  (Annales  des  Mines^  6*  série, 
t.  XVIII,  p.  117). 

1874.  Villié,   Rapport  sur  les  mines  de  Zell-sur-Moselle  (Besan- 

çon). 

1875.  Mines  de  plomb  et  d'argent  de  Przibram  (Cuyper,  t.  XXXVIII, 

p.  501). 

1876.  Combet,  Rapport  sur  les  mines  de  zinc  et  de  plomb  argenti- 

fère des  Arguts, 

1876.  LedouXf  Rapport  sur  les  mines  dé  la  province  de  Carthagène. 

1877.  Vieiva,  Mines  de  plomb  des  Pyrénées  {Ar guis). 

1879.  Lecornu,  Mémoires  sur  les  filons  de  plomb  du    Derby shire 

(Annales  des  MineSyV  série,  t.  XV,  p.  1). 

1880.  Fuchs,  Rapport  sur  les  mines  de   Pontpéan  (à  Rennes,  chez 

Caillot). 
1880-1881.  Lebesconte,  tiote  sur    la  faille  de  Pontpéan  (Bulletin 
de  la  Société  géologique,  3*  série,  t.  IX,  p.  157). 

1881.  Capacci,  Mines  et  Usines  du  Harz  (Cuyper). 

1883.  Lukis,  Origine  des  filons  métallifères  de  Poullauen  (Bulletin 
de  la  Société  des  études  scientifiques  du  Finistère,  Moriaix). 

1883.  Garnier,  Mines  de  Vialas  (Industrie  minérale,  2*  série,  t.  XI, 

p.  995). 

1884.  Laveieye,  le  Plomb  aux  Etals-Unis  (Cuyper,  t.  V,  p.  560). 
1884.  Termier,   Sur  les   éruptions  du  Harz   (Annales  des  Mines, 

8*  série,  t.  V,  p.  243). 
1886.  Davy,  Mines  de  Iluelgoat  et  de  Poullaouen  (Bulletin  Société 

géologique,  3*  série,  t.  XIV,  p.  900). 
1886.  Lukis,  Notes  sur  les  mines  de  Poullaouen  (Bulletin   Société 

géologique,  p.  909). 

1886.  Stuart-Menteath,  Gt/e«  métallifères  des  Pyrénées  occidentales 

(Bulletin  de  la  Société  géologique,  3' série,  t.  XIV,  p.  587). 

1887.  Blanchard,  les  Mines  de  plomb  argentifère  de  Bottino,  près 

de  Serravezza,  en  Toscane  (Bulletin  de  la  Société  de  l'indus- 
trie minérale  de  Saint-Etienne,  3*  série,  t.  I,  p.  201). 

1892.  Lodin,    Etude  sur   les    gîtes    métallifères    de   Ponlgibaud 

(Annales  des  Mines,  9*  série,  t.  I,  p.  389). 

1893.  F.  Desquiens,  Laverie  des    mines  de  plomb  argentifère   de 

Bouillac  dans  VAveyron  (Génie  civil,  t.  XXII,  p.   202,  avec 
planches). 

1893.  N.  de  Filkowitch,  Note  sur  les  mines  de  plomb  argentifère  et 

de  blende  de  Sadou  dans  le  Caucase  (Génie  civil,  t.  XXIII, 
p.  393). 

1894.  Winslow,  Lead  and  zinc  deposite  (Geological  Survey). 
1896.  Czyszkowski,  Les  Venues  métallifères  de  V Espagne, 

1898.  Bourbon,  Note  sur  un  filon  plombo-auro-argentifère  de  Ville- 
vieille  (Puy-de-Dôme). 


236  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 


LE  ZnfC  ET  SES  MINERAIS 

Propriétés  physiques.  —  Le  zinc  est  un  métal  d*un  blanc 
bleuâtre,  cassant  et  à  texture  cristalline,  devenant,  entre  100 
et  130^,  ductile  et  malléable,  ce  qui  permet  de  le  laminer  en 
feuilles  minces.  Densité  =  6.87,  pouvant  s'élever  à  7.2  par  le 
martelage  ou  le  laminage.  Le  zinc  fond  vers  410*.  A  1040*»,  il 
pntre  en  ébullition,  s'enflamme  et  brûle,  en  produisant  une 
flamme  blanc  bleuâtre  éclatante,  d'où  s'écbappent  de  légers 
flocons  blancs  d'oxyde  infusible  qui  se  répandent  dans  Tair. 
D'une  mollesse  particulière,  le  zinc  encrasse  la  lime. 

Propriétés  chimiques.  —  Le  zinc  est  très  peu  altérable  à 
froid  dans  Fair  sec  ;  il  se  recouvre,  dans  Tair  humide,  d'une 
rouche  d'hydrocarbonate  d'oxyde  de  zinc  qui,  peu  épaisse 
ot  imperméable,  préserve  des  altérations,  le  reste  du  métal. 
Mis  en.contact  avec  un  métal  comme  le  cuivre  ou  le  plomb,  il 
décompose  rapidement  l'eau  acidulée  d'acide  sulfurique;  il 
Si"  produit  alors  de  l'hydrogène  et  du  sulfate  de  zinc. 

Usages.  —  La  possibilité  de  le  réduire  en  feuilles  très 
minces  et  sa  densité  comparativement  peu  élevée  ont  fait 
préférer  le  zinc  au  plomb  pour  la  couverture  des  toits.  On 
emploie  également  le  zinc  pour  les  gouttières,  les  baignoires 
et  quantité  d'ustensfles;  mais  il  doit  être  exclu  de  certains 
usages  domestiques,  car  il  forme,  avec  les  acides,  des  sels 
vénéneux.  Il  compose  généralement  l'élément  électro-positif 
des  piles  industrielles.  Beaucoup  d'objets  en  fer,  et  particu- 
lièrement les  fils  télégraphiques,  sont  recouverts  de  zinc  et 
protégés  contre  la  rouille  au  moyen  d'une  immersion  dans 
un  bain  de  ce  métal  (galvanisation). 

Alliages.  —  Le  zinc  forme  avec  le  cuivre,  seul  ou  uni  à 
d'autres  métaux,  de  nombreux  alliages  dont  les  principaux, 
bronze,  laiton,  maillechort,  ont  été  indiqués  au  chapitre  du 
Cuivre.  Il  faut  citer  encore  les  alliages  très  durs  employés 
pour  les  locomotives  et  composés  de  :  cuivre,  6,10;  zinc, 
62,64;  étain,  11,32;  plomb,  19,94;  les  soudures  fortes, 
fusibles  à  divers  degrés,  et  les  poudres  à  bronzer  pour  peintres. 
H  entre  \  0/0  de  zinc  dans  les  monnaies  de  billon.  Enfin, 


<v 


MINÉRAUX    EMPLOYÉS    DANS    LA    MÉTALLURGIE         237 

le  zinc  employé  pour  certaines  piles  est  amalgamé  et 
assure  ainsi  de  la  durée  aux  éléments  et  de  la  régularité  au 
courant. 

Oxyde  devine.  —  L'oxyde  de  zinc  est  employé  en  peinture, 
sous  les  noms  de  blanc  de  zinc  et  de  blanc  de  neige.  Délayé 
dans  Thuile  de  lin  rendue  siccative,  il  remplace  avantageu- 
sement la  céruse  pour  la  peinture  de  Tintérieur  des  appar- 
tements. Employée  au  dehors,  la  peinture  au  blanc  de  zinc 
est  peu  résistante  ;  mais,  en  délayant  Toxyde  de  zinc,  addi- 
tionné d'un  peu  de  carbonate  de  soude,  dans  une  dissolution 
à  58®  Baume,  de  chlorure  de  zinc,  on  obtient  une  peintur<' 
solide,  séchant  rapidement  et  couvrant  autant  que  la  céruse 

La  préparation  de  la  peinture  à  Toxyde  de  zinc,  qui  ne 
noircit  pas  sous  Tinfluence  des  vapeurs  sulfhydriques,  ne 
fait  courir  aux  ouvriers  aucun  des  dangers  résultant  de 
remploi  de  la  céruse. 

Sulfure  de  zinc.  —  On  emploie  quelquefois,  pour  rempla- 
cer la  céruse,  un  mélange  de  sulfure  de  zinc  et  de  sulfuro 
de  baryum. 

Chlorare  de  sine.  —  Le  chlorure  de  zinc  est  extrêmement 
avide  d'eau.  Mélangé  à  du  sulfate  de  zinc  ou  à  du  sulfate  de 
baryte  avec  de  la  fécule,  il  forme  un  stuc  très  solide. 

Sulfate  de  zinc.  —  Le  sulfate  appelé  vitriol  blanc  ou  cou- 
perose blanche  est  employé  dans  la  peinture  et  dans  la  tein- 
ture des  indiennes;  on  s'en  sert  aussi  pour  rendre  les  huilos 
plus  siccatives. 

MINERAIS   DU  ZINC 

Les  deux  principaux  minerais  du  zinc  sont  la  calamine  et 
la  blende. 

On  donne  dans  l'industrie  le  nom  de  calamine  à  des  mine- 
rais qui  sont,  en  réalité,  composés  d'un  mélange  de  calamine 
ou  hydrosilicate  de  zinc  (H^Zn^SiO'»)  et  de  smitksonite  ou 
carbonate  de  zinc.  La  calamine  est  un  minerai  superficie 
dont  le  traitement  est  beaucoup  plus  facile  que  celui  dei 
la  blende  ;  malheureusement,  la  calamine  est  par  cela  même 
beaucoup   moins  abondante   que  la  blende    ou  sulfure   de 


238  GÉOLOGIE   APPLIQUÉS 

zinc.  La  blende  cristallise  en  cubes,  mais  il  en  existe  une 
variété  hexagonale  appelée  wurzite.  Ce  minerai  est  d'un  trai- 
tement plus  difficile  et  plus  onéreux  que  la  calamine,  car  il 
doit  subir  un  grillage  préliminaire,  destiné  à  oxyder  le  zinc 
qu'il  renferme. 

Parmi  les  autres  minerais  de  zinc,  beaucoup  moins  abon- 
dants, on  peut  citer  la  zincite  (oxyde  de  zinc,  ZnO),  la  zinco- 
nise  ou  calamine  terreuse  (hydrocarbonate  de  zinc,  H^ZnH^O'*) 
et  la  franklinitey  sorte  de  sp  in  elle  de  fer,  de  zinc  et  de  man- 
ganèse f(Zn.Fe.Mn)  (FeMn)»0*]  tenant  de  10  à  25  0/0  de  zinc, 
alors  que  les  teneurs  en  zinc  sont  de  80,2  0/0  pour  la 
zincite,  de  66,9  0/0  pour  la  blende,  de  53,7  0/0  pour  la  cala- 
mine et  de  52  0/0  pour  la  smithsonite.  La  willemite  (silicate 
de  zinc),  \agoslarite  (sulfate  de  zinc)  (H*'»ZnSO^*)  et  Vadamine 
(arséniate  de  zinc)  (H^Zn^As'O*®)  sont  des  minéraux  relative- 
ment rares. 


GISEMENTS 

On  trouve  la  blende  tantôt  dans  des  filons,  tantôt  dans  des 
couches  sédimentaires,  seule  ou  associée  avec  de  la  galène. 
L'âge  des  filons  est  très  variable  :  les  importants  filons  du 
Cornwall  et  de  la  Sardaigne  sont  post-siluriens;  ceux  des 
Rormettes,  dans  le  Var  (blende  et  galène  argentifère),  sont 
probablement  triasiques;  ceux  de  Sakamody  (Algérie)  et  de 
Santander  (Espagne)  sont  post-crétacés.  D'autre  part,  parmi 
les  gîtes  de  zinc  srdimentaires,  on  trouve  :  dans  les  gneiss, 
ceux  d'Arameberg  (Suède)  ;  dans  le  permien,  ceux  de  la 
province  de  Carthagène  (schistes  micacés  avec  lentilles  de 
blende);  dans  le  trias,  les  blendes  de  Silésie,  dont  la  croûte 
superficielle  s'est  décomposée  en  calamine. 

Géogénie.  —  La  formation  des  gttes  filoniens  semble  due 
au  dépôt  de  sulfures  métalliques,  maintenus  en  dissolution, 
s^vàvc  h  la  présence  d'un  acide  ou  de  sulfures  alcalins  en 
excès.  Les  eaux  acides  ont  également  eu  une  part  dans  la 
formation  des  gîtes  sédimentaires  de  la  blende  :  beaucoup 
de  ces  gîtes  sont  des  gîtes  de  substitution  formés  par  la  pé- 
nétration, dans  des  bancs  calcaires,  de  la  blende  qui  s'est 


MINÉRAUX    EMPLOYÉS    DANS   LA    MÉTALLURGIE        239 

souvent  changée  en  calamine.  C'est  dans  les  calcaires  que 
Ton  rencontre  les  gisements  de  calamine;  la  transformation 
du  carbonate  de  chaux  eu  calamine  s'est  faite  soit  directe- 
ment, soit  par  suite  de  la  pénétration  du  sulfure  de  zinc 
dans  le  calcaire  et  de  sa  transformation  en  calamine,  sous 
rinfluence  d'eaux  superficielles.  11  est  rare  cfu^un  gisement 
calaminaire  ne  se  transforme  pas  eu  amas  de  blende  à  une 
certaine  profondeur;  aussi  paraît-il  rationnel  d'attribuer  la 
formation  de  la  calamine  à  l'action  d'eaux  superlici elles  qui, 
à  une  époque  relativement  récente,  ont  pénétré  dans  les 
calcaires  blendeux  datant  d'une  époque  ancienne  ;  le  sulfate 
de  zinc,  dissous  avec  un  excès  d'acide  sulfurique,  a  donné 
lieu  à  un  phénomène  de  double  décomposition  ;  il  s'est  ainsi 
formé  de  la  calamine  que  les  eaux  ont  entraînée.  Le  zinc 
a  dû  être  emprunté  comme  le  cuivre  et  bien  d'autres  métaux 
à  des  fumerolles  de  roches  à  l'état  igné. 

Les  gisements  de  zinc  paraissent  être  d'un  âge  intermé- 
diaire entre  celui  dos  gisements  de  cuivre  et  celui  des  gise- 
ments de  plomb. 

On  examinera  ici  successivement  les  principaux  gisements 
filoniens  de  zinc  et  quelques  gîtes  sédimentaires  que  Ton 
énumérera  autant  que  possible  suivant  leur  ordre  d'impor- 
tance, en  étudiant,  aussitôt  après  les  gisements  français,  les 
mines  célèbres  du  Laurium  et  de  laSardaigne. 

Gisements  de  la  France  {Ardèche  et  Gard).  —  Le  long  de  la 
limite  sud-est  du  Plateau  Central  se  trouvent  un  certain 
nombre  de  gisements  de  zinc,  parmi  lesquels  on  doit  citer 
ceux  d'A/ais,  de  Saint-Laurcnt-le-Minier  et  des  Malines  dans 
le  Gard,  de  Merr/lon  dans  la  Drôme,  et  de  Saint-Cierge  dans 
l'Ardèclie.  La  seule  de  ces  exploitations  qui  soit  prospère  est 
celles  des  Malines;  les  anciennes  usines  ont  été  transportées 
en  Belgique,  et  il  n'existe  plus  dans  la  région  que  deux 
usines  appartenant  à  la  Société  de  la  Vieille-Montagne  et 
situées  dans  l'Aveyron,  l'une  a  Viviez  où  l'on  traite  des  mine- 
rais importés  de  Laurium  ou  de  Sardaigne,  l'autre  à  Panchot 
où  sont  les  ateliers  de  laminage. 

Le  gisement  des  Malines  près  Saint- Laurent-le-M in ier  (bajo- 
cien)  comprend  un  grand  filon  dit  de  Castclnau  (blende, 
galène,  pyrite  avec  barytine),  qui  recoupe  des  calcaires  sur- 


-2* 

240  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

inonlés  par  les  dolomies  des  Matines  et  affleure  sur  500  mètres 
de  longueur;  ce  gisement  comprend,  en  outre,  une  série 
d'amas  situés  au  voisinage  des  Avinières  dans  les  dolomies  de 
Toolithe  inférieure  ;  le  minerai,  riche  en  zinc,  plomb  et  argent, 
comporte  des  calamines  d'espèces  variées  avec  de  la  blende,  de 
la  galène ^  de  la  smilhsonite,  de  ï hydrozinc ite,  etc..  L'exploi- 
tation de  ce  gisement  est  très  prospère. 

En  1895,  le  département  de  TArdèche  a  fourni  410  tonnes  de 
galène  argentifère  brute  et  13  tonnes  de  blende  et  galène  triées. 

I^  même  année,  le  département  du  Gard  a  fourni 
36.000  tonnes  de  minerai  de  zinc  (calamine  et  blende  plom- 
beuse)  et  930  tonnes  de  galène  argentifère. 

On  peut  citer,  pour  mémoire,  les  gisements  des  Avinières 
et  de  Mas  RigcU  (gîtes  de  substitution  et  d'imprégnation  de  la 
calamine  dans  les  dolomies  du  lias),  de  Maudesse  (blende  dans 
les  dolomies  quartzeuses  de  rinfralias],  de  Fons-Bouillans,  du 
Mas  de  Beaugis,  du  Mas  la  Combe  et  de  la  Coste  Durfort.  Ces 
gisements  sont  pour  la  plupart  abandonnés  ou  près  d'être 
épuisés. 

Groupe  d'Alais,  —  Les  gisements  formant  le  groupe  d'Alais 
proprement  dit  (infralias)  sont  ceux  de  Clairac  (blende  et 
galène  dans  des  calcaires  noirs  siliceux  liasiques),  de  Clar- 
pont  près  de  Bessèges  (blende  et  calamine),  de  Cendras,  de 
Vallières  (amas  de  blende,  calamine  et  galène,  et  filons  re- 
coupant des  calcaires  liasiques),  et  de  Koiisson,  près  de 
Salindres.  Tous  ces  gîtes,  peu  ou  pas  exploités,  renferment  ou 
ont  renfermé  des  minerais  en  général  pauvres,  de  composi- 
tion très  irrégulière  et  contenant  de  la  barytine,  qui  pro- 
duit du  sulfure  de  baryum,  d'où  usure  rapide  des  creusets 
employés  pour  le  traitement  du  minerai. 

Drôme.  —  A  Merglon  {Drame)  on  exploite,  dans  des  marnes 
et  des  calcaires  oxfordiens  formant  la  montagne  de  Piémont, 
des  poches  de  minerai  peu  importantes  et  un  grand  lilon 
formé  d'amas  successifs  de  carbonate  de  zinc. 

La  production  du  département  de  la  Drôme  a  été  de 
4.500  tonnes  de  calamine,  en  1895. 

Gisement  du  Laurium  (Grèce).  —  Dès  la  plus  haute  anti- 
quité, les  gîtes  du  Laurium  fournissaient  du  plomb  et  de 
l'argent.  Aujourd'hui  ils  sont  exploités  par  une  Compagnie 


MINÉRAUX   EUPLOVÉS   DANS   LA    MÉTALLl'BGIE 


m 


françaUe  fondée  en  187S  et  par  une  Société  grecque  qui 
traite  les  amas  des  scories  argentifères  abandonnées  par  les 
anciens  exploitants.  1^  Compagnie  française  possède,  outre 
de  nomlireux  fours  de  c&lcination  pour  la  calamine,  plusieurs 
ateliers  de  préparation  mécanique  et  une  usine  à  plomb. 


M  «Dj»  Ttrliule  d'nii  (liloE  du  LanriiiD. 

Sur  une  base  de  granile  reposent,  au  Laurium,  des  bancs 
alternés  de  schistes  pliylladiens  et  de  calcaires  saccbarolde» ; 
(anIAt  la  séparation  des  couches  est  nette;  tantôt,  au  con- 
traire, il  y  a  pénétration  des  schistes  dans  les  calcaires,  ou 
inversement.  De  nombreux  plissements  ont,  d'ailleurs,  bou- 
leversé ces  terrains,  et  l'on  trouve  en  maints  endroits  des 
nions  d'une  roche  eurilique  décomposée,  renfermant  des 
proportions  variables  de  cuivre. 


242  GÉOLOGIE  APPLIQDÉE 

On  distingue  au  Laurium  deux  catégories  biea  distinctes 
de  gîtes  : 

1<*  Les  amas  interstratifiés  à  la  surface  de  contact  des 
schistes  et  des  calcaires,  surtout  au  contact  des  schistes 
inférieurs  ; 

2<*  Les  filons  ou  griffons  qui  traversent  les  calcaires  et 
quelquefois  les  schistes  sous  la  troisième  couche  de  contact. 

Les  griffons  des  contacts  supérieurs  ne  contiennent  que  de 
la  calamine  avec  des  vides  dans  le  calcaire  ou  dans  Tamas 
calaminaire.  Au  troisième  contact,  on  trouve,  au  contraire, 
des  amas  de  galène  entourés  d'un  dépôt  ferrugineux,  puis 
d'une  gaine  de  calamine. 

Le  minerai  est  arrivé  sans  doute  à  Tétat  de  sulfure  ;  le  cal- 
caire attaqué  a  donné  lieu  à  une  formation  de  gypse  et  de 
calamine. 

Les  calamines  sont  ordinairement  pauvres  à  la  surface,  où 
elles  se  présentent  sous  la  forme  d'un  calcaire  blanchAtre 
ou  d'une  roche  feuilletée  grise.  Les  minerais  du  troisième 
contact  sont  beaucoup  plus  purs  et  tiennent  de  60  à  63  0/0 
de  zinc  (minerai  calciné);  on  les  trouve  en  roches  dont 
l'aspect  rappelle  la  meulière,  ou  en  feuillets  blancs  com- 
pacts. On  peut  croire  que  la  formation  de  ces  gisements  est 
due  à  l'action  incrustante  d'un  liquide  minéralisaleur,  vena 
de  la  profondeur,  sur  des  calcaires  situés  sous  les  bancs 
imperméables  de  schistes  du  troisième  contact,  ce  qui 
explique  que  ce  contact  soit  seul  exploitable.  En  cfTet,  la 
minéralisation  des  calcaires  des  contacts  supérieurs  n*a  pu 
avoir  lieu  que  grâce  au  passage  du  liquide  minéralisateur 
à  travers  les  schistes;  le  liquide  est  donc  arrivé  dans  ces 
calcaires  notablement  appauvri. 

Si  l'on  appelle  P  le  prix  de  vente  ;  p,  le  prix  du  zinc  brut 
au  cours  du  Jour,  et  2,  la  teneur  en  zinc  pour  100  du  mi- 
nerai marchand,  on  a  pour  le  prix  de  vente  de  la  calamine 
au  Laurium  : 

P  =zO,np{Ofiz  —  I)  —  65». 

>  La  constante  65  représente  les  frais  de  transport  à  l'usine  et  de 
traitement.  Le  facteur  0^95  tient    compte   d'un  bénéfice  de  3  0/D 


BIINÉRAUX    EMPLOYÉS    DANS    LA   MÉTALLURGIE        243 

Le  prix  de  revient  varie  avec  la  profondeur  d'extraction, 
la  teneur  du  minerai  et  la  perte  à  la  calcination.  On  peut 
compter  sur  un  prix  de  revient  (frais  généraux  compris) 
de  18  fr.  90  sur  le  carreau  de  la  mine  pour  une  tonne  de 
minerai  calciné  à  75  0/0  ;  pour  le  minerai  à  25  0/0,  ce  prix 
de  revient  s'élève  à  46  fr.  50  environ,  à  cause  des  frais  de 
triage  qui  sont  plus  considérables. 

En  1896,  la  production  des  mines  du  Laurium  a  été  la 
suivante  : 

Plomb  argentifère 7.822  tonnes 

Minerais  de  zinc 27.163  — 

Minerais  de  fer  manganésifères..  73.549  — 

Minerais  divers 9.807  — 

Total 118.341    tonnes 


Gisements  de  la  Sardaigne.  —  Iglesias.  —  En  Sardaigne,  c'es 
dans  les  calcaires  siluriens  de  la  province  d'Iglesias  que  se 
trouvent  les  gisements  principaux  de  zinc  et  de  plomb.  Les 
filons  de  galène  argentifère  et  de  blende  se  présentent  soit 
isolés,  soit  accompagnés  d'amas  calaminaires  au  contact  des 
calcaires  et  des  schistes.  Les  gîtes  contenus  dans  les  schistes 
sont  trop  minces  pour  être  exploités;  ceux  des  calcaires  sont 
beaucoup  plus  puissants  et  se  distinguent  en  filons  propre- 
ment dits,  de  facture  ou  de  contact,  et  en  amas  de  cala- 
mine. 

Dans  les  filons  on  observe  très  nettement,  en  Sardaigne 
l'existence  de   colonnes   riches  et   une  diminution    de    la 
teneur  en  argent,  concurremment  avec  l'augmentation  de  la 
blende,  en  profondeur;  les  carbonates  et  les  silicates  riches 

assuré  au  fondeur  ;  et  le  facteur   0,8,  d'une  perte    moyenne  de 
20  0/0  au  traitement. 

Quand  il  s'agit  de  blende,  la  formule  devient  : 

P=  0.95/)  (0,82  —  1)— T, 

T  représentant  les  frais  de  transport  à  Tusine  et  de  traitement,  qui 
sont  très  variables. 


241  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

(calamine)   sont,  au  contraire,   voisins   de  la  surface,  sans 
cependant  affleurer. 

Montevecchio.  — -  A  30  kilomètres  au  nord  d'Iglesias,  les 
trois  (lions  de  galène  argentifère  et  de  blende  de  Monte- 
vecchio  recoupent  les  schistes  et  les  grauwackes  siluriens 
qui  enveloppent  les  granités  d'Arbus.  Le  seul  filon  exploité, 
qui  a  60  mètres  de  puissance,  comporte  au  toit  et  au  mur 
deux  veines  minéralisées  renfermant  huit  puissantes  lentilles 
de  galène,  tenant  80  0/0  de  plomb  et  800  grammes  d'argent 
à  la  tonne  ;  la  teneur  en  argent  diminue  eiK  profondeur, 
tandis  que  la  teneur  en  blende  augmente. 

Monteponi.  —  Les  Carthaginois,  les  Romains  et  les  Espa- 
gnols ont  successivement  exploité  la  mine  de  Monteponi 
(au  sud-ouest  dlglésias),  qui  fournissait  de  la  galène  et  de  la 
calamine.  La  Société  actuelle  de  Monteponi  lave  les  menus 
abandonnés  de  ces  anciennes  exploitations. 

Les  autres  gisements  de  zinc  de  la  Sardaigne  se  trouvent  à 
San  Benedetto  (San  Giovanni),  à  la  Duchessa,  à  Malacalzetta 
et  à  Nebida. 

Malfldano,  —  La  Société  de  Malfidano  exploite  les  gîtes 
de  Malfidano^  de  Caltas^  de  Planu-Sartu  et  de  Genna-Arenas. 
A  Planu-Sartu,  cinq  veines  principales  de  calamine  sont 
interstratifiées  dans  une  falaise  de  calcaires  de  100  mètres  de 
hauteur  ;  on  rencontre  aussi  des  bancs  alternés  de  calcaire 
et  de  calamine  compacte  ou  lamelleuse  tenant  de  40  à  50  0/0 
de  zinc.  Une  couche  de  minerai  de  fer  et  un  puissant  Alon 
de  galène  quartzeuse  sont  interstratifiés  dans  des  calcaires, 
comme  la  calamine  qui  renferme  de  nombreuses  mouches 
de  galène. 

A  Caïtas,  il  existe  une  masse  considérable  de  calamine 
pure.  A  Malfidano,  on  trouve,  au  contraire,  une  suite  d'amas 
de  calamine  blendeuse  affleurant  au  fond  d'un  ravin  ;  le 
long  de  ces  amas,  règne  une  faille  très  longue  remplie  d'une 
brèche  argilo-calcaire.  Le  minerai  se  présente  en  colonnes 
coniques  orientées  la  pointe  en  bas.  L'amas  principal  de 
Malfldano,  qui  a  80  ou  100  mètres  de  longueur  et  13  à 
20  mètres  de  hauteur,  est  i^coupé  par  des  filons  de  galène 
quartzeuse  ou  carbonatée.  La  blende  augmente  rapide- 
ment en  profondeur,  ainsi  que  la  galène.  L'épaisse  couche 


MINÉRAUX    EMPLOYÉS   DANS    LA    MÉTALLURGIE        2^5 

d'alluvions,  qui  couvre  le  fond  de  la  vallée,  fait  croire  qu*il 
existait  autrefois  en  cet  endroit  un  lac  dont  les  eaux  ont 
joué  un  rôle  dans  la  formation  de  la  calamine. 

On  peut  citer  pour  mémoire  les  gites  de  Sedda^Cherchi,  de 
CucurU'Taris  et  de  Planu-Dantis  (au  contact  des  schistes  et 
des  calcaires  siluriens). 

Production  de  l'Italie,  —  L*ltalie  a  produit,  en  1897, 
422.000  tonnes  de  minerai  de  zinc,  provenant  presque 
entièrement  des  mines  de  la  Sardaigne. 

Gisements  de  V Allemagne.  —  En  Allemagne,  le  long  du  Rhin, 
on  trouve  un  certain  nombre  de  gisements  de  zinc,  soit 
dans  le  permien,  dans  les  environs  d'ôsnabruck  ou  de  Muns- 
ter, à  Kumper,  Holtkamp  et  Overmeier  (minerais  de  zinc  et 
de  fer  dans  la  dolomie  du  zechstein),  soit  dans  le  trias  où 
Ton  rencontre  les  calamines  de  Wiesloch,  avec  galène,  blende 
et  cadmium,  intercalées  dans  les  calcaires  du  muschelkalk. 
La  puissance  des  couches  de  minerai  atteint  7  mètres  sur 
des  longueurs  de  600  à  700  mètres,  pour  le  plus  grand 
dépôt,  et  de  140  mètres  pour  le  plus  petit  (sur  70  mètres 
do  largeur). 

Prus-ie  Rhénane.  —  Les  deux  groupes  de  gisements  de  zinc 
de  la  Prusse  Rhénane  sont  exploités  par  la  Société  de  la 
VioiUe-Montagne.  L'un  des  groupes  (Bensberg)  est  situé  au 
coulact  des  calcaires  de  TEifel  avec  les  schistes  dévoniens 
(Loiine  Schiefer);  l'autre  groupe  (Siebengebirg)  est  situé 
dans  les  schistes,  grès  et  grauwackes  à  spirifères  du  coblent- 
zien,  séparés  des  schistes  et  psammites  bariolés  de  Moresnet, 
par  les  schistes  de  Wissembach.  A  AUgliichy  dans  le  groupe 
du  Siebengebirg,  le  minerai  à  gangue  quartzeuse  est  formé 
de  blende  avec  un  peu  de  galène.  A  la  partie  riche,  qui  se 
tniuve  dans  lagrauwacke,  succèdent  rapidement  des  veinules 
pauvres,  dès  que  le  filon  pénètre  dans  les  schistes. 

Dans  les  régions  de  TEifel  et  de  la  Moselle,  à  Silbersand 
(coblenlzien),  on  a  exploité  un  tilon  de  blende  et  de  galène 
qui  s'enrichit  au  point  d'intersection  avec  un  croiseur  rempli 
de  minéraux  arsénieux  et  antimonieux. 

On  exploite  des  filons  de  blende  dans  le  lenneschiefer  à 
Overaih,  Immekepel  et  AUenbruck. 

D'autres  filons  de  blende,  situés  dans  les  granités  et  les 


246  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

gneiss,  sont  exploités  à  Wiesbaden  et  à  Arnsherg,  sur  le  Rhin, 
î\  Schônau  et  à  Freiberg,  en  Saxe,  etc. 

D'autres  gisements  de  zinc  sont  exploités  en  Allemagne 
dans  le  calcaire  carbonifère  :  calamines  de  Nérins  et  d'Eupen 
près  d'Aix-la-Chapelle,  blendes  de  Busbach,  d'Hassenberg^ 
de  Walheim,  de  Wathorn,  etc.,  sur  la  rive  gauche  du  Rhin. 

Silésie.  —  Le  bassin  de  la  haute  Silésie  (cercles  de  Tar- 
nowitzet  de  Beuthen),  situé  sur  la  frontière  de  la  Russie,  de 
TAutriche  et  de  TAllemagne,  comprend  de  nombreuses  mines 
de  zinc  et  de  plomb  dont  les  minerais  sont  traités  surplace, 
grâce  à  l'abondance  du  combustible. 

Les  principales  mines  de  zinc  sont  celles  de  Neue  Hélène^ 
Wilhelmsglûcky  Samuelsglûck,  etc.,  en  Prusse  (cercle  de  Beu- 
then). La  galène  que  Ton  extrait  des  mines  de  zinc  est  vendue 
aux  mines  de  l'Etat  (Friedrichsgrube  à  Tarnowitz),  dont  les 
usines  de  traitement  sont  :  Friedrichshûtte,  à  Tarnowitz,  et 
Walter  Cronek,  près  de  Rosdzin.  Les  minerais  de  calamine 
pure  sont  épuisés,  et  on  ne  traite  que  de  la  blende  ou  des 
mélanges  de  blende  et  de  calamine  ;  la  teneur  moyenne  est 
de  20  0/0  aux  fours  ;  mais  la  présence  du  fer  et  du  plomb 
détériore  les  creusets,  qui  se  percent  rapidement.  Les  varia- 
tions de  densité  rendent  la  préparation   mécanique  difficile. 

Le  muschelkalk,  compris  entre  le  grès  bigarré  etlekeuper, 
comprend  à  sa  partie  inférieure  un  lit  de  dolomie  renfer- 
mant les  minerais  de  zinc,  de  plomb  et  de  fer,  surtout  près 
des  affleurements;  en  profondeur,  on  ne  trouve  que  des  sul- 
fures. Le  mur  est  constitué  par  du  calcaire  (sohlenkalkstein), 
et  le  toit  par  de  la  dolomie  stérile.  Le  bassin  affecte  la  forme 
d'une  cuvette  elliptique  ayant  de  2  à  4  kilomètres  entre 
Beuthen  et  Scharley  (S.-N.)  et  22  kilomètres  de  Michowili 
à  Czelads  (O.-E.).  On  trouve  successivement,  en  partant  des 
affleurements,  de  l'hématite  brune,  puis  de  la  calamine 
blanche  reposant  sur  le  sohlenkalkstein  et  à  laquelle 
succède  de  la  calamine  rouge;  au  delà,  la  blende  apparaît 
et  devient  de  plus  en  plus  abondante,  jusqu'à  ce  qu'elle 
reste  seule  avec  de  la  galène  et  de  la  pyrite. 

La  calamine  blanche  forme  des  petits  amas  allongés  ou 
glanduleux;  sa  cassure  est  quelquefois  schisteuse.  La  cala- 
mine rouge,  formée  d'un  mélange  de  limonite  zincifère  et 


MINÉRAUX    EMPLOYÉS   DANS    LA    MÉTALLURGIE        247 

de  dolomie  avec  cénise  et  galène,  forme  une  couche  dont  la 
puissance  atteint  jusqu'à  15  mètres;  la  teneur  du  minerai 
varie  de  10  0/0  à  45  0/0. 

La  galène,  dans  le  district  de  Scharley,  tient  3  0/0  de 
plomb  (minerai  préparé). 

Dans  ces  gisements,  les  eaux  superficielles  ont  transformé 
les  sulfures  en  sulfates  qui  se  sont  précipités,  soit  comme 
celui  de  zinc,  par  substitution  immédiate  au  calcaire  à 
Tétat  de  calamine,  soit  comme  celui  de  fer,  après  entraîne- 
ment vers  la  surface  où  il  s'est  transformé  en  hématite. 

La  production  des  mines  de  zinc  situées  sur  le  territoire 
de  TEmpire  d'Allemagne  a  atteint  664.000  tonnes  en  1897, 
en  diminution  de  près  de  70.000  tonnes  sur  Tannée  1896. 

Gisements  de  l'Espagne.  —  On  exploite  en  Asturie,  dans  les 
provinces  de  Guipuzcoa  et  de  Santander,  d'importants  amas 
de  calamine,  intercalés  dans  un  calcaire  crétacé.  A  Kécocia^ 
la  Nestosa,  Udias,  Comillas,  etc.,  le  minerai  est  de  la  smith- 
sonite  blanche  avec  de  la  zinconite  et  du  silicate  de  zinc.  En 
profondeur,  on  trouve  de  la  blende  en  rognons  ou  en  boules 
avec  de  la  barytine. 

Dans  les  Picos  de  Europa  (districts  d'Andara  et  d'Aliva)  il 
existe,  dans  le  calcaire  carbonifère,  des  gisements  très  éten- 
dus de  calamine,  soit  blanche  et  translucide,  soit  opaque  et 
ressemblant  à  du  calcaire;  on  y  trouve  également  de  la 
blende  en  rognons  dans  des  argiles  superficielles. 

La  production  des  minerais  de  zinc,  en  Espagne,  a 
atteint  74.000  tonnes  en  4897,  dont  40.000  environ  ont  été 
exportées. 

1^  Société  royale  asturienne  a  extrait  20.000  tonnes  des 
mines  de  Réocin,  et  7.200  tonnes  des  mines  de  la  Florida  et 
de  Udias. 

Gisements  de  la  Suède  (Ammeberg),  —  La  Société  de  la  Vieille- 
Montagne  exploite  en  Suède,  dans  le  gouvernement  d'Orebrô, 
près  du  lac  Wettern,  les  mines  de  zinc  d' Ammeberg ^  dont  les 
minerais  sont  transportés  et  traités  dans  les  usines  conti- 
nentales de  la  Société. 

On  trouve  à  Ammeberg  la  blende  en  lentilles,  à  l'état  d'im- 
prégnations dans  un  gneiss  schisteux  (hâlleflin ta)  rubané,oii 
elle  est  mélangée  à  du  feldspath  et  à  du  quartz.  Les  lentilles 


248  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

sont  irrégùlières  et  minces,  mais  s*étendent  à  une  profondeur 
de  200  mètres  ;  leur  épaisseur  autour  des  centres  d'exploi- 
tation de  Nygrufva  et  de  Knalla  varie  de  8  à  13  mètres- 
La  teneur  moyenne  est  de  43  0/0  de  zinc  et  de  5  à  7  0/0  de 
galène.  Au-dessous  d'une  teneur  de  20  0/0,  le  minerai  n'est 
plus  exploitable.  On  l'extrait  au  moyen  de  galeries  pratiquées 
dans  le  hâlleflinta,  qui  est  très  résistant.  Une  grande  galerie 
d'écoulement  de  4.000  mètres  de  longueur  a  permis  d^assécher 
le  gîte  jusqu'à  225  mètres  de  profondeur  ;  des  pompes  épuisent 
l'eau  des  couches  inférieures.  L'atelier  de  préparation  mé- 
canique d'Ammeberg  peut  traiter  40.000  tonnes  de  blende  et 
de  galène  par  an. 

La  géogénie  du  gîte  d'Ammeberg  est  difficile  à  établir  : 
les  veines  de  blende  suivent,  en  général,  tous  les  accidents 
de  la  schistosité  des  roches  encaissantes  dont  elles  ont  rempli 
les  vides.  Le  dépôt  blendeux  semble  être  postérieur  aux 
schistes  et  aux  grès,  qui  ont  été  métamorphisés  en  gneiss 
après  plissement. 

On  rencontre,  à  Ammeberg,  de  puissants  filons  de  granulite 
qui  recoupent  l'amas  blendeux  et  les  gneiss  auxquels  ils  sont 
postérieurs. 

En  1897,  les  mines  de  la  Suède  ont  fourni  66.600  tonnes  de 
minerai  de  zinc. 

Gisements  de  la  Russie.  —  En  Russie,  on  a  trouvé  des  gise- 
ments de  blende  dans  le  gouvernement  de  Kutaïs,  à  Tschia- 
tury. 

Les  mines  de  Boleslaw  (Société  de  Sosnowice)  ont 
produit,  en  4897,  19.250  tonnes  de  calamine  (silicate  et  car- 
bonate) ;  et  celles  de  l'État,  27.600  tonnes.  Les  usines  de 
l'État,  gérées  par  Dervis  Pomeranzow  et  C«,  et  celles  de  la 
Société  de  Sosnowice  (usines  Paulma)  ont  produit  :  les  pre- 
mières 2.930  tonnes,  et  les  secondes  3.330  tonnes  de  zinc 
métallique. 

A  Boleslaw,  dans  la  Pologne  russe,  au  voisinage  des  gise- 
ments de  Silésie,  on  exploite  une  colline  de  dolomie  impré- 
gnée de  calamine  d'une  manière  irrégulière;  le  gite  est  d'une 
teneur  faible  ;  mais  il  est  très  étendu  ;  on  y  trouve  de  la 
blende  et  de  la  galène  en  veines  complexes. 

Gisements  de  la  Belgique.  —  Le  gîte  de  zinc  et  de  plomb  de 


MINÉRAUX    EMPLOYÉS    DANS   LA    MÉTALLURGIE        249 

Moresnet,  connu  sous  le  nom  de  la  Vieille-Montagne,  fait  partie 
d'une  série  de  gisements  répartis  le  long  d*une  sone  comprise 
entre  Philippeville  et  Aix-la-Chapelle.  La  formation  de  ces 
gisements  est,  sans  doute,  due  à  Faction  d'eaux  thermales 
sur  des  calcaires  compris  entre  des  terrains  moins  per- 
méables (grès  et  schistes)  ;  ces  calcaires  imprégnés  auraient 
subi  ensuite  un  métamorphisme  superQciel.  Les  eaux  ont 
pénétré,  par  des  fractures,  jusqu'aux  divers  gîtes.  Tantôt  les 
fractures  sont  stériles  (dans  le  houiller  et  les  schistes),  tantôt 
elles  sont  minéralisées,  comme  au  Bleiberg  (dans  les  calcaires). 

L'amas  de  Welkenraedty  près  d'Aix-la-Chapelle  (250  mètres 
de  longueur),  est  un  amas  de  substitution,  très  incliné  et  très 
plissé,  situé  sous  des  schistes  houillers  imperméables  (comme 
(iu  Laurium)  et  au  toit  du  calcaire  carbonifère  auquel  le  mine- 
rai s'est  substitué.  La  calamine,  qui  occupe  la  partie  infé- 
rieure du  gisement,  est  recouverte  de  minerai  de  fer  ou 
d'argile  avec  hématite;  à  la  partie  supérieure  on  trouve,  près 
des  schistes,  de  la  blende,  de  la  galène  et  de  la  pyrite  à 
l'état  de  rognons  et  de  veines  dans  de  l'argile  noire;  cette 
partie  sulfurée  forme  le  toit  du  carbonifère  sur  plus  de  2  kilo- 
mètres au-delà  do  la  zone  calaminifère. 

Philippeville.  —  A  Philippeville,  les  inclusions  de  blende 
et  de  galène  s'étendent  sur  près  de  4  kilomètres  de  lon- 
gueur, dans  des  calcaires  compris  entre  les  phyllades  et  les 
calcaires  du  dévonien. 

VleillerMontagne.  —  A  la  Vieille-Montagne  (Moresnet),  la 
calamine  occupe  la  partie  Nord  d'une  cuvette  formée  de 
calcaire  carbonifère  intercalé  entre  des  calcaires  dolomitiques 
(toit)  et  des  schistes  dévoniens  ;  on  constate,  dans  ces  schistes, 
une  épaisse  couche  d'intercalation  de  doloniie  quarlzeuse. 
Le  calcaire  dolomitique  du  toit  est  compact;  il  n'en  est  pas 
de  même  de  la  dolomie  quartzeuse  du  mûr,  qui  est  poreuse 
et  qui  laisse  passer  des  eaux  d'infiltration,  très  gênantes 
pour  l'exploitation. 

Le  gîte  de  Moresnet  est  divisé  en  deux  amas  (Nord  et  Sud) 
par  une  intercalation  de  calcaire  dolomitique.  La  calamine 
qui  remplit  le  gîte  est  un  mélange  de  carbonate  et  de  silicate. 

La  production  des  mines  situées  sur  le  territoire  belge 
a  été,  en  1897,  de  11.000  tonnes  de  minerai  de  zinc. 


250  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

Gisements  de  l'Angleterre.  —  En  Angleterre,  on  exploite  ta 
i^alamine  dans  le  calcaire  carbonifère  à  Minera  (Denbighshire) 
^t  à  Neuthead  (CumberlaDd). 

Les  deux  districts  du  Denbighshire  et  du  Cumberland  ont 
fourni,  en  1897,  environ  9.000  tonnes  de  minerai  de  liDC 
(rendement  moyen,  35  0/0  à  la  fonderie). 

Gisemenls  des  Alpes.  —  On  trouve  dans  les  terrains  permo- 
triasique»  de  nombreux  gisements  de  ïinc,  qui  seprésenteol 
sous  la  forme  de  filons  complexes  dans  les  schistes,  d'impré- 
gnations dans  les  grès  et  d'amas  calarainaires  dans  lea 
calcaires. 

Un  certain  nombre  de  ces  gisements  sont  situés  dans  lea 
Alpes  ;  lea  plus  connus  sont  ceux  de  RaM  en  Carintbie,  du 
Bteiberg  Carinthien  et  de  Villach. 

Raibl  (Carinthie).  —  A  RaibI, 
les  gîtes  de  galène  et  de  blende 
se  trouvent  dans  une  dolorate 
située  sous  des  schistes  mamo- 
argileux.Cesgltes,  qui  forment 
de  petites  poches  en  chapelet 
le  long  des  failles,  sont  cons- 
titués par  des  noyaux  de  dolo- 
mie  entourés  de  galène,  puis 
de  blende.  Les  gîtes  de  cala- 
mine sont  des  produits  de 
substitution  à  des  calcaires, 
le  long  des  fentes.  La  cala- 
mine est  du  carbonate  rouge 
anhydre  nu  blanc  hydraté. 

Ces  minerais  sont  traités  à 

Cilli  et  à  Sagor  [ligne  de  Uy- 

bach  &  Marbourg). 

Tyrol  {Slersing).  —  Le  glle 

^    ,,      „      ,.        .       ^    ,  „  i^,    de    blende  de  Sterzing,  dans 

(d-.!.r#.  iwpïy).  ie  Tyrol,  peut  être  rapproché 

1.B.I*i..:!.bL.nde^ï^.j.^By.u*iiio1eii.le     jg    gg|„j    ^'Ammeberg.    On    y 

trouve,  interstrntilié  dans  les 
micaschistes,  «n  nmas  blendfux,  mélangé  à  de  la  galène, 
avec  des  pyrites  de  fer  et  de  cuivre  et  du  fer  magnétique. 


MINÉRAUX    EMPLOYÉS   DANS   LA    MÉTALLURGIE        251 

Ponte  di  Nossa,  —  Près  de  Bergame,  les  gisements  de  Ponte 
di  Nossa  (Premolo,  Dossena,  Gorno,  etc.)  renferment  de  la 
calamine  incluse  dans  des  poches  et  des  fractures  de  cal- 
caires doloraitiques  (trias)  intercalés  sous  un  lit  de  schistes 
entre  les  calcaires  de  Dachstein  et  les  dolomies  de  Raibl. 

Gisements  de  V Algérie.  —  Parmi  les  gîtes  de  zinc  exploités 
en  Algérie  dans  la  chaîne  du  petit  Atlas,  les  principaux  sont 
ceux  de  Sakamody  (blende  cimentant  une  brèche  de  débris 
de  schistes)  et  de  Guerrowna  (blende  et  galène  dans  une 
gangue  chargée  de  sulfate  de  baryte  et  de  fer  spathique).  La 
production  des  diverses  mines  de  l'Algérie  a  été,  en  1897,  de 
i  7.600  tonnes  de  minerais  de  zinc. 

On  peut  citer  pour  mémoire  les  gisements  de  Hammam- 
N'bails  (calcaires  nummuliliques),dans  la  province  de  Cons- 
tantine,  et  ceux  de  Gharho,  de  Sidi  Dayem^  etc.,  analogues 
à  ceux  de  Guerrouma. 

Gisements  des  États-Unis.  —  La  production  du  zinc  s  est 
beaucoup  développée  depuis  quelques  années,  aux  États- 
Unis.  Les  principales  régions  productrices  sont  le  KansaSy 
le  Missourif  VlUinois  et  VIndiana,  qui  comprennent  quatorze 
usines  dont  les  principales  sont  :  la  Nevada  Spelter  G*",  à 
Nevada;  la  Balmer  Smelting  C«  et  la  Robert  Lanyons  sons 
Spelter  C»,  à  lola;  la  Empire  Zinc  C°,  à  Joplin;  la  Cherokée 
Lanyon  Spelter  G'»,  à  Rich  Hill  ;  et  la  Swansea  vale  Zinc  G«,  à 
Sandoval.  L'exportation  du  minerai  en  Europe  augmente 
également  et  porte  principalement  sur  les  minerais  riches  de 
New-Jersey  préparés  par  le  procédé  Wetherill  et  sur  ceux 
du  district  de  Joplin  (Missouri),  achetés  par  les  fondeurs 
de  Swansea  (Angleterre).  De  nouvelles  usines  ont  été  établies 
récemment  dans  les  districts  de  Galena  et  de  Joplin. 


BIBU06RAPHIB  DU  ZING 

1859.  Parran,  Gîtes  de  zinc  du  Gard  {Annales  des  Mines^  5*  série, 

t.  XV,  p.  47). 
1863.  Le  gîte  calaminaire  de  la   Vieille-Montagne  (Bulletin   de  la 

Société  géologique^  t.  XX,  p.  311). 
1868.  Blende  d^Ammeberg  {Cuyper,  t.  XXII,  p.  421). 
1872.  Ledoux,  Le  Laurium  {Revue  des  Oeujr  Mondes^  février). 


252  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

1876.  Laur,  Les  Calamines  [Industrie  minérale,  2*  série,  t.  V,  p.  275 
et  413). 

1879.  Oppermann,  Sur  la  préparation  mécanique  des  minerais  de 

zinc   à    Ammeberg    {Annales  des   Mines,  7*   série,  t.  XI, 
p.  261). 

1880.  Csziskowski,  La  blende  dans  les  Pyrénées  orientales  et  la 

région  du  Canigou  {Industrie  minérale,  t.  II,  p.  8  et  369).  — 

1881.  De    Bêche vel,  Sur  V industrie   du  linc  en   Silésie  (Mémoire 

manuscrit  à  TÉcole  des  Mines). 

1883.  Simonet,  Le  Laurium,  Etude  sur  les  dépôts  métalliques  (Bul- 

letin de  la  Société  de  l'Industrie  minérale,  2*  série,  t.  II, 
p.  64i). 

1884.  Béco,  Zinc  et  cuivre  aux  Etats-Unis  {Cuyper,  t.  Il,  p.  129). 

1885.  Dieulafait,  Explication  de  la  concentration  des  minerais  de 

zinc  dans  les  terrains  dolomitiques  {Comptes  Rendus,  t.  G, 

p.  815,  Paris). 
1885.  Pelié,  Sur  le  zinc  en  Silésie  (Mémoire  manuscrit  à  TËcole 

des  Mines). 
1892.  G.  De  Launay,  Histoire  de  V Industrie  minière  en  Sardaigne 

{Annales  des  Mines,  9*  série,  t.  I,  p.  511). 
1897.  M.  Bernard,  Note  sur  le  gisement  de  la  Caunetle  et  sur  le 

traitement  de  ses  minerais  {Annales  des  Mines,  9*  série. 

t.  XI,  p.  597). 


MINÉRAUX    EMPLOYÉS    DANS    LA    MÉTALLCRG1E        253 


L'ÉTA»  ET  SES  MQISRAIS 


Propriétés  phyiiquet.  —  L'étain  est  un  métal  blanc  ; 
quand  il  est  pur,  son  éclat  rappelle  celui  de  Targent. 
Frotté,  il  dégage  une  odeur  désagréable  de  marée.  Sa 
ténacité  et  son  élasticité  sont  faibles,  sa  texture  est  solide  et 
cristalline;  il  est  très  malléable  et  peut  être  réduit  en  feuilles 
minces  sans  s'écrouir;  c'est  le  plus  fusible  des  métaux  usuels 
(228®).  Il  n'est  pas  volatil,  et  il  cristallise  en  refroidissant; 
il  est  assez  mauvais  conducteur  de  la  chaleur  et  de  Télectri- 
cité.  Densité  =  7,3  ;  chaleur  spécifique  =  0,05623. 

L'étain  est  flexible  ;  il  fait  entendre,  lorsqu'on  le  courbe, 
un  craquement  caractéristique  appelé  «<  cri  de  Tétain  »,  qui 
semble  dû  au  frottement  de  cristaux  les  uns  contre  les 
autres. 

Propriétés  chimiques.  —  L'étain  à  froid  ne  s'altère  que 
très  peu  à  l'air  ordinaire,  et,  au  contact  des  acides,  il  ne 
donne  que  des  sels  non  vénéneux  s'ils  sont  absorbés  à  petite 
dose.  Chauffé  à  200<»  environ,  il  s'oxyde  à  la  surface  en  don- 
nant un  mélange  de  protoxyde  et  de  bioxyde  d'étain  ;  à  une 
température  très  élevée,  il  se  transforme  en  bioxyde  avec 
incandescence. 

Ce  métal  se  combine  directement  avec  presque  tous  les 
métalloïdes.  Il  décompose  l'eau  à  100®  en  présence  des 
alcalis  avec  lesquels  le  bioxyde  d'étain  peut  se  combiner  ; 
au  rouge,  il  décompose  l'eau  pure  en  donnant  de  l'hydrogène 
et  du  bioxyde  d'étain.  Il  ne  décompose  pas  l'eau  en  pré- 
sence des  acides  étendus. 

Usages.  —  L'inaltérabilité  de  l'étain  dans  l'air  et  dans  les 
liquides  usuels  et  l'innocuité  de  ses  sels  (absorbés  à  faible 
dose)  le  font  employer  pour  la  fabrication  d'une  foule 
d'ustensiles  destinés  à  contenir  des   denrées  alimentaires. 

L'étain  était  connu  dès  la  plus  haute  antiquité;  il  est 
mentionné  par  Homère  et  par  Hérodote;  il  était  employé 


254  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

en  Ghaldée,  en  Asie  Mineure,  en  Egypte  et  aussi  dans 
la  Gaule,  en  Espagne  et  surtout  dans  les  Iles  Britan- 
nîqnesw 

On  le  réduit  en  feuilles  minces  dont  on  se  sert  pour 
envelopper  le  chocolat,  le  tbé,  etc.  Il  sert  à  Tétamage  des 
vases  de  cuivre  et  de  ter  employés  pour  la  cuisine.  Les 
cuillers  et  les  ustensiles  de  fer  battu  sont  égatenftott  étamés. 

Une  mince  couche  d'étain  appliquée  sur  de  la  tôle  de  fer 
donne  ce  qu*on  appelle  le  fer-blanc. 

Le  moiré  métallique  s'obtient  par  le  lavage,  avec  de  Teau 
régale,  de  la  surface  du  fer-blanc.  On  enlève  ainsi  la  couche 
superficielle  deTétain,  et  Ion  rend  visible  la  surface  cristal- 
lisée d'étain  et  de  fer  qui  constitue  le  moiré. 

Au  moyen  âge,  Fétain  jouait,  dans  la  vie  courante,  un 
rôle  considérable  :  on  en  faisait  des  plats,  des  bassins,  des 
brocs,  des  aiguières,  etc.,querart  ornementait.  De  nos  jours 
les  étains  d'art  semblent  reprendre  une  certaine  faveur,  et 
les  magasinsde  bronzes  et  d'objets  d'art  en  exposent  de  beaux 
spécimens. 

Pour  le  rendre  plus  facile  à  travailler  et  aussi  dans  un  but 
de  lucre,  on  ajoute  à  l'étain  une  certaine  quantité  de 
plomb.  Cet  alliage  est  d'autant  plus  vénéneux  qu'il  contient 
une  plus  grande  proportion  de  ce  dernier  métal.  Il  est 
donc  prudent  d'exclure  les  ustensiles  faits  de  cet  alliage  pour 
conserver  des  denrées  susceptibles  de  former,  avec  le  métal, 
des  sels  dangereux. 

Alliages.  —  L'étain  entre  dans  un  grand  nombre  d'alliages, 
dont   on  citera  seulement   les  principaux  : 

Le  bronze  (cuivre  et  étain  en  proportions  variables),  pour 
clochos,  statues,  objets  d'art,  monnaies,  etc.  ; 

La  soudure  des  plombiers,  qui  contient  2/3  de  plomb  et 
i  3  d'étain  ; 

La  soudure  des  ferblantiers,  qui  est  formée  de  50  0/0  de 
plomb  et  50  0/0  d'étain  ; 

I/alliage  pour  vaisselle  et  robinets,  qui  contient  8  0/0  de 
plomb  et  92  0  0  d'étain. 

L'amalgame  d'étain  a  longtemps  servi  à  étamer  les  glaces 
sous  le  nom  de  tain. 

On   emploie    encore    Tétain    dans  la   proportion  de  8  à 


MINÉRAUX   EMPLOYÉS   DANS   LA    MÉTALLURGIE        25& 

10  0/0  pour  donner  de  la  ténacité  et  de  la  finesse  aux 
caractères  d'imprimerie. 

Enfin  il  entre  une  petite  quantité  d'étain  dans  le  laiton 
destiné  à  la  fabrication  des  épingles. 

Biozyde.  —  Le  bioxyde  d'étain  est  employé  dans  la  com- 
position des  émaux  et  du  vernis  des  faïences. 

La  j^otée  (Vétainj  dont  on  se  sert  pour  polir  les  marbres, 
les  onyx,  etc.,  est  un  alliage  d'étain  et  de  plomb,  calciné  à 
Tair  et  réduit  en  bioxyde. 

Bisalfare.  —  Le  bisulfure  d'étain,  appelé  aussi  or  mussif^ 
est  employé  pour  bronzer  les  ornements,  les  statuettes  en 
plâtre,  en  bois,  etc.  ;  on  en  frotte  les  coussins  des  machines 
électriques  pour  augmenter  leur  puissance. 

Chlorures.  —  Le  protochlorure  d'étain  est  employé  en 
teinture  comme  rongeant.  Mélangé  en  quantités  égales  avec 
le  bichlorure,  il  produit  dans  une  dissolution  de  sels  d'or 
un  précipité  violet  appelé  pourpre  de  CassiuSf  dont  on  se  sert 
pour  la  coloration  du  verre  et  de  la  porcelaine. 

Le  bichlorure  d'étain  est  utilisé  en  peinture  pour  rehausser 
certaines  couleurs  et  pour  en  fixer  d'autres  qui  exigent  un 
mordant. 

SflNRRAIS   DE   l'ÂTAIN 

Le  principal  minerai  d'étain  est  le  bioxyde  d'étain  ou  cassi- 
térite  (SnO^  :  densité  =  3  à  3,3;  transparent,  translucide, 
opalin,  brun  clair  à  noir,  insoluble,  infusible),  que  Ton  trouve 
dans  des  filons,  accompagné  de  wolfram  et  de  mispickel,  ou 
dans  les  alluvions. 

La  stannine  (sulfate  d'étain)  est  un  minéral  exceptionnel. 

Géogénie.  —  Les  gisements  d'étain  en  inclusions  et  en  filons 
sont  presque  toujours  concentrés  à  la  périphérie  de  massifs 
de  granulites.  Les  sels  d'étain  ont  été  maintenus  en  dissolu- 
tion par  les  agents  minéralisateurs  puissants  contenus  dans 
les  granulites  en  fusion  agissant  sous  pression  ;  ils  se  sont 
cristallisés  en  même  temps  que  les  granulites  et,  au  moment 
du  refroidissement  de  la  roche,  les  eaux  ont  entraîné  les 
fumerolles  stannifères  dans  toutes  les  fissures  et  fractures 
antérieures  ou  postérieures  à  la  venue  granulitique.  il  est 


256  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

très  probable  que  Tétain  est  arrivé  à  Tétat  de  chlorures  ou  de 
fluorures  volatils,  ce  qui  Ta  fait  monter  à  la  surface  du  bain  ; 
les  sulfures  (plomb,  cuivre)  que  Ton  trouve  au  voisinage  des 
gîtes  d'étain  ne  sont  venus  qu'après,  alors  que  le  magma 
igné  était  à  une  température  inférieure  à  celle  du  début. 
L'acide  fluorhydrique  a  dû  Jouer  un  rôle  important  dans  la 
minéralisation  des  gîtes  stannifères,  car  on  trouve,  dans  la 
plupart  des  gttes,  des  minerais  fluorés  associés  à  la  cassitérite. 
On  reviendra  sur  ces  considérations  théoriques  à  propos  de 
la  description  des  principaux  gîtes  d'étain. 

GISEMENTS 

L'étain  ne  formant  que  des  sels  insolubles  a  cristallisé  à 
Tétat  de  cassitérite,  dans  des  roches  éruptives  (granulites)  ou 
dans  des  filons  et  n'offre  pas  d'exemple  de  remise  en  mou- 
vement par  voie  chimique;  les  gîtes  sédimentaires  d'étain 
proviennent  d'une  concentration  mécanique  sous  l'influence 
des  densités.  On  a  donc  à  considérer  trois  catégories  de 
gisements  :  1®  ceux  où  les  cristaux  sont  inclus  dans  la  roche  ; 
2^  les  fllons;  3®  les  alluvions. 

GÎTES   STANNIFÈRES   d'iNGLUSION   ET  GÎTES   FILON lENS 

Gisements  de  C Angleterre.  —  Cornwallet  Devon.  —  On  exami- 
nera en  premier  lieu  les  gisements  classiques  du  Gornwall  (ou 
Cornouailles)  etdu  Devon  où  l'on  trouve  la  cassitérite,  soit  dans 
des  nions  proprement  dits,  soit  dans  des  stock  werks,  au  voisi- 
nage d'une  granulite  à  mica  blanc  et  de  schistes  dévoniens 
souvent  mélamorphisés  par  les  granulites.  11  y  a  ici  rapproche- 
ment du  cuivre  et  de  l'étain  dans  le  même  gisement.  De  la 
granulite  se  détachent  de  puissants  fllons  d'elvan  (granulite  à 
grains  très  Ans),  contenant  de  la  cassitérite,  de  la  pyrite  de 
fer  et  de  la  chalcopyrite  ;  l'ensemble  est  recoupé  par  deux 
systèmes  de  fllons,  l'un  riche  en  or  et  en  étain  dirigé  sen- 
siblement est-ouest,  l'autre,  plus  récent,  faisant  avec  le 
premier  un  angle  de  90^  environ. 

Les  mines  les  plus  riches  se  trouvent  sur  les  flancs  nord 


NI^ËRAUX    EMPLOYÉS    DAH8    LA    HËTALLURGIB         257 


2!t8  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

et  sud  Jes  massirs  granuli tiques,  entre  Penzame  et  Dai'tmooi', 
au  voisinage  du  contact  des  schistes  et  de  la  granulite.  On  y 
trouve  le  cuivre  et  l'étain  tantôt  réunis,  tantdt  indépendants; 
il  existe  aussi,  dans  cette  région,  des  liions  de  plomb  argen- 
tifère. 

A  la  surface,  on  constate  l'existence  d'un  chapeau  de  fer 
(gossan)  asseï  riche  eu  étain  oxydé  ;  si  l'on  s'enfonce  en  pro- 
fondeur, le  cuivre  augmente,  puis  disparaît  entre  350  et 
450  mètres  pour  faire  place  à  l'étain,  pour  lequel  il  y  a  enri- 
chissement jusque  vers  il23  mètres. 

On  distingue  trois  catégories  de  liions  d'étain  : 
1"  LesHIonsproprement  dits  (tinlodes)  recoupant  les  killas, 
IVlvan  et  In  granulite  ; 


2"  Des  léseaui  de  veines  |linlloors)  répandus  dans  la  gra- 
nulite et  dans  les  schistes  (mine  Dolcoalh); 

3"  Les  stockwerks,  amas  ou  liions  constitués  par  des  séries 
d«  veines  très  rapprochées,  dans  VeWan  ou  la  granulite. 

A  WlM>al-lny,  le  Gi-eut  Fiat  Lode  a,  pour  toit,  le  schiste 
(killus)  et,  pour  mur,  la  granulite;  la  fracture  principale  A  est 
remplifi  par  îles  fragmenU  de  schistes  chloriteux  avec  ciment 
doquarU  et  de  pyrite  de  fer;  une  fente  parallèle  présente  un 
remplissage  arRileux;  la  cassitérile  imprègne  la  roche  voisine 


aiNÉHADX    EMPtOÏÉS    DANS    LA    UÉTALLtUGIE        259 

A  We$t-Basset  et  à  Souttt-Coiulurrou;  le  Dion  esl  contenu 
uoiquemeDt  dans  la  granutite;  A  se  ramilie,  et  H  disparaît. 
-  A  Old-Huel-Vivian,  le  filon  qui  contient  ù  la  fois  du  cuivre 
et  de  l'étain  s'enrichit  au  contact  de  nombreux  croiseurs.  En 


résumé,  la  venue  stannirëre  du  Cornwall  est  en  relations 
étroites  avec  lecontactdesgraDulitesetdes3chistes.il  y  a  eu, 
après  la  solidification  de  la  granulite,  un  mouvement  de  dis- 
location, postérieur  au  dévonien,  qui  s'est  continué  pendant 
longtemps.  Le  minéralisateur  qui  a  pénétré  la  granulite 
paraît  être  ici  le  fluor,  bien  que  le  Tait  soit  moins  nettement 
établi  qu'en  Saxe. 

I.a  production  de  l'élain  en  Angleterre  a  été,  en  1S97,  de 
4.524  tonnes,  représentant  une  valeur  de  7.28.1.400  francs. 

Oûements  de  la  France.  -—  La  Villeder.  —  Le  gisement  de  la 
Villeder  (Uorbihan)  se  présente  sous  la  forme  d'un  amas 
enchevêtré  de  veines  de  quartz  blanc  laiteux  avec  inclusions 
liquides  formant  un  slockwerk  aoalogue  à  celui  de  Zinnwald, 
dans  la  granulite  à  mica  blanc.  I^  direction  des  filons  est  à 
peu  près  celle  de  la  ligne  de  contact  Nord-Sud  de  la  granu- 
lite avec  des  schistes  lustrés  et  lissiles  probablement  cam- 
briens,  qui  sont  fortement  métamorphisés  an  voisinage  de  la 
granulite.  On  peut  rapprocher  cette  région  stannifère  de 
celle  du  Cornwall  ;  mais  le  cuivre  fait  ici  défaut.  La  cassité- 


200  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

rite  est  accompagnée  à  la  Villeder  de  misprckel  et  de  blende, 
de  tourmaline  (rare],  de  mica  blanc,  d'apalile  et  d'émeraude. 
Il  existe  trois  (lions  principaux  parallèles  et  presque  verti- 
caux; la  partie  la  plus  riche  se  trouve  au  voisinage  des 
épontes. 

On  trouve  aussi  un  peu  de  minerai  dans  les  alluvions  des 
rivières  avoisinantes. 

Le  gisemenl  de  la  Villedera  fourni  une  assez  grande  quan- 
tité d'éloiu  ;  mais  actuellement  les  attleurenienlâ  sont  épuisi^s 
et  les  travaux  ont  été  abandonnés,  il  y  a  une  dizaine  d'an- 
nées, à  la  suite  d'un  krach  financier. 


11  existe  cependant  des  installations  iiaportantes  à  la  Vil- 
leder, entre  autres  une  laverie  et  un  puits  de  200  mètres  ilo 
profondeur,  qu'on  avait  l'intention  de  pousser  jusi|u']'i 
400  mètres,  dans  l'espoir  de  retrouver  une  zone  riche  en 
profondeur,  comme  dans  les  gisements  du  Cornwnll  ;  maii'  le 
fonçage  du  puits  a  été  arrêté,  faute  de  capitaux. 

Plateau  Central.  —  Les  gisements  slannifères  <1u  Plateau 
Central  français,  analogues  à  ceux  de  la  Saxe,  se  trouvent  au 
voisinage  d'une  granulite  éruptive  recoupant  des  gneiss  et  un 
granité  &  mica  blanc.  Les  principaux  sont  ceux  <lc  V/tubrg 
au  nord  de  la  chaîne  de  Blond,  de  deux,  au  sud  de  la  même 
chaîne,  et  de  Monlebras  dans  la  Creuse. 

A  Vaubry,  les  systèmes  de  veines  quarlieuses,  grisdlr(!s, 
formant  stockwerk  dans  la  granulite,  se  multiplient  et  se 
prolongent  dans  les  gneiss  et  les  araphibolites  voisins. 


MINÉRAUX   EMPLOYÉS   DANS   LA   MÉIALLIRGIE        26 1 

1^  cassitérite  se  trouve  près  des  épontes,  accompagnée  de 
quartz,  de  wolfram,  de  mispickel,  de  fluorine,  etc.,  avec  des 
traces  d'or  invisibles,  de  Turàne  et  du  molybdène. 

A  deux  (Haute-Vienne),  Télain,  accompagné  des  mêmes 
minéraux  et  de  tourmaline,  se  trouve  au  contact  des  épontes 
d'un  filon  de  quartz,  existant  à  la  limite  de  la  granulite  et  du 
granité. 

Le  massif  de  granulite  stannifère  de  MonUbras  (Creuse) 
(300  mètres  sur  40  mètres)  contient  de  Tétain  disséminé 
(teneur  =  4  à  5  millièmes),  qui  se  concentre  au  mur  et  sur- 
tout au  toit. 

La  granulite  y  est  entourée  de  granité  pinitifère  et  est  en 
contact  avec  une  granulite  porphyrolde  à  pâte  rose  avec 
quartz  bipyramidé.  Des  filons  stannifères  recoupent  ces 
diverses  roches. 

La  cassitérite  est  accompagnée,  à  Montebras,  de  montebra- 
site,  d'amblygonite  (exploitée  pour  lithine),  de  wavellite,  de 
turquoise,  d'urane  et  d'apatite. 

Le  kaolin  des  Colettes  (Allier)  contient  des  traces  d*étain. 

On  citera  encore  en  France  la  cassitérite  tantalifère  des 
pegmatites  de  Chant eloube  (Haute- Vienne),  exploitée  pour 
feldspath. 

Gisements  de  la  Saxe  et  de  la  Bohême.  —  Altenherg^  Geyer^ 
Weiss- Andréas,  Zinnwald,  Schlaggenwald,  Graupen.  —  On  a 
trouvé,  dans  la  région  aujourd'hui  épuisée  de  l'Erzgebirge,  sur 
la  frontière  de  la  Saxe  et  de  la  Bohême,  de  nombreux  amas  ou 
stockwerks;  les  veines  y  sont  très  nombreuses  et  imprègnent 
à  leur  voisinage,  la  granulite,  dont  la  teneur  reste  d'ailleurs 
peu  élevée.  Certains  de  ces  amas  ont  une  étendue  considé- 
rable, notamment  ceux  de  Zinnwald  (1.350  mètres  de  long  sur 
500  mètres  de  large)  et  d'Altenberg  (900  mètres  X  900  mètres). 

A  Attenberg,  le  stockwerk  stannifère  se  trouve  au  milieu 
d'un  massif  de  granulite  sur  lequel  il  a  produit  un  métamor- 
phisme spécial  en  formant  un  zwitter(ou  stockwerksporphyr). 
Le  zwitter  est  une  roche  foncée  formée  de  mica  et  de  quartz 
avec  grains  de  cassitérite,  de  mispickel,  de  bismuth  natif,  de 
fluorine,  etc.;  sa  teneur  en  étain  varie  de  1/3  à  1/2  0/0. 

Le  zwitter,  ainsi  que  le  porphyre  et  la  granulite  voisins, 
sont  recoupés  par  des  filons  remplis  par  la  roche  encais- 


262  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

santé;  celle-ci  est  altérée  et  ferrugineuse  et  contient  de 
Targile  rouge  avec  du  mica  ;  les  épontes  sont  riches  en  étain. 

A  Geyer,  gisement  analogue  à  celui  d'Altenberg,  on  trouve 
des  veines  de  quartz  et  de  cassitérite  au  contact  de  mica- 
schistes et  d'une  granulite  enveloppée  d'une  zone  métamor- 
pliisée  à  cristaux  gigantesques  (stockscheider). 

On  rencontre  du  kaolin  dans  certaines  parties  de  ce  gise- 
ment. 

Dans  la  même  région,  à  Zinnwfild,  lagranuh'le  âtannifère  à 
grains  tins  est  souvent  kaolin isée  et  renferme  des  inclusions 
d'hyalomicte  ;  elle  forme,  au  milieu  d'une  masse  de  porphyre, 
un  dôme  surbaissé,  dont  le  sommet  a  été  enlevé  à  Taffleure- 
ment.  Les  filons,  qui  correspondent  à  des  fentes  de  retrait, 
sont  horizontaux  sous  la  partie  supérieure  du  dôme  de  gra- 
nulite et  plongent  ensuite  doucement  dans  tous  les  sens. 
D'autres  filons  verticaux,  de  direction  N.-E.-S.-O.,  rejettent 
les  premiers. 

On  peut  citer  enfin  les  filons  de  quartz  et  de  cassitérite  de 
Graupen  et  les  veines  de  granulite  elvanique  stannifère  avec 
stockwerks  de  Schlaggenwald. 

La  production  de  l'Allemagne  a  été  de  929  tonnes  d'étain 
métallique  en  1896. 

Gisements  de  ^Espagne  et  du  Portugal.  —  Galice,  Zamora,  — 
Dans  la  province  de  Galice  à  Test  d'Orense,  au  voisinage  de 
Vianna  del  BoUOj  ainsi  qu'à  Zamora  (Portugal),  des  granulites 
en  massif  contiennent  de  l'étain  en  faible  quantité,  comme 
à  Moutebras. 

En  Espagne,  les  principales  mines  d'étain  sont  dans  la 
Galice.  Celles  des  provinces  d'Orense  et  de  Santiago  sont 
difficiles  à  exploiter,  à  cause  du  manque  de  moyens  de 
transport. 

A  San-Luis  de  Potozzi,  en  Amérique  et  en  Bolivie 
(5.994  tonnes  en  1897),  l'étain,  contemporain  du  tertiaire,  se 
trouve  au  milieu  de  tiachytes. 

Dans  rile  d'Elbe,  aux  États-Unis,  au  Mexique  (39  tonnes  en 
1895),  au  Japon  (50  tonnes  en  1896)  et  en  Chine,  on  trouve 
aussi  quelques  gisements  tiloniens  d'étain.  Ceux  de  la  Chine, 
en  général  assez  mal  exploités,  semblent  être  cependant  très 
importants. 


MINÉRAUX   EMPLOYÉS    DANS    LA    MÉTALLURGIE       263 


GITES   D^ALLUVrONS 


Gisements  des  Détroits  (V Australie  et  d' Indo-Chine,  —  Les 
alluvions  des  Détroits  d'Australie  et  dlndo-Ghine  fournissent 
aujourd'hui  la  plus  grande  partie  de  Tétain  consommé. 

Dans  ces  gisements,  les  sables  stannifères  provenant  de  la 
désagrégation  des  granulites  vont  se  concentrer,  grâce  à  leur 
densité  élevée,  dans  des  alluvions  distantes  d'environ  un  kilo- 
mètre, des  chaînes  de  montagnes. 

Les  principaux  gisements  des  Détroits  sont  ceux  de  Bangka, 
de  Billiton  et  de  Pérak. 

Bangka  et  Billiton.  —  A  Bangka  (île  située  entre  Sumatra 
ei  Bornéo),  Tétain  très  pur  (99,96  d'étain)  est  fourni  par  une 
couche  de  i  mètre  de  puissance,  reposant  sur  des  granulites, 
des  granités  et  des  schistes  métamorphiques  et  recouverte 
par  des  sables  et  des  argiles.  Il  ne  reste  à  Bangka  et  à  Billiton 
que  200.000  tonnes  de  minerai  environ  à  extraire,  dont  le 
dixième  se  trouve  à  Billiton.  La  production  est  de  13.000  tonnes 
«nviron  par  an  (14.224  tonnes  en  1897). 

Pérak.  —  A  Pérak  (presqu'île  de  Malacca),  la  couche  stan- 
oifère  (2  à  3  mètres),  recouverte  de  terre  végétale  et  d'allu- 
\ions  pauvres  (3  à  7  mètres),  repose  sur  un  sous-sol  kaoli- 
neux.  supporté  par  des  roches  granitiques  en  place.  Sa 
teneur  varie  de  1  à  6  0/0,  mais  elle  atteint  rarement  6  0.0. 

L'exploitation  a  lieu  par  tranchées  à  ciel  ouvert,  perpen- 
diculaires à  l'axe  de  la  vallée.  Après  débroussaillement  de 
la  jungle,  on  rejette  le  stérile  en  arrière,  et  le  minerai  est 
monté  à  dos  d'hommes  jusqu'aux  ateliers  de  lavage. 

Le  prix  du  mètre  cube  de  terres  remuées  s'élève  jusqu'à 
5  fr.  75,  bien  que  la  main-d'œuvre  soit  à  bas  prix  ;  mais  les 
coolies  chinois,  dont  les  exigences  sont  minimes,  donnent 
souvent  un  rendement  très  faible.  Le  prix  de  revient  de  la 
tonne  d'étain  métallique  est,  en  moyenne,  le  suivant  : 


264  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Franc» 

Abatage,  extraction,  épuisement 875 

Préparation  mécanique 42 

Métallurgie 233 

Amortissement,  transport  à  rembarquement. . .  50 

Redevances  à  TÉtat 320 

Total 1.520 


En  i881,  le  prix  de  vente  a  dépassé  2.000  francs,  et  la  pro- 
duction a  été  de  près  de  10.000  tonnes,  ce  qui  égalait  celle  du 
Cornwall  et  du  Devonshire. 

A  Pérak,  quelques  filons  d'étain  en  réseau  très  serré 
recoupent  un  granité  blanc,  à  tourmaline,  très  peu  micacé. 
Ces  liions  n'ont  jamais  été  exploités.  Les  alluvions  seules 
sont  utilisées. 

Ces  gisements  se  prolongent  dans  la  péninsule  Malaise 
jusqu'à  la  latitude  de  Bangkok;  mais  le  sud-ouest  est  plus 
productif. 

Les  Détroits  ont  produit,  en  1896,  53.964  tonnes  d'étain 
métallique. 

Gisements  de  rAustralie,  —  En  dehors  des  gîtes  des  Détroitj 
on  peut  citer,  en  Australie,  comme  gîtes  d'alluvions,  ceux 
de  Vegetable  Creek  dans  la  Nouvelle-Galles  du  Sud,  et  de 
Leveni'River  dans  le  Queensland. 

On  doit  ajouter  qu'en  Australie  on  exploite,  depuis  environ 
vingt -cinq  ans,  des  gîtes  stannifères  avec  quartz  et  granité 
eurHi(|ue  (Victoria),  ou  bien  avec  quartz  et  granité  rougeâlre 
à  mica  blanc  (Queensland).  Dans  la  Nouvelle-Galles  du  Sud, 
l'étain,  accompagné  de  wolfram,  de  topaze  et  de  tourmaline, 
est  associé  à  du  granité. 

En  Tasmanie,  on  exploite  les  filons  d'étain  dans  une  eurite 
porpbyrique.  Les  principales  mines  d'étain  de  Tasmanie  sont 
celles  (le  Mount-Bischoff  et  de  VAnchor  Tin  Mining  C^  ;  la 
Mount-Bischofl*  C«  a  distribué,  depuis  sa  fondation  jusqu'au 
30  Juin  1897,  plus  de  41  millions  de  dividendes;  elle  a  produit, 
dans  le  premier  semestre  de  1897, 1.203  tonnes  d'étain  métal- 
lique, obtenues  par  le  traitement  de  1.750  tonnes  de  minerai. 

En  Australie,  la  production  de  l'étain  a  été  la  suivante, 
en  1806  : 


MINÉRAUX   EMPLOYÉS   DANS   LA    MÉTALLURGIE       S6S 

Toone^  Franet 

Tasmanie..: 3.867  valant  4. 021. 975 

Nouvelle-Galles  du  Sud .  i .  737     —  2 .  480 .  300 

Queensland 1.579     —  1.556.925 

Victoria 47     —  45.525 

La  production  de  Tétain  dans  le  monde  entier  a  été  de 
8:t000  tonnes  environ  en  1896.  A  la  fin  de  1899,  Tétain  valait 
2.800  francs  la  tonne. 


BIBI.I06RAPHIE  DE  L'ÉTAIH 


1841.  Daubrée,  Sur  Zinnwald  et  AUenberg  (Annales   des  Mines ^ 

t.  XIX,  p.  61,  72  et  83). 
1845.  Daubrée,  Gîtes  d'étain  (Annales  des  Mines^  3*  série,  t.  XX, 

p.  65;  voir  aussi  Annales  des  Mines,  4*  série,  t.  XVI  p.  29^. 
1859.  Mallard,  Sur  la  découverte  de  Vétain  à  Montebras  (Bulletin 

de  la  Société  des  sciences  naturelles  de  la  Creuse). 
1859.  Mallard.   GUes  stannifères  du   Limousin  et  de  la   Marche 

(Annales  des  Mines,  6*  série,  t.  X,  p.  321). 
1867.  Le  minerai  d'étain  dans  V Amérique  du  Nord  (Bull.  Annales 

des  Mines,  6-  série,  t.  XVIII,  p.  572). 
1869.  Daubrée,  Sur  le  kaolin  stannifère  de  la  Lizole  et   d'Echas- 

sières  {Comptes  Rendus,  10  mai  1869). 
1874.  De   Gouvenain,  Sur  Vétain  d'Echassières  (Comptes  Rendus^ 

t.  LXXIV,  p.  1032). 
1878.  Sur  Vétain  des  Détroits  [Annales  des  Mines,  V  série,  t.  IX, 

p.  119). 

1881.  Dufréné,  Sur  Vhistoire  de  la  production  et  du  commerce  de 

Vétain  (Annales  du  Génie  civil). 

1882.  Errington  de  la  Groiif,  les  Mines  d'étain  de  Perak  (Archives 

des  missions,  3'  série,  t.  IX). 

1883.  Moissenet,  Etude  sur  les  filons  du   Comwall  (Annales  des 

Mines). 
1886.  Reilly,  Sur  les  gisements  de  Vétain  au  point  de  vue  géologique 

(Comptes  Rendus,  t.  CIV,  p.  606). 
1886.  De  Morgan,  Note  sur  la  géologie  et   sur  Vindustrie  minière 

du  royaume  de  Perak  et  des  pays  voisins  (Malacca)  (Annales 

des  Mines,  8'  série,  t.  IX,  p.  368). 
1888.  Errington  de  la  Croix,  les  Mines  tVétain  de  Sélangor  (pres- 
qu'île Malaise)  et  les  Concessions  d*Ayer-Slain. 
1897.  F.  Schiff,  Les  Mines  d'étain  de  Mount-Bischo/f  en  Tasmanie 

(Génie  civil,  t.  XXX,  p.  167). 
1897.  Bel,  Les  GUes  minéraux  de  V Indo-Chine  centrale  (Bulletin  de 

l'industrie  minérale,  3*  série,  t.  XII,  p.  381). 


266  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


LE  NICKEL  ET  SES  HIIIERAIS 

Propriétés  physicpies.  —  Le  nickel  est  un  métal  blanc  gri- 
sâtre à  cassure  fibreuse,  très  dur,  ductile,  laminable,  for- 
geable  et  très  tenace;  il  est  moins  fusible  que  le  fer;  sa  den- 
sité, qui  est  de  8,3  quand  il  est  fondu,  peut  s'élever  à  8,7  par 
Técrouissage  ;  chaleur  spécifique  =  0,10863.  Le  nickel  con- 
duit assez  bien  la  chaleur  et  Télectricité.  Il  est  magnétique 
à  la  température  ordinaire  et  perd  cette  propriété  vers  250®. 

Propriétés  chimiques.  —  Le  nickel  ne  s'oxyde  à  Fair  qu'à 
une  température  élevée.  Sous  Tinfluence  de  la  chaleur,  il  se 
combine  avec  le  charbon  et  donne  une  espèce  de  fonte.  Il  se 
combine  avec  le  chlore,  le  soufre  et  Tarsenic,  et  se  dissout 
dans  les  acides  sulfuriqueet  chlorhydrique.  Gomme  le' fer,  le 
nickel,  provenant  de  son  oxyde  réduit  par  Thydrogène,  est 
pulvérulent  et  s'enflamme  au  contact  de  Tair. 

Usages.  —  A  Tétat  de  métal  pur,  le  nickel  est  employé 
pour  la  fabrication  des  monnaies  d'appoint  et  pour  celle  des 
ustensiles  de  cuisine.  L'orfèvrerie  fabrique  des  pièces  de 
nickel  pur  argenté. 

Alliages.  —  Divers  États  emploient,  pour  la  fabrication  de 
leurs  monnaies  d'appoint,  un  alliage  formé  de  25  0/0  de 
nickel  et  de  75  0/0  de  cuivre.  La  France  doit  frapper  en 
4900  des  pièces  de  nickel  de  0  fr.  20.  Ce  même  alliage  sert 
actuellement  pour  la  confection  des  étuis  des  balles  de  petit 
calibre. 

L'alliage  appelé  maillechort,  où  packfong,  utilisé  pour  la 
fabrication  d'une  foule  de  petits  objets  de  coutellerie,  d'hor- 
logerie, etc.,  est  composé  de  50  0/0  de  cuivre,  25  0/0  de  zinc 
et  25  0;'0  de  nickel.  Cet  alliage  est  encore  employé  sous  le 
nom  (ïalfénide  ou  de  ruolz,  pour  la  confection  de  couverts  et 
d'objets  divers  (orfèvrerie  Christofle),  qu'on  recouvre  d'argent 
par  électrolyse.  Le  nickel  entre  dans  la  composition  de 
l'argent  allemand  et  dans  beaucoup  d'alliages  utilisés  par 
l'industrie. 

On  a  créé,  depuis  1884,  sous  le  nom  deferromaillechorts,  des 
mai llechorts  dans  lesquels  le  fer  remplace  le  zinc. 


p 


l 


MINÉRAUX   EMPLOYÉS   DANS   LA    MÉTALLURGIE         267 

On  emploie  dans  Téquipement  militaire,  dans  la  sellerie, 
ainsi  que  pour  les  flls  de  résistance  électrique,  les  câbles,  etc., 
un  alliage  composé  de  11/42  d'acier  et  1/12  de  nickel. 

Enfin  la  métallurgie  emploie  le  nickel  dans  la  proportion 
de  i  à  5  0/0  de  nickel,  pour  la  fabrication  des  aciers  destinés 
au  blindage  des  navires  et  employés  pour  les  grosses  pièces 
de  forge,  pour  les  outils,  les  pièces  de  machines  et  les  abris 
contre  la  mousqueterie.  Les  plaques  de  protection  du  nou- 
veau canon  de  campagne  français  de  0"*,075,  faites  avec  cet 
alliage,  peuvent  être  bosselées,  mais  non  traversées  par  les 
balles  des  fusils  modernes,  tirées  à  500  mètres  de  distance. 

Ghlomre.  —  Le  chlorure  de  nickel  est  utilisé  pour  la  fabri- 
cation d'encres  sympathiques.  (Les  caractères  tracés  avec 
l'encre  à  base  de  chlorure  de  nickel,  invisibles  à  froid,  appa- 
raissent en  jaune  intense  lorsqu'ils  sont  chauffés  et  dispa- 
raissent en  refroidissant.) 

Snllate.  —  Pour  le  nickelage  destiné  à  préserver,  contre 
Taltération  à  l'air,  certains  métaux  oxydables,  on  emploie  le 
sulfate  double  de  nickel  et  d'ammoniaque  décomposé  par 
l'éleclrolyse. 

MINERAIS   DU   NICKEL 

11  s'est  produit,  dans  la  métallurgie  du  nickel,  diverses 
pha.ses  dues  aux  découvertes  successives  de  minerais  nou- 
veaux. On  exploitait  uniquement,  il  y  a  cinquante  ans 
environ,  les  arséniures  et  les  arsénio-sulfures  dont  les 
principaux  sont  la  nickeline  (NîAs),  appelée  aussi  nickel 
arsenical  ou  kupfernickel  et  tenant  de  40  à  55  0/0  4le  nickel. 
Ce  minerai,  qui  abonde  en  Saxe,  dans  le  Gornwall,  etc.,  est 
souvent  accompagné  d*ann&bergite  [arséniate  hydraté  de 
nickel  (H'^'NiMs'O**)],  qui  se  présente  en  masses  cristallisées 
et  fibreuses,  et  de  chloanthite  ou  nickel  gris  (arséniure  de 
nickel  NiAs),  d'un  gris  métallique  à  enduit  vert,  fusible  sur 
le  charbon,  soluble  dans  l'acide  azotique. 

On  découvrit  ensuite  la  présence  du  nickel  dans  les 
pyrites  de  fer  magnétique,  qui  en  contiennent  de  3  c\  5  0/0 
(Ecosse,  Suède,  Piémont). 


268  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

La  découverte  du  rainerai  de  la  Nouvelle-Calédonie,  en 
1876,  introduisit  sur  le  marché  le  métal  provenant  du  trai- 
tement de  la  garniérite,  qui  est  une  variété  de  pimélite 
(silicate  d'alumine  nickélifère  de  couleur  verte),  contenant 
de  8  à  12  0/0  de  nickel  à  Tétat  cru. 

Il  y  a  une  dizaine  d'années  enfin,  l'application  du  procédé 
Manhès  aux  pyrites  nickélifères,  dont  on  venait  de  découvrir 
d'importants  gisements,  marquait  une  nouvelle  phase  dans- 
le  développement  de  l'industrie  du  nickel.  Les  pyrites  de 
nickel  cohaltifëres  sont  soumises  à  un  grillage  incomplet, 
qui  sépare  le  cobalt  et  le  soufre;  on  peut  les  traiter  ensuite 
parle  silicate  de  potasse;  le  nickel  non  soluble  tombe  au 
fond  sous  forme  de  speiss. 

La  plupart  des  minerais  du  cobalt,  qu'on  étudiera  dans  un 
chapitre  ultérieur,  contiennent  du  nickel  en  quantité  sou- 
vent exploitable. 

GÉOGENIE    ET    GfSEMENTS 

Le  nickel  est,  comme  le  fer,  un  métal  de  profondeur  qui 
est  parvenu  à  la  surface  à  l'état  d'inclusion  dans  des  roches 
ferrugineuses  et  magnésiennes.  On  le  trouve  associé  à  des 
roches  vertes,  diorites,  gabbros,  péridotites,  souvent  trans- 
formées en  serpentines;  il  est  parfois  accompagné  par  de  la 
chalcopyrite,  de  la  magnétite  et  du  fer  chromé  en  faible 
proportion. 

Les  gisements  d'hydrosilicates  ont  été  formés  par  concen- 
tration des  éléments  nickélifères  des  roches,  grâce  à  l'in- 
lluencede  phénomènes,  postérieurs  ou  non  à  leur  solidifica- 
tion. Les  pyrrholines  nickélifères  ont  été  produites  par 
l'action  de  venues  hydrothermales  sulfurées,  sur  les  ser- 
pentines et  les  gabbros.  Enfin,  dans  les  champs  de  frac- 
tures compliqués,  dont  il  sera  question  à  propos  du  Harz 
et  de  la  Saxe,  on  rencontre  le  nickel  mélangé  à  d'autres 
métaux.  Ce  sont  ces  derniers  minerais  qui  sont  les  moins 
riches  (3  à  4  0/0  au  maximum);  puis  viennent  ensuite,  par 
ordre  de  richesse  croissante,  la  pyrrhotine  et  les  hydrosi- 
licates. 


MlFiÉRAIIX    EMPLOYÉS    DANB    LA    MÉTALLURGIE  2C9 

I.  —  Silicates  de  mc«el 

GUementt  de  ta  Nouvelte-Catidonie.  —  Sur  la  cdle  esl  tt 
dans  )e  sud  de  111e  de  )a  Nouvelle-Calédonie,  on  trouve  un 
vaste  massif  de  serpentines  et  de  schistes  serpenlineui 
dans  lequel  sont  réunis  des  gisements  de  nickel,  de  cobalt 
et  de  Ter  chromé.  Il  existe  dans  le  liane  des  collines,  des 
nappes  d'argile  rouge  provenant  de  la  décomposition  de» 
serpentines  et  d'amas  de  minerai  de  Ter,  Le  rainerai  de 
nickel  est  un  silicate  hydraté  magnésien  (gamiérite)  lie 
couleur  vert  pomme  h  l'état  pur,  probablement  produit  pnr 
l'action  des  eaux  snr  les  roches.  On  le  trouve  dans  li's 
tissures  de  la  serpentine,  le  long  de  vasques  argileuses  ana- 
logues b.  celles  qui,  dans  le  Nassau,  renrennent  du  piioT^- 
phate  et  du  manganèse.  Le  giseraent  renferme  des  couch<'>. 


F».  89.  —  Cog[w  ttrtieile  dt  li  niu  IVri«>«ruice  |Noo.«IIHUlfilonic). 

de  manganèse  coballirères,  desamas  de  minerai  de  fer  ooli- 
thique  et  des  grainx  de  fer  chromé  (chrome  d'alluvions  des 
mineurs).  On  dislingue  en  Nouvelle-Calédonie  trois  lypfs 
de  minerais  : 

1*  Les  minerait  dnrs,  vert  d'émeraude,  contenant  20  0,  0 
de  NiO  et  5  0/0  d'eau  ; 


270  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

2°  Les  minerais  un  peu  friables,  vert  jaunâtre,  contenant 
12  à  15  0/0  de  NiO,  et  12 à  15  0/0  d'eau; 

3*  Les  minerais  très  friables,  blanc  bleuâtre,  contenant  6  à 
8  0/0  de  NiO,  et  20  0/0  d'eau. 

Les  principaux  districts  miniers  sont  ceux  de  Thio 
(raines  Santa-Mênriaf  Moulinet  y  Rosa,  Belvédère ,  Benaucourt), 
de  Nakety  (mines  Bouimngére,  Bienvenue) y  de  Kanoua  (mine 
Dorée)  et  de  Vile  des  Pins, 

Les  terrains  que  Ton  rencontre  en  Nouvelle-Calédonie 
sont  les  suivants  : 

Au  nord,  terrains  schisteux  anciens,  avec  schistes  quart- 
zeux  et  talqueux  ; 

A  l'ouest,  terrains  secondaires  et  tertiaires  avec  schistes 
houillers  et  houille. 

A  Test  et  au  sud,  serpentines  avec  nickel,  cobalt  et  chrome. 

Le  nickel  se  rencontre  en  silicate  hydraté  magnésien  en 
concrétion  ;  mais  on  ne  le  trouve  ni  sulfuré  ni  arsénié. 

Le  minerai  déposé  par  les  eaux  contient: 

Pour  100 

Nickel 26 

Magnésie 13 

Silice 45 

Eau 13 

Fer 3 

100 

Le  minerai  trié  et  lavé  contient  10  à  20  0/0  de  nickel,  avec 
une  gangue  de  serpentine  renfermant  1  à  2  0/0  de  nickel. 

Des  vasques  remplies  d'argile  rouge,  au  bord  de  la  mer  (qui 
désagrège  les  roches  et  forme  le  sugar-rock),  renferment, 
en  stratification  confuse,  des  minerais  de  fera  la  surface,  et, 
en  dessous,  du  manganèse  cobaltifère  et,  moins  fréquemment, 
du  nickel  qui  se  trouve,  en  profondeur,  au. contact  de  ser- 
pentines fissurées,  notamment  à  la  mine  Gasconne  {fig,  90). 

La  concurrence  du  Canada  a  fait  diminuer  la  production 
de  la  Nouvelle-Calédonie,  qui  a  exporté  en  1896  :  37.467  tonnes 
de  minerai  de  nickel  (au  lieu  de  45.614  tonnes  en  1893); 
et  les  propriétaires  des  mines  de  Katepehai  offraient,  en  1897, 
le  minerai  (teneur:  80/0)  à  raison  de  13  fr.  75  l'unité,  franco 


MIKÉRAUX   EMPLOYÉS    DANS    LA    N^^TALLL'RGIE  271 

bord  dans  qd  port  américain  quelconque.  La  mine  de  Si 
Reis  (Louis  Remheimj,  située  h  45  kilomètres  de  la  cùte 
ouest  à  laquelle  elle  esl  reliée  par  une  voie  Terrée,  a  embar- 
qué, en  1897,  environ  1.000  tonnes  de  n 


d'tprii  M.  Le't.l. 

L'exploitation  du  nickel  de  la  Nouvel! e-CaléUonie,  en  DtHD, 
comportait  deux  usines  et  occupait  1.000  ouvriers.  La  pro- 
duction y  était,  k  cette  époque,  de  20.000  tonnes.  En  1893,  la 
production  était  de  69.614  tonnes,  et,  en  1893,  elle  nVlait 
plus  que  de  29.623  tonnes. 

L'atfmage  se  fait  eu  Europe,  nu  Havre  notamment. 

Gisements  divers  d'hydrosilicntes.  —  En  Espagne,  pri^s  de 
MaUif/a,  il  existe  an  gisement  de  pimélite  tenant  9  0,  0  de  Ni. 
En  Russie,  h  Rcivdansli,  pr&s  d'Ekaterinenbourg  dans  l'Oural,  il 
existe  un  llion  vertical  de  2  mètres  de  puis.sancc  recoupant 
des  chloritoschistes  et  des  serpentines,  et  rempli  de  quartz 
avec  pimélite  (120/0 de  nickelj  et  anabergite.  Enfin  on  Irouve 
également  du  nickel  dans  des  roches  vertes,  en  Nouvelle- 
Zilanâe. 

On    peut  citer  d'autres  gisements  de  siljcate  de  nickel 


272  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

(pimélite)  aux  États-Unis,  dans  le  sud  de  TOrégon  (comté 
de  Douglas),  et  en  Californie,  où  ils  sont  associés  au  cinabre 
dans  les  serpentines  et  les  schistes  serpentin  eux  de  New- 
Almaden, 

Il  n'y  a  pas  actuellement  de  mines  d'hydrosilicates  de 
nickel  exploitées  aux  États-Unis,  celles  de  Lancaste-Gap 
étant  fermées.  Le  nickel  métallique  produit  aux  États-Unis 
provient  des  speiss  de  nickel  et  de  cobalt  résultant  du  trai- 
tement des  minerais  de  plomb  de  Mine-la-Motte  et  de  gise- 
ments étrangers. 

II.  — ■  Pyrites  magnétiques  nigkkliferes 

Gisements  de  V Italie.  —  On  trouve,  en  Italie,  dans  le  Pié- 
mont, des  gisements  de  pyrrhotine  nickélifère  contenant 
souvent  un  peu  de  cbalcopyrttej  ces  minerais  sont  en  relation 
avec  des  serpentines,  des  diorites  et  des  euphotides  (mines 
de  Mont'Cruvin,  de  Besighetto,  de  Mezzenile  et  de  Cabianca). 

Dans  le  val  Lesia,  on  peut  citer  les  mines  aujourd'hui  aban- 
données de  Varallo,  Valmaggia,  Cevia,  Locarno  et  Parone, 
La  teneur  maxima  était  de  4,5  0/0  de  nickel,  à  Varallo; 
à  Locarmo  et  à  Parone,  où  la  pyrrhotine  était  accompagnée 
de  sulfure  de  nickel,  de  chalcopyrite,  de  magnétite  et  de 
limonite,  la  teneur  atteignait  5,5  à  60/0;  les  filons  s'y  trou- 
vaient au  contact  de  diorites  et  autres  roches  vertes  avec  des 
gneiss. 

Sardaigne,  —  Il  existe  à  Gonos-Fanadiga,  dans  le  district 
d'Iglesias,  un  filon  quartzeux  recoupant  des  schistes  siluriens 
et  renfermant  de  la  nickéline,  de  la  millérite  et  des  arsénio- 
sulfures  avec  de  la  pyrrhotine  nickélifère.  La  teneur,  qui  est 
de  7  0/0  aux  affleurements,  atteint  20  0/0  à  20  mètres  de  pro- 
fondeur; les  teneurs  en  cobalt  et  en  bismuth  augmentent  de 
2  à  5  0/0. 

Gisements  d'Allemagne,  —  On  trouve  dans  les  mines  d'ifor- 
bach  et  d'Urberg  (Bade),  au  milieu  des  schistes  dioritiques,  de 
la  pyrrhotine  tenant  2,5  0/0  à  12  0/0  de  nickel  associé  à  de  la 
pyrite  et  à  de  la  chalcopyrite;  on  y  trouve  aussi  des  mine- 
rais Fpéciaux  de  nickel  et  de  colbalt,  tels  que  la  wolfachite 


MINÉRAUX    EMPLOYÉS    DANS    LA    MÉTALLURGIE         273 

[2NiS*4-3I^i(AsSb)]  et  Vhorbackite  [{FeKi}^^^].  A  Saint-Blasien, 
dans  la  Forét-Noire,  on  a  exploité  autrefois  (1870  à  1880) 
des  minerais  tenant  2  0/0  de  nickel. 

Gisements  de  la  Scandinavie.  —  On  trouve  en  Scandinavie, 
au  Canada,  etc.,  les  minerais  sulfurés,  tels  que  la  magnétite, 
la  chalcopyrite,  la  pyrrhotine  ou  pyrite  magnétique  nické- 
lifère,  concentrés  autour  des  gabbros  ou  dans  les  fahlbandes 
(zones  de  schistes  broyés). 

L'exploitation  des  pyrrhotines  nickélifères  de  Scandinavie, 
arrêtée  à  la  suite  de  la  découverte  des  minerais  de  Nouvelle- 
Calédonie,  a  repris  depuis  quelques  années  une  certaine 
importance. 

Les  principales  mines  étaient,  en  Norwège,  celles  de  Hin- 
gérike  et  de  Bamble  près  de  Skien. 

A  Ringérike,  la  pyrrhotine  nickélifère  forme  des  imprégna- 
tions lenticulairesdans  desschistes  amphiboliques  et  des  mica- 
schistes. 

On  extrait,  de  la  pyrite  magnétique,  2  0/0  de  nickel  et  des 
pyrites  de  fer  et  de  cuivre. 

A  Ronsas,  dans  le  Smalène,  on  trouve  la  pyrrhotine  et  la 
chalcopyrite  concentrées  au  contact  et  à  Tintérieur  d'un 
gabbro  recoupant  des  schistes.  Enfin  la  présence  des  pyr- 
rhotines nickélifères  a  été  constatée  aux  environs  de  Kragero 
et  de  Christiansand. 

En  Suède,  on  a  exploité,  dans  les  gneiss  de  Klefva  (Sma- 
land),  de  la  pyrite  magnétique  en  imprégnations,  tenant  en 
moyenne  1,5  0/0  de  nickel.  Près  de  Sagrayra^  entre  Falun  et 
le  lac  Siljan  (Kopparberg),  on  a  exploité  dos  filons  de  pyrite 
magnétique  contenant,  à  S^af^ôer^,  0,25  0/0  et,  à  £2isa,0,75  0/0 
de  nickel. 

La  production  en  Scandinavie  a  été  la  suivante  : 
Minerai  : 

Tonnes  Francs 

En  1890,  8.181  représentant  une  valeur  de 231.100 

1891,  2.335  —  —  72.000 

Métal: 

Tonnes  Frtnes 

En  1890,       71  représentant  une  valeur  de 236.250 

1894,      103  —  —  317.230 

GEOLOGIE.  1^ 


«I 


1274  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

Gisements  du  Canada. —  On  trouve,  près  de  Sudbury  (Ontario), 
des  amas  lenticulaires  de  pyrrhotine  et  de  chalcopyrite,  en 
contact  avec  des  diorites  qui  souvent  forment  la  gangue. 

Le  minerai,  qui  tient  de  3  à  4  0/0  de  nickel,  est  exploité 
à  ciel  ouvert  ou  par  galeries. 

Au  Canada,  il  existe  d'autres  gisements  de  pyrrhotine 
nickélifère  dans  les  serpentines  d'Oxford  et  dans  le  cal- 
caire magnésien  de  Sterry-Hunt  où  le  nickel  (3  à  4  0/0}  est 
accompagné  de  blende  et  de  fer  chromé. 

L'Oxford  Copper  C<»,  à  Bayonne,  traite  des  mattes  du 
Canada;  elle  possède  la  seule  usine  produisant  du  nickel, de 
Toxyde  de  nickel  et  du  sulfate  de  nickel,  en  dehors  des 
American  Nickel  Works,  à  Camden,  qui  produisent,  en  plus, 
de  Toxyde  de  cobalt. 

Au  Canada,  le  district  de  Sudbury  (Ontario)  a  produit, 
de  1891  à  1897,  540.000  tonnes  de  minerai,  dont  477.000  envi- 
ron ont  été  fondues  sur  place  et  ont  fourni  du  nickel,  du 
cuivre,  du  cobalt  et  du  platine.  Les  principales  mines,  qui 
appartiennent  à  la  Canadian  Copper  C<>,  sont  :  Travers  mine 
(Drury),  Copper-Cliff  mine  et  VermiUion  mine. 

La  production  du  nickel  au  Canada,  avait  été,  en  1894» 
de  2.225.995  kilogrammes,  valant  9.354.790  francs;  elle  a  été, 
en  1897,  de  1.813.321  kilogrammes,  valant  6.995.8880  francs. 

Gisements  des  États-Unis,  —  Aux  États-Unis,  certaines 
pyrrhotines  nickélifères  mêlées  d'arséniures,  telles  que  celles 
de  la  mine  Wallace  sur  le  lac  Huron,  sont  très  riches  en 
nickel  (jusqu'à  14  0/0).  En  Pensylvanie,  où  les  mines  sont 
nombreuses,  la  mine  LancasterGap  fournit  des  pyrites  tenant 
de  <,5  à  2  0/0  de  nickel.  On  peut  citer  aussi  les  mines  de 
Troy  (Vermont),  de  Texas  (Pensylvanie)  et  de  la  Motte 
(Missouri).  g 

A  Chatham,  près  de  Middletown  (Connecticut),  on  exploite 
des  arséniures  riches  en  nickel  et  en  cobalt  (teneur  maxima, 
9  0/0)  ;  enfin  le  traitement  des  minerais  de  cuivre  du  lac 
Supérieur  fournit  des  speiss  nickélifères,  que  l'on  traite 
notamment  à  Camden,  près  de  Philadelphie. 

On  a  trouvé  des  minerais  de  nickel  dans  la  République 
Argentine    (pyrrhotine  nickélifère    et    chalcopyrite    de   la 


MINÉRAUX   EMPLOYÉS    DANS  LA    MÉTALLl'RGIK        275 

Sierra  de  Salamnnque),  au  Chili  (mines  de  Huasco^Chanar^ 
chillOy  Atacama),  en  Sibérie  et  aux  Indes  (région  de  VArvedi: 
Oodeypoore). 

m.    —   ÀRSéNIURES   ET   SULFURES    DE   NICKEL 


Gisements  de  la  France.  —  En  France,  les  minerais  de 
nickel  {niccolite  et  rammehsbergite)  d'AUetnont  (I)auphiné)  el 
du  Hont-d'Arf  près  des  Eaux-Bonnes,  sont  inexploités. 

Gisements  de  la  Suisse.  —  Le  Valais*  renferme  un  certain 
nombre  de  gisements  de  nickel;  ceux  du  Val  d'Annivier, 
près  de  Sierre\  fournissent  un  exemple  de  fahibandes 
pyriteuses  analogues  aux  brandes  de  Schladming;  on  y  trouve 
de  la  chloantite,  de  la  nickéline,  de  la  cobaltine,  du  mispickel 
cobaltifère,  du  bismuth  natif,  etc. 

Sur  d'autres  points  du  Valais,  au  Kaltberg,  à  Plantorenz,  à 
Zerbitzent  à  Gand  Paz,  à  Gollyre,  on  trouve  un  minerai  formé 
de  niccolite,  de  rammelsbergite,  de  cobaltine,  etc.,  riche  en 
nickel. 

Gisements  de  l'Allemagne.  —  On  trouve,  en  Allemagne  et 
surtout  en  Saxe,  dans  les  mines  des  environs  de  Lindenau, 
Schneeberg,  ZsckorlaueiNeustâttel,  un  grand  nombre  de  fiions, 
dans  les  micaschistes  et  les  phyllites,  où  le  nickel  et  le  cobalt 
sont  associés  avec  des  minerais  de  plomb  et  d^argent  sous 
forme  d'arséniures  et  de  sulfures,  tels  que  la  niccolite,  la 
gersdorfite  (NiS«  +  NiAs»),  la  millérite  (NiS»),  la  chloantite 
r(NiCoFe)AsS>]. 

A  Markirch  (Vosges)  et  à  Sciltbach  (Forêt-Noire),  le  nickel 
el  le  cobalt  se  trouvent,  dans  des  filons,  associés  à  l'argent . 

Des  filons  quartzeux   nickélifères  recoupent  les  schistes 

micacés  à  Nieder  Regensdorf  (près   de    Liegnitz),    dans  le 

^  Riesengebirge  et  près  de  Gerbstâdt,  Sangerhausen  et  Hcttstâdt, 

dans  le  Mansfeld. 
'  D'autres  filons  contenant  des  minerais  de  nickel,  de  cobalt, 

k  de  plomb,  de  cuivre  et  de  bismuth,  recoupent  le  dévonien 

moyen  près  d'Altenrath,  et  le  dévonien  inférieur  à  Busenbach, 
Schônstein,  Wingershardt,  Mûsen  (Siegen)  et  à  Hohnard. 

A  Nanzenbach,  près  de  Dillenburg  (Nassau),  la  mine  Hulfe- 


27C  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

Gottes  a  fourni  autrefois  un  minerai  formé  de  dolomie  avec 
sidérose,  chalcopyrite,  millérite,  bismuthine,  pyrite  de  fer, 
hématite  rouge  et  quartz. 

La  production  du  nickel  en  Allemagne  a  été  de  820  tonnes 
en  1896. 

Gisements  de  la  Hongrie,  —  ADobsina  (Hongrie),  on  exploite 
des  filons  situés  au  contact  de  phyllades  quartzifères  verts  et 
d'un  gabbro  très  broyé  qui,  par  endroits,  s'est  transformé  en 
serpentine.  Les  Qlons,  peu  distincts  de  la  roche  encaissante, 
ont  jusqu'à. 8  mètres  de  largeur  et  fournissent  un  minerai 
dont  la  teneur  atteint  17  0/0  de  nickel  et  5  0/0  de  cuivre  ;  la 
gangue  est  soit  de  la  sidérose,  soit  de  la  calcite. 

Gisements  de  la  Styrie,  —  Le  gisement  de  Schlculming  (Styrie) 
est  rendu  intéressant  par  la  présence  de  brandes  (fahlbandes, 
en  Suède),  c'est-à-dire  de  zones  de  schistes  métamorphisés 
très  riches  en  sulfure  de  nickel  ou  d'argent;  les  brandes 
s'enrichissent  aux  points  où  elles  rencontrent  des  filons.  Il 
existe  à  Schladming  six  brandes  principales  contenant  de  la 
pyrite,  de  la  pyrrhotine  et  du  mispickel  ;  leur  largeur  varie 
de  0™,50  à  30  mètres.  Les  filons  sont  à  gangue  calcaire  et 
contiennent  des  nids  de  cuivre  gris,  de  mispickel  et  de 
minerais  argentifères;  aux  points  où  ces  filons  recoupent 
les  brandes,  on  trouve  des  poches  de  minerai  de  nickel  formé 
de  nickeline,  de  cobaltine,  de  chloantite,  de  smaltine,  etc. 
La  teneur  du  minerai  trié  est  de  1  0/0  de  nickel  et  de  0,5 
à  1  0/0  de  cobalt. 

Les  mines  de  Leogang  (Salzbourg)  fournissent  des  arsé- 
niures  de  nickel  accompagnés  de  pyrites  nickélifères  ou 
cobaltifères. 

Gisements  de  la  Grande-Bretagne,  —  On  peut  citer  encore 
les  minerais  de  nickel  de  Merthyr  Tydwil  (Angleterre)  et  de 
Craigmiur  près  d'ïnverary  (Kcosse),  où  l'on  trouve  un 
minerai  spécial,  la  pentlandite  (NiS  +  nFeS),  contenant  de 
7  à  22  0/0  de  nickel.  Le  calcaire  carbonifère  du  Flintshire 
contient  également  de  nombreux  amas  de  cobalt  nickélifère 
(mine  de  Voel  Hiraddog),  La  production  du  nickel  en  Angle- 
terre a  atteint  environ  2.000  tonnes  en  1896. 

Gisements  de  V Espagne,  —  On  trouve,  en  Espagne,  des 
minerais  de  nickel,   dans  la  Galice  (près  du  cap  Ortegal) 


MINÉRAUX    EMPLOYÉS   DAMS   LA    MÉTALLURGIE         277 

[zaralite  Ni^{HO*)CO*  +  ^Aç];  on  en  trouve  aussi  à  Gistain 
dans  les  Pyrénées  (province  de  Huesca)  et  près  de  Malaga 
(pimélite  à  9  0/0  de  nickel). 

Le  prix  du  nickel,  en  1880,  était  de  12  francs  le  kilogramme; 
aujourd'hui  le  prix  est  descendu  à  5  francs,  mais  la  consom- 
mation s'est  beaucoup  accrue. 


BIBU06RAPHIE  DU  HICXEL 

1876.  Heurteau,  Richesses  minérales    de     la    Nouvelle-Calédonie 

{Annales  des  Mines^  7*  série,  t.  IX,  p.  235). 
1876.  Mines  de  nickel  de  la  Nouvelle-Calédonie  {Cuyper,  t.  XXXIX, 

p.  185). 
1878.  Ratte,  Roches  et  Gisements  métallifères  de  la  Nouvelle-Calé- 
donie. 
1880.  Luc  Léo,  Le  Nickel  en  1880  à  la  Nouvelle-Calédonie. 
188i.  Oeshayes,  Gîtes  métallifères  des  Alpes  valaisannes  {Génie 

civil). 
1885.  Percheron,  Nickel  en  Nouvelle-Calédonie  {Industrie  minérale^ 

2*  série,  t.  X!V,  p.  89). 
1885.  Garnier,  Notice  historique  sur   la  découverte  du  nickel  en 

Nouvelle-Calédonie  {Industrie  minérale^  2"  série,  t.   XIV, 

p.  126). 
1887.  Garnier,  Les  Gisements  de  cobalt^  nickel^  chrome  et  fer  en 

Nouvelle-Calédonie  {Société  des  Ingénieurs  civils). 
1891.  Garnier,  Mines  de  nickel,  cuivre  et  platine  du  district  de  Sud' 

bury  [Mémoire  de  la  Société  des  Ingénieurs  civils.,  mars  1891). 

1891.  Sella,  Sur  la  présence  du   nickel  natif  dans  les  sables  du 

totTent  ElvOy  près  de  Biella  {Piémont)  {Comptes  rendus  de 
rActtdémie  des  Sciences). 

1892.  L.  Pelalan,  Les  Mines  de  la  Nouvelle-Calédonie  {Génie  civil, 

t.  XIX,  p.  351,  369,  386,  406  et  439,  et  t.  XXI,  p.  327,  347, 
36a). 


278  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 


LE  MAHGÂNiSE  ET  8E8  MIIIERAIS 


Propriétés.  —  Le  manganèse  est  un  métal  d'un  gris  blan- 
châtre, dur  et  cassant,  rayant  Tacier  et  le  verre.  Il  possède 
une  certaine  ténacité  et  se  laisse  entamer  par  la  lime.  Den- 
sité =  7,2  environ;  chaleur  spéciflque  =  0,1217. 

Le  manganèse  pur  est  inaltérable  à  Tair  sec  à  la  tempéra- 
ture ordinaire;  chauiïé,  il  est  rapidement  recouvert  d'une 
couche  d'oxyde.  Il  se  délite  au  contact  de  Tair  humide  et  il 
décompose  Teauà  100^  Les  acides  étendus  le  dissolvent  avec 
dégagement  d'hydrogène. 

Usages.  —  Les  propriétés  défectueuses  du  manganèse  ne 
permettent  pas  d'en  tirer  parti  à  l'état  pur.  On  n'emploie  dans 
l'industrie  que  quelques-uns  de  ses  alliages  et  de  ses  com- 
posés. 

Alliages.  —  On  obtient  un  bronze  manganèse,  susceptible 
de  résister  à  une  forte  tension,  en  mélangeant  11  0/0  de 
manganèse  au  cuivre  raffiné  du  Mansfeld. 

Un  mélange  de  88  parties  de  cuivre,  avec  6  parties  d'étain, 
3  de  zinc  et  3  de  cupromanganèse,  donne  un  alliage  qu'on 
peut  courber  à  angle  droit  sans  qu'il  se  produise  de  fissure. 

En  réduisant  des  mélanges  d'oxyde  de  manganèse  et  de 
minorais  de  fer,  on  obtient  des  ferro manganèses  employés 
pour  la  transformation  du  fer  en  acier  parle  procédé  Thomas. 

On  produit  un  métal  très  dur,  mais  se  travaillant  encore 
avec  assez  de  facilité,  avec  un  alliage  de  80  0/0  de  cuivre, 
10  0/0  d'étain  et  10  0/0  de  manganèse. 

Principaux  composés  :  biozyde.  —  Le  bioxyde  de  manga- 
nèse, ou  pyrolusite,  est  employé  dans  les  verreries.  A  faibles 
doses,  sous  le  nom  de  savon  des  verriei's,  il  sert  à  blanchir 
le  verre  coloré  par  le  fer  et  les  matières  charbonneuses.  A 
dose  plus  élevée,  il  donne  au  verre  une  belle  teinte  violette. 

11  sert  encore  à  la  préparation  de  l'oxygène  et  à  celle  du 


MINÉRAUX   EMPLOYÉS   DANS   LA   MÉTALLURGIE         2^79 

chlore.  Enfin,  par  réballition,  il  rend  siccatives  les  huiles 
employées  jgour  délayer  les  couleurs. 

Permanganate  de  potasse.  —  Le  permanganate  de  potasse 
se  prépare  en  chauffant  ensemble  dans  un  creuset  de  fer 
deux  parties  égales  de  bioxyde  de  manganèse  et  de  chlorate 
de  potasse  avec  une  partie  un  quart  de  nitre  dissous  dans  un 
peu  d'eau.  Le  permanganate  de  potasse  (caméléon  minéral) 
est  employé  pour  reconnaître  et  doser  Tacide  sulfureux  qui 
peut  se  trouver  dans  Tacide  chlorhydrique  du  commerce. 

Le  permanganate,  qui  est  employé  aussi  comme  oxydant, 
transforme  Tacétylène  en  acide  oxalique  à  la  température 
ordinaire. 


MIXERAIS   DU   MANGANÈSB 


Le  manganèse  se  trouve  dans  la  nature  à  Tétat  d'oxydeâ, 
de  carbonates  et  de  silicates.  Le  principal  minerai  de  man- 
ganèse est  la  pyrolusite  [bioxyde  de  manganèse  (MnO^]]  ;  les 
autres  minerais  sont  la  braunite  (Mn^O^),  Vhausmannite 
(Mn^O*)fYaeerdè}te  (Mn^O-'^HO),  la  psilomélane,  qui  est  un  oxyde 
de  manganèse  contenant  jusqu'à  17  0/0  de  baryte,  le  carbonate 
de  manganèse  ou  diallogite,  la  rhodonite  [silicate  de  manga- 
nèse (MnSiO^)]  et  la  friédélite,  qui  est  un  silicate  de  manga- 
nèse hydraté. 

Géogénie.  —  On  ne  peut  guère  fixer  d'époque  pour  la  for- 
mation des  minerais  de  manganèse;  on  les  a  trouvés  dans 
le  cambrien  aussi  bien  que  dans  le  miocène  et  dans  divers 
terrains  d'âge  intermédiaire. 

Il  semble  qu*il  faille  attribuer  aux  concentrations  superfi- 
cielles et  aux  dépôts  oolithiques  une  origine  différente  de 
celle  des  filons  et  des  épanchements.  Dans  le  premier  cas, 
les  carbonates  en  dissolution  dans  les  eaux  de  source  conte- 
nant de  l'acide  carbonique  en  excès  ont  pu  précipiter,  par 
suite  du  dégagement  de  cet  acide.  Pour  les  filons  et  les 
épanchements  on  peut  admettre  que  le  manganèse  apporté 
par  des  eaux  acides  chargées  de  silice  s'est  précipité  à  l'état 
d'oxyde  ou  de  carbonate  sous  l'action  d'une  base,  d'un  cal- 
caire encaissant,  par  exemple. 


280  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 


GISEMENTS 

On  peut  rapporter  les  gites  manganésifères  à  trois  types 
principaux  : 

1®  Filons  avec  gangue  calcédonieuse  et  couches  interstra- 
ti  liées  lie  silicate  de  manganèse  ou  de  carbonate  de  manga- 
nèse (Merionetshire,  Pyrénées,  Ariège); 

2*^  Couches  sédimentaires  se  présentant  sous  formes  d'im- 
prégnations ou  de  minerais  oolithiques  (Caucase,  Sardaigne, 
Espagne)  ; 

3°  Gites  provenant  de  concentrations  locales  dans  les  argiles 
et  les  dépôts  récents,  produites  par  des  infiltrations  d'eaux 
ou  par  des  érosions  (Nassau,  Amérique). 

I.  —  GÎTES  FILONIE.NS 

Gisements  de  la  France  (Hautes-Pyrénées).  —  Il  existe  dans 
les  Hautes-Pyrénées  quelques  gisements  de  manganèse  peu 
ou  pas  exploités,  tels  que  ceux  de  Germ^  Vielle-Aure^  Lou- 
dervieile  et  la  Serre-d'Azet.  Ces  gisements  sont  souvent  formés 
de  mouches  de  njiinerai  et  de  poches  en  forme  d'entonnoirs, 
qui  disparaissent  en  profondeur. 

Formation  du  minerai  dans  les  Hautes-Pyrénées,  —  Plusieurs 
hypothèses  ont  été  émises  sur  le  mode  de  formation  probable 
des  minerais  de  manganèse  dans  les  Hautes-Pyrénées;  il 
nous  semble  utile  d'insister  sur  ce  point,  parce  que  c'est 
d'après  le  mode  de  formation  du  gisement  qu'on  peut 
déterminer  les  conditions  de  son  dépôt  et,  par  suite,  orienter 
les  recherches  à  venir  et  préparer  l'exploitation. 

Les  roches  raanganésifères  que  nous  avons  eu  l'occasion 
d'examiner  dans  cette  région  ne  sont  pas  d'aspect  éruptif  ; 
elles  ne  se  distinguent  guère  de  certaines  roches  encais- 
santes que  parce  qu'elles  ne  renferment  pas  d'éléments 
détritiques.  Elles  ne  sont  pas  concrétionnëes;  elles  sont 
interstrati fiée?,  mais  en  amas  irréguliers  et  non  veinés;  il  ne 
s'ensuit  pas  absolument  qu'elles  soient  contemporaines  des 
roches  encaissantes;   elles  ont  pu  être  formées  par  des 


MINÉRAUX  EMPLOYÉS  DANS  LA  MÉTALLURGIE    281 

sources  minérales  silicifères  chargées  de  manganèse,  qui  ont 
dissous  et  décomposé  certaines  couches,  moins  résistantes 
que  les  autres. 

C'est  ainsi  qu*au  contact  des  dépi^ts  de  manganèse  on  voit, 
dans  quelques  gîtes  des  Hautes-Pyrénées,  des  schistes  pour- 
ris et  presque  partout  de  Targile.  Cette  argile,  ou  silicate 
d'alumine  hydraté,  peut  provenir,  ainsi  que  Tout  constaté  au 
laboratoire  MM.  Ebelmen  et  Fournet,  de  la  décomposition 
lente  des  silicates  multiples  des  terrains  anciens,  par  Tacide 
carbonique  et  Toxygène;  cette  décomposition  doit  être  attri- 
buée à  la  présence  du  bicarbonate  de  manganèse  provenant 
de  sources  minéralisées  au  contact  de  filons  ou  de  cassures 
profondes. 

Les  dépôts  de  minerai  doivent  donc  provenir  d'eaux  char- 
gées de  sels  de  manganèse.  Ces  eaux  ont  été  certainement 
amenées  le  long  des  fissures  en  relation  avec  le  grand 
plissement  des  Pyrénées,  auxquelles  les  gisements  connus 
dans  la  région  sont  parallèles  dans  leur  ensemble.  De 
plus,  nous  avons  pu  constater  qu'au  voisinage  des  dépôts 
manganésifères  les  terrains  encaissants  étaient  tourmentés 
et  profondément  bouleversés,  ce  qui  confirme  l'hypothèse  de 
venues  profondes. 

D'ailleurs  les  dépôts,  bien  qu'iuterstratiflés,  se  présentent, 
en  général,  en  forme  d'entonnoirs  dont  le  fond  se  raccorde 
à  la  fissure  qui  a  dû  amener  les  eaux  silicatées. 

La  plupart  des  gisements  pyrénéens  se  trouvent  arrêtas 
en  profondeur  à  des  étranglements  dont  les  parois  se  trouvent 
tapissées  de  crist^iux  roses  de  silicate  de  manganèse. 

Le  calcaire  qui  forme  ces  parois  n'est  nullement  altéré, 
et  les  schistes  ne  présentent  aucune  trace  de  scoriflcation 
ni  de  fusion,  ce  qui  écarte  l'hypothèse  d'une  origine  ignée 
pour  ces  dépôts  manganésifères. 

Il  reste  donc  acquis  que  des  fissures  profondes,  orientées 
généralement  N.  25®  à  30"  0.,  ont  amené  au  jour  des  eaux 
chargées  de  silice  et  de  manganèse,  qui  ont  déposé  au 
milieu  de  lits  schisteux  et  parfois  calcareux,  des  amas  de 
silicate  de  manganèse. 

Le  minerai  primitif  serait,  selon  nous,  à  Vielle -Aure 
notamment,  le  silicate  de  manganèse  (rhodonite  =  MnSiO^), 


282  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

rose,  fleur  de  pêcher  et  brun,  translucide  et  à  éclat  vitreuXf 
et  aussi  le  silicate  hydraté  (friedélite  =  MnSiO^H). 

Grâce  à  la  réaction  d*une  base,  en  particulier  au  voisinage 
du  calcaire,  le  manganèse  apporté  par  les  eaux  siliceuses  a 
dû  se  précipiter,  en  certains  points,  à  Tétat  de  carbonate 
(diallogite),  rose  franc  plus  ou  moins  foncé;  le  carbonate 
prend  souvent  à  Tair  une  couleur  brune  ;  on  lui  donne  alors 
le  nom  de  minerai  chocolaté.  Enfin,  associée  à  la  téphroïte 
{péridotmanganésien),la  diallogite  donne  un  minerai  connu 
sous  le  nom  de  viellaurite  (48,95  de  téphroïte  -|-  51,05  de 
diallogite),  tenant  environ  63  0/0  de  MnO,  soit  49  0/0  de  man- 
ganèse métal. 

Quant  aux  minéraux  de  pyrolusite,  qui  ont  été  exploités  dans 
tous  les  points  où  le  manganèse  venait  affleurer,  ils 
contiennent,  en  moyenne,  80  0/0  de  MnO^,  ce  qui  correspond 
à  65  0/0  de  manganèse  métal. 

La  pyrolusite  a  été  formée  par  Toxydation  du  minerai 
primitif  au  contact  de  Tair,  et  il  n'est  pas  rare  de  rencontrer 
dans  un  même  bloc  de  minerai  la  série  des  transformations 
subies  ou  en  train  de  s'effectuer,  silicate,  carbonate  et  oxyde 
de  manganèse. 

Divers  gisements  des  Hautes-Pyrénées,  dans  lesquels  on 
avait  exploité  autrefois  les  oxydes  seuls,  sont  actuellement 
repris  pour  Texploitation  du  carbonate  et  du  silicate  dont  on 
tire  parti  pour  la  métallurgie  (spiegel,ferro-manganèse,etc.). 

Les  schistes  dévoniens  de  la  région  contiennent  des  bancs 
interstratifiés  de  génite,  composée  de  quartz  calcédonieux 
avec  rutile  et  apatite.  Quelques-uns  de  ces  bancs  sont  riches 
en  rhodonite  et  en  friedélite.  On  y  rencontre  des  poches 
d'argile,  comme  d'ailleurs  dans  la  plupart  des  gîtes  de  man- 
ganèse. 

Rimont  {Ariège).  —  Près  de  Rimont  (Ariège),  dans  les 
mines  de  lasCabesseSy  on  exploite  un  gisement  en  amas  assez 
riche  de  carbonate  de  manganèse,  intercalé  dans  le  dévonien 
et  provenant  sans  doute  de  la  décomposition  d'un  silicate  par 
l'acide  carbonique. 

Romanèche  [Saône-et- Loire),  —  La  plus  importante  mine 
de  manganèse,  en  France,  est  celle  de  Romanèche  où  l'on 
exploite  des  filons  de  psilomélane  d'âge  infraliasique.  Le 


MINÉRAUX  EMPLOYÉS  DAMS  LA  MÉTALLURGIE    283 

gisement  comprend  deux  petits  (lions  (n<*  1  et  n<*2),  réunis 
par  un  gîte  de  contact  (grand  filon),  situé  dans  une  faille 
entre  le  granité  et  des  argiles  tertiaires  formant  le  toit.  On 
a  trouvé  également,  &  Romanèche,  des  amas  dont  le  plus 
important  repose  sur  les  ardoises  infraliasiques  ;  le  toit  est 
constitué  soit  par  des  calcaires  à  gryphées,  soit  par  des 
argiles  ou  des  sables.  Les  petits  filons  sont  irréguliers;  les 
épontes  sont  peu  marquées,  et  Ton  se  trouve  souvent  en 
présence  d'uD  vrai  stockwerk  formt^  de  veines  disséminées 
dans  le  granité;  il  existe,  de  plus,  des  filons  croiseurs  quel- 
quefois exploitables.  Le  grand  filon,  qui  est  très  régulier,  a 
un  mur  de  granité.  Le  minerai  très  dur,  qui  est  de  Toxyde 
hydraté  barytifère  (psilomélane),  a  pour  gangue  les  roches 
encaissantes  accompagnées  de  quartz,  de  fluorine,  d'oxyde 
de  fer,  etc. 

On  exploite,  en  outre,  en  France,  de  la  pyrolusite  dans  les 
concessions  de  Goutter-Pommiers^  près  Saligny  (Allier),  et  de 
Luiy  (Nièvre). 

En  France,  la  production  du  minerai  de  manganèse  a  été  : 

Tonnes  Francs 

En  189i,  32.751,  représentant  une  valeur  de 1.001.375 

1893,  30.871            —                      —           ....  » 

1896,  31.318            —                      —            ....  928.58."> 

1897,  37.212            —                      —            ....  » 

Gisements  de  V Allemagne,  —  On  peut  citer,  comme  gise- 
ments filoniens  de  manganèse  en  Allemagne,  ceux  d'Ufeld 
(Harz)  où  Ton  trouve,  dans  des  porphyrites  intercalées  au 
milieu  du  grès  rouge,  des  veines,  inexploitables  d'ailleurs 
au-dessous  de  20  mètres,  contenant  de  Tacerdèse  avec  pyro- 
lusite, braunite,  hausmannite  et  psilomélane  à  gangue  de 
braunspath  et  de  barytine. 

En  Allemagne,  le  tonnage  du  minerai  exploité  a  atteint  : 

Tonnes  Francs 

En  189i,  (3.702,  représentant  une  valeur  de 582.060 

J896,  45.062  —  —  600.77o 

1897,  46.427  —  —  » 

Gisements  de  Vltalie,  —  Saint-Marcel  {Piémont).  —  Les  amas 
manganésifères  du  val  d'Aoste  et  du  val  Tournanche  sont 


284  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

situés  dans  les  gneiss  (à  Saint-Marcel,  val  Tournanchey  Tour- 
gnon,  Bardonèche)  ;  ils  sont  exploités  depuis  plus  d'un  siècle. 
On  trouve,  à  Saint-Marcel,  la  braunite,  Thausmannite  et  la 
pyrolusite,  accompagnées  de  carbonate  de  manganèse  rouge 
et  de  spessartinc  (grenat).  L'amas,  qui  avait  5  mètres  d'épais- 
seur à  la  surface,  est  profond  de  100  mètres;  les  éléments 
des  gneiss  encaissants  ont  été  transformés  en  rhodonite  et  en 
piémontite  (épi dote  manganésifère). 

En  Italie,  la  production  du  minerai  de  manganèse  a  été  : 

Tonnes  Francs 

En  189i,     760,  représentant  une  valeur  de 23.500 

1896,  1.890  —  —  82.250 

Et  celle  du  minerai  de  fer  manganésifère  : 

Tonnes  Frtncs 

En  1894,    5.810  représentant  une  valeur  de 46.480 

1896,  10.000  —  —  100.000 

Gisements  de  V Angleterre.  —  Merionetshire.  —  Depuis  1886, 
on  exploite  dans  le  Merionetshire,  à  Harlech  et  à  Barmouthy 
des  gisements  de  carbonate  de  manganèse,  formant  trois 
veines  dont  une  de  3  kilomètres  de  longueur,  et  deux 
de  1.500  mètres,  dans  des  quartzites  et  des  grès  gris  cam- 
briens;  on  trouve,  dans  cette  région,  une  teneur  de  30  à 
32  0/0  de  manganèse  avec  18  à  19  0/0  de  silice. 

Dans  le  Devon  et  le  Cornwall  il  existe  des  veines  de  man- 
ganèse dans  le  silurien  et  des  amas  dans  le  dévonieu. 

La  production  du  minerai  de  manganèse  en  Angleterre  a  été  : 

Tonnes  Francs 

En  l89i,  1.838,  représentant  une  valeur  de 18.500 

1896,  1.097  —  —  15.325 

IL    —    GÎTES    SÉDIME.NTAinES 

Gisements  de  la  Russie.  —  En  Transcaucasie,  à  Tehiatura, 
dans  la  vallée  du  Kvirila  (à  130  kilomètres  de  Poti),  on 
exploite,  dans  des  grès  et  des  sables  tendres  éocènes,  une 
série  de  couches  formées  soit  de  pyrolusite  et  d'acerdèse 
pulvérulente,  soit  de  pyrolusite  en  grains  oolithiques,  soit 
encore  d'argile  renfermant  des  rognons  de  pyrolusite.  La 
couche,  dont  la  puissance  totale  varie  de  2  à  5  mètres,  a 


MINÉRAUX   EMPLOYÉS    DANS    LA    MÉTALLURGIE         285 

une  étendue  reconnue  de  i20  kilomètres  carrés  (2  tonnes 

I  au  mètre  carré  environ). 

Ce  gisement,  que  Ton  peut  considérer  comme  un  gisement 

k  de  rivage,  de  même  que  les  dépôts  de  fer  ooUthique,  est  dû 

à  une  précipitation  chimique. 

Le  prix  des  minerais  des  mines  de  Tchiatura  ( Russie j  était, 
en  1897,  de  8  fr.  50  la  tonne  en  gare  de  Tchiatura  sur  la  ligne 
du  Transcaucasien.  Les  mines  sont  prospères,  et  de  nouveaux 
gisements  viennent  d'être  découverts.  Elles  ont  produit 
231.868  tonnes  en  1897.  La  teneur  varie  de  46  à  56  0  0. 

>  En  Russie,  le  tonnage  du  minerai  de  manganèse  extrait  a 

atteint  : 

TonD«8  Francs 

En  1893,  268.621,  représentant  une  valeur  de..    2.3i.>..>00 
1895,  203.081  —  —  ..     1.9i2.610 

1897,  231.868  —  —  ..  » 

Il  existe  d'autres  gisements  de  manganèse  dans  le  Caucase, 
notamment  ceux  de  Croscha,  dans  des  grès  calcaires  (juras- 
sique supérieur),  et  ceux  des  environs  de  Ti/lis,  dans  un  cal- 
caire bréchoïde  sénonien. 

Actuellement  la  majeure  partie  du  manganèse  employé 
dans  le  monde  entier  provient  des  mines  du  Caucase,  qui 
arriveraient  bientôt  à  tuer  toute  concurrence,  si  la  pyrolusite 
qu'elles  renferment  ne  contenait  pas  de  phosphore,  ce  qui 
diminue  sa  valeur  pour  la  métallurgie. 

Aujourd'hui  le  minerai  de  Tchiatura,  à  50  0  0  de  inanga- 
'  nèse,  se  vend  environ  37  francs,  rendu  sur  bateau  ;  et  celui 

à  70  0/0,  50  francs  environ,  selon  sa  teneur  en  silico.  Au- 
dessus  d'une  certaine  teneur  en  silice,  on  retranche,  pour 
calculer  le  prix  de  vente,  une  unité  de  Mn  par  unité  de 
silice  en  excès. 

Le  prix  de  revient  du  minerai  de  manganèse  rendu  sur 
^  bateau  peut  être  calculé   comme  suit  pour  les  mines  de 

Tchiatura  : 

Francs 

Minerai  rendu  en  gare  de  Tchiatura 8, 50 

.  Transport  de  Tchiatura  à  Poti 18    » 

Chargement  sur  bateau  à  Poti 4    » 

Frais  généraux  et  divers H    » 

Total 3o,50 


\ 


286  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

Le  fret  Jusqu'à  Marseille   coûterait,  en  plus,   i6  francs. 

Gisements  de  VEspagne.  —  Dans  les  couches  horizontales 
miocènes  formant  la  partie  nord-ouest  du  plateau  de  la 
Serena,  dans  la  province  de  Giudad  Real,  à  val  de  Pefias,  on 
exploite  des  minerais  tenant  de  40  à  60  0/0  de  manganèse, 
formi^s  de  bioxyde  et  de  sesquioxyde  de  manganèse  el 
intercalés  dans  des  argiles  blanches.  L'exploitation  est  peu 
active,  parce  que  les  minerais  contiennent  du  phosphore,  et 

Mord  Auf 


Fio.  91.  —  Coupe  nord-sud  den  g-isemeuts  du  Giudad  Real. 

qu'au  centre  des  terrains  siluriens  en  forme  de  cuvette,  qui 
entourent  les  couches  de  manganèse,  il  existe  une  nappe 
d'eau  qui  arrête  le  développement  des  travaux  en  profondeur. 
En  Espagne,  la  production  du  minerai  a  atteint  : 

Tonnes  Francs 

Ed  189»,         340,  représentant  une  valeur  de..  2.610 

1896,     38.265  —  —  ..        268.660 

Gisements  de  la  Sardaigne,  —  Au  Capo-Rosso,  dans  l'île  de 
San-Pietro  (Sardaigne),  on  exploitait  autrefois  des  minerais 
de  manganèse,  constitués  par  un  mélange  de  bioxyde  et  de 
sesquioxyde,  dans  des  argiles  intercalées  entre  deux  nappes 
de  trachytes.  Ce  gisement,  dont  la  formation  semble  due  à 
un  dépôt  chimique  provenant  de  sources  thermales,  est 
abandonné  depuis  le  développement  pris  par  les  gisements 
du  Caucase. 

D'ailleurs,  l'exploitation  était  gênée  par  des  venues  d'eau 
considérables. 

III.  —    GÎTES  DE  CONCENTRATION  • 

Gisements  de  V Allemagne,  —  Nassau,  —  Les  nombreuses 
mines  de  manganèse  du  Nassau,  situées  dans  la  vallée  de  la 


i 


MIKËHACX    EMPLOYÉS    DANS    LA    MÉTALLURGIE         Wi 

Lahn,  sont  surtout  grou["^es  autour  d'Etbingerode  et 
d'Eckholshavxei.  Le  minerai '(pyrolusite,  psilomélane)  est 
contenu,  conimp  le  phoiiphale  exploité  dans  la  même  région, 
dans  des  poches  d'argile  superllcielles  recouvrant  des  grès 
et  des  schistes  du  dévonien  inférieur  moyen,  avec  des 
calcaires  dolomitiques  et  des  schistes  à  cypridioes  (ramen- 
nieu'.  L'exploitation  a  lieu  à  ciel  ouvert  on  par  des  puits 
peu  pro ronds. 


Fir..  9-2,  —  Gwps  icrliulf  de  la  ml»  d'EIbiagirodr  i.d'aprd  DiTiPtj, 

Gisements  (te  la  Belgique.  —  En  Belgique,  on  exploite, 
dans  la  vallée  de  la  Lienne,  des  minerais  tenant  20  0  0  dp 
fer  et  20  0/0  de  manganèse. 

Le  tonnage  du  minerai  exploité  en  Belgique  a  atteint  : 

En   1891.    2:1, 048.  représentant  une  valeur  de..        sn.lOO 

1896,  21.265  —  —  ..  » 

1897.  2B.37Ï  —  _  .,  » 

GiiemenU  de  la  Grèce.  —  En  Grèce,  il  K\islR  deux  groupes 
de  mines  :  l'un,  à  Capevani,  dans  les  Cyclades,  exploita  par 
une  Compagnie  Trançaise,  et  le  second,  situé  à  Fourkovient, 
exploité  par  une  Société  anjtlaise. 

La  production  du  manganèse  en  tlr'-ce  a  été  la  suiv.nnie  : 

Hiaerai  de  Ter  manganèsifère  : 

e  valeur  de..  « 


Minerai  de  manganèse  : 


288  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Gisements  des  Etats-Unis.  —  Le  bassinée  Cnmora  (Virginie) 
est,  d'après  Davies,  un  dépôt  de  lavage  provenant  d'une 
érosion  des  grès  cambriens  de  Potsdam  (mines  de  Cnmora^ 
exploitées  depuis  1876,  et  du  Motxt-Athos). 

En  Géorgie,  à  Cartesville,  on  exploite  à  ciel  ouvert  ou  par 
de  petits  puits,  un  minerai  argileux  provenant  de  la  décom- 
position de  grès  d'âge  inconnu  (mines  Dade). 

Les  minerais  de  Batesvifle  (Arkansas)  contiennent  50  0/0 
de  manganèse  un  peu  phosphoreux  (0,15  0/0  de  phosphore). 
On  peut  citer  encore  les  hématites  manganésifères  du  lac 
Supérieur,  les  couches  manganésifères  siluriennes  d7ron 
Mountain  et  la  pyrolusite  du  Warm-Springs  (Caroline  du  Nord). 

Sans  compter  les  minerais  de  plomb  argentifère  de  Lead- 
ville,  qui  contiennent  du  manganèse,  les  États-Unis  ont  pro- 
duit, en  1897,  environ  160.000  tonnes  de  minerai  de  manga- 
nèse, dont  50.000  tonnes  pour  le  New-Jersey,  80.000  tonnes 
pour  le  Michigan  et  le  Wisconsin  et  19.000  pour  le  Colorado. 
Dans  ce  dernier  État,  les  minerais  proviennent  des  mines  de 
Leadville;  ils  contiennent  en  moyenne  30  0/0  de  manganèse 
et  sont  absorbés  par  des  aciéries  de  Chicago  et  de  Puebla 
(Colorado). 

Aux  États-Unis,  le  tonnage  de  minerai  exploité  a  atteint  : 

Tonnes  Francs 

En  1896,  163.126  représentant  une  valeur  de..     1.695.415 
1897,  156.787  —  —  ..  » 

Gisements  du  Chili. —  Au  Chili,  il  existe  des  gites  importants 
de  manganèse  dans  la  province  de  Coquimbo,  notamment 
à  la  Servena,  sur  le  chemin  de  fer  d'Elqui;  la  teneur  varie 
de  35  à  45  0/0  en  moyenne  et  atteint  souvent  5  »  0/0. 

Le  tonnage  du  minerai  exploité  au  Chili  a  atteint  :  en  1894, 
47.994  tonnes  et,  en  1806,  26.152  tonnes. 

Gisements  du  Brésil.  —  De  nouvelles  mines  de  manganèse 
ont  été  ouvertes  au  Brésil  durant  ces  dernières  années,  et, 
en  1897,  on  a  exporté  8.500  tonnes  de  minerai  tenant 
50  0/0  de  manganèse  environ.  Les  mines  situées  dans  la 
province  de  Miguel  appartiennent  à  la  Airosa  C^.  Il  existe 
aussi  quelques  gisements  exploités,  dans  les  provinces  de 
MinaS'Geraes,  de  Matto-Grosso  et  de  San-Paulo. 


MINÉRAUX    EMPLOYÉS   DANS   LA   MÉTALLURGIE         289 

On  doit  citer  aussi  les  gîtes  de  minerais  de  manganèse 
de  la  Bosnie  (5.344  tonnes  en  4897),  de  V Autriche-Hongrie 
(3.9S0  tonnes  en  1896),  de  la  Turquie  (49.000  tonnes  en 
1896),  de  la  Suède  (2.056  tonnes  en  1896)  et  de  VAuntralie, 
Queensland  (403  tonnes  en  1897). 


BQLIOGRIPHIE  DU  MAIIGANÈSE 


1884.  Dieulafait,   Manganèse  dans  les  marbres  cipolins  {Comptes 

Rendus,  t.  XCVIII,  p.  634). 

1885.  Dieulafait,  Applications  des  lois  de  la  thermochimie  aiu:  phé- 

nomènes  géologiques.  Minerais  de  manganèse  (Comptes  Ren- 
dus, t.  G,  p.  6Ô9,  644,  676). 

1885.  Dieulafait,  Origine  et  mode  de  formation  des  minerais  de 
manganèse.  Leur  liaison  au  point  de  vue  de  Torigine  avec 
la  baryte  qui  les  accompagne  {Comptes  Rendus,  t.  G,  p.  324). 

1883.  Igelstroem,  Braunite  des  mines  de  Jacosberg  dans  le  Werm- 
land  en  Suède  {Bulletin  de  la  Société  minéralogique  de 
France,  t.  VIll,  p.  421). 

1881.  Ghapuy,  Manganèse  en  Russie  (Mémoire  manuscrit  à  l'École 
des  Mines). 

1889.  Beaugey,  Manganèse  des  Hautes-Pyrénées  {Bulletin  de  la 
Société  de  Géologie,  3-  série,  t.  XVII,  p.  297). 

1891.  Leproux,  Gisements  divers  du  Caucase  (Mémoire  manuscrit 

à  TEcole  des  Mines). 

1892.  A.  Leproux,  \ote  sur  les  principaux  gisements  minéraux  de 

la  région  du  Caucase  {Annales  des  Mines,  9*  série,  t.  It, 
p.  491). 

1893.  Ad.  Gamot,  Minerais   de  manganèse  ^analysés  au    bureau 

d'essai  de  r Ecole  des  Mines  de  1845  à  1893   {Annales  des 

Mines,  9*  série,  t.  IV,  p.  189). 
1898.  A.  Pourcel,  Note  sur  les  gisements  de  manganèse  de  Tchia- 

tour  {Annales  des  Mines,  t.  XII,  p.  119). 
1898.  Rojado-Ribeîro,   Lisboa,   0  Manganez  no  Brazil  {Jornal  do 

Commercio,  Rio  de  Janeiro). 
1898.  Lisboa,  0  Manganez  no  Brazil  (Rio  de  Janeiro). 


GÉOLOGIE.  19 


290  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


CHROME    ET    FER    CHROMÉ 


Propriétés  physiques  et  chimiques.  —  Le  chrome  est  un 
métal  d'un  gris  d'acier,  qui  peut  prendre  un  bel  éclat  par 
le  polissage.  Il  est  cassant,  très  dur,  et  il  raye  le  verre* 
Densité  =:  6. 

Il  ne  s'oxyde  pas  à  la  température  ordinaire,  mais  il  s'oxyde 
facilement  quand  on  le  chauffe  au  rouge  sombre.  Il  décom- 
pose l'eau  au  rouge  et,  à  froid,  en  présence  des  acides. 
Attaqué  par  l'acide  sulfurique  étendu  et  par  l'acide  chlorhy- 
drique,  il  donne  un  sel  de  chrome,  et  l'hydrogène  se  dégage. 

Le  chrome  présente  plusieurs  analogies  avec  le  fer,  auquel 
il  est  souvent  associé  (fer  chromé). 

Usages.  —  Le  chrome  est  employé  en  métallurgie.  Intro- 
duit dans  Tacier  en  faible  proportion,  il  en  augmente  la 
dureté.  L'acier  chromé  est  employé  surtout  pour  la  fabrica- 
tion des  cuirasses  de  navires  et  des  tourelles  des  forts  et 
pour  les  projectiles  d'artillerie. 

Oxydes.  —  Le  sesquioxyde  de  chrome  anhydre  est  employé 
pour  la  peinture  sur  porcelaine  et  pour  la  coloration  du 
verre. 

Le  sesquioxyde  hydraté  (vert  Guignet)  sert  pour  l'impres- 
sion des  tissus  et  des  papiers  peints. 

Sels.  —  Le  chromate  neutre  de  potasse,  d'un  beau  jaune, 
est  doué  d'un  grand  pouvoir  colorant  et  est  un  oxydant 
énergique  ;  il  donne,  avec  les  sels  de  ploîhb,  un  précipité, 
connu  sous  le  nom  de  jaune  de  chrome,  très  employé  en 
peinture. 

Le  bichromate  de  potasse  est  aussi  employé  comme  colo- 
rant. Il  sert  en  photographie  pour  les  tirages  au  charbon. 

En  dissolution  dans  l'acide  sulfurique,  il  est  employé  pour 
la  formation  des  piles  dites  au  bichromate  de  potasse. 


MINÉRAUX   EMPLOYÉS   DANS   LA    MÉTALLURGIE         291 


MLNERAIS    DU    CHROME 

Le  minerai  de  chrome  primitivement  exploité  était  la 
crocàtse  (chromate  de  plomb  PbCrO*),  rouge,  translucide,  à 
éclat  adamantin,  fusible  au  chalumeau;  on  en  trouve  des 
gisements  dans  TOural,  au  Brésil,  en  Hongrie  et  dans  les 
Philippines. 

Aujourd'hui  le  seul  minerai  de  chrome  utilisé  est,  en 
réalité,  le  fer  chromé  (Fe,Mg)0(Cr,Al)»03,  noir  de  fer,  éclat 
faiblement  métallique,  infusible  au  chalumeau. 


G^.OGI^.NIE    ET   GISEMENTS 

On  trouve  le  fer  chromé  en  grains  ou  en  amas  dans  les 
serpentines  résultant  de  l'altération  des  roches  à  péridot. 
Les  gisements  sont  d'étendue  très  restreinte,  et  le  fer  chromé 
y  est  accompagné  de  silice  opalescente  et  de  chrysotile.  On 
peut  donc  rattacher  la  formation  de  ces  gisements  à  des  ve- 
nues d'eau  récentes. 

Grèce  et  Turquie  d'Asie.  —  Il  existe,  dans  l'île  de  Mételin 
et  dans  YEuhée,  des  nids  de  fer  chromé  dans  la  serpentine. 
Des  gisements  analogues  sont  exploités  sur  le  versant  sud 
de  l'Olympe  de  Bythinie  (Turquie  d'Asie),  à  Dagh-Hardi, 
Topouk^  etc. 

On  exploite  aussi  le  chrome  dans  le  villayet  d'Aïdiriy  près 
de  Makri.  Le  minerai  à  50  0/0  y  revient  à  90  francs  la 
tonne  franco  bord  au  port  d'embarquement. 

La  production  du  fer  chromé  en  Grèce  était  de  1.600  tonnes 
en  1896  et  de  563  tonnes  en  1897;  et  celle  de  la  Turquie,  de 
^0.137  tonnes  en  1896,  et  de  11.551  tonnes  en  1897. 

Banat.  —  Les  minerais  de  fer  chromé  gris  noirâtre  de  la 
province  d'Orsova,  le  long  de  la  Bosnie  (Banat)  se  trouvent 
dans  de  la  serpentine  recoupant  des  calcaires  crétacés  en 
amas  de  300  à  400  mètres  de  longueur,  coïncés  à  moins 
de  100  mètres  de  profondeur;  ils  sont  mélangés  d'argile 
et  de  dolomie  et  tiennent  de  35  à  '60  0/0  de  chrome. 


292  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

La  production  de  la  Bosnie  a  été  d'environ  450  tonnes  de 
chromite  en  1896  et  de  396  tonnes  en  1897. 

Oural.  —  On  exploite  dans  les  serpentines,  sur  le  versant 
est  de  rOural  [Goroblagodatsk),  des  amas  de  20  mètres  de 
puissance  et  des  filons  de  fer  chromé  de  40  X  6  mètres, 
avec  une  profondeur  maxima  de  20  mètres.  Les  minerais 
contiennent  50  0/0  d'oxyde  de  chrome  mélangé  de  serpen- 
tine et  de  magnétite. 

La  production  du  minerai  de  chrome,  en  Russie,  était 
d'environ  7.000  tonnes  en  1896. 

États-Unis,  —  On  trouve  aux  États-Unis,  en  Californie 
à  Almaeda,  Placer,  San-Luis-Obispo,  etc.,  le  fer  chromé, 
associé  à  de  l'opale  et  à  du  chrysotile. 

La  production  des  États-Unis  était  de  713  tonnes  en  1896, 
et  de  152  tonnes  seulement  en  1897. 

Lac  Noir.  —  Depuis  1894  on  exploite  au  lac  Noir  (canton 
de  Colraïne)  des  gisements  de  fer  chromé  dans  des  serpen- 
tines, contenant  des  gttes  d'amiante.  La  production  de  la  Col- 
raïne Mining  C«  a  atteint  2.097  tonnes  en  1897  (7.000  tonnes 
depuis  1894);  les  gttes  de  Santa-Lucia  (Obispo)  n'ont  fourni 
que  50  tonnes  en  1897. 

Terre-Neuve,  —  A  Terre-Neuve,  on  exploite  des  dépôts  de 
minerai  de  chrome  à  Bluff  Head,  sur  la  côte  ouest,  dans  une 
diorite,  recoupée  par  des  lits  de  serpentine;  au  contact  de  la 
serpentine,  on  trouve  de  la  chromite  contenant  49,9  0/0  d'acido 
chromique  et  6,9  0/0  de  silice  avec  7,5  d'alumine,  18,5  de 
magnésie  et  17,2  de  fer.  —  La  teneur  exigée  par  l'industrie, 
en  acide  chromique,  est  de  50  0/0  ;  on  paie  4  à  5  francs  par 
unité  en  plus.  Il  est  vrai  que  le  minerai  est  déprécié  de  plus 
de  5  francs  par  unité  en  moins  de  50  0/0  ;  une  forte  teneur 
en  silice  diminue  aussi  la  valeur  du  minerai. 

En  1897,  on  a  extrait  à  Terre-Neuve  2.300  tonnes  de  mi- 
nerai, dont  la  moitié  tenait  de  40  à  50  0/0  d'acide  chromique, 
et  le  reste  de  35  à  40  0/0. 

Nouvelle-Galles  du  Sud,  —  Dans  la  Nouvelle-Galles  du 
Sud,  on  exploite  du  minerai  de  chrome  à  la  mine  Helena^ 
à  12  kilomètres  à  Test  de  Colac.  Teneur  moyenne  :  50  0/0. 

La  production  a  été  de  3.500  tonnes  de  fer  chromé  on 
1837,  pour  toute  cett'»  province. 


MINÉRAUX   EMPLOYÉS   DANS    LA    MÉTALLURGIE         293 

Nouvelle-Calédonie.  —  Les  serpentines  de  la  Nouvelle- 
Calédonie  renferment  des  veines  filoniennes  de  fer  chromé, 
et  Ton  exploite  aussi,  dans  les  fissures  argileuses  de  la  sei- 
penline,  des  grains  arrondis  de  fer  chromé  (fer  chromé  dit 
d^alluvion). 

La  production  dépassait  4  5.000  tonnes  de  fer  chromé  en 
Nouvelle-Calédonie,  en  1B96. 


BIBLIOGRAPHIE  DU  CHROMB 

1878.  Fer  chromé  de  VEubée  {Annales  des  Mines,  V  série,  t.  XIII, 
p.  589). 

1883.  Elisée  Brotte,  Sur  le  chrome  de  la  Turquie  d'Asie. 

1889.  Description  géologique  des  îles  de  Melelin  et  de  Thasos  {Ar- 
chives des  Missions  scientifiques), 

1898.  De  Launay,  Note  sur  les  gisements  de  fer  chromé  de  la 
province  de  Québec  (Bulletin  des  Annales  des  Mines^  9*  série, 
t.  XIII,  p.  617). 

1898.  Garnler,  Gisements  de  cobalt,  chrome  et  fer  de  la  Nouvelle^ 
Calédonie  {Société  des  Ingénieurs  civils). 


29i  GÉOLOGIR   APPLIQUÉE 


L'ARTmOUfE  ET  SES  MIHERAIS 


Propriétés  physiques.  —  l/anlimoine  esl  un  métal  blanc 
d'argent,  très  cassant,  se  laissant  facilement  pulvériser.  Il 
fond  vers  \h(y  et  se  volatilise  au  rouge  blanc  ;  sa  vapeur  exhale 
une  odeur  de  graisse.  En  refroidissant  lentement,  il  cristal- 
lise en  rhomboèdres. 

Lorsqu'on  le  fond  et  lorsqu'on  le  laisse  refroidir  lente- 
ment à  Tabri  de  Tair,  les  cristaux  de  sa  surface  ont  Taspect 
de  feuilles  de  fougère.  Densité  =  6,715;  chaleur  spéci- 
fique =  0,05077;  il  conduit  mal  la  chaleur  et  l'électricité. 

Propriétés  chimiques.  -  L'antimoine  est  inoxydable  à 
l'air,  à  la  température  ordinaire  ;  il  s'oxyde  au  rouge,  en  répan- 
dant des  vapeurs  blanches,  qui  se  condensent  en  poudre 
blanche,  connue  sous  le  nom  de  fleurs  argentines  d'anti- 
moine. 

L'antimoine  ne  décompose  l'eau  qu'au  rouge  ;  il  se  dis- 
sout lentement  dans  les  acides  sulfurique  et  chlorhydrique 
concentrés  et  chauds.  L'acide  azotique,  en  l'oxydant,  le  trans- 
forme en  acide  antimonique.  L'antimoine  se  dissout  dans 
l'eau  régale  contenant  un  excès  d'acide  chlorhydrique,  en 
donnant  du  chlorure  d'antimoine.  Doué  d'une  grande 
affinité  pour  le  chlore,  il  s'enflamme  dans  ce  gaz  lorsqu'on 
l'y  projette  en  poudre  et  se  convertit  en  protochlorure  et 
en  perchlorure  d'antimoine.  Le  soufre,  le  phosphore  et 
rars«înic  peuvent  également  se  combiner  avec  lui. 

Usages.  —  Dur  et  fragile,  l'antimoine  n'est  utilisé  qu'à 
l'étcil  d'alliage.  Il  donne  de  la  dureté  aux  métaux  avec  les- 
quels on  l'allie. 

Alliages.  —  L'antimoine  entre  dans  l'alliage  des  caractères 
d'imprimerie  et  dans  relui  des  planches  stéréotypes.  Le 
métal  anglais  pewster  en  contient  8  0/0  avec  87  0/0  d'étain, 
4  0  0  de  cuivre  et  1  0  0  de  bismuth. 


MINÉRAUX  KMPLOYÉS  DANS  LA  MÉTALLURGIE    295 

L'antimoine  enlre  en  petites  proportions  dans  le  métal 
d'Alger  et  dans  le  métal  de  la  Heifie,  Valliaye  de  Réaumur 
contient 70  0/0  d'antimoine  et  30  0/0  de  fer;  on  emploie  en 
Angleterre  un  bronze  d'antimoine  pour  la  fabrication  des 
coussinets  de  wagons. 

Enfin  une  application  importante  de  Tantimoine  est  celle 
qui  en  a  été  faite  dans  certaines  parties  des  cartouches  de 
guerre. 

Oxyde.  '-  L'oxyde  d'antimoine  dissous  dans  le  bitartrate 
de  potasse  constitue  Vémétique,  très  employé  en  médecine 
comme  vomitif. 

Sulfures.  —  Le  kermès  également  employé  en  médecine 
est  UB  oxysulfure  d'antimoine.  La  poudre  de  sulfure  d'anti- 
moine sert  à  la  préparation  du  kohl,  avec  lequel  les  femmes 
d'Orient  peignent  leurs  sourcils  en  noir.  L'oxysulfure  entre 
aussi,  sous  le  nom  de  vermillon  d'antimoine,  dans  la  prépa- 
ration des  toiles  et  des  papiers  peints.  C'est  une  couleur  très 
solide  et  qui  couvre  bien. 

Ghlomres.  —  Le  prolochlorure  d'antimoine,  ou  beurre 
d^antimoine,  est  employé  en  médecine  'comme  caustique. 
11  sert  aussi  à  bronzer  les  armes  et  le  cuivre  pour  les 
préserver  de  l'oxydation.  Précipité  dans  l'eau,  il  constitue 
la  poudre  d'algaroth,  qui  est  un  oxychlorure  d'antimoine. 

Sels.  —  On  emploie  l'antimoine  précipité  d'un  de  ses  sels 
par  le  zinc  ou  par  le  fer,  sous  le  nom  de  notr  cfe  fer,  pour 
bronzer  les  métaux  et  donner  aux  statuettes  de  plâtre  un 
aspect  métallique. 

L'alliage  de  sérullas  est  utilisé  pour  la  préparation  des 
radicaux  métalliques  de  l'antimoine.  Il  est  obtenu  en  fondant 
6  parties  d'émétique  avec  i  partie  d'azolate  de  potasse. 

L'antimoniate  de  quinine  est  employé  en  médecine. 

Le  jaune  de  Naples,  le  jaune  minéral  de  Mérimée  et  le  jaune 
de  Pinard  sont  des  antimoniates  de  plomb. 

MINERAIS   DB   l'aNTIMOINE 

Le  principal  minerai  d'antimoine  est  la  stibine  (sulfure 
d'antimoine  Sb^S^,  couleur  gris  de  plomb,  se  laissant  rayer  à 
l'ongle);  la  stibine  est  assez  fusible,  et  sa  gangue  quartzeuse 


296  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

est  très  adhérente;  on  peut  encore  citer  Idi se narmontite  (oxyde 
d'antimoine  Sb*0',  incolore  et  translucide,  fusible,  volatil  et 
attaquable  dans  les  acides)  et  la  kermésite  (oxysulfure  d'anti- 
moine 2Sb2S3  +  Sb»0=*,  rouge,  soluble,  fusible).  L'antimoine 
existe  également  dans  un  grand  nombre  de  minerais  com- 
plexes d'or,  d'argent  et  de  cuivre,  tels  que  les  cvivres  gris 
(panabase,  freibergite),  Vargent  rouge  (Ag-^SbS'),  la  bour- 
nonite  (CuPbSb.S»),  la  boulangérite  (Pb3Sb>.S«i  ;  on  produit 
une  certaine  quantité  d'antimoine  dans  les  usines  où  sont 
traités  ces  divers  minerais. 


GBOGENIE   ET    GISEMENTS 

La  Stibine  se  trouve  en  général  dans  des  filons  quartzeux, 
à  l'état  de  mouches  irrégulières  et  quelquefois  de  lentilles 
peu  étendues;  les  filons  sont  accompagnés,  comme  ceux 
d'étain,  par  une  roche  à  mica  blanc,  à  minéraux  ciremx, 
verdâtres,  produits  par  l'action  des  eaux  acides. 

La  stibine  semble  avoir  été  formée  par  l'action  de  l'eau 
sur  des  fumerolles,  comme  Ta  démontré  Sénarmont  en  chauf- 
fant en  vase  clos  à  dOO*^,  en  présence  d'eau  pure,  un  mélange 
d'antimoine  et  de  soufre.  En  outre,  certains  gisements 
(Arnsberg,  en  Westphalie)  semblent  d'origine  sédimen taire,  et 
l'antimoine  accompagne  l'or,  l'argent  et  le  cuivre  dans  des 
filons  complexes.  On  trouve  des  gîtes  de  différents  âges  (ter- 
rains primitifs,  siluriens,  dévoniens,  tertiaires).  Il  y  a  donc 
eu  plusioui^  venues  distinctes  d'antimoine. 

I.   —  GÎTES    FILOMENS 

Giaements  de  la  France.  —  Il  existe,  dans  le  Plateau 
Central,  un  grand  nombre  de  filons  de  stibine  dont  la  plupart 
sont  abandonnés.  On  peut  citer  les  deux  filons  de  Nades 
(Bourbonnais),  qui  recoupent  les  micaschistes  et  dont  la 
gangue  est  quartzeuse ;  les  filons  de  Btesnay,  près  de  Sou- 
vigny  (Allier),  dans  la  granulite  à  mica  blanc;  les  filons  de 
Villerauge  (Creuse),  recoupant  la  grauwacke  du  Culm  ;  les 
filons  de  Saint-Yrieix,  situés  dans  l'axe  de  filons  de  granulite 


MINÉRAUX   EMPLOYÉS    DANS    LA   MÉTALLURGIE         297 

recoupant  des  schistes  micacés  ou  amphiboliques  ;  ceux  de 
C/tanac  (Go rrèze),  dans  des  schistes  argileux  noirâtres;  les 
filons  de  quartz  antinionieux  de  Valflenry  (Loire),  dans  des 
gneiss  se  rattachant  à  la  granulite  ;  ceux  de  Malbosc  (Ardèche), 
dans  des  micaschistes  reposant  sur  le  granité. 

Enfin  on  peut  citer  un  groupe  de  gisements  plus  riches, 
exploités  dans  Tarrondissemeut  de  Brioude  (Freyconet,  la 
Fage,  Marmeissat,Chazelles),dansle  canton  de  Massiac  (Lmes 
et  Ouche  dans  le  Cantal)  et  à  la  Licoulne  (Haute-Loire).  Ce 
sont  des  filons  quartzeux  verticaux  de  0",20  à  0",30  d'épais- 
seur,  intercalés  dans  le  terrain  primitif  (gneiss,  granité)  et 
renfermant  des  lentilles  de  stibine  accompagnées  de  sulfure 
de  fer  (Fe^S^);  ces  filons  sont  séparés  par  des  massifs  sté- 
riles de  10  à  15  mètres;  on  trouve  aux  affleurements  des 
oxydes  d'antimoine  que  Ton  traite  à  Brioude  ou  que  Ton 
exporte. 

La  production  de  Tantimoine  en  France  a  été  la  suivante  : 

Minerai  : 

Tonnes  Francs 

En  1894,      6.144,  representaDtunevaleur.de..        406.155 
1896,      5.675  —  —         ..        342.720 

Métal  : 

Tonnes  Frsncs 

En  1894,      1.012,  représentant  une  valeur  de. .        680.120 
1896,         969  —  —         ..         6ol.085 

Hongrie.  —  On  exploite  à  Mazurka  (Hongrie),  dans  les 
montagnes  granitiques  séparant  les  vallées  de  la  Grau  et  de 
la  Waag,  un  filon  dont  la  puissance  varie  de  0™,05  à  4  mètres 
avec  failles  de  rejet  nombreuses,  recoupant  le  granité,  qui  est 
altéré  au  contact  (formation  du  minéral  vert  cireux  dont 
il  a  été  parlé  plus  haut  et  transformation  du  mica  noir 
en  mica  blanc).  Le  remplissage  comporte  deux  bandes  laté- 
rales de  quartz  avec  stibine  au  centre;  sur  certains  points 
le  braunspalh  s'est  interposé,  lors  d'une  réouverture  le  long 
d'une  des  épontcs.  Le  quartz  est  aurifère  et  la  stibine  est 
accompagnée  de  pyrite,  de  blende,  de  galène,  de  chalco- 
pyrite,  de  braunspath  et  de  calcite. 

On  trouve  encore  en  Hongrie  les  filons  de  Bisztra  et  â^^ 


298  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Botza  (Bries),  dans  les  granités,  et  d'Aranyidk  (Kaschau), 
dans  les  schistes. 
La  production  de  Tantimoine  en  Hongrie  a  été  la  suivante  : 

Minerai  : 

Tonnes  Francs 

En  1894,      1.265,  représentant  une  valeur  de. . .        144.339 
1896,         862  —  —  ...  64.482 

Antimoine  et  régule  : 

Tonnes  Francs 

En  1894,         385,  représentant  une  valeur  de...        261.748 
1896,         650  —  —  ...        397.170 

En  Autriche,  il  existe  aussi  quelques  gisements   d'anti- 
moine qui  ont  produit  : 

Minerai  : 


En  1894, 
1896, 

Tonnes 

696,  représentant  une  valeur  de. . 
905           —                       —         .. 

Francs 

164.715 

193.510 

Antimoine 

et  régule  : 

En  1894, 
1896, 

Tonnes 

279,  représentant  une  valeur  de... 
422           —                       —        ... 

Francs 
225.416 
274.117 

Portugal,  —  En  Portugal,  on  exploite  les  filons  de  Tapada 
et  de  Gondomar  (sulfures  à  70  0  0),  de  Carrega  (minerais 
de  25  à  50  0/0),  de  Casa  Branca^  dans  TAlemtejo,  etc.. 

La  production  du  Portugal  en  minerai  d'antimoine  a  été 
la  suivante  : 


Minerai  : 

Tonne» 

Francs 

En  1894, 

803,  représentant  une  valeur  de.. 

244.760 

1896, 

595           —                       —         .. 

144.585 

Allemagne.  —  En  Allemagne,  on  exploite  les  filons  de 
Gold  Kronack  et  de  Wolfsherg  (schistes  siluriens  du  Fichlel- 
gebirge),  de  Salzbourg  (schistes  anciens  de  la  Forêt-Noire)  ; 
les  mines  et  usines  de  TErzgebirge,  du  Harz,  de  Joachim- 
sthal,  d'Andreasberg  et  de  Przibram,  fournissent  de  Tanti- 
moine  comme  produit  secondaire. 

La  production  de  Tantimoine  en  Allemagne  a  été  la  sui- 
vante : 


MINÉRAUX   EMPLOYÉS   DANS   LA  MÉTALLURGIE         299 

Antimoine  avec  manganèse  : 


Tonnes 

Francs 

En  1894, 

424,  représentant  une  valeur  de. . 

326.220 

1897, 

1.665           —                      —         .. 

1.053.720 

Gisements  fUoniens  divers.  —  On  trouve  encore  de  l'anti- 
moine en  fiions  (en  général  sulfures,  quelquefois  oxydes), 
en  Angleterre  (Cornouailles),  en  Suède  [Sala). 

On  peut  citer  aussi  les  gttes  filoniens,  reconnus  et  exploi- 
tés en  Espagne,  kSan-Martino  de  Villalonga;  en  Asie-Mineure, 
aux  environs  de  Smyrne;  à  Bornéo,  dans  la  partie  anglaise 
(Sarawak,  Tagui,  Tambusan);  au  Mexique,  dans  le  district 
d'AUar  (Sonora),  d'où  Ton  a  exporté,  en  1896,  3.231  tonnes 
de  minerai  valant  160.465  francs. 

En  Australie,  dans  la  Nouvelle-Galles  du  Sud  (Munga  et 
Armidal)  etjdans  la  province  de  Victoria,  on  exploite  des 
filons  d'oxyde  et  de  sulfure  d'antimoine  recoupant  le  dévo- 
nien;  la  production  y  a  été,  en  1894,  d'environ  1.300  tonnes 
de  minerai  représentant  une  valeur  de  près  de  500.000  francs, 
et,  en  1897,  de  200  tonnes  seulement,  valant  100.000  francs 
environ. 

Parmi  les  filons  d*antimoine  tertiaire,  les  principaux  sont 
ceux  de  Pelsobanyà  (Hongrie),  où  l'on  rencontre  des  conglo- 
mérats de  frottement  avec  des  fragments  des  épontes 
cimentés  par  du  quartz,  de  la  pyrite,  de  la  blende,  etc.  ;  ceux 
d'Ani-Bebbouch  et  de  Djebel-Taia,  en  Algérie  (province  de 
Constantine)  ;  cenx  de  Pereta  (Toscane),  dans  les  calcaires 
de  réocène  supérieur,  qui  ont  été  métamorphisés  par  des 
vapeurs  sulfureuses. 

II.    —   GÎTES    SKDIMENTAIRES 

11  existe,  en  outre,  un  certain  nombre  de  gîtes  considérés 
comme  sédimentaires  par  les  géologues  qui  les  ont  visités  et 
décrits,  mais  dont  la  formation  pourrait  s'expliquer  aussi  bien 
par  une  venue  hydrothermale  postérieure. 

On  trouve  à  Charmes  (Ardèche)  de  la  dolomie  triasique 
imprégnée  de  stibine  en  veines  ou  en  nodules,  généralement 
en  amas  irréguliers. 


300  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

A  Arnsberg  (Westphalie),  la  stibinei  qui  forme  des  couches 
minces  de  O",©?  à0",20,  dans  les  schistes  siliceux  du  culm, 
est  accompagnée  d'un  schiste  coloré  en  noir  par  des  parti- 
cules carbonifères;  la  pyrite  y  est  fréquente;  la  blende,  la 
calcite  et  la  fluorine  sont  exceptionnelles.  Le  minerai  est 
homogène  au  milieu  et  bifurque  vers  les  épontes;  il  est 
connu  sur  80  hectares  de  superficie  environ. 

Algérie.  —  Le  gîte  de  Djebel-Hamimat  ou  de  Sidi-Rgheiss 
(Constantine),  encaissé  au  milieu  de  calcaires  noirs  et  d'ar- 
giles néocomiennes  inférieures,  fournit  des  oxydes  d^anti- 
moine  en  amas  irréguliers;  le  minerai  est  compact,  grenu, 
cristallisé  ou  disséminé  ;  il  existe  aussi  du  sulfure  en  houppes. 

Ia  production  de  Tantimoine  en  Algérie  a  été  la  suivante  : 

Minerai  : 

Tonnes  Francs 

En  1894,        175,  représentant  une  valeur  de..         26.000 

1896,  658  —  —  ..  94.785 

États-Unis.  — Aux  États-Unis  (Utali),  sur  le  Coyote  Creek, 
un  trouve  de  la  stibine  en  dépôt  de  0°^,02  à  0"*,80  dans  un 
grès  tendre  au-dessus  d'un  banc  calcaire  et  d'un  dépôt  de 
conglomérats. 

La  production  de  l'antimoine  aux  États-Unis  a  été  la  sui- 
vante : 

Métal  : 

w  Tonnes  Franc» 

En   1896,        556,  représentant  une  valeur  de..        423.585 

1897,  680  —  —         ..        536.250 

Prix  en  1897  :  Ofr.  35  en  moyenne,  la  livre  anglaise 
(453?^60). 

Les  principales  mines  sont  situées  dans  VUtah,  le  Montanay 
VIdaho,  la  Californie  et  le  Nevada. 

Prix  des  minerais.  —  On  vend,  à  Londres,  Tantimoine  à 
Tétat  de  sulfure  naturel  :  les  premières  qualités  de  minerais 
dosent  50  0/0  d'antimoine  métallique  (régule  d'antimoine)  ; 
les  minerais  à  30  0/0  se  vendent  difficilement.  Les  minerais 
oxydés  sont  soumis  à  une  dépréciation,  à  cause  de  leur  titre 


"^ffmm^ 


3IINÉRALX    EMPLOYÉS   DANS  LA    MÉTALLURGIE         301 

moins  élevé  et  des  frais  de  leur  traitement.  Les  principales 
impuretés  de  Fantimoine  sont  le  plomb  et  Tarsenic. 

Si  Ton  considère  un  minerai  pauvre,  le  prix  de  chaque 
centième  de  teneur  en  antimoine  est  de  3  fr.  50  à  4  francs  ; 
mais,  pour  les  minerais  plus  riches,  le  prix  de  Puni  lé 
augmenlerapidement  jusqu'à 8  et  iO  francs  pour  les  minerais 
à  50  0/0. 

Soient  :  p,  le  prix  de  la  tonne  ; 

/,  la  teneur  en  centièmes  (dosage  par  voie  sèche)  ; 

a,  le  déchet  de  fabrication  ; 

c,  le  cours  du  régule  en  francs  par  tonne  ; 

/*,  les  frais  de  fusion  et  le  bénéfice  du  fondeur,  par  tonne. 

On  a  (d'après  M.  BurUie)  : 


^^ïki^-ij^'-f^- 


En  Angleterre,  f  =  450  francs  environ  ;  et  a  varie  de  0  à  50, 
quand  la  teneur  vane  de  60  à  20  0/0. 


BIBLIOGRAPHIE  D£  L'AMTIIIOINE 

1835.  Gniner,  Classification  des  filons  du  Plateau  Central  et  des- 
cription des  anciennes  mines  de  plomb  du  Forez  {Société 
d'agriculture  de  Lyon^  23  novembre). 

1869.  Ville,  Gîtes  minéraux  de  V Algérie  {Annales  des  Minea^ 
6*  série,  t.  XVÏ,  p.  161). 

1878.  Camot,  dite  de  Chanac  (Corrèze)  (Annales  des  Mines^  7*  série, 
t.  XIII,  p.  394). 

1892.  Burthe,  Sur  la  vente  des  minerais  et  du  sulfure  d'antimoine 

{AnnaUs  des  Minesy  9*  série,  t.  11,  p.  172). 

1893.  P.  Burthe,    Notice  sur   la  mine   d'antimoine  de  Fregcenef 

{Annales  des  Mines,  9*  série,  t.  IV,  p.  15). 


302  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 


ALUMUflUM 


On  étudiera,  dans  ce  chapitre,  uniquement  Taluminium 
métallique  et  les  minerais  qui  servent  à  le  produire.  "Ses  autres 
minéraux  :  les  oxydes  d'aluminium  (rubis,  saphir,  etc..) 
seront  passés  en  revue  au  chapitre  des  Pierres  précieuses; 
les  aluns,  les  argiles,  les  kaolins,  etc.,  seront  examinés 
dans  les  chapitres  relatifs  à  leur  emploi  industriel. 

Propriétés  phjrsiqneB.  —  L'aluminium  est  un  métal  d'un 
blanc  légèrement  bleuâtre.  Il  est  très  ductile  et  très  malléable 
et  peut  être  réduit  en  feuilles  extrêmement  minces  par  le 
battage.  Sa  dureté  et  sa  ténacité  égalent  celles  de  l'argent; 
il  fond  à  600<^  et  n'est  pas  sensiblement  volatil  aux  hautes 
températures.  Sa  densité,  très  faible,  est  de  2,56  (à  peu  près 
celle  du  verre  et  de  la  porcelaine)  ;  et  sa  chaleur  spécifique 
est  de  0,128.  Il  est  très  sonore  et  conduit  bien  la  chaleur  et 
l'électricité. 

Propriétés  chimiques.  —  L'aluminium  est  absolument 
inaltérable  à  l'air,  même  à  une  température  élevée,  et 
il  résiste  aux  agents  qui  attaquent  nos  métaux  usuels.  Il  ne 
décompose  pas  l'eau  et  ne  noircit  pas,  comme  l'argent,  sous 
l'influence  de  l'acide  sulfhydrique.  Les  acides  sulfurique 
et  azotique  concentrés  n'attaquent  pas  à  froid  ce  métal  ; 
mais  ils  le  dissolvent  très  lentement  à  chaud.  L'acide  chlor- 
hydrique  est  le  dissolvant  de  l'aluminium,  sur  lequel  il 
n'îagit  même  à  froid. 

Usages.  —  L'emploi  de  l'aluminium  se  trouve  tout  indiqué 
lorsqu'on  a  besoin  à  la  fois  d'une  grande  légèreté,  d'inalté- 
rabilité à  l'air  et  d'une  certaine  élégance.  On  fabrique  avec 
ce  métal,  depuis  longtemps,  malgré  le  prix  élevé  qu'il  avait 
conservé  jusqu'à  ces  dernières  années,  des  instruments  d'op- 
tique et  de  lunetterie;  on  en  fait  des  services  de  table,  des 
clefs,  des  instruments  de  chirurgie,  etc. 

Des  essais  sont  faits,  maintenant  que  les  prix  de  l'alumi- 


1 W' ..  ■ 


MINÉRAUX   EMPLOYÉS   DANS    LA   MÉTALLURGIE         303 

nium  sont  à  peine  plus  élevés  que  ceux  des  métaux  usuels, 
pour  le  remplacement,-  par  Taluminium,  des  pièces  métal- 
liques lourdes  et  oxydables  qui  entrent  dans  l'équipement  du 
soldat.  Les  bidons,  les  marmites,  les  quarts  et  les  gamelles  à 
Tusage  de  Tarmée  seront  probablement  fabriqués  désormais 
avec  ce  métal  si  léger,  si  propre  et  d'une  si  parfaite  inno- 
cuité. 

L'aluminium  est  employé  en  métallurgie  comme  purifica- 
teur du  fer  et  du  cuivre. 

Enfin,  malgré  les  critiques  qui  ont  été  faites  contre  l'em- 
ploi de  l'aluminium,  dont  des  échantillons  insuffisamment 
purs  avaient  donné  des  mécomptes  assez  nombreux,  parti- 
culièrement dans  l'usage  des  ustensiles  culinaires,  il  est 
certain  que  ce  métal,  qui  jouit  de  propriétés  si  remarquables, 
sera  dans  peu  d'années  d'un  usage  courant. 

On  commence  déjà  à  utiliser  l'aluminium  pour  la  cons- 
truction des  maisons.  En  1899,  à  Chicago,  on  a  entrepris 
la  construction  d'une  habitation  en  aluminium  dans  Tun 
des  quartiers  les  plus  fréquentés  de  la  ville.  La  maison  sera 
formée  d'un  bâti  en  fortes  poutres  de  fer,  avec  garnissage 
en  plaques  de  bronze  d'aluminium,  tenant  20  parties  d'alu- 
minium pour  10  de  cuivre.  Ce  bronze  a  un  coefflcient  de 
dilatation  extrêmement  réduit.  L'édifice  aura  une  hauteur 
de  6i  mètres  et  comportera  dix-sept  étages.  La  façade  sera 
garnie  de  plaques  de  5  millimètres  d'épaisseur,  soigneuse- 
ment polies. 

L'expérience  indiquera  si  ce  genre  de  construction  peut 
préserver  les  habitants  contre  le  froid  et  la  chaleur,  et  si  la 
sonorité  des  parois  ne  réserve  pas  quelques  surprises  plutôt 
désagréables  aux  futurs  locataires. 

Alliages.  —  La  moindre  proportion  d'aluminium  ajoutée  à 
certains  métaux  —  cuivre,  fer,  acier,  etc.,  —  en  augmente 
la  dureté  et  l'homogénéité. 

L'alliage  connu  sous  le  nom  de  bronze  d'aluminium  est 
doué  de  l'éclat  de  l'or  et  de  la  ténacité  du  fer  ;  il  contient 
ordinairement  900/0  de  cuivre  et  10  0/0  d'aluminium;  il  est 
employé  pour  la  fabrication  de  coussinets,  de  tuyaux,  d'ins- 
truments de  physique,  etc.  Sa  belle  couleur  a  permis  de  l'uti- 
liser dans  l'orfèvrerie. 


1 


304  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

T.e  laiton  d^ aluminium  est  formé  de  2/3  de  bronze  d'alumi- 
nium et  de  1/3  de  zinc. 

D'ailleurs,  les  alliages  d'aluminium  varient  comme  propor- 
tion, suivant  l'emploi  auquel  ils  sont  destinés.     ' 

L'alliage  mitis  est  un  acier  très  ductile  et  très  dur  conte- 
nant 0,05  à  0,10  0/0  d'aluminium. 


MINERAIS    ET    GISEMENTS 

Bien  que  Taluminium  soit  un  des  corps  les  plus  répandus 
de  la  nature,  le  nombre  de  ses  minerais  utilisables  indus- 
triellement est  restreint.  Les  deux  principaux  sont  la 
bauxite  et  la  cryolite,  La  bauxite  est  un  hydrate  ferrifère 
d'alumine,  qui  contient  40  à  80  0/0  d'alumine,  0  à  20  0/0  de  fer 
et  i5à50  0/0  d'eau;  on  l'emploie  aussi  comme  argile  réfrac^ 
taire,  et  il  sert  pour  la  préparation  de  l'alun  et  du  sulfate 
d'alumine.  La  cryolite  est  un  fluorure  double  d'aluminium 
et  de  sodium  (ôNaFl  +  Al^Fl^^).  L'alumine  pure  naturelle  ou 
corindon  (saphir,  rubis)  est  employée  en  joaillerie;  celle 
dont  on  a  besoin  dans  la  métallurgie  de  l'aluminium,  est 
extraite  artificiellement  de  l'alun,  du  kaolin  ou  de  Talumi- 
nate  de  soude. 

Banzite.  —  En  dehors  du  gisement  des  Baux  de  Provence, 
près  de  Mouriès  (Bouches-du-Rhône),  où  elle  a  été  signalée 
par  Berthier  dès  1821  et  d'où  elle  a  tiré  son  nom,  la  bauxite 
est  exploitée  :  dans  la  Lozère  près  de  Mende;  dans  l'Ariège  à 
Péreilhes;  k  Saint-Chinian  et  à  Villa-Veyrac  dans  l'Hérault;  à 
Madriaty  Boudes  et  Augnatf  en  Auvergne  ;  on  en  trouve  égale- 
ment :  en  Irlande,  à  Belfast;  dans  le  Piémont,  à  Mozze;  en 
Autriche,  à  Wochein;  au  Canada^  aux  États-Unis,  etc. 

Gisement  des  Baux.  —  Aux  Baux,  on  exploite  à  ciel  ouvert  ou 
en  galeries,  un  banc  rose  ou  blanc  de  bauxite,  de  6  mètres 
d'épaisseur,  sous  un  calcaire  gris  à  cyclophores  (oxfordien). 
La  bauxite  repose  sur  les  assises  supérieures  de  l'urgonien. 
Elle  a  une  structure  pisolithique  qui  diminue  avec  la  teneur 
en  fer;  on  y  trouve  du  rutile,  du  fer  titane  et  du  corindon. 
La  bauxite  blanche,  que  l'on  trouve  au  milieu  de  la  bauxite 
rose,  est  de  l'alumine  hydratée  pure. 


MINÉRAUX  EMPLOYÉS  DAMS  LA  MÉTALLURGIE    305 

La  bauxite  de  Saint-Chinian  (Hérault),  qui  repose  sur  Tin- 
fralfas,  est  recouverte  par  le  danien  ;  celle  de  Cantagals,  près 
de  Villa-Veyrac  (Hérault),  repose  sur  des  calcaires  gris  juras- 
siques ;  elle  est  recouverte  par  les  couches  à  physes  de  la 
Bégude. 

La  bauxite  a  uoe  origine  hydrotbermale  ;  mais  on  ne 
peut  pas  préciser  la  réaction  chimique  à  laquelle  elle  doit 
son  origine. 

Production  de  la  bauxite.  —  En  1897,  la  France  a  produit 
42.000  tonnes  de  bauxite  ;  elle  en  avait  produit  seulement 
33.820  tonnes  en  1896,  et  26.032  tonnes  en  1894. 

En  Irlande,  la  production  de  la  bauxite,  qui  était  de 
10.500  tonnes  en  1895,  est  montée  à  13.349  tonnes  en  1897. 

Les  États-Unis  ont  donné  21.000  tonnes  de  bauxite  en  1897, 
contre  17.369  tonnes  en  1896^;  et,  en  particulier,  la  Pittsburg 
Réduction  G®,  dont  les  usines  sont  situées  à  New-Kensington 
et  à  Niagara-Falls,  produisait,  en  1897, 1.814.400  kilogrammes 
d'aluminium  à  98  0/0. 

Cryolite.  —  Gisement  d'Ivigtut,  —  On  ne  connaît  encore 
actuellement  qu'un  seul  gîte  de  cryolite  exploité  industriel- 
lement, celui  d'ivjgtut  près  de  la  baie  d'Arksut  (Groenland 
oriental)  ;  on  y  exploite  un  filon  de  100  mètres  de  longueur 
sur  1  mètre  d'épaisseur  maxima;  la'JIcryolite  s'y  rencontre, 
accompagnée  d'étain,de  sidérose,  de  fluorine,  de  wolfram  et 
de  pyrite. 

La  production  du  district  d'Ivigtut  étaitjde  12.287  tonnes 
en  1895;  elle  a  fléchi  à  6.058  tonnes  en  1896,  par  suite  de 
Tamoncellement  des  glaces,  qui  gênait  l'exploitation. 

A  Miask  (Oural),  on  trouve  de  la  cryolite  accompagnée  de 
topaze,  de  fluorine  et  d*un  fluorure  d'aluminium  et  de  sili- 
cium (chiolite). 

Prix  de  Valuminium.  —  Le  prix  de  l'aluminium  et  de  ses 
minerais  a  beaucoup  diminué  de  1880  à  1900,  depuis  qu'on 
prépare  ce  métal  électrolytiquement  et  non  plus  chimique- 
ment. Ainsi,  en  1880,  l'aluminium  métal  se  vendait  150  francs 
le  kilogramme  ;  il  est  vrai  qu'à  cette  époque  la  production 
totale  ne  dépassait  pas  2.500  kilogrammes.  En  1887,  le  kilo- 
gramme d'aluminium  ne  valait  plus  que  60  francs,  et  20  francs 
eu  1890. 

OÊOLOOIX.  20 


306  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

En  1894,  les  statistiques  indiquent  pour  la  France  une  pro- 
duction de  270.000  kilogrammes  d'aluminium,  avec  une  valeur 
de  1.372.000  francs,  soit  5  francs  environ  par  kilogramme,  et, 
en  1896,  370  tonnes  valant  1.295.000  francs,  soit  3  fr.  50  par 
kilogramme  environ. 

Quanta  la  bauxite,  qui  valait  55  francs  la  tonne  en  moyenne, 
en  1890,  rendue  aux  usines,  elle  ne  valait  plus,  de  1895  à  1897, 
qu'une  trentaine  de  francs  au  point  de  consommation,  ou 
6  à  7  francs  prise  à  la  mine  ou  à  la  carrière.  —  Les  statis- 
tiques indiquent  en  effet,  pour  la  France,  une  production 
de  26.032  tonnes  de  bauxite,  en  1894,  avec  une  valeur  de 
162.940  francs,  et  de  32.820  tonnes  en  1896,  valant 
244.165  francs. 


BIBLI06RAPHIB  DE  L'ALUmUIUM 

1870.  Fabre,  Sur  les  failles  et  fentes  à  bauxite  dans  les  environs^ 
de  Mende  (Bulletin  de  la  Société  géologique,  2*  série ,^ 
t.  XXVllI,  p.  516). 

1872.  Collet,  Sur  la  bauxite  de  Saint-Chinian,  dans  VHérault 
(Bulletin  de  la  Société  géologique,  3"  série,  t.  111). 

1880.  CoUot,  Sur  la  bauxite  d*Ollières  [Description  géologique  des 

environs  d'Aix  en  Provence). 

1881.  Dieulafait,  Sur    la  bauxite  de   Provence  [Comptes  Rendus^ 

t.  XCIll,  p.  804). 

1885.  Roule,  Sur  le  terrain  lacustre  ancien  de  Provence  (Annales- 
des  sciences  géologiques  et  Comptes  Rendus  du  7  février  1887). 

1887.  GoUot,  Sur  Vâge  de  la  bauxite  (Comptes  Rendus,  10  jan- 
vier 1887). 

1887.  CoUot,  Age  des  bauxites  du  sud-est  de  la  France  (Bulletin 
de  la  Société  géologique,  3*  série,  t.  XV,  p.  331). 

1887.  Auge,  }^ote  sur  la  bauxite  (Bulletin  de  la  Société  géologique,. 

3*  série,  t.  XVI,  p.  345). 

1888.  Stan.  Meunier,  Sur  la  bauxite  (Bulletin  de  la  Société  géolo- 

gique, 3*  série,  t.  XVII,  p.  61). 

1889.  P.  Gourret  et  A.   Gabriel,  La   bauxite  et   les   étages  qui  1er 

recouvrent  dans   le  massif  de  Garbaban  [Comptes  Rendus,. 
t.  CVI). 

1890.  Richards,  Aluminium   history    occurence,   prospecties,  etc. 

(London,  Sampson  Low). 
1895.  Garnier,  rAluminiuin  et  le  nickel  (Revue  Scientifique). 


MINÉRAUX   EMPLOYÉS   DANS    LA    MÉTALLURGIE         307 


LE  MERCUBB  BT  8BS  imiERAIS 


Propriétés.  —  Le  mercure  est  un  métal  d'un  blanc  très 
.  brillant,  liquide  à  la  température  ordinaire;  il  fond  à  —  39^ 

el  bout  à  +  357».  Densité  =  13,W)  à  Fétat  liquide  et  14,40  à 
l'état  solide.  Il  est  inoxydable  à  Tair  humide. 

Usages.  —  Le  mercure  sert  au  traitement  métallurgique 
des  minerais  d'or  et  d'argent  dans  les  procédés  dits  de 
l'amalgamation.  On  en  emploie  aussi  une  certaine  quantité 
pour  la  construction  d'appareils  de  physique,  baromètres, 
thermomètres,  cuves  à  mercure  des  laboratoires,  etc. 

Il  servait  aussi  pour  la  dorure  ;  mais  ce  procédé,  très  nui- 
sible à  la  santé  des  ouvriers,  est  presque  entièrement  rem- 
placé par  la  dorure  galvanique. 

Alliages.   —    Les  alliages  du   mercure   portent  le   nom 

d'amalgames.  Vamalgame  d'étain  ferme  ce  qu'on  appelle  le 

tain  des  glaces.  Pour  le  préparer,  on  fait  couler  du  mercure 

sur  une  feuille  d'étain,  et  on  applique  la  glace  par  dessus. 

^  Vamalgame  de  bismuth,  formé  d'une  partie  de  mercure 

'  et  de  quatre  de  bismuth,  adhère  encore  plus  fortement  au 

(  verre;  il  sert  à  faire  des  boules  argentées. 

L*argenture  est  souvent  préférée  maintenant  à  ces  amal- 
games, à  cause  de  l'insalubrité  des  vapeurs  mercurielles. 

Sels  de  mercare.  —  On  emploie  des  quantités   considé- 
rables de  mercure  à  la  fabrication  du  vermillon.   Le  vermiU 
i"  Ion,  poudre  rouge  très  éclatante,  est  du  sulfure  de  mercure. 

Le  plus  estimé  est  celui  qui  vient  de  Chine  où  l'on  emploie 
un  mode   de  fabrication   inconnu  en   Europe.   A  la  mine 
I  d'Idria,  en  Autriche,  on  le  fabrique  en  grand  en  faisant 

chauffer  un  mélange  de  mercure  et  de  soufre  ;  on  broie  et  on 
porphyrîse  ensuite  le  cinabre  artificiel  (lIg,S)   ainsi  obtenu. 
Le  calomel,  ou  sous-chlorure  de  mercure,  sert  ea   méde- 
cine comme  vermifuge  et  comme  purgatif. 
Le  sublimé  corrosifesi  du  protochlorure  de  mercure.  Il  a  la 


308  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

■ 

propriété  de  rendre  imputrescibles  les  substances  organiques. 

Le  fulminate  de  mercure,  ou  cyanure  de  mercure,  est 
employé  pour  les  amorces. 

Enfin  la  médecine  utilise  différents  onguents  mercuriels. 

Tous  ces  usages  sont  assez  limités  ;  aussi  le  mercure  n'at- 
teint-il que  des  prix  relativement  peu  élevés,  malgré  sa  rareté. 

La  consommation  des  dix  dernières  années  est  restée 
sensiblement  constante  et  égale  à  120.000  bouteilles  ou 
4.000  tonnes.  L'usage  a  prévalu  de  compter  ainsi  par  bou- 
teilles (bottle,  flask  ou  fiasco),  à  cause  de  la  façon  constante 
dont  s'est  efl'ectué  le  transport  du  mercure  dans  des  bouteilles 
en  fer  contenant  341^^,65. 

Le  grand  marché  du  mercure  est  à  Londres  ;  son  prix 
varie  entre  5  et  7  francs  le  kilogramme. 

MINERAIS   DU    MERCURE 

Le  véritable  minerai  de  mercure  est  le  cinabre,  ou  proto- 
sulfure de  mercure,  d'une  couleur  rouge  caractéristique  ;  il 
est  parfois  accompagné  d'un  sulfure  amorphe  gris,  appelé 
métacinabre. 

On  connaît  encore  la  tiemannite,  qui  est  un  séléniure,  et 
Yonofrite  (séléniosulfure)  ;  un  sulfoantimoniure,  la  livings- 
tonite  ;  un  tellurure,  la  colorado'ite  ;  deux  chlorures,  le 
calomel  et  la  coccinite,  et  des  amalgames  d'or  et  d'argent. 

Géogénie.  —  Le  sulfure  de  mercure,  au  Lieu  de  s'être  déposé 
dans  de  larges  fentes  de  fracture,  comme  les  sulfures  de 
beaucoup  d'autres  métaux,  remplit  en  général  des  réseaux 
de  petites  veinules  le  long  d'une  direction  filonienne  princi- 
pale. Le  terrain  encaissant  se  trouve  ainsi  transformé  en 
une  sorte  de  stock werk,  dans  lequel  on  trouve  des  amas 
lenticulaires  assez  peu  développés.  Parfois  aussi  le  cinabre 
imprègne  le  terrain,  grès  ou  schiste,  par  porosité.  Grâce  à  la 
rareté  du  mercure,  on  est  amené  à  exploiter  des  gisements 
dont  la  teneur  ne  dépasse  pas  1/2  0/0. 

Qu'il  soit  en  veinules  ou  en  imprégnations,  le  cinabre  ne 
parait  pas  avoir  été  déposé  par  substitution,  et  nous  admet- 
trons avec  M.  Becker,  qui  a  spécialement  étudié  la  question, 
qu'il  a  été  apporté  et  déposé   par  des  venues  hydrother* 


MINÉRAUX  EMPLOYÉS   DAKS    LA    MÉTALLURGIE         309 

maies.  Sans  doute  était-il  à  Tétat  de  sulfure  double  de  mer- 
cure et  de  sodium,  sel  soluble  qu'on  retrouve  dans  les  geysers 
actuels  de  la  Californie,  appelés  steamboatsprings.  Ce  sulfure 
double  peut  dissoudre  Tor,  la  pyrite  de  fer  et  celle  de 
cuivre,  corps  qui  accompagnent  souvent  le  cinabre. 

Le  cinabre  se  rencontre  dans  presque  tous  les  terrains  :  silu- 
rien^ carbonifère,  permien,  trias,  tertiaire  ;  on  l'a  trouvé  aussi 
dans  différentes  roches  :  porphyres,  trachytes  et  basaltes. 

Quant  à  Tàge  des  venues  mercurielles,  il  est  difficile  à 
préciser,  comme  celui  de  tous  les  dépôts  llloniens.  On  peut 
cependant  assigner  une  origine  récente  à  presque  tous  les 
dépôts  de  cinabre.  Les  seuls  gisements  auxquels  on  puisse 
attribuer,  d'ailleurs  sans  preuves  certaines,  une  origine 
ancienne,  sont  ceux  d'Almaden  et  d'Oviedo,  en  Espagne,  et 
ceux  de  la  Bavière  et  du  Palatinat. 

A  défaut  d'ordre  géologique,  on  adoptera  un  ordre  géo- 
graphique (France,  Europe,  Asie,  Amérique,  Australie)  pour 
Texamen  des  divers  gisements  de  mercure.  On  décrira  avec 
plus  de  détails  les  mines  importantes  d'Almaden  (Espagne), 
d'Idria  (Cimiole),  de  Sièle  (Toscane)  et  de  Sulfur-Bank  et 
New-Almaden  (Californie). 

DESCRIPTION    DES   GISEMENTS 

Gisements  de  la  France.  —  On  n'exploite  en  France  aucun 
gtte  de  mercure  ;  cependant  on  en  trouve  en  divers  endroits. 

A  Ménildot^  dans  la  Manche,  une  mine  a  été  ouverte  de 
1730  à  1742  sans  résultat  appréciable. 

A  la  Mure  (Isère),  des  tentatives  faites  de  1850  à  1854 
n*ont  pas  eu   plus  de  succès. 

Dans  l'Isère,  le  cinabre  a  encore  été  rencontré  à  Challanges, 
dans  des  veines*de  galène  et  de  blende,  et  à  Allemand,  avec 
un  amalgame  d'argent. 

On  trouve  aussi  du  cinabre  à  Peyrat  (Haute-Vienne),  dans 
du  granité. 

En  Corse,  près  du  cap  Corse,  le  cinabre  est  associé  à  de 
la  stibine,  dans  des  granulites. 

Gisements  de  V Algérie.  —  En  Algérie,  on  trouve  quelques 
gisements  de  mercure;  dans  le  département  de  Constantine  : 


310  GÉOLOGIE    APPLIQUES 

X  Bir-Beni-Salah,  &\i  sud  de  Coleo,  où  l'on  rencontre  du 
cinabre  el  de  la  galène  dans  des  gneiss. 

A  Taghit,  ausud'Ouest  de  Batna,  dans  des  (lions  de  cinabre 
de  blende  et  de  galène,  dans  le  lerrain  néocomica; 

Enfin  à  Ras-Et-Ma,  auprès  de  Jemmapes,  où  il  existe  des 
nions  de  cinabre  et  de  barytine,  dans  des  calcaires  liguriens- 
La  dernière  seule  a  donné  lieu  à  une  exploilalion  qui  est, 
du  reste,  aujourd'hui  abandonnée. 

Giientents  de  l'Espagne.  —  Outre  la  mine  d'Almaden,  sur  le 
versant  nord  de  la  Sierra-Nevada,  dans  la  province  de  Ciudad 
Keul,  le  seul  gisement  espagnol  qui  ait  une  importance 
industrielle  est  celui  de  Mieres,  dans  les  Asluries. 

Almaden.  —  l.e  gite  d'Almaden  contient  la  plus  ancienne 
mine  de  mercure  :  il  étail  connu  quatre  cents  ans  avant 
Jésus-  Christ  ;  depuis 
l'invention  de  l'amal- 
gamation, la  produc- 
tion s'y  est  sans  cesse 
accrue.  Le  gisement 
s'enrichit  constamment 
en  profondeur. 

Le  cinabre  imprègne 
trois  couches  de  quart- 
zites   siluriens,    d'une 
épaisseur   de    8   à    10 
mètres;     les  couches, 
encaissées    dans     des 
schistes     siluriens     et 
dans    une    brèche    de 
quartï,  de  serpentine, 
de  schiste  et  de  cal- 
caire avec  ciment  fels- 
■Alm«ien    paihique  appelée  frai- 
lesca  (V.  fig.  93),  sont 
très  redressées  et  forment  les  trois  filons  de  San-Pedro  y  San- 
Dicijo,  San-Francisco  et  San-Nicolas.  A  partir  de  200  mètres  de 
profondeur,  leur  régularité  est  beaucoup  plus  grande;  vers 
260  mètres,  les  deux  derniers  filons  semblent  se  confondre. 
Le  gisement  est  divisé,  par  les  mineur»,  en  trois  catégo- 


riprti  H.  ( 


MINÉRAUX  EMPLOYÉS  DANS  LA  MÉTALLURGIE    31  i 

ries  :  le  minerai  pauvre,  qui  tient  de  1  à  7  0/0  de  mercure  ; 
le  minerai  moyen,  de  8  à  20  0/0;  le  minerai  riche,  dont  la 
teneur  peut  aller  jusqu'à  85  0/0. 

Le  gîte  est  exploité  par  étages  de  25  mètres,  et,  dans 
chaque  étage,  par  tranches  de  3™,50  environ.  Le  douzième 
étage  a  été  préparé  en  1895.  On  enlève  les  foncées  de  deux  en 
deux  et  on  les  remplace  par  un  massif  de  maçonnerie,  repo- 
sant sur  une  voûte  très  surbaissée.  De  cette  façon  on  peut 
enlever  jusqu  aux  dernières  parcelles  du  minerai.  Le  chifTre 
élevé  des  frais  d'exploitation,  100  à  105  francs  par  tonne,  y 
compris  la  mise  en  bouteilles,  est,  du  reste,  moins  grevé  [lar 
ce  muraillement  (qui  ne  revient  qu'à  17  francs  par  tonne, 
fournitures  comprises)  que  du  fait  même  de  Tabatage.  Un 
piqueur,  payé  4  à  5  francs  par  jour,  ne  peut  travailler  que 
quatre  heures  par  jour  et  pendant  sept  à  huit  jours  seule- 
ment chaque  mois,  tant  sont  délétères  les  vapeurs  mercurielles. 

1^1  production  du  district  d'Almaden  a  été  de  16.070  tonnes 
de  minerai  en  1896,  donnant  41.330  bouteilles,  soit 
1.426.188  kilogrammes  de  mercure,  avec  un  rendement 
moyen  de  8,87  0/0.  En  Espagne,  la  production  du  mercure 
a  été,  en  1897,  de  49.510  bouteilles,  dont  47.357  i^our  Almculen 
(en  augmentation  de  6.027  sur  1896),  1.600  pour  El  Poncnir 
(Mieres),  472  pour  VUnion  Astuariana  et  111  pour  la  Sotcr- 
rana  (Pola  de  Lena). 

Gisements  de  V Allemagne,  —  A  la  ftn  du  siècle  dernier, 
TAllemagne  produisait  une  certaine  quantité  de  mercure.  — 
Mais  les  mines  de  la  Bavière  et  du  Palatinat  n'ont  pas  pu 
descendre  au-dessous  de  200  mètres  sans  que  leur  appau- 
vrissement les  rende  inexploitables.  Elles  consistaient  en 
filons  et  en  imprégnations  de  cinabre  dans  des  schistes  gris 
et  des  conglomérats  du  permien  supérieur.  La  dernière  mine 
exploitée,  celle  de  Potsherg,  près  d'Altengrau,  est  fermée 
depuis  longtemps. 

Gisements  de  C  Italie.  —  Le  gisement  de  Vallalta,en  Vénétie, 
dans  la  province  de  Belluno,  est  connu  depuis  de  longues 
années;  son  exploitation  avait  été  reprise  en  1856;  mais, 
depuis  1880,  elle  est  abandonnée  définitivement.  Le  gite  se, 
trouve  au  contact  de  microgranulites  et  de  grès  et  schistes 
Iriasiques.  Le  cinabre  était  en  veinules  dans  un  conglomérat 


312  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE  . 

spécial,  sorte  de  brèche  de  frotlement,  formée  lors  de  l'onver- 
ture  du  lilon.  Le  plus  grand  amas  exploité  avait  30  mèlres 
d'épaisseur  et  une  teneur  moyenne  en  mercure  de  0,5  0/0. 

En  Toscane,  la  mine  de  Levigtiatû,  près  de  Seravezxa,  est 
très  ancienne;  la  couche  y  est  disséminée  dans  des  veines 
irrégulières  de  quam.  La  mine  de  Jano,  près  de  Vollerra,  où 
le  cinabre  imprègne  des  schistes  bitumineux,  n'a  pas  donné 
les  brillants l-ésullats  qu'elle  avait  fait  entrevoir. 

Mais  les  mines  du  mont  Amiala  ont  pris,  depuis  1880,  un 
magnifique  essor.  En  particulier,  celles  de  Stèle  et  de  Cor- 
tiacchino  viennent  directement,  comme  chiffre  de  produc- 
tion, après  celle  d'Idria  en  Autriche. 

Siele.  —  La  mine  de  Siele,  appelée  Diaccialetto,  est  située 
sur  la  rive  gauche  du  torrent  de  Siele.  Le  gisement  se 
trouve  dans  des  couches  calcaires  triasiquea  qui  sont  plus  ou 
moins  marneuses.  On  exploitait  d'abord  des  petits  filons  et 
des  petites  couches  de  spath  calcaire  mélangé  de  cinabre, 
et  la  mine  avait  déjà  fait  faillite  quand  on  trouva,  à  la  pro- 
fondeur de  50  mètres,  des  couches  argileuses  dont  l'une, 
dite  Grand-niga,  contient  de  35  à  90  0/0  de  mercure. 

A  la  mine  de  Comacchiiio,  sur  le  mont  Penna,  le  gisement 


se   trouve  aussi  dans  des  couches  argileuses,  au  milieu  du 
calcaire  nummulitique. 

Les   deux  mines  de  Siele  et    de   Cornacchino  ont    pro- 
4uit  engepible,  en  1890,  449  tonnes  de  mercure,  valant  sur 


MINÉRAUX    EMPLOYÉS    DA^S    LA    HËTAI.LURGIE         313 

place  2.920.000lireset,en  1897,séparénient:Sîele,150IODDes, 
et  Cornacebino,  50  tonnes  de  mercure. 

Une  nouvelle  Compagnie  a'etit  formi^  en  1897,  pour  exploi- 
ter les  mines  de  mercure  d'Abbadia  (Tosrane). 

L'Ilalie  produisait  au  total,  nu  moyen  de  onze  mines,  en 
1894.  258  tonnes  de  mercure  métal,  représentant  une  valeur 
de  1.139.200  lires,  et,  en  1896, 186  tonnes  valant  874.200  lires. 

Gisements  île  rAutriche.  —  La  mine  d'Idria  (narniolr)  est 
la  plus  importante  d'Europe  après  celle  d'Almaden. 

Idria.  ~~  Le  gisement  d'Idria  est  expjnîté  par  le  Gou- 
Ternement  Autrichien  depuis  le  milieu  du  ivi°  siècle. 
En  186S,  il  semblait  impulsé  et  ne  trouva  pas  acheteur  à 
3.300.000  francs  ;  mais,  dès  l'année  suivante,  la  production 
reprit,  et  elle  Tournit  actuellement  h.  l'Autrirhe  un  bi'néllce 
annuel  de  800.000  francs. 


Pin.  95.  ~  Coupe  nrtieali:  du  ^letiuni  d'Idrii  (dislriel  du  nord^ucsl). 

Le  gisement  se  divise  en  deux  districts  :  celui  du  nord- 
ouest  et  celui  du  sud-est.  Dans  le  premier,  le  cinabre 
imprègne  des  couches  schisteuses  triasiques,  appelées  couches 
de  Skonza;  ces  i:ouches  plongent  entre  les  marnes  irisées 
de  Wengen  et  les  dolomies  de  Gutteralein  jusqu'à  une  profon- 
deur de  280  mètres,  puisse  divisent  en  deux  branches, l'une 
montant  et  l'autre  descendant  à  travers  le  calcaire. 


^314  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

La  branche  inférieure  est  en  relation  avec  le  district  sud- 
est,  où  la  couche  affecte  la  forme  d'une  cuvette  renversée. 

Le  mercure  est  très  irrégulièrement  disséminé  :  il  forme 
parfois  des  amas  lenticulaires,  puis  disparait  complètement. 

Le  calcaire  dolomitique  du  toit  est  souvent  imprégné  de 
mercure,  grâce  à  une  infinité  de  veinules  qui  partent  des 
couches  de  Skonza.  Dans  certains  endroits,  on  trouve  même 
du  mercure  natif. 

L'arrivée  au  jour,  du  mercure  à  Idria,  semble  s'être  pro- 
duite par  des  fissures  provenant  d'un  mouvement  postérieur 
au  trias  supérieur.  Le  sulfure  de  mercure  en  dissolution  s'est 
concentré  dans  les  schistes  poreux  et  dans  les  fissures  des  grès. 

Le  minerai  le  plus  riche,  le  stahlerz^  contient  75  0/0  de 
mercure;  mais  la  teneur  moyenne  n'est  que  de  0,84  0/0.  La 
production  annuelle  d'Idria  est  d'environ  550  tonnes  de 
mercure  métal.  On  peut  encore  citer,  en  Garniole,  le  gise- 
ment de  PotocniQy  près  de  la  ville  de  Neumarkt.  On  y  trouve 
le  cinabre  en  veinules  et  en  petites  mouches  dans  un  schiste 
noir  du  muschelkalk.  Production  annuelle,  20  tonnes  de 
mercure  environ. 

La  mine  de  Littat,  près  de  Marburg,  d'où  Ton  tire  de  la 
galène  avec  de  la  cérusite,  produit  aussi  du  cinabre  qui 
enveloppe  les  noyaux  de  galène  et  qui  paraît  dû  à  une  venue 
postérieure. 

On  peut  rappeler  pour  mémoire  les  mines  de  la  Bosnie^  qui 
produisaient  5  tonnes  de  mercure  en  1891  et  1/2  tonne 
en  1895.  Une  Compagnie  anglaise  s'est  formée,  en  1897,  pour 
exploiter  des  gisements  de  mercure  nouvellement  découverts 
en  Croatie,  à  Trystin, 

La  production  totale  du  mercure,  en  Autriche,  a  été,  en  1894, 
de  519  tonnes,  représentant  une  valeur  de  2.641.795  francs, 
et  provenant  de  84.127  tonnes  de  minerai. 

En  1896,  la  production  du  mercure  a  atteint  en  Autriche 
S64  tonnes  valant  2.874.237  francs,  et  provenant  de  83.303 
tonnes  de  minerai. 

Gisements  de  la  Hongrie,  —  En  Hongrie,  les  filons-couches  de 
Orobe  etDrozdziakow,  à  Kotterbach,  et  celui  de  Kahlehohj  à  Szlo- 
vinka,  exploités  comme  filons  de  chalcopyrite,  contiennent 
du  cinabre  et  du  cuivre  gris  mercuriel,  avec  de  la  stibine, 


MINÉRÀL-X    EMPLOYÉS   DANS    LÀ    MÉTALLURGIE         315 

minéral  toujours  associé  au  mercure  dans  ces  régions.  Les 
filons  de  Dobschau  et  de  Metzenaeifen,  voisins  des  prf^cédents, 
sont  exploités  uniquement  pour  mercure. 

La  production  totale  de  la  Hongrie,  qui  était  de  26  tonnes 
en  1883,  est  tombée  à  10  tonnes  en  1890.  En  1896,  elle 
n'était  plus  que  de  1.100  kilogrammes,  valant  5.590  francs. 

Gisements  de  la  Russie.  —  Dans  le  sud  de  la  Russie,  près  de 
Nikitoffha,  au  centre  du  bassin  houiller  du  Donetz,  sur  la  voie 
ferrée  de  Koursk-Kharkow  (gouvernement  d'Ekaterlnoslawi, 
le  mercure  a  été  signalé  dès  1879.  Une  exploitation  y  a  été 
entreprise,  en  1886,  et  a  pris  une  extension  rapide.  Le  cinabre 
imprègne  un  banc  de  grès  houiller  très  incliné;  il  tient  en 
moyenne  0,80  0/0  de  mercure  et  a  fourni,  en  1893, 201  tonnes 
de  mercure  valant  1.102.420  francs. 

En  1895,  la  production  s'est  élevée  à  434  tonnes  représen- 
tant une  valeur  de  1.855.000  francs  seulement. 

Gisements  de  la  Chine,  —  Le  mercure  paraît  abondant  en 
Chine,  où  Ton  fabrique  de  grandes  quantités  de  vermillon. 
Les  mines,  très  importantes,  paralt-il,  sont  inconnues;  tout 
au  plus  peut-on  affirmer  qu'elles  sont  dans  la  province  de 
Kwei'Chau,  récemment  ouverte  au  commerce  étranger. 

En  Corée^  notamment  dans  la  province  de  Hoang-Hai,  il  existe 
aussi  des  gisements  de  mercure  qu'on  exploite,  comme  en 
€hine,  en  allumant  des  feux  dans  des  trous  creusés  au  milieu 
des  roches  imprégnées  de  cinabre  et  recueillant  le  mercure 
qui  se  distille  et  se  condense  sur  la  surface  de  la  roche. 

Gisements  des  îles  de  la  Sonde,  --  Dans  Tile  de  Bornéo,  il 
existe  d'importantes  mines  de  mercure  à  Téyora^  dans  le  dis- 
trict de  Sarawak  ;  le  cinabre  y  est  contenu  dans  un  schiste 
argileux  en  masses  irrégulières;  il  est  accompagné  de  pyrite 
et  de  stibine.  La  production  annuelle  dépasse  2.000  bouteilles. 

Gisements  dû  Japon,  —  Au  Japon,  il  existe  quelques  gise- 
ments de  cinabre,  entre  autres  celui  de  ShizUj  dans  la 
province  d'Hirado.  Le  minerai  se  rencontre  en  veines  minces, 
au  milieu  de  roches  éruptives. 

La  production  du  mercure  au  Japon  a  été  de  2.141  tonnes 
en  1893.  En  1895,  elle  est  tombée  à  481  tonnes.  Les  rensei- 
gnements pour  les  années  suivantes  ne  nous  sont  pas  encore 
parvenus. 


'\ 


316  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

Gisements  de  la  Californie.  —  Les  mines  de  Californie, 
découvertes  vers  1843,  après  avoir  produit  2.800  tonnes  en 
1875  et  révolutionné  le  marché  du  mercure,  se  sont  rapide- 
ment épuisées,  et  produisent  à  peine  20.000  bouteilles,  soit 
à  peu  près  650  tonnes  de  mercure  par  an  actuellement. 

Les  gisements  de  mercure  s*y  présentent  sous  une  forme 
nettement  fllonienne,  dans  des  terrains  divers,  du  trias  au 
tertiaire.  Le  cinabre  est  accompagné  de  pyrites,  de  matières 
bitumineuses  de  quartz  résinite  ou  d'opale,  etc.. 

Les  principales  mines  sont  celles  de  Sulphur-Bank,  près 
du  lac  Clear  ;  celles  des  districts  de  Knoxville  et  de  Ohathill  tout 
à  fait  épuisées,  et  enfin  celles  de  New-Almaden  et  de  New-Idria. 

Sulphiir-Bank,  —  Sulphur-Bank,  dans  la  Californie,  est  une 
colline  recouverte  de  soufre,  qu'on  exploita  d'abord,  sans 
grand  succès,  comme  mine  de  soufre.  En  1873,  on  reconnut 
que  le  soufre  recouvrait  un  gisement  de  cinabre.  Le  minerai 
y  est  pauvre;  il  contient  1  0/0  seulement  de  mercure;  mais 
l'exploitation,  qui  se  fait  à  ciel  ouvert,  est  facile.  Le  cinabre 
est  généralement  amorphe,  accompagné  de  pyrite  avec  des 
matières  bitumineuses,  de  la  silice  et  de  la  calcite.  Le  terrain 
encaissant  est  le  néocomien  ;  il  est  boulevei^é  par  des  phé- 
nomènes volcaniques  récents,  coulées  de  basalte,  sources 
chaudes,  lacs  de  borax.  L'eau  des  sources  chaudes  contenant 
des  carbonates,  des  borates,  des  chlorures  et  des  sulfures 
alcalins,  est  capable  de  dissoudre  le  cinabre,  sous  une  pression 
sulHsante.  Il  est  possible  que  ce  soient  des  sources  analogues 
qui  aient  amené  le  minerai;  celui-ci  aurait  été  précipité  par 
diminution  de  pression.  Le  rendement,  qui  diminue  beau- 
coup, est  d'environ  1.500  bouteilles  chaque  année. 

New-Almaden,  —  La  mine  de  New-Almaden  est  la  plus 
ancienne  de  la  Californie.  Le  cinabre  y  imprègne  le  ter- 
rain néocomien  profondément  métamorphisé.  Le  calcaire  et 
les  grès,  recoupés  en  tous  sens  par  les  veinules  du  minerai, 
forment  des  stockwerks  alignés  le  long  de  filons  irréguliers. 

Le  mercure  est  accompagné  de  silice,  de  matières  bitumi- 
neuses et  de  pyrite.  Les  galeries  sont  très  étendues,  et  la 
mine  a  déjà  fourni  de  grandes  quantités  de  minerai.  En  1874, 
elle  paraissait  épuisée,  lorsqu'on  a  trouvé  de  nouveaux 
filons,  moins  riches,  il  est  vrai,  mais  plus  réguliers.  La  pro- 


MINÉRAUX    EMPLOYÉS   DANS  LA    MÉTALLURGIE         317 

duction  totale  de  New-Almaden  a  été,  jusqu'en  1899,  d'environ 
1  million  de  bouteilles.  En  1897,  elle  était  de  4.700  bou- 
teilles. 

Gisements  du  Mexique.  —  On  a  étudié  les  moindres  gise- 
ments de  mercure  du  Mexique,  à  cause  de  l'intérêt  qu'ils 
avaient  pour  l'amalgamation  des  minerais  d'argent  ;  mais  les 
résultats  n'ont  pas  été  brillants  au  début.  Tout  au  plus 
pourrait-on  citer,  jusqu'en  1894,  les  gîtes  de  mercure  de 
Sari'Onofrio  et  de  Guadalcaiar,  qui  se  trouvent  dans  des  cal- 
caires crétacés. 

Hais  d'importants  gisements  de  mercure,  découverts  en 
1894,  sont  exploités  dans  le  district  de  Moctezuma,  à  115  kilo- 
mètres au  nord-ouest  de  San-Luis  de  Potosi.  La  première  mine 
ouverte  (Dulces-Nombres)  a  été  louée,  moyennant  une  rede- 
vance mensuelle  de  Ili.OOO  francs,  par  la  Société  des  Mines 
de  mercure  de  Guadalcazar.  La  mine  de  Guadalupana,  à  deux 
kilomètres  de  Dulces-Nombres,  a  été  ouverte  en  1897  ;  le 
minerai  exploité  contient  une  forte  proportion  de  mercure. 
Les  autres  principales  mines  du  Mexique  sont  celles  de  Nuevo- 
Potosi,  exploitées  également  par  la  Société  de  Guadalcazar,  et 
,de  Huitzuco  (État  de  Guerrero).  Une  nouvelle  mine  a  été 
ouverte,  dans  l'État  de  Durango,  en  1898. 

Gisements  du  Brésil.  — On  commence  à  exploiter,  au  Brésil, 
de  grands  dépôts  de  minerai  tenant  de  1  à  2  0/0  de  mercure, 
près  de  Nazareth, 

Gisements  de  la  Colombie.  —  En  Colombie,  quelques  travaux 
ont  été  entrepris  dans  le  district  de  Kamloops,  au  nord  du 
lac  de  ce  nom.  Le  minerai,  à  gangue  dolomitique,  est  contenu 
dans  une  roche  tertiaire  très  acide,  d'origine  volcanique.  On 
connaît  aussi  des  gites  de  mercure  près  de  Cruces,  dans 
l'isthme  de  Panama  et  dans  la  vallée  de  Santa-Rosa  (province 
d'Antioquia). 

Gisements  du  Pérou.  —  Le  Pérou  a  été  un  pays  grand 
producteur  de  mercure;  mais  ses  gisements  sont  aujourd'hui 
abandonnés.  Dans  la  province  d'Ancachs,  la  mine  de  Santa- 
Cruz  a  été  arrêtée  par  suite  de  dégagements  abondants 
d'acide  carbonique.  Dans  le  district  d'Huancavelica,  dont 
la  mine  la  plus  riche  était  celle  de  Santa-Barbara,  on  trouvait 
le  mercure  en  imprégnations  dans  du  grès.   Le  cinabre  était 


318  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

cinabre   était   accompagné    de   minerais  arsenicaux,    avec 
gangue  de  calcite  et  de  barytine. 

Australie,  —  En  Australie,  on  a  découvert  d'importants 
gîtes  de  cinabre  dans  la  Nouvelle-Galles  du  Sud,  à  Noggriga- 
Creek,  et  dans  la  Nouvelle-Zélande  près  de  Thames,  à  Manga- 
kirikiri-Creek, 

La  production  de  mercure  (métal)  dans  le  monde  entier  a 
été  de  3.709  tonnes  en  1895,  et  de  4.275  tonnes  en  1897. 

BIBUOGRAPHΠ DU  MERCURE 


1871.  De  Monasterio  y  Correa,   Mines  d'Almaden   {Revue  univer- 
selle des  Mines  et  Annales  des  MÎJies,  7*  série,  t.  I,  p.  443). 
1874.  Virlet  d'Aoust,  Sur  le  gisement  du  cinabre  à  Abnaden  et  au 

Mexique  (Bulletin  Société  géologique^  3*  série,  t.  II,  p.  416). 
1874.  Jaaneta:^    Sur   le  mercure   métal^  trouvé  dans  les  terrains 

récents  [Bulletin  Société  géologique^  3*  série,  t.  II,  p.  416). 
1876.  Hollande,  Sur  le  mercure  de  Corse  (Bulletin  Société  géolo- 

giqùe^  t.  IV,  p.  31). 
1876.  Leytnerie,  Mercure  dans  les  Cévennes  (Toulouse,  Académie 

des  Sciences,!*  sérK,  t.  VIII,  p.  132). 
1878.  Blake,  Sur  les  gisements  de   cinabre   en    Californie   et    au 

Nevada  (Bulletin  de  la  Société  de  l'Industrie  minérale), 
1878.  Kuss,   Mémoire  sur  Almaden  (Annales  des  Mines,   7*  série, 

t.  XIII,  p.  39;  t.  XV,  p.  524). 
1878.  Rolland,  Les  gisements  de  mercure  de  Californie  (Bulletin 

Société  minérale,  n*  6,  et  Annales  des  Mines  de  septembre). 
1880.  Petiton,  Note  sur  la  mine  de  mercure  de  Siele  en  Toscane 

(Annales  des  Mines,  1'  série,  t.  XVII,  p.  35). 
1883.  E.  de  Launay,  Mémoire  sur  Idria  (Manuscrit  à  TEcole  des 

MinesV 
1889.  Briard,  Journal  de  voyage  sur  les  Mines  de  Mieres  (Manuscrit 

à  TEcole  des   Mines). 
1889.  Iloskold,    Mémoire  général  sur  les   Mines  de  la  République 

argentine. 
1891.  Weiss,  Usine  à  mercure  de  Nikiloffka  (Mémoire  manuscrit  à 

rErole  des  Mines). 
181U.  Calderon,  Recientos  Irabajos  sobre  el  origen  g  formacion  de 

los  depositos  de  mercurios,    (Madrid  Actas  de  la  Sociedad 

Espayiiola  de  historia  naturale). 


CHAPITRE  IV 

LE  CARBONE  ET  SES  COMPOSÉS 
COMBUSTIBLES  MINÉRAUX  ET  HYDROCARBURES 


Carbone.  —  Le  carbone  est  un  corps  simple,  solide,  non 
métallique,  entrant  dans  la  composition  d*un  grand  nombre 
de  substances  minérales  : 

i^  Gomme  corps  simple  avec  ou  sans  azote  (diamant,  gra- 
phite) ; 

2*  Combiné  avec  Thydrogène  (carbures  d'hydrogène,  gaz 
naturels,  pétrole,  bitume,  asphalte,  ozokérite,  ambre)  ; 

3«  Combiné  avec  Toxygëne,  Thydrogène,  Tazote  et  parfois 
avec  un  peu  de  soufre  (anthracite,  houille,  jais,  lignite, 
tourbe). 

Les  divers  composés  du  carbone  qui  se  trouvent  à  Télat 
naturel,  soit  en  couches,  soit  en  imprégnations  dans  la  terre, 
seront  étudiés  dans  ce  chapitre. 

Seuls,  les  gisements  de  diamant  (carbone  pur)  et  de  jais 
(variété  de  lignite)  seront  examinés  plus  loin  avec  les  pierres 
précieuses. 


320  GÉOLOtilE  APPLIQUÉE 

GRAPHITE 

Propriétés  physiques  et  chimiques.  —  Le  graphite  naturel 
est,  à  l'état  pur,  composé  presque  exclusivement  de  carbone 
avec  des  traces  d'oxyde  de  fer,  d'azote,  de  silice  et  d'alu- 
mine. Il  est  généralement  connu  sous  les  noms  de  plomba- 
gine  et  surtout  de  mine  de  plomb,  parce  que,  comme  le  plomb, 
il  présente  un  aspect  métallique  et  laisse  sur  le  papier  des 
traces  noires  et  brillantes,  d'où  son  nom,  tiré  de  ypa^civ  : 
écrire.  Il  est  cristallisé  en  petites  paillettes  d'un  gris  d  acier, 
ou  en  masses  feuilletées,  onctueuses  au  toucher  et  se  lais- 
sant rayer  par  l'ongle.  La  densité  des  graphites  les  plus 
purs,  qui  proviennent  de  Geylan  et  du  Canada,  et  qui  con- 
tiennent jusqu'à  99,8  0/0  de  carbone,  est  de  2,26;  elle  varie 
entre  i,80  et  2,40  pour  le  graphite  des  autres  provenances. 
Ce  corps  ne  brûle  que  dans  l'oxygène,  à  une  température 
élevée  ;  il  conduit  bien  la  chaleur  et  l'électricité. 

Usages.  —  On  emploie  à  la  fabrication  des  crayons,  sous 
le  nom  de  mine  de  plomb,  les  variétés  grenues  de  graphite 
les  plus  pures  ;  les  gros  morceaux  sont  sciés  en  baguettes 
prismatiques  que  l'on  introduit  dans  des  gaines  de  bois.  Les 
petits  morceîiux  pulvérisés  et  la  poussière  provenant  du 
sciage  sont,  après  mélange  avec  de  la  gomme  ou  de  la  colle 
de  poisson,  comprimés  en  briquettes  destinées  elles-mêmes 
au  sciage  pour  la  fabrication  des  crayons. 

Pulvérisé  et  traité  par  des  procédés  spéciaux,  le  graphite 
donne  une  pâte  qui,  moulée,  constitue  le  crayon  conté. 

Certaines  qualités  de  graphites  sont  employées  comme 
combustible  en  métallurgie  (Rhode-Island). 

On  confectionne  des  creusets  réfractaires  avec  des  gra- 
phites impurs  auxquels  on  ajoute  de  l'argile  jusqu'à  la  pro- 
portion d'un  tiers  ;  on  choisit  pour  cet  usage  les  graphites 
écailleux  ne  contenant  pas  de  chaux  et  surtout  pas  de  fer, 
pour  éviter  la  formation  de  silicates  fusibles  et  de  colorations 
ocreuses.  En  poussière  fine  et  délayée  dans  un  peu  d'huile, 
la  mine  de  plomb  sert  à  noircir  les  objets  en  fer,  en  fonte 
ou  en  tôle.  Elle  les  préserve  de  l'oxydation  et  leur  donne, 
par  le  frottage,  une  surface  brillante  de  métal  neuf. 

Incorporé  à  des  huiles  ou  à  des  graisses,  le  graphite  cons- 


LE  CARBONE  ET  SES  COMPOSÉS  321 

Utue  le  cambouis  employé,  sous  le  nom  de  vieux  oing,  au 
graissage  des  essieux  de  voitures,  des  tourillons,  des  engre- 
nages, etc.  On  emploie  aussi  le  graphite,  seul  et  bien  pul- 
vérisé, pour  adoucir  le  frottement  des  pistons  dans  les 
cylindres  des  machines  soufflantes. 

On  s'en  sert  également  pour  la  garniture  des  moules  de 
fonderie,  et,  en  galvanoplastie,  pour  métalliser  les  sulfures 
non  conducteurs  des  moules  et  empêcher  leur  adhésion  avec 
le  métal  déposé. 

GISEMENTS 

Bien  que  le  graphite  soit  abondant  dans  la  nature,  notam* 
ment  dans  les  micaschistes  et  les  schistes  anciens  métamor- 
phiques, il  n'existe  qu  un  nombre  limité  de  gisements  indus- 
triels, en  Sibérie,  en  Bohême,  aux  États-Unis,  au  Canada,  h 
Ceylan,etc... 

On  peut  diviser  les  gisements  de  graphite  en  trois  catégo- 
ries, d'après  les  indications  géologiques  de  leur  formation. 

1«  Graphite  dans  les  roches  éruptives  cristallines  (Sibérie, 
district  d'Irkoutsk)  ; 

2<*  Graphite  dans  les  gneiss  et  les  micaschistes  (Bohème, 
Etats-Unis,  Canada)  ; 

3°  Graphite  dans  les  terrains  anciens,  tels  que  les  grès  silu- 
riens (Cumberland),  le  dévonien  (Ceylan)  et  le  houiller 
(New-Mexico). 

I.    —   GrAPBITE    dans   les    roches    KRUPTIVES   CRISTALLINES 

Sibérie,  —  On  trouve  du  graphite  en  Sibérie  dans  les  monts 
Batougol,  près  d'Irkoutsk,  au  milieu  des  schistes  anciens 
(graphite  terreux  avec  50  0/0  d'argile)  et  dans  les  granulites, 
d'où  l'on  extrait  des  blocs  purs  de  30  à  40  centimètres 
(97  0/0  de  carbone)  d'un  graphite  facile  à  tailler  et  à  débiter 
en  crayons  (Mine  Alibert).  Le  climat  rigoureux  a  fait  aban- 
donner ces  gisements  et  a  empêché  l'exploitation  de  ceux  de 
Touroukhansk. 

Gisements  divers.  —  On  a  trouvé  aussi  du  graphite  dans  le 
Turkestan  russe  près  de  Kouldja  et  de  Serguipol,  ainsi  que 
dans  la  Russie  d'Europe  près  de  Krivoï-Rog,  à  Tcheronnaia 

OÉOLOOIB.  2t 


322  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

sur'  la  rive  gauche  de  llngouletz,  et  non  loin  de  là,  à  Miro- 
novka,  près  de  Petrovo,  etc..  Il  en  existe  aussi  dans  les  gra- 
nités des  Pyrénées  [mont  Labour),  dans  les  diorites  de  Barèges, 
et  dans  le  porphyre  du  Harz  ;  M.  Friedel  a  reconnu  du  gra- 
phite dans  des  échantillons  de  diamant;  la  présence  du  gra- 
phite a  été  également  constatée  dans  des  mines  de  diamant 
du  Gap,  près  de  Kimberley,  par  M.  Moulle. 

II.  —  Graphite  dans  les  gneiss  et  les  micaschistes 

• 

Bohême,  —  En  Bohême,  le  graphite  se  trouve  à  Kriimmau 
où  on  en  fait  une  exploitation  souterraine,  et  à  Schwartzbach, 
entre  des  gneiss  et  des  micaschistes,  dans  une  zone  d'amphi- 
bolites  analogue  à  celle  du  Plateau  Gentral  français.  Le  gise- 
ment de  Schwartzbach  se  trouve  au  voisinage  de  calcaires 
cristallins  en  amas,  couchés  suivant  la  stratification  et  cou- 
verts par  une  imprégnation  ferrugineuse  de  quelques  centi- 
mètres. Le  graphite  extrait  est  affiné,  c'est-à-dire  trié,  br(»yé 
et  soumis  àuue  séparation  par  densité  dans  des  cuves  à  eau. 

Ou  trouve  des  gîtes  analogues  à  Sivojanow  (Bohême),  à 
Muhldorf  (basse  Autriche),  à  Pafisau  ( Bavière)  et  à  Pistau  (Mora- 
vie). 

L'Autriche  a  produit,  en  1896,35.972  tonnes  de  graphite 
valant  brut,  sur  le  carreau  de  la  mine  :  3.041.145  francs. 

Tonkin.  —  On  trouve  du  graphite  au  Tonkin  dans  les 
gneiss,  à  Yen-Bay  sur  les  bords  du  fleuve  Rouge.  Les  gise- 
ments reconnus  semblent  importants;  mais  leur  exploitation 
était  à  peine  commencée  en  1899. 

États-Unis.  —  On  a  découvert,  en  1883,  à  Ticondero(ja 
(New- York),  des  bancs  de  graphite  interstratiflés  dans  les 
gneiss  de  Blackhead  Mountain.  Les  veines,  de  2  à  30  cen- 
timètres, alternent  avec  des  gneiss  et  plongent  à  45«,  jusqu'à 
plus  (le  100  mètres  de  profondeur.  Le  minerai  est  préparé 
comme  celui  de  Bohême  et  sert  surtout  à  la  fabrication  des 
creusets. 

Il  existe  aussi  des  gites  de  graphite  dans  le  Massachusetts,  à. 
Sturbridi/e  et  dans  TEtat  de  New-Jersey,  ainsi  qu'en  Californie^ 
à  Seiiwa.  On  a  extrait  aux  États-Unis,  en  1897,  450.48;  kiU>> 
grammes  de  graphite  cristallisé,  valant  225.455  francs. 


LE  CARBONE   ET   SES   COMPOSÉS  32J 

Les  Ëtats-UDis produisaient,  en  1885,  200  tonnes  de  graphite 
valant  910  francs  la  tonne,  et,  en  1890,  6.000  tonnes  valant 
600  francs  la  tonne. 

I^ouvelle^ Angleterre.  —  On  exploite  à  Khode-lsland  (New- 
England)  des  couches  de  houille  métamorphisée  en  graphite. 
A  Cumberland-HUl  et  à  Cranston,  ce  graphite,  intermédiaire 
entre  le  graphite  et  Tanthracite,  est  employé  en  métallurgie 
(procédé  Eames). 

Canada.  —  Au  Canada  {LocHaber  et  Buckingkam),  le  graphite 
imprègne  des  gneiss,  au  voisinage  de  calcaires  cristallins, 
comme  en  Bohême.  Le  graphite,  en  paillettes  ou  en  amas, 
est  accompagné  de  calcite,  de  quartz,  de  pyroxène,  d'apatite 
et  de  spbène,  provenant  sans  doute  de  l'action  de  Tacide 
titanique  sur  le  calcaire. 

On  trouve  des  gisements  analogues  au  val  dVln(f/a«  (Vosges), 
à  Visen  (Portugal)  et  près  d'Oran  (Algérie). 

IIL  —  Graphite  dans  les  terrains  anciens 

Angleterre.  —  Les  mines,  aujourd'hui  abandonnées,  de 
Borrowdale  et  de  Kesswick  (Cumberland)  fournissaient  du  gra- 
phite formant  des  veines  dans  des  grès  et  des  schistes.  A 
Cummockj  on  exploitait  des  lentilles  de  graphite  dans  des 
gneiss.  Les  mines  de  graphite  du  Cumberland  donnaient  au 
XVI*  et  au  xvii<'  siècle,  un  bénéfice  net  annuel  d'un  million 
de  francs. 

Ceytan.  —  Le  graphite  des  gisements  de  Ceylan,  assez 
importants,  est  aujourd'hui  supplanté  sur  le  marché  par  le 
graphite  américain.  Les  raines  principales  sont  situées  autour 
de  Colombo,  au  sud  de  Ceylan,  probablement  dans  le  dévonien. 

BIBLIOGRAPHIE  DU  GRAPHITE 


1872.  Dionjrs  Stur,  Graphite  de  Moravie  {Verh.  der  K.K.  geol.  R.}. 

1877.  Obalski,  Rapport  sur  les  mines  du  Canada. 

1879.  Bonnefoy,    Gîtes   de   graphite  de    la   Bohême    méridionale 

(Annales  des  Mines^  t.  XV,  p.  157). 
1887.  Minerai  resources  of  the  United  States^  p.  351  et  672. 


324  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 


G0MBUSTIBLB8  MIHÉRAUZ 


Les  combustibles  minéraux,  que  Ton  pourrait  plus  pro- 
prement appeler  combustibles  végétaux  minéralisés,  sont 
composés  de  carbone  avec  de  Foxygène,  de  Thydrogène  et 
de  Tazote  en  proportions  variables.  Selon  les  conditions  de 
leur' dépôt,  ils  contiennent  plus  ou  moins  de  matières  ter- 
reuses et  d'impuretés  diverses,  qui  forment  les  cendres, 
résidu  de  leur  combustion. 

D'après  leur  composition  chimique,  leur  âge,  leur  mode  de 
formation  et  leur  usage,  on  les  distingue  en  quatre  caté- 
gories : 

L'anthracite,  la  houille,  le  lignite  et  la  tourbe. 

Géogénie.  —Les  premiers  de  ces  combustibles  ont  été  for- 
més par  la  transformation  de  matières  végétales  après  trans- 
port, macération  et  dépôt  dans  des  eaux  profondes.  Le 
lignite  et  la  tourbe  ont  «été  formés,  au  contraire,  dans  des 
estuaires  et  des  marais  peu  profonds. 

Rapidité  de  la  formation  des  dépôts  de  combastibles.  — 
On  pensait  autrefois  que  le  temps  de  formation  des  dépôts 
de  combustibles  avait  été  très  considérable  (près  de  dix 
siècles  pour  1  mètre  de  combustible)  ;  mais  les  expériences 
de  M.  Fayol,  à  Gommentry,  ont  démontré  que  la  formation 
avait  dû  être  beaucoup  plus  rapide  et  que  certains  "bassins 
houillers  avaient  pu  être  formés  en  quelques  centaines 
d'années. 

On  étudiera  successivement  chacune  des  quatre  catégories 
de  combustibles  indiquées  ci  dessus,  en  commençant  par 
celles  dont  le  dépôt  est  généralement  le  plus  ancien  et  la 
formation  la  plus  complète. 


J 


LE   CARBONE   ET   SES   COMPOSÉS  325 


I.  —  ANTflBAGITE 

On  appelle  anthracites  les  combustibles  minéraux  qui  sont 
les  plus  éloignés  de  leur  origine  végétale. 

Bien  qu'il  y  ait  eu  de  nombreuses  théories  relatives  à  Tori- 
gine  de  la  houille  et  de  Tanthracite,  les  observations  et  les 
expériences  de  MM.  GratuFEury  et  Fayol  ont  démontré  bien 
nettement  que  ces  combustibles  minéraux  sont  formés  de 
résidus  végétaux  posés  à  plat  et  superposés  d'une  fac^on  nette 
et  constante,  ce  qui  implique  Faction  d'un  véhicule  liquide. 

Ces  résidus  végétaux  sont  des  feuilles,  des  lambeaux 
d'écorces,  des  fragments  de  troncs  ou  de  rameaux  de  plantes 
terrestres  et  non  aquatiques.  Les  terrains  dans  lesquels 
poussaient  ces  plantes  et  ces  arbres  étaient  certainement  très 
humides  et  favorisaient,  avec  le  climat  tropical  des  époques 
anciennes,  le  développement  énorme  de  la  végétation. 

Les  plantes  enlevées  par  des  torrents,  avec  des  graviers  et 
de  la  vase,  ont  été  transportées  souvent  à  de  grandes  dis* 
tances  et  se  sont  accumulées  dans  des  lacs  ou  des  deltas 
renfermant  des  eaux  tranquilles,  où  les  matériaux  se  sont 
déposés  en  se  séparant  suivant  leur  densité.  Selon  la  rapidité 
des  torrents,  la  profondeur  des  lacs  et  la  puissance  de  la 
végétation  à  Tépoque  des  crues,  les  dépôts  formés  ont  pro- 
duit des  couches  de  combustible  plus  ou  moins  puissantes  et 
plus  ou  moins  barrées  de  lits  de  sables  (transformés  en  grès) 
et  de  boues  argileuses  (transformées  en  schistes). 

Les  anthracites  ne  sont  pas  toujours  les  plus  anciens  com- 
bustibles comme  formation  géologique;  mais  ce  sont  ceux  qui 
présentent  Tétat  le  plus  parfait  de  carbonisation.  La  plupart 
des  anthracites  peuvent  être  considérés  comme  des  houilles 
métamorphisées  {Etudes  de  M.  Gruncr  sur  le  bassin  houiiler 
d'AKun,  et  de  MM,  Chaper  et  Moissenet  sur  les  combustibles  du 
Colorado,  etc.).  D'ailleurs,  dans  les  régions  montagneuses  et 
dans  le  voisinage  des  roches  éruptives,  comme  dans  les  Aile- 
ghanysetdansle  massif  alpin,  les  combustibles  minéraux  sont 
généralement  de  l'anthracite.  En  s'éloignant  de  ces  régions, 
le  combustible  devient  bitumineux  et  passe  à  la  houille. 


326  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

Propriétés    physiques  et  chimiques  de  l'anthracite.  — 

L'anlhracite  (du  grec  avOpaf,  charbon)  est  une  roche  noire, 
quelquefois  amorphe,  possédant  un  demi-éclat  métallique 
assez  vif,  malgré  son  aspect  vitreux.  L'anthracite  est  d'autant 
plus  apprécié  qu'il  est  plus  dur;  quelquefois  friable  sous  la 
pression  des  doigts,  il  exige  souvent  un  choc  assez  fort  pour 
être  brisé.  Cassure  conchoïdale.Durelé=2à  2,5.  Densité=:i, 30 
à  1,75.  Infusible  au  chalumeau  et  inattaquable  parles  acides, 
Tanthracite  se  dissout  cependant  dans  un  mélange  d'acide  ni- 
trique et  de  chlorate  dépotasse  à  chaud,  en  donnant  desacides 
bruns.  Sa  combustion  ne  peut  guère  être  obtenue  qu'avec 
une  masse  assez  considérable  d'anthracite  et  sur  des  grilles 
avec  bon  tirage;  mais  elle  donne  alors  beaucoup  de  chaleur. 

L'anthracite  brûle  par  la  surface,  lentement,  sans  fondre 
et  sans  se  déformer,  avec  une  flamme  très  courte,  rougeâtre 
et  peu  éclairante  ;  il  ne  dégage  que  peu  de  fumée,  se  fend 
et  décrépite  au  feu.  La  composition  élémentaire  de  l'anthracite 
est  la  suivante  :  90  à  95  0/0  de  carbone  pur,  1 ,25  à  4  d'hydro- 
gène, et  1,50  à  4,25  d'oxygène  et  d'azote.  —  L'anthracite  se 
montre  composé  de  cellules  et  de  fibres  non  déformées  (d'après 
M.  Gûmbe.l)  et  quelquefois  associées  à  des  débris  de  fusain. 

La  combustion  en  vase  clos  produit  (cendres  déduites)  88 
à  94  0/0  de  carbone  fixe  et  12  à  6  0/0  de  matières  volatiles. 
Dans  le  Centre  et  le  Midi  de  la  France,  on  trouve  cependant 
des  charbons  tenant  jusqu'à  15  0/0  de  matières  volatiles  et 
brillant  comme  de  l'anthracite. 

Usages.  —  L'anthracite  est  utilisé  principalement  pour  le 
chaufTage  domestique  dans  des  foyers  fermés. 

Les  menus  sont  employés,  à  cause  de  la  lenteur  de  leur 
combustion,  pour  la  cuisson  de  la  chaux  destinée  aux  usages 
agricoles  et  pour  la  fabrication  des  briques. 

L'anthracite  a  un  pouvoir  calorifique  qui  atteint  9.000  à 
9  200  calories.  Un  kilogramme  d'anthracite  pur  peut  vapo- 
riser de  8  kilogrammes  à  S'^'^jSOO  d'eau.  Enfin  l'anthracite  est 
employé  en  métallurgie  pour  la  fabrication  de  la  fonte;  mais 
celte  application  exige  des  conditions  particulières  qui  ne 
sont  pas  remplies  par  tous  les  anthracites  exploités. 

Pour  être  métallurgique,  l'anthracite,  qui  ne  donne  que  du 
coke  pulvérulent,  doit  être  employé  à  l'état  cru.  Il  est  donc 


LE  CARBONE  ET  SES  COMPOSÉS         327 

indispensable  qu'il  ne  soit  pas  friable,  afin  de  ne  pas  s'écraser 
dans  les  hauts-fourneaux.  Il  doit  se  présenter  en  morceaux 
de  la  grosseur  de  deux  poings  environ  et  ne  pas  trop  décré- 
piter. Les  anthracites  de  Pensylvanie,  qui  décrépitent  moins 
que  ceux  d*Europe,  ont  pu  être  appliqués  au  chauffage  des 
locomotives  et  utilisés  avec  succès  pour  la  métallurgie  dans 
les  hauts-fourneaux;  ceux  du  pays  de  Galles  ont  été  aussi 
employés  dans  la  métallurgie;  mais  il  ne  semble  pas  que  les 
essais  aient  été  très  satisfaisants;  les  hauts-fourneaux  qui 
avaient  été  établis  à  cet  usage  en.  Angleterre  ont  été  aban- 
donnés en  i898.  Des  essais  analogues  ont  dû  être  repris  en 
1899  en  Riissie.  On  fait  actuellement  des  essais  en  Indo- 
Chine  pour  employer  les  anthracites  dans  la  métallurgie  du 
fer,  soit  à  Tétat  cini  pour  les  anthracites  durs,  soit  à  Tétat 
d'agglomérés  pour  les  anthracites  friables. 

GISEMENTS    d'aNTHRACITB 

L'anthracite  se  rencontre  principalement  dans  les  terrains 
dévonien  et  carboniférien  et  dans  le  silurien.  Il  en  existe 
aussi  dans  certains  bancs  métamorphisés  qu'on  a  rattachés 
au  jurassique.  Mais  la  période  trilobitique  semble  êtro  la 
période  propre  à  l'anthracite 

Gisements  de  la  France  (Dauphiné), —  En  France,  il  existe  des 
gisements  d'anthracite  dans  la  Savoie  et  le  Dauphiné;  M.  Ëlie 
de  Beaumont  les  ra-ttache  aux  couches  jurassiques  méta- 
morphiques des  Alpes;  mais  ils  semblent  appartenir  plutôt  à 
Tétage  stéphanien,  ainsi  que  ceux  que  l'on  rencontre  en 
Suisse.  On  y  a  fait,  depuis  quelques  années,  un  certain  nombre 
de  recherches  qui  pourront  leur  donner  un  développement 
appréciable.  Du  côté  de  la  Mure  (Isère),  quelques  sondages 
ont  amené  des  découvertes  toutes  récentes  dans  des  terrains 
qui  correspondent  au  faisceau  inférieur  de  Saint-Ëtienne  et 
qui  pourraient  être  fructueusement  exploitables.  La  produc- 
tion du  bassin  de  la  Mure  (cinq  couches  principales,  de  0™,50, 
6",00,  1  ",00,1  ",50  et  0",60  de  puissance  moyenne)  a  été,  en 
1898,  de  223.000  tonnes  d'anthracite  valant  environ  16  francs 
la  tonne.  Les  gisements  de  la  Haute-Savoie  {la  Moëd)  se 
retrouvent  en  Suisse,  au  col  du  Ckardonnet  (Valais). 


328  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

Roannais.  —  Dans  le  Roannais  on  trouve  un  important 
dépôt  de  grès  anthracifère  de  300  mètres  de  puissance 
environ,  appartenant  au  houiller  inférieur  (Gulm  des  Anglais, 
époque  dinantienne),  caractérisé  par  des  encrines,  des  cala- 
mites  et  des  lépidodendrons,  assez  rares  d'ailleurs.  Les 
fougères,  si  abondantes  dans  le  véritable  terrain  houiller, 
manquent  ici  complètement.  Le  grès  anthracifère  du  Roannais 
contient  un  certain  nombre  de  couches  d^anthracite  assez 
irrégulières  qui  affectent  une  allure  en  chapelet.  Le  bassin 
est  sillonné  de  dykes  de  porphyre  feldspathique  qui  le 
découpent  en  sections  de  peu  d^étendue.  La  puissance  des 
veines  d'anthracite  varie  de  0",oO  à  2  mètres  avec  quelques 
renflements  locaux  atteignant  jusqu'à  7  mètres.  L'anthracite 
y  est  généralement  assez  schisteux  et  à  éclat  un  peu  terne 
et  tient  8,ri  O/O  de  matières  volatiles  et  de  10  à  25  0/0  de 
cendres.  Ce  charbon  brûle  difficilement,  mais  ne  décrépite 
pas  au  feu.  Il  est  utilisé  pour  la  cuisson  de  la  chaux  et  un 
peu  pour  le  chaufTage  domestique.  On  l'a  employé,  vers  1857, 
pour  la  métallurgie  du  fer. 

Les  principales  concessions  du  Roannais  sont  celles  de 
Bully,  de  JœuvreSy  de  Combres  et  de  Charbonnière.  Elles 
sont  actuellement  inexploitées,  bien  qu'elles  renferment 
encore  un  assez  fort  tonnage  de  combustible  et  que  les 
aftleuremonts  seuls  aient  élé  déhouillés. 

Bassins  du  Gard^  de  la  Loire  et  de  Blanzy.  —  Les  couches 
inférieures  des  bassins  houillers  de  la  Loire,  du  Gard,  du 
(^reusot  et  de  Blanzy  sont  anthracifères.  Dans  ces  bassins,  des 
recherches  récentes  ont  fait  entrevoir  des  richesses  nouvelles, 
qui  pourront  être  en  pleine  exploitation  dans  quelques  années. 

Massif  armoricain  et  basse  Loire.  —  Dans  l'ouest  de  la  France, 
les  départements  de  la  Mayenne,  de  la  Sarthe,  de  la  Loire- 
Inférieure  y  des  Deux-Sèvres  et  de  la  Vendée  renferment  de 
petits  bassins  anthracifères  malheureusement  très  limités. 

Les  dépôts  carbonifériens  y  forment  une  étroite  traînée 
dans  des  plis  de  grès  dévonien. 

A  cette  formation  se  rattachent  les  anthracites  de  Montigné- 
FHuisserie  (Mayenne),  que  ïriger  et  de  Verneuil  considèrent 
comme  antérieurs  au  véritable  terrain  houiller,  ainsi  que 
ceux  de  Solesmes^  Maupertuis,  Gomer  et  Fercé,  dans  la  Sarthe. 


LE  CARBONE  ET  SES  COMPOSÉS         329 

Le  calcaire  marin  de  cette  région  est  recouvert,  en  certains 

k  points,  par  des  assises  de  schistes  et  de  grès  qui  renferment 

^  les  anthracites  de  Poillé  et  de  la  Bazouge-de-Chemeréy  avec 

I  la  flore  du  culm.  Le  bassin  de  la  basse  Loire,  de  la  Vendée 

et  du  Poitou  est  formé  également  par  une  bande  étroite  de 
carbonifère  encaissée  dans  des  assises  dévoniennes.  A  la  base 
se  trouvent  des  schistes  avec  débris  de  lamellibranches,  des 
poudingues  et  des  grauwackes  à  stigmaria.  Au-dessus,  on 
trouve,  dans  la  Vendée  et  le  Poitou,  les  gisements  de  Faymo- 
reau,  de  Vouvant,  de  Saint-Laurs  et  de  Chantonnay.  Cette 
formation  qui  se  continue  au  sud-ouest,  atteindrait,  entre 
Chalonnes  et  Rochefort,  d'après  M.  Bureau,  une  épaisseur  de 
plus  de  i.OOO  mètres  et  contiendrait  vingt-cinq  couches 
d'anthracite  dont  huit  seulement  seraient  exploitables.  Les 
couches  plongent  toutes  vers  le  Nord,  et  les  inclinaisons  sont 

1  de  plus  en  plus  fortes  quand  on  va  du  Sud  au  Nord  du  bassin. 

Les  gisements  de  la  région  occidentale  de  la  France  con- 
tiennent des  couches  généralement  1res  minces,  très  incli- 

^  nées,   à  allure  en  chapelet  et  sillonnées    de   nombreuses 

failles.  Le  combustible  qu'on  en  extrait  est  une  houille  anthra- 
citeuse  souvent  impure  et  chargée  en  cendres. 

Sur  trente-neuf  concessions  houillères  accordées  dans 
l'ouest  de  la  France,  treize  seulement  sont  exploitées  et  four- 
nissent ensemble  une  centaine  de  mille  tonnes  seulement 

\  de  combustibles  minéraux. 

Nord  de  la  France,  —  L'important  bassin  houiller  du  Nord 
'  et  du  Pas-de-Calais  renferme,  dans  sa  partie  septentrionale, 

^.  un  faisceau  de  veines  de  houille  maigre  se  rapprochant,  par 

leur  composition, de  l'anthracite;  mais  il  n'existe,  en  réalité, 
de  houille  anthraciteuse  que  près  de  la  frontière  belge,  dans 

1  le  département  du  Nord.  Cette  houille  est  exploitée  aux  envi- 

rons de  Vieux-Condé,  dans  les  concessions  du  Nord  du  bassin, 
exploitées  par  les  Compagnies  d'Anzin  et  de  Nœux-Vicoigne  ; 

,  elle  appartient  à  la  partie  inférieure  de  l'étage  houiller. 

''  Le  faisceau  de  Vieux-Condé  comprend  une   vingfaine  de 

veines  exploitables,  tenant  de  7  à  11  0/0  de  matières  volatiles 
et  de  :<  à  7  0/0  de  cendres.  La  fosse  de  Vieux-Condé,  appar- 
tenant à  la  Compagnie  d'Anzin,  a  recoupé  le  terrain  houiller 
à  27  mètres  de  la  surface.  L'exploitation,  commencée  en 


330  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

18o3,  est  parvenue,  aujourd'hui,  à  une  profondeur  de  près 
de  500  mètres.  Les  mines  de  FUnes-les-Raches  et  la  fosse  n^  3 
d'Ostricourty  situées  à  la  limite  nord  du  bassin,  près  de 
Douai,  produisent  également  de  la  houille  anthraciteuse 
tenant  de  8  à  10  0/0  de  matières  volatiles  et  crépitant  légè- 
rement à  Tallumage.  La  houille  anthraciteuse  du  Nord  est 
employée  pour  le  chauffage  domestique,  pour  la  cuisson  des 
briques,  pour  la  préparation  de  la  chaux,  etc. 

!^  production  de  Tanthracite,  en  France,  a  été  en  1898 
<l*environ  i. 600.000  tonnes,  dont  302.287  tonnes  comme  suit  : 
Hautes-Alpes,  i0.700;  Isère, 210.287 ;  Loire-Inférieure,  19.040; 
Maine-et-Loire,  14.608;  Mayenne,  34.798;  Sarthe,  2.258; 
Savoie,    10.417;  Haute-Savoie,  179. 

Pour  les  autres  départements  producteurs  d'anthracite  : 
VArdèche  (Martrimas),  la  Côte-d'Or,  VAude  (bassin  de  Ségure), 
VHérault  (Gastanet  et  Saint-fieniès),  la  Loire^  le  Nord^  le 
Puy-de-Dôme  et  la  Soéne-et-J^ire,  d'après  la  production 
totale  de  houille  et  d'anthracite,  et  la  proportion  moyenne 
d'anthracite  extrait,  on  peut  estimer  la  production  totale  à 
1.300.000  tonnes  pour  1898. 

Gisements  de  la  Belgique.  -  En  Belgique,  ce  n'est  guère 
que  dans  le  Nord  du  bassin  de  Charleroi  que  l'on  rencontre 
du  charbon  maigre  anthraciteux  appelé  en  certains  points 
<lu  pays  terre-houille  y  à  cause  de  sa  nature  friable  et  de  la 
forte  proportion  de  menus  et  de  poussiers  qu'il  renferme. 
Cette  qualité  de  charbon  se  trouve  surtout  dans  la  partie 
orientale  du  bassin,  dite  région  de  la  Basse-Sambre  (ronces- 
sions  de  Gemeppe^  de  Bonne-Espérance,  de  Tamine.%  de  Petite 
Try,  de  la  Rochelle  et  Chamois,  de  la  vallée  du  Piéton,  etc.). 

Gisements  de  la  Grande-Bretagne.  —  En  Angleterre,  dans 
le  Pays  de  Galles  (Carmarthenshire  et  Glamorganshire),  on 
exploite  de  l'anthracite,  qui  est  très  recherché  pour  les 
foyers  domestiques  et  pour  la  fabrication  des  briquettes. 

C'est  de  l'anthracite  de  bonne  qualité,  donnant  très  peu 
de  cendres  et  ne  tachant  pas  les  doigts  ;  il  renferme  des 
parti<'s  brillantes  analogues  à  du  graphite,  mais  d'un  noir  plus 
foncé.  Il  se  rapproche  beaucoup  de  l'anthracite  de  notre 
Plateau  Central.  Le  terrain  houiller  inférieur,  auquel  appar- 
tiennent les  couches  d'anthracite  du   Pays  de  Galles,  est 


LK    CARBONE   ET   S£S   COMPOSÉS  H31 

désigné,  en  Angleterre,  sous  le  nom  de  lower  coal  measures 
et  repose  sur  les  grès  grossiers  du  millstonr  gril. 

Le  terrain  des  lower  coal  ineasurcs  est  formé  de  grès,  de 
schistes,  d*argile  et  de  minerais  de  fer,  alternant  avec  des 
couches  d'anthracite  de  0",30  à  i^fiO.  Ces  couches,  d'allure 
très  r<^gulière,  reposent  sur  des  lits  d'argile  [underclay)  assez 
réfractaire;  le  toit  est  souvent  formé  d'argile  très  siliceuse» 
h  grain  fin  [gannister)^  employée  pour  le  revêtement  des  appa- 
reils réfractaires.  La  flore  des  lower  coal  measures  est  carac- 
térisée par  l'abondance  des  sigillaires;  le  genre  nevropteris 
«t  les  cordaltes  y  sont  assez  communs. 

L'une  des  principales  mines  d'anthracite  du  Pays  de  Galles 
est  celle  de  Givanncae-Gurwen,  au  nord  de  Swansea;  on  y 
exploite  deux  couches  principales  de  1"',20  de  puissance  qui 
produisent  des  morceaux  de  grandes  dimensions  (lumps) 
qu'on  broie  à  la  machine  pour  obtenir  des  fragments  dits 
(êtes  de  moineaux,  très  appréciés  pour  le  chauffage  domes- 
tique. Le  menu  est  utilisé  pour  les  fours  à  chaux. 

L'exportation  des  combustibles  du  Pays  de  Galles  est  faci- 
litée par  le  voisinage  de  la  mer  et  par  l'aménagement  spécial 
des  ports  de  Cardiff  et  de  Swansea.  L'anthracite  était  vendu 
dans  ces  deux  ports,  franco  bord,  environ  45  shillings  par 
tonne,  en  1898,  alors  qu'il  était  livré  à  8  ou  10  shillings  seule- 
ment, en  1888  (produits  doublement  criblés). 

En  1898,  en  1899  et  en  1900,  les  prix  ont  augmenté  à  la 
suite  de  la  grève  des  mineurs  du  Pays  de  Galles  de  1898  et 
de  la  guerre  du  Transvaal  qui  ont  amené  une  pénurie  de  com- 
bustible assez  prolongée  en  Angleterre  et  sur  le  continent. 

Il  existe,  en  Angleterre,  d'autres  gisements  d'anthracile 
dans  le  comté  de  Pembroke  et  sur  la  côte  nord  du  Devonshire, 
au-dessus  des  grès  à  goniatites  de  Coldon-Hill,  qui  surmontent 
une  assise  assez  mince  de  calcaire  noir  à  posidonics.  On 
désigne  le  charbon  de  ces  gisements  sous  le  nom  de  culm,  et 
les  couches  encaissantes  sous  le  nom  de  culmiferous  beds  ou 
<:ulm  measures.  Ce  même  nom  de  culm  a  été  appliqué  par 
•extension,  dans  les  autres  contrées,  à  une  série  de  terrains 
voisins  des  schistes  à  posidonies.  On  exploite  aussi,  dans  la 
Grande-Bretagne,  les  gisements  anthracifèresde  VAyrshire  en 
Ecosse,  appartenant  au  culm  inférieur.  Les  couches  de  com- 


332  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

bustible  y  sont  généralement  assez  puissantes  (de  2  à  6  mètres). 

Gisements  de  la  Russie.  —  En  Russie,  le  bassin  houiller  du 
Donetz,  dont  le  -faciès  et  la  flore  correspondent  à  ceux  du 
westphalien,  renferme  à  sa  base  des  couches  anthraciteuses 
dont  Texploitation  prend,  depuis  quelques  années,  une 
grande  extension  (bords  du  lac  Onega  et  bassins  secon- 
daires de  Garoditsché  et  de  Groucherka), 

Gisements  de  l'Espagne  et  du  Portugal,  — On  doit  citer  encore 
en  Europe  les  gisements  de  houille  anthraciteuse  d'Espagne^ 
qui  ont  produit,  en  1896,  14.895  tonnes  avec  une  valeur  de 
133.940  francs,  et  ceux  de  Portugal,  qui  ont  produit,  la  même 
année,  8.743  tonnes,  valant  89.720  francs. 

Gisements  de  T Indo-Chine,  —  En  Indo-Chine  et  au  Japon,  on 
trouve  des  gisements  d*anthracite  qui  semblent  appartenir 
au  culm,  dont  on  retrouve  la  flore.  Actuellement  on  fait  des 
recherches  dans  les  environs  d'Hanoï  pour  ■  reconnaître 
rexploilabilité  des  gisements  de  Quang-Trieu  et  de  Thaï- 
Nguyen  où  Ton  espère  rencontrer  de  la  houille  faisant  coke, 
ou,  tout  au  moins,  un  anthracite  suffisamment  dur  pour  être 
employé  à  Tétat  cru  pour  la  métallurgie.  L'utilisation  des 
charbons  du  Tonkin  pour  la  métallurgie  permettrait  de 
mettre  en  valeur  les  importants  gisements  de  minerai  de  fer 
que  contient  notre  colonie,  et  Tlndo-Chine  pourrait  être  ap- 
pelée, par  la  suite,  à  approvisionner  de  fer  et  d'acier  tous  les 
pays  d'Extrême-Orient,  ce  qui  la  ferait  entrer  dans  une  ère 
de  prospérité  incalculable,  si  la  Chine  persiste  à  ne  pas 
faire  proflter  l'industrie  des  importantes  richesses  miné- 
rales qu'elle  renferme.  On  trouve  de  l'anthracite  au  Japon 
dans  l'Ile  d'Amakusa,  Les  gisements  de  combustible  de 
l'Exlréme-Orient  appartiennent  en  général  au  dinantien;  ils 
sont  formés  de  bassins  bien  plus  limités  qu'en  Europe  et 
subordonnés  à  des  noyaux  de  terrains  anciens.  Ils  sont 
entourés  de  sédiments  marins  qui  se  retrouvent,  jusqu'à 
l'Europe  méridionale,  à  travers  l'Asie  centrale,  l'Arménie  et 
la  Russie,  dans  toute  l'ancienne  dépression  méditerranéenne. 

Gisements  de  r Amérique  {Pensylvanie),  —  En  Pensylvanie, 
les  gisements  d'anthracite  sont  encaissés  dans  un  terrain  dit 
subcarbonifère,  correspondant  à  l'étage  dinantien  d'Europe. 

Le  subcarbonifère  repose  sur  le  dévonien  ;  il  est  formé  de 


LE   GARBOiNE   ET   SES    COMPOSÉS 


333 


600  mètres  de  grès  et  de  conglomérats,  recouverts  par 
800  mètres  de  schistes  argileux  rougeâtres,  avec  quelques 
lits  de  grès  et  de  calcaires  impurs.  Le  houiller  est  composé 
de  couches  de  1  à  3  mètres,  avec  sept  couches  calcaires 
intercalées,  dont  deux  contiennent  des  fossiles  marins. 

Ce  bassin  houiller,  qui  porte  le  nom  de  bassin  des  Apalaches, 
a  subi  de  nombreux  plissements  et  des  renveraements  ana- 
logues à  ceux  du  bassin  franco-belge. 


E»l 


Beuillap 


FlO.  96. 


Coap«  Oaest-Est  du  btisin  des  Apalacbes. 


Le  bassin  des  Apalaches  a  une  étendue  considérable  ;  on 
y  cite  la  couche  de  Pittsburg,  de  2  mètres  de  puissance 
moyenne,  qui  a  été  suivie  sans  interruption,  sur  une  surface 
longue  de  près  de  400  kilomètres  et  large  de  180  kilomètres. 
On  connaît  dans  ce  bassin  vingt-cinq  couches  d'anthracite 
donnant  une  puissance  totale  moyenne  de  21  mètres, 
notamment  dans  le  gisement  de  Pottsville,  au  sud  du  bassin. 

Les  couches  de  combustible  affleurent  sans  morts- terrains, 
ce  qui  simplifie  beaucoup  l'exploitation.  L'anthracite  de  Pen- 
sylvanie  est  vitreux,  à  cassure  conchoïdale  dans  tous  les  sens, 
à  fragments  à  bords  tranchants;  il  est  complètement  homo- 
gène et  très  pur.  Il  décrépite  peu  au  feu;  on  remploie  pour 
le  chauffage  domestique  et  pour  le  foyer  des  locomotives. 
Bien  qu'il  ne  donne  pas  de  coke  métallurgique,  il  est  suffi- 
samment dur  pour  pouvoir  être  employé  à  l'état  cru  dans 
les  hauts-fourneaux,  pour  la  métallurgie  du  fer. 

La  production  de  l'anthracite  en  Pensylvanie  a  atteint 
5 1.390.000 tonnes  métriques  en  4897,  valant  450. 4i0.000 francs. 

En  dehors  des  gisements  de  Pensylvanie,  l'Amérique  ren- 
ferme des  gisements  d'anthracite  dans  le  Colorado j  le  Rhode- 
Islandy  la  Virginie  et  le  Massachusetts  ;  mais  ces  bassins  sont 
beaucoup  moins  importants  que  celui  des  Apalaches.  Le  Colo- 
rado a  produit,  en  1899,  34.781  tonnes  valant  527.280  francs. 


334  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


II.  -HOUILLE 

Propriétés  et  caractères.  —  Le  nom  de  houille,  donné  au 
charbon  de  terre,  semble  être  tiré  du  mot  saxon  Huila,  ou 
encore  de  Houillos,  nom  d'un  maréchal-ferrant  de  Plénevaux 
(Belgique),  qui,  le  premier,  eut  l'idée  d'employer,  comme 
combustible,  les  pierres  noires  de  charbon  minéral,  jusqu'alors 
inutilisées.  La  houille  est  une  roche  charbonneuse,  opaque, 
d'un  beau  noir  de  velours,  amorphe,  à  structure  généralement 
feuilletée.  Sa  densité  varie  de  1,25  à  l,ijO.  Sa  dureté  est  assez 
faible  (2  à  2,?5)  ;  souvent  même  la  houille  peut  s'écraser  dans 
les  doigts.  Elle  brûle  facilement  avec  une  flamme  plus  ou 
moins  grande  et  produit  généralement,  après  distillation,  du 
coke  ou  charbon  poreux  de  dureté  variable,  grisâtre,  à  sur- 
face mamelonnée;  cependant  certaines  houilles  ne  donnent 
qu'un  résidu  charbonneux  pulvérulent. 

La  houille  diffère  de  l'anthracite  en  ce  qu'elle  contient 
ordinairement  plus  de  matières  volatiles  et  qu'elle  donne 
par  distillation  du  goudron,  matière  bitumineuse  que  ne 
produit  pas  l'anthracite.  Elle  est  très  peu  hygrométrique; 
cette  propriété  la  distingue  de  certains  lignites  noirs  qui  se 
rapprochent  beaucoup  de  la  houille  par  leur  aspect  et  leur 
pouvoir  calorifique. 

Composition  de  la  houille.  —  La  composition  de  la  houille 
est  assez  variable,  suivant  l'dge  et  les  conditions  de  formation 
de  chaque  gisement.  La  combustion  en  vase  clos  donne  des 
résultats  compris  entre  les  limites  suivantes  :  50  à  92  0/0  de 
carbone  fixe  et  50  à  8  0  0  de  matières  volatiles,  cendres 
déduites. 

L'analyse  élémentaire  donne  pour  iOO  parties  : 

Carbone,  72  à  93;  oxygène,  20  à  2;  hydrogène,  6à4;  Azote, 
a  à  I. 

Les  matières  volatiles  renferment  jusqu'à  12  0/0  d'eau  et 
jusqu'à  i5  0/0  de  goudron  ou  de  bitume.  Le  goudron  de  houille 
est  produit  en  grand  dans  les  usines  à  gaz;  on  en  retire  la 
benzine,  la  naphtaline,  l'aniline,  l'acide  phénique  et  ses  déri- 
vés. Quant  aux  matières  volatiles,  obtenues  par  la  distillation 


LE  CAKBONE  ET  SES  COMPOSÉS  335 

de  la  houille,  elles  se  composent  d'hydrogène  pur,  d'hydro- 
gène carboné,  d'iiydrogène  sulfuré,  d'ammoniaque,  d'azote 
et  d'oxyde  de  carbone. 

Candres.  —  Les  cendres  qui  restent  après  la  combustion 
complète  de  la  houille,  proviennent  de  matières  terreuses 
(argile,  sable,  oxyde  ou  pyrite  de  fer,  sulfates  de  chaux, 
phosphates  et  arséniates),  qui  se  trouvent  dans  le  charbon  de 
terre,  dans  la  proportion  de  1  jusqu'à  30  0/0  (généralement 
de  5  10  0/0). 

Les  charbons  les  moins  chargés  en  cendres  sont  les  plus 
recherchés;  mais  on  tient  compte  aussi,  dans  l'emploi  des 
diverses  houilles,  de  la  nature  de  leurs  cendres. 

Ainsi  les  charbons  à  cendres  ferrugineuses  et  calcaires, 
fortement  colorées,  doivent  être  les  plus  recherchés,  parce 
que  leurs  cendres  fondent  et  coulent  sans  encrasser  les 
grilles  ni  étouffer  le  feu.  Les  cendres  blanches,  au  contraire^ 
sont  peu  fusibles  et  se  séparent  en  poussières  qui  ralen- 
tissent la  combustion  en  couvrant  le  feu. 

Quant  aux  charbons  à  cendres  à  moitié  fusibles,  on  doit 
éviter  de  les  employer,  car  leurs  cendres  fondent  sans  cou- 
ler, empdleut  les  barreaux  des  grilles  et  enveloppent  les  par- 
celles charbonneuses  à  demi  consumées,  en  produisant  ce 
qu'on  appelle  des  mâchefers. 

DiTerses  Tariétés  de  houille.  —  Leurs  propriétés,  leurs 
usages.  —  Ou  classe  généralement  les  houilles  d'après  leurs 
proportions  relatives  de  carbone  fixe  et  de  matières  volatiles. 
Chacune  des  catégories  correspond  à  une  utilisation  parti- 
culière, soit  pour  le  chauffage  domestique,  soit  pour  la  fabri- 
cation du  gaz,  soit  pour  la  forge,  soit  pour  les  grilles  de 
générateurs,  soit  pour  la  fabrication  du  coke. 

Chaque  pays  et  chaque  centre  d'exploitation  adoptent  une 
classification  particulière;  mais  les  divisions  généralement 
adoptées  peuvent  être  ramenées  aux  catégories  suivantes, 
établies  eu  partant  de  la  houille  maigre,  variété  la  plus  voi- 
sine de  Tanthracite,  c'est-à-dire  la  plus  dépourvue  de  gaz; 
la  houille  maigre  est  celle  que  l'on  rencontre  généralement 
dans  les  parties  les  plus  profondes  des  bassins  houillers: 

Bouille  maigre   et  houille  anthraciteuse  (sieam-coal  des 


336  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Anglais,  sandkohle  des  Allemands,  et  litantrace  per  locomo- 
tive e  macchine  navale  des  Italiens)  ; 

Houille  quart^grasse  ou  maigre  flambante  ; 

Houille  demi-grasse  (hoiisehold-coaly  kalbfette  kohle,  litan- 
trace  per  macchine  fisse)  ; 

Houille  trois-quarts-grasse  {charbon  dur  des  Belges)  ; 

Houille  grasse  à  courte  flamme  {coking  coal,  felt  oder 
cokeskohley  litantrace  per  fucina)  ; 

Houille  grasse  maréchale  {litantrace  per  fucina)  ; 

Houille  grasse  à  longue  flamme; 

Houille  à  gaz  proprement  dite  {gas-coal,  gasund  flamme^ 
kohlCy  litantrace  per  gas)  ; 

Houille  demi-sèche,  ou  fiénu  gras; 

Houille  sèche,  ou  flénu  proprement  dit. 

Cette  classiflcation  est  généralement  adoptée  dans  l'indus- 
trie; mais  il  y  a  lieu  d'observer  que  plusieurs  des  catégories 
ci -dessus  diffèrent  peu  Tune  de  Tautre,  soit  par  leur  compo- 
sition, soit  par  leur  emploi.  Dans  certains  gisements,  par 
exemple,  la  houille  grasse  à  longue  flamme  sera  employée 
comme  houille  maréchale,  et  la  houille  demi-grasse  sera 
employée  pour  la  fabrication  du  coke,  alors  que  la  houille 
grasse  à  courte  flamme  est  seule  employée  pour  cet  usage 
dans  d'autres  bassins  houillers.  On  trouvera  ci-dessous  les 
propriétés  principales  de  chacune  des  catégories  de  houille. 

HooUle  maigre.  —  La  houille  maigre,  que  Ton  appelle  quel- 
quefois houille  anthraciteuse,  s'allume  assez  difflcilement  ; 
elle  décrépite  un  peu  au  feu,  comme  l'anthracite,  lorsqu'on 
cherche  à  activer  sa  combustion  ;  elle  brûle  avec  une  flamme 
courte  et  bleuâtre,  en  ne  produisant  que  peu  de  fumée  ;  elle 
ne  s'agglutine  pas«au  feu.  Elle  est  généralement  plus  dure 
et  plus  dense  que  les  houilles  grasses  et  demi-grasses 
(poids  :  850  kilogrammes  par  mètre  cube).  Son  pouvoir  calo- 
riflque  varie  de  9.200  à  9.500  calories.  Un  kilogramme  de 
houille  maigre  peut  vaporiser  environ  8 '",900  d'eau. 

Elle  tient  de  8  à  1 1  0/0  de  matières  volatiles.  Le  résidu 
qu'elle  laisse  après  distillation  est  pulvérulent. 

On  l'emploie,  mélangée  à  de  la  houille  grasse  et  à  du  brai, 
pour  la  fabrication  des  agglomérés.  On  s'en  sert  aussi  pour 


LE  CARBONE  ET  SES  COMPOSÉS  337 

la  fabrication  des  combustibles  gazeux ,  pour  le  chauffage 
domestique  et  pour  la  cuisson  de  la  chaux  et  des  briques. 

Ce  n'est  pas  un  bon  combustible  pour  les  grilles  de  géné- 
rateurs, à  moins  qu'on  n'emploie  des  grilles  spéciales,  avec 
one  soufflerie  ou  un  ban  tirage. 

Houille  qnart-grassa.  —  La  houille  quàrt-grasse,  appelée 
aussi  houille  maigre  flambante,  s'allume  un  peu  plus  facile- 
ment que  la  précédente,  mais  ne  brûle  qu'avec  un  bon 
tirage,  en  produisant  une  flamme  courte,  blanc  bleuûlre,  et 
en  dégageant  parfois  une  légère  odeur  de  goudron;  elle 
donne  très  peu  de  fumée. 

Sa  teneur  en  matières  volatiles  est  d'environ  ii  à  H  0/0. 

Mélangée  à  23  0/0  de  charbon  gras,  elle  fournit  un  com- 
bostible  excellent  pour  les  chaudières  à  vapeur.  Elle  est 
employée,  sans  mélange,  pour  le  chauffage  domestique. 

Houille  demi-grasse.  —  La  houille  demi-grasse  tient,  en 
moyenne,  de  14  à  18  0/0  de  matières  volatiles;  elle  s'agglu- 
tine un  peu  et  se  boursoufle  légèrement  avec  un  feu  vif,  en 
formant  ce  qu'on  appelle  le  chou-fleur.  Elle  brûle,  avec  une 
flamme  assez  courte,  blanche,  et  donne  peu  de  fumée.  Elle 
est  moins  dure  à  allumer  que  la  houille  quart-grasse.  Un  kilo- 
gramme de  houille  demi-grasse  peut  vaporiser  9  litres  d'eau. 

Quelquefois  on  rencontre  des  houilles  demi-grasses,  qui 
peuvent  faire  coke,  mais  à  la  condition  qu'on  opère  la  dis- 
tillation dans  des  fours  à  sole  et  à  parois  chaufl'ées,  dont 
l'activité  est  exaltée  jusqu'à  sa  limite  la  plus  élevée  ;  bien 
qu'agglutinés  alors  en  masses  passablement  soudées,  les 
fragments  conservent  encore,  après  la  cuisson,  leur  figure 
primitive,  à  peine  efl'acée  par  une  demi-fusion.  La  houille 
demi-grasse  est  le  combustible  par  excellence  pour  les  généra- 
teurs à  vapeur  et  surtout  pour  les  générateurs  tubulaircs.  Elle 
est  également  très  employée  pour  le  chauffage  domestique. 

Houille  trois-qaarts-grasse,  ou  charbon  dur.  —  La  houille 
trois-quarts-grasse  a  généralement  un  éclat  un  peu  plus  vif 
que  la  précédente;  eUe  peut  donner  de  bon  coke;  elle  est 
an  peu  dure  à  allumer,  ce  qui  la  fait  appeler  quelquefois 
charbon  dur  (Belgique).  On  l'emploie  pour  le  chauffage 
domestique. 

Houille  grasse  à  courte  flamme,  ou  houille  a  coke.  —  La 

GI^.OLOOIB.  22 


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]■••"  -U'-ii.*  .  -Il-  U'iDU-  i^-n-riitenwn;  iIl  ri*i  iDëtaDnrEiquf 
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tii.-f  M'u:  u-.iii-— +  l'i'm  il  imst..  I  n  tiiuçnaniB*-  it  faouille 

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fi'iui  i'-f  lip.'i,  .(^t  i; >.i— ouanj-j:rii=B*^  t-;  i-.-j  iii.uiIW  i  coke, 

IbwiJ*  Mirédkide-  —  LaLi'uiii'  mui'^diHk.  <-^  '-har(>0Dde 
('/i(i'-,  1 1-1  fivn<r,  «  ^'  ,iii  i-j.  ■   it-imrf   liiiD'-il-LSf-.  irw  un 

l'ij'-i  .  Ii:,iii^   «t  ai<-t  faiM-  tii-açc.  nnf  flaiinDi-  as-ei  ioo^e 
"I  liilj(iiii'-ijMr.  C  (-kl.  <'U  si-inin<'..  tAf  b'<iu!le  cn^-r*  k  loDgiie 

llii»! ,  In-»  fu!-!!.!-,  «a  JcbwI*^  ert  de  TS'à  •««  tilcerammes 

jiiii  iiii'iii-  l'iilii'.  f>ai]«  Je  fojer.  If^  Borfrani  s«  ««neut. 
(tiiiili'iil  l'I  ■'iiKK'"i>i''ienl  en  uoe  masM'  [loreit^  tl  coDiinue. 
Il  ib\  ilniii'  riirili-  &  l'uiivrier,  qui  conduit  un  feu  de  foi^e 
iil>iiiMilr>  |«ii'  ili-  lu  Imuille  maréchale,  de  disfx'ser  la  masse 
<ih-'l>ii»>'i<'<'  l'ii  iiirtli- ("nji- enloiirer  lapiêce  à  foi^r. 
I  •  II.  Ii.niitlti  «ni  ti'ii|i  l'iillaïUe  pour  Hre  utilisée  au  chaur- 

I  !-.<  .1.  •  >i|i|iiiii'ilii  A  vii|i(>iir;  elle  encombrerait  à  la  longue 

II  li'iii   l'I  rtii>*l>'iftll  lu   l'it'culation  de  lair.  On  l'emploie 

■    1  >  •>'• 1  !''«  Hiilli'i*.  n|in''N  l'avoir  mi^langée  i  50  0  0  de 

*'  > i"iil  (,1. !■■>.-,  iiii  &  (tii'erses  proportions  de  charbon 

M.'>sill<k  4iAkM  A  lAngu*  flamms.  —  U  houille  grasse  à 

■  ■i"..".  <>i  iiii  |M<ii  plus  dure  <|ue  la  précédente;  elle 

.s*  \    \.i  klll^^>.■.llllllll'^  c^ir  mMre  cube, 
.1    ,1  1--. .  K.ii  ...i,,'  i>n  foui-s  clos;  mais  ce  coke 

■  ■  .  '       ■   'i\    ,1  iii.Miix  f.i.-ili'meul  utilisable  en  raétal- 

.  A.  <:<-)■>  11.  lui).' ):vasst>  à  courte  llamnie. 


LE   CARBONE   ET   SES   COMPOSÉS  339 

charbon  gras    conserve  sa  valeur,   quelles  que  soient  les 
dimensions  de  ses  fragments. 

Houille  à  gaz  proprement  dite.  —  Les  houilles  à  gaz,  dont 
se  rapproche  le  cannel-coal  anglais,  sont  les  plus  riches  en 
hydrogène.  Elles  ont  une  texture  compacte  et  une  cassure 
franchement  conchoïdale.  Elles  ont  une  grande  sonorité  au 
choc.  Dans  les  foyers  elles  brûlent  avec  une  flamme  blanche 
assez  longue  et  dégagent  une  grande  quantité  de  gaz.  L'n 
kilogramme  de  houille  à  gaz  peut  vaporiser  8"',500  d'eau  envi- 
ron. Elles  s*agglutinent  facilement,  ce  qui  les  rend  d'un  emploi 
difficile  dans  les  gazogènes.  Les  houilles  à  gaz  ont  une  com- 
position assez  variable,  selon  le  gisement  auquel  elles  appar- 
tiennent ;  en  général,  elles  tiennent  de  28  à  36  0/0  de  matières 
volatiles. 

Houille  demi-eècbe.  —  La  houille  demi-sèche,  appelée 
aussi  en  Belgique  et  dans  le  Nord  de  la  France,  fténu  gras, 
tient  de  30  à  40  0/0  de  matières  volatiles.  Elle  est  riche  en 
oxygène.  Elle  est  compacte  et  assez  dure  et  pèse  700  kilo- 
gramoiesau  mètre  cube.  Elle  donne  du  coke  bien  formé,  mais 
très  friaUe;  elle  n'en  produit  que  600/0  environ,  alors  que  le 
charbon  raaigce  donne  plus  de  90  0''0de  résidu  charbonneux 
pulvérulent. 

Le  flénu  gras  brûle  avec  une  flamme  longue  et  enfumée, 
en  s'agglutinant  un  peiL.  Ce  charbon  est  employé  pour  la 
fabrication  du  gaz.  On  s*en  sert  au.ssi  pour  le  cliaufl'age 
domestique  et  pour  les  grilles  des  générateurs  à  vapeur. 

Houille  sèche. —  La  houille  sèehe,dite  flénu  sec,  s'enflamme 
très  facilement  et  brûle  avec  une  flîimme  longue,  vive  et 
enfumée;  les  morceaux  ne  fondent  pas  et  ne  se  collent 
pas  entre  eux.  Par  la  calcination  en  vase  clos  on  obtient  un 
coke  très  léger  et  pulvérulent,  qui  se  consume  rapidement 
et  qui  n'est  pas  utilisable  dans  Tinduslrie.  La  houille  sèche 
est  d'un  aspect  plus  terne  que  les  houilles  grasses  ;  elle  est 
aussi  plus  dure  et  pfus  compacte  que  ces  dernières.  C'est 
un  charbon  flambant  qui  brûle  rapidement  et  ne  tieat  pas 
au  feu.  Il  vaporise  7  litres  et  demi  d'eau  par  kilogramme. 
Sa  teneur  en  oxygène  est  de  près  de  20  0/0.  C'est  la  houille 

à  plus  oxygénée. 

"   -ille  sèche  est  surtout  employée  pour  la  fabrication 


340  GÉOLOGIE    APPLlQUÉt: 

du  gaz  (330  litres  de  gaz  par  kilogramme  de  charbon).  On 
s'en  sert  pour  les  verreries,  la  cuisson  des  produits  réfrac- 
taires,  les  fours  à  gaz,  la  navigation,  etc.  Sa  teneur  en 
matières  volatiles  va  de  38  à  50  0/0.  On  peut  rattacher  à  la 
variété  des  houilles  à  gaz  le  cannel-coal  et  le  boghead.  Mais  ces 
derniers  sont  plutôt  des  hydrocarbures,  et  on  les  étudiera 
dans  le  chapitre  des  Hydrocarbures  solides. 

Classification  de  la  hoaille  par  grossears.  —  La  valeur  do 
la  houille  ne  dépend  pas  seulement  de  sa  nature  grasse  ou 
maigre,  mais  elle  est  aussi  fonction,  surtout  pour  les  houilles 
maigres  et  quart-grasses,  cle  la  proportion  de  morceaux  de 
telle  ou  telle  dimension,  que  Ton  peut  livrer  àTindustrie. 

On  répartit  généralement,  au  moins  en  France,  les  charbons 
d'après  les  catégories  suivantes  : 

GroSy  houille  et  gros  carrés,  —  Morceaux  retenus  au-dessus 
de  barreaux  de  grilles  espacés  de  200  millimètres  environ. 

Gailleterie,  —  Morceaux  retenus  sur  des  grilles  de  0",080» 
après  enlèvement  du  gros. 

Gailletin.  —  De  0™,040  ou  0»,050  à  0»,080. 

Têtes-de-n/ioineaux  ou  petit-grêle  lavé.  —  De  0",030  à 
0'",040  ou  0™,050  (catégorie  très  appréciée  principalement 
pour  les  charbons  maigres). 

Braisettes,  —  De  0«,0I5  à  0"»,030. 

Criblés.  —  Charbons  obtenus  en  éliminant  du  tout-venant^ 
ce  qui  peut  passer  à  travers  certaines  dimensions  do 
grilles  à  écarlement  inférieur  à  2  ou  3  centimètres.  Certains 
charbons  de  cette  catégorie  sont  classés  par  lavage  dans 
des  lavoirs  à  feldspath. 

Fines,  inenus  grelassons  lavés  ou  non  lavés^  grains,  grcnuji, 
braUettes,  noisettes,  etc.  —  Les  fines  sont  la  catégorie  qui 
passe  à  travers  les  grilles  des  criblés  ;  elles  contiennent  des 
morceaux  de  i  à  3  centimètres  et  des  poussiers.  Elles  servent 
principalement  à  la  fabrication  des  agglomérés  et  du  coke. 
Quand  elles  contiennent  une  assez  forte  proportion  de  mor- 
ceaux, elles  sont  employées  avantageusement  dans  les  chau- 
dières. 

Tout-venant.  —  On  appelle  tout- venant  le  charbon  tel  qu'il 
sort  de  la  mine  sans  classement,  mais  quelquefois  après 
enlèvement  du  gros. 


LE  CAKBONË  ET  SES  COMPOSÉS  3^i 

Les  catégories  moyennes  qui  peuvent  être  employées  à  la 
plupart  des  usages  sans  être  ni  broyées  ni  agglomérées  sont 
les  plus  appréciées. 

Le  gros,  qui  semblerait  à  première  vue  plus  avantageux, 
ne  peut  généralement  pas  être  employé  sans  un  cassage 
spécial,  d'où  dépense  supplémentaire  de  main-d'œuvre  et 
production  de  poussier.  On  comprend  donc  aisément  qu'il  y 
ait  lieu,  lorsqu'on  étudie  les  conditions  d'exploitabilité  d'un 
gisement  houiller,  d'examiner  avec  soin  la  proportion  de 
chaque  catégorie  de  grosseur  que  pourra  fournir  le  charbon 
envisagé.  On  devra  prendre  à  cet  elTet  des  échantillons  aussi 
loin  que  possible  des  affleurements',  car  le  combustible  y 
est  souvent  terreux  et  effrité. 


GISEMENTS    DE    HOUILLE 

Un  même  bassin,  et  souvent  une  même  concession,  pou- 
\*ant  renfermer  plusieurs  variétés  de  houille,  il  serait 
illogique  d'étudier  chacune  de  ces  variétés  séparément. 

Le  mieux  est  de  passer  en  revue  les  divers  bassins  houillers 
d'après  leur  ordre  géographique,  en  indiquant  très  rapide- 
ment pour  chacun  d'eux  la  ou  les  variétés  de  combustibles 
qu'il  renferme,  Fûge  géologique  du  gisement,  sa  nature,  sa 
richesse  et  les  conditions  de  son  exploitation,  s'il  y  a  lieu. 

GISEMENTS    HOUILLERS   DE   LA    FRANCE 

En  France,  où  l'on  compte  soixante  bassins  houillers 
distincts,  couvrant  3.500  kilomètres  carrés,  le  bassin  de 
beaucoup  le  plus  important  est  celui  du  Nord  et  du  Pas-de- 
Calais,  qui  fait  partie  d'une  longue  bande  houillère  s'étendant 
de  la  Westphalie  jusqu'en  Angleterre,  en  passant  par  la 
Belgique  et  la  France.  Ce  bassin  s'étend  en  France  de  l'est  à 
l'ouest,  sur  une  longueur  de  100  kilomètres  environ;  il 
mesure  dans  le  département  du  Nord,  jusqu'à  15  kilo- 
mètres de  largeur.  Dans  le  Pas-de-Calais,  sa  largeur  va  en 
diminuant  vers  l'ouest,   après  avoir  atteint  14  kilomètres 


342  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

environ  dans  le  méridien  de  Lens.  A  la  limile  des  deux 
départements,  le  bassin  se  rétrécit  et  ne  mesure  plus  que 
6  kilomètres.  L'exploitation  est  faite  par  vingt-cinq  Compa- 
gnies houillères  avec  124  fosses  actuellement  en  activité 
et  une  production  de  plus  de  20  millions  de  tonnes.  La  pro- 
duction de  ce  bassin  augmente,  depuis  une  dizaine  d'années, 
d'environ  1  million  de  tonnes  tous  les  ans. 

Nord,  —  Le  bassin  houiller  du  département  du  Nord 
comprend,  entre  autres  concessions,  celles  de  la  Compagnie 
d'Anzin,  qui  constituent  la  plus  grande  exploitation  de  toute 
la  France  et  qui,  par  l'ancienneté  et  l'importance  de  leurs 
travaux,  sont  universellement  connues. 

Dans  le  département  du  Nord,  le  dépôt  houiller  s'est  formé 
sur  le  calcaire  carbonifère,  qui  tapisse  le  détroit  franco- 
westphalien  de  l'époque  dévonienne. 

Nature  des  terrains,  —  Le  calcaire  carbonifère  repose  en 
stratification  concordante  sur  les  assises  dévoniennes  ;  il 
appartient  à  l'étage  dinantien,  et  le  terrain  houiller  qu'il 
renferme  forme  l'étage  dit  westphalien. 

Le  terrain  houiller  est  formé  de  psammites  et  de  schistes 
avec  couches  de  houille.  On  ne  connaît  pas  sa  puissance,  car 
les  puits  les  plus  profonds  de  la  région  n'ont  même  pas 
atteint  1 .000  mètres,  alors  que  la  puissance  du  terrain  houiller, 
dans  les  environs  de  Mons,  près  de  la  limite  du  département 
du  Nord,  serait  de  près  de  3  kilomètres.  Les  couches  de 
houille  ont  une  puissance  exploitable  variant  de  0"»,30  à 
2  mètres.  Elles  ont  généralement  des  schistes  au  toit  et  au 
mur,  quelquefois  des  grès  au  toit,  mais  jamais  au  mur. 

Nature  de  la  houille  du  Nord,  —  On  rencontre,  dans  le 
département  du  Nord,  une  grande  partie  de  la  série  des 
houilles,  à  partir  de  la  houille  maigre  anthraciteuse  jusqu'aux 
charbons  gras  à  gaz. 

l-a  r«'* partition,  en  profondeur,  des  différentes  sortes  de 
houille,  est  bien  nette  :  les  houilles  les  moins  riches  en 
matières  volatiles  sont  les  couches  inférieures.  Quant  à  la 
réj)artition  en  surface,  elle  a  été  produite  par  un  phénomène 
de  transgressivité  des  couches,  avec  émersion  graduelle  de  la 
partie  nord-est  du  bassin  (étude  de  MM.  Potier  et  Zeiller). 

Les  assises  de  la  base   du  terrain  houiller  reposent  en 


LE   CARItO^E    ET    SE»   COMPOSÉ:t  3t3 

stratidcalion  transgressive  sur  le  calcaire  carbonifère;  les 
premiers  faisceaux  houillers  se  sont  déposés  dans  le  nord- 
est  du  détroit  franco-belge,  et  les  couches  de  houille  qui  se 
sont  formées  plus  tard  3e  sont  étendues  de  plus  en  plus  loin 
vers  l'Occident,  de  sorte  que,  dans  la  partie  orientale  et  la 
partie  septentrionale,  on  rencontre  les  couches  de  charbon 
maigre,  et  que  l'on  ne  retrouve  qu'au  sud-ouest  les  veines  Je 
bouille  grasse.  Dans  le  centre  du  bassin,  en  certains  points, 
on  peut  recouper,  dans  un  même  puits,  la  succession  des 
diverses  catégories  de  charbon. 

Faillex  principales.  —  Le  bassin  bouiller  a  été  alTecté  par 


Fis.  S7.  —  Coi^  noM-Iod  du  bnuio  bouiller  do  nnn]  ir  li  Fnnce. 

de  nombreuses  dislocations  dont  ({uelqucs-nues  sont  carac- 
téristiques de  la  région  franco-belge. 

L'n  premier  mouvement  de  terrains,  occasionné  par  une 
poussée  du  sud,  a  amené  contre  le  bord  sud  du  bassin,  le  long 
d'une  faille  dite  Grande  faille  du  Midi,  ou  faille  Eiféliennc, 
les  assises  gédinniennes  de  la  base,  qui  s'adossaient  primiti- 
vement aux  phyllades  cambriens  de  la  créle  du  Condros; 
puis  un  refoulement  de  la  partie  sud  du  bassin  a  produit 
une  fracture  et  un  renversement  des  couches  houillères, 
carbonifériennes  el  dévoniennes,  qui  sont  venues,  après 
glissement  le  long  d'une  faille  appelée  faille  Limite,  recou- 
vrir le  centre  du  bassin,  ainsi  que  le  montre  la  ligure  ci- 
dessus.  I.a  partie  supérieure  du  lambeau  renversé  a  été 
enlevée  ensuite  par  érosion. 

I,e  terrain  bouiller  du  Nord  appartient  nu  bouiller  moyen  ; 


3i4  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

on  relrouve  cependant  un  peu  de  houiller  inférieur  dans  la 
zone  anthraciteuse  de  Vieux-Condé,  près  de  la  frontière 
belge. 

Morts-terrains.  —  La  formation  houillère  est,  dans  presque 
toute  rétendue  du  bassin,  recouverte  de  couches  crétacées 
qui  varient  de  quelques  mètres  jusqu'à  100  ou  200  mètres 
de  puissance;  ces  couches  renferment,  à  leur  base,  des 
dièves  imperméables  qui  garantissent  les  travaux  d'exploi- 
tation contre  les  venues  d'eau  de  la  surface. 

Tourtia.  —  Sous  ces  morts-terrains,  on  rencontre  géné- 
ralement un  lit  de  cailloux  roulés  et  de  roches  diverses,  pro- 
venant de  Térosion  des  terrains  anciens.  Ce  lit,  appelé  tourtia, 
correspond  au  cénomanien  supérieur  et  ne  mesure,  en 
général,  que  1  à  2  mètres  de  puissance.  En  certains  points/ 
particulièrement  dans  la  vallée  de  Vicq,  il  est  accompagné 
d'un  grès  vert  aquifère  (torrent  de  Vicq),  qui  atteint  près 
de  200  mètres  de  puissance  et  constitue  un  danger  pour 
les  exploitations,  à  cause  des  masses  énormes  d'eau  qu'il 
renferme. 

Mines  d'Anzin,  —  Les  mines  d'Anzin,  qui  sont  en  exploi- 
tation depuis  le  commencement  du  xvni*  siècle,  sont  les 
plus  importantes  du  bassin  (surface  concédée,  28.055  hectares). 
Elles  extraient  annuellement  près  de  3  millions  1/2  de  tonnes 
de  houille. 

En  1898,  l'extraction  des  mines  d'Anzin  a  atteint  : 

948.5^0  tonnes  de  charbons  gras,  j 
1.333.o24      —     de  demi-gras.... 
886.837      -     de  quart-gras   et  >  3.168.907  tonnes. 

maigres 

En  1899,  l'exlraclion  a  tHé  de  3.i:>4.000  tonnes. 

Le  bénéfice  de  Texploitation,  dans  le  courant  de  cette 
même  année,  en  comptant  les  bénéfices  des  usines  à  agglo> 
mérés  et  des  fours  à  coke,  a  été  de  9.033.590  fr.  18.  Sur  cette 
somme,  on  a  distribué  aux  actionnaires  près  de  6  millions 
et  demi  de  francs,  le  reste  étant  employé,  en  partie,  pour  la 
création  de  nouveaux  sièges  d'exploilation. 

La  Compagnie  d'Anzin  occupe,  tant  au  fond  qu'au  jour» 


LE  CARBONE  ET  SES  COMPOSÉS  3^5 

plus  de  douze  mille  ouvriers  et  paye  anouellement,  sans 
compter  les  traitements  des  ingénieurs  et  employt^s,  près  de 
17  millions  de  francs  de  salaires. 

Elle  exploite,  nu  moyen  de  vingt  fosses  en  activité,  des 
charbons  maigres  et  quart-gras  aux  fosses  Léonard,  Lagrange, 
Thiers  et  Chabaud-Litour,  des  demi-gras  dans  la  région  de 
Somain,  du  charbon  gras  à  courte  flamme  aux  fosses  Réus- 
site, TEnclos  et  Hérin,  et  des  charbons  à  gaz  aux  fosses  Renard 
et  Rœulx  (plus  de  cent  puits  ont  été  creusés  dans  les  con- 
cessions de  la  Compagnie  d*Anzin). 

Autres  charbonnages  du  Nord.  —  Les  autres  houillères  du 
département  du  Nord  sont  : 

Aniche  :  11.850  hectares;  1.179.879  tonnes  en  1898,  contre 
860.180  tonnes  seulement  en  1890. 

Les  variétés  de  houille  extraites  des  mines  d'Aniche  sont  : 
aux  fosses  Gayant,  Bernicourt,  Notre-Dame,  Dechy  et  Saint- 
René,  la  houille  demi-grasse  et  grasse,  cette  dernière  recher- 
chée pour  la  fabrication  du  coke,  pour  la  forge  et  pour  les 
verreries  (18  à  28  0  0  de  matières  volatiles);  et  aux  fosses 
Saint-Louis,  Fénelon,  E.  Vuillemin,  TArchevêque  et  Renais- 
sance, une  houille  à  courte  flamme  donnant  peu  de  cendres, 
ne  collant  pas  et  ne  fumant  pas  (12  à  15  0/0  de  matières 
volatiles)  :  cette  houille  est  recherchée  pour  les  générateurs 
à  vapeur  et  pour  la  fabrication  des  agglomérés. 

VEscarpelle.  —  Production,  735.000  tonnes  en  1898  contre 
465.000  tonnes  en  1890.  —  Houille  grasse  (pour  coke  et  ver- 
reries) aux  fosses  n*»  3,  5  et  7  ;  houille  demi-grasse  aux  fosses 
n«»  l  et  2,  recherchée  pour  le  chaulTage  domestique  et 
pour  les  agglomérés;  houille  demi-grasse  et  maigre  à  la  fosse 
n*  6,  pour  chauffage  domestique. 

Douchy.  —  Production,  407.500  tonnes  en   1898;  houille 

grasse    maréchale  recherchée    pour  forges,   coke,  fours  à 

réverbère,  chaulTage  domestique,  générateurs,  verreries. 

^  Plinesies-Raches,  —  Production,  1 50.000  tonnes  de  houille 

maigre  pour  chauffage  domestique  et  générateurs  (en  1898). 

Vicoiyne.  — 137.000  tonnes  de  houille  maigre  (en  1898)  pour 
cbauffage  domestique,  cuisson  de  la  chaux  et  des  briques. 

Tliivencelles  (Fresnes-Midi).  —  125.000  tonnes  de  houille 
demi-grasse  (en  1899),  provenant  do  la  fosse  Saint-Pierre,  pour 


r 


346  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

foyers  de  générateurs,  et  de  houille  maigre,  provenant  de  la 
fosse  Soult,  employée  pour  la  réduction  des  minerais  de 
zinc  et  le  grillage  des  pyrites,  la  fabrication  des  briquettes 
et  la  cuisson  des  briques  et  de  la  chaux. 

Azincourt.  —  En  1898,  115.000  tonnes  de  houille  grasse 
maréchale  employée  pour  coke,  verreries,  etc. 

Crespin  nord,  —  Environ  70.000  tonnes  de  houille  à  gaz. 

Mariy  (en  préparation,  n'a  commencé  à  produire  qu'en 
1899-1900). 

Ces  diverses  houillères  augmentent  leur  production  tous 
les  ans  sans  arriver  cependant  à  satisfaire  aux  besoins  de  la 
consommation,  qui  nécessite  actuellement  l'importation  de 
10  millions  de  tonnes  de  houille  par  an,  en  France.  Le  bassin 
du  Nord,  a  produit,  en  1899,  au  total,  6  millions  de  tonnes  de 
houille,  alors  qu'il  ne  produisait  que  5.030.000  tonnes  en  1890. 

L'exploitation  de  la  houille  dans  le  Nord  est  grevée  parles 
travaux  d'aérage  que  nécessite  la  présence  du  grisou  dans 
les  couches  profondes  et  par  les  travaux  d'épuisement  occa- 
sionnés par  la  présence  des  couches  aquifères. 

Néanmoins,  les  couches  de  charbon,  étant  généralement 
très  minces  (0™,40  à  1  mètre  en  moyenne),  ne  nécessitent 
pas  l'emploi  de  remblais  ni  de  boisages  coûteux,  et,  somme 
toute,  l'industrie  houillère  est  exceptionnellement  prospère 
depuis  1898,  le  prix  de  vente  moyen  à  la  tonne  étant  de  12  à 
16  francs,  selon  la  nature  du  combustible  (15  à  20  francs, 
alors  que  le  prix  de  revient  est  de  7  à  11  francs,  suivant  les 
Compagnies  exploitantes). 

Bassin  houHler  du  Pas-de-Calais.  —  Le  bassin  du  Pas-de- 
Calais  est  le  prolongement  vers  l'ouest  du  bassin  du  Nord; 
toutes  les  observations  présentées  pour  ce  dernier  sont 
applicables  au  Pas-de-Calais,  avec  cette  différence  que  les 
morts- terrain  s  y  sont  plus  épais  (100  à  150  mètres  en 
moyenne)  et  que,  par  suite  du  phénomène  de  transgressivité 
indiqué  plus  haut,  les  couches  anthraciteuses  ont  disparu; 
par  contre,  apparaissent  les  houilles  sèches,  qui  sont  incon- 
nues dans  le  nord-est  du  bassin  français. 

Les  veines  de  houille  exploitées  ont  de  0™,30  à  1  mètre  de 
puissance  en  moyenne. 

Le  bassin  du  Pas-de-Calais  s'étend  de  Douai,  à  l'est,  où  il 


LE   CARBONE   ET   SES    COMPOSÉS  347 

se  raccorde  au  bassin  du  Nord,  jusqu'aux  environs  d'Aire 

^  sur  la   Lys,  à  Touest,  où  le  bassin  se  rétrécit  et  disparaît 

à  Textrémité  occidentale  de  la  concession  de  Fléchinelle. 

Les  principales  houillères  du  Pas-de-Calais  sont  los  sui* 
vantes  : 

'  Mines  de  Lenset  de  Douvrin,  —  l^  Compagnie  de  Lens  vient 

d'atteindre,  en  1899,  le  tonnage  de  :i  millions  de  tonnes 
exploitées  au  moyen  de  onze  fosses  (quatorze  puits  d'extrac- 
tion), alors  qu'elle  n'extrayait  que  1.(^43.105  tonnes  en 
1890  et  700.000  tonnes  seulement  en  1875  (superficie  : 
6.939  hectares). 

Ce  chiffre  énorme  de  3  millions  de  tonnes  n'a  été  atteint, 
en  France,  que  par  les  mines  de  Lens  et  par  celles  d'Anzin. 
Les  mines  de  Lens,  étant  de  création  relativement  récente 
(1853),  ont  pu  être  organisées  suivant  les  derniers  perfection- 
nements de  l'art  des  mines.  En  tant  que  machines,  installa- 
tions du  jour  et  travaux  du  fond,  on  peut  les  citer  comme 
une  exploitation  modèle. 

Lens  extrait,  par  ses  fosses  Saint-Louis  et  Klisabelh,  des 
charbons  à  gaz  tenant  de  30  à  36  0/0  de  matières  volatiles 
et  se  rapprochant  beaucoup  des  flénus. 

Par  ses  autres  fosses,  situées  au  midi  de  la  faille  cen- 
trale, qui  s'étend  de  l'est  à  l'ouest,  dans  presque  toute  la  lon- 
gueur du  bassin  du  Pas-de-Calais,  la  Compagnie  de  Lens 
exploite  toute  la  série  des  houilles  grasses  depuis  les 
houilles  à  gaz  jusqu'aux  houilles  à  coke. 

I  Au  nord  de  la  faille  centrale,  appelée  aussi  faille  Heu- 

maux,  il  y  a  un  saut  brusque  dans  la  teneur  des  veines 
en  matières  volatiles;  au  voisinage  de  celte  faille  on  trouve 
une  région  peu  riche,  stérile  même  en  certains  points;  et, 
dans  la  région  nord  de  la  concession,  on  ne  trouve  plus  que 
des  veines  demi-grasses,  quart-grasses  et  maigres,  à  Vendin- 
le- Vieil  et  à  Douvrin. 

^  Bruay,  —  Les  mines  de  Bruay  possèdent  le  gisement  le 

plus  régulier  du  bassin,  et  leurs  veines,  affectées  de  très  peu 
d'accidents,  se  poursuivent,  toutes  parallèles,  sur  de  très 
grandes  étendues. 

L'exploitation  des  mines  de  Bruay  a  été  longtemps  arrêtée 
dans  son  développement  par  les  venues  d'eau  considérables 


348  GÉOLOGIE    APPLlQUÉl!: 

qui  ont  envahi  les  travaux  à  plusieurs  reprises.  Mais  aujour- 
d'hui la  mine  est  armée  de  pompes  extrêmement  puissantes, 
tant  au  fond  qu*au  jour,  et  il  n'est  pas  probable,  dans  Tétat 
actuel  des  choses,  qu'une  venue  d'eau,  quelque  importante 
qu'elle  soit,  puisse  causer  un  arrêt  prolongé  ou  un  dommage 
sérieux  aux  mines  de  Bruay. 

Le  charbon  exploité  dans  cette  concession  est  de  la 
houille  demi-sèche  très  estimée  dans  l'industrie  (flénu  k 
35  0  0  de  matières  volatiles,  aux  fosses  1,  3,  4  et  5).  1^ 
fosse  2  a  exploité  un  gisement  de  houille  trois-quarts-grasse 
pour  générateurs. 

Tonnage  extrait  en  1899  :  1.630.000  tonnes,  contre  878.000 
tonnes  seulement  en  1890. 

Courrières.  —  Les  mines  de  Courrières  renferment  des 
v<'ines  très  régulières  dans  la  partie  sud-est  de  la  conces- 
sion, un  peu  brouillées  à  Touest  et  moins  riches  au  centre. 

Production  :  1.900.000  tonnes  en  1899. 

Cette  concession  est  d'une  exploitation  relativement  aisée, 
et,  par  suite,  le  prix  de  revient  de  la  houille  peut  y  être  asseï 
faible.  Cette  condition,  jointe  à  la  richesse  du  gisement,  fait 
de  Courrières  le  charbonnage  qui  a  peut-être  le  plus  bel 
avenir  de  tout  le  Pas-de-Calais. 

Courrières  produit  toutes  les  qualités  de  houille,  depuis  les 
houilles  maigres  de  la  fosse  n^  8  au  nord,  jusqu'aux  houilles 
grasses  à  longue  llamme  des  fosses  du  midi,  sauf  la  houille 
à  coke  proprement  dite.  Cette  situation  très  avantageuse 
permet  à  la  Compagnie  de  Courrières  de  faire  face  à  toutes 
les  diMnandes  de  l'industrie  et  de  n'être  tributaire  d'aucune 
autre  Compagnie,  pour  les  mélanges  qu'elle  peut  avoir  à  faire 
entre  des  houilles  maigres  et  grasses. 

Grenay,  —  Cette  mine  exploite  toute  la  série  des  houilles,, 
depuis  les  houilles  grasses  jusqu'aux  quart-grasses,  au  moyen 
de  huit  fosses,  qui  ont  produit  ensemble  1.480.000  tonnes 
eu  1899. 

Noeux.  —  1.376.029  tonnes  en  1898.  —  Exploitation  des 
plus  prospères,  possédant  toutes  les  qualités  de  charbon,, 
depuis  les  houilles  demi-sèches  jusqu'aux  maigres. 

Maries.  —  1.127.000  tonnes  de  houille  demi-sèche  et  grasse 
en  189y,  contre  760.000  tonnes  seulement  en  1890. 


LE   CARDO.'^B   ET    8E8    COMPOSÉS  349 

Liévin.  —  Cette  mine  exploite  dans  lo  sud  du  bassin,  en 
partie  sous  les  terrains  renversés,  des  veines  grasses  à  gaz  et 
demi-sèches.  Production  =  1.153.000  tonnes  en  1809,  contre 
675.105  tonnes  en  1890.  Cet  accroissement  énorme  de  tonnage 
promet  de  continuer  encore  pendant  quelcjues  années  ;  les 
travaux  du  midi  de  la  concession  ont  en  eiïet  démontré, 
en  1897,  que  le  bassin  se  prolongeait  sous  le  dévonien  ren- 
versé, beaucoup  plus  loin  au  sud  qu'on  ne  Tavait  admis 
jusqu'à  ce  moment,  et  une  extension  récente  de  la  concession 
de  Liévin  va  probablement  être  suivie  d'un  développement 
nouveau  du  tonnage  extrait.  On  peut  citer  encore,  dans  le 
Pas-de-Calais,  les  mines  de  Meurchin,  455.000  tonnes  en 
1898;  celles  d'OstricouH,  206.000  tonnes;  de  Drocourt, 
540.000  tonnes;  de  Ferfay,  165.000  tonnes;  etc. 

Le  Pas-de-Calais  a  produit,  en  tout,  en  1899,  14.500.000 
tonnes  de  charbon,  au  moyen  de  soixante-quinze  puits 
d'extraction.  La  production  n'était  que  de  7.877.214  tonnes 
en  1890. 

Le  prix  moyen  de  vente,  qui  était  de  16  francs  par  tonne 
en  1890,  est  descendu  à  10  francs  en  1895;  il  est  remonté  à 
16  fr.  30  en  1899,  et  il  atteignait  environ  18  francs  au  début 
de  Tannée  1900. 

De  nombreux  sondages  entrepris  au  midi  du  bassin,  ver;^ 
Cuincy,  Willerval^  Souciiez,  Aix,  Bouvigny, Ben(jiHj  Ourton, etc., 
depuis  et  môme  avant  la  découverte  récente  faite  à  Liévin, 
permettent  d'espérer  que  de  nouvelles  richesses  houillères 
seront  bientôt  reconnues  et  mises  en  exploitation  à  des  |>ro- 
fondeurs  variant  de  800  à  i.20O  mètres. 

Bassin  du  Boulonnais.  —  A  l'extrémité  orientale  du  dépar- 
tement du  Pas-de-Calais,  on  exploite  à  Hardinghen  un  lam- 
beau de  terrain  houiller  qui  doit  être  le  prolongement  du 
bassin  franco-belge  et  peut  servir  de  point  de  repère  pour 
un  raccordement  avec  le  bassin  anglais. 

De  nombreuses  recherches  ont  été  efTeciuées,  aux  envi- 
rons de  ce  petit  lambeau  houiller,  entre  les  années  1894  et 
1897,  à  la  suite  de  la  découverte  d'une  veine  de  houille 
dans  le  fond  d'un  sondage  fait  à  Douvres,  lors  des  études 
entreprises  pour  l'exécution  d'un  tunnel  sous  la  Manche. 


350  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

De  tous  les  sondages  forés,  à  cette  époque,  dans  le  Calaisis 
un  seul  rencontra,  près  de  Wissant,  une  petite  lentille  de 
terrain  honiller,  qui  est  probablement  inexploitable. 

La  concession  à' Hardinghen  a  produit,  en  1899,  environ 
1.000  tonnes  de  houirie.  Non  loin  de  là,  à  Ferques^  près  de 
Marquise,  on  vient  de  commencer  l'exploitation  d*un  gise- 
ment de  houille,  enfermé  sous  4es  terrains  renversés, 
formés  par  le  calcaire  Napoléon,  le  calcaire  du  Haut- Banc 
et  la  dolomie  de  Hure.  Quelques  grattages  avaient  déjà  été 
faits  dans  ce  gîte  et  dans  la  concession  de  Fiennes,  voisine  de 
celle  de  Ferques,  il  y  a  quelques  années,  au  voisinage  da  la 
faille  qui  a  amené  les  terrains  anciens  au-dessus  des  couches 
en  place. 

Bassin  de  la  Loire  et  de  Saint-Étienne,  -  Après  le  bassin 
houiller  du  Nord,  le  plus  important  en  France  est  celui  de  la 
Loire. 

Il  fait  partie  de  Tétage  houiller  supérieur,  ainsi  que  la 
plupart  des  bassins  français,  autres  que  celui  du  Nord  et  du 
Pas-de-Calais. 

Le  bassin  de  la  Loire  renferme  un  dépôt  houiller  de  plus 
de  2.000  mètres  d'épaisseur,  contenant  une  puissance  réduite 
de  veines  de  houille  de  50  à  80  mètres,  selon  les  dis- 
tricts. 

Ces  veines  sont  généralement  beaucoup  plus  puissantes 
que  celles  du  nord  de  la  France:  elles  ont  une  puissance 
moyenne  de  3  à  4  mètres,  allant  parfois  jusqu'à  i5  mètres. 

Le  bassin  de  la  Loire  repose  en  stratification  discordante 
sur  une  vaste  dépression  du  terrain  primitif  et  s'étend  du 
nord-est  au  sud-ouest  sur  une  longueur  de  46  kilomètres, 
depuis  le  bord  du  Rhône  jusqu'aux  rives  de  la  Loire. 

D'après  Griiner,  le  terrain  houiller  de  Saint-Étienne  peut 
se  diviser  en  un  certain  nombre  de  faisceaux  plus  ou  moins 
productifs. 

En  partant  des  terrains  primitifs  de  la  base,  on  rencontre 
d'abord  une  brèche  de  20  à  ^00  mètres  de  puissance,  qui 
est  composée  de  granité,  de  gneiss  et  de  micaschistes.  Au- 
dessus  on  recouperait  successivement  : 

Le  faisceau  de  Rive-de-Gierj  avec  poudingues  et  grès  gros- 
siers, puis  grès  fins  avec  quelques  couches  de  houille  mosu- 


LE  CARBONE  ET  SES  COMPOSÉS  351 

rant  ensemble  i2  mètres  de  puissance  en  moyenne.  Ce 
faisceau  est  épais  d'une  centaine  de  mètres; 

Le  faisceau  de  Saint-Chamondj  stérile,  qui  s'étend  entre 
Rive-de-Gier  et  Saint-Étienne,  sur  une  épaisseur  de  800  mètres. 
11  est  constitué,  en  partie,  par  des  galets  de  (|uartz  blanc  ; 

Le  faisceau  inférieur  de  Sa  int'Etie  fine  y  ({ui  atteint  800  mètres 
d'épaisseur  avec  une  dizaine  de  couches,  dont  «(uelques- 
unes  mesurent  de  3  mètres  jusqu'à  12  mètres  de  puissance; 

Le  faisceau  moyen  de  Saint-Étienne,  épais  de  300  mètres, 
qui  contient  huit  couches  de  10  mètres  de  puissance  totale: 

Le  faisceau  supérieur  de  Saint-Étienne,  épais  de  200  mètres, 
qui  compte  une  dizaine  de  couches  mesurant  ensemble 
18  mètres  de  charbon. 

Le  tout  est  surmonté  par  un  banc  permien  stérile,  de 
près  de  500  mètres  de  puissance,  formé  d'argiles  et  de  quartz 
micacé. 

Sur  les  soixante*douze  concessions  accordées  dans  ce  bas- 
sin, quarante-trois  seulement  sont  exploitées  et  ont  été 
réunies  entre  les  mains  d'une  dizaine  de  Compagnies  dont 
les  principales  sont  : 

Là  Compagniede  Roche-la-Morlièveet  Firminy,  qui  exploite  des 
houilles  à  très  longue  flamme  (38  0/0  de  matières  volatiles), 
des  houilles  à  gaz  (32  à  36  0/0  de  matières  volatiles)  et  des 
houilles  grasses  à  courte  flamme  donnant  du  bon  coke 
(18  à  24  0/0  de  matières  volatiles).  La  production  était,  pour 
ces  dernières  années,  de  SrO.OOO  tonnes  environ  par  an  ; 

La  Compagnie  de  Montrambert  et  la  Béraudière  :  charbons 
à  gaz  proprement  dits  (32  à  36  00  de  matières  volatiles), 
tenant  de  3  à  10  0/0  de  cendres.  —  Production  annuelle: 
700.000  tonnes  environ  ; 

La  Compagnie  des  houillères  de  Saint-Etienne,  avec  sept 
puits  d'extraction  :  production  en  1898  :  508.000  tonnes 
de  charbons  à  gaz  proprement  dits,  de  charbons  de  forge,  de 
charbons  à  coke,  de  houilles  grasses  et  de  houilles  demi- 
grasses,  tenant  de  14  à  18  0/0  de  matières  volatiles  ; 

La  Compagnie  des  Mines  de  la  Loire  :  production  :  656.000 
tonnes  en  1898; 

La  Compagnie  de  Rive-de-Gier  :  production  en  1898  :  50.000 
tonnes  de  houilles  grasses  ternes  à  longue   flamme,  dites 


352  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

rafforts^  spéciales  à  cette  région  et  employées  surtout  au 
chauffage  domestique. 

Les  autres  exploitations  du  bassin  sont  celles  de  Saint- 
Chamond,  de  la  Chazotte,  etc. 

La  production  totale  du  bassin  de  la  Loire  a  été  de 
3.863.000  tonnes  en  1898. 

Bassin  houiller  du  Gard.  —  Le  bassin  houiller  du  Gard 
appartient  aussi  à  Tétage  houiller  supérieur;  il  s'étend  sur 
une  superficie  de  12.000  hectares,  mais  n'affleure  que  sur 
les  deux  tiers  de  son  étendue,  le  reste  étant  recouvert  par 
le  trias  ou  par  des  calcaires  jurassiques. 

Il  repose  directement  sur  les  schistes  précambriens.  A  la 
base  du  bassin,  on  trouve  un  conglomérat  à  gros  blocs  reliés 
par  une  pâte  argileuse.  Cette  assise,  épaisse  de  200  à 
300  mètres,  renferme  des  rognons  d'anthracite,  des  nodules 
de  fer  carbonate  et  des  paillettes  d'or.  Elle  est  surmontée 
par  l'étage,  de  Bessèges,  puissant  de  800  mètres  environ,  con- 
temporain de  celui  de  Rive-de-Gier  et  le  plus  riche  du  bassin. 

Au  dessus  se  tient  l'étage  de  la  Grand'Combe,  puissant  de 
500  mètres  et  séparé  du  précédent  par  des  assises  de  grès 
sableux  et  de  schistes  fissiles. 

L'étage  supérieur  est  celui  de  Portes,  puissant  de 
600  mètres,  reposant  sur  une  assise  de  300  mètres  de  ter- 
rains stériles  qui  recouvrent  l'étage  de  la  Grand'Combe. 
Le  tout  est  surmonté,  en  certains  points,  par  une  assise  de 
poudingues  avec  galets  de  porphyre. 

Le  bassin  est  coupé  en  deux,  par  la  montagne  du  Rou- 
vergue.  A  l'ouest  se  trouvent  les  concessions  de  liochehelle^ 
de  la  Grand'Combe,  de  Portes  et  de  Cessons,  dans  la  vallée 
du  Gardon  ;  à  l'est,  celles  de  Bessèges,  de  Gagnières,  de 
Trélys  et  de  Lalle,  dans  la  vallée  de  la  Cèze.  Le  bassin  du 
Gard  a  produit,  au  total,  2.199.000  tonnes  de  houille  en  1898. 

Les  mines  de  RochebeUe,  situées  dans  la  partie  occidentale 
du  bassin,  près  d'Alais,  comptent  vingt-cinq  couches  de 
charbon,  dont  la  puissance  totale  est  de  40  mètres  environ.  Ce 
charbon,  demi-gras  près  de  la  surface  du  terrain  houiller, 
devient  plus  maigre  en  profondeur  (15  à  18  0/0  de  matières 
volatiles).  Il  est  très  apprécié   pour  le  chauffage  domestique 


LE  CARBONE  ET  SES  COMPOSÉS  353 

et  pour  les  chaudières  à  vapeur;  il  sert  aussi  à  la  fabrication 
des  agglomérés. 

ËD  1898,  Rochebelle  a  fourni  300.000  tonnes  de  liouille, 
au  moyen  de  deux  puits  d'extraction. 

Les  mines  de  la  GrandC Combe  extraient  des  charbons  gras, 
tenant  22  à  24  0/0  de  matières  volatiles.  Mais,  en  profondeur, 
on  n'y  rencontre  plus  que  des  houilles  demi-grasses. 

Près  du  massif  de  Kouvergue,  les  veines  deviennent  plus 
maigres  encore  (iO  0/0  de  matières  volatiles).  La  production 
de  la  Grand'Combe  a  été  de  799.000  tonnes  en  1898. 

Aux  mines  de  Beisègea^  dans  la  partie  orientale  du  bassin, 
on  a  déjà  reconnu  vingt  couches  de  houille  tenant  ensemble 
25  mètres  de  combustible. 

La  production  de  Bessèges,  en  1898,  a  été  de  534.000  tonnes 
de  houille  grasse. 

Bassin  houiller  de  Saône-et-Loire.  —  Le  bassin  houiller  de 
Blanzy-Creusot,  long  de  40  kilomètres,  fait  partie  d'une 
bande  houillère  encore  mal  connue,  qui  s'étend  jusqu'aux 
Vosges  vers  Ronchamp. 

Les  deux  principales  Compagnies  exploitantes  de  ce  bassin 
sont  celles  de  Blanzy,  à  Touest  (Montceau),  et  du  Creusot^  au 
centre,  vers  Monchanin. 

Dans  la  concession  de  Blanzy  on  exploite  quatre  veines  de 
houille  dont  la  puissance  varie  de  8  mètres  à  30  mètres. 

Ces  couches,  selon  la  région  et  la  profondeur  où  on  les 
rencontre,  ont  une  teneur  très  variable  en  matières  volatiles. 
De  38  0/0  dans  les  parties  hautes  du  bassin,  elles  tombent  à 
12  et  8  0/0  en  profondeur,  principalement  vers  le  sud-ouest. 

On  obtient  ainsi,  dans  cette  concession,  des  houilles  sèches 
à  longue  flamme  et  des  houilles  maigres  anthraciteuses. 
Mais  ces  combustibles  sont  très  impurs,  ce  qui  nécessite 
l'installation  de  lavoirs  puissants  et  coûteux. 

Les  menus  anthraciteux  lavés  servent  à  la  fabrication 
d'agglomérés,  très  appréciés  pour  la  navigation. 

La  Compagnie  de  Blanzy  a  produit  i. 699.000  tonnes 
en  1898. 

Lesmines  du  Creusotne  produisent  que  des  houilles  anthra- 
citeuses et  quart-grasses  (82.000  tonnes  en  1898).  Ces  derniers 

OtoLOOlE.  23 


354 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


prodails,  aiusi  que  les  menus  d'anthracite,  sont  employés 
dans  la  métallurgie;  Tanthracite  gros  est  vendu  pour  les 
foyers  domestiques.  La  concession  de  Montckanin,  exploitée 
par  la  Société  du  Creuset,  produit  de  la  houille  grasse, 
(80.000  tonnes  en  i898). 

Le  gisement  d'Épinac,  près  d'Autun,  dans  le  nord  de 
Saône-et- Loire,  produit,  sur  6.241  hectares  concédés,  envi- 
ron i  10.000  tonnes  de  combustible  par  an  :  houille  maigre  à 
courte  flamme,  au  puits  Hottinguer,  vers  le  sud  du  bassin  ; 
houille  grasse  maréchale,  au  puits  de  la  Garenne,  vers  le 
nord  ;  et  houille  sèche  à  longue  flamme  au  puits  Bonnard, 
à  l'est. 

Bassin  du  Bourbonnais.  —  Dans  le  Bourbonnais  on  ren- 
contre le  pli  synclinal  carboniférien  du  Roannais,  qui  se  pro- 
longe jusque  dans  la  Creuse. 

Tout  le  long  de  ce  pli  se  trouvent  des  lentilles  houillères 
peu  étendues  (Buxière-la-Grue,  etc.),  avec  une  flore  plus 
récente  que  celle  de  Commentry. 

Le  bassin  de  Commentry,  situé  au  sud  du   Bourbonnais, 


-^  ^ 


FiG.  08.  -  Coupe  du  bassin  de  Commentry 


dans  TAllier,  est  le  plus  important  de  cette  série  de  gisements. 
Il  comprend  les  concessions  de  Commentt^y,  des  FerrièreSf  etc., 
et,  un  peu  à  Test,  celles  de  Bézcnet,  de  Doyetf  Montvicq,  etc. 
Le  gisement  de  Commentry  est  encaissé  dans  les  gneiss,  au 
contact  de  nombreux  filons  de  granité  et  de  porphyre.  Il 
renferme,  entre  autres,  une  grande  couche  de  charbon  de 
20  mètres  de  puissance  environ,  qui  se  subdivise,  en  certains 
points,  en  plusieurs  veines.  Cette  couche,  exploitée  à  ciel 


LE  CARBONE  ET  SES  COMPOSÉS         355 

ouvert,  atteint,  en  certains  points,  de  40  à  50  mèlres  de 
puissance. 

La  formation  appartient,  par  sa  flore,  à  Tétage  le  plus 
élevé  du  stéphanien. 

La  houille  extraite  est  du  charbon  gras  à  longue  flamme, 
servant  aux  générateurs  de  vapeur,  au  chauiTage  domes- 
tique, à  la  forge  et  à  la  fabrication  du  coke  et  du  gaz  d*éclai- 
rage. 

La  production  des  mines  de  Commentry  et  Montvicq  a  été, 
en  1896,  de  571.81  H  tonnes. 

Bassin  houiller  de  VAvetjron.  —  Le  bassin  houiller  de 
TAveyron,  aux  environs  d^Aubin,  semble  formé  de  trois 
faisceaux  distincts. 

Le  faisceau  inférieur,  qui  existe  dans  les  concessions  d'An- 
zits  et  de  Rulhe^  a  été  formé  dans  un  delta  spécial,  au  sud- 
est  du  bassin,  avec  des  conglomérats. 

Le  faisceau  moyen  a  été  engendré  par  un  delta,  à  Tépoque 
des  calamodendrées  ou  du  stéphanien  supérieur  (conces- 
sions de  CransaCj  etc.). 

Le  faisceau  supérieur  ne  contient  plus  de  conglomérats; 
il  s'est  déposé,  après  un  mouvement  du  sol,  en  discordance 
sur  les  assises  plus  anciennes.  Ce  faisceau,  dit  faisceau  de 
Bourran,  se  retrouve  vers  Decazeville  et  Saint-Roch,  au  nord 
du  bassin. 

La  Compagnie  de  Campagnac  possède,  près  de  Cransac, 
les  concessions  de  Lavemfie  et  du  Mazel  ;  elle  exploite  une 
houille  demi-sèche  à  longue  flamme,  tenant  35  0/0  de 
matières  volatiles  et  8  0/0  de  cendres.  Ce  charbon  est  surtout 
employé  pour  la  forge  et  les  verreries.  Il  sert  aussi  à  la  fabri- 
cation du  gaz,  au  chauffage  domestique  et  au  chauffage  des 
générateurs. 

La  production  a  été,  à  Campagnac,  de  275.000  tonnes  en  1 896. 

La  Société  des  Aciéries  de  France,  qui  exploite,  près  d'Aubin, 
les  concessions  de  Cransac,  de  Combes  et  des  Issards,  pro- 
duit annuellement,  en  moyenne,  350.000  tonnes  de  houille, 
40.000  tonnes  de  briquettes  et  15.000  tonnes  de  coke. 

Le  charbon  extrait  est  du  demi-sec  flambant,  employé 
principalement  pour  la  fabrication  du  gaz,  le  chaufTage  des 
générateurs,  la  céramique  et  la  métallurgie. 


'356  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

Les  mines  de  Decazeville  ont  une  partie  de  leur  exploita- 
lion  à  ciel  ouvert.  Elles  renferment  une  couche  de  houille 
qui  atteint  60  mètres  d'épaisseur.  Cette  puissance  énorme 
complique  l'exploitation  et  occasionne  des  incendies  dans  la 
couche,  par  suite  d'éboulements  et  de  frottements  de  la 
houille,  surtout  au  voisinage  des  travaux  anciens  non  rem- 
blayés, dont  les  boisages  desséchés  facilitent  Tinflammation 
spontanée.  Cette  inflammation  est  provoquée  par  Toxydation 
des  limets  de  pyrite  de  fer  qui  se  trouvent  intercalés  dans 
la  couche  de  houille. 

La  production  a  été,  en  4896,  à  Decazeville  de  426.713  tonnes 
de  houille  grasse  à  longue  flamme  servant  à  la  fabrication  du 
coke  et  du  gaz  et  au  chauffage  domestique. 

Les  mines  de  Decazeville,  exploitées  par  la  Société  de 
Commentry-Fourchambault,  comptent  six  concessions  mesu- 
rant ensemble  2.140  hectares. 

Le  département  de  TAveyron  (16  concessions  exploitées) 
a  produit,  en  1898,  1.083.000  tonnes  de  houille,  en  augmen- 
tation de  6i.000  tonnes  sur  la  production  de  Tannée  précé- 
dente. 

Bassin  houiller  du  Tarn.  —  Dans  le  Tarn,  les  houillères  de 
Carmaux  et  d'Albi  exploitent  un  bassin  qui  contient  plus  de 
grès  que  de  schistes.  On  y  retrouve  la  flore  de  la  base  du  sté- 
phanieu  avec  cinq  couches  exploitables  mesurant  ensemble 
16  mètres  de  charbon.  Le  bassin  s'enfonce  à  l'ouest,  sous 
les  grès  bigarrés. 

Les  mines  de  Carmaux  produisent  annuellement  près  de 
500.000  tonnes  de  houille  grasse,  bonnes  pour  la  forge,  le 
chaufl'age  domestique  et  le  chauffage  industriel.  Ces  mines 
sont  exploitées  depuis  le  commencement  du  xix®  siècle  et 
comprennent  sept  puits,  répartis  entre  quatre  sièges,  qui 
ont  produit  557.000  tonnes  en  1898. 

Les  mines  d'Albin  dont  l'exploitation  ne  date  que  de  1886, 
exploitent,  par  an,  en  moyenne,  100.000  tonnes  de  charbon 
gras  à  longue  flamme,  tenant  30  à  32  0/0  de  matières  vola- 
tiles. Ce  charbon  est  employé  pour  la  forge,  la  fabrication  du 
gaz  et  du  coke.  La  production  des  mines  d'Albi  tend  à 
augmenter  (143.000  tonnes  en  1898). 

Bassin    houiller    de    VHérault.   —  Le    bassin  houiller  do 


LE  CARBONE  ET  SES  COMPOSÉS  357 

THérault  contient  sept  concessions  dont  les  quatre  princi- 
pales ont  été  réunies  par  la  Société  de  Gramessac.  Les 
trois  autres  sont  exploitées  par  la  Compagnie  houillère  de 
rilérault. 

Le  charbon  extrait  est  anthraciteux,  maigre  et  demi-gras, 
et  sert  à  la  fabrication  de  la  chaux  et  des  briques  ;  il  est 
aussi  employé  pour  le  chauffage  domestique  ef  la  fabrication 
du  coke. 

Les  mines  de  Graissessac  produisent  annuellement 
200.000  tonnes  de  houille  environ  {195.753  tonnes  en  1898). 

Bassin  du  Cantal,  —  Dans  les  mines  de  Champagnac^  dans 
le  Cantal,  on  exploite  de  la  houille  grasse  maréchale  propre 
au  chauffage  industriel  et  domestique. 

Production  annuelle,  80.000  tonnes  de  houille  et 
30.000  tonnes  d*agglomérés. 

Bassin  du  Puy-de-Dôme.  —  La  Société  de  la  Haute- Loire 
exploite  dans  quatre  concessions  situées  à  la  limite  du  Puy- 
de-Dôme,  entre  Sainte-Florine  (Haute-Loire)  et  Brassac 
(Puy-de-Dôme),  une  houille  tenant  de  17  à  2'*  0/0 de  matières 
volatiles,  employée  pour  le  chauffage  domestique,  la  forge  et 
divers  usages  industriels  (180.000  tonnes  par  an  environ). 

Les  houillères  de  Saint-Éloy  exploitent  dans  le  Puy-de- 
Dôme  un  charbon  flambant  à  très  longue  flamme  tenant  de 
36  à  40  0/0  de  matières  volatiles,  employé  dans  les  brasseries, 
les  fabriques  de  porcelaine,  etc.  (environ  250.000  tonnes 
par  an). 

La  Compagnie  de  Commentry-Fourchanibault  exploite,  près 
de  Brassac,  trois  concessions  qui  fournissent  annuellement 
environ  80.000  tonnes  de  houille  grasse,  demi-grasse  et 
maigre  au  moyen  de  quatre  puits  d'extraction. 

Des  recherches  sont  faites  actuellement  par  diverses 
Sociétés,  pour  retrouver  le  prolongement  du  bassin,  au 
sud-ouest. 

Bassin  de  la  Creuse  et  de  la  Corrèze.  —  Le  bassin  houiller 
de  la  Creuse  et  de  la  Corrèze  renferme  un  certain  nombre 
de  lentiUes  houillères. 

Le  plus  important  des  gisements  de  la  région  occidentale 
est  celui  d'Ahun,  dans  la  Creuse.  On  y  exploite  des  houilles 
maigres  et  demi-grasses,  propres  à  la  cuisson  de  la  chaux, 


358  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

des  ciments  el  de  la  porcelaine,  au  chauiTage  domestique  et 
à  la  fabrication  des  agglomérés. 

La  production  est  d'environ  200.000  tonnes  de  houille  et 
de  60.000  tonnes  d'agglomérés  par  an. 

Bassin  de  la  Haute-Saône,  —  On  peut  citer  encore  les  mines 
de  Ronchamp  (Haute-Saône),  qui  s'enfoncent  sous  des  grès 
rouges  permieus.  Il  est  possible  que  le  terrain  houiller  de 
Ronchamp  aille  rejoindre  en  profondeur  le  bassin  de  Sarre- 
bruck.  On  exploite,  à  Ronchamp,  trois  veines  principales, 
mesurant  ensemble  près  de  10  mètres  de  charbon  (121.490  t. 
en  1898).  Une  autre  concession  de  houille  exploitée  par  la 
même  Compagnie  dans  la  Haute-Saône,  celle  d'Eboulet,  a 
produit  95.451  tonnes  en  1898. 

Gisements  du  massif  armoricain.  —  Dans  l'ouest  de  la 
France  il  existe  quelques  lambeaux  houillers,  peu  impor- 
tants d'ailleurs. 

Normandie,  —  On  connaît,  en  Normandie,  ceux  de  Littry 
dans  le  Calvados  et  du  Plessis  dans  la  Manche,  qui  appar- 
tiennent au  stéphanien  supérieur.  Les  couches  y  sont  recou- 
vertes en  stratification  concordante  par  des  sédiments  de 
l'époque  permienne.  Elles  ont  été  exploitées  sur  une  lon- 
gueur de  1.500  mètres  et  une  largeur  de  300  mètres. 

Basse  Loire.  —  Dans  la  Mayenne  et  la  basse  Loire,  les  gise- 
ments de  combustibles  contiennent  généralement  des  anthra- 
cites ot  ont  été  étudiés  au  début  de  ce  chapitre. 

A  Touest  du  bassin  de  la  basse  Loire,  on  trouve,  dans  les 
concessions  de  Languin,  de  Montre lais-Mouzcil  et  des  Touches, 
des  houilles  qu'on  a  souvent  assimilées  aux  anthracites  ; 
mais  des  analyses  faites  à  l'École  des  mines  de  Paris  ont 
permis  de  les  classer  parmi  les  houilles  grasses. 

Leur  teneur  en  matières  volatiles  est,  en  effet,  de  20  à 
28  0/0.  Mais  ces  charbons  sont  généralement  assez  chargés 
en  cendres  (10  à  30  0/0)  et  ne  pourront  être  exploités  avan- 
tageusement qu'après  un  traitement  dans  des  lavoirs  à 
charbon. 

II  existe  encore  en  France  un  certain  nombre  de  petits 
bassins,  dans  la  Nièvre  (I)epize),  l'Aude,  etc. 

La  production  totale  de  la  houille,  en  France,  a  été, 
en  1896,  de  28.750.500  tonnes  ;  en  1898,  la  production  a  été 


^^^ 


LE  CARBONE  ET  SES  COMPOSÉS         359 

de  30.172.000  tonnes,  dont  20  millions  de  tonnes  environ 
ont  été  fournies  par.  le  Nord  et  le  Pas-de-Calais. 

En  1880,  la  France  ne  produisait  que  19  millions  de  tonnes 
de  houille. 


GISEMENTS    HOUILLERS   DE    LA  GRANDE-BRETAGNE 

La  Grande-Bretagne  produit  annuellement  environ  200  mil- 
lions de  tonnes  de  houille^  alors  que  le  monde  entier  ne 
produit  que  660  millions  de  tonnes  environ.  C'est  donc  le 
pays  de  la  houille,  par  excellence. 

On  peut  diviser  la  Grande-Bretagne  en  cinq  zones  princi- 
pales de  production,  pour  les  combustibles  minéraux  : 

La  zone  du  Nord  ou  de  TÉcosse  ; 

La  zone  du  Nord-Est  ou  de  Newcastle  ; 

La  zone  du  Centre  et  de  VOuest,  Lancashire,  Derbyshire, 
Yorkshire,  StafTordshire,  etc.  ; 

La,  zone  du  Sud-Ouest,  ou  du  Pays  de  Galles  du  Sud  ; 

Les  gisements  houillers  de  l'Irlande, 

On  étudiera  successivement  chacune  de  ces  régions  : 

Bassin  du  Nord  ou  d'Ecosse.  —  On  trouve,  dans  Tétage  car- 
bonifère, en  Ecosse,  la  succession  suivante,  en  partant  de  la 
surface  : 

50  mètres  de  grès  rouges  et  d'argiles  de  Bothwell; 

350  mètres  de  terrain  houiller  supérieur,  ou  flat-coal 
(avec  grès,  schistes,  argile  et  minerai  de  fer  ou  black-band), 
contenant  onze  veines  de  houille,  mesurant  ensemble  une 
puissance  de  12  mètres  environ  (le  black-band  est  du  minerai 
de  fer  carbonate  qui  fournit  les  fontes  d'Ecosse  si  estimées). 

Lits  de  schistes  avec  minerai  de  fer,  dit  slaty-band; 

110  mètres  de  grès  de  Roslin  ou  Moor  Hock  ; 

90  mètres  de  calcaire  (calcaires  de  Garnkirk); 

Terrain  houiller  inférieur  (avec  schistes  et  black-band), 
contenant  dix-sept  couches  de  houille  reconnues  avec  une 
puissance  totale  de  16  mètres  de  charbon; 

160  mètres  de  calcaire  de  Gilmerton; 

Grès  calcifère. 

La  constitution  de  cet  étage  est  sensiblement  différente 


360  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

de  celle  des  autres  bassins  carbonifères  de  la  Grande-Bretagne. 

Les  gisements  houillers  de  TÉcosse  sont  divisés  en  quatre 
bassins  séparés  par  des  pointemonts  dévoniens.  Ce  sont  les 
bassins  de  Glascow  ou  de  la  Clyde,  d^Edinburg,  du  Fifeshire 
et  de  VAyrshire,  Les  exploitations  se  font  actuellement  entre 
100  et  300  mètres  de  profondeur. 

La  houille  d'Ecosse  a  une  couleur  d'un  noir  rougedtre  et 
elle  renferme  des  veines  mates  d'aspect  schisteux;  elle  est 
plus  tenace  que  celle  de  Newcastle.  Elle  donne  environ 
70  0/0  de  gros  morceaux. 

Les  couches  de  houille  ont  toutes,  eu  Ecosse,  une  puissance 
supérieure  à  0™,60;  l'une  d'elles  atteint,  dans  le  Fifeshire, 
6  mètres  d'épaisseur  ;  une  autre,  le  Great-Seam,  se  poursuit 
sur  20  kilomètres,  avec  une  puissance  constante  de  2"',50. 
Enfin  le  houiller  inférieur  renferme  la  veine  dite  parrot- 
coal,  qui  fournit  la  houille  à  gaz  appelée  cannel-coal  et  le 
boghead  (Voir  le  chapitre  des  Hydrocarbures). 

La  puissance  moyenne  des  veines  est  de  0™,7o  à  i  mètre  ; 
elle  est  très  favorable  à  une  exploitation  économique  du 
gisement.  En  dehors  du  cannel-coal,  la  production  de 
l'JOcosso  en  houille  grasse  est  d'environ  27  raillions  de 
tonnes,  dont  5  millions  environ  sont  exportés  par  Glasgow 
el  Edimbourg,  7  millions  de  tonnes  seulement  en  1854. 

Bassin  houiller  de  Newcastle  ou  du  Nord-Est.  —  Le  bassin  de 
Newcastle  appartient  à  la  partie  supérieure  du  système  car- 
bon  iférien  anglais.  On  peut  rappeler,  à  ce  propos,  les  prin- 
cipaux termes  dont  se  compose,  d'après  M.  HuU,  la  série 
carboniférienne  en  Angleterre. 

Ce  sont,  en  descendant: 

Le  terrain  houiller  supérieur  (L'pper  coal  measures),  avec 
argiles,  brèches,  grès  rougeàtres,  lits  calcaires  et  veines 
de  houille  généralement  minces  (Newcastle  et  Lancashire); 

Le  terrain  houiller  moyen  (Middle  coal  measures),  avec 
argiles,  schistes,  grès  jaunes  et  veines  de  houille  nombreuses 
(bassins  du  centre  et  Pays  de  Galles  du  Nord); 

Le  terrain  houiller  inférieur  (Lower  coal  measures),  avec 
schistes  et  couches  de  houille  à  toit  siliceux  dur  (Ganister) 
(bassin  du  Centre-Sud); 

Le   Millstone  grity  avec  dalles,  schistes,  grès  grossiers  et 


LE  CARBONE  ET  SES  COMPOSÉS         361 

quelques  minces  veines   de  houille  (bassins  du  Centre  et 
Pays  de  Galles)  ; 

Série  (TYoredale,  schistes  et  grès  remplacés,  en  profondeur, 
par  des  schistes  foncés  et  des  calcaires  terreux  (Centre)  ; 

Calcaire  carbonifère  massif,  avec  intervalles  de  grès  et  de 
schistes  (s'étendant  à  peu  près  à  la  base  de  tous  les  bassins 
anglais). 

Les  principaux  districts  du  bassin  de  Newcastle  sont  le 
Durkam  et  le  Northumberland  à  Test;  on  peut  rattacher  à 
ce  bassin  le  district  du  Cumberland  qui  %'étend  à  Touest, 
contre  le  canal  du  Nord. 

Le  bassin  de  Newcastle  est  sillonné  par  de  nombreuses 
failles  (slip  troubles)  et  par  un  grand  nombre  de  dykes 
bas«iltiques  (whin  troubles)  ;  au  voisinage  de  ces  dykes,  les 
couches  ont  subi  des  altérations  profondes.  L'étendue  du 
bassin  est  de  2.000  kilomètres  carrés  environ. 

Le  combustible  extrait  est  un  charbon  gras  à  longue 
flamme,  un  peu  bitumineux,  qui  est  employé  comme  charbon 
à  gaz  (gaz  coal),  comme  charbon  à  coke  (coking  coal),  comme 
charbon  à  vapeur  (steam  coal),  quand  il  n'est  pas  trop  collant, 
et  quelquefois  aussi  comme  charbon  pour  foyers  domestiques 
(bouse  hold  coal),  lorsqu'il  est  bien  dur  et  qu'il  laisse  peu  de 
cendres  en  brûlant. 

Les  houilles  les  plus  riches  en  gaz  sont  fournies  par  les 
couches  supérieures,  au  sud  du  bassin  (Durham),  tandis  que 
les  houilles  h  vapeur  se  rencontrent  plutôt  au  nord  (Nor- 
thumberland). On  compte  dans  le  bassin  plus  de  soixante 
couches  de  houille,  dont  une  vingtaine  sont  fructueusement 
exploitables  et  présentent  une  puissance  totale  moyenne 
de  18  mètres. 

La  production  du  bassin  de  Newcastle  dépasse  annuelle- 
ment 40  millions  de  tonnes,  dont  10  millions  environ  sont 
exportées  par  les  ports  de  la  Tyne  (Newcastle)  et  par  Sun- 
derland,  Hartlepool,  etc.  La  production  n'était  que  de 
16.500.000  tonnes  en  1854. 

Bassins  houillers  du  Centre  et  de  V Ouest.  —  Les  bassins 
houillers  du  Centre  comprennent  le  Lancashire,  le  Der- 
byshire,  le  Staffordshire,  le  Nottinghamshire,  le  Yorkshire,  le 
Leicesterskire,  le  Pays  de  Galles  du  Nord,  etc. 


362  GÉOLOGIE   APPLIQLÉE 

On  y  rencontre  le  houiller  moyen,  le  houiller  inférieur  et 
le  millstone  grit. 

,  Ce  bassin  a  une  superficie  de  plus  de  2.000  kilomètres 
carrés.  Il  plonge  légèrement  vers  Test  où  il  est  recouvert 
par  les  formations  triasiques;  la  chaîne  Pennine,  formée  par 
un  soulèvement  du  calcaire  carbonifère,  sépare  le  bassin  en 
deux  parties.  A  Touest  de  cette  chaîne,  la  série  carbonifère 
affleure.  La  houille  produite  est  de  la  houille  grasse,  qui  sert 
au  chauffage  des  foyers  domestiques,  à  la  fabrication  du  coke 
et  à  celle  du  gaz.  On  y  trouve  aussi  de  la  houille  sèche 
employée  pour  la  métallurgie.  Ces  houilles  sont  très  peu 
exportées,  par  suite  de  Féloiguement  des  côtes. 

Les  couches  sont  très  nombreuses,  peu  inclinées,  épaisses 
de  0™,75  à  1",50  et  souvent  grisouteuses.  Dans  le  Staffordshire 
on  rencontre  la  plus  puissante  des  veines  de  houille  exploitées 
dans  la  Grande-Bretagne  :  c'est  le  Thick  coal,  dont  l'épaisseur 
moyenne  est  de  9  mètres.- La  production  annuelle  est  d'environ 
87  millions  de  tonnes  pour  les  districts  houillers  du  centre. 

Bassin  houiller  du  Su&Ouest,  —  Le  bassin  du  Sud-Ouest  ou 
Pays  de  Galles  du  Sud  comprend  les  districts  de  Clamorgan- 
shirCf  de  Monmouthshire,  de  Pembrokeshire^  de  Camartenshirey 
de  Somersetshire,  de  Gloucestershire,  etc.,  que  Ton  a  déjà 
étudiés  en  partie,  à  propos  de  Tanthracite. 

La  zone  houillère  y  est  limitée,  au  nord,  par  une  arête  de 
terrains  siluriens  et  dévoniens  ;  elle  comprend  une  série  de 
vallées  dirigées  du  nord  au  sud.  Le  bassin  a  une  superficie 
de  2.500  kilomètres  carrés  environ.  Sa  partie  centrale  a  été 
soulevée  par  un  pli  anticlinal  qui  s'étend  de  Test  à  Touest . 
entre  Risca  et  Swansea,  de  telle  sorte  que  les  couches  de 
houille  profondes  de  la  partie  centrale  ont  été  remontées 
pW's  de  la  surface,  ce  qui  facilite  leur  exploitation. 

On  extrait  de  la  région  centrale  une  houille  très  dure  qui 
est  le  type  du  combustible  pour  la  production  de  vapeur,  et 
qu'on  appelle  houille  de  Cardiff,  du  nom  de  son  principal 
port  d'exportation. 

La  partie  occidentale  du  bassin  contient  de  l'anthracite  et 
des  charbons  anthraciteux.  La  région  Nord  fournit  du  charbon 
de  forge,  que  l'on  retrouve  aussi  le  long  de  la  lisière  sud 
avec  d'excellents  charbons  à  coke. 


LE  CARBONE  ET  SES  COMPOSÉS         363 

La  partie  orientale  du  bassin  donne  une  houille  assez 
riche  en  bitume,  intermédiaire  entre  les  houilles  pour  forge 
et  les  houilles  demi-grasses. 

La  production  du  bassin  du  Sud-Ouest  dépasse  annueller 
ment  une  moyenne  de  32  millions  de  tonnes.  Le  prix 
moyen  de  vente  a  été  de  17  francs  par  tonne  en  1899  (char- 
bon à  vapeur,  première  qualité,  sur  bateau);  il  avait  été 
également  de  47  francs  en  1890,  mais  il  était  descendu  jus- 
qu'à 12  francs  en  1893. 

Irlande,  —  En  Irlande  on  trouve  les  formations  carboni- 
fériennes,  avec  un  peu  de  houille,  dans  le  calcaire  carboni- 
fère, à  Tyrone  et  à  Antrim,  vers  le  Nord  ;  dans  les  comtés 
de  Tipperary  et  de  Castlecomer,  on  rencontre  le  terrain 
houiller  inférieur  avec  quelques  mines  de  houille,  et,  en 
dessous,  les  formations  du  millstone  gril.  Le  houiller  moyen 
et  le  houiller  supérieur  n'existent  pas  en  Irlande. 

La  production  de  la  houille,  en  Irlande,  a  atteint 
130.000  tonnes  en  1898. 

Recherches  vers  Douvres.  —  Il  y  a  quelques  années,  un  son- 
dage entrepris  près  de  Douvres,  à  Textrémilé  sud-est  de 
TAngleterre,  a  recoupé  quelques  veines  de  houille  dont  la 
découverte  a  ouvert  des  horizons  nouveaux  à  Thypothèse 
d'un  raccordement  possible  entre  les  gisements  houillers  du 
sud  de  la  Grande-Bretagne  et  le  bassin  franco  belge. 

Jusqu'à  présent  aucun  indice  nouveau  n'est  venu  éclairer 
d'une  façon  précise  cette  hypothèse,  bien  que  de  nombreux* 
forages  aient  été  exécutés  pour  arracher  au  sol,  dans  cette 
région,  ses  secrets  et  ses  richesses. 

I^  production  totale  des  combustibles  minéraux  en  Grande- 
Bretagne  a  été  de  193.487.000  tonnes  en  1896,  représentant 
une  valeur  de  1.429.754.000  francs.  En  1897,  la  production 
totale  de  la  Grande-Bretagne  s'est  élevée  à  205.353.100  tonnes, 
et  la  valeur  de  la  houille  s'est  accrue  considérablement  à 
partir  de  1898,  à  la  suite  d'une  grève  prolongée  des  mineurs  du 
Pays  de  Galles.  La  production  n'était  que  de  150  millions  de 
tonnes  en  1880. 


364  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


•     .         GISEMENTS   HOUILLERS    DE   LA   BELGIQUE 

Le  bassin  franco-belge  a  été  étudié  plus  haut,  à  propos 
des  gisements  houillers  du  Nord  de  la  France;  le  bassin 
belge  en  forme  le  prolongement  vers  Test,  en  se  relevant  un 
.peu,  de  sorte  que  la  houille  vient  généralement  y  affleurer 
sans  morts-terrains,  ce  qui  a  singulièrement  facilité  Texploi- 
.  tation  et  a  évité  les  recherches  longues  et  coûteuses  qui  ont 
retardé  si  longtemps  la  mise  en  exploitation  du  bassin  fran- 
çais. Les  houillères  de  Belgique  ont  été  divisées  administrati- 
vement  en  trois  districts  :  Hainaut^  Namur  et  Liège,  qui  sont 
loin  d'avoir  tous  trois  la  même  importance,  le  premier  étant 
de  beaucoup  le  plus  considérable  et  produisant  15  millions 
de  tonnes  par  an,  alors  que  le  district  de  Liège  n'en  produit 
(]ue  5  millions,  et  celui  de  Namur,  1/2  million  environ. 

La  bande  houillère  s'étend  en  Belgique  sur  une  longueur 
est-ouest  de  170  kilomètres  et  sur  une  largeur  de  10  kilo- 
mètres environ.  Les  couches  ont  été  déhouillées  à  partir 
de  leur  affleurement,  et  la  moyenne  actuelle  du  niveau  d'ex- 
ploitation en  Belgique  est  de  600  mètres  environ.  Quelques 
puits  ont  une  profondeur  qui  dépasse  1.000  mètres.  Il  s'ensuit 
que  le  bassin  belge  tend  à  s'épuiser,  et,  en  tout  cas,  en 
admettant  que  le  terrain  houiller  ait  une  épaisseur  de 
2  à  3.000  mètres,  il  est  certain  que  l'exploitation  devient  de 
jour  en  jour  plus  difflcile  et  plus  coûteuse. 

District  du  Hainaut.  —  Le  district  du  Hainaut  se  divise  en 
trois  parties  :  Borinage,  ou  couchant  de  Mons,  Centre  et 
Charleroi. 

1°  Mines  du  Borinage.  —  En  suivant  le  gisement  houiller 
bcîlge  à  partir  de  la  frontière  de  la  France,  on  rencontre 
d'abord,  dans  le  district  du  Hainaut,  le  bassin  appelé  Bori- 
nage, au  couchant  de  Mons.  Ce  bassin  renferme  surtout  des 
charbons  flambants,  dits  flcnus,  du  nom  d'une  localité  à 
l'ouest  de  Mons.  On  y  recoupe  aussi  des  veines  de  charbons 
à  coke  et  demi-gras.  Quant  aux  charbons  à  courte  flamme, 
ils  sont  très  rares  dans  cette  région. 

Le  Borinage  compte  dix-huit  concessions  en  exploitation. 


LE  CARBONE  ET  SES  COMPOSÉS         365 

Les  principales  sont  : 

'  Grand-Hornu  :  242.000  tonnes  en   1897.  Le  charbon   est 

du  flénu  sec  employé  pour  métallurgie,  navigation,  fours  à 
gaz  et  verreries  ; 

Produits  :  la  production  a  été  de  520.800  tonnes,  en  1897, 
de  flénu  sec  et  demi-sec,  de  charbons  à  gaz  et  de  charbons 

«.  gras  à  longue  flamme  ; 

Rieu-du-Cœur,  dont  le  nord  vient  d'être  repris  par  une 
Compagnie  française  qui  espère  y  retrouver  en  profondeur 
le  beau  faisceau  demi-gras  qui  vient  d'être  reconnu  par  le 
puits  des  Produits,  près  de  Jemmapes.  La  production  du 
Rieu-du-Cœur  a.  été  de  476.000  tonnes  en  1897  (charbon  so<- 
et  gras  à  gaz)  ; 

^  Levant  du  flénu  :  705.000  tonnes  on  1889  et  497.400  tonnes 

'  seulement  en  4897. 

La  production  totale  du  Borinage  ou  bassin  de  Mons  a  été 
de4.536.6i0  tonnes  en  1896  et  de  4.341.170  tonnes  en  1897  ; 
le  prix  de  vente  moyen  à  la  mine,  des  gailleteries  grasses, 
était  de  31   francs  en  1890;  il  s'est  abaissé  à  22  francs  en 

I  1896,  mais  il  atteignait  29  francs  au  début  de  1900. 

}  Les  charbons  flénus  et  à  gaz,  qui  sont  les  plus  voisins  d(^ 

la  surface,  ont  été  les  premiers  exploités.  Actuellement  leur 
extraction  diminue  beaucoup,  et  la  production  des  houilles 
demi-grasses  et  grasses  à  coke  se  développe,  au  contraire, 
à  mesure  que  les  travaux  deviennent  plus  profonds. 

''  2®  Mines  du  bassin  du  Centre.  —  Les   mines  du  Hainaut 

central  produisent  surtout  des  houilles  demi-grasses;  un 
tiers  de  la  production  est  représenté  par  les  houilles  à  coke, 

^  3  0/0  seulement  par  des  houilles  [flambantes.  Les  veines  do 

houille  exploitées  sont  assez  minces,  0™,60  en  moyenne; 
mais  elles  S'jnt  assez  rapprochées,  et  les  étages  d'exploita- 
tion (400  mètres  en  moyenne)  ne  sont  pas  encore  aussi 
profonds  que  ceux   du  reste  de  la  Belgique,  de  sorte  que 

I  le  bassin  du  Centre  est,  en    Belgique,  celui  qui  a  le  plus 

^  d'avenir. 

Sur  vingt-six  concessions  accordées  dans  le  bassin  du 
centre,  vingt  sont  en  exploitation.  Les  principales  sont  : 

fja   bouvière   et   Saint-Vaast   :    377.830  tonnes   on    1807. 


306  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

Charbon  gras  à  courte  flamme  (charbon  dur),  pour  verreries, 
coke  et  fines  forges  ; 

Bascoup  :  589.710  tonnes  en  1897.  Charbon  demi-gras  à 
courte  flamme,  pour  générateurs  tubulaires  et  chaufTage 
domestique  ; 

Mariemont  :  453.860  tonnes  de  charbon  demi-gras  à  courte 
flamme  et  de  charbon  gras  à  courte  flamme  ; 

Ressaix  :  446.080  tonnes  de  charbon  gras  à  courte  flamme, 
pour  la  fabrication  du  coke  et  pour  les  verreries  et  forges. 

La  production  totale  du  bassin  du  Centre  a  été  de 
3.370.6(6  tonnes  en  1896  et  de  3  376.6i0  tonnes  en  1897. 

3°  Mines  du  bassin  de  Charleroi.  —  Les  mines  de  Charleroi 
forment  l'extrémité  orientale  du  bassin  du  Hainaut. 

On  y  exploite,  à  Touest  de  Charleroi,  des  couches  à 
courte  flamme  appelées  demi-grasses  pour  usines  et  foyers 
domestiques.  Au  sud  de  la  Sambrc,  on  trouve  les  houilles 
grasses  et  maréchales  (coke  et  forge)  ;  vers  Test  et  au  nord, 
on  rencontre  les  couches  de  houille  maigre  et  d'anthracite, 
inférieures  aux  précédentes  et  étudiées  plus  haut  au  chapitre 
des  Anthracites.  La  profondeur  moyenne  des  exploitations 
est  à  peu  près  la  mt^me  que  dans  le  bassin  de  Mons. 

Les  principales  exploitations  sont  celles  de  : 

Marcinelle-Nord  :  445.350  tonnes  en  1897,  charbon  gras 
à  longue  flamme  et  à  courte  flamme  et  charbon  demi-gras  ; 

Courcelles-Nord  :  458.400  tonnes  de  charbon  quart-gras, 
employé  pour  chaudières  à  vapeur  et  chauffage  domes- 
tique ; 

Grand'Conty  :  139.300  tonnes  de  quart-gras,  du  type  dit 
de  Gosselies,  pour  chaufTage  domestique  et  générateurs  ; 

Monceau-Fontaine  :  589.200  tonnes  de  charbon  demi-gras, 
pour  générateurs  tubulaires  et  foyers  domestiques  ; 

Sacré-Madame  :  300.600  tonnes  de  charbons  gras  et  demi- 
gras  ; 

Charleroi  (charbonnages  réunis)  :  493.800  tonnes  de  char- 
bon gras  à  longue  flamme  et  de  demi-gras  à  courte  flamme. 
Le  bassin  de  Charleroi  a  la  spécialité  des  charbons  pour 
foyers  domestiques. 

Il  a  produit,  en  1896,  7.527.250  tonnes  de  combustibles  de 
diverses  catégories  et  7.698.000  tonnes  en  1897. 


LE  CARBONE  ET  SES  COMPOSÉS  367 

District  de  Namur.  —  A  la  suite  et  à  Test  du  bussin  de 
Charleroi,  le  gisement  houiller  se  rétrécit  et  disparaît  mémey 
au  levant  de  Namur. 

Le  combustible  exploité  dans  cette  région  se  rapproche 
des  houilles  de  Charleroi;  il  est  employé  par  les  glaceries  de 
la  région,  les  foyers  domestiques,  etc.  Il  est  généralement 
friable  et  donne  une  forte  proportion  de  menu. 

Les  veines  de  houille,  exploitées  autrefois  aux  affleure- 
ments, y  sont  reprises  en  profondeur  depuis  une  vingtaine 
d'années. 

Sur  trente-huit  concessions  accordées  dans  la  province  de 
Namur,  quatorze  seulement  sont  exploitées. 

Les  principales  sont  : 

Ham-sur-Sambre  (140.000  tonnes,  en  1897),  Arsimont 
(120.000  tonnes),  FalisoUe  (105.000  tonnes),  Hasard 
(95.000  tonnes),  etc. 

La  production  totale  a  été  de  511.450  tonnes  en  1896  et  de 
533.580  tonnes  en  1897. 

-District  de  Liège.  —  C'est  seulement  vers  Liège  que   le 
bassin  s'élargit. 

Dans  le  bassin  de  Liège  on  exploite  des  houilles  grasses 

et  demi-grasses  donnant  un  bon  coke,  et  aussi  des  houilles 

.maigres  dans  la  partie  nord  du  bassin.  Sur  les  plateaux  de 

Hervé  on  exploite  des  charbons  demi-gras,  spéciaux  pour  les 

générateur  à  vapeur. 

Les  couches  reconnues  sont  au  nombre  de  cinquante. 
Leur  puissance  moyenne  est  de  0™,40. 

On  pense  que  le  terrain  houiller  doit  avoir  environ  2  kilo- 
mètres d'épaisseur  dans  le  centre  du  bassin  ;  mais  les 
exploitations  ne  descendent  guère  qu'à  400  mètres  jusqu'à 
présent. 

Les  charbonnages  les  plus  importants  sont  : 

Marihaye  :  459.720  tonnes  en  1897.  Charbon  à  gaz,  char- 
bon gras  à  longue  flamme,  charbon  gras  à  coke,  charbon 
demi-gras  pour  générateurs; 

Gosson-Lagasse  :  324.000  tonnes  en  1897  ; 

Horloz  :  409.913  tonnes  ; 

Ressaies- Artistes,  à  Jemeppe  :  355.800  tonnes  ; 


368  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Sclessin,  à  Ougrée  :  325.600  tonnes  ; 
La  Haye,  à  Liège  :  349.250  tonnes. 

La  production  totale  du  bassin  de  Liège  a  été  de 
5.256.191  tonnes  en  1896  et  de  5.533.747  tonnes  en  1897. 

« 

Les  bassins  houillers  de  la  Belgique,  comme  le  bassin  du 
Nord  de  la  France,  ont  étu  affectés  par  le  ridement  du  Hainaut, 
qui  a  repoussé  la  crête  du  Condros  contre  le  bord  méridional 
du  bassin  de  Namur  ;  mais  les  dislocations  postérieures  qui  ont 
donné  naissance  à  la  faille  Limite  et  au  cran  de  retour  (Voir 
Bassin  du  Nord  de  la  France)  n'ont  affecté  que  la  partie 
occidentale  de  la  zone  houillère,  à  partir  de  Charleroi  jusqu'au 
Boulonnais. 

La  production  totale  des  combustibles  minéraux  en  Bel- 
gique a  été,  en  1896,  de  21.252.400  tonnes,  représentant  une 
valeur  de  40.402.000  francs.  En  1898,  la  production  a  été  de 
22.088.000  tonnes.  Elle  était  de  16.886.698  tonnes  seulement 
en  1880. 

GISEMENTS   HOUILLERS   d'aLLEMAGNB 

Au-delà  de  la  Meuse,  le  bassin  franco-belge  se  relie  au 
bassin  de  la  Westphalie  par  le  gisement  houiller  souterrain 
diiLimbourg,  Depuis  quelques  années,  un  certain  nombre  de 
recherches  et  d'exploitations  ont  été  entreprises  dans  le 
Limbourg  allemand  et  hollandais,  et  quelques-unes  ont  été 
couronnées  de  succès. 

Dans  le  riche  bassin  de  la  Westphahe  on  retrouve  la  com- 
position du  terrain  houiller  franco -belge,  avec  une  régu- 
larité beaucoup  plus  grande.  Mais,  à  Test  de  ce  bassin,  au 
voisinage  des  massifs  du  Harz,  de  la  Bohême  et  de  la  Saxe, 
les  terrains  se  modifient  sans  discontinuité  apparenté,  et  le 
dépôt  carbonifère  cède  la  place  à  des  assises  argileuses  ou 
gréseuses.  On  retrouve  bien,  dans  la  Thuringe  et  dans  la  Saxo, 
des  dépôts  houilles,  mais  ce  n'est  que  vers  les  frontières 
de  la  Russie,  en  Silésie,  que  le  calcaire  carbonifère  reparait 
avec  une  formation  houillère  régulière  et  abondante,  qui  se 
dirige  probableilfiiwit  vers  Timporiant  bassin  houiller  russe 
du  Donetz. 


LE  CARBONE  ET  SES  COMPOSÉS         369 

Basslxs  de  la  Wbstphalik.  —  Près  de  la  frontière  belge,  et 
dans  le  prolongement  du  bassin  de  Liège,  on  rencontre,  en 
Allemagne,  les  deux  bassins  houillers  de  la  Wurm^  près  d'Aix- 
la-Chapelle,  et  iïEschweilerj  sur  Tlnde. 

Gisements  d^ Aix-la-Chapelle,  —  Ces  bassins  profonds,  mais 
parfois  tourmentés,  renferment  des  houilles  à  gaz,  des 
bouilles  grasses  à  longue  flamme  et  des  houilles  demi-grasses. 

Les  houilles  les  plus  maigres  seules  affleurent;  les  couches 
plus  grasses  sont  masquées,  comme  en  Belgique  et  en  France, 
par  le  terrain  crétacé. 

Le  calcaire  carbonifère  de  la  base  débute,  yers  Aix-la- 
Chapelle,  jusqu'à  Dusseldorf,  par  un  calcaire  cristallin  qui 
devient  dolomitique  en  hauteur,  où  il  est  surmonté  par  les 
schistes  alunifères  du  culm  (schistes  à  posidonies). 

Le  houiller  de  base  qui  repose  sur  ces  schistes  est  formé 
d'un  grès  stérile  [flôtileerer  sandstein)^  équivalant  au  millstone 
grit  d'Angleterre. 

Les  couches  de  charbon,  assez  régulières,  qui  se  trouvent 
dans  le  terrain  houiller  productif,  fournissent  annuellement, 
dans  la  région  d'Aix-la-Chapelle,  1  million  et  demi  de 
tonnes. 

Gisements  de  la  Ruhr.  —  Le  bassin  de  la  Ruhr,  relié  au  bassin 
franco-belge  par  les  gisements  de  la  Wurm  et  de  l'Inde,  en 
forme  le  prolongement  au  nord-est.  Il  s'élend  dans  la  pro- 
vince de  Westphalie  et  dans  la  province  Rhénane.  Les  ter- 
rains de  base  sont  sensiblement  les  mêmes  depuis  Dussel- 
dorf jusqu'à  Iserlohn;  mais,  à  Test  de  ce  point,  un  échange 
complet  se  produit  entre  le  culm  et  le  calcaire  carbonifère  : 
il  consiste  tout  d'abord  en  intercalations  de  schistes  siliceux 
et  alunifères  dans  le  calcaire  ;  peu  à  peu  le  calcaire  dispa- 
raît, mais  les  schistes  qui  le  remplacent  renferment  encore 
des  espèces  dinantiennes  [Streptorhynchus  (orthis)  crenis- 
tria  et  Cladachonus  Michelini], 

La  formation  houillère  qui  surmonte  ces  terrains  de  base 
semble  avoir  une  épaisseur  de  2..H00  mètres  ;  elle  renferme 
cent  trente-deux  couches  de  charbon,  dont  soixante-quinze 
sont  exploitables  et  mesurent  ensemble  une  puissance  de 
près  de  80  mètres. 

Le  bassin  de  la  Ruhr  est  beaucoup  plus  régulier  que  le 

OftOLOOIB.  24 


:)70  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

bassin  franco-belge;  les  couches  de  houille  y  sont  moin» 
bouleversées  et  bien  plus  économiquement  exploitables.- Le 
bassin  a  la  forme  d*une  lentille  longue  de  100  kilomètres, 
du  nord-est  au  sud-ouest,  et  large,  en  son  milieu,  de  35  kilo- 
mètres environ. 

Dans  les  gisements  de  Westphalie,  les  couches  du  centre 
et  du  sud  sont  assez  fortement  plissées,  et  il  est  à  noter  que 
les  failles  que  Ton  rencontre  dans  celte  région  coupent  les 
veines  suivant  des  angles  très  aigus  et  contrairement  à  la 
règle  de  Schmidt,  qui  est  presque  toujours  vérifiée  dans  le 
bassin  franco-belge. 

Dans  la  région  de  Dortmund  on  exploite  des  veines  grasses 
à  longue  flamme,  correspondant  à  celles  des  faisceaux 
de  Bruay  et  de  Maries  (Voir  Bdssin  du  Nonl  de  la  France)  ; 
dans  la  région  de  Bochum,  au  sud-ouest,  on  exploite  un  fais- 
ceau gras  à  gaz,  analogue  à  celui  de  Lens  et  de  Liévin;  et 
enfin,  à  Touest,  vers  Essen,  on  exploite  des  charbons  gras  de 
forge  que  l'on  peut  assimiler  à  ceux  de  Douchy.de  Donain 
et  d'Anzin.  Les  charbons  maigres  affleurent  au  sud  du  bas- 
sin, le  long  de  la  Ruhr. 

La  production  annuelle  du  bassin  de  la  Ruhr  atteint 
environ  40  millions  de  tonnes,  alors  qu'elle  notait  que  de 
23  millions  de  tonnes  en  1881. 

D'après  les  études  du  D*"  Runge,  le  bassin  westphaliea 
contiendrait  une  richesse  houillère  que  Ton  peut  évaluer  à 
30  milliards  de  tonnes. 

11  milliards  de  tonnes  jusqu'à  700  mètres; 

7  milliards  de  tonnes  entre  700  et  1.000  mètres; 

12  milliards  détonnes  au-dessous  de  1.000 mètres. 

Bassin  d'Osnabruiîk.  —  Au  nord-est  de  Dortmund,  près 
d'Osnabruck,  on  retrouve  un  lambeau  houiller  qui  est 
exploité  à  Piesberg  et  à  Ibbettburen  et  qui  produit  environ 
25(^000  tonnes  par  an. 

Bassin  de  Hanovre.  —  En  s'éloignant  vers  Test,  on  ren- 
contre un  gisement  de  houille  exploité  au  sud  de  la  ville  de 
Hanovre,  à  Deister  et  à  Osterwald.  Ce  gisement  appartient  au 
terrain  wealdien  et  produit  prf's  de  800.000  lonnes  par  an. 


LE  CARBONE  ET  SES  COMPOSÉS  37i 

Bassin  de  Saarbrugk.  —  Dans  le  Palatinat,  au  sud  des  pro- 
vinces Rhénanes  et  de  la  chaîne  du  Hunsrûck,  on  exploite 
autour  de  Saarbruck,  Saarlouis  et  Ottweiler,  un  gisement 
houiller  assez  important,  qui  produit  près  de  0  millions  de 
tonnes  par  an.  Le  bassin  occupe  une  superûcie  de  3.000  kilo- 
mètres carrés  environ.  Les  veines  plongent  de  15*  en  moyenne 
vers  le  sud-ouest  et  sont  formées  de  charbons  maigres, 
demi-gras  et  gras  à  longue  flamme.  La  flore  des  couches  de 
Saarbruck  se  rapproche  de  celle  des  charbons  à  gaz  de 
Grenay  (Pas-de-Calais). 

On  estime  que  le  bassin  renferme  encore  i4  milliards 
de  tonnes  de  houille,  dont  3  milliards  au-dessus  de  700  mètres 
de  profondeur,  et  qu'il  mesure  6.000  mètres  de  profondeur, 
avec  164  couches  de  houille,  dont  77  exploitables  repré- 
senteraient une  puissance  de  70  mètres  environ. 

De  nombreux  sondages  ont  permis  de  retrouver  le  prolon- 
gement du  bassin,  au  sud-ouest  de  la  Saar,  dans  la  Lorraine 
annexée. 

H  est  probable  qu'on  retrouvera  un  jour,  vers  le  Rhin,  des 
gisements  houillers  se  rattachant  aux  formations  de  Saar- 
bruck. 

Les  charbons  de  Saarbruck,  très  riches  en  matières  vola- 
tiles, ne  donnent,  par  calcination,  que  50  0/0  de  coke;  on 
emploie  cependant  une  assez  grande  quantité  de  menus 
pour  faire  du  coke.  Le  reste  de  la  production  est  employé 
pour  la  métallurgie  et  les  industries  locales.  Le  charbon  de 
Saarbruck  se  vendait  en  moyenne  13  fr.  50 à  la  mine  en  1890; 
le  prix  de  la  tonne  est  descendu  à  11  fr.  80  en  1895;  il  est 
remonté  à  13  fr.  .30  à  la  On  de  1899. 

Les  principales  mines  sont  celles  d'Heinitz,  1 .200.000  tonnes  ; 
de  Kônig,  800.000  tonnes  ;  de  Gerhard-Luisenthal,  700.0C0 
tonnes;  eici 

Bahsins  de  la  Fra.nconie.  —  A  l'est  du  Palatinat,  entre  la 
Franconie  et  la  haute  Bavière,  il  existe  plusieurs  bassins 
houillers,  auxquels  le  ^voisinage  de  la  ville  de  Munich  a 
donné  une  certaine  importance.  On  peut  citer  ceux  de  Peni- 
berg,  de  Unter-Frememberg  et  de  Miesberg,  qui  produisent 
annuellement  environ  1  million  de  tonnes  de  houille. 

Bassin  de  la  Saxe.  —   Le  centre  de  l'Allemagne  contient 


372  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

quelques  gisements  de  houille,  outre  les  bassins  lignitifères, 
que  Ton  examinera  plus  loin.  La  formation  carboniférienne 
franco-belge,  qui  disparaît  à  Test  de  la  Westphalie,  ainsi 
qu'on  Ta  indiqué  plus  haut,  se  retrouve  en  Saxe,  où  le  culm 
représente  tantôt  l'assise  des  ampélites  de  Ghokier,  tantôt 
le  calcaire  carbonifère  proprement  dit. 

Le  carboniférien  est  généralement  constitué  dans  cette 
région  par  des  grès  et  des  conglomérats. 

En  certains  points,  il  renferme  des  lits  de  houille,  comme 
à  Ebersdorfy  à  Potschappel  et  à  Hainichen  près  de  Dresde  et 
des  mines  de  Freyberg;  ailleurs,  il  est  surmonté  de  gîtes 
houillers,  comme  à  Plauen  et  à  ZwickaU'Chemnitz,  Les  mines 
de  Plauen  ont  une  production  assez  faible  :  600.000  tonnes 
environ  ;  quant  à  celles  de  Zwickau,  elles  atteignent  près  de 
4  millions  de  tonnes.  Le  bassin  de  Zwickau  s'étend  sur 

30  kilomètres  de  long  et  10  de  large. 

Bassin  de  la  Bassr-Silésie.  —  Le  bassin  de  la  Basse-Silésie 
est  situé  près  de  Waldenbourg,  non  loin  de  la  frontière  de 
la  Bohême  et  de  la  Saxe  ;  son  développement  a  été  favori s(^ 
par  la  facilité  d'écoulement  de  ses  produits,  à  cause  du  voisi- 
nage de  la  région  industrielle  très  active  de  l'Oder  et  de  la 
proximité  de  l'importante  ville  de  Breslau. 

Le  culm,  qui  se  présente  en  Saxe  sous  un  faciès  spécial, 
se  retrouve  en  Basse-Silésie.  Il  renferme  des  couches  conte- 
nant des  fossiles  du  calcaire  carbonifère.  Ainsi  on  y  ren- 
contre des  couches  de  calcaires  à  Productus  giganteus,  qui 
indiquent  un  dépôt  marin  littoral.  La  Basse-Silésie  renferme 

31  veines,  tenant  ensemble  40  mètres  de  charbon. 

Le  terrain  houiller  de  la  Basse-Silésie  comprend  deux  fais- 
ceaux de  couches  :  les  courbes  de  Waldenbourgy  qui  appar- 
tiennentà  la  partie  supérieure  du  culm, dont  elles  contiennent 
encore  la  flore,  et,  au-dessus,  les  couches  de  Schatziar, 
qui  correspondent  au  westphalien.  La  production  de  la 
Basse-Silésie  est  d'environ  4  millions  et  demi  de  tonnes  de 
houille  en  Saxe,  et  de  3  millions  et  demi  en  Prusse. 

Bassln  de  la  IIaute-Silésie.  —  Le  bassin  de  la  Haute-Silésie 
est  le  plus  important  de  TAllemagne  après  le  bassin  de  la 
Ruhr.  11  est  situé  au  sud-est  de  l'Allemagne,  à  cheval  sur  la 
Hongrie  et  la  Russie,  de  sorte   qu'on   exploite  les  mêmes 


LE   CARBONE   ET   SES   COMPOSÉS  373 

couches  de  houille  dans  trois  pays  diiïérents.  La  superûcie 
exploitable  reconnue  est  de  5.600  kilomètres  carrés  environ. 
Le  culm  atteindrait,  dans  la  Haute-Silésie,  une  épaisseur 
de  14.000  mètres,  diaprés  M.  Siur.  Le  terrain  houiller  qui 
repose  sur  le  culm  a  pris  également  un  développement  con- 
sidérable. On  y  compte,  dans  la  partie  occidentale  de  la 
Silésie  et  en  Moravie,  104  couches  de  houille  mesurant 
ensemble  154  mètres  de  houille.  On  rencontre,  à  la  base,  les 
couches  d*0«trau (Moravie),  qui  contiennent  des  spécimens  de 
la  flore  du  culm,  dont  elles  représentent  la  zone  supérieure; 
au-dessus  on  trouve  les  couches  de  Schwadowitz,  qui  repré- 
sentent le  sommet  du  westphalien,  et  les  couches  de 
Radcwenz,  qui  appartiennent  au  stéphanien. 

Dans  la  Pologne  russe,  vers  Dombrowa,  on  rencontre  une 
veine  de  houille  principale  de  20  mètres  de  puissance  (houille 
demi-grasse  à  longue  flamme,  impropre  à  la  fabrication  du 
coke).  Près  de  la  frontière  de  la  Prusse,  cette  couche  se 
divise  en  deux,  par  F  interposition  d'un  lit  de  schistes;  le 
charbon  devient  plus  gras  et  peut  fournir  du  coke.  A  mesure 
qu'on  avance  vers  Touest,  les  couches  se  divisent  de  plus  en 
plus,  et  leur  puissance  totale  augmente  rapidement. 

A  15  kilomètres  à  Touest  de  la  frontière  russe,  on 
recoupe  déjà  cinq  couches  principales,  donnant  ensemble 
près  de  30  mètres  de  houille. 

Cette  houille  est  employée  à  la  fabrication  du  coke  dans  la 
Silésie  centrale,  entre  Zabrze  et  Beuthen  ;  elle  est  utilisée 
pour  la  métallurgie  du  fer  et  du  zinc,  et  elle  entre  en  grande 
partie  dans  la  consommation  de  la  ville  de  Berlin. 

1^  production  du  bassin  de  la  Haute-Silésie  est  de 
17  millions  de  tonnes  environ  en  Allemagne  ;  elle  atteint 
près  de  20  millions  de  tonnes  au  total,  réparties  entre 
TAUemagne,  la  Russie  et  rAutriche-Hongrie. 

1^  production  totale  de  l'Allemagne  a  été,  en  1897,  de 
91.007.600  tonnes  de  houille. 

GISEMENTS   HOUILLERS   DE   RUSSIE 

La  Russie  contient  trois  bassins  houillers  principaux  : 
celui  du  Donetz,  celui  de  Moscou  et  celui  de  TOural. 


374  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Bassin  du  Donetz.  —  Le  bassin  du  Donetz  peut  être  consi- 
déré comme  le  prolongement  de  celui  de  la  Haute-Silésie, 
en  passant  par  les  gisements  de  la  Pologne,  à  MUowwé, 
Zagorzé  et  Dombrowa^ei,  en  se  continuant  en  profondeur  vers 
Kiemcé  et  Slawkov  ;  il  possède  une  flore  qui  caractérise  le 
faciès  habituel  du  westphalien  moyen. 

La  houille,  maigre  et  anthraciteuse  à  la  base  et  plus 
grasse  en  hauteur,  où  elle  donne  jusqu'à  74  0/0  de  coke 
vers  Makéevsk,  se  trouve  au  contact  de  schistes  à  Spirifer 
mosquénsis  el  est  surmontée  par  des  argiles,  des  psammites, 
et  des  calcaires  à  fusulines.  A  la  base  de  la  cuvette  houillère, 
se  trouve  un  calcaire  à  Productus  giganteus  et  en  dessous 
des  grès,  des  conglomérats  et  des  schiste^.  Le  bassin  du 
Donetz,  qui  s'étend  dans  le  gouvernement  d'Ekaterinoslaw, 
entre  le  Don  et  le  Dnieper  (gisements  de  Nikitskoié,  de 
Korsounsk,  de  Nerovka,  de  Mikhaîlovka,  de  Rielaîa,  de 
Makeevsk,  de  Lissitchansk,  etc.))  contient  environ  22.000  kilo- 
mètres carrés  de  terrain  houiller  où  Ton  a  déjà  reconnu 
plus  de  deux  cents  veines  de  houille  de  bonne  qualité. 

Bassin  db  Moscou.  —  Le  bassin  de  Moscou  s'étend  entre  la 
partie  sud  du  gouvernement  de  Nijni-Novogorod  et  la 
région  d'Arkhangel  en  traversant  les  gouvernements  de 
Riazan,  Toula  y  Moscou  et  Olonetz.  C'est  le  bassin  carboni- 
férien  le  plus  vaste  de  la  Russie  ;  il  renferme  des  couches 
de  houille  exploitables  dans  sa  partie  inférieure  :  les  veines 
de  charbon  se  trouvent  intercalées  dans  des  grès  et  des 
sables  quartzeux  avec  lits  calcaires  à  Productus  giganteus. 
Elles  renferment  de  iO  à  40  0/0  de  cendres,  sont  parfois 
très  pyriteuses  et  se  rapprochent  souvent  plus,  comme  com- 
position, du  lignite  que  de  la  houille. 

Le  houiller  du  bassin  de  Moscou  appartient  à  la  base  du 
westphalien  et  à  la  partie  supérieure  du  çulm  dont  on 
retrouve  la  flore  dans  les  couches  de  houille  aux  environs 
de  KharkofT.  Les  principales  exploitations  sont  celles  de 
Malevkay  de  Novoselebnoé,  de  Mouraevnia  et  de  Tchoulkow. 

Bassin  de  l'Oural.  —  Le  bassin  de  l'Oural  est  formé  du 
même  système  de  terrains,  contenant  à  la  base  quelques 
couches  de  houille  à  allures  irrégulières  et  en  chapelet.  Ces 
couches  sont  recouvertes,  dans  la  partie  profonde  du  bassin, 


LE  CARBONE  BT  SES  COMPOSÉS         375 

par  i.500  mètres  de  calcaires  fétides  à  silex,  de  couleur 
foncée,  surmontés  par  le  calcaire  moscovien  brun  et  gris 
avec  silex.  L'ouralien  de  la  partie  supérieure  est  masqué 
en  certains  points  par  les  couches  d'Artinsk  à  ammonitidés, 
que  leur  flore  semble  rattacher  à  la  base  du  permien. 

Les  gisements  principaux  sont  ceux  de  Lountva,  de  Gou- 
lakhûy  de  Korchounotvsk  et  d^Ilimsk,  le  long  de  la  Tchousso- 
waia  et  entre  Perm  et  Ekaterinbourg,  et  ceux  tTEgorchinsk 
et  de  Fadinshy  sur  le  versant  oriental  de  T Oural. 

Il  existe  de  plus,  en  Russie,  quelques  petits  gisements 
houillers,  à  Thwiboule,  près  de  Kutaïs,  au  sud  du  Caucase  et 
à  Samara^  près  de  Stavropol,  entre  le  Caucase  et  le  Volga. 

La  Russie  a  produit,  en  1897,  8.235.000  tonnes  de  houille, 
contre  7.750.000  tonnes  en  t896  et  4.272.000  tonnes  seulement 
en  1885.  Depuis  quelques  années,  Tindustrie  minière  et  métal- 
lurgique se  développe  d'une  façon  considérable  en  Russie, 
et  de  nombreuses  recherches  permettent  d'espérer  que  de 
nouvelles  richesses  houillères  pourront  être  mises  en  exploi- 
tation et  faciliter  Téveil  industriel  de  ce  grand  pays. 


GISEMENTS   HOUILLERS    d'eSPAGNE 


En  Espagne,  la  formation  houillère  est  peu  abondante. 

On  trouve  quelques  gîtes  houillers  dans  les  Pyrénées,  à 
Sare^  près  d'Ibantelli,  et  à  la  descente  de  la  Hhiine.  Ces 
gites  appartiennent  à  la  partie  supérieure  du  stéphanien. 

11  existe  aussi  quelques  gisements  houillers  à  Belmez  et  à 
Villn-Nueva  près  de  Cordoue  et  près  de  Penarroya  dans  la 
province  de  Badajoz.  Dans  la  province  de  Ciudad-Real,  se 
trouve  un  autre  bassin  houiller,  à  PuertoUano  ;  ce  bassin 
été  déposé  dans  une  dépression  des  terrains  siluriens.  11  doit 
correspondre,  d'après  les  végétaux  fossiles  que  renferment 
ses  couches,  à  la  tête  du  stéphanien. 

L'Espagne  n'a  produit  que  i. 883. 500  tonnes  de  combus- 
tibles en  4897.  Elle  est  en  progression,  puisqu'en  1880  sa 
production  n'atteignait  que  850.000  tonnes. 


376  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 


GISEMENTS   HOUILLBRS   o'aUTRIGHE-HONGRIE 


En  Autriche-HoDgrie,  la  houille  est  assez  rare,  et  les 
combustibles  minéraux  que  Ton  rencontre  sont  principale- 
ment des  lignites  de  diverses  qualités,  sauf  en  Bohême,  en 
Silésie  autrichienne,  en  Moravie  et  en  Galicie  où  se  trouvent 
des  exploitations  houillères^  dont  on  a  parlé  à  propos  des 
bassins  de  la  Haute  et  de  la  Basse-Silésie. 

La  métallurgie  est  réduite,  dans  certaines  régions  de 
la  Hongrie,  à  employer  pour  la  production  de  la  fonte,  des 
hauts-fourneaux  au  bois  ou  d'avoir  recours  aux  houilles  de 
la  Silésie  ou  de  la  Bohême. 

Cependant,  dans  le  Banat,  on  trouve  de  bons  gisements 
de  houille  liasique  et  primaire  propn*  à  la  carbonisation. 

La  production  de  la  houille,  en  Autriche-Hongrie,  a  été 
la  suivante  en  1898:  Bohême,  4.043.394  tonnes;  Silésie, 
4.548.344  tonnes;  Moravie,  i. 509. 378  tonnes;  Galicie, 
794.132  tonnes;  et  Basse  Autriche,  51.871  tonnes;  soit,  au 
total,  10.9i7.119  tonnes,  dont  1.650.000  tonnes  ont  été  trans- 
formées en  coke. 


AUTRES   GISEMENTS   d'eUROPE 


On  peut  citer  encore  en  Europe,  comme  pays  producteurs 
do  houille  :  la  Suède,  qui  a  produit,  en  1896,  225.8i8  tonnes 
de  combustibles  minéraux,  près  de  Gothembourg. 

Quant  à  Vltalie,  elle  renferme  quelques  schistes  à  végé- 
taux avec  (les  conglomérats  renfermant  des  veines  minces 
de  charbon,  en  Toscane  et  en  Sardmgne, 

En  Turquie,  on  a  aussi  reconnu  quelques  lambeaux  houil- 
lors  sur  les  bords  de  la  mer  de  Marmara  et  de  la  mer  Noire. 

En  Roumanie,  il  existe  des  gisements  de  houille  anthraci- 
teuse,  à  Skela,  à  Drâgoesti  et  à  Larga-Stancesti,  et  de  houille 
ligniteuse  (schwarzkohle),  à  Brandûsa,  à  Piscu-en-Bradi,  à 
Bacau,  à  Buzeu,  à  Putna,  etc. 


LE   CARBONE   ET   SES   COMPOSÉS  377 


GISEMENTS   HOU1LLER3   d'aSIB 


Il  est  probable  que  la  mer  carboniférienne  allait  de  TOural 
jusqu'au  Pacifique,  en  passant  au-dessus  de  la  région  de 
THimalaya,  car  on  retrouve  dans  TAsie  centrale  la  flore  du 
culm. 

Gisements  de  l'Asie-Mineurb.  —  A  Héraclée  ou  Eregli,  sur 
la  côle  méridionale  de  la  mer  Noire,  on  vient  de  reprendre, 
il  y  a  quelques  années,  l'exploitation  d'un  petit  gisement 
houiller  qui  avait  été  exploité  activement  à  Tépoque  de  la 
guerre  de  Crimée. 

Gisements  di  la  Chine.  —  La  mer  carboniférienne  recou- 
vrait la  Chine  et  s'étendait  jusqu*au  Tonkin,  en  passant  par 
les  provinces  de  Chan-Si  et  de  Hunan.  Dans  ces  provinces, 
on  retrouve,  au-dessus  du  calcaire  marin,  des  bassins  houil- 
1ers  qui,  par  leur  flore,  correspondent  à  l'étage  stéphanien. 

Ces  bassins  donnent  de  la  houille  propre  à  faire  du  coke 
métallurgique,  de  même  que  quelques  gisements  situés  au 
nord  de  Shanghai,  vers  le  cours  supérieur  du  Yong-Tse- 
Kiang  et  dans  la  province  de  King-hua. 

Les  gisements  houillers  de  la  Chine  occupent  une  surface 
qu'on  peut  estimer  à  500.000  kilomètres  carrés  ;  mais  ils 
sont  à  peine  exploités. 

<iisEMENTs  DU  ToNkiN.  —  Au  Tonkifi,  le  houiller  repose  sur 
le  calcaire  carbonifère,  à  la  base  duquel  on  retrouve  des 
grès  dévoniens  visibles  aux  environs  de  Thaï-Nguyen. 

Les  gisements  exploités  à  Kebao,  Hongay  et  Dong-Trieu 
fournissent  un  combustible  maigre  anthraciteux  générale- 
ment friable,  dont  la  teneur  en  matières  volatiles  augmente 
à  mesure  qu'on  s'éloigne  de  la  mer  (matières  volatiles  =  8  à 
12  0/0;  cendres  =  2  à  4  0/0).  L'exploitation  de  ces  gise- 
ments n'a  pas,  jusqu'à  présent,  donné  de  très  bons  résultats, 
par  suite  des  difficultés  qu'on  éprouve  à  se  procurer  la  main- 
d'œuvre  ;  cependant  Hongay  a  produit,  durant  ces  dernières 
années,  une  centaine  de  mille  tonnes  par  an,  et  les  char- 
bonnages du  Tonkin  semblent  appelés  à  devenir  prospères» 
grâce  au  développement  rapide  de  notre  colonie  d'Extrême- 
Orient. 


378  GÉOLOGIE   ÂPPLIQ13ÉB 

A  That-Nguyen^  la  houille  est  un  peu  plus  grasse  et  plus 
dure;  elle  n'est  pas  encore  exploitée,  les  gisements  de  cette 
région  n'en  étant  qu'à  la  période  des  recherches.  A  Yen-Bay, 
on  trouve  une  houille  oxygénée,  à  longue  flamme,  donnant 
un  coke  friable,  impropre  à  lu  métallurgie.  Près  de  la  fron- 
tière nord-est  du  Tonkin,  il  existe,  à  Pak-hoi,  un  charbon 
flambant  d'assez  bonne  qualité. 

Gisements  du  Japon.  —  La  houille  que  l'on  trouve  au  Japon 
est  bitumineuse  et  de  formation  géologique  relativement 
récente;  elle  est  sujette  à  la  combustion  spontanée.  Les 
principaux  gisements  sont  ceux  de  l'île  Kiousiou  qui  four- 
nissent 87  0/0  de  la  production  totale  du  Japon  (mine  de 
Mûke).  La  production  du  Japon,  qui  était  de  2  millions  de 
tonnes  en  1888,  a  atteint  6  millions  de  tonnes  en  1897. 

Gisements  de  l'inde.  —  Il  existe  encore  en  Asie  des  gise- 
ments de  combustibles  minéraux  qui  s'étendent  à  l'ouest  de 
Calcutta  jusqu'aux  plaines  du  Gange,  au  nord,  dans  l'Inde  : 
3.909.581  tonnes  en  1897,  valant  12.309.845  francs.  Tous  les 
gisements  d'Asie  sont,  en  somme,  peu  connus,  et  leur  produc- 
tion est  assez  peu  considérable  :  9  millions  de  tonnes  au  total 
en  1896. 


GISEMENTS   UOUILLERS    d'aFRIQUE 


En  Afrique,  on  ne  peut  guère  citer  que  les  gisements 
houillers  du  Zambèze  (22  0/0  de  matières  volatiles  et  18  0/0 
de  cendres),  qui  s'étendent  aux  environs  de  Tftey  le  long  du 
Muaraze,  et  qui  contiennent  la  flore  du  stéphanien  d'Europe, 
ceux  de  la  côte  du  nord-ouest  de  Madagascar  qui  semblent 
assez  importants  et  qui  renferment  une  houille  de  bonne 
qualité  et  ceux  de  la  colonie  du  Cap  et  du  Tramvaal,  qui 
prennent  une  certaine  importance  par  suite  de  la  mise  en 
exploitation  des  gîtes  aurifères  du  Transvaal.  La  production 
de  la  houille  au  Transvaal  a  atteint  1.907.808  tonnes  en  1898, 
représentant  une  valeur  de  16.875.000  francs.  La  production 
n'était  que  de  548.000  tonnes  en  1893. 


LE   CARBONE   ET   SES   COMPOSÉS  379 

GISEMENTS  HOUILLERS   d'aSII^.RIQUE 

Amérique  ou  Nord.  —  L'Amérique  du  Nord  comprend  trois 
grands  bassins  houillers  :  celui  de  la  Nouvelle-Ecosse,  ou  du 
Canada,  celui  des  Apalaches  et  celui  de  Tlllinois. 

Bassin  de  la  Nouvelle-Ecosse,  —  Le  bassin  de  la  Nouvelle- 

ê 

Ecosse  comprend  1.000  mètres  de  terrain  houiller  supérieur; 
i  .200  mètres  de  houiller  moyen  (coal  measures)  et  1.500  mètres 
de  grès  et  schistes  (millstone  grit)  reposant  sur  les  calcaires 
de  Windsor.  Les  formations  houillères  se  rapprochent  beau- 
coup de  celles  de  l'Angleterre;  elles  s'étendent  dans  le 
NouveaU'Brunswick,  le  Canada  et  la  Colombie  britannique.  Le 
gisement  du  Nouveau-Brunswick  semble  se  prolonger  à 
Terre-Neuve,  où  Ton  a  observé  plusieurs  couches  de  houille. 

La  production  du  Nouveau-Brunswick  a  été  de  7.000  tonnes 
en  1897.  La  Colombie  britannique  a  produit,  la  même  année, 
896.980  tonnes,  valant  13.242.810  francs,  et  la  Nouvelle- 
Ecosse,  2.500.000  tonnes. 

Bassin  des  Apalaches.  —  Le  bassin  des  Apalaches  s'étend 
en  Pensylvanie  et  dans  le  Tennessee,  VAlabama  et  la  Viryinie. 

11  renferme  principalement  des  anthracites  et  des  houilles 
anthraciteuses  et,  dans  la  région  occidentale,  des  houilles 
bitumineuses  (15  couches  donnant  ensemble  12  mètres  de 
houille). 

Il  a  été  étudié  au  chapitre  des  Anthracites. 

La  production  de  ce  bassin  en  tonnes  de  90 "î"*»?, 2  de  com- 
bustibles minéraux,  et  la  valeur  moyenne  en  francs  ont  été  : 

En  1897  En  1899 

toiynes  francs  tonnes  franci 

Pensylvanie 54.454.655  3  35  73.563.800  3  40 

Tennessee 2.902.300  3  90  2.763.900  4  00 

Alabama 5.868.300  4  40  7.559.000  4  75 

Virginie 1.418.700  3  10  1.387.000  3  20 

Virginie  occidentale.  13.762.100  3  25  19.000.000  2  95 

Bassin  de  Vlllinois.  —  Le  bassin  dit  de  rillinois  se  trouve 
dans  la  grande  vallée  du  Mississipi.  Il  s'étend  dans  Vlllinois^ 


380  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

Vlndiana  et  le  Kentucky,  et  se  prolonge  à  Touesi  dans  le 
Missouri,  le  Texas,  VArkamas,  le  Nebraska  et  Vlowa.  Ce  bassin 
contient  une  épaisseur  de  400  mètres  de  terrain  houiller 
productif  séparé  en  deux  grandes  assises  :  upper  coal  mea- 
sures  (avec  huit  couches  de  houille)  et  loioer  coal  measures 
(avec  neuf  couches  de  houille),  par  le  calcaire  de  Garlinville 
et  de  Shoalcreek.  Chacune  des  deux  assises  contient  des 
intercal  liions  de  calcaire  marin  fossilifère,  en  lits  de 
iO  mètres  environ.  Ces  lits,  au  nombre  de  neuf,  dans  les 
lower  coal  measures,  et  de  treize  dans  les  upper  coal 
measures,  renferment  une  faune  marine,  constante  de  la 
base  au  sommet  de  la  formation  ;  les  schistes  houiliers,  au 
contraire,  renferment  une  flore  qui  varie  des  sigillaires  aux 
fougères. 

La  production  en  tonnes  de  907^,200  des  principales 
mines  du  bassin  de  Tlllinois  et  la  valeur  moyenne  en  francs 
ont  été  : 

Ed  1897  Eo  1899 


francs 

tonnes 

francs 

3  60 

23.434.400 

3  95 

1  60 

6.305.600 

4  50 

3  70 

4.160.000 

3  65 

5  50 

3.191.800 

5  60 

8  05 

935.840 

8  05 

5  05 

913.000 

6  75 

5  60 

5.400.000 

5  75 

3  80 

14.967.000 

4     » 

tonnes 

Illinois 20.072.800 

Indiana 4.228.100 

Keiitucky 3.283.800 

Missouri 2.429.400 

Texas 599.000 

Arkansas 826.300 

lowa 4.560.000 

Ohio li.000.000 

Bassin  des  montagnes  Rocheuses,  —  Le  calcaire,  qui  se  trouve 
seulement  en  intercalation  dans  le  bassin  houiller  de  Tllli- 
nois,  finit  par  occuper,  dans  le  Missouri  etle  Nebraska,  presque 
toute  la  hauteur  de  la  formation  houillère.  Dans  cette  région, 
les  veines  de  houille  deviennent  moins  nombreuses  et 
diminuent  de  puissance. 

En  On,  en  avançant  vers  Touest,  dans  la  région  des  mon- 
tagnes Rocheuses,  on  ne  peut  plus  distinguer  les  calcaiies 
intercalaires  houiliers  de  ceux  du  carbonifère. 

On  trouve,  en  résumé,  dans  la  région  occidentale  des  États* 


LE  CARBONE  ET  SES  COMPOSÉS  381 

Unis,  autour  des  montagnes  Rocheuses,  les  mêmes  dépôts 
calcaires  marins  que  dans  rOoral  et  dans  TAsie,  tandis  que  la 
région  orientale  des  États-Unis  se  rattache  aux  bassins 
hottillers  et  aux  sédiments  c<)tiers  de  l'Europe  occidentale. 
La  production,  en  tonnes  de  907i'ir,200,  des  principales 
exploitations  de  la  région  des  montagnes  Rocheuses  et  la 
valeur  en  francs  ont  été  les  suivantes  : 

En  1897  Eq  1899 

tonnes  fiancs  tonnes  francs 

Colorado 3.504.600  6  70  4.768.531  8  75 

Californie 87.500  1120  15L936  U  » 

Orégon Ul.OOO  1160  78.400  15  60 

Llah 506.500  6     »  882.496  9  » 

Washington 1.489.800  H   15  i. 400.000  10  » 

Montana 1.603.200  8  95  l.iOO.OOO  7  40 

Wyoming 2.744.500  6  25  3.600.000  6  25 

Les  houilles  de  rAmérique  du  Nord  sont  généralement 
bitumineuses.  Le  Colorado,  comme  la  Pensylvanie,  renferme 
des  anthracites  ;  mais  Texploitation  annuelle  de  ces  houilles 
au  Colorado  n'est  que  de  35.000  tonnes  environ,  alors  qu'elle 
dépasse  50  millions  de  tonnes  en  Pensylvanie. 

La  production  totale  de  la  houille  aux  États-Unis  a  été  de 
170.410.000  tonnes  métriques  en  1809. 

Amériqub  du  Sud.  —  Dans  l'Amérique  du  Sud,  la  formation 
carboniférienne  est  très  peu  développée.  L'étage  inférieur 
est  représenté  par  des  grès  sans  fossiles.  On  retrouve  cepen- 
dant la  flore  du  culm  dans  la  République  Argentine. 

On  peut  citer  les  exploitations  du  Chili,  d'où  l'on  a  extrait, 
en  1896,  208.100  tonnes  de  houille.  Ces  exploitations  sont' 
donc  loin  d'être  comparables  à  celles  de  l'Amérique  du  Nord. 

GISEMENTS   HOUILLERS    d'oCÉANIB 

En  Océanie,  on  connaît  des  gisements  houillers  dans  les 
iles  Malouînes(Fa\k\iind)  et  dans  la  Nouvelle-Zélande  (provinces 
de  Nelson,  Canterbury,  Olago  et  Auckland)  ;  la  houille  bitu- 
mineuse de  bonne  qualité  est  facile  à  exploiter. 


382  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

Australie.  —  En  Australie,  on  Irouve  dans  la  Nouvelle-Gai  les 
du  Sud  un  bassin  houiller  correspondant  à  Tétage  stépha- 
nien  avec  une  série  marine  et  des  veines  de  houille  interca- 
lées; ce  terrain  est  surmonté  par  les  couches  de  Newcastle, 
avec  une  flore  spéciale  à  genres  marins,  sans  siglllaires  ni 
lepidodendrons.   . 

Dans  la  colonie  de  Victoria,  le  carboniférien  est  repré- 
senté pur  les  grès  d'Avon  à  Lepidodendron-Àustrale  dans  la 
partie  inférievre.  Dlms  le  Queensland,  il  est  représenté  par 
des  grès  à  Bamia  radiata  et  LepidoâimdroH'VeUheimianum, 
Les  grès  du  cul  m  y  sont  surmontés  par  des  grès  à  IH'oductus 
Cora, 

Le  charbon  de  la  Nouvelle-Galles  du  Sud  est  de  très  bonne 
qualité;  celui  du  Queensland  est  friable,  mais  donne  de  bon 
coke. 

Le  tableau  ci-après  donne,  pour  Tannée  1896,  la  production 
de  TAustralie  en  combustibles  minéraux  (tonnes  de907''?,200), 
ainsi  que  sa  valeur  en  francs  : 

Tonnes  Fruici 

Nouvelle-Galles  du  Sud..  3.972.068  28.132.025 

Queensland 377.032  3.874.675 

Tasmanie 44.286  433.850 

Victoria 230.187  2.845.300 

Western  Australia 15.095  163.325 

PRODL'CrtO.N    nR   LA   HOUILLE    DANS    LE   MONDE    ENTIER 

Le  m'^nJe  entier  a  produit,  en  1896,  538.400.000  tonnes  de 
houille,  savoir  : 

Europe,  350.000.000;  Asie,  8.250.000;  Afrique,  l.oOO.OOO; 
Amérique,  174.000.000;  Océanie,  4.650.000. 

En  188.'»,  c'est-à-dire  environ  dix  ans  auparavant,  la  pro- 
duction totale  du  monde  entier  avait  été  seulement  de 
391.000.000  tonnes  : 

Europe,  285.000.000;  Amérique,  100.650.000;  Austra- 
lie, 3.650.000;  Asie,  Afrique  et  divers,  1.700.000. 

La  superficie  houillère  reconnue  dans  les  diverses  régions 
de  la  terre  serait,  d'après  Amstead,  de  414.000  kilomètres 


LE  CARBONE  ET  SES  COMPOSÉS  383 

carrés.  Plus  réceminent,  Levasseuraportéà  plusde  700.000  ki- 
lomètres carrés  la  superficie  probable  des  terrains  renfer- 
mant de  la  houille.  Cette  superficie,  selon  nous,  en  tenant 
compte  des  découvertes  faites  depuis  Tépoque  de  cette 
évaluation  de  M.  Levasseur,  dans  diverses  régions  (Trans- 
vaal,  Tonkin,  Russie,  etc.),  doit  être  approximativement 
de  1.300.000  kilomètres  carrés,  savoir  : 

Chine  et  Japon,  520.000;  Amérique  du  Nord,  500.000; 
Indes,  90.000;  Russie,  70.000;  Grande-Bretagne,  23.000; 
Allemagne.  iO.OOO;  France,  5.000;  Diver^,  82.000. 


384  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


111.  —  UGMinSS 

Caractères  physiques  et  ch^niiiaes.  —  Le  iigaite,  du  mot 
latia  lignis  (bois),  est  un  combustible  intermédiaire  entre  la 
houille  et  la  tourbe.  11  e^t  formé  de  couches  d'une  matière 
jaunâtre,  brune  ou  noirâtre,  à  cassure  conchoïdale,  ou  d^une 
substance  terreuse  mate  d'un  brun  jaunâtre,  dont  Taspect  et 
la  texture  difTèrent  suivant  Tépoque  de  sa  formation.  Sa 
densité  varie  de  0,5  à  1 ,25. 

Ce  combustible  ne  fond  pas,  et  ses  fragments  ne  s'agglu- 
tinent pas,  comme  cela  arrive  pour  les  houilles  grasses.  Eu 
brûlant,  il  donne  une  flamme  longue  avec  de  la  fumée  et 
une  odeur  piquante  se  rapprochant  un  peu  de  celle  du 
caoutchouc  brûlé.  1^  combustion  se  fait  un  peu  comme  pour 
la  braise,  c'est-à-dire  que  la  flamme  apparaît  avant  même 
que  le  lignite  ne  soit  entièrement  rouge,  ce  qui  provient 
d'un  dégagement  de  gaz  à  une  faible  température.  Lorsque 
la  flamme  est  éteinte  et  que  le  lignite  se  trouve  recouvert 
d'une  cendre  blanchâtre,  il  continue  à  brûler,  contrairement 
à  ce  qui  se  passe  pour  la  houille. 

Le  lignite  se  fendille  facilement  à  l'air  lorsqu'il  a  été  exposé 
à  la  chaleur  du  soleil  et  s'altère  à  l'air  humide,  en  perdant 
une  partie  de  ses  propriétés.  Par  distillation  il  fournit  du 
gaz,  du  bitume,  des  huiles  lourdes  et  de  l'eau  acide,  et  il 
laisse  un  résidu  charbonneux  inconsistant.  Ce  combustible 
contient  généralement  du  soufre  (de  1,5  à  7  0/0). 

Les  lignites  ont  la  composition  élémentaire  suivante  : 

Carbone,  57  0/0  à  80  0/0;  Hydrogène,  4  0/0  à  8  0/0;  Oxy- 
gène et  azote,  12  0/0  à  37  0/0. 

Le  lignite  est  souvent  chargé  en  eau  (jusqu'à  55  0/0).  Il 
tient  en  général  de  2  à  20  0/0  de  cendres.  Il  peut  être  agglo- 
méré, mais  après  dessiccation  seulement.  L'agglomération 
est  un  moyen  avantageux  d'utiliser  les  lignites  facilement 
pulvérulents. 


LE   CARBO.>IE  ET   SES   COMPOSÉS  385 

Géogénie.  —  Les  lignites  doivent  leur  existence  à  la  végé- 
tation si  abondante  de  Tépoque  tertiaire  et  de  la  Un  de  Tère 
secondaire,  favorisée  et  par  la  douceur  de  la  température  et 
par  Thumidité  de  Tair  et  du  sol.  Les  végétaux  et  les  mousses 
qui  tapissaient  la  surface  des  vallées  se  sont  trouvés  noyés 
et  entraînés  par  des  inondations  successives,  avec  des  bran- 
chages et  des  troncs  déjà  décomposés  qui,  peu  à  peu,  se 
sont  accumulés  dans  certaines  basses  vallées,  ou  dans  des 
estuaires.  Ils  ont  été  recouverts  par  des  sables  et  des  argiles 
ou  des  cailloux  roulés,  lorsque  les  mouvements  du  sol  ont 
provoqué  l'affaissement  des  terrains. 

Des  lits  de  végétation,  dont  la  puissance  pouvait  atteindre 
parfois  plusieurs  centaines  de  mètres,  se  sont  trouvés  ainsi 
ensevelis,  et,  lorsque  de  nouveaux  mouvements  du  sol  ont 
provoqué  le  relèvement  de  ces  couches  au-dessus  du  niveau 
des  eaux,  il  s'est  produit  une  dessiccation  lente  et  un  écrase- 
ment des  végétaux,  dont  la  texture  s'est  peu  à  peu  modifiée 
sous  Faction  de  la  chaleur  et  de  la  compression. 

C'est  ainsi  que  se  sontformés  les  lignites  que  l'on  exploite 
aujourd'hui  et  qui  n'ont  pas  encore  subi,  comme  la  houille, 
une  dessiccation  ni  une  transformation  complètes.  On  les 
rencontre  sous  divers  aspects,  selon  leur  état  de  carboni- 
sation plus  ou  moins  ancien. 

Diverses  variiStés  db  lignites.  —  On  peut  les  distinguer  en 
lignite  bitumineux,  lignite  noir,  lignite  brun  et  lignite  xylohle. 

Lignite  bitumineux.  —  Les  lignites  gras  ou  bitumineux 
tiennent  jusqu'à  8  0/0  d'hydrogène;  ils  se  ramollissent  et  se 
gonflent  par  la  combustion.  Tous  les  autres  lignites,  au  con- 
traire, se  fendillent  et  souvent  même  se  réduisent  en  pous- 
sières nécessitant  des  grilles  spéciales  pour  l'utilisation 
dans  les  générateurs. 

Lignite  noir  ou  Schwarzliohle.  —  Les  lignites  de  formation 
ancienne  (ère  secondaire  et  base  du  tertiaire)  ont  un  aspect 
noirûtre  et  une  texture  bien  compacte.  Ils  constituent  ce 
qu'on  appelle  le  schwarzkohle  ou  encore  le  lignite  sec,  qui 
développe  5.500  à  6.000  calories;  ce  sont  ceux  qui  se 
rapprochent  le  plus  de  la  houille  (sèche  à  longue  flamme). 
Dans  l'éocène  et  la  base  «le  l'oligocène,  on  trouve  géné- 
ralement des  lignites  moins  complètement  formés   (glanzm 

GÉOLOOIB.  2o 


386  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

kohle  ou  pechkohle)  qui  développent  de  4.500  à  r>.500  ca- 
lories. Ils  ont  un  aspect  brun  noirâtre  et  une  cassure 
brillante  et  conchoîdale. 

Lignite  brun  ou  Braunkohle.  —  Les  lignites  proprement 
dits,  qui  sont  aussi  les  plus  répandus  dans  la  nature,  sont  les 
lignites  bruns  (braunkohlen),  qui  appartiennent  générale- 
ment aux  formations  oligocène  et  miocène.  Ils  donnent  de 
2.500  à  4.500  calories.  Ils  contiennent  en  gr{\nde  quantité 
des  feuilles  de  graminées,  des  mousses,  des  aiguilles  do 
conifères,  des  grains  de  pollen,  des  diatomées,  des  débris 
d'insectes  et  des  spicules  d'épongés.  Les  éléments  ligneux 
y  existent  sous  forme  de  rameaux  brisés,  altérés  il  est  vrai, 
mais  encore  parfois  visibles  au  microscope.  Le  braunkohle 
a  un  aspect  brun  rougeâtre  et  une  cassure  terne,  en  généra) 
conchoîdale,  bien  que  quelquefois  irrégulière  ;  à  cette  caté- 
gorie, se  rattachent  les  lignites  dits  terreux,  à  cause  de  leur 
aspect  pulvérulent  et  terne.  On  les  emploie  généralement  en 
les  agglomérant  avec  ou  sans  brai,  après  les  avoir  séchés. 

Lignite  xyloide  ou  ligneux,  —  l)ans  les  lignites  de  for- 
mation plus  récente  (pliocène  et  base  du  quaternaire),  la 
texture  fibreuse  est  très  visible,  et  il  est  même  quelquefois 
possible  de  déterminer  la  nature  des  végétaux  d'oiî  ils  pro- 
viennent. Ces  combustibles,  dits  lignites  xyloïdes  ou  bois 
fossile,  crépitent  au  feu  comme  du  bois.  Ils  sont  d'une  couleur 
brun  jaunâtre  et  pjirfois  noirâtre.  Leur  densité  est  très 
faible  :0,5âl. 

GISEMENTS   DE   LIGNITE   EN    FRANCE 

En  France,  les  gisementslignitifères  les  plus  importants  sont 
ceux  de  la  Provence,  exploités  à  Fuveau  dans  la  vallée  de  TArc. 

Bassin  des  Bouches-du-Rhône,  —  Ces  gisements,  qui  ont  été 
longtemps  considérés  comme  appartenant  à  la  base  dc^ 
l'éocène,  font  en  réalité  partie  de  la  tête  du  crétacé  (danien) 
et  surmontent  le  sénonien.  Les  couches  à  lignites  que  Ton 
rencontre  à  Beausset,  h  la  Cadiùre,  à  Gardanne^  à  TreU  et  à 
Fuveau  reposent  sur  des  bancs  de  calcaires  lacustres  el 
marneux  remplis  de  petites  coquilles  blanchâtres  et  sont 
recouverts  par  des  calcaires  marneux  très  peu  fossilifères, 
-f  A  Fuveau  et  à  Gardanne,  on  compte  dix-sept  couches  de 


LE  CARBONE  ET  SES  COMPOSÉS         387 

lignite,  dont  sept  sont  fructueusement  exploitables  et 
mesurent  de  1  mètre  à  i",50  de  puissance  chacune.  Ces 
veines  sont  séparées  par  des  bancs  stériles  de  8  à  60  mètres 
d'épaisseur. 

Les  couches  sont  formées  d*un  lignite  sec,  dur,  noir  et 
résistant,  à  cassure  lisse  et  peu  brillante  ;  ce  combustible 
tient  un  peu  de  soufre  et  s'altère  facilement  à  Tair;  il  brûle 
avecunelongue  flamme  fumeuse.  Il  donnedu  coke  friable. 

L'exploitation  est  rendue  assez  difficile  par  les  infiltrations 
d'eau  très  abondantes  que  Ton  doit  pomper  continufHle- 
ment  pour  arriver  jusqu'au  lignite.  On  enlève,  en  moyenne, 
30  mètres  cubes  d'eau  par  tonne  de  combustible. 

D'un  autre  càté,  la  présence  du  soufre  dans  le  lignite  favo- 
rise les  échaulTements  et  les  incendies  souterrains  dans  les 
parties  où  la  circulation  de  l'air  est  insuffisante. 

Les  couches  de  Fuveau,  bien  qu'affectées  de  nombreux  acci- 
dents locaux,  présentent  une  continuité  remarquable. 

La  production  du  bassin  de  Fuveau  a  atteint  415.000  tonnes 
en  1890  et  450.316  tonnes  en  1898.  Les  prix  de  vente  de  ces 
lignites  étaient  les  suivants  en  1898  : 

Gros  ou  roches,  17  fr.  25  à  18  fr.  25  ;  grelassons,  \ù  francs 
à  i4  francs;  terre  grosse,  9  francs  à  10  fr.  50;  terre  fine, 
4  fr.  50  à  6  francs  ;  poussiers,  1  fr.  50  à  2  francs. 

Les  prix  sont  en  progression  marquée  sur  ceux  qui  étaient 
pratiqués  il  y  a  quelques  années. 

Gisements  du  Gard.  —  A  Saint-Paulet,  près  du  Pont-Saint- 
Esprit  dans  le  Gard,  on  trouve  des  gisements  de  lignite  dans 
les  grès  verts  de  la  série  supra-crétacée. 

La  formation  fiuvio-marine  de  Saint-Paulet,  puissante  de 
40  mètres,  renferme  des  grès,  des  marnes,  des  sables  et 
des  calcaires  avec  des  couches  d'argile  à  lignites;  elle  est 
surmontée  de  5  à  10  mètres  de  bancs  à  Ostrea  coltimba  et  à 
Ostrea  flabella. 

Dans  le  Gard,  huit  mines  de  lignite  étaient  en  exploitation 
en  1898  :  celle  de  Saint-Julien-de-Peyrolas  (13". 046  tonnes 
en  1898),  celle  de  Barjac  (2.543  tonnes  en  1898),  celle  de 
Gaujac  (2.505  tonnes  en  1898);  etc.  Ces  lignites  sont  employés 
pour  le  chauffage  domestique,  pour  les  usines  de  produits 
réfractaires  et  pour  les  magnaneries  de  la  région. 


38d  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Gisements  des  Causses,  —  Dans  le  bassin  des  Causses,  qui 
touche  à  celui  du  Languedoc,  on  exploite  des  lignites  à  la 
Cavalerie  et  à  la  Liquisse,  dans  Tarrondissement  de  Millau. 
Ces  lignites  font  partie  du  bathonien  de  la  série  médiojuras- 
sique.  A  la  base  on  rencontre  un  calcaire  marneux  gris  clair, 
avec  traces  de  lignite  pourri.  Au-dessus,  on  trouve  des 
lignites  dans  Targile,  recouverts  de  calcaires  marneux  à 
faune  saumâtre. 

Gisements  du  Lot  et  de  la  Dordoyne.  —  Près  du  massif  cris- 
tallin du  Rouergue,  sur  les  bords  du  Lot,  des  cours  d*eau 
ont  apporté  dans  la  mer  bathonienne  les  débris  de  la  végé- 
tation continentale  qui  ont  formé  des  dépôts  lignitifères. 
.  A  Cadrieu,  le  lignite  a  été  rencontré  au  milieu  de  calcaires 
et  de  marnes  feuilletées. 

A  Borrèze  (Dordogne),  le  bathonien  supérieur  renferme  un 
horizon  à  végétaux  terrestres,  avec  des  lignites  formés  dans 
des  couches  lithographiques  et  coralligènes. 

Dans  le  Sardalais  (Dordogne)  on  exploite  des  lignites 
appartenant  à  la  base  du  crétacé  et  reposant  en  stratification 
transgressive  sur  le  jurassique  (3.882  tonnes  en  1898). 

Gisements  du  Dauphine.  — Dans  le  Dauphiné,à  Saint-Didier- 
en-Dévoluy,  on  trouve  un  gisement  de  lignite  appartenant  à 
réocène.  La  formation  de  Saint-Didier  comprend,  à  la  sur- 
face, des  sables  ferrugineux,  des  argiles  bigarrées,  et,  en 
dessous,  des  marnes  à  lignite,  reposant  sur  des  grès  verddtres 
à  empreintes  végétales.  Près  de  La  Tour-du-Pin  (Isère),  dans 
la  concession  de  Ratassière,  on  exploite  un  lignite  se  rappro- 
chant de  la  variété  xyloïde  (en  1898,  157  tonnes  vendues  au 
prix  de  15  francs  la  tonne). 

Gisements  divers  en  France.  —  A  Manosque  (Basses-Alpes), 
on  exploite  un  lignite  gras  bitumineux  assez  rare  en  France 
(33.269  tonnes  en  1898).  Dans  TAtu,  on  rencontre  des  gise- 
ments de  lignite  xyloïde. 

Dans  le  Soissonnais  on  exploite  un  lignite  pyriteux  et  ter- 
reux reposant  sur  une  argile  plastique  et  gypsifère.  Ce 
lignite  forme  une  couche  de  2  à  4  mètres  et  est  exploité  pour 
la  fabrication  de  Talun  et  de  la  couperose. 
'Aux  environs  de  Paris,  à  Sérincourt,  on  connaît  des 
lignites  éocènes,  entre  la  craie  et  le  calcaire  grossier.  Près 


• 


LE   CARBONE   ET   SES    COMPOSÉS  389 

de  Nanterre,  on  trouve  une  couche  de  lignite  dans  le  banc 
vert  du  calcaire  grossier. 

Dans  TAisne  et  dans  TOise,  on  trouve  dans  les  sables  du 
Suessonnien,  des  couches  de  lignite  mélangé  à  de  Targile, 
du  calcaire  et  du  sable,  qui  constituent  ce  qu*on  appelle  des 
cendrièrcs  et  qui  sont  utilisées  en  agriculture  (gisements  de 
Noyons,  de  Muirancourt,  etc.). 

On  connaît  également  quelques  gisements  lignitifères 
appartenant  au  trias  (Wasselonney  Soultz-ies-BainSy  diverses 
localités  du  Var,  etc.). 

La  production  totale  des  lignites  en  France  a  été,  en  1896, 
de  439.448  tonnes,  valant  3.884.690  francs. 

Le  tableau  ci-dessous  indique  quelles  sont  les  exploita- 
tions lignitifères  de  la  France,  avec  leur  production  en  1898 
(d'après  le  Jotima/  officiel  du  17  mars  1899)  : 

\  ToDoes 

p     .  (  Fut7ea{i[i4irl(Bouch.-du-Rh6neetYar)        450.316 

i  ..oo"o.^'*."^*  X    Manosque  (Basses-Alpes) 33.269 

(483. A,  loones)  )  ^  ^^^.^^.^^  ^^.^^^      ^/ (inexploité) 

;  Bagnols^  Orange^  etc.  (Gard,  Vaucluse).         17.516 

'  p  \  Banc- Rouge,  Vagnoê  {Xrâèche) (inexploité; 

, >.  Vo "J*^    V     ^f^rjac  et  Célag  (Gard) 2.543 

(21.430  tonne.)  )  ^^^f^^^^  ( Vaucluse) 1 .376 

.  MonlotUieu  (Hérault) (inexploité) 

y  [  Gouhenans  (Haute-Saône) 8 . 895 

^  m  2»?^"  Gemonval  (Haute-Saône) (inexploité) 

f  (9.n81  tonne.)  ]  ^^^^^^  (Vosges) 186 

Millau  et  Trévézel  (Aveyron,  Gardl. . .  5.314 

Le  Sardalai$  (Dordogne) 3.882 

ScD-OiEST    '  ^^tnvar  (Pyrénées-Orientales) 1 .757 

(11183  i        ^1  ^^'"7'***'*»  Orignac,  Sam/-i[.on  (Landes, 

oDoei)  ]       Hautes-Pyrénées) (inexploité) 

La  Caunelte  (Hérault) 210 

Murai  (Cantal) 20 

/  La  Tùur-du-Pin  (Isère) 137 

l  Hauterives  (Drôme) 183 

Haut-Rhônb  I  Montélimar  (Drôme) (inexploité) 

(6.140  tonnes)   i  Vercia^  Douvres  (Ain,  Jura) (inexploité) 

/  Chambéry  (Savoie) 5.800 

l  Entrevemes  (Haute-Savoie) (inexploité) 

Joigny  (Yonne) 71 


(71  tonnes^ 


Total 532.095 


390  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 


GISEMENTS  DE  LIGNITE  EN   SUISSE 

Eq  SuissCj  près  de  Lausanne,  on  trouve  une  mollasse  à 
lignite  surmontant  une  mollasse  rouge  dans  Taquilanien 
(oligocène). 

La  mollasse  lignitiTère  se  retrouve  kRivazei  à  Monod,  dans 
le  canton  de  Vaud.  On  la  rencontre  aussi  dans  les  cantons 
de  Saint-Gall  et  d'Appenzell  où  elle  couronne  les  bancs  de 
nagelfluh  du  Kronberg  et  du  Stockberg,  qui  forment  la  base 
de  Taquitanien. 

De  plus,  on  rencontre,  en  Suisse,  des  gisements  intergla* 
claires  formés  entre  deux  périodes  de  progrès  des  glaciers 
des  Alpes.  Ces  gisements  contiennent  des  lignites  feuilletés, 
brillants,  en  couches  puissantes,  intercalées  dans  le  glaciaire 
aux  environs  de  Zurich,  notamment  à  Utznachj  à  Diu-nten^  à 
Wetzikotif  etc.  On  retrouve  encore  dans  ces  lignites,  d'après 
M.  Heer,  des  restes  de  pin  des  montagnes,  de  sapin,  d'if,  de 
noisetier,  etc.,  et  d'essences  essentiellement  tempérées. 

GISEMENTS   DE   LIGMTE   EN   ALLEMAGNE 

En  Allemagne f  la  production  des  lignites  forme  un  contin- 
gent important  de  Texploitation  des  combustibles  minéraux. 

Les  dépôts  lignitifères  de  l'Allemagne  du  Nord  ont  été 
formés  durant  Tère  tertiaire  :  une  grande  partie,  dans  la 
période  oligocène,  bassins  de  Cologne,  de  la  Saœe,  de  Bran- 
debourg et  de  laThuringe ;  le  reste,  dans  la  période  miocène, 
bassins  du  Siebengebirge,  de  Neuivied,  de  Limburg-sur-Lahn^ 
du  Wester-wald  (burdigalien),  de  la  WelteraviCy  du  Vogelsge- 
birge  et  de  la  Poméranie  (tortonien).  Les  gisements  sont  tan- 
tôt lenticulaires,  tantôt  sous  forme  de  couches  de  3  à  6  mètres, 
avec  des  renflements  atteignant  30  mètres,  comme  au 
Meissner,  50  mètres,  comme  à  Zittau,  56  mètres  comme  au 
sud  de  Frechen,  et  89  mètres,  comme  près  d'Horrem^ 

Dans  la  Thuringe,  aux  environs  de  Halle,  où  se  trouvent 
les  exploitations  de  lignite  les  plus  importantes  d'Allemagne, 
la  formation  repose  directement  sur  les  terrains  porphy- 


LE   CARBONE   ET    SES    COMPOSÉS  391 

riques.  T.e  lignite  se  trouve  intercalé  dans  des  couches  géné- 
ralement meubles  de  galets  quartzeux  roulés,  de  sables 
siliceux  et  de  schistes  argileux  gris  souvent  fossilifères.  11  est 
surtout  formé  de  conifères  et  de  cupressinées.  Sa  texture  et 
sa  composition  sont  très  variables. 

C'est  généralement  du  braunkohle  que  Ton  rencontre  en 
Allemagne;  on  exploite  cependant  à  WeUsenfels  une  variété 
de  lignite  hydrocarbure  appelée  pyropissite,  qui  est  employé 
pour  la  fabrication  de  la  paraffine.  En  allant  de  Touest  à  Test, 
on  rencontre  d*abord,  en  Allemagne,  les  gisements  ligniti- 
fères  des  provinces  rhénanes,  vers  Bruhl,  entre  Bonn  et 
Cologne.  Ces  gisements  appartiennent  aux  formations  oligo- 
cènes du  golfe  Rhénan  ;  on  les  connaît  sur  une  longueur 
de  25  kilomètres  et  sur  une  largeur  moyenne  de  5  kilo- 
mètres. On  y  exploite  un  lignite  terreux  assez  friable,  qui 
sert  au  chauffage  des  générateurs  sur  des  grilles  à  gradins. 
Ce  lignite  est  employé  aussi  pour  la  fabrication  des  briquettes 
sans  addition  de  brai,  par  simple  compression,  après  broyage 
et  dessiccation  partielle.  Sa  teneur  en  eau  est  ramenée  avant 
la   compression,  de  50  0/0  à  15  0/0. 

Les  briquettes  de  lignite  constituent  presque  exclusivem<*nt 
le  chauffage  domestique  de  la  région  de  Cologne.  La  couche 
de  lignite  exploitée  a  une  allure  en  chapelet  et  varie  de 
:  quelques  mètres  à  une  cinquantaine  de  mètres  de  puissance  ; 

f  on  l'exploite  h  ciel  ouvert,  avec  un  prix  de  revient  exces- 

sivement faible.  Ces  gisements,  qui  produisaient  environ 
120.000  tonnes  de  lignite  en  1880,  ont  atteint  une  produc- 
I  tion  de  386.000  tonnes  en  1890,  et,  en  1898,  de  2.666.743  tonnes 

de  lignite  brut,  représentant  une  valeur  marchande  de 
I  7.721.000  francs. 

Plus  à  Test,  les  exploitations  principales  de  lignites  sont 
groupées  autour  du  massif  de  TErzgebirge  et  de  la  Thuringe. 

On  peut  citer,  parmi  les  principaux  pays  producteurs  du 
lignite  : 

La  HaïUe-Hesœ,  225.000  tonnes  par  an  ;  et  la  HessCy 
,  2(55.000  tonnes  ; 

Les  vallées  de  TErigebirge  dépendant  du  royaume  de  Saxe, 
865.000  tonnes; 

Le  Brunswickj  600.000  tonnes  ; 


392  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Le  Brandebourg,  aux  environs  de  "  Francfort-sur-FOder, 
4.000.000  de  tonnes  ; 

La  Thuringe  et  les  environs  de  Magdehourg,  10.000.000 
tonnes  environ  par  an. 

La  Silésie  prussienne,  dont  les  gisements,  qui  s'étendent  dé 
(àorlitz  à  Liegnitz,  entre  la  frontière  de  la  Bohême  et  TOder, 
produisent  450.000  tonnes  de  lignite  par  an,  et  la  Prusse, 
dont  les  gisements,  situés  au  nord  de  Posen,  près  de  Brom- 
berg,  fournissent  une  trentaine  de  mille  tonnes  de  lignite 
par  an. 

La  production  totale  de  FÂllemagne  en  lignites  a  été, 
en  1897,  de  29.432.432  tonnes,  représentant  une  valeur  de 
82.895.510  francs. 

GISEMENTS   DE   LIGNITE   EN   AUTRICHE-HONGRIE 

En  Autriche-Hongrie,  il  existe  de  nombreux  gisements  de 
lignite  d'autant  plus  appréciés  que  la  houille  est  peu  abon- 
dante dans  le  centre  et  le  sud  de  ces  contrées. 

Gisements  de  Transylvanie.  —  Dans  la  partie  orientale  de 
la  Hongrie,  en  Transylvanie,  on  trouve  un  gisement  de  lignite 
schwarzkohle,  dans  la  vallée  de  la  Zsily.  Les  exploitations  de 
Petroszany  y  fournissent  un  lignite  qui  est  très  apprécié  et 
qui  se  rapproche,  en  somme,  beaucoup  de  la  houille. 

C'est  un  gisement  aquitanien  oligocène,  comprenant  plu- 
sieurs couches  de  combustible,  d'une  puissance  totale  de 
31  mètres,  au  milieu  de  grès,  de  schistes  et  de  psaramites 
avec  lits  calcaires. 

Gisements  divers  d' Autriche-Hongrie,  —  Dans  le  sud  de  la 
vallée  de  la  Gail,  on  exploite  les  gisements  de  Laibach  et  de 
Villach,  au  milieu  de  calcaires  et  de  schistes,  avec  une  flore 
et  des  lignites  semblables  à  ceux  de  Petroszany. 

Au  sud-ouest  de  Leoben,  les  gisements  de  Fohnstof,  près 
de  Judenburg,  appartiennent  à  la  base  du  tertiaire.  Leur  sal- 
ban de  supérieure  contient  des  conglomérats  que  M.  le  conseil- 
ler des  mines  Fœtterle  croit  pouvoir  ranger  dans  le  murzthale. 
Ils  fournissent  un  schwarzkohle  de  très  bonne  qualité. 

Au  pied  du  massif  de  la  Kor-Alpe  on  trouve  des  couches 
lignitifères  de  glanzkohle  et  de  braunkohle,  dans  l'oligocène 


LE    CARBONE    ET    SES    COMPOSÉS  393 

et  le  miocèDe  inférieur,  à  Brennberg ,  à  Vortsberg,  à  Koflach 
i  et  à  Wies. 

A  Eibeswald  et  à  Sotika^  on  rencontre  des  lignites  dans  des 
i  terrains  supposés  éocënes  par  M.  le  géologue  Frantz-Ritter 

von  Hauer. 

Dans  la  baie  tertiaire  de  Graz,  on  rencontre  des  couches 
de  braunkohle  et,  en  profondeur,  de  glanzkohle,  qui  viennent 
affleurer  au-dessus  des  terrains  cristallins  encaissants,  près 
i  des  bords  de  la  baie,  entre  des  couches  à  cérithes  et  des  con- 

glomérats miocènes,  à  Thalheim-Schreibersdorf,  à  Hartberg  et 
aux  environs  de  Freidberg,  Mariasdorf^  drafendorf,  Kroisbachy 
Pinggau,  Sinnersdorf,  Ayka,  Ostrau,  Szabalis  et  Sankowitz, 
ainsi  qu'à  Trifail,  dont  les  exploitations  ont  une  assez 
grande  extension. 
A  Trifail  (Styrie),  la  couche  exploitée  a  une  puissance*  de 
\  20  à  25  mètres.  Elle  est  affectée  de  quelques  plissements 

,  sans  importance.  Elle  fournit  un  combustible  donnant  de 

'  4.000  à  4.500  calories  et  contenant  10  à  15  0/0  de  cendres. 

A  Thalheim,  près  de  Pinkafo,  la  principale  couche  recon- 
nue a  une  puissance  de  4  à  7  mètres  en  deux  sillons,  dont  le 
sillon  principal  situé  au  mur  mesure  de  3  à  5  mètres.  Ce 
gisement  contient  un  braunkohle  qui  donne  à  peine  3.000  ca- 
lories en  affleurement,  mais  qui,  en  profondeur,  dépassera 
,  probablement  4.000  calories.  On  a  rencontré  dans  le  voisinage 

'  de  Thalheim  des  affleurements  qui  semblent  appartenir  à 

I  des  couches  que   Ton  pourra  retrouver  en  profondeur  à 

Thalheim  et  qui  seraient  formées  de  glanzkohle.  Les  couches 
I  de  Thalheim-  plongent  au  Sud-Ouest,  sous  un  angle  de  12*' 

environ.  L'exploitation,  actuellement  à  son  début,  ne  donne 
que  quelques  milliers  de  tonnes  par  an.  Les  couches  de 
Thaleim,  d'après  M.  Briart,  appartiennent  au  miocène  supé- 
rieur. 

Dans  la  vallée  de  la  Murz,  le  leithakalk  du  néotertiaire  ren- 
ferme   des  couches  lignitifères  à  Leoben,  Parschlag,    Krug- 
lacky  etc. 
\  Dans  le  Tyrol,  à  Hœring,  il  existe  un  dépôt  lignitifère  qui 

a  dû  se  former  dans  une  baie  saumûtre  de  Toligocène,  dont 
les  rives  étaient  couvertes  d'une  végétation  analogue  à  celle 
des  swamps  de  la  Louisiane.  Les  lignites  y  sont  intercalés 


394  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

dans  des  marnes  marines  accompagnées  de  couches  calcaires. 

En  Bohême,  à  Dux,  le  dépôt  lignitifère  exploité  doit  être 
rattaché  à  la  période  éocène  ;  il  s'étend  entre  les  contreforts 
du  sud  de  TErzgebirge  et  le  Miltelgebirge,  sur  plus  de  100  ki- 
lomètres de  longueur,  entre  Eger  et  Bœmisch-Kœmnitz,  et 
sur  8  kilomètres  de  largeur  en  moyenne.  La  principale  couche 
exploitée  a  une  puissance  variant  entre  10  et  20  mètres  avec 
des  renflements  locaux  atteignant  40  mètres.  Elle  est  formée 
de  lignite  gras  bitumineux.  Elle  est  généralement  assez  peu 
inclinée,  mais  est  alTectée  de  quelques  plis  avec  dressants. 
Le  lignite  repose  directement  sur  le  terrain  crétacé  de 
base,  sauf  en  certains  points  où  il  est  en  contact  avec  des 
pointements  de  gneiss.  Le  combustible  affleure  en  quelques 
points  ;  mais  généralement  les  terrains  de  recouvrement 
atteignent  100  à  300  mètres  d'épaisseur.  Il  existe,  de  plus,  en 
Bohême,  quelques  gisements  de  lignite  xyloîde. 

Les  lignites  de  ces  divers  gisements  sont  vendus  à  des 
prix  qui  varient  suivant  leur  qualité  et  suivant  leur  éloigne- 
ment  des  pays  imporUiteurs  de  houille  (TAutriche  importe 
environ  pour  50  millions  de  francs  de  combustibles). 

La  production  de  TAutriche  -  Hongrie  a  été,  en  4896, 
de  22.656.265  tonnes  de  lignite,  ayant  valu  ensemble  : 
121.750.935  francs,  soit  une  valeur  moyenne  de  5  fr.  40  par 
tonne,  en  comptant  les  lignites  des  diverses  qualités  dont 
les  prix  varient  de  3  fr.  50  à  15  francs  par  tonne. 

En  1898,  la  production  de  lignite  a  été  de  21.083.362  tonnes, 
dont  17.375.180  pour  la  Bohême,  2.509.001  pour  la  Syrie  et 
le  reste  pour  la  Haute-Autriche,  la  Garniole,  la  Styrie,  etc. 
On  a  fabriqué  environ  58.000  tonnes  de  briquettes  de  lignite, 
vendues  1 1  fr.  50  la  tonne  en  moyenne. 


GISEMENTS    DB   LIGNITE   RN    ESPAGNE 

On  rencontre,  dans  le  nord  de  TEspagne,  des  argiles 
ligniteuses  à  la  base  des  terrains  de  la  série  infracrétacée, 
notamment  dans  la  province  de  Santander.  Les  exploitations 
y  sont  peu  importantes. 

Dans  la  province  de  Téruel,  à  Utrillas,  il  existe  un  dépôt 


LE  CARBONE  ET  SES  COMPOSÉS         395 

de  lignites  alternant  avec  des  couches  marines  appartenant 
au  rhodanien. 

A  Alcoy,  on  trouve  des  lignites  à  hipparion  contemporains 
du  tortonien  de  Goncud,  dans  le  miocène.  Il  existe  aussi 
quelques  gisements  de  calcaire  marneux  à  lignites  dans  le 
danien,  et  des  couches  lacustres  lignitifères  dans  le  campa- 
nien  du  nord  de  TEspagne. 
Les  exploitations  de  TEspagne  ont  produit  en  1896  : 
55.413  tonnes  de  lignite,  valant  301.303  francs. 

GISEMENTS   DE    LIGNITE   EN    ITALIE 

L'Italie  ne  renferme  pas  de  gisements  houillers.  Les  seuls 
combustibles  minéraux  qu'on  y  exploite  sont  les  lignites 
xyloïde,  brun  ou  bitumineux,  et  la  tourbe.  Les  principaux 
gisements  de  lignites  xyloïdes  de  l'Italie  sont  les  suivants  : 

San-Giovanni'Valdarno  (province  d'ArezzoV  —  A  San-Gio- 
vanni,  on  trouve  dans  des  argiles  de  la  fin  du  pliocène  r 
23  mètres  de  couches  de  lignites  alternant  avec  des  lits 
argileux;  le  sillon  supérieur,  de  14  mètres  de  puissance, 
est  seul  exploitable.  Le  combustible,  extrait  en  partie  à  ciel 
ouvert,  est  utilisé  pour  générateurs;  on  l'emploie  aussi  pour 
alimenter  les  locomotives  qui  desservent  la  mine.  La  pro- 
duction annuelle  est  de  150.000  à  200.000  tonnes.  La  mine  de 
San-Giovanni  est  entourée  d'un  certain  nombre  de  mines  de 
moindre  importance  (Afouie-Termini,  Franco/ini, re(/o/ata, etc.  1. 
On  estime  que  le  bassin  renferme  encore  plus  de  30  mil- 
lions de  tonnes  de  lignite  exploitable,  en  tenant  compte  des 
pertes  occasionnées  par  les  incendies  dans  les  mines. 

Spoleto  (province  de  Perugia).  —  Le  bassin  de  Spoleto 
appartient  au  pliocène;  il  renferme  un  banc  de  lignite  de 
5  à  7  mètres,  employé  pour  des  fonderies  et  pour  l'aciérie 
de  Terni  (mines  de  Morgnano  et  de  SantAngelo), 

On  estime  que  ce  bassin  renferme  encore  10  millions  de 
tonnes  de  lignite  exploitable. 

Leffe  (province  de  Bergame).  —  A  Leffe,  il  reste  encore 
5  millions  de  tonnes  de  lignite  xyloïde  environ  à  exploiter. 

Castelnuovo  (Massa  Garrara).  —  1  million  1/2  de  tonnes  de 
lignite  exploitable. 


396  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

Casino  (Sienne).  —  A  Casino,  Ton  rencontre  une  couche 
de  lignite  de  2  mètres,  entre  des  argiles  marneuses  miocènes 
et  des  sables  pliocènes.  Exploitation  en  partie  souterraine 
avec  un  puits  de  12  mètres  et  un  autre  de  26  mètres. 

Ligliano  (Sienne).  —  Exploitation  par  puits  de  30  mètres  à 
50  mètres  :  4  millions  de  tonnes  encore  exploitables. 

Udine.  —  Vers  Udine,  à  San-Daniele,  on  rencontre  des 
ligniles  xyloïdes  pliocènes,  en  couches  minces  de  0™,60 
environ.  Ce  gisement  s'étend  depuis  la  Yénétie,  à  travers  la 
province  de  Trévise  jusqu'en  Autriche,  à  SchalthaL 

Le  lignite  xyloîde  d'Italie  renferme  de  i  .400  à  2.800  calo- 
ries (lignite  sortant  de  la  mine),  20  à  40  0/0  d'eau,  2  à  10  0/0 
de  cendres,  de  0,20  à  3  0/0  de  soufre. 

La  production  totale  annuelle  est  de  350.000  tonnes  par 
an  pour  le  lignite  xyloîde  en  Italie  ;  on  estime  qu'il  doit  en 
rester  environ  70  millions  de  tonnes  à  extraire,  sans  compter 
les  parties  inexploitables  ou  insuffisamment  reconnues. 

Les  principaux  gisements  de  lignites  brun,  noir  et  bitu- 
mineux de  l'Italie  sont  les  suivants  : 

Monte  Pulli  (province  de  Vicence).  —  Le  gisement  de  PuUi, 
dans  la  commune  de  Valdagno,  renferme  sept  couches  de 
h'gnite,  dont  quatre  exploitables,  dans  des  calcaires  nummu- 
liliques  éocènes,  reposant  sur  un  tuf  basaltique.  On  en 
extrayait,  durant  ces  dernières  années,  environ  20.000  tonnes 
par  an.  Le  gisement  est  presque  épuisé  aujourd'hui. 

Ce  gisement  est  entouré  par  quelques  lentilles  de  lignite 
à  Zovencedo,  Monteviale,  Monte-di-Malo,  etc. 

Le  lignite  de  Pulli  est  un  lignite  bitumineux  dont  les  couches 
alternent  avec  des  lits  de  schistes  bitumineux  d'où  Ton 
extrait  de  l'huile  minérale  et  de  la  benzine. 

Monterufoli  (province  de  Pise).  —  Lignite  brun  miocène 
exploité  par  un  puits  de  HO  mètres  et  par  des  galeries,  entre 
une  argile  noire  reposant  sur  de  la  serpentine  et  des  con- 
glomérats de  calcaire  siliceux.  Tonnage  reconnu  exploitable  : 
200.000  tonnes. 

Murlo  (Sienne).  —  Lignite  schisteux  miocène,  à  fracture 
non  conchoïdale  (30.000  tonnes  par  an),  employé  pour  chau- 
dières à  vapeur  et  fours  à  chaux  hydraulique.  La  chaux 


LE  CARBONE  ET  SES  COMPOSÉS  397 

est  fournie  à  ces  fours  par  le  banc  de  calcaire  blanchâtre 
sur  lequel  repose  le  lignite. 

Tatti  et  Montemassi  (Grossetto).  —  Lignite  noir,  brillant, 
compact,  à  cassure  concholdale,  employé  pour  les  généra- 
teurs, les  locomotives  de  la  Sudbahn,  etc.  Le  gisement, 
appartenant  au  miocène  supérieur,  repose  sur  de  la  serpen- 
tine et  du  gabbro;  il  renferme  une  couche  de  6  à  8  mètres  de 
lignite  et,  en  dessus,  une  autre  couche  de  1  mètre  inexploitée. 

Le  puits  d'exploitation,  profond  de  440  mètres,  a  rencontré 
la  première  couche  à  115  mètres  et  la  seconde  à  125  mètres. 
En  dessous,  il  a  recoupé,  sous  des  calcaires  fétides,  des 
couches  de  combustible  noir,  se  rapprochant  de  la  houille. 

Le  gisement  de  Tatti  et  Montemassi  parait  renfermer 
encore  plus  de  6  millions  de  tonnes  de  lignite  exploitable. 

A^naYia  (province  de  Reggio-Galabria).  —  Lignite  noir  gras, 
éocène,  en  trois  faisceaux  de  couches  de  0",20  à  l'»,50,  peu 
exploitable  à  cause  des  fractures  qui  sillonnent  le  gite 
(700.000  tonnes  reconnues). 

Cculibona  (Gênes).  —  Deux  bancs  de  lignite  de  0™,75  et  de 
2™ ,50.  Lambeau  de  formation  miocène  reposant  sur  les  rorhes 
cristallisées.  Gisement  peu  exploitable  et,  en  partie,  rpuisr*. 

Garbenne  et  Coppellette  (Guneo).  —  Lignite  brun  et  bitu- 
mineux. Ge  gisement  a  produit  jusqu'à  100  tonnes  de  lignite 
par  jour  et  a  alimenté  une  fabrique  d'agglomérés  et  une 
verrerie.  Il  est  abandonné  aujourd'hui. 

Sardaigne,  —  A  Gontiesa,  en  Sardaigne,  on  trouve  des 
lignites  alternant  avec  des  bancs  de  calcaire  et  d'argile 
éocène.  A  Bacu-Abis,  on  trouve  douze  couches  de  bon  lignite 
avec  un  peu  de  soufre  et  1 1  0/0  de  cendres,  donnant  5.800  calo- 
ries. On  exploite  quatre  de  ces  couches,  de  0"*,75  à  1",10 
de  puissance.  Les  autres  gisements  de  Sardaigne  sont  Terras- 
de-CoUu,  Caput-Acqiias^  etc. 

On  estime  que  la  Sardaigne  peut  contenir,  à  elle  seule, 
14  millions  de  tonnes  de  lignite.  Elle  renferme  aussi  quelques 
couches  minces  de  lignite  noirâtre  jurassique,  reposant  sur 
des  poudingues  et  des  calcaires  quartzeux  et  recouvertes  par 
des  calcaires  magnésiens  et  marneux. 

Le  lignite  brun,  exploité  en  Italie,  appartient  générale- 
ment au  miocène  et  possède  un  pouvoir  calorifique  de  3.000 


398  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

à  4.30()  calories  (rendement  :  1/3  de  celui  de  la  houille).  Il 
se  vend  de  4  à  5  francs  la  tonne,  pour  le  menu,  et  de  12  à 
14  francs  pour  le  gros.  Le  lignite  noir  ou  bitumineux  possède 
un  pouvoir  calorifique  de  4.300  à  5.800  calories  et  donne  un 
rendement  de  50  à  66  0/0  de  celui  du  charbon  de  Cardiiï.  II 
se  vend  de  6  à  7  francs  la  tonne  pour  le  menu  et  de  14  à 
17  francs  pour  le  gros,  selon  Téloignement  des  ports  d'impor- 
tation de  charbon  anglais. 

La  production  des  lignites  bruns  et  noirs  atteint  à  peine 
50.000  tonnes  par  an.  Le  tonnage  reconnu  exploitable  est  de 
8  millions  de  tonnes,  sans  compter  les  gisements  de  la 
Sardaigne.  De  nombreuses  études  ont  été  faites,  notamment 
par  M.  Toso,  ingénieur  en  chef  des  Mines  à  Florence,  pour 
l'emploi  des  lignites  d'Italie,  à  la  fabrication  des  agglomérés 
et  du  coke  ;  le  coke  un  peu  résistant  ne  peut  être  obtenu 
avec  ces  lignites  qu'à  condition  qu'ils  soient  desséchés  et 
mélangés  à  de  la  houille  demi-grasse  dans  la  proportion  de 
50  0/0  environ. 

<:ISEXENTS    DE    LIGNITE    EN    ALGERIE 

L'Algérie  ne  s'est  pas  montrée  jusqu'à  présent  bien  riche 
en  gîles  de  combustibles  minéraux.  Kn  dehors  des  gisements 
à  peu  près  inexploitables  de  houille  anthraciteuse  à  Fedj 
M'zala,  près  de  Constantine,  et  de  lignite  à  Bou-SandOy 
on  ne  connaît  que  le  gîte  lignitifère  de  Marceau  près  de 
liouraya,  à  une  vingtaine  de  kilomètres  du  port  de  Cherchell. 
—  Le  lignite  se  rencontre  à  Marceau  dans  le  miocène  supé- 
rieur fsahélien).  11  a  été  déposé  à  l'embourhure  d'un  ancien 
estuaire  qui  recevait  ses  eaux  de  l'ouest,  et  qui  était  limité 
au  nord  et  au  sud  par  deux  bandes  de  Icrrîvins  éruptifs. 

Le  lignite  est  intercalé  dans  des  sables  sous  forme  do 
lentilles  allongées.  On  a  reconnu  à  Marceau  trois  couches 
principales  présentant  ensemble  une  puissance  utile  de 
"i  mètres.  Le  lignite  exploité  est  noir  mat,  compact,  à 
cassure  parallélipipédique,  avec  filets  brillants;  il  tient 
31  0  0  d'eau  et  13  0/0  de  cendres.  Son  pouvoir  calorifique  est 
de  '*.W0  calories  environ;  on  peut  estimer  à  350.000  mètres 
cubes  le  volume  de  lignite  exploita4)le  reconnu  à  Marceau. 


LE   CARBONE   ET    SES   COMPOSÉS  399 

GISEMENTS  DE  LIGNITE  EN  AMÉRIQUE 

Dans  le  Colorado ^  ainsi  que  dans  le  Wyominy  et  dans 
les  contreforts  orientaux  des  montagnes  Rocheuses,  on 
trouve  un  gisement  lignitifère  très  important  appelé  groupe 
de  Laramie  ou  Lignitic  group. 

Les  lignites  de  cette  région  appartiennent  à  la  tête  du 
crétacé  et  sont  recouverts  par  des  couches  éocènes. 

En  Colombie,  on  a  trouvé  des  gisements  de  lignite,  à  Santa- 
Pé  de  Bogota,  dans  le  crétacé. 

Dans  le  sud  du  Chiliy  entre  Topocatina  et  Magellan,  on  a 
trouvé  du  lignite  dans  les  formations  tertiaires,  à  Lota, 
l.ebu,  etc. 

GISEMENTS    DIVERS    DE    LIGNITE 

On  peut  citer  encore  :  les  gîtes  lignitifères  de  la  Grèce  : 
20.018  tonnes,  en  4897,  valant  200.000  francs; 

Ceux  de  la  Turquie,  9.525  tonnes  en  1896-1897  ; 

Ceux  de  la  Roumanie,  dans  les  formations  du  Sai^matien, 
entre  Sévérin  et  Toscani  [Margineanca,  Sotanga,  Doicesti), 
70.000  tonnes  par  an  depuis  1878; 

Ceux  du  Portugal,  8.000  tonnes  en  1896,  représentant 
une  valeur  de  91 .530  francs  ; 

Ceux  de  la  Bosnie,  222.78i  tonnes  en  1896,  valant 
1.174.185  francs; 

Ceux  delà  Russie,  gouvernements  de  Kiew  (mine  d'Ekate- 
rinopol),  de  Volhyme  (mine  de  Gebiak),  de  Minsk  (mine  de 
Mazire),  etc.; 

Ceux  de  la  Nortvège  file  d'Ando),  du  Danemark  et  de  la 
Suède; 

Ceux  de  VIslande  (gisements  du  Vapna-Fiordur  ot  d'Avam- 
mur)  ; 

Ceux  du  Turkestan  (gisements  do  Kouldja  e(  Sir-Darin); 

Ceux  du  Japon,  15.000  tonnes  en  1891  ; 

Ceux  de  Victoria  (Australie),  5.908  tonnes  en  i8i)6,  valant 
33.525  francs. 


■GÉOLOGIE    APPLlQtÉE 


Propriétés  ptaysiqnes  et  chimiqnei.  —  La  tourbe  est  une 
substance  combustible,  d'un  brun  noirfttre.  Elle  est  pro- 
duite par  la  déco  m  position  d«  petits  v^gi^laux  aquatiques, 
qui  se  développent  dans  dos  eauï  calmes  et  peu  profondes. 

Ce  combustible  représente  le  premier  degré  de  décompo- 
sition des  végétaux,  tandis  que  l'anthracite  en  serait  le  der- 
nier degré.  On  peut  presque  toujours  reconnaître  dans  la 
tourbe  la  nature  des  plantes  qui  l'onl  formée. 

La  sli-uclure  de  la  tourbe  est  fibreuse  ou  papyracée  dans 

les  parties  supérieures  des  depuis,  taudis  qu'elle  «si  plutôt 

compacte  et  limoneuse  dans  les  parties  inférieures.  Son  tissu 

esl  ligneux  et  spongieux.  Sa 

donsilé  est  de  I  environ. 

La  tourbe  bi'ùle  facilc-ment 
avec  une  flamme  courte,  en 
d^'gageant  une  odeur  caracté- 
ristique ressemblant  un  peu  à 
celledesherbessèchesbiûlées. 
Dans  le  matras,  elle  dégage 
Fio.  <i!i.  —  Bloc  de  iQurbi:.  i^s   produits  volatils  du  boi» 

en  conservant  sa  forme,  sous 
un  volume  réduit  des  deux  tiers  environ.  La  tourbe  renferme 
de  2  à  10  0/0  de  rendros  et  60  à  73  0,0  d'eau,  lorsqu'elle  vient 
d'être  extraite.  Séchée  à  l'air,  elle  tient  encore  20  0/0  d'eau 

Sa  composition  élcmeiilaire  est  la  suivante  :  Carbone,  S5 
à  65  0,0;  hydrogène,  4  à  8  00;  oxygène,  2â  à  36  0'0;  azote,  I 
h  2  0/0. 

Elle  présente  celte  composition,  cendres  déduites,  lors- 
qu'elle est  débarrassée  compléteinenl  di^  l'eau  hygrométrique, 
aprcs  dessiccation  a  110".  Par  dislilhilion,  on  obtient  avec  lu 
tombe  à  peu  piës  les  mêjnes  produits  qu'avec  le  bois  (acid« 
pyrohgneux,  paiaflme,  ammoniaque,  etc.; ;  lucide  acétique 
cnpeudant  j  est  moins  abondant. 


LE   CàRBONC    et   ses   COMPOSÉS  h)! 

Usages.  —  l-a  tourbe  n'est,  en  somme,  qu'un  mt^diocre 
combustible,  et  on  ne  l'emploie  que  dans  lf»s  contrées  où 
manquent  bouille,  lignite  et  bois.  On  l'utilise  en  britiucttes 
séchées  au  soleil  ou  comprimées;  quelquefois  on  l'emploie 
après  carbonisation,  sous  forme  de  coke. 

!-es  libers  végétales  qui  composent  la  tourbe  conserv»'nt 
une  partie  de  leur  eau,  même  après  dessiccation;  et  après 
compression,  elles  reprennent  presque  toute  Toau  aban- 
donnée. C'est  pourquoi  les  briquettes  de  tourbe  éclatent  sur 
les  grilles  et  sont  difficilement  utilisables.  On  peut  remédier 
à  cette  difficulté  en  é^outtant  sommairement  la  tourbe,  puis 
en  la  réduisant  à  l'état  de  pulpe,  ce  qui  détruit  les  tihrrs 
végétales.  La  tourbe  peut  alors  se  sécher  et  se  condenser 
sons  un  volume  quatre  fois  moindre. 

La  tourbe,  ne  contenant  ni  soufre  ni  phosphore,  ] courrait 
être  employée  comprimée,  pour  la  fabrication  d'un  fer  de 
qualité  supérieure  et  aussi  pour  les  fours  électriques  et  pour 
la  fabricatioii  du  carbure  de  calcium.  Mélangée  à  de  la 
houille,  la  tourbe  condensée  diminue  notablement  la  quan- 
tité de  fumée  dégagée  par  cette  dernière. 

Dans  certains  pays  elle  sert  à  la  couverture  et  même  à 
la  construction  des  chaumières,  et  elle  est  quelquefois  utili- 
sée comme  une  sorte  de  selle  qui  s'adapte  sur  le  dos  des 
chevaux,  grâce  à  sa  grande  flexibilité.  Soumis<'  à  la  distilla- 
tion sèche,  la  tourbe  fournit  des  produits  qui  peuvent  servir 
à  l'éclairage,  comme  les  huiles  de  schiste.  Elle  tient,  en 
moyenne,  15  0/0  d'huile  brute,  avec  40  0/0  de  charbon  (k 
tourbe  et  3o  0/0  d'eaux  ammoniacales.  La  tourbe  condensée 
donne  par  tonne  400  mètres  cubes  d'un  gaz  sans  soufre  et 
d^un  pouvoir  éclairant  très  élevé. 

Le  pouvoir  absorbant  et  désinfectant  de  la  tourbe  est  assez 
considérable;  on  l'utilise  pour  divers  usages  hygiéniques. 

Ia  tourbe  séchée  est  employée  pour  les  litières  des  che- 
vaux et  pour  le  sol  des  logements  humides  (Russie  et  Alle- 
magne du  Nord).  La  tourbe  qui  a  été  desséchée  gonfle  très 
fortement  lorsqu'on  l'imbibe  d'eau.  On  utilise  cette  propriété 
pour  Tétanchéité  des  canaux  et  des  étangs,  en  bouchant  les 
tissures  avec  de  la  tourbe. 

Certaines  tourbes  mousseuses  contiennent  des  fibres  gros- 

OiOLOGIB.  26 


402  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

sières  qu'on  a  cherché  à  utiliser  pour  la  fabrication  de  tissus. 

Enfin  les  cendres  de  la  tourbe  contiennent  du  sulfate  et  du 
phosphate  de  chaux  et  sont  quelquefois  employées  pour 
l'amendement  des  terres. 

Géogénie.  —  Les  tourbières  existent  dans  les  parties  basses 
des  continents,  en  dehors  des  régions  tropicales  ;  il  n'existe 
pas  de  tourbières  en  dessous  du  quarante-cinquième  paral- 
lèle ;  leur  principale  zone  de  développement  est  le  cinquante- 
sixième  parallèle  ;  une  chaleur  trop  élevée  hâterait  la  décom- 
position des  végétaux  avant  que  leur  transformation  en 
tourbe  ne  soit  commencée. 

La  tourbe  se  forme  dans  les  régions  recouvertes  d'une 
couche  d'eau  assez  faible  pour  que  les  plantes  puissent 
prendre  racine  et  assez  calme  pour  que  les  substances  anti- 
septiques, résines,  gommes,  acide  ulmi<]ue,  acide  gallique,  etc. , 
ne  soient  pas  entraînées  trop  rapidement.  Ces  substances 
préservent  les  végétaux  d'une  trop  brusque  décompo- 
sition. 

En  général,  les  tourbières  sont  formées  de  plusieurs  sortes 
de  plantes.  A  la  base,  on  constate  la  présence  de  sphaignes 
ou  mousses  d'eau  très  abondantes,  avec  feuilles  verddtres, 
brunes  ou  blanchâtres.  Ces  plantes  se  développent  par  la 
partie  supérieure  et  finissent  par  mourir  par  la  racine. 
Elles  relèvent  ainsi  le  niveau  du  sol  et,  par  suite,  diminuent 
l'épaisseur  de  la  couche  d'eau  superficielle. 

Sur  ces  terrains  rendus  moins  aquifères  et  recouverts 
d'un  feutrage  de  sphaignes,  se  développent  des  mousses,  des 
Joncs,  des  saules  nains,  etc. 

Ces  plantes  meurent  à  leur  tour,  et  le  sol  exhaussé  se 
recouvre  de  végétaux  appartenant  à  des  terrains  moins 
humides,  mélampyres,  prêles,  etc.,  puis  saules,  bouleaux, etc. 

Ces  divei^  végétaux  forment  des  couches  qui  se  renou- 
vellent constamment.  Dans  certaines  régions,  la  végétation 
des  sphaignes  est  tellement  touffue  que  le  niveau  des  eaux 
se  trouve  soulevé  au-dessus  de  ces  plantes  et  donne  nais- 
sance à  d'autres  dépots  aquatiques  plus  élevés  que  le  niveau 
moyen  du  sol.  On  compte  que  la  tourbe  peut  croître  de  O^jSO 
à  3  mètres  par  siècle.  On  a  pu  calculer  approximativement 
la  rapidité  de  croissance  do  la  tourbe,  d'après  des  pièces  de 


LE   CARBO.NE    ET    SES    COMPOSÉS  403 

monnaie  ou  des  ustensiles  divers,  qu'on  a  retrouvés  à  diverses 
profondeurs  dans  des  couches  de  tourbe. 

Le  phénomène  de  la  formation  de  la  tourbe  a  dû  commen- 
cer à  la  fin  du  tertiaire  ;  il  s'est  surtout  développé  dans  le 
quaternaire  et  continue  encore  de  nos  jours  dans  un  grand 
nombre  de  régions,  ce  qui  a  permis  de  mettre  quelques 
tourbières  en  coupe  réglée  comme  des  forêts. 


GISEMENTS    DE   TOUnSE 

Les  plus  anciennes  tourbières  connues  sont  celles  de 
Dirten  et  d'Utznack,  en  Suisse.  La  couche  exploitée  a  près  de 
4  mètres  de  puissance;  mais  elle  a  dû  être  fortement  compri- 
mée, ainsi  que  l'indiquent  les  troncs  d'arbres  aplatis  qu'on  y 
rencontre.  Elle  repose  sur  une  assise  de  limon  surmontant  la 
molasse.  La  couche  est  recouverte,  à  Utznach,  par  le  dilu- 
vium  de  la  seconde  période  glaciaire,  et  à  Dirten,  par  des 
cailloux  roulés  et  du  sable  contenant  des  ossements  d'Ele- 
phas  primigenius. 

En  France,  il  existe  de  nombreuses  tourbières  : 

Les  principales  sont  celles  de  la  vallée  de  la  Somme,  dont 
l'établissement  a  coïncidé  avec  le  retour  du  régime  humide, 
interrompu  pendant  l'âge  du  renne. 

Il  existe  aussi  des  gisements  de  tourbe  dans  les  vallées  de 
VOurcq,  de  VEssonnCj  du  Thérain^  de  V Aisne  et  de  YOiac. 

Dans  le  Jura,  on  trouve  des  tourbières  sur  des  pentes  assez 
raides  et  dans  des  parties  élevées  ;  cela  tient  à  ce  que  le  sol 
est  continuellement  humecté  par  des  suintements  qui  sont 
retenus  par  les  mousses  aquatiques  et  les  sphaignes  qui  se 
développent  même  sur  les  hauteurs. 

Les  plateaux  granitiques  à  faible  ponte,  entourant  le  Pla- 
teau Central  de  la  France,  renferment  aussi  un  certain 
nombre  de  tourbières,  ainsi  que  les  départements  de  l'Isère 
(Morestel,  Bourgoin),  de  la  Loire-Inférieure  (Montoire),  de 
la  Manche  (Carentan),  de  l'Ariège  (Vicdessos),  etc. 

La  production  annuelle  de  la  tourbe  en  France  varie  de 
225.000  à  300.000  tonnes  en  moyenne. 

On  trouve  aussi  de  la  tourbe  sur  le  Blogsherg,  le  mont  le 


I 


404  GÉOLOGIE    APPLIQUEE 

plus  élevé  de  la  Saxe,  et  sur  le  Broken,  le  sommet  le  plus 
hautdu  Harz.  La  Bavière  produit  annuellement  500  000  tonnos 
de  tourbe  environ. 

On  peut  citer  encore  les  tourbières  de  la  Flandre,  de  la 
Hollande  (aux  environs  de  Rosendal  et  de  Rotterdam)  et  de 
VAllemagne  du  Nord,  pays  bas  et  marécageux.  Dans  rAllo- 
magne  du  Nord,  on  rencontre  de  nombreux  dépôts  de  tourbe, 
en  Westphalie,  en  Hanovre,  en  Prusse  et  en  Silésie, 

En  Irlande,  plus  d*un  million  d^hec tares  sont  couverts  de 
tourbières  qui  appartiennent  à  la  dernière  phase  de  Tépoque 
pleistocène,  ainsi  que  le  montrent  les  restes  de  mégaceros 
hiberniens  trouvés  à  la  base  de  quelques  couches  de  tourbe. 
Cette  espèce  de  cerf,  éteinte  aujourd'hui,  caractérise  les 
premiers  développements  de  la  civilisation  néolithique. 

En  Islande,  les  gîtes  de  tourbe  sont  également  très  répan- 
dus. Ils  sont  d'un  grand  secours  aux  habitants  pour  le  chauf- 
fage, ainsi  que  pour  la  construction  des  cabanes. 

En  Lithuanie  se  trouvent  des  tourbières  qui  se  sont  suré- 
levées peu  à  peu,  jusqu'à  une  quinzaine  de  mètres  de  hau- 
teur, par  suite  de  la  vigueur  de  la  végétation. 

La  Hamme  renferme  aussi  quelques  tourbières  surélevées, 
mais  dans  lesquelles  le  renflement  a  été  produit  par  des 
infiltrations  d'eau  qui  ont  formé  des  nappes  liquides  au-des- 
sous d'une  croûte  de  tourbe  plus  ou  moins  puissante. 

On  trouve  des  tourbières  dans  différentes  parties  du 
Danemark,  de  Vltalie,  de  la  Russie  (Neva,  Finlande),  du  Canada 
(Ontario),  des  iles  Malouines,  etc.  En  It^ilie,  on  exploite  la 
tourbe  à  Codigoro,  près  de  Ferrare  :  10.000  tonnes  par  an,  à 
Orentano  et  à  Santa-Croce-SuirArno  (5.000  tonnes),  dans  la 
province  de  Florence,  ainsi  que  vers  LkUnc  à  San-Daniely 
Majano,  etc.  (8.000  tonnes  par  an),  et  dans  la  province  do 
Brescia,  à  Iseo,  Timolino  et  Provaylio  (9.000  tonnes  par  an)  ; 
on  en  trouve  aussi  près  de  Turin  [Trana,  Àvigliana,  Bol- 
lengo,  etc.),  près  de  Milan  [Renate,  Casalc-Litta'^,  près  de  Côme 
{Varano,  Mombello,  Valganna,  etc.,  etc.l  L'extraction  annuelle 
en  Italie  ne  dépasse  guère  40.000  tonnes. 

Résumé  sur  les  combustibles  minéraux.  —  Si  l'on  consi- 
dère la  composition  des  divers  combustibles  minéraux  <|ue 


i 


LE   CARBONE   ET    SES   COMPOSÉS  405 

Ton  vient  de  passer  en  revue  ;  anthracile,  houille  maigre, 
houille  demi-grasse,  houille  grasse,  houille  sèche,  lignite 
sec,  lignite  xyloïde  et  tourbe,  on  voit  que  lanalyse  élémen- 
taire indique  une  augmentation  de  richesse  en  carbone,  à 
mesure  que  le  combustible  est  plus  /incien,  tandis  que  la 
teneur  en  oxygène  diminue  depuis  la  tourbe  jusqu'à  Tan- 
Ihracile  (de  36  ju-qu'à  3  0/0). 

De  plus,  on  peut  constater  que  la  proportion  de  carbone 
fixe,  qui  est  de  90  à  94  0/0  pour  Tanthracite,  descend  jusqu'à 
55  0/0  environ  pour  la  tourbe,  tandis  que  les  matières  vola- 
tiles s'élèvent  de  6  0/0  pour  Tanthracite,  jusqu'à  45  0/0  pour 
la  tourbe.  On  voit  donc  que  plus  un  combustible  est  ancien, 
plus  il  est  appauvri  en  matières  volatiles. 

L'i  densité  de  ces  combustibles,  bien  secs  et  débarrassés  de 
leurs  cendres,  s'abaisse  continuellement  de  l'anthracite  jus- 
qu'aux combustibles  fossiles  les  plus  récents.  Le  pouvoir 
calorifique  ne  dépend  pas  seulement  des  proportions  de  car- 
bone et  d'hydrogène,  mais  aussi  de  la  constitution  intime 
du  combustible  et,  s'il  augmente  de  la  tourbe  (1.800  à 
3.000  calories)  jusqu'à  la  houille  demi-grasse  (9.300  à 
9.600  calories),  il  diminue  ensuite  jusqu'à  l'anthracite 
(9.000  calories). 

Quant  à  la  valeur  marchande  de  ces  divers  combustibles, 
elle  dépend  non  seulement  de  la  catégorie  à  laquelle  appar- 
tient chacun  d'eux,  mais  encore  de  la  dureté  et  do  la  teneur 
en  cendres,  et  surent  de  la  rareté  de  chaque  combustible, 
relativement  au  lieu  et  aux  conditions  de  son  emploi. 


BIBLIOGRAPHIE  DES  COMBUSTIBLES  MIlliRAUZ 


1857.  Gruner,    Bassin  anthracifère  du   Roannais.  —    Description 

géologique  du  déparlement  de  la  Loire  (Imp.  Nat.). 
1861.  E.  Dormoy,  Topographie  souterraine  du  bassin  houiller  de 

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1S71.  lÏ€sit^£AifaunecarboniférienneduMissouri{SeuesJahrb.,p.C)S). 
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1875.  Stache,  Élude  géologique  du  carboniférien  dans  la  vallée  de 

la  Gail  {Neues  Jahrb,  p.  99\ 


406  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

1876.  Nordenskjoeld,    Formation    car  boni  férié  nne    du    ^pilzberg 

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1816.  L'abbé  Boulay,  Le  terrain  houiller  du  Nord  de  la  France  et 
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1885.  Urbain  et   Stanislas  Meunier,    I^s  combustibles   minéraux 

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Jahrb.,  II,  p.  462). 
1891.  Steinmann,    Formation  carboniférienne  au   Brésil  {Americ. 

Naturaliste  octobre). 

1894.  Bertrand,  Le  bassin  houiller  de  Valenciemies  {Annales  des 

Mines,  i*'  volume,  6'  livraison,  p.  569,  635). 

1895.  Chapuy,  Constitution  du  midi  du  bassin  houiller  de   Valen- 

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t.  XII,  p.  501). 

1898.  H.  Charpentier,  Étude  sur  les  lignites  de  Hongrie,  Thalheim- 

Schreibersdorf  (édité  chez  Alcan-Lévy,  Paris). 

1899.  Delas,  Les  lignttes  du  Sarladais  {Bulletin  de  la  Société  de 

l'Industrie  minérale,  3*  série,  t.  XIII,  p.  605). 
Barrois,  Le  bassin  carbonifère  de  la  Basse-Loire  et  du  Mor- 
bihan {Annales  de  la  Société  géologique,  n.*  11,  p.  279). 
Bureau,  Les  anthracites  de  la  Basse-Loire,  de  la  Vendée  et  du 
Poitou  {Bulletin  de  la  Société  géologique  de  France,  2-  série, 
XU,  p.  165).  —  Lesystème  carboniférien  en  Espagne  {Bulletin 
de  la  Société  géologique  de  France,  2*  série,  XXII 1,  p.  846). 
Gossclet,  Étude  du  bassin  houiller  du  bas  Boulonnais.  —  VAr- 
denne  belge. —  Esquisse  géologique  du  Nord  de  la  France) 
Grey,  Teirain  houiller  de  la  colonie  du  Cap  {Géologie  sociale, 
London,  XXVII,  p.  49). 
H.  Charpentier,   Rapport  sur  les  gisements  lignitifères  des 
Provinces   Rhénanes    (Brochure  imprimée  chez  Haver- 
mans,  à  Bru.xeUes,  1899). 


LE  CARBONE  ET  SES  COMPOSÉS         407 

Nikétin,   Composition  du    système  carbonifénen  en  Russie 

{Mémoire  Com.  GéoL  Russe ^  V). 
Potier,   Bcissin    carboniférien   du   Reyran  {contre   VEsterel 

{Bulletin  de  la  Société  géologique  de  France,  3*  série). 
De  Reydeiiet,  Bassin  houiller  de  Ciudad-Real  {Bulletin  de  la 

Société  géologique  de  France,  3*  série,  III,  p.  160). 


408  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

HYOROGARBUBES 

Les  hydrocarbures  ou  carbures  d'hydrogène  sont  très 
abondants  dans  la  nature  à  Tétat  libre  ;  on  les  trouve  aussi 
mélangés  ou  chimiquement  incorporés  à  des  roches. 

On  distingue  les  hydrocarbures  gazeux  (gaz  naturels  d'Ita- 
lie, d'Amérique,  etc.),  les  hydrocarbures  liquides  (huiles  de 
naphte  et  pétroles  d'Amérique,  du  Caucase,  de  Roumanie,  de 
Galicie,  eic,)y\es*hydrocarbures  visqueux  (bitumes)  et  les  hydro- 
carbures solides  y  libres  ou  mélangés  à  des  roches  (asphaltes, 
schistes  bitumineux,  ambre,  ozokérite,  bogheads,  etc.)* 

On  décrira  ci-dessous  les  principaux  gîtes  d'hydrocarbures, 
an  suivant  cette  classification. 

I.    —    HYOROCARHUnES    GAZEUX 

Les  hydrocarbures  gazeux,  se  rencontrent  partout  où  se 
décomposent  des  matières  organiques  et  souvent  dans  les 
régions  où  se  produisent  des  phénomènes  volcaniques. 

Gaz  des  marais.  —  Dans  les  eaux  stagnantes,  on  voit  con- 
tinuellement se  former,  à  la  surface,  des  bulles  de  gaz  qui 
contiennent,  outre  de  l'acide  carbonique,  de  l'hydrogène  pro- 
tocarboné et,  parfois,  de  l'azote  et  de  l'oxygène.  Ces  dégage- 
ments proviennent  de  la  décomposition  de  végétaux  au  fond 
des  eaux.  Ils  ccmslituent  ce  qu'on  appelle  le  gaz  des  marais 
(C2H<). 

Grisou.  —  Ce  môme  gaz  se  rencontre,  avec  une  composi- 
tion un  peu  différente,  dans  les  mines  de  houille  où  les  végé- 
taux, ainsi  qu'on  l'a  vu  plus  haut,  ont  subi  une  décomposition 
et  m\v  transformation  complètes.  Il  y  est  connu  sous  le  nom 
de  ijrisou. 

Gaz  combustible.  —  D'autre  part,  les  salses,  les  volcans  de 
boue  et  les  gisements  de  pétrole  laissent  dégager  un  gaz 
hydrocarbure  qui  est  presque  exclusivement  formé  de  gaz 
des  marais  et  de  bicarbure  d'hydrogène  ou  gaz  oléfiant  (CW). 

Ces  divers  .hydrocarbures  gazeux  sont  éminemment  com- 
bustibles. 


LE  CARBONE  ET  SES  COMPOSÉS  409 

Le  gaz  des  marais  s'enflamme  parfois  spontanément  à  Tair 
et  produit  le  phénomène  bien  connu  des  feux  follets. 

Le  grisou  s'enflamme  malheureusement  trop  souvent  dans 
les  exploitations  houillères  et  produit  des  explosions  épou- 
vantables en  faisant  parfois  de  nombreuses  victimes. 

Les  salses  et  les  volcans  de  boue  donnent  quelquefois 
naissance  à  des  jets  de  gaz  qui,  enflammés,  forment  ce  qu'on 
appelle  des  fontaines  ardentes, 

Enfln  les  régions  pétrolifères  laissent  souvent  dégager  des 
jets  de  gaz  très  considérables,  qui  s'enflamment  au  contact 
d*un  foyer  ou  d'une  lampe  et  qu'il  est  très  difflcile  d'éteindre. 

Usages.  —  Ces  derniers  hydrocarbures  gazeux  sont  les 
seuls  qui  soient  utilisés  industriellement. 

Ils  sont  employés  pour  le  chauffage  domestique,  le  chauf- 
fage industriel  et  l'éclairage. 

I,e  prix  de  revient,  à  puissance  égale,  n'est  que  le  cinquième 
de  celui  du  charbon  ;  mais  les  difflcultés  de  transport  de  ces 
gaz  à  de  grandes  distances  limitent  leur  emploi  à  leur  lieu 
de  production  et  aux  régions  voisines,  susceptibles  d'être 
reliées  au  lieu  de  dégagement  par  une  canalisation  étanche. 

Gisements.  -<  En  France,  des  dégagements  de  carbure  d'hy- 
drogène gazeux,  peut-être  en  relation  avec  un  gisement 
pétrolifère,  ont  pu  être  captés  et  utilisés  pour  l'éclairage  à 
Chdtillon,  dans  la  Haute-Savoie,  et  à  Nyons^  dans  la  Drôme. 

En  Hollande,  on  a  découvert,  il  y  a  une  quinzaine  d'années 
à  Oudendyjk,  sur  la  ligne  d'Amsterdam  à  Enkhuisen,  dans 
des  puits  artésiens,  à  la  profondeur  de  30  mètres  environ, 
des  gaz  hydrocarbures  qui  sont  recueillis  maintenant,  dit-on, 
dans  des  cloches  recouvrant  les  réservoirs  d'eau,  et  utilisés 
par  les  habitants  pour  leur  éclairage  et  leur  chaufTage. 

En  Italie,  dans  l'Emilie,  près  de  SassunOj  des  fontaines 
ardentes  ont  été  utilisées  autrefois  pour  le  chauffage  el 
l'éclairage  {Barigazzo,  Porretta^  etc.). 

En  Chine,  dans  la  province  de  Setchouan,  les  gaz  naturels, 
qui  se  rencontrent  à  faible  profondeur,  sont  utilisés  pour  le 
chaufTage  depuis  plusieurs  siècles. 

En  Amérique,  c'est  seulement  depuis  1820  qu'on  a  songé 
à  utiliser  les  hydrocarbures  gazeux,  dont  l'existence  était 
cependant  connue  depuis  longtemps. 


410  GÉOLOGIE    ÂPPLIQCÉB 

Les  gisements  de  la  Pensylvanie  occidentale  et  du  Canada 

donnent  des  quantités  considérables  de  gaz.  Les  premiers 
essais  d'éclairage  furent  faits  à  Fredonia  et  à  Barcelona 
(lac  Érié)  ;  depuis,  Leechburg,  Murrayville  et  Pittsburg  ont 
employé  les  gaz  naturels  pour  Téclairage  et  pour  le  chauffage 
domestique  et  industriel  (générateurs,  verreries,  chaux, 
briques,  fours  à  puddler,  etc.). 

Une  soixantaine  de  Compagnies  de  gaz  fournissaient, 
en  1887,  environ  50  millionsde  mètres  cubes  d'hydrocarbures 
gazeux  remplaçant  30.000  tonnes  de  houille  ;  mais,  depuis 
cette  époque,  un  grand  nombre  de  forages  se  sont  taris  et 
la  production  a  beaucoup  diminué. 

Les  gaz  hydrocarbures  exploités  en  Amérique  contiennent 
environ  70  0/0  de  protocarbure  d'hydrogène,  i  0/0  de  bicar- 
bure,  20  0/0  d'hydrogène,  5  0/0  d'hydrure  d'éthyle  et  de  faibles 
quantités  d'oxygène,  d'acide  carbonique  et  d'oxyde  de  carbone. 

Les  gisements  de  gaz,  concentrés  autour  de  Pittsburg 
(Pensylvanie)  et  de  Findlay  (Ohio),  se  retrouvent  au  Canada 
dans  la  vallée  du  Saint-Laurent,  entre  Québec  et  Montréal. 

Les  puits  riches  se  trouvent  sur  les  lignes  anticlinales  des 
plissements  du  terrain.  Ils  sont  en  relation  avec  les  pétroles 
de  ces  régions,  dans  le  carbonifère  inférieur  [Pensylvanie] ^ 
dans  les  calcaires  (Findlay,  Ohio);  dans  le  silurien  inférieur 
(calcaires  de  Trenton,  schistes  d'Hudson-River,  grès  de 
Mediaua  à  Ij)uisviiley  Trois- Rivières,  ^faisonneuve,  etc.). 


BIBLIOGRAPHIE  DES  GAZ  NATUBBLS 


1876.  Smith,  Puits  de  gaz  en  Pensylvanie  {Annales  de  Chimie  et  de 
Physique^  5'  série,  t.  Vlll,  p.  366;  Bulletin  de  la  Société 
de  Physique  et  de  Chimie,  1877,  n*  3). 

1885-1886-1887-1888.  Obalski,  Rapport  sur  les  gaz  combustibles  du 
Canada  (contient  une  bibliographie  antérieure). 

1889.  Obalski,  Sur  V épuisement  des  gaz  à  Pittsburg  {Nature,  28  dé- 
cembre). 
Fouqué  et  Gorceix,  Étude  sur  les  gaz  inflammables  {Annales 
des  Sciences  géologiques,  t.  11). 


LE   CARBONE   ET   SES   COMPOSÉS  411 

II.    —    HrOROCiTRBURBS    LIQUIDES    (pÉTROLB) 

Propriétés  physiques  et  chimiques.  —  Les  hydrocarbures 
liquides  sont  connus  sous  les  noms  d'huile  minérale,  de  pétrole 
ou  de  naphte. 

Tels  qu'ils  se  rencontrent  à  Tétat  naturel,  les  pétroles 
sont  des  mélanges  de  diverses  combinaisons  de  carbone  et 
d'hydrogène,  d'où  leur  nom  général  d'hydrocarbures. 

Les  pétroles  sont  tantôt  épais  et  sirupeux,  tantôt  fluides  et 
légers. 

Ils  sont  facilement  reconnaissables  à  leur  odeur  caracté- 
ristique et  à  leur  couleur  jaune  verdàtre,  passant  quelquefois 
au  brun  goudronneux,  mais  avec  un  reflet  toujours  verdàtre. 
Us  sont  très  facilement  inflammables. 

La  densité  du  pétrole  varie  de  0,765  à  0,970,  selon  le  lieu 
d'origine. 

Le  pouvoir  caloriflque  du  pétrole  varie  de  9.950  à 
10.800  calories. 

Peu  soluble  dans  l'alcool,  soluble  dans  l'éther  et  les  huiles 
essentielles,  le  pétrole  a,  comme  composition  chimique, 
80  à  85  0/0  de  carbone,  I  à  3  0/0  d'oxygène  et  12  à  15  0/0 
d'hydrogène. 

Il  est  constitué  principalement  par  des  hydrocarbures  de 
la  série  forménique  de  la  formule  C"H''*«+*. 

Le  gaz  des  marais,  CH*,  est  le  premier  de  cette  série. 

Usages.  —  I^es  plus  importantes  applications  du  pétrole 
sont  Téclairage,  le  graissage  et  le  chauffage.  On  ne  citera 
que  pour  mémoire  les  usages  médicinaux, désinfectants,  etc., 
du  pétrole  et  de  ses  dérivés. 

Depuis  quelques  années,  le  pétrole  et  les  huiles  minérales 
lourdes  ont  trouvé  un  débouché  important  dans  le  cliaufTage 
des  automobiles  et  des  générateurs  soit  à  l'état  liquide,  soit 
il  l'élat  pulvérisé  (procédés  Adolphe  Seigle,  Holden,  etc.). 

Pour  convenir  à  l'éclairage,  les  huiles  de  pétrole  doivent 
être  bien  flukles,  afin  de  pouvoir  s'élever  dans  les  mèches 
des  lampes  par  capillarité.  Pour  le  graissage,  au  contraire, 
elles  doivent  être  visqueuses,  afin  de  ne  pas  être  dispersées 
autour  des  organes  à  lubrifier. 


412  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Les  huiles  de  pétrole,  avant  d'être  employées  à  leurs 
il i vers  usages,  doivent  être  traitées  par  distillation  et  débar- 
rassées des  impuretés  qu'elles  peuvent  contenir. 

La  partie  des  huiles  brutes  qui,  à  la  distillation,  se  volati- 
lisa au-dessous  de  150°,  constitue  Tessence  de  {)étrole,  la 
benzine  et  Téther  de  pétrole  (D  =  0,720  à  0,760),  qui  sont 
employés  pour  la  teinturerie  et  divers  autres  usages.  Entre 
150  et  300°,  les  parties  volatilisées  constituent  les  huiles 
lampantes  bonnes  pour  l'éclairage  (khérosènes,  D  =:  0,760 
à  0,875).  Ce  qui  passe  au-dessus  de  300°  est  employé  comme 
matière  lubrifiante  el  comme  combustible  (astakis  et  mazouts: 
pouvoir  calorifique,  de  33  0/0  plus  élevé  que  celui  de  la 
houille;  vaporisation  =  16^8,2  d'eau  par  kilogramme  de 
mazout). 

Les  résidus  de  la  distillation  sont  des  goudrons  visqueux 
el  noirâtres  qui  donnent,  au  rouge,  des  carbures  éthyléniques 
et  des  carbures  pauvres  en  hydrogène. 

Après  ces  diverses  opérations,  qui  se  font  dans  de  grandes 
<-(»niues  sphériques,  il  reste  au  fond  du  récipient  un  coke 
boursouflé  noir  et  cassant. 

Sainte-Claire  Deville  et  d'Engler  ont  observé,  à  la  suite 
d'un  grand  nombre  d'expériences,  que  les  huiles  brutes  les 
plus  pr««pres  à  la  fabrication  du  pétrole  d'éclairage,  sont 
aussi  les  plus  légères.  Ce  sont  principalement  celles  que 
Ton  recueille  dans  l'Italie  septentrionale,  la  Pensylvanie, 
la  Galicie,  la  Virginie  occidentale,  la  Circassie  et  l'ile  de 
Java. 

Les  huiles  de  pétrole  du  Hanovre,  du  Caucase  et  de  l'Alsace 
donnent  de  meilleurs  rendements  au-dessus  de  300°  et,  par 
suite,  sont  plus  avantageusement  employées  pour  la  fabrica- 
tion (les  produits  lubrifiants. 

Géogénie.  —  De  nombreuses  hypothèses  ont  été  imaginées 
au  sujet  de  la  formation  et  du  mode  de  gisement  du  pétrole. 
Klles  peuvent  se  réduire  à  »Tois  principales  :  origine  orga- 
nique, origine  chimique,  origine  volcanique. 

Chacune  de  ces  hypothèses  est  applicable  à  un  certain 
nombre  de  gisements  pétrolifères,  mais  est  inadmissible 
pour  les  autres. 

Il  est  impossible  de  se  faire  une  opinion  exacte  sur  l'ori- 


LE   CARBONE    ET    SES    COMPOSltS  4l;( 

gine  et  les  conditioas  d'exploitabilité  d'un  gisemenl  pélroli- 
fère,  si  Ton  a  limilé  ses  observations  à  uu  clianip  d'exploita- 
tion restreint,  et  ce  n*est  qu'après  avoir  étudié  un  grand 
nombre  de  gisements,  dans  des  contrées  différentes,  (|ue 
nous  avons  pu  déduire  de  nos  observations  personnelles  ot 
des  recherches  de  praticiens,  de  géologues  et  de  chimistes, 
une  théorie  pouvant  s'appliquer  aux  diverses  formations 
pétrolifères. 

La  similitude  des  huiles  minérales  exploitées  dans  IfS 
diverses  parties  du  globe  confirme  la  possibilité  d'une  origine 
semblable  pour  toutes  ;  les  différences  do  densité  ou  de 
composition  qui  sont  observées  entre  les  pétrolt's  des  diverses 
contrées  nlntirment  pas  plus  cette  théorie  uni(|ue,  quoi 
qu'on  en  ait  dit,  que  les  différences  que  Ton  trouve  dans  la 
composition  ou  la  densité  des  diverses  houilles  (de  la  houille 
maigre  &  la  houille  sèche)  ne  détruisent  la  théorie  d'un 
mode  de  formation  identique  pour  les  houilles  de  toutes 
les  contrées. 

Selon  nous,  on  doit  admettre  pour  les  pétroles  une  origint^ 
chimico-organique,  que  Ton  peut  expli(|uer  en  reprenant  <mi 
partie  chacune  des  principales  théories  émises  jusqu'à  ce  j(»ur. 

Formation  chimico-organique.  —  Les  liydrocarhuros 
doivent  probablement  leur  origine  au  dégagement  des  gaz  v\  à 
la  formation  des  sels  d'origine  interne,  qui  ont  métamor- 
phisé  les  déprHs  organiques,  si  considérables,  durant  coi- 
taiues  époques  géologiques. 

Ceux  de  ces  dépôts  qui  se  sont  trouvés  dans  des  ré^'irms  où 
les  fractures  de  l'époque  tertiaire  ne  se  sont  pas  fait  senlii* 
ou  n'ont  pas  été  profondes,  ont  donné  de  l'anthracite,  de  la 
houille  ou  du  lignite  (Voir  le  chapitre  des  CombuMihliii 
minéraux). 

Ceux,  au  contraire,  cjui  ont  été  affectés  par  des  boule- 
versements profonds  à  l'époifue  des  éruptions  et  des  disl<»ca- 
tions  tertiaires,  ont  été  transformés  par  les  émanations,  on 
hydrocarbures,  pétroles,  schistes  bitumineux,  asphaltes,  elr. 

L'existence  de  régions  volcaniques,  près  de  certains  gise- 
ments de  pétrole,  a  donné  naissance  à  l'hypothèse  de  la 
formation  volcanique  des  hydrocarbures;  mais  ce  voisinage 
s'explique  par  la  simple  raison  que  les  volcans  se  sont  pro- 


414  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

duits,  comme  les  hydrocarbures,  le  long  des  fractures  pro- 
fondes qui  ont  amené  au  jour  les  roches  éruptives,  les  déga- 
gements gazeux  et  les  filons  métallifères. 

L'époque  tertiaire  qui  a  été  admise  par  quelques  auteurs, 
comme  l'époque  de  formation  des  carbures  d'hydrogène,  n  a 
été,  dans  certains  cas,  que  la  période  de  leur  arrivée  au 
Jour.  Il  est  probable  que  quelques  gisements  de  pétrole, 
considérés  comme  tertiaires,  d'après  les  terrains  où  on 
les  rencontre,  sont,  en  réalité,  originaires  de  terrains 
beaucoup  moins  récents,  et  que  le  tertiaire  n'est  que  le 
réceptacle  d'hydrocarbures  plus  anciens  qui  se  sont  fait 
jour  à  travers  des  failles  et  des  fissures  profondes.  Ces  car- 
bures d'hydrogène  ont  dû  venir,  à  l'état  de  gaz,  se  conden* 
ser  dans  des  couches  supérieures  plus  froides  ;  quelquefois 
même  ils  se  sont  élevés  à  l'état  liquide  sous  la  pression  des 
gaz  qui  les  accompagnaient,  ou  simplement  par  suite  de  leur 
faible  densité  et  de  leur  tendance  à  monter  toujours  au-des- 
sus des  couches  aquifères. 

On  peut  se  rendre  compte  du  mode  de  formation  des 
pétroles,  d'après  ce  qui  se  passe  actuellement,  sur  une  moins 
vaste  échelle,  il  est  vrai,  dans  les  zones  littorales  au  voisinage 
de  marais  salants  :  les  animaux  de  la  zone  littorale,  poly- 
piers, seiches,  poissons  divers,  qui  se  trouvent  au  contact  des 
eaux-mères  provenant,  par  des  fissures,  des  marais  salants 
naturels  (lesquels  contiennent  des  chlorures,  iodures,  bro- 
mures, etc.)  peuvent,  en  effet,  produire  de  l'huile  minérale 
par  la  décomposition  lente  de  leurs  matières  organiques 
grasses. 

Au  laboratoire  on  obtient,  d'ailleurs,  des  huiles  minérales 
(très  oxygénées,  il  est  vrai;  par  distillation,  sous  pression,  de 
celte  même  matière.  Les  amas  de  végétaux  ont  pu  donner  un 
résultat  analogue,  au  contact  de  divers  sels  d'origine  interne; 
il  est  également  possible  que,  dans  certains  gisements,  des 
dégagements  de  carbures  et  d'acétylures  minéraux  aient 
rempli  exceptionnellement  le  rôle  des  matières  organiques 
dans  la  formation  des  hydrocarbures. 

Supposons  qu'aux  époques  où  la  faune  et  la  flore  étaient 
le  plus  abondantes,  une  fracture  du  sol  ait  provoqué  l'irrup- 
tion de  chlorures,  d'iodurcs  et  de  gaz  d'origine  éruptive. 


LE  CARBONE  ET  SES  COMPOSÉS  415 

près  d'un  littoral,  dans  un  lac  ou  une  mer  intérieure.  Les 
poissons  détruits  par  ces  dégagements  se  sont  accumulés  au 
fond  de  l'eau,  et  il  s'est  formé  une  agglomération  de  matières 
organiques  qui,  avec  le  temps,  a  produit  un  dépôt  d'hydro- 
carbures dans  cette  sorte  de  laboratoire  interne  ;  ce  dépôt  a 
été  successivement  recouvert  par  des  sédiments  plus  récents 
et,  notamment,  par  la  vase  argileuse  et  imperméable  qui  a 
été  entraînée  le  long  de  la  même  fracture  que  les  dégage- 
ments gazeux.  La  couche  de  vase  imperméable  a  favorisé 
l'accumulation  de  quantités  considérables  d'hydrocarbures, 
en  empêchant  leur  dégagement  en  gaz  ou  en  huile,  au  fur 
et  à  mesure  de  leur  formation,  et  en  retenant  au  fond 
les  poissons  qui,  décomposés,  auraient  eu  tendance  à 
remonter  à  la  surface  de  l'eau. 

Les  principales  réactions  chimiques  qui  ont  pu  provoquer 
la  formation  des  hydrocarbures  sont  les  suivantes  : 

Combinaison  des  sels  provenant  des  fractures  cosmiques, 
avec  les  gaz  (ammoniac  et  acide  carbonique),  dégagés  par  la 
putréfaction  des  matières  organiques.  Cette  combinaison  a 
dû  retenir  les  gaz  et  éviter  l'agitation  de  la  vase  protectrice 
en  lui  conservant  ainsi  son  imperméabilité. 

D'autre  part,  les  sulfates  de  chaux  et  de  magnésie  en  pré- 
sence des  gaz  dégagés,  ont  fourni  le  soufre  et  l'hydrogène 
sulfuré  nécessaires  aux  diverses  réactions.  C'est  ce  qui 
explique  la  présence  pres({ue  constante  de  gisements  impor- 
tants de  sel,  de  soufre  et  même  de  gypse  à  moitié  décomposé, 
près  des  formations  hydrocarburées. 

Les  dépôts  d'huile  minérale  ont  pu  se  former  ainsi 
dans  les  terrains  les  plus  divers,  micaschistes  (Venezuela), 
silurien  (Canada),  dévonien  et  carbonifère  (Pensylvanie), 
houiller  (Virginie),  trias  (Caroline  du  Sud),  crétacé  et  éocène 
(Colorado,  G(j^licie,  Hanovre),  tertiaire  inférieur  (Caucase), 
pliocène  (Californie,  Italie).  Ils  sont  répartis  le  long  des 
fractures  profondes  de  la  croûte  terrestre,  généralement  au 
voisinage  des  chaînes  de  montagnes,  qui  ont  été  formées 
en  même  temps  que  les  grandes  fractures  ;  ils  sont,  par 
suite,  souvent  en  relation  avec  les  grands  cercles  du  réseau 
pentagonal. 


416  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

HYPOTHÈSES   DIVERSES   IMAGINÉES  SUR  LA    FORMATION 

DES  HYDROCARBURES 

La  théorie  qui  vient  d*être  exposée  se  trouve  confirmée 
à  la  fois  par  les  observations  et  les  hypothèses  de  la  plupart 
des  auteurs  qui  ont  étudié  la  question  des  hydrocarbures. 
Rappelons  que  les  théories  les  plus  connues  et  les  plus 
admissibles  sont  les  suivantes  : 

La  formation  chimico -inorganique  :  Daubrée,  Crafts,  Ber- 
thelot,  Mendéléef,  Ryasson,  Ctoez,  Landolph,  Friodelf  ainsi 
que  la  plupart  des  chimistes  admettent  cette  théorie  ; 

La  formation  volcanique,  origine  exclusivement  interne  en 
relation  avec  les  grands  cercles  du  faisceau  pentagonal  :  «le 
Chamcourtois,  Sainte-Claire  Deville,  Humboldt,  Fuchs,  Fon- 
cou,  de  Launay  et  la  plupart  des  géologues  théoriciens; 

Et  enfin  la  formation  ckimico-orftaniquc,  qui  réunit  les 
conditions  les  plus  générales  des  deux  autres  hypothèses  : 

P.  Wall,  J.-P.  Lesley,  ])^  Hunt,  Gauldrée-Boileau,  Lap- 
parent,  Fotlerlé  et  la  plupart  des  ingénieurs  spécialistes  et 
praticiens. 

C'est  à  cette  dernière  théorie  que  nous  nous  sommes 
rallié,  en  y  introduisant  quelques  modifications  que  nos 
observations  personnelles  sur  un  grand  nombre  de  gise- 
ments pétrolifères  nous  ont  amené  à  présenter. 

Recherche  dn  pétrole.  —  On  rencontre  généralement  le 
pétrole  emprisonné  à  l'état  d'imprégnation,  dans  des  couches 
perméables,  entre  des  assises  argileuses  ou  compactes  et 
imperméables. 

Les  roches  imprégnées  sont  principalement  les  grès  poreux, 
et  quelquefois  les  schistes,  les  calcaires  et  les  marnes. 

Les  couches  pétrolifères  exploitées  se  rencontrent. surtout 
dans  les  terrains  plissés  et  brisés  ;  il  est  évident  que  Ton  ne 
peut  connaître  que  par  le  plus  grand  des  hasards  les 
couches  imprégnées  d'hydrocarbures  qui  s'élendent  hori- 
zontalement, masquées  par  une  assise  imperméable  et  puis- 
sante. 

Dans  les  régions  plissées  et  fissurées,  au   contraire,  les 


LE    CARBONE   ET    SES   COMPOSÉS  417 

hydrocarbures  signaleot  leur  présence  par  des  Huinlf^ments 
qui  arrivent  à  la  surface  à  travers  les  cassures  du  sol. 

Ces  suinlemenU  peuvent  avoir  été  produits  soil  par  une 
émanation  gazeuse  qui  serait  venue  se  condenser  à  la  sur- 
Tace,  soit  par  un  dégagement  liquide. 

Les  indices  d'huile  minérale  se  rencontrent  <lan<t  les 
ravins  où  le  sol  a  été  dénudé  par  les  pluies,  et  surtoul  à  la 
surface  des  ruisseaux  et  des  flaques  d'eau  oii  le^^  hydincar- 
bures,  en  quantité  même  très  faible,  produisent  une  irisa- 
tion tout  à  fait  semblable  à  celle  du  fer.  Les  irisations  des 
hydrocarbures  se  distinguent  de  ces  dernières  en  ce  qu'eiks 
ne  se  séparent  pas  en  fragments,  mais  au  contraire  s'.'lireiit 
et  se  déforment  lorsqu'on  les  agite  avec  un  bâton. 

Les  zones  de  concentration  de  l'huile  minérale  se  l'en- 
contrent  versle  sommet  des  selles  anticlinaics,  et  les  iioinls 
les  plus  favorables  pour  rechercher  le  piHrole  se  Irouvent 
dans  les  vallées  anliclinales,  telles  que  A,  H  'Ptf.  10U  ,  au 
voisinage  de  plis  synclinaux. 

I.orsifue,  par  suite  de  poussfî es  latérales,  les  formations  pé- 
trolifëres  (couche  I)  sont  sou- 
levées, déformées  et  alTeclées 
de  plis  et  de  cassures,  le  pé- 
trole se  trouve  comprimé  dans 
les  plis  syuclinauK   [US],  et, 
par  suit»  de  sa  tendance  à 
s'élever,  il  rient  s'accumuler 
vers  le  sommet  des  plis  anti- 
clinaux voisins,  il  monte  ainsi  p,^  ^qq 
le  long  des  tissure.s  produites,       schéma  dim  giBi'in^ni  pétroiirére. 
jusqu'à    ce    qu'il    rencontre 

des    terrains   perméables  dans    lesquels  il    s'emmagasine 
(couche  ill'i. 

On  doit  donc  rechercher,  parmi  les  points  où  les  suinte- 
ments de  pétrole  se  produisent,  ceux  qui  sont  le  plus  voi- 
sins des  selles  anticlinales  ;  mais  il  est  souvent  furtdifiicile  de 
bien  déterminer  ces  selles,  des  érosions  ultérieures  ayant 
pu  leur  donner  une  apparence  de  vallée. 

Dans  la  Hgure  ci-dessus,  le  point  C,  où  l'on  pourrait  trouver 
des  traces  de  pétrole,  donnerait  des  puits  stériles  du  moins 


418  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

jusqu'à  une  grande  profondeur.  Les  points  A  et  B,  au  con- 
traire, seraient!  ien  choisis  pour  rétablissement  d'un  forage. 

La  direction  générale  des  plissements  et  des  failles  pétroli- 
fères  est,  dans  son  ensemble,  parallèle  au  système  de 
soulèvement  qui  a  donné  naissance  à  ces  accidents. 

Dans  rAmérique  du  Nord,  les  zones  pétrolifères  riches 
sont  disposées  en  bandes  rigoureusement  parallèles  à  la 
fracture  du  Saint-Laurent.  En  Gaiicie,  elles  sont  parallèles  à 
Taxe  des  Garpathes,  en  Italie  aux  Apennins,  etc. 

Les  points  les  plus  riches  en  pétrole  sont  ceux  qui  se 
trouvent  à  la  rencontre  de  deux  failles  :  la  principale,  paral- 
lèle au  soulèvement  général  de  la  région;  la  secondaire, 
transversale,  formant  souvent  avec  Tautre  un  angle 
de  90°. 

Ce  n'est  qu'avec  une  grande  expérience  et  la  connaissance 
de  divers  indices  locaux  qu'on  peut  éviter  en  partie  les 
recherches  infructueuses  qui  grèvent  tant  d'exploitations 
pétrolifères.  Quelques  premiers  sondages  heureux  dus  au 
hasard  entraînent  trop  souvent  les  exploitants  à  se  priver 
du  concours  d'un  ingénieur  spécialiste  pour  déterminer 
l'emplacement  des  autres  forages.  La  facilité  des  découvertes 
du  début  de  quelques  exploitations  et  les  magnifiques 
résultats  qu'on  a  quelquefois  obtenus  sans  difticultés  ont 
été  ainsi  la  cause  des  insuccès  et  des  déboires  si  fréquents 
dans  cette  industrie  qui  pourrait  être  cependant  très  rému- 
nératrice. 

Sotidages  de  recherches,  — Jusqu'en  1878,  on  faisait  encore 
en  Europe  (Gaiicie,  Italie,  etc.)  l'exploitation  du  pétrole  au 
moyen  de  petits  puits  carrés  de  1  mètre  de  côté,  creusés  à 
la  main.  Les  puits  ne  dépassaient  pas  une  centaine  de 
mètres  de  profondeur  et  ne  permettaient  pas  d'atteindre  les 
couches  pétrolifères  inférieures.  Ce  procédé  a  été  aban- 
donné à  cause  des  nombreux  accidents  (éboulements  et 
asphyxie  causée  par  les  émanations  d'hydrocarbures)  sur- 
venus aux  ouvriers  qui  travaillaient  dans  les  puits. 

Le     pétrole  s'accumulait  au  fond     et   était  recueilli  au 
moyen  de  seaux  descendus  à  l'aide  d'un  treuil. 

Aujourd'hui,  le  pétrole  est  exploité  au  moyen  de  forages  à 
faible    diamètre,    qui    sont    approfondis  jusqu'à  ce   qu'ils 


LE  CARBONE  ET  SES  COMPOSÉS  419 

fournissent,  soit  par  pompage,  soit  par  jaillissement  naturel, 
\  de  Thuile  minérale  en  quantité  appréciable. 

*  Le  plus  souvent,  il  arrive  que  les  sondages  sont  arrêtés  à 

•  la  rencontre  d'une  fissure  des  terrains  supérieurs  (terrains  IV 
F  de  la  figure  ci-dessus,  par  exemple).  Cette  Assure  donne  du 
^  pétrole  pendant  un  certain  laps  de  temps  ;  mais  le  pompage 

finit  par  entraîner  du  sable  et  de  Targile,  qui  viennent  obs- 
truer la  faille  et  aveugler  la  venue  pétrolifère. 

Faute  de  diamètre  initial  suffisant,  il  est,  la  plupart  du 
temps,  impossible  d'approfondir  alors  le  forage,  et  on  doit 
l'abandonner  improductif  avec  son  matériel  de  tuyaux  qu'il 

L  est  généralement  difficile  d'arracher. 

f  On  recommence  alors,  à  côté   du   précédent,  un  sondage 

analogue,  qui  est  également  arrêté  avec  un  diamètre  insuffi- 
sant, à  la  première  fissure  de  terrains  imperméables,  qui 
fournit  de  l'huile. 
Bien  rares  sont  les  exploitants  assez  prévoyants  ou  entre- 

'  prenants  pour  commencer  un  forage  avec  un  diamètre  suffi- 

L  sant,  en  vue  d'atteindre  de  grandes  profondeurs. 

Cela  tient  le  plus  souvent  à  ce  que  les  sondages  sont  entre- 
pris comme  forages  de  recherches  et  ne  deviennent  qu'éven- 
tuellement des  forages  d'exploitation.  Si  la  recherche  semble 
couronnée  de  succès  et  laisse  suinter  un  peu  de  naphte, 
immédiatement  on  installe  une  pompe  et  on  arrête  le  fon- 
çage. 

,  Un  ingénieur  prévoyant  devrait,  au  début  d*une  exploita- 

'tion  sérieuse  et  avant  d'établir  les  nombreux  puits  de  pom- 

^  page  que  nécessite  le  pétrole,  entreprendre  un  sondage  de 

recherches,  qui,  à  très  grand  diamètre  au  début,  0^,6^  au 
minimum,  serait  susceptible  d'être  poussé  très  loin.  A 
chaque  venue  pétrolifère  recoupée,  le  fonçage  devrait  être 
suspendu  durant  huit  ou  quinze  jours  ;  la  puissance  de  la 
venue  serait  exactement  calculée,  sa  profondeur  soigneuse- 
ment notée.  Un  tubage  étanche  aveuglerait  alors  la  venue 
d'huile,  et  le  fonçage  serait  repris  jusqu'à  la  rencontre  d'une 

I  nouvelle   trace   de  pétrole.  On  arriverait  ainsi  à  bien  con- 

naître la  puissance  des  venues  pétrolifères  aux  divers 
niveaux,  et  on  aurait  chance  d'atteindre  en  profondeur  des 
terrains  donnant  en  abondance   de  l'huile  minérale,  jaiilis- ' 


430  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

gante  le  plus  souvent.  —  Les  forages  subséquents  seraient 
alors  entrepris  avec  des  données  sérieuses,  et  l'on  éviterait 
la  période  ruineuse  des  tâtonnements. 

Nous  insistons  sur  les  grandes  dimensions  à  donner  au 
diamètre  initial  des  sondages,  car  il  faut  prévoir  la  néces- 
siter de  télescoper  le  trou  en  cas  de  rencontre  de  terrains 
ébouleui,  ou  de  venues  d'eau  à  aveugler,  sous  peine  de  voir 
le  pétrole  retenu  dans  les  tissures  des  terrains  ou  dans  les 
couches  perméables,  par  la  pression  de  l'eau  qui  envahir.iit 
le  forage. 

On  évitera  d'employer,  pour  les  recherches  du  pétrole,  les 
nouveaux  procédés  de  sondage  ù  courant  d'eau,  qui  ont 
l'avantage  d'aller  très  vite,  mais  qui  masquent  souvent  lea 
venues  pétrolifères  recoupées. 

Les  sondages  de  recherches,  profonds  déplus  de  100  mètres, 
doivent  être  faits  avec  moteur  il  vapeur,  chaulTé,  si  l'on  peul, 
au  moyen  des  gai  dégagés  par  les  couches  pétrolifères.  L'n 
réservoir  placé  à  l'abri  du  feu  recevra  i'huile  pompée  ou  jail- 
lissante. 

La  ligure  iOI  indique  la  disposition  d'un  derrick  (inslal- 
lation  de  sondaire). 


Hwforiçue  du  pétrole.  —  Le  pétrole  était  connu  des  Grecs 
et  des  Romains,  ainsi  que  l'indiquent  Hérodote,  Pline  cl 
divers  auteurs;  mais   son  emploi   était  très   limité.   Pline 


LE    CARBONE    ET    SES    COMPOSÉS  421 

signale  cependant  l'utilisation  des  huiles  d'Agrigente  pour 
réclairage,  sous  le  nom  d^huile  de  Sicile;  plus  tard  le  feu 
gréfjeois,  composé  de  bitume,  de  poix  et  de  pétrole,  fut  employé 
pour  la  destruction  des  navires  des  Sarrazins  par  Tingénieur 
syrien  Gallicinus. 

Les  sources  de  Tlnde  fournirent  au  xviii»  siècle  un  peu  do 
pétrole  à  TEurope;  celles  de  la  Gnlicie  ont  servi  depuis  le 
commencement  du  xix'  siècle,  jusqu'en  <878  presque  uni- 
quement au  graissage  des  roues  des  chariots. 

Enfln  en  i838,  le  colonel  Drake  découvrit  en  Amérique  à 
Titus-Ville,  dans  la  vallée  de  rOil-Creek  près  d'Oil-City,  des 
sources  de  pétrole  jaillissantes,  et,  depuis  cette  époque,  des 
recherches  sérieuses  furent  faites  dans  diverses  contrées. 

Les  recherches  du  Canada,  de  la  Virginie,  de  la  Caroline, 
du  Colorado  et  de  TOhio,  en  Amérique,  et  celles  de  TAlsace, 
de  la  province  de  Parme,  de  la  Galicie,  de  la  Roumanie  et 
du  Caucase,  en  Europe,  furent  les  premières  couronnées  de 
succès. 

L'exploitation  rationnelle  des  gisements  du  Caucase  et  de 
la  Galicie  ne  date  que  de  ^879,  et  l'industrie  du  pétrole  s'y 
développera  à  mesure  que  l'usage  des  huiles  minérales  se 
généralisera  pour  le  chauffage  et  pour  la  production  de  force 
motrice,  surtout  si  le  rendement  des  puits  de  pétrole  en 
Amérique  commence  à  diminuer  comme  cela  semble  se  pro- 
duire par  l'épuisement  des  couches  exploitées. 

En  1899,  la  production  du  pétrole  brut  dans  le  monde 
entier  a  atteint  environ  20  millions  de  tonnes. 


GISEMENTS    DE  PETROLE   EN    EUROPE 

France.  —  En  France  on  ne  connaît  pas  de  gisements  de 
pétrole  exploitables. 

Hérault  (Gabian),  —  Des  recherches  ont  été  faites  à  Gabian 
(Hérault),  où  il  existe  dans  les  terrains  tertiaires  des  suinte- 
ments d'hydrocarbures  liquides  ;  mais  ces  recherches  faites 
principalement  par  galeries  en  partant  des  suintements 
observés,  n'ont  donné  aucun  résultat  appréciable. 

L'huile  recueillie  à  Gabian  possède  une  couleur  brun  foncé 


422  GÉOLOGIE    APPLIQCÉE 

et  nue  odeur  désagréable  :  elle  est  utilisée  pour  des  usages 
médicinaux  (affections  de  la  gorge). 

Limagne  (puits  de  la  Poix).  —  Dans  la  Limagne,  des  écoule- 
ments de  bitume  très  liquide,  auputïs  de  la  Poix,  près  de  Pont- 
du-Cliâteau,  ont  donné  Tidée  à  quelques  exploitants  de 
rechercher  en  profondeur  si  Ton  ne  trouverait  pas  dans  les 
arkoses  de  la  base  du  tertiaire,  au  milieu  des  sables  et  des 
marnes  oligocènes,  un  réservoir  de  pétrole  d'où  proviendrait 
le  bitume  de  la  surface. 

Vers  1896,  un  sondage  a  été  poussé  à  1.000  mètres  de  pro- 
fondeur environ  près  de  Clermont-Ferrand.  Ce  forage,  entre- 
pris avec  un  système  allemand  à  courant  d'eau  pourchasser 
les  boues  du  trépan,  a  rencontré  des  émanations  gazeuses 
assez  vives,  mais  n'a  donné  aucune  trace  d'huile  minérale.  Il 
est  probable  que  le  gîte  pétrolifère  qui  a  donné  naissance  au 
bitume  de  la  surface  doit  être  en  grande  partie  oxydé  actuel- 
lement et  transformé  en  bitume  et  en  asphalte,  car  on 
n'en  trouve  aucun  indice  dans  les  eaux  minérales  chaudes  du 
pays  qui  sont  amenées  cependant  par  des  fissures  pro- 
fondes en  relation  avec  les  diverses  formations  géologiques 
de  la  région. 

Landes  (Bastennes,  Gaujeac).  —  Dans  les  Landes,  on  fait 
actuellement  dtîs  recherches  au  moyen  de  sondages  profonds 
au  voisinage  de  filons  de  quartz  et  d'ophites,  près  des  gise- 
ments bitumineux  de  Bastennes,  à  Gaujeac,  dans  un  poin- 
tement  éocèue.  Le  sondage  de  Gaujeac,  Jusqu'à  300  mètres, 
n'a  rencontré  que  quelques  traces  huileuses  qui  peuvent 
provenir  ile  poches  de  bitume  enfermées  dans  des  calcaires, 
comme  on  en  rencontre  à  la  surface. 

Cependant  non  loin  de  là,  à  Bastennes,  d'importants  gise- 
ments de  sables  bitumineux,  qui  ont  été  exploités  il  y  a  une 
cinquantaine  d'années,  font  supposer  qu'il  a  dû  exister  en 
profondeur  une»  formation  d'huile  minérale  importante  dont 
lout  ou  partie  se  serait  transformé  en  bitume,  par  oxyda- 
tion en  arrivant  au  voisinage  de  la  surface  du  sol. 

Les  recherches  faites  à  Gaujeac  et  dans  les  dernière  con- 
treforts des  Pyrénées  vers  Dax  ont  pour  but  de  reconnaître 
s'il  reste  dans  cette  région  quelque  réservoir  pétrolifère  non 
oxydé  et  exploitable. 


LE   CARBONE   ET   SES   COMPOSÉS  433 

La  découverte  d'un  gisement  pétrolîfère  important  en 
France  nous  permettrait  de  n'être  plus  tributaires  de  l'Amé- 
rique et  de  la  Russie,  pour  ce  produit  dont  nous  consom- 
mons annuellement  environ  2HO.00O.O00  kilogrammes.  L'im- 
portation du  pétrole  en  France  n'atteignait  que  58.000.000  kilos 
en  1888;  elle  a  donc  quadruplé  en  dix  ans. 

Italie.  —  Les  gisements  d'hydrocarbures  en  Italie  sont 
répartis  dans  trois  zones  bien  distinctes  : 

1<»  L'Italie  du  Nord  avec  les  gisements  de  l'Emilie  (pro- 
vinces de  Parme,  de  Milan,  de  Bologne,  etc.); 

2«  L'Italie  du  Centre  (Abruzzes,  Terre  de  Labour,  entre  la 
province  de  Rome  et  celle  de  Gaserte)  ; 

2^  L'Italie  du  Sud  avec  la  province  de  Naples,  la  Basilicale 
et  la  Sicile. 

i^  Région  de  VEmilie,  ^  Dans  le  nord  de  l'Italie  les  couches 
pélrolifères  se  trouvent  le  long  de  plissements  parallèles  aux 
Apennins,  au  Nord  de  la  chaîne,  au  contact  des  aflleurements 
du  miocène  avec  ceux  du  pliocène. 

La  ligne  pétrolîfère  suit  une  direction  sensiblement  cons- 
tante de  N.120*»0.  ;  les  zones  riches  se  trouvent  à  l'intersec- 
lion  de  cette  ligne  de  fracture  parallèle  aux  Apennins,  avec 
une  série  de  failles  secondaires  dirigées  N.30"0. 

Les  principaux  gisements  de  l'Emilie  sont,  en  allant  du 
nord-ouest  au  sud-est  : 

Rile  dell'OUio,  près  de  Rivanazzano,  d'où  l'on  a  extrait 
quelques  barils  de  pétrole  par  des  forages  de  100  à 
400  mètres  ; 

xlfoR^ec^ino,  dans  la  province  de  Plaisance,  où  l'on  recueille 
une  huile  blanche  à  reflets  azurés  ; 

Velleia,  à  28  kilomètres  au  sud  de  Plaisance  ;  c'est  la  plus 
grande  exploitation  de  l'Emilie  ;  on  y  a  foré  près  de  soixante 
puits.  L'huile  extraite  est  légère  ;  on  la  mélange  avec  des 
huiles  d'asphalte  des  Abruzzes,  dans  l'usine  de  Fiorenzuola; 

SalsO'Maggiore  et  Salso-Minore  (province  de  Parme),  où 
quelques  forages  ont  donné  du  pétrole  aune  faible  profondeur; 

Miano  de  Medesano,  Neviano  dei  Rossi,  Savigno,  Sassuno^ 
Monterenzio  renferment  des  traces  de  pétrole;  quelques  tra- 
vaux y  ont  été  entrepris;  mais,  exécutés  sans  méthode  ni  per- 
sévérance, ils  n'ont  donné  que   des  résultats  insignifiants  ; 


42'fr  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Thuile  de  cette  région  tenait  4i  0/0  de  benzine  incolore, 
45  0  0  de  pétrole  lampant,  6  0/0  d'huile  lubrifiante  et  8  0/0 
de  paraffine. 

Au  sud  de  cette  bande  pétrolifère,  se  trouvent  quelques 
gisements  alignés  suivant  la  même  direction  que  les  précé- 
dents, parallèlement  aux  Apennins.  Parmi  les  gisements  de 
cette  seconde  ligne  pétrolifère,  on  peut  citer  ceux  de  Roma- 
naro  (province  de  Modène),  Monte-Forte,  près  de  Rarigazzo, 
Riola,  Casale,  Porretta,  Sassonegro  (province  de  Bologne),  où 
Ton  trouve  des  traces  de  pétrole  et  des  dégagements  gazeux 
inflammables;  mais  aucune  recherche  sérieuse  n'a  été  effec- 
tuée en  vue  de  retrouver  en  profondeur  le  pétrole  d'où  pro- 
viennent ces  dégagements  hydrocarbures. 

La  production  du  pétrole  dans  l'Emilie  atteint  3.000  tonnes 
environ  par  an. 

2®  Italie  centrale.  —  Les  Abruzzes,  —  Dans  les  Abruzzes,  la 
vallée  de  la  Pescara  (province  de  Chieti)  renferme  des  gise- 
ments hydrocarbures  .  qui  doivent  être  contemporains  de 
ceux  de  l'Emilie.  Il  est  possible  que  la  zone  pétrolifère  se  pro- 
longe sans  interruption  en  profondeur  entre  Bologne  et  Chieti. 

Los  principaux  gisements  d'hydrocarbures,  connus  dans  les 
Al)ruz/.es,sont  :  Tocco  di  Casauria,  Manoppello,  San  Valentino, 
I^tto  Majioppello,  Rocca  Morice,  Valle  Romana,  Colle  d'Oro  et 
Serramonacesca,  On  a  extrait  de  Tocco  un  pétrole  noir,  très 
denso  et  d'une  odeur  forte,  qui  donnait  i/3  d'huile  lampante 
et  "2  :{  d'huile  lourde  chargée  en  soufre,  avec  une  densité 
de  0,910  à  0,980. 

L'huile  de  Letto  Manoppello  était  sensiblement  plus  légère. 
Aujourd'hui  on  fait  quelques  travaux  de  recherches  dans  les 
Abruzzes  où  un  certain  nombre  de  concessions  ont  été  accor- 
dé<*s.  A  Colle  d'Oro  et  en  quelques  autres  points,  l'huile 
rocueillie  est  très  pure.  11  est  possible  qu'on  rencontre  au- 
dessous  des  asphaltes  des  Abruzzes  un  gisement  pétrolifère 
fructueusement  exploitable. 

P^ii  1894,  les  Abruzzes  ont  produit  20  tonnes  d'huile  bitu- 
mineuse légère,  provenant  des  forages,  et  4  tonnes  d'huile 
bi lumineuse  lourde  provenant  des  sources,  représentant  en 
tout  une  valeur  de  6.000  lires. 

Province  de  Caserte.  — Dans  la  région  occidentale  de  l'Italie 


LE  CARBOKE  ET  SES  COMPOSÉS  425 

centrale,  on  rencontre  des  gisements  d'hydrocarbures  dans 
les  vallées  du  Liri  et  de  TAmaseno  entre  les  massifs  volca- 
niques des  provinces  de  Caserte  et  de  Rome.  Ce  voisinage  a 
conduit  certains  auteurs  à  assigner  une  origine  volcanique 
aux  pétroles  de  cette  région. 

Les  gisements  les  plus  connus  sont  ceux  de  San  Giovanni 
incarico  où  Ton  a  foré  un  certain  nombre  de  puits  de 
recherches,  dont  quelques-uns  ont  donné  du  pétrole  jail- 
lissant vers  100  et  200  mètres.  Un  des  sondages,  poussé 
jusqu'à  400  mètres,  n'a  plus  donné  que  des  gaz.  A  Castro 
dei  Volsci,  on  rencontre  quelques  dégagements  bitumineux 
au  milieu  de  calcaires  en  contact  avec  une  couche  de  lignite. 
Il  est  possible  qu'en  profondeur  on  découvre  un  gîte  pétro- 
iifère  en  relation  avec  les  bitumes  et  les  asphaltes  de  Castro. 
A  Hipi,  près  de  Ceccano,  on  a  recueilli  un  peu  de  pétrole 
dans  des  couches  pliocènes. 

On  a  extrait,  dans  la  province  de  Caserte,  64  tonnes  de 
pétroles  en  i88l,  valant  12.840  lires;  en  1890,  la  production 
était  tombée  à  23  tonnes,  valant  5.083  lires.  Actuellement, 
la  production  est  insignifiante. 

3*  Italie  méridionale  et  Sicile.  —  A  Mon  te -Cal  vo,  situé  au 
nord-est  de  Naples,  à  une  vingtaine  de  kilomètres  à  Test 
de  Bénévent,  on  a  reconnu,  au  voisinage  d'affleurements 
éocènes  importants,  quelques  indices  de  la  présence  du 
pétrole;  mais  les  recherches  efTectuées  n'ont  donné  que  du 
bitume  en  petite  quantité.  A  Frigento  (province  d'Avel- 
lino),  une  série  de  recherches  ont  fourni  quelques  bariU 
d'huile  minérale,  tenant  65  0/0  d'huile  lampante,  30  0/0 
d'huile  lubrifiante  et  5  0/0  de  résidus.  On  rencontre  aussi 
quelques  traces  d'hydrocarbures  dans  la  Basilicate  sur  des 
affleurements  éocènes  et  miocènes. 

En  Sicile,  on  a  trouvé  de  l'huile  bitumineuse  à  Agrigente, 
et  actuellement   on   exploite   dans  la  province  de  Girgenti, 
et  surtout   entre  Callanissetta   et   Syracuse^   des  gisements 
d'asphalte  qui    semblent  provenir   d'imprégnations   pétro- 
lifères  que  l'on  retrouvera  peut-être  en  profondeur. 

La  production  totale  de  l'Italie  a  été,  en  1896,  de 
2.524  tonnes  de  pétrole  brut  valant  644.470  francs,  et 
2.734  tonnes  de  pétrole  raffiné  valant  1.480.735  francs. 


426  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

Allemagne.  — On  trouve  du  pétrole  dans  le  Hanovre  où 
il  s'est  formé  dans  le  trias  et  au-dessous  :  à  Limmer  (pétrole 
dans  des  sables  néocomiens),  à  Vorwohle  (asphalte  dans  le 
Jurassique,  Jura  blanc);  à  Kœnigsen,  près  de  Colle,  à  Adesfe 
et  à  Oberg,  près  de  Peine  et  à  JËlheim  (pétrole  dans  les  grès  ter- 
tiaires et  jurassiques).  Dans  le  Brunswick,  il  existe,  à  Wintjen- 
herg  et  à  Holzmunden^  des  gisements  d'asphalte  importants 
(Jura  blanc)  formant  le  prolongement  des  gîtes  pétrolifères 
du  Hanovre.  On  a  trouvé  aussi  du  pétrole  aux  environs  de 
Carlsriihe  (duché  de  Bade). 

Alsace.  —  On  rencontre  en  Alsace,  au  voisinage  de  gîtes  de 
sel  et  de  sources  salines  (chlorures,  bromures),  des  grès  et  des 
sables  bitumineux  tertiaires  k  Pechelbronn^  en  veines  de  0'»,80 
à  4  mètres  (avec  grisou)  ;  des  asphaltes  existent  dans  les  cal- 
caires d'eau  douce  de  Lobsann  en  couches  de  i  mètre  à 
2"»,o0  alternées.  Ces  bitumes  et  ces  asphaltes  sont  accompa- 
gnés de  pyrite  de  fer.  Enfln,  depuis  quelques  années,  la 
région  de  Pechelbronn  produit  du  pétrole  provenant  de 
puits  jaillissants.  Les  premiers  sondages  profonds  datent 
de  1883  (M.  Lebel). 

On  peut  encore  citer  les  gîtes  pétrolifères  de  Schtcabweiller 
sur  le  Bas-Rhin. 

La  production  de  TAlsace,  en  1896,  a  été  de  18.834  tonnes 
métriques.  Quatre  nouveaux  puits  donnant  de  50  à  120  barils 
ont  été  ouverts  en  1897. 

L'Allemagne  a  produit  en  1897,  en  tout,  23.303  tonnes  de 
pétrole  valant  1.745.553  francs. 

Autriche-Hongrie.  —  Galicie.  —  On  trouve  du  pétrole  le  long 
du  versant  nord  des  Carpalhes,  eu  fialicie,  à  iVei(;-Sand«c,  Dm Wa, 
RownCy  Krosno,  KroscienkOj  Potoky  liopianka,  Sanok,  Lodyna^ 
StcinfetSy  Bandrow,  Schodniçaj  Boryslaw^  etc.  Le  pétrole  est  con- 
centré dans  les  fractures,  comme  en  Amérique  et  en  Russie, 
au  voisinage  des  crêtes  des  plis  anticlinaux,  dans  des  grès 
tendres  à  hiéroglyphes,  intercalés  entre  les  schistes  néoco- 
miens  inférieurs  de  Ropianka  et  les  grès  de  Libutza,  au- 
dessous  des  schistes  éocènes  à  mélinite  et  des  argiles  mio- 
cènes. Les  selles  pétrolifères  productives  sont  larges  de  50  à 
300  niMres,  selon  les  régions.  A  Boryslaw,  le  pétrole  est 
associé,  dans  des  argiles   salifères   (saltztongruppe),  à  de 


LE   CARBONE   ET   SES   COMPOSÉS  427 

rozokérile  qui  renferme  du  gypse  et  du  sel  ;  on  rencontre, 
dans  ce  même  gisoment,  de  la  galène,  de  la  blende,  de  la 
calamine  et  du  soufre. 

Le  pétrole  que  Ton  pompe  est  mélangé  d'eau  et  doit  subir 
une  décantation.  En  profondeur  la  densité  diminue  et  le  ren- 
dement augmeute  (50  0/0  d'huile  lampante  en  moyenne). 
Le  débit  moyen,  rapporté  au  nombre  total  des  puits  et  des 
sondages,  est  faible  (250  kilogrammes  par  jour).  La  faiblesse 
de  la  moyenne  de  production  des  forages  en  Galicie  tient  au 
grand  nombre  de  puits  et  de  sondages  stériles  cr«usés  au 
hasard.  La  Galicie  compte  au  total  près  de  2.000  sondages 
et  1.150  petits  puits  carrés  creusés  à  la  main.  11  existe  cepen- 
dant des  forages,  comme  à  Potok,  entre  Rowne,  Bobrka  et 
Krosno,  (fui  ont  recoupé  à  de  faibles  profondeurs  (50  à 
100  mètres)  des  couches  pétrolifères  Jaillissantes  fournissant 
des  centaines  de  barils  par  jour  (1.500  barils  de  150  kilo- 
grammes environ  pur  jour,  pendant  plusieurs  mois). 

La  moyenne  de  rendement  d'un  puits  productif  foré 
sur  Tune  des  lignes  de  fractures  dirigées  parallèlement  à  la 
chaîne  des  Carpathes,  est  de  50  à  10  barils  par  jour  pendant 
une  année  ou  deux,  5  barils  par  jour  pendant  cinq  ans, 
puis  1  ou  2  barils  pendant  quelques  années  encore.  La 
profondeur  moyenne  des  couches  exploitées  juscju'à  ce 
jour  est  de  250  à  500  mètres.  Il  est  probable  que  les  forages, 
pou-ssés  jusqu'à  600  ou  800  mètres  et  même  au-delà,  donne- 
ront un  rendement  plus  considérable. 

L'exploitation  du  pétrole  en  Galicie  ne  date  guère  que  de 
1878  et  est  faite  en  grande  partie  au  moyen  de  sondages 
canadiens  (tiges  en  bois  et  trépan  primitif)  ;  quelques  son- 
dages récents  ont  été  faits  avec  des  tiges  en  fer  et  des  trépans 
à  chute  libre.  Avant  1878,  on  n'avait  creusé  que  des  petits 
puits  carrés  de  1  mètre  de  côté,  à  faible  profondeur. 

A  l'extrémité  orientale  de  la  chaîne  des  Carpathes,  en 
Bakowine  et  particulièrement  à  Kolomea,  à  Sloboda  et  à 
Sergie-Putillay  on  rencontre  des  traces  trè^  probantes  de  la 
présence  du  pétrole  (D  ==  0,823  à  17°  C.  d'après  Engler). 
Des  recherches  importantes  sont  entreprises  dans  cette 
région. 

La  production  de  l'Autriche  dépasse  3  millions  de  quin- 


428  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

Uiux  métriques  (300.000  tonnes)  de  pétrole  léger,  riche  en 
paraffine  (D  =  0,770  à  0,870),  valant  de  7  à  12  francs  par 
baril.  —  Les  exploitations  de  la  Galicie  s'étendent  sur  une 
bande  longue  de  500  kilomètres  et  large  de  30  kilomètres 
environ. 

Roumanie.  —  Les  gisements  de  la  Roumanie  se  trouvent, 
comme  ceux  de  la  Galicie,  à  l'extérieur  de  la  courbe  formée 
par  le  plissement  de  la  chaîne  des  Garpathes;  mais  cette 
chaîne  ayant  la  forme  d'un  U,  dont  les  branches  sont  dirigées 
au  nord-ouest  et  au  sud-ouest,  les  gisements  pétrolifères 
de  Roumanie  se  trouvent  au  sud-est  des  Garpathes;  ils  ont 
dû  être  amenés  au  jour  par  la  même  poussée  que  ceux  de 
la  Galicie. 

En  Roumanie,  les  pétroles  (densité  =  0,810,  en  moyenne) 
sont  localisés,  le  long  des  Garpathes,  dans  les  fractures  du 
Salzthongruppe  (couches  gypseuses  néogènes  en  relation  avec 
des  gisements  de  sel).  L'industrie  du  pétrole  commence  à  se 
perfectionner  dans  ce  pays  par  l'introduction  des  méthodes 
américaines.  Les  centres  de  production,  situés  surtout  dans 
le  terrain  à  paludines,  sont  TergowHz,  Kampina,  Dimhovitzay 
Baicoi,  Vrahova,  Buzeu,  Monesti,  etc. 

La  production  longtemps  faible,  à  cause  du  manque  de 
moyens  de  transport  et  de  l'imperfection  des  méthodes 
d'exploitation,  atteint  actuellement  environ  16.000  wagons  de 
10.000  kilogrammes  par  an,  qui  se  vendent  seulement 
de  200  à  400  francs  par  wagon,  à  cause  du  développement 
rapide  de  l'extraction  et  de  la  difficulté  de  trouver  des 
d(^;bouchés,  faute  de  moyens  de  transport.  Il  existe  en  Rou- 
manie 175  exploitations,  70  avec  sandages  productifs,  et 
56  sondages  sans  production  ou  épuisés,  882  puits  à  la 
main  productifs,  et  586  puits  sans  production  ou  épuisés. 
Les  puits  sont  peu  profonds  :  ils  ont  servi  à  exploiter  le 
niveau  pétrolifère  supérieur,  situé  entre  70  et  liO  mètres  de 
profondeur.  Les  sondages  plus  récents  servent  à  l'exploita- 
tion du  second  niveau  reconnu,  situé  à  300  mètres  en- 
viron. 

Russie.  —  On  trouve  des  gisements  de  pétrole  dans  les 
terrains  tertiaires  supérieurs,  tout  le  long  du  Gaucase  (Bakou 
dans   la    presqu'île  d'Apchéron  sur  la  Gaspienne,  Grosny, 


\ 


\ 


LE  CARBONE  ET  SES  COMPOSÉS         429 

Taman  dans  le  Kouban,  près  de  la  mer  Noire,  Kertsch  en 
Crimée,  etc.)  et  dans  le  Jurassique  (Koutaïs). 

\  Bakou,  —  Les  gisements  de  Bakou  sont  connus  depuis  la 

plus  haute  antiquité  (Temple  du  feu).  Depuis  la  suppression 
du  monopole  de  TEtat  (1801-1877),  la  construction  du 
chemin  de  fer  transcaucasien  (Batoum  à  Bakou)  et  des 
pipe-lines,  les  sociétésd'exploitationde  pétroles  russes  (Nobel, 
Rothschild,  etc.)  font  une  grande  concurrence  aux  pétroles 
américains. 

Les  principales  exploitations  se  trouvent  au  milieu  du 
plateau  central  de  la  presqu'île  d'Apchéron  [i^nrakhanyy 
Sabountchi,  Balakhany,  Souvakhany)  dans  des  couches  per- 
méables, sables  ou  grès  oligocènes  (ou  néogènes  comme  à 
Sabountchi).  Il  n'y  a  aucune  régularité  dans  les  couches,  qui 
sont  à  des  profondeurs  très  variables.  On  constate  actuelle- 
ment dans  les  exploitations  une  tendance  générale  à  Tappro- 
fondissement  des  puits  par  suite  de  Tépuisement  des  réser- 
voirs supérieurs.  On  distingue,  comme  en  Amérique,  les  puils 
jaillissants  (flowing  wells)  et  les  puits  ordinaires,   où  Vou 

f  puise  le  naphte  (pumping  wells).  On  sonde  à  la  tige  ou  ù 

)  la  corde  ;  les  puits,  qui  ont  de  0™,23  à  0'*,38  de  diamètre,  sont 

tubes  en  tôles  de  5  millimètres.  Le  tube  supérieur  (en  fonte) 
est  muni  d'un  chapeau  de  fermeture;  mais  souvent  le  Jet 

,  des  flowing  wells  est  assez  puissant  pour  chasser  le  tubage 

hors  du  puits.  11  vient  beaucoup  de  sable  avec  le  pétrole,  ce 

I  qui  use  rapidement  les  tubages.  Quand  les  puits  cessent  île 

jaillir,  on  extrait  le  pétrole  avec  des  pompes  ou  avec  des 

I  seaux,  fixés  à  des  câbles  enroulés  sur  les  bobines  de  petites 

I  machines  d*extraction  ;  le  jaillissement  est  souvent  inter- 

mittent, il  s'arrête  et  reprend  après  curage.  Les  puits  durent 
environ  deux  ans,  avec  un  débit  de  5  tonnes  en  moyenne  ; 
quelques  forages  ont  un  rendement  énorme,  au  moins  pon- 
dant quelques  mois;  mais  les  productions  énormes  sont  Jan- 

)  gereuses  surtout  à  cause  des  incendies.  La  fameuse  fontaine 

des  Ingénieurs  russes  (août  1887)  donnait  500  tonnes  par 
jour  avec  un  jet  de  60  à  80  mètres  de  hauteur  qui  entraînait 
beaucoup  de  sable  et  de  gaz;  elle  produisit  des  dégAts  consi- 
dérables sur  les  terrains  avoisinanis,  parce  qu\>n  ne  put  la 
fermer  qu'au  bout  de  six  semaines. 


430  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Le  pétrole  russe,  dont  la  densité  est  de  0,820  en  moyenne, 
est  transporté  par  des  pipe-lines  à  Bakou,  où  on  le  distille 
dans  des  chaudières  de  16  tonnes,  avec  brassage  à  la  vapeur  ; 
on  transporte  le  pétrole  au  moyen  de  navires-citernes  (tank 
steamers),  que  Ton  remplit  avec  des  pompes  et  que  Ton  vide 
ensuite  de  même  dans  des  wagons-citernes  ou  dans  les 
grands  réservoirs  des  ports  de  mer  (Hambourg,  Amsterdam, 
Anvers,  etc.).  Les  mazouts,  ou  huiles  lourdes,  sont  très 
employés  en  Russie  par  la  marine  et  par  les  chemins  de 
fer  pour  le  chaufTage  des  chaudières  et  des  locomotives. 

Taman.  —  Les  pétroles  du  Kouban  [Taman^  Caucase  occi- 
dental), également  connus  depuis  fort  longtemps,  sont 
exploités  surtout  depuis  1883.  Ces  pétroles  sont  situés  dans 
le  tertiaire  (du  miocène  au  pliocène),  sur  le  versant  nord  de 
Tarôte  centrale  du  pays.  Il  existe,  dans  la  région,  de  nom- 
breux volcans  de  boue.  Le  principal  centre  d'exploitation 
est  Ills'i  (Ilskaïa),  où  Ton  trouve  trois  niveaux  que  Ton 
exploite  par  des  puits  de  30  à  150  mètres,  avec  tubages  per- 
forés. 

La  durée  de  rendement  d'un  forage  est  de  quatre  mois  au 
minimum,  avec  une  production  moyenne  de  3.500  à  4.000 
litres  par  jour.  La  densité  varie  de  0,865  à  0,960^:  on  a  ins- 
tallé, posée  sur  le  sol,  une  pipe-line  pour  4.250  hectolitres 
par  jour,  avec  relais  de  pompes,  dllskaïa  jusqu'à  Novor- 
rossisk  sur  la  mer  Noire,  où  il  y  a  d'immenses  réservoirs 
de  dépôt. 

La  production  du  pétrole,  en  Russie,  a  été  de  :  7.036.330 
tonnes  en  1895,  valant  57.454.000  francs. 

En  1897,  le  port  de  Batoum  a  expédié  les  quantités  sui- 
vantes de  pétrole  russe  : 

Pétroles  bruts  et  résidus 11.247.820  gallons 

Huiles  de  graissage 34.01 2.6  V5       — 

—  d'éclairage 39.246.950       — 

Pétroles  raffinés 248.649.825       — 

(Un  gallon  mesure  4^'*, 543.) 

En  1899,  la  Russie  a  produit  environ  100  millions  d'hecto- 
litres de  pétrole  brut. 


LE  CARBONE  ET  SES  COMPOSÉS  431 

Autres  gisements  péTROLiFÈREs  en  Europe.  —  Les  autres 
gisements  pétrolifères  que  Ton  rencontre  en  Europe  sont 
moins  importants  et  moins  connus. 

En  Angleterre^  certaines  houillères  du  Lancashire  et  du 
Shropshire,  ainsi  que  les  tourbières  de  Down-Holland  près 
d'Ormskirch,  $ur  la  côte  nord  de  la  Mersey,  renferment  du 
pétrole  et  des  sources  de  bitume,  mais  en  quantités  insuffi- 
santes pour  alimenter  une  exploitation  industrielle. 

En  Espagne,  on  trouve  quelques  suintements  de  p<Hrole, 
particulièrement  aux  environs  de  Cadix,  à  Conily  et  dans  la 
région  de  Grazalema. 

En  Portugal,  on  exploite  Thuilc  minérale  dans  le  crétacé 
(district  du  Leira),  non  loin  de  Monte-Real. 

En  Dalmatie  et  en  Albanie,  on  connaît  des  gisements 
pétrolifères,  ainsi  que  dans  Vile  de  Zante  et  à  Nympkaum. 

En  Croatie,  des  gisements  existent  aux  environs  d'Agram 
{Koprenitz),  mais  n'ont  pas  d'importance  industrielle. 

GISEMENTS    DE    PÉTROLE    EN    ASIE 

Chine.  —  fin  Chine  il  existe  de  nombreux  gisements  de 
pétrole  ;  mais  ils  sont  peu  exploités;  les  Chinois  recueillent 
simplement Thuile  minérale,  qu'ils  rencontrent  dans  les  puits 
tjuMls  forent  pour  exploiter  le  sel. 

La  province  de  Setchouan  renferme  plusieurs  milliers  de 
ces  puits;  dans  la  province  de  Chan-Si,  il  existe  d'impor- 
tantes traces  de  pétrole  avec  dégagement  de  gaz  combustible 
(Ho-tsing  =  puits  à  feu)  ;  une  Compagnie  française  s'est 
formée  pour  exploiter  les  gisements  de  cette  région. 

Japon,  —  Au  Japon  il  existe  des  exploitations  de  pétrole 
dans  plusieurs  districts.  Près  de  Nagaoka,  60  puits  de  180 
à  450  mètres  de  profondeur  ont  donné,  en  1894  et  en  1895, 
environ  1.200  hectolitres  par  jour  ;  mais  leur  production  s'est 
abaissée  depuis  lors  à  400  hectolitres.  La  plupart  des  puits 
ont,  au  Japon,  un  débit  lent  et  peu  abondanL  Le  pétrole 
japonai.;  est,  en  général,  peu  éclairant  et  doit  être  mélangé 
avec  de  Thuile  américaine.  Une  raffinerie  pouvant  traiter 
320  hectolitres  par  jour  a  été   construite    à  Nagaoka     Les 


432  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

autres  districts  pétrolifères  sont  ceux  d'Idzumosmki  et  d'Ama- 
semakiy  connus  depuis  l'an  615  après  Jésus-Christ,  dans  la 
province  iïEckigo,  La  profondeur  des  puits  varie  de  120  à 
720  mètres  ;  leur  débit  est  faible.  Au  Japon,  les  autres  régions 
pétrolifères  sont  celles  de  Migohoji  et  de  Kusodzu,  où  Ton 
compte  près  de  deux  cents  puits  d'exploitation. 

Le  Japon  a  produit,  en  1895,  270.000  hectolitres  de 
pétrole. 

Iles  de  la  Sonde, —  A  Java  il  existait,  en  i897,  dans  les  dis- 
tricts de  Lidah,  de  Sourabaya,  de  Koetéi  et  de  Panolan,  une 
soixantaine  de  puits  ;  quelques-uns  ont  un  débit  journalier 
de  2.400  barils.  A  Sumatra^  des  sociétés  récemment  consti- 
tuées exploitent  des  gisements  pétrolifères  dans  les  rési- 
dences de  Samarang  et  de  Palembang. 

Indes.  —  Aux  Indes,  la  Burmah  Cil  C^  exp^oite  les 
gisements  de  la  Birmanie  supérieure.  Les  anciens  puits,  h 
Arracan  et  à  Kodaung^  dans  le  district  de  Yenangyoung  sur 
riraouaddy,  avaient  150  mètres  de  profondeur  et  donnaient 
de  5  à  20  barils  par  jour;  ces  puits  ont  atteint  300  à 
360  mètres.  A  Yenankyet  (15  kilomètres  de  Padang),  égale- 
ment sur  riraouaddy,  la  Société  des  pétroles  de  Burmah  a 
ouvert  25  puits  de  300  mètres  environ,  donnant  de  13  à 
20  barils  par  jour.  Cette  société  possède,  près  de  Rangoon, 
deux  rafflneries  pouvant  traiter  ensemble  plus  de  6.000  tonnes 
de  pétrole  par  mois.  Dans  la  Birmanie  inférieure  on  trouve 
du  pétrole  dans  le  district  d'Assam,  à  Pathar^  à  Digboi  et  à 
Makumy  où  la  Assam  Railways  and  Trading  C®  a  ouvert  de 
nombreux  puits. 

H  existe  aussi  des  gisements  de  pétrole  nu  nord-ouest  de 
THindoustan,  dans  le  Pendjab;  mais  l'éloignemont  de  cette 
province,  la  difficulté  des  communications  et  le  climat  ont 
empêché  la  mise  en  exploitation  de  ces  pétroles. 

La  production  du  pétrole  aux  Indes  a  atteint  15.057.094  gal- 
lons de  4^^543,  en  1896,  représentant  une  valeur  de 
1.793.350  francs. 

Perse,  Asie  Mineure  et  Palestine,  —  La  Perse  renferme  plu- 
sieurs gisements  pétrolifères,  dont  quelques-uns  ont  été 
cités  par  Hérodote  :  on  peut  noter  ceux  iVArdcricca,  près  de 
Suze,  de  Herbuck  et  de  Tuzkunneti,  au   sud  «l'Arbela,  sur  le 


LE   CARBONE    ET   SES    COMPOSÉS  433 

plateau  d'Iran  près  de  Burr,  dans  la  vallée  de  Jérabi,  et  à  Chu- 
sistan. 

Dans  ]a  Judée  et  dans  V Arabie  Pétrée,  on  rencontre  aussi 
des  manifestations  pétrolifères.  Enfln,  les  formations  asphal- 
tiques  de  la  mer  Morte  doivent  être  en  relation  avec  un  gise- 
ment p*^troIifère,  voisin  de  la  chaîne  des  monts  du  Khorassan 
qui  relie  la  région  pétrolifère  de  THimalaya  h  celle  du 
Caucase. 

On  peut  citer  aussi  les  gisements  de  Zaho  dans  le  Kurdis- 
tan, près  de  Bagdad,  et  ceux  de  Mosaoul  dans  la  vallée  du 
Tigre. 


GISEMENTS    DE    PKTROLE   KN    AFRIQUE 

Egypte.  —  En  Afrique,  on  a  trouvé  du  pétrole  dans 
quelques  terrains  de  TÉgypte,  au  pied  du  mont  Djebelzeitj 
près  du  canal  de  Suez,  et  dans  la  presqu'île  de  Samsah^ 
au  sud  de  Suez.  Les  recherches  entreprises  dans  ces  gise- 
ments n'ont  donné  lieu,  jusqu'à  présent,  à  aucune  exploi- 
tation. 

Algérie,  —  Il  existe  aussi  quelques  gisements  pétrolifères 
en  Algérie  dans  l'arrondissement  de  Mostaganem  (province 
d'Oran),  sur  le  versant  du  Dahra  :  celui  d'Aïn-Zeftj  découvert 
il  y  a  une  vingtaine  d'années  et  exploité  depuis  4  895  à  l'extré- 
mité de  la  plaine  du  ChélifT,  entre  la  mer  et  le  chemin  de 
fer  d'Oran  à  Alger  (profondeur  du  niveau  pétrolifère 
=  400  mètres)  ;  celui  de  Lhiliilj  à  70  kilomètres  de  Mosta- 
ganem, exploité  depuis  1898.  Le  premier  niveau  pétrolifère 
y  a  été  rencontré  à  une  cinquantaine  de  mètres  de  profon- 
deur. L'huile  extraite  a  une  densité  de  0,790  et  renferme 
77,5  0/0  d'huile  lampante.  Le  pétrole  semble  se  trouver  dans 
des  marnes  calcaires,  avec  bancs  de  grès  intercalés. 

Congo.  —  Il  existe  au  Congo  quelques  sources  de  pétrole 
oxydé,  dans  la  province  d'Atigola,  sur  le  Bas  Ogooué,  sur  les 
bords  du  lac  Isanla,  et  dans  la  région  de  Femand  Vaz. 
Aucune  recherche  sérieuse  n'a  été  faite  dans  ces  régions 
qui  mériteraient  cependant  d'être  étudiées  avec  soin. 

Afrique  Australe.  —  On  assure  qu'il  existe  dans  la  région 

OéOLOOlB.  28 


434  GÉOLOGIE    APPLKjrÉE 

du  Cap,  près  de  Rainbow  Flake,  des  traces  de  pétrole,  avec 
dégagement  de  gaz  inllammables.  Nous  n'avons  pas  pu 
vérifier  cette  indication. 

GISEMKNTS   DE   PETROLE   EN    AMÉRIQUE 

Les  pétroles  d'Amérique  se  trouvent  dans  des  terrains 
d'Age  divers,  affleurant  le  long  des  chaînes  de  montagnes: 
terrains  anciens  (permocarbonifère,  dévonien,  silurien)  de 
rOhio,  de  la  Pensylvanie  et  du  Canada  le  long  des  Alleghanys; 
pliocène  de  la  Californie;  crétacé  du  Colorado  et  du  Nevada 
le  long  des  Montagnes  Rocheuses.  Les  nappes  de  pétrole  sont 
emmagasinées  sous  pression  dans  des  réservoirs  souterrains 
d'où  elles  jaillissent  vers  le  sol  quand  on  vient  à  percer  les 
couches  imperméables  supérieures.  Les  gisements  de  pétrole 
de  la  Pensylvanie,  de  l'Ohio  et  du  Canada  sont  les  plus 
importants  de  l'Amérique. 

Amérique  du  Nord.  —  Pensylvanie.  —  P!n  Pensylvanie,  les 
gisements  sont  concentrés  à  l'est  et  au  sud  de  Pittsburg. 
notamment  dans  le  bassin  de  l'Alleghany,  affluent  de  l'Ohio 
(districts  de  Crawford,  de  Bradford,  de  Forest,  de  VenangOy  de 
Warren^  de  Parker,  d'Armstrong  et  de  Butler).  On  trouve  le 
pétrole  dans  des  couches  de  schistes  régulières,  mais  partout 
plissées,  depuis  le  dévonien  de  Portage  Chemung  jusqu'au 
houiller  de  Pensylvanie,  le  long  de  la  chaîne  des  Alleghanys. 
La  formation  pétrolifère  parait  appartenir  au  permien  ;  mais 
elle  a  été  amenée  au  jour  par  un  soulèvement  du  début  du 
tertiaire  qui  a  provoqué  un  mouvement  de  bascule  avec  relè- 
vement vers  Test.  La  Pensylvanie  avait  été  afl'ectée  aupara- 
vant par  un  soulèvement  post-carbonifère  suivi  d'une  éro- 
sion et  d'un  dépôt  de  terrains  triasiques  en  discordance  sur 
le  permien.  Le  trias  a  été  recouvert,  après  une  érosion 
jurassique,  d'un  dépôt  crétacé  qui  masque  ces  divei*ses  for- 
mations. 

Près  de  Pittsburg,  il  existe  trois  niveaux  «le  sables  et  degrés 
pj'irolifères,  séparés  par  des  couches  de  100  mètres  de  schistes 
argileux  stériles  ;  le  troisième  niveau  200  à  400  mètres  de 
profondeur  environ)  est  le  plus  productif.  Les  grès  pétrolifères 
de   Butler  appartiennent  à  l'anthracifère  inférieur;  ils  sont 


LE  CARBONE  ET  SES  COMPOSÉS  435 

moins  riches  que  les  grès  dévonieus  de  Venango,  de  Warren 
et  de  Mac  Kean.  Partout  les  parties  inclinées  des  plis  sont  les 
moins  favorables  pour  les  recherches. 

Tantôt  le  pétrole  jaillit,  tantôt  il  faut  le  pomper.  On  le 
transporte  au  moyen  de  tuyaux  de  0",1.H  de  diamètre,  résistant 
à  140  kilogrammes  de  pression  par  centimètre  carré,  qui  tra- 
versent des  États  entiers  (ligne  de  Rixford  à  William  sport 
=  168  kilomètres)  et  dans  lesquels  des  pompes  refoulent  le 
pétrole. 

La  Pensylvanie  avait  produit,  en  1889,  35  millions  de  barils 
provenant  surtout  du  troisième  niveau  pétrolifère.  Aujour- 
d'hui la  production  a  sensiblement  diminué,  et  un  dixième 
des  puits  foncés  est  stérile.  Le  forage  des  trous  est  géné- 
ralement fait  par  le  système  de  sondage  à  la  corde,  que  Ton 
peut  employer  facilement,  grâce  au  peu  d'inclinaison  des 
terrains.  On  peut  compter  qu'un  puits  productif  dure  deux 
ans,  en  donnant  i  .500  litres  d'huile  par  vingt-quatre  heures.  Le 
pétrole  pensylvanien  est  verdâtre  et  donne  à  la  distillation 
70  à  85  0/0  d'huile  lampante.  Les  propriétaires  des  terrains 
pétrolifères  touchent  un  droit  variant  de  iO  0/0  à  50  0/0  de 
J'huile  extraite  et  une  indemnité  de  1.000  à  5.000  francs  l'acre, 
suivant  les  districts. 

Le  pétrole  de  Pensylvanie  a  une  densité  de  0,800  à  0,825. 

Californie,  —  En  Californie,  les  puits  de  Los  Angeles  (mio- 
cène de  la  Sierra  Nevada)  ont  produit,  en  1897,  1.070.000  ba- 
rils ;  les  puits  moyens  débitent  de  5  à  50  barils  de  lo9  litres 
par  jour  ;  les  meilleurs  puits  donnent  75  barils. 

Texas,  —  On  a  découvert  du  pétrole  dans  le  Texas,  à 
500  mètres  de  profondeur;  la  qualité  de  l'huile  est  intermé- 
diaire entre  celles  des  huiles  de  la  Pensylvanie  et  de  l'Ohio. 

Ohio,  —  Dans  l'Ohio  (  Washington  Duck  creek)  on  trouve 
du  pétrole  aux  environs  de  Mecca  (comté  de  Trumbull,  dans 
le  Washington,  et  près  de  Balden  (comté  du  Lorrain). 

Tennessee,  Kentuchy,  Illinois,  Michigan,  Colorado.  —  Les 
autres  gisements  des  Etats-Unis,  les  plus  importants,  sont 
ceux  de  Columbiana,  de  Sllppery-Rock,  de  Smith's-Ferry,  de 
MontirelU)  (pétrole  lourd  employé  comme  lubrifiant),  de  la 
rivière  du  Cumherland  (rendement  considérable),  de  Chicago, 
de  Saint-Louis    (pétrole  très    dense),  de  Canon  City,  dan» 


436  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

le  Colorado  (argiles  schisteuses   crétacées   très   riches,  en 
p«^trole),  etc.. 

Au\  États-Unis,  la  production  de  pétrole,  en  1897,  en  barils 
do  I5'J  litres,  a  été  : 


IOhio  (Lima  excepté).  \ 

New-York (  «i  -ox  -aa  k^«;i» 

^        ,       .                    >  34.  iz4. /OU  barils 

Pensylvanie i 
Virginie  occidentale.  / 

Ghio  (district  de  Lima  seul) 15.307.376     — 

Californie 1 .070.000     — 

Colorado • 650.000      — 

Indiana 4.353.1 38     — 

Kansas 90.000     — 

Wyoming 1 5.000     — 

Autres  États 8.000      — 


soit  un  total  de  8.938.696.026  litres  représentant  un  poid 
de  7.972.579  tonnes  et  une  valeur  de  224.024.8 h>  francs. 

Canada.  —  Les  pétroles  du  Canada,  légers  (0  =  0,795)  et 
de  couleur  sombre,  sont  accumulés  dans  des  calcaires  silu- 
riens ou  cambriens  (d'âge  mal  déterminé)  surmontés  par 
des  schistes,  le  long  d'un  pli  anticlinal  voisin  de  Dereham. 
Ils  contiennent  beaucoup  de  débris  de  mollusques  et  de  crusta- 
cés. Le  centre  des  exploitations  se  trouve  dans  le  comté  de 
Lambton,  principalement  près  de  Petrolia  sur  le  territoire 
d'Enniskillem.  L'huile  est  recueillie  entre  80  et  150  mètres 
de  profondeur,  dans  des  couches  de  schistes  et  de  marnes 
appelées  soapstone  dans  le  pays.  Le  pétrole  du  Canada  est 
mélangé  d'eaux  sulfureuses;  l'odeur  qui  s'en  dégage  a  été  un 
obstacle  à  son  exploitation,  pendant  longtemps;  aujourd'hui 
le  raffinage  permet  de  l'employer  pour  l'éclairage. 

Au  Canada,  la  province  d'Ontario  a  produit  608.490  barils 
en  1897;  les  principaux  districts  producteurs  sont,  avec  ceux 
de  Petrolia  (Ontario),  ceux  de  Gaspé  Basin  (Québec)  et  des 
provinces  du  nord-ouest.  —  La  production  totale  du  Canada 
a  été,  en  1897,  de  709.857  barils  de  pétrole  brut  valant 
5.057.730  francs. 

Les  puits  du  district  de  Rootenay  dans  la  Colombie  britan- 


LE  CARBONE  ET  SES  COMPOSÉS         437 

nique  prennent  beaucoup  de  développement  ainsi  que  ceux 
de  la  vallée  de  Mackenzie  dans  le  territoire  du  nord-ouest. 
Mexique  et  Terre-Neuve,  —  On  connaît  encore  en  Amérique 
des  gisements  pétrolifères  à  Oaxaca  (Mexique),  et  le  long  de 
la  mer,  à  Terre-Neuve^  où  Ton  recueille  de  l'huile  de  très 
bonne  qualité. 

Antilles,  —  Aux  Antilles  il  existe  des  fontaines  de  pétrole 
dans  ÏUe  de  Cuba,  à  Test  de  la  Havane,  à  Casualidad,  L'huile 
jaillit  de  fissures  qui  se  trouvent  dans  la  serpentine. 

L'ile  de  Saint-Domingue  renferme  du  pétrole,  près  d'Azua, 
le  long  de  la  rivière  Agua  Hediondo  (Slinking-water). 

AsiéRiQUE  DU  Sud.  —  De  même  que  les  gisements  pétroli- 
fères de  l'Amérique  du  Nord  longent  les  Alleghanys  (Pen- 
sylvanie,  Virginie,  Illinois,  Tennessee,  Kentucky,  etc.)  et 
les  Montagnes  Rocheuses  (gisements  de  la  Sierra  Nevada, 
Californie,  Nevada,  Colorado,  Mexique);  ceux  de  l'Amérique 
du  Sud  sont  concentrés  le  long  de  la  Cordillière  des  Andes, 

\  depuis  le  Venezuela  jusqu'au  Chili,  en  s'étendant  dans  la 

1  Colombie,  le  Pérou  et  la  Bolivie. 

i  Depuis  quelques  années   de  nombreuses  recherches  ont 

k  été  entreprises  le  long  des  Andes  sur  la  côte  du  Paciflque. 

f  II  est  certain  que  la  découverte   de  centres   d'exploitation 

importants,  sur  les  bords  de  l'Océan  Pacifique,  créerait  une 
concurrence  redoutable  pour  les  pétroles  de  Pensylvanie  qui 
sont  grevés  de  frais  de  transport  considérables  pour  atteindre, 
parchemin  de  fer,  les  contrées  occidentales  de  l'Amérique; 
mais  les  gisements  pétrolifères  des  Andes  se  trouvent  en 
général  dans  des  contrées  très  accidentées  et  peu  fréquen- 
tées, dépourvues  de  population  ouvrière  et  nécessitent  des 
dépenses  considérables  pour  être  mis  en  exploitation 
(création  de  voies  de  communication,de  maisons  d'habitation, 
transport  des  appareils  de  sondage  et  des  matériaux  de  cons- 
truction au  milieu  de  terrains  bouleversées  et  à  de  grandes 
dislances,  installation  de  ports  ou  de  quais  d'embarquement 

'  .sur  le  Pacifique,  achat  de  bateaux-cilenies,'etc.),  et  jusqu'à 

présent  les  tentatives  d'exploitation  n'ont  pas  donné  les  résul- 
tats qu'on  est  en  droit  d'espérer  dans  une  région  où  le  pétrole 

1  existe  en  abondance  et  souvent  à  de  faibles  profondeurs. 

Venezuela,  —  Les  gisements  pétrolifères  des   Antilles   se 


438  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

continuent  à  partir  de  File  de  la  Trinité,  dans  le  Venezuela, 
le  long  de  la  chaîne  de  Caracas  qui  va  rejondre,  au  lac 
Maracaïbo,  la  branche  nord-est  de  la  Cordillère  des  Andes. 

Il  existe  quelques  gisements  pétrolifères  qui  semblent 
présenter  une  certaine  importance,  à  Touest  du  lac  Mara- 
caïbo  dans  l'État  de  Zulia,  à  Eixcontrado  (district  de  Colon). 
Les  imprégnations  pétrolifères  se  trouvent  dans  les  grès 
dévoniens,  à  une  profondeur  de  300  à  400  mètres,  et  pro- 
bablement aussi  dans  le  calcaire  silurien  (limestone)  que 
Ton  rencontre,  comme  en  Pensylvanie,  à  la  base  du  dévonien. 

Plus  près  du  lac  Maracaïbo,  on  rencontre  entre  le  Rio-Teca 
et  le  Rio-Zulia,  un  banc  sableux  d'une  cinquantaine  de 
mètres  de  longueur,  qui  laisse  jaillir  du  pétrole  par  diverses 
fissures.  Les  habitants  du  pays  emploient  ce  pétrole  pour 
s'éclairer,  pour  graisser  les  roues  de  leurs  voitures  et  pour 
goudronner  leurs  bateaux. 

Pérou.  —  Le  Pérou  contient  de  grandes  quantités  d'hydro- 
carbures, principalement  dans  les  terrains  tertiaires  de  sa 
partie  septentrionale,  entre  la  Cordillière  des  Andes  et 
rOcéan  Pacifique  ;  on  peut  évaluer  la  superficie  des  terrains 
pétrolifères  du  Pérou  à  plus  d'un  million  d'hectares,  répar- 
tis le  long  d'une  bande  de  250  kilomètres  de  longueur  et 
de  près  de  100  kilomètres  de  largeur,  entre  le  cap  Blanc  et 
le  Rio-Tumbez,  depuis  l'Océan  jusqu'aux  monts  d'Amotape. 
Cette  région  renferme  des  argiles  parfois  bitumineuses,  avec 
des  veines  de  gypse  ;  on  y  rencontre  deux  niveaux  pétroli- 
fères :  l'un,  à  60  ou  80  mètres  de  profondeur,  est  connu  à  Grau 
et  à  Tucyllal;  l'autre,  entre  200  et  300  mètres,  est  exploité  à 
Zorrito;  il  a  été  recoupé  également  à  Grau  et  à  Tucyllal.  Il 
est  probable  qu'en  profondeur  on  rencontrerait  encore 
d'autres  horizons  pétrolifères. 

Bolivie.  —  Le  sud  de  la  Bolivie  renferme  des  gisements, 
pétrolifères  qui  paraissent  importants,  mais  qui  sont  peu 
connus.  A  Plata,  à  Cuarazuti  et  à  Piijuerenda,  le  pétrole  coule 
en  ruisseaux  de  2  mètres  de  largeur  et  de  0™,20  de  pro- 
fondeur. Aucune  exploitation  sérieuse  n'est  venue  jusqu'à 
présent  explorer  ces  gisements,  et  il  est  difficile  de  se  pro- 
noncer sur  leur  avenir. 

Dans  la  République  de  l'Equateur  et  dans   la   République 


- 1 


I 


LE  CARBONE   El^   SES   COMPOSÉS  439 

^r^en/tne^on  retrouve  des  traces  d'hydrocarbures  qui  indiquent 
une  certaine  continuité  dans  la  bande  pétrolifère  des  Andes. 
L'étendue  considérable  des  terrains  imprégnés  d'hydro- 
carbures dans  l'Amérique  du  Sud  permet  d'espérer  que 
l'on  trouvera  dans  ce  pays  des  ressources  abondantes  en 
pétrole. 

GISEMENTS   DE   PÉTROLE   EN    OCÉANIE 

Australie.  —  On  peut  citer  en  Australie  les  gisements  du 
nord-est  de  Jéricho  en  Tasmanie,  et  ceux  de  la  Nouvelle- 
Galles  du  Sud  à  Narrabem^  près  de  Sydney,  où  le  pétrole  est 
accompagné  d'un  dégagement  abondant  de  gaz. 

Nouvelle-Zélande,  —  En  Nouvelle-Zélande,  on  connaît  les 
gisements  de  Manutahi  et  ceux  de  Waiapu  sur  la  côte  ouest 
de  la  région  d* Auckland.  Le  pétrole  de  la  Nouvelle-Zélande 
se  recueille  à  une  profondeur  de  200  à  300  mètres  et  fournit 
70  0/0  environ  d'huile  lampante. 


BIBU06RAPHIB  DU  PÉTROLE 


1870.  Fouqué  et  Gorceix,  Recherches  sur  les  sources  de  gaz  inflaui' 
mables  des  Apennins  et  des  lagoni  de  la  Toscane  [Annales 
des  Sciences  géologiques,  t.  Il,  p.  1). 

1870.  Baumbauer,  Recherches  sur  les  huiles  du  pétrole  daïis  les 

Indes  et  V  Orient  {Moniteur  scientifique  y  p.  .j3). 

1871.  Byasson,  Sur  l'origine  du  pétrole  (C.  R.,  t.  LXIII). 

1872.  Dupaigne,  le  Pétrole^  son  histoire,  sa  nature  (Paris,  iD-18). 
1872.  Fuchs  et  Sarazin,  Sources  de  pétrole  de  Kampina  {B.  S.  G., 

3-  série,  t.  I,  p.  251). 
1877.  Mendeléeff,  Sur  Vorigine  du  pétrole  {B.  S.  C.  P.,  t.  I;  Revue 

scientifique  de  la  France  et  de  l'Étranger,  2'  série,  7"  année). 
1877.  Henry,   Sur  le  pays  de  V huile  dans  V Amérique  du  Sord 

{Industrie  minérale;  Comptes  Rendus,  août). 
1877.  Didou,  Gisement  des  bitufnes,  pétroles,  etc., des  provinces  de 

Chieti  et  de  Frosinone,  et  traitement  à  Letto-Manoppello  (in- 

4»,  à  Sienne). 

1877.  Weil,   Travail  analytique  et  industriel  fait  sur  un  pétrole 

d'Egypte  {Moniteur  scientifique,  t.  VII,  p.  29.*î). 

1878.  Henry,  Note  sur  le  pays  de  Vhuile  de  V Amérique  du  Nord 

{Bulletin  de  la  Société  de  Vlnduslrie  mtn^ra/e,2*série,t.VII, 
p.  135,  Saint-Étienne). 


440  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

1878.  Coquand,  Pétrole  de  Tamaji  {B.  S.  G.,  3-  série,  t.  VI,  p.  86). 

1879.  L.  Fayre,  Gisements  de  bitume  de  Lobsann  et  de  Pechelbronn 

{Bulletin  de  la  Société  des  Sciences  naturelles^  t.  XI,  p.  122, 
Neufchàtel). 

1880.  Schûtzenberger,  Recherches  sur  les  pétroles  du  Caucase  {Bul- 

letin de  la  Société  de  chimie^  p.  67). 

1883.  Tournier,  Les  pétroles  de  Bakou  {Sature,  novembre,  p.  38). 

1885.  Nobel  frères.  L'industrie  du  pétrole  à  Bakou  (Saint-Péters- 
bourg, chez  Trenké). 

1885.  Syroczinski,  Pétroles  de  Galicie  {Revue  universelle  de  Liège). 

1886.  Le  Bel,  Notice  sur  les  gisements  de  pétrole  de  Pechelbronn 

{Bulletin   de  la  Société  d'histoire  naturelle   de    Colmar^ 
année  1885,  p.  445). 

1887.  Stewart,  Les  pétroles  du  sud-est  de  la  Russie  {Annales  de 

Cuyper,  t.  XXI). 
1889.  Pied  bœuf,  Gisements  pétrolif ères  de  V  Europe  centrale  {Revue 
universelle  de  Liège,  t.  XIII). 

1891.  Deutsch,  Lepétrole  et  ses  applications,  4  vol.  in-8^,  chez  Quantin. 

1892.  A.  Leproux,  Etat  actuel  de  Vindustrie  du  naphle  dans  lapro- 

vince  dWpschérou  {Annales  des  Mines,  9"  série,  t.  Il,  p.  117). 

1893.  J.  de  Launay,  Découverte  de  terrains  pétrolifères  dans  la 

Li magne  {Génie  civil,  t.  XXII,  p.  102). 
1893.  De  Clercy,   L'industrie  des  pétroles  en  Galicie  {Génie  civil, 

t.  XXIII.  p.  149). 
1893.  G.  Chesneau,  L'industrie  des  huiles  de  schiste  en  France  et 

en  Ecosse  {Annales  des  Mines,  9*  série,  t.  III,  p.  617). 
1893.  L.-D.  Launay,  Les  richesses  minières  de  Cuba  {Bulletin  des 

Annales  des  Mines,  9*  série,  t.  III,  p.  548). 

1893.  A.  Clavier,  Le  Pétrole  de  Zanle  {Grèce),  chez  Barlatier  et  Bar- 

thelet  (Marseille). 

1894.  De  Longe.  Les  Gisements  de  pétrole  au  Pérou  {Génie  civil, 

t.  XXVI,  p.  167). 
18')4.  Riche   et    Rounie,   Vindustrie   du  pétrole   aux   Etats-Unis 

{Annales  des  Mines^  9*  série,  t.  V,  p.  67). 
1806.  Redwood  Ilolloway  and  Others,  Treatise  on  the  geographical 

distribution    and   geological  occurence  of  petroleum  and 

natural  gas,  etc.  (Griffin  and  G*,  London). 

1896.  A.  Evrard,  Les  recherches  de  pétrole  dans  la  province  d'Oran 

{Génie  civil,  t.  XXXIII,  p.  235). 

1897.  F.  Miron,  Les  huiles  minérales  {pétî*oles^  schistes,  etc.).  1  vol. 

Masson,  Paris. 

1898.  Pantukotr  (traduction  Rouindjy),  Vindustrie  du  naphte  en 

Galicie  {Bulletin  de  la  Société  d'Encouragement,  juillet, 
p.  870  à  878). 


_k.. 


nr 


LE   CARBONE   ET    SES   COMPOSÉS  441 

\  III.  —    HYDnOCARBURES   VISQUEUX 

r  II  est  rare  de   rencontrer  les    hydrocarbures  visqueux 

(bitumes)  à  Tétat  pur;  ils  sont  la  plupart  du  temps  mélangés 
à  des  terres  dont  on  doit  les  débarrasser. 

i  Bitume,  propriétés  et  usages.  —  On  donne  le  nom  de 

bitume  à  des  carbures  d'hydrogène  visqueux,  renfermant, 
outre  le  carbone  et  Thydrogène,  de  Tazote,  du  soufre  et  de 
l'oxygène  :  ce  sont  des  pétroles  condensés  ou  oxydés  au  con- 
tact de  Tair  (le  bitume  de  Judée  ne  contient  cependant  pas 
d'oxygène).  On  emploie  le  bitume  pour  la  fabrication  des 
vernis,  du  caoutchouc  industriel,  des  couleurs  (les  couleurs 

*  au  bitume  ont  Tinconvénient  de  noircira  Tair).  On  introduit 

généralement  7  à  8  0/0  de  bitume  dans  les  asphaltes.  On 
appelle  pissasphalte  un  bitume  glutineux  et  sableux. 

Gisements.  —  On  trouve  les  bitumes,  mélangés  à  des 
terres  :  filons  nets  du  lac  de  Brai,  de  la  Havane ^  de  Ritchie  en 
Turquie,  de  la  mer  Noire j  de  la  Judée,  et  nappes  interstrati- 
fiées  de  Guaracaro  (Trinité),  du  KurdUitan,  de  Senelitza 
(Albanie),  ou  mélangés  à  des  sables  :  Biigey,  Chamalières  et 
Lussat  en  Auvergne,  Chézery  et  Seyssel  dans  TAin  et  Bas- 
tennes  dans  les  Landes,  d'où  on  les  a  extraits  par  simple 
lavage  à  Tcau  chaude.  Ces  derniers  gisements  n'ont  qu'une 
faible  importance  industrielle  et  sont  d'ailleurs  en  partie 
épuisés.  Les  calcaires  et  les  schistes  bitumineux  n'aban- 
donnent le  bitume  que  par  une  distillation  ou  un  traitement 
chimique. 

France.  —  Sables  bitumineux  de  rAin.  —  On  trouve,  dans  le 
département  de  l'Ain,  des  imprégnations  bitumineuses,  soit 
dans  les  sables  qu'on  lave  pour  extraire  le  bitume  simplement 
mélangé,  soit  dans  les  calcaires  kimmeridgiens  auxquels  la 
matière  bitumineuse  s'assimile  pour  former  un  corps  spécial 
(asphalte).  Citons  les  concessions  de  sables  bitumineux  de 
Chézery,  les  gisements  de  Confort,  de  Pyrimont-Seyssel  (Voir 
le  chapitre  de  V Asphalte),  (ÏOrbagnoux  (calcaires  kimmerid- 
giens à  texture  schisteuse  contenant  4  0/0  de  bitume)  et  de 
Saint'Champ-Chatonod  (teneur  :  8  0/0).  On  trouve  aussi  du 


442  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

bitume  dans  le  Puy-de-Dôme,  où  il  suinte  près  de  Ciermont'* 
Ferrand,  au  puits  de  la  Poix,  à  travers  une  pépérite 
basaltique.  —  La  production  des  bitumes  et  des  matières 
bitumineuses  a  été,  en  France,  de  225.784  tonnes  en  1896, 
valant  i. 740. 935  francs. 

A  Lussat  et  kVEscourchcuie  (Puy-de-Dôme),  on  a  trouvé  des 
amas  bitumineux  au  milieu  de  sables  arkosiques  bréchi* 
formes.  A  Lussat,  les  sables  tenaient  7  à  8  0/0  de  bilume 
qu'on  extrayait  par  lavage  à  Teau  bouillante  ;  on  obtenait  de 
Thuile  minérale  par  distillation.  A  la  Bourrière,  il  existe  un 
gisement  de  nodules  à  10  0/0  de  bitume,  disséminés  dans  des 
argiles.  A  Malintrat,  le  bitume  suinte  d'une  roche  pépéritique. 

Gisements  divers  en  Europe.  —  On  connaît,  en  Europe, 
quelques  autres  gisements  de  bitume  :  en  Portugal,  à 
Granja,  près  de  Monte-Real;  en  Rmsie,  près  de  Sisran 
(Volga),  etc.  Enfin  on  trouve,  en  Albanie,  à  Selenitza,  au 
milieu  de  grès  et  de  poudingues  (pliocène  supérieur),  du 
bitume  noir  brillant  compact  homogène  très  combustible 
en  amas  lenticulaires  avec  étranglements  et  renflements  épais 
de  3  mètres,  ou  en  brèches  bitumineuses,  dans  des  couches 
d'argile  grise  compacte,  entre  les  argiles  bleues  et  les  grès. 
On  y  trouve  aussi  des  stockwerks  bitumineux  constitués  par 
des  argiles  grises,  contenant  une  infinité  de  filets  ramifiés, 
et  des  amas-couches  réguliers  avec  nerfs  de  grès.  L'allure  du 
gîte  fait  supposer  que  le  bitume  s'est  répandu  par  des  fissures 
du  sol,  dans  les  réservoirs  supérieurs  où  s'est  concentrée  la 
matière  bitumineuse. 

Asie.  —  Bitume  de  Judée,  —  On  recueille  le  bitume  de  Judée, 
sur  les  bords  de  la  mer  Morte,  où  viennent  s'échouer  les 
fragments  qui  flottent  à  la  surface  de  la  mer  ;  on  suppose  que 
ce  bitume  est  apporté  de  la  profondeur  par  des  sources  ther- 
males débouchant  au  fond  du  lac. 

Lors  des  tremblements  de  terre,  d'énormes  masses  de 
bitume  montent  à  la  surface. 

Les  autres  gîtes  bitumineux  de  la  Judée  sont  :  ou  des  filons 
bréchiformesau  milieu  de  calcaires  créUicés,  ou  des  asphaltes 
imprégnés  qui  s'étendent  entre  la  mer  Morte  et  les  sources 
du  Jourdain  (Wady-Sebbeh,  VVady-Mahawat,  Nebi-Musa, 
Hasbeya,  Tibériade). 


LE  CAHBOME   LT    S£8   G0AIP0SÉ8  443 

A  Wady'Sebbek,  on  trouve  des  calcaires  dolonii tiques 
imprégnés  de  bitume  et  traversés  par  un  torrent. 

A  Wady-Mahawatj  près  du  gtte  de  sel  de  Djebel  Usdom,  le 
bitume,  imprégnant  des  calcaires  crétacés  et  des  poudingues 
adossés  à  ces  calcaires,  coule   en  stalactites. 

Le  gîte  de  Nebi-Mum,  plus  important,  fourni  t  un  bitume 
bleu  noir  imprégnant  des  calcaires  crétacés,  blancs,  crayeux, 
très  fossilifères  (inocérames,  pectens,  etc.). 

Le  gite  d'Hasbeya,  analogue  au  précédent,  «st  moins  riche 
(bitume  brun)# 

Kurdistan.  —  Parmi  les  gites  sédimentaires  de  bitume, 
on  peut  citer  ceux  du  Kurdistan,  en  couches  de  01^,20  dans 
des  lits  d'argile. 

Amérique.  —  Bitume  de  la  Trinité.  —  On  peut  distinguer 
dans  nie  de  la  Trinité,  située  le  long  de  la  côte  du  Venezuela, 
le  gisement  miocène  du  lue  de  Brai,  d'allure  ûlonienne, 
où  le  bitume  affleure  à  la  surface  du  sol,  et  les  couches  plio- 
cènes  de  Guaracaro. 

i^  Lac  de  Brai.  —  On  trouve,  au  milieu  des  terrains  mio- 
(  cènes  (calcaires,  schistes,  conglomérats,  argiles),  occupant 

^  Touest  de  Tile,  à  40  kilomètres  au  nord  de  Port  of  Spain,  le 

r  gisement  bitumineux  du  lac  de  Brai  (Pitch-I^kc).  Ce  lac  est 

formé  de  bitume  solide,  bien  que  légèrement  plastique, 
parcouru  par  des  ruisseaux  pleins  d'une  eau  sulfureuse 
colorée.  Le  bitume  paraît  arriver  au  jour  par  deux  ou  trois 
points  d'émission,  sans  que  le  fait  ait  été  nettement  vérifié. 
Le  gite  de  bitume  est  affermé  par  l'État  pour  75.000  francs  à 
une  Compagnie  qui  extrait  par  an  16.000  tonnes  de  bitume 
rougeâtre  à  l'état  brut  (densité,  1,3)  ;  on  épure  cette  matière 
par  fusion  où  par  dissolution  dans  de  l'huile  de  schistes  bitu- 
mineux. 

2^  Le  gite  de  Guaracaro,  dans  le  district  du  mont  Serrât,  est 
situé  dans  des  terrains  argilo-marneux,  compris  entre  doux 
falaises  tertiaires  érodées  ;  le  bitume  de  Guaracaro  ne  donne 
que  9,5  0/0  de  cendres  (au  lieu  de  47  0/0  au  lac  de  Brai). 
Solide  et  dur  à  la  température  ordinaire,  il  fond  à  300<* 
(D  =  l,33);  il  contient  10  0/0  de  soufre,  i  0/0  d'azote  et 
2  0/0  d'eau. 

On   connaît  encore,  en   Amérique,  les  bitumes  de  Cuba 


444  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

situés  autour  de  Casualidad  à  Test  de  la  Havane,  associés  à 
des  serpentines  {Guanabacoa^  Bajurahayo,  Banes);  les  gîtes 
filoniens  de  Ritchie  (Virginie  occidentale),  d'Hilisborough 
(comté  d'Albert  dans  le  Nouveau  Brunswick),  recoupant  des 
grès  et  des  schistes  houillers  et  les  gîtes  sédimentaires  du 
Venezuela  à  Rio-Tara  (pliocène),  et  de  la  Colombie, 


lY. —  Hydrocarbures  solides  incorporés  a  des  roches 


Les  hydrocarbures  solides,  incorporés  à  des  roches,  se 
distinguent  en  schistes  bitumineux  et  en  asphaltes  selon 
qu'ils  imprègnent  des  schistes  ou  des  calcaires. 

Schistes  bitaminenz.  —  On  donne  en  pratique  le  nom  de 
pyroschistes  ou  de  naphtoschistes  à  des  schistes  qui  donnent 
par  distillation  un  goudron  analogue  au  bitume,  alors  que  les 
schistes  bitumineux  proprement  dits  renferment  des  bitumes 
tout  formés  qu'on  extrait  par  un  traitement  à  la  benzine. 
A  part  les  schistes  bitumineux  du  Mansfeld^  que  Ton  traite 
pour  cuivre,  et  ceux  d'Idria,  qui  donnent  du  mercure,  les 
schistes  bitumineux  fournissent  en  général  des  huiles  de 
schistes  par  distillations  successives  dans  des  cornues  verti- 
cales, avec  traitement  à  Tacide  sulfurique  et  à  la  soude. 

Les  schistes  bitumineux  sont  employés  pour  la  fabrication 
des  huiles  de  schiste  et  du  gaz  d'éclairage. 

GrsEMENTs  EN  Francr.  —  Aututi  {Saône-et-Loire) .  —  Le 
bassin  d'Autun  forme  une  dépression  limitée  par  une  cein- 
ture de  terrains  anciens  (orthophyres  et  tufs  du  culm, 
granulites  et  gneiss)  s'étendant  entre  Epinac,  •Verrière  et 
Igornay. 

Cette  cuvette  est  remplie  par  le  houiller  et  le  permien 
représenté  par  des  schistes  bitumineux  et  des  grès  rouges.  Les 
schistes  bitumineux  se  divisent  en  trois  étages  : 

i<»  I/élage  inférieur  (concessions  d'Igornay,  de  Lally  et  de 
Saint- Léijer-dU'Bois)^  à  la  base  duquel  existe  une  couche 
schisteuse  (75  mètres)  associée  à  des  calcaires  magnésiens  et 
renfermant  trois  bancs  bitumineux  exploités  (3  mètres,  l^'ySO 
et  2™, 50  d'épaisseur;  rendements  d'huile  brute  :  4,50  0/0, 


LE  CARBONE  ET  SES  COMPOSÉS         445 

4,25  0/0    et  3,75  0/0   en  volume).  Oa  y  trouve  la  fauDc 
^  permienne;  mais  la  flore  est  nettement  houillère  ; 

2^  L'étage  moyen,  riche  en  bois  siliciflé  et  nettement  per- 
mien  (concessions  de  la  Comaille,  du  Ruet^  de  DracySaint- 
Loup,  des  AbotSf  etc.),  formé  de  grès  renfermant,  dans  le  haut 
et  au  centre,  des  couches  minces  de  schistes  bitumineux  et, 
à  la  base,  une  autre  couche  très  importante  (grande  couche  : 
rendement,  5à9  0/0);  on  y  rencontre  quatre  lits  de  schistes, 
séparés  par  des  barres  d*argile  blanche  de  0»,01  à  0»,03 
d*épaisseur  ; 

3®  L'étage  supérieur  schisteux  (Millery,  Surtnouliny  Haute- 
rive),  très  riche  en  bois  silicifié,  qui  renferme  des  couches 
minces  de  schistes  bitumineux  et  une  couche  de  boghead 
de  0"',25,  exploitée  pour  gaz  d'éclairage  ;  le  gaz  fourni  a  un 
pouvoir  éclairant  double  de  celui  du  gaz  ordinaire. 

Ce  bassin  n'est  exploité  qu'à  une  faible  profondeur  jusqu'à 
présent  (60  mètres  environ). 
Buxières  (Allier).  —  II  existe,  près  de  Buxières-la-Grue,  un 
I  bassinpermien,  limité  pai' des  terrains  anciens,  qui  comprend, 

!  à  la  base,  des  schistes  bitumineux  (rendement,  5  à  70/0)  repo- 

*  sant  sur  une  formai  ion  houillère  et  recouverts  par  des  grès 

et  des  schistes  noirâtres  avec  silex  noir  et  calcaire  fétide. 
Le  tout  est  surmonté  par  l'étage  des  grès  de  Bourbon  (grès 
blancs,  argiles  colorées)  et  par  celui  des  grès  rouges.  On 
trouve  aux  environs  de  Buxières  un  grand  nombre  de  pois- 
sons fossiles. 

Les  centres  principaux  d'exploitation  sont  :  Buxières  et 
Saint-Hilaire  (concessions  des  Plamores,  de  la  Sarcelière,  de 
Buxières,  de  la  Courolle  et  de  Saint  Hilaire). 

Saint-Amand  (Cher).  —  Dans  le  lias,  on  peut  citer  les 
couches  à  poissons  avec  schistes  bitumineux  de  Saint-Amand. 
Menât  (Puy-de-Dôme).  —  On  trouve  à  Menât  un  dépôt 
lacustre  miocène  renfermant  des  schistes  bitumineux  noi- 
râtres, feuilletés,  qui  donnent  du  noir  animal  par  calcination 
en  cornues,  et  des  cendres,  utilisées  comme  Iripoli,  quand 
on  les  calcine  à  Tair  libre. 

On  trouve  aussi,  en  France,  des  schistes  bitumineux  dans 
le  Var  (Fréjus),  dans  la  Vendée  (Vouvant),  dans  TArdèche 
(Vagnas),  etc. 


446  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Allemagne.  —  On  connaît  en  Allemagne  les  schistes  bitu- 
mineux houillers  et  permiens  de  Rokonitz,  Weissig,  Pilseti 
et  Kladno  (Saxe  et  Bohême),  et  ceux  du  zechtein  marin  du 
Mansfeld  (schistes  bitumineux  cuprifères  très  riches  en 
poissons)  dont  il  a  été  parlé  au  chapitre  du  Cuivre.  On 
exploite  des  schistes  bitumineux  liasiques  à  Reutlingen 
(Wurtemberg). 

Il  existe  ciussi  des  gisements  de  schistes  bitumineux  à 
Domanick  sur  la  Petschora  (Oural),  appartenant  au  dévonien, 
à  Steyerdcrf  (Banat),  appartenant  au  lias,  en  Italie,  au 
contact  des  lignites  du  Vicentin  et  du  Véronais,  et  en  Amé- 
rique (pyroschistes  à  graptolites)  dans  le  silurien  inférieur 
d'IJtica,  sur  les  bords  de  THudson  et  du  lac  Huron,  et  dans  le 
dévonien  à  Genessee  et  à  Athabascay  ainsi  qu'en  Australie, 
dans  les  couches  supérieures  du  terrain  carbonifère  de  la 
Nouvelle-Galles  du  Sud. 


BIBLIOGRAPHIE  DU  BITUME  ET  DES  SCHISTES  BITUMOfEUX 


4870.  Lartet,  Essai  sur  la  géologie  de  la  Palesline,  etc.  {Annales 
des  Sciences  géologiques^  t.  I,  p.  5). 

1870.  Jules  Jaffre,  Recherches  sur  les  huiles  minérales  de  Buxières 
(Comptes  Rendus,  t.  XIX,  n"  12). 

187*».  Mongel,  Note  sur  les  gisements  de  bitumes  fossiles  des  envi- 
rons de  Zaho  {Kurdistan)  {Annales  des  Mines^  p.  85). 

1877.  Lartet,  Exploration  géologique  de  la  mer  Morte  (chei  Arthur 
Bertrand). 

1880.  Aymard,  Schistes  bitumineux  d'Autun  {Comptes  Rendus  de  la 
Société  de  l'Industrie  Minérale,  p.  171). 

1888.  De  Launay,  Terrain  peimim  de  l'Allier  {HuUetin  de  la  Société 
géologique,  3"  série,  t.  XVI,  p.  298). 

1888.  De  Launaj',  Schistes  bitumineux  de  Buxières  (Revue  scienti- 
fique du  Bourbonnais). 

1892.  De  Morgan,  Pétrole  et  bitume  de  Kondé-Chirin  (Perse) 
(Annales  des  Mines,  9*  série,  t.  I,  p.  227). 

Hydrocarbares  imprégnant  des  calcaires.  —  Asphalte.  — 

r/asphalte  est  un  calcaire  brun  imprégné  de  matières  bitu- 
mineuses, dont  la  dureté  croît  en  raison  inverse  de  la  tempé- 
rai ure.  La  chaleur  réduit  ce  calcaire  en  une  poussière  qui. 


LE  CARBONE  ET  SES  COMPOSÉS         447 

comprimée  dans  un  moule  et  refroidie,  reprend  sa  dureté 
I,  première.  Cette  propriété  est   utilisée  pour  le   pavage  des 

chaussées  :  Fasphalte  broyé  en  poudre  très  fine  est  étendu 
\  tout  chaud  sur  un  lit  de  béton  de  ciment,  puis  pilonné  et 

comprimé  au  rouleau.  On  emploie  aussi  le  mastic  asphal- 
tique  obtenu  en  chauffant  de  Tasphalte  avec  7  0/0  de  goudron 
de  schistes  bitumineux.  Ce  mastic  est  coulé  en  pains  de 
25  kilogrammes;  il  est  ensuite  mélangé  et  chauffé  avec 
10  0  0  de  bitume  de  la  Trinité  et  6  0, 0  de  sable  de  rivière, 
puis  étendu  sur  un  lit  de  béton  pour  recouvrir  les  chaussées 
ou  les  trottoirs. 

Gisements  en  France.  —  SeysseL  —  On  exploite  à  Vyrimont, 
sur  les  deux  rives  du  Rhône  entre  Beliegarde  et  Seyssel,  des 
\  couches  horizontales    superposées    de  calcaires  urgoniens 

imprégnés  de  bitume.  Les  calcaires  sont  surmontés  de  sables 
verts  (molasse  marine)  également  imprégnés  de  bitume,  avec 
brèche  à  galets  d'asphalte  à  la  base  ;  dans  ces  sables,  on 
observe  une  alternance  de  bancs  verts  et  de  bancs  noirs. 

Auvergne.  —  Les  principaux  gîtes  d'Auvergne  sont  ceux 
de  Pont-dU'Château  et  des  Roya,  près  de  Clermont-Ferrand  où 
Ton  exploite  des  calcaires  bitumineux,  appartenant  à  Toligo- 
cène  (calcaire  à  Hélix  Ramondi)  ;  la  teneur  varie  de  4  à  12  0  0 
et  augmente  en  profondeur. 

Ardennes.  ^  Il  existe  aussi  dos  gisements  de  calcaire 
asphaltique  aux  environs  de  (Hvet,  dans  les  .\rdennes;  on  les 
exploite  en  blocs  que  l'on  vend  60  francs  le  mètre  cubo  ; 
ils  sont  employés  comme  matériaux  de  construction. 

Gard,  —  On  trouve  dans  le  Gard  deux  bancs  d'asphalte 
éocène  très  chargé  de  bitume,  aux  Fumades,  à  Saint-Jean- 
de-Mariejols  et  au  Maa-Chabert.  La  production  de  l'asphalte 
en  France  a  été  de  17.717  tonnes,  en  1896,  valant 
751.315  francs. 

Suisse.  —  Le  canton  de  Neufchàtel  (Suisse)  renferme  de 
nombreux  gisements  de  calcaires  bitumineux  dont  quelques- 
uns  sont  pauvres  {Saint-Aubin,  Vallorbes,  Chavamay,  Orbe). 
Les  plus  importants  sont  :  celui  dès  Epoissats,  celui  de  Saint- 
Aubin,  celui  de  Noraigue  et  surtout  celui  du  Val  Travers  qui 
est  exploité  activement  depuis  vingt  ans.  Au  Val  Travers, 
l'urgonien  est  représenté  par  If  calcaire  jaune  inférieur  à 


448  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

échinodermes  et  par  le  calcaire  à  caprotines  riche  en  bitume, 
situé  au  contact  de  marnes  aptiennes ,  qui  le  séparent  de 
calcaires  glauconieux  aptiens  légèrement  imprégnés.  Le 
calcaire  à  caprotines  a  une  teneur  de  8  à  12  0/0.  A  Saint-Aubin, 
c'est  le  calcaire  à  échinodermes  qui  est  riche  en  bitume;  le 
bitume  se  trouve  dans  une  fissure  du  calcaire  oolithique 
inférieur,  aux  Epoissats,  et  dans  le  bathonien,  à  Noraigue. 

Italie.  —  On  rencontre  des  gisements  d'asphalte  en  Italie, 
dans  les  Abruzzes,  dans  la  province  de  «  la  Terre  de  Labour  » 
et  en  Sicile. 

Les  gisements  des  Abruzzes  les  plus  importants  sont  ceux 
de  ToccO'de-Camuriay  de  Lettomanoppelio,  de  San  Valentino  et  de 
Roeca  Morice,  où  Ton  exploite,  à  ciel  ouvert,  un  banc  de  calcaire 
asphal tique  de  30  mètres  de  puissance,  dans  le  tertiaire.  Il 
existe  d'autres  couches  plus  profondes;  mais  leur  exploita- 
tion nécessiterait  des  travaux  très  coûteux  relativement  au 
prix  de  la  matière  à  extraire. 

La  roche  de  Rocca  Morice  donne  5  0/0  de  bitume.  Le  prix 
de  revient  d'une  tonne  d'asphalte  est  de  9  francs  environ. 

Les  Abruzzes  ont  produit,  en  1874,  7.600  tonnes  de  roche 
asphaltique  valant  11  francs  la  tonne. 

Dans  la  «  Terra  <li  Lavoro  »,  on  connaît  les  gisements 
d'asphalte  de  Monticelio  et  de  Castro  dei  Volsci. 

En  Sicile,  on  exploite  l'asphalte  dans  le  miocène,  près  de 
Raguse  à  Tabunay  Leporino,  Mafita  et  Materazi,  L'extraction 
a  atteint,  en  1894,  52.400  tonnes  vendues  23  francs  la  tonne 
(exploitation  par  galeries  et  piliers  abandonnés). 

Allemagne,  —  Les  principaux  gisements  d'asphalte  de 
l'Allemagne  sont  ceux  du  Hanovre  (jurassique),  de  la  West- 
phalie  (crétacé)  et  de  V Alsace  (tertiaire).  Production  : 
61.552  tonnes  en  1896,  valant  566.740  francs. 

Russie.  —  En  Russie,  à  Lisran,  il  existe  des  calcaires  tenant 
jusqu'à  30  0/0  de  bitume,  et  des  sables  bitumineux.  La  produc- 
tion de  l'asphalte  en  Russie  a  été  de  160.544  tonnes  en  1894. 

Autriche-Hongrie.  —  En  Autriche-Hongrie,  on  exploite  de 
l'asphalte  à  Seelfed  (jurassique),  à  Hœring  (tertiaire);  dans  le 
Tyroly  etc..  La  production  de  l'Autricho-Hongrie  a  atteint, 
en  1894,  4.548  tonnes  d'asphalte. 

imérique.  —  Dans  l'île  de  Cuba  on  rencontre  en  abon- 


LE   CARBONE   ET    SES   COMPOSÉS  449 

(lance  de  Tasphalte  dans  la  baie  de  la  Havane.  Cet  asphalte, 
connu  sous  le  nom  de  «  chapapote  »,  est  très  apprécié. 
Dans  la  Californie ^  dans  VUtah  et  dans  le  territoire  indien, 
[  on  exploite  aussi  un  peu  (Fasphalte. 

BIBU06RAPHIE  DB  L'ASPHALTE 

1869-1870.  Jauard,  DescnpUon  géologique  du  Jura  Vaudois  et  Neuf- 
chdtelois  {Berné),  — Etudes  sur  Casphalte  et  sur  le  bitume  au 
val  Travers  dans  le  Jura  et  la  Haute-Savoie. 

1880-1881.  Pommerol,  Age  des  tufs  bitumineux  et  basaltiques  delà 
Limagne  {B.  S.  G.,  3*  série,  t.  IX,  p.  282,  Paris). 

1888.  Malo,  Vasphalte. 

!  V.  —  Hydrocarbures  solides  libres 

Les  deux  principaux  hydrocarbures  solides  que  Ton  trouve 
;  non  incorporés  à  des  roches  sont  Tambre  jaune  ou  succin 

i  et  Tozokérite. 

!  Ambre.  —  L*ambre  jaune  ou  succin  est  une  résine  fossile 

employée  pour  la  fabrication  de  colliers,  de  tuyaux  de  pipos, 
de  fume-cigares  et  de  fume-cigarettes. 

Le  succin  brûle  avec  flamme  et  fumée  en  répandant  une 
odeur  de  résine.  Il  est  électrisé  par  simple  frottement. 

Gisements  de  la  Baltique.  —  On  trouve  de  Tambre  en  Alle- 
magne, le  long  du  littoral  de  la  Baltique  entre  Memel  et 
Kônigsberg  (Samland),  dans  des  couches  de  sables  glauco- 
nieux  (1",50  environ)  de  l'éocène  supérieur,  recouvertes  de 
sable  glauconieux  stérile  (23  mètres),  d'argile,  de  sable  et  de 
lignite  oligocène.  L'ambre  qui  contient  de  nombreux  insectes 
(myriapodes,  arachnides)  est  extrait  par  lavage.  La  produc- 
\  tion  est  de  125.000  kilogrammes  par  an  on  moyenne. 

Russie.  —  On  trouve,  en  Courlande,  le  prolongement  des 
gisements  de  la  Prusse  orientale.   La  production  y  est  de 
i  2.000  kilogrammes  par  an,  environ. 

Sicile,  —  Les  environs  de  Catane  et  les  marnes  tertiaires 
de  Gianetta  (Sicile)  produisent  de  l'ambre  fluorescent. 
On  trouve  aussi  de  Tambre  en  petits  grains  dans  les  for- 

OéOLOOIE.  29 


450  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

nifitions  ligniteuses  des  environs  de  Paris,  à  Boissons  (Aisne), 
à  Genvry  (Oise),  etc.,  dans  les  lignites  lacustres-  du  Gard,  à 
Mézérac  et  h  Garsan,  dans  les  lignites  de  Lobsann,  en 
Alsace,  etc. 

La  production  totale  de  Tambre  dans  le  monde  entier  ne 
dépasse  pas  200  tonnes  par  an. 

Ozokérite.  —  L'ozokérite  (ou  ozocérite,  appelée  aussi 
paraffine  naturelle  ou  erdwach)  est  un  pétrole  solidifié  vert 
brun,  Jaune  ou  rougeâtre,  possédant  une  odeur  aromatique 
particulière;  sa  cassure  est  conchoïdale.  L'ozokérite,  qui 
contient  de  32  à  50  0/0  de  paraffine,  sert  à  fabriquer  la  cire 
minérale  (cérésine)  qui  tend  à  remplacer  la  cire  d'abeilles  et 
la  gutta-percha. 

Le  principal  gisement  d'ozokérite  est  celui  deBoryslaw,  en 
Gai  ici  e.  On  a  trouvé  de  Tozokérite  à  Truskawice,  Starunia^ 
DwiniacZy  en  Galicie,  à  Slanick  en  Moldavie,  à  Urpeth  en 
Angleterre,  à  Libisch  en  Moravie,  dans  Tîle  Tsch^leken  (Cau- 
case), dans  V Emilie  (Italie)  et  dans  VUtah  (Amérique). 

Le  production  annuelle  derozokérite  dans  le  monde  entier 
varie  de  15.000  à  20.000  tonnes,  valant  en  moyenne  500 francs 
la  tonne. 

Galicie.  —  A  BoryslaWy  on  exploite  des  filons  d'ozokérile 
de  0™,0i  à  4  mètres,  dans  des  schistes  et  des  grès  miocènes 
bitumineux.  L'exploitation  est  gênée  par  des  dégagements 
gazeux  et  des  suintements  de  pétrole.  En  profondeur,  Tozo- 
kérite  diminue  de  consistance  et  semble  tendre  vers  le 
pétrole  liquide. 

L'ozokrrite  fondue,  distillée  et  blanchie  à  Tacide  sulfurique 
ou  au  sulfure  de  carbone,  donne  de  la  cire  blanche,  ou  cire 
minérale. 

Un  syndicat  possède  la  plupart  des  puits,  dans  les  districts 
de  Roryslaw,  Truskawice,  Dwiniacz  et  Starunia.  On  comptait 
en  Galicie,  à  la  fin  de  1896,  quarante-quatre  mines  donnant  une 
production  de  7.200  tonnes,  au  moyen  de  trois  cents  puits. 

La  composition  moyenne  de  l'ozokérite  de  Boryslaw  est  la 
suivante  : 

Huile  légère,  6  0/0;  huile  lourde,  32  0  0;  huile  paraffine, 
55  0  0;  impuretés  et  matières  diverses,  7  0  0. 


i 


LE  CARBONE  ET  SES  COMPOSÉS  451 

Moldavie.  —  A  Slanick  (Moldavie),  on  exploite  rozokérite 
dans  des  grès  bitumineux,  non  loin  de  couches  de  houille 
et  de  sel  gemme. 

Caucase,  —  On  trouve  à  Tscheleken  (Caucase)  Tozokérite 
en  grains,  dans  des  sables  et  des  argiles  pétrolifères. 

Italie,  —  Dans  les  terrains  tertiaires  qui  s'étendent  au 
Nord  des  Apennins,  dans  la  région  pétrolifère  de  TEmilie,  on 
a  trouvé  quelques  gisements  d'ozokérite.  Les  plus  importants 
sont  situés  dans  la  province  de  Bologne,  près  de  Savigno. 

L'ozokérite  y  existe  en  affleurements,  associée  à  du 
pétrole  et  intercalée  dans  des  bancs  de  marne  et  de  calcaire 
qui  ont  été  amenés  au  jour  à  travers  Targile  écailleuse. 
Cest  de  Tozokérite  blanche,  pure  et  cristalline  (hatchettina). 

Au  Mont-FalOy  près  du  ravin  de  Lavina,  on  trouve  aussi  de 
rozokérite  déposée  en  grumeaux  et  en  lamelles  sur  les 
roches  voisines  de  la  surface,  à  peu  de  distance  de  failles 
qui  livrent  passage  à  des  émanations  d'hydrocarbures. 

Amérique.  —  En  Amérique  (Utah),  on  exploite  une  ozoké- 
rite  brun  foncé  formant  une  couche  de  6  mètres  d'épaisseur 
sur  30  kilomètres  de  large  et  100  kilomètres  de  long,  dans 
des  bancs  de  craie. 


BIBU06RAPHIB  DE  L'OZOKËRITE  ET  DE  L'AMBRE 


1870.  Exploitation   de    V ambre  en    Prusse  {Annales   de    Cuyper, 

t.  XXVH,  p.  413). 

1871 .  Heurteau,  Surlepétrole  et  Vozokérite  de  Galicie  {An.  des  Mines) . 

1884.  Hassempfug,  Sur  Vozokérite  {Annales  de  la  Société  géologique 

duNoixi,  t.  XI,  p.  233,  Lille). 

1885,  Siroczinski.  Revue  universelle  de  Liège. 

>  1887.  Râteau,  Sur  Vozokérite  de  Boryslaœ  {An.  des  Mines^  p.  147). 

•  1888.  fialeiky  Sur  Vozokérite  de  Boryslav)  {Annales  des  mines,  p.  162). 

4888.  Przibitla  et  Syroczinski,  Sur  Vozokérite  de  Boryslaw  (Cuyper, 
k  t.  IV,  p.  1^), 

1894.  J.  de  Glercy,  h*industrie  de  Vozokérite  en  Galicie  {Génie  civil, 
t.  XXIV,  p.  loe). 


452  GÉOLOGIE   APPLIQCÉB 

HYDROCARBURES  HOUILLRRS 

On  peut  classer  parmi  les  hydrocarbures  solides  le  cannel- 
coal  elle  boghead,  qui  se  trouvent  généralement  au  milieu  de 
gisements  houillers;  les  premiers  sont  employés  comme 
combustibles  ;  ce  sont,  en  réalité,  des  charbons  très  chargés 
en  hydrocarbures;  les  bogheeuls  sont  plutôt  des  schistes  bitu- 
mineux. Les  schistes  bitumineux  houillers  portent  quelquefois 
le  nom  de  cannel-coal  quand  leur  teneur  en  cendre  est  faible. 

Cannel-coal.  —  Le  cannel-coal  (de  candle-coal,  mot  à  mot 
charbon-chandelle)  est  ainsi  appelé  à  cause  de  sa  richesse 
en  gaz  qui  permet  de  Tallumer  facilement,  comme  une 
chandelle. 

Une  tonne  de  cannel-coal  fournil  330  mètres  cubes  de  gaz. 

Le  cannel-coal  a  été  formé  par  des  débris  végétaux,  où 
dominent  des  fructifications  de  cryptogames,  des  spores  de 
fougères,  des  grains  de  pollen,  etc..  Ces  restes  divers,  plus 
ou  moins  désorganisés,  sont  réunis  par  une  substance 
amorphe  qui  paraît  avoir  joui  d'une  certaine  fluidité.  Les 
principaux  gisements  connus  sont  ceux  de  Commentry  et  du 
Lancashire. 

Boghead.  —  Le  boghead  forme  des  couches  de  quelques 
centimètres  à  1  mètre,  dans  le  terrain  houiller;  il  se  ren- 
contre depuis  Tétage  du  culm  jusque  dans  le  permien. 

C'est  un  charbon  noir,  à  cassure  conchoïdale,  élastique 
sous  le  choc  et  difficile  à  pulvériser. 

Les  bogheads  sont  très  recherchés  à  cause  des  huiles  et  du 
gaz  très  éclairant  qu'ils  donnent  à  la  distillation.  Le  gaz  du 
boghead  aun  pouvoir  éclairant  triple  de  celui  du  gaz  ordinaire. 

Ce  combustible  est  formé  d'algues  microscopiques  houilli- 
fiées,  dont  l'espèce  varie  avec  le  gisement. 

Gisements  d'Ecosse.  —  Le  bassin  houiller  écossais  est  carac- 
térisé par  la  présence  de  certaines  couches  très  riches  en 
matières  volatiles,  formées  :  les  unes,  de  cannel-coal  com- 
bustible tenant  86  0/0  de  carbono,  qui  donne  des  cokes 
compacts,  plus  ou  moins  boursouflés;  les  autres,  de  bogheads, 
schistes  bitumineux,  servant  à  la  fabrication  des  hydrocar- 
bures (goudrons,  naphtaline,  etc.). 


LE  CARBONE  ET  SE8  COMPOSÉS  453 

Les  hydrocarbures  houillers  d'Ecosse,  exploités  à  Torbane- 
Hill,  Bogheadj  etc.,  atteignent  une  production  annuelle  d'en- 
viron 5  millions  de  tonnes  ;  mais  Timportation  des  pétroles 
d'Amérique  et  de  Russie  tend  à  faire  disparaître  d'Ecosse, 
l'industrie  des  schistes  bitumineux  et,  d'autre  part,  le  perfec- 
tionnement de  l'industrie  du  gaz  rend  de  plus  en  plus  difficile 
la  vente  du  cannel-coal,  qui,  de  40  francs  la  tonne,  en  1890, 
est  tombé  à  20  francs  en  1895. 

Gisements  divers,  —  On  trouve  du  cannel-coal,  en  France,  à 
Commentry^  où  il  tient  7  à  12  0/0  de  cendres. 

On  en  rencontre  aussi  dans  le  bassin  de  l'Illinois,  dans  le 
Kentucky,  La  production  du  cannel-coal  aux  États-Unis  a 
atteint  56.500  tonnes  en  1897  ;  le  prix  de  vente  était,  en 
moyenne,  de  18  fr.  75  par  tonne. 

On  trouve  du  boghead  à  Commentry  ;  on  en  rencontre 
également  dans  le  sud  du  Pays  de  Galles,  où  il  renferme 
des  Reinschia  australis,  sortes  d'algues  microscopiques  bouil- 
li liées.  On  exploite  aussi  du  boghead  en  Nouvelle-Ecosse , 
à  Fraser  et  à  Hillsborough,  et  en  Russie,  dans  le  bassin  de 
Moscou  où  les  bogheads  du  culm  renferment  des  algues 
rameuses  (Cladiscothallus). 

Les  gisements  de  boghead  et  de  cannel-coal  sont,  en  somme, 
assez  rares,  et  la  production  de  ces  matières  est  relative- 
ment restreinte. 


CHAPITRE  V 


MINÉRAUX  EMPLOYÉS  DANS  L'AGRICULTURE 


En  debors  des  produits  artificiels,  tels  que  les  engrais  chi- 
miques, les  scories  basiques,  etc., un  grand  nombre  de  miné- 
raux sont  employés  en  agriculture  à  Tamendement  des 
terres,  pour  leur  rendre  Tazote  ou  Tacide  phosphorique 
enlevé  par  les  végétaux,  ou  pour  leur  procurer  les  éléments 
dont  elles  peuvent  être  dépourvues.  Pour  qu'un  corps  puisse 
être  employé  à  ces  usages,  il  faut  qu'il  soit  répandu  en 
grandes  quantités  dans  la  nature,  qu'il  soit  exploitable  à  peu 
de  frais,  et  que  ses  éléments  soient  parfaitement  assimilables 
à  ceux  du  sol  à  enrichir.  Les  phosphates  et  les  nitrates  sont 
les  minéraux,  utiles  à  la  culture,  qui  remplissent  le  mieux  ces 
conditions. 

PHOSPHORE  ET  PHOSPHATES 

Emplois  du  phosphore  et  de  ses  composés.  —  Outre  son 
emploi  à  l'état  de  phosphore  blanc  ou  rouge  pour  la  fabrica- 
tion des  allumettes,  le  phosphore  est  utilisé,  sous  forme  de 
phosphate  de  chaux,  pour  la  déphosphoration  des  fontes 
peu  phosphoreuses  et  pour  la  métallurgie  du  cuivre  (procédé 
Manhès)  et  du  nickel.  Mais  l'application  du  phosphore  la  plus 
<^tendue  est  actuellement  son  emploi  en  agriculture,  pour 
restituer  au  sol  l'acide  phosphorique  enlevé  par  les  végétaux 
ou  pour  fournir  de  l'acide  phosphorique  aux  terres  qui  en 
manquent.  On  trouvera,  dans  les  traités  spéciaux  d'agrono- 
mie, les  détails  relatifs  à  l'application  pratique  du  phosphate 
de  chaux  ou  des  superphosphates  à  l'amendement  des  terres. 


MINÉRAUX    E3IPL0YÉS   DANS    l'aGRIGLLTCRE  455 

Les  phosphates  employés  dans  Tiiidustrie  ou  dans  Tagricui- 
.  ture  sont  :  les  phosphates  de  chaux  naturels,  que  Ton  ren- 

contre en  abondance  dans  un  grand  nombre  de  terrains,  et 
les  phosphates  artificiels,  que  Ton  obtient  par  le  traitement 
des  os  et  surtout  que  Ton  extrait  des  scories  métallurgiques 
de  déphosphoration  (qui  tiennent  17  0/0  d'acide  phosphorique 
en  moyenne). 

Au  point  de   vue  commercial,  Tétat  de  division  et  Tétat 
chimique  des  phosphates  ont  une  grande  importance.  Plus 
le  phosphate  est  divisé,  plus  son  assimilation  est  facile  et 
)  complète  ;  aussi  emploie-t-on  des  moulins  pour  moudre  les 

phosphates  en  farine  aussi  tine  que  possible.  La  richesse 
d'un  phosphate  en  acide  phosphorique  s'évalue  en  phosphate 
tribasique,  soluble  dans  le  citrate  d'ammoniaque,  l'acide 
citrique  étant  considéré  comme  analogue  aux  acides  conte- 
nus dans  les  racines  des  plantes. 
Les  phosphates  qui  contiennent  du  fer  et  de  l'alumine  en 
r  quantité  notable  sont  dépréciés,  car  les  phosphates  de  fer  et 

d'alumine  sont  insolubles  dans  le  citrate  d'ammoniaque  ;  de 
plus,  le  fer  et  l'alumine  provoquent  la  transformation  des 
superphosphates  en  phosphate  bicalcique  insoluble. 

Les  phosphates  sédimentaires  sont  les  plus  soiubles  dans  le 
citrate  ;  les  phosphorites  (ou  phosphates  à  texture  cristalline, 
spéciaux  aux  gites  filoniens)  le  sont  moins;  enfin  les  apatites 
(ou  phosphates  cristallisés  spéciaux  aux  roches  éruptives)  en 
poches  ou  en  filons  sont  presque  insolubles. 


GISEMENTS 

Les  gisements  de  phosphate  de  chaux  peuvent  se  diviser 
en  trois  catégories,  selon  leur  mode  de  formation  : 

1*»  Gîtes  sédimentaires.  —  Les  gîtes  sédimentaires  sont  les 
.  plus  importants  :  ils  fournissent  des  phosphates  en  nodules. 
\  La  gangue  d'argile,  de  glauconie,  de  sable  ou  de  calcaire  est 

éliminée  par  lavage;  mais  ces  phosphates,  dont  la  teneur 
varie  de  20  à  60  0/0,  contiennent  des  impuretés  (silicates  de 
chaux,  d'alumine  et  de  fer).  Les  gites  dans  lesquels  on  trouve 
ces  nodules  (30  à  40  kilogrammes  par  mètre  carré)  sont 


i 


456  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

très  étendus  {ArdenneSj  Argonne,  Aiacois,  Caroline  du  Nord, 
Russie,  etc.). 

On  exploite  beaucoup,  aujourd'hui,  les  craies  phosphatées 
pauvres  que  Ton  enrichit  par  lavage  et  au  milieu  desquelles 
on  trouve  des  poches  de  sables  phosphatés  très  riches,  tenant 
jusqu'à  370/0  d'acide  phosphorique  (BeauraMans  la  Somme, 
Hardivilliers  dans  TOise). 

2**  Gisements  dam  les  roches  éruptives,  — On  trouve  le  phos- 
phate de  chaux  à  Tétat  d'apatite,  soit  concentré  en  masses 
importantes  dans  les  amphibolites,  soit  sous  forme  de  cris- 
taux isolés  dans  les  gneiss,  les  micaschistes  et  les  trachytes. 
Ces  gîtes  sont  peu  nombreux  {Canada,  NorwègCf  Espagne); 
ils  n'ont  qu'une  importance  secondaire,  bien  que  les  apatites 
contiennent  70  0/0  de  phosphate  tribasique  soluble  et  soient 
très  pures;  mais  il  est  impossible  d'isoler  mécaniquement 
Tapalite,  du  quartz,  ou  de  l'amphibole  auxquels  elle  adhère. 
De  plus,  les  gîtes  sont  peu  étendus  et  ne  sont  susceptibles 
que  d'une  exploitation  toujours  restreinte. 

3°  Gisements  en  filons,  amas  ou  poches,  —  Les  gisements  en 
liions  contiennent  du  phosphate  de  chaux  à  l'état  de  phos- 
phorite,  souvent  très  riche  en  phosphate  tricalcique  et  mé- 
langé à  du  quartz  rubanné  ;  dans  les  amas  et  les  poches, 
l'assimilation  a  été  favorisée  par  des  phénomènes  de  disso- 
lution, et  le  mélange  de  phosphorite  et  de  quartz  porte  le 
nom  de  terre  phosphatée.  On  trouve  exceptionnellement 
l'apatite  en  filons  à  odde-garden,  en  Norwège.  D'ailleurs,  il 
faut,  dans  les  recherches,  tenir  compte  de  ce  que  les  gîtes 
de  cotte  catégorie  sont  étendus  et  riches  surtout  aux  affleu- 
rements ;  le  quartz  augmente  rapidement  en  profondeur,  et 
l'appauvrissement  en  minerai  est,  en  général,  très  rapide,  ce 
qui  limite  beaucoup  la  durée  du  gisement.  On  ne  peut  donc 
en  proposer  l'exploitation  que  s'il  existe  un  certain  nombre 
de  liions  à  proximité  les  uns  des  autres,  comme,  par  exemple, 
dans  le  Quercy,  le  Nassau  et  la  province  de  Cacérès, 

i^   GÎTES   SKOIMENTAIRES 

Le  phosphate  est  aussi  abondant  que  l'oxyde  de  fer  dans 
''^s  sédimentaires.  Les  couches  de  nodules  phosphatés. 


MINÉRAUX    EMPLOYÉS   DANS    L^AGRICULTLRE  457 

qui  se  sont  déposées  le  long  des  rivages  des  anciens  bassins 
marins,  sont  souvent  très  riches  en  coquilles  fossiles  autour 
desquelles  le  phosphore  s*est  concentré  ;  certains  dépôts  de 
craie  phosphatée  sont  dus  à  la  phosphatisation  d'os,  d'écaillés 
et  d'autres  débris  de  poisson  et  de  moules  de  foraminifères. 
Quant  au  phosphore,  il  proviendrait  soit  de  la  décomposition 
de  corps  d'animaux,  soit  de  sources  thermales,  soit  de  la 
dissolution  de  l'apatite  des  roches  éruptives. 

En  passant  en  revue  les  gisements  de  phosphate  de  chaux 
sédimentaires  connus,  dans  les  divers  pays,  on  insistera 
particulièrement  sur  les  gisements  français,  dont  quelques-uns 
ont  une  réelle  importance. 

Gisements  sédimentaires  de  phosphate  en  France.  —  On  trouve, 
en  France,  des  gisements  de  phosphate  dans  la  plupart  des 
étages  géologiques. 

Carbonifère.  —  Dans  le  carbonif<»re  on  a  trouvé  le  phos- 
phatede  chauxà  l'état  de  rognons, associé  à  du  fer  carbonate 
lithoïde,  dans  les  argiles  et  les  schistes  argileux  de  Fms  (Allier}. 

Trias.  —  On  a  signalé  aussi  la  présence  de  nodules  phos- 
phatés dans  les  grès  bigarrés  (trias  inférieur)  du  Var  à  Poujet 
et  à  FrcjuSj  et  de  coprolithes,  dans  le  trias  de  Lunéville. 

Lias.  —  Le  lias  est  très  riche  en  phosphates,  qui  ont  donné 
lieu  à  des  exploitations  importantes  sur  plusieurs  points  du 
territoire  français. 

On  connaît  dans  une  partie  du  Morvan,  entre  Semur  et 
Avallon  (Auxois),  sur  une  superficie  de  5.000  hectares,  des 
bancs  de  nodules  phosphatés  de  40  centimètres  d'épaisseur, 
que  l'on  a  rencontrés  dans  les  assises  inférieures  du  lias 
moyen  et  dans  le  lias  inférieur  {zone  k  Ammonites  Bucklandi). 
Ces  nodules  concrétionnés  sont  cimentés  par  un  limon  ferru- 
gineux provenant  de  la  décomposition  du  calcaire  à  gryphées 
arquées  du  lias  inférieur.  Leur  teneur  en  phosphate  est  de 
60  0/0  en  moyenne  (soit  160/0  d'acide  phosphorique).  L'exploi- 
tation se  fait  à  ciel  ouvert.  La  production  annuelle  était 
de  20.000  tonnes  en  i880;  elle  a  été  de  10.000  tonnes  seule- 
ment en  1890.  Le  prix  de  revient  d'une  tonne  de  phosphate, 
abatage,  transport,  traitement  des  nodules  et  frais  généraux 
compris,  est  de  55  à  60  francs,  et  le  prix  de  vente,  qui  était 
autrefois  de  iOO  francs,   est  descendu,  dans  ces  dernières 


458  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

années,  à  60  ou  70  francs,  par  suite  de  la   concurrence. 

Des  gisements  analogues  existent  dans  le  calcaire  à 
gryphées arquées  dans  la  Haute-Marne,  à  Chalindrey;  dans  la 
Meurthe-et-Moselle,  à  Neufchâteau  et  Tamblainey  et  dans  les 
Vosges,  à  Saudoncourt. 

Dans  la  Haute-Saône,  aux  environs  de  Pômoyei  de  Vitreys 
on  exploite  à  ciel  ouvert  deux  lits  de  nodules  phosphatés,  d'un 
blanc  jaunâtre,  atteignant  jusqu'à  30  centimètres  d'épaisseur; 
ces  lits  sont  situés  immédiatement  au-dessus  du  calcaire  à 
gryphées  ai^quées.  Les  nodules,  qui  contiennent  30  0/0  d'acide 
phosphorique,  sont  séchés  au  soleil,  puis  au  four,  et  moulus. 

Sinémurien.  —  Dans  le  Cher,  le  sinémurien  contient  égale- 
ment  des  nodules  phosphatés  à  Germignyy  gisement  analogue 
à  celui  qui  est  exploité  à  Argentan,  dans  l'Indre.  Dans  ce  der- 
nier département,  on  exploite,  près  de  Neuvy-Saint-Sépulcrej 
des  nodules  appartenant  soit  à  la  base  du  lias  supérieur  (zone 
à  Ammonites  communis)^  soit  aux  couches  moyennes  (zone  à 
Ammonites  radians  de  Thouars  et  de  Saint-Maixent),  soit  aux 
couches  supérieures  (zone  à  Ammonites  opalinus).  Le  phos- 
phate riche  est  blanc  et  poreux  ;  la  couche  a  une  épaisseur  de 
15  à  20  centimètres  et  fournit  de  60  à  100  kilogrammes  de 
nodules  par  mètre  carré  de  découvert. 

Jurassique,  —  Les  phosphates  du  jurassique  sont  inexploi- 
tables, à  cause  de  leur  état  de  dissémination  (bajocien  du  Cal- 
vados  et  de  V Anjou,  oxfordien  de  la  Nièvre  et  du  Cher,  kim- 
meridgien  du  Calvados,  etc.). 

Crétacé,  —  Le  crétacé  est  riche  en  phosphates  ;  cependant 
les  gisements  du  néocomien  et  de  l'aptien  sont  très  peu  impor- 
tants (nodules  à  15  0/0  d'acide  phosphorique  dans  les  sables 
à  lignites  de  Fouchères,  dans  l'Aube). 

Dansl'albien,  au  contraire,  on  exploite  en  France  les  phos- 
phates des  sables  verts,  de  la  base  au  sommet,  ainsi  que  ceux  du 
gault  et  de  la  gaize,  dont  les  affleurements  entourent  le  bassin 
de  Paris  et  se  retrouvent  dans  le  Pas-de-Calais  et  le  pays  de 
Bray. 

Dans  les  Ardennes  et  la  Meuse,  les  sables  verts,  formant 
une  couche  horizontale,  sont  exploités  sur  beaucoup  de 
points  [Montréville,  Neuvilly,  Dombasles,  Grandpré,  SaulcCy 
MoncUn,  etc.).  Les  exploitations,  qui  datent  de  1855,  se  font 


HliNÉRALX    EMPLOYÉS  DANS    L'AUlilCULTtRË  459 

soit  à  ciel  ouvert,  soit  en  galeries.  Les  rognons  compacts  et 
grisâtres  forment  un  et  quelquefois  deux  bancs  de  10  à 
20  centimètres,  dans  les  sables,  qui  ont  de  20  à  50  mètres 
d'épaisseur;  la  teneur  moyenne  est  de  i8  0/0  d'acide  phos- 
phorique.  Dans  la  Meuse,  le  poids  du  mètre  cube  de  nodules 
lavés  est,  en  moyenne,  de  1.500  kilogrammes,  avec  un 
rendement  à  Thectare  qui  varie  de  800  à  1.300  tonnes. 

La  production  des  Ârdennes  est  de  10.000  tonnes  par  an 
environ,  et  celle  de  la  Meuse,  de  1.000  tonnes  seulement. 

Dans  la  Drôme  et  dans  TArdèche,  les  nodules  de  Talbieu 
forment  une  série  de  lits  assez  minces  au  milieu  des  sables 
verts  {Saint'Paul'deS'Trois-Chdteatix,  ClansayeSy  Saut-de- 
VEgue),  Les  nodules  des  sables  verts  du  Bas-Boulonnais 
(Fiennes,  Audicthun),  aujourd'hui  abandonnés,  produisaient, 
avant  l'ouverture  des  gisements  concurrents  de  la  Somme  et 
de  la  Belgique,  20.000  tonnes  par  an  environ. 

On  exploite  depuis  1877,  kPerncHf  en  Artois,  à  la  base  de  la 
craie  glauconieuse,  des  phosphates  noduleux  en  couches  de 
10  centimètres  à  1  mètre.  Ces  couches  reposent  sur  un  lit 
d'argile  (gault)  et  supportent  un  banc  de  sables  verts  glau- 
conieux,  qui  sont  eux-mêmes  recouverts  par  une  marne 
compacte,  équivalent  local  de  Targile  glauconieuse  du  tour> 
lia.  Le  minerai,  très  recherché,  est  poreux  et  friable  ;  il  con- 
tient 27  0/0  d'acide  phosphorique,  de  la  potasse  et  de  l'azote. 
La  production  était,  dans  ces  dernières  années,  d'environ 
15.000  tonnes.  Le  gisement,  étendu  de  plus  de  200  hectares, 
doit  contenir  encore  près  de  400.000  tonnes  de  phosphate. 

Turonien.  —  Les  nodules  du  turonien  ne  sont  pas  exploités 
en  France,  parce  qu'ils  sont  ou  pauvres  ou  peu  abondants.  On 
les  rencontre  dans  la  Sarthe,  à  Connerré  (haut  turonien)  et 
au  Mans;  on  en  rencontre  aussi  à  la  Ferlé-Bernard,  dans  les 
Ardennes,  à  Maure  (base  du  turonien),  et  dans  le  nord,  à 
Lezennes,  près  de  Lille. 

Sénonien»  ~  On  exploite,  depuis  1886,  de  très  nombreux 
gisements  sénoniens  de  phosphate  de  chaux  dans  les  dépar- 
tements du  Pas-de-Calais  {Auxi-le-Chdteau,  Backimont,  Hara- 
vesnes,  Buire-au-Bois,  Orville,  Nœux),  de  la  Somme  {DouUens, 
Beauquesne,Beauval,  Terramesnil,  etc.),  de  l'Oise  (Hardivilliers) 
et  de  la  Sarthe  [Dissay,  Saint-Paterne,  Chàteau-du-Loir),  On 


460  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

insîslera  seulement  ici   sur  le   gisement  type  de  Beauval. 

A  Beauval,  M.  le  géologue  Mesle  découvrit,  en  mai  1886, 
des  sables  phosphatés  à  78  0/0  de  phosphate  de  chaux,  rem- 
plissant des  cavités,  ou  tapissant  les  parois  de  poches  en 
forme  d'entonnoirs  plus  ou  moins  réguliers,  creusés  dans  la 
craie  supérieure,  à  la  base  de  la  craie  à  Belemnitella  quadrata 
et  au-dessus  de  la  craie  kMicraster  coranguinum  (santonien)  ; 
les  minerais  sont  recouverts  d'une  argile  à  silex  rougeâtre. 
L'argile  provient  de  la  dissolution  des  parties  calcaires  de  la 
craie  argileuse  à  silex,  qui  surmontait  la  craie  à  Belemnitella 
quadrata. 

L'action  de  l'acide  carbonique  des  eaux  superficielles  sur  le 
carbonate  de  chaux  a  enrichi  la  matière  phosphatée,  qui  s'est 
d/'posée  dans  les  dépressions  créées  par  l'érosion  des  couches 
crayeuses.  Quant  à  l'origine  de  la  craie  phosphatée,  elle  est 
très  discutée.  Les  phosphates  sableux  riches  de  Beauval 
contiennent  40  0/0  d'acide  phosphorique. 

Les  gisements  d'Orville  et  d'Hardivilliers  sont  tout  à  fait  ana- 
logues à  celui  de  Beauval. 

La  production  des  phosphates  de  chaux  naturels,  en 
France,  a  atteint  568.000  tonnes  en  1898,  représentant  une 
valeur  de  15  à  16  millions  de  francs. 

Gisements  sédimentaires  de  phosphate  en  Belgique  {Ciply),  — 
Le  gîte  très  connu  de  Mesvin-Ciply,  découvert  en  1874,  con- 
siste en  une  masse  de  craie  brunâtre  grossière,  stratifiée  en 
bancs  réguliers  ;  le  banc  de  craie  contient,  sur  une  hauteur 
de  5  à  12  mètres,  une  infmité  de  grains  bruns  arrondis,  de  la 
grosseur  d'une  tête  d'épingle  et  constitués  par  du  phosphate 
et  du  carbonate  de  chaux,  avec  oxyde  de  fer  et  matières  orga- 
niques. Ces  grains  forment  environ  750/0  de  la  craie  biiine, 
qui  tient  de  25  à  30  0/0  de  phosphate  tribasique. 

La  craie  brune  phosphatée  de  Ciply  est  recouverte  par  un 
cailloulis  d'épaisseur  variable  à  nodules  phosphatés  brunâtres 
avec  ciment  calcaire  (poudingue  de  la  Malogne),  qui  se  trouve 
dans  les  poches  creusées  à  la  partie  supérieure  de  la  craie 
brune  ;  quelques-unes  de  ces  poches  sont  remplies  d'un  sable 
brun  ferrugineux  tenant  60  0/0  de  phosphate  tribasique  et 
provenant  d'un  enrichissement  local  par  les  eaux,  comme  à 
Orville.  Le  poudingue  de  la  Malogne  est  recouvert  par  un 


MINÉRAUX   EMPIX)YÉS    DANS    l' AGRICULTURE  461 

calcaire  friable,  blanc  jaunâtre,  peu  phosphaté  (tuffeau  de 
Ciply). 

Le  tout  repose  sur  la  craie  à  Belemnitella  micronata,  La 
craie  de  Ciply,  qui  ne  tient,  au  maximum,  que  300/0  de  phos- 
phate tribasique,  subit  un  enrichissement  à  50  0  0  dans 
des  usines  de  lavage.  L'installation  d'une  de  ces  usines,  pou- 
vant traiter  200  tonnes  par  jour,  coûte  environ  100.000  francs. 
La  craie  brute  revient,  rendue  à  ces  usines,  à  1  fr.  50  par  tonne. 
Le  sable,  après  traitement,  vaut  de  20  à  40  francs  par  tonne. 

Gisements  sédimentaires  de  phosphate  en  Allemagne,  —  On 
exploite,  aux  environs  de  Weilbourg  et  de  Limbourg,  dans  le 
Nassau,  sur  les  bords  de  la  Lahn,  des  nodules  phosphatés 
d'origine  thermale,  disséminés  dans  des  schistes  argileux 
(kramenzel  inférieur),  qui  s'étendent  au-dessus  de  dolomies 
et  de  calcaires  dévoniens.  Le  minerai  se  trouve  à  Tétat 
d'imprégnation  dans  les  schistes  (5  0/0),  comme  à  Eckholshau- 
sen,  ou  dans  des  poches  du  calcaire  à  stringocéphales  (comme 
à  Cubach),  ou  dans  un  limon  tertiaire  ayant  une  épaisseur  de 
8  à  10  mètres  (comme  à  Frauenfels).  Ces  derniers  gisements 
sont  les  plus  importants;  ils  proviennent  de  la  concen- 
tration des  rognons  existant  dans  les  schistes  et  les  calcaires. 
Les  rognons  bruns  venant  des  schistes  tiennent  50  à  55  0/0  ;  et 
les  rognons  blancs  ou  roses  des  calcaires,  70  0/0  de  phos- 
phate. 

On  trouve  aussi  en  Allemagne  des  phosphates  appartenant 
au  carbonifère,  dans  les  argiles  noires  schisteuses  de 
Sprockhôrel  (Ruhr)  et  dans  les  argiles  à  limonite  de  Baelen 
(Limbourg),  qui  surmontent  le  calcaire  carbonifère. 

Gisements  sédimentaires  de  phosphate  en  Russie,  —  La  Russie 
possède  d'immenses  gisements  de  phosphate  de  chaux,  dont 
l'importance  commerciale  pourra  devenir  considérable  à  un 
moment  donné.  Les  uns  (zone  orientale),  qui  se  rapportent  aux 
grès  verts  ou  aux  sables  glauconieux  de  l'albien,  consistent 
en  nodules,  dalles  ou  roches,  recouverts  par  les  steppes  et 
répandus  dans  les  gouvernements  de  Tamboiv  et  de  Saratow,  et 
à  Sparsk;  la  teneur  en  phosphate  tribasique  varie  de  30  à 
50  0/0;  le  rendement  à  Tambow  atteint  60.000  tonnes  à 
l'hectare. 
Les  autres  gisements  (zone  centrale)   se  rapportent  à  la 


462  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

craie  glauconieuse  (cénomanien)  ;  le  phosphate  s'y  trouve  en 
nodules  gris,  bruns  ou  noirs,  en  dalles  ou  en  blocs  (Samorod) 
qui  servent  pour  le  pavage  et  Tempierrement  des  routes,  et 
dont  les  boues,  répandues  sur  les  champs,  produisent  un 
excellent  eiïet. 

Ces  gisements  couvrent  une  zone  longue  de  600  kilomètres 
et  large  de  150  kilomètres,  au  sud-ouest  de  Moscou,  dans  les 
gouvernements  d'Orely  de  Koursk  et  de  Woronègey  à  fios/ati;/, 
Briansky  etc.  Le  rendement  atteint  25.000  tonnes  à  Thectare, 
et  la  teneur  en  acide  phosphorique  varie  de  15  à  30  0/0. 

On  peut  citer  encore  les  gisements  jurassiques  des  gouver- 
nements de  Nijni-yovgorod,  de  Kiew,  ceux  de  Grodno,  de  la 
Podotie,  de  Yarostaw,  etc. 

La  Podolie  renferme  aussi  des  nodules  de  phosphate  dans 
les  schistes  siluriens  des  bords  du  Dniester.  Ce  gisement  est 
d'ailleurs  peu  important  au  point  de  vue  industriel. 

La  Russie  a  produit,  en  1895,  6.327  tonnes  de  phospho- 
rites,  valant  93.420  francs.  En  1893,  la  production  avait 
atteint  13.706  tonnes. 

Gisements  sédimentaires  de  phosphate  en  Angleterre,  —  On 
trouve  du  phosphate  de  chaux  dans  les  grès  siluriens  de 
Uanfyllin  (North  Wales),à  Tétat  de  nodules  noîrdires  concré- 
tionnés,  tenant  30  0  0  d'acide  phosphorique  et  réunis  par  un 
ciment  dont  la  teneur  est  de  15  à  20  0/0. 

Le  grès  vert  inférieur,  le  gault  et  le  grès  vert  supérieur 
(néocomieu  anglais  ou  weald)  renferment,  dans  les  comtés  de 
SiusseXy  de  Bedford  et  de  Cambridge,  à  Sandy,  Ely,  etc.,  des 
bancs  de  nodules  phosphatés  verts,  avec  nombreux  fossiles. 
Les  phosphates  do  Suffolk,  très  durs  et  contenant  beaucoup 
d'oxyde  de  fer,  sont  exploités  au-dessus  de  l'argile  de  Londres 
(London  Clay). 

I^  production,  autrefois  très  importante,  n'était  plus  que 
de  2.032  tonnes  en  1897. 

Gisements  de  phosphate  en  Portugal  et  en  Suùise,  —  Parmi 
les  autres  gisements  de  phosphate  en  Kurope,  on  peut  citer 
ceux  de  Montc-Real  (Portugal),  dans  le  néocomien  inférieur. 

On  trouve  aussi  du  phosphate  en  Suisse  (Appenzell, 
Vandy  etc.),  dans  l'albien. 

Gisements  sédimentaires  de  phosphate  en  Tunisie.  —  H  existe, 


MINÉRAUX    EMPLOYÉS    DANS    L* AGRICULTURE  46^ 

entre  la  mer  Méditerranée  et  le  Sahara,  deux  bandes  phos- 
phatées très  étendues  :  l'une  traverse  le  sud  du  Tell  et 
quelques  hauts  plateaux,  Tautre  se  trouve  dans  la  région  de 
VAurès,  de  Tébessa  et  de  Gafsa.  Ces  deux  bandes,  qui  se 
relient  d'ailleurs  entre  elles,  marquent  les  rivages  de  la  mer 
suessonienne  (éocène  inférieur).  Les  calcaires  phosphatés 
de  la  base  du  suessonien  recouvrent  des  marnes  ou  limons 
argileux  noirs  imprégnés  de  sel  et  de  gypse,  avec  silex  carac- 
téristiques, qui  contiennent  des  nodules  phosphatés. 

1^  formation  phosphatée  est  recouverte,  dans  le  sud  de  la 
Tunisie,  par  un  calcaire  à  lumachellesostréennes,  quelquefois 
sensiblement  phosphaté  (17  0/0  d'acide  phosphorique).  Ce 
calcaire  est  remplacé  dans  le  nord  par  une  puissante  forma- 
tion de  calcaires  nummulitiques. 

Dans  le  sud,  le  terrain  phosphaté  est  redressé  et  enchâssé 
entre  de  hautes  murailles;  dans  le  nord,  au  contraire,  les  bancs 
sont  horizontaux. 

Les  principaux  gisements  tunisiens  sont  ceux  de  Gafm^  qui 
s'étendent  sur  50  kilomètres  de  longueur,  avec  une  puissance 
de  50  à  60  mètres  ;  la  teneur  du  minerai  brut,  en  phosphate 
tribasique,  est  de  57  0/0  environ  ;  le  cube  des  calcaires  les 
plus  riches  représente  5  millions  de  tonnes  de  phosphate 
enrichi  par  lavage.  On  ne  tient  pas  compte,  dans  ce  tonnage, 
des  marnes  et  des  parties  calcaires  ayant  une  teneur  infé- 
rieure à  50  0/0  de  phosphate  tribasique. 

Ces  gisements,  situés  a  250  kilomètres  de  la  mer,  ont  été 
rendus  exploitables  par  la  création  du  port  de  Sfax  et  par  la 
construction  d'une  voie  ferrée  qui  relie  Sfax  à  Gafsa. 

Les  autres  gisements  intéressants  de  la  Tunisie  sont  ceux 
de  Djebel-Jellabia  et  de  Djebel-Schib  (52  0/0),  à  30  kilomètres 
au  sud  de  TOued-Seldja  ((iafsa),  de  Djebel-Sasser-Allah ( i5  0.0; , 
au  sud-ouest  de  Kai rouan;  de  Tkala  et  de  Guelaet-es-Senam 
entre  Tebessa  et  Tunis,  où  le  calcaire  à  nummulites  forme 
une  immense  table  rectangulaire  à  pans  verticaux  ayant 
50  mètres  de  hauteur.  On  peut  citer  encore  les  gîtes  de  Sidi- 
Ayet  dans  la  vallée  de  FOued-Siliana,  à  55  kilomètres  de  In 
ligne  de  Tunis  à  Ghardimaou;  ceux  de  Kef  ei  de  Teboursouk 
sur  la  rive  droite  *le  la  Medjerdah. 

On  doit  noter  aussi  l'existence  de  filons  d'apatite  ou  de 


464  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

phosphorite   concrétionnée,   aux    environs  de   Tunis   et   à 
Zaghouan  (Vieille-Montagne). 

Gisements  sédimentaires  de  phosphate  en  Algérie.  —  Les  gise- 
ments algériens  de  phosphate  appartiennent  à  réocèiie 
inférieur;  ils  se  relient  sans  discontinuité  à  ceux  de  la 
Tunisie  ;  on  les  retrouve,  au  sud,  près  de  ceux  de  Djebel- 
Seldja;  au  centre,  près  de  Tébessa,  ils  font  suite  à  ceux  de 
Guelaat-es-Senam  ;  au  nord,  on  les  rencontre  près  de 
Soukahras,  à  la  suite  de  ceux  de  GhardimaoUy  sur  la  haute 
Medjerdah.  Ces  derniers  se  poursuivent  du  côté  de  Constan- 
Une,  de  Sétif,  iïA'in-Fakroum,  de  Bou-Àrreridj,  de  MontSila 
(Bordj-R\lir),  de  Birin,  au  sud  de  Boghari  dans  la  province 
d'Alger. 

On  trouvera  sur  ces  gisements,  à  la  fîn  de  ce  chapitre,  des 
indications  bibliographiques  complètes. 

On  se  bornera  à  rappeler  ici  que  les  gisements  aujourd'hui  si 
connus  de  Tebessa,dansla  province  de  Gonstantine,  présentent 
la  succession  suivante  de  couches  :  marnes  noires  ostréennes 
à  la  base,  puis  alternance  de  calcaires  tendres  à  lits  siliceux 
et  de  bancs  de  phosphates,  enfm  calcaires  cristallins  durs 
à  nummulites,  dont  r<^paisseur  atteint  120  à  150  mètres. 
Les  phosphates,  friables  et  de  couleur  grise,  sont  exploités 
en  bancs  dont  la  puissance  varie  de  2à6  mètres;  la  catégorie 
pauvre  dose  de  58  à  63  0/0  de  phosphate  tribasique  ;  la  caté- 
gorie riche  en  tient  de  63  à  69  0/0.  Les  trois  principaux  exploi- 
tants sont  :  1^  la  Société  Grokslon,  qui  exploite  par  galeries 
le  plateau  du  Ùyr,  et  dont  les  chantiers  sont  reliés  à  la  ligne 
ferrée  de  Tebessa-Soukahras  par  un  câble  aérien  ;  2®  la  Com- 
pagnie Jacobsen,  qui  exploite  un  prolongement  du  Dyr 
appelé  Djebel  Kouif;  les  couches  y  atteignent  6  mètres  de 
puissance,  et  Tabsence  du  manteau  de  calcaire  nummulitique 
sur  une  partie  des  couches  permet  d'exploiter  à  ciel  ouvert. 
Un  embranchement  de  30  kilomètres  relie  les  chantiers  à  la 
gare  de  Tebessa  ;  3^  la  Compagnie  française  des  phosphates 
de  Tebessa,  qui  exploite  à  ciel  ouvert,  à  7  kilomètres  au  nord 
de  Tebessa,  à  Ain-Dibhay  Chabet  et  Ouissen,  les  rejets  du 
Djebel-Dyr,  au  moyen  d'un  embranchement  de  9  kilomètres 
à  voie  étroite  aboutissant  à  Youks-les-Bains. 

La  production  de  TÂlgérie,  qui  avait  été  de  6i.260  tonnes 


MINÉRAUX    EHPLOYÉH    DANS    L  AUHICLLTURE  i^i 

de  phosphates,  valant  l.lâi.itO  Trancs  en  1894,  est  monliîe 
à  IA5.738  tonnes  en  1896,  valant  2.504.SâS  francs;  elle  a 
atteint  227.000  tonnes  en  189T  et  269.300  tonnes  pu  1898, 
valant  5.390.000  francs. 

I/Algërie  a  exporté,  en  1397,  par  le  pori  <le  Bône  : 
â07.082  tonnes  de  phosphates,  dont  96.5i7  provenant  des 
exploitations  de  la  Société  Crockston;  83.I4S  de  celles  de 
la  Société  des  phosphates  de  ConstanUne,  et  28.3BO  de 
celles  de  la  Société  française  des  phosphates.  La  Société  des 
phosphates  de  Tocqueville  a  embarqué  20.102  l'innes  à 
Bougie,  eo  1897. 

Oixements  sédimentairet  de  phosphate  aux  Étals-Unis.  — 
l^s  trois  principaux  centres  d'exploitation  de  pliusiilmtes 
sédimentaires  aux  ËUits-L'nis  sont  la  Caroline  da  Sud,  lu  t'IO'- 
ride  et  le  Tennessee.  L'Ohio  et  la  Caroline  du  Nord  renferment 
aussi  quelques  gisements  de  phosphates,  mais  beaucoup 
moins  importants. 

Caroline  du  Sud.  —  Les  nodules  phosphatés  miocènes  de  la 
Caroline  du  Sud  proviennent  de  l'action  des  eanx  superfi- 
cielles sur  les  calcaires  éocènestn's  phosphatés  de  U'teftfburff, 


F»,  ion.  —  Coupe  rerlkilc  d'un  riumcnl  ie  phoiphilc  di:  li  Caroline  du  Sud 
(d\pré(  OiTJei). 

qui  s'étendent  le  long  de  la  côte  est  de  l'Atlantique.  Une 
grande  partie  du  calcaire  ayant  disparu,  les  phosphates  enri- 
chis et  désagrégés  par  les  eaux  ont  été  entraîné»  dans  un 
estuaire  peu  profond,  pendant  la  période  miocène  et  ont 
formé  des  dépôts  argilo-sableux.  On  dislingue  les  minerais 
o£0LoaiE.  30 


466  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

dits  landrockSf  exploités  en  carrière,  et  les  riverrocks,  extraits 
des  rivières  par  draguage. 

La  teneur  en  acide  phosphorique  varie  de  25  à  30  0/0. 

La  production  du  phosphate  dans  la  Caroline  du  Sud,  qui 
était  de  590.000  tonnes  en  1890,  est  descendue  à  515.734  tonnes 
en  1895  et  à  339.000  tonnes  en  1897. 

Floride,  —  Les  gisements  de  phosphate  de  la  Floride  sont 
exploités  depuis  1890. 

Les  gi'ands  gîtes  se  trouvent  dans  la  partie  occidentale  de 
la  presqu'île  ;  on  y  a  exploité  le  phosphate,  en  masses  régu- 
lières et  sans  stratification,  dans  les  calcaires  éocènes  fissurés 
par  les  mouvements  du  sol,  ou  en  bancs  horizontaux  dans 
des  calcaires  miocènes. 

Les  gisements  fournissaient  du  minerai  dur  (hard  rock)  en 
gros  blocs  (boulders)  de  plusieurs  tonnes,  tenant  jusqu'à 
75  OyO  de  phosphate  tribasique,  entourés  de  terre  phosphatée 
tendre  à  60  0/0  (soft  rock).  L'emploi  d'excavateurs  a  permis 
d'extraire  des  morceaux  de  dimensions  moindres  et  de 
reprendre  des  gîtes  abandonnés  dont  on  lave  les  produits. 
L'importance  de  ces  gisements  a  toutefois  beaucoup  diminué, 
et  la  plus  grande  source  actuelle  de  phosphate  en  Floride 
est  la  formation  pliocène,  composée  de  marnes  et  d'argiles 
jaunes  ou  blanchâtres,  où  l'on  trouve  des  lits  de  nodules  et 
de  graviers  phosphatés,  tantôt  dans  le  fond  des  vallées  et  des 
rivières  (river  pebble),  tantôt  sur  de  vastes  surfaces  en  dehors 
des  vallées  (land  pebble). 

Les  land  pebbles,  dont  la  grosseur  varie  entre  celle  d'un 
pois  et  celle  d'une  petite  noix,  sont  contenus  dans  des  couches 
de  1  à  10  mètres;  ils  s'exploitent  à  ciel  ouvert  au  moyen  de 
dragues  ou  d'excavateurs,  ou  bien  encore  par  la  méthode 
hydraulique,  très  en  faveur  aux  États-Unis;  mais  ils  doivent 
subir  un  lavage. 

Les  river  pebbles  forment  des  bancs  de  4  à  6  mètres  de 
puissance  dans  le  lit  des  rivières,  dont  les  bords  sont  occupés 
par  des  forêts  impénétrables;  ils  sont  exploités  au  moyen  de 
bateaux  portant  des  dragues  suceuses  (20  à  80  tonnes  par 
jour);  on  les  crible  et  on  les  débarque  sur  la  rive  où  on  les 
calcine. 

La  Floride  a  exporté,  en  1897,  355.000  tonnes  de  phos- 


MINÉRAUX    EMPLOYÉS   DANS    l' AGRICULTURE  467 

phates;  mais  la  baisse  des  cours  a  fait  beaucoup  de  tort 
aux  exploitations. 

La  production,  qui  était  de  354.327  tonnes  en  1892,  a 
atteint  558.990  tonnes  en  1894  et  449.000  tonnes  seulement 
en  1897. 

Tennessee.  —  On  a  trouvé  en  1892,  dans  le  Tennessee,  au- 
dessous  des  schistes  dévoniens  de  Chattanooga,  des  nodules 
de  phosphate,  séparés,  par  des  schistes  noirs,  d*une  couche 
de  1  mètre  de  phosphate  en  roche,  reposant  sur  des  calcaires  ; 
la  teneur  en  acide  phosphorique  est  de  30  0/0.  L'exploitation 
a  lieu  à  ciel  ouvert;  les  chantiers  sont  reliés  par  des  embran- 
chements au  Tennessee-Midland  et  au  Nashville  and  Ten- 
nessee. 

La  production  du  Tennessee,  qui  était  de  17.384  tonnes 
en  1894,  est  montée  à  42.911  tonnes  en  1896,  et  à  123.000  tonnes 
en  1897. 

L'OAto  a  produit,  en  1897,  2.000  tonnes  seulement  de  phos- 
phate ;  et  la  Caroline  du  Nord,  7.000  tonnes. 

Les  Etats-Unis  ont  produit  en  1897,  au  total,  920.577  tonnes 
de  phosphate,  représentant  une  valeur  de  13.591.200  francs. 


2<^   GÎTES    DANS   LES   ROCHES   ÉRUPTIVES 

On  trouve  Tapatite  en  cristaux  microscopiques,  quelquefois 
visibles  àrœilnu,comme  minéral  de  première  consolidation, 
daas  un  grand  nombre  de  roches  éruptives,  notamment  dans 
les  gmaites  de  Pargds,  en  Finlande,  dans  les  granulites 
stannifères  (la  Villeder,  Montehras),  dans  les  kersantites  de 
Bretagne,  les  Hiioettes  du  Morvan,  etc.  L'apatite  de  ces  gise- 
ments est  inexploil&ble. 

•  Espagne  (Cap  de  Gèle).  —  Cependant  on  trouve  au  Cap  de 
Gâte,  à  l'extrémité  sud^st  de  TEspagne,  une  roche  à  pâte 
rouge  trachytique  contenant  de  nombreux  cristaux  d'apatite 
jaunes  ou  vert  clair,  exploitables,  avec  une  teneur  moyenne 
de  15  0/0  de  phosphate  et  de  8  à  10  0/0  de  potasse. 

L'Espagne  a  produit,  en  1895,  1.040  tonnes  de  phosphates 
valant  10.405  francs,  en  comptant  les  phosphates  flloniens. 

Norivège,  —  Entre  Langesund  et  Arendal,  sur  la  côte  sud-est 


468  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

de  la  Norwège,  il  existe  des  gisements  constitués  par  des 
venues  filoniennes  d'apatite  cristallisée  par  voie  ignée,  en 
relation  avec  le  gabbro;  Tapatite  est  accompagnée  de  mica 
noir,  d'amphibole  et  d'enstatite  sans  quartz  ni  feldspath 
{oddegarden),  de  mica  noir  et  d'amphibole  (Ravneberg)  ou 
d'amphibole  seule  (Kragerô).On  trouve  Tapatite  accompagnée 
de  feldspath  à  ValU,  ou  de  quartz,  à  Akeland,  Oestre^ 
Kjôrrestady  etc. 

A  Oddegarden,  près  du  port  de  Langesund,  Tapatite  est  en 
relation  intime  avec  le  gabbro  à  wernérite  (dipyrdiorite) 
dans  des  terrains  siluriens  (schistes,  gneiss,  etc.).  On  trouvf^, 
indépendamment  de  cette  roche  spéciale,  de  la  granulite  et 
de  la  porphyrite,  postérieures  à  la  venue  de  Tapatite.  Los 
(lions  ont  des  inclinaisons  variant  de  la  verticale  àThorizon- 
taie,  et  des  épaisseurs  très  difTérentes,  même  dans  un  seul 
filon  (20  centimètres  en  moyenne).  Les  filons  renferment,  (>n 
même  temps  que  de  Tapatite  (40  0/0),  de  la  hornblende,  de 
Tenstatite  et  du  mica  noir  (50  0/0).  Le  remplissage  est  assez 
irrégulier;  mais  on  constate  pres<iue  toujours  la  présence  de 
lits  de  mica  noir  à  petits  feuillets,  au  toit  et  au  mur  du  filon. 
On  a  constaté  des  zones  d'enrichissement  à  l'intersection 
des  filons  verticaux  et  des  filons  horizontaux;  les  premiers 
sont  antérieurs  aux  seconds. 

La  Norwège,  qui  avait  produit  11.119  tonnes  d'apatite 
en  4890  (valeur  =  1.350.945  francs),  n'en  a  plus  produit 
ciue  2.086  en  1894,  avec  une  valeur  de  183.600  francs. 

Canada,  —  Au  Canada,  dans  les  provinces  de  Québec 
[Ottawa)  et  de  Ontario,  on  trouve  des  lentilles  d'apatitc  1res 
riches,  disséminées  irrégulièrement  dans  des  pyroxénites 
et  des  cipolins,  avec  wernérite,  calcite  et  fluorine. 

Le  minerai,  vert  ou  rouge,  est  cristallisé  ou  sableux;  il  ne 
contient  ni  fer  ni  alumine,  et  sa  teneur  atteint  85  à  95  0  0  de 
phosphorite;  la  seule  impureté  est  le  fluorure  de  calcium. 
L'extraction  a  lieu  par  tranchées  ou  par  puits  peu  profonds; 
les  principales  mines  sont  :  Emcrald-Mine,  North-Star-Mine^ 
Little-Rapid-Mine,  Phosphate  of  Lime  y  etc. 

La  production,  qui  a  été  de  6.224  tonnes  en  1894  (valeur: 
205.8.30  francs^  est  tombée,  en  1897,  à  82Honnes  valant 
19.920  francs. 


MINÊBAUX   EMPLOYÉS    DANS    L*A<iRICULTCHE  469 


3^   (iiTES   R.N    FILONS,  AMAS  OU   POCHES 

Les  filons  de  phosphate,  à  épontes  imperméables,  ren- 
ferment du  quartz  dont  la  proportion  augmenteà  mesure  qu'on 
s'enfonce;  il  en  résulte  un  appauvrissement  graduel  et 
rapide  de  ces  gîtes  en  profondeur.  Dans  les  gites  à  épontes 
perméables,  il  y  a  eu  dissolution  des  calcaires  par  les  eaux 
acides  et  formation  de  poches  où  se  sont  déposés  des  amas. 
Certains  amas  filoniens  se  sont  développés  dans  des  excava- 
tions creusées  par  les  eaux  de  la  surface  ;  mais  ces  poches 
nioniennes  sont  limitées;  elles  s'appauvrissent  en  phosphorite 
en  profondeur,  et  on  ne  trouve  plus,  vers  le  fond,  que  de  la 
terre  phosphatée. 

Gites  filoniens  de  France,  —  Dans  le  Quercy,  région  située  à 
la  limite  des  départements  du  Lot,  du  Tarn-et-Garonne  et  du 
Lot-et-Garonne,  les  phosphates  remplissent  les  crevasses  du 
calcaire  oxfordien  des  plateaux  {Causses),  Ces  crevasses  sont 
ou  des  fentes  ou  des  entonnoirs,  ayant  de  40  à  100  mètres 
de  profondeur  et  s'amincissant  toujours  vers  le  bas.  Les  phos- 
phates riches  sont  au  contact  des  calcaires  ;  le  centre  des 
poches  est  rempli  par  de  Targile  ou  de  la  marne  (terre  phos- 
phatée). Le  minerai,  qui  est  une  roche  grise  ou  blanche, 
tient  en  moyenne  60  0/0  de  phosphate  tribasique  (maximum 
80  0/0).  Les  principaux  centres  d'exploitation  soni  Lamandine, 
Carjac,  Pendaré,  Caylus  et  Saint- Antonin. 

La  production  des  phosphates  des  Causses,  qui  était  de 
30.000  tonnes  en  1886  (valeur  :  960.000  francs),  a  beaucoup 
diminué  depuis  cette  époque. 

A  Bozouls,  dans  TAveyron,  on  trouve  le  phosphate  de  chaux 
à  Tétat  de  rognons  à  structure  concrétionnée,  dans  un  basalte, 
et  dans  les  tufs  et  les  conglomérats  qui  l'entourent.  On  attri- 
bue à  ces  phosphorites  une  origine  hydrothermale 

Gites  filoniens  divers  en  France  et  en  Algérie.  —  On  peut 
citer  encore  les  phosphorites  filoniennes  du  Gard,  qui  ont  un 
gisement  analogue  à  celui  des  Causses  [Lirac,  Saint-Maanmin, 
Tavelf  Quissac),  celles  de  l'Hérault  {Montagne  de  Cette)  et  celles 
de  l'Oranais  {Djebel-Toumaï,  Djorf-el-Amar,  auprès  de  Nédro- 
mahf  entre  Nemours  et  Lalla-Marnia);  on  trouve  ces  dernières 


4*70  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

dans  des  filons-poches  ouverts  au  milieu  de  calcaires  com- 
pacts (lias  moyen  ou  inférieur)  ;  leur  teneur  est  de  35  0/0 
d'acide  phosphorique  en  moyenne.  Elles  sont  recouvertes 
d'une  carapace  superficielle  formée  de  calcaire  et  de  phos- 
phorite  cimentés  par  de  Targile  rouge. 

Gites  ftloniens  cT Espagne  [Estramadure).  —  Les  filons  de 
TEspagne  méridionale  et  du  Portugal  occupent  une  zone  de 
420  kilomètres  de  longueur  et  de  60  kilomètres  de  largeur. 

Les  fiions  de  Zarza-la-Major  (Espagne),  qui  se  trouvent 
dans  des  granités,  sont  très  irréguliers  (5  centimètres  à 
3  mètres)  ;  ils  contiennent  de  la  phosphorite  et  du  quartz  ; 
le  granité  est  altéré  au  contact  du  minerari. 

A  Logrosan,  quatre  (lions  de  même  direction  recoupent  les 
schistes  amphiboliques  cambriens  et  pénètrent  dans  des  gra- 
nités anciens  où  ils  s'amincissent  en  se  chargeant  de  quartz. 

Le  principal  filon  (Costanza),  dont  la  teneur  est  de  6b  0/0  à 
Taffleurement,  s'appauvrit  à  500/0  à  30  mètres  de  profondeur  ; 
la  longueur  exploitable  était  de  1  kilomètre,  et  la  puissance 
variait  de  2  à  11  mètres.  L'exploitation  est  abandonnée. 

A  Cacérès  (calcaires  dévoniens),  la  perméabilité  des  épontes 
a  donné  lieu  à  la  formation  d'amas  considéi^les.  On  y  trouve 
quatre  filons  de  phosphorite  cristalline  riche  avec  une  cer- 
taine proportion  de  quartz  augmentant  en  profondeur;  ces 
filons  recoupent  des  schistes  argilo-micacés  surmontés  par 
des  calcaires  cristallins.  Les  filons,  qui  présentaient  des  élar- 
gissements remarquables  le  long  de  la  surface  des  schistes, 
ont  été  exploités  jusqu'à  105  mètres  de  profondeur  et  aban- 
donnés à  cause  de  venues  d'eau  considérables,  dues  à  la  dif- 
férence de  perméabilité  des  calcaires  et  des  schistes. 

A  Belmès,  on  trouve  un  gisement  où  le  phosphate  a  rem- 
placé, par  substitution  hydrothermale,  le  calcaire  carbonifère. 

Los  autres  gisements  sont,  pour  l'Espagne  :  Ceclaviriy  filons 
dans  le  granité;  et  pour  le  Portugal,  Marrao  et  Portalègre 
(Alenitejo),  également  dans  le  granité. 

BIBUOGRAPHIE  DES  PHOSPHATES 

1812.  Guillier,  Sur  les  couches  à  phosphate  de  chaux  découvertes 
dans  la  craie  de  la  Sarthe  {Bulletin  de  la  Société  de  Géo- 
logie,  2*  série,  t.  XVll,  p.  157). 


MINÉRAUX    EMPLOYÉS    DANS    l'aGRICULTURE  471 

1872.  CoUenot,  Du  phosphate  de  chaux  île  VAuxois  {Rultetin  de  la 

Société  de  Géologie,  3-  série,  t.  V,  p.  671). 

1873.  Brylinski,  Rapport  sur  les  phosphates  de  cliaux  de  la  Caro' 

Une  du  Sud  (Société  de  Géologie  de  Normandie^  t.  11). 

1875.  Daubrée,  Phosphorites  du  Quercy  [Bulletin  de  la  Société  de 
Géologie,  3*  série,  t.  111,  p.  390). 

1875.  Rey-Lescure,  Sur  les  phosphatières  du  Tam-et-Garonne, 
{Bulletin  de  la  Société  ite  Géologie,  3*  série,  t.  Il,  p.  398). 

1875.  Ni  voit,  Sur  les  phosphates  de  chaux  de  Ciply  ^  Comptes  Ren- 
dus, t.  LXXIX  ;  Cwjper,  t.  XXXVIII,  p.  236). 

1878.  P.  Guyot,  Sur  deux  gisements  de  chaux  phosphatée  dans  les 
Vosges  {Comptes  Rendus,  t.  LXXXVII,  p.  333,  Paris). 

1 878.  Badoureau,  Chaux  phosphatée  de  VEstramadure  [Société  cen- 

trale d'Agriculture,  t.  XXXVIll,  p.  80). 

1879.  Wickersheimer,  Note  sur  un  gîte  de  phosphate  de  chaux  situé 

près  de  Cette  {Antiales  des  Mines,  7*  série,  l.  XVI,  p.  283, 
Paris). 
1879-1^80.  Jeannol,  Note  sur  la  présence  des  phosphates  dans  le 
lias  des  Ardennes  et  de  la  Meuse  [sinnales  de  la  Société  de 
Géologie  du  Nord,  t.  VIII,  Lille). 

1879.  Petermann,  Note  sur  la  phospho*ùle  de  Cacérès  [Annales  de 

la  Société  de  Géologie  de  Belgique,  t.  VI,  Liège). 

1880.  Nivoit,  De  Vacide  phosphorique  dans  les  terrains  de  transi- 

tion et  dans  le  lias  des  Ardennes  [Bulletin  de  la  Société  de 

Géologie,  t.  VIII,  p.  357). 
1884.  Lasne,  Sur  la  composition  des  phosptuites  des  environs  de  Mons 

{Annales  de  la  Société  de  Géologie  du  Nord,  t.  XVII,  p.  141, 

Lille). 
1884.  Dieulafait,  Origine  et  mode  de  formation  des  phosphates  de 

chaux    dans   les  tei'rains  sédimentaires  [Comptes  Rendus, 

t.  XCIX,  p.  813,  Paris). 
188  i.  Delvaux,  Découverte  de  gisements  de  phosphate  de  chaux 

apparten'tnt  à  Vêlage  ïprésien  [Annales  de  la  Société  de 

Géologie  belge,  t.  XI,  p.  279,  Liège). 

1884.  Jeanjean,   Notice  géologique  et  agronomique   sur  les  phos' 

phates  de  chaux  du  département  du  Gard  (in-8*,  Nimes). 

1885.  De  Grossouvre,  Etude  sur  les  gisements   de  phosphate  de 

chaux  du  Centre  de  la  France  (Annales  des  Mines,  mai- 
juin,  et  Bulletin  de  la  Société  de  Géologie). 

1885.  Douvillé,  Phosphates  du  Cher  [Bulletin  de  la  Société  de  Géo- 

logie, 3*  série,  t.  Il,  p.  103). 

1886.  Stanislas-Meunier,  Les  Phosphates  de  Picardie    [La  Nature, 

n»712,  p.  113,  Paris). 
1888.  Cornet,  Les  Gisements  de  phosphate  de  chaux  de  la  craie  de 
Mézières  [Annales  de  la  Société  de  Géologie  de  Belgique, 
t.  XV,  Liège). 

1888.  Thomas,  Sur  les  gisements  de  phosphate  de  chaux  de  V Algé- 

rie (Comptes  Rendus,  t.  CVI,  p.  379,  Paris). 

1889.  Stainier,  Etude   géologique  des  gisements  de  phosphate  de 


472  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

chaux  du  Cambrésis  {Mémoires  de  la  Société  de  Géologie  de 

Belgique,  t.  XVI,  p.  3,  Liège). 
1889.  Eugène  Rtsier,  Carte  géologique  et  statistique  des  gisements 

(le  phosphate  de  chaux  exploités  en  France  (Paris). 
1889.  Ladrière,  Sur  les  dépôts  phosphatés  de  Montay  et  de  Foresl 

(Sord)  {Comptes  Rendus,  t.  CVII.  p.  960). 

1889.  Gosselet,  Les  gîtes  de  phosphate  du  Nord  de  la  France  {Bul- 

letin de  la  Société  de  Géologie  de  Belgique,  t.  lU,  p.  281, 
Bruxelles). 

1890.  Lasne,  Terrains  phosphatés  des  environs  de  Doullens  {Bulle- 

tin de  la  Société  de  Géologie,  3*  série,  t.  XVIII,  p.  441). 

1890.  Cayeux,  Sur  le  crétacé  des  environs  de  Péronne  {Annales  de 

la  Société  de  Géologie  du  Nord,  t.  XVII,  p.  227). 

1891.  Thomas,  Gisements  de  phosphate  de  chaux  des  hautsplateaux 

de  la  Tunisie  [Bulletin  de  la  Société  de  Géologie,  2  mars)- 

1891.  De  Mercey,  Sur  les  gîtes  de  phosphate  de  c/iaux  de  la  Picar- 

die {Bulletin  de  la  Société  de  Géologie,   $•  sériei  t.  XIX, 
p.  854). 

1892.  Munier-Chalmas,  Origine  des  phosphates  de  la  Somme  {Bulle- 

tin de  la  Société  de  Géologie,  21  mars). 
189*3.  Jacob,  Note  sur  les  gisements  de  phosphate  de  chaux  du  pla- 
teau  de  Chéria  dans  le  cercle  de  Tébessa    {Annales  des 

Miîies,  9«  série,  t.  VIII,  p.  237). 
189.'>.  Ficheur,  Etude  géologique  sur  les  terrains  à  phosphate  de 

chaux  de  la  région  de  Boghan,  province  d'Alger  {Annales 

des  Mines,  9*  série,  t.  VIII,  p.  248). 
1895.  Ficheur  et  Blayac,  Notice  sur  les  terrains  à  phosphate  de 

chaux  de  la  région  de  Sidi-Atssa,  province  d'Alger  {Annales 

des  Mines,  9-  série,  t.  Vlll,  p.  281). 

1895.  J.  Blayac,  Lambeau  suessonien  de  Birin  {Annales  des  Mines, 

9«  série,  t.  VIII,  p.  290). 

1896.  V.  Watteyne,  la  Floride  et  ses  Phosphates  {Revue  universelle 

des  Mines  et  de  la  Métallurgie,  5*  série,  t.  XXXIII,  p.  306). 

1897.  L.  Château,  Les  Gisements  de  phosphate  de  chaux  dans  les 

provinces  de  Constantine  et  d'Alger  {Mémoires  de  la  Société 
des  Ingénieurs  civils  de  France). 


MINÉRAUX   EMPLOYÉS   DANS    l'aGRICULTURE  473 


AIOTB  (lOTRATES) 

L^azote,  ou  uitron,  qui  constitue  un  des  éléments  fonda- 
mentaux de  la  nourriture  des  végétaux,  est  employé  sous 
forme  de  nitrate  de  soude  pour  Tagriculture.  Il  sert  aussi 
sous  cette  forme  dans  la  préparation  de  certains  explosifs. 

Les  nitrates  de  soude  sont  employés  en  quantités  considé- 
rables pour  fournir  à  la  terre  Tazote  que  Tair  ou  les  fumiers 
ne  suffisent  pas  à  lui  procurer. 

On  peut  citer  aussi,  parmi  les  utilisations  industrielles  de 
Tazote,  celle  de  Tazotate  de  chaux  contenu  dans  certaines 
terres  nilrées,.que  Ton  emploie,  en  Amérique  notamment, 
pour  la  fabrication  de  la  poudre  et  celle  de  lazotate  de  potasse 
ou  salpêtre  et  de  Tazotate  d'ammoniaque  employés  pour  la 
fabrication  d'explosifs. 

i^  TERRES   NITRÉES 

On  trouve  dans  les  pays  tropicaux,  et  en  particulier  dans  les 
déserts  de  l'Amérique  du  Sud,  de  vastes  dépôts  de  terres 
nitrées  très  riches,  dont  l'origine  est  attribuée  soit  à  l'action 
de  l'électricité  atmosphérique,  soit  à  l'oxydation  de  résidus 
d'animaux  antédiluviens  ou  d'animaux  vivants. 

Venezuela.  —  Au  Venezuela  notamment,  les  riches  terres 
nitrées  dont  les  indigènes  se  servent,  depuis  de  longues 
années,  pour  la  fabrication  de  la  poudre,  proviennent  de 
l'action  du  ferment  nitrique,  sur  l'azote  des  dépôts  de  déjec- 
tions et  de  cadavres  d'oiseaux  de  mer  ou  de  chauves-souris; 
ces  dépôts  ou  guanos,  se  trouvent  réunis  en  quantités  consi- 
dérables dans  des  régions  d'étendue  parfois  très  restreinte, 
notamment  dans  les  cavernes  des  Cordillères. 

La  transformation  des  matières  azotées  en  nitrates  est  très 
active,  grâce  à  la  température  élevée  et  régulière  qui  règne 
dans  cette  contrée;  les  pluies  étant  très  rares,  le  nitre  formé 
n'est  pas  entraîné  dans  le  sous-sol,  comme  dans  nos  régions. 
La  nitriflcation,  s'opéranl  au  contact  du  sol  calcaire,  donne 
naissance  à  du  nitrate  de  chaux. 


474  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

La  teneur  des  terres  nitrées  en  nitrate  de  chaux  s'élève, 
surtout  au  voisinage  des  cavernes  remplies  de  déjections 
d  animaux,  à  plus  de  35  0/0. 

Ceylan,  —  A  Ceylan,  on  trouve,  dans  des  roches  calcaires 
renfermant  du  feldspath,  des  cavernes  servant  de  refuge  à 
des  chauves-souris  ;  les  parois  de  ces  antres  sont  couvertes  de 
nitre  qu'on  détache  au  moyen  d'un  pic,  en  même  temps  que 
la  partie  superficielle  de  la  roche  délitée.  La  composition 
de  ces  roches  salpètrées  est  la  suivante  : 


Azotate  de  potasse 2,4 

Azotate  de  magnésie 0,7 

Sulfate  de  chaux 0,2 

Carbonate  de  chaux 26,5 

Eau 9,4 

Résidus  sableux ' 60,8 


100,0 


Gûements  divers,  —  Dans  les  Indes^  dans  le  Bengale^  en 
Arabie,  en  Egypte,  en  Perse,  en  Chine,  en  Espagne,  etc., 
de  vastes  étendues  de  terres  se  recouvrent  d'efflorescences 
peu  épaisses  de  salpêtre,  que  Ton  ramasse,  après  la  saison 
sèche,  pour  les  traiter  en  vue  de  la  production  du  nitrate  de  ' 
potasse. 


2°   NITRATE   DE   SOUDE 


Propriétés  et  composition.  —  Le  nitrate  de  soude,  à  l'état 
pur,  est  un  sel  blanc  qui  cristallise  en  rhomboèdres  trans- 
parents anhydres.  La  grosseur  des  cristaux  dépasse  rarement 
ceih»  d'un  pois;  ces  rhomboèdres  tronqués  ressemblent  à 
des  cubes,  d'où  le  nom  do  salpêtre  cubique.  Le  nitrate  de 
soude  possède  une  saveur  ûcre  et  fraîche;  il  est  déliques- 
cent, et  Teau  à  Ki'»  peut  en  dissoudre  84  0/0  de  son  poids. 
Sous   l'action  de  la  chaleur   il  fond,   puis  se   décompose. 


MINÉRAUX   EMPLOYES    DANS    l' AGRICULTURE  475 

Il  est  essentiellement  formé  d'acide  azotique  et  de  soude 
(NaO,  AzO^)  et  contient  : 

Soude 34,47 

Acide  azotique..     65,53    (correspondant  à:  azote.  16,47) 

Les  nitrates  du  commerce  sont  toujours  mélangés  d*une 
certaine  proportion  d'impuretés  ;  ils  sont  ordinairement 
brunâtres  et  légèrement  humides. 

Les  produits  commerciaux  contiennent,  en  général,  de  94à 
970/0  de  nitrate  pur.  On  peut  admettre,  comme  moyenne,  le 
chiffre  de  93,50,  correspondant  à  i 5,7  0/0  d'azote. 

La  quantité  d'impuretés  contenue  dans  les  sels  commer- 
ciaux ne  dépasse  pas  5  à  6  0/0. 

Le  nitrate  de  soude,  par  lui-même  et  par  les  impuretés 
qui  raccompagnent,  est  très  hygrométrique;  les  sacs  dans 
lesquels  on  Texpédie  s'imprègnent  de  sa  dissolution;  et  il 
est  arrivé  quelquefois  que  ces  sacs  vides,  mis  en  tas,  se  sont 
enflammés  ;  aussi  doit-on  conserver  le  produit  dans  des  ma- 
gasins secs-et  bien  clos. 

Falsifications,  —  Le  nitrate  de  soude  contient  souvent  de 
grandes  quantités  de  chlorure  de  sodium  ou  de  sulfate  de 
soude,  qu'on  y  a  laissés  dans  le  cours  de  la  fabrication  ou 
qu'on  a  introduits  après  coup.  L'apparence  extérieure  ne 
suHit  pas  pour  reconnaître  les  produits  adultérés;  seul  le 
dosage  de  l'azote,  dont  la  teneur  doit  être  supérieure  à  15  0/0, 
garantit  contre  les  fraudes. 

(iisRHENTS.  —  L'agriculture  et  l'industrie  emploient  surtout 
le  nitrate  de  soude  ou  salpêtre  du  ChUi^  dont  il  existe  de 
vastes  gisements  dans  l'Amérique  du  Sud,  sur  les  côtes  du 
Pacifique,  au  voisinage  de  l'Equateur.  Le  Pérou,  le  Chili  et  la 
Bolivie  renferment  des  gisements  dont  l'exploitation,  qui 
remonte  à  1825,  est  très  active  aujourd'hui.  Les  produits 
étaient,  à  l'origine,  expédiés  principalement  du  Chili,  d'où  le 
nom  de  salpêtre  du  Chili,  qui  leur  a  été  conservé. 

Les  principaux  gisements  se  trouvent  dans  les  déserts  de 
Pampa-Negra  (province  de  Tarapaca)  (Pérou)  et  d'Acatama 
(Bolivie). 

Pérou,  —  Le  plateau  de  Pampa-Negray  dans  la  province  de 


416  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

Tarapaca,  situé  à  une  allilude  moyenne  de  4.000  mètres 
au-dessus  du  «niveau  de  la  mer,  est  limité  à  l'est  par  les 
Andes  et,  à  Touest,  par  une  chaîne  de  montagnes  côtières 
formées  de  granité,  de  porphyre  et  de  Irachyte.  Ces  gise- 
ments sont  caractérisés  par  Tabsence  des  phonolithes,  qui 
recouvrent  les  autres  parties  du  plateau.  Sur  le  versant 
oriental,  s'étendent  d'immenses  gisements  de  salpêtre 
•  environ  11 6.000  hectares >,counus  sous  le  nom  decalicheroson 
salitrales,  qui  occupent  les  hauts  plateaux  au  milieu  du  désert. 

Bolivie,  —  Les  gisements  du  désert  d'Acatama  (Bolivie)  sont 
placés  dans  des  conditions  identiques. 

Dans  les  calicheros,  le  nitre  forme  des  amas  irréguliers  et 
discontinus  dont  l'épaisseur,  quelquefois  très  faible,  peut 
atteindre  5  mètres,  mais  ne  dépasse  pas  1  mètre  en  général. 
Le  minerai  est  ordinairement  recouvert  d'une  couche  de 
sable  et  d'un  ciment  d argile  [costra)\  en  certains  points,  il 
existe  plusieurs  couches  superposées.  Les  diverses  variétés 
de  calicheros  offrent  des  aspects  différents;  leur  richesse  est 
plus  ou  moins  grande,  suivant  leur  teneur  en  chlorure  de 
sodium;  leur  dureté  et  leur  coloration  sont  également  va- 
riables. Les  parties  cristallisées,  qui  sont  plus  faciles  à  exploi- 
ter, sont  aussi  les  plus  riches;  les  parties  dures  sont  d'une 
extraction  plus  difficile  et  contiennent  plus  de  chlorure  de 
budium. 

L'origine  de  ces  gisements  a  été  attribuée  tantôt  à  Télec- 
tricité  atmosphérique,  tantôt  à  la  nitriflcation  de  produits 
axolés  d'origine  animale  ou  végétale. 

On  a  vu  plus  haut,  à  propos  des  terres  nitrées,  que  les 
déjections  d'oiseaux  et  de  chauves-souris*,  réunies  dans  cer- 
taines localités  par  millions'  de  mètres  cubes,  ont  fourni 
l'azote  dont  la  transformation  en  acide  nitrique  s'est  effectuée 
iious  rinfluence  du  ferment  de  la  nitriflcation,  au  contact  de 
sols  calcaires;  il  en  est  résulté  des  terres  très  riches 
en  nitrate  de  chaux.  L'intervention  du  sel  marin,  abon- 
dant dans  les  gisements  et  dans  les  terrains  avoisinants,  a 
opéré  une  double  décomposition  du  nitrate  de  chaux,  qui  a 
produit  du  nitrate  de  soude  et  du  chlorure  de  calcium  ;  grâce 
à  sa  déliquescence,  ce  dernier  sel  s'est  enfoncé  à  l'état  liquide 
dans  les  profondeurs  du  sol  et  a  ainsi  été  éliminé.  Le  nitrate 


MINÉRAUX    EMPLOYÉS   DANS   L\4<iRICCLTURE  477 

Ue  soude,  mélangé  de  chlorure  de  sodium  en  excès,  est  resl^^ 
dans  les  couches  superficielles. 

Le  nitre  ne  paraît  pas  s'être  formé  dans  les  endroits  ou 
on  le  trouve;  enefTet,  la  matière  animale  nitrifiée  abandonne 
de  grandes  quantités  de  phosphate,  dont  Tabsence  prouve 
que  le  nitre  dissous  par  les  eaux  s'est  concentré  par  évapo- 
ration  dans  les  gisements  actuels  à  une  certaine  distance  des 
centres  de  formation. 

La  teneur  des  caliches  en  nitrate  de  soude  varie  de  20  ù 
80  0/0;  on  n'exploite  en  général  que  les  parties  contenant  au 
moins  40  0/0  de  nitrate  de  soude.  Ces  caliches  renferment, 
outre  le  chlorure  de  sodium  (15  à4C  0/0),  du  sulfate  de  soude, 
extrêmement  abondant  dans  certains  gisements  du  Chili,  el 
des  matières  terreuses,  des  sels  de  chaux  et  de  magnésie,  etc.  ; 
enfin,  de  petites  quantités  d'iode  qu'on  y  trouve  ù  l'état  d'io- 
dates  prouvent  rintervention  d'éléments  marins. 

On  trouve,  dans  les  mêmes  régions,  des  gisements  de  nitrates 
beaucoup  plus  riches  en  potasse  et  dont,  par  suite,  la  valeur 
est  plus  grande.  Ces  produits  contiennent,  en  moyenne, 
60  0/0  de  nitrate  de  soude  et  30  0/0  de  nitrate  de  potnsso 
tenant  45  0/0  d'azote  et  16  0/0  de  potasse.  Certains  nitrates  de 
potasse  de  Bolivie  contiennent  très  peu  de  sels  de  soude. 

Chili,  —  Les  caliches  du  Chili  sont  ordinairement  beau- 
coup moins  riches  que  ceux  du  Pérou. 

Pour  exploiter  le  caliche,  dont  la  dureté  exige  Tabatago 
h  la  mine,  on  perce  la  couche  au  moyen  d'un  trou  de  son  do 
pouvant  recevoir  une  forte  charge  de  poudre  grossière 
(mélange  de  nitrate  de  soude,  de  charbon  et  de  soufre),  brû- 
lant lentement.  Ial  masse,  soulevée  sans  projection  et  divisf^o 
en  gros  morceaux,  est  ensuite  concassée  et  débarrassée  des 
fragments  terreux.  Les  morceaux  sont  traités  par  Teau 
bouillante,  qui  dissout  une  grande  partie  des  nitrates  ;  ceux- 
ci  se  déposent  par  refroidissement  sous  forme  de  cristaux, 
tandis  que  le  sel  marin,  aussi  soluble  à  froid  qu'à  chaud, 
reste  eu  dissolution.  On  obtient  ainsi,  du  premier  coup,  un 
produit  titrant  90  à  95  0/0  de  nitrate  pur.  Les  sels,  cristal- 
lisés au  soleil,  sont  mis  en  sacs  pour  être  expédiés  ;  ils  sont 
transportés  à  dos  d*c)ne  aux  ports  d'embarquement  (lqui(]ue, 
pour  la  région  du  centre). 


478  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

L'exportation  du  salpêtre  du  Chili,  dont  la  découverte 
remonte  à  1825,  a  été,  pendant  longtemps,  très  peu  élevée  ; 
elle  atteignait  par  an  : 

Entre  1825,  et  1830 1.000  tonnes 

En   1850,  elle  atteignait 26.00  )     — 

Entre  1860  et  1870,  elle    éUit  restée 
inférieure  à 100.000      — 

En  1875,  l'exportation  approchait  de  300.000  tonnes. 

De  1880  à  1890,  elle  a  oscillé  autour  de  500.000  tonnes. 

En  189a,  elle  atteignait  9^7.023  tonnes,  valant  196.069.565 
francs. 

En  189o,  elle  s'est  élevée  à  1.220.427  tonnes,  avec  une 
valeur  de  227.642.550  francs. 

Enfin,  en  1897,  Texportatioa  a  atteint  1.380.000  tonnes. 

On  évalue  généralement  la  quantité  do  nitrate  de  soude 
existant  dans  les  gisements  du  Chili,  à  73  millkMis  de  tonnes. 
Avec  l'extraction  actuelle,  ces  gisements  poonment  être 
épuisés  dans  une  cinquantaine  d'années. 

Pays  d'importation,  —  L'Amérique  emploie  une  partie  ctes 
nitrates  de  soude  qu'elle  produit;  mais  sa  consommation  est 
de  beaucoup  inférieure  à  celle  de  l'Europe  ;  elle  n'atteint  pas 
ordinairement  le  dixième  de  sa  production  totale.  L'Amé- 
rique, en  effet,  exploite  un  sol  vierge  qui  ne  nécessite  pas, 
en  général,  l'apport  d'engrais  azotés. 

L'Europe,  au  contraire,  a  de  grands  besoins  en  engrais 
chimiques  et  particulièrement  en  azote.  C'est  elle  qui  emploie 
la  presque  totalité  du  nitrate  exporté  du  Pérou.  Les  centres 
d'importation  les  plus  importants  sont:  Liverpool  et  Londres 
pour  l'Angleterre,  Hambourg  pour  l'Allemagne,  Dunkerque 
pour  la  France,  Anvers  pour  la  Belgique,  Rotterdam  pour 
les  Pays-Bas.  D'autres  ports  en  reçoivent  des  quantités  rela- 
tivement peu  élevées. 

Prix  des  nitrates.  —  Les  prix  des  nitrates  de  soude  ont 
beaucoup  varié  depuis  que  l'emploi  de  ces  produits  est  devenu 
général;  ils  dépendent  de  l'importance  des  stocks  sur  le 
marché  européen  et  de  l'importance  de  la  demande. 

Après  être  monté  jusqu'à  51    francs  les  100  kilogrammes,* 


* 

r 


MINÉRAUX    EMPLOYÉS   DANS   L'A<iRIGULTURE  479 

en  1870,  le  prix  est  graduellement  redescendu  à  36  francs 
environ,  en  1876.  Il  s'est  maintenu  entre  30  et  36  francs 
jusqu'à  Tannée  1883.  A  partir  de  ce  moment  il  a  fléchi  cons- 
tamment. 

Le  prix  moyen,  à  Dunkerque,  n'était  plus  que  de  23  francs 
en  1885,  et  de  20  francs  environ  en  1896. 


BIBU06RAPHIE  DES  NITRATES 


1877.  Gormaz,  Salpêtres  et  guanos  du  désert  d'Alacama. 

1SÎ85.  Mûntz  et  Marcano,  Formation  des  terres  nitrées  dans  les 

régions  tropicales  {Comptes  Rendus,  6  juillet  1885). 
1883.  Berthelot,  La  fixation  de  Vazote  atmosphérique  {Revue  scien- 
'  tifique). 

1886.  Favier,  V Azote  et  le  Phosphore  {Revue  scientifique  du  18  juil- 

let 1886}. 

1887.  Dehérain,  Sur  la  valeur  des  engrais  et  particulièrement  sur 

la  valeur  des  phosphates  et  des  sels  ammoniacaux  {Revue 

scientifique  du  2  avril). 
1890.  GrandeaUf  De  Vemploi  du  nitrate  de  soude  en  agriculture. 
1890.  Winogradski  {Annales  de  V Institut  Pasteur,  avril  et  mai). 
1894.  A.  Gauthier,  Sur  la  genèse  des  nitres  et  des  phosphates  natu- 

rels  {Annales  des  Mines^  9*  série,  t.  V,  p.  5). 


480  (lÉOLOGIB   APPUQL'ÉE 


PIERRE  A  CHAUX  (GHAULA6B) 

En  dehors  des  phosphates  et  des  nitrates,  un  certain 
nombre  d'autres  minéraux  sont  employés  sous  diverses 
formes  à  Tamendement  des  terres,  bien  que  dans  des  propor- 
tions plus  modestes. 

Parmi  ceux-ci,  on  peut  citer,  en  premier  lieu,  la  pierre  à 
chaux. 

Outre  son  emploi  dans  la  construction,  la  chaux  est  encore 
d'une  réelle  utilité  en  agriculture.  La  chaux  est  nécessaire 
dans  les  terrains  privés  de  l'élément  calcaire  ou  qui  con- 
tiennent trop  d'acide  carbonique,  comme  les  terres  tour- 
beuses. Dans  les  lorrains  argileux,  la  chaux  agirait,  d'après 
M.  Liebig,  en  séparant  la  silice  de  l'alumine  ;  la  silice  à  l'état 
naissant  pourrait  alors  être  absorbée  par  les  racines  des 
végétaux. 

Quand  on  introduit  dans  le  sol,  de  la  chaux  calcaire,  l'opé- 
ration s'appelle  chaulage;  elle  s'appelle  marnage  quand  elle 
est  faite  avec  du  calcaire  mélangé  d'argile,  c'est-à-dire  de  la 
manie. 

Saupoudrée  sur  les  plantes,  la  chaux  détruit  les  œufs  et 
les  larves  des  insectes  nuisibles. 

^Pour  les  gisements,  voir  le  chapitre  des  Calcaires,) 

BIARRE  (MARNAGE) 

La  marne  est  un  calcaire  argileux  qui  se  distingue  par 
un  caractère  spécial  :  le  calcaire  et  l'argile  y  sont  mélangés 
d'une  façon  si  intime  qu'il  serait  impossible  de  l'imiter  par 
<les  procédés  mécaniques.  On  met  cette  propriété  en  lumière 
en  attaquant  à  l'acide  un  peu  de  marne  placée  sous  l'ob- 
jectif d'un  microscope  ;  l'effervescence  produite  par  l'attaque 
du  calcaire  se  manifeste  autour  des  moindres  grains,  et  le 
résidu  d'argile  est  formé  de  grains  si  fins  que  les  plus  forts 


MINÉRAUX    EMPLOYÉS   DANS    l'aGHICLLII  RE  4-81 

grossissements  ne  permettent  pas  d'en  apprécier  les  dimen- 
sions. 

C'est  à  cause  de  ce  mélange  intime  que  les  marnes  se 
délitent  comme  le  calcaire  et  bien  mieux  que  les  calcaires 
argileux.  Les  marnes  sont  blanches,  grises,  bleues,  vertes, 
rouges,  brunes  ou  noires.  Elles  offrent  aussi  des  colorations 
bigarrées  de  vert  et  de  brun,  ou  de  rouge  et  de  jaune. 
Elles  servent  à  la  fabrication  de  briques  et  de  poteries  gros- 
sières; mais  leur  principale  application  est  le  marnage,  c'est- 
à-dire  Tamendement  des  terres  destinées  à  la  culture.  Les 
marnes  agissent  d'abord  par  leur  teneur  en  calcaire  et  aussi 
par  la  forte  proportion  d'éléments  organiques  qu'elles  con- 
tiennent généralement. 

Les  marnes  se  rencontrent  en  abondance  dans  la  nature  ; 
il  en  existe  des  dépôts  considérables  en  amas,  en  couches  ou 
même  en  fllons.  Leurs  gisements  sont  les  mêmes,  en  général, 
que  ceux  des  argiles  et  des  calcaires,  qui  ont  été  étudiés  au 
chapitre  des  Minéraux  employés  à  la  construction. 

PmtBB  ▲  PLATRE  (PUTRA6E) 

Le  plâtre,  qui  a  été  étudié  avec  les  pierres  à  plâtre,  dans  le 
chapitre  ii,  est  aussi  très  employé  comme  engrais.  Son  action 
sur  les  végétaux,  mise  en  évidence  au  xviii®  siècle,  a  été 
d'abord  bien  exagérée.  Le  pldtre  est  aujourd'hui  à  peu  près 
réservé  (comme  engrais)  aux  plantes  fourragères  sur  les- 
quelles il  a  une  influence  considérable  :  luzerne,  trèlle,  sain- 
foin, et  aussi  colza,  lin,  chanvre,  etc.  ;  ces  plantes  prospèrent 
par  le  plâtrage  ;  mais  les  céréales  n'en  ressentent. quoi  qu'on 
en  ait  dit,  aucun  effet  appréciable. 

SABLE  CALCAIRE 

Parmi  les  minéraux  calcaires,  employés  en  agriculture,  on 
peut  encore  citer  les  sables  calcaires. 

Lorsque  ces  sables  sont  fins  et  tendres,  et  surtout  lorsqu'ils 
renferment  des  débris  de  polypiers  ou  de  coquilles,  ils 
sont  utilisés  pour  l'amendement  des  terres. 

OfOLOGXE.  31 


CHAPITRE  VI 


MINÉRAUX  EMPLOYÉS  DANS  LES  INDUSTRIES  DIVERSES 


(Chimie,  pharmacie,  teinturerie,  arts  industriels,  etc) 


Le  chapitre  vi  comprend  Tétude  des  principaux  miné- 
raux qui  sont  employés  dans  les  industries  diverses  et  qui 
ne  peuvent  entrer  dans  aucune  des  catégories  comprises 
dans  les  autres  chapitres  de  cet  ouvrage. 

Il  traite  notamment  des  minéraux  utilisés  pour  les 
industries  chimiques  ou  pharmaceutiques,  la  teinturerie, 
la  céramique,  les  arts  décoratifs,  etc... 

Quelques  minéraux,  tels  que  ceux  du  bismuth  et  du  cobalt, 
bien  qu'ils  soient  des  rainerais  métalliques,  ont  été  compris 
dans  ce  chapitre,  car  ils  ne  sont  généralement  pas  utilisés 
pour  la  préparation  des  métaux  dont  les  minerais  ont  éi^ 
étudiés  au  chapitre  m  de  ce  Traité. 

ARSENIC 

Propriétés  physiques.  —  I/arsenic  est  un  corps  solide, 
cassant, doué  d'un  éclat  métallique  gris  de  fer;  chauffé  dans 
une  cornue  de  verre,  il  ne  fond  pas,  mais  se  sublime  vers 
300",  et  sa  vapeur  se  condense  en  cristaux  rhomboédriques 
sur  les  parois  supérieures  de  la  cornue.  En  le  chauffant  dans 
un  tube  en  verre  scellé  à  la  lampe,  on  obtient  de  Tarsenir. 
fondu  en  un  liquide  transparent.  La  densité  de  ce  corps  est 
de  5,7. 

Propriétés  chimiques.  —  Exposé  à  Tair,  Tarsenic  se  ternit 
et  se  couvre  d'une  poussière  noire;  il  se  volatilise  en  répan- 


MINÉRAUX    EMPLOYÉS    DANS    LES    INDUSTRIES    DIVERSES  485 

dant  une  forle  odeur  alliacée,  lorsqu'il  est  projeté  sur  des 
charbons  ardents,  et  sa  vapeur,  en  s'oxydant,  se  transforme 
en  acide  arsénieux.  Il  devient  d'abord  phosphorescent  quand 
on  le  chaufiTe  dans  Toxygène,  et  à  une  température  plus  éle- 
vée il  brûle  avec  une  flamme  verdâtre. 

II  brûle  avec  une  flamme  blanche,  en  formant  du  chlorure 
d'arsenic,  quand  on  le  projette  en  poudre  dans  un  flacon  de 
chlore. 

Il  se  combine  avec  le  chlore,  le  brome,  le  soufre,  et  avec 
la  plupart  des  métaux.  Chauffé  dans  une  cornue  avec  de 
Pacide  azotique,  Tarsenic  s'oxyde  et  se  change  en  acide 
arsénique. 

Usages.  —  L'arsenic  est  un  poison  violent;  mais  c'est  à 
l'état  d'acide  arsénieux,  et  surtout  d'acide  arsénique,  qu'il 
devient  un  toxique  redoutable. 

On  prépare,  avec  l'arsenic  réduit  en  poudre,  un  papier 
appelé  tue-mouches,  dont  le  nom  indique  l'usage.  Ce  papier 
étant  humecté  avec  de  l'eau,  l'arsenic  produit  de  l'acide 
arsénieux  ;  son  emploi  est  donc  dangereux.  11  en  est  de 
même,  du  reste,  de  la  plupart  des  préparations  arsenicales. 

Alliages. —  L'arsenic  entre  dans  la  composition  de  l'alliage 
du  tain  des  miroirs  de  télescopes  (arsenic,  platine,  cuivre  et 
étain). 

Fondu  avec  partie  égale  de  cuivre,  il  constitue  le  cuivre 
blanc,  dont  on  fabrique,  en  Allemagne,  des  ustensiles 
d'ameublement  et  des  objets  de  décoration. 

On  désigne  aussi,  sous  le  nom  de  cuivre  blanc,  un  métal 
des  Chinois  appelé  pack-fong,  ou  ^ou{ena(/ue,  qui  est  un  alliage 
d^arsenic,  de  cuivre  et  de  nickel. 

C'est  à  l'addition  de  2  à  3  millièmes  d'arsenic  qu'est  due  la 
forme  sphérique  des  grains  de  plomb  de  chasse. 

Acides.  —  L'acide  arsénique  sert  dans  la  fabrication  des 
toiles  peintes,  pour  faire  des  enlevages  ;  il  est  employé  dans 
la  fabrication  du  rouge  d'aniline. 

A  faible  dose,  c'est  un  remède  contre  l'asthme. 

L'acide  arsénieux,  appelé  aussi  oxyde  d'arsenic,  arsenic 
blanc,  ou  mort-aux-rals,  est  connu  dans  le  commerce  sous 
le  simple  nom  d'arsenic  et  est  employé  dans  les  arts,  dans  les 
manufactures  de  toiles  et  de  papiers  peints,  dans  la  fabrica- 


486  r.ÉOLOGlE   APPLIQUÉE 

tion  du  verre,  dans  la  pn'paration  de  Torpiinent  artificiel, 
du  vert  de  Scheele,  du  vert  de  Mitis  et  de  celui  de  Paul 
Véronèse  ;  il  sert  aussi  à  détruire  les  rats  et  les  souris. 

L'acide  arsénieux  est  utilisé  à  faibles  doses  dans  une  foule 
de  préparations  pharmaceutiques.  Il  entre  dans  la  liqueur 
de  Fowler,  la  liqueur  de  Pearson,  la  pâte  caustique  du  Frère 
Côme  ou  de  Rousselot,  la  pâte  arsenicale  de  Dubois,  les 
pilules  asiatiques.  Il  est  surtout  usité  comme  antipériodique 
dans  le  traitement  des  fièvres  intermittentes. 

Sulfure.  —  Le  protosulfure  d'arsenic,  désigné  sous  le  nom 
de  réalgar,  orpin  rouge,  arsenic  rouge,  rubis  arsénieux, 
poudre  rouge  de  volcans,  s'emploie  en  peinture;  mais  il 
altère  les  couleurs  blanches  du  plomb. 

Les  artiQciers  s'en  servent  pour  produire  les  brillants  feux 
blancs,  dits  feux  indiens  ou  feux  chinois. 

lodore.  —  L'iodure  d'arsenic  est  employé  en  médecine. 

Minerais.  —  Bien  que  l'on  rencontre  de  larsenic  natif, 
dans  quelques  filons,  le  principal  minerai  d'arsenic  est  le 
mispickel,  ou  sulfo-arséniure  de  fer  (Fe.As.S),  couleur  blanc 
d'argent,  fusible  sur  le  charbon,  soluble  dans  l'acide  azo- 
tique ;  il  est  fréquemment  un  peu  aurifère  et  contient  de  io 
à  75  0/0  d'arsenic.  Parmi  les  minéraux  qui  renferment  de 
l'arsenic,  on  peut  encore  citer  le  réalgar  (As.S),  la  nickeline 
(Ni.  As),  le  cobalt  gris  (Co.  As.S)  et  le  nickel  gris.  Il  faut  d'ailleurs 
noter  que,  pour  beaucoup  de  minerais,  pour  la  pyrite,  par 
exemple,  la  présence  de  Tarsenic  est  une  cause  de  dépré- 
ciation, par  suite  des  difficultés  de  leur  traitement.  On 
recueille  une  certaine  quantité  d'arsenic  dans  des  chambres 
de  condensation  placées  à  la  suite  des  fours  de  grillage  où 
Ton  fait  passer  les  minerais  de  nickel,  de  cobalt  ou  d'argent 
et  les  pyrites  arsenicales. 

Principaux  gisements.  —  Angleterre.  —  La  mine  de  Green- 
Mil,  dans  le  Cornwall,  et  le  Devon  Great  Comols  Copper  Mine, 
dans  le  Devonshire,  fournissent  des  mispickels  contenant 
430/0  d'arsenic,  que  l'on  extrait  par  grillage  et  sublimation. 

Le  principal  centre  de  production  de  Tarsenic,  en  Angle- 
terre, est  le  Cornwall. 

La  production  totale  de  l'Angleterre  avait  été,  en  1894,  de 
4.878  tonnes  de  produits  arsenicaux  valant  1.215.350  francs. 


MINÉRAUX   EMPLOYÉS   DANS    LES    INDUSTRIES   DIVERSES   487 

En  1897,   la  production,  sensiblement  constante,  était  de 
4.232  tonnes. 

Les  pyrites  arsenicales  exploitées  en  Grande-Bretagne 
atteignaient  3.341  tonnes,  valant  95.575  francs,  en  189^. 
En  1897,  la  production  des  pyrites  arsenicales  a  attehit 
13.347  tonnes. 

Allemagne.  —  Autriche-Hongrie.  —  On  traite  également 
des  mispickels  à  Jonchimsthai^  en  Bohême.  Dans  le  Harz  et 
surtout  à  Freiberg,  Ton  trouve  du  sulfure  d'arsenic  et  du 
mispickel  et  aussi  de  Tarsenic  natif  à  4  0  0  d'argent.  L'usine 
de  Freiberg  fournit,  chaque  année,  en  moyenne,  1.000  tonnes 
de  produits  arsenicaux  (882  tonnes  en  1896).  Le  réalgar  et 
Torpiment  se  rencontrent  fréquemment  à  Nagyag,  à  Felso» 
banya  et  à  Tayota,  en  Transylvanie. 

L'Allemagne  a  produit,  en  1894,  2.906  tonnes  de  minerai 
d'arsenic.  En  1896,  sa  production  a  atteint  3.691  tonnes. 

Les  produits  arsenicaux  d'Allemagne  ont  atteint,  en  1897, 
untonnage  de 2.989  tonnes, avec  une  valeurde  1.354.745  francs. 

Scatidinavie.  —  Outre  les  pyrites  arsenicales  cobaltifères  de 
Skutterud  (Norwège),  on  peut  citer  les  mispickels  de  Falun 
et  ceux  de  Gladhammar,  qui  accompagnent  les  minerais  de 
cobalt. 

Gisements  divers.  —  L'arsenic  natif  se  trouve  encore  à 
Sainte-Marie  (Lorraine  française),  en  Sibérie  et  aux  États- 
Unis  k  Jackson  et  Haver-Hill.  Dans  la  vallée  de  Gistain  (Pyrénées 
espagnoles),  cert<iins  minerais  de  cobalt  sont  accompagnés 
d'oxyde  d'ai*senic;  on  trouve,  à  Oviedo^  du  réalgar  accom- 
pagné de  cinabre. 

L'Espagne  a  produit,  en  1896,  271  tonnes  de  produits 
arsenicaux,  représentant  une  valeur  de  135.500  francs. 

On  trouve  encore  de  l'arsenic,  sous  forme  de  sulfure,  dans 
la  Turquie  d'Aste,  en  Chine  et  au  Japon. 

La  production  du  Japon  a  été,  en  1895,  de  7.343  kilo- 
grammes d'arsenic. 

Varsenic  dans  les  sources  thermales.  —  Beaucoup  de  sources 
thermales  contiennent  d'assez  fortes  proportions  d'arsenic  ; 
celle  de  Saint-Nectaire  (Puy-de-Dôme)  donne  lieu  à  des 
dépôts  de  réalgar. 


488  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

BISMUTH 

Propriétés  physiques.  —  I.e  bismuth  esl  un  métal 
blanc  jaunâtre,  dur,  cassant,  de  structure  lamelleuse,  qui 
fond  à  264°  et  se  volatilise  au  rouge  blanc.  11  augmente  de 
volume  en  se  refroidissant  et  forme  alors  de  beaux  cristaux 
rhoniboédriques  que  Ton  peut  mettre  à  nu,  en  décantant  la 
masse  avant  solidification  complète.  Ces  cristaux  sont  cou- 
verts d'une  pellicule  irisée  d'oxyde.  La  densité  du  bismuth 
est  de  9,82.  Sa  chaleur  spécifique  est  de  0,03084.  il  est  très 
mauvais  conducteur  de  la  chaleur  et  de  Télectricité. 

Propriétés  chimiques.  —  Inaltérable  à  Tair  froid,  le  bis- 
muth, à  température  élevée,  brûle  avec  une  petite  flamme 
bleue,  en  émettant  des  fumées  jaunâtres  et  en  donnant  de 
foxyde.  Il  décompose  très  lentement  les  acides  sulfurique  et 
chlorhydrique,  mais  il  se  dissout  rapidement  dans  Facide 
azoticiue. 

Usages.  —  l/industrie  n*eniploie  le  bismuth  qu'en  alliages 
remarquables  par  leur  fusibilité,  d  autant  plus  grande  que  la 
proportion  de  ce  métal  y  est  plus  élevée. 

Alliages.  —  Les  plus  connus  de  ces  alliages  sont  :  Valliage 
de  Sewton  huit  parties  de  bismuth,  cinq  de  plomb  et  trois 
d'élain),  qui  fond  à  94«,5;  —  Valliage  appelé  métal  fusible 
de  Darcct  deux  parties  de  bismuth,  une  de  plomb,  une 
d'élain),  qui  fond  à  93*>;  —  Valliage  de  Wood  ;sept  parties  de 
bismuth,  deux  d'étain,  deux  de  cadmium),  qui  fond  à  05<». 

On  se  sort  de  ces  alliages  pour  clicher  des  médailles  et 
pour  faire  des  rondelles  fusibles  de  sûreté  pour  chaudières  à 
vapeur.  Les  dentistes  les  emploient  pour  le  plombage  des 
dents. 

Chlorure.  —  Le  chlorure  de  bismuth  sert  à  la  préparation 
du  blanc  de  fard  (blanc  de  perle)  et  entre  dans  la  confection 
de  la  cire  à  cacheter. 

Sels.  — Le  sous-nitrate  est  le  principal  composé  du  bismuth 
employé  en  médecine.  Ce  sel  entre  aussi  dans  la  prépa- 
ration des  fards. 

Minerais.  —  On  trouve  le  bismuth  natif  accompagné  de 
tellure,  de  s^Ménium,  de  soufre  et  surtout  d'arsenic;  le  prin- 


MINÉRAUX    EMPLOYÉS    DANS    LES    INDUSTRIES  DIVERSES   489 

cipal  minerai  du  bismulh  est  la  bismuthine  ou  sulfure  de 
bismuth  (Bi^S^),  couleur  gris  de  plomb.  On  peut  citer,  en 
outre  :  la  bismuthite  (hydrocarbonate  de  bismuth  H*Bi*CO*^, 
vert  jaunûtre  et  amorphe)  ;  ïeulytine  (silicate  de  bismuth 
Bi^Si^O*^),  cristallisée  en  petits  cristaux  tétraédriques  pyra- 
mides. 

Gisements. —  F.es  minerais  de  bismuth,  dont  la  gangue  est 
le  quartz  (quelquefois  la  calcite  ou  la  barytine),  se  trouvent 
dans  des  filons  de  fracture  (Saxe)  ou  dans  des  amas  de  con- 
tact (Banat)  recoupant  des  granités  (Meymac  dans  la  Gorrèze 
et  Wittichen  dans  la  Forêt  Noire),  ou  des  gneiss  et  des 
schistes  cristallins  (Erzgebirge).  Le  bismuth  est,  en  général, 
associé  à  Tor  (Resbanya),  à  Targent,  au  plomb,  au  cobalt  et 
au  nickel  (Schneeberg,  Joachimsthal  en  Bohême),  au  fer,  au 
cuivre  et  à  Tétain  (Cobar  et  Ghorulque  en  Bolivie,  presque 
au  sommet  des  Andes)  ou  à  Tétain  seul  (Bohême,  Tasmanie). 

France.  —  Meymac.  —  On  a  exploité  autrefois  k  Meymac 
((iOrrèze)  un  filon  quartzeux  recoupant  des  granités  porphy- 
roïdes,  dans  lequel  le  bismuth  natif,  accompagné  de  bismu- 
thine  et  surtout  de  bismuthite  avec  du  bismuth  oxydé,  a 
remplacé,  en  profondeur,  les  minéraux  de  l'affleurement 
(wolfram,  mispickel).  Le  bismuth  natif  contenait,  d'après 
M.  A.  Carnot,  qui  a  découvert  le  gisement,  99  0/0  de  bismuth 
pur. 

Allemagne,  —  A  Schneeberg  (Saxe),  on  trouve  le  bismuth 
natif  avec  de  la  bismuthine  et  de  la  bismuthite,  dans  des 
filons  cobaltifères  recoupant  des  roches  anciennes.  Ces 
minerais  accompagnent  l'argent  et  le  plomb  à  Anneberg  et 
à  Johanngeorgensladtj  l'argent  et  le  cobalt  à  Wittichen  (Forêt 
Noire),  le  fer,  le  nickel  et  le  cuivre  du  dévonien  à  Schutzbach 
(Siegen). 

Autric fie-Hongrie,  —  On  trouve  le  bismuth  dans  les  filons 
argentifères  de  Joachimsthal  (Erzgebirge),  à  Cziklova  dans  le 
Banat,  et  dans  les  tellurures  d'or  et  d'argent  de  Resbanya 
(Transylvanie). 

La  production  de  l'Autriche,  en  1894,  a  été  de  570  tonnes 
de  minerai  de  bismuth,  représentant  une  valeur  de 
31.907  fr.  40. 

Scandiname.  — En  Scandinavie,  on  peut  citer  les  mines  de 


490  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

Bleka  et  de  Gzellebach  (Norwège)  et  de  Fahlun  (Suède)  :  bismuth 
avec  or  natif,  quartz,  pyrites,  etc. 

Amérique.  —  Outre  les  mines  de  San-Antonio-del-Potrero 
Grande  (Chili)  et  de  Morococa  (Pérou),  les  principales  mines 
de  TAmérique  du  Sud  sont  celles  de  la  Bolivie  [Chorulque,  à 
5.600  mètres  d  altitude,  Ortiro,  Tasna,  à  5. 1 00  mètres  d'altitude, 
Guaiana^  Potosi).  Le  bismuth  (23  à  30  0/0)  est  associé  à  du  fer 
et  à  du  cuivre.  A  Chorulque,  les  liions  sont  au  contact  de  por- 
phyres et  de  schistes  dévoniens  ;  à  Tazna,  les  filons  recoupent 
les  schistes  ;  on  y  trouve  de  Tétain. 

Dans  l'Amérique  du  Nord,  le  bismuth  accompagne  Tor  et 
le  tellure  (Virginie,  Géorgie,  Caroline  du  Nord),  ou  le  tungs- 
tène [Lane  dans  le  Gonnecticut).  Les  calcaires  siluriens  du 
Colorado  contiennent  de  puissants  (lions  de  bismuth. 

On  a  fait,  en  1897,  quelques  découvertes  nouvelles  de  mine- 
rai de  bismuth  dans  VUtah  et  dans  le  Colorado. 

Australie.  —  En  Australie,  on  trouve  le  bismuth  associé  à 
ror(Queenslnnd)  ou  dans  les  alluvionsstannifères,  ou  encore 
en  nions,  comme  à  Silent  Grove,  Glen  Innés,  Elsmore  dans  la 
Nouvelle-Cialles  du  Sud  et  au  mont  Ramsay  dans  la  Tasmanie. 
Les  minerais  de  Tenterfield  contiennent  60  0/0  de  bismuth 
avec  du  molybdène  et  de  Tor;  ceux  de  Cobar  contiennent 
seulement  2,50  de  bismuth  avec  du  cuivre. 

BIBLIOGRAPHIE  DU  BISMUTH 

1814.  Métallurgie  du  bismuth  {Annales  de  Chimie  et  de  Physique, 

t.  V,  p.  1,  397). 
1874.  A.  Carnet,  Découverte  d'un  gisement  de  bismuth  en  France 

{Annales  de  Chimie  et   de   Physique  et  Comptes  Rendus, 

19  janvier). 
187 i.  Valenciennes,  Métallurgie  du  bismuth  {Annales  de  Chimie  et 

(le  Physique). 

1876.  Domeyko,  Gisements  de  bismuth  au  Chili  [Annales  des  Mines, 

p.  7,  10  et  15). 

1877.  Sur  les  minéraux  de  bismuth  de  Bolivie  {Comptes  Rendus)- 
1883.  Godefroy.  Encyclopédie  chimique,  t.  ÏII,  13* cahier,  !'•  partie). 
189 i.  Wiener,  Mines  de  bismuth,  d'antimoine  et  d'argent  d'Oruro  en 

Bolivie  {Annales  des  Mines,  9*  série,  t.  V,  p.  511). 
1897.  P.-L.  Burihe.  Note  sur  les  travaux  de  recherches  exécutés  à 
Meymac  {Annales  des  Mines,  9»  série,  t.  XII,  p.  3). 


Mlf^ÉRAUX   EMPLOYÉS   DANS    LES    INDUSTRIES   DIVERSES   491 


COBALT 


Propriétés  chimiqaM  et  physiques.  —  Le  cobalt  est  un 
métal  gris  clair,  dur,  cassant  et  peu  malléable,  dont  la  densité 
est  de  8,6. 

Ses  propriétés  physiques  et  chimiques  ont  de  nombreuses 
analogies  avec  celles  du  fer;  mais  il  est  inaltérable  à  Tair 
à  froid  et  ne  s'oxyde  qu'au  rouge;  sous  ces  divers  rapports, 
il  se  rapproche  encore  plus  du  nickel  que  du  fer. 

Usages.  —  Le  métal  pur  est  encore  trop  rare  et  d'un  prix 
trop  élevé  pour  qu'il  puisse  avoir  un  emploi  industriel  étendu  ; 
il  sert  comme  alliage  pour  les  instruments  d'optique.  Ses 
composés  sont  utilisés  comme  matières  colorantes. 

Alliages.  —  Le  cobalt  communique  une  certaine  dureté  au 
bronze,  auquel  on  l'allie  quelquefois  pour  faire  des  coussi- 
nets. Toutefois,  même  employé  en  faibles  proportions,  il 
rend  le  cuivre  difficile  à  travailler. 

Oxyde.  —  1/oxyde  de  cobalt  sert  à  colorer  en  bleu  le 
verre  et  la  porcelaine.  Purifié,  il  est  employé  pour  la  pré- 
paration de  ïazur  de  qualité  supérieure. 

Chlorure.  —  Le  chlorure  de  cobalt,  comme  le  chlorure  de 
nickel,  sert  à  préparer  une  encre  sympathique.  Les  carac- 
tères tracés  avec  cette  encre  apparaissent  en  bleu  lorsqu'ils 
sont  chauffés. 

Sels.  —  Le  cobalt  trouve  sa  véritable  application  industrielle 
dans  la  préparation  d'un  silicate  double  de  potasse  et  de 
cobalt,  avec  lequel  on  fabrique  le  smalt  ou  azur,  appelé  aussi 
bleu  de  cobalt,  employé  pour  la  peinture  sur  porcelaine. 

Le  bleu  le  plus  beau  est  celui  d'Eschel,  qui  sert  aussi  pour 
azuré r  le  linge. 

Le  bleu  Thénard,  qui  s'obtient  en  calcinant  ensemble  un 
mélange  d'alumine  et  de  phosphate  de  cobalt,  est  plus  opaque 
et  couvre  mieux  que  l'azur. 

En  calcinant  ensemble  un  mélange  d'oxyde  de  zinc  et  de 
phosphate  de  cobalt,  on  obtient  un  vert  très  solide  appelé 
vert  de  Rinnmann. 


402  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Minerais.  —  On  peut  diviser  les  minerais  de  cobalt  en 
deux  catégories  : 

i^  Les  minerais  non  oxygénés  ; 

2^^  Les  minerais  oxygénés. 

1^  Minerais  non  oxygénés.  —  Les  principaux  minerais  non 
oxygénés  sont  le  cobalt  natif  y  la  jaipurite  ou  sulfure  de 
cobalt  (CoS),  teneur  =  65  0/0  de  cobalt  ;  la  smaltine,  arséniure 
do  cobalt  souvent  ferrifère  (CoFeAs^),  teneur  =  28  0/0  ;  la 
chloantitey  arséniure  de  cobalt  et  de  nickel  (GoNiAs^),  teneur 
de  0  à  28  0/0;  la  skutterudite  (CoAs>),  teneur  =  21  0/0;  la 
cobaltine^  arsénio-sulfure  de  cobalt  (GoAs.S),  teneur  =  35,5; 
le  glaucodot,  arsénio-sulfure  de  cobalt  et  de  fer  (GoFeAs.S). 

2^  Minerais  oxygénés,  —  Les  principaux  minerais  oxygénés 
sont  Vhétérogénite  (Go^O^  +  6Aq),  teneur  =  57  0/0;  Téry- 
thrine  =  Go»  (AsO*)>  +  8Ag,  teneur  =  29,5  0/0,  et  Vasbolane, 
minerai  noir  contenant  du  cobalt  et  du  manganèse,  qui 
rentre  dans  la  catégorie  des  wads. 

Gisements.  —  On  a  vu  plus  haut  l'analogie  qui  existe 
entre  le  nickel  et  le  cobalt  au  point  de  vue  de  leurs  pro- 
priétés. Gette  analogie  se  retrouve  dans  les  gisements,  qui 
sont  la  plupart  du  temps  à  la  fois  cobaltifères  et  nické- 
lifères;  ils  se  présentent  soit  sous  forme  d'inclusions  dans 
les  péridotites,  les  serpentines  et  les  paléopicrites  avec  mine- 
rais oxydés  superficiels  (paléopicrite  de  DiUenbttrg  dans  le 
Nassau,  tenant  de  0,16  à  0,67  de  nickel,  associé  à  du  cobalt, 
du  cuivre  et  du  bismuth),  soit  à  Tétat  de  sulfure  et  d'arsénio- 
suifure  en  contact  avec  les  gabbros  oulesdioriles  (gttes  de  la 
yoHvellC'Calédonie  eideDobsina  en  Hongrie),  soit  encore  sous 
forme  de  remplissage  dans  des  filons  complexes  souvent 
argentifères. 

Allemagne.  —  Le  cobalt  se  présente  parfois  à  Tétat  de  smal- 
tine et  de  mispickel  cobaltifère,  associés  à  des  sulfures 
'chalcosine,  phillipsite,  etc.)  avec  gangue  de  barytine  ou  de 
calcite  dans  des  filons-failles  (rûcken)  recoupant  des  schistes 
cuivreux.  On  rencontre  des  gisements  de  ce  genre  au  Mans> 
feld  {Gerbstadt  sangerhaiiser)  et  au  Thuringerwald  {Riechels- 
dorf)y  où  la  smaltine  est  accompagnée  de  cobaltine  et  de 
chloantite.  A  Gluchsbrunn  et  à  Camsdorf,  on  trouve  la  smal 
tine  et  la  cobaltine  dans  les  grès  blancs  du  mur,  et  le  cobal 


MINÉRAUX    EMPLOYÉS    DANS    LES   INDUSTRIES   DIVERSES   493 

oxydé  noir,  dans  les  calcaires  du  toit.  Dans  la  Hesse,  à  Bie^ 
ber,  les  micaschistes  et  le  zechstein  renferment  des  filons  et 
des  nids  de  cobaltine  et  de  sroaltine  avec  bismuth  natif,  etc. 

On  trouve  dans  les  granités  et  dans  les  gneiss  de  TErzge- 
birge  saxon  {Schneeberg,  MarienbergfAnnabergetJoachimsthal 
des  filons  à  gangue  quartzeuse  ou  bary tique;  ces  filons  sont 
peu  puissants  et  s'appauvrissent  en  profondeur;  ils  con- 
tiennent de  la  smaltine,  de  la  nickeline  et  du  bismuth 
natif,  associés  à  des  minerais  d'argent  (argent  rouge,  argy> 
rose,  argent  natif). 

La  production  de  l'Allemagne  a  été,  en  1894.  de  4.524  tonnes 
de  minerai  de  cobalt  avec  nickel  et  bismuth.  En  1807,  In 
production  est  tombée  à  3.356  tonnes,  avec  une  valeur  de 
1 .457.595  francs. 

Espagne.  —  On  trouve  des  oxydes  noirs  de  cobalt  à  15  0  0 
en  filons  dans  le  trias  (doloinies)  et  dans  le  calcaire  carboni- 
fère aux  confins  des  provinces  de  Léon  et  d'Oviedo.  A  Gis- 
tain,  province  de  Huesca,  on  a  exploité  des  arséniosulfures 
de  nickel  et  de  cobalt  à  12  0/0  de  cobalt,  avec  gangue  de  cal- 
clte,  dans  des  filons  peu  étendus,  situés  au  contact  de  schistes 
siluriens  et  de  calcaires  dévoniens  en  relation  avec  des 
porphyres.  On  peut  citer  encore  les  minerais  de  cobalt 
de  Guadalcanal  (Andalousie)  et  ceux  de  la  Sierra  Cabrera 
(milliérite  et  nickeline,  dans  le  calcaire  carbonifère. 

Angleterre.  —  On  a  exploité  autrefois,  dans  le  Cornvall,  lo 
cobalt  associé  au  bismuth  {Gwennap)  ou  au  cuivre  (Wheal 
Trugo),  Aujourd'hui,  on  exploite  encore  des  oxydes  noii^  do 
cobalt  en  grains  (à  1  0/0  de  cobalt)  accompagnés  d'oxyde  de 
fer  et  de  manganèse,  dans  des  poches  de  calcaire  carbonifère, 
à  Voel  Hiraddog,  dans  le  Flintshire. 

Russie.  —  En  Russie,  on  connaît  les  gisements  de  cobalt 
d&  Hi^ni-TaguiL  (Oural)  et  de  Daschkessan  près  d'Ielisawctpoi 
(Caucase),  où  Ton  trouve  le  cobaltdansdes  lentilles  au  milieu 
de  magné ti te. 

Scandinavie.  —  Sonvège.  —  Le  principal  gite  de  Norwège  es( 
celui  de  Skutterud,  au  nord  de  Drammcn,  où  l'on  exploite, 
depuis  plus  d'un  siècle,  du  cobalt  gris  souvent  cristallisé,  à 
33  0/0,  et  de  la  cobaltine  à  6  ou  7  0.  0.  Ces  minerais  sont 
luéltingés  à  des  sulfures  de  fer  et  de  cuivre  à  l'état  d'impré- 


494  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

gaations  lenticulaires  au  milieu  de  quarlziles,  de  schistes 
amphiboliques  et  de  micaschistes.  On  trouve  là  des  fahl^ 
bandes  cobaltifères  analogues  à  celles  de  Kongsberg  et  aux 
brandes  de  Schladming;  la  puissance  de  ces  fahibandes  varie 
de  100  à  200  mètres,  sur  plusieurs  kilomètres  de  longueur. 
Ce  sont  des  gisements  anciens  traversés  par  des  filons  de 
granulite. 

La  production  de  la  Norwège  a  été,  en  1890,  de  2.600  kilo- 
grammes de  cobalt  métal,  représentant  une  valeur  de 
36.450  francg. 

En  1893,  cette  production  s'est  élevée  à  5.000  kilogrammes, 
valant  81 .000  francs. 

Suède,  --  Près  de  la  mer  Baltique,  à  Timnaberg,  au  sud  de 
Nykôping,  on  a  exploité  des  nids  de  cobaltine  à  37  0/0,  avec 
pyrrhotine,  smaltine  et  pyrite  de  cuivre;  le  gisement  se 
trouve  dans  un  banc  de  calcaire  saccharoïde,  au  milieu  des 
gneiss  gris. 

A  Gladhamar,  au  sud  de  Westerwik,  le  cuivre  et  le  cobalt 
sont  associés  dans  des  couches  ramifiées,  que  Ton  trouve 
dans  des  leptynites,  sur  une  longueur  de  2  kilomètres  ;  les 
principales  mines  sont  celles  de  Bonde  (cobalt,  nickel,  blende 
et  galène),  Svensk,  Odelmark  (cobalt  blanc  et  sulfure  de 
cobalt).  On  peut  citer  encore,  en  Suède,  les  mines  de  Vehna 
près  d'Ôrebro,  celles  de  Knut  et  la  mine  Baggen, 

La  production  de  Toxyde  de  cobalt,  en  Suède,  a  atteint 
1.580  kilogrammes  en  1894. 

Indes.  —  On  trouve  aux  Indes  de  nombreux  gîtes  de 
cobalt  dans  les  mines  de  cuivre  de  Rabai  et  de  Bagor;  le 
minerai  exploité  dans  ces  mines  est  de  la  cobaltine,  qui  sert 
à  la  coloration  en  bleu  des  émaux  d'Orient. 

Afrique,  —  On  exploite  du  cobalt  en  veines  lenticulaires 
au  contact  d'un  porphyre  et  d'une  dolérite,  au  Transvaal 
(fleuve  Oliphant). 

États-Unis.  —  Aux  États-Unis,  on  exploite  les  gîtes  de 
Finksburgy  Minerai  Hill  (Maryland),  de  Chatam  (Connec- 
ticut),  etc.,  qui  se  trouvent  au  milieu  de  micaschistes,  et  ceux 
de  la  Motte  (Missouri),  de  Camden  (New-Jersey)  et  ceux  du 
Colorado,  situés  dans  les  rhyoliles. 

La  production  du  cobalt,  aux  États-Unis,  a  été,  en  1896, 


MINÉRAUX.   EMPLOYÉS    DANS    LES    INDUSTRIES   DIVERSES  495 

de  5.817  kilogrammes  d*oxyde,  valant  86.570  francs,  et,  en 
1897,   de  8.754  kilogrammes  valant  I6i.050  francs. 

Nouvelle-Calédonie.  —  La  Nouvelle-Calédonie  produit,  en 
même  temps  que  du  nickel,  une  certaine  quantité  de  cobalt. 

En  1894,  elle  a  produit  4.112  tonnes  de  minerai  de  cobalt, 
associé  au  manganèse  dans  des  vasques  argileuses,  ce  qui 
représente  une  valeur  de  287.840  francs. 

En  189v>,  la  production  a  été  de  4.823  tonnes  de  minerai 
de  cobalt. 

Les  exploitations  de  cobalt  les  plus  importantes  de  la 
Nouvelle-Calédonie  sont  celles  de  Nakety,  de  la  baie  (TUqué, 
de  la  baie  Laugier  et  de  Vile  Belep, 

Le  minerai  exploité  est  un  oxyde  manganésifère,  dont  la 
teneur  en  cobalt  n'est  que  de  5  0/0  environ. 

Gisements  divers.  —  A  Markirch  (Vosges)  et  à  Schiltback 
(Forêt  Noire),  on  trouve  des  gisements  analogues  à  ceux 
de  la  Saxe.  A  Re^cdansk^  près  d'Ekatérinenbourg  (Oural),  on 
exploite  des  filons  quartzeux,  contenant  du  cobalt  associé 
à  du  nickel  et  à  du  bismuth  {Schladming  en  Styrie,  le  val 
d'Annivier  dans  le  Valois,  le  pas  de  Paschietto  sur  la  Sarda, 
et  Cntvin  dans  le  Piémont). 


BIBU06RAPHIE   DU   GOBALT 


1876.  Lœw,   On  the  erupt  rocks  of  Colorado  {Geological  Survey^ 
p.  269). 

1881.  Mallet,    On  Coballite  ami  Danaite  from  the  Khetri   mine 

{Records  of  the  Geological  Survey  of  India^  t.  XIV,  p.  190; 
Calcutta). 

1882.  Le  Neve  Poster,  On  the  occurence  of  Cobalt  ore  in  Flint- 

shire  {Trans.  R.  G.  S.  of  Coniwall). 
1888.  Schmidt,  Neues  Jahr.  f,  Min.^  p.  45. 


406  (iÉOLOtilE    APPLIQUÉE 


POTASSIUM  ET  SELS  DE  POTASSE 

Propriétés  physiques.  —  Le  potassium  est  un  métal  d'un 
blanc  d'argent  éclatant,  se  ternissant  rapidement  à  Tair. 
Solide,  cassant  à  0°,  mou  et  malléable  comme  la  cire  à  15^,  il 
fond  à  62^,5  et  distille  au  rouge  en  émettant  des  vapeurs  de 
couleur  verte. 

Propriétés  chimiqaes.  —  Le  potassium  s'oxyde  à  froid 
dans  Pair  sec  et  s'altère  rapidement  dans  Tair  humide,  en  se 
couvrant  d'une  couche  blanche  d'hydrate  alcalin  et  en 
s'échaufîant  jusqu'à  pouvoir  s'enflammer,  s'il  est  en  lamés 
minces. 

Chauffé  au  contact  de  l'air,  il  brûle  avec  une  flamme  vio- 
lette. Son  extrême  altérabilité  oblige  à  le  conserver  dans  de 
l'huile  de  naphte. 

Usages.  —  Le  potassium,  en  raison  de  sa  grande  afûnité 
pour  l'oxygène,  est  employé  pour  la  réduction  d'un  grand 
nombre  de  composés  oxygénés,  tels  que  les  acides  carbo- 
nique, borique  et  silicique,  etc.  Dans  les  laboratoires,  il  sert 
à  l'analyse  de  plusieurs  gaz  composés  contenant  de  l'oxygène, 
ainsi  qu'à  la  décomposition  de  l'eau.  La  violence  avec  laquelle 
ce  corps  réagit  rend  son  maniement  dangereux  et  lui  fait 
préférer  le  sodium,  dont  l'équivalent  est  plus  faible  et  le  prix 
moins  élevé. 

Composés.  —  Hydrate  de  potasse.  —  Potasse  caustique,  —  Le 
corps,  appelé  dans  le  commerce  potasse  à  la  chaux,  et  en 
médecine,  lorsqu'il  est  coulé  en  bâtons,  pierre  à  cautères^  est 
un  caustique  énergique  qui  ramollit  la  peau  et  la  dissout  peu 
à  peu.  On  l'utilise  pour  établir  des  cautères,  et,  dans  les 
laboratoires,  il  est  employé  pour  précipiter  les  oxydes  inso- 
lubles. 

Pentasulfare  de  potassium.  —  Le  pentasulfure,  appelé /'oi^ 
de  soufre,  est  employé  en  médecine.  On  l'administre  en  bains, 
sous  le  nom  de  bains  de  Barèges  artificiels,  pour  le  traite- 
ment des  maladies  de  la  peau. 

Chlorure  de  potassium.  —  Ce  chlorure  est  employé  dans 
l'industrie  pour  la  fabrication  de  l'azotate  de  potasse.  Il  sort 


MINÉRAUX   EMPLOYÉS    DANS   LES    INDUSTRIES    DIVERSES   497 

également  à  préparer  le  sulfate  de  potasse.  L'agriculture 
remploie  avantageusement  comme  engrais  pour  la  culture 
des  céréales. 

Bromure  de  potassium,  —  Le  bromure  est  utilisé  en  méde- 
cine contre  les  fièvres,  la  migraine,  et  comme  sédatif  du 
système  nerveux. 

lodure  de  potdssium.  —  L^iodure  est  très  employé  en  méde- 
cine dans  le  traitement  des  maladies  scrofulcuses  et  syphi- 
litiques. 

On  remploie  aussi  en  photographie. 

Cyanure  de  potassium,  —  Le  cyanure  est  employé  en 
grandes  quantités  dans  la  galvanoplastie. 

Carbonate  de  potasse.  —  Le  carbonate  de  potasse  est  la 
potasse  du  commerce.  Il  est  employé  à  Tétat  brut  pour  la 
transformation  de  Tazotate  de  chaux  en  azotate  de  potasse. 
RafQné,  il  sert  à  la  fabrication  de  la  verrerie  de  Bohème,  de 
la  cristallerie  et  des  verres  d'optique  ;  il  entre  dans  la  prépa- 
ration du  bleu  de  Prusse,  des  cyanures  et  des  silicates. 
Rendue  cantique,  sa  solution  sert  au  blanchiment  des  toilos, 
au  dégraissage  des  tissus,  au  nettoyage  du  bois  des  planchers 
et  des  peintures  sur  le  bois  et  sur  les  murailles;  elle  entre 
aussi  dans  la  fabrication  des  savons  mous,  de  Teau  de  javel 
et  du  chlorate  de  potasse. 

Sulfate  de  potasse.  —  Le  sulfate  est  utilisé  pour  la  prépa- 
ration du  carbonate  de  potasse  et  pour  celle  de  Talun. 

Azotate  de  potasse.  —  L'azotate,  appelé  aussi  nitre  ou 
salpêtre,  est  surtout  employé  pour  la  fabrication  de  la  poudre, 
et  entre  dans  la  plupart  des  mélanges  usités  pour  les  feux 
d'artifice. 

Chlorate  de  potasse.  —  Le  chlorate  entre,  comme  le  sel 
précédent,  dans  la  composition  des  feux  employés  en  pyro- 
technie; il  forme  des  poudres  qui  sont  trop  brisantes  pour  être 
employées  dans  les  armes  de  guerre,  mais  qui  sont  utilisées 
dans  les  mines.  Il  sert  à  la  fabrication  des  allumettes  à  phos- 
phore amorphe  et  il  entre  aussi  dans  la  p<lte  des  allumettes 
sans  phosphore.  Il  sert  à  la  confection  des  amorces.  Enfin, 
en  médecine,  on  l'administre  en  solution  ou  en  pastilles 
contre  les  affections  de  la  bouche  et  de  la  gorge. 

Hyposul/ite  de  potasse.  —  L'hyposullite  est  employé  comme 

Gf.OLOOlE.  32 


498  GÉOLOGIE   APPLIQUEE 

décolorant  et  désinfectant  énergique.  Il  entre  dans  la  compo- 
sition de  l'eau  de  javel. 

Silicate  de  potasse  ou  verre  soluble,  —  Les  bois  ei  les  tissus 
imprégnés  d'une  dissolution  bouillante  de  silicate  de  potasse 
se  consument  lentement  et  sans  flamme,  si  on  les  allume. 

Cette  précieuse  propriété  a  été  mise  à  profit  dans  quelques 
théâtres  pour  empêcher  la  propagation  des  incendies. 

La  même  dissolution  peut  être  employée  pour  la  conser- 
vation des  statues  et  des  ornements  taillés  dans  les  pierres 
tendres,  ainsi  que  pour  la  réparation,  par  le  collage,  du 
marbre,  de  la  porcelaine  et  même  des  verres  et  des  cristaux. 

La  pâte  résultant  d'un  mélange  à  froid  de  craie  en  poudre, 
délayée  avec  une  dissolution  de  silicate  dé  potasse,  constitue 
un  excellent  ciment  hydraulique,  qui  adhère  fortement  à  la 
surface  des  pierres. 

Minerais.  —  On  trouvera  ci-dessous  la  liste  des  principaux 
minerais  de  potassium  que  l'on  rencontre  à  l'état  naturel. 
Ces  minéraux  complexes  coexistent  dans  les  gisements,  avec 
des  composés  de  métaux  alcalins  et  alcalin o- terreux,  et 
peuvent  difficilement  être  séparés  les  uns  des  autres. 

10  Polyhalite,  —  Sulfate  triple  de  chaux,  de  magnésie  et  de 
potasse  hydraté  [(Ca.Mg.K»)  O.S03+1/2H20]. 

2<»  Camallite,  —  Chlorure  double  de  magnésium  et  de 
potassium  (K.Cl,Mg.Cl*,6H"^0)  ;  on  y  trouve  du  caîsium,  du 
rubidium  et  du  thallium. 

3^  Kaïnite.  —  Mélange  de  sulfate  de  magnésie  et  de 
chlorure  de  potassium  hydraté  (KCl  +  2MgO.S03  +  6H0). 

i^  Sylvinite.  —  Chlorure  de  potassium  pur  (KCI);  on  y 
trouve  du  rubidium  et  du  cœsium. 

5«  Schônite.  —  Sulfate  double  de  potasse  et  de  magnésie 
(KO.SO^  +  MgO.S03  _|_  6H0). 

Gisements.  —  Laissant  de  côté  les  composés  du  potassium 
tirés  des  végétaux  et  des  matières  animales  par  incinéra- 
tion et  lessivage  (potasse  d'Amérique  et  de  Russie),  on  étu. 
diera  le  célèbre  gisement  de  Stassfurt,  en  Allemagne,  qui 
fournit,  avec  les  eaux  de  marais  salants  (procédé  Balard)  une 
quantité  considérable  de  produits  potassiques  et  magnésiens. 

On  a  parlé,  au  chapitre  précédent,  des  gisements  d'azotate 
de  potasse  du  Pérou  ;  on  ne  reviendra  pas  ici  sur  cette  étude. 


MINÉRAUX   EMPLOYÉS   DANS    LES    INDUSTRIES    DIVERSES   499 

Gisements  de  Stassfurt.  —  Les  minerais  de  potassium  se 
trouvent  associés  au  chlorure  de  sodium  et  à  divers  autres 
minéraux,  dans  les  mines  de  sel  de  Stassfurt  (Allemagne). 
Le  célèbre  gisement  salifère  de  Stassfurt-Anhalt  se  trouve 
dans  la  partie  supérieure  du  zechstein,  entre  Magdebourg  et 
Halberstadt,  au  nord  du  Mansfeld.  Le  sondage  de  Sperenberg, 
près  de  Potsdam,  est  parvenu,  dans  ce  gisement,  à  une  pro- 
fondeur de  1.270  mètres,  sans  rencontrer  le  mur  d*une  couche 
de  sel  atteinte  à  90  mètres  de  profondeur. 

Le  bassin  de  llagdebourg-Halberstadt  est  constitué  par  des 
grès,  des  calcaires  ei  des  schistes  bitumineux  qui  appar- 
tiennent au  permien  (zechstein  supérieur).  A  Stassfurt,  au- 
dessous  d'une  couche  de  sel  ré^wit  et  de  schistes  bitumi- 
neux avec  calcaires  oolithiques  bitumisyBux  (rogenstein),  on 
trouve  une  couche  de  gypse  et  d^anhydrife;  puis  on  traverse 
trois  zones  de  sel  gemme  chargé  de  sulfates  et  do  chlorures 
(170  mètres).  On  arrive  enfin,  en  profondeur,  au  se!  gemme 
pur  ancien  (qui  a  plus  de  330  mètres  d'épaisseur).  En 
quelques  points  les  couches  se  succèdent  moins  régulière- 
ment; certaines  d*entre  elles  disparaissent  dans  des  acci- 
dents. 

Zone  profonde.  —  Groupe  du  sel  gemme.  —  On  n'a  pas 
atteint  le  mur  de  la  zone  profonde,  qui  est  composée  de  sel 
gemme  pur  (densité  :  2,16),  contenant,  à  Stassfurt,  97  0/0  de 
chlorure  de  sodium  avec  de  minces  filets  d'anhydrite,  et  de 
Thydroboracite;  le  sel  gemme  pur  est  incolore;  on  le  trouve 
en  masses  compactes,  cristallines,  non  stratifiées.  On  ren- 
contre, comme  variétés,  le  sel  fibreux  et  le  sel  gemme  coloré 
en  jaune  par  du  chlorure  de  fer.  On  trouve,  dans  la  masse, 
des  carbures  d'hydrogène  gazeux  inflammables. 

La  présence  de  cristaux  d'anhydrite  en  veines  souvent 
bitumineuses  rend  ce  sel  impropre  aux  usages  domestiques 
malgré  sa  pureté. 

A  la  surface  de  cette  zone,  on  trouve  des  aiguilles  d'hydro- 
boracite. 

Zone  de  la  polyhalite,  —  La  zone  moyenne  renferme  de  la 
polyhalite  et  du  chlorure  de  magnésium  (35  mètres  de  puis- 
sance). On  passe  insensiblement  de  la  première  zone,  dont  la 
partie  supérieure  renferme  déjà  du  sel  très  magnésien  déli- 


500  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

quescent  et  amer,  à  la  seconde  zone,  où  la  polyhalite  rem- 
place Tanhydrite.  La  polyhalite,  en  petites  couches  de  2  à 
3  centimètres  d'épaisseur,  est  grise  (D  r=:  2,62).  L'anhydrite 
et  la  polyhalite  représentent  7,3  0/0  de  la  masse  du  sel 
impur  (91  0/0  de  NaCl),  qui  est  inutilisable,  de  même  que  la 
polyhalite,  d'où  Ton  ne  peut  pas  extraire  le  sulfate  de  potasse 
(30  0/0). 

Zone  de  la  kiésérite,  —  La  zone  supérieure  contient  de  la 
kiésérite  (25  mètres  de  puissance)  (MgOSO^  4-  HO).  A  la  base 
de  cette  zone,  on  trouve  du  sel  magnésien,  puis  de  la  kiésérite 
qui,  plus  haut,  se  mélange  à  de  la  carnallite  ;  enfin,  au  dessus, 
on  trouve  des  rognons  de  stassfurtite.  La  kiésérite,  en  couches 
de  25  à  30  centimètres  d'épaisseur,  alternant  avec  les  couches 
de  sel  gemme,  est  ou  amorphe,  ou  cristallisée  (prismes  cli- 
norhombiques)  ;  elle  est  à  demi  transparente  et  d'une  cou- 
leur grisâtre;  elle  ternit  à  l'air, puis  devient  déliquescente  et 
se  transforme  en  epsomite  (sulfate  de  magnésie  hydraté). 

Zone  supérieure,  —  Le  groupe  supérieur  est  le  gisement 
principal  des  minerais  de  potasse  ;  il  contient  de  la  carnal- 
lite avec  de  la  kaïnite  et  de  la  sylvinite  (42  mètres).  La  car- 
nallite, ou  kalisalz  (D  =  1,68),  est  un  chlorure  double  de 
potassium  et  de  magnésium  à  texture  grenue  ;  elle  est  blanche 
et  transparente  à  l'état  pur;  mais  elle  est,  en  général,  colorée 
en  jaune  ou  en  rouge  brique.  On  la  trouve  en  couches  stratifiées 
(2  mètres  au  maximum),  qui  alternent  avec  le  sel  gemme  et 
la  kiésérite.  Elle  se  dédouble  en  présence  de  l'eau,  et  le 
chlorure  de  magnésium  se  dissout  seul.  On  trouve,  dans  la 
carnallite,  de  l'oxyde  de  fer,  du  rutile,  de  la  boracite,  de 
l'alun,  de  la  pyrite  et  de  l'anhydrite  en  cristaux  microsco- 
piques. La  carnallite  est  accompagnée  d'autres  minéraux, 
parmi  lesquels  on  peut  citer  :  1°  la  kaïnite,  employée  comme 
engrais  potassique,  substance  jauno,  transparente  (D  =  2,13  ), 
qui  est  fréquente  surtout  dans  la  mine  d'Anhalt  et  qui  se 
dédouble  à  l'air  humide  en  chlorure  de  magnésium  et  en 
sulfate  double  de  magnésie  et  de  potasse;  —  2»  la  sylvine 
(chlorure  de  potassium),  que  l'on  trouve  à  Anhalt  en  rognons 
et  à  Stassfurt  en  druses  (D  z=:  2)  ;  —  3»  la  stassfurtite,  sel 
double  de  borate  de  soude  et  de  chlorure  de  magnésium, 
que   l'on  trouve  en   cristaux  cubiques  ou   en   rognons  de 


MINÉRAUX    EMPLOYÉS   DAKS    LES   INDUSTRIES    DIVERSES    501 

plusieurs  kilogrammes,  entourés  de  sel  gemme  et  de  tachy- 
drite;  —  4<»  la  tachydrite  (chlorure  double  de  calcium  et  de 
magnésium),  très  déliquescente  et  très  soluble,  qui  est  une 
carnallite  dans  laquelle  le  calcium  est  substitué  au  potassium. 

EnOn^à  la  partie  supérieure  (toit)  du  gisement,  au-dessus 
des  argiles  salifères  de  Tanhydrite  et  du  gypse,  on  trouve  une 
puissante  couche  de  sel  gemme,  elle-même  recouverte  d'argiles 
salifères,  avec  du  sel  gemme  impur  coloré,  et  parfois  avec 
de  la  glaubérite. 

Dans  le  Traité  des  gîtes  minéraux  de  MM.  Fuchs  et  De  Lau- 
nay.  Ton  trouvera,  exposée  en  détail,  la  théorie  de  la  genèse 
du  bassin  de  Stassfurt,  d'après  Dieulafait,  Bischof  et  Ochsenius. 

On  peut  admettre  que  la  formation  du  bassin  est  due  à  Téva- 
poration  lente  d^une  immense  lagune,  restée  longtemps  en 
communication  avec  la  mer  par  un  canal  étroit,  qui  a  amené 
des  quantités  énormes  de  chlorure  de  sodium  (analogie  avec 
la  mer  Caspienne  et  les  étangs  du  delta  du  Rhône).  La  ferme- 
ture accidentelle,  puis  la  réouverture  du  canal,  combinées  avec 
Térosion  des  falaises  argileuses,  servent  à  expliquer  les  dépôts 
de  sulfate  de  chaux  et  la  formation  des  argiles  salifères.  En 
réalité,  on  ne  peut  qu'émettre,  sur  cette  formation,  une  série 
d'hypothèses  vraisemblables,  appuyées  sur  des  observations 
pratiques  et  sur  des  expériences  de  laboratoire;  le  mécanisme 
véritable  de  la  formation  du  bassin  res  e  jusqu'à  présent  énig- 
matique. 

Produits  de  Stassfurt.  —  Le  sel  gemme  de  Stassfupt,  étant 
mélangé  d'anhydrite,  est  surtout  vendu  pour  les  usages  indus- 
triels (Fabriksalz),  pour  le  bétail  (  Vichsalz)  et  comme  engrais 
(Leckstein). 

La  ka'inite,  qui  renferme  de  la  potasse,  sert  d'engrais.  On  en 
extrait  du  sulfate  de  potasse. 

Le  hartsalz  (mélange  de  sylvinite,  de  kiésérite,  de  sel  gemme 
et  d'anhydrite)  est  vendu  comme  engrais. 

1^  carnallite  sert  à  l'extraction  du  chloinire  de  potassium 
et  à  la  fabrication  du  sulfate  de  soude. 

Les  résidus  de  triage  sont  vendus  comme  engrais  ou 
comme  réfrigérants. 

La  kiésérite  est  vendue,  en  général,  à  l'état  de  mélange 
avec  la  carnallite. 


502  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

La  stassfurtUe  fournit  de  l'acide  borique  et  du  borax.  Des 
eaux  mères  traitées  par  le  chlore,  on  extrait  du  brome. 
Les  engrais  potassiques  de  Stassfurt,  riches  en  sel  marin, 
employés 'à  la  dose  de  200  à  300  kilogrammes  par  hectare, 
sont  d'un  bon  effet,  pourvu  qu'ils  soient  débarrassés  du  chlo- 
rure de  magnésium,  qui  est  dangereux  pour  la  végétation. 

L'Allemagne  est  à  peu  près  le  seul  pays  producteur  de  la 
potasse  extraite  de  gisements  minéraux.  La  Russie  et  l'Araé- 
rique  en  produisent  de  grandes  quantités,  mais  qui  sont 
extraites  du  lessivage  des  cendres  de  bois. 

Production  de  Stassfurt.  —  Kaïnite,  995.821  tonnes  valant 
i7.481. 020  francs. 

Autres  sels  de  potasse,  950.367  tonnes  valant  15.099.240  fr. 


BIBLIOGRAPHIE  DU  POTASSIUM 


1865.  De  Selle,  De  la  saline  de  Stassfurt  {Cuyper,  t.  XVII,  p.  34). 
1865.  Fuchs,  Mémoire  sur  Stassfurt  {Annales 'des  Mines,  6'  série, 

t.  VllI). 
1872.  Exploitation  d'un  gisement  de  chlorure  de  potassium  àKalut 

en  Galicie  [Cuyper^  t.  XXXI,  p.  174). 
1888.  Janet,  Sur  le  traitement   industriel  des  sels  de   Stassfurt 

{Annales  des  Mines,  8*  série,  t.  XIV,  p.  479). 


MINÉRAUX   EMPLOYÉS   DANS   LES    INDUSTRIES    DIVERSES    503 


SODIUM 

Propriétés.  —  Le  sodium  est  un  métal  blanc  et  brillant 
comme  Targent,  mais  dont  Téclat  s'altère  rapidement  à  Tair 
humide,  par  la  formation  d'une  couche  blanche  et  terne 
d'hydrate  de  soude.  A  la  température  ordinaire,  il  est  mou  et 
malléable  comme  de  la  cire  ;  au-dessous  de  0*»,  il  durcit  et 
devient  cassant.  Sa  densité  est  de  0,970.  Il  fond  à  9^**^  et 
distille  au  rouge  vif. 

II  cristallise  en  octaèdres  quadratiques  ;  à  une  température 
élevée,  il  brûle  avec  une  flamme  jaune  caractéristique,  en 
donnant  du  protoxyde  et  du  peroxyde  de  sodium.  Le  sodium 
est  bon  conducteur  de  la  chaleur  et  de  l'électricité;  ses  réac- 
tions sont  moins  énergiques  que  celles  du  potassium,  et  il  est 
plus  facile  à  manier  que  ce  métal. 

Usages.  —  On  emploie  le  sodium  comme  réducteur  dans 
la  métallurgie  de  l'aluminium  et  du  magnésium  et  dans  la 
préparation  du  bore  et  du  silicium. 

La  soude  caustique  y  ou  hydrate  de  soude,  est  employée  dans 
la  fabrication  des  savons.  Elle  ramollit  la  peau  et  la  dissout. 
On  la  désigne  sous  le  nom  de  soude  à  la  chaux  ou  soude  à 
l'alcool,  suivant  son  mode  de  préparation. 

Production  du  sodium  métallique.  —  On  produit  le  sodium 
métallique  principalement  aux  États-Unis,  dans  les  usines 
hydro-électriques  de  la  Niagara  Electro-Chemical  C°,  h  Nia- 
gara Falls;  en  Angleterre,  à  Oldbury  (Aluminium  C*>);  et  dans 
trois  usines  allemandes  dans  lesquelles  on  emploie  le  pro- 
cédé électrolytique  Gastner.  Le  prix  du  sodium  métallique, 
à  New- York,  variait  de  4  à  5  francs  la  livre  anglaise  de 
450  grammes,  en  1897.  Pour  de  grosses  commandes,  on 
traitait  à  2  fr.  60. 

Alliages.  —  Au-dessus  de  300<>,  le  sodium  absorbe  l'hydro- 
gène et  forme  avec  lui  un  alliage  (Na*H),  mou  à  la  tempéra- 
ture ordinaire,  plus  fusible  et  plus  brillant  que  le  sodium. 

Avec  le  mercure,  le  sodium  forme  un  amalgame  appelé 
amalgame  de  sodium,  très  employé  comme  réducteur  en  chi- 
mie organique. 


:::. 


504  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Les  alliages  de  potassium  et  de  sodium  sont  extrêmement 
fusibles. 

Le  sodium  peut  encore  former  des  alliages  avec  Tantimoine, 
Tarsenic,  le  bismuth,  Tétain,  le  fer  et  le  plomb. 

Composés.  —  Chlorure  de  sodium  (sel).  —  Le  chlorure  de 
sodium  est  un  des  corps  les  plus  répandus  dans  la  nature  ;  il 
existe,  en  couches  abondantes  dans  le  sein  de  la  terre  (sel 
gemme),  ou  en  dissolution  dans  les  sources  salées  et  dans 
Peau  de  mer  (lacs  salés,  marais  salants).  Il  est  employé  dans 
la  préparation  des  aliments  et  pour  la  conservation  des 
viandes  et  autres  denrées.  On  l'emploie  aussi  en  agriculture 
et  pour  rélevage  des  bestiaux. 

L'industrie  en  consomme  de  grandes  quantités  pour  la 
fabrication  de  Tacide  chlorhydrique,  du  sulfate  et  du  car- 
bonate de  soude,  pour  le  vernissage  des  poteries  et  des 
grès,  etc. 

Hypochlorite  de  soude.  —  En  mélangeant,  à  équivalents 
égaux,  de  Thypochlorite  de  soude  et  du  chlorure  de  sodium, 
on  obtient  la  liqueur  de  Labarraque^  analogue  à  Teau  de  Javel 
et  utilisée,  de  même  que  ce  produit,  comme  désinfectant  et 
comme  décolorant. 

Carbonate  de  soude.  —  Les  carbonates  impurs  ou  soudes 
du  commerce  sont  désignés,  suivant  leur  provenance,  sous  le 
nom  de  soudes  naturelles  ou  de  soudes  artificielles. 

Les  soudes  naturelles  proviennent  de  Tincinération  des 
plantes  marines  (salicornes,  salsola,  barilles),  qui  contiennent 
de  la  soude,  combinée  à  des  acides  organiques.  Sous  Faction 
de  la  chaleur,  les  cendres  de  ces  végétaux  à  demi  fondues  se 
transforment  en  une  masse  brune,  qui  contient  de  15  à  25  0/0 
de  carbonate  de  soude  sec. 

Les  soudes  artificielles  qui,  aujourd'hui,  ont  presque  entiè- 
rement remplacé  les  soudes  naturelles,  sont  préparées  soit 
d'après  le  procédé  Leblanc  (sulfate  de  soude,  craie  et  char- 
bon chaufTés  ensemble),  soit  d'après  le  procédé  à  l'ammo- 
niaque. 

Le  carbonate  de  soude  est  employé  à  l'état  brut  dans  la 
fabrication  de  la  verrerie  commune.  Raffiné,  il  sert  à  la 
fabrication  des  glaces  et  de  la  verrerie  fine.  Les  cristaux 
de  soude  servent  dans  le  blanchiment,  dans  la  teinture, 


MINÉRAUX    EMPLOYÉS   DANS    LES    INDUSTBIES    DIVERSES    50K 

dans  la  préparation  des  sulfites  et  des  hyposulfites  de 
soude,  dans  la  transformation  de  Tacide  borique  en  borax. 
Rendue  caustique  par  la  chaux,  la  soude  brute  est  employée 
à  la  fabrication  des  savons  durs. 

Bicarbonate  de  soude.  —  Le  bicarbonate  de  soude,  qui 
existe  dans  certaines  eaux  minérales  (Vichy,  Carlsbad,  etc.) 
et  que  Ton  peut  préparer  en  faisant  passer  un  courant 
d'acide  carbonique  sur  des  cristaux  de  soude  concassés  en 
fragments,  est  utilisé  en  médecine  contre  la  gravelle  et 
diverses  autres  affections;  il  facilite  les  digestions  acides.  Il 
est  employé  pour  la  préparation  de  l'eau  de  Seltz  par  les 
particuliers. 

Sulfate  dt  soude,  —  Il  existe,  en  Espagne,  de  vastes  mines 
de  sulfate  de  soude  naturel.  On  trouve  aussi  ce  sel  dans 
certaines  eaux  minérales  et  dans  les  eaux-mères  des  marais 
salants. 

On  prépare  le  sulfate  de  soude  artificiellement,  en  décom- 
posant le  chlorure  de  sodium  par  Tacide  sulfurique.  On 
remploie  pour  la  fabrication  de  la  soude  arliOcielle  et  pour 
celle  du  verre  ordinaire.  On  s'en  sert  en  chimie  et  en  méde- 
cine. 

Hyposul/ite  de  soude,  —  L'hyposulfite  de  soude  est  un 
réducteur  énergique,  qui  dissout  le  chlorure,  le  bromure  et 
riodure  d'argent,  propriété  à  laquelle  il  doit  son  emploi  en 
photographie. 

Borate  de  soude.  —  Le  borate  de  soude  fondu  dissout  les 
oxydes  métalliques;  on  s'en  sert  pour  opérer  la  soudure 
des  alliages  d'or  ou  d'argent  et  pour  enlever  les  oxydes  qui 
se  forment  sur  les  surfaces  à  souder. 

On  l'utilise  pour  reconnaître,  à  l'aide  du  chalumeau,  la 
nature  du  métal  que  contient  un  oxyde.  Il  est  employé  pour 
la  fabrication  de  certains  verres,  pour  la  peinture  sur  porce- 
laine et  pour  l'émail  de  la  porcelaine  anglaise. 

Arséniate  de  soude,  —  L'arséniate  de  soude  est  utilisé  en 
médecine  contre  les  Qèvres  intermittentes  et  les  maladies 
scrofuleuses.  La  liqueur  de  Pearson  est  formée  de  5  centi- 
grammes d'arséniate  neutre  de  soude  pour  30  grammes  d'eau. 

Minerais.  —  Le  sodium  existe  en  grande  quantité  dans  la 
nature,  sous  forme  de  sel  gemme  (chlorure  de  sodium)  et 


506  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

<Vazotate  de  soude  ;  on  le  trouve  aussi  à  Télat  de  cryolite  ou 
fluorure  double  d'aluminium  et  de  sodium  (Voir  le  chapitre 
de  ï Aluminium), 

On  connaît  encore  les  minerais  de  sodium  suivants  : 

Le  glaubérite,  sulfate  double  de  soude  et  de  chaux  ; 

Le  boraxy  ou  borate  de  soude,  qui  sert  surtout  à  l'extraction 
du  bore  et  de  Tacide  borique,  et  le  sesquicarbonate  de  soude 
{2Na0.3C02  +  3H0)  ou  natron.  On  peut  citer  aussi,  malgré 
sa  rareté,  la  gaylussite,  carbonate  de  soude  et  de  chaux  que 
Ton  trouve  surtout  en  Amérique  {Nevada,  lac  Maracaïbo). 

On  ne  s'occupera  ici  que  du  sel  gemme,  de  la  glaubérite 
«t  du  natron. 


SEL  GEMBIE 

Usages.  —  Le  sel  gemme  est  indispensable  à  la  vie  de 
l'homme  et  des  animaux.  De  plus,  il  sert  d'engrais,  et  il  a  des 
applications  industrielles  importantes  pour  le  tannage  des 
peaux,  le  vernissage  des  poteries  et  surtout  pour  la  fabri- 
cation du  carbonate  de  soude  par  les  procédés  Leblanc  et 
Solvay.  Le  sel  pur  est  réservé  à  l'alimentation.  Le  sel 
industriel,  de  même  que  celui  qu'on  donne  aux  bestiaux, 
est  dénaturé  par  mélange  avec  de  la  naphtaline,  de  l'absinthe 
ou  de  l'oxyde  de  fer,  pour  éviter  l'impôt  considérable  qui 
frappe  le  sel  propre  à  l'alimentation. 

On  laissera  de  côté  l'industrie  des  marais  salants,  qui 
fournit  en  France  une  grande  partie  du  sel  consommé  (salines 
de  l'Ouest,  de  la  Provence  et  de  l'Algérie),  pour  étudier 
uniquement  le  sel  gemme  des  étages  géologiques,  que  l'on 
exploite  soit  comme  un  minerai  ordinaire,  par  abatage  en 
blocs  (Wieliczka,  en  Galicie,  Maros  Ujvar  et  Marmai'os,  en 
Hongrie),  quand  le  terrain  est  solide,  soit  par  dissolution,  en 
traçant  au  préalable  des  galeries  dans  la  couche  (Salzkam- 
mergut).  Enfin  on  peut  encore  faire  un  sondage  dans  les 
couches  salifères,  y  introduire  de  Feau  et  pomper  l'eau  salée 
(Lorraine,  Cheshire,  Se-Tchouan). 

Gisements.  —  Les  gisements  de  sel  se  sont  formés  par 
Tévaporalion  de  lagunes  maintenues  pendant  longtemps  en 


MINERAUX    EMPLOYÉS    DAN8    LES    LNDLSTRIES    DIVERSES    507 

communication  avec  la  mer  par  un  canal  étroit.  Ce  phéno- 
mène a  pu  surtout  se  produire  lors  de  plissements  et  de  dis- 
locations qui  ont  déplacé  les  eaux  sur  la  surface  des  con- 
tinents. 

Quand  il  y  a  évaporation  d^eau  de  mer,  il  y  a  d'abord  dépôt 
de  gypse  ;  aussi  trouve-t-on  le  sel  au-dessus  de  couches  de 
gypse;  on  rencontre  des  gisements  de  sel  principalement 
dans  les  terrains  contemporains  des  dislocations  qui  ont  mis 
les  minerais  métalliques  en  mouvement  :  cambrien  (Chine), 
silurien  (Indes  et  Amérique  du  Nord),  permo-trias  (Russie, 
Tyrol,  Lorraine,  etc.),  miocène  (Carpathes),  époque  actuelle 
(Caspienne,  Algérie  et  Chotts  de  Tunisie).  C'est  également 
dans  ces  terrains  que  Ton  rencontre  les  gisements  d'hydro- 
carbures, souvent  au  voisinage  du  gypse  et  du  chlorure  de 
sodium,  et  cette  décomposition  de  Teau  de  mer  est  un  des 
facteurs  de  la  formation  des  pétroles.  Nous  avons  pu  étudier 
tout  particulièrement,  et  même  découvrir  et  exploiter,  dans 
diverses  contrées,  un  certain  nombre  de  gisements  de  pétrole  ; 
nous  avons  été  ainsi  amené  à  présenter,  dans  le  chapitre 
des  Hydrocarbures,  une  explication  de  ces  phénomènes  qui 
ont  été  jusqu'ici  incomplètement  étudiés,  et  au  sujet  desquels 
de  nombreuses  hypothèses  ont  été  imaginées.  Cette  question 
est  une  des  plus  passionnantes  de  la  géologie,  à  cause  de 
Tobscurité  qui  entoure  les  conditions  si  diverses  de  forma- 
tion, de  dépôt  et  de  déplacement  des  hydrocarbures,  et  aussi 
à  cause  des  emplois  multiples  de  ces  produits  dans  l'indus- 
trie moderne. 

Les  sources  thermales  salées  empruntent  leur  salure  aux 
couches  qu'elles  traversent;  un  grand  nombre  de  géologues 
prétendent  même  que  le  sel  a  été  déposé,  dans  les  terrains 
où  on  le  trouve,  par  des  sources  chlorurées.  Tl  se  peut  que 
certains  gisements  de  sel  aient  été  formés  de  cette  façon  ; 
mais  les  phénomènes  actuels,  très  nets  et  parfaitement  cons- 
tatés, de  l'évaporation  des  mers,  et  la  nature  de  la  plupart  des 
gisements  de  sel  rendent  peu  probable  cette  dernière  hypo- 
thèse, au  moins  dans  un  grand  nombre  de  cas. 

Les  principaux  gisements  connus  sont  décrits  ci-dessous 
successivementd'après  leur  situation  géographique  :  France, 
Europe,  Asie,  Afrique,  Amérique. 


508  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Gisemciits  de  sel  en  France.  —  Lorraine.  —  Le  tableau  ci- 
dessous  rend  compte  de  la  succession  des  couches  salifères 
du  keuper  en  Lorraine,  près  de  Nancy,  dans  les  vallées  de 
la  Meurthe  et  du-  Sanon  : 

Marnes,  argiles  bariolées 

Bancs  de  dolooiie  jaune }  Keuper  supérieur. 

Gypse  non  salifére 

Dolomie 

Grès  fin  micacé }  Keuper  moyen. 

Marnes  avec  gypse  et  sel 

Dolomie i 

Couches  charbonneuses f  Keuper  inférieur. 

Lentilles  de  gypse  sans  sel  gemme.,  i 
Dolomie  inférieure  poreuse ) 

Muschelkalk. 

On  y  exploite  des  couches  lenticulaires  de  sel,  aplaties, 
régulières  et  peu  inclinées,  séparées  par  des  bancs  d'argile 
gypst*use  salée  et  réparties  en  deux  niveaux  :  le  niveau 
supt'rieur,  qui  est  le  seul  exploité,  comprend  à  Varangeville 
onze  couches  de  sel  (63  mètres),  dont  une  de  20 mètres  d'épais- 
seur, et  quatre  seulement  à  Einville-au-Jard  (10  mètres  au 
total)  ;  le  sel,  grisâtre  et  translucide,  contient  un  peu  d'ar- 
gile et  d'anhydrite;  les  couches  n'affleurent  nulle  part;  elles 
diminuent  rapidement  de  puissance  vers  Test  et  le  sud>est 
et  se  raccordent  probablement  au  nord  avec  celles  de  Dieuze 
ot  de  Vie.  Les  principales  mines  sont  celles  de  Rosières  et  de 
Saint-Nicolas  à  Varangeville,  de  Saint-Laurent  à  Einville  où 
l'on  exploite  par  chantiers  souterrains  à  piliers  abandonnés. 

Dans  les  autres  mines  [Pont-de-Saint-Phliîi,  les  Aulnois, 
la  Madeleine  à  la  Neaveville,  Dombasle,  Portieux,  etc.),  on 
exploite  par  dissolution.  Les  tubages  perforés  des  trous  de 
sonde  mettent  en  communication  les  couches  de  sel  avec 
diverses  nappes  d'eau  douce;  ils  se  remplissent  d'eau  salée 
marquant  21  à  25°  Baume  (240  à  320  kilogrammes  de  sel 
par  mètre  cube),  que  l'on  pompe,  et  d'où  l'on  extrait  le  sel  par 
évaporation  dans  des  poêles  en  tôle  de  8",00X20™,00  X0",50; 
l'eau  trouble  et  chargée  de  gaz  est  d'abord  décantée  dans  des 
bassins  de  repos,  puis  elle  eist  traitée  par  la  chaux,  qui  pré- 


MINÉRAUX    EMPLOYÉS   DANS    LES   INDUSTRIES    DIVERSES   509 

cipite  Toxyde  de  fer,  ainsi  que  le  chlorure  de  magnésium 
qui  rendrait  le  sel  déliquescent. 

Les  terrains  s'éboulent  peu  à  peu  par  suite  des  vides  inté- 
rieurs créés  par  cette  méthode  d'exploitation,  qui  les  réduit 
à  Tétat  de  boue. 

Les  quatorze  salines  de  la  région  et  les  deux  soudières  où 
Ton  fabrique  le  carbonate  de  soude,  ont  produit  environ 
100.000  tonnes  de  sel  gemme  et  150.000  tonnes  de  sel 
rafQné  en  1885.  La  production  du  carbonate  de  soude  était 
de  77.000  tonnes  en  1885.  En  1898,  ces  exploitations  ont 
fourni  304.000  tonnes  de  sel  brut  ou  raffiné  ;  en  y  ajoutant 
la  quantité  de  sel  tenue  en  dissolution  dans  les  eaux  salées 
consommées  pour  la  fabrication  directe  de  la  soude,  on 
arrive  à  un  total  de  550.000  tonnes  de  sel  pour  c^tte 
région. 

Angleterre.  —  Le  gisement  salifère  du  Cheshire,  situé  dans 
le  voisinage  de  Liverpool,  est  le  plus  important  du  monde 
entier.  On  exporte  le  sel,  comme  lest,  par  les  nombreux 
navires  qui  partent  de  Liverpool  pour  chercher  des  charge- 
ments de  coton  et  d'autres  matières  aux  Indes,  en  Amérique 
ou  en  Australie.  On  fabrique  aussi,  en  Angleterre,  une 
grande  quantité  de  carbonate  de  soude  avec  le  chlorure  de 
sodium  extrait  du  Gheshire. 

Le  gisement,  situé  dans  le  keuper  inférieur  et  le  keuper 
moyen,  comprend,  h,  Northwich,  deux  couches  de  sel  gemme 
de  25  mètres  de  puissance  chacune  :  top  bed,  ou  lit  supérieur 
(49  mètres  de  profondeur),  et  bottom  bed,  ou  lit  inférieur 
(84  mètres  de  profondeur).  Ces  deux  couches  sont  séparées 
par  des  marnes  dures,  sur  lesquelles  on  asseoit  les  eu  vêlages 
des  puits.  Entre  la  couche  supérieure  {top  bed)  et  la  couche 
des  marnes  dures  et  imperméables  [flag)  qui  la  surmonte, 
circule  une  nappe  d'eau  qui  dissout  le  sel  du  top  bed. 

L'eau  pénètre  par  les  affleurements,  comme  dans  le  bassin 
de  Paris.  Il  y  avait,  autrefois,  des  sources  salées  jaillissantes 
que  Ton  obtenait  en  perçant  les  flags;  mais  le  trop  grand 
nombre  des  forages  a  diminué  actuellement  la  charge  des 
eaux. 

La  couche  de  sel  a  une  superficie  de  32"'™  X  24^"  et  une 
épaisseur  moyenne  de  45  mètres,  dont  23  situés  au-dessus  de 


510  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

la^uifii:  sont  exploitables.  U  y  a  donc  près  de  40  milliards  de 
t-onnes  de  sef  eiftiéfwnr&  dans  cette  région. 

L'exploitation  se  fait,  en  géisétai»  par  dissolution  ;  cepen- 
dant on  exploite  en  certains  points  le  botton  bcRl  par  mines 
souterraines  (méthode  des  piliers  abandonnés),  en  résenntnt 
1  mètre  de  plancher  et  18  mètres  de  plafond;  les  6  mètres 
de  hauteur  exploités  sont  partagés  en  deux  étages  de  2  et 
de  4  mètres,  abattus  lun  au  pic  et  à  la  mine,  le  second 
(étage  inférieur)  à  la  mine  seulement. 

L'exploitation  par  dissolution  se  fait  au  moyen  de  puits,  par 
lesquels  on  épuise  la  nappe  d'eau  salée  (10  à  100  mètres);  la 
saumure,  à  25  0/0  de  sel,  est  évaporée  dans  des  poêles  de 
8°^  X  20  mètres.  L'épuisement  est  fait  par  des  Compagnies 
qui  possèdent  des  pipe-lines  en  fonte  ou  en  bois,  et  qui 
livrent  la  saumure  aux  usines,  moyennant  un  prix  déter- 
miné au  mètre  cube.  L'exploitation  par  dissolution  produit 
dans  le  Cheshire  des  effondrements  et  des  excavations 
considérables,  qui  ruinent  les  propriétaires  de  champs  et 
d'inrmeubles  ;  mais  les  exploitants  sont  protégés  par  la  loi 
anglaise  contre  toute  réclamation. 

Il  existe  également  des  couches  de  sel  gemme  dans  le 
Durfiam  (keuper)  et  au  sud  de  la  Tyne,  ainsi  qu'en  Irlande 
(keuper  de  Carrickfergus). 

La  production  de  la  Grande-Bretagne  a  été  au  total,  en 
1897,  de  1.934.039  tonnes  de  sel  représentant  une  valeur  de 
15.522.450  francs.  En  1894,  elle  avait  atteint  2.271.687  tonnes, 
représentant  une  valeur  de  19.090.725  francs. 

Espagne.  —  On  exploite  à  ciel  ouvert  par  tranches  hori- 
zontales, près  de  Cardonaj  un  gisement  de  sel  rougeâtre, 
constitué  par  un  plateau  éocène  que  coupe  la  vallée  du 
Cardonero,  affluent  du  LIobreyat,  On  peut  citer  encore  le 
gîte  de  Caparoaa,  couche  de  sel  de  1",60,  entre  le  gypse 
et  l'argile;  celui  de  Posa,  près  de  Burgos,  et  les  salines 
de  San-Fernando  (200.000  tonnes)  et  de  Fuenle  Piedra 
i^ 300.000 tonnes),  dans  le  sud  de  l'Espagne. 

La  production  du  sel,  en  Espagne,  a  été,  en  1892,  de 
682.634  tonnes  et,  en  1897,  de  508.606  tonnes  vaknt 
5.790.470  francs. 

Houmanie,  —  Le  mouvement  de  recul  (époque  du  schlier') 


MINÉRAUX    KMPLOYÉii    DANS   LES    INDUSTRIES 

de  Tancienne  Méditerranée  qui  couvrait  autrefois  une  grande 
partie  de  TEurope  centrale,  a  laissé,  le  long  des  Garpathes, 
en  Roumanie,  ainsi  qu'en  Transylvanie  et  en  Galicie,  des 
dépôts  considérables  d*argile  salifère  gris  bleu,  provenant  de 
lagunes   restées  en  communication  avec  la  mer. 

Les  argiles  salifères  de  Roumanie  (argiles  rougeâtres, 
schistes  gréseux  ou  argileux,  micacés)  appartiennent  au 
salzthon-gruppe,  qui  comprend  des  couches  à  paludines 
pétrolifères  recouvertes  par  des  grès  et  des  sables  à  con- 
géries  (pliocène  inférieur).  Les  collines  renfermant  ces 
couches  surplombent  la  plaine  d'alluvions  du  Danube  et 
sont  dominées  par  des  montagnes  de  grès.  Les  schistes 
gréseux  micacés  renferment  du  sel,  du  soufre  et  du  gypse. 
Les  gites,  de  forme  lenticulaire,  ont  subi  des  plissements 
complexes  et  sont  répartis  sur  trois  lignes  de  plissements; 
ils  sont  exploités  par  grandes  galeries;  les  principales  mines 
sont:  SlaniCf  Doftana,  Tirgn-Ocnaj  Grandes-Salines ,  Kampinay 
Telega^  Baïcoïj  etc. 

Transylvanie.  —  Les  gisements  de  Transylvanie  sont 
répartis  dans  une  zone  orientée  nord-sud,  parallèle  aux  plis- 
sements des  schistes  crétacés  et  primitifs. 

A  MaroS'Ujvar,  où  le  gîte  a  une  apparence  éruptive,  ou 
trouve,  dans  des  argiles  tertiaires  non  fossilifères,  un  sel  très 
pur  (99  0/0  de  sel),  contenant  des  traces  d'anhydrite,  de  gypse 
et  de  carbures  d'hydrogène.  Les  parois  argileuses  ont  une 
surface  polie  comme  une  glace,  et  la  masse  saline  augmente 
de  largeur  en  profondeur,  en  même  temps  que  les  couches 
d'argile  se  rapprochent  de  l'horizontale.  Les  autres  mines  prin- 
cipales de  cette  région  se  trouvent  à  Parayd,  k  Dees  et  à 
Visakna, 

On  exploite,  aujourd'hui,  en  creusant  dans  le  sel  d'im- 
menses chambres  rectangulaires,  éclairées  à  l'électricité 
(les  anciennes  chambres  avaient  la  forme  de  cloches).  A  cet 
effet,  on  mène  des  galeries  qui  ont  2  mètres  de  hauteur  sur 
ItO  à  120  mètres  de' longueur,  et  il  mètres  à  15  mètres  de 
largeur;  puis  on  élargit  en  menant  des  galeries  transversales 
à  droite  et  à  gauche  des  premières.  Quand  on  atteint 
45  mètres  de  largeur,  on  attaque  les  parois  en  réservant  des 
piliers  de  6  à  S  mètres  entre  les  chambres  et  en  enlevant  le 


512  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

sel  par  tranches  horizontales  de  0™,25  X  1",00  X  2",00,  que 
Ton  débite  en  morceaux  de  40  à  50  kilogrammes. 

Le  groupe  des  salines  de  MarmaroSy  aux  confins  de  la  Galicie 
et  de  la  Bukowine,  appartient  à  une  bande  salifère  continue, 
parallèle  à  la  Theiss.  La  couche  de  sel  qui  renferme  les  fos- 
siles du  schlier  (faune  méditerranéenne  miocène),  et  dont 
l'épaisseur  dépasse  150  mètres,  est  surmontée  d'argiles  noires 
bleuâtres  (40  mètres);  ces  salines,  déjà  connues  du  temps  des 
Romains,  sont  réparties  en  trois  groupes  autour  de  Marmaros^ 
Szlatinay  Ronaszek  et  Szukatak. 

Galicie.  —  Les  salines  de  Wieliczka  et  de  Bochnia^  en  Galicie, 
sont  situées  au  nord  des  Garpathes  et  font  suite  à  celle  de 
Marmaros.  Le  gisement,  exploité  depuis  plusieurs  siècles,  a 
une  étendue  de  3.000  à  4.000  mètres  en  longueur  et  en  lar- 
geur; il  comprend  deux  formations  superposées: 

1°  La  partie  inférieure  avec  trois  groupes  de  couches  bien 
stratifiées  sur  près  de  150  mètres  (fossiles  marins)  ;  on  exploite 
les  couches  à  partir  de  l",10  d'épaisseur.  Le  sel  comprend 
trois  variétés  :  le  sel  alimentaire  (szybikersalz),  à  99  0/0  de 
sel  pur  et  1  0/0  de  gypse,  le  sel  industriel  (spizasalz)  conte- 
nant du  sable,  et  le  sel  vert  ou  gris  verddtre  (grtinsalz),  dont 
on  emploie  la  partie  la  plus  pure  ; 

2<^  La  partie  supérieure  non  stratifiée,  où  les  couches 
argileuses  miocènes  contiennent  des  amas  irrcguliers  de  sel 
gemme  atteignant  souvent  50  mètres  de  puissance. 

On  recueille,  outre  le  sel  gemme,  des  argiles  plus  ou  moins 
salées,  telles  que  le  zuber^  qui  contient  jusqu'à  50  0/0  de  sel; 
on  exploite,  comme  à  Marmaros,  par  grandes  chambres  ;  on 
dépile  par  tranches  successives  de  2™,Î0  de  haut  avec  piliers 
abandonnés,  et  on  ne  prend  qu'une  tranche  sur  deux  pour 
obtenir  plus  de  sécurité,  la  mine  étant  située  sous  la  ville  de 
Wieliczka. 

Tyrol  et  Salzkammergut.  —  Le  Salzkammergut  renferme 
des  gisements  salifères  triasiques  importants,  exploités 
depuis  le  viii«  siècle,  et  situés  dans  le  keuper  inférieur,  en 
relation  avec  des  couches  marines  de  dolomie  et  de  calcaire. 
Les  gisements  sont  surmontés,  au  nord  des  Alpes,  par  des 
marbres  colorés  (niveau  de  Saint-Cassian),  de  300  mètres 
d'épaisseur.  Au  sud,  les  tufs  de  porphyre  augitique,   avec 


MINÉRAUX    EMPLOYÉS    DANS    LES    INDISTRIES    DIVERSES    513 

marnes,  sont  recouverts  par  des  dolomies  (dolomies  du 
Schlem).  Les  amas  de  sel,  colorés  en  rouge  ou  en  noir  et 
mélangés  d'argile,  sont  tantôt  verticaux,  tantôt  horizontaux 
(lentilles).  Les  principales  mines  sont  celles  d'Hallein,  irtiaU" 
stadt,  (TAusse,  etc.  On  les  exploite  par  dissolution,  en  faisant 
séjourner  de  Teau,  successivement,  pendant  trois  semaines, 
dans  plusieurs  chambres  souterraines  superposées,  d*où  Ton 
enlève  d'abord  des  blocs  de  sel  en  rései^ant  des  piliers. 
(Voir,  pour  les  détails  de  cette  industrie,  le  Traité  d' exploita- 
tion (les  mines  de  M.  Haton  de  la  Goupillière,  el  le  Traité  de 
géologie  appliquée  de  MM.  Fuchs  et  de  I^unay,  t.  I,  p.  i80  et 
481). 

La  production  du  sel  a  été,  au  total,  pour  TAu triche- Hon- 
grie, de  402.795  tonnes  en  1897,  comprenant  250.000  tonnes 
environ  de  sel  provenant  des  marais  salants  de  la  Dalmatie 
et  de  ristrie. 

Russie.  —  Le  dévonien  renferme,  en  Russie,  des  sources 
salées  accompagnées  de  gypse  et  de  naphte  :  salines  de 
Senoska  (mer  Blanche),  d'Ouske-Loush  et  de  Vladitchemk,  dans 
le  gouvernement  d'Arkangelsk. 

Les  salines  du  gouvernement  de  Perm,  le  long  de  la 
Kama  {Deduckhine,  Lenvensk,  Ousolié,  Solikamsk,  Béresnine), 
exploitées  depuis  le  vi''  siècle,  sont  situées  dans  le  zechs- 
tein,  de  même  que  celles  de  Thosma  et  Ledengsk  (pouverne- 
ment  de  Vologda)  et  de  Seregowsk^  sur  la  rivière  Vyni. 
La  production  des  salines  du  zechstein  russe  ilépasse 
200.000  tonnes. 

La  production  de  la  Russie  a  été  de  1.347.352  tonnes  de 
sel,  en  1896,  valant  15.130.000  francs. 

Région  de  la  mer  Caspienne,  —  Les  eaux  du  bassin  dv  la 
mer  Caspienne  se  réunissent  dans  des  lacs  sans  écoulement, 
qui  s'évaporent  complètement  en  été;  un  certain  nombre  de 
ces  lacs  sont  permanents,  leur  masse  d'eau  étant  très  consitk*- 
rable.  Les  principales  régions  où  il  existe  des  groupes  de 
lacs  sont  les  bords  de  la  mer  Noire  [Kouialnic,  Kissbourn  et 
Hadjibei),  production  50.000  tonnes  par  an,  et  les  bords  de  la 
mer  d'Azov  (Jasensky  Tamane^  Otchouevsk)  ;  dans  la  Crimée,  il 
existe  des  marais  salants  près  de  Perekop,  Eupatoria,  Thco^ 
dosia^  etc.  ;  enfin,  dans  les  environs  d'Astrakan,  on  trouve  sur 

OÉOLOOIB.  33 


514  (iÉOLOGlE    APPLigLÉE 

les  bords  du  Volga,  plus  de  2.000  lacs;  les  plus  importants 
sont  ceux  d'Eltone  (23.000  hectares),  dont  on  exploite  les 
couches  inférieures  (les  couches  récentes  sont  araères),  et 
celui  de  Baskountchak  (18.000  hectares),  qui  s'évapore  en 
été,  et  qui  fournit  près  de  400.000  tonnes  de  sel  gris  par 
an. 

Algérie.  —  Sur  la  route  d'Alger  à  Laghouat,  au  sud  de 
Boghar,  on  trouve  le  gîte  du.  Rhang-el-Melah^  constitué  par  un 
massif  crétacé  cénomanien  conique,  dû  sans  doute  à  une 
éruption.  Ce  massif  s'élève  dans  une  plaine  d'alluvions;  au 
centre  se  trouve  un  amas  de  sel  très  pur,  à  profil  déchi- 
queté, ressemblant  à  des  ruines.  L'Oued-Melah  délave  les 
affleurements  et  dépose,  sur  ses  bords,  une  quantité  de  sel 
considérable.  Le  cube  du  gisement  est  évalué  à  250  millions 
de  tonnes. 

Province  d'Oran.  —  Le  lac  d'Arzew  près  d'Oran  (1.500  hec- 
tares) reçoit,  dans  la  saison  des  pluies,  les  eaux  qui  se  sont 
chargées  de  sel  en  lavant  les  terrains  environnants;  en  été, 
il  se  dessèche,  et  on  recueille  à  la  pelle  une  croûte  de  sel 
de  0'",35  environ,  dont  la  partie  inférieure  est  très  blanche. 
L'Algérie  a  produit,  en  1896,  19.658  tonnes  de  sel  et,  en 
1897,  23.222  tonnes  valant  390.000  francs. 

Indes.  —  On  recueille,  dans  l'Inde,  un  sel  rouge  impur 
fourni  par  des  lentilles  interstratifié  os  dans  le  silurien  (sal- 
tranges  du  Pendjab  indien,  sur  la  rive  orientale  de  l'indus. 
Au  sud  de  Peshawar,  sur  la  rive  occident^ile  de  Tin  dus 
(Pendjab),  on  exploite  des  gisements  de  sel  (éocène  ou  trias) 
qui  se  présentent  sous  forme  d'amas  en  concordance  avec 
l'éocène  et  surmontés  de  gypse  et  de  grès  à  nummulites.  Les 
affleurements,  très  puissants,  forment  des  collines  et  des 
falaises  blanches  ou  grises  (60  mètres),  à  Rahadur-KheL 

La  production  du  sel  aux  Indes  est,  en  moyenne,  de 
l. 000.000  de  tonnes  par  an (937.388  tonnes  en  1897). 

Verse,  —  Les  gisements  de  sel  de  la  Perse  se  rattachent, 
comme  ceux  de  l'Europe  centrale,  à  la  phase  du  tertiaire 
connue  sous  le  nom  de  schlier.  Les  principaux  sont  ceux  de 
YAlbur  (miocène),  près  do  Nichapur,  où  on  recueille,  par  la 
méthode  des  chambres,  du  sel  dont  la  couleur  varie  du 
blanc  au  noir;  on  exploite  aussi  du  sel  dans  des  grès  et  des 


MINÉRAUX   EMPLOYÉS   DANS    LES    INDUSTRIES    DIVERSES    515 

marnes  tertiaires  aux  environs  du  golfe  Persique  {Larak, 
Hormuz,  Pohal,  Hameran,  Jabelt  etc.,  etc.). 

Se-Tchottan  (Chine).  —  Dans  la  partie  orientale  de  la 
province  chinoise  du  Se-Tchouan,  au  nord  du  Yunnam, 
il  existe  une  région  appelée  le  pays  du  Feu  (Fou  Ghoen); 
les  sources  salées  y  sont  alignées  au  nord  d'une  chaîne 
de  montagnes  carbonifères  et  sont  associées  à  des  hydrocar- 
bures ;  elles  proviennent  de  plissements  et  de  fractures  pro- 
fondes du  cambrien.  On  exploite  par  puisage,  au  moyen  de 
sondages  à  la  corde  qui  ont  de  300  à  600  mètres  et  même 
parfois  1.100  mètres  de  profondeur;  les  sources,  rarement 
jaillissantes,  fournissent  souvent  du  pétrole  mêlé  à  Teau 
salée  et  des  gaz  combustibles  que  Ton  emploie  pour  évaporer 
l'eau  du  sel. 

La  production  annuelle  du  sel  dépasserait,  dit-on,  800.000 
tonnes  en  Chine. 

Amérique.  —  On  exploite,  en  Amérique,  des  sources  salées 
associées  à  du  gypse  dans  le  silurien  supérieur  (Syracuse, 
Satina,  Ohio).  Citons  encore  les  sources  et  les  lacs  salés  du 
Mississipi,  du  Rentucky,  de  la  région  des  Lacs  salés  et  du 
Nevada.  Dans  ces  mêmes  régions,  ainsi  que  dans  ruiah, 
rOrégon,  la  Californie  et  le  Canada,  on  trouve  des  lacs  salés 
qui  donnent  du  sel  par  concentration.  Ce  sel  est  employé 
principalement  par  Tindustrie  des  mines  d'or  (chloruration). 

La  plus  grande  partie  du  sel  produit  aux  États-Unis  pro- 
vient de  l'exploitation  des  sources  salées,  au  moyen  de 
pompes.  Il  existe  une  mine  de  sel  gemme  à  la  Louisiane ,  deux 
dans  le  Kansas  (Kanapolis),  et  un  groupe  de  mines  (Lehigh, 
Livonia,  Greigsville),  exploitées  par  une  seule  Compagnie, 
dans  Touest  de  l'État  de  New- York,  à  Geddes,  au  sud  de 
Syracuse  (Genesee  et  Wyoming  Valleys). 

Les  États-Unis  ont  produit,  en  1897, 2.000.000  tonnes  de  sel. 

Au  Canada,  on  a  produit,  en  1896,  39.880  tonnes  de  sel 
valant  848.465  francs  et,  en  1897,  46.584  tonnes  valant 
1.128.650  francs. 


516  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

NATROR 

Parmi  les  autres  minéraux  du  sodium,  on  étudiera  le 
natron  et  la  glaubérite. 

Le  natron  est  du  sesquicarbonate  de  soude  (-2NaO,3CO' 
+  3  HO).  Il  a  été  longtemps  employé  pour  produire  la 
soude  du  commerce.  Il  peut  servir  pour  la  fabrication  du 
verre.  Le  natron  se  trouve  dans  le  Fezzan  et  en  Egypte 
(Afrique),  à  Lagunella  (Venezuela),  dans  le  WyominQf  dans 
le  Churchill  County  (Nevada)  et  en  Californie,  On  en  a  trouvé 
récemment  un  dépôt  dans  le  district  d'A//ar  (Etat  de  Sonora, 
Mexique),  près  du  golfe  de  Californie;  ce  minerai  contient 
76  0/0  de  carbonate  et  5  0/0  de  sulfate  de  soude. 

Gisements  du  Wyoming.  —  Dans  le  Wyoming,  les  princi- 
paux gisements  de  natron  sont  ceux  des  groupes  de  Natrona 
County  (Morgan  Indépendance,  Rock  et  Gill),  de  Carbon  County 
(Bothwell  et  Rankin),  d'Albany  County  (Union  Pacific,  Downey 
et  Roch  Greek).  Ces  gisements  tertiaires  ou  triasiques  couvrent 
une  superficie  d'environ  480  hectares  et  représentent  au 
moins  425.000  mètres  cubes.  Malheureusement,  l'exploitation 
est  enrayée  par  le  manque  de  moyens  de  transport;  il  est 
certain  que  ces  districts  prendront  une  grande  importance, 
quand  les   capitaux  s'y  porteront. 

GLAUBÉRITE 

La  glaubérite  (sulfate  double  de  soude  et  de  chaux)  con- 
tient 45  0/0  de  sulfate  de  soude  anhydre  ;  elle  peut  être 
employée  pour  la  fabrication  du  carbonate  de  soude  et  du 
verre. 

Gisements  (VAranjucz  {Espagne).  —  Elle  se  trouve  en  couches 
puissantes  dans  le  miocène,  aux  environs  d'Aranjuez,  à  Cien- 
PozueloSjen  Espagne.  Le  minerai, surmonté  d'argiles  rouges 
et  grises  et  de  calcaires  d'eau  douce,  est  exploité,  à  flancs 
de  coteaux,  par  piliers  abandonnés;  on  traite  le  minerai 
par  dissolution  dans  de  grandes  excavations  creusées  dans 
l'argile,  et  on  recueille  dans  des  cristal li soirs  à  fond  bitumé 
la  solution  chargée  de  sulfate  de  soude;   ce  sel  se  dissol- 


MINÉRAUX  EMPLOYÉS    DANS    LES    INDUSTRIES    DIVERSES   517 

vant  le  premier,  il  ne  reste  plus,  comme  résidu,  dans  les 
excavations,  que  du  sulfate  de  chaux. 

Le  manque  de  combustible  rend  ditticile  le  séchage  du 
sel  qu'on  utilise  dans  les  savonneries  de  Séville.  On  ne  peut 
pas  l'exporter,  à  cause  des  frais  de  transport. 

La  production  est  de  10.000  tonnes  environ  par  an. 

Autres  gisements.  —  On  trouve  également  du  sulfate  de 
soude  pur,  en  Espagne,  à  Alcanadre,  vallée  de  TEbre  et  à 
Andosilla,  près  de  Burgos.  11  existe  aussi  des  gisements  de 
glaubérite  au  CAt7t,  au  Pérou  et  dans  le  Colorado,  en  etllo- 
rescences  sur  le  bord  des  lacs  salés. 

BDLIOORAPHIE  DU  SODIUM 

1862.  Keller,  Sur  V exploitation  de  V argile  salifère  et  le  traitement 
du  $el  danê  le  Salzkammergut  (Annales  des  Mines^  6*  série, 
t.  II,  p.  1). 

1812.  Boue,  Sur  les  gîtes  de  sel  de  Valachie  {Bulletin  de  la  Société 
de  Géologie,  2*  série,  t.  XXIX). 

1874.  Boue,  Sur  les  gîtes  de  sel  de  la  Roumanie  {Bulletin  de  la 
Société  de  Géologie^  3*  série,  t.  III,  p.  52). 

1874.  Coquaad,  Sur  Vdge  des  sels  gemmes  de  la  Moldavie  {Bulletin 
de  la  Société  de  Géologie,  3'  série,  t.  Il,  p.  365). 

1877.  Lartet,  Sur  les  dépôts  salifères  des  Petites  Pyrénées,  de  la 
Haute-Garonne  et  de  VAnège  {Mémoires  de  V Académie  des 
Sciences,  Inscriptions  et  Belles-Lettres  de  Toulouse,  8*  série, 
t.  V,  p.  260). 

1877.  Grad,  Mines  de  Wieliczka  {Société  d'histoire  naturelle  de 
Colmar,  p.  259). 

1881.  Duboul,  La  mine  de  sel  gemme  de  Cardona  dans  la  Haute- 
Catalogne  {Bulletin  de  la  Société  Hispano-Portugaise,  t.  Il, 
nM). 

1881-1882.  Labat,  Observations  sur  les  mines  de  sel  gemme  et  sur 
les  eaux  salées  de  Salzburg  {Bulletin  de  la  Société  de  Géolo- 
gie, 3*  série,  t.  X,  p.  263,  Paris). 

1886.  Pelle,  Les  salines  de  Roumanie  [Annales  des  Mines,  8*  série, 
t.  X,  p.  210). 

1888.  Gruner,  Industrie  du  sel  dans  le  Donetz. 

1891.  Coidre,  Salines  du  Se-Tchouan  {Annales  des  mines,  8*  séria, 
t.  XIX,  p.  441). 

1891.  Calderon,  Sur  la  concomitance  du  sel  gemme  et  de  la 
matière  organique  dans  les  mêmes  gisements  {Bulletin  de 
la  Société  géologique  de  France), 

1897.  Buttemback,  Les  dépôts  salins  des  plaines  du  nord  de  l'Alle- 
magne {Revue  universelle  des  Mines  et  de  la  Métallurgie, 
5'  série,  t.  XXXX,  p.  37). 


518  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 


SOUFRE  ET  FTBITES 


Propriétés  physiques.  —  A  la  température  ordinaire,  le 
soufre  natif  est  un  corps  solide,  d'un  jaune  citron,  insipide 
et  inodore.  Par  le  frottement  il  s'électrise  négativement  et 
répand  une  odeur  spéciale.  Il  est  insoluble  dans  Teau;  mais 
il  se  dissout  facilement  dans  la  benzine,  dans  les  huHes  essen- 
tielles et  surtout  dans  le  sulfure  de  carbone. 

Le  soufre  cristallise  en  prismes  ou  en  octaèdres.  On  obtient 
la  forme  prismatique  en  laissant  cristalliser  par  refroidisse- 
ment le  soufre  fondu.  La  forme  octaédrique  est  obtenue  en 
laissant  évaporer  à  froid  une  dissolution  de  soufre  dans  le 
sulfure  de  carbone.  En  cristaux  prismatiques,  le  soufre  fond 
à  1 1 7°,  et  sa  densité  est  de  1 ,96  à  1 ,99.  En  cristaux  octaédriques, 
il  fond  vers  113°,  et  sa  densité  est  de  2,7. 

A  410*»,  il  entre  en  ébullition  el  distille  ;  ses  vapeurs,  con- 
densées dans  un  récipient  froid,  reproduisent  le  soufre  ordi- 
naire jaune  citron.  Le  soufre  est  mauvais  conducteur  de  la 
chaleur  et  de  Télectricité;  une  faible  chaleur,  celle  de  la  main, 
par  exemple,  produit  dans  ce  corps  une  dilatation  superfi- 
cielle, qui  détermine  la  séparation  des  cristaux  peu  adhérents, 
indiquée  par  des  craquements  appelés  cri  du  soufre.  Un  mor- 
ceau de  soufre,  soumis  brusquement  à  une  température  éle- 
vée, se  casse  aussitôt. 

Propriétés  chimiques.  —  Chauffé  au  contact  de  Tair,  le 
soufre  devient  phosphorescent;  vers  200**  à250*',  il  s'enflamme 
et  brûle  avec  une  flamme  bleue.  Il  brûle  vivement  dans 
Toxygène  et  produit  de  l'acide  sulfureux  en  se  combinant 
avec  ce  gaz. 

Il  est  électro-positif  vis-à-vis  de  Toxygène,  du  chlore,  du 
brome  et  de  Tiode,  et  il  joue  le  rôle  d'électro-négatif  viS'k-\\s 
du  phosphore,  du  carbone,  de  l'hydrogène  et  des  métaux.  Il 
s'oxyde  lentement,  et  se  transforme  en  acide  sulfurique  au 
contact  de  l'acide  azotique  concentré,  en  ébullition. 


MINÉRAUX    EMPLOYÉS   DANS    LES    INDUSTRIES    DIVERSES    519 

Usages. —  Le  soufre  est  employé,  à  Tétat  brut,  pour  la  pré- 
paration de  l'acide  sulfureux,  de  Tacide  sulfurique  et  du 
sulfure  de  carbone. 

Le  raffinage,  qui  consiste  à  vaporiser  et  à  condenser  dans 
un  récipient  le  soufre  débarrassé,  par  une  première  fonte, 
des  matières  terreuses  et  autres  qu'il  contient  à  l'rlat  brut, 
donne  le  soufre  encaiions  et  en  bâtom  et  la  fleur  de  soufre. 

Le  soufre  raffiné  entre  dans  la  composition  de  la  poudre  de 
chasse  des  feux  d'artifice,  du  mastic  de  fer  et  dans  la  fabri- 
cation des  allumettes.  Il  sert  pour  la  vulcanisation  du  caout- 
chouc et  pour  la  prise  des  empreintes  de  médailles,  etc. 

La  fieur  de  soufre  est  employée  au  soufrage  des  vignes 
envahies  par  Toïdium,  jusqu'à  150  kilogrammes  de  soufre  par 
hectare  de  vigne,  et,  en  médecine,  c'est  un  remède  contre 
les  maladies  de  la  peau. 

Composés  da  soaire.  —  Parmi  les  composés  du  soufre 
employés  dans  l'industrie,  on  peut  citer  : 

L'acide  sulfureux,  qui  sert  au  blanchiment  des  étoffes,  de 
la  paille,  etc.,  et  qui  est  employé  comme  désinfectant. 

Vacide  sulfurique,  ou  huile  de  vitriol,  qui  sert  à  la  prépara- 
tion de  divers  acides  volatils,  des  aluns  et  des  sulfates. 
L'acide  sulfurique,  par  réaction  sur  le  sel  marin,  donne,  en 
même  temps  que  de  l'acide  chlorhydrique,  du  sulfate  de 
soude,  employé  à  la  fabrication  de  la  soude  artificielle. 

Le  bisulfure  de  carbone,  qui  sert  pour  la  vulcanisation  du 
caoutchouc  et  pour  la  destruction  du  phylloxéra  (combiné 
avec  le  sulfure  de  potassium),  et  qui  est  employé  aussi  pour 
retirer  le  suint,  des  laines,  et  les  corps  gras,  de  tous  les  résidus 
qui  peuvent  en  contenir. 

Minerais. —  Les  deux  principaux  minerais  de  soufre  sont  : 

1°  Le  soufre  natif,  provenant  soit  des  émanations  volcaniques 
(solfatares),  soit  de  couches  interstratifiées  dans  le  zechstein 
de  Russie  ^permo-trias),  dans  les  calcaires  tertiaires  (Alais, 
Apt,  Sicile,  Padovic  en  Croatie),  ou  dans  les  marnes  miocènes 
{Murcie,  Romagne,  Grèce)  ; 

2«  La  pyrite  de  fer.  qui  abonde  dans  la  nature  {Chessy, 
Sain-Bel,  etc.). 


520  GÉOLOGIE   APPLlgUÉfi 


I.  —  Gisements  de  soufre  xatif 

La  plupart  des  gisements  de  soufre  natif  se  rencontrent 
dans  des  terrains  tertiaires  (France,  Italie,  Grèce,  Espagne). 
En  Russie,  on  connaît  des  gisements  permiens. 

Il  se  produit  encore  du  soufre,  à  Tépoque  actuelle,  dans  les 
solfatares. 

France,  —  En  France,  on  exploite  le  gisement  tertiaire  de 
Manosque,  où  le  soufre  semble  avoir  été  produit  par  l'action 
des  lignitessur  des  eaux  imprégnées  de  sulfate  de  chaux. 

Il  existe  aussi  en  France  une  mine  de  soufre  dans  le  Vau- 
clusCj  dans  des  marnes  tertiaires.  La  production  annuelle 
variait,  dans  ces  dernières  années,  de  3.000  à  6.000  tonnes. 
Le  soufre  du  Vaucluse  est  utilisé,  en  Algérie,  pour  le  trai- 
tement de  la  vigne. 

Espagne.  — A  Lorca,  près  d'Aguilas,  on  exploite  des  marnes 
soififères  du  miocène  supérieur,  qui  se  présentent  en  couches 
de  5  mètres  de  puissance  environ,  avec  quelques  amas  de 
soufre.  La  production  de  Lorca,  qui  était  de  plus  de 
20.000  tonnes  en  1860,  est  tombée,  dans  ces  dernières  années, 
à  4  ou  5.000  tonnes  seulement;  elle  tend  encore  à  diminuer. 

Près  de  Cadix  et  de  Teruel,  il  existe  d'autres  gisements 
de  soufre,  d'où  Ton  extrait  quelques  milliers  de  tonnes 
par  an. 

En  1896,  la  production  de  l'Espagne  a  été  de  26.204  tonnes 
de  soufre  brut,  valant  227.163  francs,  et  de  1.800  tonnes  de 
soufre  raffiné  valant  180.020  francs. 

Grrce.  — On  exploite,  dans  le  tertiaire,  les  marnes  gypseuses 
soififères  de  Milo,  de  l'isthme  de  Corinthc  et  de  Kamalaki 
(Grèce).  La  Grèce  a  produit,  en  1897,  358  tonnes  de  soufre 
rafliué,  valant  37.590  francs. 

Russie.  —  En  Russie,  on  connaît  les  gisements  tertiaires 
de  Tzarkow  (Pologne),  où  le  soufre  se  rencontre  dans  des 
couches  de  marnes  de  5  à  15  mètres,  tenant  10  0/0  de  soufre 
à  la  partie  supérieure,  et  50  0/0  en  profondeur. 

On  trouve  des  gisements  permiens  de  soufre,  en  Russie,  à 


MINÉRAUX    EMPLOYÉS  DANS    LKS    INDl  STH1E8   DIVERSES    b21 

^uAéero  uotamment  (Volga),  dans  des  calcaires  et  des  marnes 
du  zechslein. 

En  Russie,  il  y  a  trois  groupes  de  gisements  de  soufre  non 
encore  exploités,  au  nord-est  du  Caucase  :  le  premier 
s'étend  jusqu^à  la  ville  de  Petrousk,  sur  la  Caspienne,  le 
long  de  la  chaîne  de  Salatan  et  Girary  ;  le  second  se  trouve 
au  sud  de  Petrowsk,  dans  le  Daghestan,  et  le  troisième  est 
situé  au  sud  de  Grosny, 

Italie.  —  Sicile,  —  Les  gisements  de  soufre  natif  de  la  Sicile 
sont  de  beaucoup  les  plus  importants.  Ces  gisements,  qui 
paraissent  d'origine  sédimentaire,  s'étendent  au  sud  de  la 
chaîne  centrale  des  monts  Madoine,  entre  Girgenti  et  le  mont 
Etna,  sur  une  longueur  de  150  kilomètres  et  sur  une  largeur 
de  plus  de  50  kilomètres  du  nord  au  sud.  On  y  trouve  des 
couches  et  des  amas  importants  de  minerai  de  soufre,  à  la 
partie  supérieure  du  miocène. 

Les  gypses,  et  les  calcaires  magnésiens,  imprégnés  de 
soufre,  et  les  bancs  d'argile  schisteuse  noire  (tuflj  ou  de  grès 
fins  micacés  (arenazzoli),  reposent  sur  une  assise  detripoli  et 
(le  marne  siliceuse  et  sont  recouverts  par  des  couches  plio- 
cènes  (calcaires  blancs  marneux  à  foraminifères,  marnes, 
sables  et  grès).  Le  soufre  est  toujours  accompagné  de  cal- 
caire et  de  gypse. 

Le  minerai,  qui  contient  le  soufre  amorphe  en  veinules,  est 
un  calcaire  renfermant  en  moyenne  24  0/0  de  soufre  (exacte- 
ment le  rapport  des  équivalents  du  soufre  et  du  carbonate  de 
chaux).  Le  minerai,  pour  être  d*un  traitement  facile,  ne  doit 
pas  contenir  trop  de  gypse. 

Les  terrains  qui  contiennent  du  soufre  (.so//are.s)  renferment 
('gaiement  du  pétrole,  du  bitume,  des  asphaltes  et  des  hydro- 
carbures gazeux  (grisou),  ainsi  qu'on  la  vu  au  chapitre  des 
Hydrocarbures.  Les  principales  mines  (solfatares)  sont  les 
mines  de  Santa-Teresa,  San-Paolo,  Juncio-Stretto,  Giordano 
(  province  de  Caltanissetia),  exploitées  par  puits,  à  160  mètres 
de  profon(reur  ;  Muglia,  Virdilio,  FaLsirotta-Pavara,  Licata^ 
HacalmutO'Pernice  (province  de  Girgenti),  où  le  bitume  coule 
dans  les  galeries  ;  Lercara,  Colle-Croce,  Sartorio  (province  de 
Palerme)  ;  Agira,  Torcetta,  Gianguzzo,  Assoro,  Raddusa  (pro- 
vince de  Catane).  La  puissance   des  couches   varie  de  2  à 


522  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

45  mètres,  et  la  profondeur  des  exploitations  atteint  jus- 
qu'à 160  mètres. 

Malgré  l'abondance  du  minerai,  Tindustrie  du  soufre  en 
Sicile  est  peu  prospère,  à  cause  du  morcellement  trop  grand 
de  la  propriété  ;  les  gites  sont  gaspillés,  mal  exploités  par 
des  propriétaires  manquant  d'argent;  les  mines  sont  louées 
pour  des  laps  de  temps   très  courts,  à  des  prix  qui  repré- 
sentent 25  0/0  du  produit  brut.  On  exploite  sans  méthode  '| 
nette,  par  galeries   étroites  (piliers  abandonnés).  Les  acci- 
dents sont  fréquents  ;  le  rendement  des  piqueurs  est  faible, 
et,  dans  la  plupart  des  mines,  on  sort   le   minerai  à  dos  i 
d'homme  ;  les   porteurs  sont  appelés  carruzzi  ;  il  faut  de             | 
deux  à  trois  carruzzi  pour  remonter  au  jour  la   production             j 
journalière  d'un  seul  mineur  (i.500  kilogrammes;,  travaillant 
à  une  profondeur  de  50  mètres  environ.  On  manque  de 
pompes  pour  épuiser  les  mines,  qu'on  abandonne,  si  l'on 
rencontre  une  venue  d'eau  trop  forte. 

On  fondait  autrefois  le  minerai  en  meules  ou  calcaroni 
(entre  H5  et  100°),  en  en  sacrifiant  une  partie,  qui  servait  de 
combustible.  Aujourd'hui,  on  emploie  des  hauts-fourneaux 
ou  des  fours  h  vapeur  d'eau  (Ruiz  Gil).  Les  calci^roni  avaient 
l'inconvénient  <!e  diminuer  le  rendement,  déjà  très  faible,  et 
de  produire  une  quantité  considérable  d'acide  sulfureux,  qui 
détruisait  la  végétation  environnante. 

On  transporte  le  soufre  aux  ports  d'embarquement  au 
moyen  de  mulets  et  de  charrettes.  Il  y  a  sept  qualités  de 
soufre  ;  les  plus  chères  sont  le  soufre  en  fleurs  et  le  soufre 
rafliné  en  canons. 

lia  production  de  la  Sicile  qui  était,  en  1888,  de 
322.000  tonnes  de  soufre,  valant  21 .500.000  francs,  s'est  élevée, 
en  1892,  à  374.000  tonnes,  valant  35.000.000  francs,  soit  une 
valeur  moyenne  de  90  francs  par  tonne  de  soufre. 

Le  prix  de  revient  du  soufre  est  de  50  francs  par  tonne,  en 
moyenne.  La  production  de  1892  a  été  obtenue  au  moyen  de 
1.373.065  tonnes  de  minerai,  dont  le  prix  de  revient  à  la 
mine  était  de  5  francs  environ.  L'exportation  a  atteint,  cette 
m(^me  année,  327.362  tonnes  de  soufre  (France,  Amérique 
du  Nord,  etc.). 

En  1896,  une  Société  anglo-sicilienne  a  été  organisée  en 


MINÉRAUX   EMPLOYÉS    DANS   LES    INDUSTRIES   DIVERSES    523 

Sicile,  par  un  groupe  de  banquiers  anglais  et  italiens,  pour 
acheter  la  production  entière  des  mines  de  soufre. 

En  1897,  la  Sicile  a  exporté  410.538  tonnes  de  soufre,  dont 
i  18.137  aux  ÉUits-Uuis  et  84.895  en  France. 

Romagne,  —  En  Romagne  (Italie),  on  exploite  également  à 
€e6ena,près  de  Rimini,  des  lentilles  de  soufre  un  peu  bitumi- 
neux, iûterstratiflées  dans  des  marnes  tertiaires  (épaisseur  = 
i  à  3  mètres).  Le  minerai  impur  contient  du  sulfate  et  du 
carbonate  de  chaux  (teneur  en  soufre  =  22  0/0).  On  le  traite 
au  four  à  chaux,  en  brûlant  du  minerai  comme  combustible. 

Production  annuelle  :  20.000  tonnes  environ,  valant 
120  francs  la  tonne. 

Province  de  Rome.  —  Dans  la  province  de  Rome,  la  mine 
de  Latera,  exploitée  par  la  Société  civile  des  soufres  romains, 
a  produit,  en  1892,  129  tonnes  de  soufre  d'origine  probable- 
ment volcanique,  valant  80  francs  par  tonne.  La  mine  de 
Scrofane  a  donné  également  un  peu  de  soufre  natif,  trouvé 
dans  les  fissures  d'un  silicate  d'alumine,  calciné  par  les 
laves  et  tenant  13  0/0  de  soufre. 

Province  de  Naples.  —  La  province  de  Naples  (Pouzzoles, 
au  pied  du  Vésuve)  a  produit,  en  1892,  22.668  tonnes  de 
soufre,  représentant  une  valeur  de  près  de  2  millions  de  francs. 
Le  soufre  est,  dans  cette  province,  d'origine  volcanique, 
comme  dans  fa  province  de  Rome. 

L'Italie  a  produit  au  total,  en  1896,  avec  la  Sicile, 
426.353  tonnes  de  soufre  brut,  valant  55  francs  la  tonne,  en 
moyenne,  et  71.072  tonnes  de  soufre  raffiné,  représentant 
une  valeur  de  5.992.235  francs. 

Islande.  —  En  Islande,  on  rencontre  de  nombreuses  sources 
sulfureuses  dans  la  région  volcanique  voisine  de  Reykjavik. 
Ce  sont  ou  des  solfatares  ou  des  volcans  de  boues  [maccalubes) 
rejetant  une  eau  noircie  par  le  sulfate  de  fer. 

Mexique.  —  Les  principales  solfatares  connues  sont  celles 
du  volcan  du  Popocatepelt,  au  Mexique,  qui  produisent,  par 
jour,  une  tonne  de  soufre  brut  (82  à  87  0/0  de  soufre  pur), 
provenant  du  dépôt  des  vapeurs  du  volcan  sur  le  bord  des 
orifices  de  sortie  (respiradores). 

Au  Mexique,  la  Mexican  Sulphur  C°  a  commencé  à 
exploiter  des  dépôts  de  soufre  à  38  kilomètres  de  l'erabou- 


U;4  (lÉULO<ilE   APPLIQUÉE 

rliiiie  du  Hio-Colorado,  sur  la  cdte  de  la  basse  Californie.  Ou 
u  découvert  desdépdLsde  soufre  près  dupicd'0n'za6<i.  Ceux 
<lu  l'opociilepelt  ne  sont  exploités  que  pour  la  cousomina- 
tion  locale,  faute  de  moyens  de  transport. 

II.  —  Pyrites  d£  fer 


On  a  étudié  plus  haut  tjuelques  gisements  de  pyrites,  très 
importants,  que  l'on  exploite  pour  cuivre  (Rio-Tinto,  San- 
Vomingo,  hôros,  Fahlun,  le  Rammeisberg,  Agordo,  etc.),  ou 
pour  une  (AmiMberg\,  et  où  l'on  abandonne  le  soufre.  Les 
pyrites  abondent  dans  la  nature;  on  ne  décrira  ici  que  les 
gisements  exploités  en  vue  de  la  fabrication  de  l'acide  sul- 
furique  IChessy,  Sain-Bel,  Saint- Jtiiien-de-Valgalgites,  le 
Soulier,  etc.). 

■  'ne  bonne  pyrite  doit  élre  exemple  d'arsenic;  sa  gangue 
doit  être  pauvre  en  calcaire  et  ne  doit  pas  contenir  de  RuoriDe. 

Gisementf  deChessyet  de  Sain-bel  {Rhiine).—  Le  gisement  de 
Sain-Bel  se  compose  en  réalité  de  deux  glles  :  celui  deChessy, 
sur  la  rive  gauche  de  la  Brévenne,  affluent  de  la  Saône,  el 
celui  de  Sain-Bel, ou  de  Sourcieuz,sur  la  rive  droite  de  celte 

Le  gîte  de  Cliessy  (10  kilomètres  de  longueur)  est  formé 
par  des  filons  de  pyrite  de  quelques 
mctres  de  puissance,  dans  des  scbtsies 
argilo-siliceux  (cambrien). 

Toute  l'activité  de  l'exploitnlion  est 

concenli'ée  aujourd'hui  à  Sain-Bel.  Ce 

gilo  est  coupé  en  deux  par  un  pointe- 

nient  de  gneiss.  Au  nord  de  cette  bar* 

tV,i03— PiiD«ben.nii,ii.^     '■i'^'"^'  on  distingue  trois  groupes  de 

du  git^meni  dt  ciiMiy-     filons  dans  les  micaschistes  (chlorito- 

scliistesj  :   l'un,   à  l'ouest,  avec  deux 

liions  d'une  puissance  totale  de   10  mètres,  avec  cuivre  el 

blende;  un,  au  centre,  qui  contient  du  sulfure  de  fer  pur 

(masse  du  Pigeonnier,  20  mètres  de  puissance)  k  gangue  de 

silice  et  de  sulfate  de  baryte;  l'autre,  à  l'est,   qui  compte 


MINÉRAUX    EMPLOYÉS   DANS    LES    INDL'STRIES    DIVERSES   5*25 

deux  ûlons  fournissant  du  minerai  impur  (filons  Marcel  et 
Francisco). 

La  partie  sud  du  gîte  comprend  un  fllon  conique  1res 
étendu  et  très  puissant  (25  à  40  mètres  d'épaisseur,  500  mètres 
de  longueur,  120  mètres  de  hauteur),  composé  de  sulfure  de 
fer  pur  très  friable,  à  gangue  siliceuse;  ce  fllon  est  appelé /S/oh 
/emire,  par  opposition  à  un  filon  voisin  dit  filon  dufy  moins  pur 
que  le  précédent  (5  à  10  mètres).  Les  minerais  de  Sain-Bel, 
qui  ne  contiennent  ni  chaux,  ni  arsenic,  sont  traités  dans  les 
usines  de  la  Société  de  Saint-Gobain,  propriétaire  des  con- 
cessions. 

Les  gisements  du  Rhône,  dont  la  masse  est  évaluée  à 
10  millions  de  tonnes,  fournissent  la  presque  totalité  de  l<'i 
production  du  soufre  en  France,  production  qui  a  été,  en  1891», 
de  9.720  tonnes. 

Gisements  du  Gard.  —  Les  gisements  du  Gard  sont  moins 
importants  que  ceux  du  Rhône.  A  7  kilomètres  d'Alais,  à 
Saint-Julien-de-ValgalgueSy  la  pyrite,  recouverte  d'un  chapeau 
de  fer  liydroxydé,  est  exploitée  à  ciel  ouvert  et  par  puits, 
dans  Toolithe  inférieure. 

Le  minerai,  qui  s'appauvrit  en  profondeur,  est  d'ane  dureté 
moyenne  ;  il  a  pour  gangue  de  la  chaux  carbonatée  et  du 
fluorure  de  calcium,  et  se  rencontre  près  d'un  calcaire  à 
encrines. 

Au  Soulier,  on  exploite  un  fllon  de  minerai  à  40  0,0,  dans  la 
dolomie  infraliasique,  et  des  amas  à  teneur  variable  dans  le 
trias  supérieur;  la  gangue  est  défavorable  (calcaire  magnésien). 

Gisements  de  VArdèche,  —  Dans  TArdèche,  à  Soyons,  on 
exploite,  par  galeries,  des  amas  de  pyrite  dure  en  rognons 
avec  gangue  argilo-siliceuse.  Ce  minerai,  interstratifié  dans 
le  trias,  contient  de  l'antimoine,  de  l'arsenic  et  du  fluorure 
de  calcium. 

On  importe,  en  France,  des  pyrites  provenant  des  mines 
de  Theuœei  Védrin  (Belgique),  de  Vigrsriaes  (Suède),  de  Bilbao 
(Espagne).  Des  gîtes,  non  exploités,  ont  été  reconnus  à  Vie- 
Dessos,  Olux,  Miclos  (Ariège)  et  à  Framont  (Vosges). 

Gisements  divers,  —  Au  Japon,  les  mines  de  l'île  de  Yeso  ont 
produit,  en  1896,  16.213  tonnes  de  soufre,  dont  7.992  tonnes 
ont  été  exportées  par  le  port  de  Hakodate. 


526  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

La  pyrite  exploitée  dans  les  divers  autres  pays  a  donné 
en  1896  :  pour  les  États-Unis,  2.845  tonnes  de  soufre  ;  pour 
rAIlemagne,  2.263  tonnes;  pour  la  Hongrie,  138  tonnes;  et 
pour  la  Suède,  77  tonnes. 

La  production  du  soufre  dans  le  monde  entier  a  atteint, 
en  1896,  460.749  tonnes. 


BIBU06RAPHIE  DU  SOUFRE  ET  DES  PTRITES 


1874.  Brunfaut,  De  Vexploitation  du  soufre  (Lerëvre,  Paris). 

1 875.  Ch.  Ledoux,  Mémoire  sur  les  mines  de  soufre  de  Sicile  {Annales 

des  Mines,  7*  série,  t.  VII,  p.  1). 

1875.  G.  Bruzzo,  Les  mines  de  soufre  de  Lercctra  en  Sicile  {Annales 

de  Cuyper^  t.  XXXVIII,  p.  567). 

1876.  Aimé  Girard  et  Morin.  Etude  des  pyrites  employées  en  France 

{Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  5*  série,  t.  VII). 

1876.  Paul  Manthés,  Gisements  de  pyrite  des  environs  d*Alais. 

1877.  Petilbon,  Note  sur  la  formation  du  soufre  à  Calamaki^  en 

Grèce  (Liège). 

1879.  Gascogne,  Les  Dépôts  de  soufre  d^ Islande.  Soufre  des  Topets 
près  Api  {Vauclusé)  [Revue  de  Géologie  ;  Annales  des  Mines, 
7-  série,  t.  XVH,  p.  289). 

1881.  Mottura,  Formation  solfifère  de  la  Sicile  [Bulletin  de  V Indus- 
trie minérale,  2*  série,  t.  X,  p.  Ii7). 

1888.  La  crise  du  soufre  en  Sicile  {Annales  de  Cuyper,  p.  303). 

1892.  Spezia,  SuW  origine  del  solfo  nei  giacimenti  (Gondeletti. 
Torino). 

1894.  L.  Bidon,   Le  soufre  en  Italie  [Génie  civil,  t.  XXIV,  pp.  373 

et  390). 

1895.  Production  du  soufre  au  Japon  [Génie  civil,  t.  XXVll,  p.  31). 

1897.  Gounot,  Contribution  à  Vétude  de  la  formation  du  soufre  en 

Italie  (Virzi  à  Palerme). 

1898.  Note  sur  les  conditions  de  vente  des  soufres  de  Sicile  (Bulle- 

tin des  Annales  des  Mines,  9*  série,  t.  XIII,  p.  317). 


MINÉRAUX    EMPLOYÉS    DANS    LES    INDUSTRIES  DIVERSES    527 


MAGNÉSnrM  ET  MAGNÉSIE 


PaoPRiKTés.  -  Le  magnésium  est  un  métal  qui  accompagne 
presque  toujours  le  calcium  avec  lequel  il  a  beaucoup  d*ana- 
logie;  mais  il  est  moins  fréquent.  Les  principaux  minéraux 
qui  renferment  du  magnésium  sont  :  la  dolomie  qui  tient 
environ  20  0/0  de  magnésie,  le  péridot,  les  amphibolea,  les 
pyroxènes  et  la  giobertite.  Les  eaux  marines  tiennent  de  la 
magnésie  en  dissolution. 

Usages.  —  Le  magnésium  métallique  n*est  guère  utilisé 
que  sous  forme  de  fils  ou  de  lamelles  qui  produisent  en 
brûlant  une  lumière  très  vive.  —  La  magnésie  est  employé 
comme  garniture  réfractaire  de  creusets  et  de  soles;  elle 
absorbe  et  retient  Tacide  phosphorique  et  rend  de  grands 
services  pour  la  métallurgie  des  minerais  de  fer  phos- 
phoreux. 

Elle  est  employée  aussi  dans  la  verrerie,  dans  les  sucreries, 
dans  les  fabriques  de  papier  à  pdte  de  hois,  dans  TappnH  des 
étoffes  et  dans  la  fabrication  des  eaux  minérales  artificielles. 

On  obtient  le  magnésium,  surtout  sous  forme  de  magnésie, 
en  évaporantsoit  des  eaux-mères  qui  contiennent  du  chlorure 
de  magnésium  comme  celles  de  Stassfurt,  soit  de  Teau  de  mer 
ou  des  eaux  minérales  contenant  du  sulfate  de  magnésie 
(PuUna,  Hunyadi-Janos)  ;  mais  ces  procédés  coûtent  très  cher. 
L'attaque  de  la  dolomie  par  Tacide  sulfurique  donne  des 
magnésies  impures  ou  pulvérulentes. 

Gisements.  —  Enfin  on  exploite  des  gisements  de  carbo- 
nate de  magnésie  ou  giobertite  (MgOGO'^).  Minéral  translu- 
cide, brun  jaunâtre,  infusible,  soluble  dans  les  acides),  que 
Ton  trouve  en  Italie,  en  Silésie  [Grockau)^  en  Styrie  (Krau- 
batk  et  Oberdof),  au  Canada  et  en  Eubée  (Mandoudi),  et  d'où 
Ton  extrait  de  la  magnésie  caustique. 

Eubée,  —  A  Mandoudi  (Eubée),  on  a  exploité,  dans  des 
schistes  talqueux  et  magnésiens,  deux  filons  très  puissants 


528  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

de  giobertite,  le  fiion  du  Cerf  et  le  filon  Kalamaki.  La  région, 
qui  contient  des  serpentines,  est  parcourue  par  des  eaux 
thermales  très  magnésiennes.  Le  minerai  contient  47  0/0  de 
magnésie.  L'exploitation,  qui  avait  lieu  en  galeries,  est  arr<^- 
tée  aujourd'hui. 

SnJGATB  DE  MA6HÉSIE  (ÉCUME  DE  MER) 

La  magnésite,  ou  écume  de  mer^  est  un  silicate  de  magné- 
sie hydraté  dont  la  densité  varie  de  0,8  à  1  ;  elle  sert  à  fabri- 
quer les  pipes  et  autres  articles  pour  fumeurs  ;  on  la  tire  de 
rOrient  où  Ton  en  trouve  des  gîtes  dans  des  roches  en 
général  très  dures.  Les  principales  mines  connues  sont  celles 
&'Eski-Scheir  (Kemikli,  Karadjoukf  Sarisu,  Nemli,  Sare-Sou)  en 
Asie  Mineure,  d'Angora  enCaramanie,  et  celles  de  la  Grèce, 
de  la  Bosnie  et  de  la  Moravie. 


BIBU06RAPHIE  DE  LA  MAGNÉSIE 


1871.  Bander,  Agglomérée  magnésiens  {Bulletin  de  la  Société  de 

Chimie,  t.'xV,  p.  42). 
1874.  Gorceix,  Tertiaire  de  Vile  d'Euhée  {Dullelin  de  la  Société  de 

géologie,  3*  série,  t.  H,  p.  401). 
1883.  nigaud,  Soie  sur  les  emplois  industriels  de  la  magnésie. 


MINÉRAUX  EMPLOYÉS   DANS   LES    INDUSTRIES   DIVERSES   520 


STRONTIUM  ET  8TR0NTIA1IE 


Usages.  ^  Le  strontium  (métal  grisâtre  et  brillant)  est  uti- 
lisé, sous  forme  de  strontiane  (oxyde  de  strontium),  pour  la 
fabrication  du  sucre  par  le  procédé  Dessaux,  concurrem- 
ment avec  la  chaux,  la  magnésie  et  la  baryte. 

Minerais  et  gisements.  —  Les  minerais  du  strontium  sont 
la  strontianite  (carbonate  de  strontium  SrO.GO',  transparent, 
translucide,  jaunâtre,  soluble  dans  les  acides)  et  la  célestine 
(sulfate  de  strontium  SrO.SO^,  transparent,  translucide,  bleu 
ou  rougeâtre,  inattaquable  aux  acides). 

Strontianite.  —  Le  principal  gtte  de  strontianite  est  celui 
d'AMen,  en  Westphalie,  où  Ton  trouve  des  filons  très  ramifiés, 
longs,  mais  peu  profonds,  dans  des  argiles  marneuses.  On 
peut  citer  aussi  les  filons,  peu  importants  d'ailleurs,  de  stron- 
tianite de  VArdèche,  du  Gard  et  de  la  Lozère ,  et  ceux  de 
Strontian  (Ecosse),  de  Braunsdorf  (Saxe),  de  Wanvick  (New- 
York),  etc. 

A  Girgenti  (Sicile),  la  strontianite  existe  en  lentilles  et  en 
filets  minces  dans  des  marnes  du  miocène  supérieur. 

On  trouve  encore  de  la  strontianite  à  Mon^maKre  (Paris),  à 
Saint-Béat  (Haute-Garonne),  à  Conilla  (Espagne),  à  Kingston 
(Canada],  à  Frankstown  (Pensylvanie),  etc.  Un  géologue 
allemand  en  a  découvert  un  gisement,  en  1880,  à  Put-in-Bay 
(Ohio). 

CéLESTiNB.  —  1^  célestine,  plus  répandue  dans  la  nature 
que  la  strontianite,  se  trouve  surtout  dans  les  marnes  ter- 
tiaires, où  elle  est  accompagnée  de  gypse  et  de  soufre  natif. 
On  en  trouve  en  Sicile  principalement,  et  aussi  au  Rouet,  à 
Condorcet,  près  de  Nyons  (Drôme),où  le  minerai,  pur  et  très 
blanc,  se  rencontre  dans  un  filon  plombeux  avec  blende,  au 
milieu  des  marnes  oxfordiennes,  ou  quelquefois  en  veines 
avec  calcite  (talcschistes  du  toit);  on  le  rencontre  aussi  dans 
des  boules  géodiques  de  marne  (célestine  fibreuse). 


•ÉOLOOIB.  34 


530  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

BDLIOGKAPHIB  DU  STUOHTIUII 


187  i.  De  Lapparent,  Sur  Vdge  des  marnes  slrontianifères  de  Meit-- 
don  {Bulletin  de  la  Société  de  Géologie,  3*  série,  t.  Il,  p.  593). 

1881 .  Lâchât,  Sur  le  filon  de  célestine  de  Syons,  dans  la  Drôme 
{Annales  des  Mines,  t.  XX,  6*  liTraison). 

1891.  Gayon  et  Blarez,  Sur  Vemploi  des  sels  de  strontiane  en  méde- 

cine {Comptes  Rendus). 

1892.  Michel.  Sur  quelques  minéraux  de  Condorcet,  dans  la  Drôme 

[Bulletin  de  la  Société  de  Minéralogie,  1 1  février). 


MINÉRAUX   EMPLOYÉS  DANS   LES   INDUSTRIES    DIVERSES    531 


BARTQM  BT  BAKTTB 

Usages.  —  Le  baryum,  métal  ressemblant  au  strontium, 
est  utilisé  principalement  comme  sulfate  de  baryte  (procédé 
Kuhlmann),  dans  la  préparation  des  papiers  de  tenture  et 
dans  la  peinture  à  la  détrempe. 

Il  est  aussi  employé  pour  la  falsification  de  diverses 
substances  blanches,  à  cause  de  la  densité  élevée  de  la  baryte, 
qui  permet  d'augmenter  leur  poids  à  peu  de  frais. 

Minerai  et  gisements.  —  Le  seul  minerai  de  baryum  exploité 
est  la  barytine  (sulfate  de  baryte  BaO,S03).  Transparent, 
translucide,  jaune  brunâtre,  insoluble  dans  les  acides,  que 
Ton  trouve  comme  gangue  des  filons  de  plomb,  ou  bien 
associé  au  quartz  et  à  la  fluorine  dans  des  filons  de  divers 
âges.  La  barytine  est  inconcessible,  et  c'est  le  plomb  qui  sert 
de  prétexte  aux  demandes  de  concession  {Brioude,  Auroiize^ 
Massiac,  en  France).  A  part  les  gîtes  de  Freiberg,  où  Ton 
trouve  la  barytine  en  grande  quantité  (Voir  le  chapitre  du 
Plomb),  on  peut  citer  le  filon  de  barytine  pure  de  Fleury 
^Belgique),  situé  dans  le  calcaire  carbonifère.  Ce  gite,qui  est 
très  irrégulier, est  estimé  à  200.000  tonnes.  On  doit  citer  aussi 
la  barytine  de  rAriège  (calcaires  dévoniens  de  Castelnau, 
grès  bigarrés  de  Bouich,  calcschistes  liasiques  de  Caumont), 

On  trouve  également  de  la  barytine  à  Almaden  (Espagne), 
à  Dufton  (Cumberland),  dans  le  Staffordshire  et  le  Derbyshin , 
à  Hatfield  (Massachusetts),  dans  le  Connecticut,  en  Penny i- 
vanie,  dans  la  mine  d'or  d'Eldrige  (Virginie),  au  Kentuchy,  au 
Canada  et  au  Nouveau-Mexique. 

La  production  de  la  barytine  a  atteint,  en  Angleterre 
en  i89o,  21.509  tonnes,  valant  576.475  francs,  et  aux  États- 
Unis,  24.781  tonnes,  en  1897,  valant  546.320  francs. 

BIBU06RAPHIB  DU  BARYUM 


1S68.  Mussy  {Annales  des  Mines,  6"  série,  t.  XIV,  p.  579). 

1879.  Remiede  Géoloffiei Annales  des  Mines,  6*  série,  t.  XVII,  p.  132). 


532  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 


L'ALUHIRB  ET  SES  G0IIP08É8 

En  dehors  de  la  préparation  de  raluminium  (voir  chapitre 
des  Minerais  métallifères),  les  composés  de  Talumine  sont 
employés  à  divers  usages  industriels. 

Bauxite.  —  La  bauxite,  qui  sert  à  la  préparation  de  Talu- 
minium,  est  employée  aussi  comme  argile  réfractaire,  et  Ton 
s'en  sert  pour  la  fabrication  de  Talun  et  du  sulfate  d'alu- 
mine. 

Alumine  pure.  —  L'alumine  pure,  qui  a  beaucoup  d'affinité 
pour  les  matières  colorantes,  forme  la  base  de  la  fabrication 
des  laques. 

Sulfate  d'alumine.  —  Le  sulfate  d'alumine  sert  pour  la 
préparation  des  papiers  et  des  étoffes.  —  L'Allemagne  en  a 
produit,  en  i896,  20.553  tonnes  valant  1.815.730  francs; 
et  l'Italie,  2.390  tonnes  valant  205.iOO  francs. 


ALUN 


On  donne  dans  le  commerce  le  nom  d'aluns  à  des  sul- 
fates d'alumine,  de  potasse  et  d'ammoniaque  (KOSO^ 
+  Aia03,3S03+24HO  ou  AzH^0,S03  +  A1W,3S03  -h  24HO), 
employés  dans  la  papeterie,  la  mégisserie,  en  teinture, 
en  médecine  (comme  astringent  et  comme  caustique)  ; 
on  emploie  aussi  les  aluns  pour  clarifier  les  liquides,  les 
suifs,  etc.  On  peut  produire  Talun  soit  en  traitant  du  kaolin 
ou  de  la  bauxite  par  l'acide  sulfurique  et  en  y  ajoutant  du 
sulfate  de  potasse,  soit  en  grillant  des  schistes  alumineux 
pyriteux  (Picardie,  Suède,  Belgique)  ;  l'acide  sulfurique  pro- 
duit par  le  grillage  forme  du  sulfate  d'alumine,  auquel  on 
ajoute  du  sulfate  de  potasse. 

Alunite.  —  Enfin,  on  trouve  en  Italie,  et  en  Hongrie,  une 
pierre  naturelle  insoluble  :  Valunite  [KO.SO»  -f-  3  (APO^Sœ) 
-f  6H0],  qui  est  un  sous-sulfate  d'alumine  et  de  potasse. 


MINÉRAUX    KMPLOYÉS   DANS    LES    INDUSTRIES  DIVERSES   533 

Pour  la  transformer  en  alun,  on  calcine  lalunite,  puis  on 
lessive  le  produit  et  on  l'additionne  de  sulfate  de  potasse. 

L'alunite  est  un  corps  cristallin  blanc  (densité  =  2,75), 
qui  se  trouve  dans  des  trachytes  en  Hongrie,  dans  le  Caucase 
et  à  la  Tolfa  dans  la  campagne  de  Rome. 

Gisement  de  la  Tolfa.  —  Les  Romains  faisaient  venir  Talu- 
nite  d'Asie  Mineure  et  ne  connaissaient  pas  le  gîte  de  la 
Tolfa,  découvert  en  1453,  dans  les  trachytes,  au  nord  de  Civita- 
Vecchia;  Talunite  y  est  souvent  accompagnée  de  kaolin.  Les 
filons  ont  de  1  à  15  mètres  de  puissance  et  forment 
quatre  groupes  ;  la  couleur  du  rainerai  varie  du  blanc  au 
rouge,  suivant  la  couleur  du  mica  contenu  dans  le  trachyte. 
On  calcine  Talunite  après  pulvérisation,  et  on  l'attaque 
ensuite  par  l'acide  sulfurique,  puis  on  ajoute  du  sulfate  de 
potasse  et  de  l'acide  sulfurique.  On  recueille  ainsi  2  tonnes 
d'alun  cristallisé  en  employant  :  1.000  kilogrammes  d'alunite, 
200  kilogrammes  de  sulfate  de  potasse  et  1.000  kilogrammes 
d'acide  sulfurique.  La  production  diminue,  d'abord  parce  que 
le  gîte  s'épuise,  et  aussi  parce  que  l'on  obtient  maintenant, 
au  moyen  de  la  kaïnite  de  Stassfurt,  du  sulfate  de  potasse 
naturel,  qui  donne  de  Talun  contenant  moins  d'acide  sulfu- 
rique que  l'alun  provenant  de  l'alunite. 

La  production  de  l'nlunile  a  été,  en  1896,  en  Italie,  de 
6.000  tonnes  seulement;  cette  production  avait  été  de 
200.000  tonnes  en  1891. 

Il  existe  d'autres  gisements  d'alunite,  à  Afon^iomf Toscane), 
au  Mont'Dore  et  sur  les  versants  du  pic  du  Sancy  (Auvergne), 
ainsi  qu'à  Mmay  et  à  Bereghszasz,  en  Hongrie  (production  : 
171  tonnes,  en  1896,  valant  sur  place  8.550  francs)  à  Aft7o,  à 
Nevis  et  à  Argentiera  (archipel  grec),  et  dans  les  masses 
trachytiques,  au  voisinage  de  volcans  actifs  ou  éteints. 

BIBU06RAPHIB  DE  L'ALUN 

1848.  Coquand,  Sur  les  alunières  de  la  Toscane  {Annales  des  Mines, 

2*  série,  t.  VL  p.  91). 
1848.  Revue  de   Géologie   {Annales  des  Mines,  7*  série,   t.   XVII, 

p.  116  et  290). 
1880.  Vialla  {Bulletin  de  VIndustne  minérale,  2*  série,  t.  IX,  p.  799). 
1886.  Guyot,  V Alunite  {Cuyper,  Bulletin,  t.  XIII). 


534  GÉOLOGIE   APPLIQLÉB 


ABGILBS 

Les  argiles  sont  des  silicates  d'alumine  hydratés.  I/argile 
pure  (A1^03,2SiO*  +  2H0)  est  blanche,  compcacte,  douce  au 
toucher  et  peu  fusible  ;  calcinée,  elle  absorbe  rapidement 
Teau  et  happe  à  la  langue  ;  elle  est  plastique,  c'est-à-dire 
quelle  forme  avec  Feau  une  pâte  liante,  qui  se  pétrit  et  se 
façonne  facilement,  mais  qui,  à  la  chaleur,  se  contracte  et  se 
fendille. 

Les  argiles  proviennent  de  la  décomposition  du  feldspath, 
silicate  double  d'alumine  et  de  potasse  (KO,Âl'03,6SiO^)  qui, 
sous  l'influence  prolongée  de  l'eau,  se  dissocie  en  silicate 
de  potasse  soluble,  en  silice  et  en  silicate  d'alumine.  Dans 
la  pratique,  on  distinguo  les  argiles  d'après  leurs  propriétés  : 
en  argiles  plastiques,  argiles  smectiques,  argiles  flgulines, 
ocros  et  kaolins. 

Anr.fLR  PLASTIQUE.  —  Lcs  argîles  ordinaires  contiennent, 
outre  de  la  silice  et  de  l'alumine,  de  petites  quantités 
d'oxyde  de  fer  et  de  manganèse,  ainsi  que  de  la  chaux  et  des 
alcalis;  elles  sont  souvent  mélangées  de  sable  et  de  calcaire. 
Elles  sont  colorées  en  jaune,  en  rouge  ou  en  vert,  et  sont 
d'autant  plus  fusibles  qu'elles  contiennent  plus  de  chaux  ou 
d'oxyde  de  fer.  Les  argiles  plastiques,  en  général  assez  pures, 
sont  douces  et  onctueuses  au  toucher;  elles  forment  avec 
l'eau  une  pAte  liante  et  durcissent,  sans  fondre,  sous  l'in- 
fluence de  la  chaleur.  On  les  emploie  pour  la  fabrication 
des  poteries  et  des  briques  réfractaires  ;  mélangées  avec 
deux  parties  de  plombagine,  elles  servent  souvent  à  faire 
des  creusets  à  fondre  l'acier  [Bretcuil  (Eure  i,  Angleur  (Bel- 
gique), etc.] 

Quand  les  nuances  de  l'argile  sont  dues  à  des  matières 
organiques,  elles  s'atténuent  par  la  cuisson;  mais  des  traces 
d'oxyde  de  fer  l'empêchent  d'atteindre  le  blanc  du  kaolin* 
Les  argiles  plastiques  bien  réfractaires  sont  rares  eu  France  > 


MINÉRAUX   EMPLOYÉS    DANS    LES    INDUSTRIES  DIVERSES    535 

on  en  trouve  à  Forges-les-Eaux,  en  Normandie,  à  BoUène,  près 
d'Avignon,  à  Cahors,  etc.  Quant  aux  argiles  communes,  elles 
sont  si  répandues  qu'on  ne  peut  pas  en  indiquer  les  gi- 
sements. 

Argile  smegtique  (terre  à  foulon).  —  Les  argiles  smecticjues, 
moins  pures  que  les  précédentes,  forment  avec  l'eau  une 
pâte  peu  liante  et  fondent  à  une  température  élevée  ;  elles 
prennent  bien  Thuile  et  servent  pour  le  dégraissage  et  le 
foulonnage  des  draps  ;  dans  Teau,  elles  se  délitent  en  une 
poudre  fine,  aussi  quittent-elles  facilement  les  étoffes, 
[pierre  à  détacher  de  Montmartrey  terre  à  foulon  à^îssoxidun 
dans  rindre  et  de  Villeneuve  dans  Tlsère,  argiles  smec- 
tiques  de  Reigate  (Angleterre),  de  Styrie,  etc.]. 

Argile  figuline  (terre glaise).  —  Les  argiles  figulines  {Vantes, 
Vaugirard)  contiennent  beaucoup  de  chaux  (5  à  6  0/0)  et 
d'oxyde  de  fer,  ce  qui  les  rend  très  fusibles;  elles  servent 
aux  sculpteurs  (terre  glaise)  pour  les  maquettes  et  sont 
employées  aussi  à  la  fabrication  des  poteries  grossières,  des 
briques,  des  tuiles  et  des  terres  cuites. 

Ocre»  jaune  et  rouge.  —  Qu<ind  Targile  est  très  ferrugi- 
neuse, elle  n'est  plus  du  tout  réfractaire  ;  l'oxyde  de  fer 
hydraté  la  colore  en  jaune;  le  peroxyde  la  colore  en  rouge. 
Elle  constitue,  suivant  les  cas,  l'ocre  jaune  ou  l'ocre  rouge 
(sanguine  ou  rouge  de  mars)  utilisés  en  peinture.  On  trouve 
des  ocres  de  bonne  qualité  contenant  35  0/0  de  peroxyde 
de  fer  dans  V  Yonne  et  des  argiles  ocreuses  à  Sienne  (terre  de 
Sienne). 

Les  argiles  peuvent  être  calcaires,  ce  qui  n'empêche  pas 
leur  emploi  dans  les  arls  céramiques  ;  mais,  quand  la  pro* 
portion  de  calcaire  dépasse  50  0/0,  on  n'a  plus  qu'un  calcaire 
argileux  dont  les  propriétés  plastiques  disparaissent. 

KAOLIN 

Le  kaolin  est  une  argile  pure,  qui  est  la  base  de  la  fabri- 
cation de  la  porcelaine.  Il  était  connu  anciennement  des 
Chinois;  il  fut  découvert  en  Saxe,  en  il\0,  près  de  Meissen 
(Manufacture  royale  de  porcelaine).  En  France,  on  ne 
découvrit  le  kaolin   qu'en  1760,  quatre  ans  après  la  fonda- 


536  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

tion  de  la  manufacture  de  Sèvres.  Le  kaolin  de  Saint-Yrieix 
fut  découvert  en  1768.  Pour  la  fabrication  de  la  porcelaine, 
on  mélange  le  kaolin  avec  du  feldspath  fusible  (dégraissage), 
du  quartz  et  de  la  chaux,  et  Ton  glace  (couverte)  avec  du 
feldspath  qnartzeux  pur  ou  mélangé  de  quartz. 

On  tire  le  kaolin  des  gisements  français  suivants  :  les 
Colettes  (Allier),  Coussac,  MarcognaCy  Cuhertafou,  dans  le 
Limousin,  près  de  Saint-Yrieix,  les  Eyzies  (Dordogne),  Dectze 
(Nièvre),  etc. 

On  importe  des  kaolins  anglais  de  Saint-Austell  pour  la 
fabrication  des  produits  secondaires.  La  Chine  renferme 
d\n boudants  gisements  de  kaolin,  dans  des  pegmatites. 

Ces  divers  gisements  peuvent  se  diviser  en  deux  caté- 
gories : 

1<>  Les  gisements    dans    les  granulites   stannifères  :  les 
Colettes,  Saint-Yrieix,  Saint-Austell  (Cornouailles)  ; 
2«  Les  gisements  stratifiés  (Decize,  les  Eyzies). 

i^  GISEMENTS    DE  KAOLLN    DANS  LES  GRANULITES 

Gisement  des  Colettes  (Allier),  —  Le  gîte  de  kaolin  des 
Colettes  est  situé  dans  de  la  granulite  environnée  de  mica- 
schistes Stannifères  (cassitérite  contenant  de  la  lithine  et 
de  la  turquoise).  Le  feldspath  de  cette  granulite  est  trans- 
formé en  kaolin  au  contact  des  filons  de  quartz  très  nom- 
breux qui  la  recoupent.  On  exploite  en  tranchées  ;  la  roche 
est  lavée  à  Teau  courante,  puis  dans  des  bassins  de  décanta- 
tion où  le  kaolin  se  dépose  en  dernier  ;  on  le  passe  au  tamis 
très  fin,  pour  enlever  les  dernières  paillettes  de  mica  qui  ont 
échappé  au  lavage  et  à  la  décantation. 

Région  de  Sfdnt-Yrieix  (Coussac).  —  Les  veines  de  kaolin 
des  environs  de  Saint-Yrieix  se  trouvent  dans  des  filons  de 
granulites  (pegmatite)  encaissés  dans  des  micaschistes  (quel- 
quefois dans  des  leptynites  ou  des  diorites).  Outre  le  kaolin 
pur  y  on  rencontre,  à  Saint-Yrieix,  la  granulite  sablonneuse 
(feldspath  décomposé),  qui  contient  des  grains  très  fins  de 
quartz  et  de  feldspath,  la  granulite  entièrement  décomposée  ou 
caillouteuse  (kaolin  mélangé  de  quartz  et  de  mica  blanc),  la 


MIMiHArX    EUPLOYËa    DANS    LES    INDUSTRIES    DIVERSES    S37 

yranulite  à  demi  décomposée,  que  l'on  broie  avant  de  la 
vendre,  et  lu  granulite  non  décomposée  (caillou  à  émail). 

Les  filons  de  pcgmatite  di-  Saint-Yrieix  se  divisent  en 
deux  groupes  :  celui  de  Coussac  et  celui  de  Manognae-Bois- 
Vicomte  [abandonne). 

A  Coussac,  les  principales  carrières  sont  celles  de  Saint- 
Bonnet,  de  la  Londe,  de  Grand-Bois,  de  Sainte-Valirie  et  de 
Sa jn (-Antoine.  Le  kaolin  brut  est  broyiï  à  la  meule  ;  puis  la  ma- 
tière sortant  de  la  meule  est  lillrée  et  s<^chée  ;  ou  la  mélange 
ensuite  à  d'autres  matières  pour  obtenir  In  barbotine. 

Le  kaolin  pur  de  Saint-Yrieix  se  vend  environ  10  francs 
les  100  kilogrammes.  —  Les  granuMle^  décomposées  se 
vendent  seulement  de  2  à  Ô  francs  les  100  kilogrammes. 

2"    GISEUEST:-  SÉDIXENTAIRES    DE  KAOLI.N 

Giiements  de  la  flièvre  {Deeîze).  —  On  exploite  dans  la  Nièvre 
des  sables,  dits  «  sablons  »,  formés  de  quarti  en  grains  empiltés 
dans  de  l'argile  kaolinique  (15  à  25  0  0);  on  lave  les  sablons 
pour  en  extraire  l'argile;  ces  sables  sont  interstratifiés,  en 
couches  de  i  à  5  mètres,  entre  des  grès  micacés  avec  argiles 
rouges  (trias),  et  des  calcaires  helUingiens. 

Les  principaux  points  oi^  ces  sables  sont  exploili's  sont 
Vaux,  Decttie,  Chantenaj/,  Aty-le-Vif,  etc. 

fitkiirm    tiidma 


Gâements  de  la  Dordogne  [les  Eyûes).  —  On  exploite  dans 
la  Dordogne  des  amas  de  kaolin  compact,  blanc  et  très  fin, 


538  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

«ans  retrait,  qu'on  emploie  pour  la  papeterie  et  pour  la  fabri- 
-cation  du  savon. 

Ces  amas  remplissent  des  poches  au  milieu  de  sables 
micacés  ferrugineux  très  fins,  reposant  sur  le  calcaire  des 
Eyzies,  notamment  à  Queylou  ;  le  banc  de  sable  est  surmonté 
en  certains  points,  par  du  calcaire  siliceux  dur. 

La  production  du  kaolin,  en  France,  a  été  la  suivante 
en  1895  : 

Allier 18.000  tonnes 

Creuse 2 .  400      — 

Dordogne i  .680      — 

Drôme 6.100      — 

Nièvre 10.200      — 

Haute-Vienne 7.000      — 

Totiil 4:i  .380  tonnes 

Gisements  divers.  —  On  peut  citer  aussi,  en  Thuringe,  des 
gisements  de  kaolin  plus  ou  moins  blanc  et  plus  ou  moins 
lin,  à  Martinrode,  à  Eisenberg  et  à  Weissenfels. 

Il  existe,  en  outre,  divers  autres  gisements  de  kaolin  peu 
importants  ou  inexploités,  dans  les  Landes,  les  Ardennes,  la 
Lombardie,  V Amérique  (Ottawa),  etc. 

BIBU06RAPHIE  DU  KAOLOf 

1874.  Schlœsing,  Sur  la  consUlution  des  argiles  et  kaolins  (Comptes 

Rendus,  t.  LXXIX,  pp.  376  et  473). 
1877.  A.  de  Lapparent,  Kaolins  du  Lot-et-Garonne,  de  Lomlmrdie, 

de  Thwnnge;  Kaolinisalion  [Repue  de  Géologie,  Annales  des 

Mines,  7*  série,  t.  XIII,  p.  364). 
1880-1881.  Fontannes,  Terrains  des  environs  de  Bollène  {Bulletin  de 

la  Société  de  Géologie,  3«  série,  t.  IX,  p.  438). 

1888.  L.  de  Launay,  Le  kaolin  des  Colettes  dans  V Allier  (Bulletin 

de  la  Société  de  Géologie,  p.  1669). 

1889.  Hinstin,  Notice  sur  les  kaolins  de  V Allier  et  les  blancs  de 

Meudon  {Bibliothèque  de  VÈcole  des  Mines  de  PatHs). 
1891.  Journal  officiel  de  Juillet.  Discussion  à  la  Chambre  des  tainfs 

de  douane  sur  le  kaolin. 
1898.  Kaolin  des  Colettes  {Bulletin  de  Vindustrie  minérale  de  Saint - 

Etienne,  t.  XI,  p.  441). 


MINÉRAUX    EMPLOYÉS   DANS    LES   INDUSTRIES  DIVERSES   539 


GRTOUTE 

1^  cryolite  est  aussi  un  composé  de  raluminium;  sa  for- 
mule est  :  6NaFl+AiaFl«. 

On  la  rencontre  en  masses  lamellaires,  clivables  :  c'est  un 
corps  généralement  blanc  de  neige,  quelquefois  jaune 
rougeAtre  ou  même  noir. 

La  cryolite  est  employée  pour  la  fabrication  de  la  soude 
et  pour  la  préparation  des  lessives  alcalines  dans  les  savon- 
neries. On  a  vu  plus  haut  qu'elle  servait  aussi  à  la  prépa- 
ration de  raluminium. 

Gisements  (TEvigtok,  —  Les  mines  d'Evigtok,  dans  le  Groen- 
land, sont  situées  par  68°  10  de  latitude  Nord  et  48*^10  de 
longitude  Ouest,  dans  le  tlord  d'Arksut;  elles  appartiennent 
au  Gouvernement  Danois,  qui  les'  afferme  à  une  Compagnie 
dont  le  siège  est  à  Copenhague  ;  l'exportation  des  minerais 
en  Amérique  est  monopolisée  par  la  Pensylvania  Sait 
Manufacturing  C^,  de  Philadelphie.  La  mine  est  exploitée  à 
ciel  ouvert  sur  00  mètres  de  longueur,  45  mètres  de  largeur 
et  36  mètres  de  profondeur.  On  extrait  deux  qualités  de 
minerai  :  Tune  à  99  0/0,  Tautre  à  92  0/0  ;  Texploitation  se 
fait  d'avril  à  novembre  (140  ouvriers).  On  expédie  les  mine- 
rais de  qualité  inférieure  (10.500  tonnes  en  1897),  à  Philadel- 
phie, et  les  autres  à  Copenhague.  L'extraction  totale  a  été  de 
13.000  tonnes  en  1897. 

Les  autres  gisements  de  cryolite  sont  ceux  de  la  Californie 
(inexploités)  et  de  Miask  (Oural). 

Le  prix  de  la  cryolite,  en  France,  est  d'environ  600  francs 
par  tonne. 

mcA 

On  donne  le  nom  de  micas  à  diverses  substances  alumi- 
neuses,  qui  offrent  de  grandes  analogies  dans  leurs  carac- 
tères extérieurs,  mais  dont  la  composition  chimique  présente 
des  dissemblances  notables. 


540  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

Les  principales  variétés  sont  la  muscovite,  la  biotite  et  la 
lépidolite,  qui  contiennent  toutes  trois  de  fortes  proportions 
d'alumine  avec  silice,  oxyde  ferrique,  magnésie,  chaux  et 
potasse. 

Le  mica  se  présente  en  petits  cristaux  ou  en  grandes 
feuilles  transparentes,  ayant  jusqu'à  plusieurs  mètres  carrés 
de  surface,  inaltérables  à  Teau  et  au  feu. 

On  emploie  le  mica  à  de  nombreux  usages  en  métallurgie, 
et  on  en  fait  des  lanternes,  des  écrans,  etc. 

Outre  les  gisements  de  la  Norwège  (pegmatites  de  Vile  de 
Quen)  et  de  la  France  [Tulle,  Saint- Yrieix)^  les  principaux  gîtes 
de  mica  sont  ceux  de  la  province  de  Québec  (Canada),  d*où 
Ton  tire  la  muscovite  (mica  très  blanc).  Les  mines  de  Ville- 
neuve et  Leduc  (Ottawa)  fournissent  du  mica  en  cristaux,  dans 
des  pegmatites  dures,  et  du  kaolin  très  blanc.  Dans  les  mines 
Jonquière  et  Berthier-Maisonneuve,  le  mica  est  accompagné 
de  quartz  et  d'émeraudç,  soit  avec  molybdénite,  soit  avec 
grenat  et  samarskite. 

Il  existe  aussi  des  gisements  de  mica  aux  Indes,  à  Ochotzk 
(Sibérie),  etc. 

La  production  du  mica  a  été  aux  Indes,  en  1897,  de 
ioO.OOO  kilogrammes;  aux  États-Unis,  elle  a  été,  en  1898,  de 
49.800 kilogrammes  de  mica  en  feuilles  valant  458.000  francs, 
et  de  3.200  tonnes  de  mica  en  petits  fragments  valant 
199.000  francs;  et  au  Canada,  en  1898,  de  250.000  kilo- 
grammes, valant  410.000  francs. 

[Voir,  sur  les  micas,  le  Rapport  de  M.  Obalski  sur  la  pro- 
vince de  Québec  (18S6).] 

ÉMERI 

L'émeri  est  de  Talumine  colorée  en  noir  par  de  Toxyde 
de  fer;  on  l'emploie,  mélangé  à  de  Teau  ou  à  de  Thuile,  pour 
polir  ou  user  les  verres  et  les  métaux  (toile  et  papier 
d'émeri). 

L'émerise  rencontre  kÉphèse  (Gumuch  Dach)  et  k  Aperatkos 
dans  rilc  de  Naxos  (Grèce),  dans  des  calcaires  et  dans  des 
dolomies  saccharoides  ;  il  contient  80  0/0  d'alumine,  4  0/0 


MINÉRAUX    EMPLOYÉS  DANS    LES    INDUSTRIES  DIVERSES    541 

de  fer  et  3  0/0  de  silice.  Aux  États-Unis,  l'émeri  de  Chester 
(Massachusetts)  se  présente  en  un  banc  de  1  à  3  mètres 
d'épaisseur  sur  7.000  mètres  de  longueur,  dans  des  schistes 
talqueux.  On  connaît  encore  le  gîte  d'Ochsenkopf  (mica- 
schistes), en  Saxe;  celui  de  Ronda,  en  Espagne;  celui  de 
Kulah^  près  de  Smyrne,  etc. 

[Voir  une  étude  sur  réraeri  de  Naxos  (Annales  des  Mines, 
1. 1,  p.  604,  et  t.  Il,  p.  609,  1832).] 

Il  existe  encore  d'autres  composés  de  Talumine,  tels  que 
la  tourmaline,  employée  en  physique  pour  les  expériences  de 
polarisation  des  rayons  lumineux;  le  feldspath-orthose, 
silicate  d*alumine  et  de  potasse  employé  comme  couverte  ou 
émail  pour  les  porcelaines  ;  et  divers  autres  minéraux  d'un 
emploi  très  restreint,  dont  le  cadre  de  cet  ouvrage  ne 
permet  pas  d'aborder  l'étude.  Quelques-uns  cependant  seront 
passés  en  revue  au  chapitre  des  Pierres  précieuses. 


542  6ÉOU)GlE   ArPUQCÉE 


L'amiante  est  une  amphibole  à  base  de  chanx  et  de  magné- 
sie, exempte  d'alumine;  elle  se  présente  en  fibres  malléables 
à  éclat  soyeux,  blanches,  grises  oo  Tertes,  infusibles,  sauf 
au  chalumeau,  et  insolubles  dans  les  acides. 

On  distingue  deux  sortes  d'amiantes  :  le  chrysoHte  et  la  tré- 
molite.  On  emploie  Tamiante,  qui  est  incombustible,  pour 
faire  des  joints  de  machines,  des  filtres,  des  isolants  pour 
Télectricité,  elc. 

Le  principal  gisement  se  trouve  dans  les  serpentines  de  la 
province  de  Québec,  qui  renferment  un  cbrysolite  soyeux 
très  fin  et  tn*s  estimé. 

Dans  le  SainM;othard,  le  val  Trémola  fournit  de  la  trémolite. 

BmUOGRAPHIB  DE  L'AMIA1IT£ 

1877-1878.  De  Konink,  Asbesle  trOltré  {Annales   de  la  Société  de 
Géologie  de  Behjique,  t.  V,  LXXXIII,  Liège.) 

1887.  Annales  des  Mines,  p.  149. 

1888.  ObaUki,  Happorf  sur  le  Canada. 
1890.  La  Sature,  du  13  décembre  1890. 


SABLES  gUABTXEUX 

Dans  le  chapitn^  des  minéraux  employés  pour  la  construc- 
tion, on  a  étudii',  parmi  les  roches  siliceuses  meubles,  les 
sables  ipiailzeux,  au  point  de  vue  de  leur  emploi  pour  la 
confection  des  mortiers;  les  sables  quartzeux  sont  aussi  uti- 
lisi''s  on  grandes  quantités  dans  les  verreries  et  dans  les 
fonderies. 

Sahlk  i)k  vKnRKniK.  —  Suivant  le  degré  de  blancheur  que 

l'on  veut  obtenir  dans  la  fabrication  des  verres  blancs  et  des 

^  on  introduit  dans  les  bains  des  proportions  variables 


HIMÉRAUX    EMPLOYÉS   DANS   LES   INDUSTRIES   DIVERSES    54^ 

de  sables  quartzeux  blancs,  très  fins  (tamis  25),  qui  doivent 
ne  pas  contenir  d'oxyde  de  fer. 

Gisements  de  Nemours  [Seine-et-Martie).  —  Les  sables  les 
plus  purs  sont  ceux  de  Nemours,  jusqu'à  présent  sans  rivaux, 
qui  sont  employés  dans  les  verreries,  les  glaceries  et  les  cris- 
talleries  principales  de  la  France  et  de  TÉtranger. 

Lescartières  de  Nemours  produisent  actuellement  par  an 
plus  de  150.000  tonnes  de  sables,  dits  sables  de  Fontaine- 
bleau. 

La  composition  moyenne  de  ces  sables  est  la  suivante  : 

Silice 98,74 

Alumine 0,80 

Chaux 0,03 

Magnésie traces 

Peroxyde  de  fer 0,03  à  0,00 

Eau  de  combinaison 0,40 

Total 100,00 

Les  couches  inférieures  ne  contiennent  pas  de  fer  ;  elles 
conviennent  à  tous  les  usages  de  la  cristallerie,  de  la  verre- 
rie et  de  la  glacerie,  ainsi  que  les  sables  des  gisements  beau- 
coup moins  importants  de  RiUy-la-Montagne  (Marne). 

Sablr  de  fonderie.  —  Les  couches  supérieures,  qui  con- 
tiennent des  traces  de  fer  provenant  de  Tinfiltration  des  eaux 
superficielles,  sont  exploitées  pour  le  service  des  usines  de 
fonderie  (confection  des  moules  dans  lesquels  on  coule  le 
bronze,  la  fonte  et  Facier). 

Gisement  de  Fontenay-aux-Hoses,  —  Le  sable  de  fonderie 
doit  être  un  peu  argileux.  Celui  qu'on  exploite  à  Fontenay- 
aux-Hoses  jouit  d'une  grande  réputation,  à  cause  de  sa 
plasticité,  qu'il  doit  à  la  présence  de  matières  organiques. 


CRAIE  ET  BLANC  D'ESPAGNE 

La  craie  est  un  calcaire  très  pur,  de  couleur  très  blanche 
et  de  faible  résistance  à  l'écrasement. 


bU  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Elle  appartient  presque  uniquement  à  Tétage  sénonien, 
qui  a  reçu  le  nom  d'étage  de  la  craie  blanche. 

Usages.  —  Taillée  en  bâtons  allongés,  elle  sert  de  crayon 
pour  les  ardoises;  on  l'emploie  aussi  à  la  fabrication  du 
blanc  d'Espagne.  Pour  cela,  la  roche  est  écrasée  et  délayée 
dans  Teau,  pour  permettre  à  la  craie  de  se  séparer  des  impu- 
retés qu'elle  contient  ;  la  craie  est  ensuite  moulée  en  forme  de 
pains  et  séchée  à  l'air.  Le  blanc  d'Espagne  est  utilisé  pour  la 
peinture  à  la  détrempe,  la  préparation  des  couleurs,  le  net- 
toyage des  vitres  et  de  l'argenterie,  la  fabrication  du  mastic 
de  vitrier,  etc. 

Gisements.  —  Le  blanc  d'Espagne  porte  encore,  dans  le 
commerce,  les  noms  de  blanc  de  Bougival,  blanc  de  Meudon^ 
blanc  de  DieppCj  blanc  de  Champagne  ou  de  Troyes,  qui 
indiquent  suffisamment  les  endroits  où  la  craie  est  exploitée. 

ALBATRE  CALGAIRB 

L'albâtre  calcaire  est  un  marbre  à  texture  fibreuse,  dia- 
phane et  d'une  blancheur  éclatante;  il  vient  de  Grèce  et 
d'Italie. 

Les  anciens  tiraient  de  l'Asie  Mineure,  de  la  Syrie  et  de 
l'Egypte,  V albâtre  oriental,  dont  les  raies  rappellent  celles  de 
Tagathe. 

Gisement  d'Ysser  [Oran),  —  On  exploite  aujourd'hui,  près 
d' Visser,  dans  le  département  d'Oran,  un  albâtre  auquel  on  a 
donné  le  nom  impropre  d'onyx  d'Algérie  ;  il  a  une  texture 
rubannée,  et  ses  veines  sont  vertes,  rouge  vif,  jaune  d'or  ou 
brunes.  Il  résiste  bien  à  l'action  de  l'air  ;  mais,  comme  il  est 
assez  tendre,  on  s'en  sert  surtout  pour  faire  des  objets  d'art, 
coupes,  coffres,  etc.,  en  le  mariant  au  bronze. 

SCHISTE  GOTIGULADUB 

Le  schiste  coticulaire  est  une  pierre  très  dure,  dont  on  se 
sert  pour  aiguiser  les  rasoirs.  On  le  connaît  aussi  sous  le 
nom  de  novaculite  (de  tiovacula,  rasoir).  Ah  Canada,  on 
en  trouve  une  espèce  particulière,  colorée  en  rouge  par  le 


MINÉRAUX   EMPLOYÉS    DANS    LES    INDUSTRIES   DIVERSES    545 

peroxyde  de  fer,  que  les  Indiens  appellent  pierre  à  calumets, 
et  dont  ils  se  servent  pour  faire  des  pipes  et  autres  objets. 


SCHISTE  6BAPHI0UE 

Le  schiste  graphique,  ou  aiunifère,  est  un  schiste  assez  noir 
pour  servir  à  la  confection  des  crayons  de  charpentier  ;  on  le 
rencontre  dans  le  silurien  de  la  Bretagne  et  des  Pyrénées  et 
dans  le  terrain  houiller.  Sous  le  nom  d'ampélite  («[xtieXo;. 
vigne),  il  sert,  depuis  un  temps  immémorial,  à  Tamende- 
nient  des  vignobles.  On  Futilise  aussi  pour  la  fabrication  de 
Talun. 

TERBE  D'OMBBE 

On  trouve,  dans  les  gisements  lignitifères  des  environs  de 
Cologne,  exploités  comme  combustibles  minéraux,  ainsi 
qu'on  Ta  vu  au  chapitre  des  Carbures,  nue  certaine  variété  de 
lignites  friables,  terreux,  onctueux  au  toucher,  d'une  den- 
sité voisine  de  1  et  d'une  couleur  brun  clair,  qui  a  reçu  le 
nom  de  terre  de  Cologne  ou  terre  d'Ombre,  Cette  variété  de 
lignite  est  utilisée  comme  couleur. 


CtOLOOIR.  3S 


GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 


80DRCES  THERHOMIHËRALES 


Définition.  —  Les  sources  thermomioérales  sont  des 
sources  d'eau  dont  la  température  est  sensiblemeDt  plus 
élevée  que  celle  du  point  de  leur  apparition  au  Jour. 

I.a  chaleur  qu'elles  possèdent  et  quelquefois  l'action  de 
phéuomènes  volceiniques  leur  perniellent  île  contenir  des 
minéraux  en  dissolution.  L'emploi  des  eaux  minérales  en 
médecine  facilite  dans  certaines  maladies  l'absorplion  de 
diverses  matières,  (er,  arsenic,  etc.,  qui  seraienldifllcilenient 
assimilables,  prises  sous  une  autre  forme. 

Formation  des  ■ourcoB  minéral».  —  Filons.  —  Le  Jaillis- 


Fio.  lOJ-  —  Coup*  T*rU«lc  Kbémilique  duo*  tocrci^  thensoiniBirile. 

sèment  des  sources  chaudes  minérales  est  provoqué  par  un 
phénomène  analogue  à  celui  îles  éruptions  volcaniques. 

Les  eaux  minérales  arrivent  souvent  au  jour  à  travers  des 
Assures  du  sol,  tanilis  que  les  eaux  des  .sources  ordinaires 
sont  généralement  nmcnées  le  long  d'une  couche  imper- 
méable, par  induration  dans  un  terrain  perméable. 


MINÉRAUX   EMPLOYÉS   PANS   LES   INDUSTRIES    DIVERSES    547 

Un  certain  nombre  de  sources  thermorainérales  déposent, 
sur  les  parois  des  fîssures  qui  leur  livrent  passage,  une  partie 
des  principes  minéraux  qu'elles  contiennent.  L'examen  de 
quelques-uns  de  ces  dépôts  a  fait  connaître  nettement  le 
mode  de  formation*  des  filons  métallifères,  qui  proviennent, 
pour  la  plupart,  de  sources  chaudes  abondantes  et  très  char- 
gées en  minéraux. 

Les  sources  thermominérales  sont  très  nombreuses  dans 
les  régions  où  l'écorce  terrestre  est  le  plus  disloquée  ;  Tacti- 
vité  de  ces  sources  est  d'autant  plus  grande  que  les  disloca- 
tions du  sol  sont  plus  récentes.  Lorsque  les  sources  miné- 
rales sont  en  relation  avec  des  phénomènes  volcaniques,  elles 
peuvent  présenter  l'apparence  de  volcans  d'eau,  et  constituent 
alors  ce  qu'on  appelle  des  «  geysers  ». 

Les  eaux  minérales  proviennent  de  cavités  ou  de  couches 
perméables  profondes  (EG),  dans  lesquelles  se  sont  accumu- 
lées, par  infiltration,  les  eaux  de  la  surface  (DK)  {fig.  105). 

Ces  eaux  sont  soumises  à  une  température  d'autant  plus 
élevée  que  leurs  réservoirs  sont  plus  profonds.  Elles  sont 
ensuite  poussées  de  bas  en  haut,  de  F  en  A,  B,  C,  par  la  pres- 
sion des  vapeurs  dégagées,  ou  même  simplement  par  la  pres- 
sion de  la  colonne  d'eau  d'inflltration,  si  le  point  d'émergence 
A,  ou  griffon,  se  trouve  dans  une  vallée,  alors  que  les  eaux 
d'infiltration  proviennent  d'une  montagne  (DK). 

Caractères  d'une  source  thermominérale.  —  Lorsqu'on  a 
à  étudier  une  source  thermominérale  et  à  en  examiner  les 
conditions  d'exploitabilité,  on  doit  envisager  son  débit,  sa 
composition  et. sa  température;  il  est  utile  de  bien  étudier 
aussi  les  conditions  climatériques  de  la  région  où  l'on  doit 
capter  la  source,  ainsi  que  l'aspect  et  les  ressources  du  pays, 
et  la  possi]{ilité  d'y  installer  une  station  thermale. 

Débit.  —  Le  débit  d'une  source  est  le  volume  d'eau  qu'elle 
est  susceptible  de  fournir  en  vingt-quatre  heures. 

On  doit  indiquer  à  quel  niveau  ce  débit  a  été  observé,  car 
le  rendement  d'une  source  augmente  en  raison  inverse  de 
l'altitude  du  point  d'émergence. 

Le  débit  augmente  avec  le  nombre  de  puits  forés  autour 
de  la  source  ;  mais  l'accroissement  n'est  pas  proportionnel 


548  GÉOLOGIE    APPLIQCÉE 

au  nombre  de  puits,  le  rendement  de  chaque  puits  diminuant 
sensiblement  quand  le  nombre  des  forages  augmente. 

On  peut  encore  augmenter  le  débit  entubant  la  source,  ce 
qui  diminue  le  frottement  de  Teau  sur  les  terrains  tra- 
versés. Chaque  source  thermominérale  a  un  débit  constant  et 
indépendant  des  variations  météorologiques  ;  mais  le  débit 
est  très  variable  d'une  source  à  une  autre  ;  les  unes  sourdent 
en  petits  filets  à  peine  exploitables;  les  autres,  au  contraire, 
s'élancent  en  puissants  torrents  d'eau  chaude.  On  peut  citf  r, 
par  exemple  : 

Les  eaux  de  Cauterets  (Hautes-Pyrénées),  qui  débitent 
400  mètres  cubes  par  vingt-quatre  heures  ; 

Alors  que  celles  de  Royat  (Puy-de-Dôme)  donnent 
1 .300  mètres  cubes  par  vingt-quatre  heures. 

Celles  de  Bourbon- rArchambauli  (Allier)  donnent 
2.400  mètres  cubes  par  vingt-quatre  heures  ; 

Et  celles  de  Teplitz  (Croatie)  donnent  45.000  mètres  cubes 
par  vingt-quatre  heures. 

Composition  des  eaux.  —  Les  eaux  thermominérales  ren- 
ferment principalement  du  carbone,  àTétat  d'acide  carbonique 
libre  et  quelquefois  à  Tétat  d'hydrocarbures,  des  carbonates 
alcalins,  du  soufre,  du  sulfure  d'hydrogène  et  des  sulfates, 
de  la  soude,  de  la  chaux,  de  la  magnésie,  de  l'oxygène,  de 
l'hydrogène  (geysers),  du  chlore,  de  Tiode  et  du  chlorure 
de  sodium,  du  fer,  du  lithium,  du  cuivre,  du  zinc,  etc. 

Ces  eaux  sont  diversement  colorées  :  soit  en  rouge,  lors- 
qu'elles contiennent  du  sesquioxyde  de  fer,  soit  en  jaune, 
lorsqu'elles  renferment  de  l'argile.  Elles  sont  parfois  opa- 
lines (dépôt  de  soufre),  bleuâtres  ou  verdâtres. 

Température  des  eaux,  —  La  température  des  eaux  ther- 
males varie  avec  la  profondeur  de  leur  dépôt;  mais  le  degré 
géothermi(|ue  varie  sensiblement  d'un  lieu  à  un  a\}tre. 

Ainsi,  dans  les  terrains  volcaniques,  on  ne  doit  descendre 
(}ue  de  quelques  mètres  pour  trouver  une  élévation  de  tem- 
pérature de  l^*  C.  En  Toscane,  tous  les  13  mètres,  on  gagne 
P  (13  est  alors  le  degré  géothermique).  A  Grenelle,  le  degré 
géothermique  est  de  3l",90. 

Des  expériences  récentes,  faites  dans  des  sondages  pro- 
fonds, ont  montré  que  le    degré    géothermique    n'est  pas 


I 


ailNÉRAUX    EMPLOYÉS    DANS    LES    IISDUSTRIES   DIVERSES  549 

toujours  constant  en  un  même  lieu,  et  qu'il  augmente  assez 
rapidement  à  mesure  qu'on  s'enfonce  sous  terre. 

Il  est  donc  difficile  de  déduire,  de  la  température  d'une 
source,  la  profondeur  de  laquelle  elle  provient. 

Parmi  les  sources  thermales  connues,  quelques-unes 
atteignent  jusqu'à  80^  à  leur  sortie  de  terre. 


Hammam-Meskoutine  (Algérie)  atteint 95^ 

Chaudes-Aiguës 81° 

Dax 70o 

Bagnères 55° 

Mont-Dore 45° 

Vichy 43° 

Châtel-Guyon. 35 


o 


Captage  des  sources,  —  Selon  la  disposition  des  terrains 
et  l'importance  des  sources,  le  captage  est  fait  par  différents 
procédés. 

On  peut  faire  une  galerie  à  flanc  de  coteau,  comme  à 
Gilesnowodsk  (Caucase),  jusqu'aux  cassures  qui  ont  donné 
naissance  aux  suintements. 

Si  les  grifTons  sont  visibles,  et  s'ils  se  trouvent  dans  un  ter- 
rain solide,  on  les  entoure  d'un  mur  en  béton,  lié  d'une  façon 
étancheàlarochc;on  forme  ainsi  un  réservoir  où  l'eau  vient 
s'accumuler,  et  qu'on  peut  recouvrir  d'une  toiture  pour  évi- 
ter le  mélange  avec  l'eau  de  pluie. 

Lorsque  l'eau  suinte   d'une  fente  de  rocher,  recouverte 
d'alluvions,   il  est  nécessaire 
de   rechercher    la    fente    et     ^s^  ^'"^*"" 

d'aller  rejoindre  la  roche  au 
moyen  d'un  puits,  comme  à 
Bourbon-VArchambaulty  à  Né- 
m,  etc.  {fig.  i06). 

Lorsque    les     griffons    sont  Fio.  lOfi.  —  CapUge  d'une  source 

très   nombreux  et   disséminés  (Bourbon-l'Archambault). 

dans  une  vallée,  on  peut  recouvrir  le  fond  de  la  vallée  avec 
une  couche  de  béton  et  couper  le  thalweg  par  des  murs  verti- 
caux, ainsi  que  l'ont  fait  les  Romains  à  PlombièreSy  où  des 


S50  GÉOLOGIE    APPLIQl'ÉE 

trous  ont  été  ménagés  en  des  points  convenablement  choisis 
pour  la  sortie  de  l'eau.  La  même  disposition  se  retrouve  i 
Luchon. 

On  peot  aussi  faire  reposer  la  couche  de  béton  sur  piloUs, 
alin  d'éviter  la  détérioration  du  bélon  par  tes  ailuvions  du 
fond,  ainsi  que  cela  s'est  fait  à  Bourbonne-les- Bains. 

Ou  a  quelquefois  déterminé  une  pression  hydrostatique 
capable  de  favoriser  l'arrivée  de  l'eau,  en  recouvrant  les 
terrains  avoisinanl  les  grimons  par  une  nappe  d'eau  superil- 
cirlle,  au  milieu  de  laquelle  on  ménage  un  tube  d'accès  pour 
l'eau  Ihermominérale. 

A  Enghien-les-Baim,  l'eau  des  griffons  sort  au  milieu  d'un 
lac  dans  les  boues  du  fond.  On  a  desséché  le  lac  et  on  a 
établi  au  milieu  une  cuve  en  bois  avec  garnissage  élanche  eu 
mousse.  Le  fond  du  lac  a  élé  recouvert  d'un  lit  de  silex  angu- 
leux, recouverl  par  une  feuille  de  plomb  dont  il  est  séparé 
par  de  la  mousse  ;  ce  lit  forme  Ultre  pour  les  eaux  minérales. 
Le  tuyau  il'appet  ne  va  pas  Jusqu'au  fond;  il  est  perct^  de 
trous  dans  sa  partie  inférieure,  en  dessous  de  la  feuille  de 
plomb,  pour  livrer  passage  aux  eaux  minérales  liltrées. 


Fio.  107.  —  U|>U^  dtt  oiui  iEnghitri. 

Lorsque  l'eau  minérale  se  trouve  en  nappe,  on  la  rejoint 
au  moyen  d'un  puits  étanche,  afin  d'éviter  le  mélange  avec 
l'eau  de  la  surface.  Ce  procédé  a  été  employé  à  Saint- yorre, 

Quand  les  sources  sont  captées,  on  est  souvent  gêné  par 
'ai  qui  s'accumulent,  comme  à  Chdtel-Gvyon,  dans  les 


MINÉHAUX    EMPLOYÉS    DANS    LKS    INDUSTKIES   DIVERSES  551 

réservoirs  et  dans  les  appareils  hydrothérapiques.  On  remédie 
à  cet  inconvénient  en  ménageant,  au-dessus  de  chaque  griffon, 
un  tuyau  qui  sert  spécialement  au  dégagement  des  gaz. 

Lorsque  les  eaux  captées  se  trouvent  à  une  température 
trop  élevée  pour  être  employées  immédiatement,  on  peut  les 
laisser  séjourner  à  Tair,  si  elles  ne  renferment  pas  de  gaz 
susceptibles  de  se  dégager  ;  on  peut  aussi  faire  circuler  les 
eaux  dans  un  réseau  de  tubes  passiint  dans  un  réservoir 
d'eau  froide. 

Quand  les  eaux  thermominérales  ont  un  ralentissement 
dans  leur  débit,  cela  peut  provenir  de  ce  que  les  fissures 
d'arrivée  des  eaux  ont  été  peu  à  peu  obstruées  par  des 
matières  sableuses  ou  argileuses  entraînées  par  la  source. 

f /introduction  d'une  cartouche  de  dynamite  à  une  certaine 
profondeur,  au  voisinage  des  fissures  d'accès  suffit  souvent 
alors  pour  rétablir  le  débit  primitif. 

Ce  procédé  est  employé  avec  succès  en  Amérique  pour 
activer  les  venues  pétrolifères,  qui  diminuent  pour  les  mêmes 
raisons  que  les  venues  hydrothermales. 

Principales  sources  uydrotuermominérales.  —  Les  sources 
hydrothermominérales  sont  très  répandues  sur  la  surface  de 
la  terre.  On  en  compte  1.027  exploitées,  rien  qu'en  France. 
Ces  sources  se  trouvent  généralement  au  voisinage  de  régions 
montagneuses,  où  les  terrains  ont  été  profondément  plissés 
et  fissurés.  Elles  ont,  sous  ce  rapport,  une  grande  analogie 
avec  les  sources  d'hydrocarbures  qui  se  rencontrent  près  des 
fractures  profondes  de  la  croûte  terrestre,  ordinairement  le 
long  de  chaînes  montagneuses  importantes. 

France.  —  En  France,  on  trouve  des  sources  minérales 
près  du  Plateau  Central,  dans  le  massif  montagneux  de  l'Au- 
vergne, dans  les  Pyrénées,  les  Alpes  et  le  Jura. 

Les  principales  sources  minérales  de  la  France  sont  celles 
de  Plombières,  Vichy,  Vais,  Bourbonne,  le  Mont-Dore,  Enghien, 
la  Bourboule,  Royal,  Bagnères,  les  Eaux-Bonnes,  Viltel,  Contrexé- 
ville,  Aix-les-Bains,  etc. 

Sources  de  Plombières,  —  Les  sources  de  Plombières  sortent 
du  granité  où  elles  traversent  des  veines  de  quartz  et  des  filons 
de  spath-fluor.  Elles  sont  alignées  suivant  une  zone  de 
fractures  N.-E.-S.-O. 


Ô52  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

La  température  des  diverses  sources  varie,  à  Plombières, 
de  16  à  TO'^.  Les  sources  les  moins  chaudes  renferment  un 
hydrosilicate  d*alumine  provenant  des  filons  minéraux  de  la 
région  et  donnant  à  Teau  une  apparence  savonneuse. 

Les  eaux  de  Plombières  sont  alcalines  et  chargées  de 
fluorure  de  calcium  et  de  silicate  d*alumine  (environ  3  déoî- 
grammes  de  matières  étrangères  par  litre  d'eau). 

Les  Romains  avaient  capté  ces  sources  au  moyen  d'un 
recouvrement  de  béton  formé  de  grès  bigarré  et  de  briques 
sans  sable  avec  un  ciment  de  chaux.  Ces  divers  matériaux 
ont  été  métamorphisés  par  Teau  minérale  et  ont  formé  des 
silicates  d'alumine  et  de  chaux  et  du  carbonate  de  magnésie. 

1^  transformation  du  béton  qui  s'est  accomplie  à  Plom" 
bières,  et  qui  a  été  étudiée  par  M.Daubrée,  a  pu  évidemment 
se  produire  daiis  des  proportions  plus  considérables  en 
d'autres  lieux  et  dans  des  circonstances  un  peu  différentes 
et  elle  peut  servir  d'explication  à  l'origine  de  certaines  for- 
mations géologiques. 

En  1857,  les  sources  de  Plombières  donnaient  un  débit 
assez  faible  par  suite  des  dégradations  survenues  aux  travaux 
anciens,  et  on  dut  les  rechercher  au  moyen  de  galeries  en 
direction,  qui  ont  permis  de  rejoindre  les  griffons  et  d'aug- 
menter le  débit  des  eaux. 

Sources  de  Boiirbonne-lcs-Bains.  —  Les  sources  de  Bour- 
bonne  sortent  d'argiles  bariolées  de  la  partie  supérieure  du 
grès  bigarré  et  doivent  provenir  de  failles  en  relation  avec 
le  pointement  granitique  de  Chàtillon-sur-Saône. 

Elles  contiennent  par  litre  environ  7  grammes  de  chlo- 
rures, de  bromures,  de  sulfates  do  chaux  et  de  magnésie,  de 
carbonates  de  chaux,  de  fer  et  de  manganèse,  et  des  traces 
d'iodfi,  de  cuivre,  de  soufre  et  d'hydrogène  sulfuré. 

La  température  des  eaux  est  de  60<»  environ.  Le  captage  a 
été  fait  au  moyen  d'une  couverture  de  béton  sur  pilotis. 

En  nettoyant  le  fond  du  puisard  établi  sur  le  principal  grif- 
fon de  Bourbonne,  en  1874,  on  a  retiré  4.700  pièces  de  mon- 
naies romaines  et  gauloises  en  or,  argent  et  bronze.  Une 
'  partie  de  ces  médailles  avaient  été  décomposées  par  l'eau 
minérale,  et  on  a  retrouvé,  dans  le  puisard,  des  fragments  de 
grès  et  de  silex  agglomérés  par  une  pdte  à  éclat  métallique, 


MINÉRAL \    EMPLOYÉS    DANS  LES    INDUSTRIES    DIVERSES    5I>3 

avec  de  la  chalcosine,  de  la  chalcopyrite  et  diverses  espèces 
minérales  formées  aux  dépens  du  bronze  dos  monnaies  et 
de  nombreux  objets  retrouvés  dans  le  puisard.  Les  espèces 
minérales  formées  à  Bourbonne,  par  le  métamorphisme  des 
divers  métaux  sous  Faction  des  eaux  thermales,  ont  été  étu* 
diées  spécialement  pur  M.  Daubrée,  qui  a  assimile  leur  for- 
mation à  celle  des  filons  niélallifères. 

Sources  minérales  diverses.  —  En  dehors  des  sources  miné- 
rales de  la  France,  il  en  existe  un  grand  nombre  dans  les 
diverses  contrées  : 

En  Algérie f  on  connaît  celles  de  Hammam-Meskoutine 
(Constantine)  :  débit  =  24.000  hectolitres  par  vingt-quatre 
heures  ;  température  =.  95°.  Ces  eaux  sont  chargées  en  sels 
calcaires  ; 

Dans  le  Nassau,  les  eaux  de  Seltz,  chargées  en  acide  car- 
bonique; 

En  Bohême j  celles  do  Carlsbad,  qui  donnent,  par  an, 
600  tonnes  de  carbonate  de  soude,  10.000  tonnes  de  sulfate 
de  soude,  du  carbonate  de  chaux  et  du  chlorure  de  sodium  ; 

Dans  le  Caucasey  les  eaux  de  Gilesnowodsk,  exploitées  par 
galeries  à  flanc  de  coteau  ; 

En  Galicie,  les  eaux  iodées  d'/uonicz,  au  contact  de  forma- 
tions pétrolifères  importantes  ; 

A  IschtOy  les  eaux  thermales  sont  en  relation  intime  avec 
des  phénomènes  volcaniques,  ainsi  qu'à  Tile  de  la  Réunion 
et  au  Mexique. 

Dans  le  voisinage  de  la  mer  Morte,  à  Zara,  les  eaux  sortent 
très  chaudes  entre  deux  coulées  de  basalte;  à  Callirhoë,  elles 
sortent  près  d'une  coulée  de  lave,  avec  traces  de  soufre  et 
d'alun  ;  et  à  Emmaûs,  les  eaux,  contenant  de  l'hydrogène  sul- 
furé, sont  en  relation  avec  un  épanchemerit  basaltique. 

En  Italie,  à  San  Filippo,  près  de  Rome,  les  eaux  thermales 
ont  déposé,  en  vingt  ans,  une  couche  de  travertin  de  9  mètres 
d'épaisseur. 

A  Sedlitz  et  à  Epsom,  l'on  rencontre  des  sources  salines 
contenant  des  sulfates  de  magnésie  et  de  soude  et  du  chlo- 
rure de  sodium,  etc.,  etc. 


GEOLOGIE    APPLIQUÉE 


Les  geysers  sont  des  soun^es  thermales  très  actives  qui 
Jaillissent,  poussées  avec  violeuce  par  les  gai  et  la  vapeur 
d'eau  formés  dans  les  couclies  prorondes  où  la  température 
est  très  élevée. 

L'échappement  des  eaux  et  de  la  vapeur  est  intermittent, 
en  général. 
L'explication  de  l'inlermitlence  des  geysers  est  la  suivante: 
Explication  (le   l'intermittence   des  geysers.   —  Supposons 
une  source  thermale  dont  le  grifTon  se  trouve  eu  A  (fig.  106)  ; 
elle    s'écoulera  ri^guliëremeiil  sans     phénomène    particu- 
lier, si  rien  ne  vient  troubler  sa  marche.  Hais,  si  elle  est 
en  relation,  par  des  tissures  telles  que  DB,  avec  des  vapeurs 
chaudes  provenant  de  couches 
profoniles,    ces  vapeurs,    au 
lieu  de  se  dégager  librement 
comme    elles   pourraieDt   le 
faire  par  des  lissures  commu- 
niquant avec  lasurface  du  sol, 
s'accumulent  en  Elt,  aa  con- 
tact de  la  colonne  d'eau  AC, 
qu'elles  tendent  à  soulever; 
elles  éuhauiïent  l'eau  de  ft  jus- 
qu'à l'ébullition,  et,  lorsque 
leur    tension    est    sufli santé, 
elles  soulèvent  de  1  à  2  mètres 
cette   eau    qui,    en    arrivant 
en  F,  où  la  température  d'ébul- 
K,..  io«.-coap,.i,é«iqu.d„„g.y.,r.   |.^.^^  ^^^  inférieure,  se  vola- 
tilise brusquement  et  projette,  en  A,  une  gerbe  bouillante 
avec  une  partie  des  vapeurs  de  UR. 

I  1^1  période  et  l'intensité  des  projections  varient  avec  la  posi- 
tion des  tissures  telles  que  EB,  In  température  des  gai  et 
les  dimensions  de  la  clu-minée  AU. 


MINÉRAOX    EMPLOYÉS    DANS   LES    INDUSTRIES   DIVERSES  055 

Oq  trouve,  dans  l'eau  des  geysers,  des  silicates  alcalins, 
des  carbonates,  et  quelquefois  du  fer  et  du  manganèse;  les 
dégagements  gazeux  sont  formés  de  vapeurs  sulfureuses  et 
d'acide  carbonique. 

Les  principaux  pays  où  Ton  rencontre  des  geysers  sont  : 
V Islande,  la  Nouvelle-Zélande ^  V Amérique  du  Nord,  les  Açores, 

Vhlande  est  la  région  des  geysers  la  mieux  connue. 

Les  plus  importants  geysers  d^Islande  sont  : 

Le  Grandr-Geyser,  au  nord-ouest  de  THecla,  entouré  d'un 
cône  de  70  mètres  de  diamètre  et  de  10  mètres  de  hauteur, 
comme  un  volcan. 

La  température  de  Teau  est,  à  la  surface,  de  80®,  et,  à 
221^,50  de  profondeur,  de  i27<^  avant  les  éruptions  et  de 
1220  après. 

Les  intervalles  des  éruptions  sont  de  trente  heures,  en 
moyenne,  et  leur  durée  est  de  dix  minutes.  Le  volume  d*eau 
rejeté  à  chaque  éruption  est  de  160  mètres  cubes  environ. 

Près  du  (irand-Geyser,  on  trouve  le  Strokhr,  geyser  moins 
important,  et  divers  autres  plus  petits. 

La  Nouvelle-Zélande  renferme  aussi  un  grand  nombre  de 
geysers,  près  du  volcan  de  Tongarvio, 

V Amérique  compte  un  certain  nombre  de  geysers  plus 
importants  que  ceux  de  Tlslande  et  de  la  Nouvelle-Zélande. 
Le  principal  geyser  est  celui  du  Géant,  qui  donne  des  jets 
d'eau  de  60  mètres  de  haut;  on  le  trouve  dans  le  parc  de 
Yellowstone  dans  les  montagnes  Rocheuses,  près  d'un  massif 
éruptif.  Parmi  les  autres,  on  connaît  surtout  la  Ruche  d'Abeilles 
(gerbes  de  70  mètres)  et  le  Vieux-Fidèle  (gerbes  de  40  mètres 
toutes  les  heures). 

Dans  les  Açores,  on  trouve  des  geysers  dans  l'île  de  San- 
Miguel. 

On  doit  noter  que  la  puissance  des  geysers  va  toujours  en 
diminuant,  ce  qui  semble  indiquer  un  ralentissement  dans 
l'activité  des  phénomènes  cosmiques,  ou  tout  au  moins  une 
obstruction  ou  une  solidilication  des  lissures  profondes  de 
la  croûte  terrestre. 


&5G  GÉUL0G1K    APPLIQUÉfc: 

BIRU06EAPHIE  DES  SOURCES  THERMOUmÉBALBS  ET  DES  GETSBRS 

Daubrée,  Eauo'  souterraines  anciennes  et  modernes. 

Elle  de  fieaumont,  Notes  sur  les  émanations  volcaniques  ei 

métallifères  (Bulletin  de  la  Société,  géologique  de  France^ 

2*  série,  t.  JV,  p.  1272). 
De  Lapparent,  Géologie^  1"  volume,  p.  455  et47i. 
Nivoit.  Géologie  appliquée^  t.  I,  p.  95. 
Truchot,  Annales    du  Club  alpin,  10*  année,  1884  [Sources 

thermominérales). 
Voisin,  Annules  des  Mines,  V  série,  t.  XVI,  p.  488  (Sources 

thermales  de  Vichy). 
De  Gouvenain,  Comptes  Rendus  de  V Académie  des  Sciences^ 

t.  LXXX,  p.  1291  (Sources  de  Bourbon-V Arçhambaull). 
h.htxrieiy  Bulletin  de  la  Société  géologique  de  France,  2*  série, 

t.  XXI II,  p.  719  (Sources  thermales  au  voisinage  de  la  mer^ 

Morte). 
Des  Cloizeaux.  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  3*  séné, 

t.  XIX  (Geysers  d'Islande). 
Labonne,  Comptes  Rendus  de  la  Société  géographique,  1886 

(Geysers  d'Islande). 
Fouqué,  Comptes  Rendus  de  V Académie  des  Sciences,  t.  LXXXI 

(Sources  geysériennes  des  Açores). 
Slanislas-Meunier.  Lithologie  pratique,  1872,  p.  117  (Geysers), 
Geological  Survey  of  the  territories,  reports  for  1871,  1872, 

1878  (Geysers  (V Amérique). 
American  Journal,  3»  série,  t.  XXVI,  p.  211  (Geysers  du  Yellow- 

stont). 
1892.  Schweitzer,    A    report   on   the  minerai   waters  of  Missoun 

{Geological  survey  of  Missouri). 
1891.  Jacquet,  Les  Eaux  minérales  de  France  (Baudry). 


CHAPITRE  VII 


MÉTAUX   RARES 


L'ARGENT  ET  SES  MOIERAIS 

Propriétés  phyiiiqaes.  —  L'argent  est  un  métal  d'un  blanc 
très  pui%  qui  acquiert  un  vif  éclat  par  le  poli.  Il  est  assez 
mou,  très  ductile,  très  malléable  et  doué  d'une  grande  téna- 
cité. 

On  peut  retirer  en  fils  très  fins  et  le  réduire  en  feuillt^s 
n'ayant  pas  plus  de  2  millièmes  de  millimètre  d'épaisseur. 
Sa  densité  est  10,47.  Il  fond  à  1.000''  et  se  volatilise  vers  1  .BOO"*, 
en  émettant  des  vapeurs  bleues.  Parfaitement  pur  et  à  Tétai 
liquide,  il  peut  dissoudre  jusqu'à  vingt-deux  fois  son  volume 
d'oxygène.  Au  moment  où  le  métal  commence  à  se  solidifier, 
une  partie  du  gaz  occlus  se  dégage  brusquement  on  soule- 
vant Ict  couche  déjà  prise,  et  forme,  en  projetant  du  métal, 
une  sorte  de  champignon  à  la  surface.  On  dit  alors  que  l'ar- 
gent roche.  On  extrait  le  reste  du  gaz  dissous  dans  l'argonL 
par  le  vide  à  la  température  de  500  à  600«.  L'argent  est  trrs 
bon  conducteur  de  la  chaleur  et  de  Télectricité.  Sa  chaleur 
spécifique  est  de  0,057. 

Propriétés  chimiqnet.—  Ce  métal  ne  s'oxyde  pas  à  lair,  à 
la  température  ordinaire.  Il  se  combine  directement  avec  la 
plupart  des  métalloïdes. 

Il  décompose  à  froid  l'acide  azotique  et  l'acide  bromhy- 
drique.  Il  n'agit  sur  Tacide  sulfurique  que  lorsque  celui-ci 
est  concentré  et  bouillant,  et  il  n  attaque  l'acide  chlorhy- 
drique  que  vers  550°. 

Au  contact  de  Facide  sulfliydrique,  l'argent  noircit,  même 
à  la  température  ordinaire.  Il  attaque  rapidement  cet  acide 
à  550». 


558  OÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

Alliages.  —  L'argent  s'allie  avec  plusieurs  métaux,  tels  que 
le  cuivre,  le  platine,  Tor  et  le  mercure.  Combiné  au  cuivre 
dans  certaines  proportions,  il  conserve  sa  couleur  et  acquiert 
une  plus  grande  dureté. 

L'alliage  employé  pour  la  fabrication  de  la  vaisselle  d'ar- 
gent est  au  titre  de  950  millièmes  d'argent  et  de  50  millièmes 
de  cuivre.  Pour  les  monnaies  d'argent,  on  emploie  un  alliage 
qui  est,  pour  les  pièces  de  5'francs,  de  900  millièmes  d'argent 
et  de  100  millièmes  de  cuivre  ;  et  pour  les  pièces  division- 
naires de  2  francs  et  au  dessous,  de  835  millièmes  d'argent 
et  de  165  millièmes  de  cuivre. 

Pour  les  objets  de  bijouterie,  le  titre  de  Talliage  est  fixé 
à  800  millièmes. 

I^  soudure  pour  alliage  d'argent  au  titre  de  950  millièmes 
est  composée  de  66,60  0  0  d'argent,  23,33  0  0  de  cuivre  et 
10  0/0  de  zinc. 

Le  plaqué  ou  doublé  d'argent  sur  cuivre  se  fait  avec  un 
alliage  au  titre  de  900  millièmes.  En  An  on  pratique  quelque- 
fois l'argenture  de  divers  métaux,  du  bois,  du  carton  et  du 
papier,  en  faisant  adhérer  à  ces  substances  de  l'argent  en 
feuilles. 


MINERAIS    DE    L  AllCENT 

On  peut  diviser  les  minerais  d'argent  en  deux  catégories  : 
les  minerais  d'argent  proprement  dits  et  les  minerais  com- 
plexes où  l'argent  accompagne  le  cuivre,  le  plomb,  l'or,  etc. 

Minerais  d'argent  proprement  dits.  —  Les  principaux  mi- 
nerais d'argent  proprement  dits  sont  :  r§.rge,nt  natif,  les 
minerais  sulfurés,  l'argent  noir,  l'argent  rouge,  les  chlorures 
et  les  bromures  d'argent,  etc. 

Vargent  natif  se  rencontre  au  Koasberg,  au  lac  Supé- 
rieur, etc. 

]j'argyros€  est  un  sulfure  d'argent  (Ag*Sj  t^^Mexique,  Chili, 
Pérou,  Comstock)  ;  Vacanthitc  est  aussi  un  sulfure  d'argent 
(Freiberg);  ]&  stromeyérine  et  la  jalpaïte  sont  des  sulfures 
d'argent  et  de  cuivre. 

Vargent  noir  est  un  sulfoantimoniure  dont  les  types  prin- 


MÉTAUX    RARES  $59 

cipaux  sont  :  \apolyh(mte  {A^SbS^),  tenant  de  72  à  74  0/0 
d^argent  (Freiberg,  Przibram,  Schemnilz,  Mexique,  Nevada); 
lapsafurose  ou  stépkanite  (Ag'SbS^),  tenant  68  0/0  d'argent 
(Comstock,  Zacatecas,  Przibram). 

Vargyrythroae  ou  pyrargyrite  est  un  argent  rouge  antimo- 
nial  (Ag'SbS*),  tenant  6*)  0/0  d'argent  (Andreasberg,  Schem- 
nitz,  Przibram,  Ghanarcillo  au  Mexique),  et  \aproustite  est  un 
argent  arsenical  (Ag-'^AsS'),  tenant  65  0/0  d'argent  (Ghanar- 
cillo). 

Les  chlorures^  bromures^  etc.,  sont  des  minerais  de  surface 
que  Ton  trouve  dans  les  parties  hautes  des  filons.  Ils  com- 
prennent :  l'argent  corné  ou  cérargyrite  (AgCl).;  la  hromar- 
gyrite  (AgBr);  ïemboîitef  chlorobromure  d'argent;  V'iodar- 
gyrite  (Ag.ï). 

Minerais  complexes.  —  Les  principaux  minerais  com- 
plexes sont  la  galène  (0  à  0,72  0/0  d'argent)  et  surtout  les 
cuivres  gris  (tétraédrites  tenant  jusqu'à  29  0/0  d'argent). 

Les  pyrites  de  cuivre  et  la  blende  sont  moins  argentifères. 
EnOn  on  trouve  l'argent  associé  à  l'or,  surtout  dans  les  tellù- 
rures,  tels  que  \a,petzite,  tenant  40  0/0  d'argent  au  Colorado 
et  en  Californie,  la  calavérite  tenant  environ  3  0/0  d'argent, 
et  la  hessite  tenant  jusqu'à  63  0/0  d'argent,  mais  très  peu 
d'or. 

Gisements.   —  Pour  faciliter  l'étude  des  gttes    d'argent, 
nous  les  diviserons  en  trois  catégories  : 
.  1°  Filons  contenant  des  minéraux   d'argent  proprement 
dits; 

2«  Gîtes  de  cuivre  gris  argentifère  ; 

3«  Gîtes  de  blende,  de  galène  et  de  pyrites  de  cuivre  argen- 
tifères dont  la  plupaii.  ont  été  étudiés  dans  le  chapitre  m. 

i^  MINERAIS  d'argent  PROPREMENT    DITS    EN    FILONS 

Gisements  de  la  France.  —  Chalanches  et  le  Grand-Clos  [Isère), 
—  On  a  exploité  autrefois  à  Chalanches  (isère)  des  filons 
complexes,  au  nombre  de  six,  recoupant  des  calcaires  juras- 
siques et  contenant  des  minerais  de  cobalt  et  de  nickel  avec 
de  la  stibine  argentifère,  du  chlorure  et  du  sulfate  d'argent. 
Ces  filons  sont  assimilables  à  ceux  de  la  venue  argentifère 
récente  de  Freiberg. 


S60  GÉOLOGIE    APPLIQUÉ^: 

A  Grand-Cha  {Isère),  on  a  égalemeal  exploita  des  liions 
je  galèno  argentifère  recoupant  les  gneiss  ifig.  109:. 


La  Croix-auX'Mines  {Voiges).  —  La  mine  de  la  Croîx-âux- 
Mines,  découverte  en  1315,  fut  exploitée  activemeul  pendant 
plusieurs  siècles.  On  vient  de  reprendre,  en  1899,rexploilalion 
abandonnée  depuis  la  Dévolnlion. 

On  y  a  trouvé  de  la  galène  argentifère,  des  minerais  d'ar- 
gent proprement  dits  et,  en  quelques  points,  un  mélange  de 
g.ilène  et  de  cuivre  gris  argenlifère.  La  gangue  esl  tin  détri- 
tus de  granité  décomposé,  quelquefois  avec  schistes,  stéa- 
tile,  quartz  et  hématite. 

Le  nion  principal  est  orienté  N.N.E.-S.S.O.  et  incliné 
vers  l'est  ;  il  reioupe  des  gneiss  mélamorphisés  p;ir  les  gra- 
nités. 11  se  poursuit  sur  une  longueur  de  près  de  H  kilomètres, 
avec  une  puissance  de  30  à  40  mètres. 

Sainte-Marie-aux- Minet  lAlsace).  —  On  doit  rattacher  ù  ce 
gisement  françaisde  la  Croix-aux-Mines  celui  de  Sainle-H<irie 
situé  sur  le  versant  oriental  des  Vosges. 

On  y  trouve,  dans  des  liions  recoupant  les  gneis»,  de  l'ar- 
gent natif,  de  l'argent  rouge,  du  cuivre  gris  et  du  cobalt.  Ces 
mines  ont  été  exploitées  dès  \f.  a'  siècle  sur  des  longueurs 
considérables  et  jusqu'à  une  Krande  profondeur.  Elles  sont 
artuellcment  l'objet  de  travaux  importants. 


MÉTAUX   RARES  561 

Giromagny  (près  Bel  fort).  —  Au  sud  de  ces  mines  on  a  exploité, 
à  diverses  reprises,  à  Giromagny,  entre  Relfort  et  le  Ballon 
d'Alsace,  de  la  galène  argentifère,  habituellement  disposée 
en  colonnes  riches,  avec  quelques  minerais  d'argent  propre- 
ment dits  (ûlons  Saint'LouiSf  Solgat,  Pfenningturm)^  et  du 
cuivre  gris  avec  de  la  pyrite  cuivreuse  (filon  Saint- Ikiniel) 

Violas  [Lozère).  —  Il  y  a  lieu  de  citer  aussi  les  mines  de 
Vialas,  déjà  étudiées  au  chapitre  du  Plomb.  On  y  rencontre 
des  filons  argentifères  à  gangue  de  calcite  et  de  barytine, 
renfermant  aussi  de  la  galène  argentifère. 

La  production  de  l'argent  métal,  qui  avait  été,  en 
France,  en  1894,  de  96.955  kilogrammes,  d'une  valeur  do 
10.665.050  francs,  est  tombée,  en  1896, à  70.479  kilogrammes, 
valant  7.964.125  francs.  Elle  est  remontée,  en  1898,  à 
80.000  kilogrammes  environ. 

Espagne  (Guadalcanal), —  En  Espagne,  les  principaux  gise- 
ments d'argent  filonien  se  trouvent  à  :  Guadalcanal,  Cazalla, 
Hien  de  la  Encina,  Sierra  de  Almagrcra.  La  mine  de  Guadal- 
canal (près  de  Séville),  exploitée  par  les  Carthaginois,  a  été 
reprise  au  milieu  du  xvi«  siècle  et  en  1768,  puis  abandonnée. 
On  y  trouvait  de  l'argent  sulfuré,  de  l'argent  rouge  et  de 
Fargent  natif,  avec  gangue  spathique.  En  certains  points, 
on  y  rencontrait  des  pyrites  cobaltifères  avec  de  l'argent 
sulfuré  et  rouge  en  filons  très  ramifiés  et  rejetés  à  une  faible 
profondeur  par  une  faille  argileuse.  A  Cazalla,  près  de  (iuu- 
dalcanal,  on  a  exploité  des  minerais  d'argent  arsenicaux  et 
de  l'argent  rouge  en  mouches  dans  de  la  blende,  avec  gangue 
de  barytine;  le  minerai  trié  contenait  de  5  à  6  kilogrammes 
d'argent  à  la  ionne. 

Hien  de  la  Encina.  —  A  Hien  de  la  Encina,  dans  la  sierra 
de  Guadamai*a,  trois  filons  principaux  recoupent  dos  gneiss 
et  des  micaschistes  (argent  natif,  argyrose,  chlorures  et  bro- 
mures avec  quartz,  barytine  et  sidérose). 

Sierra  de  Almagrera.  —  On  a  étudié  au  chapitre  m  de  ce 
Traité,  les  gîtes  espagnols  de  galène  argentifère  de  Linarès  et 
de  Carlbagène;  mais  il  existe  aussi  vn  Elsi^agne  des  filons  de 
galène  argentifère  (0,0036  à  0,005  de  teneur  en  argent)  avec 
sulfures,  arséniures,  sulfo-arséniuros  et  chlorures  d'argent, 
pyrites  et  minerais  de  cuivre  ;  ces  filons,  à  gangue  de  baryte 

GéOLOGlR.  3<) 


562 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


et  de  calcile,  recoupent  les  schistes  argileux  et  les  mica- 
schistes cristallins  de  la  Sierra  AJmagrera,  A  Cabezo  dt  tas 
Herrerias,  l'argent  natif  est  associé  à  des  minerais  de  fer 
recoupant  des  trachytes  (mines  de  AutrevUla  et  de  Milagro  de 
Guadalupe). 

La  production  de  l'argent  en  Espagne  a  été  de  229.000  ki- 
logrammes en  1898,  valant  21.718.930  francs. 

Sardaignk  {Sarrabus),  —  L'exploitation  active  des  mines  du 
Sarrabus  (Sardaigne),  près  de  Gampidano,  ne  remonle 
qu'à  1,870,  bien  que  la  mine  soit  connue  depuis  le  commence- 
ment du  XVII*  siècle.  On  exploite  des  filons  irréguliers» 
mais  très  nombreux,  qui  sont  parallèles  aux  strates  est-ouesL 
des  schistes  et  des  quartzites  de  cette  région  ;  ces  Olons 
comportent  une  venue  plonibeusc  et  une  venue  argentifère 
plus  récente  correspondant  à  des  réouvertures  des  filons. 
Les  filons  récents,  dont  l'épaisseur  varie  do  quelques  centi- 


fÀNMwnm  AoMH 


CmnaltF^ 


Fio.  1 10.  —  Coupe  ouest-est  des  mines  du  Sarrabus  (d'après  M.  Trarerso). 


mètres  à  près  de  2  mètres,  renfeiinent  de  la  harytine,  do  la 
calcite,  de  la  fluorine,  de  la  galène  riche  avec  argent  natif, 
du  chlorure  d'argent  (à  Falfleurement),  de  l'argyrose  en 
cristaux  ou  en  filaments,  de  la  stophanite  (surtout  en  pro- 
fondeur), do  la  pyrargyrite  et  de  la  proustite.  Les  parties 
riches  forment  des  amas  irréguliers  ou  des  colonnes  comme 
à  Kongsberg.  Parmi  ces  amas,  on  peut  citer  celui  de  Sarci-- 
lone  (8'»,00  X  5°»,00  X  0'",06),  trouvé  dans  un  filon  stérile 
aux  affleuroments;  le  minerai  de  cet  amas,  avec  gangue  de 
calcite,  tenait  jusqu'à  30  0  0  d'argent. 

La  production  de  Targent,  en   Italie,  a  atteint  45.313  kilo- 


MÉTAL'X    KAHES  563 

grammes  en  1897^  ce  qui  représente  une  valeur  de  4.355.000 
francs. 

NoRWÈGE  {Kongsberg).  —  Le  gisement  de  Kongsberg  (étendue 
du  district  =z  400  kilomètres  carrés  environ),  exploité  depuis 
le  commencement  du  xvn«  siècle,  est  encore  aujourd'hui  très 
important.  Les  filons  de  calcite  et  d'argent  natif  y  recoupent 
des  gneiss  et  des  schistes  cristallins  et  présentent  des  enrichis- 
sements à  la  rencontre  des  zones  d'imprégnations  pyriteuses 
appelées  fahlbandes  (zones  heureuses)  et  composées  de  sul- 
fures (pyrites  de  fer  et  de  cuivre).  L'imprégnation  est  surtout 
forte  dans  le  gabbro  et  dans  les  schistes  micacés.  Il  existe  à 
Kongsberg  huit  fahlbandes  dont  les  deux  principales  sont 
VOverberg  (puissance  :  300  mètres)  et  YUnderberg  (puissance  : 
60  mètres). 

Ces  fahlbandes  paraissent  dues,  d'après  Kjérulf  et  Dahll,  à 
la  pyritisation,  par  des  venues  sulfurées,  des  roches  schis- 
teuses cristallines  de  Kongsberg  plissées  et  comprimées  lors 
du  soulèvement  des  gabbros  et  des  granités.  Les  roches  spon- 
gieuses (schistes)  ont  été  imprégnées;  et  les  roches  compactes 
(gneiss)  ont  résisté  à  cette  action.  Les  fractures  de  Kongsberg 
ont  une  direction  est-ouest  et  plongent  verticalement;  la  puis- 
sance des  filons  atteint  au  maximum  0",20;  les  zones  argen- 
tifères forment  des  colonnes  dans  ces  filons. 

L'Overberg,  la  seule  région  encore  florissante,  comprend 

une  trentaine  de  mines   et  environ  deux   cent  cinquante 

filons.  Les  deux  seules  exploitations  prospères  aujourd'hui 

sont  Kongcnsgrube   (650    mètres   de  profondeur)    et   Hulfe- 

Gottes. 
Le  minerai  exploité  est  de  l'argent  natif,  en  petites  veines 

ou  en  cristaux  isolés,  et  du  sulfure  d'argent  amorphe,  accom- 
pagné de  chaux  carbonatée  spathique. 

On  rencontre,  en  profondeur,  des  zones  d'enrichissement 
alternant  avec  des  zones  pauvres. 

Les  mines  des  districts  de  Yinoren  et  de  YUnderberg  sont 
abandonnées  aujourd'hui. 

La  production  de  la  Norwège  a  été  de  4.720  kilogrammes 
d'argent  en  1897,  soit  une  valeur  de  453.650  francs. 

SuisDE  (Sala).  —  Dans  les  gisements  de  galène  argentifère 
de   Sala,   en  Suède,    on  rencontre   aussi  de   l'argent  natif 


564  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

et  du  sulfure  d'argent.  On  traite  le  minerai  par  le  sulfate 
de  cuivre  dans  une  dissolution  d'hyposulflte  de  soude,  et  on 
obtient  de  ThyposuUUe  double  d'argent  et  de  soude  qu'on 
attaque  par  le  sulfure  de  sodium;  on  recueille  ainsi  du  sul- 
fure d'argent  avec  une  certaine  quantité  d'or  et  de  mercure. 

La  production  de  l'argent,  en  Suède,  a  atteint,  en  1897, 
2.218  kilogrammes  valant  213.195  francs. 

Saxe  (Himmelfahrl),  —  On  a  étudié,  à  propos  du  plomb, 
les  champs  de  filons  de  la  Saxe  et  de  la  Bohême,  et  on  y  a 
signalé  les  minerais  d'argent  en  relation  avec  une  venue 
calcaire  ou  dolomitique  postérieure  à  la  venue  quartzeuse  ; 
on  a  cité,  à  Freiberg,  la  mine  de  Himmmelfahrt  qui  ren- 
ferme, dans  un  amas  d'une  cinquantaine  de  mètres,  de  l'ar- 
gent natif,  de  l'argent  rouge  antimonial  et  arsenical,  et  de 
l'argent  sulfuré  en  relation  avec  une  dolouiie  récente.  On  y 
trouve  aussi  des  druses  d'argent  rouge  dans  l'edlequartz. 

Annaberg.  —  L'argent  rouge  et  l'argent  sulfuré  ou  natif  se 
trouvent  encore,  avec  de  la  dolomie,  à  Annaberg  (Voir  le 
chapitre  du  Plomb). 

BoHêsiE  {Joachimsthal).  —  On  connaît  aussi,  à  Joachimsthal 
(en  Bohême),  des  gisements  argentifères  à  gangue  dolomi- 
tique, dans  les  micaschistes.  Les  minerais  exploités  sont  de 
l'argent  natif  et  de  l'argentite  (sulfure  d'argent)  à  l'état  d'im- 
prégnations; ils  sont  souvent  disposés  en  colonnes  isolées. 

La  production  totale  de  Targent,  en  Allemagne,  a  été, 
en  1898,  de  480.578  kilogrammes,  valant  45.578.740  francs. 

Hongrie  {SchemnitZj  Kremnitz), —  Les  mines  de  Schemnitz, 
situées  au  nord  de  la  Hongrie,  au  sud-ouest  des  monts  Tatra, 
sont  exploitées  depuis  la  plus  haute  antiquité.  Elles  fournissent 
des  minerais  d'argent  proprement  dits  (argent  natif,  argy- 
rose,  polybasite,  argent  rouge),  des  minerais  de  cuivre  argen- 
tifère, des  galènes  argentifères  et  des  pyrites  argentifères. 
Les  filons,  à  gangue  de  quartz,  sont  en  relation  soit  avec 
des  grûnsteins  ou  propylites,  qui  sont  des  andésites  amphibo- 
liques  miocènes,  soit  avec  des  syénites  et  des  schistes  anciens. 
Les  Qlons,  encaissés  dans  les  propylites,  sont  dirigés  S.-O.- 
N.-E.  et  sont  formés  d'un  ensemble  de  fentes  très  rami- 
fiées; ils  renferment  des  minerais  en  colonnes  enrichies  aux 
points  de  rencontre  ;   la  gangue  est  quartzeuse;    les  autres 


MÉTAUX   RARES  565 

filoDs,  beaucoup  moins  ramifiés,  ont  un  remplissage  de  caU 
cite. 

Les  filons  en  relation  avec  les  propylites  {Schemnitz  et 
Windschach)  forment  en  réalité  des  groupes  de  fentes  occupant 
quelquefois  une  largeur  de  40  mètres;  le  remplissage  est 
formé  de  silice  (quartz,  améthiste,, jaspe  et  sinople);  les  par- 
ties riches  en  argent  sont  accompagnées  de  calcite  et  de 
quartz  hyalin. 

Les  filons  encaissés  dans  les  syénites  (Hodritsch,  Eisenbach) 
sont  moins  importants;  ils  forment  des  veines  puissantes 
contenant  des  minerais  d'argent  avec  calcite  ou  quartz.  11  y 
a  souvent  altération  des  roches  encaissantes  sous  Tinfluence 
d'émanations  solfatariennes,  comme  au  Gomstock  (Voir  plus 
loin). 

A  KremnitZy  on  exploite  des  filons  argentifères  et  aurifères 
(pyrites  avec  psa  tu  rose,  argyrose,  cuivre  gris,  etc.),  dans  des 
propylites  encaissées  dans  des  trachytes  gris. 

La  production  de  la  Hongrie  a  été,  en  1897,  de  26.790  kilo- 
grammes d'argent,  valant  2.575.355  francs. 

Amérique.  —  Nevada (Comstock).  —  Le  filon  argentifère  décou- 
vert par  le  mineur  Gomstock,  en  4859  (Gomsto<tk  Iode),  dans 
le  district  de  Washoe  (Nevada),  est  long  de  7  kilomètres;  c'est 
un  des  plus  grands  filons  connus  :  il  a  produit  plus  de 
2  milliards  d'or  et  d'argent,  grAce  à  la  découverte  de  bonanzas 
d'une  richesse  considérable.  Les  trois  principaux  centres 
d'exploilation  sont  ceux  de  Gold  Hill,  de  Mrginia  et  iïOpkir. 

Le  Gomstock  Iode  est  un  filon  de  quartz  situé  au  contact 
des  diorites  du  mont  Davidson  et  d'un  grand  filon  de  dia- 
base,  au-delà  duquel  on  trouve  un  massif  d'andésite  amphi- 
bolique.  Entre  la  surface  et  l'étage  de  300  mètres,  le  filon 
s'élargit  considérablement  et  forme  un  V  dont  l'ouverture, 
est  orientée  vers  la  surface.  Les  branches  du  V  sont  consti- 
tuées par  du  quartz  pauvre  ;  l'intérieur  renferme  un  mélange 
de  quartz  métallifère,  d'argile,  de  fragments  de  roches 
et  de  calcite.  Ge  remplissage  a  été  produit  par  la  chute 
des  roches  encaissantes  dans  la  fracture  du  filon.  Au-dessous 
de  300  mètres,  le  filon  se  réduit  à  une  fente  à  parois 
parallèles  de  20  mètres  de  puissance.  On  trouve,  disséminés 
dans  ce   filon  :  de  l'argent  sulfuré  (argentile),  de  la  galène 


Se6  GÉOLOGIE    APPLlQL'tE 

riche,  de  l'argent  rouge  avnc  argent  et  or  natifs  ;  au  contact 
Je  la  tliorite,  les  minerais  aurifères  dominent  et  le  quarti  est 
très  argentifère.  Dans  la  région  centrale,  près  de  Virginia 
Cily,  te  (lion  présente,  en  coupe  transversale,  l'aspect  indiqua 
par  la  figure  IH. 


Kio    III.  —  Cnup*  du  gll*  di  Comilocli  (d'iprti  B«li*r]. 

On  a  trouvé  au  Comstock  de  nombreuses  bonanzas,  c'est- 
à-dire  d'énormes  lentilles  irrégulîères  formées  par  des 
mn.tsifs  altérés  de  la  roche  encaissante  devenue  spongieuse, 
ar^çileuse  et  injectée  de  minerai;  les  bonanias  de  surface 
contiennent  de  l'argent  natif  et  des  chlorures;  les  bonantas  de 
profonijeur  fournissent  des  sulfures,  des  siilfo-antimo- 
niures,  etc.  (argyrose,  siéphanile,  polybasite,  proustite, pyrai^ 
gyrite,  télraédrite).  Les  plus  célèbres  sont  les  bonanias  de 
Crown-Poini  {5*  millions  de  francs  de  1870  à  18731,  de  Polosi 
(73  millions  ;  valeur  du  minerai,  400  à  620  francs  la  tonne)  et 
d'Ophir  (2)5  millions;  valeur  du  minerai,  600  \  4.000  francs 


MÉTAUX    RARES  b67 

la  tonDe).  Les  bonanzas  sont  épuisées  ;  mais  elles  ont  donné 
i  .500  millions  d'or  et  d'argent.  Malheureusement,  même  dans 
les  grandes  mines  (Consolidated,  Virginia,  California,  Ophir, 
-Chollard,  Potosi,  etc.),  les  travaux  sont  rendus  impossibles, 
au-delà  de  450  mètres,  par  suite  de  Tabondance  des  eaux  et 
de  la  température  très  élevée  qui  règne  dans  les  fronts  de 
taille.  On  a  cependant  construit  un  tunnel  de  drainage  et 
d*aération  de  7  kilomètres,  qui  débite  5  millions  de  mètres 
cubes  d'eau  par  an;  la  température  est  néanmoins  de  49*'  à 
450  mètres,  et  atteint  ôO'^  à  670  mètres.  On  arrose  les  fronts 
de  taille  à  Teau  froide;  et,  dans  les  chantiers  profonds  (800  et 
900  mètres),  on  distribue  20kiiogrammes  de  glace  par  homme, 
aux  ouvriers  qui,  malgré  tout,  ne  peuvent  travailler  que 
trois  heures  de  suite.  La  température  élevée  est  due  à  des 
sources  très  chargées  d'hydrogène  sulfuré,  qui  atteignent 
76®  et  proviennent  de  phénomènes  volcaniques.  Le  remplis- 
sage du  filon,  qui  date  de  l'époque  miocène,  est  dû  à  des  éma- 
nations solfatariennes,  qui  ont  précédé  et  suivi  l'arrivée  des 
andésites. 

•  Nevada  {Austin),  —  On  peut  encore  citer,  dans  le  Nevada,  les 
filons  d'Aitstin,  à  158  kilomètres  de  Rattle  Mountain.  Ce 
sont  des  veines  de  quartz  très  minces  (0",25  à  0°»,45  dans  les 
parties  riches),  au  milieu  des  granités  ;  les  minerais  sont  la 
proustite,  la  pyrargyrite,  l'argyrose,  la  polybasite,  la  stépha- 
nite,  avec  abondance  de  chlorures  et  de  bromures  d'argent,  à 
la  profondeur  de  25  mètres  (teneur  moyenne  :  0,004  à  0,005); 
la  gangue  est  du  quartz,  avec  silicate  rose  de  manganèse. 
On  trouve  aussi  de  l'argent  natif  et  des  sulfures  à  Silversand- 
stone,  dans  des  trachytes  triasiques  du  comté  de  Washington. 

Le  Nevada  a  produit,  en  1897, 46.650  kilogrammes  d'argent, 
valant  4.484.250  francs. 

Le  comté  de  Washington  a  produit,  la  même  année, 
7.548  kilogrammes  d'argent,  valant  725.795  francs. 

Montana  {Butte  City),  —  Depuis  que  le  Comstock  Iode 
s  appauvrit  et  devient  difficile  à  exploiter,  les  mines  d'argent 
et  de  cuivre  du  district  de  Butte-City  (Montana)  ont  pris  une 
importance  considérable  ;  on  y  exploite  des  filons  conte- 
nant soit  des  galènes  avec  sulfures  d'argent  à  gangue  de 
quartz   et  de  silicate  de  manganèse  (mines   de  Lexington, 


568  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Granité-Mountain,  Moulton,  etc.),  soit  des  filons  à  gangue  man- 
ganésifère  (Blue-Bird),  soit  des  filons  de  cuivre  argentifère 
(Anacondn).  La  Société  française  des  mines  de  Lexington 
exploite  deux  filons,  dans  cinq  concessions  :  Lexington, 
Atlantic,  Wild-Pat,  Allie-Brown  et  Mill-Site.  Les  mines  les 
plus  productives  du  Montana  sont  celles  de  Granite-Moun- 
tain  et  de  Blue-Bird. 

La  production  du  Montana  a  atteint,  en  1897,  522.791  kilo- 
grammes, valant  50.245.560  francs. 

Colorado  (LeadviUe).  —  Au  Colorado,  l'important  gisement 
de  Lead ville  renferme  des  filons  de  galène  argentifère  à 
gangue  quartzeu se  ;  on  y  rencontre  aussi  des  minerais  d'ar- 
gent proprement  dits  et  quelques  sulfosels  d'argent. 
La  teneur  des  minerais  y  varie  de  0,002  à  0,008. 
La  production  du  Colorado  a  été,  en  1897,  de  661.745  kilo- 
grammes d'argent,  valant  63.611.135  francs. 

Mexique.  —  Les  riches  mines  d'argent  du  Mexique  :  le 
Carmen,  Catorce,  Real-del- Monte,  Pachuca,  Guanajato,  Chihua- 
hua,  Zacatecas,  Presnillo,  exploitées  par  les  Espagnols  dès  la 
conquête  (1520),  avaient  beaucoup  diminué  d'importance, par. 
suite  du  prix  élevé  du  mercure  et  du  sel,  surtout  au  moment 
des  guerres  civiles  et  étrangères.  Depuis  quelques  années, 
le  Mexique  a  repris  sa  place  comme  producteur  d'argent,  et 
il  vient  immédiatement  après  les  États-Unis. 

D'une  manière  générale,  les  filons  d'argent  du  Mexique 
sont  en  relation  avec  des  diorites,  qu'ils  recoupent,  et  sont,  à 
leur  tour,  recoupés  par  des  trachytes  de  venue  postérieure. 
Cependant,  en  certains  points  (San-Francisco  de  Morelos  et  la 
Sonora),  les  filons  sont  concentrés  dans  des  trachytes. 

Au  Mexique,  il  existe  une  succession  bien  marquée  et 
constante  dans  l'ordre  des  minerais  contenus  dans  un  filon. 
On  y  constate  cependant  des  bonanzas  ou  zones  riches,, 
comme  dans  beaucoup  de  filons,  bien  qu'ici  ces  zones 
paraissent  localisées  à  une  profondeur  à  peu  près  constante. 
On  trouve  la  succession  suivante,  en  partant  de  la  surface: 
1°  argent  natif  avec  oxydes  de  fer  ou  de  manganèse  et  gangue- 
de  quartz  carié;  2°  bromures  et  chlorures  d'argent  avec 
argent  natif  et  oxydes  de  fer  et  de  manganèse  (zone  peu 
fiche)  j  3°  ?vrgent  sulfuré  prédominant  avec  sulfure  antimonié 


MÉTACX   RARES  569 

noir  (zone  très  riche,  bonaiizas)  ;  4**  argent  antimonié  sulfuré 
noir,  puis  argent  rouge;  5<*  minerais  cuivreux,  blende,  pyrite 
de  fer  et  quartz,  à  450  ou  500  mètres. 

La  zone  moyenne  est  ia  plus  riche,  et  on  aiTÎve  sûrement 
à  un  appauvrissement  en  profondeur.  1/existence  des  chlo- 
rures aux  affleurements,  que  Ton  retrouve  à  LeadviUe,  à 
Huelgoat,  au  Chili  et  au  Pérou,  s^explique  par  l'existence  de 
lagunes  salées,  dont  le  sel  provient,  par  lavage,  des  terrains 
volcaniques  qui  abondent  dans  le  pays.  Les  minerais  d'argent 
du  Mexique  sont  toujours  accompagnés  d'un  quartz  cristallin 
violet,  qui  prédomine.  On  trouvera  ci-dessous  quelques 
détails  sur  les  principaux  gisements  mexicains. 

Mines  du  Carmen  {Sonora  mexicaine).  —  Le  district  du 
Carmen^  longtemps  troublé  par  les  incursions  des  Apaches, 
est  redevenu  prospère.  On  y  exploite  surtout  les  filons  à 
gangue  purement  quartzeuse  du  Carmen,  qui  recoupent  les 
trachytes  verdâtres  de  la  Sierra-Madre. 

Les  plus  importants  sont  Santa-Maria  (filon  d'incrustation 
net,  tantôt  unique,  tantôt  en  veinules)  et  Puertecito.  Leur 
orientation  est  nord-est-sud-ouest  (ldO<>);  leur  remplissage 
est  très  complexe  (proustite,  argyrose,  polybasite  riche  en 
arsenic  et  en  antimoine,  avec  galène  et  pyrite  de  cuivre). 
L'argent  est  associé  avec  un  peu  d'or. 

Catorce.  —  A  Catorce,  des  filons  de  diorite  et  de  porphyre 
ampbibolique  (toscas)  traversent  un  pli  anticlinal  de  cal- 
caires, de  marnes  et  de  schistes. 

Ces  filons  ont  4.000  mètres  de  longueur  et  iO  mètres  de 
puissance.  Le  principal  est  le  filon  San'Aguatin,  rempli  de 
minerais  poreux  et  cristallins  très  variés. 

Chihuahua,  —  Les  principales  mines  du  district  de  Chi- 
huahua  sont  celles  de  Santa-Eulalia  et  de  Batopilas,  qui  ont 
produit  plus  d'un  milliard  d  argent. 

Fresnillo  et  Zacatecas.  —  Les  districts  de  Fresnillo  et  de 
ÏMcatecas  renferment  plus  de  cinquante  liions  d'argent, 
recoupant  un  conglomérat  rouge  à  ciment  argileux,  avec 
fragments  de  syénite.  On  y  distingue  trois  catégories  de 
minerais  ;  1»  Colorados  (argent  natif,  chlorures,  bromures) 
ou  minerais  d'affleurements  à  gangue  de  quartz  rouge  ; 
2^  Negros   à   gangue  de  quartz  (argent  sulfuré,  arséniures, 


574  GÉOLOtilB   APPLIQUÉE 

bromite,  d'embolite  et  d'arquérite  (amalgame  d'argent).  Aprës- 
les  metales  calidos  viennent  les  metales  fno$  qui  comprennent 
les  sulfures  (mulatos),  les  sulfoarséniures  et  sulfoantimo- 
niures  (negrillos)  ;  les  principaux  sont  la  proustite  (rociclair), 
l'argyrose  (plomo-ronco),  la  polybasite  et  Fargyrythrose.  Les 
gisements  les  plus  importants  sont  ceux  de  Ghanarcillo  et 
de  Caracoles. 

Gite  de  Chafiarcillo.  —  Le  gite  de  ChaharcUlo^  relié  à 
Oopiapo  par  un  chemin  de  fer  de  80  kilomètres,  est  encaissé 
dans  des  calcaires  avec  nappes  dediabases  et  de  mélaphyres 
pyroxéniques(panisso'verde).  On  y  exploite,  depuis  1832,  trois 
filons  :  Descubridora,  reconnu  sur  1  kilomètre  et  demi  de  lon- 
gueur, Colorada  (2  kilomètres),  Catidelaria  (800  mètres).  Au 
voisinage  des  filons,  des  couches  de  calcaires  (mantos  pinta- 
dores)  sont  imprégnées  de  minerais  d'argent  sur  10  mètres 
de  largeur  de  part  et  d'autre  ;  il  existe  des  zones  ti^s  riches 
(20  à  350  kilogrammes  d'argent  par  tonne)  à  Tinterseclion 
des  mantos  pintadores  avec  les  filons  de  diabase  (chorros). 

Gite  de  Caracoles.  —  La  mine  de  Caracoles^  décoaverte 
en  1870,  est  située  au  nord-est  d'Antofagasta  sur  le  Pacifique, 
à  2.7o0  mètres  d*altitude,  dans  le  désert  d'Atacama.  Les  filons 
verticaux,  de  0™,50à4  mètres  d'épaisseur,  ont  une  g<inguede 
barytine  et  de  calcite,  et  sont  encaissés  dans  des  calcaires 
Jurassiques,  contenant  de  nombreux  gastropodes  fossiles 
{caracoles  i=  coquilles).  Les  principales  mines  sont  :  Descada, 
Diaz  et  Rivière. 

Eu  18  n,  le  Chili  a  produit,  au  total,  151.500  kilogrammes 
d'argent  valant  14.061.030  francs. 

Pérou.  —  A  Recuay  (Pérou),  il  existe  deux  groupes  de 
filons  I  K.-O.  et  N.-S.)  de  cuivre  gris  argentifère  (pavonados), 
avec  galène  argentifère,  pyrites,  bournonite  et  argent  rouge. 
Ces  filons  recoupent  des  strates  jurassiques  avec  mélaphyres 
intercalés.  On  exploite  maintenant  surtout  la  galène  argen- 
tifère, que  Ton  ne  savait  pas  traiter  autrefois  dans  les  Andes, 
où  l'amalgamation  des  cuivres  gris  était  le  seul  procédé 
connu  pour  la  production  de  l'argent.  Les  deux  filons  prin- 
cipaux sont  orientés  est-ouest;  ce  -sont  :  le  Collaracua  et  le 
Tttrujos  i6  kilogrammes  d'argent  à  la  tonne  et  une  forte  pro- 
portion de  plomb). 


MÉTAUX    RARES  575 

La  production  de  Targent  au  Pérou  a  été  indiquée  plus 
liaut  à  propos  des  minerais  d'argent  proprement  dits. 


3®  GALÈNES,  BLENDES  ET  PYRITES  AHGENITFERES 

On  a  parlé,  aux  chapitres  du  Plomb,  du  Zinc  et  du  Cuivre^ 
des  gisements  compris  dans  cette  catégorie.  On  se  bor- 
nera à  rappeler  ici  les  gttes  de  galène  argentifère  de  Pont- 
péan  (teneur  en  argent  :  800  grammes  à  1  kilogramme  par 
tonne  de  minerai)  et  de  Pont^i^aa^/Ueneuren  argent  :  1  kilo- 
gramme par  tonne  de  minerai),  en  France; 

Celui  de  BotUtio  {ieueixr  :  500  grammes  par  tonne  de  mine- 
rai), en  Italie  ; 

Celui  de  Montevecchio  (teneur  :  700  grammes  par  tonne  de 
minerai),  en  Sardaigne; 

Ceux  de  Mazarron,  de  Linarès  (teneur  :  200  grammes  par. 
tonne  de  minerai  après  un  premier  enrichissement)  et  de  la 
Bomana  (5  kilogrammes  par  tonne  de  plomb  produite),  en 
Espagne  ; 
Ceux  de  Freiberg,  Schneeberg,  etc.,  en  Saxe; 
Ceux  de  Przibram  et  de  Mies^  en  Bohême  ; 
Ceux  de  Saint -Andreasberg  et  de  Clausthal,  dans  le  Ilarz; 
Celui  de  Sala,  en  Suède  (teneur:  6  kilogrammes  par  tonne 
de  plomb  produit;  ; 

Celui  A'Eureka  (carbonate  de  plomb,  dans  les  calcaires 
siluriens,  tenant  850  grammes  d'argent  et  50  grammes  d'or 
par  tonne  de  minerai  fondu),  dans  le  Nevada; 

Le  gisement  de  Bingham  (galène  à  i  kilogramme  d'argent 
à  la  tonne»,  dans  TUtah; 

Et  enfin  les  gisements  de  pyrite  de  cuivre  argentifère  du 
Mansfeld  (tenant  4  kilogrammes  d'argent  par  tonne  de 
cuivre  produite). 


PRODUCTION    DE   l'aRGENT   DANS   LES   DIVERSES    PARTIES   DU   MONDE 


La  production  de  largont  dans  les  diverses  contrées  a  été, 
pour  1897,  de  5.576.532  kilogrammes  ayant  une  valeur  totale 


576  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

de  535.491.705  francs  et  se  décomposant  comme  suit  : 

Europe 739. 722  kilogr.  d'argent 

Asie 78.009           — 

Amérique  du  Nord...  3.660.602           — 

Amérique  du  Sud...  598.102            — 

Australie 500.097           — 

BIBLIOGRAPHIE  DE  L'ARGENT 


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1873.  Zeiller  et  Henry,  Mines  de  Sckemnitz  en  Hongrie  (Annales 

des  Mines,  V  série,  t.  111,  p.  307). 
1874-1875.  Simonin,  Mines  d'argent  aux  ÊlaU-Unis (Bévue  des  Deux 

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1875.  Fuchs  et  Mallard,  Rapport  inédit  sur  les  mines  tVAgua-Atnarga 

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Mines,  V  série,  t.  XI,  p.  301). 
1883.  Fuchs,  Rapport  sur   les  mines  de  Carmen  (dans  la  Sonora 

mexicaine),  de  Malacale  et  de  San-Francisco  (Morelos). 
1890.  Friedel  (Sardaigne),  Journal  de  voyage  tnanuscrit  à   l'Ecole 

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1890.  Lastarria  Washington,  L Industrie  tninière  au  Chili. 

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[Annales  des  Mines). 

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1896.  Babu,  Gîte  (Vargent  de  Broken-Hill  dans  la  Souvelle-Galleê 

du  Sud  {Annales  des  Mines,  9'  série,  t.  IX,  p.  315). 


MÉTAUX    RARES  577 


OR 


Propriétés  physiques  et  chimiques.  ~  L*or  est  un  métal 
qui,  pur  et  à  Tétat  compact,  parait  d'une  belle  couleur  jaune 
orange;  il  semble  rouge  lorsqu'il  a  réfléchi  plusieurs  fois  la 
lumière.  Si  on  place  une  mince  feuille  d'or  devant  la  lumière 
du  jour  et  si  on  l'examine  par  transparence,  elle  parait  verte. 
L'or  est  le  plus  malléable  et  le  plus  ductile  de  tous  les 
métaux;  on  peut  le  réduire  en  feuilles  minces  de  1/10000  de 
millimètre  d'épaisseur  par  le  battage,  et  on  produit,  par 
étirage  à  la  filière,  des  fils  d'or  4ont  i  kilomètre  pèse  3  déci- 
grammes.  L'or  est  mou,  oITre  peu  de  ténacité  et  manque 
d'élasticité  et  de  sonorité.  Il  fond  à  i.250^,  et  le  métal  en 
fusion  paraît  vert  bleuâtre.  En  se  volatilisant,  il  colore  la 
flamme  en  vert.  Il  possède  la  propriété  de  se  souder  à  lui- 
même.  La  densité  de  Tor  fondu  est  de  19,26;  elle  atteint 
19,50  par  le  laminage.  Sa  chaleur  spécifique  est  de  0,03244. 
L'or  est  bon  conducteur  de  la  chaleur  et  de  l'électricité. 

Inaltérable  à  Tair,  à  toutes  les  températures,  et  inatta* 
quable  à  froid  par  les  acides  sulfhydrique,  sulfurique,  azo- 
tique et  chlorhydrique  isolés,  l'or  est  attaqué,  même  à  froid, 
par  le  chlore  et  par  le  brome;  il  se  dissout  dans  l'eau  régale. 
L'arsenic  et  l'antimoine  se  combinent  avec  lui  à  une  tempé- 
rature élevée.  L'or  se  dissout  dans  le  mercure  à  toutes  les 
températures. 

Usages.  —  L'or  est  un  métal  trop  mou  pour  être  employa 
à  l'état  pur  par  l'industrie  ;  on  l'allie  au  cuivre  et  à  divers 
métaux  pour  augmenter  à  la  fois  sa  dureté  et  sa  fusibilité. 

Alliages.  —  Les  monnaies  et  les  bijoux  d'or  sont  des 
alliages  d'or  et  de  cuivre. 

L'alliage  des  monnaies  est  fixé  au  titre  de  900/1000. 

L  alliage  des  médailles  contient  916/1000  d'or  et  84/1000  de 
cuivre. 

OÉOLOOIE.  31 


578  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Ualliage  est  de  trois  titres  pour  la  fabrication  des  bijoux 
920/1000,  820/1000,  750/1000.  C'est  ce  dernier  titre  que  Ton 
utilise  le  plus  dans  la  bijouterie  courante.  La  tolérance  au- 
dessus  et  au-dessous  du  titre  légal  a  été  fixée  à  2/1000  pour 
les  monnaies  et  les  médailles,  et  à  5/1000  pour  les  bijoux. 

Composés.  —  Le  chlorure  double  d'or  et  de  sodium  est 
employé  dans  le  traitement  de  diverses  maladies. 

La  dissolution  du  sesquichlorure  dlpr  dans  Téther,  dans 
Talcool,  dans  Teau  et  dans  les  huiles  essentielles,  constitue 
ce  qu'on  appelle  Vor  potable. 

Vor  fulminant  est  une  poudre  grise  obtenue  au  moyen  de 
rhydrate  de  sesquioxyde  d'or  mis  en  présence  de  l'ammo- 
niaque. Cette  poudre,  dangereuse  à  manier,  détone  violem- 
ment soit  par  le  choc,  soit  quelquefois  par  le  plus  léger  frot- 
tement, soit  même  spontanément. 

Le  composé  appelé  pourpre  de  Cassius,  employé  dans  la 
peinture  sur  porcelaine  et  dans  la  coloration  des  verres  en 
rose  et  en  grenat,  s'obtient  en  faisant  agir  une  dissolution 
faible  et  neutre  de  sesquioxyde  d'or  sur  de  la  grenaille  ou  sur 
des  lames  d'étain,  ou  encore  sur  une  dissolution  à  équiva- 
lents égaux  de  protochlorure  ou  de  bichlorure  d'étain.  D'après. 
M.  Debray,  ce  composé  serait  une  laque  formée  de  bioxyde 
d'étain  hydraté,  colorée  par  de  l'or  pulvérulent. 

Dorure.  —  La  dorure  a  pour  objet  de  recouvrir  d'une 
couche  d'or  plus  ou  moins  épaisse,  pour  leur  donner  une 
couleur  riche  et  brillante  et  les  préserver  de  l'oxydation,  des 
objets  d'ornement  et  des  pièces  d'orfèvrerie.  On  dore,  le» 
métaux,  les  bois,  le  carton,  etc. 

La  dorure  au  mercure,  qui  n'est  plus  employée  que  très 
rarement,  à  cause  des  dangers  d'intoxication  qu'elle  présente^ 
consiste  à  frotter  les  objets  à  dorer,  après  décapage,  avec 
une  brosse  en  fils  de  laiton  trempée  dans  de  l'azotate  de 
sous-oxyde  de  mercure,  puis  avec  une  autre  brosse  enduite 
d'un  amalgame  composé  de  1  partie  d'or  et  de  8  parties  de 
mercure;  on  chaufTe  les  pièces;  le  mercure  se  volatilise,  et 
l'or  reste  adhérent  au  métal. 

La  dorure  au  trempé  s'exécute  en  trempant  pendant 
quelques  minutes  la  pièce  à  dorer  bien  décapée,  dans  une 
«lissolution  bouillante,  composée  de  1  partie  de  chlorure  d'or^ 


MÉTALX    RARES  579 

de  7  parties  de  carbonate  de  potasse  et  de  130  parties  d'eau. 

Pour  \a dorure  galvanique,  l'objet  à  recouTrird'or  (cathode), 
vigoureusement  décapé  et  déroché,  est  fixé  au  pôle  négatif 
d'une  pile  et  plongé  dans  un  bain  formé  de  1  partie  de  cya- 
nure d'or,  de  10  parties  de  cyanure  de  potassium  et  de 
400  parties  d'eau.  Le  pôle  positif  (anode)  est  formé  d*une 
lame  d'or,  qui  se  dissout  au  fur  et  à  mesure  que  Tor  du  bain 
se  dépose  sur  la  pièce. 

Minerait.  —  L'or  est  surtout  exploité  à  Tétat  d'or  natif  :  en 
général,  l'or  natif  contient  d'autres  métaux  rare^  avec  les- 
quels il  forme  des  alliages,  tels  que  Vélecirum  (alliage  d'or  et 
d'argent  contenant  environ  20  0/0  d'argent),  la  porpëzUe 
(alliage  d'or  et  de  palladium),  la  rhodite  (alliage  d'or  et  de 
rhodium,  contenant  environ  40  0/0  de  rhodium),  et  ïaura- 
malgame  (amalgame  de  mercure  et  d'or,  contenant  jusqu'à 
60  0/0  de  mercure). 

En  dehors  de  For  natif,  pur  ou  à  l'état  d'alliages,  on  n'a 
guère  à  citer,  comme  minerais  d'or,  que  les  tellurures  d'or, 
qui  se  rencontrent  surtout  au  Colorado  et  en  Transylvanie  et 
dont  les  principaux  sont  : 

1®  La  sylvanite  (tellurure  d'or  et  d'argent  [(Au.Ag)*Te3] 
tenant  de  25  à  30  0/0  d'or  et  dont  les  variétés  sont  le  schrifterz,. 
le  wemtellur  ou  gelberz  (8,5  0/0  d'antimoine '  et  14  0/0  de 
plomb),  et  la  millerite  (19  0/0  de  plomb). 

2«  ùicalavéritey  tellurure  d'or  et  d'argent  (7AuTe*  +  AgTe^), 
tenant  environ  40  0/0  d*or  ; 

3»  La  hrennérite,  tellurure  d'or  et  d'argent  (AuAgTe'), 
tenant  de  25  à  29  0  0  d'or  ; 

4*  La  nagy agite,  minerai  mal  défini,  d'or,  de  cuivre  et  de 
plomb,  avec  soufre,  antimoine  et  tellure,  contenant  de  6  à 
12  0/0  d'or  (sulfotellurure)  ; 

5»  Lsipetzite,  tellurure  d'or  et  d'argent  (Au*Te  +  3Ag2Te), 
contenant  environ  25  0/0  d'or; 

6^  La  eoloradorite^  qui  est  un  tellurure  de  mercure  auri- 
fère. 

D'autre  part,  la  pyrite  de  fer  est  fréquemment  aurifère 
de  même  que  le  mispickel,  et  plus  rarement  la  galène. 

En  général,  la  classification  des  minerais  d'or  s'établit  sur 
une  base  beaucoup  plus  importante,  au  point  de  vue  indus- 


580  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

triel,  que  la  composition  chimique  :  c'est  la  facilité  plus  ou 
moins  grande  avec  laquelle  Tor  peut  être  isolé  soit  par 
lavage  à  la  bâtée  ou  au  sluice  (or  des  placers  et  des  parties 
supérieures  des  filons  de  quartz),  soit  par  amalgamation 
(pyrites  des  quartz  aurifères);  les  parties  profondes  des 
filons  de  quartz  donnent,  en  général,  des  minerais  qui 
échappent  à  Tamatgamation,  et  que  Ton  doit  concentrer  et 
traiter  ensuite  par  fonte  plombeuse  ou  cuivreuse,  ou  bien 
par  une  méthode  chimique  (grillage  et  chloruration,  lixivia- 
tion,  etc.). 

Les  minerais  d'or  et  d'argent  sont  extrêmement  difficiles 
à  traiter  et  sont  souvent  abandonnés  pour  cette  raison  ; 
quant  aux  tellurures  d'or,  on  les  concentre  en  les  mélan- 
geant avec  d'autres  minerais  d*or. 

Bien  que  Ton  trouve  dans  les  terrains  anciens  un  certain 
nombre  de  gisements  aurifères  importants,  on  ne  peut  dé- 
finir d'une  façon  précise  l'dge  exact  des  venues  de  ce  métal. 
En  effet  les  gisements  des  alleghanys,  ainsi  que  les  itacolu- 
mites  aurifères  du  Brésil,  appartiennent  au  terrain  primitif 
(huronien)  ;  ceux  de  Sibérie,  au  silurien  ;  les  poudingues  du 
Transvaal,  au  dévonien,  etc.  A  côté  de  ces  gisements  anciens, 
d'autres  très  importants  sont  de  l'époque  tertiaire;  tels  sont 
les  trachytes  aurifères  du  Dakota  (blackhills),  les  trachytes 
de  la  Nouvelle-Zélande,  les  gisements  de  la  Hongrie  et  la 
plupart  des  gttes  californiens. 

Gisements.  —  On  peut  distinguer  trois  catégories  princi- 
pales de  gisements  : 

l^'  Les  gisements  dans  les  filons  au  voisinage  des  foches 
mères,  telles  que  les  granités  de  la  Californie,  les  trachytes 
du  Comstock  et  de  la  Hongrie,  et  les  diorites  de  l'Amérique 
du  Sud.  Ces  roches  contiennent  encore  parfois  des  traces 
d'or  en  inclusion  ;  mais  c'est  assez  rare,  et  généralement 
l'or  inclus  dans   les  roches  est  inexploitable  ; 

2«  Les  gisements  d'alluvions  de  la  Guyane,  de  la  Californie, 
de  l'Australie,  etc.  (placers)  ; 

3^  Les  gisements  sédimentaires  tels  que  ceux  des  conglo- 
mérats dévoniens  du  Transvaal  (rares). 

On  ne  peut  rien  dire  de  précis  au  sujet  de  la  limite 
d'exploitabilité  des  gisements  :  tel  gîte  pourra  être  exploité 


MÉTAUX    RARES  &8i 

jusqu'à  une  teneur  de  iO  et  m^nie  de  7  grammes,  tandis  que, 
dans  une  autre  région,  les  difficultés  du  traitement  ou  la 
cherté  de  la  main-d'œuvre,  du  combustible,  etc.,  forceront 
Texploitant  à  adopter  une  teneur  limite  beaucoup  plus 
élevée. 

On  peut  affirmer  cependant,  comme  pour  beaucoup  de 
filons  métallifères,  que  la  diminution  de  richesse  en  profon- 
deur est  constante,  et  que  Ton  doit  en  tenir  toujours  le  plus 
large  compte  dans  l'estimation  de  la  richesse  d'un  gisement, 
sous  peine  de  s'exposer  à  des  déboires,  si  fréquents  dans 
l'exploitation  des  mines  d'or. 

1"  FILONS  d'or 

Cette  première  catégorie  de  gisements  comprend  les  filons 
à  gangue  quartzeuse  avec  minerais  sulfurés  en  profondeur 
et  concentration  aux  affleurements,  les  filons  contenant 
des  pyrites  de  fer,  des  chalcopyrites  aurifères  ou  des  galènes 
aurifères,  les  filons  de  mispickel  aurifère  et  les  filons  de 
teliurure  d'or  à  gangue  généralement  quartzeuse,  qui  con- 
tiennent souvent  de  la  pyrite  de  fer. 


GISEMENTS   FILONIB.NS   d'eUROPE 


Alpes  Occidentales.  —  On  exploite  dans  les  Alpes  quelques 
filons  de  pyrite  aurifère  encaissés  soit  dans  des  gneiss  à 
grains  fins  {Gondo,  en  Suisse),  soit  dans  des  schistes  lal- 
queux  du  Piémont  {val  Toppa  et  Pestarena)  près  du  Mont- 
Rose,  dans  le  val  Ânzasca  :  teneur,  13  à  17  grammes  d'or 
environ  à  la  tonne.  On  peut  encore  citer  les  pyrites  aurifères 
de  Gressoney^  de  Valtournanchc,  de  Brissogne,  etc.  D'après 
M.  Becker,  les  filons  les  plus  riches  de  l'Italie  se  trouveraient 
dans  les  montaf;nes  qui  séparent  la  vallée  de  Gorzente  de 
celle  de  la  Piotta  ;  ils  sont  contenus  dans  des  roches 
serpentineuses  à  fissures  parallèles  remplies  par  une  gangue 
formée  de  fragments  de  celte  roche,  soudés  par  du  quartz; 
leur  puissance  est  de  0™,25,  et  leur  richesse  varie  de  60  à 
175  grammes  d'or  par  tonne  de  minerai.  Mais,  d'après  un  cer- 


582  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

tain  nombre  d'essais  faits  dans  la  concession  de  Frasconi,  la 
teneur  pratique  serait  un  peu  moindre.  L'amalgamation 
donne  25  grammes  par  tonne. 

La  production  totale  de  l'or  en  Italie  a  été,  en  1894,  de 
349  kilogrammes  représentant  une  valeur  de  L260.285 
francs,  et,  en  1897,  de  316  kilogrammes  seulement,  valant 
1.050.000  francs,  y  compris  les  alluvions  exploitées  dans  les 
rivières  du  Piémont. 

Espagne.  —  En  Çspagne,  on  exploite  dans  la  province  de 
Guadalajara,  près  des  célèbres  mines  d'argent  de  Hien  de  la 
Encina,  des  filons  de  quartz  aurifère  à  forte  teneur  en  or, 
mais  dont  la  puissance  très  irrégulière  rend  Texploitation 
peu  rémunératrice. 

Dans  la  province  de  Tolède ^  il  existe  des  filons  quartzeux 
tenant  jusqu'à  10  grammes  d'or  à  la  tonne  (mine  de  la 
Nava  de  Ricomadillo) .  Ces  filons,  qui  ont  été  exploités  par  les 
Romains,  sont  abandonnés  aujourd'hui. 

Grande-Bretagne.  —  Le  district  de  MerionetskirCy  dans  le 
Pays  de  Galles,  où  l'on  exploite  également  du  manganèse, 
renferme  un  certain  nombre  de  filons  de  quartz  aurifère 
assez  riche,  tenant  jusqu'à  1  once  25  d'or  à  la  tonne  {Gwyn- 
fyndd,  Clogau,  Berkllwyd)  ;  on  peut  signaler  encore  les 
veines  de  quartz  aurifère  du  Comouailles  (dans  les  schistes 
métamorphiques  au  voisinage  de  la  granulite  et  celles  de  quartz 
pyriteux  aurifère  de  Ballymurtagh  (Irlande).  Les  alluvions 
de  Ballinvalley  (friande)  et  de  Crawford  (Ecosse)  contiennent 
aussi  de  l'or. 

ï^  production  de  l'Angleterre  a  été,  en  1 895,  de  13.478  tonnes 
de  minerai  d'or  représentant  une  valeur  de  414.600  francs; 
en  1897,  l'Angleterre  a  produit  seulement  42  kilogrammes 
d'or  valant  1;19.825  francs. 

Autriche.  —  Il  existe  des  exploitations  de  mines  d'or  en 
Autriche  près  de  Gastein  (pyrite  aurifère  avec  chalcopyrite 
galène,  dans  les  micaschistes),  et  à  Brandholz  (Fichtelge- 
birge),  où  l'on  trouve  de  la  pyrite  aurifère  avec  mispickel, 
stibine  et  or  natif.  La  production  de  l'Autriche  n'a  atteint 
que  69  kilogrammes  en  1896,  avec  une  valeur  de  247.282 
francs. 

Trafisylvanie  (Hongrie).  —  On   exploite,  en  Hongrie,  des 


MËTIUX    RARES  S83 

filons  oA  le  qiiarti  aurifère  esl  accompagna  de  sulfures 
complexes  et  de  pyrites,  notamment  à  Vulkoy' Botes,  V6r0»' 
patak,  Ifagybauya,  de  même  qu'à  Fetsobanya  et  Kapnik,  où 
interviennent  l'antiiuoine  et  l'arsenic  (on  étudiera  plus 
loin  les  AInns  tellurés  de  Nauyag  et  d'0/^enbanya).  Les 
nions,  répartis  le  long  de  la  courbure  interne  des  Carpathes, 
remplissent  des  fissures  de  retrait  continues  ou  raillées. 
A  Vûrôspatak,  l'or  est  disséminé  dans  un  stockwerck;  des 
propylites  altérées,  encaissées  dans  des  grès  éocÈnes,  soDt 
recoupées  par  des  veinules  contenant  du  ijuarti  avec  or 
natif,  pyrilc,  blende,  cuivre  gris  et  galène.  A  Hagybanya,  les 
nions,  mal  délimités  et  sans  salbandes,  recoupent  des  tra- 
chytes  amphiboliques  ;  on  y  liwive  des  pyrites  aurifires,  de 


la  chaK'Osine,  de  l'argent  rouge  et  du  cuivre  gris  argenlif&re 
sans  antres  sulfures.  Les  liions  de  Fetsobanya,  également 
encaissés  dans  les  trachytes,  renferment  de  la  pyrite  <-l 
de  la  gaiine  aurifères  avec  blende,  chaicopyrile,  stibine 
et  réalgar.  A  Felsobanya,  Je  même  (|u'à  Kapnik,  où  le 
j^isement  est  analogue,  le  réalgar  et  la  stibine  dominent 
.|uand  le  quartr  manque  (il  manque  totalement  à  Kapnik). 
Tous  les  minerais  sont  traités  soit  par  amalgamation  près  des 
mines,  soit  dans  l'usine  de  Zalalhna,  eiploitt^e  par  le  Gou- 
vernement. A  Zalalhna,  on  extrait  l'or  et  l'argent,  des  mine- 
rais complexes  et  des  schlichs. 

La  production  de  l'or   en    Hongrie  a  été,    en    1894,   da 


584  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

2.687  kilogramines;  en  i897,la  production  a  été  de  3.200  kilo- 
grammes environ,  y  compris  Tor  provenant  des  filons  tellurés 
et  des  graviers  aurifères  trouvés  dans  quelques  cours  d'eau. 

Nonvège,  —  On  a  exploité  à  Bômmelô,  en  Norwège,  des 
filons  de  quartz  aurifère,  et  à  Emcoldj  au  nord  de  Christiania, 
des  filons  de  pyrite  de  fer  et  de  chalcopyrite  avec  hématite 
el  or  natif. 

La  iNorwège  n'a  produit  que  16  kilogrammes  d'or  en  1897, 
soit  bl.675  francs. 


GISEMENTS   FILONIENS    D  ASIE 


Oural.  —  A  Berezotrsk,  près  d'Ekatérinenbourg,  dans 
rOural,  les  filons  de  quartz  aurifère  sont  en  relation  avec  des 
schistes  chloriteux,  des  talcschistes  et  une  roche  particu- 
lière :  la  bérézite  (quartz,  mica  blanc  etorthose),  analogue  aux 
granulites  stannifères. 

L'exploitation  est  limitée  à  une  faible  profondeur 
(40  mètres)  par  Tappauvrissement  des  filons  et  souvent  par 
des  venues  d'eau  considérables.  La  teneur  est  de  10  grammes 
par  tonne  ;  on  lave,  dans  des  sluices,  les  minerais  bocardés 
à  Miask  et  sur  le  territoire  des  cosaques  d'Orenbourg  (sur 
la  rivière  Ditachra). 

La  production  de  l'or  en  Sibérie  et  en  Russie,  y  compris 
l'or  extrait  des  alluvions,  que  l'on  étudiera  dans  la  deuxième 
partie  de  ce  chapitre,  a  été  de  41.000  kilogrammes  en  1895, 
et,  en  1897,  de  32.408  kilogrammes  représentant  une  valeur 
de  1 07. 692. 7oO  francs  pour  tous  les  districts  réunis  de  TOural, 
de  Tonisk,  d'Irkoutsk,  y  compris  les  mines  du  Cabinet  de 
l'Empereur. 

Indo-Chine,  —  On  exploite  dans  l'Annam,  non  loin  de 
Tourane,  à  Bong-Mieû,  des  pyrites  aurifères  tenant  environ 
10  grammes  d'or  à  la  tonne.  Ces  gîtes,  à  remplissage  de 
quartz,  sont  interstratifiés  dans  des  schistes  cristallins  diri- 
gés nord-ouest  et  inclinés  de  10®  à  35®  vers  le  nord. 

Dans  le  bas  Laos,  à  hulhevilley  on  exploite  des  filons  de 
pyrite  contenant  de  l'or  en  grains  parfois  visibles.  Ces  gîtes 


MÉTAUX   RARES  585 

sont  à  remplissage  de  quartz,  avec  minéralisation  de  pyrit» 
et  de  galène  aurifères. 

StVim.  —  Dans  le  massif  de  Chantaboun^  au  Siam,  on  troure 
des  gttes  aurifères  flioniens.  Près  de  la  baie  de  Bang-ta-phariy 
il  existe  aussi  quelques  gttes  flioniens  aurifères  à  minérali- 
sation de  pyrite  de  fer,  orientés  nord-nord-est  et  encaissés 
dans  des  schistes  métamorphiques. 

'  A  Kabin,  près  de  Pékim,  on  exploite  des  (lions  aurifères 
donnant  5  grammes  d'or  à  la  tonne  et  dont  la  teneur 
augmente  en  profondeur. 

Péninsule  Malaise.  —  Dans  la  partie  orientale  de  la  presqulle 
de  Malaccùy  on  trouve  des  (lions  aurifères  exploités  par  la 
Raub-A1ian  C^  et  la  Punjon  Mining  C^,  qui  ont  produit 
622  kilogrammes  d'or  en  4895. 


GISEMENTS   FIL0NIEN9   DE   L  AMERIQUE   DU   NORD 

Californie.  —  Les  filons  aurifères  de  la  Californie,  qui  ont 
une  grande  importance  (l'un  d'eux,  le  Mother-Lode^  peut  être 
regardé  comme  le  plus  grand  filon  connu),  sont  situés  sur 
le  vei^sant  occidental  de  la  Sierra  Nevada,  dans  les  comtés 
de  Placer,  Butte,  Eldorado,  Mariposa,  etc.  La  contrée  est 
traversée,  par  un  certain  nombre  d'afiluents  du  Sacramento, 
sur  les  bords  desquels  ont  été  bâties  des  villes  importantes 
par  les  chercheurs  d'or  (Sonora,  Mariposa,  Auburn,  Placer- 
ville,  etc.). 

Il  existe  en  Californie  deux  faisceaux  de  filons  de  quartz 
aurifère,  dont  l'épaisseur  varie  de  1  à  40  mètres  et  dans 
lesquels  Tor,  accompagné  de  pyrites  de  fer  et  d'autres  sul- 
fures, se  présente,  près  des  affleurements,  à  l'état  natif  sous 
forme  de  grains  très  divisés  ;  les  sulfures  apparaissent  rapide- 
ment en  profondeur. 

Le  principal  de  ces  filons  est  le  Mother-Lode,  faisceau  de 
veines  reconnu  sur  plus  de  150  kilomètres  de  longueur  et 
exploité  en  certains  points  jusqu'à  70  mètres  do  profon- 
deur. Les  fissures  y  sont  en  relation  avec  des  schistes  ardoi- 
siers  noirâtres  ;  le  mur  est  constitué  par  des  roches  très 
diverses  fgranite,  diabase,   serpentine,  diorite).  Le  remplis- 


586  GÉOLOGIE    appliquée: 

sage  est  formé  de  quartz  rubanné  avec  or  natif  et  pyrite. 
Ce  filon  est  exploité  dans  les  comtés  d'Eldorado  (mines  de 
WoodsidCy  Taylor,  Mount-Pleasant),  de  Placer  (mines  Crater^ 
San-Patrick,  Auburn,  Buckeye\  de  Nevada  et  de  Butte.  La  plu- 
part de  ces  mines  fournissent  de  Targent,  surtout  en  pro- 
fondeur. 1^  teneur  d'or  est  très  variable;  elle  est  de  150  à 
400  francs  par  tonne,  pour  les  quartz  encaissés  dans  des 
schistes  à  la  mine  de  Taylor;  elle  descend  à  38  francs  pour 
la  mine  de  Gold-Blossom  (comté  de  Placer). 

On  a  fait,  vers  Tannée  1897,  beaucoup  de  prospections 
heureuses  en  Californie,  dans  les  districts  de  Kern-Couniyy 
de  Fresno  ei  de  Madera,  On  a  repris  d'anciennes  mines, 
durant  cette  même  année,  dans  le  Tuolumne-County,  le  long 
du  Mother-Lode,  et  au  nord  à^Angel-Camp^  où  Ton  a  installé 
un  transport  d'énergie  électrique  pour  les  exploitations  de 
la  région. 

La  Californie  a  produit,  en  1897,  22.849  kilogrammes  d'or, 
valant  75.000.000  de  francs. 

Arizona,  —  Dans  l'Arizona,  les  deux  mines  principales  sont  : 
la  Pearce-MinCy  exploitée  par  la  Common-wealth  Mining  C«, 
dans  le  comté  de  Cochise,  et  la  Fortuna-Mine,  dans  le 
comté  de  Yuma,  à  2i  kilomètres  au  sud  de  Blaisdell-Station. 
La  première  renferme  une  veine  de  quartz  aurifère  exploitée 
sur  120  mètres  de  long,  à  90  mètres  de  profondeur;  l'épais- 
seur varie  de  4",80  à  18  mètres.  Le  minerai  ferrugineux 
contient  de  l'or  natif,  du  chlorure  d'argent,  du  bromure 
d'argent,  etc.  La  teneur  à  la  surface  est  de  2,5  d'argent  pour 
1  d'or;  en  profondeur,  on  a  sensiblement  1  d'argent  pour  1  d'or. 

La  production  de  l'Arizona,  en  1898,  a  été  de  4.200  kilo- 
grammes, valant  14.000.000  francs. 

Nevada,  —  La  principale  mine  d'or  du  Nevada  est  la  mine 
de  Lamar,  dans  le  comté  de  Lincoln  ;  elle  a  produit,  en  1897, 
8.592.000  francs  d'or.  La  mine  a  420  mètres  de  profondeur 
et  produit  par  mois  9.000  tonnes  de  minerai,  que  l'on  traite 
par  la  cyanuration. 

Dans  les  mines  de  Comstock  et  de  Lyon,  on  fait  beaucoup 
de  prospections  intéressantes,  jusqu'à  plus  de  900  mètres  de 
profondeur,  qui  promettent  un  développement  de  l'extrac- 
tion de  l'or  dans  cet  État. 


MÉTAUX    RARES  587 

Le  Nevada,  en  1897,  a  produit  4.572  kilogrammes  d'or, 
valant  15.000.000  de  francs. 

Orégon,  —  Les  mines  Eurêka  et  Excelsior  (comté  de  Baker) 
traitent  par  concentration  sans  amalgamation,  des  pyrites 
arsenicales  contenant  de  Tor  finement  divisé;  le  même  genre 
de  minerai  est  traité  par  cyanuration  aux  usines  de  North 
Pôle  (Eastem  Oregon  Mining  C®),  après  un  grillage  préalable 
dans  des  fours  Brûckner. 

La  production  de  TOrégon  a  été,  en  t897,  de  2.064  kilo- 
grammes d'or,  valant  6.773.000  francs. 

Dakota.  —  Dans  le  Dakota,  la  principale  mine  d'or  est 
celle  de  Homestake,  où  Ton  exploite  un  filon  de  150  mètres 
de  large,  à  une  profondeur  de  200  mètres.  On  peut  citer  aussi 
les  mines  Father  de  Smet  (Deadwood)  et  Caledonia. 

La  production  du  Dakota  a  été,  en  1898,  de  8.580  kilo- 
grammes d'or,  valant  28.600.000  francs. 

I^a  production  totale  de  l'or  aux  États-Unis  a  été,  en  1898, 
pour  les  divers  États,  de  98.000  kilogrammes,  représentant 
une  valeur  de  325  000.000  francs. 

Mexique.  —  II  existe  au  Mexique  des  filons  de  quartz  auri- 
fère et  de  galène  argentifère  à  gangue  de  quartz  et  de  calcite, 
et  des  filons  de  phillipsite  et  de  chalcopyrite  aurifères.  La 
production,  très  considérable  autrefois,  a  beaucoup  dimi- 
nué (mines  de  Guarisamey  et  de  San-Juan-de-Rayas,  etc.). 
Elle  était  encore,  en  1898,  de  12.300  kilogrammes  d'or, 
valant  41.000.000  francs. 

Klondike.  —  Au  Kiondike,  on  a  découvert  récemment  des 
filons  de  quartz  aurifère  qui  tiennent  en  moyenne  55  grammes 
à  la  tonne,  avec  des  poches  riches,  dont  la  teneur  atteint 
jusqu'à  200  grammes  à  la  tonne.  On  assure  que  les  filons 
sont  très  nombreux  et  qu'ils  s'enrichissent  en  profondeur. 

Le  Canada  a  produit,  en  1897,  pour  31  millions  de  francs 
d'or  et  5.758.446  onces  d'argent,  en  grande  augmentation  sur 
la  production  des  années  précédentes,  par  suite  de  la  décou- 
verte de  l'or  au  Klondike  (presqu'île  d'Alaska),  dans  VOntario 
et  dans  le  nord  du  Minnesota.  L'Alaska  a  produit,  en  1897, 
4.115  kilogrammes  d'or,  valant  13.500.000  francs. 


588  GÉOLOGIB    ÂPPLIQDÉE 

GISEMENTS   FILOMBNS   DE   l'aMÉRIQUK  DU   SUD 

Brésil,  —  On  rencontre,  au  Brésil  (Minas-Geraes),  soit  des 
filons  de  quartz  aurifères  avec  minerais  sulfurés,  soit  des 
filons  aurifères  avec  sulfures  dominants  (mispickel,  pyrrho- 
tine,  bismuth),  soit  encore  des  couches  de  grès  imprégnés 
de  sulfures  où  le  minerai  d'or  est  accompagné  de  fer  oligiste 
provenant  de  la  décomposition  des  pyrites. 

Les  nions  de  quartz  aurifères  recoupent  des  micaschistes, 
notamment  à  Carapatos  et  à  Caèté;  le  quartz  grenu  contient 
de  Tor  visible;  la  richesse  varie  de  15  à  30  grammes  par 
tonne. 

A  Passagem  (Ouro-Preto,  province  de  Minas-Geraes),  on 
exploite  un  filon  où  les  sulfures  dominent,  et  qui  est 
encaissé  entre  des  micaschistes  et  des  itabirites;  l'or  y  est 
accom])agné  de  mispickel,  de  galène  et  de  bismuth.  On  peut 
citer  encore  les  mispickels  aurifères  de  Pary,  où  un  filon- 
couche  recoupe  les  schistes  amphibolifères,  ceux  de  Morra- 
Velho,  et  les  galènes  argentifères  avec  quartz  de  Varado, 

A  Maquillé,  près  de  Marianna,  Tor  s'est  concentré  en 
voinules  ou  en  grains  dans  des  ocres  et  des  itabirites  renfer- 
mant (les  masses  d'oxyde  de  fer  produites  par  des  sulfures 
décomposés.  A  Bitgres,  on  trouve  des  argiles  ferrugineuses 
tenant  30  grammes  d'or  environ  à  la  tonne.  A  San-Joao^a^ 
Barra,  les  limonites  ainsi  produites  tiennent  de  25  à 
250  grammes  d'or  à  la  tonne, 

La  production  du  Brésil  a  été  de  3.800  kilogrammes  d'or 
en  1898,  représentant  une  valeur  de  12.600.000  francs;  sur 
cette  quantité,  la  province  de  Minas-Geraes  a  fourni  i.800  ki- 
logrammes d'or  fin. 

Venezuela,  —  Parmi  les  nombreux  filons  d'or  que  Ton  a 
trouvés  dans  la  partie  Nord  de  l'Amérique  du  Sud  (isthmes 
de  Panama  et  de  Darien,  Guyanes,  Venezuela)  un  seul  groupe, 
celui  du  Callao,  sur  les  bords  de  la  rivière  Yuruari  (affluent 
du  Rio-Cuyuni),  a  eu  une  réelle  importance.  Le  filon  princi- 
pal, encaissé  dans  une  roche  dioritique  bleuâtre  très  com- 
pacte, est  rempli  de  quartz  gras  très  blanc  veiné  de  noir 
dans  les  parties  riches,  où  Ton  trouve  également  des  mouches 


MÉTAUX    HAKES  589 

de  pyrite.  La  diorite  bleue  décomposée  donne,  dans  les  sal- 
bandes,  une  argile  bleue  appelée  cascao.  Le  fllon,  dont  Tépai»- 
seur  varie  deO">,35  à  3  mètres  sur  une  profondeur  reconnue 
de  220  mètres,  contient,  dans  une  cheminée  centrale  riche, 
de  Tor  soit  invisible,  soit  en  taches  ou  en  grains.  La  teneur 
a  varié  de  75  à  160  grammes  par  tonne.  Le  gîte,  dont  Texploi- 
tation  a  donné  au  début  de  très  beaux  résultats,  s'appauvrit  en 
profondeur.  On  trouve,  dans  les  environs  de  Gallao,  les  filons 
deCorinna  et d'AmmcanTompanj^, encaissés  dans  des  schistes, 
et  le  filon  quartzeux  de  Chile,  dans  des  schistes  talqueux. 

La  production  de  Tor  au  Venezuela  a  été  de  1.225  kilo- 
grammes en  1897,  représentant  une  valeur  de  4.070.800  francs. 

Chili.  —  Dans  la  province  de  Coquimbo,  au  voisinage  de  la 
Cordillère  des  Andes  (Chili),  on  rencontre  un  grand  nombre  de 
filons  dans  des  granités  ou  dans  des  schistes  métamorphiques 
formant  des  fractures  nettes  remplies  de  quartz  et  de  pyrites 
de  fer  ou  de  cuivre  (leneur  :  40  grammes  d'or  à  la  tonne}. 
On  y  rencontre  aussi  des  veinules  où  Tor  se  présente  en  fila- 
ments très  ténus.  L'exploitation  est,  en  général,  assez  rudi- 
men  taire. 

On  traite  aussi,  au  Chili,  des  mattes  de  cuivre  pour  en 
extraire  For. 

La  production  totale  du  Chili,  en  1897,  y  compris  Tor  des 
placers  de  Talca,  de  Alhue,  Petorca,  Tamayo  et  Inca,  a  été 
de  2.118  Icilogrammes,  valant  7.037.720  francs. 

Pérou.  —  Au  Pérou,  on  peut  citer  les  filons  de  quartz  auri- 
fère dans  le  granité  de  la  région  de  la  Costa  (mines  de  Saint» 
Thomas  et  de  Montes-Claros). 

Production  en  1898,  310  kilogr.,  valant  1.030.000  francs. 

Uruguay.  —  Les  filons  de  quartz  aurifère  de  Tacuarembo 
(Uruguay)  recoupent  des  terrains  anciens  (schistes  chlori- 
tiques,  avec  diorites  siluriennes).  Le  quartz  riche  est  blanc 
d'albâtre  et  veiné  de  gris  ou  de  bleu;  il  est  quelquefois 
vitreux;  l'or  y  est  accompagné  de  pyrite  de  cuivre  et  de 
galène  ;  le  rendement  est  de  100  grammes  environ  à  la  tonne 
dans  la  partie  supérieure  des  filons  (filon  San  Pablo  dans  la 
province  de  Santa-Ernestina). 

La  production  de  l'Uruguay  a  été,  en  1897,  de  214  kilo- 
grammes, valant  723.000  francs. 


590  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Colombie,  —  En  Colombie,  on  exploite  des  filons  aurifères 
à  Cauca  et  à  Antioquia, 

Les  filons  de  quartz  aurifère  rouge  de  SardanUla  (Empe- 
rador  Mining  G^  of  Golumbia)  sont  encaissés  dans  des  quart- 
zites. 

La  Colombie  a  produit,  en  4897,  5.869  kilogrammes  d*or, 
d'une  valeur  de  19.500.000  francs,  y  compris  Texploitation 
des  placers  de  Cauca  (El-Choco),  de  Porceet  deNechi, 


GISEMENTS   FILOISIENS    D*OCÉANIE 


Australie.  —  On  exploite,  en  Australie,  outre  les  alla- 
vions  que  Ton  étudiera  plus  loin,  un  grand  nombre  de 
stockwerks  et  de  filons-couches,  de  10  centimètres  à  15  mètres 
de  puissance,  avec  colonnes  verticales  d'enrichissement. 
Ces  gîtes  sont  en  relation  avec  des  roches  siluriennes  ou 
dévoniennes,  avec  des  granités  amphiboliques,  des  dykes  de 
diorite,  etc.  La  teneur  est  très  variable  (6  à  36  grammes  d'or 
par  tonne);  mais  on  peut  exploiter,  en  Australie,  des  filons 
de  quartz  d'une  teneur  de  6  grammes  à  la  tonne,  tandis  que, 
dans  d'autres  régions  aurifères,  la  teneur  limite  varie  de 
16  à  60  grammes. 

La  province  de  Victoria,  qui  est  la  plus  importante  au 
point  de  vue  des  gisements  aurifères, comprend  plus  de  trois 
mille  filons,  répartis  dans  les  districts  d'Arara,  de  Ballarat, 
de  (wipsland,  de  Deechworth  et  de  Sandhurst» 

L'or  est  accompagné,  dans  ces  gisements,  de  quartz,  de 
pyrite  de  fer,  de  cuivre  gris,  de  blende  et  de  calcite. 

Dans  la  Nouvelle-Galles  du  Sud  on  exploite  les  mines 
d'Hawkitis-Hilly  de  Mitcheirs-Creek,  etc. 

Dans  le  Queensland,  les  filons  de  Charten-Towers  recoupent 
des  schistes  siluriens  et  sont  souvent  en  contact  avec  des 
dykes  de  porphyre;  les  autres  districts  aurifères  de  cette 
province  sont  ceux  de  Gympie^  de  Marengo  et  de  Normanby. 

La  production  de  Tor  en  Australie,  en  1896,  a  été  la  sui- 
vante, en  comptant  les  alluvions  aurifères  que  Ton  étudiera 
^lus  loin  : 


.      MÉTAUX   AARES  591 

KiloB  Triant 

Nouvelle-Galles  du  Sud 9.221  26.834.000  fr. 

Queeusland 19.917  56.033.685    » 

Tasmanie 1.947  5.939.350    » 

Victoria 25.041  80.503.750    » 

Ensemble 56.126    169.310. 783  fr. 

La  production,  en  1898,  s^est  élevée  à  93.732  kilogrammes 
valant  3 1 1.472.000  francs. 

Nouvelle-Zélande.  —  Dans  la  Nouvelle-Zélande  on  exploite 
des  iilons-couches  dans  des  schistes  (quartz  blanc,  pyrite  de 
fer  cuprifère  et  or  natif),  et  des  filons  dans  des  grès  (quartz 
et  sulfures  d'antimoine  et  d'arsenic,  avec  blende,  chalco- 
pyrite  et  cuin-e  gris). 

FILONS  TELLURlIs 

On  a  énuméré,  au  début  de  ce  chapitre,  les  principaux 
minerais  d'or  tellurés.  Les  gisements  les  plus  importants 
se  trouvent  en  Transylvanie  et  au  Colorado. 

Trapisylvanie.  —  Les  filons  tellurés  de  Transylvanie  sont 
exploités  à  Nagya(j,k  Offenbanya  et  à  Rodna. 

A  Nagyag,  les  filons,  variant  de  0™,0i  à  2  mètres  de 
puissance,  recoupent  des  trachyles  amphiboliques,  ou  bien 
sont  disséminés  dans  des  conglomérats.  On  y  trouve  de 
l'or  natif  accompagné  de  nagyagile,  de  sylvanite,  d'argent 
tellure  avec  gangue  de  quartz  et  de  jaspe.  Dans  les  conglo- 
mérats, la  sylvanite  domine  iivec  le  quartz  et  le  cuivre  gris. 

L'appauvrissement  en  profondeur  ne  s'est  fait  sentir  qu'à 
partir  de  400  mètres. 

A  0/fenbanya,  les  filons  de  tellurures,  très  peu  puissants 
l0™,025i,  recoupent  des  trachytes  amphiboliques  très  méla- 
morphisés.  On  y  trouve  de  l'or  natif  et  de  la  sylvanite»  avec 
quartz,  calcite,  pyrite,  galène,  argent  natif  et  argent  rouge. 

A  Rodna,  le  gisement  est  le  mtHne  ;  on  trouve  les  amas 
de  pyrite  de  fer,  de  galène,  de  blende,  de  mis|ûckel,  argen- 
tifères et  aurifères,  au  contact  d'andésites  recouvrant  des 
schistes  cristallins  et  des  calcaires  grenus. 

Siam,  —  Dans  le  Siam  on  connaît  un  gtsementd^  telliirure 


592  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

d'or  à  gangue  calcaire  près  de  Nam-ko,  dans  le  bassin  du 
Ménam. 

Colorado.  —  On  exploite  au  Colorado  (comté  de  Boulder) 
des  filons  de  tellurures  formant  un  système  très  étendu  de 
fractures  avec  remplissage  de  quartz  ;  ces  filons  renferment 
de  la  sylvanite,  de  la  hessite  et  de  la  petzite  a?ec  blende, 
galène  et  pyrite  (mines  de  Magnolia  et  de  Malvûia).  Les  filons 
ne  sont  avantageux  à  exploiter  que  sur  de  faibles  épaisseurs, 
de  O'BjOi  à  0°  ,06,  et  les  minerais  doivent  subir  un  enrichisse- 
ment par  une  préparation  mécanique  compliquée,  avant 
d'étie  traités  dans  les  usines  de  la  région. 

La  production  du  Colorado  a  été,  en  1897,  de  29.838  kilo* 
grammes  d'or  valant  97.898.195  francs. 

2^   ALLUVIONS    AURIFÈRES 
ALLUVIONS   AURIFÈRES    d'eUROPE 

France.  —  On  ne  citera  que  pour  mémoire  les  gise- 
ments aurifères  de  la  France.  En  dehors  des  filons  de  mispic- 
kel  aurifère  de  BonnaCy  dans  le  Plateau  Central,  filons  dans 
lesquels  on  a  fait  quelques  grattages,  il  y  a  peu  d'années, 
quelques  liions  détruits  ont  donné  naissance  à  des  alluvions 
aurifères  dans  les  vallées  des  rivières  originaires  des 
Cévennes  (Gardon,  Ardèche,  Hérault),  des  Pyrénées  (Ariège, 
Salât  et  Garonne)  et  des  Alpes  (Khin,  Rhône,  Arve).  Il  est 
certain  qUe,  dans  l'antiquité,  on  a  exploité  Tor  activement 
chez  les  Gaulois,  noUimment  dans  le  Khin,  d'où  Ton  en 
retirait  encore,  vers  1850,  surtout  près  de  Carlsruhe,  entre 
Daxland  et  KchL 

Italie,  —  Les  graviers  des  lits  de  la  Doria,  de  la  Sesta,  de 
VOrco  et  d'autres  rivières  du  Piémont  contiennent  de  Tor 
difficilement  exploitable.  On  a  tenté,  sans  grand  succès, 
d'exploiter  aussi  des  falaises  d'alluvions  que  l'on  trouve  dans 
les  contreforts  des  Alpes. 

Espagne,  —  Dans  les  provinces  espagnoles  de  Galice  et  de 
Léon  on  trouve  les  graviers  aurifères,  et  les  conglomérats 
du  Rio-Sil  et  de  la  Duerna  reposant  sur  des  schistes  siluriens 
et  sur  des  granités  contenant  des  veines  de  quartz  aurifère. 


MÉTAUX    KARES  093 

Ces  graviers,  exploités  dès  Tépoque  romaine,  contiennent  de 
Tor  en  pellicules  très  minces  (60  grammes  d'or  à  la  tonne  à 
Cabrera  et  450  grammes  à  Albano). 

On  a  essayé  d'exploiter  à  la  lance  hydraulique  les  allu- 
vions  du  Cerro  del  Sol  et  de  la  Lancha,  dans  la  vallée  du 
Genil  (province  de  Grenade);  leur  teneur  en  or  est  de  O**",» 
au  mètre  cube. 

ALLl'VIONS   AURIFÈRES   d'aSIB 

Sibérie,  —  Les  placers  de  TOural  sont  exploités  très  active- 
ment principalement  sur  le  versant  oriental;  les  alluvions 
aurifères  pléislocènes  ont,  en  certains  points,  une  épaisseur 
exploitable  de  i  mètre,  sur  20  mètres  de  largeur  et  sur  plu- 
sieurs kilomètres  de  longueur.  La  teneur,  qui  varie  de  O^^S 
à  2^%5  par  tonne,  est  surtout  élevée  au  contact  des  schistes 
cristallins  et  des  amphibolites.  Les  couches  minces  sont 
exploitables  jusqu'à  O^^S  par  tonne,  à  condition  de  n'être 
recouvertes  que  par  une  couche  stérile  très  faible,  ne  néces- 
sitant pas  de  transport  éloigné  pour  les  déblais. 

Les  principaux  centres  d'exploitation  sont  Berezowsk, 
Bogoslovsk,  Tchernoia,  Nijni-Tayiiil,  le  territoire  des  cosaques 
d'Orenbourg,  etc.  Les  recherches  doivent  surtout  porter 
sur  les  anfractuosités  des  lits  rocheux,  dans  les  couches 
inférieures  desquels  l'or  est  concentré,  et  sur  les  points 
où  les  couches  stériles  ne  sont  pas  trop  épaisses  (3  mètres 
en  moyenne). 

1^  région  de  ÏAltaï  (montagne  de  l'or)  comptait  autrefois 
de  nombreuses  exploitations  d'or  et  d'argent,  notamment 
dans  le  groupe  de  Kolivan,  à  Sméinoyorsk  (mines  de  plomb 
argentifère).  Ces  mines,  autrefois  très  productives,  sont 
aujourd'hui  en  partie  abandonnées. 

C'est  sur  les  bords  des  grands  fleuves  sibériens,  VYenis- 
seisk,  la  Lena,  l'Amour,  que  s'est  concentrée  aujourd'hui 
toute  l'activité  des  exploitations.  L'or  des  alluvions  de 
l'Yenisseisk  et  de  ses  affluents,  provient  de  veines  de  quartz 
recoupant  des  granités  et  des  micaschistes;  il  est  souvent 
accompagné  de  magnétite  et  de  zircon.  On  exploite  aussi 

OÉOLOOII.  38 


594  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

les  placers  de  Minusimk  et  ceux  d'Olekminsk,  au  confluent 
de  roiekma  et  de  la  Lena;  enfin,  on' a  découvert  «les  gise- 
ments importants  dans  la  Transbatkalic  et  dans  la  province 
de  V Amour  (Nertschinsk). 

En  Sibérie,  on  a  trouvé,  en  1897,  de  nouveaux  placers  à 
Apschoumoukau  et  à  Ayau,  sur  la  rivière  Ditachra. 

Inde.  —  Dans  Tlnde,  Tor  des  alluvions  de  Godavery  et  de 
la  Kistna  provient  de  filons  quartzcux  et  de  chloritoschistes 
d'Ages  divers.  Les  princip  aies  mines  sont  celles  de  la  pro- 
vince  de  Mysore^  que  les  indigènes  exploitent  à  la  bâtée. 

Le  district  de  Colar  compte  de  nombreuses  mines,  dont 
les  principales  sont,  avec  celles  de  Myaore  qui  ont  produit,  en 
1897,  environ  12milIions  de  francs  d'or,  ilOO/0  de  dividende 
(12  puits,  dont  un  de  500  mètres),  celle  d'Ooregwm,  qui  a  pro- 
duit 5.250.000  francs  en  1897  (8  puits,  dont  un  de  372  mètres), 
celles  de  Nundydroog  (5  puits,  dont  un  de  372  mètres),  de 
Champion'Reef  et  de  Coromandel.  La  teneur  moyenne  des 
minerais  du  district  do  Colar  était  de  110  francs  par  tonne. 

Les  Compagnies  de  Mysore,  de  Ghampion-Reef  et  de  Nun- 
dydroog ont  installé,  au  voisinage  de  leurs  mines,  de  grands 
ateliers  de  cyanuration.  La  production  totale  du  district  a 
atteint  37  millions  en  1897,  pour  un  capital  autorisé  de 
65  millions. 

Sumatra  et  Bornéo,  —  Les  exploitations  d'alluvions  du 
nord  de  Bornéo  sont  peu  importantes.  A  Sumatra,  on 
exploite  des  filons  quartzeux  avec  pyrites  de  fer  et  de  cuivre, 
à  Mandehling  et  h  Soupayany . 

La  production  totale  des  Indes  a  été,  en  1896,  de  10.662  kilo- 
grammes d'or,  valant  24.758.470  francs. 

Indo-Chine.  —  Il  existe,  dans  \e  pays  KhaSy  entre  Rulheville 
au  sud,  et  la  parallèle  de  Tourane  au  nord,  une  région 
d'alluvions  aurifères  récentes,  exploitées  à  la  bâtée  par  les 
indigènes. 

On  trouve  aussi  quelques  gUes  d'alluvions  aurifères  dans 
VAnnam. 

Siam,  —  Les  rois  de  Siam  ont  exploité  longtemps  les  allu- 
vions aurifères  de  Bang-ta-Pham,  au  nord-est  de  Tisthmc 
de  Krd.  Ces  alluvions,  situées  au  voisinage  de  gîtes  filoniens 
aurifères  sans  importance,  sont  formées  par  un  gravier  argiio- 


MÉTAUX    RARES  595 

sableux  aurifère  de  0™,30  à  0™,70  de  puissance,  recouvert  par 
un  lit  stérile  de  terre  et  de  sable  de  3  mètres  d'épaisseur. 
L'exploitation,  qui  avait  été  continuée  par  une  Société  euro- 
péenne,  est  abandonnée  depuis  quelques  années. 

Japon.  —  Au  Japon,  les  gîtes  d'alluvions  du  Transitr^  à  For- 
mose,sont  exploités,  paraît-il,  par  plus  de  trois  mille  ouvriers. 

La  production  du  Japon  a  été,  en  1895,  de  900  kilogrammes 
d'or. 

Chine.  —  En  Chine,  on  commence  à  faire  des  recherches 
dans  le  Chien-Chang^  où  Ton  a  découvert  des  alluvions  auri- 
fères et  quelques  filons  dans  les  monts  Ma-ha^  entre  Yueh- 
Hsi  et  Mien-Ning. 


ALLUVIONS    AURIFERES    D  AFRIQUE 

Il  existe  en  Afrique  de  nombreuses  régions  contenant  des 
alluvions  exploitables;  mais,  en  général, le  manque  de  main- 
d'œuvre  limite  les  exploitations.  On  connaît  notamment  les 
alluvions  de  la  TunisUj  à  Sidi-Boussaïb^  près  de  Garthage,  où 
Ton  trouve  des  conglomérats  aurifères  avec  fer  titane  et 
magnétique,  celles  du  haut  Sénégal  {Bambouk,  Bambara, 
Sangara  dans  le  Soudan  français),  celles  des  collines  de 
Farquah,  sur  la  côte  d'Or  anglaise  et  celles  du  Rio  Lombigo, 
dans  le  royaume  d'Angola,  où  les  graviers  aurifères  de  la 
base  contiennent,  dit-on,  50  grammes  d'or  à  la  tonne. 

ALLUVIONS  AURIFÈRES   1)' AMERIQUE 

Californie,  —  Les  alluvions  aurifères  de  Californie  qui  ont 
donné  lieu,  vers  le  milieu  du  xix«  siècle,  à  un  exode  consi- 
dérable de  chercheurs  d'or,  sont  des  alluvions  recouvertes 
par  des  formations  plus  récentes.  On  peut  les  classer  en  trois 
catégories  :  a)  alluvions  des  plateaux;  b)  alluvions  des  hautes 
vallées  ;  c)  alluvions  modernes  des  vallées. 

a)  Alluvions  des  plateaux,  —  Les  gîtes  de  plateaux  se 
trouvent,  en  réalité,  dans  les  chenaux  ou  vallées  des  rivières 
de   l'époque    pliocène    (comtés   de   Placer,   de   Plumas^    de 


r>96  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Nevada f  etc.)  ;  la  présence  de  quartz  aurifères  et  de  serpen- 
tines dans  les  roches  qui  encaissent  ces  chenaux  est  un  indice 
sérieux  de  la  présence  de  Tor  dans  les  alluvions,  car  les  élé 
ments  des  alluvions  anciennes  n'ont  subi  que  des  transports* 
à  faible  distance.  Il  faut  noter  aussi  que  le  poids  des  paillettes 
et  des  pépites  les  a  entraînées  dans  les  anfractuosités  du  fond, 
souvent  schisteux,  des  rivières.  Une  coupe  de  ces  terrains 
montre  à  la  base  des  galets  bleuâtres,  riches  en  or  (blue  gra- 
vel),  contenant  une  forte  proportion  de  pyrite  de  fer  cristal- 
lisée en  cubes  très  nets  (épaisseur  très  variable).  Au-dessus 
de  ces  cubes,  on  trouve  une  seconde  couche  de  galets  rou- 
gedtres,  très  riches  (red  gravel),  et  enfin,  au-dessus,  des 
sables  contenant  un  peu  d'or  très  divisé  (top  gravel)  et  sou- 
vent exploitables.  Le  tout  est  généralement  recouvert  d'une 
forte  épaisseur  de  lave,  qui  atteint,  en  certains  points, 
40  mètres.  Les  couches  sont  traveraées  par  un  grand  nombn» 
de  puits  et  de  tunnels. 

b)  AlluvU)ns  des  hautes  vallées,  —  Les  alluvions  anciennes 
des  hautes  vallées  (deep  leads)  présentent  d'épaisses  couches 
de  gravelSj  qu'on  a  abattues  en  partie  par  la  méthode  hydrau- 
lique, après  les  avoir  disloquées  par  des  coups  de  mines.  Les 
jets  d'eau  employés  débitaient  plus  de  6.000  mètres  cubes  à 
rheure,  avec  une  vitesse  de  50  mètres  à  la  seconde;  les  boues 
produites  étaient  réunies  dans  des  tunnels  placés  à  la  partie 
inférieure,  et  Tor  y  était  amalgamé  avec  du  mercure  dans 
des  sluices;  mais  on  a  interdit,  depuis  4886,  l'emploi  de  la 
méthode  hydraulique,  sur  les  plaintes  des  agriculteurs  (bas- 
sin de  Yuba-River,  du  Tuolumne,  etc.),  parce  que  les  débris 
obstruaient  le  cours  des  rivières  et  recouvraient  les  terrains 
cultivables.  Le  tonnage  important  qu'il  reste  à  exploiter 
devra  être  enlevé  par  une  autre  méthode. 

Les  points  intéressants  à  explorer  sont  les  coudes  brusques 
et  les  barrages  des  rivières  où  les  matières  pondéreuses  se  sont 
déposées  plus  abondamment. 

c)  Alluvions  modernes.  —  Les  alluvions  modernes  (Shallow- 
placers)  sont  peu  exploitées,  parce  que  les  couches  ne  sont 
pas  régulières,  comme  dans  les  alluvions  anciennes. 

Les  exploitations  hydrauliques  s'effectuaient  ancienne- 
ment au  moyen  de  tunnels  de  plusieurs  centaines  de  mètres 


MÉTAUX    RARES  597 

de  longueur  ;  la  consommation  d'eau  était  parfois  très  élevée, 
à  cause  de  la  dureté  des  roches  (10  à  40  mètres  cubes  d'eau 
par  mètre  cube  de  gravel).  Les  principales  mines  étaient 
situées  à  Smarlsville  (mines  Pactolus,  Blue-Grayel,  Blue- 
Point  etc.),  à  North-San-Juan  (Nebraska-Mine),  à  North- 
Bloomfield,  etc. 

La  production  de  la  Californie  a  été  indiquée  plus  haut,  à 
propos  des  gisements  Aloniens. 

Dakota,  —  On  peut  citer  aussi,  en  Amérique,  les  exploita- 
tions d'alluvions  aurifères  de  French-Creek,  de  Castle-Creek  et 
de  Spring-Creekf  dans  le  Dakota 

Guy  ânes.  —  Le  lit  des  rivières  de  la  Guyane  française,  le 
Maroni^  la  Manay  le  Sinnamari,  contient  de  Tor;  il  existe, 
de  plus,  dans  la  Guyane,  des  alluvions  modernes  sur  une 
surface  très  étendue,  et  des  fllons  encore  peu  connus  du  côté 
de  Cayenne.  Le  pays  est  recouvert  d'épaisses  forêts  qui 
rendent  les  recherches  fort  difficiles  ;  on  trouve,  comme  en 
Californie,  dans  des  criques  et  des  coudes  formés  par  les 
rivières,  les  dépôts  d'or  qui  se  sont  concentrés  dans  les 
couches  inférieures  voisines  du  bedrock.  Les  principaux  pla- 
cers  de  la  Guyane  française  sont  Saint-ÉUe,  sur  le  Sinnamari, 
à  tOO  kilomètres  de  la  mer,  Dieu-Marie  et  Pas-Tjrop-Tôt. 

Il  existe  également  des  placers  dans  les  régions  voisines 
des  limites  de  la  colonie  que  l'on  appelle  le  Contesté,  et  dans 
les  Guyanes  anglaise  et  hollandaise. 

Les  Guyanes  ont  produit,  en  1897,  6.122  kilogrammes  d'or. 
Des  usines  de  traitement  ont  été  installées  à  Arikaka- 
Creek  et  &  Mount-Everare,  sur  le  Deraerara.  Les  alluvions 
aurifères  de  Carsowene^  dans  le  Contesté  brésilien,  ont  fourni, 
en  deux  ans,  pour  2»  millions  d'or.  En  1897,  la  Guyane 
hollandaise  a  fourni  à  elle  seule  1.036  kilogrammes  d'or. 


ALLUVIONS    AURIFÈRES   d'aUSTRALIE 


Les  formations  des  placers  .australiens  sont  analogues  à 
celles  des  placers  californiens.  On  trouve  en  effet,  en  Aus- 
tralie, des  alluvions  récentes  et  des  alluvions  anciennes  pré- 
sentant les  mêmes  chenaux  et  les  mêmes  phénomènes  d'en- 


598  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

ricliissement  dans  les  schisles  du  fonJ  (bedrock)  qu>a  Cali- 
furnie;  de  même,  leggraviers  sont  souvent  re cou vei'ts d'i^pais- 
seurs  coDflidfrables  de  basaltes. 

Les  placera  australiens  ont  été  autrerois  célèbres  par  la 
grosseur  de  leurs  pépites  (pépile  de  90 kilogrammestrouvéei. 
Ballarat)  el  ont  donné  lieu  à  des  émigrations  considérables 
de  chercheurs  d'or.  On  a  cité  plus  haut  les  principaux 
districts  auriTères  d'Australie  et  leur  production  eD  1896 
et  en  1897. 


Dans  la  .N'ouvelle-Calles  du  Sud,  on  drague  la  rivière  Mac- 
quarie  avec  des  dragues  à  vapeur.  Les  mines  de  Broken-HUl 
ont  produit  A  elles  seules,  en  1897,  avec  5.563  ouvriers, 
4-4  millions  de  francs  d'argent,  d'or,  de  zinc  et  de  cuivre. 
Les  principaux  centres  de  production  sont  les  districts 
de  Balhuist,  de  Lachian,  de  Tumut  et  du  Mudgee. 

La  Nouvelle-Zélande  a  produit,  en  1897,  pour  24  millions  de 
francs  dur.  LaWaihiGold  Mining  C°a  extrait  39.564  tonnes  de 
minerai;  il'autres  mines  moins  imporUtnIes  sont  en  activité 
dans  les  districts  de  Coromandcl,  de  Ktiaoliiiw  et  de  Great- 
Barrifr.  Dans  l'ile  du  Sud  il  y  a  une  cinquantaine  de  dragues 
en  activité  dans  le  lit  de  la  rivière  Clulhii  [Olagoj. 

Dans  le  Queensland,  la  mine  de  MouiU-Morgan  a  traité,  en 
1897,  127.108  tonnes  de  minerai  ayant  donné  166.463  oncea 
d'or.Les  nouveaux  dépiits  d'alluvionsde  Clermont  ont  fourni, 
en  1897,  22.000  onces  (une  once-troy  pèse  3IïM033). 


MÉTAUX    RAhES  599 

Les  mines  de  la  province  de  Victoria  ont  produit 
822.632  onces  en  1897.  Le  district  de  Bcnditjo  (Sandhurst)  a 
produit   203.208  onces,   et  celui   de   Batlarat  75.816  onces. 

Dans  TAuslralie  occidentale,  la  production  s'est  élevée, 
en  1897,à  19.000  kilogrammes  d'or  (In  valant  plus  de  62  mil- 
lions, provenant  surtout  des  districts  d'Hannans  et  de  Cool- 
gardie, 

3"*  GISEMENTS    o'OR    SËOIMËNTAIHËS 

Il  existe  d'importants  gisements  d'or  sédimentaires  pro- 
venant soit  du  remaniement  de  terrains  anciens  très  divers 
(alluvions  aurifères,  grès  et  conglomérats  aurifères  du  Trans- 
vaal,  de  FAustralie  et  de  la  Nouvelle-Zélande),  soit  d'une 
précipitation  contemporaine  du  dépôt  des  terrains;  on  trouve 
en  effet  des  pyrites  aurifères  en  cubes  très  bien  conservés, 
qui  se  sont  certainement  formés  sur  place.  On  trouvera  des 
renseignements  intéressants  sur  les  théories  relatives  à  la 
formation  de  ces  gisements  dans  le  Traité  des  gîtes  métal- 
lifères, de  MM.  Fuchs  et  de  Launay,  et  dans  divers  ouvrages 
indiqués  dans  l'appendice  bibliographique  ci-après. 

GISEMENTS   SÉDIMENTAIRES   DE   l'aMÉRIQUE   DU    NORD 

Alleghanys.  —  On  trouve,  le  long  de  la  chaîne  des  Alle- 
ghanys,  des  gisements  dans  lesquels  l'or  est  concentré  soit 
dans  des  schistes  amphiboliques,  comme  à  Aanrfo//f  (Caroline 
du  Nord),  ou  dans  des  talcschistes,  comme  à  Haile  (district 
de  Lancaster,  Caroline  du  Sud),  soit  encore  dans  des  chlori- 
toschistes  feuilletés  bleuâtres  avec  quartz  et  tétradymite  (bis- 
muth tellure),  comme  à  Dahlonega  (Géorgie)  et  dans  les 
mines  de  Whitehall  et  de  Tellurium  (Virginie). 

GISEMENTS  SÉDIMENTAIRES   DE   l'aFRIQUE   DU   SUD 

Transvaal.  ' —  Bien  que  la  présence  »le  l'or  dans  le  Sud 
africain  soit  connae  depuis  longtemps  (plus  de  deux  siècles), 
l'exploitation  des  gisements  du  Transvaul,  par  des  mineurs 
australiens  et  californiens,  ne  remonte  qu'à  l'année  1873; 


600  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

à  cette  époque,  on  recueillait  déjà  de  gros  lingots  dans  le 
district  de  Lydenburg,  dont  les  gisements  avaient  été  signalés, 
eu  1868,  par  le  géologue  Karl  Mauscli,  le  même  qui  avait 
découvert,  en  1864,  ceux  du  Matabeleland.  L'exploitation, 
gênée  par  la  guerre  que  les  Boers  eurent  à  soutenir  en  1880 
contre  les  Anglais,  reprit  avec  plus  de  vigueur  en  1884,  date 
de  l'ouverture  de  la  mine  de  Sheba  dans  le  district  de  Kaap 
et  surtout  en  1886,  date  de  la  découverte  des  gisements  du 
Wittcatersrandj  dont  la  production  a  atteint  270  millions 
en  1897.  La  nouvelle  guerre  qui  vient  d'éclater  entre  les 
Anglais  et  les  Boers  (^octobre  1899)  va  arrêter  pendant 
quelques  mois  le  travail  aux  mines  du  Transvaal;  mais 
il  est  probable  que  Texploitation  reprendra  ensuite  uu 
nouvel  essor,  soit  sous  l'administration  des  Anglais,  soit 
sous  celle  des  Boers,  si  ces  derniers  arrivent  à  conquérir  et 
à  assurer  leur  indépendance. 

Les  principaux  centres  d'exploitation  actuels  de  l'Afrique 
du  Sud  sont  situés  dans  les  districts  du  Witwatersrand  (à 
65  kilomètres  au  sud  de  Pretoria),  de  Kaapy  de  Schoonspruit, 
^Klerksdorp),  do  Lydenburg,  de  Pelgrimrust  et  de  Heidelberg. 

Au  nord  du  Transvaal,  il  existe,  dans  la  Rhodesia,  des  exploi- 
tiitions  aurifères  dans  le  Matabeleland,  le  Mashonaland,  et  à 
l'est,  dans  le  Zwazieland  et  le  Charterland. 

Le  plus  important  de  tous  ces  districts  est  le  Witwaters- 
rand (montagne  des  Eaux-Blanches). 

Formations  aurifères  du  Sud  africain.  —  La  partie  méridio- 
nale du  continent  africain  est  constituée  par  des  plateaux 
(Karoo),  formés  de  couches  horizontales  très  épaisses  dépour- 
vues de  fossiles  marins,  et  dont  l'âge  varie,  d'après  le  géologue 
Suoss,  du  permien  à  l'infralias;  ces  couches  s'appuient  en 
stratifications  discordantes  sur  des  assises  qui  ont  subi  des 
plissements  et  des  érosions  très  caractéristiques  et  qui  appar- 
tiennent au  silurien,  au  dévonien  et  au  carbonifère.  Au- 
dessous,  se  trouvent  des  gneiss  et  des  granités  qui  forment 
la  base  de  cette  partie  du  continent  africain.  Les  conglomérats 
aurifères  du  Transvaal  se  trouvent  dans  les  assises  de  terrains 
anciens;  les  touches  du  Karoo  renferment,  en  outre,  d'im- 
portants gisements  de  houille. 

Ne  pouvant   décrire   en  détail,  dans  un  cadre  aussi  res* 


MÉTAUX    RARES  601 

Ireint,  toas  les  districts  aurifères  de  TAfrique  méridionale, 
on  se  limitera,  dans  cet  ouvrage  à  Tétude  du  Witwatersrand; 
ce  que  Ton  en  dira  pourra  s'étendre,  à  quelques  détail» 
près,  aux  autres  centres  de  production  du  Sud  africain. 

District  aurifère  du  Witwatersrand.  —  Les  gisements  du 
Witwatersrand  s'étendent  autour  de  Johannesburg,  entre  le» 
montagnes  d'où  ils  tirent  leur  nom  et  les  montagnes  d'Hei- 
delberg.  La  coupe  du  plateau,  située  à  2.000  mètres  d'alti- 
tude, montre  d'abord  en  surface  des  granités  et  des  gneiss, 
puis  des  quartzites  alternant  avec  des  schistes  argileux  et 
des  grès  à  magnétite  et  à  fer  oxydé,  qui  jouent  ici  le  rôle  du 
chapeau  de  fer  de  Rio-Tinto.  Les  couches  forment,  entre 
Johannesburg  et  Heidelberg,  un  fond  de  bateau  qui  a  été 
l'objet  d'études  toutes  particulières. 

Filons  ou  reefs,  —  Les  quartzites  forment  le  mur  d'une 
série  de  conglomérats  composés  d'éléments  quartzeux  sou- 
dés par  un  ciment  siliceux  et  dans  lesquels  se  trouve  l'or. 
Ces  conglomérats  sont  interstratiHés  dans  des  grès  et  des 
schistes  fortement  plissés  et  érodés.  Les  couches  de  conglo- 
mérats portent  le  nom  de  reefs  (filons). 

La  série  des  reefs  est  très  complexe,  et  leur  richesse  en 
or  est  très  variable  :  quelques-uns  même  sont  stériles.  En 
s'élevant  de  bas  en  haut,  la  succession  des  reefs  est  la  sui- 
vante :  Rietfontein-Reef  (ou  du  Preez-Reef),  Main-Reef  (com- 
posé de  cinq  couches  :  South-Reef,  Middle-Reef,  Main-Reef- 
Leader,Main-Reef-Proper  etNorth-Reef),  Elsburg-Reef  (ou  de 
Paaz-Reef),  Bird-Reef  (ou  Monarch-Reef),  Kim6er/<?y-Hec^  (ou 
Battery-Reef;  Black-Reef,  Nigel-Reef  et  Buffelsdoom-Reef.  Le 
principal  reef  est  le  Main-Reef  avec  ses  cinq  couches  sur  les- 
quelles sont  situées  toutes  les  grandes  mines  (Robinson,  Sim- 
mer  and  Jack,  Geldenhuis,  City  and  Suburban,  Crown-Reef, 
Lanlaagte,  Main-Reef,  etc.). 

Il  est  rare  de  trouver  dans  la  même  concession  les  cinq 
couches  du  Main-Reef;  beaucoup  de  concessions  n'en  pos- 
sèdent que  deux  ou  trois.  L'importance  de  ces  couches  est 
la  suivante  : 


602  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Épaisseur  Teneur  à  la  tonne 

South-Reef 0°»,20  à  1"»,00  10  à    12  onces-troys 

Middle-Reef 0"»,10  à  0«,60         —  — 

Main-Reef-Leader 0"»,15  à  0™,60      2  à    6  — 

Main-Reef-Proper...  2'n,00  Oà    1  — 

Norlh-Reef 0«,30  à  l-'jOO      0  à    1  — 

Le  district  où  les  reefs  oiTrent  la  plus  grande  régularité 
est  celui  de  Johannesburg.  Ailleurs  les  reefs  sont  discon- 
tinus en  direction,  et  on  constate  de  nombreuses  failles  qui 
amènent,  dans  le  prolongement  Tun  de  Tautre,  des  reefs 
différents.  Bien  que  ces  reefs  aient  beaucoup  d'analogie  entre 
eux,  on  arrive  à  dégager  quelques  caractères  dislinctifs  qui 
permettent  de  les  reconnaître. 

Ces  caractères  sont  les  suivants  pour  quelques-uns  des 
reefs  principaux  : 

Black'Reef.  —  Masses  de  pyrites,  teneurs  très  élevées,  mais 
très  irrégulières; 

Kimberley-Reef.  —  Galets  de  fortes  dimensions  ; 

Bird'Recf,  —  Galets  ayant  la  dimension  d'un  œuf  d  oiseau 
de  petite  taille  ; 

Main-Reef,  —  Galets  arrondis  de  la  dimension  d'une  noix; 

Mam-Reef- Leader.  —  Argiles  avec  veines  de  quartz  ; 

South'Reef.  —  Veines  minces  de  galets  plats. 

Par  suite  de  la  disposition  des  couches  en  cuvette,  les 
concessions  sont,  en  général,  très  étroites  dans  le  sens  de 
rinclinaison,  et  les  reefs  passent  rapidement  d'une  conces- 
sion à  une  autre.  C'est  ce  qui  a  conduit  les  propriétaires  des 
mines  à  envisager  l'exploitation  (d'abord  regardée  comme 
désavantageuse)  des  parties  profondes  des  reefs,  parties 
que  l'on  appelle  des  deep  levels. 

Les  zones  riches  et  pauvres  alternent  dans  les  reefs,  sans 
que  l'on  puisse  assigner,  à  ces  variations  de  teneur,  des  lois 
précises. 

L'or  des  conglomérats  n'est  visible  à  l'œil  nu,  dans  le 
minerai  que  très  rarement,  quand  il  est  cristallisé.  On  peut 
cependant  voir  au  microscope  de  l'or  libre  en  lamelles 
minces  dans  le  minerai. 

La  présence  de  l'or  est  un  indice  certain  du  voisinage  de 


MÉTAUX    RARES  603 

la  pyrite  de  fer;  mais  la  réciproque   ne  serait  pas  vraie. 

On  ne  peut  guère  juger  la  valeur  d'une  mine  d'or  au 
Transvaai  que  par  une  série  de  prises  d^échantillons,  avec 
broyage  en  grand,  car  la  teneur  varie  beaucoup  d'un  endroit 
à  un  autre,  et  il  est  impossible  d'apprécier  ces  variations 
sans  faire  de  nombreux  essais  de  minerai. 

On  exploite  l'or  au  Transvaai  par  puits  inclinés  afin  de 
rester  dans  la  couche  et  de  supprimer  les  travers-bancs  inu- 
tiles ;  la  solidité  du  toit  réduit  la  dépense  de  bois  à  très  peu 
de  chose;  Teau  est  maintenant  sufQsamment  abondante,  et  la 
houille  du  pays  revient  à  iO  francs  environ  par  tonne, 
aujourd'hui,  sur  le  carreau  des  mines.  Les  crises  qui  ont  sévi  à 
plusieurs  reprises  sur  les  mines  d'or  du  Transvaai  proviennent 
toutes  de  la  rareté  de  la  main-d'œuvre.  Le  nombre  de  per- 
sonnes employées,  en  1897,  dans  les  mines  d'or  de  l'Afrique 
australe,  était  de  80.000  environ,  dont  70.000  Cafres  et  Zoulous. 
Les  travailleurs  noirs  sont  difliciles  à  recruter  et  refusent  de 
travailler  aux  mines  plus  de  cinq  à  six  mois  par  an  ;  il  en 
résulte  que  le  prix  de  la  main-d'œuvre  varie  beaucoup  et  tend 
à*  s'élever  à  mesure  que  le  nombre  des  filons  exploités 
augmente. 

Traitement  du  minerai.  —  Le  minerai  abattu  est  trié  som- 
mairement, puis  concassé  et  enQn  broyé  en  poussière  fine, 
de  manière  à  libérer  l'or  contenu  dans  le  quartz  et  dans  la 
pyrite. 

Ce  mode  de  traitement  du  minerai  est  aussi  celui  qui  peut 
être  employé  pour  les  essais  qu'aurait  à  faire  un  ingénieur 
prospecteur  ;  il  entre  donc  bien  dans  le  cadre  de  cette  étude. 

Les  concasseurs  employés  sont  du  type  à  mâchoires  ou  à 
excentriques.  Le  broyage  se  fait  hydrauliquement  au  moyen 
de  pilons  dont  le  poids  varie  de  250  à  600  kilogrammes  et  qui 
sont  disposés  par  batteries  de  cinq.  L'eau  est  fournie  par  des 
retenues  artificielles  dont  les  barrages  emmagasinent  dans 
les  vallées  les  eaux  des  pluies.  Le  broyage  à  sec,  imaginé 
par  M.  Périer  de  La  Bathie,  permet  de  supprimer  cette  dépense 
d'eau,  qui  a  été,  surtout  au  début  des  exploitations,  une  grosse 
difficulté  dans  ce  pays  très  sec  ;  en  môme  temps  il  permet 
d'éviter  la  production  des  boues  fines  (slimes).  Ces  boues 
entraînent  6  grammes  d'or  par  tonne  (pour  les  minerais  de 


<)04  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

30  grammes  à  la  tonne  aux  essais)  et  représentent  20  0/0 
du  nombre  des  tonnes  broyées. 

Uuant  aux  produits  du  broyage  à  sec,  ils  passent  directe- 
ment à  la  cyanuration,  sans  amalgamation. 

Au  début  de  Texploitation  des  mines  du  Transvaal,  on  fai- 
sait passer  le  minerai,  au  sortir  du  mortier,  sur  des  plaques 
de  cuivre  amalgamé  où  il  rencontrait  du  mercure  ;  il  se  pro- 
duisait  un  amalgame  d*or  représentant  60  0/0  environ  de  la 
teneur  totale  du  minerai. 

Les  résidus  de  l'amalgamation  (tailings),  tenant  35  à  45  0/0 
de  Tor  des  minerais,  d'abord  abandonnés,  ont  été  plus  tard 
repris  et  soumis  à  une  concentration  dans  des  fruesvanners," 
on  obtenait  ainsi  des  concentrés  (pyrites  tenant  6  0/0  de  Tor 
■total),  que  Ton  traitait  par  l'amalgamation  ou  par  la  cbloru- 
ration. 

Aujourd'hui  la  cyanuration  directe  des  minerais  broyés 
tient  la  plus  large  place  parmi  les  méthodes  de  traitement.  * 
Le  principe  de  la  méthode  est  de  former  un  cyanure  double 
d'or  et  de  potassium  dans  des  cuves  {leaching  vais)  et  de  pré- 
cipiter l'or  pai:  le  zinc  (Mac-Arthur-Forrest)  ou  par  l'électro- 
lyse  sur  des  couples  plomb  et  fer  (Siemens  et  Halske).  La 
vyanuration  réussit  bien,  grâce  à  Tabsence  d'impuretés  dans 
les  minerais  du  Transvaal,  et  cette  méthode  permet  de  reti- 
rer 85  0/0  de  l'or  total.  Grdce  à  ce  procédé,  on  peut  traiter  les 
tailings  d'abord  abandonnés,  et  certaines  Compagnies  ont 
réalisé  des  bénéfices  considérables,  en  achetant  les  slimes 
riches  des  autres  mines,  pour  les  soumettre  à  la  cyanuration. 

Teneur  des  minerais  du  Transvaal,  —  La  teneur  en  or  des 
minerais  du  Transvaal  a  varié,  depuis  1890,  de  48  fr.  95  à  la 
tonne  jusqu'à  61  fr.  55. 

En  1898,  la  teneur  moyenne  a  été  de  51  fr.  50. 

Quant  aux  frais  de  production  de  l'or,  qui  s'élevaient  à 
50  fr.  40  en  1890,  ils  sont  considérablement  réduits  ;  en  1895,. 
ils  n'étaient  plus  que  de  41  fr.  05,  et,  en  1898,  de  35  fr.  50 
par  tonne  de  minerai. 

Production  de  Vor  dans  le  Sud  africain,  —  Au  Transvaal,  il 
a  été  produit,  en  1898,  au  moyen  de  5.260  pilons  et  avec 
7.330.000  tonnes  de  minerai,  4.555.000  onces  d'or,  valant 
377.500.000  francs. 


MÉTAUX    RARES  605 

On  a  distribué,  en  1898,  ii7.500.000  francs  de  dividende, 
soit  16  francs  par  tonne  broyée. 

Le  Witwatersrand  a  produit  à  lui  seul,  la  môme  année, 
4.295.609  onces  d'or. 

Les  dividendes  distribués  l'année  précédente,  en  1897,  au 
Witwatersrand,  avaient  atteint  68.0i 2.074  francs  pour  une 
production  de  252.880.050  francs  d'or. 

Madagascar, —  Dans  Tile  de  Madagascar,  quelques  explora- 
tions sont  effectuées  dans  les  gisements  aurifères  récemment 
découverts.  L'exploitation  de  Tor  à  Madagascar  a  produit,  en 
1897,  602  kilogrammes  d'or  valant  2.000.000  francs. 

PRODUCTION  DE  l'oR  DANS  LE  MONDE  ENTIER  EN  1897 

Au  total,  la  production  de  l'or  a  été  la  suivante  dans  les 
diverses  parties  du  monde,  en  1897  : 

Europe 39.254  kilogrammes 

Asie 24.063  — 

Afrique 86.700  — 

Amérique  du  Nord 110.000         — 

Amérique  du  Sud 18.623  — 

Océanie 80.399  — 

Total 359.039  kilogrammes 

représentant  une  valeur  de  1.193.080.840  francs. 

BIBUOGftAPHIE  DE  L'OR 

1868.  Debombourg,  Étude  sur  les  alluvions  aurifères  de  la  France 

(Lyon). 

1869.  Whitney,  Melallic  wealth  of  the  United  States  (New-York;.. 

1875.  Poszepny,  Uàer  das  vorkommen  von  gediegenem  gold  in  den 

Mineralschalen  van  VorÔspatak  (Jahrb.  derk.-k.  geol.  Heichs., 
p.  97). 

1876.  V.  Rath,  Mines  d* or  de  Vôrospatak  {Annales  des  Mines,  7*  série, 

t.  XIIL  p.  400). 
1878.  Daintrec,  Sole  on  certain  modes  of  occurrence  of  gold  in 
Australia  {The  Quarterly  Journal  of  the  Geological  Society, 
t.  XXXIV,  n-  3,  p.  431). 


606  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

1878.  Rolland,  Tellurures  (for  du  comté  de  Boulder  {Colorado) 
[Annales  des  Mines,  7*  série,  t.  XIII,  p.  159). 

1880.  Del  Mar,  A  hislory  of  Ihe  precious  mêlais  from  the  earlier 
limes  to  the  presenl  (London). 

1880.  John  Munday,   Oold  mines  of  Ihe  west  of  Sumalra  {Mining 

Journal,  t.  I,  p.  732). 

1881.  Fuchs,  L'Or  en  Australie  (Bulletin  des  Annales  des  Mines). 

1882.  Foot,  Goldfields  of  Mysore  {Geol.  suro3ij  of  India,  t.  XV,  n*  4). 
188i.  Noguès,    Gisement    (for  en    Andalousie  {Comptes  Rendus, 

t.  XCVIII,  p.  760). 

1881.  Desbans,  Or  à  la  Guyane  française  {Industrie  minérale,  2*  série , 
t.  XII,  p.  217). 

1886.  Gonnard,  Sur  les  minerais  aurifères  des  environs  de  Ponlgi- 
baud  [Bulletin  de  la  Société  française  de  Minéralogie,  t.  X, 
p.  243,  Paris). 

1888.  Causerie  scientifique  du* Temps i^-  sur  Vor  de  la  Grande-Bre- 
tagne, 17  Janvier. 

1800.  Laurent,  Industrie  de  Vor  dans  V Oural  {Annales  des  Mines, 
décembre). 

1891.  Chaper,  Notes  sur  Bornéo  {Bulletin  de  la  Société  de  Géologie^ 

3-  série,  t.  XIX.  p.  877). 

1892.  Bel,  Les  Mines  d'or  au  Transvaal  {Economiste  français  du 

15  octobre). 

1893.  De  Launay,  Découverte  de  nouveaux  gisements  d'or,  à  Cool- 

gardie  en  Autriche  {Annales  des  Mines). 

1893  Fefrand,  LOr  de  Minas-Geraes  au  Brésil  {OurO'Preto). 

1894  Becker,   Goldfieds  of  the  southern  appalachians  (Report  of 

the  geological  Survey). 
1898  De  Launay,  Les  Mines  iCor  du  Transvaal  (Baudry  à  Paris). 
1898  Cumenge  et  Robellaz,  L'Or  dans  la  Nature  (Ounod  À  Paris). 

1898  Ballivian  et  Zarco,  El  oro  en  Bolivia  (La  Paz). 

1899  Collet,  L'Or  aux  Indes-Orientales  Néerlandaises  (Kolff,  éditeur 

à  Batavia). 


MÉTAUX    RARES  607 


PUTUfE 

Propriétés  physiques.  —  Le  platine  est  un  métal  d'un 
blanc  grisâtre,  dont  la  couleur  rappelle  celle  de  l'argent  ;  il 
est  mou,  très  ductile  et  très  malléable  et  il  possède  une  téna- 
cité considérable,  qui  égale  presque  celle  du  fer;  comme 
ce  métal,  il  peut  se  forger  et  il  a  la  précieuse  propriété  de 
se  souder  à  lui-môme.  Fondu,  il  a  une  densité  de  21,15,  qui 
peut  être  élevée  à  21,70  par  le  martelage.  Il  est  assez  bon 
conducteur  de  la  chaleur  et  de  Télectricité  (la  résistance 
électrique  d'un  fil  de  platine  de  1  mètre  de  longueur  et  de 
i  millimètre  carré  de  section  est,  à  0<»,  de  0,1166  ohm). 

La  température  de  fusion  du  platine  est  voisine  de 
1.900®.  On  ne  peut  donc  pas  le  fondre  dans  les  four- 
neaux ordinaires.  On  le  fond  facilement,  et  il  se  volatilise 
même  sensiblement,  quand  on  l'expose,  dans  un  creuset  de 
chaux  vive,  à  la  flamme  d'un  chalumeau  à  gaz  hydrogène  et 
oxygène.  Ainsi  que  l'argent,  le  platine  fondu  absorbe  l'oxy- 
gène et  rochCy  s'il  est  refroidi  brusquement. 

Propriétés  chimiques.  —  Très  poreux,  le  platine  a  la  pro- 
priété d'absorber  et  d'occlure  les  gaz.  1^  mousse,  ou  éponge 
de  platine,  et  surtout  le  noir  de  platine  jouissent  de  pro- 
priétés catalytiques  remarquables  ;  ce  dernier  corps  peut 
absorber  jusqu'à  740  fois  son  volume  d'hydrogène  (ou 
250  fois  son  volume  d'oxygène).  Une  pression  de  plus  de 
1.000  atmosphères  serait  nécessaire  pour  amener  l'hydrogène 
à  une  semblable  contraction.  Dans  cette  condensation,  l'hy- 
drogène cède  au  métal  le  calorique  qui  le  maintenait  dilaté  ; 
le  platine  devient  incandescent  et  prendrait  feu,  en  se  com- 
binant avec  l'oxygène,  si  le  gaz  hydrogène  continuait  à 
arriver.  On  se  sert  de  cette  propriété  de  la  mousse  de  pla- 
tine pour  l'allumage  automatique  des  becs  de  gaz. 

A  toutes  les  températures,  le  platine  est  inattaquable  par 
l'air,  par  l'oxygène  et  par  les  acides  sulfurique,  azotique  et 
chlorhydrique  isolés;  mais  il  se  combine  directement  avec 
le  chlore,  le  soufre,  le  phosphore,  l'arsenic,  l'antimoine,  le 


608  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

bore  et  le  silicium,  ainsi  qu'avec  les  métaux  très  fusibles.  En 
raison  de  ces  affinités,  on  doit  éviter  de  chauflTer  des  usten- 
siles de  platine  directement  avec  du  charbon,  car  il  se  for- 
merait, avec  la  silice  des  cendres,  un  siliciure  de  platine 
fusible,  et  il  se  produirait  des  trous  dans  le  métal. 

Usages.  —  Le  platine,  très  mou  et  encore  plus  ductile  que 
Tor,  est  peu  utilisé  à  Télat  pur.  Mélangea  de  petites  quantités 
d'iridium,  métal  auquel  il  est  presque  toujours  associé  dans 
les  mines,  il  devient  dur,  et  sa  ténacité  est  augmentée,  ainsi 
que  sa  résistance  à  Faction  de  la  chaleur  et  des  acides  éner- 
giques. Il  reçoit  alors  de  nombreuses  applications,  énumérées 
ci-dessous. 

Alliages.  —  Les  ustensiles  de  laboratoire,  tels  que  creusets, 
cornues,  capsules,  tubes,  etc.,  destinés  à  supporter  de  hautes 
températures  ou  à  contenir  des  acides  énergiques,  et  les 
alambics  employés  par  l'industrie  pour  la  concentration  de 
Tacide  sulfurique,  sont  généralement  construits  avec  un  alliage 
de  90  0/0  de  platine  et  10  0/0  d'iridium. 

Le  ni  de  platine  iridié  est  employé  comme  conducteur  dans 
les  lampes  à  incandescence;  il  forme  l'élément  électro-positif 
de  diverees  piles. 

Les  dentistes  se  servent,  pour  le  plombage  des  dents,  d'un 
alliage  appelé  platine  dur  du  commerce,  formé  de  95  0/0  de 
platine  et  de  5  0/0  de  cuivre. 

Pour  la  fabrication  des  bijoux,  on  fait  varier  les  propor- 
tions des  métaux  suivant  la  nuance  et  les  propriétés  désirées; 
ainsi,  un  alliage  à  poids  égaux  de  platine  et  de  cuivre  est 
ductile  et  possède  la  couleur  et  la  densité  de  l'or;  on  emploie 
aussi,  en  bijouterie,  un  alliage  blanc  composé  de  35  parties 
de  platine  et  de  65  parties  d'argent  ou  de  17,5  de  platine  et 
de  82,5  d'argent;  on  fabrique  des  plumes  inoxydables  avec  un 
alliage  de  4  parties  de  platine,  3  parties  d'argent  et  i  partie 
de  cuivre. 

Un  alliage  de  i  partie  de  platine,  de  100  parties  de  nickel  et 
de  10  parties  d'étain  est  utilisé  pour  fabriquer  des  ustensile» 
de  ménage. 

CSilomre.  —  On  emploie  le  chlorure  de  platine  pour  pro- 
duire un  dépôt  de  ce  métal  sur  des  objets,  soit  pour  les 
préserver  de  l'oxydation,  soit  pour  les  orner  (platinisation). 


MÉTAUX    RARK8  609 

Par  les  méthodes  galvaniques,  on  platinise  les  objets  en 
fer,  en  acier  et  en  cuivre  (plumes  en  acier,  pointes  de  para- 
tonnerre, etc.).  Une  simple  immersion  dans  un  bain  de  chlo- 
rure platinique  recouvre  le  laiton  et  le  bronze  d'une  couche 
de  platine  protectrice. 

I^e  chlorure  de  platine  est  aussi  employé  pour  la  prépara- 
tion des  papiers  photographiques. 

A  rélat  de  tétrachlorure,  le  platine  entre  dans  la  compo- 
sition de  peintures  sur  verre  et  sur  porcelaine. 

Minerais.  —  Le  platine  se  trouve  à  Télat  natif,  en  grains  et 
quelquefois  en  pépites,  associé  avec  les  métaux  de  la  même 
famille  (iridium,  osmium,  palladium,  ruthénium,  rhodium) 
également  très  rares  (mine  de  platine). 

Le  platine  ferrifère,  qui  contient  de  12  à  13  0/0  de  fer,  est 
fortement  magnétique. 

Le  platine  polyxène  est  un  alliage  contenant  du  platine, 
du  palladium,  du  rhodium,  du  ruthénium  et  de  Fosmium 
avec  du  fer  et  du  cuivre. 

Les  minerais  de  platine  contiennent  de  Tosmiure  d'iridium 
en  tablettes  ou  en  grains  très  durs.  Le  platine  est  souvent 
accompagné  par  de  Tor,  du  fer  chromé  ou  du  titane. 

Géogénie.  —  On  trouve  le  platine  et  les  métaux  de  la  mine 
de  platine  dans  les  alluvions  en  rapport  avec  des  roches  à 
péridot  plus  ou  moins  transformées  en  serpentines  (placei^ 
de  Nijni-Taguil);  on  Ta  trouvé  quelquefois  aussi  associé  à  Tor 
dans  des  (lions  de  quartz  aurifère  (Berezowsk,  Amérique  du 
Sud,  Colombie). 

Les  roches  à  péridot  peuvent  être  regardées  comme  les 
roches  mères  du  platine,  bien  qu*il  y  ait  des  exemples  de 
roches  serpentines  non  platinifères. 

GisemenU .  —  Le  platine  est  un  métal  rare,  dont  la  produc- 
tion est  assez  limitée.  Le  principal  pays  producteur  est  la  Uns- 
sie  (Oural). 

On  trouve  aussi  du  platine  en  Colombie,  au  Canada,  au 
Congo  (Rivière  Celle),  dans  la  Nouvelle-Galles  du  Su4l 
(Fifield),  à  Born«''o,  dans  la  Nouvelle-Zélande,  etc. 

Russie  (Sibérie).  —  Le  platine  existe  principalement  sur  le 
versant  oriental  de  TOural,  à  Nijm-Taijuil,  dans  des  sables 
platinifères  en  rapport  avec  la  péridotite  et  la  serpentine;  on 

Of^OLOGJK.  39 


610  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

y  a  trouvé  des  pépites  dont  la  plas  grosàe  pesait  9^?,5.  Le 
centre  d'exploitation  le  plus  important  est  Avrorinskiy  sur  la 
Martiane,  où  la  couche  platinifère,  recouverte  par  25  mètres 
de  terrains  stériles,  a  5  mètres  de  puissance,  avec  une  teneur 
moyenne  de  6  grammes  à  la  tonne. 

Les  gisements  abandonnés  de  GoroblagodaUiky  sur  les  bords 
de  la  Toura  et  de  la  Barantcha,  contenaient  à  la  fois  de  Tor 
et  du  platine  ;  ils  reposaient  sur  du  calcaire  accompagné  de 
serpentine. 

Aux  sources  de  la  Miass,  dans  les  serpentines  des  monts 

Narali,  les  sables  aurifères  sont  assez  riches  en  platine,  ainsi 

que  dans  la  région  de  Miask. 

A  Berezowsky  on  a  trouvé  du  platine  dans  du  quartz  aurifère. 

L'extraction   du    platine   était,    en    Russie,   en   1890,   de 

2.834  kilogrammes,  représentant  une    valeur  de  2.768.000  fr 

En     1894,    elle    a    atteint     5.209    kilogrammes,    valant 

4.452.000  francs. 

Amérique  (Colombie),  —  Dans  la  province  de  Choco  et  à 
Barbacoas  (Colombie),  on  a  également  trouvé,  dans  des  liions 
de  quartz  aurifère  recoupant  des  syénites,  du  platine  associé 
à  de  For  natif  et  du  fer  chromé.  Ces  minerais  contiennent 
souvent  du  rhodium.  La  production  du  platine  en  Colombie 
a  atteint  364  kilogrammes  en  1897. 

Bornéo.  —  A  Bornéo,  le  platine,  accompagné  d*osmiure 
d'iridium  et  d'or,  existe  dans  des  alluvions  en  rapport  avec 
des  roches  serpentineuses. 

Nouvelle-Zélande.  --  Le  platine  et  l'osmiure  d'iridium  ont 
été  découverts  dans  la  rivière  Tayaka,  au  voisinage  de  roches 
à  péridot.  Ce  gisement  est  analogue  à  ceux  de  l'Oural. 

BIBUOGRAPHIE  DU  PLATIIIE 

1875.  Daubrée,  Association,  dans  l'Oural,  du  platine  natif  à  des 

roches  à  base  de  péridot  [Bulletin  de  la  Société  de  Géologie^ 

3-  série,  t.  III,  p.  311). 
1881.  Chaper,  Sote  sur  le  nord  de  VOural  (Bulletin  de  la  Société 

de  Géologie,  3*  série,  t.  VIII,  p.  130). 
1890.  Laurent,  Sur  Vindustrie  de  l'or  et  du  platine  dans  VOural 

[Annales  des  Mines,  novembre). 
1892.  Les  gisements  de  platine  de  la  Russie  [Génie  civil,  t.  XXÏ, 

p.  323). 


MÉTAUX    RARES  61  i 


VANADIUM 


Le  vanadium  est  un  métal  rare  qui  a  été  découvert  au 
commencement  du  xix*  siècle. 

Usages.  —  Il  fut  tout  d'abord  peu  employé  ;  ce  n'est  que 
vers  1870  qu'il  fut  appliqué  à  la  teinture  en  noir  des  cotons  et 
des  laines. 

11  rend  plus  brillantes  les  matières  à  teindre  ;  il  fait  ressortir 
les  dessins,  et  il  empêche  Tattaque  des  cardes  métalliques. 

Le  vanadate  d'ammoniaque  sert  à  oxyder  Taniline,  en' pré- 
sence du  chlorate  de  potasse  et  de  Tacide  chlorhydrique,  et  à 
le  transformer  en  noir  d'aniline. 

Les  sels  de  vanadium  sont  employés  aussi  dans  la  peinture 
sur  porcelaine. 

Minerais  et  gisements.  —  Les  principaux  minerais  du 
vanadium  sont  la  vanadinite,  vanadate  de  plomb  contenant 
de  8  à  12  0/0  de  vanadium,  que  Ton  trouve  dans  le  Nouveau- 
Mexique  et  dans  V Arizona,  ainsi  que  la  descloizite,  vanadate 
de  plomb  et  de  zinc  contenant  de  10  à  12  0/0  de  vanadium  ; 
la  mottramite^  vanadate  de  plomb  et  de  cuivre  que  Ton  trouve 
en  Angleterre  [Arderly  Edge  et  Mottram);  ce  minerai  contient 
environ  9  0/0  de  vanadium.  On  peut  encore  citer,  parmi  les 
minerais  de  vanadium,  Vuranite  de  Joachimstal  (Bohême),  la 
wulfénite  de  Bleyberg  (Carinthie)  et  les  résidus  cuivreux  du 
Majufeld,  ainsi  que  divers  minerais  de  fer  {Mazenay,  1  0/0) 
et  des  charbons  anthraciteux  du  Pérou  (Yauli),  qui  en  con- 
tiennent 0,45  0/0.  Au  Creusot,  on  fabrique  par  an  60.000  kilo- 
grammes d'acide  vanadique  par  le  procédé  Osmond  Witz. 
A  Joachimstal,  on  extrait  le  vanadium  des  minerais  d'urane 
par  le  procédé  Patera. 

Le  prix  du  vanadium  tend  à  diminuer  depuis  Tapplication 
du  procédé  Witz,  qui  a  été  inauguré  en  1880.  A  cette  époque, 
le  vanadate  de  soude  se  vendait  encore  de  80  à  100  francs  le 
kilogramme. 


612  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 


BOUOGRAPHIE  OU  VANADIUM 


1880.  Lallemand,  Vurane  et  le  vanadium  à  Joachimslal  {Annales 

lies  Mines,  T  série,  t.  XVII,  p.  326). 

1881.  Minéraux  du  Chili  {Annales  des  Mines,  1881,  p.  335). 
1883.  Dieulafaît,  Revue  scienli/ique  du  19  mai  p.  613. 


Il  existe  un  certain  nombre  d'autres  minerais  de  métaux 
dits  rares,  tels  que  le  cadmium,  le  zirconium,  Vindium,  le 
gallium,  le  tantale,  le  palladium,  Viridium,  Vosmium,  le  rho^ 
dium,  le  ruthénium,  etc.  ;  mais  leurs  gisements  sont  trop  peu 
étendus  et  leurs  usages  trop  restreints  pour  qu1ls  figurent 
dans  le  cadre  de  cet  ouvrage.  Ils  n'e  sont  cités  ici  que  pour 
mémoire. 


CHAPITRE  VIII 


PIERRES  PRÉCIEUSES.  GEMMES 


DIAMANT 


Le  diamant  doit  son  nom  à  sa  dureté  (afiafiaç,  indomp- 
table); c*est  du  carbone  pur  cristallisé.  Il  existe  sous  trois 
états  :  diamant j  carbon,  boort. 

1®  DIAMANT  PROPREMENT   DIT 

Propriétés.  —  Le  diamant  proprement  dit  se  présente  tou- 
jours cristallisé,  soit  en  octaèdres  réguliers,  soit  en  polyèdres 
à  vingt-quatre  ou  à  quarante-huit  faces,  dont,  le  plus  souvent, 
les  faces  et  les  arêtes  sont  courbes  et  les  faces  régulière- 
ment striées.  Il  existe,  en  outre,  des  formes  hémiédriques,  en 
particulier  le  tétraèdre,  ou  certains  cristaux  dits  à  deux 
pointes  ou  encore  des  formes  maclées. 

Les  beaux  diamants  sont  d'un  blanc  qui  prend  parfois  des 
reflets  bleutés;  ils  sont  d'une  limpidité  parfaite;  certains 
d'entre  eux,  d'une  vive  coloration  rouge  rubis,  bleue  on 
verte,  sont  aussi  très  estimés.  Les  diamants  perdent  beaucoup 
de  leur  valeur  lorsqu'ils  ont  une  teinte  grise  ou  jaunâtre 
qui  nuit  à  leur  éclat. 

Le  diamant  se  présente  généralement  en  cristaux  très 
petits  (ceux  dont  le  poids  dépasse  1  gramme  sont  déjà  assez 
rares).  Sa  dureté  dépasse  celle  de  tous  les  minéraux  connus; 
sa  densité  est  de  3,50  à  3,55;  son  indice  de  réfraction  est 
plus  élevé  que  celui  de  tous  les  corps  transparents,  et,  par 
suite,  le  diamant  présente,  d'une  façon  presque  absolue,  le 
phénomène  de  la  réflexion  totale;  il  s'imbibe  en  quelque 
sorte  de  la  lumière  qu'il  reçoit;  s'il  est  placé  ensuite  dans 


614  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Tobscurité,  il  rend  une  partie  de  celte  lumière  et  produit 
une  faible  lueur.  Parfois  même  on  rencontre  des  diamants 
phosphorescents  ou  fluorescents. 

Le  diamant  brûle  sans  résidu  à  une  température  très  éle- 
vée (courant  d'oxygène  ou  courant  électrique). 

Usages.  —  Le  diamant  est  très  recherché  pour  la  bijou- 
terie. Il  sert  aussi  à  faire  des  pivots  pour  Thorlogerie,  des 
pointes  d'outils  pour  percer  ou  graver  des  pierres  dures, 
pour  couper  le  verre,  pour  tourner  les  bords  des  verres  de 
montres,  pour  tréfiler  Tor  et  Targent,  et  pour  travailler 
certains  métaux  trempés. 

Taille  dn  diamant.  —  Avant  d'être  monté  en  bijoux,  le 
diamant,  pour  produire  tous  les  jeux  de  lumière  qui  le  font 
rechercher,  doit  être  taillé.  Les  diamants  de  peu  d'épaisseur 
sont  généralement  taillés  en  roses  ;  en  ce  cas,  on  utilise  les 
formes  hémiédriques  pour  obtenir  la  base  de  ia  rose  ;  les 
diamants  épais  sont  taillés  en  brillants. 


Fio.  115.  —  Diamants  taillé«. 

Dans  la  rose,  le  dessous  du  diamant  est  plat;  la  partie 
supérieure  forme  un  dôme  à  vingt- quatre  facettes.  Dans  le 
brillant,  la  face  supérieure  plane,  appelée  la  iaôte,  est  entou- 
rée de  facettes  obliques,  et  la  partie  inférieure  ou  eulasscj 
comprenant  les  deux  tiers  du  diamant,  forme  une  pyramide 
dont  les  facettes  correspondent  à  celles  de  la  partie  supé- 
rieure. La  taille  en  brillant  à  trente-deux  facoltes  est  aujour- 
d'hui la  seule  employée  pour  les  diamants  réguliers. 

Pour  tailler  un  diamant,  on  commence  par  le  dégrossir,  en 
utilisant  le  clivage  qu'il  possède,  parallèlement  aux  faces  de 
l'octaèdre  et  en  suivant  le  fil  de  la  pierre.  Ensuite  vient  le 
brutage,  qui  consiste  à  frotter  deux  diamants  l'un  contre 
l'autre,  ce  qui  produit  de  Végrisé,  ou  poussière  de  diamant, 


I 

k 

I 


PIERRES    PRÉCIEUSES  615 

que  Ton  recueille;  enfla  on  termine  par  le  polissage  qu' 
s'opère  sur  une  plate-forme  d'acier  animée  d'un  rapide  mou- 
vement de  rotation  et  recouverte  de  poussière  de  diamant 
humectée  d'huile. 

Vègrisé  s'obtient  aussi  en  pulvérisant  les  éclats  qui  pro- 
viennent du  d(*grossissement  des  diamants  taillés  ou  en 
pulvérisant  les  diamants  défectueux  qui  ne  peuvent  se  tailler. 

1^  taille  diminue  souvent  de  moitié  le  poids  des  diamants, 
dont  l'unité  de  poids  est  \^  carat  qui  pèse  exactement  205  mil- 
ligrammes. Les  diamants  taillés  se  vendentjusqu'à  300  francs 
par  carat,  et  leur  valeur  croit  comme  le  carré  de  leur  poids- 

Gisements.  —  f^es  principaux  gisements  de  diamants  sont 
ceux  du  Cap  de  Bonne-Espérance,  ceux  du  Brésil,  ceux  des 
Indes,  etc. 

Gisements  du  Cap.  —  l^es  gîtes  de  diamants  de  la  colonie  du 
Cap  (cap  de  Bonne-Espérance)  ont  été  découverts  en  1867, 
et  leur  exploitation  a  amené  une  population  considérable 
autour  des  principales  mines  de  Dutoitspan,  Bultfontein,  Old- 
de-Beers  et  Kimberley,  Les  diamants  se  trouvent  amenés  au 
jour  dans  une  ophite  bréchoïde  accompagnée  de  bronzite 
hydratée  avec  veines  de  calcite  et  de  silice  opaline.  Cette 
ophite  remplit,  comme  une  boue  éruptive,  des  cavités,  en 
forme  d'entonnoirs  de  200  à  300  mètres,  creusées  à  la  sur- 
face de  plateaux  dont  l'altitude  varie  de  600  à  i.300  mètres 
(karoo  moyen);  ces  plateaux  sont  constitués  par  des  grès, 
des  argiles  bariolées  et  des  schistes  noirs  ou  bruns  recoupés 
par  des  diorites  et  des  mélaphyres.  Les  entonnoirs  pro- 
viennent probablement,  d'après  M.  Daubrée,  d'explosions 
d'hydrocarbures  en  profondeur,  comme  le  font  supposer 
l'abondance  du  grisou  et  lassociation  du  graphite  au  dia- 
mant. Ces  sortes  de  cheminées  sont  remplies  de  roches 
bleues  en  profondeur  (blue  ground)  et  jaunes  à  la  surface 
(yellow  ground),  mélangées  de  débris  de  grès  triasiques 
dans  le  haut,  d'ophites,  de  mélaphyres,  de  granités  ou  de 
gneiss  dans  le  bas,  débris  empruntés  aux  roches  encaissantes 
ou  venus  de  la  profondeur. 

Les  diamants,  octaédriques  ou  dodécaédriques,  sont  jau- 
nâtres et  tiennent  une  forte  proportion  de  boort;  ils  sont 
accompagnés   de   grenats,  de  fer  titane,  de  zircon,   de  to- 


616  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

pazes,  etc.,  minéraux  arrachés  aux  roches  traversées  par 
Téruplion  de  la  brèche  serpentineuse. 

Les  quatre  mines  citées  plus  haut  ont  été  réunies  (de  Beers 
ConsolitatedC<^),  et  l'exploitation  par  tranchées  etcûbles  a  été 
perfectionnée  par  lacréation  de  puits  (Kimberley  :  400  mètres; 
de  Beers  :  300  mètres),  reliés  au  gîte  par  des  travers-bancs. 

Le  minerai  est  abandonné  à  Tair  pendant  six  mois,  puis 
dé  tourbe  à  la  main. 

La  production  était  de  1.500.000  carats  en  1876,  et  de 
2.800.000  carats  en  1890;  on  avait  extrait,  au  total,  à  cette 
époque  43.000.000  de  carats  valant  plus  de  1  milliard  de  francs. 
La  teneur  est  de  3  carats  au  mètre  cube  pour  les  mines  syndi- 
quées de  De  Beers  et  de  Kimberley.  —  Dutoitspan,  qui  a 
fourni  les  plus  beaux  diamants,  n*est  plus  exploité.  C*est 
de  ce  gîte  qu'est  sortie  V Etoile  de  V Afrique  du  Sud  (85  carats). 
La  production  énorme  a  fait  craindre  à  un  certain  moment 
que  les  prix  du  diamant  ne  s'avilissent.  Depuis  1889,  la  plu- 
part des  mines  du  Cap  sont  syndiquées,  ce  qui  a  permis  aux 
producteurs  de  relever  les  cours.  Le  diamant  brut,  qui  valait 
27  francs  le  carat  en  1887,  est  monté  à  40  francs  en  1889. 
Le  prix  de  revient  ressort  à  35  francs  lé  mètre  cube,  soit 
en  moyenne  à  10  francs  par  carat  extrait.  Le  prix  de  revient 
est  grevé  par  le  coût  élevé  des  matières  premières  et  par  les 
vols  de  diamants,  très  fréquents  dans  les  daims  ou  carrés 
d'exploitation  de  9",45  de  côté. 

La  De  Beers  Consolidated  C^  a  produit  en  1897  à  De  Beers 
et  à  Kimberley  2.769.423  carats,  en  moyenne  1  carat  26  par 
tonne  de  minerai.  Les  dépenses  ont  été  de  33.264.975  francs. 
Les  recettes  ont  été  de  93.052.475  francs  ;  le  dividende  distri- 
bué en  1897  a  atteint  39.500.000  francs. 

Gisements  du  Brésil.  —  Les  gisements  les  plus  importants 
du  Brésil  sont  ceux  de  Biamantina,  à  300  kilomètres  au  nord 
d'Ouro-Preto  (Minas-Geraes)  ;  on  peut  encore  citer  les  gise- 
ments de  Bagagem^  de  Grao-Mogor,  de  Cincora  et  de  Salabro. 
Ces  gisements  se  trouvent  soit  sur  un  plateau  de  1.000  à 
1.200  mètres  d'altitude,  soit  dans  les  rivières  qui  y  prennent 
leur  source;  ces  derniers  gisements,  à  la  fois  aurifères  et 
diamantifères,  proviennent  de  la  concentration  des  gîtes  des 
plateaux  après  remaniement. 


PIKHREB   PRÉCIEVSES  617 

Lesalluvions  sont  en  relation  avec  des  quartzites  micacées 
(ilacolumitesj  que  Ton  trouve  en  place  à  Grao-Mogor,  asso- 
ciées avec  des  conglomérats  quartzeux.  Le  diamant  y  est 
accompagné  de  pyrite  martiale  et  de  martite. 

Sur  les  plateaux,  les  diamants  des  itacolumites  et  des 
conglomérats  ont  été  concentrés  dans  un  poudingue  de 
graviers  et  de  terre  vouge  {gorgulho)  ;  dans  le  lit  des  rivières, 
les  diamants  se  trouvent  dans  un  mélange  d'argile  et  de  gra- 
viers quartzeux  {cascalho)  avec  des  minéraux,  tels  que  le  rutile, 
la  brookite,  Tanatase,  etc.  ;  ils  sont  souvent  concentrés  dans 
des  poches  [caldeirôes]  formées  par  le  remous  des  eaux.  On 
exploite  en  mettant  le  lit  à  sec  et  en  lavant  le  cascalho  à  la 
bâtée  après  détourbage  et  traitement  au  bac. 

Les  diamants  du  Brésil  sont  beaux,  mais  petits  (4  carats  en 
moyenne).  Le  plus  célèbre  est  YEtoile  du  Sud  (254  carats  et 
demi). 

La  production  totale  du  Brésil  est  à  peu  près  de  30.000  carats 
par  an. 

Gisements  des  ïndes,  —  Les  fameux  diamants  des  Indes 
(le  grand  Mogol,  le  Régent,  etc.),  vendus  sur  le  marché  de 
(■olconde,  provenaient  de  gisements  exploités  avant  Tère 
chrétienne  et  dont  la  production  actuelle  est  peu  importante  : 
handapoli  près  de  Mazulipatam,  Bellary,  Karnul,  Kadapah, 
Sambalpury  Panna,  Majgama,  etc. 

  Bellary,  le  diamant,  associé  à  For,  existe  dans  des  grès 
siluriens  analogues  aux  itacolumites  du  Brésil  et  dans  des 
ravinements  produits  par  les  pluies  sur  un  plateau  de 
schistes  micacés  recoupés  par  des  Hlons  de  granulite  rose  à 
épi  dote. 

A  Sambalpur,  on  trouve,  amenés  encore  aujourd'hui  par 
es  crues  des  rivières,  des  diamants  provenant  d'alluvions 
anciennes. 

A  Panna,  le  diamant  se  trouve  associé  au  saphir,  au  rubis 
et  à  la  topaze  dans  des  graviers  rouges  d*alluvion,  recouvrant 
un  conglomérat  silurien  lui-même  diamantifère^. 

A  Majgamti,  il  existe  une  boue  verte  diamantifère  analogue 
à  celle  du  Cap;  mais  les  gisements  sont  peu  importants  et  ne 
peuvent  être  exploités  que  grâce  au  bas  prix  de  la  main- 
d'œuvre  des  Indous. 


618  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Gisements  de  Bornéo,  —  Les  diamants  de  Bornéo  se  trouvent 
dans  des  graviers  ou  des  alluvions  de  rivières  [Bandjer- 
massinj  fleuve  Kapoeas). 

l^  production  annuelle  de  Bornéo  oscille  aux  environs  de 
5.000  carats. 

Gisements  de  V Australie.  —  On  a  découvert  en  Australie  des 
alluvions  diamantifères  d'ailleurs  peu  importantes. 

Nouvelle-Galles  du  Sud,  —  Dans  la  Nouvelle-Galles  du  Sud 
on  a  exploité  les  mines  de  Boggy-Camp,  à  25  kilomètres 
de  Tin^ha;  la  teneur  y  atteint  13  carats  à  la  tonne;  les 
diamants  sont  très  blancs  et  de  bonne  qualité. 

2®   CARBON 

Le  carbonj  carbonadOy  ou  diamant  noir,  se  trouve  principa- 
lement au  Brésil,  en  petites  boules  irrégulières  amorphes  et 
noirâtres  atteignant  parfois  la  grosseur  du  poing. 

Sa  dureté  est  beaucoup  plus  grande  que  celle  du  diamant 
proprement  dit;  mais  sa  densité  est  moindre.  Il  contient 
un  peu  de  cendres. 

On  emploie  les  diamants  noirs,  enchâssés  à  Textrémité 
d'outils  en  acier,  pour  travailler,  sur  des  tours,  les  blocs  de 
porphyre  destinés  à  former  des  colonnes  ou  des  vasques.  On 
s'en  sert  aussi  pour  creuser  des  trous  de  mines  dans  les  roches 
dures.  Ce  sont  des  diamants  noirs  qui  sont  employés  pour  les 
sondages  au  diamant. 

Leur  valeur  atteint  25  à  40  francs  par  carat. 

3®     BOORT 

Le  boort,  ou  diamant  concrétionné,  que  Ton  rencontre  dans 
tous  les  gisements  de  diamants  dans  la  proportion  de  2  à  5  0/0, 
est  translucide,  mais  non  transparent.  11  se  présente  en  boules 
cristallines  sans  trace  de  clivage  et  ne  peut  être  taillé.  Il  est 
moins  pur  que  le  diamant  proprement  dit.  Sa  dureté  étant 
supérieure  à  celle  du  diamant,  on  en  fait  de  Tégrisé  pour  le 
polissage  des  diamants. 


PIERRES    PRÉCIEUSES  6 19 


GEMMES  QUARTSEUSES 

Le  quartz  (silice  pare)  se  présente  à  Tétat  cristallisé  ou  à 
Tétat  amorphe. 

Le  quartz  hyalin ^  ou  silice  cristallisée,  se  distingue  en 
différents  types  selon  sa  couleur  et  sa  pureté. 

CRISTAL   DE   ROCHE   (CAILLOU    DU    RHIN) 

Le  cristal  de  roche  est  du  quartz  hyalin  incolore  et  lim- 
pide. 

On  remploie  en  optique  et  dans  Torfèvrerie. 

Les  plus  beaux  cristaux  viennent  du  Saint-Gothard,  du 
Tyrol,  de  Madagascar  (mont  de  Befoure),  etc..  On  trouve  aussi 
dans  le  Rhin  du  cristal  de  roche  roulé,  appelé  caillou  du  Rhin. 


AMéTUTSTB 


L'améthyste  est  du  quartz  hyalin  violet.  On  la  rencontre 
sous  forme  de  cristaux  isolés  ou  groupés  et  quelquefois 
sous  forme  de  galets. 

Elle  est  employée  en  joaillerie  pour  faire  des  bagues,  des 
colliers  et  des  broches. 

On  la  trouve  dans  des  filons  métallifères  (Hongrie  et  Tran- 
sylvanie), dans  des  fentes  de  roches  cristallines  anciennes 
{Oural,  Tyrol);  on  en  trouve  une  belle  variété  au  Brésil, 

Au  Vemet,  près  d'Issoire,  on  exploite  par  galeries  un  filon 
de  quartz  améthyste  au  milieu  de  sables  aquifères  dont  les 
eaux  gênent  parfois  l'exploitation;  ce  filon  donne  de  très 
beaux  cristaux  d'améthyste  dont  quelques-uns  atteignent  de 
grandes  dimensions. 

CALCÉDOINE   (aGATE,   ONYX  ET   CORNALINE) 

La  calcédoine  est  du  quartz  moitié  cristallin ,  moitié 
amorphe. 


620  GÉOLOGIE   APPLIQUÉS 

Elle  porte  le  nom  de  cornaline  quaod  elle  est  rouge,  et 
d'onyx  on  d'agate  quand  elle  présente  des  zones  concentriques 
de  diverses  couleurs. 

Elle  est  employée  pour  faire  des  vases,  des  cachets,  des 
camées  et  aussi  des  mortiers  pour  porphyriser  des  matières 
dures. 

Les  plus  beaux  gisements  de  calcédoine  sont  ceux  de  Tlnde 
(Barotch,  près  de  Nimondra).  On  en  exploite  aussi  en  Sibérie 
(Nestchimk  et  KoHvan),  en  Chine,  dans  VVruguayf  en  Egypte^ 
on  Saxe,  en  Islande,  dans  le  Tyrol,  etc.  —  En  France,  on  en  ren- 
contre dans  les  tufs  volcaniques  de  Pont-du-Château  {Limsigne). 

Les  agates  du  commerce  viennent  en  grande  partie  d'Ober- 
slcin  dans  le  Palatinat. 


JASPE   (pierre    de  touche) 

Le  jaspe  est  du  quartz  amorphe  (silex)  impur  et  opaque. 
Il  renferme  des  matières  argilo-ferrugineuses. 

Il  présente  des  colorations  variées  et  vives  qui  le  font 
employer  pour  la  fabrication  d'objets  d'ornement  et  pour 
les  mosaïques  (Florence), 

On  le  rencontre  à  l'état  de  rognons  dans  les  calcaires  du 
trias  et  de  la  craie. 

La  pierre  de  touche  est  un  jaspe  noir;  elle  doit  sa  coloration 
à  la  .substance  charbonneuse  qu'elle  renferme.  Sa  cassure 
présente  des  petites  aspérités  qui  usent  les  métaux  qu'on 
frotte  sur  sa  surface.  Quand  on  veut  reconnaître  si  un  objet 
est  en  or,  on  le  frotte  sur  la  pierre  de  touche  et  on  attaque, 
par  Tacide  azotique,  les  parcelles  métalliques  qu'il  laisse  sur 
la  pierre.  Si  ces  parcelles  disparaissent,  c'est  qu'elles  ne  pro- 
viennent pas  d'un  objet  en  or;  si  elles  blanchissent,  c'est  que 
l'or  contient  un  alliage. 


OPALE 

« 
L'opale  est  de  la  silice  hydratée  ;  on  la  distingue  en  opale 
noblCf  irisée,  transparente,  translucide  et  laiteuse;  en  opale 


PIERRES    PRÉCIECSES  621 

de  feUy  compacte,  jaune  ou  rouge,  translucide  et  vitreuse; 
et  en  opale  commune,  grise,  compacte  et  peu  translucide. 

Vopale  noble,  qui  est  très  fragile,  se  taille,  généralement, 
pour  celte  raison,  en  formes  sphériques,  pour  la  joaillerie. 

On  trouve  en  Hongrie  de  très  belles  opales  nobles  connues 
dès  le  temps  des  Romains,  dans  des  trachytes  et  des  tufs 
trachytiques  ((reru^eni^za).  Les  opales  du  Mexique  {Zimapsan, 
Qtieretaro,  Lucretaro)  sont  très  chatoyantes. 

Les  mines  d'opale  de  While  Cliffs,  dans  la  Nouvelle-Galles 
du  Sud,  ont  pris  un  grand  développement  et  occupent 
400  ouvriers.  Elles  produisent  pour  625.000 francs  de  pierres 
par  an,  en  moyenne.  On  a  trouvé  de  très  belles  opales  en 
Nouvelle-Zélande  dans  la  vallée  de  Tairua,  dans  la  pre$qu*fle 
de  Cape-Colville,  ainsi  qu'au  Mont-Somers  et  dans  la  vallée 
d'Ohinenuri. 

Vopale  commune,  ou  résinile,  se  trouve  en  grandes  quantités 
dans  les  nions  métallifères  de  Freiberg,  ainsi  que  dans  la 
serpentine  de  la  Bohême  et  dans  les  roches  amygdaloïdes  de 
Vhlande  et  des  îles  Feroë, 

La  ménilite  est  une  opale  commune  que  Ton  trouve  en 
rognons  dans  les  marnes  du  gypse,  notamment  à  Mônil- 
montant  (d'où  lui  vient  son  nom),  à  Montmartre,  en  Galîcie 
dans  les  formations  pétrolifères,  etc. 

L'opale  de  feu  se  rencontre  en  nodules  au  milieu  de 
conglomérats  trachytiques,  au  Mexique  (  Villa-Seca). 


622  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 


GEMBDES   ALUMINEUSBS 


L'alumine  existe  dans  un  grand  nombre  de  gemmes,  soit 
à  l'état  d'alumine  pure  ou  hydratée,  soit  sous  forme  de  phos- 
phaté, soit  sous  forme  de  silicates  simples  ou  complexes. 
L'étude  de  ces  derniers  fera  l'objet  d'un  paragraphe  ultérieur. 

GORINDOIf   (SAPIDBf  GUDIIS  OftUUITAJ.KS   KT  RUBIs) 


Le  corindon  est  de  l'alumine  à  peu  près  pure  ;  il 
parfois  un  peu  de  chaux  et  d'oxyde  de  fer.  Sa  densité  est 
de  4. 

Le  corindon  est  une  pierre  incolore  cristallisée  dans  le 
système  rhomboédrique,  en  prismes  hexagonaux  souvent 
striés. 

Lorsqu'il  est  coloré  en  bleu,  il  porte  le  nom  de  saphir; 
coloré  en  jaune,  il  constitue  la  topaze  orientale;  en  pourpre, 
V améthyste  orientale;  en  vert,  Vémeraude  orientale. 

Le  rubis  est  de  l'alumine  colorée  en  rouge  par  du  chrome. 

MM.  Sainte-Claire  Deville,  Ebelmen,  Friedel  et  Stanislas- 
Meunier  ont  reproduit  du  corindon  artificiellement  par 
quatre  procédés  différents.  MM.  Frémy  et  Verneuil  ont  obtenu 
des  rubis  en  traitant  l'alumine  par  le  fluorure  de  baryum  et 
le  carbonate  de  potasse  à  1.350°.  Des  traces  de  bichromate  de 
potasse  donnaient  la  coloration  rouge. 

Gùiements.  —  ï^e  rubis,  le  saphir  et  les  gemmes  orientales, 
se  trouvent  soit  dans  des  granulites  comme  aux  Indes,  dans 
le  Kachemirc,  en  Chine  et  dans  VOural,  soit  dans  des  dolomies 
comme  au  Saint-Gothard  et  aux  Etats-Unis,  soit  surtout  dans 
des  alluvions  de  rivières. 

Parmi  ces  derniers  gisements,  on  peut  citer  ceux  de 
Ceylan  qui  renferment  des  gommes  dans  des  poches,  au 
milieu  de  dépôts  d'alluvions,  formés  de  galets  de  granité,  de 


PIERRES    PRÉCIEUSES  623 

gneiss,  etc.,  cimentés  par  de  l'argile.  Les  saphirs  de  choix 
viennent  d'Ava  et  de  Pégu.  En  Sibérie,  on  peut  citer  les  mines 
de  Komilowsk  où  Ton  trouve  du  corindon,  des  rubis,  des 
saphirs  et  des  topazes  orientales. 

TURQUOISE 

La  turquoise  est  un  phosphate  d'alumine  hydraté  trans. 
parent  et  d'une  belle  couleur  bleue.  Celle  pierre,  propre 
à  la  joaillerie,  a  son  principal  gisement  en  Perse;  les  tur- 
quoises de  la  Silésie  et  de  Montebras  (Creuse)  sont  inutili- 
sables. 

Vodontolite,  ou  fausse  turquoise  de  VOural,  est  un  phosphate 
de  chaux  coloré  par  de  Toxyde  de  cuivre. 

Les  turquoises  de  Perse  (Nichapoiir)  se  trouvent  dans  un 
massif  de  brèche  trachytique  cimentée  par  de  l'oxyde  de  fer; 
cette  brèche  recoupe  le  tertiaire.  L'exploitation  se  fait  par 
fouilles  à  la  surface  du  sol  ou  par  puits  et  galeries;  les  mines 
principales  exploitées  par  le  Gouvernement  Persan  sont  Abd" 
our-Rezagif  Kerbelai,'Kerim,  Der-i-Kouhy  etc. 

Les  plus  belles  pierres  sont  les  engouchteris  (pierres  pour 
bagues)  qui  se  vendent  à  la  pièce  ;  les  barkhanehSj  dont  il  existe 
quatre  catégories,sevendentaukilogramme(3à5.000  francs,  si 
elles  appartiennent  aux  deux  premières  catégories)  et  s'ex- 
portent en  Europe;  les  autres  sont  utilisées  par  la  joaillerie 
indigène.  Les  arabis  sont  les  turquoises  les  moins  estimées. 

D'autres  gisements  se  trouvent  dans  la  vallée  du  Mezara  au 
Sinaï;dans  le  Turkestan,  non  loin  de  Samarkand,  la  tur- 
quoise a  été  exploitée  dès  les  temps  les  plus  reculés  dans  la 
limonite. 

La  turquoise  pure  et  d'un  bleu  clair  parfait  est  très  rare; 
maiç  les  turquoises  tachées,  vcrdtUres  et  opaques  se  trouvent 
en  assez  grandes  quantités.  Elles  sont  appréciées  surtout  en 
Orient. 


624  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


GEMMES  SUJCATÉBS 


TOPAZE 


Les  topazes  (silicate  d'alumine  fluoréz=i3AISi  +  Al*Fl)  sont 
jaunes  (Brésil)  ou  rouges.  On  leur  donne  une  teinte  brûlée 
en  les  chauffant  dans  un  bain  de  sable  ou  de  cendres. 

On  trouve  la  topaze  soit  dans  les  granulites  {Alabasehka 
près  dEkaterinenbourg  dans  TOural,  monts  Adun-Tschilon 
dans  la  Sibérie,  monts  Ilniens,  Rozena,  en  Moravie,  Mournc^ 
Moiintains  en  Irlande),  soit  dans  les  filons  stannifères 
(Altenberg,  Zinnwald,  Geyer),  A  Boa-Vùsta  (Brésil,  province 
d'Ouro-Preto),  on  trouve  des  topazes  et  des  euclases  (silicate 
de  glucine)  avec  des  émeraudes,  dans  des  schistes  micacés. 
Les  alluvions  diamantifères  de  Minas-Geraes  et  les  sables 
aurifères  de  Sanarka^  de  Ceylan,  fournissent  également  de 
très  belles  topazes.  Les  pegmatîtes  contiennent  souvent  des 
cristaux  microscopiques  de  topaze  {Montebras). 


KNRRAUDR 


L'émeraude  (silicate  de  glucine  etd'alumine=Al.Si*+Gl.Si3) 
est  une  pierre  verte  transparente  très  estimée  en  joaillerie  ; 
elle  se  taille  en  table  avec  facettes  à  Tentour  et  au-dessous. 
On  la  trouve  soit  dans  les  granulites  et  les  gîtes  stannifères: 
pegmatites  de  la  Vilate  et  de  Chantcloubc  dans  la  Haute- 
Vienne,  de  Vile  d'Elbe,  des  monU  Altaï  dans  la  Sibérie, 
d'Ehrenfriedersdorf  en  Saxe,  et  de  Schlaggenwald  en  Bohême, 
soit  dans  les  micaschistes  :  rivière  Tokowoia  et  mont  Sabara 
en  Sibérie,  Mourne-Mountain  en  Irlande,  soit  encore  dans 
les  calcaires,  à  Mtiso  et  &  Bogota  dans  la  Nouvelle-Grenade, 
dont  les  superbes  émeraudes,  très  fragiles  à  la  sortie  do 
-^e,  durcissent  à  Tair. 
•fraude  renferme  des  inclusions  aqueuses  avec  dfi 


r/'  ionl 
//ni/''? 


irn''' 


PIERRES   PRÉCIEL'SËS  625 

i  carbonique,  et  sa  genèse  se  rapproche  de  celle  des 

xaux  de  la  famille  de  Tétain. 

I  plus  belles  émeraudes  proviennent  de  la  Nouvelle- 
jde.  —  En  France,  près  de  Limoges,  on  trouve  de  grands 

iuz  d^émeraude  striée  et  opaque,  ou  béryl  noble,  qui  existe 
i  en  assez  grande  quantité  dans  VOural,  dans  Ttle  d'Elbe, 
trlande  et  au  Brésil. 

« 

r  LAZLXITB 

eLa,  lazulite,  appelée    aussi    lapis   lazuli,  est   un    silicate 

■dumine  qui  renferme  du  soufre,  de  la  chaux  et  de  la 

'^  '        4ude.   Elle   possède  une   belle    nuance    bleu  d'outremer; 

tes  cristaux  de  pyrite  de  fer  et  de  spath  calcaire  s'y  dessinent 

tDavent  en  jaune  d'or  et  produisent  un  très  joli  effet.  On 
.emploie  dans  Fornementation  et  la  joaillerie. 

On  trouve  le  lapis  dans  des  roches  granitiques  au  lac 
Baxkal  (Sibérie),  au  Thibet,  au  Chili  et  en  Chine, 

Cette  pierre,  broyée,  sert  aussi  à  la  fabrication  du  bleu 
d'outremer. 

JAIS 

Le  jais,  on  jayet,  est  un  lignite  d'un  noir  brillant,  suscep- 
tible de  prendre  un  beau  poli  et  ne  présentant  aucune  trace 
d'organismes  végétaux;  il  est  employé  en  bijouterie  et  vaut 
de  30  à  40  francs  le  kilogramme. 
/  On  le  trouve  à  Whitby  (Yorkshire),  en  poches  dans  des 

schistes  alumineux  (lias), 
t  On  trouve  également  du  jais  en  France,  dans  l'Aude,  où 

*  les  gisements  sont  à  peu  près  épuisés  (Peyras,  Sainte-Colombe, 
La  Bastide),  en  Espagne  (Asturies,  Galice,  Aragon),  en  Saxe 
{Wittemberg)  et  en  Prusse,  avec  de  l'ambre  jaune. 

11  existe  encore  un  certain  nombre  d'autres  gemmes,  mais 
leur  emploi  est  très  restreint,  et  leur  examen  ne  présente  que 
peu  d'intérêt  au  double  point  de  vue  géologique  et  indus- 
triel, qui  a  été  envisagé  pour  l'élude  des  divers  minéraux 
utiles,  dans  ce  Traité  de  Géologie  et  de  Minéralogie  appliquées. 

GÉOLOGIE.  -i^ 


•i 


._! 


TABLE  DES  MATIÈRES 


PREMIÈRE  PARTIE 

PRÉCIS  DE  GfiOLOGIE  GÉNÉRALE  AVEC  ÉLÉMENTS 
DE  MINÉRALOGIE  ET  DE  PALÉONTOLOGIE 

Définition * 

CHAPITRE  l 
PHÉNOMÈNES  ACTUELS 

3  1.  —  Agents  géologiques  externes 

Action  de  Tatmosphére 2 

Action  de  la  mer 3 

Action  des  eaux  d'infiltration 4 

Action  des  eaux  courantes 5 

Action  de  Teau  solide "ï 

Action  chimique  des  eaux 9 

Action  des  organismes iO 

I  2.  —  Agents  géologiques  internes 

Phénomènes  volcaniques 12 

Phénomènes  thermaux *. .  14 

g  3.  —  Explication  des  phénomènes  érnptifs  15 

CHAPITRE  H 

FORMATION  DE  L'ÉOORGE  TERRESTRE  17 

ni.—  Roches  ignées  19 

Classification  des  roches  ignées 21 

Roches  acides 22 

Roches  basiques 24 


630  TABLE   DES   MATIÈRES 

Page*. 

g  )2.  —  Roches  sédimeataires  26 

g   3.   —  Roches  métamorphiques  28 

{  4.  —  nions  29 

2  5.  —  Minéralogie  et  cristallographie  30 

Tableau  des   minéraux    quartzeux;   leurs  caractëreSf   leur 

emploi 32 

Tableau  des  minéraux  silicates  (silicates  alumineux);  leurs 

caractères 34 

Tableau  des  minéraux  silicates  (silicates  peu  ou  point  alumi- 
neux) ;  leurs  caractères 38 

Tableau  des  minéraux  calcareux  ;  leurs  caractères,  leur  em- 
ploi   40 

CHAPITRE  Hl 
l  i.  —  Principes  de  la  chronologie  géologiqfiie 

Age  des  terrains  sédimentaires 42 

Age  des  roches  éruptives 43 

Disposition  des  terrains  formant  l'écorce  terrestre 44 

g  2.  —  Grandes  divisions  géologiques 

Terrain  primitif 46 

Ere  primaire  ou  paléozoïque 47 

Ere  secondaire  ou  mésozoïque 55 

Ere  tertiaire  ou  néozoîque 65 

Ere  quaternaire  (pleistocène) 71 

Tableau  résumé  de  la  chronologie  géologique 73 


^ 

^ 


■frw 


TABLE   DES   MATIÈRES  63t 

DEUXIÈME  PARTIE 

GÉOLOGIE  APPLIQUÉE  PROPREMENT  DITE 

CHAPITRE  I 
G0N8IDÉRATI0HS  GÉNÉRALES.  —  ÉTODB  D'UN  GISEMENT 

PtgOB. 

Objet  de  la  géologie  appliquée 75 

Influence  de  la  géologie  sur  les  conditions  d^existence  des 

hommes  dans  les  diverses  contrées 76 

Géologie  appliquée  à  Tétude  d'un  gisement 76 

Préparation  d*un  voyage  d'études  minières 77 

Matériel  de  recherches 78 

Sondages 78 

Emplacement  et  nombre  des  trous  de  sonde 79 

Cubage 80 

Etude  géologique 81 

Topographie 82 

Etude  géographique 82 

Hydrologie 83 

Recrutement  du  personnel 83 

Considérations  économiques.  —  Prix  de  revient 84 

Prises  d'essai 84 

Essais  sur  place.  —  Laboratoire  de  voyage 86 

Essai  au  chalumeau 87 

Divisions  de  ce  Traité  de  Géologie  appliquée 90 

Classifications  diverses 90 

Classification  adoptée 92 

Divisions  des  chapitres 92 

CHAPITRE  II 

MATÉBUUX  DE  CONSTRUCTION  ET  ROCHES  EMPLOYÉES 
DANS  LES  TRAVAUX  PURUGS 

Caractères  généraux  des  roches 95 

I.  —  Roches  éniptiTes  ou  ignées 

Roches  granitiques 96 

y|.  —  Granités  employés  dans  la  construction 97 

Protogifie 98 


Leptynite 99 

SyÉail« 99 

DioriU tM 

Kersanlite 100 

Euphotide 108 

B.  ~-  Granités  employés  dsos  les  travaux  publics 100 

C.  —  Granités  pour  pavages 100 

Pegmalite 100 

Hyalomicte ,  101 

Minette 101 

Feldspath  (pélro»ilex) 101 

D.  —  Granités  pour  meules 102 

E.  —  Roches  granitiques  rtrractaires 102 

Gneiss  et  mieascbiates 102 

Talcachiitea 102 

Roches  poi'pkyiiquea 103 

Porphyre  Teldspathique 103 

Porphyre  quartzifèra lOi 

Porphyre  pyroxénique lOt 

Porphyre  amphibolique. 105 

Serpentine 105 

Trapp loti 

Roche»  volcaniques  ou  lave» lOT 

Trachytes  (ponce,  phonolite,  obsidienne) 107 

Basalle 108 

Lave 10» 

II.  —  Rechn  aédbmnUirM 

Roches  calcniies.  —  Caractères  généraux 110 

A.  —  Pierres  à  bâtir 111 

Calcaire  compact 113 

Travertin 113 

Liais  et  cliquart 114 

Galcnire  carbonifère 114 

Calcaires  entroquM It4 

Calcaire  oolithique 115 

Calcaire  grossier 115 

Tuf  calcaire 116 

Craie  tufeau H6 

—  Marbres HT 

Marbre  blanc 118 

Marbre  noir H9 

Marbre  gris 120 

Marbre  jaune 121 


TABLE   DES   MATIÈRES  633 

Pagvs- 

Marbre  bleu 121 

Marbre  rouge 122 

Marbres  composés  (cainpan,  portor,  cipolin) 122 

LumacheLle 123 

Marbres   brèches   (brèche  antique,    petit    antique, 

brèche  d'AJep,  brocatelle) 123 

C.  —  Pierres  à  chaux,  à  ciment  et  à  piètre 124 

Calcaire  argileux 125 

Calcaire  siliceux 126 

Calcaire  magnésien 126 

Gypse  ou  pierre  à  plâtre 126 

Plaire 128 

Anhydrite 1 29 

Bibliographie  des  calcaires,  du  marbre,  de  la  chaux,  etc 130 

Roches  siliceufefi 131 

Roches  siliceuses  compactes 131 

Silex 131 

McuUère 132 

Gaize 133 

Roches  siliceuses  agglomérées 134 

Brèches 134 

Grès 134 

Quartzite 135 

Grès  bigarré 136 

Grauwacke .• 136 

Grès  houiller 137 

Grès  calcarifére  137 

Macigno 137 

Arkose 137 

Roches  siliceuses  meubles 137 

Sable  quartzeux 137 

Gravier 138 

Roches  argileuses 139 

Argile  à  briques 139 

Pisé 140 

Inconvénients  des  terrains  argileux  pour  les  construc- 
tions    140 

Bibliographie  de  l'argile 141 

Phyllades 141 

Ardoises 141 

Schistes 145 

Bibliographie  des  ardoises 1 46 


634  TABLE   DES   MATIERES 

■ 

CHAPITRE  IH 

mRÉRAUZ  EMPLOYÉS  DANS  LA  UËTALLURGIE 
Le  f er  et  let  mlneraii 

Ptfes. 

Propriétés  physiques 147 

Propriétés  chimiques 148 

Minerais  du  fer 149 

Gisements  des  minerais  de  fer 150 

I.  Gttes  de  fer  en  inclusion  dans  les  roches 131 

II.  Gîtes  de  contact 151 

III.  Gîtes  filoniens  proprement  dits 152 

IV.  Gîtes  stratiformes 154 

Bibliographie  du  fer 170 

Le  cniTre  et  set  mineraii 

Propriétés  physiques  et  chimiques,  usages 173 

Alliages 173 

Composés  du  cuivre 175 

Minerais  du  cuivre 175 

Géogénie 176 

Gisements  des  minerais  de  cuivre 117 

I.  Gites  incorporés  à  la  roche 177 

II.  Gites  nioniens 179 

a.  Filons  de  chalcopyrite 179 

6.  Amas  de  pyrite  de  fer  cuivreuse 187 

c.  Cuivre  natif 194 

d.  Filons  de  cuivre  gris 197 

III.  Gîtes  de  départ  ou  de  contact 198 

IV.  Gisements  sédimentaires 201 

V.  Schistes  bitumineux  cuprifères 204 

Prix  du  cuivre 205 

Bibliographie  du  cuivre 206 

Le  plomb  et  aes  mineraii 

Propriétés  physiques  et  chimiques.  —  Usages.  —  Alliages..  208 

Minerais  du  plomb 210 

Géogénie 210 

Gisements  des  minerais  de  plomb 21 1 


TABLE   DES   MATIÈRES  635 

I.  Filons  et  champs  de  fractures 211 

II.  Gisements  dans  les  calcaires  avec  phénomènes  de 
substitution 226 

III.  Gisements  sédimentaires 231 

Prix  des  minerais  de  plomb 233 

Bibliographie  du  plomb 234 

Le  sine  et  set  Bdaeraii 

Propriétés  physiques.  —  Usages.  —  Alliages 236 

Composés  du  zinc 237 

Minerais  du  zinc 237 

Gisements  des  minerais  de  zinc  et  géogénie 238 

Bibliographie  du  zinc 251 

L'ètain  et  eet  minerait 

Propriétés  physiques  et  chimiques.  —  Usages 253 

Alliages 254 

Composés  de  Tétain 255 

Minerais  de  Tétain 255 

Gisements  des  minerais  d*étain 256 

Gites  stannifères  d'inclusion  et  gites  Aloniens 256 

Gttes  d'alluvions  stannifères 263 

Bibliographie  de  Tétain 265 

Le  nickel  et  eet  nineraii 

Propriétés  physiques  et  chimiques.  —  Usages.  —  Alliages. .  266 

Composés  du  nickel 267 

Minerais  du  nickel 267 

Géogénie  et  gisements  des  minerais  de  nickel 268 

I.  Silicates  de  nickel 269 

II.  Pyrites  magnétiques  nickélifères 272 

III.  Arséniures  et  sulfures  de  nickel 275 

Bibliographie  du  nickel 277 

Le  manganèse  et  see  minerait 

Propriétés  physiques  et  chimiques.  —  Usages.  —  Alliages. .  278 

Composés  principaux  du  manganèse 278 

Minerais  du  manganèse 279 

Céogénie : : 279 

Gisements  des  minerais  de  manganèse 280 

I.  Gîtes  «Ioniens 280 

II.  Gites  sédimentaires 284 

III.  Gites  de  concentration. 286 

Bibliographie  du  manganèse 289 


Chrome  et  fer  dunmé 

Page». 

Propriétés  physiques  et  chimiques.  —  Usages.  —  Composés.  290 

Minerais  du  chrome 291 

Géogénie  et  gisements 291 

Bibliographie  du  chrome 293 

L'antimoine  et  ket  minerait 

Propriétés  physiques  et  chimiques.  —  Usages.  —  AUiages..  294 

Composés  de  l'antimoine 293 

Minerais  de  i'anlimoine 293 

Géogénie  et  gisements 296 

I.  Gîtes  flloniens 296 

II.  Gîtes  sédimentaires 299 

Bibliographie  de  Tantimoine 301 

Alimiiiilniin 

Propriétés  physiques  et  chimiques.  —  Usages 302 

Alliages 303 

Minerais  de  Taluminium 30i 

Gisements  de  bauxite 304 

Gisements  de  cryolite 305 

Bibliographie  de  Taluminium 306 

Le  mercnre  et  tes  minerait 

Propriétés  et  usages,  alliages  et  composés 307 

Minerais  du  mercure 308 

Géogénie 308 

Gisements 309 

Bibliographie  du  mercure 318 


CHAPITRE   IV 

LE  CARBONE  ET  SES  COMPOSÉS 
COMBUSTIBLES  MINÉRAUX  ET  HYDROCARBURES 

Graphite 

Propriétés  physiques  et  chimiques.  —  Usages 319 

Gisements  du  graphite .*.*.'.*.*.*.*      321 


TABLE   DES   MATIÈRES  637 

Pages. 

I.  Gisements  dans  les  roches  éruptives  cristallines 321 

II.  Gisements  dans  les  gneiss  et  les  micaschistes 322 

m.  Gisements  dans  les  terrains  anciens 323 

Bibliographie  du  graphite 323 

COMBUSTIBLES  MOIÉRAUX 

Géogénie 324 

Rapidité  de  la  formation  des  dépôts  de  combustibles 324 

1.  —  Anthradle 

Propriétés   physiques    et    chimiques    de    Tanthracite.    — 

Usages 326 

Gisements  d'anthracite 327 

II.  -  Houille 

Propriétés  de  la  houille 334 

Composition  de  la  houille 334 

Diverses  variétés  de  houille,  leurs  propriétés,  leurs  usages.  335 

Classification  de  la  houille  par  grosseur 341 

Gisements  de  houille 342 

Production  de  la  houille  dans  le  monde  entier 382 

III.  —  Lignite 

Caractères  physiques  et  chimiques 384 

Géogénie 385 

Diverses  variétés  de  iignites 385 

Gisements  de  lignite 386 

IV.  —  Tooibe 

Propriétés  physiques  et  chimiques 400 

Usages 401 

Géogénie 402 

Gisements  de  tourbe 403 

Résumé  sur  les  combustibles  minéraux 404 

Bibliographie  des  combustibles  minéraux 405 

HTDROGABBUBBS 
1.  —  Hydrocarbures  gaxeux 

Gaz  des  marais 408 

Grisou 408 


638  TABLE   DBS   MATIÀRES 

Gaz  combustible 408 

Usages.  —  Gisements  de  gaz  combustibles 409 

Bibliographie  des  gaz  naturels 410 

n.  —  Hydrocaibuieft  liqaides  (pétrole) 

Propriétés  physiques  et  chimiques.  —  Usages  des  hydrocar- 
bures liquides 411 

Géogénie 412 

Formation  chimtco-organique 4U< 

Hypothèses  <)i verses  sur  la  formation  des  hydrocarbures. ...  41& 

Recherche  du  pétrole 416 

Sondages  de  recherches 418 

Historique  du  pétrole 420 

Gisements  du  pétrole 421 

Bibliographie  du  pétrole .' .  43JI 

111.   -  Hydrocarbures  Tisqueuz  (bitame) 

Le  bitume.  —  Ses  propriétés.  —  Ses  usages 441 

Gisements  du  bitume 441 

IV.  —  Hydrocarbures  solides  incorporés  à  des  roches 

Schistes  bitumineux 444 

Gisements  de  schistes  bitumineux 444 

Bibliographie  du  bitume  et  des  schistes  bitumineux 4i6 

Asphalte 44(i 

Gisements  d*asphaite , 447 

Bibliographie  de  Tasphalte 4i9 

V.  —  Hydrocarbures  solides  libres 

Ambre 44'J 

Ozokérite 450 

Bibliographie  de  Tambre  et  de  rozokérite 451 

Hydrocarbures  houillers 

CanneUcoal ,' . .  452 

Boghead V52 


TABLE   DEB   MATIÈRES  631> 

CHAPITRE  V 

imVtRAUX  EMPLOYÉS  EH  AGRIGULTUBE 
Phosphore  et  phosphates 

Emploi  du  phosphore  et  de  ses  composés 454 

Gisements  du  phosphate  de  chaux 455 

1*  Gttes  sédimentaires 456 

2*  Glles  dans  les  roches  éruptives 461 

3-  GJtes  en  Olons. 46» 

Bibliographie  des  phosphates ilO 

Asote  (Hitrates) 

f  Terres  nitrées. . .7 HS 

2*  Nitrate  de  soude 414 

Propriétés  et  composition 414 

Falsifications i75 

Gisements  du  nitrate  de  soude 475 

Prix  des  nitrates 478 

Bibliographie  des  nitrates 479 

Pierre  à  chaux  (chaulage) 460 

Marne  (marnage) 410 

Pierre  à  plâtre  (plÂlrn^^e) 46! 

Sable  calcaire 461 

Sable  f/lauconieux i82 

Arène  (jranitique , 462 

Arène  diabasique 462 

TalcHcImle 462 

Ampélile 46» 

Cendres  noires 483 

CHAPITRE  VI 
HI!IËRAUX  EMPLOYÉS  DANS  LES  INOUSTRIES  DIVERSES 

(r.HIMI>:,  PIIARMACIK,  TBINTUHEKIB,    ARTS  INDUSTRIELS,  ETC.) 

Arsenic 

Propriétés  physiques  et  chimiques.  —  Usages.  —  Alliages  cl 

composés 46i 

Minerais  de  l'arsenic 48« 

Gisements 466 


640  TABLE   DES   MATIÈRES 

Bûmath 

Propriétés  physiques  et  chimiques.  —  Usages.  •*  Alliages  et 

composés 488 

muerais  du  bismuth 488 

Gisements 489 

Bibliographie  du  bismuth 490 

Ckibalt 

Propriétés  physiques  et  chimiques.  —  Usages.  —  Alliages  et 

composés 491 

Minerais  du  cobalt 492 

Gisements 492 

Kbiiographie  du  cobalt 495 

Potauiom  et  sels  de  potasse 

Propriétés  physiques  et  chimiques.  —  Usages.  —  Composés.  496 

Minerais  du  potassium 498 

Gisements 498 

Bibliographie  du  potassium 502 

Sodium 

Propriétés  physiques  et  chimiques.  —  Usages.  —  Alliages..  503 

Composés 504 

Minerais  du  sodium 505 

Sei  gemme 506 

Ulages  du  sel  gemme 506 

Gisements 506 

Nclron 516 

Glaubétite 516 

Bibliographie  du  sodium 517 

Soufire  et  pyrites 

Propriétés  physiques  et  chimiques.  —  Usages.—  Composés.  518 

Minerais 519 

I.  Gisements  de  soufre  natif 520 

II.  Pyrites  de  fer 524 

Bibliographie  du  soufre  et  des  pyrites 526 

Magnésium  et  Magnésie 

Propriétés.  —  Usages  et  gisements ;  527 

•Silicate  de  magnésie  (écume  de  mer) i>y  528 

Bibliographie  de  la  magnésie 528 


^<Jk 


TABLE   DES   MATIÈRES  6il 


StinaLiui  €t  strontiine 

Page». 

Usages,  minerais  et  gisements 529 

Bibliographie  de  la  strontiane 530 

BaryuB  et  iMiytc 

Usages,  minerais  et  gisements 531 

Bibliographie  du  baryum 531 

L'aludne  et  aet  eompoaét 


Alun  et  alunite 532 

Bibliographie  de  Talon 533 

Argiles 534 

Argile  plastique 534 

Argile  smectique 535 

Argile  flguline 535 

Ocres  jaune  et  rouge 535 

Kaolin 535 

Bibliographie  du  kaolin 538 

Cryolile o39 

Mica 539 

Emeri 540 

Amiante 342 

Bibliographie  de  Tamiante 542 

Sables  quartzeux 542 

Sable  de  verrerie 542 

Sable  de  fonderie 543 

Craie  et  blanc  d'Espagne 543 

Usages  et  gisements 544 

Albâtre  calcaire 544 

Schiste  coticulaire 544 

Schiste  graphique 545 

Terre  cTombre 545 

Source!  thermo-minérales 

Définition 5*^ 

Formation  des  sources  thermo-minérales 546 

Carai      w-  d'une  source  thermo-minérale 547 

Débit 547 

GÉOLOOIB.  ** 


642  TABLE   DES   MATIÈRES 


Composition.  —  Température  des  eaux Mft 

Captage  des  sources 549 

Principales  sources  hydrothermominérales 5S1 

Geysers 584 

Bibliographie  des  sources  thermo-minérales  et  des  geysers  .  59S 

CHAPITRE  VU 

MÉTAUX    RARES 
L'argent  et  tes  minerais 

Propriétés  "physiques  et  chimiques.  —  Alliages 557 

Minerais  de  l'argent 55S 

Gisements 55t 

1*  Minerais  d'argent  proprement  dits,  en  filons 559 

2"  Cuivres  gris  argentifères • 57t 

3'  Galènes,  blendes  et  pyrites  argentifères 578 

Bibliographie  de  l'argent 57$ 

L'or 

Propriétés  physiques  et  chimiques.  —  Usages.  —  Alliages. .  577 

Composés 578 

Dorure 578 

Minerais  de  l'or 579 

Gisements 590 

!•  Filons  d'or 591 

Filons  tellurés 591 

2"  Alluvions  aurifères 592 

3*  Gisements  d'or  sédimentaires 699 

Bibliographie  de  l'or 605 

Platine 

Propriétés  physiques  et  chimiques » 997 

Usages  du  platine 998 

Composés : 608 

Minerais  du  platine  et  géogénie 999 

Gisements 609 

Bibliographie  du  platine 610 

Vanadium 

Usages  du  vanadium Bit 

Minerais  et  gisements 611 

Bibliographie  du  vanadium Bit 


^ 


TABLE   DES   HATIÈBES 

CHAPITRE  VIII 

PIEBIIES  PRËOEÏÏSES,  GEMIIES 

Diamant 


ni  proprement  dit.. 

j  Usages  du  diamaiit 

I  Taille  du  diamant 

I  GiaeiDenla 


Geaas*  qnârtmuM 

rlalal  de  roche  (caillou  du  Ubio) 

Aéthyste 

Ctlcédoine  (Agate,  onyx  et  coraaliae) 

Jupe  [pierre  de  touche) 

Ojale 


Arindon  (saphir,  gemmes  orientales  et  rubis] . . 
^rquoiie 

GemmM  «ilicatéea 

Td>paze 

EAicraude 

Lhzulite 

J^soujayet 

Bibliographie  des  diamants  et  des  pierres  précic 


J 


IN  U 


3  2044  032  867  27 


DATE  DUE 


OAYLOnO 


PRINTEO  IN   U