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HARVARD UNIVERSITY
GEOLOGICAL SCIENCES
LIBRARY
PURCHA8BD PROM
PART OP THE INCOMB
OP THE
ALBERT F. HOLDEN
BEQUEST
Transferred to
CE LIBRARY
005
JAN 91S
V
TOURS. — IMPRIMERIE DESLIS FRERES.
I 4
BIBLIOTHÈQUE DU GOMCTIUR Dl TRiTlDI PUBLICS
: ji^ ' —
GÉOLOGIE
KT
MINÉRALOGIE APPIJQUÉES
LES MINÉRAUX UTILES k LEURS GISEMENTS
PAK
Henri CHARPENTIER
inGÉ.fiet'R ciriL des mines
DIPLÔMÉ DR L'éCOLK SUPÉRlBUnE DES MI»EB DE PARIS
PARIS
v^* Ch. dunod, éditeur
LIBRAIRB DES PONTS ET CHAUSSÉES, DES MINES
ET DES CHEMINS DE FER
49, Quai des Grands- A iigustlns, 49
1900
TOURS. — lliPRIMERIE DESLI6 FRERES.
BIBUOTHSQIII DU GOlfOUGTEDR Dl TRiTiDI FDBLIGS
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57
GEOLOGIE
ET
MINÉRALOGIE APPIJQUÉES
LES MINÉRAUX UTILES & LEURS GISEMENTS
PAR
Henri CHARPENTIER
inoÉxiEcn CIVIL des mixes
&IPL.ÔVÉ DB l'école aUPÉRiBURE DES MINES OE PARIS
PARIS
V Ch. dunod, éditeur
LIBRAIRB DBS PONTS ET CHAUSSÉES, DES MINES
ET DBS CHEMINS DE FER
-49, Qaal des Grands- A iigustins, 49
1900
VI
COMITÉ DE PATRONAGE
HATON DE LA
GOUPILLIÈRE
HENRY (E.)
HUET
M* LE BERQUIER
MARTINIE
METZGER
MICHEL (J.)
Membre de rinstitot, Inspecteur général des Mines,
Direetenr de TEcole nationtle snpérieure des Mines.
Inspeetear général des Ponts et Ghnassées.
Inspecteor général des Ponts et Oisussées en retraite,
ancien Direetenr administratif des TraTsnx de larille
de Paris.
LAUSSEDAT (le Colonel) Membre de l'Institut, Directeur du Conserratoire
national des Arts et Métien.
Arocat i la Cour d'appel de Paris.
GontrMeur général de l'Administration de l'Année,
Ancien président de la Société de Topographie de
France.
Inspecteur général des Ponts et Chaussées, Directeur
des Chemins de fer de l'Etat.
Ingénieur en chef au Chemin de fer de Paris à
Lyon et à la Méditerranée.
Conseiller d'Etat, Directeur de l'Industrie au Minis-
tère du Commerce, de l'Industrie et des Postes et
Télégraphes.
Inspecteur général des Ponts et Chaussées, Direc-
teur de l'Hydraulique agricole au Ministèn de
l'Agriculture.
Professeur an Consenratoira national des Arts et
MéUera.
Le Président de l'Association philotecbnique.
Le Président de l'Association polytechnique.
Le Président de la Société des Anciens Elères des Écoles nationales d'Arts
et MéUers.
Le Président de la Société des Condueteura, ContrAleura et Commis des Ponts
et Chaussées et des Mines.
Le Président de la Société des Ingénieurs cirils de France.
Le Président de la Société de Topographie de France.
QUENNEC Directeur du Personnel de la Préfecture de la
Seine.
RÉ8AL Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, Professeur
à l'Ecole nationale des Ponts et Chaussées.
ROUGH^ Professeur au Conserratoire national des Arts et
Métien.
8ANOUET Président de la Société de Topographie parcellaira de
France.
TISSERAND Conseiller maître à la Cour des Comptes.
NICOLAS
PHILIPPE
PILLET
l Chtoaéit-
r (JD C»B«n*"
•DUOTHÈOirB DU GOIDUCTSDR DB TBATAUZ raBUGB
Comité de rédaeClon
8IKGS : 46, QUAI Dl L*BÔTIL-DI-VILLI
rilioD d* !'*'■*
1. TAnAflflIlBl "
fer A ft*'
)
JOL1BOI8
BOBTNAL
DAGREMONT
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PALCOU
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LAYE
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VIDAL
*^ ^
BurMiu
PKÉODBirr :
Condoeteur dM PonU et ChaattéM, Agent royer c«ntoaai
(Serriee ordinaire etTÎeinal de 1% I9eine), ancien Président
de la Société des Condvcteiure , ContiMeurt et Commis des
Ponts et Chaussées et des Mioek» Membre des Soeiétés des
Infénienrs cirils de France, dee Ingénieurs coloniaux,
des anciens élères des Beolet d'Arts et Métiers, de
Topographie de France, etc., Proresaeur à l'Association
philoteehniqne.
Sbcrrau» Obnbbal :
Ingéniear ciril, dessinatear industriel.
VlCIrPRSSIDBltn :
Condoeteur des Ponts et Chaussées, Sous-inspecteur de
l'Assainissement, Senrice municipal.
Chef de bureau à la Préfecture de la Seine, Chef du cabi-
net du Directeur administratif des services d'architec-
ture, des promenades et plantations.
Ancien commis des Ponts et Chaussées, Ingénieur des Arts
et Manufaetures (C* du Chemin de fer du Nord).
Condoetear des Ponts et Chaussées (Contrôle du Chemin de
fer du Blidi).
CANAL
OBJU8T
OIÉBOLD
MARTIN
SBCMT4IIUM :
Conducteur des Ponts et Chaussées, Contrôleur Comptable
des Chemins de fer (Orléans).
Condnelear municipal (SerTÎee des Eaux), Ingénieur des
Arts et Manufaetures, Répétiteur à l'École centrale des
Arts et Manufactures.
Conducteur des Ponts et Chaussées, Sous-inspecteur de
l'Assainissement, Serriee Municipal.
Avocat, professeur libre de droit.
VIII
COMITÉ DE RÉDACTION
Membres dp Comité :
AUGAMC7S
GUVILLIBR
DAROART
DARIÂS
DBCRBSSAIN
BYROLLES
HABY
HALLOUIN
loi^énieur dèt Arta «l Manuraeturea, chef d'atelier aux
ohemins de fer da Nord.
ContrAleor principal dei Minaa (Contrôle des chemins de fer
de rOuest).
Conducteur principal des Ponts et Chaussées (Service ordi-
naire et vicinal de la Seine).
Condaetear Municipal (Service des Eaux), Lfceneié es
Sciences, Professeur à l'Association philoteebnique et
à r£cole spéciale des Travaux publics.
Contrôleur principal des Mines (Service des appareils à
vapeur), Professeur à l'École d'Horlogerie.
Conducteur des Ponts et Chaussées, Membre de la Société
* des Ingénieurs civils de France, Directeur-Fondateur
de l'École spéciale des Travaux publies.
Ancien conducteur des Ponts et Chaussées, Rédacteur an
Ministère des Travaux Publics, Professeur à l'AssociaUo»
philotechnique.
Ancien Conducteur des Ponts et Chaussées, Inspecteur prin-
cipal de l'Exploitation commerciale des Chemins de fer
de rÉUt.
LÉVY-SALVADOR Ingénieur du Service technique de l'Hydraulique agricole.
MALETTE (G.) Conducteur des Ponts et Chaussées, Agent voyer can-
tonal (Service ordinaire et vicinal de la Seine).
Ancien conducteur de l'Hydraulique agricole, Rédacteur an
Ministère de l'Agriculture, Professeur à l'Associatioi»
philotechnique.
Conducteur des Ponts et Chaussées (Service du nivellement
général de la France).
Contrôleur principal des Mines (Service des appareils à
vapeur).
Conducteur des Ponts et Chaussées (Service ordinaire et
vicinal de la Haute- Vienne).
Conducteur des Ponts et Chaussées, Service municipal
(Métropolitain).
Conducteur Municipal, Chef du Service de l'Eclairage de
la 1** section de Paris, Secrétaire adjoint de la Société
de Topographie de France, Professeur à l'Association
polytechnique, Vice-Président de l'Association amicale
et de prévoyance des Employés municipaux de la Direc-
tion des Travaux de Parie.
Conducteur municipal, Chef de bureau de section.
PRADÉS
PRÉVÔT
RBBOUL
ROUX
8IMONET
SAINT-PAUL
WÉRY
\
A M. H. CHARPENTIER.
Cher Monsieur,
En souvenir de notre collaboration à Tétude de la
topographie souterraine du bassin houiller du Pas-de-
Calais, vous avez bien voulu me demander de présenter
au public votre Traité de Géologie et de Minéralogie
appliquées.
Je viens de lire avec beaucoup d'intérêt cette étude
8ur les gisements des minéraux utiles, que vous avez fait
précéder d'un résumé succinct, mais fort substantiel, des
connaissances de géologie générale utiles à Tingénieur.
J'ai reconnu, dans votre ouvrage, la trace des leçons des
maîtres éminents dont vous avez suivi renseignement
à TEcole supérieure des Mines; mais j'y ai surtout
retrouvé avec plaisir en maints endroits, la marque des
observations personnelles que vous avez recueillies et
notées, lors des nombreux voyages d'étude et de mis-
sion que vous fîtes en ces dernières années, tant en France
qu'à l'Etranger, notamment pour prospecter ou pour
mettre en exploitation les pétroles des Carpathes et des
Apennins, les lignites de l' Autriche-Hongrie et de la val-
lée du Rhin, les gisements manganésifères des Pyrénées,
les lits ardoisiers des Ardennes belges, et divers autres
gites houillers et métallifères.
En lisant votre ouvrage, j'ai été heureux de constater
que vous aviez su adopter une classification réellement
pratique reposant sur l'importance industrielle des
\ divers minéraux que vous. étudiez : c'est ainsi que vous
1
i
X PRÉFACE
passez en revue, en première ligne, les matériaux utili-
sés pour la construction, puis les minerais employés
dans la métallurgie; vous abordez ensuite le chapitre
des combustibles minéraux, qui jouent un rôle si impor-
tant dans rindustrie, et, à ce sujet, j'ai remarqué le soin
que vous avez mis à décrire notre beau bassin houiller
du nord de la France; vous terminez ce chapitre si
intéressant par une étude des plus soignées sur les hydro-
carbures, pétroles, asphaltes, etc., dont l'exploitation a
pris, depuis quelques années, tant de développement.
Après cette description très documentée des composés
du carbone et de leurs gisements, vient celle des miné-
raux utilisés par Tagriculture, les industries chimiques et
diverses industries d'importance secondaire, et votre
travail se clôt enfin par Texamen des minerais des
métaux rares et des pierres précieuses.
Pour chaque minéral étudié, vous donnez des indica-
tions détaillées sur ses propriétés, sur son emploi indus-
triel, sur son mode d'exploitation, sur le tonnage pro-
duit et sur le prix de vente, ainsi que sur la situation
géologique des divers gisements où on le rencontre.
Vous faites ressortir en première ligne, dans l'étude
des gisements de chaque minéral, les richesses que ren-
ferme la France, richesses qui sont, en général, assez mal
connues ; puis vous examinez successivement les autres
gisements de l'Europe et enfin ceux que présente le
reste du monde.
Vous terminez chacune de ces descriptions conscien-
cieuses par une bibliographie fort complète, qui évitera
de longues et fastidieuses recherches à ceux de vos
lecteurs qui voudront approfondir Tétude d'un minéral
déterminé.
En résumé, j'ai constaté avec grand plaisir, dans tout
votre ouvrage, beaucoup de méthode et de clarté ; vous
avez su éviter d'encombrer vos descriptions, de termes
PRÉFACE Xr
scientifiques qui, sans utilité réeUe, en auraient rendu
la lecture moins attrayante.
Dans de telles conditions, il est certain que votre
Traita de Géologie et de Min&alogie appliquées^ si riche
en renseignements de toutes sortes, rendra de grand»
services non seulement à l'ingénieur et au conducteur
de travaux publics, mais encore à toute personne qui,
sans avoir de réelles connaissances techniques, s*in-
téresse pourtant aux entreprises minières et aux indus-
tries qui en dérivent. A Theure actuelle, ces personnes-
sont nombreuses, en raison de Ténorme développement
qu*ont pris, en ces derniers temps, les charbonnages, la
métallurgie et les travaux publics et du haut degré de
prospérité que Tindustrie a atteint.
Votre ouvrage sera sûrement fort bien accueilli et
hautement apprécié, grâce à ses qualités que j'ai indi-
quées bien sommairement, il est vrai, et grâce aussi au
caractère personnel qui le distingue.
Pour ma part, je tiens à vous remercier d'avoir songé
à me demander de le présenter à vos lecteurs.
Votre bien dévoué,
A. SOUBBIRAN,
Ingénieur en chef des Mines.
TRAITE
DE
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
PREMIERE PARTIE
* f
PREaS DE GEOLOGIE GENERALE
AVEC éLÉMENTS
DE MINÉRALOGIE ET DE PALÉONTOLOGIE
Défiilition. — La géologie est la science qui a pour but
d^éludier la structure de la croûte terrestre.
Cette étude conduit à constater la trace des transforma-
tions successives des terrains et à rechercher quelles ont été
ces transformations et dans quel ordre elles se sont succédé.
La géologie traitera donc à la fois de la description des
matériaux qui composent notre globe et de la formation de
leur gisement. Ces matériaux se divisent en substances mi-
nérales et en substances organisées, dont Tétude appartient
à des sciences particulières qui peuvent être considérées
comme des chapitres de la géologie générale et qui sont : la
minéralogie aidée de la cristallographie et de la pétrographie ;
\SL paléontologie éclairée par la botanique et la zoologie.
La géologie proprement dite n'est, par suite, que l'histoire
des matériaux qui constituent le globe terrestre.
Ce précis de géologie comprendra les éléments de minéra-
logie et de paléontologie nécessaires pour définir et classer
les terrains et les substances minérales rencontrées et pour
déterminer leur âge.
GÉOLOGIE. 1
CHAPITRE I
PHÉNOMÈNES ACTUELS
La terre a été le théâtre d'une série de révolutions dont les
traces sont facilement reconnues par le géologue. Aujour-
d'hui encore sa forme n'a qu'une stabilité apparente ; conti-
nuellement les agents mécaniques ou chimiques en modi-
fient l'écorce.
On conçoit que les forces actuellement en jeu sont encore
celles qui ont présidé au bouleversement géologique avec
parfois un redoublement de puissance.
L'étude des agen,ts naturels qui continuent à modifier la
surface de la terre doit donc être le premier objet de la géo-
logie.
De ces agents, les uns sont externes, les autres internes.
Les premiers (atmosphère, eaux courantes, eaux de la mer^
eau solide, êtres animés) ont leur principe dans la chaleur
solaire ; à la faveur de cette chaleur, ils font perdre à l'écorce
terrestre sa cohésion, et les matériaux qui résultent de celle
désagrégation tombent, sous l'action de la pesanteur, jusqu'à
ce qu'ils aient trouvé une meilleure situation d'équilibre.
Les agents internes ont leur siège dans les profondeurs de
l'écorce, et leur source dans l'énergie calorifique propre du
globe ; leur action se traduit par les phénomènes thermiques,,
volcaniques et séismiques.
2 1 - AGENTS GÉOLOGIQUES EXTERNES
1. Action de l'atmosphère. — L'atmosphère agit par les
variations de température et surtout par les alternances de-
sécheresse et d'humidité ; clic pout ainsi modifier la surface
PHÉNOMÈNES ACTUELS 3
du sol et même désagréger les roches complètement. Le gra-
nité en fournit un exemple : il est formé de quartz, de mica
et de feldspath ; sous l'influence de la vapeur d'eau et de
Tacide carbonique de l'atmosphère, le feldspath, facilement
attaquable, se décompose en silicate alcalin soluble, qui es(
éliminé, et en silicate alumineux insoluble, qui persiste;
raltération de cet élément sufflt pour causer lentement la
désagrégation de la roche en menus fragments.
L'atmosphère agit, en outre, par sa force vive : les vents
transportent ces fragments et font naître les dunes, monti-
cules de sables qui atteignent jusqu'à 180 mètres de hauteur
(Sahara); les dunes se forment sur les continents (dunes
continentales) et sur les rivages delà mer (dunes maritimes).
L'atmosphère peut encore avoir, sur le sol, une action clii-
mique, soit par son oxygène, soit par son acide carbonique.
2. Action dr la mer. — Les eaux de la mer couvrent les
trois quarts de la surface du globe; poussées constamment
parles marées et les courants, elles produisent, sur les côtes,
des érosions puissantes, variables avec la nature des roches,
avec leur situation et la forme de leur talus; la puissance
destructive des vagues dépend aussi beaucoup de l'intensité
du vent.
Avec le temps, certaines côtes, minées par la vague, re-
culent peu à peu ; c'est ce qui arrive sur les rivages fran(;ais
et anglais de la Manche, où le recul des falaises a pour effet
d'élargir de plus en plus le Pas-de-Calais.
Parmi les matériaux provenant de. Térosion des falaises,
les uns, plus durs, demeurent sur le rivage, s'arrondissent
par le frottement continuel et deviennent des galets; d'autres,
moins cohérents, forment des graviers en avant des galets,
puis des sables fins; enfin les matières les plus fines ne
peuvent se dépos.er qu'au large, là où la vague est moins agi-
tée; elles forment ainsi, assez loin en avant des côtes, des
dépôts de boues ou vases, tantôt vertes, tantôt bleuâtres.
Les galets et les sables restés près du rivage sont sans
cesse en mouvement sous l'action des flots et peuvent che-
miner assez loin de leur point d'origine. Dans les anses des
rivages, où la mer est peu profonde et peu agitée, les sablos
cl les galets s'arrêtent au pied des promontoires qui 1er-
4 PBËCia DE GÉOLOGIE
minent les anses, et forment à l'entrée de la baie deux jetées
ou flèches qui Unissent quelquefois par se réunir, formant
ainsi un cordon littoral et transformant la baie en une
taijune ou un étang.
3, Action des ealï d'infjlthation. — L'air se charjçe de
vapeur d'eau au voisinage des océans et des grands lacs, sui^
tout du côté des mers tropicales; entraîné par les courants
atmosphériques vers les pâles, il subit un refroidissement, et
une partie de la vapeur d'eau qu'il contient se précipite sur
le sol h l'élit de pluie ou de neige. (En Europe, la proportion
d'eau de pluie tombée s'élève, en moyenne, chaque année,
à la hauteur de O^.SS.)
Si la pente du sol est faible, ou si le sol est perméable,
l'eau de pluie s'infiltre promptement. Les terrains per-
méables sont les terrains meubles (sables et graviers) et les
terrains fissurés (calcaires solides et grès).
Dans les terrains meubles il y a imbibition progressive et
production de nappes d'eau, qui s'écoulent par des sources
dans le fond des vallées et des ravins qui les entament.
Si, par exemple, on suppose un platean dont la surfoce est
formée de sables supportés par un lit d'argile, l'eau qui
s'est inflitrée à travers la couche de sable est arrêtée par l'im-
perméabilité de la couche d'argile ; des sources apparaissent
alors sur les flancs de la vallée aux points les plus bas des
ondulations formées par l'affleurement du lit argileux.
Quand une couche perméable se trouve enclavée entre
PHÉXOSIÈRES ACTUELS S
deux autres imperméables, l'eau de pluie esl retenue entre
ces deux dernières et forme une nappe souterraine. Dès lors,
, si par un sondage on atteint celle nappe, l'eau jaillit k la flur-
face du sol : c'est l'origine des sources artésiennes (flg. 1).
Dans les terrains Ossuiés comme les terrains ralcaires, les
eaux circulent i travers les fentes, lesélargissenteny créant
même des f^roltes et débouchent dans les vallées en sources
abondantes; c'est ainsi qu'est formée la fontainede Vaucluse.
En circulant dans les nombreux ranauï des grès ou des
calcaires, les eaux d'inHllration exercent des actions érosives
qui provoquent, à la surface, des effondrements ou des ébou-
lemenls.
4. Action ues kal'x courantes. — Si le sol est imperméable
ou encore si la pente esl trop forte, l'eau de pluie ruisselle à
la surface au lieu de s'infiltrer.
Elle agit alors par sa masse et par sa vitesse, et son action
dépend de la nature et du relief du terrain; l'érosion peut
se li-aduire par des effets remarquables (piliers, pyramides,
arcades, etc.).
Torrenti. — Dans les pays de montagnes, le terrain est
disposé de telle façon
q™ ]es enu,! pluvi.ics
se réunissent par de
nombreuses rigoles
dans une dépression
qui est le bassin de ré-
ceplion d'un torrent;
elles en sortentpur un
étroit couloir qui est i
le canal <f écoulement, '.
el, dans ces parcours, I
elles ne cessent de ra-
viner le .sol et les pa-
rois du canal, tant par
leur force vive que par
le choc des matériaux Fm. 1, _ CSn* de dcJMlirm d'gn lorrcnl.
qu'elles arrachent; en
arrivant dans la vallée, elles perdent leur vitesse, et les ma-
tériaux qu'elles transportent, sables, galets, boues, s'accu-
6 PRÉCIS DE GÉOLOGIE
mulent en un amas conique qui est le cône de déjection dtt
torrent (fig. 2). A mesure que ce cône s'allonge, la pente
du torrent diminue, ainsi que sa puissance mécanique.
Ce qui distingue le torrent des autres cours d'eau, c'est sa
rapidit»^ extraordinaire, ce sont surtout ses alternatives de
crues soudaines et de repos.
Rivières et fleuves. — Les eaux pluviales finissent toujours
par se réunir au fond des vallées, où elles donnent nais-
sances aux rivières, lesquelles forment les grandes artères
appelées fleuves.
Dans la partie supérieure de leur cours, les rivières, à
cause de la pente du terrain, ont une allure torrentielle et se
livrent à un travail d'afTouillement et d'érosion ; si elles dis-
posent d'une grande masse d'eau et d'une forte pente, elles
peuvent creuser des gorges profondes, telles que les cations
du Colorado ; si elles rencontrent des obstacles résistants, il
se forme des cataractes ou des rapides, et souvent les eaux
s'étendent en lacs derrière les barrages formés par ces obs-
tacles.
La rivière creuse ainsi son lit jusqu'à ce que la pente ait
diminué, et pendant ce travail elle ne suit pas un chenal
constant. Une fois la pente réduite, elle quitte son ancien lit,
ou lit majeur, et occupe un lit moins large, ou lit mineur,
dont la situation change dans la vallée.
Allavionnement. — Quand la rivière se déplace ainsi, elle
est dite divagante ; elle a pour caractère d'attaquer les par-
ties concaves de ses rives et de les faire ébouler; les produits
des éboulements, cailloux, graviers, sables et limons, sont
entraînés par les eaux et se déposent en alluvions au fond
du lit ou sur les rives convexes. C'est surtout à l'époque
des crues que se forment les alluvions; les sables et les
cailloux sont violemment charriés, et les eaux débordées
s'étalent sur une grande surface qu'elles recouvrent de limon
(silicate d'alumine ferrugineux avec des parties sableuses).
Enfin la pente se réduit de plus en plus; le lit prend une
largeur uniforme, et le cours d'eau est à Vétat de régime.
Travail des fleuves à leur embouchure. — l^" L'embou-
chure d'un fleuve peut être un estuaire profond, où la marée
•™ce son influence ; les limons apportés par le cours d'eau
PHÉNOMÈNES ACTUEI^ î
forment dans cette échancrure un bourrelet d'alluvions, qui
tend à oblitérer l'entrée du fleuve ; cette digue, ou6arre, se
déplace sous Taction des marées ;
2® Un fleuve peut avoir sou embouchure dans une mer qui
n'est pas sujette à de grandes marées; les matières qu'il
transporte se déposent dans Testuaire qui est alors large et
peu profond; ces dépôts sont augmentés au moment des
crues et sont favorisés par le cordon littoral ; ils forment
ainsi une sorte de ct'me de déjection, qui devient un Ilot
triangulaire tournant sa pointe vers la source du fleuve et le
divisant en deux branches; de là le nom de delta. Les deltas
tes plus connus sont ceux du Nil, du Rhône et du Mississipi.
6. Action de l'eau solide. — A différentes altitudes,
variables avec les pays, la neige tombée pendant la saison
froide ne fond point pendant Tété; elle devient persistante
ou perpétuelle. La limite des neiges perpétuelles correspond
à une altitude qui est de 2.700 mètres environ dans les Alpes
et les Pyrénées, 3.500 mètres au Caucase, kSOO mètres à
rÉquateur.
Neige. — La neige tombant sur ces hauteurs s'accumule
en masses considérables qui finissent par s'écrouler, en
entraînant des pierres et des roches et en formant ainsi des
avalanches. Mais, si la neige tombe dans un cirque d'où elle
ne peut s'échapper, elle donne lieu à la formation d'un
glacier.
Glaciers. — La neige ainsi accumulée dans le cirque ou
bassin de réception forme bientôt un amas d'un poids consi-
dérable, et la partie inférieure s'écrase sous l'effet de la
compression. Puis la compression, augmentant, abaisse le
point de fusion de la neige ; celle-ci fond alors en partie,
bien que la température soit inférieure à 0°. L'eau formée
slnllltre dans les interstices des cristaux do neige où elle se
congèle de nouveau. La neige est ainsi transformée en une
masse granuleuse parsemée de bulles d'air, et constitue ce
qu'on appelle le névé.
Sous l'action de son poids et de la pression des neiges
supérieures, le névé descend dans la gorge où débouche le
cirque, fond partiellement en arrivant u une zone de moindre
altitude, devient ainsi plus compact et se transforme en une
8 PRÉCIS DE GÉOLOGIE
glace consistante et translucide qui caractérise les glaciers,
La glace, inextensible, se couvre de. fissures et de crevasses,
qui sont bientôt comblées par les chutes de neige ou par la
congélation de Teau provenant d*une fusion superficielle. Tel
est, succinctement, le mécanisme de la formation d*un
glacier.
M onyement des glaciers. — Des objets perdus à la surface
d'un glacier ont été retrouvés plus tard à un niveau plus
bas ; les glaciers n'ont donc qu'une immobilité apparente, et
leur mouvement de progression a été Tobjet de mesures pré-
cises. En Suisse, la vitesse moyenne de la glace, à la surface,
varie depuis 2 centimètres jusqu'à 1",25 par vingt-quatre
heures.
Effets mécaniques des glaciers. — Les glaciers ayant, en
moyenne, une épaisseur de 30 à 40 mètres (cette épaisseur
peut atteindre plusieurs centaines de mètres), on comprend
que leur masse produise sur les roches encaissantes une éro-
sion puissante ; les blocs anguleux, entraînés avec la glace,
strient et polissent les roches des parois, ou bien ces der-
nières usent et arrondissent les graviers et les cailloux char-
riés. Sur le fond du glacier, Térosion est encore plus mar-
quée, et les roches, polies comme par une meule, prennent
<les formes arrondies {roches moutonnées). Le produit final
de Taction du glacier sur son lit est une boue fine, d'un gris
d'ardoise.
Effets de transport. — Le glacier entraine dans son mou-
vement tous les débris do roches que la pluie, la gelée ou les
avalanches détachent des escarpements qui l'encaissent; ces
débris forment le long du glacier deux traînées appelées
moraines latérales.
Si deux glaciers se réunissent en un seul, la moraine de
droite de l'un se joint à la moraine de gauche de l'autre, et
de cette jonction résulte une moraine médiane.
Tous les produits charriés par le glacier arrivent à son
extrémité, qui se termine par un escarpement à pic ; ils s'en-
tassent au pied de cet escarpement et forment un amas demi-
circulaire, qui est la moraine frontale^ mélange de boue fine,
de petites pierres, de cailloux polis et arrondis et de blocs
qui ont parfois des dimensions énormes.
PHÉNOMÈNES ACTUELS 9
Extrémité des glaciers. — Le glacier, en progressant,
arrive à une région dont la température est moins basse ; la
glace fond, et la quantité de glace que perd ainsi le glacier
peut être égale à la quantité de glace qui se forme en amont.
Le glacier se termine en ce point en laissant échapper un
torrent qui roule des eaux boueuses, mélangées parfois de
blocs volumineux.
D'ailleurs, cette extrémité subit un déplacement continuel,
car la quantité de glace qui disparaît par la fusion et celle
qui est apportée par les chutes de neige varient avec les
saisons.
Glaces polaires. — Dans les contrées polaires, la limite
des neiges perpétuelles s*abaisse au niveau de la mer et le
sol se couvre d'une immense nappe glacée. Cette nappe che-
mine avec une vitesse plus considérable que celle des gla-
ciers des Alpes ; comme la pente est à peu près nulle, cette
vitesse ne peut être attribuée qu'à l'énorme pression des
masses supérieures. Les glaciers polaires arrivent ainsi jus*
qu'à la mer; là leur extrémité, venant à surplomber, se
brise avec fracas en morceaux énormes, qui deviennent des
glaces flottantes^ ou icebergs.
Les glaciers polaires n'entraînent que très peu de pierres,
tandis que les banquises, glaces qui se forment le long des
côtes par congélation directe de l'eau de la mer, sont char-
gées de boue et de pierres provenant des falaises du rivage.
A la suite de violentes tempêtes, les banquises peuvent se
détacher et se briser en semant au fond de la mer les débris
qu'elles portaient (blocs erratiques).
0. Action chimique des eaux. — L'eau de la mer, par son
évàporation naturelle, produit les dépôts de sulfate de chaux,
de sel marin (marais salnnts) et même de chlorure de
potassium et de magnésium. Dans les mers très chaudes, les
grains de sable s'incrustent de carbonate de chaux résultant
de l'évaporation sur le rivage; de même, les galets des plages
s'agglomèrent en poudingues.
Les eaux météoriques (eaux de pluie), chargées d'oxygène,
oxydent les roches qu'elles traversent ; l'oxydation est
attestée par une teinte brune dans les terrains ferrugineux.
Ces eaux, par leur acide carbonique, peuvent dissoudre du
iO PRÉCIS DE GÉOLOGIE
calcaire dans les terrains où elles ont circulé; en arrivante
l'air libre, elles s'évaporent, et le calcaire se dépose autour
<les herbes ou des mousses en formant des tufs.
Quand les eaux calcaires s'évaporent lentement sur les
parois de cavités souterraines, elles produisent des stalac-
tiles partant de la voûte, et des stalaf/mites s'élevant du sol ;
ces incrustations sans cesse accrues flnissent par se rejoindre
et former des colonnes.
7. Action des organismes.— Les organismes ont conti'ibué,
par Taccumulation de leurs dépouilles, à l'accroissement de
l'écorce terrestre.
Mode de formation de la tonrbe. — La tourbe est le pro-
duit de la décomposition, sous l'eau, de certains végétaux
d'ordre inférieur, tels que les mousses, et, en particulier, les
sphaignes. Ces mousses ont besoin, pourse développer, d'une
eau limpide et d'une atmosphère humide avec une tempéra-
ture moyenne ne dépassant pas 8^ G. Dans ces conditions,
elles croissent rapidement, mais elles meurent du pied; la
base, constamment à l'abri de l'air, subit une décomposition
incomplète et passe à l'état de tourbe. Les tourbières se
développent surtout dans les régions tempérées et froides.
Lignite et honille. — Des débris de plantes ou d'arbres
peuvent être charriés par les fleuves dans les deltas, ou bien
des végétaux peuvent Atre enfouis sous des alluvions; la
fibre et l'écorce de ces végétaux se décomposent à l'abri de
l'air et se transforment en lignites.
La houille et Tanthracite proviennent aussi de la décom-
position de végétaux terrestres à l'abri de l'air; mais un cli-
mat tropical régnait dans toutes les régions où s'est formée la
houille. (Voir Géologie appliquée, chapitre des Combustibles
minéraux.)
Action des organismes marins. — Sur les côtes, les mol-
lusques marins, par l'accumulation de leurs coquilles, ont pu
former des dépôts puissants; telle est l'origine des roches
calcaires appelées lumachelles.
Loin des côtes on trouve, au fond de l'océan, une vase
blanchâtre contenant jusqu'à 96 0/0 de carbonate de chaux;
elle est constituée par de minuscules enveloppes calcaires de
foraminifères où dominent les globigérines.
PHÉNOMÈiNES ACTCELS
11
Dans les latitudes froides, des glaces flottantes, des algues
très petites, appelées diatomées^ et des radiolaires (foramini-
fères) forment une vase siliceuse.
Tous ces dépôts marins se forment lentement et n at-
teignent qu'une faible épaisseur.
Récifs coralliens. — Les polypiers, au contraire, qui
sécrètent, aux dépens du sulfate de chaux de Feau de mer,
un squelette calcaire, forment rapidement, près des côtes, des
massifs calcaires puissants et solides; vivant en colonie, ils
constituent une masse qui
s'accroît sans cesse par le /^«mv; flf^^l
sommet ou la surface, tan-
dis que la base meurt (/?9. 3).
La vague comble les in-
terstices de l'édifice, qui
devient compact et foi*me
un récif corallien.
Pour le développement
des organismes coralli-
gènes, il faut une eau
exempte de sédiments en
suspension, et la température ne doit pas descendre plus bas
que 20« C. au-dessous de zéro; la profondeur ne doit pas être
supérieure à une trentaine de mètres. D'ailleurs, les coraux
se développent mieux dans une mer tumultueuse, et leur
bord extérieur qui reçoit surtout les chocs de la vague est
le plus vivace et le plus élevé.
C'est ainsi que se forment les récifs frangeants qui sont ap-
pliqués contre la côte qui leur fournit un point d'appui, les
récifs-barrières, k quelque distance des côtes, et les atolls, récifs
annulaires avec lagune intérieure, qui s'élèvent en plein océan.
Sur le bord extérieur des récifs coralliens, les dépôts qui
se forment sont composés de débris de coraux; ces dépôts
s'agglomèrent en un calcaire compact qui peut devenir
coquillier; sur le bord intérieur, abrité contre le choc des
vagues, on trouve un calcaire plus tendre ; et sur la plage le
dépôt de carbonate de chaux autour des sables donne lieu à
la formation d'oolithes, qui, en s'agglomérant, constituent le
calcaire oolithiqtte.
Fio. 3.— Récif corallien.
12 PRÉCIS DE GÉOLOGIE
l 2. ~ AGENTS GÉOLOGIQUES INTERIIES
1'. PiiÉNOMENEs VOLCANIQUES. — Lcs volcans, qui mettent en
communicalion la surface du globe avec les matières fluides
situées au-dessous de Fécorce, se présentent sous la forme
d'une montagne terminée par un orifice en forme de coupe,
appelé cratère f où vient déboucher un canal auquel on a
donné le nom de cheminée. Quand le volcan est à Tétat de
repos, Texislence du foyer interne ne se traduit que par des
dégagements de fumée accompagnés de faibles explosions.
Au moment des éruptions, annoncées par des gronde-
ments du sol, le volcan lance au loin et à de grandes hau-
teurs des produits solides, cendres et scories embrasées,
des produits liquides ou laves, et des vapeurs qui forment des
nuages épais.
Cônes de débris. — Les premières projections du volcan se
composent de débris arrachés à la cheminée ou au cratère ;
le volcan lance ensuite des fragments de lave visqueuse et
des cendres qui ne sont autre chose que de la lave solidiflée
dans un grand état de division. Tous ces produits retombent
en averse autour de Torifice de sortie et y font naître un cône
de débris dont les dimensions sont variables et dont le talus
a une inclinaison de 35 à 4(R Ces cônes manquent de cohé-
sion et sont exposés à une lente destruction sous TefTorl des
agents atmosphériques, quand une éjection ultérieure de
lave ne vient pas les consolider.
Cônes advenUfs. — Au moment de l'explosion, les matières
lluides peuvent sVchapper par des fentes s'ouvrant sur les
flancs du volcan ; il se forme ainsi plusieurs éruptions laté-
rales dont les cendres et les scories produisent des cônes
adventifs pouvant atteindre 300 mètres de hauteur.
Laves. — I/émission des laves est le fait le plus important
de l'éruption. Les laves sont toutes formées desilicat.es; elles
donnent naissance à des roches solides en se solidifiant.
11 y a les laves acides ou légères^ riches en silice, en soude
et en potasse, et les laves basiques ou lourdes chargées d'élé-
ments ferrugineux qui leur donnent une coloration noire.
Les laves lithoïdes donnent, en se refroidissant, une roche
PHÉNOMÈNES ACTUELS 13
compacte; les laves vitreuses donnent une roche vitreuse;
la lave peut aussi être entièrement cristallisée ou renfermer
des cristaux qui se détachent sur une pAte compacte. Les
laves basiques, plus fluides, se solidiflent lentement en traî-
nées visqueuses ondulées: ce sont les laves cordées ; les laves
acides, peu fusibles, se couvrent d'une croûte de scories ; la
partie restée liquide dégage des gaz et des vapeurs qui dé-
chirent la croûte et donnent à la surface un aspect rugueux
(chèvres d'Auvergne).
Vitesse et température de la lave. — La vitesse de la lave,
qui dépend de sa fluidité, varie de 1 centimètre à plusieurs
mètres par seconde.
La température est très élevée et dépasse 1.000<>; la lave
peut conserver longtemps sa chaleur; cependant son action
calorifique ne s'étend pas sur un grand rayon.
Modes d*épanchemeiits de la lave. — i° La lave peut couler
à Tair libre par déversement ; elle forme alors une nappe plus
ou moins large, d'épaisseur assez uniforme, compacte à la
base et celluleuse en haut; son inclinaison est faible.
2° La lave peut aussi s'échapper par des Assures du
cône ; elle forme alors de véritables filons souvent verticaux,
sortes de murs en saillie appelés dykes.
3<* Elle peut quelquefois sortir en coulées discontinues ;
c'est le cas qui se présente pour les volcans à forte pente ; la
lave se solidifie alors en gros blocs qui se réunissent au pied
du cône.
Ëmanations gazenses. — Des émanations gazeuses s'échap-
pent soit des cratères en activité, soit de la lave incandes-
cente.
On appelle fumerolles des fumées blanches qui se dégagent
de la lave ; elles sont d'abord sèches à cause de la tempéra-
ture et sont surtout formées de vapeurs de sel marin; plus
loin se dégage de la vapeur d'eau acide à 300 ou 400<^ ;
puis des fumerolles alcalines et des fumerolles froides où
domine de la vapeur d'eau à moins de 100<>, mêlée à
de l'hydrogène sulfuré ; en dernier lieu se produisent des
émanations d'acide carbonique qui peuvent persister long-
temps, même après l'extinction du volcan. On trouve de
l'hydrogène et des hydrocarbures dans les produits gazeux,
14 PRÉCIS DE GÉOLOGIE
ainsi que des chlorures anhydres (chlorure de fer), de Tacide
borique, des sulfures d'arsenic, etc.
2. PuÉNOMÈNEs THERMAUX. — On Comprend sous le nom
de phénomènes thermaux d'autres manifestations de la cha-
leur interne, localisées dans le voisinage des anciens centres
volcaniques : ce sont les solfatares, les salses, les mofettes,
les geysers, etc.
Solfatares. — On appelle solfatares des dégagements vio-
lents de vapeur d'eau mélangée d'hydrogène sulfuré; ce gaz
se décompose en arrivant à l'air; une partie du soufre se
dépose et l'acide sulfureux formé se convertit en acide sul-
furique qui, réagissant sur les silicates des roches, forme des
sulfates (alun et gypse).
Les soffioni de Toscane, qui fournissent de l'acide borique,
sont aussi des solfatares.
Geysers. — Les geysorssonl des dégagements intermittents
d'eau bouillante, en jets qui peuvent atteindre 60 mètres de
hauteur. L'eau provient des infiltralions et doit sa tempé-
rature au voisinage d'émanations chaudes issues d'un foyer
volcanique souterrain ; cette eau contient en dissolution une
grande quantité de silice hydratée (geysérite), qui, en se
déposant autour de l'orifice de sortie, forme des concrétions
abondantes.
Les éruptions de? geysers sont intermittentes et ne durent
que peu de temps en général. Les geysers les plus remar-
quables sont le Te-ta-rata (Nouvelle-Zélande), dont les eaux
descendent en cascades sur une suite de terrasses siliceuses,
le Grand Geyser d'Islande, et ceux du Parc national du Yel-
lowstone (Étas-Unis).
Sources thermales. — Los eaux d'in filtrai ion s'échauffent
en pénétrant profondément dans un sol fissuré; la vapeur
d'eau produite les refoule vei^s la surface ; mais, à cause de
leur température souvent élevée, elles dissolvent, dans leur
trajet souterrain, des principes minéraux actifs, d'où le nom
de sources minérales qu'on leur donne souvent.
Le débit de ces eaux est variable; il en est de même de
leur température. (Voir Géologie appliquée,)
Salses. — Mofettes. — Les salses ou volcam de boue sont de
petites éminences eratériformes, d'où s'échappent, par érup-
PHÉNOMÈNES ACTUELS 45
lions discontinues, des flots d'une boue fine et salée et des
gaz hydrocarbonés (maccalube de Sicile;. Les salses de la
Caspienne, près de Bakou, rejettent surtout du pétrole.
Les mofettes sont des exhalaisons d'acide carbonique qui
caractérisent des régions où Tactivité volcanique est depuis
longtemps éteinte (ex. : grotte du Chien, près de Naples).
l 3. - EXPUCATIOH DES PHÈNOMÈIIES ÉRUPTIFS
L'influence de la chaleur solaire ne se fait sentie qu'à une
très faible profondeur du sol, et on peut trouver dans chaque
lieu une zone souterraine dont la température constante est
indépendante des variations atmosphériques; cette zone se
trouve à Paris à une profondeur de 10 mètres. Mais, si on
s'enfonce de plus en plus dans le sol, on constate, quelle que
soit la région, que la température augmente régulièrement
de 1*^ par :)0 ou 32 mètres. On est conduit alors à penser
qu'à une certaine distance de la surface la chaleur est suffi-
sante pour maintenir en fusion toutes les roches de Fécorce
terrestre; cette distance est relativement faible en comparai-
son de la longueur du rayon terrestre. On admet donc Texis-
tence d'un noyau fluide ^ reste de Tétat primitif de notre
globe.
De cette hypothèse on peut déduire Texplication des phé-
nomènes volcaniques : la masse fluide interne est leur foyer;
et, comme l'écorce a une épaisseur et une résistance très
variables, il se produit des mouvements du sol, et la masse
fluide se fait jour à travers les fissures, avec de violentes
explosions quand les gaz emprisonnés acquièrent une forte
tension.
A cause de l'énorme quantité de vapeur d'eau rejetée par
les éruptions, on a admis aussi l'intervention des eaux
marines; les terrains volcaniques étant très fissurés, les eaux,
qui sont à proximité, arrivent en contact avec les masses en
fusion et se transforment bmsquement en vapeur.
TremblemenU de terre. — La terre étant formée d'une
enveloppe relativement mince et de résistance variable,
entourant un noyau liquide ((ui so refroidit peu à peu et se
16 PRÉCIS DE GÉOLOGIE
contracte, il arrive que celte enveloppe se plisse et se
couvre de bourrelets et de rides, ou même se distend et se
déchire, à cause de son manque d'élasticité.
Les tremblements de terre sont des ébranlements très courts
caractérisés par un état particulier de trépidation du sol ; un
bruit sourd précède souvent Tébranlement qui se traduit par
des ondulations et plus fréquemment par des secousses.
Ces secousses se font sentir à des distances variables et
avec une vitesse qui dépend de la constitution des terrains ;
les terrains meubles, tels que les sables, propagent peu le
mouvement, mais sont plus bouleversés qu'un sol formé de
laves ou de roches calcaires. L'océan transmet les ébranle-
ments plus loin que ne le font les couches rigides de Técorce
terrestre, et il se produit une vague de translation dont les
efTets sont parfois terribles.
Des crevasses profondes se forment dans le sol à la suite
de ces secousses; elles se referment ou bien restent béantes.
Oscillations lentes. — On a observé aussi des soulèvements
el des affaissements du sol; ces mouvements s'apprécient sur-
tout le long des côtes, où le niveau de la mer fournit un point
de repère fixe ; ils peuvent être brusques ou se produire gra-
duellement et lentement. Ainsi on observe un exhaussement
en beaucoup de points de la côte française, en Artois, au
Groisic, à la Rochelle, et surtout sur les plages de la Tunisie.
Les côtes de Bret^igne en général et celles de Hollande
subissent, au contraire, un aiïaissement progressif.
Ces oscillations lentes sont pour ainsi dire insensibles et
nesont appréciables qu'après un grand nombre d'années.
CHAPITRE II
FORMATION DE L'tCORGE TERRESTRE
L'étude des agents internes a fait admettre Texistence d'un
noyau liquide à Tintérieur de la terre. On peut expliquer sa
formation, ainsi que celle de toute notre planète, suivant la
magistrale théorie due à Ixiplace et acceptée aujourd'hui par
la grande majorité du monde savant.
Théorie de Laplace. — Le système planétaire gravitant
autour du soleil ne formait à Torigi ne, avec cet astre, qu'une
nébuleuse pareille à celles que les plus forts télescopes nous
permettent encore d'observer dans le ciel.
Le refroidissement de la masse cosmique, qui formait cetle
nébuleuse, s efTectuant par suite du rayonnement intersidéral,
a eu pour résultat la concentration de la matière et Taccélé-
ration du mouvement de giration dont elle était animée. Ce
sont là deux conséquences du principe de la conservation
de Ténergie.Les fragments dont la concentration avait été lu
plus rapide se sont trouvés projetés loin du centre et ont
donné naissance aux planètes.
La terre a donc subi deux phases de transformation, une
première phase stellaire très courte, pendant laquelle elle
jouissait d'une lumière propre, une seconde phase planétaire
dans laquelle elle s'est éteinte, puis solidifiée.
Nojan centraL — La solidification a naturellement com-
mencé par l'extérieur, en emprisonnant un noyau fluide.
D'autre part, à Tépoque où toute la masse était liquide, les
matériaux qui la composaient ont pu se disposer par ordre
de densité. Les matières les plus légères et en même lemps^
G^.OLOGIE. 2
18 PRÉCIS DE GÉOLOGIE
les plus réfractaires montaient à la surface, tandis que les
lourdes masses métalliques bien fusibles gagnaient le centre.
Seuls quelques métaux facilement oxydables se mêlaient à
Técume siliceuse de la surface, semblable aux scories qui
viennent nager à la partie supérieure d'un bain métallique.
Ainsi s'expliquerait la forte densité du globe terrestre, com-
parée à celle des couches superficielles. Les calculs basés sur
la déviation de la verticale dans le voisinage d'une montagne
ou sur la variation des oscillations du pendule dans un puits
do mine prouvent que la densité de la terre est de 5,5 envi-
ron. Or Teau, qui occupe la plus grande partie de la surface
terrestre, a une densité égale à Tunité, et celle de la plupart
des roches connues varie entre 2 et 3 ; il faut donc que les par-
ties voisines du centre aient une densité bien supérieure.
La même remarque permet de donner une explication du
magnétisme terrestre. L'analyse spectrale, en révélant le
secret de la composition du soleil, semble prouver en même
temps que les profondeurs terrestres ne contiennent pas de
corps qui nous soient totalement inconnus. Le fer y joue
probablement un rôle important, grâce auquel il peut mani-
fester ses propriétés magnétiques.
Terrains primitifs. — L'atmosphère, composée des vapeurs
de tous les corps aisément volatilisables et séparée du noyau
interne par une couche de matériaux très mauvais conduc-
teurs de la chaleur, se résolvait en un liquide dont on ima-
gine les effets corrosifs sur la pellicule solide. De plus, au
moment de la condensation des chlorures et des corps alca-
lins, toute l'eau des océans était encore à Pélat gazeux, et,
rien ([ue de ce fait, la pression atmosphérique était 250 ou
300 fois plus forte qu'elle ne l'est actuellement; on conçoit,
dans ces conditions, l'importance de phénomènes analogues
par leur essence aux phénomènes actuels.
De l'action cristalline due au refroidissement et de l'action
de la pesanteur s'exerçant sur les particules arrachées par
les érosions à la croûte solidifiée, il est résulté un terrain à
la fois cristallin et stratiforme, qui a reçu le nom de terrain
primitif.
Ce terrain contient tous les éléments dont est formée
Técorce terrestre; car il n'est venu s'y ajouter par la suite que
FORMATION DE l'ÉCORCE TERRESTRE 19
la petite quantité de matières contenues dans Tatmosphère
des premiers Ages, en particulier le charbon, qui devait exis-
ter à cette époque à Tétat d'oxyde de carbone. Quant aux
venues éruplives, elles ont amené au jour, par les cassures
de l'écorce, diverses roches dont la composition chimique
est semblable à celle des terrains primitifs.
Sous rinfluence d'agents ne diiîérantde ceux qui viennent
d'être étudiés que par la puissance de leur action, tous ces
roatéiiaux, après divers remaniements, se sont superposés, en
couches sensiblement horizontales, au moins lors de leur
dépôt et ont ainsi formé les terrains ou les roches sédimen-
taires.
Par opposition, on appelle roches ignées les roches dues
aux formations primitives ou venues postérieurement de la
profondeur à travers les fractures de la croûte terrestre.
; 1 .— ROCHES IGNÉES
Composition des roches ignées. — Les roches sédimen-
taires provenant de la décomposition des roches ignées, il
convient d*étudier d'abord ces dernières.
La silice et l'alumine, deux corps éminemment durs et
réfractaires et d*une grande légèreté spécifique, ont parti-
cipé plus que tout autre à la formation de la croûte primi-
tive.
Ces substances, fondues par leur combinaison avec les oxydes
métalliques, ont cristallisé ensuite. Les oxydes qui dominent
dans les roches légères sont ceux des métaux les plus légers,
c'est-à-dire des métaux alcalins et alcalino-terreux.
Minéraux des roches acides. — Ainsi se sont formés, à
côté de la silice en excès qui s'est séparée à l'état de quartz,
des minéraux de roches dites acides, parce que la silice y
joue le rôle d'acide silicique. — Les types de ces minéraux
sont :
Les feldspaths, combinaisons de silice et d'alumine avec des
métaux alcalins et alcalino-terreux; on peut citer parmi les
feldspaths : Vorthose et le microcUne^ à base de potasse ; Valbite,
à base de soude; et Voligoclase, contenant de la soude et de la
chaux ;
20 PRÉCIS DE GÉOLOGIE
Les micas^ moins riches en silice, qui contiennent des
métaux plus lourds; ils sont colorés en noir par des oxydes
de fer et présentent une apparence feuilletée à cause de leur
division en lamelles flexibles et élastiques; .
Les chlorites, qui sont très voisines des micas, mais dont
les lamelles flexibles ne sont pas élastiques.
Pendant cette cristallisation des silicates métalliques, les
métalloïdes ont joué sans doute le rôle de dissolvants, et on en
retrouve la trace dans les minéraux accessoires. Telles sont
la tourmaline^ qui contient du fluor et du bore, le sphène et le
rutile où entre le titane, Vapatite qui renferme du pliosphore
et du chlore.
Minéraax des roches basiques. — Après les roches acides,
il s'en est formé d autres plus lourdes qu'on appelle rocher;
basiques, parce qu'elles contiennent moins de 65 0/0 de silico,
teneur qui est dépassée dans les roches acides.
Les minéraux qui les constituent, plus nombreux que ceux
des roches légères, peuvent se grouper en quelques grandes
familles :
Ce sont des feldspaths pauvres en silice, comme le labrador
ot Vanorthite.
Puis des minéraux où Falumine n'entre guère qu'à Téial
de mélange et dont la silice est combinée avec de fortes
proportions de chaux, de magnésie et d'oxyde de fer. Tels
sont : les amphiboles, où la magnésie l'emporte légèrement
sur la chaux, et parmi lesquelles on peut citer Vactinote et la
hornblende ;
Lespyroxénes, difTérentsau point de vue cristallographiquc,
mais chimiquement très voisins, tels que : la diallage eiVaugite,
qui sont des pyroxènes clinorhombiques; Venstatite et la
bronzite, pyroxènes rhombiques;
Les péridots, surtout magnésiens et plus basiques que les
silicates précédents : le principal est Volivine.
En résumé, l'instrument essentiel de la consolidation de
Técorce terrestre, c'est la silice qui, réfractaire et saturée d'oxy-
gène, est remarquable par la stabilité de ses combinaisons.
Un rôle analogue est joué dans le monde organique par le
carbone, élément constitutif de tous les corps vivants, et qui,
placé près du silicium, dans la série des corps simples, e^t
FORMATION DE l'ÉCORCE TERRESTRE 21
cependant remarquable par la facilité avec laquelle il se prête
à des compositions et des décompositions incessantes.
CLASSIFICATION DES ROCHES IGNBES
Les roches éruptives forment dans Thisloire du globe deux
séries bien tranchées. La première, commencée au début de
l'ère primaire, continue pendant la première partie de Tère
secondaire; elle est caractérisée parla forte teneur en silice
des roches qui la composent. L'activité interne cesse ensuite
de se manifester dans les époques connues sous les noms
de jurassique et de crétacée; puis, dans Tère tertiaire
et jusqu'aux temps actuels, les roches éruptives viennent
de nouveau se mêler aux dépôts sédimentaires.
Cette seconde période est caractérisée par des épanche-
ments de matières qui, encore acides au début, deviennent
de pins en plus basiques et de plus en plus lourdes.
On peut tirer de là une classification des roches, en roches acides
et roches basiques, divisées elles-mêmes en roches anciennes et
roches modernes.
La texture (c'est-à-dire le mode d'association des minéraux),
qui était cristalline au début, devient de plus en plus amorphe ;
c'est d'abord une pâte dans laquelle nagent des cristaux, puis
où les cristaux deviennent de plus en plus rares pour ne plus
laisser subsister qu'une pâte vitreuse.
D'après MM. Fouqué, Michel Lévy etde Lapparenl, la texture
cristalline a reçu le nom de type granitoïde, la texture
intermédiaire a donné le type trachytoïde, et la texture
amorphe a formé le type vitreux.
On supprimera ainsi des dénominations qui prêtent à l'équi-
voque, et particulièrement le nom de texture porphyrique, qui
a servi à désigner des roches si différentes que les progrès de
la cristallographie ne permettent plus de les classer ensemble.
Le mot de porphyre, qui signifie seulement roche rouge, à
cause de la couleur du porphyre rouge antique, a servi pendant
longtemps à désigner toutes les roches de texture analogue,
c'est-à-dire présentant de grands cristaux tranchants sur une
pâte à grains indiscernables. L'examen de ces roches à la
lumière polarisée montre que si, dans les unes, la pâte est
22 PRÉCIS DE GÉOLOGIE
amorphe, caractère qui les fait rentrer dans le groupe des
roches Irachytoïdes, les autres sont entièrement cristallines
et se rattachent aux roches granitoïdes.
Cette distinction est importante, caria texture des micro-
granulites, par exemple, prouve que, dans la seconde période
de consolidalion, la pâte au sein de laquelle se formait la
roche et les circonstances qui accompagnaient sa formation
étaient les mêmes que lors de la consolidation des premiers
cristaux. Pour les roches trachytoîdes, au contraire, les cir-
constances avaient complètement changé.
ROCHES ACIDES
A, Série ancienne. — Type granitoïde. — Le granité est un
agrégat de cristaux dans une pâte qui est elle-même cristal-
line. Il est formé de quartz, de feldspath et de mica.
Dans le granité porphyroïde, des éléments de feldspath ayant
jusqu'à 0'",10 de long tranchent sur le reste de la pâte.
Dans le granité à amphibole et dans le granité chloriteux ou
protogine^ le mica est remplacé par de Tamphibole ou de la
chlorite.
Le gneiss est composé des mômes éléments que le granité,
mais il s'en distingue par Torientation des lamelles de mica
en lits parallèles et par rallongement des grains de quartz.
Aussi est-il schisteux et fissile. C'est l'élément fondamental du
terrain primitif. On distingue le gneiss gris et le gneiss rouge.
Le gneiss granitoïde forme une transition ininterrompue
entre le gneiss et le granité.
Le micaschiste est essentiellement formé de quarts et de
mica. Il est encore plus feuilleté que le gneiss dont il se
rapproche eu se chargeant de feldspath. C'est aussi un des
éléments principaux du terrain primitif.
La granulite est une roche rose clair dans laquelle le mica
noir est remplacé par du mica blanc; en outre, le quartz et le
mica, beaucoup moins abondants que le feldspath, peuTent
n'être contenus qu'en inclusion dans celui-ci.
La pegmatite est une granulite à larges cristaux dans laquelle
le feldspath, de couleur très claire, forme de grandes plages
orientées uniformément.
FORMATION DE l'ÉCORCE TERRESTRE 23
Toutes les roches précédentes offrent ce caractère
commun qu'elles se montrent en massifs ou en amas, tandis
que les suivantes se présentent en nappes et en filons indi-
quant un épanchement de matière fluide.
Le porphyre granitoide est un granité auquel de grands cris-
taux de feldspath donnent Taspect porphyrique.
Dans les porphyres microgranulitiques^ la pâte ne montre
qu'au microscope polarisantsa texture cristalline; ellecontient
de grands cristaux clairs d'orthose et de quartz bipyramidé.
Type traghytoîde. — Le porphyre globulaire, formé de la
même pâte que les précédents, contient de petits sphérolithes
de matières amorphes ; une notable partie de la pâte est aussi
amorphe.
Le porphyre pétrosiliceux, dont la couleur varie du brun au
violet, présente des cristaux de quartz à angles vifs, associés
à de Torthose, à du mica noir ou à de Tamphibole.
Type vitreux. — La rétinite, ou Pechstein, ainsi nommée à
cause de son éclat résineux, est un verre naturel à cassure
conchoîdale; ses couleurs dominantes sont le brun et le vert
foncé avec taches rouges. Elle contient de 63 à 73 0/0 de silice.
1^ sanidine, ou orthose vitreuse, y paraît en reflets chatoyants.
Le vitrophyre esixm Pechstein porphyrique ofl'rant quelques
cristaux bien nets dans la pâte.
B. Série moderne. — Les roches acides sont beaucoup
moins importantes dans la série moderne. On donne le
nom de liparites à toutes celles, quelle qu'en soit la texture,
dont la teneur en silice exige la présence de quartz en liberté.
Type granitoide. — Les liparites granitoides sont représen-
tées par les granités de Tîle d'Elbe et de rAlgérie, à pâte
microgranulitique, où l'orthose appartient surtout à la variété
vitreuse ou sanidine. Après le long repos de la période secon-
daire, elles caractérisent un retour à la puissance de cristal-
lisation des premières roches acides, mais sans pouvoir arri-
ver à la formation d'aussi grands cristaux.
Type trachytoïde. — Les liparites trachytoïdes s'appellent
encore rhyolithes et porphyres quartzifères. Les roches con-
tiennent du mica noir, de l'amphibole, de Toligoclase et du
quartz; la pâte complètement amorphe est d'une couleur
claire, rosée ou violacée.
24 PRÉCIS DE GÉOLOGIE
On a appelé trachytes toutes les roches d'origine volca-
nique caractérisées par la rudesse de leur toucher (d'où leur
nom qui veut dire rude) et qui représentent Télément acide
des épanchements dont le basalte est le ternie basique. On
réserve plutôt aujourd'hui le nom de trachytes aux roches
acides de ce groupe dont Torthose ou la sanidine est l'élé-
ment dominant.
Les trachytes sont donc formés d'une pâte feldspathiquc
dans laquelle sont répandus de gros cristaux de sanidine
avec d'autres, plus petits, de pyroxène et de hornblende.
La phonolite est un trachyte dans lequel la néphéline ou
la leucite remplacent en partie la sanidine. La pâte présente
souvent un état de cristallisation assez avancé.
Les andésites comprennent presque tous les trachytes des
anciens auteurs. Le feldspath qui les compose est un plagio-
clase et souvent du labrador. La teneur en silice y atteint
66 0/0, et le quartz se sépare parfois en cristaux. On en dis-
tingue trois espèces suivant que le minéral associé au plagio-
clase est le mica noir, l'amphibole ou le pyroxène.
Type vitreux. — Le type vitreux est celui qui rappelle le
plus la série ancienne. Les liparites vitreuses sont de véri-
tables rétinites. Les perlites sont des rétinites qui présentent
une agglomération de petites sphères formées d'écaillés con-
centriques apparaissant sur les surfaces de cassure comme
des perles.
{.^obsidienne ou verre des volcans est noire ou vert foncé,
elle contient de 60 à 80 0/0 de silice. Sa composition chimique
est à peu près cdle de Forthose. Sa densité est de 2,41 à 2,57.
La ponce est de l'obsidienne poreuse dont la densité est
légèrement inférieure à 2.
ROCHES BASIQUES
A. Série ancienne. — Type granitoïde. — La syénite est
un véritable granité sans quartz où l'amphibole remplace
ordinairement en partie le mica qui y est toujours noir. On
distingue les syénites à amphibole, les syénites à mica noir
et les syénites à augite, où le pyroxène l'emporte sur
l'amphibole.
FORMATION DE L*ÉCORCE TERRESTKE 25
La mitiettey ou ortholite, d'après le service de la carte géolo-
gique, est une syénite très micacée, c'est-à-dire qu'elle se
compose de petits grains d'orlhose soudés par du mica. Elle
correspond, dans la série précédente, aux porphyres grani-
toïdes.
La kersantite, ou kersanton, est encore une roche foncée
formée de mica magnésien avec un plagioclase au lieu d'orthose.
La diorite est un mélange granitoïde de plagioclase et de
hornblende. On distingue la diorite à oligoclase et la diorite
à labrador, suivant le plagioclase dominant.
Le gaJbhro est une roche verddtre formée de plagioclase et
de diallage.
Dans la diàbase la diallage est remplacée par du pyroxène
augite.
La diallage et le pyroxène peuvent être remplacés en par-
tie par du péridot; on a alors des roches dont quelques-unes
contiennent, en outre, du feldspath et qui sont les péridotites.
Celles-ci se décomposent facilement en donnant une roche
verte très répandue, la serpentine, qui n'est, en somme, qu'un
silicate hydraté de magnésie.
Type trachytoïde. — Vortophyre a la même composition
minéralogique que la syénite et la minette; on l'appelle aussi
porphyre syénitique. On en connaît des variétés noires et
d'autres brunes. •
La porpkyrite accuse une structure encore plus fluidale.
Le porphyre rouge antique et le porphyre vert antique
rentrent dans cette catégorie, qui contient toute une gamme
de porphyres verts et bleus.
Le mélaphyre se compose de cristaux de plagioclase, de
péridot et de magnétite. C'est une roche noir verddtre.
fi. Série moderne. — Type granitoïde. — Veuphotide
est l'équivalent du gabbro de la série ancienne; c'est encore
un composé de plagioclase et de diallage.
I^ diallage peut être remplacée par du pyroxène augite ;
on a alors la dolérite correspondant k la diabase.
Les péridotites de la série moderne donnent, comme les
anciennes, une série de serpentines correspondant à chacune
de leurs variétés.
Type trachytoïde. — Les basaltes sont des roches compactes
26 PKÉCIS DE GÉOLOGIE
à cassure esquilleuse de couleur noire. Par le retrait, les
coulées de basalte se divisent en prismes hexagonaux nor-
maux à la surface de la coulée. Leur teneur en silice est de
43 0/0. La pâle est formée de labrador, d'augite, d'olivine et
de roagnétite. Les cristaux sont du pyroxène, de la magnétite
et surtout de rolivinc.
Dans les téphrites la néphéline remplace le labrador; Toli-
vine est ordinairement absente.
Dans les leucitophyres, le labrador est remplacé parla leuci te.
Type vitreux. — Le type vitreux est représenté par les
vitrophyres basaltiques qu'on a distingués en tachylites et
A^a/omé/anes, suivant qu'ils sont solubles ou non dans les
acides. Ce sont des verres naturels basiques riches en péri-
dot; leur- teneur en silice est de 50 à 53 0/0.
g 2. -^ ROCHES SÉDIMENTAIRES
Les formations sédimentaires sont dues à trois sortes de
dépôts. Les dépôts détritiques, les dépôts chimiques et les
dépôts organiques.
Dépôts détritiques. — Les dépôts détritiques ou élastiques
résultent de Faction de l'atmosphère, de la mer, des eaux
d'infiltration, des eaux courantes et des glaciers sur des
roches préexistantes.
On peut les diviser en deux groupes : les dépôts arénacés
et les dépôts argileux, suivant qu'ils sont formés de grains
discernables ou (}ue, tenus longtemps en suspension par les
eaux, ils ne forment plus qu'une poussière impalpable. *
Les premiers sont le plus souvent formés de silex et de
roches dures, tandis que les seconds contiennent surtout
des silicates alumineux et des calcaires.
Quand ils sont de formation marine, les dépôts arénacés
sont des dépôts de rivage, tandis que les roches argileuses
ou vaseuses sont des formations de haute mer.
!• Dépôts arénacés. — Suivant leur grosseur, les dépôts
arénacés reçoivent le nom de blocs erratiques, galets, gra-
viers, sables, quand ils sont à l'état de dépôts meubles.
Mais le plus souvent ces dépôts, traversés par les eaux
d'infiltration, se sont agglomérés.
FORMATION DE l'ÉCORCE TERRESTRE 27
Les gros fragments ainsi réunis sont des brèches ou des
poudingues, suivant que leurs éléments sont anguleux ou
arrondis.
L'agglomération des sables par un ciment quelconque
quartzeux, calcaire ou ferrugineux, a donné les grès,
2*> Dépôts argileux. — Les dépôts argileux sont constitués
par des silicates d'alumine hydratés mélangés de quartz et
de mica en poudre et souvent colorés par Toxyde de fer.
Quand les éléments sont à leur plus grand degré de
finesse, il en résulte un produit sans consistance, le limon
ou lehm; s'il est calcarifère, c'est le loess.
Les argiles sont compactes et sans stratification, comme
un précipité chimique, ou bien elles sont schisteuses. Par
l'efTet du métamorphisme, elles peuvent devenir feuilletées
et donnent les phyllades et les ardoises.
Dépôts chimiques. — Les dépôts dont l'origine est unique-
ment due à un phénomène chimique occupent un espace
moins important que les autres.
Les meulières sont dues à un dépôt chimique de silice.
Les travertifis calcaires et les tufs sont formés par la préci-
pitation du carbonate de chaux contenu dans certaines
eaux.
Le sel gemme, Vanhydrite et le gypse prennent souvent
naissance par la réaction de vapeurs sulfureuses sur le cal-
caire.
Les dépôts de soufre sont formés par la décomposition du
gypse ou sulfate de chaux au contact d'hydrocarbures.
Enfin on peut encore citer la dolomie, les silex de la craie,
les nodules de fer carbonate du terrain houiller et les ménilites
siliceuses de certaines marnes.
Dépôts organiques. — La plus grande partie des calcaires
a été formée par la voie organique ; ce sont des débris de
foraminifères, de polypiers, d'échinodermeSyde mollusques, avec
des restes siliceux de radiolaires, d'épongés et de diatomées.
Il en a déjà été question à propos dos récifs coralliens. Il en
sera parlé plus longuement dans la géologie appliquée.
Le tripoli, ou farine fossile, est constitué par des diatomées
ou algues siliceuses.
Enfin la tourbe, le lignite, le jais, la houille, V anthracite et
28 PRÉCIS DE GÉOLOGIE
les huiies minérales sont dus à des débris de plantes orga-
nisées.
{ 3. - ROCHES MÉTAMORPHIOUES
On désigne sous le nom de métamorphisme la modification
subie par les roches (par les roches sédimentaires surtout)
postérieurement à leur dépôt; cette modification est due
soit à des actions mécaniques (métamorphisme mécanique),
produites lors de la formation des montagnes, soit à des
actions calorifiques ou chimiques exercées par les roches
éruptives sur les terrains qu'elles traversaient.
Métamorphisme mécanique. — Sous Tefîetdes compressions
énergiques développées pendant les phénomènes orogé-
niques, les roches sont devenues schisteuses et cristallines;
c'est ainsi que des argiles molles et plastiques ont été con-
verties en schistes ardoisiers et des calcaires amorphes en
calcaires cristallins. Sous Tinfluence de la chaleur produite
par la pression, Teau qui imprègne les roches a été sur-
chaufîée et a dû suffire pour provoquer des cristallisations
partielles et donner naissance à des minéraux dans les argiles
ou les calcaires comprimés.
Métamorphisme d'influence. — Quand les roches éruptives
s'épanchent à travers les sédiments, elles peuvent les modifier
dans leur composition ou leur structure : l*' Si la modification
est due à laxihaleur de la roche injectée, elle ne se produit
que sur une zone de peu d'étendue; ainsi, au contact du
basalte, les grès se fendillent ; dans de pareilles conditions,
los calcaires durcissent, l'argile passe à l'état de porcelanite,
la houille à l'état de coke ; 2° quand les roches injectées sont
des roches granitiques, riches en silice, de véritables actions
chimiques se produisent et le métamorphisme se manifeste
à plusieurs centaines de mètres du contact, car les dissol-
vants (eaux chaudes ou vapeur sous pression, chargées de
principes actifs), qui ont concouru à la formation de ces
roches, se sont répandus dans les terrains traversés.
Ainsi, au voisinage du granité et de la granulite, les
FORMATION DE l'ÉGORCE TERRESTRE 29
schistes deviennent noduleux ; plus près du contact, ils
deviennent maclifères, c*est>à-dire renferment des cristaux
prismatiques de macle ou chiastolite, silicate d'alumine à peu
près pur résultant de la cristallisation du silicate alumineux
des schistes; au contact même, il y u formation de paillettes
de mica noir.
Dans les calcaires, les granités font apparaître des
minéraux nouveaux, silicates d'alumine, de chaux et de fer,
dont les éléments sont empruntés à la roche éruptive et
aux calcaires; tels sont les grenats • grossuluire, mélanilf\
idocrase).
! 4. - FILONS
Les nions sontdes cassures ou des fentes traversant Técorce
terrestre, qui se sont remplies de substances diverses sous
reffet de causes très variées. Les filons sont miHallifères
quand ces substances peuvent fournir des métaux usuels.
Les matières métalliques ont été apportées avec los masses
liquides injectées, ou bien ont été déposées, par voie do
sublimation, par les vapeurs émanées de ces masses; d'autre
part, les eaux d'infiltration venant de la surface ont détermin*^
dans ces fentes des phénomènes divers, dissolutions, ron-
crétions, cristallisations.
\A où Tair extérieur n a pas eu accès, il s'est formé surtout,
avec les gangues, des sulfures métalliffues. La partie supé-
rieure des filons a été notablement oxydée par Tair apport**
par les eaux de la surface.
I^ puissance des filons, ou épaisseur mesurée normale-
ment aux parois, est très variable ; elle peut n'être que de
quelques centimètres ; elle varie aussi dans un même filon ;
les filons en chapelet présentent une série de renflements el
d'étranglements.
La direction des filons est voisine de la verticale ; les parois
de la roche encaissante sont les èpontes, dont l'une est le toit
et l'autre le mur; entre les épontes et le filon, il y a souvent
une couche de matières argileuses appelée salbaude.
32
PRÉCIS DH GÉOLOGIE
PREMIER GROUPE *. MINKRAl'X
XOMR
Silice anhydre
Au plus 1 0/0 d'eau
dans le Q. silex.
DeDsilé : 2,6
lofusible au chalumeau
[Insoluble dans les acides
et les solutions alca-
lines.
Dureté : 7
^ Fait feu au briquet, en
dég^ageant l'oi
pierre à fuvil.
^ I dég^ageant l'odeur de
\
Densité : 22 (celle du
Q. artificiel 1. fondu).
Silice hydratée
(3 à 15 0/0 d'eau)
Densité : 1,9 à 2,3. —
Soinble dans les solu-
tions alcalines bouil-
lantes.
Dureté : 5 à 6
Quartz hyalin.
Q. compact
ou quartzite.
O. Agate
ou Calct^dotne.
Q. Jaspe.
Compact
Pierre à fusil).
r6lb litholooiqcb
En grains dans beaucoup de
roches, en filons, en géodes
(caTilés tapissées de cristaux;,
sables, grès.
Parait résulter de la méta-
morphisation d'anciens grès.
Dans les terrains primitif ou
les terrains de transport pro-
venant de ceux-ci.
En filons ou en rognons géo-
diques dans les roches erislal-
Knee. Se trouve aussi dans lo
jurassique.
[Carié
Pierre meulière).
Parait résulter de la méta-
morpbisation de roches argi-
leuses très siliceuses. — Ainsi
se forme de nos jonrs la por-
celanite ao contact des houil-
lères embrasées.
Dans le« terrains anthrari-
fèrcs secondaire» (lits de ro-
gnons dans la craie) *-t ter-
tiaires.
Q. Tndymile.
En blocs on en bancs dans les
argiles tertiaires.
0. Résinile.
Dans certains trachytes.
Dans les terrains sédimen-
ts ires, porphyriques, flioos raé^
lanifères.
Q tt-rreux.
FORMATION DR L ÉCORCE TERRESTRE
33
OL'ARTZEUX (silice)
PmifClPAVX CARACriRBS
KMPLOlt
Cristallin. — F. babilaelle : Prisme hexagODal bipyramidé.
\ — DoublameDt réfriafenl. — Transpareot et incolore ion-
. qu'il est pur (cristal de roche). — Eclat vitreux dans la
cassare.
f
Grenu ou compact. — Pen d'éclat. — Couleur gnê blan-
cbAtre. — Slruet. sourent pseudo-régulière en parallé-
lipipédes.
Lunetterie, Verrerie,
Mortiers (coastraetion).
Moellons, etc.
i Concrétionné et souvent mamelonné. — Translucide. —
* Tantôt incolore, tantôt rersicolore et rubanné. — Mélange
j intime de Q. cristallin et de Q. amorphe.
Analogue i l'agate, mais non translucide . — Généralement
unieolore. — Appelé parfois silex corné.
S
I
Généralement en rognons tuberculeux ou ramiflés. — Cas-
sare esouilleuse, translucide sur les bords. — Couleur terne,
quelquefois rubanné.
I Structure cariée, surtout dans les masses de foible dimen-
I sioa. — Peu translucide.
\ Connu seulement en lamelles cristallines microscopiques.
Non cristallisablo
Eclat résineux
Opale. — Translucide et nacrée.
Résinite. — Variété commune en reines,
plaques, rognons, etc.
1 En rognons ou ( Silex neetique. — Flotte sur l'eau.
/ en masses. i Tripoli (Bohême).
( Texture poreuse ^ Randanile (Auvergne).
I
Pavsges.
Joaillerie.
Pierres d'ornement,
de touche.
Moellons de blocage
Pierres à fusil.
Meules,
Moellons.
Joaillerie.
»
Poudre à polir.
Fabric. de la dynamite
GiOLOOIB.
34
PRÉCIS DE GÉOLOGIE
deuxieme groupe : mineraux silicates
[aj silicates
nous
Orthose
ou Orthodase
(65 0/0 de silice enviroD).
4>
9
•I
9 CO
/
9
1 S-
I s.
° S"
a
o
S
x
Sanidine
Pétimzé
PélrosUex
U 'O
S .2 5
'S «3
Oligoclase
( ;2 0/0 de silice)
o
Ou
SB
S •"
CL a»
6c"g.S
^ « o
o fi .ts
fr4 0.6
Labrador
(53 0/0 de silice)
FeUUpeUhotdet
DifTéraDt des feldspaths surtout par^
la forme de leurs cristaux et par leur]
facilité d'attaque aux acides.
Lencite
appelée aussi amphigène
Néphéline
FORMATION DE l'ÉCORCE TERRESTRE
35
(silicates de diverses bases)
aluminbux
rAlb utbolooiqob
\
Elément essentiel des roches
grsoitiqaes.
^Élément essentiel de beeu-
( coup de roches trsehy-
tiques.
*Se trouTe dans les terrains
granitiques.
Élément fréquent des roches
porphyriques. Se trouve
aussi en amas ou filons
dans les terrains grani-
tiques.
En cristaux ou en masses
lamellaires dans les gra-
nite^, gneiss, porphyres,
diorites, etc.
lElément essentiel des méta-
< phyres, basaltes, etc.
^Se rencontrent dans les roches
] volcaniques anciennes et
modernes.
PRIKCIPAOX CARACTiaeS
(R2.All.Si«.0l6.). Contient parfois un peu de Na. —
Inattaquable aux acides. — Blanche, blanc rouge&trc,
roug^ de cbair, verdAtre.
(Ryarolile, Feldspsth vitreux). — Texture fendillée.
Couleur gris clair. — Eclat vitreux.
Structure lamellaire. — S'associe au Icaolin pour la fabri-
cation de la p&te à porcelaine.
Magma feldspathique avec excès de silex. — Text. com-
pacte. — Cassure esquilieuse, quelquefois translucide
sur les bords.
(Na3.Ca3KtAI4.Si9.02«.) — Contient parfois Mg.
taquable par les acides.
— Inat-
(Ca.NaS.Al^SiS.OlO.). — Un peu plus fusible que Toli^o-
clase. — Presque complètement attaqué par l'acide
ehlorhydiique.
(K2.AI2.Si*.0'2.). — Syst. cubique; cristaux en trapé-
zoèdres. — Infus. au chalumeau. Complètement attaqué
par les acides sans faire gelée. — Gris clair. — Eclat
vitreux. Cassure conchoTde.
(Na.K.Al2.Si2.08.). — Prismes hexagonaux. — Diffici-
lement fusible. — Fait gelée dans les acides. — Inco-
lore ou grisAtre. — Eclst vitreux. — Cassure conchoTde.
36
PRÉCIS DE GÉOLOGIE
deuxième groupe *. minéraux silicatks
(a) silicates
710118
s
Micas
(40 0/0
de
silice).
S *
A 1203, avec substitution partielle de Fe£03
et
soit MgO, /
soit KO, adjonction fré- \ accompagnées de divers
(^uente de fluor et de j alcalis.
lithine. '
Séricite. — Silic. hydraté de Alâ03,K0.
Chlorite. ~ Silic. hydraté de AlS03,MgO,FeO.
Argilea
Silicates d'Al<03 hydratés ou non, mais
contenant toujours une certaine quan-
tité d'eau qu'on ne peut pas faire dis-
paraître sans modifier leur nature.
Conticnn(>nt, en outre, habituellement du
carbonate de chaux, de l'oxyde de fer,
de la magnésie, etc.
Kaolin
(argile pure à porcelaine).
o
A. Plastique
(à faïence fine).
A. Figuline
(à terms cuites).
A. smeetiques
(terres à foulon).
FORMATION DE l'ÉCORGE TERRESTRE
37
(SILIGATKS DE DIVERSES BASES)
ALUMiNEUx (suite)
iiAls utholooiqvi
Elément euenliel des gra-
nités, gatisfl, mieasehistes.
sehistes argileux. •— Fré-
Îaent dans certains grès et
ans certains sables quart
zeuz.
Elément essenUal des schistes
sériciteox.
PRISCIPAOX CASAcrtass
En lames ou lamelles d'un éclat de nacre, élastiques,
— Peu fusibles. — Peu attaquables aux acides. —
Rayés par l'ongle. — Doux au toucher.
Micas magnésiens : Noirs ou d'un brun foncé.
Micas potassiques : Blanc d'argent, rerdAtres, rou-
geitres, bruns.
Paillettes Terdâtres, satinées, onctueuses au toucher.
Elément essentiel de la pro-
togine et des schistes chlo
ritenx.
Proviennent de la décomposi-
tion des silicates alumineux
et surtout des feldspaths.
Dans les terrains granitiques :
sous l'action de l'air, les
feldspaths des granités se
décomposent en carbonates
alcalins et silicate d'alu-
mine, ce dernier insoluble
(kaolin).
Forment dans le sol des ter
raine secondaires et ter
tiaires des couches imper
méables à l'eau (terres
glaises, terres fortes). —
Produites par roie de Irans
port.
En couches dans les terrains
jurassique et crétacé.
Lamelles hexagonales Tcrt jaunltre. — Onctueuses au
toucher. — Non élastiques. — Apparence souvent
grenue.
Texture terreuse. — Friables lorsqu'elles sont sèches,
piteuses lorsqu'elles sont mouillées. — Happement à la
langue. — Odeur argileuse. — Couleur d'un blanc
terne, souvent modiQée par des matières étrangères.
Blanc. — Fait difficilement p&te aTec l'eau. — Mélang<^
de feldspath (pétunzé), il se ritrïfie à moitié à la cuisson
(pâte à porcelaine).
Font arec l'eau une pAte plus ou moins liante qui, calcinée
au roup^, prend un fort retrait et devient dure, sonore.
PuWénsées alors, fournissent la pouuolaoe artificielle
(mortiers hydrauliques).
Très tendres. — Très hydratées. — Font arec l'eau une
EAte peu liante. — Happent peu à la langue. — Absor-
ent facilement les corps gras (terres A foulon).
38
PRÉCIS DE GÉOLOGIE
DEUXIÈME GROUPE (SUlte) l
Amphibole
(Silicate de CaO.MgO)
Pyroxèoc
Silicate de CaO,MgO, FeO
(50 0/0 de silice enriroD)
Variétés d'amphibole
et de pyroxène
Péridot (ou olivine)
(Silicate de MgO,FeO)
Talc
Silic. hydr. de MfcO
(62 0/0 de silice environ}
Serpentine
Silic. hydrat. de Mg:0,FeO
r6lk LITBOLOaigUK
|Elle figure dans beaucoup de roches cris-
tallines. Forme à elle seule les amphi-
bolites.
[Roches Tolcaniques diTerses.
iRoches ophiUques.
.Très abondant dans certains basaltes.
YEn petites masses dans les schistes séri-
'. cileuz, la protog^ne et les roches ser
/ penlineuses.
\
Provient souvent du péridot par déeom-
I position.
Glauconie. Silic. hydrat. de KO,FeO iOrès et calcaires glauconieux.
FORMATION DE l'ÉCORCE TERRESTRE
39
(b) silicates peu ou point alumine ux
PRINCIPAUX CARACTUeS
a
O
A.
.1
3
•g
>
Hornblende (noire) ](Ca8.lfg«.Si9.0M}. Les variélée fonces eontieunent en outre
FeO et Al^QS. — Prismes rhomboldaux obliques tTee
deox clivages faciles, ptrall.aux faces lalér. du prisme.
— Densité : 2,9 à 3,5. — Assez facilement fusible. —
Inattaquable aux acides.
Aetinote Terte
I.
Augite (noir)
Diallage (Terte)
I
(
|(Ca.Sig,Fe.SiO''f.)* — Mêmes propriétés, sauf des angles
un peu différents. — Toujours moins fusible que la
bomblende.
Aabeste. >- En Qlaments adhérents.
Amiante. — En filaments libres.
(Mg2.Fe9.5i.04.).— Prisme droit à base rhombe.
meau. — Pulvérisé, il fait gelée avec les acides.
— Jaune verd&tro.
Densité : 3,4. — Infus. au chalu-
Cassure concholde. — Dureté : 7.
i En masses de feuillets flexibles, mais non élastiaues. — Onctueux au tou-
T. foliacé / cher. — Densité : 2,6 à 2,7. — A peine fusible sur les bords. —
j Dureté : 1. — Vert tendre. — Eclat nacré.
T. compact ou Stéatite. Compact ou granulaire. Très onctueux au toucher. — D'un
blanc sale, parfois teinté.
.
Moins tendre et moins onctueux que le talc. — ^ Densité moyenne : 2,63, lorsqu'elle est
pure. — Généralement verte et souvent tachetée. — A peine fusible sur les bords
très minces.
Grains verts, souvent éeailleux, ressemblant à la ehlorite.
■B
40
PRÉCIS DE GÉOLOGIE
TROISIÈME GROUPE : MINERAUX GALGARRUX
MOUS
«3
e
o
é
Chanx carbonatée rhom-
boédrique
ou
Calcaire
CaO.COî
Cristalline eo formes déri
▼ées du rhomboèdre. —
Deosité: 2,70 à 2,73. —
Infusible lorsqu'elle est
pure. — Donne de la
chanx Tive par ealci-
/ nation.
/ A peine soluble dans l'eau
pare, — un peu dans les
eaux chargées d'acide
carbonique. — Attaquée
arec efTervescence vive
par les acides les plus
faibles.
Dureté : 3.
Souvent associée à des
matières étrangères (C.
siliceux, argileux, etc.)
Chaux carbonatée prisma-
tique ou aragonite.
Dolomie
proprement dite
CaO,C02 + MgO,C02
Calcaire dolomitique
ou C. magnésien.
Chaux sulfatée, ou Gypse
CaO,S03 4- 2H0
Calcaire
cristallin
ou
apathique.
rAlB LITBOLOOIQUX
C. fibreux.
En filons, géodes, etc., dans
les roches calcaires. Uançoe
fréquente des filons métalli-
fères.
Parois des caTernes et des fis-
I sures dans les roches cal-
I eaires. — Eaux courantes, at
' même fonds de lacs.
C. oolithique.
En bancs puissants , sortoat
dans le terrain jurassique.
C. saccharoTde.
(Abondant dans les terrains pri-
maires.
r «^.«».^< iTrès répandu dans les terrains
C. compact. \ aArf:Jl„i.îr^
< sédimentaires
C. terreux.
iTrès répandu dans les terrains
* sédimentaires surtout dans le
J terrain crétacé (craie).
Dans certaines argiles et certains
filons ferrugineux. — Géodes.
! Mêmes variétés
\ de texture que
1 dans le calcaire.
G. cristallin.
G. fibreux
<(albfttre gypseux).
i G. saccnarolde.
Terrain permien et triasique.
Très répandu dans le juras-
sique et le crétacé des con-
trées méditerranéennes. Ori-
gine souvent métamorphique.
En couches dans les terrains
triasiques et tertiaires. En amas
dans les terrains secondaires
de certaines régions monta-
gneuses.
FORMATION DE l'ÉCORCE TERRESTRE
(SKLS A BASE DE CHAUX, SAIT LES SILICATE^)
41
PRMCIPADX CARACriniU
Facilement clirable en rhomboèdres. — Inoolore et transparent
lorsqu'il est pur (spath d'Islande) ; sourenl jaunâtre ou laiteux.
— Abondant en masses plus ou moins lamelleuses. — Double-
ment réfringent.
Formé par voie de concrétion. — Filons, stalactites, stalagmites,
produits par mi«aellement (albAtre calcaire, marbre flbreux).
Tufs calcaires, dépôts à textare plus ou moins lâche (Trarertin,
tuf compact;.
Petites ooUthes calcaires agglomérées avee ciment calcaire plus
on moins abondant.
EMPLOIS
Appareils
polariseurs.
Ornementation.
Oonstructious.
Texture cristalline confuse, résultant d'actions métamorphiques.
Blanc lorsqu'il est pur, on bien di?ersement coloré. Il com-
prend les
Constructions quand
il est bien agrégé.
Marbres
/ simples (uniquement calcaires) ;
brèches (à fragments calcaires empâtés) ;
composés (à fragments non calcaires, emi
lumachelles (à coquilles fossiles nombreuses).
saccharoïdes \ composés (à fragments non calcaires, empâtés) ;
Cassure mate, — esquillense (tendance à l'étst cristallin, —
conchoîde (indice d'un mélange d'argile), — inégale. — Var. :
C. lumachelle (pétri de coquilles fossiles).
Friable. — Tache habituellement les doigts. — Happe un peu à
la langue. — Blanc, parfois gris ou brunâtre, composé souvent
de coquilles de foraminifères (craie).
Cristallise dans le système du prisme ortborhombique. — Den-
sité : 2«93. — Dureté : 3,75. — Cassure vitreuse.
Statuaire
(marbres simples les
plus fins).
Orneroenlation.
Constructions.
Pierres
lithographiques.
Peu susceptible
d'emploi dans les
constructions.
Solubie dans HCl avec effervescence lente. — Plus dense et plus
dure que le calcaire. — Couleur propre d'un blanc laiteux,
teintes claires.
Avec HCl, effervescence vive qui s'affaiblit brusquement (moins de
MgO que dans la dolomie).
3 clivages, dont un très facile. •— Souvent bémitrope (en fer de
lance). — Densité : 2,28 à 2,33. — Fusible au chtlumeau. —
Peu solubie dans l'eau, solubie dans HCl étendu. — Dureté : 2.
— Blanc ou à teintes claires.
Textures analogues â celles du calcaire, mais jamais terreuses.
Plus résistants que
les calcaires à l'usure
par frottement.
(Dalles, bornes, etc.)
Pierre à plâtre.
Quelquefois (albâtre
gypseux) employé
dans l'ornementation.
CHAPITRE III
2 1. — PRINGIPB8 DE LA CHRONOLOGIE GÉOLOGIQUE
Age des terrains sédimentaires. — L'objet de la strati-
graphie ou de la géologie proprement dite est de déterminer
rage relatif des formations géologiques; celte détermination
se fait au moyen de certaines règles qu'on va énumérer
d'abord en ce qui concerne les dépôts sédimentaires.
Principe de superposition. — Dans les terrains stratifiés,
formés de couches superposées, une couche est plus récente
qu'une autre qu'elle recouvre, sauf dans les cas de renversement.
Lacunes. — L*expérience montre qu'en certains points
d*une région la sédimentation peut avoir été interrompue;
en chacun de ces points il y a une lacune, et, dans l'intervalle
de temps qui lui correspond, des sédiments se sont formés
ailleurs. Ces lacunes se manifestent par les discordances de
stratification ; quand des couches horizontales ou peu incli-
nées reposent transgressivement sur des sédiments plus
anciens redressés, c'est qu'un phénomène de dislocation
s est produit entre la formation de deux groupes discordants,
et a interrompu la sédimentation.
Vétat des surfaces de contact des couches révèle aussi les
lacunes qui ont été causées par une émersion; ainsi la
marque des intempéries sur des roches indique que ces
roches ont subi une exposition prolongée à l'air avant de
s'immerger à nouveau et d'être recouverts par d'autres dépôts.
Si on rencontre une discordance paléontologique y c'esl-li-âire
des écarts notables entre les faunes de deux sédiments
PRINCIPES DE LA CHRONOLOGIE GÉOLOGIQUE 43
formés dans des conditions analogues, on se trouve encore
en présence d*une lacune.
Caractères paléontologiques. — Fossiles. — Des restes
d^animaux ou de végétaux, appartenant presque tous à des
espèces disparues, se trouvent dans la plupart des sédiments
et sont contemporains de leur formation; d'autre part, la
paléontologie, qui a pour objet Tétude de ces restes, montre
qu'à chaque époque correspondent des types spéciaux et que
les types qui s'écartent le plus de ceux des temps actuels
appartiennent aux sédiments les plus anciens. On a donc un
moyen efficace de déterminer Tordre de succession des
couches'stratiAées.
Les principaux fossiles qu'on rencontre parmi les inver-
tébrés sont : les trilobiteSj crustacés qui disparaissent avant
la fin de l'ère primaire ; les ammonites^ les bélemnites, les
ortkocères, etc., familles appartenant aux mollusques cépha-
lopodes; les lymnées^ les turritelleSyles cérithes, etc., qui sont
des mollusques gastéropodes ; les huîtres ou ostrea, les car-
diteSy les trigonieSf lesp/tca^Wes, etc.,qui sont des mollusques
acéphales ; les linguleSy les térébratules^ productuSj spirifer,
rhynchonelles, etc., genres les plus importants des mollusques
brachiopodes. Les oursins^ les encrines sont des échino-
dermes; les nummulites^ les mUioliteSy les alvéolines, les
fusulines sont des foraminifères. Ces divers fossiles seront
passés en revue ci-après, avec les terrains qu'ils caractérisent.
Age des roches érnptiyes. — Une roche éruptive est plus
récente que les terrains qu'elle traverse en filons, ou que les
couches où elle s'est intercalée en nappes.
D'autre part, quand un conglomérat contient des débris
d'une roche éruptive, on peut en conclure que cette roche a
fait éruption avant le dépôt du conglomérat. Ces observa-
tions ont conduit à classer les éruptions en deux grandes
séries : les éruptions anciennes, qui se sont produites durant
toute l'ère primaire et un peu au delà; les éruptions ma-
dernesj qui commencent avec l'are tertiaire et continuent
jusqu'à nos jours.
PRÉCIS BE GÉOLOGIE
DISHOSITIOK DES TKKRAINS FORMANT L BCORCB TBRRBBTRB
TerrainB lédimontairea. — Les malériaux composant le»
terrains sédiiuenlaires sont en grande partie des débiis de
li'irains primitifs, des débris organiques ou des prâcipilés
chimiques.
Ils se sont déposés sous l'action de la pesanteur en couches
ordinairement horizontales etàsurCaces généralement paral-
lèles. Ces couches ou strates ont reçu les noms de bancs et
assises lorsqu'elles sont très puissantes, de lits lorsqu'elles
sont peu épaisses, et de feuillets lorsqu'elles sont minces et
peu étendues.
L'épaisseur d'une strate peut être variable en différents
points et présenter des lenllements ou des étiremeots.
Plissements, — Sous l'influence des mouvements du sol
postérieurs^ leur formation et suivant la disposition des ter-
rains de base, les couches peuvent présenter des plis de dif-
férentes formes ; les principales dispositions de ces plis sont
la disposition anticlinale et la disposition synclinale {fig. 5),
Lorsqu'une ou plusieurs couches juxtaposées sont parallèles
entre elles, on les dit en stratification concordante; lors-
igu'un ensemble de couches vient se placer oblique ment surune
autre couche, on dit qu'il y a stratification discordante {/t||. 6).
PRINCIPES DE LA CHRONOLOGIE GÉOLOGIQUE 45
FractiiTM. — Lorsqu'une OU plusieurs couchessontbriBéfs,
OD dit qu'il y a fracture; le plan de séparation s'appelle joint.
Stivti/leationB
Faille!. — Lorsqu'une des lèvres du joint a glissé par rap-
port i l'aulre, le joint devient une faille {pg. 1).
VaUéta. ~ Les vallées que l'on observe h la surface du sol
peuventprovenird'une déchirure au Rommel d'un pli anticli-
nal {fig. 8), ou peuvent être produites par une érosion de
}Mlét »ntîclineU
terrains entraînés par l'eau; mais, dans bien des cas, t<'s
vallées proviennent simplement d'un plissement synclinal.
Tarraisa jmptifa. — Les terrains éruptifs apparaissent au
milieu de terrains sédimentaircs soulevés ou tissures. Ce sont
généralement des poinlements de peu d'épaisseur, qui s'rn-
foDcent sous la croûte terrestre. On les appelle alors liions ou
dikes.
i6 PRÉCIS DE GÉOLOGIE
Les nions ont une direction assez variable : quelquefois
ils sont absolument verticaux; d'autres fois ils suivent des
strates de terrains sëdimentaires friables, au travers
desquels ils ont pu se faire jour plus facilement qu'en bri-
sant les couches voisines trop résistantes [fig. 9).
Terrains primitifs. — Dans les parties qui ont été recou-
vertes par les terrains sédimentaires, le terrain primitif cris-
tallin n'appuratt qu'en pointeraents. Mais une grande partie
des massifs montagneux les plus importants du globe est
entièrement formée par ces terrains primitifs souvent slra ti-
lles, et Assurés par toutes les dislocations qui ont affecté la
croûte terrestre aux époques postérieures à leur formation.
i 2. - GRANDES DnnstONS GËOLOGIdOES
A l'aide des données précédentes on a pu établir trois
grands groupes de formations sédimentaires, correspondant
chacun à une ire de l'histoire terrestre. Les groupes com-
prennent un certain nombre de terfains; les terrains se sub-
divisent en élages et en sous-étages, et ceux-ci eu assises,
puis en lUs ou couches.
D'ailleurs, à la base de tous les sédiments se trouvent les
roches cristal top hyUiennes,qai constituent le terrain primitif.
i. — Teiikain primitif
Caractères. — Le terrain primitif ou cristaltophyllien forme
le svbslratum constant des dépôts sédimentaires; il se
GBANDES DIVISIONS GÉOLOGIQUES 47
présente dans tout le globe avec les mêmes caractères. Ses
éléments sont cristallins et stratiformes ; les plus impor-
tants sont le gneiss et le micaschiste avec leurs variétés. Il
fournit des sols peu fertiles, et il ne renferme point de restes
organiques.
Dmsions. — Gneiss. — Le terrain primitif comprend
deux étages principaux : i° Vétage du gneiss, gneiss gris oa
granitoîde, où le mica est disséminé en larges paillettes ne
formant pas des rubans continus (gneiss des Basses-Pyrénées,
de Rome, du mont Blanc, de la Guyane Française).
Micaschistes. — 2* L'étage des micaschistes, superposé au
premier, de composition plus variée et d'allure plus strati-
forme.
On trouve, dans le terrain primitif, des amphibolites, des
chloritoschistes et des séricites ou roches schisteuses à miné-
raux. On y rencontre aussi la staurotide, Tandalousite, le
disthène (silicates anhydres d'alumine), le grenat (silicate
d'alumine et de fer) et le fer oxydulé.
Le terrain primitif forme la plus grande partie du Plateau
Central, en France, et une partie de la Bretagne et des
Vosges ; on le trouve aussi en Saxe, en Bohême, en Ecosse et
dans la Scandinavie; au Canada, au Brésil, en Chine, etc.
2. — È
RE PRIMAIRE OU PALEOZOÏQUE
Caractères. — Cette série comprend les terrains qu'on a
appelés terrains de transition. En effet, la séparation n'est
pas nette entre les schistes cristallins primitifs et les pre-
miers sédiments de ce groupe ; ces sédiments ont l'aspect
cristallin (phyllades).
L'ère primaire a été marquée par de grands mouvements de
dislocation et de nombreux phénomènes éruptifs.
Dans cette série régnent les trilobites, petits crustacés dont
le corps est divisé longitudinalement en trois lobes, et la
flore est formée de cryptogames.
DiTisions. ^Terrains cambrien, silurien, dévonien,permo-
carbonifère.
a) Terrain cambrien (Cambria, Pays de Galles). — Dans la
48 PHÉCIS DE GÉOLOGIE
période cambrienne, les continents sont nidimeataires, peu
propres i la rie ; la température est tropicale ; il y a très peu
de fossiles ; il n'y a pas de végétaux.
S ( Oldhunia radiala (empreintes indétennlnées) [fig. 10);
î ! Paradoxidea bohemicus (trilobile) (/îg. H);
£ ' LtngulB Davisii.
^ / Ardennea : Ardoises, de Fumay, schistes noiri pyritiftres d«
JS' I Hevin, quartiites de Monthermé, ardoises et quartiite*dc
|2l Deville;
^Ë j CoteDtin ; Phyllades de Saint-LA; poudingues pourprés ;
^S l Bretagne : Schistes de Rennes; phyllades de Douamenez;
^ 1 Bahème (grmiwackc de Pnibram], Suide, Canada, Brésil.
b] Teabain siLiniEX. — Ce terrain tire son nom du pays dts
Silures, anciens habitants de l'ouest de l'Angleterre. Daus
cette période, les continents commencent h s'esquisser sous
forme d'Ilote; la faune est riche en bnichiopodes, en cépha-
lopodes et en graptolilhes { hydroxoaires), qui sont exclu-
sivement propi'es A cette période. On trouve des débris de
poissons et des traces de végétaux.
!' Daliuanites socialis (Irilobitet), Irinucleus omatus (trilo-
bites du gtèa de May) ;
Calymène Blumenbacbt (trilob. du calcaire de Oudiey) (/^. 12) ;
Orthoceras truncatiim, re^ulare (céphalopodes);
Cardiola interruptn {fit/. 13);
Monograptua priodon [fig. 14), lurricuiatuB (graptoUt.) (fig. 13).
GRAVIDES DIVISIO>'H GËOLOCIQUBB
-Manofnplui pri(Ml<
^ j Bretagne : Grèi armoricain» ou à bilobites à la baie ; Ter
gp I hydroiydé ; schiste» à caJyméne» ou ardoisiers (Angers) ;
■g . \ Colentin et Calvados : Schisle» à calymènes et grès de M«y;
c 3 ' calcaires de Feugeroltes ;
'=S\ Angleterrr ; Gris de Caradoc, calcaires de Dandleilo. cai-
S~l cnire» de Dudiey;
■ë F Bohème : Schistes et grès en bas, calcaires marmoréens au
c) Tfhrajn dSvomen. — Dans la période dévonienne qui a
été étudiée tout d'abord dans le Devonshire par Murchison,
les conlinenlfl s'accusent, surtout au nord.
Les dislocations du sot sont moins rré(|ucnles.
La faune s'est appauvrie ; des massifs calcaires sont cons-
truits par les stromatopores (hydrozoairesl et on trouve beau-
coup de restes de poissons ganoides. Une vég^-tation puis-
sante se développe (cryptogames).
Ce terrain se divise en trois étages : élage rhénan (à la
base), étage eifélien et étage famennien.
ISirifer Rousseani ;
Leptcena Murchisoni {fig. 16);
Pleurodyctyun) problei)?nticum [potyp.}
(fia- "J--
PaËCIS DE GÉOLOGIE
(DévoDieo moyen i Spiriter ipeciosui;
(eifélien). f CalcesU sandolina (polyp.) ;
, Spirifer Vemeuilli ijig. 13) ;
(D. supérieur ) Rhynchonelk cuboïdei ;
(famenoien). , Fougères, lepidodendror», cjclopteris
' (As- 191-
,' Dans les Ardennea, le Dévonien inférieur esl représenté par
I les poudiDgues de Pépin, les arkoses d'Haybes, les grés
I d'Anor [pour pavés), La grauwacke de Monligny, lea grée de
1 Virau ;
I Le Dévonien moyen comprend, dans les Ardenaes, des schistes
' à calcéoles et les calcaires marmoréens ds (iivet; le cal-
\ Caire de Plymoutb enJAugleterre ; le calcaire de l'Eifel, elc.,.;
Iau dévonien supérieur appartiennent les schistes de la
I Famenne (Ardennes), les psamniites (gréa micaués). du
I Coadroz (Belgique), le vieux grès rouge en Angleterre :
I Le dévonien se trouve encore dans les Vosges, le Var. le Lan-
I guedoc (marbre de Canne), en Bretagne, au Brésil, etc.
Fis. llj. ~ Lepls»
d) TERHA1.N PEHMO-CkKDOMFKnE. — CaTactèrei. — Les conti-
nents Ront assis ; il règne dnns tout le globe un climat tropical
qui, À la faveur d'une atmosphère humide, donne lieu À une
CBAKDES DIVISIONS GÉOLOGIQUES 51
végélation paissante de cryptogames, partout les mâmes.
Des pluies aboudanles entraînent des débris de plantes avec
des débris du sol sous-jacent; les fonds des lacs se couvrent
de couches de grès, de schistes et de végétaux qui, à l'abri
de l'air, se changent en houille. Dans les mers, les dépôts
calcaires augmenlent; ils sont dus aux foraminifèreti {fum-
lines), brachiopodes, échinodermes, polypiers.
Fin. 19. — Cj-cloplcrit.
La faune, partout uniforme, est formée de produrtus, de
spirifers, de reptiles amphibies (labyrinthodontesj et d'in-
sectes dont quelques-uns élaient gigantesques.
Iji flore est surtout composée de cryptogames de haulc
laille (fougères, lycopodiacécs, équisélacées) ; il y a aussi des
phanérogames gymnospermes icycadées et conifères); il n'y
a pas de monocolylédones ni de dicotylédones.
Faciès da l'Europs septentrionale et morenne. — 1° Dans
lupênode anlhracifère. des mouvements du soi déterminent
des sillons où la mer pénètre; il se forme là des dépôts
schisteux el arénacés appelés cii/hik (Hardt, Vosges, Russie) ;
plus loin, vers le nord, ce sont des calcairrs élevés par des
organismes. Cet étage comprend donc deux types, l'un
< r.tier, l'autre pélagique ;
52 PRÉCIS DE céologie;
2° Dans Yépoque houillère inférieure, la mer se retire, et sur
les dépôts précédents, des pluies amènent des végétaux et des
sédimeDts détritiques; alors se forment les riches bassins de
Weslphalie, de Flandre et d'Angleterre ;
3" ipoque houillère supérieure. — La mer recule de plus
en plus : c'est le régime continenlal. Les dépôts se font non
plus dans la mer, mais dans les lacs intérieurs ( Plateau Cen-
tral, Vosges, Bohême);
4* Époque permienne ou penéenne. — L'Europe est presque
entièrement émergée; il ne se dépose plus ({ue des grès
ronges; la mer revient quelque temps sur les régions sep-
tentrionales, et les dernières dépressions sont comblées par
du sel et du gypse (gisement de Stassfurth); il y a peu de
restes organiques, d'où le nom de penéen, qui veut dire
pauvre.
Faciu méditerranéen. — Dans la région de la Méditer-
ranée, des calcaires se déposent pendant toute la périride.
Ordre de> dépôts. — 1° Schistes et calcaires à la base
(étage anihracifère); 2° poudingues, grès (grès bouilli>r),
schistes et argiles, couches de houille intercalées; -1° grès
rouges fZechstein], sel et gypse.
Fin. ÎO. - Produtla. ton.
[ Productug Cors (calcaire de Vhi) (fig. 30), (ji-
reliculatus ;
Klriatui, Klaber:
GRANDE3 DIVISIONS GÉOLOGIOUES 93
il LepidodeadroD, sjgillaria
\ AnDuIana, calamités,
/ (équiïét.).
(à fougère.). 1 J^P'^^^j^' «vrop.en.
iProductus horridus du lechslein (fia- 23) :
Palœoniscus (poisBoa); coprolillies de rep-
tile».
54
PRÉCIS DE GÉOLOGIE
g
o
•o
te
a
3
En France
Angleterre.
3
? I Belgique . .
2
o
c
'C
^
Allemagne
\
Dans le bas Boulonnais on trouve des dolo-
I mies et des calcaires marmoréens (étage
anthracifère) ;
En Bretagne, des grès et schistes (Changé,
Sablé} représentent Tanthracifère ;
Dans les Vosges, les grauwackes de Thann
représentent Tanthracifére, et des grès
rouges, le permien;
Plateau Central : Grauwacke du Roannais et
grès anthraciteux, pouddingues et grès du
Morvan,pour Tanthracifère; traces du houil-
1er inférieur près de Rive-de-Gier, bassins
de Saint-Etienne, de Decazeville pour le
houiller supérieur; schistes bitumineux
d'Autun, riches en huile minérale, pour le
permien;
Le Gard a le houiller supérieur ; THérault a
les deux étages houiller et anthracifère.
Calcaire compact de montagne ;
Grés meulier ou millstone grit, coal-measures
(couches de houille), pour le houiller infé-
rieur ;
Le houiller supérieur est peu représenté ;
Nouveau grès rouge et calcaire magnésien,
pour le permien.
L'anthracifère est représenté par des calcaires
bleus noirâtres (calcaires de Tournai), puis
par une dolomie grise, du calcaire gris (cal-
caire de Visé) et des schistes noirs ;
Le houiller inférieur est représenté par des
houilles maigres, demi-grasses, grasses, et
des charbons à gaz (ou flénus).
En Westphalie, Tanthracifèreest constitué par
les culms (grès et grauwackes) ;
Le houiller y est très développé, ainsi qu'en
Silésie ;
Dans les Ardennes (bassin de la Sarre), la
houille appartient au houiller supérieur; le
permien est très développé avec des grès
rouges et des tufs porphyriques ;
On rencontre surtout le permien, qui com-
prend : un grès rouge, puis un schiste bitu-
mineux riche en minerai de cuivre (Mans-
feld), et le Zechslein, calcaire argileux et
dolomitique, gypse et sels alcalins (Stass-
furth).
GRANDES DIVISIONS GÉOLOGIQUES 55
3. — Ère SECONDAIRE OU MESOZOÏQUB
CaractèreB. — L*activité interne est nulle ; il y a quelques
éruptions au début ; il se produit seulement des affaisse-
ments ou des exhaussements lents.
C'est une ère de tranquillité, caractérisée par la rareté des
conglomérats et par la puissance des masses calcaires.
C'est Tépoque des reptiles et des sauriens; vers la fin de la
période apparaissent des mammifères inférieurs, puis des
oiseaux reptiliens.
Dans les mers dominent des ammonites et des bélemnites
(céphalopodes), qui caractérisent les terrains de cette période.
Ixi flore est moins variée et moins brillante, car le climat
est plus sec ; elle comprend surtout des cycadées et des coni-
fères, et vers la fin quelques monocotylédones et dicotylé-
dones.
Division. — Trias, jurassique {infralias^ lias et oolithe),
caéTAcé (infra-crétacé et crétacé).
a) Trias. — Une mer largement ouverte occupe le sud et
Test de l'Europe ; le nord et l'ouest sont couverts de détroits,
de bras de mer ou de golfes séparant de grands espaces
émergés, et dans ces contrées dominent les lacs salés et les
lagunes, qui se comblent de grès, de marnes bariolées et
salifères, tandis qu'au sud et à Test des organismes marins
construisent des calcaires.
Les ammonitidés font leur apparition.
Le trias se présente en Europe sous trois formes ou
fades :
1° Un faciès pélagique ou de haute mer (Tyrol, Alpes Au-
trichiennes) ;
2® Un faciès continental (Ardennes et Angleterre) ;
3^ Un faciès mixte, formé d'un étage marin (muschelkalk)
entre deux étages d'eau douce (keuper et étage vosgien).
C'est à cause des trois termes bien distincts présentés par
le faciès mixte que ce terrain a reçu le nom de trias ; ces
trois termes s'observent surtout en Lorraine et en Alle-
magne.
PRÉCIS DE GÉOLOGIE
1Eiicrtjius]iliirormis(échino(l. du muachetkalk);
Terebraluk vulgaris (brecliiopodes du muschelkalk) ;
s ' Animoniles Aon, subunibjlicalus ;
^ I Os de autboaaurus (saurien du muscbelkalk) ;
I Traces de cheirotherium (batracien du grès bigarr*) ;
I Dinoiauriens. uiaeaux et reptiles;
l Preiei, cycadées, couiréres, Tougères.
Fxi. !4. — Ccntitci noduiia.
Lorraioe el Allemagne : Dans ces pays on
trouve les trois étages du trias, savoir :
i' L'éldge vosgien, klaiia.se, qui comprend
le grès vosgien à gros galets de quarti,
puis le grès bigarré au dessus et le grès
rouge bariolé;
£■ Le muschelkalk (étage Trancouien ou
conchylien]. assise marine Tormée d'un
calcaire gris, puis de gisements doiomi-
tiques et gypseux ;
J3' lÀ keuptr, étage des lunrnes irisées:
c'est une assise d'eau douce ou saumàtre,
composée d'argiles contenant du gypse
et du sel gemme ^Dieuze et VarangevilJe)
el, au dessus, en quelques points, des
lignites pyriteui ;
I Onretrouve lesgrésrouges et les marnes iri-
sées du trias au Morvan,autourdu Plateau
Centrai, dans les Pyrénées et en Espagne;
Dans les Alpes du Tyrol, les assises du trias
sont toutes de formation marine \ on y
trouve des calcaires, des dolomies et du
sel gemme.
GRANDES DIVISION» (iËOLOtilQUES 57
6) Lias (Jurassique iiirérieur]. — La mer revient sur
l'Europe occideDtale et couvre les régions émergées ; celle
invasion marine ue laisse h découvert que tjuelques maseifs
anciens, Plateau Central, Armorique, Vosges; les Alpes et les
Pyrénées sont il peine ébauchées ; le reste de la France est
immergé et forme trois bassins : anglo-parisien, pyrénéen,
méditerranéen. Une sédimenlation marine littorale com-
mence.
Les ammonites sunl nombreuses; les bélemniles appa-
raissent, ainsi <jue les huilres et les sauriens (plésiosaures,
ichthyosaures).
La végétation a un aspect monotone (conifères, Tougères
et surloul des cycudées] ; il n'y a pas encore de zones clima-
tologiques bien définies.
Dîvkion en étaijes. — hhetieti (h. la base], htttangien : ces
deux étages forment l'infra-lias; sinémurien (de Semur),
liatien, toarcten (de Thouars) ; ces trois étages constituent le
lias proprement dit.
I Avicula contorla (rhélien);
i \ Ammonites plsoorbis, an)^latui (hettangien) {fig. 26 et il) ;
ë ' Pour le sinémurien. Ammonites bisulcatus, Ammonites Buck-
S \ laodi, Lima gigantea, Grvphœa arcuata {fig. 28), Spiriferina
^ I Walcoti, Belemuites aculus, ichihyosaure et pléwosnure,
\ ptérodaityle ;
PRÉCIS DE GËOI-OULE
IPour le liasien : Gryphœa cymbiuni : Ammonites raricostatut,
ammonites ipinatus, ammoaites plnnlcostatua, ammonites
margaritatus ; Plicatula Epinosa, Terebratula numismalii
tfiS' 39] ; Belemnites clavatus, uiger, brevia, acutui {fis- 30).
Pour le toarcien : Posidonia Bronnîj IJig. 31), Belemnitoa tire-
gularis, triparti tua;
Ammonites radians, birrons, opalinus, serpentinus;
Trigonia navis.
L'étage rhélien esl représenté, en Lorraine, par des grès ou
I arkoses ;
i Étage betlangien : Grès dilettange (Luxembourg); calcaJre
l jaunâtre, dit Toie de veau, et lumachette, en Bourgogne;
I calcaire d'Osmanville (Normandie) ;
I Etage sinèniurien ^ Calcaires gris bleuâtres, en Lorraine et
1 dans les Ardennes, allernant avec des lits de marnes (lias
_ bleu) ;
/ Ëtage liasien : Calcaires sableux dans les Ardennes, marnes à
nodules Terrugineux en Lorraine, calcaire à Itélemniles en
Uourgogne (calcaire à ciment de Pouilly) ;
Ëtage toarcien : Argiles à Posidonia Bronnii (Ardennes),
pjriteuses et bitumineuses en bas, ferrugineuses en haut.
En Ixtrraine, les marnes k posidonia sont recouvertes d'une
oolilhe ferrugineuse, Tormant un riche gisement de peroxyde
', liydratË ; le ciment de Vassy provient d'un calcaire argileux
I de cet élage.
GRANons Divisions GËOLOlilQUEM M
c) OoLiTHB. — Dans l'oolithe, les dépdts se forment au
milieu d'un grand calme; il n'y a point d'éruptions; les
organismes construisent de puissants massifs calcaires.
Le nord el l'ouest de l'Europe émergent progressivement,
(.es lones climatologiques ne sont pas formées; la Hore est
pauvre.
Dans la faune prédominent les oursins, les brachiopodes
el les polypiers; les mammifères ue sont représentés que par
quelques petits marsupiaux; il y a beaucoup de sauriens
ilinosauriens, crocodiliens, ptérodactyles, et on rencontre
Varekœopterix, oiseau reptilien, et les premières tortues,
ainsi que les poissons téléostéens.
Sous-divisions. — On peut distinguer à peu près partout les
étages suivants : bajocien (de Bayeux;, balhonien (de Bath),
o;cfordien, corallien, kimmeridgienet portlandien; ces deux
derniei-s forment le lithonique. Les deux premiers consti-
tueut le jurassique moj/en, les autres le jurasfique tupêriear.
Voici quelques indications sur leur composition en France.
^ I Ammonites Humphresiuius {fig. 32) et Murcbiionte ;
^ \ Terebralula peroraiis, Relemnites luUalus, Belemaitei gigan-
^ ( TrigoDiacoslataOîa- 33).
Fis. 3!.— AmmaniUt humphniianui. Fia. 33. — Trigonii coiUli.
j [ On trouve dans cet étage un calcaire pur ou argileux i on le
1 \ voit en Bourgogne (calcaire à entroquea]. dan« la Meuse et
|- i les Ardennes; avec oolithesrerrugiueuies, dans le Calvados
s ' et la Franche-Comté.
PRÉCIS DE fiËOLOGIE
i Ammonites Iripartitus ; ostrea acuminata (terre a foulon} ;
Rlijnchonella ipinosa, decorata (grande oolithe] ;
Terebratula diguna, cardiutn {fig. 31).
A la base ; argile ou calcaire marneux : terre à fonlon ;
I Au milieu : culcaire blanc s grains lins, c'est la grande oolithe
' fournissant les pierres de Comblanchien (CQte-d'Or), tes
1 pierres de ChaUmont, Caen, Besançon, Cliauvigny (Vienne);
I Beaulieu et Saint-Daud (Charente) ;
. Eu haut : calcaires épais. jauD&tres.
I Ainuioniles inarrocephalus (^g. 3S).coroiiatus, curdatus, Lam-
\ bcrti; Delemnites hastalus ;
' Osirea (ou griphiea] dilatata (pg. :I6).
y Cet étage est presque entièrement argileux ; il n'offre guère
I de bancs dura qu'à sa base et à son sommet ;
I En Lorraine et dans les Ardennes il comprend ;
I A la base : un calcaire marneux peu épais;
1 Au dessus : des argiles jt Ammonites Lamberti et Belemuîtes
/ hastatus, puis des calcaires ï chailles (concrétions sili-
\ ceuses), lesquels, dansles Ardennes, sont remplacés par la
J gaize (grés tendre à silice gélatineuse] ;
I Au siimmet. il y a une oolithe ferrugineuse (Neuvizy) ;
I l)n trouve aussi cet étage en Normandie (argiles de Divei,
I falaise des Vacbes-Noires), aux environs de Besançon et
I près de Grenoble (calcaires de la Porte-de-France).
en
07
as
O
a.
GRANDES DIVISIONS GÉOLOGIQUES 61
4* CORALLIEN (ou rauracîeii)
Cet étage est ainsi appelé parce que plusieurs de ses
assises sont formées de débris de coraux ou de masses de
polypiers.
Diceras arietinum ;
Des oursins : Cidaris florigemma, Echinobrissus clunicularis,
Âcrosalenia spinosa;
I \ Nerinea moreana, tuberculosa ;
^ f Ostrea solitaria ;
Rhynchonella trilobata, pinguis.
Le Corallien est tout entier calcaire ;
Dans les Ardennes il est épais ; il existe là en massifs ooli-
thiques (calcaires de Saint- Mihiel, Lérouville, Commercy),
en calcaires à grains Ans, lithographiques :
En Normandie on trouve des calcaires oolithiques à oursins
§ i et nérinées et des calcaires à polypiers (coral-rag) ;
^ f En Franche-Comté ce sont des bancs h polypiers surmontés
\ par des calcaires oolithiques.
5" KIMMBHIDGIEN
£ i Ostrea deltoïdea, Ostrea (ou exogyra) virgula, Astarte Minima ;
- I Pteroceras Oceani ;
' Ammonites orthoceras, Catalaunicus.
Cet étage est composé d'argiles ou de marnes, avec quelques
_ rares calcaires purs ;
S < On le rencontre dans les Ardennes et en Lorraine, en Nor-
g i mandie (argiles de llonfleur). en Franche-Comté (calcaire de
( Saint- Ylie et de Daraparis) et dans les Charentes.
6* PORTLANDIEN
Ammonites gigas :
Ostrea ezpansa, Trigonia gibbosa.
Le Portlandien est composé découches généralement calcaires,
peu épaisses, dures, souvent fissurées. A cet étage, appar-
g \ tiennent les calcaires compacts du Barrois sur lesquels est
5 ] bâti Bar-le-Duc, Yoolithe vacuolaire (pierres de Savon-
1 \ nières, de Chevillon, de Brauvilliers), les calcaires à ciment
I I et à chaux hydraulique des environs de Grenoble et la pierre
" I de TEchaillon ;
\ Cet étage manque en Normandie.
o
EE4
O
o
62 PRÉaS DE GÉOLOGIE
(En Angleterre, il comprend lecaJcuire de Portland et, au dessus,
des calcaires argileux gris et des marnes formant les couches
de Purbeck;
o \ Les argiles du Pays-Bas (plaine des Charentes entre Cognac
S 1 et SaintJean-d'Angély), avec amas de gypse et quelques
3 I bancs calcaires durs, correspondent au purbeckiea de
\ TAngleterre.
d) Terrain crétack. — i^ Période infra-crétacée, — L'Eu-
rope septentrionale est d'abord émergée ; la mer est à peu
près la Méditerranée actuelle.
A la suite d'un afTaissement, la mer envahit de nouveau
TAUemagne et le nord de l'Europe, puis le bassin de Paris,
et ensuite la Normandie et l'Angleterre.
Sur le continent régnent lesdinosauriens, reptiles bipèdes,
dont Tun d'eux, Viguanodon, a une taille gigantesque.
La flore reste jurassique; l'apparition des peupliers indique
une difTérenciation des climats.
2" Période crétacée, — L'invasion marine atteint son maxi-
mum; le régime marin s'établit tranquillement; à la base se
trouve une mince couche de grès grossier, de la craie mou-
chetée de grains verts de glauconie, puis de la craie légè-
rement marneuse, et, au dessus, de la craie blanche mêlée
de lits de silex.
Alors se produit de nouveau une émersion des contrées
septentrionales.
Dans les régions méditerranéennes, le régime reste marin,
et les rudistes (mollusques acéphales) sont surtout les arti-
sans des formations calcaires.
Les ammonites déclinent, les plantes dicotylédones angio-
spermes font leur apparition.
SouS'divLsions. — L'infra-crétacé comprend les trois étages:
néocomien (à la base), aptien, albien ou gault; le crétacé
supérieur comprend quatre étages : le cénomanien (à la base),
le turonien, le sénonien, le danien.
1* ÉTAGE NÉOCOMIEN
„: i Belemnites dilatatus, emerici {fig. 37) ;
~ j Terebratula janitor, Ammonites radiatus, interruptus ;
I j Ostrea Couloni ; Toxaster complanatus (oursin) ;
^ ' Requieni.i ammonia ; Spatangiis retusus.
GRANDES DIVISIONS GÉOLOCIUDES
I Dans le basûn de Paris (région oriental ej. cet étage comprend
1 des gréa ferrugineu:!, géodiquea, et des sables blancs ; puis
1 des calcaîTes àspatanguei, et, au dessus, des grès et des ar-
I giles aux couleurs tïtcs; au sommet, dei minerais de fer
IooliUÛque (Wassy, Vandejvre);
En ProTeoce, cet étage est très développé, ainsi que dans le
Gard et dans l'Ardèche(pierres de Barulel, près de Nîmes,
pierres h chaux du Teilj.
Fostiles : Ostrea aqutla. Plicalula placunea.
c I Dans la partie orientale du bassin de Paris, l'aptien est Terme
= ] par des argiles ; il est Ten-ugineux dans les Ardennes ;
S'A l'ouest et au nord du bnasin, ce sont des argiles glauco-
S I I>e même prés d'Apt.
ÎBelemnites minimus ;
AiDDionites momillaris {fig. 38), splendens :
Inoceramus sulcatus.
I Dans la région orientale du bassin de Paris (Meuse et Ar-
I dennes], l'albien comprend des sables vert^ è la base, con-
1 tenant de* nodules de phosphate, puis des argiles bleuAtres
j (gault), puisia gaiie;
j II se trouve aussi à l'ouest et au nord de Paris et en Pro-
1 Teoce; en Russie il est très riche en phosphate.
PBÉC19 DE GÉOLOGIE
4' fiTtoE cènoHi^iEx (à craie glauconteuse)
l Ammonites rotomagensis (/îfl. 39), turrilites costatus [fig. 40);
j Scaphites ipqualis, oslrea cnlumba, belemniles plenua.
( Dans le bassin de Parii, le cénoma-
I ni en comprend : au nord et ft
1 (aisiae de la montagne de Saiole-
I Catherine prés de Roueni; à l'est,
I de; sables glnuconieux et des cat-
( caires marneux gris bteuAtres;
au sud, les sableset gréi du Mans,
le sables du Perche;
1^ cénomanien se reconnaît en Pro- au
vence, dans la Charente, près
d'Angouléme; en Russie il est riche e
leui.
S* *TAOR TL'Roxiiv {ctaie de Touraine ou croie tuITeau]
c \ Inoceramus labiatus {fig. 411; rbynctionella Cuvieri ;
J ) Ilippurites organisnns (riidiste).
. I En Touraine, la craie micacée dite Ivffeav est de cet étage.
,1 \ En Normandie et dans le Boulonnai» on trouve une craie
^ ' marneuse employée pour fabriquer de la chaux hydrau-
I J lique.
1 J A l'est du bassin de Paris, ce sont des calcaires n
" f tout (Valmy).
(3
O
GRANDES DIVISIONS GÉOLOC.IQL'RS 65
€* ÉTAOB sÉNONiBN (craie blanche)
é i Belemnites mucronatus, belenmites quadratus (craie phos-
^ I phatée de Picardie};
j| ' Micrasler coranguinum, cortestudinarium (oursins) {fig. 42).
On distingue deux assises : à la base, la craie à micrasters,
craie noduleuse qu'on voit en Picardie (prés de Péronne), en
Normandie et en Touraine; au dessus, la craie à bélemni-
telles, en couche puissante : craie phosphatée de Picardie
Q ( (Beau val), craie de la Champagne Pouilleuse, craie de Reims,
g ] craie de Meudon;
S I Dans les Charentes et la Dordogne, le sénonien comprend deux
sous-étages, le santonien (de Saintes) et le campanien.
De même en Provence.
7* ÉTAOE DANIEL
i \ Baculites anceps ;
i i Mosasaurus de Maëstricht.
Le danien est représenté : dans le bassin de Paris, par un cal-
caire en petits grains, dit pisolithique, qu'on observe à
Meudon, Vigny, Montereau ; dans le Cotentin, par un cal-
o \ Caire blanc jaun&tre (calcaire à baculites).
. Les deux assises se trouvent dans le Hainaut (craie phospha-
|. \ tifére de Ciply, craie de Maëstricht où on a découvert les
ossements de mosasaurus.
La craie de Royan (Charente-Inférieure), les calcaires à lignite
du bassin de Fuveau, en Provence, les calcaires jaunes de
Gensac (Haute-Garonne) appartiennent au danien.
4. — Erb tertiaire, pu néozoïque
Caractères. — L'ère tertiaire est marquée par une différen-
ciation des conditions physiques et biologiques, Jusqu*alors
uniformes; la mer est rejetée peu à peu dans ses limites
actuelles; TEurope émerge de plus en plus : c'est Tère conti-
nentale.
Les mouvements orogéniques ont une grande amplitude,
et les Pyrénées, les Alpes, les Apennins, les Carpathes, le
Caucase, THimalaya, les AUeghanys, les Cordillères achèvent
de se former.
L'activité interne, après une longue période de repos,
se manifeste avec puissance : des filons se forment et déposent
tiÉor.oGiB. 5
66 PRÉCIS DE OÉOLOGIE
dans Técorce terrestre des substances où dominent l'or et
Targent.
Les mammifères se développent vigoureusement; les
ammonites et les bélemnites, disparues, sont remplacées par
les gastéropodes et les acéphales. Les foraminifères(nummu-
lites) prospèrent à la place des polypiers.
Les angiospermes prédominent parmi les plantes.
Dmsions. — Pour fixer Ftlge des dépôts et les distinguer,
on se base sur ce principe : plus le dépota d'espèces encore
vivantes dans la mer à laquelle on le rattache, plus il est
récent; de là les noms éocènCy oligocène^ miocène, pliocène j
pour caractériser les périodes de Tère tertiaire.
a) ÉOGÈNE. — Les conditions physiques de l'époque éocène
sont les suivantes: au nord, il y a lutte de Tocéan et de la
terre ferme, et formations d'eau douce ou d'eau salée abon-
dantes; au sud, il n'y a que des formations marines (calcaires
construits par les nummulites). Le climat est chaud, l'hiver
presque nul.
Puis la mer nummulitique envahit le nord, et les saisons
deviennent brûlantes jusqu'au pôle, avec des périodes plu-
vieuses et tempérées ; la végétation devient riche et variée ; il y
a des palmiers en France et des cocotiers jusqu'en Angleterre.
Sous-divisions. — L'éocène comprend trois étages : le
suessonien, étage inférieur (de Soissons); l'étage parisien, et
le ligurien ou étage supérieur. Voici succinctement leur com-
position dans le bassin de Paris:
1* Sables et calcaires Je Rilly^ sables de Bracheux : les sables
de Rilly sont blancs et purs ; les sables de Bracheux (près
de Beauvais) sont gris verdàtres, riches en glauconie et
c I chlorite.
« I Fossiles: Cyprina scutellaria, cuculleacrassatina;
S I Physa gigantea {fig. 43), melania inquinata (fg. 44).
§ ' 2* Argiles plastiques et lignites pyritenx du Soissonnais.
s \ Fossiles : Cyrena cuneiformis {fig. 45 et 46) ;
Ë 1 Cerithiuui turris, Cerithium variabile.
2 I
a I 3* Sable de Cuise (prés de Compiègne); ce sont des sables
u I fins, gris jaunâtre, dits nummulitiques.
.^.[ Fossiles : Nummulites planulata {fig. 47); '
I Cerithium acutum, Turritelia édita ;
\ Cyrenum gravesi.
GRANDES DIVI3I0.V3 GÉOLOGIQUES
il
11* Calcaire grouier i la base ; on y rapporte le banc de Saint-
Leu, les vergelés et lambourdes (pttris de milliolilea}, le
b&QC royal, le banc verl, le calcaire à cérithes (Haie et cli-
quards).
Fossile* : Cerithium gîganteum, cristatum, lapidum ;
j Nummulites lievigata ;
Tumt«lla imbrlcetaria (fig. iS).
12* Sables et gris de Beauchamp. — Leurs /oisilea sont :
Cerithium mulabile. tricarinalum, Cordieri;
Fusus polygonus, Kusus minax.
3* Calcairei lacustres de Saint-Ouen, dont les fossiles sont;
\ LimniBB longiscata (fia. 49], Planorbis rotundalus [fig. 50).
«8 PBËCIS DE fiËOLOGIB
j I Hnrnes infea-gypseuaea, gypui el traoerUtu (Champign]?} ;
\, { FosiiUs : Pholadomya ludensiii ;
M f Pachydermes (tels que le palieotherium).
Dans les régions médilerranéennes, les di^pôls sont consti-
tués par des grfes et des calcaires pétris de nummulites, mil-
lioliles, alvéolines; on les observe à Biarrili,
à Nice, dans les massifs des Alpes et des Apen-
nins, dans les Carpathps, dans les Balkans, en
firèce, en Kgypie. en Algérie, en Perse.
b,i Oliuock.'je. — La période oligocène est
comprise entre le principal soulèvement des
Pyrénées et la (in du régime lacustre qui n
précédé l'invasion de la mer mollossique. Le début de la
période est marqué par une invasion marine venant du
nord; la mer arrive jusqu'à BAIe et jusqu'en Auvergne; cette
mer tempère le climat. Puis elle se relire ; l'Europe devient
terre ferme et se couvre de grands lacs.
Tians la faune on trouve te ruminant anthracotherium
avec le palxolherittm ; il n'y a pas de proboscidiens.
La llore est très riche et comprend des palmiers, des
liguiers, des chênes, des acacias el des érables-
Soua-divifions. — L'oligocène comprend deux étages : le
tongrien -i la base, et l'aquilanien. Dans le bassin de Paris,
l'oligocène a la composition suivante :
GRANDES DIVISIONS GÉOLOGIQUE» 69
I I* Ala bue, de* marne» angl&iseï j&unei à cyrèneB.
l Fotiih .* Cyrena conveia ;
1 3' Meulières et calcaires île Brie (pierres de Ch&teau-LaDdon, ;
' i' Marnes à huîtres, sablea et grès de FontaÎDebleau.
I Fotiitet : Ostrea cyalhula, longiroitris ;
I Natica craisatina {fig. SI), Cerithium pllcatum
f (fc-52):
I Cytherea eplendida, incratBata.
i Calcaires lacustres de Beauce et meulières de MoDtmorency.
FoitiUi : Potamides Lamarcki :
Umoea cyliodrica;
Planorbis cornu.
c) HiocÉNE. — Les gracds iacs se sèchent, et les vallées
lluTJaleH commencent h se dessiner; puis le sol s'affaisse et
la mer envahit la Suisse, la vallée de la Loire, l'Autriche et
l'Asie Mineure : on l'appelle mer Uollassique ou Helvétienne,
parce que c'est dans ses eaux que s'est formée la mollasse
(grès tendres, faciles à tailler, durcissant k l'air, enlremêlés
de poudingues et de conglomérats). Ensuite la mer se retire,
le sol s'exhausse graduellement; les phénomènes volcaniques
sont fréquents : les Alpes, les Cordillères, l'Himalaya se
soulèvent.
Le climat devient plus tempéré, et la végétation est très
riche et très variée (jusqu'en Islande).
72 PRÉCIS DE GÉOLOGIE
Ensuite la température s^est radoucie, les cours d'eau ont
pris une allure plus tranquille, et le régime actuel s*esl
(Habli.
Faune. — Elle contient les espèces suivantes : Elephas
antiquus, Rhinocéros Marcki, Hippopotamus major, puis le
Mammouth ou Elephas primigenius à crinière, et le
renne.
Les traces de Thomme, restes de squelettes ou débris de
son industrie, apparaissent à Tépoque du mammouth : c^est,
pour nos pays, Tâge des silex taillés, non polis, ou âge paléo-
lithique, suivi par Tâge de la pierre polie ou néolithiqve, puis
par rage de bronze et par Tâge de fer.
Dépôts. — i^ Les dépôts quaternaires formés par Faction
directe des grands cours d'eau et des pluies sont des allu-
vions qui couvrent les vallées ou les flancs des collines et
rjui consistent en cailloux roulés et graviers à la base, sables
et limons à la partie supérieure ; c'est surtout dans les sables
et les graviers qu'ont été trouvés les fossiles.
Les limons sont : le lœss, mélange intime d'argile et de
sable en petits grains, avec un peu de carbonate de chaux
et un peu d'oxyde de fer qui le colore en jaune ; au dessus
est le limon toiujc ou limon à briques, argileux, sans calcaire,
avec des cailloux anguleux à la base ;
2® Dans les cavernes creusées sur les flancs des vallées,
les eaux dMnflltration ont. produit des stalactites et des sta-
lagmites ; les pluies et les cours d'eau ont formé des dépôts
de gravier, de sable et de limon, riches en débris fossiles;
3^ Les nappes glaciaires ont donné lieu, surtout dans les
contrées septentrionales, à des dépôts formés d'un limon
argileux rempli de silex anguleux {terrain erratique dunord}^
ou bien elles ont semé, à des altitudes variées, des blocs par-
fois volumineux (blocs erratiques de la Suisse et de la
Russie).
GRANDES DIVISIONS GÉOLOGIQUES
73
TABLEAU RésUMK DE lA CHRONOLOGIE G^.OLOGIQUR
tHES
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O
TERRAINS
Primitif
Gambrien.
Silurien . .
DévGoien .
Per mo-carboni fëre
ÉLÉMENTS ORGANIQUES
CARACTéniSTlQrC»
ÉRUPTIONS
Règne des trilobitesdans^GraniteSt gra-
toute la série, des pois- > nulites, syé-
sons ganoïdes dans le? nites,dioriles,
Dévonien. » porphyres et
porphyrites.
1f[^ j Ammonites, bélemnitesjEuphotides,
*•*• .'• j et brachiopodes. S diorites.
Lias î 1
Oolithe ! S^"^ jurassique. ^Plantes cycadées. [pénode de re-
Infra-crétacé, j Série cré- j Céphalopodes à tours dé-^ pos.
Crétacé. t tacée .
cré- j Céphalopodes à tours dé-i
' roulés et rudistes. '
Eocéne. . .
Oligocène
Miocène .
Pliocène.
Pleistocène ou quaternaire.
"^T^&.'.'-l'Wîë'"
Plantes angiospermes.
Mammouth; apparition
de l'homme.
Faune et flore actuelles.
) récentes.
1 Basaltes, pho-
' nolites, andé-
f sites.
Volcans de
ritalie et de
l'Auvergne.
74
PRÉCIS DE GÉOLOGIE
DEUXIEME PARTIE
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
CHAPITRE I
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES
Objet de la géologie appliquée. — La géologie appliquée est
le complément de la géologie pure. Celle-ci enseigne This-
toire des matériaux qui composent le globe. Elle fait le
dénombrement et la classiflcation de ces matériaux. Elle
traite de la formation des calcaires, des marbres, des com-
bustibles minéraux, des minerais métalliques et met ainsi au
jour les richesses de toute nature que contient notre pla-
nète.
La géologie appliquée, qu'on pourrait aussi appeler géologie
pratique, apprend le moyen de tirer parti de ces richesses.
La géologie proprement dite satisfait seulement à un besoin
moral de Tesprit humain en faisant entrevoir quels phéno-
mènes ont dû présider à la formation de Técorce terrestre
et quels ^cataclysmes l'ont affectée; la géologie appliquée
répond à des exigences matérielles d'une utilité plus immé-
diate.
C'est la science qui apprend à l'ingénieur à rechercher les
matériaux utiles renfermés dans le sol et à prévoir la possi-
bilité de leur mise en valeur.
Elle correspond à des besoins impérieux du corps et de
Tesprit, tels que ceux de s'abriter dans des maisons solides,
de se chauffer à l'aide de combustibles minéraux et de fabri-
7G GÉOLOGIE APPLIQUÉE
quer avec les métaux les ustensiles utiles à la vie ménagère,
à lagriculture, à Tindustrle et aux beaux-arts.
Inflaence de la géologie sur les conditions d'existence des
hommes dans les diverses contrées. — En réalité, il n'y a
pas de matières inutiles, et, si Thomme, satisfait des richesses
qu'il trouve sous sa main, laisse parfois sans emploi d'abon-
dants matériaux, il s'ingénie, dans des contrées moins favo-
risées, à mettre en œuvre les humbles ressources que lui
indique la géologie.
A défaut du calcaire qui lui permet, en Touraine, de sculp-
ter délicatement les beaux châteaux de la Renaissance, il
construit dans les Flandres, grâce à l'argile qu'on y trouve,
des maisons de briques, moins grandioses il est vrai, mais
solides et peu coûteuses. En Champagne, il bâtit des habita-
lions d'une architecture très pauvre, car il n'y rencontre que
de la craie, substance poreuse et sans résistance, assez
impropre à la construction. En Italie et en Grèce, les dépôts
de marbres et la lave des volcans permettent, par contre, de
construire, à peu de frais, de riches palais et d'étendre dans
les rues ces belles dalles bien unies, qui donnent aux
moindres voies un aspect propre, alors même qu'elles sont à
peine entretenues.
Et il en est de même des autres pays, où le sous-sol géolo-
gique détermine l'architecture et, par suite, les conditions
d'existence des habitants.
Au point de vue industriel également, la mise en pratique
des méthodes de la géologie appliquée a transformé, quelque-
fois subitement et comme par un coup de baguette magique,
des régions abandonnées de l'homme ou même inconnues
de lui; telles sont la découverte de la houille dans le Nord
(le la France, celle du pétrole au Caucase et en Amérique,
de l'or en Californie, en Australie et au Transvaal, du fer à
Bilbao, etc.
Les grands dépôts de matières utilisables dans l'écorce ter-
restre sont des foyers autour desquels la vie humaine atteint
son maximum d'intensité et d'utilisation; la science qui
conduit à leur découverte et à leur mise en valeur est donc
entre toutes une science de progrès et de civilisation.
Géologie appliquée à l'étade d'un gisement. — On donne
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRilLES 77
le uom de giles ou de gisements aux dépôts de matières uti-
lisables que renferme Técorce terrestre. C'est donc Tart de
découvrir et d'étudier un gisement qui sera exposé dans ce
livre.
La géologie appliquée doit, de plus, enseigner à préparer la
mise en valeur des matériaux dont l'exploitation des mines,
la métallurgie et la construction donneront l'utilisation
industrielle.
Le gisement d'une matière quelconque étant indiquas
peut-on l'exploiter : telle est la question que l'ingénieur a
souvent à résoudre. C'est la géologie appliquée qui doit
répondre, et nos efforts vont tendre à donner, d'une façon
aussi claire et aussi générale que possible, la solution de co
problème pour les cas principaux qui peuvent se présenter.
ÉTQDE D'UN GISEMENT
L'ingénieur chargé de présenter un rapport sur un gise-
ment déjà découvert ou d'étudier une contrée encore vierge
doit nécessairement s*inspirer des circonstances particu-
lières qui motivent sa mission, pour la direction de ses
études et la rédaction de son rapport; mais on peut cepon-
nant donnera ce sujet des indications générales utiles.
PREPARATION D^UN VOYAGE o'ÉTUOES MIMÈHES
La préparation d'un voyage d'études minières exigera un
temps variable, suivant l'importance des gisements à étudier
ou l'étendue et Téloignement de la région qui doit être
explorée en vue de la découverte des gisements qu'elle peut
contenir. On devra d'abord s'enquérir des travaux publiés
sur la géologie des régions à étudier et consulter autant que
possible les explorateurs qui les auraient déjà parcourues.
Outre les renseignements technique et économiques, ceux
78 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
qui ont trait aux conditions climatériques et à la sécurité
des routes, etc., ne devront pas être négligés. £n effet,
dans beaucoup de régions, la saison pendant laquelle peut
s'accomplir fructueusement un voyage de recherches est
nettement limitée : il faudra éviter la saison des pluies dans
les régions tropicales et se munir, en vue dé la traversée des
régions peu sûres, des armes, des munitions, des protec-
tions diplomatiques ou militaires indispensables à la réussite
de l'exploration.
Dans le cas où il s'agit de gisements déjà connus et exploi-
tés, il sera nécessaire d'étudier tout ce qui aura été publié
à leur égard, de consulter, s'il y a lieu, les personnalités
techniques ou financières qui auraient fait partie des con-
seils d'administration ou du personnel dirigeant des
sociétés constituées pour Texploitation du gisement. Après
avoir étudié la géologie générale du pays à parcourir et la
géologie spéciale du gisement considéré, on doit se préoccu-
per du matériel à emporter au point de vue des travaux de
recherches à effectuer, des essais et analyses à faire sur
place.
Matériel de recherches. — En ce qui concerne les
recherches, il y aura lieu de s'informer, avant le départ, si des
travaux de découverte ont déjà été faits, s'ils sont eu nombre
suffisant et s'ils ont été maintenus en bon état. Si rien n'a
encore été fait, il faudra s'enquérir des ressources du pays
en fait de personnel et de matériel de sondage, d'explosifs,
d'outils de terrassiers, etc. Souvent il sera nécessaire d'em-
mener un chef mineur capable d'exécuter les travaux de
sondage au moyen des appareils que l'on trouvera sur place
ou que l'on emportera.
Sondages. — Il est souvent avantageux, quand il s'agit de
sondages importants, de traiter avec une maison s'occupant
spécialement d'entreprises de sondages, laquelle fournit
alors le personnel et le matériel nécessaires. L'importance et
la nature du matériel de sondage étant très variables, suivant
les matières qu'il s'agit de rechercher et les terrains à traver-
ser, il faudra s'entourer de tous les renseignements possibles
à ce sujet avant le départ.
Un équipage de sonde peut en effet être très restreint s'il
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES 79
s*âgit de recherches superficielles ne dépassant pas quelques
mètres, tandis qu'il peut atteindre une importance considé-
rable dans le cas de recherches à grande profondeur.
Le chevalement sera réduit, dans le premier cas, à quelques
poutres supportant une poulie, tandis qu'il atteindra les pro-
portions d'un véritable édifice si le sondage doit reconnaître
des niveaux très profonds; il comprendra alors un échafau-
dage très résistant supportant des molettes et contenant un
treuil de manœuvre à vapeur, des bureaux, des logements et
des magasins.
La sonde sera très différente dans Tun ou l'autre cas, la
section et la longueur des tiges, variant avec la profondeur,
ainsi que leur mode d'assemblage (à vis ou à enfourche -
ment). Dans le cas de sondages importants, l'emploi de
guides et de parachutes s'impose pour éviter le décentrage
du trou et le voilement des tiges. La forme et la nature des
outils d'attaque sont fonctions des terrains à traverser ; on
opérera par battage ou par rodage au moyen d'outils tran-
chants ou contondants (tarières, alésoirs ou trépans).
Dans les terrains peu consistants, le tubage des trous de
sonde est indispensable, surtout quand on doit assurer leur
permanence. On emploiera, suivant les cas, des tubes tem-
poraires ou des tubes définitifs, que l'on enfoncera par
simple superposition les uns au-dessus des autres, au moyen
de presses spéciales. Enfin, dans les cas de grands sondages,
il faudra prévoir les accidents, tels que la déviation des
trous, la rupture des tiges ou des instruments d'attaque, et
se munir d'outils de secours spéciaux, tels que coupe-tuyaux,
caracoles, cloches, etc. *.
Emplacement et nombre des trous de sonde. — On
emploiera surtout les trous de sonde dans les cas de couches
nettement stratifiées et homogènes (matériaux de construc-
tion, combustibles minéraux, etc.). L'exécution d'un trou de
sonde, pour reconnaître un filon métallifère ou un amas
» Voir, pour plus de détails, Exploitation des Mines, par M. Colomer
{Bibliothèque du Conducteur de Travaux publics) ; — ou Cours
(T exploitation des MineSy de M. IIaton de la Goupiluère (édition
de 1897} — et les notices rédigées par les principaux entrepreneurs
de sondage.
80 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
irrégulier, ne donnerait aucun résultat, car les matières
à étudier sont alors en couches souvent assez minces pour
que le sondage les traverse sans qu'on s'en aperçoive ou
sans qu'on puisse ramener à la surface des éléments d'étude
suffisants.
L'emplacement des trous de sondé sera déterminé par les
indications recueillies à la surface, s'il y en a, ou par la con-
formation topographique de la contrée à explorer. Leur
nombre variera avec leur profondeur; il devra, en principe,
être aussi considérable que possible ; mais il est évident que,
s'il s'agit de sondages à grande profondeur, il se réduira
souvent à un ou deux, à cause de dépenses qu'entraîne
l'exécution de ces travaux.
Les débris ramenés par la sonde fourniront des indica*
tions sur la composition des terrains traversés ; il faudra les
recueillir avec soin, les laver et en examiner les fragments
à la loupe ou au microscope; on peut d'ailleurs recueillir des
indications plus précises en découpant dans les terrains des
carottes assez volumineuses au moyen d'outils spéciaux appe-
lés découpeurs et emporte-pièces. S'il s'agit de produits
liquides, on peut employer la pipette Bazin.
' On tiendra un journal de sondage très soigné, de manière
à pouvoir reconstituer tout l'historique de la recherche; les
échantillons recueillis aux diverses profondeurs seront
réunis et conservés en une collection géologique permet-
tant une étude ultérieure détaillée des couches traversées;
on évitera ainsi bien souvent les pertes de temps et d'argent
que nécessiterait, quelques années plus tard, l'exécution de
nouveaux sondages, en cas d'incertitude sur les résultats des
premiers.
Cubage. — La délimitation exacte du gisement doit se
terminer par l'appréciation du volume des matières en dépôt,
ou cubage, et peut se faire au moyen de sondages, de fendues
et de tranchées; quelquefois, si lesaffleurements ne permettent
pas d'orienter des tranchées de recherches, il faudra procéder
au creusement de puits et de galeries, si l'on prévoit que ces
ouvrages pourront fournir des indications, sans que l'on soit
obligé de leur donner des dimensions exagérées. Toutefois,
s'il s'agit d'un gîto étendu et d'une matière d'un prix élevé,
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES 8i
on pourra pratiquer des galeries de recherches à flanc de
coteau ou bien creuser un puits et conduire des bowettes de
recherches de grande longueur dans diverses directions.
On procédera à des prises d'essai dans tous les points
intéressants : fond de galerie, fond de puits ou de tranchées.
Il sera souvent utile de conduire un travers-bancs que Ton
étendra en direction adroite et à gauche dans la veine, quand
on Taura atteinte, en ayant soin de prévoir des rampes
d'écoulement pour les eaux et d'évacuation pour les
déblais.
Il arrive généralement que les travaux de recherches sont
utilisés pour des expertises ultérieures et même pour la mise
en valeur définitive du gisement; il faut donc veiller à ce
qu'ils puissent se conserver en bon éiat pendant un certain
temps en boisant les galeries et les puits, s'il y a lieu.
On devra aussi, autant que possible, faciliter l'accès du fond
des travaux au moyen de treuils à bennes, d'escaliers ou
d'échelles flxes en fer ou, tout au moins, à l'aide de quelques
échelons en bois.
La prospection d'un gisement, pour être complète, doit
comprendre outre les travaux matériels de recherches qui
viennent d'être indiqués, une étude approfondie de la géologie
etde lagéographie du pays permettant de prévoir la richesse du
gisement et son exploitabilité . L'ingénieur prospecteur ne
saurait trop insister aussi sur les considérations économiques
de l'exploitation à venir, et il doit pouvoir analyser rapide-
ment les matériaux et les minéraux qu'il découvre. On
donnera ci-dessous, au sujet de ces divers points, quelques
indications générales, avant d'aborder Tétude de chaque miné-
ral en particulier.
Étude géologique. — On s'attachera à faire une étude
géologique aussi complète que possible de la contrée où se
trouve le gisement considéré, et on dressera une carte men-
tionnant la nature des terrains et des roches avec les failles
et les filons, en déterminant l'âge des diverses formations.
Les filons seront suivis sur toute leur longueur au moyen de
fexamen des affleurements, combiné avec les résultats des
sondages et des percements de galeries. Les parties riches des
filons seront notées avec soin, ainsi que toutes les variations
GÉOLOGIB. 6
82 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
d'épaissear, de direction et de profondeur dont on pourra se
rendre compte. Les renseignements que l'on recueillera sur
place auprès des prospecteurs locaux et des industriels déji
établis dans le pays seront du plus grand secours dans ces
recherches délicates.
L'étude géologique d'un gisement sert de base à toute son
exploitation ultérieure; il ne faut donc rien négliger pour
s'assurer de son exactitude. L'ingénieur prospecteur devra
s'appuyer sur les travaux des géologues qui l'auront précédé ;
mais il aura soin de vérifier soigneusement leurs indications
et de contrôler l'exactitude des cartes géologiques delà région
qui, étant dressées généralement à une très petite échelle^
sont susceptibles de contenir quelques erreurs pour les zones
ordinairement peu étendues dans lesquelles on cherche à
établir des exploitations minières.
Topographie. — Pour faire une étude géologique complète
et fructueuse du gisement à explorer, il est nécessaire d'en
déterminer exactement la situation topographique; dans ce
but, on devra se procurer tous les plans, même les plus anciens
qui auront été dressés du gisementet des travaux de recherches
ou d'exploitation déjà effectués. De plus, pour les consta-
tations rapides, l'ingénieurprospecteur devra être muni d'une
boussole de poche avec talon et aiguille d'inclinaison, ainsi
que d'un petit baromètre métallique pour déterminer les
altitudes et repérer les points qu'il devra explorer.
Étnde géographique. — L'exploitabilité d'un gisement
dépend souvent de sa situation géographique; le rapport devra
indiquer les centres industriels ou les agglomérations les plus
importantes qui se trouvent dans la région à explorer; on y
mentionnera les moyens d'y accéder par chemin de fer, par
voie d'eau ou par les routes, en notant les distances compa-
ratives et le prix de revient des divers modes de transport
existant ou à établir. Si l'on se trouve au voisinage de la mer^
il pourra y avoir intérêt à relier la mine au rivage par une
route ou par une voie ferrée, ou à construire une estacade
pour faciliter l'embarquement des minerais, surtout s'il s'agit
d'une exploitation devant porter sur un tonnage considérable
et exigeant des moyens de transport puissants. La facilité des
communications permet d'installer les machines à peu de
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES 83
frais, et parfois on se trouve obligé d'abandonner des gîtes
intéressants, parce que Ton est dans l'impossibilité d'amener
à pied d'œuvrele matériel d'exploitation nécessaire. La diffi-
culté des communications est d'ailleurs un obstacle à Tap-
provisionnement des travailleurs que Ton devra payer en
conséquence et que Ton recrutera avec peine, s'il s'agit d'un
pays dénué de ressources.
Il est de la plus haute importance, avant d'entreprendre la
prospection d'une contrée, de se munir des cartes à grande et
à petite échelle, les mieux faites, les plus détaillées et les plus
récentes qui aient été publiées sur cette région.
Hydrologie. — Une question importante est celle du régime
hydrologique de la contrée. Pour certaines exploitations, il
est indispensable de disposer soit d'un cours d'eau, soit de
sources abondantes. Si l'on a besoin d'une force motrice
considérable, il peut être très intéressant de créer des déver-
soirs, pour l'établissement dé moulins ou de turbines desti-
nés à servir de moteurs. On pourra ainsi actionner des
dynamos, permettant de transporter sur le carreau de la
mine l'énergie électrique nécessaire à la commande de ven-
tilateurs, de bocards, voire même de machines d'extraction,
ainsi qu'à l'éclairage des chantiers. Il faudra donc étudier
avec soin le régime des cours d'eau avoisinants, se faire ren-
seigner sur l'importance de leurs crues, qui peuvent être
nuisibles aux travaux de lamine, ainsi que sur leurs périodes
de sécheresse, qui peuvent arrêter, par manque d'eau, les
usines de force motrice.
Rocratement du personnel. — La question du recrutement
de la main-d'œuvre est également primordiale. Dans certains
|.ays il existe une population, habituée de longue date aux
travaux miniers, qui fournira une main-d'œuvre abondante
et entendue. Dans d'autres régions, au contraire, le caractère
essentiellement agricole de la population rendra impossible
le recrutement sur place, et on sera obligé de faire venir à
grands frais le personnel dont on aura besoin.
Si le pays est malsain, ce personnel sera très exigeant, et
on devra s'attendre, surtout dans- les premiers temps de
l'exploitation, à le voir diminuer, par suite de la mortalité et
des rapaliiomonls.
84 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Il faudra se rendre compte des conditions d'hygiène du
pays et s'enquérir des maladies endémiques et des épidémies,
si fréquentes dans les pays intertropicaux.
L'extrême chaleur et des froids rigoureux, ainsi que les
saisons pluvieuses prolongées, ralentissent ou arrêtent,
pendant une partie importante de Tannée, les travaux de
mine et les transports ; on doit donc en tenir le plus grand
compte dans rétablissement d'un projet d'exploitation.
Considérations économiques. — Il est nécessaire, dans une
exploitation, de pouvoir disposer de bois en planches, en
poutres et en poteaux, soit pour les soutènements dans les
galeries, soit pour la construction de hangars ou d'habita-
tions ouvrières, permanentes ou temporaires. On étudiera
donc l'importance des forêts, et surtout la nature des essences
et les dimensions des arbres qui les composent. Il sera utile
aussi de connaître les centres industriels qui ont fourni le
matériel des installations voisines, s'il y en a; de s'enquérir
des droits de douane, des prix du fret, du moyen de déchar-
gement dans les ports, et, en général, de tous les éléments
nécessaires pour calculer, le plus exactement possible, le
prix de revient des machines et des maténaux de construc-
tion, rendus à pied d'œuvre. On pourra avoir besoin dé ces
renseignements, pour établir des constructions métalliques,
ou pour installer Textraction ou la préparation des minerais.
Aucun détail ne doit être omis, et il sera très important de
connaître le prix de la main-d'œuvre, ses variations possibles
e^ leurs causes, les besoins du pays, le développement de son
industrie, ses importations et ses exportations, sa législation
minière, son organisation politique et administrative, et de
se rendre compte de l'accueil qu'y reçoivent les chefs d'in-
dustrie et les ouvriers étrangers. En un mot, l'ingénieur
prospecteur devra s'attacher, pour l'étude d'.un gisement,
non seulement à des considérations géologiques, mais encore
à toutes les indications susceptibles de le renseigner complè-
tement sur le prix de revient et sur le prix de vente pro-
bables du minerai ou de la roche à exploiter.
Prise d'essai. — On devra apporter le plus grand soin
dans le choix des points où l'on prélèvera les échantillons
et faire tous ses efforts pour arriver à une moyenne exacte
COKBIDÉRATIONS GÉ?IÉ1tAI.ES SS
par des attaques multiples. Il Taut se prémunir contre 1«8
difTérences de compacité des diverses roches, surtout quand
on prélève des échantillons au moyen de coups de mine;
la portion du gtte abattue par un explosif contiendra
souvent plus de matières utiles que n'en contient le gise-
ment en moyenne, parce que les sulfures et les chlorures
minéraux, par exemple, sont en général plus tendres et plus
portés à s'elTriter et k tomber que les roches encaissantes ;
on devra donc, dans ce cas surtout, multiplier les prises
d'essai et faire broyer une quantité importante de minerai,
sur laquelle on prélèvera des échantillons définitifs, par l'une
des méthodes suivantes:
i" Pour une prise d'essai méthodique, on fait avec le
minerai un tas circulaire de l mètre de haut et de 8 à
10 mètres de diamètre, puis on pratique une tranchée sui-
vant un diamètre; on pulvérise les matières qu'on eu retire.
et on fait un nouveau las sur lequel on recommence la
même opération, et ainsi de suite, jusqu'à ce qu'on n'ait plus
que 2à 3 mètres de matières, présentant bien la composition
moyenne {Voir fig. 55) ;
2" On peut aussi opérer sur des las rectangulaires, suivant
la méthode allemande, l.e tas a 1 mètre de haut, 3 à 4 mètres
86 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
de large et 8 à tO mètres de long ; sur la surface on dessine un
damier et on enlève le minerai compris dans un certain
nombre de cases systématiquement choisies (Voir fig, 56).
Sur le minerai ainsi prélevé, on fait de nouvelles prises,
jusqu'à ce qu'on n'en ait plus que la quantité voulue ;
^^ Aux États-Unis, on a essayé, pour les métaux précieux,
de faire des prises d'essai mécanique.
Le minerai versé dans une trémie tombe sur la pointe d'un
cône ; au moyen d'une glissière ou d'un secteur évidé on
isole ce qui tombe sur un dixième de la circonférence.
L'analyse chimique ou minéralogique fournit ensuite la
composition exacte du minerai.
Essais sûr place. — Laboratoire de voyage. — Outre les
analyses, que l'on fera effectuer dans des laboratoires spé-
ciaux, officiels ou non, il sera bon de procéder sur place à
divers essais et mémo à des analyses rapides, surtout s'il
s'agit de gisements non encore reconnus, il y aura lieu de
faire les essais tantôt par voie sèche, tantôt par voie humide.
Il sera donc indispensable d'emporter avec soi un matériel
de laboratoire, réduit au strict nécessaire, si la région à
explorer est éloignée de tout centre industriel.
Au premier rang des appareils indispensables à tout pros-
pecteur, il faut placer une paire de bonnes balances, avec des
séries de poids correspondants. L'une,- pour les pesées déli-
cates, pourra peser, par exemple, 1 gramme au centième de
milligramme près, et l'autre pourra peser 2 ou 300 grammes
au centigramme près. Le laboratoire portatif devra com-
prendre, en outre, les ustensiles nécessaires pour pulvériser
les roches (mortier en fonte, en porcelaine, pilons, marteaux,
enclume en acier, ciseau à froid) et pour faire des essais par
voie sèche et des coupeltations (coupelles, moules à cou-
pelles, moufles, creusets, fourneau à moulles, pinces à
creusets, pinces à coupelles, pinces et brosses à boutons,
tubes à essai, scarificateur, moules et pinces à scarificateur).
Pour les essais par voie humide, on prendra des capsules,
des ballons d'essai, des burettes, des flacons séparateurs;
comme produits indispensables, du borax ordinaire et vitri-
fié, du plomb à essayer, du plomb granulé, de la lilharge
(10 kilogrammes), du bicarbonate de soude (40kilogrammes)i
CONSIDÉRATIONS GÉNÈRALKS 87
de Tazotate de potasse (2 kilogrammes^, de la cendre d*os
(10 kilogrammes), de Targent en lamelles (25 grammes), de
Tacide chlorhydriqi|e (3 litres), de Tacide azotique (3 litres),
de la silice, de Tammoniaque et du sulfure d'ammonium.
On pourra fabriquer soi-même les coupelles, au moyen
d'un moule spécial dans lequel on comprimera avec un
mandrin la cendre d'os humide. A la rigueur, on peut pré-
parer soi-même la cendre d'os en brûlant des carcasses de
moutons ou de chevaux.
Enfin Ton devra se munir d'un microscope polarisant et
de ses divers accessoires, tourmaline, mica-quart-d'onde, etc.,
si l'on veut procéder à un examen micrographique des
roches rencontrées. Pour reconnaître rapidement les espèces
minérales d'après leur dureté, on se servira d'une pointe
d'acier. L'essai au tube ouvert se fera dans des tubes à essais
en verre, que l'on soutiendra au moyen d'une pince en bois
au-dessus de la flamme d'une lampe à alcool.
EsMi an chalumeau. — r Une excellente méthode d'infor-
mation est l'essai au chalumeau, soit avec le borax, soit avec
le sel de phosphore. Suivant l'aspect des perles obtenues, on
peut déterminer la plupart des espèces minérales d'une
manière très nette et très rapide; on trouvera dans V Agenda
du Chimiste , publié par la maison Hachette, tous les rensei-
gnements nécessaires pour les essais au chalumeau.
Il n'est cependant pas inutile de citer ici un résumé des
diverses opérations de l'analyse au chalumeau, qui permettra
au prospecteur de reconnaître en quelques instants le mi-
nerai qu'il aura rencontré.
ESSAI AU CHALUMEAU
RÉSUMÉ DES DIVERSES OPÉRATIONS
I. Examen du minerai chauffé dans un tube fermé.
II. — — — — ouvert.
III. Examen sur le charbon sans réactif.
IV. — — avec réactif.
V. Sur la pince à bouts de platine.
VI. Sur le fil de platine avec borax ou sel de phosphore.
88 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
I. — EXAMBN DANS LE TUBB FERMÉ
Ctypse (CaOSO^ + 2Aq). — Dégagement d'eau.
Pynte (FeS*). — Dégagement de S.
Mispickel (FeAsS). — Sublimé rouge de sulfure d'As, puis sublimé
métallique d'As.
Cuivre gris [SbS^ + 4(Cu^Fe)S]. — Sublimé rouge de sulfure
de Sb.
Cinabre (HgS). — Sublimé de sulfure de Hg. Si on le mélange à la
soude, on obtient du Hg.
II. — Examen dans le tube ouvert
Smalline (cobalt arsenical). — Sublimé d'acide arsénieux, puis
fumées blanches.
Cuivre gris. — Sublimé d'oxyde d'antimoine et dégagement d'acide
sulfureux.
III. — Essais sur le Charbon sansri^actip
!• Réduction
Cérusite (PbO,CO«}. —Fond et donne du plomb.
2* Grillage
Chalcosine (Cu^S). — Fond, dégage de l'acide sulfureux.
Cuivre gris, — Fond, dégage de l'oxyde d'antimoine et de Tacide
sulfureux.
IV. — Essais sur le charbon avec réactifs
1* Réduction avec la soude
Pyromorphite (plomb phosphaté). — Donne du plomb métal-
lique.
Malachite (cuivre carbonate vert). — Donne du cuivre.
2' Réduction avec soude et oaalale de potasse
Étain oxydé. — Étain.
3" Essais sur le charbon avec réactif au nitrate de cobcUt
Giobertite (magnésie carbonatée). — Prend une coloration rose
pâle.
Zincenise (zinc hydrocarboné). — Prend une coloration verte.
Kaolin (silicate d'alumine hydraté). — Prend une coloration bleue.
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES 89
V. — Essais avbc la piacb a bouts ùe plati^îe
!• Fusibilité
Mésotype (hydrosilicate d'alumine et de soude). — Fond facile-
ment et colore la flamme en jaune.
Grenat almandin (silicate d*aiumine et de FeO). — Fond assez faci-
lement Qt devient noir et magnétique.
Epidote (silicate d*Al»0^Fe^03, CaO -4- un peu d'eau). — Fond assez
facilement en une masse noire.
Orthose (silicate d'Al^O» et de RO^. — Fond difficilement sur les
bords.
2* Coloration de la flamtne
I.^pfcfo/t7e(micalJthifëre). — Flamme rouge.
Wit hérite (baryte carbonatée). — Flamme vert pâle.
Strontianite (strontiane carbonatée). — Flamme rouge.
Yl. — Essais sur le fil de platine avec borax
Acerdèse (H*0,Mii*0»). — Perle rouge améthyste, incolore à la
réduction.
Malachite, — Perle bleue, rouge au feu de réduction.
Oligiste. — Perle Jaune, vert bouteille à la réduction.
Smaltine, — Après grillage, le globule donne successivement, sur
la coupelle, les réactions du fer, du cobalt et du nickel.
Fe = jaune
Co = bleu
Ni = brun.
On doit à M. Stanislas Meunier un moyen original de
reconnaître exactement, sans aucune difficulté et sans ana-
lyse compliquée, tout minerai et toute roche rencontrés au
cours d'une prospection. (Voir la Lithologie pratique^ par
St. Meunier; Dunod, éditeur; pages 176 à 198.)
Les prospecteurs qui auront employé une fois ce procédé
d^investigation s'en serviront constamment par la suite.
90 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
DIVISIONS DE CE TRAITÉ DE GÉOLOGIE APPUOUÉE
Après cet exposé indispensable pour fixer les idées de
ringénieur géologue, quelle que soit la prospection qu'il peut
avoir à accomplir, recherche déroches, de matériaux de cons-
truction ou de minéraux quelconques, cet ouvrage compren-
dra Texamen successif des divers matériaux que renferme
notre globe, et qui sont susceptibles d'être utilisés par Tin-
dustrie, les arts ou les divers besoins de Thumanité, et l'in-
dication, pour chacun d'eux, des particularités les plus intéres-
santes, qui ont été constatées jusqu'à ce jour dans les
gisements exploités ou même seulement reconnus.
Classifications diverses. — Pour la classification des ma-
tières que l'on doit étudier dans ce traité, nous pouvions
choisir entre quatre systèmes correspondant respectivement
aux caractères chimiques, géologiques, géographiques et
aux applications pratiques de chaque minéral.
I. La classification chimique, qui est souvent employée,
présente de nombreux inconvénients pour Tétude qui nous
occupe.
Des corps dont les affinités chimiques sont indéniables,
comme le carbone et le bore, ont des gisements ne présentant
aucune analogie. Certains éléments qu'amène la nomencla-
ture chimique n'ont aucune importance minéralogique,
l'iode, par exemple, tiré exclusivement des cendres de varech,
d'ordre végétal par conséquent; d'autres, comme l'oxygène,
le corps le plus répandu à la surface de la terre et celui dont
l'influence chimique est prépondérante, doivent être forcé-
ment passés sous silence dans un traité de géologie appliquée.
De plus, les composés binaires se rencontrent deux fois:
le chlorure de sodium, s'il est étudié à propos du sodium,
devrait au moins être cité au chapitre du chlore. Les sili-
cates sont séparés de certains aluminates auxquels les
rattachent cependant une série de composés mixtes et de
roches complexes.
IL D'autre part, la classification ne peut reposer sur des
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES 91
caractères géologiques. Un même corps, la pyrite cuivreuse
par exemple, est d'origine filonienne à Rio-Tinto, tandis
qu'au Rammelsberg, dans un gisement très analogue, il est
«rorigine nettement sédimentaire. — L'or, Pun des métaux
les plus anciens, se rencontre dans des filons de quartz
appartenant à l'ère primaire dans les conglomérats cam-
briens des montagnes Rocheuses, par exemple; ce même
métal se retrouve dans des filons aurifères de la Transylva-
nie, du Colorado, de TAutriche, qui appartiennent à la fin de
l'ère tertiaire.
Il en est de même pour Tétain, qui se rencontre dans des
granulites dévoniennes et aussi dans des couches tertiaires
<le Toscane.
Le mercure, le plomb, etc., se rencontrent dans des
terrains appartenant à des formations tout à fait différentes.
Certainis minerais, d'origine uniquement sédimentaire,
appartiennent aussi très souvent à différents âges géologiques
(houille, calcaire, etc.).
lU. On pourrait, à la rigueur, admettre une classification
géographique permettant à l'ingénieur qui séjourne dans
une contrée de retrouver facilement tous les gisements qui
se trouvent dans son voisinage. Mais cette classification pré-
sente divers inconvénients :
L'ingénieur ou le conducteur de travaux publics, par
exemple, n'aura besoin que de renseignements sur les
matériaux de construction, granité, pierres à chaux ou à
ciment, calcaires, ardoises, etc., et, dans les divers chapitres
de la classitication géographique, ces renseignements se trou-
veront noyés au milieu d'indications sur les minerais métal-
lifères ou autres.
Ce même agent ne pourra pas embrasser rapidement, dans
un ouvrage ainsi disposé, l'ensemble des gisements des
matériaux qui l'intéressent, ni découvrir, par suite, les gise-
ments des contrées voisines auxquels il pourrait avoir recours.
Si la contrée qu'il habite ne possède pas de calcaire
ilonnant l'espèce de chaux dont il a besoin, la chaux hydrau-
lique, par exemple, il faut qu'il puisse trouver facilement
dans quelle contrée voisine il rencontrera l'argile, dans
quelle autre le carbonate de chaux, qui pourront lui fournir.
92 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
après mélange et calcination, la chaux hydraulique dont il
aura besoin.
Il est évident aussi que la recherche ou Tétude de
sources minérales, par exemple, sera facilitée si, dans un
traité de géologie appliquée, on trouve au même chapitre
toutes les indications sur les venues thermales, sans avoir à
compulser tout Touvrage pour y étudier le régime des eaux
minérales dans chaque contrée.
IV. En présence de la presque impossibilité d'établir une
classification rationnelle, il paraît sage de se contenter d*une
classification pratique.
Notre nomenclature ne comprendra, du reste, que les corps
qui se présentent en masse importante dans la nature ou qui
ontdansles arts une utilité particulière. On ne traitera pas de
métaux tels que le ruthénium, dont Thistoire n'appartient
pas plus à la géologie que sa préparation ne dépend de la
métallurg'e, et il a paru inutile de s'appesantir sur des corps
tels que le sélénium, qui est d'un usage très restreint, non
plus que sur certains autres corps, tels que ceux que Ton ne
trouve, comme l'iode, que dans les eaux de la mer et en bien
faibles proportions.
La plupart de ces corps sont du domaine de la chimie
industrielle plutôt que de la géologie.
Classification adoptée. — La classification adoptée dans ce
traitt'; de géologie pratique est basée sur l'utilisation des maté-
riaux. Les plus employés et les plus répandus seront examinés
tout d'abord ; ainsi les premiers chapitres traiteront des
matériaux de construction et des minerais employés pour la
métallurgie; les chapitres suivants comprendront les com-
bustibles, les hydrocarbures, les minéraux employés dans les
industries chimiques et dans l'agriculture et, en dernier lieu,
sera placée l'étude des minerais des métaux rares et des
pierres dites précieuses.
DiTisions des chapitres. — Dans chaque chapitre les mi-
néraux seront classés suivant leur importance industrielle;
pour chacun d'eux, on indiquera successivement :
i^ Les caractères distinctifs du corps à étudier et les pro-
priétés physiques et chimiques permettant de le recon-
naître;
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES 93
2** Les divers usages et les conditions d'emploi du corps et
de ses composés ;
3* Les divers minerais d'où il peut être tiré, avec leur géo-
génie, s'il y a lieu ;
4° Les gisements connus exploités ou non, la description
détaillée des principaux d'entre eux et des modes d'exploi*
tation employés, avec leur prix de revient ;
5<» La production de chaque minerai pendant les dernières
années avec le prix de vente, pour le monde entier, et des
renseignements statistiques, économiques et commerciaux
pour les principales exploitations ;
6^ Une bibliographie complète pour chaque corps, permet-
tant de trouver les renseignements les plus récents et les
plus détaillés pour les matériaux et les minerais dont on
veut approfondir l'étude.
L'on rencontrera, au cours de cet ouvrage, un certain
nombre de renseignements empruntés aux études si docu-
mentées et si complètes de MM. Nivoit {Géologie appliquée à
Part de Vingénieur), Stanislas Meunier {Géologie pratique),
Haton de la Goupillière {Cours d'exploitation des mines) et de
Lapparent {Traité de Géologie), aux documents laissés par
M. Fuchs, ingénieur en chef des Mines, et surtout au cours
professé à l'École supérieure des Mines de Paris par notre
éminent maître, M. L. de Launay.
Nous renvoyons à ces divers auteurs ceux de nos lecteurs
qui voudront étudier plus complètement un des gisements
qui n'aura pu souvent être qu'effleuré dans le cadre restreint
de cet ouvrage.
Aces diverses sources de renseignements nous avons Joint
le résultat de nos recherches et observations personnelles
faites au cours de fréquentes missions et de voyages
d'études dans divers pays et pour de nombreux minerais, tels
que, notamment:
Les gisements hydrocarbures, pétrole, asphalte, bitume,
ozokérite, etc., de la Galicie, la Hongrie, l'Italie, la
Limagne, l'Hérault, les Landes, etc. ; les gisements houillers
94 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
et anthracifères de France et de Belgique, les lignites de
Hongrie, de Styrie, d'Autriche, d'Allemagne et d'Italie, les
ardoisières des Ardennes, les gîtes nianganésifères des
Pyrénées; divers gisements de minerais de fer ; les minerais
de plomb argentifère de Freiberg; les marbres du Boulonnais
et de ritalie et les calcaires de Soignies, d'Ecaussine, etc.
Nous espérons que leslecteurs de la Bibliothèque du Con-
ducteur de travaux publics pourront trouver dans cet ouvrage
quelques renseignements qui leur seront utiles pour leurs
travaux, soit comme constructeurs, pour les matériaux qu'ils
auront à employer, soit comme prospecteurs, pour les gise-
ments qu'ils auront à reconnaître en vue d'une exploitation à
venir.
Le Précis de Géologie générale qui précède ce Traité de
Géologie et de Minéralogie appliquées renferme des éléments
de minéralogie et de paléontologie. Cet abrégé de géologie,
très succinct, contient les principaux renseignements sur la
formation du globe terrestre et sur les divers terrains que
renferme notre planète, avec leur ordre de dépôt. On y
trouvera tous les éléments nécessaires à l'étude des terrains
où l'on rencontre les minéraux dont les gisements sont passés
en revue dans les chapitres qui vont suivre.
CHAPITRE II
MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION ET ROCHES
EMPLOYÉES DANS LES TRAVAUX PUBLICS
Ce chapitre comprend Tétude des mutériaux de construc-
tion et des matières employées dans les travaux publics ; on
en exceptera les minerais métalliques, qui ne sont générale-
ment utilisés dans les constructions qu'après une transfor-
mation préalable ; ces minerais feront Tob jet du chapitre
suivant.
On peut diviser celte élude, pour plus de facilité, en deux
parties principales, d'après Torigine et la formation des ma-
tériaux :
1® Les roches ignées ou éruptives ;
2« Les roches sédimentaires.
Définition. — On appelle roche une substance minérale
assez répandue dans la nature pour pouvoir être considérée
comme partie intrinsèque de Técorce terrestre.
Caractères généraux des roches. — On trouvera, dans
le premier chapitre de ce traité, le moyen de reconnaître la
roche ouïe minerai que Ton veut exploiter ou employer; on
ne reviendra pas ici sur ce point; mais il est utile, en ce qui
concerae particulièrement les roches, de se rendre compte
rapidement de certaines de leurs propriétés et de leurs qua-
lités relatives à l'emploi auquel elles sont destinées.
Ces diverses propriétés sont:
96 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
La dureté, la résistance, la ténacité, la flexibilité, la den-
sité, la structure,rhoniogénéité,raltérabilitésous Finfluence
des éléments atmosphériques, de la chaleur ou de la gelée.
Selon la propriété prédominante dans chaque roche, on
remploie comme fondations, comme pierre à bâtir pour les
habitations ou pour les monuments plus durables, comme
couverture de bâtiment, comme pavage des rues, bordure
des trottoirs ou empierrement des routes, ou comme déco-
ration des édifices.
On indiquera, pour chaque roche, les qualités qui lui sont
propres et qui la font rechercher plus particulièrement
pour les divers besoins des constructions ou des travaux
publics.
Prbmièrb paktib. — ROCHES ËRUPTIVES OU IGNÉES
On peut voir, dans le Précis de Géologie qui précède ce
Traité de Géologie et de Minéralogie appliquées, que les roches
éruptives ont été classées en roches anciennes et modernes^
acides et basiques. Une classification aussi détaillée, indis-
pensable pour l'étude théorique des roches. Test beaucoup
moins au point de vue de leur utilisation, qui seule intéresse
le constructeur. Pratiquement la composition microscopique
est indifférente ; au contraire, l'apparence peut jouer un
rôle important, aussi distinguera- t-on les roches éruptives
en trois catégories, suivant leurs caractères extérieurs.
On appellera roches granitiques, les roches formées d'élé-
ments de grandeur de même ordre; porphyriques, celles
qui présentent de grands cristaux tranchant sur une pâte,
quelle que soit, d'ailleurs, la nature de cette pâte ; et, enfin,
rocfies volcaniques ou laves, les roches vitreuses sans cristaux.
1^ ROCHES GRANITIQUES
Les roches granitiques sont formées de trois éléments
principaux : quartz, feldspath et mica, ce dernier pouvant
U&TËBIAUX DE CONSTRUCTION 97
être remplacé par différents minéraux magnésieas, par
exemple par de l'amphibole. Elles sont Tonnées de cristaux
soudés entre eux, qui se liassent suivant des angles 1res
aigus, et elles présentent un poids spéciilque élevé, de
2.600 kilogrammes au moins par m^tre cube.
Elles ne font pas effervescence sous l'action des acides et
durcissent au feu sans donner decbaux ni de pldtre.
CJunuatS.— Le granité tfig. 37), très abiimlant àla surface
du globe, l'est cerlainement
ilavantaRe encore aux niveaux
inférieurs, puisqu'il s'est formé
en profondeur sous des pres-
sions considérables et qu'il a
fallu des accidents particuliers
pourl'amenerau jour ; de plus,
comme son apparition a com-
- mencé aux époques les plus
reculées de l'histoire géolo- Fm. r^7. — linniir.
gique, il a dû en bien des points
être recouvert (Kir des formations plus récentes. Le gneiss
et le micasehiKU, qui sont des roches granitiques, forment
l'écorce primitive i|ui s'est étendue sur toute la surface du
Le granité apparaît principalement dans les régions mon-
tagneuses d'Angleterre, d'Ecosse, de Scandinavie, de Fin-
lande, de Bohême, de Wurtemberg et d'Espagne. En France,
on l'exploite plus particulièrement en Bretagne, en Nor-
mandie, dans l'Auvergne, le Limousin, les Vosges, la Côte-
d'Or, les Pyrénées et les Alpes.
V coNsimicTiON
L'usage le plus ft-équeut du granité est celui qu'on en fait
dans les constructions. 11 s'y prête parfaitement, ù cause des
trois propriétés qu'il réunit à un haut degré : dureté, résis-
tance, élasticité ; il les doit ù ses trois éléments : le quarU,
qui forme un squelette dur; le feldspath, qui constitue un
CtOLOOIC. 7
98 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
élément donnant la résistance ; le mica, qui lui communique
son élasticité.
La résistance à Técrasement est d'autant plus grande que
le grain est plus fin : pour les granités à petits éléments
prenant bien le poli, elle peut s'élever à 1.500 kilogrammes
par centimètre carré ; pour des granités grossiers, elle est
encore de 500 kilogrammes par centimètre carré, ce qui
représente sept à dix fois la résistance du marbre blanc
veiné le plus dur.
L'inconvénient de ces matériaux est la difficulté de la
taille, qui en élève beaucoup le prix. Le granité vaut, à Paris,
de 200 à 250 francs le mètre cube. L'exploitation du granité
se fait à Taide des fourneaux de mine, au moyen desquels
on en fait sauter de grands quartiers ; on taille aussi les faces
extérieure et supérieure, et on fait éclater avec des coins en
bois qu'on imprègne d'eau pour les faire enfler.
Le granité est particulièrement propre à la construction
des monuments auxquels on veut assurer la durée; on peut
citer les suivants : l'abbaye du Mont-Saint-Michel, qui a été
sculptée dans le granité de Normandie, malgré le voisinage
des excellents calcaires du Calvados; le couvent de l'Escurial
est en granité de Guadarrama; la cathédrale de Saint-Péters-
bourg, la colonne de l'Empereur Alexandre et les fortifica-
tions de Cronstadt sont en granité de Finlande; malheureu-
sement les granités de Finlande no sont pas absolument
inaltérables; au cours des variations de la température, ils
s'effritent par suite de la kaolinisalion du feldspath.
Du FÉRENTEs VARiÉTi^s DE GRANITE. — Différentes variétés de
granité peuvent êlre utilement employées dans la cons-
truction :
Protogine.— En Savoie, près de Saint-Jean-de-Maurienne,
les carrières d'Épierre donnent un granité blanchâtre nuancé
de vert appartenant à la variété à\\(^ protoçfine {fig, 58), très
employée dans la région jusqu'à Lyon et Saint-Etienne. Ce
granité a servi à construire le soubassement de la banque de
France à Chambéry. Sa résistance à l'écrasemeçt est d'envi-
ron 1.200 kilogrammes par centimètre carré. Son prix varie de
35 à 40 francs le mètre cube sur carrière. Les exploitations
de Bonjean,dansla Côte-d'Or, produisent un très beau granité
MATÉRIAUX DE CONaTRUCTION 99
h feldspath rose; elles ont fourni le piécleslal de la slatuejde
VeroingéloriK, à Alise-Sainte-Reiae.
Lrpttnite. — Près d'Annonay, dans l'Ardèche, on exploite
une leptynite très dure, blanc grisltre, à grain lin; on en
a construit les ouvrages d'art et les églises de la région.
Sï^NiTE. — La fyénite, qui est un granité où le hornblende
remplace le mica, doit à cette circonstance d'être susceptible
d'un beau poli qui la rend propre i l'ornemenUtion.
Les fùla de colonne du vestibule de l'Opéra sont en syé-
nite rouge-corail provenant deServance (llnule-Saône}. On y
trouve aussi une autre variété appelée granité feuille morte
dont sont faites les colonnes du scjuare des Arts et Métiers et
celles de l'avenue de l'Observatoire.
Des environs de Hemiremont dans les Vosges on exporte
aussi, au loin, une syénite feuille morte; on peut en voirun
échantillon dans le dallage du Panthéon. Le prix de revient
du mètre cube poli est de 100 francs â Épinal.
Les Égyptiens préféraient pour leurs constructions le gra-
nité au calcaire, et, bien (ju'ils eussent celui-ci à leur disposi-
tion, ils faisaient venir un beau granité rouge amphibolifère
des environs de Syène, ville d'où vient le nom de syénite.
C'est avec cette pierre qu'est édifié l'obélisque de Louqsor
100 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
dont le piédestal sort des carrières de Lober dans le Finis-
tère. De ces grandes carrières qui occupent plus de trois
cents ouvriers, on tire un beau granité gris clair prenant
bien le poli.
DioRiTE. — La dioritCf qui contient beaucoup de mica, se
polit moins facilement; mais le mica lui communique une
belle couleurnoire, qui la fait apprécier pour les monuments
funéraires.
Kersantite. -> La kenantite, qui décore aussi beaucoup de
cimetières, se rencontre souvent dans les églises gotbiques
et les calvaires de la Bretagne.
EuPHOTiDE. — Veuphotiile est exploitée dans le Piémont;
elle a servi à élever la chapelle des Médicis et Téglise San
Lorenzo, à Florence.
Le gneiss et le micaschiste sont trop feuilletés pour entrer
dans la composition des monuments. Dans le Limousin et
la Toscane on les utilise comme moellons; ils ont Tavantage
de se débiter facilement suivant des plans parallèles.
B, — Granités employas dans les travaux publics
Le granité est encore employé dans Texécution des travaux
publics; il ne craint ni Faction de Teau douce, ni celle de
Tcau de la mer, et est particulièrement indiqué pour les
travaux de port et les murs de quai.
Pour le port de Cherbourg on s'est servi d'une syénite
porpbyroïde rose provenant des carrières de Fennonville,
dans la Manche. Le prix de revient n'était que de 30 francs
If» mètre cube pris à la carrière.
C\ — Granités pour pavage
Les qualités de résistance à Tusure et d'élasticité, que le
f^ranite doit à sa composition, le rendent encore propre à
faire des dalles, des bordures, et à servir à Tempierrement
lies routes.
Pegmatite. — A Paris, on se sert, pour le dallage, d'un
granité à grains fins, riche en mica, qu'on trouve abondam-
MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION 101
ment en Normandie et en Bretagne. Des carrières deBellière,
près Vire, on tire pour Tempierrement une pegmatite, ou
roche à gros cristaux, dans laquelle le quartz et le feldspath
de couleur blanche prédominent.
Hyalomicte. — Vhyalomicte des environs de Lamballe, en
Bretagne, sert au même usage. C'est un granité sans feld-
spath. Aux carrières d'Épi erre dont il a été question à pro-
pos de la protogine, on exploite aussi une diorite pour pavés.
L'hyalomicte doit à Famphibole une ténacité particulière;
mais, à Tusage, elle devient polie et glissante.
Minette. — On exploite dans les Vosges, pour l'empierre-
ment des routes, un granité micacé appelé minette, qui est
brunâtre, très tenace, mais qui se désagrège quelquefois par
la décomposition de ses éléments.
Le prix de revient de ces divers matériaux varie de 30
à 80 francs pris à la carrière; la taille de la face supérieure
coûte 25 francs le mètre carré à Paris, transport et taille
compris; pour les dalles et bordures de trottoirs, il faut
compter 150 francs le mètre cube.
Feldspath (pétrosilex). — On peut ajouter à cette série de
roches le feldspath, qui est un des trois éléments constitutifs
du granité.
Le feldspath orthose est très dur et bien homogène à
l'état compact; il est connu sous le nom de pétrosilex. Il
est alors impur et présente des cassures écailleuses. Il res-
semble au silex dont il ne peut être distingué que par sa fusi-
bilité au chalumeau.
Le pétrosilex est employé spécialement pour l'empierrement
des routes et la préparation du macadam. Chez les Anciens
et encore aujourd'hui chez les Esquimaux, on en fait des
armes et des instruments. Quelquefois il sert dans les cons-
tructions comme pierre d'appareil.
On trouve le pétrosilex, appelé aussi Eurite, dans les
terrains cristallins primitifs des étages du gneiss et des
talcschistes, notamment en BretagnCy au Saint-Gothard, au
Canada f etc.
102 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
D. — Granités pour meules
L'emploi du granité pour la confection des meules est
aussi justifié par sa grande résistance à Técrasement et s'a
faible usure au frottement ; mais il faut, pour les meules,
du granité, à grains (lus qu'on trouve principalement en
Hollande, en Allemagne et en Russie. En France, on trouve
une variété de protogine exploitée en Savoie, qui convient à
cet usage.
Les morceaux de petites dimensions sont taillés pour bor-
dures de trottoirs.
E. — Matérlj^ux réfractaires
Quand le mica se développe aux dépens des autres élé-
ments, le granité devient réfractaire et peut servir à la con-
struction des fours. 11 offre d'ailleurs, dans ce cas, une dureté
beaucoup moins grande et se débite à la scie à dents.
Gneiss et micaschiste. — Le gneiss sert surtout comme pro-
duit réfractaire. En Toscane, on fait aussi des matériaux
réfractaires avec du micaschiste.
Talcschiste. — En Moscovie, le talcschiste s'y prête mieux
encore.
Si l'on veut classer d'après leur nature minéralogique les
diverses roches granitoïdes étudiées ci-dessus, on obtient le
tableau suivant :
Gneiss.
Granités feldspathiques | j^eP^y^jff •
^ * ' Pegmatite.
Protogine.
Hyalomicte.
Rersantite.
Granités micacés / Minette.
1 Micaschiste.
l Talcschiste.
\ Amphibolite.
Granités amphiboliques \ Diorite.
' Syénite.
Granité pyroxénique Euphotide.
MATÉRIAUX DE COIfSTRLCTlON 103
2° nOCHES PORPHVBIQUBa
Les roches porphyriques sont ai^sez peu employées ilaDs la
roDslmcUon. Ces pierres sont cepeiiJanl parmi les jilua
dures el les pluâ tenaces qu'on puisse rencontrer; elles
résistent liten aux chocs et à r''crasemeDt, mais elles sont
d'une taille difficile, à acuse de leur dureté même ; elles sont
estimées pour l'orne mental ion, par suite du beau poli dont
elles sont susceptibles.
On les classe généralement d'après la prédominance de
l'on des éléments qui les composent, en :
Porphyre feldspathique ;
— (|uartzifère ;
— pyroïénique ;
— amphibolique ;
Serpentine ;
Trapps.
PonpuvRR FRLDSPATBigue. — Le porphyre feldspathique est
employé à peu près uniquement comme pierre d'ornemt^nt
pour la décoration des édifices. On en a fuit aussi des obé-
lisques, des vases, des baignoires, etc.
Usages. — 1^ taille du porphyre se fait au moyen du dia-
mant noir. Les principaux
centres de cette industrie
sont à Florence, à Ékateri-
nembourg en Russie el à
Elfdalen en Suède.
Le plus estimé i:hei les
Romains était le porphyre
rouge, qui est le type carac-
téristique de celte roche
(Kopfupi^ roche rouge).
Ce porphyre, très reraar-
1.1 /.. I - Fin. M. — PorphjK.
qnable, a été employé pour
les colonnes de Sainte-Sophie à Constanlinople, l'obélisque de
Sixle-Quint h Rome, le palais du Quirinal et les monuments
iO^ GÉOLOGIE APPLIQUÉE
anciens de Rome, d'Aix, d'Arles et d'Orange. A Paris et en
Bretagne, à Brest notamment, le porphyre {fig, 59) a été
utilisé pour le pavage des rues, bien que la propriété qu*il
a de se laisser polir facilement présente Tinconvénient de
rendre les chaussées pavées en porphyre dangereuses et
glissantes à la longue.
Gisements, — Il existe des gisements de porphyre feld-
spathique dans les Vosges, le MoiTan, TËsterel, en Corse à
Girolata, et en Egypte au Djebel-Dokhan où le gisement est
abandonné et pourrait dirOcilement être repris aujourd'hui.
Dans le Palatinat à Kreutznach, il existe un gisement de
porphyre feldspath ique dans lequel la roche est divisée en
zones superposées formées de nappes prismatisques à élé-
ments sensiblement verticaux de 20 centimètres de diamètre
et de 3 mètres de hauteur en moyenne. On peut en conclure
que le porphyre s'est étendu horizontalement lors de sa for-
mation, ce qui peut, dans certains cas, faciliter la recherche
du prolongement d'un gtte de porphyre.
Porphyre quartzifère. — Les usages du porphyre quartzi-
fère sont les mêmes que ceux du porphyre feldspathique.
Gisements. — Les principaux gisements sont ceux de
Montchérus (Nièvre), où Ton trouve un porphyre blanc ver-
dàtre et rouge. Le massif exploitable est vraisemblablement
très étendu, à en juger par les travaux qui y ont déjà été
effectués. Dans le Limousin et près des gttes stannifères du
Cornwall, on trouve un porphyre quartzifère gris clair;
on rencontre encore cette roche à Lessines et à Quénart,
dans le Hainaut belge. C'est de là qu'elle est envoyée à Paris
pour le pavage des rues.
Prix de vente, — Les porphyres quartzifères et feldspa-
thiques sont vendus de 40 à 50 francs le mètre cube sur
place, en général ; leur poids est de 2.450 kilogrammes au
mètre cube, et leur résistance à l'écrasement est en moyenne
de 900 kilogrammes par centimètre carré.
Porphyre pyroxk.nique. — Le porphyre pyroxénique, appelé
aussi mélaphyrej contient, comme son nom l'indique, une pâte
où le pyroxène prédomine avec des cristaux de Labrador;
il ne renferme pas de quartz.
Usages, — Le mélaphyre, d'un beau vert foncé, dont le
MATÉRIAUX DE CONSTBL'CTION 105
type est le « porphyre verjt antique », si apprécié en Grèce
et eu Italie, sert à la décoration des édifices : mosaïque de
Sainte-Marie-Majeure à Rome, soubassement des colonnes
du vestibule de TOpéra de Paris, tombeau de Napoléon aux
Invalides, etc.
Gisements, — Les principaux gisements du porphyre
pyroxénique se trouvent dans la Laconie près de Sparte,
dans les Vosges et dans TEstérel, dans le lit de la Durance
qui charrie des cailloux roulés de porphyre, provenant des
Alpes.
Porphyre asiphibolique. — Le porphyre ampbibolique à
pâte également verdâtre est composé principalement de
labrador et d'oligoclase.
Les opkites que Ton trouve dans les Pyrénées, et qui
viennent pointer à travers le tertiaire des Landes, sont une
variété de porphyre ampbibolique.
Usages. — Ces porphyres durs et tenaces sont à peu près
uniquement employés pour l'empierrement des chaussées.
Gisements. — On les rencontre dans les Pyrénées aux
environs de Gavamie, dans les Vosges, en Bretagne, à
Dinan, etc.
Serpentine. — La serpentine est une roche à pâte formée
de silicate de magnésie et de protoxyde de fer avec quelques
éléments de diallage qui lui donnent Taspect porphyroïde,
et des veines de calcaire spathique blanc qui la font recher-
cher pour Tornementation.
Propriétés physiques. — La serpentine est verdâtre ou brun
marron ; elle a la dureté du marbre et est susceptible d'un
beau poli; mais elle a peu de cohésion et peu de résistance
à Técrasement.
Elle est souvent traversée par des fentes et, par suite, se
présente rarement en blocs de grandes dimensions.
Usages. — Néanmoins on l'emploie pour faire des socles
de statues et de petites colonnes; elle est même quelquefois
utilisée comme pierre de taille.
La cathédrale de Florence est revêtue extérieurement de
divers marbres et de plaques de serpentine.
En France, lancienne chartreuse de la Verne, près de
Saint-Tropez, a été entièrement construite avec cette roche.
106 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Gisements, — Les gisements de serpentine les- plus connus
se trouvent dans les Vosges, aux environs d'Ëloyes (couleur
verte avec nuances rouges variées), à Maurins dans les
Hautes- Alpes (verte avec veines blanches), dans la Corse, Tlle
d'Elbe, la Toscane, au Prato.
La serpentine ne se décompose pas à Tair, de sorte que,
dans les régions où affleure cette roche, on peut suivre faci-
lement Tallure de son gisement en se guidant sur la végé-
tation, qui est nulle le long des affleurements de serpentine,
tandis que les massifs calcaires qui l'entourent, facilement
décomposables sous Faction des agents atmosphériques,
ofl'rent aux végétaux un terrain plus propice à leur déve-
loppement. Cette circonstance permet quelquefois de retrou-
ver un fllon de porphyre qui aurait été déplacé par une
faille ou un bouleversement de terrains.
Prix de vente. — En Corse, près de Bastia, la serpentine
est vendue à raison de 250 francs le mètre cube, sur place.
A Paris, on peut se procurer de la serpentine des Hautes-
Alpes, au prix de 850 francs à 1.300 francs le mètre cube. On
rachète souvent en plaques, au prix de 35 à 50 francs le
mètre carré, selon la qualité et la couleur.
Trapp. — Les trapps sont de composition assez variable,
mais rentrent tous dans la catégorie des roches porphyriques.
Ils présentent une pâte à grains très Ans, de couleur brune ou
verdàtre, et se rapprochent tantôt des porphyres amphibo-
liques, tantôt des mélaphyres.
Usages. — Les trapps sont employées pour l'empierre-
ment des routes.
Gisements. — On trouve souvent les trapps au voisinage
des bassins houillers, notamment à Brassac et à Commentry ;
on en trouve aussi dans les Vosges, en Bavière, à Oben^ein,
et au Canada (lac Supérieur).
Gëogénie. — Les trapps se sont répandus, lors de leur
formation, entre des couches straliflées, grâce à la grande
fluidité de la roche avant sasolidiflcation.
Les terrains sédimeutaires encaissants ofl'rent moins de
résistance aux agents atmosphériques; il s'ensuit assez sou-
vent que de tels gisements {fig. 60) présentent l'apparence
d'escaliers dont les trapps forment les saillies.
3IATÉBIAUX DE CONSTRUCTION
L'éteDdue de ces gisemeots, soitea nappes, 3
compactes, est parrois très considérable.
3* HOCUBS VOLCANIQUES OU LAVES
Ce chapitre comprend les roches vitreuses sans cristaux,
semblables À celles qu'on observe actuellement dans les
éruptions volcaniques : laves, ponces, elc.
Ces roches se rapprochent, par leur composition minéra-
logique, des granités et des porphyres ; mais leurs caractère!
extérieurs sont bien distincts.
On peut réunir les diverses roches volcaniques en trois
groupes principaux :
Les trachyles;
Les basaltes ;
Les laves.
Trachttb. — l.es trachytes comprendront les roches vol
cnniques Teldapathiques, rudes au toucher (-upsxu: = rude),
composées d'une pâle vitreuse pouvant contenir des cristaux
de pyroxène, d'amphibole, de mica, et de Ter oligiste.
Les variétés principales de trachyte sont : It^liparite, la
phoQolite, l'obsidienne, la ponce et la di^mite.
Usage». — On emploie les trachytes comme matériaux
de coDstructioD. Ce -aonl des pierres très dures ayant une
résistance de 300 à 900 kilogrammes par centimètre carré.
108 GÉOLOGIE APPUQL-fcE
¥A\es peuTfiil i^n'ir pour les consiniclîoDS et les moDnmeDts
de longue duti-e. On s'en fert aosfi pour faire des meules à
graios.
La ponce, ou pierre ponce & l'élal compacl, peul être
emploj^ée comme pierre de coDstruclion.
t.e plus souTenl elle est réduite ep poudre et est employée
pour le polissage de l'ivoire, de certaines pierres
ui.
t quelquefois employée comme
été employée pour faire des
des dards de (lèches.
Je vente des tracliytes varie de
aucs le mètre cube sur le lieu
c. — Les principaux gise-
trachyte exploités se Irouvenl
ont-Dore (phonolite), au Puy-
Ime (diJmtte), en Ethiopie,
le Cantal et en Islande (obsi-
le), dans les lies Lipari, dans
er Tyrrhénienne, au Vésuve,
tna, sur les bords du Rhin
;c) et en Hongrie.
•ALTE. — Les basaltes sont
lierres noires formées princi-
nenl de pyroxène et de labra-
dor; quand ces roches sont
compactes, elles sont dures
et très résistantes [jusqu'à
2.000 kilogrammes par centi-
(u i,)u« u ,.v. „j^|,.g çarj-^j. g(,mgnt elles se
pré.-xMitciit h r^lal prismatique, généralement & six pans.
Vsagrs. — Les basalti's compacts font d'excellents malé-
riiiux de construction : mais leur couleur noire est souvent
peu appnk'téf, Les basaltes prismatiques \fi(i. 61) sont tout
il<''sj)(n<^ pour faire des bordures de trottorrs, des encadre-
ments di> feniHres, etc. Montélimar est pavé en basalte. En
Hollande, rette itiche sert à la construction des digues; enfln
MÂTÉHIAUX DE CONSTHL'CTION 10!)
on Ta employée quelquerot» pour la conTeclion d objels d'an.
Gisementi, — La plupart des logions volcaniques reu-
fermentdes basaltes.
En Auvergne, dans le Cantal, dans le Velay, en Bohême,
au Groenland, et en Islande notamment, on exploite de beaux
gisements de basalte.
I.AVB. — Les laves sont des roches celluleuses et rendilléos,
rarement compactes Iflg. 62).
Elles sont de formation récenl« (ère quaternaire); leur
composition se rapproche tantôt de celle des basaltes,
tantôt de celle des trachytes. Agglomérées par un ciment,
elles forment ce qu'on appelle des tufs volcaniques.
Usages. — On emploie souvent les laves comme matériaux
de construction, ù cause de la facilité avec laquelle elles
prennent le mortier. Leur résistance est, d'ailleurs, assez
forte, puisqu'elle atteint 300 et 400 kilof;rammes par centi-
mètre carré.
I^s laves ont été employées autrefois comme dalles dans
le» rues de Paris ; à Naples, elles sont employées au même
usage; elles ont aussi servi à construire les fortilicalioii!'
d'Agde (Hérault) et le dôme de la cathédrale de Cologne.
Gisements. — Les gisements de lave exploités sont ceux
du massif volcanique du Centre de la France, de Volvic (Puy-
de-Dôme), de Vines {Aveyron), d'Agde (Hérault), d'Audernacli
(bords du nhin), de l'Ile de la Réunîou, du Mexique, de la
Somma (Vésuve), etc.
La lave ordinaire (Puy-de-Dôme) se vend environ 30 francs
le mètre cube sur le lieu d'extraction. La lave Une propre ù
ilO GÉOLOGIE APPLIQCÉE
la sculpture se vend jusqu'à 150 francs le mètre cube sur
place.
Deuxième partie. — ROCHES SÉDDfElfTAIRBS
Les roches sédimentaires forment la plus grande partie de
la surface terrestre et, sauf ^.certaines contrées où l'action
volcanique a été prépondérante, les roches éruptives n'appa-
raissent au milieu des terrains de dépôt que comme des
massifs isolés.
Trois éléments principaux entrent dans la formation des
roches sédimentaires le calcaire, l'argile et la silice ; la
houille peut aussi être regardée comme une roche sédimen-
taire, ainsi que les autres combustibles minéraux ; mais ils
seront traités dans un chapitre spécial avec les carbures et
leurs dérivés.
Classification adoptée. — Les roches sédimentaires se
rencontrent dans presque toutes les formations géologiques,
avec des conditions de dureté, de résistance ou d'aspect
extérieur absolument indépendantes de Tétage auquel elles
appartiennent.
Il est donc impossible d'adopter, pour ces roches, une
classification géologique.
On les a divisées ici, d'après l'importance de leur utilisa-
tion pour les travaux publics et les constructions, en trois
grandes catégories :
i° Les roches calcaires, comprenant les pierres à bâtir, le
marbre, le gypse, la pierre à chaux, etc. ;
La craie, qui n'est pas employée pour les constructions,
sera étudiée au chapitre des Industries diverses ;
2« Les roches siliceuses, comprenant le silex, la pierre
meulière, le grès, les sables quartzeux, etc. ;
3*» Les roches argileuses, comprenant l'argile, le pisé, le
schiste et les ardoises.
I. — Roches calcaires
Caractères généraux. — Le calcaire est une roche formée
de carbonate de chaux, qui tient en faibles proportions des
MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION 111
oxydes de fer et de manganèse et qui est presque toujours
mélangée d'argile et de sable.
Les calcaires compacts et les marbres sont généralement
formés de coquilles noyées dans un ciment terreux ou cris-
tallin.
On reconnaît facilement les roches calcaires aux caractères
suivants :
Elles peuvent être rayées par la pointe d'un canif et elles
font efTervescence sous Taction d'un acide, même faible,
cette réaction étant d'autant plus vive que le calcaire est
plus pur.
Le calcaire, que Ton trouve dans les terrains primitifs à
Tétat lamellaire et saccharoïde, se rencontre avec de nom-
breux fossiles, trilobites, encrines, etc., dans les terrains. car-
bonifères et permiens (marbres et calcaires gris bleuâtre)
et existent en abondance dans les terrains secondaires
(marbres, marnes irisées, oolithes, pierres lithographiques,
pierres à chaux et craie). Les terrains tertiaires fournissent
le calcaire grossier, le calcaire de Saint-Ouen, etc. ; enlin,
à l'époque actuelle, il se forme encore des dépôts de calcaire
dans les atolls et les conglomérats modernes.
A. -- Pierres a bâtir
Les calcaires proprement dits sont les matériaux de cons-
truction par excellence ; aussi leur donne-t-on les noms de
pierres à bâtir, pierres de construction et pierres de taille.
Qualités des pierres à bâtir. — Les qualités de la pierre à
bâtir sont les suivantes : résistance suffisante pour supporter
les poids des constructions, dureté assez grande pour con-
server la netteté des arêtes et des moulures sans nuire à la
facilité du travail, finesse du grain se prêtant à une orne-
mentation délicate, homogénéité et abondance entraînant le
bas prix du produit.
Pour les calcaires durs, le poids du mètre cube est de 2.200
à 2.800 kilogrammes ; la résistance à l'écrasement est de
300 à 1.000 kilogrammes par centimètre carré ; pour les
calcaires tendres, le poids du mètre cube varie de 1.400 à
2.200 kilogrammes, et la résistance à l'écrasement, de 50 à
112 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
300 kilogrammes par ceatimètre carré; on admet que cette
résistance est proportionnelle à la densité.
Les premiers se débitent à la scie sans dents avec du gn^s
et de Teau ; les seconds peuvent se débiter avec la scie à
dents.
Les variétés compactes à cassure inégale sont celles qui
conviennent le mieux à rarchitecture.
On distingue les pierres de liais, qui sont bien homogènes,
et les roches qui contiennent des grains de mica et de quartz
qui en diminuent beaucoup la valeur, les pierres gélives, qui
éclatent sous l'action de la gelée, et les pierres sèches, les
pieiTes de vilaine couleur et à grain grossier employées dans
les fondations, etc.
Efsai des pierres à bâtir. — L'essai d'une pierre de taill»*
se fait ainsi :
1« On apprécie la dureté qu*elle oppose à l'action de la
scie;
2^ On mesure sa résistance en comprimant à la presse
hydraulique un côté de dimensions déterminées;
3® On examine son degré de gélivité en en plaçant un
morceau dans un mélange réfrigérant ; on peut encore, ce
qui est plus simple et donne sensiblement les mêmes résul-
tats, en plonger un fragment dans une dissolution bouillante
et saturée de sulfate de soude; on retire pour laisser cristal-
liser et on replonge de nouveau dans la liqueur pendant
cinq ou six jours; il ne doit pas se produire d'éclatement.
La qualité des pierres qu'on trouve dans un pays influe à
un haut degré sur la civilisation de ce pays. Les grandes
villes telles que Paris, Bordeaux, Marseille, se trouvent sur
le terrain crétacé qui fournit abondamment de la pierre à
bdtir. Plusieurs villes remarquables plus encore par la façon
dont sont construites les habitations particulières que parla
beauté et la hardiesse de quelques-uns de leurs monuments :
Besançon, Metz, Nancy, Dijon, Bourges, Poitiers, sont cons-
truites sur une bande de terrains jurassiques entourant \o
bassin tertiaire de Paris, dans lequel on trouve les excellentes
pierres d'appareil de l'oolithique.
MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION 113
- Les variétés de pierres à bdtir sont innombrables : on
passera en revue les principales, en les classant, autant que
faire se pourra, par dureté.
Calcaire coxpact. — Les calcaires les plus durs sont les
calcaires compacts. Parmi ceux-ci on compte :
Ia pierre de Tonnerre (Yonne), appartenant à Tétage du
féquanien, est très compacte, jaunâtre ou grisâtre. Elle se
polit facilement et s'emploie surtout en dallages, mais se
prête aussi à la sculpture et à Tornementation.
La pierre de Comblanchien ( Yonne) est une pierre très ana-
logue; elle résiste, comme celle de Tonnerre, à des charges
de 1.000 kilogrammes par centimètre carré et vaut de 50 à
60 francs le mètre cube.
La pierre renommée de Saint- y/te et de Damparis, dans le
Jura, est un calcaire très fin à cassure conchoîdale qui
appartient à la base du séquanien. Elle a une couleur jau-
nâtre et rougeâtre par places ; mais elle est très homogène
et peut se tourner et se sculpter. Elle prend un beau poli.
Cette pierre, qui pèse 2.700 kilogrammes par mètre cube
et résiste à des charges de 770 à 870 kilogrammes par centi-
mètre carré, coûte 80 francs le mètre cube sur plaœ et
100 francs à Paris tous frais payés. Le calcaire de Saint-Ylie
a été employé dans beaucoup de monuments en Franche-
Comté. A Paris, il a servi à la construction des ponts Saint-
Michel et Solférino et de Téglise de la Trinité, etc.
Le calcaire de Sampans, dans la même région, provient du
bathonien. 11 est de nuances un peu plus vives ; on Ta em-
ployé au nouvel Opéra et au Trocadéro. Il s'exporte jusqu'en
Amérique, où il a servi pour la base du monument de
Christophe Colomb, à Mexico.
Travertin. — Le travertin est un calcaire compact d'ori-
gine lacustre, formé par les matériaux abandonnés dans des
eaux calcaires autour de végétaux et de mousses ; aussi
contient-il un grand nombre de cavités vermiculaires pré-
sentant parfois des empreintes de feuilles. 11 a une grande
résistance, 600 à 900 kilogrammes par centimètre carré, qui
s'allie à une grande légèreté; de plus, il fait bien corps avec
le mortier qui entre dans les cavités. C'est grâce à ces
propriétés qu'il a été employé pour l'immense coupole d«^
OÉOLOGIB. 8
il4 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Saint-PieiTe de Rome et pour les voûtes de nombreuses
églises modernes.
Le travertin dit de Château- Landon, dont Tusage est si fré-
quent à Paris, est extrait principalement de Souppes, près de
Fontainebleau, où il forme de nombreux bancs de O^^jSO en
moyenne. 11 vaut de 70 à 200 francs le mètre cube, sur place.
On peut le voira TArc de Triomphe de TÉtoile et à la fontaine
Saint-Sulpice à Paris, et dans Tescalier de Téglise Sainte-
Gudule, à Bruxelles, etc.
Liais et cliqua ht. — Le liais et le cliquart des environs de
Paris ont une cassure conchoïdale, avec un grain très fin ;
ils ne sont pas gélifs, leur seul défaut est le peu d'épaisseur
des bancs, 30 à 40 centimètres. Ils ont été très recherchés,
autrefois ; on les retrouve dans la construction de Notre-
Dame de Paris, dans la jolie chapelle du château de Versailles-
et dans les bas-reliefs de la fontaine des Innocents. La cons-
truction du Panthéon a contribué à Tépuisement des bancs
de la Plaine-Saint-Denis, et les liais sont devenus rares dans
le voisinage immédiat de Paris; on les exploite surtout
actuellement dans TAisne.et en Seine-et-Oise, à Feslieux,
Mont-Gauelon, Crépy, Villers-Collerels. Leur résistance es!
de 300 à 500 kilogrammes par centimètre carré.
Calcaire carbonifère. — Le calcaire de Soignies et (VÉcaus--
5mes.(Hainaut belge) est gris bleuâtre; il appartient au ter-
rain houiller et doit sa coloration à une faible proportion de
bitume. Il est formé de débris de crinoïdes qui lui donnent
une texture cristalline et Taspect d'un granité. Il peut être
poli et sculpté comme le marbre; on remploie non seule-
ment en Belgique, mais en Hollande et dans le nord de la
France, en Anglet<»rre et aux États-Lnis. Il sert pour les-
constructions hydrauliques et lesmunuments funéraires, etc.
1-e calcaire de Givet (Ardennes), qui appartient au même
étage géologique, est aussi un calcaire coloré en noir par des
matières bitumineuses: il est exploité sur une assez vaste
échelle, mais est fré(iuemment gélif.
Calcaire a entroques. — Gisements de la Meuse. — Le cal-
caire à entroques doit son nom aux entroques (débris d'ai'ti-
rulations d'encrines) dont il est formé; il fait partie de Tétage
corallien. On Texjiloilo à Euville et à Lérouville près de
MATÉRIAUX DE CONSTRLXTION il9
Gomraercy (Meuse) ; il peut supporter 250 à 450 kilogrammes
par centimètre carré et vaut de 40 à 60 francs le mètre cube^
Il résiste bien à la gelée. On en envoie beaucoup à Paris;
il a été employé, sous TEmpire, aux travaux des Tuile-
ries; on l'exporte aussi en Allemagne, où le socle de Téglise
d'Ëssen, notamment, en est formé.
Calcaire oolituique. — Le calcaire oolithique, qui a donné
son nom à tout un étage géologique, est un calcaire composé
de petits grains arrondis accolés les uns aux autres à la ma-
nière d'œufsde poissons; ces grains sont très petits, un tiers
de millimètre & peine ; quand ils ont la grosseur d'un grain
de millet, on l'appelle calcaire miliolithiquef et pisolitkique
quand ils atteignent celle d'un pois.
Les calcaires oolithiques s'emploient beaucoup pour la
construction; ils sont beaucoup moins durs à travailler que
les calcaires compacts et présentent une bonne résistance.
Malheureusement ils sont souvent gélifs, et il faut toujours
s'en méfîer sous ce rapport. On en exploite en Normandie, en
Bourgogne, dans le Jura, la Lorraine, les Ardennes, etc.
Gisements du Calcados. — Un des meilleurs calcaires ooli-
thiques est la pierre de Caen, dont les carrières se trouvent
à Allemagne (Calvados). Outre les églises gothiques de Nor*
mandie, cette pierre a servi à construire la cathédrale de
Cologne, le palais du Parlement et l'abbaye de ^Westminster
à Londres. Elle pèse environ 2.000 kilogrammes le mètre
cube, résiste à un poids de 150 à 200 kilogrammes par centi-
mètre carré, et ne coûte que 20 francs le mètre cube sur
carrière.
Calcaire grossier. — Le calcaire grossier est une roche à
texture peu serrée et à grains irréguliers; il est formé de
coquilles et de polypiers broyés, réunis par un ciment cal-
caire. Il a donné son nom à un niveau de Féocène.
Gisements de Paris. — Le calcaire grossier parisien a été
largement exploité. On lui a emprunté la masse énorme de
matériaux qui a été tirée des catacombes et qui a servi à
construire Paris. C'est une pierre tendre et facile à couper
avec la scie à dents. Il est prudent de ne l'employer que
pour les étages supérieurs des édifices, car sa résistance, qui
jieut descendre à 30 kilogrammes, ne d^-passe guère 1>0 kilo-
il6 GÉOLOGIE APPLIQUÉE *
grammes par centimètre carré, sauf pour quelques bancs
plus durs, mentionnés ci-dessous. Les ouvriers parisiens en
ont fait un grand nombre de catégories :
Le vergeté, d'un grain très uniforme et qui conserve bien
la sculpture ; il a servi à bâtir les façades du palais du
Louvre, du côté de la cour et du quai. La lambourde, qui est
très coquillifère ; elle fournit les moellons et les pierres d'ap-
pareil des constructions courantes. Ces pierres valent de
45 à 25 francs le mètre'cube.
Le calcaire grossier fournit aussi des pierres de qualité un
peu supérieure; ainsi, le banc royal, le banc franc et le banc
de roche résistent à des charges de 150 à 200 kilogrammes.
Le banc de roche est remarquable par ses pierres de grand
appareil. Il a servi pour les colonnes de la cour du Louvre,
qui ont 3'^,50 de fût. Il est cependant regrettable qu'on n'ait
pas employé de meilleurs matériaux pour ce monument. Il en
est de même du Palais de Justice, dans laconstruction duquel
on a prodigué les pierres de qualité inférieure. Le calcaire
grossier est souvent gélif et doit être examiné avec soin;
on ne s'en est pas sufllsamment souvenu en construisant la
cathédrale de Meaux avec du calcaire grossier d'Armen-
tières ; aussi a-t-elle nécessité de coûteuses réparations.
Tuf calcaire. — Les tufs calcaires, beaucoup moins résis-->
tants que les travertins, ont cependant une origine analogue.
Gisements du Jura, — Ils se forment encore actuellement
par voie de concrétion au voisinage de suintements et
recouvrent les pentes de beaucoup de vallées, dans le Jura
notamment. Ce sont des pierres très légères qui durcissent à
l'air et servent à faire des voûtes de caves, des chemi-
nées, etc., etc.
Craie tufeau. — Gisements de la Touraine. -^ La craie tufeau
est un calcaire terreux qui contient de 30 à 50 0/0 d'argile. Il
est d'une médiocre résistance et absorbe facilement l'eau.
Cependant son extraction est peu coûteuse, et il se prête bien
à la sculpture ; aussi la craie tufeau a-t-elle servi à cons-^
truire des châteaux à Tours, Angers, etc. On ne peut guère
lui imposer des charges supérieures à 75 kilogrammes par
centimètre carré : mais on a de belles pierres d'appareil
à 20 francs le mètre cube.
MATÉaiAUX DE CONSTRUCTION 117
B. — Marbrrs
- On a longtemps appelé marbre, toute roche susceptible
de prendre le poli, et on comprenait sous cette dénomination
des porphyres, des anhydrites et des serpentines. Il faut
réserver ce nom aux roches calcaires pouvant se polir ; mais
la distinction avec les calcaires proprement dits reste encore
délicate; car quelques-uns de ceux-ci, comme le calcaire
compact de Sainle-Ylie, peuvent recevoir un certain poli et
ressemblent un peu à du marbre.
Caractères généraux des marbres. — Les marbres ont une
texture compacte et une cassure lamelleuse ou saccharoïde;
ils sont formés de grains cristallisés, visibles seulement au
microscope; des infiltrations bitumineuses ou ferrugineuses,
et des coquilles fossiles leur donnent des apparences colorées
et veinées, très diverses. Ils ont été produits par un méta-
morphysme du calcaire dû à Tinflueuce de la chaleur, de la
pression, et de mouvements mécaniques.
Les marbres sont les calcaires les plus résistants et les
plus durs; ils peuvent supporter des charges de 500 à
1.200 kilogrammes par centimètre carré et se coupent à la
scie sans dents avec du grès et de Teau ; leur densité varie
entre 2,60 et 2,85. — Leur dureté permet de les employer
pour les constructions et pour la statuaire. On réunira, dans
ce chapitre, Tétude des diverses sortes de marbres, quels
que soient les usages auxquels ils sont destinés.
Parallèlement au lit de carrière, les marbres présentent
le plus souvent un plan de clivage, qu'on appelle la passe.
Suivant un plan perpendiculaire, la résistance est beaucoup
plus grande et forme la contre-passe. Les plaques se taillent
suivant la passe ; on augmente ainsi en même temps leur
flexibilité et leur résistance. On découpe des plaques de
2 centimètres et d'autres de 8 à 10 millimètres d'épaisseur,
au moyen de châssis garnis de lames parallèles et mus méca-
niquement ; un châssis débite de 120 à 150 mètres cubes par
an ; son établissement avec force motrice, etc., revient à
12 ou 15.000 francs.
118 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Marbbe blanc. — Gisements de Carrare. — Le plus beau
marbre blanc est le marbre de Carrare (Italie). C'est un cal-
caire saccharoïde à grains très tins, d'un éclat gras ou
cireux, susceptible de prendre un très beau poli. Les car-
rières, qui datent do la fin de la République Romaine, four-
nissent encore à la consommation du monde entier. La
première qualité vaut de 1.200 à 2.000 francs le mètre cube
sur place ; la deuxième qualité coûte de 300 à 600 francs ;
enfin, la troisième qualité ou ravaccione^ se vend de 200
à 300 francs; cette dernière qualité est souvent marquée de
taches, avec des veines grisàXres et des paillettes de mica.
Elle contient quelquefois des géodes tapissées de quartz. Une
carrière fournissant du ravaccione a longtemps été exploi-
tée pour le compte du Gouvernement Français, et quelques-
uns des chefs-d'œuvre de nos sculpteurs en souffrent actuel-
lement, car ces marbres, de qualité inférieure, ne résistent
pas bien à l'action de l'air.
Gisements de Paros. — Le marbre de Paros (Grèce) jouit
d'une célébrité égale au précédent; c'est la matière de toutes
les statues que nous ont laissées les Grecs ; ils l'appelaient
lychnite (de Xuy^vo; =: lampe). Ce marbre a l'inconvénient
d'être souvent micacé et ne fournit que des blocs de petites
dimensions ; on en a cependant repris récemment l'exploi-
tation.
Les autres gisements de marbres blancs sont les sui-
vants :
Grèce, — L'Attique, le Pentélique et l'Hymette, ce dernier
surtout, fournissaient de beaux marbres blancs à la Grèce et
à Rome.
Les Anciens exploitaient encore les marbres blancs des îles
de Thaso et de Proconèse, actuellement Marmara, nom tiré
de la présence des exploitations de marbre. Le marbre cappa-
docien, blanc et très transparent, servait parfois de vitres
dans l'antiquité.
Italie, — D'Italie viennent : le marbre de Gênes [bianco
de Genova)y qui vaut le carrare, celui de SanJuliano près
Pise, dont sont construits le Dôme, le Baptistère, la Tour
penchée et le Campo-Santo; celui du lac Majeur, qui a servi
à édifier la cathédrale de Milan, etc.
MATÉRIAUX bV. CONSTRUCTION tlO
L'ilalie a produit, en 1S9|}, SO. 750 tonnes de marbre brut,
valant 4.845.000 fraacs.
France. — Gisements (U Saint-Béat. — En France, on
trouve du marbre btanc saccharoïde à Saint-Béat sur le ver>
sant septentrional de la montagne de Rie; il est quelquefois
légèrement gris&tre, mais plus résislanl que le carrare. David
et Rogier le pri-féraient i ce dernier pour les blocs de
grande dimension. Au moyen itge, on s'en est servi pour
décorer la basilique de Saint-Sernin, A Toulouse. Les esca-
liers et le pourtour du bassin de Versailles sont cons-
truits avec ce marbre.
Espagne. — Gisemenlt de Gobas. — On peut encore signa-
ler les marbres blancs saccharoides de Gabas (Basses-Pyré-
nées), des monts Filflla (Algérie), des Sierras de Bacarés et
tl'Orto, en Espagne. Quant aux marbres blancs veinés, ils ont
beaucoup moins de valeur; on en trouve assez abondamment
en France et Hurtout en Italie.
Marbhk noir. — Les marbres noirs n'ont véritablement
de valeur que quand ils sont parfaitement noirs. Celui de
SainUCrépin, dans les Alpes Françaises, était connu des
Romains. Il en existe à Bellignies (Nord) et à Sainte-Luce
(Isère), en Belgique àNaniur, dansleHari, en Angleterre, etc.
Le noir français présente des taches Manches sur un fond
noir; mais il est susceptible d'un poli convenable ; le Sainte-
130 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Anne, au contraire, dont le fond tourne au gris, est toujours
terne, aussi se vend-il de 100 à 150 francs le mètre cube sur
place. Ces deux marbres servent pour les meubles, les che-
minées communes, les comptoirs, les devantures de bou-
tiques, etc.
Marbre uhis. — Les marbres auxquels des inliltralions
charbonneuses donnent une couleur grise uniforme ou
nuancée d'autres couleurs sont très nombreux.,
. Gisements de Marquise IPat-de-Catais). — Le marbre Napo-
léon, qu'on tire des carrières de Marquise (Pas-de-Calais), est
gris brun ou café au lait. Il a servi à la constructioD de la
colonne de la Grande-Armée, à Boulogne ; on l'a employé
également pour la décoration du tombeau de Napoléon, de
la Chapelle expiatoire, de la Bourse et de la Madeleine, i
Paris, et des cathédrales d'Arras et d'Amiens. Il ne vaut que
440 francs le mètre cube rendu à Paris.
Fm. ai. — PJiquf de marbra grii.
Gisements de Sarrancoiin (Hautes-PyrinÉes). —- Le sarran-
colin, tiré des canières de ce nom dans la vallée d'Aure
(Hautes-Pyrénées), est un marbre bréchiforme à dessins
anguleux. Le gris y domine avec du Jaune et du rouge. C'est
un des marbres les plus estimés de France; coupé en
plaques, il vaut de 15 à 23 francs le mètre carré : les
colonnes monolithes du grand escalier de l'Opéra sont en
sarrancoiin; elles ont coûté 5.000 francs chaque.
Gisements de ta Mayenne. — Le «arranco/in de FOueit, qui
MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION 121
▼ient de la Mayenne, est aussi gris, nuancé de jaune et de
rouge ; mais il ne possède pas les couleurs éclatantes de
celui des Pyrénées. Son bas prix permet de l'employer pour
la confection des cheminées et des dessus de commodes.
Marbre jauni. — Les marbres jaunes sont rares et très
chers. Les Grecs exploitaient, près de Lacédémone, un beau
marbre d'une couleur jaune d'or, qui est très rare aujour-
d'hui. On ne trouve plus que des marbres nuancés où le
jaune domine.
Gisement de Sienne, — Le marbre jaune de Sienne pré-
sente de grandes taches d'un jaune vif, irrégulières et entou-
rées de veines plus foncées, violettes, rouges ou pourpres ; il
vaut jusqu'à 1.000 francs le mètre cube.
Gisement de Beyrède (Hautes-Pyrénées), — On exploite depuis
longtemps à Beyrède (Hautes-Pyrénées) un marbre, dit
•marbre antin, qui est jaune à nervures rouges ou blanc à ner-
vures jaunes et rouges.
Gisement de Philippeville {Algérie). — Le marbre de Phi-
lippeville (Algérie) a un éclat gras et brillant ; il est jaune
uni, mais passe vite au jaune rose et au rougeâtre. On croit
en avoir retrouvé quelques traces dans les monuments
anciens mis au jour par des fouilles pratiquées à Rome.
Marbre bleu. — Quand le marbre se trouve mélangé de
matières charbonneuses, il prend une couleur bleue.
Gisements de France. — En France, on trouve des marbres
bleus à Arbois et près de Salins (Jura), en Bretagne à Plou-
gastel et à Brest; à Ghâtillon-sur-Seine, à Cannes (Aude) et
en Corse à Serraggio.
Gisements de Toscane, — Le marbre bleu le plus employé
vient des carrières de la Capella, près Serrovezza (Toscane);
on l'appelle bleu tt^rgum; c'est un marbre saccharoïde, teinté
en bleu grisâtre par des matières charbonneuses (200 francs
environ le mètre cube sur place).
Quand il présente, en outre de sa teinte bleue, des veines
noires, on l'appelle bardiglio ; il a d'autant plus de prix que ces
veines sontplus fines; quand elles forment des dessins imitant
plus ou moins des fleurs, il prend le nom de bardiglio fiorito
et coûte plus de 300 francs le mètre cube pris à la carrière.
-122 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Marbre rouge. — Gisements de Grèce.— Les Romains, qai
appréciaient surtoul des marbres unis, exploitaient à Cynopo-
lis, en Grèce, an marbre rouge uniforme avec quelques veines
blanches. Ce marbre, appelé rouge antique, décore le forum
•et les monuments d^ la Voie Appienne ; on a repris, de
nos jours, les anciennes carrières, mais le marbre qu'on y
trouve passe vite au marron veiné de blanc et de noir, et plus
souvent de gris ; il est alors assez laid.
Gisement de Caunes (Hérault). — A Cannes (Hérault), on
•extrait d'un magnifique gisement toute une série de marbres:
Le grand incarnat du Languedoc est un beau marbre à
grandes parties rouges et blanches. Il a servi à décorer le
palais de Versailles, le Trianon, Téglise Saint-Sulpice, le
musée du Louvre, etc. Le marbre dit rouge turquin est un
peu plus gris ; le rouge français, semblable au rouge antique
est cependant moins brillant. La griotte, d'un rouge vif par-
semé de taches blanches, passe vite à la griotte brune et à la
griotte panachée ; le cervelas est marqué de taches blanches
et grises sur fond rouge.
Ces marbres valent, en moyenne, 350 francs à Carcassonne;
mais, quand ils ont supporté le transport jusqu'à Paris, ils
reviennent de 750 à 1.000 francs le mètre cube; aussi ne
peuvent-ils pas supporter la concurrence belge.
Gisements de Franchimont (Belgique), — Le marbre dit
rouge royal de Franchimont (Belgique) est rouge panaché de
gris et de blanc; il ne coûte que 500 francs le mètre cube,
rendu à Paris, où il est très employé ; il a servi au dallage
de la galerie d'Orléans au Palais-Royal, à la décoration des
appartements de réception du Ministère des Finances et du
Musée de Versailles.
Marbres composés. — On appelle marbres composés les
marbres dans lesquels il entre des matières non calcaires
qui forment des veines diversement colorées.
Gisement de Campan (Hautes-Pyrénées), — A Campan, dans
les Hautes-Pyrénées, on extrait un marbre qui est composé
de matières saccharoïdes avec des veinules schisteuses, et
des rognons coquillers entourés de schistes. Le campan
est vert, Isabelle ou rouge; il a une très grande valeur, mais
s'altère rapidement à l'air et ne doit être employé qu*à la
MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION 423
ilécoration intérieure. C'est une précaution qu'on n'a
malheureusement pas eue à Versailles ni au grand Trianon.
Le porter est un marbre à fond noir sillonné de veines
feldspathiques, jaunes et brillantes comme de Tor.
Gisement de Porto-Venere (Italie), — A Porto- Venere, dans
les Apennins, le portor ne coûte que 300 francs le mètre
4!ube et peut s'extraire en gros blocs. Il s'altère aussi à Tair.
Gisement de Sauveterre (Haute-Garonne). — En France, on
exploite du portor à Sauveterre (Haute-Garonne), dans la
vallée de la Barousse, près Foubot (Hautes-Pyrénées), en
Corse près de Saint-Florent, et à Regneville (Manche). Celui
<les Pyrénées ne coûte, taillé en plaques, que 10 francs le
mètre carré.
Le cipolin est un marbre composé qui contient des paillettes
<le mica ou de chlorite réparties dans du calcaire saccharoïde.
Le cipolin antique, lapis phrygias des Romains, est veiné
de blanc, de jaune doré .et de gris vert. On Ta exploité en
Orient.
Gisements de Connemara (Irlande), — A Connemara, près de
Galloway, en Irlande, on exploite un cipolin dont les veines
sont ondulées, lia masse a, en outre, été pénétrée par de la
serpentine d'éclat cireux et de couleur verddtre.
LuMACHELLE. — Les lumachellcs sont des marbres qui
contiennent de nombreux débris de coquilles cristallines de
diverses couleurs.
Gisement du Hainaut, — Le drap-mortuaire du Hainaut est
un marbre à fond noir qui contient des coquilles turricu-
lées cristallines blanches.
Gisement de Narbonne. — La lumachelle de Narboniie
montre des bélemnites blanches sur un fond noir. Le marbre»
de l'Argonne est formé de coquilles noirâtres disséminées
dans un calcaire gris blanchâtre.
Marbres brèches. — On appelle brèches, des marbres for-
més de morceaux anguleux de calcaire réunis par un
ciment calcaire de coloration différente.
La brèche violette antique est un très beau marbre à fond
violet noirâtre, relevé par des débris de fossiles et des frag-
ments de calcaire de couleur brune ou jaunâtre ; il en
existe quelques colonnes au Louvre.
124 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Gisement de Villette (Isère). — Le marbre de Villette-en-
Tarentaise, surFIsère, ressemble beaucoup à la brèche antique.
Gisement de Saint- Girons [Ariège). — Le grand-antique de
Saint-Girons (Ariège) est une brèche formée de larges frag-
ments angulaires noirs réunis par des veines blanches.
Le petit-antique, de même provenance, est formé de mor-
ceaux plus petits.
Gisements d'Aubert {Ariège), de Cascalet (Aude), de Sauve-
terre (Basses-Pyrénées). — La même distinction sépare le
grand-deuil et le petit-deuil qui en sont des variétés et qu'on
trouve à Aubert, à Cascalet et à Sauveterre.
Gisement de Serravezza (Toscane). — La brèche africaine est
un marbre blanc, jaune ou bleu, traversé par des veines
violettes; on l'extrait à Serravezza. On en voit de belles
tables dans les appartements de Versailles; mais il résiste
mal à Pair.
Gisement de Syrie. — La brèche d^Alep qui vient de Syrie et
qui est très renommée, est formée de morceaux rouges ou
jaunâtres réunis par un ciment gris tacheté de noir.
Les carrières d'Alet, près d'Aix, qui exploitent un marbre
de mêmes nuances, ont profité de la ressemblance du nom.
La brèche de Vérone, composée de fragments bleus dans
un ciment rouge, est un marbre magnifique tiré des mon-
tagnes du Trentin.
Les brocateUes sont des brèches à très petits éléments.
Gisement de Tortosa (Espagne). — La brocatelle d'Espagne,
de Tortosa (Catalogne), est à fond lie de vin avec de petites
taches rondes, jaunes et blanches.
La brocatelle de Sienne, très estimée aussi, a des taches
violettes ou jaune orange.
Gisements de Boulogne (Pas-de-Calais) et de Moulins (Jura).
— En France, on ne peut guère citer que la brocatelle de
Boulogne, tachetée de brun, et la brocatelle de Moulins (Jura)
gris bleuâtre, parsemée de taches jaunes avec de nombreux
fossiles.
C. — Pierres a chaux, a ciment et a plâtre
La série des roches calcaires utilisée, dans les constructions
comprend des roches tendres, qui, par suite de leur friabilité,
MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION 125
ne peuvent être employées que broyées. Telles sont les
pierres. à chaux, et le gypse ou pierre à plâtre.
Calcaire argileux. — Les pierres à chuux sont des cal-
caires argileux dans lesquels Targile s'allie au carbonate de
chaux en toutes proportions. Quand la teneur d'argile -est
faible, le calcaire donne, par cuisson, de la chaux qui est
employée avec de Teau et du sable à la fabrication du
mortier.
Si la proportion d*argile dépasse 20 0/0, le mélange prend
un aspect terreux, se délite facilement et happe à la langue;
il ne donne plus alors de chaux utilisable, mais peut
servira la confection du ciment et des pouzzolanes. Du
reste, les propriétés variant toujours dans le même sens à
mesure que la teneur en argile augmente, on peut établir
Téchelle suivante :
Quand le calcaire contient moins de 5 0/0 d'argile, il
donne de la chaux grasse^ qui a la propriété de former avec
Teau une pâte grasse et foisonnante.
Si le calcaire renferme de 5 à i2 0/0 d'argile, la chaux
devient maigre; elle donne avec l'eau une pâte courte beau-
coup moins liante.
Avec une teneur de 12 à 20 0/0 d'argile, on obtient par
cuisson, de la chatix hydraulique qui a la propriété de durcir
sous l'eau. La durée de la prise varie de deux à quinze jours;
elle augmente avec la teneur en argile.
Quand la proportion d*argile s'élève de 20 à 25 0/0, la
' chaux fait encore prise, mais elle tombe rapidement en
poussière. Cependant, si on pousse la température jusqu'au
point de vitrification, on obtient une chaux faisant prise en
une demi-journée tout au plus : c'est le ciment de Port-
land.
Avec des calcaires tenant de 25 à 30 0/0 d'argile, on
fabrique à haute température les ciments romainSj dont la
prise se fait en quelques minutes, même sous l'eau.
Préparation des ciments et de la chaux. — La fabrication de
la chaux, hydraulique ou non, est facile ; la seule précaution à
prendre est de bien connaître la proportion d'argile initiale,
de façon à obtenir la qualité de chaux qu'on recherche.
L'installation des fours est toute simple. S'il y a des parties
126 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
défectueuses, après avoir éteint la chaux, on les sépare par
blutagttw
Les ciments dePortland exigent une installation plus com-
pliquée, car il h»i, broyer très fin pour avoir un produit
homogène et ne gonflaat pas dans les constructions ; de plus,
on a besoin de meilleurs fours de cuisson, caria température
doit atteindre celle de la fusion du fer. Le choix de la
matière est aisé ; tous les calcaires contenant une quantité
d argile suffisante sont bons. Les plus estimés sont faits à
Boulogne avec le calcaire portlandieu.
La préparation des ciments romains est très difficile et se
heurte à des difficultés inexpliquées. En France, on ne les
réussit guère qu'à Vassy, avec des calcaires appartenant au
portlandien, et à Grenoble,
Le ciment noir de Ponilly est fait avec des calcaires pro-
venant du rhétien ; ces calcaires contiennent une assez forte
proportion déplâtre (jusqu'à 7 0/0).
Calcaire siliceux. — Le calcaire s'allie aussi à la silice;
il se présente alors en masse blanche compacte, à cassure
conchoïdale. On trouve de nombreux échantillons de cal-
caire siliceux dans le bassin tertiaire parisien et dans cer-
taines formations lacustres.
Gisement du Teil (Ardèche), — Les calcaires du Teil ( Ardèche),
renfermant 17 0/0 de silice, donnent d'excellente chaux
hydraulique, qui résiste assez bien aux eaux de la mer, dans
lesquelles la chaux hydraulique se délite rapidement.
Calcaire magnésien. — On trouve souvent le carbonate de
chaux associé à de la magnésie; il existe tous les intermé-
diaires entre le calcaire et la dolomie composée d'équivalents
égaux de carbonate de chaux et de carbonate de magnésie.
Les dolomies sont très répandues, mais ne forment pas
des couches régulières, comme le calcaire. On avait essayé
d'en faire des chaux hydrauliques; on y a à peu près
renoncé à cause des difficultés de la cuisson. Si on exagère
tant soit peu la température, le produit se délite dans l'eau
sans faire prise.
Gypse ou pierre a plâtre. — Le gypse, appelé aussi albâtre
gypseux, sélénile et pierre à plâtre, est une roche dont l'as-
pect se rapproche de celui du calcaire. Le gypse saccharoïde
MATÉRIADX- DE C0^8TRl;CTI0^■ 127
a la texture du marbre statuaire; il s'en distingue par sa
grande lianslucidité. Sa cassure est grenue et inégale; au
couleur, ordinairement d'un blanc éclatant, peut passer au
gris et au jaune et devient même rougeûtre. On trouve aussi
du gypse compact, qui a une cassure esquilleuse et une cou-
leur blanc sale ou jaune, le gypse se trouve généralemeni
en grands cristaux ofTectanl une forme de fer de lance. Le
gypse est du sulfate de chaux hydraté presque pur. La variété-
compacte des environs de Paris comprend, en outre, de la
silice et un peu de carbonate de chaux. Le gypse ne fait pas
effervescence dans les acides; mais il se raye facilement h
l'ongle; grdce à ces deux caractères, il se distingue du cal-
caire et des autres roches.
Soumis à l'action du feu, il perd son eau de cristallisation
et se transforme en pldtre.
Fia. 65. ~ Gypt(.
Formation du gypse. — Le ffypse est sédimenlaire dans les
dépAlB de marnes iristies qu'on trouve dans la Meiise, la
Mcurthe et VAveyron, ou dans les terrains tertiaires de Paris
et d'Aix en Provence; il est postérieur aux roches qui le
contiennent, dans les amas de terrains métamorphiques des
Alpes et des Pyrénées ; enfin il est dû h, l'action des sources
thermales sur le calcaire, dans ceKains dépôts où il est
accompagné de sulfates, de dolomie, de bitume, etc.
I.e gypse saccharotde, connu sousie nomd'a/iMJtrc gypseux,
.serti la fabrication de statuettes, socles de pendules, etc.. etc.
Sa valeur esl, du reste, très inférieure à celle de l'albûlre
calcaire, doué de plus d'éclat et de plus de solidité.
Gaemtnt de Vollerra iToscane). — On exploite à Votterra. iii
Toscane, un al bût re gypseux blanc veiné de lignes brunâlrcs.
qui était déjà connu par les Étrusques qui en ont fait un
grand nombre de tombeaux.
1S8 i;ÉOLOGlE APPLIQUÉE
Giiemenl de Lagny {Seine-et-Uarne). — A LagDy, dans la
Seine-«t-MarDe, it y a également un beau massif d'albâtre
gypseuT.
Gisement de Saint- Jean^-Maurienne. — Le gypse de Saint-
Jean -de-Hau ri en ne est blanc et translucide; il asei-vi i orner
la cathédrale de cette ville.
Gisement du Mexique.— Dans l'État AePuébla (Mexique). on
trouve un gypse si blanc et si transparent que les anciens
Mexicains le coupaient en lames comme du mica et l'uli-
lisaient comme vitres.
Plâtre. — Le principal usage du gypse est la fabrication
du plâtre. ChaufTé à 120° dam des fours spéciaux, le sulfate
lie chaux perd son eau d'hydratation; on le réduit en
poudre et on le gàcke ensuite avec 33 à 50 0,0 d'eau ; il
cristallise de nouveau en formant une masse compacte par
suite de l'enchevOtrement des cristaux. Si la température
MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION 129
était poussée trop haut, la pierre à plâtre perdrait son eau de
cristallisation, qu'elle ne reprendrait ensuite que très lente-
ment, elle serait, par suite, inutilisable.
Le plâtre a la précieuse propriété défaire prise presque
immédiatement, aussi est-il employé dans les travaux qui
doivent être faits rapidement, voûtes de caves, moulage de
corniches, plafonds, scellements, etc. A Paris, on en fait une
consommation qui va presque à Fabus, et dans bien des
maisons il remplace la chaux et le mortier.
Gisements du bassin de Paris et d* Aix-en-Provence. — Le
pldtre de Paris et celui d'Aix-en-Provence sont bien meilleurs
que ceux qui sont fabriqués avec les autres variétés de
gypse; ils font prise plus rapidement et résistent mieux
aux agents atmosphériques; on a attribué leur qualité à la
quantité de calcaire qu'ils renferment; mais les bancs de
Romainville, par exemple, en contiennent très peu; ceux de
Montmartre en tiennent 12 0/0, et leur qualité est à peu près
la même.
C'est plutôt à la silice gélatineuse qu'ils contiennent, qu'il
faut, parait-il, attribuer la supériorité des plâtres de Paris
et d'Aix.
Le gypse cristallin donne un plâtre plus fin, mais moins résis-
tant ; on s'en sert pour former l'enduit extérieur des statues.
Mélangé avec de la colle de poisson et coloré avec des
acides métalliques, le plâtre donne le stuc qui sert, depuis
l'antiquité, à imiter les marbres.
On emploie le stuc dans les constructions, pour le revête-
ment intérieur des cages d'escalier, des antichambres et de
diverses pièces; il no doit servir qu'à Tintérieur des maisons
ou à l'abri des agents atmosphériques.
AiNHYDRiTE. — Lc sulfate de chaux anhydre s'appelle
anhydrite ou gypse anhydre.
L'anhydrite est compacte ou saccharoïde et ressemble plus
encore que le gypse au marbre statuaire; sa dureté (3 à 3,5)
la distingue bien du gypse. Elle est blanche ou légèrement
colorée par de l'oxyde de fer ou du bitume, en gris, en rouge
ou en bleu. Elle contient souvent des traces de silice, de fer
ou de bitume. Elle ne fait pas elTerve.-^cence avec les acides,
ce qui la sépare nettement des calcaires.
GÉOLOGIE. 9
130 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Formation de Vanhydrite,— L'anhydrite se trouve en amas
dans le terrain primitif. Elle forme aussi des poches dans les
calcaires de divers étages. Elle est due alors à des vapeurs
sulfureuses qui ont traversé les fissures de ces calcaires en
transformant des carbonates.
L'anhydrite peut se polir et se travailler comme le marbre ;
elle ne peut cependant pas être exposée au plein air, car
alors elle se ternit et se transforme en gypse.
Gisement de Vizille [Isère), — On l'exploite à Vizille dans
risère. Elle a servi à faire des colonnes de 5 mètres de haut
dans Téglise de Haute-Gombe, autour du tombeau des rois de
Sardaigne. L'anhydrite de Vizille se vend à Paris au prix de
500 francs le mètre cube.
Sous le nom de marbre bleu de Wurtemberg, elle sert aussi
à la décoration.
Gisement de Vulpino (Italie). — Enfin à Vulpino, près de
Bergame (Italie), on trouve une anhydrite silicifère appelée
vidpinitey à laquelle les 8 0/0 de silice qu'elle contient com-
muniquent une jolie couleur cendrée et une dureté assez
grande. On en fait des cheminées et des dessus de tables.
BIBU06RAPHIE DU CALCAIRE, DU UARBRE, DE LA CHAUX, ETC.
1870. Verploilalion des marbres de Carrare, de Massamaritima et
de Seravezza {Cuyper^ t. XXVH, p. 423).
1870. Dupont, Marbre de Givel {Bulletin de V Académie de Bel-
îfiquey 3* série, t. II).
1873. Leymerie, Sur la position et le mode de formation des
marbres dévoniens du Languedoc (Bulletin de la Société
de Géologie^ 3* série, t. I, p. 242).
1874. Leymerie, Calcaire carbonifère des Pyrénées^ marbres de
Sainl-Béat (Comptes rendus de VAcadémie des sciences^
t. XXIX, p. 145).
1874. Coquand, Sur les marbres blancs statuaires des Pyrénées et
de la Toscane (Comptes Rendus, t. LXXIX, p. 411).
1878. Renevier, Sur le macigno des Apennins et le marbre de Car-
rare (Bulletin delà Société vaudoise des Sciences naturelles,
2* série, t. XV, p. 92) (Lausanne).
1878. Gypse dévonien de Russie (Richesses minérales de la Russie.
Exposition de 1878).
1879. Potier, (iypse de Vancien Comté de Nice (Bulletin de la
Société de Géologie, 3* série, t. VII, p. 603).
1879. Ch. Barrois, le Marbre griotte des Pyrénées (Annales de ta
Société géologique du Nord),
MATÉRIAUX DE CON8TR0CTION 131
1879. De Tribolet, Sole sur les carrières de marbre de Haillon en
Valais {Bulletin de la Société des Sciences naturelles de
Seufchàtel).
1880. Carez, Etage du gyp^e auprès de Château-Thierry (Bulletin
de la Société de Géologie, 3- série, t. VI H, p. 247 et 462).
1881. Charpy, Sur Vindustrie de la marbrerie à Saint-Amour et
sur les divers gisements de marbre dans le département du
Jurti.
1881. Caravin-Cachin, Découverte du gypse dans les couches du
tertiaire éocène supérieur du Tarn (Comptes Rendus,
t. XCm, n* 19, p. 753).
1882. Renevier, Nouveau gisement de marbre saccharoxde sur
Brançon en Valais [Bulletin de la Société vaudoise des
Sciences naturelles, 2* série, t. XVIH, p. 129) (Lausanne^
1882. Viriet d'Aoust, Rapport sur les marbres et les piert*es litho-
graphiques du déparlement de VAude (Paris).
1885. Frossard, Les marbres des Pyrénées (Bulletin de la Société de
Géologie, 3« série, t. XIII, p. 272).
1885. Decœur, Chaux hydraulique du Teil dans l'Ardèrhe (Indus-
trie minérale, 2' série, t. XIV, p. 411 et 473).
1886. Note sur les plâtrier es de Saint-Martin, commune de Lar-
roque (Tarn) [k Montauban, chez Forestié].
1888. Arnaud, Argiles gy psi f ères des Charentes (Bulletin de la
Société de Géologie, 3- série, t. XVIÏ, p. 290).
1891. Thomas, Gypses des hauts plateaux de Tunisie (Bulletin de
la Société de Géologie, 6 avrils
2^ ROCHES SILICEUSES
On peut diviser les roches siliceuses en trois cate^gories,
suivant qu'elles sont compactes, agglomérées ou meubles.
ROCHES SILICEUSES COMPACTES
Les roches siliceuses compactes sont d'origine purement
chimique.
On distingue parmi ces roches le silex, la meulière et la
gaize.
Silex. — Les silex s'appellent encore pierres à fusil. Ils se
présentent en rognons à cassure conchoïdale d'une couleur
blanche, blonde ou presque noire. Leur dureté est très grande
et ils font feu au briquet.
Le silex est formé de silice presque pure (95 à 97 0/0) mélan-
gée d'alumine, d'oxyde de fer et d'eau. Il ne fait pas efîer-
GÉOLOGIE appliquée:
e aux acides el, pour l'attaquer, on doit le traiter par
le carbouate de soude à la température du rouge.
Gisements. — Les sileit existent dans presque tous les ter-
rains sédimentaires. On
en trouve surtout dans le
terrain jurassique, à la basn
de l'oxrordien, dans l'étagf
du grès vei'l et de la craie
blanche et dans les dilTé-
rentes couches du terrain
teriiaire. Ils proviennent
Fin. 67. — Site.. d'un di^pôt de Biliee qui
s'est faitauseindes terrains
calcaires toujours plus ou moins silicifères. La silice paraît
s'être concentrée autour de noyaux organiques, quoiqu'on ne
retrouve pas toujours ceux-ci à l'inti^rieur des silex.
Usaffes. — Le silex sert surtout à r^mpierrenaent des routes;
on l'utilise aussi au pavage, quoiqu'il s'y prête asseï mal. Tou-
louse, Montauban, Strasbourg et Nancy sont pavés en galets
de silex. Dans quelques villes du Midi de la Fronce, dans le
pays de Caux et en Picardie, on construit des maisons en
silex encadré de bordures de briques, qui sont d'un elTet
asseï pittoresque.
MEtiLiÈnE. — La meulière est une variété particulière de
silex, qu'on trouve en masses asseï importantes. Elle se |{ré-
sente parfoisavec une texture compacte d'un gris blanchâtre i-t
avec la dureté du silex. C'est
la caillasse, dont l'emploi
est proscrit dans les cons-
tructions importantes, car
elle prend mal le mortier.
Hais elle présente parfois
une texture caverneuse, qui
peutdevenir tellementlàche
que la pierre ne pèse plus ^.^ ^8, - Mnitit,..
que 650 kilogrammes le
mètre cube. Celte meulière caverneuse, appelée pierre à
meule, silex molaire ou silex carié, est fréquente dans le
terrain tertiaire.
MATÉHIAUX DE CONSTHt'GTlON 133
Usayes, — Les plus belles meulières caverneuses sont celles
de la Ferté-sous-Jouarre, qui sont surtout employées à la
confection des meules de moulins. Mais elles sont aussi fort
estimées pour la construction, à cause de leur grande résis-
tance à Técrasement, unie à une grande légèreté qu'elles
doivent aux cavités dont elles sont parsemées. De plus, le
ciment, pénétrant dans les cavités, fait corps avec la pierre et
donne une maçonnerie bien homogène.
A Paris, la meulière est prescrite pour la construction des
fosses d'aisance et celle des égouts. Elle sert aussi aux fon-
dations de beaucoup de monuments; en particulier, les deux
théâtres de la place du Ghâtelet, le Tribunal de Commerce,
rOpéra et THôtel-Dieu reposent sur des assises en meulière.
Les parements des ponts National, d'Austerlitz, des Invalides,
de TAlma et ceux du Petit-Pont sont faits en meulières
piquées et en ciment de Poissy. Ces pierres viennent des
carrières de Ponthiéry et d'Orgenoy, entre Juvisy et Corbeil,
qui envoient journellement leurs produits par la Seine.
Les carrières de Buchet et de Brunoy fournissent aussi des
pierres très régulières, qui ont servi à construire la plupart
des quais de Paris; mais Therbe qui y a poussé, dans les
cavités, amène de Thumidité et expose les pierres aux effets
de la gelée. La meulière vaut de 10 à 43 francs le mètre cube
sur carrière. (Voir Tétude de M. Colomer, sur les Pierres
meulières des environs de Paris, Revue technique, 1894).
Gaize. -- La gaize est une des roches les plus légères que
Ton connaisse ; sa densité n'est que de 1,48; elle est verdàtre,
très tendre et se délite à Tair en se divisant en petits fragments.
C'est une roche siliceuse contenant un peu d'argile et des
grains de glauconie qui lui donnent sa couleur. La silice
qu'elle contient ofTre ce caractère particulier d'être soluble
dans la potasse comme la silice gélatineuse.
Gisement de PArgonne. — La gaize se trouve dans l'Argonne
où elle forme une vaste lentille d'une centaine de mètres
d'épaisseur, due certainement à une précipitation chimique.
Usages, — Cette roche donne d'assez mauvais matériaux de
construction, par suite de l'altération que lui fait éprouver
l'atmosphère ; on l'emploie cependant à l'intérieur. Mais elle
est surtout utilisée comme produit réfraclaire, à cause de la
13^ GÉOLOGIE APPLIQUÉE
forte proportion de silice qu'elle contient; on en a fait des
cheminées, des fours de boulanger, des fours à chaux et
même des hauts-fourneaux.
On a cherché à remployer aussi dans la confection de
mortiers hydrauliques; mais on n'y a qu'à moitié réussi, à
cause des écarts de composition qu'elle présente.
BOGUES SILICEUSES AGGLOMÉRÉES
Brèches. — On appelle brèches, des conglomérats formés
de fragments anguleux réunis par un ciment quelconque.
Si les fragments sont arrondis, la roche prend le nom de
poudingue. Les brèches siliceuses sont d'un usage assez rare,
à cause de la difficulté que l'on éprouve à les travailler.
Cependant à Polignac, dans la Haute-Loire, on exploite
une brèche siliceuse formée de débris de roches volcaniques
et ne pesant que 3.000 kilogrammes le mètre cube. Elle ne
coûte que 25 francs le mètre cube; elle a servi notamment à
la construction de l'église du Puy.
La brèche universelle est composée de fragments de roches
très diverses, granité, porphyre et pétrosilex, agglomérés par
un ciment feldspathique. C'est une des roches les plus dures
et en même temps les plus riches en couleurs qui existent.
Les Égyptiens l'exploitaient en Arabie près de Kéré; ils en ont
fuit le sarcophage d'Alexandre, qui a 15 mètres de tour et
qui est couvert d'hiéroglyphes. Au musée du Louvre, on
voit des bases de colonnes et une statue de prisonnier bar-
bare faites de cette matière.
On trouve aussi des brèches, moins belles, il est vrai, dans
le Ilainaut et dans les Vosges entre Thann eiGuebwiller,
La brèche rouge violacé de Vizille est une roche analogue ;
elle est d'un polissag»^ difficile ; elle est colorée par des mor-
ceaux de calcaire rouge et do serpentine verte. Elle vaut
1.000 francs le mètre cube rendue à Paris, en comptant une
centaine de francs de transport.
Grès. — Les grès sont des pierres qui offrent souvent moins
de résistance à l'écrasenieut que les calcaires et qui surtout
font difficileinent corps avec le mortier; aussi ne peuvent-ils
que rarement être employés à la construction.
SIATÉRIADX DE CONSTRtCTION 135
Les grès sont composés de grains de quarli réunis par un
D'après la nature du ciment on a des grès siliceun,
argileux ou calcariTères.
Origine. — 1^ grès pro-
vient de roches quarlzeuses
anciennes qui ont Hé dé-
truiles et dont les éléments
ont ëlé ressoudés plus tard
par la préripilatton chimique
d'un ciment. Aussi les grès
conliennent-ilsfréquemment y^^ ,jç| __ art,
du mica, du Teldspalh, de la
serpentine et d'autres débris des roches auxquelles a appar-
tenu te quarlx.
QuARTziTE. — [.es quartziles sont des grès siliceux dans
lesquels la pâle soude si bien les grains que le loula parfois
l'apparence d'une masse compacte? Ils contiennent souvent
des cristaux de quartz et de feldspath, ijui leur donnent las-
pecl de porphyres. Parfois aussi ils présentent des lits de
chloriteetde mica, quileur donnent une apparence schisteuse.
Les quartiiles appartiennent aux terrains paléozoTques ; on
les rencontre aussi fréquemment dans l'étage anthracifère
des Alpes.
136 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Usages, — On a employé, pour le tombeau de Napoléon
aux Invalides, un grès rougé très dur (quartzite de Finlande),
qui a pris le poli du marbre.
Plus souvent, on Tutiiise comme pavés. La montagne du
Roule, près de Cherbourg, fournit les pavés dits de la Manche,
très employés à Paris, où leur prix varie de i 20 à 260 francs
le mille, suivant les dimensions.
Gisements de Cherbourg. — Dans la Manche on emploie les
produits de la carrière du Roule comme matériaux de cons*
truction, et on en a construit la jetée du port de Cherbourg.
Gisements desArdennes, — On exploite aussi très activement,
comme pavés, les quartzites, dans les Ardennes. Dans le
Wurtemberg, on trouve des grès siliceux très durs qui ont
servi à construire la cathédrale gothique de Cologne.
Gisements du bassin de Paris. — Les grès du bassin tertiaire
parisien, de Fontainebleau et de Beauchamp sont formés de
grains quartzeux très fins, réunis par un ciment siliceux ou
calcaire. Ils sont trop lourds et se prêtent trop mal à la taille
pour être employés à la construction, mais ils font d'excellents
pavés.
Grès bigarra. — Le grès vosgien de la partie inférieure du
trias elle grès bigarré du même étage sont des grès à ciment
argilo-siliceux. Ils fournissent des matériaux qu'on peut
employer à la construction. Leur poids est de 2.000 kilo-
grammes par mètre cube environ, et leur résistance à l'écrase-
ment de 2.*)0 à 500 kilogrammes par centimètre carré.
Usatjes. — Le grès bigarré a servi a construire la cathédrale
de Strasbourg; le soubassement de l'ancien Palais de l'In-
dustrie de Paris était en grès bigarré de Phalsbourg.
Gisements des Vosges. — Le grès de Votrrcs, dans les Vosges,
se divise en plaques qu'on appelle laves, assez minces pour
servir à la couverture des bâtiments, mais cependant friables
et un peu lourdes pour cet usage.
Guements du Wurtemberg, — Dans le Wurtemberg on trouve
du grès vosgien assez siliceux pour qu'on l'utilise comme
pierre réfrac taire pour la construction des fours.
Grauwacke. — Lagrauwacke est un grès formé de fragments
de quartz et de roches éruplives réunis par un ciment argileux
et parfois argilo-siliceux. Elle est grise, jaune ou rougeâtre;
i
MATÉRfÂUX DE CONSTRUCTION i37
c'est une roche qu*on trouve dans les terrains anciens de la
Bretagne et des Ardennes, et qui ne sert que sur place pour
des constructions sans importance.
Grès houillbr. — Le grès houiller est d*un grain plus
grossier que la grauwacke. Il se trouve en couches puissantes
dans le terrain houiller; il est coloré en gris par le bitume
et devient plus foncé par exposition à Tair. Il pèse 2.100 kilo-
grammes par mètre cube et résiste à des charges de 250 kilo-
grammes par centimètre carré. Il vaut de 35 à 40 francs sur
carrière. Il a servi à construire la ville de Saint-Étienne et
plusieurs autres villes de la Loire et de la Haute-Loire.
Gaàs CALGARiPÈRE. — La molasse est un grès soudé par une
pâte calcaire qui peut représenter le tiers de la masse. C'est
une roche très friable, mais qui durcit à Tair. Elle pèse
2.000 kilogrammes par mètre cube et s'écrase parfois sous des
charges de 100 kilogrammes par centimètre carré. Pourtant
elle prend bien le mortier et est très employée pour les
constructions dans le sud-ouest de la France. Les carrières
de Rhune^ près Ascain, ont fourni la molasse avec laquelle
un a édifié le phare de Biarritz et le port de Bayonne. En
Daupkiné et en Savoie, on s'en sert beaucoup aussi. Enfîn
Genève, Berne et plusieurs villes de la Suisse ont été construites
avec la molasse. A Garcassonne et à Brives, beaucoup de
maisons sont faites d'un grès cal cari f ère.
Le Macigno est aussi une sorte de molasse qui a servi à
bâtir le palais Pitti, à Florence ; il a fourni les dalles des rues
de Pise et de Florence.
Arkose. — L'arkose peut être rapproché des grès par sa
composition; c'est une arène granitique contenant encore tous
les éléments du granité qui ont été ressoudés sur place. On
le trouve dans les Vosges, les Ardennes, le Morbihan ; on s'en
sert comme pavés et comme matériaux d'empierrement pour
les routes.
ROCHES SILICEUSES MEUBLES
Sable quartzbux. — Les sables sont un produit de la désa-
grégation des roches. Le quartz est celui des éléments des
roches éruptives et sédimentaires qui résiste le mieux aux
actions physiques et chimiques; il est donc naturel que la
i38 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
plupart des sables soient quartzeux. Le sable quartzeux est
formé de grains de quartz quelq,uefois arrondis, plus souvent
anguleux. Quand il est pur, il est d'un blanc éclatant, mais il
est souvent mélangé à d'autres substances et surtout à des
paillettes de mica.
Usages. — L'emploi le plus important du sable pour les
constructions est la confection du mortier; pour qu'il y soit
tout à fait propre, il ne doit pas contenir d'argile.
Moyen de reconnaître un bon sable. — On s'en aperçoit
aisément au simple toucher; dès qu'il contient un peu d'argile,
il salit les doigts. De plus, en approchant de l'oreille une pincée
de sable qu'on écrase entre les doigts, on entend un grésille-
ment d'autant plus net que les grains sont plus anguleux et
le sable plus propre à la confection du mortier. Le sable étant
incompressible peut servir aux fondations et au pavage; là
encore il faut qu'il soit bien exempt d'argile. Au contraire,
lorsqu'il sertà rendre étanche le fond des canaux ou à arrêter
des suintements, la présence de l'argile est une qualité.
Gisements. — Les carrières de Fontainebleau fournissent des
quantités considérables de sable quartzeux qui sont aussi
utilisés pour la verrerie et la cristallerie (Voir le chapitre
des Industries diverses).
On peut aussi utiliser, pour le mortier, le sable de la mer;
mais il faut avoir soin au préalable de l'étendre en lits peu épais
et de l'exposer à la pluie, afin qu'il puisse se débarrasser des
sols déliquescents qu'il contient et qui conserveraient Thumi-
dilé dans le mortier des maçonneries.
Gravier. — Quand la dimension des grains dépasse 3 milli-
mètres, les sables deviennent des graviers. Les grains de gra-
vier sont généralement arrondis. Ils servent de ballast pour
les voies de chemins de fer. Us doivent alors être exempts de
matières terreuses qui s'opposeraient à rinfiltration des
eaux, et de sable qui ferait de la poussière. Les graviers sont
aussi employés pour les constructions en béton, et pour l'em-
pierrement de certaines chaussées; mais il faut éviter d'em-
ployer pour ce dernier usage des graviers dont le volume
serait un peu trop considérable, car ils produiraient l'usure
rapide des roues des voitures et des sabots des chevaux; ils
rendraient d'ailleurs pénible la marche des piétons.
BIATÉRIAUX DE CONSTRUCTION 139
3^ ROCHES ARGILEUSES
Les roches argileuses sont formées essentietlement de
silicate d'alumine hydraté.
On peut les ranger, d'après rimportance de leur utilisation
dans les constructions et les travaux publics, en argile terreuse,
phyllades et schistes.
ARGILE A BRIQUES
Propriétés physiques et chimiques, — Vargile terreuse propre-
ment dite provient de matières qui se sont déposées après
avoir été longtemps tenues en suspension dans les eaux à
Tétat boueux. Pure, Targile est réfractaire, c'est-à-dire que
non seulement elle est infusible, mais qu'elle se contracte au
feu. La présence des oxydes métalliques lui fait rapidement
perdre cette propriété. L'argile est plastique, c'est-à-dire
qu'elle se laisse facilement modeler. Séchée au feu, elle devient
cassante et dure au toucher. Dès qu'elle a perdu son eau de
combinaison, elle perd toute sa plasticité. L'argile est recon-
naissable au goût par sa saveur sèche. On la définit en disant
qu'elle happe à la langue. Elle a aussi une odeur particulière,
Todeur argileuse.
H existe un grand nombre de variétés d'argiles :
Les argiles plastiques, le kaolin, l'argile sableuse, la marne,
l'argile bitumineuse, l'argile figuline, l'argile calcarifère, etc.
Pour les constructions on n'emploie guère que les argiles
figuline et calcarifère impures. Les autres variétés sont
employées pour la poterie, la faïencerie, l'amendement des
terres, etc., et seront passées en revue dans des chapitres
ultérieurs, avec les matériaux employés dans les arts indus-
triels et dans l'agriculture.
La terre à briques est une argile flguline impure. L'argile
figuline sert aussi à faire les faïences communes et les
poteries. On l'emploie pour la construction à l'état de pisé,
c'estrà-dire délayée dans de l'eau et fortement tassée. Cette
maçonnerie est surtout employée dans les départements du
Rhône, de l'Ain et de l'Isère. Mais la principale application
140 GÉOLOGIE APPLIQIJÉE
de Targile est la fabrication des briques. Les briques confec-
tionnées dans des moules des plus simples sont ensuite
séchées au soleil, puis cuites en grands tas. Dans beaucoup
d'endroits et surtout en Belgique, en Hollande, dans le Nord
et le Pas-de-Calais, les briques sont les matériaux de cons-
truction courants. On fabrique aussi, avec Targile, des tuiles
pour la couverture des maisons et même de certains monu-
ments, toutes sortes de poteries pour la construction et des
tuyaux de canalisation. On en fait encore, en Hollande, des
pavés pour les routes.
Les argiles les plus propres à faire de la brique sont géné-
ralement brunes ou rougeâtres, par suite de la présence
«IVixydes de fer. Ce sont ces matières ferrugineuses, qui, par
la cuisson, donnent à Targile la teinte rouge des briques.
La qualité des briques dépend de la composition et de la
pureté de Targile employée pour leur fabrication ; mais on
peut l'améliorer en comprimant fortement Targile dans les
moules et en la cuisant dans des fours spéciaux (fours
Hoffmann) au lieu de la cuire en tas. H existe actuellement
un assez grand nombre de briqueteries mécaniques, qui four-
nissent^ pour les constructions, des matériaux bien homo-
gènes, à un prix de revient généralement plus bas que les
briques faites à la main et cuites en tas.
La même argile peut être employée dans la confection de
tuiles pour couvertures de maison. Des moules spéciaux per-
mettent de donner à ces tuiles toutes les formes voulues.
La brique est universellement employée dans les cons-
tructions, même dans les pays où la pierre à bâtir se trouve
en abondance. Cela tient à la facilité de sa fabrication et, par
suite, àTéconomie de son emploi.
Pisé. — L'argile, quand elle n'est ni trop grasse ni trop
maigre, est emj)loyée crue, à Tétat de pisé, pour des cons-
tructions de peu d'importance.
11 existe même des maisons de cinq étages, entièrement
construites on pisé, dans le centre de la France ; mais il faut
avoir soin de recouvrir le pisé d'un enduit qui le préserve
de l'action des agents atmosphériques.
Incotivénients des terrains argileux pour les constructions. —
L'argile, qui rend de si grands semces pour l'édification des
MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION 141
maisons, présente de graves inconvénients, lorsqu'elle cons-
titue le sol sur lequel on doit exécuter des constructions ou
des travaux publics.
Quand les dépôts argileux du sol sont à Tabri des agents
atmosphériques, ils se maintiennent bien et conservent une
dureté suffisante pour les fondations ; mais, quand ils ont été
exposés à Tair, ils prennent facilement Thumidité et se
délayent rapidement.
Il arrive ainsi que de grandes masses de terrains se
déplacent par glissement, généralement après une saison
pluvieuse, entraînant avec eux ou disloquant les construc-
tions qui les surmontent.
Il est donc nécessaire de masquer rapidement avec des
maçonneries la surface des terrains argileux, afln d'éviter le
fendillement superficiel qui se produirait sous Taction du
soleil et faciliterait ultérieurement Tinflltration des eaux.
BIBLIOGRAPHIE DE L'ARGILE
1874. Schlœsing, Sur la constitution des arfjlles et kaolifis
{Comptes Rendus, t. LXXIX, p. 376 et 473).
1880-1881. Fontannes, Terrains des environs de Bollène {Bulletin
de la Société de Géologie^ 3* série, t. IX, p. 438).
1837. Le Chatelier, Constitution des argiles {Comptes Rendus de
l'Académie des Sciences).
PHYLLADES
Les phyllades, ou schistes ardoisiers, sont dos roches
schistoïdes feuilletées, dont le nom est tiré du grec
'ç-jXXov = feuille).
Les phyllades constituent des assises puissantes dans divers
terrains. Ils appartiennent au cambrien et au silurien dans
les Ardennes et dans le Maine-et-Loire, à la base du terrain
houiller à Briançon^ dans les Alpes, et aux terrains nummu-
litiques à Glaris, en Suisse.
Ce sont des argiles compactes, devenues schisteuses par
compression et métamorphisme.
Ardoises. — Quand les phyllades peuvent être fendus en
I
142 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
lames très minces, on leur donne plus spécialement le nom
d'ardoises.
Propriétés physiques et chimiques. — Les ardoises sont des
phyllades de couleur grisâtre, bleutée, violacée ou rougeâlre.
Leur pâte est fine, compacte et homogène.
Elles sont formées par un silicate d'alumine impur, riche
en débris organiques et contenant des traces de chaux, de
magnésie, de titane et 3 0/0 d'eau environ.
Leur densité varie de 2,61 à 2,95.
La dureté varie depuis celle du gypse, pour les phyllades
satinées, jusqu'à celle du marbre, quand elles passent insen-
siblement aux schistes argileux, en perdant leur éclat. La
résistance à la rupture, assez faible dans les ardoises,
augmente très rapidement avec Tépaisseur. M. Blavier a
trouvé, en opérant sur des ardoises de 0",25 de côté, que,
pour des épaisseurs respectives de 1, 3, 5 et 7 millimètres,
les charges de ruptures étaient 8, 50, i20 et 179 kilogrammes.
Il y a donc intérêt à employer des ardoise^ aussi épaisses
que les charpentes peuvent les supporter.
Les bonnes ardoises se fendent facilement en feuilles très
fines et rendent au choc un son de cloche.
L'ardoise a la propriété de s'altérer difficilement à l'air et
de pouvoir se diviser en feuilles très minces et cependant
très résistantes.
Schistosité. — Cette dernière particularité s'appelle la
schistosité ; c'est le caractère principal de Tardoise.
La schistosité est le résultat d'efforts mécaniques posté-
rieurs au dépôt des phyllades ; elle affecte souvent une direc-
tion différente de la stratification, et elle est plus ou moins
accentuée, selon que Ton se trouve dans des parties du
gisement plus ou moins affectées par ces efforts mécaniques.
La compression des schistes ardoisiers s'étant générale-
ment exercée dans plusieurs sens, on remarque ordinaire-
ment sur les ardoises une seconde schistosité moins nette,
qu'on appelle le longrain et qui sert d'indication pour l'aba-
tage et le fendage des ardoises.
Certaines qualités d ardoises s'imprègnent facilement d'hu-
midité et ne peuvent pas se conserver longtemps; car, à la
première gelée, elles se brisent presque immanquablement.
MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION 143
Ces sortes d'ardoises ne peuvent pas être employées pour la
couverture des maisons.
Usages. — Les ardoises, grâce à leurs propriétés de schis-
tosité, de résistance et d'imperméabilité, sont employées,
selon leur qualité et leur couleur, à faire des tableaux noirs
grisâtres pour les écoles, des revêtements de salles de bains
et de laiteries, des pavages, des mangeoires pour les che-
vaux, des tables de billard, etc. ; mais leur principal usage
est la couverture des maisons et des monuments.
Cuites ou vernissées, elles servent à la décoration inté-
rieure des habitations.
Géogénie, -»- Ces matériaux, si résistants et cependant si
fissiles suivant leur plan principal de clivage, ont été formés,
dès Tère primaire, par des argiles très ténues, qui se sont
trouvées comprimées entre des lits de quartzites et de grès,
puis redressées, amincies, repliées et enfin transformées
par la compression et par la chaleur due au frottement des
roches, en ardoises solides et lamelleuses, telles qu'on les
trouve dans les divers gisements exploités actuellement.
Gisements. — Malgré la concurrence que lui font et les
tuiles mécaniques et les couvertures métalliques, Tardoise
se trouve employée à de grandes distances de ses centres
principaux de production, qui ne sont, somme toute, pas
très nombreux.
En France, les principaux gisements ardoisiers sont ceux
des Ardennes et de l'Anjou :
Les Ardennes. — A Fumai/y Haybes et Rimagnej on trouve
des ardoises de bonne qualité, violettes ou rouges (silurien
inférieur et cambrien). Les ardoisières, bien que considérées
comme carrières, y sont exploitées par puits inclinés ou des-
cenderies, jusqu'à de grandes profondeurs, à cause de la
forte inclinaison des bancs (50°).
Les ardoises de Furaay ont été employées pour le nouvel
Hôtel de Ville de Paris. Celles de Rimagne ont servi à couvrir
la Bibliothèque nationale.
Les autres gîtes des Ardennes sont ceux de Deville et de
Monthermé.
Les ardoises taillées des Ardennes se vendent actuelle-
ment 24 francs le mille, sur carrière.
144 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
V Anjou, — Les exploitations les plus importantes sont
celles de TAnjou. Les ardoises de cette région, qui font Tobjet
d'une exploitation considérable, renferment malheureuse-
ment un peu de pyrites qui s'oxydent à Tair et rendent la
roche pulvérulente au bout d'un certain nombre d'années.
Ce sont surtout des ardoises bleues qu'on trouve dans
l'Anjou (terrain silurien), à Trélazc.
On exploite, entre Angers et Scgré, des veines de schistes
ardoisiers souvent fortement redressées, dont la puissance
atteint 100 mètres et qui sont interstratifîées dans des
schistes siluriens. Ici les bancs de grès des Ardennes
manquent complètement. Il existe de nombreuses fentes,
veines de quart z, cassures, etc.
Les principales exploitations sont : Trélazé (la Grand'Mai-
son, les Fresnais, les Grands-Carreaux, THermitage) et
Saint-Barthélémy. L'exploitation, entreprise pnmitivement à
ciel ouvert, se fait aujourd'hui souterrainement en pratiquant
de grands vides (60 X 60 X 100 mètres) éclairés à la lumière
électrique. Cette méthode, employée aux Grands-Carreaux
depuis 1832, est dangereuse, parce que les grandes voûtes
qu'elle crée risquent de s'ébouler ; elle est remplacée par la
méthode en remontant, à la Grand'Maison et à la Forèl
(Segré).
Autres gisements ardoisiers, — On trouve d'autres gisements
ardoisiers en France dans les régions suivantes :
La Savoie, formations beaucoup plus récentes (terrain
jurassique).
Les Alpes, terrain anthracifère el nummulitique.
Le Dauphinéj la Seine-Inférieure, la Corrèze, la Mayenne, la
Manche à Saint-Lô, la Bretagne à Redon, la Loire-Inférieure
au Grand-Auverné, le Maine-et-Loire à Noyant-la-Gravoyère,
le Calvados à Cherbourg.
En Belgique, le prolongement du bassin de Fumay et
d'Haybes est mis en exploitation depuis quelques années aux
environs d'Oignies.
En Allemagne, dans le Harz et en Saxe, on trouve aussi
des gisements ardoisiers.
En Angleterre, il existe des gisements considérables d'ar-
doises dans le Pays de Galles. Les ardoisières du Pays de
MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION 145
Galles, très activement exploitées, appartiennent au cambrien
inférieur (carrières de Penrkyrij de Uanberis et d'Arthog) ou
au silunen (ardoisières de Palmerston et de Llechxoedd dans
le district de Blaenau, et d'ort^mdans le district deFestiniog,
appartenant aux assises de Uandeilo), Les ardoisières du
Shropshire appartiennent aux couches siluriennes de Wen-
lock. On exploite à ciel ouvert ou souterrainement par gradins
inclinés avec piliers abandonnés (Festiniog), par tranches
horizontales, également avec piliers abandonnés (Gorris)
et par gradins renversés avec ou sans piliers abandonnés
(Grœsor).
SCHISTES
Propriété des schistes. — Les schistes, tout en ayant la même
texture feuilletée que les phyllades, sont moins flssiles que
ces derniers et s'en distinguent par la facilité avec laquelle
les agents atmosphériques les réduisent. en argile.
Le schiste est une pierre tendre, sauf dans ses variétés sili-
ceuses passant au jaspe. Sa composition chimique se rap-
proche beaucoup de celle des phyllades: CO à 70 0/0 de silice,
15 à 20 0/0 d'alumine; le reste est de Toxyde de fer, de la
magnésie et de Teau.
Gisements et usages. — On rencontre les schistes dans les
terrains anciens et particulièrement dans les couches silu-
riennes. Ils peuvent servir à la construction et forment des
moellons de hauteur uniforme et des lits bien plats ; mais
pour le parement ils sont trop irréguliers et doivent être
dressés à la scie, ce qui augmente beaucoup le prix de re-
vient. On a bâti ainsi plusieurs villages de TAnjou et des
Ardennes.
Les schistes peuvent aussi servir à faire des dallages,
des appuis de fenêtres et des marches d'escaliers. Les espèces
siliceuses qui sont les plus dures sont celles qui con-
viennent le mieux pour ces usages.
L'inconvénient principal des schistes dans les construc*
tions, c'est qu'ils ne prennent pas très bien le mortier ; on ne
les emploie que dans les pays où les autres pierres font abso-
lument défaut.
OÉOLOOIB. 10
146 GÉOLO&IE APPLIQUÉE
BIBU06RAPHIE DBS ARDOISES
1879. Coste, Mémoire sur le gîte ardoisier d'Argut-Dessus {Haute-
Garonne (chez Ghaix, à Paris).
1879. Maumerie, Sur la composition de Vardoise {Comptes Rendus^
t. LXXXIX, p. 243) (Paris).
1881-1882. Lahoussaye, Note sur le terrain ardoisier de Riniagne
{Annales de la Société géologique du Nord, t. IX, p. 28j
(Lille).
1882<1883. Gosselet, Communication sur les veines ardoisières de
Fumay {Bulletin de la Société de Géologie, 3« série, t. XI,
p. 343) (Paris).
1883. Bliimard, les Carrières cTatxloises à Angers {là Salure,
n** 525-544, p. 130) (Paris).
1884. Larivière, Voyage aux ardoisières du Pays de Galles {Annales
des Mines, 8" série, t. VI, p. 5C5).
1889. Nivoit, l'Industrie des Ardennes.
1889. Autissier, Notice sur les ardoisières de Rocheforl-en-Terre
(Morbihan) (Saiot-Étieone-Théolier).
1891. Ichon, Sur l'exploitation souterraine des ardoisières d'Angers
{Bulletin de la Société de l'Industrie minérale, 3* série»
t. IV).
1896. Les Ardoisières, par Watrin, contrôleur des Mines, à
Méziëres.
CHAPITRE III
MINÉRAUX EMPLOTËS DANS LA MÉTALLURGIE
LE FER ET SES BONERAIS
pROPRiéTÉs PHYSIQUES. — Le fer est un mêlai d'un blanc gri-
sâtre, ductile, malléable ; c'est un des plus tenaces des mé-
taux usuels ; on peut le réduire en fils très (Ins et en lames
très minces (un (II de fer de 2 millimètres de diamètre ne
rompt que sous une charge de 250 kilogrammes). Le fer est
doué d'une légère odeur et d'une saveur métallique caracté-
ristiques.
La densité du fer fonda est de 7,'25; elle varie de 7,40 à 7,90
lorsqu'il est forgé et écroui.
Le fer fond entre l.oOO et 4.600®. Avant d'atteindre cette
température, il se ramollit et devient pâteux ; on peut alors
le façonner sous le marteau et le souder à lui-même. En se
solidifiant, le fer pur cristallise en un assemblage de petits
grains brillants et prend par l'étirage et le laminage une
texture fibreuse. Cet état (Ibreux est celui qui correspond à
son maximum de résistance et de ténacité. Avec le temps, il
redevient lentement cristallin ou lamelleux; les vibrations
répétées accélèrent cette modification de la structure du
métal, qui le rend cassant et impropre à résister aux chocs
sans se briser.
Le fer possède au plus haut degré les propriétés magné-
tiques (propriété d'être attiré par un aimant) et reste lui-
même aimanté quand il a été sous l'influence d'un aimant.
Le fer pur, ou fer doux, se désaimante et perd toute propriété
altractive aussitôt qu'il cesse d'être sous cette influence; il
148 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
n'en est pas de même de Tacier qui ne se désaimante plus, à
moins qu'on ne le porte au rouge.
Le fer est bon conducteur de la chaleur et de réiectricité ;
sa chaleur spécifique est de 0,1188. D'une dureté considé-
rable, le fer raye le spath dislande, mais est rayé par le verre.
Propriétés chimiques. — Le fer peut s'unir directement
avec tous les métalloïdes autres que Tazote.
Il est inaltérable dans Pair sec à la température ordinaire.
Dans Tair humide, il se forme lentement à sa surface de la
rouille ou hydrate d'oxyde ferrique. Dès que le dépôt de rouille
a commencé à se produire, l'oxydatiou devient plus active.
Quand le fer s'oxyde à une température élevée, le produit
de la combustion est de l'oxyde magnétique (Fe^O*), le seul
qui soit stable à haute température. Cet oxyde (oxyde des
battitures) est celui qui se détache du fer incandescent en
brillantes étincelles sous le choc du marteau. C'est le même
oxyde qui se produit par le choc d'un silex sur une lame de
fer (d'un fer à cheval sur un pavé, par exemple).
Le fer décompose la vapeur d'eau au rouge ; il se dégage
alors de l'hydrogène et il se forme de l'oxyde magnétique. Le
ferpyrophorique(sesquioxyde réduit en poussière impalpable
par l'hydrogène, qui s'enflamme spontanément au contact de
l'air) décompose l'eau lentement à 15° et rapidement à 100*».
Enfin le fer est considéré en médecine comme un spécifique
souverain dans le traitement de la chlorose et de l'anémie.
Usages. — Soit à l'état de fonte, soit à l'état de fer pur, soit
enQn transformé en acier, le fer est le métal dont l'usage est
le plus répandu. Il est employé dans nos habitations où il
tend de plus en plus à remplacer le bois et même la pierre ;
et il joue le rôle principal dans la construction de nos ma-
chines, de nos outils, de nos moyens de transport, de nos
armes et de nos appareils scientifiques.
Fonte. — La fonte est un carbure de fer provenant direc-
tement de la fonte du minerai ; elle contient environ 95 0/0
de fer, 2 à 5 0/0 de carbone et quelques autres matières,
telles que silicium, phosphore, azote, soufre et manganèse.
Les propriétés de la fonte varient suivant sa composition et
surtout suivant que le carbone s'y trouve à l'état de mélange
ou de combinaison.
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 149
De là, diverses variétés de fontes formant toute une gamme,
du doux au dur cassant, mais que l'on a classées en deux
types principaux, la fonte grise et la fonte blanche.
Le fer s'obtient en enlevant à la fonte, par des procédés
qui ne seront pas décrits ici, le carbone qu'elle contient.
mNERAIS
Les principaux minerais de fer sont les suivants :
Oxydes. — Les minerais oxydés les plus répandus sont
la magnétite ou fer oxydulé (Fe^O^), Toligiste ou hématite
rouge, qui est un sesquioxyde de fer anhydre (Fe^O^) ; enfin
lalimonite, appelée hématite brune ou fer oolithique, qui est
un sesquioxyde hydraté (Fe^O^HO).
Carbonate. — Le carbonate de fer, ou sidérose (FeCO^),
porte aussi le nom de fer spathique.
Sulfures. — Le principal minerai sulfuré est la pyrite de
fer (FeS^) que Ton traite pour fer, après en avoir extrait le
soufre (fabrication de Tacide sulfurique] ; on peut citer en-
core la marcassite, ou pyrite blanche, et le mispickel, ou
fer arsenical, qui est un sulfoarséniure de fer.
Silicates. — Le silicate de fer entre dans la composition
de la plupart des roches éruptives.
Ces divers minerais se trouvent répandus en abondance
sur toute la surface du globe et dans presque toutes les
formations géologiques. On ne doit considérer comme
minerais de fer proprement dits que ceux qui sont indus-
triellement exploitables, c'est-à-dire les oxydes, les carbo-
nates et aussi les sulfures qui sont employés à la fabrication
de l'acide sulfurique avant de donner leur métal à l'industrie.
r.BOGKNIE
On ne peut pas assigner à la venue, des minerais de
fer un âge unique et déterminé, car les nombreux
gisements de fer connus appartiennent à des époques très
différentes. En Scandinavie, les minerais de fer abondent
150 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
dans les terrains primitifs. Le cambrien (Norwège, Asturies,
Krivoi-Rog), le silurien (Colentin, Bretagne, Espagne, Bohême,
Eisenerz), le dévonien (Nassau, Harz, Devonshire) sont éga-
lement riches en minerais de fer. D'autre part, les terrains
secondaires, comme le trias (Allevard, Gard, Ardèche), et les
terrains tertiaires, comme Téocène et Toligocène (terrains
sidérolithiques) sont très riches en fer. On aura l'occasion,
à propos des nombreux gisements qui seront énumérés ou
décrits, de revenir sur la géogénie des plus importants
d'entre eux.
GISEMENTS
On peut diviser les gisements de mineniis de fer en quatre
types principaux :
I. Gîtes dHnclusion en amas. — Gîtes d'inclusion en amas
dans certaines roches, telles que les péridotites et les ser-
pentines (Taberg, Suède).
II. Gîtes de contact, — Gisements filoniens dus à des
sources hydrothermales et dans lesquels la séparation entre
le métal et la roche éruptive est souvent tellement accen-
tuée qu'on ne reconnaît plus de lien entre eux. Dans cer-
tains de ces gîtes que l'on appellera gîtes de contact, la
liaison entre le filon et la roche est cependant assez nette
(Oural, Banat, Traverselle).
in. Filons proprement dits. — Au contraire, si la séparation
est bien accusée, on a affaire à des filons proprement dits
(Rancié, Allevard).
IV. Amas stratif ormes. — On décrira, sous le nom de
gisements stratiformes, les gisements nettement sédimen-
taires résultant, soit de Faction des venues d'eaux acides sur
des calcaires stratifiés préexistants, comme dans le Cumber-
land et l'Erzberg styrien (gîtes de substitution), soit d'un
épanchement superficiel de ces eaux, comme à l'île d'Elbe
et à la Tafna (gîtes d'épanchement).
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA 3IÉTALLURGIE 151
[. — Gîtes ob fer en inclusion dans les roches
Les gîtes d^inclusion sont, en général, constitués par des
amas de magnétite en inclusion dans des péridotites {Taberg
en Suède) ou dans des serpentines (comme dans le val
(VAoste). La formation de ces gisements semble due à Tin-
tervention d'actions ignées, en présence d'un milieu basique
et d'un réducteur magnésien ou calcaire ; le fer aurait pu,
grdce à ces circonstances, cristalliser en magnétite et le phos-
phore éliminé aurait cristallisé à part à Tétat d'apatite.
II. — Gîtes de contact
Les gttes de contact forment la transition entre les gîtes
d'inclusion et les gîtes flloniens proprement dits. Ils sont
constitués par des amas de magnétite au contact, soit de
diorites ou de calcaires jurassiques (Banat)^ soit de syénites
(Visokaya Gora); la magnétite de Traverselle se trouve en
liions au contact de syénites. Dans les gisements de contact,
la magnétite est accompagnée de sulfures, notamment de
chalcopyrite, et beaucoup de mines, d'abord exploitées pour
fer, l'ont été ensuite pour cuivre {Traverselle^ MednoroU"
diansk). Il semble que Ton doive attribuer la formation de
ces gisements à une combinaison des actions hydrothermale
et ignée; les métaux dissous auraient été d'abord précipités
à haute température en milieu basique réducteur par les
roches calcaires encaissantes, puis auraient cristallisé.
Gisements de Banat, Hongrie, Serbie, — On rencontre, dans
le Banat, la Hongrie et la Serbie, une bande de terrain,
longue de 300 kilomètres, dans laquelle se trouvent de nom-
breux amas d'oxyde de fer. Ces amas sont au contact de
diorites d'âge intermédiaire entre le néocomien et le mio-
cène. Entre les diorites et les calcaires qu'elles traversent se
trouve une brèche composée de calcaire avec feldspath et
quartz cimentés par du grenat. C'est dans cette brèche,
appelée gangue par les mineurs, que l'on trouve de nombreux
minerais oxydés et sulfurés de fer, de cuivre, de plomb et de
152 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
zinc, exploités principalement à Rezbanya (Hongrie), Mora-
vicza, Dognasha, Oravicza (Banat) et en Serbie.
La Hongrie a produit, en 1897, 1.421.129 tonnes de minerai
de fer.
Oural, -— Près de Nijni-Taguil, à Visokaya-Gora et à Bla-
godât y on exploite des amas de magnétite avec chalcopyrite
dans des syénites au contact de calcaires siluriens; le minerai
renferme une certaine proportion de phosphore à Tétat
d'apatite; les impuretés (soufre et phosphore) existent en
proportions très variables et atteignent 0,75 0/0 de soufre,
et 0,90 de phosphore en certains points. On trouve également
dans les minerais, du zinc à Tétat de franklinite, du cobalt
oxydé manganésifère et du vanadium.
La production des 650 mines de fer de TOural a été, en
1896, de 1 .346.273 tonnes. Les autres districts les plus impor-
tants sont : la Russie méridionale (1.258.797 tonnes en 1896)
et la Pologne (296.482 tonnes en 1896).
Traverselle, — A Traverselle, près d'Ivrée (Piémont), Toxyde
magnétique et la chalcopyrite associés forment des amas
enchevêtrés et des filons au contact de Téclogite et de la
syénite, dans les micaschistes. Il se détache, des amas prin-
cipaux, des ramifications filoniennes atteignant jusqu^à
30 mètres de puissance et renfermant des zones de minéraux
parallèles aux parois avec géodes internes. Le minerai est en
général de la magnétite avec gangue decalcite ou de quartz;
souvent la proportion de pyrites est assez importante pour
former des gites de cuivre ; la chalcopyrite a pour gangue
une chlorite analogue à celle de la Prugne (Allier). La venue
ferrugineuse parait nettement postérieure à celle du cuivre,
qui est liée à une venue serpentineuse.
ni. — GÎTES FILONIENS PROPREMENT DITS
Canigou [Pyrénées-Orientalesi), — On exploite aux environs
de la chaîne du Canigou, dans les Pyrénées-Orientales, au
contact de schistes siluriens, un certain nombre de filons
qui fournissent des hématites à la surface, et du ferspathique
en profondeur. La pureté de ces minerais, d'âge probable-
ment éocène, les faisait rechercher, au début de Temploi du
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 453
procédé Bessemer, pour la fabrication de l'acier. Ces gîtes
doivent être considérés comme fîloniens, à cause de leurs
ramifications profondes dans les calcaires encaissants, de la
variation de leur puissance et de leur disposition en colonnes;
d'ailleurs, les amas importants de ce gîte se trouvent presque
exclusivement à la rencontre des filons métallifères avec
les masses de calcaire.
- On trouve surtout dans ces filons le fer hydroxydé brun,
le fer oligiste, Thématite rouge, Thématite brune et le fer
magnétique. En profondeur, on trouve le fer spathique dont
provient Thématile de la surface, par oxydation. Les deux
groupes principaux de gisements du Ganigou sont ceux de
Batère et de Prades; dans le groupe de Batère on exploite
surtout un fer spathique carbonate manganésifère (conces-
sions de £a//e$^an^, La Pinoiise, Sarrat-Magre, Las Indis, etc.).
Dans le district de Prades, les concessions sont réparties
sur trois lignes à peu près parallèles. La concession de Puy-
marens indépendante des groupes précédents, contient
des couches de fer magnétique dont la puissance atteint
150 mètres.
En 1875, le département des Pyrénées-Orientales a pro-
duit 6.700 tonnes de fer spathique, 6.900 tonnes de fer
oxydalé, 39.000 tonnes d'hématite brune et 3.000 tonnes de
fer oligisle.
Rancié {Ariège), — F^a mine de Rancié, dans le canton de
Vicdessos (Ariège), offre des amas filoniens d'hématite dans
des calcaires liasiques; le calcaire encaissant est un calcaire
gris bleuâtre stratifié en bancs feuilletés avec salbande
argileuse régulière au toit.
On distingue le minerai ferru, très abondant où Thématite
brune domine avec gangue silicieuse, le minerai carbonate
noir et quelques mélanges de ces minerais. Les crevasses
formées lors du plissement des couches ont été remplies de
fer carbonate blond par un phénomène do substitution que
la porosité des parois encaissantes a favorisé.
Le département de T Ariège a produit, en 1895, environ
15.000 tonnes d'hématite brune, dans deux concessions.
Allevard {Isère). — On trouve à Allevard (Isère) des filons
de carbonate de fer très réguliers et puissants avec gangue
154 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
de quartz ou de dolomie ferrugineuse recoupant des schistes
cristallins et des grès triasiques. La sidérose cristallisée ou
simplement cristalline y est accompagnée de pyrite de
cuivre et de blende; à la surface, elle est souvent trans-
formée en hématite ou en fer oligiste. Il existe un gisement
analogue à Saint-Georges-d'Hurtière (Savoie).
Le département de Tlsère a produit, en i895, 45.700 tonnes
de minerai spathique cru et 15.400 tonnes de minerai spa-
thique grillé. En 1898, la production n'était plus que de
12.000 tonnes de minerai cru.
Espagne. — Les gisements de fer des provinces de Murcie
et d'Almeria se rapprochent de ceux des Pyrénées, On y
trouve de Thématite en filons dans les schistes et en amas
dans les calcaires ; le fer spathique, peu abondant à la surface,
domine en profondeur, notamment aux mines Perreria et de
Fraternidad (Almeria). Dans les schistes le minerai est du
fer hydraté rouge brun, terreux et tendre contenant jusqu'à
55 0/0 de fer et de 2 à 5 0/0 de manganèse sans soufre ni
phosphore; dans les calcaires on trouve de la mine douce,
minerai hydraté noir, tendre, tenant 56 0/0 de fer et de 5 à
iO 0/0 de manganèse.
La production de la province de Murcie a été, en 1897,
de 470.000 tonnes; et celle de la province d'Alméria, de
300.000 tonnes de minerai de fer.
Gisement de Zorge (Harz), — On trouve en Qlons les mine-
rais de feroxydés ou carbonates dans des roches très divei-ses.
On peut citer comme exemple de filons de fer oxydé, le
gîte de Zorge dans le Harz, qui renferme, dans des diabases,
des veines d'hématite très irrégulières, souvent sans sal-
bandes distinctes.
■
Iron-Mountain (Mmouri). — Le gisement d'Iron-Mountain
est un exemple de veines de fer oligiste dans un mélaphyre
porphyroïde surmonté d'un dépôt détritique.
IV. — GrSEMKNTS STRATIFORMES
Ainsi qu'il a été indiqué plus haut, ce chapitre doit passer
en revue, sous le nom de gisements stratiformes ou sédimen-
taires, un certain nombre de gisements de minerais de fer
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA JJÉTALLURGIE 155
résultant soit de Faction de venues d'eaux acides sur des
calcaires stratifiés préexistants comme dans le Cumberland
et TErzberg styrien (gîtes de substitution), soit d'un épanche-
ment superficiel de ces eaux (gîtes de riIed'ElbeetdelaTafna).
Il est probable que, dans le cas des gites de substitution,
les eaux ferrugineuses ont transformé en carbonate de fer
le/carbonate de chau.v du calcaire qui les a absorbées gn\ce à
si\ porosilé.
On a groupé ci-dessous, pour chaque contrée, les divers
gisements stratiformes d'après Tâge des formations géolo*
giques dans lesquelles on les rencontre.
Gisements de la France. — Il existe à la Valmy et à Sainte
Roman (Ardèche) des gites de fer carbonate dans les mica-
schistes.
En 1895, le département de TArdèche a fourni 19.000 tonnes
de minerai de fer.
Le fer est assez abondant dans le silunen en France ; on
le rencontre à Tétat d'hématite rouge oolithique phospho-
reuse 9U d'oligiste accompagné de grenat, en couches
interstratifiées au milieu de schistes ou de quartzites. La
gangue est quarlzeuse.
On peut citer parmi ces gisements ceux de Segré, de
Rougé, de Diélette, etc.
Segré (Maine-et-Loire). — On trouve entre Ch<Ueau-(ion-
tier et Angers, prH de Segré, des bandes de silurien compre-
nant des schistes ardoisiers et des quartzites à bilobites
dans lesquels sont interstratifiés des lits de fer oxydulé ou
de fer oligiste; le fer oxydulé tend à dominer en profon-
deur, et il existe, à la surface du sol, des épanchements
hydroxydés.
On trouve dans les départements voisins (Mayenne, Ille-
et- Vilaine, Loire-Inférieure, Gôtes-du-Nord) des dépôts super-
ficiels d'hématite pauvre schisteuse contenant des rognons
plus riches : à Rougé par exemple, près de Châteaubriant
(Loire-Inférieure), oii Ton exploite des poches sidérolithiques.
Diélette (Manche). — Parmi les gisements siluriens de la
Manche, la mine sous-marine de Diélette est la plus intéres-
sante. On y trouve six couches verticales de magnétite et
d'oligiste mélangés. Ces minerais sont analogues à ceux de
156 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Suède et se rencontrent dans des terrains métamorphisés
par le granité, très probablement siluriens. La quatrième et
la sixième couches, seules exploitées, ont fourni un minerai
à gangue de chlorite et de calcite. La mine, que nous
avons visitée en 1891, n'est plus exploitée aujourd'hui.
Saint'Rémy (Calvados), — Les mines de Saint-Rémy (Cal-
vados) fournissent deThématiterouge sensiblement phospho-
reuse avec de la silice et de Talumine, sans calcaire ni man-
ganèse. On n'emploie ces minerais en métallurgie qu'à Tétai
de mélanges. Le gisement est interstratifié entre les schistes à
calymènes et les grès armoricains, [«es mines de fer du Cal-
vados produisent environ 100.000 tonnes de minerai par an.
On rencontre, en France, quelques gisements de fer tria-
siques, notamment dans le Gard et dans rArdèche(Merzelet);
mais ces gisements sont peu importants.
Saône-et-Loire. — Le Creusot exploite, dans le département
de la Saône-el-Loire, les gisements de Mazenay et de Changes,
situés dans la partie supérieure de Thettangien. Les minerais
à gangue calcaire y forment une lentille de 8 kilomètres de
long sur un kilomètre de large. Leur puissance varie de 0*",50
à 2 mètres.
La production des mines de Mazenay et de Changes,
qui avait été de plus de 250.000 tonnes en 1870, a été, en
1898, de 126.000 tonnes seulement de minerais bruts et lavés.
Meurthe-et-Moselle. — Il existe à la frontièi-e de la France,
de TAlsace-Lorraine et du Luxembourg, un gisement de mine-
rai de fer, situé dans le toarcien, auquel la découverte des pro-
cédés de déphosphoration a donné uji développement consi-
dérable. La région française de ce gisement comprend lesdeux
groupes de Nancy et de Briey (l'Orne et Longwy) (Meurthe-et-
Moselle).
Le département de Meurthe-et-Moselle est traversé du sud
au nord par une longue ligne de collines aboutissant près de
Metz. Ces collines sont constituées par des argiles liasiques
surmontées de bancs calcaires appartenant à la base de
Toolilhe. Les couches d'argile et de calcaire y sont rare-
ment homogènes; elles sont composées de bancs de qualités
différentes ; on trouve à leur contact de l'oxyde de fer
hydraté à texture oolilhique, tenant de 30 à 35 0/0 de fer et
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 157
de 0,2 à i 0/0 de phosphore. Les oolithes de ces gîtes sont
reliées par un ciment d'argile, de calcaire et de silico-alumi-
nate de fer. Ce ciment, de couleur très variable, suivant sa
composition, tient jusque 35 0/0 de fer. Au-dessous de 30 0/0,
le minerai n'est utilisable que comme calcaire ferrugineux.
Dans ce cas on recherche surtout les minerais à gangue cal-
caire. La puissance dépasse rarement 3 mètres et on ne peut
pas exploiter avec fruit les couches ayant moins de 1 mètre.
Nancy. — Les principales concessions sont, dans le groupe
de Nancy : celles de Chavigny (247.000 tonnes en 1895), du
Val-de-Fer (246.000 tonnes), de Marbache (146.000 tonnes),
de Ludres (122.000 tonnes), de Bouxières- aux -Dames
(102.000 tonnes), de la Fontaine-des-Roches (98.000 tonnes),
etc., soit en tout dix-huit concessions exploitées ayant pro-
duit 1.330.000 tonnes, en 1895, et 1.672.600 tonnes, en 1898.
Longwy. — Dans la région de Longwy, treize mines et
seize minières exploitées ont fourni en 1895: les premières,
1.419.000 tonnes; et les secondes, 329.000 tonnes.
Les principaux centres sont : Hussigny (440.000 tonnes),
Saulnes (281.000 tonnes), Moulaine (150.000 tonnes), Tier-
celet (i^^.W^ tonnes), Micheville (193.000 tonnes), Godbrange
(186.000 tonnes), Longlaville (114.000 tonnes).
VOrne. — Dans la région de TOrne, d'importants travaux
sont en cours pour exploiter les gisements (dix-neuf conces-
sions) dont la mise en valeur a été retardée par la profondeur
des couches (150 à 200 mètres) et par la nature fortement
aquifère des morts-terrains que les puits d'extraction ont à
traverser. Les régions de Longwy et de l'Orne, actuellement
réunies par les dernières concessions instituées, forment le
bassin dit de Briey^ qui a produit, en 1898, 1.776.083 tonnes
de minerai de fer.
Parmi les autres gisements toarciens de fer connus en
France, on peut citer ceux de Nogent (Haute-Marne), de Saint-
Priest et de Perrières (Ardèche), de Villebois (Ain), de la Ver-
piUière (Isère) et de iVei/zoc (Aveyron). Tous ces gisements sont
inexploités.
II existait en France, à la base du bajocien, un certain
nombre de gisements d'oolithe ferrugineuse aujourd'hui
abandonnés; on peut citer notamment les gites d'Ougney
458 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
(Jura), d'Isenay, Vandenesse, Qimouille (Nièvre) el de Manda-
lazac (Aveyron).
Privas (Ardèche), — A Privas, on exploite une couche len-
ticulaire dépendant du calcaire à enlroques et une autre
couche appartenant aux marnes siliceuses de Toolithe infé-
rieure. Le minerai passe souvent au silicate de fer.
La Voulte. — On exploite à la Voulte (Ardèche) un gise-
ment callovien formé de bancs ferrugineux interstratifiés
dans des marnes schisteuses et répartis dans trois niveaux
appelés banc du mur, couche oolithique de minerai rouge ;
banc moyen, couche oxydée épaisse de 7 mètres et riche en
minerais rouges feuilletés, et banc du toit, minerai lithoïde,
pauvre et d'épaisseur médiocre.
Vassy (Haute-Marne). — Outre la limon ite de Métabief, dans
le Jura (néocomien) et le niveau ferrugineux du bas Boulon-
nais (wealdien), les principaux minerais français du crétacé
sont la couche rouge de Vassy et les minerais milliolithiques
de Champagne, situés dans Turgonien. On trouve aux environs
de Vassy du minerai de fer hydroxydé dont les oolithes
sont cimentées par une pûte argilo-siliceuse renfermant des
coquilles d'eau douce. La couche rouge est une argile
marine durcie appartenant, d'après ses fossiles, à la partie
supérieure de Turgonien. On donne également le nom de
minerais de Vassy à des minerais à grains très fins (millio-
lithiques) existant à la base des argiles aptiennes.
La production du département de la Haute-Marne a été,
en 1895, de 90.00» tonnes de minerai hydroxydé oolithique
brut et de 43.500 tonnes de minerai lavé.
On trouve encore, en France, des hématites brunes en
grains dans Taptien, notamment au Bois des Loges, près de
Grandpré (Ardennes) et à Blangy (Aisne).
Dun-le-Roi [Cher). — A Dun-le-Roi, on trouve un gisement
complètement encaissé dans des calcaires jurassiques.
Les poches ont été élargies par des eaux répandues sur le
sol. On peut admettre que le fer a été apporté à l'état de
sulfures qui auraient été transformés en sulfates près de la
surface. L'acide sulfurique a corrodé le calcaire, et le fera
été précipité en présence de la chaux.
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 159
La production de ces minerais est d*environ 2.000 tonnes
par an pour le département du Cher.
Berry. — Enfin il existe, en divers points de la France, des
poches superficielles creusées dans des calcaires oligocènes
et remplies de minerai de fer hydroxydé cimenté par de
Targile rouge. Tel est le minerai du Berry en grains, de
couleur ocreuse. On le trouve soit dans des poches superfi-
cielles, soit dans des gîtes souterrains calcaires ou argileux.
Les poches sont en forme d'entonnoirs disposés, la pointe
vers le bas, dans les calcaires jurassiques; elles affleurent
souvent au jour et sont remplies d'argile ocreuse empâtant des
grains de minerai qui ont au plus 8 millimètres de diamètre.
Gisements de V Algérie,— Mokta-el-Hadid. — La Compagnie de
Mokta-el-Hadid possède en Algérie, outre les gisements de
Tabarka et de la Tafna (Voir plus loin), le gîte très impor-
Nord
Fig. 71.
ySd»utt$ mieuta et tifctiiu .^ Ontasê êdhitteux .^.Oaeitifimâalaix tnSkima>
Coupe nord-sud du gisement de MokU-el-Hadid (d'après M. Parraa).
tant de Moika (Ain Mokra), situé à 35 kilomètres du port de
Bône, auquel il est relié par un chemin de fer. On trouve
à Mokta des couches et des amas de magnétite et d'oligiste
manganésifères au milieu des cipolins du terrain primitif, sur
une longueur de 2 kilomètres environ. Le gisement est
interstratifié par substitution à des bancs calcaires entre des
gneiss et des schistes micacés grenatifères. La formation du
gîte est due à une action métamorphique provenant de
sources hydrothermales (action postérieure au dépôt initial
des terrains); les couches présentent des élargissements
lenticulaires et des amincissements entre les calcaires et
les argiles ou les schistes imperméables.
460 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
ASOO mètres àl'ouest du premier amas aujourd'hui épuisé
OD a exploité un second amas qui a fourni 800.000 tonnes,
mais dont l'épaisseur s'est réduite à I mètre.
On extrait deur variétés de minerai appelées, l'uue mine*
rai rouge, l'autre minerai gris. Ce dernier, qui domine en
profondeur, ne contient pas de manganèse et a une teneur
en fer moins élevée que l'autre variété. Les travaux qui ont
eu lieu pendant longtemps à ciel ouvert, à cause du faible
plougement des couches, sont aujourd'hui presque Complète-
ment souterrains.
Beni'Saf, la Tafna. — La Compagnie de Uoktji-el-Hadid
exploite, en outre, près de l'embouchure de la Tafna, la mine
de Beni-Saf, où l'on trouve des lentilles d'hématite paraissaul
résulter d'épancbeoients sur des schistes liosiques gris ou
roses très métamorphisés. Le minerai est une hémalite
rouge foncé ou bleu noirâtre très friable, riche en fer (65 0/0),
tenant 3 à 3 0/0 de manganèse, sans soufre ni phosphore.
Fw. li. — Giacoeat de Begi-SiT (conpe Tcrtlule],
Les lentilles ont jusqu'à 100 mètres de puissance sur 4 à
300 mètres de longueur. La figure ci-dessus montre l'allure
du gite dans sa partie occidentale.
Le minerai est exporté, surtout en Amérique.
La production des mines de Mokla-el-Hadid a été de
89.000 lonnes en 1B93; celle des mines de la Tafna a été, la
même année, de 224.000 tonnes valant 8 francs la tonne.
En 1896, l'Algérie a produit en tout : 374.476 lonnes de
minerai de fer.
Gtsemenlsrfe/aTuniw'e. — Taborfta.—I.a Compagnie de Mokla
a la concession de gîtes encore inexploités situés dans l'ile
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LÀ MÉTALLURGIE 161
de Tabarka et sur le territoire des Meknas, dans la Kroumirie,
sur les confins de la province deConstantine et de la Tunisie.
Le. minerai de ces gisements repose sur des marnes ou des
argiles marneuses du suessonien et forme des poches et des
couches discontinues ; il consiste principalement en héma-
tites brunes ou rouges, riches en manganèse et en fer oligiste
micacé. La teneur en fer ne dépasse pas 55 0/0 pour les
minerais du territoire des Nefzas ; mais celui des Meknas est
plus riche. Ces gîtes ont été formés par des venues hydro-
thermales.
Gisements de l'Espagne (Bi76ao). — On doit rattacher à Tétage
de la craie un des gîtes de fer les plus importants du monde :
celui de Bilbao (Biscaye), exploité par un certain nombre de
Compagnies minières espagnoles et étrangères. Son dévelop-
pement a été extrêmement rapide depuis la fin de la guerre
carliste, qui avait arrêté les travaux. Un port très important
a été créé sur le Nervion, pour Tenlèvement des minerais de
Bilbao.
On extrait des gisements de Bilbao trois variétés de mi-
nerais :
\^ Le campanil (cloche), ainsi nommé à cause de la sono-
rité de ses fragments; c'est un minerai rouge pourpre avec de
beaux cristaux de spath calcaire ; ce minerai, qui est le
moins siliceux et le moins hydraté, est très recherché ; il for-
mait la grosse lentille du gîte de Triano ; mais il est rare
aujourd'hui ;
2^ La vena, minerai de surface, tendre, rouge sombre, qui
recouvre souvent le rubio ; on le trouve surtout en veines
isolées dans le campanil ou le rubio;
3° Le rubio, minerai brun ou jaunâtre, plus dur que la
vena, presque aussi riche qu'elle, mais caverneux et argileux.
On trouve aussi à Bilbao du fer carbonate, qui existe en
filons en rapport avec le campanil. Le rubio et la vena sont
postérieurs au campanil. On a considéré le gisement comme
un gîte de substitution produit par des épanchements
éocènes; mais cette théorie ne se vérifie pas complètement
par les faits observés.
En général, on rencontre à Bilbao des amas d'hématite
intercalés par substitution entre des grès schisteux ou mi-
OÂOLOOIB. ii
i62 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
cacés cénomaniens (mur) et des calcaires argileux luroniens
(toit). Cependant ce mode de gisement comporte de nom-
^breuses exceptions, car on trouve souvent du rubio ou du
carbonate décomposé, en couches sur des assises de gi*ès, oa
encore du campanil sur des assises calcaires ou substitué
aux calcaires; en d'autres endroits même, le minerai est
en rapport avec des marnes.
Les minerais les plus riches se trouvent dans le calcaire,
et les mines les plus importantes sont, autour de Bilbao :
Miravella, El Morro, Ollargan, et autour de Sommorostro, à
12 kilomètres de Bilbao : Triano, Galdanès.
Le gîte de Triano a 4.000 mètres de longueur et une largeur
qui varie de 150 à 1.000 mètres.
La production des deux principales Compagnies minières
de Bilbao était, en 1895, de 911.400 tonnes de rubio pour la
Orconera Iron ore O», et de 404.000 tonnes de rubio pour la
Compagnie Franco-Belge.
Le district de Bilbao a produit, en 1897, 5.170.000 tonnes
de minerai (dont 957.000 tonnes pour la Orconera Iron
ore O").
On citera pour mémoire les gisements siluriens d*hématite
rouge de Villa Canas (Andalousie). — En 1897,1a production de
toute TEspagnea été de 7.468.000 tonnes, dont 800.000 tonnes
provenaient de la province de Santander, 470.000 de celle de
Murcie, 330.000 de celle de Séville et 300.000 de celle d'Al-
meria. — Sur cette production, 5.000.000 de tonnes ont été
exportées en Angleterre, 1.000.000 de tonnes en Allemagne
et 500.000 tonnes en France.
Gisements du Portugal, — On a exploité à Santiago (pro- -
vince d'Alemtejo, Portugal) des amas d*oligiste et de magné-
tite en relation avec des calcaires du terrain primitif très
analogues aux gîtes de Mokta et de la Suède. Les amas de
minerai en général un peu manganèse à gangue quartzeuse
et calcaire se sont rapidement amincis en profondeur.
Gisements de V Allemagne.— Elbingerode (Harz), — A Elbinge-
rode, on exploite les amas de Buchenberg (hématite rouge) et
de Tannichen (fer carbonate); le premier est intercalé entre
des tufs de diabases et des phyllades du dévonien ; Thématile
rouge y est accompagnée quelquefois de spliérosidérile. A
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 463
Tannichen, le fer carbonalé très fossilifère est intercalé
dans les tufs de diabases.
Silésie, — En Silésie, les minerais de fer triasiques sont
activement exploités ; il en existe surtout dans le muschel-
kalk inférieur et aussi dans le houiller, le keuper et le
tertiaire.
Le muschelkalk renferme des amas irrégutiers d'hématite
brune impure (25 0/0 de fer) dans les calcaires et les dolo-
mies (Tarnowitz, Beutherif etc.). Le minerai est une ocre
jaune et quelquefois des rognons manganésifères que Ton
trouve au milieu de la dolomie dans des poches (mulden) de
300 à 600 mètres cubes, ou bien dans des cavités (neste)
creusées dans le wellenkalk; ces nids ne renferment qu'une
trentaine de mètres cubes de minerai.
Lorraine allemande. — Le district minier de la Lorraine
allemande est, au contraire, très étendu (41.000 hectares).
1^ partie la plus riche du bassin s'étend depuis la fron-
tière luxembourgeois jusqu'à une petite distance au sud de
rOrne, qui coule de l'ouest à l'est entre Thionville et Metz,
à 22 kilomètres au sud de la frontière du Grand-Duché
(exploitations d% Moyeuvre et d'Hayange), Les couches jaune
et grise dominent; cette dernière, qui s'étend dans tout le
bassin, atteint souvent une puissance de 4 mètres. Les son-
dages pratiqués sur le plateau d'Aumetz, durant ces dernières
années, ont fait découvrir de ce côté le prolongement du
gisement à^Esch-sur-VAlzette sur une étendue de 3.500 hec-
tares. Les couches ont parfois 20 mètres d'épaisseur (à Très-
sange^ par exemple), et la teneur atteint 40 0/0. A Hayange,
dans la concession de Wendel, on exploite la couche grise.
Une nouvelle voie ferrée partant de Fentsch traversera le
plateau pour rejoindre le réseau actuel à Audun-le-Tiche.
On peut estimer à 900.000.000 tonnes, le cube total de minerai
contenu dans le plateau d'Aumetz (i 2.200 hectares exploi-
tables).
Luxembourg, — Bien que le bassin minier du Luxembourg
ait une superfîcie limitée (3.666 hectares), l'industrie minière
y a pris de bonne heure un grand développement à cause des
conditions très favorables qu'on y a rencontrées pour exploite
à ciel ouvert les couches qui affleuraient. Les gisements se
164 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
divisent en deux groupes séparés par TAlzelte : celui de Bel-
vauX'Lamade laine à Touest et celui d'Esch-Rumelange h l'est.
On y trouve, à fleur du sol et se prolongeant au sud et à
Touest dans la direction de la Lorraine avec une pente
de i à 2 0/0, diverses couches exploitées sous le nom de
couches noire, grise, jaune, rouge et rouge sablonneuse.* La
couche noire a un bon rendement, mais elle est très aqui-
fère; la minette rouge, qui est un excellent minerai, sera très
vite épuisée ; la couche rouge sablonneuse^ qui s'étend à Test
du bassin, ne peut pas s'exploiter à cause de la pauvreté du
minerai qui est, de plus, trop siliceux; la couche grise s'étend
seule dans tout le bassin. La teneur moyenne des couches
principales est de 40 0/0 à Lamadelaine : elle est un peu
moins élevée à l'est (Rumelange). La couche de minette jaune
mesure, aux environs de Dudelange, 2 à 3 mètres de puis-
sance ; elle contient 37 0/0 de fer, 8 0/0 de silice, 14 0/0 de
chaux et 4 0/0 d'alumine.
L'extraction, qui était de 722.000 ^nnes seulement eu
1868, a été, en 1896, de 4.758.000 tonnes, dont plus de
2 millions ont été exportées, et, en 1897, de 5.349.000 tonnes.
Le nombre des sièges en exploitation était, en 1896, de
soixante-deux, occupant 5.000 ouvriers.
Gisements de V Autriche-Hongrie. — Nucic (Bohême).— La So-
ciété métallurgique de Prague et la Société métallurgique de
Bohême exploitent à Nucic (Bohême) des couches de mine-
rai à structure oolithique (chamoisite grenue à gangue sili-
ceuse) interstratifiées dans des schistes siluriens bariolés et
des tufs de diabase. La teneur varie de 45 à 60 0/0 avec 2 0/0
d'acide phosphorique.
Erzberg Styrien et Carinthien. — On peut rattacher au dé-
vonien les célèbres gisements de fer spathique de l'Erzberg
Styrien et Carinthien encaissés dans des calcaires qui ont subi
une imprégnation ferrugineuse irrégulière.
Le minerai de fer se présente dans l'Erzberg Styrien à
l'état de lentilles de sidérose dans des masses calcaires inter-
calées elles-mêmes entre les grauwackes dévoniennes et les
schistes permiens de Werfen. Le gisement, d'une puissance
considérable, est attenant à la montagne de Reichen stein.
Le minerai est entouré de calcaire pauvre ou complète-
MINÉKAL'X EMPLOYÉS DANS LA BIÉTALLL'RGIE 165
ment stérile qui existe aux épontes et aussi en zones dans
la masse même du gîte. La teneur du minerai grillé est de
50 0/0 de fer avec 0,01 0/0 de phosphore. L'exploitation de
la mine d'Eisenerg a lieu principalement par un découvert
très étendu.
L'Erzberg Garinthien présente une ligne de gisements,
parallèle à celle de TErzberg styrien (Oisa, Hûttenbergf Loi-
ling, etc.}. Une autre ligne parallèle de gisements analogues
se trouve au sud de cette dernière, dans la Garniole {Selenitza,
JanerburÇy etc.).
Gisements de la Suède. — La Suède renferme de nombreux
gîtes de minerais de fer très riches situés dans le laurentien
ou dans le huronien représentés par des gneiss et des lepty-
nites rouges. La zone où se trouvent les principaux gise-
ments (iâmbâraland) s'étend du nord-est au sud-ouest
•dans les gouvernements de Gefle, Kopparberg, Vestmanland
et Orebo. Au nord de la province de Bothnie, on trouve les
riches gisements de Luosavara, Gellivara', etc..
Les minerais sont surtout de la magn^tite et de Toligiste
tenant de 40 à 50 0/0 de fer, et très peu de phosphore
(0,02 0/0 en moyenne).
On distingue trois catégories de minerais :
l'^ Le minerai sec (laurentien de Gellivara, huronien de
Norberg, Striberg, etc.) à gangue quartzeuse ou alumineuse.
Ge minerai est composé surtout d'oligiste avec un peu de
magnétite; il est exempt de calcaire et se rencontre dans
des gneiss feldspathiques ou quartzeux, des leptynites ou des
micaschistes.
2® Les minerais calcaires formés de magnétite pure à
gangue d'arendalite exploités à Kallmoraj à Norberg, à Nord-
marky à Persberg, etc. On ne doit ajouter du calcaire à ces
minerais pour le traitement au haut-fourneau que si la gangue
est un silicate très riche en quartz.
3® Le minerai de magnétite manganésifère (haussmannite, car-
bonate de manganèse) à gangue calcaire avec imprégnation
de pyrite (Dannemora, Swartberg^ etc.). Ges minerais manga-
nèses ou minerais noirs sont recherchés pour la fabrication
de Tacier; mais ils contiennent du soufre en quantité suffi-
sante pour nécessiter un grillage.
166 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Le minerai de Taberg (près de Jonkoping) se trouve au
milieu des gneiss; il consiste en une péridotite formée de
magnétite, d'olivine, d'apatite, etc., et il contient5 0/0 d'acide
titanique, ce qui rend sa réduction moins facile.
A Norberg, qui est le centre le plus ancien {xiv« siècle) et
le plus important d'extraction du fer en Suède, les minerais
des trois catégories se présentent dans des poches en général
assez régulièrement alignées, soit dans les dolomies, soit
dans les leptynites. A Persberg^ centre moins important,
mais aussi ancien que celui de Norberg, les conditions de
gisement sont analogues; le minerai est formé de magnétite
avec proportions variables d'hématite, de grenat et de
pyroxène ; la puissance du gîte varie de 20 à 50 mètres.
A Dannemoray où l'exploitation remonte au xiii<^ siècle, la
magnétite, à gangue soit de calcaire, soit de grenat et d'am-
phibole, forme une série de lentilles dans une bande de cal-
caire intercalée dans des halleflinta à faciès porphyrique ; la
bande exploitée a 200 mètres de large sur 2 kilomètres de
long ; les minerais assez pyriteux subissent un grillage préa-
lable. Les mines de Dannemora sont malheureusement
situées dans le voisinage du lac Grufsjon, qui menace sans
cesse de les envahir.
Depuis quelques années les minerais sulfureux de plomb,
de zinc et de cobalt sont assez activement exploités dans le
district de Dannemora.
La production de la Suède en minerais de fer en roche a
élé, pour Tannée 1894, de 1.926.500 tonnes, soit une aug-
mentation de 445.000 tonnes par rapport à 1893. En 1897,
celte production a atteint 2.087.000 tonnes. En 1895, la
Suède a exporté 800.000 tonnes de minerai de fer, dont
639.000 en Allemagne. L'exploitation des minerais du Norr-
land a pris une grande extension depuis qu'on a créé un
débouché sur TOcéan par la construction de la ligne de
Gellivara; la ligne ancienne ne pouvait guère transporter que
600.000 tonnes, le port de la Baltique où elle aboutit étant
fermé quatre mois de Tannée.
Gisements de la Russie. — Krivoi-Rog. — Des gisements de fer
silurien très importants existent à Krivoi-Rog au continent
de la Saksagagne et de TIngouletz, affluent du Dnieper. Les
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 167
mines se trouvent sur les confins des provinces de Kerson et
d'Ekaterinoslaw. Dans une grande cuvette granitique de
8 kilomètres sur 30 kiiomètris, on rencontre des schistes
et des quartzites siluriens dans lesquels sont interstra-
tifîés des amas lenticulaires de fer oligiste schistoïde,
d'hématite rouge et brune et surtout de fer oxydulé magné-
tique. Ces lentilles, au nombre de quatre, ont de 20 à
60 mètres d'épaisseur. La gangue est quartzeuse et les mine-
rais, qui ont un rendement pratique de 55 0/0, ne con-
tiennent que des traces insignifiantes de soufre et de phos-
phore ; Texploitation a lieu à ciel ouvert. Ce gisement a pris
un grand développement à cause de sa situation à proximité
du bassin houiller du Donetz.
Gisements de la Grande-Bretagne. — Les minerais de fer
stratiformes se présentent, dans la Grande-Bretagne, en amas
dans le calcaire carbonifère. Le voisinage de la houille a
donné à ceux de ces gisements qui étaient exploitables un
intérêt énorme. Tel est le cas pour Vhématite du Gumberland,
le blackband d'Ecosse et du StaiTordshireetles A^oA/en^tsens^etn
de Westphalie. Les lentilles de sphérosidérite existant dans
des couches de houille en Silésie et en France sont, au con-
traire, inexploitables en général.
Cumberland. — Les minerais riches (50 à 60 0/0 de fer) et
purs du Gumberland ont joué un rôle prépondérant en sidé-
rurgie pendant les premières années qui ont suivi la décou-
verte du procédé Bessemer. On y trouve l'hématite dans le
granité, dans les schistes ou dans les calcaires anciens;
mais c'est dans le calcaire carbonifère que l'on rencontre
les principaux amas de minerai dans les districts de White-
haven et de Furness, Les amas d'hématite sont situés soit au
toit (Parkside), soit au mur du calcaire (Bigrigg). AParkside,
l'exploitation date de 1854; une couche horizontale de
35 mètres de puissance située au mur du calcaire fournit
une hématite rouge et bleue très pure (55 0/0 de fer sans
soufre ni phosphore) compacte, appelée : Blue pourpre ore, de
texture globulaire et concrétionnée.
La figure ci-après montre la succession des trerains à
la mine de Parkside qui est située à 10 kilomètres du port de
Whitehaven.
168 GÉOLOGIB APPLIQDÉE
A Nen'-Parkside on trouve les mêmes lerraios recouverts
par {es terrains de transport et par un conglomérat siliceux
et argileux rouge, d'Age permlén. La couche d'hêmalite qui
a 1 3 mètres de puissance s'amlucit et se termine dans une faille.
L'amas de Hod-Barrow est reconnu sur 750 mètres de loog
et ISO mètres de large ; sa puissance varie de 15 à 30 mètres-
Cet amas est situé dans le calcaire carbonifère recouvert, ici
comme A New-Parksîde, par le conglomérat permiea et les
terrains de transport.
La production du Cumberland était, en 1896, de I.279.5SS
tonnes de minerai de fer.
Parmi les autres districts de la Grande-Bretagne, on peut
citer:
Le CUveland qui avait produit 5.6~8.368 tonnes en 1896;
le Lancashire, 816.570 tonnes; et l'Ecosse, 983.670 tonnes.
La production totale de la Grande-Bretagne s'est élevée h
13.787.878 tonnes en 1897.
L'Angleterre importe néanmoins plus de 5 millions de
tonnes de minerai de fer d'Algérie, d'Espagne, etc.. L'impor-
tation d'Espagne en Angleterre a atteint près de cinq millioas
de tonnes en 1897.
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 169
Gisements de Vile d'Elbe. — Les célèbres gisements de fer
de Vile d'Elbe étaient déjà exploités du temps des Romains.
Ces gisements sont compris dans des schistes micacés cam-
briens que recouvrent des schistes siluriens, des poudingues
de Tépoque permo-carbonifère et des terrains appartenant
à rinfralias. Ces dépôts superficiels résultent de Tépanouisse-
ment de filons et contiennent de Toligiste et de Thématite
avec du fer oxydulé et de la pyrite.
Les schistes forment le mur du gîte, et les calcaires sont au
toit; les minerais les plus purs sont inclus dans les calcaires.
Le gîte de RiO'Albano (peu exploité) a une puissance variant
de 10 à 50 mètres sur une étendue superficielle de 65 hec-
tares. Le gtte de Vigneria^ très ancien, est presque épuisé.
Le plus connu des gîtes de Tîle d'Elbe est celui de Cala-
mita; le minerai de fer accompagné de cuivre y est en relation
avec des pyroxénites et des ilvaïtes métamorphisées ; la puis-
sance du gîte atteint 50 ou 60 mètres avec une étendue de
500 mètres de largeur sur 1.000 de longueur. La teneur en
fer des minerais de l'île d'Elbe varie de 60 à 64 0/0.
Gisements des Etats-Unis. — On exploite aux États-Unis
d'importants amas stratifiés de magnétite et d'oligiste dans
le laurentien. Les principaux districts sont ceux du lac
Champlain, du haut plateau de New- York et New-Jersey et
de Gornwall (Pensylvanie).
Lac Champlain, — Dans le premier de ces districts on
trouve au milieu des gneiss laurentiens des monts Adiron-
dack, des amas de magnétite mélangés d'apatite, d'une puis-
sance de 1 à 15 mètres; la puissance de la formation aug-
mente vers le nord dans le prolongement canadien.
Haut plateau de New-York et de New-Jersey. — Dans le haut
plateau de New-York et de New-Jersey, on trouve soit de la
magnétite pure, soit des zones riches en magnétite au milieu
de gneiss syénitiques.
Comwall. — A Comwall (Pensylvanie) on exploite des
couches laurentiennes de magnétite avec sulfures de cuivre
et minerais de cobalt.
Lac supérieur. — Les mines d*hématite rouge du lac Supé-
rieur sont exploitées aujourd'hui avec une grande activité
dans le Michigan et le Wisconsin, surtout aux environs de
170 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Marquette, Les couches d'hématite rouge sont intercalées
entre des quartzites et des phyllades huroniens; les amas
exploités à ciel ouvert ont de 5 à 30 mètres de puissance et
ne sont pas nettement séparés des quartzites encaissants.
L'exploitation de ces minerais a pris, depuis quelques
années, une grande extension dans les districts du Gogebu
et du Mesabi (Minnesota) notamment, et Port-Marquette sur
le lac Supérieur est devenu un centre d'embarquement très
important d*où le minerai part pour les usines de PensyU
vanie.
Lehig Valley, — On exploite dans la Lehig Valley, sur le
versant oriental des Alleghanys, de nombreux amas d'héma-
tite brune dans les calcaires siluriens.
Production des États-Unis. — En 1895, le district du lac
Supérieur a produit 1.606.000 tonnes de minerai de fer.
La production totale du minerai de fer aux États-Unis, en
1895, a été de 16.213.732 tonnes d'une valeur de 95 millions
de francs. Sur cette production, Thématite rouge repré-
sente 78,5 0/0 ; Thématite brune, 13 0/0 ; la magnétite, 8 0/0 ;
et le carbonate de fer, 0,5 0/0. — Le seul district de Michigan
a produit, en 1896, 5.726.441 tonnes d'hématite rouge; le
Minnesota en a fourni 4.352.626 tonnes (dont 3.082.973 pour
le district du Mesabi), et l'Alabama, 1.722.148 tonnes; ce der-
nier État a produit, en outre, en 1896, 352.000 tonnes d'héma-
tite brune.
La même année, la production de la fonte aux États-Unis
atteignait 8.761.097 tonnes, avec près de 200 hauts-fourneaux
en feu, dont plus de la moitié en Pensylvanie. En 1897, la
'production de la fonte atteignait 9.807.123 tonnes, dont
6.091.801 tonnes de fonte pour Ressemer acide.
BIBUOGRAPHIE DU FER
1870. Mussy, Ressources minérales de VAriège {Annales des Mines,
6- série, t. XVII, p. 237).
1871. Jannetoz, Sur les minerais de fer pisolithiques des environs
de Paris (Bulletin de la Société de Géologie, 2* série,
t. XXVIII, p. 197.)
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 171
1871. Levallois, Sur le minerai de fer en grains (Bulletin de la
Société de Géologie, 2- série, t. XXVIII, p. 183).
1873. Lesley, The iron ores of the South mountains in Pensylvania
(American Journal, t. XIII, p. 3).
1873. Nouveaux Gisements de minerai de fer dans le nord de la
Russie (Cuyper, t. XXXIX, p. 213).
1874. Smitb, Sur les minerais de fer de la Suéde (Meeting of iron
and steel instituiez à Barrow).
1875. Sauyage, Sur les minerais de fer du lac Supéneur (Annales
des Mines).
1875. Rocour, Note sur le gisement et Vexploitation du minerai de
fer de Mokta-el-Hadid (Cuyper, t. XXXVIH, p. 205).
1875. Fabre, Sur le sidérolithique de la Lozère (Bulletin de la
Société de Géologie, 3* série, t. III, p. 583).
1877. Tichborne, On the formation of magnetic oxide hy the disso-
ciation of ferrous salts (Proceedings of the Irish Academy,
2* série, t. III, p. 79) (Dublin).
1877. C. de Stefani, Uoligisto e gli altH minerali che si Irovano al
capocalafuria (Bolletino del real Comision geologica d'Italia,
t. VIII, p. 72) (Rome).
1878. Kendall, Iron ores of great Britain {Publication of the géo-
logie. Sui'vey).
1878. Rigaud. Minerais de la Haute-Marne (Annales des Mines,
t. XIV).
1879. Baiils, Note sur les mines de fei' de Bilhao [Annales des Mines,
7- série, t. XV, p. 209).
1880. Bourson, les Mines de Sommorostro (Boletin de la Comision
des mapa geologica de Espana, t. VI, p. 304).
1880. Ch. Hall, Magnetic iron ores of the I^aurentian System in
Northern New-York (Albany).
1880. Wodsworth, On the origin of the iron ore of Marquette dis-
trict Lake Superior (Proceeding. A. Boston, t. XX, p. 470).
1880. Davy, Note géologique sur les minerais de fer de V arrondis-
sement de Segré (Bulletin de Vïndustt ie minérale, 2* série,
t. IX).
1880. Newberry, the Genesis of the ores of iron (New- York).
1880. Huddleston, On the geological history of iron ores (Procee-
dings of the geologist's Association).
1880. De Grossouvre, Sur le métamorphisme des calcaires juras-
siques, au voisinage des gisements sidérolithiques (Bulletin
de la Société de Géologie, 3* série, t. IX, p. 277)..
1881. Dauton, Note géologique sur les minerais de fer de V Anjou
(Bulletin de Vindustrie minérale, 2* série, t. X, p. 597).
1882. Mallet, On tfie iron ores (Geological survey of India, t. XV,
p. 94).
1883. Six, Sur l'origine et le mode de formation des minerais de
fer liasiques (Société géologique du Nord, t. X, p. 121).
1883. Bleicher, Minei*ais de fer de Lorraine (Bulletin de la Société
de Géologie, 3* série, t. XII, p. 46).
172 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
1884. Braconnier, Mémoirt sur les couches de minerais de fer de
V arrondissement de Prades (Pyrénées-Orientales).
188i. Brustlein, Fer de Laponie (industrie minérale; Comptes Ren-
dus, juillet).
1884. Mallét, On the iron ores (Records of the geological survey of
India, t. XVI, p. 24) (Calcutta).
1884. Czyzskowski, Les minerais de fer dans Vécotve terrestre
(Bulletin de la Société de l Industrie minérale, 2* série,
t. Xïll, p. 481).
1884. Hock, Mines de fer de VEspagne (Cuyper, t. V, p. 510 et 150).
1884. Czyzskowski, Le minerai de fer de la Russie (Bulletin de la
Société de C Industrie minérale, t. XIlI, p. 292).
1884. Peyre, Gisement de fer carbonate du Gard (Bulletin de la
Société de Vinduslrie minérale, 2' série, t. XIII, p. 5).
1885. De Roebe, Mines de fer du Luxembourg (Cuyper, t. IX, p. 583).
1885. Chapmann, On some iron ores in Central Ontario (Proceeding
and transactions of the Royal Society of Montréal, t. III,
p. 9) (Montréal).
1886. Babu, Les amas filoniens de Traverselle (Mémoire manuscrit
à rÉcole des Mines).
1886. De Grossouvre, Gisements de fer en grains du centre de la
France {Annales des Mines).
1886. Primat, Mémoire manusant sur les gisements de fer de Vile
d'Elbe ^Ecole des Mines).
1886. Lotti, Mémoire descriptif de la Carte géologique d'Italie
(lie d'Elbe), avec bibliographie.
1888. Coste, Mémoire sur Vinduslrie du fer à Nijni Taguil
(Manuscrit à TEcole des Mines de Paris).
1888. llabets. Mines de Bilbao (Cuyper, t. IV, p. 1).
1889. Stanislas Meunier, Sur la bauxite et les tninerais sidéroli-
thiques (Bulletin de la Société de Géologie, p. 64).
1889. H. Charpentier, Journal de voyage. Notes sur les gisements
de fer de VArdèche (Ecole des Mines).
1889. G. Maurice, Notice sur le minerai de fer de Dielette (Parisot,
101, rue de Richelieu, Paris).
1890. Friedel, les Gisements de fer de la Tafna; Journal de voyage
(Ecole des Mines).
1890. Carnot, Analyses de divers minerais de fer (Annales des
Mines, 1890).
1892. De Launay, Notes de voyage inédites (Ecole des Mines), et
Traité des gîtes métallifères (Baudry, éditeur, p. 633, t. 1).
1899. Hjalmar-Lundbohm, Les gttes de minerais de fer de Kûru-
navaara et de Luossavaara en Suède (Revue universelle des
Mines, octobre).
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 173
LE CUVnZ ET SES MDfERAIS
Propriétés physiques et chimiques. — Le cuivre est un
métal rouge susceptible d'un beau poli. Dureté, 2,5 à 3. Den-
sité, 8,8; — 8,95 après écrouissage. Il fond vers 4.150® et
brûle avec une flamme verte. Très ductile, très malléable,
tenace, bon conducteur de la chaleur et de Télectricité, il est
inoxydable à Tair sec.
Usages. — Le cuivre s'emploie seul ou en alliages. A Tétat
isolé, on rappelle cuivre rouge pour le distinguer du laiton;
on remploie pour la construction des foyers de locomotives,
pour le doublage des navires, pour la fabrication des cein-
tures d*obus à balles; on en fait aussi des tuyaux pour la
vapeur, des alambics, des appareils pour sucrerie et raffi-
nerie, des ustensiles de cuisine. Enfln la fabrication de fils
et câbles électriques ainsi que des dynamos en consomme
des quantités considérables.
ALLIAGES
A Tétat pur le cuivre se travaille aisément au marteau et à
la filière, mais il ne peut se couler ; aussi le mêle-t-on géné-
ralement au zinc et à Tétain.
1° Alliage de cuivre et de zinc. — Les principaux alliages
du cuivre et du zinc sont le laiton, le similor, le métal du
Prince-Robert, le chrysocale, le tombac'et le maillechort.
Le laiton (Gu = 67, Zn = 33) est beaucoup moins cher que
le cuivre ; aussi est-il beaucoup plus employé que le cuivre
rouge. Quand il est destiné à être tourné, on y ajoute un peu de
plomb {Cu=63 à 65, Zn = 33 à35, Pb = 2 à 2,5), qui le rend
plus sec et Tempêche de s'arracher sous Toutil comme le
cuivre, dont le travail au tour demande des précautions spé-
ciales.
174 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Pour les fils destinés à servir de conducteurs pour le télé-
phone, on augmente la ténacité du laiton en y ajoutant un
peu d'élain (Cu = 64,2, Zn = 35, Pb =0,40, Sn =0,40).
Le principal emploi du laiton est la fabrication des
épingles. Cette industrie, qui utilise environ la moitié du
zinc livré au commerce, produit annuellement 225 milliards
d'épingles qui, au prix moyen de 1 franc par 3.000 épingles,
représente une valeur de 75 millions.
Le laiton sert encore à fabriquer des boutons, des tubes
pour suspensions, des garnitures de lampes ou de meubles,
des robinets, des inslruments de physique, etc.
Le similor et le métal du Prince-Robert, qui contiennent
80 à 88 0/0 de cuivre et de 20 à 12 0/0 de nnc, el le chriso-
cale (Gu = 92, Zn = 6, Sn = 2) servent à fabriquer des bijoux
faux.
Le tombac ou cuivre blanc (Cu=^97, Zn =2, As =1) sert
à fabriquer des compas et des instruments de physique.
Le maillechort (Cu = 50, Zn = 25, Ni = 25) a la couleur et la
sonorité de Targent; on fabrique en maillechort des pièces
d'argenterie que Ton argenté par les procédés galvanoplas-
tiques : cafetières, plats, surtouts de table, garnitures de cou-
teaux; on remploie aussi beaucoup pour la sellerie et pour
la construction des appareils de physique; on en fait des
réflecteurs, des monnaies, des enveloppes de balles, etc.
2° Alliages du cuivre et de Vètain. — Bronzes, — Les alliages
du cuivre et de Tétain sont connus sous le nom général de
bronzes; leurs propriétés varient d'une manière continue,
suivant la proportion des deux métaux qu'ils renferment.
Le bronze des monnaies et des médailles, qui ne doit
j)as être cassant, est celui qui renferme le plus de cuivre
(Cu = 95, Sn=4, Zn = 1).
Dans le bronze à canons on augmente la proportion
d'étain, ce qui donne un métal d'une ténacité remarquable
(Cu = 90,1, Sn=9,9).
Le bronze des taratams et des cymbales (Cu = 80, Sn =r 20)
el le bronze des cloches (Cu =z78,Sn= 22) doivent leur so-
norité à la quantité plus forte d'étain qu'ils renferment.
Mn augmentant encore la proportion d'étain, on obtient le
bronze des miroirs et des télescopes (Cu = 67, Sn ^= 33), qui
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 175
est très dur et susceptible d'un beau poli, mais qui a perdu
toute ténacité et ne résiste pas au choc.
3* Alliages du cuivre et de V aluminium. -— Bronzes d'alu-
minium. — Avec raluminium, le cuivre forme un alliage
appelé bronze d'aluminium (Gu =90 à 95, Âl=:10à5)i à la
fois tenace, dur et léger, d'une belle couleur jaune d'or et
susceptible d'un beau poli.
On en fait des coussinets de machines, des objets d'orfè-
vrerie, des chaînes de montres, des flambeaux, des cou-
verts, etc.
SELS DE CUIVHE
Le sulfate de cuivre, appelé aussi vitriol bleu ou couperose
bleue, est l'objet d'un commerce important. Il est employé
pour le sulfatage des vignes et pour le chaulage des blés,
pour la teinture en noir des laines et des soies, et pour la
fabrication de certaines couleurs. La galvanoplastie en con-
somme de grandes quantités.
Les autres sels de cuivre employés en teinture sont le vert
de Brunswick (oxychlorure de cuivre), le vert de Scheele
(arsénite de cuivre), le vert de Schweinfurth (acéto-arsénite
de cuivre), la cendre bleue ou bleu de montagne (hydro-
carbonate de cuivre), le vert minéral (carbonate bibasique).
La malachite est un carbonate bibasique naturel que l'on
trouve particulièrement en Sibérie; on l'emploie comme
pierre d'ornement dans la construction et on s'en sert pour
fabriquer des coupes et des vases.
MINERAIS
Les principaux minerais de cuivre sont les suivants :
i^ Le cuivre natif;
2^ Les oxydes et les carbor^ates, dont les principaux sont :
la cuprite (oxyde cuivreux Cu^O) translucide, rouge foncé,
fusible, soluble dans Tacide nitrique ; la malachite (carbonate
de cuivre), translucide, vert, fnsiblf sur le charbon, solubh-
i76 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
dans les acides; Vazurite, autre carbonate de cuivre trans-
lucide, brun, soluble dans les acides, fusible dans la flamme
d'une bougie.
3° Les sulfures purs, qui ne contiennent que du cuivre et
du fer : chalcopyrite (GuFeS*), sulfure de cuivre et de fer, qui
tient généralement de 32 à 34 0/0 de cuivre et 29 à 32 0/0 de
fer (jaune d'or foncé, fusible sur le charbon, soluble dans
Tacide azotique); phillipsite ou cuivre panaché (Cu^Fe^S*),
rouge bronze, fusible sur le charbon et soluble dans Tacide
nitrique, sulfure de fer et de cuivre, qui renferme 55,6 0/0
de cuivre ; chalcosine (Cu*S), sulfure de cuivre, qui. renferme
79,8 0/0 de cuivre, noir de fer, éclat métallique faible, fusible
dans la flamme d'une bougie, soluble dans Tacide azotique.
4« Les sulfures impurs, ou cuivres gris, qui renferment
15 à 48 0/0 de cuivre mélangé à d'autres corps, arsenic, anti-
moine, fer, argent; les principaux sont la tétraédrite, cuivre
gris, qui comprend deux variétés, Tune antimoniale, la pa-
nabase [(Ag,Fe,Zn,Cu)8Sb*S^], l'autre arsenicale, la tennanlile
(4Cu^SAs*S'^), gris de fer, fondant sur le charbon en bouillon-
nant, soluble dans l'acide azotique ; la freibergite; la bourno-
nite (3Cu«S,SbaS3 + 2PbS, Sb«S), antimonio-sulfure de plomb
et de cuivre qui contient 4^ 0/0 de plomb et 130/0 de cuivre,
et souvent une assez forte proportion d'argent, minerai d'un
gris métallique, fusible sur le charbon, soluble dans Tacide
azotique.
GÉOGÉNIE
Les gisements de cuivre sont rarement inclus dans une
roche éruptive ; mais ils accompagnent presque toujours des
roches basiques lourdes, de couleur vert foncé, magnésiennes
et ferrugineuses : diorites, diabases, etc.
Le fait que le cuivre accompagne toujours des roches ba-
siques et qu'il se présente ordinairement à l'état de sulfure
et jamais à l'état de chlorure prouve que les venues cui-
vreuses correspondent à une époque où la roche déjà refroi-
die en partie avait perdu ses chlorures et où elle dégageait
des sulfures conformément à l'ordre de succession que l'on
MINÉKÂUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 177
a nettement établi pour le dégagement des fumerolles volca-
niques.
Les oxydes et les carbonates proviennent de Taltération
des sulfures; ils existent toujours dans la partie haute des
filons et sont dus par conséquent à une action externe.
Les sels de cuivre étant très solubles ont été parfois dis-
sous après coup et ont donné naissance à des gîtes sédimen-
taires.
GISEMENTS
On peut diviser les gisements du cuivre en quatre caté-
gories :
1» Gîtes incorporés à la roche. — Le minerai fait corps avec
la serpentine qui Ta amené au jour;
2^ Cfites filoniens, — Le cuivre se présente en filon^àrétat
de sulfure avec une gangue généralement quartzeuse. Le
terme extrême de la série donne les grands amas pyriteux ;
3* Gîtes de départ. — Le minerai est séparé de la roche,
diorite ou diabase, mais reste à son contact;
i*" Gites sédimentaires. — Le cuivre est contenu dans des
couches dont l'imprégnation est contemporaine des terrains
encaissants.
I. — Gîtes incorporés a la roche
Les principaux gites de minerais de cuivre incorporés à la
roche sont les suivants :
Gisements de la France. — Gisement de la Prugne (Allier).
— On a trouvé au milieu du bassin carbonifère de la Prugne
(Allier) un grand filon cuivreux qui recouvre des schistes
et des microgranulites ; le remplissage est de la chlorite
contenant un peu d*opale et de zircon; on a exploité à la
Prugne deux amas de chalcopyrite et de phiilipsite qui ont
fourni du cuivre et de Targent. 1^ mine est aujourd'hui
abandonnée; aux environs, on rencontre des filons inex-
ploités de pyrite de cuivre.
OÉOLOOIB. 12
178 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Gisements de V Italie. — A Rocca Tederighi (province de
Grosseio), le minerai, en veines ou en blocs compacts, se
rencontre dans des serpentines qui traversent les terrains
éocènes.
A Slestro Levante (province de Gênes) on exploite quelques
veines de chalcopyrite et de phillipsite au contact de serpen-
tines.
A Monte Calvi (Toscane) on trouve de la chalcopyrite
dans des filons d'augite qui traversent des marbres blancs
liasiques, avec une gangue de quartz et de calcite.
Monte Catini. — Monte Catini di Val di Nievole est situé
dans la province de Lucques, à environ 50 kilomètres à Touest
de Florence. Le minerai de cuivre de Monte Catini, déjà
exploité par les Étrusques et par les Romains, est contenu
dans un filon complexe orienté de Test à Touest, qui traverse
un gabbro verdâtre ou roussâtre appelé gahbro rosso^ produit
d'une éruption serpentineuse. Le remplissage est constitué
soit par de la serpentine, soit par un conglomérat de mêla-
phyre et de serpentine avec une argile onctueuse.
Le cuivre se présente souvent, à Monte Catini, en masses
de chalcopyrite (5 à 10 mètres cubes); on trouve aussi des
boules de chalcosine formées d'un noyau de pyrite de cuivre
recouvert d'une première enveloppe de phillipsite (cuivre
panaché) et d'une seconde enveloppe de chalcosine et de
cuivre natif.
La serpentine paraît être due à la métamorphisation d'une
péridotite cuprifère accompagnée de mouvements des épontes
qui ont amené la concentration du minerai primitivement
disséminé dans la masse.
La forme du gisement est celle d'un coin s'élargîssant en
profondeur; son toit est assez réglé, mais il est assez pauvre;
quant au mur, il présente des boursouflures irrégulières où
l'on trouve le cuivre panaché concentré en lentilles de 0"»,iO
à 2 mètres d'épaisseur, longues parfois de 15 à 20 mètres.
L'irrégularité du gisement rend l'exploitation très diffi-
cile; des travaux de recherches très dispendieux succèdent
aux périodes de prospérité pendant lesquelles on a exploité
un amas important fournissant un minerai riche et homo-
gène, les amas étant seuls exploitables.
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 179
Les minerais riches extraits de la mine contiennent 7 0/0
de cuivre en moyenne; on a aussi traité d'anciennes haldes
dont la teneur est de 1 0/0 en moyenne.
La production du cuivre en Italie a été la suivante en 1894
et en 1896 :
Minerai :
Tonnes. Francs.
En 1894, 90.886, représentant une valeur de 2.228.145
1896, 90.408 — — 2.123.595
Gisements de la Corse. — Ponte Aile Lecchia, — Ce gisement,
abandonné aujourd'hui, est analogue à celui de Monte Gatini.
Il se rattache à une puissante éruption de roches magné-
siennes, recouvrant des calcaires et des schistes jurassiques.
Le minerai (chalcopyrite et phillipsite) avec gangue quart-
zeuse, se présente en filons dans les euphotides; il est plus
disséminé dans les chlorites et les serpentines; enfin on
rencontre quelques nodules de minerai concentré, dans les
argiles, comme à Monte Gatini.
II. — GÎTKS FILONIENS
Les gites de cuivre d'origine hydrothermale et filonienne
sont très répandus. Les quatre formes principales sous les-
quelles lec uivre peut se présenter en amas ou en filons sont :
l* La chalcopyrite;
2® La pyrite de fer cuivreuse;
3" Le cuivre natif;
4<» Le cuivre gris.
1° Filons de chalcopyrite. — La chalcopyrite est souvent
accompagnée de phillipsite, quelquefois de chalcosine, et,
dans les parties hautes, de blende et de galène. La gangue
est ordinairement du quartz, souvent de la sidérose. Aux
affleurements on trouve des métaux précieux sous forme de
minerais oxydés argentifères ou aurifères (Namaqualand,
Colorado et Styfie).
180 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Principaux gisements. — Les principaux gisemenls de chaU
copyrite sont les suivants :
Algérie (Kef-oum-Théboum) ;
Silésie (Kupferberg) ;
Autriche (Kupferplatten, Alpes styrîennes, Carinthie,
Waschgang, Gross-flagrant) ;
Norwège (Téléraark);
Afrique australe (Namaqualand);
États-Unis (Montana, Arizona).
Australie (Burra-Burra, Nouvelle-Zélande, Tasmanie).
Gisements de V Algérie. — Description du gisement de Kef-
oum-ThébouL — A Kef-oum-Théboul, près de la frontière
tunisienne, à 5 kilomètres de la mer, on exploite des filons
complexes de cuivre, de blende et de galène argentifère.
La présence d'éléments étrangers (quartz, argile blanche
avec divers sulfures métalliques) rend la préparation méca-
nique du minerai très délicate.
La teneur en argent diminue rapidement en profondeur.
Une tonne de minerai brut donne environ 700 kilogrammes
de minerai de fusion.
Gisements de la Silésie.^ En Silésie, le Kupferberg présenlt'
des filons cuivreux (chalcopyrite, phillipsite, chalcosino,
gangue quartzeuse, dont la formation a précédé celle des
cuivres gris) à filons plombifères et barytiques de la même
région.
Gisements de l'Autriche. — Près de Kitzbuchel, à Kupfer-
platten et à Mitterberg, dans le Tyrol, on exploite des filons-
couches de sulfures divers contenant surtout de la chalco-
pyrite accompagnée parfois de cinabre avec une gangue de
sidérose; ils recoupent des phyllades et des grauwackes
d'âge silurien.
En Autriche, on a encore exploité dans les Alpes styriennes
un gisement filonien de chalcopyrite aurifère appartenant à
la période permo-triasique.
En Carinthie, on exploite, aux mines de Waschgang, dans
la vallée de Môll, de la chalcopyrite en larges couches tenant
jusqu'à 15 00 de cuivre dans des filons de quartz; ces mino-
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 181
rais, de même que ceux de Gross Flagrant, près Saxenburg,
9ont aurifères.
Les diverses mines de cuivre autrichiennes ont produit :
Minerai :
Tonnes Francs
En 189i, 7.235, représentant une valeur de.. 585.582
1896, 6.823 — — 573.864
Métal :
Tonnes Fnncs
En 189i, 1.341, représentant une valeur de.. 1.564.021
1896, l.OOi — — 1.161.203
Gisements de la Hongrie, — A Kotterbach, à Slovinka et h
Gollnitz on rencontre des filons-couches analogues aux
précédents.
La production du cuivre en Hongrie a été la suivante :
Métal :
Tonnes Francs
En 1894, 271, représentant une valeur de.. 338.417
1896, 160 — — 193.150
Gisements de la Nortvège. — Dans le district de Télémark,
près de Konsberg (Norwège), on a exploité autrefois des
filons situés dans la granulite et renfermant de la chalcopy-
rite, de la phillipsite, de la chalcosine avec un peu d'argent
et d'or. Ces mines sont aujourd'hui abandonnées.
Gisements de V Afrique australe, — On a découvert dans le
Namaqualand (Afrique australe), sous un chapeau de fer, des
filons de chalcopyrite, de phillipsite et de chalcosine à
gangue quartzeuse, recoupant des schistes anciens et des
granités; ils sont souvent aurifères.
Gisements des Etats-Unis, — Description des gisements du
Montana, — Dans le territoire de Montana on exploite, près
de Bulte-City, des filons d'or, d'argent et de cuivre (gangue
quartzeuse) d'une richesse exceptionnelle, découverts il y a
environ vingt ans. C'est là que se trouve la célèbre mine
d'Anacondaf qui occupe plus de six mille ouvriers.
Le territoire de Montana est un des centres de production
182 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
du cuivre les plus importants du monde, bien que son
exploitation ne date que de 1882.
Le cuivre s'y rencontre dans des filons ouverts dans un
granité dioritique. Le sulfure noir de cuivre, qui forme la
partie supérieure des filons, se mélange en profondeur
de chalcopyrite et disparaît presque entièrement vers
200 mètres.
La gangue estquartzeuse. Les filons, parallèles et orientés en
général suivant la direction est-ouest, sont très réguliers et peu
inclinés. Le filon principal, celui d'Ânaconda, a une dizaine
de mètres d'épaisseur; il a été reconnu sur 600 mètres en
direction et 300 mètres en profondeur. Les épontes sont ce-
pendant, en général, mal définies, et les mineurs se basent
sur les conditions d'exploitabilité pour la limite à assigner
aux travaux dans ces filons. Il y a passage progressif du mi-
nerai à la roche, et Ton suppose que le granité a pu être
attaqué dans une de ses fissures et décomposé jusqu*à une
certaine distance par dissolution des éléments basiques tout
d'abord, puis feldspathiques ensuite. La teneur du minerai
en argent augmente en profondeur et atteint 1 kilogramme
et demi par tonne.
La production du cuivre métallique dans le territoire de
Montana a été de 83.050 tonnes en 1894 et de i07.600 tonnes
en 1897, alors qu'elle n'atteignait que 27.000 tonnes en 1886.
(Voir plus loin la production totale de l'Amérique du
Nord.)
Description des gisements de r Arizona, — On trouve dans
le territoire d'Arizona d'importants filons de chalcopyrite.
La chalcopyrite est oxydée à la surface au contact de cal-
caires cambriens et de trachytes verts. A la partie supérieure,
on trouve des oxydes et des carbonates à gangue ferrifère et
manganésifère ; la chalcopyrite apparaît en profondeur.
Les filons du groupe de TArizona ont une gangue quart-
zeuse contenant des sulfures de plomb et de zinc ; rexploi-
tation est relativement récente et le minerai est très recher-
ché, à cause de la pureté et de la haute conductibilité
électrique du métal qu'il fournit. Les filons ont jusqu'à
5 mètres de large et sont remplis d'argile et de minerai.
UIKERAUX KMPLOTÉa IIASS LA MÉTALLURGIE IS3
La teneur du minerai diminue en prorondeur. L'analyse
moyenne de ces minerais donne les résultats suivants :
CuO U
MnO» )
C&O Ifr
MgO )
Si 0* 2i
Am* 20
FeïO' U
Perles au feu J
et COM _
* 100
Fia. 7i. — CunpcMhiniUqiMilu^KiacnldtrArlioni.
En profondeur, on rencontre un sulTure de cuivre noir ou
mattile avec une bande de quarts Triable.
A 100 mètres environ, la teneur utile est réduite à <0 0/0,
et les scories deviennent plus acides.
La production de l'Arizona, qui était de S. 000 tonnes de
enivre en IB6S, a atteint 20.200 tonnes en 189i, et 36.7S0
en 1897.
La production totale du cuivre métallique aux Blals-Unis
a été la suivante :
Métal:
Nous croyons utile, étant donnée l'importance de la pro-
duction du cuivre aux États-Unis, de donner ci-après quelques
indications de détail sur cette exploitation en Amérique.
184
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
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MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 185
PRODUCTION DU CUIVRE FIN (.\Mtf.RIQUE DU NORD, ÉTATS-UNIs)
Etats-Unis
1894
1897
tonnes
166.000
20.200
57
83.050
51.950
2.960
7.785
tonnes
231.400
36.750
6.400
107.600
66 150
4.280
10.220
/ Californie
i Arizona
DéuiidesÉtau-unis. *î?î^g^::::;;
f Colorado
\ Divers
Gisements de V Australie, — Burra-Burra, — A Burra-Burra,
les schistes anciens métamorphisés sont traversés par de
riches filons de cuivre d'une dizaine de mètres d'épaisseur,
à gangue quartzeuse, sous un chapeau de fer hydroxydé à la
surface; on trouve d'abord des oxydes et des carbonates de
cuivre, puis des oxy chlorures, du cuivre panaché et de la
chalcopyrite.
Au sud-est de l'Australie on a remis en exploitation, en
1897, les mines de Cobar dans la Nouvelle-Galles du Sud. Le
Great Cobar Mining Syndicate y possède de grandes mines
avec quatre cent cinquante ouvriers et deux fourneaux
à water-jacket de 60 tonnes en marche. Production en
1897 : 63.864 tonnes de minerai, ayant donné 2.699 tonnes
de cuivre (les mattes sont raffînées à Lithgow dans une
usine récemment construite], 30.424 onces d'argent fîn et
12.414 onces d'or fin; on peut encore citer dans la Nouvelle-
Galles du Sud les mines de Burraga, dans les monts Aber-
crombie, dont les mattes sont raffinées aussi à Lithgow.
En Nouvelle-Zélande, on peut citer la mine Champioriy dans
la vallée d'Aniseed (Nelson Province), où Ton exploite des
minerais à 7,5 0/0 de cuivre (chrysocolle à la surface) avec
pyrites et poches de cuivre natif en profondeur.
La Compagnie des mines de Chillagoe (Queensland) ne doit
entrer en fonctionnement qu'en 1900, quand le chemin de
fer reliant ces mines à Herberton sera achevé.
On a fait, en 1897, d'importantes découvertes dans l'Aus-
tralie du Sud, dans le district de Beltana; dans la même
186
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
région se trouvent des mines importantes dont les produits
(minerai tenant 20 0/0 de cuivre) sont transfoimés en cuivre
et sulfate de cuivre à Waliaroo. La Wallaroo and Moonta
Smelling C^ a l'intention d'installer une fonderie de plomb
pour traiter 300 tonnes par semaine.
En Tasmanie, la Mount Lyell Mining and Railway O* a
fondu en six mois (1897), 41.507 tonnes et va installer le
traitement électroly tique. Elle a extrait 43.099 tonnes de
minerai dont 38.890 proviennent des travaux à ciel ouvert,
et le reste des galeries. Les convertisseurs, alimentés par
cinq fours, ont traité 5.745 tonnes de mattes, qui ont donné
2.953 tonnes de cuivre fin, 271.036 onces d'argent et
13.034 onces d'or. Une once-troy pèse 3l5',1035.
Production de V Australie, — La production du cuivre en
Australie a été la suivante :
Nouvelle-Galles du Sud
Minerai et régule :
Tonnes
En 1894, 590, représentant une valeur de..
1896, 15 — — ..
Francs
311.175
1.875
Cuivre en lingots :
Tonnes
En 1894, 1.582, représentant une valeur de..
1896, 4.524 — ~ . .
Francs
1.515.850
5.005.900
Queensland
Minerai :
Tonnes
En 1894, 422, représentant une valeur de..
1896, 589 — — ..
Francs
43î«.550
526.050
Tasmanie
Minerai :
Tonnes
En 1894, 127, représentant une valeur de..
1896, 52 — — ..
Francs
125.000
57.250
Victoria
Minerai :
Tonnes
En 1894, 492, représentant une valeur de..
Francs
369.050
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 187
2« Amas de pyrite de 1er cniTrenee. — Le cuivre se trouve
souvent en imprégnation dans de la pyrite de fer formant
de grands amas intercalés dans les terrains sédimentaires.
Au point de vue de Tétude et de la recherche de ces gise-
ments, il est utile de signaler qu'ils sont toujours au milieu
de schistes, qu'ils sont recouverts à la surface par un cha-
peau de fer hydroxydé et qu'enfin il arrive souvent qu'ils
se coincent en profondeur; leur teneur en cuivre se main-
tient d'une manière assez constante entre 2 et 3 0/0.
Ces amas ont une formation mal déterminée; quelques-
uns, comme celui du Rammelsherg (Harz), sont nettement
sédimentaires; mais, dans la plupart des cas, l'amas pyriteux,
simplement intercalé dans des schistes, les recoupe en de
nombreux endroits ; l'amas ne présente aucune trace de stra-
tification interne et est accompagné de veines quartzeuses et
de roches éruptives. Dans certains gisements on constate [en
Scandinavie (Fahlun, Vigsnaes, etc.)] des phénomènes d'in-
terstratification accompagnant des fractures filoniennes. On
peut admettre que les amas pyriteux ont une origine hydro-
thermale et profonde ; ils seront décrits à la suite des gise-
ments filoniens.
Les principaux gisements de pyrite de fer cuivreuse sont
les suivants :
Suède (Fahlun) ;
Norwège (Rôraas, Foldal, Vigsnaes) ;
Espagne et Portugal (Rio-Tinto, Tharsis, San-Domingos,
Lagunazo, Confessionario, la Zarza, Aguas-Tenidas.
Gisements de la Scandinavie, — Les amas de pyrite de fer
cuivreuse sont très fréquents dans la péninsule Scandinave,
dans le terrain primitif. Les plus importants sont ceux de
Fahlun, en Suède et de Rôraas et de Vigsnaes, en Norwège.
Description du gisement de Fahlun {Suède). — L^exploi-
tation du gisement de pyrite de fer cuivreuse de Fahlun, au
nord-ouest de Stockholm, remonte au xiv« siècle. Ce gise-
ment se trouve dans des gneiss du terrain primitif, redressés
et bouleversés par des veines de leptynite.
L'amas principal, aujourd'hui à peu près épuisé, mesurait
188 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
2'éO mètres du nord-ouest au sud-est, 160 mètres du nord-
est au sud-ouest, et 320 mètres de profondeur; il était entouré
d'une roche talqueuse bréchiforme, appelée scfto//, qui semble
être le remplissage d'une faille.
Il existe à Fahlun deux sortes de minerai :
\^ Le minerai tendre, ou blotmalm, analogue au minerai
de Rio-Tinto et formé de pyrite de fer cuivreuse avec une
très faible proportion de quartz ;
2^ Le minerai dur ou hartmalm, un peu plus riche en
cuivre; le quartz y est plus abondant. Ces minerais sont
aurifères et depuis longtemps on en a extrait, chaque année,
quelques kilogrammes d'or. L'or extrait est contenu dans
du quartz laiteux et est toujours accompagné d'un sélénio-
sulfure de bismuth et de plomb, d'une couleur blanche écla-
tante qui révèle sa présence.
Le minerai de Falhun, traité par la voie humide, après
grillage, fournit du cuivre, de l'argent et de l'or.
On produit également, à Fahlun, de l'acide sulfurique et
du sulfate de fer.
La production du cuivre en Suède a été la suivante :
Minerai :
Tonnes
En 1894 25.710
1 896 24 . 331
Description du gisement de Rôraas (Norwège). — Le gîte de
Roraas est situé entre Throndhjem et Ghristiana; l'exploi-
tation, commencée vers le milieu du xvn« siècle, est encore
assez active. Il existe à Rôraas plusieurs concessions dont les
plus connues sont Storvarts-Grube et Kongens-Grube. Cette
dernière fournit surtout de la pyrite de fer.
 Storvarts-Grube, le minerai est intercalé au milieu des
schistes, et le gisement a une apparence presque sédimen-
taire. A Kongens-Grube, au contraire, le gîte est très redressé,
et il recoupe nettement les schistes voisins, entre lesquels
il envoie des ramifications.
A Storvarts-Grube, le terrain encaissant est un schiste
chloriteux, souvent grenatifère, de l'époque huronienne.
Le minerai de Kongens-Grube contient environ 5 0/0 de
MtNÉn&UX EUPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 189
cuivre; il se compose de pyrite de fer et de pyrite de enivre
associées à de la pyrite magnétique et à de la blende.
Fia. 75. — Coupt du ^l> de pyrite euimuM de KongsofrGnibo (KMi»»|.
La formalion des gîtes de Réraas est due, sans doute, à
des venues sulfureuses sous-marines correspondant au
dépôt des schistes; mais, cette action s'élanl continuée après
leur soliditlcation, l'amas est
devenu nettement Hlonien.
Gite de Vigmaes. — Le gîte de
Vigsnaes se trouve au sud-ouest
de la NorwËge; il consiste en un
filon ramifié dans des schistes
cambriens, au conlactde gabbros
& saussurite.
Le minerai est une pyrite de
fer cuprifère, avec quarli, blende
et calcite. Sa teneur est de 400/0
de cuivre; au milieu de sa masse,
on trouve des blocs de schistes
isolés de f mètre sur 3 mètres , „-
etàmoitiéimprégnésde minerai. Fio. 7e.— Coup* «rik«le du gii.^
En Norwège, 2.000 hommes j'd'.J^'i.'^il"»)'* '"' ''"'"'
ont été employés, en fS97, à la
production de 00.000 tonnes de pyrite. Les usines de Hôraa>
et de Sulitelma ont produit t.025 tonnes de cuivre en lin-
190 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
gots; le reste des minerais norwégiens, traités dans des
usines étrangères, a produit 1.975 tonnes de cuivre pur. On
peut citer, outre les mines d'Aamdal (Télémarck), qui ont
donné 1.450 tonnes de pyrite (20 0/0 de cuivre), celles d'Alten
(Finmark) avec 400 tonnes de pyrite à 10 0/0 de cuivre, et
celles de Bosmo, avec 20.000 tonnes de pyrite contenant
50 0/0 de soufre et un peu de cuivre.
La production du cuivre en Norvège a été la suivante :
Minerai :
Tonnes FrtDCS
En 1890, 18.769, représentant une valeur de.. 969 300
1894, 20.226 — — .. 961.200
Métal :
Tonnes Francs
En 1890, 466, représentant une valeur de.. 627.750
1894, 907 — — .. 756.000
Gisements de l'Espagne et du Portugal. — Les importants gise-
ments de pyrite cuivreuse, situés dans la province d'Huelva
(Espagne) etd'Alemtejo (Portugal), déjà activement exploités
par les Anciens, sont compris dans une bande large de
20 kilomètres, orientée est-ouest, allant de Séville jusqu'à
rOcéan Atlantique, au sud de Lisbonne; les terrains traversés
par ces gisements sont le silurien et le carbonifère; de nom-
breux pointements de microgranulites et de porphyres
mettent en évidence l'activité éruptive ancienne de la région.
Les mines les plus connues sont les suivantes :
Tharsis, qui comprend quatre amas assez importants, dont
un inexploité ;
San-Domingos (Portugal), où Ton n'exploite qu'un seul
amas vertical de 500 mètres sur 60 mètres, contenant des
intercalations schisteuses ;
LagunazOf où Ton exploite à ciel ouvert un amas de
150 mètres sur 15 mètres ;
Confessionario : cet amas, qui ne contient que de la pyrite de
fer cuivreuse à 51 0/0 de soufre, n*est exploité que pour la
fabrication de Tacide sulfurique ;
La Zarza^oix Ton exploite des schistes imprégnés sans amas.
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 191
Aguas Tenidas : à Aguas Tenidas, les filons atteignent une
teneur en cuivre de 5 à 6 0/0;
Et enfin Rio-Tinto qui est le plus important.
Gisements de Rio-Tinto, — Le gisement de Rio-Tinto, exploité
par une Compagnie anglaise, est situé dans la province de
Huelva, au sud-ouest de TEspagne, au milieu de schistes et
de phyllades argileux appartenant à Tépoque carbonifère.
Au contact de la pyrite se trouvent des pointements de
porphyres dioritiques.
Les deux amas principaux sont le filon Norte et surtout le
filon San-IHonisio prolongé par Tamas du Sud, qui est la
partie la plus importante du gisement ; on exploite à ciel
ouvert cette partie méridionale du gite dont les dimensions
en plan sont de 1/2 kilomètre sur 120 mètres; la profon-
deur reconnue est de près de 200 mètres.
Le filon Norte, exploité au début par galeries souterraines,
est attaqué à ciel ouvert depuis quelques années; il a été
reconnu sur 2.000 mètres de longueur et 150 mètres de
largeur.
Le minerai est formé de pyrite de fer à 2,5 0/0 de cuivre
en moyenne avec un peu de chalcopyrite et divers sulfures.
La masse, qui ne présente pas trace de cristallisation ni de
sécrétion sur les épontes, est recoupée par des filets plus
riches en cuivre (chalcopyrite et phillipsite).
On fond à Rio-Tinto, dans des fours à manche, tous les
minerais de la région dont la teneur en cuivre dépasse 6 0/0;
ceux dont la teneur varie de 3 à 6 0/0 sont exportés en Angle-
terre (Swansea); ceux qui tiennent moins de 3 0/0 sont
traités sur place. Enfin ceux qui contiennent du plomb sont
abandonnés à cause de la difficulté du traitement. Tous con-
tiennent de Tor, mais en si faible quantité qu'on ne l'extrait
qu'à San-Domingos.
A Rio-Tinto comme à Tharsis, les amas sont composés de
pyrite de fer cuivreuse recouverte de chapeaux d'oxydes
métalliques, parmi lesquels domine la limonite. Les sulfures
se sont oxydés au contact de l'eau et de l'air, et les sulfates
solubles sont redescendus dans le filon pendant que restaient
seuls, à la partie supérieure, les terres rouges et les sque-
lettes d'oxyde de fer.
192
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Les sulfates redescendus au-dessous de la zone oxydante
du niveau hydrostatique ont subi une réduction et ont formé
en un grand nombre de points des zones riches intercalées
entre le chapeau de fer et la partie inférieure du filon, qui a
conservé sa teneur moyenne normale.
On doit donc, à Elio-Tinto, diriger les travaux de recherches
de façon à s'approcher le plus possible du plan inférieur des
eaux, aûn d'atteindre le filon dans sa partie la plus riche.
Le prix de revient des exploitations de Rio-Tinto peut être
établi comme suit, d'après M. Cumenge :
Âbata^e, main-d'œuvre, surveillance, ex-
plosifs
TRAVAUX
à
CIEL OOVBRT
TRAVAUX
SOVTKflRAIIIS
0,80
1,20
0,50
2 »
1,75
0,75
Cassage, triage, chargement, transport..
Entretien des outils, du matériel roulant
et de la voie
Total
.2,50
1 »
4,50
»
Amortissement du découvert et des dé-
blais stériles
Frais d'exploitation d'une tonne de pyrite.
C.alcination, lavage, cémentation
Frais totaux d'exploitation et de traite-
1 ment d'une tonne de pyrite
3,50
3,20
4,50
3,20
6,70
1,-70
1
En 1897, la Compagnie de Rio-Tinto a extrait 1.388.026 long-
ions (teneur moyenne de 2,81 de cuivre), dont 575.733 tonnes
ont été traitées sur place et ont fourni 20.826 tonnes de
cuivre ; le reste a été exporté et a donné 13.098 tonnes do
cuivre (le long-ton pèse 1.016^^,018). Le bénéfice de la Com-
pagnie a été de 24.690.000 francs. On estime que la Compagni«^
a soixante-dix ans de production devant elle (au taux d'ex-
traction de Tannée 1897).
Tharsis, en 1897, a produit 565.945 long-tons, dont 310.70*2
ont été exportés. Cette Compagnie a exporté 8.900 tonnes
de cuivre précipité. Le bénéQce a atteint 9.600.000 francs.
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 193
La Compagnie d*Aguas-Tenidas n'a extraitquo 155.000 tonnos
en 1897 (au lieu de 205.000 en 1896).
Au total, TEspagne, en 1897, a exporté 822.570 tonnes do
rainerai de cuivre et 217.545 tonnes de pyrites de fer.
La production totale du cuivre en Espagne a été la suivante
en 1896 :
Pyrites :
Tonnes Francs
2.358.281, représentant une valeur de. 11.762.190
Minerai de cuivre et de colbalt :
Tonnes
992, représentant une valeur de.
Métal:
Tonnes
Fin 6, représentant une valeur de.
En mattes. 16.378 — —
Précipité.. 29.873 — —
Francs
119.040
Francs
6.000
4.913.510
20.776.020
En Portugal, les mines de la Compagnie Mason et Rarry
Limited ont extrait 177.549 tonnes de minerai et exporté
267.000 tonnes avec un bénéfice de 1.250.000 francs.
La production du cuivre en Portugal a été la suivante :
Minerai :
Tonnes
321, représentant une valeur de.
En 1891,
1896,
Cément :
436
Francs
19.770
52.67.")
Francs
Tonnes
6.921, représentant une valeur de. 2.493.375
3.453 — — 2.339.485
En 1894,
1896,
Pyrites de cuivre :
Tonnes ' Francs
En 1894, 247.246, représentant une valeur de. 1.891.640
1896, 207.440 — — 1.820.195
Gisements de V Italie. — Le Gouvernement Italien exploite à
Agordo (Vénétie) un amas de pyrite cuivreuse, qui est situé
dans des schistes argileux et dont Tâge géologique est incertain .
Le minerai exploité est un mélange de pyrite de fer, de pyrito
(le cuivre, de galène, de blende et de quartz, tenant 1,70 0/0
de cuivre.
GéOLOOIB. 13
i94 GÉOLOGIE APPLIQLÉE
Le prix de revient du miDerai d'Agordo, que nous trou-
vons dans un ouvrage de M. Haton de la Goupillière (déjà un
peu ancien, il est vrai) est le suivant.
Prix de revient à la tonne :
Francs
Travail au chantier 2.489
Roulage, extraction 1 .264
Travail au jour .,, 0.379
Travaux au rocher 0.276
Machinistes, charpentiers, remblayeurs i .984
Surveillance 0.598
Achat de matériel 2.253
Frais divers 0.074
Frais d'exploitation totaux 9.317
Frais de métallurgie 8.224
Frais d'administration i 1 . 146
Prix de revient total 28.687
Ce prix de revient est forcément très élevé, étant donné
que l'exploitation est faite par le Gouvernement, ce qui
entraîne des frais d'administration très considérables.
30 Cuivre natif. — Les gisements types du cuivre natif
sont les célèbres mines do rAmérique du Nord et du lac
Supérieur en particulier, qui ne sont surpassées en impor-
tance que par les mines du Montana.
Description du gisement du lac Supérieur. — I-es gisements
du lac Supérieur sont les plus connus.
Les principales mines se trouvent dans la presqu'île de
Kewco.naw (Calumet and Hecla, ou les puits appelés Red-Jackets
ont été approfondis, en 1899, jusqu'à 1.493 mètres, Central
Mine, Copperfels, etc.), dans la région d'Otonagon et sur la
Rive canadienne, au nord du lac.
Le cuivre se trouve dans des roches éruptives, diabases et
niélaphyres, associées à des schistes précambriens dans
'esquels elles sont intercalées. Ces roches, poreuses et facile-
ment attiiquables, ont été imprégnées, jusqu'à une assez
grande distance, par des eaux thermales chargées de cuivre,
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 19b
qui circulaient dans les fentes. L'existence de ces eaux est
mise en évidence par de nombreuses zéolithes ; l'argent
accompagne souvent le cuivre, malgré la différence de fusi-
bilité des deux métaux. La précipitation cuivreuse est une
cémentation produite par la magnétite contenue dans la pâte
augitique des diabases.
Fio. 77. — Coope de la région «la Lac supérieur.
H, Quartzites et miaerai de fer (huronien) : — 1, Oiabases, gabbros et nélaphyrei.—
2, Porphyres quartzirères. — 3, Diabases et mélaphyres amyg^daloïdes. — 4, Grés
et conglomérats intercalés. — 3, Mélaphyres aœy^gdaloïdes et diabases. — 6, Schistes
et grès rouges. — 7, Grés de Postdam (cambrion discordant).
Credner et V. Groddeck, qui ont étudié, ainsi que W. Irving,
la région du lac Supérieur, y ont distingué, plusieurs modes
de gisement du cuivre.
1° Filons de fracture. — Les filons de fractures exploités
uniquement dans la presqu'île de Keweenaw, riches et puis-
sants dans les mélaphyres (jusqu'à 10 mètres de puissance)
deviennent moins puissants dans la diorite dure et sont sté-
riles dans les grès; le cuivre y est accompagné d'argent natif,
de quartz et de calcite (Copperfels).
2<* Dépôts en couches. — Le cuivre se présente également
sous forme de ciment métallifère, comme dans les conglomé-
rats fameux de la mine de Calumet and Hecla, où le cuivre
métallique a remplacé en certains points de gros cailloux
feldspathiques.
On trouve aussi le cuivre à l'état de grains formant le rem-
plissage des amygdales des bancs de mélaphyres et de dia-
bases (lac Portage). A la mine de Goncordia, le cuivre se
présente dans des roches à épidote, sous forme de houppes
ou de grains et aussi quelquefois en grosses masses.
L'exploitation est assez difficile, cai^ il faut dépecer les gros
blocs de minerai, après les avoir dégagés à la poudre, des
roches encaissantes. A Central Mine, on a extrait un bloc de
1.000 tonnes, et à Minnesota Mine un bloc de 800 tonnes a
196 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
exigé dix-huit mois de travail. On rencontre fréquemment des
blocs de 50 à 60 tonnes ; on les découpe à la tranche, et trois
hommes, dont deux frappeurs, ne coupent dans un poste
qu'une longueur de 20 centimètres sur 30 centimètres de
profondeur.
Pour débarrasser les petits morceaux de leur gangue de
calcite, on les chaufTe au rouge et on les étonne à Teau froide.
M. Irving, qui a étudié tout particulièrement ces gisements,
donne les indications suivantes pour la recherche des gise-
ments de cuivre :
1° On doit s'attaquer de préférence aux diabases altérées
et amygdaloïdes contenant surtout de Tépidole, de la prehnile
et de la chlorite; celles' où l'on trouve de la laumonite,
sont rarement riches, et celles où la calcite prédomine sont
presque toujours stériles ;
2<* Parmi les grès et les conglomérats, on doit toujoui*s
s'attacher aux bancs minces intercalés au milieu des diabasos.
Dans la région du lac Supérieur, les minerais provenant des
mines de Sudbury (Ontario), deCapelton et Ëustis près Sher-
brook (Québec), etc., sont fondus par la British Golombia
Smelting et Refining G°, à Trail-Creek, et par la Compagnie
des Mines de Hall. Les mattes de Trail-Greek sont expédiées
à Butte (Montana). En 4897, la Compagnie des Mines de Hall
a fondu 49.314 tonnes de minerai ayant donné 1.703 tonnes
de cuivre, 957.206 onces d'argent et 708 onces d'or (1 oncc-
troy pèse Sls^lOSS).
A Capeltoriy dans la province de Québec, on a extrait
37.000 tonnes de pyrites cuivreuses; la mine Albert, de la iVt-
choie C^, a atteint une profondeur de 600 mètres; et lamine
EustiSf une profondeur de 690 mètres.
A Terre-Neuve, les mines de Tilt-Cove oni extrait, en 1897,
70.000 tonnes de minerai (bénéfice, 700.000 francs); d'autres
gisements existent kBettS'Cove et à Little-Bay,
La production du cuivre dans cette partie de l'Amérique du
Nord a été la suivante, durant ces dernières années :
Canada
Métal:
Tonnes Francs
En 1894, 3.509, représentant une valeur de. ^ 698.295
1897, 6.033 — — 7.508.300
J
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE t97
Colombie britannique
Métal :
Toones Francs
En 189i, 432, représentant une valeur de. 238.210
1897, 2.415 — — 1.131.290
4<^ Filons de. cniYre gris. — Les filons de cuivre gris sont
accompagnés de métaux précieux et donnent la plupart du
temps, au début, de beaux résultats d'exploitation.
Mais leurgangue de sidérose est gênante pour la préparation
mécanique; de plus, ils s'appauvrissent rapidement en pro-
fondeur avec transformation du cuivre gris en chalcopyrite.
On parlera, au chapitre de V Argent , des cuivres gris très
argentifères comme ceux de la Bolivie et du Mexique.
Les principaux gisements de cuivre gris sont les suivants :
Espagne (Sierra-Nevada);
Mexique ;
Algérie (Milianah, Mouzaïa, Tenès, Bou-Amram, Djebel-
Teliouïne, Babor) ;
Bosnie (Prozors, Kresevo) ;
Tyrol (Brixlegg).
Sierra-Nevada (Espagne), — On a exploité dans la région voi-
sine des grandes cimes de la Sierra-Nevada, des filons de
cuivre gris très argentifère, contenant 1 0/0 d'argent, qui
recoupent des micaschistes et des schistes anciens. Il y a eu
substitution de la chalcopyrite peu argentifère au cuivre gris
en profondeur, ce qui a amené l'abandon des mines. 11
existe autour de Santa-Felicia d'autres gîtes qui pourront être
exploités après l'ouverture de la ligne de Grenade à Murcie.
Sur le versant sud de la Sierra-Nevada, il existe encore
quelques gisements généralement inexploitables, sauf ceux
de Saint-André, qui peuvent donner 7 0/0 de cuivre et
i50 grammes d'argent à la tonne.
Algérie, — On peut citer en Algérie deux groupes de gise-
ments de cuivre gris : celui du massif de Milianah (Mouzaîa,
Tenès) et celui qui se trouve au sud de Bougie {Bou-AmraWy
198 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Djebel Telioutne et Babor). Tous ces gites se sont rapidement
coincés en profondeur ; ceux de Djebel-Teliouïne ont seuls
donné quelques résultats.
Bosnie, Tyrol, — On a étudié des gisements de cuivre gris
situés à Kresevo et à Prozors (Bosnie); on y trouve le cuivre
gris associé à du cinabre, presque toujours en quantité insuf-
fisante pour que l'exploitation soit possible.
La production y a atteint, en 1894, 270 tonnes, représentant
une valeur de 337.992 francs; en 1896, elle n'était plu&que
de 206 tonnes.
EnOn on traite à Tusine à cuivre de Brixlegg (Tyrol) des
cuivres gris antimonieux à gangue barytique, contenant du
mercure, du cobalt et du nickel, et provenant de la vallée de
riJntt^rinn, qui se trouve à peu de distance au sud-ouest
de Kleinkogl.
111. — Gîtes de départ ou de contact
Les principaux gîtes de départ, c'est-à-dire formés au con-
tact de roches éruptives, sont les suivants :
Russie, Oural (Tourinsk, Mednoroudiansk, Gumechewsk);
Nassau ;
Banat (Rezbanya, Orawicksa et Morawicza) ;
Serbie (OfTenbanya, Rodna) ;
New-Jersey ;
Chili et Bolivie (Gerro de Ternaga, Cerro-Blanco, Poro-
tos, etc.).
Oural, — La région de l'Oural comprend plusieurs gise-
ments situés dans la partie montagneuse et sur les derniers
contreforts du côté de la Sibérie.
A Tourinsk (district de Bogoslowsk), au nord de la chaîne,
le minerai complexe, formé de pyrite de fer et de cuivre,
de chalcosine et de phillipsite, de cuivre gris et de miné-
raux oxydés, forme deux filons parallèles de 2 à 6 mètres
d'épaisseur, au contact de diorites et de calcaires apparte-
nant au silurien supérieur. Les minéraux oxydés titrent
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 199
de 10 à 15 0/0 de cuivre; mais les filons s'appauvrissent en
profondeur et tiennent, en moyenne, 3 0/0 de cuivre. La
gaDgue est tantôt quartzeuse, tantôt calcareuse.
A Mednoroudiansk (district de Nijni-Taguil), on exploite
activement des minerais oxydés (malachite, azurite, eu-
prite, etc.), situés dans des terrains du même âge que ceux
des minerais de Bogoslowsk.
A Gumechewsk (district d^Ekaterinenbourg), près de l'usine
de Polewsk et autour de Tusine de Kamensk, on trouve des
gisements analogues.
Description du gisement de Mednoroudiansk. — A Medno-
roudiansk, des argiles fortement imprégnées de malachite,
d'azurite, de cuprite, de phosphate et de silicate de cuivre,
remplissent une poche de plus de 100 mètres de largeur,
creusée dans le calcaire silurien.
La roche avoisinante est de couleur vert foncé ; elle est
formée de feldspath décomposé et de chlorite tenant
1 à2 0/0 de cuivre; c'est un produit de la décomposition
des syénites de la région. Au contact des calcaires corrodés
et de cette roche, se trouve une argile rouge très répandue
dans le district et qui contient le cuivre.
On peut admettre que la formation du minerai est due à
l'action d'eaux acides sur un gîte contenant du fer magné-
tique associé à de la pyrite de cuivre et à de Tapatite. On
retrouve, en effet, au milieu de Targile rouge, des fossiles
du calcaire, moins attaquables par les acides que la masse
environnante.
La teneur moyenne du minerai est d'environ 2 à 3 0/0 de
cuivre, et l'extraction annuelle atteint 1.200 tonnes de cuivre
environ.
L'exploitation est parvenue à une profondeur de 200 mètres
sans que la composition du minerai ait changé.
La production du cuivre, en Russie, a été au total
de 5.419 tonnes en 1894, représentant une valeur de
6.604.000 francs, et de 5.416 tonnes en 1896.
Nassau, — On trouve dans le Nassau, au milieu de diabases,
des filons de chalcopyrite accompagnée de galène et de
blende, qui s'appauvrissent rapidement en pénétrant dans
les schistes et les grès du dévonien inférieur. Les frais
200 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
irexploitation y sont évalués à 30 francs par mètre carré de
surface iilonienne. La préparation mécanique donne 35 0/0 de
cuivre, et 20 0/0 dans les cas de gangue quartzeuse.
Banat et Serbie. —^ Il existe, dans le Banat et la Serbie,
une bande de 300 kilomètres de long constituée par des
roches éruptives, qui, d'après Niedzwieski, sont des diorites ;
on y rencontre des amas métallifères de contact, contenant,
entre autres sulfures, de la pyrite de fer, de la chalcopyrite
et de la blende.
Les principaux districts miniers de ces régions sont ceux
de Resbanya, Morawicza et Orawicksûy dans le Banat, d'Offen-
banya et de Rodna dans le Siebenburgen.
New-Jersey, — On trouve à New-Jersey, au contact de
diorites dans les grès du trias, des minerais constitués par
de la phillipsite, de la cuprite et de la chrysocole mamelonnée
avec du cuivre natif.
Chili et Bolivie, — Le Chili et la Bolivie renferment une
quantité considérable de gisements fournissant des minerais
de cuivre riches; le Chili, seul, compte cent cinquante fon-
deries de cuivre et d'argent.
Les gisements du Chili forment deux groupes distincts :
Le premier est situé dans le nord, près de Valparaiso, sur la
Cordillère de la côte. Les filons, qui sont situés au milieu de
roches éruptives, contiennent de la pyrite de cuivre plus ou
moins riche en or. La principale mine est celle du Cerro de
Tamaya près de Tongoy, port situé au nord de Valparaiso-
Lv (ilon le plus important a 2 ou 3 mètres de puissance ;
il est situé dans unediorite, et il contient de la chalcopyrite
et du cuivre panaché renfermant des parcelles d'or métal-
lique.
Le deuxième groupe de gisements, situé plus au sud, dans
le voisinage de la côte, se trouve à une grande altitude
dans des terrains secondaires stratifiés, en relation avec des
porphyres à augites (Cerro-Blanco^ Porotos, etc.). Le mine-
rai est un mélange de sulfures de cuivre, de plomb, de
zinc et d'argent. L'argent est souvent exploitable. Le
cuivre ne peut être extrait avec bénéfice que lorsque sa teneur
est supérieure à 7 0/0; les frais d'exploitation sont aug-
mentés par ce fait, que, pour atteindre les minerais riches, il
MLNÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 201
faut traverser des zones pauvres de minerais mouchetés-
(rameos), qu'on ne peut pas vendre à cause des frais de
transport. On a essayé de soumettre à une préparation
mécanique les baldes de ces minerais pauvres abandonnés
sur le carreau des mines; les lavages mécaniques, appliqués
aux schlamms, donnent lieu à des entraînements qui occa-
sionnent d'énormes pertes de minerai, et le manque d'eau
empêche d'employer, comme en Espagne, la cémentation, qui
serait la véritable solution. Le manque de moyens de trans-
port et rinstabilité des institutions politiques sont les deux
causes qui ont empêché l'exploitation du cuivre de prendre
un plus grand développement au Chili, qui est cependant le
pays du monde où le cuivre est le plus répandu.
La production du cuivre au Chili a été la suivante :
Cuivre en barres :
Tonnes Francs
En 1894, 19.840, représentant une valeur de. 21.861.190
1896, 20.992
Minerai exporté brut :
Tonnes Francs
En 1894, 11.106, représentant une valeur de. 2.221.135
1896. 6.159
IV. — Gisements sédimentaires
Les gisements de cuivre sédimentaires sont assez fré-
quents, à cause de la solubilité des sels de cuivre et particu-
lièrement du sulfate. Le cuivre entraîné par ce sel est faci-
lement réduit et précipité soit par les matières organiques,
soit par les dégagements hydrocarbures.
Les gites sédimentaires sont plus réguliers que les autres;
ils ne sont pas sujets à s'appauvrir subitement, et leur exploi-
tation se fait à niveau constant, sans approfondissements
brusques.
On rencontre ces gisements dans la plupart des terrains
depuis le primaire jusqu'au tertiaire; on passera en revue
ci-dessous les plus connus, en suivant Tordre chronologique
de formation des terrains qui les renferment.
202 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
10 MYOïïien. — Allemagne (Harz). — Dans le bas Harz
(Rammelsberg) on exploite de la pyrite de fer cuivreuse d*âge
dévonien.
Description du gisement de Rammelsberg. — Sur le flanc de
la montagne de Rammelsberg, au sud de Goslar (Harz),
affleure une couche do pyrite de fer cuivreuse, située au
milieu des couches dévoniennes renversées.
La puissance de cette couche est de 15 mètres en moyenne
avec quelques renflements.
Bien que l'exploitation remonte à dix siècles, on n'a pas
encore dépassé la profondeur de 300 mètres.
Les raisons qui font ranger ce gîte parmi les gîtes sédi-
mentaires sont les suivantes : Les traces de stratification sont
très nettes dans la pyrite et en concordance avec celles des
schistes avoisinants; de plus, le toit actuel, qui se trouvait
sous le gîte avant le renversement, est imprégné de matières
cuivreuses jusqu'à une certaine profondeur, tandis que le
mur est tout à fait stérile.
On peut supposer que des eaux sulfureuses se sont fait
jour au fond d'un golfe et y ont aggloméré de fines pous-
sières de sulfures ; le renversement a été produit par des
plissements postérieurs à la consolidation des terrains.
La production totale du cuivre en Allemagne a été la sui-
vante :
Minerai :
Tonnes Francs
En 189i, 588.195, représentant une valeur de. 20.300.195
1897, 700.619 — — 23.762.860
Mattes :
Tonnes Francs
En 1891, 676, représentant une valeur de. 131.605
1897, 31.Ï — — 71.900
Métal :
Tonnes Francs
En 1894, 23.722, représentant une valeur de. 27.337.770
1897, 29.i08 — - 37.726.880
2^ Permien. — Ritssie, Bohême, — Les grès cuprifères de
Pcrm et de la Bohême septentrionale contiennent de Toxyde
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 203
de cuivre ; ils appartiennent à l'assise permienne appelée
Rothliegende, ou grès rouge.
Bolivie, — A Corocoro (Bolivie), la même assise renferme
du cuivre natif.
3<» Zeichstein. — Allemagne (Mansfeld, Westphalie, Hesse).—
Dans les schistes du Mansfeldy de la Westphalie et de la
Hesse, on trouve du sulfure de cuivre appartenant au zeichs-
tein.
France. — En France, dans les Alpes-Maritimes ^ on a
exploité des sulfures de cuivre provenant du même niveau.
40 Gros bigarrés. — Prusse rhénane. — A Saint-Avold et à
Mitschemickj le minerai est un grès bigarré qui fournit de la
galène associée à de Toxyde de cuivre.
5* Tertiaire. — Caucase. — Dans le Caucase, à Akhtala et à
Allahverdij le sulfure de cuivre, qui se trouve en couches
dans le terrain tertiaire, paraît cependant être en rapport
avec les roches éruptives, si fréquentes dans cette période
géologique.
On peut citer encore, en Russie, les gisements de Redabey
et de Kalakentf d'âge incertain, qui se trouvent au contact de
roches éruptives; ils sont situés à 60 kilomètres au sud-
ouest d'Elisabethpol et à 45 kilomètres de la station de Dalliar
sur le Transcaucasien. Pour obtenir la force motrice néces-
saire aux usines de préparation mécanique, on a établi une
pipe-line par où arrive le naphte liquide du Caucase que Ton
emploie comme combustible, concurremment avec Tanthra-
cite du Donetz, le bois et le charbon de bois. La tonne
métrique de naphte, refoulée dans des tuyaux en acier par
deux stations munies de pompes Worthington, revient à
22 fr. 20; Tanthracite sur wagon à Redabeg revenait à
39 francs la tonne en 1898; le charbon de bois revient à
24 fr. 40; et le bois à 8 fr. 85.
Le minerai se compose de pyrite de fer, de cuivre et de
blende; on le trouve dans des quartz trachytiques qui
recoupent des diorites; la blende et le sulfate de baryte
qui l'accompagnent rendent son traitement difficile (pour le
détail du traitement, voir le Minerai Industry de 1898,
pages 248 et 249). On a fondu, en 1897, 36.855 tonnes de
minerai; Tusine de traitement électrolytique de Kalakent
204 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
l>eut produire environ 500 tonnes de cuivre électrolytique
par an.
Gisement tertiaire du Boléo, — Au Boléo, dans la basse Cali-
fornie (Mexique), le cuivre appartient au terrain tertiaire;
on l'y trouve à Tétat d'oolithes d'oxyde et de carbonate
appelés boléos et contenant de 25 à 40 0/0 de cuivre.
La Compagnie française du Boléo a produit, en 1897,
172.330 tonnes de minerais, tenant de 5 à li 0/0 de cuivre; ses
7 fourneaux ont passé 170.965 tonnes ayant donné 9.986 tonnes
de mattes et 3.612 tonnes de cuivre noir, ce qui corres-
pond à 10.330 tonnes de cuivre pur.
V. — Schistes bitumineux cuprifères
Mansfeld {Saxe prussienne). — L'exploitation des gisements
du Mansfeld remonte au xiii* siècle. Ce gîte permotriasique
occupe les versants sud et sud-est du Harz. L'assise qui con-
tient le cuivre est située à la base du zechstein, très bien
développé dans le Mansfeld (schistes cuivreux et calcaires).
Lu couche de schistes cuivreux a 0",50 de puissance. Le
minerai, formé de pyrite cuivreuse, de cuivre panaché et
de cuivre gris, est disséminé en Qnes parcelles qui tranchent
en jaune d'or, en violet rouge ou en gris sur la couleur noire
des schistes ; la partie inférieure, sur une hauteur de 10 centi-
mètres environ, est celle qui contient le plus de poussière de
minerai appelée « speise » par les mineui*s. La teneur moyenne
en cuivre est de 2,5 0/0, et si l'exploitation est rémunératrice,
c'est grdce à la proportion d'argent contenue dans le minerai,
qui atteint 5 kilogrammes par tonne de cuivre.
On a extrait en 1896, au Mansfeld, 650.985 tonnes de minerai
ayant coûté en moyenne 31 fr. 25 la tonne. Dans le district
de Gluckauf, le prix de revient descend à 14 fr. 80; mais il
atteint 45 fr. 50 dans le district de Schafbreiter, Les quatre
usines de fusion de cette région ont traité 642.738 tonnes
de minerai en 1897. Leur consistance est la suivante :
i^ Kochhùtte, 4 à 5 fours à 4 tuyères (109 tonnes par jour) ;
2^ Krughfitte, 3 à 4 fours à 6 tuyères (156 tonnes par jour);
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 205
3*> Eckhardshatte, 4 à 5 fours à 3 tuyères (93S4 par jour) ;
4<> Kupferkammerhutte, 2 & 3 fours à 6 tuyères (139^3 par
jour).
Les 642.738 tonnes de minerai ont fourni 50.000 tonnes
de mattes, soit 78 kilogrammes par tonne de minerai. On a
tiré par tonne de minerai 32 kilogrammes de cuivre <H
179 grammes d'argent. La dépense de comhustible a été de
359 kilogrammes par tonne de minerai traité.
On grille le minerai dans des fours à cuve, et les gaz servent
pour la fabrication de Tacide sulfurique (50 à 66<* B.). La matle
grillée est ensuite fondue dans des fours à réverbère (spu-
rofen). En 1896, on a passé dans ces fours 47.696 tonnes de
matte grillée, 1.228 tonnes de minerai cru, 1.268 tonnes de
minerai sableux, qui ont produit 23.762 tonnes de matte
seconde (spurstein) et 748 tonnes de copper-bottoms. Le spur.
stein contenait par tonne 739 à 773 kilogrammes de cuivre
et 7''ff,885 d'argent. On grille le spurstein et on le traite par
le procédé Ziervogel.
Les résidus de désargentation contenaient, en 1896, 23^^9
d'argent par quintal de cuivre. Ces résidus, tenant 74 0/0 de
cuivre, ont été réduits et raffinés à CiOttesbelohnungshûtte
et à Saigerhûtte. Les copper-bottoms ont été traités par
rélectrolyse à Oberhutte.
Prix dn enivre. — Le prix du cuivre aune répercussion con-
sidérable sur un grand nombre d'industries, qui travaillent
ce métal ou emploient des appareils en cuivre. Aussi ro
prix est-il rendu très variable depuis une vingtaine d'années
surtout, par des tentatives de spéculation et d'accaparement.
Le prix du cuivre, qui variait entre 2.000 et 2.300 francs la
tonne en 1870, n'était plus que de 1.000 à 1.100 francs en
1886-1887. Alors se produisit une hausse considérable causée
par la spéculation et, en queUjues mois, les anciens cours de
1870 furent de nouveau atteints et se maintinrent pendant
toute l'année 1888. La baisse subite qui se produisit en Jan-
vier 1889 les ramena bientôt aux environs de 1.200 francs. —
On assiste, depuis Tannée 1898, à une nouvelle hausse due
à Faugmentation considérable de la consommation du métal
et à l'action des spéculateurs; le prix de 2.000 francs a été d<^
nouveau atteint (1.850 francs à la fin de Tannée 1899). Mais
206 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
les hausses sont forcément limitées par les réouvertures de
mines moins riches, qui se produisent chaque fois que le
métal atteint des cours permettant & ces mines d'exploiter
avec bénéfices. Les deux principaux marchés du cuivre sont
New- York et Londres.
Production du cuivre dans le monde entier. — La pro-
duction du cuivre dans les diverses parties du monde a
été la suivante en 1897 :
Tonnes.
Europe 84.215
Asie 23.368
Afrique 7 . 590
Amérique 279.013
Océanie 18.491
Total 412.677
i^eprésentant une valeur d'environ 700.000.000 de francs.
BIBU06RAPHIE DU CUIVRE
1873. Dcshayes, Gisement de cuivre de CharHery près la Prugtie
{Bulletin de la Société géologique^ 3* série, t. I, p. 50i).
1873. Tchoupin, Journal des Mines^ t. II, p. 88 et 318 {Cuivre de
VOural).
187i. Jannetaz, Minerai de cuivre de la Nouvelle-Calédonie {Bulle-
tin de la Société géologique, 3* série, t. 111, p 54).
1877. Boulangier, Un gîte de cuivre en Auvergne (Agnat et Azerat)
{Industrie minérale^ 12 juillet).
1877. Henry, Gîtes de cuivre gris {Industne minérale^ 14 juillet).
1879. Czyszkowski, Explication sur les gîtes récemment découverts
au sud de Bougie {Industrie minérale^ t. III, 4* livraison).
1879. Dieuldfait. Diffusion du cuivre dans les roches pnmordiales
et les dépôts sédimentaires qui en procèdent {Comptes Rendus,
t. LXXXIX, p. 453).
1881. Willimot, Sur quelques mines de la province de Québec
{Commission de géologie et d'histoire naturelle du Canada).
1882. Fuchs, Note sur les gisements de cuivre du Boléo {Association
française pour V avancement des sciences ^ t. XIV, page 410,
Grenoble).
> Les titres d'ouvrages antérieurs è 1870 ont été supprimés dans
cette liste déjà si longue. On pourra en retrouver quelques-uns
dans le Traité des Gîtes minéraux de Fuchs et Delaunay (chez
Béranger).
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 207
i883. Firket, Découverte de la chalcopyrite à Mood-Fontaine
(Rahier). ln-8'. Extrait des Annales de la Société géologique
de Belgique.
1883. Bero, Zinc et Cuivre aux Etats-Unis {Cuyper, t. 11, p. 129).
1881. Le Cuivre au Japon {Annales des Mines, p. 531).
1881. Deumié, Sur les gisements de pyrite cuivreuse de la province
d'Huelva {Industrie minérale).
1881. Babu, Note sur le Rammelsberg {Annales des Mines
d'octobre).
1888. Cumenge et de la BongUse, Rapport sur la mine de Calumet
and Hecla.
1888. Olivier, Mines de cuivre de Charrier {Revue du Bourbonnais).
1889. B. Lotti (traduit par A. Cocheteux), la Genèse des gisements
cuprifères des dépôts ophiolithiques tertiaires de Vltalie
{Bulletin de la Société géologique de Belgique, Mémoires,
Bruxelles).
1889. DeLaunay, Imlitstrie du cuivre dans la région d'Huelva.
{Annales des mines, novembre avec bibliographie détaillée).
1892. Les mines de cuivi'e dAshio, au Japon {Bulletin des Annales
des Mines, 9* série, t. I, p. 385).
1892. Dorion, Cuivre du cercle d'Ain-Sefra (Sud oranais). Impri-
merie Schiller.
1892. Leproux, Gisements minéraux du Caucase {Annales des
Mines, 9* série, t. Il, p. 510).
1892. CVallier, le Chili minier, métallurgique et industnel {Mémoires
de la Société des Ingénieurs civils de France).
1894. Weiss, Origines, gisements et propriétés du cMt»re (Baillère,
à Paris).
1895. A. Lacroix, Sur quelques minéraux des mines de Boléo en
Californie {Bulletin du Muséum d'Histoire naturelle).
1891. Gérard-Lavergne, VIndustrie du cuivre en Russie {Génie
civil, t. XXXI, p. 103).
1891. Couharevitch, Elude sur Vindustrie du cuivre en Russie
{Revue universelle des Mines, 3* série, t. XXXIX, p. 22
et 144).
1898. Ballivian, El cobre en Bolivia (La Paz).
208 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
LE PLOMB ET SES MINERAIS
Propriétés physiqnM. — Le plomb est un métal gris
bleuâtre d'un éclat métallique prononcé; très mou, il se raie
àTongleetlaisse une trace grise sur le papier. Densité : il, 37,
très peu modifîée par le laminage et le martelage. Le plomb
fond entre 330 et 335^ et émet des vapeurs sensibles au
rouge; il peut être distillé au-dessus de i.OOO*. Malléable,
ductile, possédant une ténacité faible et une élasticité nulle,
il est mauvais conducteur de la chaleur et de Télectricité.
Propriétés chimiqaes. - Inattaquable à Tacide sulfurique,
il a Tinconvénient de former des composés toxiques au con-
tact de Teau et de certains acides.
Usages. — Le plomb s'emploie pur ou à Tétat d alliage.
Pur et laminé en feuilles, il sert à couvrir des édifices, à
doubler des cuves ou des réservoirs. Dans la fabrication de
Tacide sulfurique, c'est à l'intérieur de chambres ditos
chambres de plomb, que s'opère la transformation de l'acide
sulfureux eu acide sulfurique. Transformé en tuyaux, lo
plomb sert pour les conduites d'eau et de gaz; il sert aussi
à la fabrication des balles et du plomb de chasse (avec un ou
deux millièmes d^arsenic).
Alliages. — On emploie, pour la fonte des caractères d'im-
primerie, un alliage contenant 80 0,0 de plomb et 20 0 0
d'antimoine.
Les planches à graver la musique (!ontiennent de 70 à
75 0/0 de plomb, 5 0/0 d'étain et de 20 à 25 0/0 d'antimoine.
L'alliage que Ton emploie pour le clichage renferme
31,25 0/0 de plomb, 18,75 0/0 d'étain et 50 0/0 de bismuth.
Parmi les alliages de plomb, on peut citer encore : celui des
cuillers et des flambeaux, qui contient 20 0/0 de plomb et
80 0/0 d'étain ; le métal d'Alger, renformunt 26 0/0 de plomb,
69,5 0/0 d'étain et 4,5 0/0 d'antimoine; et le métal blanc, qui
contient une proportion de plomb variant de trois à quatre
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 209
parties, pour seize parties d'étain et trois & neuf parties
de zinc.
Soudures. — La soudure des plombiers est composée de
33 0/0 d'étain et de 66 0/0 de plomb. Celle des ferblantiers
comprend 50 0/0 d'étain et 50 0/0 de plomb.
Alliages fusibles. — L*alliage fusible de Darcet, qui fond à
94<*, contient cinq parties de plomb pour trois d'étain et
huit de bismuth. L'alliage de Wood, fusible entre 66 et
74% contient deux parties de plomb, quatre d'étain, une
de cadmium et sept à huit de bismuth. On obtient un alliage
fusible à 53<', en mélangeant neuf parties d'alliage de
Darcet à une pailie de mercure. Les alliages fusibles qui
servent pour les générateurs de .vapeur (plombs de sûreté)
contiennent huit parties de bismuth mélangées à des pro-
portions de plomb qui varient de cinq à trente-deux parties,
et à une proportion d'étain assez variable.
Oxydes. — Le plomb forme des oxydes dont la plupart
sont utilisés dans Tindustrie; les principaux sont :
Le protoxyde de plomb ou litharge, qui sert ù préparer
Tacétate de plomb employé dans la fabrication de la céruse.
Ce protoxyde entre aussi dans la préparation de certaines
peintures jaunes; il rend siccative Thuile de lin. Voxyde
salin ou minium, entrant dans la composition du cristal, du
fllnt-glass et du strass auxquels il donne leur pouvoir réfrin-
gent et leur fusibilité, sert à la préparation de peintures
pour la protection de certains métaux contre Toxydation ;
on remploie pour la couverte des faïences et des poteries ;
enOn il entre, mélangé à la céruse, dans la composition d'un
mastic destiné à luter les joints des machines à vapeur.
Snlhire de plomb. — Le sulfure appelé galène sert à for-
mer le vernis des poteries grossières, en se transformant
pendant leur cuisson en un silicate fusible ; mais le vinaigre
et divers aliments acides attaquent ce vernis plombeux; il
peut en résulter de graves accidents d'intoxication.
Chlorure de plomb. — Le chlorure donne au contact de
Tair des oxychlorures, tels que le jaune de Cassel^ le jaune de
Turner et le jaune minéral, employas en peinture.
Carbonate de plomb ou cémse. — Le carbonate, très em-
ployé en peinture, donne une couleur d'un beau blanc, cou-
OÉOLOOIE. ii
212 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
péan, non loin de Rennes, on rencontre un filon puissant tra-
versant les schistes anciens, qui fournit de la galène et de la
blende argentifères, ainsi que delà pyrite intimement mélan-
gées. On observe à Pontpéan trois colonnes d'épaisseurs
irrégulières, dont deux paraissent se réunir en profondeur»
La puissance réduite du filon est de 4 à 6 centimètres
environ.
Le gîte qui est en relation avec une diorite tranformée, en
maints endroits, en tuf, est recoupé par deux failles argi-
leuses. Il y a eu réouverture stérile du filon, et les épontes
ont été fortement dérangées; on a trouvé le schiste du toit
rejeté au mur, à une profondeur de 160 mètres.
L'exploitation de cette mine est très difficile, tant à cause
des venues d'eau considérables qu'on y rencontre, qu'à cause
de la diminution de la teneur en argent en profondeur. La
marche des travaux dépend essentiellement du prix des
métaux et du mode de préparation, qu'on a dû changer pour
réduire les pertes en plomb et en argent. La mine occupait,
en 1895, un millier d'ouvriers et produisait 18.500 tonnes
de minerais, dont 15.000 tonnes de galène argentifère,
2.400 tonnes de blende et l.iOO tonnes de pyrite argentifère,
sans compter 12.000 tonnes de schlamms argentifères, aban-
données à cause du cours trop bas des métaux.
Pontgihaud {Puy-de-Dôme), —A Pontgibaud on exploite des
filons de galène postérieurs au carbonifère, contenant de la
blende, de la pyrite et du cuivre gris, avec adjonction de quartz,
de baryte et de fluorine. Ces filons recoupent les granités.
— kla Brousse, qui est la principale mine, la fracture située
au milieu des gneiss, a une ouverture de 14 mètres; le
filon est unique avec de très faibles bifurcations; les parties
riches se présentent sous forme de colonnes séparées par
dos zones stériles. Au-dessous de 200 mètres, le filon s'amin-
cit et s'appauvrit en argent en même temps que rincli-
naison passe de 80<> à 50°.
En 1895, la mine de Pontgibaud occupait 306 ouvriers»
dont 188 au fond et 118 à la surface. La production était
de 1.750 tonnes de plomb argentifère.
Vialds {Lozère), — Le champ de filons de Vialas est aujour-
d'hui sans intérêt industriel ; mais il est très intéressant aa
MINÉRAUX EMPLOVfiS DANS LA MÉTAI.LDRGIE S13
«s ~
i' ~
m
iii
214 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
point de vue théorique. Les filons de galène argentifère accom-
pagnée de pyrite, de chalcopyrite et de blende, recoupent
des micaschistes et des granités; la gangue est tantôt de la
barytine ou de la calcite, et tantôt du quartz.
Rivot a distingué à Vialas neuf systèmes de fractures qui
indiquent que la succession des venues est la suivante:
galène pauvre avec quartz, galène avec calcite, galène avec
barytine, galène argentifère.
La mine de Vialas, qui appartient à laSociété de Mokta-el-
Hadid, est inexploitée.
Huelgoat et Poullaouen {Finistère). — A Huelgoat et à Poul-
laouen, Tabondance des venues d'eau a interrompu Texploi'»
tation.
Le grand filon de Huelgoat recoupe des schistes dévoniens,
des microgranulites et des grauwackes siluriennes. Gomme
dans le Cornwall, les parties les plus riches se rapprochent de
l'inclinaison maxima; elles sont en général intercalées dans
des roches dures.
Le filon de Poullaouen est mal défini; il recoupe les
schistes et les grauwackes.
Le minerai dominant est la galène argentifère avec blende
et pyrite; mais on a trouvé, à Huelgoat, des minerais rares, des
bromures, iodures et chlorures d'argent et même de Targent
natif.
On trouve, en France, quelques autres gisements plombi*
fères pour la plupart inexploités ; tels sont ceux de Notre^
Dame-de- Laval et de Rouvergue dans le Plateau Central, au
nord de la Grand'Combe, de Buech et de PradaJ, de Mar-
vejolSj dans la Lozère, à'Aurouze (Haute-Loire). Le gisement
de Matines (Gard), surtout exploité pour zinc, n'a fourni,
en 1895, que 930 tonnes de plomb argentifère. Des filons
plombifères ont été autrefois exploités à CAa6rt^nao(Gorrèze)
et à Chitry-leS'Mines (Morvan).
On peut citer encore les gisements de SeiXy du Pouech et
d'Auliis (Ariège), de la Châtre (Indre), d'Arguts (Haute-
Garonne), de Pesey et de Macot (Savoie), de Caieuzana, de Pic-
tralba et de Patemo, près de Bastia (Corse). La production
totale du plomb en France a été de 9.000 tonnes en 1897.
Gisements de la Tunisie, — On trouve, en Tunisie, quelques
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 215
gisements de plomb dans des calcaires nummulitiques
(tertiaire), notamment au Djebel Reças, à quelques kilomètres
de Tunis.
Gisementsde P Allemagne. --On rencontre, en Allemagne, de
nombreux gisements de plomb ; mais les plus importants sont
ceux de la Silésie, dont il sera parlé au chapitre du Zinc, et
surtout les champs de ûlons complexes du Harz et de la
Saxe, qui sont décrits ci-dessous.
Parmi les autres gisements de galène d'Allemagne on doit
signaler ceux des Vosges : Markich (gneiss), Saint-Nicolas
(dévonien) ; ceux du nord de TAlsace : Lembach, Windstein,
Katzenthal; ceux du Palatinat : Schônau, Bundenthal, Erlen--
bach: ceux de la Forêt-Noire et du duché de Bade : Hofen,
Kirchhatisen, Henbronn, Saint-Ulrichf Zâhringen, Neuweier et
Gârwikl. Les principaux filons de plomb exploités se trouvent
sur le Rhin, entre Goblentz et Bingen, et sur la Lahn. On
rencontre dans le Nassau de nombreux filons de quartz, de
blende et de galène recoupant des schistes {Ems, Holzappel,
Obemhoff),
Une suite de filons plombifères se développe entre Namur
et Aix-la-Chapelle {Corphalie, ^ngis, Moresnet, Altenberg,
Bleiberg) ; mais la plupart sont surtout exploités pour cala-
mine (voir le chapitre du Zinc),
On doit cependant noter qu'à Bleiberg (Belgique) des filons
de blende et de galène recoupent le terrain houiller et le cal-
caire carbonifère. Ces gisements ont une allure très irrégu-
lière et, de plus, leur exploitation est gênée par des venues
d'eau d'une abondance considérable.
11 est intéressant d'étudier particulièrement les régions du
Harz et de la Saxe qui sont, avec celles de Przibram, de Joa-
chimstall et de la Bohême, les types classiques des champs
de filons et des champs de fractures complexes.
Harz, — Le plateau du Harz est composé en majeure partie
de terrains anciens ; il comprend deux bassins : TOberharz
et rUnterharz, et trois grands gisements : le Rammelsberg,
décrit plus haut comme gîte sédimentaire de cuivre, Glausthal
et Saint-Andreasberg (Oberharz).
A Saint-Andreasberg, le champ de fractures est situé dans
les schistes et les grauwackes siluriens. On y distingue des
216 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
filons de minerais d'argent, de fer et de cuivre, et des failles
stériles, ou rti5c/i€te, remplies de schistes et d'argile, ayant jus-
qu'à 60 mètres de puissance. Les filons sont concentrés dans
une zone à peu près elliptique, limitée au nord et au sud par
deux puissants ruschels (Neufangen et Edelleuter ruschels).
11 existe deux systèmes principaux de filons argentifères
recoupés et déviés par des ruschels.
On trouve àSaint-Àndreasberg, dans une gangue de calcite,
de la galène, de la blende, de Tarsenic natif, des arséniures
et des antimoniures d'argent.
A Clausthal on distingue environ dix faisceaux (gangzûge)
de fissures enchevêtrées, recoupant le dévonien et le culm,
mais ne pénétrant jamais dans le permien. Des rejets très
accentués mettent, en certains endroits, le culm au toit et le
dévonien au mur. On connaît trois principaux systèmes de
filons : celui de TEst H^a (Hora = 12), le faisceau moyen H^ et le
faisceau du Sud H7; chacun d'eux comprend un filon prin-
cipal (hauptgang) atteignant jusqu'à 20 mètres de puis-
sance, avec dos ramifications secondaires.
Les filons, en général fortement inclinés, sont remplis de
{jangtonschiefcTy roche noire,, schisteuse et tendre, contenant
les imprégnations et les veines de minerais (galène argen-
tifère, blende, chalcopyrite).
Les minerais divers sont l'objet de traitements très perfec-
tionnés dans des usines appartenant pour la plupart à l'Étal
(Glauslhal, Allenau, Lautenthal dans TOberharz).
La production du Harz supérieur en plomb et litharge a
été do iO.OOO tonnes en 1896; celle du Harz inférieur n'a
atteint que 5.000 tonnes.
Saxe. — La région montagneuse qui s'étend autour de
Freiberg (Erzgebirge) comprend près de deux mille filons,
répartis en plusieurs groupes recoupant les gneiss et corres-
pondant à des venues métallifères successives. Les sources
thermales, très abondantes dans cette région, ont joué un
rôle très important dans sa minéralisation. On distingue
en Saxe, plusieurs séries de filons qui seront examinées
successivement :
1<* Filons sulfurés anciens (champs de fractures de Freiberg
et de Marienberg) ;
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 217
2^ Filons à remplissage de barytine et de fluorine
.(Annaberg);
• 3^ Filons à remplissage sulfuré récent (Scbneeberg) ;
4* Filous d'étain (Voir chapitre ultérieur.)
1© Freiberg. — La région de Freiberg est constituée par des
gneiss gris recoupés par des veines, d'ailleurs peu abondantes,
de granité, de granulite et de porphyre. Les deux principales
mines de plomb sont celles d'Himmelfahrt et d'Himmelfûrst;
cette dernière offre des exemples de filons de diorite recou-
pant les roches ci-dessus. Au nord, on rencontre les filons
métallifères riches dans lesgabbros ; ces filons s'appauvrissent
dans les schistes. On distingue les filons orientés de 0^
à %<> (Ho à H^), en général riches (H3, dits Btehende, He, dits
morgen), et les filons de 90* à i80", stériles ou pauvres (H9,
dits spath^ et H|s, dils floche). L'exploitation se fait à de
grandes profondeurs; quelques puits ont plus de 600 mètres.
11 est impossible de s'étendre, dans le cadre de cet ouvrage,
sur ce gisement si complexe, que Ton trouvera parfaitement
étudié dans quelques traités spéciaux, notamment dans
le Traité des GUes métallifères de MM. Fuchs et Launay
(p. r>87 à 599, t. H). Les deux principales venues, au point
de vue de Texploilation, sont la venue sulfurée ancienne S et
la venue argentifère A. La venue S comprend trois groupes
caractéristiques dont le tableau suivant donne le détail.
Edlequariz formation ou /
formation du quartz [
noble , surtout au
Nord et au Nord-
Ouest de Freiberg,
dans les porphyres de
Braunsdorf et le gab-
bro de Siebenlehn.
Quartz grenu laiteux et
cristallisé avec mis-
pickel et minéraux
argentifères.
Kiesige fonnalion ou
formationde la pyrite
cuivreuse, au Nord t
et à l'Est de Frei-
berg.
Quartz ancien grenu
avec pyrite et mis-
pickel« blende noire,
galène, pyrite de fer
et de cuivre, quartz
blanc laiteux, mais
pas de quartz à mi-
néraux argentifères.
Mines de Gese-
gnete-Berg-
manns-Hotr-
nung et de
Segengottes.
(V^oir figures
ci-après.)
Mines d'Him-
melfahrt, de
Gersdorf, de
Braunsdorf, de
Morgenstemet
de Friedrich.
EtlMrautupatk forma-
lion ou torsuatia^ém
bmanapatb noble au
0É0L06IB APPLIQUÉE
( QuartE
«Monde noiri
pjTJtea, miQgBaèse I Mines de Be*-
carbonaM , dolomle ; chert-Giack.
rote et blende dolo- L
mi tique jaunitre. )
C := Fluorine.
0 == Gneiss rouge.
Q ^ QuarU à dnises
argentifères.
R = Blende.
Fis. 79. — CaapE dt li nina G^ugnct* 1 Bnimtdort.
La venue argenlirère A, presque aussi importante, a fourni
des amas très riches en argent. Les minerais se rencontrcni
nu croisement des liions réouverts, baryliques ou stériles,
avec les liions S ; ils renferment de l'argent rouge antimo-
nial et arsenical, de l'argent sulfuré et de l'argent natif avec
de la dolomie. Les autres venues, sulfurées, barytiques et
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA mÎTALLL'RGIE 219
ferrugineuses, la venue de galène pauvre et la venue de cal
cite, sont bien moins importantes que les venues A et S. La
production du district de Freiberg a été de 6.900 tonnes
en 1897.
District de Marienberg, — Les minerais se trouvent, à Marien-
berg, dans les gneiss recoupant des grOnsteins et des micro-
granulites. On y rencontre la venue argentifère Â, composée
d'argent rouge, d'argent sulfuré et d'argent natif avec un peu
de galène riche.
2? Annaberg, — Dans les gneiss d'Annaberg on retrouve
des venues de composition analogue à celles de Freiberg,
mais d'une importance beaucoup moindre. Les venues fer-
iiigineuses, bary tiques et argentifères sont, à Annaberg, les
seules importantes, à l'exclusion de la venue sulfureuse.
3® Schneeberg. — Aux environs de Schneeberg on trouve
surtout des filons avec remplissage sulfuré, exploités pour
cobalt, nickel et bismuth, et situés au milieu de micaschistes
et de schistes argileux. Les liions anciens se changent en
galène et en quartz dans les micaschistes et restent stériles
dans les schistes argileux.
Production du plomb en Allemagne. — La production des
divers districts de l'Allemagne, en plomb métallique, se
décompose comme suit pour l'année 1897 :
Westphalie et Province Rhénane
Tonnes
Stolberger Gesellschaft i 6 . 803
Rhein Nassau 6.368
Mechernich 19.973
A Poensgen und Sôhne, Gall. . 7.385
Emser Blei und Silberwerke 6.100
Blei und Silberhiltte, Braubach.... 11.586
Total 68.215
Silésie
Tonne*
VValther Croneckhûlte 8. 179
Friedrichshûtte 16.349
Total 24.528
A reporter 92 . 743
220 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Report 92.743
Harz
Harz supérieur 10.033
Harz inférieur 4.939
Total 14.972
Saxe
Freiberg 6.867
Rolhenbacherhutte, Siegerland 506
Anhaltische RIei und Silberwerke. . 2.396
Nordd. AIT. Hamburg 69
Mansfelder Gewerkschaft 208
Total 3.179
Production de rAUemagne Tonne». 117.761
Gisements île F Autriche, •— Outre les champs de filons com-
plexes de la Bohême étudiés ci-après, on peut citer, en
Autriche, les mines de la Garinthie (Raiblj Bleiberg et Windish
Kappel) et du Tyrol (Pfundererberg),
On exploite également des filons de galène mélangée à
d'autres mineraiis, dans le Banat, en Hongrie et en Transyl-
vanie (SchemnitZf KremnitZy Kapnik, Nagiag, Offenbanya).
Gisements de la Bohème. — Les deux gisements bohémiens
de Przibram et de Mies sont situés : le premier au sud-est,
le second au nord-ouest du vaste triangle formé par les terrains
siluriens qui constituent le centre du plateau de la Bohème.
Przibram, — Les mines de galène argentifère de Przibram
sont exploitées depuis le xiv« siècle, et Ton y travaille aujour-
d'hui à des profondeurs considérables.
Les puits Adalbert et Maria y atteignent 1.200 mètres.
Los filons métallifères traversent des schistes et des graii-
wackes siluriens et ont été disloqués par un glissement éner-
gique des couches. Ces filons, très nombreux et de directions
très variables, sont en général encaissés dans des grunsteins
(diabases) et ont été tous afTectés par la venue sulfureuse,
qui est ici la seule métallifère. L'action des sources miné-
rales a eu, à Przibram, une grande importance.
f
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 221
Outre la galène fortement an ti moniale et argentifère, et la
blende argentifère, on rencontre à Przibram la bournonite
(filon Francisci), la wulfénite, la cérusite, la pyromorphite et
la pechblende (puits Anna). La gangue est du quartz ou du
fer carbonate. La richesse des filons subit des variations en
profondeur. Le filon Adalbert notamment, qui s'était appauvri
pendant assez longtemps, a présenté un enrichissement
véritable vers 650 mètres.
La production des usines de Przibram, qui appartiennent
à rËtat, a été, en 1897, de 21.000 tonnes de plomb métal-
lique ayant donné 31.000 kilogrammes d'argent.
Mies. — A Mies, les exploitations sont partout abandon-
nées; les filons de galène peu argentifère avec blende et
pyrite recoupaient des schistes quartzifères, traversés eux-
mêmes par des microgranulites et des basaltes.
JoachimsthaL — A Joachimsthal, à 16 kilomètres au nord de
Garlsbad, les.filons métallifères forment un champ beaucoup
moins compliqué que celui de Freiberg; ils sont situés dans
des micaschistes qui enveloppent le massif de gneiss saxon.
On rencontre à Joachimsthal des venues qui rapprochent
ce gite de ceux de Schneeberg et de Freiberg; notamment les
venues de bismuth natif, de smaltine, de nickeline et de pyrite
en veines minces, avec gangue de quartz saccharoïde, et la
venue d'argent natif et de pyrargyrite, formant imprégna-
tion. Enfin la venue de calcite caractéristique du gisement de
Joachimsthal fournit de Turane. La pechblende (filon Fran-
cisci) y est accompagnée de pyrite, de galène et surtout de
calcite rouge. Ces filons se sont réouverts à diverses reprises
et ont parfois été affectés par des plissements en relation
avec des sources thermales (Garlsbad, Tœplilz); ainsi les
travaux du douzième étage du puits Kinigkeit (540 mètres)
ont été inondés pendant deux ans, à la suite de la rencontre
d'une source thermale.
Le district de Mies a produit, en 1897, environ 3.000 tonnes
de plomb.
Gisements de tEspagne. — Dans la catégorie de gisements
qui sont examinés en ce moment, on peut citer ceux de
Linarès-la-Carolina (Jaen), de VHorcajo et de Castuera (Ciudad
Real), de Carthagène, de Mazarron et (TÀguilas (Murcie).
2i4 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Lf^ Compagnies de Penarroya et d'Aguilas sont les prin-
cipales Sociétés exploitantes.
Les mines de la prorince de Badajoz prennent beaucoup
de développement, et des gisements importants ont été décoa-
vfTts, en 1897, dans le district de Puebia de Alcores, à Capilla
et à Garlitos; dans cette dernière localité, les minerais
tiffnnent jusqu'à 2 kilogrammes d*argent à la tonne. Les
minerais du district de Mazarron tiennent environ 58 0/0 de
plomb et 750 grammes d'argent par tonne.
Région de Carthagène. — La province de Murcie (Cartha-
ijènct Mazarron) renferme, dans la sierra de Carthagène,
d^importants dépôts métallifères fournissant en abondance
du plomb, du zinc et du fer, et appartenant à toutes les
catégories de gisements : amas, filons proprement dits, gîtes
d'imprégnation dans les calcaires, etc. Mais ces divers gise-
ments ont une origine commune nettement filonienne.
La sierra de Carthagène, qui longe la mer à Touest de la
ville olTre une série de sommets calcaires dominant des val-
lées schisteuses ; on y rencontre le minerai sous forme de
petites poches (bolsadas), de grands amas affleurant (cres-
tones), de couches interstratifiées (capas)ou encore de filons
véritables. Des filons tertiaires de galène riche en argenl
{Mazarroti) recoupent les trachytes; d'autres filons de galène
ot de blende peu argentifères sont situés au milieu des
schistes. Comme exemple de filons riches en argent, on peut
citer ceux des districts de Mazarron et d'Aguilas (Esperanza^
Santa Ana), en général puissants, mais irréguliers en direc-
tion. La t(*neur en argent est de 110 grammes seulement,
aux iOO kilogrammes de plomb.
Les capas, ou gîtes interstratifiés, sont situés dans des ter-
rains otTrant la succession de couches suivante, en partant
de la base :
Schistes avec un peu de blende inexploitable ;
Silicate de fer avec 8 à 10 0 Ode plomb (galène);
Schistes et enfin calcaires avec couches d'oxyde de fer
manganèse et de carbonate de plomb argentifère, ou amas
do calamine, galène et sidérose.
Les silicates ont une grande imporUince, car ils se trourent
^ faible pi\>fondeur, faciles à extraire et à laver.
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 225
Le fer manganèse est exploité jusqu'à 20 mètres de pro-
fondeur par des tâcherons (partidanos), qui abandonnent le
minerai contenant du zinc. Le fer plombeux est vendu à un
bon prix, comme fondant, aux usines à plomb.
En général, l'exploitation est conduite sans plan bien défmi
par des sociétés pauvres qui gaspillent le minerai.
Production du plomb en Espagne, — La production du
plomb métallique en Espagne a été, en 1897, de 189.000 tonnes
se décomposant comme suit:
Murcie 90.000 tonnes
Jaen (Linarès) 40.000 —
Cordoba 30.000 —
Alméria H.OOO —
Guipuzcoa. 5.000 —
Divers 13.000 —
Total 189.000 tonnes
La quantité d'argent extraite peut être évaluée à plus de
200.000 kilogrammes. En 1898, la production du plomb a
atteint 193.764 tonnes.
Gisements de Vltalie. — On parlera, dans le chapitre du
Zinc des gisements plombeux d'Iglesias (Sardaigne).
On peut encore citer en Italie les filons de minerais de
plomb du Val Trompia, de Pallanza, de Brescia, de la province
de Gôme et de la Toscane (Montieri, Serra Bottini, Scabiano).
Toscane, — On exploite en Toscane, à BottinOj un filon
quartzeux de galène argentifère avec sulfoantimoniure de
plomb recoupant les schistes anciens.
Gisements de la Grèce. — En Grèce, on exploite dans les
mines du Laurium, des filons de galène mélangée de blende
et des amas de galène et de calamine interstratiflés dans des
calcaires et des schistes siluriens (Voir le chapitre du 7Anc),
— I^a production du plomb en Grèce a atteint 15.9i6 tonnes,
en 1897.
Gisements de la Sibérie. — Près du lac Buïkal {Nertschinsk) ,
on exploite des galènes avec tellurures d'argent et de plomb
recoupant des calcaires et des schistes.
oioLOGie. 15
226 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Les filons et les filons-couches de Kolivan (Tomsk), situés
en général dans des roches siluriennes, dévoniennes et car-
bonifères, recoupées par des éruptions de granité, de micro*
granulite et de porphyre à augite, fournissent du plomb
et de Targcnt associés à Tor, au cuivre et au zinc. L<i gangue
est barytique et quartzeuse.
A Iméoffy dans un filon reconnu sur n40 mètres de long,
avec une puissance de 2 à 100 mètres, on a trouvé : or et
argent natifs, kérargyrite, argyrose, argent rouge, cuivre
natif, cuivre gris, chalcosine, chalcopyrite, galène, blende et
pyrite.
Gisements des États-Unis. — On trouve aux États-Unis un
certain nombre d'exemples de filons de galène argentifère
et aurifère à gangue quartzeuse, notamment à Rossie (Saint-
Lawrence) et surtout à Bingham (Utah) dans les chaînes de
Wahsatch et de O'Quirrh (Old Telegraph Mine). Le gîle de
Bingham est un filon-couche au milieu de quartzites houil-
liers avec remplissage de sulfures (galène et pyrite de fer
principalement) et avec gangue siliceuse.
Dans le Colorado, on exploite, outre les importants gise-
ments de LeadviUe (Voir p. 230), un certain nombre de filons
de galène argentifère à gangue quartzeuse avec blende, pyrite
de cuivre et de fer argentifère, et minerais d argent (filons des
monts Sherman, Broun, Republican-Leavemvorthy des comtés
de Park Frcmont, de Siimmit, de Hed-Cloud-Malvina-Americanj
du comte de Boulder (tellurures) et du district de Caribon,
U. — Gisements de plomb dans les calcaires avec piiéNOMÈNBs
DE SUBSTITUTION
Les venues métallifères qui se sont produites dans les
roches facilement attaquables ont amené dans ces roches
des imprégnations plus ou moins profondes, et il y a eu subs-
titution de la galène à la calcite. C/est le cas d'un certain
nombre de gisements qui seront passés ci-après en revue.
Gisements de l'Angleterre {Derbyshire et Cumberland), — Les
gisements anglais du Derbyshire et du Guinberland, autrefois
activement exploités, n'ont fourni respectivement, en 4897,
IllNËRAtIX EMPLOYÉS DANS LA. MÉTALLURGIE 327
que S. ISO tonnes et S. 500 tonnes de galène préparf^e. Les
filons de galène encaissés dans le calcaire carbonifère s'y
sont rapidement appauvris en profondeur.
Pio. 81. — Coupe KhJmtUque d'un friaernint ptombirire dg Derbyibirt.
Gisements de l'Autriche : Littai. — On trouve à LUlai (Car-
niole) la galène associée au cinabre à l'élat d'imprégnation
dans la grauwacke de Gaillhal. Le minerai, lantâl compact,
tantôt bréchiforme, est composé de galène, de hjpnde, de
pyrite de fer et de cuivre, et enfin de cinabre t[u'on trouve
dans des fentes. On y rencontre de nombreux rejets formés
par des failles.
On explique la formation du gîte que l'on croit d'âge tria-
sique par l'action d'une venue sulfureuse sur une couche
«Je carbonate de fer intercalée dans la grauwacke; l'acide
carbonique ainsi mis en liberté aurait donné lieu à la forma-
lion abondante de carbonate de plomb que Ton a constatée
dans ce gisement. L'exploilation ne dale que de tS78.
Quant au terrain carbonifère situé au-dessous de ce gîte, il
renferme une grande quantité de carbonate de fer,
La production de Littai a été, en 1897, de 1.320 tonnes
de plomb.
Raibl et le Bteiberg. — On trouve encore de la galène en
Autriche, à Raibt et dans les célèbres mines du Bleiberg
carinthien, dans le Villach. La galène en Itlons, à la limite
du trias et du terrain primitif, y est accompagnée de mi-
nerai de molybdène (wuirénile;.
228 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
La production du district de Raiblaété, en 1897, d'environ
1.700 tonnes de plomb.
Gisements de la Suède : Sala, — I^es mines très anciennes de
Sala sont situées au nord de Stockholm, sur la ligne ferrée
de Stockholm à Fahluu. La galène argentifère y forme des
lentilles d'imprégnation, d'épaisseur irrégulière, concentrées
dans une couche de calcaires dolomitiques anciens.
Le minerai contient de 3 à 4 0/0 de galène et 0,70 0 0
d'argcnL On trouve également à Sala, de la blende, de la
pyrite de fer, du mispickel, du sulfure d^anlimoine et de
l'argent, soit à l'état natif, soit à l'état de sulfure ou d'anti>
moniure. Le minerai est accompagné de veines de calcite.
Gisements des États-Unis. — Les États-Unis produisent
une quantité considérable de plomb, fourni surtout par
les gisements d'imprégnation. La plupart des exploitations
des États-Unis doivent leur développement à la forte teneur
en argent du minerai. On trouve la galène dans le haut
Mississipi, en fentes verticales, en filons-couches ou en
poches dans les calcaires siluriens de Trenton, qui couvrent
une vaste superficie dans le Wisconsln (Minerai Point!,
l'illinois et l'Iowa. Un certain nombre de mines de galène
argentifère se trouvent dans l'Utah (Emma mine), dans les
calcaires dolomitiques du carbonifère, au milieu des monts
Wahsatch ; mais c'est principalement dans le Nevada (Silver
State) et le Colorado, que l'exploitation des minerais de
plomb argentifères et aurifères a pris une grande extension.
On décrira ici les gisements des deux districts d'Eureka
(Nevada) et de Leadville (Colorado).
Eurêka {Nevada). — Au voisinage d'Eureka, dans des mon-
tagnes comprises entre les monts Wahsatch et la chaîne où
se trouve le Comstock Lode, on rencontre les deux districts
de Prospect-Mountain et de Ruby-Hill; les deux principales
Compagnies exploitantes sont la « Eurêka consolidated Mi-
ning Company » et la « Richmond consolidated ».
Les minerais sont contenus dans des calcaires siluriens et
surtout cambriens; des sources thermales ont rempli les fis-
sures des calcaires et ont donné lieu à des phénomènes de
substitution très développés. Au-dessus du niveau hydrosta-
tique, le remplissage est formé de galène avec del'anglésite.
MINÉRAUX EHPtXtTÉS DAKS LA KIÉTALLURGIE 329
de la cérusite et de ta wuifénile; la gangue est du fer
hydroxydé avec un peu de quartz et de calcile; au-dessous
du niveau hydroxydé, on ne trouve plus que des sulfures :
galène, blende, pyrile, etc.
Les calcaires cambriens renferment, à Prospect-Mountain
cl à Ruby-HIII, des intercalations de schistes, et reposent sur
des quartzites cambriens; ils ont subi des dislocations, qui
ont laissé subsister des fissures et qui ont facilité la circu-
lation des eaux métallifères. A la mine Eurêka, les minerais
sont surtout abondants au contact des quartzites et du calcaire
broyé; sur d'autres points, comme à Richmond Mine, les
minerais 30Qt,au contraire, disséminés dans le calcaire broyé.
Le principal minerai est du carbonate de plomb argentifère
et aurifère ; on distingue le carbonate rouge (fer hydroxydé,
anglésite, cérusite, ISO à. 2S0 francs d'or et d'argent par
230 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
tonne) elle carbonate jaune (fer hydroxydé, sulfate et chloro-
arséniate de plomb, 500 francs de métaux précieux par
tonne).
Leadville (Colorado), — A Leadville, les minerais sont con-
centrés dans le calcaire dolomitique carbonifère, qui a été
séparé des calcaires siluriens et des quartzites cambriens,
sur lesquels il repose, par une venue de porphyre gris ; le
tout est dominé par une masse de porphyre blanc, et
Tensemble de toutes ces couches repose sur une base de
granité et de gneiss. Les eaux sulfurées ont pénétré dans le
calcaire le long des fissures et Tout corrodé; des altérations
de surface ont transformé les sulfures en carbonates ou en
oxydes.
Le minerai, où prédominent le carbonate de plomb et la
galène, contient également un mélange de sulfate de fer,
d'anglésite et de pyromorphite. L'argent est rare à Tétat
natif; mais il se présente sous forme de chlorobromures et
de chloroiodures mélangés, dans les calcaires magnésiens.
L'or natif est fréquent. La gangue se compose de silice ou
de silicates (fer, manganèse, alumine).
Les trois principaux groupes miniers sont ceux de Iron
Hill, de Carbonate Hill et de Fryer Hill; ce dernier est
célèbre par la richesse en argent de ses minerais.
La production des mines de Leadville décroît rapide-
ment, et Ton prévoit Tépuisement du gîte dans un avenir
prochain.
Les mines de Leadville ont produit moins de plomb, en 1897,
que les années précédentes, parce que la baisse de Targent
a fait fermer beaucoup de mines d'argent dont les minerais
contenaient du plomb; d'autre part, les grands gisements
de plomb argentifère de Leadville sont épuisés; les anciennes
mines de Fryer, Carbonate, Iron et Rock Hills, sont fermées,
et l'Arkansas-Valley-Smelting C® alimente les fours de son
usine de Leadville avec du minerai de Gœur-d' Alêne (Idaho!-
11 existe dans le Colorado sept usines à plomb, dont deux à
Denver, trois à Pueblo, et une à Durango.
Le Colorado a produit au total, en 1897, environ 37.000 tonnes
de plomb contre 47.000 en 1896.
Vldaho a produit, en 1897, 53.000 tonnes de plomb dont
MLNÉRAOX EMPLOÏÉS DANS LA MÉTALLURGIE 231
50.676 tonnes proviennent de Cœur-d'AIène, et le reste des
mines de Wood River et autres. Les mines de Cœur-cT Alêne ont
fourni 105.000 kilogrammes d'argent; la Consolidated Tiger
and Poorman C« a produit à elle seule plus de 80.000 tonnes
de minerai ayant donné environ 15.000 tonnes de minerai
préparé.
Dans le Missouri qui a produit, en 1897, 60.000 tonnes de
minerai de plomb, les principales mines se trouvent dans le
district de Saint- François, Les minerais de la Motte con-
tiennent H 0/0 de plomb et ceux de Bonne-Terre 7 0/0
seulement; on les amène, par une préparation soignée, à
une teneur de 70 0/0.
Dans le Montana (11.800 tonnes en 1897), les principales
mines sont celles de Cumberlandj Yellowstone et Great Eastern
Jiidge,
Les mines de Magdûlena et de Kelly^ dans le Nevada^ pro-
duisent du carbonate de plomb et de la galène que Ton
traite dans les usines de la Graphie Mining and Smelting G^,
à Magdalena, et de la Gerillos Smelting G<*, à Cerillos, dans
la province de Santa-Fé.
Dans VUtah, la production des trois usines en marche,
en 1897, a été de 22.000 tonnes environ. Les minerais pro-
viennent du district de Bingham Canyon et de la mine Silvcr
King^ près de Park Gity. 11 existe, à Sait Lake City, trois
usines à plomb assez importantes : la Germania (trois fours
de 50 tonnes et deux de 100 tonnes), la Pensylvania (de même
puissance) et Tusine Hanauer (quatre fours de 40 tonnes).
III. — Gisements skdimentaires
Bien qu'il soit ditlicile de distinguer nettement, des gttes
d'imprégnation, les rares gisements de plomb sédimentaires
que Ton connaît, on peut classer dans cette troisième
catégorie certains gisements qui semblent dus au dépôt de
métaux en dissolution dans les eaux de bassins où se sont
formés des sédiments. On décrira, comme type de ces
gîtes, les grès plombifères de Commern^ de Mechemich et
de Saint'Avold (Provinces rhénanes), et on rattachera à ce
chapitre quelques notes sur divers gîtes plombifères peu
232 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
connus ou récemment découverts (Turkestan, Transvaal, etc.).
Commem [Eifel). — Près de Gommern, dans TEifel, on
trouve des grès bigarrés surmontant des couches dévo-
niennes; la partie inférieure de ces grès bigarrés est
constituée par des conglomérats et des grès noduleux
plombifères.
Les principales exploitations de grès noduleux avec galène
sont situées au Bleibergy près de Mechernich, non loin de
Cologne. Les grès métallifères blancs avec grains quartzeux
cimentés par de Targile ou du calcaire, renferment en géné-
ral de la galène, rarement de la cérusite, quelquefois du
minerai de cuivre (azurite, malachite); la teneur en argent
du plomb de TEifel est très faible : 27 grammes par 100 kilo-
grammes.
Saint-Avold. — Des gisements analogues existent près de
Sarrelouis, entre Saint-Avold et Wallerfangen; la galène, un
peu chargée de blende, est accompagnée de cérusite et de
molybdate de plomb.
Turkestan. — Dans le Turkestan, la Société russe des
Mines du Turkestan s*occupe de développer l'exploitation
des mines de plomb et de cuivre découvertes dans le
district de Taschkent.
Transvaal. — On trouve en abondance, paraît-il, dans
le Transvaal^ des minerais de plomb contenant de 300 à
450 grammes d'argent à la tonne et de 50 à 70 0/0 de plomb.
Une Compagnie (Rand Central Réduction C®) a été formée
pour leur exploitation.
Caucase, — En Russie, la Compagnie des mines d'Alagir a
obtenu la concession de mines de plomb argentifère dans le
Caucase (district de Vladskarkas),
Mexique. — La plus grande partie des minerais de plomb
du Mexique proviennent des mines de la Sierra-Mojada et
sont traités à Kansas-City. Parmi les principales mines, on
peut citer celles de Velardena et celles de Mapimi (Compania
Minera de Pe noies), qui sont reliées au Central-mexicain
par un embranchement à voie étroite de 32 kilomètres; une
de ces mines atteint 510 mètres de profondeur. Les princi-
' usines de fusion sont celles de Mapimi (Durango), de
ey, de San Luis Potosi et d'Aguas Calientes. Ia pro-
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 23^
ductioD du plomb au Mexique a été de 71.637 tonnes en 1897.
Prix du plomb. — Le prix du plomb a beaucoup varié
depuis vingt-cinq ans. Le plomb de qualité supérieure, qui
valait en moyenne à Londres 600 francs par tonne en 1873^
a valu 365 francs en 1879, 280 francs en 1884, 350 francs
en 1888, 252 francs en 1894 et 323 francs en 1897. — Le
mouvement de hausse a continué de 1897 à 1900, et, à la fin
de 1899, le plomb valait plus de 400 francs.
Prix des minerais de plomb. — La valeur des minerais de
plomb dépend du prix du plomb métal et du cours de lar-
gent, la plupart des galènes étant argentifères.
Pour obtenir la valeur d'un quintal de minerai de plomb»
il faut retrancher de la valeur du plomb et de l'argent qu'il
contient les frais de fusion, de désargen talion, d'escompte à
5 0/0 et de transport.
Soient :
M, la valeur du quintal de minerai en francs;
P, la teneur en plomb ;
K, une constante pour perte au traitement métallurgique^
qui varie de 6 à 8 ;
m, le prix du quintal de plomb métallique ;
A, le prix de l'argent ;
9, le poids de l'argent au quintal de minerai ;
F, les frais de fusion ;
f, les frais de désargentation ;
/, les frais de transports et autres.
La valeur d'un quintal de minerai sera donnée par la for-
mule :
"= 100 +Ag-F-/'-<.
Pour étudier la valeur d'un filon, on apprécie sa longueur^
son épaisseur réduite, c'est-à-dire sa valeur par mètre carré
de surface suivant le plan du filon, sa richesse en plomb et
en argent, au moyen d'essais de préparation mécanique ; on
établit enfin le devis des dépenses F, f^ t, etc. , sur la môme base.
23 i
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Pour reconnaître la valeur totale du filon au mètre carré
en un point, on fera le même calcul pour la blende et on
ajoutera les deux résultats.
On déterminera avec soin jusqu'à quel point il faudra
pousser la préparation mécanique pour que les frais de trai-
tement du minerai, augmentés des pertes en argent au lavage,
restent inférieurs à Taugmentation de valeur qui résulte
de la préparation.
On pourra donc, ]>our chaque mine étudiée, déterminer
quelle devra être l'épaisseur réduite minima nécessaire pour
qu'un filon soit exploitable avec bénéfices. On peut citer,
comme exemple, le cas des mines de Pontpéan (Ille-et-
Vilaine) où une épaisseur réduite de 5 à 6 centimètres, avec
une teneur de 52 0/0 de plomb et 1 kilogramme d'argent par
tonne, permet une exploitation rémunératrice.
PRODUCTION DU PLOMB DANS LE MONDE ENTIER
1896
France
Autriche-Hongrie
Belgique
Allemagne
Grande-Bretagne
Italie
Espagne
Grèce
Etats-Unis
Canada
Mexique
Nouvelle-Galles du Sud..
Totaux
tonnes
8.232
11.680
17.222
113.792
57.200
20.786
170.790
15.180
158.479
10.977
63.000
30.000
677.338
1897
tounec
9.000
11.100
14.800
117.761
60.000
20.500
176.000
15.946
179.369
17.698
71.637
22.000
715.811
BIBU06RAPHIE DU PLOMB ^
1870. Mussy, Ressources minérales de VAriège {Annales des Mines,
6- série, t. XVII).
1870. Blanchard, Mine de Vallauris (Cuyper, t. XXVII, p. 170).
> On n'a indiqué dans cette bibliographie que les ouvrages spé-
ciaux postérieurs à 1870. Les ouvrages plus anciens, bien que
parfois très complets, présentent un intérêt moins immédiat.
MINÉKAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIK 235
i870. Michel Lévy et Ghoulette, Champs de filons de la Saxe et de
la Bohème septentrionale (Annales des Mines^ 6* série,
t. XVIII, p. 117).
1874. Villié, Rapport sur les mines de Zell-sur-Moselle (Besan-
çon).
1875. Mines de plomb et d'argent de Przibram (Cuyper, t. XXXVIII,
p. 501).
1876. Combet, Rapport sur les mines de zinc et de plomb argenti-
fère des Arguts,
1876. LedouXf Rapport sur les mines dé la province de Carthagène.
1877. Vieiva, Mines de plomb des Pyrénées {Ar guis).
1879. Lecornu, Mémoires sur les filons de plomb du Derby shire
(Annales des MineSyV série, t. XV, p. 1).
1880. Fuchs, Rapport sur les mines de Pontpéan (à Rennes, chez
Caillot).
1880-1881. Lebesconte, tiote sur la faille de Pontpéan (Bulletin
de la Société géologique, 3* série, t. IX, p. 157).
1881. Capacci, Mines et Usines du Harz (Cuyper).
1883. Lukis, Origine des filons métallifères de Poullauen (Bulletin
de la Société des études scientifiques du Finistère, Moriaix).
1883. Garnier, Mines de Vialas (Industrie minérale, 2* série, t. XI,
p. 995).
1884. Laveieye, le Plomb aux Etals-Unis (Cuyper, t. V, p. 560).
1884. Termier, Sur les éruptions du Harz (Annales des Mines,
8* série, t. V, p. 243).
1886. Davy, Mines de Iluelgoat et de Poullaouen (Bulletin Société
géologique, 3* série, t. XIV, p. 900).
1886. Lukis, Notes sur les mines de Poullaouen (Bulletin Société
géologique, p. 909).
1886. Stuart-Menteath, Gt/e« métallifères des Pyrénées occidentales
(Bulletin de la Société géologique, 3' série, t. XIV, p. 587).
1887. Blanchard, les Mines de plomb argentifère de Bottino, près
de Serravezza, en Toscane (Bulletin de la Société de l'indus-
trie minérale de Saint-Etienne, 3* série, t. I, p. 201).
1892. Lodin, Etude sur les gîtes métallifères de Ponlgibaud
(Annales des Mines, 9* série, t. I, p. 389).
1893. F. Desquiens, Laverie des mines de plomb argentifère de
Bouillac dans VAveyron (Génie civil, t. XXII, p. 202, avec
planches).
1893. N. de Filkowitch, Note sur les mines de plomb argentifère et
de blende de Sadou dans le Caucase (Génie civil, t. XXIII,
p. 393).
1894. Winslow, Lead and zinc deposite (Geological Survey).
1896. Czyszkowski, Les Venues métallifères de V Espagne,
1898. Bourbon, Note sur un filon plombo-auro-argentifère de Ville-
vieille (Puy-de-Dôme).
236 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
LE ZnfC ET SES MINERAIS
Propriétés physiques. — Le zinc est un métal d*un blanc
bleuâtre, cassant et à texture cristalline, devenant, entre 100
et 130^, ductile et malléable, ce qui permet de le laminer en
feuilles minces. Densité = 6.87, pouvant s'élever à 7.2 par le
martelage ou le laminage. Le zinc fond vers 410*. A 1040*», il
pntre en ébullition, s'enflamme et brûle, en produisant une
flamme blanc bleuâtre éclatante, d'où s'écbappent de légers
flocons blancs d'oxyde infusible qui se répandent dans Tair.
D'une mollesse particulière, le zinc encrasse la lime.
Propriétés chimiques. — Le zinc est très peu altérable à
froid dans Fair sec ; il se recouvre, dans Tair humide, d'une
rouche d'hydrocarbonate d'oxyde de zinc qui, peu épaisse
ot imperméable, préserve des altérations, le reste du métal.
Mis en.contact avec un métal comme le cuivre ou le plomb, il
décompose rapidement l'eau acidulée d'acide sulfurique; il
Si" produit alors de l'hydrogène et du sulfate de zinc.
Usages. — La possibilité de le réduire en feuilles très
minces et sa densité comparativement peu élevée ont fait
préférer le zinc au plomb pour la couverture des toits. On
emploie également le zinc pour les gouttières, les baignoires
et quantité d'ustensfles; mais il doit être exclu de certains
usages domestiques, car il forme, avec les acides, des sels
vénéneux. Il compose généralement l'élément électro-positif
des piles industrielles. Beaucoup d'objets en fer, et particu-
lièrement les fils télégraphiques, sont recouverts de zinc et
protégés contre la rouille au moyen d'une immersion dans
un bain de ce métal (galvanisation).
Alliages. — Le zinc forme avec le cuivre, seul ou uni à
d'autres métaux, de nombreux alliages dont les principaux,
bronze, laiton, maillechort, ont été indiqués au chapitre du
Cuivre. Il faut citer encore les alliages très durs employés
pour les locomotives et composés de : cuivre, 6,10; zinc,
62,64; étain, 11,32; plomb, 19,94; les soudures fortes,
fusibles à divers degrés, et les poudres à bronzer pour peintres.
H entre \ 0/0 de zinc dans les monnaies de billon. Enfin,
<v
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 237
le zinc employé pour certaines piles est amalgamé et
assure ainsi de la durée aux éléments et de la régularité au
courant.
Oxyde devine. — L'oxyde de zinc est employé en peinture,
sous les noms de blanc de zinc et de blanc de neige. Délayé
dans Thuile de lin rendue siccative, il remplace avantageu-
sement la céruse pour la peinture de Tintérieur des appar-
tements. Employée au dehors, la peinture au blanc de zinc
est peu résistante ; mais, en délayant Toxyde de zinc, addi-
tionné d'un peu de carbonate de soude, dans une dissolution
à 58® Baume, de chlorure de zinc, on obtient une peintur<'
solide, séchant rapidement et couvrant autant que la céruse
La préparation de la peinture à Toxyde de zinc, qui ne
noircit pas sous Tinfluence des vapeurs sulfhydriques, ne
fait courir aux ouvriers aucun des dangers résultant de
remploi de la céruse.
Sulfure de zinc. — On emploie quelquefois, pour rempla-
cer la céruse, un mélange de sulfure de zinc et de sulfuro
de baryum.
Chlorare de sine. — Le chlorure de zinc est extrêmement
avide d'eau. Mélangé à du sulfate de zinc ou à du sulfate de
baryte avec de la fécule, il forme un stuc très solide.
Sulfate de zinc. — Le sulfate appelé vitriol blanc ou cou-
perose blanche est employé dans la peinture et dans la tein-
ture des indiennes; on s'en sert aussi pour rendre les huilos
plus siccatives.
MINERAIS DU ZINC
Les deux principaux minerais du zinc sont la calamine et
la blende.
On donne dans l'industrie le nom de calamine à des mine-
rais qui sont, en réalité, composés d'un mélange de calamine
ou hydrosilicate de zinc (H^Zn^SiO'») et de smitksonite ou
carbonate de zinc. La calamine est un minerai superficie
dont le traitement est beaucoup plus facile que celui dei
la blende ; malheureusement, la calamine est par cela même
beaucoup moins abondante que la blende ou sulfure de
238 GÉOLOGIE APPLIQUÉS
zinc. La blende cristallise en cubes, mais il en existe une
variété hexagonale appelée wurzite. Ce minerai est d'un trai-
tement plus difficile et plus onéreux que la calamine, car il
doit subir un grillage préliminaire, destiné à oxyder le zinc
qu'il renferme.
Parmi les autres minerais de zinc, beaucoup moins abon-
dants, on peut citer la zincite (oxyde de zinc, ZnO), la zinco-
nise ou calamine terreuse (hydrocarbonate de zinc, H^ZnH^O'*)
et la franklinitey sorte de sp in elle de fer, de zinc et de man-
ganèse f(Zn.Fe.Mn) (FeMn)»0*] tenant de 10 à 25 0/0 de zinc,
alors que les teneurs en zinc sont de 80,2 0/0 pour la
zincite, de 66,9 0/0 pour la blende, de 53,7 0/0 pour la cala-
mine et de 52 0/0 pour la smithsonite. La willemite (silicate
de zinc), \agoslarite (sulfate de zinc) (H*'»ZnSO^*) et Vadamine
(arséniate de zinc) (H^Zn^As'O*®) sont des minéraux relative-
ment rares.
GISEMENTS
On trouve la blende tantôt dans des filons, tantôt dans des
couches sédimentaires, seule ou associée avec de la galène.
L'âge des filons est très variable : les importants filons du
Cornwall et de la Sardaigne sont post-siluriens; ceux des
Rormettes, dans le Var (blende et galène argentifère), sont
probablement triasiques; ceux de Sakamody (Algérie) et de
Santander (Espagne) sont post-crétacés. D'autre part, parmi
les gîtes de zinc srdimentaires, on trouve : dans les gneiss,
ceux d'Arameberg (Suède) ; dans le permien, ceux de la
province de Carthagène (schistes micacés avec lentilles de
blende); dans le trias, les blendes de Silésie, dont la croûte
superficielle s'est décomposée en calamine.
Géogénie. — La formation des gttes filoniens semble due
au dépôt de sulfures métalliques, maintenus en dissolution,
s^vàvc h la présence d'un acide ou de sulfures alcalins en
excès. Les eaux acides ont également eu une part dans la
formation des gîtes sédimentaires de la blende : beaucoup
de ces gîtes sont des gîtes de substitution formés par la pé-
nétration, dans des bancs calcaires, de la blende qui s'est
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 239
souvent changée en calamine. C'est dans les calcaires que
Ton rencontre les gisements de calamine; la transformation
du carbonate de chaux eu calamine s'est faite soit directe-
ment, soit par suite de la pénétration du sulfure de zinc
dans le calcaire et de sa transformation en calamine, sous
rinfluence d'eaux superficielles. 11 est rare cfu^un gisement
calaminaire ne se transforme pas eu amas de blende à une
certaine profondeur; aussi paraît-il rationnel d'attribuer la
formation de la calamine à l'action d'eaux superlici elles qui,
à une époque relativement récente, ont pénétré dans les
calcaires blendeux datant d'une époque ancienne ; le sulfate
de zinc, dissous avec un excès d'acide sulfurique, a donné
lieu à un phénomène de double décomposition ; il s'est ainsi
formé de la calamine que les eaux ont entraînée. Le zinc
a dû être emprunté comme le cuivre et bien d'autres métaux
à des fumerolles de roches à l'état igné.
Les gisements de zinc paraissent être d'un âge intermé-
diaire entre celui dos gisements de cuivre et celui des gise-
ments de plomb.
On examinera ici successivement les principaux gisements
filoniens de zinc et quelques gîtes sédimentaires que Ton
énumérera autant que possible suivant leur ordre d'impor-
tance, en étudiant, aussitôt après les gisements français, les
mines célèbres du Laurium et de laSardaigne.
Gisements de la France {Ardèche et Gard). — Le long de la
limite sud-est du Plateau Central se trouvent un certain
nombre de gisements de zinc, parmi lesquels on doit citer
ceux d'A/ais, de Saint-Laurcnt-le-Minier et des Malines dans
le Gard, de Merr/lon dans la Drôme, et de Saint-Cierge dans
l'Ardèclie. La seule de ces exploitations qui soit prospère est
celles des Malines; les anciennes usines ont été transportées
en Belgique, et il n'existe plus dans la région que deux
usines appartenant à la Société de la Vieille-Montagne et
situées dans l'Aveyron, l'une a Viviez où l'on traite des mine-
rais importés de Laurium ou de Sardaigne, l'autre à Panchot
où sont les ateliers de laminage.
Le gisement des Malines près Saint- Laurent-le-M in ier (bajo-
cien) comprend un grand filon dit de Castclnau (blende,
galène, pyrite avec barytine), qui recoupe des calcaires sur-
-2*
240 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
inonlés par les dolomies des Matines et affleure sur 500 mètres
de longueur; ce gisement comprend, en outre, une série
d'amas situés au voisinage des Avinières dans les dolomies de
Toolithe inférieure ; le minerai, riche en zinc, plomb et argent,
comporte des calamines d'espèces variées avec de la blende, de
la galène ^ de la smilhsonite, de ï hydrozinc ite, etc.. L'exploi-
tation de ce gisement est très prospère.
En 1895, le département de TArdèche a fourni 410 tonnes de
galène argentifère brute et 13 tonnes de blende et galène triées.
I^ même année, le département du Gard a fourni
36.000 tonnes de minerai de zinc (calamine et blende plom-
beuse) et 930 tonnes de galène argentifère.
On peut citer, pour mémoire, les gisements des Avinières
et de Mas RigcU (gîtes de substitution et d'imprégnation de la
calamine dans les dolomies du lias), de Maudesse (blende dans
les dolomies quartzeuses de rinfralias], de Fons-Bouillans, du
Mas de Beaugis, du Mas la Combe et de la Coste Durfort. Ces
gisements sont pour la plupart abandonnés ou près d'être
épuisés.
Groupe d'Alais, — Les gisements formant le groupe d'Alais
proprement dit (infralias) sont ceux de Clairac (blende et
galène dans des calcaires noirs siliceux liasiques), de Clar-
pont près de Bessèges (blende et calamine), de Cendras, de
Vallières (amas de blende, calamine et galène, et filons re-
coupant des calcaires liasiques), et de Koiisson, près de
Salindres. Tous ces gîtes, peu ou pas exploités, renferment ou
ont renfermé des minerais en général pauvres, de composi-
tion très irrégulière et contenant de la barytine, qui pro-
duit du sulfure de baryum, d'où usure rapide des creusets
employés pour le traitement du minerai.
Drôme. — A Merglon {Drame) on exploite, dans des marnes
et des calcaires oxfordiens formant la montagne de Piémont,
des poches de minerai peu importantes et un grand lilon
formé d'amas successifs de carbonate de zinc.
La production du département de la Drôme a été de
4.500 tonnes de calamine, en 1895.
Gisement du Laurium (Grèce). — Dès la plus haute anti-
quité, les gîtes du Laurium fournissaient du plomb et de
l'argent. Aujourd'hui ils sont exploités par une Compagnie
MINÉRAUX EUPLOVÉS DANS LA MÉTALLl'BGIE
m
françaUe fondée en 187S et par une Société grecque qui
traite les amas des scories argentifères abandonnées par les
anciens exploitants. 1^ Compagnie française possède, outre
de nomlireux fours de c&lcination pour la calamine, plusieurs
ateliers de préparation mécanique et une usine à plomb.
M «Dj» Ttrliule d'nii (liloE du LanriiiD.
Sur une base de granile reposent, au Laurium, des bancs
alternés de schistes pliylladiens et de calcaires saccbarolde» ;
(anIAt la séparation des couches est nette; tantôt, au con-
traire, il y a pénétration des schistes dans les calcaires, ou
inversement. De nombreux plissements ont, d'ailleurs, bou-
leversé ces terrains, et l'on trouve en maints endroits des
nions d'une roche eurilique décomposée, renfermant des
proportions variables de cuivre.
242 GÉOLOGIE APPLIQDÉE
On distingue au Laurium deux catégories biea distinctes
de gîtes :
1<* Les amas interstratifiés à la surface de contact des
schistes et des calcaires, surtout au contact des schistes
inférieurs ;
2<* Les filons ou griffons qui traversent les calcaires et
quelquefois les schistes sous la troisième couche de contact.
Les griffons des contacts supérieurs ne contiennent que de
la calamine avec des vides dans le calcaire ou dans Tamas
calaminaire. Au troisième contact, on trouve, au contraire,
des amas de galène entourés d'un dépôt ferrugineux, puis
d'une gaine de calamine.
Le minerai est arrivé sans doute à Tétat de sulfure ; le cal-
caire attaqué a donné lieu à une formation de gypse et de
calamine.
Les calamines sont ordinairement pauvres à la surface, où
elles se présentent sous la forme d'un calcaire blanchAtre
ou d'une roche feuilletée grise. Les minerais du troisième
contact sont beaucoup plus purs et tiennent de 60 à 63 0/0
de zinc (minerai calciné); on les trouve en roches dont
l'aspect rappelle la meulière, ou en feuillets blancs com-
pacts. On peut croire que la formation de ces gisements est
due à l'action incrustante d'un liquide minéralisaleur, vena
de la profondeur, sur des calcaires situés sous les bancs
imperméables de schistes du troisième contact, ce qui
explique que ce contact soit seul exploitable. En cfTet, la
minéralisation des calcaires des contacts supérieurs n*a pu
avoir lieu que grâce au passage du liquide minéralisateur
à travers les schistes; le liquide est donc arrivé dans ces
calcaires notablement appauvri.
Si l'on appelle P le prix de vente ; p, le prix du zinc brut
au cours du Jour, et 2, la teneur en zinc pour 100 du mi-
nerai marchand, on a pour le prix de vente de la calamine
au Laurium :
P =zO,np{Ofiz — I) — 65».
> La constante 65 représente les frais de transport à l'usine et de
traitement. Le facteur 0^95 tient compte d'un bénéfice de 3 0/D
BIINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 243
Le prix de revient varie avec la profondeur d'extraction,
la teneur du minerai et la perte à la calcination. On peut
compter sur un prix de revient (frais généraux compris)
de 18 fr. 90 sur le carreau de la mine pour une tonne de
minerai calciné à 75 0/0 ; pour le minerai à 25 0/0, ce prix
de revient s'élève à 46 fr. 50 environ, à cause des frais de
triage qui sont plus considérables.
En 1896, la production des mines du Laurium a été la
suivante :
Plomb argentifère 7.822 tonnes
Minerais de zinc 27.163 —
Minerais de fer manganésifères.. 73.549 —
Minerais divers 9.807 —
Total 118.341 tonnes
Gisements de la Sardaigne. — Iglesias. — En Sardaigne, c'es
dans les calcaires siluriens de la province d'Iglesias que se
trouvent les gisements principaux de zinc et de plomb. Les
filons de galène argentifère et de blende se présentent soit
isolés, soit accompagnés d'amas calaminaires au contact des
calcaires et des schistes. Les gîtes contenus dans les schistes
sont trop minces pour être exploités; ceux des calcaires sont
beaucoup plus puissants et se distinguent en filons propre-
ment dits, de facture ou de contact, et en amas de cala-
mine.
Dans les filons on observe très nettement, en Sardaigne
l'existence de colonnes riches et une diminution de la
teneur en argent, concurremment avec l'augmentation de la
blende, en profondeur; les carbonates et les silicates riches
assuré au fondeur ; et le facteur 0,8, d'une perte moyenne de
20 0/0 au traitement.
Quand il s'agit de blende, la formule devient :
P= 0.95/) (0,82 — 1)— T,
T représentant les frais de transport à Tusine et de traitement, qui
sont très variables.
241 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
(calamine) sont, au contraire, voisins de la surface, sans
cependant affleurer.
Montevecchio. — - A 30 kilomètres au nord d'Iglesias, les
trois (lions de galène argentifère et de blende de Monte-
vecchio recoupent les schistes et les grauwackes siluriens
qui enveloppent les granités d'Arbus. Le seul filon exploité,
qui a 60 mètres de puissance, comporte au toit et au mur
deux veines minéralisées renfermant huit puissantes lentilles
de galène, tenant 80 0/0 de plomb et 800 grammes d'argent
à la tonne ; la teneur en argent diminue eiK profondeur,
tandis que la teneur en blende augmente.
Monteponi. — Les Carthaginois, les Romains et les Espa-
gnols ont successivement exploité la mine de Monteponi
(au sud-ouest dlglésias), qui fournissait de la galène et de la
calamine. La Société actuelle de Monteponi lave les menus
abandonnés de ces anciennes exploitations.
Les autres gisements de zinc de la Sardaigne se trouvent à
San Benedetto (San Giovanni), à la Duchessa, à Malacalzetta
et à Nebida.
Malfldano, — La Société de Malfidano exploite les gîtes
de Malfidano^ de Caltas^ de Planu-Sartu et de Genna-Arenas.
A Planu-Sartu, cinq veines principales de calamine sont
interstratifiées dans une falaise de calcaires de 100 mètres de
hauteur ; on rencontre aussi des bancs alternés de calcaire
et de calamine compacte ou lamelleuse tenant de 40 à 50 0/0
de zinc. Une couche de minerai de fer et un puissant Alon
de galène quartzeuse sont interstratifiés dans des calcaires,
comme la calamine qui renferme de nombreuses mouches
de galène.
A Caïtas, il existe une masse considérable de calamine
pure. A Malfidano, on trouve, au contraire, une suite d'amas
de calamine blendeuse affleurant au fond d'un ravin ; le
long de ces amas, règne une faille très longue remplie d'une
brèche argilo-calcaire. Le minerai se présente en colonnes
coniques orientées la pointe en bas. L'amas principal de
Malfldano, qui a 80 ou 100 mètres de longueur et 13 à
20 mètres de hauteur, est i^coupé par des filons de galène
quartzeuse ou carbonatée. La blende augmente rapide-
ment en profondeur, ainsi que la galène. L'épaisse couche
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 2^5
d'alluvions, qui couvre le fond de la vallée, fait croire qu*il
existait autrefois en cet endroit un lac dont les eaux ont
joué un rôle dans la formation de la calamine.
On peut citer pour mémoire les gites de Sedda^Cherchi, de
CucurU'Taris et de Planu-Dantis (au contact des schistes et
des calcaires siluriens).
Production de l'Italie, — L*ltalie a produit, en 1897,
422.000 tonnes de minerai de zinc, provenant presque
entièrement des mines de la Sardaigne.
Gisements de V Allemagne. — En Allemagne, le long du Rhin,
on trouve un certain nombre de gisements de zinc, soit
dans le permien, dans les environs d'ôsnabruck ou de Muns-
ter, à Kumper, Holtkamp et Overmeier (minerais de zinc et
de fer dans la dolomie du zechstein), soit dans le trias où
Ton rencontre les calamines de Wiesloch, avec galène, blende
et cadmium, intercalées dans les calcaires du muschelkalk.
La puissance des couches de minerai atteint 7 mètres sur
des longueurs de 600 à 700 mètres, pour le plus grand
dépôt, et de 140 mètres pour le plus petit (sur 70 mètres
do largeur).
Prus-ie Rhénane. — Les deux groupes de gisements de zinc
de la Prusse Rhénane sont exploités par la Société de la
VioiUe-Montagne. L'un des groupes (Bensberg) est situé au
coulact des calcaires de TEifel avec les schistes dévoniens
(Loiine Schiefer); l'autre groupe (Siebengebirg) est situé
dans les schistes, grès et grauwackes à spirifères du coblent-
zien, séparés des schistes et psammites bariolés de Moresnet,
par les schistes de Wissembach. A AUgliichy dans le groupe
du Siebengebirg, le minerai à gangue quartzeuse est formé
de blende avec un peu de galène. A la partie riche, qui se
tniuve dans lagrauwacke, succèdent rapidement des veinules
pauvres, dès que le filon pénètre dans les schistes.
Dans les régions de TEifel et de la Moselle, à Silbersand
(coblenlzien), on a exploité un tilon de blende et de galène
qui s'enrichit au point d'intersection avec un croiseur rempli
de minéraux arsénieux et antimonieux.
On exploite des filons de blende dans le lenneschiefer à
Overaih, Immekepel et AUenbruck.
D'autres filons de blende, situés dans les granités et les
246 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
gneiss, sont exploités à Wiesbaden et à Arnsherg, sur le Rhin,
î\ Schônau et à Freiberg, en Saxe, etc.
D'autres gisements de zinc sont exploités en Allemagne
dans le calcaire carbonifère : calamines de Nérins et d'Eupen
près d'Aix-la-Chapelle, blendes de Busbach, d'Hassenberg^
de Walheim, de Wathorn, etc., sur la rive gauche du Rhin.
Silésie. — Le bassin de la haute Silésie (cercles de Tar-
nowitzet de Beuthen), situé sur la frontière de la Russie, de
TAutriche et de TAllemagne, comprend de nombreuses mines
de zinc et de plomb dont les minerais sont traités surplace,
grâce à l'abondance du combustible.
Les principales mines de zinc sont celles de Neue Hélène^
Wilhelmsglûcky Samuelsglûck, etc., en Prusse (cercle de Beu-
then). La galène que Ton extrait des mines de zinc est vendue
aux mines de l'Etat (Friedrichsgrube à Tarnowitz), dont les
usines de traitement sont : Friedrichshûtte, à Tarnowitz, et
Walter Cronek, près de Rosdzin. Les minerais de calamine
pure sont épuisés, et on ne traite que de la blende ou des
mélanges de blende et de calamine ; la teneur moyenne est
de 20 0/0 aux fours ; mais la présence du fer et du plomb
détériore les creusets, qui se percent rapidement. Les varia-
tions de densité rendent la préparation mécanique difficile.
Le muschelkalk, compris entre le grès bigarré etlekeuper,
comprend à sa partie inférieure un lit de dolomie renfer-
mant les minerais de zinc, de plomb et de fer, surtout près
des affleurements; en profondeur, on ne trouve que des sul-
fures. Le mur est constitué par du calcaire (sohlenkalkstein),
et le toit par de la dolomie stérile. Le bassin affecte la forme
d'une cuvette elliptique ayant de 2 à 4 kilomètres entre
Beuthen et Scharley (S.-N.) et 22 kilomètres de Michowili
à Czelads (O.-E.). On trouve successivement, en partant des
affleurements, de l'hématite brune, puis de la calamine
blanche reposant sur le sohlenkalkstein et à laquelle
succède de la calamine rouge; au delà, la blende apparaît
et devient de plus en plus abondante, jusqu'à ce qu'elle
reste seule avec de la galène et de la pyrite.
La calamine blanche forme des petits amas allongés ou
glanduleux; sa cassure est quelquefois schisteuse. La cala-
mine rouge, formée d'un mélange de limonite zincifère et
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 247
de dolomie avec cénise et galène, forme une couche dont la
puissance atteint jusqu'à 15 mètres; la teneur du minerai
varie de 10 0/0 à 45 0/0.
La galène, dans le district de Scharley, tient 3 0/0 de
plomb (minerai préparé).
Dans ces gisements, les eaux superficielles ont transformé
les sulfures en sulfates qui se sont précipités, soit comme
celui de zinc, par substitution immédiate au calcaire à
Tétat de calamine, soit comme celui de fer, après entraîne-
ment vers la surface où il s'est transformé en hématite.
La production des mines de zinc situées sur le territoire
de TEmpire d'Allemagne a atteint 664.000 tonnes en 1897,
en diminution de près de 70.000 tonnes sur Tannée 1896.
Gisements de l'Espagne. — On exploite en Asturie, dans les
provinces de Guipuzcoa et de Santander, d'importants amas
de calamine, intercalés dans un calcaire crétacé. A Kécocia^
la Nestosa, Udias, Comillas, etc., le minerai est de la smith-
sonite blanche avec de la zinconite et du silicate de zinc. En
profondeur, on trouve de la blende en rognons ou en boules
avec de la barytine.
Dans les Picos de Europa (districts d'Andara et d'Aliva) il
existe, dans le calcaire carbonifère, des gisements très éten-
dus de calamine, soit blanche et translucide, soit opaque et
ressemblant à du calcaire; on y trouve également de la
blende en rognons dans des argiles superficielles.
La production des minerais de zinc, en Espagne, a
atteint 74.000 tonnes en 4897, dont 40.000 environ ont été
exportées.
1^ Société royale asturienne a extrait 20.000 tonnes des
mines de Réocin, et 7.200 tonnes des mines de la Florida et
de Udias.
Gisements de la Suède (Ammeberg), — La Société de la Vieille-
Montagne exploite en Suède, dans le gouvernement d'Orebrô,
près du lac Wettern, les mines de zinc d' Ammeberg ^ dont les
minerais sont transportés et traités dans les usines conti-
nentales de la Société.
On trouve à Ammeberg la blende en lentilles, à l'état d'im-
prégnations dans un gneiss schisteux (hâlleflin ta) rubané,oii
elle est mélangée à du feldspath et à du quartz. Les lentilles
248 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
sont irrégùlières et minces, mais s*étendent à une profondeur
de 200 mètres ; leur épaisseur autour des centres d'exploi-
tation de Nygrufva et de Knalla varie de 8 à 13 mètres-
La teneur moyenne est de 43 0/0 de zinc et de 5 à 7 0/0 de
galène. Au-dessous d'une teneur de 20 0/0, le minerai n'est
plus exploitable. On l'extrait au moyen de galeries pratiquées
dans le hâlleflinta, qui est très résistant. Une grande galerie
d'écoulement de 4.000 mètres de longueur a permis d^assécher
le gîte jusqu'à 225 mètres de profondeur ; des pompes épuisent
l'eau des couches inférieures. L'atelier de préparation mé-
canique d'Ammeberg peut traiter 40.000 tonnes de blende et
de galène par an.
La géogénie du gîte d'Ammeberg est difficile à établir :
les veines de blende suivent, en général, tous les accidents
de la schistosité des roches encaissantes dont elles ont rempli
les vides. Le dépôt blendeux semble être postérieur aux
schistes et aux grès, qui ont été métamorphisés en gneiss
après plissement.
On rencontre, à Ammeberg, de puissants filons de granulite
qui recoupent l'amas blendeux et les gneiss auxquels ils sont
postérieurs.
En 1897, les mines de la Suède ont fourni 66.600 tonnes de
minerai de zinc.
Gisements de la Russie. — En Russie, on a trouvé des gise-
ments de blende dans le gouvernement de Kutaïs, à Tschia-
tury.
Les mines de Boleslaw (Société de Sosnowice) ont
produit, en 4897, 19.250 tonnes de calamine (silicate et car-
bonate) ; et celles de l'État, 27.600 tonnes. Les usines de
l'État, gérées par Dervis Pomeranzow et C«, et celles de la
Société de Sosnowice (usines Paulma) ont produit : les pre-
mières 2.930 tonnes, et les secondes 3.330 tonnes de zinc
métallique.
A Boleslaw, dans la Pologne russe, au voisinage des gise-
ments de Silésie, on exploite une colline de dolomie impré-
gnée de calamine d'une manière irrégulière; le gite est d'une
teneur faible ; mais il est très étendu ; on y trouve de la
blende et de la galène en veines complexes.
Gisements de la Belgique. — Le gîte de zinc et de plomb de
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 249
Moresnet, connu sous le nom de la Vieille-Montagne, fait partie
d'une série de gisements répartis le long d*une sone comprise
entre Philippeville et Aix-la-Chapelle. La formation de ces
gisements est, sans doute, due à Faction d'eaux thermales
sur des calcaires compris entre des terrains moins per-
méables (grès et schistes) ; ces calcaires imprégnés auraient
subi ensuite un métamorphisme superQciel. Les eaux ont
pénétré, par des fractures, jusqu'aux divers gîtes. Tantôt les
fractures sont stériles (dans le houiller et les schistes), tantôt
elles sont minéralisées, comme au Bleiberg (dans les calcaires).
L'amas de Welkenraedty près d'Aix-la-Chapelle (250 mètres
de longueur), est un amas de substitution, très incliné et très
plissé, situé sous des schistes houillers imperméables (comme
(iu Laurium) et au toit du calcaire carbonifère auquel le mine-
rai s'est substitué. La calamine, qui occupe la partie infé-
rieure du gisement, est recouverte de minerai de fer ou
d'argile avec hématite; à la partie supérieure on trouve, près
des schistes, de la blende, de la galène et de la pyrite à
l'état de rognons et de veines dans de l'argile noire; cette
partie sulfurée forme le toit du carbonifère sur plus de 2 kilo-
mètres au-delà do la zone calaminifère.
Philippeville. — A Philippeville, les inclusions de blende
et de galène s'étendent sur près de 4 kilomètres de lon-
gueur, dans des calcaires compris entre les phyllades et les
calcaires du dévonien.
VleillerMontagne. — A la Vieille-Montagne (Moresnet), la
calamine occupe la partie Nord d'une cuvette formée de
calcaire carbonifère intercalé entre des calcaires dolomitiques
(toit) et des schistes dévoniens ; on constate, dans ces schistes,
une épaisse couche d'intercalation de doloniie quarlzeuse.
Le calcaire dolomitique du toit est compact; il n'en est pas
de même de la dolomie quartzeuse du mûr, qui est poreuse
et qui laisse passer des eaux d'infiltration, très gênantes
pour l'exploitation.
Le gîte de Moresnet est divisé en deux amas (Nord et Sud)
par une intercalation de calcaire dolomitique. La calamine
qui remplit le gîte est un mélange de carbonate et de silicate.
La production des mines situées sur le territoire belge
a été, en 1897, de 11.000 tonnes de minerai de zinc.
250 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Gisements de l'Angleterre. — En Angleterre, on exploite ta
i^alamine dans le calcaire carbonifère à Minera (Denbighshire)
^t à Neuthead (CumberlaDd).
Les deux districts du Denbighshire et du Cumberland ont
fourni, en 1897, environ 9.000 tonnes de minerai de liDC
(rendement moyen, 35 0/0 à la fonderie).
Gisemenls des Alpes. — On trouve dans les terrains permo-
triasique» de nombreux gisements de ïinc, qui seprésenteol
sous la forme de filons complexes dans les schistes, d'impré-
gnations dans les grès et d'amas calarainaires dans lea
calcaires.
Un certain nombre de ces gisements sont situés dans lea
Alpes ; lea plus connus sont ceux de RaM en Carintbie, du
Bteiberg Carinthien et de Villach.
Raibl (Carinthie). — A RaibI,
les gîtes de galène et de blende
se trouvent dans une dolorate
située sous des schistes mamo-
argileux.Cesgltes, qui forment
de petites poches en chapelet
le long des failles, sont cons-
titués par des noyaux de dolo-
mie entourés de galène, puis
de blende. Les gîtes de cala-
mine sont des produits de
substitution à des calcaires,
le long des fentes. La cala-
mine est du carbonate rouge
anhydre nu blanc hydraté.
Ces minerais sont traités à
Cilli et à Sagor [ligne de Uy-
bach & Marbourg).
Tyrol {Slersing). — Le glle
^ ,, „ ,. . ^ , „ i^, de blende de Sterzing, dans
(d-.!.r#. iwpïy). ie Tyrol, peut être rapproché
1.B.I*i..:!.bL.nde^ï^.j.^By.u*iiio1eii.le jg gg|„j ^'Ammeberg. On y
trouve, interstrntilié dans les
micaschistes, «n nmas blendfux, mélangé à de la galène,
avec des pyrites de fer et de cuivre et du fer magnétique.
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 251
Ponte di Nossa, — Près de Bergame, les gisements de Ponte
di Nossa (Premolo, Dossena, Gorno, etc.) renferment de la
calamine incluse dans des poches et des fractures de cal-
caires doloraitiques (trias) intercalés sous un lit de schistes
entre les calcaires de Dachstein et les dolomies de Raibl.
Gisements de V Algérie. — Parmi les gîtes de zinc exploités
en Algérie dans la chaîne du petit Atlas, les principaux sont
ceux de Sakamody (blende cimentant une brèche de débris
de schistes) et de Guerrowna (blende et galène dans une
gangue chargée de sulfate de baryte et de fer spathique). La
production des diverses mines de l'Algérie a été, en 1897, de
i 7.600 tonnes de minerais de zinc.
On peut citer pour mémoire les gisements de Hammam-
N'bails (calcaires nummuliliques),dans la province de Cons-
tantine, et ceux de Gharho, de Sidi Dayem^ etc., analogues
à ceux de Guerrouma.
Gisements des États-Unis. — La production du zinc s est
beaucoup développée depuis quelques années, aux États-
Unis. Les principales régions productrices sont le KansaSy
le Missourif VlUinois et VIndiana, qui comprennent quatorze
usines dont les principales sont : la Nevada Spelter G*", à
Nevada; la Balmer Smelting C« et la Robert Lanyons sons
Spelter C», à lola; la Empire Zinc C°, à Joplin; la Cherokée
Lanyon Spelter G'», à Rich Hill ; et la Swansea vale Zinc G«, à
Sandoval. L'exportation du minerai en Europe augmente
également et porte principalement sur les minerais riches de
New-Jersey préparés par le procédé Wetherill et sur ceux
du district de Joplin (Missouri), achetés par les fondeurs
de Swansea (Angleterre). De nouvelles usines ont été établies
récemment dans les districts de Galena et de Joplin.
BIBU06RAPHIB DU ZING
1859. Parran, Gîtes de zinc du Gard {Annales des Mines^ 5* série,
t. XV, p. 47).
1863. Le gîte calaminaire de la Vieille-Montagne (Bulletin de la
Société géologique^ t. XX, p. 311).
1868. Blende d^Ammeberg {Cuyper, t. XXII, p. 421).
1872. Ledoux, Le Laurium {Revue des Oeujr Mondes^ février).
252 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
1876. Laur, Les Calamines [Industrie minérale, 2* série, t. V, p. 275
et 413).
1879. Oppermann, Sur la préparation mécanique des minerais de
zinc à Ammeberg {Annales des Mines, 7* série, t. XI,
p. 261).
1880. Csziskowski, La blende dans les Pyrénées orientales et la
région du Canigou {Industrie minérale, t. II, p. 8 et 369). —
1881. De Bêche vel, Sur V industrie du linc en Silésie (Mémoire
manuscrit à TÉcole des Mines).
1883. Simonet, Le Laurium, Etude sur les dépôts métalliques (Bul-
letin de la Société de l'Industrie minérale, 2* série, t. II,
p. 64i).
1884. Béco, Zinc et cuivre aux Etats-Unis {Cuyper, t. Il, p. 129).
1885. Dieulafait, Explication de la concentration des minerais de
zinc dans les terrains dolomitiques {Comptes Rendus, t. G,
p. 815, Paris).
1885. Pelié, Sur le zinc en Silésie (Mémoire manuscrit à TËcole
des Mines).
1892. G. De Launay, Histoire de V Industrie minière en Sardaigne
{Annales des Mines, 9* série, t. I, p. 511).
1897. M. Bernard, Note sur le gisement de la Caunetle et sur le
traitement de ses minerais {Annales des Mines, 9* série.
t. XI, p. 597).
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLCRG1E 253
L'ÉTA» ET SES MQISRAIS
Propriétés phyiiquet. — L'étain est un métal blanc ;
quand il est pur, son éclat rappelle celui de Targent.
Frotté, il dégage une odeur désagréable de marée. Sa
ténacité et son élasticité sont faibles, sa texture est solide et
cristalline; il est très malléable et peut être réduit en feuilles
minces sans s'écrouir; c'est le plus fusible des métaux usuels
(228®). Il n'est pas volatil, et il cristallise en refroidissant;
il est assez mauvais conducteur de la chaleur et de Télectri-
cité. Densité = 7,3 ; chaleur spécifique = 0,05623.
L'étain est flexible ; il fait entendre, lorsqu'on le courbe,
un craquement caractéristique appelé «< cri de Tétain », qui
semble dû au frottement de cristaux les uns contre les
autres.
Propriétés chimiques. — L'étain à froid ne s'altère que
très peu à l'air ordinaire, et, au contact des acides, il ne
donne que des sels non vénéneux s'ils sont absorbés à petite
dose. Chauffé à 200<» environ, il s'oxyde à la surface en don-
nant un mélange de protoxyde et de bioxyde d'étain ; à une
température très élevée, il se transforme en bioxyde avec
incandescence.
Ce métal se combine directement avec presque tous les
métalloïdes. Il décompose l'eau à 100® en présence des
alcalis avec lesquels le bioxyde d'étain peut se combiner ;
au rouge, il décompose l'eau pure en donnant de l'hydrogène
et du bioxyde d'étain. Il ne décompose pas l'eau en pré-
sence des acides étendus.
Usages. — L'inaltérabilité de l'étain dans l'air et dans les
liquides usuels et l'innocuité de ses sels (absorbés à faible
dose) le font employer pour la fabrication d'une foule
d'ustensiles destinés à contenir des denrées alimentaires.
L'étain était connu dès la plus haute antiquité; il est
mentionné par Homère et par Hérodote; il était employé
254 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
en Ghaldée, en Asie Mineure, en Egypte et aussi dans
la Gaule, en Espagne et surtout dans les Iles Britan-
nîqnesw
On le réduit en feuilles minces dont on se sert pour
envelopper le chocolat, le tbé, etc. Il sert à Tétamage des
vases de cuivre et de ter employés pour la cuisine. Les
cuillers et les ustensiles de fer battu sont égatenftott étamés.
Une mince couche d'étain appliquée sur de la tôle de fer
donne ce qu*on appelle le fer-blanc.
Le moiré métallique s'obtient par le lavage, avec de Teau
régale, de la surface du fer-blanc. On enlève ainsi la couche
superficielle deTétain, et Ion rend visible la surface cristal-
lisée d'étain et de fer qui constitue le moiré.
Au moyen âge, Fétain jouait, dans la vie courante, un
rôle considérable : on en faisait des plats, des bassins, des
brocs, des aiguières, etc.,querart ornementait. De nos jours
les étains d'art semblent reprendre une certaine faveur, et
les magasinsde bronzes et d'objets d'art en exposent de beaux
spécimens.
Pour le rendre plus facile à travailler et aussi dans un but
de lucre, on ajoute à l'étain une certaine quantité de
plomb. Cet alliage est d'autant plus vénéneux qu'il contient
une plus grande proportion de ce dernier métal. Il est
donc prudent d'exclure les ustensiles faits de cet alliage pour
conserver des denrées susceptibles de former, avec le métal,
des sels dangereux.
Alliages. — L'étain entre dans un grand nombre d'alliages,
dont on citera seulement les principaux :
Le bronze (cuivre et étain en proportions variables), pour
clochos, statues, objets d'art, monnaies, etc. ;
La soudure des plombiers, qui contient 2/3 de plomb et
i 3 d'étain ;
La soudure des ferblantiers, qui est formée de 50 0/0 de
plomb et 50 0/0 d'étain ;
I/alliage pour vaisselle et robinets, qui contient 8 0/0 de
plomb et 92 0 0 d'étain.
L'amalgame d'étain a longtemps servi à étamer les glaces
sous le nom de tain.
On emploie encore Tétain dans la proportion de 8 à
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 25&
10 0/0 pour donner de la ténacité et de la finesse aux
caractères d'imprimerie.
Enfin il entre une petite quantité d'étain dans le laiton
destiné à la fabrication des épingles.
Biozyde. — Le bioxyde d'étain est employé dans la com-
position des émaux et du vernis des faïences.
La j^otée (Vétainj dont on se sert pour polir les marbres,
les onyx, etc., est un alliage d'étain et de plomb, calciné à
Tair et réduit en bioxyde.
Bisalfare. — Le bisulfure d'étain, appelé aussi or mussif^
est employé pour bronzer les ornements, les statuettes en
plâtre, en bois, etc. ; on en frotte les coussins des machines
électriques pour augmenter leur puissance.
Chlorures. — Le protochlorure d'étain est employé en
teinture comme rongeant. Mélangé en quantités égales avec
le bichlorure, il produit dans une dissolution de sels d'or
un précipité violet appelé pourpre de CassiuSf dont on se sert
pour la coloration du verre et de la porcelaine.
Le bichlorure d'étain est utilisé en peinture pour rehausser
certaines couleurs et pour en fixer d'autres qui exigent un
mordant.
SflNRRAIS DE l'ÂTAIN
Le principal minerai d'étain est le bioxyde d'étain ou cassi-
térite (SnO^ : densité = 3 à 3,3; transparent, translucide,
opalin, brun clair à noir, insoluble, infusible), que Ton trouve
dans des filons, accompagné de wolfram et de mispickel, ou
dans les alluvions.
La stannine (sulfate d'étain) est un minéral exceptionnel.
Géogénie. — Les gisements d'étain en inclusions et en filons
sont presque toujours concentrés à la périphérie de massifs
de granulites. Les sels d'étain ont été maintenus en dissolu-
tion par les agents minéralisateurs puissants contenus dans
les granulites en fusion agissant sous pression ; ils se sont
cristallisés en même temps que les granulites et, au moment
du refroidissement de la roche, les eaux ont entraîné les
fumerolles stannifères dans toutes les fissures et fractures
antérieures ou postérieures à la venue granulitique. il est
256 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
très probable que Tétain est arrivé à Tétat de chlorures ou de
fluorures volatils, ce qui Ta fait monter à la surface du bain ;
les sulfures (plomb, cuivre) que Ton trouve au voisinage des
gîtes d'étain ne sont venus qu'après, alors que le magma
igné était à une température inférieure à celle du début.
L'acide fluorhydrique a dû Jouer un rôle important dans la
minéralisation des gîtes stannifères, car on trouve, dans la
plupart des gttes, des minerais fluorés associés à la cassitérite.
On reviendra sur ces considérations théoriques à propos de
la description des principaux gîtes d'étain.
GISEMENTS
L'étain ne formant que des sels insolubles a cristallisé à
Tétat de cassitérite, dans des roches éruptives (granulites) ou
dans des filons et n'offre pas d'exemple de remise en mou-
vement par voie chimique; les gîtes sédimentaires d'étain
proviennent d'une concentration mécanique sous l'influence
des densités. On a donc à considérer trois catégories de
gisements : 1® ceux où les cristaux sont inclus dans la roche ;
2^ les fllons; 3® les alluvions.
GÎTES STANNIFÈRES d'iNGLUSION ET GÎTES FILON lENS
Gisements de C Angleterre. — Cornwallet Devon. — On exami-
nera en premier lieu les gisements classiques du Gornwall (ou
Cornouailles) etdu Devon où l'on trouve la cassitérite, soit dans
des nions proprement dits, soit dans des stock werks, au voisi-
nage d'une granulite à mica blanc et de schistes dévoniens
souvent mélamorphisés par les granulites. 11 y a ici rapproche-
ment du cuivre et de l'étain dans le même gisement. De la
granulite se détachent de puissants fllons d'elvan (granulite à
grains très Ans), contenant de la cassitérite, de la pyrite de
fer et de la chalcopyrite ; l'ensemble est recoupé par deux
systèmes de fllons, l'un riche en or et en étain dirigé sen-
siblement est-ouest, l'autre, plus récent, faisant avec le
premier un angle de 90^ environ.
Les mines les plus riches se trouvent sur les flancs nord
NI^ËRAUX EMPLOYÉS DAH8 LA HËTALLURGIB 257
2!t8 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
et sud Jes massirs granuli tiques, entre Penzame et Dai'tmooi',
au voisinage du contact des schistes et de la granulite. On y
trouve le cuivre et l'étain tantôt réunis, tantdt indépendants;
il existe aussi, dans cette région, des liions de plomb argen-
tifère.
A la surface, on constate l'existence d'un chapeau de fer
(gossan) asseï riche eu étain oxydé ; si l'on s'enfonce en pro-
fondeur, le cuivre augmente, puis disparaît entre 350 et
450 mètres pour faire place à l'étain, pour lequel il y a enri-
chissement jusque vers il23 mètres.
On distingue trois catégories de liions d'étain :
1" LesHIonsproprement dits (tinlodes) recoupant les killas,
IVlvan et In granulite ;
2" Des léseaui de veines |linlloors) répandus dans la gra-
nulite et dans les schistes (mine Dolcoalh);
3" Les stockwerks, amas ou liions constitués par des séries
d« veines très rapprochées, dans VeWan ou la granulite.
A WlM>al-lny, le Gi-eut Fiat Lode a, pour toit, le schiste
(killus) et, pour mur, la granulite; la fracture principale A est
remplifi par îles fragmenU de schistes chloriteux avec ciment
doquarU et de pyrite de fer; une fente parallèle présente un
remplissage arRileux; la cassitérile imprègne la roche voisine
aiNÉHADX EMPtOÏÉS DANS LA UÉTALLtUGIE 259
A We$t-Basset et à Souttt-Coiulurrou; le Dion esl contenu
uoiquemeDt dans la granutite; A se ramilie, et H disparaît.
- A Old-Huel-Vivian, le filon qui contient ù la fois du cuivre
et de l'étain s'enrichit au contact de nombreux croiseurs. En
résumé, la venue stannirëre du Cornwall est en relations
étroites avec lecontactdesgraDulitesetdes3chistes.il y a eu,
après la solidification de la granulite, un mouvement de dis-
location, postérieur au dévonien, qui s'est continué pendant
longtemps. Le minéralisateur qui a pénétré la granulite
paraît être ici le fluor, bien que le Tait soit moins nettement
établi qu'en Saxe.
I.a production de l'élain en Angleterre a été, en 1S97, de
4.524 tonnes, représentant une valeur de 7.28.1.400 francs.
Oûements de la France. -— La Villeder. — Le gisement de la
Villeder (Uorbihan) se présente sous la forme d'un amas
enchevêtré de veines de quartz blanc laiteux avec inclusions
liquides formant un slockwerk aoalogue à celui de Zinnwald,
dans la granulite à mica blanc. I^ direction des filons est à
peu près celle de la ligne de contact Nord-Sud de la granu-
lite avec des schistes lustrés et lissiles probablement cam-
briens, qui sont fortement métamorphisés an voisinage de la
granulite. On peut rapprocher cette région stannifère de
celle du Cornwall ; mais le cuivre fait ici défaut. La cassité-
200 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
rite est accompagnée à la Villeder de misprckel et de blende,
de tourmaline (rare], de mica blanc, d'apalile et d'émeraude.
Il existe trois (lions principaux parallèles et presque verti-
caux; la partie la plus riche se trouve au voisinage des
épontes.
On trouve aussi un peu de minerai dans les alluvions des
rivières avoisinantes.
Le gisemenl de la Villedera fourni une assez grande quan-
tité d'éloiu ; mais actuellement les attleurenienlâ sont épuisi^s
et les travaux ont été abandonnés, il y a une dizaine d'an-
nées, à la suite d'un krach financier.
11 existe cependant des installations iiaportantes à la Vil-
leder, entre autres une laverie et un puits de 200 mètres ilo
profondeur, qu'on avait l'intention de pousser jusi|u']'i
400 mètres, dans l'espoir de retrouver une zone riche en
profondeur, comme dans les gisements du Cornwnll ; maii' le
fonçage du puits a été arrêté, faute de capitaux.
Plateau Central. — Les gisements slannifères <1u Plateau
Central français, analogues à ceux de la Saxe, se trouvent au
voisinage d'une granulite éruptive recoupant des gneiss et un
granité & mica blanc. Les principaux sont ceux <lc V/tubrg
au nord de la chaîne de Blond, de deux, au sud de la même
chaîne, et de Monlebras dans la Creuse.
A Vaubry, les systèmes de veines quarlieuses, grisdlr(!s,
formant stockwerk dans la granulite, se multiplient et se
prolongent dans les gneiss et les araphibolites voisins.
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉIALLIRGIE 26 1
1^ cassitérite se trouve près des épontes, accompagnée de
quartz, de wolfram, de mispickel, de fluorine, etc., avec des
traces d'or invisibles, de Turàne et du molybdène.
A deux (Haute-Vienne), Télain, accompagné des mêmes
minéraux et de tourmaline, se trouve au contact des épontes
d'un filon de quartz, existant à la limite de la granulite et du
granité.
Le massif de granulite stannifère de MonUbras (Creuse)
(300 mètres sur 40 mètres) contient de Tétain disséminé
(teneur = 4 à 5 millièmes), qui se concentre au mur et sur-
tout au toit.
La granulite y est entourée de granité pinitifère et est en
contact avec une granulite porphyrolde à pâte rose avec
quartz bipyramidé. Des filons stannifères recoupent ces
diverses roches.
La cassitérite est accompagnée, à Montebras, de montebra-
site, d'amblygonite (exploitée pour lithine), de wavellite, de
turquoise, d'urane et d'apatite.
Le kaolin des Colettes (Allier) contient des traces d*étain.
On citera encore en France la cassitérite tantalifère des
pegmatites de Chant eloube (Haute- Vienne), exploitée pour
feldspath.
Gisements de la Saxe et de la Bohême. — Altenherg^ Geyer^
Weiss- Andréas, Zinnwald, Schlaggenwald, Graupen. — On a
trouvé, dans la région aujourd'hui épuisée de l'Erzgebirge, sur
la frontière de la Saxe et de la Bohême, de nombreux amas ou
stockwerks; les veines y sont très nombreuses et imprègnent
à leur voisinage, la granulite, dont la teneur reste d'ailleurs
peu élevée. Certains de ces amas ont une étendue considé-
rable, notamment ceux de Zinnwald (1.350 mètres de long sur
500 mètres de large) et d'Altenberg (900 mètres X 900 mètres).
A Attenberg, le stockwerk stannifère se trouve au milieu
d'un massif de granulite sur lequel il a produit un métamor-
phisme spécial en formant un zwitter(ou stockwerksporphyr).
Le zwitter est une roche foncée formée de mica et de quartz
avec grains de cassitérite, de mispickel, de bismuth natif, de
fluorine, etc.; sa teneur en étain varie de 1/3 à 1/2 0/0.
Le zwitter, ainsi que le porphyre et la granulite voisins,
sont recoupés par des filons remplis par la roche encais-
262 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
santé; celle-ci est altérée et ferrugineuse et contient de
Targile rouge avec du mica ; les épontes sont riches en étain.
A Geyer, gisement analogue à celui d'Altenberg, on trouve
des veines de quartz et de cassitérite au contact de mica-
schistes et d'une granulite enveloppée d'une zone métamor-
pliisée à cristaux gigantesques (stockscheider).
On rencontre du kaolin dans certaines parties de ce gise-
ment.
Dans la même région, à Zinnwfild, lagranuh'le âtannifère à
grains tins est souvent kaolin isée et renferme des inclusions
d'hyalomicte ; elle forme, au milieu d'une masse de porphyre,
un dôme surbaissé, dont le sommet a été enlevé à Taffleure-
ment. Les filons, qui correspondent à des fentes de retrait,
sont horizontaux sous la partie supérieure du dôme de gra-
nulite et plongent ensuite doucement dans tous les sens.
D'autres filons verticaux, de direction N.-E.-S.-O., rejettent
les premiers.
On peut citer enfin les filons de quartz et de cassitérite de
Graupen et les veines de granulite elvanique stannifère avec
stockwerks de Schlaggenwald.
La production de l'Allemagne a été de 929 tonnes d'étain
métallique en 1896.
Gisements de ^Espagne et du Portugal. — Galice, Zamora, —
Dans la province de Galice à Test d'Orense, au voisinage de
Vianna del BoUOj ainsi qu'à Zamora (Portugal), des granulites
en massif contiennent de l'étain en faible quantité, comme
à Moutebras.
En Espagne, les principales mines d'étain sont dans la
Galice. Celles des provinces d'Orense et de Santiago sont
difficiles à exploiter, à cause du manque de moyens de
transport.
A San-Luis de Potozzi, en Amérique et en Bolivie
(5.994 tonnes en 1897), l'étain, contemporain du tertiaire, se
trouve au milieu de tiachytes.
Dans rile d'Elbe, aux États-Unis, au Mexique (39 tonnes en
1895), au Japon (50 tonnes en 1896) et en Chine, on trouve
aussi quelques gisements tiloniens d'étain. Ceux de la Chine,
en général assez mal exploités, semblent être cependant très
importants.
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 263
GITES D^ALLUVrONS
Gisements des Détroits (V Australie et d' Indo-Chine, — Les
alluvions des Détroits d'Australie et dlndo-Ghine fournissent
aujourd'hui la plus grande partie de Tétain consommé.
Dans ces gisements, les sables stannifères provenant de la
désagrégation des granulites vont se concentrer, grâce à leur
densité élevée, dans des alluvions distantes d'environ un kilo-
mètre, des chaînes de montagnes.
Les principaux gisements des Détroits sont ceux de Bangka,
de Billiton et de Pérak.
Bangka et Billiton. — A Bangka (île située entre Sumatra
ei Bornéo), Tétain très pur (99,96 d'étain) est fourni par une
couche de i mètre de puissance, reposant sur des granulites,
des granités et des schistes métamorphiques et recouverte
par des sables et des argiles. Il ne reste à Bangka et à Billiton
que 200.000 tonnes de minerai environ à extraire, dont le
dixième se trouve à Billiton. La production est de 13.000 tonnes
«nviron par an (14.224 tonnes en 1897).
Pérak. — A Pérak (presqu'île de Malacca), la couche stan-
oifère (2 à 3 mètres), recouverte de terre végétale et d'allu-
\ions pauvres (3 à 7 mètres), repose sur un sous-sol kaoli-
neux. supporté par des roches granitiques en place. Sa
teneur varie de 1 à 6 0/0, mais elle atteint rarement 6 0.0.
L'exploitation a lieu par tranchées à ciel ouvert, perpen-
diculaires à l'axe de la vallée. Après débroussaillement de
la jungle, on rejette le stérile en arrière, et le minerai est
monté à dos d'hommes jusqu'aux ateliers de lavage.
Le prix du mètre cube de terres remuées s'élève jusqu'à
5 fr. 75, bien que la main-d'œuvre soit à bas prix ; mais les
coolies chinois, dont les exigences sont minimes, donnent
souvent un rendement très faible. Le prix de revient de la
tonne d'étain métallique est, en moyenne, le suivant :
264 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Franc»
Abatage, extraction, épuisement 875
Préparation mécanique 42
Métallurgie 233
Amortissement, transport à rembarquement. . . 50
Redevances à TÉtat 320
Total 1.520
En i881, le prix de vente a dépassé 2.000 francs, et la pro-
duction a été de près de 10.000 tonnes, ce qui égalait celle du
Cornwall et du Devonshire.
A Pérak, quelques filons d'étain en réseau très serré
recoupent un granité blanc, à tourmaline, très peu micacé.
Ces liions n'ont jamais été exploités. Les alluvions seules
sont utilisées.
Ces gisements se prolongent dans la péninsule Malaise
jusqu'à la latitude de Bangkok; mais le sud-ouest est plus
productif.
Les Détroits ont produit, en 1896, 53.964 tonnes d'étain
métallique.
Gisements de rAustralie, — En dehors des gîtes des Détroitj
on peut citer, en Australie, comme gîtes d'alluvions, ceux
de Vegetable Creek dans la Nouvelle-Galles du Sud, et de
Leveni'River dans le Queensland.
On doit ajouter qu'en Australie on exploite, depuis environ
vingt -cinq ans, des gîtes stannifères avec quartz et granité
eurHi(|ue (Victoria), ou bien avec quartz et granité rougeâlre
à mica blanc (Queensland). Dans la Nouvelle-Galles du Sud,
l'étain, accompagné de wolfram, de topaze et de tourmaline,
est associé à du granité.
En Tasmanie, on exploite les filons d'étain dans une eurite
porpbyrique. Les principales mines d'étain de Tasmanie sont
celles (le Mount-Bischoff et de VAnchor Tin Mining C^ ; la
Mount-Bischofl* C« a distribué, depuis sa fondation jusqu'au
30 Juin 1897, plus de 41 millions de dividendes; elle a produit,
dans le premier semestre de 1897, 1.203 tonnes d'étain métal-
lique, obtenues par le traitement de 1.750 tonnes de minerai.
En Australie, la production de l'étain a été la suivante,
en 1806 :
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE S6S
Toone^ Franet
Tasmanie..: 3.867 valant 4. 021. 975
Nouvelle-Galles du Sud . i . 737 — 2 . 480 . 300
Queensland 1.579 — 1.556.925
Victoria 47 — 45.525
La production de Tétain dans le monde entier a été de
8:t000 tonnes environ en 1896. A la fin de 1899, Tétain valait
2.800 francs la tonne.
BIBI.I06RAPHIE DE L'ÉTAIH
1841. Daubrée, Sur Zinnwald et AUenberg (Annales des Mines ^
t. XIX, p. 61, 72 et 83).
1845. Daubrée, Gîtes d'étain (Annales des Mines^ 3* série, t. XX,
p. 65; voir aussi Annales des Mines, 4* série, t. XVI p. 29^.
1859. Mallard, Sur la découverte de Vétain à Montebras (Bulletin
de la Société des sciences naturelles de la Creuse).
1859. Mallard. GUes stannifères du Limousin et de la Marche
(Annales des Mines, 6* série, t. X, p. 321).
1867. Le minerai d'étain dans V Amérique du Nord (Bull. Annales
des Mines, 6- série, t. XVIII, p. 572).
1869. Daubrée, Sur le kaolin stannifère de la Lizole et d'Echas-
sières {Comptes Rendus, 10 mai 1869).
1874. De Gouvenain, Sur Vétain d'Echassières (Comptes Rendus^
t. LXXIV, p. 1032).
1878. Sur Vétain des Détroits [Annales des Mines, V série, t. IX,
p. 119).
1881. Dufréné, Sur Vhistoire de la production et du commerce de
Vétain (Annales du Génie civil).
1882. Errington de la Groiif, les Mines d'étain de Perak (Archives
des missions, 3' série, t. IX).
1883. Moissenet, Etude sur les filons du Comwall (Annales des
Mines).
1886. Reilly, Sur les gisements de Vétain au point de vue géologique
(Comptes Rendus, t. CIV, p. 606).
1886. De Morgan, Note sur la géologie et sur Vindustrie minière
du royaume de Perak et des pays voisins (Malacca) (Annales
des Mines, 8' série, t. IX, p. 368).
1888. Errington de la Croix, les Mines tVétain de Sélangor (pres-
qu'île Malaise) et les Concessions d*Ayer-Slain.
1897. F. Schiff, Les Mines d'étain de Mount-Bischo/f en Tasmanie
(Génie civil, t. XXX, p. 167).
1897. Bel, Les GUes minéraux de V Indo-Chine centrale (Bulletin de
l'industrie minérale, 3* série, t. XII, p. 381).
266 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
LE NICKEL ET SES HIIIERAIS
Propriétés physicpies. — Le nickel est un métal blanc gri-
sâtre à cassure fibreuse, très dur, ductile, laminable, for-
geable et très tenace; il est moins fusible que le fer; sa den-
sité, qui est de 8,3 quand il est fondu, peut s'élever à 8,7 par
Técrouissage ; chaleur spécifique = 0,10863. Le nickel con-
duit assez bien la chaleur et Télectricité. Il est magnétique
à la température ordinaire et perd cette propriété vers 250®.
Propriétés chimiques. — Le nickel ne s'oxyde à Fair qu'à
une température élevée. Sous Tinfluence de la chaleur, il se
combine avec le charbon et donne une espèce de fonte. Il se
combine avec le chlore, le soufre et Tarsenic, et se dissout
dans les acides sulfuriqueet chlorhydrique. Gomme le' fer, le
nickel, provenant de son oxyde réduit par Thydrogène, est
pulvérulent et s'enflamme au contact de Tair.
Usages. — A Tétat de métal pur, le nickel est employé
pour la fabrication des monnaies d'appoint et pour celle des
ustensiles de cuisine. L'orfèvrerie fabrique des pièces de
nickel pur argenté.
Alliages. — Divers États emploient, pour la fabrication de
leurs monnaies d'appoint, un alliage formé de 25 0/0 de
nickel et de 75 0/0 de cuivre. La France doit frapper en
4900 des pièces de nickel de 0 fr. 20. Ce même alliage sert
actuellement pour la confection des étuis des balles de petit
calibre.
L'alliage appelé maillechort, où packfong, utilisé pour la
fabrication d'une foule de petits objets de coutellerie, d'hor-
logerie, etc., est composé de 50 0/0 de cuivre, 25 0/0 de zinc
et 25 0;'0 de nickel. Cet alliage est encore employé sous le
nom (ïalfénide ou de ruolz, pour la confection de couverts et
d'objets divers (orfèvrerie Christofle), qu'on recouvre d'argent
par électrolyse. Le nickel entre dans la composition de
l'argent allemand et dans beaucoup d'alliages utilisés par
l'industrie.
On a créé, depuis 1884, sous le nom deferromaillechorts, des
mai llechorts dans lesquels le fer remplace le zinc.
p
l
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 267
On emploie dans Téquipement militaire, dans la sellerie,
ainsi que pour les flls de résistance électrique, les câbles, etc.,
un alliage composé de 11/42 d'acier et 1/12 de nickel.
Enfin la métallurgie emploie le nickel dans la proportion
de i à 5 0/0 de nickel, pour la fabrication des aciers destinés
au blindage des navires et employés pour les grosses pièces
de forge, pour les outils, les pièces de machines et les abris
contre la mousqueterie. Les plaques de protection du nou-
veau canon de campagne français de 0"*,075, faites avec cet
alliage, peuvent être bosselées, mais non traversées par les
balles des fusils modernes, tirées à 500 mètres de distance.
Ghlomre. — Le chlorure de nickel est utilisé pour la fabri-
cation d'encres sympathiques. (Les caractères tracés avec
l'encre à base de chlorure de nickel, invisibles à froid, appa-
raissent en jaune intense lorsqu'ils sont chauffés et dispa-
raissent en refroidissant.)
Snllate. — Pour le nickelage destiné à préserver, contre
Taltération à l'air, certains métaux oxydables, on emploie le
sulfate double de nickel et d'ammoniaque décomposé par
l'éleclrolyse.
MINERAIS DU NICKEL
11 s'est produit, dans la métallurgie du nickel, diverses
pha.ses dues aux découvertes successives de minerais nou-
veaux. On exploitait uniquement, il y a cinquante ans
environ, les arséniures et les arsénio-sulfures dont les
principaux sont la nickeline (NîAs), appelée aussi nickel
arsenical ou kupfernickel et tenant de 40 à 55 0/0 4le nickel.
Ce minerai, qui abonde en Saxe, dans le Gornwall, etc., est
souvent accompagné d*ann&bergite [arséniate hydraté de
nickel (H'^'NiMs'O**)], qui se présente en masses cristallisées
et fibreuses, et de chloanthite ou nickel gris (arséniure de
nickel NiAs), d'un gris métallique à enduit vert, fusible sur
le charbon, soluble dans l'acide azotique.
On découvrit ensuite la présence du nickel dans les
pyrites de fer magnétique, qui en contiennent de 3 c\ 5 0/0
(Ecosse, Suède, Piémont).
268 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
La découverte du rainerai de la Nouvelle-Calédonie, en
1876, introduisit sur le marché le métal provenant du trai-
tement de la garniérite, qui est une variété de pimélite
(silicate d'alumine nickélifère de couleur verte), contenant
de 8 à 12 0/0 de nickel à Tétat cru.
Il y a une dizaine d'années enfin, l'application du procédé
Manhès aux pyrites nickélifères, dont on venait de découvrir
d'importants gisements, marquait une nouvelle phase dans-
le développement de l'industrie du nickel. Les pyrites de
nickel cohaltifëres sont soumises à un grillage incomplet,
qui sépare le cobalt et le soufre; on peut les traiter ensuite
parle silicate de potasse; le nickel non soluble tombe au
fond sous forme de speiss.
La plupart des minerais du cobalt, qu'on étudiera dans un
chapitre ultérieur, contiennent du nickel en quantité sou-
vent exploitable.
GÉOGENIE ET GfSEMENTS
Le nickel est, comme le fer, un métal de profondeur qui
est parvenu à la surface à l'état d'inclusion dans des roches
ferrugineuses et magnésiennes. On le trouve associé à des
roches vertes, diorites, gabbros, péridotites, souvent trans-
formées en serpentines; il est parfois accompagné par de la
chalcopyrite, de la magnétite et du fer chromé en faible
proportion.
Les gisements d'hydrosilicates ont été formés par concen-
tration des éléments nickélifères des roches, grâce à l'in-
lluencede phénomènes, postérieurs ou non à leur solidifica-
tion. Les pyrrholines nickélifères ont été produites par
l'action de venues hydrothermales sulfurées, sur les ser-
pentines et les gabbros. Enfin, dans les champs de frac-
tures compliqués, dont il sera question à propos du Harz
et de la Saxe, on rencontre le nickel mélangé à d'autres
métaux. Ce sont ces derniers minerais qui sont les moins
riches (3 à 4 0/0 au maximum); puis viennent ensuite, par
ordre de richesse croissante, la pyrrhotine et les hydrosi-
licates.
MlFiÉRAIIX EMPLOYÉS DANB LA MÉTALLURGIE 2C9
I. — Silicates de mc«el
GUementt de ta Nouvelte-Catidonie. — Sur la cdle esl tt
dans )e sud de 111e de )a Nouvelle-Calédonie, on trouve un
vaste massif de serpentines et de schistes serpenlineui
dans lequel sont réunis des gisements de nickel, de cobalt
et de Ter chromé. Il existe dans le liane des collines, des
nappes d'argile rouge provenant de la décomposition de»
serpentines et d'amas de minerai de Ter, Le rainerai de
nickel est un silicate hydraté magnésien (gamiérite) lie
couleur vert pomme h l'état pur, probablement produit pnr
l'action des eaux snr les roches. On le trouve dans li's
tissures de la serpentine, le long de vasques argileuses ana-
logues b. celles qui, dans le Nassau, renrennent du piioT^-
phate et du manganèse. Le giseraent renferme des couch<'>.
F». 89. — Cog[w ttrtieile dt li niu IVri«>«ruice |Noo.«IIHUlfilonic).
de manganèse coballirères, desamas de minerai de fer ooli-
thique et des grainx de fer chromé (chrome d'alluvions des
mineurs). On dislingue en Nouvelle-Calédonie trois lypfs
de minerais :
1* Les minerait dnrs, vert d'émeraude, contenant 20 0, 0
de NiO et 5 0/0 d'eau ;
270 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
2° Les minerais un peu friables, vert jaunâtre, contenant
12 à 15 0/0 de NiO, et 12 à 15 0/0 d'eau;
3* Les minerais très friables, blanc bleuâtre, contenant 6 à
8 0/0 de NiO, et 20 0/0 d'eau.
Les principaux districts miniers sont ceux de Thio
(raines Santa-Mênriaf Moulinet y Rosa, Belvédère , Benaucourt),
de Nakety (mines Bouimngére, Bienvenue) y de Kanoua (mine
Dorée) et de Vile des Pins,
Les terrains que Ton rencontre en Nouvelle-Calédonie
sont les suivants :
Au nord, terrains schisteux anciens, avec schistes quart-
zeux et talqueux ;
A l'ouest, terrains secondaires et tertiaires avec schistes
houillers et houille.
A Test et au sud, serpentines avec nickel, cobalt et chrome.
Le nickel se rencontre en silicate hydraté magnésien en
concrétion ; mais on ne le trouve ni sulfuré ni arsénié.
Le minerai déposé par les eaux contient:
Pour 100
Nickel 26
Magnésie 13
Silice 45
Eau 13
Fer 3
100
Le minerai trié et lavé contient 10 à 20 0/0 de nickel, avec
une gangue de serpentine renfermant 1 à 2 0/0 de nickel.
Des vasques remplies d'argile rouge, au bord de la mer (qui
désagrège les roches et forme le sugar-rock), renferment,
en stratification confuse, des minerais de fera la surface, et,
en dessous, du manganèse cobaltifère et, moins fréquemment,
du nickel qui se trouve, en profondeur, au. contact de ser-
pentines fissurées, notamment à la mine Gasconne {fig, 90).
La concurrence du Canada a fait diminuer la production
de la Nouvelle-Calédonie, qui a exporté en 1896 : 37.467 tonnes
de minerai de nickel (au lieu de 45.614 tonnes en 1893);
et les propriétaires des mines de Katepehai offraient, en 1897,
le minerai (teneur: 80/0) à raison de 13 fr. 75 l'unité, franco
MIKÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA N^^TALLL'RGIE 271
bord dans qd port américain quelconque. La mine de Si
Reis (Louis Remheimj, située h 45 kilomètres de la cùte
ouest à laquelle elle esl reliée par une voie Terrée, a embar-
qué, en 1897, environ 1.000 tonnes de n
d'tprii M. Le't.l.
L'exploitation du nickel de la Nouvel! e-CaléUonie, en DtHD,
comportait deux usines et occupait 1.000 ouvriers. La pro-
duction y était, k cette époque, de 20.000 tonnes. En 1893, la
production était de 69.614 tonnes, et, en 1893, elle nVlait
plus que de 29.623 tonnes.
L'atfmage se fait eu Europe, nu Havre notamment.
Gisements divers d'hydrosilicntes. — En Espagne, pri^s de
MaUif/a, il existe an gisement de pimélite tenant 9 0, 0 de Ni.
En Russie, h Rcivdansli, pr&s d'Ekaterinenbourg dans l'Oural, il
existe un llion vertical de 2 mètres de puis.sancc recoupant
des chloritoschistes et des serpentines, et rempli de quartz
avec pimélite (120/0 de nickelj et anabergite. Enfin on Irouve
également du nickel dans des roches vertes, en Nouvelle-
Zilanâe.
On peut citer d'autres gisements de siljcate de nickel
272 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
(pimélite) aux États-Unis, dans le sud de TOrégon (comté
de Douglas), et en Californie, où ils sont associés au cinabre
dans les serpentines et les schistes serpentin eux de New-
Almaden,
Il n'y a pas actuellement de mines d'hydrosilicates de
nickel exploitées aux États-Unis, celles de Lancaste-Gap
étant fermées. Le nickel métallique produit aux États-Unis
provient des speiss de nickel et de cobalt résultant du trai-
tement des minerais de plomb de Mine-la-Motte et de gise-
ments étrangers.
II. — ■ Pyrites magnétiques nigkkliferes
Gisements de V Italie. — On trouve, en Italie, dans le Pié-
mont, des gisements de pyrrhotine nickélifère contenant
souvent un peu de cbalcopyrttej ces minerais sont en relation
avec des serpentines, des diorites et des euphotides (mines
de Mont'Cruvin, de Besighetto, de Mezzenile et de Cabianca).
Dans le val Lesia, on peut citer les mines aujourd'hui aban-
données de Varallo, Valmaggia, Cevia, Locarno et Parone,
La teneur maxima était de 4,5 0/0 de nickel, à Varallo;
à Locarmo et à Parone, où la pyrrhotine était accompagnée
de sulfure de nickel, de chalcopyrite, de magnétite et de
limonite, la teneur atteignait 5,5 à 60/0; les filons s'y trou-
vaient au contact de diorites et autres roches vertes avec des
gneiss.
Sardaigne, — Il existe à Gonos-Fanadiga, dans le district
d'Iglesias, un filon quartzeux recoupant des schistes siluriens
et renfermant de la nickéline, de la millérite et des arsénio-
sulfures avec de la pyrrhotine nickélifère. La teneur, qui est
de 7 0/0 aux affleurements, atteint 20 0/0 à 20 mètres de pro-
fondeur; les teneurs en cobalt et en bismuth augmentent de
2 à 5 0/0.
Gisements d'Allemagne, — On trouve dans les mines d'ifor-
bach et d'Urberg (Bade), au milieu des schistes dioritiques, de
la pyrrhotine tenant 2,5 0/0 à 12 0/0 de nickel associé à de la
pyrite et à de la chalcopyrite; on y trouve aussi des mine-
rais Fpéciaux de nickel et de colbalt, tels que la wolfachite
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 273
[2NiS*4-3I^i(AsSb)] et Vhorbackite [{FeKi}^^^]. A Saint-Blasien,
dans la Forét-Noire, on a exploité autrefois (1870 à 1880)
des minerais tenant 2 0/0 de nickel.
Gisements de la Scandinavie. — On trouve en Scandinavie,
au Canada, etc., les minerais sulfurés, tels que la magnétite,
la chalcopyrite, la pyrrhotine ou pyrite magnétique nické-
lifère, concentrés autour des gabbros ou dans les fahlbandes
(zones de schistes broyés).
L'exploitation des pyrrhotines nickélifères de Scandinavie,
arrêtée à la suite de la découverte des minerais de Nouvelle-
Calédonie, a repris depuis quelques années une certaine
importance.
Les principales mines étaient, en Norwège, celles de Hin-
gérike et de Bamble près de Skien.
A Ringérike, la pyrrhotine nickélifère forme des imprégna-
tions lenticulairesdans desschistes amphiboliques et des mica-
schistes.
On extrait, de la pyrite magnétique, 2 0/0 de nickel et des
pyrites de fer et de cuivre.
A Ronsas, dans le Smalène, on trouve la pyrrhotine et la
chalcopyrite concentrées au contact et à Tintérieur d'un
gabbro recoupant des schistes. Enfin la présence des pyr-
rhotines nickélifères a été constatée aux environs de Kragero
et de Christiansand.
En Suède, on a exploité, dans les gneiss de Klefva (Sma-
land), de la pyrite magnétique en imprégnations, tenant en
moyenne 1,5 0/0 de nickel. Près de Sagrayra^ entre Falun et
le lac Siljan (Kopparberg), on a exploité dos filons de pyrite
magnétique contenant, à S^af^ôer^, 0,25 0/0 et, à £2isa,0,75 0/0
de nickel.
La production en Scandinavie a été la suivante :
Minerai :
Tonnes Francs
En 1890, 8.181 représentant une valeur de 231.100
1891, 2.335 — — 72.000
Métal:
Tonnes Frtnes
En 1890, 71 représentant une valeur de 236.250
1894, 103 — — 317.230
GEOLOGIE. 1^
«I
1274 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Gisements du Canada. — On trouve, près de Sudbury (Ontario),
des amas lenticulaires de pyrrhotine et de chalcopyrite, en
contact avec des diorites qui souvent forment la gangue.
Le minerai, qui tient de 3 à 4 0/0 de nickel, est exploité
à ciel ouvert ou par galeries.
Au Canada, il existe d'autres gisements de pyrrhotine
nickélifère dans les serpentines d'Oxford et dans le cal-
caire magnésien de Sterry-Hunt où le nickel (3 à 4 0/0} est
accompagné de blende et de fer chromé.
L'Oxford Copper C<», à Bayonne, traite des mattes du
Canada; elle possède la seule usine produisant du nickel, de
Toxyde de nickel et du sulfate de nickel, en dehors des
American Nickel Works, à Camden, qui produisent, en plus,
de Toxyde de cobalt.
Au Canada, le district de Sudbury (Ontario) a produit,
de 1891 à 1897, 540.000 tonnes de minerai, dont 477.000 envi-
ron ont été fondues sur place et ont fourni du nickel, du
cuivre, du cobalt et du platine. Les principales mines, qui
appartiennent à la Canadian Copper C<>, sont : Travers mine
(Drury), Copper-Cliff mine et VermiUion mine.
La production du nickel au Canada, avait été, en 1894»
de 2.225.995 kilogrammes, valant 9.354.790 francs; elle a été,
en 1897, de 1.813.321 kilogrammes, valant 6.995.8880 francs.
Gisements des États-Unis, — Aux États-Unis, certaines
pyrrhotines nickélifères mêlées d'arséniures, telles que celles
de la mine Wallace sur le lac Huron, sont très riches en
nickel (jusqu'à 14 0/0). En Pensylvanie, où les mines sont
nombreuses, la mine LancasterGap fournit des pyrites tenant
de <,5 à 2 0/0 de nickel. On peut citer aussi les mines de
Troy (Vermont), de Texas (Pensylvanie) et de la Motte
(Missouri). g
A Chatham, près de Middletown (Connecticut), on exploite
des arséniures riches en nickel et en cobalt (teneur maxima,
9 0/0) ; enfin le traitement des minerais de cuivre du lac
Supérieur fournit des speiss nickélifères, que l'on traite
notamment à Camden, près de Philadelphie.
On a trouvé des minerais de nickel dans la République
Argentine (pyrrhotine nickélifère et chalcopyrite de la
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLl'RGIK 275
Sierra de Salamnnque), au Chili (mines de Huasco^Chanar^
chillOy Atacama), en Sibérie et aux Indes (région de VArvedi:
Oodeypoore).
m. — ÀRSéNIURES ET SULFURES DE NICKEL
Gisements de la France. — En France, les minerais de
nickel {niccolite et rammehsbergite) d'AUetnont (I)auphiné) el
du Hont-d'Arf près des Eaux-Bonnes, sont inexploités.
Gisements de la Suisse. — Le Valais* renferme un certain
nombre de gisements de nickel; ceux du Val d'Annivier,
près de Sierre\ fournissent un exemple de fahibandes
pyriteuses analogues aux brandes de Schladming; on y trouve
de la chloantite, de la nickéline, de la cobaltine, du mispickel
cobaltifère, du bismuth natif, etc.
Sur d'autres points du Valais, au Kaltberg, à Plantorenz, à
Zerbitzent à Gand Paz, à Gollyre, on trouve un minerai formé
de niccolite, de rammelsbergite, de cobaltine, etc., riche en
nickel.
Gisements de l'Allemagne. — On trouve, en Allemagne et
surtout en Saxe, dans les mines des environs de Lindenau,
Schneeberg, ZsckorlaueiNeustâttel, un grand nombre de fiions,
dans les micaschistes et les phyllites, où le nickel et le cobalt
sont associés avec des minerais de plomb et d^argent sous
forme d'arséniures et de sulfures, tels que la niccolite, la
gersdorfite (NiS« + NiAs»), la millérite (NiS»), la chloantite
r(NiCoFe)AsS>].
A Markirch (Vosges) et à Sciltbach (Forêt-Noire), le nickel
el le cobalt se trouvent, dans des filons, associés à l'argent .
Des filons quartzeux nickélifères recoupent les schistes
micacés à Nieder Regensdorf (près de Liegnitz), dans le
^ Riesengebirge et près de Gerbstâdt, Sangerhausen et Hcttstâdt,
dans le Mansfeld.
' D'autres filons contenant des minerais de nickel, de cobalt,
k de plomb, de cuivre et de bismuth, recoupent le dévonien
moyen près d'Altenrath, et le dévonien inférieur à Busenbach,
Schônstein, Wingershardt, Mûsen (Siegen) et à Hohnard.
A Nanzenbach, près de Dillenburg (Nassau), la mine Hulfe-
27C GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Gottes a fourni autrefois un minerai formé de dolomie avec
sidérose, chalcopyrite, millérite, bismuthine, pyrite de fer,
hématite rouge et quartz.
La production du nickel en Allemagne a été de 820 tonnes
en 1896.
Gisements de la Hongrie, — ADobsina (Hongrie), on exploite
des filons situés au contact de phyllades quartzifères verts et
d'un gabbro très broyé qui, par endroits, s'est transformé en
serpentine. Les Qlons, peu distincts de la roche encaissante,
ont jusqu'à. 8 mètres de largeur et fournissent un minerai
dont la teneur atteint 17 0/0 de nickel et 5 0/0 de cuivre ; la
gangue est soit de la sidérose, soit de la calcite.
Gisements de la Styrie, — Le gisement de Schlculming (Styrie)
est rendu intéressant par la présence de brandes (fahlbandes,
en Suède), c'est-à-dire de zones de schistes métamorphisés
très riches en sulfure de nickel ou d'argent; les brandes
s'enrichissent aux points où elles rencontrent des filons. Il
existe à Schladming six brandes principales contenant de la
pyrite, de la pyrrhotine et du mispickel ; leur largeur varie
de 0™,50 à 30 mètres. Les filons sont à gangue calcaire et
contiennent des nids de cuivre gris, de mispickel et de
minerais argentifères; aux points où ces filons recoupent
les brandes, on trouve des poches de minerai de nickel formé
de nickeline, de cobaltine, de chloantite, de smaltine, etc.
La teneur du minerai trié est de 1 0/0 de nickel et de 0,5
à 1 0/0 de cobalt.
Les mines de Leogang (Salzbourg) fournissent des arsé-
niures de nickel accompagnés de pyrites nickélifères ou
cobaltifères.
Gisements de la Grande-Bretagne, — On peut citer encore
les minerais de nickel de Merthyr Tydwil (Angleterre) et de
Craigmiur près d'ïnverary (Kcosse), où l'on trouve un
minerai spécial, la pentlandite (NiS + nFeS), contenant de
7 à 22 0/0 de nickel. Le calcaire carbonifère du Flintshire
contient également de nombreux amas de cobalt nickélifère
(mine de Voel Hiraddog), La production du nickel en Angle-
terre a atteint environ 2.000 tonnes en 1896.
Gisements de V Espagne, — On trouve, en Espagne, des
minerais de nickel, dans la Galice (près du cap Ortegal)
MINÉRAUX EMPLOYÉS DAMS LA MÉTALLURGIE 277
[zaralite Ni^{HO*)CO* + ^Aç]; on en trouve aussi à Gistain
dans les Pyrénées (province de Huesca) et près de Malaga
(pimélite à 9 0/0 de nickel).
Le prix du nickel, en 1880, était de 12 francs le kilogramme;
aujourd'hui le prix est descendu à 5 francs, mais la consom-
mation s'est beaucoup accrue.
BIBU06RAPHIE DU HICXEL
1876. Heurteau, Richesses minérales de la Nouvelle-Calédonie
{Annales des Mines^ 7* série, t. IX, p. 235).
1876. Mines de nickel de la Nouvelle-Calédonie {Cuyper, t. XXXIX,
p. 185).
1878. Ratte, Roches et Gisements métallifères de la Nouvelle-Calé-
donie.
1880. Luc Léo, Le Nickel en 1880 à la Nouvelle-Calédonie.
188i. Oeshayes, Gîtes métallifères des Alpes valaisannes {Génie
civil).
1885. Percheron, Nickel en Nouvelle-Calédonie {Industrie minérale^
2* série, t. X!V, p. 89).
1885. Garnier, Notice historique sur la découverte du nickel en
Nouvelle-Calédonie {Industrie minérale^ 2" série, t. XIV,
p. 126).
1887. Garnier, Les Gisements de cobalt^ nickel^ chrome et fer en
Nouvelle-Calédonie {Société des Ingénieurs civils).
1891. Garnier, Mines de nickel, cuivre et platine du district de Sud'
bury [Mémoire de la Société des Ingénieurs civils., mars 1891).
1891. Sella, Sur la présence du nickel natif dans les sables du
totTent ElvOy près de Biella {Piémont) {Comptes rendus de
rActtdémie des Sciences).
1892. L. Pelalan, Les Mines de la Nouvelle-Calédonie {Génie civil,
t. XIX, p. 351, 369, 386, 406 et 439, et t. XXI, p. 327, 347,
36a).
278 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
LE MAHGÂNiSE ET 8E8 MIIIERAIS
Propriétés. — Le manganèse est un métal d'un gris blan-
châtre, dur et cassant, rayant Tacier et le verre. Il possède
une certaine ténacité et se laisse entamer par la lime. Den-
sité = 7,2 environ; chaleur spéciflque = 0,1217.
Le manganèse pur est inaltérable à Tair sec à la tempéra-
ture ordinaire; chauiïé, il est rapidement recouvert d'une
couche d'oxyde. Il se délite au contact de Tair humide et il
décompose Teauà 100^ Les acides étendus le dissolvent avec
dégagement d'hydrogène.
Usages. — Les propriétés défectueuses du manganèse ne
permettent pas d'en tirer parti à l'état pur. On n'emploie dans
l'industrie que quelques-uns de ses alliages et de ses com-
posés.
Alliages. — On obtient un bronze manganèse, susceptible
de résister à une forte tension, en mélangeant 11 0/0 de
manganèse au cuivre raffiné du Mansfeld.
Un mélange de 88 parties de cuivre, avec 6 parties d'étain,
3 de zinc et 3 de cupromanganèse, donne un alliage qu'on
peut courber à angle droit sans qu'il se produise de fissure.
En réduisant des mélanges d'oxyde de manganèse et de
minorais de fer, on obtient des ferro manganèses employés
pour la transformation du fer en acier parle procédé Thomas.
On produit un métal très dur, mais se travaillant encore
avec assez de facilité, avec un alliage de 80 0/0 de cuivre,
10 0/0 d'étain et 10 0/0 de manganèse.
Principaux composés : biozyde. — Le bioxyde de manga-
nèse, ou pyrolusite, est employé dans les verreries. A faibles
doses, sous le nom de savon des verriei's, il sert à blanchir
le verre coloré par le fer et les matières charbonneuses. A
dose plus élevée, il donne au verre une belle teinte violette.
11 sert encore à la préparation de l'oxygène et à celle du
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 2^79
chlore. Enfin, par réballition, il rend siccatives les huiles
employées jgour délayer les couleurs.
Permanganate de potasse. — Le permanganate de potasse
se prépare en chauffant ensemble dans un creuset de fer
deux parties égales de bioxyde de manganèse et de chlorate
de potasse avec une partie un quart de nitre dissous dans un
peu d'eau. Le permanganate de potasse (caméléon minéral)
est employé pour reconnaître et doser Tacide sulfureux qui
peut se trouver dans Tacide chlorhydrique du commerce.
Le permanganate, qui est employé aussi comme oxydant,
transforme Tacétylène en acide oxalique à la température
ordinaire.
MIXERAIS DU MANGANÈSB
Le manganèse se trouve dans la nature à Tétat d'oxydeâ,
de carbonates et de silicates. Le principal minerai de man-
ganèse est la pyrolusite [bioxyde de manganèse (MnO^]] ; les
autres minerais sont la braunite (Mn^O^), Vhausmannite
(Mn^O*)fYaeerdè}te (Mn^O-'^HO), la psilomélane, qui est un oxyde
de manganèse contenant jusqu'à 17 0/0 de baryte, le carbonate
de manganèse ou diallogite, la rhodonite [silicate de manga-
nèse (MnSiO^)] et la friédélite, qui est un silicate de manga-
nèse hydraté.
Géogénie. — On ne peut guère fixer d'époque pour la for-
mation des minerais de manganèse; on les a trouvés dans
le cambrien aussi bien que dans le miocène et dans divers
terrains d'âge intermédiaire.
Il semble qu*il faille attribuer aux concentrations superfi-
cielles et aux dépôts oolithiques une origine différente de
celle des filons et des épanchements. Dans le premier cas,
les carbonates en dissolution dans les eaux de source conte-
nant de l'acide carbonique en excès ont pu précipiter, par
suite du dégagement de cet acide. Pour les filons et les
épanchements on peut admettre que le manganèse apporté
par des eaux acides chargées de silice s'est précipité à l'état
d'oxyde ou de carbonate sous l'action d'une base, d'un cal-
caire encaissant, par exemple.
280 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
GISEMENTS
On peut rapporter les gites manganésifères à trois types
principaux :
1® Filons avec gangue calcédonieuse et couches interstra-
ti liées lie silicate de manganèse ou de carbonate de manga-
nèse (Merionetshire, Pyrénées, Ariège);
2*^ Couches sédimentaires se présentant sous formes d'im-
prégnations ou de minerais oolithiques (Caucase, Sardaigne,
Espagne) ;
3° Gites provenant de concentrations locales dans les argiles
et les dépôts récents, produites par des infiltrations d'eaux
ou par des érosions (Nassau, Amérique).
I. — GÎTES FILONIE.NS
Gisements de la France (Hautes-Pyrénées). — Il existe dans
les Hautes-Pyrénées quelques gisements de manganèse peu
ou pas exploités, tels que ceux de Germ^ Vielle-Aure^ Lou-
dervieile et la Serre-d'Azet. Ces gisements sont souvent formés
de mouches de njiinerai et de poches en forme d'entonnoirs,
qui disparaissent en profondeur.
Formation du minerai dans les Hautes-Pyrénées, — Plusieurs
hypothèses ont été émises sur le mode de formation probable
des minerais de manganèse dans les Hautes-Pyrénées; il
nous semble utile d'insister sur ce point, parce que c'est
d'après le mode de formation du gisement qu'on peut
déterminer les conditions de son dépôt et, par suite, orienter
les recherches à venir et préparer l'exploitation.
Les roches raanganésifères que nous avons eu l'occasion
d'examiner dans cette région ne sont pas d'aspect éruptif ;
elles ne se distinguent guère de certaines roches encais-
santes que parce qu'elles ne renferment pas d'éléments
détritiques. Elles ne sont pas concrétionnëes; elles sont
interstrati fiée?, mais en amas irréguliers et non veinés; il ne
s'ensuit pas absolument qu'elles soient contemporaines des
roches encaissantes; elles ont pu être formées par des
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 281
sources minérales silicifères chargées de manganèse, qui ont
dissous et décomposé certaines couches, moins résistantes
que les autres.
C'est ainsi qu*au contact des dépi^ts de manganèse on voit,
dans quelques gîtes des Hautes-Pyrénées, des schistes pour-
ris et presque partout de Targile. Cette argile, ou silicate
d'alumine hydraté, peut provenir, ainsi que Tout constaté au
laboratoire MM. Ebelmen et Fournet, de la décomposition
lente des silicates multiples des terrains anciens, par Tacide
carbonique et Toxygène; cette décomposition doit être attri-
buée à la présence du bicarbonate de manganèse provenant
de sources minéralisées au contact de filons ou de cassures
profondes.
Les dépôts de minerai doivent donc provenir d'eaux char-
gées de sels de manganèse. Ces eaux ont été certainement
amenées le long des fissures en relation avec le grand
plissement des Pyrénées, auxquelles les gisements connus
dans la région sont parallèles dans leur ensemble. De
plus, nous avons pu constater qu'au voisinage des dépôts
manganésifères les terrains encaissants étaient tourmentés
et profondément bouleversés, ce qui confirme l'hypothèse de
venues profondes.
D'ailleurs les dépôts, bien qu'iuterstratiflés, se présentent,
en général, en forme d'entonnoirs dont le fond se raccorde
à la fissure qui a dû amener les eaux silicatées.
La plupart des gisements pyrénéens se trouvent arrêtas
en profondeur à des étranglements dont les parois se trouvent
tapissées de crist^iux roses de silicate de manganèse.
Le calcaire qui forme ces parois n'est nullement altéré,
et les schistes ne présentent aucune trace de scoriflcation
ni de fusion, ce qui écarte l'hypothèse d'une origine ignée
pour ces dépôts manganésifères.
Il reste donc acquis que des fissures profondes, orientées
généralement N. 25® à 30" 0., ont amené au jour des eaux
chargées de silice et de manganèse, qui ont déposé au
milieu de lits schisteux et parfois calcareux, des amas de
silicate de manganèse.
Le minerai primitif serait, selon nous, à Vielle -Aure
notamment, le silicate de manganèse (rhodonite = MnSiO^),
282 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
rose, fleur de pêcher et brun, translucide et à éclat vitreuXf
et aussi le silicate hydraté (friedélite = MnSiO^H).
Grâce à la réaction d*une base, en particulier au voisinage
du calcaire, le manganèse apporté par les eaux siliceuses a
dû se précipiter, en certains points, à Tétat de carbonate
(diallogite), rose franc plus ou moins foncé; le carbonate
prend souvent à Tair une couleur brune ; on lui donne alors
le nom de minerai chocolaté. Enfin, associée à la téphroïte
{péridotmanganésien),la diallogite donne un minerai connu
sous le nom de viellaurite (48,95 de téphroïte -|- 51,05 de
diallogite), tenant environ 63 0/0 de MnO, soit 49 0/0 de man-
ganèse métal.
Quant aux minéraux de pyrolusite, qui ont été exploités dans
tous les points où le manganèse venait affleurer, ils
contiennent, en moyenne, 80 0/0 de MnO^, ce qui correspond
à 65 0/0 de manganèse métal.
La pyrolusite a été formée par Toxydation du minerai
primitif au contact de Tair, et il n'est pas rare de rencontrer
dans un même bloc de minerai la série des transformations
subies ou en train de s'effectuer, silicate, carbonate et oxyde
de manganèse.
Divers gisements des Hautes-Pyrénées, dans lesquels on
avait exploité autrefois les oxydes seuls, sont actuellement
repris pour Texploitation du carbonate et du silicate dont on
tire parti pour la métallurgie (spiegel,ferro-manganèse,etc.).
Les schistes dévoniens de la région contiennent des bancs
interstratifiés de génite, composée de quartz calcédonieux
avec rutile et apatite. Quelques-uns de ces bancs sont riches
en rhodonite et en friedélite. On y rencontre des poches
d'argile, comme d'ailleurs dans la plupart des gîtes de man-
ganèse.
Rimont {Ariège). — Près de Rimont (Ariège), dans les
mines de lasCabesseSy on exploite un gisement en amas assez
riche de carbonate de manganèse, intercalé dans le dévonien
et provenant sans doute de la décomposition d'un silicate par
l'acide carbonique.
Romanèche [Saône-et- Loire), — La plus importante mine
de manganèse, en France, est celle de Romanèche où l'on
exploite des filons de psilomélane d'âge infraliasique. Le
MINÉRAUX EMPLOYÉS DAMS LA MÉTALLURGIE 283
gisement comprend deux petits (lions (n<* 1 et n<*2), réunis
par un gîte de contact (grand filon), situé dans une faille
entre le granité et des argiles tertiaires formant le toit. On
a trouvé également, & Romanèche, des amas dont le plus
important repose sur les ardoises infraliasiques ; le toit est
constitué soit par des calcaires à gryphées, soit par des
argiles ou des sables. Les petits filons sont irréguliers; les
épontes sont peu marquées, et Ton se trouve souvent en
présence d'uD vrai stockwerk formt^ de veines disséminées
dans le granité; il existe, de plus, des filons croiseurs quel-
quefois exploitables. Le grand filon, qui est très régulier, a
un mur de granité. Le minerai très dur, qui est de Toxyde
hydraté barytifère (psilomélane), a pour gangue les roches
encaissantes accompagnées de quartz, de fluorine, d'oxyde
de fer, etc.
On exploite, en outre, en France, de la pyrolusite dans les
concessions de Goutter-Pommiers^ près Saligny (Allier), et de
Luiy (Nièvre).
En France, la production du minerai de manganèse a été :
Tonnes Francs
En 189i, 32.751, représentant une valeur de 1.001.375
1893, 30.871 — — .... »
1896, 31.318 — — .... 928.58.">
1897, 37.212 — — .... »
Gisements de V Allemagne, — On peut citer, comme gise-
ments filoniens de manganèse en Allemagne, ceux d'Ufeld
(Harz) où Ton trouve, dans des porphyrites intercalées au
milieu du grès rouge, des veines, inexploitables d'ailleurs
au-dessous de 20 mètres, contenant de Tacerdèse avec pyro-
lusite, braunite, hausmannite et psilomélane à gangue de
braunspath et de barytine.
En Allemagne, le tonnage du minerai exploité a atteint :
Tonnes Francs
En 189i, (3.702, représentant une valeur de 582.060
J896, 45.062 — — 600.77o
1897, 46.427 — — »
Gisements de Vltalie, — Saint-Marcel {Piémont). — Les amas
manganésifères du val d'Aoste et du val Tournanche sont
284 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
situés dans les gneiss (à Saint-Marcel, val Tournanchey Tour-
gnon, Bardonèche) ; ils sont exploités depuis plus d'un siècle.
On trouve, à Saint-Marcel, la braunite, Thausmannite et la
pyrolusite, accompagnées de carbonate de manganèse rouge
et de spessartinc (grenat). L'amas, qui avait 5 mètres d'épais-
seur à la surface, est profond de 100 mètres; les éléments
des gneiss encaissants ont été transformés en rhodonite et en
piémontite (épi dote manganésifère).
En Italie, la production du minerai de manganèse a été :
Tonnes Francs
En 189i, 760, représentant une valeur de 23.500
1896, 1.890 — — 82.250
Et celle du minerai de fer manganésifère :
Tonnes Frtncs
En 1894, 5.810 représentant une valeur de 46.480
1896, 10.000 — — 100.000
Gisements de V Angleterre. — Merionetshire. — Depuis 1886,
on exploite dans le Merionetshire, à Harlech et à Barmouthy
des gisements de carbonate de manganèse, formant trois
veines dont une de 3 kilomètres de longueur, et deux
de 1.500 mètres, dans des quartzites et des grès gris cam-
briens; on trouve, dans cette région, une teneur de 30 à
32 0/0 de manganèse avec 18 à 19 0/0 de silice.
Dans le Devon et le Cornwall il existe des veines de man-
ganèse dans le silurien et des amas dans le dévonieu.
La production du minerai de manganèse en Angleterre a été :
Tonnes Francs
En l89i, 1.838, représentant une valeur de 18.500
1896, 1.097 — — 15.325
IL — GÎTES SÉDIME.NTAinES
Gisements de la Russie. — En Transcaucasie, à Tehiatura,
dans la vallée du Kvirila (à 130 kilomètres de Poti), on
exploite, dans des grès et des sables tendres éocènes, une
série de couches formées soit de pyrolusite et d'acerdèse
pulvérulente, soit de pyrolusite en grains oolithiques, soit
encore d'argile renfermant des rognons de pyrolusite. La
couche, dont la puissance totale varie de 2 à 5 mètres, a
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 285
une étendue reconnue de i20 kilomètres carrés (2 tonnes
I au mètre carré environ).
Ce gisement, que Ton peut considérer comme un gisement
k de rivage, de même que les dépôts de fer ooUthique, est dû
à une précipitation chimique.
Le prix des minerais des mines de Tchiatura ( Russie j était,
en 1897, de 8 fr. 50 la tonne en gare de Tchiatura sur la ligne
du Transcaucasien. Les mines sont prospères, et de nouveaux
gisements viennent d'être découverts. Elles ont produit
231.868 tonnes en 1897. La teneur varie de 46 à 56 0 0.
> En Russie, le tonnage du minerai de manganèse extrait a
atteint :
TonD«8 Francs
En 1893, 268.621, représentant une valeur de.. 2.3i.>..>00
1895, 203.081 — — .. 1.9i2.610
1897, 231.868 — — .. »
Il existe d'autres gisements de manganèse dans le Caucase,
notamment ceux de Croscha, dans des grès calcaires (juras-
sique supérieur), et ceux des environs de Ti/lis, dans un cal-
caire bréchoïde sénonien.
Actuellement la majeure partie du manganèse employé
dans le monde entier provient des mines du Caucase, qui
arriveraient bientôt à tuer toute concurrence, si la pyrolusite
qu'elles renferment ne contenait pas de phosphore, ce qui
diminue sa valeur pour la métallurgie.
Aujourd'hui le minerai de Tchiatura, à 50 0 0 de inanga-
' nèse, se vend environ 37 francs, rendu sur bateau ; et celui
à 70 0/0, 50 francs environ, selon sa teneur en silico. Au-
dessus d'une certaine teneur en silice, on retranche, pour
calculer le prix de vente, une unité de Mn par unité de
silice en excès.
Le prix de revient du minerai de manganèse rendu sur
^ bateau peut être calculé comme suit pour les mines de
Tchiatura :
Francs
Minerai rendu en gare de Tchiatura 8, 50
. Transport de Tchiatura à Poti 18 »
Chargement sur bateau à Poti 4 »
Frais généraux et divers H »
Total 3o,50
\
286 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Le fret Jusqu'à Marseille coûterait, en plus, i6 francs.
Gisements de VEspagne. — Dans les couches horizontales
miocènes formant la partie nord-ouest du plateau de la
Serena, dans la province de Giudad Real, à val de Pefias, on
exploite des minerais tenant de 40 à 60 0/0 de manganèse,
formi^s de bioxyde et de sesquioxyde de manganèse el
intercalés dans des argiles blanches. L'exploitation est peu
active, parce que les minerais contiennent du phosphore, et
Mord Auf
Fio. 91. — Coupe nord-sud den g-isemeuts du Giudad Real.
qu'au centre des terrains siluriens en forme de cuvette, qui
entourent les couches de manganèse, il existe une nappe
d'eau qui arrête le développement des travaux en profondeur.
En Espagne, la production du minerai a atteint :
Tonnes Francs
Ed 189», 340, représentant une valeur de.. 2.610
1896, 38.265 — — .. 268.660
Gisements de la Sardaigne, — Au Capo-Rosso, dans l'île de
San-Pietro (Sardaigne), on exploitait autrefois des minerais
de manganèse, constitués par un mélange de bioxyde et de
sesquioxyde, dans des argiles intercalées entre deux nappes
de trachytes. Ce gisement, dont la formation semble due à
un dépôt chimique provenant de sources thermales, est
abandonné depuis le développement pris par les gisements
du Caucase.
D'ailleurs, l'exploitation était gênée par des venues d'eau
considérables.
III. — GÎTES DE CONCENTRATION •
Gisements de V Allemagne, — Nassau, — Les nombreuses
mines de manganèse du Nassau, situées dans la vallée de la
i
MIKËHACX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE Wi
Lahn, sont surtout grou["^es autour d'Etbingerode et
d'Eckholshavxei. Le minerai '(pyrolusite, psilomélane) est
contenu, conimp le phoiiphale exploité dans la même région,
dans des poches d'argile superllcielles recouvrant des grès
et des schistes du dévonien inférieur moyen, avec des
calcaires dolomitiques et des schistes à cypridioes (ramen-
nieu'. L'exploitation a lieu à ciel ouvert on par des puits
peu pro ronds.
Fir.. 9-2, — Gwps icrliulf de la ml» d'EIbiagirodr i.d'aprd DiTiPtj,
Gisements (te la Belgique. — En Belgique, on exploite,
dans la vallée de la Lienne, des minerais tenant 20 0 0 dp
fer et 20 0/0 de manganèse.
Le tonnage du minerai exploité en Belgique a atteint :
En 1891. 2:1, 048. représentant une valeur de.. sn.lOO
1896, 21.265 — — .. »
1897. 2B.37Ï — _ ., »
GiiemenU de la Grèce. — En Grèce, il K\islR deux groupes
de mines : l'un, à Capevani, dans les Cyclades, exploita par
une Compagnie Trançaise, et le second, situé à Fourkovient,
exploité par une Société anjtlaise.
La production du manganèse en tlr'-ce a été la suiv.nnie :
Hiaerai de Ter manganèsifère :
e valeur de.. «
Minerai de manganèse :
288 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Gisements des Etats-Unis. — Le bassinée Cnmora (Virginie)
est, d'après Davies, un dépôt de lavage provenant d'une
érosion des grès cambriens de Potsdam (mines de Cnmora^
exploitées depuis 1876, et du Motxt-Athos).
En Géorgie, à Cartesville, on exploite à ciel ouvert ou par
de petits puits, un minerai argileux provenant de la décom-
position de grès d'âge inconnu (mines Dade).
Les minerais de Batesvifle (Arkansas) contiennent 50 0/0
de manganèse un peu phosphoreux (0,15 0/0 de phosphore).
On peut citer encore les hématites manganésifères du lac
Supérieur, les couches manganésifères siluriennes d7ron
Mountain et la pyrolusite du Warm-Springs (Caroline du Nord).
Sans compter les minerais de plomb argentifère de Lead-
ville, qui contiennent du manganèse, les États-Unis ont pro-
duit, en 1897, environ 160.000 tonnes de minerai de manga-
nèse, dont 50.000 tonnes pour le New-Jersey, 80.000 tonnes
pour le Michigan et le Wisconsin et 19.000 pour le Colorado.
Dans ce dernier État, les minerais proviennent des mines de
Leadville; ils contiennent en moyenne 30 0/0 de manganèse
et sont absorbés par des aciéries de Chicago et de Puebla
(Colorado).
Aux États-Unis, le tonnage de minerai exploité a atteint :
Tonnes Francs
En 1896, 163.126 représentant une valeur de.. 1.695.415
1897, 156.787 — — .. »
Gisements du Chili. — Au Chili, il existe des gites importants
de manganèse dans la province de Coquimbo, notamment
à la Servena, sur le chemin de fer d'Elqui; la teneur varie
de 35 à 45 0/0 en moyenne et atteint souvent 5 » 0/0.
Le tonnage du minerai exploité au Chili a atteint : en 1894,
47.994 tonnes et, en 1806, 26.152 tonnes.
Gisements du Brésil. — De nouvelles mines de manganèse
ont été ouvertes au Brésil durant ces dernières années, et,
en 1897, on a exporté 8.500 tonnes de minerai tenant
50 0/0 de manganèse environ. Les mines situées dans la
province de Miguel appartiennent à la Airosa C^. Il existe
aussi quelques gisements exploités, dans les provinces de
MinaS'Geraes, de Matto-Grosso et de San-Paulo.
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 289
On doit citer aussi les gîtes de minerais de manganèse
de la Bosnie (5.344 tonnes en 4897), de V Autriche-Hongrie
(3.9S0 tonnes en 1896), de la Turquie (49.000 tonnes en
1896), de la Suède (2.056 tonnes en 1896) et de VAuntralie,
Queensland (403 tonnes en 1897).
BQLIOGRIPHIE DU MAIIGANÈSE
1884. Dieulafait, Manganèse dans les marbres cipolins {Comptes
Rendus, t. XCVIII, p. 634).
1885. Dieulafait, Applications des lois de la thermochimie aiu: phé-
nomènes géologiques. Minerais de manganèse (Comptes Ren-
dus, t. G, p. 6Ô9, 644, 676).
1885. Dieulafait, Origine et mode de formation des minerais de
manganèse. Leur liaison au point de vue de Torigine avec
la baryte qui les accompagne {Comptes Rendus, t. G, p. 324).
1883. Igelstroem, Braunite des mines de Jacosberg dans le Werm-
land en Suède {Bulletin de la Société minéralogique de
France, t. VIll, p. 421).
1881. Ghapuy, Manganèse en Russie (Mémoire manuscrit à l'École
des Mines).
1889. Beaugey, Manganèse des Hautes-Pyrénées {Bulletin de la
Société de Géologie, 3- série, t. XVII, p. 297).
1891. Leproux, Gisements divers du Caucase (Mémoire manuscrit
à TEcole des Mines).
1892. A. Leproux, \ote sur les principaux gisements minéraux de
la région du Caucase {Annales des Mines, 9* série, t. It,
p. 491).
1893. Ad. Gamot, Minerais de manganèse ^analysés au bureau
d'essai de r Ecole des Mines de 1845 à 1893 {Annales des
Mines, 9* série, t. IV, p. 189).
1898. A. Pourcel, Note sur les gisements de manganèse de Tchia-
tour {Annales des Mines, t. XII, p. 119).
1898. Rojado-Ribeîro, Lisboa, 0 Manganez no Brazil {Jornal do
Commercio, Rio de Janeiro).
1898. Lisboa, 0 Manganez no Brazil (Rio de Janeiro).
GÉOLOGIE. 19
290 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
CHROME ET FER CHROMÉ
Propriétés physiques et chimiques. — Le chrome est un
métal d'un gris d'acier, qui peut prendre un bel éclat par
le polissage. Il est cassant, très dur, et il raye le verre*
Densité =: 6.
Il ne s'oxyde pas à la température ordinaire, mais il s'oxyde
facilement quand on le chauffe au rouge sombre. Il décom-
pose l'eau au rouge et, à froid, en présence des acides.
Attaqué par l'acide sulfurique étendu et par l'acide chlorhy-
drique, il donne un sel de chrome, et l'hydrogène se dégage.
Le chrome présente plusieurs analogies avec le fer, auquel
il est souvent associé (fer chromé).
Usages. — Le chrome est employé en métallurgie. Intro-
duit dans Tacier en faible proportion, il en augmente la
dureté. L'acier chromé est employé surtout pour la fabrica-
tion des cuirasses de navires et des tourelles des forts et
pour les projectiles d'artillerie.
Oxydes. — Le sesquioxyde de chrome anhydre est employé
pour la peinture sur porcelaine et pour la coloration du
verre.
Le sesquioxyde hydraté (vert Guignet) sert pour l'impres-
sion des tissus et des papiers peints.
Sels. — Le chromate neutre de potasse, d'un beau jaune,
est doué d'un grand pouvoir colorant et est un oxydant
énergique ; il donne, avec les sels de ploîhb, un précipité,
connu sous le nom de jaune de chrome, très employé en
peinture.
Le bichromate de potasse est aussi employé comme colo-
rant. Il sert en photographie pour les tirages au charbon.
En dissolution dans l'acide sulfurique, il est employé pour
la formation des piles dites au bichromate de potasse.
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 291
MLNERAIS DU CHROME
Le minerai de chrome primitivement exploité était la
crocàtse (chromate de plomb PbCrO*), rouge, translucide, à
éclat adamantin, fusible au chalumeau; on en trouve des
gisements dans TOural, au Brésil, en Hongrie et dans les
Philippines.
Aujourd'hui le seul minerai de chrome utilisé est, en
réalité, le fer chromé (Fe,Mg)0(Cr,Al)»03, noir de fer, éclat
faiblement métallique, infusible au chalumeau.
G^.OGI^.NIE ET GISEMENTS
On trouve le fer chromé en grains ou en amas dans les
serpentines résultant de l'altération des roches à péridot.
Les gisements sont d'étendue très restreinte, et le fer chromé
y est accompagné de silice opalescente et de chrysotile. On
peut donc rattacher la formation de ces gisements à des ve-
nues d'eau récentes.
Grèce et Turquie d'Asie. — Il existe, dans l'île de Mételin
et dans YEuhée, des nids de fer chromé dans la serpentine.
Des gisements analogues sont exploités sur le versant sud
de l'Olympe de Bythinie (Turquie d'Asie), à Dagh-Hardi,
Topouk^ etc.
On exploite aussi le chrome dans le villayet d'Aïdiriy près
de Makri. Le minerai à 50 0/0 y revient à 90 francs la
tonne franco bord au port d'embarquement.
La production du fer chromé en Grèce était de 1.600 tonnes
en 1896 et de 563 tonnes en 1897; et celle de la Turquie, de
^0.137 tonnes en 1896, et de 11.551 tonnes en 1897.
Banat. — Les minerais de fer chromé gris noirâtre de la
province d'Orsova, le long de la Bosnie (Banat) se trouvent
dans de la serpentine recoupant des calcaires crétacés en
amas de 300 à 400 mètres de longueur, coïncés à moins
de 100 mètres de profondeur; ils sont mélangés d'argile
et de dolomie et tiennent de 35 à '60 0/0 de chrome.
292 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
La production de la Bosnie a été d'environ 450 tonnes de
chromite en 1896 et de 396 tonnes en 1897.
Oural. — On exploite dans les serpentines, sur le versant
est de rOural [Goroblagodatsk), des amas de 20 mètres de
puissance et des filons de fer chromé de 40 X 6 mètres,
avec une profondeur maxima de 20 mètres. Les minerais
contiennent 50 0/0 d'oxyde de chrome mélangé de serpen-
tine et de magnétite.
La production du minerai de chrome, en Russie, était
d'environ 7.000 tonnes en 1896.
États-Unis, — On trouve aux États-Unis, en Californie
à Almaeda, Placer, San-Luis-Obispo, etc., le fer chromé,
associé à de l'opale et à du chrysotile.
La production des États-Unis était de 713 tonnes en 1896,
et de 152 tonnes seulement en 1897.
Lac Noir. — Depuis 1894 on exploite au lac Noir (canton
de Colraïne) des gisements de fer chromé dans des serpen-
tines, contenant des gttes d'amiante. La production de la Col-
raïne Mining C« a atteint 2.097 tonnes en 1897 (7.000 tonnes
depuis 1894); les gttes de Santa-Lucia (Obispo) n'ont fourni
que 50 tonnes en 1897.
Terre-Neuve, — A Terre-Neuve, on exploite des dépôts de
minerai de chrome à Bluff Head, sur la côte ouest, dans une
diorite, recoupée par des lits de serpentine; au contact de la
serpentine, on trouve de la chromite contenant 49,9 0/0 d'acido
chromique et 6,9 0/0 de silice avec 7,5 d'alumine, 18,5 de
magnésie et 17,2 de fer. — La teneur exigée par l'industrie,
en acide chromique, est de 50 0/0 ; on paie 4 à 5 francs par
unité en plus. Il est vrai que le minerai est déprécié de plus
de 5 francs par unité en moins de 50 0/0 ; une forte teneur
en silice diminue aussi la valeur du minerai.
En 1897, on a extrait à Terre-Neuve 2.300 tonnes de mi-
nerai, dont la moitié tenait de 40 à 50 0/0 d'acide chromique,
et le reste de 35 à 40 0/0.
Nouvelle-Galles du Sud, — Dans la Nouvelle-Galles du
Sud, on exploite du minerai de chrome à la mine Helena^
à 12 kilomètres à Test de Colac. Teneur moyenne : 50 0/0.
La production a été de 3.500 tonnes de fer chromé on
1837, pour toute cett'» province.
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 293
Nouvelle-Calédonie. — Les serpentines de la Nouvelle-
Calédonie renferment des veines filoniennes de fer chromé,
et Ton exploite aussi, dans les fissures argileuses de la sei-
penline, des grains arrondis de fer chromé (fer chromé dit
d^alluvion).
La production dépassait 4 5.000 tonnes de fer chromé en
Nouvelle-Calédonie, en 1B96.
BIBLIOGRAPHIE DU CHROMB
1878. Fer chromé de VEubée {Annales des Mines, V série, t. XIII,
p. 589).
1883. Elisée Brotte, Sur le chrome de la Turquie d'Asie.
1889. Description géologique des îles de Melelin et de Thasos {Ar-
chives des Missions scientifiques),
1898. De Launay, Note sur les gisements de fer chromé de la
province de Québec (Bulletin des Annales des Mines^ 9* série,
t. XIII, p. 617).
1898. Garnler, Gisements de cobalt, chrome et fer de la Nouvelle^
Calédonie {Société des Ingénieurs civils).
29i GÉOLOGIR APPLIQUÉE
L'ARTmOUfE ET SES MIHERAIS
Propriétés physiques. — l/anlimoine esl un métal blanc
d'argent, très cassant, se laissant facilement pulvériser. Il
fond vers \h(y et se volatilise au rouge blanc ; sa vapeur exhale
une odeur de graisse. En refroidissant lentement, il cristal-
lise en rhomboèdres.
Lorsqu'on le fond et lorsqu'on le laisse refroidir lente-
ment à Tabri de Tair, les cristaux de sa surface ont Taspect
de feuilles de fougère. Densité = 6,715; chaleur spéci-
fique = 0,05077; il conduit mal la chaleur et l'électricité.
Propriétés chimiques. - L'antimoine est inoxydable à
l'air, à la température ordinaire ; il s'oxyde au rouge, en répan-
dant des vapeurs blanches, qui se condensent en poudre
blanche, connue sous le nom de fleurs argentines d'anti-
moine.
L'antimoine ne décompose l'eau qu'au rouge ; il se dis-
sout lentement dans les acides sulfurique et chlorhydrique
concentrés et chauds. L'acide azotique, en l'oxydant, le trans-
forme en acide antimonique. L'antimoine se dissout dans
l'eau régale contenant un excès d'acide chlorhydrique, en
donnant du chlorure d'antimoine. Doué d'une grande
affinité pour le chlore, il s'enflamme dans ce gaz lorsqu'on
l'y projette en poudre et se convertit en protochlorure et
en perchlorure d'antimoine. Le soufre, le phosphore et
rars«înic peuvent également se combiner avec lui.
Usages. — Dur et fragile, l'antimoine n'est utilisé qu'à
l'étcil d'alliage. Il donne de la dureté aux métaux avec les-
quels on l'allie.
Alliages. — L'antimoine entre dans l'alliage des caractères
d'imprimerie et dans relui des planches stéréotypes. Le
métal anglais pewster en contient 8 0/0 avec 87 0/0 d'étain,
4 0 0 de cuivre et 1 0 0 de bismuth.
MINÉRAUX KMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 295
L'antimoine enlre en petites proportions dans le métal
d'Alger et dans le métal de la Heifie, Valliaye de Réaumur
contient 70 0/0 d'antimoine et 30 0/0 de fer; on emploie en
Angleterre un bronze d'antimoine pour la fabrication des
coussinets de wagons.
Enfin une application importante de Tantimoine est celle
qui en a été faite dans certaines parties des cartouches de
guerre.
Oxyde. '- L'oxyde d'antimoine dissous dans le bitartrate
de potasse constitue Vémétique, très employé en médecine
comme vomitif.
Sulfures. — Le kermès également employé en médecine
est UB oxysulfure d'antimoine. La poudre de sulfure d'anti-
moine sert à la préparation du kohl, avec lequel les femmes
d'Orient peignent leurs sourcils en noir. L'oxysulfure entre
aussi, sous le nom de vermillon d'antimoine, dans la prépa-
ration des toiles et des papiers peints. C'est une couleur très
solide et qui couvre bien.
Ghlomres. — Le prolochlorure d'antimoine, ou beurre
d^antimoine, est employé en médecine 'comme caustique.
11 sert aussi à bronzer les armes et le cuivre pour les
préserver de l'oxydation. Précipité dans l'eau, il constitue
la poudre d'algaroth, qui est un oxychlorure d'antimoine.
Sels. — On emploie l'antimoine précipité d'un de ses sels
par le zinc ou par le fer, sous le nom de notr cfe fer, pour
bronzer les métaux et donner aux statuettes de plâtre un
aspect métallique.
L'alliage de sérullas est utilisé pour la préparation des
radicaux métalliques de l'antimoine. Il est obtenu en fondant
6 parties d'émétique avec i partie d'azolate de potasse.
L'antimoniate de quinine est employé en médecine.
Le jaune de Naples, le jaune minéral de Mérimée et le jaune
de Pinard sont des antimoniates de plomb.
MINERAIS DB l'aNTIMOINE
Le principal minerai d'antimoine est la stibine (sulfure
d'antimoine Sb^S^, couleur gris de plomb, se laissant rayer à
l'ongle); la stibine est assez fusible, et sa gangue quartzeuse
296 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
est très adhérente; on peut encore citer Idi se narmontite (oxyde
d'antimoine Sb*0', incolore et translucide, fusible, volatil et
attaquable dans les acides) et la kermésite (oxysulfure d'anti-
moine 2Sb2S3 + Sb»0=*, rouge, soluble, fusible). L'antimoine
existe également dans un grand nombre de minerais com-
plexes d'or, d'argent et de cuivre, tels que les cvivres gris
(panabase, freibergite), Vargent rouge (Ag-^SbS'), la bour-
nonite (CuPbSb.S»), la boulangérite (Pb3Sb>.S«i ; on produit
une certaine quantité d'antimoine dans les usines où sont
traités ces divers minerais.
GBOGENIE ET GISEMENTS
La Stibine se trouve en général dans des filons quartzeux,
à l'état de mouches irrégulières et quelquefois de lentilles
peu étendues; les filons sont accompagnés, comme ceux
d'étain, par une roche à mica blanc, à minéraux ciremx,
verdâtres, produits par l'action des eaux acides.
La stibine semble avoir été formée par l'action de l'eau
sur des fumerolles, comme Ta démontré Sénarmont en chauf-
fant en vase clos à dOO*^, en présence d'eau pure, un mélange
d'antimoine et de soufre. En outre, certains gisements
(Arnsberg, en Westphalie) semblent d'origine sédimen taire, et
l'antimoine accompagne l'or, l'argent et le cuivre dans des
filons complexes. On trouve des gîtes de différents âges (ter-
rains primitifs, siluriens, dévoniens, tertiaires). Il y a donc
eu plusioui^ venues distinctes d'antimoine.
I. — GÎTES FILOMENS
Giaements de la France. — Il existe, dans le Plateau
Central, un grand nombre de filons de stibine dont la plupart
sont abandonnés. On peut citer les deux filons de Nades
(Bourbonnais), qui recoupent les micaschistes et dont la
gangue est quartzeuse ; les filons de Btesnay, près de Sou-
vigny (Allier), dans la granulite à mica blanc; les filons de
Villerauge (Creuse), recoupant la grauwacke du Culm ; les
filons de Saint-Yrieix, situés dans l'axe de filons de granulite
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 297
recoupant des schistes micacés ou amphiboliques ; ceux de
C/tanac (Go rrèze), dans des schistes argileux noirâtres; les
filons de quartz antinionieux de Valflenry (Loire), dans des
gneiss se rattachant à la granulite ; ceux de Malbosc (Ardèche),
dans des micaschistes reposant sur le granité.
Enfin on peut citer un groupe de gisements plus riches,
exploités dans Tarrondissemeut de Brioude (Freyconet, la
Fage, Marmeissat,Chazelles),dansle canton de Massiac (Lmes
et Ouche dans le Cantal) et à la Licoulne (Haute-Loire). Ce
sont des filons quartzeux verticaux de 0",20 à 0",30 d'épais-
seur, intercalés dans le terrain primitif (gneiss, granité) et
renfermant des lentilles de stibine accompagnées de sulfure
de fer (Fe^S^); ces filons sont séparés par des massifs sté-
riles de 10 à 15 mètres; on trouve aux affleurements des
oxydes d'antimoine que Ton traite à Brioude ou que Ton
exporte.
La production de Tantimoine en France a été la suivante :
Minerai :
Tonnes Francs
En 1894, 6.144, representaDtunevaleur.de.. 406.155
1896, 5.675 — — .. 342.720
Métal :
Tonnes Frsncs
En 1894, 1.012, représentant une valeur de. . 680.120
1896, 969 — — .. 6ol.085
Hongrie. — On exploite à Mazurka (Hongrie), dans les
montagnes granitiques séparant les vallées de la Grau et de
la Waag, un filon dont la puissance varie de 0™,05 à 4 mètres
avec failles de rejet nombreuses, recoupant le granité, qui est
altéré au contact (formation du minéral vert cireux dont
il a été parlé plus haut et transformation du mica noir
en mica blanc). Le remplissage comporte deux bandes laté-
rales de quartz avec stibine au centre; sur certains points
le braunspalh s'est interposé, lors d'une réouverture le long
d'une des épontcs. Le quartz est aurifère et la stibine est
accompagnée de pyrite, de blende, de galène, de chalco-
pyrite, de braunspath et de calcite.
On trouve encore en Hongrie les filons de Bisztra et â^^
298 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Botza (Bries), dans les granités, et d'Aranyidk (Kaschau),
dans les schistes.
La production de Tantimoine en Hongrie a été la suivante :
Minerai :
Tonnes Francs
En 1894, 1.265, représentant une valeur de. . . 144.339
1896, 862 — — ... 64.482
Antimoine et régule :
Tonnes Francs
En 1894, 385, représentant une valeur de... 261.748
1896, 650 — — ... 397.170
En Autriche, il existe aussi quelques gisements d'anti-
moine qui ont produit :
Minerai :
En 1894,
1896,
Tonnes
696, représentant une valeur de. .
905 — — ..
Francs
164.715
193.510
Antimoine
et régule :
En 1894,
1896,
Tonnes
279, représentant une valeur de...
422 — — ...
Francs
225.416
274.117
Portugal, — En Portugal, on exploite les filons de Tapada
et de Gondomar (sulfures à 70 0 0), de Carrega (minerais
de 25 à 50 0/0), de Casa Branca^ dans TAlemtejo, etc..
La production du Portugal en minerai d'antimoine a été
la suivante :
Minerai :
Tonne»
Francs
En 1894,
803, représentant une valeur de..
244.760
1896,
595 — — ..
144.585
Allemagne. — En Allemagne, on exploite les filons de
Gold Kronack et de Wolfsherg (schistes siluriens du Fichlel-
gebirge), de Salzbourg (schistes anciens de la Forêt-Noire) ;
les mines et usines de TErzgebirge, du Harz, de Joachim-
sthal, d'Andreasberg et de Przibram, fournissent de Tanti-
moine comme produit secondaire.
La production de Tantimoine en Allemagne a été la sui-
vante :
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 299
Antimoine avec manganèse :
Tonnes
Francs
En 1894,
424, représentant une valeur de. .
326.220
1897,
1.665 — — ..
1.053.720
Gisements fUoniens divers. — On trouve encore de l'anti-
moine en fiions (en général sulfures, quelquefois oxydes),
en Angleterre (Cornouailles), en Suède [Sala).
On peut citer aussi les gttes filoniens, reconnus et exploi-
tés en Espagne, kSan-Martino de Villalonga; en Asie-Mineure,
aux environs de Smyrne; à Bornéo, dans la partie anglaise
(Sarawak, Tagui, Tambusan); au Mexique, dans le district
d'AUar (Sonora), d'où Ton a exporté, en 1896, 3.231 tonnes
de minerai valant 160.465 francs.
En Australie, dans la Nouvelle-Galles du Sud (Munga et
Armidal) etjdans la province de Victoria, on exploite des
filons d'oxyde et de sulfure d'antimoine recoupant le dévo-
nien; la production y a été, en 1894, d'environ 1.300 tonnes
de minerai représentant une valeur de près de 500.000 francs,
et, en 1897, de 200 tonnes seulement, valant 100.000 francs
environ.
Parmi les filons d*antimoine tertiaire, les principaux sont
ceux de Pelsobanyà (Hongrie), où l'on rencontre des conglo-
mérats de frottement avec des fragments des épontes
cimentés par du quartz, de la pyrite, de la blende, etc. ; ceux
d'Ani-Bebbouch et de Djebel-Taia, en Algérie (province de
Constantine) ; cenx de Pereta (Toscane), dans les calcaires
de réocène supérieur, qui ont été métamorphisés par des
vapeurs sulfureuses.
II. — GÎTES SKDIMENTAIRES
11 existe, en outre, un certain nombre de gîtes considérés
comme sédimentaires par les géologues qui les ont visités et
décrits, mais dont la formation pourrait s'expliquer aussi bien
par une venue hydrothermale postérieure.
On trouve à Charmes (Ardèche) de la dolomie triasique
imprégnée de stibine en veines ou en nodules, généralement
en amas irréguliers.
300 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
A Arnsberg (Westphalie), la stibinei qui forme des couches
minces de O",©? à0",20, dans les schistes siliceux du culm,
est accompagnée d'un schiste coloré en noir par des parti-
cules carbonifères; la pyrite y est fréquente; la blende, la
calcite et la fluorine sont exceptionnelles. Le minerai est
homogène au milieu et bifurque vers les épontes; il est
connu sur 80 hectares de superficie environ.
Algérie. — Le gîte de Djebel-Hamimat ou de Sidi-Rgheiss
(Constantine), encaissé au milieu de calcaires noirs et d'ar-
giles néocomiennes inférieures, fournit des oxydes d^anti-
moine en amas irréguliers; le minerai est compact, grenu,
cristallisé ou disséminé ; il existe aussi du sulfure en houppes.
Ia production de Tantimoine en Algérie a été la suivante :
Minerai :
Tonnes Francs
En 1894, 175, représentant une valeur de.. 26.000
1896, 658 — — .. 94.785
États-Unis. — Aux États-Unis (Utali), sur le Coyote Creek,
un trouve de la stibine en dépôt de 0°^,02 à 0"*,80 dans un
grès tendre au-dessus d'un banc calcaire et d'un dépôt de
conglomérats.
La production de l'antimoine aux États-Unis a été la sui-
vante :
Métal :
w Tonnes Franc»
En 1896, 556, représentant une valeur de.. 423.585
1897, 680 — — .. 536.250
Prix en 1897 : Ofr. 35 en moyenne, la livre anglaise
(453?^60).
Les principales mines sont situées dans VUtah, le Montanay
VIdaho, la Californie et le Nevada.
Prix des minerais. — On vend, à Londres, Tantimoine à
Tétat de sulfure naturel : les premières qualités de minerais
dosent 50 0/0 d'antimoine métallique (régule d'antimoine) ;
les minerais à 30 0/0 se vendent difficilement. Les minerais
oxydés sont soumis à une dépréciation, à cause de leur titre
"^ffmm^
3IINÉRALX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 301
moins élevé et des frais de leur traitement. Les principales
impuretés de Fantimoine sont le plomb et Tarsenic.
Si Ton considère un minerai pauvre, le prix de chaque
centième de teneur en antimoine est de 3 fr. 50 à 4 francs ;
mais, pour les minerais plus riches, le prix de Puni lé
augmenlerapidement jusqu'à 8 et iO francs pour les minerais
à 50 0/0.
Soient : p, le prix de la tonne ;
/, la teneur en centièmes (dosage par voie sèche) ;
a, le déchet de fabrication ;
c, le cours du régule en francs par tonne ;
/*, les frais de fusion et le bénéfice du fondeur, par tonne.
On a (d'après M. BurUie) :
^^ïki^-ij^'-f^-
En Angleterre, f = 450 francs environ ; et a varie de 0 à 50,
quand la teneur vane de 60 à 20 0/0.
BIBLIOGRAPHIE D£ L'AMTIIIOINE
1835. Gniner, Classification des filons du Plateau Central et des-
cription des anciennes mines de plomb du Forez {Société
d'agriculture de Lyon^ 23 novembre).
1869. Ville, Gîtes minéraux de V Algérie {Annales des Minea^
6* série, t. XVÏ, p. 161).
1878. Camot, dite de Chanac (Corrèze) (Annales des Mines^ 7* série,
t. XIII, p. 394).
1892. Burthe, Sur la vente des minerais et du sulfure d'antimoine
{AnnaUs des Minesy 9* série, t. 11, p. 172).
1893. P. Burthe, Notice sur la mine d'antimoine de Fregcenef
{Annales des Mines, 9* série, t. IV, p. 15).
302 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
ALUMUflUM
On étudiera, dans ce chapitre, uniquement Taluminium
métallique et les minerais qui servent à le produire. "Ses autres
minéraux : les oxydes d'aluminium (rubis, saphir, etc..)
seront passés en revue au chapitre des Pierres précieuses;
les aluns, les argiles, les kaolins, etc., seront examinés
dans les chapitres relatifs à leur emploi industriel.
Propriétés phjrsiqneB. — L'aluminium est un métal d'un
blanc légèrement bleuâtre. Il est très ductile et très malléable
et peut être réduit en feuilles extrêmement minces par le
battage. Sa dureté et sa ténacité égalent celles de l'argent;
il fond à 600<^ et n'est pas sensiblement volatil aux hautes
températures. Sa densité, très faible, est de 2,56 (à peu près
celle du verre et de la porcelaine) ; et sa chaleur spécifique
est de 0,128. Il est très sonore et conduit bien la chaleur et
l'électricité.
Propriétés chimiques. — L'aluminium est absolument
inaltérable à l'air, même à une température élevée, et
il résiste aux agents qui attaquent nos métaux usuels. Il ne
décompose pas l'eau et ne noircit pas, comme l'argent, sous
l'influence de l'acide sulfhydrique. Les acides sulfurique
et azotique concentrés n'attaquent pas à froid ce métal ;
mais ils le dissolvent très lentement à chaud. L'acide chlor-
hydrique est le dissolvant de l'aluminium, sur lequel il
n'îagit même à froid.
Usages. — L'emploi de l'aluminium se trouve tout indiqué
lorsqu'on a besoin à la fois d'une grande légèreté, d'inalté-
rabilité à l'air et d'une certaine élégance. On fabrique avec
ce métal, depuis longtemps, malgré le prix élevé qu'il avait
conservé jusqu'à ces dernières années, des instruments d'op-
tique et de lunetterie; on en fait des services de table, des
clefs, des instruments de chirurgie, etc.
Des essais sont faits, maintenant que les prix de l'alumi-
1 W' .. ■
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 303
nium sont à peine plus élevés que ceux des métaux usuels,
pour le remplacement,- par Taluminium, des pièces métal-
liques lourdes et oxydables qui entrent dans l'équipement du
soldat. Les bidons, les marmites, les quarts et les gamelles à
Tusage de Tarmée seront probablement fabriqués désormais
avec ce métal si léger, si propre et d'une si parfaite inno-
cuité.
L'aluminium est employé en métallurgie comme purifica-
teur du fer et du cuivre.
Enfin, malgré les critiques qui ont été faites contre l'em-
ploi de l'aluminium, dont des échantillons insuffisamment
purs avaient donné des mécomptes assez nombreux, parti-
culièrement dans l'usage des ustensiles culinaires, il est
certain que ce métal, qui jouit de propriétés si remarquables,
sera dans peu d'années d'un usage courant.
On commence déjà à utiliser l'aluminium pour la cons-
truction des maisons. En 1899, à Chicago, on a entrepris
la construction d'une habitation en aluminium dans Tun
des quartiers les plus fréquentés de la ville. La maison sera
formée d'un bâti en fortes poutres de fer, avec garnissage
en plaques de bronze d'aluminium, tenant 20 parties d'alu-
minium pour 10 de cuivre. Ce bronze a un coefflcient de
dilatation extrêmement réduit. L'édifice aura une hauteur
de 6i mètres et comportera dix-sept étages. La façade sera
garnie de plaques de 5 millimètres d'épaisseur, soigneuse-
ment polies.
L'expérience indiquera si ce genre de construction peut
préserver les habitants contre le froid et la chaleur, et si la
sonorité des parois ne réserve pas quelques surprises plutôt
désagréables aux futurs locataires.
Alliages. — La moindre proportion d'aluminium ajoutée à
certains métaux — cuivre, fer, acier, etc., — en augmente
la dureté et l'homogénéité.
L'alliage connu sous le nom de bronze d'aluminium est
doué de l'éclat de l'or et de la ténacité du fer ; il contient
ordinairement 900/0 de cuivre et 10 0/0 d'aluminium; il est
employé pour la fabrication de coussinets, de tuyaux, d'ins-
truments de physique, etc. Sa belle couleur a permis de l'uti-
liser dans l'orfèvrerie.
1
304 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
T.e laiton d^ aluminium est formé de 2/3 de bronze d'alumi-
nium et de 1/3 de zinc.
D'ailleurs, les alliages d'aluminium varient comme propor-
tion, suivant l'emploi auquel ils sont destinés. '
L'alliage mitis est un acier très ductile et très dur conte-
nant 0,05 à 0,10 0/0 d'aluminium.
MINERAIS ET GISEMENTS
Bien que Taluminium soit un des corps les plus répandus
de la nature, le nombre de ses minerais utilisables indus-
triellement est restreint. Les deux principaux sont la
bauxite et la cryolite, La bauxite est un hydrate ferrifère
d'alumine, qui contient 40 à 80 0/0 d'alumine, 0 à 20 0/0 de fer
et i5à50 0/0 d'eau; on l'emploie aussi comme argile réfrac^
taire, et il sert pour la préparation de l'alun et du sulfate
d'alumine. La cryolite est un fluorure double d'aluminium
et de sodium (ôNaFl + Al^Fl^^). L'alumine pure naturelle ou
corindon (saphir, rubis) est employée en joaillerie; celle
dont on a besoin dans la métallurgie de l'aluminium, est
extraite artificiellement de l'alun, du kaolin ou de Talumi-
nate de soude.
Banzite. — En dehors du gisement des Baux de Provence,
près de Mouriès (Bouches-du-Rhône), où elle a été signalée
par Berthier dès 1821 et d'où elle a tiré son nom, la bauxite
est exploitée : dans la Lozère près de Mende; dans l'Ariège à
Péreilhes; k Saint-Chinian et à Villa-Veyrac dans l'Hérault; à
Madriaty Boudes et Augnatf en Auvergne ; on en trouve égale-
ment : en Irlande, à Belfast; dans le Piémont, à Mozze; en
Autriche, à Wochein; au Canada^ aux États-Unis, etc.
Gisement des Baux. — Aux Baux, on exploite à ciel ouvert ou
en galeries, un banc rose ou blanc de bauxite, de 6 mètres
d'épaisseur, sous un calcaire gris à cyclophores (oxfordien).
La bauxite repose sur les assises supérieures de l'urgonien.
Elle a une structure pisolithique qui diminue avec la teneur
en fer; on y trouve du rutile, du fer titane et du corindon.
La bauxite blanche, que l'on trouve au milieu de la bauxite
rose, est de l'alumine hydratée pure.
MINÉRAUX EMPLOYÉS DAMS LA MÉTALLURGIE 305
La bauxite de Saint-Chinian (Hérault), qui repose sur Tin-
fralfas, est recouverte par le danien ; celle de Cantagals, près
de Villa-Veyrac (Hérault), repose sur des calcaires gris juras-
siques ; elle est recouverte par les couches à physes de la
Bégude.
La bauxite a uoe origine hydrotbermale ; mais on ne
peut pas préciser la réaction chimique à laquelle elle doit
son origine.
Production de la bauxite. — En 1897, la France a produit
42.000 tonnes de bauxite ; elle en avait produit seulement
33.820 tonnes en 1896, et 26.032 tonnes en 1894.
En Irlande, la production de la bauxite, qui était de
10.500 tonnes en 1895, est montée à 13.349 tonnes en 1897.
Les États-Unis ont donné 21.000 tonnes de bauxite en 1897,
contre 17.369 tonnes en 1896^; et, en particulier, la Pittsburg
Réduction G®, dont les usines sont situées à New-Kensington
et à Niagara-Falls, produisait, en 1897, 1.814.400 kilogrammes
d'aluminium à 98 0/0.
Cryolite. — Gisement d'Ivigtut, — On ne connaît encore
actuellement qu'un seul gîte de cryolite exploité industriel-
lement, celui d'ivjgtut près de la baie d'Arksut (Groenland
oriental) ; on y exploite un filon de 100 mètres de longueur
sur 1 mètre d'épaisseur maxima; la'JIcryolite s'y rencontre,
accompagnée d'étain,de sidérose, de fluorine, de wolfram et
de pyrite.
La production du district d'Ivigtut étaitjde 12.287 tonnes
en 1895; elle a fléchi à 6.058 tonnes en 1896, par suite de
Tamoncellement des glaces, qui gênait l'exploitation.
A Miask (Oural), on trouve de la cryolite accompagnée de
topaze, de fluorine et d*un fluorure d'aluminium et de sili-
cium (chiolite).
Prix de Valuminium. — Le prix de l'aluminium et de ses
minerais a beaucoup diminué de 1880 à 1900, depuis qu'on
prépare ce métal électrolytiquement et non plus chimique-
ment. Ainsi, en 1880, l'aluminium métal se vendait 150 francs
le kilogramme ; il est vrai qu'à cette époque la production
totale ne dépassait pas 2.500 kilogrammes. En 1887, le kilo-
gramme d'aluminium ne valait plus que 60 francs, et 20 francs
eu 1890.
OÊOLOOIX. 20
306 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
En 1894, les statistiques indiquent pour la France une pro-
duction de 270.000 kilogrammes d'aluminium, avec une valeur
de 1.372.000 francs, soit 5 francs environ par kilogramme, et,
en 1896, 370 tonnes valant 1.295.000 francs, soit 3 fr. 50 par
kilogramme environ.
Quanta la bauxite, qui valait 55 francs la tonne en moyenne,
en 1890, rendue aux usines, elle ne valait plus, de 1895 à 1897,
qu'une trentaine de francs au point de consommation, ou
6 à 7 francs prise à la mine ou à la carrière. — Les statis-
tiques indiquent en effet, pour la France, une production
de 26.032 tonnes de bauxite, en 1894, avec une valeur de
162.940 francs, et de 32.820 tonnes en 1896, valant
244.165 francs.
BIBLI06RAPHIB DE L'ALUmUIUM
1870. Fabre, Sur les failles et fentes à bauxite dans les environs^
de Mende (Bulletin de la Société géologique, 2* série ,^
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1872. Collet, Sur la bauxite de Saint-Chinian, dans VHérault
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environs d'Aix en Provence).
1881. Dieulafait, Sur la bauxite de Provence [Comptes Rendus^
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1885. Roule, Sur le terrain lacustre ancien de Provence (Annales-
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1887. CoUot, Age des bauxites du sud-est de la France (Bulletin
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1887. Auge, }^ote sur la bauxite (Bulletin de la Société géologique,.
3* série, t. XVI, p. 345).
1888. Stan. Meunier, Sur la bauxite (Bulletin de la Société géolo-
gique, 3* série, t. XVII, p. 61).
1889. P. Gourret et A. Gabriel, La bauxite et les étages qui 1er
recouvrent dans le massif de Garbaban [Comptes Rendus,.
t. CVI).
1890. Richards, Aluminium history occurence, prospecties, etc.
(London, Sampson Low).
1895. Garnier, rAluminiuin et le nickel (Revue Scientifique).
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 307
LE MERCUBB BT 8BS imiERAIS
Propriétés. — Le mercure est un métal d'un blanc très
. brillant, liquide à la température ordinaire; il fond à — 39^
el bout à + 357». Densité = 13,W) à Fétat liquide et 14,40 à
l'état solide. Il est inoxydable à Tair humide.
Usages. — Le mercure sert au traitement métallurgique
des minerais d'or et d'argent dans les procédés dits de
l'amalgamation. On en emploie aussi une certaine quantité
pour la construction d'appareils de physique, baromètres,
thermomètres, cuves à mercure des laboratoires, etc.
Il servait aussi pour la dorure ; mais ce procédé, très nui-
sible à la santé des ouvriers, est presque entièrement rem-
placé par la dorure galvanique.
Alliages. — Les alliages du mercure portent le nom
d'amalgames. Vamalgame d'étain ferme ce qu'on appelle le
tain des glaces. Pour le préparer, on fait couler du mercure
sur une feuille d'étain, et on applique la glace par dessus.
^ Vamalgame de bismuth, formé d'une partie de mercure
' et de quatre de bismuth, adhère encore plus fortement au
( verre; il sert à faire des boules argentées.
L*argenture est souvent préférée maintenant à ces amal-
games, à cause de l'insalubrité des vapeurs mercurielles.
Sels de mercare. — On emploie des quantités considé-
rables de mercure à la fabrication du vermillon. Le vermiU
i" Ion, poudre rouge très éclatante, est du sulfure de mercure.
Le plus estimé est celui qui vient de Chine où l'on emploie
un mode de fabrication inconnu en Europe. A la mine
I d'Idria, en Autriche, on le fabrique en grand en faisant
chauffer un mélange de mercure et de soufre ; on broie et on
porphyrîse ensuite le cinabre artificiel (lIg,S) ainsi obtenu.
Le calomel, ou sous-chlorure de mercure, sert ea méde-
cine comme vermifuge et comme purgatif.
Le sublimé corrosifesi du protochlorure de mercure. Il a la
308 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
■
propriété de rendre imputrescibles les substances organiques.
Le fulminate de mercure, ou cyanure de mercure, est
employé pour les amorces.
Enfin la médecine utilise différents onguents mercuriels.
Tous ces usages sont assez limités ; aussi le mercure n'at-
teint-il que des prix relativement peu élevés, malgré sa rareté.
La consommation des dix dernières années est restée
sensiblement constante et égale à 120.000 bouteilles ou
4.000 tonnes. L'usage a prévalu de compter ainsi par bou-
teilles (bottle, flask ou fiasco), à cause de la façon constante
dont s'est efl'ectué le transport du mercure dans des bouteilles
en fer contenant 341^^,65.
Le grand marché du mercure est à Londres ; son prix
varie entre 5 et 7 francs le kilogramme.
MINERAIS DU MERCURE
Le véritable minerai de mercure est le cinabre, ou proto-
sulfure de mercure, d'une couleur rouge caractéristique ; il
est parfois accompagné d'un sulfure amorphe gris, appelé
métacinabre.
On connaît encore la tiemannite, qui est un séléniure, et
Yonofrite (séléniosulfure) ; un sulfoantimoniure, la livings-
tonite ; un tellurure, la colorado'ite ; deux chlorures, le
calomel et la coccinite, et des amalgames d'or et d'argent.
Géogénie. — Le sulfure de mercure, au Lieu de s'être déposé
dans de larges fentes de fracture, comme les sulfures de
beaucoup d'autres métaux, remplit en général des réseaux
de petites veinules le long d'une direction filonienne princi-
pale. Le terrain encaissant se trouve ainsi transformé en
une sorte de stock werk, dans lequel on trouve des amas
lenticulaires assez peu développés. Parfois aussi le cinabre
imprègne le terrain, grès ou schiste, par porosité. Grâce à la
rareté du mercure, on est amené à exploiter des gisements
dont la teneur ne dépasse pas 1/2 0/0.
Qu'il soit en veinules ou en imprégnations, le cinabre ne
parait pas avoir été déposé par substitution, et nous admet-
trons avec M. Becker, qui a spécialement étudié la question,
qu'il a été apporté et déposé par des venues hydrother*
MINÉRAUX EMPLOYÉS DAKS LA MÉTALLURGIE 309
maies. Sans doute était-il à Tétat de sulfure double de mer-
cure et de sodium, sel soluble qu'on retrouve dans les geysers
actuels de la Californie, appelés steamboatsprings. Ce sulfure
double peut dissoudre Tor, la pyrite de fer et celle de
cuivre, corps qui accompagnent souvent le cinabre.
Le cinabre se rencontre dans presque tous les terrains : silu-
rien^ carbonifère, permien, trias, tertiaire ; on l'a trouvé aussi
dans différentes roches : porphyres, trachytes et basaltes.
Quant à Tàge des venues mercurielles, il est difficile à
préciser, comme celui de tous les dépôts llloniens. On peut
cependant assigner une origine récente à presque tous les
dépôts de cinabre. Les seuls gisements auxquels on puisse
attribuer, d'ailleurs sans preuves certaines, une origine
ancienne, sont ceux d'Almaden et d'Oviedo, en Espagne, et
ceux de la Bavière et du Palatinat.
A défaut d'ordre géologique, on adoptera un ordre géo-
graphique (France, Europe, Asie, Amérique, Australie) pour
Texamen des divers gisements de mercure. On décrira avec
plus de détails les mines importantes d'Almaden (Espagne),
d'Idria (Cimiole), de Sièle (Toscane) et de Sulfur-Bank et
New-Almaden (Californie).
DESCRIPTION DES GISEMENTS
Gisements de la France. — On n'exploite en France aucun
gtte de mercure ; cependant on en trouve en divers endroits.
A Ménildot^ dans la Manche, une mine a été ouverte de
1730 à 1742 sans résultat appréciable.
A la Mure (Isère), des tentatives faites de 1850 à 1854
n*ont pas eu plus de succès.
Dans l'Isère, le cinabre a encore été rencontré à Challanges,
dans des veines*de galène et de blende, et à Allemand, avec
un amalgame d'argent.
On trouve aussi du cinabre à Peyrat (Haute-Vienne), dans
du granité.
En Corse, près du cap Corse, le cinabre est associé à de
la stibine, dans des granulites.
Gisements de V Algérie. — En Algérie, on trouve quelques
gisements de mercure; dans le département de Constantine :
310 GÉOLOGIE APPLIQUES
X Bir-Beni-Salah, &\i sud de Coleo, où l'on rencontre du
cinabre el de la galène dans des gneiss.
A Taghit, ausud'Ouest de Batna, dans des (lions de cinabre
de blende et de galène, dans le lerrain néocomica;
Enfin à Ras-Et-Ma, auprès de Jemmapes, où il existe des
nions de cinabre et de barytine, dans des calcaires liguriens-
La dernière seule a donné lieu à une exploilalion qui est,
du reste, aujourd'hui abandonnée.
Giientents de l'Espagne. — Outre la mine d'Almaden, sur le
versant nord de la Sierra-Nevada, dans la province de Ciudad
Keul, le seul gisement espagnol qui ait une importance
industrielle est celui de Mieres, dans les Asluries.
Almaden. — l.e gite d'Almaden contient la plus ancienne
mine de mercure : il étail connu quatre cents ans avant
Jésus- Christ ; depuis
l'invention de l'amal-
gamation, la produc-
tion s'y est sans cesse
accrue. Le gisement
s'enrichit constamment
en profondeur.
Le cinabre imprègne
trois couches de quart-
zites siluriens, d'une
épaisseur de 8 à 10
mètres; les couches,
encaissées dans des
schistes siluriens et
dans une brèche de
quartï, de serpentine,
de schiste et de cal-
caire avec ciment fels-
■Alm«ien paihique appelée frai-
lesca (V. fig. 93), sont
très redressées et forment les trois filons de San-Pedro y San-
Dicijo, San-Francisco et San-Nicolas. A partir de 200 mètres de
profondeur, leur régularité est beaucoup plus grande; vers
260 mètres, les deux derniers filons semblent se confondre.
Le gisement est divisé, par les mineur», en trois catégo-
riprti H. (
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 31 i
ries : le minerai pauvre, qui tient de 1 à 7 0/0 de mercure ;
le minerai moyen, de 8 à 20 0/0; le minerai riche, dont la
teneur peut aller jusqu'à 85 0/0.
Le gîte est exploité par étages de 25 mètres, et, dans
chaque étage, par tranches de 3™,50 environ. Le douzième
étage a été préparé en 1895. On enlève les foncées de deux en
deux et on les remplace par un massif de maçonnerie, repo-
sant sur une voûte très surbaissée. De cette façon on peut
enlever jusqu aux dernières parcelles du minerai. Le chifTre
élevé des frais d'exploitation, 100 à 105 francs par tonne, y
compris la mise en bouteilles, est, du reste, moins grevé [lar
ce muraillement (qui ne revient qu'à 17 francs par tonne,
fournitures comprises) que du fait même de Tabatage. Un
piqueur, payé 4 à 5 francs par jour, ne peut travailler que
quatre heures par jour et pendant sept à huit jours seule-
ment chaque mois, tant sont délétères les vapeurs mercurielles.
1^1 production du district d'Almaden a été de 16.070 tonnes
de minerai en 1896, donnant 41.330 bouteilles, soit
1.426.188 kilogrammes de mercure, avec un rendement
moyen de 8,87 0/0. En Espagne, la production du mercure
a été, en 1897, de 49.510 bouteilles, dont 47.357 i^our Almculen
(en augmentation de 6.027 sur 1896), 1.600 pour El Poncnir
(Mieres), 472 pour VUnion Astuariana et 111 pour la Sotcr-
rana (Pola de Lena).
Gisements de V Allemagne, — A la ftn du siècle dernier,
TAllemagne produisait une certaine quantité de mercure. —
Mais les mines de la Bavière et du Palatinat n'ont pas pu
descendre au-dessous de 200 mètres sans que leur appau-
vrissement les rende inexploitables. Elles consistaient en
filons et en imprégnations de cinabre dans des schistes gris
et des conglomérats du permien supérieur. La dernière mine
exploitée, celle de Potsherg, près d'Altengrau, est fermée
depuis longtemps.
Gisements de C Italie. — Le gisement de Vallalta,en Vénétie,
dans la province de Belluno, est connu depuis de longues
années; son exploitation avait été reprise en 1856; mais,
depuis 1880, elle est abandonnée définitivement. Le gite se,
trouve au contact de microgranulites et de grès et schistes
Iriasiques. Le cinabre était en veinules dans un conglomérat
312 GÉOLOGIE APPLIQUÉE .
spécial, sorte de brèche de frotlement, formée lors de l'onver-
ture du lilon. Le plus grand amas exploité avait 30 mèlres
d'épaisseur et une teneur moyenne en mercure de 0,5 0/0.
En Toscane, la mine de Levigtiatû, près de Seravezxa, est
très ancienne; la couche y est disséminée dans des veines
irrégulières de quam. La mine de Jano, près de Vollerra, où
le cinabre imprègne des schistes bitumineux, n'a pas donné
les brillants l-ésullats qu'elle avait fait entrevoir.
Mais les mines du mont Amiala ont pris, depuis 1880, un
magnifique essor. En particulier, celles de Stèle et de Cor-
tiacchino viennent directement, comme chiffre de produc-
tion, après celle d'Idria en Autriche.
Siele. — La mine de Siele, appelée Diaccialetto, est située
sur la rive gauche du torrent de Siele. Le gisement se
trouve dans des couches calcaires triasiquea qui sont plus ou
moins marneuses. On exploitait d'abord des petits filons et
des petites couches de spath calcaire mélangé de cinabre,
et la mine avait déjà fait faillite quand on trouva, à la pro-
fondeur de 50 mètres, des couches argileuses dont l'une,
dite Grand-niga, contient de 35 à 90 0/0 de mercure.
A la mine de Comacchiiio, sur le mont Penna, le gisement
se trouve aussi dans des couches argileuses, au milieu du
calcaire nummulitique.
Les deux mines de Siele et de Cornacchino ont pro-
4uit engepible, en 1890, 449 tonnes de mercure, valant sur
MINÉRAUX EMPLOYÉS DA^S LA HËTAI.LURGIE 313
place 2.920.000lireset,en 1897,séparénient:Sîele,150IODDes,
et Cornacebino, 50 tonnes de mercure.
Une nouvelle Compagnie a'etit formi^ en 1897, pour exploi-
ter les mines de mercure d'Abbadia (Tosrane).
L'Ilalie produisait au total, nu moyen de onze mines, en
1894. 258 tonnes de mercure métal, représentant une valeur
de 1.139.200 lires, et, en 1896, 186 tonnes valant 874.200 lires.
Gisements île rAutriche. — La mine d'Idria (narniolr) est
la plus importante d'Europe après celle d'Almaden.
Idria. ~~ Le gisement d'Idria est expjnîté par le Gou-
Ternement Autrichien depuis le milieu du ivi° siècle.
En 186S, il semblait impulsé et ne trouva pas acheteur à
3.300.000 francs ; mais, dès l'année suivante, la production
reprit, et elle Tournit actuellement h. l'Autrirhe un bi'néllce
annuel de 800.000 francs.
Pin. 95. ~ Coupe nrtieali: du ^letiuni d'Idrii (dislriel du nord^ucsl).
Le gisement se divise en deux districts : celui du nord-
ouest et celui du sud-est. Dans le premier, le cinabre
imprègne des couches schisteuses triasiques, appelées couches
de Skonza; ces i:ouches plongent entre les marnes irisées
de Wengen et les dolomies de Gutteralein jusqu'à une profon-
deur de 280 mètres, puisse divisent en deux branches, l'une
montant et l'autre descendant à travers le calcaire.
^314 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
La branche inférieure est en relation avec le district sud-
est, où la couche affecte la forme d'une cuvette renversée.
Le mercure est très irrégulièrement disséminé : il forme
parfois des amas lenticulaires, puis disparait complètement.
Le calcaire dolomitique du toit est souvent imprégné de
mercure, grâce à une infinité de veinules qui partent des
couches de Skonza. Dans certains endroits, on trouve même
du mercure natif.
L'arrivée au jour, du mercure à Idria, semble s'être pro-
duite par des fissures provenant d'un mouvement postérieur
au trias supérieur. Le sulfure de mercure en dissolution s'est
concentré dans les schistes poreux et dans les fissures des grès.
Le minerai le plus riche, le stahlerz^ contient 75 0/0 de
mercure; mais la teneur moyenne n'est que de 0,84 0/0. La
production annuelle d'Idria est d'environ 550 tonnes de
mercure métal. On peut encore citer, en Garniole, le gise-
ment de PotocniQy près de la ville de Neumarkt. On y trouve
le cinabre en veinules et en petites mouches dans un schiste
noir du muschelkalk. Production annuelle, 20 tonnes de
mercure environ.
La mine de Littat, près de Marburg, d'où Ton tire de la
galène avec de la cérusite, produit aussi du cinabre qui
enveloppe les noyaux de galène et qui paraît dû à une venue
postérieure.
On peut rappeler pour mémoire les mines de la Bosnie^ qui
produisaient 5 tonnes de mercure en 1891 et 1/2 tonne
en 1895. Une Compagnie anglaise s'est formée, en 1897, pour
exploiter des gisements de mercure nouvellement découverts
en Croatie, à Trystin,
La production totale du mercure, en Autriche, a été, en 1894,
de 519 tonnes, représentant une valeur de 2.641.795 francs,
et provenant de 84.127 tonnes de minerai.
En 1896, la production du mercure a atteint en Autriche
S64 tonnes valant 2.874.237 francs, et provenant de 83.303
tonnes de minerai.
Gisements de la Hongrie, — En Hongrie, les filons-couches de
Orobe etDrozdziakow, à Kotterbach, et celui de Kahlehohj à Szlo-
vinka, exploités comme filons de chalcopyrite, contiennent
du cinabre et du cuivre gris mercuriel, avec de la stibine,
MINÉRÀL-X EMPLOYÉS DANS LÀ MÉTALLURGIE 315
minéral toujours associé au mercure dans ces régions. Les
filons de Dobschau et de Metzenaeifen, voisins des prf^cédents,
sont exploités uniquement pour mercure.
La production totale de la Hongrie, qui était de 26 tonnes
en 1883, est tombée à 10 tonnes en 1890. En 1896, elle
n'était plus que de 1.100 kilogrammes, valant 5.590 francs.
Gisements de la Russie. — Dans le sud de la Russie, près de
Nikitoffha, au centre du bassin houiller du Donetz, sur la voie
ferrée de Koursk-Kharkow (gouvernement d'Ekaterlnoslawi,
le mercure a été signalé dès 1879. Une exploitation y a été
entreprise, en 1886, et a pris une extension rapide. Le cinabre
imprègne un banc de grès houiller très incliné; il tient en
moyenne 0,80 0/0 de mercure et a fourni, en 1893, 201 tonnes
de mercure valant 1.102.420 francs.
En 1895, la production s'est élevée à 434 tonnes représen-
tant une valeur de 1.855.000 francs seulement.
Gisements de la Chine, — Le mercure paraît abondant en
Chine, où Ton fabrique de grandes quantités de vermillon.
Les mines, très importantes, paralt-il, sont inconnues; tout
au plus peut-on affirmer qu'elles sont dans la province de
Kwei'Chau, récemment ouverte au commerce étranger.
En Corée^ notamment dans la province de Hoang-Hai, il existe
aussi des gisements de mercure qu'on exploite, comme en
€hine, en allumant des feux dans des trous creusés au milieu
des roches imprégnées de cinabre et recueillant le mercure
qui se distille et se condense sur la surface de la roche.
Gisements des îles de la Sonde, -- Dans Tile de Bornéo, il
existe d'importantes mines de mercure à Téyora^ dans le dis-
trict de Sarawak ; le cinabre y est contenu dans un schiste
argileux en masses irrégulières; il est accompagné de pyrite
et de stibine. La production annuelle dépasse 2.000 bouteilles.
Gisements dû Japon, — Au Japon, il existe quelques gise-
ments de cinabre, entre autres celui de ShizUj dans la
province d'Hirado. Le minerai se rencontre en veines minces,
au milieu de roches éruptives.
La production du mercure au Japon a été de 2.141 tonnes
en 1893. En 1895, elle est tombée à 481 tonnes. Les rensei-
gnements pour les années suivantes ne nous sont pas encore
parvenus.
'\
316 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Gisements de la Californie. — Les mines de Californie,
découvertes vers 1843, après avoir produit 2.800 tonnes en
1875 et révolutionné le marché du mercure, se sont rapide-
ment épuisées, et produisent à peine 20.000 bouteilles, soit
à peu près 650 tonnes de mercure par an actuellement.
Les gisements de mercure s*y présentent sous une forme
nettement fllonienne, dans des terrains divers, du trias au
tertiaire. Le cinabre est accompagné de pyrites, de matières
bitumineuses de quartz résinite ou d'opale, etc..
Les principales mines sont celles de Sulphur-Bank, près
du lac Clear ; celles des districts de Knoxville et de Ohathill tout
à fait épuisées, et enfin celles de New-Almaden et de New-Idria.
Sulphiir-Bank, — Sulphur-Bank, dans la Californie, est une
colline recouverte de soufre, qu'on exploita d'abord, sans
grand succès, comme mine de soufre. En 1873, on reconnut
que le soufre recouvrait un gisement de cinabre. Le minerai
y est pauvre; il contient 1 0/0 seulement de mercure; mais
l'exploitation, qui se fait à ciel ouvert, est facile. Le cinabre
est généralement amorphe, accompagné de pyrite avec des
matières bitumineuses, de la silice et de la calcite. Le terrain
encaissant est le néocomien ; il est boulevei^é par des phé-
nomènes volcaniques récents, coulées de basalte, sources
chaudes, lacs de borax. L'eau des sources chaudes contenant
des carbonates, des borates, des chlorures et des sulfures
alcalins, est capable de dissoudre le cinabre, sous une pression
sulHsante. Il est possible que ce soient des sources analogues
qui aient amené le minerai; celui-ci aurait été précipité par
diminution de pression. Le rendement, qui diminue beau-
coup, est d'environ 1.500 bouteilles chaque année.
New-Almaden, — La mine de New-Almaden est la plus
ancienne de la Californie. Le cinabre y imprègne le ter-
rain néocomien profondément métamorphisé. Le calcaire et
les grès, recoupés en tous sens par les veinules du minerai,
forment des stockwerks alignés le long de filons irréguliers.
Le mercure est accompagné de silice, de matières bitumi-
neuses et de pyrite. Les galeries sont très étendues, et la
mine a déjà fourni de grandes quantités de minerai. En 1874,
elle paraissait épuisée, lorsqu'on a trouvé de nouveaux
filons, moins riches, il est vrai, mais plus réguliers. La pro-
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 317
duction totale de New-Almaden a été, jusqu'en 1899, d'environ
1 million de bouteilles. En 1897, elle était de 4.700 bou-
teilles.
Gisements du Mexique. — On a étudié les moindres gise-
ments de mercure du Mexique, à cause de l'intérêt qu'ils
avaient pour l'amalgamation des minerais d'argent ; mais les
résultats n'ont pas été brillants au début. Tout au plus
pourrait-on citer, jusqu'en 1894, les gîtes de mercure de
Sari'Onofrio et de Guadalcaiar, qui se trouvent dans des cal-
caires crétacés.
Hais d'importants gisements de mercure, découverts en
1894, sont exploités dans le district de Moctezuma, à 115 kilo-
mètres au nord-ouest de San-Luis de Potosi. La première mine
ouverte (Dulces-Nombres) a été louée, moyennant une rede-
vance mensuelle de Ili.OOO francs, par la Société des Mines
de mercure de Guadalcazar. La mine de Guadalupana, à deux
kilomètres de Dulces-Nombres, a été ouverte en 1897 ; le
minerai exploité contient une forte proportion de mercure.
Les autres principales mines du Mexique sont celles de Nuevo-
Potosi, exploitées également par la Société de Guadalcazar, et
,de Huitzuco (État de Guerrero). Une nouvelle mine a été
ouverte, dans l'État de Durango, en 1898.
Gisements du Brésil. — On commence à exploiter, au Brésil,
de grands dépôts de minerai tenant de 1 à 2 0/0 de mercure,
près de Nazareth,
Gisements de la Colombie. — En Colombie, quelques travaux
ont été entrepris dans le district de Kamloops, au nord du
lac de ce nom. Le minerai, à gangue dolomitique, est contenu
dans une roche tertiaire très acide, d'origine volcanique. On
connaît aussi des gites de mercure près de Cruces, dans
l'isthme de Panama et dans la vallée de Santa-Rosa (province
d'Antioquia).
Gisements du Pérou. — Le Pérou a été un pays grand
producteur de mercure; mais ses gisements sont aujourd'hui
abandonnés. Dans la province d'Ancachs, la mine de Santa-
Cruz a été arrêtée par suite de dégagements abondants
d'acide carbonique. Dans le district d'Huancavelica, dont
la mine la plus riche était celle de Santa-Barbara, on trouvait
le mercure en imprégnations dans du grès. Le cinabre était
318 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
cinabre était accompagné de minerais arsenicaux, avec
gangue de calcite et de barytine.
Australie, — En Australie, on a découvert d'importants
gîtes de cinabre dans la Nouvelle-Galles du Sud, à Noggriga-
Creek, et dans la Nouvelle-Zélande près de Thames, à Manga-
kirikiri-Creek,
La production de mercure (métal) dans le monde entier a
été de 3.709 tonnes en 1895, et de 4.275 tonnes en 1897.
BIBUOGRAPHŒ DU MERCURE
1871. De Monasterio y Correa, Mines d'Almaden {Revue univer-
selle des Mines et Annales des MÎJies, 7* série, t. I, p. 443).
1874. Virlet d'Aoust, Sur le gisement du cinabre à Abnaden et au
Mexique (Bulletin Société géologique^ 3* série, t. II, p. 416).
1874. Jaaneta:^ Sur le mercure métal^ trouvé dans les terrains
récents [Bulletin Société géologique^ 3* série, t. II, p. 416).
1876. Hollande, Sur le mercure de Corse (Bulletin Société géolo-
giqùe^ t. IV, p. 31).
1876. Leytnerie, Mercure dans les Cévennes (Toulouse, Académie
des Sciences,!* sérK, t. VIII, p. 132).
1878. Blake, Sur les gisements de cinabre en Californie et au
Nevada (Bulletin de la Société de l'Industrie minérale),
1878. Kuss, Mémoire sur Almaden (Annales des Mines, 7* série,
t. XIII, p. 39; t. XV, p. 524).
1878. Rolland, Les gisements de mercure de Californie (Bulletin
Société minérale, n* 6, et Annales des Mines de septembre).
1880. Petiton, Note sur la mine de mercure de Siele en Toscane
(Annales des Mines, 1' série, t. XVII, p. 35).
1883. E. de Launay, Mémoire sur Idria (Manuscrit à TEcole des
MinesV
1889. Briard, Journal de voyage sur les Mines de Mieres (Manuscrit
à TEcole des Mines).
1889. Iloskold, Mémoire général sur les Mines de la République
argentine.
1891. Weiss, Usine à mercure de Nikiloffka (Mémoire manuscrit à
rErole des Mines).
181U. Calderon, Recientos Irabajos sobre el origen g formacion de
los depositos de mercurios, (Madrid Actas de la Sociedad
Espayiiola de historia naturale).
CHAPITRE IV
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS
COMBUSTIBLES MINÉRAUX ET HYDROCARBURES
Carbone. — Le carbone est un corps simple, solide, non
métallique, entrant dans la composition d*un grand nombre
de substances minérales :
i^ Gomme corps simple avec ou sans azote (diamant, gra-
phite) ;
2* Combiné avec Thydrogène (carbures d'hydrogène, gaz
naturels, pétrole, bitume, asphalte, ozokérite, ambre) ;
3« Combiné avec Toxygëne, Thydrogène, Tazote et parfois
avec un peu de soufre (anthracite, houille, jais, lignite,
tourbe).
Les divers composés du carbone qui se trouvent à Télat
naturel, soit en couches, soit en imprégnations dans la terre,
seront étudiés dans ce chapitre.
Seuls, les gisements de diamant (carbone pur) et de jais
(variété de lignite) seront examinés plus loin avec les pierres
précieuses.
320 GÉOLOtilE APPLIQUÉE
GRAPHITE
Propriétés physiques et chimiques. — Le graphite naturel
est, à l'état pur, composé presque exclusivement de carbone
avec des traces d'oxyde de fer, d'azote, de silice et d'alu-
mine. Il est généralement connu sous les noms de plomba-
gine et surtout de mine de plomb, parce que, comme le plomb,
il présente un aspect métallique et laisse sur le papier des
traces noires et brillantes, d'où son nom, tiré de ypa^civ :
écrire. Il est cristallisé en petites paillettes d'un gris d acier,
ou en masses feuilletées, onctueuses au toucher et se lais-
sant rayer par l'ongle. La densité des graphites les plus
purs, qui proviennent de Geylan et du Canada, et qui con-
tiennent jusqu'à 99,8 0/0 de carbone, est de 2,26; elle varie
entre i,80 et 2,40 pour le graphite des autres provenances.
Ce corps ne brûle que dans l'oxygène, à une température
élevée ; il conduit bien la chaleur et l'électricité.
Usages. — On emploie à la fabrication des crayons, sous
le nom de mine de plomb, les variétés grenues de graphite
les plus pures ; les gros morceaux sont sciés en baguettes
prismatiques que l'on introduit dans des gaines de bois. Les
petits morceîiux pulvérisés et la poussière provenant du
sciage sont, après mélange avec de la gomme ou de la colle
de poisson, comprimés en briquettes destinées elles-mêmes
au sciage pour la fabrication des crayons.
Pulvérisé et traité par des procédés spéciaux, le graphite
donne une pâte qui, moulée, constitue le crayon conté.
Certaines qualités de graphites sont employées comme
combustible en métallurgie (Rhode-Island).
On confectionne des creusets réfractaires avec des gra-
phites impurs auxquels on ajoute de l'argile jusqu'à la pro-
portion d'un tiers ; on choisit pour cet usage les graphites
écailleux ne contenant pas de chaux et surtout pas de fer,
pour éviter la formation de silicates fusibles et de colorations
ocreuses. En poussière fine et délayée dans un peu d'huile,
la mine de plomb sert à noircir les objets en fer, en fonte
ou en tôle. Elle les préserve de l'oxydation et leur donne,
par le frottage, une surface brillante de métal neuf.
Incorporé à des huiles ou à des graisses, le graphite cons-
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 321
Utue le cambouis employé, sous le nom de vieux oing, au
graissage des essieux de voitures, des tourillons, des engre-
nages, etc. On emploie aussi le graphite, seul et bien pul-
vérisé, pour adoucir le frottement des pistons dans les
cylindres des machines soufflantes.
On s'en sert également pour la garniture des moules de
fonderie, et, en galvanoplastie, pour métalliser les sulfures
non conducteurs des moules et empêcher leur adhésion avec
le métal déposé.
GISEMENTS
Bien que le graphite soit abondant dans la nature, notam*
ment dans les micaschistes et les schistes anciens métamor-
phiques, il n'existe qu un nombre limité de gisements indus-
triels, en Sibérie, en Bohême, aux États-Unis, au Canada, h
Ceylan,etc...
On peut diviser les gisements de graphite en trois catégo-
ries, d'après les indications géologiques de leur formation.
1« Graphite dans les roches éruptives cristallines (Sibérie,
district d'Irkoutsk) ;
2<* Graphite dans les gneiss et les micaschistes (Bohème,
Etats-Unis, Canada) ;
3° Graphite dans les terrains anciens, tels que les grès silu-
riens (Cumberland), le dévonien (Ceylan) et le houiller
(New-Mexico).
I. — GrAPBITE dans les roches KRUPTIVES CRISTALLINES
Sibérie, — On trouve du graphite en Sibérie dans les monts
Batougol, près d'Irkoutsk, au milieu des schistes anciens
(graphite terreux avec 50 0/0 d'argile) et dans les granulites,
d'où l'on extrait des blocs purs de 30 à 40 centimètres
(97 0/0 de carbone) d'un graphite facile à tailler et à débiter
en crayons (Mine Alibert). Le climat rigoureux a fait aban-
donner ces gisements et a empêché l'exploitation de ceux de
Touroukhansk.
Gisements divers. — On a trouvé aussi du graphite dans le
Turkestan russe près de Kouldja et de Serguipol, ainsi que
dans la Russie d'Europe près de Krivoï-Rog, à Tcheronnaia
OÉOLOOIB. 2t
322 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
sur' la rive gauche de llngouletz, et non loin de là, à Miro-
novka, près de Petrovo, etc.. Il en existe aussi dans les gra-
nités des Pyrénées [mont Labour), dans les diorites de Barèges,
et dans le porphyre du Harz ; M. Friedel a reconnu du gra-
phite dans des échantillons de diamant; la présence du gra-
phite a été également constatée dans des mines de diamant
du Gap, près de Kimberley, par M. Moulle.
II. — Graphite dans les gneiss et les micaschistes
•
Bohême, — En Bohême, le graphite se trouve à Kriimmau
où on en fait une exploitation souterraine, et à Schwartzbach,
entre des gneiss et des micaschistes, dans une zone d'amphi-
bolites analogue à celle du Plateau Gentral français. Le gise-
ment de Schwartzbach se trouve au voisinage de calcaires
cristallins en amas, couchés suivant la stratification et cou-
verts par une imprégnation ferrugineuse de quelques centi-
mètres. Le graphite extrait est affiné, c'est-à-dire trié, br(»yé
et soumis àuue séparation par densité dans des cuves à eau.
Ou trouve des gîtes analogues à Sivojanow (Bohême), à
Muhldorf (basse Autriche), à Pafisau ( Bavière) et à Pistau (Mora-
vie).
L'Autriche a produit, en 1896,35.972 tonnes de graphite
valant brut, sur le carreau de la mine : 3.041.145 francs.
Tonkin. — On trouve du graphite au Tonkin dans les
gneiss, à Yen-Bay sur les bords du fleuve Rouge. Les gise-
ments reconnus semblent importants; mais leur exploitation
était à peine commencée en 1899.
États-Unis. — On a découvert, en 1883, à Ticondero(ja
(New- York), des bancs de graphite interstratiflés dans les
gneiss de Blackhead Mountain. Les veines, de 2 à 30 cen-
timètres, alternent avec des gneiss et plongent à 45«, jusqu'à
plus (le 100 mètres de profondeur. Le minerai est préparé
comme celui de Bohême et sert surtout à la fabrication des
creusets.
Il existe aussi des gites de graphite dans le Massachusetts, à.
Sturbridi/e et dans TEtat de New-Jersey, ainsi qu'en Californie^
à Seiiwa. On a extrait aux États-Unis, en 1897, 450.48; kiU>>
grammes de graphite cristallisé, valant 225.455 francs.
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 32J
Les Ëtats-UDis produisaient, en 1885, 200 tonnes de graphite
valant 910 francs la tonne, et, en 1890, 6.000 tonnes valant
600 francs la tonne.
I^ouvelle^ Angleterre. — On exploite à Khode-lsland (New-
England) des couches de houille métamorphisée en graphite.
A Cumberland-HUl et à Cranston, ce graphite, intermédiaire
entre le graphite et Tanthracite, est employé en métallurgie
(procédé Eames).
Canada. — Au Canada {LocHaber et Buckingkam), le graphite
imprègne des gneiss, au voisinage de calcaires cristallins,
comme en Bohême. Le graphite, en paillettes ou en amas,
est accompagné de calcite, de quartz, de pyroxène, d'apatite
et de spbène, provenant sans doute de l'action de Tacide
titanique sur le calcaire.
On trouve des gisements analogues au val dVln(f/a« (Vosges),
à Visen (Portugal) et près d'Oran (Algérie).
IIL — Graphite dans les terrains anciens
Angleterre. — Les mines, aujourd'hui abandonnées, de
Borrowdale et de Kesswick (Cumberland) fournissaient du gra-
phite formant des veines dans des grès et des schistes. A
Cummockj on exploitait des lentilles de graphite dans des
gneiss. Les mines de graphite du Cumberland donnaient au
XVI* et au xvii<' siècle, un bénéfice net annuel d'un million
de francs.
Ceytan. — Le graphite des gisements de Ceylan, assez
importants, est aujourd'hui supplanté sur le marché par le
graphite américain. Les raines principales sont situées autour
de Colombo, au sud de Ceylan, probablement dans le dévonien.
BIBLIOGRAPHIE DU GRAPHITE
1872. Dionjrs Stur, Graphite de Moravie {Verh. der K.K. geol. R.}.
1877. Obalski, Rapport sur les mines du Canada.
1879. Bonnefoy, Gîtes de graphite de la Bohême méridionale
(Annales des Mines^ t. XV, p. 157).
1887. Minerai resources of the United States^ p. 351 et 672.
324 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
G0MBUSTIBLB8 MIHÉRAUZ
Les combustibles minéraux, que Ton pourrait plus pro-
prement appeler combustibles végétaux minéralisés, sont
composés de carbone avec de Foxygène, de Thydrogène et
de Tazote en proportions variables. Selon les conditions de
leur' dépôt, ils contiennent plus ou moins de matières ter-
reuses et d'impuretés diverses, qui forment les cendres,
résidu de leur combustion.
D'après leur composition chimique, leur âge, leur mode de
formation et leur usage, on les distingue en quatre caté-
gories :
L'anthracite, la houille, le lignite et la tourbe.
Géogénie. —Les premiers de ces combustibles ont été for-
més par la transformation de matières végétales après trans-
port, macération et dépôt dans des eaux profondes. Le
lignite et la tourbe ont «été formés, au contraire, dans des
estuaires et des marais peu profonds.
Rapidité de la formation des dépôts de combastibles. —
On pensait autrefois que le temps de formation des dépôts
de combustibles avait été très considérable (près de dix
siècles pour 1 mètre de combustible) ; mais les expériences
de M. Fayol, à Gommentry, ont démontré que la formation
avait dû être beaucoup plus rapide et que certains "bassins
houillers avaient pu être formés en quelques centaines
d'années.
On étudiera successivement chacune des quatre catégories
de combustibles indiquées ci dessus, en commençant par
celles dont le dépôt est généralement le plus ancien et la
formation la plus complète.
J
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 325
I. — ANTflBAGITE
On appelle anthracites les combustibles minéraux qui sont
les plus éloignés de leur origine végétale.
Bien qu'il y ait eu de nombreuses théories relatives à Tori-
gine de la houille et de Tanthracite, les observations et les
expériences de MM. GratuFEury et Fayol ont démontré bien
nettement que ces combustibles minéraux sont formés de
résidus végétaux posés à plat et superposés d'une fac^on nette
et constante, ce qui implique Faction d'un véhicule liquide.
Ces résidus végétaux sont des feuilles, des lambeaux
d'écorces, des fragments de troncs ou de rameaux de plantes
terrestres et non aquatiques. Les terrains dans lesquels
poussaient ces plantes et ces arbres étaient certainement très
humides et favorisaient, avec le climat tropical des époques
anciennes, le développement énorme de la végétation.
Les plantes enlevées par des torrents, avec des graviers et
de la vase, ont été transportées souvent à de grandes dis*
tances et se sont accumulées dans des lacs ou des deltas
renfermant des eaux tranquilles, où les matériaux se sont
déposés en se séparant suivant leur densité. Selon la rapidité
des torrents, la profondeur des lacs et la puissance de la
végétation à Tépoque des crues, les dépôts formés ont pro-
duit des couches de combustible plus ou moins puissantes et
plus ou moins barrées de lits de sables (transformés en grès)
et de boues argileuses (transformées en schistes).
Les anthracites ne sont pas toujours les plus anciens com-
bustibles comme formation géologique; mais ce sont ceux qui
présentent Tétat le plus parfait de carbonisation. La plupart
des anthracites peuvent être considérés comme des houilles
métamorphisées {Etudes de M. Gruncr sur le bassin houiiler
d'AKun, et de MM, Chaper et Moissenet sur les combustibles du
Colorado, etc.). D'ailleurs, dans les régions montagneuses et
dans le voisinage des roches éruptives, comme dans les Aile-
ghanysetdansle massif alpin, les combustibles minéraux sont
généralement de l'anthracite. En s'éloignant de ces régions,
le combustible devient bitumineux et passe à la houille.
326 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Propriétés physiques et chimiques de l'anthracite. —
L'anlhracite (du grec avOpaf, charbon) est une roche noire,
quelquefois amorphe, possédant un demi-éclat métallique
assez vif, malgré son aspect vitreux. L'anthracite est d'autant
plus apprécié qu'il est plus dur; quelquefois friable sous la
pression des doigts, il exige souvent un choc assez fort pour
être brisé. Cassure conchoïdale.Durelé=2à 2,5. Densité=:i, 30
à 1,75. Infusible au chalumeau et inattaquable parles acides,
Tanthracite se dissout cependant dans un mélange d'acide ni-
trique et de chlorate dépotasse à chaud, en donnant desacides
bruns. Sa combustion ne peut guère être obtenue qu'avec
une masse assez considérable d'anthracite et sur des grilles
avec bon tirage; mais elle donne alors beaucoup de chaleur.
L'anthracite brûle par la surface, lentement, sans fondre
et sans se déformer, avec une flamme très courte, rougeâtre
et peu éclairante ; il ne dégage que peu de fumée, se fend
et décrépite au feu. La composition élémentaire de l'anthracite
est la suivante : 90 à 95 0/0 de carbone pur, 1 ,25 à 4 d'hydro-
gène, et 1,50 à 4,25 d'oxygène et d'azote. — L'anthracite se
montre composé de cellules et de fibres non déformées (d'après
M. Gûmbe.l) et quelquefois associées à des débris de fusain.
La combustion en vase clos produit (cendres déduites) 88
à 94 0/0 de carbone fixe et 12 à 6 0/0 de matières volatiles.
Dans le Centre et le Midi de la France, on trouve cependant
des charbons tenant jusqu'à 15 0/0 de matières volatiles et
brillant comme de l'anthracite.
Usages. — L'anthracite est utilisé principalement pour le
chaufTage domestique dans des foyers fermés.
Les menus sont employés, à cause de la lenteur de leur
combustion, pour la cuisson de la chaux destinée aux usages
agricoles et pour la fabrication des briques.
L'anthracite a un pouvoir calorifique qui atteint 9.000 à
9 200 calories. Un kilogramme d'anthracite pur peut vapo-
riser de 8 kilogrammes à S'^'^jSOO d'eau. Enfin l'anthracite est
employé en métallurgie pour la fabrication de la fonte; mais
celte application exige des conditions particulières qui ne
sont pas remplies par tous les anthracites exploités.
Pour être métallurgique, l'anthracite, qui ne donne que du
coke pulvérulent, doit être employé à l'état cru. Il est donc
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 327
indispensable qu'il ne soit pas friable, afin de ne pas s'écraser
dans les hauts-fourneaux. Il doit se présenter en morceaux
de la grosseur de deux poings environ et ne pas trop décré-
piter. Les anthracites de Pensylvanie, qui décrépitent moins
que ceux d*Europe, ont pu être appliqués au chauffage des
locomotives et utilisés avec succès pour la métallurgie dans
les hauts-fourneaux; ceux du pays de Galles ont été aussi
employés dans la métallurgie; mais il ne semble pas que les
essais aient été très satisfaisants; les hauts-fourneaux qui
avaient été établis à cet usage en. Angleterre ont été aban-
donnés en i898. Des essais analogues ont dû être repris en
1899 en Riissie. On fait actuellement des essais en Indo-
Chine pour employer les anthracites dans la métallurgie du
fer, soit à Tétat cini pour les anthracites durs, soit à Tétat
d'agglomérés pour les anthracites friables.
GISEMENTS d'aNTHRACITB
L'anthracite se rencontre principalement dans les terrains
dévonien et carboniférien et dans le silurien. Il en existe
aussi dans certains bancs métamorphisés qu'on a rattachés
au jurassique. Mais la période trilobitique semble êtro la
période propre à l'anthracite
Gisements de la France (Dauphiné), — En France, il existe des
gisements d'anthracite dans la Savoie et le Dauphiné; M. Ëlie
de Beaumont les ra-ttache aux couches jurassiques méta-
morphiques des Alpes; mais ils semblent appartenir plutôt à
Tétage stéphanien, ainsi que ceux que l'on rencontre en
Suisse. On y a fait, depuis quelques années, un certain nombre
de recherches qui pourront leur donner un développement
appréciable. Du côté de la Mure (Isère), quelques sondages
ont amené des découvertes toutes récentes dans des terrains
qui correspondent au faisceau inférieur de Saint-Ëtienne et
qui pourraient être fructueusement exploitables. La produc-
tion du bassin de la Mure (cinq couches principales, de 0™,50,
6",00, 1 ",00,1 ",50 et 0",60 de puissance moyenne) a été, en
1898, de 223.000 tonnes d'anthracite valant environ 16 francs
la tonne. Les gisements de la Haute-Savoie {la Moëd) se
retrouvent en Suisse, au col du Ckardonnet (Valais).
328 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Roannais. — Dans le Roannais on trouve un important
dépôt de grès anthracifère de 300 mètres de puissance
environ, appartenant au houiller inférieur (Gulm des Anglais,
époque dinantienne), caractérisé par des encrines, des cala-
mites et des lépidodendrons, assez rares d'ailleurs. Les
fougères, si abondantes dans le véritable terrain houiller,
manquent ici complètement. Le grès anthracifère du Roannais
contient un certain nombre de couches d^anthracite assez
irrégulières qui affectent une allure en chapelet. Le bassin
est sillonné de dykes de porphyre feldspathique qui le
découpent en sections de peu d^étendue. La puissance des
veines d'anthracite varie de 0",oO à 2 mètres avec quelques
renflements locaux atteignant jusqu'à 7 mètres. L'anthracite
y est généralement assez schisteux et à éclat un peu terne
et tient 8,ri O/O de matières volatiles et de 10 à 25 0/0 de
cendres. Ce charbon brûle difficilement, mais ne décrépite
pas au feu. Il est utilisé pour la cuisson de la chaux et un
peu pour le chaufTage domestique. On l'a employé, vers 1857,
pour la métallurgie du fer.
Les principales concessions du Roannais sont celles de
Bully, de JœuvreSy de Combres et de Charbonnière. Elles
sont actuellement inexploitées, bien qu'elles renferment
encore un assez fort tonnage de combustible et que les
aftleuremonts seuls aient élé déhouillés.
Bassins du Gard^ de la Loire et de Blanzy. — Les couches
inférieures des bassins houillers de la Loire, du Gard, du
(^reusot et de Blanzy sont anthracifères. Dans ces bassins, des
recherches récentes ont fait entrevoir des richesses nouvelles,
qui pourront être en pleine exploitation dans quelques années.
Massif armoricain et basse Loire. — Dans l'ouest de la France,
les départements de la Mayenne, de la Sarthe, de la Loire-
Inférieure y des Deux-Sèvres et de la Vendée renferment de
petits bassins anthracifères malheureusement très limités.
Les dépôts carbonifériens y forment une étroite traînée
dans des plis de grès dévonien.
A cette formation se rattachent les anthracites de Montigné-
FHuisserie (Mayenne), que ïriger et de Verneuil considèrent
comme antérieurs au véritable terrain houiller, ainsi que
ceux de Solesmes^ Maupertuis, Gomer et Fercé, dans la Sarthe.
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 329
Le calcaire marin de cette région est recouvert, en certains
k points, par des assises de schistes et de grès qui renferment
^ les anthracites de Poillé et de la Bazouge-de-Chemeréy avec
I la flore du culm. Le bassin de la basse Loire, de la Vendée
et du Poitou est formé également par une bande étroite de
carbonifère encaissée dans des assises dévoniennes. A la base
se trouvent des schistes avec débris de lamellibranches, des
poudingues et des grauwackes à stigmaria. Au-dessus, on
trouve, dans la Vendée et le Poitou, les gisements de Faymo-
reau, de Vouvant, de Saint-Laurs et de Chantonnay. Cette
formation qui se continue au sud-ouest, atteindrait, entre
Chalonnes et Rochefort, d'après M. Bureau, une épaisseur de
plus de i.OOO mètres et contiendrait vingt-cinq couches
d'anthracite dont huit seulement seraient exploitables. Les
couches plongent toutes vers le Nord, et les inclinaisons sont
1 de plus en plus fortes quand on va du Sud au Nord du bassin.
Les gisements de la région occidentale de la France con-
tiennent des couches généralement 1res minces, très incli-
^ nées, à allure en chapelet et sillonnées de nombreuses
failles. Le combustible qu'on en extrait est une houille anthra-
citeuse souvent impure et chargée en cendres.
Sur trente-neuf concessions houillères accordées dans
l'ouest de la France, treize seulement sont exploitées et four-
nissent ensemble une centaine de mille tonnes seulement
\ de combustibles minéraux.
Nord de la France, — L'important bassin houiller du Nord
' et du Pas-de-Calais renferme, dans sa partie septentrionale,
^. un faisceau de veines de houille maigre se rapprochant, par
leur composition, de l'anthracite; mais il n'existe, en réalité,
de houille anthraciteuse que près de la frontière belge, dans
1 le département du Nord. Cette houille est exploitée aux envi-
rons de Vieux-Condé, dans les concessions du Nord du bassin,
exploitées par les Compagnies d'Anzin et de Nœux-Vicoigne ;
, elle appartient à la partie inférieure de l'étage houiller.
'' Le faisceau de Vieux-Condé comprend une vingfaine de
veines exploitables, tenant de 7 à 11 0/0 de matières volatiles
et de :< à 7 0/0 de cendres. La fosse de Vieux-Condé, appar-
tenant à la Compagnie d'Anzin, a recoupé le terrain houiller
à 27 mètres de la surface. L'exploitation, commencée en
330 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
18o3, est parvenue, aujourd'hui, à une profondeur de près
de 500 mètres. Les mines de FUnes-les-Raches et la fosse n^ 3
d'Ostricourty situées à la limite nord du bassin, près de
Douai, produisent également de la houille anthraciteuse
tenant de 8 à 10 0/0 de matières volatiles et crépitant légè-
rement à Tallumage. La houille anthraciteuse du Nord est
employée pour le chauffage domestique, pour la cuisson des
briques, pour la préparation de la chaux, etc.
!^ production de Tanthracite, en France, a été en 1898
<l*environ i. 600.000 tonnes, dont 302.287 tonnes comme suit :
Hautes-Alpes, i0.700; Isère, 210.287 ; Loire-Inférieure, 19.040;
Maine-et-Loire, 14.608; Mayenne, 34.798; Sarthe, 2.258;
Savoie, 10.417; Haute-Savoie, 179.
Pour les autres départements producteurs d'anthracite :
VArdèche (Martrimas), la Côte-d'Or, VAude (bassin de Ségure),
VHérault (Gastanet et Saint-fieniès), la Loire^ le Nord^ le
Puy-de-Dôme et la Soéne-et-J^ire, d'après la production
totale de houille et d'anthracite, et la proportion moyenne
d'anthracite extrait, on peut estimer la production totale à
1.300.000 tonnes pour 1898.
Gisements de la Belgique. - En Belgique, ce n'est guère
que dans le Nord du bassin de Charleroi que l'on rencontre
du charbon maigre anthraciteux appelé en certains points
<lu pays terre-houille y à cause de sa nature friable et de la
forte proportion de menus et de poussiers qu'il renferme.
Cette qualité de charbon se trouve surtout dans la partie
orientale du bassin, dite région de la Basse-Sambre (ronces-
sions de Gemeppe^ de Bonne-Espérance, de Tamine.% de Petite
Try, de la Rochelle et Chamois, de la vallée du Piéton, etc.).
Gisements de la Grande-Bretagne. — En Angleterre, dans
le Pays de Galles (Carmarthenshire et Glamorganshire), on
exploite de l'anthracite, qui est très recherché pour les
foyers domestiques et pour la fabrication des briquettes.
C'est de l'anthracite de bonne qualité, donnant très peu
de cendres et ne tachant pas les doigts ; il renferme des
parti<'s brillantes analogues à du graphite, mais d'un noir plus
foncé. Il se rapproche beaucoup de l'anthracite de notre
Plateau Central. Le terrain houiller inférieur, auquel appar-
tiennent les couches d'anthracite du Pays de Galles, est
LK CARBONE ET S£S COMPOSÉS H31
désigné, en Angleterre, sous le nom de lower coal measures
et repose sur les grès grossiers du millstonr gril.
Le terrain des lower coal ineasurcs est formé de grès, de
schistes, d*argile et de minerais de fer, alternant avec des
couches d'anthracite de 0",30 à i^fiO. Ces couches, d'allure
très r<^gulière, reposent sur des lits d'argile [underclay) assez
réfractaire; le toit est souvent formé d'argile très siliceuse»
h grain fin [gannister)^ employée pour le revêtement des appa-
reils réfractaires. La flore des lower coal measures est carac-
térisée par l'abondance des sigillaires; le genre nevropteris
«t les cordaltes y sont assez communs.
L'une des principales mines d'anthracite du Pays de Galles
est celle de Givanncae-Gurwen, au nord de Swansea; on y
exploite deux couches principales de 1"',20 de puissance qui
produisent des morceaux de grandes dimensions (lumps)
qu'on broie à la machine pour obtenir des fragments dits
(êtes de moineaux, très appréciés pour le chauffage domes-
tique. Le menu est utilisé pour les fours à chaux.
L'exportation des combustibles du Pays de Galles est faci-
litée par le voisinage de la mer et par l'aménagement spécial
des ports de Cardiff et de Swansea. L'anthracite était vendu
dans ces deux ports, franco bord, environ 45 shillings par
tonne, en 1898, alors qu'il était livré à 8 ou 10 shillings seule-
ment, en 1888 (produits doublement criblés).
En 1898, en 1899 et en 1900, les prix ont augmenté à la
suite de la grève des mineurs du Pays de Galles de 1898 et
de la guerre du Transvaal qui ont amené une pénurie de com-
bustible assez prolongée en Angleterre et sur le continent.
Il existe, en Angleterre, d'autres gisements d'anthracile
dans le comté de Pembroke et sur la côte nord du Devonshire,
au-dessus des grès à goniatites de Coldon-Hill, qui surmontent
une assise assez mince de calcaire noir à posidonics. On
désigne le charbon de ces gisements sous le nom de culm, et
les couches encaissantes sous le nom de culmiferous beds ou
<:ulm measures. Ce même nom de culm a été appliqué par
•extension, dans les autres contrées, à une série de terrains
voisins des schistes à posidonies. On exploite aussi, dans la
Grande-Bretagne, les gisements anthracifèresde VAyrshire en
Ecosse, appartenant au culm inférieur. Les couches de com-
332 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
bustible y sont généralement assez puissantes (de 2 à 6 mètres).
Gisements de la Russie. — En Russie, le bassin houiller du
Donetz, dont le -faciès et la flore correspondent à ceux du
westphalien, renferme à sa base des couches anthraciteuses
dont Texploitation prend, depuis quelques années, une
grande extension (bords du lac Onega et bassins secon-
daires de Garoditsché et de Groucherka),
Gisements de l'Espagne et du Portugal, — On doit citer encore
en Europe les gisements de houille anthraciteuse d'Espagne^
qui ont produit, en 1896, 14.895 tonnes avec une valeur de
133.940 francs, et ceux de Portugal, qui ont produit, la même
année, 8.743 tonnes, valant 89.720 francs.
Gisements de T Indo-Chine, — En Indo-Chine et au Japon, on
trouve des gisements d*anthracite qui semblent appartenir
au culm, dont on retrouve la flore. Actuellement on fait des
recherches dans les environs d'Hanoï pour ■ reconnaître
rexploilabilité des gisements de Quang-Trieu et de Thaï-
Nguyen où Ton espère rencontrer de la houille faisant coke,
ou, tout au moins, un anthracite suffisamment dur pour être
employé à Tétat cru pour la métallurgie. L'utilisation des
charbons du Tonkin pour la métallurgie permettrait de
mettre en valeur les importants gisements de minerai de fer
que contient notre colonie, et Tlndo-Chine pourrait être ap-
pelée, par la suite, à approvisionner de fer et d'acier tous les
pays d'Extrême-Orient, ce qui la ferait entrer dans une ère
de prospérité incalculable, si la Chine persiste à ne pas
faire proflter l'industrie des importantes richesses miné-
rales qu'elle renferme. On trouve de l'anthracite au Japon
dans l'Ile d'Amakusa, Les gisements de combustible de
l'Exlréme-Orient appartiennent en général au dinantien; ils
sont formés de bassins bien plus limités qu'en Europe et
subordonnés à des noyaux de terrains anciens. Ils sont
entourés de sédiments marins qui se retrouvent, jusqu'à
l'Europe méridionale, à travers l'Asie centrale, l'Arménie et
la Russie, dans toute l'ancienne dépression méditerranéenne.
Gisements de r Amérique {Pensylvanie), — En Pensylvanie,
les gisements d'anthracite sont encaissés dans un terrain dit
subcarbonifère, correspondant à l'étage dinantien d'Europe.
Le subcarbonifère repose sur le dévonien ; il est formé de
LE GARBOiNE ET SES COMPOSÉS
333
600 mètres de grès et de conglomérats, recouverts par
800 mètres de schistes argileux rougeâtres, avec quelques
lits de grès et de calcaires impurs. Le houiller est composé
de couches de 1 à 3 mètres, avec sept couches calcaires
intercalées, dont deux contiennent des fossiles marins.
Ce bassin houiller, qui porte le nom de bassin des Apalaches,
a subi de nombreux plissements et des renveraements ana-
logues à ceux du bassin franco-belge.
E»l
Beuillap
FlO. 96.
Coap« Oaest-Est du btisin des Apalacbes.
Le bassin des Apalaches a une étendue considérable ; on
y cite la couche de Pittsburg, de 2 mètres de puissance
moyenne, qui a été suivie sans interruption, sur une surface
longue de près de 400 kilomètres et large de 180 kilomètres.
On connaît dans ce bassin vingt-cinq couches d'anthracite
donnant une puissance totale moyenne de 21 mètres,
notamment dans le gisement de Pottsville, au sud du bassin.
Les couches de combustible affleurent sans morts- terrains,
ce qui simplifie beaucoup l'exploitation. L'anthracite de Pen-
sylvanie est vitreux, à cassure conchoïdale dans tous les sens,
à fragments à bords tranchants; il est complètement homo-
gène et très pur. Il décrépite peu au feu; on remploie pour
le chauffage domestique et pour le foyer des locomotives.
Bien qu'il ne donne pas de coke métallurgique, il est suffi-
samment dur pour pouvoir être employé à l'état cru dans
les hauts-fourneaux, pour la métallurgie du fer.
La production de l'anthracite en Pensylvanie a atteint
5 1.390.000 tonnes métriques en 4897, valant 450. 4i0.000 francs.
En dehors des gisements de Pensylvanie, l'Amérique ren-
ferme des gisements d'anthracite dans le Colorado j le Rhode-
Islandy la Virginie et le Massachusetts ; mais ces bassins sont
beaucoup moins importants que celui des Apalaches. Le Colo-
rado a produit, en 1899, 34.781 tonnes valant 527.280 francs.
334 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
II. -HOUILLE
Propriétés et caractères. — Le nom de houille, donné au
charbon de terre, semble être tiré du mot saxon Huila, ou
encore de Houillos, nom d'un maréchal-ferrant de Plénevaux
(Belgique), qui, le premier, eut l'idée d'employer, comme
combustible, les pierres noires de charbon minéral, jusqu'alors
inutilisées. La houille est une roche charbonneuse, opaque,
d'un beau noir de velours, amorphe, à structure généralement
feuilletée. Sa densité varie de 1,25 à l,ijO. Sa dureté est assez
faible (2 à 2,?5) ; souvent même la houille peut s'écraser dans
les doigts. Elle brûle facilement avec une flamme plus ou
moins grande et produit généralement, après distillation, du
coke ou charbon poreux de dureté variable, grisâtre, à sur-
face mamelonnée; cependant certaines houilles ne donnent
qu'un résidu charbonneux pulvérulent.
La houille diffère de l'anthracite en ce qu'elle contient
ordinairement plus de matières volatiles et qu'elle donne
par distillation du goudron, matière bitumineuse que ne
produit pas l'anthracite. Elle est très peu hygrométrique;
cette propriété la distingue de certains lignites noirs qui se
rapprochent beaucoup de la houille par leur aspect et leur
pouvoir calorifique.
Composition de la houille. — La composition de la houille
est assez variable, suivant l'dge et les conditions de formation
de chaque gisement. La combustion en vase clos donne des
résultats compris entre les limites suivantes : 50 à 92 0/0 de
carbone fixe et 50 à 8 0 0 de matières volatiles, cendres
déduites.
L'analyse élémentaire donne pour iOO parties :
Carbone, 72 à 93; oxygène, 20 à 2; hydrogène, 6à4; Azote,
a à I.
Les matières volatiles renferment jusqu'à 12 0/0 d'eau et
jusqu'à i5 0/0 de goudron ou de bitume. Le goudron de houille
est produit en grand dans les usines à gaz; on en retire la
benzine, la naphtaline, l'aniline, l'acide phénique et ses déri-
vés. Quant aux matières volatiles, obtenues par la distillation
LE CAKBONE ET SES COMPOSÉS 335
de la houille, elles se composent d'hydrogène pur, d'hydro-
gène carboné, d'iiydrogène sulfuré, d'ammoniaque, d'azote
et d'oxyde de carbone.
Candres. — Les cendres qui restent après la combustion
complète de la houille, proviennent de matières terreuses
(argile, sable, oxyde ou pyrite de fer, sulfates de chaux,
phosphates et arséniates), qui se trouvent dans le charbon de
terre, dans la proportion de 1 jusqu'à 30 0/0 (généralement
de 5 10 0/0).
Les charbons les moins chargés en cendres sont les plus
recherchés; mais on tient compte aussi, dans l'emploi des
diverses houilles, de la nature de leurs cendres.
Ainsi les charbons à cendres ferrugineuses et calcaires,
fortement colorées, doivent être les plus recherchés, parce
que leurs cendres fondent et coulent sans encrasser les
grilles ni étouffer le feu. Les cendres blanches, au contraire^
sont peu fusibles et se séparent en poussières qui ralen-
tissent la combustion en couvrant le feu.
Quant aux charbons à cendres à moitié fusibles, on doit
éviter de les employer, car leurs cendres fondent sans cou-
ler, empdleut les barreaux des grilles et enveloppent les par-
celles charbonneuses à demi consumées, en produisant ce
qu'on appelle des mâchefers.
DiTerses Tariétés de houille. — Leurs propriétés, leurs
usages. — Ou classe généralement les houilles d'après leurs
proportions relatives de carbone fixe et de matières volatiles.
Chacune des catégories correspond à une utilisation parti-
culière, soit pour le chauffage domestique, soit pour la fabri-
cation du gaz, soit pour la forge, soit pour les grilles de
générateurs, soit pour la fabrication du coke.
Chaque pays et chaque centre d'exploitation adoptent une
classification particulière; mais les divisions généralement
adoptées peuvent être ramenées aux catégories suivantes,
établies eu partant de la houille maigre, variété la plus voi-
sine de Tanthracite, c'est-à-dire la plus dépourvue de gaz;
la houille maigre est celle que l'on rencontre généralement
dans les parties les plus profondes des bassins houillers:
Bouille maigre et houille anthraciteuse (sieam-coal des
336 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Anglais, sandkohle des Allemands, et litantrace per locomo-
tive e macchine navale des Italiens) ;
Houille quart^grasse ou maigre flambante ;
Houille demi-grasse (hoiisehold-coaly kalbfette kohle, litan-
trace per macchine fisse) ;
Houille trois-quarts-grasse {charbon dur des Belges) ;
Houille grasse à courte flamme {coking coal, felt oder
cokeskohley litantrace per fucina) ;
Houille grasse maréchale {litantrace per fucina) ;
Houille grasse à longue flamme;
Houille à gaz proprement dite {gas-coal, gasund flamme^
kohlCy litantrace per gas) ;
Houille demi-sèche, ou fiénu gras;
Houille sèche, ou flénu proprement dit.
Cette classiflcation est généralement adoptée dans l'indus-
trie; mais il y a lieu d'observer que plusieurs des catégories
ci -dessus diffèrent peu Tune de Tautre, soit par leur compo-
sition, soit par leur emploi. Dans certains gisements, par
exemple, la houille grasse à longue flamme sera employée
comme houille maréchale, et la houille demi-grasse sera
employée pour la fabrication du coke, alors que la houille
grasse à courte flamme est seule employée pour cet usage
dans d'autres bassins houillers. On trouvera ci-dessous les
propriétés principales de chacune des catégories de houille.
HooUle maigre. — La houille maigre, que Ton appelle quel-
quefois houille anthraciteuse, s'allume assez difflcilement ;
elle décrépite un peu au feu, comme l'anthracite, lorsqu'on
cherche à activer sa combustion ; elle brûle avec une flamme
courte et bleuâtre, en ne produisant que peu de fumée ; elle
ne s'agglutine pas«au feu. Elle est généralement plus dure
et plus dense que les houilles grasses et demi-grasses
(poids : 850 kilogrammes par mètre cube). Son pouvoir calo-
riflque varie de 9.200 à 9.500 calories. Un kilogramme de
houille maigre peut vaporiser environ 8 '",900 d'eau.
Elle tient de 8 à 1 1 0/0 de matières volatiles. Le résidu
qu'elle laisse après distillation est pulvérulent.
On l'emploie, mélangée à de la houille grasse et à du brai,
pour la fabrication des agglomérés. On s'en sert aussi pour
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 337
la fabrication des combustibles gazeux , pour le chauffage
domestique et pour la cuisson de la chaux et des briques.
Ce n'est pas un bon combustible pour les grilles de géné-
rateurs, à moins qu'on n'emploie des grilles spéciales, avec
one soufflerie ou un ban tirage.
Houille qnart-grassa. — La houille quàrt-grasse, appelée
aussi houille maigre flambante, s'allume un peu plus facile-
ment que la précédente, mais ne brûle qu'avec un bon
tirage, en produisant une flamme courte, blanc bleuûlre, et
en dégageant parfois une légère odeur de goudron; elle
donne très peu de fumée.
Sa teneur en matières volatiles est d'environ ii à H 0/0.
Mélangée à 23 0/0 de charbon gras, elle fournit un com-
bostible excellent pour les chaudières à vapeur. Elle est
employée, sans mélange, pour le chauffage domestique.
Houille demi-grasse. — La houille demi-grasse tient, en
moyenne, de 14 à 18 0/0 de matières volatiles; elle s'agglu-
tine un peu et se boursoufle légèrement avec un feu vif, en
formant ce qu'on appelle le chou-fleur. Elle brûle, avec une
flamme assez courte, blanche, et donne peu de fumée. Elle
est moins dure à allumer que la houille quart-grasse. Un kilo-
gramme de houille demi-grasse peut vaporiser 9 litres d'eau.
Quelquefois on rencontre des houilles demi-grasses, qui
peuvent faire coke, mais à la condition qu'on opère la dis-
tillation dans des fours à sole et à parois chaufl'ées, dont
l'activité est exaltée jusqu'à sa limite la plus élevée ; bien
qu'agglutinés alors en masses passablement soudées, les
fragments conservent encore, après la cuisson, leur figure
primitive, à peine efl'acée par une demi-fusion. La houille
demi-grasse est le combustible par excellence pour les généra-
teurs à vapeur et surtout pour les générateurs tubulaircs. Elle
est également très employée pour le chauffage domestique.
Houille trois-qaarts-grasse, ou charbon dur. — La houille
trois-quarts-grasse a généralement un éclat un peu plus vif
que la précédente; eUe peut donner de bon coke; elle est
an peu dure à allumer, ce qui la fait appeler quelquefois
charbon dur (Belgique). On l'emploie pour le chauffage
domestique.
Houille grasse à courte flamme, ou houille a coke. — La
GI^.OLOOIB. 22
tiimili- erd-*» l ■lur»* fi.inini- -es: i. pnu pW^ mgnUaMt « ta
]■••" -U'-ii.* . -Il- U'iDU- i^-n-riitenwn; iIl ri*i iDëtaDnrEiquf
Ot UMi.'ir.- ïuif-i-u'* . — au. li. tui: sniiven: nomntn- iMn'Nf
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tii.-f M'u: u-.iii-— + l'i'm il imst.. I n tiiuçnaniB*- it faouille
(^ t'L'-ui »-L niirLi-"* viiiiiiiip? varn tl'- 1f kis i' {• ^niiroD
fi'iui i'-f lip.'i, .(^t i; >.i— ouanj-j:rii=B*^ t-; i-.-j iii.uiIW i coke,
IbwiJ* Mirédkide- — LaLi'uiii' mui'^diHk. <-^ '-har(>0Dde
('/i(i'-, 1 1-1 fivn<r, « ^' ,iii i-j. ■ it-imrf liiiD'-il-LSf-. irw un
l'ij'-i . Ii:,iii^ «t ai<-t faiM- tii-açc. nnf flaiinDi- as-ei ioo^e
"I liilj(iiii'-ijMr. C (-kl. <'U si-inin<'.. tAf b'<iu!le cn^-r* k loDgiie
llii»! , In-» fu!-!!.!-, «a JcbwI*^ ert de TS'à •«« tilcerammes
jiiii iiii'iii- l'iilii'. f>ai]« Je fojer. If^ Borfrani s« ««neut.
(tiiiili'iil l'I ■'iiKK'"i>i''ienl en uoe masM' [loreit^ tl coDiinue.
Il ib\ ilniii' riirili- & l'uiivrier, qui conduit un feu de foi^e
iil>iiiMilr> |«ii' ili- lu Imuille maréchale, de disfx'ser la masse
<ih-'l>ii»>'i<'<' l'ii iiirtli- ("nji- enloiirer lapiêce à foi^r.
I • II. Ii.niitlti «ni ti'ii|i l'iillaïUe pour Hre utilisée au chaur-
I !-.< .1. • >i|i|iiiii'ilii A vii|i(>iir; elle encombrerait à la longue
II li'iii l'I rtii>*l>'iftll lu l'it'culation de lair. On l'emploie
■ 1 > •>'• 1 !''« Hiilli'i*. n|in''N l'avoir mi^langée i 50 0 0 de
*' > i"iil (,1. !■■>.-, iiii & (tii'erses proportions de charbon
M.'>sill<k 4iAkM A lAngu* flamms. — U houille grasse à
■ ■i"..". <>i iiii |M<ii plus dure <|ue la précédente; elle
.s* \ \.i klll^^>.■.llllllll'^ c^ir mMre cube,
.1 ,1 1--. . K.ii ...i,,' i>n foui-s clos; mais ce coke
■ ■ . ' ■ 'i\ ,1 iii.Miix f.i.-ili'meul utilisable en raétal-
. A. <:<-)■> 11. lui).' ):vasst> à courte llamnie.
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 339
charbon gras conserve sa valeur, quelles que soient les
dimensions de ses fragments.
Houille à gaz proprement dite. — Les houilles à gaz, dont
se rapproche le cannel-coal anglais, sont les plus riches en
hydrogène. Elles ont une texture compacte et une cassure
franchement conchoïdale. Elles ont une grande sonorité au
choc. Dans les foyers elles brûlent avec une flamme blanche
assez longue et dégagent une grande quantité de gaz. L'n
kilogramme de houille à gaz peut vaporiser 8"',500 d'eau envi-
ron. Elles s*agglutinent facilement, ce qui les rend d'un emploi
difficile dans les gazogènes. Les houilles à gaz ont une com-
position assez variable, selon le gisement auquel elles appar-
tiennent ; en général, elles tiennent de 28 à 36 0/0 de matières
volatiles.
Houille demi-eècbe. — La houille demi-sèche, appelée
aussi en Belgique et dans le Nord de la France, fténu gras,
tient de 30 à 40 0/0 de matières volatiles. Elle est riche en
oxygène. Elle est compacte et assez dure et pèse 700 kilo-
gramoiesau mètre cube. Elle donne du coke bien formé, mais
très friaUe; elle n'en produit que 600/0 environ, alors que le
charbon raaigce donne plus de 90 0''0de résidu charbonneux
pulvérulent.
Le flénu gras brûle avec une flamme longue et enfumée,
en s'agglutinant un peiL. Ce charbon est employé pour la
fabrication du gaz. On s*en sert au.ssi pour le cliaufl'age
domestique et pour les grilles des générateurs à vapeur.
Houille sèche. — La houille sèehe,dite flénu sec, s'enflamme
très facilement et brûle avec une flîimme longue, vive et
enfumée; les morceaux ne fondent pas et ne se collent
pas entre eux. Par la calcination en vase clos on obtient un
coke très léger et pulvérulent, qui se consume rapidement
et qui n'est pas utilisable dans Tinduslrie. La houille sèche
est d'un aspect plus terne que les houilles grasses ; elle est
aussi plus dure et pfus compacte que ces dernières. C'est
un charbon flambant qui brûle rapidement et ne tieat pas
au feu. Il vaporise 7 litres et demi d'eau par kilogramme.
Sa teneur en oxygène est de près de 20 0/0. C'est la houille
à plus oxygénée.
" -ille sèche est surtout employée pour la fabrication
340 GÉOLOGIE APPLlQUÉt:
du gaz (330 litres de gaz par kilogramme de charbon). On
s'en sert pour les verreries, la cuisson des produits réfrac-
taires, les fours à gaz, la navigation, etc. Sa teneur en
matières volatiles va de 38 à 50 0/0. On peut rattacher à la
variété des houilles à gaz le cannel-coal et le boghead. Mais ces
derniers sont plutôt des hydrocarbures, et on les étudiera
dans le chapitre des Hydrocarbures solides.
Classification de la hoaille par grossears. — La valeur do
la houille ne dépend pas seulement de sa nature grasse ou
maigre, mais elle est aussi fonction, surtout pour les houilles
maigres et quart-grasses, cle la proportion de morceaux de
telle ou telle dimension, que Ton peut livrer àTindustrie.
On répartit généralement, au moins en France, les charbons
d'après les catégories suivantes :
GroSy houille et gros carrés, — Morceaux retenus au-dessus
de barreaux de grilles espacés de 200 millimètres environ.
Gailleterie, — Morceaux retenus sur des grilles de 0",080»
après enlèvement du gros.
Gailletin. — De 0™,040 ou 0»,050 à 0»,080.
Têtes-de-n/ioineaux ou petit-grêle lavé. — De 0",030 à
0'",040 ou 0™,050 (catégorie très appréciée principalement
pour les charbons maigres).
Braisettes, — De 0«,0I5 à 0"»,030.
Criblés. — Charbons obtenus en éliminant du tout-venant^
ce qui peut passer à travers certaines dimensions do
grilles à écarlement inférieur à 2 ou 3 centimètres. Certains
charbons de cette catégorie sont classés par lavage dans
des lavoirs à feldspath.
Fines, inenus grelassons lavés ou non lavés^ grains, grcnuji,
braUettes, noisettes, etc. — Les fines sont la catégorie qui
passe à travers les grilles des criblés ; elles contiennent des
morceaux de i à 3 centimètres et des poussiers. Elles servent
principalement à la fabrication des agglomérés et du coke.
Quand elles contiennent une assez forte proportion de mor-
ceaux, elles sont employées avantageusement dans les chau-
dières.
Tout-venant. — On appelle tout- venant le charbon tel qu'il
sort de la mine sans classement, mais quelquefois après
enlèvement du gros.
LE CAKBONË ET SES COMPOSÉS 3^i
Les catégories moyennes qui peuvent être employées à la
plupart des usages sans être ni broyées ni agglomérées sont
les plus appréciées.
Le gros, qui semblerait à première vue plus avantageux,
ne peut généralement pas être employé sans un cassage
spécial, d'où dépense supplémentaire de main-d'œuvre et
production de poussier. On comprend donc aisément qu'il y
ait lieu, lorsqu'on étudie les conditions d'exploitabilité d'un
gisement houiller, d'examiner avec soin la proportion de
chaque catégorie de grosseur que pourra fournir le charbon
envisagé. On devra prendre à cet elTet des échantillons aussi
loin que possible des affleurements', car le combustible y
est souvent terreux et effrité.
GISEMENTS DE HOUILLE
Un même bassin, et souvent une même concession, pou-
\*ant renfermer plusieurs variétés de houille, il serait
illogique d'étudier chacune de ces variétés séparément.
Le mieux est de passer en revue les divers bassins houillers
d'après leur ordre géographique, en indiquant très rapide-
ment pour chacun d'eux la ou les variétés de combustibles
qu'il renferme, Fûge géologique du gisement, sa nature, sa
richesse et les conditions de son exploitation, s'il y a lieu.
GISEMENTS HOUILLERS DE LA FRANCE
En France, où l'on compte soixante bassins houillers
distincts, couvrant 3.500 kilomètres carrés, le bassin de
beaucoup le plus important est celui du Nord et du Pas-de-
Calais, qui fait partie d'une longue bande houillère s'étendant
de la Westphalie jusqu'en Angleterre, en passant par la
Belgique et la France. Ce bassin s'étend en France de l'est à
l'ouest, sur une longueur de 100 kilomètres environ; il
mesure dans le département du Nord, jusqu'à 15 kilo-
mètres de largeur. Dans le Pas-de-Calais, sa largeur va en
diminuant vers l'ouest, après avoir atteint 14 kilomètres
342 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
environ dans le méridien de Lens. A la limile des deux
départements, le bassin se rétrécit et ne mesure plus que
6 kilomètres. L'exploitation est faite par vingt-cinq Compa-
gnies houillères avec 124 fosses actuellement en activité
et une production de plus de 20 millions de tonnes. La pro-
duction de ce bassin augmente, depuis une dizaine d'années,
d'environ 1 million de tonnes tous les ans.
Nord, — Le bassin houiller du département du Nord
comprend, entre autres concessions, celles de la Compagnie
d'Anzin, qui constituent la plus grande exploitation de toute
la France et qui, par l'ancienneté et l'importance de leurs
travaux, sont universellement connues.
Dans le département du Nord, le dépôt houiller s'est formé
sur le calcaire carbonifère, qui tapisse le détroit franco-
westphalien de l'époque dévonienne.
Nature des terrains, — Le calcaire carbonifère repose en
stratification concordante sur les assises dévoniennes ; il
appartient à l'étage dinantien, et le terrain houiller qu'il
renferme forme l'étage dit westphalien.
Le terrain houiller est formé de psammites et de schistes
avec couches de houille. On ne connaît pas sa puissance, car
les puits les plus profonds de la région n'ont même pas
atteint 1 .000 mètres, alors que la puissance du terrain houiller,
dans les environs de Mons, près de la limite du département
du Nord, serait de près de 3 kilomètres. Les couches de
houille ont une puissance exploitable variant de 0"»,30 à
2 mètres. Elles ont généralement des schistes au toit et au
mur, quelquefois des grès au toit, mais jamais au mur.
Nature de la houille du Nord, — On rencontre, dans le
département du Nord, une grande partie de la série des
houilles, à partir de la houille maigre anthraciteuse jusqu'aux
charbons gras à gaz.
l-a r«'* partition, en profondeur, des différentes sortes de
houille, est bien nette : les houilles les moins riches en
matières volatiles sont les couches inférieures. Quant à la
réj)artition en surface, elle a été produite par un phénomène
de transgressivité des couches, avec émersion graduelle de la
partie nord-est du bassin (étude de MM. Potier et Zeiller).
Les assises de la base du terrain houiller reposent en
LE CARItO^E ET SE» COMPOSÉ:t 3t3
stratidcalion transgressive sur le calcaire carbonifère; les
premiers faisceaux houillers se sont déposés dans le nord-
est du détroit franco-belge, et les couches de houille qui se
sont formées plus tard 3e sont étendues de plus en plus loin
vers l'Occident, de sorte que, dans la partie orientale et la
partie septentrionale, on rencontre les couches de charbon
maigre, et que l'on ne retrouve qu'au sud-ouest les veines Je
bouille grasse. Dans le centre du bassin, en certains points,
on peut recouper, dans un même puits, la succession des
diverses catégories de charbon.
Faillex principales. — Le bassin bouiller a été alTecté par
Fis. S7. — Coi^ noM-Iod du bnuio bouiller do nnn] ir li Fnnce.
de nombreuses dislocations dont ({uelqucs-nues sont carac-
téristiques de la région franco-belge.
L'n premier mouvement de terrains, occasionné par une
poussée du sud, a amené contre le bord sud du bassin, le long
d'une faille dite Grande faille du Midi, ou faille Eiféliennc,
les assises gédinniennes de la base, qui s'adossaient primiti-
vement aux phyllades cambriens de la créle du Condros;
puis un refoulement de la partie sud du bassin a produit
une fracture et un renversement des couches houillères,
carbonifériennes el dévoniennes, qui sont venues, après
glissement le long d'une faille appelée faille Limite, recou-
vrir le centre du bassin, ainsi que le montre la ligure ci-
dessus. I.a partie supérieure du lambeau renversé a été
enlevée ensuite par érosion.
I,e terrain bouiller du Nord appartient nu bouiller moyen ;
3i4 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
on relrouve cependant un peu de houiller inférieur dans la
zone anthraciteuse de Vieux-Condé, près de la frontière
belge.
Morts-terrains. — La formation houillère est, dans presque
toute rétendue du bassin, recouverte de couches crétacées
qui varient de quelques mètres jusqu'à 100 ou 200 mètres
de puissance; ces couches renferment, à leur base, des
dièves imperméables qui garantissent les travaux d'exploi-
tation contre les venues d'eau de la surface.
Tourtia. — Sous ces morts-terrains, on rencontre géné-
ralement un lit de cailloux roulés et de roches diverses, pro-
venant de Térosion des terrains anciens. Ce lit, appelé tourtia,
correspond au cénomanien supérieur et ne mesure, en
général, que 1 à 2 mètres de puissance. En certains points/
particulièrement dans la vallée de Vicq, il est accompagné
d'un grès vert aquifère (torrent de Vicq), qui atteint près
de 200 mètres de puissance et constitue un danger pour
les exploitations, à cause des masses énormes d'eau qu'il
renferme.
Mines d'Anzin, — Les mines d'Anzin, qui sont en exploi-
tation depuis le commencement du xvni* siècle, sont les
plus importantes du bassin (surface concédée, 28.055 hectares).
Elles extraient annuellement près de 3 millions 1/2 de tonnes
de houille.
En 1898, l'extraction des mines d'Anzin a atteint :
948.5^0 tonnes de charbons gras, j
1.333.o24 — de demi-gras....
886.837 - de quart-gras et > 3.168.907 tonnes.
maigres
En 1899, l'exlraclion a tHé de 3.i:>4.000 tonnes.
Le bénéfice de Texploitation, dans le courant de cette
même année, en comptant les bénéfices des usines à agglo>
mérés et des fours à coke, a été de 9.033.590 fr. 18. Sur cette
somme, on a distribué aux actionnaires près de 6 millions
et demi de francs, le reste étant employé, en partie, pour la
création de nouveaux sièges d'exploilation.
La Compagnie d'Anzin occupe, tant au fond qu'au jour»
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 3^5
plus de douze mille ouvriers et paye anouellement, sans
compter les traitements des ingénieurs et employt^s, près de
17 millions de francs de salaires.
Elle exploite, nu moyen de vingt fosses en activité, des
charbons maigres et quart-gras aux fosses Léonard, Lagrange,
Thiers et Chabaud-Litour, des demi-gras dans la région de
Somain, du charbon gras à courte flamme aux fosses Réus-
site, TEnclos et Hérin, et des charbons à gaz aux fosses Renard
et Rœulx (plus de cent puits ont été creusés dans les con-
cessions de la Compagnie d*Anzin).
Autres charbonnages du Nord. — Les autres houillères du
département du Nord sont :
Aniche : 11.850 hectares; 1.179.879 tonnes en 1898, contre
860.180 tonnes seulement en 1890.
Les variétés de houille extraites des mines d'Aniche sont :
aux fosses Gayant, Bernicourt, Notre-Dame, Dechy et Saint-
René, la houille demi-grasse et grasse, cette dernière recher-
chée pour la fabrication du coke, pour la forge et pour les
verreries (18 à 28 0 0 de matières volatiles); et aux fosses
Saint-Louis, Fénelon, E. Vuillemin, TArchevêque et Renais-
sance, une houille à courte flamme donnant peu de cendres,
ne collant pas et ne fumant pas (12 à 15 0/0 de matières
volatiles) : cette houille est recherchée pour les générateurs
à vapeur et pour la fabrication des agglomérés.
VEscarpelle. — Production, 735.000 tonnes en 1898 contre
465.000 tonnes en 1890. — Houille grasse (pour coke et ver-
reries) aux fosses n*» 3, 5 et 7 ; houille demi-grasse aux fosses
n«» l et 2, recherchée pour le chaulTage domestique et
pour les agglomérés; houille demi-grasse et maigre à la fosse
n* 6, pour chauffage domestique.
Douchy. — Production, 407.500 tonnes en 1898; houille
grasse maréchale recherchée pour forges, coke, fours à
réverbère, chaulTage domestique, générateurs, verreries.
^ Plinesies-Raches, — Production, 1 50.000 tonnes de houille
maigre pour chauffage domestique et générateurs (en 1898).
Vicoiyne. — 137.000 tonnes de houille maigre (en 1898) pour
cbauffage domestique, cuisson de la chaux et des briques.
Tliivencelles (Fresnes-Midi). — 125.000 tonnes de houille
demi-grasse (en 1899), provenant do la fosse Saint-Pierre, pour
r
346 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
foyers de générateurs, et de houille maigre, provenant de la
fosse Soult, employée pour la réduction des minerais de
zinc et le grillage des pyrites, la fabrication des briquettes
et la cuisson des briques et de la chaux.
Azincourt. — En 1898, 115.000 tonnes de houille grasse
maréchale employée pour coke, verreries, etc.
Crespin nord, — Environ 70.000 tonnes de houille à gaz.
Mariy (en préparation, n'a commencé à produire qu'en
1899-1900).
Ces diverses houillères augmentent leur production tous
les ans sans arriver cependant à satisfaire aux besoins de la
consommation, qui nécessite actuellement l'importation de
10 millions de tonnes de houille par an, en France. Le bassin
du Nord, a produit, en 1899, au total, 6 millions de tonnes de
houille, alors qu'il ne produisait que 5.030.000 tonnes en 1890.
L'exploitation de la houille dans le Nord est grevée parles
travaux d'aérage que nécessite la présence du grisou dans
les couches profondes et par les travaux d'épuisement occa-
sionnés par la présence des couches aquifères.
Néanmoins, les couches de charbon, étant généralement
très minces (0™,40 à 1 mètre en moyenne), ne nécessitent
pas l'emploi de remblais ni de boisages coûteux, et, somme
toute, l'industrie houillère est exceptionnellement prospère
depuis 1898, le prix de vente moyen à la tonne étant de 12 à
16 francs, selon la nature du combustible (15 à 20 francs,
alors que le prix de revient est de 7 à 11 francs, suivant les
Compagnies exploitantes).
Bassin houHler du Pas-de-Calais. — Le bassin du Pas-de-
Calais est le prolongement vers l'ouest du bassin du Nord;
toutes les observations présentées pour ce dernier sont
applicables au Pas-de-Calais, avec cette différence que les
morts- terrain s y sont plus épais (100 à 150 mètres en
moyenne) et que, par suite du phénomène de transgressivité
indiqué plus haut, les couches anthraciteuses ont disparu;
par contre, apparaissent les houilles sèches, qui sont incon-
nues dans le nord-est du bassin français.
Les veines de houille exploitées ont de 0™,30 à 1 mètre de
puissance en moyenne.
Le bassin du Pas-de-Calais s'étend de Douai, à l'est, où il
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 347
se raccorde au bassin du Nord, jusqu'aux environs d'Aire
^ sur la Lys, à Touest, où le bassin se rétrécit et disparaît
à Textrémité occidentale de la concession de Fléchinelle.
Les principales houillères du Pas-de-Calais sont los sui*
vantes :
' Mines de Lenset de Douvrin, — l^ Compagnie de Lens vient
d'atteindre, en 1899, le tonnage de :i millions de tonnes
exploitées au moyen de onze fosses (quatorze puits d'extrac-
tion), alors qu'elle n'extrayait que 1.(^43.105 tonnes en
1890 et 700.000 tonnes seulement en 1875 (superficie :
6.939 hectares).
Ce chiffre énorme de 3 millions de tonnes n'a été atteint,
en France, que par les mines de Lens et par celles d'Anzin.
Les mines de Lens, étant de création relativement récente
(1853), ont pu être organisées suivant les derniers perfection-
nements de l'art des mines. En tant que machines, installa-
tions du jour et travaux du fond, on peut les citer comme
une exploitation modèle.
Lens extrait, par ses fosses Saint-Louis et Klisabelh, des
charbons à gaz tenant de 30 à 36 0/0 de matières volatiles
et se rapprochant beaucoup des flénus.
Par ses autres fosses, situées au midi de la faille cen-
trale, qui s'étend de l'est à l'ouest, dans presque toute la lon-
gueur du bassin du Pas-de-Calais, la Compagnie de Lens
exploite toute la série des houilles grasses depuis les
houilles à gaz jusqu'aux houilles à coke.
I Au nord de la faille centrale, appelée aussi faille Heu-
maux, il y a un saut brusque dans la teneur des veines
en matières volatiles; au voisinage de celte faille on trouve
une région peu riche, stérile même en certains points; et,
dans la région nord de la concession, on ne trouve plus que
des veines demi-grasses, quart-grasses et maigres, à Vendin-
le- Vieil et à Douvrin.
^ Bruay, — Les mines de Bruay possèdent le gisement le
plus régulier du bassin, et leurs veines, affectées de très peu
d'accidents, se poursuivent, toutes parallèles, sur de très
grandes étendues.
L'exploitation des mines de Bruay a été longtemps arrêtée
dans son développement par les venues d'eau considérables
348 GÉOLOGIE APPLlQUÉl!:
qui ont envahi les travaux à plusieurs reprises. Mais aujour-
d'hui la mine est armée de pompes extrêmement puissantes,
tant au fond qu*au jour, et il n'est pas probable, dans Tétat
actuel des choses, qu'une venue d'eau, quelque importante
qu'elle soit, puisse causer un arrêt prolongé ou un dommage
sérieux aux mines de Bruay.
Le charbon exploité dans cette concession est de la
houille demi-sèche très estimée dans l'industrie (flénu k
35 0 0 de matières volatiles, aux fosses 1, 3, 4 et 5). 1^
fosse 2 a exploité un gisement de houille trois-quarts-grasse
pour générateurs.
Tonnage extrait en 1899 : 1.630.000 tonnes, contre 878.000
tonnes seulement en 1890.
Courrières. — Les mines de Courrières renferment des
v<'ines très régulières dans la partie sud-est de la conces-
sion, un peu brouillées à Touest et moins riches au centre.
Production : 1.900.000 tonnes en 1899.
Cette concession est d'une exploitation relativement aisée,
et, par suite, le prix de revient de la houille peut y être asseï
faible. Cette condition, jointe à la richesse du gisement, fait
de Courrières le charbonnage qui a peut-être le plus bel
avenir de tout le Pas-de-Calais.
Courrières produit toutes les qualités de houille, depuis les
houilles maigres de la fosse n^ 8 au nord, jusqu'aux houilles
grasses à longue llamme des fosses du midi, sauf la houille
à coke proprement dite. Cette situation très avantageuse
permet à la Compagnie de Courrières de faire face à toutes
les diMnandes de l'industrie et de n'être tributaire d'aucune
autre Compagnie, pour les mélanges qu'elle peut avoir à faire
entre des houilles maigres et grasses.
Grenay, — Cette mine exploite toute la série des houilles,,
depuis les houilles grasses jusqu'aux quart-grasses, au moyen
de huit fosses, qui ont produit ensemble 1.480.000 tonnes
eu 1899.
Noeux. — 1.376.029 tonnes en 1898. — Exploitation des
plus prospères, possédant toutes les qualités de charbon,,
depuis les houilles demi-sèches jusqu'aux maigres.
Maries. — 1.127.000 tonnes de houille demi-sèche et grasse
en 189y, contre 760.000 tonnes seulement en 1890.
LE CARDO.'^B ET 8E8 COMPOSÉS 349
Liévin. — Cette mine exploite dans lo sud du bassin, en
partie sous les terrains renversés, des veines grasses à gaz et
demi-sèches. Production = 1.153.000 tonnes en 1809, contre
675.105 tonnes en 1890. Cet accroissement énorme de tonnage
promet de continuer encore pendant quelcjues années ; les
travaux du midi de la concession ont en eiïet démontré,
en 1897, que le bassin se prolongeait sous le dévonien ren-
versé, beaucoup plus loin au sud qu'on ne Tavait admis
jusqu'à ce moment, et une extension récente de la concession
de Liévin va probablement être suivie d'un développement
nouveau du tonnage extrait. On peut citer encore, dans le
Pas-de-Calais, les mines de Meurchin, 455.000 tonnes en
1898; celles d'OstricouH, 206.000 tonnes; de Drocourt,
540.000 tonnes; de Ferfay, 165.000 tonnes; etc.
Le Pas-de-Calais a produit, en tout, en 1899, 14.500.000
tonnes de charbon, au moyen de soixante-quinze puits
d'extraction. La production n'était que de 7.877.214 tonnes
en 1890.
Le prix moyen de vente, qui était de 16 francs par tonne
en 1890, est descendu à 10 francs en 1895; il est remonté à
16 fr. 30 en 1899, et il atteignait environ 18 francs au début
de Tannée 1900.
De nombreux sondages entrepris au midi du bassin, ver;^
Cuincy, Willerval^ Souciiez, Aix, Bouvigny, Ben(jiHj Ourton, etc.,
depuis et môme avant la découverte récente faite à Liévin,
permettent d'espérer que de nouvelles richesses houillères
seront bientôt reconnues et mises en exploitation à des |>ro-
fondeurs variant de 800 à i.20O mètres.
Bassin du Boulonnais. — A l'extrémité orientale du dépar-
tement du Pas-de-Calais, on exploite à Hardinghen un lam-
beau de terrain houiller qui doit être le prolongement du
bassin franco-belge et peut servir de point de repère pour
un raccordement avec le bassin anglais.
De nombreuses recherches ont été efTeciuées, aux envi-
rons de ce petit lambeau houiller, entre les années 1894 et
1897, à la suite de la découverte d'une veine de houille
dans le fond d'un sondage fait à Douvres, lors des études
entreprises pour l'exécution d'un tunnel sous la Manche.
350 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
De tous les sondages forés, à cette époque, dans le Calaisis
un seul rencontra, près de Wissant, une petite lentille de
terrain honiller, qui est probablement inexploitable.
La concession à' Hardinghen a produit, en 1899, environ
1.000 tonnes de houirie. Non loin de là, à Ferques^ près de
Marquise, on vient de commencer l'exploitation d*un gise-
ment de houille, enfermé sous 4es terrains renversés,
formés par le calcaire Napoléon, le calcaire du Haut- Banc
et la dolomie de Hure. Quelques grattages avaient déjà été
faits dans ce gîte et dans la concession de Fiennes, voisine de
celle de Ferques, il y a quelques années, au voisinage da la
faille qui a amené les terrains anciens au-dessus des couches
en place.
Bassin de la Loire et de Saint-Étienne, - Après le bassin
houiller du Nord, le plus important en France est celui de la
Loire.
Il fait partie de Tétage houiller supérieur, ainsi que la
plupart des bassins français, autres que celui du Nord et du
Pas-de-Calais.
Le bassin de la Loire renferme un dépôt houiller de plus
de 2.000 mètres d'épaisseur, contenant une puissance réduite
de veines de houille de 50 à 80 mètres, selon les dis-
tricts.
Ces veines sont généralement beaucoup plus puissantes
que celles du nord de la France: elles ont une puissance
moyenne de 3 à 4 mètres, allant parfois jusqu'à i5 mètres.
Le bassin de la Loire repose en stratification discordante
sur une vaste dépression du terrain primitif et s'étend du
nord-est au sud-ouest sur une longueur de 46 kilomètres,
depuis le bord du Rhône jusqu'aux rives de la Loire.
D'après Griiner, le terrain houiller de Saint-Étienne peut
se diviser en un certain nombre de faisceaux plus ou moins
productifs.
En partant des terrains primitifs de la base, on rencontre
d'abord une brèche de 20 à ^00 mètres de puissance, qui
est composée de granité, de gneiss et de micaschistes. Au-
dessus on recouperait successivement :
Le faisceau de Rive-de-Gierj avec poudingues et grès gros-
siers, puis grès fins avec quelques couches de houille mosu-
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 351
rant ensemble i2 mètres de puissance en moyenne. Ce
faisceau est épais d'une centaine de mètres;
Le faisceau de Saint-Chamondj stérile, qui s'étend entre
Rive-de-Gier et Saint-Étienne, sur une épaisseur de 800 mètres.
11 est constitué, en partie, par des galets de (|uartz blanc ;
Le faisceau inférieur de Sa int'Etie fine y ({ui atteint 800 mètres
d'épaisseur avec une dizaine de couches, dont «(uelques-
unes mesurent de 3 mètres jusqu'à 12 mètres de puissance;
Le faisceau moyen de Saint-Étienne, épais de 300 mètres,
qui contient huit couches de 10 mètres de puissance totale:
Le faisceau supérieur de Saint-Étienne, épais de 200 mètres,
qui compte une dizaine de couches mesurant ensemble
18 mètres de charbon.
Le tout est surmonté par un banc permien stérile, de
près de 500 mètres de puissance, formé d'argiles et de quartz
micacé.
Sur les soixante*douze concessions accordées dans ce bas-
sin, quarante-trois seulement sont exploitées et ont été
réunies entre les mains d'une dizaine de Compagnies dont
les principales sont :
Là Compagniede Roche-la-Morlièveet Firminy, qui exploite des
houilles à très longue flamme (38 0/0 de matières volatiles),
des houilles à gaz (32 à 36 0/0 de matières volatiles) et des
houilles grasses à courte flamme donnant du bon coke
(18 à 24 0/0 de matières volatiles). La production était, pour
ces dernières années, de SrO.OOO tonnes environ par an ;
La Compagnie de Montrambert et la Béraudière : charbons
à gaz proprement dits (32 à 36 00 de matières volatiles),
tenant de 3 à 10 0/0 de cendres. — Production annuelle:
700.000 tonnes environ ;
La Compagnie des houillères de Saint-Etienne, avec sept
puits d'extraction : production en 1898 : 508.000 tonnes
de charbons à gaz proprement dits, de charbons de forge, de
charbons à coke, de houilles grasses et de houilles demi-
grasses, tenant de 14 à 18 0/0 de matières volatiles ;
La Compagnie des Mines de la Loire : production : 656.000
tonnes en 1898;
La Compagnie de Rive-de-Gier : production en 1898 : 50.000
tonnes de houilles grasses ternes à longue flamme, dites
352 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
rafforts^ spéciales à cette région et employées surtout au
chauffage domestique.
Les autres exploitations du bassin sont celles de Saint-
Chamond, de la Chazotte, etc.
La production totale du bassin de la Loire a été de
3.863.000 tonnes en 1898.
Bassin houiller du Gard. — Le bassin houiller du Gard
appartient aussi à Tétage houiller supérieur; il s'étend sur
une superficie de 12.000 hectares, mais n'affleure que sur
les deux tiers de son étendue, le reste étant recouvert par
le trias ou par des calcaires jurassiques.
Il repose directement sur les schistes précambriens. A la
base du bassin, on trouve un conglomérat à gros blocs reliés
par une pâte argileuse. Cette assise, épaisse de 200 à
300 mètres, renferme des rognons d'anthracite, des nodules
de fer carbonate et des paillettes d'or. Elle est surmontée
par l'étage, de Bessèges, puissant de 800 mètres environ, con-
temporain de celui de Rive-de-Gier et le plus riche du bassin.
Au dessus se tient l'étage de la Grand'Combe, puissant de
500 mètres et séparé du précédent par des assises de grès
sableux et de schistes fissiles.
L'étage supérieur est celui de Portes, puissant de
600 mètres, reposant sur une assise de 300 mètres de ter-
rains stériles qui recouvrent l'étage de la Grand'Combe.
Le tout est surmonté, en certains points, par une assise de
poudingues avec galets de porphyre.
Le bassin est coupé en deux, par la montagne du Rou-
vergue. A l'ouest se trouvent les concessions de liochehelle^
de la Grand'Combe, de Portes et de Cessons, dans la vallée
du Gardon ; à l'est, celles de Bessèges, de Gagnières, de
Trélys et de Lalle, dans la vallée de la Cèze. Le bassin du
Gard a produit, au total, 2.199.000 tonnes de houille en 1898.
Les mines de RochebeUe, situées dans la partie occidentale
du bassin, près d'Alais, comptent vingt-cinq couches de
charbon, dont la puissance totale est de 40 mètres environ. Ce
charbon, demi-gras près de la surface du terrain houiller,
devient plus maigre en profondeur (15 à 18 0/0 de matières
volatiles). Il est très apprécié pour le chauffage domestique
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 353
et pour les chaudières à vapeur; il sert aussi à la fabrication
des agglomérés.
ËD 1898, Rochebelle a fourni 300.000 tonnes de liouille,
au moyen de deux puits d'extraction.
Les mines de la GrandC Combe extraient des charbons gras,
tenant 22 à 24 0/0 de matières volatiles. Mais, en profondeur,
on n'y rencontre plus que des houilles demi-grasses.
Près du massif de Kouvergue, les veines deviennent plus
maigres encore (iO 0/0 de matières volatiles). La production
de la Grand'Combe a été de 799.000 tonnes en 1898.
Aux mines de Beisègea^ dans la partie orientale du bassin,
on a déjà reconnu vingt couches de houille tenant ensemble
25 mètres de combustible.
La production de Bessèges, en 1898, a été de 534.000 tonnes
de houille grasse.
Bassin houiller de Saône-et-Loire. — Le bassin houiller de
Blanzy-Creusot, long de 40 kilomètres, fait partie d'une
bande houillère encore mal connue, qui s'étend jusqu'aux
Vosges vers Ronchamp.
Les deux principales Compagnies exploitantes de ce bassin
sont celles de Blanzy, à Touest (Montceau), et du Creusot^ au
centre, vers Monchanin.
Dans la concession de Blanzy on exploite quatre veines de
houille dont la puissance varie de 8 mètres à 30 mètres.
Ces couches, selon la région et la profondeur où on les
rencontre, ont une teneur très variable en matières volatiles.
De 38 0/0 dans les parties hautes du bassin, elles tombent à
12 et 8 0/0 en profondeur, principalement vers le sud-ouest.
On obtient ainsi, dans cette concession, des houilles sèches
à longue flamme et des houilles maigres anthraciteuses.
Mais ces combustibles sont très impurs, ce qui nécessite
l'installation de lavoirs puissants et coûteux.
Les menus anthraciteux lavés servent à la fabrication
d'agglomérés, très appréciés pour la navigation.
La Compagnie de Blanzy a produit i. 699.000 tonnes
en 1898.
Lesmines du Creusotne produisent que des houilles anthra-
citeuses et quart-grasses (82.000 tonnes en 1898). Ces derniers
OtoLOOlE. 23
354
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
prodails, aiusi que les menus d'anthracite, sont employés
dans la métallurgie; Tanthracite gros est vendu pour les
foyers domestiques. La concession de Montckanin, exploitée
par la Société du Creuset, produit de la houille grasse,
(80.000 tonnes en i898).
Le gisement d'Épinac, près d'Autun, dans le nord de
Saône-et- Loire, produit, sur 6.241 hectares concédés, envi-
ron i 10.000 tonnes de combustible par an : houille maigre à
courte flamme, au puits Hottinguer, vers le sud du bassin ;
houille grasse maréchale, au puits de la Garenne, vers le
nord ; et houille sèche à longue flamme au puits Bonnard,
à l'est.
Bassin du Bourbonnais. — Dans le Bourbonnais on ren-
contre le pli synclinal carboniférien du Roannais, qui se pro-
longe jusque dans la Creuse.
Tout le long de ce pli se trouvent des lentilles houillères
peu étendues (Buxière-la-Grue, etc.), avec une flore plus
récente que celle de Commentry.
Le bassin de Commentry, situé au sud du Bourbonnais,
-^ ^
FiG. 08. - Coupe du bassin de Commentry
dans TAllier, est le plus important de cette série de gisements.
Il comprend les concessions de Commentt^y, des FerrièreSf etc.,
et, un peu à Test, celles de Bézcnet, de Doyetf Montvicq, etc.
Le gisement de Commentry est encaissé dans les gneiss, au
contact de nombreux filons de granité et de porphyre. Il
renferme, entre autres, une grande couche de charbon de
20 mètres de puissance environ, qui se subdivise, en certains
points, en plusieurs veines. Cette couche, exploitée à ciel
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 355
ouvert, atteint, en certains points, de 40 à 50 mèlres de
puissance.
La formation appartient, par sa flore, à Tétage le plus
élevé du stéphanien.
La houille extraite est du charbon gras à longue flamme,
servant aux générateurs de vapeur, au chauiTage domes-
tique, à la forge et à la fabrication du coke et du gaz d*éclai-
rage.
La production des mines de Commentry et Montvicq a été,
en 1896, de 571.81 H tonnes.
Bassin houiller de VAvetjron. — Le bassin houiller de
TAveyron, aux environs d^Aubin, semble formé de trois
faisceaux distincts.
Le faisceau inférieur, qui existe dans les concessions d'An-
zits et de Rulhe^ a été formé dans un delta spécial, au sud-
est du bassin, avec des conglomérats.
Le faisceau moyen a été engendré par un delta, à Tépoque
des calamodendrées ou du stéphanien supérieur (conces-
sions de CransaCj etc.).
Le faisceau supérieur ne contient plus de conglomérats;
il s'est déposé, après un mouvement du sol, en discordance
sur les assises plus anciennes. Ce faisceau, dit faisceau de
Bourran, se retrouve vers Decazeville et Saint-Roch, au nord
du bassin.
La Compagnie de Campagnac possède, près de Cransac,
les concessions de Lavemfie et du Mazel ; elle exploite une
houille demi-sèche à longue flamme, tenant 35 0/0 de
matières volatiles et 8 0/0 de cendres. Ce charbon est surtout
employé pour la forge et les verreries. Il sert aussi à la fabri-
cation du gaz, au chauffage domestique et au chauffage des
générateurs.
La production a été, à Campagnac, de 275.000 tonnes en 1 896.
La Société des Aciéries de France, qui exploite, près d'Aubin,
les concessions de Cransac, de Combes et des Issards, pro-
duit annuellement, en moyenne, 350.000 tonnes de houille,
40.000 tonnes de briquettes et 15.000 tonnes de coke.
Le charbon extrait est du demi-sec flambant, employé
principalement pour la fabrication du gaz, le chaufTage des
générateurs, la céramique et la métallurgie.
'356 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Les mines de Decazeville ont une partie de leur exploita-
lion à ciel ouvert. Elles renferment une couche de houille
qui atteint 60 mètres d'épaisseur. Cette puissance énorme
complique l'exploitation et occasionne des incendies dans la
couche, par suite d'éboulements et de frottements de la
houille, surtout au voisinage des travaux anciens non rem-
blayés, dont les boisages desséchés facilitent Tinflammation
spontanée. Cette inflammation est provoquée par Toxydation
des limets de pyrite de fer qui se trouvent intercalés dans
la couche de houille.
La production a été, en 4896, à Decazeville de 426.713 tonnes
de houille grasse à longue flamme servant à la fabrication du
coke et du gaz et au chauffage domestique.
Les mines de Decazeville, exploitées par la Société de
Commentry-Fourchambault, comptent six concessions mesu-
rant ensemble 2.140 hectares.
Le département de TAveyron (16 concessions exploitées)
a produit, en 1898, 1.083.000 tonnes de houille, en augmen-
tation de 6i.000 tonnes sur la production de Tannée précé-
dente.
Bassin houiller du Tarn. — Dans le Tarn, les houillères de
Carmaux et d'Albi exploitent un bassin qui contient plus de
grès que de schistes. On y retrouve la flore de la base du sté-
phanieu avec cinq couches exploitables mesurant ensemble
16 mètres de charbon. Le bassin s'enfonce à l'ouest, sous
les grès bigarrés.
Les mines de Carmaux produisent annuellement près de
500.000 tonnes de houille grasse, bonnes pour la forge, le
chaufl'age domestique et le chauffage industriel. Ces mines
sont exploitées depuis le commencement du xix® siècle et
comprennent sept puits, répartis entre quatre sièges, qui
ont produit 557.000 tonnes en 1898.
Les mines d'Albin dont l'exploitation ne date que de 1886,
exploitent, par an, en moyenne, 100.000 tonnes de charbon
gras à longue flamme, tenant 30 à 32 0/0 de matières vola-
tiles. Ce charbon est employé pour la forge, la fabrication du
gaz et du coke. La production des mines d'Albi tend à
augmenter (143.000 tonnes en 1898).
Bassin houiller de VHérault. — Le bassin houiller do
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 357
THérault contient sept concessions dont les quatre princi-
pales ont été réunies par la Société de Gramessac. Les
trois autres sont exploitées par la Compagnie houillère de
rilérault.
Le charbon extrait est anthraciteux, maigre et demi-gras,
et sert à la fabrication de la chaux et des briques ; il est
aussi employé pour le chauffage domestique ef la fabrication
du coke.
Les mines de Graissessac produisent annuellement
200.000 tonnes de houille environ {195.753 tonnes en 1898).
Bassin du Cantal, — Dans les mines de Champagnac^ dans
le Cantal, on exploite de la houille grasse maréchale propre
au chauffage industriel et domestique.
Production annuelle, 80.000 tonnes de houille et
30.000 tonnes d*agglomérés.
Bassin du Puy-de-Dôme. — La Société de la Haute- Loire
exploite dans quatre concessions situées à la limite du Puy-
de-Dôme, entre Sainte-Florine (Haute-Loire) et Brassac
(Puy-de-Dôme), une houille tenant de 17 à 2'* 0/0 de matières
volatiles, employée pour le chauffage domestique, la forge et
divers usages industriels (180.000 tonnes par an environ).
Les houillères de Saint-Éloy exploitent dans le Puy-de-
Dôme un charbon flambant à très longue flamme tenant de
36 à 40 0/0 de matières volatiles, employé dans les brasseries,
les fabriques de porcelaine, etc. (environ 250.000 tonnes
par an).
La Compagnie de Commentry-Fourchanibault exploite, près
de Brassac, trois concessions qui fournissent annuellement
environ 80.000 tonnes de houille grasse, demi-grasse et
maigre au moyen de quatre puits d'extraction.
Des recherches sont faites actuellement par diverses
Sociétés, pour retrouver le prolongement du bassin, au
sud-ouest.
Bassin de la Creuse et de la Corrèze. — Le bassin houiller
de la Creuse et de la Corrèze renferme un certain nombre
de lentiUes houillères.
Le plus important des gisements de la région occidentale
est celui d'Ahun, dans la Creuse. On y exploite des houilles
maigres et demi-grasses, propres à la cuisson de la chaux,
358 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
des ciments el de la porcelaine, au chauiTage domestique et
à la fabrication des agglomérés.
La production est d'environ 200.000 tonnes de houille et
de 60.000 tonnes d'agglomérés par an.
Bassin de la Haute-Saône, — On peut citer encore les mines
de Ronchamp (Haute-Saône), qui s'enfoncent sous des grès
rouges permieus. Il est possible que le terrain houiller de
Ronchamp aille rejoindre en profondeur le bassin de Sarre-
bruck. On exploite, à Ronchamp, trois veines principales,
mesurant ensemble près de 10 mètres de charbon (121.490 t.
en 1898). Une autre concession de houille exploitée par la
même Compagnie dans la Haute-Saône, celle d'Eboulet, a
produit 95.451 tonnes en 1898.
Gisements du massif armoricain. — Dans l'ouest de la
France il existe quelques lambeaux houillers, peu impor-
tants d'ailleurs.
Normandie, — On connaît, en Normandie, ceux de Littry
dans le Calvados et du Plessis dans la Manche, qui appar-
tiennent au stéphanien supérieur. Les couches y sont recou-
vertes en stratification concordante par des sédiments de
l'époque permienne. Elles ont été exploitées sur une lon-
gueur de 1.500 mètres et une largeur de 300 mètres.
Basse Loire. — Dans la Mayenne et la basse Loire, les gise-
ments de combustibles contiennent généralement des anthra-
cites ot ont été étudiés au début de ce chapitre.
A Touest du bassin de la basse Loire, on trouve, dans les
concessions de Languin, de Montre lais-Mouzcil et des Touches,
des houilles qu'on a souvent assimilées aux anthracites ;
mais des analyses faites à l'École des mines de Paris ont
permis de les classer parmi les houilles grasses.
Leur teneur en matières volatiles est, en effet, de 20 à
28 0/0. Mais ces charbons sont généralement assez chargés
en cendres (10 à 30 0/0) et ne pourront être exploités avan-
tageusement qu'après un traitement dans des lavoirs à
charbon.
II existe encore en France un certain nombre de petits
bassins, dans la Nièvre (I)epize), l'Aude, etc.
La production totale de la houille, en France, a été,
en 1896, de 28.750.500 tonnes ; en 1898, la production a été
^^^
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 359
de 30.172.000 tonnes, dont 20 millions de tonnes environ
ont été fournies par. le Nord et le Pas-de-Calais.
En 1880, la France ne produisait que 19 millions de tonnes
de houille.
GISEMENTS HOUILLERS DE LA GRANDE-BRETAGNE
La Grande-Bretagne produit annuellement environ 200 mil-
lions de tonnes de houille^ alors que le monde entier ne
produit que 660 millions de tonnes environ. C'est donc le
pays de la houille, par excellence.
On peut diviser la Grande-Bretagne en cinq zones princi-
pales de production, pour les combustibles minéraux :
La zone du Nord ou de TÉcosse ;
La zone du Nord-Est ou de Newcastle ;
La zone du Centre et de VOuest, Lancashire, Derbyshire,
Yorkshire, StafTordshire, etc. ;
La, zone du Sud-Ouest, ou du Pays de Galles du Sud ;
Les gisements houillers de l'Irlande,
On étudiera successivement chacune de ces régions :
Bassin du Nord ou d'Ecosse. — On trouve, dans Tétage car-
bonifère, en Ecosse, la succession suivante, en partant de la
surface :
50 mètres de grès rouges et d'argiles de Bothwell;
350 mètres de terrain houiller supérieur, ou flat-coal
(avec grès, schistes, argile et minerai de fer ou black-band),
contenant onze veines de houille, mesurant ensemble une
puissance de 12 mètres environ (le black-band est du minerai
de fer carbonate qui fournit les fontes d'Ecosse si estimées).
Lits de schistes avec minerai de fer, dit slaty-band;
110 mètres de grès de Roslin ou Moor Hock ;
90 mètres de calcaire (calcaires de Garnkirk);
Terrain houiller inférieur (avec schistes et black-band),
contenant dix-sept couches de houille reconnues avec une
puissance totale de 16 mètres de charbon;
160 mètres de calcaire de Gilmerton;
Grès calcifère.
La constitution de cet étage est sensiblement différente
360 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
de celle des autres bassins carbonifères de la Grande-Bretagne.
Les gisements houillers de TÉcosse sont divisés en quatre
bassins séparés par des pointemonts dévoniens. Ce sont les
bassins de Glascow ou de la Clyde, d^Edinburg, du Fifeshire
et de VAyrshire, Les exploitations se font actuellement entre
100 et 300 mètres de profondeur.
La houille d'Ecosse a une couleur d'un noir rougedtre et
elle renferme des veines mates d'aspect schisteux; elle est
plus tenace que celle de Newcastle. Elle donne environ
70 0/0 de gros morceaux.
Les couches de houille ont toutes, eu Ecosse, une puissance
supérieure à 0™,60; l'une d'elles atteint, dans le Fifeshire,
6 mètres d'épaisseur ; une autre, le Great-Seam, se poursuit
sur 20 kilomètres, avec une puissance constante de 2"',50.
Enfin le houiller inférieur renferme la veine dite parrot-
coal, qui fournit la houille à gaz appelée cannel-coal et le
boghead (Voir le chapitre des Hydrocarbures).
La puissance moyenne des veines est de 0™,7o à i mètre ;
elle est très favorable à une exploitation économique du
gisement. En dehors du cannel-coal, la production de
l'JOcosso en houille grasse est d'environ 27 raillions de
tonnes, dont 5 millions environ sont exportés par Glasgow
el Edimbourg, 7 millions de tonnes seulement en 1854.
Bassin houiller de Newcastle ou du Nord-Est. — Le bassin de
Newcastle appartient à la partie supérieure du système car-
bon iférien anglais. On peut rappeler, à ce propos, les prin-
cipaux termes dont se compose, d'après M. HuU, la série
carboniférienne en Angleterre.
Ce sont, en descendant:
Le terrain houiller supérieur (L'pper coal measures), avec
argiles, brèches, grès rougeàtres, lits calcaires et veines
de houille généralement minces (Newcastle et Lancashire);
Le terrain houiller moyen (Middle coal measures), avec
argiles, schistes, grès jaunes et veines de houille nombreuses
(bassins du centre et Pays de Galles du Nord);
Le terrain houiller inférieur (Lower coal measures), avec
schistes et couches de houille à toit siliceux dur (Ganister)
(bassin du Centre-Sud);
Le Millstone grity avec dalles, schistes, grès grossiers et
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 361
quelques minces veines de houille (bassins du Centre et
Pays de Galles) ;
Série (TYoredale, schistes et grès remplacés, en profondeur,
par des schistes foncés et des calcaires terreux (Centre) ;
Calcaire carbonifère massif, avec intervalles de grès et de
schistes (s'étendant à peu près à la base de tous les bassins
anglais).
Les principaux districts du bassin de Newcastle sont le
Durkam et le Northumberland à Test; on peut rattacher à
ce bassin le district du Cumberland qui %'étend à Touest,
contre le canal du Nord.
Le bassin de Newcastle est sillonné par de nombreuses
failles (slip troubles) et par un grand nombre de dykes
bas«iltiques (whin troubles) ; au voisinage de ces dykes, les
couches ont subi des altérations profondes. L'étendue du
bassin est de 2.000 kilomètres carrés environ.
Le combustible extrait est un charbon gras à longue
flamme, un peu bitumineux, qui est employé comme charbon
à gaz (gaz coal), comme charbon à coke (coking coal), comme
charbon à vapeur (steam coal), quand il n'est pas trop collant,
et quelquefois aussi comme charbon pour foyers domestiques
(bouse hold coal), lorsqu'il est bien dur et qu'il laisse peu de
cendres en brûlant.
Les houilles les plus riches en gaz sont fournies par les
couches supérieures, au sud du bassin (Durham), tandis que
les houilles h vapeur se rencontrent plutôt au nord (Nor-
thumberland). On compte dans le bassin plus de soixante
couches de houille, dont une vingtaine sont fructueusement
exploitables et présentent une puissance totale moyenne
de 18 mètres.
La production du bassin de Newcastle dépasse annuelle-
ment 40 millions de tonnes, dont 10 millions environ sont
exportées par les ports de la Tyne (Newcastle) et par Sun-
derland, Hartlepool, etc. La production n'était que de
16.500.000 tonnes en 1854.
Bassins houillers du Centre et de V Ouest. — Les bassins
houillers du Centre comprennent le Lancashire, le Der-
byshire, le Staffordshire, le Nottinghamshire, le Yorkshire, le
Leicesterskire, le Pays de Galles du Nord, etc.
362 GÉOLOGIE APPLIQLÉE
On y rencontre le houiller moyen, le houiller inférieur et
le millstone grit.
, Ce bassin a une superficie de plus de 2.000 kilomètres
carrés. Il plonge légèrement vers Test où il est recouvert
par les formations triasiques; la chaîne Pennine, formée par
un soulèvement du calcaire carbonifère, sépare le bassin en
deux parties. A Touest de cette chaîne, la série carbonifère
affleure. La houille produite est de la houille grasse, qui sert
au chauffage des foyers domestiques, à la fabrication du coke
et à celle du gaz. On y trouve aussi de la houille sèche
employée pour la métallurgie. Ces houilles sont très peu
exportées, par suite de Féloiguement des côtes.
Les couches sont très nombreuses, peu inclinées, épaisses
de 0™,75 à 1",50 et souvent grisouteuses. Dans le Staffordshire
on rencontre la plus puissante des veines de houille exploitées
dans la Grande-Bretagne : c'est le Thick coal, dont l'épaisseur
moyenne est de 9 mètres.- La production annuelle est d'environ
87 millions de tonnes pour les districts houillers du centre.
Bassin houiller du Su&Ouest, — Le bassin du Sud-Ouest ou
Pays de Galles du Sud comprend les districts de Clamorgan-
shirCf de Monmouthshire, de Pembrokeshire^ de Camartenshirey
de Somersetshire, de Gloucestershire, etc., que Ton a déjà
étudiés en partie, à propos de Tanthracite.
La zone houillère y est limitée, au nord, par une arête de
terrains siluriens et dévoniens ; elle comprend une série de
vallées dirigées du nord au sud. Le bassin a une superficie
de 2.500 kilomètres carrés environ. Sa partie centrale a été
soulevée par un pli anticlinal qui s'étend de Test à Touest .
entre Risca et Swansea, de telle sorte que les couches de
houille profondes de la partie centrale ont été remontées
pW's de la surface, ce qui facilite leur exploitation.
On extrait de la région centrale une houille très dure qui
est le type du combustible pour la production de vapeur, et
qu'on appelle houille de Cardiff, du nom de son principal
port d'exportation.
La partie occidentale du bassin contient de l'anthracite et
des charbons anthraciteux. La région Nord fournit du charbon
de forge, que l'on retrouve aussi le long de la lisière sud
avec d'excellents charbons à coke.
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 363
La partie orientale du bassin donne une houille assez
riche en bitume, intermédiaire entre les houilles pour forge
et les houilles demi-grasses.
La production du bassin du Sud-Ouest dépasse annueller
ment une moyenne de 32 millions de tonnes. Le prix
moyen de vente a été de 17 francs par tonne en 1899 (char-
bon à vapeur, première qualité, sur bateau); il avait été
également de 47 francs en 1890, mais il était descendu jus-
qu'à 12 francs en 1893.
Irlande, — En Irlande on trouve les formations carboni-
fériennes, avec un peu de houille, dans le calcaire carboni-
fère, à Tyrone et à Antrim, vers le Nord ; dans les comtés
de Tipperary et de Castlecomer, on rencontre le terrain
houiller inférieur avec quelques mines de houille, et, en
dessous, les formations du millstone gril. Le houiller moyen
et le houiller supérieur n'existent pas en Irlande.
La production de la houille, en Irlande, a atteint
130.000 tonnes en 1898.
Recherches vers Douvres. — Il y a quelques années, un son-
dage entrepris près de Douvres, à Textrémilé sud-est de
TAngleterre, a recoupé quelques veines de houille dont la
découverte a ouvert des horizons nouveaux à Thypothèse
d'un raccordement possible entre les gisements houillers du
sud de la Grande-Bretagne et le bassin franco belge.
Jusqu'à présent aucun indice nouveau n'est venu éclairer
d'une façon précise cette hypothèse, bien que de nombreux*
forages aient été exécutés pour arracher au sol, dans cette
région, ses secrets et ses richesses.
I^ production totale des combustibles minéraux en Grande-
Bretagne a été de 193.487.000 tonnes en 1896, représentant
une valeur de 1.429.754.000 francs. En 1897, la production
totale de la Grande-Bretagne s'est élevée à 205.353.100 tonnes,
et la valeur de la houille s'est accrue considérablement à
partir de 1898, à la suite d'une grève prolongée des mineurs du
Pays de Galles. La production n'était que de 150 millions de
tonnes en 1880.
364 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
• . GISEMENTS HOUILLERS DE LA BELGIQUE
Le bassin franco-belge a été étudié plus haut, à propos
des gisements houillers du Nord de la France; le bassin
belge en forme le prolongement vers Test, en se relevant un
.peu, de sorte que la houille vient généralement y affleurer
sans morts-terrains, ce qui a singulièrement facilité Texploi-
. tation et a évité les recherches longues et coûteuses qui ont
retardé si longtemps la mise en exploitation du bassin fran-
çais. Les houillères de Belgique ont été divisées administrati-
vement en trois districts : Hainaut^ Namur et Liège, qui sont
loin d'avoir tous trois la même importance, le premier étant
de beaucoup le plus considérable et produisant 15 millions
de tonnes par an, alors que le district de Liège n'en produit
(]ue 5 millions, et celui de Namur, 1/2 million environ.
La bande houillère s'étend en Belgique sur une longueur
est-ouest de 170 kilomètres et sur une largeur de 10 kilo-
mètres environ. Les couches ont été déhouillées à partir
de leur affleurement, et la moyenne actuelle du niveau d'ex-
ploitation en Belgique est de 600 mètres environ. Quelques
puits ont une profondeur qui dépasse 1.000 mètres. Il s'ensuit
que le bassin belge tend à s'épuiser, et, en tout cas, en
admettant que le terrain houiller ait une épaisseur de
2 à 3.000 mètres, il est certain que l'exploitation devient de
jour en jour plus difflcile et plus coûteuse.
District du Hainaut. — Le district du Hainaut se divise en
trois parties : Borinage, ou couchant de Mons, Centre et
Charleroi.
1° Mines du Borinage. — En suivant le gisement houiller
bcîlge à partir de la frontière de la France, on rencontre
d'abord, dans le district du Hainaut, le bassin appelé Bori-
nage, au couchant de Mons. Ce bassin renferme surtout des
charbons flambants, dits flcnus, du nom d'une localité à
l'ouest de Mons. On y recoupe aussi des veines de charbons
à coke et demi-gras. Quant aux charbons à courte flamme,
ils sont très rares dans cette région.
Le Borinage compte dix-huit concessions en exploitation.
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 365
Les principales sont :
' Grand-Hornu : 242.000 tonnes en 1897. Le charbon est
du flénu sec employé pour métallurgie, navigation, fours à
gaz et verreries ;
Produits : la production a été de 520.800 tonnes, en 1897,
de flénu sec et demi-sec, de charbons à gaz et de charbons
«. gras à longue flamme ;
Rieu-du-Cœur, dont le nord vient d'être repris par une
Compagnie française qui espère y retrouver en profondeur
le beau faisceau demi-gras qui vient d'être reconnu par le
puits des Produits, près de Jemmapes. La production du
Rieu-du-Cœur a. été de 476.000 tonnes en 1897 (charbon so<-
et gras à gaz) ;
^ Levant du flénu : 705.000 tonnes on 1889 et 497.400 tonnes
' seulement en 4897.
La production totale du Borinage ou bassin de Mons a été
de4.536.6i0 tonnes en 1896 et de 4.341.170 tonnes en 1897 ;
le prix de vente moyen à la mine, des gailleteries grasses,
était de 31 francs en 1890; il s'est abaissé à 22 francs en
I 1896, mais il atteignait 29 francs au début de 1900.
} Les charbons flénus et à gaz, qui sont les plus voisins d(^
la surface, ont été les premiers exploités. Actuellement leur
extraction diminue beaucoup, et la production des houilles
demi-grasses et grasses à coke se développe, au contraire,
à mesure que les travaux deviennent plus profonds.
'' 2® Mines du bassin du Centre. — Les mines du Hainaut
central produisent surtout des houilles demi-grasses; un
tiers de la production est représenté par les houilles à coke,
^ 3 0/0 seulement par des houilles [flambantes. Les veines do
houille exploitées sont assez minces, 0™,60 en moyenne;
mais elles S'jnt assez rapprochées, et les étages d'exploita-
tion (400 mètres en moyenne) ne sont pas encore aussi
profonds que ceux du reste de la Belgique, de sorte que
I le bassin du Centre est, en Belgique, celui qui a le plus
^ d'avenir.
Sur vingt-six concessions accordées dans le bassin du
centre, vingt sont en exploitation. Les principales sont :
fja bouvière et Saint-Vaast : 377.830 tonnes on 1807.
306 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Charbon gras à courte flamme (charbon dur), pour verreries,
coke et fines forges ;
Bascoup : 589.710 tonnes en 1897. Charbon demi-gras à
courte flamme, pour générateurs tubulaires et chaufTage
domestique ;
Mariemont : 453.860 tonnes de charbon demi-gras à courte
flamme et de charbon gras à courte flamme ;
Ressaix : 446.080 tonnes de charbon gras à courte flamme,
pour la fabrication du coke et pour les verreries et forges.
La production totale du bassin du Centre a été de
3.370.6(6 tonnes en 1896 et de 3 376.6i0 tonnes en 1897.
3° Mines du bassin de Charleroi. — Les mines de Charleroi
forment l'extrémité orientale du bassin du Hainaut.
On y exploite, à Touest de Charleroi, des couches à
courte flamme appelées demi-grasses pour usines et foyers
domestiques. Au sud de la Sambrc, on trouve les houilles
grasses et maréchales (coke et forge) ; vers Test et au nord,
on rencontre les couches de houille maigre et d'anthracite,
inférieures aux précédentes et étudiées plus haut au chapitre
des Anthracites. La profondeur moyenne des exploitations
est à peu près la mt^me que dans le bassin de Mons.
Les principales exploitations sont celles de :
Marcinelle-Nord : 445.350 tonnes en 1897, charbon gras
à longue flamme et à courte flamme et charbon demi-gras ;
Courcelles-Nord : 458.400 tonnes de charbon quart-gras,
employé pour chaudières à vapeur et chauffage domes-
tique ;
Grand'Conty : 139.300 tonnes de quart-gras, du type dit
de Gosselies, pour chaufTage domestique et générateurs ;
Monceau-Fontaine : 589.200 tonnes de charbon demi-gras,
pour générateurs tubulaires et foyers domestiques ;
Sacré-Madame : 300.600 tonnes de charbons gras et demi-
gras ;
Charleroi (charbonnages réunis) : 493.800 tonnes de char-
bon gras à longue flamme et de demi-gras à courte flamme.
Le bassin de Charleroi a la spécialité des charbons pour
foyers domestiques.
Il a produit, en 1896, 7.527.250 tonnes de combustibles de
diverses catégories et 7.698.000 tonnes en 1897.
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 367
District de Namur. — A la suite et à Test du bussin de
Charleroi, le gisement houiller se rétrécit et disparaît mémey
au levant de Namur.
Le combustible exploité dans cette région se rapproche
des houilles de Charleroi; il est employé par les glaceries de
la région, les foyers domestiques, etc. Il est généralement
friable et donne une forte proportion de menu.
Les veines de houille, exploitées autrefois aux affleure-
ments, y sont reprises en profondeur depuis une vingtaine
d'années.
Sur trente-huit concessions accordées dans la province de
Namur, quatorze seulement sont exploitées.
Les principales sont :
Ham-sur-Sambre (140.000 tonnes, en 1897), Arsimont
(120.000 tonnes), FalisoUe (105.000 tonnes), Hasard
(95.000 tonnes), etc.
La production totale a été de 511.450 tonnes en 1896 et de
533.580 tonnes en 1897.
-District de Liège. — C'est seulement vers Liège que le
bassin s'élargit.
Dans le bassin de Liège on exploite des houilles grasses
et demi-grasses donnant un bon coke, et aussi des houilles
.maigres dans la partie nord du bassin. Sur les plateaux de
Hervé on exploite des charbons demi-gras, spéciaux pour les
générateur à vapeur.
Les couches reconnues sont au nombre de cinquante.
Leur puissance moyenne est de 0™,40.
On pense que le terrain houiller doit avoir environ 2 kilo-
mètres d'épaisseur dans le centre du bassin ; mais les
exploitations ne descendent guère qu'à 400 mètres jusqu'à
présent.
Les charbonnages les plus importants sont :
Marihaye : 459.720 tonnes en 1897. Charbon à gaz, char-
bon gras à longue flamme, charbon gras à coke, charbon
demi-gras pour générateurs;
Gosson-Lagasse : 324.000 tonnes en 1897 ;
Horloz : 409.913 tonnes ;
Ressaies- Artistes, à Jemeppe : 355.800 tonnes ;
368 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Sclessin, à Ougrée : 325.600 tonnes ;
La Haye, à Liège : 349.250 tonnes.
La production totale du bassin de Liège a été de
5.256.191 tonnes en 1896 et de 5.533.747 tonnes en 1897.
«
Les bassins houillers de la Belgique, comme le bassin du
Nord de la France, ont étu affectés par le ridement du Hainaut,
qui a repoussé la crête du Condros contre le bord méridional
du bassin de Namur ; mais les dislocations postérieures qui ont
donné naissance à la faille Limite et au cran de retour (Voir
Bassin du Nord de la France) n'ont affecté que la partie
occidentale de la zone houillère, à partir de Charleroi jusqu'au
Boulonnais.
La production totale des combustibles minéraux en Bel-
gique a été, en 1896, de 21.252.400 tonnes, représentant une
valeur de 40.402.000 francs. En 1898, la production a été de
22.088.000 tonnes. Elle était de 16.886.698 tonnes seulement
en 1880.
GISEMENTS HOUILLERS d'aLLEMAGNB
Au-delà de la Meuse, le bassin franco-belge se relie au
bassin de la Westphalie par le gisement houiller souterrain
diiLimbourg, Depuis quelques années, un certain nombre de
recherches et d'exploitations ont été entreprises dans le
Limbourg allemand et hollandais, et quelques-unes ont été
couronnées de succès.
Dans le riche bassin de la Westphahe on retrouve la com-
position du terrain houiller franco -belge, avec une régu-
larité beaucoup plus grande. Mais, à Test de ce bassin, au
voisinage des massifs du Harz, de la Bohême et de la Saxe,
les terrains se modifient sans discontinuité apparenté, et le
dépôt carbonifère cède la place à des assises argileuses ou
gréseuses. On retrouve bien, dans la Thuringe et dans la Saxo,
des dépôts houilles, mais ce n'est que vers les frontières
de la Russie, en Silésie, que le calcaire carbonifère reparait
avec une formation houillère régulière et abondante, qui se
dirige probableilfiiwit vers Timporiant bassin houiller russe
du Donetz.
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 369
Basslxs de la Wbstphalik. — Près de la frontière belge, et
dans le prolongement du bassin de Liège, on rencontre, en
Allemagne, les deux bassins houillers de la Wurm^ près d'Aix-
la-Chapelle, et iïEschweilerj sur Tlnde.
Gisements d^ Aix-la-Chapelle, — Ces bassins profonds, mais
parfois tourmentés, renferment des houilles à gaz, des
bouilles grasses à longue flamme et des houilles demi-grasses.
Les houilles les plus maigres seules affleurent; les couches
plus grasses sont masquées, comme en Belgique et en France,
par le terrain crétacé.
Le calcaire carbonifère de la base débute, yers Aix-la-
Chapelle, jusqu'à Dusseldorf, par un calcaire cristallin qui
devient dolomitique en hauteur, où il est surmonté par les
schistes alunifères du culm (schistes à posidonies).
Le houiller de base qui repose sur ces schistes est formé
d'un grès stérile [flôtileerer sandstein)^ équivalant au millstone
grit d'Angleterre.
Les couches de charbon, assez régulières, qui se trouvent
dans le terrain houiller productif, fournissent annuellement,
dans la région d'Aix-la-Chapelle, 1 million et demi de
tonnes.
Gisements de la Ruhr. — Le bassin de la Ruhr, relié au bassin
franco-belge par les gisements de la Wurm et de l'Inde, en
forme le prolongement au nord-est. Il s'élend dans la pro-
vince de Westphalie et dans la province Rhénane. Les ter-
rains de base sont sensiblement les mêmes depuis Dussel-
dorf jusqu'à Iserlohn; mais, à Test de ce point, un échange
complet se produit entre le culm et le calcaire carbonifère :
il consiste tout d'abord en intercalations de schistes siliceux
et alunifères dans le calcaire ; peu à peu le calcaire dispa-
raît, mais les schistes qui le remplacent renferment encore
des espèces dinantiennes [Streptorhynchus (orthis) crenis-
tria et Cladachonus Michelini],
La formation houillère qui surmonte ces terrains de base
semble avoir une épaisseur de 2..H00 mètres ; elle renferme
cent trente-deux couches de charbon, dont soixante-quinze
sont exploitables et mesurent ensemble une puissance de
près de 80 mètres.
Le bassin de la Ruhr est beaucoup plus régulier que le
OftOLOOIB. 24
:)70 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
bassin franco-belge; les couches de houille y sont moin»
bouleversées et bien plus économiquement exploitables.- Le
bassin a la forme d*une lentille longue de 100 kilomètres,
du nord-est au sud-ouest, et large, en son milieu, de 35 kilo-
mètres environ.
Dans les gisements de Westphalie, les couches du centre
et du sud sont assez fortement plissées, et il est à noter que
les failles que Ton rencontre dans celte région coupent les
veines suivant des angles très aigus et contrairement à la
règle de Schmidt, qui est presque toujours vérifiée dans le
bassin franco-belge.
Dans la région de Dortmund on exploite des veines grasses
à longue flamme, correspondant à celles des faisceaux
de Bruay et de Maries (Voir Bdssin du Nonl de la France) ;
dans la région de Bochum, au sud-ouest, on exploite un fais-
ceau gras à gaz, analogue à celui de Lens et de Liévin; et
enfin, à Touest, vers Essen, on exploite des charbons gras de
forge que l'on peut assimiler à ceux de Douchy.de Donain
et d'Anzin. Les charbons maigres affleurent au sud du bas-
sin, le long de la Ruhr.
La production annuelle du bassin de la Ruhr atteint
environ 40 millions de tonnes, alors qu'elle notait que de
23 millions de tonnes en 1881.
D'après les études du D*" Runge, le bassin westphaliea
contiendrait une richesse houillère que Ton peut évaluer à
30 milliards de tonnes.
11 milliards de tonnes jusqu'à 700 mètres;
7 milliards de tonnes entre 700 et 1.000 mètres;
12 milliards détonnes au-dessous de 1.000 mètres.
Bassin d'Osnabruiîk. — Au nord-est de Dortmund, près
d'Osnabruck, on retrouve un lambeau houiller qui est
exploité à Piesberg et à Ibbettburen et qui produit environ
25(^000 tonnes par an.
Bassin de Hanovre. — En s'éloignant vers Test, on ren-
contre un gisement de houille exploité au sud de la ville de
Hanovre, à Deister et à Osterwald. Ce gisement appartient au
terrain wealdien et produit prf's de 800.000 lonnes par an.
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 37i
Bassin de Saarbrugk. — Dans le Palatinat, au sud des pro-
vinces Rhénanes et de la chaîne du Hunsrûck, on exploite
autour de Saarbruck, Saarlouis et Ottweiler, un gisement
houiller assez important, qui produit près de 0 millions de
tonnes par an. Le bassin occupe une superûcie de 3.000 kilo-
mètres carrés environ. Les veines plongent de 15* en moyenne
vers le sud-ouest et sont formées de charbons maigres,
demi-gras et gras à longue flamme. La flore des couches de
Saarbruck se rapproche de celle des charbons à gaz de
Grenay (Pas-de-Calais).
On estime que le bassin renferme encore i4 milliards
de tonnes de houille, dont 3 milliards au-dessus de 700 mètres
de profondeur, et qu'il mesure 6.000 mètres de profondeur,
avec 164 couches de houille, dont 77 exploitables repré-
senteraient une puissance de 70 mètres environ.
De nombreux sondages ont permis de retrouver le prolon-
gement du bassin, au sud-ouest de la Saar, dans la Lorraine
annexée.
H est probable qu'on retrouvera un jour, vers le Rhin, des
gisements houillers se rattachant aux formations de Saar-
bruck.
Les charbons de Saarbruck, très riches en matières vola-
tiles, ne donnent, par calcination, que 50 0/0 de coke; on
emploie cependant une assez grande quantité de menus
pour faire du coke. Le reste de la production est employé
pour la métallurgie et les industries locales. Le charbon de
Saarbruck se vendait en moyenne 13 fr. 50 à la mine en 1890;
le prix de la tonne est descendu à 11 fr. 80 en 1895; il est
remonté à 13 fr. .30 à la On de 1899.
Les principales mines sont celles d'Heinitz, 1 .200.000 tonnes ;
de Kônig, 800.000 tonnes ; de Gerhard-Luisenthal, 700.0C0
tonnes; eici
Bahsins de la Fra.nconie. — A l'est du Palatinat, entre la
Franconie et la haute Bavière, il existe plusieurs bassins
houillers, auxquels le ^voisinage de la ville de Munich a
donné une certaine importance. On peut citer ceux de Peni-
berg, de Unter-Frememberg et de Miesberg, qui produisent
annuellement environ 1 million de tonnes de houille.
Bassin de la Saxe. — Le centre de l'Allemagne contient
372 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
quelques gisements de houille, outre les bassins lignitifères,
que Ton examinera plus loin. La formation carboniférienne
franco-belge, qui disparaît à Test de la Westphalie, ainsi
qu'on Ta indiqué plus haut, se retrouve en Saxe, où le culm
représente tantôt l'assise des ampélites de Ghokier, tantôt
le calcaire carbonifère proprement dit.
Le carboniférien est généralement constitué dans cette
région par des grès et des conglomérats.
En certains points, il renferme des lits de houille, comme
à Ebersdorfy à Potschappel et à Hainichen près de Dresde et
des mines de Freyberg; ailleurs, il est surmonté de gîtes
houillers, comme à Plauen et à ZwickaU'Chemnitz, Les mines
de Plauen ont une production assez faible : 600.000 tonnes
environ ; quant à celles de Zwickau, elles atteignent près de
4 millions de tonnes. Le bassin de Zwickau s'étend sur
30 kilomètres de long et 10 de large.
Bassin de la Bassr-Silésie. — Le bassin de la Basse-Silésie
est situé près de Waldenbourg, non loin de la frontière de
la Bohême et de la Saxe ; son développement a été favori s(^
par la facilité d'écoulement de ses produits, à cause du voisi-
nage de la région industrielle très active de l'Oder et de la
proximité de l'importante ville de Breslau.
Le culm, qui se présente en Saxe sous un faciès spécial,
se retrouve en Basse-Silésie. Il renferme des couches conte-
nant des fossiles du calcaire carbonifère. Ainsi on y ren-
contre des couches de calcaires à Productus giganteus, qui
indiquent un dépôt marin littoral. La Basse-Silésie renferme
31 veines, tenant ensemble 40 mètres de charbon.
Le terrain houiller de la Basse-Silésie comprend deux fais-
ceaux de couches : les courbes de Waldenbourgy qui appar-
tiennentà la partie supérieure du culm, dont elles contiennent
encore la flore, et, au-dessus, les couches de Schatziar,
qui correspondent au westphalien. La production de la
Basse-Silésie est d'environ 4 millions et demi de tonnes de
houille en Saxe, et de 3 millions et demi en Prusse.
Bassln de la IIaute-Silésie. — Le bassin de la Haute-Silésie
est le plus important de TAllemagne après le bassin de la
Ruhr. 11 est situé au sud-est de l'Allemagne, à cheval sur la
Hongrie et la Russie, de sorte qu'on exploite les mêmes
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 373
couches de houille dans trois pays diiïérents. La superûcie
exploitable reconnue est de 5.600 kilomètres carrés environ.
Le culm atteindrait, dans la Haute-Silésie, une épaisseur
de 14.000 mètres, diaprés M. Siur. Le terrain houiller qui
repose sur le culm a pris également un développement con-
sidérable. On y compte, dans la partie occidentale de la
Silésie et en Moravie, 104 couches de houille mesurant
ensemble 154 mètres de houille. On rencontre, à la base, les
couches d*0«trau (Moravie), qui contiennent des spécimens de
la flore du culm, dont elles représentent la zone supérieure;
au-dessus on trouve les couches de Schwadowitz, qui repré-
sentent le sommet du westphalien, et les couches de
Radcwenz, qui appartiennent au stéphanien.
Dans la Pologne russe, vers Dombrowa, on rencontre une
veine de houille principale de 20 mètres de puissance (houille
demi-grasse à longue flamme, impropre à la fabrication du
coke). Près de la frontière de la Prusse, cette couche se
divise en deux, par F interposition d'un lit de schistes; le
charbon devient plus gras et peut fournir du coke. A mesure
qu'on avance vers Touest, les couches se divisent de plus en
plus, et leur puissance totale augmente rapidement.
A 15 kilomètres à Touest de la frontière russe, on
recoupe déjà cinq couches principales, donnant ensemble
près de 30 mètres de houille.
Cette houille est employée à la fabrication du coke dans la
Silésie centrale, entre Zabrze et Beuthen ; elle est utilisée
pour la métallurgie du fer et du zinc, et elle entre en grande
partie dans la consommation de la ville de Berlin.
1^ production du bassin de la Haute-Silésie est de
17 millions de tonnes environ en Allemagne ; elle atteint
près de 20 millions de tonnes au total, réparties entre
TAUemagne, la Russie et rAutriche-Hongrie.
1^ production totale de l'Allemagne a été, en 1897, de
91.007.600 tonnes de houille.
GISEMENTS HOUILLERS DE RUSSIE
La Russie contient trois bassins houillers principaux :
celui du Donetz, celui de Moscou et celui de TOural.
374 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Bassin du Donetz. — Le bassin du Donetz peut être consi-
déré comme le prolongement de celui de la Haute-Silésie,
en passant par les gisements de la Pologne, à MUowwé,
Zagorzé et Dombrowa^ei, en se continuant en profondeur vers
Kiemcé et Slawkov ; il possède une flore qui caractérise le
faciès habituel du westphalien moyen.
La houille, maigre et anthraciteuse à la base et plus
grasse en hauteur, où elle donne jusqu'à 74 0/0 de coke
vers Makéevsk, se trouve au contact de schistes à Spirifer
mosquénsis el est surmontée par des argiles, des psammites,
et des calcaires à fusulines. A la base de la cuvette houillère,
se trouve un calcaire à Productus giganteus et en dessous
des grès, des conglomérats et des schiste^. Le bassin du
Donetz, qui s'étend dans le gouvernement d'Ekaterinoslaw,
entre le Don et le Dnieper (gisements de Nikitskoié, de
Korsounsk, de Nerovka, de Mikhaîlovka, de Rielaîa, de
Makeevsk, de Lissitchansk, etc.)) contient environ 22.000 kilo-
mètres carrés de terrain houiller où Ton a déjà reconnu
plus de deux cents veines de houille de bonne qualité.
Bassin db Moscou. — Le bassin de Moscou s'étend entre la
partie sud du gouvernement de Nijni-Novogorod et la
région d'Arkhangel en traversant les gouvernements de
Riazan, Toula y Moscou et Olonetz. C'est le bassin carboni-
férien le plus vaste de la Russie ; il renferme des couches
de houille exploitables dans sa partie inférieure : les veines
de charbon se trouvent intercalées dans des grès et des
sables quartzeux avec lits calcaires à Productus giganteus.
Elles renferment de iO à 40 0/0 de cendres, sont parfois
très pyriteuses et se rapprochent souvent plus, comme com-
position, du lignite que de la houille.
Le houiller du bassin de Moscou appartient à la base du
westphalien et à la partie supérieure du çulm dont on
retrouve la flore dans les couches de houille aux environs
de KharkofT. Les principales exploitations sont celles de
Malevkay de Novoselebnoé, de Mouraevnia et de Tchoulkow.
Bassin de l'Oural. — Le bassin de l'Oural est formé du
même système de terrains, contenant à la base quelques
couches de houille à allures irrégulières et en chapelet. Ces
couches sont recouvertes, dans la partie profonde du bassin,
LE CARBONE BT SES COMPOSÉS 375
par i.500 mètres de calcaires fétides à silex, de couleur
foncée, surmontés par le calcaire moscovien brun et gris
avec silex. L'ouralien de la partie supérieure est masqué
en certains points par les couches d'Artinsk à ammonitidés,
que leur flore semble rattacher à la base du permien.
Les gisements principaux sont ceux de Lountva, de Gou-
lakhûy de Korchounotvsk et d^Ilimsk, le long de la Tchousso-
waia et entre Perm et Ekaterinbourg, et ceux tTEgorchinsk
et de Fadinshy sur le versant oriental de T Oural.
Il existe de plus, en Russie, quelques petits gisements
houillers, à Thwiboule, près de Kutaïs, au sud du Caucase et
à Samara^ près de Stavropol, entre le Caucase et le Volga.
La Russie a produit, en 1897, 8.235.000 tonnes de houille,
contre 7.750.000 tonnes en t896 et 4.272.000 tonnes seulement
en 1885. Depuis quelques années, Tindustrie minière et métal-
lurgique se développe d'une façon considérable en Russie,
et de nombreuses recherches permettent d'espérer que de
nouvelles richesses houillères pourront être mises en exploi-
tation et faciliter Téveil industriel de ce grand pays.
GISEMENTS HOUILLERS d'eSPAGNE
En Espagne, la formation houillère est peu abondante.
On trouve quelques gîtes houillers dans les Pyrénées, à
Sare^ près d'Ibantelli, et à la descente de la Hhiine. Ces
gites appartiennent à la partie supérieure du stéphanien.
11 existe aussi quelques gisements houillers à Belmez et à
Villn-Nueva près de Cordoue et près de Penarroya dans la
province de Badajoz. Dans la province de Ciudad-Real, se
trouve un autre bassin houiller, à PuertoUano ; ce bassin
été déposé dans une dépression des terrains siluriens. 11 doit
correspondre, d'après les végétaux fossiles que renferment
ses couches, à la tête du stéphanien.
L'Espagne n'a produit que i. 883. 500 tonnes de combus-
tibles en 4897. Elle est en progression, puisqu'en 1880 sa
production n'atteignait que 850.000 tonnes.
376 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
GISEMENTS HOUILLBRS o'aUTRIGHE-HONGRIE
En Autriche-HoDgrie, la houille est assez rare, et les
combustibles minéraux que Ton rencontre sont principale-
ment des lignites de diverses qualités, sauf en Bohême, en
Silésie autrichienne, en Moravie et en Galicie où se trouvent
des exploitations houillères^ dont on a parlé à propos des
bassins de la Haute et de la Basse-Silésie.
La métallurgie est réduite, dans certaines régions de
la Hongrie, à employer pour la production de la fonte, des
hauts-fourneaux au bois ou d'avoir recours aux houilles de
la Silésie ou de la Bohême.
Cependant, dans le Banat, on trouve de bons gisements
de houille liasique et primaire propn* à la carbonisation.
La production de la houille, en Autriche-Hongrie, a été
la suivante en 1898: Bohême, 4.043.394 tonnes; Silésie,
4.548.344 tonnes; Moravie, i. 509. 378 tonnes; Galicie,
794.132 tonnes; et Basse Autriche, 51.871 tonnes; soit, au
total, 10.9i7.119 tonnes, dont 1.650.000 tonnes ont été trans-
formées en coke.
AUTRES GISEMENTS d'eUROPE
On peut citer encore en Europe, comme pays producteurs
do houille : la Suède, qui a produit, en 1896, 225.8i8 tonnes
de combustibles minéraux, près de Gothembourg.
Quant à Vltalie, elle renferme quelques schistes à végé-
taux avec (les conglomérats renfermant des veines minces
de charbon, en Toscane et en Sardmgne,
En Turquie, on a aussi reconnu quelques lambeaux houil-
lors sur les bords de la mer de Marmara et de la mer Noire.
En Roumanie, il existe des gisements de houille anthraci-
teuse, à Skela, à Drâgoesti et à Larga-Stancesti, et de houille
ligniteuse (schwarzkohle), à Brandûsa, à Piscu-en-Bradi, à
Bacau, à Buzeu, à Putna, etc.
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 377
GISEMENTS HOU1LLER3 d'aSIB
Il est probable que la mer carboniférienne allait de TOural
jusqu'au Pacifique, en passant au-dessus de la région de
THimalaya, car on retrouve dans TAsie centrale la flore du
culm.
Gisements de l'Asie-Mineurb. — A Héraclée ou Eregli, sur
la côle méridionale de la mer Noire, on vient de reprendre,
il y a quelques années, l'exploitation d'un petit gisement
houiller qui avait été exploité activement à Tépoque de la
guerre de Crimée.
Gisements di la Chine. — La mer carboniférienne recou-
vrait la Chine et s'étendait jusqu*au Tonkin, en passant par
les provinces de Chan-Si et de Hunan. Dans ces provinces,
on retrouve, au-dessus du calcaire marin, des bassins houil-
1ers qui, par leur flore, correspondent à l'étage stéphanien.
Ces bassins donnent de la houille propre à faire du coke
métallurgique, de même que quelques gisements situés au
nord de Shanghai, vers le cours supérieur du Yong-Tse-
Kiang et dans la province de King-hua.
Les gisements houillers de la Chine occupent une surface
qu'on peut estimer à 500.000 kilomètres carrés ; mais ils
sont à peine exploités.
<iisEMENTs DU ToNkiN. — Au Tonkifi, le houiller repose sur
le calcaire carbonifère, à la base duquel on retrouve des
grès dévoniens visibles aux environs de Thaï-Nguyen.
Les gisements exploités à Kebao, Hongay et Dong-Trieu
fournissent un combustible maigre anthraciteux générale-
ment friable, dont la teneur en matières volatiles augmente
à mesure qu'on s'éloigne de la mer (matières volatiles = 8 à
12 0/0; cendres = 2 à 4 0/0). L'exploitation de ces gise-
ments n'a pas, jusqu'à présent, donné de très bons résultats,
par suite des difficultés qu'on éprouve à se procurer la main-
d'œuvre ; cependant Hongay a produit, durant ces dernières
années, une centaine de mille tonnes par an, et les char-
bonnages du Tonkin semblent appelés à devenir prospères»
grâce au développement rapide de notre colonie d'Extrême-
Orient.
378 GÉOLOGIE ÂPPLIQ13ÉB
A That-Nguyen^ la houille est un peu plus grasse et plus
dure; elle n'est pas encore exploitée, les gisements de cette
région n'en étant qu'à la période des recherches. A Yen-Bay,
on trouve une houille oxygénée, à longue flamme, donnant
un coke friable, impropre à lu métallurgie. Près de la fron-
tière nord-est du Tonkin, il existe, à Pak-hoi, un charbon
flambant d'assez bonne qualité.
Gisements du Japon. — La houille que l'on trouve au Japon
est bitumineuse et de formation géologique relativement
récente; elle est sujette à la combustion spontanée. Les
principaux gisements sont ceux de l'île Kiousiou qui four-
nissent 87 0/0 de la production totale du Japon (mine de
Mûke). La production du Japon, qui était de 2 millions de
tonnes en 1888, a atteint 6 millions de tonnes en 1897.
Gisements de l'inde. — Il existe encore en Asie des gise-
ments de combustibles minéraux qui s'étendent à l'ouest de
Calcutta jusqu'aux plaines du Gange, au nord, dans l'Inde :
3.909.581 tonnes en 1897, valant 12.309.845 francs. Tous les
gisements d'Asie sont, en somme, peu connus, et leur produc-
tion est assez peu considérable : 9 millions de tonnes au total
en 1896.
GISEMENTS UOUILLERS d'aFRIQUE
En Afrique, on ne peut guère citer que les gisements
houillers du Zambèze (22 0/0 de matières volatiles et 18 0/0
de cendres), qui s'étendent aux environs de Tftey le long du
Muaraze, et qui contiennent la flore du stéphanien d'Europe,
ceux de la côte du nord-ouest de Madagascar qui semblent
assez importants et qui renferment une houille de bonne
qualité et ceux de la colonie du Cap et du Tramvaal, qui
prennent une certaine importance par suite de la mise en
exploitation des gîtes aurifères du Transvaal. La production
de la houille au Transvaal a atteint 1.907.808 tonnes en 1898,
représentant une valeur de 16.875.000 francs. La production
n'était que de 548.000 tonnes en 1893.
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 379
GISEMENTS HOUILLERS d'aSII^.RIQUE
Amérique ou Nord. — L'Amérique du Nord comprend trois
grands bassins houillers : celui de la Nouvelle-Ecosse, ou du
Canada, celui des Apalaches et celui de Tlllinois.
Bassin de la Nouvelle-Ecosse, — Le bassin de la Nouvelle-
ê
Ecosse comprend 1.000 mètres de terrain houiller supérieur;
i .200 mètres de houiller moyen (coal measures) et 1.500 mètres
de grès et schistes (millstone grit) reposant sur les calcaires
de Windsor. Les formations houillères se rapprochent beau-
coup de celles de l'Angleterre; elles s'étendent dans le
NouveaU'Brunswick, le Canada et la Colombie britannique. Le
gisement du Nouveau-Brunswick semble se prolonger à
Terre-Neuve, où Ton a observé plusieurs couches de houille.
La production du Nouveau-Brunswick a été de 7.000 tonnes
en 1897. La Colombie britannique a produit, la même année,
896.980 tonnes, valant 13.242.810 francs, et la Nouvelle-
Ecosse, 2.500.000 tonnes.
Bassin des Apalaches. — Le bassin des Apalaches s'étend
en Pensylvanie et dans le Tennessee, VAlabama et la Viryinie.
11 renferme principalement des anthracites et des houilles
anthraciteuses et, dans la région occidentale, des houilles
bitumineuses (15 couches donnant ensemble 12 mètres de
houille).
Il a été étudié au chapitre des Anthracites.
La production de ce bassin en tonnes de 90 "î"*»?, 2 de com-
bustibles minéraux, et la valeur moyenne en francs ont été :
En 1897 En 1899
toiynes francs tonnes franci
Pensylvanie 54.454.655 3 35 73.563.800 3 40
Tennessee 2.902.300 3 90 2.763.900 4 00
Alabama 5.868.300 4 40 7.559.000 4 75
Virginie 1.418.700 3 10 1.387.000 3 20
Virginie occidentale. 13.762.100 3 25 19.000.000 2 95
Bassin de Vlllinois. — Le bassin dit de rillinois se trouve
dans la grande vallée du Mississipi. Il s'étend dans Vlllinois^
380 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Vlndiana et le Kentucky, et se prolonge à Touesi dans le
Missouri, le Texas, VArkamas, le Nebraska et Vlowa. Ce bassin
contient une épaisseur de 400 mètres de terrain houiller
productif séparé en deux grandes assises : upper coal mea-
sures (avec huit couches de houille) et loioer coal measures
(avec neuf couches de houille), par le calcaire de Garlinville
et de Shoalcreek. Chacune des deux assises contient des
intercal liions de calcaire marin fossilifère, en lits de
iO mètres environ. Ces lits, au nombre de neuf, dans les
lower coal measures, et de treize dans les upper coal
measures, renferment une faune marine, constante de la
base au sommet de la formation ; les schistes houiliers, au
contraire, renferment une flore qui varie des sigillaires aux
fougères.
La production en tonnes de 907^,200 des principales
mines du bassin de Tlllinois et la valeur moyenne en francs
ont été :
Ed 1897 Eo 1899
francs
tonnes
francs
3 60
23.434.400
3 95
1 60
6.305.600
4 50
3 70
4.160.000
3 65
5 50
3.191.800
5 60
8 05
935.840
8 05
5 05
913.000
6 75
5 60
5.400.000
5 75
3 80
14.967.000
4 »
tonnes
Illinois 20.072.800
Indiana 4.228.100
Keiitucky 3.283.800
Missouri 2.429.400
Texas 599.000
Arkansas 826.300
lowa 4.560.000
Ohio li.000.000
Bassin des montagnes Rocheuses, — Le calcaire, qui se trouve
seulement en intercalation dans le bassin houiller de Tllli-
nois, finit par occuper, dans le Missouri etle Nebraska, presque
toute la hauteur de la formation houillère. Dans cette région,
les veines de houille deviennent moins nombreuses et
diminuent de puissance.
En On, en avançant vers Touest, dans la région des mon-
tagnes Rocheuses, on ne peut plus distinguer les calcaiies
intercalaires houiliers de ceux du carbonifère.
On trouve, en résumé, dans la région occidentale des États*
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 381
Unis, autour des montagnes Rocheuses, les mêmes dépôts
calcaires marins que dans rOoral et dans TAsie, tandis que la
région orientale des États-Unis se rattache aux bassins
hottillers et aux sédiments c<)tiers de l'Europe occidentale.
La production, en tonnes de 907i'ir,200, des principales
exploitations de la région des montagnes Rocheuses et la
valeur en francs ont été les suivantes :
En 1897 Eq 1899
tonnes fiancs tonnes francs
Colorado 3.504.600 6 70 4.768.531 8 75
Californie 87.500 1120 15L936 U »
Orégon Ul.OOO 1160 78.400 15 60
Llah 506.500 6 » 882.496 9 »
Washington 1.489.800 H 15 i. 400.000 10 »
Montana 1.603.200 8 95 l.iOO.OOO 7 40
Wyoming 2.744.500 6 25 3.600.000 6 25
Les houilles de rAmérique du Nord sont généralement
bitumineuses. Le Colorado, comme la Pensylvanie, renferme
des anthracites ; mais Texploitation annuelle de ces houilles
au Colorado n'est que de 35.000 tonnes environ, alors qu'elle
dépasse 50 millions de tonnes en Pensylvanie.
La production totale de la houille aux États-Unis a été de
170.410.000 tonnes métriques en 1809.
Amériqub du Sud. — Dans l'Amérique du Sud, la formation
carboniférienne est très peu développée. L'étage inférieur
est représenté par des grès sans fossiles. On retrouve cepen-
dant la flore du culm dans la République Argentine.
On peut citer les exploitations du Chili, d'où l'on a extrait,
en 1896, 208.100 tonnes de houille. Ces exploitations sont'
donc loin d'être comparables à celles de l'Amérique du Nord.
GISEMENTS HOUILLERS d'oCÉANIB
En Océanie, on connaît des gisements houillers dans les
iles Malouînes(Fa\k\iind) et dans la Nouvelle-Zélande (provinces
de Nelson, Canterbury, Olago et Auckland) ; la houille bitu-
mineuse de bonne qualité est facile à exploiter.
382 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Australie. — En Australie, on Irouve dans la Nouvelle-Gai les
du Sud un bassin houiller correspondant à Tétage stépha-
nien avec une série marine et des veines de houille interca-
lées; ce terrain est surmonté par les couches de Newcastle,
avec une flore spéciale à genres marins, sans siglllaires ni
lepidodendrons. .
Dans la colonie de Victoria, le carboniférien est repré-
senté pur les grès d'Avon à Lepidodendron-Àustrale dans la
partie inférievre. Dlms le Queensland, il est représenté par
des grès à Bamia radiata et LepidoâimdroH'VeUheimianum,
Les grès du cul m y sont surmontés par des grès à IH'oductus
Cora,
Le charbon de la Nouvelle-Galles du Sud est de très bonne
qualité; celui du Queensland est friable, mais donne de bon
coke.
Le tableau ci-après donne, pour Tannée 1896, la production
de TAustralie en combustibles minéraux (tonnes de907''?,200),
ainsi que sa valeur en francs :
Tonnes Fruici
Nouvelle-Galles du Sud.. 3.972.068 28.132.025
Queensland 377.032 3.874.675
Tasmanie 44.286 433.850
Victoria 230.187 2.845.300
Western Australia 15.095 163.325
PRODL'CrtO.N nR LA HOUILLE DANS LE MONDE ENTIER
Le m'^nJe entier a produit, en 1896, 538.400.000 tonnes de
houille, savoir :
Europe, 350.000.000; Asie, 8.250.000; Afrique, l.oOO.OOO;
Amérique, 174.000.000; Océanie, 4.650.000.
En 188.'», c'est-à-dire environ dix ans auparavant, la pro-
duction totale du monde entier avait été seulement de
391.000.000 tonnes :
Europe, 285.000.000; Amérique, 100.650.000; Austra-
lie, 3.650.000; Asie, Afrique et divers, 1.700.000.
La superficie houillère reconnue dans les diverses régions
de la terre serait, d'après Amstead, de 414.000 kilomètres
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 383
carrés. Plus réceminent, Levasseuraportéà plusde 700.000 ki-
lomètres carrés la superficie probable des terrains renfer-
mant de la houille. Cette superficie, selon nous, en tenant
compte des découvertes faites depuis Tépoque de cette
évaluation de M. Levasseur, dans diverses régions (Trans-
vaal, Tonkin, Russie, etc.), doit être approximativement
de 1.300.000 kilomètres carrés, savoir :
Chine et Japon, 520.000; Amérique du Nord, 500.000;
Indes, 90.000; Russie, 70.000; Grande-Bretagne, 23.000;
Allemagne. iO.OOO; France, 5.000; Diver^, 82.000.
384 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
111. — UGMinSS
Caractères physiques et ch^niiiaes. — Le iigaite, du mot
latia lignis (bois), est un combustible intermédiaire entre la
houille et la tourbe. 11 e^t formé de couches d'une matière
jaunâtre, brune ou noirâtre, à cassure conchoïdale, ou d^une
substance terreuse mate d'un brun jaunâtre, dont Taspect et
la texture difTèrent suivant Tépoque de sa formation. Sa
densité varie de 0,5 à 1 ,25.
Ce combustible ne fond pas, et ses fragments ne s'agglu-
tinent pas, comme cela arrive pour les houilles grasses. Eu
brûlant, il donne une flamme longue avec de la fumée et
une odeur piquante se rapprochant un peu de celle du
caoutchouc brûlé. 1^ combustion se fait un peu comme pour
la braise, c'est-à-dire que la flamme apparaît avant même
que le lignite ne soit entièrement rouge, ce qui provient
d'un dégagement de gaz à une faible température. Lorsque
la flamme est éteinte et que le lignite se trouve recouvert
d'une cendre blanchâtre, il continue à brûler, contrairement
à ce qui se passe pour la houille.
Le lignite se fendille facilement à l'air lorsqu'il a été exposé
à la chaleur du soleil et s'altère à l'air humide, en perdant
une partie de ses propriétés. Par distillation il fournit du
gaz, du bitume, des huiles lourdes et de l'eau acide, et il
laisse un résidu charbonneux inconsistant. Ce combustible
contient généralement du soufre (de 1,5 à 7 0/0).
Les lignites ont la composition élémentaire suivante :
Carbone, 57 0/0 à 80 0/0; Hydrogène, 4 0/0 à 8 0/0; Oxy-
gène et azote, 12 0/0 à 37 0/0.
Le lignite est souvent chargé en eau (jusqu'à 55 0/0). Il
tient en général de 2 à 20 0/0 de cendres. Il peut être agglo-
méré, mais après dessiccation seulement. L'agglomération
est un moyen avantageux d'utiliser les lignites facilement
pulvérulents.
LE CARBO.>IE ET SES COMPOSÉS 385
Géogénie. — Les lignites doivent leur existence à la végé-
tation si abondante de Tépoque tertiaire et de la Un de Tère
secondaire, favorisée et par la douceur de la température et
par Thumidité de Tair et du sol. Les végétaux et les mousses
qui tapissaient la surface des vallées se sont trouvés noyés
et entraînés par des inondations successives, avec des bran-
chages et des troncs déjà décomposés qui, peu à peu, se
sont accumulés dans certaines basses vallées, ou dans des
estuaires. Ils ont été recouverts par des sables et des argiles
ou des cailloux roulés, lorsque les mouvements du sol ont
provoqué l'affaissement des terrains.
Des lits de végétation, dont la puissance pouvait atteindre
parfois plusieurs centaines de mètres, se sont trouvés ainsi
ensevelis, et, lorsque de nouveaux mouvements du sol ont
provoqué le relèvement de ces couches au-dessus du niveau
des eaux, il s'est produit une dessiccation lente et un écrase-
ment des végétaux, dont la texture s'est peu à peu modifiée
sous Faction de la chaleur et de la compression.
C'est ainsi que se sontformés les lignites que l'on exploite
aujourd'hui et qui n'ont pas encore subi, comme la houille,
une dessiccation ni une transformation complètes. On les
rencontre sous divers aspects, selon leur état de carboni-
sation plus ou moins ancien.
Diverses variiStés db lignites. — On peut les distinguer en
lignite bitumineux, lignite noir, lignite brun et lignite xylohle.
Lignite bitumineux. — Les lignites gras ou bitumineux
tiennent jusqu'à 8 0/0 d'hydrogène; ils se ramollissent et se
gonflent par la combustion. Tous les autres lignites, au con-
traire, se fendillent et souvent même se réduisent en pous-
sières nécessitant des grilles spéciales pour l'utilisation
dans les générateurs.
Lignite noir ou Schwarzliohle. — Les lignites de formation
ancienne (ère secondaire et base du tertiaire) ont un aspect
noirûtre et une texture bien compacte. Ils constituent ce
qu'on appelle le schwarzkohle ou encore le lignite sec, qui
développe 5.500 à 6.000 calories; ce sont ceux qui se
rapprochent le plus de la houille (sèche à longue flamme).
Dans l'éocène et la base «le l'oligocène, on trouve géné-
ralement des lignites moins complètement formés (glanzm
GÉOLOOIB. 2o
386 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
kohle ou pechkohle) qui développent de 4.500 à r>.500 ca-
lories. Ils ont un aspect brun noirâtre et une cassure
brillante et conchoîdale.
Lignite brun ou Braunkohle. — Les lignites proprement
dits, qui sont aussi les plus répandus dans la nature, sont les
lignites bruns (braunkohlen), qui appartiennent générale-
ment aux formations oligocène et miocène. Ils donnent de
2.500 à 4.500 calories. Ils contiennent en gr{\nde quantité
des feuilles de graminées, des mousses, des aiguilles do
conifères, des grains de pollen, des diatomées, des débris
d'insectes et des spicules d'épongés. Les éléments ligneux
y existent sous forme de rameaux brisés, altérés il est vrai,
mais encore parfois visibles au microscope. Le braunkohle
a un aspect brun rougeâtre et une cassure terne, en généra)
conchoîdale, bien que quelquefois irrégulière ; à cette caté-
gorie, se rattachent les lignites dits terreux, à cause de leur
aspect pulvérulent et terne. On les emploie généralement en
les agglomérant avec ou sans brai, après les avoir séchés.
Lignite xyloide ou ligneux, — l)ans les lignites de for-
mation plus récente (pliocène et base du quaternaire), la
texture fibreuse est très visible, et il est même quelquefois
possible de déterminer la nature des végétaux d'oiî ils pro-
viennent. Ces combustibles, dits lignites xyloïdes ou bois
fossile, crépitent au feu comme du bois. Ils sont d'une couleur
brun jaunâtre et pjirfois noirâtre. Leur densité est très
faible :0,5âl.
GISEMENTS DE LIGNITE EN FRANCE
En France, les gisementslignitifères les plus importants sont
ceux de la Provence, exploités à Fuveau dans la vallée de TArc.
Bassin des Bouches-du-Rhône, — Ces gisements, qui ont été
longtemps considérés comme appartenant à la base dc^
l'éocène, font en réalité partie de la tête du crétacé (danien)
et surmontent le sénonien. Les couches à lignites que Ton
rencontre à Beausset, h la Cadiùre, à Gardanne^ à TreU et à
Fuveau reposent sur des bancs de calcaires lacustres el
marneux remplis de petites coquilles blanchâtres et sont
recouverts par des calcaires marneux très peu fossilifères,
-f A Fuveau et à Gardanne, on compte dix-sept couches de
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 387
lignite, dont sept sont fructueusement exploitables et
mesurent de 1 mètre à i",50 de puissance chacune. Ces
veines sont séparées par des bancs stériles de 8 à 60 mètres
d'épaisseur.
Les couches sont formées d*un lignite sec, dur, noir et
résistant, à cassure lisse et peu brillante ; ce combustible
tient un peu de soufre et s'altère facilement à Tair; il brûle
avecunelongue flamme fumeuse. Il donnedu coke friable.
L'exploitation est rendue assez difficile par les infiltrations
d'eau très abondantes que Ton doit pomper continufHle-
ment pour arriver jusqu'au lignite. On enlève, en moyenne,
30 mètres cubes d'eau par tonne de combustible.
D'un autre càté, la présence du soufre dans le lignite favo-
rise les échaulTements et les incendies souterrains dans les
parties où la circulation de l'air est insuffisante.
Les couches de Fuveau, bien qu'affectées de nombreux acci-
dents locaux, présentent une continuité remarquable.
La production du bassin de Fuveau a atteint 415.000 tonnes
en 1890 et 450.316 tonnes en 1898. Les prix de vente de ces
lignites étaient les suivants en 1898 :
Gros ou roches, 17 fr. 25 à 18 fr. 25 ; grelassons, \ù francs
à i4 francs; terre grosse, 9 francs à 10 fr. 50; terre fine,
4 fr. 50 à 6 francs ; poussiers, 1 fr. 50 à 2 francs.
Les prix sont en progression marquée sur ceux qui étaient
pratiqués il y a quelques années.
Gisements du Gard. — A Saint-Paulet, près du Pont-Saint-
Esprit dans le Gard, on trouve des gisements de lignite dans
les grès verts de la série supra-crétacée.
La formation fiuvio-marine de Saint-Paulet, puissante de
40 mètres, renferme des grès, des marnes, des sables et
des calcaires avec des couches d'argile à lignites; elle est
surmontée de 5 à 10 mètres de bancs à Ostrea coltimba et à
Ostrea flabella.
Dans le Gard, huit mines de lignite étaient en exploitation
en 1898 : celle de Saint-Julien-de-Peyrolas (13". 046 tonnes
en 1898), celle de Barjac (2.543 tonnes en 1898), celle de
Gaujac (2.505 tonnes en 1898); etc. Ces lignites sont employés
pour le chauffage domestique, pour les usines de produits
réfractaires et pour les magnaneries de la région.
38d GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Gisements des Causses, — Dans le bassin des Causses, qui
touche à celui du Languedoc, on exploite des lignites à la
Cavalerie et à la Liquisse, dans Tarrondissement de Millau.
Ces lignites font partie du bathonien de la série médiojuras-
sique. A la base on rencontre un calcaire marneux gris clair,
avec traces de lignite pourri. Au-dessus, on trouve des
lignites dans Targile, recouverts de calcaires marneux à
faune saumâtre.
Gisements du Lot et de la Dordoyne. — Près du massif cris-
tallin du Rouergue, sur les bords du Lot, des cours d*eau
ont apporté dans la mer bathonienne les débris de la végé-
tation continentale qui ont formé des dépôts lignitifères.
. A Cadrieu, le lignite a été rencontré au milieu de calcaires
et de marnes feuilletées.
A Borrèze (Dordogne), le bathonien supérieur renferme un
horizon à végétaux terrestres, avec des lignites formés dans
des couches lithographiques et coralligènes.
Dans le Sardalais (Dordogne) on exploite des lignites
appartenant à la base du crétacé et reposant en stratification
transgressive sur le jurassique (3.882 tonnes en 1898).
Gisements du Dauphine. — Dans le Dauphiné,à Saint-Didier-
en-Dévoluy, on trouve un gisement de lignite appartenant à
réocène. La formation de Saint-Didier comprend, à la sur-
face, des sables ferrugineux, des argiles bigarrées, et, en
dessous, des marnes à lignite, reposant sur des grès verddtres
à empreintes végétales. Près de La Tour-du-Pin (Isère), dans
la concession de Ratassière, on exploite un lignite se rappro-
chant de la variété xyloïde (en 1898, 157 tonnes vendues au
prix de 15 francs la tonne).
Gisements divers en France. — A Manosque (Basses-Alpes),
on exploite un lignite gras bitumineux assez rare en France
(33.269 tonnes en 1898). Dans TAtu, on rencontre des gise-
ments de lignite xyloïde.
Dans le Soissonnais on exploite un lignite pyriteux et ter-
reux reposant sur une argile plastique et gypsifère. Ce
lignite forme une couche de 2 à 4 mètres et est exploité pour
la fabrication de Talun et de la couperose.
'Aux environs de Paris, à Sérincourt, on connaît des
lignites éocènes, entre la craie et le calcaire grossier. Près
•
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 389
de Nanterre, on trouve une couche de lignite dans le banc
vert du calcaire grossier.
Dans TAisne et dans TOise, on trouve dans les sables du
Suessonnien, des couches de lignite mélangé à de Targile,
du calcaire et du sable, qui constituent ce qu*on appelle des
cendrièrcs et qui sont utilisées en agriculture (gisements de
Noyons, de Muirancourt, etc.).
On connaît également quelques gisements lignitifères
appartenant au trias (Wasselonney Soultz-ies-BainSy diverses
localités du Var, etc.).
La production totale des lignites en France a été, en 1896,
de 439.448 tonnes, valant 3.884.690 francs.
Le tableau ci-dessous indique quelles sont les exploita-
tions lignitifères de la France, avec leur production en 1898
(d'après le Jotima/ officiel du 17 mars 1899) :
\ ToDoes
p . ( Fut7ea{i[i4irl(Bouch.-du-Rh6neetYar) 450.316
i ..oo"o.^'*."^* X Manosque (Basses-Alpes) 33.269
(483. A, loones) ) ^ ^^^.^^.^^ ^^.^^^ ^/ (inexploité)
; Bagnols^ Orange^ etc. (Gard, Vaucluse). 17.516
' p \ Banc- Rouge, Vagnoê {Xrâèche) (inexploité;
, >. Vo "J*^ V ^f^rjac et Célag (Gard) 2.543
(21.430 tonne.) ) ^^^f^^^^ ( Vaucluse) 1 .376
. MonlotUieu (Hérault) (inexploité)
y [ Gouhenans (Haute-Saône) 8 . 895
^ m 2»?^" Gemonval (Haute-Saône) (inexploité)
f (9.n81 tonne.) ] ^^^^^^ (Vosges) 186
Millau et Trévézel (Aveyron, Gardl. . . 5.314
Le Sardalai$ (Dordogne) 3.882
ScD-OiEST ' ^^tnvar (Pyrénées-Orientales) 1 .757
(11183 i ^1 ^^'"7'***'*» Orignac, Sam/-i[.on (Landes,
oDoei) ] Hautes-Pyrénées) (inexploité)
La Caunelte (Hérault) 210
Murai (Cantal) 20
/ La Tùur-du-Pin (Isère) 137
l Hauterives (Drôme) 183
Haut-Rhônb I Montélimar (Drôme) (inexploité)
(6.140 tonnes) i Vercia^ Douvres (Ain, Jura) (inexploité)
/ Chambéry (Savoie) 5.800
l Entrevemes (Haute-Savoie) (inexploité)
Joigny (Yonne) 71
(71 tonnes^
Total 532.095
390 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
GISEMENTS DE LIGNITE EN SUISSE
Eq SuissCj près de Lausanne, on trouve une mollasse à
lignite surmontant une mollasse rouge dans Taquilanien
(oligocène).
La mollasse lignitiTère se retrouve kRivazei à Monod, dans
le canton de Vaud. On la rencontre aussi dans les cantons
de Saint-Gall et d'Appenzell où elle couronne les bancs de
nagelfluh du Kronberg et du Stockberg, qui forment la base
de Taquitanien.
De plus, on rencontre, en Suisse, des gisements intergla*
claires formés entre deux périodes de progrès des glaciers
des Alpes. Ces gisements contiennent des lignites feuilletés,
brillants, en couches puissantes, intercalées dans le glaciaire
aux environs de Zurich, notamment à Utznachj à Diu-nten^ à
Wetzikotif etc. On retrouve encore dans ces lignites, d'après
M. Heer, des restes de pin des montagnes, de sapin, d'if, de
noisetier, etc., et d'essences essentiellement tempérées.
GISEMENTS DE LIGMTE EN ALLEMAGNE
En Allemagne f la production des lignites forme un contin-
gent important de Texploitation des combustibles minéraux.
Les dépôts lignitifères de l'Allemagne du Nord ont été
formés durant Tère tertiaire : une grande partie, dans la
période oligocène, bassins de Cologne, de la Saœe, de Bran-
debourg et de laThuringe ; le reste, dans la période miocène,
bassins du Siebengebirge, de Neuivied, de Limburg-sur-Lahn^
du Wester-wald (burdigalien), de la WelteraviCy du Vogelsge-
birge et de la Poméranie (tortonien). Les gisements sont tan-
tôt lenticulaires, tantôt sous forme de couches de 3 à 6 mètres,
avec des renflements atteignant 30 mètres, comme au
Meissner, 50 mètres, comme à Zittau, 56 mètres comme au
sud de Frechen, et 89 mètres, comme près d'Horrem^
Dans la Thuringe, aux environs de Halle, où se trouvent
les exploitations de lignite les plus importantes d'Allemagne,
la formation repose directement sur les terrains porphy-
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 391
riques. T.e lignite se trouve intercalé dans des couches géné-
ralement meubles de galets quartzeux roulés, de sables
siliceux et de schistes argileux gris souvent fossilifères. 11 est
surtout formé de conifères et de cupressinées. Sa texture et
sa composition sont très variables.
C'est généralement du braunkohle que Ton rencontre en
Allemagne; on exploite cependant à WeUsenfels une variété
de lignite hydrocarbure appelée pyropissite, qui est employé
pour la fabrication de la paraffine. En allant de Touest à Test,
on rencontre d*abord, en Allemagne, les gisements ligniti-
fères des provinces rhénanes, vers Bruhl, entre Bonn et
Cologne. Ces gisements appartiennent aux formations oligo-
cènes du golfe Rhénan ; on les connaît sur une longueur
de 25 kilomètres et sur une largeur moyenne de 5 kilo-
mètres. On y exploite un lignite terreux assez friable, qui
sert au chauffage des générateurs sur des grilles à gradins.
Ce lignite est employé aussi pour la fabrication des briquettes
sans addition de brai, par simple compression, après broyage
et dessiccation partielle. Sa teneur en eau est ramenée avant
la compression, de 50 0/0 à 15 0/0.
Les briquettes de lignite constituent presque exclusivem<*nt
le chauffage domestique de la région de Cologne. La couche
de lignite exploitée a une allure en chapelet et varie de
: quelques mètres à une cinquantaine de mètres de puissance ;
f on l'exploite h ciel ouvert, avec un prix de revient exces-
sivement faible. Ces gisements, qui produisaient environ
120.000 tonnes de lignite en 1880, ont atteint une produc-
I tion de 386.000 tonnes en 1890, et, en 1898, de 2.666.743 tonnes
de lignite brut, représentant une valeur marchande de
I 7.721.000 francs.
Plus à Test, les exploitations principales de lignites sont
groupées autour du massif de TErzgebirge et de la Thuringe.
On peut citer, parmi les principaux pays producteurs du
lignite :
La HaïUe-Hesœ, 225.000 tonnes par an ; et la HessCy
, 2(55.000 tonnes ;
Les vallées de TErigebirge dépendant du royaume de Saxe,
865.000 tonnes;
Le Brunswickj 600.000 tonnes ;
392 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Le Brandebourg, aux environs de " Francfort-sur-FOder,
4.000.000 de tonnes ;
La Thuringe et les environs de Magdehourg, 10.000.000
tonnes environ par an.
La Silésie prussienne, dont les gisements, qui s'étendent dé
(àorlitz à Liegnitz, entre la frontière de la Bohême et TOder,
produisent 450.000 tonnes de lignite par an, et la Prusse,
dont les gisements, situés au nord de Posen, près de Brom-
berg, fournissent une trentaine de mille tonnes de lignite
par an.
La production totale de FÂllemagne en lignites a été,
en 1897, de 29.432.432 tonnes, représentant une valeur de
82.895.510 francs.
GISEMENTS DE LIGNITE EN AUTRICHE-HONGRIE
En Autriche-Hongrie, il existe de nombreux gisements de
lignite d'autant plus appréciés que la houille est peu abon-
dante dans le centre et le sud de ces contrées.
Gisements de Transylvanie. — Dans la partie orientale de
la Hongrie, en Transylvanie, on trouve un gisement de lignite
schwarzkohle, dans la vallée de la Zsily. Les exploitations de
Petroszany y fournissent un lignite qui est très apprécié et
qui se rapproche, en somme, beaucoup de la houille.
C'est un gisement aquitanien oligocène, comprenant plu-
sieurs couches de combustible, d'une puissance totale de
31 mètres, au milieu de grès, de schistes et de psaramites
avec lits calcaires.
Gisements divers d' Autriche-Hongrie, — Dans le sud de la
vallée de la Gail, on exploite les gisements de Laibach et de
Villach, au milieu de calcaires et de schistes, avec une flore
et des lignites semblables à ceux de Petroszany.
Au sud-ouest de Leoben, les gisements de Fohnstof, près
de Judenburg, appartiennent à la base du tertiaire. Leur sal-
ban de supérieure contient des conglomérats que M. le conseil-
ler des mines Fœtterle croit pouvoir ranger dans le murzthale.
Ils fournissent un schwarzkohle de très bonne qualité.
Au pied du massif de la Kor-Alpe on trouve des couches
lignitifères de glanzkohle et de braunkohle, dans l'oligocène
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 393
et le miocèDe inférieur, à Brennberg , à Vortsberg, à Koflach
i et à Wies.
A Eibeswald et à Sotika^ on rencontre des lignites dans des
i terrains supposés éocënes par M. le géologue Frantz-Ritter
von Hauer.
Dans la baie tertiaire de Graz, on rencontre des couches
de braunkohle et, en profondeur, de glanzkohle, qui viennent
affleurer au-dessus des terrains cristallins encaissants, près
i des bords de la baie, entre des couches à cérithes et des con-
glomérats miocènes, à Thalheim-Schreibersdorf, à Hartberg et
aux environs de Freidberg, Mariasdorf^ drafendorf, Kroisbachy
Pinggau, Sinnersdorf, Ayka, Ostrau, Szabalis et Sankowitz,
ainsi qu'à Trifail, dont les exploitations ont une assez
grande extension.
A Trifail (Styrie), la couche exploitée a une puissance* de
\ 20 à 25 mètres. Elle est affectée de quelques plissements
, sans importance. Elle fournit un combustible donnant de
' 4.000 à 4.500 calories et contenant 10 à 15 0/0 de cendres.
A Thalheim, près de Pinkafo, la principale couche recon-
nue a une puissance de 4 à 7 mètres en deux sillons, dont le
sillon principal situé au mur mesure de 3 à 5 mètres. Ce
gisement contient un braunkohle qui donne à peine 3.000 ca-
lories en affleurement, mais qui, en profondeur, dépassera
, probablement 4.000 calories. On a rencontré dans le voisinage
' de Thalheim des affleurements qui semblent appartenir à
I des couches que Ton pourra retrouver en profondeur à
Thalheim et qui seraient formées de glanzkohle. Les couches
I de Thalheim- plongent au Sud-Ouest, sous un angle de 12*'
environ. L'exploitation, actuellement à son début, ne donne
que quelques milliers de tonnes par an. Les couches de
Thaleim, d'après M. Briart, appartiennent au miocène supé-
rieur.
Dans la vallée de la Murz, le leithakalk du néotertiaire ren-
ferme des couches lignitifères à Leoben, Parschlag, Krug-
lacky etc.
\ Dans le Tyrol, à Hœring, il existe un dépôt lignitifère qui
a dû se former dans une baie saumûtre de Toligocène, dont
les rives étaient couvertes d'une végétation analogue à celle
des swamps de la Louisiane. Les lignites y sont intercalés
394 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
dans des marnes marines accompagnées de couches calcaires.
En Bohême, à Dux, le dépôt lignitifère exploité doit être
rattaché à la période éocène ; il s'étend entre les contreforts
du sud de TErzgebirge et le Miltelgebirge, sur plus de 100 ki-
lomètres de longueur, entre Eger et Bœmisch-Kœmnitz, et
sur 8 kilomètres de largeur en moyenne. La principale couche
exploitée a une puissance variant entre 10 et 20 mètres avec
des renflements locaux atteignant 40 mètres. Elle est formée
de lignite gras bitumineux. Elle est généralement assez peu
inclinée, mais est alTectée de quelques plis avec dressants.
Le lignite repose directement sur le terrain crétacé de
base, sauf en certains points où il est en contact avec des
pointements de gneiss. Le combustible affleure en quelques
points ; mais généralement les terrains de recouvrement
atteignent 100 à 300 mètres d'épaisseur. Il existe, de plus, en
Bohême, quelques gisements de lignite xyloîde.
Les lignites de ces divers gisements sont vendus à des
prix qui varient suivant leur qualité et suivant leur éloigne-
ment des pays imporUiteurs de houille (TAutriche importe
environ pour 50 millions de francs de combustibles).
La production de TAutriche - Hongrie a été, en 4896,
de 22.656.265 tonnes de lignite, ayant valu ensemble :
121.750.935 francs, soit une valeur moyenne de 5 fr. 40 par
tonne, en comptant les lignites des diverses qualités dont
les prix varient de 3 fr. 50 à 15 francs par tonne.
En 1898, la production de lignite a été de 21.083.362 tonnes,
dont 17.375.180 pour la Bohême, 2.509.001 pour la Syrie et
le reste pour la Haute-Autriche, la Garniole, la Styrie, etc.
On a fabriqué environ 58.000 tonnes de briquettes de lignite,
vendues 1 1 fr. 50 la tonne en moyenne.
GISEMENTS DB LIGNITE RN ESPAGNE
On rencontre, dans le nord de TEspagne, des argiles
ligniteuses à la base des terrains de la série infracrétacée,
notamment dans la province de Santander. Les exploitations
y sont peu importantes.
Dans la province de Téruel, à Utrillas, il existe un dépôt
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 395
de lignites alternant avec des couches marines appartenant
au rhodanien.
A Alcoy, on trouve des lignites à hipparion contemporains
du tortonien de Goncud, dans le miocène. Il existe aussi
quelques gisements de calcaire marneux à lignites dans le
danien, et des couches lacustres lignitifères dans le campa-
nien du nord de TEspagne.
Les exploitations de TEspagne ont produit en 1896 :
55.413 tonnes de lignite, valant 301.303 francs.
GISEMENTS DE LIGNITE EN ITALIE
L'Italie ne renferme pas de gisements houillers. Les seuls
combustibles minéraux qu'on y exploite sont les lignites
xyloïde, brun ou bitumineux, et la tourbe. Les principaux
gisements de lignites xyloïdes de l'Italie sont les suivants :
San-Giovanni'Valdarno (province d'ArezzoV — A San-Gio-
vanni, on trouve dans des argiles de la fin du pliocène r
23 mètres de couches de lignites alternant avec des lits
argileux; le sillon supérieur, de 14 mètres de puissance,
est seul exploitable. Le combustible, extrait en partie à ciel
ouvert, est utilisé pour générateurs; on l'emploie aussi pour
alimenter les locomotives qui desservent la mine. La pro-
duction annuelle est de 150.000 à 200.000 tonnes. La mine de
San-Giovanni est entourée d'un certain nombre de mines de
moindre importance (Afouie-Termini, Franco/ini, re(/o/ata, etc. 1.
On estime que le bassin renferme encore plus de 30 mil-
lions de tonnes de lignite exploitable, en tenant compte des
pertes occasionnées par les incendies dans les mines.
Spoleto (province de Perugia). — Le bassin de Spoleto
appartient au pliocène; il renferme un banc de lignite de
5 à 7 mètres, employé pour des fonderies et pour l'aciérie
de Terni (mines de Morgnano et de SantAngelo),
On estime que ce bassin renferme encore 10 millions de
tonnes de lignite exploitable.
Leffe (province de Bergame). — A Leffe, il reste encore
5 millions de tonnes de lignite xyloïde environ à exploiter.
Castelnuovo (Massa Garrara). — 1 million 1/2 de tonnes de
lignite exploitable.
396 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Casino (Sienne). — A Casino, Ton rencontre une couche
de lignite de 2 mètres, entre des argiles marneuses miocènes
et des sables pliocènes. Exploitation en partie souterraine
avec un puits de 12 mètres et un autre de 26 mètres.
Ligliano (Sienne). — Exploitation par puits de 30 mètres à
50 mètres : 4 millions de tonnes encore exploitables.
Udine. — Vers Udine, à San-Daniele, on rencontre des
ligniles xyloïdes pliocènes, en couches minces de 0™,60
environ. Ce gisement s'étend depuis la Yénétie, à travers la
province de Trévise jusqu'en Autriche, à SchalthaL
Le lignite xyloîde d'Italie renferme de i .400 à 2.800 calo-
ries (lignite sortant de la mine), 20 à 40 0/0 d'eau, 2 à 10 0/0
de cendres, de 0,20 à 3 0/0 de soufre.
La production totale annuelle est de 350.000 tonnes par
an pour le lignite xyloîde en Italie ; on estime qu'il doit en
rester environ 70 millions de tonnes à extraire, sans compter
les parties inexploitables ou insuffisamment reconnues.
Les principaux gisements de lignites brun, noir et bitu-
mineux de l'Italie sont les suivants :
Monte Pulli (province de Vicence). — Le gisement de PuUi,
dans la commune de Valdagno, renferme sept couches de
h'gnite, dont quatre exploitables, dans des calcaires nummu-
liliques éocènes, reposant sur un tuf basaltique. On en
extrayait, durant ces dernières années, environ 20.000 tonnes
par an. Le gisement est presque épuisé aujourd'hui.
Ce gisement est entouré par quelques lentilles de lignite
à Zovencedo, Monteviale, Monte-di-Malo, etc.
Le lignite de Pulli est un lignite bitumineux dont les couches
alternent avec des lits de schistes bitumineux d'où Ton
extrait de l'huile minérale et de la benzine.
Monterufoli (province de Pise). — Lignite brun miocène
exploité par un puits de HO mètres et par des galeries, entre
une argile noire reposant sur de la serpentine et des con-
glomérats de calcaire siliceux. Tonnage reconnu exploitable :
200.000 tonnes.
Murlo (Sienne). — Lignite schisteux miocène, à fracture
non conchoïdale (30.000 tonnes par an), employé pour chau-
dières à vapeur et fours à chaux hydraulique. La chaux
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 397
est fournie à ces fours par le banc de calcaire blanchâtre
sur lequel repose le lignite.
Tatti et Montemassi (Grossetto). — Lignite noir, brillant,
compact, à cassure concholdale, employé pour les généra-
teurs, les locomotives de la Sudbahn, etc. Le gisement,
appartenant au miocène supérieur, repose sur de la serpen-
tine et du gabbro; il renferme une couche de 6 à 8 mètres de
lignite et, en dessus, une autre couche de 1 mètre inexploitée.
Le puits d'exploitation, profond de 440 mètres, a rencontré
la première couche à 115 mètres et la seconde à 125 mètres.
En dessous, il a recoupé, sous des calcaires fétides, des
couches de combustible noir, se rapprochant de la houille.
Le gisement de Tatti et Montemassi parait renfermer
encore plus de 6 millions de tonnes de lignite exploitable.
A^naYia (province de Reggio-Galabria). — Lignite noir gras,
éocène, en trois faisceaux de couches de 0",20 à l'»,50, peu
exploitable à cause des fractures qui sillonnent le gite
(700.000 tonnes reconnues).
Cculibona (Gênes). — Deux bancs de lignite de 0™,75 et de
2™ ,50. Lambeau de formation miocène reposant sur les rorhes
cristallisées. Gisement peu exploitable et, en partie, rpuisr*.
Garbenne et Coppellette (Guneo). — Lignite brun et bitu-
mineux. Ge gisement a produit jusqu'à 100 tonnes de lignite
par jour et a alimenté une fabrique d'agglomérés et une
verrerie. Il est abandonné aujourd'hui.
Sardaigne, — A Gontiesa, en Sardaigne, on trouve des
lignites alternant avec des bancs de calcaire et d'argile
éocène. A Bacu-Abis, on trouve douze couches de bon lignite
avec un peu de soufre et 1 1 0/0 de cendres, donnant 5.800 calo-
ries. On exploite quatre de ces couches, de 0"*,75 à 1",10
de puissance. Les autres gisements de Sardaigne sont Terras-
de-CoUu, Caput-Acqiias^ etc.
On estime que la Sardaigne peut contenir, à elle seule,
14 millions de tonnes de lignite. Elle renferme aussi quelques
couches minces de lignite noirâtre jurassique, reposant sur
des poudingues et des calcaires quartzeux et recouvertes par
des calcaires magnésiens et marneux.
Le lignite brun, exploité en Italie, appartient générale-
ment au miocène et possède un pouvoir calorifique de 3.000
398 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
à 4.30() calories (rendement : 1/3 de celui de la houille). Il
se vend de 4 à 5 francs la tonne, pour le menu, et de 12 à
14 francs pour le gros. Le lignite noir ou bitumineux possède
un pouvoir calorifique de 4.300 à 5.800 calories et donne un
rendement de 50 à 66 0/0 de celui du charbon de Cardiiï. II
se vend de 6 à 7 francs la tonne pour le menu et de 14 à
17 francs pour le gros, selon Téloignement des ports d'impor-
tation de charbon anglais.
La production des lignites bruns et noirs atteint à peine
50.000 tonnes par an. Le tonnage reconnu exploitable est de
8 millions de tonnes, sans compter les gisements de la
Sardaigne. De nombreuses études ont été faites, notamment
par M. Toso, ingénieur en chef des Mines à Florence, pour
l'emploi des lignites d'Italie, à la fabrication des agglomérés
et du coke ; le coke un peu résistant ne peut être obtenu
avec ces lignites qu'à condition qu'ils soient desséchés et
mélangés à de la houille demi-grasse dans la proportion de
50 0/0 environ.
<:ISEXENTS DE LIGNITE EN ALGERIE
L'Algérie ne s'est pas montrée jusqu'à présent bien riche
en gîles de combustibles minéraux. Kn dehors des gisements
à peu près inexploitables de houille anthraciteuse à Fedj
M'zala, près de Constantine, et de lignite à Bou-SandOy
on ne connaît que le gîte lignitifère de Marceau près de
liouraya, à une vingtaine de kilomètres du port de Cherchell.
— Le lignite se rencontre à Marceau dans le miocène supé-
rieur fsahélien). 11 a été déposé à l'embourhure d'un ancien
estuaire qui recevait ses eaux de l'ouest, et qui était limité
au nord et au sud par deux bandes de Icrrîvins éruptifs.
Le lignite est intercalé dans des sables sous forme do
lentilles allongées. On a reconnu à Marceau trois couches
principales présentant ensemble une puissance utile de
"i mètres. Le lignite exploité est noir mat, compact, à
cassure parallélipipédique, avec filets brillants; il tient
31 0 0 d'eau et 13 0/0 de cendres. Son pouvoir calorifique est
de '*.W0 calories environ; on peut estimer à 350.000 mètres
cubes le volume de lignite exploita4)le reconnu à Marceau.
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 399
GISEMENTS DE LIGNITE EN AMÉRIQUE
Dans le Colorado ^ ainsi que dans le Wyominy et dans
les contreforts orientaux des montagnes Rocheuses, on
trouve un gisement lignitifère très important appelé groupe
de Laramie ou Lignitic group.
Les lignites de cette région appartiennent à la tête du
crétacé et sont recouverts par des couches éocènes.
En Colombie, on a trouvé des gisements de lignite, à Santa-
Pé de Bogota, dans le crétacé.
Dans le sud du Chiliy entre Topocatina et Magellan, on a
trouvé du lignite dans les formations tertiaires, à Lota,
l.ebu, etc.
GISEMENTS DIVERS DE LIGNITE
On peut citer encore : les gîtes lignitifères de la Grèce :
20.018 tonnes, en 4897, valant 200.000 francs;
Ceux de la Turquie, 9.525 tonnes en 1896-1897 ;
Ceux de la Roumanie, dans les formations du Sai^matien,
entre Sévérin et Toscani [Margineanca, Sotanga, Doicesti),
70.000 tonnes par an depuis 1878;
Ceux du Portugal, 8.000 tonnes en 1896, représentant
une valeur de 91 .530 francs ;
Ceux de la Bosnie, 222.78i tonnes en 1896, valant
1.174.185 francs;
Ceux delà Russie, gouvernements de Kiew (mine d'Ekate-
rinopol), de Volhyme (mine de Gebiak), de Minsk (mine de
Mazire), etc.;
Ceux de la Nortvège file d'Ando), du Danemark et de la
Suède;
Ceux de VIslande (gisements du Vapna-Fiordur ot d'Avam-
mur) ;
Ceux du Turkestan (gisements do Kouldja e( Sir-Darin);
Ceux du Japon, 15.000 tonnes en 1891 ;
Ceux de Victoria (Australie), 5.908 tonnes en i8i)6, valant
33.525 francs.
■GÉOLOGIE APPLlQtÉE
Propriétés ptaysiqnes et chimiqnei. — La tourbe est une
substance combustible, d'un brun noirfttre. Elle est pro-
duite par la déco m position d« petits v^gi^laux aquatiques,
qui se développent dans dos eauï calmes et peu profondes.
Ce combustible représente le premier degré de décompo-
sition des végétaux, tandis que l'anthracite en serait le der-
nier degré. On peut presque toujours reconnaître dans la
tourbe la nature des plantes qui l'onl formée.
La sli-uclure de la tourbe est fibreuse ou papyracée dans
les parties supérieures des depuis, taudis qu'elle «si plutôt
compacte et limoneuse dans les parties inférieures. Son tissu
esl ligneux et spongieux. Sa
donsilé est de I environ.
La tourbe bi'ùle facilc-ment
avec une flamme courte, en
d^'gageant une odeur caracté-
ristique ressemblant un peu à
celledesherbessèchesbiûlées.
Dans le matras, elle dégage
Fio. <i!i. — Bloc de iQurbi:. i^s produits volatils du boi»
en conservant sa forme, sous
un volume réduit des deux tiers environ. La tourbe renferme
de 2 à 10 0/0 de rendros et 60 à 73 0,0 d'eau, lorsqu'elle vient
d'être extraite. Séchée à l'air, elle tient encore 20 0/0 d'eau
Sa composition élcmeiilaire est la suivante : Carbone, S5
à 65 0,0; hydrogène, 4 à 8 00; oxygène, 2â à 36 0'0; azote, I
h 2 0/0.
Elle présente celte composition, cendres déduites, lors-
qu'elle est débarrassée compléteinenl di^ l'eau hygrométrique,
aprcs dessiccation a 110". Par dislilhilion, on obtient avec lu
tombe à peu piës les mêjnes produits qu'avec le bois (acid«
pyrohgneux, paiaflme, ammoniaque, etc.; ; lucide acétique
cnpeudant j est moins abondant.
LE CàRBONC et ses COMPOSÉS h)!
Usages. — l-a tourbe n'est, en somme, qu'un mt^diocre
combustible, et on ne l'emploie que dans lf»s contrées où
manquent bouille, lignite et bois. On l'utilise en britiucttes
séchées au soleil ou comprimées; quelquefois on l'emploie
après carbonisation, sous forme de coke.
!-es libers végétales qui composent la tourbe conserv»'nt
une partie de leur eau, même après dessiccation; et après
compression, elles reprennent presque toute Toau aban-
donnée. C'est pourquoi les briquettes de tourbe éclatent sur
les grilles et sont difficilement utilisables. On peut remédier
à cette difficulté en é^outtant sommairement la tourbe, puis
en la réduisant à l'état de pulpe, ce qui détruit les tihrrs
végétales. La tourbe peut alors se sécher et se condenser
sons un volume quatre fois moindre.
La tourbe, ne contenant ni soufre ni phosphore, ] courrait
être employée comprimée, pour la fabrication d'un fer de
qualité supérieure et aussi pour les fours électriques et pour
la fabricatioii du carbure de calcium. Mélangée à de la
houille, la tourbe condensée diminue notablement la quan-
tité de fumée dégagée par cette dernière.
Dans certains pays elle sert à la couverture et même à
la construction des chaumières, et elle est quelquefois utili-
sée comme une sorte de selle qui s'adapte sur le dos des
chevaux, grâce à sa grande flexibilité. Soumis<' à la distilla-
tion sèche, la tourbe fournit des produits qui peuvent servir
à l'éclairage, comme les huiles de schiste. Elle tient, en
moyenne, 15 0/0 d'huile brute, avec 40 0/0 de charbon (k
tourbe et 3o 0/0 d'eaux ammoniacales. La tourbe condensée
donne par tonne 400 mètres cubes d'un gaz sans soufre et
d^un pouvoir éclairant très élevé.
Le pouvoir absorbant et désinfectant de la tourbe est assez
considérable; on l'utilise pour divers usages hygiéniques.
Ia tourbe séchée est employée pour les litières des che-
vaux et pour le sol des logements humides (Russie et Alle-
magne du Nord). La tourbe qui a été desséchée gonfle très
fortement lorsqu'on l'imbibe d'eau. On utilise cette propriété
pour Tétanchéité des canaux et des étangs, en bouchant les
tissures avec de la tourbe.
Certaines tourbes mousseuses contiennent des fibres gros-
OiOLOGIB. 26
402 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
sières qu'on a cherché à utiliser pour la fabrication de tissus.
Enfin les cendres de la tourbe contiennent du sulfate et du
phosphate de chaux et sont quelquefois employées pour
l'amendement des terres.
Géogénie. — Les tourbières existent dans les parties basses
des continents, en dehors des régions tropicales ; il n'existe
pas de tourbières en dessous du quarante-cinquième paral-
lèle ; leur principale zone de développement est le cinquante-
sixième parallèle ; une chaleur trop élevée hâterait la décom-
position des végétaux avant que leur transformation en
tourbe ne soit commencée.
La tourbe se forme dans les régions recouvertes d'une
couche d'eau assez faible pour que les plantes puissent
prendre racine et assez calme pour que les substances anti-
septiques, résines, gommes, acide ulmi<]ue, acide gallique, etc. ,
ne soient pas entraînées trop rapidement. Ces substances
préservent les végétaux d'une trop brusque décompo-
sition.
En général, les tourbières sont formées de plusieurs sortes
de plantes. A la base, on constate la présence de sphaignes
ou mousses d'eau très abondantes, avec feuilles verddtres,
brunes ou blanchâtres. Ces plantes se développent par la
partie supérieure et finissent par mourir par la racine.
Elles relèvent ainsi le niveau du sol et, par suite, diminuent
l'épaisseur de la couche d'eau superficielle.
Sur ces terrains rendus moins aquifères et recouverts
d'un feutrage de sphaignes, se développent des mousses, des
Joncs, des saules nains, etc.
Ces plantes meurent à leur tour, et le sol exhaussé se
recouvre de végétaux appartenant à des terrains moins
humides, mélampyres, prêles, etc., puis saules, bouleaux, etc.
Ces divei^ végétaux forment des couches qui se renou-
vellent constamment. Dans certaines régions, la végétation
des sphaignes est tellement touffue que le niveau des eaux
se trouve soulevé au-dessus de ces plantes et donne nais-
sance à d'autres dépots aquatiques plus élevés que le niveau
moyen du sol. On compte que la tourbe peut croître de O^jSO
à 3 mètres par siècle. On a pu calculer approximativement
la rapidité de croissance do la tourbe, d'après des pièces de
LE CARBO.NE ET SES COMPOSÉS 403
monnaie ou des ustensiles divers, qu'on a retrouvés à diverses
profondeurs dans des couches de tourbe.
Le phénomène de la formation de la tourbe a dû commen-
cer à la fin du tertiaire ; il s'est surtout développé dans le
quaternaire et continue encore de nos jours dans un grand
nombre de régions, ce qui a permis de mettre quelques
tourbières en coupe réglée comme des forêts.
GISEMENTS DE TOUnSE
Les plus anciennes tourbières connues sont celles de
Dirten et d'Utznack, en Suisse. La couche exploitée a près de
4 mètres de puissance; mais elle a dû être fortement compri-
mée, ainsi que l'indiquent les troncs d'arbres aplatis qu'on y
rencontre. Elle repose sur une assise de limon surmontant la
molasse. La couche est recouverte, à Utznach, par le dilu-
vium de la seconde période glaciaire, et à Dirten, par des
cailloux roulés et du sable contenant des ossements d'Ele-
phas primigenius.
En France, il existe de nombreuses tourbières :
Les principales sont celles de la vallée de la Somme, dont
l'établissement a coïncidé avec le retour du régime humide,
interrompu pendant l'âge du renne.
Il existe aussi des gisements de tourbe dans les vallées de
VOurcq, de VEssonnCj du Thérain^ de V Aisne et de YOiac.
Dans le Jura, on trouve des tourbières sur des pentes assez
raides et dans des parties élevées ; cela tient à ce que le sol
est continuellement humecté par des suintements qui sont
retenus par les mousses aquatiques et les sphaignes qui se
développent même sur les hauteurs.
Les plateaux granitiques à faible ponte, entourant le Pla-
teau Central de la France, renferment aussi un certain
nombre de tourbières, ainsi que les départements de l'Isère
(Morestel, Bourgoin), de la Loire-Inférieure (Montoire), de
la Manche (Carentan), de l'Ariège (Vicdessos), etc.
La production annuelle de la tourbe en France varie de
225.000 à 300.000 tonnes en moyenne.
On trouve aussi de la tourbe sur le Blogsherg, le mont le
I
404 GÉOLOGIE APPLIQUEE
plus élevé de la Saxe, et sur le Broken, le sommet le plus
hautdu Harz. La Bavière produit annuellement 500 000 tonnos
de tourbe environ.
On peut citer encore les tourbières de la Flandre, de la
Hollande (aux environs de Rosendal et de Rotterdam) et de
VAllemagne du Nord, pays bas et marécageux. Dans rAllo-
magne du Nord, on rencontre de nombreux dépôts de tourbe,
en Westphalie, en Hanovre, en Prusse et en Silésie,
En Irlande, plus d*un million d^hec tares sont couverts de
tourbières qui appartiennent à la dernière phase de Tépoque
pleistocène, ainsi que le montrent les restes de mégaceros
hiberniens trouvés à la base de quelques couches de tourbe.
Cette espèce de cerf, éteinte aujourd'hui, caractérise les
premiers développements de la civilisation néolithique.
En Islande, les gîtes de tourbe sont également très répan-
dus. Ils sont d'un grand secours aux habitants pour le chauf-
fage, ainsi que pour la construction des cabanes.
En Lithuanie se trouvent des tourbières qui se sont suré-
levées peu à peu, jusqu'à une quinzaine de mètres de hau-
teur, par suite de la vigueur de la végétation.
La Hamme renferme aussi quelques tourbières surélevées,
mais dans lesquelles le renflement a été produit par des
infiltrations d'eau qui ont formé des nappes liquides au-des-
sous d'une croûte de tourbe plus ou moins puissante.
On trouve des tourbières dans différentes parties du
Danemark, de Vltalie, de la Russie (Neva, Finlande), du Canada
(Ontario), des iles Malouines, etc. En It^ilie, on exploite la
tourbe à Codigoro, près de Ferrare : 10.000 tonnes par an, à
Orentano et à Santa-Croce-SuirArno (5.000 tonnes), dans la
province de Florence, ainsi que vers LkUnc à San-Daniely
Majano, etc. (8.000 tonnes par an), et dans la province do
Brescia, à Iseo, Timolino et Provaylio (9.000 tonnes par an) ;
on en trouve aussi près de Turin [Trana, Àvigliana, Bol-
lengo, etc.), près de Milan [Renate, Casalc-Litta'^, près de Côme
{Varano, Mombello, Valganna, etc., etc.l L'extraction annuelle
en Italie ne dépasse guère 40.000 tonnes.
Résumé sur les combustibles minéraux. — Si l'on consi-
dère la composition des divers combustibles minéraux <|ue
i
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 405
Ton vient de passer en revue ; anthracile, houille maigre,
houille demi-grasse, houille grasse, houille sèche, lignite
sec, lignite xyloïde et tourbe, on voit que lanalyse élémen-
taire indique une augmentation de richesse en carbone, à
mesure que le combustible est plus /incien, tandis que la
teneur en oxygène diminue depuis la tourbe jusqu'à Tan-
Ihracile (de 36 ju-qu'à 3 0/0).
De plus, on peut constater que la proportion de carbone
fixe, qui est de 90 à 94 0/0 pour Tanthracite, descend jusqu'à
55 0/0 environ pour la tourbe, tandis que les matières vola-
tiles s'élèvent de 6 0/0 pour Tanthracite, jusqu'à 45 0/0 pour
la tourbe. On voit donc que plus un combustible est ancien,
plus il est appauvri en matières volatiles.
L'i densité de ces combustibles, bien secs et débarrassés de
leurs cendres, s'abaisse continuellement de l'anthracite jus-
qu'aux combustibles fossiles les plus récents. Le pouvoir
calorifique ne dépend pas seulement des proportions de car-
bone et d'hydrogène, mais aussi de la constitution intime
du combustible et, s'il augmente de la tourbe (1.800 à
3.000 calories) jusqu'à la houille demi-grasse (9.300 à
9.600 calories), il diminue ensuite jusqu'à l'anthracite
(9.000 calories).
Quant à la valeur marchande de ces divers combustibles,
elle dépend non seulement de la catégorie à laquelle appar-
tient chacun d'eux, mais encore de la dureté et do la teneur
en cendres, et surent de la rareté de chaque combustible,
relativement au lieu et aux conditions de son emploi.
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408 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
HYOROGARBUBES
Les hydrocarbures ou carbures d'hydrogène sont très
abondants dans la nature à Tétat libre ; on les trouve aussi
mélangés ou chimiquement incorporés à des roches.
On distingue les hydrocarbures gazeux (gaz naturels d'Ita-
lie, d'Amérique, etc.), les hydrocarbures liquides (huiles de
naphte et pétroles d'Amérique, du Caucase, de Roumanie, de
Galicie, eic,)y\es*hydrocarbures visqueux (bitumes) et les hydro-
carbures solides y libres ou mélangés à des roches (asphaltes,
schistes bitumineux, ambre, ozokérite, bogheads, etc.)*
On décrira ci-dessous les principaux gîtes d'hydrocarbures,
an suivant cette classification.
I. — HYOROCARHUnES GAZEUX
Les hydrocarbures gazeux, se rencontrent partout où se
décomposent des matières organiques et souvent dans les
régions où se produisent des phénomènes volcaniques.
Gaz des marais. — Dans les eaux stagnantes, on voit con-
tinuellement se former, à la surface, des bulles de gaz qui
contiennent, outre de l'acide carbonique, de l'hydrogène pro-
tocarboné et, parfois, de l'azote et de l'oxygène. Ces dégage-
ments proviennent de la décomposition de végétaux au fond
des eaux. Ils ccmslituent ce qu'on appelle le gaz des marais
(C2H<).
Grisou. — Ce môme gaz se rencontre, avec une composi-
tion un peu différente, dans les mines de houille où les végé-
taux, ainsi qu'on l'a vu plus haut, ont subi une décomposition
et m\v transformation complètes. Il y est connu sous le nom
de ijrisou.
Gaz combustible. — D'autre part, les salses, les volcans de
boue et les gisements de pétrole laissent dégager un gaz
hydrocarbure qui est presque exclusivement formé de gaz
des marais et de bicarbure d'hydrogène ou gaz oléfiant (CW).
Ces divers .hydrocarbures gazeux sont éminemment com-
bustibles.
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 409
Le gaz des marais s'enflamme parfois spontanément à Tair
et produit le phénomène bien connu des feux follets.
Le grisou s'enflamme malheureusement trop souvent dans
les exploitations houillères et produit des explosions épou-
vantables en faisant parfois de nombreuses victimes.
Les salses et les volcans de boue donnent quelquefois
naissance à des jets de gaz qui, enflammés, forment ce qu'on
appelle des fontaines ardentes,
Enfln les régions pétrolifères laissent souvent dégager des
jets de gaz très considérables, qui s'enflamment au contact
d*un foyer ou d'une lampe et qu'il est très difflcile d'éteindre.
Usages. — Ces derniers hydrocarbures gazeux sont les
seuls qui soient utilisés industriellement.
Ils sont employés pour le chauffage domestique, le chauf-
fage industriel et l'éclairage.
I,e prix de revient, à puissance égale, n'est que le cinquième
de celui du charbon ; mais les difflcultés de transport de ces
gaz à de grandes distances limitent leur emploi à leur lieu
de production et aux régions voisines, susceptibles d'être
reliées au lieu de dégagement par une canalisation étanche.
Gisements. -< En France, des dégagements de carbure d'hy-
drogène gazeux, peut-être en relation avec un gisement
pétrolifère, ont pu être captés et utilisés pour l'éclairage à
Chdtillon, dans la Haute-Savoie, et à Nyons^ dans la Drôme.
En Hollande, on a découvert, il y a une quinzaine d'années
à Oudendyjk, sur la ligne d'Amsterdam à Enkhuisen, dans
des puits artésiens, à la profondeur de 30 mètres environ,
des gaz hydrocarbures qui sont recueillis maintenant, dit-on,
dans des cloches recouvrant les réservoirs d'eau, et utilisés
par les habitants pour leur éclairage et leur chaufTage.
En Italie, dans l'Emilie, près de SassunOj des fontaines
ardentes ont été utilisées autrefois pour le chauffage el
l'éclairage {Barigazzo, Porretta^ etc.).
En Chine, dans la province de Setchouan, les gaz naturels,
qui se rencontrent à faible profondeur, sont utilisés pour le
chaufTage depuis plusieurs siècles.
En Amérique, c'est seulement depuis 1820 qu'on a songé
à utiliser les hydrocarbures gazeux, dont l'existence était
cependant connue depuis longtemps.
410 GÉOLOGIE ÂPPLIQCÉB
Les gisements de la Pensylvanie occidentale et du Canada
donnent des quantités considérables de gaz. Les premiers
essais d'éclairage furent faits à Fredonia et à Barcelona
(lac Érié) ; depuis, Leechburg, Murrayville et Pittsburg ont
employé les gaz naturels pour Téclairage et pour le chauffage
domestique et industriel (générateurs, verreries, chaux,
briques, fours à puddler, etc.).
Une soixantaine de Compagnies de gaz fournissaient,
en 1887, environ 50 millionsde mètres cubes d'hydrocarbures
gazeux remplaçant 30.000 tonnes de houille ; mais, depuis
cette époque, un grand nombre de forages se sont taris et
la production a beaucoup diminué.
Les gaz hydrocarbures exploités en Amérique contiennent
environ 70 0/0 de protocarbure d'hydrogène, i 0/0 de bicar-
bure, 20 0/0 d'hydrogène, 5 0/0 d'hydrure d'éthyle et de faibles
quantités d'oxygène, d'acide carbonique et d'oxyde de carbone.
Les gisements de gaz, concentrés autour de Pittsburg
(Pensylvanie) et de Findlay (Ohio), se retrouvent au Canada
dans la vallée du Saint-Laurent, entre Québec et Montréal.
Les puits riches se trouvent sur les lignes anticlinales des
plissements du terrain. Ils sont en relation avec les pétroles
de ces régions, dans le carbonifère inférieur [Pensylvanie] ^
dans les calcaires (Findlay, Ohio); dans le silurien inférieur
(calcaires de Trenton, schistes d'Hudson-River, grès de
Mediaua à Ij)uisviiley Trois- Rivières, ^faisonneuve, etc.).
BIBLIOGRAPHIE DES GAZ NATUBBLS
1876. Smith, Puits de gaz en Pensylvanie {Annales de Chimie et de
Physique^ 5' série, t. Vlll, p. 366; Bulletin de la Société
de Physique et de Chimie, 1877, n* 3).
1885-1886-1887-1888. Obalski, Rapport sur les gaz combustibles du
Canada (contient une bibliographie antérieure).
1889. Obalski, Sur V épuisement des gaz à Pittsburg {Nature, 28 dé-
cembre).
Fouqué et Gorceix, Étude sur les gaz inflammables {Annales
des Sciences géologiques, t. 11).
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 411
II. — HrOROCiTRBURBS LIQUIDES (pÉTROLB)
Propriétés physiques et chimiques. — Les hydrocarbures
liquides sont connus sous les noms d'huile minérale, de pétrole
ou de naphte.
Tels qu'ils se rencontrent à Tétat naturel, les pétroles
sont des mélanges de diverses combinaisons de carbone et
d'hydrogène, d'où leur nom général d'hydrocarbures.
Les pétroles sont tantôt épais et sirupeux, tantôt fluides et
légers.
Ils sont facilement reconnaissables à leur odeur caracté-
ristique et à leur couleur jaune verdàtre, passant quelquefois
au brun goudronneux, mais avec un reflet toujours verdàtre.
Us sont très facilement inflammables.
La densité du pétrole varie de 0,765 à 0,970, selon le lieu
d'origine.
Le pouvoir caloriflque du pétrole varie de 9.950 à
10.800 calories.
Peu soluble dans l'alcool, soluble dans l'éther et les huiles
essentielles, le pétrole a, comme composition chimique,
80 à 85 0/0 de carbone, I à 3 0/0 d'oxygène et 12 à 15 0/0
d'hydrogène.
Il est constitué principalement par des hydrocarbures de
la série forménique de la formule C"H''*«+*.
Le gaz des marais, CH*, est le premier de cette série.
Usages. — I^es plus importantes applications du pétrole
sont Téclairage, le graissage et le chauffage. On ne citera
que pour mémoire les usages médicinaux, désinfectants, etc.,
du pétrole et de ses dérivés.
Depuis quelques années, le pétrole et les huiles minérales
lourdes ont trouvé un débouché important dans le cliaufTage
des automobiles et des générateurs soit à l'état liquide, soit
il l'élat pulvérisé (procédés Adolphe Seigle, Holden, etc.).
Pour convenir à l'éclairage, les huiles de pétrole doivent
être bien flukles, afin de pouvoir s'élever dans les mèches
des lampes par capillarité. Pour le graissage, au contraire,
elles doivent être visqueuses, afin de ne pas être dispersées
autour des organes à lubrifier.
412 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Les huiles de pétrole, avant d'être employées à leurs
il i vers usages, doivent être traitées par distillation et débar-
rassées des impuretés qu'elles peuvent contenir.
La partie des huiles brutes qui, à la distillation, se volati-
lisa au-dessous de 150°, constitue Tessence de {)étrole, la
benzine et Téther de pétrole (D = 0,720 à 0,760), qui sont
employés pour la teinturerie et divers autres usages. Entre
150 et 300°, les parties volatilisées constituent les huiles
lampantes bonnes pour l'éclairage (khérosènes, D =: 0,760
à 0,875). Ce qui passe au-dessus de 300° est employé comme
matière lubrifiante el comme combustible (astakis et mazouts:
pouvoir calorifique, de 33 0/0 plus élevé que celui de la
houille; vaporisation = 16^8,2 d'eau par kilogramme de
mazout).
Les résidus de la distillation sont des goudrons visqueux
el noirâtres qui donnent, au rouge, des carbures éthyléniques
et des carbures pauvres en hydrogène.
Après ces diverses opérations, qui se font dans de grandes
<-(»niues sphériques, il reste au fond du récipient un coke
boursouflé noir et cassant.
Sainte-Claire Deville et d'Engler ont observé, à la suite
d'un grand nombre d'expériences, que les huiles brutes les
plus pr««pres à la fabrication du pétrole d'éclairage, sont
aussi les plus légères. Ce sont principalement celles que
Ton recueille dans l'Italie septentrionale, la Pensylvanie,
la Galicie, la Virginie occidentale, la Circassie et l'ile de
Java.
Les huiles de pétrole du Hanovre, du Caucase et de l'Alsace
donnent de meilleurs rendements au-dessus de 300° et, par
suite, sont plus avantageusement employées pour la fabrica-
tion (les produits lubrifiants.
Géogénie. — De nombreuses hypothèses ont été imaginées
au sujet de la formation et du mode de gisement du pétrole.
Klles peuvent se réduire à »Tois principales : origine orga-
nique, origine chimique, origine volcanique.
Chacune de ces hypothèses est applicable à un certain
nombre de gisements pétrolifères, mais est inadmissible
pour les autres.
Il est impossible de se faire une opinion exacte sur l'ori-
LE CARBONE ET SES COMPOSltS 4l;(
gine et les conditioas d'exploitabilité d'un gisemenl pélroli-
fère, si Ton a limilé ses observations à uu clianip d'exploita-
tion restreint, et ce n*est qu'après avoir étudié un grand
nombre de gisements, dans des contrées différentes, (|ue
nous avons pu déduire de nos observations personnelles ot
des recherches de praticiens, de géologues et de chimistes,
une théorie pouvant s'appliquer aux diverses formations
pétrolifères.
La similitude des huiles minérales exploitées dans IfS
diverses parties du globe confirme la possibilité d'une origine
semblable pour toutes ; les différences do densité ou de
composition qui sont observées entre les pétrolt's des diverses
contrées nlntirment pas plus cette théorie uni(|ue, quoi
qu'on en ait dit, que les différences que Ton trouve dans la
composition ou la densité des diverses houilles (de la houille
maigre & la houille sèche) ne détruisent la théorie d'un
mode de formation identique pour les houilles de toutes
les contrées.
Selon nous, on doit admettre pour les pétroles une origint^
chimico-organique, que Ton peut expli(|uer en reprenant <mi
partie chacune des principales théories émises jusqu'à ce j(»ur.
Formation chimico-organique. — Les liydrocarhuros
doivent probablement leur origine au dégagement des gaz v\ à
la formation des sels d'origine interne, qui ont métamor-
phisé les déprHs organiques, si considérables, durant coi-
taiues époques géologiques.
Ceux de ces dépôts qui se sont trouvés dans des ré^'irms où
les fractures de l'époque tertiaire ne se sont pas fait senlii*
ou n'ont pas été profondes, ont donné de l'anthracite, de la
houille ou du lignite (Voir le chapitre des CombuMihliii
minéraux).
Ceux, au contraire, cjui ont été affectés par des boule-
versements profonds à l'époifue des éruptions et des disl<»ca-
tions tertiaires, ont été transformés par les émanations, on
hydrocarbures, pétroles, schistes bitumineux, asphaltes, elr.
L'existence de régions volcaniques, près de certains gise-
ments de pétrole, a donné naissance à l'hypothèse de la
formation volcanique des hydrocarbures; mais ce voisinage
s'explique par la simple raison que les volcans se sont pro-
414 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
duits, comme les hydrocarbures, le long des fractures pro-
fondes qui ont amené au jour les roches éruptives, les déga-
gements gazeux et les filons métallifères.
L'époque tertiaire qui a été admise par quelques auteurs,
comme l'époque de formation des carbures d'hydrogène, n a
été, dans certains cas, que la période de leur arrivée au
Jour. Il est probable que quelques gisements de pétrole,
considérés comme tertiaires, d'après les terrains où on
les rencontre, sont, en réalité, originaires de terrains
beaucoup moins récents, et que le tertiaire n'est que le
réceptacle d'hydrocarbures plus anciens qui se sont fait
jour à travers des failles et des fissures profondes. Ces car-
bures d'hydrogène ont dû venir, à l'état de gaz, se conden*
ser dans des couches supérieures plus froides ; quelquefois
même ils se sont élevés à l'état liquide sous la pression des
gaz qui les accompagnaient, ou simplement par suite de leur
faible densité et de leur tendance à monter toujours au-des-
sus des couches aquifères.
On peut se rendre compte du mode de formation des
pétroles, d'après ce qui se passe actuellement, sur une moins
vaste échelle, il est vrai, dans les zones littorales au voisinage
de marais salants : les animaux de la zone littorale, poly-
piers, seiches, poissons divers, qui se trouvent au contact des
eaux-mères provenant, par des fissures, des marais salants
naturels (lesquels contiennent des chlorures, iodures, bro-
mures, etc.) peuvent, en effet, produire de l'huile minérale
par la décomposition lente de leurs matières organiques
grasses.
Au laboratoire on obtient, d'ailleurs, des huiles minérales
(très oxygénées, il est vrai; par distillation, sous pression, de
celte même matière. Les amas de végétaux ont pu donner un
résultat analogue, au contact de divers sels d'origine interne;
il est également possible que, dans certains gisements, des
dégagements de carbures et d'acétylures minéraux aient
rempli exceptionnellement le rôle des matières organiques
dans la formation des hydrocarbures.
Supposons qu'aux époques où la faune et la flore étaient
le plus abondantes, une fracture du sol ait provoqué l'irrup-
tion de chlorures, d'iodurcs et de gaz d'origine éruptive.
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 415
près d'un littoral, dans un lac ou une mer intérieure. Les
poissons détruits par ces dégagements se sont accumulés au
fond de l'eau, et il s'est formé une agglomération de matières
organiques qui, avec le temps, a produit un dépôt d'hydro-
carbures dans cette sorte de laboratoire interne ; ce dépôt a
été successivement recouvert par des sédiments plus récents
et, notamment, par la vase argileuse et imperméable qui a
été entraînée le long de la même fracture que les dégage-
ments gazeux. La couche de vase imperméable a favorisé
l'accumulation de quantités considérables d'hydrocarbures,
en empêchant leur dégagement en gaz ou en huile, au fur
et à mesure de leur formation, et en retenant au fond
les poissons qui, décomposés, auraient eu tendance à
remonter à la surface de l'eau.
Les principales réactions chimiques qui ont pu provoquer
la formation des hydrocarbures sont les suivantes :
Combinaison des sels provenant des fractures cosmiques,
avec les gaz (ammoniac et acide carbonique), dégagés par la
putréfaction des matières organiques. Cette combinaison a
dû retenir les gaz et éviter l'agitation de la vase protectrice
en lui conservant ainsi son imperméabilité.
D'autre part, les sulfates de chaux et de magnésie en pré-
sence des gaz dégagés, ont fourni le soufre et l'hydrogène
sulfuré nécessaires aux diverses réactions. C'est ce qui
explique la présence pres({ue constante de gisements impor-
tants de sel, de soufre et même de gypse à moitié décomposé,
près des formations hydrocarburées.
Les dépôts d'huile minérale ont pu se former ainsi
dans les terrains les plus divers, micaschistes (Venezuela),
silurien (Canada), dévonien et carbonifère (Pensylvanie),
houiller (Virginie), trias (Caroline du Sud), crétacé et éocène
(Colorado, G(j^licie, Hanovre), tertiaire inférieur (Caucase),
pliocène (Californie, Italie). Ils sont répartis le long des
fractures profondes de la croûte terrestre, généralement au
voisinage des chaînes de montagnes, qui ont été formées
en même temps que les grandes fractures ; ils sont, par
suite, souvent en relation avec les grands cercles du réseau
pentagonal.
416 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
HYPOTHÈSES DIVERSES IMAGINÉES SUR LA FORMATION
DES HYDROCARBURES
La théorie qui vient d*être exposée se trouve confirmée
à la fois par les observations et les hypothèses de la plupart
des auteurs qui ont étudié la question des hydrocarbures.
Rappelons que les théories les plus connues et les plus
admissibles sont les suivantes :
La formation chimico -inorganique : Daubrée, Crafts, Ber-
thelot, Mendéléef, Ryasson, Ctoez, Landolph, Friodelf ainsi
que la plupart des chimistes admettent cette théorie ;
La formation volcanique, origine exclusivement interne en
relation avec les grands cercles du faisceau pentagonal : «le
Chamcourtois, Sainte-Claire Deville, Humboldt, Fuchs, Fon-
cou, de Launay et la plupart des géologues théoriciens;
Et enfin la formation ckimico-orftaniquc, qui réunit les
conditions les plus générales des deux autres hypothèses :
P. Wall, J.-P. Lesley, ])^ Hunt, Gauldrée-Boileau, Lap-
parent, Fotlerlé et la plupart des ingénieurs spécialistes et
praticiens.
C'est à cette dernière théorie que nous nous sommes
rallié, en y introduisant quelques modifications que nos
observations personnelles sur un grand nombre de gise-
ments pétrolifères nous ont amené à présenter.
Recherche dn pétrole. — On rencontre généralement le
pétrole emprisonné à l'état d'imprégnation, dans des couches
perméables, entre des assises argileuses ou compactes et
imperméables.
Les roches imprégnées sont principalement les grès poreux,
et quelquefois les schistes, les calcaires et les marnes.
Les couches pétrolifères exploitées se rencontrent. surtout
dans les terrains plissés et brisés ; il est évident que Ton ne
peut connaître que par le plus grand des hasards les
couches imprégnées d'hydrocarbures qui s'élendent hori-
zontalement, masquées par une assise imperméable et puis-
sante.
Dans les régions plissées et fissurées, au contraire, les
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 417
hydrocarbures signaleot leur présence par des Huinlf^ments
qui arrivent à la surface à travers les cassures du sol.
Ces suinlemenU peuvent avoir été produits soil par une
émanation gazeuse qui serait venue se condenser à la sur-
Tace, soit par un dégagement liquide.
Les indices d'huile minérale se rencontrent <lan<t les
ravins où le sol a été dénudé par les pluies, et surtoul à la
surface des ruisseaux et des flaques d'eau oii le^^ hydincar-
bures, en quantité même très faible, produisent une irisa-
tion tout à fait semblable à celle du fer. Les irisations des
hydrocarbures se distinguent de ces dernières en ce qu'eiks
ne se séparent pas en fragments, mais au contraire s'.'lireiit
et se déforment lorsqu'on les agite avec un bâton.
Les zones de concentration de l'huile minérale se l'en-
contrent versle sommet des selles anticlinaics, et les iioinls
les plus favorables pour rechercher le piHrole se Irouvent
dans les vallées anliclinales, telles que A, H 'Ptf. 10U , au
voisinage de plis synclinaux.
I.orsifue, par suite de poussfî es latérales, les formations pé-
trolifëres (couche I) sont sou-
levées, déformées et alTeclées
de plis et de cassures, le pé-
trole se trouve comprimé dans
les plis syuclinauK [US], et,
par suit» de sa tendance à
s'élever, il rient s'accumuler
vers le sommet des plis anti-
clinaux voisins, il monte ainsi p,^ ^qq
le long des tissure.s produites, schéma dim giBi'in^ni pétroiirére.
jusqu'à ce qu'il rencontre
des terrains perméables dans lesquels il s'emmagasine
(couche ill'i.
On doit donc rechercher, parmi les points où les suinte-
ments de pétrole se produisent, ceux qui sont le plus voi-
sins des selles anticlinales ; mais il est souvent furtdifiicile de
bien déterminer ces selles, des érosions ultérieures ayant
pu leur donner une apparence de vallée.
Dans la Hgure ci-dessus, le point C, où l'on pourrait trouver
des traces de pétrole, donnerait des puits stériles du moins
418 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
jusqu'à une grande profondeur. Les points A et B, au con-
traire, seraient! ien choisis pour rétablissement d'un forage.
La direction générale des plissements et des failles pétroli-
fères est, dans son ensemble, parallèle au système de
soulèvement qui a donné naissance à ces accidents.
Dans rAmérique du Nord, les zones pétrolifères riches
sont disposées en bandes rigoureusement parallèles à la
fracture du Saint-Laurent. En Gaiicie, elles sont parallèles à
Taxe des Garpathes, en Italie aux Apennins, etc.
Les points les plus riches en pétrole sont ceux qui se
trouvent à la rencontre de deux failles : la principale, paral-
lèle au soulèvement général de la région; la secondaire,
transversale, formant souvent avec Tautre un angle
de 90°.
Ce n'est qu'avec une grande expérience et la connaissance
de divers indices locaux qu'on peut éviter en partie les
recherches infructueuses qui grèvent tant d'exploitations
pétrolifères. Quelques premiers sondages heureux dus au
hasard entraînent trop souvent les exploitants à se priver
du concours d'un ingénieur spécialiste pour déterminer
l'emplacement des autres forages. La facilité des découvertes
du début de quelques exploitations et les magnifiques
résultats qu'on a quelquefois obtenus sans difticultés ont
été ainsi la cause des insuccès et des déboires si fréquents
dans cette industrie qui pourrait être cependant très rému-
nératrice.
Sotidages de recherches, — Jusqu'en 1878, on faisait encore
en Europe (Gaiicie, Italie, etc.) l'exploitation du pétrole au
moyen de petits puits carrés de 1 mètre de côté, creusés à
la main. Les puits ne dépassaient pas une centaine de
mètres de profondeur et ne permettaient pas d'atteindre les
couches pétrolifères inférieures. Ce procédé a été aban-
donné à cause des nombreux accidents (éboulements et
asphyxie causée par les émanations d'hydrocarbures) sur-
venus aux ouvriers qui travaillaient dans les puits.
Le pétrole s'accumulait au fond et était recueilli au
moyen de seaux descendus à l'aide d'un treuil.
Aujourd'hui, le pétrole est exploité au moyen de forages à
faible diamètre, qui sont approfondis jusqu'à ce qu'ils
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 419
fournissent, soit par pompage, soit par jaillissement naturel,
\ de Thuile minérale en quantité appréciable.
* Le plus souvent, il arrive que les sondages sont arrêtés à
• la rencontre d'une fissure des terrains supérieurs (terrains IV
F de la figure ci-dessus, par exemple). Cette Assure donne du
^ pétrole pendant un certain laps de temps ; mais le pompage
finit par entraîner du sable et de Targile, qui viennent obs-
truer la faille et aveugler la venue pétrolifère.
Faute de diamètre initial suffisant, il est, la plupart du
temps, impossible d'approfondir alors le forage, et on doit
l'abandonner improductif avec son matériel de tuyaux qu'il
L est généralement difficile d'arracher.
f On recommence alors, à côté du précédent, un sondage
analogue, qui est également arrêté avec un diamètre insuffi-
sant, à la première fissure de terrains imperméables, qui
fournit de l'huile.
Bien rares sont les exploitants assez prévoyants ou entre-
' prenants pour commencer un forage avec un diamètre suffi-
L sant, en vue d'atteindre de grandes profondeurs.
Cela tient le plus souvent à ce que les sondages sont entre-
pris comme forages de recherches et ne deviennent qu'éven-
tuellement des forages d'exploitation. Si la recherche semble
couronnée de succès et laisse suinter un peu de naphte,
immédiatement on installe une pompe et on arrête le fon-
çage.
, Un ingénieur prévoyant devrait, au début d*une exploita-
'tion sérieuse et avant d'établir les nombreux puits de pom-
^ page que nécessite le pétrole, entreprendre un sondage de
recherches, qui, à très grand diamètre au début, 0^,6^ au
minimum, serait susceptible d'être poussé très loin. A
chaque venue pétrolifère recoupée, le fonçage devrait être
suspendu durant huit ou quinze jours ; la puissance de la
venue serait exactement calculée, sa profondeur soigneuse-
ment notée. Un tubage étanche aveuglerait alors la venue
d'huile, et le fonçage serait repris jusqu'à la rencontre d'une
I nouvelle trace de pétrole. On arriverait ainsi à bien con-
naître la puissance des venues pétrolifères aux divers
niveaux, et on aurait chance d'atteindre en profondeur des
terrains donnant en abondance de l'huile minérale, jaiilis- '
430 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
gante le plus souvent. — Les forages subséquents seraient
alors entrepris avec des données sérieuses, et l'on éviterait
la période ruineuse des tâtonnements.
Nous insistons sur les grandes dimensions à donner au
diamètre initial des sondages, car il faut prévoir la néces-
siter de télescoper le trou en cas de rencontre de terrains
ébouleui, ou de venues d'eau à aveugler, sous peine de voir
le pétrole retenu dans les tissures des terrains ou dans les
couches perméables, par la pression de l'eau qui envahir.iit
le forage.
On évitera d'employer, pour les recherches du pétrole, les
nouveaux procédés de sondage ù courant d'eau, qui ont
l'avantage d'aller très vite, mais qui masquent souvent lea
venues pétrolifères recoupées.
Les sondages de recherches, profonds déplus de 100 mètres,
doivent être faits avec moteur il vapeur, chaulTé, si l'on peul,
au moyen des gai dégagés par les couches pétrolifères. L'n
réservoir placé à l'abri du feu recevra i'huile pompée ou jail-
lissante.
La ligure iOI indique la disposition d'un derrick (inslal-
lation de sondaire).
Hwforiçue du pétrole. — Le pétrole était connu des Grecs
et des Romains, ainsi que l'indiquent Hérodote, Pline cl
divers auteurs; mais son emploi était très limité. Pline
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 421
signale cependant l'utilisation des huiles d'Agrigente pour
réclairage, sous le nom d^huile de Sicile; plus tard le feu
gréfjeois, composé de bitume, de poix et de pétrole, fut employé
pour la destruction des navires des Sarrazins par Tingénieur
syrien Gallicinus.
Les sources de Tlnde fournirent au xviii» siècle un peu do
pétrole à TEurope; celles de la Gnlicie ont servi depuis le
commencement du xix' siècle, jusqu'en <878 presque uni-
quement au graissage des roues des chariots.
Enfln en i838, le colonel Drake découvrit en Amérique à
Titus-Ville, dans la vallée de rOil-Creek près d'Oil-City, des
sources de pétrole jaillissantes, et, depuis cette époque, des
recherches sérieuses furent faites dans diverses contrées.
Les recherches du Canada, de la Virginie, de la Caroline,
du Colorado et de TOhio, en Amérique, et celles de TAlsace,
de la province de Parme, de la Galicie, de la Roumanie et
du Caucase, en Europe, furent les premières couronnées de
succès.
L'exploitation rationnelle des gisements du Caucase et de
la Galicie ne date que de ^879, et l'industrie du pétrole s'y
développera à mesure que l'usage des huiles minérales se
généralisera pour le chauffage et pour la production de force
motrice, surtout si le rendement des puits de pétrole en
Amérique commence à diminuer comme cela semble se pro-
duire par l'épuisement des couches exploitées.
En 1899, la production du pétrole brut dans le monde
entier a atteint environ 20 millions de tonnes.
GISEMENTS DE PETROLE EN EUROPE
France. — En France on ne connaît pas de gisements de
pétrole exploitables.
Hérault (Gabian), — Des recherches ont été faites à Gabian
(Hérault), où il existe dans les terrains tertiaires des suinte-
ments d'hydrocarbures liquides ; mais ces recherches faites
principalement par galeries en partant des suintements
observés, n'ont donné aucun résultat appréciable.
L'huile recueillie à Gabian possède une couleur brun foncé
422 GÉOLOGIE APPLIQCÉE
et nue odeur désagréable : elle est utilisée pour des usages
médicinaux (affections de la gorge).
Limagne (puits de la Poix). — Dans la Limagne, des écoule-
ments de bitume très liquide, auputïs de la Poix, près de Pont-
du-Cliâteau, ont donné Tidée à quelques exploitants de
rechercher en profondeur si Ton ne trouverait pas dans les
arkoses de la base du tertiaire, au milieu des sables et des
marnes oligocènes, un réservoir de pétrole d'où proviendrait
le bitume de la surface.
Vers 1896, un sondage a été poussé à 1.000 mètres de pro-
fondeur environ près de Clermont-Ferrand. Ce forage, entre-
pris avec un système allemand à courant d'eau pourchasser
les boues du trépan, a rencontré des émanations gazeuses
assez vives, mais n'a donné aucune trace d'huile minérale. Il
est probable que le gîte pétrolifère qui a donné naissance au
bitume de la surface doit être en grande partie oxydé actuel-
lement et transformé en bitume et en asphalte, car on
n'en trouve aucun indice dans les eaux minérales chaudes du
pays qui sont amenées cependant par des fissures pro-
fondes en relation avec les diverses formations géologiques
de la région.
Landes (Bastennes, Gaujeac). — Dans les Landes, on fait
actuellement dtîs recherches au moyen de sondages profonds
au voisinage de filons de quartz et d'ophites, près des gise-
ments bitumineux de Bastennes, à Gaujeac, dans un poin-
tement éocèue. Le sondage de Gaujeac, Jusqu'à 300 mètres,
n'a rencontré que quelques traces huileuses qui peuvent
provenir ile poches de bitume enfermées dans des calcaires,
comme on en rencontre à la surface.
Cependant non loin de là, à Bastennes, d'importants gise-
ments de sables bitumineux, qui ont été exploités il y a une
cinquantaine d'années, font supposer qu'il a dû exister en
profondeur une» formation d'huile minérale importante dont
lout ou partie se serait transformé en bitume, par oxyda-
tion en arrivant au voisinage de la surface du sol.
Les recherches faites à Gaujeac et dans les dernière con-
treforts des Pyrénées vers Dax ont pour but de reconnaître
s'il reste dans cette région quelque réservoir pétrolifère non
oxydé et exploitable.
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 433
La découverte d'un gisement pétrolîfère important en
France nous permettrait de n'être plus tributaires de l'Amé-
rique et de la Russie, pour ce produit dont nous consom-
mons annuellement environ 2HO.00O.O00 kilogrammes. L'im-
portation du pétrole en France n'atteignait que 58.000.000 kilos
en 1888; elle a donc quadruplé en dix ans.
Italie. — Les gisements d'hydrocarbures en Italie sont
répartis dans trois zones bien distinctes :
1<» L'Italie du Nord avec les gisements de l'Emilie (pro-
vinces de Parme, de Milan, de Bologne, etc.);
2« L'Italie du Centre (Abruzzes, Terre de Labour, entre la
province de Rome et celle de Gaserte) ;
2^ L'Italie du Sud avec la province de Naples, la Basilicale
et la Sicile.
i^ Région de VEmilie, ^ Dans le nord de l'Italie les couches
pélrolifères se trouvent le long de plissements parallèles aux
Apennins, au Nord de la chaîne, au contact des aflleurements
du miocène avec ceux du pliocène.
La ligne pétrolîfère suit une direction sensiblement cons-
tante de N.120*»0. ; les zones riches se trouvent à l'intersec-
lion de cette ligne de fracture parallèle aux Apennins, avec
une série de failles secondaires dirigées N.30"0.
Les principaux gisements de l'Emilie sont, en allant du
nord-ouest au sud-est :
Rile dell'OUio, près de Rivanazzano, d'où l'on a extrait
quelques barils de pétrole par des forages de 100 à
400 mètres ;
xlfoR^ec^ino, dans la province de Plaisance, où l'on recueille
une huile blanche à reflets azurés ;
Velleia, à 28 kilomètres au sud de Plaisance ; c'est la plus
grande exploitation de l'Emilie ; on y a foré près de soixante
puits. L'huile extraite est légère ; on la mélange avec des
huiles d'asphalte des Abruzzes, dans l'usine de Fiorenzuola;
SalsO'Maggiore et Salso-Minore (province de Parme), où
quelques forages ont donné du pétrole aune faible profondeur;
Miano de Medesano, Neviano dei Rossi, Savigno, Sassuno^
Monterenzio renferment des traces de pétrole; quelques tra-
vaux y ont été entrepris; mais, exécutés sans méthode ni per-
sévérance, ils n'ont donné que des résultats insignifiants ;
42'fr GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Thuile de cette région tenait 4i 0/0 de benzine incolore,
45 0 0 de pétrole lampant, 6 0/0 d'huile lubrifiante et 8 0/0
de paraffine.
Au sud de cette bande pétrolifère, se trouvent quelques
gisements alignés suivant la même direction que les précé-
dents, parallèlement aux Apennins. Parmi les gisements de
cette seconde ligne pétrolifère, on peut citer ceux de Roma-
naro (province de Modène), Monte-Forte, près de Rarigazzo,
Riola, Casale, Porretta, Sassonegro (province de Bologne), où
Ton trouve des traces de pétrole et des dégagements gazeux
inflammables; mais aucune recherche sérieuse n'a été effec-
tuée en vue de retrouver en profondeur le pétrole d'où pro-
viennent ces dégagements hydrocarbures.
La production du pétrole dans l'Emilie atteint 3.000 tonnes
environ par an.
2® Italie centrale. — Les Abruzzes, — Dans les Abruzzes, la
vallée de la Pescara (province de Chieti) renferme des gise-
ments hydrocarbures . qui doivent être contemporains de
ceux de l'Emilie. Il est possible que la zone pétrolifère se pro-
longe sans interruption en profondeur entre Bologne et Chieti.
Los principaux gisements d'hydrocarbures, connus dans les
Al)ruz/.es,sont : Tocco di Casauria, Manoppello, San Valentino,
I^tto Majioppello, Rocca Morice, Valle Romana, Colle d'Oro et
Serramonacesca, On a extrait de Tocco un pétrole noir, très
denso et d'une odeur forte, qui donnait i/3 d'huile lampante
et "2 :{ d'huile lourde chargée en soufre, avec une densité
de 0,910 à 0,980.
L'huile de Letto Manoppello était sensiblement plus légère.
Aujourd'hui on fait quelques travaux de recherches dans les
Abruzzes où un certain nombre de concessions ont été accor-
dé<*s. A Colle d'Oro et en quelques autres points, l'huile
rocueillie est très pure. 11 est possible qu'on rencontre au-
dessous des asphaltes des Abruzzes un gisement pétrolifère
fructueusement exploitable.
P^ii 1894, les Abruzzes ont produit 20 tonnes d'huile bitu-
mineuse légère, provenant des forages, et 4 tonnes d'huile
bi lumineuse lourde provenant des sources, représentant en
tout une valeur de 6.000 lires.
Province de Caserte. — Dans la région occidentale de l'Italie
LE CARBOKE ET SES COMPOSÉS 425
centrale, on rencontre des gisements d'hydrocarbures dans
les vallées du Liri et de TAmaseno entre les massifs volca-
niques des provinces de Caserte et de Rome. Ce voisinage a
conduit certains auteurs à assigner une origine volcanique
aux pétroles de cette région.
Les gisements les plus connus sont ceux de San Giovanni
incarico où Ton a foré un certain nombre de puits de
recherches, dont quelques-uns ont donné du pétrole jail-
lissant vers 100 et 200 mètres. Un des sondages, poussé
jusqu'à 400 mètres, n'a plus donné que des gaz. A Castro
dei Volsci, on rencontre quelques dégagements bitumineux
au milieu de calcaires en contact avec une couche de lignite.
Il est possible qu'en profondeur on découvre un gîte pétro-
iifère en relation avec les bitumes et les asphaltes de Castro.
A Hipi, près de Ceccano, on a recueilli un peu de pétrole
dans des couches pliocènes.
On a extrait, dans la province de Caserte, 64 tonnes de
pétroles en i88l, valant 12.840 lires; en 1890, la production
était tombée à 23 tonnes, valant 5.083 lires. Actuellement,
la production est insignifiante.
3* Italie méridionale et Sicile. — A Mon te -Cal vo, situé au
nord-est de Naples, à une vingtaine de kilomètres à Test
de Bénévent, on a reconnu, au voisinage d'affleurements
éocènes importants, quelques indices de la présence du
pétrole; mais les recherches efTectuées n'ont donné que du
bitume en petite quantité. A Frigento (province d'Avel-
lino), une série de recherches ont fourni quelques bariU
d'huile minérale, tenant 65 0/0 d'huile lampante, 30 0/0
d'huile lubrifiante et 5 0/0 de résidus. On rencontre aussi
quelques traces d'hydrocarbures dans la Basilicate sur des
affleurements éocènes et miocènes.
En Sicile, on a trouvé de l'huile bitumineuse à Agrigente,
et actuellement on exploite dans la province de Girgenti,
et surtout entre Callanissetta et Syracuse^ des gisements
d'asphalte qui semblent provenir d'imprégnations pétro-
lifères que l'on retrouvera peut-être en profondeur.
La production totale de l'Italie a été, en 1896, de
2.524 tonnes de pétrole brut valant 644.470 francs, et
2.734 tonnes de pétrole raffiné valant 1.480.735 francs.
426 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Allemagne. — On trouve du pétrole dans le Hanovre où
il s'est formé dans le trias et au-dessous : à Limmer (pétrole
dans des sables néocomiens), à Vorwohle (asphalte dans le
Jurassique, Jura blanc); à Kœnigsen, près de Colle, à Adesfe
et à Oberg, près de Peine et à JËlheim (pétrole dans les grès ter-
tiaires et jurassiques). Dans le Brunswick, il existe, à Wintjen-
herg et à Holzmunden^ des gisements d'asphalte importants
(Jura blanc) formant le prolongement des gîtes pétrolifères
du Hanovre. On a trouvé aussi du pétrole aux environs de
Carlsriihe (duché de Bade).
Alsace. — On rencontre en Alsace, au voisinage de gîtes de
sel et de sources salines (chlorures, bromures), des grès et des
sables bitumineux tertiaires k Pechelbronn^ en veines de 0'»,80
à 4 mètres (avec grisou) ; des asphaltes existent dans les cal-
caires d'eau douce de Lobsann en couches de i mètre à
2"»,o0 alternées. Ces bitumes et ces asphaltes sont accompa-
gnés de pyrite de fer. Enfln, depuis quelques années, la
région de Pechelbronn produit du pétrole provenant de
puits jaillissants. Les premiers sondages profonds datent
de 1883 (M. Lebel).
On peut encore citer les gîtes pétrolifères de Schtcabweiller
sur le Bas-Rhin.
La production de TAlsace, en 1896, a été de 18.834 tonnes
métriques. Quatre nouveaux puits donnant de 50 à 120 barils
ont été ouverts en 1897.
L'Allemagne a produit en 1897, en tout, 23.303 tonnes de
pétrole valant 1.745.553 francs.
Autriche-Hongrie. — Galicie. — On trouve du pétrole le long
du versant nord des Carpalhes, eu fialicie, à iVei(;-Sand«c, Dm Wa,
RownCy Krosno, KroscienkOj Potoky liopianka, Sanok, Lodyna^
StcinfetSy Bandrow, Schodniçaj Boryslaw^ etc. Le pétrole est con-
centré dans les fractures, comme en Amérique et en Russie,
au voisinage des crêtes des plis anticlinaux, dans des grès
tendres à hiéroglyphes, intercalés entre les schistes néoco-
miens inférieurs de Ropianka et les grès de Libutza, au-
dessous des schistes éocènes à mélinite et des argiles mio-
cènes. Les selles pétrolifères productives sont larges de 50 à
300 niMres, selon les régions. A Boryslaw, le pétrole est
associé, dans des argiles salifères (saltztongruppe), à de
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 427
rozokérile qui renferme du gypse et du sel ; on rencontre,
dans ce même gisoment, de la galène, de la blende, de la
calamine et du soufre.
Le pétrole que Ton pompe est mélangé d'eau et doit subir
une décantation. En profondeur la densité diminue et le ren-
dement augmeute (50 0/0 d'huile lampante en moyenne).
Le débit moyen, rapporté au nombre total des puits et des
sondages, est faible (250 kilogrammes par jour). La faiblesse
de la moyenne de production des forages en Galicie tient au
grand nombre de puits et de sondages stériles cr«usés au
hasard. La Galicie compte au total près de 2.000 sondages
et 1.150 petits puits carrés creusés à la main. 11 existe cepen-
dant des forages, comme à Potok, entre Rowne, Bobrka et
Krosno, (fui ont recoupé à de faibles profondeurs (50 à
100 mètres) des couches pétrolifères Jaillissantes fournissant
des centaines de barils par jour (1.500 barils de 150 kilo-
grammes environ pur jour, pendant plusieurs mois).
La moyenne de rendement d'un puits productif foré
sur Tune des lignes de fractures dirigées parallèlement à la
chaîne des Carpathes, est de 50 à 10 barils par jour pendant
une année ou deux, 5 barils par jour pendant cinq ans,
puis 1 ou 2 barils pendant quelques années encore. La
profondeur moyenne des couches exploitées juscju'à ce
jour est de 250 à 500 mètres. Il est probable que les forages,
pou-ssés jusqu'à 600 ou 800 mètres et même au-delà, donne-
ront un rendement plus considérable.
L'exploitation du pétrole en Galicie ne date guère que de
1878 et est faite en grande partie au moyen de sondages
canadiens (tiges en bois et trépan primitif) ; quelques son-
dages récents ont été faits avec des tiges en fer et des trépans
à chute libre. Avant 1878, on n'avait creusé que des petits
puits carrés de 1 mètre de côté, à faible profondeur.
A l'extrémité orientale de la chaîne des Carpathes, en
Bakowine et particulièrement à Kolomea, à Sloboda et à
Sergie-Putillay on rencontre des traces trè^ probantes de la
présence du pétrole (D == 0,823 à 17° C. d'après Engler).
Des recherches importantes sont entreprises dans cette
région.
La production de l'Autriche dépasse 3 millions de quin-
428 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Uiux métriques (300.000 tonnes) de pétrole léger, riche en
paraffine (D = 0,770 à 0,870), valant de 7 à 12 francs par
baril. — Les exploitations de la Galicie s'étendent sur une
bande longue de 500 kilomètres et large de 30 kilomètres
environ.
Roumanie. — Les gisements de la Roumanie se trouvent,
comme ceux de la Galicie, à l'extérieur de la courbe formée
par le plissement de la chaîne des Garpathes; mais cette
chaîne ayant la forme d'un U, dont les branches sont dirigées
au nord-ouest et au sud-ouest, les gisements pétrolifères
de Roumanie se trouvent au sud-est des Garpathes; ils ont
dû être amenés au jour par la même poussée que ceux de
la Galicie.
En Roumanie, les pétroles (densité = 0,810, en moyenne)
sont localisés, le long des Garpathes, dans les fractures du
Salzthongruppe (couches gypseuses néogènes en relation avec
des gisements de sel). L'industrie du pétrole commence à se
perfectionner dans ce pays par l'introduction des méthodes
américaines. Les centres de production, situés surtout dans
le terrain à paludines, sont TergowHz, Kampina, Dimhovitzay
Baicoi, Vrahova, Buzeu, Monesti, etc.
La production longtemps faible, à cause du manque de
moyens de transport et de l'imperfection des méthodes
d'exploitation, atteint actuellement environ 16.000 wagons de
10.000 kilogrammes par an, qui se vendent seulement
de 200 à 400 francs par wagon, à cause du développement
rapide de l'extraction et de la difficulté de trouver des
d(^;bouchés, faute de moyens de transport. Il existe en Rou-
manie 175 exploitations, 70 avec sandages productifs, et
56 sondages sans production ou épuisés, 882 puits à la
main productifs, et 586 puits sans production ou épuisés.
Les puits sont peu profonds : ils ont servi à exploiter le
niveau pétrolifère supérieur, situé entre 70 et liO mètres de
profondeur. Les sondages plus récents servent à l'exploita-
tion du second niveau reconnu, situé à 300 mètres en-
viron.
Russie. — On trouve des gisements de pétrole dans les
terrains tertiaires supérieurs, tout le long du Gaucase (Bakou
dans la presqu'île d'Apchéron sur la Gaspienne, Grosny,
\
\
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 429
Taman dans le Kouban, près de la mer Noire, Kertsch en
Crimée, etc.) et dans le Jurassique (Koutaïs).
\ Bakou, — Les gisements de Bakou sont connus depuis la
plus haute antiquité (Temple du feu). Depuis la suppression
du monopole de TEtat (1801-1877), la construction du
chemin de fer transcaucasien (Batoum à Bakou) et des
pipe-lines, les sociétésd'exploitationde pétroles russes (Nobel,
Rothschild, etc.) font une grande concurrence aux pétroles
américains.
Les principales exploitations se trouvent au milieu du
plateau central de la presqu'île d'Apchéron [i^nrakhanyy
Sabountchi, Balakhany, Souvakhany) dans des couches per-
méables, sables ou grès oligocènes (ou néogènes comme à
Sabountchi). Il n'y a aucune régularité dans les couches, qui
sont à des profondeurs très variables. On constate actuelle-
ment dans les exploitations une tendance générale à Tappro-
fondissement des puits par suite de Tépuisement des réser-
voirs supérieurs. On distingue, comme en Amérique, les puils
jaillissants (flowing wells) et les puits ordinaires, où Vou
f puise le naphte (pumping wells). On sonde à la tige ou ù
) la corde ; les puits, qui ont de 0™,23 à 0'*,38 de diamètre, sont
tubes en tôles de 5 millimètres. Le tube supérieur (en fonte)
est muni d'un chapeau de fermeture; mais souvent le Jet
, des flowing wells est assez puissant pour chasser le tubage
hors du puits. 11 vient beaucoup de sable avec le pétrole, ce
I qui use rapidement les tubages. Quand les puits cessent île
jaillir, on extrait le pétrole avec des pompes ou avec des
I seaux, fixés à des câbles enroulés sur les bobines de petites
I machines d*extraction ; le jaillissement est souvent inter-
mittent, il s'arrête et reprend après curage. Les puits durent
environ deux ans, avec un débit de 5 tonnes en moyenne ;
quelques forages ont un rendement énorme, au moins pon-
dant quelques mois; mais les productions énormes sont Jan-
) gereuses surtout à cause des incendies. La fameuse fontaine
des Ingénieurs russes (août 1887) donnait 500 tonnes par
jour avec un jet de 60 à 80 mètres de hauteur qui entraînait
beaucoup de sable et de gaz; elle produisit des dégAts consi-
dérables sur les terrains avoisinanis, parce qu\>n ne put la
fermer qu'au bout de six semaines.
430 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Le pétrole russe, dont la densité est de 0,820 en moyenne,
est transporté par des pipe-lines à Bakou, où on le distille
dans des chaudières de 16 tonnes, avec brassage à la vapeur ;
on transporte le pétrole au moyen de navires-citernes (tank
steamers), que Ton remplit avec des pompes et que Ton vide
ensuite de même dans des wagons-citernes ou dans les
grands réservoirs des ports de mer (Hambourg, Amsterdam,
Anvers, etc.). Les mazouts, ou huiles lourdes, sont très
employés en Russie par la marine et par les chemins de
fer pour le chaufTage des chaudières et des locomotives.
Taman. — Les pétroles du Kouban [Taman^ Caucase occi-
dental), également connus depuis fort longtemps, sont
exploités surtout depuis 1883. Ces pétroles sont situés dans
le tertiaire (du miocène au pliocène), sur le versant nord de
Tarôte centrale du pays. Il existe, dans la région, de nom-
breux volcans de boue. Le principal centre d'exploitation
est Ills'i (Ilskaïa), où Ton trouve trois niveaux que Ton
exploite par des puits de 30 à 150 mètres, avec tubages per-
forés.
La durée de rendement d'un forage est de quatre mois au
minimum, avec une production moyenne de 3.500 à 4.000
litres par jour. La densité varie de 0,865 à 0,960^: on a ins-
tallé, posée sur le sol, une pipe-line pour 4.250 hectolitres
par jour, avec relais de pompes, dllskaïa jusqu'à Novor-
rossisk sur la mer Noire, où il y a d'immenses réservoirs
de dépôt.
La production du pétrole, en Russie, a été de : 7.036.330
tonnes en 1895, valant 57.454.000 francs.
En 1897, le port de Batoum a expédié les quantités sui-
vantes de pétrole russe :
Pétroles bruts et résidus 11.247.820 gallons
Huiles de graissage 34.01 2.6 V5 —
— d'éclairage 39.246.950 —
Pétroles raffinés 248.649.825 —
(Un gallon mesure 4^'*, 543.)
En 1899, la Russie a produit environ 100 millions d'hecto-
litres de pétrole brut.
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 431
Autres gisements péTROLiFÈREs en Europe. — Les autres
gisements pétrolifères que Ton rencontre en Europe sont
moins importants et moins connus.
En Angleterre^ certaines houillères du Lancashire et du
Shropshire, ainsi que les tourbières de Down-Holland près
d'Ormskirch, $ur la côte nord de la Mersey, renferment du
pétrole et des sources de bitume, mais en quantités insuffi-
santes pour alimenter une exploitation industrielle.
En Espagne, on trouve quelques suintements de p<Hrole,
particulièrement aux environs de Cadix, à Conily et dans la
région de Grazalema.
En Portugal, on exploite Thuilc minérale dans le crétacé
(district du Leira), non loin de Monte-Real.
En Dalmatie et en Albanie, on connaît des gisements
pétrolifères, ainsi que dans Vile de Zante et à Nympkaum.
En Croatie, des gisements existent aux environs d'Agram
{Koprenitz), mais n'ont pas d'importance industrielle.
GISEMENTS DE PÉTROLE EN ASIE
Chine. — fin Chine il existe de nombreux gisements de
pétrole ; mais ils sont peu exploités; les Chinois recueillent
simplement Thuile minérale, qu'ils rencontrent dans les puits
tjuMls forent pour exploiter le sel.
La province de Setchouan renferme plusieurs milliers de
ces puits; dans la province de Chan-Si, il existe d'impor-
tantes traces de pétrole avec dégagement de gaz combustible
(Ho-tsing = puits à feu) ; une Compagnie française s'est
formée pour exploiter les gisements de cette région.
Japon, — Au Japon il existe des exploitations de pétrole
dans plusieurs districts. Près de Nagaoka, 60 puits de 180
à 450 mètres de profondeur ont donné, en 1894 et en 1895,
environ 1.200 hectolitres par jour ; mais leur production s'est
abaissée depuis lors à 400 hectolitres. La plupart des puits
ont, au Japon, un débit lent et peu abondanL Le pétrole
japonai.; est, en général, peu éclairant et doit être mélangé
avec de Thuile américaine. Une raffinerie pouvant traiter
320 hectolitres par jour a été construite à Nagaoka Les
432 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
autres districts pétrolifères sont ceux d'Idzumosmki et d'Ama-
semakiy connus depuis l'an 615 après Jésus-Christ, dans la
province iïEckigo, La profondeur des puits varie de 120 à
720 mètres ; leur débit est faible. Au Japon, les autres régions
pétrolifères sont celles de Migohoji et de Kusodzu, où Ton
compte près de deux cents puits d'exploitation.
Le Japon a produit, en 1895, 270.000 hectolitres de
pétrole.
Iles de la Sonde, — A Java il existait, en i897, dans les dis-
tricts de Lidah, de Sourabaya, de Koetéi et de Panolan, une
soixantaine de puits ; quelques-uns ont un débit journalier
de 2.400 barils. A Sumatra^ des sociétés récemment consti-
tuées exploitent des gisements pétrolifères dans les rési-
dences de Samarang et de Palembang.
Indes. — Aux Indes, la Burmah Cil C^ exp^oite les
gisements de la Birmanie supérieure. Les anciens puits, h
Arracan et à Kodaung^ dans le district de Yenangyoung sur
riraouaddy, avaient 150 mètres de profondeur et donnaient
de 5 à 20 barils par jour; ces puits ont atteint 300 à
360 mètres. A Yenankyet (15 kilomètres de Padang), égale-
ment sur riraouaddy, la Société des pétroles de Burmah a
ouvert 25 puits de 300 mètres environ, donnant de 13 à
20 barils par jour. Cette société possède, près de Rangoon,
deux rafflneries pouvant traiter ensemble plus de 6.000 tonnes
de pétrole par mois. Dans la Birmanie inférieure on trouve
du pétrole dans le district d'Assam, à Pathar^ à Digboi et à
Makumy où la Assam Railways and Trading C® a ouvert de
nombreux puits.
H existe aussi des gisements de pétrole nu nord-ouest de
THindoustan, dans le Pendjab; mais l'éloignemont de cette
province, la difficulté des communications et le climat ont
empêché la mise en exploitation de ces pétroles.
La production du pétrole aux Indes a atteint 15.057.094 gal-
lons de 4^^543, en 1896, représentant une valeur de
1.793.350 francs.
Perse, Asie Mineure et Palestine, — La Perse renferme plu-
sieurs gisements pétrolifères, dont quelques-uns ont été
cités par Hérodote : on peut noter ceux iVArdcricca, près de
Suze, de Herbuck et de Tuzkunneti, au sud «l'Arbela, sur le
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 433
plateau d'Iran près de Burr, dans la vallée de Jérabi, et à Chu-
sistan.
Dans ]a Judée et dans V Arabie Pétrée, on rencontre aussi
des manifestations pétrolifères. Enfln, les formations asphal-
tiques de la mer Morte doivent être en relation avec un gise-
ment p*^troIifère, voisin de la chaîne des monts du Khorassan
qui relie la région pétrolifère de THimalaya h celle du
Caucase.
On peut citer aussi les gisements de Zaho dans le Kurdis-
tan, près de Bagdad, et ceux de Mosaoul dans la vallée du
Tigre.
GISEMENTS DE PKTROLE KN AFRIQUE
Egypte. — En Afrique, on a trouvé du pétrole dans
quelques terrains de TÉgypte, au pied du mont Djebelzeitj
près du canal de Suez, et dans la presqu'île de Samsah^
au sud de Suez. Les recherches entreprises dans ces gise-
ments n'ont donné lieu, jusqu'à présent, à aucune exploi-
tation.
Algérie, — Il existe aussi quelques gisements pétrolifères
en Algérie dans l'arrondissement de Mostaganem (province
d'Oran), sur le versant du Dahra : celui d'Aïn-Zeftj découvert
il y a une vingtaine d'années et exploité depuis 4 895 à l'extré-
mité de la plaine du ChélifT, entre la mer et le chemin de
fer d'Oran à Alger (profondeur du niveau pétrolifère
= 400 mètres) ; celui de Lhiliilj à 70 kilomètres de Mosta-
ganem, exploité depuis 1898. Le premier niveau pétrolifère
y a été rencontré à une cinquantaine de mètres de profon-
deur. L'huile extraite a une densité de 0,790 et renferme
77,5 0/0 d'huile lampante. Le pétrole semble se trouver dans
des marnes calcaires, avec bancs de grès intercalés.
Congo. — Il existe au Congo quelques sources de pétrole
oxydé, dans la province d'Atigola, sur le Bas Ogooué, sur les
bords du lac Isanla, et dans la région de Femand Vaz.
Aucune recherche sérieuse n'a été faite dans ces régions
qui mériteraient cependant d'être étudiées avec soin.
Afrique Australe. — On assure qu'il existe dans la région
OéOLOOlB. 28
434 GÉOLOGIE APPLKjrÉE
du Cap, près de Rainbow Flake, des traces de pétrole, avec
dégagement de gaz inllammables. Nous n'avons pas pu
vérifier cette indication.
GISEMKNTS DE PETROLE EN AMÉRIQUE
Les pétroles d'Amérique se trouvent dans des terrains
d'Age divers, affleurant le long des chaînes de montagnes:
terrains anciens (permocarbonifère, dévonien, silurien) de
rOhio, de la Pensylvanie et du Canada le long des Alleghanys;
pliocène de la Californie; crétacé du Colorado et du Nevada
le long des Montagnes Rocheuses. Les nappes de pétrole sont
emmagasinées sous pression dans des réservoirs souterrains
d'où elles jaillissent vers le sol quand on vient à percer les
couches imperméables supérieures. Les gisements de pétrole
de la Pensylvanie, de l'Ohio et du Canada sont les plus
importants de l'Amérique.
Amérique du Nord. — Pensylvanie. — P!n Pensylvanie, les
gisements sont concentrés à l'est et au sud de Pittsburg.
notamment dans le bassin de l'Alleghany, affluent de l'Ohio
(districts de Crawford, de Bradford, de Forest, de VenangOy de
Warren^ de Parker, d'Armstrong et de Butler). On trouve le
pétrole dans des couches de schistes régulières, mais partout
plissées, depuis le dévonien de Portage Chemung jusqu'au
houiller de Pensylvanie, le long de la chaîne des Alleghanys.
La formation pétrolifère parait appartenir au permien ; mais
elle a été amenée au jour par un soulèvement du début du
tertiaire qui a provoqué un mouvement de bascule avec relè-
vement vers Test. La Pensylvanie avait été afl'ectée aupara-
vant par un soulèvement post-carbonifère suivi d'une éro-
sion et d'un dépôt de terrains triasiques en discordance sur
le permien. Le trias a été recouvert, après une érosion
jurassique, d'un dépôt crétacé qui masque ces divei*ses for-
mations.
Près de Pittsburg, il existe trois niveaux «le sables et degrés
pj'irolifères, séparés par des couches de 100 mètres de schistes
argileux stériles ; le troisième niveau 200 à 400 mètres de
profondeur environ) est le plus productif. Les grès pétrolifères
de Butler appartiennent à l'anthracifère inférieur; ils sont
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 435
moins riches que les grès dévonieus de Venango, de Warren
et de Mac Kean. Partout les parties inclinées des plis sont les
moins favorables pour les recherches.
Tantôt le pétrole jaillit, tantôt il faut le pomper. On le
transporte au moyen de tuyaux de 0",1.H de diamètre, résistant
à 140 kilogrammes de pression par centimètre carré, qui tra-
versent des États entiers (ligne de Rixford à William sport
= 168 kilomètres) et dans lesquels des pompes refoulent le
pétrole.
La Pensylvanie avait produit, en 1889, 35 millions de barils
provenant surtout du troisième niveau pétrolifère. Aujour-
d'hui la production a sensiblement diminué, et un dixième
des puits foncés est stérile. Le forage des trous est géné-
ralement fait par le système de sondage à la corde, que Ton
peut employer facilement, grâce au peu d'inclinaison des
terrains. On peut compter qu'un puits productif dure deux
ans, en donnant i .500 litres d'huile par vingt-quatre heures. Le
pétrole pensylvanien est verdâtre et donne à la distillation
70 à 85 0/0 d'huile lampante. Les propriétaires des terrains
pétrolifères touchent un droit variant de iO 0/0 à 50 0/0 de
J'huile extraite et une indemnité de 1.000 à 5.000 francs l'acre,
suivant les districts.
Le pétrole de Pensylvanie a une densité de 0,800 à 0,825.
Californie, — En Californie, les puits de Los Angeles (mio-
cène de la Sierra Nevada) ont produit, en 1897, 1.070.000 ba-
rils ; les puits moyens débitent de 5 à 50 barils de lo9 litres
par jour ; les meilleurs puits donnent 75 barils.
Texas, — On a découvert du pétrole dans le Texas, à
500 mètres de profondeur; la qualité de l'huile est intermé-
diaire entre celles des huiles de la Pensylvanie et de l'Ohio.
Ohio, — Dans l'Ohio ( Washington Duck creek) on trouve
du pétrole aux environs de Mecca (comté de Trumbull, dans
le Washington, et près de Balden (comté du Lorrain).
Tennessee, Kentuchy, Illinois, Michigan, Colorado. — Les
autres gisements des Etats-Unis, les plus importants, sont
ceux de Columbiana, de Sllppery-Rock, de Smith's-Ferry, de
MontirelU) (pétrole lourd employé comme lubrifiant), de la
rivière du Cumherland (rendement considérable), de Chicago,
de Saint-Louis (pétrole très dense), de Canon City, dan»
436 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
le Colorado (argiles schisteuses crétacées très riches, en
p«^trole), etc..
Au\ États-Unis, la production de pétrole, en 1897, en barils
do I5'J litres, a été :
IOhio (Lima excepté). \
New-York ( «i -ox -aa k^«;i»
^ , . > 34. iz4. /OU barils
Pensylvanie i
Virginie occidentale. /
Ghio (district de Lima seul) 15.307.376 —
Californie 1 .070.000 —
Colorado • 650.000 —
Indiana 4.353.1 38 —
Kansas 90.000 —
Wyoming 1 5.000 —
Autres États 8.000 —
soit un total de 8.938.696.026 litres représentant un poid
de 7.972.579 tonnes et une valeur de 224.024.8 h> francs.
Canada. — Les pétroles du Canada, légers (0 = 0,795) et
de couleur sombre, sont accumulés dans des calcaires silu-
riens ou cambriens (d'âge mal déterminé) surmontés par
des schistes, le long d'un pli anticlinal voisin de Dereham.
Ils contiennent beaucoup de débris de mollusques et de crusta-
cés. Le centre des exploitations se trouve dans le comté de
Lambton, principalement près de Petrolia sur le territoire
d'Enniskillem. L'huile est recueillie entre 80 et 150 mètres
de profondeur, dans des couches de schistes et de marnes
appelées soapstone dans le pays. Le pétrole du Canada est
mélangé d'eaux sulfureuses; l'odeur qui s'en dégage a été un
obstacle à son exploitation, pendant longtemps; aujourd'hui
le raffinage permet de l'employer pour l'éclairage.
Au Canada, la province d'Ontario a produit 608.490 barils
en 1897; les principaux districts producteurs sont, avec ceux
de Petrolia (Ontario), ceux de Gaspé Basin (Québec) et des
provinces du nord-ouest. — La production totale du Canada
a été, en 1897, de 709.857 barils de pétrole brut valant
5.057.730 francs.
Les puits du district de Rootenay dans la Colombie britan-
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 437
nique prennent beaucoup de développement ainsi que ceux
de la vallée de Mackenzie dans le territoire du nord-ouest.
Mexique et Terre-Neuve, — On connaît encore en Amérique
des gisements pétrolifères à Oaxaca (Mexique), et le long de
la mer, à Terre-Neuve^ où Ton recueille de l'huile de très
bonne qualité.
Antilles, — Aux Antilles il existe des fontaines de pétrole
dans ÏUe de Cuba, à Test de la Havane, à Casualidad, L'huile
jaillit de fissures qui se trouvent dans la serpentine.
L'ile de Saint-Domingue renferme du pétrole, près d'Azua,
le long de la rivière Agua Hediondo (Slinking-water).
AsiéRiQUE DU Sud. — De même que les gisements pétroli-
fères de l'Amérique du Nord longent les Alleghanys (Pen-
sylvanie, Virginie, Illinois, Tennessee, Kentucky, etc.) et
les Montagnes Rocheuses (gisements de la Sierra Nevada,
Californie, Nevada, Colorado, Mexique); ceux de l'Amérique
du Sud sont concentrés le long de la Cordillière des Andes,
\ depuis le Venezuela jusqu'au Chili, en s'étendant dans la
1 Colombie, le Pérou et la Bolivie.
i Depuis quelques années de nombreuses recherches ont
k été entreprises le long des Andes sur la côte du Paciflque.
f II est certain que la découverte de centres d'exploitation
importants, sur les bords de l'Océan Pacifique, créerait une
concurrence redoutable pour les pétroles de Pensylvanie qui
sont grevés de frais de transport considérables pour atteindre,
parchemin de fer, les contrées occidentales de l'Amérique;
mais les gisements pétrolifères des Andes se trouvent en
général dans des contrées très accidentées et peu fréquen-
tées, dépourvues de population ouvrière et nécessitent des
dépenses considérables pour être mis en exploitation
(création de voies de communication,de maisons d'habitation,
transport des appareils de sondage et des matériaux de cons-
truction au milieu de terrains bouleversées et à de grandes
dislances, installation de ports ou de quais d'embarquement
' .sur le Pacifique, achat de bateaux-cilenies,'etc.), et jusqu'à
présent les tentatives d'exploitation n'ont pas donné les résul-
tats qu'on est en droit d'espérer dans une région où le pétrole
1 existe en abondance et souvent à de faibles profondeurs.
Venezuela, — Les gisements pétrolifères des Antilles se
438 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
continuent à partir de File de la Trinité, dans le Venezuela,
le long de la chaîne de Caracas qui va rejondre, au lac
Maracaïbo, la branche nord-est de la Cordillère des Andes.
Il existe quelques gisements pétrolifères qui semblent
présenter une certaine importance, à Touest du lac Mara-
caïbo dans l'État de Zulia, à Eixcontrado (district de Colon).
Les imprégnations pétrolifères se trouvent dans les grès
dévoniens, à une profondeur de 300 à 400 mètres, et pro-
bablement aussi dans le calcaire silurien (limestone) que
Ton rencontre, comme en Pensylvanie, à la base du dévonien.
Plus près du lac Maracaïbo, on rencontre entre le Rio-Teca
et le Rio-Zulia, un banc sableux d'une cinquantaine de
mètres de longueur, qui laisse jaillir du pétrole par diverses
fissures. Les habitants du pays emploient ce pétrole pour
s'éclairer, pour graisser les roues de leurs voitures et pour
goudronner leurs bateaux.
Pérou. — Le Pérou contient de grandes quantités d'hydro-
carbures, principalement dans les terrains tertiaires de sa
partie septentrionale, entre la Cordillière des Andes et
rOcéan Pacifique ; on peut évaluer la superficie des terrains
pétrolifères du Pérou à plus d'un million d'hectares, répar-
tis le long d'une bande de 250 kilomètres de longueur et
de près de 100 kilomètres de largeur, entre le cap Blanc et
le Rio-Tumbez, depuis l'Océan jusqu'aux monts d'Amotape.
Cette région renferme des argiles parfois bitumineuses, avec
des veines de gypse ; on y rencontre deux niveaux pétroli-
fères : l'un, à 60 ou 80 mètres de profondeur, est connu à Grau
et à Tucyllal; l'autre, entre 200 et 300 mètres, est exploité à
Zorrito; il a été recoupé également à Grau et à Tucyllal. Il
est probable qu'en profondeur on rencontrerait encore
d'autres horizons pétrolifères.
Bolivie. — Le sud de la Bolivie renferme des gisements,
pétrolifères qui paraissent importants, mais qui sont peu
connus. A Plata, à Cuarazuti et à Piijuerenda, le pétrole coule
en ruisseaux de 2 mètres de largeur et de 0™,20 de pro-
fondeur. Aucune exploitation sérieuse n'est venue jusqu'à
présent explorer ces gisements, et il est difficile de se pro-
noncer sur leur avenir.
Dans la République de l'Equateur et dans la République
- 1
I
LE CARBONE El^ SES COMPOSÉS 439
^r^en/tne^on retrouve des traces d'hydrocarbures qui indiquent
une certaine continuité dans la bande pétrolifère des Andes.
L'étendue considérable des terrains imprégnés d'hydro-
carbures dans l'Amérique du Sud permet d'espérer que
l'on trouvera dans ce pays des ressources abondantes en
pétrole.
GISEMENTS DE PÉTROLE EN OCÉANIE
Australie. — On peut citer en Australie les gisements du
nord-est de Jéricho en Tasmanie, et ceux de la Nouvelle-
Galles du Sud à Narrabem^ près de Sydney, où le pétrole est
accompagné d'un dégagement abondant de gaz.
Nouvelle-Zélande, — En Nouvelle-Zélande, on connaît les
gisements de Manutahi et ceux de Waiapu sur la côte ouest
de la région d* Auckland. Le pétrole de la Nouvelle-Zélande
se recueille à une profondeur de 200 à 300 mètres et fournit
70 0/0 environ d'huile lampante.
BIBU06RAPHIB DU PÉTROLE
1870. Fouqué et Gorceix, Recherches sur les sources de gaz inflaui'
mables des Apennins et des lagoni de la Toscane [Annales
des Sciences géologiques, t. Il, p. 1).
1870. Baumbauer, Recherches sur les huiles du pétrole daïis les
Indes et V Orient {Moniteur scientifique y p. .j3).
1871. Byasson, Sur l'origine du pétrole (C. R., t. LXIII).
1872. Dupaigne, le Pétrole^ son histoire, sa nature (Paris, iD-18).
1872. Fuchs et Sarazin, Sources de pétrole de Kampina {B. S. G.,
3- série, t. I, p. 251).
1877. Mendeléeff, Sur Vorigine du pétrole {B. S. C. P., t. I; Revue
scientifique de la France et de l'Étranger, 2' série, 7" année).
1877. Henry, Sur le pays de V huile dans V Amérique du Sord
{Industrie minérale; Comptes Rendus, août).
1877. Didou, Gisement des bitufnes, pétroles, etc., des provinces de
Chieti et de Frosinone, et traitement à Letto-Manoppello (in-
4», à Sienne).
1877. Weil, Travail analytique et industriel fait sur un pétrole
d'Egypte {Moniteur scientifique, t. VII, p. 29.*î).
1878. Henry, Note sur le pays de Vhuile de V Amérique du Nord
{Bulletin de la Société de Vlnduslrie mtn^ra/e,2*série,t.VII,
p. 135, Saint-Étienne).
440 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
1878. Coquand, Pétrole de Tamaji {B. S. G., 3- série, t. VI, p. 86).
1879. L. Fayre, Gisements de bitume de Lobsann et de Pechelbronn
{Bulletin de la Société des Sciences naturelles^ t. XI, p. 122,
Neufchàtel).
1880. Schûtzenberger, Recherches sur les pétroles du Caucase {Bul-
letin de la Société de chimie^ p. 67).
1883. Tournier, Les pétroles de Bakou {Sature, novembre, p. 38).
1885. Nobel frères. L'industrie du pétrole à Bakou (Saint-Péters-
bourg, chez Trenké).
1885. Syroczinski, Pétroles de Galicie {Revue universelle de Liège).
1886. Le Bel, Notice sur les gisements de pétrole de Pechelbronn
{Bulletin de la Société d'histoire naturelle de Colmar^
année 1885, p. 445).
1887. Stewart, Les pétroles du sud-est de la Russie {Annales de
Cuyper, t. XXI).
1889. Pied bœuf, Gisements pétrolif ères de V Europe centrale {Revue
universelle de Liège, t. XIII).
1891. Deutsch, Lepétrole et ses applications, 4 vol. in-8^, chez Quantin.
1892. A. Leproux, Etat actuel de Vindustrie du naphle dans lapro-
vince dWpschérou {Annales des Mines, 9" série, t. Il, p. 117).
1893. J. de Launay, Découverte de terrains pétrolifères dans la
Li magne {Génie civil, t. XXII, p. 102).
1893. De Clercy, L'industrie des pétroles en Galicie {Génie civil,
t. XXIII. p. 149).
1893. G. Chesneau, L'industrie des huiles de schiste en France et
en Ecosse {Annales des Mines, 9* série, t. III, p. 617).
1893. L.-D. Launay, Les richesses minières de Cuba {Bulletin des
Annales des Mines, 9* série, t. III, p. 548).
1893. A. Clavier, Le Pétrole de Zanle {Grèce), chez Barlatier et Bar-
thelet (Marseille).
1894. De Longe. Les Gisements de pétrole au Pérou {Génie civil,
t. XXVI, p. 167).
18')4. Riche et Rounie, Vindustrie du pétrole aux Etats-Unis
{Annales des Mines^ 9* série, t. V, p. 67).
1806. Redwood Ilolloway and Others, Treatise on the geographical
distribution and geological occurence of petroleum and
natural gas, etc. (Griffin and G*, London).
1896. A. Evrard, Les recherches de pétrole dans la province d'Oran
{Génie civil, t. XXXIII, p. 235).
1897. F. Miron, Les huiles minérales {pétî*oles^ schistes, etc.). 1 vol.
Masson, Paris.
1898. Pantukotr (traduction Rouindjy), Vindustrie du naphte en
Galicie {Bulletin de la Société d'Encouragement, juillet,
p. 870 à 878).
_k..
nr
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 441
\ III. — HYDnOCARBURES VISQUEUX
r II est rare de rencontrer les hydrocarbures visqueux
(bitumes) à Tétat pur; ils sont la plupart du temps mélangés
à des terres dont on doit les débarrasser.
i Bitume, propriétés et usages. — On donne le nom de
bitume à des carbures d'hydrogène visqueux, renfermant,
outre le carbone et Thydrogène, de Tazote, du soufre et de
l'oxygène : ce sont des pétroles condensés ou oxydés au con-
tact de Tair (le bitume de Judée ne contient cependant pas
d'oxygène). On emploie le bitume pour la fabrication des
vernis, du caoutchouc industriel, des couleurs (les couleurs
* au bitume ont Tinconvénient de noircira Tair). On introduit
généralement 7 à 8 0/0 de bitume dans les asphaltes. On
appelle pissasphalte un bitume glutineux et sableux.
Gisements. — On trouve les bitumes, mélangés à des
terres : filons nets du lac de Brai, de la Havane ^ de Ritchie en
Turquie, de la mer Noire j de la Judée, et nappes interstrati-
fiées de Guaracaro (Trinité), du KurdUitan, de Senelitza
(Albanie), ou mélangés à des sables : Biigey, Chamalières et
Lussat en Auvergne, Chézery et Seyssel dans TAin et Bas-
tennes dans les Landes, d'où on les a extraits par simple
lavage à Tcau chaude. Ces derniers gisements n'ont qu'une
faible importance industrielle et sont d'ailleurs en partie
épuisés. Les calcaires et les schistes bitumineux n'aban-
donnent le bitume que par une distillation ou un traitement
chimique.
France. — Sables bitumineux de rAin. — On trouve, dans le
département de l'Ain, des imprégnations bitumineuses, soit
dans les sables qu'on lave pour extraire le bitume simplement
mélangé, soit dans les calcaires kimmeridgiens auxquels la
matière bitumineuse s'assimile pour former un corps spécial
(asphalte). Citons les concessions de sables bitumineux de
Chézery, les gisements de Confort, de Pyrimont-Seyssel (Voir
le chapitre de V Asphalte), (ÏOrbagnoux (calcaires kimmerid-
giens à texture schisteuse contenant 4 0/0 de bitume) et de
Saint'Champ-Chatonod (teneur : 8 0/0). On trouve aussi du
442 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
bitume dans le Puy-de-Dôme, où il suinte près de Ciermont'*
Ferrand, au puits de la Poix, à travers une pépérite
basaltique. — La production des bitumes et des matières
bitumineuses a été, en France, de 225.784 tonnes en 1896,
valant i. 740. 935 francs.
A Lussat et kVEscourchcuie (Puy-de-Dôme), on a trouvé des
amas bitumineux au milieu de sables arkosiques bréchi*
formes. A Lussat, les sables tenaient 7 à 8 0/0 de bilume
qu'on extrayait par lavage à Teau bouillante ; on obtenait de
Thuile minérale par distillation. A la Bourrière, il existe un
gisement de nodules à 10 0/0 de bitume, disséminés dans des
argiles. A Malintrat, le bitume suinte d'une roche pépéritique.
Gisements divers en Europe. — On connaît, en Europe,
quelques autres gisements de bitume : en Portugal, à
Granja, près de Monte-Real; en Rmsie, près de Sisran
(Volga), etc. Enfin on trouve, en Albanie, à Selenitza, au
milieu de grès et de poudingues (pliocène supérieur), du
bitume noir brillant compact homogène très combustible
en amas lenticulaires avec étranglements et renflements épais
de 3 mètres, ou en brèches bitumineuses, dans des couches
d'argile grise compacte, entre les argiles bleues et les grès.
On y trouve aussi des stockwerks bitumineux constitués par
des argiles grises, contenant une infinité de filets ramifiés,
et des amas-couches réguliers avec nerfs de grès. L'allure du
gîte fait supposer que le bitume s'est répandu par des fissures
du sol, dans les réservoirs supérieurs où s'est concentrée la
matière bitumineuse.
Asie. — Bitume de Judée, — On recueille le bitume de Judée,
sur les bords de la mer Morte, où viennent s'échouer les
fragments qui flottent à la surface de la mer ; on suppose que
ce bitume est apporté de la profondeur par des sources ther-
males débouchant au fond du lac.
Lors des tremblements de terre, d'énormes masses de
bitume montent à la surface.
Les autres gîtes bitumineux de la Judée sont : ou des filons
bréchiformesau milieu de calcaires créUicés, ou des asphaltes
imprégnés qui s'étendent entre la mer Morte et les sources
du Jourdain (Wady-Sebbeh, VVady-Mahawat, Nebi-Musa,
Hasbeya, Tibériade).
LE CAHBOME LT S£8 G0AIP0SÉ8 443
A Wady'Sebbek, on trouve des calcaires dolonii tiques
imprégnés de bitume et traversés par un torrent.
A Wady-Mahawatj près du gtte de sel de Djebel Usdom, le
bitume, imprégnant des calcaires crétacés et des poudingues
adossés à ces calcaires, coule en stalactites.
Le gîte de Nebi-Mum, plus important, fourni t un bitume
bleu noir imprégnant des calcaires crétacés, blancs, crayeux,
très fossilifères (inocérames, pectens, etc.).
Le gite d'Hasbeya, analogue au précédent, «st moins riche
(bitume brun)#
Kurdistan. — Parmi les gites sédimentaires de bitume,
on peut citer ceux du Kurdistan, en couches de 01^,20 dans
des lits d'argile.
Amérique. — Bitume de la Trinité. — On peut distinguer
dans nie de la Trinité, située le long de la côte du Venezuela,
le gisement miocène du lue de Brai, d'allure ûlonienne,
où le bitume affleure à la surface du sol, et les couches plio-
cènes de Guaracaro.
i^ Lac de Brai. — On trouve, au milieu des terrains mio-
( cènes (calcaires, schistes, conglomérats, argiles), occupant
^ Touest de Tile, à 40 kilomètres au nord de Port of Spain, le
r gisement bitumineux du lac de Brai (Pitch-I^kc). Ce lac est
formé de bitume solide, bien que légèrement plastique,
parcouru par des ruisseaux pleins d'une eau sulfureuse
colorée. Le bitume paraît arriver au jour par deux ou trois
points d'émission, sans que le fait ait été nettement vérifié.
Le gite de bitume est affermé par l'État pour 75.000 francs à
une Compagnie qui extrait par an 16.000 tonnes de bitume
rougeâtre à l'état brut (densité, 1,3) ; on épure cette matière
par fusion où par dissolution dans de l'huile de schistes bitu-
mineux.
2^ Le gite de Guaracaro, dans le district du mont Serrât, est
situé dans des terrains argilo-marneux, compris entre doux
falaises tertiaires érodées ; le bitume de Guaracaro ne donne
que 9,5 0/0 de cendres (au lieu de 47 0/0 au lac de Brai).
Solide et dur à la température ordinaire, il fond à 300<*
(D = l,33); il contient 10 0/0 de soufre, i 0/0 d'azote et
2 0/0 d'eau.
On connaît encore, en Amérique, les bitumes de Cuba
444 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
situés autour de Casualidad à Test de la Havane, associés à
des serpentines {Guanabacoa^ Bajurahayo, Banes); les gîtes
filoniens de Ritchie (Virginie occidentale), d'Hilisborough
(comté d'Albert dans le Nouveau Brunswick), recoupant des
grès et des schistes houillers et les gîtes sédimentaires du
Venezuela à Rio-Tara (pliocène), et de la Colombie,
lY. — Hydrocarbures solides incorporés a des roches
Les hydrocarbures solides, incorporés à des roches, se
distinguent en schistes bitumineux et en asphaltes selon
qu'ils imprègnent des schistes ou des calcaires.
Schistes bitaminenz. — On donne en pratique le nom de
pyroschistes ou de naphtoschistes à des schistes qui donnent
par distillation un goudron analogue au bitume, alors que les
schistes bitumineux proprement dits renferment des bitumes
tout formés qu'on extrait par un traitement à la benzine.
A part les schistes bitumineux du Mansfeld^ que Ton traite
pour cuivre, et ceux d'Idria, qui donnent du mercure, les
schistes bitumineux fournissent en général des huiles de
schistes par distillations successives dans des cornues verti-
cales, avec traitement à Tacide sulfurique et à la soude.
Les schistes bitumineux sont employés pour la fabrication
des huiles de schiste et du gaz d'éclairage.
GrsEMENTs EN Francr. — Aututi {Saône-et-Loire) . — Le
bassin d'Autun forme une dépression limitée par une cein-
ture de terrains anciens (orthophyres et tufs du culm,
granulites et gneiss) s'étendant entre Epinac, •Verrière et
Igornay.
Cette cuvette est remplie par le houiller et le permien
représenté par des schistes bitumineux et des grès rouges. Les
schistes bitumineux se divisent en trois étages :
i<» I/élage inférieur (concessions d'Igornay, de Lally et de
Saint- Léijer-dU'Bois)^ à la base duquel existe une couche
schisteuse (75 mètres) associée à des calcaires magnésiens et
renfermant trois bancs bitumineux exploités (3 mètres, l^'ySO
et 2™, 50 d'épaisseur; rendements d'huile brute : 4,50 0/0,
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 445
4,25 0/0 et 3,75 0/0 en volume). Oa y trouve la fauDc
^ permienne; mais la flore est nettement houillère ;
2^ L'étage moyen, riche en bois siliciflé et nettement per-
mien (concessions de la Comaille, du Ruet^ de DracySaint-
Loup, des AbotSf etc.), formé de grès renfermant, dans le haut
et au centre, des couches minces de schistes bitumineux et,
à la base, une autre couche très importante (grande couche :
rendement, 5à9 0/0); on y rencontre quatre lits de schistes,
séparés par des barres d*argile blanche de 0»,01 à 0»,03
d*épaisseur ;
3® L'étage supérieur schisteux (Millery, Surtnouliny Haute-
rive), très riche en bois silicifié, qui renferme des couches
minces de schistes bitumineux et une couche de boghead
de 0"',25, exploitée pour gaz d'éclairage ; le gaz fourni a un
pouvoir éclairant double de celui du gaz ordinaire.
Ce bassin n'est exploité qu'à une faible profondeur jusqu'à
présent (60 mètres environ).
Buxières (Allier). — II existe, près de Buxières-la-Grue, un
I bassinpermien, limité pai' des terrains anciens, qui comprend,
! à la base, des schistes bitumineux (rendement, 5 à 70/0) repo-
* sant sur une formai ion houillère et recouverts par des grès
et des schistes noirâtres avec silex noir et calcaire fétide.
Le tout est surmonté par l'étage des grès de Bourbon (grès
blancs, argiles colorées) et par celui des grès rouges. On
trouve aux environs de Buxières un grand nombre de pois-
sons fossiles.
Les centres principaux d'exploitation sont : Buxières et
Saint-Hilaire (concessions des Plamores, de la Sarcelière, de
Buxières, de la Courolle et de Saint Hilaire).
Saint-Amand (Cher). — Dans le lias, on peut citer les
couches à poissons avec schistes bitumineux de Saint-Amand.
Menât (Puy-de-Dôme). — On trouve à Menât un dépôt
lacustre miocène renfermant des schistes bitumineux noi-
râtres, feuilletés, qui donnent du noir animal par calcination
en cornues, et des cendres, utilisées comme Iripoli, quand
on les calcine à Tair libre.
On trouve aussi, en France, des schistes bitumineux dans
le Var (Fréjus), dans la Vendée (Vouvant), dans TArdèche
(Vagnas), etc.
446 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Allemagne. — On connaît en Allemagne les schistes bitu-
mineux houillers et permiens de Rokonitz, Weissig, Pilseti
et Kladno (Saxe et Bohême), et ceux du zechtein marin du
Mansfeld (schistes bitumineux cuprifères très riches en
poissons) dont il a été parlé au chapitre du Cuivre. On
exploite des schistes bitumineux liasiques à Reutlingen
(Wurtemberg).
Il existe ciussi des gisements de schistes bitumineux à
Domanick sur la Petschora (Oural), appartenant au dévonien,
à Steyerdcrf (Banat), appartenant au lias, en Italie, au
contact des lignites du Vicentin et du Véronais, et en Amé-
rique (pyroschistes à graptolites) dans le silurien inférieur
d'IJtica, sur les bords de THudson et du lac Huron, et dans le
dévonien à Genessee et à Athabascay ainsi qu'en Australie,
dans les couches supérieures du terrain carbonifère de la
Nouvelle-Galles du Sud.
BIBLIOGRAPHIE DU BITUME ET DES SCHISTES BITUMOfEUX
4870. Lartet, Essai sur la géologie de la Palesline, etc. {Annales
des Sciences géologiques^ t. I, p. 5).
1870. Jules Jaffre, Recherches sur les huiles minérales de Buxières
(Comptes Rendus, t. XIX, n" 12).
187*». Mongel, Note sur les gisements de bitumes fossiles des envi-
rons de Zaho {Kurdistan) {Annales des Mines^ p. 85).
1877. Lartet, Exploration géologique de la mer Morte (chei Arthur
Bertrand).
1880. Aymard, Schistes bitumineux d'Autun {Comptes Rendus de la
Société de l'Industrie Minérale, p. 171).
1888. De Launay, Terrain peimim de l'Allier {HuUetin de la Société
géologique, 3" série, t. XVI, p. 298).
1888. De Launaj', Schistes bitumineux de Buxières (Revue scienti-
fique du Bourbonnais).
1892. De Morgan, Pétrole et bitume de Kondé-Chirin (Perse)
(Annales des Mines, 9* série, t. I, p. 227).
Hydrocarbares imprégnant des calcaires. — Asphalte. —
r/asphalte est un calcaire brun imprégné de matières bitu-
mineuses, dont la dureté croît en raison inverse de la tempé-
rai ure. La chaleur réduit ce calcaire en une poussière qui.
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 447
comprimée dans un moule et refroidie, reprend sa dureté
I, première. Cette propriété est utilisée pour le pavage des
chaussées : Fasphalte broyé en poudre très fine est étendu
\ tout chaud sur un lit de béton de ciment, puis pilonné et
comprimé au rouleau. On emploie aussi le mastic asphal-
tique obtenu en chauffant de Tasphalte avec 7 0/0 de goudron
de schistes bitumineux. Ce mastic est coulé en pains de
25 kilogrammes; il est ensuite mélangé et chauffé avec
10 0 0 de bitume de la Trinité et 6 0, 0 de sable de rivière,
puis étendu sur un lit de béton pour recouvrir les chaussées
ou les trottoirs.
Gisements en France. — SeysseL — On exploite à Vyrimont,
sur les deux rives du Rhône entre Beliegarde et Seyssel, des
\ couches horizontales superposées de calcaires urgoniens
imprégnés de bitume. Les calcaires sont surmontés de sables
verts (molasse marine) également imprégnés de bitume, avec
brèche à galets d'asphalte à la base ; dans ces sables, on
observe une alternance de bancs verts et de bancs noirs.
Auvergne. — Les principaux gîtes d'Auvergne sont ceux
de Pont-dU'Château et des Roya, près de Clermont-Ferrand où
Ton exploite des calcaires bitumineux, appartenant à Toligo-
cène (calcaire à Hélix Ramondi) ; la teneur varie de 4 à 12 0 0
et augmente en profondeur.
Ardennes. ^ Il existe aussi dos gisements de calcaire
asphaltique aux environs de (Hvet, dans les .\rdennes; on les
exploite en blocs que l'on vend 60 francs le mètre cubo ;
ils sont employés comme matériaux de construction.
Gard, — On trouve dans le Gard deux bancs d'asphalte
éocène très chargé de bitume, aux Fumades, à Saint-Jean-
de-Mariejols et au Maa-Chabert. La production de l'asphalte
en France a été de 17.717 tonnes, en 1896, valant
751.315 francs.
Suisse. — Le canton de Neufchàtel (Suisse) renferme de
nombreux gisements de calcaires bitumineux dont quelques-
uns sont pauvres {Saint-Aubin, Vallorbes, Chavamay, Orbe).
Les plus importants sont : celui dès Epoissats, celui de Saint-
Aubin, celui de Noraigue et surtout celui du Val Travers qui
est exploité activement depuis vingt ans. Au Val Travers,
l'urgonien est représenté par If calcaire jaune inférieur à
448 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
échinodermes et par le calcaire à caprotines riche en bitume,
situé au contact de marnes aptiennes , qui le séparent de
calcaires glauconieux aptiens légèrement imprégnés. Le
calcaire à caprotines a une teneur de 8 à 12 0/0. A Saint-Aubin,
c'est le calcaire à échinodermes qui est riche en bitume; le
bitume se trouve dans une fissure du calcaire oolithique
inférieur, aux Epoissats, et dans le bathonien, à Noraigue.
Italie. — On rencontre des gisements d'asphalte en Italie,
dans les Abruzzes, dans la province de « la Terre de Labour »
et en Sicile.
Les gisements des Abruzzes les plus importants sont ceux
de ToccO'de-Camuriay de Lettomanoppelio, de San Valentino et de
Roeca Morice, où Ton exploite, à ciel ouvert, un banc de calcaire
asphal tique de 30 mètres de puissance, dans le tertiaire. Il
existe d'autres couches plus profondes; mais leur exploita-
tion nécessiterait des travaux très coûteux relativement au
prix de la matière à extraire.
La roche de Rocca Morice donne 5 0/0 de bitume. Le prix
de revient d'une tonne d'asphalte est de 9 francs environ.
Les Abruzzes ont produit, en 1874, 7.600 tonnes de roche
asphaltique valant 11 francs la tonne.
Dans la « Terra <li Lavoro », on connaît les gisements
d'asphalte de Monticelio et de Castro dei Volsci.
En Sicile, on exploite l'asphalte dans le miocène, près de
Raguse à Tabunay Leporino, Mafita et Materazi, L'extraction
a atteint, en 1894, 52.400 tonnes vendues 23 francs la tonne
(exploitation par galeries et piliers abandonnés).
Allemagne, — Les principaux gisements d'asphalte de
l'Allemagne sont ceux du Hanovre (jurassique), de la West-
phalie (crétacé) et de V Alsace (tertiaire). Production :
61.552 tonnes en 1896, valant 566.740 francs.
Russie. — En Russie, à Lisran, il existe des calcaires tenant
jusqu'à 30 0/0 de bitume, et des sables bitumineux. La produc-
tion de l'asphalte en Russie a été de 160.544 tonnes en 1894.
Autriche-Hongrie. — En Autriche-Hongrie, on exploite de
l'asphalte à Seelfed (jurassique), à Hœring (tertiaire); dans le
Tyroly etc.. La production de l'Autricho-Hongrie a atteint,
en 1894, 4.548 tonnes d'asphalte.
imérique. — Dans l'île de Cuba on rencontre en abon-
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 449
(lance de Tasphalte dans la baie de la Havane. Cet asphalte,
connu sous le nom de « chapapote », est très apprécié.
Dans la Californie ^ dans VUtah et dans le territoire indien,
[ on exploite aussi un peu (Fasphalte.
BIBU06RAPHIE DB L'ASPHALTE
1869-1870. Jauard, DescnpUon géologique du Jura Vaudois et Neuf-
chdtelois {Berné), — Etudes sur Casphalte et sur le bitume au
val Travers dans le Jura et la Haute-Savoie.
1880-1881. Pommerol, Age des tufs bitumineux et basaltiques delà
Limagne {B. S. G., 3* série, t. IX, p. 282, Paris).
1888. Malo, Vasphalte.
! V. — Hydrocarbures solides libres
Les deux principaux hydrocarbures solides que Ton trouve
; non incorporés à des roches sont Tambre jaune ou succin
i et Tozokérite.
! Ambre. — L*ambre jaune ou succin est une résine fossile
employée pour la fabrication de colliers, de tuyaux de pipos,
de fume-cigares et de fume-cigarettes.
Le succin brûle avec flamme et fumée en répandant une
odeur de résine. Il est électrisé par simple frottement.
Gisements de la Baltique. — On trouve de Tambre en Alle-
magne, le long du littoral de la Baltique entre Memel et
Kônigsberg (Samland), dans des couches de sables glauco-
nieux (1",50 environ) de l'éocène supérieur, recouvertes de
sable glauconieux stérile (23 mètres), d'argile, de sable et de
lignite oligocène. L'ambre qui contient de nombreux insectes
(myriapodes, arachnides) est extrait par lavage. La produc-
\ tion est de 125.000 kilogrammes par an on moyenne.
Russie. — On trouve, en Courlande, le prolongement des
gisements de la Prusse orientale. La production y est de
i 2.000 kilogrammes par an, environ.
Sicile, — Les environs de Catane et les marnes tertiaires
de Gianetta (Sicile) produisent de l'ambre fluorescent.
On trouve aussi de Tambre en petits grains dans les for-
OéOLOOIE. 29
450 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
nifitions ligniteuses des environs de Paris, à Boissons (Aisne),
à Genvry (Oise), etc., dans les lignites lacustres- du Gard, à
Mézérac et h Garsan, dans les lignites de Lobsann, en
Alsace, etc.
La production totale de Tambre dans le monde entier ne
dépasse pas 200 tonnes par an.
Ozokérite. — L'ozokérite (ou ozocérite, appelée aussi
paraffine naturelle ou erdwach) est un pétrole solidifié vert
brun, Jaune ou rougeâtre, possédant une odeur aromatique
particulière; sa cassure est conchoïdale. L'ozokérite, qui
contient de 32 à 50 0/0 de paraffine, sert à fabriquer la cire
minérale (cérésine) qui tend à remplacer la cire d'abeilles et
la gutta-percha.
Le principal gisement d'ozokérite est celui deBoryslaw, en
Gai ici e. On a trouvé de Tozokérite à Truskawice, Starunia^
DwiniacZy en Galicie, à Slanick en Moldavie, à Urpeth en
Angleterre, à Libisch en Moravie, dans Tîle Tsch^leken (Cau-
case), dans V Emilie (Italie) et dans VUtah (Amérique).
Le production annuelle derozokérite dans le monde entier
varie de 15.000 à 20.000 tonnes, valant en moyenne 500 francs
la tonne.
Galicie. — A BoryslaWy on exploite des filons d'ozokérile
de 0™,0i à 4 mètres, dans des schistes et des grès miocènes
bitumineux. L'exploitation est gênée par des dégagements
gazeux et des suintements de pétrole. En profondeur, Tozo-
kérite diminue de consistance et semble tendre vers le
pétrole liquide.
L'ozokrrite fondue, distillée et blanchie à Tacide sulfurique
ou au sulfure de carbone, donne de la cire blanche, ou cire
minérale.
Un syndicat possède la plupart des puits, dans les districts
de Roryslaw, Truskawice, Dwiniacz et Starunia. On comptait
en Galicie, à la fin de 1896, quarante-quatre mines donnant une
production de 7.200 tonnes, au moyen de trois cents puits.
La composition moyenne de l'ozokérite de Boryslaw est la
suivante :
Huile légère, 6 0/0; huile lourde, 32 0 0; huile paraffine,
55 0 0; impuretés et matières diverses, 7 0 0.
i
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 451
Moldavie. — A Slanick (Moldavie), on exploite rozokérite
dans des grès bitumineux, non loin de couches de houille
et de sel gemme.
Caucase, — On trouve à Tscheleken (Caucase) Tozokérite
en grains, dans des sables et des argiles pétrolifères.
Italie, — Dans les terrains tertiaires qui s'étendent au
Nord des Apennins, dans la région pétrolifère de TEmilie, on
a trouvé quelques gisements d'ozokérite. Les plus importants
sont situés dans la province de Bologne, près de Savigno.
L'ozokérite y existe en affleurements, associée à du
pétrole et intercalée dans des bancs de marne et de calcaire
qui ont été amenés au jour à travers Targile écailleuse.
Cest de Tozokérite blanche, pure et cristalline (hatchettina).
Au Mont-FalOy près du ravin de Lavina, on trouve aussi de
rozokérite déposée en grumeaux et en lamelles sur les
roches voisines de la surface, à peu de distance de failles
qui livrent passage à des émanations d'hydrocarbures.
Amérique. — En Amérique (Utah), on exploite une ozoké-
rite brun foncé formant une couche de 6 mètres d'épaisseur
sur 30 kilomètres de large et 100 kilomètres de long, dans
des bancs de craie.
BIBU06RAPHIB DE L'OZOKËRITE ET DE L'AMBRE
1870. Exploitation de V ambre en Prusse {Annales de Cuyper,
t. XXVH, p. 413).
1871 . Heurteau, Surlepétrole et Vozokérite de Galicie {An. des Mines) .
1884. Hassempfug, Sur Vozokérite {Annales de la Société géologique
duNoixi, t. XI, p. 233, Lille).
1885, Siroczinski. Revue universelle de Liège.
> 1887. Râteau, Sur Vozokérite de Boryslaœ {An. des Mines^ p. 147).
• 1888. fialeiky Sur Vozokérite de Boryslav) {Annales des mines, p. 162).
4888. Przibitla et Syroczinski, Sur Vozokérite de Boryslaw (Cuyper,
k t. IV, p. 1^),
1894. J. de Glercy, h*industrie de Vozokérite en Galicie {Génie civil,
t. XXIV, p. loe).
452 GÉOLOGIE APPLIQCÉB
HYDROCARBURES HOUILLRRS
On peut classer parmi les hydrocarbures solides le cannel-
coal elle boghead, qui se trouvent généralement au milieu de
gisements houillers; les premiers sont employés comme
combustibles ; ce sont, en réalité, des charbons très chargés
en hydrocarbures; les bogheeuls sont plutôt des schistes bitu-
mineux. Les schistes bitumineux houillers portent quelquefois
le nom de cannel-coal quand leur teneur en cendre est faible.
Cannel-coal. — Le cannel-coal (de candle-coal, mot à mot
charbon-chandelle) est ainsi appelé à cause de sa richesse
en gaz qui permet de Tallumer facilement, comme une
chandelle.
Une tonne de cannel-coal fournil 330 mètres cubes de gaz.
Le cannel-coal a été formé par des débris végétaux, où
dominent des fructifications de cryptogames, des spores de
fougères, des grains de pollen, etc.. Ces restes divers, plus
ou moins désorganisés, sont réunis par une substance
amorphe qui paraît avoir joui d'une certaine fluidité. Les
principaux gisements connus sont ceux de Commentry et du
Lancashire.
Boghead. — Le boghead forme des couches de quelques
centimètres à 1 mètre, dans le terrain houiller; il se ren-
contre depuis Tétage du culm jusque dans le permien.
C'est un charbon noir, à cassure conchoïdale, élastique
sous le choc et difficile à pulvériser.
Les bogheads sont très recherchés à cause des huiles et du
gaz très éclairant qu'ils donnent à la distillation. Le gaz du
boghead aun pouvoir éclairant triple de celui du gaz ordinaire.
Ce combustible est formé d'algues microscopiques houilli-
fiées, dont l'espèce varie avec le gisement.
Gisements d'Ecosse. — Le bassin houiller écossais est carac-
térisé par la présence de certaines couches très riches en
matières volatiles, formées : les unes, de cannel-coal com-
bustible tenant 86 0/0 de carbono, qui donne des cokes
compacts, plus ou moins boursouflés; les autres, de bogheads,
schistes bitumineux, servant à la fabrication des hydrocar-
bures (goudrons, naphtaline, etc.).
LE CARBONE ET SE8 COMPOSÉS 453
Les hydrocarbures houillers d'Ecosse, exploités à Torbane-
Hill, Bogheadj etc., atteignent une production annuelle d'en-
viron 5 millions de tonnes ; mais Timportation des pétroles
d'Amérique et de Russie tend à faire disparaître d'Ecosse,
l'industrie des schistes bitumineux et, d'autre part, le perfec-
tionnement de l'industrie du gaz rend de plus en plus difficile
la vente du cannel-coal, qui, de 40 francs la tonne, en 1890,
est tombé à 20 francs en 1895.
Gisements divers, — On trouve du cannel-coal, en France, à
Commentry^ où il tient 7 à 12 0/0 de cendres.
On en rencontre aussi dans le bassin de l'Illinois, dans le
Kentucky, La production du cannel-coal aux États-Unis a
atteint 56.500 tonnes en 1897 ; le prix de vente était, en
moyenne, de 18 fr. 75 par tonne.
On trouve du boghead à Commentry ; on en rencontre
également dans le sud du Pays de Galles, où il renferme
des Reinschia australis, sortes d'algues microscopiques bouil-
li liées. On exploite aussi du boghead en Nouvelle-Ecosse ,
à Fraser et à Hillsborough, et en Russie, dans le bassin de
Moscou où les bogheads du culm renferment des algues
rameuses (Cladiscothallus).
Les gisements de boghead et de cannel-coal sont, en somme,
assez rares, et la production de ces matières est relative-
ment restreinte.
CHAPITRE V
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS L'AGRICULTURE
En debors des produits artificiels, tels que les engrais chi-
miques, les scories basiques, etc., un grand nombre de miné-
raux sont employés en agriculture à Tamendement des
terres, pour leur rendre Tazote ou Tacide phosphorique
enlevé par les végétaux, ou pour leur procurer les éléments
dont elles peuvent être dépourvues. Pour qu'un corps puisse
être employé à ces usages, il faut qu'il soit répandu en
grandes quantités dans la nature, qu'il soit exploitable à peu
de frais, et que ses éléments soient parfaitement assimilables
à ceux du sol à enrichir. Les phosphates et les nitrates sont
les minéraux, utiles à la culture, qui remplissent le mieux ces
conditions.
PHOSPHORE ET PHOSPHATES
Emplois du phosphore et de ses composés. — Outre son
emploi à l'état de phosphore blanc ou rouge pour la fabrica-
tion des allumettes, le phosphore est utilisé, sous forme de
phosphate de chaux, pour la déphosphoration des fontes
peu phosphoreuses et pour la métallurgie du cuivre (procédé
Manhès) et du nickel. Mais l'application du phosphore la plus
<^tendue est actuellement son emploi en agriculture, pour
restituer au sol l'acide phosphorique enlevé par les végétaux
ou pour fournir de l'acide phosphorique aux terres qui en
manquent. On trouvera, dans les traités spéciaux d'agrono-
mie, les détails relatifs à l'application pratique du phosphate
de chaux ou des superphosphates à l'amendement des terres.
MINÉRAUX E3IPL0YÉS DANS l'aGRIGLLTCRE 455
Les phosphates employés dans Tiiidustrie ou dans Tagricui-
. ture sont : les phosphates de chaux naturels, que Ton ren-
contre en abondance dans un grand nombre de terrains, et
les phosphates artificiels, que Ton obtient par le traitement
des os et surtout que Ton extrait des scories métallurgiques
de déphosphoration (qui tiennent 17 0/0 d'acide phosphorique
en moyenne).
Au point de vue commercial, Tétat de division et Tétat
chimique des phosphates ont une grande importance. Plus
le phosphate est divisé, plus son assimilation est facile et
) complète ; aussi emploie-t-on des moulins pour moudre les
phosphates en farine aussi tine que possible. La richesse
d'un phosphate en acide phosphorique s'évalue en phosphate
tribasique, soluble dans le citrate d'ammoniaque, l'acide
citrique étant considéré comme analogue aux acides conte-
nus dans les racines des plantes.
Les phosphates qui contiennent du fer et de l'alumine en
r quantité notable sont dépréciés, car les phosphates de fer et
d'alumine sont insolubles dans le citrate d'ammoniaque ; de
plus, le fer et l'alumine provoquent la transformation des
superphosphates en phosphate bicalcique insoluble.
Les phosphates sédimentaires sont les plus soiubles dans le
citrate ; les phosphorites (ou phosphates à texture cristalline,
spéciaux aux gites filoniens) le sont moins; enfin les apatites
(ou phosphates cristallisés spéciaux aux roches éruptives) en
poches ou en filons sont presque insolubles.
GISEMENTS
Les gisements de phosphate de chaux peuvent se diviser
en trois catégories, selon leur mode de formation :
1*» Gîtes sédimentaires. — Les gîtes sédimentaires sont les
. plus importants : ils fournissent des phosphates en nodules.
\ La gangue d'argile, de glauconie, de sable ou de calcaire est
éliminée par lavage; mais ces phosphates, dont la teneur
varie de 20 à 60 0/0, contiennent des impuretés (silicates de
chaux, d'alumine et de fer). Les gites dans lesquels on trouve
ces nodules (30 à 40 kilogrammes par mètre carré) sont
i
456 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
très étendus {ArdenneSj Argonne, Aiacois, Caroline du Nord,
Russie, etc.).
On exploite beaucoup, aujourd'hui, les craies phosphatées
pauvres que Ton enrichit par lavage et au milieu desquelles
on trouve des poches de sables phosphatés très riches, tenant
jusqu'à 370/0 d'acide phosphorique (BeauraMans la Somme,
Hardivilliers dans TOise).
2** Gisements dam les roches éruptives, — On trouve le phos-
phate de chaux à Tétat d'apatite, soit concentré en masses
importantes dans les amphibolites, soit sous forme de cris-
taux isolés dans les gneiss, les micaschistes et les trachytes.
Ces gîtes sont peu nombreux {Canada, NorwègCf Espagne);
ils n'ont qu'une importance secondaire, bien que les apatites
contiennent 70 0/0 de phosphate tribasique soluble et soient
très pures; mais il est impossible d'isoler mécaniquement
Tapalite, du quartz, ou de l'amphibole auxquels elle adhère.
De plus, les gîtes sont peu étendus et ne sont susceptibles
que d'une exploitation toujours restreinte.
3° Gisements en filons, amas ou poches, — Les gisements en
liions contiennent du phosphate de chaux à l'état de phos-
phorite, souvent très riche en phosphate tricalcique et mé-
langé à du quartz rubanné ; dans les amas et les poches,
l'assimilation a été favorisée par des phénomènes de disso-
lution, et le mélange de phosphorite et de quartz porte le
nom de terre phosphatée. On trouve exceptionnellement
l'apatite en filons à odde-garden, en Norwège. D'ailleurs, il
faut, dans les recherches, tenir compte de ce que les gîtes
de cotte catégorie sont étendus et riches surtout aux affleu-
rements ; le quartz augmente rapidement en profondeur, et
l'appauvrissement en minerai est, en général, très rapide, ce
qui limite beaucoup la durée du gisement. On ne peut donc
en proposer l'exploitation que s'il existe un certain nombre
de liions à proximité les uns des autres, comme, par exemple,
dans le Quercy, le Nassau et la province de Cacérès,
i^ GÎTES SKOIMENTAIRES
Le phosphate est aussi abondant que l'oxyde de fer dans
''^s sédimentaires. Les couches de nodules phosphatés.
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS L^AGRICULTLRE 457
qui se sont déposées le long des rivages des anciens bassins
marins, sont souvent très riches en coquilles fossiles autour
desquelles le phosphore s*est concentré ; certains dépôts de
craie phosphatée sont dus à la phosphatisation d'os, d'écaillés
et d'autres débris de poisson et de moules de foraminifères.
Quant au phosphore, il proviendrait soit de la décomposition
de corps d'animaux, soit de sources thermales, soit de la
dissolution de l'apatite des roches éruptives.
En passant en revue les gisements de phosphate de chaux
sédimentaires connus, dans les divers pays, on insistera
particulièrement sur les gisements français, dont quelques-uns
ont une réelle importance.
Gisements sédimentaires de phosphate en France. — On trouve,
en France, des gisements de phosphate dans la plupart des
étages géologiques.
Carbonifère. — Dans le carbonif<»re on a trouvé le phos-
phatede chauxà l'état de rognons, associé à du fer carbonate
lithoïde, dans les argiles et les schistes argileux de Fms (Allier}.
Trias. — On a signalé aussi la présence de nodules phos-
phatés dans les grès bigarrés (trias inférieur) du Var à Poujet
et à FrcjuSj et de coprolithes, dans le trias de Lunéville.
Lias. — Le lias est très riche en phosphates, qui ont donné
lieu à des exploitations importantes sur plusieurs points du
territoire français.
On connaît dans une partie du Morvan, entre Semur et
Avallon (Auxois), sur une superficie de 5.000 hectares, des
bancs de nodules phosphatés de 40 centimètres d'épaisseur,
que l'on a rencontrés dans les assises inférieures du lias
moyen et dans le lias inférieur {zone k Ammonites Bucklandi).
Ces nodules concrétionnés sont cimentés par un limon ferru-
gineux provenant de la décomposition du calcaire à gryphées
arquées du lias inférieur. Leur teneur en phosphate est de
60 0/0 en moyenne (soit 160/0 d'acide phosphorique). L'exploi-
tation se fait à ciel ouvert. La production annuelle était
de 20.000 tonnes en i880; elle a été de 10.000 tonnes seule-
ment en 1890. Le prix de revient d'une tonne de phosphate,
abatage, transport, traitement des nodules et frais généraux
compris, est de 55 à 60 francs, et le prix de vente, qui était
autrefois de iOO francs, est descendu, dans ces dernières
458 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
années, à 60 ou 70 francs, par suite de la concurrence.
Des gisements analogues existent dans le calcaire à
gryphées arquées dans la Haute-Marne, à Chalindrey; dans la
Meurthe-et-Moselle, à Neufchâteau et Tamblainey et dans les
Vosges, à Saudoncourt.
Dans la Haute-Saône, aux environs de Pômoyei de Vitreys
on exploite à ciel ouvert deux lits de nodules phosphatés, d'un
blanc jaunâtre, atteignant jusqu'à 30 centimètres d'épaisseur;
ces lits sont situés immédiatement au-dessus du calcaire à
gryphées ai^quées. Les nodules, qui contiennent 30 0/0 d'acide
phosphorique, sont séchés au soleil, puis au four, et moulus.
Sinémurien. — Dans le Cher, le sinémurien contient égale-
ment des nodules phosphatés à Germignyy gisement analogue
à celui qui est exploité à Argentan, dans l'Indre. Dans ce der-
nier département, on exploite, près de Neuvy-Saint-Sépulcrej
des nodules appartenant soit à la base du lias supérieur (zone
à Ammonites communis)^ soit aux couches moyennes (zone à
Ammonites radians de Thouars et de Saint-Maixent), soit aux
couches supérieures (zone à Ammonites opalinus). Le phos-
phate riche est blanc et poreux ; la couche a une épaisseur de
15 à 20 centimètres et fournit de 60 à 100 kilogrammes de
nodules par mètre carré de découvert.
Jurassique, — Les phosphates du jurassique sont inexploi-
tables, à cause de leur état de dissémination (bajocien du Cal-
vados et de V Anjou, oxfordien de la Nièvre et du Cher, kim-
meridgien du Calvados, etc.).
Crétacé, — Le crétacé est riche en phosphates ; cependant
les gisements du néocomien et de l'aptien sont très peu impor-
tants (nodules à 15 0/0 d'acide phosphorique dans les sables
à lignites de Fouchères, dans l'Aube).
Dansl'albien, au contraire, on exploite en France les phos-
phates des sables verts, de la base au sommet, ainsi que ceux du
gault et de la gaize, dont les affleurements entourent le bassin
de Paris et se retrouvent dans le Pas-de-Calais et le pays de
Bray.
Dans les Ardennes et la Meuse, les sables verts, formant
une couche horizontale, sont exploités sur beaucoup de
points [Montréville, Neuvilly, Dombasles, Grandpré, SaulcCy
MoncUn, etc.). Les exploitations, qui datent de 1855, se font
HliNÉRALX EMPLOYÉS DANS L'AUlilCULTtRË 459
soit à ciel ouvert, soit en galeries. Les rognons compacts et
grisâtres forment un et quelquefois deux bancs de 10 à
20 centimètres, dans les sables, qui ont de 20 à 50 mètres
d'épaisseur; la teneur moyenne est de i8 0/0 d'acide phos-
phorique. Dans la Meuse, le poids du mètre cube de nodules
lavés est, en moyenne, de 1.500 kilogrammes, avec un
rendement à Thectare qui varie de 800 à 1.300 tonnes.
La production des Ârdennes est de 10.000 tonnes par an
environ, et celle de la Meuse, de 1.000 tonnes seulement.
Dans la Drôme et dans TArdèche, les nodules de Talbieu
forment une série de lits assez minces au milieu des sables
verts {Saint'Paul'deS'Trois-Chdteatix, ClansayeSy Saut-de-
VEgue), Les nodules des sables verts du Bas-Boulonnais
(Fiennes, Audicthun), aujourd'hui abandonnés, produisaient,
avant l'ouverture des gisements concurrents de la Somme et
de la Belgique, 20.000 tonnes par an environ.
On exploite depuis 1877, kPerncHf en Artois, à la base de la
craie glauconieuse, des phosphates noduleux en couches de
10 centimètres à 1 mètre. Ces couches reposent sur un lit
d'argile (gault) et supportent un banc de sables verts glau-
conieux, qui sont eux-mêmes recouverts par une marne
compacte, équivalent local de Targile glauconieuse du tour>
lia. Le minerai, très recherché, est poreux et friable ; il con-
tient 27 0/0 d'acide phosphorique, de la potasse et de l'azote.
La production était, dans ces dernières années, d'environ
15.000 tonnes. Le gisement, étendu de plus de 200 hectares,
doit contenir encore près de 400.000 tonnes de phosphate.
Turonien. — Les nodules du turonien ne sont pas exploités
en France, parce qu'ils sont ou pauvres ou peu abondants. On
les rencontre dans la Sarthe, à Connerré (haut turonien) et
au Mans; on en rencontre aussi à la Ferlé-Bernard, dans les
Ardennes, à Maure (base du turonien), et dans le nord, à
Lezennes, près de Lille.
Sénonien» ~ On exploite, depuis 1886, de très nombreux
gisements sénoniens de phosphate de chaux dans les dépar-
tements du Pas-de-Calais {Auxi-le-Chdteau, Backimont, Hara-
vesnes, Buire-au-Bois, Orville, Nœux), de la Somme {DouUens,
Beauquesne,Beauval, Terramesnil, etc.), de l'Oise (Hardivilliers)
et de la Sarthe [Dissay, Saint-Paterne, Chàteau-du-Loir), On
460 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
insîslera seulement ici sur le gisement type de Beauval.
A Beauval, M. le géologue Mesle découvrit, en mai 1886,
des sables phosphatés à 78 0/0 de phosphate de chaux, rem-
plissant des cavités, ou tapissant les parois de poches en
forme d'entonnoirs plus ou moins réguliers, creusés dans la
craie supérieure, à la base de la craie à Belemnitella quadrata
et au-dessus de la craie kMicraster coranguinum (santonien) ;
les minerais sont recouverts d'une argile à silex rougeâtre.
L'argile provient de la dissolution des parties calcaires de la
craie argileuse à silex, qui surmontait la craie à Belemnitella
quadrata.
L'action de l'acide carbonique des eaux superficielles sur le
carbonate de chaux a enrichi la matière phosphatée, qui s'est
d/'posée dans les dépressions créées par l'érosion des couches
crayeuses. Quant à l'origine de la craie phosphatée, elle est
très discutée. Les phosphates sableux riches de Beauval
contiennent 40 0/0 d'acide phosphorique.
Les gisements d'Orville et d'Hardivilliers sont tout à fait ana-
logues à celui de Beauval.
La production des phosphates de chaux naturels, en
France, a atteint 568.000 tonnes en 1898, représentant une
valeur de 15 à 16 millions de francs.
Gisements sédimentaires de phosphate en Belgique {Ciply), —
Le gîte très connu de Mesvin-Ciply, découvert en 1874, con-
siste en une masse de craie brunâtre grossière, stratifiée en
bancs réguliers ; le banc de craie contient, sur une hauteur
de 5 à 12 mètres, une infmité de grains bruns arrondis, de la
grosseur d'une tête d'épingle et constitués par du phosphate
et du carbonate de chaux, avec oxyde de fer et matières orga-
niques. Ces grains forment environ 750/0 de la craie biiine,
qui tient de 25 à 30 0/0 de phosphate tribasique.
La craie brune phosphatée de Ciply est recouverte par un
cailloulis d'épaisseur variable à nodules phosphatés brunâtres
avec ciment calcaire (poudingue de la Malogne), qui se trouve
dans les poches creusées à la partie supérieure de la craie
brune ; quelques-unes de ces poches sont remplies d'un sable
brun ferrugineux tenant 60 0/0 de phosphate tribasique et
provenant d'un enrichissement local par les eaux, comme à
Orville. Le poudingue de la Malogne est recouvert par un
MINÉRAUX EMPIX)YÉS DANS l' AGRICULTURE 461
calcaire friable, blanc jaunâtre, peu phosphaté (tuffeau de
Ciply).
Le tout repose sur la craie à Belemnitella micronata, La
craie de Ciply, qui ne tient, au maximum, que 300/0 de phos-
phate tribasique, subit un enrichissement à 50 0 0 dans
des usines de lavage. L'installation d'une de ces usines, pou-
vant traiter 200 tonnes par jour, coûte environ 100.000 francs.
La craie brute revient, rendue à ces usines, à 1 fr. 50 par tonne.
Le sable, après traitement, vaut de 20 à 40 francs par tonne.
Gisements sédimentaires de phosphate en Allemagne, — On
exploite, aux environs de Weilbourg et de Limbourg, dans le
Nassau, sur les bords de la Lahn, des nodules phosphatés
d'origine thermale, disséminés dans des schistes argileux
(kramenzel inférieur), qui s'étendent au-dessus de dolomies
et de calcaires dévoniens. Le minerai se trouve à Tétat
d'imprégnation dans les schistes (5 0/0), comme à Eckholshau-
sen, ou dans des poches du calcaire à stringocéphales (comme
à Cubach), ou dans un limon tertiaire ayant une épaisseur de
8 à 10 mètres (comme à Frauenfels). Ces derniers gisements
sont les plus importants; ils proviennent de la concen-
tration des rognons existant dans les schistes et les calcaires.
Les rognons bruns venant des schistes tiennent 50 à 55 0/0 ; et
les rognons blancs ou roses des calcaires, 70 0/0 de phos-
phate.
On trouve aussi en Allemagne des phosphates appartenant
au carbonifère, dans les argiles noires schisteuses de
Sprockhôrel (Ruhr) et dans les argiles à limonite de Baelen
(Limbourg), qui surmontent le calcaire carbonifère.
Gisements sédimentaires de phosphate en Russie, — La Russie
possède d'immenses gisements de phosphate de chaux, dont
l'importance commerciale pourra devenir considérable à un
moment donné. Les uns (zone orientale), qui se rapportent aux
grès verts ou aux sables glauconieux de l'albien, consistent
en nodules, dalles ou roches, recouverts par les steppes et
répandus dans les gouvernements de Tamboiv et de Saratow, et
à Sparsk; la teneur en phosphate tribasique varie de 30 à
50 0/0; le rendement à Tambow atteint 60.000 tonnes à
l'hectare.
Les autres gisements (zone centrale) se rapportent à la
462 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
craie glauconieuse (cénomanien) ; le phosphate s'y trouve en
nodules gris, bruns ou noirs, en dalles ou en blocs (Samorod)
qui servent pour le pavage et Tempierrement des routes, et
dont les boues, répandues sur les champs, produisent un
excellent eiïet.
Ces gisements couvrent une zone longue de 600 kilomètres
et large de 150 kilomètres, au sud-ouest de Moscou, dans les
gouvernements d'Orely de Koursk et de Woronègey à fios/ati;/,
Briansky etc. Le rendement atteint 25.000 tonnes à Thectare,
et la teneur en acide phosphorique varie de 15 à 30 0/0.
On peut citer encore les gisements jurassiques des gouver-
nements de Nijni-yovgorod, de Kiew, ceux de Grodno, de la
Podotie, de Yarostaw, etc.
La Podolie renferme aussi des nodules de phosphate dans
les schistes siluriens des bords du Dniester. Ce gisement est
d'ailleurs peu important au point de vue industriel.
La Russie a produit, en 1895, 6.327 tonnes de phospho-
rites, valant 93.420 francs. En 1893, la production avait
atteint 13.706 tonnes.
Gisements sédimentaires de phosphate en Angleterre, — On
trouve du phosphate de chaux dans les grès siluriens de
Uanfyllin (North Wales),à Tétat de nodules noîrdires concré-
tionnés, tenant 30 0 0 d'acide phosphorique et réunis par un
ciment dont la teneur est de 15 à 20 0/0.
Le grès vert inférieur, le gault et le grès vert supérieur
(néocomieu anglais ou weald) renferment, dans les comtés de
SiusseXy de Bedford et de Cambridge, à Sandy, Ely, etc., des
bancs de nodules phosphatés verts, avec nombreux fossiles.
Les phosphates do Suffolk, très durs et contenant beaucoup
d'oxyde de fer, sont exploités au-dessus de l'argile de Londres
(London Clay).
I^ production, autrefois très importante, n'était plus que
de 2.032 tonnes en 1897.
Gisements de phosphate en Portugal et en Suùise, — Parmi
les autres gisements de phosphate en Kurope, on peut citer
ceux de Montc-Real (Portugal), dans le néocomien inférieur.
On trouve aussi du phosphate en Suisse (Appenzell,
Vandy etc.), dans l'albien.
Gisements sédimentaires de phosphate en Tunisie. — H existe,
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS L* AGRICULTURE 46^
entre la mer Méditerranée et le Sahara, deux bandes phos-
phatées très étendues : l'une traverse le sud du Tell et
quelques hauts plateaux, Tautre se trouve dans la région de
VAurès, de Tébessa et de Gafsa. Ces deux bandes, qui se
relient d'ailleurs entre elles, marquent les rivages de la mer
suessonienne (éocène inférieur). Les calcaires phosphatés
de la base du suessonien recouvrent des marnes ou limons
argileux noirs imprégnés de sel et de gypse, avec silex carac-
téristiques, qui contiennent des nodules phosphatés.
1^ formation phosphatée est recouverte, dans le sud de la
Tunisie, par un calcaire à lumachellesostréennes, quelquefois
sensiblement phosphaté (17 0/0 d'acide phosphorique). Ce
calcaire est remplacé dans le nord par une puissante forma-
tion de calcaires nummulitiques.
Dans le sud, le terrain phosphaté est redressé et enchâssé
entre de hautes murailles; dans le nord, au contraire, les bancs
sont horizontaux.
Les principaux gisements tunisiens sont ceux de Gafm^ qui
s'étendent sur 50 kilomètres de longueur, avec une puissance
de 50 à 60 mètres ; la teneur du minerai brut, en phosphate
tribasique, est de 57 0/0 environ ; le cube des calcaires les
plus riches représente 5 millions de tonnes de phosphate
enrichi par lavage. On ne tient pas compte, dans ce tonnage,
des marnes et des parties calcaires ayant une teneur infé-
rieure à 50 0/0 de phosphate tribasique.
Ces gisements, situés a 250 kilomètres de la mer, ont été
rendus exploitables par la création du port de Sfax et par la
construction d'une voie ferrée qui relie Sfax à Gafsa.
Les autres gisements intéressants de la Tunisie sont ceux
de Djebel-Jellabia et de Djebel-Schib (52 0/0), à 30 kilomètres
au sud de TOued-Seldja ((iafsa), de Djebel-Sasser-Allah ( i5 0.0; ,
au sud-ouest de Kai rouan; de Tkala et de Guelaet-es-Senam
entre Tebessa et Tunis, où le calcaire à nummulites forme
une immense table rectangulaire à pans verticaux ayant
50 mètres de hauteur. On peut citer encore les gîtes de Sidi-
Ayet dans la vallée de FOued-Siliana, à 55 kilomètres de In
ligne de Tunis à Ghardimaou; ceux de Kef ei de Teboursouk
sur la rive droite *le la Medjerdah.
On doit noter aussi l'existence de filons d'apatite ou de
464 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
phosphorite concrétionnée, aux environs de Tunis et à
Zaghouan (Vieille-Montagne).
Gisements sédimentaires de phosphate en Algérie. — Les gise-
ments algériens de phosphate appartiennent à réocèiie
inférieur; ils se relient sans discontinuité à ceux de la
Tunisie ; on les retrouve, au sud, près de ceux de Djebel-
Seldja; au centre, près de Tébessa, ils font suite à ceux de
Guelaat-es-Senam ; au nord, on les rencontre près de
Soukahras, à la suite de ceux de GhardimaoUy sur la haute
Medjerdah. Ces derniers se poursuivent du côté de Constan-
Une, de Sétif, iïA'in-Fakroum, de Bou-Àrreridj, de MontSila
(Bordj-R\lir), de Birin, au sud de Boghari dans la province
d'Alger.
On trouvera sur ces gisements, à la fîn de ce chapitre, des
indications bibliographiques complètes.
On se bornera à rappeler ici que les gisements aujourd'hui si
connus de Tebessa,dansla province de Gonstantine, présentent
la succession suivante de couches : marnes noires ostréennes
à la base, puis alternance de calcaires tendres à lits siliceux
et de bancs de phosphates, enfm calcaires cristallins durs
à nummulites, dont r<^paisseur atteint 120 à 150 mètres.
Les phosphates, friables et de couleur grise, sont exploités
en bancs dont la puissance varie de 2à6 mètres; la catégorie
pauvre dose de 58 à 63 0/0 de phosphate tribasique ; la caté-
gorie riche en tient de 63 à 69 0/0. Les trois principaux exploi-
tants sont : 1^ la Société Grokslon, qui exploite par galeries
le plateau du Ùyr, et dont les chantiers sont reliés à la ligne
ferrée de Tebessa-Soukahras par un câble aérien ; 2® la Com-
pagnie Jacobsen, qui exploite un prolongement du Dyr
appelé Djebel Kouif; les couches y atteignent 6 mètres de
puissance, et Tabsence du manteau de calcaire nummulitique
sur une partie des couches permet d'exploiter à ciel ouvert.
Un embranchement de 30 kilomètres relie les chantiers à la
gare de Tebessa ; 3^ la Compagnie française des phosphates
de Tebessa, qui exploite à ciel ouvert, à 7 kilomètres au nord
de Tebessa, à Ain-Dibhay Chabet et Ouissen, les rejets du
Djebel-Dyr, au moyen d'un embranchement de 9 kilomètres
à voie étroite aboutissant à Youks-les-Bains.
La production de TÂlgérie, qui avait été de 6i.260 tonnes
MINÉRAUX EHPLOYÉH DANS L AUHICLLTURE i^i
de phosphates, valant l.lâi.itO Trancs en 1894, est monliîe
à IA5.738 tonnes en 1896, valant 2.504.SâS francs; elle a
atteint 227.000 tonnes en 189T et 269.300 tonnes pu 1898,
valant 5.390.000 francs.
I/Algërie a exporté, en 1397, par le pori <le Bône :
â07.082 tonnes de phosphates, dont 96.5i7 provenant des
exploitations de la Société Crockston; 83.I4S de celles de
la Société des phosphates de ConstanUne, et 28.3BO de
celles de la Société française des phosphates. La Société des
phosphates de Tocqueville a embarqué 20.102 l'innes à
Bougie, eo 1897.
Oixements sédimentairet de phosphate aux Étals-Unis. —
l^s trois principaux centres d'exploitation de pliusiilmtes
sédimentaires aux ËUits-L'nis sont la Caroline da Sud, lu t'IO'-
ride et le Tennessee. L'Ohio et la Caroline du Nord renferment
aussi quelques gisements de phosphates, mais beaucoup
moins importants.
Caroline du Sud. — Les nodules phosphatés miocènes de la
Caroline du Sud proviennent de l'action des eanx superfi-
cielles sur les calcaires éocènestn's phosphatés de U'teftfburff,
F», ion. — Coupe rerlkilc d'un riumcnl ie phoiphilc di: li Caroline du Sud
(d\pré( OiTJei).
qui s'étendent le long de la côte est de l'Atlantique. Une
grande partie du calcaire ayant disparu, les phosphates enri-
chis et désagrégés par les eaux ont été entraîné» dans un
estuaire peu profond, pendant la période miocène et ont
formé des dépôts argilo-sableux. On dislingue les minerais
o£0LoaiE. 30
466 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
dits landrockSf exploités en carrière, et les riverrocks, extraits
des rivières par draguage.
La teneur en acide phosphorique varie de 25 à 30 0/0.
La production du phosphate dans la Caroline du Sud, qui
était de 590.000 tonnes en 1890, est descendue à 515.734 tonnes
en 1895 et à 339.000 tonnes en 1897.
Floride, — Les gisements de phosphate de la Floride sont
exploités depuis 1890.
Les gi'ands gîtes se trouvent dans la partie occidentale de
la presqu'île ; on y a exploité le phosphate, en masses régu-
lières et sans stratification, dans les calcaires éocènes fissurés
par les mouvements du sol, ou en bancs horizontaux dans
des calcaires miocènes.
Les gisements fournissaient du minerai dur (hard rock) en
gros blocs (boulders) de plusieurs tonnes, tenant jusqu'à
75 OyO de phosphate tribasique, entourés de terre phosphatée
tendre à 60 0/0 (soft rock). L'emploi d'excavateurs a permis
d'extraire des morceaux de dimensions moindres et de
reprendre des gîtes abandonnés dont on lave les produits.
L'importance de ces gisements a toutefois beaucoup diminué,
et la plus grande source actuelle de phosphate en Floride
est la formation pliocène, composée de marnes et d'argiles
jaunes ou blanchâtres, où l'on trouve des lits de nodules et
de graviers phosphatés, tantôt dans le fond des vallées et des
rivières (river pebble), tantôt sur de vastes surfaces en dehors
des vallées (land pebble).
Les land pebbles, dont la grosseur varie entre celle d'un
pois et celle d'une petite noix, sont contenus dans des couches
de 1 à 10 mètres; ils s'exploitent à ciel ouvert au moyen de
dragues ou d'excavateurs, ou bien encore par la méthode
hydraulique, très en faveur aux États-Unis; mais ils doivent
subir un lavage.
Les river pebbles forment des bancs de 4 à 6 mètres de
puissance dans le lit des rivières, dont les bords sont occupés
par des forêts impénétrables; ils sont exploités au moyen de
bateaux portant des dragues suceuses (20 à 80 tonnes par
jour); on les crible et on les débarque sur la rive où on les
calcine.
La Floride a exporté, en 1897, 355.000 tonnes de phos-
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS l' AGRICULTURE 467
phates; mais la baisse des cours a fait beaucoup de tort
aux exploitations.
La production, qui était de 354.327 tonnes en 1892, a
atteint 558.990 tonnes en 1894 et 449.000 tonnes seulement
en 1897.
Tennessee. — On a trouvé en 1892, dans le Tennessee, au-
dessous des schistes dévoniens de Chattanooga, des nodules
de phosphate, séparés, par des schistes noirs, d*une couche
de 1 mètre de phosphate en roche, reposant sur des calcaires ;
la teneur en acide phosphorique est de 30 0/0. L'exploitation
a lieu à ciel ouvert; les chantiers sont reliés par des embran-
chements au Tennessee-Midland et au Nashville and Ten-
nessee.
La production du Tennessee, qui était de 17.384 tonnes
en 1894, est montée à 42.911 tonnes en 1896, et à 123.000 tonnes
en 1897.
L'OAto a produit, en 1897, 2.000 tonnes seulement de phos-
phate ; et la Caroline du Nord, 7.000 tonnes.
Les Etats-Unis ont produit en 1897, au total, 920.577 tonnes
de phosphate, représentant une valeur de 13.591.200 francs.
2<^ GÎTES DANS LES ROCHES ÉRUPTIVES
On trouve Tapatite en cristaux microscopiques, quelquefois
visibles àrœilnu,comme minéral de première consolidation,
daas un grand nombre de roches éruptives, notamment dans
les gmaites de Pargds, en Finlande, dans les granulites
stannifères (la Villeder, Montehras), dans les kersantites de
Bretagne, les Hiioettes du Morvan, etc. L'apatite de ces gise-
ments est inexploil&ble.
• Espagne (Cap de Gèle). — Cependant on trouve au Cap de
Gâte, à l'extrémité sud^st de TEspagne, une roche à pâte
rouge trachytique contenant de nombreux cristaux d'apatite
jaunes ou vert clair, exploitables, avec une teneur moyenne
de 15 0/0 de phosphate et de 8 à 10 0/0 de potasse.
L'Espagne a produit, en 1895, 1.040 tonnes de phosphates
valant 10.405 francs, en comptant les phosphates flloniens.
Norivège, — Entre Langesund et Arendal, sur la côte sud-est
468 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
de la Norwège, il existe des gisements constitués par des
venues filoniennes d'apatite cristallisée par voie ignée, en
relation avec le gabbro; Tapatite est accompagnée de mica
noir, d'amphibole et d'enstatite sans quartz ni feldspath
{oddegarden), de mica noir et d'amphibole (Ravneberg) ou
d'amphibole seule (Kragerô).On trouve Tapatite accompagnée
de feldspath à ValU, ou de quartz, à Akeland, Oestre^
Kjôrrestady etc.
A Oddegarden, près du port de Langesund, Tapatite est en
relation intime avec le gabbro à wernérite (dipyrdiorite)
dans des terrains siluriens (schistes, gneiss, etc.). On trouvf^,
indépendamment de cette roche spéciale, de la granulite et
de la porphyrite, postérieures à la venue de Tapatite. Los
(lions ont des inclinaisons variant de la verticale àThorizon-
taie, et des épaisseurs très difTérentes, même dans un seul
filon (20 centimètres en moyenne). Les filons renferment, (>n
même temps que de Tapatite (40 0/0), de la hornblende, de
Tenstatite et du mica noir (50 0/0). Le remplissage est assez
irrégulier; mais on constate pres<iue toujours la présence de
lits de mica noir à petits feuillets, au toit et au mur du filon.
On a constaté des zones d'enrichissement à l'intersection
des filons verticaux et des filons horizontaux; les premiers
sont antérieurs aux seconds.
La Norwège, qui avait produit 11.119 tonnes d'apatite
en 4890 (valeur = 1.350.945 francs), n'en a plus produit
ciue 2.086 en 1894, avec une valeur de 183.600 francs.
Canada, — Au Canada, dans les provinces de Québec
[Ottawa) et de Ontario, on trouve des lentilles d'apatitc 1res
riches, disséminées irrégulièrement dans des pyroxénites
et des cipolins, avec wernérite, calcite et fluorine.
Le minerai, vert ou rouge, est cristallisé ou sableux; il ne
contient ni fer ni alumine, et sa teneur atteint 85 à 95 0 0 de
phosphorite; la seule impureté est le fluorure de calcium.
L'extraction a lieu par tranchées ou par puits peu profonds;
les principales mines sont : Emcrald-Mine, North-Star-Mine^
Little-Rapid-Mine, Phosphate of Lime y etc.
La production, qui a été de 6.224 tonnes en 1894 (valeur:
205.8.30 francs^ est tombée, en 1897, à 82Honnes valant
19.920 francs.
MINÊBAUX EMPLOYÉS DANS L*A<iRICULTCHE 469
3^ (iiTES R.N FILONS, AMAS OU POCHES
Les filons de phosphate, à épontes imperméables, ren-
ferment du quartz dont la proportion augmenteà mesure qu'on
s'enfonce; il en résulte un appauvrissement graduel et
rapide de ces gîtes en profondeur. Dans les gites à épontes
perméables, il y a eu dissolution des calcaires par les eaux
acides et formation de poches où se sont déposés des amas.
Certains amas filoniens se sont développés dans des excava-
tions creusées par les eaux de la surface ; mais ces poches
nioniennes sont limitées; elles s'appauvrissent en phosphorite
en profondeur, et on ne trouve plus, vers le fond, que de la
terre phosphatée.
Gites filoniens de France, — Dans le Quercy, région située à
la limite des départements du Lot, du Tarn-et-Garonne et du
Lot-et-Garonne, les phosphates remplissent les crevasses du
calcaire oxfordien des plateaux {Causses), Ces crevasses sont
ou des fentes ou des entonnoirs, ayant de 40 à 100 mètres
de profondeur et s'amincissant toujours vers le bas. Les phos-
phates riches sont au contact des calcaires ; le centre des
poches est rempli par de Targile ou de la marne (terre phos-
phatée). Le minerai, qui est une roche grise ou blanche,
tient en moyenne 60 0/0 de phosphate tribasique (maximum
80 0/0). Les principaux centres d'exploitation soni Lamandine,
Carjac, Pendaré, Caylus et Saint- Antonin.
La production des phosphates des Causses, qui était de
30.000 tonnes en 1886 (valeur : 960.000 francs), a beaucoup
diminué depuis cette époque.
A Bozouls, dans TAveyron, on trouve le phosphate de chaux
à Tétat de rognons à structure concrétionnée, dans un basalte,
et dans les tufs et les conglomérats qui l'entourent. On attri-
bue à ces phosphorites une origine hydrothermale
Gites filoniens divers en France et en Algérie. — On peut
citer encore les phosphorites filoniennes du Gard, qui ont un
gisement analogue à celui des Causses [Lirac, Saint-Maanmin,
Tavelf Quissac), celles de l'Hérault {Montagne de Cette) et celles
de l'Oranais {Djebel-Toumaï, Djorf-el-Amar, auprès de Nédro-
mahf entre Nemours et Lalla-Marnia); on trouve ces dernières
4*70 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
dans des filons-poches ouverts au milieu de calcaires com-
pacts (lias moyen ou inférieur) ; leur teneur est de 35 0/0
d'acide phosphorique en moyenne. Elles sont recouvertes
d'une carapace superficielle formée de calcaire et de phos-
phorite cimentés par de Targile rouge.
Gites ftloniens cT Espagne [Estramadure). — Les filons de
TEspagne méridionale et du Portugal occupent une zone de
420 kilomètres de longueur et de 60 kilomètres de largeur.
Les fiions de Zarza-la-Major (Espagne), qui se trouvent
dans des granités, sont très irréguliers (5 centimètres à
3 mètres) ; ils contiennent de la phosphorite et du quartz ;
le granité est altéré au contact du minerari.
A Logrosan, quatre (lions de même direction recoupent les
schistes amphiboliques cambriens et pénètrent dans des gra-
nités anciens où ils s'amincissent en se chargeant de quartz.
Le principal filon (Costanza), dont la teneur est de 6b 0/0 à
Taffleurement, s'appauvrit à 500/0 à 30 mètres de profondeur ;
la longueur exploitable était de 1 kilomètre, et la puissance
variait de 2 à 11 mètres. L'exploitation est abandonnée.
A Cacérès (calcaires dévoniens), la perméabilité des épontes
a donné lieu à la formation d'amas considéi^les. On y trouve
quatre filons de phosphorite cristalline riche avec une cer-
taine proportion de quartz augmentant en profondeur; ces
filons recoupent des schistes argilo-micacés surmontés par
des calcaires cristallins. Les filons, qui présentaient des élar-
gissements remarquables le long de la surface des schistes,
ont été exploités jusqu'à 105 mètres de profondeur et aban-
donnés à cause de venues d'eau considérables, dues à la dif-
férence de perméabilité des calcaires et des schistes.
A Belmès, on trouve un gisement où le phosphate a rem-
placé, par substitution hydrothermale, le calcaire carbonifère.
Los autres gisements sont, pour l'Espagne : Ceclaviriy filons
dans le granité; et pour le Portugal, Marrao et Portalègre
(Alenitejo), également dans le granité.
BIBUOGRAPHIE DES PHOSPHATES
1812. Guillier, Sur les couches à phosphate de chaux découvertes
dans la craie de la Sarthe {Bulletin de la Société de Géo-
logie, 2* série, t. XVll, p. 157).
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS l'aGRICULTURE 471
1872. CoUenot, Du phosphate de chaux île VAuxois {Rultetin de la
Société de Géologie, 3- série, t. V, p. 671).
1873. Brylinski, Rapport sur les phosphates de cliaux de la Caro'
Une du Sud (Société de Géologie de Normandie^ t. 11).
1875. Daubrée, Phosphorites du Quercy [Bulletin de la Société de
Géologie, 3* série, t. 111, p. 390).
1875. Rey-Lescure, Sur les phosphatières du Tam-et-Garonne,
{Bulletin de la Société ite Géologie, 3* série, t. Il, p. 398).
1875. Ni voit, Sur les phosphates de chaux de Ciply ^ Comptes Ren-
dus, t. LXXIX ; Cwjper, t. XXXVIII, p. 236).
1878. P. Guyot, Sur deux gisements de chaux phosphatée dans les
Vosges {Comptes Rendus, t. LXXXVII, p. 333, Paris).
1 878. Badoureau, Chaux phosphatée de VEstramadure [Société cen-
trale d'Agriculture, t. XXXVIll, p. 80).
1879. Wickersheimer, Note sur un gîte de phosphate de chaux situé
près de Cette {Antiales des Mines, 7* série, l. XVI, p. 283,
Paris).
1879-1^80. Jeannol, Note sur la présence des phosphates dans le
lias des Ardennes et de la Meuse [sinnales de la Société de
Géologie du Nord, t. VIII, Lille).
1879. Petermann, Note sur la phospho*ùle de Cacérès [Annales de
la Société de Géologie de Belgique, t. VI, Liège).
1880. Nivoit, De Vacide phosphorique dans les terrains de transi-
tion et dans le lias des Ardennes [Bulletin de la Société de
Géologie, t. VIII, p. 357).
1884. Lasne, Sur la composition des phosptuites des environs de Mons
{Annales de la Société de Géologie du Nord, t. XVII, p. 141,
Lille).
1884. Dieulafait, Origine et mode de formation des phosphates de
chaux dans les tei'rains sédimentaires [Comptes Rendus,
t. XCIX, p. 813, Paris).
188 i. Delvaux, Découverte de gisements de phosphate de chaux
apparten'tnt à Vêlage ïprésien [Annales de la Société de
Géologie belge, t. XI, p. 279, Liège).
1884. Jeanjean, Notice géologique et agronomique sur les phos'
phates de chaux du département du Gard (in-8*, Nimes).
1885. De Grossouvre, Etude sur les gisements de phosphate de
chaux du Centre de la France (Annales des Mines, mai-
juin, et Bulletin de la Société de Géologie).
1885. Douvillé, Phosphates du Cher [Bulletin de la Société de Géo-
logie, 3* série, t. Il, p. 103).
1886. Stanislas-Meunier, Les Phosphates de Picardie [La Nature,
n»712, p. 113, Paris).
1888. Cornet, Les Gisements de phosphate de chaux de la craie de
Mézières [Annales de la Société de Géologie de Belgique,
t. XV, Liège).
1888. Thomas, Sur les gisements de phosphate de chaux de V Algé-
rie (Comptes Rendus, t. CVI, p. 379, Paris).
1889. Stainier, Etude géologique des gisements de phosphate de
472 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
chaux du Cambrésis {Mémoires de la Société de Géologie de
Belgique, t. XVI, p. 3, Liège).
1889. Eugène Rtsier, Carte géologique et statistique des gisements
(le phosphate de chaux exploités en France (Paris).
1889. Ladrière, Sur les dépôts phosphatés de Montay et de Foresl
(Sord) {Comptes Rendus, t. CVII. p. 960).
1889. Gosselet, Les gîtes de phosphate du Nord de la France {Bul-
letin de la Société de Géologie de Belgique, t. lU, p. 281,
Bruxelles).
1890. Lasne, Terrains phosphatés des environs de Doullens {Bulle-
tin de la Société de Géologie, 3* série, t. XVIII, p. 441).
1890. Cayeux, Sur le crétacé des environs de Péronne {Annales de
la Société de Géologie du Nord, t. XVII, p. 227).
1891. Thomas, Gisements de phosphate de chaux des hautsplateaux
de la Tunisie [Bulletin de la Société de Géologie, 2 mars)-
1891. De Mercey, Sur les gîtes de phosphate de c/iaux de la Picar-
die {Bulletin de la Société de Géologie, $• sériei t. XIX,
p. 854).
1892. Munier-Chalmas, Origine des phosphates de la Somme {Bulle-
tin de la Société de Géologie, 21 mars).
189*3. Jacob, Note sur les gisements de phosphate de chaux du pla-
teau de Chéria dans le cercle de Tébessa {Annales des
Miîies, 9« série, t. VIII, p. 237).
189.'>. Ficheur, Etude géologique sur les terrains à phosphate de
chaux de la région de Boghan, province d'Alger {Annales
des Mines, 9* série, t. VIII, p. 248).
1895. Ficheur et Blayac, Notice sur les terrains à phosphate de
chaux de la région de Sidi-Atssa, province d'Alger {Annales
des Mines, 9- série, t. Vlll, p. 281).
1895. J. Blayac, Lambeau suessonien de Birin {Annales des Mines,
9« série, t. VIII, p. 290).
1896. V. Watteyne, la Floride et ses Phosphates {Revue universelle
des Mines et de la Métallurgie, 5* série, t. XXXIII, p. 306).
1897. L. Château, Les Gisements de phosphate de chaux dans les
provinces de Constantine et d'Alger {Mémoires de la Société
des Ingénieurs civils de France).
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS l'aGRICULTURE 473
AIOTB (lOTRATES)
L^azote, ou uitron, qui constitue un des éléments fonda-
mentaux de la nourriture des végétaux, est employé sous
forme de nitrate de soude pour Tagriculture. Il sert aussi
sous cette forme dans la préparation de certains explosifs.
Les nitrates de soude sont employés en quantités considé-
rables pour fournir à la terre Tazote que Tair ou les fumiers
ne suffisent pas à lui procurer.
On peut citer aussi, parmi les utilisations industrielles de
Tazote, celle de Tazotate de chaux contenu dans certaines
terres nilrées,.que Ton emploie, en Amérique notamment,
pour la fabrication de la poudre et celle de lazotate de potasse
ou salpêtre et de Tazotate d'ammoniaque employés pour la
fabrication d'explosifs.
i^ TERRES NITRÉES
On trouve dans les pays tropicaux, et en particulier dans les
déserts de l'Amérique du Sud, de vastes dépôts de terres
nitrées très riches, dont l'origine est attribuée soit à l'action
de l'électricité atmosphérique, soit à l'oxydation de résidus
d'animaux antédiluviens ou d'animaux vivants.
Venezuela. — Au Venezuela notamment, les riches terres
nitrées dont les indigènes se servent, depuis de longues
années, pour la fabrication de la poudre, proviennent de
l'action du ferment nitrique, sur l'azote des dépôts de déjec-
tions et de cadavres d'oiseaux de mer ou de chauves-souris;
ces dépôts ou guanos, se trouvent réunis en quantités consi-
dérables dans des régions d'étendue parfois très restreinte,
notamment dans les cavernes des Cordillères.
La transformation des matières azotées en nitrates est très
active, grâce à la température élevée et régulière qui règne
dans cette contrée; les pluies étant très rares, le nitre formé
n'est pas entraîné dans le sous-sol, comme dans nos régions.
La nitriflcation, s'opéranl au contact du sol calcaire, donne
naissance à du nitrate de chaux.
474 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
La teneur des terres nitrées en nitrate de chaux s'élève,
surtout au voisinage des cavernes remplies de déjections
d animaux, à plus de 35 0/0.
Ceylan, — A Ceylan, on trouve, dans des roches calcaires
renfermant du feldspath, des cavernes servant de refuge à
des chauves-souris ; les parois de ces antres sont couvertes de
nitre qu'on détache au moyen d'un pic, en même temps que
la partie superficielle de la roche délitée. La composition
de ces roches salpètrées est la suivante :
Azotate de potasse 2,4
Azotate de magnésie 0,7
Sulfate de chaux 0,2
Carbonate de chaux 26,5
Eau 9,4
Résidus sableux ' 60,8
100,0
Gûements divers, — Dans les Indes^ dans le Bengale^ en
Arabie, en Egypte, en Perse, en Chine, en Espagne, etc.,
de vastes étendues de terres se recouvrent d'efflorescences
peu épaisses de salpêtre, que Ton ramasse, après la saison
sèche, pour les traiter en vue de la production du nitrate de '
potasse.
2° NITRATE DE SOUDE
Propriétés et composition. — Le nitrate de soude, à l'état
pur, est un sel blanc qui cristallise en rhomboèdres trans-
parents anhydres. La grosseur des cristaux dépasse rarement
ceih» d'un pois; ces rhomboèdres tronqués ressemblent à
des cubes, d'où le nom do salpêtre cubique. Le nitrate de
soude possède une saveur ûcre et fraîche; il est déliques-
cent, et Teau à Ki'» peut en dissoudre 84 0/0 de son poids.
Sous l'action de la chaleur il fond, puis se décompose.
MINÉRAUX EMPLOYES DANS l' AGRICULTURE 475
Il est essentiellement formé d'acide azotique et de soude
(NaO, AzO^) et contient :
Soude 34,47
Acide azotique.. 65,53 (correspondant à: azote. 16,47)
Les nitrates du commerce sont toujours mélangés d*une
certaine proportion d'impuretés ; ils sont ordinairement
brunâtres et légèrement humides.
Les produits commerciaux contiennent, en général, de 94à
970/0 de nitrate pur. On peut admettre, comme moyenne, le
chiffre de 93,50, correspondant à i 5,7 0/0 d'azote.
La quantité d'impuretés contenue dans les sels commer-
ciaux ne dépasse pas 5 à 6 0/0.
Le nitrate de soude, par lui-même et par les impuretés
qui raccompagnent, est très hygrométrique; les sacs dans
lesquels on Texpédie s'imprègnent de sa dissolution; et il
est arrivé quelquefois que ces sacs vides, mis en tas, se sont
enflammés ; aussi doit-on conserver le produit dans des ma-
gasins secs-et bien clos.
Falsifications, — Le nitrate de soude contient souvent de
grandes quantités de chlorure de sodium ou de sulfate de
soude, qu'on y a laissés dans le cours de la fabrication ou
qu'on a introduits après coup. L'apparence extérieure ne
suHit pas pour reconnaître les produits adultérés; seul le
dosage de l'azote, dont la teneur doit être supérieure à 15 0/0,
garantit contre les fraudes.
(iisRHENTS. — L'agriculture et l'industrie emploient surtout
le nitrate de soude ou salpêtre du ChUi^ dont il existe de
vastes gisements dans l'Amérique du Sud, sur les côtes du
Pacifique, au voisinage de l'Equateur. Le Pérou, le Chili et la
Bolivie renferment des gisements dont l'exploitation, qui
remonte à 1825, est très active aujourd'hui. Les produits
étaient, à l'origine, expédiés principalement du Chili, d'où le
nom de salpêtre du Chili, qui leur a été conservé.
Les principaux gisements se trouvent dans les déserts de
Pampa-Negra (province de Tarapaca) (Pérou) et d'Acatama
(Bolivie).
Pérou, — Le plateau de Pampa-Negray dans la province de
416 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Tarapaca, situé à une allilude moyenne de 4.000 mètres
au-dessus du «niveau de la mer, est limité à l'est par les
Andes et, à Touest, par une chaîne de montagnes côtières
formées de granité, de porphyre et de Irachyte. Ces gise-
ments sont caractérisés par Tabsence des phonolithes, qui
recouvrent les autres parties du plateau. Sur le versant
oriental, s'étendent d'immenses gisements de salpêtre
• environ 11 6.000 hectares >,counus sous le nom decalicheroson
salitrales, qui occupent les hauts plateaux au milieu du désert.
Bolivie, — Les gisements du désert d'Acatama (Bolivie) sont
placés dans des conditions identiques.
Dans les calicheros, le nitre forme des amas irréguliers et
discontinus dont l'épaisseur, quelquefois très faible, peut
atteindre 5 mètres, mais ne dépasse pas 1 mètre en général.
Le minerai est ordinairement recouvert d'une couche de
sable et d'un ciment d argile [costra)\ en certains points, il
existe plusieurs couches superposées. Les diverses variétés
de calicheros offrent des aspects différents; leur richesse est
plus ou moins grande, suivant leur teneur en chlorure de
sodium; leur dureté et leur coloration sont également va-
riables. Les parties cristallisées, qui sont plus faciles à exploi-
ter, sont aussi les plus riches; les parties dures sont d'une
extraction plus difficile et contiennent plus de chlorure de
budium.
L'origine de ces gisements a été attribuée tantôt à Télec-
tricité atmosphérique, tantôt à la nitriflcation de produits
axolés d'origine animale ou végétale.
On a vu plus haut, à propos des terres nitrées, que les
déjections d'oiseaux et de chauves-souris*, réunies dans cer-
taines localités par millions' de mètres cubes, ont fourni
l'azote dont la transformation en acide nitrique s'est effectuée
iious rinfluence du ferment de la nitriflcation, au contact de
sols calcaires; il en est résulté des terres très riches
en nitrate de chaux. L'intervention du sel marin, abon-
dant dans les gisements et dans les terrains avoisinants, a
opéré une double décomposition du nitrate de chaux, qui a
produit du nitrate de soude et du chlorure de calcium ; grâce
à sa déliquescence, ce dernier sel s'est enfoncé à l'état liquide
dans les profondeurs du sol et a ainsi été éliminé. Le nitrate
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS L\4<iRICCLTURE 477
Ue soude, mélangé de chlorure de sodium en excès, est resl^^
dans les couches superficielles.
Le nitre ne paraît pas s'être formé dans les endroits ou
on le trouve; enefTet, la matière animale nitrifiée abandonne
de grandes quantités de phosphate, dont Tabsence prouve
que le nitre dissous par les eaux s'est concentré par évapo-
ration dans les gisements actuels à une certaine distance des
centres de formation.
La teneur des caliches en nitrate de soude varie de 20 ù
80 0/0; on n'exploite en général que les parties contenant au
moins 40 0/0 de nitrate de soude. Ces caliches renferment,
outre le chlorure de sodium (15 à4C 0/0), du sulfate de soude,
extrêmement abondant dans certains gisements du Chili, el
des matières terreuses, des sels de chaux et de magnésie, etc. ;
enfin, de petites quantités d'iode qu'on y trouve ù l'état d'io-
dates prouvent rintervention d'éléments marins.
On trouve, dans les mêmes régions, des gisements de nitrates
beaucoup plus riches en potasse et dont, par suite, la valeur
est plus grande. Ces produits contiennent, en moyenne,
60 0/0 de nitrate de soude et 30 0/0 de nitrate de potnsso
tenant 45 0/0 d'azote et 16 0/0 de potasse. Certains nitrates de
potasse de Bolivie contiennent très peu de sels de soude.
Chili, — Les caliches du Chili sont ordinairement beau-
coup moins riches que ceux du Pérou.
Pour exploiter le caliche, dont la dureté exige Tabatago
h la mine, on perce la couche au moyen d'un trou de son do
pouvant recevoir une forte charge de poudre grossière
(mélange de nitrate de soude, de charbon et de soufre), brû-
lant lentement. Ial masse, soulevée sans projection et divisf^o
en gros morceaux, est ensuite concassée et débarrassée des
fragments terreux. Les morceaux sont traités par Teau
bouillante, qui dissout une grande partie des nitrates ; ceux-
ci se déposent par refroidissement sous forme de cristaux,
tandis que le sel marin, aussi soluble à froid qu'à chaud,
reste eu dissolution. On obtient ainsi, du premier coup, un
produit titrant 90 à 95 0/0 de nitrate pur. Les sels, cristal-
lisés au soleil, sont mis en sacs pour être expédiés ; ils sont
transportés à dos d*c)ne aux ports d'embarquement (lqui(]ue,
pour la région du centre).
478 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
L'exportation du salpêtre du Chili, dont la découverte
remonte à 1825, a été, pendant longtemps, très peu élevée ;
elle atteignait par an :
Entre 1825, et 1830 1.000 tonnes
En 1850, elle atteignait 26.00 ) —
Entre 1860 et 1870, elle éUit restée
inférieure à 100.000 —
En 1875, l'exportation approchait de 300.000 tonnes.
De 1880 à 1890, elle a oscillé autour de 500.000 tonnes.
En 189a, elle atteignait 9^7.023 tonnes, valant 196.069.565
francs.
En 189o, elle s'est élevée à 1.220.427 tonnes, avec une
valeur de 227.642.550 francs.
Enfin, en 1897, Texportatioa a atteint 1.380.000 tonnes.
On évalue généralement la quantité do nitrate de soude
existant dans les gisements du Chili, à 73 millkMis de tonnes.
Avec l'extraction actuelle, ces gisements poonment être
épuisés dans une cinquantaine d'années.
Pays d'importation, — L'Amérique emploie une partie ctes
nitrates de soude qu'elle produit; mais sa consommation est
de beaucoup inférieure à celle de l'Europe ; elle n'atteint pas
ordinairement le dixième de sa production totale. L'Amé-
rique, en effet, exploite un sol vierge qui ne nécessite pas,
en général, l'apport d'engrais azotés.
L'Europe, au contraire, a de grands besoins en engrais
chimiques et particulièrement en azote. C'est elle qui emploie
la presque totalité du nitrate exporté du Pérou. Les centres
d'importation les plus importants sont: Liverpool et Londres
pour l'Angleterre, Hambourg pour l'Allemagne, Dunkerque
pour la France, Anvers pour la Belgique, Rotterdam pour
les Pays-Bas. D'autres ports en reçoivent des quantités rela-
tivement peu élevées.
Prix des nitrates. — Les prix des nitrates de soude ont
beaucoup varié depuis que l'emploi de ces produits est devenu
général; ils dépendent de l'importance des stocks sur le
marché européen et de l'importance de la demande.
Après être monté jusqu'à 51 francs les 100 kilogrammes,*
*
r
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS L'A<iRIGULTURE 479
en 1870, le prix est graduellement redescendu à 36 francs
environ, en 1876. Il s'est maintenu entre 30 et 36 francs
jusqu'à Tannée 1883. A partir de ce moment il a fléchi cons-
tamment.
Le prix moyen, à Dunkerque, n'était plus que de 23 francs
en 1885, et de 20 francs environ en 1896.
BIBU06RAPHIE DES NITRATES
1877. Gormaz, Salpêtres et guanos du désert d'Alacama.
1SÎ85. Mûntz et Marcano, Formation des terres nitrées dans les
régions tropicales {Comptes Rendus, 6 juillet 1885).
1883. Berthelot, La fixation de Vazote atmosphérique {Revue scien-
' tifique).
1886. Favier, V Azote et le Phosphore {Revue scientifique du 18 juil-
let 1886}.
1887. Dehérain, Sur la valeur des engrais et particulièrement sur
la valeur des phosphates et des sels ammoniacaux {Revue
scientifique du 2 avril).
1890. GrandeaUf De Vemploi du nitrate de soude en agriculture.
1890. Winogradski {Annales de V Institut Pasteur, avril et mai).
1894. A. Gauthier, Sur la genèse des nitres et des phosphates natu-
rels {Annales des Mines^ 9* série, t. V, p. 5).
480 (lÉOLOGIB APPUQL'ÉE
PIERRE A CHAUX (GHAULA6B)
En dehors des phosphates et des nitrates, un certain
nombre d'autres minéraux sont employés sous diverses
formes à Tamendement des terres, bien que dans des propor-
tions plus modestes.
Parmi ceux-ci, on peut citer, en premier lieu, la pierre à
chaux.
Outre son emploi dans la construction, la chaux est encore
d'une réelle utilité en agriculture. La chaux est nécessaire
dans les terrains privés de l'élément calcaire ou qui con-
tiennent trop d'acide carbonique, comme les terres tour-
beuses. Dans les lorrains argileux, la chaux agirait, d'après
M. Liebig, en séparant la silice de l'alumine ; la silice à l'état
naissant pourrait alors être absorbée par les racines des
végétaux.
Quand on introduit dans le sol, de la chaux calcaire, l'opé-
ration s'appelle chaulage; elle s'appelle marnage quand elle
est faite avec du calcaire mélangé d'argile, c'est-à-dire de la
manie.
Saupoudrée sur les plantes, la chaux détruit les œufs et
les larves des insectes nuisibles.
^Pour les gisements, voir le chapitre des Calcaires,)
BIARRE (MARNAGE)
La marne est un calcaire argileux qui se distingue par
un caractère spécial : le calcaire et l'argile y sont mélangés
d'une façon si intime qu'il serait impossible de l'imiter par
<les procédés mécaniques. On met cette propriété en lumière
en attaquant à l'acide un peu de marne placée sous l'ob-
jectif d'un microscope ; l'effervescence produite par l'attaque
du calcaire se manifeste autour des moindres grains, et le
résidu d'argile est formé de grains si fins que les plus forts
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS l'aGHICLLII RE 4-81
grossissements ne permettent pas d'en apprécier les dimen-
sions.
C'est à cause de ce mélange intime que les marnes se
délitent comme le calcaire et bien mieux que les calcaires
argileux. Les marnes sont blanches, grises, bleues, vertes,
rouges, brunes ou noires. Elles offrent aussi des colorations
bigarrées de vert et de brun, ou de rouge et de jaune.
Elles servent à la fabrication de briques et de poteries gros-
sières; mais leur principale application est le marnage, c'est-
à-dire Tamendement des terres destinées à la culture. Les
marnes agissent d'abord par leur teneur en calcaire et aussi
par la forte proportion d'éléments organiques qu'elles con-
tiennent généralement.
Les marnes se rencontrent en abondance dans la nature ;
il en existe des dépôts considérables en amas, en couches ou
même en fllons. Leurs gisements sont les mêmes, en général,
que ceux des argiles et des calcaires, qui ont été étudiés au
chapitre des Minéraux employés à la construction.
PmtBB ▲ PLATRE (PUTRA6E)
Le plâtre, qui a été étudié avec les pierres à plâtre, dans le
chapitre ii, est aussi très employé comme engrais. Son action
sur les végétaux, mise en évidence au xviii® siècle, a été
d'abord bien exagérée. Le pldtre est aujourd'hui à peu près
réservé (comme engrais) aux plantes fourragères sur les-
quelles il a une influence considérable : luzerne, trèlle, sain-
foin, et aussi colza, lin, chanvre, etc. ; ces plantes prospèrent
par le plâtrage ; mais les céréales n'en ressentent. quoi qu'on
en ait dit, aucun effet appréciable.
SABLE CALCAIRE
Parmi les minéraux calcaires, employés en agriculture, on
peut encore citer les sables calcaires.
Lorsque ces sables sont fins et tendres, et surtout lorsqu'ils
renferment des débris de polypiers ou de coquilles, ils
sont utilisés pour l'amendement des terres.
OfOLOGXE. 31
CHAPITRE VI
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES
(Chimie, pharmacie, teinturerie, arts industriels, etc)
Le chapitre vi comprend Tétude des principaux miné-
raux qui sont employés dans les industries diverses et qui
ne peuvent entrer dans aucune des catégories comprises
dans les autres chapitres de cet ouvrage.
Il traite notamment des minéraux utilisés pour les
industries chimiques ou pharmaceutiques, la teinturerie,
la céramique, les arts décoratifs, etc...
Quelques minéraux, tels que ceux du bismuth et du cobalt,
bien qu'ils soient des rainerais métalliques, ont été compris
dans ce chapitre, car ils ne sont généralement pas utilisés
pour la préparation des métaux dont les minerais ont éi^
étudiés au chapitre m de ce Traité.
ARSENIC
Propriétés physiques. — I/arsenic est un corps solide,
cassant, doué d'un éclat métallique gris de fer; chauffé dans
une cornue de verre, il ne fond pas, mais se sublime vers
300", et sa vapeur se condense en cristaux rhomboédriques
sur les parois supérieures de la cornue. En le chauffant dans
un tube en verre scellé à la lampe, on obtient de Tarsenir.
fondu en un liquide transparent. La densité de ce corps est
de 5,7.
Propriétés chimiques. — Exposé à Tair, Tarsenic se ternit
et se couvre d'une poussière noire; il se volatilise en répan-
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 485
dant une forle odeur alliacée, lorsqu'il est projeté sur des
charbons ardents, et sa vapeur, en s'oxydant, se transforme
en acide arsénieux. Il devient d'abord phosphorescent quand
on le chaufiTe dans Toxygène, et à une température plus éle-
vée il brûle avec une flamme verdâtre.
II brûle avec une flamme blanche, en formant du chlorure
d'arsenic, quand on le projette en poudre dans un flacon de
chlore.
Il se combine avec le chlore, le brome, le soufre, et avec
la plupart des métaux. Chauffé dans une cornue avec de
Pacide azotique, Tarsenic s'oxyde et se change en acide
arsénique.
Usages. — L'arsenic est un poison violent; mais c'est à
l'état d'acide arsénieux, et surtout d'acide arsénique, qu'il
devient un toxique redoutable.
On prépare, avec l'arsenic réduit en poudre, un papier
appelé tue-mouches, dont le nom indique l'usage. Ce papier
étant humecté avec de l'eau, l'arsenic produit de l'acide
arsénieux ; son emploi est donc dangereux. 11 en est de
même, du reste, de la plupart des préparations arsenicales.
Alliages. — L'arsenic entre dans la composition de l'alliage
du tain des miroirs de télescopes (arsenic, platine, cuivre et
étain).
Fondu avec partie égale de cuivre, il constitue le cuivre
blanc, dont on fabrique, en Allemagne, des ustensiles
d'ameublement et des objets de décoration.
On désigne aussi, sous le nom de cuivre blanc, un métal
des Chinois appelé pack-fong, ou ^ou{ena(/ue, qui est un alliage
d^arsenic, de cuivre et de nickel.
C'est à l'addition de 2 à 3 millièmes d'arsenic qu'est due la
forme sphérique des grains de plomb de chasse.
Acides. — L'acide arsénique sert dans la fabrication des
toiles peintes, pour faire des enlevages ; il est employé dans
la fabrication du rouge d'aniline.
A faible dose, c'est un remède contre l'asthme.
L'acide arsénieux, appelé aussi oxyde d'arsenic, arsenic
blanc, ou mort-aux-rals, est connu dans le commerce sous
le simple nom d'arsenic et est employé dans les arts, dans les
manufactures de toiles et de papiers peints, dans la fabrica-
486 r.ÉOLOGlE APPLIQUÉE
tion du verre, dans la pn'paration de Torpiinent artificiel,
du vert de Scheele, du vert de Mitis et de celui de Paul
Véronèse ; il sert aussi à détruire les rats et les souris.
L'acide arsénieux est utilisé à faibles doses dans une foule
de préparations pharmaceutiques. Il entre dans la liqueur
de Fowler, la liqueur de Pearson, la pâte caustique du Frère
Côme ou de Rousselot, la pâte arsenicale de Dubois, les
pilules asiatiques. Il est surtout usité comme antipériodique
dans le traitement des fièvres intermittentes.
Sulfure. — Le protosulfure d'arsenic, désigné sous le nom
de réalgar, orpin rouge, arsenic rouge, rubis arsénieux,
poudre rouge de volcans, s'emploie en peinture; mais il
altère les couleurs blanches du plomb.
Les artiQciers s'en servent pour produire les brillants feux
blancs, dits feux indiens ou feux chinois.
lodore. — L'iodure d'arsenic est employé en médecine.
Minerais. — Bien que l'on rencontre de larsenic natif,
dans quelques filons, le principal minerai d'arsenic est le
mispickel, ou sulfo-arséniure de fer (Fe.As.S), couleur blanc
d'argent, fusible sur le charbon, soluble dans l'acide azo-
tique ; il est fréquemment un peu aurifère et contient de io
à 75 0/0 d'arsenic. Parmi les minéraux qui renferment de
l'arsenic, on peut encore citer le réalgar (As.S), la nickeline
(Ni. As), le cobalt gris (Co. As.S) et le nickel gris. Il faut d'ailleurs
noter que, pour beaucoup de minerais, pour la pyrite, par
exemple, la présence de Tarsenic est une cause de dépré-
ciation, par suite des difficultés de leur traitement. On
recueille une certaine quantité d'arsenic dans des chambres
de condensation placées à la suite des fours de grillage où
Ton fait passer les minerais de nickel, de cobalt ou d'argent
et les pyrites arsenicales.
Principaux gisements. — Angleterre. — La mine de Green-
Mil, dans le Cornwall, et le Devon Great Comols Copper Mine,
dans le Devonshire, fournissent des mispickels contenant
430/0 d'arsenic, que l'on extrait par grillage et sublimation.
Le principal centre de production de Tarsenic, en Angle-
terre, est le Cornwall.
La production totale de l'Angleterre avait été, en 1894, de
4.878 tonnes de produits arsenicaux valant 1.215.350 francs.
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 487
En 1897, la production, sensiblement constante, était de
4.232 tonnes.
Les pyrites arsenicales exploitées en Grande-Bretagne
atteignaient 3.341 tonnes, valant 95.575 francs, en 189^.
En 1897, la production des pyrites arsenicales a attehit
13.347 tonnes.
Allemagne. — Autriche-Hongrie. — On traite également
des mispickels à Jonchimsthai^ en Bohême. Dans le Harz et
surtout à Freiberg, Ton trouve du sulfure d'arsenic et du
mispickel et aussi de Tarsenic natif à 4 0 0 d'argent. L'usine
de Freiberg fournit, chaque année, en moyenne, 1.000 tonnes
de produits arsenicaux (882 tonnes en 1896). Le réalgar et
Torpiment se rencontrent fréquemment à Nagyag, à Felso»
banya et à Tayota, en Transylvanie.
L'Allemagne a produit, en 1894, 2.906 tonnes de minerai
d'arsenic. En 1896, sa production a atteint 3.691 tonnes.
Les produits arsenicaux d'Allemagne ont atteint, en 1897,
untonnage de 2.989 tonnes, avec une valeurde 1.354.745 francs.
Scatidinavie. — Outre les pyrites arsenicales cobaltifères de
Skutterud (Norwège), on peut citer les mispickels de Falun
et ceux de Gladhammar, qui accompagnent les minerais de
cobalt.
Gisements divers. — L'arsenic natif se trouve encore à
Sainte-Marie (Lorraine française), en Sibérie et aux États-
Unis k Jackson et Haver-Hill. Dans la vallée de Gistain (Pyrénées
espagnoles), cert<iins minerais de cobalt sont accompagnés
d'oxyde d'ai*senic; on trouve, à Oviedo^ du réalgar accom-
pagné de cinabre.
L'Espagne a produit, en 1896, 271 tonnes de produits
arsenicaux, représentant une valeur de 135.500 francs.
On trouve encore de l'arsenic, sous forme de sulfure, dans
la Turquie d'Aste, en Chine et au Japon.
La production du Japon a été, en 1895, de 7.343 kilo-
grammes d'arsenic.
Varsenic dans les sources thermales. — Beaucoup de sources
thermales contiennent d'assez fortes proportions d'arsenic ;
celle de Saint-Nectaire (Puy-de-Dôme) donne lieu à des
dépôts de réalgar.
488 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
BISMUTH
Propriétés physiques. — I.e bismuth esl un métal
blanc jaunâtre, dur, cassant, de structure lamelleuse, qui
fond à 264° et se volatilise au rouge blanc. 11 augmente de
volume en se refroidissant et forme alors de beaux cristaux
rhoniboédriques que Ton peut mettre à nu, en décantant la
masse avant solidification complète. Ces cristaux sont cou-
verts d'une pellicule irisée d'oxyde. La densité du bismuth
est de 9,82. Sa chaleur spécifique est de 0,03084. il est très
mauvais conducteur de la chaleur et de Télectricité.
Propriétés chimiques. — Inaltérable à Tair froid, le bis-
muth, à température élevée, brûle avec une petite flamme
bleue, en émettant des fumées jaunâtres et en donnant de
foxyde. Il décompose très lentement les acides sulfurique et
chlorhydrique, mais il se dissout rapidement dans Facide
azoticiue.
Usages. — l/industrie n*eniploie le bismuth qu'en alliages
remarquables par leur fusibilité, d autant plus grande que la
proportion de ce métal y est plus élevée.
Alliages. — Les plus connus de ces alliages sont : Valliage
de Sewton huit parties de bismuth, cinq de plomb et trois
d'élain), qui fond à 94«,5; — Valliage appelé métal fusible
de Darcct deux parties de bismuth, une de plomb, une
d'élain), qui fond à 93*>; — Valliage de Wood ;sept parties de
bismuth, deux d'étain, deux de cadmium), qui fond à 05<».
On se sort de ces alliages pour clicher des médailles et
pour faire des rondelles fusibles de sûreté pour chaudières à
vapeur. Les dentistes les emploient pour le plombage des
dents.
Chlorure. — Le chlorure de bismuth sert à la préparation
du blanc de fard (blanc de perle) et entre dans la confection
de la cire à cacheter.
Sels. — Le sous-nitrate est le principal composé du bismuth
employé en médecine. Ce sel entre aussi dans la prépa-
ration des fards.
Minerais. — On trouve le bismuth natif accompagné de
tellure, de s^Ménium, de soufre et surtout d'arsenic; le prin-
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 489
cipal minerai du bismulh est la bismuthine ou sulfure de
bismuth (Bi^S^), couleur gris de plomb. On peut citer, en
outre : la bismuthite (hydrocarbonate de bismuth H*Bi*CO*^,
vert jaunûtre et amorphe) ; ïeulytine (silicate de bismuth
Bi^Si^O*^), cristallisée en petits cristaux tétraédriques pyra-
mides.
Gisements. — F.es minerais de bismuth, dont la gangue est
le quartz (quelquefois la calcite ou la barytine), se trouvent
dans des filons de fracture (Saxe) ou dans des amas de con-
tact (Banat) recoupant des granités (Meymac dans la Gorrèze
et Wittichen dans la Forêt Noire), ou des gneiss et des
schistes cristallins (Erzgebirge). Le bismuth est, en général,
associé à Tor (Resbanya), à Targent, au plomb, au cobalt et
au nickel (Schneeberg, Joachimsthal en Bohême), au fer, au
cuivre et à Tétain (Cobar et Ghorulque en Bolivie, presque
au sommet des Andes) ou à Tétain seul (Bohême, Tasmanie).
France. — Meymac. — On a exploité autrefois k Meymac
((iOrrèze) un filon quartzeux recoupant des granités porphy-
roïdes, dans lequel le bismuth natif, accompagné de bismu-
thine et surtout de bismuthite avec du bismuth oxydé, a
remplacé, en profondeur, les minéraux de l'affleurement
(wolfram, mispickel). Le bismuth natif contenait, d'après
M. A. Carnot, qui a découvert le gisement, 99 0/0 de bismuth
pur.
Allemagne, — A Schneeberg (Saxe), on trouve le bismuth
natif avec de la bismuthine et de la bismuthite, dans des
filons cobaltifères recoupant des roches anciennes. Ces
minerais accompagnent l'argent et le plomb à Anneberg et
à Johanngeorgensladtj l'argent et le cobalt à Wittichen (Forêt
Noire), le fer, le nickel et le cuivre du dévonien à Schutzbach
(Siegen).
Autric fie-Hongrie, — On trouve le bismuth dans les filons
argentifères de Joachimsthal (Erzgebirge), à Cziklova dans le
Banat, et dans les tellurures d'or et d'argent de Resbanya
(Transylvanie).
La production de l'Autriche, en 1894, a été de 570 tonnes
de minerai de bismuth, représentant une valeur de
31.907 fr. 40.
Scandiname. — En Scandinavie, on peut citer les mines de
490 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Bleka et de Gzellebach (Norwège) et de Fahlun (Suède) : bismuth
avec or natif, quartz, pyrites, etc.
Amérique. — Outre les mines de San-Antonio-del-Potrero
Grande (Chili) et de Morococa (Pérou), les principales mines
de TAmérique du Sud sont celles de la Bolivie [Chorulque, à
5.600 mètres d altitude, Ortiro, Tasna, à 5. 1 00 mètres d'altitude,
Guaiana^ Potosi). Le bismuth (23 à 30 0/0) est associé à du fer
et à du cuivre. A Chorulque, les liions sont au contact de por-
phyres et de schistes dévoniens ; à Tazna, les filons recoupent
les schistes ; on y trouve de Tétain.
Dans l'Amérique du Nord, le bismuth accompagne Tor et
le tellure (Virginie, Géorgie, Caroline du Nord), ou le tungs-
tène [Lane dans le Gonnecticut). Les calcaires siluriens du
Colorado contiennent de puissants (lions de bismuth.
On a fait, en 1897, quelques découvertes nouvelles de mine-
rai de bismuth dans VUtah et dans le Colorado.
Australie. — En Australie, on trouve le bismuth associé à
ror(Queenslnnd) ou dans les alluvionsstannifères, ou encore
en nions, comme à Silent Grove, Glen Innés, Elsmore dans la
Nouvelle-Cialles du Sud et au mont Ramsay dans la Tasmanie.
Les minerais de Tenterfield contiennent 60 0/0 de bismuth
avec du molybdène et de Tor; ceux de Cobar contiennent
seulement 2,50 de bismuth avec du cuivre.
BIBLIOGRAPHIE DU BISMUTH
1814. Métallurgie du bismuth {Annales de Chimie et de Physique,
t. V, p. 1, 397).
1874. A. Carnet, Découverte d'un gisement de bismuth en France
{Annales de Chimie et de Physique et Comptes Rendus,
19 janvier).
187 i. Valenciennes, Métallurgie du bismuth {Annales de Chimie et
(le Physique).
1876. Domeyko, Gisements de bismuth au Chili [Annales des Mines,
p. 7, 10 et 15).
1877. Sur les minéraux de bismuth de Bolivie {Comptes Rendus)-
1883. Godefroy. Encyclopédie chimique, t. ÏII, 13* cahier, !'• partie).
189 i. Wiener, Mines de bismuth, d'antimoine et d'argent d'Oruro en
Bolivie {Annales des Mines, 9* série, t. V, p. 511).
1897. P.-L. Burihe. Note sur les travaux de recherches exécutés à
Meymac {Annales des Mines, 9» série, t. XII, p. 3).
Mlf^ÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 491
COBALT
Propriétés chimiqaM et physiques. — Le cobalt est un
métal gris clair, dur, cassant et peu malléable, dont la densité
est de 8,6.
Ses propriétés physiques et chimiques ont de nombreuses
analogies avec celles du fer; mais il est inaltérable à Tair
à froid et ne s'oxyde qu'au rouge; sous ces divers rapports,
il se rapproche encore plus du nickel que du fer.
Usages. — Le métal pur est encore trop rare et d'un prix
trop élevé pour qu'il puisse avoir un emploi industriel étendu ;
il sert comme alliage pour les instruments d'optique. Ses
composés sont utilisés comme matières colorantes.
Alliages. — Le cobalt communique une certaine dureté au
bronze, auquel on l'allie quelquefois pour faire des coussi-
nets. Toutefois, même employé en faibles proportions, il
rend le cuivre difficile à travailler.
Oxyde. — 1/oxyde de cobalt sert à colorer en bleu le
verre et la porcelaine. Purifié, il est employé pour la pré-
paration de ïazur de qualité supérieure.
Chlorure. — Le chlorure de cobalt, comme le chlorure de
nickel, sert à préparer une encre sympathique. Les carac-
tères tracés avec cette encre apparaissent en bleu lorsqu'ils
sont chauffés.
Sels. — Le cobalt trouve sa véritable application industrielle
dans la préparation d'un silicate double de potasse et de
cobalt, avec lequel on fabrique le smalt ou azur, appelé aussi
bleu de cobalt, employé pour la peinture sur porcelaine.
Le bleu le plus beau est celui d'Eschel, qui sert aussi pour
azuré r le linge.
Le bleu Thénard, qui s'obtient en calcinant ensemble un
mélange d'alumine et de phosphate de cobalt, est plus opaque
et couvre mieux que l'azur.
En calcinant ensemble un mélange d'oxyde de zinc et de
phosphate de cobalt, on obtient un vert très solide appelé
vert de Rinnmann.
402 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Minerais. — On peut diviser les minerais de cobalt en
deux catégories :
i^ Les minerais non oxygénés ;
2^^ Les minerais oxygénés.
1^ Minerais non oxygénés. — Les principaux minerais non
oxygénés sont le cobalt natif y la jaipurite ou sulfure de
cobalt (CoS), teneur = 65 0/0 de cobalt ; la smaltine, arséniure
do cobalt souvent ferrifère (CoFeAs^), teneur = 28 0/0 ; la
chloantitey arséniure de cobalt et de nickel (GoNiAs^), teneur
de 0 à 28 0/0; la skutterudite (CoAs>), teneur = 21 0/0; la
cobaltine^ arsénio-sulfure de cobalt (GoAs.S), teneur = 35,5;
le glaucodot, arsénio-sulfure de cobalt et de fer (GoFeAs.S).
2^ Minerais oxygénés, — Les principaux minerais oxygénés
sont Vhétérogénite (Go^O^ + 6Aq), teneur = 57 0/0; Téry-
thrine = Go» (AsO*)> + 8Ag, teneur = 29,5 0/0, et Vasbolane,
minerai noir contenant du cobalt et du manganèse, qui
rentre dans la catégorie des wads.
Gisements. — On a vu plus haut l'analogie qui existe
entre le nickel et le cobalt au point de vue de leurs pro-
priétés. Gette analogie se retrouve dans les gisements, qui
sont la plupart du temps à la fois cobaltifères et nické-
lifères; ils se présentent soit sous forme d'inclusions dans
les péridotites, les serpentines et les paléopicrites avec mine-
rais oxydés superficiels (paléopicrite de DiUenbttrg dans le
Nassau, tenant de 0,16 à 0,67 de nickel, associé à du cobalt,
du cuivre et du bismuth), soit à Tétat de sulfure et d'arsénio-
suifure en contact avec les gabbros oulesdioriles (gttes de la
yoHvellC'Calédonie eideDobsina en Hongrie), soit encore sous
forme de remplissage dans des filons complexes souvent
argentifères.
Allemagne. — Le cobalt se présente parfois à Tétat de smal-
tine et de mispickel cobaltifère, associés à des sulfures
'chalcosine, phillipsite, etc.) avec gangue de barytine ou de
calcite dans des filons-failles (rûcken) recoupant des schistes
cuivreux. On rencontre des gisements de ce genre au Mans>
feld {Gerbstadt sangerhaiiser) et au Thuringerwald {Riechels-
dorf)y où la smaltine est accompagnée de cobaltine et de
chloantite. A Gluchsbrunn et à Camsdorf, on trouve la smal
tine et la cobaltine dans les grès blancs du mur, et le cobal
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 493
oxydé noir, dans les calcaires du toit. Dans la Hesse, à Bie^
ber, les micaschistes et le zechstein renferment des filons et
des nids de cobaltine et de sroaltine avec bismuth natif, etc.
On trouve dans les granités et dans les gneiss de TErzge-
birge saxon {Schneeberg, MarienbergfAnnabergetJoachimsthal
des filons à gangue quartzeuse ou bary tique; ces filons sont
peu puissants et s'appauvrissent en profondeur; ils con-
tiennent de la smaltine, de la nickeline et du bismuth
natif, associés à des minerais d'argent (argent rouge, argy>
rose, argent natif).
La production de l'Allemagne a été, en 1894. de 4.524 tonnes
de minerai de cobalt avec nickel et bismuth. En 1807, In
production est tombée à 3.356 tonnes, avec une valeur de
1 .457.595 francs.
Espagne. — On trouve des oxydes noirs de cobalt à 15 0 0
en filons dans le trias (doloinies) et dans le calcaire carboni-
fère aux confins des provinces de Léon et d'Oviedo. A Gis-
tain, province de Huesca, on a exploité des arséniosulfures
de nickel et de cobalt à 12 0/0 de cobalt, avec gangue de cal-
clte, dans des filons peu étendus, situés au contact de schistes
siluriens et de calcaires dévoniens en relation avec des
porphyres. On peut citer encore les minerais de cobalt
de Guadalcanal (Andalousie) et ceux de la Sierra Cabrera
(milliérite et nickeline, dans le calcaire carbonifère.
Angleterre. — On a exploité autrefois, dans le Cornvall, lo
cobalt associé au bismuth {Gwennap) ou au cuivre (Wheal
Trugo), Aujourd'hui, on exploite encore des oxydes noii^ do
cobalt en grains (à 1 0/0 de cobalt) accompagnés d'oxyde de
fer et de manganèse, dans des poches de calcaire carbonifère,
à Voel Hiraddog, dans le Flintshire.
Russie. — En Russie, on connaît les gisements de cobalt
d& Hi^ni-TaguiL (Oural) et de Daschkessan près d'Ielisawctpoi
(Caucase), où Ton trouve le cobaltdansdes lentilles au milieu
de magné ti te.
Scandinavie. — Sonvège. — Le principal gite de Norwège es(
celui de Skutterud, au nord de Drammcn, où l'on exploite,
depuis plus d'un siècle, du cobalt gris souvent cristallisé, à
33 0/0, et de la cobaltine à 6 ou 7 0. 0. Ces minerais sont
luéltingés à des sulfures de fer et de cuivre à l'état d'impré-
494 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
gaations lenticulaires au milieu de quarlziles, de schistes
amphiboliques et de micaschistes. On trouve là des fahl^
bandes cobaltifères analogues à celles de Kongsberg et aux
brandes de Schladming; la puissance de ces fahibandes varie
de 100 à 200 mètres, sur plusieurs kilomètres de longueur.
Ce sont des gisements anciens traversés par des filons de
granulite.
La production de la Norwège a été, en 1890, de 2.600 kilo-
grammes de cobalt métal, représentant une valeur de
36.450 francg.
En 1893, cette production s'est élevée à 5.000 kilogrammes,
valant 81 .000 francs.
Suède, -- Près de la mer Baltique, à Timnaberg, au sud de
Nykôping, on a exploité des nids de cobaltine à 37 0/0, avec
pyrrhotine, smaltine et pyrite de cuivre; le gisement se
trouve dans un banc de calcaire saccharoïde, au milieu des
gneiss gris.
A Gladhamar, au sud de Westerwik, le cuivre et le cobalt
sont associés dans des couches ramifiées, que Ton trouve
dans des leptynites, sur une longueur de 2 kilomètres ; les
principales mines sont celles de Bonde (cobalt, nickel, blende
et galène), Svensk, Odelmark (cobalt blanc et sulfure de
cobalt). On peut citer encore, en Suède, les mines de Vehna
près d'Ôrebro, celles de Knut et la mine Baggen,
La production de Toxyde de cobalt, en Suède, a atteint
1.580 kilogrammes en 1894.
Indes. — On trouve aux Indes de nombreux gîtes de
cobalt dans les mines de cuivre de Rabai et de Bagor; le
minerai exploité dans ces mines est de la cobaltine, qui sert
à la coloration en bleu des émaux d'Orient.
Afrique, — On exploite du cobalt en veines lenticulaires
au contact d'un porphyre et d'une dolérite, au Transvaal
(fleuve Oliphant).
États-Unis. — Aux États-Unis, on exploite les gîtes de
Finksburgy Minerai Hill (Maryland), de Chatam (Connec-
ticut), etc., qui se trouvent au milieu de micaschistes, et ceux
de la Motte (Missouri), de Camden (New-Jersey) et ceux du
Colorado, situés dans les rhyoliles.
La production du cobalt, aux États-Unis, a été, en 1896,
MINÉRAUX. EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 495
de 5.817 kilogrammes d*oxyde, valant 86.570 francs, et, en
1897, de 8.754 kilogrammes valant I6i.050 francs.
Nouvelle-Calédonie. — La Nouvelle-Calédonie produit, en
même temps que du nickel, une certaine quantité de cobalt.
En 1894, elle a produit 4.112 tonnes de minerai de cobalt,
associé au manganèse dans des vasques argileuses, ce qui
représente une valeur de 287.840 francs.
En 189v>, la production a été de 4.823 tonnes de minerai
de cobalt.
Les exploitations de cobalt les plus importantes de la
Nouvelle-Calédonie sont celles de Nakety, de la baie (TUqué,
de la baie Laugier et de Vile Belep,
Le minerai exploité est un oxyde manganésifère, dont la
teneur en cobalt n'est que de 5 0/0 environ.
Gisements divers. — A Markirch (Vosges) et à Schiltback
(Forêt Noire), on trouve des gisements analogues à ceux
de la Saxe. A Re^cdansk^ près d'Ekatérinenbourg (Oural), on
exploite des filons quartzeux, contenant du cobalt associé
à du nickel et à du bismuth {Schladming en Styrie, le val
d'Annivier dans le Valois, le pas de Paschietto sur la Sarda,
et Cntvin dans le Piémont).
BIBU06RAPHIE DU GOBALT
1876. Lœw, On the erupt rocks of Colorado {Geological Survey^
p. 269).
1881. Mallet, On Coballite ami Danaite from the Khetri mine
{Records of the Geological Survey of India^ t. XIV, p. 190;
Calcutta).
1882. Le Neve Poster, On the occurence of Cobalt ore in Flint-
shire {Trans. R. G. S. of Coniwall).
1888. Schmidt, Neues Jahr. f, Min.^ p. 45.
406 (iÉOLOtilE APPLIQUÉE
POTASSIUM ET SELS DE POTASSE
Propriétés physiques. — Le potassium est un métal d'un
blanc d'argent éclatant, se ternissant rapidement à Tair.
Solide, cassant à 0°, mou et malléable comme la cire à 15^, il
fond à 62^,5 et distille au rouge en émettant des vapeurs de
couleur verte.
Propriétés chimiqaes. — Le potassium s'oxyde à froid
dans Pair sec et s'altère rapidement dans Tair humide, en se
couvrant d'une couche blanche d'hydrate alcalin et en
s'échaufîant jusqu'à pouvoir s'enflammer, s'il est en lamés
minces.
Chauffé au contact de l'air, il brûle avec une flamme vio-
lette. Son extrême altérabilité oblige à le conserver dans de
l'huile de naphte.
Usages. — Le potassium, en raison de sa grande afûnité
pour l'oxygène, est employé pour la réduction d'un grand
nombre de composés oxygénés, tels que les acides carbo-
nique, borique et silicique, etc. Dans les laboratoires, il sert
à l'analyse de plusieurs gaz composés contenant de l'oxygène,
ainsi qu'à la décomposition de l'eau. La violence avec laquelle
ce corps réagit rend son maniement dangereux et lui fait
préférer le sodium, dont l'équivalent est plus faible et le prix
moins élevé.
Composés. — Hydrate de potasse. — Potasse caustique, — Le
corps, appelé dans le commerce potasse à la chaux, et en
médecine, lorsqu'il est coulé en bâtons, pierre à cautères^ est
un caustique énergique qui ramollit la peau et la dissout peu
à peu. On l'utilise pour établir des cautères, et, dans les
laboratoires, il est employé pour précipiter les oxydes inso-
lubles.
Pentasulfare de potassium. — Le pentasulfure, appelé /'oi^
de soufre, est employé en médecine. On l'administre en bains,
sous le nom de bains de Barèges artificiels, pour le traite-
ment des maladies de la peau.
Chlorure de potassium. — Ce chlorure est employé dans
l'industrie pour la fabrication de l'azotate de potasse. Il sort
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 497
également à préparer le sulfate de potasse. L'agriculture
remploie avantageusement comme engrais pour la culture
des céréales.
Bromure de potassium, — Le bromure est utilisé en méde-
cine contre les fièvres, la migraine, et comme sédatif du
système nerveux.
lodure de potdssium. — L^iodure est très employé en méde-
cine dans le traitement des maladies scrofulcuses et syphi-
litiques.
On remploie aussi en photographie.
Cyanure de potassium, — Le cyanure est employé en
grandes quantités dans la galvanoplastie.
Carbonate de potasse. — Le carbonate de potasse est la
potasse du commerce. Il est employé à Tétat brut pour la
transformation de Tazotate de chaux en azotate de potasse.
RafQné, il sert à la fabrication de la verrerie de Bohème, de
la cristallerie et des verres d'optique ; il entre dans la prépa-
ration du bleu de Prusse, des cyanures et des silicates.
Rendue cantique, sa solution sert au blanchiment des toilos,
au dégraissage des tissus, au nettoyage du bois des planchers
et des peintures sur le bois et sur les murailles; elle entre
aussi dans la fabrication des savons mous, de Teau de javel
et du chlorate de potasse.
Sulfate de potasse. — Le sulfate est utilisé pour la prépa-
ration du carbonate de potasse et pour celle de Talun.
Azotate de potasse. — L'azotate, appelé aussi nitre ou
salpêtre, est surtout employé pour la fabrication de la poudre,
et entre dans la plupart des mélanges usités pour les feux
d'artifice.
Chlorate de potasse. — Le chlorate entre, comme le sel
précédent, dans la composition des feux employés en pyro-
technie; il forme des poudres qui sont trop brisantes pour être
employées dans les armes de guerre, mais qui sont utilisées
dans les mines. Il sert à la fabrication des allumettes à phos-
phore amorphe et il entre aussi dans la p<lte des allumettes
sans phosphore. Il sert à la confection des amorces. Enfin,
en médecine, on l'administre en solution ou en pastilles
contre les affections de la bouche et de la gorge.
Hyposul/ite de potasse. — L'hyposullite est employé comme
Gf.OLOOlE. 32
498 GÉOLOGIE APPLIQUEE
décolorant et désinfectant énergique. Il entre dans la compo-
sition de l'eau de javel.
Silicate de potasse ou verre soluble, — Les bois ei les tissus
imprégnés d'une dissolution bouillante de silicate de potasse
se consument lentement et sans flamme, si on les allume.
Cette précieuse propriété a été mise à profit dans quelques
théâtres pour empêcher la propagation des incendies.
La même dissolution peut être employée pour la conser-
vation des statues et des ornements taillés dans les pierres
tendres, ainsi que pour la réparation, par le collage, du
marbre, de la porcelaine et même des verres et des cristaux.
La pâte résultant d'un mélange à froid de craie en poudre,
délayée avec une dissolution de silicate dé potasse, constitue
un excellent ciment hydraulique, qui adhère fortement à la
surface des pierres.
Minerais. — On trouvera ci-dessous la liste des principaux
minerais de potassium que l'on rencontre à l'état naturel.
Ces minéraux complexes coexistent dans les gisements, avec
des composés de métaux alcalins et alcalin o- terreux, et
peuvent difficilement être séparés les uns des autres.
10 Polyhalite, — Sulfate triple de chaux, de magnésie et de
potasse hydraté [(Ca.Mg.K») O.S03+1/2H20].
2<» Camallite, — Chlorure double de magnésium et de
potassium (K.Cl,Mg.Cl*,6H"^0) ; on y trouve du caîsium, du
rubidium et du thallium.
3^ Kaïnite. — Mélange de sulfate de magnésie et de
chlorure de potassium hydraté (KCl + 2MgO.S03 + 6H0).
i^ Sylvinite. — Chlorure de potassium pur (KCI); on y
trouve du rubidium et du cœsium.
5« Schônite. — Sulfate double de potasse et de magnésie
(KO.SO^ + MgO.S03 _|_ 6H0).
Gisements. — Laissant de côté les composés du potassium
tirés des végétaux et des matières animales par incinéra-
tion et lessivage (potasse d'Amérique et de Russie), on étu.
diera le célèbre gisement de Stassfurt, en Allemagne, qui
fournit, avec les eaux de marais salants (procédé Balard) une
quantité considérable de produits potassiques et magnésiens.
On a parlé, au chapitre précédent, des gisements d'azotate
de potasse du Pérou ; on ne reviendra pas ici sur cette étude.
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 499
Gisements de Stassfurt. — Les minerais de potassium se
trouvent associés au chlorure de sodium et à divers autres
minéraux, dans les mines de sel de Stassfurt (Allemagne).
Le célèbre gisement salifère de Stassfurt-Anhalt se trouve
dans la partie supérieure du zechstein, entre Magdebourg et
Halberstadt, au nord du Mansfeld. Le sondage de Sperenberg,
près de Potsdam, est parvenu, dans ce gisement, à une pro-
fondeur de 1.270 mètres, sans rencontrer le mur d*une couche
de sel atteinte à 90 mètres de profondeur.
Le bassin de llagdebourg-Halberstadt est constitué par des
grès, des calcaires ei des schistes bitumineux qui appar-
tiennent au permien (zechstein supérieur). A Stassfurt, au-
dessous d'une couche de sel ré^wit et de schistes bitumi-
neux avec calcaires oolithiques bitumisyBux (rogenstein), on
trouve une couche de gypse et d^anhydrife; puis on traverse
trois zones de sel gemme chargé de sulfates et do chlorures
(170 mètres). On arrive enfin, en profondeur, au se! gemme
pur ancien (qui a plus de 330 mètres d'épaisseur). En
quelques points les couches se succèdent moins régulière-
ment; certaines d*entre elles disparaissent dans des acci-
dents.
Zone profonde. — Groupe du sel gemme. — On n'a pas
atteint le mur de la zone profonde, qui est composée de sel
gemme pur (densité : 2,16), contenant, à Stassfurt, 97 0/0 de
chlorure de sodium avec de minces filets d'anhydrite, et de
Thydroboracite; le sel gemme pur est incolore; on le trouve
en masses compactes, cristallines, non stratifiées. On ren-
contre, comme variétés, le sel fibreux et le sel gemme coloré
en jaune par du chlorure de fer. On trouve, dans la masse,
des carbures d'hydrogène gazeux inflammables.
La présence de cristaux d'anhydrite en veines souvent
bitumineuses rend ce sel impropre aux usages domestiques
malgré sa pureté.
A la surface de cette zone, on trouve des aiguilles d'hydro-
boracite.
Zone de la polyhalite, — La zone moyenne renferme de la
polyhalite et du chlorure de magnésium (35 mètres de puis-
sance). On passe insensiblement de la première zone, dont la
partie supérieure renferme déjà du sel très magnésien déli-
500 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
quescent et amer, à la seconde zone, où la polyhalite rem-
place Tanhydrite. La polyhalite, en petites couches de 2 à
3 centimètres d'épaisseur, est grise (D r=: 2,62). L'anhydrite
et la polyhalite représentent 7,3 0/0 de la masse du sel
impur (91 0/0 de NaCl), qui est inutilisable, de même que la
polyhalite, d'où Ton ne peut pas extraire le sulfate de potasse
(30 0/0).
Zone de la kiésérite, — La zone supérieure contient de la
kiésérite (25 mètres de puissance) (MgOSO^ 4- HO). A la base
de cette zone, on trouve du sel magnésien, puis de la kiésérite
qui, plus haut, se mélange à de la carnallite ; enfin, au dessus,
on trouve des rognons de stassfurtite. La kiésérite, en couches
de 25 à 30 centimètres d'épaisseur, alternant avec les couches
de sel gemme, est ou amorphe, ou cristallisée (prismes cli-
norhombiques) ; elle est à demi transparente et d'une cou-
leur grisâtre; elle ternit à l'air, puis devient déliquescente et
se transforme en epsomite (sulfate de magnésie hydraté).
Zone supérieure, — Le groupe supérieur est le gisement
principal des minerais de potasse ; il contient de la carnal-
lite avec de la kaïnite et de la sylvinite (42 mètres). La car-
nallite, ou kalisalz (D = 1,68), est un chlorure double de
potassium et de magnésium à texture grenue ; elle est blanche
et transparente à l'état pur; mais elle est, en général, colorée
en jaune ou en rouge brique. On la trouve en couches stratifiées
(2 mètres au maximum), qui alternent avec le sel gemme et
la kiésérite. Elle se dédouble en présence de l'eau, et le
chlorure de magnésium se dissout seul. On trouve, dans la
carnallite, de l'oxyde de fer, du rutile, de la boracite, de
l'alun, de la pyrite et de l'anhydrite en cristaux microsco-
piques. La carnallite est accompagnée d'autres minéraux,
parmi lesquels on peut citer : 1° la kaïnite, employée comme
engrais potassique, substance jauno, transparente (D = 2,13 ),
qui est fréquente surtout dans la mine d'Anhalt et qui se
dédouble à l'air humide en chlorure de magnésium et en
sulfate double de magnésie et de potasse; — 2» la sylvine
(chlorure de potassium), que l'on trouve à Anhalt en rognons
et à Stassfurt en druses (D z=: 2) ; — 3» la stassfurtite, sel
double de borate de soude et de chlorure de magnésium,
que l'on trouve en cristaux cubiques ou en rognons de
MINÉRAUX EMPLOYÉS DAKS LES INDUSTRIES DIVERSES 501
plusieurs kilogrammes, entourés de sel gemme et de tachy-
drite; — 4<» la tachydrite (chlorure double de calcium et de
magnésium), très déliquescente et très soluble, qui est une
carnallite dans laquelle le calcium est substitué au potassium.
EnOn^à la partie supérieure (toit) du gisement, au-dessus
des argiles salifères de Tanhydrite et du gypse, on trouve une
puissante couche de sel gemme, elle-même recouverte d'argiles
salifères, avec du sel gemme impur coloré, et parfois avec
de la glaubérite.
Dans le Traité des gîtes minéraux de MM. Fuchs et De Lau-
nay. Ton trouvera, exposée en détail, la théorie de la genèse
du bassin de Stassfurt, d'après Dieulafait, Bischof et Ochsenius.
On peut admettre que la formation du bassin est due à Téva-
poration lente d^une immense lagune, restée longtemps en
communication avec la mer par un canal étroit, qui a amené
des quantités énormes de chlorure de sodium (analogie avec
la mer Caspienne et les étangs du delta du Rhône). La ferme-
ture accidentelle, puis la réouverture du canal, combinées avec
Térosion des falaises argileuses, servent à expliquer les dépôts
de sulfate de chaux et la formation des argiles salifères. En
réalité, on ne peut qu'émettre, sur cette formation, une série
d'hypothèses vraisemblables, appuyées sur des observations
pratiques et sur des expériences de laboratoire; le mécanisme
véritable de la formation du bassin res e jusqu'à présent énig-
matique.
Produits de Stassfurt. — Le sel gemme de Stassfupt, étant
mélangé d'anhydrite, est surtout vendu pour les usages indus-
triels (Fabriksalz), pour le bétail ( Vichsalz) et comme engrais
(Leckstein).
La ka'inite, qui renferme de la potasse, sert d'engrais. On en
extrait du sulfate de potasse.
Le hartsalz (mélange de sylvinite, de kiésérite, de sel gemme
et d'anhydrite) est vendu comme engrais.
1^ carnallite sert à l'extraction du chloinire de potassium
et à la fabrication du sulfate de soude.
Les résidus de triage sont vendus comme engrais ou
comme réfrigérants.
La kiésérite est vendue, en général, à l'état de mélange
avec la carnallite.
502 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
La stassfurtUe fournit de l'acide borique et du borax. Des
eaux mères traitées par le chlore, on extrait du brome.
Les engrais potassiques de Stassfurt, riches en sel marin,
employés 'à la dose de 200 à 300 kilogrammes par hectare,
sont d'un bon effet, pourvu qu'ils soient débarrassés du chlo-
rure de magnésium, qui est dangereux pour la végétation.
L'Allemagne est à peu près le seul pays producteur de la
potasse extraite de gisements minéraux. La Russie et l'Araé-
rique en produisent de grandes quantités, mais qui sont
extraites du lessivage des cendres de bois.
Production de Stassfurt. — Kaïnite, 995.821 tonnes valant
i7.481. 020 francs.
Autres sels de potasse, 950.367 tonnes valant 15.099.240 fr.
BIBLIOGRAPHIE DU POTASSIUM
1865. De Selle, De la saline de Stassfurt {Cuyper, t. XVII, p. 34).
1865. Fuchs, Mémoire sur Stassfurt {Annales 'des Mines, 6' série,
t. VllI).
1872. Exploitation d'un gisement de chlorure de potassium àKalut
en Galicie [Cuyper^ t. XXXI, p. 174).
1888. Janet, Sur le traitement industriel des sels de Stassfurt
{Annales des Mines, 8* série, t. XIV, p. 479).
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 503
SODIUM
Propriétés. — Le sodium est un métal blanc et brillant
comme Targent, mais dont Téclat s'altère rapidement à Tair
humide, par la formation d'une couche blanche et terne
d'hydrate de soude. A la température ordinaire, il est mou et
malléable comme de la cire ; au-dessous de 0*», il durcit et
devient cassant. Sa densité est de 0,970. Il fond à 9^**^ et
distille au rouge vif.
II cristallise en octaèdres quadratiques ; à une température
élevée, il brûle avec une flamme jaune caractéristique, en
donnant du protoxyde et du peroxyde de sodium. Le sodium
est bon conducteur de la chaleur et de l'électricité; ses réac-
tions sont moins énergiques que celles du potassium, et il est
plus facile à manier que ce métal.
Usages. — On emploie le sodium comme réducteur dans
la métallurgie de l'aluminium et du magnésium et dans la
préparation du bore et du silicium.
La soude caustique y ou hydrate de soude, est employée dans
la fabrication des savons. Elle ramollit la peau et la dissout.
On la désigne sous le nom de soude à la chaux ou soude à
l'alcool, suivant son mode de préparation.
Production du sodium métallique. — On produit le sodium
métallique principalement aux États-Unis, dans les usines
hydro-électriques de la Niagara Electro-Chemical C°, h Nia-
gara Falls; en Angleterre, à Oldbury (Aluminium C*>); et dans
trois usines allemandes dans lesquelles on emploie le pro-
cédé électrolytique Gastner. Le prix du sodium métallique,
à New- York, variait de 4 à 5 francs la livre anglaise de
450 grammes, en 1897. Pour de grosses commandes, on
traitait à 2 fr. 60.
Alliages. — Au-dessus de 300<>, le sodium absorbe l'hydro-
gène et forme avec lui un alliage (Na*H), mou à la tempéra-
ture ordinaire, plus fusible et plus brillant que le sodium.
Avec le mercure, le sodium forme un amalgame appelé
amalgame de sodium, très employé comme réducteur en chi-
mie organique.
:::.
504 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Les alliages de potassium et de sodium sont extrêmement
fusibles.
Le sodium peut encore former des alliages avec Tantimoine,
Tarsenic, le bismuth, Tétain, le fer et le plomb.
Composés. — Chlorure de sodium (sel). — Le chlorure de
sodium est un des corps les plus répandus dans la nature ; il
existe, en couches abondantes dans le sein de la terre (sel
gemme), ou en dissolution dans les sources salées et dans
Peau de mer (lacs salés, marais salants). Il est employé dans
la préparation des aliments et pour la conservation des
viandes et autres denrées. On l'emploie aussi en agriculture
et pour rélevage des bestiaux.
L'industrie en consomme de grandes quantités pour la
fabrication de Tacide chlorhydrique, du sulfate et du car-
bonate de soude, pour le vernissage des poteries et des
grès, etc.
Hypochlorite de soude. — En mélangeant, à équivalents
égaux, de Thypochlorite de soude et du chlorure de sodium,
on obtient la liqueur de Labarraque^ analogue à Teau de Javel
et utilisée, de même que ce produit, comme désinfectant et
comme décolorant.
Carbonate de soude. — Les carbonates impurs ou soudes
du commerce sont désignés, suivant leur provenance, sous le
nom de soudes naturelles ou de soudes artificielles.
Les soudes naturelles proviennent de Tincinération des
plantes marines (salicornes, salsola, barilles), qui contiennent
de la soude, combinée à des acides organiques. Sous Faction
de la chaleur, les cendres de ces végétaux à demi fondues se
transforment en une masse brune, qui contient de 15 à 25 0/0
de carbonate de soude sec.
Les soudes artificielles qui, aujourd'hui, ont presque entiè-
rement remplacé les soudes naturelles, sont préparées soit
d'après le procédé Leblanc (sulfate de soude, craie et char-
bon chaufTés ensemble), soit d'après le procédé à l'ammo-
niaque.
Le carbonate de soude est employé à l'état brut dans la
fabrication de la verrerie commune. Raffiné, il sert à la
fabrication des glaces et de la verrerie fine. Les cristaux
de soude servent dans le blanchiment, dans la teinture,
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTBIES DIVERSES 50K
dans la préparation des sulfites et des hyposulfites de
soude, dans la transformation de Tacide borique en borax.
Rendue caustique par la chaux, la soude brute est employée
à la fabrication des savons durs.
Bicarbonate de soude. — Le bicarbonate de soude, qui
existe dans certaines eaux minérales (Vichy, Carlsbad, etc.)
et que Ton peut préparer en faisant passer un courant
d'acide carbonique sur des cristaux de soude concassés en
fragments, est utilisé en médecine contre la gravelle et
diverses autres affections; il facilite les digestions acides. Il
est employé pour la préparation de l'eau de Seltz par les
particuliers.
Sulfate dt soude, — Il existe, en Espagne, de vastes mines
de sulfate de soude naturel. On trouve aussi ce sel dans
certaines eaux minérales et dans les eaux-mères des marais
salants.
On prépare le sulfate de soude artificiellement, en décom-
posant le chlorure de sodium par Tacide sulfurique. On
remploie pour la fabrication de la soude arliOcielle et pour
celle du verre ordinaire. On s'en sert en chimie et en méde-
cine.
Hyposul/ite de soude, — L'hyposulfite de soude est un
réducteur énergique, qui dissout le chlorure, le bromure et
riodure d'argent, propriété à laquelle il doit son emploi en
photographie.
Borate de soude. — Le borate de soude fondu dissout les
oxydes métalliques; on s'en sert pour opérer la soudure
des alliages d'or ou d'argent et pour enlever les oxydes qui
se forment sur les surfaces à souder.
On l'utilise pour reconnaître, à l'aide du chalumeau, la
nature du métal que contient un oxyde. Il est employé pour
la fabrication de certains verres, pour la peinture sur porce-
laine et pour l'émail de la porcelaine anglaise.
Arséniate de soude, — L'arséniate de soude est utilisé en
médecine contre les Qèvres intermittentes et les maladies
scrofuleuses. La liqueur de Pearson est formée de 5 centi-
grammes d'arséniate neutre de soude pour 30 grammes d'eau.
Minerais. — Le sodium existe en grande quantité dans la
nature, sous forme de sel gemme (chlorure de sodium) et
506 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
<Vazotate de soude ; on le trouve aussi à Télat de cryolite ou
fluorure double d'aluminium et de sodium (Voir le chapitre
de ï Aluminium),
On connaît encore les minerais de sodium suivants :
Le glaubérite, sulfate double de soude et de chaux ;
Le boraxy ou borate de soude, qui sert surtout à l'extraction
du bore et de Tacide borique, et le sesquicarbonate de soude
{2Na0.3C02 + 3H0) ou natron. On peut citer aussi, malgré
sa rareté, la gaylussite, carbonate de soude et de chaux que
Ton trouve surtout en Amérique {Nevada, lac Maracaïbo).
On ne s'occupera ici que du sel gemme, de la glaubérite
«t du natron.
SEL GEMBIE
Usages. — Le sel gemme est indispensable à la vie de
l'homme et des animaux. De plus, il sert d'engrais, et il a des
applications industrielles importantes pour le tannage des
peaux, le vernissage des poteries et surtout pour la fabri-
cation du carbonate de soude par les procédés Leblanc et
Solvay. Le sel pur est réservé à l'alimentation. Le sel
industriel, de même que celui qu'on donne aux bestiaux,
est dénaturé par mélange avec de la naphtaline, de l'absinthe
ou de l'oxyde de fer, pour éviter l'impôt considérable qui
frappe le sel propre à l'alimentation.
On laissera de côté l'industrie des marais salants, qui
fournit en France une grande partie du sel consommé (salines
de l'Ouest, de la Provence et de l'Algérie), pour étudier
uniquement le sel gemme des étages géologiques, que l'on
exploite soit comme un minerai ordinaire, par abatage en
blocs (Wieliczka, en Galicie, Maros Ujvar et Marmai'os, en
Hongrie), quand le terrain est solide, soit par dissolution, en
traçant au préalable des galeries dans la couche (Salzkam-
mergut). Enfin on peut encore faire un sondage dans les
couches salifères, y introduire de Feau et pomper l'eau salée
(Lorraine, Cheshire, Se-Tchouan).
Gisements. — Les gisements de sel se sont formés par
Tévaporalion de lagunes maintenues pendant longtemps en
MINERAUX EMPLOYÉS DAN8 LES LNDLSTRIES DIVERSES 507
communication avec la mer par un canal étroit. Ce phéno-
mène a pu surtout se produire lors de plissements et de dis-
locations qui ont déplacé les eaux sur la surface des con-
tinents.
Quand il y a évaporation d^eau de mer, il y a d'abord dépôt
de gypse ; aussi trouve-t-on le sel au-dessus de couches de
gypse; on rencontre des gisements de sel principalement
dans les terrains contemporains des dislocations qui ont mis
les minerais métalliques en mouvement : cambrien (Chine),
silurien (Indes et Amérique du Nord), permo-trias (Russie,
Tyrol, Lorraine, etc.), miocène (Carpathes), époque actuelle
(Caspienne, Algérie et Chotts de Tunisie). C'est également
dans ces terrains que Ton rencontre les gisements d'hydro-
carbures, souvent au voisinage du gypse et du chlorure de
sodium, et cette décomposition de Teau de mer est un des
facteurs de la formation des pétroles. Nous avons pu étudier
tout particulièrement, et même découvrir et exploiter, dans
diverses contrées, un certain nombre de gisements de pétrole ;
nous avons été ainsi amené à présenter, dans le chapitre
des Hydrocarbures, une explication de ces phénomènes qui
ont été jusqu'ici incomplètement étudiés, et au sujet desquels
de nombreuses hypothèses ont été imaginées. Cette question
est une des plus passionnantes de la géologie, à cause de
Tobscurité qui entoure les conditions si diverses de forma-
tion, de dépôt et de déplacement des hydrocarbures, et aussi
à cause des emplois multiples de ces produits dans l'indus-
trie moderne.
Les sources thermales salées empruntent leur salure aux
couches qu'elles traversent; un grand nombre de géologues
prétendent même que le sel a été déposé, dans les terrains
où on le trouve, par des sources chlorurées. Tl se peut que
certains gisements de sel aient été formés de cette façon ;
mais les phénomènes actuels, très nets et parfaitement cons-
tatés, de l'évaporation des mers, et la nature de la plupart des
gisements de sel rendent peu probable cette dernière hypo-
thèse, au moins dans un grand nombre de cas.
Les principaux gisements connus sont décrits ci-dessous
successivementd'après leur situation géographique : France,
Europe, Asie, Afrique, Amérique.
508 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Gisemciits de sel en France. — Lorraine. — Le tableau ci-
dessous rend compte de la succession des couches salifères
du keuper en Lorraine, près de Nancy, dans les vallées de
la Meurthe et du- Sanon :
Marnes, argiles bariolées
Bancs de dolooiie jaune } Keuper supérieur.
Gypse non salifére
Dolomie
Grès fin micacé } Keuper moyen.
Marnes avec gypse et sel
Dolomie i
Couches charbonneuses f Keuper inférieur.
Lentilles de gypse sans sel gemme., i
Dolomie inférieure poreuse )
Muschelkalk.
On y exploite des couches lenticulaires de sel, aplaties,
régulières et peu inclinées, séparées par des bancs d'argile
gypst*use salée et réparties en deux niveaux : le niveau
supt'rieur, qui est le seul exploité, comprend à Varangeville
onze couches de sel (63 mètres), dont une de 20 mètres d'épais-
seur, et quatre seulement à Einville-au-Jard (10 mètres au
total) ; le sel, grisâtre et translucide, contient un peu d'ar-
gile et d'anhydrite; les couches n'affleurent nulle part; elles
diminuent rapidement de puissance vers Test et le sud>est
et se raccordent probablement au nord avec celles de Dieuze
ot de Vie. Les principales mines sont celles de Rosières et de
Saint-Nicolas à Varangeville, de Saint-Laurent à Einville où
l'on exploite par chantiers souterrains à piliers abandonnés.
Dans les autres mines [Pont-de-Saint-Phliîi, les Aulnois,
la Madeleine à la Neaveville, Dombasle, Portieux, etc.), on
exploite par dissolution. Les tubages perforés des trous de
sonde mettent en communication les couches de sel avec
diverses nappes d'eau douce; ils se remplissent d'eau salée
marquant 21 à 25° Baume (240 à 320 kilogrammes de sel
par mètre cube), que l'on pompe, et d'où l'on extrait le sel par
évaporation dans des poêles en tôle de 8",00X20™,00 X0",50;
l'eau trouble et chargée de gaz est d'abord décantée dans des
bassins de repos, puis elle eist traitée par la chaux, qui pré-
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 509
cipite Toxyde de fer, ainsi que le chlorure de magnésium
qui rendrait le sel déliquescent.
Les terrains s'éboulent peu à peu par suite des vides inté-
rieurs créés par cette méthode d'exploitation, qui les réduit
à Tétat de boue.
Les quatorze salines de la région et les deux soudières où
Ton fabrique le carbonate de soude, ont produit environ
100.000 tonnes de sel gemme et 150.000 tonnes de sel
rafQné en 1885. La production du carbonate de soude était
de 77.000 tonnes en 1885. En 1898, ces exploitations ont
fourni 304.000 tonnes de sel brut ou raffiné ; en y ajoutant
la quantité de sel tenue en dissolution dans les eaux salées
consommées pour la fabrication directe de la soude, on
arrive à un total de 550.000 tonnes de sel pour c^tte
région.
Angleterre. — Le gisement salifère du Cheshire, situé dans
le voisinage de Liverpool, est le plus important du monde
entier. On exporte le sel, comme lest, par les nombreux
navires qui partent de Liverpool pour chercher des charge-
ments de coton et d'autres matières aux Indes, en Amérique
ou en Australie. On fabrique aussi, en Angleterre, une
grande quantité de carbonate de soude avec le chlorure de
sodium extrait du Gheshire.
Le gisement, situé dans le keuper inférieur et le keuper
moyen, comprend, h, Northwich, deux couches de sel gemme
de 25 mètres de puissance chacune : top bed, ou lit supérieur
(49 mètres de profondeur), et bottom bed, ou lit inférieur
(84 mètres de profondeur). Ces deux couches sont séparées
par des marnes dures, sur lesquelles on asseoit les eu vêlages
des puits. Entre la couche supérieure {top bed) et la couche
des marnes dures et imperméables [flag) qui la surmonte,
circule une nappe d'eau qui dissout le sel du top bed.
L'eau pénètre par les affleurements, comme dans le bassin
de Paris. Il y avait, autrefois, des sources salées jaillissantes
que Ton obtenait en perçant les flags; mais le trop grand
nombre des forages a diminué actuellement la charge des
eaux.
La couche de sel a une superficie de 32"'™ X 24^" et une
épaisseur moyenne de 45 mètres, dont 23 situés au-dessus de
510 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
la^uifii: sont exploitables. U y a donc près de 40 milliards de
t-onnes de sef eiftiéfwnr& dans cette région.
L'exploitation se fait, en géisétai» par dissolution ; cepen-
dant on exploite en certains points le botton bcRl par mines
souterraines (méthode des piliers abandonnés), en résenntnt
1 mètre de plancher et 18 mètres de plafond; les 6 mètres
de hauteur exploités sont partagés en deux étages de 2 et
de 4 mètres, abattus lun au pic et à la mine, le second
(étage inférieur) à la mine seulement.
L'exploitation par dissolution se fait au moyen de puits, par
lesquels on épuise la nappe d'eau salée (10 à 100 mètres); la
saumure, à 25 0/0 de sel, est évaporée dans des poêles de
8°^ X 20 mètres. L'épuisement est fait par des Compagnies
qui possèdent des pipe-lines en fonte ou en bois, et qui
livrent la saumure aux usines, moyennant un prix déter-
miné au mètre cube. L'exploitation par dissolution produit
dans le Cheshire des effondrements et des excavations
considérables, qui ruinent les propriétaires de champs et
d'inrmeubles ; mais les exploitants sont protégés par la loi
anglaise contre toute réclamation.
Il existe également des couches de sel gemme dans le
Durfiam (keuper) et au sud de la Tyne, ainsi qu'en Irlande
(keuper de Carrickfergus).
La production de la Grande-Bretagne a été au total, en
1897, de 1.934.039 tonnes de sel représentant une valeur de
15.522.450 francs. En 1894, elle avait atteint 2.271.687 tonnes,
représentant une valeur de 19.090.725 francs.
Espagne. — On exploite à ciel ouvert par tranches hori-
zontales, près de Cardonaj un gisement de sel rougeâtre,
constitué par un plateau éocène que coupe la vallée du
Cardonero, affluent du LIobreyat, On peut citer encore le
gîte de Caparoaa, couche de sel de 1",60, entre le gypse
et l'argile; celui de Posa, près de Burgos, et les salines
de San-Fernando (200.000 tonnes) et de Fuenle Piedra
i^ 300.000 tonnes), dans le sud de l'Espagne.
La production du sel, en Espagne, a été, en 1892, de
682.634 tonnes et, en 1897, de 508.606 tonnes vaknt
5.790.470 francs.
Houmanie, — Le mouvement de recul (époque du schlier')
MINÉRAUX KMPLOYÉii DANS LES INDUSTRIES
de Tancienne Méditerranée qui couvrait autrefois une grande
partie de TEurope centrale, a laissé, le long des Garpathes,
en Roumanie, ainsi qu'en Transylvanie et en Galicie, des
dépôts considérables d*argile salifère gris bleu, provenant de
lagunes restées en communication avec la mer.
Les argiles salifères de Roumanie (argiles rougeâtres,
schistes gréseux ou argileux, micacés) appartiennent au
salzthon-gruppe, qui comprend des couches à paludines
pétrolifères recouvertes par des grès et des sables à con-
géries (pliocène inférieur). Les collines renfermant ces
couches surplombent la plaine d'alluvions du Danube et
sont dominées par des montagnes de grès. Les schistes
gréseux micacés renferment du sel, du soufre et du gypse.
Les gites, de forme lenticulaire, ont subi des plissements
complexes et sont répartis sur trois lignes de plissements;
ils sont exploités par grandes galeries; les principales mines
sont: SlaniCf Doftana, Tirgn-Ocnaj Grandes-Salines , Kampinay
Telega^ Baïcoïj etc.
Transylvanie. — Les gisements de Transylvanie sont
répartis dans une zone orientée nord-sud, parallèle aux plis-
sements des schistes crétacés et primitifs.
A MaroS'Ujvar, où le gîte a une apparence éruptive, ou
trouve, dans des argiles tertiaires non fossilifères, un sel très
pur (99 0/0 de sel), contenant des traces d'anhydrite, de gypse
et de carbures d'hydrogène. Les parois argileuses ont une
surface polie comme une glace, et la masse saline augmente
de largeur en profondeur, en même temps que les couches
d'argile se rapprochent de l'horizontale. Les autres mines prin-
cipales de cette région se trouvent à Parayd, k Dees et à
Visakna,
On exploite, aujourd'hui, en creusant dans le sel d'im-
menses chambres rectangulaires, éclairées à l'électricité
(les anciennes chambres avaient la forme de cloches). A cet
effet, on mène des galeries qui ont 2 mètres de hauteur sur
ItO à 120 mètres de' longueur, et il mètres à 15 mètres de
largeur; puis on élargit en menant des galeries transversales
à droite et à gauche des premières. Quand on atteint
45 mètres de largeur, on attaque les parois en réservant des
piliers de 6 à S mètres entre les chambres et en enlevant le
512 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
sel par tranches horizontales de 0™,25 X 1",00 X 2",00, que
Ton débite en morceaux de 40 à 50 kilogrammes.
Le groupe des salines de MarmaroSy aux confins de la Galicie
et de la Bukowine, appartient à une bande salifère continue,
parallèle à la Theiss. La couche de sel qui renferme les fos-
siles du schlier (faune méditerranéenne miocène), et dont
l'épaisseur dépasse 150 mètres, est surmontée d'argiles noires
bleuâtres (40 mètres); ces salines, déjà connues du temps des
Romains, sont réparties en trois groupes autour de Marmaros^
Szlatinay Ronaszek et Szukatak.
Galicie. — Les salines de Wieliczka et de Bochnia^ en Galicie,
sont situées au nord des Garpathes et font suite à celle de
Marmaros. Le gisement, exploité depuis plusieurs siècles, a
une étendue de 3.000 à 4.000 mètres en longueur et en lar-
geur; il comprend deux formations superposées:
1° La partie inférieure avec trois groupes de couches bien
stratifiées sur près de 150 mètres (fossiles marins) ; on exploite
les couches à partir de l",10 d'épaisseur. Le sel comprend
trois variétés : le sel alimentaire (szybikersalz), à 99 0/0 de
sel pur et 1 0/0 de gypse, le sel industriel (spizasalz) conte-
nant du sable, et le sel vert ou gris verddtre (grtinsalz), dont
on emploie la partie la plus pure ;
2<^ La partie supérieure non stratifiée, où les couches
argileuses miocènes contiennent des amas irrcguliers de sel
gemme atteignant souvent 50 mètres de puissance.
On recueille, outre le sel gemme, des argiles plus ou moins
salées, telles que le zuber^ qui contient jusqu'à 50 0/0 de sel;
on exploite, comme à Marmaros, par grandes chambres ; on
dépile par tranches successives de 2™,Î0 de haut avec piliers
abandonnés, et on ne prend qu'une tranche sur deux pour
obtenir plus de sécurité, la mine étant située sous la ville de
Wieliczka.
Tyrol et Salzkammergut. — Le Salzkammergut renferme
des gisements salifères triasiques importants, exploités
depuis le viii« siècle, et situés dans le keuper inférieur, en
relation avec des couches marines de dolomie et de calcaire.
Les gisements sont surmontés, au nord des Alpes, par des
marbres colorés (niveau de Saint-Cassian), de 300 mètres
d'épaisseur. Au sud, les tufs de porphyre augitique, avec
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDISTRIES DIVERSES 513
marnes, sont recouverts par des dolomies (dolomies du
Schlem). Les amas de sel, colorés en rouge ou en noir et
mélangés d'argile, sont tantôt verticaux, tantôt horizontaux
(lentilles). Les principales mines sont celles d'Hallein, irtiaU"
stadt, (TAusse, etc. On les exploite par dissolution, en faisant
séjourner de Teau, successivement, pendant trois semaines,
dans plusieurs chambres souterraines superposées, d*où Ton
enlève d'abord des blocs de sel en rései^ant des piliers.
(Voir, pour les détails de cette industrie, le Traité d' exploita-
tion (les mines de M. Haton de la Goupillière, el le Traité de
géologie appliquée de MM. Fuchs et de I^unay, t. I, p. i80 et
481).
La production du sel a été, au total, pour TAu triche- Hon-
grie, de 402.795 tonnes en 1897, comprenant 250.000 tonnes
environ de sel provenant des marais salants de la Dalmatie
et de ristrie.
Russie. — Le dévonien renferme, en Russie, des sources
salées accompagnées de gypse et de naphte : salines de
Senoska (mer Blanche), d'Ouske-Loush et de Vladitchemk, dans
le gouvernement d'Arkangelsk.
Les salines du gouvernement de Perm, le long de la
Kama {Deduckhine, Lenvensk, Ousolié, Solikamsk, Béresnine),
exploitées depuis le vi'' siècle, sont situées dans le zechs-
tein, de même que celles de Thosma et Ledengsk (pouverne-
ment de Vologda) et de Seregowsk^ sur la rivière Vyni.
La production des salines du zechstein russe ilépasse
200.000 tonnes.
La production de la Russie a été de 1.347.352 tonnes de
sel, en 1896, valant 15.130.000 francs.
Région de la mer Caspienne, — Les eaux du bassin dv la
mer Caspienne se réunissent dans des lacs sans écoulement,
qui s'évaporent complètement en été; un certain nombre de
ces lacs sont permanents, leur masse d'eau étant très consitk*-
rable. Les principales régions où il existe des groupes de
lacs sont les bords de la mer Noire [Kouialnic, Kissbourn et
Hadjibei), production 50.000 tonnes par an, et les bords de la
mer d'Azov (Jasensky Tamane^ Otchouevsk) ; dans la Crimée, il
existe des marais salants près de Perekop, Eupatoria, Thco^
dosia^ etc. ; enfin, dans les environs d'Astrakan, on trouve sur
OÉOLOOIB. 33
514 (iÉOLOGlE APPLigLÉE
les bords du Volga, plus de 2.000 lacs; les plus importants
sont ceux d'Eltone (23.000 hectares), dont on exploite les
couches inférieures (les couches récentes sont araères), et
celui de Baskountchak (18.000 hectares), qui s'évapore en
été, et qui fournit près de 400.000 tonnes de sel gris par
an.
Algérie. — Sur la route d'Alger à Laghouat, au sud de
Boghar, on trouve le gîte du. Rhang-el-Melah^ constitué par un
massif crétacé cénomanien conique, dû sans doute à une
éruption. Ce massif s'élève dans une plaine d'alluvions; au
centre se trouve un amas de sel très pur, à profil déchi-
queté, ressemblant à des ruines. L'Oued-Melah délave les
affleurements et dépose, sur ses bords, une quantité de sel
considérable. Le cube du gisement est évalué à 250 millions
de tonnes.
Province d'Oran. — Le lac d'Arzew près d'Oran (1.500 hec-
tares) reçoit, dans la saison des pluies, les eaux qui se sont
chargées de sel en lavant les terrains environnants; en été,
il se dessèche, et on recueille à la pelle une croûte de sel
de 0'",35 environ, dont la partie inférieure est très blanche.
L'Algérie a produit, en 1896, 19.658 tonnes de sel et, en
1897, 23.222 tonnes valant 390.000 francs.
Indes. — On recueille, dans l'Inde, un sel rouge impur
fourni par des lentilles interstratifié os dans le silurien (sal-
tranges du Pendjab indien, sur la rive orientale de l'indus.
Au sud de Peshawar, sur la rive occident^ile de Tin dus
(Pendjab), on exploite des gisements de sel (éocène ou trias)
qui se présentent sous forme d'amas en concordance avec
l'éocène et surmontés de gypse et de grès à nummulites. Les
affleurements, très puissants, forment des collines et des
falaises blanches ou grises (60 mètres), à Rahadur-KheL
La production du sel aux Indes est, en moyenne, de
l. 000.000 de tonnes par an (937.388 tonnes en 1897).
Verse, — Les gisements de sel de la Perse se rattachent,
comme ceux de l'Europe centrale, à la phase du tertiaire
connue sous le nom de schlier. Les principaux sont ceux de
YAlbur (miocène), près do Nichapur, où on recueille, par la
méthode des chambres, du sel dont la couleur varie du
blanc au noir; on exploite aussi du sel dans des grès et des
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 515
marnes tertiaires aux environs du golfe Persique {Larak,
Hormuz, Pohal, Hameran, Jabelt etc., etc.).
Se-Tchottan (Chine). — Dans la partie orientale de la
province chinoise du Se-Tchouan, au nord du Yunnam,
il existe une région appelée le pays du Feu (Fou Ghoen);
les sources salées y sont alignées au nord d'une chaîne
de montagnes carbonifères et sont associées à des hydrocar-
bures ; elles proviennent de plissements et de fractures pro-
fondes du cambrien. On exploite par puisage, au moyen de
sondages à la corde qui ont de 300 à 600 mètres et même
parfois 1.100 mètres de profondeur; les sources, rarement
jaillissantes, fournissent souvent du pétrole mêlé à Teau
salée et des gaz combustibles que Ton emploie pour évaporer
l'eau du sel.
La production annuelle du sel dépasserait, dit-on, 800.000
tonnes en Chine.
Amérique. — On exploite, en Amérique, des sources salées
associées à du gypse dans le silurien supérieur (Syracuse,
Satina, Ohio). Citons encore les sources et les lacs salés du
Mississipi, du Rentucky, de la région des Lacs salés et du
Nevada. Dans ces mêmes régions, ainsi que dans ruiah,
rOrégon, la Californie et le Canada, on trouve des lacs salés
qui donnent du sel par concentration. Ce sel est employé
principalement par Tindustrie des mines d'or (chloruration).
La plus grande partie du sel produit aux États-Unis pro-
vient de l'exploitation des sources salées, au moyen de
pompes. Il existe une mine de sel gemme à la Louisiane , deux
dans le Kansas (Kanapolis), et un groupe de mines (Lehigh,
Livonia, Greigsville), exploitées par une seule Compagnie,
dans Touest de l'État de New- York, à Geddes, au sud de
Syracuse (Genesee et Wyoming Valleys).
Les États-Unis ont produit, en 1897, 2.000.000 tonnes de sel.
Au Canada, on a produit, en 1896, 39.880 tonnes de sel
valant 848.465 francs et, en 1897, 46.584 tonnes valant
1.128.650 francs.
516 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
NATROR
Parmi les autres minéraux du sodium, on étudiera le
natron et la glaubérite.
Le natron est du sesquicarbonate de soude (-2NaO,3CO'
+ 3 HO). Il a été longtemps employé pour produire la
soude du commerce. Il peut servir pour la fabrication du
verre. Le natron se trouve dans le Fezzan et en Egypte
(Afrique), à Lagunella (Venezuela), dans le WyominQf dans
le Churchill County (Nevada) et en Californie, On en a trouvé
récemment un dépôt dans le district d'A//ar (Etat de Sonora,
Mexique), près du golfe de Californie; ce minerai contient
76 0/0 de carbonate et 5 0/0 de sulfate de soude.
Gisements du Wyoming. — Dans le Wyoming, les princi-
paux gisements de natron sont ceux des groupes de Natrona
County (Morgan Indépendance, Rock et Gill), de Carbon County
(Bothwell et Rankin), d'Albany County (Union Pacific, Downey
et Roch Greek). Ces gisements tertiaires ou triasiques couvrent
une superficie d'environ 480 hectares et représentent au
moins 425.000 mètres cubes. Malheureusement, l'exploitation
est enrayée par le manque de moyens de transport; il est
certain que ces districts prendront une grande importance,
quand les capitaux s'y porteront.
GLAUBÉRITE
La glaubérite (sulfate double de soude et de chaux) con-
tient 45 0/0 de sulfate de soude anhydre ; elle peut être
employée pour la fabrication du carbonate de soude et du
verre.
Gisements (VAranjucz {Espagne). — Elle se trouve en couches
puissantes dans le miocène, aux environs d'Aranjuez, à Cien-
PozueloSjen Espagne. Le minerai, surmonté d'argiles rouges
et grises et de calcaires d'eau douce, est exploité, à flancs
de coteaux, par piliers abandonnés; on traite le minerai
par dissolution dans de grandes excavations creusées dans
l'argile, et on recueille dans des cristal li soirs à fond bitumé
la solution chargée de sulfate de soude; ce sel se dissol-
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 517
vant le premier, il ne reste plus, comme résidu, dans les
excavations, que du sulfate de chaux.
Le manque de combustible rend ditticile le séchage du
sel qu'on utilise dans les savonneries de Séville. On ne peut
pas l'exporter, à cause des frais de transport.
La production est de 10.000 tonnes environ par an.
Autres gisements. — On trouve également du sulfate de
soude pur, en Espagne, à Alcanadre, vallée de TEbre et à
Andosilla, près de Burgos. 11 existe aussi des gisements de
glaubérite au CAt7t, au Pérou et dans le Colorado, en etllo-
rescences sur le bord des lacs salés.
BDLIOORAPHIE DU SODIUM
1862. Keller, Sur V exploitation de V argile salifère et le traitement
du $el danê le Salzkammergut (Annales des Mines^ 6* série,
t. II, p. 1).
1812. Boue, Sur les gîtes de sel de Valachie {Bulletin de la Société
de Géologie, 2* série, t. XXIX).
1874. Boue, Sur les gîtes de sel de la Roumanie {Bulletin de la
Société de Géologie^ 3* série, t. III, p. 52).
1874. Coquaad, Sur Vdge des sels gemmes de la Moldavie {Bulletin
de la Société de Géologie, 3' série, t. Il, p. 365).
1877. Lartet, Sur les dépôts salifères des Petites Pyrénées, de la
Haute-Garonne et de VAnège {Mémoires de V Académie des
Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, 8* série,
t. V, p. 260).
1877. Grad, Mines de Wieliczka {Société d'histoire naturelle de
Colmar, p. 259).
1881. Duboul, La mine de sel gemme de Cardona dans la Haute-
Catalogne {Bulletin de la Société Hispano-Portugaise, t. Il,
nM).
1881-1882. Labat, Observations sur les mines de sel gemme et sur
les eaux salées de Salzburg {Bulletin de la Société de Géolo-
gie, 3* série, t. X, p. 263, Paris).
1886. Pelle, Les salines de Roumanie [Annales des Mines, 8* série,
t. X, p. 210).
1888. Gruner, Industrie du sel dans le Donetz.
1891. Coidre, Salines du Se-Tchouan {Annales des mines, 8* séria,
t. XIX, p. 441).
1891. Calderon, Sur la concomitance du sel gemme et de la
matière organique dans les mêmes gisements {Bulletin de
la Société géologique de France),
1897. Buttemback, Les dépôts salins des plaines du nord de l'Alle-
magne {Revue universelle des Mines et de la Métallurgie,
5' série, t. XXXX, p. 37).
518 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
SOUFRE ET FTBITES
Propriétés physiques. — A la température ordinaire, le
soufre natif est un corps solide, d'un jaune citron, insipide
et inodore. Par le frottement il s'électrise négativement et
répand une odeur spéciale. Il est insoluble dans Teau; mais
il se dissout facilement dans la benzine, dans les huHes essen-
tielles et surtout dans le sulfure de carbone.
Le soufre cristallise en prismes ou en octaèdres. On obtient
la forme prismatique en laissant cristalliser par refroidisse-
ment le soufre fondu. La forme octaédrique est obtenue en
laissant évaporer à froid une dissolution de soufre dans le
sulfure de carbone. En cristaux prismatiques, le soufre fond
à 1 1 7°, et sa densité est de 1 ,96 à 1 ,99. En cristaux octaédriques,
il fond vers 113°, et sa densité est de 2,7.
A 410*», il entre en ébullition el distille ; ses vapeurs, con-
densées dans un récipient froid, reproduisent le soufre ordi-
naire jaune citron. Le soufre est mauvais conducteur de la
chaleur et de Télectricité; une faible chaleur, celle de la main,
par exemple, produit dans ce corps une dilatation superfi-
cielle, qui détermine la séparation des cristaux peu adhérents,
indiquée par des craquements appelés cri du soufre. Un mor-
ceau de soufre, soumis brusquement à une température éle-
vée, se casse aussitôt.
Propriétés chimiques. — Chauffé au contact de Tair, le
soufre devient phosphorescent; vers 200** à250*', il s'enflamme
et brûle avec une flamme bleue. Il brûle vivement dans
Toxygène et produit de l'acide sulfureux en se combinant
avec ce gaz.
Il est électro-positif vis-à-vis de Toxygène, du chlore, du
brome et de Tiode, et il joue le rôle d'électro-négatif viS'k-\\s
du phosphore, du carbone, de l'hydrogène et des métaux. Il
s'oxyde lentement, et se transforme en acide sulfurique au
contact de l'acide azotique concentré, en ébullition.
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 519
Usages. — Le soufre est employé, à Tétat brut, pour la pré-
paration de l'acide sulfureux, de Tacide sulfurique et du
sulfure de carbone.
Le raffinage, qui consiste à vaporiser et à condenser dans
un récipient le soufre débarrassé, par une première fonte,
des matières terreuses et autres qu'il contient à l'rlat brut,
donne le soufre encaiions et en bâtom et la fleur de soufre.
Le soufre raffiné entre dans la composition de la poudre de
chasse des feux d'artifice, du mastic de fer et dans la fabri-
cation des allumettes. Il sert pour la vulcanisation du caout-
chouc et pour la prise des empreintes de médailles, etc.
La fieur de soufre est employée au soufrage des vignes
envahies par Toïdium, jusqu'à 150 kilogrammes de soufre par
hectare de vigne, et, en médecine, c'est un remède contre
les maladies de la peau.
Composés da soaire. — Parmi les composés du soufre
employés dans l'industrie, on peut citer :
L'acide sulfureux, qui sert au blanchiment des étoffes, de
la paille, etc., et qui est employé comme désinfectant.
Vacide sulfurique, ou huile de vitriol, qui sert à la prépara-
tion de divers acides volatils, des aluns et des sulfates.
L'acide sulfurique, par réaction sur le sel marin, donne, en
même temps que de l'acide chlorhydrique, du sulfate de
soude, employé à la fabrication de la soude artificielle.
Le bisulfure de carbone, qui sert pour la vulcanisation du
caoutchouc et pour la destruction du phylloxéra (combiné
avec le sulfure de potassium), et qui est employé aussi pour
retirer le suint, des laines, et les corps gras, de tous les résidus
qui peuvent en contenir.
Minerais. — Les deux principaux minerais de soufre sont :
1° Le soufre natif, provenant soit des émanations volcaniques
(solfatares), soit de couches interstratifiées dans le zechstein
de Russie ^permo-trias), dans les calcaires tertiaires (Alais,
Apt, Sicile, Padovic en Croatie), ou dans les marnes miocènes
{Murcie, Romagne, Grèce) ;
2« La pyrite de fer. qui abonde dans la nature {Chessy,
Sain-Bel, etc.).
520 GÉOLOGIE APPLlgUÉfi
I. — Gisements de soufre xatif
La plupart des gisements de soufre natif se rencontrent
dans des terrains tertiaires (France, Italie, Grèce, Espagne).
En Russie, on connaît des gisements permiens.
Il se produit encore du soufre, à Tépoque actuelle, dans les
solfatares.
France, — En France, on exploite le gisement tertiaire de
Manosque, où le soufre semble avoir été produit par l'action
des lignitessur des eaux imprégnées de sulfate de chaux.
Il existe aussi en France une mine de soufre dans le Vau-
clusCj dans des marnes tertiaires. La production annuelle
variait, dans ces dernières années, de 3.000 à 6.000 tonnes.
Le soufre du Vaucluse est utilisé, en Algérie, pour le trai-
tement de la vigne.
Espagne. — A Lorca, près d'Aguilas, on exploite des marnes
soififères du miocène supérieur, qui se présentent en couches
de 5 mètres de puissance environ, avec quelques amas de
soufre. La production de Lorca, qui était de plus de
20.000 tonnes en 1860, est tombée, dans ces dernières années,
à 4 ou 5.000 tonnes seulement; elle tend encore à diminuer.
Près de Cadix et de Teruel, il existe d'autres gisements
de soufre, d'où Ton extrait quelques milliers de tonnes
par an.
En 1896, la production de l'Espagne a été de 26.204 tonnes
de soufre brut, valant 227.163 francs, et de 1.800 tonnes de
soufre raffiné valant 180.020 francs.
Grrce. — On exploite, dans le tertiaire, les marnes gypseuses
soififères de Milo, de l'isthme de Corinthc et de Kamalaki
(Grèce). La Grèce a produit, en 1897, 358 tonnes de soufre
rafliué, valant 37.590 francs.
Russie. — En Russie, on connaît les gisements tertiaires
de Tzarkow (Pologne), où le soufre se rencontre dans des
couches de marnes de 5 à 15 mètres, tenant 10 0/0 de soufre
à la partie supérieure, et 50 0/0 en profondeur.
On trouve des gisements permiens de soufre, en Russie, à
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LKS INDl STH1E8 DIVERSES b21
^uAéero uotamment (Volga), dans des calcaires et des marnes
du zechslein.
En Russie, il y a trois groupes de gisements de soufre non
encore exploités, au nord-est du Caucase : le premier
s'étend jusqu^à la ville de Petrousk, sur la Caspienne, le
long de la chaîne de Salatan et Girary ; le second se trouve
au sud de Petrowsk, dans le Daghestan, et le troisième est
situé au sud de Grosny,
Italie. — Sicile, — Les gisements de soufre natif de la Sicile
sont de beaucoup les plus importants. Ces gisements, qui
paraissent d'origine sédimentaire, s'étendent au sud de la
chaîne centrale des monts Madoine, entre Girgenti et le mont
Etna, sur une longueur de 150 kilomètres et sur une largeur
de plus de 50 kilomètres du nord au sud. On y trouve des
couches et des amas importants de minerai de soufre, à la
partie supérieure du miocène.
Les gypses, et les calcaires magnésiens, imprégnés de
soufre, et les bancs d'argile schisteuse noire (tuflj ou de grès
fins micacés (arenazzoli), reposent sur une assise detripoli et
(le marne siliceuse et sont recouverts par des couches plio-
cènes (calcaires blancs marneux à foraminifères, marnes,
sables et grès). Le soufre est toujours accompagné de cal-
caire et de gypse.
Le minerai, qui contient le soufre amorphe en veinules, est
un calcaire renfermant en moyenne 24 0/0 de soufre (exacte-
ment le rapport des équivalents du soufre et du carbonate de
chaux). Le minerai, pour être d*un traitement facile, ne doit
pas contenir trop de gypse.
Les terrains qui contiennent du soufre (.so//are.s) renferment
('gaiement du pétrole, du bitume, des asphaltes et des hydro-
carbures gazeux (grisou), ainsi qu'on la vu au chapitre des
Hydrocarbures. Les principales mines (solfatares) sont les
mines de Santa-Teresa, San-Paolo, Juncio-Stretto, Giordano
( province de Caltanissetia), exploitées par puits, à 160 mètres
de profon(reur ; Muglia, Virdilio, FaLsirotta-Pavara, Licata^
HacalmutO'Pernice (province de Girgenti), où le bitume coule
dans les galeries ; Lercara, Colle-Croce, Sartorio (province de
Palerme) ; Agira, Torcetta, Gianguzzo, Assoro, Raddusa (pro-
vince de Catane). La puissance des couches varie de 2 à
522 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
45 mètres, et la profondeur des exploitations atteint jus-
qu'à 160 mètres.
Malgré l'abondance du minerai, Tindustrie du soufre en
Sicile est peu prospère, à cause du morcellement trop grand
de la propriété ; les gites sont gaspillés, mal exploités par
des propriétaires manquant d'argent; les mines sont louées
pour des laps de temps très courts, à des prix qui repré-
sentent 25 0/0 du produit brut. On exploite sans méthode '|
nette, par galeries étroites (piliers abandonnés). Les acci-
dents sont fréquents ; le rendement des piqueurs est faible,
et, dans la plupart des mines, on sort le minerai à dos i
d'homme ; les porteurs sont appelés carruzzi ; il faut de |
deux à trois carruzzi pour remonter au jour la production j
journalière d'un seul mineur (i.500 kilogrammes;, travaillant
à une profondeur de 50 mètres environ. On manque de
pompes pour épuiser les mines, qu'on abandonne, si l'on
rencontre une venue d'eau trop forte.
On fondait autrefois le minerai en meules ou calcaroni
(entre H5 et 100°), en en sacrifiant une partie, qui servait de
combustible. Aujourd'hui, on emploie des hauts-fourneaux
ou des fours h vapeur d'eau (Ruiz Gil). Les calci^roni avaient
l'inconvénient <!e diminuer le rendement, déjà très faible, et
de produire une quantité considérable d'acide sulfureux, qui
détruisait la végétation environnante.
On transporte le soufre aux ports d'embarquement au
moyen de mulets et de charrettes. Il y a sept qualités de
soufre ; les plus chères sont le soufre en fleurs et le soufre
rafliné en canons.
lia production de la Sicile qui était, en 1888, de
322.000 tonnes de soufre, valant 21 .500.000 francs, s'est élevée,
en 1892, à 374.000 tonnes, valant 35.000.000 francs, soit une
valeur moyenne de 90 francs par tonne de soufre.
Le prix de revient du soufre est de 50 francs par tonne, en
moyenne. La production de 1892 a été obtenue au moyen de
1.373.065 tonnes de minerai, dont le prix de revient à la
mine était de 5 francs environ. L'exportation a atteint, cette
m(^me année, 327.362 tonnes de soufre (France, Amérique
du Nord, etc.).
En 1896, une Société anglo-sicilienne a été organisée en
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 523
Sicile, par un groupe de banquiers anglais et italiens, pour
acheter la production entière des mines de soufre.
En 1897, la Sicile a exporté 410.538 tonnes de soufre, dont
i 18.137 aux ÉUits-Uuis et 84.895 en France.
Romagne, — En Romagne (Italie), on exploite également à
€e6ena,près de Rimini, des lentilles de soufre un peu bitumi-
neux, iûterstratiflées dans des marnes tertiaires (épaisseur =
i à 3 mètres). Le minerai impur contient du sulfate et du
carbonate de chaux (teneur en soufre = 22 0/0). On le traite
au four à chaux, en brûlant du minerai comme combustible.
Production annuelle : 20.000 tonnes environ, valant
120 francs la tonne.
Province de Rome. — Dans la province de Rome, la mine
de Latera, exploitée par la Société civile des soufres romains,
a produit, en 1892, 129 tonnes de soufre d'origine probable-
ment volcanique, valant 80 francs par tonne. La mine de
Scrofane a donné également un peu de soufre natif, trouvé
dans les fissures d'un silicate d'alumine, calciné par les
laves et tenant 13 0/0 de soufre.
Province de Naples. — La province de Naples (Pouzzoles,
au pied du Vésuve) a produit, en 1892, 22.668 tonnes de
soufre, représentant une valeur de près de 2 millions de francs.
Le soufre est, dans cette province, d'origine volcanique,
comme dans fa province de Rome.
L'Italie a produit au total, en 1896, avec la Sicile,
426.353 tonnes de soufre brut, valant 55 francs la tonne, en
moyenne, et 71.072 tonnes de soufre raffiné, représentant
une valeur de 5.992.235 francs.
Islande. — En Islande, on rencontre de nombreuses sources
sulfureuses dans la région volcanique voisine de Reykjavik.
Ce sont ou des solfatares ou des volcans de boues [maccalubes)
rejetant une eau noircie par le sulfate de fer.
Mexique. — Les principales solfatares connues sont celles
du volcan du Popocatepelt, au Mexique, qui produisent, par
jour, une tonne de soufre brut (82 à 87 0/0 de soufre pur),
provenant du dépôt des vapeurs du volcan sur le bord des
orifices de sortie (respiradores).
Au Mexique, la Mexican Sulphur C° a commencé à
exploiter des dépôts de soufre à 38 kilomètres de l'erabou-
U;4 (lÉULO<ilE APPLIQUÉE
rliiiie du Hio-Colorado, sur la cdte de la basse Californie. Ou
u découvert desdépdLsde soufre près dupicd'0n'za6<i. Ceux
<lu l'opociilepelt ne sont exploités que pour la cousomina-
tion locale, faute de moyens de transport.
II. — Pyrites d£ fer
On a étudié plus haut tjuelques gisements de pyrites, très
importants, que l'on exploite pour cuivre (Rio-Tinto, San-
Vomingo, hôros, Fahlun, le Rammeisberg, Agordo, etc.), ou
pour une (AmiMberg\, et où l'on abandonne le soufre. Les
pyrites abondent dans la nature; on ne décrira ici que les
gisements exploités en vue de la fabrication de l'acide sul-
furique IChessy, Sain-Bel, Saint- Jtiiien-de-Valgalgites, le
Soulier, etc.).
■ 'ne bonne pyrite doit élre exemple d'arsenic; sa gangue
doit être pauvre en calcaire et ne doit pas contenir de RuoriDe.
Gisementf deChessyet de Sain-bel {Rhiine).— Le gisement de
Sain-Bel se compose en réalité de deux glles : celui deChessy,
sur la rive gauche de la Brévenne, affluent de la Saône, el
celui de Sain-Bel, ou de Sourcieuz,sur la rive droite de celte
Le gîte de Cliessy (10 kilomètres de longueur) est formé
par des filons de pyrite de quelques
mctres de puissance, dans des scbtsies
argilo-siliceux (cambrien).
Toute l'activité de l'exploitnlion est
concenli'ée aujourd'hui à Sain-Bel. Ce
gilo est coupé en deux par un pointe-
nient de gneiss. Au nord de cette bar*
tV,i03— PiiD«ben.nii,ii.^ '■i'^'"^' on distingue trois groupes de
du git^meni dt ciiMiy- filons dans les micaschistes (chlorito-
scliistesj : l'un, à l'ouest, avec deux
liions d'une puissance totale de 10 mètres, avec cuivre el
blende; un, au centre, qui contient du sulfure de fer pur
(masse du Pigeonnier, 20 mètres de puissance) k gangue de
silice et de sulfate de baryte; l'autre, à l'est, qui compte
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDL'STRIES DIVERSES 5*25
deux ûlons fournissant du minerai impur (filons Marcel et
Francisco).
La partie sud du gîte comprend un fllon conique 1res
étendu et très puissant (25 à 40 mètres d'épaisseur, 500 mètres
de longueur, 120 mètres de hauteur), composé de sulfure de
fer pur très friable, à gangue siliceuse; ce fllon est appelé /S/oh
/emire, par opposition à un filon voisin dit filon dufy moins pur
que le précédent (5 à 10 mètres). Les minerais de Sain-Bel,
qui ne contiennent ni chaux, ni arsenic, sont traités dans les
usines de la Société de Saint-Gobain, propriétaire des con-
cessions.
Les gisements du Rhône, dont la masse est évaluée à
10 millions de tonnes, fournissent la presque totalité de l<'i
production du soufre en France, production qui a été, en 1891»,
de 9.720 tonnes.
Gisements du Gard. — Les gisements du Gard sont moins
importants que ceux du Rhône. A 7 kilomètres d'Alais, à
Saint-Julien-de-ValgalgueSy la pyrite, recouverte d'un chapeau
de fer liydroxydé, est exploitée à ciel ouvert et par puits,
dans Toolithe inférieure.
Le minerai, qui s'appauvrit en profondeur, est d'ane dureté
moyenne ; il a pour gangue de la chaux carbonatée et du
fluorure de calcium, et se rencontre près d'un calcaire à
encrines.
Au Soulier, on exploite un fllon de minerai à 40 0,0, dans la
dolomie infraliasique, et des amas à teneur variable dans le
trias supérieur; la gangue est défavorable (calcaire magnésien).
Gisements de VArdèche, — Dans TArdèche, à Soyons, on
exploite, par galeries, des amas de pyrite dure en rognons
avec gangue argilo-siliceuse. Ce minerai, interstratifié dans
le trias, contient de l'antimoine, de l'arsenic et du fluorure
de calcium.
On importe, en France, des pyrites provenant des mines
de Theuœei Védrin (Belgique), de Vigrsriaes (Suède), de Bilbao
(Espagne). Des gîtes, non exploités, ont été reconnus à Vie-
Dessos, Olux, Miclos (Ariège) et à Framont (Vosges).
Gisements divers, — Au Japon, les mines de l'île de Yeso ont
produit, en 1896, 16.213 tonnes de soufre, dont 7.992 tonnes
ont été exportées par le port de Hakodate.
526 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
La pyrite exploitée dans les divers autres pays a donné
en 1896 : pour les États-Unis, 2.845 tonnes de soufre ; pour
rAIlemagne, 2.263 tonnes; pour la Hongrie, 138 tonnes; et
pour la Suède, 77 tonnes.
La production du soufre dans le monde entier a atteint,
en 1896, 460.749 tonnes.
BIBU06RAPHIE DU SOUFRE ET DES PTRITES
1874. Brunfaut, De Vexploitation du soufre (Lerëvre, Paris).
1 875. Ch. Ledoux, Mémoire sur les mines de soufre de Sicile {Annales
des Mines, 7* série, t. VII, p. 1).
1875. G. Bruzzo, Les mines de soufre de Lercctra en Sicile {Annales
de Cuyper^ t. XXXVIII, p. 567).
1876. Aimé Girard et Morin. Etude des pyrites employées en France
{Annales de Chimie et de Physique, 5* série, t. VII).
1876. Paul Manthés, Gisements de pyrite des environs d*Alais.
1877. Petilbon, Note sur la formation du soufre à Calamaki^ en
Grèce (Liège).
1879. Gascogne, Les Dépôts de soufre d^ Islande. Soufre des Topets
près Api {Vauclusé) [Revue de Géologie ; Annales des Mines,
7- série, t. XVH, p. 289).
1881. Mottura, Formation solfifère de la Sicile [Bulletin de V Indus-
trie minérale, 2* série, t. X, p. Ii7).
1888. La crise du soufre en Sicile {Annales de Cuyper, p. 303).
1892. Spezia, SuW origine del solfo nei giacimenti (Gondeletti.
Torino).
1894. L. Bidon, Le soufre en Italie [Génie civil, t. XXIV, pp. 373
et 390).
1895. Production du soufre au Japon [Génie civil, t. XXVll, p. 31).
1897. Gounot, Contribution à Vétude de la formation du soufre en
Italie (Virzi à Palerme).
1898. Note sur les conditions de vente des soufres de Sicile (Bulle-
tin des Annales des Mines, 9* série, t. XIII, p. 317).
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 527
MAGNÉSnrM ET MAGNÉSIE
PaoPRiKTés. - Le magnésium est un métal qui accompagne
presque toujours le calcium avec lequel il a beaucoup d*ana-
logie; mais il est moins fréquent. Les principaux minéraux
qui renferment du magnésium sont : la dolomie qui tient
environ 20 0/0 de magnésie, le péridot, les amphibolea, les
pyroxènes et la giobertite. Les eaux marines tiennent de la
magnésie en dissolution.
Usages. — Le magnésium métallique n*est guère utilisé
que sous forme de fils ou de lamelles qui produisent en
brûlant une lumière très vive. — La magnésie est employé
comme garniture réfractaire de creusets et de soles; elle
absorbe et retient Tacide phosphorique et rend de grands
services pour la métallurgie des minerais de fer phos-
phoreux.
Elle est employée aussi dans la verrerie, dans les sucreries,
dans les fabriques de papier à pdte de hois, dans TappnH des
étoffes et dans la fabrication des eaux minérales artificielles.
On obtient le magnésium, surtout sous forme de magnésie,
en évaporantsoit des eaux-mères qui contiennent du chlorure
de magnésium comme celles de Stassfurt, soit de Teau de mer
ou des eaux minérales contenant du sulfate de magnésie
(PuUna, Hunyadi-Janos) ; mais ces procédés coûtent très cher.
L'attaque de la dolomie par Tacide sulfurique donne des
magnésies impures ou pulvérulentes.
Gisements. — Enfin on exploite des gisements de carbo-
nate de magnésie ou giobertite (MgOGO'^). Minéral translu-
cide, brun jaunâtre, infusible, soluble dans les acides), que
Ton trouve en Italie, en Silésie [Grockau)^ en Styrie (Krau-
batk et Oberdof), au Canada et en Eubée (Mandoudi), et d'où
Ton extrait de la magnésie caustique.
Eubée, — A Mandoudi (Eubée), on a exploité, dans des
schistes talqueux et magnésiens, deux filons très puissants
528 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
de giobertite, le fiion du Cerf et le filon Kalamaki. La région,
qui contient des serpentines, est parcourue par des eaux
thermales très magnésiennes. Le minerai contient 47 0/0 de
magnésie. L'exploitation, qui avait lieu en galeries, est arr<^-
tée aujourd'hui.
SnJGATB DE MA6HÉSIE (ÉCUME DE MER)
La magnésite, ou écume de mer^ est un silicate de magné-
sie hydraté dont la densité varie de 0,8 à 1 ; elle sert à fabri-
quer les pipes et autres articles pour fumeurs ; on la tire de
rOrient où Ton en trouve des gîtes dans des roches en
général très dures. Les principales mines connues sont celles
&'Eski-Scheir (Kemikli, Karadjoukf Sarisu, Nemli, Sare-Sou) en
Asie Mineure, d'Angora enCaramanie, et celles de la Grèce,
de la Bosnie et de la Moravie.
BIBU06RAPHIE DE LA MAGNÉSIE
1871. Bander, Agglomérée magnésiens {Bulletin de la Société de
Chimie, t.'xV, p. 42).
1874. Gorceix, Tertiaire de Vile d'Euhée {Dullelin de la Société de
géologie, 3* série, t. H, p. 401).
1883. nigaud, Soie sur les emplois industriels de la magnésie.
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 520
STRONTIUM ET 8TR0NTIA1IE
Usages. ^ Le strontium (métal grisâtre et brillant) est uti-
lisé, sous forme de strontiane (oxyde de strontium), pour la
fabrication du sucre par le procédé Dessaux, concurrem-
ment avec la chaux, la magnésie et la baryte.
Minerais et gisements. — Les minerais du strontium sont
la strontianite (carbonate de strontium SrO.GO', transparent,
translucide, jaunâtre, soluble dans les acides) et la célestine
(sulfate de strontium SrO.SO^, transparent, translucide, bleu
ou rougeâtre, inattaquable aux acides).
Strontianite. — Le principal gtte de strontianite est celui
d'AMen, en Westphalie, où Ton trouve des filons très ramifiés,
longs, mais peu profonds, dans des argiles marneuses. On
peut citer aussi les filons, peu importants d'ailleurs, de stron-
tianite de VArdèche, du Gard et de la Lozère , et ceux de
Strontian (Ecosse), de Braunsdorf (Saxe), de Wanvick (New-
York), etc.
A Girgenti (Sicile), la strontianite existe en lentilles et en
filets minces dans des marnes du miocène supérieur.
On trouve encore de la strontianite à Mon^maKre (Paris), à
Saint-Béat (Haute-Garonne), à Conilla (Espagne), à Kingston
(Canada], à Frankstown (Pensylvanie), etc. Un géologue
allemand en a découvert un gisement, en 1880, à Put-in-Bay
(Ohio).
CéLESTiNB. — 1^ célestine, plus répandue dans la nature
que la strontianite, se trouve surtout dans les marnes ter-
tiaires, où elle est accompagnée de gypse et de soufre natif.
On en trouve en Sicile principalement, et aussi au Rouet, à
Condorcet, près de Nyons (Drôme),où le minerai, pur et très
blanc, se rencontre dans un filon plombeux avec blende, au
milieu des marnes oxfordiennes, ou quelquefois en veines
avec calcite (talcschistes du toit); on le rencontre aussi dans
des boules géodiques de marne (célestine fibreuse).
•ÉOLOOIB. 34
530 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
BDLIOGKAPHIB DU STUOHTIUII
187 i. De Lapparent, Sur Vdge des marnes slrontianifères de Meit--
don {Bulletin de la Société de Géologie, 3* série, t. Il, p. 593).
1881 . Lâchât, Sur le filon de célestine de Syons, dans la Drôme
{Annales des Mines, t. XX, 6* liTraison).
1891. Gayon et Blarez, Sur Vemploi des sels de strontiane en méde-
cine {Comptes Rendus).
1892. Michel. Sur quelques minéraux de Condorcet, dans la Drôme
[Bulletin de la Société de Minéralogie, 1 1 février).
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 531
BARTQM BT BAKTTB
Usages. — Le baryum, métal ressemblant au strontium,
est utilisé principalement comme sulfate de baryte (procédé
Kuhlmann), dans la préparation des papiers de tenture et
dans la peinture à la détrempe.
Il est aussi employé pour la falsification de diverses
substances blanches, à cause de la densité élevée de la baryte,
qui permet d'augmenter leur poids à peu de frais.
Minerai et gisements. — Le seul minerai de baryum exploité
est la barytine (sulfate de baryte BaO,S03). Transparent,
translucide, jaune brunâtre, insoluble dans les acides, que
Ton trouve comme gangue des filons de plomb, ou bien
associé au quartz et à la fluorine dans des filons de divers
âges. La barytine est inconcessible, et c'est le plomb qui sert
de prétexte aux demandes de concession {Brioude, Auroiize^
Massiac, en France). A part les gîtes de Freiberg, où Ton
trouve la barytine en grande quantité (Voir le chapitre du
Plomb), on peut citer le filon de barytine pure de Fleury
^Belgique), situé dans le calcaire carbonifère. Ce gite,qui est
très irrégulier, est estimé à 200.000 tonnes. On doit citer aussi
la barytine de rAriège (calcaires dévoniens de Castelnau,
grès bigarrés de Bouich, calcschistes liasiques de Caumont),
On trouve également de la barytine à Almaden (Espagne),
à Dufton (Cumberland), dans le Staffordshire et le Derbyshin ,
à Hatfield (Massachusetts), dans le Connecticut, en Penny i-
vanie, dans la mine d'or d'Eldrige (Virginie), au Kentuchy, au
Canada et au Nouveau-Mexique.
La production de la barytine a atteint, en Angleterre
en i89o, 21.509 tonnes, valant 576.475 francs, et aux États-
Unis, 24.781 tonnes, en 1897, valant 546.320 francs.
BIBU06RAPHIB DU BARYUM
1S68. Mussy {Annales des Mines, 6" série, t. XIV, p. 579).
1879. Remiede Géoloffiei Annales des Mines, 6* série, t. XVII, p. 132).
532 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
L'ALUHIRB ET SES G0IIP08É8
En dehors de la préparation de raluminium (voir chapitre
des Minerais métallifères), les composés de Talumine sont
employés à divers usages industriels.
Bauxite. — La bauxite, qui sert à la préparation de Talu-
minium, est employée aussi comme argile réfractaire, et Ton
s'en sert pour la fabrication de Talun et du sulfate d'alu-
mine.
Alumine pure. — L'alumine pure, qui a beaucoup d'affinité
pour les matières colorantes, forme la base de la fabrication
des laques.
Sulfate d'alumine. — Le sulfate d'alumine sert pour la
préparation des papiers et des étoffes. — L'Allemagne en a
produit, en i896, 20.553 tonnes valant 1.815.730 francs;
et l'Italie, 2.390 tonnes valant 205.iOO francs.
ALUN
On donne dans le commerce le nom d'aluns à des sul-
fates d'alumine, de potasse et d'ammoniaque (KOSO^
+ Aia03,3S03+24HO ou AzH^0,S03 + A1W,3S03 -h 24HO),
employés dans la papeterie, la mégisserie, en teinture,
en médecine (comme astringent et comme caustique) ;
on emploie aussi les aluns pour clarifier les liquides, les
suifs, etc. On peut produire Talun soit en traitant du kaolin
ou de la bauxite par l'acide sulfurique et en y ajoutant du
sulfate de potasse, soit en grillant des schistes alumineux
pyriteux (Picardie, Suède, Belgique) ; l'acide sulfurique pro-
duit par le grillage forme du sulfate d'alumine, auquel on
ajoute du sulfate de potasse.
Alunite. — Enfin, on trouve en Italie, et en Hongrie, une
pierre naturelle insoluble : Valunite [KO.SO» -f- 3 (APO^Sœ)
-f 6H0], qui est un sous-sulfate d'alumine et de potasse.
MINÉRAUX KMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 533
Pour la transformer en alun, on calcine lalunite, puis on
lessive le produit et on l'additionne de sulfate de potasse.
L'alunite est un corps cristallin blanc (densité = 2,75),
qui se trouve dans des trachytes en Hongrie, dans le Caucase
et à la Tolfa dans la campagne de Rome.
Gisement de la Tolfa. — Les Romains faisaient venir Talu-
nite d'Asie Mineure et ne connaissaient pas le gîte de la
Tolfa, découvert en 1453, dans les trachytes, au nord de Civita-
Vecchia; Talunite y est souvent accompagnée de kaolin. Les
filons ont de 1 à 15 mètres de puissance et forment
quatre groupes ; la couleur du rainerai varie du blanc au
rouge, suivant la couleur du mica contenu dans le trachyte.
On calcine Talunite après pulvérisation, et on l'attaque
ensuite par l'acide sulfurique, puis on ajoute du sulfate de
potasse et de l'acide sulfurique. On recueille ainsi 2 tonnes
d'alun cristallisé en employant : 1.000 kilogrammes d'alunite,
200 kilogrammes de sulfate de potasse et 1.000 kilogrammes
d'acide sulfurique. La production diminue, d'abord parce que
le gîte s'épuise, et aussi parce que l'on obtient maintenant,
au moyen de la kaïnite de Stassfurt, du sulfate de potasse
naturel, qui donne de Talun contenant moins d'acide sulfu-
rique que l'alun provenant de l'alunite.
La production de l'nlunile a été, en 1896, en Italie, de
6.000 tonnes seulement; cette production avait été de
200.000 tonnes en 1891.
Il existe d'autres gisements d'alunite, à Afon^iomf Toscane),
au Mont'Dore et sur les versants du pic du Sancy (Auvergne),
ainsi qu'à Mmay et à Bereghszasz, en Hongrie (production :
171 tonnes, en 1896, valant sur place 8.550 francs) à Aft7o, à
Nevis et à Argentiera (archipel grec), et dans les masses
trachytiques, au voisinage de volcans actifs ou éteints.
BIBU06RAPHIB DE L'ALUN
1848. Coquand, Sur les alunières de la Toscane {Annales des Mines,
2* série, t. VL p. 91).
1848. Revue de Géologie {Annales des Mines, 7* série, t. XVII,
p. 116 et 290).
1880. Vialla {Bulletin de VIndustne minérale, 2* série, t. IX, p. 799).
1886. Guyot, V Alunite {Cuyper, Bulletin, t. XIII).
534 GÉOLOGIE APPLIQLÉB
ABGILBS
Les argiles sont des silicates d'alumine hydratés. I/argile
pure (A1^03,2SiO* + 2H0) est blanche, compcacte, douce au
toucher et peu fusible ; calcinée, elle absorbe rapidement
Teau et happe à la langue ; elle est plastique, c'est-à-dire
quelle forme avec Feau une pâte liante, qui se pétrit et se
façonne facilement, mais qui, à la chaleur, se contracte et se
fendille.
Les argiles proviennent de la décomposition du feldspath,
silicate double d'alumine et de potasse (KO,Âl'03,6SiO^) qui,
sous l'influence prolongée de l'eau, se dissocie en silicate
de potasse soluble, en silice et en silicate d'alumine. Dans
la pratique, on distinguo les argiles d'après leurs propriétés :
en argiles plastiques, argiles smectiques, argiles flgulines,
ocros et kaolins.
Anr.fLR PLASTIQUE. — Lcs argîles ordinaires contiennent,
outre de la silice et de l'alumine, de petites quantités
d'oxyde de fer et de manganèse, ainsi que de la chaux et des
alcalis; elles sont souvent mélangées de sable et de calcaire.
Elles sont colorées en jaune, en rouge ou en vert, et sont
d'autant plus fusibles qu'elles contiennent plus de chaux ou
d'oxyde de fer. Les argiles plastiques, en général assez pures,
sont douces et onctueuses au toucher; elles forment avec
l'eau une pAte liante et durcissent, sans fondre, sous l'in-
fluence de la chaleur. On les emploie pour la fabrication
des poteries et des briques réfractaires ; mélangées avec
deux parties de plombagine, elles servent souvent à faire
des creusets à fondre l'acier [Bretcuil (Eure i, Angleur (Bel-
gique), etc.]
Quand les nuances de l'argile sont dues à des matières
organiques, elles s'atténuent par la cuisson; mais des traces
d'oxyde de fer l'empêchent d'atteindre le blanc du kaolin*
Les argiles plastiques bien réfractaires sont rares eu France >
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 535
on en trouve à Forges-les-Eaux, en Normandie, à BoUène, près
d'Avignon, à Cahors, etc. Quant aux argiles communes, elles
sont si répandues qu'on ne peut pas en indiquer les gi-
sements.
Argile smegtique (terre à foulon). — Les argiles smecticjues,
moins pures que les précédentes, forment avec l'eau une
pâte peu liante et fondent à une température élevée ; elles
prennent bien Thuile et servent pour le dégraissage et le
foulonnage des draps ; dans Teau, elles se délitent en une
poudre fine, aussi quittent-elles facilement les étoffes,
[pierre à détacher de Montmartrey terre à foulon à^îssoxidun
dans rindre et de Villeneuve dans Tlsère, argiles smec-
tiques de Reigate (Angleterre), de Styrie, etc.].
Argile figuline (terre glaise). — Les argiles figulines {Vantes,
Vaugirard) contiennent beaucoup de chaux (5 à 6 0/0) et
d'oxyde de fer, ce qui les rend très fusibles; elles servent
aux sculpteurs (terre glaise) pour les maquettes et sont
employées aussi à la fabrication des poteries grossières, des
briques, des tuiles et des terres cuites.
Ocre» jaune et rouge. — Qu<ind Targile est très ferrugi-
neuse, elle n'est plus du tout réfractaire ; l'oxyde de fer
hydraté la colore en jaune; le peroxyde la colore en rouge.
Elle constitue, suivant les cas, l'ocre jaune ou l'ocre rouge
(sanguine ou rouge de mars) utilisés en peinture. On trouve
des ocres de bonne qualité contenant 35 0/0 de peroxyde
de fer dans V Yonne et des argiles ocreuses à Sienne (terre de
Sienne).
Les argiles peuvent être calcaires, ce qui n'empêche pas
leur emploi dans les arls céramiques ; mais, quand la pro*
portion de calcaire dépasse 50 0/0, on n'a plus qu'un calcaire
argileux dont les propriétés plastiques disparaissent.
KAOLIN
Le kaolin est une argile pure, qui est la base de la fabri-
cation de la porcelaine. Il était connu anciennement des
Chinois; il fut découvert en Saxe, en il\0, près de Meissen
(Manufacture royale de porcelaine). En France, on ne
découvrit le kaolin qu'en 1760, quatre ans après la fonda-
536 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
tion de la manufacture de Sèvres. Le kaolin de Saint-Yrieix
fut découvert en 1768. Pour la fabrication de la porcelaine,
on mélange le kaolin avec du feldspath fusible (dégraissage),
du quartz et de la chaux, et Ton glace (couverte) avec du
feldspath qnartzeux pur ou mélangé de quartz.
On tire le kaolin des gisements français suivants : les
Colettes (Allier), Coussac, MarcognaCy Cuhertafou, dans le
Limousin, près de Saint-Yrieix, les Eyzies (Dordogne), Dectze
(Nièvre), etc.
On importe des kaolins anglais de Saint-Austell pour la
fabrication des produits secondaires. La Chine renferme
d\n boudants gisements de kaolin, dans des pegmatites.
Ces divers gisements peuvent se diviser en deux caté-
gories :
1<> Les gisements dans les granulites stannifères : les
Colettes, Saint-Yrieix, Saint-Austell (Cornouailles) ;
2« Les gisements stratifiés (Decize, les Eyzies).
i^ GISEMENTS DE KAOLLN DANS LES GRANULITES
Gisement des Colettes (Allier), — Le gîte de kaolin des
Colettes est situé dans de la granulite environnée de mica-
schistes Stannifères (cassitérite contenant de la lithine et
de la turquoise). Le feldspath de cette granulite est trans-
formé en kaolin au contact des filons de quartz très nom-
breux qui la recoupent. On exploite en tranchées ; la roche
est lavée à Teau courante, puis dans des bassins de décanta-
tion où le kaolin se dépose en dernier ; on le passe au tamis
très fin, pour enlever les dernières paillettes de mica qui ont
échappé au lavage et à la décantation.
Région de Sfdnt-Yrieix (Coussac). — Les veines de kaolin
des environs de Saint-Yrieix se trouvent dans des filons de
granulites (pegmatite) encaissés dans des micaschistes (quel-
quefois dans des leptynites ou des diorites). Outre le kaolin
pur y on rencontre, à Saint-Yrieix, la granulite sablonneuse
(feldspath décomposé), qui contient des grains très fins de
quartz et de feldspath, la granulite entièrement décomposée ou
caillouteuse (kaolin mélangé de quartz et de mica blanc), la
MIMiHArX EUPLOYËa DANS LES INDUSTRIES DIVERSES S37
yranulite à demi décomposée, que l'on broie avant de la
vendre, et lu granulite non décomposée (caillou à émail).
Les filons de pcgmatite di- Saint-Yrieix se divisent en
deux groupes : celui de Coussac et celui de Manognae-Bois-
Vicomte [abandonne).
A Coussac, les principales carrières sont celles de Saint-
Bonnet, de la Londe, de Grand-Bois, de Sainte-Valirie et de
Sa jn (-Antoine. Le kaolin brut est broyiï à la meule ; puis la ma-
tière sortant de la meule est lillrée et s<^chée ; ou la mélange
ensuite à d'autres matières pour obtenir In barbotine.
Le kaolin pur de Saint-Yrieix se vend environ 10 francs
les 100 kilogrammes. — Les granuMle^ décomposées se
vendent seulement de 2 à Ô francs les 100 kilogrammes.
2" GISEUEST:- SÉDIXENTAIRES DE KAOLI.N
Giiements de la flièvre {Deeîze). — On exploite dans la Nièvre
des sables, dits « sablons », formés de quarti en grains empiltés
dans de l'argile kaolinique (15 à 25 0 0); on lave les sablons
pour en extraire l'argile; ces sables sont interstratifiés, en
couches de i à 5 mètres, entre des grès micacés avec argiles
rouges (trias), et des calcaires helUingiens.
Les principaux points oi^ ces sables sont exploili's sont
Vaux, Decttie, Chantenaj/, Aty-le-Vif, etc.
fitkiirm tiidma
Gâements de la Dordogne [les Eyûes). — On exploite dans
la Dordogne des amas de kaolin compact, blanc et très fin,
538 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
«ans retrait, qu'on emploie pour la papeterie et pour la fabri-
-cation du savon.
Ces amas remplissent des poches au milieu de sables
micacés ferrugineux très fins, reposant sur le calcaire des
Eyzies, notamment à Queylou ; le banc de sable est surmonté
en certains points, par du calcaire siliceux dur.
La production du kaolin, en France, a été la suivante
en 1895 :
Allier 18.000 tonnes
Creuse 2 . 400 —
Dordogne i .680 —
Drôme 6.100 —
Nièvre 10.200 —
Haute-Vienne 7.000 —
Totiil 4:i .380 tonnes
Gisements divers. — On peut citer aussi, en Thuringe, des
gisements de kaolin plus ou moins blanc et plus ou moins
lin, à Martinrode, à Eisenberg et à Weissenfels.
Il existe, en outre, divers autres gisements de kaolin peu
importants ou inexploités, dans les Landes, les Ardennes, la
Lombardie, V Amérique (Ottawa), etc.
BIBU06RAPHIE DU KAOLOf
1874. Schlœsing, Sur la consUlution des argiles et kaolins (Comptes
Rendus, t. LXXIX, pp. 376 et 473).
1877. A. de Lapparent, Kaolins du Lot-et-Garonne, de Lomlmrdie,
de Thwnnge; Kaolinisalion [Repue de Géologie, Annales des
Mines, 7* série, t. XIII, p. 364).
1880-1881. Fontannes, Terrains des environs de Bollène {Bulletin de
la Société de Géologie, 3« série, t. IX, p. 438).
1888. L. de Launay, Le kaolin des Colettes dans V Allier (Bulletin
de la Société de Géologie, p. 1669).
1889. Hinstin, Notice sur les kaolins de V Allier et les blancs de
Meudon {Bibliothèque de VÈcole des Mines de PatHs).
1891. Journal officiel de Juillet. Discussion à la Chambre des tainfs
de douane sur le kaolin.
1898. Kaolin des Colettes {Bulletin de Vindustrie minérale de Saint -
Etienne, t. XI, p. 441).
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 539
GRTOUTE
1^ cryolite est aussi un composé de raluminium; sa for-
mule est : 6NaFl+AiaFl«.
On la rencontre en masses lamellaires, clivables : c'est un
corps généralement blanc de neige, quelquefois jaune
rougeAtre ou même noir.
La cryolite est employée pour la fabrication de la soude
et pour la préparation des lessives alcalines dans les savon-
neries. On a vu plus haut qu'elle servait aussi à la prépa-
ration de raluminium.
Gisements (TEvigtok, — Les mines d'Evigtok, dans le Groen-
land, sont situées par 68° 10 de latitude Nord et 48*^10 de
longitude Ouest, dans le tlord d'Arksut; elles appartiennent
au Gouvernement Danois, qui les' afferme à une Compagnie
dont le siège est à Copenhague ; l'exportation des minerais
en Amérique est monopolisée par la Pensylvania Sait
Manufacturing C^, de Philadelphie. La mine est exploitée à
ciel ouvert sur 00 mètres de longueur, 45 mètres de largeur
et 36 mètres de profondeur. On extrait deux qualités de
minerai : Tune à 99 0/0, Tautre à 92 0/0 ; Texploitation se
fait d'avril à novembre (140 ouvriers). On expédie les mine-
rais de qualité inférieure (10.500 tonnes en 1897), à Philadel-
phie, et les autres à Copenhague. L'extraction totale a été de
13.000 tonnes en 1897.
Les autres gisements de cryolite sont ceux de la Californie
(inexploités) et de Miask (Oural).
Le prix de la cryolite, en France, est d'environ 600 francs
par tonne.
mcA
On donne le nom de micas à diverses substances alumi-
neuses, qui offrent de grandes analogies dans leurs carac-
tères extérieurs, mais dont la composition chimique présente
des dissemblances notables.
540 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Les principales variétés sont la muscovite, la biotite et la
lépidolite, qui contiennent toutes trois de fortes proportions
d'alumine avec silice, oxyde ferrique, magnésie, chaux et
potasse.
Le mica se présente en petits cristaux ou en grandes
feuilles transparentes, ayant jusqu'à plusieurs mètres carrés
de surface, inaltérables à Teau et au feu.
On emploie le mica à de nombreux usages en métallurgie,
et on en fait des lanternes, des écrans, etc.
Outre les gisements de la Norwège (pegmatites de Vile de
Quen) et de la France [Tulle, Saint- Yrieix)^ les principaux gîtes
de mica sont ceux de la province de Québec (Canada), d*où
Ton tire la muscovite (mica très blanc). Les mines de Ville-
neuve et Leduc (Ottawa) fournissent du mica en cristaux, dans
des pegmatites dures, et du kaolin très blanc. Dans les mines
Jonquière et Berthier-Maisonneuve, le mica est accompagné
de quartz et d'émeraudç, soit avec molybdénite, soit avec
grenat et samarskite.
Il existe aussi des gisements de mica aux Indes, à Ochotzk
(Sibérie), etc.
La production du mica a été aux Indes, en 1897, de
ioO.OOO kilogrammes; aux États-Unis, elle a été, en 1898, de
49.800 kilogrammes de mica en feuilles valant 458.000 francs,
et de 3.200 tonnes de mica en petits fragments valant
199.000 francs; et au Canada, en 1898, de 250.000 kilo-
grammes, valant 410.000 francs.
[Voir, sur les micas, le Rapport de M. Obalski sur la pro-
vince de Québec (18S6).]
ÉMERI
L'émeri est de Talumine colorée en noir par de Toxyde
de fer; on l'emploie, mélangé à de Teau ou à de Thuile, pour
polir ou user les verres et les métaux (toile et papier
d'émeri).
L'émerise rencontre kÉphèse (Gumuch Dach) et k Aperatkos
dans rilc de Naxos (Grèce), dans des calcaires et dans des
dolomies saccharoides ; il contient 80 0/0 d'alumine, 4 0/0
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 541
de fer et 3 0/0 de silice. Aux États-Unis, l'émeri de Chester
(Massachusetts) se présente en un banc de 1 à 3 mètres
d'épaisseur sur 7.000 mètres de longueur, dans des schistes
talqueux. On connaît encore le gîte d'Ochsenkopf (mica-
schistes), en Saxe; celui de Ronda, en Espagne; celui de
Kulah^ près de Smyrne, etc.
[Voir une étude sur réraeri de Naxos (Annales des Mines,
1. 1, p. 604, et t. Il, p. 609, 1832).]
Il existe encore d'autres composés de Talumine, tels que
la tourmaline, employée en physique pour les expériences de
polarisation des rayons lumineux; le feldspath-orthose,
silicate d*alumine et de potasse employé comme couverte ou
émail pour les porcelaines ; et divers autres minéraux d'un
emploi très restreint, dont le cadre de cet ouvrage ne
permet pas d'aborder l'étude. Quelques-uns cependant seront
passés en revue au chapitre des Pierres précieuses.
542 6ÉOU)GlE ArPUQCÉE
L'amiante est une amphibole à base de chanx et de magné-
sie, exempte d'alumine; elle se présente en fibres malléables
à éclat soyeux, blanches, grises oo Tertes, infusibles, sauf
au chalumeau, et insolubles dans les acides.
On distingue deux sortes d'amiantes : le chrysoHte et la tré-
molite. On emploie Tamiante, qui est incombustible, pour
faire des joints de machines, des filtres, des isolants pour
Télectricité, elc.
Le principal gisement se trouve dans les serpentines de la
province de Québec, qui renferment un cbrysolite soyeux
très fin et tn*s estimé.
Dans le SainM;othard, le val Trémola fournit de la trémolite.
BmUOGRAPHIB DE L'AMIA1IT£
1877-1878. De Konink, Asbesle trOltré {Annales de la Société de
Géologie de Behjique, t. V, LXXXIII, Liège.)
1887. Annales des Mines, p. 149.
1888. ObaUki, Happorf sur le Canada.
1890. La Sature, du 13 décembre 1890.
SABLES gUABTXEUX
Dans le chapitn^ des minéraux employés pour la construc-
tion, on a étudii', parmi les roches siliceuses meubles, les
sables ipiailzeux, au point de vue de leur emploi pour la
confection des mortiers; les sables quartzeux sont aussi uti-
lisi''s on grandes quantités dans les verreries et dans les
fonderies.
Sahlk i)k vKnRKniK. — Suivant le degré de blancheur que
l'on veut obtenir dans la fabrication des verres blancs et des
^ on introduit dans les bains des proportions variables
HIMÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 54^
de sables quartzeux blancs, très fins (tamis 25), qui doivent
ne pas contenir d'oxyde de fer.
Gisements de Nemours [Seine-et-Martie). — Les sables les
plus purs sont ceux de Nemours, jusqu'à présent sans rivaux,
qui sont employés dans les verreries, les glaceries et les cris-
talleries principales de la France et de TÉtranger.
Lescartières de Nemours produisent actuellement par an
plus de 150.000 tonnes de sables, dits sables de Fontaine-
bleau.
La composition moyenne de ces sables est la suivante :
Silice 98,74
Alumine 0,80
Chaux 0,03
Magnésie traces
Peroxyde de fer 0,03 à 0,00
Eau de combinaison 0,40
Total 100,00
Les couches inférieures ne contiennent pas de fer ; elles
conviennent à tous les usages de la cristallerie, de la verre-
rie et de la glacerie, ainsi que les sables des gisements beau-
coup moins importants de RiUy-la-Montagne (Marne).
Sablr de fonderie. — Les couches supérieures, qui con-
tiennent des traces de fer provenant de Tinfiltration des eaux
superficielles, sont exploitées pour le service des usines de
fonderie (confection des moules dans lesquels on coule le
bronze, la fonte et Facier).
Gisement de Fontenay-aux-Hoses, — Le sable de fonderie
doit être un peu argileux. Celui qu'on exploite à Fontenay-
aux-Hoses jouit d'une grande réputation, à cause de sa
plasticité, qu'il doit à la présence de matières organiques.
CRAIE ET BLANC D'ESPAGNE
La craie est un calcaire très pur, de couleur très blanche
et de faible résistance à l'écrasement.
bU GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Elle appartient presque uniquement à Tétage sénonien,
qui a reçu le nom d'étage de la craie blanche.
Usages. — Taillée en bâtons allongés, elle sert de crayon
pour les ardoises; on l'emploie aussi à la fabrication du
blanc d'Espagne. Pour cela, la roche est écrasée et délayée
dans Teau, pour permettre à la craie de se séparer des impu-
retés qu'elle contient ; la craie est ensuite moulée en forme de
pains et séchée à l'air. Le blanc d'Espagne est utilisé pour la
peinture à la détrempe, la préparation des couleurs, le net-
toyage des vitres et de l'argenterie, la fabrication du mastic
de vitrier, etc.
Gisements. — Le blanc d'Espagne porte encore, dans le
commerce, les noms de blanc de Bougival, blanc de Meudon^
blanc de DieppCj blanc de Champagne ou de Troyes, qui
indiquent suffisamment les endroits où la craie est exploitée.
ALBATRE CALGAIRB
L'albâtre calcaire est un marbre à texture fibreuse, dia-
phane et d'une blancheur éclatante; il vient de Grèce et
d'Italie.
Les anciens tiraient de l'Asie Mineure, de la Syrie et de
l'Egypte, V albâtre oriental, dont les raies rappellent celles de
Tagathe.
Gisement d'Ysser [Oran), — On exploite aujourd'hui, près
d' Visser, dans le département d'Oran, un albâtre auquel on a
donné le nom impropre d'onyx d'Algérie ; il a une texture
rubannée, et ses veines sont vertes, rouge vif, jaune d'or ou
brunes. Il résiste bien à l'action de l'air ; mais, comme il est
assez tendre, on s'en sert surtout pour faire des objets d'art,
coupes, coffres, etc., en le mariant au bronze.
SCHISTE GOTIGULADUB
Le schiste coticulaire est une pierre très dure, dont on se
sert pour aiguiser les rasoirs. On le connaît aussi sous le
nom de novaculite (de tiovacula, rasoir). Ah Canada, on
en trouve une espèce particulière, colorée en rouge par le
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 545
peroxyde de fer, que les Indiens appellent pierre à calumets,
et dont ils se servent pour faire des pipes et autres objets.
SCHISTE 6BAPHI0UE
Le schiste graphique, ou aiunifère, est un schiste assez noir
pour servir à la confection des crayons de charpentier ; on le
rencontre dans le silurien de la Bretagne et des Pyrénées et
dans le terrain houiller. Sous le nom d'ampélite («[xtieXo;.
vigne), il sert, depuis un temps immémorial, à Tamende-
nient des vignobles. On Futilise aussi pour la fabrication de
Talun.
TERBE D'OMBBE
On trouve, dans les gisements lignitifères des environs de
Cologne, exploités comme combustibles minéraux, ainsi
qu'on Ta vu au chapitre des Carbures, nue certaine variété de
lignites friables, terreux, onctueux au toucher, d'une den-
sité voisine de 1 et d'une couleur brun clair, qui a reçu le
nom de terre de Cologne ou terre d'Ombre, Cette variété de
lignite est utilisée comme couleur.
CtOLOOIR. 3S
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
80DRCES THERHOMIHËRALES
Définition. — Les sources thermomioérales sont des
sources d'eau dont la température est sensiblemeDt plus
élevée que celle du point de leur apparition au Jour.
I.a chaleur qu'elles possèdent et quelquefois l'action de
phéuomènes volceiniques leur perniellent île contenir des
minéraux en dissolution. L'emploi des eaux minérales en
médecine facilite dans certaines maladies l'absorplion de
diverses matières, (er, arsenic, etc., qui seraienldifllcilenient
assimilables, prises sous une autre forme.
Formation des ■ourcoB minéral». — Filons. — Le Jaillis-
Fio. lOJ- — Coup* T*rU«lc Kbémilique duo* tocrci^ thensoiniBirile.
sèment des sources chaudes minérales est provoqué par un
phénomène analogue à celui îles éruptions volcaniques.
Les eaux minérales arrivent souvent au jour à travers des
Assures du sol, tanilis que les eaux des .sources ordinaires
sont généralement nmcnées le long d'une couche imper-
méable, par induration dans un terrain perméable.
MINÉRAUX EMPLOYÉS PANS LES INDUSTRIES DIVERSES 547
Un certain nombre de sources thermorainérales déposent,
sur les parois des fîssures qui leur livrent passage, une partie
des principes minéraux qu'elles contiennent. L'examen de
quelques-uns de ces dépôts a fait connaître nettement le
mode de formation* des filons métallifères, qui proviennent,
pour la plupart, de sources chaudes abondantes et très char-
gées en minéraux.
Les sources thermominérales sont très nombreuses dans
les régions où l'écorce terrestre est le plus disloquée ; Tacti-
vité de ces sources est d'autant plus grande que les disloca-
tions du sol sont plus récentes. Lorsque les sources miné-
rales sont en relation avec des phénomènes volcaniques, elles
peuvent présenter l'apparence de volcans d'eau, et constituent
alors ce qu'on appelle des « geysers ».
Les eaux minérales proviennent de cavités ou de couches
perméables profondes (EG), dans lesquelles se sont accumu-
lées, par infiltration, les eaux de la surface (DK) {fig. 105).
Ces eaux sont soumises à une température d'autant plus
élevée que leurs réservoirs sont plus profonds. Elles sont
ensuite poussées de bas en haut, de F en A, B, C, par la pres-
sion des vapeurs dégagées, ou même simplement par la pres-
sion de la colonne d'eau d'inflltration, si le point d'émergence
A, ou griffon, se trouve dans une vallée, alors que les eaux
d'infiltration proviennent d'une montagne (DK).
Caractères d'une source thermominérale. — Lorsqu'on a
à étudier une source thermominérale et à en examiner les
conditions d'exploitabilité, on doit envisager son débit, sa
composition et. sa température; il est utile de bien étudier
aussi les conditions climatériques de la région où l'on doit
capter la source, ainsi que l'aspect et les ressources du pays,
et la possi]{ilité d'y installer une station thermale.
Débit. — Le débit d'une source est le volume d'eau qu'elle
est susceptible de fournir en vingt-quatre heures.
On doit indiquer à quel niveau ce débit a été observé, car
le rendement d'une source augmente en raison inverse de
l'altitude du point d'émergence.
Le débit augmente avec le nombre de puits forés autour
de la source ; mais l'accroissement n'est pas proportionnel
548 GÉOLOGIE APPLIQCÉE
au nombre de puits, le rendement de chaque puits diminuant
sensiblement quand le nombre des forages augmente.
On peut encore augmenter le débit entubant la source, ce
qui diminue le frottement de Teau sur les terrains tra-
versés. Chaque source thermominérale a un débit constant et
indépendant des variations météorologiques ; mais le débit
est très variable d'une source à une autre ; les unes sourdent
en petits filets à peine exploitables; les autres, au contraire,
s'élancent en puissants torrents d'eau chaude. On peut citf r,
par exemple :
Les eaux de Cauterets (Hautes-Pyrénées), qui débitent
400 mètres cubes par vingt-quatre heures ;
Alors que celles de Royat (Puy-de-Dôme) donnent
1 .300 mètres cubes par vingt-quatre heures.
Celles de Bourbon- rArchambauli (Allier) donnent
2.400 mètres cubes par vingt-quatre heures ;
Et celles de Teplitz (Croatie) donnent 45.000 mètres cubes
par vingt-quatre heures.
Composition des eaux. — Les eaux thermominérales ren-
ferment principalement du carbone, àTétat d'acide carbonique
libre et quelquefois à Tétat d'hydrocarbures, des carbonates
alcalins, du soufre, du sulfure d'hydrogène et des sulfates,
de la soude, de la chaux, de la magnésie, de l'oxygène, de
l'hydrogène (geysers), du chlore, de Tiode et du chlorure
de sodium, du fer, du lithium, du cuivre, du zinc, etc.
Ces eaux sont diversement colorées : soit en rouge, lors-
qu'elles contiennent du sesquioxyde de fer, soit en jaune,
lorsqu'elles renferment de l'argile. Elles sont parfois opa-
lines (dépôt de soufre), bleuâtres ou verdâtres.
Température des eaux, — La température des eaux ther-
males varie avec la profondeur de leur dépôt; mais le degré
géothermi(|ue varie sensiblement d'un lieu à un a\}tre.
Ainsi, dans les terrains volcaniques, on ne doit descendre
(}ue de quelques mètres pour trouver une élévation de tem-
pérature de l^* C. En Toscane, tous les 13 mètres, on gagne
P (13 est alors le degré géothermique). A Grenelle, le degré
géothermique est de 3l",90.
Des expériences récentes, faites dans des sondages pro-
fonds, ont montré que le degré géothermique n'est pas
I
ailNÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES IISDUSTRIES DIVERSES 549
toujours constant en un même lieu, et qu'il augmente assez
rapidement à mesure qu'on s'enfonce sous terre.
Il est donc difficile de déduire, de la température d'une
source, la profondeur de laquelle elle provient.
Parmi les sources thermales connues, quelques-unes
atteignent jusqu'à 80^ à leur sortie de terre.
Hammam-Meskoutine (Algérie) atteint 95^
Chaudes-Aiguës 81°
Dax 70o
Bagnères 55°
Mont-Dore 45°
Vichy 43°
Châtel-Guyon. 35
o
Captage des sources, — Selon la disposition des terrains
et l'importance des sources, le captage est fait par différents
procédés.
On peut faire une galerie à flanc de coteau, comme à
Gilesnowodsk (Caucase), jusqu'aux cassures qui ont donné
naissance aux suintements.
Si les grifTons sont visibles, et s'ils se trouvent dans un ter-
rain solide, on les entoure d'un mur en béton, lié d'une façon
étancheàlarochc;on forme ainsi un réservoir où l'eau vient
s'accumuler, et qu'on peut recouvrir d'une toiture pour évi-
ter le mélange avec l'eau de pluie.
Lorsque l'eau suinte d'une fente de rocher, recouverte
d'alluvions, il est nécessaire
de rechercher la fente et ^s^ ^'"^*""
d'aller rejoindre la roche au
moyen d'un puits, comme à
Bourbon-VArchambaulty à Né-
m, etc. {fig. i06).
Lorsque les griffons sont Fio. lOfi. — CapUge d'une source
très nombreux et disséminés (Bourbon-l'Archambault).
dans une vallée, on peut recouvrir le fond de la vallée avec
une couche de béton et couper le thalweg par des murs verti-
caux, ainsi que l'ont fait les Romains à PlombièreSy où des
S50 GÉOLOGIE APPLIQl'ÉE
trous ont été ménagés en des points convenablement choisis
pour la sortie de l'eau. La même disposition se retrouve i
Luchon.
On peot aussi faire reposer la couche de béton sur piloUs,
alin d'éviter la détérioration du bélon par tes ailuvions du
fond, ainsi que cela s'est fait à Bourbonne-les- Bains.
Ou a quelquefois déterminé une pression hydrostatique
capable de favoriser l'arrivée de l'eau, en recouvrant les
terrains avoisinanl les grimons par une nappe d'eau superil-
cirlle, au milieu de laquelle on ménage un tube d'accès pour
l'eau Ihermominérale.
A Enghien-les-Baim, l'eau des griffons sort au milieu d'un
lac dans les boues du fond. On a desséché le lac et on a
établi au milieu une cuve en bois avec garnissage élanche eu
mousse. Le fond du lac a élé recouvert d'un lit de silex angu-
leux, recouverl par une feuille de plomb dont il est séparé
par de la mousse ; ce lit forme Ultre pour les eaux minérales.
Le tuyau il'appet ne va pas Jusqu'au fond; il est perct^ de
trous dans sa partie inférieure, en dessous de la feuille de
plomb, pour livrer passage aux eaux minérales liltrées.
Fio. 107. — U|>U^ dtt oiui iEnghitri.
Lorsque l'eau minérale se trouve en nappe, on la rejoint
au moyen d'un puits étanche, afin d'éviter le mélange avec
l'eau de la surface. Ce procédé a été employé à Saint- yorre,
Quand les sources sont captées, on est souvent gêné par
'ai qui s'accumulent, comme à Chdtel-Gvyon, dans les
MINÉHAUX EMPLOYÉS DANS LKS INDUSTKIES DIVERSES 551
réservoirs et dans les appareils hydrothérapiques. On remédie
à cet inconvénient en ménageant, au-dessus de chaque griffon,
un tuyau qui sert spécialement au dégagement des gaz.
Lorsque les eaux captées se trouvent à une température
trop élevée pour être employées immédiatement, on peut les
laisser séjourner à Tair, si elles ne renferment pas de gaz
susceptibles de se dégager ; on peut aussi faire circuler les
eaux dans un réseau de tubes passiint dans un réservoir
d'eau froide.
Quand les eaux thermominérales ont un ralentissement
dans leur débit, cela peut provenir de ce que les fissures
d'arrivée des eaux ont été peu à peu obstruées par des
matières sableuses ou argileuses entraînées par la source.
f /introduction d'une cartouche de dynamite à une certaine
profondeur, au voisinage des fissures d'accès suffit souvent
alors pour rétablir le débit primitif.
Ce procédé est employé avec succès en Amérique pour
activer les venues pétrolifères, qui diminuent pour les mêmes
raisons que les venues hydrothermales.
Principales sources uydrotuermominérales. — Les sources
hydrothermominérales sont très répandues sur la surface de
la terre. On en compte 1.027 exploitées, rien qu'en France.
Ces sources se trouvent généralement au voisinage de régions
montagneuses, où les terrains ont été profondément plissés
et fissurés. Elles ont, sous ce rapport, une grande analogie
avec les sources d'hydrocarbures qui se rencontrent près des
fractures profondes de la croûte terrestre, ordinairement le
long de chaînes montagneuses importantes.
France. — En France, on trouve des sources minérales
près du Plateau Central, dans le massif montagneux de l'Au-
vergne, dans les Pyrénées, les Alpes et le Jura.
Les principales sources minérales de la France sont celles
de Plombières, Vichy, Vais, Bourbonne, le Mont-Dore, Enghien,
la Bourboule, Royal, Bagnères, les Eaux-Bonnes, Viltel, Contrexé-
ville, Aix-les-Bains, etc.
Sources de Plombières, — Les sources de Plombières sortent
du granité où elles traversent des veines de quartz et des filons
de spath-fluor. Elles sont alignées suivant une zone de
fractures N.-E.-S.-O.
Ô52 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
La température des diverses sources varie, à Plombières,
de 16 à TO'^. Les sources les moins chaudes renferment un
hydrosilicate d*alumine provenant des filons minéraux de la
région et donnant à Teau une apparence savonneuse.
Les eaux de Plombières sont alcalines et chargées de
fluorure de calcium et de silicate d*alumine (environ 3 déoî-
grammes de matières étrangères par litre d'eau).
Les Romains avaient capté ces sources au moyen d'un
recouvrement de béton formé de grès bigarré et de briques
sans sable avec un ciment de chaux. Ces divers matériaux
ont été métamorphisés par Teau minérale et ont formé des
silicates d'alumine et de chaux et du carbonate de magnésie.
1^ transformation du béton qui s'est accomplie à Plom"
bières, et qui a été étudiée par M.Daubrée, a pu évidemment
se produire daiis des proportions plus considérables en
d'autres lieux et dans des circonstances un peu différentes
et elle peut servir d'explication à l'origine de certaines for-
mations géologiques.
En 1857, les sources de Plombières donnaient un débit
assez faible par suite des dégradations survenues aux travaux
anciens, et on dut les rechercher au moyen de galeries en
direction, qui ont permis de rejoindre les griffons et d'aug-
menter le débit des eaux.
Sources de Boiirbonne-lcs-Bains. — Les sources de Bour-
bonne sortent d'argiles bariolées de la partie supérieure du
grès bigarré et doivent provenir de failles en relation avec
le pointement granitique de Chàtillon-sur-Saône.
Elles contiennent par litre environ 7 grammes de chlo-
rures, de bromures, de sulfates do chaux et de magnésie, de
carbonates de chaux, de fer et de manganèse, et des traces
d'iodfi, de cuivre, de soufre et d'hydrogène sulfuré.
La température des eaux est de 60<» environ. Le captage a
été fait au moyen d'une couverture de béton sur pilotis.
En nettoyant le fond du puisard établi sur le principal grif-
fon de Bourbonne, en 1874, on a retiré 4.700 pièces de mon-
naies romaines et gauloises en or, argent et bronze. Une
' partie de ces médailles avaient été décomposées par l'eau
minérale, et on a retrouvé, dans le puisard, des fragments de
grès et de silex agglomérés par une pdte à éclat métallique,
MINÉRAL \ EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 5I>3
avec de la chalcosine, de la chalcopyrite et diverses espèces
minérales formées aux dépens du bronze dos monnaies et
de nombreux objets retrouvés dans le puisard. Les espèces
minérales formées à Bourbonne, par le métamorphisme des
divers métaux sous Faction des eaux thermales, ont été étu*
diées spécialement pur M. Daubrée, qui a assimile leur for-
mation à celle des filons niélallifères.
Sources minérales diverses. — En dehors des sources miné-
rales de la France, il en existe un grand nombre dans les
diverses contrées :
En Algérie f on connaît celles de Hammam-Meskoutine
(Constantine) : débit = 24.000 hectolitres par vingt-quatre
heures ; température =. 95°. Ces eaux sont chargées en sels
calcaires ;
Dans le Nassau, les eaux de Seltz, chargées en acide car-
bonique;
En Bohême j celles do Carlsbad, qui donnent, par an,
600 tonnes de carbonate de soude, 10.000 tonnes de sulfate
de soude, du carbonate de chaux et du chlorure de sodium ;
Dans le Caucasey les eaux de Gilesnowodsk, exploitées par
galeries à flanc de coteau ;
En Galicie, les eaux iodées d'/uonicz, au contact de forma-
tions pétrolifères importantes ;
A IschtOy les eaux thermales sont en relation intime avec
des phénomènes volcaniques, ainsi qu'à Tile de la Réunion
et au Mexique.
Dans le voisinage de la mer Morte, à Zara, les eaux sortent
très chaudes entre deux coulées de basalte; à Callirhoë, elles
sortent près d'une coulée de lave, avec traces de soufre et
d'alun ; et à Emmaûs, les eaux, contenant de l'hydrogène sul-
furé, sont en relation avec un épanchemerit basaltique.
En Italie, à San Filippo, près de Rome, les eaux thermales
ont déposé, en vingt ans, une couche de travertin de 9 mètres
d'épaisseur.
A Sedlitz et à Epsom, l'on rencontre des sources salines
contenant des sulfates de magnésie et de soude et du chlo-
rure de sodium, etc., etc.
GEOLOGIE APPLIQUÉE
Les geysers sont des soun^es thermales très actives qui
Jaillissent, poussées avec violeuce par les gai et la vapeur
d'eau formés dans les couclies prorondes où la température
est très élevée.
L'échappement des eaux et de la vapeur est intermittent,
en général.
L'explication de l'inlermitlence des geysers est la suivante:
Explication (le l'intermittence des geysers. — Supposons
une source thermale dont le grifTon se trouve eu A (fig. 106) ;
elle s'écoulera ri^guliëremeiil sans phénomène particu-
lier, si rien ne vient troubler sa marche. Hais, si elle est
en relation, par des tissures telles que DB, avec des vapeurs
chaudes provenant de couches
profoniles, ces vapeurs, au
lieu de se dégager librement
comme elles pourraieDt le
faire par des lissures commu-
niquant avec lasurface du sol,
s'accumulent en Elt, aa con-
tact de la colonne d'eau AC,
qu'elles tendent à soulever;
elles éuhauiïent l'eau de ft jus-
qu'à l'ébullition, et, lorsque
leur tension est sufli santé,
elles soulèvent de 1 à 2 mètres
cette eau qui, en arrivant
en F, où la température d'ébul-
K,.. io«.-coap,.i,é«iqu.d„„g.y.,r. |.^.^^ ^^^ inférieure, se vola-
tilise brusquement et projette, en A, une gerbe bouillante
avec une partie des vapeurs de UR.
I 1^1 période et l'intensité des projections varient avec la posi-
tion des tissures telles que EB, In température des gai et
les dimensions de la clu-minée AU.
MINÉRAOX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 055
Oq trouve, dans l'eau des geysers, des silicates alcalins,
des carbonates, et quelquefois du fer et du manganèse; les
dégagements gazeux sont formés de vapeurs sulfureuses et
d'acide carbonique.
Les principaux pays où Ton rencontre des geysers sont :
V Islande, la Nouvelle-Zélande ^ V Amérique du Nord, les Açores,
Vhlande est la région des geysers la mieux connue.
Les plus importants geysers d^Islande sont :
Le Grandr-Geyser, au nord-ouest de THecla, entouré d'un
cône de 70 mètres de diamètre et de 10 mètres de hauteur,
comme un volcan.
La température de Teau est, à la surface, de 80®, et, à
221^,50 de profondeur, de i27<^ avant les éruptions et de
1220 après.
Les intervalles des éruptions sont de trente heures, en
moyenne, et leur durée est de dix minutes. Le volume d*eau
rejeté à chaque éruption est de 160 mètres cubes environ.
Près du (irand-Geyser, on trouve le Strokhr, geyser moins
important, et divers autres plus petits.
La Nouvelle-Zélande renferme aussi un grand nombre de
geysers, près du volcan de Tongarvio,
V Amérique compte un certain nombre de geysers plus
importants que ceux de Tlslande et de la Nouvelle-Zélande.
Le principal geyser est celui du Géant, qui donne des jets
d'eau de 60 mètres de haut; on le trouve dans le parc de
Yellowstone dans les montagnes Rocheuses, près d'un massif
éruptif. Parmi les autres, on connaît surtout la Ruche d'Abeilles
(gerbes de 70 mètres) et le Vieux-Fidèle (gerbes de 40 mètres
toutes les heures).
Dans les Açores, on trouve des geysers dans l'île de San-
Miguel.
On doit noter que la puissance des geysers va toujours en
diminuant, ce qui semble indiquer un ralentissement dans
l'activité des phénomènes cosmiques, ou tout au moins une
obstruction ou une solidilication des lissures profondes de
la croûte terrestre.
&5G GÉUL0G1K APPLIQUÉfc:
BIRU06EAPHIE DES SOURCES THERMOUmÉBALBS ET DES GETSBRS
Daubrée, Eauo' souterraines anciennes et modernes.
Elle de fieaumont, Notes sur les émanations volcaniques ei
métallifères (Bulletin de la Société, géologique de France^
2* série, t. JV, p. 1272).
De Lapparent, Géologie^ 1" volume, p. 455 et47i.
Nivoit. Géologie appliquée^ t. I, p. 95.
Truchot, Annales du Club alpin, 10* année, 1884 [Sources
thermominérales).
Voisin, Annules des Mines, V série, t. XVI, p. 488 (Sources
thermales de Vichy).
De Gouvenain, Comptes Rendus de V Académie des Sciences^
t. LXXX, p. 1291 (Sources de Bourbon-V Arçhambaull).
h.htxrieiy Bulletin de la Société géologique de France, 2* série,
t. XXI II, p. 719 (Sources thermales au voisinage de la mer^
Morte).
Des Cloizeaux. Annales de Chimie et de Physique, 3* séné,
t. XIX (Geysers d'Islande).
Labonne, Comptes Rendus de la Société géographique, 1886
(Geysers d'Islande).
Fouqué, Comptes Rendus de V Académie des Sciences, t. LXXXI
(Sources geysériennes des Açores).
Slanislas-Meunier. Lithologie pratique, 1872, p. 117 (Geysers),
Geological Survey of the territories, reports for 1871, 1872,
1878 (Geysers (V Amérique).
American Journal, 3» série, t. XXVI, p. 211 (Geysers du Yellow-
stont).
1892. Schweitzer, A report on the minerai waters of Missoun
{Geological survey of Missouri).
1891. Jacquet, Les Eaux minérales de France (Baudry).
CHAPITRE VII
MÉTAUX RARES
L'ARGENT ET SES MOIERAIS
Propriétés phyiiiqaes. — L'argent est un métal d'un blanc
très pui% qui acquiert un vif éclat par le poli. Il est assez
mou, très ductile, très malléable et doué d'une grande téna-
cité.
On peut retirer en fils très fins et le réduire en feuillt^s
n'ayant pas plus de 2 millièmes de millimètre d'épaisseur.
Sa densité est 10,47. Il fond à 1.000'' et se volatilise vers 1 .BOO"*,
en émettant des vapeurs bleues. Parfaitement pur et à Tétai
liquide, il peut dissoudre jusqu'à vingt-deux fois son volume
d'oxygène. Au moment où le métal commence à se solidifier,
une partie du gaz occlus se dégage brusquement on soule-
vant Ict couche déjà prise, et forme, en projetant du métal,
une sorte de champignon à la surface. On dit alors que l'ar-
gent roche. On extrait le reste du gaz dissous dans l'argonL
par le vide à la température de 500 à 600«. L'argent est trrs
bon conducteur de la chaleur et de Télectricité. Sa chaleur
spécifique est de 0,057.
Propriétés chimiqnet.— Ce métal ne s'oxyde pas à lair, à
la température ordinaire. Il se combine directement avec la
plupart des métalloïdes.
Il décompose à froid l'acide azotique et l'acide bromhy-
drique. Il n'agit sur Tacide sulfurique que lorsque celui-ci
est concentré et bouillant, et il n attaque l'acide chlorhy-
drique que vers 550°.
Au contact de Facide sulfliydrique, l'argent noircit, même
à la température ordinaire. Il attaque rapidement cet acide
à 550».
558 OÉOLOGIE APPLIQUÉE
Alliages. — L'argent s'allie avec plusieurs métaux, tels que
le cuivre, le platine, Tor et le mercure. Combiné au cuivre
dans certaines proportions, il conserve sa couleur et acquiert
une plus grande dureté.
L'alliage employé pour la fabrication de la vaisselle d'ar-
gent est au titre de 950 millièmes d'argent et de 50 millièmes
de cuivre. Pour les monnaies d'argent, on emploie un alliage
qui est, pour les pièces de 5'francs, de 900 millièmes d'argent
et de 100 millièmes de cuivre ; et pour les pièces division-
naires de 2 francs et au dessous, de 835 millièmes d'argent
et de 165 millièmes de cuivre.
Pour les objets de bijouterie, le titre de Talliage est fixé
à 800 millièmes.
I^ soudure pour alliage d'argent au titre de 950 millièmes
est composée de 66,60 0 0 d'argent, 23,33 0 0 de cuivre et
10 0/0 de zinc.
Le plaqué ou doublé d'argent sur cuivre se fait avec un
alliage au titre de 900 millièmes. En An on pratique quelque-
fois l'argenture de divers métaux, du bois, du carton et du
papier, en faisant adhérer à ces substances de l'argent en
feuilles.
MINERAIS DE L AllCENT
On peut diviser les minerais d'argent en deux catégories :
les minerais d'argent proprement dits et les minerais com-
plexes où l'argent accompagne le cuivre, le plomb, l'or, etc.
Minerais d'argent proprement dits. — Les principaux mi-
nerais d'argent proprement dits sont : r§.rge,nt natif, les
minerais sulfurés, l'argent noir, l'argent rouge, les chlorures
et les bromures d'argent, etc.
Vargent natif se rencontre au Koasberg, au lac Supé-
rieur, etc.
]j'argyros€ est un sulfure d'argent (Ag*Sj t^^Mexique, Chili,
Pérou, Comstock) ; Vacanthitc est aussi un sulfure d'argent
(Freiberg); ]& stromeyérine et la jalpaïte sont des sulfures
d'argent et de cuivre.
Vargent noir est un sulfoantimoniure dont les types prin-
MÉTAUX RARES $59
cipaux sont : \apolyh(mte {A^SbS^), tenant de 72 à 74 0/0
d^argent (Freiberg, Przibram, Schemnilz, Mexique, Nevada);
lapsafurose ou stépkanite (Ag'SbS^), tenant 68 0/0 d'argent
(Comstock, Zacatecas, Przibram).
Vargyrythroae ou pyrargyrite est un argent rouge antimo-
nial (Ag'SbS*), tenant 6*) 0/0 d'argent (Andreasberg, Schem-
nitz, Przibram, Ghanarcillo au Mexique), et \aproustite est un
argent arsenical (Ag-'^AsS'), tenant 65 0/0 d'argent (Ghanar-
cillo).
Les chlorures^ bromures^ etc., sont des minerais de surface
que Ton trouve dans les parties hautes des filons. Ils com-
prennent : l'argent corné ou cérargyrite (AgCl).; la hromar-
gyrite (AgBr); ïemboîitef chlorobromure d'argent; V'iodar-
gyrite (Ag.ï).
Minerais complexes. — Les principaux minerais com-
plexes sont la galène (0 à 0,72 0/0 d'argent) et surtout les
cuivres gris (tétraédrites tenant jusqu'à 29 0/0 d'argent).
Les pyrites de cuivre et la blende sont moins argentifères.
EnOn on trouve l'argent associé à l'or, surtout dans les tellù-
rures, tels que \a,petzite, tenant 40 0/0 d'argent au Colorado
et en Californie, la calavérite tenant environ 3 0/0 d'argent,
et la hessite tenant jusqu'à 63 0/0 d'argent, mais très peu
d'or.
Gisements. — Pour faciliter l'étude des gttes d'argent,
nous les diviserons en trois catégories :
. 1° Filons contenant des minéraux d'argent proprement
dits;
2« Gîtes de cuivre gris argentifère ;
3« Gîtes de blende, de galène et de pyrites de cuivre argen-
tifères dont la plupaii. ont été étudiés dans le chapitre m.
i^ MINERAIS d'argent PROPREMENT DITS EN FILONS
Gisements de la France. — Chalanches et le Grand-Clos [Isère),
— On a exploité autrefois à Chalanches (isère) des filons
complexes, au nombre de six, recoupant des calcaires juras-
siques et contenant des minerais de cobalt et de nickel avec
de la stibine argentifère, du chlorure et du sulfate d'argent.
Ces filons sont assimilables à ceux de la venue argentifère
récente de Freiberg.
S60 GÉOLOGIE APPLIQUÉ^:
A Grand-Cha {Isère), on a égalemeal exploita des liions
je galèno argentifère recoupant les gneiss ifig. 109:.
La Croix-auX'Mines {Voiges). — La mine de la Croîx-âux-
Mines, découverte en 1315, fut exploitée activemeul pendant
plusieurs siècles. On vient de reprendre, en 1899,rexploilalion
abandonnée depuis la Dévolnlion.
On y a trouvé de la galène argentifère, des minerais d'ar-
gent proprement dits et, en quelques points, un mélange de
g.ilène et de cuivre gris argenlifère. La gangue esl tin détri-
tus de granité décomposé, quelquefois avec schistes, stéa-
tile, quartz et hématite.
Le nion principal est orienté N.N.E.-S.S.O. et incliné
vers l'est ; il reioupe des gneiss mélamorphisés p;ir les gra-
nités. 11 se poursuit sur une longueur de près de H kilomètres,
avec une puissance de 30 à 40 mètres.
Sainte-Marie-aux- Minet lAlsace). — On doit rattacher ù ce
gisement françaisde la Croix-aux-Mines celui de Sainle-H<irie
situé sur le versant oriental des Vosges.
On y trouve, dans des liions recoupant les gneis», de l'ar-
gent natif, de l'argent rouge, du cuivre gris et du cobalt. Ces
mines ont été exploitées dès \f. a' siècle sur des longueurs
considérables et jusqu'à une Krande profondeur. Elles sont
artuellcment l'objet de travaux importants.
MÉTAUX RARES 561
Giromagny (près Bel fort). — Au sud de ces mines on a exploité,
à diverses reprises, à Giromagny, entre Relfort et le Ballon
d'Alsace, de la galène argentifère, habituellement disposée
en colonnes riches, avec quelques minerais d'argent propre-
ment dits (ûlons Saint'LouiSf Solgat, Pfenningturm)^ et du
cuivre gris avec de la pyrite cuivreuse (filon Saint- Ikiniel)
Violas [Lozère). — Il y a lieu de citer aussi les mines de
Vialas, déjà étudiées au chapitre du Plomb. On y rencontre
des filons argentifères à gangue de calcite et de barytine,
renfermant aussi de la galène argentifère.
La production de l'argent métal, qui avait été, en
France, en 1894, de 96.955 kilogrammes, d'une valeur do
10.665.050 francs, est tombée, en 1896, à 70.479 kilogrammes,
valant 7.964.125 francs. Elle est remontée, en 1898, à
80.000 kilogrammes environ.
Espagne (Guadalcanal), — En Espagne, les principaux gise-
ments d'argent filonien se trouvent à : Guadalcanal, Cazalla,
Hien de la Encina, Sierra de Almagrcra. La mine de Guadal-
canal (près de Séville), exploitée par les Carthaginois, a été
reprise au milieu du xvi« siècle et en 1768, puis abandonnée.
On y trouvait de l'argent sulfuré, de l'argent rouge et de
Fargent natif, avec gangue spathique. En certains points,
on y rencontrait des pyrites cobaltifères avec de l'argent
sulfuré et rouge en filons très ramifiés et rejetés à une faible
profondeur par une faille argileuse. A Cazalla, près de (iuu-
dalcanal, on a exploité des minerais d'argent arsenicaux et
de l'argent rouge en mouches dans de la blende, avec gangue
de barytine; le minerai trié contenait de 5 à 6 kilogrammes
d'argent à la ionne.
Hien de la Encina. — A Hien de la Encina, dans la sierra
de Guadamai*a, trois filons principaux recoupent dos gneiss
et des micaschistes (argent natif, argyrose, chlorures et bro-
mures avec quartz, barytine et sidérose).
Sierra de Almagrera. — On a étudié au chapitre m de ce
Traité, les gîtes espagnols de galène argentifère de Linarès et
de Carlbagène; mais il existe aussi vn Elsi^agne des filons de
galène argentifère (0,0036 à 0,005 de teneur en argent) avec
sulfures, arséniures, sulfo-arséniuros et chlorures d'argent,
pyrites et minerais de cuivre ; ces filons, à gangue de baryte
GéOLOGlR. 3<)
562
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
et de calcile, recoupent les schistes argileux et les mica-
schistes cristallins de la Sierra AJmagrera, A Cabezo dt tas
Herrerias, l'argent natif est associé à des minerais de fer
recoupant des trachytes (mines de AutrevUla et de Milagro de
Guadalupe).
La production de l'argent en Espagne a été de 229.000 ki-
logrammes en 1898, valant 21.718.930 francs.
Sardaignk {Sarrabus), — L'exploitation active des mines du
Sarrabus (Sardaigne), près de Gampidano, ne remonle
qu'à 1,870, bien que la mine soit connue depuis le commence-
ment du XVII* siècle. On exploite des filons irréguliers»
mais très nombreux, qui sont parallèles aux strates est-ouesL
des schistes et des quartzites de cette région ; ces Olons
comportent une venue plonibeusc et une venue argentifère
plus récente correspondant à des réouvertures des filons.
Les filons récents, dont l'épaisseur varie do quelques centi-
fÀNMwnm AoMH
CmnaltF^
Fio. 1 10. — Coupe ouest-est des mines du Sarrabus (d'après M. Trarerso).
mètres à près de 2 mètres, renfeiinent de la harytine, do la
calcite, de la fluorine, de la galène riche avec argent natif,
du chlorure d'argent (à Falfleurement), de l'argyrose en
cristaux ou en filaments, de la stophanite (surtout en pro-
fondeur), do la pyrargyrite et de la proustite. Les parties
riches forment des amas irréguliers ou des colonnes comme
à Kongsberg. Parmi ces amas, on peut citer celui de Sarci--
lone (8'»,00 X 5°»,00 X 0'",06), trouvé dans un filon stérile
aux affleuroments; le minerai de cet amas, avec gangue de
calcite, tenait jusqu'à 30 0 0 d'argent.
La production de Targent, en Italie, a atteint 45.313 kilo-
MÉTAL'X KAHES 563
grammes en 1897^ ce qui représente une valeur de 4.355.000
francs.
NoRWÈGE {Kongsberg). — Le gisement de Kongsberg (étendue
du district =z 400 kilomètres carrés environ), exploité depuis
le commencement du xvn« siècle, est encore aujourd'hui très
important. Les filons de calcite et d'argent natif y recoupent
des gneiss et des schistes cristallins et présentent des enrichis-
sements à la rencontre des zones d'imprégnations pyriteuses
appelées fahlbandes (zones heureuses) et composées de sul-
fures (pyrites de fer et de cuivre). L'imprégnation est surtout
forte dans le gabbro et dans les schistes micacés. Il existe à
Kongsberg huit fahlbandes dont les deux principales sont
VOverberg (puissance : 300 mètres) et YUnderberg (puissance :
60 mètres).
Ces fahlbandes paraissent dues, d'après Kjérulf et Dahll, à
la pyritisation, par des venues sulfurées, des roches schis-
teuses cristallines de Kongsberg plissées et comprimées lors
du soulèvement des gabbros et des granités. Les roches spon-
gieuses (schistes) ont été imprégnées; et les roches compactes
(gneiss) ont résisté à cette action. Les fractures de Kongsberg
ont une direction est-ouest et plongent verticalement; la puis-
sance des filons atteint au maximum 0",20; les zones argen-
tifères forment des colonnes dans ces filons.
L'Overberg, la seule région encore florissante, comprend
une trentaine de mines et environ deux cent cinquante
filons. Les deux seules exploitations prospères aujourd'hui
sont Kongcnsgrube (650 mètres de profondeur) et Hulfe-
Gottes.
Le minerai exploité est de l'argent natif, en petites veines
ou en cristaux isolés, et du sulfure d'argent amorphe, accom-
pagné de chaux carbonatée spathique.
On rencontre, en profondeur, des zones d'enrichissement
alternant avec des zones pauvres.
Les mines des districts de Yinoren et de YUnderberg sont
abandonnées aujourd'hui.
La production de la Norwège a été de 4.720 kilogrammes
d'argent en 1897, soit une valeur de 453.650 francs.
SuisDE (Sala). — Dans les gisements de galène argentifère
de Sala, en Suède, on rencontre aussi de l'argent natif
564 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
et du sulfure d'argent. On traite le minerai par le sulfate
de cuivre dans une dissolution d'hyposulflte de soude, et on
obtient de ThyposuUUe double d'argent et de soude qu'on
attaque par le sulfure de sodium; on recueille ainsi du sul-
fure d'argent avec une certaine quantité d'or et de mercure.
La production de l'argent, en Suède, a atteint, en 1897,
2.218 kilogrammes valant 213.195 francs.
Saxe (Himmelfahrl), — On a étudié, à propos du plomb,
les champs de filons de la Saxe et de la Bohême, et on y a
signalé les minerais d'argent en relation avec une venue
calcaire ou dolomitique postérieure à la venue quartzeuse ;
on a cité, à Freiberg, la mine de Himmmelfahrt qui ren-
ferme, dans un amas d'une cinquantaine de mètres, de l'ar-
gent natif, de l'argent rouge antimonial et arsenical, et de
l'argent sulfuré en relation avec une dolouiie récente. On y
trouve aussi des druses d'argent rouge dans l'edlequartz.
Annaberg. — L'argent rouge et l'argent sulfuré ou natif se
trouvent encore, avec de la dolomie, à Annaberg (Voir le
chapitre du Plomb).
BoHêsiE {Joachimsthal). — On connaît aussi, à Joachimsthal
(en Bohême), des gisements argentifères à gangue dolomi-
tique, dans les micaschistes. Les minerais exploités sont de
l'argent natif et de l'argentite (sulfure d'argent) à l'état d'im-
prégnations; ils sont souvent disposés en colonnes isolées.
La production totale de Targent, en Allemagne, a été,
en 1898, de 480.578 kilogrammes, valant 45.578.740 francs.
Hongrie {SchemnitZj Kremnitz), — Les mines de Schemnitz,
situées au nord de la Hongrie, au sud-ouest des monts Tatra,
sont exploitées depuis la plus haute antiquité. Elles fournissent
des minerais d'argent proprement dits (argent natif, argy-
rose, polybasite, argent rouge), des minerais de cuivre argen-
tifère, des galènes argentifères et des pyrites argentifères.
Les filons, à gangue de quartz, sont en relation soit avec
des grûnsteins ou propylites, qui sont des andésites amphibo-
liques miocènes, soit avec des syénites et des schistes anciens.
Les Qlons, encaissés dans les propylites, sont dirigés S.-O.-
N.-E. et sont formés d'un ensemble de fentes très rami-
fiées; ils renferment des minerais en colonnes enrichies aux
points de rencontre ; la gangue est quartzeuse; les autres
MÉTAUX RARES 565
filoDs, beaucoup moins ramifiés, ont un remplissage de caU
cite.
Les filons en relation avec les propylites {Schemnitz et
Windschach) forment en réalité des groupes de fentes occupant
quelquefois une largeur de 40 mètres; le remplissage est
formé de silice (quartz, améthiste,, jaspe et sinople); les par-
ties riches en argent sont accompagnées de calcite et de
quartz hyalin.
Les filons encaissés dans les syénites (Hodritsch, Eisenbach)
sont moins importants; ils forment des veines puissantes
contenant des minerais d'argent avec calcite ou quartz. 11 y
a souvent altération des roches encaissantes sous Tinfluence
d'émanations solfatariennes, comme au Gomstock (Voir plus
loin).
A KremnitZy on exploite des filons argentifères et aurifères
(pyrites avec psa tu rose, argyrose, cuivre gris, etc.), dans des
propylites encaissées dans des trachytes gris.
La production de la Hongrie a été, en 1897, de 26.790 kilo-
grammes d'argent, valant 2.575.355 francs.
Amérique. — Nevada (Comstock). — Le filon argentifère décou-
vert par le mineur Gomstock, en 4859 (Gomsto<tk Iode), dans
le district de Washoe (Nevada), est long de 7 kilomètres; c'est
un des plus grands filons connus : il a produit plus de
2 milliards d'or et d'argent, grAce à la découverte de bonanzas
d'une richesse considérable. Les trois principaux centres
d'exploilation sont ceux de Gold Hill, de Mrginia et iïOpkir.
Le Gomstock Iode est un filon de quartz situé au contact
des diorites du mont Davidson et d'un grand filon de dia-
base, au-delà duquel on trouve un massif d'andésite amphi-
bolique. Entre la surface et l'étage de 300 mètres, le filon
s'élargit considérablement et forme un V dont l'ouverture,
est orientée vers la surface. Les branches du V sont consti-
tuées par du quartz pauvre ; l'intérieur renferme un mélange
de quartz métallifère, d'argile, de fragments de roches
et de calcite. Ge remplissage a été produit par la chute
des roches encaissantes dans la fracture du filon. Au-dessous
de 300 mètres, le filon se réduit à une fente à parois
parallèles de 20 mètres de puissance. On trouve, disséminés
dans ce filon : de l'argent sulfuré (argentile), de la galène
Se6 GÉOLOGIE APPLlQL'tE
riche, de l'argent rouge avnc argent et or natifs ; au contact
Je la tliorite, les minerais aurifères dominent et le quarti est
très argentifère. Dans la région centrale, près de Virginia
Cily, te (lion présente, en coupe transversale, l'aspect indiqua
par la figure IH.
Kio III. — Cnup* du gll* di Comilocli (d'iprti B«li*r].
On a trouvé au Comstock de nombreuses bonanzas, c'est-
à-dire d'énormes lentilles irrégulîères formées par des
mn.tsifs altérés de la roche encaissante devenue spongieuse,
ar^çileuse et injectée de minerai; les bonanias de surface
contiennent de l'argent natif et des chlorures; les bonantas de
profonijeur fournissent des sulfures, des siilfo-antimo-
niures, etc. (argyrose, siéphanile, polybasite, proustite, pyrai^
gyrite, télraédrite). Les plus célèbres sont les bonanias de
Crown-Poini {5* millions de francs de 1870 à 18731, de Polosi
(73 millions ; valeur du minerai, 400 à 620 francs la tonne) et
d'Ophir (2)5 millions; valeur du minerai, 600 \ 4.000 francs
MÉTAUX RARES b67
la tonDe). Les bonanzas sont épuisées ; mais elles ont donné
i .500 millions d'or et d'argent. Malheureusement, même dans
les grandes mines (Consolidated, Virginia, California, Ophir,
-Chollard, Potosi, etc.), les travaux sont rendus impossibles,
au-delà de 450 mètres, par suite de Tabondance des eaux et
de la température très élevée qui règne dans les fronts de
taille. On a cependant construit un tunnel de drainage et
d*aération de 7 kilomètres, qui débite 5 millions de mètres
cubes d'eau par an; la température est néanmoins de 49*' à
450 mètres, et atteint ôO'^ à 670 mètres. On arrose les fronts
de taille à Teau froide; et, dans les chantiers profonds (800 et
900 mètres), on distribue 20kiiogrammes de glace par homme,
aux ouvriers qui, malgré tout, ne peuvent travailler que
trois heures de suite. La température élevée est due à des
sources très chargées d'hydrogène sulfuré, qui atteignent
76® et proviennent de phénomènes volcaniques. Le remplis-
sage du filon, qui date de l'époque miocène, est dû à des éma-
nations solfatariennes, qui ont précédé et suivi l'arrivée des
andésites.
• Nevada {Austin), — On peut encore citer, dans le Nevada, les
filons d'Aitstin, à 158 kilomètres de Rattle Mountain. Ce
sont des veines de quartz très minces (0",25 à 0°»,45 dans les
parties riches), au milieu des granités ; les minerais sont la
proustite, la pyrargyrite, l'argyrose, la polybasite, la stépha-
nite, avec abondance de chlorures et de bromures d'argent, à
la profondeur de 25 mètres (teneur moyenne : 0,004 à 0,005);
la gangue est du quartz, avec silicate rose de manganèse.
On trouve aussi de l'argent natif et des sulfures à Silversand-
stone, dans des trachytes triasiques du comté de Washington.
Le Nevada a produit, en 1897, 46.650 kilogrammes d'argent,
valant 4.484.250 francs.
Le comté de Washington a produit, la même année,
7.548 kilogrammes d'argent, valant 725.795 francs.
Montana {Butte City), — Depuis que le Comstock Iode
s appauvrit et devient difficile à exploiter, les mines d'argent
et de cuivre du district de Butte-City (Montana) ont pris une
importance considérable ; on y exploite des filons conte-
nant soit des galènes avec sulfures d'argent à gangue de
quartz et de silicate de manganèse (mines de Lexington,
568 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Granité-Mountain, Moulton, etc.), soit des filons à gangue man-
ganésifère (Blue-Bird), soit des filons de cuivre argentifère
(Anacondn). La Société française des mines de Lexington
exploite deux filons, dans cinq concessions : Lexington,
Atlantic, Wild-Pat, Allie-Brown et Mill-Site. Les mines les
plus productives du Montana sont celles de Granite-Moun-
tain et de Blue-Bird.
La production du Montana a atteint, en 1897, 522.791 kilo-
grammes, valant 50.245.560 francs.
Colorado (LeadviUe). — Au Colorado, l'important gisement
de Lead ville renferme des filons de galène argentifère à
gangue quartzeu se ; on y rencontre aussi des minerais d'ar-
gent proprement dits et quelques sulfosels d'argent.
La teneur des minerais y varie de 0,002 à 0,008.
La production du Colorado a été, en 1897, de 661.745 kilo-
grammes d'argent, valant 63.611.135 francs.
Mexique. — Les riches mines d'argent du Mexique : le
Carmen, Catorce, Real-del- Monte, Pachuca, Guanajato, Chihua-
hua, Zacatecas, Presnillo, exploitées par les Espagnols dès la
conquête (1520), avaient beaucoup diminué d'importance, par.
suite du prix élevé du mercure et du sel, surtout au moment
des guerres civiles et étrangères. Depuis quelques années,
le Mexique a repris sa place comme producteur d'argent, et
il vient immédiatement après les États-Unis.
D'une manière générale, les filons d'argent du Mexique
sont en relation avec des diorites, qu'ils recoupent, et sont, à
leur tour, recoupés par des trachytes de venue postérieure.
Cependant, en certains points (San-Francisco de Morelos et la
Sonora), les filons sont concentrés dans des trachytes.
Au Mexique, il existe une succession bien marquée et
constante dans l'ordre des minerais contenus dans un filon.
On y constate cependant des bonanzas ou zones riches,,
comme dans beaucoup de filons, bien qu'ici ces zones
paraissent localisées à une profondeur à peu près constante.
On trouve la succession suivante, en partant de la surface:
1° argent natif avec oxydes de fer ou de manganèse et gangue-
de quartz carié; 2° bromures et chlorures d'argent avec
argent natif et oxydes de fer et de manganèse (zone peu
fiche) j 3° ?vrgent sulfuré prédominant avec sulfure antimonié
MÉTACX RARES 569
noir (zone très riche, bonaiizas) ; 4** argent antimonié sulfuré
noir, puis argent rouge; 5<* minerais cuivreux, blende, pyrite
de fer et quartz, à 450 ou 500 mètres.
La zone moyenne est ia plus riche, et on aiTÎve sûrement
à un appauvrissement en profondeur. 1/existence des chlo-
rures aux affleurements, que Ton retrouve à LeadviUe, à
Huelgoat, au Chili et au Pérou, s^explique par l'existence de
lagunes salées, dont le sel provient, par lavage, des terrains
volcaniques qui abondent dans le pays. Les minerais d'argent
du Mexique sont toujours accompagnés d'un quartz cristallin
violet, qui prédomine. On trouvera ci-dessous quelques
détails sur les principaux gisements mexicains.
Mines du Carmen {Sonora mexicaine). — Le district du
Carmen^ longtemps troublé par les incursions des Apaches,
est redevenu prospère. On y exploite surtout les filons à
gangue purement quartzeuse du Carmen, qui recoupent les
trachytes verdâtres de la Sierra-Madre.
Les plus importants sont Santa-Maria (filon d'incrustation
net, tantôt unique, tantôt en veinules) et Puertecito. Leur
orientation est nord-est-sud-ouest (ldO<>); leur remplissage
est très complexe (proustite, argyrose, polybasite riche en
arsenic et en antimoine, avec galène et pyrite de cuivre).
L'argent est associé avec un peu d'or.
Catorce. — A Catorce, des filons de diorite et de porphyre
ampbibolique (toscas) traversent un pli anticlinal de cal-
caires, de marnes et de schistes.
Ces filons ont 4.000 mètres de longueur et iO mètres de
puissance. Le principal est le filon San'Aguatin, rempli de
minerais poreux et cristallins très variés.
Chihuahua, — Les principales mines du district de Chi-
huahua sont celles de Santa-Eulalia et de Batopilas, qui ont
produit plus d'un milliard d argent.
Fresnillo et Zacatecas. — Les districts de Fresnillo et de
ÏMcatecas renferment plus de cinquante liions d'argent,
recoupant un conglomérat rouge à ciment argileux, avec
fragments de syénite. On y distingue trois catégories de
minerais ; 1» Colorados (argent natif, chlorures, bromures)
ou minerais d'affleurements à gangue de quartz rouge ;
2^ Negros à gangue de quartz (argent sulfuré, arséniures,
574 GÉOLOtilB APPLIQUÉE
bromite, d'embolite et d'arquérite (amalgame d'argent). Aprës-
les metales calidos viennent les metales fno$ qui comprennent
les sulfures (mulatos), les sulfoarséniures et sulfoantimo-
niures (negrillos) ; les principaux sont la proustite (rociclair),
l'argyrose (plomo-ronco), la polybasite et Fargyrythrose. Les
gisements les plus importants sont ceux de Ghanarcillo et
de Caracoles.
Gite de Chafiarcillo. — Le gite de ChaharcUlo^ relié à
Oopiapo par un chemin de fer de 80 kilomètres, est encaissé
dans des calcaires avec nappes dediabases et de mélaphyres
pyroxéniques(panisso'verde). On y exploite, depuis 1832, trois
filons : Descubridora, reconnu sur 1 kilomètre et demi de lon-
gueur, Colorada (2 kilomètres), Catidelaria (800 mètres). Au
voisinage des filons, des couches de calcaires (mantos pinta-
dores) sont imprégnées de minerais d'argent sur 10 mètres
de largeur de part et d'autre ; il existe des zones ti^s riches
(20 à 350 kilogrammes d'argent par tonne) à Tinterseclion
des mantos pintadores avec les filons de diabase (chorros).
Gite de Caracoles. — La mine de Caracoles^ décoaverte
en 1870, est située au nord-est d'Antofagasta sur le Pacifique,
à 2.7o0 mètres d*altitude, dans le désert d'Atacama. Les filons
verticaux, de 0™,50à4 mètres d'épaisseur, ont une g<inguede
barytine et de calcite, et sont encaissés dans des calcaires
Jurassiques, contenant de nombreux gastropodes fossiles
{caracoles i= coquilles). Les principales mines sont : Descada,
Diaz et Rivière.
Eu 18 n, le Chili a produit, au total, 151.500 kilogrammes
d'argent valant 14.061.030 francs.
Pérou. — A Recuay (Pérou), il existe deux groupes de
filons I K.-O. et N.-S.) de cuivre gris argentifère (pavonados),
avec galène argentifère, pyrites, bournonite et argent rouge.
Ces filons recoupent des strates jurassiques avec mélaphyres
intercalés. On exploite maintenant surtout la galène argen-
tifère, que Ton ne savait pas traiter autrefois dans les Andes,
où l'amalgamation des cuivres gris était le seul procédé
connu pour la production de l'argent. Les deux filons prin-
cipaux sont orientés est-ouest; ce -sont : le Collaracua et le
Tttrujos i6 kilogrammes d'argent à la tonne et une forte pro-
portion de plomb).
MÉTAUX RARES 575
La production de Targent au Pérou a été indiquée plus
liaut à propos des minerais d'argent proprement dits.
3® GALÈNES, BLENDES ET PYRITES AHGENITFERES
On a parlé, aux chapitres du Plomb, du Zinc et du Cuivre^
des gisements compris dans cette catégorie. On se bor-
nera à rappeler ici les gttes de galène argentifère de Pont-
péan (teneur en argent : 800 grammes à 1 kilogramme par
tonne de minerai) et de Pont^i^aa^/Ueneuren argent : 1 kilo-
gramme par tonne de minerai), en France;
Celui de BotUtio {ieueixr : 500 grammes par tonne de mine-
rai), en Italie ;
Celui de Montevecchio (teneur : 700 grammes par tonne de
minerai), en Sardaigne;
Ceux de Mazarron, de Linarès (teneur : 200 grammes par.
tonne de minerai après un premier enrichissement) et de la
Bomana (5 kilogrammes par tonne de plomb produite), en
Espagne ;
Ceux de Freiberg, Schneeberg, etc., en Saxe;
Ceux de Przibram et de Mies^ en Bohême ;
Ceux de Saint -Andreasberg et de Clausthal, dans le Ilarz;
Celui de Sala, en Suède (teneur: 6 kilogrammes par tonne
de plomb produit; ;
Celui A'Eureka (carbonate de plomb, dans les calcaires
siluriens, tenant 850 grammes d'argent et 50 grammes d'or
par tonne de minerai fondu), dans le Nevada;
Le gisement de Bingham (galène à i kilogramme d'argent
à la tonne», dans TUtah;
Et enfin les gisements de pyrite de cuivre argentifère du
Mansfeld (tenant 4 kilogrammes d'argent par tonne de
cuivre produite).
PRODUCTION DE l'aRGENT DANS LES DIVERSES PARTIES DU MONDE
La production de largont dans les diverses contrées a été,
pour 1897, de 5.576.532 kilogrammes ayant une valeur totale
576 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
de 535.491.705 francs et se décomposant comme suit :
Europe 739. 722 kilogr. d'argent
Asie 78.009 —
Amérique du Nord... 3.660.602 —
Amérique du Sud... 598.102 —
Australie 500.097 —
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du Sud {Annales des Mines, 9' série, t. IX, p. 315).
MÉTAUX RARES 577
OR
Propriétés physiques et chimiques. ~ L*or est un métal
qui, pur et à Tétat compact, parait d'une belle couleur jaune
orange; il semble rouge lorsqu'il a réfléchi plusieurs fois la
lumière. Si on place une mince feuille d'or devant la lumière
du jour et si on l'examine par transparence, elle parait verte.
L'or est le plus malléable et le plus ductile de tous les
métaux; on peut le réduire en feuilles minces de 1/10000 de
millimètre d'épaisseur par le battage, et on produit, par
étirage à la filière, des fils d'or 4ont i kilomètre pèse 3 déci-
grammes. L'or est mou, oITre peu de ténacité et manque
d'élasticité et de sonorité. Il fond à i.250^, et le métal en
fusion paraît vert bleuâtre. En se volatilisant, il colore la
flamme en vert. Il possède la propriété de se souder à lui-
même. La densité de Tor fondu est de 19,26; elle atteint
19,50 par le laminage. Sa chaleur spécifique est de 0,03244.
L'or est bon conducteur de la chaleur et de l'électricité.
Inaltérable à Tair, à toutes les températures, et inatta*
quable à froid par les acides sulfhydrique, sulfurique, azo-
tique et chlorhydrique isolés, l'or est attaqué, même à froid,
par le chlore et par le brome; il se dissout dans l'eau régale.
L'arsenic et l'antimoine se combinent avec lui à une tempé-
rature élevée. L'or se dissout dans le mercure à toutes les
températures.
Usages. — L'or est un métal trop mou pour être employa
à l'état pur par l'industrie ; on l'allie au cuivre et à divers
métaux pour augmenter à la fois sa dureté et sa fusibilité.
Alliages. — Les monnaies et les bijoux d'or sont des
alliages d'or et de cuivre.
L'alliage des monnaies est fixé au titre de 900/1000.
L alliage des médailles contient 916/1000 d'or et 84/1000 de
cuivre.
OÉOLOOIE. 31
578 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Ualliage est de trois titres pour la fabrication des bijoux
920/1000, 820/1000, 750/1000. C'est ce dernier titre que Ton
utilise le plus dans la bijouterie courante. La tolérance au-
dessus et au-dessous du titre légal a été fixée à 2/1000 pour
les monnaies et les médailles, et à 5/1000 pour les bijoux.
Composés. — Le chlorure double d'or et de sodium est
employé dans le traitement de diverses maladies.
La dissolution du sesquichlorure dlpr dans Téther, dans
Talcool, dans Teau et dans les huiles essentielles, constitue
ce qu'on appelle Vor potable.
Vor fulminant est une poudre grise obtenue au moyen de
rhydrate de sesquioxyde d'or mis en présence de l'ammo-
niaque. Cette poudre, dangereuse à manier, détone violem-
ment soit par le choc, soit quelquefois par le plus léger frot-
tement, soit même spontanément.
Le composé appelé pourpre de Cassius, employé dans la
peinture sur porcelaine et dans la coloration des verres en
rose et en grenat, s'obtient en faisant agir une dissolution
faible et neutre de sesquioxyde d'or sur de la grenaille ou sur
des lames d'étain, ou encore sur une dissolution à équiva-
lents égaux de protochlorure ou de bichlorure d'étain. D'après.
M. Debray, ce composé serait une laque formée de bioxyde
d'étain hydraté, colorée par de l'or pulvérulent.
Dorure. — La dorure a pour objet de recouvrir d'une
couche d'or plus ou moins épaisse, pour leur donner une
couleur riche et brillante et les préserver de l'oxydation, des
objets d'ornement et des pièces d'orfèvrerie. On dore, le»
métaux, les bois, le carton, etc.
La dorure au mercure, qui n'est plus employée que très
rarement, à cause des dangers d'intoxication qu'elle présente^
consiste à frotter les objets à dorer, après décapage, avec
une brosse en fils de laiton trempée dans de l'azotate de
sous-oxyde de mercure, puis avec une autre brosse enduite
d'un amalgame composé de 1 partie d'or et de 8 parties de
mercure; on chaufTe les pièces; le mercure se volatilise, et
l'or reste adhérent au métal.
La dorure au trempé s'exécute en trempant pendant
quelques minutes la pièce à dorer bien décapée, dans une
«lissolution bouillante, composée de 1 partie de chlorure d'or^
MÉTALX RARES 579
de 7 parties de carbonate de potasse et de 130 parties d'eau.
Pour \a dorure galvanique, l'objet à recouTrird'or (cathode),
vigoureusement décapé et déroché, est fixé au pôle négatif
d'une pile et plongé dans un bain formé de 1 partie de cya-
nure d'or, de 10 parties de cyanure de potassium et de
400 parties d'eau. Le pôle positif (anode) est formé d*une
lame d'or, qui se dissout au fur et à mesure que Tor du bain
se dépose sur la pièce.
Minerait. — L'or est surtout exploité à Tétat d'or natif : en
général, l'or natif contient d'autres métaux rare^ avec les-
quels il forme des alliages, tels que Vélecirum (alliage d'or et
d'argent contenant environ 20 0/0 d'argent), la porpëzUe
(alliage d'or et de palladium), la rhodite (alliage d'or et de
rhodium, contenant environ 40 0/0 de rhodium), et ïaura-
malgame (amalgame de mercure et d'or, contenant jusqu'à
60 0/0 de mercure).
En dehors de For natif, pur ou à l'état d'alliages, on n'a
guère à citer, comme minerais d'or, que les tellurures d'or,
qui se rencontrent surtout au Colorado et en Transylvanie et
dont les principaux sont :
1® La sylvanite (tellurure d'or et d'argent [(Au.Ag)*Te3]
tenant de 25 à 30 0/0 d'or et dont les variétés sont le schrifterz,.
le wemtellur ou gelberz (8,5 0/0 d'antimoine ' et 14 0/0 de
plomb), et la millerite (19 0/0 de plomb).
2« ùicalavéritey tellurure d'or et d'argent (7AuTe* + AgTe^),
tenant environ 40 0/0 d*or ;
3» La hrennérite, tellurure d'or et d'argent (AuAgTe'),
tenant de 25 à 29 0 0 d'or ;
4* La nagy agite, minerai mal défini, d'or, de cuivre et de
plomb, avec soufre, antimoine et tellure, contenant de 6 à
12 0/0 d'or (sulfotellurure) ;
5» Lsipetzite, tellurure d'or et d'argent (Au*Te + 3Ag2Te),
contenant environ 25 0/0 d'or;
6^ La eoloradorite^ qui est un tellurure de mercure auri-
fère.
D'autre part, la pyrite de fer est fréquemment aurifère
de même que le mispickel, et plus rarement la galène.
En général, la classification des minerais d'or s'établit sur
une base beaucoup plus importante, au point de vue indus-
580 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
triel, que la composition chimique : c'est la facilité plus ou
moins grande avec laquelle Tor peut être isolé soit par
lavage à la bâtée ou au sluice (or des placers et des parties
supérieures des filons de quartz), soit par amalgamation
(pyrites des quartz aurifères); les parties profondes des
filons de quartz donnent, en général, des minerais qui
échappent à Tamatgamation, et que Ton doit concentrer et
traiter ensuite par fonte plombeuse ou cuivreuse, ou bien
par une méthode chimique (grillage et chloruration, lixivia-
tion, etc.).
Les minerais d'or et d'argent sont extrêmement difficiles
à traiter et sont souvent abandonnés pour cette raison ;
quant aux tellurures d'or, on les concentre en les mélan-
geant avec d'autres minerais d*or.
Bien que Ton trouve dans les terrains anciens un certain
nombre de gisements aurifères importants, on ne peut dé-
finir d'une façon précise l'dge exact des venues de ce métal.
En effet les gisements des alleghanys, ainsi que les itacolu-
mites aurifères du Brésil, appartiennent au terrain primitif
(huronien) ; ceux de Sibérie, au silurien ; les poudingues du
Transvaal, au dévonien, etc. A côté de ces gisements anciens,
d'autres très importants sont de l'époque tertiaire; tels sont
les trachytes aurifères du Dakota (blackhills), les trachytes
de la Nouvelle-Zélande, les gisements de la Hongrie et la
plupart des gttes californiens.
Gisements. — On peut distinguer trois catégories princi-
pales de gisements :
l^' Les gisements dans les filons au voisinage des foches
mères, telles que les granités de la Californie, les trachytes
du Comstock et de la Hongrie, et les diorites de l'Amérique
du Sud. Ces roches contiennent encore parfois des traces
d'or en inclusion ; mais c'est assez rare, et généralement
l'or inclus dans les roches est inexploitable ;
2« Les gisements d'alluvions de la Guyane, de la Californie,
de l'Australie, etc. (placers) ;
3^ Les gisements sédimentaires tels que ceux des conglo-
mérats dévoniens du Transvaal (rares).
On ne peut rien dire de précis au sujet de la limite
d'exploitabilité des gisements : tel gîte pourra être exploité
MÉTAUX RARES &8i
jusqu'à une teneur de iO et m^nie de 7 grammes, tandis que,
dans une autre région, les difficultés du traitement ou la
cherté de la main-d'œuvre, du combustible, etc., forceront
Texploitant à adopter une teneur limite beaucoup plus
élevée.
On peut affirmer cependant, comme pour beaucoup de
filons métallifères, que la diminution de richesse en profon-
deur est constante, et que Ton doit en tenir toujours le plus
large compte dans l'estimation de la richesse d'un gisement,
sous peine de s'exposer à des déboires, si fréquents dans
l'exploitation des mines d'or.
1" FILONS d'or
Cette première catégorie de gisements comprend les filons
à gangue quartzeuse avec minerais sulfurés en profondeur
et concentration aux affleurements, les filons contenant
des pyrites de fer, des chalcopyrites aurifères ou des galènes
aurifères, les filons de mispickel aurifère et les filons de
teliurure d'or à gangue généralement quartzeuse, qui con-
tiennent souvent de la pyrite de fer.
GISEMENTS FILONIB.NS d'eUROPE
Alpes Occidentales. — On exploite dans les Alpes quelques
filons de pyrite aurifère encaissés soit dans des gneiss à
grains fins {Gondo, en Suisse), soit dans des schistes lal-
queux du Piémont {val Toppa et Pestarena) près du Mont-
Rose, dans le val Ânzasca : teneur, 13 à 17 grammes d'or
environ à la tonne. On peut encore citer les pyrites aurifères
de Gressoney^ de Valtournanchc, de Brissogne, etc. D'après
M. Becker, les filons les plus riches de l'Italie se trouveraient
dans les montaf;nes qui séparent la vallée de Gorzente de
celle de la Piotta ; ils sont contenus dans des roches
serpentineuses à fissures parallèles remplies par une gangue
formée de fragments de celte roche, soudés par du quartz;
leur puissance est de 0™,25, et leur richesse varie de 60 à
175 grammes d'or par tonne de minerai. Mais, d'après un cer-
582 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
tain nombre d'essais faits dans la concession de Frasconi, la
teneur pratique serait un peu moindre. L'amalgamation
donne 25 grammes par tonne.
La production totale de l'or en Italie a été, en 1894, de
349 kilogrammes représentant une valeur de L260.285
francs, et, en 1897, de 316 kilogrammes seulement, valant
1.050.000 francs, y compris les alluvions exploitées dans les
rivières du Piémont.
Espagne. — En Çspagne, on exploite dans la province de
Guadalajara, près des célèbres mines d'argent de Hien de la
Encina, des filons de quartz aurifère à forte teneur en or,
mais dont la puissance très irrégulière rend Texploitation
peu rémunératrice.
Dans la province de Tolède ^ il existe des filons quartzeux
tenant jusqu'à 10 grammes d'or à la tonne (mine de la
Nava de Ricomadillo) . Ces filons, qui ont été exploités par les
Romains, sont abandonnés aujourd'hui.
Grande-Bretagne. — Le district de MerionetskirCy dans le
Pays de Galles, où l'on exploite également du manganèse,
renferme un certain nombre de filons de quartz aurifère
assez riche, tenant jusqu'à 1 once 25 d'or à la tonne {Gwyn-
fyndd, Clogau, Berkllwyd) ; on peut signaler encore les
veines de quartz aurifère du Comouailles (dans les schistes
métamorphiques au voisinage de la granulite et celles de quartz
pyriteux aurifère de Ballymurtagh (Irlande). Les alluvions
de Ballinvalley (friande) et de Crawford (Ecosse) contiennent
aussi de l'or.
ï^ production de l'Angleterre a été, en 1 895, de 13.478 tonnes
de minerai d'or représentant une valeur de 414.600 francs;
en 1897, l'Angleterre a produit seulement 42 kilogrammes
d'or valant 1;19.825 francs.
Autriche. — Il existe des exploitations de mines d'or en
Autriche près de Gastein (pyrite aurifère avec chalcopyrite
galène, dans les micaschistes), et à Brandholz (Fichtelge-
birge), où l'on trouve de la pyrite aurifère avec mispickel,
stibine et or natif. La production de l'Autriche n'a atteint
que 69 kilogrammes en 1896, avec une valeur de 247.282
francs.
Trafisylvanie (Hongrie). — On exploite, en Hongrie, des
MËTIUX RARES S83
filons oA le qiiarti aurifère esl accompagna de sulfures
complexes et de pyrites, notamment à Vulkoy' Botes, V6r0»'
patak, Ifagybauya, de même qu'à Fetsobanya et Kapnik, où
interviennent l'antiiuoine et l'arsenic (on étudiera plus
loin les AInns tellurés de Nauyag et d'0/^enbanya). Les
nions, répartis le long de la courbure interne des Carpathes,
remplissent des fissures de retrait continues ou raillées.
A Vûrôspatak, l'or est disséminé dans un stockwerck; des
propylites altérées, encaissées dans des grès éocÈnes, soDt
recoupées par des veinules contenant du ijuarti avec or
natif, pyrilc, blende, cuivre gris et galène. A Hagybanya, les
nions, mal délimités et sans salbandes, recoupent des tra-
chytes amphiboliques ; on y liwive des pyrites aurifires, de
la chaK'Osine, de l'argent rouge et du cuivre gris argenlif&re
sans antres sulfures. Les liions de Fetsobanya, également
encaissés dans les trachytes, renferment de la pyrite <-l
de la gaiine aurifères avec blende, chaicopyrile, stibine
et réalgar. A Felsobanya, Je même (|u'à Kapnik, où le
j^isement est analogue, le réalgar et la stibine dominent
.|uand le quartr manque (il manque totalement à Kapnik).
Tous les minerais sont traités soit par amalgamation près des
mines, soit dans l'usine de Zalalhna, eiploitt^e par le Gou-
vernement. A Zalalhna, on extrait l'or et l'argent, des mine-
rais complexes et des schlichs.
La production de l'or en Hongrie a été, en 1894, da
584 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
2.687 kilogramines; en i897,la production a été de 3.200 kilo-
grammes environ, y compris Tor provenant des filons tellurés
et des graviers aurifères trouvés dans quelques cours d'eau.
Nonvège, — On a exploité à Bômmelô, en Norwège, des
filons de quartz aurifère, et à Emcoldj au nord de Christiania,
des filons de pyrite de fer et de chalcopyrite avec hématite
el or natif.
La iNorwège n'a produit que 16 kilogrammes d'or en 1897,
soit bl.675 francs.
GISEMENTS FILONIENS D ASIE
Oural. — A Berezotrsk, près d'Ekatérinenbourg, dans
rOural, les filons de quartz aurifère sont en relation avec des
schistes chloriteux, des talcschistes et une roche particu-
lière : la bérézite (quartz, mica blanc etorthose), analogue aux
granulites stannifères.
L'exploitation est limitée à une faible profondeur
(40 mètres) par Tappauvrissement des filons et souvent par
des venues d'eau considérables. La teneur est de 10 grammes
par tonne ; on lave, dans des sluices, les minerais bocardés
à Miask et sur le territoire des cosaques d'Orenbourg (sur
la rivière Ditachra).
La production de l'or en Sibérie et en Russie, y compris
l'or extrait des alluvions, que l'on étudiera dans la deuxième
partie de ce chapitre, a été de 41.000 kilogrammes en 1895,
et, en 1897, de 32.408 kilogrammes représentant une valeur
de 1 07. 692. 7oO francs pour tous les districts réunis de TOural,
de Tonisk, d'Irkoutsk, y compris les mines du Cabinet de
l'Empereur.
Indo-Chine, — On exploite dans l'Annam, non loin de
Tourane, à Bong-Mieû, des pyrites aurifères tenant environ
10 grammes d'or à la tonne. Ces gîtes, à remplissage de
quartz, sont interstratifiés dans des schistes cristallins diri-
gés nord-ouest et inclinés de 10® à 35® vers le nord.
Dans le bas Laos, à hulhevilley on exploite des filons de
pyrite contenant de l'or en grains parfois visibles. Ces gîtes
MÉTAUX RARES 585
sont à remplissage de quartz, avec minéralisation de pyrit»
et de galène aurifères.
StVim. — Dans le massif de Chantaboun^ au Siam, on troure
des gttes aurifères flioniens. Près de la baie de Bang-ta-phariy
il existe aussi quelques gttes flioniens aurifères à minérali-
sation de pyrite de fer, orientés nord-nord-est et encaissés
dans des schistes métamorphiques.
' A Kabin, près de Pékim, on exploite des (lions aurifères
donnant 5 grammes d'or à la tonne et dont la teneur
augmente en profondeur.
Péninsule Malaise. — Dans la partie orientale de la presqulle
de Malaccùy on trouve des (lions aurifères exploités par la
Raub-A1ian C^ et la Punjon Mining C^, qui ont produit
622 kilogrammes d'or en 4895.
GISEMENTS FIL0NIEN9 DE L AMERIQUE DU NORD
Californie. — Les filons aurifères de la Californie, qui ont
une grande importance (l'un d'eux, le Mother-Lode^ peut être
regardé comme le plus grand filon connu), sont situés sur
le vei^sant occidental de la Sierra Nevada, dans les comtés
de Placer, Butte, Eldorado, Mariposa, etc. La contrée est
traversée, par un certain nombre d'afiluents du Sacramento,
sur les bords desquels ont été bâties des villes importantes
par les chercheurs d'or (Sonora, Mariposa, Auburn, Placer-
ville, etc.).
Il existe en Californie deux faisceaux de filons de quartz
aurifère, dont l'épaisseur varie de 1 à 40 mètres et dans
lesquels Tor, accompagné de pyrites de fer et d'autres sul-
fures, se présente, près des affleurements, à l'état natif sous
forme de grains très divisés ; les sulfures apparaissent rapide-
ment en profondeur.
Le principal de ces filons est le Mother-Lode, faisceau de
veines reconnu sur plus de 150 kilomètres de longueur et
exploité en certains points jusqu'à 70 mètres do profon-
deur. Les fissures y sont en relation avec des schistes ardoi-
siers noirâtres ; le mur est constitué par des roches très
diverses fgranite, diabase, serpentine, diorite). Le remplis-
586 GÉOLOGIE appliquée:
sage est formé de quartz rubanné avec or natif et pyrite.
Ce filon est exploité dans les comtés d'Eldorado (mines de
WoodsidCy Taylor, Mount-Pleasant), de Placer (mines Crater^
San-Patrick, Auburn, Buckeye\ de Nevada et de Butte. La plu-
part de ces mines fournissent de Targent, surtout en pro-
fondeur. 1^ teneur d'or est très variable; elle est de 150 à
400 francs par tonne, pour les quartz encaissés dans des
schistes à la mine de Taylor; elle descend à 38 francs pour
la mine de Gold-Blossom (comté de Placer).
On a fait, vers Tannée 1897, beaucoup de prospections
heureuses en Californie, dans les districts de Kern-Couniyy
de Fresno ei de Madera, On a repris d'anciennes mines,
durant cette même année, dans le Tuolumne-County, le long
du Mother-Lode, et au nord à^Angel-Camp^ où Ton a installé
un transport d'énergie électrique pour les exploitations de
la région.
La Californie a produit, en 1897, 22.849 kilogrammes d'or,
valant 75.000.000 de francs.
Arizona, — Dans l'Arizona, les deux mines principales sont :
la Pearce-MinCy exploitée par la Common-wealth Mining C«,
dans le comté de Cochise, et la Fortuna-Mine, dans le
comté de Yuma, à 2i kilomètres au sud de Blaisdell-Station.
La première renferme une veine de quartz aurifère exploitée
sur 120 mètres de long, à 90 mètres de profondeur; l'épais-
seur varie de 4",80 à 18 mètres. Le minerai ferrugineux
contient de l'or natif, du chlorure d'argent, du bromure
d'argent, etc. La teneur à la surface est de 2,5 d'argent pour
1 d'or; en profondeur, on a sensiblement 1 d'argent pour 1 d'or.
La production de l'Arizona, en 1898, a été de 4.200 kilo-
grammes, valant 14.000.000 francs.
Nevada, — La principale mine d'or du Nevada est la mine
de Lamar, dans le comté de Lincoln ; elle a produit, en 1897,
8.592.000 francs d'or. La mine a 420 mètres de profondeur
et produit par mois 9.000 tonnes de minerai, que l'on traite
par la cyanuration.
Dans les mines de Comstock et de Lyon, on fait beaucoup
de prospections intéressantes, jusqu'à plus de 900 mètres de
profondeur, qui promettent un développement de l'extrac-
tion de l'or dans cet État.
MÉTAUX RARES 587
Le Nevada, en 1897, a produit 4.572 kilogrammes d'or,
valant 15.000.000 de francs.
Orégon, — Les mines Eurêka et Excelsior (comté de Baker)
traitent par concentration sans amalgamation, des pyrites
arsenicales contenant de Tor finement divisé; le même genre
de minerai est traité par cyanuration aux usines de North
Pôle (Eastem Oregon Mining C®), après un grillage préalable
dans des fours Brûckner.
La production de TOrégon a été, en t897, de 2.064 kilo-
grammes d'or, valant 6.773.000 francs.
Dakota. — Dans le Dakota, la principale mine d'or est
celle de Homestake, où Ton exploite un filon de 150 mètres
de large, à une profondeur de 200 mètres. On peut citer aussi
les mines Father de Smet (Deadwood) et Caledonia.
La production du Dakota a été, en 1898, de 8.580 kilo-
grammes d'or, valant 28.600.000 francs.
I^a production totale de l'or aux États-Unis a été, en 1898,
pour les divers États, de 98.000 kilogrammes, représentant
une valeur de 325 000.000 francs.
Mexique. — II existe au Mexique des filons de quartz auri-
fère et de galène argentifère à gangue de quartz et de calcite,
et des filons de phillipsite et de chalcopyrite aurifères. La
production, très considérable autrefois, a beaucoup dimi-
nué (mines de Guarisamey et de San-Juan-de-Rayas, etc.).
Elle était encore, en 1898, de 12.300 kilogrammes d'or,
valant 41.000.000 francs.
Klondike. — Au Kiondike, on a découvert récemment des
filons de quartz aurifère qui tiennent en moyenne 55 grammes
à la tonne, avec des poches riches, dont la teneur atteint
jusqu'à 200 grammes à la tonne. On assure que les filons
sont très nombreux et qu'ils s'enrichissent en profondeur.
Le Canada a produit, en 1897, pour 31 millions de francs
d'or et 5.758.446 onces d'argent, en grande augmentation sur
la production des années précédentes, par suite de la décou-
verte de l'or au Klondike (presqu'île d'Alaska), dans VOntario
et dans le nord du Minnesota. L'Alaska a produit, en 1897,
4.115 kilogrammes d'or, valant 13.500.000 francs.
588 GÉOLOGIB ÂPPLIQDÉE
GISEMENTS FILOMBNS DE l'aMÉRIQUK DU SUD
Brésil, — On rencontre, au Brésil (Minas-Geraes), soit des
filons de quartz aurifères avec minerais sulfurés, soit des
filons aurifères avec sulfures dominants (mispickel, pyrrho-
tine, bismuth), soit encore des couches de grès imprégnés
de sulfures où le minerai d'or est accompagné de fer oligiste
provenant de la décomposition des pyrites.
Les nions de quartz aurifères recoupent des micaschistes,
notamment à Carapatos et à Caèté; le quartz grenu contient
de Tor visible; la richesse varie de 15 à 30 grammes par
tonne.
A Passagem (Ouro-Preto, province de Minas-Geraes), on
exploite un filon où les sulfures dominent, et qui est
encaissé entre des micaschistes et des itabirites; l'or y est
accom])agné de mispickel, de galène et de bismuth. On peut
citer encore les mispickels aurifères de Pary, où un filon-
couche recoupe les schistes amphibolifères, ceux de Morra-
Velho, et les galènes argentifères avec quartz de Varado,
A Maquillé, près de Marianna, Tor s'est concentré en
voinules ou en grains dans des ocres et des itabirites renfer-
mant (les masses d'oxyde de fer produites par des sulfures
décomposés. A Bitgres, on trouve des argiles ferrugineuses
tenant 30 grammes d'or environ à la tonne. A San-Joao^a^
Barra, les limonites ainsi produites tiennent de 25 à
250 grammes d'or à la tonne,
La production du Brésil a été de 3.800 kilogrammes d'or
en 1898, représentant une valeur de 12.600.000 francs; sur
cette quantité, la province de Minas-Geraes a fourni i.800 ki-
logrammes d'or fin.
Venezuela, — Parmi les nombreux filons d'or que Ton a
trouvés dans la partie Nord de l'Amérique du Sud (isthmes
de Panama et de Darien, Guyanes, Venezuela) un seul groupe,
celui du Callao, sur les bords de la rivière Yuruari (affluent
du Rio-Cuyuni), a eu une réelle importance. Le filon princi-
pal, encaissé dans une roche dioritique bleuâtre très com-
pacte, est rempli de quartz gras très blanc veiné de noir
dans les parties riches, où Ton trouve également des mouches
MÉTAUX HAKES 589
de pyrite. La diorite bleue décomposée donne, dans les sal-
bandes, une argile bleue appelée cascao. Le fllon, dont Tépai»-
seur varie deO">,35 à 3 mètres sur une profondeur reconnue
de 220 mètres, contient, dans une cheminée centrale riche,
de Tor soit invisible, soit en taches ou en grains. La teneur
a varié de 75 à 160 grammes par tonne. Le gîte, dont Texploi-
tation a donné au début de très beaux résultats, s'appauvrit en
profondeur. On trouve, dans les environs de Gallao, les filons
deCorinna et d'AmmcanTompanj^, encaissés dans des schistes,
et le filon quartzeux de Chile, dans des schistes talqueux.
La production de Tor au Venezuela a été de 1.225 kilo-
grammes en 1897, représentant une valeur de 4.070.800 francs.
Chili. — Dans la province de Coquimbo, au voisinage de la
Cordillère des Andes (Chili), on rencontre un grand nombre de
filons dans des granités ou dans des schistes métamorphiques
formant des fractures nettes remplies de quartz et de pyrites
de fer ou de cuivre (leneur : 40 grammes d'or à la tonne}.
On y rencontre aussi des veinules où Tor se présente en fila-
ments très ténus. L'exploitation est, en général, assez rudi-
men taire.
On traite aussi, au Chili, des mattes de cuivre pour en
extraire For.
La production totale du Chili, en 1897, y compris Tor des
placers de Talca, de Alhue, Petorca, Tamayo et Inca, a été
de 2.118 Icilogrammes, valant 7.037.720 francs.
Pérou. — Au Pérou, on peut citer les filons de quartz auri-
fère dans le granité de la région de la Costa (mines de Saint»
Thomas et de Montes-Claros).
Production en 1898, 310 kilogr., valant 1.030.000 francs.
Uruguay. — Les filons de quartz aurifère de Tacuarembo
(Uruguay) recoupent des terrains anciens (schistes chlori-
tiques, avec diorites siluriennes). Le quartz riche est blanc
d'albâtre et veiné de gris ou de bleu; il est quelquefois
vitreux; l'or y est accompagné de pyrite de cuivre et de
galène ; le rendement est de 100 grammes environ à la tonne
dans la partie supérieure des filons (filon San Pablo dans la
province de Santa-Ernestina).
La production de l'Uruguay a été, en 1897, de 214 kilo-
grammes, valant 723.000 francs.
590 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Colombie, — En Colombie, on exploite des filons aurifères
à Cauca et à Antioquia,
Les filons de quartz aurifère rouge de SardanUla (Empe-
rador Mining G^ of Golumbia) sont encaissés dans des quart-
zites.
La Colombie a produit, en 4897, 5.869 kilogrammes d*or,
d'une valeur de 19.500.000 francs, y compris Texploitation
des placers de Cauca (El-Choco), de Porceet deNechi,
GISEMENTS FILOISIENS D*OCÉANIE
Australie. — On exploite, en Australie, outre les alla-
vions que Ton étudiera plus loin, un grand nombre de
stockwerks et de filons-couches, de 10 centimètres à 15 mètres
de puissance, avec colonnes verticales d'enrichissement.
Ces gîtes sont en relation avec des roches siluriennes ou
dévoniennes, avec des granités amphiboliques, des dykes de
diorite, etc. La teneur est très variable (6 à 36 grammes d'or
par tonne); mais on peut exploiter, en Australie, des filons
de quartz d'une teneur de 6 grammes à la tonne, tandis que,
dans d'autres régions aurifères, la teneur limite varie de
16 à 60 grammes.
La province de Victoria, qui est la plus importante au
point de vue des gisements aurifères, comprend plus de trois
mille filons, répartis dans les districts d'Arara, de Ballarat,
de (wipsland, de Deechworth et de Sandhurst»
L'or est accompagné, dans ces gisements, de quartz, de
pyrite de fer, de cuivre gris, de blende et de calcite.
Dans la Nouvelle-Galles du Sud on exploite les mines
d'Hawkitis-Hilly de Mitcheirs-Creek, etc.
Dans le Queensland, les filons de Charten-Towers recoupent
des schistes siluriens et sont souvent en contact avec des
dykes de porphyre; les autres districts aurifères de cette
province sont ceux de Gympie^ de Marengo et de Normanby.
La production de Tor en Australie, en 1896, a été la sui-
vante, en comptant les alluvions aurifères que Ton étudiera
^lus loin :
. MÉTAUX AARES 591
KiloB Triant
Nouvelle-Galles du Sud 9.221 26.834.000 fr.
Queeusland 19.917 56.033.685 »
Tasmanie 1.947 5.939.350 »
Victoria 25.041 80.503.750 »
Ensemble 56.126 169.310. 783 fr.
La production, en 1898, s^est élevée à 93.732 kilogrammes
valant 3 1 1.472.000 francs.
Nouvelle-Zélande. — Dans la Nouvelle-Zélande on exploite
des iilons-couches dans des schistes (quartz blanc, pyrite de
fer cuprifère et or natif), et des filons dans des grès (quartz
et sulfures d'antimoine et d'arsenic, avec blende, chalco-
pyrite et cuin-e gris).
FILONS TELLURlIs
On a énuméré, au début de ce chapitre, les principaux
minerais d'or tellurés. Les gisements les plus importants
se trouvent en Transylvanie et au Colorado.
Trapisylvanie. — Les filons tellurés de Transylvanie sont
exploités à Nagya(j,k Offenbanya et à Rodna.
A Nagyag, les filons, variant de 0™,0i à 2 mètres de
puissance, recoupent des trachyles amphiboliques, ou bien
sont disséminés dans des conglomérats. On y trouve de
l'or natif accompagné de nagyagile, de sylvanite, d'argent
tellure avec gangue de quartz et de jaspe. Dans les conglo-
mérats, la sylvanite domine iivec le quartz et le cuivre gris.
L'appauvrissement en profondeur ne s'est fait sentir qu'à
partir de 400 mètres.
A 0/fenbanya, les filons de tellurures, très peu puissants
l0™,025i, recoupent des trachytes amphiboliques très méla-
morphisés. On y trouve de l'or natif et de la sylvanite» avec
quartz, calcite, pyrite, galène, argent natif et argent rouge.
A Rodna, le gisement est le mtHne ; on trouve les amas
de pyrite de fer, de galène, de blende, de mis|ûckel, argen-
tifères et aurifères, au contact d'andésites recouvrant des
schistes cristallins et des calcaires grenus.
Siam, — Dans le Siam on connaît un gtsementd^ telliirure
592 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
d'or à gangue calcaire près de Nam-ko, dans le bassin du
Ménam.
Colorado. — On exploite au Colorado (comté de Boulder)
des filons de tellurures formant un système très étendu de
fractures avec remplissage de quartz ; ces filons renferment
de la sylvanite, de la hessite et de la petzite a?ec blende,
galène et pyrite (mines de Magnolia et de Malvûia). Les filons
ne sont avantageux à exploiter que sur de faibles épaisseurs,
de O'BjOi à 0° ,06, et les minerais doivent subir un enrichisse-
ment par une préparation mécanique compliquée, avant
d'étie traités dans les usines de la région.
La production du Colorado a été, en 1897, de 29.838 kilo*
grammes d'or valant 97.898.195 francs.
2^ ALLUVIONS AURIFÈRES
ALLUVIONS AURIFÈRES d'eUROPE
France. — On ne citera que pour mémoire les gise-
ments aurifères de la France. En dehors des filons de mispic-
kel aurifère de BonnaCy dans le Plateau Central, filons dans
lesquels on a fait quelques grattages, il y a peu d'années,
quelques liions détruits ont donné naissance à des alluvions
aurifères dans les vallées des rivières originaires des
Cévennes (Gardon, Ardèche, Hérault), des Pyrénées (Ariège,
Salât et Garonne) et des Alpes (Khin, Rhône, Arve). Il est
certain qUe, dans l'antiquité, on a exploité Tor activement
chez les Gaulois, noUimment dans le Khin, d'où Ton en
retirait encore, vers 1850, surtout près de Carlsruhe, entre
Daxland et KchL
Italie, — Les graviers des lits de la Doria, de la Sesta, de
VOrco et d'autres rivières du Piémont contiennent de Tor
difficilement exploitable. On a tenté, sans grand succès,
d'exploiter aussi des falaises d'alluvions que l'on trouve dans
les contreforts des Alpes.
Espagne, — Dans les provinces espagnoles de Galice et de
Léon on trouve les graviers aurifères, et les conglomérats
du Rio-Sil et de la Duerna reposant sur des schistes siluriens
et sur des granités contenant des veines de quartz aurifère.
MÉTAUX KARES 093
Ces graviers, exploités dès Tépoque romaine, contiennent de
Tor en pellicules très minces (60 grammes d'or à la tonne à
Cabrera et 450 grammes à Albano).
On a essayé d'exploiter à la lance hydraulique les allu-
vions du Cerro del Sol et de la Lancha, dans la vallée du
Genil (province de Grenade); leur teneur en or est de O**",»
au mètre cube.
ALLl'VIONS AURIFÈRES d'aSIB
Sibérie, — Les placers de TOural sont exploités très active-
ment principalement sur le versant oriental; les alluvions
aurifères pléislocènes ont, en certains points, une épaisseur
exploitable de i mètre, sur 20 mètres de largeur et sur plu-
sieurs kilomètres de longueur. La teneur, qui varie de O^^S
à 2^%5 par tonne, est surtout élevée au contact des schistes
cristallins et des amphibolites. Les couches minces sont
exploitables jusqu'à O^^S par tonne, à condition de n'être
recouvertes que par une couche stérile très faible, ne néces-
sitant pas de transport éloigné pour les déblais.
Les principaux centres d'exploitation sont Berezowsk,
Bogoslovsk, Tchernoia, Nijni-Tayiiil, le territoire des cosaques
d'Orenbourg, etc. Les recherches doivent surtout porter
sur les anfractuosités des lits rocheux, dans les couches
inférieures desquels l'or est concentré, et sur les points
où les couches stériles ne sont pas trop épaisses (3 mètres
en moyenne).
1^ région de ÏAltaï (montagne de l'or) comptait autrefois
de nombreuses exploitations d'or et d'argent, notamment
dans le groupe de Kolivan, à Sméinoyorsk (mines de plomb
argentifère). Ces mines, autrefois très productives, sont
aujourd'hui en partie abandonnées.
C'est sur les bords des grands fleuves sibériens, VYenis-
seisk, la Lena, l'Amour, que s'est concentrée aujourd'hui
toute l'activité des exploitations. L'or des alluvions de
l'Yenisseisk et de ses affluents, provient de veines de quartz
recoupant des granités et des micaschistes; il est souvent
accompagné de magnétite et de zircon. On exploite aussi
OÉOLOOII. 38
594 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
les placers de Minusimk et ceux d'Olekminsk, au confluent
de roiekma et de la Lena; enfin, on' a découvert «les gise-
ments importants dans la Transbatkalic et dans la province
de V Amour (Nertschinsk).
En Sibérie, on a trouvé, en 1897, de nouveaux placers à
Apschoumoukau et à Ayau, sur la rivière Ditachra.
Inde. — Dans Tlnde, Tor des alluvions de Godavery et de
la Kistna provient de filons quartzcux et de chloritoschistes
d'Ages divers. Les princip aies mines sont celles de la pro-
vince de Mysore^ que les indigènes exploitent à la bâtée.
Le district de Colar compte de nombreuses mines, dont
les principales sont, avec celles de Myaore qui ont produit, en
1897, environ 12milIions de francs d'or, ilOO/0 de dividende
(12 puits, dont un de 500 mètres), celle d'Ooregwm, qui a pro-
duit 5.250.000 francs en 1897 (8 puits, dont un de 372 mètres),
celles de Nundydroog (5 puits, dont un de 372 mètres), de
Champion'Reef et de Coromandel. La teneur moyenne des
minerais du district do Colar était de 110 francs par tonne.
Les Compagnies de Mysore, de Ghampion-Reef et de Nun-
dydroog ont installé, au voisinage de leurs mines, de grands
ateliers de cyanuration. La production totale du district a
atteint 37 millions en 1897, pour un capital autorisé de
65 millions.
Sumatra et Bornéo, — Les exploitations d'alluvions du
nord de Bornéo sont peu importantes. A Sumatra, on
exploite des filons quartzeux avec pyrites de fer et de cuivre,
à Mandehling et h Soupayany .
La production totale des Indes a été, en 1896, de 10.662 kilo-
grammes d'or, valant 24.758.470 francs.
Indo-Chine. — Il existe, dans \e pays KhaSy entre Rulheville
au sud, et la parallèle de Tourane au nord, une région
d'alluvions aurifères récentes, exploitées à la bâtée par les
indigènes.
On trouve aussi quelques gUes d'alluvions aurifères dans
VAnnam.
Siam, — Les rois de Siam ont exploité longtemps les allu-
vions aurifères de Bang-ta-Pham, au nord-est de Tisthmc
de Krd. Ces alluvions, situées au voisinage de gîtes filoniens
aurifères sans importance, sont formées par un gravier argiio-
MÉTAUX RARES 595
sableux aurifère de 0™,30 à 0™,70 de puissance, recouvert par
un lit stérile de terre et de sable de 3 mètres d'épaisseur.
L'exploitation, qui avait été continuée par une Société euro-
péenne, est abandonnée depuis quelques années.
Japon. — Au Japon, les gîtes d'alluvions du Transitr^ à For-
mose,sont exploités, paraît-il, par plus de trois mille ouvriers.
La production du Japon a été, en 1895, de 900 kilogrammes
d'or.
Chine. — En Chine, on commence à faire des recherches
dans le Chien-Chang^ où Ton a découvert des alluvions auri-
fères et quelques filons dans les monts Ma-ha^ entre Yueh-
Hsi et Mien-Ning.
ALLUVIONS AURIFERES D AFRIQUE
Il existe en Afrique de nombreuses régions contenant des
alluvions exploitables; mais, en général, le manque de main-
d'œuvre limite les exploitations. On connaît notamment les
alluvions de la TunisUj à Sidi-Boussaïb^ près de Garthage, où
Ton trouve des conglomérats aurifères avec fer titane et
magnétique, celles du haut Sénégal {Bambouk, Bambara,
Sangara dans le Soudan français), celles des collines de
Farquah, sur la côte d'Or anglaise et celles du Rio Lombigo,
dans le royaume d'Angola, où les graviers aurifères de la
base contiennent, dit-on, 50 grammes d'or à la tonne.
ALLUVIONS AURIFÈRES 1)' AMERIQUE
Californie, — Les alluvions aurifères de Californie qui ont
donné lieu, vers le milieu du xix« siècle, à un exode consi-
dérable de chercheurs d'or, sont des alluvions recouvertes
par des formations plus récentes. On peut les classer en trois
catégories : a) alluvions des plateaux; b) alluvions des hautes
vallées ; c) alluvions modernes des vallées.
a) Alluvions des plateaux, — Les gîtes de plateaux se
trouvent, en réalité, dans les chenaux ou vallées des rivières
de l'époque pliocène (comtés de Placer, de Plumas^ de
r>96 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Nevada f etc.) ; la présence de quartz aurifères et de serpen-
tines dans les roches qui encaissent ces chenaux est un indice
sérieux de la présence de Tor dans les alluvions, car les élé
ments des alluvions anciennes n'ont subi que des transports*
à faible distance. Il faut noter aussi que le poids des paillettes
et des pépites les a entraînées dans les anfractuosités du fond,
souvent schisteux, des rivières. Une coupe de ces terrains
montre à la base des galets bleuâtres, riches en or (blue gra-
vel), contenant une forte proportion de pyrite de fer cristal-
lisée en cubes très nets (épaisseur très variable). Au-dessus
de ces cubes, on trouve une seconde couche de galets rou-
gedtres, très riches (red gravel), et enfin, au-dessus, des
sables contenant un peu d'or très divisé (top gravel) et sou-
vent exploitables. Le tout est généralement recouvert d'une
forte épaisseur de lave, qui atteint, en certains points,
40 mètres. Les couches sont traveraées par un grand nombn»
de puits et de tunnels.
b) AlluvU)ns des hautes vallées, — Les alluvions anciennes
des hautes vallées (deep leads) présentent d'épaisses couches
de gravelSj qu'on a abattues en partie par la méthode hydrau-
lique, après les avoir disloquées par des coups de mines. Les
jets d'eau employés débitaient plus de 6.000 mètres cubes à
rheure, avec une vitesse de 50 mètres à la seconde; les boues
produites étaient réunies dans des tunnels placés à la partie
inférieure, et Tor y était amalgamé avec du mercure dans
des sluices; mais on a interdit, depuis 4886, l'emploi de la
méthode hydraulique, sur les plaintes des agriculteurs (bas-
sin de Yuba-River, du Tuolumne, etc.), parce que les débris
obstruaient le cours des rivières et recouvraient les terrains
cultivables. Le tonnage important qu'il reste à exploiter
devra être enlevé par une autre méthode.
Les points intéressants à explorer sont les coudes brusques
et les barrages des rivières où les matières pondéreuses se sont
déposées plus abondamment.
c) Alluvions modernes. — Les alluvions modernes (Shallow-
placers) sont peu exploitées, parce que les couches ne sont
pas régulières, comme dans les alluvions anciennes.
Les exploitations hydrauliques s'effectuaient ancienne-
ment au moyen de tunnels de plusieurs centaines de mètres
MÉTAUX RARES 597
de longueur ; la consommation d'eau était parfois très élevée,
à cause de la dureté des roches (10 à 40 mètres cubes d'eau
par mètre cube de gravel). Les principales mines étaient
situées à Smarlsville (mines Pactolus, Blue-Grayel, Blue-
Point etc.), à North-San-Juan (Nebraska-Mine), à North-
Bloomfield, etc.
La production de la Californie a été indiquée plus haut, à
propos des gisements Aloniens.
Dakota, — On peut citer aussi, en Amérique, les exploita-
tions d'alluvions aurifères de French-Creek, de Castle-Creek et
de Spring-Creekf dans le Dakota
Guy ânes. — Le lit des rivières de la Guyane française, le
Maroni^ la Manay le Sinnamari, contient de Tor; il existe,
de plus, dans la Guyane, des alluvions modernes sur une
surface très étendue, et des fllons encore peu connus du côté
de Cayenne. Le pays est recouvert d'épaisses forêts qui
rendent les recherches fort difficiles ; on trouve, comme en
Californie, dans des criques et des coudes formés par les
rivières, les dépôts d'or qui se sont concentrés dans les
couches inférieures voisines du bedrock. Les principaux pla-
cers de la Guyane française sont Saint-ÉUe, sur le Sinnamari,
à tOO kilomètres de la mer, Dieu-Marie et Pas-Tjrop-Tôt.
Il existe également des placers dans les régions voisines
des limites de la colonie que l'on appelle le Contesté, et dans
les Guyanes anglaise et hollandaise.
Les Guyanes ont produit, en 1897, 6.122 kilogrammes d'or.
Des usines de traitement ont été installées à Arikaka-
Creek et & Mount-Everare, sur le Deraerara. Les alluvions
aurifères de Carsowene^ dans le Contesté brésilien, ont fourni,
en deux ans, pour 2» millions d'or. En 1897, la Guyane
hollandaise a fourni à elle seule 1.036 kilogrammes d'or.
ALLUVIONS AURIFÈRES d'aUSTRALIE
Les formations des placers .australiens sont analogues à
celles des placers californiens. On trouve en effet, en Aus-
tralie, des alluvions récentes et des alluvions anciennes pré-
sentant les mêmes chenaux et les mêmes phénomènes d'en-
598 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
ricliissement dans les schisles du fonJ (bedrock) qu>a Cali-
furnie; de même, leggraviers sont souvent re cou vei'ts d'i^pais-
seurs coDflidfrables de basaltes.
Les placera australiens ont été autrerois célèbres par la
grosseur de leurs pépites (pépile de 90 kilogrammestrouvéei.
Ballarat) el ont donné lieu à des émigrations considérables
de chercheurs d'or. On a cité plus haut les principaux
districts auriTères d'Australie et leur production eD 1896
et en 1897.
Dans la .N'ouvelle-Calles du Sud, on drague la rivière Mac-
quarie avec des dragues à vapeur. Les mines de Broken-HUl
ont produit A elles seules, en 1897, avec 5.563 ouvriers,
4-4 millions de francs d'argent, d'or, de zinc et de cuivre.
Les principaux centres de production sont les districts
de Balhuist, de Lachian, de Tumut et du Mudgee.
La Nouvelle-Zélande a produit, en 1897, pour 24 millions de
francs dur. LaWaihiGold Mining C°a extrait 39.564 tonnes de
minerai; il'autres mines moins imporUtnIes sont en activité
dans les districts de Coromandcl, de Ktiaoliiiw et de Great-
Barrifr. Dans l'ile du Sud il y a une cinquantaine de dragues
en activité dans le lit de la rivière Clulhii [Olagoj.
Dans le Queensland, la mine de MouiU-Morgan a traité, en
1897, 127.108 tonnes de minerai ayant donné 166.463 oncea
d'or.Les nouveaux dépiits d'alluvionsde Clermont ont fourni,
en 1897, 22.000 onces (une once-troy pèse 3IïM033).
MÉTAUX RAhES 599
Les mines de la province de Victoria ont produit
822.632 onces en 1897. Le district de Bcnditjo (Sandhurst) a
produit 203.208 onces, et celui de Batlarat 75.816 onces.
Dans TAuslralie occidentale, la production s'est élevée,
en 1897,à 19.000 kilogrammes d'or (In valant plus de 62 mil-
lions, provenant surtout des districts d'Hannans et de Cool-
gardie,
3"* GISEMENTS o'OR SËOIMËNTAIHËS
Il existe d'importants gisements d'or sédimentaires pro-
venant soit du remaniement de terrains anciens très divers
(alluvions aurifères, grès et conglomérats aurifères du Trans-
vaal, de FAustralie et de la Nouvelle-Zélande), soit d'une
précipitation contemporaine du dépôt des terrains; on trouve
en effet des pyrites aurifères en cubes très bien conservés,
qui se sont certainement formés sur place. On trouvera des
renseignements intéressants sur les théories relatives à la
formation de ces gisements dans le Traité des gîtes métal-
lifères, de MM. Fuchs et de Launay, et dans divers ouvrages
indiqués dans l'appendice bibliographique ci-après.
GISEMENTS SÉDIMENTAIRES DE l'aMÉRIQUE DU NORD
Alleghanys. — On trouve, le long de la chaîne des Alle-
ghanys, des gisements dans lesquels l'or est concentré soit
dans des schistes amphiboliques, comme à Aanrfo//f (Caroline
du Nord), ou dans des talcschistes, comme à Haile (district
de Lancaster, Caroline du Sud), soit encore dans des chlori-
toschistes feuilletés bleuâtres avec quartz et tétradymite (bis-
muth tellure), comme à Dahlonega (Géorgie) et dans les
mines de Whitehall et de Tellurium (Virginie).
GISEMENTS SÉDIMENTAIRES DE l'aFRIQUE DU SUD
Transvaal. ' — Bien que la présence »le l'or dans le Sud
africain soit connae depuis longtemps (plus de deux siècles),
l'exploitation des gisements du Transvaul, par des mineurs
australiens et californiens, ne remonte qu'à l'année 1873;
600 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
à cette époque, on recueillait déjà de gros lingots dans le
district de Lydenburg, dont les gisements avaient été signalés,
eu 1868, par le géologue Karl Mauscli, le même qui avait
découvert, en 1864, ceux du Matabeleland. L'exploitation,
gênée par la guerre que les Boers eurent à soutenir en 1880
contre les Anglais, reprit avec plus de vigueur en 1884, date
de l'ouverture de la mine de Sheba dans le district de Kaap
et surtout en 1886, date de la découverte des gisements du
Wittcatersrandj dont la production a atteint 270 millions
en 1897. La nouvelle guerre qui vient d'éclater entre les
Anglais et les Boers (^octobre 1899) va arrêter pendant
quelques mois le travail aux mines du Transvaal; mais
il est probable que Texploitation reprendra ensuite uu
nouvel essor, soit sous l'administration des Anglais, soit
sous celle des Boers, si ces derniers arrivent à conquérir et
à assurer leur indépendance.
Les principaux centres d'exploitation actuels de l'Afrique
du Sud sont situés dans les districts du Witwatersrand (à
65 kilomètres au sud de Pretoria), de Kaapy de Schoonspruit,
^Klerksdorp), do Lydenburg, de Pelgrimrust et de Heidelberg.
Au nord du Transvaal, il existe, dans la Rhodesia, des exploi-
tiitions aurifères dans le Matabeleland, le Mashonaland, et à
l'est, dans le Zwazieland et le Charterland.
Le plus important de tous ces districts est le Witwaters-
rand (montagne des Eaux-Blanches).
Formations aurifères du Sud africain. — La partie méridio-
nale du continent africain est constituée par des plateaux
(Karoo), formés de couches horizontales très épaisses dépour-
vues de fossiles marins, et dont l'âge varie, d'après le géologue
Suoss, du permien à l'infralias; ces couches s'appuient en
stratifications discordantes sur des assises qui ont subi des
plissements et des érosions très caractéristiques et qui appar-
tiennent au silurien, au dévonien et au carbonifère. Au-
dessous, se trouvent des gneiss et des granités qui forment
la base de cette partie du continent africain. Les conglomérats
aurifères du Transvaal se trouvent dans les assises de terrains
anciens; les touches du Karoo renferment, en outre, d'im-
portants gisements de houille.
Ne pouvant décrire en détail, dans un cadre aussi res*
MÉTAUX RARES 601
Ireint, toas les districts aurifères de TAfrique méridionale,
on se limitera, dans cet ouvrage à Tétude du Witwatersrand;
ce que Ton en dira pourra s'étendre, à quelques détail»
près, aux autres centres de production du Sud africain.
District aurifère du Witwatersrand. — Les gisements du
Witwatersrand s'étendent autour de Johannesburg, entre le»
montagnes d'où ils tirent leur nom et les montagnes d'Hei-
delberg. La coupe du plateau, située à 2.000 mètres d'alti-
tude, montre d'abord en surface des granités et des gneiss,
puis des quartzites alternant avec des schistes argileux et
des grès à magnétite et à fer oxydé, qui jouent ici le rôle du
chapeau de fer de Rio-Tinto. Les couches forment, entre
Johannesburg et Heidelberg, un fond de bateau qui a été
l'objet d'études toutes particulières.
Filons ou reefs, — Les quartzites forment le mur d'une
série de conglomérats composés d'éléments quartzeux sou-
dés par un ciment siliceux et dans lesquels se trouve l'or.
Ces conglomérats sont interstratiHés dans des grès et des
schistes fortement plissés et érodés. Les couches de conglo-
mérats portent le nom de reefs (filons).
La série des reefs est très complexe, et leur richesse en
or est très variable : quelques-uns même sont stériles. En
s'élevant de bas en haut, la succession des reefs est la sui-
vante : Rietfontein-Reef (ou du Preez-Reef), Main-Reef (com-
posé de cinq couches : South-Reef, Middle-Reef, Main-Reef-
Leader,Main-Reef-Proper etNorth-Reef), Elsburg-Reef (ou de
Paaz-Reef), Bird-Reef (ou Monarch-Reef), Kim6er/<?y-Hec^ (ou
Battery-Reef; Black-Reef, Nigel-Reef et Buffelsdoom-Reef. Le
principal reef est le Main-Reef avec ses cinq couches sur les-
quelles sont situées toutes les grandes mines (Robinson, Sim-
mer and Jack, Geldenhuis, City and Suburban, Crown-Reef,
Lanlaagte, Main-Reef, etc.).
Il est rare de trouver dans la même concession les cinq
couches du Main-Reef; beaucoup de concessions n'en pos-
sèdent que deux ou trois. L'importance de ces couches est
la suivante :
602 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Épaisseur Teneur à la tonne
South-Reef 0°»,20 à 1"»,00 10 à 12 onces-troys
Middle-Reef 0"»,10 à 0«,60 — —
Main-Reef-Leader 0"»,15 à 0™,60 2 à 6 —
Main-Reef-Proper... 2'n,00 Oà 1 —
Norlh-Reef 0«,30 à l-'jOO 0 à 1 —
Le district où les reefs oiTrent la plus grande régularité
est celui de Johannesburg. Ailleurs les reefs sont discon-
tinus en direction, et on constate de nombreuses failles qui
amènent, dans le prolongement Tun de Tautre, des reefs
différents. Bien que ces reefs aient beaucoup d'analogie entre
eux, on arrive à dégager quelques caractères dislinctifs qui
permettent de les reconnaître.
Ces caractères sont les suivants pour quelques-uns des
reefs principaux :
Black'Reef. — Masses de pyrites, teneurs très élevées, mais
très irrégulières;
Kimberley-Reef. — Galets de fortes dimensions ;
Bird'Recf, — Galets ayant la dimension d'un œuf d oiseau
de petite taille ;
Main-Reef, — Galets arrondis de la dimension d'une noix;
Mam-Reef- Leader. — Argiles avec veines de quartz ;
South'Reef. — Veines minces de galets plats.
Par suite de la disposition des couches en cuvette, les
concessions sont, en général, très étroites dans le sens de
rinclinaison, et les reefs passent rapidement d'une conces-
sion à une autre. C'est ce qui a conduit les propriétaires des
mines à envisager l'exploitation (d'abord regardée comme
désavantageuse) des parties profondes des reefs, parties
que l'on appelle des deep levels.
Les zones riches et pauvres alternent dans les reefs, sans
que l'on puisse assigner, à ces variations de teneur, des lois
précises.
L'or des conglomérats n'est visible à l'œil nu, dans le
minerai que très rarement, quand il est cristallisé. On peut
cependant voir au microscope de l'or libre en lamelles
minces dans le minerai.
La présence de l'or est un indice certain du voisinage de
MÉTAUX RARES 603
la pyrite de fer; mais la réciproque ne serait pas vraie.
On ne peut guère juger la valeur d'une mine d'or au
Transvaai que par une série de prises d^échantillons, avec
broyage en grand, car la teneur varie beaucoup d'un endroit
à un autre, et il est impossible d'apprécier ces variations
sans faire de nombreux essais de minerai.
On exploite l'or au Transvaai par puits inclinés afin de
rester dans la couche et de supprimer les travers-bancs inu-
tiles ; la solidité du toit réduit la dépense de bois à très peu
de chose; Teau est maintenant sufQsamment abondante, et la
houille du pays revient à iO francs environ par tonne,
aujourd'hui, sur le carreau des mines. Les crises qui ont sévi à
plusieurs reprises sur les mines d'or du Transvaai proviennent
toutes de la rareté de la main-d'œuvre. Le nombre de per-
sonnes employées, en 1897, dans les mines d'or de l'Afrique
australe, était de 80.000 environ, dont 70.000 Cafres et Zoulous.
Les travailleurs noirs sont difliciles à recruter et refusent de
travailler aux mines plus de cinq à six mois par an ; il en
résulte que le prix de la main-d'œuvre varie beaucoup et tend
à* s'élever à mesure que le nombre des filons exploités
augmente.
Traitement du minerai. — Le minerai abattu est trié som-
mairement, puis concassé et enQn broyé en poussière fine,
de manière à libérer l'or contenu dans le quartz et dans la
pyrite.
Ce mode de traitement du minerai est aussi celui qui peut
être employé pour les essais qu'aurait à faire un ingénieur
prospecteur ; il entre donc bien dans le cadre de cette étude.
Les concasseurs employés sont du type à mâchoires ou à
excentriques. Le broyage se fait hydrauliquement au moyen
de pilons dont le poids varie de 250 à 600 kilogrammes et qui
sont disposés par batteries de cinq. L'eau est fournie par des
retenues artificielles dont les barrages emmagasinent dans
les vallées les eaux des pluies. Le broyage à sec, imaginé
par M. Périer de La Bathie, permet de supprimer cette dépense
d'eau, qui a été, surtout au début des exploitations, une grosse
difficulté dans ce pays très sec ; en môme temps il permet
d'éviter la production des boues fines (slimes). Ces boues
entraînent 6 grammes d'or par tonne (pour les minerais de
<)04 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
30 grammes à la tonne aux essais) et représentent 20 0/0
du nombre des tonnes broyées.
Uuant aux produits du broyage à sec, ils passent directe-
ment à la cyanuration, sans amalgamation.
Au début de Texploitation des mines du Transvaal, on fai-
sait passer le minerai, au sortir du mortier, sur des plaques
de cuivre amalgamé où il rencontrait du mercure ; il se pro-
duisait un amalgame d*or représentant 60 0/0 environ de la
teneur totale du minerai.
Les résidus de l'amalgamation (tailings), tenant 35 à 45 0/0
de Tor des minerais, d'abord abandonnés, ont été plus tard
repris et soumis à une concentration dans des fruesvanners,"
on obtenait ainsi des concentrés (pyrites tenant 6 0/0 de Tor
■total), que Ton traitait par l'amalgamation ou par la cbloru-
ration.
Aujourd'hui la cyanuration directe des minerais broyés
tient la plus large place parmi les méthodes de traitement. *
Le principe de la méthode est de former un cyanure double
d'or et de potassium dans des cuves {leaching vais) et de pré-
cipiter l'or pai: le zinc (Mac-Arthur-Forrest) ou par l'électro-
lyse sur des couples plomb et fer (Siemens et Halske). La
vyanuration réussit bien, grâce à Tabsence d'impuretés dans
les minerais du Transvaal, et cette méthode permet de reti-
rer 85 0/0 de l'or total. Grdce à ce procédé, on peut traiter les
tailings d'abord abandonnés, et certaines Compagnies ont
réalisé des bénéfices considérables, en achetant les slimes
riches des autres mines, pour les soumettre à la cyanuration.
Teneur des minerais du Transvaal, — La teneur en or des
minerais du Transvaal a varié, depuis 1890, de 48 fr. 95 à la
tonne jusqu'à 61 fr. 55.
En 1898, la teneur moyenne a été de 51 fr. 50.
Quant aux frais de production de l'or, qui s'élevaient à
50 fr. 40 en 1890, ils sont considérablement réduits ; en 1895,.
ils n'étaient plus que de 41 fr. 05, et, en 1898, de 35 fr. 50
par tonne de minerai.
Production de Vor dans le Sud africain, — Au Transvaal, il
a été produit, en 1898, au moyen de 5.260 pilons et avec
7.330.000 tonnes de minerai, 4.555.000 onces d'or, valant
377.500.000 francs.
MÉTAUX RARES 605
On a distribué, en 1898, ii7.500.000 francs de dividende,
soit 16 francs par tonne broyée.
Le Witwatersrand a produit à lui seul, la môme année,
4.295.609 onces d'or.
Les dividendes distribués l'année précédente, en 1897, au
Witwatersrand, avaient atteint 68.0i 2.074 francs pour une
production de 252.880.050 francs d'or.
Madagascar, — Dans Tile de Madagascar, quelques explora-
tions sont effectuées dans les gisements aurifères récemment
découverts. L'exploitation de Tor à Madagascar a produit, en
1897, 602 kilogrammes d'or valant 2.000.000 francs.
PRODUCTION DE l'oR DANS LE MONDE ENTIER EN 1897
Au total, la production de l'or a été la suivante dans les
diverses parties du monde, en 1897 :
Europe 39.254 kilogrammes
Asie 24.063 —
Afrique 86.700 —
Amérique du Nord 110.000 —
Amérique du Sud 18.623 —
Océanie 80.399 —
Total 359.039 kilogrammes
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gardie en Autriche {Annales des Mines).
1893 Fefrand, LOr de Minas-Geraes au Brésil {OurO'Preto).
1894 Becker, Goldfieds of the southern appalachians (Report of
the geological Survey).
1898 De Launay, Les Mines iCor du Transvaal (Baudry à Paris).
1898 Cumenge et Robellaz, L'Or dans la Nature (Ounod À Paris).
1898 Ballivian et Zarco, El oro en Bolivia (La Paz).
1899 Collet, L'Or aux Indes-Orientales Néerlandaises (Kolff, éditeur
à Batavia).
MÉTAUX RARES 607
PUTUfE
Propriétés physiques. — Le platine est un métal d'un
blanc grisâtre, dont la couleur rappelle celle de l'argent ; il
est mou, très ductile et très malléable et il possède une téna-
cité considérable, qui égale presque celle du fer; comme
ce métal, il peut se forger et il a la précieuse propriété de
se souder à lui-môme. Fondu, il a une densité de 21,15, qui
peut être élevée à 21,70 par le martelage. Il est assez bon
conducteur de la chaleur et de Télectricité (la résistance
électrique d'un fil de platine de 1 mètre de longueur et de
i millimètre carré de section est, à 0<», de 0,1166 ohm).
La température de fusion du platine est voisine de
1.900®. On ne peut donc pas le fondre dans les four-
neaux ordinaires. On le fond facilement, et il se volatilise
même sensiblement, quand on l'expose, dans un creuset de
chaux vive, à la flamme d'un chalumeau à gaz hydrogène et
oxygène. Ainsi que l'argent, le platine fondu absorbe l'oxy-
gène et rochCy s'il est refroidi brusquement.
Propriétés chimiques. — Très poreux, le platine a la pro-
priété d'absorber et d'occlure les gaz. 1^ mousse, ou éponge
de platine, et surtout le noir de platine jouissent de pro-
priétés catalytiques remarquables ; ce dernier corps peut
absorber jusqu'à 740 fois son volume d'hydrogène (ou
250 fois son volume d'oxygène). Une pression de plus de
1.000 atmosphères serait nécessaire pour amener l'hydrogène
à une semblable contraction. Dans cette condensation, l'hy-
drogène cède au métal le calorique qui le maintenait dilaté ;
le platine devient incandescent et prendrait feu, en se com-
binant avec l'oxygène, si le gaz hydrogène continuait à
arriver. On se sert de cette propriété de la mousse de pla-
tine pour l'allumage automatique des becs de gaz.
A toutes les températures, le platine est inattaquable par
l'air, par l'oxygène et par les acides sulfurique, azotique et
chlorhydrique isolés; mais il se combine directement avec
le chlore, le soufre, le phosphore, l'arsenic, l'antimoine, le
608 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
bore et le silicium, ainsi qu'avec les métaux très fusibles. En
raison de ces affinités, on doit éviter de chauflTer des usten-
siles de platine directement avec du charbon, car il se for-
merait, avec la silice des cendres, un siliciure de platine
fusible, et il se produirait des trous dans le métal.
Usages. — Le platine, très mou et encore plus ductile que
Tor, est peu utilisé à Télat pur. Mélangea de petites quantités
d'iridium, métal auquel il est presque toujours associé dans
les mines, il devient dur, et sa ténacité est augmentée, ainsi
que sa résistance à Faction de la chaleur et des acides éner-
giques. Il reçoit alors de nombreuses applications, énumérées
ci-dessous.
Alliages. — Les ustensiles de laboratoire, tels que creusets,
cornues, capsules, tubes, etc., destinés à supporter de hautes
températures ou à contenir des acides énergiques, et les
alambics employés par l'industrie pour la concentration de
Tacide sulfurique, sont généralement construits avec un alliage
de 90 0/0 de platine et 10 0/0 d'iridium.
Le ni de platine iridié est employé comme conducteur dans
les lampes à incandescence; il forme l'élément électro-positif
de diverees piles.
Les dentistes se servent, pour le plombage des dents, d'un
alliage appelé platine dur du commerce, formé de 95 0/0 de
platine et de 5 0/0 de cuivre.
Pour la fabrication des bijoux, on fait varier les propor-
tions des métaux suivant la nuance et les propriétés désirées;
ainsi, un alliage à poids égaux de platine et de cuivre est
ductile et possède la couleur et la densité de l'or; on emploie
aussi, en bijouterie, un alliage blanc composé de 35 parties
de platine et de 65 parties d'argent ou de 17,5 de platine et
de 82,5 d'argent; on fabrique des plumes inoxydables avec un
alliage de 4 parties de platine, 3 parties d'argent et i partie
de cuivre.
Un alliage de i partie de platine, de 100 parties de nickel et
de 10 parties d'étain est utilisé pour fabriquer des ustensile»
de ménage.
CSilomre. — On emploie le chlorure de platine pour pro-
duire un dépôt de ce métal sur des objets, soit pour les
préserver de l'oxydation, soit pour les orner (platinisation).
MÉTAUX RARK8 609
Par les méthodes galvaniques, on platinise les objets en
fer, en acier et en cuivre (plumes en acier, pointes de para-
tonnerre, etc.). Une simple immersion dans un bain de chlo-
rure platinique recouvre le laiton et le bronze d'une couche
de platine protectrice.
I^e chlorure de platine est aussi employé pour la prépara-
tion des papiers photographiques.
A rélat de tétrachlorure, le platine entre dans la compo-
sition de peintures sur verre et sur porcelaine.
Minerais. — Le platine se trouve à Télat natif, en grains et
quelquefois en pépites, associé avec les métaux de la même
famille (iridium, osmium, palladium, ruthénium, rhodium)
également très rares (mine de platine).
Le platine ferrifère, qui contient de 12 à 13 0/0 de fer, est
fortement magnétique.
Le platine polyxène est un alliage contenant du platine,
du palladium, du rhodium, du ruthénium et de Fosmium
avec du fer et du cuivre.
Les minerais de platine contiennent de Tosmiure d'iridium
en tablettes ou en grains très durs. Le platine est souvent
accompagné par de Tor, du fer chromé ou du titane.
Géogénie. — On trouve le platine et les métaux de la mine
de platine dans les alluvions en rapport avec des roches à
péridot plus ou moins transformées en serpentines (placei^
de Nijni-Taguil); on Ta trouvé quelquefois aussi associé à Tor
dans des (lions de quartz aurifère (Berezowsk, Amérique du
Sud, Colombie).
Les roches à péridot peuvent être regardées comme les
roches mères du platine, bien qu*il y ait des exemples de
roches serpentines non platinifères.
GisemenU . — Le platine est un métal rare, dont la produc-
tion est assez limitée. Le principal pays producteur est la Uns-
sie (Oural).
On trouve aussi du platine en Colombie, au Canada, au
Congo (Rivière Celle), dans la Nouvelle-Galles du Su4l
(Fifield), à Born«''o, dans la Nouvelle-Zélande, etc.
Russie (Sibérie). — Le platine existe principalement sur le
versant oriental de TOural, à Nijm-Taijuil, dans des sables
platinifères en rapport avec la péridotite et la serpentine; on
Of^OLOGJK. 39
610 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
y a trouvé des pépites dont la plas grosàe pesait 9^?,5. Le
centre d'exploitation le plus important est Avrorinskiy sur la
Martiane, où la couche platinifère, recouverte par 25 mètres
de terrains stériles, a 5 mètres de puissance, avec une teneur
moyenne de 6 grammes à la tonne.
Les gisements abandonnés de GoroblagodaUiky sur les bords
de la Toura et de la Barantcha, contenaient à la fois de Tor
et du platine ; ils reposaient sur du calcaire accompagné de
serpentine.
Aux sources de la Miass, dans les serpentines des monts
Narali, les sables aurifères sont assez riches en platine, ainsi
que dans la région de Miask.
A Berezowsky on a trouvé du platine dans du quartz aurifère.
L'extraction du platine était, en Russie, en 1890, de
2.834 kilogrammes, représentant une valeur de 2.768.000 fr
En 1894, elle a atteint 5.209 kilogrammes, valant
4.452.000 francs.
Amérique (Colombie), — Dans la province de Choco et à
Barbacoas (Colombie), on a également trouvé, dans des liions
de quartz aurifère recoupant des syénites, du platine associé
à de For natif et du fer chromé. Ces minerais contiennent
souvent du rhodium. La production du platine en Colombie
a atteint 364 kilogrammes en 1897.
Bornéo. — A Bornéo, le platine, accompagné d*osmiure
d'iridium et d'or, existe dans des alluvions en rapport avec
des roches serpentineuses.
Nouvelle-Zélande. -- Le platine et l'osmiure d'iridium ont
été découverts dans la rivière Tayaka, au voisinage de roches
à péridot. Ce gisement est analogue à ceux de l'Oural.
BIBUOGRAPHIE DU PLATIIIE
1875. Daubrée, Association, dans l'Oural, du platine natif à des
roches à base de péridot [Bulletin de la Société de Géologie^
3- série, t. III, p. 311).
1881. Chaper, Sote sur le nord de VOural (Bulletin de la Société
de Géologie, 3* série, t. VIII, p. 130).
1890. Laurent, Sur Vindustrie de l'or et du platine dans VOural
[Annales des Mines, novembre).
1892. Les gisements de platine de la Russie [Génie civil, t. XXÏ,
p. 323).
MÉTAUX RARES 61 i
VANADIUM
Le vanadium est un métal rare qui a été découvert au
commencement du xix* siècle.
Usages. — Il fut tout d'abord peu employé ; ce n'est que
vers 1870 qu'il fut appliqué à la teinture en noir des cotons et
des laines.
11 rend plus brillantes les matières à teindre ; il fait ressortir
les dessins, et il empêche Tattaque des cardes métalliques.
Le vanadate d'ammoniaque sert à oxyder Taniline, en' pré-
sence du chlorate de potasse et de Tacide chlorhydrique, et à
le transformer en noir d'aniline.
Les sels de vanadium sont employés aussi dans la peinture
sur porcelaine.
Minerais et gisements. — Les principaux minerais du
vanadium sont la vanadinite, vanadate de plomb contenant
de 8 à 12 0/0 de vanadium, que Ton trouve dans le Nouveau-
Mexique et dans V Arizona, ainsi que la descloizite, vanadate
de plomb et de zinc contenant de 10 à 12 0/0 de vanadium ;
la mottramite^ vanadate de plomb et de cuivre que Ton trouve
en Angleterre [Arderly Edge et Mottram); ce minerai contient
environ 9 0/0 de vanadium. On peut encore citer, parmi les
minerais de vanadium, Vuranite de Joachimstal (Bohême), la
wulfénite de Bleyberg (Carinthie) et les résidus cuivreux du
Majufeld, ainsi que divers minerais de fer {Mazenay, 1 0/0)
et des charbons anthraciteux du Pérou (Yauli), qui en con-
tiennent 0,45 0/0. Au Creusot, on fabrique par an 60.000 kilo-
grammes d'acide vanadique par le procédé Osmond Witz.
A Joachimstal, on extrait le vanadium des minerais d'urane
par le procédé Patera.
Le prix du vanadium tend à diminuer depuis Tapplication
du procédé Witz, qui a été inauguré en 1880. A cette époque,
le vanadate de soude se vendait encore de 80 à 100 francs le
kilogramme.
612 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
BOUOGRAPHIE OU VANADIUM
1880. Lallemand, Vurane et le vanadium à Joachimslal {Annales
lies Mines, T série, t. XVII, p. 326).
1881. Minéraux du Chili {Annales des Mines, 1881, p. 335).
1883. Dieulafaît, Revue scienli/ique du 19 mai p. 613.
Il existe un certain nombre d'autres minerais de métaux
dits rares, tels que le cadmium, le zirconium, Vindium, le
gallium, le tantale, le palladium, Viridium, Vosmium, le rho^
dium, le ruthénium, etc. ; mais leurs gisements sont trop peu
étendus et leurs usages trop restreints pour qu1ls figurent
dans le cadre de cet ouvrage. Ils n'e sont cités ici que pour
mémoire.
CHAPITRE VIII
PIERRES PRÉCIEUSES. GEMMES
DIAMANT
Le diamant doit son nom à sa dureté (afiafiaç, indomp-
table); c*est du carbone pur cristallisé. Il existe sous trois
états : diamant j carbon, boort.
1® DIAMANT PROPREMENT DIT
Propriétés. — Le diamant proprement dit se présente tou-
jours cristallisé, soit en octaèdres réguliers, soit en polyèdres
à vingt-quatre ou à quarante-huit faces, dont, le plus souvent,
les faces et les arêtes sont courbes et les faces régulière-
ment striées. Il existe, en outre, des formes hémiédriques, en
particulier le tétraèdre, ou certains cristaux dits à deux
pointes ou encore des formes maclées.
Les beaux diamants sont d'un blanc qui prend parfois des
reflets bleutés; ils sont d'une limpidité parfaite; certains
d'entre eux, d'une vive coloration rouge rubis, bleue on
verte, sont aussi très estimés. Les diamants perdent beaucoup
de leur valeur lorsqu'ils ont une teinte grise ou jaunâtre
qui nuit à leur éclat.
Le diamant se présente généralement en cristaux très
petits (ceux dont le poids dépasse 1 gramme sont déjà assez
rares). Sa dureté dépasse celle de tous les minéraux connus;
sa densité est de 3,50 à 3,55; son indice de réfraction est
plus élevé que celui de tous les corps transparents, et, par
suite, le diamant présente, d'une façon presque absolue, le
phénomène de la réflexion totale; il s'imbibe en quelque
sorte de la lumière qu'il reçoit; s'il est placé ensuite dans
614 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Tobscurité, il rend une partie de celte lumière et produit
une faible lueur. Parfois même on rencontre des diamants
phosphorescents ou fluorescents.
Le diamant brûle sans résidu à une température très éle-
vée (courant d'oxygène ou courant électrique).
Usages. — Le diamant est très recherché pour la bijou-
terie. Il sert aussi à faire des pivots pour Thorlogerie, des
pointes d'outils pour percer ou graver des pierres dures,
pour couper le verre, pour tourner les bords des verres de
montres, pour tréfiler Tor et Targent, et pour travailler
certains métaux trempés.
Taille dn diamant. — Avant d'être monté en bijoux, le
diamant, pour produire tous les jeux de lumière qui le font
rechercher, doit être taillé. Les diamants de peu d'épaisseur
sont généralement taillés en roses ; en ce cas, on utilise les
formes hémiédriques pour obtenir la base de ia rose ; les
diamants épais sont taillés en brillants.
Fio. 115. — Diamants taillé«.
Dans la rose, le dessous du diamant est plat; la partie
supérieure forme un dôme à vingt- quatre facettes. Dans le
brillant, la face supérieure plane, appelée la iaôte, est entou-
rée de facettes obliques, et la partie inférieure ou eulasscj
comprenant les deux tiers du diamant, forme une pyramide
dont les facettes correspondent à celles de la partie supé-
rieure. La taille en brillant à trente-deux facoltes est aujour-
d'hui la seule employée pour les diamants réguliers.
Pour tailler un diamant, on commence par le dégrossir, en
utilisant le clivage qu'il possède, parallèlement aux faces de
l'octaèdre et en suivant le fil de la pierre. Ensuite vient le
brutage, qui consiste à frotter deux diamants l'un contre
l'autre, ce qui produit de Végrisé, ou poussière de diamant,
I
k
I
PIERRES PRÉCIEUSES 615
que Ton recueille; enfla on termine par le polissage qu'
s'opère sur une plate-forme d'acier animée d'un rapide mou-
vement de rotation et recouverte de poussière de diamant
humectée d'huile.
Vègrisé s'obtient aussi en pulvérisant les éclats qui pro-
viennent du d(*grossissement des diamants taillés ou en
pulvérisant les diamants défectueux qui ne peuvent se tailler.
1^ taille diminue souvent de moitié le poids des diamants,
dont l'unité de poids est \^ carat qui pèse exactement 205 mil-
ligrammes. Les diamants taillés se vendentjusqu'à 300 francs
par carat, et leur valeur croit comme le carré de leur poids-
Gisements. — f^es principaux gisements de diamants sont
ceux du Cap de Bonne-Espérance, ceux du Brésil, ceux des
Indes, etc.
Gisements du Cap. — l^es gîtes de diamants de la colonie du
Cap (cap de Bonne-Espérance) ont été découverts en 1867,
et leur exploitation a amené une population considérable
autour des principales mines de Dutoitspan, Bultfontein, Old-
de-Beers et Kimberley, Les diamants se trouvent amenés au
jour dans une ophite bréchoïde accompagnée de bronzite
hydratée avec veines de calcite et de silice opaline. Cette
ophite remplit, comme une boue éruptive, des cavités, en
forme d'entonnoirs de 200 à 300 mètres, creusées à la sur-
face de plateaux dont l'altitude varie de 600 à i.300 mètres
(karoo moyen); ces plateaux sont constitués par des grès,
des argiles bariolées et des schistes noirs ou bruns recoupés
par des diorites et des mélaphyres. Les entonnoirs pro-
viennent probablement, d'après M. Daubrée, d'explosions
d'hydrocarbures en profondeur, comme le font supposer
l'abondance du grisou et lassociation du graphite au dia-
mant. Ces sortes de cheminées sont remplies de roches
bleues en profondeur (blue ground) et jaunes à la surface
(yellow ground), mélangées de débris de grès triasiques
dans le haut, d'ophites, de mélaphyres, de granités ou de
gneiss dans le bas, débris empruntés aux roches encaissantes
ou venus de la profondeur.
Les diamants, octaédriques ou dodécaédriques, sont jau-
nâtres et tiennent une forte proportion de boort; ils sont
accompagnés de grenats, de fer titane, de zircon, de to-
616 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
pazes, etc., minéraux arrachés aux roches traversées par
Téruplion de la brèche serpentineuse.
Les quatre mines citées plus haut ont été réunies (de Beers
ConsolitatedC<^), et l'exploitation par tranchées etcûbles a été
perfectionnée par lacréation de puits (Kimberley : 400 mètres;
de Beers : 300 mètres), reliés au gîte par des travers-bancs.
Le minerai est abandonné à Tair pendant six mois, puis
dé tourbe à la main.
La production était de 1.500.000 carats en 1876, et de
2.800.000 carats en 1890; on avait extrait, au total, à cette
époque 43.000.000 de carats valant plus de 1 milliard de francs.
La teneur est de 3 carats au mètre cube pour les mines syndi-
quées de De Beers et de Kimberley. — Dutoitspan, qui a
fourni les plus beaux diamants, n*est plus exploité. C*est
de ce gîte qu'est sortie V Etoile de V Afrique du Sud (85 carats).
La production énorme a fait craindre à un certain moment
que les prix du diamant ne s'avilissent. Depuis 1889, la plu-
part des mines du Cap sont syndiquées, ce qui a permis aux
producteurs de relever les cours. Le diamant brut, qui valait
27 francs le carat en 1887, est monté à 40 francs en 1889.
Le prix de revient ressort à 35 francs lé mètre cube, soit
en moyenne à 10 francs par carat extrait. Le prix de revient
est grevé par le coût élevé des matières premières et par les
vols de diamants, très fréquents dans les daims ou carrés
d'exploitation de 9",45 de côté.
La De Beers Consolidated C^ a produit en 1897 à De Beers
et à Kimberley 2.769.423 carats, en moyenne 1 carat 26 par
tonne de minerai. Les dépenses ont été de 33.264.975 francs.
Les recettes ont été de 93.052.475 francs ; le dividende distri-
bué en 1897 a atteint 39.500.000 francs.
Gisements du Brésil. — Les gisements les plus importants
du Brésil sont ceux de Biamantina, à 300 kilomètres au nord
d'Ouro-Preto (Minas-Geraes) ; on peut encore citer les gise-
ments de Bagagem^ de Grao-Mogor, de Cincora et de Salabro.
Ces gisements se trouvent soit sur un plateau de 1.000 à
1.200 mètres d'altitude, soit dans les rivières qui y prennent
leur source; ces derniers gisements, à la fois aurifères et
diamantifères, proviennent de la concentration des gîtes des
plateaux après remaniement.
PIKHREB PRÉCIEVSES 617
Lesalluvions sont en relation avec des quartzites micacées
(ilacolumitesj que Ton trouve en place à Grao-Mogor, asso-
ciées avec des conglomérats quartzeux. Le diamant y est
accompagné de pyrite martiale et de martite.
Sur les plateaux, les diamants des itacolumites et des
conglomérats ont été concentrés dans un poudingue de
graviers et de terre vouge {gorgulho) ; dans le lit des rivières,
les diamants se trouvent dans un mélange d'argile et de gra-
viers quartzeux {cascalho) avec des minéraux, tels que le rutile,
la brookite, Tanatase, etc. ; ils sont souvent concentrés dans
des poches [caldeirôes] formées par le remous des eaux. On
exploite en mettant le lit à sec et en lavant le cascalho à la
bâtée après détourbage et traitement au bac.
Les diamants du Brésil sont beaux, mais petits (4 carats en
moyenne). Le plus célèbre est YEtoile du Sud (254 carats et
demi).
La production totale du Brésil est à peu près de 30.000 carats
par an.
Gisements des ïndes, — Les fameux diamants des Indes
(le grand Mogol, le Régent, etc.), vendus sur le marché de
(■olconde, provenaient de gisements exploités avant Tère
chrétienne et dont la production actuelle est peu importante :
handapoli près de Mazulipatam, Bellary, Karnul, Kadapah,
Sambalpury Panna, Majgama, etc.
 Bellary, le diamant, associé à For, existe dans des grès
siluriens analogues aux itacolumites du Brésil et dans des
ravinements produits par les pluies sur un plateau de
schistes micacés recoupés par des Hlons de granulite rose à
épi dote.
A Sambalpur, on trouve, amenés encore aujourd'hui par
es crues des rivières, des diamants provenant d'alluvions
anciennes.
A Panna, le diamant se trouve associé au saphir, au rubis
et à la topaze dans des graviers rouges d*alluvion, recouvrant
un conglomérat silurien lui-même diamantifère^.
A Majgamti, il existe une boue verte diamantifère analogue
à celle du Cap; mais les gisements sont peu importants et ne
peuvent être exploités que grâce au bas prix de la main-
d'œuvre des Indous.
618 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Gisements de Bornéo, — Les diamants de Bornéo se trouvent
dans des graviers ou des alluvions de rivières [Bandjer-
massinj fleuve Kapoeas).
l^ production annuelle de Bornéo oscille aux environs de
5.000 carats.
Gisements de V Australie. — On a découvert en Australie des
alluvions diamantifères d'ailleurs peu importantes.
Nouvelle-Galles du Sud, — Dans la Nouvelle-Galles du Sud
on a exploité les mines de Boggy-Camp, à 25 kilomètres
de Tin^ha; la teneur y atteint 13 carats à la tonne; les
diamants sont très blancs et de bonne qualité.
2® CARBON
Le carbonj carbonadOy ou diamant noir, se trouve principa-
lement au Brésil, en petites boules irrégulières amorphes et
noirâtres atteignant parfois la grosseur du poing.
Sa dureté est beaucoup plus grande que celle du diamant
proprement dit; mais sa densité est moindre. Il contient
un peu de cendres.
On emploie les diamants noirs, enchâssés à Textrémité
d'outils en acier, pour travailler, sur des tours, les blocs de
porphyre destinés à former des colonnes ou des vasques. On
s'en sert aussi pour creuser des trous de mines dans les roches
dures. Ce sont des diamants noirs qui sont employés pour les
sondages au diamant.
Leur valeur atteint 25 à 40 francs par carat.
3® BOORT
Le boort, ou diamant concrétionné, que Ton rencontre dans
tous les gisements de diamants dans la proportion de 2 à 5 0/0,
est translucide, mais non transparent. 11 se présente en boules
cristallines sans trace de clivage et ne peut être taillé. Il est
moins pur que le diamant proprement dit. Sa dureté étant
supérieure à celle du diamant, on en fait de Tégrisé pour le
polissage des diamants.
PIERRES PRÉCIEUSES 6 19
GEMMES QUARTSEUSES
Le quartz (silice pare) se présente à Tétat cristallisé ou à
Tétat amorphe.
Le quartz hyalin ^ ou silice cristallisée, se distingue en
différents types selon sa couleur et sa pureté.
CRISTAL DE ROCHE (CAILLOU DU RHIN)
Le cristal de roche est du quartz hyalin incolore et lim-
pide.
On remploie en optique et dans Torfèvrerie.
Les plus beaux cristaux viennent du Saint-Gothard, du
Tyrol, de Madagascar (mont de Befoure), etc.. On trouve aussi
dans le Rhin du cristal de roche roulé, appelé caillou du Rhin.
AMéTUTSTB
L'améthyste est du quartz hyalin violet. On la rencontre
sous forme de cristaux isolés ou groupés et quelquefois
sous forme de galets.
Elle est employée en joaillerie pour faire des bagues, des
colliers et des broches.
On la trouve dans des filons métallifères (Hongrie et Tran-
sylvanie), dans des fentes de roches cristallines anciennes
{Oural, Tyrol); on en trouve une belle variété au Brésil,
Au Vemet, près d'Issoire, on exploite par galeries un filon
de quartz améthyste au milieu de sables aquifères dont les
eaux gênent parfois l'exploitation; ce filon donne de très
beaux cristaux d'améthyste dont quelques-uns atteignent de
grandes dimensions.
CALCÉDOINE (aGATE, ONYX ET CORNALINE)
La calcédoine est du quartz moitié cristallin , moitié
amorphe.
620 GÉOLOGIE APPLIQUÉS
Elle porte le nom de cornaline quaod elle est rouge, et
d'onyx on d'agate quand elle présente des zones concentriques
de diverses couleurs.
Elle est employée pour faire des vases, des cachets, des
camées et aussi des mortiers pour porphyriser des matières
dures.
Les plus beaux gisements de calcédoine sont ceux de Tlnde
(Barotch, près de Nimondra). On en exploite aussi en Sibérie
(Nestchimk et KoHvan), en Chine, dans VVruguayf en Egypte^
on Saxe, en Islande, dans le Tyrol, etc. — En France, on en ren-
contre dans les tufs volcaniques de Pont-du-Château {Limsigne).
Les agates du commerce viennent en grande partie d'Ober-
slcin dans le Palatinat.
JASPE (pierre de touche)
Le jaspe est du quartz amorphe (silex) impur et opaque.
Il renferme des matières argilo-ferrugineuses.
Il présente des colorations variées et vives qui le font
employer pour la fabrication d'objets d'ornement et pour
les mosaïques (Florence),
On le rencontre à l'état de rognons dans les calcaires du
trias et de la craie.
La pierre de touche est un jaspe noir; elle doit sa coloration
à la .substance charbonneuse qu'elle renferme. Sa cassure
présente des petites aspérités qui usent les métaux qu'on
frotte sur sa surface. Quand on veut reconnaître si un objet
est en or, on le frotte sur la pierre de touche et on attaque,
par Tacide azotique, les parcelles métalliques qu'il laisse sur
la pierre. Si ces parcelles disparaissent, c'est qu'elles ne pro-
viennent pas d'un objet en or; si elles blanchissent, c'est que
l'or contient un alliage.
OPALE
«
L'opale est de la silice hydratée ; on la distingue en opale
noblCf irisée, transparente, translucide et laiteuse; en opale
PIERRES PRÉCIECSES 621
de feUy compacte, jaune ou rouge, translucide et vitreuse;
et en opale commune, grise, compacte et peu translucide.
Vopale noble, qui est très fragile, se taille, généralement,
pour celte raison, en formes sphériques, pour la joaillerie.
On trouve en Hongrie de très belles opales nobles connues
dès le temps des Romains, dans des trachytes et des tufs
trachytiques ((reru^eni^za). Les opales du Mexique {Zimapsan,
Qtieretaro, Lucretaro) sont très chatoyantes.
Les mines d'opale de While Cliffs, dans la Nouvelle-Galles
du Sud, ont pris un grand développement et occupent
400 ouvriers. Elles produisent pour 625.000 francs de pierres
par an, en moyenne. On a trouvé de très belles opales en
Nouvelle-Zélande dans la vallée de Tairua, dans la pre$qu*fle
de Cape-Colville, ainsi qu'au Mont-Somers et dans la vallée
d'Ohinenuri.
Vopale commune, ou résinile, se trouve en grandes quantités
dans les nions métallifères de Freiberg, ainsi que dans la
serpentine de la Bohême et dans les roches amygdaloïdes de
Vhlande et des îles Feroë,
La ménilite est une opale commune que Ton trouve en
rognons dans les marnes du gypse, notamment à Mônil-
montant (d'où lui vient son nom), à Montmartre, en Galîcie
dans les formations pétrolifères, etc.
L'opale de feu se rencontre en nodules au milieu de
conglomérats trachytiques, au Mexique ( Villa-Seca).
622 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
GEMBDES ALUMINEUSBS
L'alumine existe dans un grand nombre de gemmes, soit
à l'état d'alumine pure ou hydratée, soit sous forme de phos-
phaté, soit sous forme de silicates simples ou complexes.
L'étude de ces derniers fera l'objet d'un paragraphe ultérieur.
GORINDOIf (SAPIDBf GUDIIS OftUUITAJ.KS KT RUBIs)
Le corindon est de l'alumine à peu près pure ; il
parfois un peu de chaux et d'oxyde de fer. Sa densité est
de 4.
Le corindon est une pierre incolore cristallisée dans le
système rhomboédrique, en prismes hexagonaux souvent
striés.
Lorsqu'il est coloré en bleu, il porte le nom de saphir;
coloré en jaune, il constitue la topaze orientale; en pourpre,
V améthyste orientale; en vert, Vémeraude orientale.
Le rubis est de l'alumine colorée en rouge par du chrome.
MM. Sainte-Claire Deville, Ebelmen, Friedel et Stanislas-
Meunier ont reproduit du corindon artificiellement par
quatre procédés différents. MM. Frémy et Verneuil ont obtenu
des rubis en traitant l'alumine par le fluorure de baryum et
le carbonate de potasse à 1.350°. Des traces de bichromate de
potasse donnaient la coloration rouge.
Gùiements. — ï^e rubis, le saphir et les gemmes orientales,
se trouvent soit dans des granulites comme aux Indes, dans
le Kachemirc, en Chine et dans VOural, soit dans des dolomies
comme au Saint-Gothard et aux Etats-Unis, soit surtout dans
des alluvions de rivières.
Parmi ces derniers gisements, on peut citer ceux de
Ceylan qui renferment des gommes dans des poches, au
milieu de dépôts d'alluvions, formés de galets de granité, de
PIERRES PRÉCIEUSES 623
gneiss, etc., cimentés par de l'argile. Les saphirs de choix
viennent d'Ava et de Pégu. En Sibérie, on peut citer les mines
de Komilowsk où Ton trouve du corindon, des rubis, des
saphirs et des topazes orientales.
TURQUOISE
La turquoise est un phosphate d'alumine hydraté trans.
parent et d'une belle couleur bleue. Celle pierre, propre
à la joaillerie, a son principal gisement en Perse; les tur-
quoises de la Silésie et de Montebras (Creuse) sont inutili-
sables.
Vodontolite, ou fausse turquoise de VOural, est un phosphate
de chaux coloré par de Toxyde de cuivre.
Les turquoises de Perse (Nichapoiir) se trouvent dans un
massif de brèche trachytique cimentée par de l'oxyde de fer;
cette brèche recoupe le tertiaire. L'exploitation se fait par
fouilles à la surface du sol ou par puits et galeries; les mines
principales exploitées par le Gouvernement Persan sont Abd"
our-Rezagif Kerbelai,'Kerim, Der-i-Kouhy etc.
Les plus belles pierres sont les engouchteris (pierres pour
bagues) qui se vendent à la pièce ; les barkhanehSj dont il existe
quatre catégories,sevendentaukilogramme(3à5.000 francs, si
elles appartiennent aux deux premières catégories) et s'ex-
portent en Europe; les autres sont utilisées par la joaillerie
indigène. Les arabis sont les turquoises les moins estimées.
D'autres gisements se trouvent dans la vallée du Mezara au
Sinaï;dans le Turkestan, non loin de Samarkand, la tur-
quoise a été exploitée dès les temps les plus reculés dans la
limonite.
La turquoise pure et d'un bleu clair parfait est très rare;
maiç les turquoises tachées, vcrdtUres et opaques se trouvent
en assez grandes quantités. Elles sont appréciées surtout en
Orient.
624 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
GEMMES SUJCATÉBS
TOPAZE
Les topazes (silicate d'alumine fluoréz=i3AISi + Al*Fl) sont
jaunes (Brésil) ou rouges. On leur donne une teinte brûlée
en les chauffant dans un bain de sable ou de cendres.
On trouve la topaze soit dans les granulites {Alabasehka
près dEkaterinenbourg dans TOural, monts Adun-Tschilon
dans la Sibérie, monts Ilniens, Rozena, en Moravie, Mournc^
Moiintains en Irlande), soit dans les filons stannifères
(Altenberg, Zinnwald, Geyer), A Boa-Vùsta (Brésil, province
d'Ouro-Preto), on trouve des topazes et des euclases (silicate
de glucine) avec des émeraudes, dans des schistes micacés.
Les alluvions diamantifères de Minas-Geraes et les sables
aurifères de Sanarka^ de Ceylan, fournissent également de
très belles topazes. Les pegmatîtes contiennent souvent des
cristaux microscopiques de topaze {Montebras).
KNRRAUDR
L'émeraude (silicate de glucine etd'alumine=Al.Si*+Gl.Si3)
est une pierre verte transparente très estimée en joaillerie ;
elle se taille en table avec facettes à Tentour et au-dessous.
On la trouve soit dans les granulites et les gîtes stannifères:
pegmatites de la Vilate et de Chantcloubc dans la Haute-
Vienne, de Vile d'Elbe, des monU Altaï dans la Sibérie,
d'Ehrenfriedersdorf en Saxe, et de Schlaggenwald en Bohême,
soit dans les micaschistes : rivière Tokowoia et mont Sabara
en Sibérie, Mourne-Mountain en Irlande, soit encore dans
les calcaires, à Mtiso et & Bogota dans la Nouvelle-Grenade,
dont les superbes émeraudes, très fragiles à la sortie do
-^e, durcissent à Tair.
•fraude renferme des inclusions aqueuses avec dfi
r/' ionl
//ni/''?
irn'''
PIERRES PRÉCIEL'SËS 625
i carbonique, et sa genèse se rapproche de celle des
xaux de la famille de Tétain.
I plus belles émeraudes proviennent de la Nouvelle-
jde. — En France, près de Limoges, on trouve de grands
iuz d^émeraude striée et opaque, ou béryl noble, qui existe
i en assez grande quantité dans VOural, dans Ttle d'Elbe,
trlande et au Brésil.
«
r LAZLXITB
eLa, lazulite, appelée aussi lapis lazuli, est un silicate
■dumine qui renferme du soufre, de la chaux et de la
'^ ' 4ude. Elle possède une belle nuance bleu d'outremer;
tes cristaux de pyrite de fer et de spath calcaire s'y dessinent
tDavent en jaune d'or et produisent un très joli effet. On
.emploie dans Fornementation et la joaillerie.
On trouve le lapis dans des roches granitiques au lac
Baxkal (Sibérie), au Thibet, au Chili et en Chine,
Cette pierre, broyée, sert aussi à la fabrication du bleu
d'outremer.
JAIS
Le jais, on jayet, est un lignite d'un noir brillant, suscep-
tible de prendre un beau poli et ne présentant aucune trace
d'organismes végétaux; il est employé en bijouterie et vaut
de 30 à 40 francs le kilogramme.
/ On le trouve à Whitby (Yorkshire), en poches dans des
schistes alumineux (lias),
t On trouve également du jais en France, dans l'Aude, où
* les gisements sont à peu près épuisés (Peyras, Sainte-Colombe,
La Bastide), en Espagne (Asturies, Galice, Aragon), en Saxe
{Wittemberg) et en Prusse, avec de l'ambre jaune.
11 existe encore un certain nombre d'autres gemmes, mais
leur emploi est très restreint, et leur examen ne présente que
peu d'intérêt au double point de vue géologique et indus-
triel, qui a été envisagé pour l'élude des divers minéraux
utiles, dans ce Traité de Géologie et de Minéralogie appliquées.
GÉOLOGIE. -i^
•i
._!
TABLE DES MATIÈRES
PREMIÈRE PARTIE
PRÉCIS DE GfiOLOGIE GÉNÉRALE AVEC ÉLÉMENTS
DE MINÉRALOGIE ET DE PALÉONTOLOGIE
Définition *
CHAPITRE l
PHÉNOMÈNES ACTUELS
3 1. — Agents géologiques externes
Action de Tatmosphére 2
Action de la mer 3
Action des eaux d'infiltration 4
Action des eaux courantes 5
Action de Teau solide "ï
Action chimique des eaux 9
Action des organismes iO
I 2. — Agents géologiques internes
Phénomènes volcaniques 12
Phénomènes thermaux *. . 14
g 3. — Explication des phénomènes érnptifs 15
CHAPITRE H
FORMATION DE L'ÉOORGE TERRESTRE 17
ni.— Roches ignées 19
Classification des roches ignées 21
Roches acides 22
Roches basiques 24
630 TABLE DES MATIÈRES
Page*.
g )2. — Roches sédimeataires 26
g 3. — Roches métamorphiques 28
{ 4. — nions 29
2 5. — Minéralogie et cristallographie 30
Tableau des minéraux quartzeux; leurs caractëreSf leur
emploi 32
Tableau des minéraux silicates (silicates alumineux); leurs
caractères 34
Tableau des minéraux silicates (silicates peu ou point alumi-
neux) ; leurs caractères 38
Tableau des minéraux calcareux ; leurs caractères, leur em-
ploi 40
CHAPITRE Hl
l i. — Principes de la chronologie géologiqfiie
Age des terrains sédimentaires 42
Age des roches éruptives 43
Disposition des terrains formant l'écorce terrestre 44
g 2. — Grandes divisions géologiques
Terrain primitif 46
Ere primaire ou paléozoïque 47
Ere secondaire ou mésozoïque 55
Ere tertiaire ou néozoîque 65
Ere quaternaire (pleistocène) 71
Tableau résumé de la chronologie géologique 73
^
^
■frw
TABLE DES MATIÈRES 63t
DEUXIÈME PARTIE
GÉOLOGIE APPLIQUÉE PROPREMENT DITE
CHAPITRE I
G0N8IDÉRATI0HS GÉNÉRALES. — ÉTODB D'UN GISEMENT
PtgOB.
Objet de la géologie appliquée 75
Influence de la géologie sur les conditions d^existence des
hommes dans les diverses contrées 76
Géologie appliquée à Tétude d'un gisement 76
Préparation d*un voyage d'études minières 77
Matériel de recherches 78
Sondages 78
Emplacement et nombre des trous de sonde 79
Cubage 80
Etude géologique 81
Topographie 82
Etude géographique 82
Hydrologie 83
Recrutement du personnel 83
Considérations économiques. — Prix de revient 84
Prises d'essai 84
Essais sur place. — Laboratoire de voyage 86
Essai au chalumeau 87
Divisions de ce Traité de Géologie appliquée 90
Classifications diverses 90
Classification adoptée 92
Divisions des chapitres 92
CHAPITRE II
MATÉBUUX DE CONSTRUCTION ET ROCHES EMPLOYÉES
DANS LES TRAVAUX PURUGS
Caractères généraux des roches 95
I. — Roches éniptiTes ou ignées
Roches granitiques 96
y|. — Granités employés dans la construction 97
Protogifie 98
Leptynite 99
SyÉail« 99
DioriU tM
Kersanlite 100
Euphotide 108
B. ~- Granités employés dsos les travaux publics 100
C. — Granités pour pavages 100
Pegmalite 100
Hyalomicte , 101
Minette 101
Feldspath (pélro»ilex) 101
D. — Granités pour meules 102
E. — Roches granitiques rtrractaires 102
Gneiss et mieascbiates 102
Talcachiitea 102
Roches poi'pkyiiquea 103
Porphyre Teldspathique 103
Porphyre quartzifèra lOi
Porphyre pyroxénique lOt
Porphyre amphibolique. 105
Serpentine 105
Trapp loti
Roche» volcaniques ou lave» lOT
Trachytes (ponce, phonolite, obsidienne) 107
Basalle 108
Lave 10»
II. — Rechn aédbmnUirM
Roches calcniies. — Caractères généraux 110
A. — Pierres à bâtir 111
Calcaire compact 113
Travertin 113
Liais et cliquart 114
Galcnire carbonifère 114
Calcaires entroquM It4
Calcaire oolithique 115
Calcaire grossier 115
Tuf calcaire 116
Craie tufeau H6
— Marbres HT
Marbre blanc 118
Marbre noir H9
Marbre gris 120
Marbre jaune 121
TABLE DES MATIÈRES 633
Pagvs-
Marbre bleu 121
Marbre rouge 122
Marbres composés (cainpan, portor, cipolin) 122
LumacheLle 123
Marbres brèches (brèche antique, petit antique,
brèche d'AJep, brocatelle) 123
C. — Pierres à chaux, à ciment et à piètre 124
Calcaire argileux 125
Calcaire siliceux 126
Calcaire magnésien 126
Gypse ou pierre à plâtre 126
Plaire 128
Anhydrite 1 29
Bibliographie des calcaires, du marbre, de la chaux, etc 130
Roches siliceufefi 131
Roches siliceuses compactes 131
Silex 131
McuUère 132
Gaize 133
Roches siliceuses agglomérées 134
Brèches 134
Grès 134
Quartzite 135
Grès bigarré 136
Grauwacke .• 136
Grès houiller 137
Grès calcarifére 137
Macigno 137
Arkose 137
Roches siliceuses meubles 137
Sable quartzeux 137
Gravier 138
Roches argileuses 139
Argile à briques 139
Pisé 140
Inconvénients des terrains argileux pour les construc-
tions 140
Bibliographie de l'argile 141
Phyllades 141
Ardoises 141
Schistes 145
Bibliographie des ardoises 1 46
634 TABLE DES MATIERES
■
CHAPITRE IH
mRÉRAUZ EMPLOYÉS DANS LA UËTALLURGIE
Le f er et let mlneraii
Ptfes.
Propriétés physiques 147
Propriétés chimiques 148
Minerais du fer 149
Gisements des minerais de fer 150
I. Gttes de fer en inclusion dans les roches 131
II. Gîtes de contact 151
III. Gîtes filoniens proprement dits 152
IV. Gîtes stratiformes 154
Bibliographie du fer 170
Le cniTre et set mineraii
Propriétés physiques et chimiques, usages 173
Alliages 173
Composés du cuivre 175
Minerais du cuivre 175
Géogénie 176
Gisements des minerais de cuivre 117
I. Gites incorporés à la roche 177
II. Gites nioniens 179
a. Filons de chalcopyrite 179
6. Amas de pyrite de fer cuivreuse 187
c. Cuivre natif 194
d. Filons de cuivre gris 197
III. Gîtes de départ ou de contact 198
IV. Gisements sédimentaires 201
V. Schistes bitumineux cuprifères 204
Prix du cuivre 205
Bibliographie du cuivre 206
Le plomb et aes mineraii
Propriétés physiques et chimiques. — Usages. — Alliages.. 208
Minerais du plomb 210
Géogénie 210
Gisements des minerais de plomb 21 1
TABLE DES MATIÈRES 635
I. Filons et champs de fractures 211
II. Gisements dans les calcaires avec phénomènes de
substitution 226
III. Gisements sédimentaires 231
Prix des minerais de plomb 233
Bibliographie du plomb 234
Le sine et set Bdaeraii
Propriétés physiques. — Usages. — Alliages 236
Composés du zinc 237
Minerais du zinc 237
Gisements des minerais de zinc et géogénie 238
Bibliographie du zinc 251
L'ètain et eet minerait
Propriétés physiques et chimiques. — Usages 253
Alliages 254
Composés de Tétain 255
Minerais de Tétain 255
Gisements des minerais d*étain 256
Gites stannifères d'inclusion et gites Aloniens 256
Gttes d'alluvions stannifères 263
Bibliographie de Tétain 265
Le nickel et eet nineraii
Propriétés physiques et chimiques. — Usages. — Alliages. . 266
Composés du nickel 267
Minerais du nickel 267
Géogénie et gisements des minerais de nickel 268
I. Silicates de nickel 269
II. Pyrites magnétiques nickélifères 272
III. Arséniures et sulfures de nickel 275
Bibliographie du nickel 277
Le manganèse et see minerait
Propriétés physiques et chimiques. — Usages. — Alliages. . 278
Composés principaux du manganèse 278
Minerais du manganèse 279
Céogénie : : 279
Gisements des minerais de manganèse 280
I. Gîtes «Ioniens 280
II. Gites sédimentaires 284
III. Gites de concentration. 286
Bibliographie du manganèse 289
Chrome et fer dunmé
Page».
Propriétés physiques et chimiques. — Usages. — Composés. 290
Minerais du chrome 291
Géogénie et gisements 291
Bibliographie du chrome 293
L'antimoine et ket minerait
Propriétés physiques et chimiques. — Usages. — AUiages.. 294
Composés de l'antimoine 293
Minerais de i'anlimoine 293
Géogénie et gisements 296
I. Gîtes flloniens 296
II. Gîtes sédimentaires 299
Bibliographie de Tantimoine 301
Alimiiiilniin
Propriétés physiques et chimiques. — Usages 302
Alliages 303
Minerais de Taluminium 30i
Gisements de bauxite 304
Gisements de cryolite 305
Bibliographie de Taluminium 306
Le mercnre et tes minerait
Propriétés et usages, alliages et composés 307
Minerais du mercure 308
Géogénie 308
Gisements 309
Bibliographie du mercure 318
CHAPITRE IV
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS
COMBUSTIBLES MINÉRAUX ET HYDROCARBURES
Graphite
Propriétés physiques et chimiques. — Usages 319
Gisements du graphite .*.*.'.*.*.*.* 321
TABLE DES MATIÈRES 637
Pages.
I. Gisements dans les roches éruptives cristallines 321
II. Gisements dans les gneiss et les micaschistes 322
m. Gisements dans les terrains anciens 323
Bibliographie du graphite 323
COMBUSTIBLES MOIÉRAUX
Géogénie 324
Rapidité de la formation des dépôts de combustibles 324
1. — Anthradle
Propriétés physiques et chimiques de Tanthracite. —
Usages 326
Gisements d'anthracite 327
II. - Houille
Propriétés de la houille 334
Composition de la houille 334
Diverses variétés de houille, leurs propriétés, leurs usages. 335
Classification de la houille par grosseur 341
Gisements de houille 342
Production de la houille dans le monde entier 382
III. — Lignite
Caractères physiques et chimiques 384
Géogénie 385
Diverses variétés de iignites 385
Gisements de lignite 386
IV. — Tooibe
Propriétés physiques et chimiques 400
Usages 401
Géogénie 402
Gisements de tourbe 403
Résumé sur les combustibles minéraux 404
Bibliographie des combustibles minéraux 405
HTDROGABBUBBS
1. — Hydrocarbures gaxeux
Gaz des marais 408
Grisou 408
638 TABLE DBS MATIÀRES
Gaz combustible 408
Usages. — Gisements de gaz combustibles 409
Bibliographie des gaz naturels 410
n. — Hydrocaibuieft liqaides (pétrole)
Propriétés physiques et chimiques. — Usages des hydrocar-
bures liquides 411
Géogénie 412
Formation chimtco-organique 4U<
Hypothèses <)i verses sur la formation des hydrocarbures. ... 41&
Recherche du pétrole 416
Sondages de recherches 418
Historique du pétrole 420
Gisements du pétrole 421
Bibliographie du pétrole .' . 43JI
111. - Hydrocarbures Tisqueuz (bitame)
Le bitume. — Ses propriétés. — Ses usages 441
Gisements du bitume 441
IV. — Hydrocarbures solides incorporés à des roches
Schistes bitumineux 444
Gisements de schistes bitumineux 444
Bibliographie du bitume et des schistes bitumineux 4i6
Asphalte 44(i
Gisements d*asphaite , 447
Bibliographie de Tasphalte 4i9
V. — Hydrocarbures solides libres
Ambre 44'J
Ozokérite 450
Bibliographie de Tambre et de rozokérite 451
Hydrocarbures houillers
CanneUcoal ,' . . 452
Boghead V52
TABLE DEB MATIÈRES 631>
CHAPITRE V
imVtRAUX EMPLOYÉS EH AGRIGULTUBE
Phosphore et phosphates
Emploi du phosphore et de ses composés 454
Gisements du phosphate de chaux 455
1* Gttes sédimentaires 456
2* Glles dans les roches éruptives 461
3- GJtes en Olons. 46»
Bibliographie des phosphates ilO
Asote (Hitrates)
f Terres nitrées. . .7 HS
2* Nitrate de soude 414
Propriétés et composition 414
Falsifications i75
Gisements du nitrate de soude 475
Prix des nitrates 478
Bibliographie des nitrates 479
Pierre à chaux (chaulage) 460
Marne (marnage) 410
Pierre à plâtre (plÂlrn^^e) 46!
Sable calcaire 461
Sable f/lauconieux i82
Arène (jranitique , 462
Arène diabasique 462
TalcHcImle 462
Ampélile 46»
Cendres noires 483
CHAPITRE VI
HI!IËRAUX EMPLOYÉS DANS LES INOUSTRIES DIVERSES
(r.HIMI>:, PIIARMACIK, TBINTUHEKIB, ARTS INDUSTRIELS, ETC.)
Arsenic
Propriétés physiques et chimiques. — Usages. — Alliages cl
composés 46i
Minerais de l'arsenic 48«
Gisements 466
640 TABLE DES MATIÈRES
Bûmath
Propriétés physiques et chimiques. — Usages. •* Alliages et
composés 488
muerais du bismuth 488
Gisements 489
Bibliographie du bismuth 490
Ckibalt
Propriétés physiques et chimiques. — Usages. — Alliages et
composés 491
Minerais du cobalt 492
Gisements 492
Kbiiographie du cobalt 495
Potauiom et sels de potasse
Propriétés physiques et chimiques. — Usages. — Composés. 496
Minerais du potassium 498
Gisements 498
Bibliographie du potassium 502
Sodium
Propriétés physiques et chimiques. — Usages. — Alliages.. 503
Composés 504
Minerais du sodium 505
Sei gemme 506
Ulages du sel gemme 506
Gisements 506
Nclron 516
Glaubétite 516
Bibliographie du sodium 517
Soufire et pyrites
Propriétés physiques et chimiques. — Usages.— Composés. 518
Minerais 519
I. Gisements de soufre natif 520
II. Pyrites de fer 524
Bibliographie du soufre et des pyrites 526
Magnésium et Magnésie
Propriétés. — Usages et gisements ; 527
•Silicate de magnésie (écume de mer) i>y 528
Bibliographie de la magnésie 528
^<Jk
TABLE DES MATIÈRES 6il
StinaLiui €t strontiine
Page».
Usages, minerais et gisements 529
Bibliographie de la strontiane 530
BaryuB et iMiytc
Usages, minerais et gisements 531
Bibliographie du baryum 531
L'aludne et aet eompoaét
Alun et alunite 532
Bibliographie de Talon 533
Argiles 534
Argile plastique 534
Argile smectique 535
Argile flguline 535
Ocres jaune et rouge 535
Kaolin 535
Bibliographie du kaolin 538
Cryolile o39
Mica 539
Emeri 540
Amiante 342
Bibliographie de Tamiante 542
Sables quartzeux 542
Sable de verrerie 542
Sable de fonderie 543
Craie et blanc d'Espagne 543
Usages et gisements 544
Albâtre calcaire 544
Schiste coticulaire 544
Schiste graphique 545
Terre cTombre 545
Source! thermo-minérales
Définition 5*^
Formation des sources thermo-minérales 546
Carai w- d'une source thermo-minérale 547
Débit 547
GÉOLOOIB. **
642 TABLE DES MATIÈRES
Composition. — Température des eaux Mft
Captage des sources 549
Principales sources hydrothermominérales 5S1
Geysers 584
Bibliographie des sources thermo-minérales et des geysers . 59S
CHAPITRE VU
MÉTAUX RARES
L'argent et tes minerais
Propriétés "physiques et chimiques. — Alliages 557
Minerais de l'argent 55S
Gisements 55t
1* Minerais d'argent proprement dits, en filons 559
2" Cuivres gris argentifères • 57t
3' Galènes, blendes et pyrites argentifères 578
Bibliographie de l'argent 57$
L'or
Propriétés physiques et chimiques. — Usages. — Alliages. . 577
Composés 578
Dorure 578
Minerais de l'or 579
Gisements 590
!• Filons d'or 591
Filons tellurés 591
2" Alluvions aurifères 592
3* Gisements d'or sédimentaires 699
Bibliographie de l'or 605
Platine
Propriétés physiques et chimiques » 997
Usages du platine 998
Composés : 608
Minerais du platine et géogénie 999
Gisements 609
Bibliographie du platine 610
Vanadium
Usages du vanadium Bit
Minerais et gisements 611
Bibliographie du vanadium Bit
^
TABLE DES HATIÈBES
CHAPITRE VIII
PIEBIIES PRËOEÏÏSES, GEMIIES
Diamant
ni proprement dit..
j Usages du diamaiit
I Taille du diamant
I GiaeiDenla
Geaas* qnârtmuM
rlalal de roche (caillou du Ubio)
Aéthyste
Ctlcédoine (Agate, onyx et coraaliae)
Jupe [pierre de touche)
Ojale
Arindon (saphir, gemmes orientales et rubis] . .
^rquoiie
GemmM «ilicatéea
Td>paze
EAicraude
Lhzulite
J^soujayet
Bibliographie des diamants et des pierres précic
J
IN U
3 2044 032 867 27
DATE DUE
OAYLOnO
PRINTEO IN U