COLLECTION LINGUISTIQUE PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE A. MEILLET
N° II
A. MEILLET
Professeur au Collège de France,
Directeur d'études adjoint à l'Ecole des Hautes Etudes
(^
GRAMMAIRE
DU
VIEUX PERSE
PARIS
LIBRAIRIE ORIENTALE ET AMÉRICAINE
MAISONNEUVE FRÈRES -î^, ÉDITEURS
3, RUE DU SABOT
1910
GRAMMAIRE
DU
VIEUX PERSE
// a été tiré trois cents exemplaires de cet ouvrage.
COLLECTION LINGUISTIQUE PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE A. MEILLET
N" II
A. MEILLET
Professeur au Collège de France,
Directeur d'études adjoint à l'Ecole des Hautes Etudes.
GRAMMAIRE
DU
VIEUX PERSE
PARIS
LIBRAIRIE ORIENTALE ET AMÉRICAINE
MAISONNEUVE FRÈRES *, ÉDITEURS
3, RUE DU SABOT
191O
A ROBERT GAUTHIOT
AVANT-PROPOS
La fondation de l'empire achéménide, qui a absorbé les
anciens empires d'Assyrie, d'Egypte, de Médie et qui a relié
ainsi le monde méditerranéen à l'Inde et à l'Asie centrale, est
le premier des grands événements historiques qu'on observe
clairement chez les peuples de langue indo-européenne, et c'a
été assurément l'un des plus importants. Du créateur de cet
empire, G y rus, qui se nomme lui-même roi d'Ansan (en
Susiane), on n'a qu'une inscription de caractère historique ;
c'est un cylindre, où est relatée la conquête de Babylone, en
langue babylonienne. Mais les souverains proprement perses
qui ont définitivement organisé l'empire, Darius et Xerxès, ont
eu conscience de la grande œuvre qu'ils accomplissaient eux et
leur nation, la nation perse. Ils l'ont commémorée en une
série de monuments et d'inscriptions dont plusieurs ont sub-
sisté jusqu'à présent.
La plupart de ces inscriptions sont trilingues. La première
des langues dans lesquelles elles sont rédigées est régulièrement
le perse : Darius et les conjurés qui l'ont aidé à s'emparer de
la royauté appartenaient en effet à la nation perse, qui, avec
eux, a pris la primauté.
Depuis que l'alphabet perse a été déchiffré et des textes inter-
prétés, surtout par Grotefend et par Lassen, et que la plus
grande des inscriptions, celle du rocher de Behistun, a été
relevée et publiée par Ravs^linson, l'importance de ces documents.
X AVANT-PROPOS
uniques en leur genre, est apparue à tous ceux qui les ont exa-
minés, et ils ont été souvent étudiés par les linguistes aussi
bien que par les historiens.
Actuellement la graphie en est exactement déterminée. L'in-
terprétation est achevée ; sauf quelques mots, en très petit
nombre, dont ni des rapprochements avec des termes connus
d'ailleurs, ni la comparaison des versions élamite et babylo-
nienne n'ont permis de fixer la valeur, le sens de tous les mots
perses des inscriptions est reconnu avec précision. La confron-
tation des trois textes, perse, élamite et babylonien, et des menus
fragments d'une traduction araméenne récemment découverte a
mis la traduction du texte perse au-dessus du doute pres-
que dans tous les détails. La lecture des textes a été revisée
par des collations faites sur les monuments eux-mêmes, et, dans
la mesure où les inscriptions sont encore lisibles, elles peuvent
passer pour correctement lues. Les progrès faits par la gram-
maire comparée des parlers iraniens, grâce à l'apport de données
nouvelles sur les dialectes anciens et modernes de l'Iran, ont
donné le moyen de situer d'une manière précise le perse parmi
les autres dialectes et d'en marquer les traits caractéristiques.
Les exposés d'ensemble qu'on a de la langue perse des inscrip-
tions achéménides ne répondent plus à l'état actuel des connais-
sances ; d'autre part, il ne semble pas que, à moins qu'on
ne vienne à découvrir des documents nouveaux — et aucun
n'a été trouvé depuis longtemps — , il soit désormais possible
de faire faire un très grand progrès a la connaissance du vieux
perse; à quelques détails près, on a tiré des données connues
presque tout ce que l'on peut espérer d'en obtenir. Le moment
est donc venu de résumer les résultats acquis.
Ces résultats sont importants. Le dialecte perse est depuis
Darius la seule langue impériale de l'Iran ; après une longue
éclipse due à la conquête macédonienne et à la domination
parthe (arsacide) qui a usé d'un autre groupe dialectal, il repa-
AVANT-PROPOS Xt
raît sous Taspect du pehlvi sassanide et du persan qui ne sont
que des formes postérieures — extrêmement évoluées — du
même dialecte, comme J . Darmesteter l'a montré avec sa lucidité
coutumière. Le perse fournit l'exemple, unique parmi les
langues indo-européennes, d'un dialecte rigoureusement défmi
dont on peut suivre l'histoire depuis le vi" siècle av. J.-C. jusqu'à
l'époque moderne. Ni le grec ni le sanskrit n'offrent rien de
pareil : dans l'Inde, le védique est déjà une langue littéraire
composite, et l'on ne peut démontrer d'aucune langue de l'Inde
moderne qu'elle en soit la continuation exacte ; quant à la Grèce,
l'attique a fourni le fond de la xcivv^, mais il s'y est fondu si
bien qu'il n'est plus possible de poursuivre l'histoire propre de la
langue d'Athènes après les premiers siècles de l'ère chrétienne. Le
seul cas exactement comparable à celui du perse est celui du latin
de Rome, qui subsiste jusqu'à présent dans les langues romanes,
mais dont l'histoire commence plus tard que celle du perse.
Le simple rapprochement du vieux perse et du persan moderne
montre comment on a passé d'une langue du vieux type indo-
européen à une langue de type tout moderne. Mais, en même
temps, on aperçoit déjà dans le perse de l'époque de Darius les
amorces de presque tous les développements ultérieurs, dont on
obtient ainsi l'explication historique.
Pour tirer des inscriptions perses le parti qui convient, il faut
y chercher tout ce qu'elles renferment de témoignages sur l'état
du parler perse à l'époque où elles ont été composées. L'objet
de la présente grammaire est de décrire, avec toute la précision
que comportent les données trop maigres fournies par les ins-
criptions, le parler perse au plus ancien moment connu de son
développement. Si peu nombreuses et si incomplètes qu'elles
soient, ces données permettent de déterminer les traits princi-
paux du système phonétique et du système morphologique de la
langue. Quant au vocabulaire, dont on ne s'occupera pas ici,
les textes sont évidemment insuffisants pour en donnei* une idée
XII AVANT-PROPOS
même approximative. Mais les autres dialectes iraniens, et sur-
tout celui de l'Avesta, suppléent à ce point de vue à Tinsuffi-
sance des inscriptions, au moins en quelque mesure. Rien au
contraire ne pourrait tenir la place des documents vieux perses
pour l'histoire de la prononciation et de la grammaire dans la
région proprement perse.
Outre le mérite d'être contemporains et de n'avoir été trou-
blés par aucun intermédiaire, on verra que ces documents sont
— avec quelques vieilles inscriptions grecques — les plus sin-
cères, les moins littéraires et les moins traditionnels qu'on ait
d'aucune langue indo-européenne à date ancienne, et qu'ils don-
nent, autant que le peut faire un texte écrit, une idée juste de
ce qu'était le perse, c'est-à-dire la langue de la Persis propre-
ment dite, à l'époque de Darius et de Xerxès. Si les gàthàs de
l'Avesta offrent une langue plus savante, plus riche et plus
variée, les inscriptions perses sont plus sûrement et plus immé-
diatement attestées ; la langue en est singulièrement plus proche
de l'usage courant : à ces deux points de vue, aucun texte indo-
iranien ne souffre, de bien loin, la comparaison avec les vieux
documents perses. Les faits fournis par les inscriptions ont révélé
un parler iranien ayant une physionomie toute particulière et
dont beaucoup de traits ne se retrouvent nulle part ailleurs.
On a, autant qu'on l'a pu, évité ici de tirer parti de mots et
de passages demeurés obscurs, et l'on s'est efforcé de ne consi-
gner dans le présent exposé que des résultats qui peuvent passer
pour certains. Le lecteur ne devra donc pas s'étonner de retrou-
ver sans cesse les mêmes mots et les mêmes phrases : on a
cherché à tirer des parties claires des textes tout ce qu'elles
contiennent d'enseignements, non à éclaircir des passages dé-
sespérés ou mutilés.
L'impression de cet ouvrage a commencé à la fin de 19 13,
AVANT-PROPOS XllI
et, bien que le manuscrit ait été entièrement prêt dès l'automne
de 1913, elle s'est poursuivie lentement. Elle n'était pas achevée
quand la guerre a été déclarée à notre pays, causant de nouveaux
retards.
M. Gauthiot a lu les épreuves jusqu'à son départ pour le
Pamir, à la fin de mai 191/I, et il n'est rentré du Pamir en
octobre 1914 qne pour prendre le jour même de son arrivée
ses fonctions d'officier et pour aller aussitôt sur le front. Durant
la composition du manuscrit, je m'étais souvent entretenu avec
lui des problèmes que pose la linguistique iranienne, de sorte
qu'en réalité la seconde partie de l'ouvrage que M. Gauthiot
n'a pas vue en épreuves a profité de ses observations. Au moment
où les nécessités de la défense du pays l'obligent à interrompre
l'étude des dialectes iraniens qu'il poursuit avec tant de science,
d'ingéniosité, de courage, de zèle — et de succès — , je le prie
d'agréer la dédicace d'un ouvrage où je me suis efforcé de conti-
nuer pour ma très modeste part l'œuvre des deux grands promo-
teurs de la philologie iranienne, Burnouf et James Darmesteter.
A. M.
Mars 1915.
BIBLIOGRAPHIE
Les inscriptions de Behistun ont été éditées pour la première
fois par Rawlinson, en i847- Elles ont depuis été réexaminées
surplace par M. Jackson (v. son volume, Persia [1906], p. 177
et suiv.), et enfin elles ont été entièrement coUationnées par une
mission anglaise ; l'édition qui donne cette collation et qui ren-
ferme une reproduction complète du texte dans les trois langues,
en caractères cunéiformes et en transcription, a été faite par
MM. King et Thomson, sous le titre : The Sculptures and Ins-
criptions of Darius the Great on the Rock of Behistun in Persia,
Londres, 1907. Le compte rendu de cette édition par M. Weiss-
bach, dans la Zeitschrift 'der deutschen morgenlàndischen Gesell-
schaft, LXI, est précieux. Cette édition a été utilisée dans une
édition en transcription avec traduction et commentaire par
M. A. Hoffmann-Kutschke, Die altpersischen Keilinschriften des
Grosskônigs Dârajawausch am Berge Bagistân, Stuttgart, igo8.
Après les inscriptions du rocher de Behistun, les plus impor-
tantes sont celles du tombeau de Darius, à Naxs-i-Rustam ; elles
ont été rééditées d'après des photographies et étudiées par
M. Weissbach : Die Keilinschriften am Grah des Darius Hystas-
pis, Leipzig, 191 1 {Abhandlungen der philologisch-historischen
Klasse der sàchsischen Gesellschaft der Wissenschaflen, XXIX, i).
Les éditions d'ensemble des inscriptions perses sont :
Fr. Spiegel. Die altpersischen Keilinschriften 2*^ Auflage.
XVI BIBLIOGRAPHIE
Leipzig, 1881 (édition en transcription, avec commentaire,
grammaire et vocabulaire).
Weissbach und Bang. Die altpersischen Ketlinschriften^ Leip-
zig, 1903 (avec un petit errata paru en 1908).
Ces deux éditions, antérieures à la revision des textes, sont
maintenant vieillies. Les éditions utilisables sont :
Tolman. Ancient Persian Lexicon and Texts. New York et
Leipzig. 1908 (texte en transcription, traduction annotée et
glossaire détaillé).
Tolman. Cuneiform supplément. — Johnson. Index verhorum.
.New York et Leipzig. 1910 (texte cunéiforme, et index complet
des mots avec renvoi à tous les passages).
Weissbach. Die Keilinschriften der Achameniden. Leipzig,
1911 (texte en transcription des inscriptions cunéiformes aché-
ménides dans les trois langues ; introduction, traduction et
bref commentaire ; dernière édition publiée, tout à fait à jour,
et très maniable) ; v. le compte rendu de M. W. Bang, Berliner
philologische Wochenschrift, 191 1, col. i253 et suiv. ; et la bro-
chure du même auteur : Zur altpersischen Schrift und Aussprache
(Louvain, chez l'auteur [1912]). Les textes seront cités ici
d'après l'édition de M. Weissbach, mais avec une transcription
difTérente, et conforme à Fusage des linguistes.
Ces trois éditions se complètent mutuellement et sont indis-
pensables toutes les trois : V Ancient Persian Lexicon est le seul lexi-
que qui fournisse une discussion complète du sens des mots perses
avec renvoi aux publications antérieures; l'index de M. Johnson
a seul la liste complète des mots perses des inscriptions dans
tous leurs emplois et sous toutes leurs formes. L'édition de
M.. Weissbach fournit seule les trois textes, perse, élamite et
babylonien; elle est la plus commode parce que, pour la tra-
duction et dans- le commentaire, il y a été tenu compte de ces
trois textes dans toute la mesure possible.
V Altiranisches Wôrterhuch de M. Bartholomae (Strasbourg,
BIBLIOGRAPHIE XVIl
1904) est malheureusement antérieur aux dernières revisions
des textes ; mais il demeure précieux pour la discussion du sens
des mots, de leur forme et de leur étymologie et pour les renvois
bibliographiques. Il est, du reste, très instructif de trouver les
formes avestiques près des formes perses. — Des observations
analogues s'appliquent à l'étude du vieux perse, dans la partie
consacrée à l'ancien iranien, par M. Bartholomae, du Grundriss
der iranischen Philologie, de Kuhn et Geiger, I (en 1896).
On trouvera l'historique du déchiffrement et la bibliographie
jusqu'en 1896 dans l'article de M. Weissbach, Grundriss der
iranischen Philologie, II, p. 5/i et suiv. (1896).
Les principales publications récentes sur la langue des inscrip-
tions perses achéménides sont :
W. Foy, Beitràge :(ur Erklàrung der altpersifchen Achaeme-
nideninschriften, dans la Zete/^n// de Kuhn (abrégée: K. Z.),
XXXV, p. I et suiv., et XXXVII, p. I1S6 et suiv.
G. Hlising, Die iranischen Eigennamen in den Achàmeniden-
inschriften, Kônigsberg, 1897, et Altiranische Mundarten, I,
dans la Zeitschrift de Kuhn, XXXVI, p. 556 et suiv.
Bartholomae, Wiener Zeitschrift fur die Kunde des Morgen-
lands, XXII, 68 et suiv.
A. Meillet, une série de notes dans les Mémoires de la Société
de linguistique, vol. XVII-XVIII-XIX.
W. Schulze, Der Tod des Kambyses {Sit^^ungsberichte der
preussischen Ahademie, 19 12).
Il importe de compléter l'étude du vieux perse par celle du
développement ultérieur du dialecte. On en trouvera les élé-
ments dans les lumineuses Études iraniennes, I, de James Dar-
mesteter ; dans le Grundriss der neupersischen Etymologie de Horn
(Strasbourg, 1898) ; dans les Persische Studien de Hiibschmann
(Strasbourg, 1895) ; dans l'étude de M. Salemann sur le pehlvi,
au i*"" volume du Grundriss der iranischen Philologie, i"^ partie,
en y ajoutant les Manichaeische Studien, I (Mémoires de l'Aca-
XVIII BIBLIOGRAPHIE
demie de Pétrograd, cl. historico-philologique, VIII, lo), et dans
l'étude de Horn sur le persan, aussi dans ce volume I du
Grundriss der iranischen Philologie, 2^ partie.
La comparaison avec les faits avestiques n'est pas moins im-
portante ; outre l'exposé de M. Bartholomae, dans le Grundriss
der iranischeft Philologie, I, i, et ddins V A Itiranisches Wôrterhuch,
on a deux grammaires : Jackson, An Avesta Grammar (sans syn-
taxe), Boston, 1892 ; et, plus récemment, Reichelt, Awestisches
Elementarbuch (ai\ec syntaxe), Heidelberg, 1909.
ABRÉVIATIONS
On désignera ci-dessous le vieux perse par l'abréviation v. p.,
et le persan par l'abréviation p.
El. signifiera élamite, à savoir l'élamite récent des inscrip-
tions achéménides, et bab. le babylonien, aussi des inscriptions
achéménides.
Skr. signifiera sanskrit ; zd (zend) désignera la langue de
l'Avesta.
Les inscriptions perses sont désignées par des abréviations
qui s'interprètent d'une manière immédiate : B. désigne
Behistun, Pers. Persépolis, NR. Naxs-i-Rustam, Sz. Suez,
Elv. Elvend, etc. Dar. signifiera Darius, et Xerx. Xerxès.
INTRODUCTION
§ I. Tout ce que l'on sait sur le vieux perse provient des
inscriptions cunéiformes de Darius et de Xerxès.
§ 2. Ces inscriptions sont pour la plupart rédigées en trois
langues. La première est toujours le vieux perse, la langue du
peuple conquérant qui a constitué l'empire achéménide ; la
seconde est l'élamite, langue du royaume de Gyrus, fondateur
de l'empire ; la troisième est le babylonien, la grande langue de
civilisation de la région où a été fondé l'empire, et la langue de
l'une des provinces conquises. Dans les énumérations des provin-
ces, les trois premières nommées sont la Perse, puis l'Elam
et ensuite la Babylonie.
§ 3. On n'est malheureusement pas encore parvenu à décider
si la graphie cunéiforme du perse date du règne de Gyrus ou
du règne de Darius. Une inscription porte ces mots : admn
Kiirus « je suis Gyrus » ; mais il est contesté que le Gyrus en
question soit Gyrus le Grand; on ne discutera pas ici cette ques-
tion difficile, que des données épigraphiques nouvelles permet-
tront sans doute de trancher un jour (voir les observations de
M. Weissbach, Die Keilinschriften der Achâmeniden, p. lx et
suiv.). Il est certain que Gyrus, fondateur de l'empire aché-
ménide, était d'abord un souverain d'Elam, et non de Perse ;
certain aussi que les deux seules inscriptions dont on soit sûr
qu'elles émanent de lui sont rédigées en babylonien. D'autre
i
î INTRODUCTION [§ 3-4
part, Darius insiste peu sur Gyrus dans ses inscriptions, et
Xerxès dit expressément que « tout ce que l'on voit de beau
vient de son père et de lui-même » (Pers. a, i5 et suiv.). Au
point de vue linguistique, on aurait grand intérêt à savoir si
le perse a été fixé par écrit pour la première fois à l'époque de
Gyrus ou à celle de Darius. Mais, sauf les deux mots cités
ci-dessus et sur lesquels on discute, tous les textes à l'aide
desquels on peut étudier le vieux perse sont de l'époque de
Darius ou de son successeur immédiat Xerxès. On n'en possède
aucun qui soit plus ancien ; quant aux inscriptions postérieures
à l'époque de Xerxès, elles sont peu nombreuses, rédigées
dans un langage corrompu, et il est permis de se demander en
quelle mesure leurs auteurs connaissaient la langue qu'ils pré-
tendaient écrire (v. ci-dessous, § 45-/^6). La présente descrip-
tion est fondée uniquement sur les inscriptions de l'époque
de Darius et de Xerxès.
§ 4. Gomme J. Darmesteter l'a lumineusement montré dans
ses Études iraniennes, I, la langue de ces inscriptions repose sur
le même type dialectal que le pehlvi officiel de l'époque sassa-
nide et que le persan littéraire et officiel ; elle en présente une
forme plus ancienne (v. § i/io). Si l'on fait abstraction des em-
prunts que le perse a faits à d'autres dialectes iraniens, emprunts
qui étaient commencés dès l'époque acbéménide (cf. § 8 et
suiv.) et qui se sont multipliés ensuite, il n'y a entre le vieux
perse, le pehlvi et le persan d'autres différences que celles
qui ont résulté du développement de la langue. Les divergences
qu'on a cru constater entre le vieux perse et le pehlvi ou le per-
san ne sont pas réelles. Gertaines sont purement graphiques :
celle portant sur r à l'initiale des mots (v. Hiibschmann, K.
Z., XXXVI, 168 et suiv., et cf. ci-dessous § 98), celle por-
tant sur X qui n'est pas écrit devant u (cf. § 76 et i3o-i34).
Dans ses Persische Studien, p. 210, Hiibschmann a contesté que
persan s ait pu sortir de v. p. 6 à l'initiale des mots ; maisl'/? inté-
§ 4-5] PLACE DIALECTALE DU PERSE 3
rieur, qui ne peut s'expliquer que par un ancien 0 (car v. p.
s subsiste en persan), montre bien que le traitement persan s
à l'initiale repose sur 8, ce qui n'offre du reste aucune diffi-
culté (cf. § 102).
On connaît le pehlvi sassanide par des inscriptions, par des
textes mazdéens conservés chez les Zoroastriens de la Perse et
de l'Inde et enfin par des textes manichéens récemment décou-
verts en Asie Centrale ; sauf des détails de graphie, et sauf les
différences dues à ce qu'ils ont été écrits à des dates diverses et
dans des conditions diverses, ces trois séries de textes repré-
sentent une seule et même langue. Quant au persan, il a un
type bien fixé. Vieux perse, pehlvi sassanide et persan offrent
trois états successifs d'un même dialecte, le perse du Sud-
Ouest, de la Persis proprement dite. Il est impossible d'essayer
de localiser le vieux perse d'une manière plus précise.
§ 5. Le perse ainsi défini fait partie du grand groupe des
langues iraniennes dont il forme l'extrémité au Sud-Ouest. Ce
groupe occupe une aire géographique très étendue et présente des
dialectes divers. Sous une forme archaïque, on ne connaît, outre
le vieux perse, que la langue du texte sacré des Zoroastriens,
l'Avesta, qu'on ne sait pas localiser exactement, mais qui appar-
tient à un type dialectal peu éloigné du perse. Les parler s du
plateau iranien et le kurde sont aussi assez proches du perse ; les
inscriptions en « chaldéo-pehlvi » et quelques textes manichéens
découverts en Asie centrale donnent une idée de ce qu'a été
un parler du Nord-Ouest, qui a sans doute été la langue des
Arsacides, et qui fait partie de ce groupe. L'afghan est beau-
coup plus différent. Les parlers les plus éloignés du perse sont
les parlers du Pamir et ceux du groupe scythique, représentés
par le sogdien à date ancienne et le yagnobi à l'époque mo-
derne, et par l'ossète au Caucase. Enfin des textes en écri-
ture brâhmî trouvés en Asie centrale fournissent un dialecte
iranien qui a été parlé à l'extrémité orientale du domaine, dans
i INTRODUCTION [§ 5-8
la partie méridionale du Turkestan chinois. A la date des ins-
criptions les dialectes iraniens étaient déjà différenciés, mais leur
unité demeurait évidente et les divers Iraniens ne devaient pas
avoir besoin d'un grand effort pour se comprendre entre eux.
§ 6. On a souvent qualifié le vieux perse des inscriptions de
« langue de chancellerie » . Si l'on veut dire par là que la plu-
part des inscriptions qu'on possède sont officielles, on constate
simplement un fait. Mais il n'en faut pas conclure qu'on soit
en présence d'une langue fixée par des bureaux et séparée de
l'usage courant. Que la graphie du vieux perse date de Gyrus
le Grand ou qu'elle remonte seulement à Darius, elle a été en
tout cas constituée à une époque de peu antérieure à celle où
ont été écrits les textes conservés. On n'a aucune raison de
croire qu'il y ait eu en Perse une langue officielle régulièrement
employée par une administration avant l'époque de Darius. —
D'ailleurs il y a lieu de croire que la langue des « bureaux »
achéménides était l'araméen, non le perse; le perse était sans
doute la langue de la noblesse qui entourait le roi, la langue de
la cour ; on ne l'a écrit dans sa pureté qu'à l'époque de Darius
et de son successeur immédiat, c'est-à-dire au temps où le roi
de Perse était le représentant de cette noblesse proprement perse
dont l'avènement de Darius marque le triomphe.
§ 7. A examiner les textes vieux perses directement, on a
l'impression que les auteurs ne subissent l'influence d'aucune
tradition littéraire proprement perse. La langue est si peu fixée
que, dans une même phrase, des inscriptions diverses présentent
trois formes différentes : abara, abara(n)tâ, aharaha (v. § 228).
§ 8. En revanche, le vocabulaire religieux et officiel des
inscriptions offre des traces nombreuses de faits étrangers au
dialecte perse ; et, hors de la Perse, il existait déjà sans doute
une littérature, écrite ou non écrite, à laquelle les Perses ont
emprunté certaines formes quand ils ont eu à rédiger les
inscriptions conservées.
§ 9-101 INFLUENCE SAVANTE SUR LE PERSE 5
§ g. Devant voyelle, le perse répond par les dentales 0 et J
à ^ et ;( des autres dialectes, là où ^ et :( répondent à f et à y ou
h du sanskrit. Pour tous les termes de la langue courante, 6 et
d sont en effet de règle dans les inscriptions (§ 102 et 129).
Mais, pour la titulature ou dans les composés qui, par nature,
appartiennent à des langues spéciales et techniques, notamment
à la langue religieuse, on trouve plusieurs fois :( au lieu du d
attendu ; ceci répond à l'usage réel, car ces mots se retrouvent
en persan sous la même forme. Voici les exemples :
va^rka dans la titulature: xsâya^iya va:(rka (B. I, i, etc.),
ou xsâya^iya ahyâyâ bumiyâ va^rkàyâ « roi de cette terre puis-
sante » (X. Pers. a, etc.). Le persan a bu^tirg.
Xura, dans :(ura akunavam « j'ai fait du tort » (B. IV, 65) et
dans le composé :(tirakara « qui fait du tort » (B. IV, 6/i) ; terme
de la langue du droit, de la religion. Le persan a :(ûr.
-:(ana-, au second terme des composés paru/^ana- « qui con-
tient de nombreuses tribus » et vispaxjina- « qui contient toutes
sortes de tribus ». Le perse a emprunté aux autres dialectes
iraniens la forme ':^an- de cette racine, ce qui a permis de la
différencier de la racine signifiant « connaître », par exemple
dans V. p. adânà « il connaissait », p. dànistan. Mais il n'est
pas établi que l'emprunt était déjà fait à l'époque des inscrip-
tions achéménides, et là où, d'après le pehlvi et le persan, on
attendrait à:(àta- « noble », on a en fait amàta- (B. I, 7=zB.
a II), dont l'origine n'est pas claire, mais qui indiquerait,
semble- t-il, l'inexistence de â:(âta-.
§ 10. K çv d\i sanskrit, la plupart des dialectes iraniens, et
notamment celui que représente l'Avesta, répondent par sp^
mais le perse par ^ (v. § 11 3). Or, dans deux composés —
les composés appartiennent souvent à des langues savantes — ,
figure sp :
A skr. âçva- « cheval » , le perse répond par asa- dans l'accu-
satif isolé asam (Bh. I, 87) et dans le composé asahàra- « cava-
6 INTRODUCTION |§ 10-12
lier ». Le persan a emprunté asp aux autres dialectes iraniens
parce que *as aurait eu trop peu de corps ; mais il garde suvâr
« cavalier ». Or, dans un composé de type tout védique, on
Si aspa- : (h)uvaspà (Dar. Pers. d 8) à côté de (F)umartiyà ;
cf. véd. s(u)v-âçva- et su-vîra-.
A skr. viçva-f le perse répond par visa- qu'on trouve plusieurs
fois, isolé, ou dans le composé visadahyu- des inscriptions de
Xerxès ; or, on a le composé vispa^ana « qui a toutes sortes
de tribus » NR. a lo-ii ; ce composé est d'autant plus remar-
quable qu'il renferme, on le voit, à la fois deux traits non perses :
sp et :(. Le vieux perse visa- n'a pas subsisté: le persan a em-
prunté vispa- pour renforcer le mot haruva- devenu har, d'où
p. harvisp.
§ II. L'élément -farnah- qui figure au second terme du
nom propre composé Vi(n)dafarnà « 'Ivia^épvr^; » de l'un des
nobles perses conjurés qui ont organisé le meurtre du faux
Smerdis, ne peut être qu'un emprunt à un dialecte non perse,
comme on l'a montré, M. S. L., XVII, 107 et suiv.
§ 12. Les emprunts de la langue savante à un dialecte non
perse s'étendent jusqu'à la flexion : tous les mots de la langue
courante ont -à au nominatif pluriel des thèmes en -a- (v. § 3o2).
Seul, le nom des « dieux » fait exception : bagàha, avec le
nominatif pluriel en -àha qui répond à -ânhô des gâthâs de
l'Avesta et à -àsah du védique, fait exception (B. IV, 61 et 63).
Et c'est le seul nominatif pluriel attesté pour haga. Du reste,
même dans l'Avesta, le nominatif pluriel en -ânhô semble être
une forme traditionnelle de la langue religieuse ; on a ainsi
gâth. ahurânhôj zd ya^atânhô (à côté de ya:(ata^ ; le nom. plur.
aspâfihô, au lieu de aspa, Yt XVII, 12, est destiné à fournir
les trois syllabes requises par le vers. Le perse et l'avestique
ont puisé tous les deux à une même tradition pour ces formes
religieuses. Dans les deux passages cités, hagàha a entraîné une
forme pareille pour l'adjectif aniya- qui l'accompagne, soit
§ 12-14] INFLUENCE SAVANTE SUR LE PERSE 7
aniyâha (conservé seulement B. IV, 62-68). Le mot aniya, dont
la flexion est exactement celle des démonstratifs (abl. aniyanà,
nom. ace. sg. n. aniyas-ciy ; v. § 334), ne pouvait avoir au nomi-
natif pluriel masculin que la forme, non attestée par hasard,
*aniyaiy ; aniyâha qu'on lit ici est une forme particulière due
à l'influence de hagàha qu'elle accompagne ; pareil fait ne s'est
pas produit dans l'Avesta, où on lit anye ya:(atânhôj vîspe ya^a-
tânhô.
§ i3. Le démonstratif âtî^ûj-^ qui indiquait anciennement l'objet
•éloigné, ne conserve un sens précis que dans une formule reli-
gieuse plusieurs fois répétée, par exemple NRa i : hya imam
bumim adà, hya avam asmànam adâ « qui a créé la terre ici-bas,
qui a créé le ciel là-bas ». Il y a là un vieil usage dont on
retrouve l'équivalent dans l'Avesta, par exemple Yt XIII, i53:
imamca :(^m ya^amaide aomca asmànam ya:(amaide « nous
sacrifions à la terre ici-bas et nous sacrifions au ciel là-bas »
(cf. pour d'autres exemples le dictionnaire de M. Bartholomae
sous asan-) ; la formule avestique ne difi'ère de la formule perse
que par un détail de vocabulaire : la « terre » y est nommée
:(am-, et non bûmî- ; c'est que le mot :(am' n'est pas perse, et
on le voit bien à ceci qu'il a ensuite pénétré en perse avec le ;(
qui contredit la phonétique perse : p. :(amî. A ceci près, il
s'agit de la même formule, qui est archaïque et dans les inscrip-
tions perses et dans l'Avesta. Le rôle de ava- désignant l'objet
éloigné est mieux conservé dans FAvesta qu'en vieux perse où,
à part cette formule, ava- est déjà devenu un simple anapho-
rique (v. § 829).
§ i/i- On peut citer encore un trait qui semble indiquer une
influence savante. Dans toutes les phrases perses des diverses
inscriptions, le verbe suit le sujet ou le sujet et le complément ;
il n'est pas en principe le premier mot de la phrase. Il n'y a
qu'une exception, et c'est la formule ^âtiy DàrayavaQj)us
x^àya^iya. On est ici en présence d'une formule fixée, qu'il
8 INTRODUCTION [§ 14-16
est raisonnable d'attribuer à l'influence du même dialecte, pos-
sédant une tradition savante, qui a fourni des formes comme
vispa^ana- ou hagâha.
§ i5. Plus tard, dans des conditions nouvelles, a été intro-
duit en perse le nom d'un dieu qui ne figure pas sur les inscrip-
tions de Darius ou de Xerxès non plus que dans les gâthâs de
l'Avesta. A Mibra- de l'Avesta devrait répondre en vieux perse
"^Miça- (v. § io5) ; or, cette forme n'existe pas, et l'on a dans
des inscriptions d'Artaxerxès I et d'Artaxerxès II Mi^ra- à Per-
sépolis et à Suse, Mitra- à Hamadan, avec des groupes Or et tr,
inconnus par ailleurs à la graphie du perse. La forme persane
est Mihr, qui n'est pas du type dialectal perse. Mais cet emprunt
n'appartient pas, on le voit, à la même série que vispa^ana-,
que le pluriel bagâha, etc.
§ i6. Il n'y a pas de raison de croire que ce commencement
de tradition littéraire dont on entrevoit un reflet dans les
inscriptions perses, mais qui n'était pas perse, coïncide avec la
tradition avestique. Le nom qui désigne la notion de « dieu »,
en perse haga-, est inconnu aux gâthâs, rare dans l'Avesta
récent ; le mot magus, que les inscriptions emploient comme un
terme courant, n'existe à peu près jamais dans l'Avesta. Aucun
des éléments essentiels du zoroastrisme ne se retrouve dans les
inscriptions ; par exemple les inscriptions parlent de « dieux »
au pluriel, mais non de Amdsa spmta. Les inscriptions et
FAvesta ont en commun le grand dieu Ahuramazdâh- ; mais
on n'a aucune raison de croire que ce dieu ait été institué par
le zoroastrisme. Le mot /^urah- cité ci-dessus ne tient presque
aucune place dans l'Avesta ; il ne figure pas dans les gâthâs ; et
l'on a seulement dans l'Avesta récent ^ûrôjata- deux fois et
Xûrôhdrdta- une fois ; c'est dire que le mot :(ûrô^ peut avoir été
pris à la langue courante par quelque rédacteur plus ou moins
tardif et n'appartient pas nécessairement à l'ancienne tradition
avestique. L'adjectif va:(rka « fort », qui est emprunté et qui
§ 16-18] NOUVEAUTÉ DE LA FIXATION DU PERSE 9
est fréquent dans les formules, n'est pas avestique. Rien, dans
les faits cités ici, ne donne lieu de supposer une action de la
tradition proprement zoroastrienne sur la langue écrite en Perse.
L'affirmation, souvent répétée, que Darius aurait été zoroastrien
ne repose sur aucun fait certain ; et il demeure frappant que
Darius ait établi sa souveraineté en tuant un mage. L'Avesta
d'une part et les inscriptions perses de l'autre laissent entrevoir
la tradition d'une langue iranienne littéraire et religieuse, paral-
lèle à la langue des Védas ; cette langue n'était pas le perse ;
tout au plus pourrait-on, sans raison précise, songer au mède.
§ 17. Situés à l'extrémité Sud-Ouest du domaine iranien,
lors de leur apparition dans l'histoire, les Perses étaient sans
doute un petit groupe de conquérants actifs et audacieux qui
ont fait une fortune extraordinaire et qui, avec Cyrus et surtout
avec Darius, ont constitué le premier grand empire connu de
langue indo-européenne. Il n'y a pas d'apparence que, avant
cette période de grands succès, ils aient possédé aucune litté-
rature.
§ 18. L'expression de certaines notions essentielles n'est pas
fixée. Ainsi, près de l'énumération des provinces de l'Empire,
certaines idées sont exprimées, B. I, 18-26, NR. a. i5-2 2,
et, plus brièvement, Dar. Pers. e ; ce sont exactement les
mêmes dans les trois morceaux ; or, ni le vocabulaire ni les
tours de phrase employés ni même les formes grammaticales
ne sont les mêmes. Pour exprimer les mêmes notions officielles,
les rédacteurs, évidemment différents, des trois inscriptions
n'avaient pas de tradition. Pour rendre l'idée de « faire roi »,
Dar. Pers. d recourt à dà- et les autres inscriptions à kar- (cf.
§ 287), montrant bien ainsi qu'il n'y avait pas d'usage établi
même pour une idée aussi capitale (cf. ci-dessous, § 27, sur
les formes grammaticales). Quand on compare les inscriptions
de Darius entre elles, on voit qu'elles ont un fonds commun de
notions officielles à énoncer ; mais le formulaire varie sensi-
10 INTRODUCTION [§ 18-31
blement d'une inscription à l'autre ; les inscriptions de Xerxès
ont un formulaire plus fixe, et la plupart reprennent la formule
initiale de NR. a. On lit xsàya^iya dahyunâm vispaianànàm Dar.
NR. a et Sz. c, paru:(anànàm Dar. Elv. ; mais toutes les inscrip-
tions de Xerxès n'ont que pariizanànâm : Pers. a, b, c, d ; Elv. ;
Van, soit six fois.
§ 19. Lorsqu'on a eu à rédiger le texte perse des inscrip-
tions achéménides, on a dû éprouver l'embarras que ressentent
toujours ceux qui pour la première fois tentent d'écrire une
langue jusque-là non écrite. Par malheur il est malaisé de ju-
ger du style quand il s'agit d'un idiome connu seulement par
des textes épigraphiques peu nombreux et dont la rédaction
est assez monotone. Les points de comparaison manquent.
§ 20. Pour autant qu'il est possible de se former une opinion,
la structure des phrases des textes vieux perses est gauche ; il
y a partout les redondances, les raccourcis et les répétitions
d'une langue parlée brusquement fixée. Rien n'a moins une
forme littéraire que les inscriptions perses. Les gàthâs de
l'Avesta sont, elles aussi, d'une forme raide et gauche ; mais il
y apparaît partout de l'artifice, partout des procédés littéraires,
et l'abstraction y domine. Les inscriptions perses disent au
contraire tout simplement ce qu'elles veulent dire ; elles don-
nent l'impression d'un parler courant dont on essaie pénible-
ment de se rendre maître et qu'on écrit pour la première fois.
§ 21. L'un des traits qui mettent le mieux en évidence ce
caractère de langue parlée qui vient d'être fixée par écrit est le
fait qu'il suffit d'une petite phrase relative ou même d'une brève
apposition pour déterminer la reprise d'un mot par un démon-
stratif. Voici quelques exemples pour illustrer cet usage ; on
n'a qu'à parcourir la grande inscription de Behistun pour en
trouver un nombre illimité :
B. I, 44 aita xsaçam tya Gaumàta hya magus adinà Kain^hu-
jiyam aita xsaçam hacâ paruviyata amàxam tau{pc)mâyâ âha « ce
§ 21-23] NOUVEAUTÉ DE LA FIXATION DU PERSE 11
royaume que Gaumàta le mage avait enlevé à Gambyse, ce
royaume appartenait à notre famille dès le début » .
B. II, 8/4 kàram hamiçiyam hya manà naiy gaubâtaiy avam
jatà « l'armée rebelle qui dit n'être pas mienne, battez-la » .
B. 1, 77 1 martiyahàhairuviya Nadi{n)tahira nàma Ain[ird\hyâ
puça hauv udapatatâ « un bomme babylonien, nommé Nadin-
tabira, fils d'Ainira, il s'est soulevé ».
B. II, 93 V'Stâspa mànâ pità hauv [Par^avaiy] âha « Vistâspa
mon père, il était en Parthie ».
§ 22. Un autre procédé, qui est tout à fait un procédé de
langue parlée, consiste à introduire dans la phrase des sortes
d'incises pour désigner un homme ou une localité, puis à
reprendre l'indication au moyen d'un démonstratif. Ce procédé
revient constamment ; en voici des exemples :
B. II, 27 hauv [kà\ra hya manà — Ka(n)pada nàmà dahyàus
Mâdaiy — avadâ màm amàniya (lire amànaya) « mon armée '
— il y a au Midi une province du nom de Kanpada — là elle /
m'a attendu » (le sujet n'est pas repris par un démonstratif con-
trairement à ce qui arrive dans les cas précédents).
B. III, II Margus nàmà dahyàus — hauvmaiy hamiçiyà
abava. 1 martiya Fràda nàma Màrgava — avam maBistam aku-
nava(n)tà. Pasàva adam f^ràisayam — Dàdrsis nàma Par sa manà
ba(n)daka Bàxtriyà xsaçapàvà — abiy avam « [il y a] une pro-
vince du nom de Margiane — elle est devenue rebelle. Il y a un
homme margien du nom de Fràda — ils en ont fait leur chef.
Ensuite j'ai envoyé — il y a un Perse du nom de Dâdrsi, mon
serviteur, satrape en Bactriane — vers celui-ci ». — On
trouvera B. III, 54 et suiv. une autre phrase toute pareille et
qui montre que cette construction n'est pas accidentelle.
§ 23. Dès qu'il faut faire une phrase un peu longue et expo-
ser plusieurs choses, les rédacteurs ne savent manifestement
pas comment se tirer d'affaire. La phrase suivante est un pro-
dige d'embarras et de gaucherie :
12 INTRODUCTION [§ 23-25
B. I, 64 kàrahyâ abicaris gaiMmcà màniyamcâ v'^hiscà tyâdis
Gaumàta h\ya\ magus adinâ adam kâram gâbavâ avàstâyam « le
et la propriété et la maison et le du peuple
que Gaumâta le mage leur avait enlevés, j'ai restitué le peuple
en sa place^ » . Il est visible que -dis se rapporte à kàrahyà ; mais
kâram est repris dans la phrase principale, et les quatre complé-
ments directs groupés ensemble restent en l'air.
§ 2 4. A côté d'une pareille phrase, des répétitions, comme
celles qu'on lit dans les phrases suivantes, paraissent tolérables;
mais l'emploi des démonstratifs y appartient tout à la langue
parlée :
B. II, I Pasâva Nadi{n)tahira hadà kamnaihis asahàraihis
am\u^a, Bà]bairum asiyava. Pasâva adam Bâbairum asiyavam
[vasnà AQi)urama:^d^âha, iitâ Bâbairum agrbâyam utâ avam
Nadi(n)tab[iram agrbâya]m. Pasâva adam Nadi(n)tab[iram
adam Bâbairaiiv avâjaÇnam)^. « Ensuite Nadintabira est parti
avec peu de cavaliers, il est allé à Babylone. Ensuite je suis allé
à Babylone parla volonté d'Ahuramazdâh, et j'ai pris Babylone,
et j'ai pris ce Nadintabira. Ensuite j'ai tué ce Nadintabira à
Babylone ».
B. III, 47 utâ avam Vahya:(dâtam agrbâya utâ martiyâ tyai-
saiy fratamâ anusiyâ aha(n)tâ agrbâya « et il a pris ce Vahyazdâta,
et il a pris les hommes qui étaient ses principaux adhérents » .
§ 25. Ce qui est plus probant encore que ces gaucheries, dont
on retrouve l'équivalent à chaque page, c'est l'absence de tout
procédé littéraire. En dehors des formules officielles, sans doute
calquées sur des formules antérieures d'un autre dialecte ou
sur des formules étrangères, les rédacteurs ne disposent que
d'un petit nombre de tours de phrases qui reviennent sans
cesse, et qui sont très simples.
1 . Les mots dont le sens est incertain sont laissés en blanc dans la traduction.
2. Les restitutions mises entre crochets sont évidentes par elles-mêmes et
confirmées par les textes élamite et babylonien.
§ 26-28] FLOTTEMENT DE LA LANGUE 13
§ 26. On admettra donc que l'on se trouve en présence
d'un texte aussi sincère au point de vue linguistique que peut
l'être un texte écrit. La langue des inscriptions perses doit repré-
senter à peu près exactement le parler courant des Perses de
l'entourage de Darius et de Xerxès. Et c'est bien en effet ce
qu'indique l'aspect du texte si on l'examine au point de vue
linguistique.
§ 27. Là où la langue présentait un flottement, ce flotte-
ment se traduit dans la graphie. Le perse a toujours hésité entre
le maintien de st et une altération de ce st en st : la grande
inscription de Behistun a à la fois (h)ufrastam et (h)ufrastam
(v. § 125). La 3" personne du pluriel ahara prêtait à confusion
avec la 3^ personne du singulier (v. § 168) : une même phrase
présente cette 3*^ personne sous les formes abara, aharaha et aha-
ra(jî)tà suivant les inscriptions (v. § 2 23) ; et un autre verbe
offre un autre aspect de cette même 3*^ personne : adurujiyasa
« ils trompaient » . L'inscription de Behistun ne connaît que
a(Ij)urama^dàha au génitif; toutes les autres inscriptions de
Darius ont aQj)uramazdàhà. L'inscription de Behistun a pasâva-
sim (II, 76) comme adamsim, tandis que l'inscription de Naxs i
Rustam oppose pasàvadim, 33 à adamsim, 36 (v. § 3^5). On
lit utâmaiy chez Xerxès, Pers. b, comme à Behistun, mais uta-
maiy chez Xerxès, Pers. a et d (v. § i5i). On n'est pas en pré-
sence d'un type grammatical fixé pas plus que d'un style lit-
téraire établi. Les rédacteurs se conforment à l'usage de leur
pays et de leur temps, et là où cet usage est flottant, il y a
flottement d'une inscription à l'autre, et parfois à l'intérieur
d'une même inscription.
§ 28. Au moment où les inscriptions en vieux perse ont été
rédigées, la langue avait un aspect archaïque dans l'ensemble ;
c'était encore un vieux dialecte indo-iranien, avec des finales
conservées, avec des restes de vieilles flexions. Mais on était
tout à la fin de la période ancienne ; les finales commençaient à
14 INTRODUCTION [§ 28-32
s'altérer, la flexion a se simplifier, et si le perse avait été fixé
par écrit quelques dizaines d'années plus tard qu'il ne l'a été,
on ne pourrait presque plus parler de véritable vieux perse,
connu à un stade de développement comparable à celui que
présentent les textes avestiques ; on aurait déjà du moyen ira-
nien, ce que l'on appelle, assez improprement, du pehlvi.
§ 29. A beaucoup d'égards, le vieux perse est une langue
dont l'évolution est avancée, et les commencements d'un état
moderne de la langue y apparaissent.
§ 3o. Au point de vue pbonétique, l'évolution apparaît, il est
vrai, assez peu. Le fait le plus important est la chute des consonnes
occlusives et de -h représentant -s à la fin des mots (v. § i65
et suiv.). A ceci près, la prononciation du vieux perse conserve
un aspect archaïque, et les innovations de détail qu'on y observe
ne lui ôtent pas son caractère de vieille langue indo-européenne.
§ 3i. La morphologie est, au contraire, pleine d'innovations
graves.
La déclinaison tend à se simplifier : le datif n'existe plus à
l'état de cas autonome, et la forme de l'ancien génitif en a pris
tous les emplois (v. § 363).
Les cas à valeur concrète ne se suffisent plus à eux-mêmes.
Le locatif est régulièrement suivi de la postposition -â, sauf
dans les noms propres (v. § 3oi, 3i8, 4oo), et l'ablatif est
régulièrement précédé de hacâ (v. § 365). L'emploi des prépo-
sitions et postpositions a pris une importance considérable dans
l'ensemble (v. § 355, 359, 368).
Tandis que le védique et Tavestique n'ont encore presque pas
d'infinitifs proprement dits et commencent seulement à fixer
quelques formes de certains substantifs exprimant l'action, le
vieux perse a déjà un type unique d'infinitif (v. § 212 et 4^7),
sans trace de flexion, et servant pour n'importe quel verbe.
§ 32. Les préverbes ne sont plus autonomes; ils sont con-
stamment placés devant les verbes qu'ils déterminent et n'ad-
§ 32-36] INNOVATIONS DU PERSE 15
mettent jamais d'en être séparés, suivant l'usage védique,
avestique ou homérique. On n'observe même pas de traces de
l'ancienne autonomie des préverbes comparables à celles que
l'on trouve dans le gotique de Wulfila ou dans le lituanien d'au-
jourd'hui (v. § 2^b et suiv.).
§ 33. Les effets de la loi de Bartholomae sont éliminés, au
moins à en juger par les adjectifs verbaux en -ta- : à skr. haddha-,
drugdha- le vieux perse répond par hasta- « lié », duruxta-
« trompé, menti » (v. § 2i3). Les gàthàs de l'Avesta conservent
au contraire de nombreux restes de la loi de Bartholomae, dont
les effets y subsistent à peu près intégralement : ainsi aogddà « il a
dit », dont il a été fait aoxta dans l'Avesta récent. L'Avesta récent
a du reste régulièrement hasta-, -druxta-, comme le vieux perse.
§ 34. Outre l'élimination générale de la forme du datif, la
déclinaison se montre très évoluée dans le détail. Ainsi, dans
les démonstratifs, la forme en -aiy du nominatif pluriel ancien
des démonstratifs sert aussi régulièrement pour l'accusatif :
avaiy, imaiy, tyaiy en offrent des exemples (v. § 325, 326, 33i).
Aussi dans les démonstratifs, la forme en -anâ de l'instrumental
masculin sert pour l'ablatif (v. § 33i, 334). Le gén. dat. loc.
sg. fém. ahyàyâ et le gén. pi. imaisàm sont des formes toutes
nouvelles (§ 326). Le vieux génitif en *-rs des thèmes indo-
iraniens en -r-, attesté par skr. pitûh « du père », gâth. n9r9s
« de l'homme », n'est pas conservé en vieux perse; on y a une
forme nouvelle piça « du père » (§ 3ii); l'Avesta récent a de
même formé brà^rô « du frère ».
§ 35. Le nominatif du pronom personnel a une valeur
significative déjà très faible et, en certains cas, ne sert guère
qu'à souligner la forme personnelle du verbe, ainsi Dar. Pers.
d 2 G aita adam yânam jadiyâmiy « c'est la faveur que je
demande » ; on ne voit pas que adam ait ici une force parti-
culière.
§ 36. Le système verbal ancien a gardé tous ses organes
16 INTRODUCTION [§ 36-38
essentiels ; mais le système qui était appelé à le remplacer est
déjà prêt. Il y a encore en vieux perse un parfait, attesté à l'op-
tatif caxriyâ ; mais toutes les fois qu'on a vraiment à exprimer
le résultat d'une action accomplie, c'est à l'adjectif verbal en
-ta- qu'on recourt ; « voici ce que j'ai accompli » se dit ima tya
manâ krtam. Le principe de la formation du nouveau prétérit
iranien est donc déjà entièrement posé (v. § 21^). Ce n'est plus
d'un causatif caractérisé par le suffixe -aya- et un vocalisme
spécial qu'on se sert pour indiquer qu'on fait faire quelque
chose ; c'est de verbes spéciaux, ainsi Xerxès à Van : dipim
naiy nipistàm akunaus « il n'a pas fait écrire l'inscription », le
présent kimau- étant traité comme un véritable auxiliaire (cf.
§ g/i), ou adam myastàyam imàni dipim nipaistanaiy « j'ai fait
écrire cette inscription » . On est loin des moyens d'expression
de l'ancien indo-iranien.
§ 87. Dans le détail, il ne manque pas d'innovations qui
attestent qu'on n'avait plus le sens du système ancien ; ainsi on
a fait sur le thème du présent hmau-, et non plus sur la racine,
un ^fdiSsiî akunavayatà « il était fait », B. I, 20 et 24 (v. § 196).
La vieille forme se lit B. III, 92 akariya(n)tà « ils ont été faits ».
— Le subjonctif athématique a déjà subi l'influence du type
thématique, et Ton a à la 2^ personne du singulier kunavàhy B.
IV, 75 et 79, tandis que ahatiy, plusieurs fois attesté, garde le
type ancien (§ 228-280).
§ 88. Le vocabulaire donne lieu à des remarques analogues.
Le mot aiva « un », écrit au moyen du chiffre I, sert presque
d'article indéfini ; on dit / martiya, pour isoler un homme que
l'on considère, par exemple B. I, 74 pasàva I martiya Açina
nàma Upadarmahyâ puça hauv tidapata[tà] « ensuite un homme
du nom d' Açina, fils d'Upadarma, il s'est soulevé », et ainsi
dans un grand nombre de cas. On oppose kasciy « quelqu'un »
B. I, 49 et 58 à cisciy « quelque chose » B. I, 58, alors que,
encore dans l'Avesta, cis sert pour les personnes.
§ 38-40] INNOVATIONS DU PERSE 17
Le relatif indo-iranien ya-, qui est d'usage courant dans
l'Avesta, n'existe plus en vieux perse; seules, des conjonctions,
yàtâ « depuis que », ya^â « comme, quand », yadiy a si »,
yâvâ « aussi longtemps que », en rappellent l'existence anté-
rieure. Le relatif du vieux perse est emprunté au démonstratif;
c'est hyUj tya-; ce relatif ne représente d'ailleurs dans l'évolution
du perse qu'un stade de transition ; la langue a recouru ensuite
au thème de l'interrogatif-indéfini, ka-, comme presque toutes
les autres langues indo-européennes ont fini par le faire. Le
même démonstratif hya, tya- sert aussi à relier une détermi-
nation à un substantif : B. I, 4 9 avant Gaumàtam tyam magum
« ce Gaumâta le mage », et ceci encore est une forte innovation
de type assez moderne.
Le s de saiy, sim, sis, justifié phonétiquement après /'_, u, r
(et k)j a été généralisé, tandis que l'Avesta récent offre encore des
traces assez nombreuses de la répartition ancienne des formes
k h et k s.
§ 39. Les deux termes du nom du dieu Ahura- Ma:(dâh-,
qui sont séparés de parti pris dans les gâthâs de l'Avesta et qui
demeurent régulièrement fléchis tous les deux dans tout TAvesta,
sont soudés en vieux perse, et le mot n'a plus qu'une flexion :
accusatif A(h)urama:(dàm, gémtïï AQj)urama:(dàha ou A(h)ura-
ma:(dàhà ; la marque de séparation des mots ne figure donc pas
entre A(h)ura et Ma:(dà. Le mot A(h)urà figure pourtant une fois
isolé, sans Ma^dà, Dar. Pers. e 2/i ; mais la flexion des deux
termes A(h)urahya Ma:(dâha Xerx. Pers. c (dans les deux exem-
plaires de l'inscription) est chose unique ; et cette même inscrip-
tion a deux fois le nominatif A(h)urama:(dà sans marque de
séparation de mots entre les deux termes.
§ 4o. Le mot indo-iranien qui signifie « et », l'enclitique ^^t^
se rencontre encore, mais un tout petit nombre de fois seule-
ment; et la forme ordinaire, celle qui figure partout où le sens
est un peu marqué, est utà.
a
18 INTRODUCTION [§ 41-44
§ /i I . Il ne serait pas malaisé d'allonger la liste de ces faits
qui établissent le caractère déjà très évolué du perse au moment
où les inscriptions de Darius et de Xerxès ont été rédigées. L'éli-
mination de l'aoriste (§ 2o5 et 238) est un fait caractéristique
entre beaucoup d'autres.
§ 42. Cette rapidité de l'évolution du perse ne saurait sur-
prendre : conquérants lancés très loin de leur pays d'origine et
parvenus à une extrémité du domaine iranien, les Perses étaient
précisément dans les conditions où l'évolution linguistique est
en général le plus rapide. Avec cela, leur langue, qui était celle
d'un petit groupe, est devenue l'idiome dominant d'un grand
empire; et ceci encore est l'une des conditions qui détermi-
nent une évolution linguistique rapide ; le mouvement n'était
du reste arrêté par rien : il n'y avait pas de littérature perse
(v. § 17 et suiv.); on n'écrivait pas usuellement le perse (v.
§ 46). Il n'y a donc pas eu ici, comme à Rome par exemple
ou chez les Arabes, conservation d'une langue écrite rigoureu-
sement fixée à côté de l'évolution rapide d'une langue parlée.
§ 43. Les innovations que l'on observe en perse sont en
partie les mêmes que celles de l'Avesta récent. Par exemple la
confusion du nominatif et de l'accusatif masculin pluriel des
démonstratifs se retrouve exactement dans l'Avesta récent ; ainsi,
en regard de l'ancien accusatif plur. anymg des gâthâs, l'Avesta
récent a anye, comme au nominatif. On a vu ci-dessus des
exemples d'innovations parallèles du perse et de l'Avesta récent
(§ 33 et 34). Mais, d'une manière générale, l'Avesta, fixé par
une tradition littéraire, a conservé un aspect plus archaïque
que le perse, et l'ignorance des rédacteurs postérieurs qui con-
naissaient mal la tradition avestique y est en partie responsable
des innovations.
§ 44. Il semble même que le perse n'ait pas été la langue
des « bureaux » de l'empire achéménide. Les Perses ont fourni
à l'empire des chefs, des satrapes et des généraux ; mais ils
§ 4445] INSCRIPTIONS INCORRECTES 19
n'avaient sans doute pas les ressources en hommes sachant
écrire nécessaires pour administrer un vaste empire. On a dû
recourir de bonne heure aux services d'une administration ara-
méenne dont les éléments se trouvaient à leur disposition en
Babylonie.
Il est curieux qu'il ait été fait de l'inscription de Behistun
une traduction araméenne dont des fragments ont été retrouvés
en Egypte, à Éléphantine; ces fragments ont été édités par
M. Sachau, dans son grand volume Aramàische Papyrus und
Ostraka (191 1), et commodément réédités par M. Ungnad,
Aramàische Papyrus ans Eléphantine (19 12). Sur l'enseignement
à retirer de cette traduction, v. W. Bang, Zur altpersischen
Schrift und Aussprache (Louvain, sans date), Tolman, Proceed.
of the Am. Philological Association, XL II (1912), p. 1 et suiv.,
et L. H. Gray, Journ. of the Am. Or. Soc., XXXIII, 3 (igiS),
p. 281 et suiv.
§ 45. Les inscriptions de Darius et de Xerxès sont rédigées
dans une langue cohérente et manifestement correcte. Celles
d'Artaxerxès II sont au contraire très incorrectes, et quant à celle
d'Artaxerxès III, elle est simplement barbare.
Les particularités des inscriptions de rois du nom d'Ar-
taxerxès peuvent en partie s'interpréter par l'évolution natu-
relle de la langue; mais certaines supposent déjà l'embarras de
rédacteurs non perses devant une langue qu'ils savaient mal.
Ainsi l'inscription de vase, que M. Weissbach attribue à
Artaxerxès I Longuemain, porte Ardaxsasca; le d provient évi-
demment de ce que le groupe rt avait déjà passé à rd, sinon
partout, du moins chez les Iraniens dont cette graphie indique
la prononciation, et en effet le texte élamite a aussi -rd- ; mais
la graphie -se- du groupe qui était -Or- dans le centre de
l'Iran et qui est représenté en vieux perse normal par le signe
transcrit ici ç, est le fait d'un homme embarrassé par un pho-
nème qu'il ne sait pas rendre, sans doute précisément par le ç
20 INTRODUCTION . [§ 45-46
perse. Deux autres vases ont le rt archaïque (aussi conservé dans
le texte élamite) et le ç correct, soit Artaxsaçâ, qui est la graphie
des inscriptions officielles d'Artaxerxès II et d'Artaxerxès III.
La graphie Xsayàrcahyà pour le nom de Xerxès à Suse, dans
une inscription d'Artaxerxès II, donne aussi l'impression qu'on
est en face de perse écrit par un rédacteur non perse. — On a
vu § i5 que le nom du dieu Mi^ra-, qui n'est pas perse, n'a
pas été persisé et figure, dans des inscriptions postérieures à
Xerxès, sous les formes dialectales Mi^ra- et Mitra-. L'-â final
du nominatif Artaxsaçâ est surprenant; comme il est constant,
il répond évidemment à un usage, qui ne s'expliquait pas dans
le parler perse proprement dit ; le génitif est du reste Artaxsaçàhyà
aussi à Suse, à côté de Artaxsaçàhyà ; l'adjectif va:(rka, dont
la forme était fixée par la tradition, n'ofi're rien de pareil.
Dès lors on hésite à attribuer à l'évolution de la langue
les faits assez singuliers qui se trouvent sur les inscriptions
d'Artaxerxès II. Les rédacteurs ne savaient plus se servir de
neutres : ils écrivent imam apadàna plusieurs fois, aussi bien à
Hamadan qu'à Suse ; imam tya akunâ « ce que j'ai fait » ; et
[i]màm hadis à côté de imâm \iista\canàm. Le démonstratif de
liaison n'est plus fléchi : tya âBa(n)gainâm. Le nom de la déesse
Anahita est écrit sans â final. L'imparfait de kunautiy est con-
jugué : ahmà « j'ai fait », akunas « il a fait ». Le génitif de
Dârayava(h)us n'est plus le génitif d'un thème en -u- ; il est
refait sur le nommdiûî Dàrayava(h)us ; de là la forme étrange Z)^-
rayava(h)usahyà, constante dans les inscriptions d'Artaxerxès II
à Suse et à Hamadan. Mais tout cela vient- il de Perses ? ou est-ce
l'œuvre de fonctionnaires étrangers qui écorchaient le perse .►^
qu'est-ce qui dans tout cela revient au développement de la
langue et qu'est-ce qui résulte de l'ignorance des rédacteurs?
§ 46. L'hypothèse qu'il s'agit d'un texte écrit par un
étranger ignorant la langue est la seule possible devant l'inscrip-
tion d'Artaxerxès III.
§ 461 INSCRIPTIONS INCORRECTES 21
La distinction des thèmes en -à- et en -i- ou en -î- s'est main-
tenue longtemps après la période achéménide, et il n'est pas
croyable qu'un Perse du iv^ siècle ait pu écrire bumàm au lieu
de bumim, sàyatàm au lieu de Hyàtim.
La distinction d'un cas sujet et d'un cas régime a persisté
assez longtemps pour qu'un Perse du iv® siècle n'ait pas pu
remplacer un génitif par un nominatif et écrire systématiquement
Artaxsaçâ xsàya^iya puça « fils du roi Artaxerxès », Dàraya-
va(h)us xsàya^iya puça « fils du roi Darius », ni mettre le
génitif V'stàspahyà sur le même plan qu'une série de nomi-
natifs. On a toujours dit en Perse : manà krtam « il a été fait
par moi », et une faute tya màm krtâ s'expliquerait mal chez
un Perse.
Toute cette inscription donne l'impression d'avoir été rédi-
gée par un fonctionnaire qui ne savait pas le perse, qui le
comprenait à demi sans en connaître la grammaire et qui cal-
quait gauchement des modèles d'inscriptions qu'il avait sous
les yeux. Certaines des graphies donnent peut-être une idée des
changements qui se produisaient dans la langue; par exemple
le commencement de sàyatàm indique que siyà- en était déjà
venu à se prononcer sa-. Mais dans l'ensemble on ne peut
presque pas tirer parti d'un texte écrit dans des conditions aussi
suspectes.
Pareille barbarie n'aurait pas été possible si la graphie cunéi-
forme du perse avait été d'usage courant ; mais il est probable
que personne ne lisait les inscriptions perses cunéiformes ;
actuellement il faut, on le sait, des échafaudages pour lire
l'inscription de Behistun, de beaucoup la plus grande de toutes ;
ce beau texte était un « monument », mais il n'était pas des-
tiné à être lu par les passants, et il est permis de se demander
s'il y a jamais eu beaucoup d'hommes sachant lire le cunéi-
forme perse. On n'a rien qui prouve que l'écriture perse ait été
d'usage courant et qu'elle ait servi, comme l'écriture babylo-
22 INTRODUCTION [§ 46-47
nienne, à des fins pratiques. Il n'y avait là qu'une tradition
officielle, fondée sans doute par Darius ; Xerxès a encore fait
graver quelques inscriptions dont la langue concorde exacte-
ment avec celle des inscriptions de son père ; ses successeurs en
ont fait graver moins que lui, et l'usage du cunéiforme perse
n'a sans doute jamais été important ; à l'époque d'Artaxerxès III,
ce n'était guère plus qu'un souvenir, et personne peut-être
ne s'est aperçu que les bureaux — où il y avait probablement
peu de Perses sachant lire — avaient fait graver un invraisem-
blable charabia.
Les inscriptions perses se trouvent disséminées dans des par-
ties très diverses de l'empire ; la plus grande de toutes, celle de
Behistun, est en Médie. Nulle part il n'y a trace d'adaptation
au parler local; en faisant graver leurs inscriptions, pour la
plupart trilingues, les souverains achéménides manifestaient
l'unité de l'empire et le caractère impérial de la langue perse ;
mais ils savaient que leurs textes ne seraient guère lus, et leurs
proclamations ne sont pas destinées à agir effectivement sur
leurs sujets, comme celles du grand souverain hindou Açoka
par exemple. Si dans la région de Suez les caractères hiérogly-
phiques ont été associés aux cunéiformes, c'est que l'on a tenu
à mettre au service de l'empire les hiéroglyphes et la langue
égyptienne comme on l'avait fait ailleurs pour le babylonien.
§ 47. Dans cette grammaire, on ne tiendra compte que des
inscriptions de Darius et de Xerxès dont la langue est identique
et visiblement correcte. On n'utilisera pas l'inscription d'Arta-
xerxès III qui ne fournit de données utiles ni pour la grammaire
ni pour le vocabulaire. Et l'on n'empruntera que quelques mots,
sûrement authentiques et anciens, comme apanyâka « grand
père », aux inscriptions d'Artaxerxès II. Il suffit du reste de les
parcourir pour s'apercevoir du fait que, à part leurs fautes et à
part un ou deux mots attestés ailleurs, elles n'enseignent sur le
vieux perse rien qui ne se trouve dans les inscriptions de
§ 47-50] LES NOMS PROPRES 23
Darius et de Xerxès. Déjà les inscriptions de Xerxès n'ajoutent
que peu à ce que Ton sait par celles de Darius.
§ 48. On peut tirer parti des noms propres pour l'étude de
la flexion. Car les noms propres sont, autant qu'on peut le voir,
fléchis exactement comme les noms communs, suivant le vieil
usage indo-iranien, et, on peut l'ajouter, indo-européen. Les
particularités, comme l'emploi du locatif singulier sans postpo-
sition -â, s'expliquent aisément ; et il n'y en a guère ; celle-ci
est de beaucoup la principale, peut être la seule.
§ ^g. Quant à ces noms eux-mêmes, il serait imprudent de
les utiliser. Il ne s'agit pas ici de faire une grammaire de l'an-
cien iranien, mais du vieux perse en particulier.
Des noms de lieux ou de personnes non iraniens qui sont
très nombreux, il n'y a rien à tirer ici ; si l'on connaissait exac-
tement la prononciation du babylonien ou de l'élamite à la date
de la rédaction des textes, la façon dont les mots sont rendus
en perse serait instructive. Mais les relations entre les Iraniens
et les Élamites ou les Babyloniens sont bien antérieures à la
fondation de l'empire achéménide ; il a dû se constituer chez les
Iraniens une manière de rendre les noms élamites et babylo-
niens : il n'y a pas de raison de croire que cet usage se soit fixé
chez les Perses. Pour étudier les équivalents perses des noms
élamites ou babyloniens, il faudrait un savant connaissant autant
qu'on peut le faire l'histoire de ces langues ; il y a là un travail
infiniment délicat, dont les résultats sont très aléatoires, et qu'il
est en tout cas impossible à un linguistique non assyriologue
d'aborder ici.
§ 5o. A plus forte raison ne peut-on utiliser les notations
grecques des noms propres. Certains procédés de transposition
des noms iraniens en grec sont de beaucoup antérieurs à l'em-
pire achéménide et aux relations des Grecs avec les Perses. L'^
des plus anciens emprunts est rendu par q ionien dans le nom
Màda des Mèdes, qui est MyjBo; en ionien ; la forme *n7^pc7Y):,
24 INTRODUCTION [§ 50
qu'a dû fournir Pàrsa, a même passé à Ilépar;; (gén. Ilépaou) ;
dans les emprunts faits à l'époque achéménide, perse à est au
contraire rendu en général par gr. â, et jamais par y; parce que
l'ionien et l'attique avaient à cette date réacquis la voyelle à.
Les noms de personnes à thèmes perses en -a- ou en -ah-
sont représentés par des noms du type ionien en -r<;, génitif -eoç
ou -£u), ainsi TaxaaTCY)? en regard de Vistàspa et 'IvTaçlpvYj;
en regard de Vi(ji)dafarnâ ; pour les thèmes en -à- au moins,
ceci ne saurait s'expliquer par le perse, où la voyelle finale du
nominatif singulier est un -a régulièrement bref; peut-être les
originaux de ces traitements grecs font-ils partie d'une forme
dialectale où le nominatif était en -à, comme celle dont le nomi-
natif ^r^âiAri^f à cité ci-dessus § /i5 fait entrevoir l'existence. Les
Grecs étaient plutôt en rapport avec des Iraniens du Nord
qu'avec des Perses parlant purement leur dialecte; dans les
mots comprenant 6r_, les Grecs ne reproduisent pas le ç perse
(v. § io5), mais rendent Or (ou même tr qui existait dialecta-
lement) par 6p, xp: Hérodote a MiipaSair;; et 'ApjxaiJLiô pr^ç (v.
W. Schulze, K. Z., XXXIII, p. iilx et suiv.); mais il n'a rien
qui rende le phonème simple ç du perse.
L'étude de la forme prise par les noms iraniens chez les Grecs
ne peut être faite que dans son ensemble, et elle aboutirait à
des conclusions plus ou moins précises sur la dialectologie ira-
nienne, non sur le vieux perse en particulier. D'ailleurs les
Grecs n'ont jamais eu souci de rendre bien correctement les
noms étrangers ; il y a loin par exemple de AâpsToç à la forme
perse Dârayavaus (qui, à en juger par le génïtiï Dàrayavahaus,
est à lire Dârayavahus) ; et l'on a peine à retrouver le Bardiya ou
Brdiya des inscriptions dans le S^jLspStç d'Hérodote. L'auraient-
ils voulu énergiquement, les Grecs auraient été très embarrassés
pour rendre exactement les noms perses ; car leur phonétique
ne s'y prêtait pas : ils n'avaient ni les spirantes f^ 6, x, ni les
chuintantes s et ^, ni la mi-occlusive c. Les Ioniens, par qui se
§ 50-521 LES NOMS PROPRES 28
sont faits les emprunts, n'avaient pas à'h ; et c'est pour cela
que le nom de l'Inde, hî(n)duS, est en grec 'IvSia, sans esprit
rude initial.
§ 5i. Quant aux noms iraniens, on ne peut jamais affirmer
qu'il s'agisse proprement de noms perses, même là où les
hommes désignés sont expressément qualifiés de Perses. Car
les noms propres s'empruntent souvent de dialecte à dialecte,
surtout en ce qui concerne les familles de l'aristocratie, les
seules dont on possède quelques noms. Le second élément du
nom du Perse Vi(n)dafarnà est un mot qui, en perse, est un em-
prunt gauchement adapté (cf. § ii). Si, comme il semble, le
nom du père de Darius, d'un Perse par excellence semble- t-il,
renferme le nom du « cheval », c'est sous la forme non perse
(v. § 10 et II 3) aspa-j et non sous la forme perse asa-, dans
Vistàspa ; on a aussi aspa- dans le nom d'un grand dignitaire
de Darius (mais dont on ne sait s'il était proprement un Perse),
Aspacanà Nr. d (él. as-ba-ia-na, bab. as-pa-[si-na]) et dans le
correspondant grec 'Aa7ra6(vy;ç d'Hérodote. De plus, on ne peut
tirer parti d'un nom propre que si l'étymologie en est évidente,
comme c'est le cas pour Aspacanà ; mais ce cas ne se présente
que pour une petite partie des quelques noms perses attestés.
Un nom perse comme celui à^ v^um'is , va(h)nmisa (v. § i3o)
renferme sans doute vahu- « bon » dans son premier terme;
mais qu'est-ce que -mica- ? Assurément pas *mitra- « contrat » ,
qui donnerait mica- en perse (v. § io5) et qui n'est pas attesté
dans le dialecte.
§ 52. Les noms de lieux ou de pays sont d'autant moins
utilisables pour l'étude du dialecte perse que les inscriptions
perses leur laissent souvent leur forme locale. Ceci est très
clair pour le nom de la Drangiane, dont les Perses avaient sans
doute une forme persisée que les Grecs postérieurs ont em-
pruntée et dont ils ont fait Apavyai, ApaY^tavr;, mais que des
inscriptions nomment Zara(n)ka ou Zra(n)ka, et Hérodote
26 INTRODUCTION [§ 52-55
Sap^YY^t, Arrien ZapaYY^'.- — La comparaison du nom deSparda
avec le nom grec correspondant SapBsi; suggère l'idée que la
forme ancienne aurait été*Siuard-j dont des Iraniens auraient fait
Sparda- ; et il résulterait de là que ces Iraniens ne sont pas des
Perses, ce qui n'a rien que de naturel ; mais il en résulterait
aussi que Sparda- n'enseigne rien sur le dialecte perse et que
le mot a été pris par les Perses à d'autres Iraniens parlant un
dialecte septentrional.
§ 53. On ne considérera donc ici que les noms communs
renfermés dans les inscriptions ; la considération des noms
propres ajouterait de nombreux éléments d'incertitude à l'ex-
posé sans y apporter un complément utile. Il est possible —
mais évidemment indémontrable — que le nom du Perse ^uxra
soit identique à l'adjectif qui est çukrah en sanskrit, suxrô
dans l'Avesta et surx en persan ; mais ce nom n'ajoute pas à
ce que l'on sait sur l'origine de ô, de u et de a: en perse ; on ne
gagne donc rien à en faire état.
§ 54. C'est pour ces raisons qu'on donnera ici uniquement
la grammaire des textes perses des inscriptions de Darius et de
Xerxès.
§ 55. Ces textes sont peu nombreux; ils sont monotones;
ce sont tous des inscriptions de caractère historique, avec quel-
ques brèves recommandations. Les auteurs n'ont eu occasion d'y
utiliser qu'une petite partie du vocabulaire et des formes gram-
maticales de la langue. On ne peut jamais rien conclure du
silence des documents, et il faut se borner à tirer les conclusions
qu'autorisent les faits attestés. Il serait vain par exemple de se
demander si le vieux perse avait des futurs, des désidéra tifs.
Ce qui fait que l'on comprend à peu près tout dans les textes
perses, c'est qu'il s'agit d'inscriptions solennelles, renfermant
presque uniquement des termes très généraux, le fonds com-
mun du vocabulaire de la langue. Si l'on était en présence de
textes techniques ou familiers, on comprendrait sans nul doute
§ 55-56] LIMITE DES CONNAISSANCES tl
beaucoup moins bien, et, dès qu'il s'agit de faits particuliers?
les obscurités apparaissent. Ainsi, dans la phrase citée § 23,
deux des quatre termes de l'énumération donnée sont inconnus,
et l'on ne peut faire sur leur valeur que des hypothèses ; de
l'expression u:(mayâ patiy akunavam «je l'ai fait », on
ne sait rien de précis, sinon qu'elle désigne un supplice, plu-
sieurs fois mentionné.
§ 56. De plus, si les textes sont interprétés d'une manière
en grande partie définitive — malgré un certain nombre d'ob-
scurités qui persistent — , on ne doit cependant pas oublier
qu'ils le sont seulement grâce à des comparaisons avec d'autres
dialectes indo-iraniens, et surtout avec l'autre texte de l'iranien
ancien, celui de l'Avesta (en tenant compte du sanskrit), d'une
part, et, d'autre part, avec les formes postérieures du même
dialecte, à savoir le pehlvi et le persan. Les faits linguistiques
ne prennent leur valeur que si l'on pense toujours à ces rap-
prochements.
Il ne faut pas juger par exemple de l'importance de ràdiy
« à cause de » dans la langue par le seul fait que Ton a quel-
quefois avahyaràdiy « à cause de ceci » sur les inscriptions ;
le grand rôle qu'a pris le représentant de ràdiy dans le déve-
loppement du pehlvi et du perse montre que cette unique
expression attestée ne donne pas une idée de l'étendue de l'usage
de ràdiy ; elle est précieuse en ce qu'elle indique la forme
ancienne, dont le mot postérieur rà', rà ne laisserait deviner ni
la forme ni le sens, et en ce qu'elle indique comment se plaçait
ce mot accessoire et avec quel cas il s'employait. On sait que le
slave a aussi radi, avec le même sens et employé de même ;
mais en iranien rÂjfy n'est pas attesté hors du petit groupe perse.
Les données fragmentaires du vieux perse ne prennent leur
sens et leur valeur que pour le linguiste qui les situe dans l'en-
semble de la langue grâce à des comparaisons. La position du
vieux perse est à cet égard semblable à celle du gotique ou
28 INTRODUCTION [§ 56-57
du vieux slave ; mais le nombre et surtout la variété des textes
qu'on possède sont moindres, et la part qui doit être faite à
la comparaison est par suite plus grande.
§ 67. Gomme les phonèmes se répètent souvent et sont en
nombre limité, les données suffisent à fournir un aperçu des
traits généraux du système phonétique. Sans doute beaucoup de
détails ne sont pas livrés ; mais tous les phonèmes importants
sont certainement connus, et aussi la façon dont on les utilisait.
Il suffit d'ailleurs, à bien des égards, de se reporter au pehlvi
et au persan pour confirmer et compléter ce qu'enseignent les
inscriptions. Si par exemple asa « cheval » et visa « tout »
paraissaient insuffisants pour établir que le perse répond par s
à skr. çv, zd sp (§ ii3), on trouvera pehlvi sak, persan sag
« chien », qui représente un ancien "^saka-, en face de skr.
çvan-, zd spàndm (ace. sg.), spaka- (adjectif), mède azaîta
(chez Hérodote). Les exemples, du reste nombreux, de v. p. d
répondant à skr. j, /?_, zd ;( (v. § 129) se laissent aisément aug-
menter encore à l'aide du pehlvi et du persan ; ainsi le nom du
« cœur », dont l'élément radical serait *drd-j n'est connu en
perse que par pehlvi, p. dil, en face de gâth. ^^rdd-, skr. hrd- ;
le thème verbal de zd hdrd:(aiti, skr. srjati « il lâche » n'est par
hasard pas attesté en vieux perse, et n'est connu que par p.
hilani (de *hrda-) ; etc. La phonétique est ainsi assez complé-
ment établie.
La grammaire au contraire est connue d'une manière toute
partielle ; toute une catégorie grammaticale n'est souvent attes-
tée que par une seule forme ; beaucoup de paradigmes restent
incomplets. La comparaison ne fournit pas toujours le moyen
de combler les lacunes : après l'époque ancienne dont les inscrip-
tions donnent encore une idée, la grammaire a évolué très vite ;
la déclinaison a entièrement disparu ; beaucoup des formes de
la conjugaison ont été éliminées, si bien que la comparaison
du pehlvi et du persan n'enseigne rien sur la plupart des
§ 57-58] MÉTHODE 29
formes grammaticales. Toutefois le pehlvi et le persan ajoutent
de nombreux thèmes verbaux anciens à ceux qui sont attestés
par hasard dans les textes vieux perses, et, si l'on voulait faire
une grammaire complète du perse tel qu'il était, et non pas
seulement tel qu'il apparaît dans les inscriptions conservées, il
faudrait évidemment tenir compte de thèmes tels que *hrda-
qu'on vient de citer ; mais tel n'est pasl'objet du présent ouvrage.
Il est frappant que, presque à tous égards, le vieux perse
présente déjà l'amorce des développements ultérieurs, comme
on l'a déjà noté. Pour ce qui subsiste du type grammatical
ancien, les faits perses attestés ne sont que des débris, et seule
la grammaire bien établie du sanskrit et, dans une moindre
mesure, de l'Avesta permet de situer ces fragments dans le plan
d'ensemble dont ils ont fait partie, comme seule la connais-
sance du développement ultérieur permet de donner un sens
aux faits qui n'entrent pas exactement dans le plan d'une gram-
maire de l'ancien indo-iranien. Il importera de se défendre tou-
jours contre l'idée que chaque reste attesté garantirait l'exi-
stence de toute une catégorie ancienne : on verra que la catégorie
du parfait personnel et celle de l'aoriste avaient à peu près dis-
paru de l'usage courant (§ 2o4 et suiv.) ; les formes perses
qu'on possède ne sont évidemment que des survivances pour ces
deux catégories ; mais il n'est pas toujours aisé de déterminer
en quelle mesure les formes isolées des textes prouvent ou non
la vitalité d'un type à l'époque achéménide.
§ 58. La méthode à employer consiste donc dans une étude
critique minutieuse des formes livrées par les textes, et en une
comparaison constante de ces formes avec celles de l'Avesta, du
sanskrit, du pehlvi et du persan. En lisant le présent ouvrage,
on ne devra jamais perdre de vue la grammaire comparée de
l'indo-iranieh d'une part, la grammaire historique du pehlvi et
du persan de l'autre. La présente grammaire descriptive est,
au fond, comparative.
30 INTRODUCTION [§ 59
§ 69. Un inconvénient grave, commun à toutes les langues
connues seulement par un très petit nombre de textes, consiste
en ce qu'il est impossible de faire la part exacte des fautes dues
aux scribes qui ont donné le modèle des inscriptions ou aux
graveurs. Cette part n'est certainement pas négligeable.
L'z de amaniy B. II, 28 est dû au fait que le graveur a été
entraîné à noter / devant y (cf. § i44) ; la bonne graphie est
amany, qui se lit amànaya, « il a attendu » B. II, 48 et 63.
Le 6 de vH^bis, qui apparaît trois fois Dar. Pers. d. i4, 22
et 24, a été attribué à une erreur d'un scribe qui a fourni le
modèle au graveur et qui, n'étant pas perse, n'aurait pas su
distinguer entre 5 et 6 et aurait fait une grosse faute d'ortho-
graphe ; il en est ainsi si l'on admet que le sens est « tout » et si
on lit vi^aibis ; mais d'autres lisent vMbis, et hadâ viMis bagai-
bis signifierait « avec les dieux de notre famille » ; la graphie
serait correcte ; par malheur, il se trouve que cette inscription
existe seulement en perse et que l'expression ne se rencontre
dans aucune autre inscription ; toute décision est donc impos-
sible.
Le avà de B. IV, 5i, au sens de « ainsi », ne peut être
qu'une faute due à l'omission du caractère de 6, et l'on ne
saurait guère hésiter à lire avaHà.
D'autres cas sont plus embarrassants : B. I, 28 apriyay,
apariyàya doit presque évidemment être corrigé en upariyàya,
d'après upany(àyam), B. IV, 64-65; la racine pà- « garder »
a partout à en indo-iranien, et, en vieux perse même, l'adjectif
radical en -ta- est de la forme pàta « gardé » Dar. Pers. 022;
dès lors on hésite à attribuer une valeur certaine à Va de pati-
paya(x)uvà « garde toi » B. IV, 38 (cf. § 194), bien que la
notation de Va intérieur soit constante ; il s'agirait d'une omis-
sion toute accidentelle, due soit au scribe qui a établi le modèle
de l'inscription, soit au graveur. Dans une langue dont on n'a
que de minces débris, il y a là une chance d'erreur qu'on ne
§ 59-611 MÉTHODE 3i
peut pas mesurer exactement, et qui oblige à se garder de toute
affirmation devant certains témoignages uniques.
Si IV de hrhanm B. II, 7^ est réellement sur la pierre (ce
qui est douteux, le mot étant en grande partie effacé sur le
roc), il faut évidemment y voir une faute et mettre un ;^ à la
place; on obtient ainsi 'h(J)^ànam « langue» (cf. p. :(uhàn) :
le mot est très intéressant, car il fournit un nouvel exemple de
l'omission de la notation de / après h (cf. § 182), un exemple
de traitement de prépalatale -f- "^ (cf. § 120), et :(v donnant :(b.
Il est probable que les ouvriers qui ont gravé les inscriptions
perses n'étaient pas perses, et qu'ils ne savaient guère le perse:
on a dû s'adresser à des hommes sachant graver des caractères
cunéiformes sur la pierre, et ce n'est pas en Perse qu'on avait
chance d'en trouver. Ainsi s'expliqueraient des fautes de carac-
tère mécanique comme amaniy au lieu de amany .
§ 60. Enfin il faut faire leur part aux difficultés d'interpré-
tation. On a cherché à ne faire état ici que des formes sûre-
ment interprétées, ou du moins à n'utiliser les formes que dans
la mesure où elles sont interprétées d'une manière certaine.
Mais, malgré l'exceptionnelle réussite de l'interprétation due
aux circonstances indiquées § 55, on ne doit jamais oublier que
cette interprétation repose sur un déchiffrement, que la tradi-
tion de la langue était perdue et que les savants modernes ont
dû tout expliquer par des rapprochements avec des dialectes
parente ou des formes postérieures du même idiome. D'autre
part, les faits dont on dispose pour établir chaque forme sont en
général peu nombreux, souvent rares ou uniques.
§ 61. L'objet de la présente grammaire est de décrire, à
l'aide des seuls faits clairs et sûrement authentiques fournis
par les inscriptions achéménides, un moment précis de l'évo-
lution de la langue, moment remarquable où finissait la période
ancienne et où s'annonçait la période moyenne, qui, pour le
perse, a commencé particulièrement tôt.
CHAPITRE PREMIER
SYSTÈME GRAPHIQUE
§ 62. La graphie du vieux perse comporte 36 signes ayant
une valeur phonétique, et un signe qui marque la séparation des
mots.
§ 63. Le signe de séparation des mots -< est celui dont la
valeur a été reconnue le plus tôt, par Tychsen, dès 1798. Le
principe du déchiffrement a été posé en 1802 par Grotefend,
qui a reconnu la valeur exacte de plusieurs caractères : Grot,
Rask et Saint-Martin ont apporté quelques déterminations nou-
velles en 1821 et i832 ; Lassen, en i836, a presque entièrement
achevé le déchiffrement, qui a été aussitôt perfectionné par
Burnouf, puis par Jacquet et par Béer en 1837, par Holtzmann
en 1845, par Hincks et Rawlinson en i8/i6 ; la dernière valeur
déterminée, celle du caractère exceptionnel qui note l, Ta été
par Oppert en i85r.
§ 6/i. On ne détermine la valeur des signes que par compa-
raison des formes du vieux perse avec d'autres formes iraniennes
dont la valeur est déjà connue, principalement avec celles de
l'Avesta, qui est à peu près au même stade du développement
de la langue, et avec celles du pehlvi et du persan, qui pré-
sentent le même parler sous une forme plus récente, ou même
avec celles du sanskrit qui appartient à un groupe dialectal autre,
mais assez voisin, et qui, étant exactement connu, fournit une
3
34 SYSTÈME GRAPHIQUE [§ 64-67
base précise aux rapprochements. Les déterminations ainsi
obtenues ne peuvent naturellement être qu'approximatives.
§ 65. Le système graphique est d'ailleurs ambigu : les signes
à valeur consonantique indiquent tantôt l'ensemble d'une con-
sonne et de la voyelle suivante, et tantôt la consonne seulement.
Le plus souvent, c'est l'étymologie seule qui permet de les
interpréter, et l'on n'est fixé sur la lecture d'un mot que quand
on en connaît les correspondants en sanskrit, dans l'Avesta ou
en persan.
§ 66. La graphie ne distingue que trois timbres vocahques :
a, i et u, à savoir, à l'état isolé :
Ces trois signes servent également à noter les brèves et les
longues, bien que, comme on le sait par le pehlvi et le persan,
la langue ait distingué précisément les longues et les brèves. On
verra du reste, § 89, comment la distinction de ^ et â est notée
en vieux perse en certains cas. — La question se pose de savoir
si a ne doit pas être lu parfois ah, aha ; mais on n'a pas le moyen
de la résoudre (v. § i33 et i34).
§ 67. Le signe consonantique vaut souvent consonne suivie
de a, par exemple pa ; alors les voyelles i et u doivent être
notées expressément par le signe de la voyelle : p vaut pa, et
p~\-i, p-\-u valent pi, pu. Certaines consonnes ont des signes
distincts devant a, i, et u ; alors le signe de a n'est pas écrit en
général, tandis que celui de i Test souvent et celui de u presque
toujours ; ainsi îrf vaut ma, m' et m' -\- i valent m, rrf H- u vaut
mu. D'autres consonnes ont un signe devant a et i et un autre
devant u, ou un signe devant a et u, et un autre devant i ; il
n'y a pas de cas où une consonne ait un signe devant a, et un
autre, différent, devant i et u. Autrement dit, le signe qui vaut
§ 67-72] CONSONNES 35
consonne -\- a peut servir en certains cas devant i ou devant
u, mais l'inverse n'est pas vrai ; il n'y a pas de signe com-
mun, employé devant i et «_, qui, employé seul, ne puisse
signifier consonne plus a et qui, le cas échéant, ne se trouve
pas aussi devant a pour noter consonne -\~à.
§ 68. Les gutturales k et g ont des signes différents devant
a et devant u :
k" Tr k- <f
Des signes pour k et g devant / seraient inutiles, parce que,
devant i, on a, au lieu de k et g^ les formes alternantes ^ et j
(v. § 126 et 127).
§ 69. La semi-occlusive ^ a un seul signe y^»— qui sert à la
fois devant a et devant /. Quant à j ou ;( (v. § 127), on a deux
signes :
Des signes pour ^" et j" sont inutiles, parce que ^ et j ne
s'emploient en principe que devant a et /.
§ 70. Des dentales, la sonore d a trois formes :
d' ÏÏ d' ^11 d" <^|
La sourde t a une forme devant a et i, et une autre devant u :
'"•' tltT «" HT-
Donc, t"'' vaut ta, et t"'' -\-i vaut //.
§ 71. Les occlusives labiales p et h n'ont chacune qu'un
signe :
Donc p vaut pa, et p-\-i, pi, ei p-\-u, pu.
§ 72. La nasale n a, comme t, deux signes:
La nasale m a trois signes :
36 SYSTÈME GRAPHIQUE [§ 73-76
§ 73. Pour r, on a un signe devant a et i, et un devant u:
Le phonème / ^^1( ne se trouve que dans deux noms pro-
pres étrangers, tous deux B. III, 79.
Le groupe yi ne se rencontre pas ; reste y devant a et u^ avec
la forme |^^.
Le groupe vti n'existe pas non plus ; on distingue :
§ 74. Pour les spirantes, on ne connaît en général qu'un
signe :
/• K^ CA ®^/^ ^® ^® rencontrent pas, et l'on ignore si /aurait
des signes spéciaux devant i et u).
6 : l^y, devant a, i et u.
ç (qu'on transcrit souvent par ôr ou 6'' ; il s'agit d'une sifflante,
distincte de 8 et de Sj v. § io5 et suiv.): ^ ; on n'a pas
d'exemple devant u.
s n'a qu'une forme devant a, i^u: y^; de même :( : f^*^!;
de même aussi s: ^^.
La spirante gutturale x, notée ^^| y , n'est attestée que devant
a. Elle n'existait pas devant i\ à en juger par l'Avesta, elle
devait alors être remplacée par s ; devant u, le x n'est pas plus
noté que le h (cf. § 75).
§ 75. L'aspiration h se trouve devant a (et une fois devant
z) notée : ^ZI^.
On ne trouve ni /? ni jc devant u ; c'est que à lui seul, le signe
de u suffit à indiquer hu et xu comme on le voit par nombre
d'exemples ; c'est aussi le signe de 11 qui note ux dans tauxmâ-,
écrit tuma- simplement.
En général h est aussi évité devant i ; cf. § 182 . Enfin il est
possible que dans h -\- consonne, h n'ait pas été notée, quoique
prononcée (§ i33 et i3/i).
§ 76. Certaines inscriptions présentent des idéogrammes :
»
§ 76-78] DÉFAUTS DU SYSTÈME 37
^^y^ xsâya^iya- « roi » (le seul idéogramme qu'on rencontre
dans certaines inscriptions de Darius, à Suse et à Suez)
Et, après Darius :
\m
lii}) dahyu- « province ».
^^^ humi- « terre » .
^X^]{ aQ))urama:(diï- (nom du dieu).
§ 77. Les noms de nombre sont exprimés par des sortes de
chiffres. On possède les suivants :
T I' } 2, ]]] 7, j;;y 8, {Yrrf 9, < lo, <f 12,
<|| i3, i 20, \\] 23.
qui donnent une idée complète du système très simple employé.
§ 78. Pour autant qu'il s'agit de syllabes ouvertes, compo-
sées de consonne plus voyelle, ce système graphique est clair, et
son seul défaut grave est de ne pas permettre une notation des
brèves et des longues. On distingue à Qi â après consonne par
l'artifice suivant : a n'est pas indiqué, et le signe de la con-
sonne, de type a, suffit presque toujours à indiquer la voyelle a ;
pour à au contraire, le signe de a figure toujours après la con-
sonne. Mais, à l'initiale des mots, ^ et â ne sont pas discerna-
bles, puisque la voyelle a est nécessairement notée, même si
elle est brève. Même à l'intérieur du mot, î et ï, û Qi û ne
sont jamais distingués ; on notera seulement que le signe de i
manque assez souvent pour l près des consonnes propres à la
voyelle / ; jamais pour î.
Voici quelques exemples ; dans les transcriptions, le signe
de la consonne est indiqué seul, sauf au cas où il s'agit des
consonnes employées spécialement devant i ou devant u, au-
quel cas on notera la voyelle au-dessus de la ligne : d', d" ;
. aur- = zd ahura-
aptr-^^ skr . apatara-
av]t-=-zà. avajata-, s\v. avahata-
38 SYSTÈME GRAPHIQUE [§ 78-80
jHv- = skT. jîva-
dat- = zd dàta-
dary-=^skr. dhâraya-, zd dàraya-.
d"ur- = skT. dûra-
v'Bi- et vHbi- = skr. viçi- (locatif).
§ 79. Les ambiguïtés commencent là où il y a lieu de noter
des syllabes fermées.
§ 80. Le vieux perse avait des diphtongues. Quand la con-
sonne admet pour consonne -f- / ou consonne -}- u une forme
distincte de celle de consonne -f- a, la diphtongue se trouve notée
expressément : si en effet on a mH, nfu, il s'agit de mi, mu ;
mais si l'on a m"/, w% il s'agit de mai, mau. Ainsi t'huma se
lit sûrement taumà, et m'^iy se lit sûrement fnaiy. Mais c'est
seulement la comparaison avec l'Avesta et le sanskrit qui avertit
qu'il faut lire taiy, en regard de skr. te, zd të, et non tiy ; car
la graphie t^'Hy admet les deux lectures. En effet, là où il n'y a
pas de signe spécial pour consonne -\-i ou consonne -{-u,
l'ambiguïté est inévitable ; on peut distinguer r^u, ru de r^u,
rau ; mais on ne saurait distinguer ri de rai parce que, dans lès
deux cas, on a r'^'H ; un mot comme arik admet donc les deux
lectures arika- et araika-, et, seules, des considérations étymo-
logiques permettent de décider éventuellement entre les deux.
Le nom de la ville de Babylone, noté (au nominatif) babir"u^,
est lu d'ordinaire bâbirus ; mais la forme pâlie baver u-, qui a
sans doute été empruntée à l'époque achéménide, donne plutôt
lieu de supposer qu'il faudrait lire bàbairus, comme on le fera
partout dans le présent ouvrage ; on n'a aucun moyen de tran-
cher la question ; le fait que i est omis une fois dans le locatif
babruv Bh. i. 11 n'enseigne rien; il s'agit de l'omission
fortuite d'un caractère par le graveur, et l'on peut lire ici aussi
bàbairauv.
En pareil cas, la diphtongue a parfois été notée par le signe de
a inséré entre la consonne et la voyelle ; ainsi le génitif du nom
§ 80-81 J DÉFAUTS DU SYSTÈME 39
propre ca(h)ispis est noté ci^pis ou ciÈpais ; il s'agit évidem-
ment de la même forme, et il ne faut pas lire -âis dans le second
cas, comme on l'a fait souvent ; il s'agit de la diphtongue -aiS
expressément indiquée au moyen de la mater lectionis a, parce
que p a une seule forme devant toutes les voyelles ; jamais on
ne trouve la notation -aiÈ dans les génitifs de ce genre si la con-
sonne précédente a des formes distinctes devant a et devant i
et si, par suite, la diphtongue reçoit une notation (cf. § 3i8).
Le flottement, très peu étendu, de la graphie se limite à quel-
ques cas où la notation faisait une difficulté réelle.
§ 8i . Il y avait aussi des groupes de consonnes, -st-, -^d- ; on
n'a pas eu d'autre ressource alors que de noter s, :( suivis de la
consonne, soit st, zd ; mais, étant donné le principe de la gra-
phie, des séries telles que ast, az^d admettent les deux lec-
tures : asata et asta, a^ada et a:(da. Si on lit astiy = skr. asti,
zd asti, ou a^dà = gâth. a^dà, skr. addhà, c'est seulement parce
que l'étymologie indique ces lectures. Dans tous les cas où l'on
peut ainsi supposer des groupes de consonnes, la première con-
sonne du groupe est notée par le signe qui sert devant a, jamais
par le signe qui sert devant / ou u. Il y aura lieu d'examiner
(§1^1 et suiv.) en quelle mesure le vieux perse admettait des
groupes de consonnes dans la prononciation, et l'on ne pourra
faire sur ce point que des hypothèses.
La première consonne de certains groupes n'est purement et
simplement pas notée ; un groupe tel que anta par exemple est
écrit a/. Il s'agit d'une simple insuffisance de l'écriture; car la
nasale d'un nom propre tel que kbujiy est établie par tous les
équivalents: bah. ka-am-hu-zj-ya, él. kan-hu-si-ya, gr. KajjiSÙŒrjç,
et la nasale de bdk « serviteur » se prononce aujourd'hui encore
dans persan banda. Dans les cas de ce genre, on notera ici la
nasale entre parenthèses dans la transcription complète, soit
ba(n)daka, ka(n)bujiya, etc. Cette absence de notation des nasales
seconds éléments de diphtongues cause beaucoup d'ambiguïtés.
40 SYSTÈME GRAPHIQUE [§ 82-85
§ 82 . A la fin des mots, l'ancien iranien avait souvent des con-
sonnes non suivies de voyelles, à en juger par l'Avesta ; en pareil
cas, le vieux perse note des consonnes, au moins en ce qui
concerne m, ^ et r ; la forme dont on se sert est celle qui est
employée devant a, jamais celle qui est employée devant i on u.
On aura donc à l'accusatif masculin imm = skr. imam, féminin
imam = skr. imâm, ou encore atr = zd antard, skr. antar.
Ici encore on ne peut recourir qu'à des considérations étymo-
logiques pour savoir s'il faut lire imam, imàm, antar ou imama,
imàma, antar a. Là où l'étymologie fait défaut, la lecture est
incertaine ; ainsi on rencontre trois fois hca avds « de là » ;
comme on ignore l'étymologie de l'élément s, on ne sait pas
s'il faut lire hacâ avadasa ou hacâ avadas ; les deux lectures sont
possibles.
§ 83 . La distinction de ra (ou ar) et de f, sûrement existante
dans la langue (v. § 98), n'est pas notée.
§ 84- Gomme on le voit par ces indications, les transcriptions
diverses au moyen desquelles on cite le vieux perse comportent
une large mesure d'interprétation ; les ambiguïtés n'avaient
aucun inconvénient pour les lecteurs perses éventuels, mais elles
en ont un très grave pour les linguistes modernes. Pour obvier
à cet inconvénient, on donne ici deux transcriptions de chaque
forme, l'une littérale et l'autre interprétée. Et devant une forme
perse interprétée, comme le sont toutes les formes perses citées
dans les livres de linguistique, on doit toujours se demander
ce qui est noté en fait.
§ 85. Les éléments de la graphie perse sont évidemment
empruntés à l'écriture babylonienne : y, y, ^, ^, disposés soit
horizontalement, soit perpendiculairement à la ligne suivie par
l'écriture. Mais, au lieu des centaines de signes et des nombreux
idéogrammes babyloniens, on ne trouve en perse que 36 carac-
tères distincts, chacun ayant une seule valeur, au moins en
principe — , et quelques rares idéogrammes, peu employés pour
§ 8o] DÉFAUTS DU SYSTÈME 4i
la plupart. La graphie de l'élamite des inscriptions achéménides
est aussi d'un type simplifié, mais dans une proportion moindre,
et l'on y compte encore plus de cent caractères. Le système
de l'écriture cunéiforme a donc été très simplifié, évidemment
par des hommes qui connaissaient la graphie araméenne :
devant la graphie perse, on a l'impression d'une graphie ara-
méenne faite avec des signes cunéiformes ; il y a seulement un
peu plus de caractères en perse qu'en araméen, parce que les
cunéiformes fournissaient des ressources illimitées. On ignore
comment et par qui le système cunéiforme a été ainsi adapté
à la notation du vieux perse.
CHAPITRE II
SYSTÈME PHONÉTIQUE
§ 86. Pour interpréter phonétiquement la graphie du vieux
perse, on ne dispose presque d'aucune ressource. Les noms
propres perses se retrouvent dans les textes élamite et babylo-
nien ; mais c'est précisément par le perse qu'on interprète la
valeur des signes élamites, et la valeur phonétique des signes
babyloniens n'est pas plus précisément connue que celle des
signes perses. Quant aux notations des Grecs, elles comportent
une forte part d'adaptation; d'ailleurs les premiers Iraniens avec
lesquels les Grecs sont entrés en contact n'étaient pas des Perses,
et Ton ne peut déterminer en quelle mesure les mots livrés
par les Grecs reproduisent du perse ou d'autres dialectes ira-
niens. Ce que fournissent les équivalences avec les formes livrées
par des langues étrangères ajoute peu à ce qu'indique la compa-
raison avec l'Avesta, d'une part, avec le pehlvi et le persan, de
l'autre. On connaît en gros la valeur des signes ; mais il serait
vain de chercher des précisions dans la plupart des cas.
Voyelles.
§ 87. La graphie indique seulement trois timbres vocaliques :
a, i, Uj et ceci concorde avec ce qu'enseigne la grammaire com-
parée de l'iranien : l'indo-iranien et l'iranien commun n'offrent
§ 87-88] VOYELLES 43
en effet que ces trois timbres fondamentaux : toutes les nuances
vocaliques intermédiaires qu'on observe dans les divers parlers
iraniens proviennent de l'action des phonèmes voisins sur a, i,
u, ou de l'aspect particulier que ces voyelles prennent suivant
la position dans le mot et dans la phrase. La graphie du vieux
perse, dans sa simplicité, rend donc bien à cet égard le principe
fondamental du vocalisme de la langue.
a
§ 88. Comme dans tous les parlers indo-iraniens, la voyelle à
est la plus fréquente de toutes ; beaucoup de mots n'en ont pas
d'autre, ainsi ter m, tacaram «palais» (p. ta:(ar). Elle répond
à Va iranien commun, quelle que soit l'origine de cet a: i.-e.
e, 0, a, 1}, ip, ou voyelle développée devant r, n, m, etc., ainsi
ahrm « je portais », cf. skr. abharam.
La prononciation comportait sans doute des nuances, et il
est permis de penser que déjà se dessinaient l'altération dans le
sens de e devant une syllabe comprenant i ou y, l'altération dans
le sens de o devant une syllabe comprenant u ou w. Le nom
Vhyi^dat, Vahya:(dàta, est noté él. mi-is-da-ad-da, bab. u-mi-
i:{-da-a-tû. Le nom de hxamnis, haxâmaniSj est rendu en grec
par 'A;(ai[jL£VY3ç » ^'^ ^^^ intéressant, mais les Grecs ont pu penser
à leurs noms en -;ji.£vy3ç. — Devant un^' immédiatement suivant, le
a se prononçait sans doute aussi avec un timbre tendant vers e ;
xsyarsa, xsayârsà, est noté bab. hi-si-ar-sUj él. ik-se-ir-is-sa,
gr. Sép^Yjç. Le nom daryvus , dàrayava(h)us, est bab. da-ri-
ya-mus, él. da-rï-ya-ma- u-U , gr. AapsT^ç (avec une forte réduc-
tion de la fin, parce que zf et h n'existaient pas en ionien d'Asie).
On entrevoit donc une altération de a dans le sens de e en cer-
taines conditions.
On serait tenté de voir dans le ai grec qui rend parfois Va
perse une première trace de la tendance de Va vers ^ ; on a
ainsi: ionien e^atôpaïususiv, cf. v. p. xsaçapâvâ a satrape » et le
44 SYSTÈME PHONÉTIQUE [§ 88-89
nom propre TpiTavTaiyjjLYj;, cf. v. p. ciça(n)taxma ; mais ces
diphtongues se trouvent toutes deux devant une spirante que le
grec ne savait pas noter ; et d'autre part, c'est un à que rend
le oLi grec de ^ Kyy.\.\ki^r^q, cf. v. p. haxàmanis ; on s'abstiendra
donc de tirer aucune conclusion de ces correspondances.
à
§ 89. Sauf les cas exceptionnels où le signe à^ a est une
mater lectionis destinée à indiquer une diphtongue (§ 80), on est
devant un à {a long) toutes les fois que la voyelle a est expres-
sément notée après une consonne, et le signe de a ne manque
jamais en ces conditions dans les cas où la grammaire comparée
de riranien le fait attendre. Voici des exemples où à est ainsi
sûrement attesté :
kam, kàma « désir », cf. zd kàmô,
nam, nàma « nom », cf. p. wâm, zd nâma, skr. nâma.
brata, ¥ràtà «frère», cf. p. hiràdar, làhrâta, skr. hhràtà.
asharihis , asabâraihis (instr. plur.) « par les cavaliers »,
cf. p . suvâr « cavalier » .
dadâfv, dadâtuv (impér.) « qu'il donne », zd dadàtu, skr.
dadàtu.
datm, dâtam « loi », zd dàt^m, p. dâd.
padHy , pàdiy « protège », cf. skr. pâti, zd pàiti, pehlv
pâtan.
frmana, f^ramànà « commandement », cf. ip. farmân et
skr. pramânam.
hayim, hàjim (ace.) « tribut », cf. p. M:(.
L'^ perse est rendu en grec par a tout comme Va, ainsi dans
Aapsïoç, 'OxâvY;?. Si l'on a ionien yj, issu de à, dans M-^Boç, cf. v. p.
màda, c'est que ce nom a été connu très anciennement, quand
â était en train de devenir yj en ionien ; le mot Pàrsa a dû être
connu dès cette même date ; et Va devenu y; s'est changé en s
devant pi dans ïlépariq.
§ 89-91] VOYELLES 45
En quelques cas, un â provient d'une contraction à la ren-
contre de deux mots étroitement unis par le sens :
â-\-à dans le groupe de pasà « après » (cf. skr. paçca) et
ava « ceci » : psav, pasàva « ensuite ».
à-\-â, dans : ava (préverbe) -j- astàyam (forme à augment
de la racine stâ-), soit avastaym, avâstâyam « j'ai établi », en
regdiTà de niystaym, niyastâyam « j'ai décidé ».
§ 90. A l'initiale des mots, la graphie ne permet pas de dis-
tinguer entre à et à, ainsi dans le mot api-, c'est-à-dire sans
doute âpl-, dans apisim prabr , apisim paràhara « l'eau l'a
enlevé », où Ton admet un à initial d'après p. àb,ïà àp-, etc.,
ou dans le prétérit ah^ aha « il était » , où un ^ est indiqué par la
comparaison de zd ânha, skr. àsa. Pour éviter des confusions,
on ne notera pas à dans les transcriptions à l'initiale des mots.
On va voir du reste que i et /î ne sont pas distingués graphi-
quement de ï Qi û'y il ne semble donc pas que les auteurs de
l'alphabet perse aient jamais visé à noter les différences de quan-
tité par elles-mêmes pas plus que les nuances fines des timbres
vocaliques. La graphie ne marque que les moments caractéris-
tiques et extrêmes de l'articulation ; on a été ainsi amené à noter
en perse à, qui est la plus longue des voyelles et qui attire très
fortement l'attention ; il est possible aussi que à était déjà nette-
ment différencié de â par le timbre ; on sait qu'en persan à a
évolué vers e et à vers ô. Mais le système graphique du vieux
perse ne comporte pas de distinction des voyelles longues et des
voyelles brèves.
i
§ 91. La voyelle i est en principe notée par le signe qui lui
est propre, ou au moins par le signe consonantique spécial
aux syllabes dont la voyelle est i (y. § 67). Il n'est fait aucune
distinction graphique entre î et î, et seule la comparaison per-
met de supposer qu'on est en présence soit de ï soit de î. On a
par exemple î dans :
46 SYSTÈME PHONÉTIQUE [§ 91-92
ida, idà « ici », cf. zd i^a, skr. iha.
pi ta, pitâ « père », cf. zd pit a, skr. pità, p. pidar.
Il s'agit de î dans :
]Hv, jiva « vivante », cf. skr. jïvà, et dans yiva, jivà
« puisses-tu vivre », cf. \éd. jîvâh.
dHdHy , didiy « vois », cf. p. dîdan « voir ».
On écrira ici toujours / dans la transcription, qu'il s'agisse
de i ou de î.
Les cas où la voyelle i n'est pas écrite expressément sont peu
nombreux. Pour vi, on a à Behistun :
î;'ô-, vi^- B., mais z/'VO- Pers., NR. « famille princière », cf.
skr. viç-.
v'stasp, vistàspa (nom propre du père de Darius), B., mais
v'istasp Pers., NR., Sus., Elv., etc. On a él. mi-is-da-as-ba,
bab. us-ta-as-pa^ gr. 'TcxaaTUY;?.
Le nom emprunté du dieu non perse Mi^ra- est écrit m'^r ,
rn'tr dans les inscriptions d'Artaxerxès, où il figure pour la
première fois.
L'/ de tous ces mots est un i bref.
A Behistun, on lit tantôt arm'iniyiy et tantôt arm'niyiy
pour arminiyaiy « en Arménie » (loc. sg.), tandis que armHn ,
armina « Arménie » et armHniy, arminiya « Arménien »
(nom. sg.) ont toujours 1'/ noté; il s'agit sans doute d'une
simple tentative pour alléger un peu une graphie très volu-
mineuse ; mais il faut tenir compte aussi de ce que, dans une
forme aussi longue que le locatif de Arminiya-^ Vï intérieur
devait être très bref.
Sur l'absence de notation de i après h en certains cas, v.
§ 1^2.
u
§ 92. La voyelle u est constamment notée. Il s'agit d'une
brève dans des exemples comme :
puç, puça « fils », cf. p. pus, zd pu^rô, skr. putrah.
§ 92-93] VOYELLES 47
u^ky (Jo)uska « sec », p. xusk, zd huskô, skr. çu^kah.
Il s'agit de û par exemple dans :
d"uriy, duraiy « au loin », cf. p. dur, zd dure, skr. dure.
humim, bumim (ace.) « terre », cf. p. bûm, zd bûmi, skr.
bhûmî.
Sur Vu de la première syllabe du thème kunau-, v. § 94.
On ne marquera ici aucune distinction de quantité dans les
transcriptions.
Le nom de utan, utâna, est rendu en grec par 'OxavYjç, avec
0, et non u ; mais ceci tient sans doute à ce que Tu ionien d'Asie
se prononçait déjà comme u français.
Uu, certainement long, du génitif pluriel parûnàm « des
nombreux » est noté d'ordinaire u dans pr'^unam plusieurs
fois attesté ; mais, par une exception unique et inexpliquée,
on lit uv, soit pr"uvnam dans la formule NR. a. 6 et suiv.
aivm pr^uvnam xsay^iym aivm pr"uvnam frmatarm,
aivam parunàm xsâya^iyam aivam parunâm f'^ramàtàram « seul
roi de beaucoup [d'hommes], seul chef de beaucoup [d'hom-
mes] » ; cette formule est reproduite avec la même orthographe
dans une inscription d'Artaxerxès (en quatre exemplaires).
Cette graphie uv de û rappelle celle de -u final (v. § i53) ; il
n'y en a pas d'autre exemple à l'intérieur du mot, et le génitif
pluriel de Jfl^y^wi « province » est écnt dhyuna m, dahyunàm,
comme on Tattend.
r
§ 98. La graphie ne permet de distinguer en aucun cas
entre ra ou ar et f. Mais on sait par le traitement persan, ir
ou ur suivant la consonne qui précède, que le vieux perse dis-
tinguait nettement r de ra et de ar.
On a sûrement affaire à r dans les exemples suivants, et
alors il n'y a. pas lieu de mettre dans la transcription un a qui
n'a jamais existé :
prsa, prsà « interroge » et aprsm, aprsam « j'interrogeais »,
48 SYSTÈME PHONÉTIQUE [§ 93
cf. p. pursam « j'interroge », zd pdrdsaiti, skr. prcchati « il
interroge ».
vrkan, vrkàna, cf. p. Gurgân ; le nom de cette province
est él. mi-ir-ha-nu-ya-ip et gr. Tp^avia ; le ir élamite et le up-
grec confirment la lecture vf-.
v:(rk, va^rka « fort », cf. p. bu^urg.
On peut tenir pour certains les exemples suivants, bien qu'on
n'ait pas la forme persane :
krt, krta « fait », cf. zd hrdta-, skr. krta-.
trstiy, trsatiy « il a peur », cf. zd Pr^saiti (cf. § 198) ; tou-
tefois on pourrait lire tarsatiy, d'après le p. tarsam, malgré
skr. trasati.
adrsnus , adrsnaus « il osait », cf. skr. dhi^iioti,
agrbaym, agrbàyam « je saisissais », et agrbit, agrbita
(c'est-à-dire âgrbîtd) « saisi », cf. skr. grbhàyati, zd g^urvayeiti ;
la racine iranienne est grab-, comme on le voit par skr. agra-
bham « j'ai saisi », etc.
uvamrsiyus , (x)uvâmrsiyus « mort de sa propre mort », com-
posé dont le second terme est un mot répondant à zd mdrd^yus,
skr. mrtyuh.
La lecture est parfois incertaine, et seule la graphie des
formes d'autres textes donne une indication ; ainsi pour le nom
propre perse dadrsis qui doit sans doute être lu dâdrsis, à en
juger par él. da-tur-si-is (mais aussi da-tar-si-is , B. III, § 38),
et pour le génitif baigrcis de nom de mois qui serait à lire
^àigrcais d'après él. sa-a-kur-ri-si-is . Le nom écrit brdHy en
perse est rendu en élamite par bir-ti-ya, et en grec par SfjLépStç
chez Hérodote, mais par MapBiç chez Eschyle. Au contraire
frvrtis doit plutôt être lu /""ravartis, d'après él. pir-ru-mar-
ti-is, cf. gr. $paopTY)ç.
Quand r figure au commencement du mot, on trouve devant r
le signe de a ; mais le persan avertit qu'il ne faut pas lire ar
pour cela ; le signe de Va a ici — et sans doute partout — la
§ 93-94] VOYELLES 49
valeur de l'alef sémitique; il indique Pattaque vocalique, et
non proprement la voyelle a. Les exemples sont :
arstam, qu'on lira Vi/^m (ace. sg.) «rectitude», cf. skr.
YJuh, zd drd^us « droit ».
ar^ti^ « lance », qu'on lira ''rstis, cf. p. xist, et zd arsti^,
skr. f^tih ; le composé signifiant a porte-lance » NR. c. 2 est
écrit srstihr (avec un s indistinct au début); le graveur s'est
embrouillé; son modèle avait sans doute arstibr (cf. § 125^/5).
Il faut de plus tenir compte des noms propres : arsam,
'rsàma, à cause de él. ir-sa-ma (grand-père de Darius) ; art-
vrdHy, 'rtavardiya (Perse), él. ir-du-mar-ti-ya ; cf. peut-être
artxsça, 'rtaxsaçàQ), él. ir-tak-sa-as-sa (cf. Hûbschmann,
K. Z., XXXVI, i65 et suiv.).
Le traitement de r en persan étant ir après dentale ou guttu-
rale et ur après labiale, le timbre de l'élément vocalique très
bref qui figurait avant r devait être très peu distinct en vieux
perse. En tout cas, si l'on attache une importance aux transcrip-
tions élamites, c'était une voyelle plus fermée que a et qui,
chose singulière, est notée i après m (représentant le v perse)
dans le correspondant de vrkâna et u après t (représentant le d
perse) dans le correspondant de dàdrsis. Les exemples vrkàna,
krta, adrsnaus, agrbàyam, (x)uvâmrsiyuSj dâdrsis indiquent que
le signe consonantique employé devant r voyelle est le même
que celui employé devant a, et non celui employé devant u ou
devant i. Dans les anciens emprunts de l'arménien (faits à un
dialecte iranien du Nord-Ouest, et non au perse), on a er après
gutturale ou dentale : kerp « forme » , mais ar après labiale :
vard « rose ».
§ 94. Dms les formes personnelles du verbe kar-, on a au
présent k'^unutiy, kunautiy « il fait », dans de nombreuses
formes, souvent attestées, cf. p. kunam, et à l'aoriste ak^uma,
akumâ « nous avons fait » ; cf. zd ht^naoiti, skr. krnoti et
akran, akrta ; ce traitement de r, qui ne se retrouve pas dans
4
50 SYSTÈME PHONÉTIQUE [§ 94-96
Tadjectif verbal krt, krta « fait », est particulier à ce verbe ; il
tient à ce que les formes personnelles de kar- servaient déjà
d'auxiliaire en vieux perse et subissaient en conséquence un trai-
tement abrégé de mots accessoires (sur cet emploi, cf. notam-
ment § 2i5 et § 36) ; kunautiy est en perse un auxiliaire autant
et plus que faire en français.
Diphtongues.
§ 95. 11 y a des diphtongues ai et au, chacune compor-
tant en outre une forme à premier élément long ai, au. On peut
aussi considérer an, am, ar devant consonne comme des diph-
tongues ; ces groupes n'appellent pas d'observation particu-
lière ; la nasale des diphtongues an, am n'est pas notée en vieux
perse (§ 81), et ar n'est pas distinguable graphiquement de r
voyelle (§ 98). On n'examinera donc ici que ai et au.
ai, ai.
§ 96. Voici quelques exemples attestés par des graphies non
ambiguës (cf. § 80).
A l'initiale du mot, où i est indiqué par la voyelle i simple-
ment, a H- z note clairement une diphtongue :
ait, aita « ceci », cf. skr. état, zd aëtat.
aiv, aiva « seul, un », cf. zd aèvô, hom. ol{F)oq\ pehlvi êv.
aitiy, aitiy « il va », cf. zd aèiti, skr. eti.
Par hasard, aucun au- initial n'est attesté.
Les consonnes qui ont des formes distinctes devant a et
devant / sont j, d, m et î; ; on a donc des diphtongues à coup
sûr dans :
miy , maiy « à moi », cf. zd mè, moi et skr. me', et ceci
garantit qu'il y a aussi des diphtongues dans les formes paral-
lèles : tiy , taiy « à toi », cf. skr. te, zd tè, toi et siy, saiy « à
lui », cf. zd hê, hôi et se, soi.
§ 96-97] DIPHTONGUES 51
vinahy, vainàh(t)y « que tu voies », cf. zd vaênaiti, p. blnam
et skr. venati « il voit » .
duvi^[t]m, duvais[ta]m « longtemps (?) ».
La consonne g ne se trouvant pas devant i, il faut lire ai
dans :
gi^a, gaiM « bien, propriété » ; cf. du reste p. gêhân
« monde », zd gaê^a « vie, monde ».
C'est seulement sur des raisons étymologiques que repose
la lecture d'une diphtongue dans :
niba, naibà « belle », cf. p. nêv.
niy, naiy « non, ne pas », cf. zd nôit.
hina, hainâ « armée ennemie », cf. pehlvi hèn, zd haèna,
skr. senà.
Dans le nom de mois ad^uknis , on lira adukanaisa d'après
él. ha-du-kan-na-is .
Le nom propre hahir^us de la ville de Babylone sera lu ici
hàhairiis d'après la forme pâlie bâveru- qui doit venir de l'ira-
nien. Mais la lecture babirus est tout aussi possible en elle-
même (cf. § 80).
§ 97. La diphtongue longue ai est sûre au moins dans :
uvaipsiym, (x)uvâipasiyam « sien propre », B. I, 47, en
regard de zd xvaêpai^im, pers. x^ês.
Car la notation de a après v"^ suppose la volonté d'indiquer
une longue dans ai. On n'hésitera pas non plus à lire ai dans :
fraisym, fyàisayam «j'ai envoyé », juxtaposition du pré verbe
fra- et d'une forme à augment d'une racine is-, qui à l'état isolé
serait aussi *ài^ayam.
ais, âis « il est allé », forme à augment de la racine /- ; la
3* personne du pluriel atiyai^, atiyàisa « ils sont allés au
delà » a du reste clairement la notation de ai au pluriel du
même prétérit.
Il est plus risqué d'affirmer l'existence de ai dans :
^aigrcis , ^aigrcais, génitif d'un nom de mois, où Va exprès-
52 SYSTÈME PHONÉTIQUE [§ 97-98
sèment marqué de la première syllabe pourrait à la rigueur
passer pour une mater lectionis (cf. § 80) ; la transcription
élamite sa-a-kur-ri-si-is , avec son aa, indique plutôt ai que ai ;
cf. du reste pour la longue § 298.
au, au.
§ 98. Les consonnes qui ont un signe particulier devant u
sont k, g, t, d, n, m, r, et par suite il y a sûrement des diph-
tongues (cf. § 80) dans :
liuj y kaufa « montagne », cf. p. kôh, zd kaofô.
k'^unutiy, kunautiy « il fait », cf. zd hrdnaoiti, skr. kfnoti.
gusa, gausà « oreilles », cf. zd gaosa, p. gôs.
apgudy, apagaudaya « il cachait » ; cf. skr. goha- « ca-
chette ».
gubtiy, gauhataiy « il parle, il dit », cf. ^ûAy'i gôwèt.
tuma, taumâ (c'est-à-dire tauxmâj § 76) « famille », cf. p.
tuxm, zd taoxman-.
tuma, taumâ « force ».
dusta, daustà « ami », cf. p. dôst, et skr. jostà.
drug, d'^rauga « mensonge », cf. p. darôy, zd drao^ô, skr.
droghah.
rue, rauca « jour », cf. p. rô;(_, zd raocô.
rut, rauta (génitif-ablatif sing.) « rivière », cf. p. rôd,
zd ^raotô-.
huv, hauv « celui-ci » a aussi une diphtongue sûre ; car hu-
est noté par u.
La diphtongue n'est établie que par des comparaisons étymo-
logiques dans :
tigrxud, tigraxauda « à la coiffure pointue », composé dont
le second terme répond à zd xao^a-.
yuv'iya, yauviyà « canal », cf. p. ]ôi\ la lecture yuviyà,
qu'on donne souvent, est exclue par la forme du mot persan.
Dans Jes noms propres gubruv, gaubruva, et gumat,
§ 98-101] CONSONNES 83
gaumàta, le groupe gau- est rendu en élamite par kam- (m étant
en élamite le substitut de zf), et en babylonien par ^u-, soit él.
kam-har-ma et kam-ma-ad-da, bab. gu-ha-ru- ei gu-ma-a-ti ; le
au est rendu en grec de manière inattendue par w dans Pwépuaç;
le mot est sans doute parvenu aux Grecs par l'intermédiaire
d'Iraniens qui déjà tendaient à simplifier les diphtongues, et la
diphtongue était peut-être prononcée ao dès le vieux perse. Le
nom y un, yauna des Ioniens est noté bab. ya-ma-nu et él. i-ya-
u-na ou ya-u-na.
§ 99. Un exemple de au qui paraît sûr est :
dhyaus, dahyâus « province », avec a noté expressément
après y, donc avec un nominatif en -àus, cf. § 821.
Consonnes.
§ 100. Le système consonantique du perse représente celu.
de l'iranien commun, à quelques particularités dialectales près.
On a le groupement suivant :
Occlusives sourdes
Spirantes sourdes
Consonnes sonores
En outre, on a les semi-occlusives chuintantes ^ et j (sur le
j, cf. § 127), les nasales m et n, les sifflantes s, \ et s, \ (v.
§ 127), plus la sifflante particulière rendue ici par ç (§ io5), les
sonantes y, v (v. § iSg), r. La langue ne comportait pas de ^
(v. § i38).
Occlusives sourdes.
§ ICI. Les occlusives sourdes p^ t, k de l'iranien commun
sont conservées sans changement à l'initiale des mots, en posi-
tion intervocalique et après consonne. Elles n'appellent aucune
remarque. Voici quelques exemples :
LABIALES
DENTALES
GUTTURALES
P
t
~k
f
ô
X
b
d
2
64 SYSTÈME PHONÉTIQUE [§ 101-102
patuv, pàtuv « qu'il protège », cf. skr. pâti.
aprm, aparam « ensuite », cf. zd apara-, skr. apara-.
trdry, taradraya « au delà de la mer », avec un premier
terme tara-, cf. zd tard « au delà », skr. tir ah.
udptta, udapatatâ « il s'est soulevé », cf. zd pataiti, skr.
apatata.
dstya, dastayà « dans la main », cf. p. dast, zd :(astô, skr.
hastah.
aistta, a(h)istatâ « il se tenait debout », cf. zd histaiti, skr.
tUthati (jth passe en iranien commun à st^.
kmnm, kamnam « peu », cf. p. kam, zd kamnô.
ptHkrm, patikaram (ace.) « portrait », cf. pehlvi patkar,
p. paikar (préverbe pati- -\- kara-).
mska, maskâ « peau », mot emprunté au sémitique: bab.
maS-ku-u, aram. maskâ.
Les occlusives sourdes n'existent pas hors des trois positions
indiquées : initiale du mot devant voyelle, intervocalique, post-
consonantique à l'intérieur du mot. On ne rencontre d'occlu-
sive sourde ni à l'intérieur du mot entre une voyelle et une
consonne, ni à la finale.
Spirantes sourdes.
§ I02. Des spirantes sourdes se trouvent souvent à l'initiale
du mot et en position intervocalique ; en persan x et f ont sub-
sisté, mais 0 est représenté à l'initiale par 5 et à l'intervocalique
par h.
X répond alors à zd x, skr. kh; 0 à zd 9, skr. th ; f k zd f,
skr. ph. Les exemples sont peu nombreux :
-xud dans tigrxud, tigraxauda « à la coiffure pointue »,
cf. zd xao^a-.
y^a, ya^à « comme, lorsque », cf. zd ya^à, skr. yathâ.
p^im, pa^im (ace. sg.) « chemin », cf. zd pa^a (instr. sg.),
skr. pathibhih (instr. plur.).
§ 102-103] CONSONNES 88
gi^a, gai^à « bien, propriété », cf. zd gaè^a.
Le 6 admet une autre origine ; dans les mêmes positions, il
répond souvent à zd 5 = skr. ç (pour le traitement d de la sonore
correspondante, v. § 129).
^atiy, Mtiy « il proclame », ^véiQT\{a^a(n)ha, cf. zàsanhaiti,
skr. çamsati.
^rd, ^arda (gén. sg.) « de l'année », cf. zd sar^l-^ p. sàl,
skr. çaràd- « automne ».
m^ist, ma^ista « le plus grand », cf. p. mih, mahist, zd
masistô-.
v'i^m eiv^fim, vi^am (ace. sg.) « famille princière », cf. zd
vis-, skr. viç-.
a^gitij a^a(n)gaina « de pierre », cf. p. sang « pierre », zd
asdnga-.
v^ina^yis , vinà^ayais « puisses-tu détruire », cf. skr. nà-
çàyati'f si le persan nàsîdan « maigrir » représente ce thème,
il est emprunté à un parler non perse, à en juger par son s.
Une sifflante étrangère est représentée par 6 dans :
a^ura, a^urà « Assyrie », bab. às-sur, él. as-sû-ra.
Une s de l'élamite répond à gr. 0 dans le nom de mois
^aigrcisj Oâigrcais (gén. sg.), él. sa-a-kur-ri-^i-U et dans le
nom de province ^tg^us , ^atagid, él. sa-ad-da-hi-is (cf. gr.
SaTtayîjSa'.), et l'on a él. t ou d dans le nom de personne buxr^
Buxra, él. du-uk-kur-ra, dans le nom de mois ^urvahr , bura-
vàhara, él. tu-ir-ma-ir et dans le nom de peuple pr^v ,
par^ava, él. par-tu-ma (cf. gr. Ilapôcç).
§ io3. Le plus grand nombre des exemples des spirantes x,
6 et / qu'on rencontre proviennent d'une innovation phonétique
de l'iranien : les occlusives tendent à devenir spirantes devant
une autre consonne. On a ainsi toujours a:^ 6 et/ devant une
consonne sourde ou une sonante suivante quelle qu'elle soit.
Voici quelques exemples :
xsp, xsapa (gén. sg.) « de nuit », cf. lAxsap-, skr. k^ap-.
56 SYSTÈME PHONÉTIQUE [§ 103-105
hmtxHyj hamataxsaiy (i""* pers. sg. aor.) « j'ai réalisé »,
cf. skr. taks-.
txmspad, taxmaspàda (nom propre mède signifiant : « qui a
une forte armée »), cf. zd taxmô, p. tahm ; en face du super-
latif zd tancistô.
d^ur^uxt, duruxta « menti », adjectif en -ta- de la racine
drug- ; donc de *druk-ta-.
^uvam, ^uvâm (ace.) « toi », cf. zd ^wam, skr. tvâm (en
regard du nominatif ^wz;w^ tuvam, cf. zd tûm, véd. t[u\vam).
fr-, fra- (préposition et préverbe), répondant à zdfra-, skr.
pra-.
ufrstm, (hu)frastam (ace. sg.) « bien interrogé, bien
puni », cf. gâth. frasî « j'ai interrogé pour moi », skr. praçnah
{( question ».
ga^um, gà^um (ace. sg.) « place, trône », p. gâh, en
regard de zd gâtus, skr. gàtuhy doit sans doute son 6 à un génitif
de la forme *gâfiva, non attesté par hasard.
Les exemples seraient plus nombreux si deux des principaux
groupes de spirante suivie de consonne n'avaient subi une alté-
ration ultérieure : 6f a été simplifié en ç (y. § io5) et Oy a
passé à sy (v. § 12/i). Toutefois, dans a^iy, a^iy « vers »,
B. I, 91, qui répond sans doute à skr. ati, le t devenu 8 dans
les cas oii i placé devant voyelle se prononçait y^ a été trans-
porté aux cas où la voyelle finale / subsistait, et ainsi le 0 issu
de / devant y a subsisté.
§ io4. Le mot farnah- « gloire » (p. farr) ne figure que
dans le nom propre vHdfrna, vi(n)dafarnà, él. mi-in-da-
par-ndj gr. 'Ivia^épVYjç. L'/ initiale y provient sans doute d'un
emprunt à un mot de la langue religieuse non perse, cf. zd
xvardnô « gloire » (v. § 8 et suiv.).
Ç
§ To5. Au groupe ôr de l'Avesta, qui répond d'ordinaire à
§ 105-108] CONSONNES 87
skr. tr, le perse répond par un caractère unique, qu'on transcrit
ici par ç. Étant donné le principe de l'écriture, qui ne comporte
en aucun cas un signe unique pour noter un groupe de con-
sonnes, ç ne peut noter qu'un phonème un ; en persan, ce ç est
représenté par ^ à la fois à l'initiale et à l'intérieur du mot,
comme l'ancienne s, et à la difTérence de l'ancien G, qui donne h
en position intervocalique. Là où, comme il arrive souvent, le
persan a hr (c'est-à-dire un ancien Or), c'est qu'il a emprunté la
forme à d'autres parlers ; on sait en effet que le pehlvi du Nord-
Ouest répond par/7r à 5 du pehlvi du Sud-Ouest (cf. M. S. L.,
XVII, 245). Voici des exemples :
çitiym, çitiyam (ace.) « troisième », cf. zd ^rit(f)ya-, skr.
tri-', le nom de nombre « trois » est si en persan.
xsçm, xsaçam « royaume », cf. zd xsa^rdm, skr. ksatram ;
le p. sahr « ville » est emprunté à un dialecte non perse.
puç, puça « fils », cf. làpu^rô, skr. putrah, p. pus.
§ 106. Le Or des dialectes iraniens autres que le perse est
rendu par le groupe 6-f-r; c'est ce qui arrive dans le nom
propre mède xsOrit, xsa^rita, él. sa-at-tar-ri-da (B. e), et
dans le nom emprunté du dieu MiBra, noté m'^r, mi^ra ou
m'tr, mitra (inscriptions d'Artaxerxès).
§ 107. Le ç perse est rendu par s en élamite : ciçtxm,
ciça(n)taxma (nom propre d'homme), él. si-is-sa-an-tak-ma ;
açiyadHy, açiyàdiya (nom de mois : â^r-yàd-iya- « adoration
du feu »), él. ha-is-si-ya-tai-ya-is . Inversement le s élamite est
rendu par ç dans le nom propre d'homme él. ha-is-si-na, v. p.
açin, açina. — Il est curieux que l'élamite ait mi-is-sa en face
de V. p. mi^ra- (v. § i5 et 106); y trouverait-on une forme perse
ignorée des textes perses eux-mêmes ? Le babylonien a mi-it-ri.
§ 108. Après une spirante ou une sifflante, tr subsiste dans
l'Avesta ; mais le fait n'est attesté en perse que pour deux noms
propres étrangers, le nom de la Bactriane, haxtrHs , hàxtris,
et le nom du Mède uvxstr , (h)iivaxstra, en grec Kua^ap-^;.
58 SYSTÈME PHONÉTIQUE [§ 109-113
§ 109. Le cas de usbarim, usahàrim (ace. sg.) « monté sur
chameau » n'est pas clair ; le premier terme de ce composé,
qui est parallèle à asbar-, asabâra- « cavalier » est évidem-
ment le thème iranien ustra- du nom du « chameau » ; on attend
* ustrabàrim ; à prendre l'exemple à la lettre, on admettrait que
-str- s'est réduit à -s- en perse. Un mot aussi compliqué et
aussi long n'autorise pas de conclusions certaines.
§ iio. La consonne s figure dans des conditions variées:
§ III. i** Ancienne s indo-iranienne devant occlusive, dans
sk, st, sp; on a de bons exemples de st :
dst, dasta « main », là'^astd, skr. hastah, p. dast.
astiy, astiy « il existe », zd asti, skr. asti, p. ast.
§ 112. 2** Ancien -tt- altéré en -st- en iranien:
bst, basta « lié », zd basta-, p. bast, de la racine iran. band-
(cf. § 33).
§ II 3. 3" Ancienne prépalatale correspondant à skr. ç, zd s,
devant une sonante comme m, v:
asmanm, asmànam (ace. sg.) « pierre », cf. skr. açmànam,
p. asmàn.
Devant v^ on a eu la même s ; mais alors v s'est assourdi et
amui, si bien que l'ancien sv est représenté par s simplement ;
cette s répond à sp de l'Avesta et des parlers iraniens du Nord-
Ouest et à çv du sanskrit. De bonne heure, les formes à sp ont
été empruntées par le perse ; mais s est la forme proprement
perse :
asm, asam (ace. sg.) « cheval » et asbaribis, asabàraibis
(instr. plur.) « par les cavaliers », cf. skr. açvah, zd aspô \ le
persan a la forme empruntée asp pour le mot simple, mais il a
conservé la vieille forme perse dans suvàr « cavalier », de "^ asa-
bâra-. Sur la forme aspa- dans des composés savants, v. § 10.
vHsm, visam (ace. sg.) « tout », et le composé v'isdhyum,
§ 113-H8] CONSONNES 89
visadahyum « de toutes les provinces », cf. zd vlspô, skr. viçvaJp;
le persan a emprunté -visp. Dans une inscription de Xerxès à
Persépolis, visadahyu- est bien transcrit en élamite mi-U-Èa-da-
a-hu-is] mais, chose curieuse, la transcription babylonienne
repose sur la prononciation d'un Iranien qui disait vispa- : bab.
û--is-pi-da-a--i. — Sur vispa- dans un composé savant, v. § lo.
Le nom de Sardes, qui est sprd, sparda, repose sans doute
sur un ancien * Swarda-, prononcé Sparda- par des Iraniens du
Nord (v. § 52).
§ iili. 4° Ancien groupe de consonnes représenté en zend
par s et en sanskrit par cch ; en persan, on a 5, ainsi :
aprsm, aprsam « j'ai interrogé », cf. zd pdr^saiti, skr.
pfcchati « il interroge » et p. pursam.
arsm, arasant « je suis venu », p. rasam; cf. skr. fcchati
« il se dresse ».
trstiy, trsatiy (ou tarsatiy) « il a peur », p. tarsam.
psa, pasà « après », p. pas ; le skr. paçcâ et le zàpasca repré-
sentent des formes restituées par analogie au lieu des formes
attendues skr. *pacchà, zd * pasà.
vsiy, vasaiy « beaucoup (littéralement « à volonté »), p. bas
(le suffixe *-ske- est bien attesté dans les racines qui expriment le
désir: skr. icchati, icchà et vànchati, vâncha) ; v. § 255.
§ II 5. 5" Sur st remplaçant st, v. § i25.
§ 116. En tant que ^ est la forme sonore qui correspond à
la sourde s, on a des emplois qui répondent aux deux premiers
signalés pour s :
§ 117. i" :( représentant un ancien ;( indo-iranien :
aurm''z,da, a(h)urama:(dâ ; cf. zd ma:(dâ, skr. medhàs-.
§ 118. 2° -;(J- issu de -dd- :
ax^da, a:(dâ « nouvelle, connaissance », cf. véd. addhàj zd
a^da, p. a:(d.
60 SYSTÈME PHONÉTIQUE [§ 119-120
§ 119. Dans plusieurs mots v. p. ;( répond à zd :{ = skr. / ou
h ; mais ce sont des mots empruntés à des dialectes non perses
(cf. § 9) ; le traitement perse du phonème correspondant à zd
^ = skr. y ou h est d. On a ainsi :
-:(n, -Xfina « race », dans /)f"w;(w-^ paru^ana- « qui a beau-
coup de races », vHsp:(^n-, vispa^ana- « qui a toutes sortes de
races » ; de -^ana- on rapproche zd -:(ana~, skr. jana-. Dans
V. p. vispa^ana-, on a vu § ii3 que vispa- est aussi emprunté.
— Le persan a :(àdan « naître » avec ;( emprunté.
v^rk, va:(rka « fort », p. bu:(urg.
X_ur, :(ura « tromperie », p. :(ûr, cf. zd /^ûrah-, skr. hvaras-.
Le nom de la province :(^rk, ^ara(n)ka (bab. 7^a-ra-an-ga, él.
sir-ra-an-kd) a le ;( de la forme locale non perse, qui se retrouve
dans gr. Sapayvat (Hérodote), Zipxyyoi (Arrien); mais le grec
a une autre forme qui présente le d perse: Apay^tavr,, chez
Strabon (cf. § 52).
Si dans le mot de sens et de forme peu clairs u:^myaptiy
ak"unvm « je l'ai fait sur », on a le mot :(am-
« terre », on aurait ici un exemple de :(fn correspondant au
cas 3 de s^ type asmànam (v. ci- dessus § 11 3). Et il y a vrai-
semblablement -:(b- issu de -^v-, ancien *-g'v-, dans h:(^banm,
h(ï):(bànam « langue », cf. p. :(uhàn, zd hi:(û- (v. § Sg).
§ 120. Devant n, une prépalatale ancienne correspondant à
zd ;(_, skr. / (ou h) devrait être représentée par :^, comme la pré-
palatale correspondant à zd s, skr. ç Test par s (§ I23) dans le
cas de vasnà ; mais :( s'est assourdi en s devant n, par suite
d'une tendance à l'assourdissement de \n en sn qui caractérise
le perse (à skr. yajna-, le persan répond par jasn « fête » ;
V. Hiibschmann, Pers. Stud., i5i et 224).
Devant sn- initial de mot, il s'est développé un x, et ainsi l'on a :
xsnasatiy j xsnàsàtiy « qu'il reconnaisse », cf. skr. jnâ- et
gr. épirote yv(i)j/,o), lat. (^g)nôscô (v. § 198) ; sur adânâ, de la
même racine, v. § 189.
§ 120-122] CONSONNES 61
A rintérieur du mot, on attend simplement -sn- en pareil
cas, et c'est ce qui autorise à interpréter avec vraisemblance
aSniy, asnaiy B. II, 11-12 par « en marche », en rappro-
chant skr. ajati, zd a:(aiti « il conduit ».
§ I2Ï. La chuintante s admet en perse quatre origines :
§ 122. 1° C'est la forme prise en indo-iranien par s après
i, u, r et k (ce dernier devenant x en iranien). Ex. :
fraisym,fyàisayam « j'ai envoyé», cf. zd aèsaya-, skr. e^ayati.
usk, (h)uska « sec », cf. zd huskô, skr. çii^hah, p. xusk.
dus ta, dans ta « ami », cf. skr. jostar-.
adrsnus, adrsnaus « il a osé », cf. skr. dhrmoti.
xsçm, xsaçam « royauté », cf. zd xsa^rdm, skr. ksatram.
hmtxsiy, hamataxsaiy « j'ai réalisé ».
Là où il s'agit d'une ancienne gutturale du type représenté
par skr. ç, zd s, v. p. ô, le groupe *k' -\-s se réduit à i; c'est
ce qui arrive dans :
niypism, niyapaisam « j'ai inscrit », aoriste en -s~ de la
racine qui est piç- en sanskrit, pis- dans l'Avesta.
Un s de cette origine ne peut se trouver à l'initiale d'un mot
que si ce s suit immédiatement i, u ou r terminant un mot
précédent et si les deux mots sont intimement unis. C'est ce
qui arrive pour le pronom enclitique de 3" personne siy^ saiy
— sam, sâm — sis, sis dans des exemples comme B. I, 67
tyisiy, tyaisaiy Qyaiy -\- saiy) « ceux-ci à lui » ; d'après des
cas de ce genre, l'initiale s a été généralisée en perse, et l'on a
ainsi B. II, 5o av^asiy, avaMsaiy (avaM -\- saiy) « ainsi à
lui » par exemple. L'ancien état de choses est conservé dans
l'Avesta récent où hè après un a, etc. s'oppose à se après i, u
(v. Bartholômae, Wôrt., col. 1721 et suiv.).
La racine stà-, correspondant à zd stà-, skr. sthà-, se pré-
sente sous la forme stà- dans avastaym, avàstàyam « j'ai éta-
62 SYSTÈME PHONÉTIQUE [§ 122-124
bli » et dans le substantif stannij stànam « place » = zd
stàndm, skr. sthànam ; dans le thème du présent, on a ai s t ta,
ta(h)istatà « il s'est tenu debout », cf. zd histaiti, skr. tisthati
« il se tient debout » , avec s après 1'^ du redoublement ; avec
le préverbe ni- on doit avoir ni-stâ-, et ce i a été étendu par ana-
logie au cas où il y a un augment; on a donc : niystaym, niyas-
tâyam « j'ai établi ». — On a de même *ni-sad- « s'asseoir »,
dans le causatif ni-sàdaya- « établir » , d'où, avec généralisation
de s après l' augment : niysadym, niyasàdayam « j'ai établi » ;
cf., avec le h auquel aboutit s initiale, hd'is , hadis « siège, lieu
où l'on est établi ».
§ 123. 2" Devant t, les prépalatales représentées par skr. ç,
zd ^_, V. p. 8 prennent la forme s en indo-iranien ; de là :
ni pi s t m, nipistam « écrit », cf. skr. pi^tah, de la racine skr.
piç-^ zd pis-.
ufrstnij (h)ufrastam « bien interrogé, bien pensé », cf. skr.
pXstah ; de la racine zdfras-, skr. praç-,
arstam, 'rstàm « rectitude », cf. zd arstàt- « droiture », de
la racine skr. raj-, zd r^;^- (cf. § 12 5).
En iranien, on a le même traitement devant la nasale n ;
de là :
vsna, vasnà « par la volonté de », de la racine skr. vaç-, zd
vas- « vouloir » (cf. § 267).
Sur xsnà- et sur asnaiy, v. § 120.
§ 12/;. 3" Le 6 du groupe 6jy passe à s :
hsiynij hasiyam (nom. -ace. sg. neutre) « vrai », cf. zd
haibîm, skr. satyam.
uvaipsiym, (x)uvàipasiyam (nom. ace. sg. neutre) « son
propre », cf. zd xvaëpai^im et p. x^ès.
-mrsiyus j -mrsiyus « mort » (dans [x]uvâmrsiyus « ayant
sa propre mort »), cf. zd mdrd^yus, skr. mrtyuh.
De même le c du groupe cy a passé ai; on observe le même
fait dans l'Avesla ; de là :
§ 124-i261 CONSONNES 63
siyatis, siyâtis « bien-être, aise », cf. zd sàitù; il s'agit d'un
ancien cyâ-, cf. lat. quiès.
aliyvm, asiyavam « je me suis mis en mouvement », p.
s avant ; cf. gâth. syavài, skr. cyavate.
§ 125. 4° Une s finale de mot devient s devant un c suivant,
ainsi y^i^/^_, kasciy « quelqu'un » (de *kas-\-ciy)\ cf. § 167 et
336.
§ 125 his. Quelle qu'en soit l'origine, le s du groupe st
tend à passer à s, et il en est résulté un flottement, qui a per-
sisté en persan, entre st et st \ on a ainsi :
arst[i^s , Wstis « lance » NR. a kk (cf. § 93) et srstibr NR.
c. 2 « porteur de lance » (lire sans doute Wstibard) ; en écrivant
ce dernier mot le graveur semble avoir eu une hésitation et avoir
commencé par écrire i ; ce i n'est du reste pas sûr ; cf. Weiss-
bach. Die Keilinschrifien am Grabe des Darius, p. 4 1 (Abh. Leip-
zig, phil. hist. Kl., XXIX).
ufrstm, (u)frastam (ace. sg.) B. IV, 38 « bien interrogé,
bien puni » et ufrstadiy, (h)ufrastâdiy « en bonne punition » ;
suri^^ cf. § 123 ; mais ufrstm B. I, 22 et IV, 66-67 (^® second
exemple douteux).
rastam, râstâm (ace. fém. sg.) « droite » NR. a ôg, cf. zd
ràstô, pehlvi manichéen râst, de la racine de zd ra:;^-, ^f?:(-
(drd^us « droit »), skr. raj- (jjuH). — Le mot n'étant qu'une
fois dans les inscriptions, il se trouve que la forme ancienne
*ràsia- n'est pas attestée en vieux perse. Mais on a, de la même
racine, l'abstrait arstam, ^rstàm « rectitude », avec -st- (§ i23).
§ 126. La semi-occlusive c, qui alterne avec k (y. § 181),
se rencontre seulement devant des voyelles, i et â; on a vu
§12/4 que l'ancien c placé devant y a passé en perse — et sans
doute déjà en iranien commun — à i ; ^ ne pouvait se trouver
devant aucune consonne autre que y. Le persan a gardé c à
64 SYSTÈME PHONÉTIQUE [§ 126-i27
l'initiale, devant voyelle, tandis que le c intervocalique a passé
à ;(. On a ainsi :
cita, cita « durant un certain temps », du thème de l'inter-
rogatif indéfini, cf. zd cis, ci^.
-ta, -cà « et » (enclitique) = zd ca, skr. ca.
tcrm, tacaram (ace. sg.) « temple », cf. p. ta:(ar.
rue, rauca « jour », cf. pehlvi rôc, p. rô:{, zd raocô.
jQù
§ 127. Il est d'usage de rendre par j le signe indiquant une
consonne sonore dont il a été question § 69, et qui alterne avec g
(y. § 181).
Toutefois il y a au moins un cas où cette transcription ne
donne pas une idée juste de la prononciation et où à coup sûr
le signe vaut phonétiquement ^ ; c'est
nijaytn, nijâyam « je suis parti », juxtaposé du préverbe
indo-iranien *mi-^ dont la forme devant sonore est ni^- (zd nis-,
ni^-, skr. ni^-, nir-^ et de l'imparfait àyam de la racine i-
« aller ». Une prononciation j est exclue ici, comme l'a déjà vu
Hûbschmann, K. Z., XXIV, 38o (cf. Pers. Stud., 228), et l'on
est en présence de nijâyam.
Les inscriptions n'offrent pas d'autre exemple certain où il y
ait eu lieu de noter la chuintante sonore. Mais l'exemple ni-
jâyam suffit à établir l'existence de la chuintante sonore en
vieux perse.
Dans tous les autres exemples, v. p. y repose sur un iranien
commun j répondant à gàth. j et à skr. / ; ceci n'a qu'une
valeur historique et n'indique rien sur la prononciation à la date
des inscriptions ; le persan répond à ce y par :(_, dont on ne peut
non plus rien conclure pour le vieux perse, sinon qu'il s'agit
d'une sonore. Si l'on admet que le signe de j peut avoir deux
valeurs suivant sa position, on supposera qu'il indique y (dQ à
l'initiale des mots et ^ en position intervocalique, état de choses
§ 127-128] CONSONNES 68
qui répondrait à celui qu'exprime la graphie de l'Avesta récent
(sur l'ambiguité de la graphie perse des sonores, v. § 128);
si l'on admet que ce signe a une valeur unique, cette valeur ne
peut être que ^ à l'initiale comme à l'intérieur du mot ; l'ancien
j serait donc déjà passé à :( en vieux perse ; aucun fait connu
ne va contre cette seconde hypothèse, qui est admissible. La pro-
nonciation j paraît s'être maintenue après n jusqu'à l'époque
moderne (v. Hûbschmann, Pers. Stud., p. 280) ; mais les textes
perses n'offrent aucun exemple sûr de -nj-, et l'on ne sait pas si,
pour ce cas, il n'y aurait pas eu un signe distinct de celui em-
ployé en position initiale ou intervocalique. On gardera ici la
transcription usuelle par j, mais sans rien affirmer sur la valeur
phonétique du signe dans tous les cas autres que nijàyam. On
peut citer ainsi :
jdiyamiy , jadiyàmiy « je demande », cf. zàjailyàmi.
jdiy, jadiy (impér. sg.) « frappe », cf. zd jaiU, skr. jahi
(de la racine de zàjan-, skr. han-).
hajim, bàjim (ace. sg.) « tribut », p. ^â:( ; cf. la racine de
zd baj-, skr. bhaj-.
ad^ur'^uyiy , adurujiya « il a trompé », cf. zd dru^aiti, skr.
druhyati.
Dans ce dernier exemple, j fait partie d'un ancien groupe jy,
où, à en juger par le traitement sy (puis siy) de l'ancien cy
(v. § 124), il y a tout lieu de croire à la prononciation ^ plutôt
qu'à la prononciation j. C'est sans doute un second exemple à
joindre à nijàyam^ prononcé nijàyam.
On n'ose pas faire état du nom propre kbujiy, ka(n)bujiyaj
que les Grecs ont sous la forme Ka[j.5 Jrr^; ; toutefois le a in-
dique ^ plutôt que ] qui aurait été rendu par l.
^, d, g
§ 128. Les consonnes notées par les trois signes ainsi tran-
scrits représentent b, d, g de l'iranien commun et répondent à
5
66 SYSTÈME PHONÉTIQUE [§ 128-129
bj d, g et bh^ dh, gh du sanskrit. Elles sont représentées en per-
san par les occlusives b, d, g k l'initiale du mot et, en principe,
par V, jj^ k rintérieur, entre deux voyelles.
Il est impossible de déterminer en quelle mesure les b, d, g
du vieux perse notent des occlusives sonores ou les spirantes cor-
respondantes. Il n'y a aucune raison de croire que, à l'initiale,
il s'agisse d'autre chose que des occlusives b, d, g, telles qu'on
les observe en persan. En revanche, il est possible que, entre
voyelles, b, d, g notent des spirantes : la prononciation spi-
rante des occlusives sonores intervocaliques apparaît dans tous
les dialectes iraniens, et le seul texte iranien où les anciennes
occlusives sonores se présentent avec une notation d'occlusives
est celui des gâthâs de l'Avesta (v. Reichelt, W. Z. K. M., xxv]i,
p. 60). On sait que la graphie traditionnelle de l'Avesta récent
oppose w, 5, Y intervocaliques ai b, d, g initiaux, et les v, y, y
sus-indiqués du persan reposent sur d'anciennes spirantes
sonores. La notation par d de la spirante intérieure du nom
de l'Egypte (bab. mi-^ir, él. mii-i^-^a-ri-ya-ip et mu-sir-ra-yd)
dans m"udraya, mudràyà paraît indiquer que le d perse peut
noter une spirante; sur brdiy, bardiya (ou brdiyaT) v. § 129.
Yoici des exemples :
g us a, gausâ « oreilles », cf. p. gôs, zd gaosa-.
pragmta, paràgmatà « partis » (préverbe parà-\- gmata),
cf. zà gatô, skr. gataJp « allé ».
drug, d'^rauga « mensonge », cf. p. darôy^ zd drao^(d, skr.
droç[hah.
d'^uriy, duraiy « au loin », cf. p. dur, zd dure, û^v.dûre.
drgm, dargam « longtemps », cf. zd dar^^ô, skr. dîrghah.
ad a, adà « il a créé », cf. zd dàt, skr. adhàt, p. dàdan.
brtiy, bara(n)tiy « ils apportent », cf. p. bar and, zd ba-
rdnti, skr. bharanti.
abiy , abiy « vers » = zd aiwi, skr. abhi.
§ 129. Outre le d iranien commun, le d perse représente
§ 129] CONSONNES 67
encore la consonne qui a donné en zend :( devant voyelle ou
sonante à l'initiale du mot et après voyelle ou sonante, et qui
répond à skr. j, h (en tant qu'il s'agit de j et h non susceptibles
d'alterner avec g et gh). Ce traitement est parallèle au traite-
ment 6 de la sourde correspondante (§ 102). Les exemples
sont assez nombreux :
duStUy daustâ « ami », cf. p. dôst, skr. jo^tar-.
adana, adànà « il connaissait », cf. zd (prêter.) :(anàt, skr.
jànàti, p. dânam (snv xsnâ-, cf. § 120).
dst, dasta « main », cf. p. dast, zd :(astô, skr. hastah.
adHna, adinà « il a enlevé », cf. zd (prêt.) 7;tnàt, skr. jinàti,
dry, d'Avaya « mer », cf. p. daryà, zd ^rayô, skr. jrayah.
a dm, adam « moi » (cas sujet), cf. zd a';(pm, skr. aham.
apgudy, apagaudaya « cache », cf. zd -^w;(^, skr. gûhati.
avrd, avarada « laisse » {ava-\-radd)^ cf. skr. rahayati et
zd ra'i^ô « isolement ».
d'ida, didâ « forteresse », cf. zà pairidaë'^a- « enceinte »,
skr. deha-.
vrdnm, vardanam « citadelle », cf. skr. vfjanam (v. sur ce
mot Bartholomae, I. F. XIX, Beiheft, p. 228).
ydatiy, yadàtaiy « qu'il adore », cf. zd ya^aiti, skr. yajati,
A ces exemples sûrs on en pourrait ajouter quelques autres
douteux. Le nom de monnaie d'or perse qui est connu par gr.
Sapeixoç fournit sans doute la forme perse du nom de 1' « or »
dont le persan n'a gardé qu'une forme prise à un autre dialecte,
p. zjii't cf. zd ^aranim, skr. hiranya-. — Là où l'on trouve ^
dans ces conditions, c'est par suite d'emprunts (v. § 9 et 1 19).
Le h du groupe 7;h dans h:(banm, h(i)ibânam « langue »
(v. § 59 et 1 19) est issu de v ; cf. zd hi^û--
Le ;( de certains noms propres en babylonien indique sans
doute une forme dialectale différente du d proprement perse :
p. brd'iya, bardiya (ou brdiyd) et él. bir-ti-ya, mais bab. bar-^i-
ya, et br^^y dans la traduction araméenne trouvée en Egypte ;
68 SYSTÈME PHONÉTIQUE [§ 129-130
ceci indiquerait un mot de la famille de skr. brhant-, zd
hdr^'^ant-, p. huland et hàlis (avec -/- de -rd-). De même, en face
de V. p. artvrd'y, artavardiya (ou 'rtavardiya), on a bab.
ar-ta-mar-:(i-ya, maisaram. 'rtvr:(y ; dans les deux cas, l'élamite
a t : hir-ti-ya, ir-du-mar-ti-ya.
h
§ i3o. L'aspirée h est la consonne iranienne qui est le moins
expressément notée en- perse. Elle ne se rencontre que devant
voyelle et devant certaines sonantes, à savoir m et v ', en ces
derniers cas, elle n'est jamais indiquée dans la graphie; devant
V, le h se prononçait x ; devant m, on ne sait si h de l'iranien
commun subsistait dans la prononciation.
On a vu qu'il y a un signe pour h, c'est-à-dire en général
pour ha ; ce signe est régulièrement employé dans tous les cas
où le perse a h devant a ; on sait que h ne peut apparaître
à l'intérieur du mot qu'après a, puisque indo-iran. s passe à s
après i et ti. On a ainsi :
hca^ hacà « de », p. a'{y cf. zd haca, skr. sacâ.
hda, hadà « avec », cf. gâth. hadà, skr. saha.
hinâ, hainâ « armée hostile », cf. zd haèna, skr. senà,
nahm, nàham (ace. sg.) « nez », cf. zd nânha, skr. nàsam.
hy , hya « qui », cf. skr. syah ; à en juger par tya (v. § i46),
le vieux perse a ici vraiment le groupe hy, et non h(i)y
(v. § 145).
dhyaus , dahyàus « province », cf. p. dih, zd dahyus, skr.
dasyuh.
Devant u, un h n'est jamais notée de manière expresse (§76),
et le signe de u équivaut à hu (et xti) ou à uh (wx) ; on a ainsi :
usk, (h)uska « sec », en face de p. xusk, zàhuskô.
aur , a(h)ura, nom du dieu, en face de zd ahurô, skr. asurah]
le h est passé à l'initiale dans p. hor-mi:(d.
uvaipsiym, (x)uvâipasiyam « son propre », cf. p. x^ès,
zd xvaèpai^îm.
§ 130-132] CONSONNES 69
daryvyus est le nominatif de la forme dont le génitif dar-
yvhus, dârayavahaus indique la lecture correcte dârayava(Ji)u-
« Darius ».
La prononciation de h devait du reste être très faible entre
voyelles ; car le nom de vum'is est rendu par gr. 'Q\xlTr^q
(chez Plutarque), élam. ma-u-mi-U-sa, bab. û-mi-is-si, et Vh
n'apparaît que dans le fragment de traduction araméenne, où
l'on a whwms ; il faut donc lire va{h)umisa.
Si l'on n'avait pas le génitif daryvhus , dârayavahaus , on ne
saurait pas que le nom de Darius, daryvus au nominatif, est
à lire dàrayavaQj)us , avec h devant ti.
§ i3i. Le passage de /; à la spirante x devant v est antérieur
aux inscriptions, comme on le voit par les noms propres :
uvar^miSj (x)uvâra^mis, nom d'une province, que les Grecs
appellent Xwpaajxfa; les transcriptions sont bab. hu-ma-ri-i'^-mu,
él. ma-ra-is-mi-is ; d'après le grec, on lit (x)uvâra:(mis.
hruvtis , harauvaiis, nom de province; le grec est 'Apxyiùdo^,
et le babylonien a-ru-ha-at-ti- ; on lira donc hara{x)uvatis, cf.
zd haraxvaitî- et skr. sarasvatî-.
§ 182. Devant /_, h est notée une fois à l'initiale du mot dans
le nom propre ht dus, hi(n)dus « Inde » (él. hi-in-du-is) que les
Grecs ont connu par les Iraniens et dont ils ont fait 'IvBoç,
mais manque peut-être dans h(i)xpànam, v. § 69 et 119. A l'in-
térieur du mot, h n'est sûrement pas notée devant / dans le
seul exemple qu'on ait, l'imparfait aistta, aistatâ (lire ahistata)
« il s'est tenu debout », cf. zd histaiti, du thème de présent de
la racine stâ-. L't du groupe -hiy- est aussi noté quelquefois
dans des inscriptions de Xerxès (mais non dans les inscriptions
de Darius, où il y a seulement -hy-^ pour ahiyaya, ahiyàyâ à
côté de ahyaya, ahyâyâ « de celle-ci ». En général, le groupe
est noté hy simplement, par contraste avec tous les autres
groupes à y (cf. § i44). Devant ^^ le signe de h est fréquent, et,
en fin de mot, là où il y a à noter -hi final, on rencontre tou-
70 SYSTÈME PHONÉTIQUE [§ 132-134
jours -hy, sans signe de voyelle, tandis que -mi et -ti sont notés
-m'iy et -tiy, ainsi ahy « tu es », en face de amHy « je suis »,
et de astiy « il est » ; on transcrira ici par h({)y soit ah(i)y
« tu es » . Devant l'enclitique -dis, la désinence -hi de 2" per-
sonne du singulier est seulement notée par h, sans aucune
indication de i, dans B. IV, 74 pribrahdHs, paribaràh{î)diÈ
« que tu les conserves » (à côté de pribrahy sans enclitique)
et B. IV, 77 vHknahd'is , vikanàh(i)dis « que tu les détruises ».
On voit donc que la notation de i après h est évitée, soit qu'on
note simplement i sans h, soit qu'on s'abstienne de noter i
après h.
On est ainsi amené à se demander si la meilleure lecture du
nom propre d'homme ci ^ pi s ne serait pas caispis, interprété par
ca(h)ispis, d'après gr. Teiax^^;, cf. bab. si-is-pi-is, él. ^i-is-pi-is.
§ i33. L'exemple amHy « je suis », en regard de zd ahmi,
skr. asmi, montre que h n'est pas non plus notée dans le groupe
ahm~, peut-être parce qu'elle n'était plus prononcée. De même
dans amàxam « de nous », § 34 1.
§ i3/|. A côté du subjonctif a/? h' jy^ ahatiy « qu'il soit », cf.
zd anhat, véd. asati, asat, on attend une 2* personne *ahahi
(v. § 229); or, en fait, ce qu'on trouve noté est ahy simplement,
on est amené à conclure de là soit que *ahahi s'est contracté
en âhi, soit que, le signe de a vaut parfois ah et que la notation
serait à lire ahah(i)y, et en effet, en regard de gâth. sdnghaitî,
zd sanhaiti, skr. çàmsaiij on trouve toujours noté ^atiy, ^âtiy
« il proclame » ; il s'agit bien de la racine indo-iranienne indi-
quée ; car on a Viniiniûî ^stniy, ^astanaiy « proclamer », un
prétérit passif a^hy « il a été proclamé, ordonné » (sur la lec-
ture, V. § 196 et 207) et le prétérit diCÛîa^hm « j'ai proclamé »,
a^h « il a proclamé ». On est donc amené à poser que la nasale
s'est amuie devant ha- placé à l'intérieur du mot, et que -aha-
intérieur (mais non -aha- final) s'est contracté en -à-, soit
*^anhati > *^ahati > Bâti, ou que batiy est à lire ^ahatiy
§ 134-137] CONSONNES 7i
(^anhatiy). La 2^ personne sing. du subjonctif est notée ^ahy,
^âh{t)y « que tu dises » B. IV, 55, avec contraction de
-a(n)ha- en -à-, ou avec a valant ah, soit ^ahah(i)y. Les formes
du prétérit a^hm, a^h rendent douteux qu'il s'agisse d'un
simple fait de graphie ; car on ne voit pas pourquoi a vaudrait
ah dans ^atiy, tandis qu'il y aurait le signe de h dans a^hm,
a^aham (a^anham).
n, m
§ i35. Les nasales n et m sont régulièrement notées devant
les voyelles en toute position :
nam, nàma « nom », cf. zd nàma, skr. nàmà, p. nàm.
mna, manà « de moi, à moi » (gén. sg.), cf. zd mana,
p. man.
§ i36. n formant second élément de diphtongue n'était pas
notée dans l'écriture. Mais m est notée à la fin des mots et dans
le groupe mt qui figure une fois par suite de la rencontre de m
final du préverbe ham- et du t- initial de la racine taxs- :
hmtxstiy, hamtaxsataiy « il réalise » Dar. NR. b. 16.
Dans un mot comme kbujiy, ka(jt)bujiya, la nasale second
élément de diphtongue est donc considérée comme étant n ; cf.
la graphie du persan moderne où l'on a nb, et non mb.
r (et /)
§ 187. Le signe de r figure régulièrement en toute position :
rue, rauca « jour », p. rd^ cf. zd raocô.
(ird, Barda « de l'année », cf. p. sâl (ard^àï), zd sard-,
skr. car ad-.
drgm, dar gant « longtemps », cf. zd dar9yô, skr. dîrghah;
ici la diphtongue ar repose sur un ancien f représenté en ira-
nien par ar,
brata, bYâtâ « frère », cf. p. biràdar, zd bràta, skr. bhràtà.
On a vu que la graphie ne permettait pas de distinguer /-
(§ 93) de ar ou ra.
72 SYSTÈME PHONÉTIQUE [§ 138-139
§ i38. Le r vieux perse représente à la fois r et / de l'indo-
iranien ; ainsi le mot rauca a r issu de i.-e. /_, cf. lat. lûx, etc.
Les rares exemples où le persan a / en regard de / d'autres
langues indo-européennes ne sont pas attestés en vieux perse.
Dans les noms propres étrangers qui avaient /^ le vieux perse
note d'ordinaire r, pour peu qu'il s'agisse de noms connus et
réellement entrés dans Tusage :
hahirus , hàhairus, cf. bab. hahilu, él. ha-pi-li-ir, gr. Ba6u-
Xwv.
arhiraya, arbairàyâ (loc.) « à Arbèle », bab. ar-ha-'-il,
él. har-he-ra (avec r, sans doute d'après le perse), gr. "ApSrjXa.
nditbir , nadi(n)tahaira, bab. Nidintu-hel, él. nu-ti-ut-be-ul.
Le nom du Tigre, tigram, tigràm (ace.) est emprunté
(avec une altération par étymologie populaire, cf. zd ti^^ris,
p. tîr « flèche ») à bab. di-ik-lat, et, ici encore, / est repré-
sentée par r ; la forme iranienne a passé au grec: Ti'Ypvj; et Ttypiç,
et à l'élamite : ti-ig-ra.
Le signe de / ne se trouve que B. III, 79, dans le nom de
l'arménien hld'it , haldita^ él. hal-ti-da, et dans le nom de pro-
vince babylonienne daubai , dubàla ; il s'agit de noms propres
étrangers non adaptés, et dans cet unique passage.
y et V.
§ \?)^. y Qi V sont les formes consonantiques de i et de u.
La transcription v ne doit pas faire croire que v ait été la spi-
rante labio-dentale ; en effet le v initial du vieux perse est repré-
senté en persan suivant le cas par b ou par v, ce qui suppose un
ancien w. On ne rencontre y Qiv qu'en position initiale ou inter-
vocalique; sauf le cas de -hy-^ celui de tya- et celui de f^a-
harvam, une voyelle i ou u est toujours intercalée entre une
consonne et un ^ ou un z; suivant (v. § i44); à la fin des
syllabes, y Qi v sont seconds éléments de diphtongue et sont
notés i et u (v. §§ 96-99). On a donc :
§ 139-141] STRUCTURE DES SYLLABES 73
ydijj yadiy « si », cf. lAyeli, skr. yadi.
agrbaym, agrbâyam « j'ai saisi », cf. zd g9urvayeiti, skr.
grbhàyati.
vynij vayatn (nom.) « nous », cf. zd vaêm (dissyllabique),
skr. vayam.
av- , ava- (préverbe), cf. zd ava-, skr. ava.
vinahy , vainàh(j)y « que tu voies » (2^ pers. sg. subj.), cf.
zd vaênaiti, skr. venati, p. bînab « il voit ».
vrkan, vrkàna (nom de province), p. Gurgàn.
Caractéristiques du consonantisme perse.
§ i4o. Les traits qui, caractérisent le perse, et qui se retrou-
vent en effet en persan, mais qui ne se rencontrent ni dans
l'Avesta ni dans aucun autre parler iranien connu, sont les sui-
vants :
A zd 5 = skr. ç et zd ;(=skr. ; et h (non susceptibles d'al-
terner avec g et gh), devant voyelle, le perse répond par 0 et ^
(§ 102 et 129) ; c'est le trait le plus original du perse.
Le groupe *-^y- est représenté par *-sy-y devenu -siy-
(§ 124)-
Dans le groupe de consonne sourde (toujours spirante) plus
sonante, la sonante tend à s'assourdir, et il en résulte de fortes
simplifications :
6r aboutit à un phonème simple, noté ici ç (§ io5).
sv aboutit non pas à sp, mais à s simplement (cf. § 11 3).
-str- aboutit peut-être même à s (§ 109).
Le reste du consonantisme représente à peu près le consonan-
tisme de l'iranien commun.
Structure des syllabes.
§ i4i. Aucune indication graphique ne donne lieu de croire
à l'existence de consonnes géminées ; la langue ne paraît pas en
74 SYSTÈME PHONÉTIQUE [§ 141-142
avoir comporté. Et même, dans un cas où paraît avoir existé
hors du perse une consonne géminée, celle-ci n'est pas notée ;
le nom de la province ^tg^us, ^atagus est en effet noté bab. sa-
at-ta-gu-û, él. sa-ad-da-hi-is , gr. SaT-ayùâai.
§ 1^2. Une voyelle s'insère entre une consonne et une r
suivante dans :
d^'ur^uva, duruvà (nom. sg. fém.) « ferme », cf. zd drva
(lire druva), skr. dhruvà.
Toutes les formes de la racine druj-, cf. zd druj-, skr. druh-,
où un u suit immédiatement r: d''r"uxtm, duruxtam « men-
ti », ad^ur^ujiy, adurujiya « il mentait ».
Ces deux exemples sont d'autant plus significatifs que l'on
ne s'est pas contenté d'y utiliser J" ; Vu a été noté d'une manière
expresse, et le d^u ne figure pas seulement à l'initiale absolue,
mais aussi après l'augment. On conclura de là que, dans toute
initiale de type consonne -\-r -\-u, une voyelle de timbre u
s'insérait entre la consonne et r ; il n'y a pas d'exemple con-
traire. Aucun mot n'est attesté qui commence par un groupe
de consonne suivi de i\ on attendrait alors *d'iri- pour *dri- par
exemple. Les deux faits attestés indiquent nettement qu'une
voyelle brève s'insérait en vieux perse entre une occlusive ou
spirante initiale et une consonne suivante, suivant un usage qui
est encore aujourd'hui celui du persan. Dès lors on doit admettre
aussi que dans les mots comme drug, brata, frmana, une
voyelle brève s'insérait entre J^ Z» ou/et r; la vraie transcription
serait darauga, harâtà, faramànâ, de même que l'on a en per-
san duro^, birâdar, farmàn ; la graphie autorise cette lecture
tout aussi bien que drauga, hràtà, framânà ; on écrira ici d'^rauga,
byâtâj /"ramànà. La question de savoir si ^rk doit se lire
Zra(n)ka ou ^ara(n)ka se pose donc à peine ; un Perse disait
naturellement :(aranka, avec un a très bref entre ;( et r ; ceci
n'ôtait pas le sentiment que :( et r forment groupe, et le grec a
d'une part SapàyYa^ Zxpayyai et de l'autre Apayyai. — Bien
§ 142-144] STRUCTURE DES SYLLABES 75
entendu, les groupes tels que xs- ou st-, qui ne sont jamais disso-
ciés à l'époque moderne, ne l'étaient pas davantage en vieux perse.
§ 1^3. A rintérieur du mot, rien n'indique que les groupes
tels que dr par exemple aient été dissociés, et l'on a par exemple
le nom propre arkdris , arakadris. Mais le nom propre de la
province de Sogdiane, gr. ScvBiavY;, bab. su-ug-du, él. sû-ug-da,
est écrit [sug]ud B. I, i6, sug"ud NR. a. 23, sug"d Pers.
e. i6, c'est à dire suguda. Le groupe intérieur -gd- compor-
tait donc l'insertion d'une voyelle brève entre g et d. — Le
nom propre qui est bab. nahukudurri-u^ur (et él. nah-ku-tur-sir)
est enyieux ij^erse nbuk"udrcr B. III, 80-81; IV, i4; d, 3-4,
mais sans u expressément indiqué nbuk"drcr B. I, 78-79,
84, 93, ce qui laisse supposer une voyelle intercalaire brève
entre k et d.
§ i44- Il y a un cas où la dissociation des groupes est con-
stamment indiquée, celui de consonne suivie de y ou i;; devant 3/^,
on intercale toujours i^ et devant v^ toujours u. Voici des exem-
ples où le développement de / et de u est sûrement récent,
propre au perse :
hHym, hasiyam « vrai », cf. skr, satyam, avec -ty- devenu
-^y- (cf. zd haMm)y puis -sy- (§ 124) et de là -siy-.
siyatis, siyâtis « bien être », avec cy- devenu sy- (§ 124),
puis siy-.
^uvanij Buvâm « toi » (ace), cf. skr. Ivânij avec *^z;- devenu
6î/-(§ io3), puis ^uv-'j au contraire, le / de tuvm, tuvam « toi »
(nom.) montre que Vu est ancien au nominatif.
d^uvHtiym, duvitiyam « en second », cf. gâth. daibitîm (lire
*d'^'bitiy3ni), zd bitïm, skr. dvitîya-, qui garantissent l'inititiale
dv-.
prouva, paruvâ (nom. plur.) « premiers », cf. zd paurvô,
skr. pûrvah (la forme iranienne commune est * parva-).
Même dans le cas du groupe hv-, devenu de bonne heure
XV-, un « a été ainsi introduit :
76 SYSTÈME PHONÉTIQUE [§ 144-146
uvamrsiyuSj (x)uvàmrsiyus « qui a sa propre mort », forme
à vrddhi (§ 298) de xva- « son propre » et mrsyu- « mort ».
On aperçoit ici pourquoi n second élément de diphtongue
n'est pas écrit : dans *parva-, darga-, etc., r était un élément
explosif, suivi au moins d'un commencement de voyelle ; de là
le passage de parva- à paruva- ; au contraire -n- de -nt-, -nd-
était intimement lié à la consonne suivante et ne comportait pas
d'explosion propre : la graphie du vieux perse ne note constam-
ment que des consonnes qui comportent une explosion.
§ iA5. Seul, le groupe hy échappe à la règle dans tous les
cas, ainsi :
mrtiyhya, martiyahyà « de l'homme », équivalait à véd.
mart(i)yasya [l'z de v. p. martiya- est ancien ; -hyâ répond à
skr. -sya\.
L'absence de notation de / dans hy ne prouve pas que le
groupe ait été prononcé hy ; / n'est d'ordinaire pas écrit après h
(v. § 182), et il s'agit sans doute d'un fait tout graphique.
Dans le génitif féminin ahyaya, ahyâyâ « de celle-ci »,
quelques inscriptions de X.erxès ont ahiyaya, c^esl-k-dire ahiyàyâ^
par exception.
§ I^Q. La voyelle insérée manque régulièrement dans des
mots accessoires, prononcés plus rapidement que les mots
principaux :
ty-^ tya-, démonstratif, relatif et aussi conjonction ; cf. véd.
t(i)ya- ; le t montre qu'il faut partir de tiya- avec i voyelle,
et ce tiya- s'est abrégé en tya- à cause du rôle particulier de
tya-j qui est un mot accessoire presque toujours (v. § 33 1 et
suiv.).
frhrvm, f^raharvam « en tout », défera- et harva-; le
mot isolé hr'^uv , haruva « tout » a Vu inséré, cf. zd haurvô,
skr. sarvah.
La graphie indique ici une nuance assez délicate de pronon-
ciation entre les mots principaux, oii Vi et Vu intercalaires sont
§ 146-148] FIN DE MOT 77
nettement prononcés, et les mots accessoires, où il peut y avoir
des groupes tels que ty, rv. '
§ 147. Il est la plupart du temps impossible de déterminer
si Vi et Vu devant ^ et z; d'un exemple donné sont anciens ou
résultent d'un développement secondaire. On n'est fixé que dans
le cas où la consonne précédente présente ou ne présente pas
certaines altérations phonétiques.
L'/ est sûrement récent dans siyàtis et asiyavam, où cy- a
passé à sy- (§ 124), dans hasiyam et (x)uvàmrsiyus , où ^y a
passé à sy- (§ 124), dans l'accusatif Buvâtn où tv- a passé à 6t'-
(§ io3). L'/ et Vu sont sûrement anciens dans duvitiyam
« second » et çitiyam « troisième » , dans martiya « homme » ,
dans le locatif î;/Ory^ « dans la famille », dans tuvam « toi »
(nominatif), où / s'est conservé : devant y ou v on aurait 6 (et
de là s dans le cas de Oy-) ; le c- de ciykrm, ciyakaram « de
combien de fois » NR. a. Sg n'a pu se maintenir que devant -ry-;
devant y, il serait passé à s. Il est à peu près certain aussi que
le ô de xsàyaUya était devant i ; l'étymologie est inconnue ; le 6
ne peut être un ancien t qui serait devenu s devant y ; il faut
que ce soit un ancien *th (iran. 6) ou une ancienne prépalatale,
représentés par 6 devant i voyelle.
La graphie ne donne donc pas le moyen de déterminer s'il y
a eu ou s'il n'y a pas eu à l'origine un / voyelle dans les locatifs
comme: v'^i\^ya^, vM\yà\ « dans la famille » ou mahya,
màhyâ « dans le mois » . Seule la forme d'une consonne précédant
le groupe est instructive; ainsi a pi[y] a ^ apiyà « dans l'eau »
a eu sûrement i voyelle, puisque devant y, un p serait devenu/
(§ io3).
Fin de mot.
§ i48. À en juger par la graphie, il n'y a à distinguer que
deux cas : celui des mots autonomes et celui des mots encliti-
ques. Il n'y a pas de proclitiques.
78 SYSTÈME PHONÉTIQUE [§ 148-149
Les préverbes sont soudés au verbe suivant de manière
que les deux éléments forment un mot un dont les éléments ne
sont jamais séparés. Les mots accessoires, prépositions ou
démonstratifs, qui précèdent un mot principal sont traités
comme des mots autonomes et comportent après eux la marque
de séparation, qu'on exprime dans la transcription par un espace
blanc, ainsi B. I, 54 pariy gaumâtam tyam magum « sur Gau-
mâta le mage », pariy et tyam, qui sont des mots accessoires (et
ceci se marque dans la forme phonétique de tyam, v. § i46),
sont suivis de la marque de séparation de mots et ont le traite-
ment normal des finales. Les groupes où une préposition est liée
à un nom suivant sont des expressions adverbiales unes, comme
/""raharvam « en tout » (cf. § 4i6); et même, dans pasâva
(pasà -+- avà) « après ceci, ensuite », il est intervenu une con-
traction qui a soudé les deux mots.
§ i^g. Les mots enclitiques, reconnaissables à ce que le mot
précédent n'est pas suivi de la marque de séparation de mots,
sont peu nombreux : pronoms maiy, taiy (§ 342), sim, Êaiy, sU,
sâm, dim, dis (§ 344 et suiv.), particules câ « et », va « ou »
(§ 4i5), kaiy (§ 336). Le pronom màm « moi, me » n'est traité
qu'une fois comme enclitique ; le groupe hacàma « de moi » est
à part (v. § 4i5). Les postpositions, telles que à, patiy, sont
enclitiques, et sans doute aussi padiy (v, § 4i6). Il est permis
de penser que les locutions adverbiales telles que taradraya « au
delà de la mer » (§ 4i6), etc. se sont fixées dans les cas où le
mot suivant la préposition était atone ; cf. gr. BiaTievie.
L'ensemble constitué par un mot et l'enclitique qui suit ne
comporte qu'une finale proprement dite, celle de l'enclitique.
Pour les mots non enclitiques, il faut donc examiner deux cas :
celui où ils sont devant un mot non enclitique, et celui où ils
sont devant un mot enclitique. Les règles des finales ne valent
que pour le premier cas.
§ 150] FIN DE MOT 79
Voyelles finales.
§ i5o. En fin de mot, la langue ne distingue pas entre -a
et -à, et le signe de -a est noté dans tous les cas, ce qui, suivant
les règles admises dans les transcriptions, conduit à toujours
écrire -à en fin de mot. On n'est fixé sur la valeur brève ou
longue d'un a final que pour les cas où un mot enclitique est
ajouté ; alors la distinction de -â et -à se trouve notée.
-à final:
avhya, avahyà « de celui-ci », à l'état isolé; mais avhyradiy,
avahyaràdiy {avahya -\- râdiy) « à cause de ceci » ; cf. la dési-
nence skr. -sya du génitif.
mna, manà « de moi, à moi », à l'état isolé, mais mncâ,
manacâ « et de moi » Dar. Pers. d. 9 (mana -\- ca) ; cf. skr.
marna « de moi », avec -â final ; v. si. mejie, avec è final.
avda, avadà « là », mais avdsim, avadasim « là lui » B.
I, Bg, etc. ; avdsis , avadasis B. III, 62 « là eux » ; le suffixe
adverbial -dà répond à -ha (issu de *-dha^ du sanskrit, -de du
slave.
*adâ « alors » n'est attesté qu'avec enclitique: adtiy, ada-
taiy, (( alors à toi » NR. a. 43 et 45 ; adkiy, adakaiy « alors »
(ada + kaiy)^ cf. skr. adha.
-â final.
hca, hacâ « de » ; hcam, hacàma « de moi, par moi »
(hacâ- H- l'ablatif ma^ ; cf. skr. sacâ.
av^a, ava^â « ainsi » ; av^asam, avaBâsâm « ainsi à eux »
B. Il, 27; av^asiy, avaOàsaiy « ainsi à lui » B. III, i4; le
suffixe -Bâ d'adverbes de manière répond à skr. -thà.
*viBâ, instrumental de vi^- a famille princière », dans v'^ap-
tiy, vi^âpatiy « dans la famille » (sens peu clair) ; cf. la dési-
nence d'instrumental skr. -à.
d"uvryamiy, duvarayâniaiy « à ma cour » B. II, 76 et 89 ;
locatif diivaraiy H- postposition â -\- maiy « à moi » ; en finale
80 SYSTÈME PHONÉTIQUE [§ i50-152
absolue, on a toujours -a noté, ainsi dstya, dastayà « dans la
main ». Cette postposition à répond à skr, à.
Il y a sans doute un instrumental en -ayâ dans le mot obscur
w^^tnyaptiy , u:(niayâpatiy , qui doit se couper w^mayâ-patiy .
§ i5i. Il y a un flottement entre ^ et ^ pour uta ; à l'état
isolé, on a toujours uta, utâ « et » ; les inscriptions de Darius
ont toujours la marque de a devant enclitique, soit utasiy,
utàsaiy « et à lui » B. l\^ '][x^ utaniiy , utâmaiy « et à moi »
NR. a. 52 ; mais dans les inscriptions de Xerxès, on lit devant
enclitique tantôt w/^-, ainsi Pers. b. 29, tantôt w/a-^ ainsiut m iy,
utamaiy Pers. a. i5. Le sanskrit a ici uta. Il s'agit sans doute
d'un de ces a finaux indo-iraniens dont la quantité flottait entre
-à et -à ; si l'on n'a pas véd. *utâ à côté de utâ, c'est que la
forme à voyelle longue finale est remplacée le cas échéant par
véd. utâ.
§ 162. La transcription par -â de tous les -a finaux, là
même où ils représentent une ancienne brève, répond sans doute
à une réalité. En effet, dans des cas particuliers où un abrège-
ment peut se justifier, on rencontre -à, et non -à, pour repré-
senter un ancien -à, c'est-à-dire qu'un -a final n'est pas noté.
La désinence -hya du génitif des thèmes en -à- (y. § 3oi) est
régulièrement notée -/;j'â;^ c'est-à-dire -/Tyà; mais on observe
les exceptions suivantes, toutes à la fin de mots longs et dans
des groupes où Va final avait chance de s'abréger :
en hiatus deux fois, B. III, 38 et 46 karm tym vhy:(da-
thy aj , kâram tyam vahya^dàtahya a] a « il a battu l'armée
de Vahyazdâta ». — De même la 3* personne moyenne du
pluriel de prétérit aha(n)tà, qui est en général notée ah ta
devant consonne ou devant voyelle, comme on l'attend, l'est
deux fois aht devant des mots suivants commençant par voyelle,
B. m, ^^ et 5i.
dans un groupe où le génitif est lié au mot suivant dont il
dépend : B. IV, 19 et 22, e. 7, g. 9 uvxstrhy tumaya,
§ i52-153] FIN DE MOT 81
Qj)uvaxUrahya tau(jK)mâyâ « de la famille de (H)uvaxstra »,
contre une fois B. II, i5-i6 uvxètrhya tumaya, (h)uvaxs-
trahyà tau{pc)mâyà.
dans toutes les formes de noms de mois devant màhyà, ainsi
B. I, 37-88 vHyxnhy mahya, viyaxnahya màhyà « au mois
de viyaxna » ; 42 grmpdhy mahya, garmapadahya màhyà
« au mois de garmapada », et ainsi toujours.
dans le seul cas où les deux termes du juxtaposé AQj)ura
Ma:(dà(Jj) soient fléchis séparément, Xerxès Pers. c. (a 10 = b 1 7)
aurhy m:(dah, a(Jj)urahya maxdàha « d'Ahura Mazdâh ».
Si Ton a noté -a dans les cas où il y a lieu de supposer qu'on
prononçait en effet -a, c'est que l'on avait -à dans les cas où Va
est expressément noté. — Il est impossible de faire état de
nam, nàma « nom » (cf. skr. nàma)^ qui se trouve souvent,
parce que la répartition de nàma, nàmà est réglée par le genre
du mot voisin : nàma est employé près des masculins et des
neutres, nàmà près des féminins (v. § 3 12).
§ i53. A la finale, -/ et -u sont notés -iy et -uv constam-
ment, aussi bien dans le cas des diphtongues que dans celui des
voyelles simples ; la notation -/ ou -u seule n'apparaît que
devant des enclitiques ; ainsi :
apiy , apiy « aussi » Dar. Elv. 19, et [ap]imiy, apimaiy
« aussi à moi » Dar. B. IV, 46 ; cf. skr. api.
ptiy, patiy « vers » (souvent attesté), et rucptiva, rauca-
pativà « ou de jour » (rauca--\-pati-\-và) B. i, 20; cf. zàpaiti.
pr^uv, paruv (nom. ace. sg. neutre) « beaucoup », cf. zd
pouru, skr. puru ; on retrouve pr"uv- a Ia un du premier terme
du composé pr'^uv/^nanam, à côté de pr^u^nanam, paru:(a-
nànàm (cf. § i56 et 291) et avec le génitif pluriel (cf. § 92).
ddatuv, dadàtuv « qu'il donne » (3® sg. impér.), cf. skr.
dudàtu.
imiy, imaiy (nom. ace. pi. masc.) « ceux-ci », et imiva,
imaivà « ou ceux-ci » B. IV, 71, 78, 77 ; cf. skr. ime.
6
82 SYSTÈME PHONÉTIQUE [§ 153-155
tyiy , tyaiy (nom. ace. masc. plur.) « qui » et tyisiy , tyai-
Saiy B. I, 67, etc. « qui à lui ».
huVy hauv «■ celui-ci » (nom. masc. sg.), et husiy, hausaiy
« celui-ci à lui » Dar. Pers. d 3. Toutefois huv est la graphie
ordinaire même devant enclitique : huvmiy, hauvmaiy a celui-ci
à moi » B. II, 79; III, II ; huvtiy, hauvtaiy « celui-ci à toi »
NB. a. 57; huvciy, hauciy « celui-ci » (avec l'enclitique ciy^
Dar. Pers. e. 28.
§ i54. Jamais, en finale absolue, on ne manque d'écrire y
et V après i et u. Quelquefois, dans la diphtongue finale -ai,
c'est Vi qui n'est pas noté :
NB. a. 46 d^ury [hc]a par sa, duray hacâ pàrsâ « loin de la
Perse » ; la graphie ordinaire est duriy ; ici duraiy fait partie
d'un groupe de mots, et la diphtongue devait y être relative-
ment brève.
B. IV, 58 aurm'^daty, aQj)urama:(dàiay « Ahuramazdâh
à toi » ; la graphie ordinaire est -tiy, il s'agit de l'enclitique
taiy, sans doute relativement bref.
§ i55. Après h, la voyelle / n'est jamais notée en fin de mot,
et l'on 3i ahy , ah(i)y « tu es », cf. zd ahi, skr. asi, en face de
amHy , amiy « je suis », cf. zd ahmi, skr. asmi, et astiy, astiy
« il est », cf. zd asti, skr. asti. Devant enclitique, il n'y a pas
de y, et alors i n'est pas noté, on Ta vu § 182 ; prihrahdHs,
paribaràh(i)dis « que tu les conserves » (paribaràhi -f- dis) B .
IV, 74 ; v'iknahd'is, vikanàh(i)dis « que tu les détruises »
B. IV, 77, en regard de pribrahy, pariharàh(i)y « que tu
conserves », v'iknahy , vikanàh(t)y « que tu détruises », attes-
tés dans le même morceau. — La graphie -hy peut aussi s'in-
terpréter -ha(t)y d'après le principe général de l'écriture ; et en
effet, du thème indo-iranien manya-, qui admet seulement les
désinences moyennes en sanskrit et dans l'Avesta, on a mniyahy
Dar. Pers. e. 20, qui doit évidemment être lu maniyàhay « que
tu penses » (2*^ pers. sg. subj.).
§ 156-158] FIN DE MOT 83
§ i56. A la jonction des deux termes du composé paru-
:(ana- « qui a beaucoup de races », mot emprunté (v. § 9 et
119), on a paru dans pr"u:(^nanam (gén. plur.) Dar. Elv.
i5-i6 et Xerx. Elv. i5-i6, mais paruv- dans pr^uv^^nanam
Xerx. Pers. b. i5-i6 et d (a 11 = b i5-i6) ; c'est qu'on avait
le sentiment de deux mots, comme le prouve la coupe pr^uv
:(nanam Xerx. Pers. a (a. 8 = b. 8, c. 8 = d. 8), avec mar-
que de séparation de mots après paruv.
§ 167. Le mot duraiy est suivi de apiy dans la plupart des
exemples; on écrit d^uriy apiy; le rapprochement des deux
mots, sans signe de séparation, et sans y entre i et a, dans
d"tiriapiy, duraiapiy NR. a. 12, a l'air d'une faute acci-
dentelle.
§ i58. Il est difficile d'interpréter ce -y et ce -v après / et u
en fin de mot. Sans doute i et u terminant des mots déve-
loppent respectivement y et î; à Ja fin d'un préverbe devant un
verbe commençant par voyelle ou à la fin d'un premier terme
de composé devant un second terme à initiale vocalique :
ptipyuva, patipaya{x)uvà « protège » (j^vèyQihe pati '-\- pa-
ya{x)uva), en regard de ptiyais, patiyaisa (pati -\- y -h aisa)
« ils sont venus ».
umrtiyà, (h)umartiyà ([h]u- H- martiya) « qui ont de bons
hommes », en face de uvspa, (F)uvaspà ([h]u- -\- v -\- aspd)
« qui ont de bons chevaux ».
On conçoit bien comment devant la postposition -à un ancien
locatif tel que *dastai est devenu dastayà, et ainsi toujours ; et
le V de huvm, hauvam « celui-ci » B. I, 29, constitué sans
doute par la juxtaposition de hau- et d'une particule -am n'a rien
de surprenant (ici la diphtongue au s'est maintenue sous l'in-
fluence de la forme isolée *hau-). Mais on ne voit pas pourquoi
une prononciation, qui était normale devant voyelle, aurait été
étendue au cas de la pause et au cas de l'initiale consonantique
suivante, lesquels étaient les plus fréquents. D'ailleurs, on ne
84 SYSTÈME PHONÉTIQUE [§ 158-161
saurait séparer les graphies -iy, -uv de la graphie de -a final par
l'ancien -à (§ i5o-i52). Il semble que, d'une manière générale,
les voyelles en finale absolue aient été prolongées, et pour ainsi
dire traînées. Cette prononciation traînée expliquerait à la fois
-â, -iy et -uv ; le y et ]e v doivent vraiment noter des sortes de
y et de î; consonnes finaux. Cette prononciation n'a pas dû
être spéciale au perse ; on sait que, dans les gàthâs de l'Avesta,
tout -a final est noté -à, quelle que soit la quantité ancienne, et
que tout -i et tout -u sont notés -î et -û ; or, ceci suppose que
l'auteur de la vocalisation du texte traditionnel, quand il a vo-
calisé astî, avait sous les yeux quelque chose comme 'sty,
qu'on peut lire asti, mais qui admet aussi bien une lecture
astiy, identique à celle du v. p. astiy.
§ iSg. L'exemple cité ci-dessus, § i52, d'absence de nota-
tion de -a final de la désinence -hya devant un mot commen-
çant par voyelle suggère l'idée que les longues en hiatus pou-
vaient tendre à s'abréger. Cette vue est confirmée par le fait
que, à la jonction d'un préverbe et d'un verbe commençant
par i^ on observe un abrègement. Soit en efiet le préverbe parà-
attesté dans prahrtm, paràhrtam « enlevé » B. I, 62 et dans
pragmta, parâgmatà « allés à l'écart » ; or, on trouve souvent
prid'iy, paraidiy « va t'en » et prita, paraità « allez vous-en »
ou encore prit a, paraità « partis » B. II, 38.
Consonnes finales.
§ 160. Les seules consonnes finales qui soient notées sont
nij s et r.
§ 161. La consonne -m est fréquente :
a dm, adam « moi » (nominatif) = zd a:(pm, skr. aham.
asm, asam (ace. sg. masc.) « cheval », cf. zd aspdm, skr.
açvam.
xsçm, xsaçam (nom. ace. sg. neutre) « royaume » = zd
xsaBr^m, skr. k^atram.
§ 161-166] FIN DE MOT 85
ajnm, ajanam (i*"* pers. sg. prétérit) «j'ai frappé » = skr.
ahanam, cf. zd jandm.
§ 162. La consonne -i est la forme prise par -s finale en
indo-iranien après / et w ; on a ainsi :
uvamrÈiyus , {x)uvàmrsiyus « qui a sa propre mort », nomi-
natif maso. sg. d'un composé, dont le second terme est un
thème en -u- ; cf. zd mdrd^yus, skr. mftyuh.
siyatis, siyâtis « bien être », nominatif fém. sg. d'un thème
en -/- ; cf. zd sâitis.
hgihis, bagaibis « avec les dieux », instrumental pluriel
dont la désinence est -bis^ cf. zd -bîs, skr. -bhih.
§ i63. On a -r dans :
atr , a(n)tar « à l'intérieur », cf. zd antard, skr. antah (antar).
§ 164. Par les exemples cités, on voit que la voyelle qui
précède une consonne finale ne subit pas d'allongement.
§ i65 La présence ancienne d'une consonne qui n'est pas
notée et qui sans doute ne se prononçait plus proprement, mais
qui laissait sa trace dans un arrêt net de la voyelle (v. Gauthiot,
Fin de mot, p. 100 et suiv.), excluant tout son traîné, se tra-
duit par la non- notation de -a à la finale en certains cas. Les
trois consonnes qui ont laissé cette trace sont Tocclusive dentale
*-t on^-d, répondant à zd ^- ; l'aspirée *-h, répondant à skr.
-h (i.-e. *-5 *-;()' ^^ nasale *-w_, répondant à zd ~n, skr. -n ou
à -n suivi de -t ou -d. Les voyelles longues subsistent devant
ces trois consonnes qui se sont amuies en perse.
§ 166. Il est tombé une dentale finale dans des cas tels que:
abr , abara « il a porté », cf. zd barat. skr. abharat.
ad a, adà « il a créé », cf. zàdât, skr. adhàt.
av, ava « ceci » (nom. ace. sg. neutre), cf. zd avat.
L'amuissement de la dentale est réel, et après -i final le
mouvement d'arrêt de la voyelle prend la forme d'un -y :
-ciy, -ciy, particule répondant à zd cit, skr. cit.
niy, naiy, négation répondant à zd nôit, skr. net.
86 SYSTÈME PHONÉTIQUE [§ 166-167
Sur la confusion de abaraÇt) et abara(n), cf. § 168.
La présence ancienne d'une dentale se traduit seulement par
ceci que devant la particule enclitique -ciy (§ 336) apparaît un ^;
un ancien -t-c- est ainsi devenu -se- :
avsciy f avasciy « ceci même », de *avat-cit.
aniysciy, aniyasciy « quelque autre chose », de anyat (cf.
zd anyat, skr. anyat) ~\- cit.
ci s ciy, cisciy a quelque chose » B. I, 53, de *cit-cit, cf. zd
cit, neutre de cis « quelqu'un ».
Le -d- de avd'im, avadim, av'^dHs, avadis (ava-d-is) « ceci
eux » (v. § 3/i5)est sans doute l'ancien -J final de *avad- devant
voyelle (v. Galand, K. Z., XLII, 173 et suiv., et A. Meillet,
M. S. L., XIX, 53 et suiv.).
Devant les enclitiques autres que -ciy, la finale ne subit aucune
modification visible :
psavsim, pasàvasim « après ceci lui ».
ni mi y, naimaiy « pas à moi » (de * nait -{- maiy) ; de même
nisim, naisim « pas lui ».
§ 167. Une ancienne -s finale a de même disparu dans des
cas tels que :
aniy, aniya (nom. sg. masc.) « autre », cf. zd anyô, skr. anyah.
rut, rauta (gén. abl. sg. du thème en -t-, raut-), cf. la dési-
nence zd -ô, skr. -ah.
Devant -ciy, une ancienne sifflante apparaît aussi comme s :
ksciy, kasciy « quelqu'un » (de *kas + cit), cf. zd kascit,
skr. kaçcit.
Il n'y a pas trace de s devant les enclitiques autres que ciy.
On a ainsi :
xSpva, xsapavà « ou de nuit » du génitif *xsapa(h) -}- va.
tysam, tyasâm « ce qui à eux » de * tyat -{- sâm \ tymiy,
tyamaiy « ce qui à moi ».
Aurm^damiy , A{h)urama/^dâmaiy « A(h)uramazdâ(h) à
moi » (de * Ahurama^dâh .-\- maiy).
§ 167-171] FIN DE MOT 87
Du reste on n'a pas d'exemples qui indiquent ce que serait
le traitement d'un ancien * -t ou d'une ancienne *-s finale dans
des cas qui seraient intéressants, ainsi devant cà « et » ou
devant taiy « à toi ».
§ i68. C'est une nasale finale, suivie de dentale, qui se trou-
vait anciennement dans quelques cas tels que :
aj , aja « il a frappé », cf. skr. ahan, de *ahant.
En aucun cas une n n'aurait pu être écrite puisqu'on n'écrit
pas de nasale implosive ; mais il est probable que la nasale
finale ne se prononçait pas plus que le -t final ; car on a trans-
formé de diverses manières (v. § 228) la 3^ personne du pluriel
de abr, abara « il a porté », visiblement pour éviter la confu-
sion de ahr (ancien *aharant) « ils ont porté » avec abr (an-
cien *abarat) « il a porté ».
§ 169. Pour toutes les consonnes finales autres que celles
qui viennent d'être énumérées, il n'y a pas d'exemples.
§ 1 70. On remarquera l'absence de tout groupe de consonnes
en fin de mot ; en particulier il n'y a pas de groupe -st ; la
3* personne du singulier active des formes qui reposent sur
l'ancien aoriste en *-s, comme ak"unus, akunaus « il faisait »,
se termine par -s^ et non par *-stj c'est-à-dire qu'un -t final
s'est amui dans les cas de ce genre (v. § 223).
§ 171. Traces des anciennes règles relatives aux consonnes
finales.
En indo-iranien, les occlusives et sifllantes finales ten-
daient à être sourdes devant une sourde suivante, sonores
devant une sonore suivante, voyelle ou consonne. Étant donné
que l'on n'a en fin de mot ni occlusive ni s, la seule consonne
qui se prête à manifester une trace de la vieille règle en fin de
mot est -s qui pourrait alterner avec -j (-Q. Il y a en efî'et un
reste de l'ancien usage dans le traitement du préverbe indo- ira-
nien nis-j nÎT^-j qui est ni^- dans la forme transcrite par nijàyam
«je suis parti » (v. § 127). Mais, sauf cet exemple et sauf /v>i- dans
88 SYSTÈME PHONÉTIQUE [§ 171-172
udptta, udapatatâ (ud -J- apatata) « il s'est soulevé », les pré-
verbes n'offrent pas d'autre cas où il y aurait une consonne
finale devant voyelle ou sonante consonne initiale (sur avadim,
avadis, v. § i66). Dans tous les mots suivis d'un signe de sépa-
ration, la sourde finale -s a été généralisée, même dans les pré-
positions ; on a ainsi ptis dadrsim, patis dàdrsim « contre
Dâdrsi » B. II, ^3-44 ; ptis vumHsm, patis va (h) umisam
« contre Vahumisa » B. II, 52-53 \ ptis mam, patis màm
« contre moi » B. II, 67 ; etc. Même devant enclitique, on
a s : dhyausmiy, dahyàusmaiy (dahyâuÊ + maiy) « la pro-
vince à moi » B. IV, 39. La généralisation de la sourde -s
est allée si loin que, dans le composé d"usiyarm, dusiyàram
« mauvaise année, mauvaise récolte » de "^ dus- *du{- « mal » et
yàr « année », on a s, et non :^; cf. pehlvi manichéen dusy'ryy,
dusyàrî « mauvaise récolte ».
En pareil cas, le sanskrit et l'Avesta ont la sonore, par exemple
zd du^-itdm, skr. dur-itam « danger ». Le vieux perse (jffre déjà
l'état du persan qui a généralisé la sourde devant les sonantes :
dusman, etc.
Insuffisance des données.
§ 172. Les données ne permettent pas de se faire une idée
complète du système phonétique de la langue. C'est que ceux
qui ont écrit les textes ont eu en vue de donner les indications
nécessaires pour rendre intelligibles sans ambiguïté des inscrip-
tions monumentales — et ils y ont réussi — , mais ils ne se
sont pas proposé de fixer la prononciation comme l'ont fait ceux
qui ailleurs ont fixé pour l'usage courant des prêtres des textes
religieux dont la prononciation devait demeurer invariable.
Entre la graphie traditionnelle de l'Avesta, telle qu'elle a été
fixée à l'époque sassanide, et la graphie des inscriptions perses
§ 172-173] INSUFFISANCE DES DONNÉES 80
il y a ainsi un contraste complet. Mais les inscriptions perses
présentent la langue telle qu'elle apparaissait aux contempo-
rains ; et, si leurs indications sont incomplètes, elles sont sin-
cères et authentiques.
La seule donnée qu'on possède sur la phonétique de la phrase
est celle de l'existence d'enclitiques reconnaissables à l'absence
de la marque de séparation de mots en certains cas (v. § 1^9
et ^lb).
§ 178. Il y a une insuffisance qui est commune aux inscrip-
tions perses et au texte avestique : on n'y trouve rien qui puisse
renseigner soit sur une conservation éventuelle du ton indo-
iranien, soit sur la place d'un accent. Le rythme quantitatif de
l'indo-iranien s'est maintenu en persan, en se combinant avec
une influence de la fin de mot, et l'on peut par suite être sûr
qu'il existait en perse ; la notation de à, qui est peu conforme
au type général de la graphie, en est d'ailleurs une trace assez
nette. Mais il est impossible de dire s'il subsistait des traces du
ton mobile comme dans la langue védique.
CHAPITRE III
ALTERNANCES
§ 174. Les textes perses sont trop peu étendus pour donner
une idée juste et complète du rôle des alternances. Du nombre,
relativement petit, des exemples attestés il serait hasardeux de
conclure que les alternances se trouvaient déjà en régression au
moment où les textes ont été composés. Les « formes fortes » où
ces alternances figureraient sont en nombre assez restreint sur
les inscriptions. Et il faut tenir compte du fait qu'on a très peu
de formes distinctes de chaque racine. En somme, dans la
mesure où les formes sont attestées, les alternances indo-ira-
niennes y subsistent bien. Mais les formes « fortes » où ces alter-
nances jouaient un rôle tendaient sans doute à s'éliminer.
I. Alternances vocaliques.
A. Alternances quantitatives. '
§ 175. L'alternance âjà, qui était très importante en indo-
iranien, est représentée par divers exemples :
padibiya, pâdaibiyâ « par les deux pieds » (cf. skr. pat
{( pied ») : pstis, pastis « fantassin » (de *pat-ti-s).
hd'is, hadis « siège » : niysadym, niyasàdayam « j'ai éta-
bli » (cf. § 199) ; racine indo-iran. sad- : sâd- ; cf. skr. sâdah
et ni-sâdayati.
§ 175] ALTERNANCES VOGALIQUES 91
hrtiy, hara{n)tiy « ils portent » : as bar, asabàra « cava-
lier » {usa -\- bâra-)y et u^barim, u^abàrim (ace. sg.) « monté
sur chameau » {usa -\- bâri-).
aydiy, ayadaiy «j'ai honoré » et aydna, ayadanà « sanc-
tuaires » : açiyad^yhy, açiyâdiyahya (gén.), nom d'un mois
(âç- « feu » -\- yâdiya- « adoration ») ; ba^yadiÈ, bâgayâdais
(gén.), nom d'un mois {baga- avec vrddhi, § 298, et -yàdi-
« adoration »).
Il y a un degré long au nominatif de dhyaus, dahyâuÈ « pro-
vince », plur. dhyav, dahyàva, ace. sg. dhyaum, dahyàum,
en regard du gén. plur. dhyunam, dahyunàm ; loc. plur.
dhyu^uva, dahyusuvâ (cf. § 82 1),
L'a de la vrddhi de dérivation du type mrg"us, margus
« ^Jargiane » : margv, màrgava « Margien » se trouve aussi
plusieurs fois (v. § 298).
L'a du degré long figure du reste dans plusieurs exemples
nets, ainsi l'accusatif sg. asmanm , asmânam « pierre, ciel »,
cf. skr. açmànam, p. asmàn ; dans les formes de causatif ou à
type de causatif daryamHy, dàrayâniiy « je tiens », cf. zd
dârayeiti, skr. dhàrayati (et aussi l'aoriste passif adariy, adâ-
riy « il a été tenu »), en face de l'adjectif û?"z/r"wt/, duruva
« ferme » qui présente le degré zéro de la même racine, skr.
dhruvah; et vHna^yis, vinâ^ayais « tu peux faire du mal »,
causatif d'une racine na^- = zd nas-, skr. naç-, avec préverbe
vi- ; cf. du reste p. gunàh, de ^vinà^a, et a m an y, amànaya « il
a attendu ^), cf. § 199 — kam, kâma « désir », cf. zd kâmô —
bajim, bâjim (ace. sg.) « tribut », p. bâ:(, cf. zd ba^at « il
a donné en partage » — nahm, nàham (ace. sg.), cf. skr. nàs-:
nas-.
On a à dans rastam, râstâm « droite » (cf. § 126 et 217)
en regard du degré zéro de arstâm Çrstâm) « rectitude ».
Le nom de mois ^urvahrhy , ^uravàharahya (gén.sg.) ren-
ferme le mot correspondant à skr. vâsara-, cf. p. bahâr
92 ALTERNANCES [§ 175-176
(avec déplacement de la quantité), en regard de zd vaûri
(locat. sg.), skr. vasar-. — L-'â de npa, napà « petit- fils »
est sûr, cf. zd napàt-, skr. napàt ; V-à final de pita, pità
« père » et de hrata, b^râtâ « frère » n'a pas de valeur au
point de vue perse, mais il répond à V-à de skr. pità, bhrâtâ,
en regard des accusatifs pitaram, bhràtaram ; V-à de du si a,
daustà « ami » n'a pas non plus de valeur propre, mais il
répond à Va du nominatif sanskrit en -ta des noms d'agent en
-tar- ; 1'^ de l'accusatif de ces mêmes noms d'agent est sûr dans
frmatarm, fyamàtàram « seigneur », plusieurs fois attesté,
cf. skr. -tarant, zd -tàrdm) de même 1'-^ du xïoimndiûî x s çpav a,
xsaçapàvà « satrape » répond à V-à final du nominatif des thèmes
sanskrits en -an- (cf. § 3 12).
B. Alternances û^/zéro.
§. 176. Voici quelques exemples où l'on observe l'alternance
de manière sensible en perse :
drug, dyauga « mensonge », drujn, d'^raujana « trom-
pant » : ad'^ur'^ujiy, adurujiya « il a menti », d^ur^uxim,
duruxtam « menti ».
aitiy, aitiy « il va » : prid'iy, paraidiy « va-t'en »
(para -4- impératif fJ/y), prit a, paraità « partis » (parà-\- ad-
jectif ità) (cf. § 184).
asti y, astiy « il est » : htiy, ha(n)tiy « ils sont », cf. skr.
as-ti, s-anti (cf. § i8/i).
■ufrstm, (h)ufrastam « bien interrogé, bien puni » : aprsni,
aprsam « j'ai interrogé », cf. p. pursam, skr. prcchati, zd
pdr'ssaiti.
crtniy, cartanaiy « faire », x^urkr, ^urakara « qui fait trom-
perie » : cxriya, caxriyà « puisses-tu faire » (§ 208 et 281);
ak"uma, akumà « nous avons fait », cf. skr. akrma (§ 287), et
sans doute aussi v. p. krt, krta « fait » (cf. § 2i3).
De bons exemples se trouvent dans les thèmes en -u- : nom.
§ 176-179] ALTERNANCES VOGALIQUES 93
sg. -u-s, gén. sg. -au-s, loc. sg. -û^mz; et -az;-^ (cf. § 3i8) et dans
les thèmes en -i- : nom. sg. ~i-s, gén. sg. -ai-s (cf. § 3i8).
§ 177. On ne trouve sûrement attestés que le degré long
d'une part, le degré zéro de l'autre dans dàrayàmiy : duruva,
cf. ci-dessus § 176 ; mais il est probable qu'il faut lire adrsiy ,
adrsiy, et non adarsiy « j'ai tenu » l'aoriste sigmatique moyen
de cette racine Dar. Pers. e 8. Le degré zéro de arstam,
arstàm Çrstàm) « rectitude » (de *rstà-) se trouve en face du
degré long de râstàm « droite » (cf. § 176).
On n'a aussi que l'opposition du degré long et du degré zéro
dans la flexion de pita, pità « père », nominatif du thème ^/7^r-:
gén. sg. piÇj piça, représentant un ancien *pîtr-as.
§ 178. L'alternance ne pouvait plus être aperçue des sujets
parlants dans g if) a, gaidâ « biens, fortune », et jiva, jîvâ
(S vis » (impératif), ou dans abvm, ahavmn « je devenais » et
hiya, biyâ « qu'il devienne » (v. § 282).
Il ne saurait non plus être question d'une alternance nette
dans la racine stâ- du type en -à-, dont on a d'une part avas-
taym, avàstâyam « j'ai établi » (ava -\- astâyam); stanniy stà-
nam « place », et de l'autre aistta, aQi)istatâ « il s'est tenu »
(imparfait du thème hi-st-a-).
§ 179. Plusieurs alternances se trouvent n'être pas notées
par suite des insufîisances de la graphie :
ajnm, ajanam « j'ai frappé », avec racine jan- : jdiy , jadiy
« frappe », -]/_, -jata « frappé », avec degré zéro ) a- ; mais on
pourrait aussi bien lire ja(n)- dans ce dernier cas ; le persan
:(adan montre qu'il faut lire ja-. Sur le nom d'agent jta, ja(n)ià
« celui qui frappe » v. § 277 ; la lecture ja(n)tà est indémon-
trable, mais possible.
ajmiya, ajatniyà « qu'il vienne » (à ~\- jamiya) : pragmta,
paràgmatà « partis » (^parà -f- gmata) ; rien n'empêcherait de
lire * âgamatà ; mais le persan a àmadan « venir » , qui suppose
*â-gmata-.
94 ALTERNANCES [§ 179-181
hdk, ba(n)daka « serviteur » (à lire ainsi d'après p. banda):
bst, basta « lié » (p. basi) ; donc alternance band- : bad-.
mrtiy, martiya « homme » (cf. p. mard) : -mr^iyus,
-mrsiyus « mort » (cf. skr. mrtyuh, zd mdrd^yuÈ) ; on a en
persan le verbe murdan « mourir ».
Il y avait sans doute degré a à l'aoriste niypism « j'ai écrit »
et degré zéro dans l'adjectif en -ta- nipistm « écrit » ; mais
l'opposition des lectures niyapaisam et nipistam est hypothétique ;
le persan ne fournit de témoignage que pour la seconde.
Les exemples de ce genre pourraient être multipliés, et il ne
serait pas non plus difficile de citer des cas isolés de degré a,
comme rut, rauta « de la rivière » (gén. abl, sg.) ou de degré
zéro, comme v'i^m, vivant « famille » (ace. sg.).
II. Alternances conson antiques.
§ i8o. On a vu comment s alterne avec s ou avec h en cer-
taines conditions, suivant la voyelle qui précède (§ 122).
§ 181 . Outre cette alternance et quelques autres, de moindre
importance, dont le principe est en perse même et qui ont été
indiquées dans le chapitre du système phonétique, il existe une
alternance dont le principe n'apparaît plus en indo-iranien
et qui est de caractère purement traditionnel ; c'est celle de c
avec ^ et de j avec ^. Les exemples attestés en perse sont peu
nombreux et suffisent tout juste à indiquer la persistance du
phénomène.
kjc:
ak"unus, akunaus « il faisait y) ; ak^uma, akumà « nous
avons fait » ; krtj, krta « fait » ; :!^urkr, :(urakara « qui fait le
mal » : crtniy, cartanaiy « faire », et r dans le redoublement
de cxriya, caxriyâ (de *ca-kr-iyâs) « puisses-tu faire ».
ksciy , kasciy « quelqu'un » : cisciy, cisçiy « quelque chose »,
cf. skr. kah et cit, zd ko et cis, cit.
§ 181] ALTERNANCES CONSONANTIQUES 95
Du nom de province mk, maka, on a tiré le dérivé indi-
quant le peuple mciya, maciyà (nom. plur.).
il]'
ajmHya, ajamiyà (à -{- jamiya) « qu'il vienne » : pragmta,
parâgmatâ « partis » ; cf. zd jam- : gatô.
yiva, jivà « vis » (impératif): gi^a, gai^à « bien, for-
tune » ; cf. zd jvaiti (lire jivaitï) et gayô.
dru g, d'^rauga « mensonge » et d''ur"uxtm, duruxtam
« menti » (avec k passé à .x:^, § io3) : ad"ur"ujiyj adurujiya
« il a menti », drujn, dyaujana « trompeur », cf. skr. droghah
et druhyati.
On a vu § 126-127 ®^ quelles conditions particulières se
rencontrent c et j, seulement devant i (et devant ancien y) et
devant à\ k Qi g n'apparaissent pas devant i, mais se rencon-
trent aussi devant a.
CHAPITRE IV
FORMES VERBALES
§ 182. On dispose de peu de formes verbales. Mais ce que
l'on en possède suffit à donner deux indications générales :
D'une part le système ancien des verbes indo-iraniens est
maintenu dans ses grandes lignes.
D'autre part, sauf celles du présent, la plupart des formes
anciennes sont en régression, et l'on aperçoit les amorces du
type postérieur.
I. Les thèmes.
i** Types athématiques du présent-aoriste.
§ i83. Le type athématique a, comme partout, cessé d'être
productif; mais il en subsiste un nombre de représentants
assez considérable. On y observe encore des alternances vo-
caliques nettes (cf. § 176).
A. Le présent-aoriste radical.
§ 184. a. Présents.
Racine ah-: amHy , amiy « je suis » (sur la non-notation
de h de a[h]miy, v. § i33); ah y, ah{i)y « tu es » ; astiy, astiy
« il est »; et, avec degré zéro du vocalisme, htiy, ha(n)tiy
« ils sont » ; la i"^^ personne du pluriel amhy, amah(i)y a le
même vocalisme que amiy, à la différence de zd mahi et de véd.
§ 184-185] LES THÈMES 97
smasi; subjonctif ah y, ah(t)y, c'est-à-dire àhiy « que tu sois » ;
ahtiy, ahatiy « qu'il soit » (v. § i34). Cf. skr. asmi, asi,
asti, santi, et asah, asati (asat). — Le prétérit ahm, aham
(c'est-à-dire <5/7û!m) « j'étais », ah, aha (àha) « il était », ah,
aha (àha) et ahta, aha(n)tà (âhanta) « ils étaient » résulte d'un
mélange d'imparfait et de parfait; la i""" personne aham a la
désinence d'un imparfait, cf. skr. âsam ; la 3® personne du sin-
gulier aha rappelle skr. àsa, zd ânha ; mais le -t final que sup-
pose l'absence de notation d'un a final montre que *âha était
devenu *âhat, avec désinence d'imparfait; l'ancien imparfait
était du type skr. àh, zd as.
Racine ai- : aitiy, aitiy « il va », cf. zd aèiti, skr. eti; impé-
ratif pridiy, paraidiy {para -\~ idiy) « va-t'en » ; parita,
paraità {para -f- ita) « allez vous en » ; prétérit nijaym,
nijàyam (nij -\-àyain) « je suis parti » ; ais , ais (lire àis, d'après
atiyais, atiyàis « il a passé ») « il est allé » B. I, gS, etc. ;
ayta, aya(n)tâ « ils sont allés » Dar. Sz. en.
jan- (skr. hanti, zd jainti): impératif j^'/jy_, jadiy « frappe »
(cf. skr. jahi, zd jai^i); jia, jatà « frappez ». Imparfait a;; «w_,
ajanam « j'ai frappé » ; a) , a) a « il a frappé » ; avajn, avàjana
(ava-{-ajana) « ils ont tué » ; moyen ptiyjta « il a battu (pour
lui) ». Optatif actif: avajniya, avàjaniyà (ava -\- â -\- janiya)
« il pourrait tuer ».
kan- (p. kandan, cf. zd kainti « il creuse ») : v'iyk, viyaka
(vi-^aka[n]) « il a détruit » ; impér. niktuv, nika(n)tuv « qu'il
détruise » ; subj. vHknahy , vikanàh(î)y « que tu détruises »,
comme si le type était thématique (v. § 229).
pâ- (cf. skr. pâti, zd -pàiti) : impér. pad'iy, pâdiy « garde » ;
paf^uv, pàtuv « qu'il garde » ; il y a au présent moyen
ptipyuva, patipaya(x)uvâ « garde- toi », ce qui donne lieu de
se demander û pâ- ne serait pas un thème d'aoriste en perse.
§ i85. b. Aoristes.
ku- (cf. zd hfd-, skr. kr-): ak^uma, akumà « nous avons
7
98 FORMES VERBALES [§ 185-i88
fait » ; moyen ak^uta, akutâ « il a fait (pour lui) ». — Le
thème du présent est kunau- (v. § i88).
dà- (skr. dhà-j zd dà-) : ada, adà « il a créé » (= skr. adhât).
— Le thème du présent est dadâ- (v. § i86).
]am- (cf. skr. agan, gâth. impér. gaidî): optât, ajmiya,
ajamiyâ {à -\- jamiyà] cf. zd optât, jamyât).
di-(p. dldan, cf. zd dïta- « vu ») : d'id'iy, didiy « vois »;
le présent est vaina-, v. § 2o3.
§ i86. B. Présents à redoublement.
dadà- (cf. skr. dadàti, zd dadâiti): ddat"uv « qu'il donne »
Dar. Pers. d 23-2/4 ; NR a. 55.
dadà- (cf. skr. dadhàti, zd dadàiti) : adda, adadà « il a
établi » Dar. Pers. d. 3. Cf. l'aoriste adâ (§ i85).
G. Type à nasale.
§ 187. Le type général de skr. rinakti, zd irinaxti n'est pas
représenté ; aucun des verbes où il pourrait figurer ne se trouve
par hasard sur les inscriptions. Tout au plus peut-on noter
l'existence de *vinad-, *vind- dans le nom propre composé
vHdJrna, vi(n)dafarnâ (gr. 'IviaçepvY;;, éi. mi-in-da-par-na,
bab. [mi-]in-[da-par-^na-^ ; ce nom signifie « qui trouve la
gloire ». — En revanche il y a des formes en -nau-, -nu- et
en -nâ-,
§ 188. a. Formes en -nau-.
kunau- (zàkdrdnaoiti, skr. krnoti) : k"unutiy, kunautiy « il
fait » ; impér. k^unuf'uv, kunautuv « qu'il fasse » ; subjonctif
k^unvahy, kunavâh(y) « que tu fasses » ; imparf. ak^unvm,
akunavam « je faisais » ; ak"unus, akunaus « il faisait » ;
ak'^unv, akunava « ils faisaient ». — Passif dérivé : ak"un-
vyta, akunavayatà « a été fait ». — Sur Vu de ku-, v. § 94.
drsnau- (cf. skr. dhr^yiott) : ad r s nus, adrsnaus « il
osait ».
§ 188-192] LES THÈMES 9»
Enfin il faut tenir compte de dn''u-\ — | — h « il coule » Sz.
c. 9, cf. p. danam ; il faut sans doute lire danu\taiy\ avec
MM. Bartholomae et Weissbach, plutôt que danu\vatiy\ qu'on
a aussi proposé.
Du thème vrnau- (cf. skr. vpwti, vpiute), on n'a que des
formes passées au type thématique: subj. vrnvatiy, vrnavàtaiy
(f qu'il y ait conviction » (ceci est conforme à l'usage, cf. § 280)
et impér. vrnvtam, vrnavatàm « qu'il y ait conviction »,
seule forme de 3^ pers. sing. impér. moyen qu'on connaisse.
§ 189. h. Formes en -nà-.
dànâ- (cf. skr. jânâti, p. dânani) : adana, adânâ « il
connaissait » (cf. de la même racine xsnàsàtiy, type en -sa-,
V. § 198).
dinâ- (cf. skr. jinàti, pehlvi :(ïnïtan emprunté à un parler
non perse) : adHna, adinâ « il a enlevé » ; adHnm, adinam
(( j'ai enlevé » ; cf. l'adjectif en ta- dHtni, ditam « enlevé ».
2" Types thématiques de présent.
§ 190. Ces types sont nombreux et variés. Le nombre rela-
tivement grand des formations en -sa- et la productivité du
type en -aya- sont à remarquer.
§ 191. Les présents thématiques ne sont en général accom-
pagnés d'aucun aoriste. La difTérence d'aspect entre le thème
de présent et le thème d'aoriste n'est pas exprimée ou l'est par
un préverbe (v. § 260), et l'imparfait sert à exprimer le pré-
térit d'une manière générale ; l'imparfait n'a donc ni propre-
ment le sens d'un imparfait, ni proprement celui d'un aoriste.
On a vu au contraire quelques traces d'aoriste dans le type
athématique, et l'oa verra ci-dessous quelques aoristes ea -^-
(§ 206).
A. Type radical.
§ 192. a. Type à vocalisme radical a
100 FORMES VERBALES [§ 192
xsaya-(cî. skr. ksayati, zd xsayeite): ptiyxsyiy, patiyaxsayaiy
« je suis devenu maître » (^pati -\- axsayaiy).
gauba- : 'guhtiy, gaubataiy « il dit » ; imparf. agubta,
agaubatâ « il disait », et agauha{n)tâ « ils disaient » ; subj.
gubatiy, gaubataiy B. II, 84 et III, 86 « qu'il dise ».
taxsa- : hmtxstiy , hamtaxsataiy « il fait en sorte que »
(ham -\- taxsataiy) NR. b. i6 ; hmtxsiy, hamataxsaiy « j'ai
fait en sorte que » ; hmtxsta, hamataxsatà « il a fait en sorte
que » et hamataxsa(n)tà « ils ont fait en sorte que ».
Bâ- (fianha-) : ^atiy, Hâtiy « il proclame », v. § i34; cf.
skr. çatnsati, gàth. s^nghaitl, zd sahaiti ; prêter, a^hm,
a^a(n)ham « j'ai proclamé », a^h^ a(ia(n)ha « il a proclamé ».
naya- (cf. skr. nayati) : franym, frânayam (Jra -\- anayam)
« j'ai amené » ; any, anaya « il a conduit » ; anyta, anayatà
« il a été conduit » .
pata- (cf. skr. patate) : udptta, udapatatâ « il s'est soulevé »
(ud -f- apatatâ).
bara- (cf. skr. bharati, zd baraiti, p. baratn): brtiy, barantiy
« ils portent » ; abrm, abaram « j'ai porté » ; abr , abara « il
a porté » et « ils ont porté » ; ab[r]hj abaraha « ils ont porté » ;
moyen abrta, abara(n)tâ « ils ont porté » ; impér. pr'ibra,
paribarâ « conserve » (pari -{- barâ) ; brfuv, baratuv « qu'il
porte »; subjonctif: pr'ibrahy, paribaràh{i)y « que tu con-
serves » {pari -\- barâh[i]y).
bava- (cf. skr. bhavati, zd- bavaitï) : abvm, abavam « je suis
devenu » ; abv^ abava « il est devenu » et « ils sont devenus »;
subjonctif ^î;^ //}/_, bavâtiy « qu'il devienne ».
yada- (cf. skr. yajati, yajate, zd ya^aiti, ya:(aite) : aydiy,
ayadaiy « j'ai adoré »; subjonctif ^û?^//^;^ yadâtaiy « qu'il
adore ».
rada- (cf. skr. rahati, dans les dictionnaires, et rahayatt) :
avrd, avarada « laisse » (ava -\- la 2* personne sing. à dési-
nence secondaire *-s, sans augment, rada).
§ 192-195] LES THÈMES 101
siyava- (cf. skr. cyavatî) : asiyvm, asiyavam « je me suis mis
en mouvement » ; asiyv, asiyava « il s'est mis en mouvement »
et « ils se sont mis en mouvement » .
haja- (cf skr. sajatt) : frahjm, frâhajam « j'ai suspendu »
(Jra -h ahajam).
§ igS. b. Type à vocalisme radical zéro.
On n'a qu'un seul exemple, qui se trouve être au prétérit et
peut par suite être un aoriste, et qui n'a pas d'étymologie connue :
am^'uB, amu^a « il s'est enfui ».
B. Thèmes à suffixe -ya-.
§ 194. On a des thèmes en -ya- à valeur active :
jadiya- (cf. zd jaicyâmi) : jd'iyam'iy^ jadiyàmiy « je de-
mande, je prie ».
durujiya- (cf. skr. druhyatï) : ad"ur"uj'iy, adurujiya « il a
menti » ; ad"ur"uj'iys, adurujiyasa « ils ont menti ».
grhâya- {cL skr. grbhàyati, zà. gdurvayeiti) : agrbaym, agr-
hàyam « j'ai saisi » ; agrbay , agrbàya « il a saisi » et « ils ont
saisi » ; agrbay ta, agrbàyatà « il a pris pour lui ».
paya- (ou paya-, v. § 69 ; cf. zd paya-, paya- ; mais la nota-
tion avestique n'est pas assez sûre pour que cette hésitation soit
très significative) : ptipyuva, patipaya(x)uvà « garde-toi ». —
Cf. pà- athématique, § i84.
stâya- (cf. v. si. stajç « je me tiens »): avastaym, avâstàyam
« j'ai établi » (^ava -\- astàyam) ; niystaym, niyastâyam « j'ai
établi » ; niystay, niyastâya « il a établi ». — Toutefois le sens
et le fait qu'il y a un thème de présent hista- de la racine stâ-
donnent lieu de croire que stâya- doit plutôt être rapproché des
causatifs en -aya-, v. § 199) : avâstàyam B. I, 63 et 66 est
employé d'une manière exactement équivalente à niyasâdayam
NR. a. 36 (cf. § 18).
§ 195. Deux thèmes en -ya- appartiennent au groupe des
présents en -ya- qui expriment l'état :
102 FORMES VERBALES [§ 195-198
maniya- (cf. skr. manyate, zd mainyeite) : subjonctif mniyahy ,
maniyàhaiy « que tu penses » ; mniyatiy, maniyâtaiy <.(. qu'il
pense ».
mariya- (cf. skr. mriyate, zd miryeite) : amriyta, amariyatà
« il est mort » (on notera que, ici, on lit mar-, mais qu'on peut
aussi lire mr-).
§ 196. A ce dernier groupe se rattachent les formations de
présent passif, dont on a deux exemples sûrs, d'une même
racine :
kariya- (cf. skr. kriyate) : ahrlyta, akariya(n)tà « ils ont
été faits » B. III, 92.
kunavaya- (formation secondaire, dérivée du thème du pré-
sent) : ak^unvytUj ahmavayatâ « il a été fait » B. I, 20 et
i[\. — Cette formation nouvelle atteste à la fois la vitalité du
passif et l'influence dominante exercée en perse par le thème
du présent.
Un cas assez différent et à part est celui de Bahya- (cf. skr.
çasyate) : ^hyamhy , ^ayàmah(i)y « nous nous appelons » ; la
désinence est active, et le sens n'est pas proprement passif;
mais le suffixe -y a- des présents indiquant l'état donne un sens
spécial à la racine dont on a le présent radical ^àtiy (v. § 192).
Quant k a^hy « il a été proclamé, ordonné », on ne saurait
déterminer s'il s'agit d'un aoriste passif en -i (cf. § 207) a^ah(î)y
ou d'un imparfait a^ahya, dont le sens serait tout différent de
celui du présent ^ahyâmah(i)y .
§ 197. Le type dénominatif n'est représenté que par un
exemple, peu clair et en grande partie restitué :
d^raujiya- : [dru]jiyahy, \dyau\jiyâh{i)y « que tu tiennes
pour un mensonge » , sans doute de d^rauga « mensonge » .
G. Thèmes à suffixe -sa-.
§ 198. Ce suffixe, qui répond à zd -sa-, skr. -ccha- et qui
repose sur i.-e. *-ske-j a dû être assez productif durant un
§ 198-199] LES THÈMES 103
temps en iranien. Mais, à l'époque historique, les thèmes de
présent où on le rencontre ont l'aspect extérieur de thèmes radi-
caux, et le suffixe s'y laissait malaisément isoler par le sujet par-
lant, ou même ne pouvait absolument pas être reconnu. Voici
les exemples :
xsnàsa- (cf. épirote Yvway.o), lat. Çg^nôscô : élargissement de
xsnâ- qui répond à skr. jnâ-, gr. yvo)-, cf. § 120) : subjonctif
xsnasatiy, xsnâsâtiy « qu'il reconnaisse », xsnasahy, xsnà-
sàh(t)y « tu vas reconnaître ».
trsa- (cf. le présent radical skr. trasati) : trstiy , trsatiy « il
a peur » ; atrs, atrsa « il a eu peur » et « ils ont eu peur ».
prsa- (cf. p. pursam, zd pdrdsaiti, skr. prcchati, lat. posco) :
impératif prsa, prsâ « interroge » ; imparf. aprsm, aprsam
« j'ai interrogé » ; subjonctif ^//^r^â^/^jy^ patiprsâh(i)y « que tu
interroges »; ptiprsatiy , patiprsâtiy « qu'il interroge ».
yasa- (cf. zàyasaite, skr. yacchaii) : aysta, ayasatà « il a tiré
(pour lui) ».
rasa- Q^. rasam, cf. skr. rcchatî) : arstn, arasam «je suis
venu » ; prars, paràrasa « il est arrivé » (^parà -f- arasa^ ;
subjonctif nirsatiy, nirasâtiy « qu'il descende ».
D. Thèmes en -aya-.
§ 199. Les formations en -aya- sont assez nombreuses et
relativement claires. On sait que, dans le développement ulté-
rieur du perse, le type en -aya- devait prendre une importance
décisive et que la flexion du présent pehlvi repose sur le type en
-aya- ; on ne voit pas que, à l'époque des inscriptions achémé-
nides, le type en -aya- soit encore sorti de ses limites anciennes.
Les formes ont encore nettement la valeur causative (de ce
nombre est stàya-, cité ci-dessus § 194) ou itérative. Voici
les exemples attestés :
aisaya- (cf. skr. i^ayati, -esayatî) : fraisym, f'^ràisayam «j'ai
envoyé » (Jra ^ àisayam) ; fraisy, ferais aya « il a envové ».
104 FORMES VERBALES [§ 199-200
gaudaya- (cf. skr. gûhayaii, avec un vocalisme anomal) :
injonctif apgudy , apagaudaya « cache » {apa -\- gaudaya) ;
s\\h]onc\AÎ apgudayhy , apagaudàyah{i)y « que tu caches ».
taraya- : v'ytrym, viyatarayam « j'ai traversé »; v'ytryama,
viyatarayàmà « nous avons traversé ». — Le vocalisme radical
est àj parce qu'il s'agit d'une racine dissyllabique. Au sur-
plus, il n'est pas impossible que le ar réponde ici au ir de
skr. tirati.
ba(n)daya- ou ^adaya- (?) : injonctif ma Qdy, ma ^adaya
« qu'il ne semble pas » ; subjonctif ^dyamiy, ^adayàmaiy
(sens ? l'inscription Suse a, où on trouve le mot, est frag-
mentaire).
çàraya- : niyçarym, niyaçàrayam « j'ai restauré ». Il s'agit
évidemment d'une formation à redoublement ; on rapproche
souvent la racine skr. çri- « appuyer » ; mais trà- « protéger »
convient au moins aussi bien pour le sens et pour la forme.
dâraya- (cf. skr. dhârayati, zd dàrayeiti, p. dâram) : da-
ryamHy, dàrayâmiy « je tiens » ; a dry, adâraya « il a tenu » ;
h[m]daryi[y], hamadàrayaiy «j'ai obtenu ».
nâ^aya- (cf. skr. nâçayatï) : optatif v'inaByis, vinà^ayais
« tu peux détruire » (dans l'inscription mutilée NR. b) ; v'y-
na\^^\y, viyanà^aya « il a détruit ». On a ici très clairement
Va du causatif.
mânaya- (cf. gâth. mânayeitî; gr. {jiivw) : aman y, amânaya
« il a attendu » ; cf. p. mânam « je reste ».
*hàdaya- (cf. skr. sâdayati): niysadym, niyasàdayam « j'ai
établi » (1'^ du causatif est clair; sur le i, cf. § 122).
On a, semble-t-il, un causatif fait secondairement sur le
thème de présent yasa- (§ 198) dans :
niysy , niyasaya « il a étendu » (?) NR. b4.
E. Formations diverses de présents.
§ 200. Outre les formations précédentes, qui constituent des
§ 200-205] LES THÈMES 105
séries importantes, le perse ofiFre des restes de quelques autres
types de présents ; mais les formes qu'on possède sont isolées ;
elles ne semblent du reste pas avoir été aisément analysables au
point de vue perse.
§ 20 1. Il y a un présent thématique à redoublement hiHa-,
de la racine stà-, cf. zd histaiti, et skr. tisthati : aistta, a(h)is-
tatà « il s'est tenu ».
§ 202. Le thème de présent en -va- de l'indo-iranien, skr.
nvatij zd jvaiti (lire jîvaitt)^ est conservé dans Vim^éTdiiî jiva,
jivà « vis ».
Une formation curieuse et sûrement ancienne est celle de
stabava- dans l'injonctif ma sthv, ma stabava « ne te révolte
pas » NR. a. 60.
§ 2o3. Il y a aussi un vieux présent en -na-, correspondant
au thème skr. vena-^ zd vaëna-, à savoir vaina-, dans vinam'iy ,
vainâmiy « je vois » ; vintiy , vaina{n)tiy « on voit » (Xerxès,
Pers. a 16 dans les quatre exemplaires) ; imparfait avin, avaina
« il a vu » ; ?>\xh]OTiCiï{vinahy, vainàh(f)y « que tu voies ». Dès
l'époque perse, ce présent formait un groupe complétif avec la
racine dî-, qui fournissait sans doute l'aoriste ; on en a l'impé-
ratif (aoriste ?) d'id'iy, didiy « vois ». Ceci n'empêche pas
avaina de signifier « il a vu » NR. a. 32.
3** Formations diverses, en dehors du présent.
§ 20^. On vient de voir comment le système du présent a
gardé en vieux perse son ampleur et sa variété. Au contraire,
les autres thèmes sont réduits à quelques traces. La langue ten-
dait dès lors vers l'état pehlvi 011 le seul groupe de formes per-
sonnelles conservées est celui du présent.
§ 2o5. Parmi les formes énumérées ci-dessus, il ne s'est
trouvé d'aoristes clairs que dans le type athématique ; et
encore les seules oppositions bien constatées sont-elles celles
de dadà- et de dà-, de kunau- et de ku-, dans deux verbes
i06 FORMES VERBALES [§ 205-208
particulièrement fréquents, dont le rôle est en partie celui
d'auxiliaires. Dans tout le type thématique, on n'a vu aucun
aoriste net. Le perse n'a pas, comme le slave ou l'arménien,
développé un thème d'aoriste régulièrement opposé au thème
de présent. Les aoristes qu'on a ne sont que des débris, et les
formes d'imparfait se sont contaminées avec l'aoriste (v. § 206
et 2 23). Ceci tient à ce que l'imparfait sert de temps his-
torique (§ 191 et 287-238).
§ 206. Il y a deux formes d'aoristes en -s- :
adrsiy , adrsiy « j'ai pris possession de » Dar. Pers. e. 8,
de la racine dont on a le présent dàrayàmiy.
niypism, niyapaisam B. IV, 71 et 90 (restauré par la com-
paraison de deux exemples, tous deux mutilés); ni -j- apaisam ,
il s'agit de la racine dont on a l'adjectif en -ta- nipistam « écrit »
La graphie admet également les lectures pis- et pais-.
Les finales d'aoriste en -s- ont servi à élargir la forme d'im-
parfait dans des cas comme akunaus et adurujiyasa (v. § 2 23).
§ 207. L'aoriste passif en -/ de l'indo-iranien est représenté
par deux exemples sûrs et un probable :
adariy, adàriy « il a été tenu », de la racine dont on a le
présent dàrayàmiy et l'aoriste en -s- adrsiy ; cf. skr. adhàri.
akaniy , akàniy « il a été creusé » Dar. Sz c. 10; de la
racine dont on a le thème kan-, v. § 184.
a^hy , si l'on lit aOah(t)y « il a été proclamé, ordonné » (cf.
§ 196). Ce passif avec un complément exprime exactement ce
qu'exprime un actif, et, dans NR. a. 20, on lit tyasàm hacàma
a^ah{i)y ava \a\knnava « ce qui leur a été ordonné par moi,
ils l'ont fait » équivaut exactement à NR. a. 36 [tya]sâm adam
aOaham ava akunava « ce que je leur ai ordonné, ils l'ont fait ».
§ 208. De tout le système du parfait, il ne reste, outre aha
(§ 18^), que l'optatif cxriya, caxriyà « il peut faire », de la racine
de kunau- (présent), ku- (aoriste), employé comme une sorte
d'auxiliaire B. I, 5o. Ce n'est pas un hasard : le sens du parfait
§ 208-212] FORMES NON PERSONNELLES 107
s'exprimait au moyen de l'adjectif verbal en -ta- (v. § 21 4).
§ 209. Si l'on tient compte de l'extrême rareté des forma-
tions personnelles du perse en dehors du système du présent,
on hésitera à admettre la vue hardie qu'a émise M. Wacker-
nagel dans la Festschrift V. Thomsen (;i^i^), p. i34 et suiv., sur
ptiyavhyiy , B. I, 55, qui devrait se lire ^ûffry<Jm(w)/73'm3' d'après
la transcription susienne pat-ti-ya-man-ya-a ; M. Wackernagel
cherche ici un futur ; mais tout le passage est au prétérit, et ni
le style général du texte, ni le sens particulier du passage ne
comportent un futur ; quelque difficulté que fasse la forme,
on hésitera donc à faire porter l'affirmation d'un futur perse sur
une forme aussi problématique.
II. Formes non personnelles du verbe.
§ 210. Les textes n'offrent aucune trace ni du participe
présent-aoriste actif en -ant-, ni du participe parfait. En
revanche, il y a une formation d'infinitif et une de participe
passé, toutes deux indépendantes du thème verbal de présent,
le seul thème qui ait une vitalité en perse. Ces formations sont
rattachées directement à la racine.
§ 211. Il y a un cas où l'on a peut-être un ancien participe
présent moyen, à sdivoir j'iy m n m, jiyamnam (ou fiyamanam,
la graphie autorise les deux lectures), cf. zd jyamna-^ dans la
formule de datation : B. II, 61 Buravàharahya màhyà jiyam-
nam patiy « dans le mois de ^uravàhara, à la fin ». Mais
pareille formule ne permet pas d'affirmer l'existence d'un parti-
cipe présent moyen en perse, d'autant plus qu'on n'a pas d'au-
tres formes de ce verbe.
A. Infinitif.
§ 212. Le suffixe est de la forme -tniy, qu'on peut lire
-tanaiy ou -taniy ; l'usage est de lire -tanaiy, et l'on s'y confor-
i08 FORMES VERBALES [§ 212-213
mera ; mais il ne faut pas oublier que la lecture -taniy est tout
aussi admissible ; et, comme le suffixe en question ne se retrouve
pas hors du perse, on n'a aucuii moyen de décider entre les
deux lectures. Le suffixe s'est conservé en persan, où il est de
la forme -tan Ç-dan) ; mais le persan ne peut rien enseigner sur
la finale; seule la graphie pehlvie -inn^ c'est-à-dire *-tnw repré-
sentant sans doute un plus ancien *-tny vient appuyer la lecture
-tanaiy ; mais ces -w finaux pehlvis restent à étudier. Les exem-
ples attestés sont :
crtniy, cartanaiy « faire », en face de kunau- (présent), ku-
(aoriste), kariya- (présent passif), caxriyà (optatif parfait), et
du participie krta. On notera le vocalisme radical a q\\q c initial
en regard du k des autres formes ; ce ^ se retrouve dans l'ao-
riste gâth. côr9t « il a fait », en regard de zd hr^naoiti.
ktniy, ka(n)tanaiy « creuser », en regard de kan- (§ i84),
akâniy (§ 207).
^stniy , ^a(n)stanaiy « proclamer »; cf. ^àtiy (§ 192); ^ahyà-
mah(t)y (§ 196); a^ah{î)y (§ 207). — Vs finale de la racine
indo-iranienne est conservée ici devant / (cf. § m). Le voca-
lisme radical, de la forme ^ans-, a été posé d'après le modèle de
cartanaiy ; il est naturellement hypothétique.
nipistniy , nipaistanaiy « écrire », avec s devant t, comme
dans nipistam (cf. § ii3 et 21 3); on a la forme personnelle
niy apaisant (§ 206). Le vocalisme radical a a été admis ici
aussi d'après le modèle de cartanaiy.
B. Adjectif verbal en -ta-.
§ 2i3. L'adjectif verbal en -ta- est d'emploi fréquent. Il a
conservé le type ancien ; il est fait sur la racine au degré voca-
lique zéro, comme on le voit par deux exemples nets : prita,
paraitâ « partis » Çpard -f- ità), cf. skr. ita-, et d'^ur'^uxtm,
duruxtam « menti », cf. skr. drugdha-.
Il y a d'autres cas où le même vocalisme se trouvait, comme
§ 213-214] FORMES NON PERSONNELLES 109
jata (cf. p. :(ad)j hasta (p. bast)y -brta (p. burd)^ ni-pistam (p.
nivist)] mais la graphie du vieux perse est ambiguë, et l'on n'en
peut faire état ici ; la comparaison de skr. krta- et de zd kdrdta-
conduit seule à lire krta- ; car le persan a kard.
Le suffixe s'ajoute à une racine de forme dissyllabique dans
agrbi[t]j agrbi[ta] {â-\-grbita) « saisi », cf. skr. grbhîtah,
gfhltah. On a la forme en -ata- dans -gmata- dans pragmta,
paràgmatà « partis » ; hgmta, ha(n)gmatâ « réunis », cf. p.
àmad (de *â-gmata).
§ 21 4. L'adjectif verbal en -ta- est la forme au moyen de
laquelle on exprime que, à un moment donné du passé, cer-
tains événements étaient arrivés ; il remplace le parfait indo-
iranien ; dans la grande majorité des cas, le verbe « être » ne
figure pas près de l'adjectif en -ta- parce que le perse n'emploie
pas de copule à la 3* personne du singulier du présent de l'indi-
catif ; là où doit figurer une autre forme verbale, le verbe « être »
est exprimé. C'est cette forme qui a fourni par la suite le seul
prétérit employé en pehlvi et en persan. On a ainsi
B. II, 32 et suiv. pasâva [hamiç]iyà ha{iï)gmatâ paraità patis
dâdrsim hamaranam cartanaiy avadâ hamaranam akunava
a(h)u[rama]xdâmaiy upastâm abara vasnâ a(h)urama7^dàha kâra
hya manâ ava\m k]âram tyam hamiçiyam aja vasaiy ava^àsàm
hamaranam krtam « ensuite les ennemis se sont assemblés ; ils sont
allés contre Dâdrsi livrer bataille ; là ils ont livré bataille ;
A(h)uramazdâ m'a secouru ; par la grâce d'A(h)uramazdâ mon
armée a bien battu l'armée ennemie ; c'est ainsi qu'ils ont
livré cette bataille » , Les participes paraità et ha(n)gmatà posent
la situation ; les prétérits à forme personnelle (imparfaits-aoris-
tes) akunava, abara, aja servent à raconter ; le fait accompli
est repris par le participe krtam. La même formule est reprise
exactement B. II, 38, 43, 62, 58 et III, 65.
B. I, 27 ima tya manà krtam « voici ce que j'ai réalisé » ;
de même II, 91 ; III, 10 ; etc. ; on voit ici comment la per-
410 FORMES VERBALES [§ 214
sonne est exprimée au génitif-datif, sans préposition, comme
dans le avaBàsàm hamaranam krtam déjà cité et qui se trouve
souvent, en dehors des passages indiqués, notamment B. II,
2-7, 98; III, 8; etc. On a de même, mais sans pronoms:
NR. a. 48 aita t[yd\ krtam ava visam vasnà A(h)uramaxdàha
akimavam a(h)uraina^dà[ma]iy upastàm abara yàtà krtam akuna-
[vam] « c'est là ce qui a été fait (Darius résume ainsi tous les
actes qu'il vient d'énumérer) ; tout ceci je l'ai fait par la grâce
d'A(h)uramazdâ ; A(h)uramazdâ m'a prêté secours jusqu'à ce
que je l'aie eu fait » ; on voit bien ici le contraste de akunavam
exprimant un acte et de krtam exprimant, par deux fois, ce qui
est fait.
B. IV, 46 vasnà a(h)ura[ma:(dâha ap]imaiy aniyasciy vasaiy
astiy krtam ava ahyâyà d\ï\p\iy^Â naiy nipistam avahyarâdiy naiy
nipistam mât[ya hya apa\ram imâm dipim patiprsàtiy avahyà
paruv f)ada[yà tya] manà krtam 7îais[im] ima vrnavâtaiy durux-
tam maniyâ[taiy] « par la grâce d'A(h)uramazdâ il y a bien
autre chose que j'ai accompli; ce n'est pas écrit sur cette inscrip-
tion ; ce n'est pas écrit pour cette raison, de peur que, qui-
conque interrogera plus tard cette inscription, il ne lui semble
pas que ce que j'ai accompli est beaucoup, qu'il n'y croie pas,
qu'il l'estime menti ». Sur le astiy cf. § 420 ; on voit que nipis-
tam se comporte tout comme krtam, dont il y a ici deux exem-
ples dans des phrases différentes. L'adjectif en -ta- duruxtam
est une sorte de prédicat à l'accusatif (neutre) dépendant de
maniyàtaiy (cf. l'adjectif en -ta- apposé à un verbe, § 216).
B. IV, 5o tyaiy paruvà xsâyab[iyâ y]âtâ aha avaisâm
ava<CB^â naiy astiy krtam ya^à manà va[snâ] a(h)urama:^dàha
hamahyàyà ^arda krtam « les rois d'autrefois, aussi longtemps
qu'ils l'ont été, il n'y a pas eu autant de fait par eux que moi
je n'ai accompli en une seule et même année grâce à A(h)ura-
mazdâ ».
Xerxès, Pers. b. 28 tya manà krtam idâ utà tyamaiy apataram
§ 214] FORMES NON PERSONNELLES ill
krtam ava visam vasnâ a(h)urama:(dâha akunavam màm a(h)ura-
ma^dà pâtuv hadâ bagaibis utâmaiy xsaçam utâ tyamaiy krtam
« ce que moi j'ai accompli ici et ce que j'ai fait ailleurs, je l'ai
fait par la grâce d'A(h)uramazdâ ; qu'A(h)uramazdâ avec les
dieux protège moi et mon royaume et ce que j'ai accompli ».
B. I, 3o pasàva ka(n)b[ujiya a\vam bardiyam avàja yaf)â
ka(n)hu]iya bardiyam avàja kârahy[d naiy] a:(dâ abava tya bar-
diya avajata « ensuite Cambyse a tué ce Smerdis ; quand Cam-
byse a eu tué ce Smerdis, l'armée n'a pas eu connaissance de
ce que Smerdis avait été tué ». Le contraste de la forme
personnelle avàja, qui indique une action, et de l'adjectif ver-
bal avajata, qui indique l'état de choses réalisé, est frappant ;
la valeur des deux formes est ici très nette.
Dar. Pers. e. 21 imam pârsam kàram pàdiy yadiy kâra par sa
pâta ahatiy hyà duvais[ta]m siyàtis axsatà « protège cette armée
perse ; si l'armée perse est protégée, longue prospérité est éta-
blie ». Ici le verbe « être » est exprimé au subjonctif ahatiy
près de pàta, et l'adjectif en -ta-, avec a- négatif, a-xsata « non
endommagé » est le prédicat d'une phrase nominale sans
copule.
B. I, 61 xsaçam tya hacà amâxam tau(x)màyà paràbrtam
aha adam patipadam akunavam « la royauté qui nous avait été
enlevée, moi, je l'ai rétablie » ; ici le verbe « être » étant au
passé, aha a été exprimé ; le contraste de paràbrtam aha expri-
mant l'état établi et de akunavam exprimant l'acte est net. —
Plus loin on a simplement : B. I, 67 ada?n tya paràb[rta]m
patiyàbaram « j'ai rapporté ce qui était enlevé ».
B. II, 1% f'^ratarta se trouve dans une phrase analogue à celles
qu'on vient de citer, mais qui est peu claire, et qu'il suffira de
signaler.
En somme, le parfait est exprimé en perse par une forme
nominale du verbe, et le tour est de type passif. D'anciens
types passifs indo-iraniens, aoriste en -/ (v. § 207), présent en
112 FORMES VERBALES [§ 214-218
-ya-(y. § 196) ou simplement formes à désinences moyennes
(v. § 235), ont servi de modèles.
§ 21 5. Un autre tour remarquable est celui où le verbe kar-
sert d'auxiliaire: B. I, 48 naiy aha martiya hya avant
gaumâtam tyam magum xsaçam ditam caxriyâ « il n'y avait pas
d'homme qui puisse enlever la royauté à ce Gaumâta le
mage ».
L'emploi de l'adjectif en -ta- avec valeur verbale n'est pas
chose isolée ; les noms d'agent en -tar- ont aussi un caractère
verbal prononcé (v. § 277).
§ 216. Dans certains cas, l'adjectif en -ta- est apposé à un
verbe ; on a ainsi :
B. I, 82 hauv aç[i]na basta anayata a[biy m]âm « cet Açina
m'a été amené lié » ; basta se trouve dans des phrases analogues
B. II, 75 et 90 ; à l'accusatif on a sans doute B. V, 26
[utâsim ba]sta[m anaya a]biy màm « et il me l'a amené lié m.
B. II, 73 fyavrtis agrbi[ta] anayata abiy màm « Phraorte
m'a été amené prisonnier ».
§ 217. Enfin l'adjectif en -ta- est souvent un simple adjectif:
ràsta « droit », gasta « dégoûtant », (h)u-frasta (composé)
« bien interrogé, bien puni », (Jj)u^brta « bien estimé »,
a-xsata « non endommagé ».
III. Flexion des formes personnelles.
§ 218. Les formes citées dans l'étude des thèmes ont montré
déjà que le perse possédait encore tous les types de désinences
indo-européennes : désinences primaires telles que i"^" pers. sg.
-miy au présent de l'indicatif et au subjonctif, désinences secon-
daires telles que i""^ pers. sg. -m au prétérit, à l'injonctif et à
l'optatif, désinences spéciales à l'impératif. La distinction des dé-
sinences actives et moyennes est maintenue avec toute sa valeur.
§ 219 220] FLEXION PERSONNELLE 113
§ 219. Quant aux alternances vocaliques prédésinentielles,
on en sait peu de chose. Dans le type athématique, on a celles
de la racine ah- et de la racine ai- (v. ci-dessus § i84) et on a
-nau- et -nu- (§ 188) ; dans le reste rien n'est attesté ni pour
ni contre. Dans le type thématique, on a partout -à-, sauf aux
i'"*'^ personnes primaires du singulier en -â-miy, et à toutes les
i''*'^ personnes actives en -â-mah{i)y, -â-mâ. En somme, l'état de
choses ancien est conservé dans la mesure oii Ton a des formes ;
mais très peu de formes instructives sont attestées.
Les formes verbales sont toutes écrites comme mots séparés ;
amiy « je suis » , ah{t)y « tu es » sont précédés de la marque
de séparation de mots là même où ils sont le plus nettement
de simples mots accessoires, comme B. I, 89 ; sans rien ensei-
gner sur la place de l'accent, ceci prouve au moins que amiy,
ah(i)y n'étaient pas enclitiques (cf. en effet § i49).
A. Indicatif présent.
§ 220. a. Formes actives.
Singulier.
i'* pers. -miy (skr. -mi, zd -mi) am'iy, amiy « je suis »
(skr. asmi ', cf. § i33) — et vinam'iy, vainâmiy « je vois »
(skr. venâmi); daryam'iy « je tiens » (skr. dhârayàmi).
2^ pers. ah y, ah(i)y « tu es » (skr. a si).
3^ pers. -tiy (skr. -ti, zd -ti) : astiy, astiy « il est » (skr.
asti); ai tiy, aitiy « il va » (skr. eti); k^uîtutiy, kunautiy
« il fait » (skr. kpioti) — ^atiy , %âtiy « il proclame » (skr.
çamsati); trsatiy, trsatiy « il a peur ».
Pluriel.
i""^ pers. -mah(i)y (véd. -masi, zd -mahi) : amhy , amah(i)y
« nous sommes » (cf. véd. smasi, cf. § i33) — Bhyamhy,
^ahyàmah(i)y « nous nous appelons ». — La forme amah{i)y
H4 FORMES VERBALES [§ 220-222
« nous sommes » ne concorde pas pour le vocalisme avec
skr. smasi, smah ; mais le contraste entre la 2* et la 3^ personne
du pluriel qu'on a dans amah(i)y, ha(n)tiy se retrouve dans v.
si. jesmû, sçtû et dans gr. £i[;.£v (de *esmeit), ebt (de * s-enti).
2^ pers. : non attestée.
3^ pers. dans le type athématique, -aÇn)tiy (cf. skr. -anti, zd
-mti) : htiy, ha(n)tiy « ils sont » (skr. santi). Les formes où
dans le type athématique on pourrait attendre *-atiy ne sont pas
représentées dans les textes. La distinction entre -atiy et -antiy
ne serait du reste pas notée. — Dans le type thématique, -ntiy
(cf. skr. -nti, zd -ntî) : hrtiy, haraQi)tiy « ils portent » (skr.
bharantt); vi7itiy, vaina(n)tiyjXeTx. Pers. a. 16 « ils voient,
on voit » (skr. venanti). — La nasale qui précède le / n'étant
pas écrite, cette désinence ne se distingue pas graphiquement
de celle de la 3" personne du singulier ; seul le sens avertit s'il
faut lire haratiy ou bara(n)tiy.
§ 221. b. Formes moyennes.
La seule forme qu'on possède est celle de la 3* personne du
singulier -taiy (skr. -te, zd -/g), qui ne se distingue pas graphi-
quement de la forme active -tiy ; dans les deux cas, la notation
est -tiy. Si on a lu -tiy dans les exemples cités ci-dessus §220,
c'est d'après d'autres formes sûrement actives ; et, si on lit -taiy
dans gubtiy, gaubataiy « il dit » et hmtxstiy, hamtaxsataiy
« il réalise », c'est parce que les autres formes de ces deux
thèmes sont toutes moyennes : agubta, agaubata « il a dit » et
agauba(n)tâ « ils ont dit » ; hmixsiy , hamataxsaiy « j'ai
réalisé », hmtxsta, hamataxsatà « il a réalisé » et hama-
taxsa(n)tà « ils ont réalisé ».
B. Formes de l'indicatif à désinences secondaires
(imparfait et aoriste).
§ 222. Rôle de l'augment.
L'augment est de la forme a- devant une consonne initiale.
§ 222-223] FLEXION PERSONNELLE liS
Dans les verbes à voyelle initiale, on attend à-, comme en sans-
krit ; mais, comme ^ et a ne sont pas distingués à l'initiale
par la graphie, rien n'indique la présence de l'augment dans
une forme telle que ahm, aham « j'étais ». L'augment tem-
porel n'est reconnaissable que là où il y a préverbe, comme
dans nijaym, nij-âyam « je suis parti ». Le prétérit de i-
« aller » a ai- initial ; la forme isolée ais , aisa « ils sont allés »
est ambiguë ; mais on a une forme à augment clairement in-
diqué dans ptiyais , paiiy-àisa (y. § 228, p. 1 18).
Les formes à désinences secondaires ont deux emplois sui-
vant qu'elles sont ou non précédées de l'augment.
Précédées de l'augment, ces formes expriment le passé ; en
ce sens, l'emploi de l'augment est constant en perse, par oppo-
sition à l'Avesta oii l'augment n'est à peu près pas employé et
au Véda où il est facultatif.
Sans augment, ces mêmes formes servent à exprimer, avec la
négation ma, la prohibition ; c'est l'emploi indo-iranien connu
sous le nom àHnjonctif.
§ 228. a. Formes actives..
Singulier.
i""" pers. -m (skr. -m, zd -w). Type thématique : pré-
térit avec augment, anym, anayam « j'ai conduit » (skr,
anayam) ; arsm, arasam « je suis venu » ; ahrm, aharam « j'ai
porté » (skr. abharam); ahvm, abavam « je suis devenu »
(skr. ahhavam^ ; aprsm, aprsam « j'ai interrogé » (skr.
aprccham) ; asiyvm, asiyavam « je me suis mis en mouve-
ment » (skr. acyavam) ', a^hm, a^a(n)ham « j'ai proclamé »
(skr. açamsam)] fr ah] m , f^'ràhajam «j'ai pendu » (Jra- -\- aha-
jam^ ; avastaym, avâstâyam « j'ai établi » (ava -\- astâyam) ;
fraisym, frâisayam « j'ai envoyé » Çfra -\- âisayam, cf. skr.
aisayam)\ niysadym, niyasàdayam «j'ai établi » (ni-j-'^ahd-
dayam, d'après * ni-sàdayatiy ; cf. skr. asàdayam^. Injonctif ma
116 FORMES VERBALES [§ 223
[tr]sm, ma [tr]sam « je ne vais pas craindre » Dar. Pers. e. 21.
— Dans le type athcma tique, la désinence se présente sous la
forme -am (skr. -aw^ zd -9m) : ah m, aham « j'étais » (lire
àham, d'après skr. âsam) ; -àyam « je suis venu » (skr. âyam)
dans nîjaym, nijàyam « je suis parti » (nij -\-âyam), [u]paym,
upâyam « je suis arrivé » (upa -\- àyam) ; ajnm, ajanam « j'ai
frappé » (skr. ahanam)', ak^unvm, akunavam « j'ai fait »
(skr. akrnavam), ce dernier avec le vocalisme prédésinentiel a
bien net. On a aussi -am à l'aoriste en -s : niypism, niyapai-
sam « j'ai écrit » (ni -\- apaisam). La finale -am a même été
étendue k adHnm, adinam « j'ai enlevé » (en face de skr. aji-
nâm)j tandis que la 3^ personne adHna, adinà garde l'an-
cien -à.
2* pers. La finale ancienne était *-^ (skr. -h). Dans le type
thématique, on a donc un ancien *-as, représenté par la finale
-a simplement. Les seules formes attestées sont des formes d'in-
jonctif : ma apgudy, ma apagaudaya « ne cache pas » ; ma
sthv, ma stahava « ne te révolte pas » ; ma avrd, ma avarada
« ne laisse pas ».
3^ pers. La désinence indo-iranienne était une dentale, repré-
sentée par skr. -tj-d, zd -t. La trace de cette désinence est mar-
quée en perse par la forme de la finale dans le type thématique
'^-a-t (skr. -at, zd -at). à savoir -a. — Les formes athématiques
attestées sont, parmi les racines en -an- : aj , aja « il a frappé »
(skr. ahan) ; vHyh, viyaka « il a détruit » (yi-\-aka) ; et parmi
les thèmes terminés par -à- : imparfait adda, adadâ et aor.
ada^ adâ « il a créé » (sur la nuance de sens, v. § 237) ; im-
parf. a dan a, adànâ « il connaissait » (skr. ajànât) et adHna,
adinà « il a enlevé » (skr. ajinàt). Les thèmes terminés par -i-
et -u- off^rent -s ; il s'agit évidemment d'un ancien *-st ; le s est
emprunté à l'aoriste en -s- (v. § 206) ; on a : ais^ ais « il est allé »
(lire àis, d'après la forme à préverbe : atiyais , atiyàis « il est
passé », de ati H- àis) ; ak^unus, akunaus « il a fait » ; adrs-
§ 223] FLEXION PERSONNELLE ii7
nus , adrsnaus « il osait » ; la même notation -i se lit -^a au plu-
riel. — Le type thématique est fréquent : abr, ahara « il a porté »
(skr. ahharat) ; ahv, ahava « il est devenu » (skr. abhavaf);
any , anaya « il a conduit » (skr. anayat); a^h, a^a(n)ha « il
a proclamé, ordonné » (skr. açamsat) ; asiyv, asiyava « il s'est
mis en mouvement » (skr. acyavat) ; avin, avaina « il a vu »
(skr. avenat) ; am"u^, amuBa « il est parti » ; atrs, atrsa « il
a eu peur y)] prars, par arasa « il est venu » (^para -\- arasa) ;
adary , adàraya « il a tenu » (skr. adhàrayat) ; agrbay , agr-
bâya « il a saisi » (skr. ag^bbàyat); fraisy, frâisaya «il a en-
voyé » Çfra -{- àisaya, cf. skr. aisayaf)', amany, amânaya « il
a attendu » ; ad^ur^ujiy , adurujiya « il a menti » ; niystay,
niyastâya « il a établi » (wf -f- astâya, d'après *ni-stâya-). —
Injonctif du type thématique : ma ^dy , ma ^adaya « qu'il ne
semble pas » NR a. 58. — La forme ah , aha (à lire âha) « il
était » est à part : c'est une ancienne forme de parfait, compa-
rable à skr. àsa, zd ânha, avec addition de *-^ de 3^ personne
du singulier ; l'ancien imparfait * âst n'est pas représenté en
perse.
Pluriel.
i*"^ pers. -ma (cf. véd. -ma, zd -ma) : aoriste athématique
ak"uma, akumâ « nous avons fait » (cf. skr. akrma), avec
un vocalisme radical zéro qui serait plus intéressant si l'on
avait le singulier correspondant ; imparfait thématique :
v'ytryama, viyatarayâmâ « nous avons traversé » (vi -f-
atarayâmâ ; cf. skr. atàrayàma).
2** pers. : pas d'exemple.
3" pers. On a l'ancienne désinence athématique *-ant (skr.
-an) dans ajn, ajana « ils ont frappé » (cf. aja « il a frappé »),
forme pareille à skr. ahanan, dans l'imparfait ak"unv, akunava
« ils ont fait » (avec vocalisme prédésinentiel a contraire à la
règle ancienne ; cf. le sing. akunaus), et sans doute dans ah,
aha (à lire àha) « ils étaient », forme pareille à skr. âsan. Les
H8 FORMES VERBALES [§ 223
formes où la désinence du type athématique était *-at ne sont
pas représentées, sauf peut-être dans la finale -ha, -sa, qui pro-
vient de l'aoriste en -s-, cf. zd stânhat ; on a ainsi v. p. -àisa
« ils sont allés » (B. I, i3).
Dans le type thématique, la désinence *-nt s'ajoute à V-a-
du thème, et l'on a ainsi indo-iranien *-ant (skr. -an)^ repré-
senté en perse par -a ; la forme ne se distingue donc pas
graphiquement de celle du singulier : abr, ahara « ils ont
porté » (skr. ahharan) Dar. Pers. e 9-10; ahv, ahava « ils
sont devenus » (skr. abhavan) B. I, 76 ; II, 7 et 98 ; III, 78;
IV, 34 (il n'y a pas de forme concurrente pour ce verbe) ;
atrs, atrsa Dar. Pers. e 9 (à côté de ahard) « ils ont eu peur » ;
agrbay y agrbâya B. II, i3 « ils ont saisi ». La confusion des
3*' personnes du singulier et du pluriel paraît avoir existé dans
la prononciation comme dans la graphie ; car on a cherché à y
échapper de diverses manières, à savoir en employant la forme
moyenne, par exemple abara{n)tâ au lieu de abara, sans que
le sens ait rien de moyen, ou bien en ajoutant une finale *-sat
d'aoriste en -s- sous la forme qu'elle aurait après -a-, soit -h-,
ainsi abaraha, ou sous celle qu'elle aurait après -i-, soit s, ainsi
*abarasa (non attesté), qui vient de formes telles que -àisa.
La phrase citée ci-dessus manà bàjim abara « ils m'ont apporté
tribut » Dar. Pers. e. 9-10 se retrouve, avec le moyen aba-
ra(n)tâ B. I, 19, et avec la forme nouvelle aba[ra]ha NR. a. 19.
D'autre part, on lit ad''ur"ujiys, adurujiyasa « ils ont menti »
B. IV, 34-35 (unique exemple de cette sorte). Dans le type
athématique, la forme ahta, aha(n)tâ « ils étaient » remplace
souvent aha dans B., tandis que, comme on l'a vu, abava est
la seule forme attestée, et l'on a même ayta, aya(n)tâ « ils
sont allés » Dar. Sz. c. 11, en regard de -ais, -àisa (dans
patiyâisa « ils sont venus » B. I, 1 3 et 18 (les deux passages
se complètent l'un l'autre). La vieille forme était ébranlée,
mais se maintenait encore, tandis qu'on faisait des tentatives
§ 224] FLEXION PERSONNELLE li9
variées pour sortir de la confusion du singulier et du pluriel.
§ 224. b. Formes moyennes.
Singulier.
i" pers. La désinence -iy (cf. skr. -/) du type athématique
est sans doute attestée une fois dans l'aoriste en -s- adrsiy,
adrsiy « j'ai tenu » ; toutefois la lecture adrsaiy est aussi pos-
sible matériellement. — La finale du type thématique est en -aiy
(skr. -^); elle est nette dans aydiy , ayadaiy « j'ai adoré » B. V,
16 et 32 ; on lira de même : ptiyxsyiy, patiyaxsayaiy « je
suis devenu maître de » (^pati -\- axsayaiy) \ hmtxsiy, hama-
taxsayaiy «j'ai réalisé » (ham -\- ataxsayaiy^ ; h[m]daryi[y],
hamadârayaiy « j'ai pris possession de » (ham -h adârayaiy).
2^ pers. Pas de forme attestée.
3^ pers. -ta (skr. -ta^ zd -ta): type athématique: ak'^uta,
akutâ « il a fait (pour lui) » (skr. akrta); ptiyjta, patiyajatà
■(( il a combattu » (^pati -\-- ajatây skr. ahata). Type théma-
tique : agubta, agaubatâ « il a dit » ; agrbayta, agrbâyata
« il a saisi (pour lui) » (skr. agrbhàyata) ; hmtxsta, hama-
taxsatâ « il a réalisé » ; anyta, anayatâ « il a été conduit »
(skr. anayata) ; udptta, ndapatatâ « il s'est soulevé » (ud
-\- apatatâ ; skr. apatatd) ; amriyta, amariyatâ « il est mort »
(skr. amriyata) ; aysta, ayasatà « il a tiré à lui » (skr. aya-
cchata)', aistta, a(h)istatà « il s'est tenu » (skr. atisthata) ;
ak"unvyta, akunavayatà « il a été fait ».
Pluriel.
i""^ et 2^ pers. Pas de formes attestées.
3^ pers. La désinence est -ntd (skr. -nta) ; en fait les formes
ne se distinguent pas graphiquement de celles du singulier ;
on a: ahta, aha(n)td ou ahatâ (cf. -ata du type athématique
sanskrit) « ils ont été » ; ayta, âya(n)tà ou âyatâ « ils sont
allés ». Type thématique : agubta, agauba(n)tâ « ils ont dit » ;
i20 FORMES VERBALES [§ 224-226
akriyta, akariya(n)tâ « ils ont été faits » (skr. akriyantd) ;
hmtxsta, hamataxsa(n)tà « ils ont réalisé » ; agrhayta,
agrbàya(n)tâ « ils ont pris (pour eux) » (skr. agrbhàyanta) ;
ahrta, ahara(n)tâ « ils ont porté » (skr. abharanta ; cf. ci-
dessus § 223, p. Il8).
G. Impératif.
§ 2 25. L'impératif, qui sert à exprimer les ordres positifs
(les défenses étant exprimées par l'injonctif, v. § 222, ou par
l'optatif, V. § 231-282), a des désinences propres :
§ 226. a. Formes actives.
Singulier.
2^^ pers. Type athématique, désinence -diy (cf. skr. -dhi,
-hi, zd -dî) : jdHy , jadiy « frappe » (skr. jahi, zd jai^f) ; pri-
d'iy, paraidiy « va-t'en » {parà-[- idiy, cf. skr. iht); pad'iyy
pâdiy « protège » (skr. pàhï). Type thématique, désinence
zéro : jHva, jivà « vis » (skr. jîva) ; prsa, prsâ « interroge »
(skr. prcchd) ; pribra, paribarâ « conserve » (pari + barâ ;
skr. bhard).
3* pers. ; désinence -tuv (skr. -tu, zd -tu) : pat"uv, pàtuv
« qu'il protège » (skr. pâiti) ] ddafuv, dadàtuv « qu'il
donne » (skr. dadâtu) ; k^unufuv, kunautuv « qu'il fasse »
(skr. kf'notu)', nikfuv, nika(n)tuv « qu'il détruise » (m
-\-kantu); brfuv, baratuv « qu'il porte » (skr. bharatu).
Pluriel.
2* pers. La désinence est en indo-iranien la même que la
désinence secondaire ; elle n'est connue en perse que par
l'impératif; c'est -ta (skr. -ta, zd -ta): jta, jatâ ou ja(n)ta
« frappez » (skr. hanta) ; prit a, paraitâ « allez- vous-en »
(para H- itâ ; skr. ita).
§ 227-229] FLEXION PERSONNELLE 121
§ 227. b. Formes moyennes.
Singulier.
2® pers., désinence -(x)uvâ (skr. -sva, zd -hvà): ptipyuva,
patipaya(x)uvà « garde- toi » (^pati -h payaxuvà).
3* pers., désinence -tàm (skr. -tàm): vrnvtam, vrnavatàm
« qu'il semble, qu'on croie » (avec passage de vrnu- au type
thématique).
D. Subjonctif.
§ 228. Le subjonctif est caractérisé en indo-iranien dans
le type athématique par une voyelle -a- ou -â- (suivant les
personnes) qui est attachée à la forme du thème à vocalisme
présuffixal a, et, dans le type thématique par la forme -â- de la
voyelle thématique à toutes les personnes ; sauf dans le verbe ah-
« être », le vieux perse a généralisé le type thématique, à en
juger par les trois exemples qu'on possède. Les désinences indo-
iraniennes étaient, suivant le cas, du type primaire ou du type
secondaire ; le vieux perse ne présente que le type primaire,
sauf dans un exemple douteux. Le type a donc subi une nor-
malisation. Sous la forme caractérisée par -à-, on sait que le
subjonctif s'est maintenu jusqu'en pehlvi.
§ 229. a. Formes actives.
Les formes athématiques conservées sont ahy, ah(i)y à la
2*^ personne du singulier, B. IV, 87, 68 et 87, sûrement sub-
jonctif, à en juger par la comparaison avec la phrase parallèle
B. IV, 70 (sur la forme cf. § i3/4) ; ahtiy , ahatiy à la S*' per-
sonne du singulier, cf. véd. asati.
On a la forme thématique aux deux mêmes personnes du sin-
gulier :
2*^ pers. -âh(i)y (cf. véd. -âsl) : vinahy , vainàh(i)y « que tu
voies » ; prihrahy , paribaràh(t)y « que tu conserves » (^pari
-\- barâhiy^ ; ptiprsahy , patiprsàh{i)y « que tu interroges »
(^pati -\- prsâhiy) ; apgudyahy , apagaiidayâh(i)y « que tu
122 FORMÉS VERBALES [§ 229-231
caches )> (apa -\- gaudayàhiy)\ [druj]iyahy, [dyauj]iyâh(i)y
« que tu tiennes pour un mensonge ». — Ce type a été em-
prunté dans le type athématique : k^unvahy, kunavâh(i)y
« que tu fasses » et vHknahy, vikanâh(t)y « que tu détruises »
(cf. sur ces deux thèmes § i86).
3* pers. -àtiy (cf. véd. -àti): ptiprsatiy , patiprsàtiy « qu'il
interroge » Çpati ~h prsâti) ; nirsatiy, nirasâtiy « qu'il des-
cende » (ni -f- rasâîiy). — Il faut peut-être restituer une forme
à désinence secondaire *-/_, dans ^ada[ ] B. IV, 49, où l'on
est tenté de lire ^adayà « qu'il semble ».
§ i?to. h. Formes moyennes.
On n'a que des formes du type thématique.
Singulier. — i*"^ pers. La forme fi d y ami y, Oadayâmaiy se
trouve dans une inscription mutilée Dar. Suse a 5 ; on n'en
saurait déterminer la valeur.
2^ pers. Le thème manya- n'admettant en indo-iranien que
les désinences moyennes, on lira mniyahy , maniyàha(i)y « que
tu penses », bien que la finale -hy puisse aussi bien se YivQ-h(i)y ;
cf. véd. -àse.
3*^ pers. -àtaiy (véd. -âtè) ; la graphie ne distingue pas entre
-àtiy et -àtaiy, et c'est seulement d'après d'autres formes des
mêmes thèmes qu'on lira ici -taiy dans : mniyatiy, maniyàtaiy
« qu'il pense » ; ydatiy, yadàtaiy « qu'il adore » ; gubtiy,
gauhàtaiy « qu'il dise » (exemple embarrassant pour le sens ;
V. § 2^2 et § 438). — La forme en -àtaiy du type thématique a
été étendue au type athématique dans vrftvatiy, vrnavàtaiy
« qu'il semble, qu'on croie », cf. vrnavatâm (§ 227).
E. Optatif.
§ 23 1. L'optatif, qui n'a pas survécu en pehlvi, n'est repré-
senté sur les inscriptions que par de rares exemples. On n'a de
formes que pour l'actif et qu'au singulier. Les désinences sont
du type secondaire.
§ 231-234] VALEUR DES FORMES PERSONNELLES 123
Le type athématique est en -iyà- (skr. -yà-j zd -yà-) : 3* pers.
-iyâ (cf. skr. -yât) : avajniya, avàjaniyà « il pourrait tuer »
B. I, 5i et 52 (ava -\- à -\- janiyà, cf. skr. hanyât); cxriya,
caxriyâ « il pourrait faire » B. I, 5o (optatif du parfait) ; ma
ajmiya, ma ajamiyà « que ne vienne pas » (à -\- jamiyâ) Dar.
Pers. d. ig.
§ 282. La forme isolée biya, hiyà « qu'il soit », de la racine
qui est représentée du reste par abavam « je suis devenu » et
ahava « il est devenu, ils sont devenus », se lit B. IV, 56,
58, 59, 74, 75, 78, 79, dans une série parallèle de vœux, posi-
tifs ou négatifs (ces derniers avec mà^ ; on a l'impression que
biyàj qui est isolé de bava- par la forme, tient, en partie au
moins, la place d'un impératif de la racine ah- (cf. § 244), et
sert d'optatif à cette même racine ah-j dont ni un impératif,
ni un optatif ne sont attestés.
La 2^ pers. biyà a été restituée avec grande vraisemblance
B. IV, 69 aviy ma dusta [biy\a, avaiy ma daustâ biyà « ne
leur sois pas ami ».
§ 233. Dans l'inscription très mutilée NR.b. 20 et 21, on
lit vHna^yis, qu'on est tenté de lire vinà^ayais et qui repré-
senterait la 2^ personne du singulier de l'optatif thématique ;
cf. skr. -eh, zd -ôis ; mais, le mot étant isolé les deux fois, on
ne saurait rien affirmer.
Il est possible que la fin du mot mutilé B. IV, 44 ... rtiyiy
soit à lire ... rtiyaiya et qu'on ait ici une i''*' personne du singu-
lier de l'optatif moyen, cf. skr. -eya ; peut-être pourrait-on lire
\^fyava\rtiyaiya « je déclarerais ».
IV. Valeur des formes personnelles.
A. Indication de la personne.
§ 234. Les formes personnelles du verbe suffisent à indi-
quer la personne; un pronom au nominatif n'est ajouté que
124 FORMES VERBALES [§ 234-235
comme apposition au verbe, pour insister. Le vayam qui figure
B. I, 7 = B. a. lo ou B. I, lo == B. a. 17 sert à bien marquer :
« c'est nous qui sommes les Acbéménides » ; adam dans adam
xsàya^iya aniiy B. I, 12 souligne : « c'est moi qui suis le
roi ». Dans B. I, 89 = B. b. 4 adam Bardiya amiy « c'est
moi qui suis Bardiya », adam est le mot essentiel, celui sur
lequel insiste le faux Bardiya.
La 3*^ personne du pluriel peut servir à exprimer l'idée de
« on », ainsi Xerxès Pers. a. i5 tyapatiy krtam vaina(n)tiy nai-
bam ava visam vasnà A(h)urama^dàha akumà « ce que l'on voit
de beau, tout cela nous l'avons fait par la grâce d'Ahura-
mazdâ ».
La i'^" personne du pluriel akumà, qu'on vient de lire dans
cette inscription de Xerxès, s'applique à deux personnes : Darius
et Xerxès ; elle indiquerait par suite l'inexistence du duel à la
i""* personne du pluriel des verbes.
B. Désinences moyennes.
§ 235. Abstraction faite des quelques cas où des désinences
moyennes de 3^ personne du pluriel ont été substituées à des
désinences actives trop peu claires (§ 223), les désinences
moyennes ont conservé en perse toute leur valeur. Il y a des
exemples très significatifs :
B. I, 46 pasâva gaumâta hya magus adinà ka(n)bujiyam
utà pàrsam utâ mâdam utâ aniyà dahyàva hauv ayasatâ (x)uvài-
pasiyam akutà « ensuite Gaumâta le mage a enlevé à Cambyse
et la Perse et la Médie et les autres provinces ; il les a tirées (à
lui) ; il en a fait (pour lui) sa propriété». On voit la forte valeur
de ayasatâ et de akutà.
B. I, 4i xsaçam hauv agrhàyatà « il a pris (pour lui) la
royauté »; de même B. I, 43 et 81; III, 83. Au sens de
« faire prisonnier (pour le roi) », on a l'actif, ainsi B. II, 88
ciça{n)taxmam agrhàya « il a pris Ciçantaxma ».
§ 235-236] VALEUR DES FORMES PERSONNELLES 125
B. I, 25 a(h)urama:(dâmaiy upastâm abara yâtâ ima xsaçam
ha[ma]dârayai[y] vasnâ a{F)urama:(dâha ima xsaçam dàrayâmiy
« Ahuramazdâ m'a aidé jusqu'au moment où j'ai pris (pour
moi) cette royauté. Par la grâce d'Ahuramazdâ je tiens cette
royauté ». Le contraste entre hamadârayaiy « j'ai pris pour
moi » et dàrayâmiy « je tiens » est net. — Le sens moyen est
aussi clair dans Dar. Pers. e 7 imâ dahyàva tyâ adam adrsiy
« voici les provinces que moi j'ai prises (en ma possession) » ;
Darius insiste sur sa prise de possession à la fois par adam
« moi » et par la désinence moyenne.
Les désinences moyennes se trouvent au passif, dans akuna-
vayatà « il a été fait » , akariya(n)tâ « ils ont été faits » ; ce qui
est exprimé par le tour passif B. I, 20 [tya]sâm hacâma a^ah(t)y
... ava akunavayatâ « ce qui leur a été ordonné par moi, ... ceci
a été fait » l'est par l'actif dans NR. a 20 tyasâm hacâma
a^ah(i)y ava \a\kunava « ce qui leur a été ordonné par moi,
ceci ils l'ont fait ». C'est la désinence moyenne qui, à elle seule,
exprime le passif dans anayaiâ « il a été conduit » en regard
de anaya « il a conduit » ; cette racine se prêtait mal à l'em-
ploi du suffixe de présent passif -y a- (v. § 196).
L'emploi des désinences moyennes dans a(h)istatâ « il s'est
tenu » et dams patiyaxsayai «je me suis rendu maître de » n'a
rien que de naturel.
La valeur moyenne de patiyajatâ « il a combattu » NR. a. ^7
n'est pas claire ; mais il est malaisé de discuter le passage, où
le mot partaram est obscur.
§ 236. Quelques thèmes n'offrent que des désinences moyennes
dans les inscriptions. Pour certains, cela est sans doute fortuit :
skr. yajàmi signifie « je fais un acte de culte pour autrui », et
yaje « je fais un acte de culte pour moi » ; or, sur les inscrip-
tions perses, on ne trouve que ayadaiy « j'ai adoré (pour moi) » ;
ceci n'indique pas que la flexion active de yada- n'ait pas existé
aussi. La désinence moyenne de amariyatà « il est mort » tient
12Ô FORMES VERBALES [§ 236-237
au contraire à ce que ce thème admettait seulement les dési-
nences moyennes, cf. skr. mriyate (cf. lat. morior) ; il en est
sans doute de même de agauhatâ « il a dit » ; les verbes signi-
fiant « parler » peuvent être « déponents », ainsi lat. loquor.
L'emploi absolu d'un verbe qui admet la construction tran-
sitive n'emporte pas emploi des désinences moyennes : B.
II, 9 avadà adàraya « il se tenait là » est exactement compa-
rable au type lat. habitâre.
En somme l'opposition des désinences actives et moyennes a
gardé sa valeur.
C. Imparfait et aoriste.
§ 287. L'ancienne opposition de l'imparfait et de l'aoriste
n'est plus saisissable que dans deux racines : dà- « poser »,
dont on a le thème de présent dadà- (v. § 186) et le thème d'ao-
riste dà~ (v. § i85) ; kar- « faire », dont on a le thème de pré-
sent kunau- (v. § 188) et le thème d'aoriste ku- (au pluriel
actif et au moyen; v. § i85). Aucun autre verbe ne présente
une opposition nette de thèmes de présent et d'aoriste, ni par
suite d'un imparfait et d'un aoriste.
Le thème d'aoriste dà- et le thème de présent kunau- sont
côte à côte dans une formule où chacun des deux présente trace
de sa valeur ancienne : NR. a. i baga va:(rka a(Jo)urama:(dà
hya imâni bumim adâ hya avant asmânam adâ hya martiyam adà
hya siyàtim adâ martiyahyà hya dàrayava(h)um xsâyaBiyam aku-
naus « le puissant dieu A(h)uramazdà qui a créé la terre ici,
qui a créé le ciel là-bas, qui a créé l'homme, qui a créé le bien-
être de l'homme, qui a fait Darius roi » . La même formule se
retrouve, avec de légères variantes, Dar. Elv., Dar. Suez c ;
dans les inscriptions de Xerxès, avec xsayârsâm au lieu du nom
de Darius, Pers. a; b; c; d; Elv. ; Van; et, avec substitution
parallèle de nom, dans des inscriptions d'Artaxerxès III. Le con-
traste de adà exprimant la création divine faite une fois pour
237-239] VALEUR DES FORMES PERSONNELLES 127
toutes et de ahur^aus exprimant le fait qu'un roi a été institué
pour un temps indéterminé est significatif ; en ce même sens
on trouve, dans une autre formule, l'imparfait adadâ, dont c'est
le seul exemple connu, comme adâ n'est pas attesté hors des
exemples cités : Dar. Pers. d. 2 a(h)urama:(dà va^rka hya ma-
Bi^ta bagânàm hauv dârayavaQJ)umxsâya^iyam adadâ « A(h)ura-
mazdâ puissant, le plus grand des dieux, a fait Darius roi » . —
Ces exemples sont donc probants ; mais ils ne prouvent pas
pour l'usage à l'époque des inscriptions, car il s'agit de formules
fixées où se trouvent un mot emprunté à un dialecte « littéraire »
va:(rka (cf. § 9 et 119) et un contraste archaïque entre imâm
« celle-ci » et avam « celui-là » (cf. § 325).
L'aoriste akumâ « nous avons fait » se rencontre seulement
dans la formule hamaranam akumâ « nous avons livré bataille »
B. I, 90, 94, 96 ; II, 68, 70. La forme moyenne akutà est
seulement dans la locution B. I, 47 (pc)uvâipâsiyâm akutâ
« il s'est approprié ». Le fait que l'aoriste de ka7'~ se trouve
seulement dans deux locutions fixées n'est sans doute pas for-
tuit. — Les deux aoristes en -s- que l'on possède, niy apaisant
« j'ai écrit » et adrsiy « j'ai pris possession de » (attesté une
seule fois) appartiennent à des verbes de caractère technique :
écrire, prendre possession de (terme juridique).
§ 238. En dehors de ces formules fixées, tous les récits qui
f se trouvent dans les inscriptions et qui en forment la plus grande
partie sont faits au moyen du prétérit du thème du présent,
c'est-à-dire de l'imparfait, qui pour le sens répond à la fois à
l'imparfait et à l'aoriste du sanskrit ou du grec. Par exemple
I akunavam vaut à la fois èxciouv et èTCo(Y;aa. C'est dire que l'ancien
aoriste a été éliminé.
D. Subjonctif et optatif.
a. Subjonctif.
§ 239. Le subjonctif est employé d'une manière libre
!28 FORMES VERBALES [§ 239-241
et courante pour exprimer une action qu'on s'attend à voir réa-
lisée ; il se trouve avec mâtya « que ne pas, pour que ne pas »
(cf. § 44o), et 3iYec y adiy « si )>. Voici des exemples typiques :
B. IV, 38 mart[iya hya d'^rau\jana ahatiy avant (h)ufrastam
prsà y adiy ava^â man[iyâhaiy] dahyâusmaiy duruvâ ahatiy
« l'homme qui sera menteur, punis-le bien, si tu penses ainsi :
ma province doit être saine et sauve » (ces deux phrases offrent
trois exemples distincts, dont l'un est restitué).
Le subjonctif est de règle avec y adiy au sens de « si » ; on
le trouve notamment B. IV, 54-55 ; 57-58 ; Dar. Pors. e,
19-20 et 22. On peut citer:
B. IV, 72 3'^[iry] imàm di[pim] vainâh(i)[y] imaivâ pati-
karâ naiydis vikanâh(i)y utàtaiy yàvâ taumà [ahatiy^ paribarâ-
h(t)dis a(h)urama:(dâ Buvâm daustâ biyà « si tu vois cette inscrip-
tion ou ces images, si tu ne les détruis pas et si tant que lu en
auras la force tu les conserves, qu'A(h)uramazdâ soit un ami
pour toi ».
§ 2^0. Le subjonctif est aussi de règle avec mâtya ; ainsi
B. I, 52 mâtya mâm xsnâsâtiy « qu'il ne me reconnaisse pas » ;
IV, 43; 48-5o. Dans IV, 71 mâtya vikanâh(i)y « ne détruis
pas », on a recouru à mâtya avec le subjonctif, au lieu de se
servir de ma avec l'injonctif (cf. § 222), peut-être parce que la
formation de la 2* personne du singulier de l'injonctif de l'athé-
matique kan- faisait difficulté : la forme d'injonctif aurait été
* vi-ka, assez peu claire ; ce mâtya vikanâh(i)y est construit
parallèlement à Vixn^QXdiûî pariharà « conserve » ib. 72.
§ 24 1. Le subjonctif exprimant simplement ce que l'on s'at-
tend à voir réalisé se trouve par exemple :
B. IV, 70 tuvam kâ hya aparam imâm dipim vainâh(i)y tyâm
adam niyapai\sa\m [i]maivâ patikarâ mâtya vikanàh(i)y « toi qui
par la suite verras cette inscription que j'ai écrite ou ces images,
ne les détruis pas ». — Cf. l'exemple B. IV, 67 et suiv.
B. lY, 'jb tya kunavâh(i)y avataiy a(h)urama^dà [ ]m
§ 241-243] VALEUR DES FORMES PERSONNELLES 129
kunautuv « ce que tu feras, qu'A(h)uramaz(lâ te le rende
» ; 79 tya kunavàh(i)y avataiy a(Jj)urama:(dà nika{n)tuv
« ce que tu feras, qu'A(h)uramazdâ te le détruise ».
NR. a. fxi patikarà didiy tyai[y\ gâ^um bara{n)tiy a[va]dâ
xsnâsâh(J)y adataiy a:(dà bavà[t]iy « regarde les figures qui
portent le trône, et tu reconnaîtras, et tu sauras ».
Dar. Pers. e 22 yadiy kâra pârsa pâta ahatiy hyà duvais\ta\m
siyâtis axsatà hauvciy a(h)urà nirasàtiy abiy imàm viBam « si l'ar-
mée perse est protégée, la prospérité, pour longtemps inaltérée,
descendra sur cette famille ».
§ 2/42. Il y a deux cas où l'emploi du subjonctif demeure
obscur; dans tous deux il s'agit de gaubâtaiy B. II, 83 kàram
hamiçiyam hya manâ naiy gaubâtaiy avant jatâ « l'armée révoltée
qui dira qu'elle n'est pas à moi, battez-la » ; et III, 86 [ava]m
kàram bâbairuvi[ya]m jatâ hya manâ naiy [ga]ubâtaiy « battez
cette armée babylonienne qui dira n'être pas mienne ». On a
traduit gaubâtaiy par « dira » dans les deux cas pour rendre
le subjonctif; mais dans tous les autres passages parallèles
B. II, 20 ; 3i ; 5o; III, i5 ; 69, on a gaubâtaiy « dit ».
b. Optatif.
§ 2^3. Des trois optatifs qui sont dans des passages complets
et intelligibles, deux font partie d'un même récit :
B. I, 48 naiy aha martiya hya avant Gaumâtam xsaçani
ditani caxriyâ kârasim hacâ drsni^ atrsa kâram vasaiy avâjaniyâ
hya paranambardiyam adânâ avahyarâdiy kâram avâjaniyâ mâtya-
mâm xsnâsâtiy « il n'y avait personne qui pouvait ôter à Gau-
mâta la royauté ; l'armée avait peur de lui ; il aurait pu tuer beau-
coup de l'armée qui connaissait autrefois Bardiya ; il aurait tué de
l'armée pour cette raison : qu'elle ne me reconnaisse pas ». —
Dans cette série d'exemples, l'optatif indique une possibilité.
Dans l'autre exemple, l'optatif exprime un vœu dans une
I. La lecture de ce mot n'est pas déterminée.
130 FORMES VERBALES [§ 243-245
phrase négative ; il est construit parallèlement à un impératif et
remplace peut-être Tinjonctif qui manquait à un verbe athéma-
tique (cf. l'observation faite ci-dessus sur mâtya vikanàh(i)y) :
Dar. Pers. d ibimâm dahyàum a(h)urama:(dâ pâtuv hacâhainàyà
hacà dusiyârâ hacâ d'^raugâ ahiy imàm dahyàum ma ajamiyà ma
ha[i]nâ ma dusiyâram [m]à d^rauga « qu'A(h)uramazdâ protège
cette province de l'armée ennemie, de la mauvaise récolte, du
mensonge; que sur cette province ne vienne ni l'armée ennemie,
ni la mauvaise récolte, ni le mensonge ».
§ 2 4 '4. De la racine ah-, il n'est pas attesté en perse d'im-
pératif correspondant à skr. astu ; d'autre part, le prétérit aha,
qui est une combinaison de parfait et d'imparfait (cf. § 228,
p. 117) ne se prêtait sans doute pas à exprimer l'injonctif. C'est
hiyâ qui tient la place à la fois de l'impératif et de l'injonctif
(cf. § 282) ; la forme se construit parallèlement à l'impératif:
B. IV, bb a(h)urama^dâ ^uvàmdaustâ biyâ utà[ta]iy tau(x)mâ
vasaiy hiyâ utâ dargam jivâ « qu'A(h)uramazdâ soit un ami pour
toi, aie beaucoup de postérité et vis longtemps » ; de même ib.
7^ et suiv.
B. lY, 78 a(h)urama:(dâtaiy ja(n)tàbiyâ utàtaiy tau(x)m[à ma
biyâ] ^ utâ tya kunavâh(i)y avataiy a{h)urama:(dâ nika(jï)tui;
« qu'A(h)uramazdâ te frappe, n'aie pas de postérité et
qu'A(h)uramazdâ détruise ce que tu feras ».
B. IV, 69 avaiy ma daustâ [biy]â (Jo)ufrastâdiy prsâ « ne
sois pas leur ami ; punis-les bien » .
Ainsi l'optatif, qui est rare, apparaît le plus souvent comme
le substitut d'une autre forme manquante.
Préverbes.
§ 2^5. Les préverbes étaient en indo-iranien des mots auto-
I. Restitution sûre d'après le passage exactement parallèle B. IV, 58
et suiv.
§ 245-248] PRÉVERBES i31
nomes dont le rapprochement avec le verbe était facultatif; en
perse, la soudure du préverbe et du verbe est complète ; le pré-
verbe n'est jamais séparé du verbe ; le signe de séparation de
mots n'intervient jamais entre le préverbe et le verbe.
§ 2/46. Les préverbes connus en perse sont : à- « vers » ; ati-
« au delà » ; apa- « de » ; abi~ « vers » ; ava- « de haut en bas » ;
*ut- (ud-) « de » ; upari- « sur » ; ni- « de haut en bas » ; *nis-
(nij-) « à l'écart de » ; pati- « contre, vers, dans la direction
de » ; para- « loin de » ; pari- « autour » ; f^^ra- « en avant » ;
vi- « séparément » ; ham- « avec ».
§ 2^7. Certaines racines, surtout des racines à valeur con-
crète, pouvaient être précédées de préverbes très divers qui en
modifient le sens de diverses manières. De la racine ai- « aller »,
on a ainsi atiyâis « il a passé » ; patiyàisa « ils sont allés vers » ;
paraidiy « va-t'en », et sans doute d'autres exemples, qui sont
mutilés ou d'interprétation incertaine. De har- « porter », on
a parâhara « il a emporté » ; pariharâ « soigne » ; f^ràhara « il
a apporté, il a remis » (on notera le contraste de B. 1, 60
a(h)urama:(dâ xsaçam manâ frâbara « A(h)uramazdâ m'a remis
la royauté », action « déterminée », et de a (h)urama^dâmaiy upas-
tàm abara « A(h)uramazdâ m'a porté secours », action qui a
duré sans terme déterminé) ; patiyâbaram (avec deux préverbes
pati- et à-) « j'ai rapporté ».
§ 2^8. Certains préverbes s'emploient avec des racines très
diverses ; ce sont pati- : patiyàisa « ils sont allés vers » ; patiya-
xsayaiy «je suis devenu maître de » ; patiyajatâ « il a combattu » ;
patiyâbaram «j'ai rapporté » (pati -f- â-) ; patipaya(x)uvâ « garde-
toi » ; patiprsàh(i)y « que tu interroges » — para- : parârasam
« je suis arrivé » ; parâbara « il a enlevé » ; parâgmatâ « elle est
allée (loin) » ; paraidiy « va-t'en » — vi- : vikanàh(î)y « que tu dé-
truises » ; viyatarayam «j'ai traversé » ; viyanâ[^a]ya « il a fait du
mal à » — ava- : avajata « tué » ; ma avarada « ne laisse pas » ;
avàstâyam « j'ai établi » — /V^-: frâisaya « il a envoyé » ; frâ-
i3i FORMES VERBALES [§ 248-250
janam « j'ai coupé » ; f'^ratarta « passé » ; frânayam « j'ai
amené » ; fràhajam « j'ai pendu » — ni- : nirasâtiy « qu'il des-
cende » ; nika(n)tuv « qu'il détruise » ; niyaçàrayani « j'ai res-
tauré » ; niy apaisant « j'ai écrit » ; niyasàd ayant « j'ai établi ».
§ 2^9. Deux préverbes peuvent être juxtaposés ; le second est
alors à : avâjaniyâ (ava -\- à -\- janiyâ) « il peut tuer » ;
patiyâbaram (pati -\- â -{- abarani) « j'ai rapporté ». Dans ces
deux cas, la présence du préverbe a- se traduit seulement par
un a noté (c'est-à-dire à) qui serait embarrassant si l'on n'ad-
mettait pas le double préverbe.
§ 260. Les préverbes ne servent pas seulement à déterminer
le sens de verbes concrets. On a vu que le perse avait à peu près
entièrement éliminé l'opposition des thèmes de présent et d'ao-
riste, et que, par suite, il n'avait plus le moyen d'opposer l'ac-
tion arrivée à son terme (l'action « déterminée ») à l'action qui
se poursuit (action « indéterminée »). Comme il est arrivé dans
plusieurs autres langues indo-européennes, les formes munies
de préverbe ont servi à indiquer l'action parvenue à son terme.
Cette valeur du préverbe est très sensible en quelques cas ; de
même que ga- en gotique eicum- en latin, le préverbe v. p. ham-
« avec » a servi particulièrement à cet usage : tandis que dârayà-
miy signifie « je tiens, j'occupe », la forme moyenne à préverbe
ha[nia]dârayai[y] B. I, 26 signifie « j'ai pris possession de »;
patiyaxsayaiy {pati + axsayaiy) signifie « je me suis rendu
maître de », NR. a 19, pour rendre la même idée. La racine
taxs- « faire, fabriquer » ne se trouve qu'avec le préverbe ham-,
et hamataxsaiy B. I, 68 signifie « j'ai fait en sorte que, j'ai
réalisé », et de même dans les au':res exemples de ham-taxs-.
Avec un verbe indiquant un mouvement, le même préverbe a sa
valeur concrète : ha(ji)gmâtà « il se sont réunis » . La différence
entre ajanam «j'ai frappé » et avàjanam « j'ai tué » est exacte-
ment la même que celle qui existe en slave entre hiti « battre »
et u-hiti, u-bivati « tuer ». On dispose de trop peu de termes
§ 2o0-251] PRÉVERBES 133
de comparaison pour qu'il soit possible de mettre souvent en
évidence ce rôle des préverbes ; mais on l'entrevoit en plusieurs
cas. Si par exemple on a le préverbe ni- dans tous les exem-
ples de : niyapaisam « j'ai écrit », nipistam « écrit », c'est
qu'il s'agit de choses qui sont écrites, consignées, au moment
où il en est question. Le contraste de a(h)islatâ « il s'est tenu,
il est resté » B. I, 85 et de avâstâyam « j'ai établi » B. I,
63, 66, 69 ou [niya]stâya?7i « j'ai posé, ordonné » B. IIT, 91,
est frappant. Une nuance existait sûrement entre arasant « je
suis venu » et parârasam « je suis arrivé » ; on emploie con-
stamment arasam avec yâtà « jusqu'à ce que », mais parârasam
a.\ec yaM «lorsque» ; ainsi B. II, Q^cità màmamânaya ...yâtâ
adani arasam mâdam « il m'a attendu jusqu'à ce que je soie
venu en Médie » et ib. 65 ya^â mâdam parârasam « lorsque
j'ai été arrivé en Médie ». On demande à A(li)uramazdâ de pro-
téger indéfiniment le pays : pâdiy, pâtuv ; mais l'ordre précis
de se garder de quelque chose est exprimé par la forme à ^vé-
\erhe patipaya{x)uvâ B. [V, 38. Par â- avec la racine gam-
on exprime l'idée de « arriver », dans l'exemple de Pers. d. i5
et suiv., cité ci-dessus, p. i3o, où le « déterminé » ajaniiyâ (â-\-
jamiyà) « qu'il vienne » se trouve, d'une manière bien expli-
cable, à côté de pâtuv. Certains verbes ne se trouvent qu'avec un
préverbe qui en renforce ainsi le sens en le « déterminant » :
apagaudaya « cache » ; viyanâ\^a\ya « il a fait du mal à » (cf.
le substantif *vinâ^a qui est devenu p. gunâh « dommage ») ;
niyasâdayam « j'ai établi » (l'union du préverbe *w/ avec la
racine *sed- est déjà indo-européenne).
§ 25 1. Encore très employés en perse, les préverbes ont
joué un rôle important dans le développement ultérieur du dia-
lecte, et le persan en a gardé beaucoup de traces.
CHAPITRE V
FORMES NOMINALES
§ 262. Les formes nominales constituant un système moins
cohérent que celui des formes verbales, les formes qu'on possède,
quoique relativement nombreuses, ne permettent pas de décrire
aussi complètement l'ensemble du système. Il subsistera de
grandes lacunes dans l'exposé.
I. Formation des noms.
§ 253. La plupart des types principaux de l'indo-iranien
sont conservés ; mais le nombre des exemples attestés ne permet
le plus souvent pas de décider s'il s'agit de formations encore
productives, de formations qui ne le sont plus mais dont le type
général était encore reconnaissable, ou de mots qui tendaient à
s'isoler entièrement. La partie du vocabulaire qu'on possède se
compose pour une très large part de noms généraux qui mon-
trent l'existence en perse de vieux noms iraniens communs,
indo-iraniens ou même indo-européens, mais qui enseignent peu
de chose sur les formations productives de la langue.
On a fait en général abstraction des noms propres dans cet
exposé de la formation des noms.
§ 254. Type radical athématique.
Les thèmes radicaux terminés par une consonne sont repré-
sentés par quelques exemples. Les plus clairs sont vi^- « famille »
I 254-255] FORMATION DES NOMS 135
(cf. skr. viç-, zd vîs-), dont on a loc. sg. vH^iya, viBiyd ; instr.
sg. v'^a, vi^â ; ace. sg. vH^m — vi^am, xsap- « nuit » (cf. skr.
k^ap-^, dont on a gén.-abl. sg. xsp, xsapa — ^ard- « année »
(cf. skr. car ad-, p. sâl), dont on a gén.-abl. sg. ^rd, Barda et
ace. sg. Brdm, Bar dam. De màh- « mois » (cf. skr. màs-, zd
màh-), on n'a que le loc. sg. mahya, màhyâ, dans une formule
souvent répétée.
Mais le thème pad- (skr. pad-, zd pad-) n'est représenté que
par une forme passée au type thématique et qui repose sur la
forme à vocalisme long pâd- (p. pày)^ instr. du. padibiya,
pâdaihiyà « par les (deux) pieds ». Dans ces conditions, il est
impossible de décider si Tacc. sg. nahm, nâham « nez » appar-
tient à un thème consonantique nâh- (skr. nâs-, zd nàh-) ou à un
type nâha- qui en serait issu et qui serait parallèle à pâda-.
L'élément -t- du thème est sans doute suffixal dans napât-,
« petit-fils » (cf. skr. napât-, zd napât-) ^ dont on a le nom. sg.
npa, napâ, et dans raiit- « rivière » (cf. skr. sravat-, p. rôd),
dont on a le gén.-abl. sg. rut , rauta Dar. Sz. c. 9.
Noms caractérisés par la voyelle thématique.
§ 255. On a de vieux noms du type thématique non analysa-
bles dans asa- (skr. açva-, zd aspa-) « cheval », ace. sg. asm,
asam, et composé asabâra « cavalier » (la forme non perse aspa-
ne figure qu'au second terme de certains composés, v. § 10);
kaufa- « montagne » (zd kaofa-, p. M), nom. sg. kuf,
kaufa ; kâra- « peuple, armée » (cf. p. kâr- dans kâr-:(àr),
n. sg. kar, kâra, ace. sg. karm, kâram, instr. sg. kara,
kâr à, gén.-dat. sg. karhya, kârahyâ] xauda- (cf. zd xaola-)
« coiffure » dans le composé tigrxuda, tigraxaudâ « qui
ont une coiffure pointue » (nom. plur.); dasia- « main » (zd
:(asta-, skr. hasta-, p. dast)^ dans loc. sg. dstya, dastayâ ;
Vadjecûï dar ga- « long » (làdar^^a, skr. dîrgha-), dans le nom.
ace. sg. n. drgm, dargam « longtemps » ; naiba- « beau »
136 FORMES NOMINALES [§ 255
(p. nëv)^ nom. ace. sg. n. nikvi, naihani (et fémin. nom.
sg. niba, naiha).
On a des noms radicaux dans : kàma- « désir » (zd kâma-,
skr. kâmd), nom. sg. kam^ kâma ; d^rauga- « mensonge »
(zd draoga-, skr. drogha-, p. durôy), nom. sg. drug , d^'rauga,
abl.-instr. sg. druga, d'^raugâ ; gausa- « oreille » (zd gaosa-,
p. gôs), nom. ace. du. (ou plur. ?) giisa^ gausà. L'adverbe
vsiy , vasaiy semble être le locatif de vasa-, fait sur un thème
de présent vasa- (= skr. * vaccha-, cf. skr. vaçmi ; v. § ii4).
La valeur est celle de nom d'agent dans baga- « dieu » (cf. zd
ba^a-^ skr, bhaga-), nom. sg. bg, bagà, nom. pi. bgah, bagàha;
gén. dat. plur. bganam, bagànàni, instr. plur. bgibis, bagai-
bis. Un ancien * banda- « associé, serviteur » a été élargi par -ka-
(cf. § 278), d'où bdk, ba(n)daka « serviteur » (p. banda).
C'est aussi la valeur de noms d'agent qu'on a dans les com-
posés en -bara- : tkbra, takabarâ « porteur de » ; vçbr ,
vaçabara « porteur de » ; '^ arstibara « porteur de lance »,
faussement écrit srstibr ; et aussi -bar a- dans asbar , asa-
bàra (p. suvâr) « cavalier » N. b. [x!x et 45, instr. pi. asba-
ribis , asabàraibis ; — en -kara- (cf. p. -gar) : z^urkr , ^urakara
« qui fait le mal » ; ptikra, patikarâ « images » (ace. plur.) ;
— en -^ana : pr'^uznanam, paru:(anânâm « qui ont beaucoup
de races » et vHsp^nanamy vispa:(anânâm « qui ont toutes les
races » (gén. plur.). On rappellera aussi ptipdm, patipadam
« en sa place », expression adverbiale dont le second terme paraît
présenter un thème pada-', et le nom de mois grmpdhy , garma-
padahya (gén. sg.), dont le premier terme est * g arma- « chaud »
(cf. skr. gharma-j zd gardma-, p. gorm^ et le second ce même
thème pada-, cf. skr. pada-, zd paza-, p. pay « trace de pas ».
La voyelle thématique -a- sert d'élément de formation peut-
être dans d"uvrya, duvarayâ « à la porte », locatif de duvara-
(cf. skr. dvâra-, en face de dvar-, zd dvardm [ace. sg.J « porte »),
et dans le composé d"usiyarm, dusiyâram « mauvaise moisson »
§ 255-258] FORMATION DES NOMS 137
(de *dus- « mal » et *yâr « année », cf. làyàrd), et sûrement
dans le dérivé margv, mârgava « Margien » de mrguÈ ,
margus « Margiane ». Ce dernier exemple est unique en son
genre ; si ce mot, qui désigne des Iraniens non Perses, n'est
pas dialectal, il indique qu'il y a là une formation productive,
dont on pouvait tirer des adjectifs nouveaux caractérisés par
la voyelle thématique et par la vrddhi (v. § 298).
Noms en -â-.
§ 266. Il faut mettre à part un nom radical où Va appar-
tient à la racine : tipastâ « secours » (de upa- et de la racine
stà-^ dont on a l'accusatif upstam, upastâm (pour le type,
cf. les thèmes radicaux terminés par une consonne, § 25-4).
§ 267. Les adjectifs thèmes en -a- ont leur forme de fémi-
nin en -â- ] ainsi: aniya « autre », loc. pi. f. aniyauva,
aniyâ(x)uvâ ; * gasta « dégoûtant » (abl.-instr. gastà), nom. sg.
f. gsta, gastà; *duruva « ferme )), nom. sg. f. d^ur^uva,
duruvâ'j *naiba « beau » (ace. naibani), nom. sg. f. nihani,
natbâm'y "^ràsta « droit, vrai », ace. sg. f. rastani, râstâm;
va:(rka « puissant », loc. sg. f. vz^rkaya, va^rkàyâ', hamiçiya
« rebelle, ennemi », nom. sg. f. hniHçiya, hamiçiya. La dis-
tinction du masculin-neutre et du féminin, qui est chose dis-
parue en pehlvi, n'a encore subi aucune diminution en vieux
perse (cf. du reste les démonstratifs, § 32 4).
§ 258. Il se trouve par hasard que le féminin en -yâ- (nom.
sg. -i) des autres adjectifs n'est pas attesté. Mais le nom de la
province d' « Arachosie », hruvtis, hara(x)uvaiis répond à
zd haraxvaitt-, skr. sarasvatî, et c'est le féminin d'un adjectif en
-vant- ; outre le nominatif cité, on en a : ace. sg. hrtivtim,
hara(x)uvatim et loc. sg. hruvtiya, hara(x)iivatiyâ. On notera
aussi le nom de citadelle médique sik[y]uvtis , sika[ya]-
(x)uvatis. Cette flexion, qui a -s au nominatif, est tout entière
du type en -l-, et -yâ- n'y apparaît pas.
138 FORMES NOMINALES [§ 259-261
§ 269. Deux noms de pays offrent -à, tandis que le plus
grand nombre se terminent en -à: a^ura, aBurâ « Assyrie »,
toujours, et une fois skam, sakàm (ace. sg.) B. V, 21-22,
6n regard de saka B. I, 16-17 et II, 8, qui a, conformé-
ment à l'usage perse, une forme identique à celle du nom
de peuple, saka « Sace » ; cette hésitation sur la forme d'un
nom de pays iranien, mais éloigné de la Perse, est intéressante
{cf. l'emploi du suffixe -iya-, § 261).
L'ancien thème radical *àp- du nom de 1' « eau » (skr. âp-,
zd àp-) est remplacé par api- (sans doute âpî-, cf. p. àF) dans
le groupe apisim, apisim « l'eau le » (api, ou plutôt apis
-\-sim)', le locdiiiï a piy a, apiyâ «dans l'eau» n'enseigne rien.
§ 260. Quelques noms ont -à- pour seul suffixe. Les noms
radicaux sont rares ; le seul tout à fait sûr est dHda, didâ
« forteresse », ace. sg. d'idam, didàm; la racine est celle de
skr. dih-, zd di:(- ; on notera le vocalisme radical zéro, bien
attesté par la graphie. Il faut peut-être ajouter le mot par lequel
Darius désigne sa grande proclamation gravée sur le rocher
de Behistun, hd^ugam (ace. sg.), qu'il faudrait ha(n)dugâm
et couper han-dugà-. Le gén.-abl. sg. ydaya, yadàyà B. III,
26 n'a pas encore reçu d'interprétation. Le mot a'^da, a:(dâ
« nouvelle » (gâth. a:(dâ, skr. addha) est isolé ; il a presque le
caractère d'une forme adverbiale. Le mot maskà « peau », dans
le loc. pi. mskauvà, maskâ(pc)uvà, est emprunté au sémi-
tique.
Dans tous les types de formations thématiques, on ren-
contre, ou du moins on peut rencontrer, des thèmes en -à- à
côté de thèmes en -à-. Ainsi l'on trouvera -iyà- à côté de -iya-,
-nà- k côté de -na-, etc.
Suffixe -iya-.
§ 261. Le suffixe le plus productif est -iya- qui fournit des
adjectifs dérivés en nombre illimité.
§ 261] FORMATION DES NOMS 139
Pour des noms de peuples, on a ainsi de A^urâ « Assy-
rie », a^uriy , a^uriya « Assyrien » ; de armina « Arménie »
(nom. et ace), arm'iniy, arminiya « Arménien » (et le loca-
tif arm'iniyiy, arminiyaiy « en Arménie ») ; de asagarta
« Sagartie », asgrtty, asagartiya « Sagartien »; de (x)uvaja
« Susiane », uvj'iy, (x)uvajiya « Susien » ; de (pc)uvâra:(\m\is
« Ghorasme » (NR. a. 23-24), uvarzjm'iy, {x)uvàra:(niiya
« Chorasmien » (servant à désigner le pays B. I, i6; Dar.
Pers. e 16-17, donc avec la même valeur que (x)uvàra7^mi5) ; de
bàhairus « Babylone », babir"uv'iy, hàbairuviya « Babylo-
nien » ; de maka (B. I, 17 ; Dar. Pers. e 18), mciya, maciyà
(nom. plur.), servant à désigner les habitants du pays NR.
a. 3o et NR. xxix ; on notera l'alternance kjc (cf. § 181). Le
procédé employé dans ces mots ne s'applique qu'à des déri-
vés de noms de pays non iraniens ou de pays iraniens lointains,
non familiers aux Perses ; car, pour les noms familiers aux
Perses, le nom des habitants est identique au nom de pays
(v. § 348). Il y a donc contraste entre le procédé employé
pour les noms iraniens courants chez les Perses, et celui em-
ployé pour les noms étrangers.
Le suffixe -iya- figure du reste dans d'autres cas, ainsi dans
le nom de mois açiyadHyhy, açiyâdiyahya (gén. sg.) ; dans
VaidL]Qci\î uvaipsiym, (x)uvâipasiyam « sien propre » (ace. sg.);
dans les ordinaux çitiym, citiyam (ace. sg.) « troisième » ;
d^uv'itiym, duvitiyam « second », et dans pr"uv'iyt, parii-
viyata « depuis les premiers temps », adverbe en -ta, dérivé de
paruva- (v. § 335). Dans ces deux derniers cas, on est sûr
que le suffixe est de la forme ancienne -iya-, parce que le -t- est
maintenu sans altération; il en est de même dans mrtiy,
martiya « homme » (cf. zd masya-, véd. mart(î)ya-) ; au con-
traire, dans hsiym, hasiyam « vrai » (nom. ace. sg. n.), en
face de zd haîbîm, skr. satyam, on est en présence d'un suffixe
•de forme -ya-, puisque t s'est altéré en 6, d'où v. p. i(cf. § i24).
140 FORMES NOMINALES [§ 261-264
— Le mot aniy , aniya « autre » est un vieux terme indo-
iranien (skr. anya-, zd anya-^j non analysable en perse.
Le suffixe -iya- fournit un substantif dérivé, sans doute
neutre, maniym, mâniyam « maison » (cf. zd nmândnij p.
mân).
On ne saurait se prononcer sur des mots obscurs comme
hm'içiy, hamiçiya « rebelle, ennemi », qu'on ne sait pas ana-
lyser, ou sur des noms propres d'hommes, comme nird"uniy,
mardimiya ou artvrd'iy^ artavardiya. Bien que xsay^iy,.
xsàya^iya « roi » (p. sàh) rappelle patiyaxsayaiy « je me suis
rendu maître de » , on ne sait pas analyser exactement ce mot,
et tout ce qu'on en peut dire, c'est que le 0 doit être un ancien
th ou une ancienne prépalatale (cf. § 102), et que le suffixe
était anciennement de la forme -iya-, et non -ya-.
A côté du masculin neutre -iya-, on a le féminin -iyâ- dans
deux dérivés : nav'iya, nàviyâ « ensemble de bateaux, flotte »
(dérivé de *nâu-, cf. skr. nau- ; etc.) et yuv'ya, yauviyà
« canal », ace. sg. yuvHyam, yauviyâm, cf. pehlvi yôy, p. jôy^
§ 262. Pour expliquer an"usiy, aniisiya « allié », qui doit
être un dérivé de aniiv « à la suite de », on est conduit à
admettre un suffixe ancien *-tya-, devenu -siya- en perse (v.
§124; cf. skr. -tya-, dans ni-tya- par exemple). Dès lors on
n'a aucune raison de poser sous la forme haxâmanis le thème
du nom propre d'hommes dont on a seulement le nom. sg.
hxamnis, haxâmanis : le dérivé hxamnisiy , haxàmanisiya
« achéménide » peut renfermer ce même suffixe -siya-, issu de
""-tya-.
Suffixe -7ia-.
§ 263. En tant que suffixe productif, -na- se trouve surtout
dans des formes complexes.
§ 264. Le suffixe productif -ûj/wû^- (p. -èiï) des adjectifs indi-
quant la matière est attesté par un exemple: adgin, a^a(n)-
gaina « de pierre » (de *a^anga-, cf. zd asmga-, p. sang).
§ 265-267] FORMATION DES NOMS 141
§ 265. Un suffixe -ana- fournit une série de substantifs neu-
tres : aydna, ayadanâ « sanctuafres » (nom. ace. pi.), de la
racine yad- « adorer », avec préverbe â-\ avhnm, avahanam
« village », de la racine *î;â^/7- (skr. vas-^ « demeurer », avec
préverbe à-', vrdnm, vardanam « citadelle », d'une racine
*vard- (skr. varj-) « écarter » ; hmrnm, hamaranam « com-
bat » (cf. zd hamardna-, skr. samaraiîam-), d'une racine *ar-,
avec préverbe ham-.
§ 266. On a aussi -ana-, mais avec une tout autre valeur,
celle d'adjectif, désignant une personne, dans drujtij d'^rati-
jana « trompeur », en face de dyauga « mensonge » et de
udurujiya « il a menti ».
§ 267. Un suffixe -na-, qui ne semble plus productif, se
trouve dans quelques substantifs radicaux : yanm, yânaiii
<( faveur » (cf. zà yàndm, nom. ace. sg. n.); stanm, stânam
« place, endroit » (nom. ace. sg. n., cf. skr. sîhànam, zd
-stàna-, p. stàn, de la racine iran. stà-, skr. sthâ-') ; vsna,
vasnâ « par la volonté de » (instr. sg. ; de la racine skr. vaç-,
zd vas-, cf. § 123). Enfin l'interprétation la plus naturelle de
asniy, asnaiy B. II, 11-12 est « en marche », en voyant
dans ama- un thème en -na- de la racine skr. aj-, zd a:{-
« conduire » (pour s, cf. § 120).
On n'a pas le moyen de décider si l'adverbe prnm « autre-
fois », qui existe à côté de para « avant », doit être lu para-
nam ou parnam ; cette seconde lecture est la plus plausible,
cf. goi. fairneis « ancien ».
En tout cas, on a -na- dans l'adjectif kamna- « petit, peu »,
nom. ace. sg. n. kmnm, kamnam; instr. pi. kmnihis, kam-
naibis ; cf. zd kamna- (superlatif kambi^ta-), p. kam.
On a la forme féminine -nâ- dans frmana, f^ramânâ
(( ordre, commandement », abl. -instr. sg. frmnaya, /yamâ-
nàyà (p. farmân), à côté du nom d'agent f^amâtàram (ace.
« celui qui commande, maître », du préverbe fra- et de la
142 FORMES NOMLNALES [§ 267-271:^
racine ma- « mesurer »), et dans le Adeux mot indo-iranien
hinâ-, hainà « armée », abl.-instr. hinaya, hainâyâ, cf. zd
haèna, skr. senà.
Suffixe -ma-.
§ 268. Les exemples sont très rares. L'ordinal nvm, navama
(( neuvième », cf. skr. navamah, est à part; à part aussi l'unique
exemple du superlatif en -tama-, f'^ratama- « premier », nom.
pi. frtma, f'^raiamà, de fra- « en avant ».
L'adjectif connu par zd taxma-, p. tahm « fort » se trouve
à peu près sûrement dans le nom propre d'homme txmspàd,
taxmaspâda ; mais le général en question était un Mède.
§ 269. La forme féminine -7nâ- est sûrement attestée dans
iimaj tau(x)mâ « famille », ace. sg. tufnam, tau{pc)màm,
gén. abl. sg. tumaya, tau{pc)mâyà] cf. p. tuxm; et, avec
un suffixe -man-, zd taoxman-. — Quant à tu ma, taumâ
« force », de la racine de skr. tavîti, etc., on n'en a que le
nominatif singulier, et il est impossible de déterminer si c'est
le nominatif masculin ou neutre d'un thème à suffixe -man-,
ou le nominatif féminin d'un thème à suffixe -ma-.
§ 270. D'autre part, on a -mi- dans bumi- « terre », ace.
sg. bumimj humim \ loc. hiim'iya, humiyâ, cf. skr. hhilmî-^
gâth. hilmî-, p. bûm.
Suffixe -va-.
§ 271. Le suffixe -va- ne figure dans aucun nom nouvelle-
ment formé ; on le rencontre dans de vieux mots indo-iraniens r
aiva « seul, un », ace. sg. aivm, aivam, cf. zd aêva-, gr.
zl(F)zc,\ jiva- « vivant », gén. sg. j'ivhya, jivahyâ, d. skr.
jîva-, zd j(t)va- ; pariiva- « premier », nom. pi. prouva,
paruvà; ace. sg. n. (^adverhiaT) pr" uv m, paruvam « d'abord »,
cf. skr. pûrva-, zd poiirva- ; autre mot sans doute dans loc.
sg. pr^uly^'^iy , parauvaiy « à l'Est » ; hr^tiv, haruva « tout
entier », cf. sarva-, zd haourva-. — Le suffixe a la forme -uva-
§ 271-272] FORMATION DES NOMS 1^
dans duruva- « ferme », nom. sg. f. d^ur^uva, duruva, cf.
skr. dhruva-.
Suffixe -ra-.
§ 272. Il n'y a dans les formes livrées par les inscriptions
rien qui atteste un rôle productif du suffixe -ra-. On ne con-
naît qu'une valeur adverbiale dans aprm, aparani « ensuite »,
dérivé de apa, cf. skr. apara-, zd apura-. Le suffixe -tara-, qui
indique opposition de deux objets, ne figure aussi que dans
la forme adverbiale aptrm, apataram « en dehors, à l'écart
de, outre », également de apa, cf. skr. apatara-.
Le cas le plus clair avec ceux-ci est sans doute celui de l'ad-
jectif/z'^r^î- « pointu », cf. zd ti^rra-, et, avec un autre suffixe,
skr. tigma-, et p. têx^ « pointu », dans le composé tigrxuda,
tigraxaudâ (nom. plur.) « qui ont une coiffure pointue ». On
a aussi le loc. sg. (adverbial) ^"/^rfjy^ duraiy « au loin » (p.
Jwf), du thème attesté par skr. dura- « éloigné ». — Le pre-
mier terme du nom de mois composé Ourvahrhy, ^uravâha-
rahya (gén. sg.), dont le second terme est évidemment le nom
du printemps, cf. p. bahâr, doit être un adjectif répondant à
skr. çûra-, zd sûra- « fort ». ;
Et il faut noter l'adverbe nurm, nuram « maintenant », cf.
zd nûrdrn, dérivé de *ww- « maintenant ».
Aucun suffixe n'était assurément perçu dans a(h)ura-, cf. zd
ahura-, skr. asura-, qui n'existe que deux fois à l'état isolé:
instr. sg. aura, a(h)urâ, et gén. sg. aurhy, a(h)urahya, et
dans trois mots où r s'est fondu avec 6 précédent dans le pho-
nème un ç : xsçm, xsaçam (nom. ace. sg. n.) « royauté,
royaume », cf. zd xsaHr^m, skr. ksatram ; puç, puça « fils »,
cf. zàpu^rô, skr. putrah ; ciça- « lignée » dans ariyc'iç, ariya-
ciça « de lignée aryenne », cf. zd ciBra-, p. cihr (forme dialec-
tale, non perse).
On n'a pas le moyen d'analyser ter m, tacaram (ace. sg.
« palais », p. ia:(ar.
144 FORMES NOMINALES [§ 273-276
Suffixe -ka-.
§ 273. Le suffixe -ka-, qui a servi d'élargissement à tant de
mots au cours de l'histoire de l'indo-iranien, joue déjà son rôle ;
on a ainsi bdk, ba(n)daka « serviteur », cf. p. banda, de *bhan-
dha-j et arik^ arika (plutôt que araika, lecture aussi autorisée
par la graphie) « ennemi » . Mais les mots qui en persan ont
subsisté sans suffixe se présentent sous la forme simple : aiva
« seul, un », cf. p. ê, et non *aivaka-, cf. p. yak; naiba
« beau », cf. p. nèv, et non ^naibaka-, cf. p. nèk.
Le mot (h)uska- « sec », cf. zd huska-, skr. çuska-, dont on
a le gén. sg. uskhya, (fj)uskahyâ, n'est pas analysable en perse.
Il suffit de mentionner un mot qui ne se trouve que dans des
inscriptions d'Artaxerxès (avec une graphie contraire aux règles
usuelles): [nyâ]ka « grand-père », cf. zànyâka-, p. niyà, et
apnyak, apanyàka « arrière-grand-père ».
Suffixe -ta-.
§ 274. Les adjectifs verbaux en -ta- ont été énumérés au
§ 2i3.
On signalera ici le substantif datm, dàtam (nom. ace.
sg. n.) « loi », abl. instr. data, data, cf. zd dâtdm, pehlvi dât.
p. dàd.
§ 270. Le superlatif en -ista- (cf. zd -ista-, skr. -i^tha-) est
attesté par un exemple: mdist, maBista « très grand », ace.
sg. m^istm, ma^istam. — On a aussi rattaché à cette forma-
tion ràVaÇ d"uvis[t]m, duvais[ta]m « pour longtemps » Dar.
Pers. e. 23 (v. Bartholomae, Altiran. Wôrt., col. 763) ; mais
cette hypothèse est très incertaine.
Suffixe -Ba-.
§ 276. On ne trouve d'exemple que du suffixe à forme fémi-
nine -Bà-, et encore le mot qu'on possède ne saurait-il passer
§ 276-278] FORMATION DES NOMS 145
pour analysable en perse; c'est gi^am, gaiBàm (ace. sg.)
« biens, fortune », cf. zà gaêOa, p. gêhàn.
Noms d'agent en -tar-.
§ 277. Trois exemples : jta, ja(n)tâ ou jatâ (nom. sg.)
« tueur », de la racine de ajanam, cf. skr. hanti, zd jainti) ;
d'après skr. hantar-, làjantar-, on serait conduit à Mtq jantar-',
mais le perse avait pu généraliser déjà le type vocalique de
)ata « tué », cf. pelilvi ^atar ; ce mot a une valeur fortement
verbale, conforme à l'usage ancien du suffixe -tar- : B. IV,
58 et 78 a(h)urafna^dàtaiy jatâ biyâ « qu'Ahuramazdâ soit un
tueur pour toi », c'est-à-dire « qu'Ahuramazdâ te tue » ; comme
en sanskrit, ces noms d'agent en -tar- sont donc reliés étroite-
ment au verbe ; avec le mot daustâ, il y a même un com_
plément à l'accusatif (v. § 358) — dus ta, daustâ « ami »,
p. dôsi, skr. jo^tar- ; ici le vocalisme radical ancien a sub-
sisté, parce que le mot s'est isolé par le sens — frmatarm,
fyamàtâram (ace. sg.) « qui commande, chef », en face de
fyamânâ « ordre ».
Trois noms de parenté en -r- sont attestés : pitar- « père »
(cf. skr. pitar-, zd pitar-, p. pidar) pita, pitâ, gén. sg. piç^
piça, et dans le composé hmpita, hamapitâ « qui a le même
père » ; mâtar- « mère » (cf. skr. mâtar-, zd mâtar-, p.
mâdar) dans le composé h mat a, hamâtâ (nom. sg.) « qui a
la même mère » ; h'^râtar- « frère » (cf. skr. bhrâtar-, zd brâtar-,
p. birâdar) dans brata, b^râtà (nom. sg.).
Thèmes en -n-.
§ 278. Les exemples de thèmes en -n- sont aussi très peu
nombreux. Il y a deux masculins : asnian- « ciel » (cf. skr.
açman-, zd asman-, p. asmân), ace. sg. asnianm, asmânam,
dont la seule forme attestée ne permet même pas de décider s'il
n'aurait pas passé au type thématique, comme pâd- (cf. ci-
10
146 FORMES NOMINALES [§ 278-280
dessus § 253) et le composé xsçpava, xsaçapâvâ « satrape »,
qui paraît être le nominatif d'un thème xsaçapâvan-, non attesté
par ailleurs, cf. skr. -pâvan-. On a vu (§ 269) que taumâ
« force » est ambigu.
Il y a deux neutres, dont la forme fait du reste difficulté :
nam, nâma et nama, nâmâ « nom » (cf. skr. nàman-, zd
nq,man-, p. nâm), dont on n'a que le nominatif-accusatif singu-
lier (sur la forme, v. § 812), et ucsm, ucamia « les yeux »
B. II, 89 (xxxw II, 75), cf. zd casman-, p. casni ; la valeur
de u- et le caractère de la forme sont obscurs dans ucasma.
Thèmes en -h- et -s-.
§ 279. Les anciens thèmes neutres en -s- sont représentés
par quatre exemples : rue, rauca (nom. ace. sg.) « jour »
dans raucapatiy « le jour », instr. pi. ruchis, raucabis (cf.
§ 870), cf. zd raocah-, p. rô:( ; dry , d'^raya « mer », loc.
dryhya, d^rayahyà, cf. zd :(i'ayah-, p. daryà ; :(^ur , :(ura (ace.
sg.) « tromperie », cf. zd ^ûrah-, p. ;{wr ; et hd'is, hadis
(ace. sg.) « siège », cf., avec une formation différente, skr.
sadas-, de la racine qui est aussi attestée en perse par niyasâ-
dayam « j'ai établi » ; le mot abicris, ahicaris (ace.) B. I,
64-65 est obscur, mais paraît du même type que hadis ; on ne
peut rien dire de v'^bis B. I, 65, dans le même passage.
Le thème masculin en -s- *ma/^dhâs- (cf. skr. medhâs-, zd
ma:(dàh-) est clairement attesté dans le gén. sg. mz^dah , ma:^-
dâha « de Mazdâh », et dans le juxtaposé nom. aur7n:<^da,
a(h)uramaxdà « A(h)uramazdâ » ; ace. aurmz^dam, a(h)ura-
ma/^dâm ', gén. abl. aurm:(dah, a(h)urama:(dàha. — On a de
plus le mot, sans doute savant, farnah- « gloire » au second
terme du nom propre composé v'idfrna, vi(n)dafarnà (nom.).
Thèmes en -i-,
§ 280. L'indistinction graphique de î et de ^ fait qu'on ne
280-283] FORMATION DES NOiMS 147
peut distinguer le plus souvent s'il s'agit de thèmes en -î- ou
en -Î-.
§ 281. Les thèmes en -ti- sont très peu représentés. Le plus
net est siyatis , siyâtis « bien-être », ace. siyatim, siyâtim,
cf. zd sâiti-, p. sàd (et lat. quièsT)\ le locatif ufrsta-, Qj)u-
frastà- « en bonne punition » , appartient sans doute à un thème
(J])ufrasti-, à côté de Qj)ufrastani « bien puni ». Enfin on a
arst\^i\s j arst\ï\s^ ou plutôt 'rstis^ « lance », et le composé
srstibr, sarastihara (lire 'rstihara) « porteur de lance », en
face de zd arsti-, skr. r^ti-, p. xist.
On a un nom d'agent thème en -ti- ddiXis psti s, pastis « fan-
tassin » NR. b. 43, 45, dérivé du thème *pad- « pied », repré-
senté par padihiya, pàdaibiyâ « par les (deux) pieds ».
§ 282. L'élément -/- sert de suffixe de dérivation dans des
composés : usbarim, usabârim (ace. sg.) « monté sur cha-
meau » (de usa -4- bâri-, adjectif sans doute dérivé d'un com-
posé parallèle kasabâra- « cavalier ») et le nom de mois bagya-
dis , bâgayâdais (Jbaga-, avec vrddhi, -|- yâdi-, cf. § 298). —
On peut citer aussi un autre nom de mois, d'origine obscure,
également avec vrddhi : ^aigrcis, %àigrcais ou Bâigarcais
(gén. sg.). — On aurait encore un dérivé en -i- (ou en -in-?)
si l'on admettait la lecture vifhbis de vH^ibis et la traduction
« de la famille » Dar. Pers. d ilx. 22. 2^ ; mais cette traduction
est hypothétique, et il serait illégitime de rien affirmer ici.
§ 283. De la racine Z»^^- « partager », on a bayim, bâjim
(ace. sg.) « tribut ». — Le mot d"uvr^im, duvarBim (ace.
sg.) « portique » ne se laisse guère analyser ; on est tenté d'y
voir un composé ou un dérivé de *dvar- « porte » ; M. Bartho-
lomae y cherche *duvar-varbi ; le persan en a le dérivé dahl%
Enfin il y a d'ipim, dipim (ace. sg.) « inscription », d'ipiya,
dipiyâ (loc. sg.).
L'accusatif p 6 /m ^ pa^im « chemin » NR. a. 58 semble indi-
quer que le nom indo-iranien très anomal attesté par véd. nom.
148 FORMES NOMINALES [§ 283-287
pànthâh, gén. pathàh, instr. pi. paihibhih avait été normalisé et
ramené au type normal en -i- ; comme, dans l'Avesta, -w6-
est représenté par -nt- dans pantq,m (ace. sg.) en face de pa^a
(instr. sg.), on est porté à écrire pa^im ; toutefois une lecture
pa(n)Bim n'est pas exclue.
Le nom propre du Verse dadrsis, dâdrsis B. III, i3 et i5
a l'air d'une formation à redoublement, avec suffixe -/-, de la
racine dars- « oser » .
Thèmes en -u-.
§ 28^ Les cinq thèmes en -u- qu'on possède appartiennent
à des types distincts.
Il y a un vieil adjectif indo-iranien (et indo-européen) en
-u- : paru- « abondant », cf. zd pouru-, skr. puru- : nom. ace.
sg. n. pr"uv^ paruv ; gén. pi. pr"unam^ parunâm; premier
terme du composé pr^^u'^nananij paru:(anànâm (gén. pi.) « qui
ont beaucoup de races ».
On a le mot isolé mg"us, magus « mage », ace. i7ig"um^
maguni, cf. zd nw^u-, p. nmg.
§ 285. On est en présence d'un ancien suffixe -tu-, avec
passage de / à 6 (cf. § io3) dans gabum, gàBum (ace. sg.)
« siège, trône ^), ga^va, gà^avà (loc. sg.) ; cf. skv.gàtu-, zd
gâtu-, p. gàh.
§ 286. Le mot mrsiyu- « mort », cf. skr. mrtyu-, zd mdrd-
^yu-, ne figure que dans le composé uvamrsiyus , (x)uvàmr-
siyus « qui a sa propre mort, sa mort naturelle ».
§ 287. Enfin un mot tout à fait à part est le nom de la
« province » dont on a presque une flexion complète, de type
anomal du reste: sg. nom. dhyaus, dahyàus; ace. dhyaum,
dahyàum ; loc. dhyiivàj qu'on lira dahyauvâ ou dahyuvâ ;
plur. nom. -ace. dhyav, dahyâva ; gén. dhyunam, dahyu-
nâm; \oc. dhyusuva, dahyusuvà] sg. ace. v'isdhyum, visa-
dahyum « qui a toutes les provinces », dans un composé. Cf.
§ 287-290] FORMATION DES NOMS 149
zd dahyu-, où le gén. sg. dain'haos a entraîné nom. sg,
dainhus.
Composés.
§ 288. Sauf ceux dont le premier terme est un mot inva-
riable comme a- « ne pas », dus- « mal », (h)u- « bien », qui
ont le caractère de mots usuels, la plupart des composés attestés
donnent l'impression de mots artificiels, appartenant à la langue
religieuse, à la langue officielle, à la langue militaire, etc.
Nulle part autant que dans les composés il n'y a d'éléments qui
se dénoncent par leur forme comme étant des emprunts à des
parlers non perses (cf. § 8 et suiv.).
§ 289. Le type, autrefois très important, des composés dont
le second terme a la valeur d'un nom radical d'agent, est repré-
senté par deux séries de cas, tous deux du type thématique :
-kara- « qui fait », de la racine kar- « faire » (cf. § 255) :
:(urkr , T^urakara « qui fait le mal » {^i^ra [mot non perse, § 9
et 119]-!- kard). — La valeur de -kara- est autre dans la com-
binaison avec le préverbe pati- : ptikra, patikarà (ace. pi.)
« images » . Le persan a encore ~gar (et -gâr)
-tara- « qui porte », delà racine bar- (cf. § 255): vçbr,
vaçabara « porteur de )) ; tkbra^ takabarâ (nom. pi.)
« porteurs de » ; srstibr , à lire ^rstibara « porteur de
lance » (de ^rsti- = ^rsti-, § i25, -f- bara). — H y a aussi
-bàra- dans asbar , asabàra « cavalier » (asa ~\- bâra « porté
par un cheval ») ; c'est d'un composé du type de asabàra qu'on
a tiré l'adjectif usbarim, usabârim (ace. sg.) « monté sur un
chameau » (v. § 282). — Les deux formes -bar et -bâr ont
persisté en persan.
§ 290. Le type de composés à premier élément verbal ne se
trouve dans aucun nom commun ; mais il a existé ; on en
peut donner pour exemple le nom de l'un des membres de la
conjuration de Darius, le perse v'idfrna, vî(n)dafarnâ', ce nom
signifie « qui trouve la gloire », vinda-, cf. skr. vindati,-\- far-
iSO FORMES NOMINALES f§ 290-292
nah-. Toutefois un nom propre ne prouve pas que la formation
ait été productive, ni même comprise, à la date des inscrip-
tions. Le nom de Darius lui-même, daryvus, dârayavaQ))us ,
ne peut signifier que « qui tient le bien », ^âray^-,, thème de
dârayàmiy « je tiens », + vahu-, cf. skr. vasu-, zd vohu-.
§ 291. Il y a plusieurs exemples clairs de composés posses-
sifs, et certains prouvent que le sentiment qu'on avait de l'indé-
pendance des deux termes de ces composés était parfois très
fort: ariy . ariy. c'iç, ariya. ariya. ciça NR. a. i4 ne peut se
comprendre que « aryen, de lignée aryenne », et les deux mots
écrits séparément ariya et ciça forment un composé — uvamr-
siyus , (x)uvàmrsiyus « qui a sa propre mort, sa mort natu-
relle » Qx]uva- avec vrddhi -\- mrsiyus) — tigrxuda, tigra-
xaudâ (nom. pi.) « à la coiffure pointue » (tigra — \- xauda-^
— pr''uzncLna7n, paru^anânâm (gén. pi.) « qui ont beaucoup
de races » (^paru H- le mot non perse :(ana-) et vHsp:(nanam,
vispa:(anânâm (gén. pi.) « qui ont toutes les races » (vispa-
-j- T^ana- ; les deux mots ne sont pas proprement perses) ; pour
paru^ana-, le sentiment qu'on avait de l'indépendance des deux
termes est indiqué dans des inscriptions de Xerxès ; en effet,
à côté de pr"u:(nanam (gén. plur.) Dar. Elv. t5-i6 et Xerxès
Elv. i5-i6, on a la graphie pr"uv:(^nanam Xerx. Pers. b et d
(dans les deux exemplaires), et, avec séparation de mots pr"uv .
:(nanam Xerx. Pers. a (en 4 exemplaires), c (2 exemplaires) et
Van (cf. § i53) — visdhyum, visadahyum « qui a toutes les pro-
vinces » (visa — h dahyu-^ — h m pi ta, hamapitâ « qui a le
même père » (hama- « le même » -\- pitar-), cf. hmata, ha-
tnâtâ (c qui a la même mère » (hama- -\- mâtar-, avec une
haplologie, dont on ne peut dire si elle existait dans la pronon-
ciation ou si elle est purement graphique ; le mot est attesté
une seule fois, comme le précédent: B. I, 3o).
§ 292. Un seul composé est attesté avec a-, an- négatif, cf.
skr. a-, an, zd a-, an-, p. a-, an-: axsta, axsatâ (nom. fém.
§ 292-293] FORMATION DES NOMS 151
sg.) « non endommagée », (a -\- x^ata-) — plusieurs avec
(Jj)u- « bien », cf. skr. su-, zd hti- : ufrstm, (h^ufrastam et
ufrstm, (h)ufrastam « bien interrogé, bien puni » ([h]u -j-
frasta-, frasta-) et ufrstà-, (h)ufrastà- « en bonne punition »
([/;]?/- -\-frastî-) ; ubrtm, (h)nhrtam « bien estimé » ([^]w-
-\- brta-^f et, avec valeur de composés possessifs: umrtiya,
(Jj)umartiyâ (nom. fém. sg.) « qui a de bons hommes » ([h]u
-h martiyd); uvspa, (h)uvaspâ (nom. fém. sg.) « qui a de
bons chevaux » ([/^Jw- -f- le mot non proprement perse aspa-)
— un composé avec dus- « mal » , cf. skr. du^-, dur-, zd dus-,
du\- : d^usiyarm, dusiyàram « mauvaise récolte » (dérivé de
dus- et de *yar- « année », cf. zd yârd, cf. § 171); le s montre
que l'autonomie de dus- était bien sentie ; devant un y-, la
vieille forme indo-iranienne était *;(_, que le perse n'a pas con-
servé). — Il faut rappeler ici apnyak, apanyâka « ancêtre »
d'une inscription d'Artaxerxès : c'est apa + nyâka.
§ 298. En dehors des composés précédents avec a-, (F)u-,
dus-, il y a peu de composés de dépendance bien clairs. L'un
des plus nets est le terme de la langue officielle xsçpava, xsa-
çapàvà « satrape » {xsaça — \- pàvan-, de la racine pà- « gar-
der, protéger »). On a aussi des noms de mois : grmpdhy,
garmapadahya (gén. sg.), dans garma- « chaud » -f- pada-
« région » ; ^urvahrhy, ^uravàharahya (gén. sg.), de ^ura-
« fort » -f- un dérivé de vahar-, vàhara- « printemps » ; hagya-
dis, bâgayàdais (gén. sing.), de haga- « dieu » (avec vrddhi),
et yàdi- « adoration ». Dans uvaipsiym, {x)uvâipasiyam
« sien propre » (cf. zd xvaèpaMm, p. xVi), on a {pc)uvai-,
avec vrddhi, cf. skr. svay-am « à soi », et un dérivé du thème
*pati- « maître », cf. skr. pati-, zd paiti- et lit. pat(i)s « époux,
lui-même ». — Le mot ardstan, ardastâna est sûrement
un composé ; mais le sens n'en est pas fixé avec certitude.
— Le mot d"uv'itaprnm, duvitâparnam « en double bran-
che (?) » n'est très clair ni pour le sens, ni pour la formation.
152 FORMES NOMINALES [§ 293-297
— Dans cHykrm , ciyakaram « combien », on a un dérivé de
l'interrogatif «-_, et le mot kara- « fois », cf. p. agar « si »,
de *ha-karam « une fois ».
§ 294. Il faut mettre à part les mots qui, comme avhnm,
avahanam « village » {a -\- vahanani) ; aydna, ayadanà
(nom. ace. pi. n.) « sanctuaire » (à -f- ycidana-^ ; ptikra,
patîkarâ (ace. pi.) « images » Çpati H- kara-)', upstam, upas-
tà?n (ace. sg.) a secours » Çupa -\- stâ-) ; hmrnm, hamaranam
« combat » (hani -f- arana-), renferment un préverbe suivi d'un
nom ; les noms de ce genre ont été faits pour la plupart sous
Finfluence de verbes pourvus de préverbes.
§ 295. Un cas différent est l'union d'un préverbe-préposi-
tion avec un nom fléchi. On a ainsi : ptipdni, patipadam « en
place » (^pati -f- padam, accusatif d'un thème pada- « place » ;
nipdHy, nipadiy « à la suite de » (iii -{-■ padiy , ancien locatif
de '^pad- « pied » ?) ; psav, pasâva « ensuite » {pasà -\- ava
« ceci », cf. § 359) ; frhrvm, /"raharvam « en tout » Çf^ra
-\- harvani, forme brève de haruvam, cf. § i/i6). Sur l'union
des prépositions avec le nom qu'elles déterminent, cf. § 4 16.
On lit même un juxtaposé \t]rdry, [ta]radraya « de l'autre
côlé de la mer (tara -\- draya) NR. a. 28-29.
§ 296. Le mot aurm:(^da, a{h)urama:(dà n'est pas un vrai
composé ; c'est la juxtaposition de deux mots qui sont auto-
nomes dans les gâthâs de l'Avesta et que l'Avesta fléchit sépa-
rément; on lit du reste une fois Xerxès Pers. c. aurhy mz^dah ,
a{h)urahya ma^dâha (dans les deux exemplaires de l'inscrip-
tion), au génitif. Mais d'ordinaire le perse ne fléchit que le
second mot du juxtaposé: ace. aurm:(dam^ a(}})urama'^dâin, gén.
aurm^^dah, a(h)urama/^dâha.
§ 297. Les noms propres d'hommes, formés à l'aide de com-
posés à deux termes, ont subsisté en iranien ancien, comme on
l'a vu par le nom du Mède Taxmaspâda- (§ 268), et en perse,
notamment dans les noms de DârayavaQj)us et de Fi(n)dafarnâ
§ 297-299] FLEXION DES SUBSTANTIFS ET ADJECTIFS 183
(§ 290). Toutefois, même quand ils ont l'apparence de com-
posés, les noms propres de personnages perses sont malaisés à
interpréter pour la plupart, et presque tous les noms des com-
pagnons de Darius, nommés B. IV, 83 et suiv,, sont obscurs.
Certains même ne sont sûrement pas composés : on explique
^uxr , ^uxra comme un ancien adjectif répondant à skr. çukra-
« brillant », zd suxra-, p. siirx\ c'est une hypothèse plausible,
mais naturellement indémontrable.
Vrddhi.
§ 298. La vrddhi indo-iranienne, qui consiste dans l'allon-
gement d'un ^ à la syllabe initiale de certains dérivés, est attes-
tée en perse dans quelques mots, dont plusieurs sont des com-
posés. L'exemple le plus net est margv j mârgava « Margien »
de mrg"us, margus « Margiane » (§ 255). Le primitif du
nom de mois ^aigrcis , ^àigrcais (gén. sg.) n'est pas connu.
— Dans les composés, on a : le nom de mois hagyadis ,
hàgayâdais (gén. sg., litt. « de l'adoration de dieu »), où à
dans le mot haga- « dieu » ne peut s'expliquer que par la vrddhi
— uvamrsiyus , (pc)uvâmrsiyiis « qui a sa mort propre, sa
mort naturelle », de "^xva- = skr. sva- avec vrddhi, et *mrsiyus
« mort » — uvaipsiym, (x)uvàipasiyam « sien propre », de
xvai- = skr. svay- dans svayam, avec vrddhi, et * pati-, — Au
second terme du composé désignant un mois hurvahrhy,
^uravàharahya (gén. sg.), le mot *vàhara- « printemps » est un
dérivé de *vahar- (cf. gr. Fiy.f)^ avec vrddhi. — Ces exemples
sont peu nombreux ; néanmoins le type a vraisemblablement
été productif en perse.
IL Flexion des substantifs et adjectifs.
§ 299. La flexion nominale sert à distinguer: les nombres,
singulier, pluriel et duel ; les genres, masculin-féminin et neu-
454 FORMES NOMINALES [§ 299-3:0
tre; les cas: nominatif, vocatif, accusatif, génitif, ablatif, instru-
mental, locatif.
Comme dans toutes les anciennes langues indo-européennes,
le féminin n'est pas distingué du masculin par la flexion ; il
l'est seulement par la forme du thème de l'adjectif qui se rap-
porte au substantif (cf. § 257).
Parmi les cas, le génitif et le datif, distincts en indo-iranien,
n'ont en perse qu'une forme commune, qui, sauf dans les pro-
noms personnels atones, est en principe celle de l'ancien génitif;
on sait que les substantifs et les pronoms se sont ultérieurement
fixés en perse sous cette forme du génitif-datif qui est devenue la
forme unique ; la confusion du génitif et du datif a donc eu, pour
le développement de la langue, une importance décisive.
L'instrumental n'était pas distingué de l'ablatif au singulier
des thèmes en -a- ; dans les thèmes consonantiques, la forme
de l'ablatif singulier se confond avec celle du génitif suivant
l'usage ancien ; et ce fait autorise à distinguer l'ablatif de l'instru-
mental.
Dans l'exposé ci-dessous, on fera état à la fois des nom&
communs dont la formation a été indiquée précédemment et
des noms propres qui se rattachent à chaque type de déclinaison,
A. Thèmes en -à-.
§ 3oo. Gomme en sanskrit et en zend, les thèmes en -à-
sont, les uns masculins, les autres neutres. Suivant l'usage indo-
iranien, il n'y en a pas de féminins.
La distinction entre le masculin et le neutre n'est du reste
sensible qu'au nominatif singulier, qui est en -a pour le mas-
culin, en -am pour le neutre ; l'accusatif singulier est en -am
pour les deux genres suivant l'usage ancien, et le nominatif-
accusatif pluriel en -à, aussi pour les deux genres, ce qui est
chose nouvelle. Le nominatif-accusatif duel n'est pas attesté
d'une manière sûre.
300-301] FLEXION DES SUBSTANTIFS ET ADJECTIFS 155:
Les formes qu'on possède permettent de déterminer à peu
près toute la flexion de ce type.
§ 3oi. Singulier.
Nom. masc. -a, cf. skr. -ah, zd -ô (-as- devant l'enclitique
-ca), ainsi kar, kâra « peuple, armée » ; mrtiy , martiya
« homme » ; xsay^iy , xsàyaUya « roi » ; pars, par sa « le
Perse, la Perse » ; etc.
Ace. masc. -am, cf. skr. -am, zd -?w : kar m, kàram « peu-
ple, armée » ; mrtiytn, martiyam « homme » ; xsay^iyrriy
xsâyadiyam « roi » ; par s m, pàrsani « le Perse, la Perse » ;
etc., etc.
Voc. masc. -à, cf. skr. a-, zd -a : mrtiy a, martiyà « ô
homme » NR. a 56.
Nom. -ace. neutre, -am, cf. skr. -am, zd -?m : xsçm, xsaçam
(attesté comme nominatif et comme accusatif) « royauté,
royaume », cf. skr. ksatram, zd xsa^r^m; kmnm, kamnam
« peu de chose » ; nihm, naibam « beau (au neutre) )> ; etc.
Gén.- dat. masc. et neutre: -ahyà, cf. skr. -asya, gâth. -ahyà,
zd -ahc karhya, kârahyâ « du peuple, au peuple » ; mr-
tiyhya, martiyahyà « de Fhomme, à l'homme » ; xsayOiy-
hya, xsâya^iyahyà « du roi, au roi » ; etc. La voyelle finale
est -à dans certains cas, ainsi aurhy mT^dah, aQj)urahya
mazdàha « d'A(h)ura Mazdâ » Xerxès Pers. c (v. § 162). Et
en effet -à est la quantité ancienne ; c'est celle qui apparaît
quand -hya est suivi d'un mot enclitique et qu'on peut recon-
naître la quantité propre de la finale: avhyradHy , avahya-
râdiy « à cause de ceci » {avahya -\- ràdiy).
Instrumental-ablatif masc. et neutre : -à, qui peut répondre
soit à véd. -à, zd -a (instrumental), soit à véd. -ât, zd -ât
(ablatif), soit à tous les deux: kara, kârà « avec le peuple »
(instr. B. I, 98, etc.) ; data, data « par la loi » (instr.
B. I, 23) ; par sa, pârsâ « avec le Perse, de Perse » (instr.
Dar. Pers. e 8, etc ; abl. NR. a 18; etc.). La confusion de
156 FORxMES NOMINALES [§ 301-302
l'ablatif et de l'instrumental est réelle, et non pas seulement
graphique ; car, dans les démonstratifs, la finale en -anà, qui
est étymologiquement une forme d'instrumental, sert à la fois
d'ablatif et d'instrumental.
Locatif ma se. et neutre : -aly^ cf. skr. -e, zd -e Ç-aè- devant
cd). Cette finale n'est conservée telle quelle que dans les noms
propres et les mots pris adverbialement. Dans les noms com-
muns une poslposition -à a été ajoutée, et la finale a alors l'as-
pect : -ayâ ; la postposition est-^ (et non -a), comme on le voit
par le cas où un mot enclitique suit: d'^uvryamiy , duvarayâ-
maiy « à ma porte )) B. II, 76. On a- ainsi :
Noms propres : parsiy , pàrsaiy « en Perse » ; madiy ,
màdaiy « en Médie » ; pr^viy , par^avaiy « en Parthie » ;
uvjiy , {x)uvajaiy « en Susiane » ; arm'iniyiy , arminiyaiy
« en Arménie » ; asgrtiy, asagartaiy « en Sagartie » ; m"ud-
rayiy, mudràyaiy « en Egypte ».
Adverbes: d"uriy, duraiy « au loin » ; pru[v]iy, parau-
\ya\iy (î) « à l'Est » ; asniy , asnaiy « en marche » (?).
Noms communs : dstya, dastayâ « dans la main » ; d"u-
vrya, duvarayâ « à la porte ».
§ 3o2. Pluriel.
Nom. -ace. masc. et neutre -à ; au neutre, cf. véd. -à, zd -a',
au nominatif masc, cf. skr. -àh^ zd -a (celui-ci rare); à l'accu-
satif masc, cf. skr. -an, gâth. -Mg, zd -a. Phonétiquement,
-â peut représenter d'anciens *-â, "^-âs et "^-âns^ mais il n'est
pas évident que -â ait ces trois origines à la fois ; en ce qui con-
cerne le nominatif plur. masc, on sait qu'en zend il est d'ordi-
naire de la forme -a, identique à celle du nominatif-accusatif
pluriel neutre. En tout cas, la confusion du nominatif et de
l'accusatif masculins est réelle, et non pas seulement graphique ;
car elle a été étendue aux démonstratifs où l'ancienne forme du
nominatif masculin en -aiy sert aussi d'accusatif (v. § 324
et suiv.). Ainsi xsay^iya, xsâyaUyâ « rois » est nominatif
§ 302] FLEXION DES SUBSTANTIFS ET ADJECTIFS 187
B. I, lo-ii et accusatif B. IV, 7 ; mrtiya, martiyà est nomi-
natif B. I, 57-68 et accusatif sans doute B. II, 77 ; etc. Pour
le nominatif-accusatif neutre, on peut citer aydna, ayadanâ
« lieux de culte » ; hmrna, hamaranà « combats », qui servent
d'accusatifs.
Tandis que le nominatif pluriel masculin en -à est fréquent
et se trouve dans des mots de toutes sortes, une autre forme,
qui répond au nominatif masculin pluriel du type véd. -àsah,
zd -ânhô se rencontre uniquement dans la formule religieuse :
aniyah bgah, aniyàha bagâha « les autres dieux » B. IV, 61
et 62-63, où bagâha a servi de modèle à aniyàha ; car le plu-
riel attendu de aniya- serait *aniyaiy (v. § 33^). Cette formule
ne prouve pas l'existence d'un nominatif pluriel perse en -àha à
l'époque des inscriptions ; cf. § 12.
Gén.-dat. -ânàm, d'accord avec skr. -ànâm, mais en désac-
cord avec zd -anam ; c'est ce -ànâm qui a fourni le pluriel pehlvi
et persan en -an. Exemples : xsay^iyanam, xsàyaOiyânâm
« des rois » ; bganam, bagânàm « des dieux ».
Instr. -aibisj cf. véd. -ebhih ; cette caractéristique a été em-
pruntée à la flexion des démonstratifs, d'où elle a passé aux
adjectifs, puis aux substantifs, comme on le voit par le védique;
l'Avesta a gardé -â/i comme skr. class. -aih. Exemples : kmnibis
asbaribis, kamnaibis asabâraibis « avec peu de cavaliers » ;
mrtiyibis, martiyaibis « avec des hommes » ; mad[ibi]sj
màdaibis « avec des Mèdes » ; uvjiyibis, (x)uva)iyaibis « avec
des Susiens » ; etc.
On n'a pas de formes où l'ablatif soit attendu, de sorte qu'on
ignore si l'ablatif était aussi en -aibis ou s'il avait une forme
propre.
Loc. -aisuvà, cf. skr. -esu, zd -aèsu ; -â final est une postposi-
tion qui, au pluriel, figure même dans les noms propres, à la
difl'érence du singulier (v. § 3oi). Ex. madisuva, màdaistivâ
« chez les Mèdes ».
458 FORMES NOMINALES [§ 303-305
§ 3o3. Duel.
Le duel n'est pas attesté dans le verbe, et l'on a même des
formes verbales du pluriel là où le verbe se rapporte à deux
noms de peuples au singulier: B. II, 92 par^ava utâ vrkàna
[ham\i[ç\iyà \aha\va hacàma « la Parthie et l'Hyrcanie se sont
révoltées contre moi » (l'exemple prouve peu parce que pàrsa
«t vrkàna sont des espèces de collectifs, cf. § 348) ; mais, dans
Xerx. Pers. a 17, le pluriel akumâ « nous avons fait » semble
s'appliquer à deux personnes seulement : Darius et Xerxès.
Dans les thèmes en -à-, on a deux formes certaines d'ablatif-
instrumental duel, à savoir dstibiyUj, dastaibiyâ « par les (deux)
mains » et padibiya, pâdaibiyâ « par les (deux) pieds » NR.
b. 4 1, cf. zd -bya, en regard de skr. -bhyâm ; on en rapprochera
usibî[y]a, usibiyâ « par les (deux) oreilles » (?) NR. b. 37;
ces formes, qui sont les seules probantes, ne prouvent pas clai-
rement un emploi courant du duel ; car les formes du duel peu-
vent subsister dans des noms d'organes pairs alors qu'elles ont
disparu par ailleurs. En tout cas, gusa, gausà « oreilles »
(ace.) B. II, 74 et 89 est ambigu ; le -^ final peut répondre
à celui du nominatif-accusatif duel masculin védique en -à,
avestique en -a ; mais la forme se confond avec celle du
nominatif-accusatif pluriel. — On ne saurait guère faire état de
gusay* , gausây..Q) dans un passage inintelligible et mutilé
de NR. b. 53.
§ 3o4. Sauf l'ablatif pluriel, dont on ne peut rien dire, et le
duel dont on n'a pas la forme de nominatif-accusatif neutre,
non plus que celles de génitif et de locatif, on peut décrire com-
plètement la flexion des thèmes en -à-. Ce sont les seuls où l'on
ait le paradigme presque complet. De tous les autres, on n'a que
des formes plus ou moins isolées.
B. Thèmes en -à-.
§ 3o5. Après les thèmes en -à-, ce sont ceux dont on a le
I 305 309 1 FLEXION DES SUBSTANTIFS ET ADJECTIFS 159
plus de formes. Tous les mots attestés sont féminins, pour autant
qu'on en puisse déterminer le genre.
§ 3o6. Singulier.
Nom. -à, cf. skr. -à, zd -a : tuma, tau(x)mâ « famille » ;
h in a, hainâ « armée » ; d'ida, didà « forteresse » ; rga,
ragà (nom de lieu) ; etc.
Ace. -àm, cf. skr. -àm, zd am : [t]umam, [ta]u{x)mâm
<( famille » ; d'idam, didàm « forteresse » ; etc.
Gén.-abl. (et sans doute datif) -àyâ, cf. gén. skr. -àyâh, zd
-ayâ: tumaya, tau{x)niâyà « de la famille » (gén. B. I, g; etc.;
abl. B. I, 61-62); hinaya, hainàyâ « de l'armée » (abl. Pers. d.
16-17). — Le locatif est aussi en -âyâ (cf. skr. -âyâm, zd -aya) :
rgaya, ragàyà «à Ragâ »; arbiraya, arbairâyâ « à Arbèle ».
§ 807. Pluriel.
Nom. -ace. -âj cf. skr. -àh^ zd -â (-as devant ca) : aniya,
aniyâ « autres » (au féminin, nom. B. I, 4i ; ace. B. I, 47
«t 67).
Gén. -ànâm, cf. skr. -ànâm, zd -anam: v'isp'^nanani, vis-
pa:(anânàm « qui ont toutes les races » NR. a. lo-ii, et de
même pr^ux^nanam, paru/^anânâm « qui ont beaucoup de races
(dans plusieurs passages).
Loc. -à(x)uvâ, cf. skr. -àsu, zd -âhu, avec postposition -â :
mskauvUj maskà(x)uvâ « dans les peaux » ; ^an^iyauva,
\an\iyà(x)uvà « dans les autres » (B. I, 35 ; la restitution
est sûre).
§ 3o8. Des noms en -l-, on n'a clairement que le nominatif
singulier en -is (cf. skr. -îh)^ l'accusatif singulier en -im, cf.
skr. -îm, zd -tm : bum'im, bumim « terre », et le locatif singu-
lier en -iyà: bum'iya, bumiyà « sur la terre »; baxtriya,
hâxtriyà « en Bactriane » ; baxtris, bàxtris « Bactriane ».
G. Thèmes consonan tiques.
§ 809. Sur les formes de thèmes consonan tiques, on a peu
160 FORMES NOMINALES [§ 309-312
de données. L'accusatif singulier est en -ani, cf. skr. -am, zd
-dm. Le génitif-ablatif-datif sg. est en -a, cf. gén.-abl. sg., skr.
-ah, gâth. -ô. Le locatif singulier est en -iyà, cf. skr. -i, zd -/,
avec la postposition -à, usuelle dans tous les noms communs au
singulier. L'instrumental singulier est en -à, cf. skr. -â, zd -à,
et l'instrumental pluriel est en -bis, cf. skr. -bhih, zd -hU ; l'ac-
cusatif pi. masc.-fém. est en -a, cf. skr. -ah, zd -ô. Les alter-
nances vocaliques sont mal connues, faute de formes attestées.
a. Thèmes en -r-.
§ 3io. Des noms d'agent en -tar-, on n'a que le nominatif
et l'accusatif singuliers, tous deux avec le vocalisme prédésinen-
tiel attendu -à-: nom. sg. jta, jatâ « tueur » ; dusta, daustà
« ami », cf. skr. -ta, ïà-tù\ ace. sg. frmtarm, f'^ramàtàram
« celui qui commande », cf. skr. -tarant, zd -tàr^m.
§ 3ii. Des noms de parenté, on a le nominatif sg. pita,
pità « père », cf. skr. pità, zd pita, et hrata, hyâtà « frère »,
cf. skr. hhràtâ, zd brâta, et le génitif-ablatif sg. piç, piça,
formation nouvelle du perse, faite sur le thème pitr-, tel qu'il
figure par exemple dans le datif skr. pitre.
b. Thèmes en -n-.
§ 3x2. Le nominatif sg. xsçpava, xsaçapâvâ « satrape »
appartient probablement à un thème en -n-, dont on n'a pas
d'autres cas ; pour la forme, cf. skr. -a, zd -a. L'accusatil
masculin est bien attesté par a s m an m, asmânam « ciel », de
asman-, cf. skr. açmânam, zd asmânam, avec vocalisme prédé-
sinentiel à.
Les formes neutres sont obscures. En face de skr. nàma, zd
nama « nom », on attendrait *nama, nâmâ ; or, en fait, ce
mot ne figure que dans un seul tour, près de noms propres,
et alors il est de la forme nam, nàma quand il se rapporte à
des masculins et à des neutres, ainsi kbuj'iy ?iam, ka(it)bujiya
§ 312-314] FI^EXION DES SUBSTANTIFS ET ADJECTIFS 161
nàma « un nommé Gambyse » B. I, 28;' :<^a/^an nam vrdnni,
^à-^àna nàma vardanam « une citadelle nommée Zâzâna » B. I,
92, etc., et sous la forme nania, nàmà quand il se rapporte
à des féminins: kpd nama dhyaus, ka(n)pada nàmà dahyàus
« une province nommée Ka(n)pada » B. II, 27, etc. La forme
nàmà, employée au féminin, peut être l'ancienne forme du mot,
qui aurait été affectée au féminin à cause de son -à final. La
forme nàma, employée au masculin et au neutre, suppose
*nâman, avec restitution de la nasale du thème qui ne figurait
pas d'une manière visible au nominatif-accusatif indo-iranien ;
ce serait une forme comparable au type slave vrème « temps »,
en face du génitif vrèmene.
De l'autre mot qui semble un neutre en -jt-^ on ne saurait
rien dire ; car on n'en a que la forme ucsm, ucasnia (cf. zd
casmd), qui paraît indiquer les « deux yeux », et où l'élément
u est inexpliqué. En tout cas, on y a aussi -à final, ce qui
semble supposer un ancien *-an et ce qui confirmerait par
suite l'hypothèse faite sur nàma.
c. Anciens thèmes en *-^-(iran. -/;-).
§ 3i3. On a le nominatif-accusatif sg. neutre en -a, cf.
skr. -ah, zd -ô dans me, rauca «jour », cf. zd raocô, dans T^ur ,
:(ura « mal, faute », cf. zd :(ùrô, et dans dry, dyaya « mer » ;
et le nominatif-accusatif sg. n. en -is, cf. skr. -ih, zd -is dans
hd'is , hadis « siège ». — Les autres formes connues sont le
locatif sg. dryhya, d^rayahyà « dans la mer », et l'instru-
mental pluriel rucbis , raiicabis « (par) les jours » (cf. § Syo).
§ 3t4- Du masculin, on a surtout la flexion du thème ma^r
dàh-, principalement dans a(h)iirama:(dàh- : nom. aurm^^da,
a(h)urama\dà, cf. skr. medhàh, zd ma:(dâ; ace. aurm:(^dam,
a(Ji)urama:(dâm, cf. skr. medhàm, zd ma:(dg,m ; gén.-abl.
m^dah, ma'^dâha (Xerx. Pers. c), cf. zd mazdânhô, et aur-
mx_dah, a{h)urama:(jdàha, toujours à Behistun et dans une
II
162 FORMES NOMINALES [§ 314-316
partie des inscriptions de Xerxès à Persépolis, à Suse et à Van ;
mais les inscriptions de Darius à Naxs-i-Rustam et à Persé-
polis et l'inscription a de Xerxès à Persépolis (dans les quatre
exemplaires) ont aurmx_dahaj aQj)uramazdàhâj avec un -â
final qui rappelle le type en -ahyà (cf. § 3oi) ; il serait risqué
de supposer qu'un ancien *ma:(dàhah aurait été dissimilé en
*ma:(dàha, ce qui entraînerait la notation -ma:(dâhà. — Le nomi-
natif est aussi attesté par les noms propres vHdfrna, vi(n)da-
farnà et sans doute as p en a, aspacanà.
§ 3i5. On voit d'ordinaire dans le nom de Xerxès un thème
en -n- ; le nominatif xsyarsa, xsayàrsà est ambigu ; mais
'accusatif xsyarsam, xsayàrsàm indique plutôt la même
flexion que aurmz^da, a(F)urama^dà. Le génitif n'est pas
attesté, sauf dans des inscriptions d'Artaxerxès, où il apparaît
sous une forme analogique xsayàrsahyâ, qui n'enseigne rien.
Du thème radical nâh- « nez », on a l'ace, sg. nahm,
nàham, qui pourrait être une forme thématique ; de màh-
« mois », on a le loc. sg. mahya, màhyà.
d. Thèmes terminés par une occlusive ou une spirante.
§ 3i6. De napàt- « petit-fils », on a le nom. sg. npa^
napà, cf. skr. napàt.
De ^ard- (féminin) « année », on a l'ace, sg. ^rdm, Bar-
dam et le gén.-abl. sg. Brd, Barda ; le p. sâl indique la lecture
Bard- ; toutefois, d'après le correspondant sanskrit car ad- « au-
tomne » , on pourrait supposer une lecture * Baradam à l'accu-
satif ; tout ce qu'exige la forme persane, c'est qu'il y ait eu à
certains cas, notamment au génitif, une forme telle que Barda.
De raut- « rivière », on a le gén.-abl. sg. rut, rauta; le
thème sanskrit correspondant est sravat- ; la forme rauta du
génitif-ablatif n'exclut pas qu'il y ait eu un accusatif tel que
*ravatam par exemple.
De viB- « famille », cf. skr. viç-, zd vis-, on a ace. sg.
§ 316-317] FLEXION DES SUBSTANTIFS ET ADJECTIFS 16a
vH^m ou v^m, vivant, cf. skr. viçam; instr. sg. v'^a, viOâ;
loc. sg. vH^iya et v'Biya, vi^iyâ.
e. Thèmes en -/- et en -u-.
§ 317. Les flexions des thèmes en -ï- et en -û- sont paral-
lèles ; les formes qu'on en possède répondent assez exactement
à ce qu'on attend d'après le sanskrit et l'avestique. On notera
l'alternance de la voyelle prédésinentielle au degré zéro, exprimé
par -i- et -u- au nominatif et à l'accusatif singuliers, et au
degré a, exprimé par -ai-^ -au- au génitif-ablatif singulier.
§ 3 18. Singulier.
Nom. -is et -us, cf. skr. -ih et -uh, zd -is et -us: siyatisj
siyàtis « bien être », mg^us , magus « mage » ; bahir^us ,
hàbairus « Babylone » ; etc.
Ace. -ini et -um, cf. skr. -im et -um, zd -îm et -ûm : p^im,
paUm « chemin » ; usharim, usabàrim « monté sur chameau » ;
mg'^um, magwn « mage » ; ga^iim, gàOum « siège, trône » ;
babir"um, bàbairum « Babylone » ; etc.
Gén.-abl. -ais '"t -ans, cf. skr. -eh et -oh, zd -ôis et -aos (-?wi) :
le génitif de k^r^us, kurus « Cyrus » est k"urus, kuraus \
le génitif de Babairus est babirus , bàbairaus ; le génitif de
daryzus, dàrayava(h)us « Darius » est dryv^hus, dàraya-
vahaus ; le génitif du nom de mois bàgayàdi- est bagyadis ,
bàgayàdais . Là où il n'y a pas de caractère consonantique per-
mettant d'exprimer nettement la diphtongue, on a parfois noté
a pour distinguer le génitif du nominatif ; on rencontre ainsi
cispais B. I, 5-6 et cispis , B. a. 8, dans une même phrase;
il faut lire les deux fois ca(Jj)ispais , et jamais -âis\ on rencontre
de même cicixrais , ci(n)cixrais, avec a exprimé ; mais cet
usage n'est pas constant, et malgré l'ambiguïté du caractère
notant la consonne, Va n'est pas exprimé dans le nom de
mois ^aigrcis, ^àigrcais, non plus que dans le génitif/fî;r^/i^
fy avariais de frvrtis, fyavartis] ace. frvrtim, fyavartim.
164 FORMES NOMINALES [§ 318-321
Locatif. Le locatif perse des thèmes en -u- est à désinence
zéro et avec vocalisme prédésinentiel a ; dans les noms de lieux,
sans postposition, on a babiruVj hâbairauv « à Babylone » ;
mrguv, margauv « en Margiane ». — Du thème gà(}u- « siège,
trône » on a, avec la postposition attendue (cf. § 3oi), ga^va,
gâ^avâ, Vu final se prononçant v (c.-à-d. iv) devant la voyelle à.
On n'a pas de locatif singulier sur de thème en -/-. On sup-
pose un locatif en -à dans iifrstadHy , (h)ufrastàdiy ce en
bonne punition » B. IV, 69 (hufrastà -\- adiyï).
Cas indéterminé. On ne saurait déterminer d'une manière
certaine à quel cas — génitif ou instrumental — on a affaire
dans an^uv ufraf^uva anuv, ufrâtuvà « sur l'Euphrate » B.
I, 92, ni s'il s'agit d'un thème en -û- ou en -û-.
§ 819. Pluriel.
Du pluriel, on n'a que le génitif pluriel ^r"wwflw qui figure
dans la formule aivam parimàm xsâyaBiyam aivam parimàm
f'^ramàiàram « seul roi de beaucoup, seul chef de beaucoup »
Dar. Elv. 9 et 10, et de même Xerxès Pers. a, b, c et d. La
même forme sert de locatif féminin pluriel Dar. Pers. e. 4
(sur le -liv- de certains textes, v. § 92).
§ 820. Duel.
La forme usihiya, usibiyà de l'inscription mutilée NR. b. 87
n'est pas claire pour le sens. Si elle signifie « par les deux
oreilles », on est sans doute en présence d'une forme faite sur un
nominatif-accusatif duel *usîy comme v. si. usima l'est sur usi.
§ 821. Un mot anomal.
Il y a un vocalisme prédésinentiel anomal dans le type en
-u-, dans le mot dhyaus, dahyâus « province », ace. sg.
dhyaunij dahyâum; ace. plur. dhyav, dahyàva. Le loc. pi.
dhyusuva, dahyusuvâ a un vocalisme normal, comme aussi
le gén.-plur. dhyunam, dahyunàm. Le loc. sg. dhyuva est
sans doute à lire dahyuvâ; dahyauvà n'est pas exclu; en tout
cas la forme n'est pas la même que dans gàbavà.
§ 324-32o] DÉMONSTRATIFS, INTERROGATIFS, INDÉFINIS 16{>
III. Démonstratifs, interrogatifs, indéfinis.
§ 824. La flexion des démonstratifs est en partie distincte
de celle des autres noms. Mais on n'a les formes que pour une
assez faible part. L'ancien datif en *-sm- n'est pas attesté,
puisque les datifs ne sont jamais conservés. — La distinction du
masculin et du féminin est en général bien marquée ; les mascu-
lins sont des thèmes en -à-, les féminins des thèmes en -à- (cf.
§ 257). Le neutre est aussi bien distingué au nominatif-accu-
satif, le seul cas où il ait des formes propres dans la flexion
indo-iranienne. — La forme du nominatif plur. masc. en -aiy,
cf. zd -e, skr. -e sert aussi d'accusatif d'après l'analogie des
substantifs thèmes en -à- (v. § 802).
Une particularité curieuse de la déclinaison des principaux
démonstratifs consiste en ceci que le nominatif singulier mas-
culin et féminin est emprunté à une racine autre que celle qui
fournit toutes les autres formes.
A. Démonstratifs.
§ 325. a. haiiv, ava-.
Le nominatif-accusatif singulier masculin-féminin est huv ,
hauv, cf. skr. asaii. Il est probable que huvm B. I, 29 est
hauv -\- une particule -am.
Toutes les autres formes de ce démonstratif appartiennent au
thème ava-, dont on a les formes suivantes (on rapprochera
le type skr. ta- pour la flexion) :
Ace. masc. sg. avm, avant ; cf. skr. tam.
Nom. -ace. sg. av, ava « ceci », cf. skr. tat.
La dentale finale est sensible dans le juxtaposé avsciy ,
avasciy « ceci », oii i devant c est la trace d'une ancienne den-
tale (cf. § 166). — C'est aussi le neutre qu'on a dans avpra,
avaparâ « vers cela, vers cet endroit » (ava -\- para).
166 FORMES NOMINALES [§ 325-326
Le nominatif-accusatif pi. masc. est aviy , avaiy.
Gén. sg. masc.-n. avhya, avahyà', 1'^^ final était bref, à en
juger par avhyrad'iy , avahyaràdiy « à cause de ceci » (cf.
du reste § 162).
Ace. pi. masc. aviy , avaiy B. II, 77 ; cf. le nominatif
«kr. te.
Gén. pi. masc. avisam, avaisàm B. IV, 5i.
Les adverbes av^a, ava^à « ainsi », avda, avadâ « là, ici »
{ava, avà B. IV, 5i n'est qu'une graphie incomplète au lieu
•de avBa, ava^â « ainsi »). — Comme on l'attend d'après les
formes parallèles skr. iha, kuha, v. si. slde, kûde, etc., la
voyelle finale de avadà est une ancienne brève, qui apparaît
devant les enclitiques : avdsim, avada-sim B. I, Sg ; avdsis ,
avada-sis B. III, 62; toutefois la graphie du mot isolé avda,
.avadà a entraîné avdasim, avaddsim B. III, 74. Au contraire
Va de ava^à est ancien : av^asam, avaBà-sàm B. II, 20,
27; etc.; av^asiy, avabà-saiy B. II, 5o ; etc.; cf. skr. -thâ.
— A la question unde, on a hca avdS, hacâ avadasa « de là » ;
la lecture est incertaine, et l'on ne sait s'il faut poser avadas ou
avadasa.
Le démonstratif hauv, ava- servait anciennement à désigner
l'objet éloigné, et il a encore cette valeur dans une formule reli-
gieuse où avant asmânam « le ciel, là-haut » s'oppose à imâm
bumim « la terre, ici-bas » NB. a 2 (v. § i3); mais, dans l'usage
courant, hauv, ava- renvoie à ce dont il vient d'être question,
et ce démonstratif a pris la place de "^ha, ta-, qui a aussi été
éliminé dans l'Avesta (cf. § 829).
§ 826. h. iyam, a-, ima-.
Le démonstratif iyam, a-, ima- (féminin à-, imâ-\ qui an-
ciennement s'opposait au précédent, désigne d'une manière
expresse ce qui est proche.
Sauf le nominatif singulier féminin iyam, toutes les formes
sont tirées d'un thème a-, fém. à-, auquel se substitue ima-,
§326] DÉMONSTRATIFS, INTERROGATIt S, INDÉFINIS 167
fém. imâ- dans les cas où les formes tirées de a- seraient mo-
nosyllabiques.
Nom. sg. fém. iym, iyani, cf. skr. iyam\ comme exemple
sûr, on peut citer Dar. Pers. d. 6 iyam dahyàus par sa tyàm
manà A(h)urama:(dâ fràhara « cette province-ci, la Perse,
qu'Ahuramazdâ m'a procurée ». — On ne peut faire état de iy,
iya B. IV, 90, dans un passage mutilé, tout à fait inintelligible.
— Il est aussi difficile de se servir du fait que, dans les indi-
cations de peuples inscrites sur les bas-reliefs de Naxs-i-Rus-
tam, à côté de iyam annonçant un singulier, ainsi iyam Pàrsa
« voici un Perse » NR. I, on a iyam annonçant des pluriels :
XV iyam sakâ tigraxa[udâ] « voici des Saces à la coiffure poin-
tue )), et XXIX, iyam Maciyâ « voici des Maciyens ». Dès lors,
les exemples de iyam dans les petites inscriptions de Behistun
ne sauraient être attribuées d'une manière valable au masculin
singulier (v. Salemann, I:(vêstija de l'Académie de Saint-Pé-
tersbourg, 191 4, p- 795 et suiv.), et la forme perse du nomi-
natif masculin singulier qui correspond à zd aëm (dissyllabi-
que), skr. ayant est inconnue. Il y a une construction tout autre,
• B. IV, 80 par exemple, avec le pluriel imaiy.
Ace. sg. masc. imm, imam, cf. skr. imam, zd im^m.
Ace. sg. fém. imam, imâm, cf. skr. imâm, zd imam.
Nom. ace. sg. n. im, ima, cf. zd imat (le védique a idam).
Loc. sg. fém. ahyaya, ahyâyà, B. IV, 47; cf. skr. asyàm;
il y a eu influence du locatif des substantifs en -à-, du type
Arbairâyà. — Dar. Sus. b. 8 la fin de forme -hyây est énig-
matique ; si l'on y cherche un locatif féminin de a- se rappor-
tant à bumiyà, la forme est aberrante.
La forme ahyaya, ahyâyà Dar. toujours, Xerxès, Pers. a
et c; aussi écrite ahiyaya, ahiyàyà Xerxès Pers. b et d, Elv.,
dans la formule souvent répétée xsâya^iya ahyâyà humiyâ, est
ambiguë; ce peut être un génitif, mais aussi un locatif, cf. B. I,
2 , xsâya^iya pârsaiy « roi en Perse » , et l'on traduirait « roi dans
im FORMES NOMINALES [§ 326-328
cette terre-ci ». Si c'est un génitif, on comparera skr. asyàJp;
la forme a subi l'influence du féminin en -àyà du type des sub-
stantifs en -à-, tau(^x)mâyâ.
Instr. sg. masc. ana^ anâ Dar. Pers. e 8 et Xerx. Pers. a.
i4 (dans les Ix exemplaires) ; cf. zd ana.
Nom. -ace. plur. masc. imiy , imaiy ; cf. skr. ime (nom.
pi.) ; nom. B. IV, 34, 8o, 82 ; ace. B. IV, 3i, 71, 78, 77.
Nom. -ace. pi. fém. ima, imâ, cf. skr. imàh (nom. -ace.
pi.); nom. B. I, i3, etc. ; ace. B. L 21.
Nom. -ace. pi. n. ima, imâ, cf. véd. imâ', ace. B. IV, 82.
Gén. pi. masc. imisam, imaisàm, B. IV, 87 ; le védique a
esânij et le zend aèsg.m ; il s'agit d'une forme analogique sans
doute récente.
Un seul adverbe appartient à ce groupe de démonstratifs :
ida, idà « ici », cf. skr. iha\ par exception, il est tiré du
thème du nominatif; le fait est indo-iranien.
Remarques sur l'emploi des démonstratifs hauv, ava-
et iyam, a-, ima-.
§ 827. Le démonstratif accolé à un substantif précède tou-
jours celui-ci; il n'y a aucune exception: B. IV, ^3 dahyâva
imâ tyâ hamiçiyâ âhava dyauga di[s hamiçiy]â âkunâus doit se
traduire « telles sont les provinces qui sont devenues rebelles ;
le mensonge les a rendues rebelles ».
§ 828. Le sens de iyam, imâ-, â- est très précis : c'est le
démonstratif qui indique l'objet le plus proche. Par exemple
B. IV, 70 tuvâm kà hyâ aparâm imàm dipim vainâh(i)y tyâm
adam niyapâi[sa]m [i]maivâ patikarâ « toi qui par la suite verras
cette inscription que j'ai écrite ou ces images » : il s'agit de « la
présente inscription » et des bas-reliefs qui accompagnent l'in-
scription. Au-dessous des personnages de Naxs-i-Rustam est
écrite la désignation de chacun : iyam pârsa « celui-ci est le
Perse », etc. A Persépolis, dans Dar. a, imâm tacaram désigne
§ 328-329] DÉMOxNSTRATIFS, INTERROGATIFS, INDÉFINIS 169
« le présent palais » . Il se crée ainsi une sorte de rapport entre
iyam, ima- et la i'""' personne: B. I, 26 a(h)urama:(dâma\iy] ima
xîaçam /"ràbara « Ahuramazdâ m'a remis cette royauté (que
j'ai) ». Et c'est iyam, ima- qui accompagne le nom de la Perse,
pays de Darius : Dar. Pers. e 8 hadà anâ pàrsà kârâ « avec
cette armée perse (celle de mon pays) », 2 1 imam pârsam kâram
pâdiy « protège cette (mienne) armée perse». Là où il y a énu-
mération, iyam, a-, ima- désigne ce qui suit ou ce qui précède
immédiatement ; ainsi Darius allant résumer ce qu'il a fait la
première année dQ son règne dit : B. IV, 3 ima tya akunavam
« voici ce que j'ai fait » ; puis il énumère les neuf rois qu'il a
faits prisonniers et les batailles qu'il leur a livrées ; ceci fait, il
conclut : B. IV, 3i imaiy ^ xsâyabiyà [ada]m agrbâyam a(n)tar
imâ hamaranâ « tels sont les 9 rois que j'ai pris dans ces com-
bats (que je viens de dire) ». Le démonstratif iyam, a-, ima-,
a donc toujours sa pleine force.
§ 829. Il en est tout autrement de haiiv, ava-. Sauf dans
l'exemple de la langue religieuse cité § 325, il sert simplement
à renvoyer à quelque chose de connu. Toutefois il ne tombe
jamais à la valeur anaphorique pure et simple : c'est sim, saiy,
sis, sàm qui sert d'anaphorique (v. § 344) ; et hajiv, ava- a
toujours une valeur démonstrative sensible. On a ainsi avahya-
ràdiy « à cause de ceci » (avahya -+- ràdiy) et pasâva « ensuite »
Çpasà H- ava « après ceci »). Après que la révolte d'Açina a
été indiquée B. I, 7^-77, puis qu'il a été question de celle de
Nadi(n)tabira, Darius reprend : B. I, 82 hauv Açina basta
anayatà a\biy m]âm adamsim avâjanam « cet Açina a été amené
lié vers moi ; je l'ai tué » ; on voit bien ici le contraste entre
le démonstratif hauv et l'anaphorique sim. L'exemple suivant
montre la répétition, et aussi l'absence de répétition, de hauv
en certains cas : B. I, 46 gaumâta hya magus adinâ ka(n)-
bujiyam utâ pârsam utâ mâdam utà aniyâ dahyâva hauv ayasata
(x)uvâipasiyam akuiâ hauv xsàya^iya abava « Gaumâta le mage
170 FORMES NOMINALES [§ 329-331
a enlevé à Gambyse et la Perse et la Médie et les autres pro-
vinces ; celui-là se les est attribuées, les a faites siennes ; celui-là
est devenu roi ». Le démonstratif hauVj ava- s'applique sou-
vent à ce qui vient d'être nommé : B. II, i8 Tzara pàrsa u[tâ
m]àda hya upà mâm aha hauv kamnam aha « l'armée perse et
mède qui était près de moi, elle était peu de chose ». Mais cela
ne va pas jusqu'à désigner expressément ce qui est près du
sujet, et même il y a souvent un rapport assez net avec la 3^ per-
sonne : B. II, 20 paraitâ avant kàram tyam màdam jatâ hya
manâ naiy gauhataiy « allez, battez cette armée mède qui ne se
dit pas mienne ». On a vu, § 21, une longue série d'exemples
d'emplois très courants de hauv, ava-. L'adverbe avadà « là »
a des emplois parallèles à ceux de hauv, ava-. En somme,
hauv, ava- a pris la place de sa, ta- de Tindo-iranien.
§ 33o. Quanf à ava^à « ainsi », cet adverbe peut servir
éventuellement à annoncer ce qui suit immédiatement, ainsi
B. I, 38 hauv kàrahyâ avaBâ adurujiya adam Bardiya amiy
« celui-ci a menti ainsi à l'armée : c'est moi qui suis Bardiya » .
Cet emploi, qui sépare avabâ de ava-, tient sans doute à ce qu'il
n'existe pas d'adverbe de manière rattaché à iyam, a-, ima-', il n'y
a rien de pareil pour avadâ « là » , parce que l'on a idâ « ici » .
c. hya, tya-.
§ 33 1. Le démonstratif /7jyû^_, tya- est un dérivé du démon-
stratif indo-iranien représenté par skr. sa, ta- au moyen du
suffixe -iya- (cf. § 261), réduit à -ya- dans un mot accessoire
(v. § i46); cf. véd. s(i)ya-, t(t)ya-. Il en a gardé le trait carac-
téristique : forme à j au nominatif singulier masculin et fémi-
nin: skr. sa, sa, forme à /- à toutes les autres formes : skr.
nom. -ace. sg. n. tat, ace. sg. masc. tant, etc. On a donc :
Nom. masc. sg. hy, hya, cf. véd. sya, s(i)ya.
Nom. fém. sg. hya, hyâ, cf. véd. syâ, s(i)yà.
Partout ailleurs, on a iya-, tyâ-.
I 331-332] DÉMONSTRATIFS, INTERROGATIFS, INDÉFINIS 171
Acc. sg. masc. tym, tyam, cf. véd. tyam, t(i)yam.
Ace. sg. fém. tyam, tyàm, cf. véd. tyàm, t(i)yàm.
Nom. -acc. sg. n. ty^ tya, cf. véd. tyat, t(i)yat. Cette forme
■sert de conjonction (v. § 4io).
Instr.-abl. sg. tyna, tyanà, B. I, 23 (en fonction d'ablatif).
Nom. -acc. masc. pi. tyiy, tyaiy, cf. véd. tye, i(t)ye (nom.
pi.) : nom. B. I, i5, etc. ; acc. ^[y]/}'^ ^[^'^lo' ^' m? 7^-
Nom. -acc. fém. pi. tya^ tyà, cf. véd. tyâJp, t(t)yàh: nom. B.
I, i3, etc. ; acc. Dar. Pers. e. 7 ; NR. a. 17, 4o.
Nom. -acc. n. pi. tya^ tyà, cf. véd. tyà, t(i)yà.
Gén. fém. pi. tyisam, tyaisâm Dar. Pers. e 3-4.
On n'essaiera pasd'analyser ici/7)/â!/?rmj hyâparam^ qui semble
signifiera de nouveau » B. III, 43 et 64-65 (v. M. S. L. XIX, 55).
Le démonstratif hya-^ tya- n'a presque plus jamais une valeur
proprement démonstrative ; l'exemple restitué /[jy^îjz)' B. Ill,
73 est le seul qu'on puisse citer. En revanche il y a deux usages
fréquents :
i'' hya, tya- sert de relatif (v. § 48o).
2® hya, tya- sert à relier deux éléments d'un groupe de
noms (v. § 38o et suiv.).
d. ait a-.
§ 332. Du démonstratif représenté par zd aêsa, aêta- on n'a
en perse que le nominatif-accusatif n. sg. ait , aita, cf. skr.
^tat, zd aëtat.
C'est une forme dont la valeur est forte; on la lit B. I, 44
aita xsaçani tya gaumàta hya magus adinâ ka(n)bujiyam aita xsa-
çam hacà paruviyata amàxam taii{x)mâyà aha « cette royauté
que Gaumâta le mage a enlevée à Cambyse, cette royauté était
depuis les premiers temps à notre famille ». — NR. a. 48 (après
un résumé de ce qu'a fait Darius) aita t\^ya\ krtam ava visant
vasnà a(F)urama:(dâha akunavam « cela qui a été fait, je l'ai
fait par la grâce d'Ahuramazdà », puis, après énumération des
172 FORMES NOMINALES [§ 332-335
vœux faits, 53 aita adani aQ})uramaxdàm jadiyàmiy aitamaiy
a(h)urama:(dâ dadâtiiv « cela, moi je le demande à Ahuramaz-
dâ ; cela, qii'Ahuramazdâ me le donne ». — Dar. Pers. d 20
(après une série de vœux) aita adam yânani jadiyàmiy aQi)ura-
ma:(dâm... ai[tamai]y [a(h)u]rama:(dà dadâtii\v\ « c'est la faveur
que moi je demande à Ahuramazdâ ; cela, qu'Ahuramazdâ me
le donne ». — En dehors de ces trois passages caractéristiques,
on ne trouve pas aita.
e. Adjectifs qui suivent la flexion des démonstratifs.
§ 333. Certains adjectifs, signifiant « un, tout, même » sui-
vaient dès l'époque indo-européenne la flexion des démonstratifs
en tout ou en partie. Les adjectifs perses qui appartiennent à
cette série sont aiva- « un, unique »j aniya- « autre », haruva-
« tout, entier », visa- « tout », hama- « même ». Mais il y a
peu de formes instructives.
§ 33/|. Le mot aniya- « autre », cf. skr. anya-, zd anya- est
le seul qui admette la caractéristique de nominatif-accusatif sg.
n. des démonstratifs, et, de même que l'on a skr. anyat, on a,
avec la particule ciy qui a pour efi'et de conserver le -/ précédent
sous la forme de s, v. p. aniysciy, aniyasciy « autre chose »
B. IV, /i6 et Xerxès, Pers. a i3; l'abL-instr. sg. masc. n. est
aniyna, aniyanà Dar. Pers. d 11 et e 20-21 (avec valeur
d'ablatit). — En perse comme ailleurs, les formes suivantes
sont les mêmes que dans les substantifs: nom. sg. masc. aniy ^
aniya] ace. sg. masc. aniym, aniyam; gén. sg. masc. aniyhya,
aniyahyâ] nom. -ace. pi. fém. aniya, aniyâ (nom. B. I, 4i;
ace. B. I, à'] et 67) ; loc. fém. pi. aniyauva, aniyâ(x)uvà.
— Sur le nom. pi. masc. aniyâha, cf. § 3o2.
§ 335. Les autres adjectifs de cette série ont le nominatif-
accusatif neutre sg. en -am comme les substantifs ; leur flexion
devait être du reste celle des démonstratifs pour autant que les
démonstratifs ont des formes propres.
§ 335-336] DÉMONSTRATIFS, INTERROGATIFS, INDÉFINIS 173
De aiva-, on n'a que Tacc. sg. masc. aivm, aivam; ailleurs,
« un » est toujours écrit à l'aide d'un chiffre, et même là où il
n'a presque que la valeur d'un article indéfini, ainsi B. I, 7/i /
martiya Açina nâma « il y a un homme, nommé Açina » ; etc.
De visa-, on a av v'ism, ava visam « tout ceci » NR. a 49
et Xerxès Pers. a et b, avec une forme caractéristique de nomi-
natif-accusatif sg. n., qui s'oppose bien à celle de ava.
De haruva-f on n'a que le nom. masc. sg. hr^uv, haruva
et, dans une forme adverbiale, frhrvm, f^aharvam « en
tout », le nominatif-accusatif sg. n.
Enfin on lit sans doute le nominatif masc. sg. hm, hama B.
lY, 92, et sûrement le génitif sg. fém. hmhyaya, hamahyàyà
B. IV, 4, 4i, 45, 52, 60, dont la forme est pareille à celle de
ahyâyâ § 826.
Au contraire paruva- « premier » semble avoir la flexion
nominale; le nom. -ace. sg. n. pr'^uvm, pariwam « d'abord »,
employé adverbialement, est la forme attendue ; mais le nomi-
natif masc. pi. pr'^va, paruvâ « premiers » B. IV, 62 a la
flexion des noms ordinaires, non celle des démonstratifs. —
Du dérivé paruviya- on n'a qu'une forme adverbiale, obtenue
au moyen du suffixe -ta (cf. skr. -tah) dont c'est le seul exemple
en perse, soit hacâ paruviyata « depuis le premier temps ».
B, Interrogatif et indéfini.
§ 336. Du thème de l'interrogatif-indéfini, on n'a que le
nominatif masc. sg. de ka- dans l'indéfini ksciy, kasciy « quel-
qu'un », cf. sk.r. kaçcit et le nominatif-accusatif sg. n. de ci-
dans l'indéfini cisciy, cisciy « quelque chose » (cf. § 166); les
exemples, tous dans des phrases négatives, sont B. I, 49 naiy
amâxam tau(x)mâyà kasciy « ni personne de notre famille » et
B. I, 53 kasciy naiy adrsnaus cisciy ^asîanaiy « personne n'osait
rien dire » .
La particule indéfinie enclitique ciy, qui répond à skr. cit,
174 FORMES NOMINALES [§ 336-337
se trouve souvent dans d'autres groupements ; outre kasciy et
cisciy, on a : aniyasciy « autre chose » (cf. § 33/i) ; avasciy
« ceci » (servant à résumer un ensemble : utamaiy xsaçam utâ
tya manà krtam utâ tyamaiy piça krtam avasciy a(Jo)uramaxdâ
pàtuv « et mon royaume et ce que j'ai fait et ce qu'a fait mon
père, tout cela qu'Ahuramazdâ le protège » Xerx. Pers. a. 19-
20; de même Xerx. Pers. c.) ; paruvamciy « auparavant » B.
I, 63, 67, 69; et même hauvciy « celle-ci » Dar. Pers. e 23-2/4,
où ciy sert à donner à l'ensemble de la phrase une valeur légè-
rement indéfinie.
La particule ka , kâ sert de même à donner une valeur indé-
finie au pronom tuvm, tuvani « toi » dans une série de
phrases telles que B. IV, 70 tuvam kà hya aparam imàm dipim
vainàh(i)y . . . imaivâ patiharâ mâtya vikanâh(i)y « toi qui par la
suite verras cette inscription ... ou ces images, ne les détruis
pas » ; de même B. IV, 37 et 4 1, et aussi 67 et 87, où il faut
restituer kâ.
L'adverbe cita, cita sert de corrélatif indéfini h. yâtâ « jus-
qu'à ce que » dans B. II, 48 cita mâm amânaya arminiyaiy
yâtâ adam arasam mâdam « il m'a attendu en Arménie jusqu'au
moment où je suis arrivé en Médie » ; de même B. II, 63.
Enfin on a l'enclitique kaiy dans adkiy , adakaiy « alors »
(cf. adtiy, ada-taiy « alors à toi »), B. II, 1 1, 24 ; IV, 81, 82.
G. Relatif.
§ 337. L'ancien relatif, attesté par skr. ya-, làya-, est rem-
placé en perse par le démonstratif /;)'â;, tya- (cf. § 33 1 et 409)
Mais le thème y a- sert de base à une série d'adverbes, qui en
conservent le souvenir :
y^a, ya^à « comme », souvent attesté: cf. avaBâ « ainsi »
(§ 325) ; cf. skr. yathâ, zd ya^a ; Va final est ancien, ainsi
v^asam, ya^â-sâm B. I, 23 ; etc.
yata, yâtâ « jusqu'à ce que », souvent attesté; cf. cita, § 336^
§ 337-339] PRONOMS PERSONNELS 17ê^
yd'iy, yadiy « quand (B. I, 38), si (B. IV, SS-Sg ; etc.) » ;
cf. skr. yadi, zd ye^i.
yniy , yanaiy (ou yaniy T) Xerx. Van 22 ; sens peu net.
yava, yàvâ « jusqu'à ce que », B. IV, 71, 7/i, 78; V, 19;
cf. skr. yâvat; Va final reste à expliquer (v., en dernier lieu,.
Wackernagel, K. Z. XL VI, 276 et suiv.).
IV. Pronoms personnels.
§ 338. Le pronom personnel conserve ses formes anciennes ;
le datif y est comme partout confondu avec le génitif, et ce
sont les anciennes formes de génitif qui servent de génitif-datif
tonique. Les formes attestées sont :
Singulier.
2* PERS.
fuvm, tuvam.
Quvam, buvâni.
tiy, taiy.
Nom. a dm, adam.
Ace. mam, mâm.
Gén.-dat. tonique mna, manà,
Gén.-dat. atone miy , maiy.
Abl. 7n, ma.
Pluriel.
Nom. vym, vayam.
Gén.-dat. tonique amaxm, amàxam.
Observations.
§ 339. Nom. adam répond à skr. aham, zd a^^m'^ ce pro-
nom se trouve fréquemment parce que le roi insiste sur son
« moi » ; mais il n'est pas nécessaire à l'expression de la
i""^ personne, à laquelle la forme personnelle du verbe suffit
certainement. Toutefois adam ne semble pas avoir conservé
toute la valeur du pronom indo-iranien, valeur qui était forte;
176 FORMES NOMINALES [§ 339-341
et, au lieu de figurer en tête de la phrase, adani se trouve sou-
vent à l'intérieur, mais toujours avant le verbe.
tuvam répond à véd. t(u)vam, zd tùm (dissyllabique).
vayam répond à skr. vayam, zd vaèm (dissyllabique ; lire
'^vayam).
§ 3/io. Ace. màm répond à skr. màm, zd mam. Le mot est
d'ordinaire isolé, ainsi B. II, 48 ; IV, 35 ; et même en évi-
dence, au début de la phrase, ainsi NR. a. 5i. Mais il y a un
exemple où màm est lié au mot précédent: B. I, 62 mâtyamâm
xsnâsàtiy « qu'il ne me reconnaisse pas » ; ici màm est traité
comme un mot accessoire et enclitique.
Ouvàm répond à skr. tvàm, zd bwam, avec w consonne (cf.
§ io3) ; c'est un mot autonome et sans doute tonique dans les
quatre exemples qu'on en a en perse.
§ 34 1- Le génitif-datif tonique manà répond au génitif zd
manâj cf. v. si. mené (skr. marna résulte d'une altération secon-
daire) ; cette forme est donc un ancien génitif, et l'ancien datif
n'est pas représenté. \Ja final est une ancienne brève: mnca,
mana-cà « et de moi » Dar. Pers. d 9. Manà joue le rôle de
génitif dans des phrases comme B. I, 4 = B. a. 5 manà pità
vistàspa vistâspahyà pità arsàma « mon père est Yistâspa ; le
père de Vistàspa est Arsâma » ; B. II, 27 hauv [kà]ra hya manà
« cette mienne armée » ; B. I, 23 tyanà manà data « par ma
loi » ; B. III, 9 dahyàus manà ahava « la province est devenue
mienne » : aucun adjectif possessif n'est attesté en perse. Il
s'agit aussi d'un ancien génitif dans B. lïl, 32 hya aniya kàra
par sa pasà manà asiyava « l'autre armée perse est allée derrière
moi ». Mais c'est le rôle d'un datif de l'avestique ou du san-
skrit que joue l'ancien génitif manà dans: B. I, 12 a{h)ura-
ma:(dà manà xsaçam {/"rjàbara « Ahuramazdâ m'a remis la'
royauté » ; Dar. Pers. d i3 manà a(h)urama:(dà upastàm bara-
tuv « qu' Ahuramazdâ me prête secours » ; et aussi dans B. II, gi
ima tya manà krtam « voici ce que j'ai fait » (litt. ce qui a été
§ 341-342] PRONOMS PERSONNELS 177
fait par moi, lat. mihi factum est). L'indistinction du génitif et
du datif se voit bien dans B. I, 19 ma(n)â ba(it)dakâ aha(n)tà
manà bâjim abara(n)tà « elles ont été mes servantes ; elles m'ont
apporté tribut )).
Le génitif de vayam est amàxam (p. ma), cf. skr. asmâkam,
zd ahmàhm ; c'est une formation parallèle, mais différente, avec
un élément sufExal -xa-, propre au perse, et non -ha-. Le pro-
nom amàxam signifie « notre » dans B. I, 8 = B. a 12 hyâ
amâxam tau(x)mà xsàya^iyâ aha « notre race était des rois » (et
de même B. I, 28, 45, 49? 61) et dans B. I, 69 et 71 vi^am
tyàm amàxam « notre famille ».
§ 342. Le génitif-datif atone maiy répond à skr. me, zd me,
et taiy à skr. te, zd te. Les emplois de ces formes sont exacte-
ment les mêmes que ceux de manà. Dans l'emploi du génitif
ancien, on a par exemple : B. II, 76 diivarayàmaiy bas ta adàriy
« il a été tenu attaché à ma porte » ; B. lY, 6/4 [naiy a]da[m
na\imaiy tau{x)mà « ni moi, ni ma famille » ; NR. a. 62 utàmaiy
vi^am « et ma famille » ; Xerx. Pers. a 18 màm a(h)urama:(dà
pàtiiv utamaiy xsaçam utà tya manà krtam utà tyamaly piça
krtam « qu'Ahuramazdâ protège moi et mon royaume et ce que
j'ai fait et ce qu'a fait mon père ». Toutefois ce rôle de génitif
n'est pas le plus ordinaire, et le plus souvent maiy, taiy ser-
vent de datifs anciens, ainsi : B. I, 24 a(h)urama:(dània[îy] ima
xsaçam f'^râbara a(h)urama'{dàmaiy upastàm abara « Ahura-
mazdâ m'a remis cette royauté ; Ahuramazdâ m'a porté
secours » ; B. II, 79 hauvmaiy hamiçiya abava <( celui-ci est
devenu rebelle contre moi » ; B. IV, 46 \ap\imaiy aniyasciy
vasaiy astiy krtam « et il y a encore bien autre chose de fait par
moi » ; NR. a 54 aitamaiy a(h)urama:(dà dadàtuv « qu'Ahura-
mazdâ me donne ceci » ; B. IV, 58 a(h)iiramaxdàtay jatà biyà
utàtaiy tau(x)mà ma biyà « qu'Ahuramazdâ te tue et que tu
n'aies pas de postérité » ; NR. a. 43 et 45 adataiy a:(dà bavàtiy
u et qu'il y ait nouvelle pour toi » ; NR. a. 57 hauvtaiy gastà
12
178 FORMES NOMINALES [§ 342-344
ma ^adaya « que celle-ci ne te semble pas dégoûtante ». L'in-
distinction du génitif et du datif est du reste complète : Xerx.
Pers. b. 29 utàmaiy xsaçam utâ tyamaiy krtam « et mon royaume
et ce que j'ai fait ».
§ 343. L'ablatif ma, cf. skr. mat, zd mat, est toujours
accolé à la préposition hacàj sans séparation de mots, ainsi
hacàma B. I, 19. La lecture duvitiyama de d^uv'itiym B.
III, 24, qui a été proposée, est à écarter; on peut lire duvi-
tiyam et traduire « en second lieu ».
Anaphoriques.
§ 34 A. Aux pronoms personnels se rattachent les anapho-
riques, qui. comme les pronoms personnels, sont dénués de
genre grammatical et qui sont le plus souvent enclitiques. Le
principal est ace. sg. sim, sim ; gén.-dat. sg. siy, saiy, cf.
gâth. hôi, zd hè, se; ace. pi. sis, sis; gén.-dat. pi. sam, sàm,
dont toutes les formes sont enclitiques. Sur le s- initial, cf.
§ 122.
Les exemples suivants montreront l'emploi :
B. I, 61 xsaçam tya hacà amàxam tau(x)mâyà paràhrtam aha
adam patipadam akunavam adamsim gâ^avà avâstâyam « la
royauté qui avait été enlevée à notre famille, moi je l'ai restaurée ;
je l'ai mise en sa place ». On voit ici -sim rapporté au neutre
xsaçam ; dans NR. a. 36 -sim se rapporte au féminin humim.
B. Il, 27 ava^àsàm hamaranam krtam « c'est ainsi qu'ils ont
combattu » (après le récit d'une bataille).
B. II, '']Z pravartis agrhita anayatà abiy mâm adamsai[y] utâ
nàham utâ gausà utâ h(i:()bânam fyâjanam utâsaiy \ucas\ma
avajam duvarayâmaiy hasta adàriy haruvasim kâra avaina
« Phraorte a été amené lié vers moi; je lui ai coupé et le nez
et les oreilles et la langue, et je lui ai crevé (?) les yeux ; il a été
tenu attaché à ma porte ; toute l'armée Ta vu » .
B. II, 81 adam karam pârsam utâ mâdam fyàisayam taxmas-
§ 344-345] PRONOMS PERSONNELS 179
pâda nàma màda manà ba(n)daka avamsàm ma^istam akunavam
\ci\va^àsàm a^aham « j'ai envoyé l'armée perse et mède ; il y a
un Mède nommé Taxmaspâda, mon serviteur ; j'en ai fait leur
chef; je leur ai commandé ainsi ».
B. III, 5o adam avam vahya:(dàtam utâ martiyâ tyaisaiy fra-
tamà anusiyâ aha(fi)tâ uvâdaicaya nàma vardanam pàrsaiy ava-
dasis u:(inayâpatiy akunavam « ce Vahyazdâta et les hommes qui
étaient ses principaux partisans — il y a en Perse une citadelle
nommée Uvâdaicaya — là moi je les ai mis ».
B. IV, 5 XIX hamaranà akunavam vasn[â a(h)ura^ma:(dâha
adamsis ajanam « j'ai livré 19 batailles ; par la grâce d'Ahura-
mazdâ, moi je les ai gagnées » (Jis se rapporte ici au pluriel
neutre hamaranà).
§ 345. L'autre anaphorique ace. sg. dHm, dim, ace. pi.
dHs , dis ne semble pas différer essentiellement du précédent
(pour un essai d'explication, v. § 166 et M. S. L., XIX, 53).
L'emploi est exactement le même. Le singulier se trouve une
seule fois, ai^vQ?> pasàva : NR. a. 3i a(h)urama:(dâ \va]^â avaina
imàm bumim yau[ ] pasàvadim manà f^ràbara « quand Ahu-
ramazdâ a vu cette terre , ensuite il me Ta remise » ;
immédiatement après NR. a 35-36 a adamsim gâ^avà niyasà-
dayam « je l'ai établi en sa place » ; au contraire Behistun a
-sim partout, même après pasàva. Partout ailleurs on a dis, à
savoir dans 10 exemples, alors que sis se trouve seulement
3 fois : on a visiblement évité la forme sis dont les deux s étaient *» ^â«^**MU4tt3^iL^
choquants. En général dim et dis sont accolés au mot précé- ^ <uaJKw»I«!^**^ f
dent; toutefois, dans un passage comprenant trois exemples, ** /*o««e A?-/
il y a le signe de séparation de mots avant dis: B. IV, 33 tl^tT^-À^
dahyàva imà yà hamiçiyâ abava d^auga di[s hamiçiy]â akunaus
pasàva di[s a(h)urama:(]dà manà dastayà akunaus ya^à màm
kàma avaBà di[s akunavam] « ces provinces qui sont devenues
rebelles, le mensonge les a rendues rebelles ; ensuite Ahu-
ramazdâ les a mises dans ma main; comme j'ai voulu, je leur
180 FORMES NOMINALES [§ 345-348
ai fait » (dans la même phrase finale, on a [ava]Bâdis en un mot
B. V, 17)-
Dans presque tous les cas, -sim ( dim) et -sis (dis) ont la
valeur d'accusatifs ; toutefois ces formes ne paraissent pas avoir
eu une valeur casuelle bien définie; dans B. I, 5o -sim équi-
vaut manifestement à un ablatif (cf. § 366), et dans NR. a 2i
datant tya manâ avadi[ ] adàriy « une loi, elle a été tenue par
eux » , J/[ ] (sans doute -dis) paraît avoir la valeur d'un datif
(cf. § 363) ou d'un ablatif sans hacà (cf. § 365). Il est pro-
bable que sim n'était pas une ancienne forme d'accusatif singu-
lier, mais une forme sans flexion définie ; de même Im sert en
védique pour le masculin, le féminin et le neutre, au singu-
lier et au pluriel.
V. Emploi des formes nominales.
A. Nombre.
§ 3/^6. On a vu § 3o3 les rares formes de duel qui sont dans
les textes ; il convient d'ajouter qu'aucune forme nominale de
pluriel n'est positivement attestée en un cas où le sens fait
attendre le duel; pour le verbe, cf. § 23^.
§ 347. Le singulier et le pluriel sont employés régulière-
ment. Mais le collectif ^^ra « peuple, armée » est senti comme
valant un pluriel, et l'anaphorique qui s'y rapporte est au plu-
riel : -sâm, ainsi B. II, 20 et 82-83, dis-, B. I, 65 ; etc.
§ 348. Ceci concorde avec le fait que les noms désignant un
Iranien bien connu des Perses ont au singulier une valeur col-
lective et désignent l'ensemble des gens du pays, le pays même :
pars, pàrsa « un Perse, les Perses, la Perse » ; mad^ mâda
« un Mède, les Mèdes, la Médie » ; pr^v, par^ava « un
Parthe, les Parthes, la Parthie » ; il y a flottement pour sk,
saka « un Sace, les Saces, la Sacie », car on a aussi un féminin
§ 348] EMPLOI DES FORMES NOMINALES 181
skam, .sakàm (ace.) pour « Sacie ». Dans, la liste B. I, i4 et
suiv., tous les noms de peuples ou de pays sont au singulier,
sauf la désignation périphrastique : tyaiy d^rayahyâ « ceux qui
sont dans la mer » ; dans la liste Dar. Pers. e lo et suiv., tout
est au singulier, sAufyaunà tyaiy (h)uskahyâ utâ tyaiy d'^rayahyâ
« les Grecs du continent et ceux de la mer » ; sakâ « les
Saces » dont il y a plusieurs sortes. Dans la liste NR. a. 22 et
suiv., les quatre derniers noms sont au pluriel; mais tous les
premiers sont au singulier, quand ils sont seuls, et au pluriel
quand ils ont une épithète ; il est distingué trois espèces de
Saces : sakâ hauniavargà, sakâ tigraxaudâ, sakâ tyai\y ta]ra-
draya, et, ce qui est plus net encore, le Grec sans épithète,
yauna, est opposé aux yaunâ takaharâ (B. I, i5, il faut peut-
être restituer yauna plutôt que yaunâ). Ces noms de peuples
au singulier ont si bien une valeur collective que les auteurs
des inscriptions les annoncent par dahyâva « provinces ».
Cette valeur générale du singulier se voit aussi dans un
tour comme NR. a. 43 pâr[sa]h[yâ] martiyahyâ duraiy arstis
parâgmatâ « la lance de l'homme perse est allée au loin ». De
même martiya a une valeur générale, collective dans Dar. Elv. 4
hya martiyam adâ hya siyâtim adâ martiyahyâ « qui a créé
l'homme, qui a créé le bien-être pour l'homme » ; et même le
collectif martiya est repris par un démonstratif au pluriel dans
B. IV, 68 marti[ya] [hya] d'^raujana ahatiy hyavâ \^u\rakara
ahatiy avaiy ma daustâ \biy]â « l'homme qui est menteur ou
qui est malfaisant, ne leur sois pas ami » .
Dans la phrase suivante, le singulier dahyuvâ à valeur col-
lective est développé au moyen d'une énumération : B. I, 34
d'^rauga dahyuvâ vasaiy ahava utâ pârsaiy utâ mâdaiy ut[â
an\iyâ(x)uvâ dahyusuvâ « le mensonge est devenu en abon-
dance dans le pays, et en Perse, et en Médie, et dans les
autres provinces ». — La valeur collective du singulier se
retrouve parfois dans l'Avesta (v. Reichelt, § 4 18).
182 FORMES NOMINALES [§ 349 352
B. Genre.
§ 3/^9- Le neutre a ses caractéristiques dans la déclinaison,
et il a des formes propres seulement au nominatif-accusatif;
encore ces formes ne sont-elles pour la plupart distinctes en
perse qu'au singulier. — Le féminin se reconnaît seulement à la
forme des adjectifs et démonstratifs qui accompagnent un sub-
stantif donné.
§ 35o. Tous les noms d'hommes sont du masculin. Le
masculin d'un démonstratif, d'un indéfini désigne un homme,
ainsi kasciy « quelqu'un ».
§ 35 1. Le neutre d'un démonstratif, d'un indéfini désigne
« une chose » ; ainsi B. I, ig [tya]sàm hacàma abah(j)y ...
ava akunavayatâ « ce qui leur a été commandé par moi, ceci
a été fait » ; B. I, 27 ima tya manà krtam « voici ce que j'ai
fait » ; B. I, 67 adam tya paràh\rta\m patiyàbaram « j'ai rap-
porté ce qui avait été enlevé » ; Xerx. Pers. a i3 vasaiy aniyas-
ciy naiham krtam « beaucoup d'autre bien a été fait » ; B. I,
46 gaumâta hya magus adinà ka(n)bujiyam utâ pârsani utâ
màdam utâ aniyâ dahyàva hauv ayasata (x)uvâipasiyam akutâ
« Gaumâta le mage a enlevé à Cambyse et la Perse et la Médie
et les autres provinces ; il se les est attribuées ; il en a fait son
bien propre (xuvàipasiyanï) ». On a de même : B. II, 18 kâra
pârsa u\tâ m\âda hya upâ mâm aha hauv kamnam aha « l'armée
perse et mède qui était près de moi, elle était peu de chose
(kamnanï) ».
§ 352. Gomme substantifs neutres bien établis on peut citer
xsaçam « royauté, royaume » (ima xsaçam ; ait a xsaçam ;
xsaçam au nominatif) ; yânam « faveur » (ait a yânam Dar.
Pers. d. 20) ; stânam « place » (ima stànam Xerx. Van, 20-21);
hamaranam « combat » (nominatif) ; dusiyàram « mauvaise
récolte » (nominatif) ; d'Avaya « mer » (d^rayatya Dar. Sz. c. 10) ;
§ 352-355] EMPLOI DES FORMES NOMINALES 183
hadis « siège » (ima hadis Xerx. Pers. c.) ; rauta « de la rivière »
(gén.-abl. ; d'après le relatif tya, Dar. Sz. c. g).
§ 353. Le féminin ne se reconnaît en principe qu'à la forme
de l'adjectif qui accompagne le substantif (cf. § 267) ; et seuls
des thèmes en -a- masculins-neutres ont en face d'eux un féminin
en -à-\ l'adjectif thème en -n- paru- fait au génitif féminin
pluriel parunàm Dar. Pers. e 4, qui ne se distingue pas de ce
que serait la forme correspondante du masculin. Toutefois tous
les thèmes en -â- autres que les thèmes racines de racines en -â-
sont féminins en indo-iranien ; il est donc naturel de trouver
des adjectifs ou démonstratifs au féminin près de tau(x)mà
« famille », f^ramânà « ordre », hadugà « », yauviyâ
« canal ». — Pour les autres mots, on, a par des adjectifs, la
preuve du genre féminin dans : dahyàus « province » (inià
dahyàuSj etc.); w6- « famille » (iniâm vi^am, etc.); dipi-
« inscription » (imâm dipini, etc.) ; humi- « terre » (imàm
bumim, etc.) ; siyàtis « bien-être » (hyà siyàtis) ; arstis « lance »
(arstis hyà) ; pa^i- « chemin » ÇpaOim tyâm ràstâm ; le mot
correspondant est aussi féminin dans l'Avesta, tandis que skr.
panthàh et v. si. pçtl sont mascuhns ; cf. gr. bobq féminin,
quoique thème en -o-\
§ 354. En revanche, sont masculins des mots covtixnQ pati-
kara- « image » (nom. plur. imaiy patikarâ); tacara- « palais »
{imam tacaram) ; ardastàna (nom. ; ardastâna a^a(n)gaina) ;
duvar^i- « portique » (imam duvar^im). Le nom propre Bâbai-
rus est masculin ÇBàbairus hamiçiya abava « Babylone est
devenue rebelle » B. I, 80).
G . Cas .
§ 355. Les cas grammaticaux, nominatif, vocatif, accusatif,
génitif-datif, ont conservé toute leur valeur. Au contraire, les
cas à valeur concrète ont besoin d'être précisés le plus souvent
par des prépositions ou postpositions. On a vu que, dans les noms
184 FORMES NOMINALES [§ 353-358
communs au singulier, et dans tous les noms au pluriel, le
locatif reçoit une postposition -â. L'ablatif et l'instrumental,
dont la forme est confondue au singulier des thèmes en -a-,
sont d'ordinaire précisés par des prépositions.
Nominatif.
§ 356. On met au nominatif le sujet de la phrase et tous les
éléments prédicatifs qui s'y rapportent, ainsi: B. I, ii adani
xsâyaHiya amiy « moi, je suis roi » ; B. I, /i3 ka(n)bujiya (x)?/-
vâmrsiyus amariyatà « Cambyse est mort de sa propre mort » ;
B. II, 66 f^ravartis hya mâdaiy xsàyaUya agaiihatà ais
« Phraorte, qui se disait roi en Médie, est allé ».
Vocatif.
§ 357. On sait par martiyâ « o homme » NR. a. 56 que le
vocatif avait encore une forme propre.
Accusatif.
§ 358. Le principal emploi de l'accusatif est de marquer le
complément direct d'un verbe, ainsi : B. I, 19 manâ bâjim
abarantâ « elles m'ont apporté tribut » ; B. II, 48 mâm amâ-
naya « il m'a attendu » ; Dar. Sz. c. 8 ni[yas]tàyam imâm
[yauviyà]m ka(n)tanaiy « j'ai fait creuser ce canal » ; B. IV, [\i
tuvam kà hya aparam imâm dipi\ni\ patiprsâh(i)y tya manâ krtam
vrnavatàm %uvâm « toi qui par la suite interrogeras cette
inscription, que ce que j'ai fait te persuade » (il y a ici un
accusatif dans chaque phrase : imâm dipim et ^twâm) ; etc.
L'accusatif complément direct peut recevoir un prédicat : B. I,
86 aniyam usabârim akunavam « j'en ai rendu un autre monté
sur chameaux » ; Dar. Pers. d. 2 hauv dârayava(Jj)nm xsâya-
Uyam adadâ « il a fait roi Darius ». Certains verbes admet-
tent un double complément à l'accusatif, l'un indiquant une
personne, l'autre une chose : Dar. Pers. d 20 aita adam yànam
§ 358] EMPLOI DES FORMES NOMINALES im
jadiyâmiy a(h)urama:(dâm « je demande cette faveur à Ahura-
mazdâ » ; B. I, 46 gaumâta hya magus adinà ka(n)bujiyam
utâ par sain utâ màdam ufâ aniyà dahyâva « Gaumâta le mage
a enlevé à Cambyse et la Perse et la Médie et les autres pro-
vinces » ; de ces deux accusatifs, Tun subsiste alors si Ton
substitue un tour passif à l'actif: B. I, 49 hya avam gaumâtam
tyam magum xsaçam ditani caxriyâ « qui ferait le royaume
enlevé à ce Gaumâta le mage ».
L'accusatif neutre de certains adjectifs est employé adverbia-
lement : B. IV, 56 dargam jivâ « vis longtemps » ; B. III, 24
hauv duvitiyani tidapatatâ « il s'est soulevé une seconde fois » ;
B. I,9 = B.ai4VIII manâ taii{x)mâyà tyaiy panivam xsâya-
^iyà aha « 8 de ma famille, d'autrefois, ont été rois » ; B. I,
lo :^ B. a 17 duvitâparnam « en deux branches (?) ».
Certains substantifs verbaux admettent un complément à
l'accusatif (cf. § 277) : B. IV, 55 a(h)uramazdâ ^uvâm daustâ
biyâ « qu'Ahuramazdâ t'aime » (litt. « soit amateur toi »),
tandis que le nom d'agent tout pareil jatà « tueur » se con-
struit avec le génitif-datif dans la phrase parallèle ib. 58 :
aQj)urama:{dâtay jatà biyâ « qu'Ahuramazdâ te tue » (litt.
(( soit tueur de toi »). Le tour qu'on lit par exemple B. IV,
35 ya^à mâm kàma avabâ di[s akunavam] « comme il y a eu
volonté à moi, je leur ai fait », est plus surprenant; on le
retrouve NR. a. 36 (et Sz. c. 12).
L'accusatif indique le lieu vers lequel on se dirige ; les exem-
ples qu'on a de cet emploi sont des accusatifs de noms propres;
aucune préposition n'accompagne alors l'accusatif : B. I, 33
ka(n)bujiya mudrâyam asiyava « Cambyse est parti pour
l'Egypte » ; B. II, 28 adam arasant màdam « moi je suis allé
en Médie » ; ib. 3o avam adam f^ràisayam arminam « moi,
j'ai envoyé celui-ci en Arménie » (dans cet exemple, il y a un
complément direct et un accusatif de direction dépendant d'un
même verbe).
186 FORMES NOMINALES [§ 35»
§ 359. Enfin l'accusatif se trouve souvent avec des préposi-
tions, sans qu'il y ait nécessairement un mouvement indiqué :
abiy : B. I, ^o hacà ka(n)bujiyâ ahiy avant \a\siyava « il s'est
écarté de Gambyse pour aller vers lui » ; Dar. Pers. d 18 ahiy
imàm dahyàum ma ajamiyà... « que vers cette province ne
vienne... ».
a(n)tar : B. I, 21 a(n)tar imâ dahyâva martiya hya agar[ ]
aha avarn (h)ubrtam abarani « dans ces (miennes) provinces^
l'homme qui était , je l'ai soutenu bien soutenu » ;
B. IV, 3i imaiy IX xsàya^iyâ [ad]am agrbâyam a(n)tar imâ
hamaranâ «j'ai pris ces 9 rois dans ces combats ».
aUy: B. I, 91 a[da]m bâbairum asiyavam abiy bàbairu\myaM
naiy u\î)àyam « je suis parti pour Babylone ; comme je n'étai&
pas parvenu jusqu'à Babylone... » (exemple unique).
upà : B. II, 18 kâra... hya upâ mâm aha « l'armée qui était
près de moi » (de même III, 29 et suiv.).
upariy : B. IV, 64 upariy arstâm upariy[âyam] « je suis allé
suivant la justice »; NR. b. 4 ar^uvstfn upariy [dàraya]-
va(F)um xsâyaBiyam niyasaya « il a étendu sur le roi
Darius ».
tara (.^) : Dar. Sz. c. 11 aya(n)tâ hacà mudrâyà ta[ra imâ]m
yauviyâm abiy pâr[sam] « ils sont allés d'Egypte, au delà de ce
canal, vers la Perse » (dans une restitution assez incertaine ;
ailleurs on a tara dans le juxtaposé [ta]radraya « au delà de la
mer » NR. a 28-29, mais écrit sans séparation de mots).
patiy (préposé ou postposé) : B. I, 20 xsapavâ raucapativâ
« de nuit (gén.) ou le jour (rauca -\- patiy) » ; B. II, 67 patiy
duvitiyam hamiçiyâ ha(n)gmatâ « pour la seconde fois les rebelles
se sont réunis » ; B. II, 43 patiy çitiyam « pour la troisième
fois » ; Xerx. Pers. a. lô tyapatiy krtam vaina(ii)tiy naibam « ce
que (tya -\- patiy, litt. « vers quoi ») l'on voit de beau qui a été
fait ».
patis : B. II, 58 paraitâ patis va(h)umisam hamaranam car ta-
§ 339-361] EMPLOI DES FORMES NOMLNALES 187
naiy « ils sont partis livrer bataille contre Vahumisa » ; B. II, 67
ais ... patis màm hamaranam cartanaiy « il est allé ... livrer
bataille contre moi » ; etc.
para : B. II, 72 avaparâ asiyava « il est allé de ce côté » ;
de même III, 72-73.
pariy : B. I, 53 kasciy naiy adrsnauÈ cisciy Bastanaiy pariy gau-
mâtam tyam magum « personne n'osait rien dire au sujet de
Gaumâta le mage » (exemple unique).
pasa : pasàva Çpasâ -+- ava) « après ceci, ensuite » ; jamais
en dehors de ce juxtaposé ; mais on lit pasà manà « après moi,
derrière moi » B. III, 32.
Génitif-datif.
§ 36o. Pour la forme, ce cas repose tout entier sur le génitif
indo-iranien ; seules les formes ambiguës de pronoms person-
nels atones maly, taiy, saiy pourraient passer pour d'anciens
datifs ; mais dès l'époque indo-iranienne, leurs emplois sont en
partie confondus avec ceux du datif. Pour le sens, ces formes
casuelles jouent le rôle à la fois de l'ancien génitif et de l'ancien
datif.
§ 36 1. Le génitif complément d'un substantif se trouve net-
tement et souvent: B. I, i = B. a. i xsàya^iya xsâyaBiyànâm
« roi des rois » ; B. I, 2 = B. a xsâya^iya dahyunàni « roi
des provinces » (cf. §37i);B. I, 2r==B.a. 3 vistàspahyà puça
arsàmahyâ napâ « fils de Yistâspa, petit-fils d'Arsâma » ; B. I,
37 viyaxnahya màh[yâ\ « au mois de Viyaxna » ; etc. On
notera l'emploi prédicatif : B. I, 45 aita xsaçam hacâ paruviyata
amàxam tau(x)mâyâ aha « cette royauté était dès les temps
anciens à notre famille ».
A ce type se rattachent la locution fréquente avahyaràdiy
« à cause de ceci » (avahya -\- râdiy) et le tour pasà manà
« derrière moi » dans B. III, 32 hya aniya par sa kàra pasà
manà asiyava màdam « le reste de l'armée perse est parti
188 FORMES NOMINALES [§ 361-36
pour la Médie avec moi » . 11 n^y a pas d'emploi du génitif
avec préposition ; car râdiy, pasà "ne sont pas des prépositions
proprement dites : ces formes ne servent pas de préverbes,
comme les véritables prépositions ; on a vu pourtant pasâ avec
l'accusatif, § Sôg ; cet emploi rappelle celui de lat. post.
§ 302. L'emploi partitif n'est pas moins fréquent; ainsi
B.I, 9 = B. a. i/i VIII nianâ tau(x)mâyâ « 8 de ma famille » ;
B. I, /ig naiy amâxam tau(x)màyâ kasciy « ni personne de notre
famille » ; B. II, i3 hyasâm ma^Hsta aha « qui était le plus grand
d'entre eux (leur chef) » ; Dar. Pers. d i hya ma^ista bagânâm
« le plus grand des dieux » ; etc. C'est au groupe du génitif
partitif que se rattachent les génitifs indiquant le temps :
B. IV, 3 ima tya adam akunavam ... hamahyàyâ ^arda « voici
ce que j'ai fait ... en une seule et même année » ; B. I, 20
xsapavà raucapativâ « de nuit {xsapa, gén.) ou le jour (cf.
§ 359) ». — Le génitif (partitif) servant de complément direct
à un verbe est rare; il y a un exemple NR. a. 18 adams\âm\
patiyaxsayaiy « je me suis rendu maître d'eux » .
§ 363. En fonction de datif, on peut citer B. I, 76 kârahyà
ava^â a^aha « il a ordonné ainsi à l'armée » ; B. I, 38 hauv
kârahyà ava^à \a\durujiya « il a ainsi menti à l'armée » (il y a
flottement ici sur le cas employé; cf. B. I, 78 kâram ava^à adu-
rujiya « il a ainsi trompé l'armée », avec l'accusatif); B. IV,
/ig avahyâ paruv Bada[yâ ?] « qu'il lui paraisse beaucoup » ;
B. I, 3i kàrahy[â naiy] a:(dâ abava « il n'a pas été connu à l'ar-
mée » ; etc. — Le génitif complément de participe servant à
exprimer l'action accomplie a la valeur d'un ancien datif, ainsi
Xerx. Pers. a 19 utâ tya manà krtam utà tyamaiy piça krtam
« et ce que j'ai fait, et ce qu'a fait mon père ».
§ 36/i. Il serait vain d'essayer de déterminer partout si un
génitif-datif donné a la valeur d'un ancien génitif ou d'un ancien
datif, ainsi B. I, 29 avahyâ ka(n)bu]iyahyâ b'^râtlâ bardî\ya nâma
aha hamapità hamâtà ka(7i)bu]iyahyâ « ce Gambyse avait un
§ 364-366] EMPLOI DES FORMES NOMINALES 18»
frère, nommé Bardiya, de même père et de même mère que
Gambyse ».
On a vu § 344 beaucoup d'exemples du génitif-datif des pro-
noms personnels et anaphoriques, qu'il faut ajouter aux précé-
dents.
Ablatif.
§ 365. Même pour les noms propres, l'ablatif ne s'emploie
que précédé de la préposition hca, hacà « de », cf. p. a^^, zd
haca ; la longue de hacà est ancienne, comme on le voit par
hcam, hacàma « de moi » (hacà -\- ma). Au singulier, l'ablatif
a dans les thèmes en -à- (y compris les démonstratifs masculins-
neutres), une forme identique à celle de l'instrumental, et dans
les thèmes en -â- et les thèmes consonantiques une forme iden-
tique à celle du génitif-datif. Seule la forme de pronom person-
nel ma est spéciale à l'ablatif. Ceci explique la nécessité de la
préposition pour caractériser l'ablatif.
L'ablatif indique le point de départ : B. II, 64 adam nijâyam
hacà hàhairaus « je suis parti de Babylone » ; Dar. Sz. c. 1 1
aya(nyà hacà mudràyà . . . abiy pàr[sam] « ils sont allés d'Egypte
\ers la Perse » ; NR. a. i6 im[à] dahyàva tyà adam agrbàya[m]
apataram hacà pàrsà « voici les provinces que j'ai prises, en
dehors de la Perse » ; B. I, 6i xsaçam tya hacà amàxam tau(x)-
màyà paràbrtam aha « la royauté qui avait été enlevée à noire
famille » ; B. II, i6 hacàma hamiçiya abava « il s'est révolté
contre moi » (litt. « loin de moi ») ; etc.
§ 366. Le nom de personne complément d'un passif à forme
personnelle se met ainsi à l'ablatif: B. I, ig [tya]sàm hacàma
a^ah(î)y « ce qui leur a été ordonné par moi » ; de même par
exemple NR. a. 20; avadi[ ] adàriy NR. a. 21 n'est pas clair.
On a aussi l'ablatif avec pâ- « protéger » : Dar. Pers. d. i5
imàm dahyàum a(Ij)urama:(dà pàtuv hacà hainàyà hacà dusiyàrà
hacà d^raugà « qu'Ahuramazdâ garde cette province de l'armée
ennemie, de la mauvaise récolte, du mensonge ». L'ancien
190 FORMES NOMINALES [§ 366-369
usage de l'ablatif avec « craindre » est aussi conservé : Dar.
Pers. e 9 tyà hacàma atrsa « qui ôïit eu peur de moi » ; ib. 20
hacâ aniyanâ ma [t]rsam « que je ne craigne pas un autre » ; dans
B. I, 5o kàrasim hacâ drsm atrsa « le peuple avait grand'-
peur de lui », il faut évidemment tenir sim pour une forme
équivalente à l'ablatif (cf. § S^/i) ; on n'a pas l'équivalent exact
de drsm ailleurs, et la lecture est incertaine ; mais en aucun
cas ce mot ne peut être un ablatif; on lira sans doute darsam
ou drsam « fort », cf. la racine de adrsnaus « il osait » ; ce
mot se retrouve avec le sens de « fortement » B. IV, 87.
§ 367. Même les adverbes indiquant le point de départ sont
précédés de hacâ : l'adverbe pr^uv'iyt, paruviyata, dérivé de
*paruviya- au moyen du suffixe -ta (cf. skr. ~tah)^ ne se trouve
qu'avec hacâ : hacâ paruviyata « depuis les premiers temps »
B. I, 7 et 8 = B. a. 11 et 12, et B. I, [\b. De même, avec
avds, avadas (ou avadasa), on a toujours hacâ: hacâ avadaÊ
« de là » B. I, 37 ; III, à^ et 80.
Instrumental.
§ 368. En tant qu'il indique l'accompagnement, l'instru-
mental est toujours précédé de hda, hadâ, cf. skr. saha, gâth.
hadâ, pehlvi manichéen 'd (ad)^ adverbe formé sur ha- = skr.
sa-, avec le même élément suffixal indo-iran. *-dha qu'on a dans
idâ, avadâ. Ainsi : B. I, 56 adam hadâ kamnaibis martiyaihis
avam gaumâtam tyam magum avâjanam « moi avec un petit
nombre d'hommes, j'ai tué ce Gaumâta le mage » ; B. I, gS
ais hadâ kârâ « il est allé avec l'armée » ; B. II, 85 hamaranam
akunaus hadâ ciça(n)taxmâ « il a combattu avec (c.-à-d. contre)
Ciçantaxma » ; Xerx. Pers. b, c et d mâm a(h)urama^dà pâtuv
hadâ bagaibis « qu'Ahuramazdâ avec les dieux me protège » .
§ 369. L'instrumental indiquant le moyen, l'instrument
s'emploie sans préposition : B. I, i3 vasnâ aQi)uramaxdâha
[a]damsâm xsâya^iya aham « par la grâce d'Ahuramazdâ j'ai
I 369-371] EMPLOI DES FORMES NOMINALES 191
été leur roi » ; B. I, 23 imâ dahyàva tyanà manà data apr'yay
« ces provinces d'après ma loi » ; Dar. Pers. e, 2?thauvciy
a(h)urà nirasàtiy « qu'elle descende par Ahura » ; Xerx. Pers.
a i3 vasaiy aniyakiy naiham krtam anà pàrsà « beaucoup d'autre
bien a été fait sur cette Perse » (instrumental indiquant sur
quelle étendue quelque chose se fait).
§ 370. Le sens de vi^âpatiy {viMj instrumental de vi^-
« famille » -f- patiy postposition, qu'on trouve aussi avec l'ac-
ousatif, V. § 359), n'est pas net. On ne sait pas analyser ni même
traduire sûrement u^niayâpatiy akunavam « j'ai crucifié (?) »,
qui se lit plusieurs fois.
Dans le tour fréquent qui sert à indiquer les dates, ainsi
B. I, 4*2 garmapadahya mâhyâ IX raiicabis Bakatà aha « dans
le mois de garmapada, neuf jours étaient passés », on ne sait
pas faire l'analyse grammaticale de raucabis et de ^akatâ. Ce
qui rend les choses encore plus obscures, c'est qu'avec le nom
de nombre « un » on a les formes rauca et ^akatam, qui ont
l'air de nominatifs-accusatifs singuliers : B. III, 8 garmapa-
dahya mâhyâ I rauca ^akatam aha « dans le mois de garma-
pada, un jour était passé ». Les choses se passent donc comme
si l'instrumental pluriel raucabis valait un nominatif dans ce
tour particulier ; on peut rapprocher l'obscur vi^bis qui est
construit parallèlement à des accusatifs B. I, 65. Aucun autre
fait connu du vieux perse ne permet d'interpréter cet usage,
dont on rapprochera une série de faits de l'Avesta (v. Reichelt,
Awestiches Elementarbiich, % ^2^).
Locatif.
§ 371. Le locatif indique le lieu où l'on est, où l'on établit
quelque chose : B. I, Zlx d^auga dahyuvâ vasaiy abava utâ pâr-
saiy utâ mâdaiy ut[à an]iyâ(x)uvà dahyusuvâ « le mensonge
abondait dans le pays, en Perse, en Médie et dans les autres
provinces » ; B. I, 2 xsâya^iya pârsaiy « roi en Perse »(il est à
192 FORxMES NOMINALES [§ 371-373.
noter que Darius est roi « en Perse », mais « roi des provinces »
xsâyaUya dahyimâm ; il dit aussi NR. a. ii qu'il est « roi dans
cette terre » xsàya^iya ahyâyà bumiyà; les usurpateurs nommés
dans les petites inscriptions de Behistun s'expriment de même^
ainsi B. e. 8 adam xsàya^iya amiy màdaiy « c'est moi qui suis
roi en Médie ») ; B. II, 23 hya màdaisuvà ma^ista aha « celui
qui était le chef chez les Mèdes » ; B. I, i5 tyaiy d^rayahyà
« ceux qui sont dans la mer » (les Grecs des îles); B. I, 42
(et souvent) màhyà « au mois » ; B. I, 62 adamsim gâ^avâ
avâstàyam « je l'ai mis en place » (de même NR. a. 36 avec
niyasâdayam) ; B. II, 75 duvarayàmaiy hasta adâriy « il a été
tenu attaché à ma porte ». — La postposition -â est de
rigueur au pluriel toujours, et, au singulier, dans tous les noms^
communs (v. § 3oi, 3o2 et 3 18). — Sauf peut-être dans
{h)ufrastâdiy « en bonne punition » (v. §3i8), le locatif ne se
rencontre avec aucune postposition ou préposition autre que à^
VI. Groupement des noms.
§ 372. Les noms groupés ensemble peuvent être soit juxta-
posés immédiatement soit reliés par hya, tya-. Ils ne sont en-
principe séparés que par des mots accessoires, d'ordinaire encli-
tiques.
A. Juxtaposition immédiate.
a. Complément.
§ 373. Le génitif se place d'ordinaire avant le nom qu'il
détermine ; on a régulièrement manâ pità « mon père », kuraus
puça « le fds de Cyrus », arsâmahyà napà « le petit- fils d'Ar-
sâma » , ka(n)hu]iyahyâ b'^râtâ « le frère de Cambyse » , amâxam
tau{x)mà « notre famille », bâgayâdais màhyà « au mois de
§ 373-375] GROUPEMENT DES MOTS 193
bâgayâdi », {pc)uvaxstrahyà tau(jx)mâyà « de la famille de
Cyaxare », aivam parunâm xsâya^iyam « seul roi de beau-
coup », etc.
Il en est de même quand le complément est complexe : ava-
hyà ka(n)bujiyahyà b^ràtà « le frère de ce Gambyse », dàraya-
vahaus xsàya^iyahyâ vMyâ « dans la famille du roi Darius »,
naiy amâxam tau(x)mâyâ kasciy « ni personne de notre famille»,
etc.
Le génitif fait même parfois corps si étroitement avec un
nom suivant dont il dépend que le traitement ordinaire des
finales n'a pas lieu, et qu'on a -hyà au lieu de -hyà (y. § 162).
Il est exceptionnel que le génitif soit séparé de son substantif
par un autre mot, comme il arrive NR. a. 43 pâr[sa]h[yà\
martiyahyà duraiy arst\ï\s parâgmatâ « la lance de l'homme
perse est allée au loin ».
§ 374. Le génitif ne suit le mot qu'il détermine que dans
des formules fixées : xsâya^iya xsàya^iyânàm « roi des rois » ,
xsàya^iya dahyunàm « roi des provinces », vasnà aQj)urama^-
dâha « par la grâce d'A.huramazdà », ou dans certains cas
tout particuliers : VIII manâ tau{x)mâyâ « huit (hommes) de
ma famille », hamapità hamàtà ka(n)bujiyahyà « de même père,
de même mère que Gambyse ». Il y a une seconde affirmation
plutôt qu'un complément dans une phrase comme : B. II, 80
adam xsâyaBiya amiy asagartaiy (x)tivaxstra[hyâ] tau{x)mâyâ
« moi je suis roi en Sagartie, de la famille de Gyaxare ». Le
pronom manâ a une valeur forte dans : B. IV, 82 imaiy
martiyà hamataxsa(n)tâ anusiyà manâ « ces hommes ont colla-
boré en alliés avec moi ».
§ 375. Le complément au locatif est après le nom qu'il déter-
mine dans des formules fixées : xsâya^iya pârsaiy « roi en Perse »,
xsâyabiya ahyâyâ bumiyâ « roi dans cette terre ». Mais on a
le locatif devant dans B. f. = B. II, 10 adam imanis amiy
(x)uvajaiy xsàya^iya « moi je suis Imanis, roi en Susiane » ; les
i3
J94 FORMES NOMINALES [§ 375-378
formules des autres petites inscriptions de Behistun sont cons-
truites autrement ainsi B. d. 6 adàm xsâya^iya amiy hàhairauv
« c'est moi qui suis roi à Babylone » .
h. Adjectif.
§ 376. Les adjectifs peuvent ou précéder ou suivre le nom
qu'ils qualifient.
§ 877. Les adjectifs qui se fléchissent d'une manière pareille
aux démonstratifs précèdent, comme ceux-ci, le substantif:
aniyà dahyâva « les autres provinces » ; B. II, 76 haruvasim
kâra avaina « toute l'armée l'a vu » (avec le mot accessoire sim
après le premier mot de la phrase, cf. § ^3i) ; B. IV, 4 hama-
hyàyâ ^arda « en une même année ». Dans B. I, [\o kâra
haruva hamiçiya ahava^ on traduira « l'armée est devenue tout
entière rebelle », en donnant à haruva une valeur prédicative.
— Même le mot kamna- « petit, peu » se comporte de cette
manière : B. I, 56 hadâ kamnaibis martiyaibis « avec peu
d'hommes » ; etc.
Les noms de nombre précèdent les substantifs : NR. a 6 aivam
paruvnâm xsàya^iyam aivam paruvnàm f'^ramâtâram « seul roi
de beaucoup, seul chef de beaucoup » ; B. (souvent) I martiya
« un homme » ; B. I, 38 XIV raucahis « i4 jours » et ainsi
toujours dans les dates; B. IV, 5 XIX hamaranâ « 19 com-
bats » ; B. IV, 7 IX xs[àyaBiy]à « 9 rois ». — H y a une excep-
tion : B. I, 17 f'^raharvam dahyâva XXIII « en tout, des pro-
vinces (au nombre de) 23 » ; mais ceci vient après une
énumération, et cet ordre de mots insolite sert à appeler l'at-
tention sur un total.
§ 378. Les adjectifs dont le rôle est plus autonome suivent
en général le substantif qu'ils qualifient : B. II, 16 kâra mâda
« l'armée mède » ; III, 26 kâra par sa « l'armée perse » ; II, 18
kârapârsa u[tâ m]âda « l'armée perse et mède » ; cet ordre n'est
abandonné dans les cas de ce genre que deux fois, et les deux
§ 378-379] GROUPEMENT DES MOTS 195
fois un démonstratif précède : Dar. Pers. e 8 hadà anà par sa
kârà « avec cette armée perse » , 2 1 imam pârsam kàram « cette
armée perse », en regard de kâra par sa « l'armée perse » ib. 22.
Le démonstratif n'exerce pas pareille action ailleurs: B. III,
85 \ava\m kàram bâbairuviyam « cette armée babylonienne » . —
On notera encore : xsâyabiya vazrka « roi puissant » , a(h)ura-
ma^dâ va^rka « Ahuramazdâ puissant », dahyunâm paruxa-
nânâm « des provinces à races nombreuses » et dahyunâm
vispa:(anànàm « des provinces de toutes races », ahyâyà bumiyà
va^rkâyà « en cette terre puissante » , le tout dans des formules ;
et B. I, 77 I martiya bàbairuviya « un homme babylonien » ;
des épithètes de noms de peuples : yaunà takabarâ « les Grecs
porteurs de », sakâ tigraxaudà « les Saces à la coiffure
pointue » ; une épithète de matière Dar. Pers. c. ardastâna
a^a(n)gaina « de pierre » ; etc.
On notera l'ordre : NR. a. 4 9 ava visam « tout cela » ; Xerx.
Pers. a 16 naibam ava visam « tout ce bien ».
Dans la phrase: B. I, 67 tyaisaiy f^ratamâ martiyà anusiyà
aha(fi)tâ « ceux qui étaient ses principaux alliés », anusiyà,
traité comme adjectif, est placé après martiyà « hommes », et
f'^ratamà « les premiers » est placé avant, sans doute en qualité
de nom de nombre ordinal.
c. Apposition.
§ 379. L'apposition n'est pas rare ; ainsi B. I, 36 martiya
magus aha gaumàta nâma « il y avait un homme mage, nommé
Gaumâta; B. II, 29 dàdrsis nàma arminiya manà ba(n)daka « il
y a un Arménien, mon serviteur, du nom de Dâdrsi » ; B. IV,
83 vi(n)dafarnà nà[ma] và[ya]sp[àra]hyàpuçapâr[sa] « un nommé
Yindafarnâh, fils de Vâyaspâra, perse » ; etc. Ce type est fré-
quent dans les formules: B. I, i = B. a i dàrayava(h)us xsàya-
^iya va:(rka xiâyaBiya xsàya^iyànàm xsàya^iya pàrsaiy xsàya^iya
dahyunâm visiàspahyà puça arsàmahya napà haxàmanisiya « Da-
196 FORMES NOMINALES [§ 379-381
rius, roi puissant, roi Mes rois, roi en Perse, roi des provinces,
fils de Vistâspa, petit-fils d'Arsâma, Achéménide » ; etc. —
Sur la forme de nâma dans les appositions, v. § 3i2.
B. Groupements avec hya, tya-.
§ 38o. Le démonstratif hya, tya- sert souvent à relier à un
nom une détermination : complément, adjectif ou apposition.
Il est traité comme un mot isolé, toujours précédé et suivi de la
marque de séparation de mots. Ce n'est pas un simple élément
de jonction, et il garde quelque chose de sa valeur démonstra-
tive, en ceci qu'il intervient là seulement où le groupe de noms
est déterminé. Il équivaut ainsi à une sorte d'article déter-
miné.
a. Complément.
§ 38 1. Il n'est pas fréquent qu'un génitif soit relié par hya,
tya- au nom qu'il détermine.
Le génitif suit d'ordinaire le nom qu'il détermine : B. I, 69 et
71 vi^am tyâm amaxani « notre famille » (la famille bien connue
de Darius) ; B. I, 88 avam kàram tyam nadi(n)tahirahyà « cette
armée de Nidintubel (dont il a déjà été question) » (de même
95, sans avant) ; B. III, 45 kàra hya manâ avant kàram tyam
vahya:(dâtahyà aja « mon armée a battu cette armée de Vahyaz-
dâta » (il a été question précédemment de ces deux armées).
Il est plus rare que le génitif précède : B. I, 23 tyanà manâ
data « par ma loi » (tandis qu'on a l'ordre plus ordinaire dans
NR. a. 21 dâtam tya manâ « ma loi ») ; B. IV, 87 tyâm imai-
sàm martiyânâ[m] \ta\u(x)mâm « la famille de ces hommes »
(les chefs perses qui ont soutenu Darius et qu'il vient d'énu-
mérer) ; NR. a 56 hyâ a(h)urama:(dâha framânâ hauvtaiy gastâ
ma ^adaya « le commandement (bien connu) d'Ahuramazdâ,
qu'il ne te semble pas répugnant ».
On a un complément au locatif dans : B. I, 80 hâbairus hami-
çiya ahava xsaçam tya bâhairuviyam hauv agrbâyatâ « Babylone
s 381-382] GROUPEMENT DES MOTS 197
s'est révoltée; celui-ci s'est emparé de la royauté de Babylone ».
Le génitif et le locatif sont côte à côte dans : Dar. Pers. e i3
yaunâ tyaiy (h)uskahyà utâ tyaiy d^rayahyà « les Grecs du con-
tinent et (les Grecs) dans la mer ». On a d'autres cas dans:
B. III, 26 kàra par sa hya vihàpatiy « l'armée perse, près de la
famille » (il en a été question avant) ; NR. a. 25 sakâ tyaiy tara-
draya « les Saces d'au delà de la mer » (désignation d'une pro-
vince); sans doute aussi Dar. Pers. è 22 hyâ duvais[ta]m siyâtis
« le bien-être pour longtemps (?) ».
b. Adjectif.
§ 382. L'adjectif avec hya, tya~ suit d'ordinaire le substantif;
toutefois aniya garde sa place avant : B. III, 32 hya aniya kàra
par sa « le reste de l'armée perse » (l'autre partie dont il vient •
d'être question s'est révoltée). Les autres adjectifs suivent le
substantif: B. I, 79 kàra hya bàhairuviya haruva ahiy avam
nadi(ri)tabiram asiyava « l'armée babylonienne est allée tout
entière vers ce Nidintubel » (cette armée a déjà été indiquée) ;
B. II, 20 avam kâram tyam mâdam « cette armée mède » (déjà
indiquée) ; B. II, 25 kâra [hya ma]nâ avam kâram tyam hami-
çiyam aja « mon armée a battu cette armée rebelle » (les deux
armées sont celles dont il a été question dans tout le récit pré-
cédent); Dar. Pers. e. 3 xsâya^iya dahyunàm tyaisam parunâm
« roi des provinces nombreuses » (les provinces bien connues
de l'Empire) ; NR. a. 58 pa^im tyâm râstâm « la voie droite »
(par excellence) ; etc. On notera hya près du superlatif dans la
formule Dar. Pers. d (et ailleurs) aQ})iirama:(dà va^rka hya
ma^ista bagânâm « Ahuramazdâ puissant, le plus grand des
dieux ».
La présence de hya, tya- permet de séparer l'adjectif de son
substantif: Dar. Pers. d 6 iyam dahyàus par sa tyàm manà a(h)u-
rama^dà f^ràbara hyâ naibâ Qj)uvaspâ Qj)umartiyâ ... hacâ
aniyanâ naiy trsatiy « cette province, la Perse, qu' Ahuramazdâ
198 FORMEb NOMINALES [§ 382-384
m'a remise, la belle, aux bons chevaux, aux bons hommes, ...
ne craint personne » (on notera l'apposition, sans hyàj à^ par sa,
laquelle ne comporte pas notation du genre féminin) ; Dar. Sz.
c. 3 hya d\a\rayavahaus X.yahyà xsaçam f'^râbara tya va^rkam
tya [(h)uvaspam (b)u]martiyam « qui a remis au roi Darius le
royaume puissant, aux bons chevaux, aux bonshommes ».
' c. Apposition.
§ 383. C'est dans le cas de l'apposition que la valeur déter-
minée de la forme à hya se voit le mieux. Après que Gaumâta
a été annoncé par martiya magiis « un homme mage »,
il est désigné: B. I, /i6 gaumâta hya magus « Gaumâta le
mage » ; ^9 avain gamnâtam tyam maguni « ce Gaumâta le
mage » ; etc.
On peut encore noter : Xerx. Van 17 dàrayava(h)iis xsàyaUya
hya manà pitâ « le roi Darius mon père » ; B. I, 3 9 adam har-
diya amiy hya kuratis puça ka(n)bujiyahyâ b''r[â]tâ « moi je suis
Bardiya, le fils de Gyrus, le frère de Gambyse » (l'apposition
est séparée par le mot accessoire amiy du nom auquel elle se
rapporte ; hya commande une double apposition, sans être
répété) ; B, I, 78 adam nabukudracara amiy hya nabunaitahyà
puça « moi, je suis Nabukuduri-usur , le fils de Nabunaïd »
(aussi avec insertion de amiy) ; Xerx. Pers. c. ima hadis dâraya-
va(h)us X. akunaus hya manà pitâ « le roi Darius, mon père,
a fait ce siège » (akunaus est inséré entre le mot et l'apposi-
tion).
Avec une sorte d'adverbe on a: B. I, 9 = B. a itx VIII manà
îau(pc)mâyâ tyaiy paruvam xsâyaUyà aha « huit (hommes) de
ma famille, deux (hommes) d'autrefois ont été rois » ; Dar.
Pers. e. i/^ dahyâva tyâ parauvaiy « provinces de l'Est ».
d. hya, tya- sans substantif.
§ 384. On trouve hya, /y^j- avec des adjectifs pris substanti-
§ 384-386] MOTS ACCESSOIRES 190
vement : B. I, 67 adam iya parâb[rta]m patiyàbaram « moi,
j'ai rapporté ce qui était enlevé » (allusion au xsaçam parâbrtam
indiqué 61-62) ; Xerx. Van 18 hauv ... vasaiy tya naibam aku-
nauî « il a fait le bien (qu'on voit réalisé) en quantité » ; B. I,
10 tyaiy d°rayahyà « les gens de la mer » (litt. « dans la mer »)
pour désigner une province.
VII. Mots accessoires.
§ 385. Les mots accessoires, fléchis ou non fléchis, sont
écrits les uns près des mots sur lesquels ils portent, sans marque
de séparation de mots, les autres isolément.
§ 386. Les anciens mots enclitiques sont toujours notés sans
séparation de mots. Il en est ainsi de câ « et » (cf. skr. ca^
gr. T£, lat. qué)^ dont l'emploi n'est du reste pas fréquent, tan-
dis que le mot nouveau utâ, à sens plus fort, est toujours écrit
isolément : B. I, 65 abicaris gaiBâmcâ màniyamcâ vi^biscâ « le
, et les biens et la maison et les » ; B. I, 66
pârsam[c]â mâdam[c]â utâ aniyà dahyâva « et la Perse et la
Médie et les autres provinces » ; Dar. Pers. d 9 vasnà a(h)ura-
maidàha manacâ dàrayavahaus xsâya^iyahyà « par la volonté
d'Ahuramazdâ et de moi Darius roi » .
De même va « ou » (cf. skr. va, gr. -Fz, lat. ue): B. I, 20
xsapavâ raucapativà « ou de nuit ou le jour » ; B. IV, 77
im[â\m dipim imaivâ patikarà « cette inscription ou ces images »
(de même IV, 70-71 et 73); va relie deux phrases B. IV, 68
\hya\ d'Iran) ana ahatiy hyavâ [:(u]rakara ... ahatiy « qu'un
menteur ou qui sera faisant le mal ... ».
La particule ciy (cf. skr. cit) est aussi enclitique ; et il en est
probablement de même de kaiy, dont on n'a pas le correspon-
dant ailleurs. Mais kâ est un mot autonome (sur ces particules,
V. § 336).
•200 FORMES NOMINALES [§ 386-388
Aux pronoms enclitiques skr. me, te, gr. \xo\^ toi, ci, le perse
répond par maiy, taiy, saiy (cf. § 342 et 344), qui sont toujours
ajoutés à un mot précédent sans marque de séparation. De même
sim, sis, sàm sont enclitiques. Mais dis ne l'est pas toujours
(v. § 345). L'accusatif wâw qui répond à la forme tonique skr.
màm est en général écrit isolément ; mais il est une fois lié
à un mot précédent (v. § 34o). Le cas de hacàma « de moi »
est à part : -ma y répond à la forme tonique skr. 7nàt ; mais
p. -ma n'est pas attesté en dehors de ce groupe; et -ma fait
corps avec hacà.
§ 387. En principe, les postpositions sont ajoutées au nom
qu'elles déterminent, sans séparation de mots, tandis que les pré-
positions sont écrites isolément. La postposition -à du locatif
fait toujours corps avec le mot précédent ; il en est de même
de patiy dans raucapati-và « ou le jour », dans hyapatiy « vers
quoi » et dans viMpatiy ; de para dans avaparâ « de ce côté » ;
de adiy dans (h)ufrastàdiy B. IV, 69 ; il faut rappeler aussi
avahyaràdiy « à cause de ceci ». Il est probable que pd^y,
padiy est également une sorte de postposition, signifiant « à la
suite de » (sans doute ancien locatif de pad- « pied » ; cf. gr.
^eâa, arm. het « après ») dans B. III, 73 nipadi[y] t[ya]iy
usiyava « il est parti à leur suite » (pour le poursuivre) et dans
yadipad'\i\y NR. a. 38.
En revanche les prépositions ne sont liées au mot suivant que
dans des locutions toutes faites : pasâva « après ceci, ensuite »
(pasâ + ava) ; f^'raharvam (^f^ra- + harvam^ « en tout » ;
\ia\radraya « au delà de la mer », patipadam « en place ».
Dans tous les autres cas, elles sont notées isolément et ortho-
graphiées comme des mots isolés, ainsi upà màm (v. les
exemples § 369, 365, 366 et 368).
§ 388. Le mot apiy « même », d'ordinaire ajouté à duraiy
« au loin », s'écrit isolément, ainsi Dar. Elv. 18-19; ^^ ^^i*
qu'il y a là un groupe de mots usuel a peut-être entraîné
§ 388-389] MOTS ACCESSOIRES 201
l'absence de marque de séparation dans un cas, où l'ortho-
graphe est du reste visiblement incorrecte, NR. a. 12 d"uria-
piy, duraiapiy, et où l'on est par suite tenté de voir un lapsus
accidentel.
§ 389. Le mot invariable qui sert d'ordinaire à coordonner
des noms est ut a, utà « et aussi, et », qui s'emploie volon-
tiers sous forme répétée : B. I, ^o pasàva kâra haruva hami-
çiya ahava hacâ ka(n)bujiyâ abiy avant [a]siyava utà pàrsa utâ
mâda utà aniyà dahyàva « ensuite l'armée est tout entière deve-
nue rebelle ; de Gambyse elle est passée à lui, et aussi la Perse,
%\ aussi la Médie, et aussi les autres provinces » ; B. II, 74
adanisai[y] utà nàham utà gausà utàh(i)<^:(^bànamf''rà)anam
« je lui ai coupé et le nez et les oreilles et la langue ». Mais
ce n'est pas chose nécessaire : B. II, 81 kàrani pàrsam utà
màdam « l'armée perse et mède ». Dans Dar. Pers. e 10 et
suiv., les provinces sont énumérées par simple juxtaposition;
mais les Grecs dont il est distingué deux espèces sont désignés
par tyaiy (h)uskahyà utà tyaiy dyayahyà « les Grecs du continent
et ceux de la mer » ; puis, après l'énumération de toutes les
provinces occidentales de l'empire, les autres provinces sont
annoncées par utà dahyàva tyà parauvaiy « et aussi les provinces
à l'Orient », et l'énumération par juxtaposition : asagarta,
par^ava ... « la Sagartie, la Parthie, ... », reprend.
CHAPITRE VI
LA PHRASE
Trop peu nombreux et d'une nature trop particulière, les
textes ne permettent pas de faire une théorie complète de la
phrase. On ne trouvera donc ici que des indications toutes
fragmentaires.
I. Phrase nominale.
§ 390. Il n'y a jamais de copule là où celle-ci serait à la
3^ personne de l'indicatif; la copule figure en principe dans tous
les autres cas.
Le participe en -ta- étant encore nettement un adjectif, les
phrases où le verbe se présente sous la forme du participe
(v. § 21 4) ont le caractère grammatical de phrases nomi-
nales.
Voici quelques types de la phrase nominale régulière sans
copule : B. I, 4 = B. a 5 manà pità Vistâspa (<• mon père est
Vistâspa » (et de même dans les autres cas pareils); B. I, i3
imà dahyàva tyâ manà patiyâisa « voici les provinces qui sont
venues à moi » (et de même dans les cas pareils) ; B. I, 27
ima tya manà krtam « voici ce qui a été fait par moi » (deux
exemples dans cette courte phrase); B. II, 19 [vi]darna nània
pàrsa manà ba(n)daka avamsàm maUstam akunavam « un
§ 390-392] PHRASE NOMINALE 20.1
nommé Vidarna, Perse, est mon serviteur ; j'en ai fait leur
chef » (type de phrase fréquent) ; B. II, 27 ava^âsâni hamara-
nam krtam pasâva hauv [kâ]ra hya manâ ka(n)pada nâniâ da-
hyâus màdaiy avadâ màm amâniya (lire amànaya) « un combat
a été ainsi livré par eux; ensuite cette mienne armée — il y
a en Médie une province du nom de Kanpada — là elle m'a
attendu » (deux exemples; il s'en trouve beaucoup d'aiialogues) ;
B. II, 38 hamiçiyà ha{n)gmatâ « les rebelles se sont réunis » ;
^ etc.
'^ § 391 . Il n'y a que deux exemples de astiy et un de ha(iî)tiy
dans les inscriptions ; dans les trois cas, il s'agit d'exprimer
l'existence: B. IV, 1^6 \ap\miaiy aniyasciy vasaiy astiy krtam
« et il y a bien autre chose de fait par moi » ; de même IV, 5i
avaisâm av<ia^^à naiy astiy krtam yaM ... « il n'y en a pas
autant de fait par eux que ...» (le fait que naiy précède astiy,
et non le prédicat krtam, suffit à marquer que astiy indique
l'existence, et n'est pas une copule; cf. § 4o4) ; B. IV, 61
an[iyâha ba]gâha tyaiy ha(n)tiy « les autres dieux qui
existent ».
§ 392. Là où des formes du verbe « être » servent de
copule, elles se placent d'ordinaire immédiatement après le
prédicat ou, si le prédicat est un groupe de plusieurs mots,
après le premier mot du prédicat : B. I, 11 vasnâ a(h)urama:{-
dàha adam xsâya^iya amiy « par la volonté d'Ahuramazdâ,
moi, je suis roi » ; B. I, i4 [a]damsâm xsâya^iya aham « moi,
j'ai été leur roi » ; B. I, 19 ma[n]â ha(n)dakà aha(n)tâ « elles
ont été mes servantes » ; B. I, 45 aita xsaçam hacâ paruviyata
amâxam tati(x)mâyà aha « cette royauté était à notre famille
dès le principe » ; B. II, 18 kàra par sa u[tâ m]âda hya upâ
mâm aha hauv kamnam aha « l'armée perse et mède qui était
près de moi, elle était peu de chose » ; B. III, ^-jo pasâva hauv
mart[iya] hya avahyâ kàrahyà ma^[ista a]ha tyam vahya^dâta
f^râisaya « ensuite cet homme qui était le chef de cette armée
204 LA PHRASE [§ 392-395
que Vahyazdâta a envoyée ... » ; B. e. 5 adam xsa^rita amiy
(x)uvaxstrahya tau(x)mâyâ « je suis XsaOrita, de la famille de
Cyaxare » ; B. IV, 89 dahyâusmaiy duruvâ ahatiy « ma pro-
vince sera solide » ; etc.
§ 398. L'absence de copule dans les cas de ce genre a des
raisons particulières :B.I, i = B.a, i adam dàrayava(b)us
xsâya^iya « c'est moi le roi Darius » est une formule officielle ;
et B. I, 10 = B. a, 16 adam navama « je suis le neuvième »
vient après une phrase ainsi conçue : « huit de ma famille ont
été rois », où figure la copule ; c'est le mouvement général de
la phrase qui dispense ici de l'emploi de la copule.
§ 894. Quand le verbe « être » est en tête de la phrase,
c'est qu'il indique l'existence : B. I, 48 naiy aha martiya naiy
par sa naiy màda naiy amâxam iau(x)mâyâ kasciy hya ... « il
n'y avait pas d'homme ni perse ni mède ni personne de
notre famille qui ... ».
§ 895. Le thème de présent bava- « devenir » se comporte
comme la copule exprimée ; le verbe suit immédiatement le
prédicat : B. I, 60 adam xsàya^iya ahavam « moi, je suis devenu
roi » ; B. II, 79 hanvmaiy hamiçiya ahava « il est devenu
rebelle contre moi » ; B. III, 9 pasâva dahyâus manâ ahava
« ensuite la province est devenue mienne » ; NR. a. 48 adataiy
a:(dâ bavâtiy « et que tu saches » ; etc. Il y a des flottements
quand le prédicat est complexe: B. III, 78 bâbairuviyâ hami-
çiya abava hacâma « les Babyloniens sont devenus rebelles contre
moi » (même ordre B. II, 92) ; mais B. III, 81 kâra bâbairu-
viyâ hacâma kamiçiya abava « l'armée babylonienne est devenue
rebelle contre moi » (même ordre B. II, 6 ; III, 26-27). On
lit B. III, 88 hauv xsâyaUya abava bâbairauv « il est devenu
roi à Babylone » ; même ordre B. I, 76-77 (à côté de B. I, 76
adam (x)uvajaiy xsâya^iya amiy « moi, je suis roi en Susiane »)
et II, 17.
396-398] PHRASE VERBALE
II. Phrase verbale.
§ 396. Dans la phrase verbale, il faut tenir compte du sujet,
du verbe et des divers compléments que le verbe peut éven-
tuellement recevoir.
§ 397. L'ordre usuel est : sujet, complément direct, verbe.
Il arrive que certains compléments autres que ceux mis à l'ac-
cusatif suivent le verbe. Mais en principe le verbe ne com-
mence par la phrase.
Le verbe ne précède les autres éléments de la phrase que dans
un seul cas, la formule souvent répétée : ^âtiy dàrayavaQ])us
xsàya^iya « le roi Darius proclame » ; et de même ^âtiy xsayârsâ
xsâyaBiya « le roi Xerxès proclame » ; mais on sait que la
langue des formules présente des archaïsmes et des dialectismes
(v. § 8 et suiv.).
§ 398. L'ordre le plus usuel est celui qu'on observe dans
des phrases comme B. I, 3o pasâva ka(n)b[ujiya a\vam bar-
diyam avàja « ensuite Cambyse a lue ce Bardya », ou, même
avec un adjectif indiquant la direction, I, 32 pasâva ka(n)bujiya
mudrâyam [asiya]va « ensuite Cambyse est parti pour l'Egypte » ;
B. IV, 5 XIX hamaranà akunavam vasn[â aQj)ura\ma:(dàha
adamHs ajanam utà IX xs[âyaUy]â agrbâyam « j'ai livré 19 ba-
tailles ; par la volonté d'Ahuramazdâ je les ai gagnées ; et j'ai
pris 9 rois » ; B. II, 73 adamsai[y] utâ nàham utà gausâ utâ
h(i)'^:Q>bànam f^àjanam « moi je lui ai coupé et le nez et les
oreilles et la langue ». Il arrive qu'un démonstratif ou un pro-
nom personnel suive le complément direct au lieu de le pré-
céder : B. III, 82 bâbairum hauv agrbâyatâ « celui-ci s'est em-
paré de Babylone » . Mais il est rare qu'un complément direct
suive le verbe ; c'est sans doute le parallélisme des deux verbes
(v. § 4o6) qui a entraîné cet ordre exceptionnel : B. III, 4
206 LA PHRASE [§ 398-399
pasàva vistàspa ayasatà avant kâram asiyava « ensuite Vistâspa
a pris avec lui cette armée ; il est parti » . Même deux accusatifs
sont mis avant le verbe NR. a 53 aita adam a(h)urama:(dàm
jadiyàmiy « je demande ceci à Ahuramazdâ » ; une grosse addi-
tion, groupée avec a(h)uramaxdàmj détermine sans doute le
changement de cet ordre usuel dans : Dar. Pers. d 20 aita adam
yânam jadiyàmiy a(h)urama:(dâm hadà vH^his hagaihis « je
demande cette faveur à Ahuramazdâ avec les dieux » ;
enfin tous les compléments sont après dans B. I, ^6.
§ 399. Les compléments autres que le complément direct
peuvent se trouver soit avant soit après le verbe, de sorte que le
verbe figure souvent à la fin, mais aussi parfois à l'intérieur de
la phrase. Des phrases comme les suivantes sont courantes :
B. II, 4 pasàva avam nadi{n)tabairam adam bàbairauv avàja-
[nam] « ensuite j'ai tué ce Nidintubel à Babylone ». Le mot de
la phrase qui est à l'initiale semble être en évidence ; c'est sur
Ahuramazdâ qu'insiste Darius dans : B. I, 11 va[snà] A(J])u-
ramà/^dàha adam xsàya^iya amiy aQj)urama:(dà xsaçam manà
f^'ràhara « par la volonté d' Ahuramazdâ, je suis roi ; Ahura-
mazdâ m'a remis la royauté » ; et c'est sur « moi » qu'in-
siste Darius dans : B. I, 18 vasnà a(h)urama:(dàha ma\n\à
ba(n)dakà aha(n)tà manà bàjim abara(n)tà « par la volonté
d' Ahuramazdâ, elles ont été mes servantes ; à moi elles ont
apporté tribut ». Le fait de placer un complément après le
verbe paraît être aussi un moyen de le mettre en relief ; ainsi
gà^avà « en place » , qui est inexpressif, précède le verbe dans
B. I, 62 adamsim gà^avà avàstàyam « je l'ai mis en place » (de
• même NR. a 36 avec niyasàdayam) ; dans l'exemple cité de B. II,
4, bàbairauv n'a pas d'importance; c'est au contraire un mot
essentiel dans B. I, 78 hauv udapatatà bàbairauv « il s'est sou-
levé à Babylone ». On a de même B. II, 64 pasàva adam
nijàyam hacà bàbairaus asiyavam màdam ya^à màdam paràra-
sam ... « ensuite j'ai quitté Babylone; je suis parti pour la
§ 399-400] PHRASE VERBALE Î07
Médie ; quand j'ai été arrivé en Médie ...» (on notera la place
difierente de mâdam dans la première phrase, où une chose
nouvelle est indiquée, et dans la seconde, où la conséquence du
fait précédent est donnée). Dans B. IV, 3 ima tya adam akuna-
vam vasnâ aQi)ura\fna:(d\âha hamahyâyâ Oarda « voici ce que j'ai
fait par la volonté d'Ahuramazdâ en une même année », ima
sert à annoncer le résumé qui suit et dit quelque chose de nou-
veau ; l'ordre est autre, moins expressif, dans la conclusion
B. IV, ^o ima tya adam akunavam vasnâ a(^h)urama:(dâha
[ha]ma[h]yàyâ Barda akunavam « voilà ce que j'ai fait; je l'ai
fait par la volonté d'Ahuramazdâ en une même année ». Deux
compléments de lieux essentiels suivent le verbe dans : B. III, i
pasâva adam kâram pârsam /""ràisayam ahiy vistâspam hacâ
ragâyâ « ensuite j'ai envoyé l'armée perse de Ragâ vers Vistâspa » .
Ce n'est pas seulement la présence d'une phrase relative, c'est
sans doute aussi l'importance de l'indication qui décide de la
place du second complément dans B. I, 83 pasâva adam hâhai-
rum asiyavam abiy avam 7iadi{n)tabairam hya nabukudracara
aga[uba]tâ « ensuite je suis parti pour Babylone vers ce Nidin-
tubel qui se disait Nabukudurri-usur ». Le mot expressif z/ûf^ary
se trouve plusieurs fois en fin de phrase, ainsi B. I, 88 [a]vadâ
uvam kâram tyam nadi(n)tabairahyâ adam ajanam vasaiy « là
j'ai battu cette armée de Nidintubel beaucoup ».
Toutefois il ne faut pas chercher des raisons d'expression
dans tous les cas où un complément est après le verbe ; on ne
voit pas quelles raisons autres que l'équilibre de la phrase ont
pu décider de l'ordre dans : B. IV, 3i imaiy IX xsâya^iyâ [ada]m
agrbâyam a(n)îar imâ hamaranâ « j'ai pris ces 9 rois dans ces
combats ».
§ 4oo. Un adjectif prédicat apposé au verbe dans la phrase
verbale précède le verbe : B. I, 43 ka(n)bujiya (x)iivâmrsiyus
amariyatâ « Gambyse est mort de sa propre mort » ; B. I, 82
hauv aç[i]na ^basta anayatà a[biy m]âm « cet Açina m'a été
208 LA PHRASE [§ 400-402-
amené lié » ; Xerx. Van 22 dipim naiy nipistâm akunaus « il
n'a pas fait écrire l'inscription » . -
Observation générale.
§ 4oi, Soit dans la phrase nominale, soit dans la phrase
verbale, l'ordre des mots est réglé par des usages sensiblement
constants. Mais il n'y a guère de règles absolues; l'ordre de&
mots ne sert en rien à exprimer les fonctions grammaticales.
Une différence très menue de l'effet expressif cherché suffit à
faire changer l'ordre des mots. Dans des phrases qui semblent
exactement comparables, on observe parfois des ordres diffé-
rents : B. IV, 72 ya[diy] imâm di[pim] vainàh(i\y\ imaivâ pati-
karâ naiydis vikanàh({)[y] « si tu vois cette inscription ou ces
images, et que tu ne les détruises pas », et B. IV, 77 yadiy
im[à\m dipim imaivâ patikarà vainàh(î)y vikanàh(i)dis « si tu
vois cette inscription ou ces images, et que tu les détruises ».
III. Mots accessoires de la phrase.
i** Règle de la place des petits mots accessoires.
§ koi. Les pronoms personnels atones et les anaphoriques
ont conservé la place qu'ils avaient en indo-iranien, immédiate-
ment après le premier mot de la phrase, ainsi : B. II, 76 haru-
vasim kâra avaina « toute l'armée l'a vu ».
On ne voit pas qu'aucune particule portant sur toute la
phrase vienne encore occuper cette place après le premier mot.
Toutefois l'ordre imaivâ patikarà « ou ces images », avec va
tombant sur le premier élément du groupe de mots, est ancien.
Aparam « par la suite » vient après le relatif hya « qui » dans
tous les cas où l'on rencontre cet adverbe.
Il arrive que le nominatif adam « moi » figure à l'intérieur
de la phrase comme s'il était un mot accessoire ; mais ceci
§ 402-403] MOTS ACCESSOIRES 209
marque seulement que ce « moi » n'est pas en évidence, et qu'il
est faiblement accentué ; cela ne va pas jusqu'à en faire un petit
mot accessoire comme les pronoms atones enclitiques indiqués
ci-dessus.
2" Négations.
§ 4o3. Il y a deux négations, l'une ni y, naiy (cf. zd nôi^,
skr. net, p. ni) pour la phrase déclarative, et l'autre ma, ma
(cf. skr. ma, zd ma, p. ma) pour la prohibition.
§ 4o4. naiy.
naiy est une négation forte, toujours autonome et qui est pré-
cédée et suivie d'un signe de séparation de mots. La force
de naiy se marque en ceci que c'est le mot employé pour signi-
fier « ni » . Toutefois la négation est par nature un mot acces-
soire ; elle précède le verbe dans les phrases verbales, le prédi-
cat dans les phrases nominales et ne tombe sur le sujet ou sur
un complément qu'au sens de « ni ». Voici quelques exem-
ples :
B. I, 48 naiy aha martiya naiy par s a naiy màda naiy amâxam
tau(x)mâyà kasciy hya ... « il n'y avait pas d'homme ni perse,
ni mède, ni personne de notre famille, qui ... ».
B. I, 52 adam naiy bardiya amiy hya kuraus puça « je ne suis
pas Bardiya, le fils de Cyrus ».
B. I, 53 kasciy naiy adrsnaus cisciy ^astanaiy « personne
n'osait rien dire ».
B. II, 2 G avam kâram tyam mâdam jatâ hya manâ naiy gau-
hataiy « battez cette armée perse qui se déclare non mienne »
(la négation précède, non manâ sur laquelle elle porte pour le
sens, mais le verbe gaubataiy).
La négation naiy s'emploie avec le subjonctif aussi bien
qu'avec l'indicatif, ainsi :
B. IV, 73 ^û![^/3'] iynàm dip[im] vainàh(i)[y] imaivâ patikarà
naiydis vikanâh(î)y « si tu vois cette inscription ou ces images,
et que tu ne les détruises pas » .
i4
210 LA PHRASE [§ 405-407
§ 4o5. ma.
La négation ma se trouve avec l'injonctif (v. § 222) et avec
l'optatif (v. § 231-282). On notera le tour Dar. Pers. d 18 abiy
imâm dahyàum ma ajamiyà ma ha[i]nâ mû dusiyàram [m]â
d^rauga « que sur ce pays ne vienne ni l'armée ennemie ni la
mauvaise récolte ni le mensonge ». Avec le subjonctif, on ne
rencontre que le groupe mâtya (v. § An), et alors la négation
est reprise le cas échéant par naiy^ ainsi B. IV, 49. •
3® Coordination.
§ 4o6. Le perse use peu de moyens de coordination entre les
phrases ; d'ordinaire les phrases sont simplement juxtaposées ;
le lien, quand il y en a un, est le plus souvent exprimé par le
démonstratif hauv^ ava- ou par ses formes adverbiales avadâ,
ava^à (v. § 329), ou par pasâva (j)asa -\- ava) « après ceci,
ensuite ». Voici des exemples caractéristiques de phrases juxta-
posées sans aucun élément de jonction :
B. II, 2 pasâva nadi(n)tahaira hadà kamnaibis asahàraihis
am[uBa bâ]bairum asiyava « ensuite Nidintubel avec peu de
cavaliers est parti ; il s'est mis en marche vers Babylone » .
B. IV, 8 [hauv ad]urujiya avaBâ a^aha « il a menti ; il a
parlé de la manière suivante » .
B. IV, 77 yadiy im[â]m dipim imaivâ patikarà vainâh(i)y
vikanâh(i)dis « si tu vois cette inscription ou ces images, si tu
les détruis ».
Il y a toute une série de phrases négatives parallèles dans
B. IV, 63 naiy ari[ka] aham naiy d'^raujana aham naiy ^urahara
aham [naiy a]da[m na]imaiy tau{x)mà « je n'ai pas été hostile,
je n'ai pas été menteur, je n'ai pas été malfaisant, ni moi, ni
ma famille » ; on observe ici une série de juxtapositions, et la
façon dont naimaiy tau(x)mâ est ajouté est caractéristique.
§ 407. Le seul mot non fléchi qui serve à la coordination
des phrases est celui qui signifie « et » avec force (l'ancien câ,
§ 407-409] SUBORDINATION 211
enclitique, étant faible): ut a, utà « et aussi, et », ainsi:
B. II, 3 pasâva adam bâbairum asiy avant [vasnâ a(h)ura-
ma:(d]âha utà bâbairum agrbâyam utà avant nadi(n)taba[iram
agrbâya\m « ensuite je suis parti pour Babylone par la volonté
d'Ahuramazdâ, et j'ai pris Babylone et j'ai pris ce Nidintubel ».
L'exemple suivant montre comment utà sert à distinguer
deux séries d'événements :
B. II, 87 kàra hya ntanà avatn kâram tyam hamiçiyam a] a
utâ ciça(n)taxmant agrbâya anaya abiy mâm pasâvasaiy adam
utà nàham utà gaiisà f'^ràjanant « mon armée a battu cette armée
rebelle ; et aussi elle a pris Ciçantaxma, elle me l'a amené ;
ensuite je lui ai coupé et le nez et les oreilles ». On notera ici
les deux événements contemporains réunis par utà « et aussi »,
les deux faits liés, marqués par simple juxtaposition ; enfin la
succession marquée par pasâva.
En somme utà est un mot à sens fort, et ne peut être traduit
par « et » que d'une manière un peu inexacte.
Le mot ada, adà « alors » est au début de quelques
phrases, ainsi NR. a 43 et 45 (ada-taiy « alors à toi »), et, avec
-kaiy B. II, 11, etc. ; mais il a son sens plein de « alors » ; on
trouve du reste le groupe adakaiy « alors » à l'intérieur d'une
phrase relative B. IV, 81.
IV. Subordination.
§ 4o8. La subordination est marquée soit par hya, tya- (cf.
§ 33 1) en fonction de relatif et par le neutre tya au sens de
« que », soit par des conjonctions appartenant au thème de
l'ancien relatif y a- (v. § 33 7).
i** Phrases relatives.
§ 409. Les phrases relatives du perse sont de types très
divers.
212 " LA PHRASE [§ 409
Il y en a de toutes simples, comme dans le type très fré-
quent : ^
B. IV, 3 ima tya adam akunavam « voici ce que j'ai fait ».
Ou:
B. I, 5.1 kàram vasaiy avàjaniyà hya paranam hardiyam
adânà « il pourrait tuer en quantité le peuple qui connaissait
Bardiya auparavant ».
Très souvent l'antécédent est accompagné du démonstratif
hauv, ava- ; et alors l'antécédent peut ou suivre ou précéder la
phrase relative :
NR. a. 2 G tyasâm hacàma a^ah(i)y ava \a\kunava « ce qui leur
a été commandé par moi, ils l'ont fait » ; de même ib. 36 \tya\-
sàm adam a^aham ava akunava « ce que je leur ai commandé,
ils l'ont fait ».
B. III, 58 vivânam jatâ utâ avant kàram hya dârayavahaus
xsâyaUyahyà gaubataiy « battez Vivâna et cette armée qui se dit
l'armée du roi Darius ».
B. II, 20 avam kàram tyam màdam jatà hya manà naiy gau-
bataiy « battez cette armée mède qui ne se dit pas mienne » .
Le substantif antécédent est exprimé près de la phrase rela-
tive, et au nominatif, puis repris par le démonstratif dans la
phrase principale dans des cas tels que le suivant :
B. II, 3o kàra hya hamiçiya manà naiy gaubataiy avam [jad]iy
« l'armée rebelle qui ne se dit pas mienne, bats-la » (cf.
§ 2^2).
Souvent la phrase relative est enchâssée dans la principale :
B. II, 66 avadà hauv fravartis hya màdaiy xsàyabiya
agaubatà ais « là est allé ce Phraorte qui se disait roi en
Médie ».
Là où le démonstratif figure après la phrase relative, l'anté-
cédent peut être tenu pour appartenir à la relative dans un cas
tel que :
B. II, 18 kàra par sa u[tà m]àda hya upà màm aha hauv
§ 409-410] SUBORDINATION * 213
kamnam aha « l'armée perse et mède qui était près de moi,
elle était peu de chose ».
Le verbe de la phrase relative peut être un subjonctif :
B. IV, 38 mart\iya hya d^rauYjana ahatiy avant (h)ufrastam
prsâ « l'homme qui sera menteur, punis-le bien puni ».
B. IV, 4i tuvam kâ hya uparam imàm dipi[m] patiprsàh{i)y
tya manâ vrnavatâm buvant « toi qui à l'avenir interrogeras
cette inscription, crois à ce que j'ai fait ».
Dans la phrase suivante, le pronom accessoire maiy, ajouté
à utà^ premier mot de la phrase (§ /ioy), se trouve précéder
tya :
Xerx. Pers. a i3 vasaiy aniyasciy naibam krtam anâ par sa tya
adam akunavam utamaiy tya pitâ akunaus « beaucoup d'autre
bien a été fait dans cette Perse, que j'ai fait et que mon père a
fait ».
La conjonction tya.
§ 4io. La forme tya de nominatif-accusatif neutre singulier
du relatif tya- sert en quelque sorte de conjonction équivalant
à « que » dans trois ou quatre exemples ; le sens ancien de
« ceci » est toujours visible, et l'équivalence avec « que » est
un fait de traduction plus qu'elle n'exprime la valeur exacte de
tya dans la langue.
B. I, 3i kârahy[â naiy] a:(dâ abava tya bardiya avajata « il
n'a pas été connu de l'armée que Bardiya avait été tué » (litté-
ralement : « à l'armée il n'y a pas eu nouvelle, ceci : Bardiya
a été tué »).
B. I, 52 mâtyamâm xsnâsâtiy tya adam naiy bardiya amiy
« qu'elle ne me reconnaisse pas (et ne voie pas) que je ne suis
pas Bardiya (litt. « qu'elle ne me reconnaisse pas, ceci, je ne
suis pas Bardiya »).
B. IV, 34 d^rauga di[s hamiçiy]â akunaus tya imaiy kâram
adurujiyasa « le mensonge les a rendus rebelles en ce qu'ils ont
trompé Tarmée ».
214 LA PHRASE [§ 410-413
Il y a sans doute aussi un exemple dans une phrase mutilée
NR. a 38-39 ; on y voit tya annoncer une proposition directe.
§ 4ii- La forme tya est liée à ma, sans séparation de mot,
et le subjonctif suit, dans certaines phrases prohibitives :
B. I, 52 màtyamâm xsnàsàtiy « qu'elle ne me reconnaisse
pas ».
B. IV, 43 màtya [d''rau]jiyâh(i)y « ne le tiens pas pour un
mensonge ».
B. IV, 71 màtya vilanâh(i)y « ne (les) détruis pas » est con-
struit parallèlement à l'impératif pari\ba\rà « conserve (les) » .
Il y a encore un exemple B. IV, 48 et suiv., mais où la forme
du verbe est mutilée.
Il n'y a de subjonctif avec ma que si tya suit ainsi ma
immédiatement.
1^ Phrases précédées de conjonctions.
§ 4 12. Les conjonctions, dont aucune n'a survécu en persan,
mais qui sont ou indo -iranien nés ou de type indo-iranien (cf.
§ 337), sont toutes dérivées de l'ancien relatif j'û^- ; leur carac-
tère relatif est encore visible partout.
§ 4i3. a. yaBâ.
ya^à « comme » a pour corrélatif ava^à « ainsi », qui se
trouve souvent dans la phrase principale.
B. I, 23 yaBâsàm hacâma a%ah(i)y [a]va^â akunavayatâ
« comme il leur a été ordonné par moi, ainsi il a été fait ».
B. I, 70 ava()à adam hamataxsaiy ... ya^à gaumâta hya ma-
gus vi^am tyâm amàxam naiy parâhara « j'ai fait en sorte ... que
Gaumâta le mage n'ait pas eu supplanté notre famille ».
La présence du corrélatif ava^à n'est pas de rigueur :
B. V, 28 avadà aniyam ma^is[tam ak]unavam ya[M mâm
¥]âma aha « j'ai fait là d'un autre leur chef comme je l'ai
voulu ».
La conjonction ya^)â sert à exprimer la succession dans le
§ 413-414] SUBORDINATION 21l{
temps (comme le fr. comme), souvent avec pasâva « après
ceci, ensuite » :
B. II, 32 yaM arminam par arasa pasâva [hamiç]iyâ ha(n)g-
matà « lorsqu'il a été arrivé en Arménie, ensuite les rebelles se
sont réunis ».
B. IV, 3 ima tya adam akunavam ... pasâva yaM x\sâya^iyd\
ahavam « voici ce que j'ai fait après que je suis devenu roi ».
Mais pasâva n'est pas nécessaire :
B. I, 3i ya^â ka(n)bujiya hardiyam avâja kârahy[â naiy] a:(dâ
abava tya hardiya avajata « quand Cambyse a tué Bardiya, le
peuple n'a pas su que Bardiya avait été tué » .
§ 4i4- h. yadiy.
Au sens de « lorsque », yadiy se construit avec l'indicatif
dans un exemple :
B. I, 37 viyaxnahya mâh[yâ] XIV raucabis ^akatâ ah a yadiy
udapatatâ « c'était le 1 4 du mois de viyaxna quand il s'est ré-
volté ».
Mais yadiy signifie « si » et se construit avec le subjonctif
dans la plupart des exemples clairs qu'on possède, lesquels
sont du reste peu nombreux :
B. IV, 57 yadiy imâm hadugâm apagaudayâh(i)y naiy f)âh(i)y
[k]âra[hyâ] a(h)urama:(dâtay jatâ biyâ (( si tu caches cette
, que tu ne la proclames pas au peuple, qu'Ahuramazdâ
te détruise ».
B. IV, 77 yadiy im[â]m dipim imaivâ patikarâ vainâh(t)y
vikanàh(i)dis ... [nai]ydis paribaràh(i)y a(h)urama:(dâtaiy jatâ
biyâ « si tu vois cette inscription ou ces images, que tu les
détruises, ... que tu ne les conserves pas, qu'Ahuramazdâ te
détruise ». •
Dar. Pers. e. 19 yadiy avaM maniyâhay hacâ aniyanâ ma
[t]rsam imam pârsam kâram pâdiy yadiy kâra par sa pâta ahatiy
hyâ duvais[ta]m siyâtis axsatâ hauvciy a(h)urâ nirasâtiy abiy imâm
vi^am « si tu penses ainsi : je ne veux craindre personne autre.
216 LA PHRASE [§ 414-417
protège cette armée perse ; si Farinée perse est protégée, que ce
bien-être indestructible descende sur cette famille ».
Peut-être y a.-l-i\ yadiy sivecVoipiaiiiî vinà^ayais NR. b. 20-21,
dans un parrage très mutilé. Les exemples de yadty avec le
subjonctif, tous dans des phrases exprimant un vœu, ne per-
mettent pas d'affirmer qu'il n'y ait pas d'autre construction.
§ 4i5. c. yàtâ.
On a yâtâ « jusqu'à ce que, tant que », avec l'indicatif, dans
plusieurs exemples ; ainsi :
B. I, 25 a(h)urama:(dâmaiy upastâm abara yâtà ima xsaçam
ha[ma]dârayai[y] « Ahuramazdâ m'a prêté secours jusqu'à ce
que j'aie eu pris possession de cette royauté ».
B. II, 6 yâtà adam hâhirauv aha[m imâ dahyàva] tyâ hacàma
hamiçiyà ahava « durant le temps que j'étais à Babylone, voici
les provinces qui se sont révoltées contre moi ».
B. II, 48 pasàva dâdrsis cita niâm amûnaya ar\niï\ni\ya\iy
Yy^âtà adam arasam mâdam « ensuite Dâdrsi m'a attendu en
Arménie jusqu'à ce que j'aie été arrivé en Médie ».
B. IV, 5o tyaiy paruvà xsâya^)[iyà y]âtà aha avaisàm av\jè\â
naiy astiy krtamya^à ... « tant qu'ont été ces anciens rois, il n'y
a pas eu autant de fait par eux que ... ».
§ i4i6. d. yâvâ.
Les exemples avec yâvâ « jusqu'à ce que » sont peu variés ;
ils se trouvent près de phrases principales au subjonctif ou à
l'impératif; dans les exemples clairs, peu nombreux, on a le
subjonctif, qui peut dépendre du mouvement général de la
phrase, ainsi :
B. IV, 77 yadiy ... utâtaiy yâvâ tau[m]â ahati[y] [nai]ydi^
parîbarâh(i)y « si ... et que, tant que tu en auras la force, tu
ne les conserves pas ».
§ 417. e. yanaiy.
L'exemple qu'on possède, Xerx. Van 22, ne permet pas de
tirer des conclusions précises.
418] INFINITIF Î17
V. Infinitif.
§ 4i8. L'infinitif est toujours dépendant d'un verbe; tous
les exemples qu'on a sont d'un seul type :
B. I, 53 kasciy naiy adrsnaus cisciy bastanaiy pariy gaumàtam
tyam magum « personne n'osait rien dire contre Gaumâta le
mage ».
B. II, 32 et 38 hamiçiyà ha(n)gmatâ paraità patis dâdrsim
hamaranam cartanaiy « les révoltés se sont réunis, ils sont allés
livrer bataille contre Dâdrsi ».
Dar. Sz. c. 8 ni[yas]tàyam iniâm [yauviyâ]m ka(n)tanaiy
« j'ai fait creuser ce canal ».
Xerx. Van 23 adam niyastâyam imâm dipim nipaistanaiy
« j'ai fait écrire cette inscription ».
INDEX DES MOTS ÉTUDIÉS
Les thèmes verbaux sont cités sous la racine.
Les verbes munis de préverbes se trouvent aussi sous la racine.
Les noms et pronoms sont cités sous la forme du nominatif singulier, ou, à
défaut du nominatif, sous l'une des formes attestées : accusatif singulier,
génitif singulier, etc.
L'ordre alphabétique adopté est celui de l'alphabet sanskrit ; les spirantes
figurent après les occlusives correspondantes. Les diphtongues sont rangées
sous les voyelles simples : aiva est donc sous a .
Il n'est tenu compte que des consonnes attestées en fait; (h)ii- et (x)u-
figurent donc sous u-.
On n'a pas renvoyé à toutes les citations de chaque mot, mais seulement aux
pages où quelque indication particulière est donnée sur le mot cité.
Les chiffres renvoient aux pages.
A
a- (négatif) i/ig.
a- (augment) ii4.
a- (préverbe d-) i3i.
-d (postposition) 78, 192.
aita (nom. ace. sg. n.) 5o, 171.
aivam (ace, sg.) 16, 5o, il\i, i/i4,
173.
a(h)urâ (instr.-abl. sg.), a(h)urahya
(gén. sg.) 17, 68, 81, i43, i55.
a(h)uramaidâ 17, 69, 86, i46, 162,
161.
a(h)urama:(ilâha,a(h)uramaidàhd
i3, 161.
axSatâ (nom. sg. fém.) 112, i5o.
a(n)tar 85, 186.
atiy i3i.
a^a(n)gaina 55, 1/40.
a^iy 56, 186.
a^urd 55, i38.
a^uriya iSg.
açiyâdiyahya (gén. sg.) 57, 91, iSg.
ada- 79, 211.
adakaiy 79,174,211.
adam i5, 67, 84, 124, 175, 208.
mâm 78, 175, 176, 200.
ma (hacdmd) 78, 178, 200.
manâ 71, 79, 176.
tnaiy 5o, 78, 177, 200.
vayam 73, 124, 176.
amàxam 177.
adiy 192, 200.
adukanisahya (gén. sg.) 5i.
and (abl. instr.), v. iyam.
aniya 86, i4o, 172.
aniyâha 7, 157.
aniyaiciy 86, 172, 174.
aniyà{x)uvâ 1^7.
aniiv 192 (Errata).
anuUya i4o.
apa- i3i.
apataram i43,
apanyâka 22, i5i.
aparam 54, ï43, 208.
apriyay 3o.
api- 45, i38,
api) 81, 200.
ahiy 66, i3i, 186.
ahicaris i46.
220
INDEX DES MOTS ÉTUDIÉS
ayadanâ (nom. ace. plur. n.) 91,
i/ii, i52.
arakadrïs 76.
arika 38, \l\l\.
ariya i5o.
ariyaciça \[\Z, i5o.
artaxSaçâ 20.
artavardiya 49, 68, i4o.
ardaxYcasca 19.
ardastâna i5i, i83.
arbairâyà (loc s g.) 72.
arniina 46.
arminiya 46, 189.
arUihara ÇrUihard) i36, 147, 149.
arsâma 49-
arstâm Çrstàm) [ace. sg.] 49, 62, 93.
flrl/w (Vi/w) 49, 63, 147, i83.
aî/fl (nom. ace. sg. n.); v. Z;aMZ/.
flz^a- (préverbe) 78, i3i.
avâ, 1. ava^â, 3o.
ava^d']^, 166, 170, 210, 214.
ai;û(fi/â (avada-) 79, 166, 170, 210.
avadaS (?) 166, 190.
avapard 187.
avahanam (nom. aec. sg. n.) i4i,
l52.
a5flm (ace. sg.) 5, 58, 84, i35.
asagartiya 139.
asabârab, 44, 58,91, i35, i36, 149.
aj/Jût- 6, 25, i35.
aspacanâ 25, 162.
asmânam (acc. sg.)58, 91, i45, 160.
a^dâ 59, i38.
asnaiy (loc. sg.) 61, i4i, i56.
ah' : a(h)miy, ah(t)y, astiy, amah(t)y,
ha(n)tiy 58, 70, 92, 96, n3,
I i4, 2o3.
aham, aha, aha(n)td 45, 80, 97,
106, ii5, 116, 117, 119.
ahatty 16, 70, 97, 121.
i- 97, i3i.
aitiy 5o, 92, 97.
aU,aiia 5i, 97, ii5, 116, 118.
avec préverbes :
a-: aya(fi)td 118, 119.
atiy- : atiyâisa 5 1 .
upariy-: upariyâyam 116.
nij-: nijâyam^li: 87, ii5, 116.
patiy- : patiydUa 11 5.
para-: paraidiy 84, 92, 120.
paraitâ 84, 92, 108, 120.
idà 46, 168.
ima (v. iyam)
iyctm (nom. sg. fém.) 166 (flexion),
168 (emploi).
imam 166 et suiv.
ima 167.
imdm 167.
imaiy i5, 81.
imà 168.
imaisàm i5, 168.
anâ 168.
ahyâyà i5, 167.
iS-
avec préverbe /am- : J^râiSayam 5i,
61, io3, ii5.
frrâisaya 117.
t;
(^)a.- 149, i5i.
Q])uàahna i46, 161 (et Errata).
utâ(uta-)iS, 17, 80, 199, 201, 211.
utd a 47.
«rf- (préverbe) 87, i3i.
upâ 186.
upariy i3i, 186.
upastdm (ace. sg.) 187.
ufrâtuvd (loc. s g.) i64-
(h)ufraStam, (h)tifrastam (ace. sg.) i3,
56, 62, 63, 92, 112, i5i.
(h)ufrastd Q.OC. sg, ?) 63, 147, i64,
192, 200.
(h)ubrtam (ace. sg.) 112, i5i.
Q])umariiyam (ace. sg.) 6, 83, i5i.
(x)uvàipaHyam (ace. sg.) 5i, 62, 68,
189, i5i, i53.
{x)uvaxïtrahyà (gén. sg.) 57.
(x)uvajiya iSq.
(x)uvdmrsiyus 48, 62, 76, 77, 85,
94, i48, i5o.
(x)uvdra^mis 69.
(x)uvâra:(miya i3q.
(h)uvaspam(Acc. sg.) 6, .83, i5i.
usihiyd (\.n?>\x . du.) i64.
usahârim (ace. sg.) 58, 91, i47, i49-
(h)uskahyâ (gén. sg.) 47, 61, 68, i44-
tiimayà 60, 80, 191.
K
H 174.
kaiy 78, 174.
kaufa 52, i35.
^an- 97.
ka(n)tanaiy 108.
INDEX DES MOTS ÉTUDIÉS
2ii
akâniy io6.
avec préverbes :
ni-: nika(ti)ttw 97, 120.
vi-i vikanâh(i)y']0, 82,97, 122,
128.
viyaka 97, 116.
ka(n)bujiya 65, 71.
kâma 44, 91, i36, i85.
kamnam(nom. ace. sg. n.) 54, i4i,
194.
kar-Q, 92, 94, 97, io5, 126.
kunautiy 16, 49, 52, 98, ii3.
kunautuv 120.
akunavam 116, 127.
akunaus 87, 106, 116.
akunava 117.
akiinavayatà 16, 98, 103, 119,
125.
hinavâh(t)y 16, 122.
akumâ^'j, 117, t34, 127.
akutâQ'], 119, 124, 127.
caxriyâ 16, 94, 106, 112, 128.
akariya(n)tâ 16, 102, 120, i*i5.
cartanaiy 92, 94, 108.
krta 48, 109.
-kara- i36.
^aj'â')' i6, 63, 86, 94, 173.
cisciy 16, 86, 94, 173.
kâra i35, 180.
kuruS i63.
X
xaiida- (dAns tigraxaudd) i35.
xsa\rita 57.
xSaçam 57, 61, 84, i^3, 1S2.
xÈaçapdvâ 43, 92, i46, i5i, 160.
A'^o/Ja (g*^'"- sg.) 55, 86, i35.
xsàya^iya 77, i4o.
xSayârsà 43, 163.
Xi/- 188.
avec préverbes :
pati-: patiyaxlayaiy 100, 119,
125, l32.
upari-: iipariyaxsayaiy 100, 119,
125.
xsnà- 60.
xsndsâh(i)y, xsnâsâtiy io3.
ûJflwâ 67, 99, 116.
gai^âm (ace. sg.)5i, 55, 98,94, i45.
gaubruva 52.
gausâ (nom. ace. plur. et du.) 52,
66, i36, i58.
gâ^um (ace. sg.) 56, i48.
gàhavà (loc. sg.) 164.
gan-^ V. jan-.
gam- 93, 94.
avec préverbes :
à- ajamiyd 94, 98, 128.
para- : parâgmatâ 66, 84, 98,
109.
ham-: ha(n)gmatâ 98, 109, 182.
garmapadahya (gén. sg.) i36, i5i.
gaM (nom. sg. fém.) iia, 187.
gud- 67.
avec préverbe :
apa-: apagaudaya 52, io4, 116,
188.
apagaudaydUJ)y io4, 121.
giib-
gaubataiy ^2, 100, ii4.
gaiibdtaiy 122, 129.
agaubatd iili, 119, 126.
agrhdyam 48, 78, 10 1.
agrbdyatd 119, 120, 124.
agrbàya 117, 118, 124.
avec préverbe :
a- : agrbita 109.
m 64, 78, 199.
cartanaiy, v. ^a«-.
ci(nyixrais (gén. sg.) i63.
a/â 64, 174-
«V^- (dans ariyaciça) i48, i5o.
ciça(n)taxma k(\y 57.
«^82, 85, 86, 178, 199.
ciyàkaram 77.
rw-, cisciy v. kasHy.
caÇhyspiS 70.
ca(h)ispaiS 89, i63.
/
ya/à i45, 160, i85.
;^i- 65, i85.
jadiydmiy 10 1.
;am-, v. gam-.
;aw-65, 98, 97.
jadiy 97, 120.
jatd 97, 120.
INDEX DES MOTS ÉTUDIÉS
ajanatn 85, 97, 116.
a;a87, 97, 116.
ajana 117.
avec préverbes :
ava- : avajata 109, 1 1 1 ,
ava-â- : avâjanam, avdja 1 1 1 ,
I 16, 182.
avâjaniyâ 128, 182.
pati- : patiyajatd 119, 12b.
f^ra- : fHàjanam 116.
;/- : 46.
j/t'à 98, 94, io5, 120.
jiyamnam 107.
nvahyâ (gén. sg.) 46, i42.
/^«(jc) w (famille) 5 2 , 1^2, 188.
taumâ (force) 52, i42, 1/16.
takabarâ (nom. plur.) i36, 149.
taxma- 142.
taxmaspâda 56, i42, i52.
/axï- 56, 61.
avec préverbe :
ham- : hamtaxsataiy 71, 100.
hamataxsaiy, hamatax^atâ
100, ii4, 119, 120, 182.
tacaram (ace. sg.) 64, i43, 188.
tar-
avec préverbe :
f^ra- : f^ratarta.
vi- : viyatarayam, viyatarayàmà
117.
taradraya 54, 78, i52, 186.
^î^m 72.
^/^rfl- i43.
tigraxaudab2, 54, i35, i43, i5o.
tuvam 176, 177.
iiuvâm 56, 75, 77, 176.
/arv 38, 78, 82, 177, 200.
tya, V. hya.
trs- (racine drah-).
trsatiy 48, 59, 108, 11 3.
trsavi 108.
atrsam io3.
atrsa 117, n8.
e
MîgrcaiS (gén. sg.) 48, 5i, 55, 147,
i53, 168.
Qakaiam, Oakatâ 191.
^atagtis 55, 74.
(ia(n)d-
Qadayâ io4, 122.
- Qadaya 117.
Qadayâmaiy 122.
Oa;Ja(gén. sg.) 55, 71, i35, 162.
Oa(«)/j-
Oâ//)' 55, 70, 100, 118, 2o5.
a a(n)ham, a^a(n)ha 70, 100,
1 15, 117.
Mh(i)y 71.
Oahydmah(i)y 102, 11 3.
a^ahiy 102, 106.
dastanaiy 108.
Oiixrahyâ (gén. sg.) 26, i53.
Qura- i48.
duravàharahya (gén. sg.)55, 91, i48,
i5i, i58.
Ç
çâ- (ou f /- ?)
avec préverbe :
ni- : niyaçârayam io4-
çitiyam 57, 77, 189.
D
^â- (donner) 44-
daddtiiv 81, 98, 120.
^à- (placer) 9, io5, 126.
adadd 98, 1 16.
add 66, 85, 98, 116.
dd- (savoir), v. xsnd-.
datiStdb2, 61, 66, i45, 160, i85.
dâtam 44, i44-
dddrsis 48, i48.
dan-
danu [ 1 99.
dur- 91, 98.
ddraydmiy io4, n3, i25.
addraya io4, 117, 126.
addriy 106.
adrsiy 98, 119, i25, 127.
avec préverbe :
/;aw/- : hamaddrayaiy 119, 1 2 5 ,
182.
dârayava(h)us 24, 48, 69, i5o, i52,
168.
dargam 66, 71, i85, i85.
dars-
adrSnaid !i8, 61, 98, 116.
darsam 190.
fl?a^/aj'â(loc. sg.) 54, 58, 80, 88, i85.
dahydus 47, 58, 68, 88, 91, i48,
i64, 181, i83.
INDEX DES MOTS ÉTUDIÉS
183
di- (voir) : 46.
didiy 98, io5.
di- (enlever): 67, i85.
adinam, adind 99, 116.
ditam 112.
didà 67, i38.
dipim (ace. sg ) 147, i83.
dim, du i3, 78, 86, 179, 200.
duhâla 72.
duraiy k'], 66, 82, 83, i43, i56.
durug- 74, 92, 95.
adurujiyi, adurujiyaSa i3, 65,
loi, 106, 117, 118.
duriixtam i5, 56, 108.
duruvâ (nom. sg. fém.) 74, i37, i43.
duvaïstam 5i, i44-
duvarayâ (loc. sg.) 79, i36.
dtivarOim (ace. sg.) i47, i83.
diivitâparnam i5i, i85.
duvttiyatn']^, 77, 139, 178, i85.
^Mi'- 149.
dusiyàram 88, i36, i5i, 182.
d^rauga 52, 66, 74, 92, 95, i36.
d^raujana 95, i4i-
d^raujiyâJ}(t)y 102, 122.
d^raya 67, i46, 161, 182.
dHayahyâ 161.
A/
naibam (nom. ace. sg. n.) 5i, i35,
i44.
naibâm 137.
«ary 5i, 85, 86, 209.
nadi(n)tabira 72.
«fl/jâ 92, i35, 162.
nabukudracara 75.
«âmflj, «âmâ 44, 71, 81, i46, 160.
navama i42.
waO- 55, 91.
avec préverbe :
ni- : vinâ')ayais io4, i23.
viyand[iia]ya io4, i33.
nâviyâ i4o.
nàham (a^cc. sg.) 68,91, i35, 162,
ni- (préverbe) i3i.
ni- (conduire)
anayam 100, 11 5.
anaya 117.
anayatâ 119, i25.
wz/- (préverbe) 64, 87, i3i.
nipadiy i52, 2(X).
nuram i43.
nyâkam (ace. sg.) i44.
^â- 44, i33.
^ûiry 97, 120.
pâtuv 54, 97, 120.
pâta 109 (Errata),
avec préverbe :
pati- : patipaya(x)uvà 3o, 83,
97, loi, 121, i33.
pat-
avec préverbe :
ud-: iidapatatâ 54, 100, 119.
patiy "^8, 81, i3i, 186, 191, 200.
patiyâvahyaiy 107,
patikarà (nom. ace. pi.) 54, i36, i83.
patipadam i36, i52.
palU 88, 186.
pdtiS(x)uvaris 36 (Errata).
-pada- i36.
^âfOfw (ace. sg.) 54, 147, i83.
pddaibiyâ (instr. du.) go, i35, 147.
padiy 78, 200.
para 84, i3i, 187, 200.
parnam i4i.
^arry i3i, 187.
par uv (nom. ace, sg. n.) 81.
parunàm 47, i64, i83.
parauvaiy 142, i56.
paruvàCnom. ace. pi. masc,)75, i42,
173.
/?arwz^flw (adverbe) i42, 173, i85.
paruvamciy 174.
pariiviyaXa 139, 173, 190.
partiianànâm (gén. plur.) 10, 60, 81,
83, i36, i48, i5o.
parQava 180.
pài'sa kk, 180.
/>a5â 45, 59, 187.
pasâva 45, 78, i52, 210, 2i5.
pastis 90, 147.
pitâ 46, 92, i45, 160.
piça(Qén. sg.) i5, 93, 160.
*piQ-
avec préverbe :
ni- : niy apaisant 61, 94, 106,
116, 127, i33.
nipaistanaiy 94, 108.
nipiUam 62, 94, 109, 1 33.
piiça 46, 57, i43.
^^-^7, 59,92, io3.
224
INDEX DES MOTS ÉTUDIÉS
prsâ I20.
aprsam io3, ii5.
avec préverbe :
pati-: patiprsâh(i)y, patiprsâtiy
Io3, 121, 122.
j^ra- 56, i3i.
f^ratamà (nom. ace. pi.) \[\2.
-farnah- 25, 56, i46.
f^ramâtâram (ace. sg.) 92, i45, 160
f^ramând kk-> 74, i^i» i83.
f^ravartU 48, i63.
f^r avariais i63.
f&raharvam 72, 76, 78, i52, 178.
hâxtrïs 57, TÔg.
èa^a 8, i36.
bagâha 6, 157.
bagaibis 85.
bâgayâdaiS (gén. sg.) 91, i47, i5i,
i53, i63.
bâjitn 44, 65, 91, 147.
ba{n)d- 94.
&â!5to i5, 58, 109.
ba(n)daka 94, i36, i44-
bdbairus 38, 5i, 72, i63, i64, i83.
bâbairauv i64-
bâbairuviya 139.
i>flr- 66, i3i, 91, 100.
bara(n)tiy ii4-
abaram 11 5.
a&flra 4, i3, 85, 117, 118.
abara(n)td 4, i3, 118, 120.
abaraha 4, i3, 118.
baratuv 120.
avec préverbes :
pati- â- patiyâbaram 182.
/)a7'â- : parâbara : cf. abara.
par âbr tant 84, 109.
pari-: paribar à \ 10.
paribaràh(t)y 70, 82,
121.
ya;'^- : Ja-râbara ; cf. abara.
-bar a-: i36, i49-
bardiya 24, 48, 67.
Z;w- 2o4-
abavam 98, 100, 11 5.
flZ'flz/a 117, 118.
bavâtiy 122 (errata).
Z'zjyfl 93, 128, i3o.
&«wm (ace. sg.) 47, i42, 159, i83.
b^ràtâ 44, 71, 74, 92, i45.
M
wâ (négation) ii5, 210.
maka 95.
magid 8, i48, i63.
tnaciyd (nom. plur.) 95, 189.
mâtar- i45.
màtya 128, 2i4.
maUsta 55, i44.
Twâifl 44, 180.
man- (penser).
maniyàhaiy 82, 102, 122.
maniyàtaiy 102, 122.
man- (attendre) 9 1 .
aniânaya ^o, io4, 117.
mâniyam i4o.
mar-^ (Errata), 94.
amariyatà 102, 119, i25.
mârgava 91, 187, i58.
tnargus, 91.
margauv i64-
martiya 77, 189, 181.
martiyahyà 76.
mardiiniyahyâ {gén. sg.) i4o.
-mrsiyii- v. (x)iivâmrUyus .
mai^dâha (gén. sg.) 17, i46.
Wfl}H(:c)Mm (loc. plur.) 54, i38.
mâhyâ (\oc. sg.) 78, 81, i35, 162.
mitra, mi^ra 8, 20, 46, 57.
aviu']a loi, 117.
yatina 181.
yauviyâm 52, i4o, i83.
jyâM 17, 174, 216.
jyflGà 17, 54, 174, 2i4.
jyflj- 67, 91, 100, 125.
ayadaiy 119.
yadâtaiy, 122.
yadâyâ (abl. sg.) i38.
yadipadiy 200.
jyflû?^)' 17, 78, 128, 175, 200, 2i5.
yânam i4i, 182.
yanaiy 175, 216.
^yai- (rac. yam-).
ayasa'tâ 119, 124.
avec préverbe :
w/- : niyasaya i o4 •
yâvâ 17, 175, 216.
INPEX DES MOTS ÉTUDIÉS
vistâspa 46-
m
raucabi, 64, 71, 7a, i46, 161.
raucabis 161, 191.
ra«/a (gén. sg.) 62, 86, 94, i35,
162, i83.
.... rtiyaiya laS.
ra^- 67.
avec préverbe:
ava-: avarada 100, 116.
râdiy 27, 187, 200.
ras- 59, i33.
arasam io3, ii5.
avec préverbes:
«î- : nirasâtiy io3, 122,
para-', parârasam, par arasa io3,
117, i33.
râ5/âw (ace. sg. fétn.) 63, 91, 93,
112, 137.
va 78, 199, 208.
vaina- 5i, 73, io5.
vaindmiy 1 1 3 .
vaina(tt)Hy 11 4, 124.
avaina 117.
vaitiâh(i)y 121.
va(Jj)umisa 25, 69.
vaçabara i36, 149.
vrnavàtaiy 99, 122.
vrnavatâm 99, 121.
vrkâna 48, 73.
vardanam 67, i4i.
vasaiy 69, i36.
î'aî«â 62, i4i.
va:(rka 5, 48, 60.
va:(rkàyâ iS'].
vahyaidâta 43, 80.
î/f- (préverbe) 1 3 1 .
vivant (ace. sg.) 46, 55, 94, i34,
i63.
viUyâ 77, i63, i83.
w6â 79, i63, 191.
viObis 3o, i46, i47, 191-
vi(n)dafarnd 25, 56, 98, i46, 149,
162.
visam (ace. sing.) 6, 58, 173.
visadahyiim (ace. sg.) 6, 58, i5o.
vispa- 6.
î//5/7fl:^a«âwâ;w (gén. plur.) 6, 10, 60,
i36.
saka 180.
sakâ i38, 181.
stkaya(x)tivatis iS'j.
suguda 75.
5/â- 93, i33.
a(h)Utatà 54, 62, 69, io5, 119,
125.
avec préverbes :
ava-: avâstâyam 45, 61, 10 1,
ii5.
ni-: niyaStdyatn, niyaUâya 16,
45, 62, 101, 117.
stânam 62, 93, i4i, 182.
stah- :
stabava io5, 116.
sparda 26, 59.
saiy 17. 16, 78, 178, 200.
^àm 78, 178, 200.
Hm i3, 78, 86, 178, 191, 200.
Us 78, 178, 200.
Hyàirs 63, 75, 77, 85, 147, i63, i83.
siyu- 63, 77.
asiyavam loi, ii5.
asiyava loi, 117.
z
-^atm- 5, 60, ï36.
^urakara 5, 60, i36.
:(ura 5, 8, 60, i40, 161.
■:(^ra(n)ka 25, 60, 74.
H
hainà 5i, 68, i42.
hauv 7, 52, 82, i65 (flexion), 119
(emploi), 2 1 1 (rôle dans la phrase),
212.
hauvam 83,
hauvciy 174.
ava 85, i65 et suiv.
avam i65.
avahyà 79, 166.
avahyarâdiy i55.
avasciy 86, i65.
az^ai)' i5.
avaUâm 166.
10
â26
INDEX DES MOTS ÉTUDIES
ahyàyâ 69, 76.
haxâmams 43, A4-
haxântanisiya i4o.
hacâ i4, 68, 79, 189.
ha(n))-
avec préverbe :
/«rfl- : f7'âha(n)jam 10 1 , 1 15.
avec préverbe :
ni- : niyasâdayam 62, 90, lo/i,
ii5, i33.
hadâ 68, 190.
hadis62, 90, i46, 161, i83.
haduçrâm (ace. sg.) i38,. i83.
^a w- (préverbe) 1 3 1 , 1 3 2 .
hama 173, 194.
hamahyâyâ 173.
hamàtâ i45, i5o.
hamapitâ i45, i5o.
hamaranam i4i-
hamiçiya, hamiçiyà iZ^.
haraiva i42.
haraÇxyivatis 69, 137.
hartiva 6, 173, 194.
halditahya (gén. sg.) 72.
haUyam rnom. ace. sg. n.) 62, 75,
77, 139.
hi(ti)duS 69.
hiT^ânam (?) 3i, 60, 67, 69.
^^/fl 17,68, 170, 174, I97etsuiv.,
211, 212 et suiv.
tya 76, 86, 170 et suiv.
tyaiy i5, 82
tya (conjonction) 2i3.
hyâparam 171.
ERRATA
P. 8, § i6. La racine mar- « mourir » qui, dans l'Avesla, n'est employée
qu'en parlant d'êtres mauvais, sert pour le roiCambysc; l'usage avestique
de cette racine ne se retrouve donc pas en perse, et, en effet, le verbe
murdan a subsisté en persan.
P, 12, 1. lo du bas. La façon dont les choses sont présentées B. I, 48 et
suiv. est aussi un bel exemple du caractère de « langue parlée » du texte
des inscriptions perses.
P. i4, 1- 23, lire 871, au lieu de 4oo; et, 1. k du bas, 4 18, au lieu de 447»
P. 28, 1. 8 du bas, lire linguiste, au lieu de linguistique,
P. 86, 1. 5 du bas. Un nom tel que patihivris est à lire pâiis{x)uvarU,
comme on le voit par bab. pa-id-di-il-hu-ri-U et par grec Ilateia/opctç
(chez Strabon).
P. 56, 1. 12, lire (h)ufrastam, au lieu de (hiî)frastam.
P. 83, 1. i4 du bas, lire patiyâi^a, au lieu àe patiyaUa.
P. 109, 1. 4, ajouter: Dans certaines racines, il n'y a pas de degré vocalique
zéro; ainsi la racine pâ- « protéger » a pour adjectif en -ta- la forme pat,
pâta « protégé ».
P. 109, 1. i5, supprimer les mots: du singulier,
P. ii4, 1. 8 du bas, lire agaubatâ, au lieu de agaubata.
P. 119, 1. 17, lire agrhâyatâ, au lieu de agrbâyata.
P. 122, 1. 8, ajouter bvatiy, bavâtiy « qu'il devienne »,
P. i46, 1, 9-10, et p. 161, 1. i3 et suiv., lire hucabna, littéralement « le
bon œil », avec le premier terme de composés hu- « bien » ; M. Weissbach
a rapproché justement zd hu-xsnao^re hu-paitiUâne Yt. XIV, i3.
P. 171, 1. 18, lire 4o8, au lieu de 48o.
P. 197, 1, i5, lire abiy, au lieu de ahiy.
P, 202, 1, i4 du bas, lire : de l'indicatif présent, au lieu de l'indicatif.
P. 208, 1. 8, lire: pas, au lieu de: par. ,^
TABLE DES MATIÈRES
Pages.
Avant-Propos ix
BlËLIOGBAPHIE XV
A&RÉVIATIONS XIX
Introduction i
Chapitre I. Système graphique. 33
Chapitre II. Système phonétique. . /Ja
Voyelles ^a
à 43
à 44
i 45
M 46
. f 47
Diphtongues 5o
ai, ai 5o
auj au 52
Consonnes 53
Occlusives soviH(s 53
Spirantes soirde^ 54
Ç 56
s 58
^ 59
s 6i
c 63
;(0 64
b,d,g 65
h 68
n, m -yi
r(Gtl). . . . . 71
yeiv 72
Caractéristiques du consonantisme perse. ... 73
Structure des syllabes ^3
Fin de mot nn
Voyelles finales 70
230 TABLE DES MATIERES
Pages.
Consonnes finales. . 84
Insuffisance des données 88
Chapitre III. Alternances. . . go
I. Alternances vocaliques go
A. Alternances quantitatives go
B. Alternances a/zéro g2
II. Alternances consonantiques g4
Chapitre IV. Formes verbales g6
I. Les thèmes g6
1° Types athématiques du présent-aoriste. ... g6
A. Le présent-aoriste radical g6
B. Présents à redoublement g8
C. Type à nasale g8
2° Types thématiques de présent gg
A. Type radical gg
B. Thèmes à suffixe -ya- lOi
G. Thèmes à suffixe -sa- loa
D. Thèmes en -aya- io3
E. Formations diverses du présents io4
3° Formations diverses, en dehors de présent. . io5
II. Formes non personnelles du verbe. .... 107
A. Infinitif 107
B Adjectif verbal en -ta- 108
III. Flexion des formes personnelles 112
A. Indicatif présent ii3
B. Formes de l'indicatif à désinences secon-
daires (imparfait et aoriste) ii4
G. Impératif lao
D. Subjonctif 121
E. Optatif 122
IV. Valeur des formes personnelles i23
A. Indication de la personne ia3
B. Désinences moyennes I24
C. Imparfait et aoriste 126
D. Subjonctif et optatif 127
Préverbes i3o
Chapitre V. Formes nominales i34
I. Formation des noms i34
Type radical athématique i34
Noms caractérisés par la voyelle thématique. . i35
Noms en -â- i37
Suffixe -zjy a-. . . i38
Suffixe -na-. ........... i4o
Suffixes -ma-, -va-.. . i42
Suffixe -ra- i43
TABLE DES MATIIlRliS 231
Ptfgea.
SuflBxes -^a-, -/fl-, -Oflf- i44
Noms d'agent en -tar- i45
Thèmes en -n- i^b
Thèmes en -h- et -s-, en -/- i46
Thèmes en -m- i48
Composés i49
Vrddhi i53
II. Flexion des substantifs et adjectifs i53
A. Thèmes en -a- i54
B. Thèmes en -d- i58
G. Thèmes consonantiqucs 169
a, b. Thèmes en -r-, et en -«- 160
c. Anciens thèmes en *-s- 161
d. Thèmes terminés par une occlusive ou
une spirante 162
e. Thèmes en -i- et en -11- i63
III. Démonstratifs, interrogatifs, indéfinis. ... ï65
A. Démonstratifs i65
hauv, ava i65
iyam, a-, ima- 166
Remarques sur l'emploi des démonstratifs
hauv, ava- et iyam, a-, ima- 168
hya, tya- 170
aiia 171
Adjectifs qui suivent la flexion des démons-
tratifs 172
B. Interrogatif et indéfini . 178
G. Relatif 174
IV. Pronoms personnels 176
Anaphoriques 178
V. Emploi des formes nominales 180
A. Nombre 180
B. Genre 182
G. Cas i83
Nominatif, vocatif, accusatif i84
Génitif-datif 187
Ablatif 189
Instrumental 190
Locatif 191
VI. Groupement des noms 192
A. Juxtaposition immédiate 192
a. Complément 192
b. Adjectif 194
c. Apposition 195
B, Groupements avec hya, tya- 196
a. Complément 196
232 TABLE DES MATIÈRES
Pages.
h. Adjeclif. . , . , ig-y
C. Apposition.. . , ig8
d. hya, tya- sans substantif ig8
VII. Mots accessoires igg
Chapitre VI. La phrase 202
I. Phrase nominale. . 202
II. Phrase verbale 2o5
Observation générale 208
III. Mots accessoires de la phrase 208
lo Règle de la place des petits mots accessoires. 208
2» Négations 209
30 Coordination 210
IV. Subordination • 2ii
i» Phrases relatives 211
La conjonction tya 2i3
2° Phrases précédées de conjonctions. . . . 2i4
V. Infinitif 217
Index 219
Errata 227
CHARTRES. IMPRIMERIE DURAND, RUE FULBERT.