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Full text of "Grammaire du vieux Perse"

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COLLECTION  LINGUISTIQUE  PUBLIÉE  SOUS  LA  DIRECTION  DE  A.  MEILLET 

N°    II 


A.    MEILLET 


Professeur  au  Collège  de  France, 
Directeur  d'études  adjoint  à  l'Ecole  des  Hautes  Etudes 


(^ 


GRAMMAIRE 


DU 


VIEUX    PERSE 


PARIS 

LIBRAIRIE    ORIENTALE    ET    AMÉRICAINE 
MAISONNEUVE     FRÈRES  -î^,     ÉDITEURS 

3,    RUE     DU     SABOT 


1910 


GRAMMAIRE 


DU 


VIEUX  PERSE 


//  a  été  tiré  trois  cents  exemplaires  de  cet  ouvrage. 


COLLECTION  LINGUISTIQUE  PUBLIÉE  SOUS  LA  DIRECTION  DE  A.  MEILLET 

N"    II 


A.    MEILLET 

Professeur  au  Collège  de  France, 
Directeur  d'études  adjoint  à  l'Ecole  des  Hautes  Etudes. 


GRAMMAIRE 


DU 


VIEUX    PERSE 


PARIS 

LIBRAIRIE    ORIENTALE    ET    AMÉRICAINE 
MAISONNEUVE     FRÈRES  *,     ÉDITEURS 

3,    RUE     DU     SABOT 


191O 


A  ROBERT  GAUTHIOT 


AVANT-PROPOS 


La  fondation  de  l'empire  achéménide,  qui  a  absorbé  les 
anciens  empires  d'Assyrie,  d'Egypte,  de  Médie  et  qui  a  relié 
ainsi  le  monde  méditerranéen  à  l'Inde  et  à  l'Asie  centrale,  est 
le  premier  des  grands  événements  historiques  qu'on  observe 
clairement  chez  les  peuples  de  langue  indo-européenne,  et  c'a 
été  assurément  l'un  des  plus  importants.  Du  créateur  de  cet 
empire,  G  y  rus,  qui  se  nomme  lui-même  roi  d'Ansan  (en 
Susiane),  on  n'a  qu'une  inscription  de  caractère  historique  ; 
c'est  un  cylindre,  où  est  relatée  la  conquête  de  Babylone,  en 
langue  babylonienne.  Mais  les  souverains  proprement  perses 
qui  ont  définitivement  organisé  l'empire,  Darius  et  Xerxès,  ont 
eu  conscience  de  la  grande  œuvre  qu'ils  accomplissaient  eux  et 
leur  nation,  la  nation  perse.  Ils  l'ont  commémorée  en  une 
série  de  monuments  et  d'inscriptions  dont  plusieurs  ont  sub- 
sisté jusqu'à  présent. 

La  plupart  de  ces  inscriptions  sont  trilingues.  La  première 
des  langues  dans  lesquelles  elles  sont  rédigées  est  régulièrement 
le  perse  :  Darius  et  les  conjurés  qui  l'ont  aidé  à  s'emparer  de 
la  royauté  appartenaient  en  effet  à  la  nation  perse,  qui,  avec 
eux,  a  pris  la  primauté. 

Depuis  que  l'alphabet  perse  a  été  déchiffré  et  des  textes  inter- 
prétés, surtout  par  Grotefend  et  par  Lassen,  et  que  la  plus 
grande  des  inscriptions,  celle  du  rocher  de  Behistun,  a  été 
relevée  et  publiée  par  Ravs^linson,  l'importance  de  ces  documents. 


X  AVANT-PROPOS 

uniques  en  leur  genre,  est  apparue  à  tous  ceux  qui  les  ont  exa- 
minés, et  ils  ont  été  souvent  étudiés  par  les  linguistes  aussi 
bien  que  par  les  historiens. 

Actuellement  la  graphie  en  est  exactement  déterminée.  L'in- 
terprétation est  achevée  ;  sauf  quelques  mots,  en  très  petit 
nombre,  dont  ni  des  rapprochements  avec  des  termes  connus 
d'ailleurs,  ni  la  comparaison  des  versions  élamite  et  babylo- 
nienne n'ont  permis  de  fixer  la  valeur,  le  sens  de  tous  les  mots 
perses  des  inscriptions  est  reconnu  avec  précision.  La  confron- 
tation des  trois  textes,  perse,  élamite  et  babylonien,  et  des  menus 
fragments  d'une  traduction  araméenne  récemment  découverte  a 
mis  la  traduction  du  texte  perse  au-dessus  du  doute  pres- 
que dans  tous  les  détails.  La  lecture  des  textes  a  été  revisée 
par  des  collations  faites  sur  les  monuments  eux-mêmes,  et,  dans 
la  mesure  où  les  inscriptions  sont  encore  lisibles,  elles  peuvent 
passer  pour  correctement  lues.  Les  progrès  faits  par  la  gram- 
maire comparée  des  parlers  iraniens,  grâce  à  l'apport  de  données 
nouvelles  sur  les  dialectes  anciens  et  modernes  de  l'Iran,  ont 
donné  le  moyen  de  situer  d'une  manière  précise  le  perse  parmi 
les  autres  dialectes  et  d'en  marquer  les  traits  caractéristiques. 

Les  exposés  d'ensemble  qu'on  a  de  la  langue  perse  des  inscrip- 
tions achéménides  ne  répondent  plus  à  l'état  actuel  des  connais- 
sances ;  d'autre  part,  il  ne  semble  pas  que,  à  moins  qu'on 
ne  vienne  à  découvrir  des  documents  nouveaux  —  et  aucun 
n'a  été  trouvé  depuis  longtemps  — ,  il  soit  désormais  possible 
de  faire  faire  un  très  grand  progrès  a  la  connaissance  du  vieux 
perse;  à  quelques  détails  près,  on  a  tiré  des  données  connues 
presque  tout  ce  que  l'on  peut  espérer  d'en  obtenir.  Le  moment 
est  donc  venu  de  résumer  les  résultats  acquis. 

Ces  résultats  sont  importants.  Le  dialecte  perse  est  depuis 
Darius  la  seule  langue  impériale  de  l'Iran  ;  après  une  longue 
éclipse  due  à  la  conquête  macédonienne  et  à  la  domination 
parthe  (arsacide)  qui  a  usé  d'un  autre  groupe  dialectal,  il  repa- 


AVANT-PROPOS  Xt 

raît  sous  Taspect  du  pehlvi  sassanide  et  du  persan  qui  ne  sont 
que  des  formes  postérieures  —  extrêmement  évoluées  —  du 
même  dialecte,  comme  J .  Darmesteter  l'a  montré  avec  sa  lucidité 
coutumière.  Le  perse  fournit  l'exemple,  unique  parmi  les 
langues  indo-européennes,  d'un  dialecte  rigoureusement  défmi 
dont  on  peut  suivre  l'histoire  depuis  le  vi"  siècle  av.  J.-C.  jusqu'à 
l'époque  moderne.  Ni  le  grec  ni  le  sanskrit  n'offrent  rien  de 
pareil  :  dans  l'Inde,  le  védique  est  déjà  une  langue  littéraire 
composite,  et  l'on  ne  peut  démontrer  d'aucune  langue  de  l'Inde 
moderne  qu'elle  en  soit  la  continuation  exacte  ;  quant  à  la  Grèce, 
l'attique  a  fourni  le  fond  de  la  xcivv^,  mais  il  s'y  est  fondu  si 
bien  qu'il  n'est  plus  possible  de  poursuivre  l'histoire  propre  de  la 
langue  d'Athènes  après  les  premiers  siècles  de  l'ère  chrétienne.  Le 
seul  cas  exactement  comparable  à  celui  du  perse  est  celui  du  latin 
de  Rome,  qui  subsiste  jusqu'à  présent  dans  les  langues  romanes, 
mais  dont  l'histoire  commence  plus  tard  que  celle  du  perse. 

Le  simple  rapprochement  du  vieux  perse  et  du  persan  moderne 
montre  comment  on  a  passé  d'une  langue  du  vieux  type  indo- 
européen à  une  langue  de  type  tout  moderne.  Mais,  en  même 
temps,  on  aperçoit  déjà  dans  le  perse  de  l'époque  de  Darius  les 
amorces  de  presque  tous  les  développements  ultérieurs,  dont  on 
obtient  ainsi  l'explication  historique. 

Pour  tirer  des  inscriptions  perses  le  parti  qui  convient,  il  faut 
y  chercher  tout  ce  qu'elles  renferment  de  témoignages  sur  l'état 
du  parler  perse  à  l'époque  où  elles  ont  été  composées.  L'objet 
de  la  présente  grammaire  est  de  décrire,  avec  toute  la  précision 
que  comportent  les  données  trop  maigres  fournies  par  les  ins- 
criptions, le  parler  perse  au  plus  ancien  moment  connu  de  son 
développement.  Si  peu  nombreuses  et  si  incomplètes  qu'elles 
soient,  ces  données  permettent  de  déterminer  les  traits  princi- 
paux du  système  phonétique  et  du  système  morphologique  de  la 
langue.  Quant  au  vocabulaire,  dont  on  ne  s'occupera  pas  ici, 
les  textes  sont  évidemment  insuffisants  pour  en  donnei*  une  idée 


XII  AVANT-PROPOS 

même  approximative.  Mais  les  autres  dialectes  iraniens,  et  sur- 
tout celui  de  l'Avesta,  suppléent  à  ce  point  de  vue  à  Tinsuffi- 
sance  des  inscriptions,  au  moins  en  quelque  mesure.  Rien  au 
contraire  ne  pourrait  tenir  la  place  des  documents  vieux  perses 
pour  l'histoire  de  la  prononciation  et  de  la  grammaire  dans  la 
région  proprement  perse. 

Outre  le  mérite  d'être  contemporains  et  de  n'avoir  été  trou- 
blés par  aucun  intermédiaire,  on  verra  que  ces  documents  sont 
—  avec  quelques  vieilles  inscriptions  grecques  —  les  plus  sin- 
cères, les  moins  littéraires  et  les  moins  traditionnels  qu'on  ait 
d'aucune  langue  indo-européenne  à  date  ancienne,  et  qu'ils  don- 
nent, autant  que  le  peut  faire  un  texte  écrit,  une  idée  juste  de 
ce  qu'était  le  perse,  c'est-à-dire  la  langue  de  la  Persis  propre- 
ment dite,  à  l'époque  de  Darius  et  de  Xerxès.  Si  les  gàthàs  de 
l'Avesta  offrent  une  langue  plus  savante,  plus  riche  et  plus 
variée,  les  inscriptions  perses  sont  plus  sûrement  et  plus  immé- 
diatement attestées  ;  la  langue  en  est  singulièrement  plus  proche 
de  l'usage  courant  :  à  ces  deux  points  de  vue,  aucun  texte  indo- 
iranien ne  souffre,  de  bien  loin,  la  comparaison  avec  les  vieux 
documents  perses.  Les  faits  fournis  par  les  inscriptions  ont  révélé 
un  parler  iranien  ayant  une  physionomie  toute  particulière  et 
dont  beaucoup  de  traits  ne  se  retrouvent  nulle  part  ailleurs. 

On  a,  autant  qu'on  l'a  pu,  évité  ici  de  tirer  parti  de  mots  et 
de  passages  demeurés  obscurs,  et  l'on  s'est  efforcé  de  ne  consi- 
gner dans  le  présent  exposé  que  des  résultats  qui  peuvent  passer 
pour  certains.  Le  lecteur  ne  devra  donc  pas  s'étonner  de  retrou- 
ver sans  cesse  les  mêmes  mots  et  les  mêmes  phrases  :  on  a 
cherché  à  tirer  des  parties  claires  des  textes  tout  ce  qu'elles 
contiennent  d'enseignements,  non  à  éclaircir  des  passages  dé- 
sespérés ou  mutilés. 

L'impression  de  cet  ouvrage  a  commencé  à  la  fin  de  19 13, 


AVANT-PROPOS  XllI 

et,  bien  que  le  manuscrit  ait  été  entièrement  prêt  dès  l'automne 
de  1913,  elle  s'est  poursuivie  lentement.  Elle  n'était  pas  achevée 
quand  la  guerre  a  été  déclarée  à  notre  pays,  causant  de  nouveaux 
retards. 

M.  Gauthiot  a  lu  les  épreuves  jusqu'à  son  départ  pour  le 
Pamir,  à  la  fin  de  mai  191/I,  et  il  n'est  rentré  du  Pamir  en 
octobre  1914  qne  pour  prendre  le  jour  même  de  son  arrivée 
ses  fonctions  d'officier  et  pour  aller  aussitôt  sur  le  front.  Durant 
la  composition  du  manuscrit,  je  m'étais  souvent  entretenu  avec 
lui  des  problèmes  que  pose  la  linguistique  iranienne,  de  sorte 
qu'en  réalité  la  seconde  partie  de  l'ouvrage  que  M.  Gauthiot 
n'a  pas  vue  en  épreuves  a  profité  de  ses  observations.  Au  moment 
où  les  nécessités  de  la  défense  du  pays  l'obligent  à  interrompre 
l'étude  des  dialectes  iraniens  qu'il  poursuit  avec  tant  de  science, 
d'ingéniosité,  de  courage,  de  zèle  —  et  de  succès  — ,  je  le  prie 
d'agréer  la  dédicace  d'un  ouvrage  où  je  me  suis  efforcé  de  conti- 
nuer pour  ma  très  modeste  part  l'œuvre  des  deux  grands  promo- 
teurs de  la  philologie  iranienne,  Burnouf  et  James  Darmesteter. 

A.  M. 

Mars  1915. 


BIBLIOGRAPHIE 


Les  inscriptions  de  Behistun  ont  été  éditées  pour  la  première 
fois  par  Rawlinson,  en  i847-  Elles  ont  depuis  été  réexaminées 
surplace  par  M.  Jackson  (v.  son  volume,  Persia  [1906],  p.  177 
et  suiv.),  et  enfin  elles  ont  été  entièrement  coUationnées  par  une 
mission  anglaise  ;  l'édition  qui  donne  cette  collation  et  qui  ren- 
ferme une  reproduction  complète  du  texte  dans  les  trois  langues, 
en  caractères  cunéiformes  et  en  transcription,  a  été  faite  par 
MM.  King  et  Thomson,  sous  le  titre  :  The  Sculptures  and  Ins- 
criptions of  Darius  the  Great  on  the  Rock  of  Behistun  in  Persia, 
Londres,  1907.  Le  compte  rendu  de  cette  édition  par  M.  Weiss- 
bach,  dans  la  Zeitschrift  'der  deutschen  morgenlàndischen  Gesell- 
schaft,  LXI,  est  précieux.  Cette  édition  a  été  utilisée  dans  une 
édition  en  transcription  avec  traduction  et  commentaire  par 
M.  A.  Hoffmann-Kutschke,  Die  altpersischen  Keilinschriften  des 
Grosskônigs  Dârajawausch  am  Berge  Bagistân,  Stuttgart,  igo8. 

Après  les  inscriptions  du  rocher  de  Behistun,  les  plus  impor- 
tantes sont  celles  du  tombeau  de  Darius,  à  Naxs-i-Rustam  ;  elles 
ont  été  rééditées  d'après  des  photographies  et  étudiées  par 
M.  Weissbach  :  Die  Keilinschriften  am  Grah  des  Darius  Hystas- 
pis,  Leipzig,  191 1  {Abhandlungen  der  philologisch-historischen 
Klasse  der  sàchsischen  Gesellschaft  der  Wissenschaflen,  XXIX,  i). 

Les  éditions  d'ensemble  des  inscriptions  perses  sont  : 

Fr.    Spiegel.    Die  altpersischen  Keilinschriften   2*^  Auflage. 


XVI  BIBLIOGRAPHIE 

Leipzig,  1881  (édition  en  transcription,  avec  commentaire, 
grammaire  et  vocabulaire). 

Weissbach  und  Bang.  Die  altpersischen  Ketlinschriften^  Leip- 
zig, 1903  (avec  un  petit  errata  paru  en  1908). 

Ces  deux  éditions,  antérieures  à  la  revision  des  textes,  sont 
maintenant  vieillies.  Les  éditions  utilisables  sont  : 

Tolman.  Ancient  Persian  Lexicon  and  Texts.  New  York  et 
Leipzig.  1908  (texte  en  transcription,  traduction  annotée  et 
glossaire  détaillé). 

Tolman.  Cuneiform  supplément.  —  Johnson.  Index  verhorum. 
.New  York  et  Leipzig.  1910  (texte  cunéiforme,  et  index  complet 
des  mots  avec  renvoi  à  tous  les  passages). 

Weissbach.  Die  Keilinschriften  der  Achameniden.  Leipzig, 
1911  (texte  en  transcription  des  inscriptions  cunéiformes  aché- 
ménides  dans  les  trois  langues  ;  introduction,  traduction  et 
bref  commentaire  ;  dernière  édition  publiée,  tout  à  fait  à  jour, 
et  très  maniable)  ;  v.  le  compte  rendu  de  M.  W.  Bang,  Berliner 
philologische  Wochenschrift,  191 1,  col.  i253  et  suiv.  ;  et  la  bro- 
chure du  même  auteur  :  Zur  altpersischen  Schrift  und  Aussprache 
(Louvain,  chez  l'auteur  [1912]).  Les  textes  seront  cités  ici 
d'après  l'édition  de  M.  Weissbach,  mais  avec  une  transcription 
difTérente,  et  conforme  à  Fusage  des  linguistes. 

Ces  trois  éditions  se  complètent  mutuellement  et  sont  indis- 
pensables toutes  les  trois  :  V Ancient  Persian  Lexicon  est  le  seul  lexi- 
que qui  fournisse  une  discussion  complète  du  sens  des  mots  perses 
avec  renvoi  aux  publications  antérieures;  l'index  de  M.  Johnson 
a  seul  la  liste  complète  des  mots  perses  des  inscriptions  dans 
tous  leurs  emplois  et  sous  toutes  leurs  formes.  L'édition  de 
M..  Weissbach  fournit  seule  les  trois  textes,  perse,  élamite  et 
babylonien;  elle  est  la  plus  commode  parce  que,  pour  la  tra- 
duction et  dans-  le  commentaire,  il  y  a  été  tenu  compte  de  ces 
trois  textes  dans  toute  la  mesure  possible. 

V Altiranisches  Wôrterhuch  de  M.  Bartholomae  (Strasbourg, 


BIBLIOGRAPHIE  XVIl 

1904)  est  malheureusement  antérieur  aux  dernières  revisions 
des  textes  ;  mais  il  demeure  précieux  pour  la  discussion  du  sens 
des  mots,  de  leur  forme  et  de  leur  étymologie  et  pour  les  renvois 
bibliographiques.  Il  est,  du  reste,  très  instructif  de  trouver  les 
formes  avestiques  près  des  formes  perses.  —  Des  observations 
analogues  s'appliquent  à  l'étude  du  vieux  perse,  dans  la  partie 
consacrée  à  l'ancien  iranien,  par  M.  Bartholomae,  du  Grundriss 
der  iranischen  Philologie,  de  Kuhn  et  Geiger,  I  (en  1896). 

On  trouvera  l'historique  du  déchiffrement  et  la  bibliographie 
jusqu'en  1896  dans  l'article  de  M.  Weissbach,  Grundriss  der 
iranischen  Philologie,  II,  p.  5/i  et  suiv.  (1896). 

Les  principales  publications  récentes  sur  la  langue  des  inscrip- 
tions perses  achéménides  sont  : 

W.  Foy,  Beitràge  :(ur  Erklàrung  der  altpersifchen  Achaeme- 
nideninschriften,  dans  la  Zete/^n// de  Kuhn  (abrégée:  K.  Z.), 
XXXV,  p.  I  et  suiv.,  et  XXXVII,  p.  I1S6  et  suiv. 

G.  Hlising,  Die  iranischen  Eigennamen  in  den  Achàmeniden- 
inschriften,  Kônigsberg,  1897,  et  Altiranische  Mundarten,  I, 
dans  la  Zeitschrift  de  Kuhn,  XXXVI,  p.  556  et  suiv. 

Bartholomae,  Wiener  Zeitschrift  fur  die  Kunde  des  Morgen- 
lands,  XXII,  68  et  suiv. 

A.  Meillet,  une  série  de  notes  dans  les  Mémoires  de  la  Société 
de  linguistique,  vol.  XVII-XVIII-XIX. 

W.  Schulze,  Der  Tod  des  Kambyses  {Sit^^ungsberichte  der 
preussischen  Ahademie,  19 12). 

Il  importe  de  compléter  l'étude  du  vieux  perse  par  celle  du 
développement  ultérieur  du  dialecte.  On  en  trouvera  les  élé- 
ments dans  les  lumineuses  Études  iraniennes,  I,  de  James  Dar- 
mesteter  ;  dans  le  Grundriss  der  neupersischen  Etymologie  de  Horn 
(Strasbourg,  1898)  ;  dans  les  Persische  Studien  de  Hiibschmann 
(Strasbourg,  1895)  ;  dans  l'étude  de  M.  Salemann  sur  le  pehlvi, 
au  i*""  volume  du  Grundriss  der  iranischen  Philologie,  i"^  partie, 
en  y  ajoutant  les  Manichaeische  Studien,  I  (Mémoires  de  l'Aca- 


XVIII  BIBLIOGRAPHIE 

demie  de  Pétrograd,  cl.  historico-philologique,  VIII,  lo),  et  dans 
l'étude  de  Horn  sur  le  persan,  aussi  dans  ce  volume  I  du 
Grundriss  der  iranischen  Philologie,  2^  partie. 

La  comparaison  avec  les  faits  avestiques  n'est  pas  moins  im- 
portante ;  outre  l'exposé  de  M.  Bartholomae,  dans  le  Grundriss 
der  iranischeft  Philologie,  I,  i,  et  ddins  V A Itiranisches  Wôrterhuch, 
on  a  deux  grammaires  :  Jackson,  An  Avesta  Grammar  (sans  syn- 
taxe), Boston,  1892  ;  et,  plus  récemment,  Reichelt,  Awestisches 
Elementarbuch  (ai\ec  syntaxe),  Heidelberg,  1909. 


ABRÉVIATIONS 


On  désignera  ci-dessous  le  vieux  perse  par  l'abréviation  v.  p., 
et  le  persan  par  l'abréviation  p. 

El.  signifiera  élamite,  à  savoir  l'élamite  récent  des  inscrip- 
tions achéménides,  et  bab.  le  babylonien,  aussi  des  inscriptions 
achéménides. 

Skr.  signifiera  sanskrit  ;  zd  (zend)  désignera  la  langue  de 
l'Avesta. 

Les  inscriptions  perses  sont  désignées  par  des  abréviations 
qui  s'interprètent  d'une  manière  immédiate  :  B.  désigne 
Behistun,  Pers.  Persépolis,  NR.  Naxs-i-Rustam,  Sz.  Suez, 
Elv.  Elvend,  etc.  Dar.  signifiera  Darius,  et  Xerx.  Xerxès. 


INTRODUCTION 


§  I.  Tout  ce  que  l'on  sait  sur  le  vieux  perse  provient  des 
inscriptions  cunéiformes  de  Darius  et  de  Xerxès. 

§  2.  Ces  inscriptions  sont  pour  la  plupart  rédigées  en  trois 
langues.  La  première  est  toujours  le  vieux  perse,  la  langue  du 
peuple  conquérant  qui  a  constitué  l'empire  achéménide  ;  la 
seconde  est  l'élamite,  langue  du  royaume  de  Gyrus,  fondateur 
de  l'empire  ;  la  troisième  est  le  babylonien,  la  grande  langue  de 
civilisation  de  la  région  où  a  été  fondé  l'empire,  et  la  langue  de 
l'une  des  provinces  conquises.  Dans  les  énumérations  des  provin- 
ces, les  trois  premières  nommées  sont  la  Perse,  puis  l'Elam 
et  ensuite  la  Babylonie. 

§  3.  On  n'est  malheureusement  pas  encore  parvenu  à  décider 
si  la  graphie  cunéiforme  du  perse  date  du  règne  de  Gyrus  ou 
du  règne  de  Darius.  Une  inscription  porte  ces  mots  :  admn 
Kiirus  «  je  suis  Gyrus  »  ;  mais  il  est  contesté  que  le  Gyrus  en 
question  soit  Gyrus  le  Grand;  on  ne  discutera  pas  ici  cette  ques- 
tion difficile,  que  des  données  épigraphiques  nouvelles  permet- 
tront sans  doute  de  trancher  un  jour  (voir  les  observations  de 
M.  Weissbach,  Die  Keilinschriften  der  Achâmeniden,  p.  lx  et 
suiv.).  Il  est  certain  que  Gyrus,  fondateur  de  l'empire  aché- 
ménide, était  d'abord  un  souverain  d'Elam,  et  non  de  Perse  ; 
certain  aussi  que  les  deux  seules  inscriptions  dont  on  soit  sûr 
qu'elles  émanent  de  lui  sont  rédigées  en   babylonien.   D'autre 

i 


î  INTRODUCTION  [§  3-4 

part,  Darius  insiste  peu  sur  Gyrus  dans  ses  inscriptions,  et 
Xerxès  dit  expressément  que  «  tout  ce  que  l'on  voit  de  beau 
vient  de  son  père  et  de  lui-même  »  (Pers.  a,  i5  et  suiv.).  Au 
point  de  vue  linguistique,  on  aurait  grand  intérêt  à  savoir  si 
le  perse  a  été  fixé  par  écrit  pour  la  première  fois  à  l'époque  de 
Gyrus  ou  à  celle  de  Darius.  Mais,  sauf  les  deux  mots  cités 
ci-dessus  et  sur  lesquels  on  discute,  tous  les  textes  à  l'aide 
desquels  on  peut  étudier  le  vieux  perse  sont  de  l'époque  de 
Darius  ou  de  son  successeur  immédiat  Xerxès.  On  n'en  possède 
aucun  qui  soit  plus  ancien  ;  quant  aux  inscriptions  postérieures 
à  l'époque  de  Xerxès,  elles  sont  peu  nombreuses,  rédigées 
dans  un  langage  corrompu,  et  il  est  permis  de  se  demander  en 
quelle  mesure  leurs  auteurs  connaissaient  la  langue  qu'ils  pré- 
tendaient écrire  (v.  ci-dessous,  §  45-/^6).  La  présente  descrip- 
tion est  fondée  uniquement  sur  les  inscriptions  de  l'époque 
de  Darius  et  de  Xerxès. 

§  4.  Gomme  J.  Darmesteter  l'a  lumineusement  montré  dans 
ses  Études  iraniennes,  I,  la  langue  de  ces  inscriptions  repose  sur 
le  même  type  dialectal  que  le  pehlvi  officiel  de  l'époque  sassa- 
nide  et  que  le  persan  littéraire  et  officiel  ;  elle  en  présente  une 
forme  plus  ancienne  (v.  §  i/io).  Si  l'on  fait  abstraction  des  em- 
prunts que  le  perse  a  faits  à  d'autres  dialectes  iraniens,  emprunts 
qui  étaient  commencés  dès  l'époque  acbéménide  (cf.  §  8  et 
suiv.)  et  qui  se  sont  multipliés  ensuite,  il  n'y  a  entre  le  vieux 
perse,  le  pehlvi  et  le  persan  d'autres  différences  que  celles 
qui  ont  résulté  du  développement  de  la  langue.  Les  divergences 
qu'on  a  cru  constater  entre  le  vieux  perse  et  le  pehlvi  ou  le  per- 
san ne  sont  pas  réelles.  Gertaines  sont  purement  graphiques  : 
celle  portant  sur  r  à  l'initiale  des  mots  (v.  Hiibschmann,  K. 
Z.,  XXXVI,  168  et  suiv.,  et  cf.  ci-dessous  §  98),  celle  por- 
tant sur  X  qui  n'est  pas  écrit  devant  u  (cf.  §  76  et  i3o-i34). 
Dans  ses  Persische  Studien,  p.  210,  Hiibschmann  a  contesté  que 
persan  s  ait  pu  sortir  de  v.  p.  6  à  l'initiale  des  mots  ;  maisl'/?  inté- 


§  4-5]  PLACE  DIALECTALE  DU  PERSE  3 

rieur,  qui  ne  peut  s'expliquer  que  par  un  ancien  0  (car  v.  p. 
s  subsiste  en  persan),  montre  bien  que  le  traitement  persan  s 
à  l'initiale  repose  sur  8,  ce  qui  n'offre  du  reste  aucune  diffi- 
culté (cf.  §  102). 

On  connaît  le  pehlvi  sassanide  par  des  inscriptions,  par  des 
textes  mazdéens  conservés  chez  les  Zoroastriens  de  la  Perse  et 
de  l'Inde  et  enfin  par  des  textes  manichéens  récemment  décou- 
verts en  Asie  Centrale  ;  sauf  des  détails  de  graphie,  et  sauf  les 
différences  dues  à  ce  qu'ils  ont  été  écrits  à  des  dates  diverses  et 
dans  des  conditions  diverses,  ces  trois  séries  de  textes  repré- 
sentent une  seule  et  même  langue.  Quant  au  persan,  il  a  un 
type  bien  fixé.  Vieux  perse,  pehlvi  sassanide  et  persan  offrent 
trois  états  successifs  d'un  même  dialecte,  le  perse  du  Sud- 
Ouest,  de  la  Persis  proprement  dite.  Il  est  impossible  d'essayer 
de  localiser  le  vieux  perse  d'une  manière  plus  précise. 

§  5.  Le  perse  ainsi  défini  fait  partie  du  grand  groupe  des 
langues  iraniennes  dont  il  forme  l'extrémité  au  Sud-Ouest.  Ce 
groupe  occupe  une  aire  géographique  très  étendue  et  présente  des 
dialectes  divers.  Sous  une  forme  archaïque,  on  ne  connaît,  outre 
le  vieux  perse,  que  la  langue  du  texte  sacré  des  Zoroastriens, 
l'Avesta,  qu'on  ne  sait  pas  localiser  exactement,  mais  qui  appar- 
tient à  un  type  dialectal  peu  éloigné  du  perse.  Les  parler  s  du 
plateau  iranien  et  le  kurde  sont  aussi  assez  proches  du  perse  ;  les 
inscriptions  en  «  chaldéo-pehlvi  »  et  quelques  textes  manichéens 
découverts  en  Asie  centrale  donnent  une  idée  de  ce  qu'a  été 
un  parler  du  Nord-Ouest,  qui  a  sans  doute  été  la  langue  des 
Arsacides,  et  qui  fait  partie  de  ce  groupe.  L'afghan  est  beau- 
coup plus  différent.  Les  parlers  les  plus  éloignés  du  perse  sont 
les  parlers  du  Pamir  et  ceux  du  groupe  scythique,  représentés 
par  le  sogdien  à  date  ancienne  et  le  yagnobi  à  l'époque  mo- 
derne, et  par  l'ossète  au  Caucase.  Enfin  des  textes  en  écri- 
ture brâhmî  trouvés  en  Asie  centrale  fournissent  un  dialecte 
iranien  qui  a  été  parlé  à  l'extrémité  orientale  du  domaine,  dans 


i  INTRODUCTION  [§  5-8 

la  partie  méridionale  du  Turkestan  chinois.  A  la  date  des  ins- 
criptions les  dialectes  iraniens  étaient  déjà  différenciés,  mais  leur 
unité  demeurait  évidente  et  les  divers  Iraniens  ne  devaient  pas 
avoir  besoin  d'un  grand  effort  pour  se  comprendre  entre  eux. 

§  6.  On  a  souvent  qualifié  le  vieux  perse  des  inscriptions  de 
«  langue  de  chancellerie  » .  Si  l'on  veut  dire  par  là  que  la  plu- 
part des  inscriptions  qu'on  possède  sont  officielles,  on  constate 
simplement  un  fait.  Mais  il  n'en  faut  pas  conclure  qu'on  soit 
en  présence  d'une  langue  fixée  par  des  bureaux  et  séparée  de 
l'usage  courant.  Que  la  graphie  du  vieux  perse  date  de  Gyrus 
le  Grand  ou  qu'elle  remonte  seulement  à  Darius,  elle  a  été  en 
tout  cas  constituée  à  une  époque  de  peu  antérieure  à  celle  où 
ont  été  écrits  les  textes  conservés.  On  n'a  aucune  raison  de 
croire  qu'il  y  ait  eu  en  Perse  une  langue  officielle  régulièrement 
employée  par  une  administration  avant  l'époque  de  Darius.  — 
D'ailleurs  il  y  a  lieu  de  croire  que  la  langue  des  «  bureaux  » 
achéménides  était  l'araméen,  non  le  perse;  le  perse  était  sans 
doute  la  langue  de  la  noblesse  qui  entourait  le  roi,  la  langue  de 
la  cour  ;  on  ne  l'a  écrit  dans  sa  pureté  qu'à  l'époque  de  Darius 
et  de  son  successeur  immédiat,  c'est-à-dire  au  temps  où  le  roi 
de  Perse  était  le  représentant  de  cette  noblesse  proprement  perse 
dont  l'avènement  de  Darius  marque  le  triomphe. 

§  7.  A  examiner  les  textes  vieux  perses  directement,  on  a 
l'impression  que  les  auteurs  ne  subissent  l'influence  d'aucune 
tradition  littéraire  proprement  perse.  La  langue  est  si  peu  fixée 
que,  dans  une  même  phrase,  des  inscriptions  diverses  présentent 
trois  formes  différentes  :  abara,  abara(n)tâ,  aharaha  (v.  §  228). 

§  8.  En  revanche,  le  vocabulaire  religieux  et  officiel  des 
inscriptions  offre  des  traces  nombreuses  de  faits  étrangers  au 
dialecte  perse  ;  et,  hors  de  la  Perse,  il  existait  déjà  sans  doute 
une  littérature,  écrite  ou  non  écrite,  à  laquelle  les  Perses  ont 
emprunté  certaines  formes  quand  ils  ont  eu  à  rédiger  les 
inscriptions  conservées. 


§  9-101  INFLUENCE  SAVANTE  SUR  LE  PERSE  5 

§  g.  Devant  voyelle,  le  perse  répond  par  les  dentales  0  et  J 
à  ^  et  ;(  des  autres  dialectes,  là  où  ^  et  :(  répondent  à  f  et  à  y  ou 
h  du  sanskrit.  Pour  tous  les  termes  de  la  langue  courante,  6  et 
d  sont  en  effet  de  règle  dans  les  inscriptions  (§  102  et  129). 
Mais,  pour  la  titulature  ou  dans  les  composés  qui,  par  nature, 
appartiennent  à  des  langues  spéciales  et  techniques,  notamment 
à  la  langue  religieuse,  on  trouve  plusieurs  fois  :(  au  lieu  du  d 
attendu  ;  ceci  répond  à  l'usage  réel,  car  ces  mots  se  retrouvent 
en  persan  sous  la  même  forme.  Voici  les  exemples  : 

va^rka  dans  la  titulature:  xsâya^iya  va:(rka  (B.  I,  i,  etc.), 
ou  xsâya^iya  ahyâyâ  bumiyâ  va^rkàyâ  «  roi  de  cette  terre  puis- 
sante »  (X.  Pers.  a,  etc.).  Le  persan  a  bu^tirg. 

Xura,  dans  :(ura  akunavam  «  j'ai  fait  du  tort  »  (B.  IV,  65)  et 
dans  le  composé  :(tirakara  «  qui  fait  du  tort  »  (B.  IV,  6/i)  ;  terme 
de  la  langue  du  droit,  de  la  religion.  Le  persan  a  :(ûr. 

-:(ana-,  au  second  terme  des  composés  paru/^ana-  «  qui  con- 
tient de  nombreuses  tribus  »  et  vispaxjina-  «  qui  contient  toutes 
sortes  de  tribus  ».  Le  perse  a  emprunté  aux  autres  dialectes 
iraniens  la  forme  ':^an-  de  cette  racine,  ce  qui  a  permis  de  la 
différencier  de  la  racine  signifiant  «  connaître  »,  par  exemple 
dans  V.  p.  adânà  «  il  connaissait  »,  p.  dànistan.  Mais  il  n'est 
pas  établi  que  l'emprunt  était  déjà  fait  à  l'époque  des  inscrip- 
tions achéménides,  et  là  où,  d'après  le  pehlvi  et  le  persan,  on 
attendrait  à:(àta-  «  noble  »,  on  a  en  fait  amàta-  (B.  I,  7=zB. 
a  II),  dont  l'origine  n'est  pas  claire,  mais  qui  indiquerait, 
semble- t-il,  l'inexistence  de  â:(âta-. 

§  10.  K  çv  d\i  sanskrit,  la  plupart  des  dialectes  iraniens,  et 
notamment  celui  que  représente  l'Avesta,  répondent  par  sp^ 
mais  le  perse  par  ^  (v.  §  11 3).  Or,  dans  deux  composés  — 
les  composés  appartiennent  souvent  à  des  langues  savantes  — , 
figure  sp  : 

A  skr.  âçva-  «  cheval  » ,  le  perse  répond  par  asa-  dans  l'accu- 
satif isolé  asam  (Bh.  I,  87)  et  dans  le  composé  asahàra-  «  cava- 


6  INTRODUCTION  |§  10-12 

lier  ».  Le  persan  a  emprunté  asp  aux  autres  dialectes  iraniens 
parce  que  *as  aurait  eu  trop  peu  de  corps  ;  mais  il  garde  suvâr 
«  cavalier  ».  Or,  dans  un  composé  de  type  tout  védique,  on 
Si  aspa-  :  (h)uvaspà  (Dar.  Pers.  d  8)  à  côté  de  (F)umartiyà  ; 
cf.  véd.  s(u)v-âçva-  et  su-vîra-. 

A  skr.  viçva-f  le  perse  répond  par  visa-  qu'on  trouve  plusieurs 
fois,  isolé,  ou  dans  le  composé  visadahyu-  des  inscriptions  de 
Xerxès  ;  or,  on  a  le  composé  vispa^ana  «  qui  a  toutes  sortes 
de  tribus  »  NR.  a  lo-ii  ;  ce  composé  est  d'autant  plus  remar- 
quable qu'il  renferme,  on  le  voit,  à  la  fois  deux  traits  non  perses  : 
sp  et  :(.  Le  vieux  perse  visa-  n'a  pas  subsisté:  le  persan  a  em- 
prunté vispa-  pour  renforcer  le  mot  haruva-  devenu  har,  d'où 
p.  harvisp. 

§  II.  L'élément  -farnah-  qui  figure  au  second  terme  du 
nom  propre  composé  Vi(n)dafarnà  «  'Ivia^épvr^;  »  de  l'un  des 
nobles  perses  conjurés  qui  ont  organisé  le  meurtre  du  faux 
Smerdis,  ne  peut  être  qu'un  emprunt  à  un  dialecte  non  perse, 
comme  on  l'a  montré,  M.  S.  L.,  XVII,  107  et  suiv. 

§  12.  Les  emprunts  de  la  langue  savante  à  un  dialecte  non 
perse  s'étendent  jusqu'à  la  flexion  :  tous  les  mots  de  la  langue 
courante  ont  -à  au  nominatif  pluriel  des  thèmes  en  -a-  (v.  §  3o2). 
Seul,  le  nom  des  «  dieux  »  fait  exception  :  bagàha,  avec  le 
nominatif  pluriel  en  -àha  qui  répond  à  -ânhô  des  gâthâs  de 
l'Avesta  et  à  -àsah  du  védique,  fait  exception  (B.  IV,  61  et  63). 
Et  c'est  le  seul  nominatif  pluriel  attesté  pour  haga.  Du  reste, 
même  dans  l'Avesta,  le  nominatif  pluriel  en  -ânhô  semble  être 
une  forme  traditionnelle  de  la  langue  religieuse  ;  on  a  ainsi 
gâth.  ahurânhôj  zd  ya^atânhô  (à  côté  de  ya:(ata^  ;  le  nom.  plur. 
aspâfihô,  au  lieu  de  aspa,  Yt  XVII,  12,  est  destiné  à  fournir 
les  trois  syllabes  requises  par  le  vers.  Le  perse  et  l'avestique 
ont  puisé  tous  les  deux  à  une  même  tradition  pour  ces  formes 
religieuses.  Dans  les  deux  passages  cités,  hagàha  a  entraîné  une 
forme   pareille  pour  l'adjectif  aniya-  qui   l'accompagne,    soit 


§  12-14]  INFLUENCE  SAVANTE  SUR  LE  PERSE  7 

aniyâha  (conservé  seulement  B.  IV,  62-68).  Le  mot  aniya,  dont 
la  flexion  est  exactement  celle  des  démonstratifs  (abl.  aniyanà, 
nom.  ace.  sg.  n.  aniyas-ciy  ;  v.  §  334),  ne  pouvait  avoir  au  nomi- 
natif pluriel  masculin  que  la  forme,  non  attestée  par  hasard, 
*aniyaiy  ;  aniyâha  qu'on  lit  ici  est  une  forme  particulière  due 
à  l'influence  de  hagàha  qu'elle  accompagne  ;  pareil  fait  ne  s'est 
pas  produit  dans  l'Avesta,  où  on  lit  anye  ya:(atânhôj  vîspe  ya^a- 
tânhô. 

§  i3.  Le  démonstratif  âtî^ûj-^  qui  indiquait  anciennement  l'objet 
•éloigné,  ne  conserve  un  sens  précis  que  dans  une  formule  reli- 
gieuse plusieurs  fois  répétée,  par  exemple  NRa  i  :  hya  imam 
bumim  adà,  hya  avam  asmànam  adâ  «  qui  a  créé  la  terre  ici-bas, 
qui  a  créé  le  ciel  là-bas  ».  Il  y  a  là  un  vieil  usage  dont  on 
retrouve  l'équivalent  dans  l'Avesta,  par  exemple  Yt  XIII,  i53: 
imamca  :(^m  ya^amaide  aomca  asmànam  ya:(amaide  «  nous 
sacrifions  à  la  terre  ici-bas  et  nous  sacrifions  au  ciel  là-bas  » 
(cf.  pour  d'autres  exemples  le  dictionnaire  de  M.  Bartholomae 
sous  asan-)  ;  la  formule  avestique  ne  difi'ère  de  la  formule  perse 
que  par  un  détail  de  vocabulaire  :  la  «  terre  »  y  est  nommée 
:(am-,  et  non  bûmî-  ;  c'est  que  le  mot  :(am'  n'est  pas  perse,  et 
on  le  voit  bien  à  ceci  qu'il  a  ensuite  pénétré  en  perse  avec  le  ;( 
qui  contredit  la  phonétique  perse  :  p.  :(amî.  A  ceci  près,  il 
s'agit  de  la  même  formule,  qui  est  archaïque  et  dans  les  inscrip- 
tions perses  et  dans  l'Avesta.  Le  rôle  de  ava-  désignant  l'objet 
éloigné  est  mieux  conservé  dans  FAvesta  qu'en  vieux  perse  où, 
à  part  cette  formule,  ava-  est  déjà  devenu  un  simple  anapho- 
rique  (v.  §  829). 

§  i/i-  On  peut  citer  encore  un  trait  qui  semble  indiquer  une 
influence  savante.  Dans  toutes  les  phrases  perses  des  diverses 
inscriptions,  le  verbe  suit  le  sujet  ou  le  sujet  et  le  complément  ; 
il  n'est  pas  en  principe  le  premier  mot  de  la  phrase.  Il  n'y  a 
qu'une  exception,  et  c'est  la  formule  ^âtiy  DàrayavaQj)us 
x^àya^iya.  On  est  ici  en  présence  d'une  formule  fixée,    qu'il 


8  INTRODUCTION  [§  14-16 

est  raisonnable  d'attribuer  à  l'influence  du  même  dialecte,  pos- 
sédant une  tradition  savante,  qui  a  fourni  des  formes  comme 
vispa^ana-  ou  hagâha. 

§  i5.  Plus  tard,  dans  des  conditions  nouvelles,  a  été  intro- 
duit en  perse  le  nom  d'un  dieu  qui  ne  figure  pas  sur  les  inscrip- 
tions de  Darius  ou  de  Xerxès  non  plus  que  dans  les  gâthâs  de 
l'Avesta.  A  Mibra-  de  l'Avesta  devrait  répondre  en  vieux  perse 
"^Miça-  (v.  §  io5)  ;  or,  cette  forme  n'existe  pas,  et  l'on  a  dans 
des  inscriptions  d'Artaxerxès  I  et  d'Artaxerxès  II  Mi^ra-  à  Per- 
sépolis  et  à  Suse,  Mitra-  à  Hamadan,  avec  des  groupes  Or  et  tr, 
inconnus  par  ailleurs  à  la  graphie  du  perse.  La  forme  persane 
est  Mihr,  qui  n'est  pas  du  type  dialectal  perse.  Mais  cet  emprunt 
n'appartient  pas,  on  le  voit,  à  la  même  série  que  vispa^ana-, 
que  le  pluriel  bagâha,  etc. 

§  i6.  Il  n'y  a  pas  de  raison  de  croire  que  ce  commencement 
de  tradition  littéraire  dont  on  entrevoit  un  reflet  dans  les 
inscriptions  perses,  mais  qui  n'était  pas  perse,  coïncide  avec  la 
tradition  avestique.  Le  nom  qui  désigne  la  notion  de  «  dieu  », 
en  perse  haga-,  est  inconnu  aux  gâthâs,  rare  dans  l'Avesta 
récent  ;  le  mot  magus,  que  les  inscriptions  emploient  comme  un 
terme  courant,  n'existe  à  peu  près  jamais  dans  l'Avesta.  Aucun 
des  éléments  essentiels  du  zoroastrisme  ne  se  retrouve  dans  les 
inscriptions  ;  par  exemple  les  inscriptions  parlent  de  «  dieux  » 
au  pluriel,  mais  non  de  Amdsa  spmta.  Les  inscriptions  et 
FAvesta  ont  en  commun  le  grand  dieu  Ahuramazdâh-  ;  mais 
on  n'a  aucune  raison  de  croire  que  ce  dieu  ait  été  institué  par 
le  zoroastrisme.  Le  mot  /^urah-  cité  ci-dessus  ne  tient  presque 
aucune  place  dans  l'Avesta  ;  il  ne  figure  pas  dans  les  gâthâs  ;  et 
l'on  a  seulement  dans  l'Avesta  récent  ^ûrôjata-  deux  fois  et 
Xûrôhdrdta-  une  fois  ;  c'est  dire  que  le  mot  :(ûrô^  peut  avoir  été 
pris  à  la  langue  courante  par  quelque  rédacteur  plus  ou  moins 
tardif  et  n'appartient  pas  nécessairement  à  l'ancienne  tradition 
avestique.  L'adjectif  va:(rka  «  fort  »,  qui  est  emprunté  et  qui 


§  16-18]  NOUVEAUTÉ  DE  LA  FIXATION  DU  PERSE  9 

est  fréquent  dans  les  formules,  n'est  pas  avestique.  Rien,  dans 
les  faits  cités  ici,  ne  donne  lieu  de  supposer  une  action  de  la 
tradition  proprement  zoroastrienne  sur  la  langue  écrite  en  Perse. 
L'affirmation,  souvent  répétée,  que  Darius  aurait  été  zoroastrien 
ne  repose  sur  aucun  fait  certain  ;  et  il  demeure  frappant  que 
Darius  ait  établi  sa  souveraineté  en  tuant  un  mage.  L'Avesta 
d'une  part  et  les  inscriptions  perses  de  l'autre  laissent  entrevoir 
la  tradition  d'une  langue  iranienne  littéraire  et  religieuse,  paral- 
lèle à  la  langue  des  Védas  ;  cette  langue  n'était  pas  le  perse  ; 
tout  au  plus  pourrait-on,  sans  raison  précise,  songer  au  mède. 

§  17.  Situés  à  l'extrémité  Sud-Ouest  du  domaine  iranien, 
lors  de  leur  apparition  dans  l'histoire,  les  Perses  étaient  sans 
doute  un  petit  groupe  de  conquérants  actifs  et  audacieux  qui 
ont  fait  une  fortune  extraordinaire  et  qui,  avec  Cyrus  et  surtout 
avec  Darius,  ont  constitué  le  premier  grand  empire  connu  de 
langue  indo-européenne.  Il  n'y  a  pas  d'apparence  que,  avant 
cette  période  de  grands  succès,  ils  aient  possédé  aucune  litté- 
rature. 

§  18.  L'expression  de  certaines  notions  essentielles  n'est  pas 
fixée.  Ainsi,  près  de  l'énumération  des  provinces  de  l'Empire, 
certaines  idées  sont  exprimées,  B.  I,  18-26,  NR.  a.  i5-2  2, 
et,  plus  brièvement,  Dar.  Pers.  e  ;  ce  sont  exactement  les 
mêmes  dans  les  trois  morceaux  ;  or,  ni  le  vocabulaire  ni  les 
tours  de  phrase  employés  ni  même  les  formes  grammaticales 
ne  sont  les  mêmes.  Pour  exprimer  les  mêmes  notions  officielles, 
les  rédacteurs,  évidemment  différents,  des  trois  inscriptions 
n'avaient  pas  de  tradition.  Pour  rendre  l'idée  de  «  faire  roi  », 
Dar.  Pers.  d  recourt  à  dà-  et  les  autres  inscriptions  à  kar-  (cf. 
§  287),  montrant  bien  ainsi  qu'il  n'y  avait  pas  d'usage  établi 
même  pour  une  idée  aussi  capitale  (cf.  ci-dessous,  §  27,  sur 
les  formes  grammaticales).  Quand  on  compare  les  inscriptions 
de  Darius  entre  elles,  on  voit  qu'elles  ont  un  fonds  commun  de 
notions  officielles  à  énoncer  ;  mais  le  formulaire  varie  sensi- 


10  INTRODUCTION  [§  18-31 

blement  d'une  inscription  à  l'autre  ;  les  inscriptions  de  Xerxès 
ont  un  formulaire  plus  fixe,  et  la  plupart  reprennent  la  formule 
initiale  de  NR.  a.  On  lit  xsàya^iya  dahyunâm  vispaianànàm  Dar. 
NR.  a  et  Sz.  c,  paru:(anànàm  Dar.  Elv.  ;  mais  toutes  les  inscrip- 
tions de  Xerxès  n'ont  que  pariizanànâm  :  Pers.  a,  b,  c,  d  ;  Elv.  ; 
Van,  soit  six  fois. 

§  19.  Lorsqu'on  a  eu  à  rédiger  le  texte  perse  des  inscrip- 
tions achéménides,  on  a  dû  éprouver  l'embarras  que  ressentent 
toujours  ceux  qui  pour  la  première  fois  tentent  d'écrire  une 
langue  jusque-là  non  écrite.  Par  malheur  il  est  malaisé  de  ju- 
ger du  style  quand  il  s'agit  d'un  idiome  connu  seulement  par 
des  textes  épigraphiques  peu  nombreux  et  dont  la  rédaction 
est  assez  monotone.  Les  points  de  comparaison  manquent. 

§  20.  Pour  autant  qu'il  est  possible  de  se  former  une  opinion, 
la  structure  des  phrases  des  textes  vieux  perses  est  gauche  ;  il 
y  a  partout  les  redondances,  les  raccourcis  et  les  répétitions 
d'une  langue  parlée  brusquement  fixée.  Rien  n'a  moins  une 
forme  littéraire  que  les  inscriptions  perses.  Les  gàthâs  de 
l'Avesta  sont,  elles  aussi,  d'une  forme  raide  et  gauche  ;  mais  il 
y  apparaît  partout  de  l'artifice,  partout  des  procédés  littéraires, 
et  l'abstraction  y  domine.  Les  inscriptions  perses  disent  au 
contraire  tout  simplement  ce  qu'elles  veulent  dire  ;  elles  don- 
nent l'impression  d'un  parler  courant  dont  on  essaie  pénible- 
ment de  se  rendre  maître  et  qu'on  écrit  pour  la  première  fois. 

§  21.  L'un  des  traits  qui  mettent  le  mieux  en  évidence  ce 
caractère  de  langue  parlée  qui  vient  d'être  fixée  par  écrit  est  le 
fait  qu'il  suffit  d'une  petite  phrase  relative  ou  même  d'une  brève 
apposition  pour  déterminer  la  reprise  d'un  mot  par  un  démon- 
stratif. Voici  quelques  exemples  pour  illustrer  cet  usage  ;  on 
n'a  qu'à  parcourir  la  grande  inscription  de  Behistun  pour  en 
trouver  un  nombre  illimité  : 

B.  I,  44  aita  xsaçam  tya  Gaumàta  hya  magus  adinà  Kain^hu- 
jiyam  aita  xsaçam  hacâ  paruviyata  amàxam  tau{pc)mâyâ  âha  «  ce 


§  21-23]  NOUVEAUTÉ  DE  LA  FIXATION  DU  PERSE  11 

royaume  que  Gaumàta  le  mage  avait  enlevé  à  Gambyse,  ce 
royaume  appartenait  à  notre  famille  dès  le  début  » . 

B.  II,  8/4  kàram  hamiçiyam  hya  manà  naiy  gaubâtaiy  avam 
jatà  «  l'armée  rebelle  qui  dit  n'être  pas  mienne,  battez-la  » . 

B.  1, 77 1 martiyahàhairuviya  Nadi{n)tahira  nàma  Ain[ird\hyâ 
puça  hauv  udapatatâ  «  un  bomme  babylonien,  nommé  Nadin- 
tabira,  fils  d'Ainira,  il  s'est  soulevé  ». 

B.  II,  93  V'Stâspa  mànâ  pità  hauv  [Par^avaiy]  âha  «  Vistâspa 
mon  père,  il  était  en  Parthie  ». 

§  22.  Un  autre  procédé,  qui  est  tout  à  fait  un  procédé  de 
langue  parlée,  consiste  à  introduire  dans  la  phrase  des  sortes 
d'incises  pour  désigner  un  homme  ou  une  localité,  puis  à 
reprendre  l'indication  au  moyen  d'un  démonstratif.  Ce  procédé 
revient  constamment  ;  en  voici  des  exemples  : 

B.  II,  27  hauv  [kà\ra  hya  manà  —  Ka(n)pada  nàmà  dahyàus 
Mâdaiy  —  avadâ  màm  amàniya  (lire  amànaya)  «  mon  armée         ' 
—  il  y  a  au  Midi  une  province  du  nom  de  Kanpada  —  là  elle        / 
m'a  attendu  »  (le  sujet  n'est  pas  repris  par  un  démonstratif  con- 
trairement à  ce  qui  arrive  dans  les  cas  précédents). 

B.  III,  II  Margus  nàmà  dahyàus  —  hauvmaiy  hamiçiyà 
abava.  1  martiya  Fràda  nàma  Màrgava  —  avam  maBistam  aku- 
nava(n)tà.  Pasàva  adam  f^ràisayam  —  Dàdrsis  nàma  Par  sa  manà 
ba(n)daka  Bàxtriyà  xsaçapàvà  —  abiy  avam  «  [il  y  a]  une  pro- 
vince du  nom  de  Margiane  —  elle  est  devenue  rebelle.  Il  y  a  un 
homme  margien  du  nom  de  Fràda  —  ils  en  ont  fait  leur  chef. 
Ensuite  j'ai  envoyé  —  il  y  a  un  Perse  du  nom  de  Dâdrsi,  mon 
serviteur,  satrape  en  Bactriane  —  vers  celui-ci  ».  —  On 
trouvera  B.  III,  54  et  suiv.  une  autre  phrase  toute  pareille  et 
qui  montre  que  cette  construction  n'est  pas  accidentelle. 

§  23.  Dès  qu'il  faut  faire  une  phrase  un  peu  longue  et  expo- 
ser plusieurs  choses,  les  rédacteurs  ne  savent  manifestement 
pas  comment  se  tirer  d'affaire.  La  phrase  suivante  est  un  pro- 
dige d'embarras  et  de  gaucherie  : 


12  INTRODUCTION  [§  23-25 

B.  I,  64  kàrahyâ  abicaris  gaiMmcà  màniyamcâ  v'^hiscà  tyâdis 
Gaumàta  h\ya\  magus  adinâ  adam  kâram  gâbavâ  avàstâyam  «  le 
et  la  propriété  et  la  maison  et  le  du  peuple 

que  Gaumâta  le  mage  leur  avait  enlevés,  j'ai  restitué  le  peuple 
en  sa  place^  » .  Il  est  visible  que  -dis  se  rapporte  à  kàrahyà  ;  mais 
kâram  est  repris  dans  la  phrase  principale,  et  les  quatre  complé- 
ments directs  groupés  ensemble  restent  en  l'air. 

§  2 4.  A  côté  d'une  pareille  phrase,  des  répétitions,  comme 
celles  qu'on  lit  dans  les  phrases  suivantes,  paraissent  tolérables; 
mais  l'emploi  des  démonstratifs  y  appartient  tout  à  la  langue 
parlée  : 

B.  II,  I  Pasâva  Nadi{n)tahira  hadà  kamnaihis  asahàraihis 
am\u^a,  Bà]bairum  asiyava.  Pasâva  adam  Bâbairum  asiyavam 
[vasnà  AQi)urama:^d^âha,  iitâ  Bâbairum  agrbâyam  utâ  avam 
Nadi(n)tab[iram  agrbâya]m.  Pasâva  adam  Nadi(n)tab[iram 
adam  Bâbairaiiv  avâjaÇnam)^.  «  Ensuite  Nadintabira  est  parti 
avec  peu  de  cavaliers,  il  est  allé  à  Babylone.  Ensuite  je  suis  allé 
à  Babylone  parla  volonté  d'Ahuramazdâh,  et  j'ai  pris  Babylone, 
et  j'ai  pris  ce  Nadintabira.  Ensuite  j'ai  tué  ce  Nadintabira  à 
Babylone  ». 

B.  III,  47  utâ  avam  Vahya:(dâtam  agrbâya  utâ  martiyâ  tyai- 
saiy  fratamâ  anusiyâ  aha(n)tâ  agrbâya  «  et  il  a  pris  ce  Vahyazdâta, 
et  il  a  pris  les  hommes  qui  étaient  ses  principaux  adhérents  » . 

§  25.  Ce  qui  est  plus  probant  encore  que  ces  gaucheries,  dont 
on  retrouve  l'équivalent  à  chaque  page,  c'est  l'absence  de  tout 
procédé  littéraire.  En  dehors  des  formules  officielles,  sans  doute 
calquées  sur  des  formules  antérieures  d'un  autre  dialecte  ou 
sur  des  formules  étrangères,  les  rédacteurs  ne  disposent  que 
d'un  petit  nombre  de  tours  de  phrases  qui  reviennent  sans 
cesse,  et  qui  sont  très  simples. 

1 .  Les  mots  dont  le  sens  est  incertain  sont  laissés  en  blanc  dans  la  traduction. 

2.  Les  restitutions  mises  entre  crochets  sont  évidentes  par  elles-mêmes  et 
confirmées  par  les  textes  élamite  et  babylonien. 


§  26-28]  FLOTTEMENT  DE  LA  LANGUE  13 

§  26.  On  admettra  donc  que  l'on  se  trouve  en  présence 
d'un  texte  aussi  sincère  au  point  de  vue  linguistique  que  peut 
l'être  un  texte  écrit.  La  langue  des  inscriptions  perses  doit  repré- 
senter à  peu  près  exactement  le  parler  courant  des  Perses  de 
l'entourage  de  Darius  et  de  Xerxès.  Et  c'est  bien  en  effet  ce 
qu'indique  l'aspect  du  texte  si  on  l'examine  au  point  de  vue 
linguistique. 

§  27.  Là  où  la  langue  présentait  un  flottement,  ce  flotte- 
ment se  traduit  dans  la  graphie.  Le  perse  a  toujours  hésité  entre 
le  maintien  de  st  et  une  altération  de  ce  st  en  st  :  la  grande 
inscription  de  Behistun  a  à  la  fois  (h)ufrastam  et  (h)ufrastam 
(v.  §  125).  La  3"  personne  du  pluriel  ahara  prêtait  à  confusion 
avec  la  3^  personne  du  singulier  (v.  §  168)  :  une  même  phrase 
présente  cette  3*^  personne  sous  les  formes  abara,  aharaha  et  aha- 
ra(jî)tà  suivant  les  inscriptions  (v.  §  2  23)  ;  et  un  autre  verbe 
offre  un  autre  aspect  de  cette  même  3*^  personne  :  adurujiyasa 
«  ils  trompaient  » .  L'inscription  de  Behistun  ne  connaît  que 
a(Ij)urama^dàha  au  génitif;  toutes  les  autres  inscriptions  de 
Darius  ont  aQj)uramazdàhà.  L'inscription  de  Behistun  a  pasâva- 
sim  (II,  76)  comme  adamsim,  tandis  que  l'inscription  de  Naxs  i 
Rustam  oppose  pasàvadim,  33  à  adamsim,  36  (v.  §  3^5).  On 
lit  utâmaiy  chez  Xerxès,  Pers.  b,  comme  à  Behistun,  mais  uta- 
maiy  chez  Xerxès,  Pers.  a  et  d  (v.  §  i5i).  On  n'est  pas  en  pré- 
sence d'un  type  grammatical  fixé  pas  plus  que  d'un  style  lit- 
téraire établi.  Les  rédacteurs  se  conforment  à  l'usage  de  leur 
pays  et  de  leur  temps,  et  là  où  cet  usage  est  flottant,  il  y  a 
flottement  d'une  inscription  à  l'autre,  et  parfois  à  l'intérieur 
d'une  même  inscription. 

§  28.  Au  moment  où  les  inscriptions  en  vieux  perse  ont  été 
rédigées,  la  langue  avait  un  aspect  archaïque  dans  l'ensemble  ; 
c'était  encore  un  vieux  dialecte  indo-iranien,  avec  des  finales 
conservées,  avec  des  restes  de  vieilles  flexions.  Mais  on  était 
tout  à  la  fin  de  la  période  ancienne  ;  les  finales  commençaient  à 


14  INTRODUCTION  [§  28-32 

s'altérer,  la  flexion  a  se  simplifier,  et  si  le  perse  avait  été  fixé 
par  écrit  quelques  dizaines  d'années  plus  tard  qu'il  ne  l'a  été, 
on  ne  pourrait  presque  plus  parler  de  véritable  vieux  perse, 
connu  à  un  stade  de  développement  comparable  à  celui  que 
présentent  les  textes  avestiques  ;  on  aurait  déjà  du  moyen  ira- 
nien, ce  que  l'on  appelle,  assez  improprement,  du  pehlvi. 

§  29.  A  beaucoup  d'égards,  le  vieux  perse  est  une  langue 
dont  l'évolution  est  avancée,  et  les  commencements  d'un  état 
moderne  de  la  langue  y  apparaissent. 

§  3o.  Au  point  de  vue  pbonétique,  l'évolution  apparaît,  il  est 
vrai,  assez  peu.  Le  fait  le  plus  important  est  la  chute  des  consonnes 
occlusives  et  de  -h  représentant  -s  à  la  fin  des  mots  (v.  §  i65 
et  suiv.).  A  ceci  près,  la  prononciation  du  vieux  perse  conserve 
un  aspect  archaïque,  et  les  innovations  de  détail  qu'on  y  observe 
ne  lui  ôtent  pas  son  caractère  de  vieille  langue  indo-européenne. 

§  3i.  La  morphologie  est,  au  contraire,  pleine  d'innovations 
graves. 

La  déclinaison  tend  à  se  simplifier  :  le  datif  n'existe  plus  à 
l'état  de  cas  autonome,  et  la  forme  de  l'ancien  génitif  en  a  pris 
tous  les  emplois  (v.  §  363). 

Les  cas  à  valeur  concrète  ne  se  suffisent  plus  à  eux-mêmes. 
Le  locatif  est  régulièrement  suivi  de  la  postposition  -â,  sauf 
dans  les  noms  propres  (v.  §  3oi,  3i8,  4oo),  et  l'ablatif  est 
régulièrement  précédé  de  hacâ  (v.  §  365).  L'emploi  des  prépo- 
sitions et  postpositions  a  pris  une  importance  considérable  dans 
l'ensemble  (v.  §  355,  359,  368). 

Tandis  que  le  védique  et  Tavestique  n'ont  encore  presque  pas 
d'infinitifs  proprement  dits  et  commencent  seulement  à  fixer 
quelques  formes  de  certains  substantifs  exprimant  l'action,  le 
vieux  perse  a  déjà  un  type  unique  d'infinitif  (v.  §  212  et  4^7), 
sans  trace  de  flexion,  et  servant  pour  n'importe  quel  verbe. 

§  32.  Les  préverbes  ne  sont  plus  autonomes;  ils  sont  con- 
stamment placés  devant  les  verbes  qu'ils  déterminent  et  n'ad- 


§  32-36]  INNOVATIONS  DU  PERSE  15 

mettent  jamais  d'en  être  séparés,  suivant  l'usage  védique, 
avestique  ou  homérique.  On  n'observe  même  pas  de  traces  de 
l'ancienne  autonomie  des  préverbes  comparables  à  celles  que 
l'on  trouve  dans  le  gotique  de  Wulfila  ou  dans  le  lituanien  d'au- 
jourd'hui (v.  §  2^b  et  suiv.). 

§  33.  Les  effets  de  la  loi  de  Bartholomae  sont  éliminés,  au 
moins  à  en  juger  par  les  adjectifs  verbaux  en  -ta-  :  à  skr.  haddha-, 
drugdha-  le  vieux  perse  répond  par  hasta-  «  lié  »,  duruxta- 
«  trompé,  menti  »  (v.  §  2i3).  Les  gàthàs  de  l'Avesta  conservent 
au  contraire  de  nombreux  restes  de  la  loi  de  Bartholomae,  dont 
les  effets  y  subsistent  à  peu  près  intégralement  :  ainsi  aogddà  «  il  a 
dit  »,  dont  il  a  été  fait  aoxta  dans  l'Avesta  récent.  L'Avesta  récent 
a  du  reste  régulièrement  hasta-,  -druxta-,  comme  le  vieux  perse. 

§  34.  Outre  l'élimination  générale  de  la  forme  du  datif,  la 
déclinaison  se  montre  très  évoluée  dans  le  détail.  Ainsi,  dans 
les  démonstratifs,  la  forme  en  -aiy  du  nominatif  pluriel  ancien 
des  démonstratifs  sert  aussi  régulièrement  pour  l'accusatif  : 
avaiy,  imaiy,  tyaiy  en  offrent  des  exemples  (v.  §  325,  326,  33i). 
Aussi  dans  les  démonstratifs,  la  forme  en  -anâ  de  l'instrumental 
masculin  sert  pour  l'ablatif  (v.  §  33i,  334).  Le  gén.  dat.  loc. 
sg.  fém.  ahyàyâ  et  le  gén.  pi.  imaisàm  sont  des  formes  toutes 
nouvelles  (§  326).  Le  vieux  génitif  en  *-rs  des  thèmes  indo- 
iraniens en  -r-,  attesté  par  skr.  pitûh  «  du  père  »,  gâth.  n9r9s 
«  de  l'homme  »,  n'est  pas  conservé  en  vieux  perse;  on  y  a  une 
forme  nouvelle  piça  «  du  père  »  (§  3ii);  l'Avesta  récent  a  de 
même  formé  brà^rô  «  du  frère  ». 

§  35.  Le  nominatif  du  pronom  personnel  a  une  valeur 
significative  déjà  très  faible  et,  en  certains  cas,  ne  sert  guère 
qu'à  souligner  la  forme  personnelle  du  verbe,  ainsi  Dar.  Pers. 
d  2 G  aita  adam  yânam  jadiyâmiy  «  c'est  la  faveur  que  je 
demande  »  ;  on  ne  voit  pas  que  adam  ait  ici  une  force  parti- 
culière. 

§  36.   Le  système  verbal  ancien  a  gardé  tous  ses  organes 


16  INTRODUCTION  [§  36-38 

essentiels  ;  mais  le  système  qui  était  appelé  à  le  remplacer  est 
déjà  prêt.  Il  y  a  encore  en  vieux  perse  un  parfait,  attesté  à  l'op- 
tatif caxriyâ  ;  mais  toutes  les  fois  qu'on  a  vraiment  à  exprimer 
le  résultat  d'une  action  accomplie,  c'est  à  l'adjectif  verbal  en 
-ta-  qu'on  recourt  ;  «  voici  ce  que  j'ai  accompli  »  se  dit  ima  tya 
manâ  krtam.  Le  principe  de  la  formation  du  nouveau  prétérit 
iranien  est  donc  déjà  entièrement  posé  (v.  §  21^).  Ce  n'est  plus 
d'un  causatif  caractérisé  par  le  suffixe  -aya-  et  un  vocalisme 
spécial  qu'on  se  sert  pour  indiquer  qu'on  fait  faire  quelque 
chose  ;  c'est  de  verbes  spéciaux,  ainsi  Xerxès  à  Van  :  dipim 
naiy  nipistàm  akunaus  «  il  n'a  pas  fait  écrire  l'inscription  »,  le 
présent  kimau-  étant  traité  comme  un  véritable  auxiliaire  (cf. 
§  g/i),  ou  adam  myastàyam  imàni  dipim  nipaistanaiy  «  j'ai  fait 
écrire  cette  inscription  » .  On  est  loin  des  moyens  d'expression 
de  l'ancien  indo-iranien. 

§  87.  Dans  le  détail,  il  ne  manque  pas  d'innovations  qui 
attestent  qu'on  n'avait  plus  le  sens  du  système  ancien  ;  ainsi  on 
a  fait  sur  le  thème  du  présent  hmau-,  et  non  plus  sur  la  racine, 
un  ^fdiSsiî akunavayatà  «  il  était  fait  »,  B.  I,  20  et  24  (v.  §  196). 
La  vieille  forme  se  lit  B.  III,  92  akariya(n)tà  «  ils  ont  été  faits  ». 
—  Le  subjonctif  athématique  a  déjà  subi  l'influence  du  type 
thématique,  et  Ton  a  à  la  2^  personne  du  singulier  kunavàhy  B. 
IV,  75  et  79,  tandis  que  ahatiy,  plusieurs  fois  attesté,  garde  le 
type  ancien  (§  228-280). 

§  88.  Le  vocabulaire  donne  lieu  à  des  remarques  analogues. 
Le  mot  aiva  «  un  »,  écrit  au  moyen  du  chiffre  I,  sert  presque 
d'article  indéfini  ;  on  dit  /  martiya,  pour  isoler  un  homme  que 
l'on  considère,  par  exemple  B.  I,  74  pasàva  I  martiya  Açina 
nàma  Upadarmahyâ  puça  hauv  tidapata[tà]  «  ensuite  un  homme 
du  nom  d' Açina,  fils  d'Upadarma,  il  s'est  soulevé  »,  et  ainsi 
dans  un  grand  nombre  de  cas.  On  oppose  kasciy  «  quelqu'un  » 
B.  I,  49  et  58  à  cisciy  «  quelque  chose  »  B.  I,  58,  alors  que, 
encore  dans  l'Avesta,  cis  sert  pour  les  personnes. 


§  38-40]  INNOVATIONS  DU  PERSE  17 

Le  relatif  indo-iranien  ya-,  qui  est  d'usage  courant  dans 
l'Avesta,  n'existe  plus  en  vieux  perse;  seules,  des  conjonctions, 
yàtâ  «  depuis  que  »,  ya^â  «  comme,  quand  »,  yadiy  a  si  », 
yâvâ  «  aussi  longtemps  que  »,  en  rappellent  l'existence  anté- 
rieure. Le  relatif  du  vieux  perse  est  emprunté  au  démonstratif; 
c'est  hyUj  tya-;  ce  relatif  ne  représente  d'ailleurs  dans  l'évolution 
du  perse  qu'un  stade  de  transition  ;  la  langue  a  recouru  ensuite 
au  thème  de  l'interrogatif-indéfini,  ka-,  comme  presque  toutes 
les  autres  langues  indo-européennes  ont  fini  par  le  faire.  Le 
même  démonstratif  hya,  tya-  sert  aussi  à  relier  une  détermi- 
nation à  un  substantif  :  B.  I,  4  9  avant  Gaumàtam  tyam  magum 
«  ce  Gaumâta  le  mage  »,  et  ceci  encore  est  une  forte  innovation 
de  type  assez  moderne. 

Le  s  de  saiy,  sim,  sis,  justifié  phonétiquement  après  /'_,  u,  r 
(et  k)j  a  été  généralisé,  tandis  que  l'Avesta  récent  offre  encore  des 
traces  assez  nombreuses  de  la  répartition  ancienne  des  formes 
k  h  et  k  s. 

§  39.  Les  deux  termes  du  nom  du  dieu  Ahura-  Ma:(dâh-, 
qui  sont  séparés  de  parti  pris  dans  les  gâthâs  de  l'Avesta  et  qui 
demeurent  régulièrement  fléchis  tous  les  deux  dans  tout  TAvesta, 
sont  soudés  en  vieux  perse,  et  le  mot  n'a  plus  qu'une  flexion  : 
accusatif  A(h)urama:(dàm,  gémtïï  AQj)urama:(dàha  ou  A(h)ura- 
ma:(dàhà  ;  la  marque  de  séparation  des  mots  ne  figure  donc  pas 
entre  A(h)ura  et  Ma:(dà.  Le  mot  A(h)urà  figure  pourtant  une  fois 
isolé,  sans  Ma^dà,  Dar.  Pers.  e  2/i  ;  mais  la  flexion  des  deux 
termes  A(h)urahya  Ma:(dâha  Xerx.  Pers.  c  (dans  les  deux  exem- 
plaires de  l'inscription)  est  chose  unique  ;  et  cette  même  inscrip- 
tion a  deux  fois  le  nominatif  A(h)urama:(dà  sans  marque  de 
séparation  de  mots  entre  les  deux  termes. 

§  4o.  Le  mot  indo-iranien  qui  signifie  «  et  »,  l'enclitique  ^^t^ 
se  rencontre  encore,  mais  un  tout  petit  nombre  de  fois  seule- 
ment; et  la  forme  ordinaire,  celle  qui  figure  partout  où  le  sens 
est  un  peu  marqué,  est  utà. 

a 


18  INTRODUCTION  [§  41-44 

§  /i  I .  Il  ne  serait  pas  malaisé  d'allonger  la  liste  de  ces  faits 
qui  établissent  le  caractère  déjà  très  évolué  du  perse  au  moment 
où  les  inscriptions  de  Darius  et  de  Xerxès  ont  été  rédigées.  L'éli- 
mination de  l'aoriste  (§  2o5  et  238)  est  un  fait  caractéristique 
entre  beaucoup  d'autres. 

§  42.  Cette  rapidité  de  l'évolution  du  perse  ne  saurait  sur- 
prendre :  conquérants  lancés  très  loin  de  leur  pays  d'origine  et 
parvenus  à  une  extrémité  du  domaine  iranien,  les  Perses  étaient 
précisément  dans  les  conditions  où  l'évolution  linguistique  est 
en  général  le  plus  rapide.  Avec  cela,  leur  langue,  qui  était  celle 
d'un  petit  groupe,  est  devenue  l'idiome  dominant  d'un  grand 
empire;  et  ceci  encore  est  l'une  des  conditions  qui  détermi- 
nent une  évolution  linguistique  rapide  ;  le  mouvement  n'était 
du  reste  arrêté  par  rien  :  il  n'y  avait  pas  de  littérature  perse 
(v.  §  17  et  suiv.);  on  n'écrivait  pas  usuellement  le  perse  (v. 
§  46).  Il  n'y  a  donc  pas  eu  ici,  comme  à  Rome  par  exemple 
ou  chez  les  Arabes,  conservation  d'une  langue  écrite  rigoureu- 
sement fixée  à  côté  de  l'évolution  rapide  d'une  langue  parlée. 

§  43.  Les  innovations  que  l'on  observe  en  perse  sont  en 
partie  les  mêmes  que  celles  de  l'Avesta  récent.  Par  exemple  la 
confusion  du  nominatif  et  de  l'accusatif  masculin  pluriel  des 
démonstratifs  se  retrouve  exactement  dans  l'Avesta  récent  ;  ainsi, 
en  regard  de  l'ancien  accusatif  plur.  anymg  des  gâthâs,  l'Avesta 
récent  a  anye,  comme  au  nominatif.  On  a  vu  ci-dessus  des 
exemples  d'innovations  parallèles  du  perse  et  de  l'Avesta  récent 
(§  33  et  34).  Mais,  d'une  manière  générale,  l'Avesta,  fixé  par 
une  tradition  littéraire,  a  conservé  un  aspect  plus  archaïque 
que  le  perse,  et  l'ignorance  des  rédacteurs  postérieurs  qui  con- 
naissaient mal  la  tradition  avestique  y  est  en  partie  responsable 
des  innovations. 

§  44.  Il  semble  même  que  le  perse  n'ait  pas  été  la  langue 
des  «  bureaux  »  de  l'empire  achéménide.  Les  Perses  ont  fourni 
à  l'empire  des  chefs,  des  satrapes  et  des  généraux  ;   mais  ils 


§  4445]  INSCRIPTIONS  INCORRECTES  19 

n'avaient  sans  doute  pas  les  ressources  en  hommes  sachant 
écrire  nécessaires  pour  administrer  un  vaste  empire.  On  a  dû 
recourir  de  bonne  heure  aux  services  d'une  administration  ara- 
méenne  dont  les  éléments  se  trouvaient  à  leur  disposition  en 
Babylonie. 

Il  est  curieux  qu'il  ait  été  fait  de  l'inscription  de  Behistun 
une  traduction  araméenne  dont  des  fragments  ont  été  retrouvés 
en  Egypte,  à  Éléphantine;  ces  fragments  ont  été  édités  par 
M.  Sachau,  dans  son  grand  volume  Aramàische  Papyrus  und 
Ostraka  (191 1),  et  commodément  réédités  par  M.  Ungnad, 
Aramàische  Papyrus  ans  Eléphantine  (19 12).  Sur  l'enseignement 
à  retirer  de  cette  traduction,  v.  W.  Bang,  Zur  altpersischen 
Schrift  und  Aussprache  (Louvain,  sans  date),  Tolman,  Proceed. 
of  the  Am.  Philological  Association,  XL  II  (1912),  p.  1  et  suiv., 
et  L.  H.  Gray,  Journ.  of  the  Am.  Or.  Soc.,  XXXIII,  3  (igiS), 
p.  281  et  suiv. 

§  45.  Les  inscriptions  de  Darius  et  de  Xerxès  sont  rédigées 
dans  une  langue  cohérente  et  manifestement  correcte.  Celles 
d'Artaxerxès  II  sont  au  contraire  très  incorrectes,  et  quant  à  celle 
d'Artaxerxès  III,  elle  est  simplement  barbare. 

Les  particularités  des  inscriptions  de  rois  du  nom  d'Ar- 
taxerxès peuvent  en  partie  s'interpréter  par  l'évolution  natu- 
relle de  la  langue;  mais  certaines  supposent  déjà  l'embarras  de 
rédacteurs  non  perses  devant  une  langue  qu'ils  savaient  mal. 
Ainsi  l'inscription  de  vase,  que  M.  Weissbach  attribue  à 
Artaxerxès  I  Longuemain,  porte  Ardaxsasca;  le  d  provient  évi- 
demment de  ce  que  le  groupe  rt  avait  déjà  passé  à  rd,  sinon 
partout,  du  moins  chez  les  Iraniens  dont  cette  graphie  indique 
la  prononciation,  et  en  effet  le  texte  élamite  a  aussi  -rd-  ;  mais 
la  graphie  -se-  du  groupe  qui  était  -Or-  dans  le  centre  de 
l'Iran  et  qui  est  représenté  en  vieux  perse  normal  par  le  signe 
transcrit  ici  ç,  est  le  fait  d'un  homme  embarrassé  par  un  pho- 
nème qu'il  ne  sait  pas  rendre,  sans  doute  précisément  par  le  ç 


20  INTRODUCTION  .  [§  45-46 

perse.  Deux  autres  vases  ont  le  rt  archaïque  (aussi  conservé  dans 
le  texte  élamite)  et  le  ç  correct,  soit  Artaxsaçâ,  qui  est  la  graphie 
des  inscriptions  officielles  d'Artaxerxès  II  et  d'Artaxerxès  III. 
La  graphie  Xsayàrcahyà  pour  le  nom  de  Xerxès  à  Suse,  dans 
une  inscription  d'Artaxerxès  II,  donne  aussi  l'impression  qu'on 
est  en  face  de  perse  écrit  par  un  rédacteur  non  perse.  —  On  a 
vu  §  i5  que  le  nom  du  dieu  Mi^ra-,  qui  n'est  pas  perse,  n'a 
pas  été  persisé  et  figure,  dans  des  inscriptions  postérieures  à 
Xerxès,  sous  les  formes  dialectales  Mi^ra-  et  Mitra-.  L'-â  final 
du  nominatif  Artaxsaçâ  est  surprenant;  comme  il  est  constant, 
il  répond  évidemment  à  un  usage,  qui  ne  s'expliquait  pas  dans 
le  parler  perse  proprement  dit  ;  le  génitif  est  du  reste  Artaxsaçàhyà 
aussi  à  Suse,  à  côté  de  Artaxsaçàhyà  ;  l'adjectif  va:(rka,  dont 
la  forme  était  fixée  par  la  tradition,  n'ofi're  rien  de  pareil. 

Dès  lors  on  hésite  à  attribuer  à  l'évolution  de  la  langue 
les  faits  assez  singuliers  qui  se  trouvent  sur  les  inscriptions 
d'Artaxerxès  II.  Les  rédacteurs  ne  savaient  plus  se  servir  de 
neutres  :  ils  écrivent  imam  apadàna  plusieurs  fois,  aussi  bien  à 
Hamadan  qu'à  Suse  ;  imam  tya  akunâ  «  ce  que  j'ai  fait  »  ;  et 
[i]màm  hadis  à  côté  de  imâm  \iista\canàm.  Le  démonstratif  de 
liaison  n'est  plus  fléchi  :  tya  âBa(n)gainâm.  Le  nom  de  la  déesse 
Anahita  est  écrit  sans  â  final.  L'imparfait  de  kunautiy  est  con- 
jugué :  ahmà  «  j'ai  fait  »,  akunas  «  il  a  fait  ».  Le  génitif  de 
Dârayava(h)us  n'est  plus  le  génitif  d'un  thème  en  -u-  ;  il  est 
refait  sur  le  nommdiûî  Dàrayava(h)us  ;  de  là  la  forme  étrange  Z)^- 
rayava(h)usahyà,  constante  dans  les  inscriptions  d'Artaxerxès  II 
à  Suse  et  à  Hamadan.  Mais  tout  cela  vient- il  de  Perses  ?  ou  est-ce 
l'œuvre  de  fonctionnaires  étrangers  qui  écorchaient  le  perse  .►^ 
qu'est-ce  qui  dans  tout  cela  revient  au  développement  de  la 
langue  et  qu'est-ce  qui  résulte  de  l'ignorance  des  rédacteurs? 

§  46.  L'hypothèse  qu'il  s'agit  d'un  texte  écrit  par  un 
étranger  ignorant  la  langue  est  la  seule  possible  devant  l'inscrip- 
tion d'Artaxerxès  III. 


§  461  INSCRIPTIONS  INCORRECTES  21 

La  distinction  des  thèmes  en  -à-  et  en  -i-  ou  en  -î-  s'est  main- 
tenue longtemps  après  la  période  achéménide,  et  il  n'est  pas 
croyable  qu'un  Perse  du  iv^  siècle  ait  pu  écrire  bumàm  au  lieu 
de  bumim,  sàyatàm  au  lieu  de  Hyàtim. 

La  distinction  d'un  cas  sujet  et  d'un  cas  régime  a  persisté 
assez  longtemps  pour  qu'un  Perse  du  iv®  siècle  n'ait  pas  pu 
remplacer  un  génitif  par  un  nominatif  et  écrire  systématiquement 
Artaxsaçâ  xsàya^iya  puça  «  fils  du  roi  Artaxerxès  »,  Dàraya- 
va(h)us  xsàya^iya  puça  «  fils  du  roi  Darius  »,  ni  mettre  le 
génitif  V'stàspahyà  sur  le  même  plan  qu'une  série  de  nomi- 
natifs. On  a  toujours  dit  en  Perse  :  manà  krtam  «  il  a  été  fait 
par  moi  »,  et  une  faute  tya  màm  krtâ  s'expliquerait  mal  chez 
un  Perse. 

Toute  cette  inscription  donne  l'impression  d'avoir  été  rédi- 
gée par  un  fonctionnaire  qui  ne  savait  pas  le  perse,  qui  le 
comprenait  à  demi  sans  en  connaître  la  grammaire  et  qui  cal- 
quait gauchement  des  modèles  d'inscriptions  qu'il  avait  sous 
les  yeux.  Certaines  des  graphies  donnent  peut-être  une  idée  des 
changements  qui  se  produisaient  dans  la  langue;  par  exemple 
le  commencement  de  sàyatàm  indique  que  siyà-  en  était  déjà 
venu  à  se  prononcer  sa-.  Mais  dans  l'ensemble  on  ne  peut 
presque  pas  tirer  parti  d'un  texte  écrit  dans  des  conditions  aussi 
suspectes. 

Pareille  barbarie  n'aurait  pas  été  possible  si  la  graphie  cunéi- 
forme du  perse  avait  été  d'usage  courant  ;  mais  il  est  probable 
que  personne  ne  lisait  les  inscriptions  perses  cunéiformes  ; 
actuellement  il  faut,  on  le  sait,  des  échafaudages  pour  lire 
l'inscription  de  Behistun,  de  beaucoup  la  plus  grande  de  toutes  ; 
ce  beau  texte  était  un  «  monument  »,  mais  il  n'était  pas  des- 
tiné à  être  lu  par  les  passants,  et  il  est  permis  de  se  demander 
s'il  y  a  jamais  eu  beaucoup  d'hommes  sachant  lire  le  cunéi- 
forme perse.  On  n'a  rien  qui  prouve  que  l'écriture  perse  ait  été 
d'usage  courant  et  qu'elle  ait  servi,  comme  l'écriture  babylo- 


22  INTRODUCTION  [§  46-47 

nienne,  à  des  fins  pratiques.  Il  n'y  avait  là  qu'une  tradition 
officielle,  fondée  sans  doute  par  Darius  ;  Xerxès  a  encore  fait 
graver  quelques  inscriptions  dont  la  langue  concorde  exacte- 
ment avec  celle  des  inscriptions  de  son  père  ;  ses  successeurs  en 
ont  fait  graver  moins  que  lui,  et  l'usage  du  cunéiforme  perse 
n'a  sans  doute  jamais  été  important  ;  à  l'époque  d'Artaxerxès  III, 
ce  n'était  guère  plus  qu'un  souvenir,  et  personne  peut-être 
ne  s'est  aperçu  que  les  bureaux  —  où  il  y  avait  probablement 
peu  de  Perses  sachant  lire  —  avaient  fait  graver  un  invraisem- 
blable charabia. 

Les  inscriptions  perses  se  trouvent  disséminées  dans  des  par- 
ties très  diverses  de  l'empire  ;  la  plus  grande  de  toutes,  celle  de 
Behistun,  est  en  Médie.  Nulle  part  il  n'y  a  trace  d'adaptation 
au  parler  local;  en  faisant  graver  leurs  inscriptions,  pour  la 
plupart  trilingues,  les  souverains  achéménides  manifestaient 
l'unité  de  l'empire  et  le  caractère  impérial  de  la  langue  perse  ; 
mais  ils  savaient  que  leurs  textes  ne  seraient  guère  lus,  et  leurs 
proclamations  ne  sont  pas  destinées  à  agir  effectivement  sur 
leurs  sujets,  comme  celles  du  grand  souverain  hindou  Açoka 
par  exemple.  Si  dans  la  région  de  Suez  les  caractères  hiérogly- 
phiques ont  été  associés  aux  cunéiformes,  c'est  que  l'on  a  tenu 
à  mettre  au  service  de  l'empire  les  hiéroglyphes  et  la  langue 
égyptienne  comme  on  l'avait  fait  ailleurs  pour  le  babylonien. 

§  47.  Dans  cette  grammaire,  on  ne  tiendra  compte  que  des 
inscriptions  de  Darius  et  de  Xerxès  dont  la  langue  est  identique 
et  visiblement  correcte.  On  n'utilisera  pas  l'inscription  d'Arta- 
xerxès III  qui  ne  fournit  de  données  utiles  ni  pour  la  grammaire 
ni  pour  le  vocabulaire.  Et  l'on  n'empruntera  que  quelques  mots, 
sûrement  authentiques  et  anciens,  comme  apanyâka  «  grand 
père  »,  aux  inscriptions  d'Artaxerxès  II.  Il  suffit  du  reste  de  les 
parcourir  pour  s'apercevoir  du  fait  que,  à  part  leurs  fautes  et  à 
part  un  ou  deux  mots  attestés  ailleurs,  elles  n'enseignent  sur  le 
vieux   perse   rien  qui   ne   se  trouve   dans  les  inscriptions   de 


§  47-50]  LES  NOMS  PROPRES  23 

Darius  et  de  Xerxès.  Déjà  les  inscriptions  de  Xerxès  n'ajoutent 
que  peu  à  ce  que  Ton  sait  par  celles  de  Darius. 

§  48.  On  peut  tirer  parti  des  noms  propres  pour  l'étude  de 
la  flexion.  Car  les  noms  propres  sont,  autant  qu'on  peut  le  voir, 
fléchis  exactement  comme  les  noms  communs,  suivant  le  vieil 
usage  indo-iranien,  et,  on  peut  l'ajouter,  indo-européen.  Les 
particularités,  comme  l'emploi  du  locatif  singulier  sans  postpo- 
sition -â,  s'expliquent  aisément  ;  et  il  n'y  en  a  guère  ;  celle-ci 
est  de  beaucoup  la  principale,  peut  être  la  seule. 

§  ^g.  Quant  à  ces  noms  eux-mêmes,  il  serait  imprudent  de 
les  utiliser.  Il  ne  s'agit  pas  ici  de  faire  une  grammaire  de  l'an- 
cien iranien,  mais  du  vieux  perse  en  particulier. 

Des  noms  de  lieux  ou  de  personnes  non  iraniens  qui  sont 
très  nombreux,  il  n'y  a  rien  à  tirer  ici  ;  si  l'on  connaissait  exac- 
tement la  prononciation  du  babylonien  ou  de  l'élamite  à  la  date 
de  la  rédaction  des  textes,  la  façon  dont  les  mots  sont  rendus 
en  perse  serait  instructive.  Mais  les  relations  entre  les  Iraniens 
et  les  Élamites  ou  les  Babyloniens  sont  bien  antérieures  à  la 
fondation  de  l'empire  achéménide  ;  il  a  dû  se  constituer  chez  les 
Iraniens  une  manière  de  rendre  les  noms  élamites  et  babylo- 
niens :  il  n'y  a  pas  de  raison  de  croire  que  cet  usage  se  soit  fixé 
chez  les  Perses.  Pour  étudier  les  équivalents  perses  des  noms 
élamites  ou  babyloniens,  il  faudrait  un  savant  connaissant  autant 
qu'on  peut  le  faire  l'histoire  de  ces  langues  ;  il  y  a  là  un  travail 
infiniment  délicat,  dont  les  résultats  sont  très  aléatoires,  et  qu'il 
est  en  tout  cas  impossible  à  un  linguistique  non  assyriologue 
d'aborder  ici. 

§  5o.  A  plus  forte  raison  ne  peut-on  utiliser  les  notations 
grecques  des  noms  propres.  Certains  procédés  de  transposition 
des  noms  iraniens  en  grec  sont  de  beaucoup  antérieurs  à  l'em- 
pire achéménide  et  aux  relations  des  Grecs  avec  les  Perses.  L'^ 
des  plus  anciens  emprunts  est  rendu  par  q  ionien  dans  le  nom 
Màda  des  Mèdes,  qui  est  MyjBo;  en  ionien  ;  la  forme  *n7^pc7Y):, 


24  INTRODUCTION  [§  50 

qu'a  dû  fournir  Pàrsa,  a  même  passé  à  Ilépar;;  (gén.  Ilépaou)  ; 
dans  les  emprunts  faits  à  l'époque  achéménide,  perse  à  est  au 
contraire  rendu  en  général  par  gr.  â,  et  jamais  par  y;  parce  que 
l'ionien  et  l'attique  avaient  à  cette  date  réacquis  la  voyelle  à. 

Les  noms  de  personnes  à  thèmes  perses  en  -a-  ou  en  -ah- 
sont  représentés  par  des  noms  du  type  ionien  en  -r<;,  génitif -eoç 
ou  -£u),  ainsi  TaxaaTCY)?  en  regard  de  Vistàspa  et  'IvTaçlpvYj; 
en  regard  de  Vi(ji)dafarnâ  ;  pour  les  thèmes  en  -à-  au  moins, 
ceci  ne  saurait  s'expliquer  par  le  perse,  où  la  voyelle  finale  du 
nominatif  singulier  est  un  -a  régulièrement  bref;  peut-être  les 
originaux  de  ces  traitements  grecs  font-ils  partie  d'une  forme 
dialectale  où  le  nominatif  était  en  -à,  comme  celle  dont  le  nomi- 
natif ^r^âiAri^f  à  cité  ci-dessus  §  /i5  fait  entrevoir  l'existence.  Les 
Grecs  étaient  plutôt  en  rapport  avec  des  Iraniens  du  Nord 
qu'avec  des  Perses  parlant  purement  leur  dialecte;  dans  les 
mots  comprenant  6r_,  les  Grecs  ne  reproduisent  pas  le  ç  perse 
(v.  §  io5),  mais  rendent  Or  (ou  même  tr  qui  existait  dialecta- 
lement)  par  6p,  xp:  Hérodote  a  MiipaSair;;  et  'ApjxaiJLiô pr^ç  (v. 
W.  Schulze,  K.  Z.,  XXXIII,  p.  iilx  et  suiv.);  mais  il  n'a  rien 
qui  rende  le  phonème  simple  ç  du  perse. 

L'étude  de  la  forme  prise  par  les  noms  iraniens  chez  les  Grecs 
ne  peut  être  faite  que  dans  son  ensemble,  et  elle  aboutirait  à 
des  conclusions  plus  ou  moins  précises  sur  la  dialectologie  ira- 
nienne, non  sur  le  vieux  perse  en  particulier.  D'ailleurs  les 
Grecs  n'ont  jamais  eu  souci  de  rendre  bien  correctement  les 
noms  étrangers  ;  il  y  a  loin  par  exemple  de  AâpsToç  à  la  forme 
perse  Dârayavaus  (qui,  à  en  juger  par  le  génïtiï  Dàrayavahaus, 
est  à  lire  Dârayavahus)  ;  et  l'on  a  peine  à  retrouver  le  Bardiya  ou 
Brdiya  des  inscriptions  dans  le  S^jLspStç  d'Hérodote.  L'auraient- 
ils  voulu  énergiquement,  les  Grecs  auraient  été  très  embarrassés 
pour  rendre  exactement  les  noms  perses  ;  car  leur  phonétique 
ne  s'y  prêtait  pas  :  ils  n'avaient  ni  les  spirantes  f^  6,  x,  ni  les 
chuintantes  s  et  ^,  ni  la  mi-occlusive  c.  Les  Ioniens,  par  qui  se 


§  50-521  LES  NOMS  PROPRES  28 

sont  faits  les  emprunts,  n'avaient  pas  à'h  ;  et  c'est  pour  cela 
que  le  nom  de  l'Inde,  hî(n)duS,  est  en  grec  'IvSia,  sans  esprit 
rude  initial. 

§  5i.  Quant  aux  noms  iraniens,  on  ne  peut  jamais  affirmer 
qu'il  s'agisse  proprement  de  noms  perses,  même  là  où  les 
hommes  désignés  sont  expressément  qualifiés  de  Perses.  Car 
les  noms  propres  s'empruntent  souvent  de  dialecte  à  dialecte, 
surtout  en  ce  qui  concerne  les  familles  de  l'aristocratie,  les 
seules  dont  on  possède  quelques  noms.  Le  second  élément  du 
nom  du  Perse  Vi(n)dafarnà  est  un  mot  qui,  en  perse,  est  un  em- 
prunt gauchement  adapté  (cf.  §  ii).  Si,  comme  il  semble,  le 
nom  du  père  de  Darius,  d'un  Perse  par  excellence  semble- t-il, 
renferme  le  nom  du  «  cheval  »,  c'est  sous  la  forme  non  perse 
(v.  §  10  et  II 3)  aspa-j  et  non  sous  la  forme  perse  asa-,  dans 
Vistàspa  ;  on  a  aussi  aspa-  dans  le  nom  d'un  grand  dignitaire 
de  Darius  (mais  dont  on  ne  sait  s'il  était  proprement  un  Perse), 
Aspacanà  Nr.  d  (él.  as-ba-ia-na,  bab.  as-pa-[si-na])  et  dans  le 
correspondant  grec  'Aa7ra6(vy;ç  d'Hérodote.  De  plus,  on  ne  peut 
tirer  parti  d'un  nom  propre  que  si  l'étymologie  en  est  évidente, 
comme  c'est  le  cas  pour  Aspacanà  ;  mais  ce  cas  ne  se  présente 
que  pour  une  petite  partie  des  quelques  noms  perses  attestés. 
Un  nom  perse  comme  celui  à^  v^um'is ,  va(h)nmisa  (v.  §  i3o) 
renferme  sans  doute  vahu-  «  bon  »  dans  son  premier  terme; 
mais  qu'est-ce  que  -mica-  ?  Assurément  pas  *mitra-  «  contrat  » , 
qui  donnerait  mica-  en  perse  (v.  §  io5)  et  qui  n'est  pas  attesté 
dans  le  dialecte. 

§  52.  Les  noms  de  lieux  ou  de  pays  sont  d'autant  moins 
utilisables  pour  l'étude  du  dialecte  perse  que  les  inscriptions 
perses  leur  laissent  souvent  leur  forme  locale.  Ceci  est  très 
clair  pour  le  nom  de  la  Drangiane,  dont  les  Perses  avaient  sans 
doute  une  forme  persisée  que  les  Grecs  postérieurs  ont  em- 
pruntée et  dont  ils  ont  fait  Apavyai,  ApaY^tavr;,  mais  que  des 
inscriptions  nomment  Zara(n)ka  ou  Zra(n)ka,   et    Hérodote 


26  INTRODUCTION  [§  52-55 

Sap^YY^t,  Arrien  ZapaYY^'.-  —  La  comparaison  du  nom  deSparda 
avec  le  nom  grec  correspondant  SapBsi;  suggère  l'idée  que  la 
forme  ancienne  aurait  été*Siuard-j  dont  des  Iraniens  auraient  fait 
Sparda-  ;  et  il  résulterait  de  là  que  ces  Iraniens  ne  sont  pas  des 
Perses,  ce  qui  n'a  rien  que  de  naturel  ;  mais  il  en  résulterait 
aussi  que  Sparda-  n'enseigne  rien  sur  le  dialecte  perse  et  que 
le  mot  a  été  pris  par  les  Perses  à  d'autres  Iraniens  parlant  un 
dialecte  septentrional. 

§  53.  On  ne  considérera  donc  ici  que  les  noms  communs 
renfermés  dans  les  inscriptions  ;  la  considération  des  noms 
propres  ajouterait  de  nombreux  éléments  d'incertitude  à  l'ex- 
posé sans  y  apporter  un  complément  utile.  Il  est  possible  — 
mais  évidemment  indémontrable  —  que  le  nom  du  Perse  ^uxra 
soit  identique  à  l'adjectif  qui  est  çukrah  en  sanskrit,  suxrô 
dans  l'Avesta  et  surx  en  persan  ;  mais  ce  nom  n'ajoute  pas  à 
ce  que  l'on  sait  sur  l'origine  de  ô,  de  u  et  de  a:  en  perse  ;  on  ne 
gagne  donc  rien  à  en  faire  état. 

§  54.  C'est  pour  ces  raisons  qu'on  donnera  ici  uniquement 
la  grammaire  des  textes  perses  des  inscriptions  de  Darius  et  de 
Xerxès. 

§  55.  Ces  textes  sont  peu  nombreux;  ils  sont  monotones; 
ce  sont  tous  des  inscriptions  de  caractère  historique,  avec  quel- 
ques brèves  recommandations.  Les  auteurs  n'ont  eu  occasion  d'y 
utiliser  qu'une  petite  partie  du  vocabulaire  et  des  formes  gram- 
maticales de  la  langue.  On  ne  peut  jamais  rien  conclure  du 
silence  des  documents,  et  il  faut  se  borner  à  tirer  les  conclusions 
qu'autorisent  les  faits  attestés.  Il  serait  vain  par  exemple  de  se 
demander  si  le  vieux  perse  avait  des  futurs,  des  désidéra  tifs. 

Ce  qui  fait  que  l'on  comprend  à  peu  près  tout  dans  les  textes 
perses,  c'est  qu'il  s'agit  d'inscriptions  solennelles,  renfermant 
presque  uniquement  des  termes  très  généraux,  le  fonds  com- 
mun du  vocabulaire  de  la  langue.  Si  l'on  était  en  présence  de 
textes  techniques  ou  familiers,  on  comprendrait  sans  nul  doute 


§  55-56]  LIMITE  DES  CONNAISSANCES  tl 

beaucoup  moins  bien,  et,  dès  qu'il  s'agit  de  faits  particuliers? 
les  obscurités  apparaissent.  Ainsi,  dans  la  phrase  citée  §  23, 
deux  des  quatre  termes  de  l'énumération  donnée  sont  inconnus, 
et  l'on  ne  peut  faire  sur  leur  valeur  que  des  hypothèses  ;  de 
l'expression  u:(mayâ  patiy  akunavam  «je  l'ai  fait  »,  on 

ne  sait  rien  de  précis,  sinon  qu'elle  désigne  un  supplice,  plu- 
sieurs fois  mentionné. 

§  56.  De  plus,  si  les  textes  sont  interprétés  d'une  manière 
en  grande  partie  définitive  —  malgré  un  certain  nombre  d'ob- 
scurités qui  persistent  — ,  on  ne  doit  cependant  pas  oublier 
qu'ils  le  sont  seulement  grâce  à  des  comparaisons  avec  d'autres 
dialectes  indo-iraniens,  et  surtout  avec  l'autre  texte  de  l'iranien 
ancien,  celui  de  l'Avesta  (en  tenant  compte  du  sanskrit),  d'une 
part,  et,  d'autre  part,  avec  les  formes  postérieures  du  même 
dialecte,  à  savoir  le  pehlvi  et  le  persan.  Les  faits  linguistiques 
ne  prennent  leur  valeur  que  si  l'on  pense  toujours  à  ces  rap- 
prochements. 

Il  ne  faut  pas  juger  par  exemple  de  l'importance  de  ràdiy 
«  à  cause  de  »  dans  la  langue  par  le  seul  fait  que  Ton  a  quel- 
quefois avahyaràdiy  «  à  cause  de  ceci  »  sur  les  inscriptions  ; 
le  grand  rôle  qu'a  pris  le  représentant  de  ràdiy  dans  le  déve- 
loppement du  pehlvi  et  du  perse  montre  que  cette  unique 
expression  attestée  ne  donne  pas  une  idée  de  l'étendue  de  l'usage 
de  ràdiy  ;  elle  est  précieuse  en  ce  qu'elle  indique  la  forme 
ancienne,  dont  le  mot  postérieur  rà',  rà  ne  laisserait  deviner  ni 
la  forme  ni  le  sens,  et  en  ce  qu'elle  indique  comment  se  plaçait 
ce  mot  accessoire  et  avec  quel  cas  il  s'employait.  On  sait  que  le 
slave  a  aussi  radi,  avec  le  même  sens  et  employé  de  même  ; 
mais  en  iranien  rÂjfy  n'est  pas  attesté  hors  du  petit  groupe  perse. 

Les  données  fragmentaires  du  vieux  perse  ne  prennent  leur 
sens  et  leur  valeur  que  pour  le  linguiste  qui  les  situe  dans  l'en- 
semble de  la  langue  grâce  à  des  comparaisons.  La  position  du 
vieux  perse  est  à  cet  égard  semblable   à  celle  du  gotique  ou 


28  INTRODUCTION  [§  56-57 

du  vieux  slave  ;  mais  le  nombre  et  surtout  la  variété  des  textes 
qu'on  possède  sont  moindres,  et  la  part  qui  doit  être  faite  à 
la  comparaison  est  par  suite  plus  grande. 

§  67.  Gomme  les  phonèmes  se  répètent  souvent  et  sont  en 
nombre  limité,  les  données  suffisent  à  fournir  un  aperçu  des 
traits  généraux  du  système  phonétique.  Sans  doute  beaucoup  de 
détails  ne  sont  pas  livrés  ;  mais  tous  les  phonèmes  importants 
sont  certainement  connus,  et  aussi  la  façon  dont  on  les  utilisait. 
Il  suffit  d'ailleurs,  à  bien  des  égards,  de  se  reporter  au  pehlvi 
et  au  persan  pour  confirmer  et  compléter  ce  qu'enseignent  les 
inscriptions.  Si  par  exemple  asa  «  cheval  »  et  visa  «  tout  » 
paraissaient  insuffisants  pour  établir  que  le  perse  répond  par  s 
à  skr.  çv,  zd  sp  (§  ii3),  on  trouvera  pehlvi  sak,  persan  sag 
«  chien  »,  qui  représente  un  ancien  "^saka-,  en  face  de  skr. 
çvan-,  zd  spàndm  (ace.  sg.),  spaka-  (adjectif),  mède  azaîta 
(chez  Hérodote).  Les  exemples,  du  reste  nombreux,  de  v.  p.  d 
répondant  à  skr.  j,  /?_,  zd  ;(  (v.  §  129)  se  laissent  aisément  aug- 
menter encore  à  l'aide  du  pehlvi  et  du  persan  ;  ainsi  le  nom  du 
«  cœur  »,  dont  l'élément  radical  serait  *drd-j  n'est  connu  en 
perse  que  par  pehlvi,  p.  dil,  en  face  de  gâth.  ^^rdd-,  skr.  hrd-  ; 
le  thème  verbal  de  zd  hdrd:(aiti,  skr.  srjati  «  il  lâche  »  n'est  par 
hasard  pas  attesté  en  vieux  perse,  et  n'est  connu  que  par  p. 
hilani  (de  *hrda-)  ;  etc.  La  phonétique  est  ainsi  assez  complé- 
ment établie. 

La  grammaire  au  contraire  est  connue  d'une  manière  toute 
partielle  ;  toute  une  catégorie  grammaticale  n'est  souvent  attes- 
tée que  par  une  seule  forme  ;  beaucoup  de  paradigmes  restent 
incomplets.  La  comparaison  ne  fournit  pas  toujours  le  moyen 
de  combler  les  lacunes  :  après  l'époque  ancienne  dont  les  inscrip- 
tions donnent  encore  une  idée,  la  grammaire  a  évolué  très  vite  ; 
la  déclinaison  a  entièrement  disparu  ;  beaucoup  des  formes  de 
la  conjugaison  ont  été  éliminées,  si  bien  que  la  comparaison 
du    pehlvi   et   du  persan   n'enseigne  rien  sur  la   plupart  des 


§  57-58]  MÉTHODE  29 

formes  grammaticales.  Toutefois  le  pehlvi  et  le  persan  ajoutent 
de  nombreux  thèmes  verbaux  anciens  à  ceux  qui  sont  attestés 
par  hasard  dans  les  textes  vieux  perses,  et,  si  l'on  voulait  faire 
une  grammaire  complète  du  perse  tel  qu'il  était,  et  non  pas 
seulement  tel  qu'il  apparaît  dans  les  inscriptions  conservées,  il 
faudrait  évidemment  tenir  compte  de  thèmes  tels  que  *hrda- 
qu'on  vient  de  citer  ;  mais  tel  n'est  pasl'objet  du  présent  ouvrage. 

Il  est  frappant  que,  presque  à  tous  égards,  le  vieux  perse 
présente  déjà  l'amorce  des  développements  ultérieurs,  comme 
on  l'a  déjà  noté.  Pour  ce  qui  subsiste  du  type  grammatical 
ancien,  les  faits  perses  attestés  ne  sont  que  des  débris,  et  seule 
la  grammaire  bien  établie  du  sanskrit  et,  dans  une  moindre 
mesure,  de  l'Avesta  permet  de  situer  ces  fragments  dans  le  plan 
d'ensemble  dont  ils  ont  fait  partie,  comme  seule  la  connais- 
sance du  développement  ultérieur  permet  de  donner  un  sens 
aux  faits  qui  n'entrent  pas  exactement  dans  le  plan  d'une  gram- 
maire de  l'ancien  indo-iranien.  Il  importera  de  se  défendre  tou- 
jours contre  l'idée  que  chaque  reste  attesté  garantirait  l'exi- 
stence de  toute  une  catégorie  ancienne  :  on  verra  que  la  catégorie 
du  parfait  personnel  et  celle  de  l'aoriste  avaient  à  peu  près  dis- 
paru de  l'usage  courant  (§  2o4  et  suiv.)  ;  les  formes  perses 
qu'on  possède  ne  sont  évidemment  que  des  survivances  pour  ces 
deux  catégories  ;  mais  il  n'est  pas  toujours  aisé  de  déterminer 
en  quelle  mesure  les  formes  isolées  des  textes  prouvent  ou  non 
la  vitalité  d'un  type  à  l'époque  achéménide. 

§  58.  La  méthode  à  employer  consiste  donc  dans  une  étude 
critique  minutieuse  des  formes  livrées  par  les  textes,  et  en  une 
comparaison  constante  de  ces  formes  avec  celles  de  l'Avesta,  du 
sanskrit,  du  pehlvi  et  du  persan.  En  lisant  le  présent  ouvrage, 
on  ne  devra  jamais  perdre  de  vue  la  grammaire  comparée  de 
l'indo-iranieh  d'une  part,  la  grammaire  historique  du  pehlvi  et 
du  persan  de  l'autre.  La  présente  grammaire  descriptive  est, 
au  fond,  comparative. 


30  INTRODUCTION  [§  59 

§  69.  Un  inconvénient  grave,  commun  à  toutes  les  langues 
connues  seulement  par  un  très  petit  nombre  de  textes,  consiste 
en  ce  qu'il  est  impossible  de  faire  la  part  exacte  des  fautes  dues 
aux  scribes  qui  ont  donné  le  modèle  des  inscriptions  ou  aux 
graveurs.  Cette  part  n'est  certainement  pas  négligeable. 

L'z  de  amaniy  B.  II,  28  est  dû  au  fait  que  le  graveur  a  été 
entraîné  à  noter  /  devant  y  (cf.  §  i44)  ;  la  bonne  graphie  est 
amany,  qui  se  lit  amànaya,  «  il  a  attendu  »  B.  II,  48  et  63. 

Le  6  de  vH^bis,  qui  apparaît  trois  fois  Dar.  Pers.  d.  i4,  22 
et  24,  a  été  attribué  à  une  erreur  d'un  scribe  qui  a  fourni  le 
modèle  au  graveur  et  qui,  n'étant  pas  perse,  n'aurait  pas  su 
distinguer  entre  5  et  6  et  aurait  fait  une  grosse  faute  d'ortho- 
graphe ;  il  en  est  ainsi  si  l'on  admet  que  le  sens  est  «  tout  »  et  si 
on  lit  vi^aibis  ;  mais  d'autres  lisent  vMbis,  et  hadâ  viMis  bagai- 
bis  signifierait  «  avec  les  dieux  de  notre  famille  »  ;  la  graphie 
serait  correcte  ;  par  malheur,  il  se  trouve  que  cette  inscription 
existe  seulement  en  perse  et  que  l'expression  ne  se  rencontre 
dans  aucune  autre  inscription  ;  toute  décision  est  donc  impos- 
sible. 

Le  avà  de  B.  IV,  5i,  au  sens  de  «  ainsi  »,  ne  peut  être 
qu'une  faute  due  à  l'omission  du  caractère  de  6,  et  l'on  ne 
saurait  guère  hésiter  à  lire  avaHà. 

D'autres  cas  sont  plus  embarrassants  :  B.  I,  28  apriyay, 
apariyàya  doit  presque  évidemment  être  corrigé  en  upariyàya, 
d'après  upany(àyam),  B.  IV,  64-65;  la  racine  pà-  «  garder  » 
a  partout  à  en  indo-iranien,  et,  en  vieux  perse  même,  l'adjectif 
radical  en  -ta-  est  de  la  forme  pàta  «  gardé  »  Dar.  Pers.  022; 
dès  lors  on  hésite  à  attribuer  une  valeur  certaine  à  Va  de  pati- 
paya(x)uvà  «  garde  toi  »  B.  IV,  38  (cf.  §  194),  bien  que  la 
notation  de  Va  intérieur  soit  constante  ;  il  s'agirait  d'une  omis- 
sion toute  accidentelle,  due  soit  au  scribe  qui  a  établi  le  modèle 
de  l'inscription,  soit  au  graveur.  Dans  une  langue  dont  on  n'a 
que  de  minces  débris,  il  y  a  là  une  chance  d'erreur  qu'on  ne 


§  59-611  MÉTHODE  3i 

peut  pas  mesurer  exactement,  et  qui  oblige  à  se  garder  de  toute 
affirmation  devant  certains  témoignages  uniques. 

Si  IV  de  hrhanm  B.  II,  7^  est  réellement  sur  la  pierre  (ce 
qui  est  douteux,  le  mot  étant  en  grande  partie  effacé  sur  le 
roc),  il  faut  évidemment  y  voir  une  faute  et  mettre  un  ;^  à  la 
place;  on  obtient  ainsi  'h(J)^ànam  «  langue»  (cf.  p.  :(uhàn)  : 
le  mot  est  très  intéressant,  car  il  fournit  un  nouvel  exemple  de 
l'omission  de  la  notation  de  /  après  h  (cf.  §  182),  un  exemple 
de  traitement  de  prépalatale -f- "^  (cf.  §  120),  et  :(v  donnant  :(b. 

Il  est  probable  que  les  ouvriers  qui  ont  gravé  les  inscriptions 
perses  n'étaient  pas  perses,  et  qu'ils  ne  savaient  guère  le  perse: 
on  a  dû  s'adresser  à  des  hommes  sachant  graver  des  caractères 
cunéiformes  sur  la  pierre,  et  ce  n'est  pas  en  Perse  qu'on  avait 
chance  d'en  trouver.  Ainsi  s'expliqueraient  des  fautes  de  carac- 
tère mécanique  comme  amaniy  au  lieu  de  amany . 

§  60.  Enfin  il  faut  faire  leur  part  aux  difficultés  d'interpré- 
tation. On  a  cherché  à  ne  faire  état  ici  que  des  formes  sûre- 
ment interprétées,  ou  du  moins  à  n'utiliser  les  formes  que  dans 
la  mesure  où  elles  sont  interprétées  d'une  manière  certaine. 
Mais,  malgré  l'exceptionnelle  réussite  de  l'interprétation  due 
aux  circonstances  indiquées  §  55,  on  ne  doit  jamais  oublier  que 
cette  interprétation  repose  sur  un  déchiffrement,  que  la  tradi- 
tion de  la  langue  était  perdue  et  que  les  savants  modernes  ont 
dû  tout  expliquer  par  des  rapprochements  avec  des  dialectes 
parente  ou  des  formes  postérieures  du  même  idiome.  D'autre 
part,  les  faits  dont  on  dispose  pour  établir  chaque  forme  sont  en 
général  peu  nombreux,  souvent  rares  ou  uniques. 

§  61.  L'objet  de  la  présente  grammaire  est  de  décrire,  à 
l'aide  des  seuls  faits  clairs  et  sûrement  authentiques  fournis 
par  les  inscriptions  achéménides,  un  moment  précis  de  l'évo- 
lution de  la  langue,  moment  remarquable  où  finissait  la  période 
ancienne  et  où  s'annonçait  la  période  moyenne,  qui,  pour  le 
perse,  a  commencé  particulièrement  tôt. 


CHAPITRE   PREMIER 

SYSTÈME  GRAPHIQUE 


§  62.  La  graphie  du  vieux  perse  comporte  36  signes  ayant 
une  valeur  phonétique,  et  un  signe  qui  marque  la  séparation  des 
mots. 

§  63.  Le  signe  de  séparation  des  mots  -<  est  celui  dont  la 
valeur  a  été  reconnue  le  plus  tôt,  par  Tychsen,  dès  1798.  Le 
principe  du  déchiffrement  a  été  posé  en  1802  par  Grotefend, 
qui  a  reconnu  la  valeur  exacte  de  plusieurs  caractères  :  Grot, 
Rask  et  Saint-Martin  ont  apporté  quelques  déterminations  nou- 
velles en  1821  et  i832  ;  Lassen,  en  i836,  a  presque  entièrement 
achevé  le  déchiffrement,  qui  a  été  aussitôt  perfectionné  par 
Burnouf,  puis  par  Jacquet  et  par  Béer  en  1837,  par  Holtzmann 
en  1845,  par  Hincks  et  Rawlinson  en  i8/i6  ;  la  dernière  valeur 
déterminée,  celle  du  caractère  exceptionnel  qui  note  l,  Ta  été 
par  Oppert  en  i85r. 

§  6/i.  On  ne  détermine  la  valeur  des  signes  que  par  compa- 
raison des  formes  du  vieux  perse  avec  d'autres  formes  iraniennes 
dont  la  valeur  est  déjà  connue,  principalement  avec  celles  de 
l'Avesta,  qui  est  à  peu  près  au  même  stade  du  développement 
de  la  langue,  et  avec  celles  du  pehlvi  et  du  persan,  qui  pré- 
sentent le  même  parler  sous  une  forme  plus  récente,  ou  même 
avec  celles  du  sanskrit  qui  appartient  à  un  groupe  dialectal  autre, 
mais  assez  voisin,  et  qui,  étant  exactement  connu,  fournit  une 

3 


34  SYSTÈME  GRAPHIQUE  [§  64-67 

base  précise  aux  rapprochements.  Les  déterminations  ainsi 
obtenues  ne  peuvent  naturellement  être  qu'approximatives. 

§  65.  Le  système  graphique  est  d'ailleurs  ambigu  :  les  signes 
à  valeur  consonantique  indiquent  tantôt  l'ensemble  d'une  con- 
sonne et  de  la  voyelle  suivante,  et  tantôt  la  consonne  seulement. 
Le  plus  souvent,  c'est  l'étymologie  seule  qui  permet  de  les 
interpréter,  et  l'on  n'est  fixé  sur  la  lecture  d'un  mot  que  quand 
on  en  connaît  les  correspondants  en  sanskrit,  dans  l'Avesta  ou 
en  persan. 

§  66.  La  graphie  ne  distingue  que  trois  timbres  vocahques  : 
a,  i  et  u,  à  savoir,  à  l'état  isolé  : 

Ces  trois  signes  servent  également  à  noter  les  brèves  et  les 
longues,  bien  que,  comme  on  le  sait  par  le  pehlvi  et  le  persan, 
la  langue  ait  distingué  précisément  les  longues  et  les  brèves.  On 
verra  du  reste,  §  89,  comment  la  distinction  de  ^  et  â  est  notée 
en  vieux  perse  en  certains  cas.  —  La  question  se  pose  de  savoir 
si  a  ne  doit  pas  être  lu  parfois  ah,  aha  ;  mais  on  n'a  pas  le  moyen 
de  la  résoudre  (v.  §  i33  et  i34). 

§  67.  Le  signe  consonantique  vaut  souvent  consonne  suivie 
de  a,  par  exemple  pa  ;  alors  les  voyelles  i  et  u  doivent  être 
notées  expressément  par  le  signe  de  la  voyelle  :  p  vaut  pa,  et 
p~\-i,  p-\-u  valent  pi,  pu.  Certaines  consonnes  ont  des  signes 
distincts  devant  a,  i,  et  u  ;  alors  le  signe  de  a  n'est  pas  écrit  en 
général,  tandis  que  celui  de  i  Test  souvent  et  celui  de  u  presque 
toujours  ;  ainsi  îrf  vaut  ma,  m'  et  m'  -\-  i  valent  m,  rrf  H-  u  vaut 
mu.  D'autres  consonnes  ont  un  signe  devant  a  et  i  et  un  autre 
devant  u,  ou  un  signe  devant  a  et  u,  et  un  autre  devant  i  ;  il 
n'y  a  pas  de  cas  où  une  consonne  ait  un  signe  devant  a,  et  un 
autre,  différent,  devant  i  et  u.  Autrement  dit,  le  signe  qui  vaut 


§  67-72]  CONSONNES  35 

consonne  -\-  a  peut  servir  en  certains  cas  devant  i  ou  devant 
u,  mais  l'inverse  n'est  pas  vrai  ;  il  n'y  a  pas  de  signe  com- 
mun, employé  devant  i  et  «_,  qui,  employé  seul,  ne  puisse 
signifier  consonne  plus  a  et  qui,  le  cas  échéant,  ne  se  trouve 
pas  aussi  devant  a  pour  noter  consonne  -\~à. 

§  68.  Les  gutturales  k  et  g  ont  des  signes  différents  devant 
a  et  devant  u  : 

k"  Tr  k-  <f 

Des  signes  pour  k  et  g  devant  /  seraient  inutiles,  parce  que, 
devant  i,  on  a,  au  lieu  de  k  et  g^  les  formes  alternantes  ^  et  j 
(v.  §  126  et  127). 

§  69.  La  semi-occlusive  ^  a  un  seul  signe  y^»—  qui  sert  à  la 
fois  devant  a  et  devant  /.  Quant  à  j  ou  ;(  (v.  §  127),  on  a  deux 
signes  : 

Des  signes  pour  ^"  et  j"  sont  inutiles,  parce  que  ^  et  j  ne 
s'emploient  en  principe  que  devant  a  et  /. 

§  70.  Des  dentales,  la  sonore  d  a  trois  formes  : 

d'  ÏÏ  d'  ^11  d"  <^| 

La  sourde  t  a  une  forme  devant  a  et  i,  et  une  autre  devant  u  : 

'"•'  tltT  «"  HT- 

Donc,  t"''  vaut  ta,  et  t"''  -\-i  vaut  //. 

§  71.  Les  occlusives  labiales  p  et  h  n'ont  chacune  qu'un 
signe  : 

Donc  p  vaut  pa,  et  p-\-i,  pi,  ei  p-\-u,  pu. 
§  72.  La  nasale  n  a,  comme  t,  deux  signes: 

La  nasale  m  a  trois  signes  : 


36  SYSTÈME  GRAPHIQUE  [§  73-76 

§  73.  Pour  r,  on  a  un  signe  devant  a  et  i,  et  un  devant  u: 

Le  phonème  /  ^^1(  ne  se  trouve  que  dans  deux  noms  pro- 
pres étrangers,  tous  deux  B.  III,  79. 

Le  groupe  yi  ne  se  rencontre  pas  ;  reste  y  devant  a  et  u^  avec 
la  forme  |^^. 

Le  groupe  vti  n'existe  pas  non  plus  ;  on  distingue  : 

§  74.  Pour  les  spirantes,  on  ne  connaît  en  général  qu'un 
signe  : 

/•  K^  CA  ®^/^  ^®  ^®  rencontrent  pas,  et  l'on  ignore  si /aurait 
des  signes  spéciaux  devant  i  et  u). 

6  :  l^y,  devant  a,  i  et  u. 

ç  (qu'on  transcrit  souvent  par  ôr  ou  6''  ;  il  s'agit  d'une  sifflante, 
distincte  de  8  et  de  Sj  v.  §  io5  et  suiv.):  ^  ;  on  n'a  pas 
d'exemple  devant  u. 

s  n'a  qu'une  forme  devant  a,  i^u:  y^;  de  même  :(  :  f^*^!; 
de  même  aussi  s:  ^^. 

La  spirante  gutturale  x,  notée  ^^|  y ,  n'est  attestée  que  devant 
a.  Elle  n'existait  pas  devant  i\  à  en  juger  par  l'Avesta,  elle 
devait  alors  être  remplacée  par  s  ;  devant  u,  le  x  n'est  pas  plus 
noté  que  le  h  (cf.  §  75). 

§  75.  L'aspiration  h  se  trouve  devant  a  (et  une  fois  devant 
z)  notée  :  ^ZI^. 

On  ne  trouve  ni  /?  ni  jc  devant  u  ;  c'est  que  à  lui  seul,  le  signe 
de  u  suffit  à  indiquer  hu  et  xu  comme  on  le  voit  par  nombre 
d'exemples  ;  c'est  aussi  le  signe  de  11  qui  note  ux  dans  tauxmâ-, 
écrit  tuma-  simplement. 

En  général  h  est  aussi  évité  devant  i  ;  cf.  §  182 .  Enfin  il  est 
possible  que  dans  h  -\-  consonne,  h  n'ait  pas  été  notée,  quoique 
prononcée  (§  i33  et  i3/i). 

§  76.   Certaines  inscriptions  présentent  des  idéogrammes  : 

» 


§  76-78]  DÉFAUTS  DU  SYSTÈME  37 

^^y^  xsâya^iya-  «  roi  »  (le  seul  idéogramme  qu'on  rencontre 
dans  certaines  inscriptions  de  Darius,  à  Suse  et  à  Suez) 
Et,  après  Darius  : 

\m 

lii})  dahyu-  «  province  ». 
^^^  humi-  «  terre  » . 
^X^]{  aQ))urama:(diï-  (nom  du  dieu). 

§  77.  Les  noms  de  nombre  sont  exprimés  par  des  sortes  de 
chiffres.  On  possède  les  suivants  : 

T  I'     }  2,     ]]]  7,     j;;y  8,     {Yrrf  9,    <  lo,    <f  12, 
<||  i3,     i  20,     \\]  23. 

qui  donnent  une  idée  complète  du  système  très  simple  employé. 

§  78.  Pour  autant  qu'il  s'agit  de  syllabes  ouvertes,  compo- 
sées de  consonne  plus  voyelle,  ce  système  graphique  est  clair,  et 
son  seul  défaut  grave  est  de  ne  pas  permettre  une  notation  des 
brèves  et  des  longues.  On  distingue  à  Qi  â  après  consonne  par 
l'artifice  suivant  :  a  n'est  pas  indiqué,  et  le  signe  de  la  con- 
sonne, de  type  a,  suffit  presque  toujours  à  indiquer  la  voyelle  a  ; 
pour  à  au  contraire,  le  signe  de  a  figure  toujours  après  la  con- 
sonne. Mais,  à  l'initiale  des  mots,  ^  et  â  ne  sont  pas  discerna- 
bles, puisque  la  voyelle  a  est  nécessairement  notée,  même  si 
elle  est  brève.  Même  à  l'intérieur  du  mot,  î  et  ï,  û  Qi  û  ne 
sont  jamais  distingués  ;  on  notera  seulement  que  le  signe  de  i 
manque  assez  souvent  pour  l  près  des  consonnes  propres  à  la 
voyelle  /  ;  jamais  pour  î. 

Voici  quelques  exemples  ;  dans  les  transcriptions,  le  signe 
de  la  consonne  est  indiqué  seul,  sauf  au  cas  où  il  s'agit  des 
consonnes  employées  spécialement  devant  i  ou  devant  u,  au- 
quel cas  on  notera  la  voyelle  au-dessus  de  la  ligne  :  d',  d"  ; 
.    aur-  =  zd  ahura- 
aptr-^^  skr .  apatara- 
av]t-=-zà.  avajata-,  s\v.  avahata- 


38  SYSTÈME  GRAPHIQUE  [§  78-80 

jHv-  =  skT.  jîva- 

dat-  =  zd  dàta- 

dary-=^skr.  dhâraya-,  zd  dàraya-. 

d"ur-  =  skT.  dûra- 

v'Bi-  et  vHbi-  =  skr.  viçi-  (locatif). 
§  79.  Les  ambiguïtés  commencent  là  où  il  y  a  lieu  de  noter 
des  syllabes  fermées. 

§  80.  Le  vieux  perse  avait  des  diphtongues.  Quand  la  con- 
sonne admet  pour  consonne  -f-  /  ou  consonne  -}-  u  une  forme 
distincte  de  celle  de  consonne  -f-  a,  la  diphtongue  se  trouve  notée 
expressément  :  si  en  effet  on  a  mH,  nfu,  il  s'agit  de  mi,  mu  ; 
mais  si  l'on  a  m"/,  w%  il  s'agit  de  mai,  mau.  Ainsi  t'huma  se 
lit  sûrement  taumà,  et  m'^iy  se  lit  sûrement  fnaiy.  Mais  c'est 
seulement  la  comparaison  avec  l'Avesta  et  le  sanskrit  qui  avertit 
qu'il  faut  lire  taiy,  en  regard  de  skr.  te,  zd  të,  et  non  tiy  ;  car 
la  graphie  t^'Hy  admet  les  deux  lectures.  En  effet,  là  où  il  n'y  a 
pas  de  signe  spécial  pour  consonne  -\-i  ou  consonne  -{-u, 
l'ambiguïté  est  inévitable  ;  on  peut  distinguer  r^u,  ru  de  r^u, 
rau  ;  mais  on  ne  saurait  distinguer  ri  de  rai  parce  que,  dans  lès 
deux  cas,  on  a  r'^'H  ;  un  mot  comme  arik  admet  donc  les  deux 
lectures  arika-  et  araika-,  et,  seules,  des  considérations  étymo- 
logiques permettent  de  décider  éventuellement  entre  les  deux. 
Le  nom  de  la  ville  de  Babylone,  noté  (au  nominatif)  babir"u^, 
est  lu  d'ordinaire  bâbirus  ;  mais  la  forme  pâlie  baver  u-,  qui  a 
sans  doute  été  empruntée  à  l'époque  achéménide,  donne  plutôt 
lieu  de  supposer  qu'il  faudrait  lire  bàbairus,  comme  on  le  fera 
partout  dans  le  présent  ouvrage  ;  on  n'a  aucun  moyen  de  tran- 
cher la  question  ;  le  fait  que  i  est  omis  une  fois  dans  le  locatif 
babruv  Bh.  i.  11  n'enseigne  rien;  il  s'agit  de  l'omission 
fortuite  d'un  caractère  par  le  graveur,  et  l'on  peut  lire  ici  aussi 
bàbairauv. 

En  pareil  cas,  la  diphtongue  a  parfois  été  notée  par  le  signe  de 
a  inséré  entre  la  consonne  et  la  voyelle  ;  ainsi  le  génitif  du  nom 


§  80-81 J  DÉFAUTS  DU  SYSTÈME  39 

propre  ca(h)ispis  est  noté  ci^pis  ou  ciÈpais  ;  il  s'agit  évidem- 
ment de  la  même  forme,  et  il  ne  faut  pas  lire  -âis  dans  le  second 
cas,  comme  on  l'a  fait  souvent  ;  il  s'agit  de  la  diphtongue  -aiS 
expressément  indiquée  au  moyen  de  la  mater  lectionis  a,  parce 
que  p  a  une  seule  forme  devant  toutes  les  voyelles  ;  jamais  on 
ne  trouve  la  notation  -aiÈ  dans  les  génitifs  de  ce  genre  si  la  con- 
sonne précédente  a  des  formes  distinctes  devant  a  et  devant  i 
et  si,  par  suite,  la  diphtongue  reçoit  une  notation  (cf.  §  3i8). 
Le  flottement,  très  peu  étendu,  de  la  graphie  se  limite  à  quel- 
ques cas  où  la  notation  faisait  une  difficulté  réelle. 

§  8i .  Il  y  avait  aussi  des  groupes  de  consonnes,  -st-,  -^d-  ;  on 
n'a  pas  eu  d'autre  ressource  alors  que  de  noter  s,  :(  suivis  de  la 
consonne,  soit  st,  zd  ;  mais,  étant  donné  le  principe  de  la  gra- 
phie, des  séries  telles  que  ast,  az^d  admettent  les  deux  lec- 
tures :  asata  et  asta,  a^ada  et  a:(da.  Si  on  lit  astiy  =  skr.  asti, 
zd  asti,  ou  a^dà  =  gâth.  a^dà,  skr.  addhà,  c'est  seulement  parce 
que  l'étymologie  indique  ces  lectures.  Dans  tous  les  cas  où  l'on 
peut  ainsi  supposer  des  groupes  de  consonnes,  la  première  con- 
sonne du  groupe  est  notée  par  le  signe  qui  sert  devant  a,  jamais 
par  le  signe  qui  sert  devant  /  ou  u.  Il  y  aura  lieu  d'examiner 
(§1^1  et  suiv.)  en  quelle  mesure  le  vieux  perse  admettait  des 
groupes  de  consonnes  dans  la  prononciation,  et  l'on  ne  pourra 
faire  sur  ce  point  que  des  hypothèses. 

La  première  consonne  de  certains  groupes  n'est  purement  et 
simplement  pas  notée  ;  un  groupe  tel  que  anta  par  exemple  est 
écrit  a/.  Il  s'agit  d'une  simple  insuffisance  de  l'écriture;  car  la 
nasale  d'un  nom  propre  tel  que  kbujiy  est  établie  par  tous  les 
équivalents:  bah.  ka-am-hu-zj-ya,  él.  kan-hu-si-ya,  gr.  KajjiSÙŒrjç, 
et  la  nasale  de  bdk  «  serviteur  »  se  prononce  aujourd'hui  encore 
dans  persan  banda.  Dans  les  cas  de  ce  genre,  on  notera  ici  la 
nasale  entre  parenthèses  dans  la  transcription  complète,  soit 
ba(n)daka,  ka(n)bujiya,  etc.  Cette  absence  de  notation  des  nasales 
seconds  éléments  de  diphtongues  cause  beaucoup  d'ambiguïtés. 


40  SYSTÈME  GRAPHIQUE  [§  82-85 

§  82 .  A  la  fin  des  mots,  l'ancien  iranien  avait  souvent  des  con- 
sonnes non  suivies  de  voyelles,  à  en  juger  par  l'Avesta  ;  en  pareil 
cas,  le  vieux  perse  note  des  consonnes,  au  moins  en  ce  qui 
concerne  m,  ^  et  r  ;  la  forme  dont  on  se  sert  est  celle  qui  est 
employée  devant  a,  jamais  celle  qui  est  employée  devant  i  on  u. 
On  aura  donc  à  l'accusatif  masculin  imm  =  skr.  imam,  féminin 
imam  =  skr.  imâm,  ou  encore  atr  =  zd  antard,  skr.  antar. 
Ici  encore  on  ne  peut  recourir  qu'à  des  considérations  étymo- 
logiques pour  savoir  s'il  faut  lire  imam,  imàm,  antar  ou  imama, 
imàma,  antar  a.  Là  où  l'étymologie  fait  défaut,  la  lecture  est 
incertaine  ;  ainsi  on  rencontre  trois  fois  hca  avds  «  de  là  »  ; 
comme  on  ignore  l'étymologie  de  l'élément  s,  on  ne  sait  pas 
s'il  faut  lire  hacâ  avadasa  ou  hacâ  avadas  ;  les  deux  lectures  sont 
possibles. 

§  83 .  La  distinction  de  ra  (ou  ar)  et  de  f,  sûrement  existante 
dans  la  langue  (v.  §  98),  n'est  pas  notée. 

§  84-  Gomme  on  le  voit  par  ces  indications,  les  transcriptions 
diverses  au  moyen  desquelles  on  cite  le  vieux  perse  comportent 
une  large  mesure  d'interprétation  ;  les  ambiguïtés  n'avaient 
aucun  inconvénient  pour  les  lecteurs  perses  éventuels,  mais  elles 
en  ont  un  très  grave  pour  les  linguistes  modernes.  Pour  obvier 
à  cet  inconvénient,  on  donne  ici  deux  transcriptions  de  chaque 
forme,  l'une  littérale  et  l'autre  interprétée.  Et  devant  une  forme 
perse  interprétée,  comme  le  sont  toutes  les  formes  perses  citées 
dans  les  livres  de  linguistique,  on  doit  toujours  se  demander 
ce  qui  est  noté  en  fait. 

§  85.  Les  éléments  de  la  graphie  perse  sont  évidemment 
empruntés  à  l'écriture  babylonienne  :  y,  y,  ^,  ^,  disposés  soit 
horizontalement,  soit  perpendiculairement  à  la  ligne  suivie  par 
l'écriture.  Mais,  au  lieu  des  centaines  de  signes  et  des  nombreux 
idéogrammes  babyloniens,  on  ne  trouve  en  perse  que  36  carac- 
tères distincts,  chacun  ayant  une  seule  valeur,  au  moins  en 
principe  — ,  et  quelques  rares  idéogrammes,  peu  employés  pour 


§  8o]  DÉFAUTS  DU  SYSTÈME  4i 

la  plupart.  La  graphie  de  l'élamite  des  inscriptions  achéménides 
est  aussi  d'un  type  simplifié,  mais  dans  une  proportion  moindre, 
et  l'on  y  compte  encore  plus  de  cent  caractères.  Le  système 
de  l'écriture  cunéiforme  a  donc  été  très  simplifié,  évidemment 
par  des  hommes  qui  connaissaient  la  graphie  araméenne  : 
devant  la  graphie  perse,  on  a  l'impression  d'une  graphie  ara- 
méenne faite  avec  des  signes  cunéiformes  ;  il  y  a  seulement  un 
peu  plus  de  caractères  en  perse  qu'en  araméen,  parce  que  les 
cunéiformes  fournissaient  des  ressources  illimitées.  On  ignore 
comment  et  par  qui  le  système  cunéiforme  a  été  ainsi  adapté 
à  la  notation  du  vieux  perse. 


CHAPITRE  II 
SYSTÈME  PHONÉTIQUE 


§  86.  Pour  interpréter  phonétiquement  la  graphie  du  vieux 
perse,  on  ne  dispose  presque  d'aucune  ressource.  Les  noms 
propres  perses  se  retrouvent  dans  les  textes  élamite  et  babylo- 
nien ;  mais  c'est  précisément  par  le  perse  qu'on  interprète  la 
valeur  des  signes  élamites,  et  la  valeur  phonétique  des  signes 
babyloniens  n'est  pas  plus  précisément  connue  que  celle  des 
signes  perses.  Quant  aux  notations  des  Grecs,  elles  comportent 
une  forte  part  d'adaptation;  d'ailleurs  les  premiers  Iraniens  avec 
lesquels  les  Grecs  sont  entrés  en  contact  n'étaient  pas  des  Perses, 
et  Ton  ne  peut  déterminer  en  quelle  mesure  les  mots  livrés 
par  les  Grecs  reproduisent  du  perse  ou  d'autres  dialectes  ira- 
niens. Ce  que  fournissent  les  équivalences  avec  les  formes  livrées 
par  des  langues  étrangères  ajoute  peu  à  ce  qu'indique  la  compa- 
raison avec  l'Avesta,  d'une  part,  avec  le  pehlvi  et  le  persan,  de 
l'autre.  On  connaît  en  gros  la  valeur  des  signes  ;  mais  il  serait 
vain  de  chercher  des  précisions  dans  la  plupart  des  cas. 

Voyelles. 

§  87.  La  graphie  indique  seulement  trois  timbres  vocaliques  : 
a,  i,  Uj  et  ceci  concorde  avec  ce  qu'enseigne  la  grammaire  com- 
parée de  l'iranien  :  l'indo-iranien  et  l'iranien  commun  n'offrent 


§  87-88]  VOYELLES  43 

en  effet  que  ces  trois  timbres  fondamentaux  :  toutes  les  nuances 
vocaliques  intermédiaires  qu'on  observe  dans  les  divers  parlers 
iraniens  proviennent  de  l'action  des  phonèmes  voisins  sur  a,  i, 
u,  ou  de  l'aspect  particulier  que  ces  voyelles  prennent  suivant 
la  position  dans  le  mot  et  dans  la  phrase.  La  graphie  du  vieux 
perse,  dans  sa  simplicité,  rend  donc  bien  à  cet  égard  le  principe 
fondamental  du  vocalisme  de  la  langue. 


a 


§  88.  Comme  dans  tous  les  parlers  indo-iraniens,  la  voyelle  à 
est  la  plus  fréquente  de  toutes  ;  beaucoup  de  mots  n'en  ont  pas 
d'autre,  ainsi  ter  m,  tacaram  «palais»  (p.  ta:(ar).  Elle  répond 
à  Va  iranien  commun,  quelle  que  soit  l'origine  de  cet  a:  i.-e. 
e,  0,  a,  1},  ip,  ou  voyelle  développée  devant  r,  n,  m,  etc.,  ainsi 
ahrm  «  je  portais  »,  cf.  skr.  abharam. 

La  prononciation  comportait  sans  doute  des  nuances,  et  il 
est  permis  de  penser  que  déjà  se  dessinaient  l'altération  dans  le 
sens  de  e  devant  une  syllabe  comprenant  i  ou  y,  l'altération  dans 
le  sens  de  o  devant  une  syllabe  comprenant  u  ou  w.  Le  nom 
Vhyi^dat,  Vahya:(dàta,  est  noté  él.  mi-is-da-ad-da,  bab.  u-mi- 
i:{-da-a-tû.  Le  nom  de  hxamnis,  haxâmaniSj  est  rendu  en  grec 
par  'A;(ai[jL£VY3ç  »  ^'^  ^^^  intéressant,  mais  les  Grecs  ont  pu  penser 
à  leurs  noms  en  -;ji.£vy3ç.  —  Devant  un^'  immédiatement  suivant,  le 
a  se  prononçait  sans  doute  aussi  avec  un  timbre  tendant  vers  e  ; 
xsyarsa,  xsayârsà,  est  noté  bab.  hi-si-ar-sUj  él.  ik-se-ir-is-sa, 
gr.  Sép^Yjç.  Le  nom  daryvus ,  dàrayava(h)us,  est  bab.  da-ri- 
ya-mus,  él.  da-rï-ya-ma- u-U ,  gr.  AapsT^ç  (avec  une  forte  réduc- 
tion de  la  fin,  parce  que  zf  et  h  n'existaient  pas  en  ionien  d'Asie). 
On  entrevoit  donc  une  altération  de  a  dans  le  sens  de  e  en  cer- 
taines conditions. 

On  serait  tenté  de  voir  dans  le  ai  grec  qui  rend  parfois  Va 
perse  une  première  trace  de  la  tendance  de  Va  vers  ^  ;  on  a 
ainsi:  ionien  e^atôpaïususiv,  cf.  v.  p.  xsaçapâvâ  a  satrape  »  et  le 


44  SYSTÈME  PHONÉTIQUE  [§  88-89 

nom  propre  TpiTavTaiyjjLYj;,  cf.  v.  p.  ciça(n)taxma  ;  mais  ces 
diphtongues  se  trouvent  toutes  deux  devant  une  spirante  que  le 
grec  ne  savait  pas  noter  ;  et  d'autre  part,  c'est  un  à  que  rend 
le  oLi  grec  de  ^ Kyy.\.\ki^r^q,  cf.  v.  p.  haxàmanis  ;  on  s'abstiendra 
donc  de  tirer  aucune  conclusion  de  ces  correspondances. 

à 

§  89.  Sauf  les  cas  exceptionnels  où  le  signe  à^  a  est  une 
mater  lectionis  destinée  à  indiquer  une  diphtongue  (§  80),  on  est 
devant  un  à  {a  long)  toutes  les  fois  que  la  voyelle  a  est  expres- 
sément notée  après  une  consonne,  et  le  signe  de  a  ne  manque 
jamais  en  ces  conditions  dans  les  cas  où  la  grammaire  comparée 
de  riranien  le  fait  attendre.  Voici  des  exemples  où  à  est  ainsi 
sûrement  attesté  : 

kam,  kàma  «  désir  »,  cf.  zd  kàmô, 

nam,  nàma  «  nom  »,  cf.  p.  wâm,  zd  nâma,  skr.  nâma. 

brata,  ¥ràtà  «frère»,  cf.  p.  hiràdar,  làhrâta,  skr.  hhràtà. 

asharihis ,  asabâraihis  (instr.  plur.)  «  par  les  cavaliers  », 
cf.  p .  suvâr  «  cavalier  » . 

dadâfv,  dadâtuv  (impér.)  «  qu'il  donne  »,  zd  dadàtu,  skr. 
dadàtu. 

datm,  dâtam  «  loi  »,  zd  dàt^m,  p.  dâd. 

padHy ,  pàdiy  «  protège  »,  cf.  skr.  pâti,  zd  pàiti,  pehlv 
pâtan. 

frmana,  f^ramànà  «  commandement  »,  cf.  ip.  farmân  et 
skr.  pramânam. 

hayim,  hàjim  (ace.)  «  tribut  »,  cf.  p.  M:(. 

L'^  perse  est  rendu  en  grec  par  a  tout  comme  Va,  ainsi  dans 
Aapsïoç,  'OxâvY;?.  Si  l'on  a  ionien  yj,  issu  de  à,  dans  M-^Boç,  cf.  v.  p. 
màda,  c'est  que  ce  nom  a  été  connu  très  anciennement,  quand 
â  était  en  train  de  devenir  yj  en  ionien  ;  le  mot  Pàrsa  a  dû  être 
connu  dès  cette  même  date  ;  et  Va  devenu  y;  s'est  changé  en  s 
devant  pi  dans  ïlépariq. 


§  89-91]  VOYELLES  45 

En  quelques  cas,  un  â  provient  d'une  contraction  à  la  ren- 
contre de  deux  mots  étroitement  unis  par  le  sens  : 

â-\-à  dans  le  groupe  de  pasà  «  après  »  (cf.  skr.  paçca)  et 
ava  «  ceci  »  :  psav,  pasàva  «  ensuite  ». 

à-\-â,  dans  :  ava  (préverbe)  -j-  astàyam  (forme  à  augment 
de  la  racine  stâ-),  soit  avastaym,  avâstâyam  «  j'ai  établi  »,  en 
regdiTà  de  niystaym,  niyastâyam  «  j'ai  décidé  ». 

§  90.  A  l'initiale  des  mots,  la  graphie  ne  permet  pas  de  dis- 
tinguer entre  à  et  à,  ainsi  dans  le  mot  api-,  c'est-à-dire  sans 
doute  âpl-,  dans  apisim  prabr ,  apisim  paràhara  «  l'eau  l'a 
enlevé  »,  où  Ton  admet  un  à  initial  d'après  p.  àb,ïà  àp-,  etc., 
ou  dans  le  prétérit  ah^  aha  «  il  était  » ,  où  un  ^  est  indiqué  par  la 
comparaison  de  zd  ânha,  skr.  àsa.  Pour  éviter  des  confusions, 
on  ne  notera  pas  à  dans  les  transcriptions  à  l'initiale  des  mots. 

On  va  voir  du  reste  que  i  et  /î  ne  sont  pas  distingués  graphi- 
quement de  ï  Qi  û'y  il  ne  semble  donc  pas  que  les  auteurs  de 
l'alphabet  perse  aient  jamais  visé  à  noter  les  différences  de  quan- 
tité par  elles-mêmes  pas  plus  que  les  nuances  fines  des  timbres 
vocaliques.  La  graphie  ne  marque  que  les  moments  caractéris- 
tiques et  extrêmes  de  l'articulation  ;  on  a  été  ainsi  amené  à  noter 
en  perse  à,  qui  est  la  plus  longue  des  voyelles  et  qui  attire  très 
fortement  l'attention  ;  il  est  possible  aussi  que  à  était  déjà  nette- 
ment différencié  de  â  par  le  timbre  ;  on  sait  qu'en  persan  à  a 
évolué  vers  e  et  à  vers  ô.  Mais  le  système  graphique  du  vieux 
perse  ne  comporte  pas  de  distinction  des  voyelles  longues  et  des 

voyelles  brèves. 

i 

§  91.  La  voyelle  i  est  en  principe  notée  par  le  signe  qui  lui 
est  propre,  ou  au  moins  par  le  signe  consonantique  spécial 
aux  syllabes  dont  la  voyelle  est  i  (y.  §  67).  Il  n'est  fait  aucune 
distinction  graphique  entre  î  et  î,  et  seule  la  comparaison  per- 
met de  supposer  qu'on  est  en  présence  soit  de  ï  soit  de  î.  On  a 
par  exemple  î  dans  : 


46  SYSTÈME  PHONÉTIQUE  [§  91-92 

ida,  idà  «  ici  »,  cf.  zd  i^a,  skr.  iha. 

pi  ta,  pitâ  «  père  »,  cf.  zd  pit  a,  skr.  pità,  p.  pidar. 

Il  s'agit  de  î  dans  : 

]Hv,  jiva  «  vivante  »,  cf.  skr.  jïvà,  et  dans  yiva,  jivà 
«  puisses-tu  vivre  »,  cf.  \éd.  jîvâh. 

dHdHy ,  didiy  «  vois  »,  cf.  p.  dîdan  «  voir  ». 

On  écrira  ici  toujours  /  dans  la  transcription,  qu'il  s'agisse 
de  i  ou  de  î. 

Les  cas  où  la  voyelle  i  n'est  pas  écrite  expressément  sont  peu 
nombreux.  Pour  vi,  on  a  à  Behistun  : 

î;'ô-,  vi^-  B.,  mais  z/'VO-  Pers.,  NR.  «  famille  princière  »,  cf. 
skr.  viç-. 

v'stasp,  vistàspa  (nom  propre  du  père  de  Darius),  B.,  mais 
v'istasp  Pers.,  NR.,  Sus.,  Elv.,  etc.  On  a  él.  mi-is-da-as-ba, 
bab.  us-ta-as-pa^  gr.  'TcxaaTUY;?. 

Le  nom  emprunté  du  dieu  non  perse  Mi^ra-  est  écrit  m'^r , 
rn'tr  dans  les  inscriptions  d'Artaxerxès,  où  il  figure  pour  la 
première  fois. 

L'/  de  tous  ces  mots  est  un  i  bref. 

A  Behistun,  on  lit  tantôt  arm'iniyiy  et  tantôt  arm'niyiy 
pour  arminiyaiy  «  en  Arménie  »  (loc.  sg.),  tandis  que  armHn , 
armina  «  Arménie  »  et  armHniy,  arminiya  «  Arménien  » 
(nom.  sg.)  ont  toujours  1'/  noté;  il  s'agit  sans  doute  d'une 
simple  tentative  pour  alléger  un  peu  une  graphie  très  volu- 
mineuse ;  mais  il  faut  tenir  compte  aussi  de  ce  que,  dans  une 
forme  aussi  longue  que  le  locatif  de  Arminiya-^  Vï  intérieur 
devait  être  très  bref. 

Sur  l'absence  de  notation  de  i  après  h  en  certains  cas,  v. 

§  1^2. 

u 

§  92.  La  voyelle  u  est  constamment  notée.  Il  s'agit  d'une 
brève  dans  des  exemples  comme  : 

puç,  puça  «  fils  »,  cf.  p.  pus,  zd  pu^rô,  skr.  putrah. 


§  92-93]  VOYELLES  47 

u^ky  (Jo)uska  «  sec  »,  p.  xusk,  zd  huskô,  skr.  çu^kah. 

Il  s'agit  de  û  par  exemple  dans  : 

d"uriy,  duraiy  «  au  loin  »,  cf.  p.  dur,  zd  dure,  skr.  dure. 

humim,  bumim  (ace.)  «  terre  »,  cf.  p.  bûm,  zd  bûmi,  skr. 
bhûmî. 

Sur  Vu  de  la  première  syllabe  du  thème  kunau-,  v.  §  94. 

On  ne  marquera  ici  aucune  distinction  de  quantité  dans  les 
transcriptions. 

Le  nom  de  utan,  utâna,  est  rendu  en  grec  par  'OxavYjç,  avec 
0,  et  non  u  ;  mais  ceci  tient  sans  doute  à  ce  que  Tu  ionien  d'Asie 
se  prononçait  déjà  comme  u  français. 

Uu,  certainement  long,  du  génitif  pluriel  parûnàm  «  des 
nombreux  »  est  noté  d'ordinaire  u  dans  pr'^unam  plusieurs 
fois  attesté  ;  mais,  par  une  exception  unique  et  inexpliquée, 
on  lit  uv,  soit  pr"uvnam  dans  la  formule  NR.  a.  6  et  suiv. 
aivm  pr^uvnam  xsay^iym  aivm  pr"uvnam  frmatarm, 
aivam  parunàm  xsâya^iyam  aivam  parunâm  f'^ramàtàram  «  seul 
roi  de  beaucoup  [d'hommes],  seul  chef  de  beaucoup  [d'hom- 
mes] »  ;  cette  formule  est  reproduite  avec  la  même  orthographe 
dans  une  inscription  d'Artaxerxès  (en  quatre  exemplaires). 
Cette  graphie  uv  de  û  rappelle  celle  de  -u  final  (v.  §  i53)  ;  il 
n'y  en  a  pas  d'autre  exemple  à  l'intérieur  du  mot,  et  le  génitif 
pluriel  de  Jfl^y^wi  «  province  »  est  écnt  dhyuna m,  dahyunàm, 

comme  on  Tattend. 

r 

§  98.  La  graphie  ne  permet  de  distinguer  en  aucun  cas 
entre  ra  ou  ar  et  f.  Mais  on  sait  par  le  traitement  persan,  ir 
ou  ur  suivant  la  consonne  qui  précède,  que  le  vieux  perse  dis- 
tinguait nettement  r  de  ra  et  de  ar. 

On  a  sûrement  affaire  à  r  dans  les  exemples  suivants,  et 
alors  il  n'y  a. pas  lieu  de  mettre  dans  la  transcription  un  a  qui 
n'a  jamais  existé  : 

prsa,  prsà  «  interroge  »  et  aprsm,  aprsam  «  j'interrogeais  », 


48  SYSTÈME  PHONÉTIQUE  [§  93 

cf.  p.  pursam  «  j'interroge  »,  zd  pdrdsaiti,  skr.  prcchati  «  il 
interroge  ». 

vrkan,  vrkàna,  cf.  p.  Gurgân  ;  le  nom  de  cette  province 
est  él.  mi-ir-ha-nu-ya-ip  et  gr.  Tp^avia  ;  le  ir  élamite  et  le  up- 
grec  confirment  la  lecture  vf-. 

v:(rk,  va^rka  «  fort  »,  cf.  p.  bu^urg. 

On  peut  tenir  pour  certains  les  exemples  suivants,  bien  qu'on 
n'ait  pas  la  forme  persane  : 

krt,  krta  «  fait  »,  cf.  zd  hrdta-,  skr.  krta-. 

trstiy,  trsatiy  «  il  a  peur  »,  cf.  zd  Pr^saiti  (cf.  §  198)  ;  tou- 
tefois on  pourrait  lire  tarsatiy,  d'après  le  p.  tarsam,  malgré 
skr.  trasati. 

adrsnus ,  adrsnaus  «  il  osait  »,  cf.  skr.  dhi^iioti, 

agrbaym,  agrbàyam  «  je  saisissais  »,  et  agrbit,  agrbita 
(c'est-à-dire  âgrbîtd)  «  saisi  »,  cf.  skr.  grbhàyati,  zd  g^urvayeiti  ; 
la  racine  iranienne  est  grab-,  comme  on  le  voit  par  skr.  agra- 
bham  «  j'ai  saisi  »,  etc. 

uvamrsiyus ,  (x)uvâmrsiyus  «  mort  de  sa  propre  mort  »,  com- 
posé dont  le  second  terme  est  un  mot  répondant  à  zd  mdrd^yus, 
skr.  mrtyuh. 

La  lecture  est  parfois  incertaine,  et  seule  la  graphie  des 
formes  d'autres  textes  donne  une  indication  ;  ainsi  pour  le  nom 
propre  perse  dadrsis  qui  doit  sans  doute  être  lu  dâdrsis,  à  en 
juger  par  él.  da-tur-si-is  (mais  aussi  da-tar-si-is ,  B.  III,  §  38), 
et  pour  le  génitif  baigrcis  de  nom  de  mois  qui  serait  à  lire 
^àigrcais  d'après  él.  sa-a-kur-ri-si-is .  Le  nom  écrit  brdHy  en 
perse  est  rendu  en  élamite  par  bir-ti-ya,  et  en  grec  par  SfjLépStç 
chez  Hérodote,  mais  par  MapBiç  chez  Eschyle.  Au  contraire 
frvrtis  doit  plutôt  être  lu  /""ravartis,  d'après  él.  pir-ru-mar- 
ti-is,  cf.  gr.  $paopTY)ç. 

Quand  r  figure  au  commencement  du  mot,  on  trouve  devant  r 
le  signe  de  a  ;  mais  le  persan  avertit  qu'il  ne  faut  pas  lire  ar 
pour  cela  ;  le  signe  de  Va  a  ici  —  et  sans  doute  partout  —  la 


§  93-94]  VOYELLES  49 

valeur  de  l'alef  sémitique;   il  indique  Pattaque  vocalique,  et 
non  proprement  la  voyelle  a.  Les  exemples  sont  : 

arstam,  qu'on  lira  Vi/^m  (ace.  sg.)  «rectitude»,  cf.  skr. 
YJuh,  zd  drd^us  «  droit  ». 

ar^ti^  «  lance  »,  qu'on  lira  ''rstis,  cf.  p.  xist,  et  zd  arsti^, 
skr.  f^tih  ;  le  composé  signifiant  a  porte-lance  »  NR.  c.  2  est 
écrit  srstihr  (avec  un  s  indistinct  au  début);  le  graveur  s'est 
embrouillé;  son  modèle  avait  sans  doute  arstibr  (cf.  §  125^/5). 

Il  faut  de  plus  tenir  compte  des  noms  propres  :  arsam, 
'rsàma,  à  cause  de  él.  ir-sa-ma  (grand-père  de  Darius)  ;  art- 
vrdHy,  'rtavardiya  (Perse),  él.  ir-du-mar-ti-ya  ;  cf.  peut-être 
artxsça,  'rtaxsaçàQ),  él.  ir-tak-sa-as-sa  (cf.  Hûbschmann, 
K.  Z.,  XXXVI,  i65  et  suiv.). 

Le  traitement  de  r  en  persan  étant  ir  après  dentale  ou  guttu- 
rale et  ur  après  labiale,  le  timbre  de  l'élément  vocalique  très 
bref  qui  figurait  avant  r  devait  être  très  peu  distinct  en  vieux 
perse.  En  tout  cas,  si  l'on  attache  une  importance  aux  transcrip- 
tions élamites,  c'était  une  voyelle  plus  fermée  que  a  et  qui, 
chose  singulière,  est  notée  i  après  m  (représentant  le  v  perse) 
dans  le  correspondant  de  vrkâna  et  u  après  t  (représentant  le  d 
perse)  dans  le  correspondant  de  dàdrsis.  Les  exemples  vrkàna, 
krta,  adrsnaus,  agrbàyam,  (x)uvâmrsiyuSj  dâdrsis  indiquent  que 
le  signe  consonantique  employé  devant  r  voyelle  est  le  même 
que  celui  employé  devant  a,  et  non  celui  employé  devant  u  ou 
devant  i.  Dans  les  anciens  emprunts  de  l'arménien  (faits  à  un 
dialecte  iranien  du  Nord-Ouest,  et  non  au  perse),  on  a  er  après 
gutturale  ou  dentale  :  kerp  «  forme  » ,  mais  ar  après  labiale  : 
vard  «  rose  ». 

§  94.  Dms  les  formes  personnelles  du  verbe  kar-,  on  a  au 
présent  k'^unutiy,  kunautiy  «  il  fait  »,  dans  de  nombreuses 
formes,  souvent  attestées,  cf.  p.  kunam,  et  à  l'aoriste  ak^uma, 
akumâ  «  nous  avons  fait  »  ;  cf.  zd  ht^naoiti,  skr.  krnoti  et 
akran,  akrta  ;  ce  traitement  de  r,  qui  ne  se  retrouve  pas  dans 

4 


50  SYSTÈME  PHONÉTIQUE  [§  94-96 

Tadjectif  verbal  krt,  krta  «  fait  »,  est  particulier  à  ce  verbe  ;  il 
tient  à  ce  que  les  formes  personnelles  de  kar-  servaient  déjà 
d'auxiliaire  en  vieux  perse  et  subissaient  en  conséquence  un  trai- 
tement abrégé  de  mots  accessoires  (sur  cet  emploi,  cf.  notam- 
ment §  2i5  et  §  36)  ;  kunautiy  est  en  perse  un  auxiliaire  autant 
et  plus  que  faire  en  français. 

Diphtongues. 

§  95.  11  y  a  des  diphtongues  ai  et  au,  chacune  compor- 
tant en  outre  une  forme  à  premier  élément  long  ai,  au.  On  peut 
aussi  considérer  an,  am,  ar  devant  consonne  comme  des  diph- 
tongues ;  ces  groupes  n'appellent  pas  d'observation  particu- 
lière ;  la  nasale  des  diphtongues  an,  am  n'est  pas  notée  en  vieux 
perse  (§  81),  et  ar  n'est  pas  distinguable  graphiquement  de  r 
voyelle  (§  98).  On  n'examinera  donc  ici  que  ai  et  au. 

ai,  ai. 

§  96.  Voici  quelques  exemples  attestés  par  des  graphies  non 
ambiguës  (cf.  §  80). 

A  l'initiale  du  mot,  où  i  est  indiqué  par  la  voyelle  i  simple- 
ment, a  H-  z  note  clairement  une  diphtongue  : 

ait,  aita  «  ceci  »,  cf.  skr.  état,  zd  aëtat. 

aiv,  aiva  «  seul,  un  »,  cf.  zd  aèvô,  hom.  ol{F)oq\  pehlvi  êv. 

aitiy,  aitiy  «  il  va  »,  cf.  zd  aèiti,  skr.  eti. 

Par  hasard,  aucun  au-  initial  n'est  attesté. 

Les  consonnes  qui  ont  des  formes  distinctes  devant  a  et 
devant  /  sont  j,  d,  m  et  î;  ;  on  a  donc  des  diphtongues  à  coup 
sûr  dans  : 

miy ,  maiy  «  à  moi  »,  cf.  zd  mè,  moi  et  skr.  me',  et  ceci 
garantit  qu'il  y  a  aussi  des  diphtongues  dans  les  formes  paral- 
lèles :  tiy ,  taiy  «  à  toi  »,  cf.  skr.  te,  zd  tè,  toi  et  siy,  saiy  «  à 
lui  »,  cf.  zd  hê,  hôi  et  se,  soi. 


§  96-97]  DIPHTONGUES  51 

vinahy,  vainàh(t)y  «  que  tu  voies  »,  cf.  zd  vaênaiti,  p.  blnam 
et  skr.  venati  «  il  voit  » . 

duvi^[t]m,  duvais[ta]m  «  longtemps  (?)  ». 

La  consonne  g  ne  se  trouvant  pas  devant  i,  il  faut  lire  ai 
dans  : 

gi^a,  gaiM  «  bien,  propriété  »  ;  cf.  du  reste  p.  gêhân 
«  monde  »,  zd  gaê^a  «  vie,  monde  ». 

C'est  seulement  sur  des  raisons  étymologiques  que  repose 
la  lecture  d'une  diphtongue  dans  : 

niba,  naibà  «  belle  »,  cf.  p.  nêv. 

niy,  naiy  «  non,  ne  pas  »,  cf.  zd  nôit. 

hina,  hainâ  «  armée  ennemie  »,  cf.  pehlvi  hèn,  zd  haèna, 
skr.  senà. 

Dans  le  nom  de  mois  ad^uknis ,  on  lira  adukanaisa  d'après 
él.  ha-du-kan-na-is . 

Le  nom  propre  hahir^us  de  la  ville  de  Babylone  sera  lu  ici 
hàhairiis  d'après  la  forme  pâlie  bâveru-  qui  doit  venir  de  l'ira- 
nien. Mais  la  lecture  babirus  est  tout  aussi  possible  en  elle- 
même  (cf.  §  80). 

§  97.  La  diphtongue  longue  ai  est  sûre  au  moins  dans  : 

uvaipsiym,  (x)uvâipasiyam  «  sien  propre  »,  B.  I,  47,  en 
regard  de  zd  xvaêpai^im,  pers.  x^ês. 

Car  la  notation  de  a  après  v"^  suppose  la  volonté  d'indiquer 
une  longue  dans  ai.  On  n'hésitera  pas  non  plus  à  lire  ai  dans  : 

fraisym,  fyàisayam  «j'ai  envoyé  »,  juxtaposition  du  pré  verbe 
fra-  et  d'une  forme  à  augment  d'une  racine  is-,  qui  à  l'état  isolé 
serait  aussi  *ài^ayam. 

ais,  âis  «  il  est  allé  »,  forme  à  augment  de  la  racine  /-  ;  la 
3*  personne  du  pluriel  atiyai^,  atiyàisa  «  ils  sont  allés  au 
delà  »  a  du  reste  clairement  la  notation  de  ai  au  pluriel  du 
même  prétérit. 

Il  est  plus  risqué  d'affirmer  l'existence  de  ai  dans  : 

^aigrcis ,  ^aigrcais,  génitif  d'un  nom  de  mois,  où  Va  exprès- 


52  SYSTÈME  PHONÉTIQUE  [§  97-98 

sèment  marqué  de  la  première  syllabe  pourrait  à  la  rigueur 
passer  pour  une  mater  lectionis  (cf.  §  80)  ;  la  transcription 
élamite  sa-a-kur-ri-si-is ,  avec  son  aa,  indique  plutôt  ai  que  ai  ; 
cf.  du  reste  pour  la  longue  §  298. 

au,  au. 

§  98.  Les  consonnes  qui  ont  un  signe  particulier  devant  u 
sont  k,  g,  t,  d,  n,  m,  r,  et  par  suite  il  y  a  sûrement  des  diph- 
tongues (cf.  §  80)  dans  : 

liuj y  kaufa  «  montagne  »,  cf.  p.  kôh,  zd  kaofô. 

k'^unutiy,  kunautiy  «  il  fait  »,  cf.  zd  hrdnaoiti,  skr.  kfnoti. 

gusa,  gausà  «  oreilles  »,  cf.  zd  gaosa,  p.  gôs. 

apgudy,  apagaudaya  «  il  cachait  »  ;  cf.  skr.  goha-  «  ca- 
chette ». 

gubtiy,  gauhataiy  «  il  parle,  il  dit  »,  cf.  ^ûAy'i  gôwèt. 

tuma,  taumâ  (c'est-à-dire  tauxmâj  §  76)  «  famille  »,  cf.  p. 
tuxm,  zd  taoxman-. 

tuma,  taumâ  «  force  ». 

dusta,  daustà  «  ami  »,  cf.  p.  dôst,  et  skr.  jostà. 

drug,  d'^rauga  «  mensonge  »,  cf.  p.  darôy,  zd  drao^ô,  skr. 
droghah. 

rue,  rauca  «  jour  »,  cf.  p.  rô;(_,  zd  raocô. 

rut,  rauta  (génitif-ablatif  sing.)  «  rivière  »,  cf.  p.  rôd, 
zd  ^raotô-. 

huv,  hauv  «  celui-ci  »  a  aussi  une  diphtongue  sûre  ;  car  hu- 
est  noté  par  u. 

La  diphtongue  n'est  établie  que  par  des  comparaisons  étymo- 
logiques dans  : 

tigrxud,  tigraxauda  «  à  la  coiffure  pointue  »,  composé  dont 
le  second  terme  répond  à  zd  xao^a-. 

yuv'iya,  yauviyà  «  canal  »,  cf.  p.  ]ôi\  la  lecture  yuviyà, 
qu'on  donne  souvent,  est  exclue  par  la  forme  du  mot  persan. 

Dans  Jes    noms   propres  gubruv,    gaubruva,   et   gumat, 


§  98-101]  CONSONNES  83 

gaumàta,  le  groupe  gau-  est  rendu  en  élamite  par  kam-  (m  étant 
en  élamite  le  substitut  de  zf),  et  en  babylonien  par  ^u-,  soit  él. 
kam-har-ma  et  kam-ma-ad-da,  bab.  gu-ha-ru-  ei  gu-ma-a-ti  ;  le 
au  est  rendu  en  grec  de  manière  inattendue  par  w  dans  Pwépuaç; 
le  mot  est  sans  doute  parvenu  aux  Grecs  par  l'intermédiaire 
d'Iraniens  qui  déjà  tendaient  à  simplifier  les  diphtongues,  et  la 
diphtongue  était  peut-être  prononcée  ao  dès  le  vieux  perse.  Le 
nom  y  un,  yauna  des  Ioniens  est  noté  bab.  ya-ma-nu  et  él.  i-ya- 
u-na  ou  ya-u-na. 

§  99.  Un  exemple  de  au  qui  paraît  sûr  est  : 
dhyaus,   dahyâus    «  province  »,  avec  a  noté  expressément 
après  y,  donc  avec  un  nominatif  en  -àus,  cf.  §  821. 

Consonnes. 

§   100.  Le  système  consonantique  du  perse  représente  celu. 
de  l'iranien  commun,  à  quelques  particularités  dialectales  près. 
On  a  le  groupement  suivant  : 

Occlusives  sourdes 
Spirantes  sourdes 
Consonnes  sonores 

En  outre,  on  a  les  semi-occlusives  chuintantes  ^  et  j  (sur  le 

j,  cf.  §  127),  les  nasales  m  et  n,  les  sifflantes  s,  \  et  s,  \  (v. 

§  127),  plus  la  sifflante  particulière  rendue  ici  par  ç  (§  io5),  les 

sonantes  y,  v  (v.  §  iSg),  r.  La  langue  ne  comportait  pas  de  ^ 

(v.  §  i38). 

Occlusives  sourdes. 

§  ICI.  Les  occlusives  sourdes  p^  t,  k  de  l'iranien  commun 
sont  conservées  sans  changement  à  l'initiale  des  mots,  en  posi- 
tion intervocalique  et  après  consonne.  Elles  n'appellent  aucune 
remarque.  Voici  quelques  exemples  : 


LABIALES 

DENTALES 

GUTTURALES 

P 

t 

~k 

f 

ô 

X 

b 

d 

2 

64  SYSTÈME  PHONÉTIQUE  [§  101-102 

patuv,  pàtuv  «  qu'il  protège  »,  cf.  skr.  pâti. 

aprm,  aparam  «  ensuite  »,  cf.  zd  apara-,  skr.  apara-. 

trdry,  taradraya  «  au  delà  de  la  mer  »,  avec  un  premier 
terme  tara-,  cf.  zd  tard  «  au  delà  »,  skr.  tir  ah. 

udptta,  udapatatâ  «  il  s'est  soulevé  »,  cf.  zd  pataiti,  skr. 
apatata. 

dstya,  dastayà  «  dans  la  main  »,  cf.  p.  dast,  zd  :(astô,  skr. 
hastah. 

aistta,  a(h)istatâ  «  il  se  tenait  debout  »,  cf.  zd  histaiti,  skr. 
tUthati  (jth  passe  en  iranien  commun  à  st^. 

kmnm,  kamnam  «  peu  »,  cf.  p.  kam,  zd  kamnô. 

ptHkrm,  patikaram  (ace.)  «  portrait  »,  cf.  pehlvi  patkar, 
p.  paikar  (préverbe  pati-  -\-  kara-). 

mska,  maskâ  «  peau  »,  mot  emprunté  au  sémitique:  bab. 
maS-ku-u,  aram.  maskâ. 

Les  occlusives  sourdes  n'existent  pas  hors  des  trois  positions 
indiquées  :  initiale  du  mot  devant  voyelle,  intervocalique,  post- 
consonantique  à  l'intérieur  du  mot.  On  ne  rencontre  d'occlu- 
sive sourde  ni  à  l'intérieur  du  mot  entre  une  voyelle  et  une 
consonne,  ni  à  la  finale. 

Spirantes  sourdes. 

§  I02.  Des  spirantes  sourdes  se  trouvent  souvent  à  l'initiale 
du  mot  et  en  position  intervocalique  ;  en  persan  x  et  f  ont  sub- 
sisté, mais  0  est  représenté  à  l'initiale  par  5  et  à  l'intervocalique 
par  h. 

X  répond  alors  à  zd  x,  skr.  kh;  0  à  zd  9,  skr.  th  ;  f  k  zd  f, 
skr.  ph.  Les  exemples  sont  peu  nombreux  : 

-xud  dans  tigrxud,  tigraxauda  «  à  la  coiffure  pointue  », 
cf.  zd  xao^a-. 

y^a,  ya^à  «  comme,  lorsque  »,  cf.  zd  ya^à,  skr.  yathâ. 

p^im,  pa^im  (ace.  sg.)  «  chemin  »,  cf.  zd  pa^a  (instr.  sg.), 
skr.  pathibhih  (instr.  plur.). 


§  102-103]  CONSONNES  88 

gi^a,  gai^à  «  bien,  propriété  »,  cf.  zd  gaè^a. 

Le  6  admet  une  autre  origine  ;  dans  les  mêmes  positions,  il 
répond  souvent  à  zd  5  =  skr.  ç  (pour  le  traitement  d  de  la  sonore 
correspondante,  v.  §  129). 

^atiy,  Mtiy  «  il  proclame  »,  ^véiQT\{a^a(n)ha,  cf.  zàsanhaiti, 
skr.  çamsati. 

^rd,  ^arda  (gén.  sg.)  «  de  l'année  »,  cf.  zd  sar^l-^  p.  sàl, 
skr.  çaràd-  «  automne  ». 

m^ist,  ma^ista  «  le  plus  grand  »,  cf.  p.  mih,  mahist,  zd 
masistô-. 

v'i^m  eiv^fim,  vi^am  (ace.  sg.)  «  famille  princière  »,  cf.  zd 
vis-,  skr.  viç-. 

a^gitij  a^a(n)gaina  «  de  pierre  »,  cf.  p.  sang  «  pierre  »,  zd 


asdnga-. 


v^ina^yis ,  vinà^ayais  «  puisses-tu  détruire  »,  cf.  skr.  nà- 
çàyati'f  si  le  persan  nàsîdan  «  maigrir  »  représente  ce  thème, 
il  est  emprunté  à  un  parler  non  perse,  à  en  juger  par  son  s. 

Une  sifflante  étrangère  est  représentée  par  6  dans  : 

a^ura,  a^urà  «  Assyrie  »,  bab.  às-sur,  él.  as-sû-ra. 

Une  s  de  l'élamite  répond  à  gr.  0  dans  le  nom  de  mois 
^aigrcisj  Oâigrcais  (gén.  sg.),  él.  sa-a-kur-ri-^i-U  et  dans  le 
nom  de  province  ^tg^us ,  ^atagid,  él.  sa-ad-da-hi-is  (cf.  gr. 
SaTtayîjSa'.),  et  l'on  a  él.  t  ou  d  dans  le  nom  de  personne  buxr^ 
Buxra,  él.  du-uk-kur-ra,  dans  le  nom  de  mois  ^urvahr ,  bura- 
vàhara,  él.  tu-ir-ma-ir  et  dans  le  nom  de  peuple  pr^v , 
par^ava,  él.  par-tu-ma  (cf.  gr.  Ilapôcç). 

§  io3.  Le  plus  grand  nombre  des  exemples  des  spirantes  x, 
6  et  /  qu'on  rencontre  proviennent  d'une  innovation  phonétique 
de  l'iranien  :  les  occlusives  tendent  à  devenir  spirantes  devant 
une  autre  consonne.  On  a  ainsi  toujours  a:^  6  et/  devant  une 
consonne  sourde  ou  une  sonante  suivante  quelle  qu'elle  soit. 
Voici  quelques  exemples  : 

xsp,  xsapa  (gén.  sg.)  «  de  nuit  »,  cf.  lAxsap-,  skr.  k^ap-. 


56  SYSTÈME  PHONÉTIQUE  [§  103-105 

hmtxHyj  hamataxsaiy  (i""*  pers.  sg.  aor.)  «  j'ai  réalisé  », 
cf.  skr.  taks-. 

txmspad,  taxmaspàda  (nom  propre  mède  signifiant  :  «  qui  a 
une  forte  armée  »),  cf.  zd  taxmô,  p.  tahm  ;  en  face  du  super- 
latif zd  tancistô. 

d^ur^uxt,  duruxta  «  menti  »,  adjectif  en  -ta-  de  la  racine 
drug-  ;  donc  de  *druk-ta-. 

^uvam,  ^uvâm  (ace.)  «  toi  »,  cf.  zd  ^wam,  skr.  tvâm  (en 
regard  du  nominatif  ^wz;w^  tuvam,  cf.  zd  tûm,  véd.  t[u\vam). 

fr-,  fra-  (préposition  et  préverbe),  répondant  à  zdfra-,  skr. 
pra-. 

ufrstm,  (hu)frastam  (ace.  sg.)  «  bien  interrogé,  bien 
puni  »,  cf.  gâth.  frasî  «  j'ai  interrogé  pour  moi  »,  skr.  praçnah 
{(  question  ». 

ga^um,  gà^um  (ace.  sg.)  «  place,  trône  »,  p.  gâh,  en 
regard  de  zd  gâtus,  skr.  gàtuhy  doit  sans  doute  son  6  à  un  génitif 
de  la  forme  *gâfiva,  non  attesté  par  hasard. 

Les  exemples  seraient  plus  nombreux  si  deux  des  principaux 
groupes  de  spirante  suivie  de  consonne  n'avaient  subi  une  alté- 
ration ultérieure  :  6f  a  été  simplifié  en  ç  (y.  §  io5)  et  Oy  a 
passé  à  sy  (v.  §  12/i).  Toutefois,  dans  a^iy,  a^iy  «  vers  », 
B.  I,  91,  qui  répond  sans  doute  à  skr.  ati,  le  t  devenu  8  dans 
les  cas  oii  i  placé  devant  voyelle  se  prononçait  y^  a  été  trans- 
porté aux  cas  où  la  voyelle  finale  /  subsistait,  et  ainsi  le  0  issu 
de  /  devant  y  a  subsisté. 

§  io4.  Le  mot  farnah-  «  gloire  »  (p.  farr)  ne  figure  que 
dans  le  nom  propre  vHdfrna,  vi(n)dafarnà,  él.  mi-in-da- 
par-ndj  gr.  'Ivia^épVYjç.  L'/  initiale  y  provient  sans  doute  d'un 
emprunt  à  un  mot  de  la  langue  religieuse  non  perse,  cf.  zd 
xvardnô  «  gloire  »  (v.  §  8  et  suiv.). 

Ç 
§  To5.  Au  groupe  ôr  de  l'Avesta,  qui  répond  d'ordinaire  à 


§  105-108]  CONSONNES  87 

skr.  tr,  le  perse  répond  par  un  caractère  unique,  qu'on  transcrit 
ici  par  ç.  Étant  donné  le  principe  de  l'écriture,  qui  ne  comporte 
en  aucun  cas  un  signe  unique  pour  noter  un  groupe  de  con- 
sonnes, ç  ne  peut  noter  qu'un  phonème  un  ;  en  persan,  ce  ç  est 
représenté  par  ^  à  la  fois  à  l'initiale  et  à  l'intérieur  du  mot, 
comme  l'ancienne  s,  et  à  la  difTérence  de  l'ancien  G,  qui  donne  h 
en  position  intervocalique.  Là  où,  comme  il  arrive  souvent,  le 
persan  a  hr  (c'est-à-dire  un  ancien  Or),  c'est  qu'il  a  emprunté  la 
forme  à  d'autres  parlers  ;  on  sait  en  effet  que  le  pehlvi  du  Nord- 
Ouest  répond  par/7r  à  5  du  pehlvi  du  Sud-Ouest  (cf.  M.  S.  L., 
XVII,  245).  Voici  des  exemples  : 

çitiym,  çitiyam  (ace.)  «  troisième  »,  cf.  zd  ^rit(f)ya-,  skr. 
tri-',  le  nom  de  nombre  «  trois  »  est  si  en  persan. 

xsçm,  xsaçam  «  royaume  »,  cf.  zd  xsa^rdm,  skr.  ksatram  ; 
le  p.  sahr  «  ville  »  est  emprunté  à  un  dialecte  non  perse. 

puç,  puça  «  fils  »,  cf.  làpu^rô,  skr.  putrah,  p.  pus. 

§  106.  Le  Or  des  dialectes  iraniens  autres  que  le  perse  est 
rendu  par  le  groupe  6-f-r;  c'est  ce  qui  arrive  dans  le  nom 
propre  mède  xsOrit,  xsa^rita,  él.  sa-at-tar-ri-da  (B.  e),  et 
dans  le  nom  emprunté  du  dieu  MiBra,  noté  m'^r,  mi^ra  ou 
m'tr,  mitra  (inscriptions  d'Artaxerxès). 

§  107.  Le  ç  perse  est  rendu  par  s  en  élamite  :  ciçtxm, 
ciça(n)taxma  (nom  propre  d'homme),  él.  si-is-sa-an-tak-ma  ; 
açiyadHy,  açiyàdiya  (nom  de  mois  :  â^r-yàd-iya-  «  adoration 
du  feu  »),  él.  ha-is-si-ya-tai-ya-is .  Inversement  le  s  élamite  est 
rendu  par  ç  dans  le  nom  propre  d'homme  él.  ha-is-si-na,  v.  p. 
açin,  açina.  —  Il  est  curieux  que  l'élamite  ait  mi-is-sa  en  face 
de  V.  p.  mi^ra-  (v.  §  i5  et  106);  y  trouverait-on  une  forme  perse 
ignorée  des  textes  perses  eux-mêmes  ?  Le  babylonien  a  mi-it-ri. 

§  108.  Après  une  spirante  ou  une  sifflante,  tr  subsiste  dans 
l'Avesta  ;  mais  le  fait  n'est  attesté  en  perse  que  pour  deux  noms 
propres  étrangers,  le  nom  de  la  Bactriane,  haxtrHs ,  hàxtris, 
et  le  nom  du  Mède  uvxstr ,  (h)iivaxstra,  en  grec  Kua^ap-^;. 


58  SYSTÈME  PHONÉTIQUE  [§  109-113 

§  109.  Le  cas  de  usbarim,  usahàrim  (ace.  sg.)  «  monté  sur 
chameau  »  n'est  pas  clair  ;  le  premier  terme  de  ce  composé, 
qui  est  parallèle  à  asbar-,  asabâra-  «  cavalier  »  est  évidem- 
ment le  thème  iranien  ustra-  du  nom  du  «  chameau  »  ;  on  attend 
*  ustrabàrim  ;  à  prendre  l'exemple  à  la  lettre,  on  admettrait  que 
-str-  s'est  réduit  à  -s-  en  perse.  Un  mot  aussi  compliqué  et 
aussi  long  n'autorise  pas  de  conclusions  certaines. 


§  iio.   La  consonne  s  figure  dans  des  conditions  variées: 

§  III.  i**  Ancienne  s  indo-iranienne  devant  occlusive,  dans 
sk,  st,  sp;  on  a  de  bons  exemples  de  st  : 

dst,  dasta  «  main  »,  là'^astd,  skr.  hastah,  p.  dast. 

astiy,  astiy  «  il  existe  »,  zd  asti,  skr.  asti,  p.  ast. 

§  112.   2**  Ancien  -tt-  altéré  en  -st-  en  iranien: 

bst,  basta  «  lié  »,  zd  basta-,  p.  bast,  de  la  racine  iran.  band- 
(cf.  §  33). 

§  II 3.  3"  Ancienne  prépalatale  correspondant  à  skr.  ç,  zd  s, 
devant  une  sonante  comme  m,  v: 

asmanm,  asmànam  (ace.  sg.)  «  pierre  »,  cf.  skr.  açmànam, 
p.  asmàn. 

Devant  v^  on  a  eu  la  même  s  ;  mais  alors  v  s'est  assourdi  et 
amui,  si  bien  que  l'ancien  sv  est  représenté  par  s  simplement  ; 
cette  s  répond  à  sp  de  l'Avesta  et  des  parlers  iraniens  du  Nord- 
Ouest  et  à  çv  du  sanskrit.  De  bonne  heure,  les  formes  à  sp  ont 
été  empruntées  par  le  perse  ;  mais  s  est  la  forme  proprement 
perse  : 

asm,  asam  (ace.  sg.)  «  cheval  »  et  asbaribis,  asabàraibis 
(instr.  plur.)  «  par  les  cavaliers  »,  cf.  skr.  açvah,  zd  aspô  \  le 
persan  a  la  forme  empruntée  asp  pour  le  mot  simple,  mais  il  a 
conservé  la  vieille  forme  perse  dans  suvàr  «  cavalier  »,  de  "^ asa- 
bâra-. Sur  la  forme  aspa-  dans  des  composés  savants,  v.  §  10. 

vHsm,  visam  (ace.  sg.)  «  tout  »,  et  le  composé  v'isdhyum, 


§  113-H8]  CONSONNES  89 

visadahyum  «  de  toutes  les  provinces  »,  cf.  zd  vlspô,  skr.  viçvaJp; 
le  persan  a  emprunté  -visp.  Dans  une  inscription  de  Xerxès  à 
Persépolis,  visadahyu-  est  bien  transcrit  en  élamite  mi-U-Èa-da- 
a-hu-is]  mais,  chose  curieuse,  la  transcription  babylonienne 
repose  sur  la  prononciation  d'un  Iranien  qui  disait  vispa-  :  bab. 
û--is-pi-da-a--i.  —  Sur  vispa-  dans  un  composé  savant,  v.  §  lo. 

Le  nom  de  Sardes,  qui  est  sprd,  sparda,  repose  sans  doute 
sur  un  ancien  *  Swarda-,  prononcé  Sparda-  par  des  Iraniens  du 
Nord  (v.  §  52). 

§  iili.  4°  Ancien  groupe  de  consonnes  représenté  en  zend 
par  s  et  en  sanskrit  par  cch  ;  en  persan,  on  a  5,  ainsi  : 

aprsm,  aprsam  «  j'ai  interrogé  »,  cf.  zd  pdr^saiti,  skr. 
pfcchati  «  il  interroge  »  et  p.  pursam. 

arsm,  arasant  «  je  suis  venu  »,  p.  rasam;  cf.  skr.  fcchati 
«  il  se  dresse  ». 

trstiy,  trsatiy  (ou  tarsatiy)  «  il  a  peur  »,  p.  tarsam. 

psa,  pasà  «  après  »,  p.  pas  ;  le  skr.  paçcâ  et  le  zàpasca  repré- 
sentent des  formes  restituées  par  analogie  au  lieu  des  formes 
attendues  skr.  *pacchà,  zd  *  pasà. 

vsiy,  vasaiy  «  beaucoup  (littéralement  «  à  volonté  »),  p.  bas 
(le  suffixe  *-ske-  est  bien  attesté  dans  les  racines  qui  expriment  le 
désir:  skr.  icchati,  icchà  et  vànchati,  vâncha)  ;  v.  §  255. 

§   II 5.   5"  Sur  st  remplaçant  st,  v.  §  i25. 

§  116.  En  tant  que  ^  est  la  forme  sonore  qui  correspond  à 
la  sourde  s,  on  a  des  emplois  qui  répondent  aux  deux  premiers 
signalés  pour  s  : 

§  117.   i"  :(  représentant  un  ancien  ;(  indo-iranien  : 

aurm''z,da,  a(h)urama:(dâ  ;  cf.  zd  ma:(dâ,  skr.  medhàs-. 
§  118.   2°  -;(J-  issu  de  -dd- : 

ax^da,  a:(dâ  «  nouvelle,  connaissance  »,  cf.  véd.  addhàj  zd 
a^da,  p.  a:(d. 


60  SYSTÈME  PHONÉTIQUE  [§  119-120 

§  119.  Dans  plusieurs  mots  v.  p.  ;(  répond  à  zd  :{  =  skr.  /  ou 
h  ;  mais  ce  sont  des  mots  empruntés  à  des  dialectes  non  perses 
(cf.  §  9)  ;  le  traitement  perse  du  phonème  correspondant  à  zd 
^  =  skr.  y  ou  h  est  d.  On  a  ainsi  : 

-:(n,  -Xfina  «  race  »,  dans /)f"w;(w-^  paru^ana-  «  qui  a  beau- 
coup de  races  »,  vHsp:(^n-,  vispa^ana-  «  qui  a  toutes  sortes  de 
races  »  ;  de  -^ana-  on  rapproche  zd  -:(ana~,  skr.  jana-.  Dans 
V.  p.  vispa^ana-,  on  a  vu  §  ii3  que  vispa-  est  aussi  emprunté. 
—  Le  persan  a  :(àdan  «  naître  »  avec  ;(  emprunté. 

v^rk,  va:(rka  «  fort  »,  p.  bu:(urg. 

X_ur,  :(ura  «  tromperie  »,  p.  :(ûr,  cf.  zd  /^ûrah-,  skr.  hvaras-. 

Le  nom  de  la  province  :(^rk,  ^ara(n)ka  (bab.  7^a-ra-an-ga,  él. 
sir-ra-an-kd)  a  le  ;(  de  la  forme  locale  non  perse,  qui  se  retrouve 
dans  gr.  Sapayvat  (Hérodote),  Zipxyyoi  (Arrien);  mais  le  grec 
a  une  autre  forme  qui  présente  le  d  perse:  Apay^tavr,,  chez 
Strabon  (cf.  §  52). 

Si  dans  le  mot  de  sens  et  de  forme  peu  clairs  u:^myaptiy 
ak"unvm  «  je  l'ai  fait  sur  »,  on  a  le  mot  :(am- 

«  terre  »,  on  aurait  ici  un  exemple  de  :(fn  correspondant  au 
cas  3  de  s^  type  asmànam  (v.  ci- dessus  §  11 3).  Et  il  y  a  vrai- 
semblablement -:(b-  issu  de  -^v-,  ancien  *-g'v-,  dans  h:(^banm, 
h(ï):(bànam  «  langue  »,  cf.  p.  :(uhàn,  zd  hi:(û-  (v.  §  Sg). 

§  120.  Devant  n,  une  prépalatale  ancienne  correspondant  à 
zd  ;(_,  skr.  /  (ou  h)  devrait  être  représentée  par  :^,  comme  la  pré- 
palatale correspondant  à  zd  s,  skr.  ç  Test  par  s  (§  I23)  dans  le 
cas  de  vasnà  ;  mais  :(  s'est  assourdi  en  s  devant  n,  par  suite 
d'une  tendance  à  l'assourdissement  de  \n  en  sn  qui  caractérise 
le  perse  (à  skr.  yajna-,  le  persan  répond  par  jasn  «  fête  »  ; 
V.  Hiibschmann,  Pers.  Stud.,  i5i  et  224). 

Devant  sn-  initial  de  mot,  il  s'est  développé  un  x,  et  ainsi  l'on  a  : 

xsnasatiy j  xsnàsàtiy  «  qu'il  reconnaisse  »,  cf.  skr.  jnâ-  et 
gr.  épirote  yv(i)j/,o),  lat.  (^g)nôscô  (v.  §  198)  ;  sur  adânâ,  de  la 
même  racine,  v.  §  189. 


§  120-122]  CONSONNES  61 

A  rintérieur  du  mot,  on  attend  simplement  -sn-  en  pareil 
cas,  et  c'est  ce  qui  autorise  à  interpréter  avec  vraisemblance 
aSniy,  asnaiy  B.  II,  11-12  par  «  en  marche  »,  en  rappro- 
chant skr.  ajati,  zd  a:(aiti  «  il  conduit  ». 


§  I2Ï.  La  chuintante  s  admet  en  perse  quatre  origines  : 

§  122.  1°  C'est  la  forme  prise  en  indo-iranien  par  s  après 
i,  u,  r  et  k  (ce  dernier  devenant  x  en  iranien).  Ex.  : 

fraisym,fyàisayam  «  j'ai  envoyé»,  cf.  zd  aèsaya-,  skr.  e^ayati. 

usk,  (h)uska  «  sec  »,  cf.  zd  huskô,  skr.  çii^hah,  p.  xusk. 

dus  ta,  dans  ta  «  ami  »,  cf.  skr.  jostar-. 

adrsnus,  adrsnaus  «  il  a  osé  »,  cf.  skr.  dhrmoti. 

xsçm,  xsaçam  «  royauté  »,  cf.  zd  xsa^rdm,  skr.  ksatram. 

hmtxsiy,  hamataxsaiy  «  j'ai  réalisé  ». 

Là  où  il  s'agit  d'une  ancienne  gutturale  du  type  représenté 
par  skr.  ç,  zd  s,  v.  p.  ô,  le  groupe  *k' -\-s  se  réduit  à  i;  c'est 
ce  qui  arrive  dans  : 

niypism,  niyapaisam  «  j'ai  inscrit  »,  aoriste  en  -s~  de  la 
racine  qui  est  piç-  en  sanskrit,  pis-  dans  l'Avesta. 

Un  s  de  cette  origine  ne  peut  se  trouver  à  l'initiale  d'un  mot 
que  si  ce  s  suit  immédiatement  i,  u  ou  r  terminant  un  mot 
précédent  et  si  les  deux  mots  sont  intimement  unis.  C'est  ce 
qui  arrive  pour  le  pronom  enclitique  de  3"  personne  siy^  saiy 
—  sam,  sâm  —  sis,  sis  dans  des  exemples  comme  B.  I,  67 
tyisiy,  tyaisaiy  Qyaiy  -\-  saiy)  «  ceux-ci  à  lui  »  ;  d'après  des 
cas  de  ce  genre,  l'initiale  s  a  été  généralisée  en  perse,  et  l'on  a 
ainsi  B.  II,  5o  av^asiy,  avaMsaiy  (avaM -\- saiy)  «  ainsi  à 
lui  »  par  exemple.  L'ancien  état  de  choses  est  conservé  dans 
l'Avesta  récent  où  hè  après  un  a,  etc.  s'oppose  à  se  après  i,  u 
(v.  Bartholômae,  Wôrt.,  col.  1721  et  suiv.). 

La  racine  stà-,  correspondant  à  zd  stà-,  skr.  sthà-,  se  pré- 
sente sous  la  forme  stà-  dans  avastaym,  avàstàyam  «  j'ai  éta- 


62  SYSTÈME  PHONÉTIQUE  [§  122-124 

bli  »  et  dans  le  substantif  stannij  stànam  «  place  »  =  zd 
stàndm,  skr.  sthànam  ;  dans  le  thème  du  présent,  on  a  ai  s  t  ta, 
ta(h)istatà  «  il  s'est  tenu  debout  »,  cf.  zd  histaiti,  skr.  tisthati 
«  il  se  tient  debout  » ,  avec  s  après  1'^  du  redoublement  ;  avec 
le  préverbe  ni-  on  doit  avoir  ni-stâ-,  et  ce  i  a  été  étendu  par  ana- 
logie au  cas  où  il  y  a  un  augment;  on  a  donc  :  niystaym,  niyas- 
tâyam  «  j'ai  établi  ».  —  On  a  de  même  *ni-sad-  «  s'asseoir  », 
dans  le  causatif  ni-sàdaya-  «  établir  » ,  d'où,  avec  généralisation 
de  s  après  l' augment  :  niysadym,  niyasàdayam  «  j'ai  établi  »  ; 
cf.,  avec  le  h  auquel  aboutit  s  initiale,  hd'is ,  hadis  «  siège,  lieu 
où  l'on  est  établi  ». 

§  123.  2"  Devant  t,  les  prépalatales  représentées  par  skr.  ç, 
zd  ^_,  V.  p.  8  prennent  la  forme  s  en  indo-iranien  ;  de  là  : 

ni  pi  s  t  m,  nipistam  «  écrit  »,  cf.  skr.  pi^tah,  de  la  racine  skr. 
piç-^  zd  pis-. 

ufrstnij  (h)ufrastam  «  bien  interrogé,  bien  pensé  »,  cf.  skr. 
pXstah  ;  de  la  racine  zdfras-,  skr.  praç-, 

arstam,  'rstàm  «  rectitude  »,  cf.  zd  arstàt-  «  droiture  »,  de 
la  racine  skr.  raj-,  zd  r^;^-  (cf.  §  12 5). 

En  iranien,  on  a  le  même  traitement  devant  la  nasale  n  ; 
de  là  : 

vsna,  vasnà  «  par  la  volonté  de  »,  de  la  racine  skr.  vaç-,  zd 
vas-  «  vouloir  »  (cf.  §  267). 

Sur  xsnà-  et  sur  asnaiy,  v.  §  120. 

§   12/;.   3"  Le  6  du  groupe  6jy  passe  à  s  : 

hsiynij  hasiyam  (nom. -ace.  sg.  neutre)  «  vrai  »,  cf.  zd 
haibîm,  skr.  satyam. 

uvaipsiym,  (x)uvàipasiyam  (nom.  ace.  sg.  neutre)  «  son 
propre  »,  cf.  zd  xvaëpai^im  et  p.  x^ès. 

-mrsiyus j  -mrsiyus  «  mort  »  (dans  [x]uvâmrsiyus  «  ayant 
sa  propre  mort  »),  cf.  zd  mdrd^yus,  skr.  mrtyuh. 

De  même  le  c  du  groupe  cy  a  passé  ai;  on  observe  le  même 
fait  dans  l'Avesla  ;  de  là  : 


§  124-i261  CONSONNES  63 

siyatis,  siyâtis  «  bien-être,  aise  »,  cf.  zd  sàitù;  il  s'agit  d'un 
ancien  cyâ-,  cf.  lat.  quiès. 

aliyvm,  asiyavam  «  je  me  suis  mis  en  mouvement  »,  p. 
s  avant  ;  cf.  gâth.  syavài,  skr.  cyavate. 

§  125.  4°  Une  s  finale  de  mot  devient  s  devant  un  c  suivant, 
ainsi  y^i^/^_,  kasciy  «  quelqu'un  »  (de  *kas-\-ciy)\  cf.  §  167  et 
336. 

§  125  his.  Quelle  qu'en  soit  l'origine,  le  s  du  groupe  st 
tend  à  passer  à  s,  et  il  en  est  résulté  un  flottement,  qui  a  per- 
sisté en  persan,  entre  st  et  st  \  on  a  ainsi  : 

arst[i^s ,  Wstis  «  lance  »  NR.  a  kk  (cf.  §  93)  et  srstibr  NR. 
c.  2  «  porteur  de  lance  »  (lire  sans  doute  Wstibard)  ;  en  écrivant 
ce  dernier  mot  le  graveur  semble  avoir  eu  une  hésitation  et  avoir 
commencé  par  écrire  i  ;  ce  i  n'est  du  reste  pas  sûr  ;  cf.  Weiss- 
bach.  Die  Keilinschrifien  am  Grabe  des  Darius,  p.  4 1  (Abh.  Leip- 
zig, phil.  hist.  Kl.,  XXIX). 

ufrstm,  (u)frastam  (ace.  sg.)  B.  IV,  38  «  bien  interrogé, 
bien  puni  »  et  ufrstadiy,  (h)ufrastâdiy  «  en  bonne  punition  »  ; 
suri^^  cf.  §  123  ;  mais  ufrstm  B.  I,  22  et  IV,  66-67  (^®  second 
exemple  douteux). 

rastam,  râstâm  (ace.  fém.  sg.)  «  droite  »  NR.  a  ôg,  cf.  zd 
ràstô,  pehlvi  manichéen  râst,  de  la  racine  de  zd  ra:;^-,  ^f?:(- 
(drd^us  «  droit  »),  skr.  raj-  (jjuH).  —  Le  mot  n'étant  qu'une 
fois  dans  les  inscriptions,  il  se  trouve  que  la  forme  ancienne 
*ràsia-  n'est  pas  attestée  en  vieux  perse.  Mais  on  a,  de  la  même 
racine,  l'abstrait  arstam,  ^rstàm  «  rectitude  »,  avec  -st-  (§  i23). 


§  126.  La  semi-occlusive  c,  qui  alterne  avec  k  (y.  §  181), 
se  rencontre  seulement  devant  des  voyelles,  i  et  â;  on  a  vu 
§12/4  que  l'ancien  c  placé  devant  y  a  passé  en  perse  —  et  sans 
doute  déjà  en  iranien  commun  —  à  i  ;  ^  ne  pouvait  se  trouver 
devant  aucune  consonne  autre  que  y.  Le  persan  a  gardé  c  à 


64  SYSTÈME  PHONÉTIQUE  [§  126-i27 

l'initiale,  devant  voyelle,  tandis  que  le  c  intervocalique  a  passé 
à  ;(.  On  a  ainsi  : 

cita,  cita  «  durant  un  certain  temps  »,  du  thème  de  l'inter- 
rogatif  indéfini,  cf.  zd  cis,  ci^. 

-ta,  -cà  «  et  »  (enclitique)  =  zd  ca,  skr.  ca. 

tcrm,  tacaram  (ace.  sg.)  «  temple  »,  cf.  p.  ta:(ar. 

rue,  rauca  «  jour  »,  cf.  pehlvi  rôc,  p.  rô:{,  zd  raocô. 

jQù 

§  127.  Il  est  d'usage  de  rendre  par  j  le  signe  indiquant  une 
consonne  sonore  dont  il  a  été  question  §  69,  et  qui  alterne  avec  g 
(y.  §  181). 

Toutefois  il  y  a  au  moins  un  cas  où  cette  transcription  ne 
donne  pas  une  idée  juste  de  la  prononciation  et  où  à  coup  sûr 
le  signe  vaut  phonétiquement  ^  ;  c'est 

nijaytn,  nijâyam  «  je  suis  parti  »,  juxtaposé  du  préverbe 
indo-iranien  *mi-^  dont  la  forme  devant  sonore  est  ni^-  (zd  nis-, 
ni^-,  skr.  ni^-,  nir-^  et  de  l'imparfait  àyam  de  la  racine  i- 
«  aller  ».  Une  prononciation  j  est  exclue  ici,  comme  l'a  déjà  vu 
Hûbschmann,  K.  Z.,  XXIV,  38o  (cf.  Pers.  Stud.,  228),  et  l'on 
est  en  présence  de  nijâyam. 

Les  inscriptions  n'offrent  pas  d'autre  exemple  certain  où  il  y 
ait  eu  lieu  de  noter  la  chuintante  sonore.  Mais  l'exemple  ni- 
jâyam suffit  à  établir  l'existence  de  la  chuintante  sonore  en 
vieux  perse. 

Dans  tous  les  autres  exemples,  v.  p.  y  repose  sur  un  iranien 
commun  j  répondant  à  gàth.  j  et  à  skr.  /  ;  ceci  n'a  qu'une 
valeur  historique  et  n'indique  rien  sur  la  prononciation  à  la  date 
des  inscriptions  ;  le  persan  répond  à  ce  y  par  :(_,  dont  on  ne  peut 
non  plus  rien  conclure  pour  le  vieux  perse,  sinon  qu'il  s'agit 
d'une  sonore.  Si  l'on  admet  que  le  signe  de  j  peut  avoir  deux 
valeurs  suivant  sa  position,  on  supposera  qu'il  indique  y  (dQ  à 
l'initiale  des  mots  et  ^  en  position  intervocalique,  état  de  choses 


§  127-128]  CONSONNES  68 

qui  répondrait  à  celui  qu'exprime  la  graphie  de  l'Avesta  récent 
(sur  l'ambiguité  de  la  graphie  perse  des  sonores,  v.  §  128); 
si  l'on  admet  que  ce  signe  a  une  valeur  unique,  cette  valeur  ne 
peut  être  que  ^  à  l'initiale  comme  à  l'intérieur  du  mot  ;  l'ancien 
j  serait  donc  déjà  passé  à  :(  en  vieux  perse  ;  aucun  fait  connu 
ne  va  contre  cette  seconde  hypothèse,  qui  est  admissible.  La  pro- 
nonciation j  paraît  s'être  maintenue  après  n  jusqu'à  l'époque 
moderne  (v.  Hûbschmann,  Pers.  Stud.,  p.  280)  ;  mais  les  textes 
perses  n'offrent  aucun  exemple  sûr  de  -nj-,  et  l'on  ne  sait  pas  si, 
pour  ce  cas,  il  n'y  aurait  pas  eu  un  signe  distinct  de  celui  em- 
ployé en  position  initiale  ou  intervocalique.  On  gardera  ici  la 
transcription  usuelle  par  j,  mais  sans  rien  affirmer  sur  la  valeur 
phonétique  du  signe  dans  tous  les  cas  autres  que  nijàyam.  On 
peut  citer  ainsi  : 

jdiyamiy ,  jadiyàmiy  «  je  demande  »,  cf.  zàjailyàmi. 

jdiy,  jadiy  (impér.  sg.)  «  frappe  »,  cf.  zd  jaiU,  skr.  jahi 
(de  la  racine  de  zàjan-,  skr.  han-). 

hajim,  bàjim  (ace.  sg.)  «  tribut  »,  p.  ^â:(  ;  cf.  la  racine  de 
zd  baj-,  skr.  bhaj-. 

ad^ur'^uyiy ,  adurujiya  «  il  a  trompé  »,  cf.  zd  dru^aiti,  skr. 
druhyati. 

Dans  ce  dernier  exemple,  j  fait  partie  d'un  ancien  groupe  jy, 
où,  à  en  juger  par  le  traitement  sy  (puis  siy)  de  l'ancien  cy 
(v.  §  124),  il  y  a  tout  lieu  de  croire  à  la  prononciation  ^  plutôt 
qu'à  la  prononciation  j.  C'est  sans  doute  un  second  exemple  à 
joindre  à  nijàyam^  prononcé  nijàyam. 

On  n'ose  pas  faire  état  du  nom  propre  kbujiy,  ka(n)bujiyaj 
que  les  Grecs  ont  sous  la  forme  Ka[j.5 Jrr^;  ;  toutefois  le  a  in- 
dique ^  plutôt  que  ]  qui  aurait  été  rendu  par  l. 

^,  d,  g 

§  128.  Les  consonnes  notées  par  les  trois  signes  ainsi  tran- 
scrits représentent  b,  d,  g  de  l'iranien  commun  et  répondent  à 

5 


66  SYSTÈME  PHONÉTIQUE  [§  128-129 

bj  d,  g  et  bh^  dh,  gh  du  sanskrit.  Elles  sont  représentées  en  per- 
san par  les  occlusives  b,  d,  g  k  l'initiale  du  mot  et,  en  principe, 
par  V,  jj^  k  rintérieur,  entre  deux  voyelles. 

Il  est  impossible  de  déterminer  en  quelle  mesure  les  b,  d,  g 
du  vieux  perse  notent  des  occlusives  sonores  ou  les  spirantes  cor- 
respondantes. Il  n'y  a  aucune  raison  de  croire  que,  à  l'initiale, 
il  s'agisse  d'autre  chose  que  des  occlusives  b,  d,  g,  telles  qu'on 
les  observe  en  persan.  En  revanche,  il  est  possible  que,  entre 
voyelles,  b,  d,  g  notent  des  spirantes  :  la  prononciation  spi- 
rante  des  occlusives  sonores  intervocaliques  apparaît  dans  tous 
les  dialectes  iraniens,  et  le  seul  texte  iranien  où  les  anciennes 
occlusives  sonores  se  présentent  avec  une  notation  d'occlusives 
est  celui  des  gâthâs  de  l'Avesta  (v.  Reichelt,  W.  Z.  K.  M.,  xxv]i, 
p.  60).  On  sait  que  la  graphie  traditionnelle  de  l'Avesta  récent 
oppose  w,  5,  Y  intervocaliques  ai  b,  d,  g  initiaux,  et  les  v,  y,  y 
sus-indiqués  du  persan  reposent  sur  d'anciennes  spirantes 
sonores.  La  notation  par  d  de  la  spirante  intérieure  du  nom 
de  l'Egypte  (bab.  mi-^ir,  él.  mii-i^-^a-ri-ya-ip  et  mu-sir-ra-yd) 
dans  m"udraya,  mudràyà  paraît  indiquer  que  le  d  perse  peut 
noter  une  spirante;  sur  brdiy,  bardiya  (ou  brdiyaT)  v.  §  129. 

Yoici  des  exemples  : 

g  us  a,  gausâ  «  oreilles  »,  cf.  p.  gôs,  zd  gaosa-. 

pragmta,   paràgmatà  «  partis  »  (préverbe  parà-\- gmata), 
cf.  zà gatô,  skr.  gataJp  «  allé  ». 

drug,  d'^rauga  «  mensonge  »,  cf.  p.  darôy^  zd  drao^(d,  skr. 
droç[hah. 

d'^uriy,  duraiy   «  au  loin  »,  cf.  p.  dur,  zd  dure,  û^v.dûre. 

drgm,  dargam  «  longtemps  »,  cf.  zd  dar^^ô,  skr.  dîrghah. 

ad  a,  adà  «  il  a  créé  »,  cf.  zd  dàt,  skr.  adhàt,  p.  dàdan. 

brtiy,   bara(n)tiy   «  ils  apportent  »,   cf.   p.  bar  and,  zd  ba- 
rdnti,  skr.  bharanti. 

abiy ,  abiy  «  vers  »  =  zd  aiwi,  skr.  abhi. 

§  129.  Outre  le  d  iranien  commun,  le  d  perse  représente 


§  129]  CONSONNES  67 

encore  la  consonne  qui  a  donné  en  zend  :(  devant  voyelle  ou 
sonante  à  l'initiale  du  mot  et  après  voyelle  ou  sonante,  et  qui 
répond  à  skr.  j,  h  (en  tant  qu'il  s'agit  de  j  et  h  non  susceptibles 
d'alterner  avec  g  et  gh).  Ce  traitement  est  parallèle  au  traite- 
ment 6  de  la  sourde  correspondante  (§  102).  Les  exemples 
sont  assez  nombreux  : 

duStUy  daustâ  «  ami  »,  cf.  p.  dôst,  skr.  jo^tar-. 

adana,  adànà  «  il  connaissait  »,  cf.  zd  (prêter.)  :(anàt,  skr. 
jànàti,  p.  dânam  (snv  xsnâ-,  cf.  §  120). 

dst,  dasta  «  main  »,  cf.  p.  dast,  zd  :(astô,  skr.  hastah. 

adHna,  adinà  «  il  a  enlevé  »,  cf.  zd  (prêt.)  7;tnàt,  skr.  jinàti, 

dry,  d'Avaya  «  mer  »,  cf.  p.  daryà,  zd  ^rayô,  skr.  jrayah. 

a  dm,  adam  «  moi  »  (cas  sujet),  cf.  zd  a';(pm,  skr.  aham. 

apgudy,  apagaudaya  «  cache  »,  cf.  zd  -^w;(^,  skr.  gûhati. 

avrd,  avarada  «  laisse  »  {ava-\-radd)^  cf.  skr.  rahayati  et 
zd  ra'i^ô  «  isolement  ». 

d'ida,  didâ  «  forteresse  »,  cf.  zà  pairidaë'^a-  «  enceinte  », 
skr.  deha-. 

vrdnm,  vardanam  «  citadelle  »,  cf.  skr.  vfjanam  (v.  sur  ce 
mot  Bartholomae,  I.  F.  XIX,  Beiheft,  p.  228). 

ydatiy,  yadàtaiy  «  qu'il  adore  »,  cf.  zd  ya^aiti,  skr.  yajati, 

A  ces  exemples  sûrs  on  en  pourrait  ajouter  quelques  autres 
douteux.  Le  nom  de  monnaie  d'or  perse  qui  est  connu  par  gr. 
Sapeixoç  fournit  sans  doute  la  forme  perse  du  nom  de  1'  «  or  » 
dont  le  persan  n'a  gardé  qu'une  forme  prise  à  un  autre  dialecte, 
p.  zjii't  cf.  zd  ^aranim,  skr.  hiranya-.  —  Là  où  l'on  trouve  ^ 
dans  ces  conditions,  c'est  par  suite  d'emprunts  (v.  §  9  et  1 19). 

Le  h  du  groupe  7;h  dans  h:(banm,  h(i)ibânam  «  langue  » 
(v.  §  59  et  1 19)  est  issu  de  v  ;  cf.  zd  hi^û-- 

Le  ;(  de  certains  noms  propres  en  babylonien  indique  sans 
doute  une  forme  dialectale  différente  du  d  proprement  perse  : 
p.  brd'iya,  bardiya  (ou  brdiyd)  et  él.  bir-ti-ya,  mais  bab.  bar-^i- 
ya,  et  br^^y  dans  la  traduction  araméenne  trouvée  en  Egypte  ; 


68  SYSTÈME  PHONÉTIQUE  [§  129-130 

ceci  indiquerait  un  mot  de  la  famille  de  skr.  brhant-,  zd 
hdr^'^ant-,  p.  huland  et  hàlis  (avec  -/-  de  -rd-).  De  même,  en  face 
de  V.  p.  artvrd'y,  artavardiya  (ou  'rtavardiya),  on  a  bab. 
ar-ta-mar-:(i-ya,  maisaram.  'rtvr:(y  ;  dans  les  deux  cas,  l'élamite 

a  t  :  hir-ti-ya,  ir-du-mar-ti-ya. 

h 

§  i3o.  L'aspirée  h  est  la  consonne  iranienne  qui  est  le  moins 
expressément  notée  en-  perse.  Elle  ne  se  rencontre  que  devant 
voyelle  et  devant  certaines  sonantes,  à  savoir  m  et  v  ',  en  ces 
derniers  cas,  elle  n'est  jamais  indiquée  dans  la  graphie;  devant 
V,  le  h  se  prononçait  x  ;  devant  m,  on  ne  sait  si  h  de  l'iranien 
commun  subsistait  dans  la  prononciation. 

On  a  vu  qu'il  y  a  un  signe  pour  h,  c'est-à-dire  en  général 
pour  ha  ;  ce  signe  est  régulièrement  employé  dans  tous  les  cas 
où  le  perse  a  h  devant  a  ;  on  sait  que  h  ne  peut  apparaître 
à  l'intérieur  du  mot  qu'après  a,  puisque  indo-iran.  s  passe  à  s 
après  i  et  ti.  On  a  ainsi  : 

hca^  hacà  «  de  »,  p.  a'{y  cf.  zd  haca,  skr.  sacâ. 

hda,  hadà  «  avec  »,  cf.  gâth.  hadà,  skr.  saha. 

hinâ,  hainâ  «  armée  hostile  »,  cf.  zd  haèna,  skr.  senà, 

nahm,  nàham  (ace.  sg.)  «  nez  »,  cf.  zd  nânha,  skr.  nàsam. 

hy ,  hya  «  qui  »,  cf.  skr.  syah  ;  à  en  juger  par  tya  (v.  §  i46), 
le  vieux  perse  a  ici  vraiment  le  groupe  hy,  et  non  h(i)y 
(v.  §  145). 

dhyaus ,  dahyàus  «  province  »,  cf.  p.  dih,  zd  dahyus,  skr. 
dasyuh. 

Devant  u,  un  h  n'est  jamais  notée  de  manière  expresse  (§76), 
et  le  signe  de  u  équivaut  à  hu  (et  xti)  ou  à  uh  (wx)  ;  on  a  ainsi  : 

usk,  (h)uska  «  sec  »,  en  face  de  p.  xusk,  zàhuskô. 

aur ,  a(h)ura,  nom  du  dieu,  en  face  de  zd  ahurô,  skr.  asurah] 
le  h  est  passé  à  l'initiale  dans  p.  hor-mi:(d. 

uvaipsiym,  (x)uvâipasiyam  «  son  propre  »,  cf.  p.  x^ès, 
zd  xvaèpai^îm. 


§  130-132]  CONSONNES  69 

daryvyus  est  le  nominatif  de  la  forme  dont  le  génitif  dar- 
yvhus,  dârayavahaus  indique  la  lecture  correcte  dârayava(Ji)u- 
«  Darius  ». 

La  prononciation  de  h  devait  du  reste  être  très  faible  entre 
voyelles  ;  car  le  nom  de  vum'is  est  rendu  par  gr.  'Q\xlTr^q 
(chez  Plutarque),  élam.  ma-u-mi-U-sa,  bab.  û-mi-is-si,  et  Vh 
n'apparaît  que  dans  le  fragment  de  traduction  araméenne,  où 
l'on  a  whwms  ;  il  faut  donc  lire  va{h)umisa. 

Si  l'on  n'avait  pas  le  génitif  daryvhus ,  dârayavahaus ,  on  ne 
saurait  pas  que  le  nom  de  Darius,  daryvus  au  nominatif,  est 
à  lire  dàrayavaQj)us ,  avec  h  devant  ti. 

§  i3i.  Le  passage  de  /;  à  la  spirante  x  devant  v  est  antérieur 
aux  inscriptions,  comme  on  le  voit  par  les  noms  propres  : 

uvar^miSj  (x)uvâra^mis,  nom  d'une  province,  que  les  Grecs 
appellent  Xwpaajxfa;  les  transcriptions  sont  bab.  hu-ma-ri-i'^-mu, 
él.  ma-ra-is-mi-is  ;  d'après  le  grec,  on  lit  (x)uvâra:(mis. 

hruvtis ,  harauvaiis,  nom  de  province;  le  grec  est  'Apxyiùdo^, 
et  le  babylonien  a-ru-ha-at-ti-  ;  on  lira  donc  hara{x)uvatis,  cf. 
zd  haraxvaitî-  et  skr.  sarasvatî-. 

§  182.  Devant  /_,  h  est  notée  une  fois  à  l'initiale  du  mot  dans 
le  nom  propre  ht  dus,  hi(n)dus  «  Inde  »  (él.  hi-in-du-is)  que  les 
Grecs  ont  connu  par  les  Iraniens  et  dont  ils  ont  fait  'IvBoç, 
mais  manque  peut-être  dans  h(i)xpànam,  v.  §  69  et  119.  A  l'in- 
térieur du  mot,  h  n'est  sûrement  pas  notée  devant  /  dans  le 
seul  exemple  qu'on  ait,  l'imparfait  aistta,  aistatâ  (lire  ahistata) 
«  il  s'est  tenu  debout  »,  cf.  zd  histaiti,  du  thème  de  présent  de 
la  racine  stâ-.  L't  du  groupe  -hiy-  est  aussi  noté  quelquefois 
dans  des  inscriptions  de  Xerxès  (mais  non  dans  les  inscriptions 
de  Darius,  où  il  y  a  seulement  -hy-^  pour  ahiyaya,  ahiyàyâ  à 
côté  de  ahyaya,  ahyâyâ  «  de  celle-ci  ».  En  général,  le  groupe 
est  noté  hy  simplement,  par  contraste  avec  tous  les  autres 
groupes  à  y  (cf.  §  i44).  Devant ^^  le  signe  de  h  est  fréquent,  et, 
en  fin  de  mot,  là  où  il  y  a  à  noter  -hi  final,  on  rencontre  tou- 


70  SYSTÈME  PHONÉTIQUE  [§  132-134 

jours  -hy,  sans  signe  de  voyelle,  tandis  que  -mi  et  -ti  sont  notés 
-m'iy  et  -tiy,  ainsi  ahy  «  tu  es  »,  en  face  de  amHy  «  je  suis  », 
et  de  astiy  «  il  est  »  ;  on  transcrira  ici  par  h({)y  soit  ah(i)y 
«  tu  es  » .  Devant  l'enclitique  -dis,  la  désinence  -hi  de  2"  per- 
sonne du  singulier  est  seulement  notée  par  h,  sans  aucune 
indication  de  i,  dans  B.  IV,  74  pribrahdHs,  paribaràh{î)diÈ 
«  que  tu  les  conserves  »  (à  côté  de  pribrahy  sans  enclitique) 
et  B.  IV,  77  vHknahd'is ,  vikanàh(i)dis  «  que  tu  les  détruises  ». 
On  voit  donc  que  la  notation  de  i  après  h  est  évitée,  soit  qu'on 
note  simplement  i  sans  h,  soit  qu'on  s'abstienne  de  noter  i 
après  h. 

On  est  ainsi  amené  à  se  demander  si  la  meilleure  lecture  du 
nom  propre  d'homme  ci  ^  pi  s  ne  serait  pas  caispis,  interprété  par 
ca(h)ispis,  d'après  gr.  Teiax^^;,  cf.  bab.  si-is-pi-is,  él.  ^i-is-pi-is. 

§  i33.  L'exemple  amHy  «  je  suis  »,  en  regard  de  zd  ahmi, 
skr.  asmi,  montre  que  h  n'est  pas  non  plus  notée  dans  le  groupe 
ahm~,  peut-être  parce  qu'elle  n'était  plus  prononcée.  De  même 
dans  amàxam  «  de  nous  »,  §  34 1. 

§  i3/|.  A  côté  du  subjonctif  a/? h' jy^  ahatiy  «  qu'il  soit  »,  cf. 
zd  anhat,  véd.  asati,  asat,  on  attend  une  2*  personne  *ahahi 
(v.  §  229);  or,  en  fait,  ce  qu'on  trouve  noté  est  ahy  simplement, 
on  est  amené  à  conclure  de  là  soit  que  *ahahi  s'est  contracté 
en  âhi,  soit  que, le  signe  de  a  vaut  parfois  ah  et  que  la  notation 
serait  à  lire  ahah(i)y,  et  en  effet,  en  regard  de  gâth.  sdnghaitî, 
zd  sanhaiti,  skr.  çàmsaiij  on  trouve  toujours  noté  ^atiy,  ^âtiy 
«  il  proclame  »  ;  il  s'agit  bien  de  la  racine  indo-iranienne  indi- 
quée ;  car  on  a  Viniiniûî  ^stniy,  ^astanaiy  «  proclamer  »,  un 
prétérit  passif  a^hy  «  il  a  été  proclamé,  ordonné  »  (sur  la  lec- 
ture, V.  §  196  et  207)  et  le  prétérit  diCÛîa^hm  «  j'ai  proclamé  », 
a^h  «  il  a  proclamé  ».  On  est  donc  amené  à  poser  que  la  nasale 
s'est  amuie  devant  ha-  placé  à  l'intérieur  du  mot,  et  que  -aha- 
intérieur  (mais  non  -aha-  final)  s'est  contracté  en  -à-,  soit 
*^anhati  >  *^ahati  >  Bâti,   ou  que   batiy  est  à  lire  ^ahatiy 


§  134-137]  CONSONNES  7i 

(^anhatiy).  La  2^  personne  sing.  du  subjonctif  est  notée  ^ahy, 

^âh{t)y    «   que  tu  dises   »    B.    IV,    55,    avec  contraction   de 

-a(n)ha-  en  -à-,  ou  avec  a  valant  ah,  soit  ^ahah(i)y.  Les  formes 

du  prétérit  a^hm,  a^h  rendent  douteux  qu'il   s'agisse   d'un 

simple  fait  de  graphie  ;  car  on  ne  voit  pas  pourquoi  a  vaudrait 

ah  dans  ^atiy,  tandis  qu'il  y  aurait  le  signe  de  h  dans  a^hm, 

a^aham  (a^anham). 

n,  m 

§  i35.  Les  nasales  n  et  m  sont  régulièrement  notées  devant 
les  voyelles  en  toute  position  : 

nam,  nàma  «  nom  »,  cf.  zd  nàma,  skr.  nàmà,  p.  nàm. 

mna,  manà  «  de  moi,  à  moi  »  (gén.  sg.),  cf.  zd  mana, 
p.  man. 

§  i36.  n  formant  second  élément  de  diphtongue  n'était  pas 
notée  dans  l'écriture.  Mais  m  est  notée  à  la  fin  des  mots  et  dans 
le  groupe  mt  qui  figure  une  fois  par  suite  de  la  rencontre  de  m 
final  du  préverbe  ham-  et  du  t-  initial  de  la  racine  taxs-  : 

hmtxstiy,  hamtaxsataiy  «  il  réalise  »  Dar.  NR.  b.  16. 

Dans  un  mot  comme  kbujiy,  ka(jt)bujiya,  la  nasale  second 
élément  de  diphtongue  est  donc  considérée  comme  étant  n  ;  cf. 
la  graphie  du  persan  moderne  où  l'on  a  nb,  et  non  mb. 

r  (et  /) 

§   187.  Le  signe  de  r  figure  régulièrement  en  toute  position  : 

rue,  rauca  «  jour  »,  p.  rd^  cf.  zd  raocô. 

(ird,  Barda  «  de  l'année  »,  cf.  p.  sâl  (ard^àï),  zd  sard-, 
skr.  car  ad-. 

drgm,  dar  gant  «  longtemps  »,  cf.  zd  dar9yô,  skr.  dîrghah; 
ici  la  diphtongue  ar  repose  sur  un  ancien  f  représenté  en  ira- 
nien par  ar, 

brata,  bYâtâ  «  frère  »,  cf.  p.  biràdar,  zd  bràta,  skr.  bhràtà. 

On  a  vu  que  la  graphie  ne  permettait  pas  de  distinguer  /- 
(§  93)  de  ar  ou  ra. 


72  SYSTÈME  PHONÉTIQUE  [§  138-139 

§  i38.  Le  r  vieux  perse  représente  à  la  fois  r  et  /  de  l'indo- 
iranien  ;  ainsi  le  mot  rauca  a  r  issu  de  i.-e.  /_,  cf.  lat.  lûx,  etc. 
Les  rares  exemples  où  le  persan  a  /  en  regard  de  /  d'autres 
langues  indo-européennes  ne  sont  pas  attestés  en  vieux  perse. 
Dans  les  noms  propres  étrangers  qui  avaient  /^  le  vieux  perse 
note  d'ordinaire  r,  pour  peu  qu'il  s'agisse  de  noms  connus  et 
réellement  entrés  dans  Tusage  : 

hahirus ,  hàhairus,  cf.  bab.  hahilu,  él.  ha-pi-li-ir,  gr.  Ba6u- 
Xwv. 

arhiraya,  arbairàyâ  (loc.)  «  à  Arbèle  »,  bab.  ar-ha-'-il, 
él.  har-he-ra  (avec  r,  sans  doute  d'après  le  perse),  gr.  "ApSrjXa. 

nditbir ,  nadi(n)tahaira,  bab.  Nidintu-hel,  él.  nu-ti-ut-be-ul. 

Le  nom  du  Tigre,  tigram,  tigràm  (ace.)  est  emprunté 
(avec  une  altération  par  étymologie  populaire,  cf.  zd  ti^^ris, 
p.  tîr  «  flèche  »)  à  bab.  di-ik-lat,  et,  ici  encore,  /  est  repré- 
sentée par  r  ;  la  forme  iranienne  a  passé  au  grec:  Ti'Ypvj;  et  Ttypiç, 
et  à  l'élamite  :  ti-ig-ra. 

Le  signe  de  /  ne  se  trouve  que  B.  III,  79,  dans  le  nom  de 
l'arménien  hld'it ,  haldita^  él.  hal-ti-da,  et  dans  le  nom  de  pro- 
vince babylonienne  daubai ,  dubàla  ;  il  s'agit  de  noms  propres 
étrangers  non  adaptés,  et  dans  cet  unique  passage. 

y  et  V. 

§  \?)^.  y  Qi  V  sont  les  formes  consonantiques  de  i  et  de  u. 
La  transcription  v  ne  doit  pas  faire  croire  que  v  ait  été  la  spi- 
rante  labio-dentale  ;  en  effet  le  v  initial  du  vieux  perse  est  repré- 
senté en  persan  suivant  le  cas  par  b  ou  par  v,  ce  qui  suppose  un 
ancien  w.  On  ne  rencontre  y  Qiv  qu'en  position  initiale  ou  inter- 
vocalique;  sauf  le  cas  de  -hy-^  celui  de  tya-  et  celui  de  f^a- 
harvam,  une  voyelle  i  ou  u  est  toujours  intercalée  entre  une 
consonne  et  un  ^  ou  un  z;  suivant  (v.  §  i44);  à  la  fin  des 
syllabes,  y  Qi  v  sont  seconds  éléments  de  diphtongue  et  sont 
notés  i  et  u  (v.  §§  96-99).  On  a  donc  : 


§  139-141]  STRUCTURE  DES  SYLLABES  73 

ydijj  yadiy  «  si  »,  cf.  lAyeli,  skr.  yadi. 

agrbaym,  agrbâyam  «  j'ai  saisi  »,  cf.  zd  g9urvayeiti,  skr. 
grbhàyati. 

vynij  vayatn  (nom.)  «  nous  »,  cf.  zd  vaêm  (dissyllabique), 
skr.  vayam. 

av- ,  ava-  (préverbe),  cf.  zd  ava-,  skr.  ava. 

vinahy ,  vainàh(j)y  «  que  tu  voies  »  (2^  pers.  sg.  subj.),  cf. 
zd  vaênaiti,  skr.  venati,  p.  bînab  «  il  voit  ». 

vrkan,  vrkàna  (nom  de  province),  p.  Gurgàn. 

Caractéristiques  du  consonantisme  perse. 

§  i4o.  Les  traits  qui, caractérisent  le  perse,  et  qui  se  retrou- 
vent en  effet  en  persan,  mais  qui  ne  se  rencontrent  ni  dans 
l'Avesta  ni  dans  aucun  autre  parler  iranien  connu,  sont  les  sui- 
vants : 

A  zd  5  =  skr.  ç  et  zd  ;(=skr.  ;  et  h  (non  susceptibles  d'al- 
terner avec  g  et  gh),  devant  voyelle,  le  perse  répond  par  0  et  ^ 
(§  102  et  129)  ;   c'est  le  trait  le  plus  original  du  perse. 

Le    groupe   *-^y-    est    représenté   par   *-sy-y    devenu    -siy- 

(§  124)- 

Dans  le  groupe  de  consonne  sourde  (toujours  spirante)  plus 

sonante,  la  sonante  tend  à  s'assourdir,  et  il  en  résulte  de  fortes 

simplifications  : 

6r  aboutit  à  un  phonème  simple,  noté  ici  ç  (§  io5). 

sv  aboutit  non  pas  à  sp,  mais  à  s  simplement  (cf.  §  11 3). 

-str-  aboutit  peut-être  même  à  s  (§  109). 

Le  reste  du  consonantisme  représente  à  peu  près  le  consonan- 
tisme de  l'iranien  commun. 

Structure  des  syllabes. 

§  i4i.  Aucune  indication  graphique  ne  donne  lieu  de  croire 
à  l'existence  de  consonnes  géminées  ;  la  langue  ne  paraît  pas  en 


74  SYSTÈME  PHONÉTIQUE  [§  141-142 

avoir  comporté.  Et  même,  dans  un  cas  où  paraît  avoir  existé 
hors  du  perse  une  consonne  géminée,  celle-ci  n'est  pas  notée  ; 
le  nom  de  la  province  ^tg^us,  ^atagus  est  en  effet  noté  bab.  sa- 
at-ta-gu-û,  él.  sa-ad-da-hi-is ,  gr.  SaT-ayùâai. 

§  1^2.  Une  voyelle  s'insère  entre  une  consonne  et  une  r 
suivante  dans  : 

d^'ur^uva,  duruvà  (nom.  sg.  fém.)  «  ferme  »,  cf.  zd  drva 
(lire  druva),  skr.  dhruvà. 

Toutes  les  formes  de  la  racine  druj-,  cf.  zd  druj-,  skr.  druh-, 
où  un  u  suit  immédiatement  r:  d''r"uxtm,  duruxtam  «  men- 
ti »,  ad^ur^ujiy,  adurujiya  «  il  mentait  ». 

Ces  deux  exemples  sont  d'autant  plus  significatifs  que  l'on 
ne  s'est  pas  contenté  d'y  utiliser  J"  ;  Vu  a  été  noté  d'une  manière 
expresse,  et  le  d^u  ne  figure  pas  seulement  à  l'initiale  absolue, 
mais  aussi  après  l'augment.  On  conclura  de  là  que,  dans  toute 
initiale  de  type  consonne  -\-r  -\-u,  une  voyelle  de  timbre  u 
s'insérait  entre  la  consonne  et  r  ;  il  n'y  a  pas  d'exemple  con- 
traire. Aucun  mot  n'est  attesté  qui  commence  par  un  groupe 
de  consonne  suivi  de  i\  on  attendrait  alors  *d'iri-  pour  *dri-  par 
exemple.  Les  deux  faits  attestés  indiquent  nettement  qu'une 
voyelle  brève  s'insérait  en  vieux  perse  entre  une  occlusive  ou 
spirante  initiale  et  une  consonne  suivante,  suivant  un  usage  qui 
est  encore  aujourd'hui  celui  du  persan.  Dès  lors  on  doit  admettre 
aussi  que  dans  les  mots  comme  drug,  brata,  frmana,  une 
voyelle  brève  s'insérait  entre  J^  Z»  ou/et  r;  la  vraie  transcription 
serait  darauga,  harâtà,  faramànâ,  de  même  que  l'on  a  en  per- 
san duro^,  birâdar,  farmàn  ;  la  graphie  autorise  cette  lecture 
tout  aussi  bien  que  drauga,  hràtà,  framânà  ;  on  écrira  ici  d'^rauga, 
byâtâj  /"ramànà.  La  question  de  savoir  si  ^rk  doit  se  lire 
Zra(n)ka  ou  ^ara(n)ka  se  pose  donc  à  peine  ;  un  Perse  disait 
naturellement  :(aranka,  avec  un  a  très  bref  entre  ;(  et  r  ;  ceci 
n'ôtait  pas  le  sentiment  que  :(  et  r  forment  groupe,  et  le  grec  a 
d'une  part  SapàyYa^  Zxpayyai  et  de  l'autre  Apayyai.  —  Bien 


§  142-144]  STRUCTURE  DES  SYLLABES  75 

entendu,  les  groupes  tels  que  xs-  ou  st-,  qui  ne  sont  jamais  disso- 
ciés à  l'époque  moderne,  ne  l'étaient  pas  davantage  en  vieux  perse. 

§  1^3.  A  rintérieur  du  mot,  rien  n'indique  que  les  groupes 
tels  que  dr  par  exemple  aient  été  dissociés,  et  l'on  a  par  exemple 
le  nom  propre  arkdris ,  arakadris.  Mais  le  nom  propre  de  la 
province  de  Sogdiane,  gr.  ScvBiavY;,  bab.  su-ug-du,  él.  sû-ug-da, 
est  écrit  [sug]ud  B.  I,  i6,  sug"ud  NR.  a.  23,  sug"d  Pers. 
e.  i6,  c'est  à  dire  suguda.  Le  groupe  intérieur  -gd-  compor- 
tait donc  l'insertion  d'une  voyelle  brève  entre  g  et  d.  —  Le 
nom  propre  qui  est  bab.  nahukudurri-u^ur  (et  él.  nah-ku-tur-sir) 
est  enyieux  ij^erse  nbuk"udrcr  B.  III,  80-81;  IV,  i4;  d,  3-4, 
mais  sans  u  expressément  indiqué  nbuk"drcr  B.  I,  78-79, 
84,  93,  ce  qui  laisse  supposer  une  voyelle  intercalaire  brève 
entre  k  et  d. 

§  i44-  Il  y  a  un  cas  où  la  dissociation  des  groupes  est  con- 
stamment indiquée,  celui  de  consonne  suivie  de  y  ou  i;;  devant 3/^, 
on  intercale  toujours  i^  et  devant  v^  toujours  u.  Voici  des  exem- 
ples où  le  développement  de  /  et  de  u  est  sûrement  récent, 
propre  au  perse  : 

hHym,  hasiyam  «  vrai  »,  cf.  skr,  satyam,  avec  -ty-  devenu 
-^y-  (cf.  zd  haMm)y  puis  -sy-  (§  124)  et  de  là  -siy-. 

siyatis,  siyâtis  «  bien  être  »,  avec  cy-  devenu  sy-  (§  124), 
puis  siy-. 

^uvanij  Buvâm  «  toi  »  (ace),  cf.  skr.  Ivânij  avec  *^z;- devenu 
6î/-(§  io3),  puis  ^uv-'j  au  contraire,  le  /  de  tuvm,  tuvam  «  toi  » 
(nom.)  montre  que  Vu  est  ancien  au  nominatif. 

d^uvHtiym,  duvitiyam  «  en  second  »,  cf.  gâth.  daibitîm  (lire 
*d'^'bitiy3ni),  zd  bitïm,  skr.  dvitîya-,  qui  garantissent  l'inititiale 
dv-. 

prouva,  paruvâ  (nom.  plur.)  «  premiers  »,  cf.  zd  paurvô, 
skr.  pûrvah  (la  forme  iranienne  commune  est  * parva-). 

Même  dans  le  cas  du  groupe  hv-,  devenu  de  bonne  heure 
XV-,  un  «  a  été  ainsi  introduit  : 


76  SYSTÈME  PHONÉTIQUE  [§  144-146 

uvamrsiyuSj  (x)uvàmrsiyus  «  qui  a  sa  propre  mort  »,  forme 
à  vrddhi  (§  298)  de  xva-  «  son  propre  »  et  mrsyu-  «  mort  ». 

On  aperçoit  ici  pourquoi  n  second  élément  de  diphtongue 
n'est  pas  écrit  :  dans  *parva-,  darga-,  etc.,  r  était  un  élément 
explosif,  suivi  au  moins  d'un  commencement  de  voyelle  ;  de  là 
le  passage  de  parva-  à  paruva-  ;  au  contraire  -n-  de  -nt-,  -nd- 
était  intimement  lié  à  la  consonne  suivante  et  ne  comportait  pas 
d'explosion  propre  :  la  graphie  du  vieux  perse  ne  note  constam- 
ment que  des  consonnes  qui  comportent  une  explosion. 

§  iA5.  Seul,  le  groupe  hy  échappe  à  la  règle  dans  tous  les 
cas,  ainsi  : 

mrtiyhya,  martiyahyà  «  de  l'homme  »,  équivalait  à  véd. 
mart(i)yasya  [l'z  de  v.  p.  martiya-  est  ancien  ;  -hyâ  répond  à 
skr.  -sya\. 

L'absence  de  notation  de  /  dans  hy  ne  prouve  pas  que  le 
groupe  ait  été  prononcé  hy  ;  /  n'est  d'ordinaire  pas  écrit  après  h 
(v.  §  182),  et  il  s'agit  sans  doute  d'un  fait  tout  graphique. 

Dans  le  génitif  féminin  ahyaya,  ahyâyâ  «  de  celle-ci  », 
quelques  inscriptions  de  X.erxès  ont  ahiyaya,  c^esl-k-dire  ahiyàyâ^ 
par  exception. 

§  I^Q.  La  voyelle  insérée  manque  régulièrement  dans  des 
mots  accessoires,  prononcés  plus  rapidement  que  les  mots 
principaux  : 

ty-^  tya-,  démonstratif,  relatif  et  aussi  conjonction  ;  cf.  véd. 
t(i)ya-  ;  le  t  montre  qu'il  faut  partir  de  tiya-  avec  i  voyelle, 
et  ce  tiya-  s'est  abrégé  en  tya-  à  cause  du  rôle  particulier  de 
tya-j  qui  est  un  mot  accessoire  presque  toujours  (v.  §  33 1  et 
suiv.). 

frhrvm,  f^raharvam  «  en  tout  »,  défera-  et  harva-;  le 
mot  isolé  hr'^uv ,  haruva  «  tout  »  a  Vu  inséré,  cf.  zd  haurvô, 
skr.  sarvah. 

La  graphie  indique  ici  une  nuance  assez  délicate  de  pronon- 
ciation entre  les  mots  principaux,  oii  Vi  et  Vu  intercalaires  sont 


§  146-148]  FIN  DE  MOT  77 

nettement  prononcés,  et  les  mots  accessoires,  où  il  peut  y  avoir 
des  groupes  tels  que  ty,  rv.        ' 

§  147.  Il  est  la  plupart  du  temps  impossible  de  déterminer 
si  Vi  et  Vu  devant  ^  et  z;  d'un  exemple  donné  sont  anciens  ou 
résultent  d'un  développement  secondaire.  On  n'est  fixé  que  dans 
le  cas  où  la  consonne  précédente  présente  ou  ne  présente  pas 
certaines  altérations  phonétiques. 

L'/  est  sûrement  récent  dans  siyàtis  et  asiyavam,  où  cy-  a 
passé  à  sy-  (§  124),  dans  hasiyam  et  (x)uvàmrsiyus ,  où  ^y  a 
passé  à  sy-  (§  124),  dans  l'accusatif  Buvâtn  où  tv-  a  passé  à  6t'- 
(§  io3).  L'/  et  Vu  sont  sûrement  anciens  dans  duvitiyam 
«  second  »  et  çitiyam  «  troisième  » ,  dans  martiya  «  homme  » , 
dans  le  locatif  î;/Ory^  «  dans  la  famille  »,  dans  tuvam  «  toi  » 
(nominatif),  où  /  s'est  conservé  :  devant  y  ou  v  on  aurait  6  (et 
de  là  s  dans  le  cas  de  Oy-)  ;  le  c-  de  ciykrm,  ciyakaram  «  de 
combien  de  fois  »  NR.  a.  Sg  n'a  pu  se  maintenir  que  devant -ry-; 
devant  y,  il  serait  passé  à  s.  Il  est  à  peu  près  certain  aussi  que 
le  ô  de  xsàyaUya  était  devant  i  ;  l'étymologie  est  inconnue  ;  le  6 
ne  peut  être  un  ancien  t  qui  serait  devenu  s  devant  y  ;  il  faut 
que  ce  soit  un  ancien  *th  (iran.  6)  ou  une  ancienne  prépalatale, 
représentés  par  6  devant  i  voyelle. 

La  graphie  ne  donne  donc  pas  le  moyen  de  déterminer  s'il  y 
a  eu  ou  s'il  n'y  a  pas  eu  à  l'origine  un  /  voyelle  dans  les  locatifs 
comme:  v'^i\^ya^,  vM\yà\  «  dans  la  famille  »  ou  mahya, 
màhyâ  «  dans  le  mois  » .  Seule  la  forme  d'une  consonne  précédant 
le  groupe  est  instructive;  ainsi  a  pi[y]  a  ^  apiyà  «  dans  l'eau  » 
a  eu  sûrement  i  voyelle,  puisque  devant  y,  un  p  serait  devenu/ 
(§  io3). 

Fin  de  mot. 

§  i48.  À  en  juger  par  la  graphie,  il  n'y  a  à  distinguer  que 
deux  cas  :  celui  des  mots  autonomes  et  celui  des  mots  encliti- 
ques. Il  n'y  a  pas  de  proclitiques. 


78  SYSTÈME  PHONÉTIQUE  [§  148-149 

Les  préverbes  sont  soudés  au  verbe  suivant  de  manière 
que  les  deux  éléments  forment  un  mot  un  dont  les  éléments  ne 
sont  jamais  séparés.  Les  mots  accessoires,  prépositions  ou 
démonstratifs,  qui  précèdent  un  mot  principal  sont  traités 
comme  des  mots  autonomes  et  comportent  après  eux  la  marque 
de  séparation,  qu'on  exprime  dans  la  transcription  par  un  espace 
blanc,  ainsi  B.  I,  54  pariy  gaumâtam  tyam  magum  «  sur  Gau- 
mâta  le  mage  »,  pariy  et  tyam,  qui  sont  des  mots  accessoires  (et 
ceci  se  marque  dans  la  forme  phonétique  de  tyam,  v.  §  i46), 
sont  suivis  de  la  marque  de  séparation  de  mots  et  ont  le  traite- 
ment normal  des  finales.  Les  groupes  où  une  préposition  est  liée 
à  un  nom  suivant  sont  des  expressions  adverbiales  unes,  comme 
/""raharvam  «  en  tout  »  (cf.  §  4i6);  et  même,  dans  pasâva 
(pasà  -+-  avà)  «  après  ceci,  ensuite  »,  il  est  intervenu  une  con- 
traction qui  a  soudé  les  deux  mots. 

§  i^g.  Les  mots  enclitiques,  reconnaissables  à  ce  que  le  mot 
précédent  n'est  pas  suivi  de  la  marque  de  séparation  de  mots, 
sont  peu  nombreux  :  pronoms  maiy,  taiy  (§  342),  sim,  Êaiy,  sU, 
sâm,  dim,  dis  (§  344  et  suiv.),  particules  câ  «  et  »,  va  «  ou  » 
(§  4i5),  kaiy  (§  336).  Le  pronom  màm  «  moi,  me  »  n'est  traité 
qu'une  fois  comme  enclitique  ;  le  groupe  hacàma  «  de  moi  »  est 
à  part  (v.  §  4i5).  Les  postpositions,  telles  que  à,  patiy,  sont 
enclitiques,  et  sans  doute  aussi  padiy  (v,  §  4i6).  Il  est  permis 
de  penser  que  les  locutions  adverbiales  telles  que  taradraya  «  au 
delà  de  la  mer  »  (§  4i6),  etc.  se  sont  fixées  dans  les  cas  où  le 
mot  suivant  la  préposition  était  atone  ;  cf.  gr.  BiaTievie. 

L'ensemble  constitué  par  un  mot  et  l'enclitique  qui  suit  ne 
comporte  qu'une  finale  proprement  dite,  celle  de  l'enclitique. 
Pour  les  mots  non  enclitiques,  il  faut  donc  examiner  deux  cas  : 
celui  où  ils  sont  devant  un  mot  non  enclitique,  et  celui  où  ils 
sont  devant  un  mot  enclitique.  Les  règles  des  finales  ne  valent 
que  pour  le  premier  cas. 


§  150]  FIN  DE  MOT  79 

Voyelles  finales. 

§  i5o.  En  fin  de  mot,  la  langue  ne  distingue  pas  entre  -a 
et  -à,  et  le  signe  de  -a  est  noté  dans  tous  les  cas,  ce  qui,  suivant 
les  règles  admises  dans  les  transcriptions,  conduit  à  toujours 
écrire  -à  en  fin  de  mot.  On  n'est  fixé  sur  la  valeur  brève  ou 
longue  d'un  a  final  que  pour  les  cas  où  un  mot  enclitique  est 
ajouté  ;  alors  la  distinction  de  -â  et  -à  se  trouve  notée. 

-à  final: 

avhya,  avahyà  «  de  celui-ci  »,  à  l'état  isolé;  mais  avhyradiy, 
avahyaràdiy  {avahya  -\-  râdiy)  «  à  cause  de  ceci  »  ;  cf.  la  dési- 
nence skr.  -sya  du  génitif. 

mna,  manà  «  de  moi,  à  moi  »,  à  l'état  isolé,  mais  mncâ, 
manacâ  «  et  de  moi  »  Dar.  Pers.  d.  9  (mana  -\-  ca)  ;  cf.  skr. 
marna  «  de  moi  »,  avec  -â  final  ;  v.  si.  mejie,  avec  è  final. 

avda,  avadà  «  là  »,  mais  avdsim,  avadasim  «  là  lui  »  B. 
I,  Bg,  etc.  ;  avdsis ,  avadasis  B.  III,  62  «  là  eux  »  ;  le  suffixe 
adverbial  -dà  répond  à  -ha  (issu  de  *-dha^  du  sanskrit,  -de  du 
slave. 

*adâ  «  alors  »  n'est  attesté  qu'avec  enclitique:  adtiy,  ada- 
taiy,  ((  alors  à  toi  »  NR.  a.  43  et  45  ;  adkiy,  adakaiy  «  alors  » 
(ada  +  kaiy)^  cf.  skr.  adha. 

-â  final. 

hca,  hacâ  «  de  »  ;  hcam,  hacàma  «  de  moi,  par  moi  » 
(hacâ-  H-  l'ablatif  ma^  ;  cf.  skr.  sacâ. 

av^a,  ava^â  «  ainsi  »  ;  av^asam,  avaBâsâm  «  ainsi  à  eux  » 
B.  Il,  27;  av^asiy,  avaOàsaiy  «  ainsi  à  lui  »  B.  III,  i4;  le 
suffixe  -Bâ  d'adverbes  de  manière  répond  à  skr.  -thà. 

*viBâ,  instrumental  de  vi^-  a  famille princière  »,  dans  v'^ap- 
tiy,  vi^âpatiy  «  dans  la  famille  »  (sens  peu  clair)  ;  cf.  la  dési- 
nence d'instrumental  skr.  -à. 

d"uvryamiy,  duvarayâniaiy  «  à  ma  cour  »  B.  II,  76  et  89  ; 
locatif  diivaraiy  H-  postposition  â  -\-  maiy  «  à  moi  »  ;  en  finale 


80  SYSTÈME  PHONÉTIQUE  [§  i50-152 

absolue,  on  a  toujours  -a  noté,  ainsi  dstya,  dastayà  «  dans  la 
main  ».  Cette  postposition  à  répond  à  skr,  à. 

Il  y  a  sans  doute  un  instrumental  en  -ayâ  dans  le  mot  obscur 
w^^tnyaptiy ,  u:(niayâpatiy ,  qui  doit  se  couper  w^mayâ-patiy . 

§  i5i.  Il  y  a  un  flottement  entre  ^  et  ^  pour  uta  ;  à  l'état 
isolé,  on  a  toujours  uta,  utâ  «  et  »  ;  les  inscriptions  de  Darius 
ont  toujours  la  marque  de  a  devant  enclitique,  soit  utasiy, 
utàsaiy  «  et  à  lui  »  B.  l\^  '][x^  utaniiy ,  utâmaiy  «  et  à  moi  » 
NR.  a.  52  ;  mais  dans  les  inscriptions  de  Xerxès,  on  lit  devant 
enclitique  tantôt  w/^-,  ainsi  Pers.  b.  29,  tantôt  w/a-^  ainsiut m iy, 
utamaiy  Pers.  a.  i5.  Le  sanskrit  a  ici  uta.  Il  s'agit  sans  doute 
d'un  de  ces  a  finaux  indo-iraniens  dont  la  quantité  flottait  entre 
-à  et  -à  ;  si  l'on  n'a  pas  véd.  *utâ  à  côté  de  utâ,  c'est  que  la 
forme  à  voyelle  longue  finale  est  remplacée  le  cas  échéant  par 
véd.  utâ. 

§  162.  La  transcription  par  -â  de  tous  les  -a  finaux,  là 
même  où  ils  représentent  une  ancienne  brève,  répond  sans  doute 
à  une  réalité.  En  effet,  dans  des  cas  particuliers  où  un  abrège- 
ment peut  se  justifier,  on  rencontre  -à,  et  non  -à,  pour  repré- 
senter un  ancien  -à,  c'est-à-dire  qu'un  -a  final  n'est  pas  noté. 
La  désinence  -hya  du  génitif  des  thèmes  en  -à-  (y.  §  3oi)  est 
régulièrement  notée -/;j'â;^  c'est-à-dire -/Tyà;  mais  on  observe 
les  exceptions  suivantes,  toutes  à  la  fin  de  mots  longs  et  dans 
des  groupes  où  Va  final  avait  chance  de  s'abréger  : 

en  hiatus  deux  fois,  B.  III,  38  et  46  karm  tym  vhy:(da- 
thy  aj ,  kâram  tyam  vahya^dàtahya  a] a  «  il  a  battu  l'armée 
de  Vahyazdâta  ».  —  De  même  la  3*  personne  moyenne  du 
pluriel  de  prétérit  aha(n)tà,  qui  est  en  général  notée  ah  ta 
devant  consonne  ou  devant  voyelle,  comme  on  l'attend,  l'est 
deux  fois  aht  devant  des  mots  suivants  commençant  par  voyelle, 
B.  m,  ^^  et  5i. 

dans  un  groupe  où  le  génitif  est  lié  au  mot  suivant  dont  il 
dépend  :   B.   IV,    19  et  22,  e.  7,   g.   9  uvxstrhy   tumaya, 


§  i52-153]  FIN  DE  MOT  81 

Qj)uvaxUrahya  tau(jK)mâyâ  «  de  la  famille  de  (H)uvaxstra  », 
contre  une  fois  B.  II,  i5-i6  uvxètrhya  tumaya,  (h)uvaxs- 
trahyà  tau{pc)mâyà. 

dans  toutes  les  formes  de  noms  de  mois  devant  màhyà,  ainsi 
B.  I,  37-88  vHyxnhy  mahya,  viyaxnahya  màhyà  «  au  mois 
de  viyaxna  »  ;  42  grmpdhy  mahya,  garmapadahya  màhyà 
«  au  mois  de  garmapada  »,  et  ainsi  toujours. 

dans  le  seul  cas  où  les  deux  termes  du  juxtaposé  AQj)ura 
Ma:(dà(Jj)  soient  fléchis  séparément,  Xerxès  Pers.  c.  (a  10  =  b  1 7) 
aurhy  m:(dah,  a(Jj)urahya  maxdàha  «  d'Ahura  Mazdâh  ». 

Si  Ton  a  noté  -a  dans  les  cas  où  il  y  a  lieu  de  supposer  qu'on 
prononçait  en  effet  -a,  c'est  que  l'on  avait  -à  dans  les  cas  où  Va 
est  expressément  noté.  —  Il  est  impossible  de  faire  état  de 
nam,  nàma  «  nom  »  (cf.  skr.  nàma)^  qui  se  trouve  souvent, 
parce  que  la  répartition  de  nàma,  nàmà  est  réglée  par  le  genre 
du  mot  voisin  :  nàma  est  employé  près  des  masculins  et  des 
neutres,  nàmà  près  des  féminins  (v.  §  3 12). 

§  i53.  A  la  finale,  -/  et  -u  sont  notés  -iy  et  -uv  constam- 
ment, aussi  bien  dans  le  cas  des  diphtongues  que  dans  celui  des 
voyelles  simples  ;  la  notation  -/  ou  -u  seule  n'apparaît  que 
devant  des  enclitiques  ;  ainsi  : 

apiy ,  apiy  «  aussi  »  Dar.  Elv.  19,  et  [ap]imiy,  apimaiy 
«  aussi  à  moi  »  Dar.  B.  IV,  46  ;  cf.  skr.  api. 

ptiy,  patiy  «  vers  »  (souvent  attesté),  et  rucptiva,  rauca- 
pativà  «  ou  de  jour  »  (rauca--\-pati-\-và)  B.  i,  20;  cf.  zàpaiti. 

pr^uv,  paruv  (nom.  ace.  sg.  neutre)  «  beaucoup  »,  cf.  zd 
pouru,  skr.  puru  ;  on  retrouve  pr"uv-  a  Ia  un  du  premier  terme 
du  composé  pr'^uv/^nanam,  à  côté  de  pr^u^nanam,  paru:(a- 
nànàm  (cf.  §  i56  et  291)  et  avec  le  génitif  pluriel  (cf.  §  92). 

ddatuv,  dadàtuv  «  qu'il  donne  »  (3®  sg.  impér.),  cf.  skr. 
dudàtu. 

imiy,  imaiy  (nom.  ace.  pi.  masc.)  «  ceux-ci  »,  et  imiva, 
imaivà  «  ou  ceux-ci  »  B.  IV,  71,  78,  77  ;  cf.  skr.  ime. 

6 


82  SYSTÈME  PHONÉTIQUE  [§  153-155 

tyiy ,  tyaiy  (nom.  ace.  masc.  plur.)  «  qui  »  et  tyisiy ,  tyai- 
Saiy  B.  I,  67,  etc.  «  qui  à  lui  ». 

huVy  hauv  «■  celui-ci  »  (nom.  masc.  sg.),  et  husiy,  hausaiy 
«  celui-ci  à  lui  »  Dar.  Pers.  d  3.  Toutefois  huv  est  la  graphie 
ordinaire  même  devant  enclitique  :  huvmiy,  hauvmaiy  a  celui-ci 
à  moi  »  B.  II,  79;  III,  II  ;  huvtiy,  hauvtaiy  «  celui-ci  à  toi  » 
NB.  a.  57;  huvciy,  hauciy  «  celui-ci  »  (avec  l'enclitique  ciy^ 
Dar.  Pers.  e.  28. 

§  i54.  Jamais,  en  finale  absolue,  on  ne  manque  d'écrire  y 
et  V  après  i  et  u.  Quelquefois,  dans  la  diphtongue  finale  -ai, 
c'est  Vi  qui  n'est  pas  noté  : 

NB.  a.  46  d^ury  [hc]a  par  sa,  duray  hacâ  pàrsâ  «  loin  de  la 
Perse  »  ;  la  graphie  ordinaire  est  duriy  ;  ici  duraiy  fait  partie 
d'un  groupe  de  mots,  et  la  diphtongue  devait  y  être  relative- 
ment brève. 

B.  IV,  58  aurm'^daty,  aQj)urama:(dàiay  «  Ahuramazdâh 
à  toi  »  ;  la  graphie  ordinaire  est  -tiy,  il  s'agit  de  l'enclitique 
taiy,  sans  doute  relativement  bref. 

§  i55.  Après  h,  la  voyelle  /  n'est  jamais  notée  en  fin  de  mot, 
et  l'on  3i  ahy ,  ah(i)y  «  tu  es  »,  cf.  zd  ahi,  skr.  asi,  en  face  de 
amHy ,  amiy  «  je  suis  »,  cf.  zd  ahmi,  skr.  asmi,  et  astiy,  astiy 
«  il  est  »,  cf.  zd  asti,  skr.  asti.  Devant  enclitique,  il  n'y  a  pas 
de  y,  et  alors  i  n'est  pas  noté,  on  Ta  vu  §  182  ;  prihrahdHs, 
paribaràh(i)dis  «  que  tu  les  conserves  »  (paribaràhi  -f-  dis)  B . 
IV,  74  ;  v'iknahd'is,  vikanàh(i)dis  «  que  tu  les  détruises  » 
B.  IV,  77,  en  regard  de  pribrahy,  pariharàh(i)y  «  que  tu 
conserves  »,  v'iknahy ,  vikanàh(t)y  «  que  tu  détruises  »,  attes- 
tés dans  le  même  morceau.  —  La  graphie  -hy  peut  aussi  s'in- 
terpréter -ha(t)y  d'après  le  principe  général  de  l'écriture  ;  et  en 
effet,  du  thème  indo-iranien  manya-,  qui  admet  seulement  les 
désinences  moyennes  en  sanskrit  et  dans  l'Avesta,  on  a  mniyahy 
Dar.  Pers.  e.  20,  qui  doit  évidemment  être  lu  maniyàhay  «  que 
tu  penses  »  (2*^  pers.  sg.  subj.). 


§  156-158]  FIN  DE  MOT  83 

§  i56.  A  la  jonction  des  deux  termes  du  composé  paru- 
:(ana-  «  qui  a  beaucoup  de  races  »,  mot  emprunté  (v.  §  9  et 
119),  on  a  paru  dans  pr"u:(^nanam  (gén.  plur.)  Dar.  Elv. 
i5-i6  et  Xerx.  Elv.  i5-i6,  mais  paruv-  dans  pr^uv^^nanam 
Xerx.  Pers.  b.  i5-i6  et  d  (a  11  =  b  i5-i6)  ;  c'est  qu'on  avait 
le  sentiment  de  deux  mots,  comme  le  prouve  la  coupe  pr^uv 
:(nanam  Xerx.  Pers.  a  (a.  8  =  b.  8,  c.  8  =  d.  8),  avec  mar- 
que de  séparation  de  mots  après  paruv. 

§  167.  Le  mot  duraiy  est  suivi  de  apiy  dans  la  plupart  des 
exemples;  on  écrit  d^uriy  apiy;  le  rapprochement  des  deux 
mots,  sans  signe  de  séparation,  et  sans  y  entre  i  et  a,  dans 
d"tiriapiy,  duraiapiy  NR.  a.  12,  a  l'air  d'une  faute  acci- 
dentelle. 

§  i58.  Il  est  difficile  d'interpréter  ce  -y  et  ce  -v  après  /  et  u 
en  fin  de  mot.  Sans  doute  i  et  u  terminant  des  mots  déve- 
loppent respectivement  y  et  î;  à  Ja  fin  d'un  préverbe  devant  un 
verbe  commençant  par  voyelle  ou  à  la  fin  d'un  premier  terme 
de  composé  devant  un  second  terme  à  initiale  vocalique  : 

ptipyuva,  patipaya{x)uvà  «  protège  »  (j^vèyQihe  pati  '-\-  pa- 
ya{x)uva),  en  regard  de  ptiyais,  patiyaisa  (pati  -\-  y  -h  aisa) 
«  ils  sont  venus  ». 

umrtiyà,  (h)umartiyà  ([h]u-  H-  martiya)  «  qui  ont  de  bons 
hommes  »,  en  face  de  uvspa,  (F)uvaspà  ([h]u- -\-  v -\- aspd) 
«  qui  ont  de  bons  chevaux  ». 

On  conçoit  bien  comment  devant  la  postposition  -à  un  ancien 
locatif  tel  que  *dastai  est  devenu  dastayà,  et  ainsi  toujours  ;  et 
le  V  de  huvm,  hauvam  «  celui-ci  »  B.  I,  29,  constitué  sans 
doute  par  la  juxtaposition  de  hau-  et  d'une  particule  -am  n'a  rien 
de  surprenant  (ici  la  diphtongue  au  s'est  maintenue  sous  l'in- 
fluence de  la  forme  isolée  *hau-).  Mais  on  ne  voit  pas  pourquoi 
une  prononciation,  qui  était  normale  devant  voyelle,  aurait  été 
étendue  au  cas  de  la  pause  et  au  cas  de  l'initiale  consonantique 
suivante,  lesquels  étaient  les  plus  fréquents.  D'ailleurs,  on  ne 


84  SYSTÈME  PHONÉTIQUE  [§  158-161 

saurait  séparer  les  graphies  -iy,  -uv  de  la  graphie  de  -a  final  par 
l'ancien  -à  (§  i5o-i52).  Il  semble  que,  d'une  manière  générale, 
les  voyelles  en  finale  absolue  aient  été  prolongées,  et  pour  ainsi 
dire  traînées.  Cette  prononciation  traînée  expliquerait  à  la  fois 
-â,  -iy  et  -uv  ;  le  y  et  ]e  v  doivent  vraiment  noter  des  sortes  de 
y  et  de  î;  consonnes  finaux.  Cette  prononciation  n'a  pas  dû 
être  spéciale  au  perse  ;  on  sait  que,  dans  les  gàthâs  de  l'Avesta, 
tout  -a  final  est  noté  -à,  quelle  que  soit  la  quantité  ancienne,  et 
que  tout  -i  et  tout  -u  sont  notés  -î  et  -û  ;  or,  ceci  suppose  que 
l'auteur  de  la  vocalisation  du  texte  traditionnel,  quand  il  a  vo- 
calisé astî,  avait  sous  les  yeux  quelque  chose  comme  'sty, 
qu'on  peut  lire  asti,  mais  qui  admet  aussi  bien  une  lecture 
astiy,  identique  à  celle  du  v.  p.  astiy. 

§  iSg.  L'exemple  cité  ci-dessus,  §  i52,  d'absence  de  nota- 
tion de  -a  final  de  la  désinence  -hya  devant  un  mot  commen- 
çant par  voyelle  suggère  l'idée  que  les  longues  en  hiatus  pou- 
vaient tendre  à  s'abréger.  Cette  vue  est  confirmée  par  le  fait 
que,  à  la  jonction  d'un  préverbe  et  d'un  verbe  commençant 
par  i^  on  observe  un  abrègement.  Soit  en  efiet  le  préverbe  parà- 
attesté  dans  prahrtm,  paràhrtam  «  enlevé  »  B.  I,  62  et  dans 
pragmta,  parâgmatà  «  allés  à  l'écart  »  ;  or,  on  trouve  souvent 
prid'iy,  paraidiy  «  va  t'en  »  et  prita,  paraità  «  allez  vous-en  » 
ou  encore  prit  a,  paraità  «  partis  »  B.  II,  38. 

Consonnes  finales. 

§  160.  Les  seules  consonnes  finales  qui  soient  notées  sont 

nij  s  et  r. 

§  161.  La  consonne  -m  est  fréquente  : 

a  dm,  adam  «  moi  »  (nominatif)  =  zd  a:(pm,  skr.  aham. 

asm,  asam  (ace.  sg.  masc.)  «  cheval  »,  cf.  zd  aspdm,  skr. 

açvam. 

xsçm,  xsaçam  (nom.  ace.  sg.  neutre)  «  royaume  »  =  zd 
xsaBr^m,  skr.  k^atram. 


§  161-166]  FIN  DE  MOT  85 

ajnm,  ajanam  (i*"*  pers.  sg.  prétérit)  «j'ai  frappé  »  =  skr. 
ahanam,  cf.  zd  jandm. 

§  162.  La  consonne  -i  est  la  forme  prise  par  -s  finale  en 
indo-iranien  après  /  et  w  ;  on  a  ainsi  : 

uvamrÈiyus ,  {x)uvàmrsiyus  «  qui  a  sa  propre  mort  »,  nomi- 
natif maso.  sg.  d'un  composé,  dont  le  second  terme  est  un 
thème  en  -u-  ;  cf.  zd  mdrd^yus,  skr.  mftyuh. 

siyatis,  siyâtis  «  bien  être  »,  nominatif  fém.  sg.  d'un  thème 
en  -/-  ;  cf.  zd  sâitis. 

hgihis,  bagaibis  «  avec  les  dieux  »,  instrumental  pluriel 
dont  la  désinence  est  -bis^  cf.  zd  -bîs,  skr.  -bhih. 

§  i63.  On  a  -r  dans  : 

atr ,  a(n)tar  «  à  l'intérieur  »,  cf.  zd  antard,  skr.  antah  (antar). 

§  164.  Par  les  exemples  cités,  on  voit  que  la  voyelle  qui 
précède  une  consonne  finale  ne  subit  pas  d'allongement. 

§  i65  La  présence  ancienne  d'une  consonne  qui  n'est  pas 
notée  et  qui  sans  doute  ne  se  prononçait  plus  proprement,  mais 
qui  laissait  sa  trace  dans  un  arrêt  net  de  la  voyelle  (v.  Gauthiot, 
Fin  de  mot,  p.  100  et  suiv.),  excluant  tout  son  traîné,  se  tra- 
duit par  la  non- notation  de  -a  à  la  finale  en  certains  cas.  Les 
trois  consonnes  qui  ont  laissé  cette  trace  sont  Tocclusive  dentale 
*-t  on^-d,  répondant  à  zd  ^-  ;  l'aspirée  *-h,  répondant  à  skr. 
-h  (i.-e.  *-5  *-;()'  ^^  nasale  *-w_,  répondant  à  zd  ~n,  skr.  -n  ou 
à  -n  suivi  de  -t  ou  -d.  Les  voyelles  longues  subsistent  devant 
ces  trois  consonnes  qui  se  sont  amuies  en  perse. 

§   166.   Il  est  tombé  une  dentale  finale  dans  des  cas  tels  que: 

abr ,  abara  «  il  a  porté  »,  cf.  zd  barat.  skr.  abharat. 

ad  a,  adà  «  il  a  créé  »,  cf.  zàdât,  skr.  adhàt. 

av,  ava  «  ceci  »  (nom.  ace.  sg.  neutre),  cf.  zd  avat. 

L'amuissement  de  la  dentale  est  réel,  et  après  -i  final  le 
mouvement  d'arrêt  de  la  voyelle  prend  la  forme  d'un  -y  : 

-ciy,  -ciy,  particule  répondant  à  zd  cit,  skr.  cit. 

niy,  naiy,  négation  répondant  à  zd  nôit,  skr.  net. 


86  SYSTÈME  PHONÉTIQUE  [§  166-167 

Sur  la  confusion  de  abaraÇt)  et  abara(n),  cf.  §  168. 

La  présence  ancienne  d'une  dentale  se  traduit  seulement  par 
ceci  que  devant  la  particule  enclitique  -ciy  (§  336)  apparaît  un  ^; 
un  ancien  -t-c-  est  ainsi  devenu  -se-  : 

avsciy f  avasciy  «  ceci  même  »,  de  *avat-cit. 

aniysciy,  aniyasciy  «  quelque  autre  chose  »,  de  anyat  (cf. 
zd  anyat,  skr.  anyat)  ~\-  cit. 

ci  s  ciy,  cisciy  a  quelque  chose  »  B.  I,  53,  de  *cit-cit,  cf.  zd 
cit,  neutre  de  cis  «  quelqu'un  ». 

Le  -d-  de  avd'im,  avadim,  av'^dHs,  avadis  (ava-d-is)  «  ceci 
eux  »  (v.  §  3/i5)est  sans  doute  l'ancien -J  final  de  *avad-  devant 
voyelle  (v.  Galand,  K.  Z.,  XLII,  173  et  suiv.,  et  A.  Meillet, 
M.  S.  L.,  XIX,  53  et  suiv.). 

Devant  les  enclitiques  autres  que  -ciy,  la  finale  ne  subit  aucune 
modification  visible  : 

psavsim,  pasàvasim  «  après  ceci  lui  ». 

ni  mi  y,  naimaiy  «  pas  à  moi  »  (de  *  nait -{- maiy)  ;  de  même 
nisim,  naisim  «  pas  lui  ». 

§  167.  Une  ancienne  -s  finale  a  de  même  disparu  dans  des 
cas  tels  que  : 

aniy,  aniya  (nom.  sg.  masc.)  «  autre  »,  cf.  zd anyô, skr.  anyah. 

rut,  rauta  (gén.  abl.  sg.  du  thème  en  -t-,  raut-),  cf.  la  dési- 
nence zd  -ô,  skr.  -ah. 

Devant  -ciy,  une  ancienne  sifflante  apparaît  aussi  comme  s  : 

ksciy,  kasciy  «  quelqu'un  »  (de  *kas  +  cit),  cf.  zd  kascit, 
skr.  kaçcit. 

Il  n'y  a  pas  trace  de  s  devant  les  enclitiques  autres  que  ciy. 
On  a  ainsi  : 

xSpva,  xsapavà  «  ou  de  nuit  »  du  génitif  *xsapa(h)  -}-  va. 

tysam,  tyasâm  «  ce  qui  à  eux  »  de  * tyat -{- sâm  \  tymiy, 
tyamaiy  «  ce  qui  à  moi  ». 

Aurm^damiy ,  A{h)urama/^dâmaiy  «  A(h)uramazdâ(h)  à 
moi  »  (de  *  Ahurama^dâh  .-\-  maiy). 


§  167-171]  FIN  DE  MOT  87 

Du  reste  on  n'a  pas  d'exemples  qui  indiquent  ce  que  serait 
le  traitement  d'un  ancien  *  -t  ou  d'une  ancienne  *-s  finale  dans 
des  cas  qui  seraient  intéressants,  ainsi  devant  cà  «  et  »  ou 
devant  taiy  «  à  toi  ». 

§  i68.  C'est  une  nasale  finale,  suivie  de  dentale,  qui  se  trou- 
vait anciennement  dans  quelques  cas  tels  que  : 

aj ,  aja  «  il  a  frappé  »,  cf.  skr.  ahan,  de  *ahant. 

En  aucun  cas  une  n  n'aurait  pu  être  écrite  puisqu'on  n'écrit 
pas  de  nasale  implosive  ;  mais  il  est  probable  que  la  nasale 
finale  ne  se  prononçait  pas  plus  que  le  -t  final  ;  car  on  a  trans- 
formé de  diverses  manières  (v.  §  228)  la  3^  personne  du  pluriel 
de  abr,  abara  «  il  a  porté  »,  visiblement  pour  éviter  la  confu- 
sion de  ahr  (ancien  *aharant)  «  ils  ont  porté  »  avec  abr  (an- 
cien *abarat)  «  il  a  porté  ». 

§  169.  Pour  toutes  les  consonnes  finales  autres  que  celles 
qui  viennent  d'être  énumérées,  il  n'y  a  pas  d'exemples. 

§  1 70.  On  remarquera  l'absence  de  tout  groupe  de  consonnes 
en  fin  de  mot  ;  en  particulier  il  n'y  a  pas  de  groupe  -st  ;  la 
3*  personne  du  singulier  active  des  formes  qui  reposent  sur 
l'ancien  aoriste  en  *-s,  comme  ak"unus,  akunaus  «  il  faisait  », 
se  termine  par  -s^  et  non  par  *-stj  c'est-à-dire  qu'un  -t  final 
s'est  amui  dans  les  cas  de  ce  genre  (v.  §  223). 

§  171.  Traces  des  anciennes  règles  relatives  aux  consonnes 
finales. 

En  indo-iranien,  les  occlusives  et  sifllantes  finales  ten- 
daient à  être  sourdes  devant  une  sourde  suivante,  sonores 
devant  une  sonore  suivante,  voyelle  ou  consonne.  Étant  donné 
que  l'on  n'a  en  fin  de  mot  ni  occlusive  ni  s,  la  seule  consonne 
qui  se  prête  à  manifester  une  trace  de  la  vieille  règle  en  fin  de 
mot  est  -s  qui  pourrait  alterner  avec  -j  (-Q.  Il  y  a  en  efî'et  un 
reste  de  l'ancien  usage  dans  le  traitement  du  préverbe  indo- ira- 
nien nis-j  nÎT^-j  qui  est  ni^-  dans  la  forme  transcrite  par  nijàyam 
«je  suis  parti  »  (v.  §  127).  Mais,  sauf  cet  exemple  et  sauf  /v>i-  dans 


88  SYSTÈME  PHONÉTIQUE  [§  171-172 

udptta,  udapatatâ  (ud  -J-  apatata)  «  il  s'est  soulevé  »,  les  pré- 
verbes n'offrent  pas  d'autre  cas  où  il  y  aurait  une  consonne 
finale  devant  voyelle  ou  sonante  consonne  initiale  (sur  avadim, 
avadis,  v.  §  i66).  Dans  tous  les  mots  suivis  d'un  signe  de  sépa- 
ration, la  sourde  finale  -s  a  été  généralisée,  même  dans  les  pré- 
positions ;  on  a  ainsi  ptis  dadrsim,  patis  dàdrsim  «  contre 
Dâdrsi  »  B.  II,  ^3-44  ;  ptis  vumHsm,  patis  va  (h)  umisam 
«  contre  Vahumisa  »  B.  II,  52-53  \  ptis  mam,  patis  màm 
«  contre  moi  »  B.  II,  67  ;  etc.  Même  devant  enclitique,  on 
a  s  :  dhyausmiy,  dahyàusmaiy  (dahyâuÊ  +  maiy)  «  la  pro- 
vince à  moi  »  B.  IV,  39.  La  généralisation  de  la  sourde  -s 
est  allée  si  loin  que,  dans  le  composé  d"usiyarm,  dusiyàram 
«  mauvaise  année,  mauvaise  récolte  »  de  "^ dus-  *du{-  «  mal  »  et 
yàr  «  année  »,  on  a  s,  et  non  :^;  cf.  pehlvi  manichéen  dusy'ryy, 
dusyàrî  «  mauvaise  récolte  ». 

En  pareil  cas,  le  sanskrit  et  l'Avesta  ont  la  sonore,  par  exemple 
zd  du^-itdm,  skr.  dur-itam  «  danger  ».  Le  vieux  perse  (jffre  déjà 
l'état  du  persan  qui  a  généralisé  la  sourde  devant  les  sonantes  : 
dusman,  etc. 


Insuffisance  des  données. 

§  172.  Les  données  ne  permettent  pas  de  se  faire  une  idée 
complète  du  système  phonétique  de  la  langue.  C'est  que  ceux 
qui  ont  écrit  les  textes  ont  eu  en  vue  de  donner  les  indications 
nécessaires  pour  rendre  intelligibles  sans  ambiguïté  des  inscrip- 
tions monumentales  —  et  ils  y  ont  réussi  — ,  mais  ils  ne  se 
sont  pas  proposé  de  fixer  la  prononciation  comme  l'ont  fait  ceux 
qui  ailleurs  ont  fixé  pour  l'usage  courant  des  prêtres  des  textes 
religieux  dont  la  prononciation  devait  demeurer  invariable. 
Entre  la  graphie  traditionnelle  de  l'Avesta,  telle  qu'elle  a  été 
fixée  à  l'époque  sassanide,  et  la  graphie  des  inscriptions  perses 


§  172-173]  INSUFFISANCE  DES  DONNÉES  80 

il  y  a  ainsi  un  contraste  complet.  Mais  les  inscriptions  perses 
présentent  la  langue  telle  qu'elle  apparaissait  aux  contempo- 
rains ;  et,  si  leurs  indications  sont  incomplètes,  elles  sont  sin- 
cères et  authentiques. 

La  seule  donnée  qu'on  possède  sur  la  phonétique  de  la  phrase 
est  celle  de  l'existence  d'enclitiques  reconnaissables  à  l'absence 
de  la  marque  de  séparation  de  mots  en  certains  cas  (v.  §  1^9 
et  ^lb). 

§  178.  Il  y  a  une  insuffisance  qui  est  commune  aux  inscrip- 
tions perses  et  au  texte  avestique  :  on  n'y  trouve  rien  qui  puisse 
renseigner  soit  sur  une  conservation  éventuelle  du  ton  indo- 
iranien,  soit  sur  la  place  d'un  accent.  Le  rythme  quantitatif  de 
l'indo-iranien  s'est  maintenu  en  persan,  en  se  combinant  avec 
une  influence  de  la  fin  de  mot,  et  l'on  peut  par  suite  être  sûr 
qu'il  existait  en  perse  ;  la  notation  de  à,  qui  est  peu  conforme 
au  type  général  de  la  graphie,  en  est  d'ailleurs  une  trace  assez 
nette.  Mais  il  est  impossible  de  dire  s'il  subsistait  des  traces  du 
ton  mobile  comme  dans  la  langue  védique. 


CHAPITRE    III 


ALTERNANCES 


§  174.  Les  textes  perses  sont  trop  peu  étendus  pour  donner 
une  idée  juste  et  complète  du  rôle  des  alternances.  Du  nombre, 
relativement  petit,  des  exemples  attestés  il  serait  hasardeux  de 
conclure  que  les  alternances  se  trouvaient  déjà  en  régression  au 
moment  où  les  textes  ont  été  composés.  Les  «  formes  fortes  »  où 
ces  alternances  figureraient  sont  en  nombre  assez  restreint  sur 
les  inscriptions.  Et  il  faut  tenir  compte  du  fait  qu'on  a  très  peu 
de  formes  distinctes  de  chaque  racine.  En  somme,  dans  la 
mesure  où  les  formes  sont  attestées,  les  alternances  indo-ira- 
niennes y  subsistent  bien.  Mais  les  formes  «  fortes  »  où  ces  alter- 
nances jouaient  un  rôle  tendaient  sans  doute  à  s'éliminer. 

I.  Alternances  vocaliques. 

A.   Alternances  quantitatives.    ' 

§  175.  L'alternance  âjà,  qui  était  très  importante  en  indo- 
iranien, est  représentée  par  divers  exemples  : 

padibiya,  pâdaibiyâ  «  par  les  deux  pieds  »  (cf.  skr.  pat 
{(  pied  »)  :  pstis,  pastis  «  fantassin  »  (de  *pat-ti-s). 

hd'is,  hadis  «  siège  »  :  niysadym,  niyasàdayam  «  j'ai  éta- 
bli »  (cf.  §  199)  ;  racine  indo-iran.  sad-  :  sâd-  ;  cf.  skr.  sâdah 
et  ni-sâdayati. 


§  175]  ALTERNANCES  VOGALIQUES  91 

hrtiy,  hara{n)tiy  «  ils  portent  »  :  as  bar,  asabàra  «  cava- 
lier »  {usa  -\-  bâra-)y  et  u^barim,  u^abàrim  (ace.  sg.)  «  monté 
sur  chameau  »  {usa  -\-  bâri-). 

aydiy,  ayadaiy  «j'ai  honoré  »  et  aydna,  ayadanà  «  sanc- 
tuaires »  :  açiyad^yhy,  açiyâdiyahya  (gén.),  nom  d'un  mois 
(âç-  «  feu  »  -\- yâdiya-  «  adoration  »)  ;  ba^yadiÈ,  bâgayâdais 
(gén.),  nom  d'un  mois  {baga-  avec  vrddhi,  §  298,  et  -yàdi- 
«  adoration  »). 

Il  y  a  un  degré  long  au  nominatif  de  dhyaus,  dahyâuÈ  «  pro- 
vince »,  plur.  dhyav,  dahyàva,  ace.  sg.  dhyaum,  dahyàum, 
en  regard  du  gén.  plur.  dhyunam,  dahyunàm  ;  loc.  plur. 
dhyu^uva,  dahyusuvâ  (cf.  §  82 1), 

L'a  de  la  vrddhi  de  dérivation  du  type  mrg"us,  margus 
«  ^Jargiane  »  :  margv,  màrgava  «  Margien  »  se  trouve  aussi 
plusieurs  fois  (v.  §  298). 

L'a  du  degré  long  figure  du  reste  dans  plusieurs  exemples 
nets,  ainsi  l'accusatif  sg.  asmanm ,  asmânam  «  pierre,  ciel  », 
cf.  skr.  açmànam,  p.  asmàn  ;  dans  les  formes  de  causatif  ou  à 
type  de  causatif  daryamHy,  dàrayâniiy  «  je  tiens  »,  cf.  zd 
dârayeiti,  skr.  dhàrayati  (et  aussi  l'aoriste  passif  adariy,  adâ- 
riy  «  il  a  été  tenu  »),  en  face  de  l'adjectif  û?"z/r"wt/,  duruva 
«  ferme  »  qui  présente  le  degré  zéro  de  la  même  racine,  skr. 
dhruvah;  et  vHna^yis,  vinâ^ayais  «  tu  peux  faire  du  mal  », 
causatif  d'une  racine  na^-  =  zd  nas-,  skr.  naç-,  avec  préverbe 
vi-  ;  cf.  du  reste  p.  gunàh,  de  ^vinà^a,  et  a  m  an  y,  amànaya  «  il 
a  attendu  ^),  cf.  §  199  —  kam,  kâma  «  désir  »,  cf.  zd  kâmô  — 
bajim,  bâjim  (ace.  sg.)  «  tribut  »,  p.  bâ:(,  cf.  zd  ba^at  «  il 
a  donné  en  partage  »  —  nahm,  nàham  (ace.  sg.),  cf.  skr.  nàs-: 
nas-. 

On  a  à  dans  rastam,  râstâm  «  droite  »  (cf.  §  126  et  217) 
en  regard  du  degré  zéro  de  arstâm  Çrstâm)  «  rectitude  ». 

Le  nom  de  mois  ^urvahrhy ,  ^uravàharahya  (gén.sg.)  ren- 
ferme  le  mot   correspondant   à    skr.   vâsara-,    cf.   p.    bahâr 


92  ALTERNANCES  [§  175-176 

(avec  déplacement  de  la  quantité),  en  regard  de  zd  vaûri 
(locat.  sg.),  skr.  vasar-.  —  L-'â  de  npa,  napà  «  petit- fils  » 
est  sûr,  cf.  zd  napàt-,  skr.  napàt  ;  V-à  final  de  pita,  pità 
«  père  »  et  de  hrata,  b^râtâ  «  frère  »  n'a  pas  de  valeur  au 
point  de  vue  perse,  mais  il  répond  à  V-à  de  skr.  pità,  bhrâtâ, 
en  regard  des  accusatifs  pitaram,  bhràtaram  ;  V-à  de  du  si  a, 
daustà  «  ami  »  n'a  pas  non  plus  de  valeur  propre,  mais  il 
répond  à  Va  du  nominatif  sanskrit  en  -ta  des  noms  d'agent  en 
-tar-  ;  1'^  de  l'accusatif  de  ces  mêmes  noms  d'agent  est  sûr  dans 
frmatarm,  fyamàtàram  «  seigneur  »,  plusieurs  fois  attesté, 
cf.  skr.  -tarant,  zd  -tàrdm)  de  même  1'-^  du  xïoimndiûî x s çpav a, 
xsaçapàvà  «  satrape  »  répond  à  V-à  final  du  nominatif  des  thèmes 
sanskrits  en  -an-  (cf.  §  3 12). 

B.  Alternances  û^/zéro. 

§.  176.  Voici  quelques  exemples  où  l'on  observe  l'alternance 
de  manière  sensible  en  perse  : 

drug,  dyauga  «  mensonge  »,  drujn,  d'^raujana  «  trom- 
pant »  :  ad'^ur'^ujiy,  adurujiya  «  il  a  menti  »,  d^ur^uxim, 
duruxtam  «  menti  ». 

aitiy,  aitiy  «  il  va  »  :  prid'iy,  paraidiy  «  va-t'en  » 
(para  -4-  impératif  fJ/y),  prit  a,  paraità  «  partis  »  (parà-\-  ad- 
jectif ità)  (cf.  §  184). 

asti  y,  astiy  «  il  est  »  :  htiy,  ha(n)tiy  «  ils  sont  »,  cf.  skr. 
as-ti,  s-anti  (cf.  §  i8/i). 

■ufrstm,  (h)ufrastam  «  bien  interrogé,  bien  puni  »  :  aprsni, 
aprsam  «  j'ai  interrogé  »,  cf.  p.  pursam,  skr.  prcchati,  zd 
pdr'ssaiti. 

crtniy,  cartanaiy  «  faire  »,  x^urkr,  ^urakara  «  qui  fait  trom- 
perie »  :  cxriya,  caxriyà  «  puisses-tu  faire  »  (§  208  et  281); 
ak"uma,  akumà  «  nous  avons  fait  »,  cf.  skr.  akrma  (§  287),  et 
sans  doute  aussi  v.  p.  krt,  krta  «  fait  »  (cf.  §  2i3). 

De  bons  exemples  se  trouvent  dans  les  thèmes  en  -u-  :  nom. 


§  176-179]  ALTERNANCES  VOGALIQUES  93 

sg.  -u-s,  gén.  sg.  -au-s,  loc.  sg.  -û^mz;  et  -az;-^  (cf.  §  3i8)  et  dans 
les  thèmes  en  -i-  :  nom.  sg.  ~i-s,  gén.  sg.  -ai-s  (cf.  §  3i8). 

§  177.  On  ne  trouve  sûrement  attestés  que  le  degré  long 
d'une  part,  le  degré  zéro  de  l'autre  dans  dàrayàmiy  :  duruva, 
cf.  ci-dessus  §  176  ;  mais  il  est  probable  qu'il  faut  lire  adrsiy , 
adrsiy,  et  non  adarsiy  «  j'ai  tenu  »  l'aoriste  sigmatique  moyen 
de  cette  racine  Dar.  Pers.  e  8.  Le  degré  zéro  de  arstam, 
arstàm  Çrstàm)  «  rectitude  »  (de  *rstà-)  se  trouve  en  face  du 
degré  long  de  râstàm  «  droite  »  (cf.  §  176). 

On  n'a  aussi  que  l'opposition  du  degré  long  et  du  degré  zéro 
dans  la  flexion  de  pita,  pità  «  père  »,  nominatif  du  thème  ^/7^r-: 
gén.  sg.  piÇj  piça,  représentant  un  ancien  *pîtr-as. 

§  178.  L'alternance  ne  pouvait  plus  être  aperçue  des  sujets 
parlants  dans  g  if)  a,  gaidâ  «  biens,  fortune  »,  et  jiva,  jîvâ 
(S  vis  »  (impératif),  ou  dans  abvm,  ahavmn  «  je  devenais  »  et 
hiya,  biyâ  «  qu'il  devienne  »  (v.  §  282). 

Il  ne  saurait  non  plus  être  question  d'une  alternance  nette 
dans  la  racine  stâ-  du  type  en  -à-,  dont  on  a  d'une  part  avas- 
taym,  avàstâyam  «  j'ai  établi  »  (ava  -\-  astâyam);  stanniy  stà- 
nam  «  place  »,  et  de  l'autre  aistta,  aQi)istatâ  «  il  s'est  tenu  » 
(imparfait  du  thème  hi-st-a-). 

§  179.  Plusieurs  alternances  se  trouvent  n'être  pas  notées 
par  suite  des  insufîisances  de  la  graphie  : 

ajnm,  ajanam  «  j'ai  frappé  »,  avec  racine  jan-  :  jdiy ,  jadiy 
«  frappe  »,  -]/_,  -jata  «  frappé  »,  avec  degré  zéro  ) a-  ;  mais  on 
pourrait  aussi  bien  lire  ja(n)-  dans  ce  dernier  cas  ;  le  persan 
:(adan  montre  qu'il  faut  lire  ja-.  Sur  le  nom  d'agent  jta,  ja(n)ià 
«  celui  qui  frappe  »  v.  §  277  ;  la  lecture  ja(n)tà  est  indémon- 
trable, mais  possible. 

ajmiya,  ajatniyà  «  qu'il  vienne  »  (à  ~\-  jamiya)  :  pragmta, 
paràgmatà  «  partis  »  (^parà  -f-  gmata)  ;  rien  n'empêcherait  de 
lire  *  âgamatà  ;  mais  le  persan  a  àmadan  «  venir  » ,  qui  suppose 
*â-gmata-. 


94  ALTERNANCES  [§  179-181 

hdk,  ba(n)daka  «  serviteur  »  (à  lire  ainsi  d'après  p.  banda): 
bst,  basta  «  lié  »  (p.  basi)  ;  donc  alternance  band-  :  bad-. 

mrtiy,  martiya  «  homme  »  (cf.  p.  mard)  :  -mr^iyus, 
-mrsiyus  «  mort  »  (cf.  skr.  mrtyuh,  zd  mdrd^yuÈ)  ;  on  a  en 
persan  le  verbe  murdan  «  mourir  ». 

Il  y  avait  sans  doute  degré  a  à  l'aoriste  niypism  «  j'ai  écrit  » 
et  degré  zéro  dans  l'adjectif  en  -ta-  nipistm  «  écrit  »  ;  mais 
l'opposition  des  lectures  niyapaisam  et  nipistam  est  hypothétique  ; 
le  persan  ne  fournit  de  témoignage  que  pour  la  seconde. 

Les  exemples  de  ce  genre  pourraient  être  multipliés,  et  il  ne 
serait  pas  non  plus  difficile  de  citer  des  cas  isolés  de  degré  a, 
comme  rut,  rauta  «  de  la  rivière  »  (gén.  abl,  sg.)  ou  de  degré 
zéro,  comme  v'i^m,  vivant  «  famille  »  (ace.  sg.). 

II.  Alternances  conson antiques. 

§  i8o.  On  a  vu  comment  s  alterne  avec  s  ou  avec  h  en  cer- 
taines conditions,  suivant  la  voyelle  qui  précède  (§  122). 

§  181 .  Outre  cette  alternance  et  quelques  autres,  de  moindre 
importance,  dont  le  principe  est  en  perse  même  et  qui  ont  été 
indiquées  dans  le  chapitre  du  système  phonétique,  il  existe  une 
alternance  dont  le  principe  n'apparaît  plus  en  indo-iranien 
et  qui  est  de  caractère  purement  traditionnel  ;  c'est  celle  de  c 
avec  ^  et  de  j  avec  ^.  Les  exemples  attestés  en  perse  sont  peu 
nombreux  et  suffisent  tout  juste  à  indiquer  la  persistance  du 
phénomène. 

kjc: 

ak"unus,  akunaus  «  il  faisait  y)  ;  ak^uma,  akumà  «  nous 
avons  fait  »  ;  krtj,  krta  «  fait  »  ;  :!^urkr,  :(urakara  «  qui  fait  le 
mal  »  :  crtniy,  cartanaiy  «  faire  »,  et  r  dans  le  redoublement 
de  cxriya,  caxriyâ  (de  *ca-kr-iyâs)  «  puisses-tu  faire  ». 

ksciy ,  kasciy  «  quelqu'un  »  :  cisciy,  cisçiy  «  quelque  chose  », 
cf.  skr.  kah  et  cit,  zd  ko  et  cis,  cit. 


§  181]  ALTERNANCES  CONSONANTIQUES  95 

Du  nom  de  province  mk,  maka,  on  a  tiré  le  dérivé  indi- 
quant le  peuple  mciya,  maciyà  (nom.  plur.). 

il]' 

ajmHya,  ajamiyà  (à  -{-  jamiya)  «  qu'il  vienne  »  :  pragmta, 

parâgmatâ  «  partis  »  ;  cf.  zd  jam-  :  gatô. 

yiva,  jivà  «  vis  »  (impératif):  gi^a,  gai^à  «  bien,  for- 
tune »  ;  cf.  zd  jvaiti  (lire  jivaitï)  et  gayô. 

dru  g,  d'^rauga  «  mensonge  »  et  d''ur"uxtm,  duruxtam 
«  menti  »  (avec  k  passé  à  .x:^,  §  io3)  :  ad"ur"ujiyj  adurujiya 
«  il  a  menti  »,  drujn,  dyaujana  «  trompeur  »,  cf.  skr.  droghah 
et  druhyati. 

On  a  vu  §  126-127  ®^  quelles  conditions  particulières  se 
rencontrent  c  et  j,  seulement  devant  i  (et  devant  ancien  y)  et 
devant  à\  k  Qi  g  n'apparaissent  pas  devant  i,  mais  se  rencon- 
trent aussi  devant  a. 


CHAPITRE   IV 


FORMES   VERBALES 


§  182.  On  dispose  de  peu  de  formes  verbales.  Mais  ce  que 
l'on  en  possède  suffit  à  donner  deux  indications  générales  : 

D'une  part  le  système  ancien  des  verbes  indo-iraniens  est 
maintenu  dans  ses  grandes  lignes. 

D'autre  part,  sauf  celles  du  présent,  la  plupart  des  formes 
anciennes  sont  en  régression,  et  l'on  aperçoit  les  amorces  du 
type  postérieur. 

I.  Les  thèmes. 

i**  Types  athématiques  du  présent-aoriste. 

§  i83.  Le  type  athématique  a,  comme  partout,  cessé  d'être 
productif;  mais  il  en  subsiste  un  nombre  de  représentants 
assez  considérable.  On  y  observe  encore  des  alternances  vo- 
caliques  nettes  (cf.  §  176). 

A.  Le  présent-aoriste  radical. 

§  184.  a.  Présents. 

Racine  ah-:  amHy ,  amiy  «  je  suis  »  (sur  la  non-notation 
de  h  de  a[h]miy,  v.  §  i33);  ah  y,  ah{i)y  «  tu  es  »  ;  astiy,  astiy 
«  il  est  »;  et,  avec  degré  zéro  du  vocalisme,  htiy,  ha(n)tiy 
«  ils  sont  »  ;  la  i"^^  personne  du  pluriel  amhy,  amah(i)y  a  le 
même  vocalisme  que  amiy,  à  la  différence  de  zd  mahi  et  de  véd. 


§  184-185]  LES  THÈMES  97 

smasi;  subjonctif  ah  y,  ah(t)y,  c'est-à-dire  àhiy  «  que  tu  sois  »  ; 
ahtiy,  ahatiy  «  qu'il  soit  »  (v.  §  i34).  Cf.  skr.  asmi,  asi, 
asti,  santi,  et  asah,  asati  (asat).  —  Le  prétérit  ahm,  aham 
(c'est-à-dire  <5/7û!m)  «  j'étais  »,  ah,  aha  (àha)  «  il  était  »,  ah, 
aha  (àha)  et  ahta,  aha(n)tà  (âhanta)  «  ils  étaient  »  résulte  d'un 
mélange  d'imparfait  et  de  parfait;  la  i"""  personne  aham  a  la 
désinence  d'un  imparfait,  cf.  skr.  âsam  ;  la  3®  personne  du  sin- 
gulier aha  rappelle  skr.  àsa,  zd  ânha  ;  mais  le  -t  final  que  sup- 
pose l'absence  de  notation  d'un  a  final  montre  que  *âha  était 
devenu  *âhat,  avec  désinence  d'imparfait;  l'ancien  imparfait 
était  du  type  skr.  àh,  zd  as. 

Racine  ai-  :  aitiy,  aitiy  «  il  va  »,  cf.  zd  aèiti,  skr.  eti;  impé- 
ratif pridiy,  paraidiy  {para  -\~  idiy)  «  va-t'en  »  ;  parita, 
paraità  {para  -f-  ita)  «  allez  vous  en  »  ;  prétérit  nijaym, 
nijàyam  (nij  -\-àyain)  «  je  suis  parti  »  ;  ais ,  ais  (lire  àis,  d'après 
atiyais,  atiyàis  «  il  a  passé  »)  «  il  est  allé  »  B.  I,  gS,  etc.  ; 
ayta,  aya(n)tâ  «  ils  sont  allés  »  Dar.  Sz.  en. 

jan- (skr.  hanti,  zd  jainti):  impératif  j^'/jy_,  jadiy  «  frappe  » 
(cf.  skr.  jahi,  zd  jai^i);  jia,  jatà  «  frappez  ».  Imparfait  a;; «w_, 
ajanam  «  j'ai  frappé  »  ;  a) ,  a) a  «  il  a  frappé  »  ;  avajn,  avàjana 
(ava-{-ajana)  «  ils  ont  tué  »  ;  moyen  ptiyjta  «  il  a  battu  (pour 
lui)  ».  Optatif  actif:  avajniya,  avàjaniyà  (ava  -\-  â  -\-  janiya) 
«  il  pourrait  tuer  ». 

kan-  (p.  kandan,  cf.  zd  kainti  «  il  creuse  »)  :  v'iyk,  viyaka 
(vi-^aka[n])  «  il  a  détruit  »  ;  impér.  niktuv,  nika(n)tuv  «  qu'il 
détruise  »  ;  subj.  vHknahy ,  vikanàh(î)y  «  que  tu  détruises  », 
comme  si  le  type  était  thématique  (v.  §  229). 

pâ-  (cf.  skr.  pâti,  zd  -pàiti)  :  impér.  pad'iy,  pâdiy  «  garde  »  ; 
paf^uv,  pàtuv  «  qu'il  garde  »  ;  il  y  a  au  présent  moyen 
ptipyuva,  patipaya(x)uvâ  «  garde- toi  »,  ce  qui  donne  lieu  de 
se  demander  û  pâ-  ne  serait  pas  un  thème  d'aoriste  en  perse. 

§   i85.  b.  Aoristes. 

ku-  (cf.  zd  hfd-,  skr.  kr-):  ak^uma,  akumà  «  nous  avons 

7 


98  FORMES  VERBALES  [§  185-i88 

fait  »  ;  moyen  ak^uta,  akutâ  «  il  a  fait  (pour  lui)  ».  —  Le 
thème  du  présent  est  kunau-  (v.  §  i88). 

dà-  (skr.  dhà-j  zd  dà-)  :  ada,  adà  «  il  a  créé  »  (=  skr.  adhât). 
—  Le  thème  du  présent  est  dadâ-  (v.  §  i86). 

]am-  (cf.  skr.  agan,  gâth.  impér.  gaidî):  optât,  ajmiya, 
ajamiyâ  {à  -\-  jamiyà]  cf.  zd  optât,  jamyât). 

di-(p.  dldan,  cf.  zd  dïta-  «  vu  »)  :  d'id'iy,  didiy  «  vois  »; 
le  présent  est  vaina-,  v.  §  2o3. 

§  i86.  B.  Présents  à  redoublement. 

dadà-  (cf.  skr.  dadàti,  zd  dadâiti):  ddat"uv  «  qu'il  donne  » 
Dar.  Pers.  d  23-2/4  ;  NR  a.  55. 

dadà-  (cf.  skr.  dadhàti,  zd  dadàiti)  :  adda,  adadà  «  il  a 
établi  »  Dar.  Pers.  d.  3.  Cf.  l'aoriste  adâ  (§  i85). 

G.  Type  à  nasale. 

§  187.  Le  type  général  de  skr.  rinakti,  zd  irinaxti  n'est  pas 
représenté  ;  aucun  des  verbes  où  il  pourrait  figurer  ne  se  trouve 
par  hasard  sur  les  inscriptions.  Tout  au  plus  peut-on  noter 
l'existence  de  *vinad-,  *vind-  dans  le  nom  propre  composé 
vHdJrna,  vi(n)dafarnâ  (gr.  'IviaçepvY;;,  éi.  mi-in-da-par-na, 
bab.  [mi-]in-[da-par-^na-^  ;  ce  nom  signifie  «  qui  trouve  la 
gloire  ».  —  En  revanche  il  y  a  des  formes  en  -nau-,  -nu-  et 
en  -nâ-, 

§  188.  a.  Formes  en  -nau-. 

kunau- (zàkdrdnaoiti,  skr.  krnoti)  :  k"unutiy,  kunautiy  «  il 
fait  »  ;  impér.  k^unuf'uv,  kunautuv  «  qu'il  fasse  »  ;  subjonctif 
k^unvahy,  kunavâh(y)  «  que  tu  fasses  »  ;  imparf.  ak^unvm, 
akunavam  «  je  faisais  »  ;  ak"unus,  akunaus  «  il  faisait  »  ; 
ak'^unv,  akunava  «  ils  faisaient  ».  —  Passif  dérivé  :  ak"un- 
vyta,  akunavayatà  «  a  été  fait  ».  —  Sur  Vu  de  ku-,  v.  §  94. 

drsnau-  (cf.  skr.  dhr^yiott)  :  ad  r  s  nus,  adrsnaus  «  il 
osait  ». 


§  188-192]  LES  THÈMES  9» 

Enfin  il  faut  tenir  compte  de  dn''u-\ — | — h  «  il  coule  »  Sz. 
c.  9,  cf.  p.  danam  ;  il  faut  sans  doute  lire  danu\taiy\  avec 
MM.  Bartholomae  et  Weissbach,  plutôt  que  danu\vatiy\  qu'on 
a  aussi  proposé. 

Du  thème  vrnau-  (cf.  skr.  vpwti,  vpiute),  on  n'a  que  des 
formes  passées  au  type  thématique:  subj.  vrnvatiy,  vrnavàtaiy 
(f  qu'il  y  ait  conviction  »  (ceci  est  conforme  à  l'usage,  cf.  §  280) 
et  impér.  vrnvtam,  vrnavatàm  «  qu'il  y  ait  conviction  », 
seule  forme  de  3^  pers.  sing.  impér.  moyen  qu'on  connaisse. 

§   189.  h.  Formes  en  -nà-. 

dànâ-  (cf.  skr.  jânâti,  p.  dânani)  :  adana,  adânâ  «  il 
connaissait  »  (cf.  de  la  même  racine  xsnàsàtiy,  type  en  -sa-, 
V.  §  198). 

dinâ-  (cf.  skr.  jinàti,  pehlvi  :(ïnïtan  emprunté  à  un  parler 
non  perse)  :  adHna,  adinâ  «  il  a  enlevé  »  ;  adHnm,  adinam 
((  j'ai  enlevé  »  ;  cf.  l'adjectif  en    ta-  dHtni,  ditam  «  enlevé  ». 

2"   Types  thématiques  de  présent. 

§  190.  Ces  types  sont  nombreux  et  variés.  Le  nombre  rela- 
tivement grand  des  formations  en  -sa-  et  la  productivité  du 
type  en  -aya-  sont  à  remarquer. 

§  191.  Les  présents  thématiques  ne  sont  en  général  accom- 
pagnés d'aucun  aoriste.  La  difTérence  d'aspect  entre  le  thème 
de  présent  et  le  thème  d'aoriste  n'est  pas  exprimée  ou  l'est  par 
un  préverbe  (v.  §  260),  et  l'imparfait  sert  à  exprimer  le  pré- 
térit d'une  manière  générale  ;  l'imparfait  n'a  donc  ni  propre- 
ment le  sens  d'un  imparfait,  ni  proprement  celui  d'un  aoriste. 
On  a  vu  au  contraire  quelques  traces  d'aoriste  dans  le  type 
athématique,  et  l'oa  verra  ci-dessous  quelques  aoristes  ea  -^- 
(§  206). 

A.  Type  radical. 

§  192.  a.  Type  à  vocalisme  radical  a 


100  FORMES  VERBALES  [§  192 

xsaya-(cî.  skr.  ksayati,  zd  xsayeite):  ptiyxsyiy,  patiyaxsayaiy 
«  je  suis  devenu  maître  »  (^pati  -\-  axsayaiy). 

gauba-  :  'guhtiy,  gaubataiy  «  il  dit  »  ;  imparf.  agubta, 
agaubatâ  «  il  disait  »,  et  agauha{n)tâ  «  ils  disaient  »  ;  subj. 
gubatiy,  gaubataiy  B.  II,  84  et  III,  86  «  qu'il  dise  ». 

taxsa-  :  hmtxstiy ,  hamtaxsataiy  «  il  fait  en  sorte  que  » 
(ham -\- taxsataiy)  NR.  b.  i6  ;  hmtxsiy,  hamataxsaiy  «  j'ai 
fait  en  sorte  que  »  ;  hmtxsta,  hamataxsatà  «  il  a  fait  en  sorte 
que  »  et  hamataxsa(n)tà  «  ils  ont  fait  en  sorte  que  ». 

Bâ-  (fianha-)  :  ^atiy,  Hâtiy  «  il  proclame  »,  v.  §  i34;  cf. 
skr.  çatnsati,  gàth.  s^nghaitl,  zd  sahaiti  ;  prêter,  a^hm, 
a^a(n)ham  «  j'ai  proclamé  »,  a^h^  a(ia(n)ha  «  il  a  proclamé  ». 

naya-  (cf.  skr.  nayati)  :  franym,  frânayam  (Jra  -\-  anayam) 
«  j'ai  amené  »  ;  any,  anaya  «  il  a  conduit  »  ;  anyta,  anayatà 
«  il  a  été  conduit  » . 

pata-  (cf.  skr.  patate)  :  udptta,  udapatatâ  «  il  s'est  soulevé  » 
(ud  -f-  apatatâ). 

bara-  (cf.  skr.  bharati,  zd  baraiti,  p.  baratn):  brtiy,  barantiy 
«  ils  portent  »  ;  abrm,  abaram  «  j'ai  porté  »  ;  abr ,  abara  «  il 
a  porté  »  et  «  ils  ont  porté  »  ;  ab[r]hj  abaraha  «  ils  ont  porté  »  ; 
moyen  abrta,  abara(n)tâ  «  ils  ont  porté  »  ;  impér.  pr'ibra, 
paribarâ  «  conserve  »  (pari -{- barâ)  ;  brfuv,  baratuv  «  qu'il 
porte  »;  subjonctif:  pr'ibrahy,  paribaràh{i)y  «  que  tu  con- 
serves »  {pari  -\-  barâh[i]y). 

bava-  (cf.  skr.  bhavati,  zd-  bavaitï)  :  abvm,  abavam  «  je  suis 
devenu  »  ;  abv^  abava  «  il  est  devenu  »  et  «  ils  sont  devenus  »; 
subjonctif  ^î;^ //}/_,  bavâtiy  «  qu'il  devienne  ». 

yada-  (cf.  skr.  yajati,  yajate,  zd  ya^aiti,  ya:(aite)  :  aydiy, 
ayadaiy  «  j'ai  adoré  »;  subjonctif  ^û?^//^;^  yadâtaiy  «  qu'il 
adore  ». 

rada-  (cf.  skr.  rahati,  dans  les  dictionnaires,  et  rahayatt)  : 
avrd,  avarada  «  laisse  »  (ava  -\-  la  2*  personne  sing.  à  dési- 
nence secondaire  *-s,  sans  augment,  rada). 


§  192-195]  LES  THÈMES  101 

siyava-  (cf.  skr.  cyavatî)  :  asiyvm,  asiyavam  «  je  me  suis  mis 
en  mouvement  »  ;  asiyv,  asiyava  «  il  s'est  mis  en  mouvement  » 
et  «  ils  se  sont  mis  en  mouvement  » . 

haja-  (cf  skr.  sajatt)  :  frahjm,  frâhajam  «  j'ai  suspendu  » 
(Jra  -h  ahajam). 

§  igS.  b.  Type  à  vocalisme  radical  zéro. 

On  n'a  qu'un  seul  exemple,  qui  se  trouve  être  au  prétérit  et 
peut  par  suite  être  un  aoriste,  et  qui  n'a  pas  d'étymologie  connue  : 

am^'uB,  amu^a  «  il  s'est  enfui  ». 

B.  Thèmes  à  suffixe  -ya-. 

§   194.   On  a  des  thèmes  en  -ya-  à  valeur  active  : 

jadiya-  (cf.  zd  jaicyâmi)  :  jd'iyam'iy^  jadiyàmiy  «  je  de- 
mande, je  prie  ». 

durujiya-  (cf.  skr.  druhyatï)  :  ad"ur"uj'iy,  adurujiya  «  il  a 
menti  »  ;  ad"ur"uj'iys,  adurujiyasa  «  ils  ont  menti  ». 

grhâya- {cL  skr.  grbhàyati,  zà.  gdurvayeiti)  :  agrbaym,  agr- 
hàyam  «  j'ai  saisi  »  ;  agrbay ,  agrbàya  «  il  a  saisi  »  et  «  ils  ont 
saisi  »  ;  agrbay  ta,  agrbàyatà  «  il  a  pris  pour  lui  ». 

paya-  (ou  paya-,  v.  §  69  ;  cf.  zd  paya-,  paya-  ;  mais  la  nota- 
tion avestique  n'est  pas  assez  sûre  pour  que  cette  hésitation  soit 
très  significative)  :  ptipyuva,  patipaya(x)uvà  «  garde-toi  ».  — 
Cf.  pà-  athématique,  §  i84. 

stâya-  (cf.  v.  si.  stajç  «  je  me  tiens  »):  avastaym,  avâstàyam 
«  j'ai  établi  »  (^ava  -\-  astàyam)  ;  niystaym,  niyastâyam  «  j'ai 
établi  »  ;  niystay,  niyastâya  «  il  a  établi  ».  —  Toutefois  le  sens 
et  le  fait  qu'il  y  a  un  thème  de  présent  hista-  de  la  racine  stâ- 
donnent  lieu  de  croire  que  stâya-  doit  plutôt  être  rapproché  des 
causatifs  en  -aya-,  v.  §  199)  :  avâstàyam  B.  I,  63  et  66  est 
employé  d'une  manière  exactement  équivalente  à  niyasâdayam 
NR.  a.  36  (cf.  §  18). 

§  195.  Deux  thèmes  en  -ya-  appartiennent  au  groupe  des 
présents  en  -ya-  qui  expriment  l'état  : 


102  FORMES  VERBALES  [§  195-198 

maniya-  (cf.  skr.  manyate,  zd  mainyeite)  :  subjonctif  mniyahy , 
maniyàhaiy  «  que  tu  penses  »  ;  mniyatiy,  maniyâtaiy  <.(.  qu'il 
pense  ». 

mariya-  (cf.  skr.  mriyate,  zd  miryeite)  :  amriyta,  amariyatà 
«  il  est  mort  »  (on  notera  que,  ici,  on  lit  mar-,  mais  qu'on  peut 
aussi  lire  mr-). 

§  196.  A  ce  dernier  groupe  se  rattachent  les  formations  de 
présent  passif,  dont  on  a  deux  exemples  sûrs,  d'une  même 
racine  : 

kariya-  (cf.  skr.  kriyate)  :  ahrlyta,  akariya(n)tà  «  ils  ont 
été  faits  »  B.  III,  92. 

kunavaya-  (formation  secondaire,  dérivée  du  thème  du  pré- 
sent) :  ak^unvytUj  ahmavayatâ  «  il  a  été  fait  »  B.  I,  20  et 
i[\.  —  Cette  formation  nouvelle  atteste  à  la  fois  la  vitalité  du 
passif  et  l'influence  dominante  exercée  en  perse  par  le  thème 
du  présent. 

Un  cas  assez  différent  et  à  part  est  celui  de  Bahya-  (cf.  skr. 
çasyate)  :  ^hyamhy ,  ^ayàmah(i)y  «  nous  nous  appelons  »  ;  la 
désinence  est  active,  et  le  sens  n'est  pas  proprement  passif; 
mais  le  suffixe  -y a-  des  présents  indiquant  l'état  donne  un  sens 
spécial  à  la  racine  dont  on  a  le  présent  radical  ^àtiy  (v.  §  192). 
Quant  k  a^hy  «  il  a  été  proclamé,  ordonné  »,  on  ne  saurait 
déterminer  s'il  s'agit  d'un  aoriste  passif  en  -i  (cf.  §  207)  a^ah(î)y 
ou  d'un  imparfait  a^ahya,  dont  le  sens  serait  tout  différent  de 
celui  du  présent  ^ahyâmah(i)y . 

§  197.  Le  type  dénominatif  n'est  représenté  que  par  un 
exemple,  peu  clair  et  en  grande  partie  restitué  : 

d^raujiya-  :  [dru]jiyahy,  \dyau\jiyâh{i)y  «  que  tu  tiennes 
pour  un  mensonge  » ,  sans  doute  de  d^rauga  «  mensonge  » . 

G.  Thèmes  à  suffixe  -sa-. 

§  198.  Ce  suffixe,  qui  répond  à  zd  -sa-,  skr.  -ccha-  et  qui 
repose  sur  i.-e.   *-ske-j  a  dû  être  assez  productif  durant  un 


§  198-199]  LES  THÈMES  103 

temps  en  iranien.  Mais,  à  l'époque  historique,  les  thèmes  de 
présent  où  on  le  rencontre  ont  l'aspect  extérieur  de  thèmes  radi- 
caux, et  le  suffixe  s'y  laissait  malaisément  isoler  par  le  sujet  par- 
lant, ou  même  ne  pouvait  absolument  pas  être  reconnu.  Voici 
les  exemples  : 

xsnàsa-  (cf.  épirote  Yvway.o),  lat.  Çg^nôscô  :  élargissement  de 
xsnâ-  qui  répond  à  skr.  jnâ-,  gr.  yvo)-,  cf.  §  120)  :  subjonctif 
xsnasatiy,  xsnâsâtiy  «  qu'il  reconnaisse  »,  xsnasahy,  xsnà- 
sàh(t)y  «  tu  vas  reconnaître  ». 

trsa-  (cf.  le  présent  radical  skr.  trasati)  :  trstiy ,  trsatiy  «  il 
a  peur  »  ;  atrs,  atrsa  «  il  a  eu  peur  »  et  «  ils  ont  eu  peur  ». 

prsa-  (cf.  p.  pursam,  zd  pdrdsaiti,  skr.  prcchati,  lat.  posco)  : 
impératif  prsa,  prsâ  «  interroge  »  ;  imparf.  aprsm,  aprsam 
«  j'ai  interrogé  »  ;  subjonctif  ^//^r^â^/^jy^  patiprsâh(i)y  «  que  tu 
interroges  »;  ptiprsatiy ,  patiprsâtiy  «  qu'il  interroge  ». 

yasa-  (cf.  zàyasaite,  skr.  yacchaii)  :  aysta,  ayasatà  «  il  a  tiré 
(pour  lui)  ». 

rasa- Q^.  rasam,  cf.  skr.  rcchatî)  :  arstn,  arasam  «je  suis 
venu  »  ;  prars,  paràrasa  «  il  est  arrivé  »  (^parà  -f-  arasa^  ; 
subjonctif  nirsatiy,  nirasâtiy  «  qu'il  descende  ». 

D.  Thèmes  en  -aya-. 

§  199.  Les  formations  en  -aya-  sont  assez  nombreuses  et 
relativement  claires.  On  sait  que,  dans  le  développement  ulté- 
rieur du  perse,  le  type  en  -aya-  devait  prendre  une  importance 
décisive  et  que  la  flexion  du  présent  pehlvi  repose  sur  le  type  en 
-aya-  ;  on  ne  voit  pas  que,  à  l'époque  des  inscriptions  achémé- 
nides,  le  type  en  -aya-  soit  encore  sorti  de  ses  limites  anciennes. 
Les  formes  ont  encore  nettement  la  valeur  causative  (de  ce 
nombre  est  stàya-,  cité  ci-dessus  §  194)  ou  itérative.  Voici 
les  exemples  attestés  : 

aisaya-  (cf.  skr.  i^ayati,  -esayatî)  :  fraisym,  f'^ràisayam  «j'ai 
envoyé  »  (Jra  ^  àisayam)  ;  fraisy,  ferais  aya  «  il  a  envové  ». 


104  FORMES  VERBALES  [§  199-200 

gaudaya-  (cf.  skr.  gûhayaii,  avec  un  vocalisme  anomal)  : 
injonctif  apgudy ,  apagaudaya  «  cache  »  {apa  -\-  gaudaya)  ; 
s\\h]onc\AÎ  apgudayhy ,  apagaudàyah{i)y  «  que  tu  caches  ». 

taraya-  :  v'ytrym,  viyatarayam  «  j'ai  traversé  »;  v'ytryama, 
viyatarayàmà  «  nous  avons  traversé  ».  —  Le  vocalisme  radical 
est  àj  parce  qu'il  s'agit  d'une  racine  dissyllabique.  Au  sur- 
plus, il  n'est  pas  impossible  que  le  ar  réponde  ici  au  ir  de 
skr.  tirati. 

ba(n)daya-  ou  ^adaya-  (?)  :  injonctif  ma  Qdy,  ma  ^adaya 
«  qu'il  ne  semble  pas  »  ;  subjonctif  ^dyamiy,  ^adayàmaiy 
(sens  ?  l'inscription  Suse  a,  où  on  trouve  le  mot,  est  frag- 
mentaire). 

çàraya-  :  niyçarym,  niyaçàrayam  «  j'ai  restauré  ».  Il  s'agit 
évidemment  d'une  formation  à  redoublement  ;  on  rapproche 
souvent  la  racine  skr.  çri-  «  appuyer  »  ;  mais  trà-  «  protéger  » 
convient  au  moins  aussi  bien  pour  le  sens  et  pour  la  forme. 

dâraya-  (cf.  skr.  dhârayati,  zd  dàrayeiti,  p.  dâram)  :  da- 
ryamHy,  dàrayâmiy  «  je  tiens  »  ;  a  dry,  adâraya  «  il  a  tenu  »  ; 
h[m]daryi[y],  hamadàrayaiy  «j'ai  obtenu  ». 

nâ^aya-  (cf.  skr.  nâçayatï)  :  optatif  v'inaByis,  vinà^ayais 
«  tu  peux  détruire  »  (dans  l'inscription  mutilée  NR.  b)  ;  v'y- 
na\^^\y,  viyanà^aya  «  il  a  détruit  ».  On  a  ici  très  clairement 
Va  du  causatif. 

mânaya-  (cf.  gâth.  mânayeitî;  gr.  {jiivw)  :  aman  y,  amânaya 
«  il  a  attendu  »  ;  cf.  p.  mânam  «  je  reste  ». 

*hàdaya-  (cf.  skr.  sâdayati):  niysadym,  niyasàdayam  «  j'ai 
établi  »  (1'^  du  causatif  est  clair;  sur  le  i,  cf.  §  122). 

On  a,  semble-t-il,  un  causatif  fait  secondairement  sur  le 
thème  de  présent  yasa-  (§  198)  dans  : 

niysy ,  niyasaya  «  il  a  étendu  »  (?)  NR.  b4. 

E.  Formations  diverses  de  présents. 
§  200.  Outre  les  formations  précédentes,  qui  constituent  des 


§  200-205]  LES  THÈMES  105 

séries  importantes,  le  perse  ofiFre  des  restes  de  quelques  autres 
types  de  présents  ;  mais  les  formes  qu'on  possède  sont  isolées  ; 
elles  ne  semblent  du  reste  pas  avoir  été  aisément  analysables  au 
point  de  vue  perse. 

§  20 1.  Il  y  a  un  présent  thématique  à  redoublement  hiHa-, 
de  la  racine  stà-,  cf.  zd  histaiti,  et  skr.  tisthati  :  aistta,  a(h)is- 
tatà  «  il  s'est  tenu  ». 

§  202.  Le  thème  de  présent  en  -va-  de  l'indo-iranien,  skr. 
nvatij  zd  jvaiti  (lire  jîvaitt)^  est  conservé  dans  Vim^éTdiiî  jiva, 
jivà  «  vis  ». 

Une  formation  curieuse  et  sûrement  ancienne  est  celle  de 
stabava-  dans  l'injonctif  ma  sthv,  ma  stabava  «  ne  te  révolte 
pas  »  NR.  a.  60. 

§  2o3.  Il  y  a  aussi  un  vieux  présent  en  -na-,  correspondant 
au  thème  skr.  vena-^  zd  vaëna-,  à  savoir  vaina-,  dans  vinam'iy , 
vainâmiy  «  je  vois  »  ;  vintiy ,  vaina{n)tiy  «  on  voit  »  (Xerxès, 
Pers.  a  16  dans  les  quatre  exemplaires)  ;  imparfait  avin,  avaina 
«  il  a  vu  »  ;  ?>\xh]OTiCiï{vinahy,  vainàh(f)y  «  que  tu  voies  ».  Dès 
l'époque  perse,  ce  présent  formait  un  groupe  complétif  avec  la 
racine  dî-,  qui  fournissait  sans  doute  l'aoriste  ;  on  en  a  l'impé- 
ratif (aoriste  ?)  d'id'iy,  didiy  «  vois  ».  Ceci  n'empêche  pas 
avaina  de  signifier  «  il  a  vu  »  NR.  a.  32. 

3**  Formations  diverses,  en  dehors  du  présent. 

§  20^.  On  vient  de  voir  comment  le  système  du  présent  a 
gardé  en  vieux  perse  son  ampleur  et  sa  variété.  Au  contraire, 
les  autres  thèmes  sont  réduits  à  quelques  traces.  La  langue  ten- 
dait dès  lors  vers  l'état  pehlvi  011  le  seul  groupe  de  formes  per- 
sonnelles conservées  est  celui  du  présent. 

§  2o5.  Parmi  les  formes  énumérées  ci-dessus,  il  ne  s'est 
trouvé  d'aoristes  clairs  que  dans  le  type  athématique  ;  et 
encore  les  seules  oppositions  bien  constatées  sont-elles  celles 
de  dadà-  et  de  dà-,  de  kunau-  et  de  ku-,   dans  deux  verbes 


i06  FORMES  VERBALES  [§  205-208 

particulièrement  fréquents,  dont  le  rôle  est  en  partie  celui 
d'auxiliaires.  Dans  tout  le  type  thématique,  on  n'a  vu  aucun 
aoriste  net.  Le  perse  n'a  pas,  comme  le  slave  ou  l'arménien, 
développé  un  thème  d'aoriste  régulièrement  opposé  au  thème 
de  présent.  Les  aoristes  qu'on  a  ne  sont  que  des  débris,  et  les 
formes  d'imparfait  se  sont  contaminées  avec  l'aoriste  (v.  §  206 
et  2  23).  Ceci  tient  à  ce  que  l'imparfait  sert  de  temps  his- 
torique (§  191  et  287-238). 

§  206.   Il  y  a  deux  formes  d'aoristes  en  -s-  : 

adrsiy ,  adrsiy  «  j'ai  pris  possession  de  »  Dar.  Pers.  e.  8, 
de  la  racine  dont  on  a  le  présent  dàrayàmiy. 

niypism,  niyapaisam  B.  IV,  71  et  90  (restauré  par  la  com- 
paraison de  deux  exemples,  tous  deux  mutilés);  ni -j- apaisam , 
il  s'agit  de  la  racine  dont  on  a  l'adjectif  en  -ta-  nipistam  «  écrit  » 
La  graphie  admet  également  les  lectures  pis-  et  pais-. 

Les  finales  d'aoriste  en  -s-  ont  servi  à  élargir  la  forme  d'im- 
parfait dans  des  cas  comme  akunaus  et  adurujiyasa  (v.  §  2  23). 

§  207.  L'aoriste  passif  en  -/  de  l'indo-iranien  est  représenté 
par  deux  exemples  sûrs  et  un  probable  : 

adariy,  adàriy  «  il  a  été  tenu  »,  de  la  racine  dont  on  a  le 
présent  dàrayàmiy  et  l'aoriste  en  -s-  adrsiy  ;  cf.  skr.  adhàri. 

akaniy ,  akàniy  «  il  a  été  creusé  »  Dar.  Sz  c.  10;  de  la 
racine  dont  on  a  le  thème  kan-,  v.  §  184. 

a^hy ,  si  l'on  lit  aOah(t)y  «  il  a  été  proclamé,  ordonné  »  (cf. 
§  196).  Ce  passif  avec  un  complément  exprime  exactement  ce 
qu'exprime  un  actif,  et,  dans  NR.  a.  20,  on  lit  tyasàm  hacàma 
a^ah{i)y  ava  \a\knnava  «  ce  qui  leur  a  été  ordonné  par  moi, 
ils  l'ont  fait  »  équivaut  exactement  à  NR.  a.  36  [tya]sâm  adam 
aOaham  ava  akunava  «  ce  que  je  leur  ai  ordonné,  ils  l'ont  fait  ». 

§  208.  De  tout  le  système  du  parfait,  il  ne  reste,  outre  aha 
(§  18^),  que  l'optatif  cxriya,  caxriyà  «  il  peut  faire  »,  de  la  racine 
de  kunau-  (présent),  ku-  (aoriste),  employé  comme  une  sorte 
d'auxiliaire  B.  I,  5o.  Ce  n'est  pas  un  hasard  :  le  sens  du  parfait 


§  208-212]  FORMES  NON  PERSONNELLES  107 

s'exprimait  au  moyen  de  l'adjectif  verbal  en  -ta-  (v.  §  21 4). 
§  209.  Si  l'on  tient  compte  de  l'extrême  rareté  des  forma- 
tions personnelles  du  perse  en  dehors  du  système  du  présent, 
on  hésitera  à  admettre  la  vue  hardie  qu'a  émise  M.  Wacker- 
nagel  dans  la  Festschrift  V.  Thomsen  (;i^i^),  p.  i34  et  suiv.,  sur 
ptiyavhyiy ,  B.  I,  55,  qui  devrait  se  lire ^ûffry<Jm(w)/73'm3' d'après 
la  transcription  susienne  pat-ti-ya-man-ya-a  ;  M.  Wackernagel 
cherche  ici  un  futur  ;  mais  tout  le  passage  est  au  prétérit,  et  ni 
le  style  général  du  texte,  ni  le  sens  particulier  du  passage  ne 
comportent  un  futur  ;  quelque  difficulté  que  fasse  la  forme, 
on  hésitera  donc  à  faire  porter  l'affirmation  d'un  futur  perse  sur 
une  forme  aussi  problématique. 

II.  Formes  non  personnelles  du  verbe. 

§  210.  Les  textes  n'offrent  aucune  trace  ni  du  participe 
présent-aoriste  actif  en  -ant-,  ni  du  participe  parfait.  En 
revanche,  il  y  a  une  formation  d'infinitif  et  une  de  participe 
passé,  toutes  deux  indépendantes  du  thème  verbal  de  présent, 
le  seul  thème  qui  ait  une  vitalité  en  perse.  Ces  formations  sont 
rattachées  directement  à  la  racine. 

§  211.  Il  y  a  un  cas  où  l'on  a  peut-être  un  ancien  participe 
présent  moyen,  à  sdivoir  j'iy m n m,  jiyamnam  (ou  fiyamanam, 
la  graphie  autorise  les  deux  lectures),  cf.  zd  jyamna-^  dans  la 
formule  de  datation  :  B.  II,  61  Buravàharahya  màhyà  jiyam- 
nam patiy  «  dans  le  mois  de  ^uravàhara,  à  la  fin  ».  Mais 
pareille  formule  ne  permet  pas  d'affirmer  l'existence  d'un  parti- 
cipe présent  moyen  en  perse,  d'autant  plus  qu'on  n'a  pas  d'au- 
tres formes  de  ce  verbe. 

A.   Infinitif. 

§  212.  Le  suffixe  est  de  la  forme  -tniy,  qu'on  peut  lire 
-tanaiy  ou  -taniy  ;  l'usage  est  de  lire  -tanaiy,  et  l'on  s'y  confor- 


i08  FORMES  VERBALES  [§  212-213 

mera  ;  mais  il  ne  faut  pas  oublier  que  la  lecture  -taniy  est  tout 
aussi  admissible  ;  et,  comme  le  suffixe  en  question  ne  se  retrouve 
pas  hors  du  perse,  on  n'a  aucuii  moyen  de  décider  entre  les 
deux  lectures.  Le  suffixe  s'est  conservé  en  persan,  où  il  est  de 
la  forme  -tan  Ç-dan)  ;  mais  le  persan  ne  peut  rien  enseigner  sur 
la  finale;  seule  la  graphie  pehlvie  -inn^  c'est-à-dire  *-tnw  repré- 
sentant sans  doute  un  plus  ancien  *-tny  vient  appuyer  la  lecture 
-tanaiy  ;  mais  ces  -w  finaux  pehlvis  restent  à  étudier.  Les  exem- 
ples attestés  sont  : 

crtniy,  cartanaiy  «  faire  »,  en  face  de  kunau-  (présent),  ku- 
(aoriste),  kariya-  (présent  passif),  caxriyà  (optatif  parfait),  et 
du  participie  krta.  On  notera  le  vocalisme  radical  a  q\\q  c  initial 
en  regard  du  k  des  autres  formes  ;  ce  ^  se  retrouve  dans  l'ao- 
riste gâth.  côr9t  «  il  a  fait  »,  en  regard  de  zd  hr^naoiti. 

ktniy,  ka(n)tanaiy  «  creuser  »,  en  regard  de  kan-  (§  i84), 
akâniy  (§  207). 

^stniy ,  ^a(n)stanaiy  «  proclamer  »;  cf.  ^àtiy  (§  192);  ^ahyà- 
mah(t)y  (§  196);  a^ah{î)y  (§  207).  —  Vs  finale  de  la  racine 
indo-iranienne  est  conservée  ici  devant  /  (cf.  §  m).  Le  voca- 
lisme radical,  de  la  forme  ^ans-,  a  été  posé  d'après  le  modèle  de 
cartanaiy  ;  il  est  naturellement  hypothétique. 

nipistniy ,  nipaistanaiy  «  écrire  »,  avec  s  devant  t,  comme 
dans  nipistam  (cf.  §  ii3  et  21 3);  on  a  la  forme  personnelle 
niy apaisant  (§  206).  Le  vocalisme  radical  a  a  été  admis  ici 
aussi  d'après  le  modèle  de  cartanaiy. 

B.  Adjectif  verbal  en  -ta-. 

§  2i3.  L'adjectif  verbal  en  -ta-  est  d'emploi  fréquent.  Il  a 
conservé  le  type  ancien  ;  il  est  fait  sur  la  racine  au  degré  voca- 
lique  zéro,  comme  on  le  voit  par  deux  exemples  nets  :  prita, 
paraitâ  «  partis  »  Çpard  -f-  ità),  cf.  skr.  ita-,  et  d'^ur'^uxtm, 
duruxtam  «  menti  »,  cf.  skr.  drugdha-. 

Il  y  a  d'autres  cas  où  le  même  vocalisme  se  trouvait,  comme 


§  213-214]  FORMES  NON  PERSONNELLES  109 

jata  (cf.  p.  :(ad)j  hasta  (p.  bast)y  -brta  (p.  burd)^  ni-pistam  (p. 
nivist)]  mais  la  graphie  du  vieux  perse  est  ambiguë,  et  l'on  n'en 
peut  faire  état  ici  ;  la  comparaison  de  skr.  krta-  et  de  zd  kdrdta- 
conduit  seule  à  lire  krta-  ;  car  le  persan  a  kard. 

Le  suffixe  s'ajoute  à  une  racine  de  forme  dissyllabique  dans 
agrbi[t]j  agrbi[ta]  {â-\-grbita)  «  saisi  »,  cf.  skr.  grbhîtah, 
gfhltah.  On  a  la  forme  en  -ata-  dans  -gmata-  dans  pragmta, 
paràgmatà  «  partis  »  ;  hgmta,  ha(n)gmatâ  «  réunis  »,  cf.  p. 
àmad  (de  *â-gmata). 

§  21 4.  L'adjectif  verbal  en  -ta-  est  la  forme  au  moyen  de 
laquelle  on  exprime  que,  à  un  moment  donné  du  passé,  cer- 
tains événements  étaient  arrivés  ;  il  remplace  le  parfait  indo- 
iranien ;  dans  la  grande  majorité  des  cas,  le  verbe  «  être  »  ne 
figure  pas  près  de  l'adjectif  en  -ta-  parce  que  le  perse  n'emploie 
pas  de  copule  à  la  3*  personne  du  singulier  du  présent  de  l'indi- 
catif ;  là  où  doit  figurer  une  autre  forme  verbale,  le  verbe  «  être  » 
est  exprimé.  C'est  cette  forme  qui  a  fourni  par  la  suite  le  seul 
prétérit  employé  en  pehlvi  et  en  persan.  On  a  ainsi 

B.  II,  32  et  suiv.  pasâva  [hamiç]iyà  ha{iï)gmatâ  paraità  patis 

dâdrsim  hamaranam  cartanaiy  avadâ  hamaranam  akunava 

a(h)u[rama]xdâmaiy  upastâm  abara  vasnâ  a(h)urama7^dàha  kâra 

hya  manâ  ava\m  k]âram  tyam  hamiçiyam  aja  vasaiy ava^àsàm 

hamaranam  krtam  «  ensuite  les  ennemis  se  sont  assemblés  ;  ils  sont 

allés  contre  Dâdrsi  livrer  bataille  ; là  ils  ont  livré  bataille  ; 

A(h)uramazdâ  m'a  secouru  ;  par  la  grâce  d'A(h)uramazdâ  mon 

armée  a  bien  battu  l'armée  ennemie  ;  c'est  ainsi  qu'ils  ont 

livré  cette  bataille  » ,  Les  participes  paraità  et  ha(n)gmatà  posent 
la  situation  ;  les  prétérits  à  forme  personnelle  (imparfaits-aoris- 
tes) akunava,  abara,  aja  servent  à  raconter  ;  le  fait  accompli 
est  repris  par  le  participe  krtam.  La  même  formule  est  reprise 
exactement  B.  II,  38,  43,  62,  58  et  III,  65. 

B.  I,  27  ima  tya  manà  krtam  «  voici  ce  que  j'ai  réalisé  »  ; 
de  même  II,  91  ;  III,  10  ;  etc.  ;  on  voit  ici  comment  la  per- 


410  FORMES  VERBALES  [§  214 

sonne  est  exprimée  au  génitif-datif,  sans  préposition,  comme 
dans  le  avaBàsàm  hamaranam  krtam  déjà  cité  et  qui  se  trouve 
souvent,  en  dehors  des  passages  indiqués,  notamment  B.  II, 
2-7,  98;  III,  8;  etc.  On  a  de  même,  mais  sans  pronoms: 
NR.  a.  48  aita  t[yd\  krtam  ava  visam  vasnà  A(h)uramaxdàha 
akimavam  a(h)uraina^dà[ma]iy  upastàm  abara  yàtà  krtam  akuna- 
[vam]  «  c'est  là  ce  qui  a  été  fait  (Darius  résume  ainsi  tous  les 
actes  qu'il  vient  d'énumérer)  ;  tout  ceci  je  l'ai  fait  par  la  grâce 
d'A(h)uramazdâ  ;  A(h)uramazdâ  m'a  prêté  secours  jusqu'à  ce 
que  je  l'aie  eu  fait  »  ;  on  voit  bien  ici  le  contraste  de  akunavam 
exprimant  un  acte  et  de  krtam  exprimant,  par  deux  fois,  ce  qui 
est  fait. 

B.  IV,  46  vasnà  a(h)ura[ma:(dâha  ap]imaiy  aniyasciy  vasaiy 
astiy  krtam  ava  ahyâyà  d\ï\p\iy^Â  naiy  nipistam  avahyarâdiy  naiy 
nipistam  mât[ya  hya  apa\ram  imâm  dipim  patiprsàtiy  avahyà 
paruv  f)ada[yà  tya]  manà  krtam  7îais[im]  ima  vrnavâtaiy  durux- 
tam  maniyâ[taiy]  «  par  la  grâce  d'A(h)uramazdâ  il  y  a  bien 
autre  chose  que  j'ai  accompli;  ce  n'est  pas  écrit  sur  cette  inscrip- 
tion ;  ce  n'est  pas  écrit  pour  cette  raison,  de  peur  que,  qui- 
conque interrogera  plus  tard  cette  inscription,  il  ne  lui  semble 
pas  que  ce  que  j'ai  accompli  est  beaucoup,  qu'il  n'y  croie  pas, 
qu'il  l'estime  menti  ».  Sur  le  astiy  cf.  §  420  ;  on  voit  que  nipis- 
tam se  comporte  tout  comme  krtam,  dont  il  y  a  ici  deux  exem- 
ples dans  des  phrases  différentes.  L'adjectif  en  -ta-  duruxtam 
est  une  sorte  de  prédicat  à  l'accusatif  (neutre)  dépendant  de 
maniyàtaiy  (cf.  l'adjectif  en  -ta-  apposé  à  un  verbe,  §  216). 

B.  IV,  5o  tyaiy  paruvà  xsâyab[iyâ  y]âtâ  aha  avaisâm 
ava<CB^â  naiy  astiy  krtam  ya^à  manà  va[snâ]  a(h)urama:^dàha 
hamahyàyà  ^arda  krtam  «  les  rois  d'autrefois,  aussi  longtemps 
qu'ils  l'ont  été,  il  n'y  a  pas  eu  autant  de  fait  par  eux  que  moi 
je  n'ai  accompli  en  une  seule  et  même  année  grâce  à  A(h)ura- 
mazdâ  ». 

Xerxès,  Pers.  b.  28  tya  manà  krtam  idâ  utà  tyamaiy  apataram 


§  214]  FORMES  NON  PERSONNELLES  ill 

krtam  ava  visam  vasnâ  a(h)urama:(dâha  akunavam  màm  a(h)ura- 
ma^dà  pâtuv  hadâ  bagaibis  utâmaiy  xsaçam  utâ  tyamaiy  krtam 
«  ce  que  moi  j'ai  accompli  ici  et  ce  que  j'ai  fait  ailleurs,  je  l'ai 
fait  par  la  grâce  d'A(h)uramazdâ  ;  qu'A(h)uramazdâ  avec  les 
dieux  protège  moi  et  mon  royaume  et  ce  que  j'ai  accompli  ». 

B.  I,  3o  pasàva  ka(n)b[ujiya  a\vam  bardiyam  avàja  yaf)â 
ka(n)hu]iya  bardiyam  avàja  kârahy[d  naiy]  a:(dâ  abava  tya  bar- 
diya  avajata  «  ensuite  Cambyse  a  tué  ce  Smerdis  ;  quand  Cam- 
byse  a  eu  tué  ce  Smerdis,  l'armée  n'a  pas  eu  connaissance  de 
ce  que  Smerdis  avait  été  tué  ».  Le  contraste  de  la  forme 
personnelle  avàja,  qui  indique  une  action,  et  de  l'adjectif  ver- 
bal avajata,  qui  indique  l'état  de  choses  réalisé,  est  frappant  ; 
la  valeur  des  deux  formes  est  ici  très  nette. 

Dar.  Pers.  e.  21  imam  pârsam  kàram  pàdiy  yadiy  kâra  par  sa 
pâta  ahatiy  hyà  duvais[ta]m  siyàtis  axsatà  «  protège  cette  armée 
perse  ;  si  l'armée  perse  est  protégée,  longue  prospérité  est  éta- 
blie ».  Ici  le  verbe  «  être  »  est  exprimé  au  subjonctif  ahatiy 
près  de  pàta,  et  l'adjectif  en  -ta-,  avec  a-  négatif,  a-xsata  «  non 
endommagé  »  est  le  prédicat  d'une  phrase  nominale  sans 
copule. 

B.  I,  61  xsaçam  tya  hacà  amâxam  tau(x)màyà  paràbrtam 
aha  adam  patipadam  akunavam  «  la  royauté  qui  nous  avait  été 
enlevée,  moi,  je  l'ai  rétablie  »  ;  ici  le  verbe  «  être  »  étant  au 
passé,  aha  a  été  exprimé  ;  le  contraste  de  paràbrtam  aha  expri- 
mant l'état  établi  et  de  akunavam  exprimant  l'acte  est  net.  — 
Plus  loin  on  a  simplement  :  B.  I,  67  ada?n  tya  paràb[rta]m 
patiyàbaram  «  j'ai  rapporté  ce  qui  était  enlevé  ». 

B.  II,  1%  f'^ratarta  se  trouve  dans  une  phrase  analogue  à  celles 
qu'on  vient  de  citer,  mais  qui  est  peu  claire,  et  qu'il  suffira  de 
signaler. 

En  somme,  le  parfait  est  exprimé  en  perse  par  une  forme 
nominale  du  verbe,  et  le  tour  est  de  type  passif.  D'anciens 
types  passifs  indo-iraniens,  aoriste  en  -/  (v.  §  207),  présent  en 


112  FORMES  VERBALES  [§  214-218 

-ya-(y.  §  196)  ou  simplement  formes  à  désinences  moyennes 
(v.  §  235),  ont  servi  de  modèles. 

§  21 5.  Un  autre  tour  remarquable  est  celui  où  le  verbe  kar- 

sert  d'auxiliaire:    B.  I,  48  naiy  aha  martiya  hya  avant 

gaumâtam  tyam  magum  xsaçam  ditam  caxriyâ  «  il  n'y  avait  pas 

d'homme  qui  puisse  enlever  la  royauté  à  ce  Gaumâta  le 

mage  ». 

L'emploi  de  l'adjectif  en  -ta-  avec  valeur  verbale  n'est  pas 
chose  isolée  ;  les  noms  d'agent  en  -tar-  ont  aussi  un  caractère 
verbal  prononcé  (v.  §  277). 

§  216.  Dans  certains  cas,  l'adjectif  en  -ta-  est  apposé  à  un 
verbe  ;  on  a  ainsi  : 

B.  I,  82  hauv  aç[i]na  basta  anayata  a[biy  m]âm  «  cet  Açina 
m'a  été  amené  lié  »  ;  basta  se  trouve  dans  des  phrases  analogues 
B.  II,  75  et  90  ;  à  l'accusatif  on  a  sans  doute  B.  V,  26 
[utâsim  ba]sta[m  anaya  a]biy  màm  «  et  il  me  l'a  amené  lié  m. 

B.  II,  73  fyavrtis  agrbi[ta]  anayata  abiy  màm  «  Phraorte 
m'a  été  amené  prisonnier  ». 

§  217.  Enfin  l'adjectif  en  -ta-  est  souvent  un  simple  adjectif: 
ràsta  «  droit  »,  gasta  «  dégoûtant  »,  (h)u-frasta  (composé) 
«  bien  interrogé,  bien  puni  »,  (Jj)u^brta  «  bien  estimé  », 
a-xsata  «  non  endommagé  ». 

III.  Flexion  des  formes  personnelles. 

§  218.  Les  formes  citées  dans  l'étude  des  thèmes  ont  montré 
déjà  que  le  perse  possédait  encore  tous  les  types  de  désinences 
indo-européennes  :  désinences  primaires  telles  que  i"^"  pers.  sg. 
-miy  au  présent  de  l'indicatif  et  au  subjonctif,  désinences  secon- 
daires telles  que  i""^  pers.  sg.  -m  au  prétérit,  à  l'injonctif  et  à 
l'optatif,  désinences  spéciales  à  l'impératif.  La  distinction  des  dé- 
sinences actives  et  moyennes  est  maintenue  avec  toute  sa  valeur. 


§  219  220]  FLEXION  PERSONNELLE  113 

§  219.  Quant  aux  alternances  vocaliques  prédésinentielles, 
on  en  sait  peu  de  chose.  Dans  le  type  athématique,  on  a  celles 
de  la  racine  ah-  et  de  la  racine  ai-  (v.  ci-dessus  §  i84)  et  on  a 
-nau-  et  -nu-  (§  188)  ;  dans  le  reste  rien  n'est  attesté  ni  pour 
ni  contre.  Dans  le  type  thématique,  on  a  partout  -à-,  sauf  aux 
i'"*'^  personnes  primaires  du  singulier  en  -â-miy,  et  à  toutes  les 
i''*'^  personnes  actives  en  -â-mah{i)y,  -â-mâ.  En  somme,  l'état  de 
choses  ancien  est  conservé  dans  la  mesure  oii  Ton  a  des  formes  ; 
mais  très  peu  de  formes  instructives  sont  attestées. 

Les  formes  verbales  sont  toutes  écrites  comme  mots  séparés  ; 
amiy  «  je  suis  » ,  ah{t)y  «  tu  es  »  sont  précédés  de  la  marque 
de  séparation  de  mots  là  même  où  ils  sont  le  plus  nettement 
de  simples  mots  accessoires,  comme  B.  I,  89  ;  sans  rien  ensei- 
gner sur  la  place  de  l'accent,  ceci  prouve  au  moins  que  amiy, 
ah(i)y  n'étaient  pas  enclitiques  (cf.  en  effet  §  i49). 

A.  Indicatif  présent. 
§  220.  a.  Formes  actives. 

Singulier. 

i'*  pers.  -miy  (skr.  -mi,  zd  -mi)  am'iy,  amiy  «  je  suis  » 
(skr.  asmi ',  cf.  §  i33)  —  et  vinam'iy,  vainâmiy  «  je  vois  » 
(skr.  venâmi);  daryam'iy  «  je  tiens  »  (skr.  dhârayàmi). 

2^  pers.  ah  y,  ah(i)y  «  tu  es  »  (skr.  a  si). 

3^  pers.  -tiy  (skr.  -ti,  zd  -ti)  :  astiy,  astiy  «  il  est  »  (skr. 
asti);  ai  tiy,  aitiy  «  il  va  »  (skr.  eti);  k^uîtutiy,  kunautiy 
«  il  fait  »  (skr.  kpioti)  —  ^atiy ,  %âtiy  «  il  proclame  »  (skr. 
çamsati);  trsatiy,  trsatiy  «  il  a  peur  ». 

Pluriel. 

i""^  pers.  -mah(i)y  (véd.  -masi,  zd  -mahi)  :  amhy ,  amah(i)y 
«  nous  sommes  »  (cf.  véd.  smasi,  cf.  §  i33)  —  Bhyamhy, 
^ahyàmah(i)y   «  nous  nous  appelons  ».  —  La  forme  amah{i)y 


H4  FORMES  VERBALES  [§  220-222 

«  nous  sommes  »  ne  concorde  pas  pour  le  vocalisme  avec 
skr.  smasi,  smah  ;  mais  le  contraste  entre  la  2*  et  la  3^  personne 
du  pluriel  qu'on  a  dans  amah(i)y,  ha(n)tiy  se  retrouve  dans  v. 
si.  jesmû,  sçtû  et  dans  gr.  £i[;.£v  (de  *esmeit),  ebt  (de  * s-enti). 

2^  pers.  :  non  attestée. 

3^  pers.  dans  le  type  athématique,  -aÇn)tiy  (cf.  skr.  -anti,  zd 
-mti)  :  htiy,  ha(n)tiy  «  ils  sont  »  (skr.  santi).  Les  formes  où 
dans  le  type  athématique  on  pourrait  attendre  *-atiy  ne  sont  pas 
représentées  dans  les  textes.  La  distinction  entre  -atiy  et  -antiy 
ne  serait  du  reste  pas  notée.  —  Dans  le  type  thématique,  -ntiy 
(cf.  skr.  -nti,  zd  -ntî)  :  hrtiy,  haraQi)tiy  «  ils  portent  »  (skr. 
bharantt);  vi7itiy,  vaina(n)tiyjXeTx.  Pers.  a.  16  «  ils  voient, 
on  voit  »  (skr.  venanti).  —  La  nasale  qui  précède  le  /  n'étant 
pas  écrite,  cette  désinence  ne  se  distingue  pas  graphiquement 
de  celle  de  la  3"  personne  du  singulier  ;  seul  le  sens  avertit  s'il 
faut  lire  haratiy  ou  bara(n)tiy. 

§  221.  b.  Formes  moyennes. 

La  seule  forme  qu'on  possède  est  celle  de  la  3*  personne  du 
singulier  -taiy  (skr.  -te,  zd  -/g),  qui  ne  se  distingue  pas  graphi- 
quement de  la  forme  active  -tiy  ;  dans  les  deux  cas,  la  notation 
est  -tiy.  Si  on  a  lu  -tiy  dans  les  exemples  cités  ci-dessus  §220, 
c'est  d'après  d'autres  formes  sûrement  actives  ;  et,  si  on  lit  -taiy 
dans  gubtiy,  gaubataiy  «  il  dit  »  et  hmtxstiy,  hamtaxsataiy 
«  il  réalise  »,  c'est  parce  que  les  autres  formes  de  ces  deux 
thèmes  sont  toutes  moyennes  :  agubta,  agaubata  «  il  a  dit  »  et 
agauba(n)tâ  «  ils  ont  dit  »  ;  hmixsiy ,  hamataxsaiy  «  j'ai 
réalisé  »,  hmtxsta,  hamataxsatà  «  il  a  réalisé  »  et  hama- 
taxsa(n)tà  «  ils  ont  réalisé  ». 

B.  Formes  de  l'indicatif  à  désinences  secondaires 
(imparfait  et  aoriste). 

§  222.   Rôle  de  l'augment. 

L'augment  est  de  la  forme  a-  devant  une  consonne  initiale. 


§  222-223]  FLEXION  PERSONNELLE  liS 

Dans  les  verbes  à  voyelle  initiale,  on  attend  à-,  comme  en  sans- 
krit ;  mais,  comme  ^  et  a  ne  sont  pas  distingués  à  l'initiale 
par  la  graphie,  rien  n'indique  la  présence  de  l'augment  dans 
une  forme  telle  que  ahm,  aham  «  j'étais  ».  L'augment  tem- 
porel n'est  reconnaissable  que  là  où  il  y  a  préverbe,  comme 
dans  nijaym,  nij-âyam  «  je  suis  parti  ».  Le  prétérit  de  i- 
«  aller  »  a  ai-  initial  ;  la  forme  isolée  ais ,  aisa  «  ils  sont  allés  » 
est  ambiguë  ;  mais  on  a  une  forme  à  augment  clairement  in- 
diqué dans  ptiyais ,  paiiy-àisa  (y.  §  228,  p.  1 18). 

Les  formes  à  désinences  secondaires  ont  deux  emplois  sui- 
vant qu'elles  sont  ou  non  précédées  de  l'augment. 

Précédées  de  l'augment,  ces  formes  expriment  le  passé  ;  en 
ce  sens,  l'emploi  de  l'augment  est  constant  en  perse,  par  oppo- 
sition à  l'Avesta  oii  l'augment  n'est  à  peu  près  pas  employé  et 
au  Véda  où  il  est  facultatif. 

Sans  augment,  ces  mêmes  formes  servent  à  exprimer,  avec  la 
négation  ma,  la  prohibition  ;  c'est  l'emploi  indo-iranien  connu 
sous  le  nom  àHnjonctif. 

§  228.  a.  Formes  actives.. 

Singulier. 

i"""  pers.  -m  (skr.  -m,  zd  -w).  Type  thématique  :  pré- 
térit avec  augment,  anym,  anayam  «  j'ai  conduit  »  (skr, 
anayam)  ;  arsm,  arasam  «  je  suis  venu  »  ;  ahrm,  aharam  «  j'ai 
porté  »  (skr.  abharam);  ahvm,  abavam  «  je  suis  devenu  » 
(skr.  ahhavam^  ;  aprsm,  aprsam  «  j'ai  interrogé  »  (skr. 
aprccham)  ;  asiyvm,  asiyavam  «  je  me  suis  mis  en  mouve- 
ment »  (skr.  acyavam) ',  a^hm,  a^a(n)ham  «  j'ai  proclamé  » 
(skr.  açamsam)]  fr  ah]  m ,  f^'ràhajam  «j'ai  pendu  »  (Jra-  -\-  aha- 
jam^  ;  avastaym,  avâstâyam  «  j'ai  établi  »  (ava  -\-  astâyam)  ; 
fraisym,  frâisayam  «  j'ai  envoyé  »  Çfra  -\-  âisayam,  cf.  skr. 
aisayam)\  niysadym,  niyasàdayam  «j'ai  établi  »  (ni-j-'^ahd- 
dayam,  d'après  * ni-sàdayatiy  ;  cf.  skr.  asàdayam^.  Injonctif  ma 


116  FORMES  VERBALES  [§  223 

[tr]sm,  ma  [tr]sam  «  je  ne  vais  pas  craindre  »  Dar.  Pers.  e.  21. 
—  Dans  le  type  athcma tique,  la  désinence  se  présente  sous  la 
forme  -am  (skr.  -aw^  zd  -9m)  :  ah  m,  aham  «  j'étais  »  (lire 
àham,  d'après  skr.  âsam)  ;  -àyam  «  je  suis  venu  »  (skr.  âyam) 
dans  nîjaym,  nijàyam  «  je  suis  parti  »  (nij  -\-âyam),  [u]paym, 
upâyam  «  je  suis  arrivé  »  (upa  -\-  àyam)  ;  ajnm,  ajanam  «  j'ai 
frappé  »  (skr.  ahanam)',  ak^unvm,  akunavam  «  j'ai  fait  » 
(skr.  akrnavam),  ce  dernier  avec  le  vocalisme  prédésinentiel  a 
bien  net.  On  a  aussi  -am  à  l'aoriste  en  -s  :  niypism,  niyapai- 
sam  «  j'ai  écrit  »  (ni  -\-  apaisam).  La  finale  -am  a  même  été 
étendue  k  adHnm,  adinam  «  j'ai  enlevé  »  (en  face  de  skr.  aji- 
nâm)j  tandis  que  la  3^  personne  adHna,  adinà  garde  l'an- 
cien -à. 

2*  pers.  La  finale  ancienne  était  *-^  (skr.  -h).  Dans  le  type 
thématique,  on  a  donc  un  ancien  *-as,  représenté  par  la  finale 
-a  simplement.  Les  seules  formes  attestées  sont  des  formes  d'in- 
jonctif  :  ma  apgudy,  ma  apagaudaya  «  ne  cache  pas  »  ;  ma 
sthv,  ma  stahava  «  ne  te  révolte  pas  »  ;  ma  avrd,  ma  avarada 
«  ne  laisse  pas  ». 

3^  pers.  La  désinence  indo-iranienne  était  une  dentale,  repré- 
sentée par  skr.  -tj-d,  zd  -t.  La  trace  de  cette  désinence  est  mar- 
quée en  perse  par  la  forme  de  la  finale  dans  le  type  thématique 
'^-a-t  (skr.  -at,  zd  -at).  à  savoir  -a.  —  Les  formes  athématiques 
attestées  sont,  parmi  les  racines  en  -an-  :  aj ,  aja  «  il  a  frappé  » 
(skr.  ahan)  ;  vHyh,  viyaka  «  il  a  détruit  »  (yi-\-aka)  ;  et  parmi 
les  thèmes  terminés  par  -à-  :  imparfait  adda,  adadâ  et  aor. 
ada^  adâ  «  il  a  créé  »  (sur  la  nuance  de  sens,  v.  §  237)  ;  im- 
parf.  a  dan  a,  adànâ  «  il  connaissait  »  (skr.  ajànât)  et  adHna, 
adinà  «  il  a  enlevé  »  (skr.  ajinàt).  Les  thèmes  terminés  par  -i- 
et  -u-  off^rent  -s  ;  il  s'agit  évidemment  d'un  ancien  *-st  ;  le  s  est 
emprunté  à  l'aoriste  en  -s-  (v.  §  206)  ;  on  a  :  ais^  ais  «  il  est  allé  » 
(lire  àis,  d'après  la  forme  à  préverbe  :  atiyais ,  atiyàis  «  il  est 
passé  »,  de  ati  H-  àis)  ;  ak^unus,  akunaus  «  il  a  fait  »  ;  adrs- 


§  223]  FLEXION  PERSONNELLE  ii7 

nus ,  adrsnaus  «  il  osait  »  ;  la  même  notation  -i  se  lit  -^a  au  plu- 
riel. —  Le  type  thématique  est  fréquent  :  abr,  ahara  «  il  a  porté  » 
(skr.  ahharat)  ;  ahv,  ahava  «  il  est  devenu  »  (skr.  abhavaf); 
any ,  anaya  «  il  a  conduit  »  (skr.  anayat);  a^h,  a^a(n)ha  «  il 
a  proclamé,  ordonné  »  (skr.  açamsat)  ;  asiyv,  asiyava  «  il  s'est 
mis  en  mouvement  »  (skr.  acyavat)  ;  avin,  avaina  «  il  a  vu  » 
(skr.  avenat)  ;  am"u^,  amuBa  «  il  est  parti  »  ;  atrs,  atrsa  «  il 
a  eu  peur  y)]  prars,  par  arasa  «  il  est  venu  »  (^para  -\-  arasa)  ; 
adary ,  adàraya  «  il  a  tenu  »  (skr.  adhàrayat)  ;  agrbay ,  agr- 
bâya  «  il  a  saisi  »  (skr.  ag^bbàyat);  fraisy,  frâisaya  «il  a  en- 
voyé »  Çfra -{- àisaya,  cf.  skr.  aisayaf)',  amany,  amânaya  «  il 
a  attendu  »  ;  ad^ur^ujiy ,  adurujiya  «  il  a  menti  »  ;  niystay, 
niyastâya  «  il  a  établi  »  (wf  -f-  astâya,  d'après  *ni-stâya-).  — 
Injonctif  du  type  thématique  :  ma  ^dy ,  ma  ^adaya  «  qu'il  ne 
semble  pas  »  NR  a.  58.  —  La  forme  ah ,  aha  (à  lire  âha)  «  il 
était  »  est  à  part  :  c'est  une  ancienne  forme  de  parfait,  compa- 
rable à  skr.  àsa,  zd  ânha,  avec  addition  de  *-^  de  3^  personne 
du  singulier  ;  l'ancien  imparfait  *  âst  n'est  pas  représenté  en 

perse. 

Pluriel. 

i*"^  pers.  -ma  (cf.  véd.  -ma,  zd  -ma)  :  aoriste  athématique 
ak"uma,  akumâ  «  nous  avons  fait  »  (cf.  skr.  akrma),  avec 
un  vocalisme  radical  zéro  qui  serait  plus  intéressant  si  l'on 
avait  le  singulier  correspondant  ;  imparfait  thématique  : 
v'ytryama,  viyatarayâmâ  «  nous  avons  traversé  »  (vi  -f- 
atarayâmâ  ;  cf.  skr.  atàrayàma). 

2**  pers.  :  pas  d'exemple. 

3"  pers.  On  a  l'ancienne  désinence  athématique  *-ant  (skr. 
-an)  dans  ajn,  ajana  «  ils  ont  frappé  »  (cf.  aja  «  il  a  frappé  »), 
forme  pareille  à  skr.  ahanan,  dans  l'imparfait  ak"unv,  akunava 
«  ils  ont  fait  »  (avec  vocalisme  prédésinentiel  a  contraire  à  la 
règle  ancienne  ;  cf.  le  sing.  akunaus),  et  sans  doute  dans  ah, 
aha  (à  lire  àha)  «  ils  étaient  »,  forme  pareille  à  skr.  âsan.  Les 


H8  FORMES  VERBALES  [§  223 

formes  où  la  désinence  du  type  athématique  était  *-at  ne  sont 
pas  représentées,  sauf  peut-être  dans  la  finale  -ha,  -sa,  qui  pro- 
vient de  l'aoriste  en  -s-,  cf.  zd  stânhat  ;  on  a  ainsi  v.  p.  -àisa 
«  ils  sont  allés  »  (B.  I,  i3). 

Dans  le  type  thématique,  la  désinence  *-nt  s'ajoute  à  V-a- 
du  thème,  et  l'on  a  ainsi  indo-iranien  *-ant  (skr.  -an)^  repré- 
senté en  perse  par  -a  ;  la  forme  ne  se  distingue  donc  pas 
graphiquement  de  celle  du  singulier  :  abr,  ahara  «  ils  ont 
porté  »  (skr.  ahharan)  Dar.  Pers.  e  9-10;  ahv,  ahava  «  ils 
sont  devenus  »  (skr.  abhavan)  B.  I,  76  ;  II,  7  et  98  ;  III,  78; 
IV,  34  (il  n'y  a  pas  de  forme  concurrente  pour  ce  verbe)  ; 
atrs,  atrsa  Dar.  Pers.  e  9  (à  côté  de  ahard)  «  ils  ont  eu  peur  »  ; 
agrbay y  agrbâya  B.  II,  i3  «  ils  ont  saisi  ».  La  confusion  des 
3*'  personnes  du  singulier  et  du  pluriel  paraît  avoir  existé  dans 
la  prononciation  comme  dans  la  graphie  ;  car  on  a  cherché  à  y 
échapper  de  diverses  manières,  à  savoir  en  employant  la  forme 
moyenne,  par  exemple  abara{n)tâ  au  lieu  de  abara,  sans  que 
le  sens  ait  rien  de  moyen,  ou  bien  en  ajoutant  une  finale  *-sat 
d'aoriste  en  -s-  sous  la  forme  qu'elle  aurait  après  -a-,  soit  -h-, 
ainsi  abaraha,  ou  sous  celle  qu'elle  aurait  après  -i-,  soit  s,  ainsi 
*abarasa  (non  attesté),  qui  vient  de  formes  telles  que  -àisa. 
La  phrase  citée  ci-dessus  manà  bàjim  abara  «  ils  m'ont  apporté 
tribut  »  Dar.  Pers.  e.  9-10  se  retrouve,  avec  le  moyen  aba- 
ra(n)tâ  B.  I,  19,  et  avec  la  forme  nouvelle  aba[ra]ha  NR.  a.  19. 
D'autre  part,  on  lit  ad''ur"ujiys,  adurujiyasa  «  ils  ont  menti  » 
B.  IV,  34-35  (unique  exemple  de  cette  sorte).  Dans  le  type 
athématique,  la  forme  ahta,  aha(n)tâ  «  ils  étaient  »  remplace 
souvent  aha  dans  B.,  tandis  que,  comme  on  l'a  vu,  abava  est 
la  seule  forme  attestée,  et  l'on  a  même  ayta,  aya(n)tâ  «  ils 
sont  allés  »  Dar.  Sz.  c.  11,  en  regard  de  -ais,  -àisa  (dans 
patiyâisa  «  ils  sont  venus  »  B.  I,  1 3  et  18  (les  deux  passages 
se  complètent  l'un  l'autre).  La  vieille  forme  était  ébranlée, 
mais  se  maintenait  encore,  tandis  qu'on  faisait  des  tentatives 


§  224]  FLEXION  PERSONNELLE  li9 

variées  pour  sortir  de  la  confusion  du  singulier  et  du  pluriel. 
§  224.  b.  Formes  moyennes. 

Singulier. 

i"  pers.  La  désinence  -iy  (cf.  skr.  -/)  du  type  athématique 
est  sans  doute  attestée  une  fois  dans  l'aoriste  en  -s-  adrsiy, 
adrsiy  «  j'ai  tenu  »  ;  toutefois  la  lecture  adrsaiy  est  aussi  pos- 
sible matériellement.  —  La  finale  du  type  thématique  est  en  -aiy 
(skr.  -^);  elle  est  nette  dans  aydiy ,  ayadaiy  «  j'ai  adoré  »  B.  V, 
16  et  32  ;  on  lira  de  même  :  ptiyxsyiy,  patiyaxsayaiy  «  je 
suis  devenu  maître  de  »  (^pati  -\- axsayaiy)  \  hmtxsiy,  hama- 
taxsayaiy  «j'ai  réalisé  »  (ham -\- ataxsayaiy^  ;  h[m]daryi[y], 
hamadârayaiy  «  j'ai  pris  possession  de  »  (ham  -h  adârayaiy). 

2^  pers.  Pas  de  forme  attestée. 

3^  pers.  -ta  (skr.  -ta^  zd  -ta):  type  athématique:  ak'^uta, 
akutâ  «  il  a  fait  (pour  lui)  »  (skr.  akrta);  ptiyjta,  patiyajatà 
■((  il  a  combattu  »  (^pati  -\--  ajatây  skr.  ahata).  Type  théma- 
tique :  agubta,  agaubatâ  «  il  a  dit  »  ;  agrbayta,  agrbâyata 
«  il  a  saisi  (pour  lui)  »  (skr.  agrbhàyata)  ;  hmtxsta,  hama- 
taxsatâ  «  il  a  réalisé  »  ;  anyta,  anayatâ  «  il  a  été  conduit  » 
(skr.  anayata)  ;  udptta,  ndapatatâ  «  il  s'est  soulevé  »  (ud 
-\-  apatatâ  ;  skr.  apatatd)  ;  amriyta,  amariyatâ  «  il  est  mort  » 
(skr.  amriyata)  ;  aysta,  ayasatà  «  il  a  tiré  à  lui  »  (skr.  aya- 
cchata)',  aistta,  a(h)istatà  «  il  s'est  tenu  »  (skr.  atisthata)  ; 
ak"unvyta,  akunavayatà  «  il  a  été  fait  ». 

Pluriel. 

i""^  et  2^  pers.  Pas  de  formes  attestées. 

3^  pers.  La  désinence  est  -ntd  (skr.  -nta)  ;  en  fait  les  formes 
ne  se  distinguent  pas  graphiquement  de  celles  du  singulier  ; 
on  a:  ahta,  aha(n)td  ou  ahatâ  (cf.  -ata  du  type  athématique 
sanskrit)  «  ils  ont  été  »  ;  ayta,  âya(n)tà  ou  âyatâ  «  ils  sont 
allés  ».  Type  thématique  :  agubta,  agauba(n)tâ  «  ils  ont  dit  »  ; 


i20  FORMES  VERBALES  [§  224-226 

akriyta,  akariya(n)tâ  «  ils  ont  été  faits  »  (skr.  akriyantd)  ; 
hmtxsta,  hamataxsa(n)tà  «  ils  ont  réalisé  »  ;  agrhayta, 
agrbàya(n)tâ  «  ils  ont  pris  (pour  eux)  »  (skr.  agrbhàyanta)  ; 
ahrta,  ahara(n)tâ  «  ils  ont  porté  »  (skr.  abharanta  ;  cf.  ci- 
dessus  §  223,  p.   Il8). 

G.  Impératif. 

§  2  25.  L'impératif,  qui  sert  à  exprimer  les  ordres  positifs 
(les  défenses  étant  exprimées  par  l'injonctif,  v.  §  222,  ou  par 
l'optatif,  V.  §  231-282),  a  des  désinences  propres  : 

§  226.  a.  Formes  actives. 

Singulier. 

2^^  pers.  Type  athématique,  désinence  -diy  (cf.  skr.  -dhi, 
-hi,  zd  -dî)  :  jdHy ,  jadiy  «  frappe  »  (skr.  jahi,  zd  jai^f)  ;  pri- 
d'iy,  paraidiy  «  va-t'en  »  {parà-[-  idiy,  cf.  skr.  iht);  pad'iyy 
pâdiy  «  protège  »  (skr.  pàhï).  Type  thématique,  désinence 
zéro  :  jHva,  jivà  «  vis  »  (skr.  jîva)  ;  prsa,  prsâ  «  interroge  » 
(skr.  prcchd)  ;  pribra,  paribarâ  «  conserve  »  (pari  +  barâ  ; 
skr.  bhard). 

3*  pers.  ;  désinence  -tuv  (skr.  -tu,  zd  -tu)  :  pat"uv,  pàtuv 
«  qu'il  protège  »  (skr.  pâiti)  ]  ddafuv,  dadàtuv  «  qu'il 
donne  »  (skr.  dadâtu)  ;  k^unufuv,  kunautuv  «  qu'il  fasse  » 
(skr.  kf'notu)',  nikfuv,  nika(n)tuv  «  qu'il  détruise  »  (m 
-\-kantu);  brfuv,  baratuv  «  qu'il  porte  »  (skr.  bharatu). 

Pluriel. 

2*  pers.  La  désinence  est  en  indo-iranien  la  même  que  la 
désinence  secondaire  ;  elle  n'est  connue  en  perse  que  par 
l'impératif;  c'est  -ta  (skr.  -ta,  zd  -ta):  jta,  jatâ  ou  ja(n)ta 
«  frappez  »  (skr.  hanta)  ;  prit  a,  paraitâ  «  allez- vous-en  » 
(para  H-  itâ  ;  skr.  ita). 


§  227-229]  FLEXION  PERSONNELLE  121 

§  227.  b.  Formes  moyennes. 

Singulier. 

2®  pers.,  désinence  -(x)uvâ  (skr.  -sva,  zd  -hvà):  ptipyuva, 
patipaya(x)uvà  «  garde- toi  »  (^pati  -h  payaxuvà). 

3*  pers.,  désinence  -tàm  (skr.  -tàm):  vrnvtam,  vrnavatàm 

«  qu'il  semble,  qu'on  croie  »  (avec  passage  de  vrnu-  au  type 

thématique). 

D.   Subjonctif. 

§  228.  Le  subjonctif  est  caractérisé  en  indo-iranien  dans 
le  type  athématique  par  une  voyelle  -a-  ou  -â-  (suivant  les 
personnes)  qui  est  attachée  à  la  forme  du  thème  à  vocalisme 
présuffixal  a,  et,  dans  le  type  thématique  par  la  forme  -â-  de  la 
voyelle  thématique  à  toutes  les  personnes  ;  sauf  dans  le  verbe  ah- 
«  être  »,  le  vieux  perse  a  généralisé  le  type  thématique,  à  en 
juger  par  les  trois  exemples  qu'on  possède.  Les  désinences  indo- 
iraniennes étaient,  suivant  le  cas,  du  type  primaire  ou  du  type 
secondaire  ;  le  vieux  perse  ne  présente  que  le  type  primaire, 
sauf  dans  un  exemple  douteux.  Le  type  a  donc  subi  une  nor- 
malisation. Sous  la  forme  caractérisée  par  -à-,  on  sait  que  le 
subjonctif  s'est  maintenu  jusqu'en  pehlvi. 

§  229.  a.  Formes  actives. 

Les  formes  athématiques  conservées  sont  ahy,  ah(i)y  à  la 
2*^  personne  du  singulier,  B.  IV,  87,  68  et  87,  sûrement  sub- 
jonctif, à  en  juger  par  la  comparaison  avec  la  phrase  parallèle 
B.  IV,  70  (sur  la  forme  cf.  §  i3/4)  ;  ahtiy ,  ahatiy  à  la  S*'  per- 
sonne du  singulier,  cf.  véd.  asati. 

On  a  la  forme  thématique  aux  deux  mêmes  personnes  du  sin- 
gulier : 

2*^  pers.  -âh(i)y  (cf.  véd.  -âsl)  :  vinahy ,  vainàh(i)y  «  que  tu 
voies  »  ;  prihrahy ,  paribaràh(t)y  «  que  tu  conserves  »  (^pari 
-\- barâhiy^  ;  ptiprsahy ,  patiprsàh{i)y  «  que  tu  interroges  » 
(^pati  -\-  prsâhiy)  ;    apgudyahy ,    apagaiidayâh(i)y    «   que   tu 


122  FORMÉS  VERBALES  [§  229-231 

caches  )>  (apa  -\-  gaudayàhiy)\  [druj]iyahy,  [dyauj]iyâh(i)y 
«  que  tu  tiennes  pour  un  mensonge  ».  —  Ce  type  a  été  em- 
prunté dans  le  type  athématique  :  k^unvahy,  kunavâh(i)y 
«  que  tu  fasses  »  et  vHknahy,  vikanâh(t)y  «  que  tu  détruises  » 
(cf.  sur  ces  deux  thèmes  §  i86). 

3*  pers.  -àtiy  (cf.  véd.  -àti):  ptiprsatiy ,  patiprsàtiy  «  qu'il 
interroge  »  Çpati  ~h prsâti)  ;  nirsatiy,  nirasâtiy  «  qu'il  des- 
cende »  (ni  -f-  rasâîiy).  —  Il  faut  peut-être  restituer  une  forme 
à  désinence  secondaire  *-/_,  dans  ^ada[  ]  B.  IV,  49,  où  l'on 
est  tenté  de  lire  ^adayà  «  qu'il  semble  ». 

§  i?to.  h.  Formes  moyennes. 

On  n'a  que  des  formes  du  type  thématique. 

Singulier.  —  i*"^  pers.  La  forme  fi  d  y  ami  y,  Oadayâmaiy  se 
trouve  dans  une  inscription  mutilée  Dar.  Suse  a  5  ;  on  n'en 
saurait  déterminer  la  valeur. 

2^  pers.  Le  thème  manya-  n'admettant  en  indo-iranien  que 
les  désinences  moyennes,  on  lira  mniyahy ,  maniyàha(i)y  «  que 
tu  penses  »,  bien  que  la  finale  -hy  puisse  aussi  bien  se  YivQ-h(i)y  ; 
cf.  véd.  -àse. 

3*^  pers.  -àtaiy  (véd.  -âtè)  ;  la  graphie  ne  distingue  pas  entre 
-àtiy  et  -àtaiy,  et  c'est  seulement  d'après  d'autres  formes  des 
mêmes  thèmes  qu'on  lira  ici  -taiy  dans  :  mniyatiy,  maniyàtaiy 
«  qu'il  pense  »  ;  ydatiy,  yadàtaiy  «  qu'il  adore  »  ;  gubtiy, 
gauhàtaiy  «  qu'il  dise  »  (exemple  embarrassant  pour  le  sens  ; 
V.  §  2^2  et  §  438).  —  La  forme  en  -àtaiy  du  type  thématique  a 
été  étendue  au  type  athématique  dans  vrftvatiy,  vrnavàtaiy 
«  qu'il  semble,  qu'on  croie  »,  cf.  vrnavatâm  (§  227). 

E.  Optatif. 

§  23 1.  L'optatif,  qui  n'a  pas  survécu  en  pehlvi,  n'est  repré- 
senté sur  les  inscriptions  que  par  de  rares  exemples.  On  n'a  de 
formes  que  pour  l'actif  et  qu'au  singulier.  Les  désinences  sont 
du  type  secondaire. 


§  231-234]  VALEUR  DES  FORMES  PERSONNELLES  123 

Le  type  athématique  est  en  -iyà-  (skr.  -yà-j  zd  -yà-)  :  3*  pers. 
-iyâ  (cf.  skr.  -yât)  :  avajniya,  avàjaniyà  «  il  pourrait  tuer  » 
B.  I,  5i  et  52  (ava  -\-  à  -\-  janiyà,  cf.  skr.  hanyât);  cxriya, 
caxriyâ  «  il  pourrait  faire  »  B.  I,  5o  (optatif  du  parfait)  ;  ma 
ajmiya,  ma  ajamiyà  «  que  ne  vienne  pas  »  (à  -\-  jamiyâ)  Dar. 
Pers.  d.  ig. 

§  282.  La  forme  isolée  biya,  hiyà  «  qu'il  soit  »,  de  la  racine 
qui  est  représentée  du  reste  par  abavam  «  je  suis  devenu  »  et 
ahava  «  il  est  devenu,  ils  sont  devenus  »,  se  lit  B.  IV,  56, 
58,  59,  74,  75,  78,  79,  dans  une  série  parallèle  de  vœux,  posi- 
tifs ou  négatifs  (ces  derniers  avec  mà^  ;  on  a  l'impression  que 
biyàj  qui  est  isolé  de  bava-  par  la  forme,  tient,  en  partie  au 
moins,  la  place  d'un  impératif  de  la  racine  ah-  (cf.  §  244),  et 
sert  d'optatif  à  cette  même  racine  ah-j  dont  ni  un  impératif, 
ni  un  optatif  ne  sont  attestés. 

La  2^  pers.  biyà  a  été  restituée  avec  grande  vraisemblance 
B.  IV,  69  aviy  ma  dusta  [biy\a,  avaiy  ma  daustâ  biyà  «  ne 
leur  sois  pas  ami  ». 

§  233.  Dans  l'inscription  très  mutilée  NR.b.  20  et  21,  on 
lit  vHna^yis,  qu'on  est  tenté  de  lire  vinà^ayais  et  qui  repré- 
senterait la  2^  personne  du  singulier  de  l'optatif  thématique  ; 
cf.  skr.  -eh,  zd  -ôis  ;  mais,  le  mot  étant  isolé  les  deux  fois,  on 
ne  saurait  rien  affirmer. 

Il  est  possible  que  la  fin  du  mot  mutilé  B.  IV,  44  ...  rtiyiy 
soit  à  lire  ...  rtiyaiya  et  qu'on  ait  ici  une  i''*'  personne  du  singu- 
lier de  l'optatif  moyen,  cf.  skr.  -eya  ;  peut-être  pourrait-on  lire 
\^fyava\rtiyaiya  «  je  déclarerais  ». 

IV.  Valeur  des  formes  personnelles. 

A.  Indication  de  la  personne. 

§  234.  Les  formes  personnelles  du  verbe  suffisent  à  indi- 
quer la  personne;  un  pronom  au  nominatif  n'est  ajouté  que 


124  FORMES  VERBALES  [§  234-235 

comme  apposition  au  verbe,  pour  insister.  Le  vayam  qui  figure 
B.  I,  7  =  B.  a.  lo  ou  B.  I,  lo  ==  B.  a.  17  sert  à  bien  marquer  : 
«  c'est  nous  qui  sommes  les  Acbéménides  »  ;  adam  dans  adam 
xsàya^iya  aniiy  B.  I,  12  souligne  :  «  c'est  moi  qui  suis  le 
roi  ».  Dans  B.  I,  89  =  B.  b.  4  adam  Bardiya  amiy  «  c'est 
moi  qui  suis  Bardiya  »,  adam  est  le  mot  essentiel,  celui  sur 
lequel  insiste  le  faux  Bardiya. 

La  3*^  personne  du  pluriel  peut  servir  à  exprimer  l'idée  de 
«  on  »,  ainsi  Xerxès  Pers.  a.  i5  tyapatiy  krtam  vaina(n)tiy  nai- 
bam  ava  visam  vasnà  A(h)urama^dàha  akumà  «  ce  que  l'on  voit 
de  beau,  tout  cela  nous  l'avons  fait  par  la  grâce  d'Ahura- 
mazdâ  ». 

La  i'^"  personne  du  pluriel  akumà,  qu'on  vient  de  lire  dans 
cette  inscription  de  Xerxès,  s'applique  à  deux  personnes  :  Darius 
et  Xerxès  ;  elle  indiquerait  par  suite  l'inexistence  du  duel  à  la 
i""*  personne  du  pluriel  des  verbes. 

B.  Désinences  moyennes. 

§  235.  Abstraction  faite  des  quelques  cas  où  des  désinences 
moyennes  de  3^  personne  du  pluriel  ont  été  substituées  à  des 
désinences  actives  trop  peu  claires  (§  223),  les  désinences 
moyennes  ont  conservé  en  perse  toute  leur  valeur.  Il  y  a  des 
exemples  très  significatifs  : 

B.  I,  46  pasâva  gaumâta  hya  magus  adinà  ka(n)bujiyam 
utà  pàrsam  utâ  mâdam  utâ  aniyà  dahyàva  hauv  ayasatâ  (x)uvài- 
pasiyam  akutà  «  ensuite  Gaumâta  le  mage  a  enlevé  à  Cambyse 
et  la  Perse  et  la  Médie  et  les  autres  provinces  ;  il  les  a  tirées  (à 
lui)  ;  il  en  a  fait  (pour  lui)  sa  propriété».  On  voit  la  forte  valeur 
de  ayasatâ  et  de  akutà. 

B.  I,  4i  xsaçam  hauv  agrhàyatà  «  il  a  pris  (pour  lui)  la 
royauté  »;  de  même  B.  I,  43  et  81;  III,  83.  Au  sens  de 
«  faire  prisonnier  (pour  le  roi)  »,  on  a  l'actif,  ainsi  B.  II,  88 
ciça{n)taxmam  agrhàya  «  il  a  pris  Ciçantaxma  ». 


§  235-236]  VALEUR  DES  FORMES  PERSONNELLES  125 

B.  I,  25  a(h)urama:(dâmaiy  upastâm  abara  yâtâ  ima  xsaçam 
ha[ma]dârayai[y]  vasnâ  a{F)urama:(dâha  ima  xsaçam  dàrayâmiy 
«  Ahuramazdâ  m'a  aidé  jusqu'au  moment  où  j'ai  pris  (pour 
moi)  cette  royauté.  Par  la  grâce  d'Ahuramazdâ  je  tiens  cette 
royauté  ».  Le  contraste  entre  hamadârayaiy  «  j'ai  pris  pour 
moi  »  et  dàrayâmiy  «  je  tiens  »  est  net.  —  Le  sens  moyen  est 
aussi  clair  dans  Dar.  Pers.  e  7  imâ  dahyàva  tyâ  adam  adrsiy 
«  voici  les  provinces  que  moi  j'ai  prises  (en  ma  possession)  »  ; 
Darius  insiste  sur  sa  prise  de  possession  à  la  fois  par  adam 
«  moi  »  et  par  la  désinence  moyenne. 

Les  désinences  moyennes  se  trouvent  au  passif,  dans  akuna- 
vayatà  «  il  a  été  fait  » ,  akariya(n)tâ  «  ils  ont  été  faits  »  ;  ce  qui 
est  exprimé  par  le  tour  passif  B.  I,  20  [tya]sâm  hacâma  a^ah(t)y 
...  ava  akunavayatâ  «  ce  qui  leur  a  été  ordonné  par  moi,  ...  ceci 
a  été  fait  »  l'est  par  l'actif  dans  NR.  a  20  tyasâm  hacâma 
a^ah(i)y  ava  \a\kunava  «  ce  qui  leur  a  été  ordonné  par  moi, 
ceci  ils  l'ont  fait  ».  C'est  la  désinence  moyenne  qui,  à  elle  seule, 
exprime  le  passif  dans  anayaiâ  «  il  a  été  conduit  »  en  regard 
de  anaya  «  il  a  conduit  »  ;  cette  racine  se  prêtait  mal  à  l'em- 
ploi du  suffixe  de  présent  passif  -y a-  (v.  §  196). 

L'emploi  des  désinences  moyennes  dans  a(h)istatâ  «  il  s'est 
tenu  »  et  dams  patiyaxsayai  «je  me  suis  rendu  maître  de  »  n'a 
rien  que  de  naturel. 

La  valeur  moyenne  de patiyajatâ  «  il  a  combattu  »  NR.  a.  ^7 
n'est  pas  claire  ;  mais  il  est  malaisé  de  discuter  le  passage,  où 
le  mot  partaram  est  obscur. 

§  236.  Quelques  thèmes  n'offrent  que  des  désinences  moyennes 
dans  les  inscriptions.  Pour  certains,  cela  est  sans  doute  fortuit  : 
skr.  yajàmi  signifie  «  je  fais  un  acte  de  culte  pour  autrui  »,  et 
yaje  «  je  fais  un  acte  de  culte  pour  moi  »  ;  or,  sur  les  inscrip- 
tions perses,  on  ne  trouve  que  ayadaiy  «  j'ai  adoré  (pour  moi)  »  ; 
ceci  n'indique  pas  que  la  flexion  active  de  yada-  n'ait  pas  existé 
aussi.  La  désinence  moyenne  de  amariyatà  «  il  est  mort  »  tient 


12Ô  FORMES  VERBALES  [§  236-237 

au  contraire  à  ce  que  ce  thème  admettait  seulement  les  dési- 
nences moyennes,  cf.  skr.  mriyate  (cf.  lat.  morior)  ;  il  en  est 
sans  doute  de  même  de  agauhatâ  «  il  a  dit  »  ;  les  verbes  signi- 
fiant «  parler  »  peuvent  être  «  déponents  »,  ainsi  lat.  loquor. 

L'emploi  absolu  d'un  verbe  qui  admet  la  construction  tran- 
sitive n'emporte  pas  emploi  des  désinences  moyennes  :  B. 
II,  9  avadà  adàraya  «  il  se  tenait  là  »  est  exactement  compa- 
rable au  type  lat.  habitâre. 

En  somme  l'opposition  des  désinences  actives  et  moyennes  a 
gardé  sa  valeur. 

C.  Imparfait  et  aoriste. 

§  287.  L'ancienne  opposition  de  l'imparfait  et  de  l'aoriste 
n'est  plus  saisissable  que  dans  deux  racines  :  dà-  «  poser  », 
dont  on  a  le  thème  de  présent  dadà-  (v.  §  186)  et  le  thème  d'ao- 
riste dà~  (v.  §  i85)  ;  kar-  «  faire  »,  dont  on  a  le  thème  de  pré- 
sent kunau-  (v.  §  188)  et  le  thème  d'aoriste  ku-  (au  pluriel 
actif  et  au  moyen;  v.  §  i85).  Aucun  autre  verbe  ne  présente 
une  opposition  nette  de  thèmes  de  présent  et  d'aoriste,  ni  par 
suite  d'un  imparfait  et  d'un  aoriste. 

Le  thème  d'aoriste  dà-  et  le  thème  de  présent  kunau-  sont 
côte  à  côte  dans  une  formule  où  chacun  des  deux  présente  trace 
de  sa  valeur  ancienne  :  NR.  a.  i  baga  va:(rka  a(Jo)urama:(dà 
hya  imâni  bumim  adâ  hya  avant  asmânam  adâ  hya  martiyam  adà 
hya  siyàtim  adâ  martiyahyà  hya  dàrayava(h)um  xsâyaBiyam  aku- 
naus  «  le  puissant  dieu  A(h)uramazdà  qui  a  créé  la  terre  ici, 
qui  a  créé  le  ciel  là-bas,  qui  a  créé  l'homme,  qui  a  créé  le  bien- 
être  de  l'homme,  qui  a  fait  Darius  roi  » .  La  même  formule  se 
retrouve,  avec  de  légères  variantes,  Dar.  Elv.,  Dar.  Suez  c  ; 
dans  les  inscriptions  de  Xerxès,  avec  xsayârsâm  au  lieu  du  nom 
de  Darius,  Pers.  a;  b;  c;  d;  Elv.  ;  Van;  et,  avec  substitution 
parallèle  de  nom,  dans  des  inscriptions  d'Artaxerxès  III.  Le  con- 
traste de  adà  exprimant  la  création  divine  faite  une  fois  pour 


237-239]  VALEUR  DES  FORMES  PERSONNELLES  127 

toutes  et  de  ahur^aus  exprimant  le  fait  qu'un  roi  a  été  institué 
pour  un  temps  indéterminé  est  significatif  ;  en  ce  même  sens 
on  trouve,  dans  une  autre  formule,  l'imparfait  adadâ,  dont  c'est 
le  seul  exemple  connu,  comme  adâ  n'est  pas  attesté  hors  des 
exemples  cités  :  Dar.  Pers.  d.  2  a(h)urama:(dà  va^rka  hya  ma- 
Bi^ta  bagânàm  hauv  dârayavaQJ)umxsâya^iyam  adadâ  «  A(h)ura- 
mazdâ  puissant,  le  plus  grand  des  dieux,  a  fait  Darius  roi  » .  — 
Ces  exemples  sont  donc  probants  ;  mais  ils  ne  prouvent  pas 
pour  l'usage  à  l'époque  des  inscriptions,  car  il  s'agit  de  formules 
fixées  où  se  trouvent  un  mot  emprunté  à  un  dialecte  «  littéraire  » 
va:(rka  (cf.  §  9  et  119)  et  un  contraste  archaïque  entre  imâm 
«  celle-ci  »  et  avam  «  celui-là  »  (cf.  §  325). 

L'aoriste  akumâ  «  nous  avons  fait  »  se  rencontre  seulement 
dans  la  formule  hamaranam  akumâ  «  nous  avons  livré  bataille  » 
B.  I,  90,  94,  96  ;  II,  68,  70.  La  forme  moyenne  akutà  est 
seulement  dans  la  locution  B.  I,  47  (pc)uvâipâsiyâm  akutâ 
«  il  s'est  approprié  ».  Le  fait  que  l'aoriste  de  ka7'~  se  trouve 
seulement  dans  deux  locutions  fixées  n'est  sans  doute  pas  for- 
tuit. —  Les  deux  aoristes  en  -s-  que  l'on  possède,  niy apaisant 
«  j'ai  écrit  »  et  adrsiy  «  j'ai  pris  possession  de  »  (attesté  une 
seule  fois)  appartiennent  à  des  verbes  de  caractère  technique  : 
écrire,  prendre  possession  de  (terme  juridique). 

§  238.  En  dehors  de  ces  formules  fixées,  tous  les  récits  qui 

f  se  trouvent  dans  les  inscriptions  et  qui  en  forment  la  plus  grande 
partie  sont  faits  au  moyen  du  prétérit  du  thème  du  présent, 
c'est-à-dire  de  l'imparfait,  qui  pour  le  sens  répond  à  la  fois  à 
l'imparfait  et  à  l'aoriste  du  sanskrit  ou  du  grec.  Par  exemple 

I  akunavam  vaut  à  la  fois  èxciouv  et  èTCo(Y;aa.  C'est  dire  que  l'ancien 
aoriste  a  été  éliminé. 

D.  Subjonctif  et  optatif. 

a.  Subjonctif. 

§  239.    Le  subjonctif    est   employé    d'une    manière    libre 


!28  FORMES  VERBALES  [§  239-241 

et  courante  pour  exprimer  une  action  qu'on  s'attend  à  voir  réa- 
lisée ;  il  se  trouve  avec  mâtya  «  que  ne  pas,  pour  que  ne  pas  » 
(cf.  §  44o),  et  3iYec  y adiy  «  si  )>.  Voici  des  exemples  typiques  : 

B.  IV,  38  mart[iya  hya  d'^rau\jana  ahatiy  avant  (h)ufrastam 
prsà  y  adiy  ava^â  man[iyâhaiy]  dahyâusmaiy  duruvâ  ahatiy 
«  l'homme  qui  sera  menteur,  punis-le  bien,  si  tu  penses  ainsi  : 
ma  province  doit  être  saine  et  sauve  »  (ces  deux  phrases  offrent 
trois  exemples  distincts,  dont  l'un  est  restitué). 

Le  subjonctif  est  de  règle  avec  y  adiy  au  sens  de  «  si  »  ;  on 
le  trouve  notamment  B.  IV,  54-55  ;  57-58  ;  Dar.  Pors.  e, 
19-20  et  22.  On  peut  citer: 

B.  IV,  72  3'^[iry]  imàm  di[pim]  vainâh(i)[y]  imaivâ  pati- 
karâ  naiydis  vikanâh(i)y  utàtaiy  yàvâ  taumà  [ahatiy^  paribarâ- 
h(t)dis  a(h)urama:(dâ  Buvâm  daustâ  biyà  «  si  tu  vois  cette  inscrip- 
tion ou  ces  images,  si  tu  ne  les  détruis  pas  et  si  tant  que  lu  en 
auras  la  force  tu  les  conserves,  qu'A(h)uramazdâ  soit  un  ami 
pour  toi  ». 

§  2^0.  Le  subjonctif  est  aussi  de  règle  avec  mâtya  ;  ainsi 
B.  I,  52  mâtya  mâm  xsnâsâtiy  «  qu'il  ne  me  reconnaisse  pas  »  ; 
IV,  43;  48-5o.  Dans  IV,  71  mâtya  vikanâh(i)y  «  ne  détruis 
pas  »,  on  a  recouru  à  mâtya  avec  le  subjonctif,  au  lieu  de  se 
servir  de  ma  avec  l'injonctif  (cf.  §  222),  peut-être  parce  que  la 
formation  de  la  2*  personne  du  singulier  de  l'injonctif  de  l'athé- 
matique  kan-  faisait  difficulté  :  la  forme  d'injonctif  aurait  été 
*  vi-ka,  assez  peu  claire  ;  ce  mâtya  vikanâh(i)y  est  construit 
parallèlement  à  Vixn^QXdiûî pariharà  «  conserve  »  ib.  72. 

§  24 1.  Le  subjonctif  exprimant  simplement  ce  que  l'on  s'at- 
tend à  voir  réalisé  se  trouve  par  exemple  : 

B.  IV,  70  tuvam  kâ  hya  aparam  imâm  dipim  vainâh(i)y  tyâm 
adam  niyapai\sa\m  [i]maivâ  patikarâ  mâtya  vikanàh(i)y  «  toi  qui 
par  la  suite  verras  cette  inscription  que  j'ai  écrite  ou  ces  images, 
ne  les  détruis  pas  ».  —  Cf.  l'exemple  B.  IV,  67  et  suiv. 

B.  lY,  'jb  tya  kunavâh(i)y  avataiy  a(h)urama^dà  [  ]m 


§  241-243]  VALEUR  DES  FORMES  PERSONNELLES  129 

kunautuv  «  ce  que  tu  feras,  qu'A(h)uramaz(lâ  te  le  rende 

»  ;   79  tya  kunavàh(i)y  avataiy  a(Jj)urama:(dà  nika{n)tuv 
«  ce  que  tu  feras,  qu'A(h)uramazdâ  te  le  détruise  ». 

NR.  a.  fxi  patikarà  didiy  tyai[y\  gâ^um  bara{n)tiy  a[va]dâ 
xsnâsâh(J)y  adataiy  a:(dà  bavà[t]iy  «  regarde  les  figures  qui 
portent  le  trône,  et  tu  reconnaîtras,  et  tu  sauras  ». 

Dar.  Pers.  e  22  yadiy  kâra  pârsa  pâta  ahatiy  hyà  duvais\ta\m 
siyâtis  axsatà  hauvciy  a(h)urà  nirasàtiy  abiy  imàm  viBam  «  si  l'ar- 
mée perse  est  protégée,  la  prospérité,  pour  longtemps  inaltérée, 
descendra  sur  cette  famille  ». 

§  2/42.  Il  y  a  deux  cas  où  l'emploi  du  subjonctif  demeure 
obscur;  dans  tous  deux  il  s'agit  de  gaubâtaiy  B.  II,  83  kàram 
hamiçiyam  hya  manâ  naiy  gaubâtaiy  avant  jatâ  «  l'armée  révoltée 
qui  dira  qu'elle  n'est  pas  à  moi,  battez-la  »  ;  et  III,  86  [ava]m 
kàram  bâbairuvi[ya]m  jatâ  hya  manâ  naiy  [ga]ubâtaiy  «  battez 
cette  armée  babylonienne  qui  dira  n'être  pas  mienne  ».  On  a 
traduit  gaubâtaiy  par  «  dira  »  dans  les  deux  cas  pour  rendre 
le  subjonctif;  mais  dans  tous  les  autres  passages  parallèles 
B.  II,  20  ;  3i  ;  5o;  III,  i5  ;  69,  on  a  gaubâtaiy  «  dit  ». 

b.  Optatif. 

§  2^3.  Des  trois  optatifs  qui  sont  dans  des  passages  complets 
et  intelligibles,  deux  font  partie  d'un  même  récit  : 

B.  I,  48  naiy  aha  martiya hya  avant  Gaumâtam  xsaçani 

ditani  caxriyâ  kârasim  hacâ  drsni^  atrsa  kâram  vasaiy  avâjaniyâ 
hya  paranambardiyam  adânâ  avahyarâdiy  kâram  avâjaniyâ  mâtya- 

mâm  xsnâsâtiy  «  il  n'y  avait  personne qui  pouvait  ôter  à  Gau- 

mâta  la  royauté  ;  l'armée  avait  peur  de  lui  ;  il  aurait  pu  tuer  beau- 
coup de  l'armée  qui  connaissait  autrefois  Bardiya  ;  il  aurait  tué  de 
l'armée  pour  cette  raison  :  qu'elle  ne  me  reconnaisse  pas  ».  — 
Dans  cette  série  d'exemples,  l'optatif  indique  une  possibilité. 

Dans  l'autre  exemple,  l'optatif  exprime  un  vœu  dans  une 

I.   La  lecture  de  ce  mot  n'est  pas  déterminée. 


130  FORMES  VERBALES  [§  243-245 

phrase  négative  ;  il  est  construit  parallèlement  à  un  impératif  et 
remplace  peut-être  Tinjonctif  qui  manquait  à  un  verbe  athéma- 
tique  (cf.  l'observation  faite  ci-dessus  sur  mâtya  vikanàh(i)y)  : 
Dar.  Pers.  d  ibimâm  dahyàum  a(h)urama:(dâ  pâtuv  hacâhainàyà 
hacà  dusiyârâ  hacâ  d'^raugâ  ahiy  imàm  dahyàum  ma  ajamiyà  ma 
ha[i]nâ  ma  dusiyâram  [m]à  d^rauga  «  qu'A(h)uramazdâ  protège 
cette  province  de  l'armée  ennemie,  de  la  mauvaise  récolte,  du 
mensonge;  que  sur  cette  province  ne  vienne  ni  l'armée  ennemie, 
ni  la  mauvaise  récolte,  ni  le  mensonge  ». 

§  2  4 '4.  De  la  racine  ah-,  il  n'est  pas  attesté  en  perse  d'im- 
pératif correspondant  à  skr.  astu  ;  d'autre  part,  le  prétérit  aha, 
qui  est  une  combinaison  de  parfait  et  d'imparfait  (cf.  §  228, 
p.  117)  ne  se  prêtait  sans  doute  pas  à  exprimer  l'injonctif.  C'est 
hiyâ  qui  tient  la  place  à  la  fois  de  l'impératif  et  de  l'injonctif 
(cf.  §  282)  ;  la  forme  se  construit  parallèlement  à  l'impératif: 

B.  IV,  bb  a(h)urama^dâ  ^uvàmdaustâ  biyâ  utà[ta]iy  tau(x)mâ 
vasaiy  hiyâ  utâ  dargam  jivâ  «  qu'A(h)uramazdâ  soit  un  ami  pour 
toi,  aie  beaucoup  de  postérité  et  vis  longtemps  »  ;  de  même  ib. 
7^  et  suiv. 

B.  lY,  78  a(h)urama:(dâtaiy  ja(n)tàbiyâ  utàtaiy  tau(x)m[à  ma 
biyâ]  ^  utâ  tya  kunavâh(i)y  avataiy  a{h)urama:(dâ  nika(jï)tui; 
«  qu'A(h)uramazdâ  te  frappe,  n'aie  pas  de  postérité  et 
qu'A(h)uramazdâ  détruise  ce  que  tu  feras  ». 

B.  IV,  69  avaiy  ma  daustâ  [biy]â  (Jo)ufrastâdiy  prsâ  «  ne 
sois  pas  leur  ami  ;  punis-les  bien  » . 

Ainsi  l'optatif,  qui  est  rare,  apparaît  le  plus  souvent  comme 
le  substitut  d'une  autre  forme  manquante. 

Préverbes. 
§  2^5.  Les  préverbes  étaient  en  indo-iranien  des  mots  auto- 

I.  Restitution  sûre  d'après  le  passage  exactement  parallèle  B.  IV,  58 
et  suiv. 


§  245-248]  PRÉVERBES  i31 

nomes  dont  le  rapprochement  avec  le  verbe  était  facultatif;  en 
perse,  la  soudure  du  préverbe  et  du  verbe  est  complète  ;  le  pré- 
verbe n'est  jamais  séparé  du  verbe  ;  le  signe  de  séparation  de 
mots  n'intervient  jamais  entre  le  préverbe  et  le  verbe. 

§  2/46.  Les  préverbes  connus  en  perse  sont  :  à-  «  vers  »  ;  ati- 
«  au  delà  »  ;  apa-  «  de  »  ;  abi~  «  vers  »  ;  ava-  «  de  haut  en  bas  »  ; 
*ut-  (ud-)  «  de  »  ;  upari-  «  sur  »  ;  ni-  «  de  haut  en  bas  »  ;  *nis- 
(nij-)  «  à  l'écart  de  »  ;  pati-  «  contre,  vers,  dans  la  direction 
de  »  ;  para-  «  loin  de  »  ;  pari-  «  autour  »  ;  f^^ra-  «  en  avant  »  ; 
vi-  «  séparément  »  ;  ham-  «  avec  ». 

§  2^7.  Certaines  racines,  surtout  des  racines  à  valeur  con- 
crète, pouvaient  être  précédées  de  préverbes  très  divers  qui  en 
modifient  le  sens  de  diverses  manières.  De  la  racine  ai-  «  aller  », 
on  a  ainsi  atiyâis  «  il  a  passé  »  ;  patiyàisa  «  ils  sont  allés  vers  »  ; 
paraidiy  «  va-t'en  »,  et  sans  doute  d'autres  exemples,  qui  sont 
mutilés  ou  d'interprétation  incertaine.  De  har-  «  porter  »,  on 
a  parâhara  «  il  a  emporté  »  ;  pariharâ  «  soigne  »  ;  f^ràhara  «  il 
a  apporté,  il  a  remis  »  (on  notera  le  contraste  de  B.  1,  60 
a(h)urama:(dâ  xsaçam  manâ  frâbara  «  A(h)uramazdâ  m'a  remis 
la  royauté  »,  action  «  déterminée  »,  et  de  a  (h)urama^dâmaiy  upas- 
tàm  abara  «  A(h)uramazdâ  m'a  porté  secours  »,  action  qui  a 
duré  sans  terme  déterminé)  ;  patiyâbaram  (avec  deux  préverbes 
pati-  et  à-)  «  j'ai  rapporté  ». 

§  2^8.  Certains  préverbes  s'emploient  avec  des  racines  très 
diverses  ;  ce  sont  pati-  :  patiyàisa  «  ils  sont  allés  vers  »  ;  patiya- 
xsayaiy  «je  suis  devenu  maître  de  »  ;  patiyajatâ  «  il  a  combattu  »  ; 
patiyâbaram  «j'ai rapporté  »  (pati -f-  â-) ; patipaya(x)uvâ  «  garde- 
toi  »  ;  patiprsàh(i)y  «  que  tu  interroges  »  —  para-  :  parârasam 
«  je  suis  arrivé  »  ;  parâbara  «  il  a  enlevé  »  ;  parâgmatâ  «  elle  est 
allée  (loin)  »  ;  paraidiy  «  va-t'en  »  —  vi-  :  vikanàh(î)y  «  que  tu  dé- 
truises »  ;  viyatarayam  «j'ai  traversé  »  ;  viyanâ[^a]ya  «  il  a  fait  du 
mal  à  »  —  ava-  :  avajata  «  tué  »  ;  ma  avarada  «  ne  laisse  pas  »  ; 
avàstâyam  «  j'ai  établi  »  — /V^-:  frâisaya  «  il  a  envoyé  »  ;  frâ- 


i3i  FORMES  VERBALES  [§  248-250 

janam  «  j'ai  coupé  »  ;  f'^ratarta  «  passé  »  ;  frânayam  «  j'ai 
amené  »  ;  fràhajam  «  j'ai  pendu  »  —  ni-  :  nirasâtiy  «  qu'il  des- 
cende »  ;  nika(n)tuv  «  qu'il  détruise  »  ;  niyaçàrayani  «  j'ai  res- 
tauré »  ;  niy apaisant  «  j'ai  écrit  »  ;  niyasàd ayant  «  j'ai  établi  ». 

§  2^9.  Deux  préverbes  peuvent  être  juxtaposés  ;  le  second  est 
alors  à  :  avâjaniyâ  (ava  -\-  à  -\-  janiyâ)  «  il  peut  tuer  »  ; 
patiyâbaram  (pati  -\-  â  -{-  abarani)  «  j'ai  rapporté  ».  Dans  ces 
deux  cas,  la  présence  du  préverbe  a-  se  traduit  seulement  par 
un  a  noté  (c'est-à-dire  à)  qui  serait  embarrassant  si  l'on  n'ad- 
mettait pas  le  double  préverbe. 

§  260.  Les  préverbes  ne  servent  pas  seulement  à  déterminer 
le  sens  de  verbes  concrets.  On  a  vu  que  le  perse  avait  à  peu  près 
entièrement  éliminé  l'opposition  des  thèmes  de  présent  et  d'ao- 
riste, et  que,  par  suite,  il  n'avait  plus  le  moyen  d'opposer  l'ac- 
tion arrivée  à  son  terme  (l'action  «  déterminée  »)  à  l'action  qui 
se  poursuit  (action  «  indéterminée  »).  Comme  il  est  arrivé  dans 
plusieurs  autres  langues  indo-européennes,  les  formes  munies 
de  préverbe  ont  servi  à  indiquer  l'action  parvenue  à  son  terme. 
Cette  valeur  du  préverbe  est  très  sensible  en  quelques  cas  ;  de 
même  que ga-  en  gotique  eicum-  en  latin,  le  préverbe  v.  p.  ham- 
«  avec  »  a  servi  particulièrement  à  cet  usage  :  tandis  que  dârayà- 
miy  signifie  «  je  tiens,  j'occupe  »,  la  forme  moyenne  à  préverbe 
ha[nia]dârayai[y]  B.  I,  26  signifie  «  j'ai  pris  possession  de  »; 
patiyaxsayaiy  {pati  +  axsayaiy)  signifie  «  je  me  suis  rendu 
maître  de  »,  NR.  a  19,  pour  rendre  la  même  idée.  La  racine 
taxs-  «  faire,  fabriquer  »  ne  se  trouve  qu'avec  le  préverbe  ham-, 
et  hamataxsaiy  B.  I,  68  signifie  «  j'ai  fait  en  sorte  que,  j'ai 
réalisé  »,  et  de  même  dans  les  au':res  exemples  de  ham-taxs-. 
Avec  un  verbe  indiquant  un  mouvement,  le  même  préverbe  a  sa 
valeur  concrète  :  ha(ji)gmâtà  «  il  se  sont  réunis  » .  La  différence 
entre  ajanam  «j'ai  frappé  »  et  avàjanam  «  j'ai  tué  »  est  exacte- 
ment la  même  que  celle  qui  existe  en  slave  entre  hiti  «  battre  » 
et  u-hiti,  u-bivati  «  tuer  ».  On  dispose  de  trop  peu  de  termes 


§  2o0-251]  PRÉVERBES  133 

de  comparaison  pour  qu'il  soit  possible  de  mettre  souvent  en 
évidence  ce  rôle  des  préverbes  ;  mais  on  l'entrevoit  en  plusieurs 
cas.  Si  par  exemple  on  a  le  préverbe  ni-  dans  tous  les  exem- 
ples de  :  niyapaisam  «  j'ai  écrit  »,  nipistam  «  écrit  »,  c'est 
qu'il  s'agit  de  choses  qui  sont  écrites,  consignées,  au  moment 
où  il  en  est  question.  Le  contraste  de  a(h)islatâ  «  il  s'est  tenu, 
il  est  resté  »  B.  I,  85  et  de  avâstâyam  «  j'ai  établi  »  B.  I, 
63,  66,  69  ou  [niya]stâya?7i  «  j'ai  posé,  ordonné  »  B.  IIT,  91, 
est  frappant.  Une  nuance  existait  sûrement  entre  arasant  «  je 
suis  venu  »  et  parârasam  «  je  suis  arrivé  »  ;  on  emploie  con- 
stamment arasam  avec  yâtà  «  jusqu'à  ce  que  »,  mais  parârasam 
a.\ec yaM  «lorsque»  ;  ainsi  B.  II,  Q^cità  màmamânaya  ...yâtâ 
adani  arasam  mâdam  «  il  m'a  attendu  jusqu'à  ce  que  je  soie 
venu  en  Médie  »  et  ib.  65  ya^â  mâdam  parârasam  «  lorsque 
j'ai  été  arrivé  en  Médie  ».  On  demande  à  A(li)uramazdâ  de  pro- 
téger indéfiniment  le  pays  :  pâdiy,  pâtuv  ;  mais  l'ordre  précis 
de  se  garder  de  quelque  chose  est  exprimé  par  la  forme  à  ^vé- 
\erhe  patipaya{x)uvâ  B.  [V,  38.  Par  â-  avec  la  racine  gam- 
on  exprime  l'idée  de  «  arriver  »,  dans  l'exemple  de  Pers.  d.  i5 
et  suiv.,  cité  ci-dessus,  p.  i3o,  où  le  «  déterminé  »  ajaniiyâ  (â-\- 
jamiyà)  «  qu'il  vienne  »  se  trouve,  d'une  manière  bien  expli- 
cable, à  côté  de  pâtuv.  Certains  verbes  ne  se  trouvent  qu'avec  un 
préverbe  qui  en  renforce  ainsi  le  sens  en  le  «  déterminant  »  : 
apagaudaya  «  cache  »  ;  viyanâ\^a\ya  «  il  a  fait  du  mal  à  »  (cf. 
le  substantif  *vinâ^a  qui  est  devenu  p.  gunâh  «  dommage  »)  ; 
niyasâdayam  «  j'ai  établi  »  (l'union  du  préverbe  *w/  avec  la 
racine  *sed-  est  déjà  indo-européenne). 

§  25 1.  Encore  très  employés  en  perse,  les  préverbes  ont 
joué  un  rôle  important  dans  le  développement  ultérieur  du  dia- 
lecte, et  le  persan  en  a  gardé  beaucoup  de  traces. 


CHAPITRE    V 


FORMES  NOMINALES 


§  262.  Les  formes  nominales  constituant  un  système  moins 
cohérent  que  celui  des  formes  verbales,  les  formes  qu'on  possède, 
quoique  relativement  nombreuses,  ne  permettent  pas  de  décrire 
aussi  complètement  l'ensemble  du  système.  Il  subsistera  de 
grandes  lacunes  dans  l'exposé. 

I.   Formation  des  noms. 

§  253.  La  plupart  des  types  principaux  de  l'indo-iranien 
sont  conservés  ;  mais  le  nombre  des  exemples  attestés  ne  permet 
le  plus  souvent  pas  de  décider  s'il  s'agit  de  formations  encore 
productives,  de  formations  qui  ne  le  sont  plus  mais  dont  le  type 
général  était  encore  reconnaissable,  ou  de  mots  qui  tendaient  à 
s'isoler  entièrement.  La  partie  du  vocabulaire  qu'on  possède  se 
compose  pour  une  très  large  part  de  noms  généraux  qui  mon- 
trent l'existence  en  perse  de  vieux  noms  iraniens  communs, 
indo-iraniens  ou  même  indo-européens,  mais  qui  enseignent  peu 
de  chose  sur  les  formations  productives  de  la  langue. 

On  a  fait  en  général  abstraction  des  noms  propres  dans  cet 
exposé  de  la  formation  des  noms. 

§  254.  Type  radical  athématique. 

Les  thèmes  radicaux  terminés  par  une  consonne  sont  repré- 
sentés par  quelques  exemples.  Les  plus  clairs  sont  vi^-  «  famille  » 


I  254-255]  FORMATION  DES  NOMS  135 

(cf.  skr.  viç-,  zd  vîs-),  dont  on  a  loc.  sg.  vH^iya,  viBiyd  ;  instr. 
sg.  v'^a,  vi^â  ;  ace.  sg.  vH^m — vi^am,  xsap-  «  nuit  »  (cf.  skr. 
k^ap-^,  dont  on  a  gén.-abl.  sg.  xsp,  xsapa — ^ard-  «  année  » 
(cf.  skr.  car  ad-,  p.  sâl),  dont  on  a  gén.-abl.  sg.  ^rd,  Barda  et 
ace.  sg.  Brdm,  Bar  dam.  De  màh-  «  mois  »  (cf.  skr.  màs-,  zd 
màh-),  on  n'a  que  le  loc.  sg.  mahya,  màhyâ,  dans  une  formule 
souvent  répétée. 

Mais  le  thème  pad-  (skr.  pad-,  zd  pad-)  n'est  représenté  que 
par  une  forme  passée  au  type  thématique  et  qui  repose  sur  la 
forme  à  vocalisme  long  pâd-  (p.  pày)^  instr.  du.  padibiya, 
pâdaihiyà  «  par  les  (deux)  pieds  ».  Dans  ces  conditions,  il  est 
impossible  de  décider  si  Tacc.  sg.  nahm,  nâham  «  nez  »  appar- 
tient à  un  thème  consonantique  nâh-  (skr.  nâs-,  zd  nàh-)  ou  à  un 
type  nâha-  qui  en  serait  issu  et  qui  serait  parallèle  à  pâda-. 

L'élément  -t-  du  thème  est  sans  doute  suffixal  dans  napât-, 
«  petit-fils  »  (cf.  skr.  napât-,  zd  napât-) ^  dont  on  a  le  nom.  sg. 
npa,  napâ,  et  dans  raiit-  «  rivière  »  (cf.  skr.  sravat-,  p.  rôd), 
dont  on  a  le  gén.-abl.  sg.  rut ,  rauta  Dar.  Sz.  c.  9. 

Noms  caractérisés  par  la  voyelle  thématique. 

§  255.  On  a  de  vieux  noms  du  type  thématique  non  analysa- 
bles dans  asa-  (skr.  açva-,  zd  aspa-)  «  cheval  »,  ace.  sg.  asm, 
asam,  et  composé  asabâra  «  cavalier  »  (la  forme  non  perse  aspa- 
ne  figure  qu'au  second  terme  de  certains  composés,  v.  §  10); 
kaufa-  «  montagne  »  (zd  kaofa-,  p.  M),  nom.  sg.  kuf, 
kaufa  ;  kâra-  «  peuple,  armée  »  (cf.  p.  kâr-  dans  kâr-:(àr), 
n.  sg.  kar,  kâra,  ace.  sg.  karm,  kâram,  instr.  sg.  kara, 
kâr  à,  gén.-dat.  sg.  karhya,  kârahyâ]  xauda-  (cf.  zd  xaola-) 
«  coiffure  »  dans  le  composé  tigrxuda,  tigraxaudâ  «  qui 
ont  une  coiffure  pointue  »  (nom.  plur.);  dasia-  «  main  »  (zd 
:(asta-,  skr.  hasta-,  p.  dast)^  dans  loc.  sg.  dstya,  dastayâ  ; 
Vadjecûï  dar ga-  «  long  »  (làdar^^a,  skr.  dîrgha-),  dans  le  nom. 
ace.  sg.   n.  drgm,  dargam  «  longtemps  »  ;  naiba-  «  beau  » 


136  FORMES  NOMINALES  [§  255 

(p.   nëv)^    nom.   ace.  sg.   n.  nikvi,  naihani  (et  fémin.  nom. 
sg.  niba,  naiha). 

On  a  des  noms  radicaux  dans  :  kàma-  «  désir  »  (zd  kâma-, 
skr.  kâmd),  nom.  sg.  kam^  kâma  ;  d^rauga-  «  mensonge  » 
(zd  draoga-,  skr.  drogha-,  p.  durôy),  nom.  sg.  drug ,  d^'rauga, 
abl.-instr.  sg.  druga,  d'^raugâ  ;  gausa-  «  oreille  »  (zd  gaosa-, 
p.  gôs),  nom.  ace.  du.  (ou  plur.  ?)  giisa^  gausà.  L'adverbe 
vsiy ,  vasaiy  semble  être  le  locatif  de  vasa-,  fait  sur  un  thème 
de  présent  vasa-  (=  skr.  *  vaccha-,  cf.  skr.  vaçmi  ;  v.  §  ii4). 

La  valeur  est  celle  de  nom  d'agent  dans  baga-  «  dieu  »  (cf.  zd 
ba^a-^  skr,  bhaga-),  nom.  sg.  bg,  bagà,  nom.  pi.  bgah,  bagàha; 
gén.  dat.  plur.  bganam,  bagànàni,  instr.  plur.  bgibis,  bagai- 
bis.  Un  ancien  *  banda-  «  associé,  serviteur  »  a  été  élargi  par  -ka- 
(cf.  §  278),   d'où   bdk,    ba(n)daka   «  serviteur  »   (p.  banda). 

C'est  aussi  la  valeur  de  noms  d'agent  qu'on  a  dans  les  com- 
posés en  -bara-  :  tkbra,  takabarâ  «  porteur  de  »  ;  vçbr , 
vaçabara  «  porteur  de  »  ;  '^ arstibara  «  porteur  de  lance  », 
faussement  écrit  srstibr  ;  et  aussi  -bar a-  dans  asbar ,  asa- 
bàra  (p.  suvâr)  «  cavalier  »  N.  b.  [x!x  et  45,  instr.  pi.  asba- 
ribis ,  asabàraibis  ;  —  en  -kara-  (cf.  p.  -gar)  :  z^urkr ,  ^urakara 
«  qui  fait  le  mal  »  ;  ptikra,  patikarâ  «  images  »  (ace.  plur.)  ; 
—  en  -^ana  :  pr'^uznanam,  paru:(anânâm  «  qui  ont  beaucoup 
de  races  »  et  vHsp^nanamy  vispa:(anânâm  «  qui  ont  toutes  les 
races  »  (gén.  plur.).  On  rappellera  aussi  ptipdm,  patipadam 
«  en  sa  place  »,  expression  adverbiale  dont  le  second  terme  paraît 
présenter  un  thème  pada-',  et  le  nom  de  mois  grmpdhy ,  garma- 
padahya  (gén.  sg.),  dont  le  premier  terme  est  *  g  arma-  «  chaud  » 
(cf.  skr.  gharma-j  zd  gardma-,  p.  gorm^  et  le  second  ce  même 
thème  pada-,  cf.  skr.  pada-,  zd  paza-,  p.  pay  «  trace  de  pas  ». 

La  voyelle  thématique  -a-  sert  d'élément  de  formation  peut- 
être  dans  d"uvrya,  duvarayâ  «  à  la  porte  »,  locatif  de  duvara- 
(cf.  skr.  dvâra-,  en  face  de  dvar-,  zd  dvardm  [ace.  sg.J  «  porte  »), 
et  dans  le  composé  d"usiyarm,  dusiyâram  «  mauvaise  moisson  » 


§  255-258]  FORMATION  DES  NOMS  137 

(de  *dus-  «  mal  »  et  *yâr  «  année  »,  cf.  làyàrd),  et  sûrement 
dans  le  dérivé  margv,  mârgava  «  Margien  »  de  mrguÈ , 
margus  «  Margiane  ».  Ce  dernier  exemple  est  unique  en  son 
genre  ;  si  ce  mot,  qui  désigne  des  Iraniens  non  Perses,  n'est 
pas  dialectal,  il  indique  qu'il  y  a  là  une  formation  productive, 
dont  on  pouvait  tirer  des  adjectifs  nouveaux  caractérisés  par 
la  voyelle  thématique  et  par  la  vrddhi  (v.  §  298). 

Noms  en  -â-. 

§  266.  Il  faut  mettre  à  part  un  nom  radical  où  Va  appar- 
tient à  la  racine  :  tipastâ  «  secours  »  (de  upa-  et  de  la  racine 
stà-^  dont  on  a  l'accusatif  upstam,  upastâm  (pour  le  type, 
cf.  les  thèmes  radicaux  terminés  par  une  consonne,  §  25-4). 

§  267.  Les  adjectifs  thèmes  en  -a-  ont  leur  forme  de  fémi- 
nin en  -â- ]  ainsi:  aniya  «  autre  »,  loc.  pi.  f.  aniyauva, 
aniyâ(x)uvâ  ;  * gasta  «  dégoûtant  »  (abl.-instr.  gastà),  nom.  sg. 
f.  gsta,  gastà;  *duruva  «  ferme  )),  nom.  sg.  f.  d^ur^uva, 
duruvâ'j  *naiba  «  beau  »  (ace.  naibani),  nom.  sg.  f.  nihani, 
natbâm'y  "^ràsta  «  droit,  vrai  »,  ace.  sg.  f.  rastani,  râstâm; 
va:(rka  «  puissant  »,  loc.  sg.  f.  vz^rkaya,  va^rkàyâ',  hamiçiya 
«  rebelle,  ennemi  »,  nom.  sg.  f.  hniHçiya,  hamiçiya.  La  dis- 
tinction du  masculin-neutre  et  du  féminin,  qui  est  chose  dis- 
parue en  pehlvi,  n'a  encore  subi  aucune  diminution  en  vieux 
perse  (cf.  du  reste  les  démonstratifs,  §  32  4). 

§  258.  Il  se  trouve  par  hasard  que  le  féminin  en  -yâ-  (nom. 
sg.  -i)  des  autres  adjectifs  n'est  pas  attesté.  Mais  le  nom  de  la 
province  d'  «  Arachosie  »,  hruvtis,  hara(x)uvaiis  répond  à 
zd  haraxvaitt-,  skr.  sarasvatî,  et  c'est  le  féminin  d'un  adjectif  en 
-vant-  ;  outre  le  nominatif  cité,  on  en  a  :  ace.  sg.  hrtivtim, 
hara(x)uvatim  et  loc.  sg.  hruvtiya,  hara(x)iivatiyâ.  On  notera 
aussi  le  nom  de  citadelle  médique  sik[y]uvtis ,  sika[ya]- 
(x)uvatis.  Cette  flexion,  qui  a  -s  au  nominatif,  est  tout  entière 
du  type  en  -l-,  et  -yâ-  n'y  apparaît  pas. 


138  FORMES  NOMINALES  [§  259-261 

§  269.  Deux  noms  de  pays  offrent  -à,  tandis  que  le  plus 
grand  nombre  se  terminent  en  -à:  a^ura,  aBurâ  «  Assyrie  », 
toujours,  et  une  fois  skam,  sakàm  (ace.  sg.)  B.  V,  21-22, 
6n  regard  de  saka  B.  I,  16-17  et  II,  8,  qui  a,  conformé- 
ment à  l'usage  perse,  une  forme  identique  à  celle  du  nom 
de  peuple,  saka  «  Sace  »  ;  cette  hésitation  sur  la  forme  d'un 
nom  de  pays  iranien,  mais  éloigné  de  la  Perse,  est  intéressante 
{cf.  l'emploi  du  suffixe  -iya-,  §  261). 

L'ancien  thème  radical  *àp-  du  nom  de  1'  «  eau  »  (skr.  âp-, 
zd  àp-)  est  remplacé  par  api-  (sans  doute  âpî-,  cf.  p.  àF)  dans 
le  groupe  apisim,  apisim  «  l'eau  le  »  (api,  ou  plutôt  apis 
-\-sim)',  le  locdiiiï  a piy a,  apiyâ  «dans  l'eau»  n'enseigne  rien. 

§  260.  Quelques  noms  ont  -à-  pour  seul  suffixe.  Les  noms 
radicaux  sont  rares  ;  le  seul  tout  à  fait  sûr  est  dHda,  didâ 
«  forteresse  »,  ace.  sg.  d'idam,  didàm;  la  racine  est  celle  de 
skr.  dih-,  zd  di:(-  ;  on  notera  le  vocalisme  radical  zéro,  bien 
attesté  par  la  graphie.  Il  faut  peut-être  ajouter  le  mot  par  lequel 
Darius  désigne  sa  grande  proclamation  gravée  sur  le  rocher 
de  Behistun,  hd^ugam  (ace.  sg.),  qu'il  faudrait  ha(n)dugâm 
et  couper  han-dugà-.  Le  gén.-abl.  sg.  ydaya,  yadàyà  B.  III, 
26  n'a  pas  encore  reçu  d'interprétation.  Le  mot  a'^da,  a:(dâ 
«  nouvelle  »  (gâth.  a:(dâ,  skr.  addha)  est  isolé  ;  il  a  presque  le 
caractère  d'une  forme  adverbiale.  Le  mot  maskà  «  peau  »,  dans 
le  loc.  pi.  mskauvà,  maskâ(pc)uvà,  est  emprunté  au  sémi- 
tique. 

Dans  tous  les  types  de  formations  thématiques,  on  ren- 
contre, ou  du  moins  on  peut  rencontrer,  des  thèmes  en  -à-  à 
côté  de  thèmes  en  -à-.  Ainsi  l'on  trouvera  -iyà-  à  côté  de  -iya-, 
-nà-  k  côté  de  -na-,  etc. 

Suffixe  -iya-. 

§  261.  Le  suffixe  le  plus  productif  est  -iya-  qui  fournit  des 
adjectifs  dérivés  en  nombre  illimité. 


§  261]  FORMATION  DES  NOMS  139 

Pour  des  noms  de  peuples,  on  a  ainsi  de  A^urâ  «  Assy- 
rie »,  a^uriy ,  a^uriya  «  Assyrien  »  ;  de  armina  «  Arménie  » 
(nom.  et  ace),  arm'iniy,  arminiya  «  Arménien  »  (et  le  loca- 
tif arm'iniyiy,  arminiyaiy  «  en  Arménie  »)  ;  de  asagarta 
«  Sagartie  »,  asgrtty,  asagartiya  «  Sagartien  »;  de  (x)uvaja 
«  Susiane  »,  uvj'iy,  (x)uvajiya  «  Susien  »  ;  de  (pc)uvâra:(\m\is 
«  Ghorasme  »  (NR.  a.  23-24),  uvarzjm'iy,  {x)uvàra:(niiya 
«  Chorasmien  »  (servant  à  désigner  le  pays  B.  I,  i6;  Dar. 
Pers.  e  16-17,  donc  avec  la  même  valeur  que  (x)uvàra7^mi5)  ;  de 
bàhairus  «  Babylone  »,  babir"uv'iy,  hàbairuviya  «  Babylo- 
nien »  ;  de  maka  (B.  I,  17  ;  Dar.  Pers.  e  18),  mciya,  maciyà 
(nom.  plur.),  servant  à  désigner  les  habitants  du  pays  NR. 
a.  3o  et  NR.  xxix  ;  on  notera  l'alternance  kjc  (cf.  §  181).  Le 
procédé  employé  dans  ces  mots  ne  s'applique  qu'à  des  déri- 
vés de  noms  de  pays  non  iraniens  ou  de  pays  iraniens  lointains, 
non  familiers  aux  Perses  ;  car,  pour  les  noms  familiers  aux 
Perses,  le  nom  des  habitants  est  identique  au  nom  de  pays 
(v.  §  348).  Il  y  a  donc  contraste  entre  le  procédé  employé 
pour  les  noms  iraniens  courants  chez  les  Perses,  et  celui  em- 
ployé pour  les  noms  étrangers. 

Le  suffixe  -iya-  figure  du  reste  dans  d'autres  cas,  ainsi  dans 
le  nom  de  mois  açiyadHyhy,  açiyâdiyahya  (gén.  sg.)  ;  dans 
VaidL]Qci\î uvaipsiym,  (x)uvâipasiyam  «  sien  propre  »  (ace.  sg.); 
dans  les  ordinaux  çitiym,  citiyam  (ace.  sg.)  «  troisième  »  ; 
d^uv'itiym,  duvitiyam  «  second  »,  et  dans  pr"uv'iyt,  parii- 
viyata  «  depuis  les  premiers  temps  »,  adverbe  en  -ta,  dérivé  de 
paruva-  (v.  §  335).  Dans  ces  deux  derniers  cas,  on  est  sûr 
que  le  suffixe  est  de  la  forme  ancienne  -iya-,  parce  que  le  -t-  est 
maintenu  sans  altération;  il  en  est  de  même  dans  mrtiy, 
martiya  «  homme  »  (cf.  zd  masya-,  véd.  mart(î)ya-)  ;  au  con- 
traire, dans  hsiym,  hasiyam  «  vrai  »  (nom.  ace.  sg.  n.),  en 
face  de  zd  haîbîm,  skr.  satyam,  on  est  en  présence  d'un  suffixe 
•de  forme  -ya-,  puisque  t  s'est  altéré  en  6,  d'où  v.  p.  i(cf.  §  i24). 


140  FORMES  NOMINALES  [§  261-264 

—  Le  mot  aniy ,  aniya   «  autre  »  est  un  vieux  terme  indo- 
iranien  (skr.  anya-,  zd  anya-^j  non  analysable  en  perse. 

Le  suffixe  -iya-  fournit  un  substantif  dérivé,  sans  doute 
neutre,  maniym,  mâniyam  «  maison  »  (cf.  zd  nmândnij  p. 
mân). 

On  ne  saurait  se  prononcer  sur  des  mots  obscurs  comme 
hm'içiy,  hamiçiya  «  rebelle,  ennemi  »,  qu'on  ne  sait  pas  ana- 
lyser, ou  sur  des  noms  propres  d'hommes,  comme  nird"uniy, 
mardimiya  ou  artvrd'iy^  artavardiya.  Bien  que  xsay^iy,. 
xsàya^iya  «  roi  »  (p.  sàh)  rappelle  patiyaxsayaiy  «  je  me  suis 
rendu  maître  de  » ,  on  ne  sait  pas  analyser  exactement  ce  mot, 
et  tout  ce  qu'on  en  peut  dire,  c'est  que  le  0  doit  être  un  ancien 
th  ou  une  ancienne  prépalatale  (cf.  §  102),  et  que  le  suffixe 
était  anciennement  de  la  forme  -iya-,  et  non  -ya-. 

A  côté  du  masculin  neutre  -iya-,  on  a  le  féminin  -iyâ-  dans 
deux  dérivés  :  nav'iya,  nàviyâ  «  ensemble  de  bateaux,  flotte  » 
(dérivé  de  *nâu-,  cf.  skr.  nau-  ;  etc.)  et  yuv'ya,  yauviyà 
«  canal  »,  ace.  sg.  yuvHyam,  yauviyâm,  cf.  pehlvi  yôy,  p.  jôy^ 

§  262.   Pour  expliquer  an"usiy,  aniisiya  «  allié  »,  qui  doit 

être  un  dérivé  de  aniiv  «  à  la  suite  de  »,  on  est  conduit  à 

admettre  un  suffixe  ancien  *-tya-,  devenu  -siya-  en  perse  (v. 

§124;  cf.  skr.  -tya-,  dans  ni-tya-  par  exemple).  Dès  lors  on 

n'a  aucune  raison  de  poser  sous  la  forme  haxâmanis  le  thème 

du  nom  propre  d'hommes  dont  on   a  seulement  le  nom.   sg. 

hxamnis,  haxâmanis  :    le  dérivé  hxamnisiy ,  haxàmanisiya 

«  achéménide  »  peut  renfermer  ce  même  suffixe  -siya-,  issu  de 

""-tya-. 

Suffixe  -7ia-. 

§  263.  En  tant  que  suffixe  productif,  -na-  se  trouve  surtout 
dans  des  formes  complexes. 

§  264.  Le  suffixe  productif -ûj/wû^-  (p.  -èiï)  des  adjectifs  indi- 
quant la  matière  est  attesté  par  un  exemple:  adgin,  a^a(n)- 
gaina   «  de  pierre  »  (de  *a^anga-,  cf.  zd  asmga-,  p.  sang). 


§  265-267]  FORMATION  DES  NOMS  141 

§  265.  Un  suffixe  -ana-  fournit  une  série  de  substantifs  neu- 
tres :  aydna,  ayadanâ  «  sanctuafres  »  (nom.  ace.  pi.),  de  la 
racine  yad-  «  adorer  »,  avec  préverbe  â-\  avhnm,  avahanam 
«  village  »,  de  la  racine  *î;â^/7- (skr.  vas-^  «  demeurer  »,  avec 
préverbe  à-',  vrdnm,  vardanam  «  citadelle  »,  d'une  racine 
*vard-  (skr.  varj-)  «  écarter  »  ;  hmrnm,  hamaranam  «  com- 
bat »  (cf.  zd  hamardna-,  skr.  samaraiîam-),  d'une  racine  *ar-, 
avec  préverbe  ham-. 

§  266.  On  a  aussi  -ana-,  mais  avec  une  tout  autre  valeur, 
celle  d'adjectif,  désignant  une  personne,  dans  drujtij  d'^rati- 
jana  «  trompeur  »,  en  face  de  dyauga  «  mensonge  »  et  de 
udurujiya  «  il  a  menti  ». 

§  267.  Un  suffixe  -na-,  qui  ne  semble  plus  productif,  se 
trouve  dans  quelques  substantifs  radicaux  :  yanm,  yânaiii 
<(  faveur  »  (cf.  zà  yàndm,  nom.  ace.  sg.  n.);  stanm,  stânam 
«  place,  endroit  »  (nom.  ace.  sg.  n.,  cf.  skr.  sîhànam,  zd 
-stàna-,  p.  stàn,  de  la  racine  iran.  stà-,  skr.  sthâ-')  ;  vsna, 
vasnâ  «  par  la  volonté  de  »  (instr.  sg.  ;  de  la  racine  skr.  vaç-, 
zd  vas-,  cf.  §  123).  Enfin  l'interprétation  la  plus  naturelle  de 
asniy,  asnaiy  B.  II,  11-12  est  «  en  marche  »,  en  voyant 
dans  ama-  un  thème  en  -na-  de  la  racine  skr.  aj-,  zd  a:{- 
«  conduire  »  (pour  s,  cf.  §  120). 

On  n'a  pas  le  moyen  de  décider  si  l'adverbe  prnm  «  autre- 
fois »,  qui  existe  à  côté  de  para  «  avant  »,  doit  être  lu  para- 
nam  ou  parnam  ;  cette  seconde  lecture  est  la  plus  plausible, 
cf.  goi.  fairneis  «  ancien  ». 

En  tout  cas,  on  a  -na-  dans  l'adjectif  kamna-  «  petit,  peu  », 
nom.  ace.  sg.  n.  kmnm,  kamnam;  instr.  pi.  kmnihis,  kam- 
naibis  ;  cf.  zd  kamna-  (superlatif  kambi^ta-),  p.  kam. 

On  a  la  forme  féminine  -nâ-  dans  frmana,  f^ramânâ 
((  ordre,  commandement  »,  abl. -instr.  sg.  frmnaya,  /yamâ- 
nàyà  (p.  farmân),  à  côté  du  nom  d'agent  f^amâtàram  (ace. 
«  celui  qui  commande,   maître  »,  du  préverbe  fra-  et  de   la 


142  FORMES  NOMLNALES  [§  267-271:^ 

racine  ma-  «  mesurer  »),  et  dans  le  Adeux  mot  indo-iranien 
hinâ-,  hainà  «  armée  »,  abl.-instr.  hinaya,  hainâyâ,  cf.  zd 
haèna,  skr.  senà. 

Suffixe  -ma-. 

§  268.  Les  exemples  sont  très  rares.  L'ordinal  nvm,  navama 
((  neuvième  »,  cf.  skr.  navamah,  est  à  part;  à  part  aussi  l'unique 
exemple  du  superlatif  en  -tama-,  f'^ratama-  «  premier  »,  nom. 
pi.  frtma,  f'^raiamà,  de  fra-  «  en  avant  ». 

L'adjectif  connu  par  zd  taxma-,  p.  tahm  «  fort  »  se  trouve 
à  peu  près  sûrement  dans  le  nom  propre  d'homme  txmspàd, 
taxmaspâda  ;  mais  le  général  en  question  était  un  Mède. 

§  269.  La  forme  féminine  -7nâ-  est  sûrement  attestée  dans 
iimaj  tau(x)mâ  «  famille  »,  ace.  sg.  tufnam,  tau{pc)màm, 
gén.  abl.  sg.  tumaya,  tau{pc)mâyà]  cf.  p.  tuxm;  et,  avec 
un  suffixe  -man-,  zd  taoxman-.  —  Quant  à  tu  ma,  taumâ 
«  force  »,  de  la  racine  de  skr.  tavîti,  etc.,  on  n'en  a  que  le 
nominatif  singulier,  et  il  est  impossible  de  déterminer  si  c'est 
le  nominatif  masculin  ou  neutre  d'un  thème  à  suffixe  -man-, 
ou  le  nominatif  féminin  d'un  thème  à  suffixe  -ma-. 

§  270.  D'autre  part,  on  a  -mi-  dans  bumi-  «  terre  »,  ace. 
sg.  bumimj  humim  \  loc.  hiim'iya,  humiyâ,  cf.  skr.  hhilmî-^ 
gâth.  hilmî-,  p.  bûm. 

Suffixe  -va-. 

§  271.  Le  suffixe  -va-  ne  figure  dans  aucun  nom  nouvelle- 
ment formé  ;  on  le  rencontre  dans  de  vieux  mots  indo-iraniens  r 
aiva  «  seul,  un  »,  ace.  sg.  aivm,  aivam,  cf.  zd  aêva-,  gr. 
zl(F)zc,\  jiva-  «  vivant  »,  gén.  sg.  j'ivhya,  jivahyâ,  d.  skr. 
jîva-,  zd  j(t)va- ;  pariiva-  «  premier  »,  nom.  pi.  prouva, 
paruvà;  ace.  sg.  n.  (^adverhiaT)  pr" uv m,  paruvam  «  d'abord  », 
cf.  skr.  pûrva-,  zd  poiirva-  ;  autre  mot  sans  doute  dans  loc. 
sg.  pr^uly^'^iy ,  parauvaiy  «  à  l'Est  »  ;  hr^tiv,  haruva  «  tout 
entier  »,  cf.  sarva-,  zd  haourva-.  —  Le  suffixe  a  la  forme  -uva- 


§  271-272]  FORMATION  DES  NOMS  1^ 

dans  duruva-  «  ferme  »,  nom.  sg.  f.  d^ur^uva,  duruva,  cf. 

skr.  dhruva-. 

Suffixe  -ra-. 

§  272.  Il  n'y  a  dans  les  formes  livrées  par  les  inscriptions 
rien  qui  atteste  un  rôle  productif  du  suffixe  -ra-.  On  ne  con- 
naît qu'une  valeur  adverbiale  dans  aprm,  aparani  «  ensuite  », 
dérivé  de  apa,  cf.  skr.  apara-,  zd  apura-.  Le  suffixe  -tara-,  qui 
indique  opposition  de  deux  objets,  ne  figure  aussi  que  dans 
la  forme  adverbiale  aptrm,  apataram  «  en  dehors,  à  l'écart 
de,  outre  »,  également  de  apa,  cf.  skr.  apatara-. 

Le  cas  le  plus  clair  avec  ceux-ci  est  sans  doute  celui  de  l'ad- 
jectif/z'^r^î-  «  pointu  »,  cf.  zd  ti^rra-,  et,  avec  un  autre  suffixe, 
skr.  tigma-,  et  p.  têx^  «  pointu  »,  dans  le  composé  tigrxuda, 
tigraxaudâ  (nom.  plur.)  «  qui  ont  une  coiffure  pointue  ».  On 
a  aussi  le  loc.  sg.  (adverbial)  ^"/^rfjy^  duraiy  «  au  loin  »  (p. 
Jwf),  du  thème  attesté  par  skr.  dura-  «  éloigné  ».  —  Le  pre- 
mier terme  du  nom  de  mois  composé  Ourvahrhy,  ^uravâha- 
rahya  (gén.  sg.),  dont  le  second  terme  est  évidemment  le  nom 
du  printemps,  cf.  p.  bahâr,  doit  être  un  adjectif  répondant  à 
skr.  çûra-,  zd  sûra-  «  fort  ».  ; 

Et  il  faut  noter  l'adverbe  nurm,  nuram  «  maintenant  »,  cf. 
zd  nûrdrn,  dérivé  de  *ww-  «  maintenant  ». 

Aucun  suffixe  n'était  assurément  perçu  dans  a(h)ura-,  cf.  zd 
ahura-,  skr.  asura-,  qui  n'existe  que  deux  fois  à  l'état  isolé: 
instr.  sg.  aura,  a(h)urâ,  et  gén.  sg.  aurhy,  a(h)urahya,  et 
dans  trois  mots  où  r  s'est  fondu  avec  6  précédent  dans  le  pho- 
nème un  ç  :  xsçm,  xsaçam  (nom.  ace.  sg.  n.)  «  royauté, 
royaume  »,  cf.  zd  xsaHr^m,  skr.  ksatram  ;  puç,  puça  «  fils  », 
cf.  zàpu^rô,  skr.  putrah  ;  ciça-  «  lignée  »  dans  ariyc'iç,  ariya- 
ciça  «  de  lignée  aryenne  »,  cf.  zd  ciBra-,  p.  cihr  (forme  dialec- 
tale, non  perse). 

On  n'a  pas  le  moyen  d'analyser  ter  m,  tacaram  (ace.  sg. 
«  palais  »,  p.  ia:(ar. 


144  FORMES  NOMINALES  [§  273-276 

Suffixe  -ka-. 

§  273.  Le  suffixe  -ka-,  qui  a  servi  d'élargissement  à  tant  de 
mots  au  cours  de  l'histoire  de  l'indo-iranien,  joue  déjà  son  rôle  ; 
on  a  ainsi  bdk,  ba(n)daka  «  serviteur  »,  cf.  p.  banda,  de  *bhan- 
dha-j  et  arik^  arika  (plutôt  que  araika,  lecture  aussi  autorisée 
par  la  graphie)  «  ennemi  » .  Mais  les  mots  qui  en  persan  ont 
subsisté  sans  suffixe  se  présentent  sous  la  forme  simple  :  aiva 
«  seul,  un  »,  cf.  p.  ê,  et  non  *aivaka-,  cf.  p.  yak;  naiba 
«  beau  »,  cf.  p.  nèv,  et  non  ^naibaka-,  cf.  p.  nèk. 

Le  mot  (h)uska-  «  sec  »,  cf.  zd  huska-,  skr.  çuska-,  dont  on 
a  le  gén.  sg.  uskhya,  (fj)uskahyâ,  n'est  pas  analysable  en  perse. 

Il  suffit  de  mentionner  un  mot  qui  ne  se  trouve  que  dans  des 
inscriptions  d'Artaxerxès  (avec  une  graphie  contraire  aux  règles 
usuelles):  [nyâ]ka  «  grand-père  »,  cf.  zànyâka-,  p.  niyà,  et 
apnyak,  apanyàka  «  arrière-grand-père  ». 

Suffixe  -ta-. 

§  274.  Les  adjectifs  verbaux  en  -ta-  ont  été  énumérés  au 
§  2i3. 

On  signalera  ici  le  substantif  datm,  dàtam  (nom.  ace. 
sg.  n.)  «  loi  »,  abl.  instr.  data,  data,  cf.  zd  dâtdm,  pehlvi  dât. 
p.  dàd. 

§  270.  Le  superlatif  en  -ista-  (cf.  zd  -ista-,  skr.  -i^tha-)  est 
attesté  par  un  exemple:  mdist,  maBista  «  très  grand  »,  ace. 
sg.  m^istm,  ma^istam.  —  On  a  aussi  rattaché  à  cette  forma- 
tion ràVaÇ  d"uvis[t]m,  duvais[ta]m  «  pour  longtemps  »  Dar. 
Pers.  e.  23  (v.  Bartholomae,  Altiran.  Wôrt.,  col.  763)  ;  mais 
cette  hypothèse  est  très  incertaine. 

Suffixe  -Ba-. 

§  276.  On  ne  trouve  d'exemple  que  du  suffixe  à  forme  fémi- 
nine -Bà-,  et  encore  le  mot  qu'on  possède  ne    saurait-il  passer 


§  276-278]  FORMATION  DES  NOMS  145 

pour  analysable  en    perse;    c'est  gi^am,   gaiBàm   (ace.   sg.) 
«  biens,  fortune  »,  cf.  zà  gaêOa,  p.  gêhàn. 

Noms  d'agent  en  -tar-. 

§  277.  Trois  exemples  :  jta,  ja(n)tâ  ou  jatâ  (nom.  sg.) 
«  tueur  »,  de  la  racine  de  ajanam,  cf.  skr.  hanti,  zd  jainti)  ; 
d'après  skr.  hantar-,  làjantar-,  on  serait  conduit  à  Mtq  jantar-', 
mais  le  perse  avait  pu  généraliser  déjà  le  type  vocalique  de 
)ata  «  tué  »,  cf.  pelilvi  ^atar  ;  ce  mot  a  une  valeur  fortement 
verbale,  conforme  à  l'usage  ancien  du  suffixe  -tar-  :  B.  IV, 
58  et  78  a(h)urafna^dàtaiy  jatâ  biyâ  «  qu'Ahuramazdâ  soit  un 
tueur  pour  toi  »,  c'est-à-dire  «  qu'Ahuramazdâ  te  tue  »  ;  comme 
en  sanskrit,  ces  noms  d'agent  en  -tar-  sont  donc  reliés  étroite- 
ment au  verbe  ;  avec  le  mot  daustâ,  il  y  a  même  un  com_ 
plément  à  l'accusatif  (v.  §  358)  —  dus  ta,  daustâ  «  ami  », 
p.  dôsi,  skr.  jo^tar-  ;  ici  le  vocalisme  radical  ancien  a  sub- 
sisté, parce  que  le  mot  s'est  isolé  par  le  sens  — frmatarm, 
fyamàtâram  (ace.  sg.)  «  qui  commande,  chef  »,  en  face  de 
fyamânâ  «  ordre  ». 

Trois  noms  de  parenté  en  -r-  sont  attestés  :  pitar-  «  père  » 
(cf.  skr.  pitar-,  zd  pitar-,  p.  pidar)  pita,  pitâ,  gén.  sg.  piç^ 
piça,  et  dans  le  composé  hmpita,  hamapitâ  «  qui  a  le  même 
père  »  ;  mâtar-  «  mère  »  (cf.  skr.  mâtar-,  zd  mâtar-,  p. 
mâdar)  dans  le  composé  h  mat  a,  hamâtâ  (nom.  sg.)  «  qui  a 
la  même  mère  »  ;  h'^râtar-  «  frère  »  (cf.  skr.  bhrâtar-,  zd  brâtar-, 
p.  birâdar)  dans  brata,  b^râtà  (nom.  sg.). 

Thèmes  en  -n-. 

§  278.  Les  exemples  de  thèmes  en  -n-  sont  aussi  très  peu 
nombreux.  Il  y  a  deux  masculins  :  asnian-  «  ciel  »  (cf.  skr. 
açman-,  zd  asman-,  p.  asmân),  ace.  sg.  asnianm,  asmânam, 
dont  la  seule  forme  attestée  ne  permet  même  pas  de  décider  s'il 
n'aurait  pas  passé  au  type  thématique,   comme  pâd-  (cf.  ci- 

10 


146  FORMES  NOMINALES  [§  278-280 

dessus  §  253)  et  le  composé  xsçpava,  xsaçapâvâ  «  satrape  », 
qui  paraît  être  le  nominatif  d'un  thème  xsaçapâvan-,  non  attesté 
par  ailleurs,  cf.  skr.  -pâvan-.  On  a  vu  (§  269)  que  taumâ 
«  force  »  est  ambigu. 

Il  y  a  deux  neutres,  dont  la  forme  fait  du  reste  difficulté  : 
nam,  nâma  et  nama,  nâmâ  «  nom  »  (cf.  skr.  nàman-,  zd 
nq,man-,  p.  nâm),  dont  on  n'a  que  le  nominatif-accusatif  singu- 
lier (sur  la  forme,  v.  §  812),  et  ucsm,  ucamia  «  les  yeux  » 
B.  II,  89  (xxxw  II,  75),  cf.  zd  casman-,  p.  casni  ;  la  valeur 
de  u-  et  le  caractère  de  la  forme  sont  obscurs  dans  ucasma. 

Thèmes  en  -h-  et  -s-. 

§  279.  Les  anciens  thèmes  neutres  en  -s-  sont  représentés 
par  quatre  exemples  :  rue,  rauca  (nom.  ace.  sg.)  «  jour  » 
dans  raucapatiy  «  le  jour  »,  instr.  pi.  ruchis,  raucabis  (cf. 
§  870),  cf.  zd  raocah-,  p.  rô:(  ;  dry ,  d'^raya  «  mer  »,  loc. 
dryhya,  d^rayahyà,  cf.  zd  :(i'ayah-,  p.  daryà  ;  :(^ur ,  :(ura  (ace. 
sg.)  «  tromperie  »,  cf.  zd  ^ûrah-,  p.  ;{wr  ;  et  hd'is,  hadis 
(ace.  sg.)  «  siège  »,  cf.,  avec  une  formation  différente,  skr. 
sadas-,  de  la  racine  qui  est  aussi  attestée  en  perse  par  niyasâ- 
dayam  «  j'ai  établi  »  ;  le  mot  abicris,  ahicaris  (ace.)  B.  I, 
64-65  est  obscur,  mais  paraît  du  même  type  que  hadis  ;  on  ne 
peut  rien  dire  de  v'^bis  B.  I,  65,  dans  le  même  passage. 

Le  thème  masculin  en  -s-  *ma/^dhâs-  (cf.  skr.  medhâs-,  zd 
ma:(dàh-)  est  clairement  attesté  dans  le  gén.  sg.  mz^dah ,  ma:^- 
dâha  «  de  Mazdâh  »,  et  dans  le  juxtaposé  nom.  aur7n:<^da, 
a(h)uramaxdà  «  A(h)uramazdâ  »  ;  ace.  aurmz^dam,  a(h)ura- 
ma/^dâm ',  gén.  abl.  aurm:(dah,  a(h)urama:(dàha.  —  On  a  de 
plus  le  mot,  sans  doute  savant,  farnah-  «  gloire  »  au  second 
terme  du  nom  propre  composé  v'idfrna,  vi(n)dafarnà  (nom.). 

Thèmes  en  -i-, 
§  280.  L'indistinction  graphique  de  î  et  de  ^  fait  qu'on  ne 


280-283]  FORMATION  DES  NOiMS  147 

peut  distinguer  le  plus  souvent  s'il  s'agit  de  thèmes  en  -î-  ou 

en  -Î-. 

§  281.  Les  thèmes  en  -ti-  sont  très  peu  représentés.  Le  plus 
net  est  siyatis ,  siyâtis  «  bien-être  »,  ace.  siyatim,  siyâtim, 
cf.  zd  sâiti-,  p.  sàd  (et  lat.  quièsT)\  le  locatif  ufrsta-,  Qj)u- 
frastà-  «  en  bonne  punition  » ,  appartient  sans  doute  à  un  thème 
(J])ufrasti-,  à  côté  de  Qj)ufrastani  «  bien  puni  ».  Enfin  on  a 
arst\^i\s j  arst\ï\s^  ou  plutôt  'rstis^  «  lance  »,  et  le  composé 
srstibr,  sarastihara  (lire  'rstihara)  «  porteur  de  lance  »,  en 
face  de  zd  arsti-,  skr.  r^ti-,  p.  xist. 

On  a  un  nom  d'agent  thème  en  -ti-  ddiXis psti s,  pastis  «  fan- 
tassin »  NR.  b.  43,  45,  dérivé  du  thème  *pad-  «  pied  »,  repré- 
senté par  padihiya,  pàdaibiyâ  «  par  les  (deux)  pieds  ». 

§  282.  L'élément  -/-  sert  de  suffixe  de  dérivation  dans  des 
composés  :  usbarim,  usabârim  (ace.  sg.)  «  monté  sur  cha- 
meau »  (de  usa  -4-  bâri-,  adjectif  sans  doute  dérivé  d'un  com- 
posé parallèle  kasabâra-  «  cavalier  »)  et  le  nom  de  mois  bagya- 
dis ,  bâgayâdais  (Jbaga-,  avec  vrddhi,  -|-  yâdi-,  cf.  §  298).  — 
On  peut  citer  aussi  un  autre  nom  de  mois,  d'origine  obscure, 
également  avec  vrddhi  :  ^aigrcis,  %àigrcais  ou  Bâigarcais 
(gén.  sg.).  —  On  aurait  encore  un  dérivé  en  -i-  (ou  en  -in-?) 
si  l'on  admettait  la  lecture  vifhbis  de  vH^ibis  et  la  traduction 
«  de  la  famille  »  Dar.  Pers.  d  ilx.  22.  2^  ;  mais  cette  traduction 
est  hypothétique,  et  il  serait  illégitime  de  rien  affirmer  ici. 

§  283.  De  la  racine  Z»^^-  «  partager  »,  on  a  bayim,  bâjim 
(ace.  sg.)  «  tribut  ».  —  Le  mot  d"uvr^im,  duvarBim  (ace. 
sg.)  «  portique  »  ne  se  laisse  guère  analyser  ;  on  est  tenté  d'y 
voir  un  composé  ou  un  dérivé  de  *dvar-  «  porte  »  ;  M.  Bartho- 
lomae  y  cherche  *duvar-varbi  ;  le  persan  en  a  le  dérivé  dahl% 
Enfin  il  y  a  d'ipim,  dipim  (ace.  sg.)  «  inscription  »,  d'ipiya, 
dipiyâ  (loc.  sg.). 

L'accusatif  p 6 /m ^  pa^im  «  chemin  »  NR.  a.  58  semble  indi- 
quer que  le  nom  indo-iranien  très  anomal  attesté  par  véd.  nom. 


148  FORMES  NOMINALES  [§  283-287 

pànthâh,  gén.  pathàh,  instr.  pi.  paihibhih  avait  été  normalisé  et 
ramené  au  type  normal  en  -i-  ;  comme,  dans  l'Avesta,  -w6- 
est  représenté  par  -nt-  dans  pantq,m  (ace.  sg.)  en  face  de  pa^a 
(instr.  sg.),  on  est  porté  à  écrire  pa^im  ;  toutefois  une  lecture 
pa(n)Bim  n'est  pas  exclue. 

Le  nom  propre  du  Verse  dadrsis,  dâdrsis  B.  III,  i3  et  i5 
a  l'air  d'une  formation  à  redoublement,  avec  suffixe  -/-,  de  la 
racine  dars-  «  oser  » . 

Thèmes  en  -u-. 

§  28^  Les  cinq  thèmes  en  -u-  qu'on  possède  appartiennent 
à  des  types  distincts. 

Il  y  a  un  vieil  adjectif  indo-iranien  (et  indo-européen)  en 
-u-  :  paru-  «  abondant  »,  cf.  zd  pouru-,  skr.  puru-  :  nom.  ace. 
sg.  n.  pr"uv^  paruv  ;  gén.  pi.  pr"unam^  parunâm;  premier 
terme  du  composé  pr^^u'^nananij  paru:(anànâm  (gén.  pi.)  «  qui 
ont  beaucoup  de  races  ». 

On  a  le  mot  isolé  mg"us,  magus  «  mage  »,  ace.  i7ig"um^ 
maguni,  cf.  zd  nw^u-,  p.  nmg. 

§  285.  On  est  en  présence  d'un  ancien  suffixe  -tu-,  avec 
passage  de  /  à  6  (cf.  §  io3)  dans  gabum,  gàBum  (ace.  sg.) 
«  siège,  trône  ^),  ga^va,  gà^avà  (loc.  sg.)  ;  cf.  skv.gàtu-,  zd 
gâtu-,  p.  gàh. 

§  286.  Le  mot  mrsiyu-  «  mort  »,  cf.  skr.  mrtyu-,  zd  mdrd- 
^yu-,  ne  figure  que  dans  le  composé  uvamrsiyus ,  (x)uvàmr- 
siyus  «  qui  a  sa  propre  mort,  sa  mort  naturelle  ». 

§  287.  Enfin  un  mot  tout  à  fait  à  part  est  le  nom  de  la 
«  province  »  dont  on  a  presque  une  flexion  complète,  de  type 
anomal  du  reste:  sg.  nom.  dhyaus,  dahyàus;  ace.  dhyaum, 
dahyàum  ;  loc.  dhyiivàj  qu'on  lira  dahyauvâ  ou  dahyuvâ  ; 
plur.  nom. -ace.  dhyav,  dahyâva  ;  gén.  dhyunam,  dahyu- 
nâm;  \oc.  dhyusuva,  dahyusuvà]  sg.  ace.  v'isdhyum,  visa- 
dahyum  «  qui  a  toutes  les  provinces  »,  dans  un  composé.  Cf. 


§  287-290]  FORMATION  DES  NOMS  149 

zd   dahyu-,    où   le   gén.    sg.    dain'haos   a   entraîné  nom.    sg, 

dainhus. 

Composés. 

§  288.  Sauf  ceux  dont  le  premier  terme  est  un  mot  inva- 
riable comme  a-  «  ne  pas  »,  dus-  «  mal  »,  (h)u-  «  bien  »,  qui 
ont  le  caractère  de  mots  usuels,  la  plupart  des  composés  attestés 
donnent  l'impression  de  mots  artificiels,  appartenant  à  la  langue 
religieuse,  à  la  langue  officielle,  à  la  langue  militaire,  etc. 
Nulle  part  autant  que  dans  les  composés  il  n'y  a  d'éléments  qui 
se  dénoncent  par  leur  forme  comme  étant  des  emprunts  à  des 
parlers  non  perses  (cf.  §  8  et  suiv.). 

§  289.  Le  type,  autrefois  très  important,  des  composés  dont 
le  second  terme  a  la  valeur  d'un  nom  radical  d'agent,  est  repré- 
senté par  deux  séries  de  cas,  tous  deux  du  type  thématique  : 

-kara-  «  qui  fait  »,  de  la  racine  kar-  «  faire  »  (cf.  §  255)  : 
:(urkr ,  T^urakara  «  qui  fait  le  mal  »  {^i^ra  [mot  non  perse,  §  9 
et  119]-!-  kard).  —  La  valeur  de  -kara-  est  autre  dans  la  com- 
binaison avec  le  préverbe  pati-  :  ptikra,  patikarà  (ace.  pi.) 
«  images  » .  Le  persan  a  encore  ~gar  (et  -gâr) 

-tara-  «  qui  porte  »,  delà  racine  bar-  (cf.  §  255):  vçbr, 
vaçabara  «  porteur  de  ))  ;  tkbra^  takabarâ  (nom.   pi.) 

«  porteurs  de  »  ;  srstibr ,  à  lire  ^rstibara  «  porteur  de 

lance  »  (de  ^rsti-  =  ^rsti-,  §  i25,  -f-  bara).  —  H  y  a  aussi 
-bàra-  dans  asbar ,  asabàra  «  cavalier  »  (asa  ~\-  bâra  «  porté 
par  un  cheval  »)  ;  c'est  d'un  composé  du  type  de  asabàra  qu'on 
a  tiré  l'adjectif  usbarim,  usabârim  (ace.  sg.)  «  monté  sur  un 
chameau  »  (v.  §  282).  —  Les  deux  formes  -bar  et  -bâr  ont 
persisté  en  persan. 

§  290.  Le  type  de  composés  à  premier  élément  verbal  ne  se 
trouve  dans  aucun  nom  commun  ;  mais  il  a  existé  ;  on  en 
peut  donner  pour  exemple  le  nom  de  l'un  des  membres  de  la 
conjuration  de  Darius,  le  perse  v'idfrna,  vî(n)dafarnâ',  ce  nom 
signifie  «  qui  trouve  la  gloire  »,  vinda-,  cf.  skr.  vindati,-\-  far- 


iSO  FORMES  NOMINALES  f§  290-292 

nah-.  Toutefois  un  nom  propre  ne  prouve  pas  que  la  formation 
ait  été  productive,  ni  même  comprise,  à  la  date  des  inscrip- 
tions. Le  nom  de  Darius  lui-même,  daryvus,  dârayavaQ))us , 
ne  peut  signifier  que  «  qui  tient  le  bien  »,  ^âray^-,, thème  de 
dârayàmiy  «  je  tiens  »,  +  vahu-,  cf.  skr.  vasu-,  zd  vohu-. 

§  291.  Il  y  a  plusieurs  exemples  clairs  de  composés  posses- 
sifs, et  certains  prouvent  que  le  sentiment  qu'on  avait  de  l'indé- 
pendance des  deux  termes  de  ces  composés  était  parfois  très 
fort:  ariy .  ariy.  c'iç,  ariya.  ariya.  ciça  NR.  a.  i4  ne  peut  se 
comprendre  que  «  aryen,  de  lignée  aryenne  »,  et  les  deux  mots 
écrits  séparément  ariya  et  ciça  forment  un  composé  —  uvamr- 
siyus ,  (x)uvàmrsiyus  «  qui  a  sa  propre  mort,  sa  mort  natu- 
relle »  Qx]uva-  avec  vrddhi  -\-  mrsiyus)  —  tigrxuda,  tigra- 
xaudâ  (nom.  pi.)  «  à  la  coiffure  pointue  »  (tigra — \-  xauda-^ 
—  pr''uzncLna7n,  paru^anânâm  (gén.  pi.)  «  qui  ont  beaucoup 
de  races  »  (^paru  H-  le  mot  non  perse  :(ana-)  et  vHsp:(nanam, 
vispa:(anânâm  (gén.  pi.)  «  qui  ont  toutes  les  races  »  (vispa- 
-j-  T^ana-  ;  les  deux  mots  ne  sont  pas  proprement  perses)  ;  pour 
paru^ana-,  le  sentiment  qu'on  avait  de  l'indépendance  des  deux 
termes  est  indiqué  dans  des  inscriptions  de  Xerxès  ;  en  effet, 
à  côté  de  pr"u:(nanam  (gén.  plur.)  Dar.  Elv.  t5-i6  et  Xerxès 
Elv.  i5-i6,  on  a  la  graphie  pr"uv:(^nanam  Xerx.  Pers.  b  et  d 
(dans  les  deux  exemplaires),  et,  avec  séparation  de  mots  pr"uv  . 
:(nanam  Xerx.  Pers.  a  (en  4  exemplaires),  c  (2  exemplaires)  et 
Van  (cf.  §  i53)  —  visdhyum,  visadahyum  «  qui  a  toutes  les  pro- 
vinces »  (visa — h  dahyu-^  —  h  m  pi  ta,  hamapitâ  «  qui  a  le 
même  père  »  (hama-  «  le  même  »  -\- pitar-),  cf.  hmata,  ha- 
tnâtâ  (c  qui  a  la  même  mère  »  (hama-  -\-  mâtar-,  avec  une 
haplologie,  dont  on  ne  peut  dire  si  elle  existait  dans  la  pronon- 
ciation ou  si  elle  est  purement  graphique  ;  le  mot  est  attesté 
une  seule  fois,  comme  le  précédent:  B.  I,  3o). 

§  292.  Un  seul  composé  est  attesté  avec  a-,  an-  négatif,  cf. 
skr.  a-,  an,  zd  a-,  an-,  p.  a-,  an-:  axsta,  axsatâ  (nom.  fém. 


§  292-293]  FORMATION  DES  NOMS  151 

sg.)  «  non  endommagée  »,  (a  -\-  x^ata-)  —  plusieurs  avec 
(Jj)u-  «  bien  »,  cf.  skr.  su-,  zd  hti- :  ufrstm,  (h^ufrastam  et 
ufrstm,  (h)ufrastam  «  bien  interrogé,  bien  puni  »  ([h]u  -j- 
frasta-,  frasta-)  et  ufrstà-,  (h)ufrastà-  «  en  bonne  punition  » 
([/;]?/-  -\-frastî-)  ;  ubrtm,  (h)nhrtam  «  bien  estimé  »  ([^]w- 
-\- brta-^f  et,  avec  valeur  de  composés  possessifs:  umrtiya, 
(Jj)umartiyâ  (nom.  fém.  sg.)  «  qui  a  de  bons  hommes  »  ([h]u 
-h  martiyd);  uvspa,  (h)uvaspâ  (nom.  fém.  sg.)  «  qui  a  de 
bons  chevaux  »  ([/^Jw-  -f-  le  mot  non  proprement  perse  aspa-) 

—  un  composé  avec  dus-  «  mal  » ,  cf.  skr.  du^-,  dur-,  zd  dus-, 
du\-  :  d^usiyarm,  dusiyàram  «  mauvaise  récolte  »  (dérivé  de 
dus-  et  de  *yar-  «  année  »,  cf.  zd  yârd,  cf.  §  171);  le  s  montre 
que  l'autonomie  de  dus-  était  bien  sentie  ;  devant  un  y-,  la 
vieille  forme  indo-iranienne  était  *;(_,  que  le  perse  n'a  pas  con- 
servé). —  Il  faut  rappeler  ici  apnyak,  apanyâka  «  ancêtre  » 
d'une  inscription  d'Artaxerxès  :  c'est  apa  +  nyâka. 

§  298.  En  dehors  des  composés  précédents  avec  a-,  (F)u-, 
dus-,  il  y  a  peu  de  composés  de  dépendance  bien  clairs.  L'un 
des  plus  nets  est  le  terme  de  la  langue  officielle  xsçpava,  xsa- 
çapàvà  «  satrape  »  {xsaça — \-  pàvan-,  de  la  racine  pà-  «  gar- 
der, protéger  »).  On  a  aussi  des  noms  de  mois  :  grmpdhy, 
garmapadahya  (gén.  sg.),  dans  garma-  «  chaud  »  -f-  pada- 
«  région  »  ;  ^urvahrhy,  ^uravàharahya  (gén.  sg.),  de  ^ura- 
«  fort  »  -f-  un  dérivé  de  vahar-,  vàhara-  «  printemps  »  ;  hagya- 
dis,  bâgayàdais  (gén.  sing.),  de  haga-  «  dieu  »  (avec  vrddhi), 
et  yàdi-  «  adoration  ».  Dans  uvaipsiym,  {x)uvâipasiyam 
«  sien  propre  »  (cf.  zd  xvaèpaMm,  p.  xVi),  on  a  {pc)uvai-, 
avec  vrddhi,  cf.  skr.  svay-am  «  à  soi  »,  et  un  dérivé  du  thème 
*pati-  «  maître  »,  cf.  skr.  pati-,  zd  paiti-  et  lit.  pat(i)s  «  époux, 
lui-même  ».  —  Le  mot  ardstan,  ardastâna  est  sûrement 
un  composé  ;    mais  le  sens  n'en  est  pas  fixé  avec  certitude. 

—  Le  mot  d"uv'itaprnm,  duvitâparnam  «  en  double  bran- 
che (?)  »  n'est  très  clair  ni  pour  le  sens,  ni  pour  la  formation. 


152  FORMES  NOMINALES  [§  293-297 

—  Dans  cHykrm ,  ciyakaram  «  combien  »,  on  a  un  dérivé  de 
l'interrogatif  «-_,  et  le  mot  kara-  «  fois  »,  cf.  p.  agar  «  si  », 
de  *ha-karam  «  une  fois  ». 

§  294.  Il  faut  mettre  à  part  les  mots  qui,  comme  avhnm, 
avahanam  «  village  »  {a  -\-  vahanani)  ;  aydna,  ayadanà 
(nom.  ace.  pi.  n.)  «  sanctuaire  »  (à  -f-  ycidana-^  ;  ptikra, 
patîkarâ  (ace.  pi.)  «  images  »  Çpati  H-  kara-)',  upstam,  upas- 
tà?n  (ace.  sg.)  a  secours  »  Çupa  -\-  stâ-)  ;  hmrnm,  hamaranam 
«  combat  »  (hani  -f-  arana-),  renferment  un  préverbe  suivi  d'un 
nom  ;  les  noms  de  ce  genre  ont  été  faits  pour  la  plupart  sous 
Finfluence  de  verbes  pourvus  de  préverbes. 

§  295.  Un  cas  différent  est  l'union  d'un  préverbe-préposi- 
tion avec  un  nom  fléchi.  On  a  ainsi  :  ptipdni,  patipadam  «  en 
place  »  (^pati  -f-  padam,  accusatif  d'un  thème  pada-  «  place  »  ; 
nipdHy,  nipadiy  «  à  la  suite  de  »  (iii -{-■  padiy ,  ancien  locatif 
de  '^pad-  «  pied  »  ?)  ;  psav,  pasâva  «  ensuite  »  {pasà  -\-  ava 
«  ceci  »,  cf.  §  359)  ;  frhrvm,  /"raharvam  «  en  tout  »  Çf^ra 
-\- harvani,  forme  brève  de  haruvam,  cf.  §  i/i6).  Sur  l'union 
des  prépositions  avec  le  nom  qu'elles  déterminent,  cf.  §  4 16. 
On  lit  même  un  juxtaposé  \t]rdry,  [ta]radraya  «  de  l'autre 
côlé  de  la  mer  (tara  -\-  draya)  NR.  a.  28-29. 

§  296.  Le  mot  aurm:(^da,  a{h)urama:(dà  n'est  pas  un  vrai 
composé  ;  c'est  la  juxtaposition  de  deux  mots  qui  sont  auto- 
nomes dans  les  gâthâs  de  l'Avesta  et  que  l'Avesta  fléchit  sépa- 
rément; on  lit  du  reste  une  fois  Xerxès  Pers.  c.  aurhy  mz^dah , 
a{h)urahya  ma^dâha  (dans  les  deux  exemplaires  de  l'inscrip- 
tion), au  génitif.  Mais  d'ordinaire  le  perse  ne  fléchit  que  le 
second  mot  du  juxtaposé:  ace.  aurm:(dam^  a(}})urama'^dâin,  gén. 
aurm^^dah,  a(h)urama/^dâha. 

§  297.  Les  noms  propres  d'hommes,  formés  à  l'aide  de  com- 
posés à  deux  termes,  ont  subsisté  en  iranien  ancien,  comme  on 
l'a  vu  par  le  nom  du  Mède  Taxmaspâda-  (§  268),  et  en  perse, 
notamment  dans  les  noms  de  DârayavaQj)us  et  de  Fi(n)dafarnâ 


§  297-299]         FLEXION  DES  SUBSTANTIFS  ET  ADJECTIFS  183 

(§  290).  Toutefois,  même  quand  ils  ont  l'apparence  de  com- 
posés, les  noms  propres  de  personnages  perses  sont  malaisés  à 
interpréter  pour  la  plupart,  et  presque  tous  les  noms  des  com- 
pagnons de  Darius,  nommés  B.  IV,  83  et  suiv,,  sont  obscurs. 
Certains  même  ne  sont  sûrement  pas  composés  :  on  explique 
^uxr ,  ^uxra  comme  un  ancien  adjectif  répondant  à  skr.  çukra- 
«  brillant  »,  zd  suxra-,  p.  siirx\  c'est  une  hypothèse  plausible, 
mais  naturellement  indémontrable. 

Vrddhi. 

§  298.  La  vrddhi  indo-iranienne,  qui  consiste  dans  l'allon- 
gement d'un  ^  à  la  syllabe  initiale  de  certains  dérivés,  est  attes- 
tée en  perse  dans  quelques  mots,  dont  plusieurs  sont  des  com- 
posés. L'exemple  le  plus  net  est  margv j  mârgava  «  Margien  » 
de  mrg"us,  margus  «  Margiane  »  (§  255).  Le  primitif  du 
nom  de  mois  ^aigrcis ,  ^àigrcais  (gén.  sg.)  n'est  pas  connu. 

—  Dans  les  composés,  on  a  :  le  nom  de  mois  hagyadis , 
hàgayâdais  (gén.  sg.,  litt.  «  de  l'adoration  de  dieu  »),  où  à 
dans  le  mot  haga-  «  dieu  »  ne  peut  s'expliquer  que  par  la  vrddhi 

—  uvamrsiyus ,  (pc)uvâmrsiyiis  «  qui  a  sa  mort  propre,  sa 
mort  naturelle  »,  de  "^xva-  =  skr.  sva-  avec  vrddhi,  et  *mrsiyus 
«  mort  »  —  uvaipsiym,  (x)uvàipasiyam  «  sien  propre  »,  de 
xvai-  =  skr.  svay-  dans  svayam,  avec  vrddhi,  et  * pati-,  —  Au 
second  terme  du  composé  désignant  un  mois  hurvahrhy, 
^uravàharahya  (gén.  sg.),  le  mot  *vàhara-  «  printemps  »  est  un 
dérivé  de  *vahar-  (cf.  gr.  Fiy.f)^  avec  vrddhi. —  Ces  exemples 
sont  peu  nombreux  ;  néanmoins  le  type  a  vraisemblablement 
été  productif  en  perse. 

IL   Flexion  des  substantifs  et  adjectifs. 

§  299.  La  flexion  nominale  sert  à  distinguer:  les  nombres, 
singulier,  pluriel  et  duel  ;  les  genres,  masculin-féminin  et  neu- 


454  FORMES  NOMINALES  [§  299-3:0 

tre;  les  cas:  nominatif,  vocatif,  accusatif,  génitif,  ablatif,  instru- 
mental, locatif. 

Comme  dans  toutes  les  anciennes  langues  indo-européennes, 
le  féminin  n'est  pas  distingué  du  masculin  par  la  flexion  ;  il 
l'est  seulement  par  la  forme  du  thème  de  l'adjectif  qui  se  rap- 
porte au  substantif  (cf.  §  257). 

Parmi  les  cas,  le  génitif  et  le  datif,  distincts  en  indo-iranien, 
n'ont  en  perse  qu'une  forme  commune,  qui,  sauf  dans  les  pro- 
noms personnels  atones,  est  en  principe  celle  de  l'ancien  génitif; 
on  sait  que  les  substantifs  et  les  pronoms  se  sont  ultérieurement 
fixés  en  perse  sous  cette  forme  du  génitif-datif  qui  est  devenue  la 
forme  unique  ;  la  confusion  du  génitif  et  du  datif  a  donc  eu,  pour 
le  développement  de  la  langue,  une  importance  décisive. 

L'instrumental  n'était  pas  distingué  de  l'ablatif  au  singulier 
des  thèmes  en  -a-  ;  dans  les  thèmes  consonantiques,  la  forme 
de  l'ablatif  singulier  se  confond  avec  celle  du  génitif  suivant 
l'usage  ancien  ;  et  ce  fait  autorise  à  distinguer  l'ablatif  de  l'instru- 
mental. 

Dans  l'exposé  ci-dessous,  on  fera  état  à  la  fois  des  nom& 
communs  dont  la  formation  a  été  indiquée  précédemment  et 
des  noms  propres  qui  se  rattachent  à  chaque  type  de  déclinaison, 

A.  Thèmes  en  -à-. 

§  3oo.  Gomme  en  sanskrit  et  en  zend,  les  thèmes  en  -à- 
sont,  les  uns  masculins,  les  autres  neutres.  Suivant  l'usage  indo- 
iranien, il  n'y  en  a  pas  de  féminins. 

La  distinction  entre  le  masculin  et  le  neutre  n'est  du  reste 
sensible  qu'au  nominatif  singulier,  qui  est  en  -a  pour  le  mas- 
culin, en  -am  pour  le  neutre  ;  l'accusatif  singulier  est  en  -am 
pour  les  deux  genres  suivant  l'usage  ancien,  et  le  nominatif- 
accusatif  pluriel  en  -à,  aussi  pour  les  deux  genres,  ce  qui  est 
chose  nouvelle.  Le  nominatif-accusatif  duel  n'est  pas  attesté 
d'une  manière  sûre. 


300-301]         FLEXION  DES  SUBSTANTIFS  ET  ADJECTIFS  155: 

Les  formes  qu'on  possède  permettent  de  déterminer  à  peu 
près  toute  la  flexion  de  ce  type. 

§  3oi.   Singulier. 

Nom.  masc.  -a,  cf.  skr.  -ah,  zd  -ô  (-as-  devant  l'enclitique 
-ca),  ainsi  kar,  kâra  «  peuple,  armée  »  ;  mrtiy ,  martiya 
«  homme  »  ;  xsay^iy ,  xsàyaUya  «  roi  »  ;  pars,  par  sa  «  le 
Perse,  la  Perse  »  ;  etc. 

Ace.  masc.  -am,  cf.  skr.  -am,  zd  -?w  :  kar  m,  kàram  «  peu- 
ple, armée  »  ;  mrtiytn,  martiyam  «  homme  »  ;  xsay^iyrriy 
xsâyadiyam  «  roi  »  ;  par  s  m,  pàrsani  «  le  Perse,  la  Perse  »  ; 
etc.,  etc. 

Voc.  masc.  -à,  cf.  skr.  a-,  zd  -a  :  mrtiy  a,  martiyà  «  ô 
homme  »  NR.  a  56. 

Nom. -ace.  neutre,  -am,  cf.  skr.  -am,  zd  -?m  :  xsçm,  xsaçam 
(attesté  comme  nominatif  et  comme  accusatif)  «  royauté, 
royaume  »,  cf.  skr.  ksatram,  zd  xsa^r^m;  kmnm,  kamnam 
«  peu  de  chose  »  ;  nihm,  naibam  «  beau  (au  neutre)  )>  ;  etc. 

Gén.-  dat.  masc.  et  neutre:  -ahyà,  cf.  skr.  -asya,  gâth.  -ahyà, 
zd  -ahc  karhya,  kârahyâ  «  du  peuple,  au  peuple  »  ;  mr- 
tiyhya,  martiyahyà  «  de  Fhomme,  à  l'homme  »  ;  xsayOiy- 
hya,  xsâya^iyahyà  «  du  roi,  au  roi  »  ;  etc.  La  voyelle  finale 
est  -à  dans  certains  cas,  ainsi  aurhy  mT^dah,  aQj)urahya 
mazdàha  «  d'A(h)ura  Mazdâ  »  Xerxès  Pers.  c  (v.  §  162).  Et 
en  effet  -à  est  la  quantité  ancienne  ;  c'est  celle  qui  apparaît 
quand  -hya  est  suivi  d'un  mot  enclitique  et  qu'on  peut  recon- 
naître la  quantité  propre  de  la  finale:  avhyradHy ,  avahya- 
râdiy  «  à  cause  de  ceci  »  {avahya  -\-  ràdiy). 

Instrumental-ablatif  masc.  et  neutre  :  -à,  qui  peut  répondre 
soit  à  véd.  -à,  zd  -a  (instrumental),  soit  à  véd.  -ât,  zd  -ât 
(ablatif),  soit  à  tous  les  deux:  kara,  kârà  «  avec  le  peuple  » 
(instr.  B.  I,  98,  etc.)  ;  data,  data  «  par  la  loi  »  (instr. 
B.  I,  23)  ;  par  sa,  pârsâ  «  avec  le  Perse,  de  Perse  »  (instr. 
Dar.  Pers.  e  8,  etc  ;  abl.   NR.  a  18;  etc.).  La  confusion  de 


156  FORxMES  NOMINALES  [§  301-302 

l'ablatif  et  de  l'instrumental  est  réelle,  et  non  pas  seulement 
graphique  ;  car,  dans  les  démonstratifs,  la  finale  en  -anà,  qui 
est  étymologiquement  une  forme  d'instrumental,  sert  à  la  fois 
d'ablatif  et  d'instrumental. 

Locatif  ma  se.  et  neutre  :  -aly^  cf.  skr.  -e,  zd  -e  Ç-aè-  devant 
cd).  Cette  finale  n'est  conservée  telle  quelle  que  dans  les  noms 
propres  et  les  mots  pris  adverbialement.  Dans  les  noms  com- 
muns une  poslposition  -à  a  été  ajoutée,  et  la  finale  a  alors  l'as- 
pect :  -ayâ  ;  la  postposition  est-^  (et  non  -a),  comme  on  le  voit 
par  le  cas  où  un  mot  enclitique  suit:  d'^uvryamiy ,  duvarayâ- 
maiy  «  à  ma  porte  ))  B.  II,  76.  On  a-  ainsi  : 

Noms  propres  :  parsiy ,  pàrsaiy  «  en  Perse  »  ;  madiy , 
màdaiy  «  en  Médie  »  ;  pr^viy ,  par^avaiy  «  en  Parthie  »  ; 
uvjiy ,  {x)uvajaiy  «  en  Susiane  »  ;  arm'iniyiy ,  arminiyaiy 
«  en  Arménie  »  ;  asgrtiy,  asagartaiy  «  en  Sagartie  »  ;  m"ud- 
rayiy,  mudràyaiy  «  en  Egypte  ». 

Adverbes:  d"uriy,  duraiy  «  au  loin  »  ;  pru[v]iy,  parau- 
\ya\iy  (î)  «  à  l'Est  »  ;  asniy ,  asnaiy  «  en  marche  »  (?). 

Noms  communs  :  dstya,  dastayâ  «  dans  la  main  »  ;  d"u- 
vrya,  duvarayâ  «  à  la  porte  ». 

§  3o2.   Pluriel. 

Nom. -ace.  masc.  et  neutre  -à  ;  au  neutre,  cf.  véd.  -à,  zd  -a', 
au  nominatif  masc,  cf.  skr.  -àh^  zd  -a  (celui-ci  rare);  à  l'accu- 
satif masc,  cf.  skr.  -an,  gâth.  -Mg,  zd  -a.  Phonétiquement, 
-â  peut  représenter  d'anciens  *-â,  "^-âs  et  "^-âns^  mais  il  n'est 
pas  évident  que  -â  ait  ces  trois  origines  à  la  fois  ;  en  ce  qui  con- 
cerne le  nominatif  plur.  masc,  on  sait  qu'en  zend  il  est  d'ordi- 
naire de  la  forme  -a,  identique  à  celle  du  nominatif-accusatif 
pluriel  neutre.  En  tout  cas,  la  confusion  du  nominatif  et  de 
l'accusatif  masculins  est  réelle,  et  non  pas  seulement  graphique  ; 
car  elle  a  été  étendue  aux  démonstratifs  où  l'ancienne  forme  du 
nominatif  masculin  en  -aiy  sert  aussi  d'accusatif  (v.  §  324 
et  suiv.).   Ainsi  xsay^iya,    xsâyaUyâ   «  rois  »   est  nominatif 


§  302]  FLEXION  DES  SUBSTANTIFS  ET  ADJECTIFS  187 

B.  I,  lo-ii  et  accusatif  B.  IV,  7  ;  mrtiya,  martiyà  est  nomi- 
natif B.  I,  57-68  et  accusatif  sans  doute  B.  II,  77  ;  etc.  Pour 
le  nominatif-accusatif  neutre,  on  peut  citer  aydna,  ayadanâ 
«  lieux  de  culte  »  ;  hmrna,  hamaranà  «  combats  »,  qui  servent 
d'accusatifs. 

Tandis  que  le  nominatif  pluriel  masculin  en  -à  est  fréquent 
et  se  trouve  dans  des  mots  de  toutes  sortes,  une  autre  forme, 
qui  répond  au  nominatif  masculin  pluriel  du  type  véd.  -àsah, 
zd  -ânhô  se  rencontre  uniquement  dans  la  formule  religieuse  : 
aniyah  bgah,  aniyàha  bagâha  «  les  autres  dieux  »  B.  IV,  61 
et  62-63,  où  bagâha  a  servi  de  modèle  à  aniyàha  ;  car  le  plu- 
riel attendu  de  aniya-  serait  *aniyaiy  (v.  §  33^).  Cette  formule 
ne  prouve  pas  l'existence  d'un  nominatif  pluriel  perse  en  -àha  à 
l'époque  des  inscriptions  ;  cf.  §  12. 

Gén.-dat.  -ânàm,  d'accord  avec  skr.  -ànâm,  mais  en  désac- 
cord avec  zd  -anam  ;  c'est  ce  -ànâm  qui  a  fourni  le  pluriel  pehlvi 
et  persan  en  -an.  Exemples  :  xsay^iyanam,  xsàyaOiyânâm 
«  des  rois  »  ;  bganam,  bagânàm  «  des  dieux  ». 

Instr.  -aibisj  cf.  véd.  -ebhih  ;  cette  caractéristique  a  été  em- 
pruntée à  la  flexion  des  démonstratifs,  d'où  elle  a  passé  aux 
adjectifs,  puis  aux  substantifs,  comme  on  le  voit  par  le  védique; 
l'Avesta  a  gardé -â/i  comme  skr.  class.  -aih.  Exemples  :  kmnibis 
asbaribis,  kamnaibis  asabâraibis  «  avec  peu  de  cavaliers  »  ; 
mrtiyibis,  martiyaibis  «  avec  des  hommes  »  ;  mad[ibi]sj 
màdaibis  «  avec  des  Mèdes  »  ;  uvjiyibis,  (x)uva)iyaibis  «  avec 
des  Susiens  »  ;  etc. 

On  n'a  pas  de  formes  où  l'ablatif  soit  attendu,  de  sorte  qu'on 
ignore  si  l'ablatif  était  aussi  en  -aibis  ou  s'il  avait  une  forme 
propre. 

Loc.  -aisuvà,  cf.  skr.  -esu,  zd  -aèsu  ;  -â  final  est  une  postposi- 
tion qui,  au  pluriel,  figure  même  dans  les  noms  propres,  à  la 
difl'érence  du  singulier  (v.  §  3oi).  Ex.  madisuva,  màdaistivâ 
«  chez  les  Mèdes  ». 


458  FORMES  NOMINALES  [§  303-305 

§  3o3.  Duel. 

Le  duel  n'est  pas  attesté  dans  le  verbe,  et  l'on  a  même  des 
formes  verbales  du  pluriel  là  où  le  verbe  se  rapporte  à  deux 
noms  de  peuples  au  singulier:  B.  II,  92  par^ava  utâ  vrkàna 
[ham\i[ç\iyà  \aha\va  hacàma  «  la  Parthie  et  l'Hyrcanie  se  sont 
révoltées  contre  moi  »  (l'exemple  prouve  peu  parce  que  pàrsa 
«t  vrkàna  sont  des  espèces  de  collectifs,  cf.  §  348)  ;  mais,  dans 
Xerx.  Pers.  a  17,  le  pluriel  akumâ  «  nous  avons  fait  »  semble 
s'appliquer  à  deux  personnes  seulement  :  Darius  et  Xerxès. 

Dans  les  thèmes  en  -à-,  on  a  deux  formes  certaines  d'ablatif- 
instrumental  duel,  à  savoir  dstibiyUj,  dastaibiyâ  «  par  les  (deux) 
mains  »  et  padibiya,  pâdaibiyâ  «  par  les  (deux)  pieds  »  NR. 
b.  4 1,  cf.  zd  -bya,  en  regard  de  skr.  -bhyâm  ;  on  en  rapprochera 
usibî[y]a,  usibiyâ  «  par  les  (deux)  oreilles  »  (?)  NR.  b.  37; 
ces  formes,  qui  sont  les  seules  probantes,  ne  prouvent  pas  clai- 
rement un  emploi  courant  du  duel  ;  car  les  formes  du  duel  peu- 
vent subsister  dans  des  noms  d'organes  pairs  alors  qu'elles  ont 
disparu  par  ailleurs.  En  tout  cas,  gusa,  gausà  «  oreilles  » 
(ace.)  B.  II,  74  et  89  est  ambigu  ;  le  -^  final  peut  répondre 
à  celui  du  nominatif-accusatif  duel  masculin  védique  en  -à, 
avestique  en  -a  ;  mais  la  forme  se  confond  avec  celle  du 
nominatif-accusatif  pluriel. —  On  ne  saurait  guère  faire  état  de 
gusay* ,  gausây..Q)  dans  un  passage  inintelligible  et  mutilé 
de  NR.  b.  53. 

§  3o4.  Sauf  l'ablatif  pluriel,  dont  on  ne  peut  rien  dire,  et  le 
duel  dont  on  n'a  pas  la  forme  de  nominatif-accusatif  neutre, 
non  plus  que  celles  de  génitif  et  de  locatif,  on  peut  décrire  com- 
plètement la  flexion  des  thèmes  en  -à-.  Ce  sont  les  seuls  où  l'on 
ait  le  paradigme  presque  complet.  De  tous  les  autres,  on  n'a  que 
des  formes  plus  ou  moins  isolées. 

B.  Thèmes  en  -à-. 
§  3o5.  Après  les  thèmes  en  -à-,  ce  sont  ceux  dont  on  a  le 


I  305  309 1         FLEXION  DES  SUBSTANTIFS  ET  ADJECTIFS  159 

plus  de  formes.  Tous  les  mots  attestés  sont  féminins,  pour  autant 
qu'on  en  puisse  déterminer  le  genre. 

§  3o6.   Singulier. 

Nom.  -à,  cf.  skr.  -à,  zd  -a  :  tuma,  tau(x)mâ  «  famille  »  ; 
h  in  a,  hainâ  «  armée  »  ;  d'ida,  didà  «  forteresse  »  ;  rga, 
ragà  (nom  de  lieu)  ;  etc. 

Ace.  -àm,  cf.  skr.  -àm,  zd  am  :  [t]umam,  [ta]u{x)mâm 
<(  famille  »  ;  d'idam,  didàm  «  forteresse  »  ;  etc. 

Gén.-abl.  (et  sans  doute  datif)  -àyâ,  cf.  gén.  skr.  -àyâh,  zd 
-ayâ:  tumaya,  tau{x)niâyà  «  de  la  famille  »  (gén.  B.  I,  g;  etc.; 
abl.  B.  I,  61-62);  hinaya,  hainàyâ  «  de  l'armée  »  (abl.  Pers.  d. 
16-17).  —  Le  locatif  est  aussi  en  -âyâ  (cf.  skr.  -âyâm,  zd  -aya)  : 
rgaya,  ragàyà  «à  Ragâ  »;  arbiraya,  arbairâyâ  «  à  Arbèle  ». 

§  807.  Pluriel. 

Nom. -ace.  -âj  cf.  skr.  -àh^  zd  -â  (-as  devant  ca)  :  aniya, 
aniyâ  «  autres  »  (au  féminin,  nom.  B.  I,  4i  ;  ace.  B.  I,  47 
«t  67). 

Gén.  -ànâm,  cf.  skr.  -ànâm,  zd  -anam:  v'isp'^nanani,  vis- 
pa:(anânàm  «  qui  ont  toutes  les  races  »  NR.  a.  lo-ii,  et  de 
même  pr^ux^nanam,  paru/^anânâm  «  qui  ont  beaucoup  de  races 
(dans  plusieurs  passages). 

Loc.  -à(x)uvâ,  cf.  skr.  -àsu,  zd  -âhu,  avec  postposition  -â  : 
mskauvUj  maskà(x)uvâ  «  dans  les  peaux  »  ;  ^an^iyauva, 
\an\iyà(x)uvà  «  dans  les  autres  »  (B.  I,  35  ;  la  restitution 
est  sûre). 

§  3o8.  Des  noms  en  -l-,  on  n'a  clairement  que  le  nominatif 
singulier  en  -is  (cf.  skr.  -îh)^  l'accusatif  singulier  en  -im,  cf. 
skr.  -îm,  zd  -tm  :  bum'im,  bumim  «  terre  »,  et  le  locatif  singu- 
lier en  -iyà:   bum'iya,  bumiyà  «  sur  la  terre  »;  baxtriya, 
hâxtriyà  «  en  Bactriane  »  ;  baxtris,  bàxtris  «  Bactriane  ». 

G.  Thèmes  consonan tiques. 
§  809.   Sur  les  formes  de  thèmes  consonan  tiques,  on  a  peu 


160  FORMES  NOMINALES  [§  309-312 

de  données.  L'accusatif  singulier  est  en  -ani,  cf.  skr.  -am,  zd 
-dm.  Le  génitif-ablatif-datif  sg.  est  en  -a,  cf.  gén.-abl.  sg.,  skr. 
-ah,  gâth.  -ô.  Le  locatif  singulier  est  en  -iyà,  cf.  skr.  -i,  zd  -/, 
avec  la  postposition  -à,  usuelle  dans  tous  les  noms  communs  au 
singulier.  L'instrumental  singulier  est  en  -à,  cf.  skr.  -â,  zd  -à, 
et  l'instrumental  pluriel  est  en  -bis,  cf.  skr.  -bhih,  zd  -hU  ;  l'ac- 
cusatif pi.  masc.-fém.  est  en  -a,  cf.  skr.  -ah,  zd  -ô.  Les  alter- 
nances vocaliques  sont  mal  connues,  faute  de  formes  attestées. 

a.  Thèmes  en  -r-. 

§  3io.  Des  noms  d'agent  en  -tar-,  on  n'a  que  le  nominatif 
et  l'accusatif  singuliers,  tous  deux  avec  le  vocalisme  prédésinen- 
tiel  attendu  -à-:  nom.  sg.  jta,  jatâ  «  tueur  »  ;  dusta,  daustà 
«  ami  »,  cf.  skr.  -ta,  ïà-tù\  ace.  sg.  frmtarm,  f'^ramàtàram 
«  celui  qui  commande  »,  cf.  skr.  -tarant,  zd  -tàr^m. 

§  3ii.  Des  noms  de  parenté,  on  a  le  nominatif  sg.  pita, 
pità  «  père  »,  cf.  skr.  pità,  zd  pita,  et  hrata,  hyâtà  «  frère  », 
cf.  skr.  hhràtâ,  zd  brâta,  et  le  génitif-ablatif  sg.  piç,  piça, 
formation  nouvelle  du  perse,  faite  sur  le  thème  pitr-,  tel  qu'il 
figure  par  exemple  dans  le  datif  skr.  pitre. 

b.  Thèmes  en  -n-. 

§  3x2.  Le  nominatif  sg.  xsçpava,  xsaçapâvâ  «  satrape  » 
appartient  probablement  à  un  thème  en  -n-,  dont  on  n'a  pas 
d'autres  cas  ;  pour  la  forme,  cf.  skr.  -a,  zd  -a.  L'accusatil 
masculin  est  bien  attesté  par  a  s  m  an  m,  asmânam  «  ciel  »,  de 
asman-,  cf.  skr.  açmânam,  zd  asmânam,  avec  vocalisme  prédé- 
sinentiel  à. 

Les  formes  neutres  sont  obscures.  En  face  de  skr.  nàma,  zd 
nama  «  nom  »,  on  attendrait  *nama,  nâmâ  ;  or,  en  fait,  ce 
mot  ne  figure  que  dans  un  seul  tour,  près  de  noms  propres, 
et  alors  il  est  de  la  forme  nam,  nàma  quand  il  se  rapporte  à 
des  masculins  et  à  des  neutres,  ainsi  kbuj'iy  ?iam,  ka(it)bujiya 


§  312-314]         FI^EXION  DES  SUBSTANTIFS  ET  ADJECTIFS  161 

nàma  «  un  nommé  Gambyse  »  B.  I,  28;'  :<^a/^an  nam  vrdnni, 
^à-^àna  nàma  vardanam  «  une  citadelle  nommée  Zâzâna  »  B.  I, 
92,  etc.,  et  sous  la  forme  nania,  nàmà  quand  il  se  rapporte 
à  des  féminins:  kpd  nama  dhyaus,  ka(n)pada  nàmà  dahyàus 
«  une  province  nommée  Ka(n)pada  »  B.  II,  27,  etc.  La  forme 
nàmà,  employée  au  féminin,  peut  être  l'ancienne  forme  du  mot, 
qui  aurait  été  affectée  au  féminin  à  cause  de  son  -à  final.  La 
forme  nàma,  employée  au  masculin  et  au  neutre,  suppose 
*nâman,  avec  restitution  de  la  nasale  du  thème  qui  ne  figurait 
pas  d'une  manière  visible  au  nominatif-accusatif  indo-iranien  ; 
ce  serait  une  forme  comparable  au  type  slave  vrème  «  temps  », 
en  face  du  génitif  vrèmene. 

De  l'autre  mot  qui  semble  un  neutre  en  -jt-^  on  ne  saurait 
rien  dire  ;  car  on  n'en  a  que  la  forme  ucsm,  ucasnia  (cf.  zd 
casmd),  qui  paraît  indiquer  les  «  deux  yeux  »,  et  où  l'élément 
u  est  inexpliqué.  En  tout  cas,  on  y  a  aussi  -à  final,  ce  qui 
semble  supposer  un  ancien  *-an  et  ce  qui  confirmerait  par 
suite  l'hypothèse  faite  sur  nàma. 

c.  Anciens  thèmes  en  *-^-(iran.  -/;-). 

§  3i3.  On  a  le  nominatif-accusatif  sg.  neutre  en  -a,  cf. 
skr.  -ah,  zd  -ô  dans  me,  rauca  «jour  »,  cf.  zd  raocô,  dans  T^ur , 
:(ura  «  mal,  faute  »,  cf.  zd  :(ùrô,  et  dans  dry,  dyaya  «  mer  »  ; 
et  le  nominatif-accusatif  sg.  n.  en  -is,  cf.  skr.  -ih,  zd  -is  dans 
hd'is ,  hadis  «  siège  ».  —  Les  autres  formes  connues  sont  le 
locatif  sg.  dryhya,  d^rayahyà  «  dans  la  mer  »,  et  l'instru- 
mental pluriel  rucbis ,  raiicabis  «  (par)  les  jours  »  (cf.  §  Syo). 

§  3t4-  Du  masculin,  on  a  surtout  la  flexion  du  thème  ma^r 
dàh-,  principalement  dans  a(h)iirama:(dàh-  :  nom.  aurm^^da, 
a(h)urama\dà,  cf.  skr.  medhàh,  zd  ma:(dâ;  ace.  aurm:(^dam, 
a(Ji)urama:(dâm,  cf.  skr.  medhàm,  zd  ma:(dg,m  ;  gén.-abl. 
m^dah,  ma'^dâha  (Xerx.  Pers.  c),  cf.  zd  mazdânhô,  et  aur- 
mx_dah,  a{h)urama:(jdàha,   toujours    à   Behistun  et  dans    une 


II 


162  FORMES  NOMINALES  [§  314-316 

partie  des  inscriptions  de  Xerxès  à  Persépolis,  à  Suse  et  à  Van  ; 
mais  les  inscriptions  de  Darius  à  Naxs-i-Rustam  et  à  Persé- 
polis et  l'inscription  a  de  Xerxès  à  Persépolis  (dans  les  quatre 
exemplaires)  ont  aurmx_dahaj  aQj)uramazdàhâj  avec  un  -â 
final  qui  rappelle  le  type  en  -ahyà  (cf.  §  3oi)  ;  il  serait  risqué 
de  supposer  qu'un  ancien  *ma:(dàhah  aurait  été  dissimilé  en 
*ma:(dàha,  ce  qui  entraînerait  la  notation  -ma:(dâhà.  —  Le  nomi- 
natif est  aussi  attesté  par  les  noms  propres  vHdfrna,  vi(n)da- 
farnà  et  sans  doute  as  p  en  a,  aspacanà. 

§  3i5.  On  voit  d'ordinaire  dans  le  nom  de  Xerxès  un  thème 
en  -n-  ;  le  nominatif  xsyarsa,  xsayàrsà  est  ambigu  ;  mais 
'accusatif  xsyarsam,  xsayàrsàm  indique  plutôt  la  même 
flexion  que  aurmz^da,  a(F)urama^dà.  Le  génitif  n'est  pas 
attesté,  sauf  dans  des  inscriptions  d'Artaxerxès,  où  il  apparaît 
sous  une  forme  analogique  xsayàrsahyâ,  qui  n'enseigne  rien. 

Du  thème  radical  nâh-  «  nez  »,  on  a  l'ace,  sg.  nahm, 
nàham,  qui  pourrait  être  une  forme  thématique  ;  de  màh- 
«  mois  »,  on  a  le  loc.  sg.  mahya,  màhyà. 

d.  Thèmes  terminés  par  une  occlusive  ou  une  spirante. 

§  3i6.  De  napàt-  «  petit-fils  »,  on  a  le  nom.  sg.  npa^ 
napà,  cf.  skr.  napàt. 

De  ^ard-  (féminin)  «  année  »,  on  a  l'ace,  sg.  ^rdm,  Bar- 
dam  et  le  gén.-abl.  sg.  Brd,  Barda  ;  le  p.  sâl  indique  la  lecture 
Bard-  ;  toutefois,  d'après  le  correspondant  sanskrit  car  ad-  «  au- 
tomne » ,  on  pourrait  supposer  une  lecture  *  Baradam  à  l'accu- 
satif ;  tout  ce  qu'exige  la  forme  persane,  c'est  qu'il  y  ait  eu  à 
certains  cas,  notamment  au  génitif,  une  forme  telle  que  Barda. 

De  raut-  «  rivière  »,  on  a  le  gén.-abl.  sg.  rut,  rauta;  le 
thème  sanskrit  correspondant  est  sravat-  ;  la  forme  rauta  du 
génitif-ablatif  n'exclut  pas  qu'il  y  ait  eu  un  accusatif  tel  que 
*ravatam  par  exemple. 

De  viB-  «  famille  »,  cf.  skr.  viç-,  zd  vis-,  on  a  ace.  sg. 


§  316-317]         FLEXION  DES  SUBSTANTIFS  ET  ADJECTIFS  16a 

vH^m  ou  v^m,  vivant,  cf.  skr.  viçam;  instr.  sg.  v'^a,  viOâ; 
loc.  sg.  vH^iya  et  v'Biya,  vi^iyâ. 

e.  Thèmes  en  -/-  et  en  -u-. 

§  317.  Les  flexions  des  thèmes  en  -ï-  et  en  -û-  sont  paral- 
lèles ;  les  formes  qu'on  en  possède  répondent  assez  exactement 
à  ce  qu'on  attend  d'après  le  sanskrit  et  l'avestique.  On  notera 
l'alternance  de  la  voyelle  prédésinentielle  au  degré  zéro,  exprimé 
par  -i-  et  -u-  au  nominatif  et  à  l'accusatif  singuliers,  et  au 
degré  a,  exprimé  par  -ai-^  -au-  au  génitif-ablatif  singulier. 

§  3 18.   Singulier. 

Nom.  -is  et  -us,  cf.  skr.  -ih  et  -uh,  zd  -is  et  -us:  siyatisj 
siyàtis  «  bien  être  »,  mg^us ,  magus  «  mage  »  ;  bahir^us , 
hàbairus  «  Babylone  »  ;  etc. 

Ace.  -ini  et  -um,  cf.  skr.  -im  et  -um,  zd  -îm  et  -ûm  :  p^im, 
paUm  «  chemin  »  ;  usharim,  usabàrim  «  monté  sur  chameau  »  ; 
mg'^um,  magwn  «  mage  »  ;  ga^iim,  gàOum  «  siège,  trône  »  ; 
babir"um,  bàbairum  «  Babylone  »  ;  etc. 

Gén.-abl.  -ais  '"t  -ans,  cf.  skr.  -eh  et  -oh,  zd  -ôis  et  -aos  (-?wi)  : 
le  génitif  de  k^r^us,  kurus  «  Cyrus  »  est  k"urus,  kuraus  \ 
le  génitif  de  Babairus  est  babirus ,  bàbairaus  ;  le  génitif  de 
daryzus,  dàrayava(h)us  «  Darius  »  est  dryv^hus,  dàraya- 
vahaus  ;  le  génitif  du  nom  de  mois  bàgayàdi-  est  bagyadis , 
bàgayàdais .  Là  où  il  n'y  a  pas  de  caractère  consonantique  per- 
mettant d'exprimer  nettement  la  diphtongue,  on  a  parfois  noté 
a  pour  distinguer  le  génitif  du  nominatif  ;  on  rencontre  ainsi 
cispais  B.  I,  5-6  et  cispis ,  B.  a.  8,  dans  une  même  phrase; 
il  faut  lire  les  deux  fois  ca(Jj)ispais ,  et  jamais  -âis\  on  rencontre 
de  même  cicixrais ,  ci(n)cixrais,  avec  a  exprimé  ;  mais  cet 
usage  n'est  pas  constant,  et  malgré  l'ambiguïté  du  caractère 
notant  la  consonne,  Va  n'est  pas  exprimé  dans  le  nom  de 
mois  ^aigrcis,  ^àigrcais,  non  plus  que  dans  le  génitif/fî;r^/i^ 
fy avariais  de  frvrtis,  fyavartis]  ace.  frvrtim,  fyavartim. 


164  FORMES  NOMINALES  [§  318-321 

Locatif.  Le  locatif  perse  des  thèmes  en  -u-  est  à  désinence 
zéro  et  avec  vocalisme  prédésinentiel  a  ;  dans  les  noms  de  lieux, 
sans  postposition,  on  a  babiruVj  hâbairauv  «  à  Babylone  »  ; 
mrguv,  margauv  «  en  Margiane  ».  —  Du  thème  gà(}u-  «  siège, 
trône  »  on  a,  avec  la  postposition  attendue  (cf.  §  3oi),  ga^va, 
gâ^avâ,  Vu  final  se  prononçant  v  (c.-à-d.  iv)  devant  la  voyelle  à. 

On  n'a  pas  de  locatif  singulier  sur  de  thème  en  -/-.  On  sup- 
pose un  locatif  en  -à  dans  iifrstadHy ,  (h)ufrastàdiy  ce  en 
bonne  punition  »   B.  IV,  69  (hufrastà  -\-  adiyï). 

Cas  indéterminé.  On  ne  saurait  déterminer  d'une  manière 
certaine  à  quel  cas  —  génitif  ou  instrumental —  on  a  affaire 
dans  an^uv  ufraf^uva  anuv,  ufrâtuvà  «  sur  l'Euphrate  »  B. 
I,  92,  ni  s'il  s'agit  d'un  thème  en  -û-  ou  en  -û-. 

§  819.   Pluriel. 

Du  pluriel,  on  n'a  que  le  génitif  pluriel  ^r"wwflw  qui  figure 
dans  la  formule  aivam  parimàm  xsâyaBiyam  aivam  parimàm 
f'^ramàiàram  «  seul  roi  de  beaucoup,  seul  chef  de  beaucoup  » 
Dar.  Elv.  9  et  10,  et  de  même  Xerxès  Pers.  a,  b,  c  et  d.  La 
même  forme  sert  de  locatif  féminin  pluriel  Dar.  Pers.  e.  4 
(sur  le  -liv-  de  certains  textes,  v.  §  92). 

§  820.   Duel. 

La  forme  usihiya,  usibiyà  de  l'inscription  mutilée  NR.  b.  87 
n'est  pas  claire  pour  le  sens.  Si  elle  signifie  «  par  les  deux 
oreilles  »,  on  est  sans  doute  en  présence  d'une  forme  faite  sur  un 
nominatif-accusatif  duel  *usîy  comme  v.  si.  usima  l'est  sur  usi. 

§  821.   Un  mot  anomal. 

Il  y  a  un  vocalisme  prédésinentiel  anomal  dans  le  type  en 
-u-,  dans  le  mot  dhyaus,  dahyâus  «  province  »,  ace.  sg. 
dhyaunij  dahyâum;  ace.  plur.  dhyav,  dahyàva.  Le  loc.  pi. 
dhyusuva,  dahyusuvâ  a  un  vocalisme  normal,  comme  aussi 
le  gén.-plur.  dhyunam,  dahyunàm.  Le  loc.  sg.  dhyuva  est 
sans  doute  à  lire  dahyuvâ;  dahyauvà  n'est  pas  exclu;  en  tout 
cas  la  forme  n'est  pas  la  même  que  dans  gàbavà. 


§  324-32o]      DÉMONSTRATIFS,  INTERROGATIFS,  INDÉFINIS  16{> 

III.   Démonstratifs,  interrogatifs,  indéfinis. 

§  824.  La  flexion  des  démonstratifs  est  en  partie  distincte 
de  celle  des  autres  noms.  Mais  on  n'a  les  formes  que  pour  une 
assez  faible  part.  L'ancien  datif  en  *-sm-  n'est  pas  attesté, 
puisque  les  datifs  ne  sont  jamais  conservés. —  La  distinction  du 
masculin  et  du  féminin  est  en  général  bien  marquée  ;  les  mascu- 
lins sont  des  thèmes  en  -à-,  les  féminins  des  thèmes  en  -à-  (cf. 
§  257).  Le  neutre  est  aussi  bien  distingué  au  nominatif-accu- 
satif, le  seul  cas  où  il  ait  des  formes  propres  dans  la  flexion 
indo-iranienne.  —  La  forme  du  nominatif  plur.  masc.  en  -aiy, 
cf.  zd  -e,  skr.  -e  sert  aussi  d'accusatif  d'après  l'analogie  des 
substantifs  thèmes  en  -à-  (v.  §  802). 

Une  particularité  curieuse  de  la  déclinaison  des  principaux 
démonstratifs  consiste  en  ceci  que  le  nominatif  singulier  mas- 
culin et  féminin  est  emprunté  à  une  racine  autre  que  celle  qui 
fournit  toutes  les  autres  formes. 

A.  Démonstratifs. 

§  325.  a.  haiiv,  ava-. 

Le  nominatif-accusatif  singulier  masculin-féminin  est  huv , 
hauv,  cf.  skr.  asaii.  Il  est  probable  que  huvm  B.  I,  29  est 
hauv  -\-  une  particule  -am. 

Toutes  les  autres  formes  de  ce  démonstratif  appartiennent  au 
thème  ava-,  dont  on  a  les  formes  suivantes  (on  rapprochera 
le  type  skr.  ta-  pour  la  flexion)  : 

Ace.  masc.  sg.  avm,  avant  ;  cf.  skr.  tam. 

Nom. -ace.  sg.  av,  ava  «  ceci  »,  cf.  skr.  tat. 

La  dentale  finale  est  sensible  dans  le  juxtaposé  avsciy , 
avasciy  «  ceci  »,  oii  i  devant  c  est  la  trace  d'une  ancienne  den- 
tale (cf.  §  166).  —  C'est  aussi  le  neutre  qu'on  a  dans  avpra, 
avaparâ  «  vers  cela,  vers  cet  endroit  »  (ava  -\-  para). 


166  FORMES  NOMINALES  [§  325-326 

Le  nominatif-accusatif  pi.  masc.  est  aviy ,  avaiy. 

Gén.  sg.  masc.-n.  avhya,  avahyà',  1'^^  final  était  bref,  à  en 
juger  par  avhyrad'iy ,  avahyaràdiy  «  à  cause  de  ceci  »  (cf. 
du  reste  §  162). 

Ace.  pi.  masc.  aviy ,  avaiy  B.  II,  77  ;  cf.  le  nominatif 
«kr.  te. 

Gén.  pi.  masc.  avisam,  avaisàm  B.  IV,  5i. 

Les  adverbes  av^a,  ava^à  «  ainsi  »,  avda,  avadâ  «  là,  ici  » 
{ava,  avà  B.  IV,  5i  n'est  qu'une  graphie  incomplète  au  lieu 
•de  avBa,  ava^â  «  ainsi  »).  —  Comme  on  l'attend  d'après  les 
formes  parallèles  skr.  iha,  kuha,  v.  si.  slde,  kûde,  etc.,  la 
voyelle  finale  de  avadà  est  une  ancienne  brève,  qui  apparaît 
devant  les  enclitiques  :  avdsim,  avada-sim  B.  I,  Sg  ;  avdsis , 
avada-sis  B.  III,  62;  toutefois  la  graphie  du  mot  isolé  avda, 
.avadà  a  entraîné  avdasim,  avaddsim  B.  III,  74.  Au  contraire 
Va  de  ava^à  est  ancien  :  av^asam,  avaBà-sàm  B.  II,  20, 
27;  etc.;  av^asiy,  avabà-saiy  B.  II,  5o  ;  etc.;  cf.  skr.  -thâ. 
—  A  la  question  unde,  on  a  hca  avdS,  hacâ  avadasa  «  de  là  »  ; 
la  lecture  est  incertaine,  et  l'on  ne  sait  s'il  faut  poser  avadas  ou 
avadasa. 

Le  démonstratif  hauv,  ava-  servait  anciennement  à  désigner 
l'objet  éloigné,  et  il  a  encore  cette  valeur  dans  une  formule  reli- 
gieuse où  avant  asmânam  «  le  ciel,  là-haut  »  s'oppose  à  imâm 
bumim  «  la  terre,  ici-bas  »  NB.  a  2  (v.  §  i3);  mais,  dans  l'usage 
courant,  hauv,  ava-  renvoie  à  ce  dont  il  vient  d'être  question, 
et  ce  démonstratif  a  pris  la  place  de  "^ha,  ta-,  qui  a  aussi  été 
éliminé  dans  l'Avesta  (cf.  §  829). 

§  826.  h.  iyam,  a-,  ima-. 

Le  démonstratif  iyam,  a-,  ima-  (féminin  à-,  imâ-\  qui  an- 
ciennement s'opposait  au  précédent,  désigne  d'une  manière 
expresse  ce  qui  est  proche. 

Sauf  le  nominatif  singulier  féminin  iyam,  toutes  les  formes 
sont  tirées  d'un  thème  a-,  fém.  à-,  auquel  se  substitue  ima-, 


§326]  DÉMONSTRATIFS,  INTERROGATIt  S,  INDÉFINIS  167 

fém.  imâ-  dans  les  cas  où  les  formes  tirées  de  a-  seraient  mo- 
nosyllabiques. 

Nom.  sg.  fém.  iym,  iyani,  cf.  skr.  iyam\  comme  exemple 
sûr,  on  peut  citer  Dar.  Pers.  d.  6  iyam  dahyàus  par  sa  tyàm 
manà  A(h)urama:(dâ  fràhara  «  cette  province-ci,  la  Perse, 
qu'Ahuramazdâ  m'a  procurée  ».  —  On  ne  peut  faire  état  de  iy, 
iya  B.  IV,  90,  dans  un  passage  mutilé,  tout  à  fait  inintelligible. 
—  Il  est  aussi  difficile  de  se  servir  du  fait  que,  dans  les  indi- 
cations de  peuples  inscrites  sur  les  bas-reliefs  de  Naxs-i-Rus- 
tam,  à  côté  de  iyam  annonçant  un  singulier,  ainsi  iyam  Pàrsa 
«  voici  un  Perse  »  NR.  I,  on  a  iyam  annonçant  des  pluriels  : 
XV  iyam  sakâ  tigraxa[udâ]  «  voici  des  Saces  à  la  coiffure  poin- 
tue )),  et  XXIX,  iyam  Maciyâ  «  voici  des  Maciyens  ».  Dès  lors, 
les  exemples  de  iyam  dans  les  petites  inscriptions  de  Behistun 
ne  sauraient  être  attribuées  d'une  manière  valable  au  masculin 
singulier  (v.  Salemann,  I:(vêstija  de  l'Académie  de  Saint-Pé- 
tersbourg, 191 4,  p-  795  et  suiv.),  et  la  forme  perse  du  nomi- 
natif masculin  singulier  qui  correspond  à  zd  aëm  (dissyllabi- 
que), skr.  ayant  est  inconnue.  Il  y  a  une  construction  tout  autre, 
•  B.  IV,  80  par  exemple,  avec  le  pluriel  imaiy. 

Ace.  sg.  masc.  imm,  imam,  cf.  skr.  imam,  zd  im^m. 

Ace.  sg.  fém.  imam,  imâm,  cf.  skr.  imâm,  zd  imam. 

Nom.  ace.  sg.  n.  im,  ima,  cf.  zd  imat  (le  védique  a  idam). 

Loc.  sg.  fém.  ahyaya,  ahyâyà,  B.  IV,  47;  cf.  skr.  asyàm; 
il  y  a  eu  influence  du  locatif  des  substantifs  en  -à-,  du  type 
Arbairâyà.  —  Dar.  Sus.  b.  8  la  fin  de  forme  -hyây  est  énig- 
matique  ;  si  l'on  y  cherche  un  locatif  féminin  de  a-  se  rappor- 
tant à  bumiyà,  la  forme  est  aberrante. 

La  forme  ahyaya,  ahyâyà  Dar.  toujours,  Xerxès,  Pers.  a 
et  c;  aussi  écrite  ahiyaya,  ahiyàyà  Xerxès  Pers.  b  et  d,  Elv., 
dans  la  formule  souvent  répétée  xsâya^iya  ahyâyà  humiyâ,  est 
ambiguë;  ce  peut  être  un  génitif,  mais  aussi  un  locatif,  cf.  B.  I, 
2 ,  xsâya^iya  pârsaiy  «  roi  en  Perse  » ,  et  l'on  traduirait  «  roi  dans 


im  FORMES  NOMINALES  [§  326-328 

cette  terre-ci  ».  Si  c'est  un  génitif,  on  comparera  skr.  asyàJp; 
la  forme  a  subi  l'influence  du  féminin  en  -àyà  du  type  des  sub- 
stantifs en  -à-,  tau(^x)mâyâ. 

Instr.  sg.  masc.  ana^  anâ  Dar.  Pers.  e  8  et  Xerx.  Pers.  a. 
i4  (dans  les  Ix  exemplaires)  ;  cf.  zd  ana. 

Nom. -ace.  plur.  masc.  imiy ,  imaiy  ;  cf.  skr.  ime  (nom. 
pi.)  ;  nom.  B.  IV,  34,  8o,  82  ;  ace.  B.  IV,  3i,  71,  78,  77. 

Nom. -ace.  pi.  fém.  ima,  imâ,  cf.  skr.  imàh  (nom. -ace. 
pi.);  nom.  B.  I,  i3,  etc.  ;  ace.  B.  L  21. 

Nom. -ace.  pi.  n.  ima,  imâ,  cf.  véd.  imâ',  ace.  B.  IV,  82. 

Gén.  pi.  masc.  imisam,  imaisàm,  B.  IV,  87  ;  le  védique  a 
esânij  et  le  zend  aèsg.m  ;  il  s'agit  d'une  forme  analogique  sans 
doute  récente. 

Un  seul  adverbe  appartient  à  ce  groupe  de  démonstratifs  : 
ida,  idà  «  ici  »,  cf.  skr.  iha\  par  exception,  il  est  tiré  du 
thème  du  nominatif;  le  fait  est  indo-iranien. 

Remarques  sur  l'emploi  des  démonstratifs  hauv,  ava- 
et  iyam,  a-,  ima-. 

§  827.  Le  démonstratif  accolé  à  un  substantif  précède  tou- 
jours celui-ci;  il  n'y  a  aucune  exception:  B.  IV,  ^3  dahyâva 
imâ  tyâ  hamiçiyâ  âhava  dyauga  di[s  hamiçiy]â  âkunâus  doit  se 
traduire  «  telles  sont  les  provinces  qui  sont  devenues  rebelles  ; 
le  mensonge  les  a  rendues  rebelles  ». 

§  828.  Le  sens  de  iyam,  imâ-,  â-  est  très  précis  :  c'est  le 
démonstratif  qui  indique  l'objet  le  plus  proche.  Par  exemple 
B.  IV,  70  tuvâm  kà  hyâ  aparâm  imàm  dipim  vainâh(i)y  tyâm 
adam  niyapâi[sa]m  [i]maivâ  patikarâ  «  toi  qui  par  la  suite  verras 
cette  inscription  que  j'ai  écrite  ou  ces  images  »  :  il  s'agit  de  «  la 
présente  inscription  »  et  des  bas-reliefs  qui  accompagnent  l'in- 
scription. Au-dessous  des  personnages  de  Naxs-i-Rustam  est 
écrite  la  désignation  de  chacun  :  iyam  pârsa  «  celui-ci  est  le 
Perse  »,  etc.  A  Persépolis,  dans  Dar.  a,  imâm  tacaram  désigne 


§  328-329]      DÉMOxNSTRATIFS,  INTERROGATIFS,  INDÉFINIS  169 

«  le  présent  palais  » .  Il  se  crée  ainsi  une  sorte  de  rapport  entre 
iyam,  ima-  et  la  i'""'  personne:  B.  I,  26  a(h)urama:(dâma\iy]  ima 
xîaçam  /"ràbara  «  Ahuramazdâ  m'a  remis  cette  royauté  (que 
j'ai)  ».  Et  c'est  iyam,  ima-  qui  accompagne  le  nom  de  la  Perse, 
pays  de  Darius  :  Dar.  Pers.  e  8  hadà  anâ  pàrsà  kârâ  «  avec 
cette  armée  perse  (celle  de  mon  pays)  »,  2 1  imam  pârsam  kâram 
pâdiy  «  protège  cette  (mienne)  armée  perse».  Là  où  il  y  a  énu- 
mération,  iyam,  a-,  ima-  désigne  ce  qui  suit  ou  ce  qui  précède 
immédiatement  ;  ainsi  Darius  allant  résumer  ce  qu'il  a  fait  la 
première  année  dQ  son  règne  dit  :  B.  IV,  3  ima  tya  akunavam 
«  voici  ce  que  j'ai  fait  »  ;  puis  il  énumère  les  neuf  rois  qu'il  a 
faits  prisonniers  et  les  batailles  qu'il  leur  a  livrées  ;  ceci  fait,  il 
conclut  :  B.  IV,  3i  imaiy  ^  xsâyabiyà  [ada]m  agrbâyam  a(n)tar 
imâ  hamaranâ  «  tels  sont  les  9  rois  que  j'ai  pris  dans  ces  com- 
bats (que  je  viens  de  dire)  ».  Le  démonstratif  iyam,  a-,  ima-, 
a  donc  toujours  sa  pleine  force. 

§  829.  Il  en  est  tout  autrement  de  haiiv,  ava-.  Sauf  dans 
l'exemple  de  la  langue  religieuse  cité  §  325,  il  sert  simplement 
à  renvoyer  à  quelque  chose  de  connu.  Toutefois  il  ne  tombe 
jamais  à  la  valeur  anaphorique  pure  et  simple  :  c'est  sim,  saiy, 
sis,  sàm  qui  sert  d'anaphorique  (v.  §  344)  ;  et  hajiv,  ava-  a 
toujours  une  valeur  démonstrative  sensible.  On  a  ainsi  avahya- 
ràdiy  «  à  cause  de  ceci  »  (avahya  -+-  ràdiy)  et  pasâva  «  ensuite  » 
Çpasà  H-  ava  «  après  ceci  »).  Après  que  la  révolte  d'Açina  a 
été  indiquée  B.  I,  7^-77,  puis  qu'il  a  été  question  de  celle  de 
Nadi(n)tabira,  Darius  reprend  :  B.  I,  82  hauv  Açina  basta 
anayatà  a\biy  m]âm  adamsim  avâjanam  «  cet  Açina  a  été  amené 
lié  vers  moi  ;  je  l'ai  tué  »  ;  on  voit  bien  ici  le  contraste  entre 
le  démonstratif  hauv  et  l'anaphorique  sim.  L'exemple  suivant 
montre  la  répétition,  et  aussi  l'absence  de  répétition,  de  hauv 
en  certains  cas  :  B.  I,  46  gaumâta  hya  magus  adinâ  ka(n)- 
bujiyam  utâ  pârsam  utâ  mâdam  utà  aniyâ  dahyâva  hauv  ayasata 
(x)uvâipasiyam  akuiâ  hauv  xsàya^iya  abava  «  Gaumâta  le  mage 


170  FORMES  NOMINALES  [§  329-331 

a  enlevé  à  Gambyse  et  la  Perse  et  la  Médie  et  les  autres  pro- 
vinces ;  celui-là  se  les  est  attribuées,  les  a  faites  siennes  ;  celui-là 
est  devenu  roi  ».  Le  démonstratif  hauVj  ava-  s'applique  sou- 
vent à  ce  qui  vient  d'être  nommé  :  B.  II,  i8  Tzara  pàrsa  u[tâ 
m]àda  hya  upà  mâm  aha  hauv  kamnam  aha  «  l'armée  perse  et 
mède  qui  était  près  de  moi,  elle  était  peu  de  chose  ».  Mais  cela 
ne  va  pas  jusqu'à  désigner  expressément  ce  qui  est  près  du 
sujet,  et  même  il  y  a  souvent  un  rapport  assez  net  avec  la  3^  per- 
sonne :  B.  II,  20  paraitâ  avant  kàram  tyam  màdam  jatâ  hya 
manâ  naiy  gauhataiy  «  allez,  battez  cette  armée  mède  qui  ne  se 
dit  pas  mienne  ».  On  a  vu,  §  21,  une  longue  série  d'exemples 
d'emplois  très  courants  de  hauv,  ava-.  L'adverbe  avadà  «  là  » 
a  des  emplois  parallèles  à  ceux  de  hauv,  ava-.  En  somme, 
hauv,  ava-  a  pris  la  place  de  sa,  ta-  de  Tindo-iranien. 

§  33o.  Quanf  à  ava^à  «  ainsi  »,  cet  adverbe  peut  servir 
éventuellement  à  annoncer  ce  qui  suit  immédiatement,  ainsi 
B.  I,  38  hauv  kàrahyâ  avaBâ  adurujiya  adam  Bardiya  amiy 
«  celui-ci  a  menti  ainsi  à  l'armée  :  c'est  moi  qui  suis  Bardiya  » . 
Cet  emploi,  qui  sépare  avabâ  de  ava-,  tient  sans  doute  à  ce  qu'il 
n'existe  pas  d'adverbe  de  manière  rattaché  à  iyam,  a-,  ima-',  il  n'y 
a  rien  de  pareil  pour  avadâ  «  là  » ,  parce  que  l'on  a  idâ  «  ici  » . 

c.  hya,  tya-. 

§  33 1.  Le  démonstratif /7jyû^_,  tya-  est  un  dérivé  du  démon- 
stratif indo-iranien  représenté  par  skr.  sa,  ta-  au  moyen  du 
suffixe  -iya-  (cf.  §  261),  réduit  à  -ya-  dans  un  mot  accessoire 
(v.  §  i46);  cf.  véd.  s(i)ya-,  t(t)ya-.  Il  en  a  gardé  le  trait  carac- 
téristique :  forme  à  j  au  nominatif  singulier  masculin  et  fémi- 
nin: skr.  sa,  sa,  forme  à  /-  à  toutes  les  autres  formes  :  skr. 
nom. -ace.  sg.  n.  tat,  ace.  sg.  masc.  tant,  etc.  On  a  donc  : 

Nom.  masc.  sg.  hy,  hya,  cf.  véd.  sya,  s(i)ya. 

Nom.  fém.  sg.  hya,  hyâ,  cf.  véd.  syâ,  s(i)yà. 

Partout  ailleurs,  on  a  iya-,  tyâ-. 


I  331-332]      DÉMONSTRATIFS,  INTERROGATIFS,  INDÉFINIS  171 

Acc.  sg.  masc.  tym,  tyam,  cf.  véd.  tyam,  t(i)yam. 

Ace.  sg.  fém.  tyam,  tyàm,  cf.  véd.  tyàm,  t(i)yàm. 

Nom. -acc.  sg.  n.  ty^  tya,  cf.  véd.  tyat,  t(i)yat.  Cette  forme 
■sert  de  conjonction  (v.  §  4io). 

Instr.-abl.  sg.  tyna,  tyanà,  B.  I,  23  (en  fonction  d'ablatif). 

Nom. -acc.  masc.  pi.  tyiy,  tyaiy,  cf.  véd.  tye,  i(t)ye  (nom. 
pi.)  :  nom.  B.  I,  i5,  etc.  ;  acc.  ^[y]/}'^  ^[^'^lo'  ^'  m?  7^- 

Nom. -acc.  fém.  pi.  tya^  tyà,  cf.  véd.  tyâJp,  t(t)yàh:  nom.  B. 
I,  i3,  etc.  ;  acc.  Dar.  Pers.  e.  7  ;  NR.  a.   17,  4o. 

Nom. -acc.  n.  pi.  tya^  tyà,  cf.  véd.  tyà,  t(i)yà. 

Gén.  fém.  pi.  tyisam,  tyaisâm  Dar.  Pers.  e  3-4. 

On  n'essaiera  pasd'analyser  ici/7)/â!/?rmj  hyâparam^  qui  semble 
signifiera  de  nouveau  »  B.  III,  43  et  64-65  (v.  M.  S.  L.  XIX,  55). 

Le  démonstratif  hya-^  tya-  n'a  presque  plus  jamais  une  valeur 
proprement  démonstrative  ;  l'exemple  restitué  /[jy^îjz)'  B.  Ill, 
73  est  le  seul  qu'on  puisse  citer.  En  revanche  il  y  a  deux  usages 
fréquents  : 

i''  hya,  tya-  sert  de  relatif  (v.  §  48o). 

2®  hya,  tya-  sert  à  relier  deux  éléments  d'un  groupe  de 
noms  (v.  §  38o  et  suiv.). 

d.  ait  a-. 

§  332.  Du  démonstratif  représenté  par  zd  aêsa,  aêta-  on  n'a 
en  perse  que  le  nominatif-accusatif  n.  sg.  ait ,  aita,  cf.  skr. 
^tat,  zd  aëtat. 

C'est  une  forme  dont  la  valeur  est  forte;  on  la  lit  B.  I,  44 
aita  xsaçani  tya  gaumàta  hya  magus  adinâ  ka(n)bujiyam  aita  xsa- 
çam  hacà  paruviyata  amàxam  taii{x)mâyà  aha  «  cette  royauté 
que  Gaumâta  le  mage  a  enlevée  à  Cambyse,  cette  royauté  était 
depuis  les  premiers  temps  à  notre  famille  ». —  NR.  a.  48  (après 
un  résumé  de  ce  qu'a  fait  Darius)  aita  t\^ya\  krtam  ava  visant 
vasnà  a(F)urama:(dâha  akunavam  «  cela  qui  a  été  fait,  je  l'ai 
fait  par  la  grâce  d'Ahuramazdà  »,  puis,  après  énumération  des 


172  FORMES  NOMINALES  [§  332-335 

vœux  faits,  53  aita  adani  aQ})uramaxdàm  jadiyàmiy  aitamaiy 
a(h)urama:(dâ  dadâtiiv  «  cela,  moi  je  le  demande  à  Ahuramaz- 
dâ  ;  cela,  qii'Ahuramazdâ  me  le  donne  ».  —  Dar.  Pers.  d  20 
(après  une  série  de  vœux)  aita  adam  yânani  jadiyàmiy  aQi)ura- 
ma:(dâm...  ai[tamai]y  [a(h)u]rama:(dà  dadâtii\v\  «  c'est  la  faveur 
que  moi  je  demande  à  Ahuramazdâ  ;  cela,  qu'Ahuramazdâ  me 
le  donne  ».  —  En  dehors  de  ces  trois  passages  caractéristiques, 
on  ne  trouve  pas  aita. 

e.  Adjectifs  qui  suivent  la  flexion  des  démonstratifs. 

§  333.  Certains  adjectifs,  signifiant  «  un,  tout,  même  »  sui- 
vaient dès  l'époque  indo-européenne  la  flexion  des  démonstratifs 
en  tout  ou  en  partie.  Les  adjectifs  perses  qui  appartiennent  à 
cette  série  sont  aiva-  «  un,  unique  »j  aniya-  «  autre  »,  haruva- 
«  tout,  entier  »,  visa-  «  tout  »,  hama-  «  même  ».  Mais  il  y  a 
peu  de  formes  instructives. 

§  33/|.  Le  mot  aniya-  «  autre  »,  cf.  skr.  anya-,  zd  anya-  est 
le  seul  qui  admette  la  caractéristique  de  nominatif-accusatif  sg. 
n.  des  démonstratifs,  et,  de  même  que  l'on  a  skr.  anyat,  on  a, 
avec  la  particule  ciy  qui  a  pour  efi'et  de  conserver  le  -/  précédent 
sous  la  forme  de  s,  v.  p.  aniysciy,  aniyasciy  «  autre  chose  » 
B.  IV,  /i6  et  Xerxès,  Pers.  a  i3;  l'abL-instr.  sg.  masc.  n.  est 
aniyna,  aniyanà  Dar.  Pers.  d  11  et  e  20-21  (avec  valeur 
d'ablatit).  —  En  perse  comme  ailleurs,  les  formes  suivantes 
sont  les  mêmes  que  dans  les  substantifs:  nom.  sg.  masc.  aniy ^ 
aniya]  ace.  sg.  masc.  aniym,  aniyam;  gén.  sg.  masc.  aniyhya, 
aniyahyâ]  nom. -ace.  pi.  fém.  aniya,  aniyâ  (nom.  B.  I,  4i; 
ace.  B.  I,  à']  et  67)  ;  loc.  fém.  pi.  aniyauva,  aniyâ(x)uvà. 
—  Sur  le  nom.  pi.  masc.  aniyâha,  cf.  §  3o2. 

§  335.  Les  autres  adjectifs  de  cette  série  ont  le  nominatif- 
accusatif  neutre  sg.  en  -am  comme  les  substantifs  ;  leur  flexion 
devait  être  du  reste  celle  des  démonstratifs  pour  autant  que  les 
démonstratifs  ont  des  formes  propres. 


§  335-336]      DÉMONSTRATIFS,  INTERROGATIFS,  INDÉFINIS  173 

De  aiva-,  on  n'a  que  Tacc.  sg.  masc.  aivm,  aivam;  ailleurs, 
«  un  »  est  toujours  écrit  à  l'aide  d'un  chiffre,  et  même  là  où  il 
n'a  presque  que  la  valeur  d'un  article  indéfini,  ainsi  B.  I,  7/i  / 
martiya  Açina  nâma  «  il  y  a  un  homme,  nommé  Açina  »  ;  etc. 

De  visa-,  on  a  av  v'ism,  ava  visam  «  tout  ceci  »  NR.  a  49 
et  Xerxès  Pers.  a  et  b,  avec  une  forme  caractéristique  de  nomi- 
natif-accusatif sg.  n.,  qui  s'oppose  bien  à  celle  de  ava. 

De  haruva-f  on  n'a  que  le  nom.  masc.  sg.  hr^uv,  haruva 
et,  dans  une  forme  adverbiale,  frhrvm,  f^aharvam  «  en 
tout  »,  le  nominatif-accusatif  sg.  n. 

Enfin  on  lit  sans  doute  le  nominatif  masc.  sg.  hm,  hama  B. 
lY,  92,  et  sûrement  le  génitif  sg.  fém.  hmhyaya,  hamahyàyà 
B.  IV,  4,  4i,  45,  52,  60,  dont  la  forme  est  pareille  à  celle  de 
ahyâyâ  §  826. 

Au  contraire  paruva-  «  premier  »  semble  avoir  la  flexion 
nominale;  le  nom. -ace.  sg.  n.  pr'^uvm,  pariwam  «  d'abord  », 
employé  adverbialement,  est  la  forme  attendue  ;  mais  le  nomi- 
natif masc.  pi.  pr'^va,  paruvâ  «  premiers  »  B.  IV,  62  a  la 
flexion  des  noms  ordinaires,  non  celle  des  démonstratifs.  — 
Du  dérivé  paruviya-  on  n'a  qu'une  forme  adverbiale,  obtenue 
au  moyen  du  suffixe  -ta  (cf.  skr.  -tah)  dont  c'est  le  seul  exemple 
en  perse,  soit  hacâ  paruviyata  «  depuis  le  premier  temps  ». 

B,  Interrogatif  et  indéfini. 

§  336.  Du  thème  de  l'interrogatif-indéfini,  on  n'a  que  le 
nominatif  masc.  sg.  de  ka-  dans  l'indéfini  ksciy,  kasciy  «  quel- 
qu'un »,  cf.  sk.r.  kaçcit  et  le  nominatif-accusatif  sg.  n.  de  ci- 
dans  l'indéfini  cisciy,  cisciy  «  quelque  chose  »  (cf.  §  166);  les 
exemples,  tous  dans  des  phrases  négatives,  sont  B.  I,  49  naiy 
amâxam  tau(x)mâyà  kasciy  «  ni  personne  de  notre  famille  »  et 
B.  I,  53  kasciy  naiy  adrsnaus  cisciy  ^asîanaiy  «  personne  n'osait 
rien  dire  » . 

La  particule  indéfinie  enclitique  ciy,  qui  répond  à  skr.  cit, 


174  FORMES  NOMINALES  [§  336-337 

se  trouve  souvent  dans  d'autres  groupements  ;  outre  kasciy  et 
cisciy,  on  a  :  aniyasciy  «  autre  chose  »  (cf.  §  33/i)  ;  avasciy 
«  ceci  »  (servant  à  résumer  un  ensemble  :  utamaiy  xsaçam  utâ 
tya  manà  krtam  utâ  tyamaiy  piça  krtam  avasciy  a(Jo)uramaxdâ 
pàtuv  «  et  mon  royaume  et  ce  que  j'ai  fait  et  ce  qu'a  fait  mon 
père,  tout  cela  qu'Ahuramazdâ  le  protège  »  Xerx.  Pers.  a.  19- 
20;  de  même  Xerx.  Pers.  c.)  ;  paruvamciy  «  auparavant  »  B. 
I,  63,  67,  69;  et  même  hauvciy  «  celle-ci  »  Dar.  Pers.  e  23-2/4, 
où  ciy  sert  à  donner  à  l'ensemble  de  la  phrase  une  valeur  légè- 
rement indéfinie. 

La  particule  ka ,  kâ  sert  de  même  à  donner  une  valeur  indé- 
finie au  pronom  tuvm,  tuvani  «  toi  »  dans  une  série  de 
phrases  telles  que  B.  IV,  70  tuvam  kà  hya  aparam  imàm  dipim 
vainàh(i)y  . . .  imaivâ  patiharâ  mâtya  vikanâh(i)y  «  toi  qui  par  la 
suite  verras  cette  inscription  ...  ou  ces  images,  ne  les  détruis 
pas  »  ;  de  même  B.  IV,  37  et  4 1,  et  aussi  67  et  87,  où  il  faut 
restituer  kâ. 

L'adverbe  cita,  cita  sert  de  corrélatif  indéfini  h.  yâtâ  «  jus- 
qu'à ce  que  »  dans  B.  II,  48  cita  mâm  amânaya  arminiyaiy 
yâtâ  adam  arasam  mâdam  «  il  m'a  attendu  en  Arménie  jusqu'au 
moment  où  je  suis  arrivé  en  Médie  »  ;  de  même  B.  II,  63. 

Enfin  on  a  l'enclitique  kaiy  dans  adkiy ,  adakaiy  «  alors  » 
(cf.  adtiy,  ada-taiy  «  alors  à  toi  »),  B.  II,  1 1,  24  ;  IV,  81,  82. 

G.  Relatif. 

§  337.  L'ancien  relatif,  attesté  par  skr.  ya-,  làya-,  est  rem- 
placé en  perse  par  le  démonstratif /;)'â;,  tya-  (cf.  §  33 1  et  409) 
Mais  le  thème  y  a-  sert  de  base  à  une  série  d'adverbes,  qui  en 
conservent  le  souvenir  : 

y^a,  ya^à  «  comme  »,  souvent  attesté:  cf.  avaBâ  «  ainsi  » 
(§  325)  ;  cf.  skr.  yathâ,  zd  ya^a  ;  Va  final  est  ancien,  ainsi 
v^asam,  ya^â-sâm  B.  I,  23  ;  etc. 

yata,  yâtâ  «  jusqu'à  ce  que  »,  souvent  attesté;  cf.  cita,  §  336^ 


§  337-339]  PRONOMS  PERSONNELS  17ê^ 

yd'iy,  yadiy  «  quand  (B.  I,  38),  si  (B.  IV,  SS-Sg  ;  etc.)  »  ; 
cf.  skr.  yadi,  zd  ye^i. 

yniy ,  yanaiy  (ou  yaniy  T)  Xerx.  Van  22  ;  sens  peu  net. 

yava,  yàvâ  «  jusqu'à  ce  que  »,  B.  IV,  71,  7/i,  78;  V,  19; 
cf.  skr.  yâvat;  Va  final  reste  à  expliquer  (v.,  en  dernier  lieu,. 
Wackernagel,  K.  Z.  XL VI,  276  et  suiv.). 


IV.  Pronoms  personnels. 


§  338.  Le  pronom  personnel  conserve  ses  formes  anciennes  ; 
le  datif  y  est  comme  partout  confondu  avec  le  génitif,  et  ce 
sont  les  anciennes  formes  de  génitif  qui  servent  de  génitif-datif 
tonique.  Les  formes  attestées  sont  : 

Singulier. 


2*    PERS. 


fuvm,  tuvam. 
Quvam,  buvâni. 

tiy,  taiy. 


Nom.  a  dm,  adam. 
Ace.  mam,  mâm. 
Gén.-dat.  tonique  mna,  manà, 
Gén.-dat.  atone  miy ,  maiy. 
Abl.  7n,  ma. 

Pluriel. 

Nom.  vym,  vayam. 

Gén.-dat.  tonique  amaxm,  amàxam. 


Observations. 

§  339.  Nom.  adam  répond  à  skr.  aham,  zd  a^^m'^  ce  pro- 
nom se  trouve  fréquemment  parce  que  le  roi  insiste  sur  son 
«  moi  »  ;  mais  il  n'est  pas  nécessaire  à  l'expression  de  la 
i""^  personne,  à  laquelle  la  forme  personnelle  du  verbe  suffit 
certainement.  Toutefois  adam  ne  semble  pas  avoir  conservé 
toute  la  valeur  du  pronom  indo-iranien,  valeur  qui  était  forte; 


176  FORMES  NOMINALES  [§  339-341 

et,  au  lieu  de  figurer  en  tête  de  la  phrase,  adani  se  trouve  sou- 
vent à  l'intérieur,  mais  toujours  avant  le  verbe. 

tuvam  répond  à  véd.  t(u)vam,  zd  tùm  (dissyllabique). 

vayam  répond  à  skr.  vayam,  zd  vaèm  (dissyllabique  ;  lire 
'^vayam). 

§  3/io.  Ace.  màm  répond  à  skr.  màm,  zd  mam.  Le  mot  est 
d'ordinaire  isolé,  ainsi  B.  II,  48  ;  IV,  35  ;  et  même  en  évi- 
dence, au  début  de  la  phrase,  ainsi  NR.  a.  5i.  Mais  il  y  a  un 
exemple  où  màm  est  lié  au  mot  précédent:  B.  I,  62  mâtyamâm 
xsnâsàtiy  «  qu'il  ne  me  reconnaisse  pas  »  ;  ici  màm  est  traité 
comme  un  mot  accessoire  et  enclitique. 

Ouvàm  répond  à  skr.  tvàm,  zd  bwam,  avec  w  consonne  (cf. 
§  io3)  ;  c'est  un  mot  autonome  et  sans  doute  tonique  dans  les 
quatre  exemples  qu'on  en  a  en  perse. 

§  34 1-  Le  génitif-datif  tonique  manà  répond  au  génitif  zd 
manâj  cf.  v.  si.  mené  (skr.  marna  résulte  d'une  altération  secon- 
daire) ;  cette  forme  est  donc  un  ancien  génitif,  et  l'ancien  datif 
n'est  pas  représenté.  \Ja  final  est  une  ancienne  brève:  mnca, 
mana-cà  «  et  de  moi  »  Dar.  Pers.  d  9.  Manà  joue  le  rôle  de 
génitif  dans  des  phrases  comme  B.  I,  4  =  B.  a.  5  manà  pità 
vistàspa  vistâspahyà  pità  arsàma  «  mon  père  est  Yistâspa  ;  le 
père  de  Vistàspa  est  Arsâma  »  ;  B.  II,  27  hauv  [kà]ra  hya  manà 
«  cette  mienne  armée  »  ;  B.  I,  23  tyanà  manà  data  «  par  ma 
loi  »  ;  B.  III,  9  dahyàus  manà  ahava  «  la  province  est  devenue 
mienne  »  :  aucun  adjectif  possessif  n'est  attesté  en  perse.  Il 
s'agit  aussi  d'un  ancien  génitif  dans  B.  lïl,  32  hya  aniya  kàra 
par  sa  pasà  manà  asiyava  «  l'autre  armée  perse  est  allée  derrière 
moi  ».  Mais  c'est  le  rôle  d'un  datif  de  l'avestique  ou  du  san- 
skrit que  joue  l'ancien  génitif  manà  dans:  B.  I,  12  a{h)ura- 
ma:(dà  manà  xsaçam  {/"rjàbara  «  Ahuramazdâ  m'a  remis  la' 
royauté  »  ;  Dar.  Pers.  d  i3  manà  a(h)urama:(dà  upastàm  bara- 
tuv  «  qu' Ahuramazdâ  me  prête  secours  »  ;  et  aussi  dans  B.  II,  gi 
ima  tya  manà  krtam  «  voici  ce  que  j'ai  fait  »  (litt.  ce  qui  a  été 


§  341-342]  PRONOMS  PERSONNELS  177 

fait  par  moi,  lat.  mihi  factum  est).  L'indistinction  du  génitif  et 
du  datif  se  voit  bien  dans  B.  I,  19  ma(n)â  ba(it)dakâ  aha(n)tà 
manà  bâjim  abara(n)tà  «  elles  ont  été  mes  servantes  ;  elles  m'ont 
apporté  tribut  )). 

Le  génitif  de  vayam  est  amàxam  (p.  ma),  cf.  skr.  asmâkam, 
zd  ahmàhm  ;  c'est  une  formation  parallèle,  mais  différente,  avec 
un  élément  sufExal  -xa-,  propre  au  perse,  et  non  -ha-.  Le  pro- 
nom amàxam  signifie  «  notre  »  dans  B.  I,  8  =  B.  a  12  hyâ 
amâxam  tau(x)mà  xsàya^iyâ  aha  «  notre  race  était  des  rois  »  (et 
de  même  B.  I,  28,  45,  49?  61)  et  dans  B.  I,  69  et  71  vi^am 
tyàm  amàxam  «  notre  famille  ». 

§  342.  Le  génitif-datif  atone  maiy  répond  à  skr.  me,  zd  me, 
et  taiy  à  skr.  te,  zd  te.  Les  emplois  de  ces  formes  sont  exacte- 
ment les  mêmes  que  ceux  de  manà.  Dans  l'emploi  du  génitif 
ancien,  on  a  par  exemple  :  B.  II,  76  diivarayàmaiy  bas  ta  adàriy 
«  il  a  été  tenu  attaché  à  ma  porte  »  ;  B.  lY,  6/4  [naiy  a]da[m 
na\imaiy  tau{x)mà  «  ni  moi,  ni  ma  famille  »  ;  NR.  a.  62  utàmaiy 
vi^am  «  et  ma  famille  »  ;  Xerx.  Pers.  a  18  màm  a(h)urama:(dà 
pàtiiv  utamaiy  xsaçam  utà  tya  manà  krtam  utà  tyamaly  piça 
krtam  «  qu'Ahuramazdâ  protège  moi  et  mon  royaume  et  ce  que 
j'ai  fait  et  ce  qu'a  fait  mon  père  ».  Toutefois  ce  rôle  de  génitif 
n'est  pas  le  plus  ordinaire,  et  le  plus  souvent  maiy,  taiy  ser- 
vent de  datifs  anciens,  ainsi  :  B.  I,  24  a(h)urama:(dània[îy]  ima 
xsaçam  f'^râbara  a(h)urama'{dàmaiy  upastàm  abara  «  Ahura- 
mazdâ  m'a  remis  cette  royauté  ;  Ahuramazdâ  m'a  porté 
secours  »  ;  B.  II,  79  hauvmaiy  hamiçiya  abava  <(  celui-ci  est 
devenu  rebelle  contre  moi  »  ;  B.  IV,  46  \ap\imaiy  aniyasciy 
vasaiy  astiy  krtam  «  et  il  y  a  encore  bien  autre  chose  de  fait  par 
moi  »  ;  NR.  a  54  aitamaiy  a(h)urama:(dà  dadàtuv  «  qu'Ahura- 
mazdâ me  donne  ceci  »  ;  B.  IV,  58  a(h)iiramaxdàtay  jatà  biyà 
utàtaiy  tau(x)mà  ma  biyà  «  qu'Ahuramazdâ  te  tue  et  que  tu 
n'aies  pas  de  postérité  »  ;  NR.  a.  43  et  45  adataiy  a:(dà  bavàtiy 
u  et  qu'il  y  ait  nouvelle  pour  toi  »  ;  NR.  a.  57  hauvtaiy  gastà 

12 


178  FORMES  NOMINALES  [§  342-344 

ma  ^adaya  «  que  celle-ci  ne  te  semble  pas  dégoûtante  ».  L'in- 
distinction  du  génitif  et  du  datif  est  du  reste  complète  :  Xerx. 
Pers.  b.  29  utàmaiy  xsaçam  utâ  tyamaiy  krtam  «  et  mon  royaume 
et  ce  que  j'ai  fait  ». 

§  343.  L'ablatif  ma,  cf.  skr.  mat,  zd  mat,  est  toujours 
accolé  à  la  préposition  hacàj  sans  séparation  de  mots,  ainsi 
hacàma  B.  I,  19.  La  lecture  duvitiyama  de  d^uv'itiym  B. 
III,  24,  qui  a  été  proposée,  est  à  écarter;  on  peut  lire  duvi- 
tiyam  et  traduire  «  en  second  lieu  ». 

Anaphoriques. 

§  34 A.  Aux  pronoms  personnels  se  rattachent  les  anapho- 
riques, qui.  comme  les  pronoms  personnels,  sont  dénués  de 
genre  grammatical  et  qui  sont  le  plus  souvent  enclitiques.  Le 
principal  est  ace.  sg.  sim,  sim  ;  gén.-dat.  sg.  siy,  saiy,  cf. 
gâth.  hôi,  zd  hè,  se;  ace.  pi.  sis,  sis;  gén.-dat.  pi.  sam,  sàm, 
dont  toutes  les  formes  sont  enclitiques.  Sur  le  s-  initial,  cf. 
§  122. 

Les  exemples  suivants  montreront  l'emploi  : 

B.  I,  61  xsaçam  tya  hacà  amàxam  tau(x)mâyà  paràhrtam  aha 
adam  patipadam  akunavam  adamsim  gâ^avà  avâstâyam  «  la 
royauté  qui  avait  été  enlevée  à  notre  famille,  moi  je  l'ai  restaurée  ; 
je  l'ai  mise  en  sa  place  ».  On  voit  ici  -sim  rapporté  au  neutre 
xsaçam  ;  dans  NR.  a.  36  -sim  se  rapporte  au  féminin  humim. 

B.  Il,  27  ava^àsàm  hamaranam  krtam  «  c'est  ainsi  qu'ils  ont 
combattu  »  (après  le  récit  d'une  bataille). 

B.  II,  '']Z pravartis  agrhita  anayatà  abiy  mâm  adamsai[y]  utâ 
nàham  utâ  gausà  utâ  h(i:()bânam  fyâjanam  utâsaiy  \ucas\ma 
avajam  duvarayâmaiy  hasta  adàriy  haruvasim  kâra  avaina 
«  Phraorte  a  été  amené  lié  vers  moi;  je  lui  ai  coupé  et  le  nez 
et  les  oreilles  et  la  langue,  et  je  lui  ai  crevé  (?)  les  yeux  ;  il  a  été 
tenu  attaché  à  ma  porte  ;  toute  l'armée  Ta  vu  » . 

B.  II,  81  adam  karam  pârsam  utâ  mâdam  fyàisayam  taxmas- 


§  344-345]  PRONOMS  PERSONNELS  179 

pâda  nàma  màda  manà  ba(n)daka  avamsàm  ma^istam  akunavam 
\ci\va^àsàm  a^aham  «  j'ai  envoyé  l'armée  perse  et  mède  ;  il  y  a 
un  Mède  nommé  Taxmaspâda,  mon  serviteur  ;  j'en  ai  fait  leur 
chef;  je  leur  ai  commandé  ainsi  ». 

B.  III,  5o  adam  avam  vahya:(dàtam  utâ  martiyâ  tyaisaiy  fra- 
tamà  anusiyâ  aha(fi)tâ  uvâdaicaya  nàma  vardanam  pàrsaiy  ava- 
dasis  u:(inayâpatiy  akunavam  «  ce  Vahyazdâta  et  les  hommes  qui 
étaient  ses  principaux  partisans  —  il  y  a  en  Perse  une  citadelle 
nommée  Uvâdaicaya  —  là  moi  je  les  ai  mis  ». 

B.  IV,  5  XIX  hamaranà  akunavam  vasn[â  a(h)ura^ma:(dâha 
adamsis  ajanam  «  j'ai  livré  19  batailles  ;  par  la  grâce  d'Ahura- 
mazdâ,  moi  je  les  ai  gagnées  »  (Jis  se  rapporte  ici  au  pluriel 
neutre  hamaranà). 

§  345.  L'autre  anaphorique  ace.  sg.  dHm,  dim,  ace.  pi. 
dHs ,  dis  ne  semble  pas  différer  essentiellement  du  précédent 
(pour  un  essai  d'explication,  v.  §  166  et  M.  S.  L.,  XIX,  53). 
L'emploi  est  exactement  le  même.  Le  singulier  se  trouve  une 
seule  fois,  ai^vQ?>  pasàva  :  NR.  a.  3i  a(h)urama:(dâ  \va]^â  avaina 
imàm  bumim  yau[  ]  pasàvadim  manà  f^ràbara  «  quand  Ahu- 
ramazdâ  a  vu  cette  terre  ,  ensuite  il  me  Ta  remise  »  ; 

immédiatement  après  NR.  a  35-36  a  adamsim  gâ^avà  niyasà- 
dayam  «  je  l'ai  établi  en  sa  place  »  ;  au  contraire  Behistun  a 
-sim  partout,  même  après  pasàva.  Partout  ailleurs  on  a  dis,  à 
savoir  dans   10  exemples,   alors  que  sis  se  trouve  seulement 
3  fois  :  on  a  visiblement  évité  la  forme  sis  dont  les  deux  s  étaient   *»  ^â«^**MU4tt3^iL^ 
choquants.  En  général  dim  et  dis  sont  accolés  au  mot  précé-    ^  <uaJKw»I«!^**^  f 
dent;  toutefois,  dans  un  passage  comprenant  trois  exemples,        ** /*o««e A?-/ 
il  y  a  le  signe  de  séparation  de  mots  avant  dis:   B.   IV,  33        tl^tT^-À^ 
dahyàva  imà  yà  hamiçiyâ  abava  d^auga  di[s  hamiçiy]â  akunaus 

pasàva  di[s  a(h)urama:(]dà  manà  dastayà  akunaus  ya^à  màm 

kàma  avaBà  di[s  akunavam]  «  ces  provinces  qui  sont  devenues 

rebelles,  le  mensonge  les  a  rendues  rebelles ;  ensuite  Ahu- 

ramazdâ  les  a  mises  dans  ma  main;  comme  j'ai  voulu,  je  leur 


180  FORMES  NOMINALES  [§  345-348 

ai  fait  »  (dans  la  même  phrase  finale,  on  a  [ava]Bâdis  en  un  mot 

B.  V,  17)- 

Dans  presque  tous  les  cas,  -sim  (  dim)  et  -sis  (dis)  ont  la 
valeur  d'accusatifs  ;  toutefois  ces  formes  ne  paraissent  pas  avoir 
eu  une  valeur  casuelle  bien  définie;  dans  B.  I,  5o  -sim  équi- 
vaut manifestement  à  un  ablatif  (cf.  §  366),  et  dans  NR.  a  2i 
datant  tya  manâ  avadi[  ]  adàriy  «  une  loi,  elle  a  été  tenue  par 
eux  » ,  J/[  ]  (sans  doute  -dis)  paraît  avoir  la  valeur  d'un  datif 
(cf.  §  363)  ou  d'un  ablatif  sans  hacà  (cf.  §  365).  Il  est  pro- 
bable que  sim  n'était  pas  une  ancienne  forme  d'accusatif  singu- 
lier, mais  une  forme  sans  flexion  définie  ;  de  même  Im  sert  en 
védique  pour  le  masculin,  le  féminin  et  le  neutre,  au  singu- 
lier et  au  pluriel. 


V.   Emploi  des  formes  nominales. 

A.  Nombre. 

§  3/^6.  On  a  vu  §  3o3  les  rares  formes  de  duel  qui  sont  dans 
les  textes  ;  il  convient  d'ajouter  qu'aucune  forme  nominale  de 
pluriel  n'est  positivement  attestée  en  un  cas  où  le  sens  fait 
attendre  le  duel;  pour  le  verbe,  cf.  §  23^. 

§  347.  Le  singulier  et  le  pluriel  sont  employés  régulière- 
ment. Mais  le  collectif  ^^ra  «  peuple,  armée  »  est  senti  comme 
valant  un  pluriel,  et  l'anaphorique  qui  s'y  rapporte  est  au  plu- 
riel :  -sâm,  ainsi  B.  II,  20  et  82-83,  dis-,  B.  I,  65  ;  etc. 

§  348.  Ceci  concorde  avec  le  fait  que  les  noms  désignant  un 
Iranien  bien  connu  des  Perses  ont  au  singulier  une  valeur  col- 
lective et  désignent  l'ensemble  des  gens  du  pays,  le  pays  même  : 
pars,  pàrsa  «  un  Perse,  les  Perses,  la  Perse  »  ;  mad^  mâda 
«  un  Mède,  les  Mèdes,  la  Médie  »  ;  pr^v,  par^ava  «  un 
Parthe,  les  Parthes,  la  Parthie  »  ;  il  y  a  flottement  pour  sk, 
saka  «  un  Sace,  les  Saces,  la  Sacie  »,  car  on  a  aussi  un  féminin 


§  348]  EMPLOI  DES  FORMES  NOMINALES  181 

skam,  .sakàm  (ace.)  pour  «  Sacie  ».  Dans,  la  liste  B.  I,  i4  et 
suiv.,  tous  les  noms  de  peuples  ou  de  pays  sont  au  singulier, 
sauf  la  désignation  périphrastique  :  tyaiy  d^rayahyâ  «  ceux  qui 
sont  dans  la  mer  »  ;  dans  la  liste  Dar.  Pers.  e  lo  et  suiv.,  tout 
est  au  singulier,  sAufyaunà  tyaiy  (h)uskahyâ  utâ  tyaiy  d'^rayahyâ 
«  les  Grecs  du  continent  et  ceux  de  la  mer  »  ;  sakâ  «  les 
Saces  »  dont  il  y  a  plusieurs  sortes.  Dans  la  liste  NR.  a.  22  et 
suiv.,  les  quatre  derniers  noms  sont  au  pluriel;  mais  tous  les 
premiers  sont  au  singulier,  quand  ils  sont  seuls,  et  au  pluriel 
quand  ils  ont  une  épithète  ;  il  est  distingué  trois  espèces  de 
Saces  :  sakâ  hauniavargà,  sakâ  tigraxaudâ,  sakâ  tyai\y  ta]ra- 
draya,  et,  ce  qui  est  plus  net  encore,  le  Grec  sans  épithète, 
yauna,  est  opposé  aux  yaunâ  takaharâ  (B.  I,  i5,  il  faut  peut- 
être  restituer  yauna  plutôt  que  yaunâ).  Ces  noms  de  peuples 
au  singulier  ont  si  bien  une  valeur  collective  que  les  auteurs 
des  inscriptions  les  annoncent  par  dahyâva  «  provinces  ». 

Cette  valeur  générale  du  singulier  se  voit  aussi  dans  un 
tour  comme  NR.  a.  43  pâr[sa]h[yâ]  martiyahyâ  duraiy  arstis 
parâgmatâ  «  la  lance  de  l'homme  perse  est  allée  au  loin  ».  De 
même  martiya  a  une  valeur  générale,  collective  dans  Dar.  Elv.  4 
hya  martiyam  adâ  hya  siyâtim  adâ  martiyahyâ  «  qui  a  créé 
l'homme,  qui  a  créé  le  bien-être  pour  l'homme  »  ;  et  même  le 
collectif  martiya  est  repris  par  un  démonstratif  au  pluriel  dans 
B.  IV,  68  marti[ya]  [hya]  d'^raujana  ahatiy  hyavâ  \^u\rakara 
ahatiy  avaiy  ma  daustâ  \biy]â  «  l'homme  qui  est  menteur  ou 
qui  est  malfaisant,  ne  leur  sois  pas  ami  » . 

Dans  la  phrase  suivante,  le  singulier  dahyuvâ  à  valeur  col- 
lective est  développé  au  moyen  d'une  énumération  :  B.  I,  34 
d'^rauga  dahyuvâ  vasaiy  ahava  utâ  pârsaiy  utâ  mâdaiy  ut[â 
an\iyâ(x)uvâ  dahyusuvâ  «  le  mensonge  est  devenu  en  abon- 
dance dans  le  pays,  et  en  Perse,  et  en  Médie,  et  dans  les 
autres  provinces  ».  —  La  valeur  collective  du  singulier  se 
retrouve  parfois  dans  l'Avesta  (v.  Reichelt,  §  4 18). 


182  FORMES  NOMINALES  [§  349  352 

B.  Genre. 

§  3/^9-  Le  neutre  a  ses  caractéristiques  dans  la  déclinaison, 
et  il  a  des  formes  propres  seulement  au  nominatif-accusatif; 
encore  ces  formes  ne  sont-elles  pour  la  plupart  distinctes  en 
perse  qu'au  singulier.  —  Le  féminin  se  reconnaît  seulement  à  la 
forme  des  adjectifs  et  démonstratifs  qui  accompagnent  un  sub- 
stantif donné. 

§  35o.  Tous  les  noms  d'hommes  sont  du  masculin.  Le 
masculin  d'un  démonstratif,  d'un  indéfini  désigne  un  homme, 
ainsi  kasciy  «  quelqu'un  ». 

§  35 1.  Le  neutre  d'un  démonstratif,  d'un  indéfini  désigne 
«  une  chose  »  ;  ainsi  B.  I,  ig  [tya]sàm  hacàma  abah(j)y  ... 
ava  akunavayatâ  «  ce  qui  leur  a  été  commandé  par  moi,  ceci 
a  été  fait  »  ;  B.  I,  27  ima  tya  manà  krtam  «  voici  ce  que  j'ai 
fait  »  ;  B.  I,  67  adam  tya  paràh\rta\m  patiyàbaram  «  j'ai  rap- 
porté ce  qui  avait  été  enlevé  »  ;  Xerx.  Pers.  a  i3  vasaiy  aniyas- 
ciy  naiham  krtam  «  beaucoup  d'autre  bien  a  été  fait  »  ;  B.  I, 
46  gaumâta  hya  magus  adinà  ka(n)bujiyam  utâ  pârsani  utâ 
màdam  utâ  aniyâ  dahyàva  hauv  ayasata  (x)uvâipasiyam  akutâ 
«  Gaumâta  le  mage  a  enlevé  à  Cambyse  et  la  Perse  et  la  Médie 
et  les  autres  provinces  ;  il  se  les  est  attribuées  ;  il  en  a  fait  son 
bien  propre  (xuvàipasiyanï)  ».  On  a  de  même  :  B.  II,  18  kâra 
pârsa  u\tâ  m\âda  hya  upâ  mâm  aha  hauv  kamnam  aha  «  l'armée 
perse  et  mède  qui  était  près  de  moi,  elle  était  peu  de  chose 
(kamnanï)  ». 

§  352.  Gomme  substantifs  neutres  bien  établis  on  peut  citer 
xsaçam  «  royauté,  royaume  »  (ima  xsaçam  ;  ait  a  xsaçam  ; 
xsaçam  au  nominatif)  ;  yânam  «  faveur  »  (ait a  yânam  Dar. 
Pers.  d.  20)  ;  stânam  «  place  »  (ima  stànam  Xerx.  Van,  20-21); 
hamaranam  «  combat  »  (nominatif)  ;  dusiyàram  «  mauvaise 
récolte  »  (nominatif)  ;  d'Avaya  «  mer  »  (d^rayatya  Dar.  Sz.  c.  10)  ; 


§  352-355]  EMPLOI  DES  FORMES  NOMINALES  183 

hadis  «  siège  »  (ima  hadis  Xerx.  Pers.  c.)  ;  rauta  «  de  la  rivière  » 
(gén.-abl.  ;  d'après  le  relatif  tya,  Dar.  Sz.  c.  g). 

§  353.  Le  féminin  ne  se  reconnaît  en  principe  qu'à  la  forme 
de  l'adjectif  qui  accompagne  le  substantif  (cf.  §  267)  ;  et  seuls 
des  thèmes  en  -a-  masculins-neutres  ont  en  face  d'eux  un  féminin 
en  -à-\  l'adjectif  thème  en  -n-  paru-  fait  au  génitif  féminin 
pluriel  parunàm  Dar.  Pers.  e  4,  qui  ne  se  distingue  pas  de  ce 
que  serait  la  forme  correspondante  du  masculin.  Toutefois  tous 
les  thèmes  en  -â-  autres  que  les  thèmes  racines  de  racines  en  -â- 
sont  féminins  en  indo-iranien  ;  il  est  donc  naturel  de  trouver 
des  adjectifs  ou  démonstratifs  au  féminin  près  de  tau(x)mà 
«  famille  »,  f^ramânà  «  ordre  »,  hadugà  «  »,  yauviyâ 

«  canal  ».  —  Pour  les  autres  mots,  on,  a  par  des  adjectifs,  la 
preuve  du  genre  féminin  dans  :  dahyàus  «  province  »  (inià 
dahyàuSj  etc.);  w6-  «  famille  »  (iniâm  vi^am,  etc.);  dipi- 
«  inscription  »  (imâm  dipini,  etc.)  ;  humi-  «  terre  »  (imàm 
bumim,  etc.)  ;  siyàtis  «  bien-être  »  (hyà  siyàtis)  ;  arstis  «  lance  » 
(arstis  hyà)  ;  pa^i-  «  chemin  »  ÇpaOim  tyâm  ràstâm  ;  le  mot 
correspondant  est  aussi  féminin  dans  l'Avesta,  tandis  que  skr. 
panthàh  et  v.  si.  pçtl  sont  mascuhns  ;  cf.  gr.  bobq  féminin, 
quoique  thème  en  -o-\ 

§  354.  En  revanche,  sont  masculins  des  mots  covtixnQ  pati- 
kara-  «  image  »  (nom.  plur.  imaiy  patikarâ);  tacara-  «  palais  » 
{imam  tacaram)  ;  ardastàna  (nom.  ;  ardastâna  a^a(n)gaina)  ; 
duvar^i-  «  portique  »  (imam  duvar^im).  Le  nom  propre  Bâbai- 
rus  est  masculin  ÇBàbairus  hamiçiya  abava  «  Babylone  est 
devenue  rebelle  »  B.  I,  80). 

G .   Cas . 

§  355.  Les  cas  grammaticaux,  nominatif,  vocatif,  accusatif, 
génitif-datif,  ont  conservé  toute  leur  valeur.  Au  contraire,  les 
cas  à  valeur  concrète  ont  besoin  d'être  précisés  le  plus  souvent 
par  des  prépositions  ou  postpositions.  On  a  vu  que,  dans  les  noms 


184  FORMES  NOMINALES  [§  353-358 

communs  au  singulier,  et  dans  tous  les  noms  au  pluriel,  le 
locatif  reçoit  une  postposition  -â.  L'ablatif  et  l'instrumental, 
dont  la  forme  est  confondue  au  singulier  des  thèmes  en  -a-, 
sont  d'ordinaire  précisés  par  des  prépositions. 

Nominatif. 

§  356.  On  met  au  nominatif  le  sujet  de  la  phrase  et  tous  les 
éléments  prédicatifs  qui  s'y  rapportent,  ainsi:  B.  I,  ii  adani 
xsâyaHiya  amiy  «  moi,  je  suis  roi  »  ;  B.  I,  /i3  ka(n)bujiya  (x)?/- 
vâmrsiyus  amariyatà  «  Cambyse  est  mort  de  sa  propre  mort  »  ; 
B.  II,  66  f^ravartis  hya  mâdaiy  xsàyaUya  agaiihatà  ais 
«  Phraorte,  qui  se  disait  roi  en  Médie,  est  allé  ». 

Vocatif. 

§  357.  On  sait  par  martiyâ  «  o  homme  »  NR.  a.  56  que  le 
vocatif  avait  encore  une  forme  propre. 

Accusatif. 

§  358.  Le  principal  emploi  de  l'accusatif  est  de  marquer  le 
complément  direct  d'un  verbe,  ainsi  :  B.  I,  19  manâ  bâjim 
abarantâ  «  elles  m'ont  apporté  tribut  »  ;  B.  II,  48  mâm  amâ- 
naya  «  il  m'a  attendu  »  ;  Dar.  Sz.  c.  8  ni[yas]tàyam  imâm 
[yauviyà]m  ka(n)tanaiy  «  j'ai  fait  creuser  ce  canal  »  ;  B.  IV,  [\i 
tuvam  kà  hya  aparam  imâm  dipi\ni\  patiprsâh(i)y  tya  manâ  krtam 
vrnavatàm  %uvâm  «  toi  qui  par  la  suite  interrogeras  cette 
inscription,  que  ce  que  j'ai  fait  te  persuade  »  (il  y  a  ici  un 
accusatif  dans  chaque  phrase  :  imâm  dipim  et  ^twâm)  ;  etc. 
L'accusatif  complément  direct  peut  recevoir  un  prédicat  :  B.  I, 
86  aniyam  usabârim  akunavam  «  j'en  ai  rendu  un  autre  monté 
sur  chameaux  »  ;  Dar.  Pers.  d.  2  hauv  dârayava(Jj)nm  xsâya- 
Uyam  adadâ  «  il  a  fait  roi  Darius  ».  Certains  verbes  admet- 
tent un  double  complément  à  l'accusatif,  l'un  indiquant  une 
personne,  l'autre  une  chose  :  Dar.  Pers.  d  20  aita  adam  yànam 


§  358]  EMPLOI  DES  FORMES  NOMINALES  im 

jadiyâmiy  a(h)urama:(dâm  «  je  demande  cette  faveur  à  Ahura- 
mazdâ  »  ;  B.  I,  46  gaumâta  hya  magus  adinà  ka(n)bujiyam 
utâ  par  sain  utâ  màdam  ufâ  aniyà  dahyâva  «  Gaumâta  le  mage 
a  enlevé  à  Cambyse  et  la  Perse  et  la  Médie  et  les  autres  pro- 
vinces »  ;  de  ces  deux  accusatifs,  Tun  subsiste  alors  si  Ton 
substitue  un  tour  passif  à  l'actif:  B.  I,  49  hya  avam  gaumâtam 
tyam  magum  xsaçam  ditani  caxriyâ  «  qui  ferait  le  royaume 
enlevé  à  ce  Gaumâta  le  mage  ». 

L'accusatif  neutre  de  certains  adjectifs  est  employé  adverbia- 
lement :  B.  IV,  56  dargam  jivâ  «  vis  longtemps  »  ;  B.  III,  24 
hauv  duvitiyani  tidapatatâ  «  il  s'est  soulevé  une  seconde  fois  »  ; 
B.  I,9  =  B.ai4VIII  manâ  taii{x)mâyà  tyaiy  panivam  xsâya- 
^iyà  aha  «  8  de  ma  famille,  d'autrefois,  ont  été  rois  »  ;  B.  I, 
lo  :^  B.  a  17  duvitâparnam  «  en  deux  branches  (?)  ». 

Certains  substantifs  verbaux  admettent  un  complément  à 
l'accusatif  (cf.  §  277)  :  B.  IV,  55  a(h)uramazdâ  ^uvâm  daustâ 
biyâ  «  qu'Ahuramazdâ  t'aime  »  (litt.  «  soit  amateur  toi  »), 
tandis  que  le  nom  d'agent  tout  pareil  jatà  «  tueur  »  se  con- 
struit avec  le  génitif-datif  dans  la  phrase  parallèle  ib.  58  : 
aQj)urama:{dâtay  jatà  biyâ  «  qu'Ahuramazdâ  te  tue  »  (litt. 
((  soit  tueur  de  toi  »).  Le  tour  qu'on  lit  par  exemple  B.  IV, 
35  ya^à  mâm  kàma  avabâ  di[s  akunavam]  «  comme  il  y  a  eu 
volonté  à  moi,  je  leur  ai  fait  »,  est  plus  surprenant;  on  le 
retrouve  NR.  a.  36  (et  Sz.  c.  12). 

L'accusatif  indique  le  lieu  vers  lequel  on  se  dirige  ;  les  exem- 
ples qu'on  a  de  cet  emploi  sont  des  accusatifs  de  noms  propres; 
aucune  préposition  n'accompagne  alors  l'accusatif  :  B.  I,  33 
ka(n)bujiya  mudrâyam  asiyava  «  Cambyse  est  parti  pour 
l'Egypte  »  ;  B.  II,  28  adam  arasant  màdam  «  moi  je  suis  allé 
en  Médie  »  ;  ib.  3o  avam  adam  f^ràisayam  arminam  «  moi, 
j'ai  envoyé  celui-ci  en  Arménie  »  (dans  cet  exemple,  il  y  a  un 
complément  direct  et  un  accusatif  de  direction  dépendant  d'un 
même  verbe). 


186  FORMES  NOMINALES  [§  35» 

§  359.  Enfin  l'accusatif  se  trouve  souvent  avec  des  préposi- 
tions, sans  qu'il  y  ait  nécessairement  un  mouvement  indiqué  : 

abiy  :  B.  I,  ^o  hacà  ka(n)bujiyâ  ahiy  avant  \a\siyava  «  il  s'est 
écarté  de  Gambyse  pour  aller  vers  lui  »  ;  Dar.  Pers.  d  18  ahiy 
imàm  dahyàum  ma  ajamiyà...  «  que  vers  cette  province  ne 
vienne...  ». 

a(n)tar  :  B.  I,  21  a(n)tar  imâ  dahyâva  martiya  hya  agar[  ] 
aha  avarn  (h)ubrtam  abarani  «  dans  ces  (miennes)  provinces^ 
l'homme  qui  était  ,  je  l'ai  soutenu  bien  soutenu  »  ; 

B.  IV,  3i  imaiy  IX  xsàya^iyâ   [ad]am  agrbâyam  a(n)tar  imâ 
hamaranâ  «j'ai  pris  ces  9  rois  dans  ces  combats  ». 

aUy:  B.  I,  91  a[da]m  bâbairum  asiyavam  abiy  bàbairu\myaM 
naiy  u\î)àyam  «  je  suis  parti  pour  Babylone  ;  comme  je  n'étai& 
pas  parvenu  jusqu'à  Babylone...  »  (exemple  unique). 

upà  :  B.  II,  18  kâra...  hya  upâ  mâm  aha  «  l'armée  qui  était 
près  de  moi  »  (de  même  III,  29  et  suiv.). 

upariy  :  B.  IV,  64  upariy  arstâm  upariy[âyam]  «  je  suis  allé 
suivant  la  justice  »;  NR.  b.  4  ar^uvstfn  upariy  [dàraya]- 
va(F)um  xsâyaBiyam  niyasaya  «  il  a  étendu  sur  le  roi 

Darius  ». 

tara  (.^)  :  Dar.  Sz.  c.  11  aya(n)tâ  hacà  mudrâyà  ta[ra  imâ]m 
yauviyâm  abiy  pâr[sam]  «  ils  sont  allés  d'Egypte,  au  delà  de  ce 
canal,  vers  la  Perse  »  (dans  une  restitution  assez  incertaine  ; 
ailleurs  on  a  tara  dans  le  juxtaposé  [ta]radraya  «  au  delà  de  la 
mer  »  NR.  a  28-29,  mais  écrit  sans  séparation  de  mots). 

patiy  (préposé  ou  postposé)  :  B.  I,  20  xsapavâ  raucapativâ 
«  de  nuit  (gén.)  ou  le  jour  (rauca  -\-  patiy)  »  ;  B.  II,  67  patiy 
duvitiyam  hamiçiyâ  ha(n)gmatâ  «  pour  la  seconde  fois  les  rebelles 
se  sont  réunis  »  ;  B.  II,  43  patiy  çitiyam  «  pour  la  troisième 
fois  »  ;  Xerx.  Pers.  a.  lô  tyapatiy  krtam  vaina(ii)tiy  naibam  «  ce 
que  (tya  -\-  patiy,  litt.  «  vers  quoi  »)  l'on  voit  de  beau  qui  a  été 
fait  ». 

patis  :  B.  II,  58  paraitâ  patis  va(h)umisam  hamaranam  car  ta- 


§  339-361]  EMPLOI  DES  FORMES  NOMLNALES  187 

naiy  «  ils  sont  partis  livrer  bataille  contre  Vahumisa  »  ;  B.  II,  67 
ais  ...  patis  màm  hamaranam  cartanaiy  «  il  est  allé  ...  livrer 
bataille  contre  moi  »  ;  etc. 

para  :  B.  II,  72  avaparâ  asiyava  «  il  est  allé  de  ce  côté  »  ; 
de  même  III,  72-73. 

pariy  :  B.  I,  53  kasciy  naiy  adrsnauÈ  cisciy  Bastanaiy  pariy  gau- 
mâtam  tyam  magum  «  personne  n'osait  rien  dire  au  sujet  de 
Gaumâta  le  mage  »  (exemple  unique). 

pasa  :  pasàva  Çpasâ  -+-  ava)  «  après  ceci,  ensuite  »  ;  jamais 
en  dehors  de  ce  juxtaposé  ;  mais  on  lit  pasà  manà  «  après  moi, 
derrière  moi  »  B.  III,  32. 

Génitif-datif. 

§  36o.  Pour  la  forme,  ce  cas  repose  tout  entier  sur  le  génitif 
indo-iranien  ;  seules  les  formes  ambiguës  de  pronoms  person- 
nels atones  maly,  taiy,  saiy  pourraient  passer  pour  d'anciens 
datifs  ;  mais  dès  l'époque  indo-iranienne,  leurs  emplois  sont  en 
partie  confondus  avec  ceux  du  datif.  Pour  le  sens,  ces  formes 
casuelles  jouent  le  rôle  à  la  fois  de  l'ancien  génitif  et  de  l'ancien 
datif. 

§  36 1.  Le  génitif  complément  d'un  substantif  se  trouve  net- 
tement et  souvent:  B.  I,  i  =  B.  a.  i  xsàya^iya  xsâyaBiyànâm 
«  roi  des  rois  »  ;  B.  I,  2  =  B.  a  xsâya^iya  dahyunàni  «  roi 
des  provinces  »  (cf.  §37i);B.  I,  2r==B.a.  3  vistàspahyà  puça 
arsàmahyâ  napâ  «  fils  de  Yistâspa,  petit-fils  d'Arsâma  »  ;  B.  I, 
37  viyaxnahya  màh[yâ\  «  au  mois  de  Viyaxna  »  ;  etc.  On 
notera  l'emploi  prédicatif  :  B.  I,  45  aita  xsaçam  hacâ  paruviyata 
amàxam  tau(x)mâyâ  aha  «  cette  royauté  était  dès  les  temps 
anciens  à  notre  famille  ». 

A  ce  type  se  rattachent  la  locution  fréquente  avahyaràdiy 
«  à  cause  de  ceci  »  (avahya  -\-  râdiy)  et  le  tour  pasà  manà 
«  derrière  moi  »  dans  B.  III,  32  hya  aniya  par  sa  kàra  pasà 
manà  asiyava  màdam    «    le  reste   de  l'armée  perse   est  parti 


188  FORMES  NOMINALES  [§  361-36 

pour  la  Médie  avec  moi  » .  11  n^y  a  pas  d'emploi  du  génitif 
avec  préposition  ;  car  râdiy,  pasà  "ne  sont  pas  des  prépositions 
proprement  dites  :  ces  formes  ne  servent  pas  de  préverbes, 
comme  les  véritables  prépositions  ;  on  a  vu  pourtant  pasâ  avec 
l'accusatif,  §  Sôg  ;  cet  emploi  rappelle  celui  de  lat.  post. 

§  302.  L'emploi  partitif  n'est  pas  moins  fréquent;  ainsi 
B.I,  9  =  B.  a.  i/i  VIII  nianâ  tau(x)mâyâ  «  8  de  ma  famille  »  ; 
B.  I,  /ig  naiy  amâxam  tau(x)màyâ  kasciy  «  ni  personne  de  notre 
famille  »  ;  B.  II,  i3  hyasâm  ma^Hsta  aha  «  qui  était  le  plus  grand 
d'entre  eux  (leur  chef)  »  ;  Dar.  Pers.  d  i  hya  ma^ista  bagânâm 
«  le  plus  grand  des  dieux  »  ;  etc.  C'est  au  groupe  du  génitif 
partitif  que  se  rattachent  les  génitifs  indiquant  le  temps  : 
B.  IV,  3  ima  tya  adam  akunavam  ...  hamahyàyâ  ^arda  «  voici 
ce  que  j'ai  fait  ...  en  une  seule  et  même  année  »  ;  B.  I,  20 
xsapavà  raucapativâ  «  de  nuit  {xsapa,  gén.)  ou  le  jour  (cf. 
§  359)  ».  —  Le  génitif  (partitif)  servant  de  complément  direct 
à  un  verbe  est  rare;  il  y  a  un  exemple  NR.  a.  18  adams\âm\ 
patiyaxsayaiy  «  je  me  suis  rendu  maître  d'eux  » . 

§  363.  En  fonction  de  datif,  on  peut  citer  B.  I,  76  kârahyà 
ava^â  a^aha  «  il  a  ordonné  ainsi  à  l'armée  »  ;  B.  I,  38  hauv 
kârahyà  ava^à  \a\durujiya  «  il  a  ainsi  menti  à  l'armée  »  (il  y  a 
flottement  ici  sur  le  cas  employé;  cf.  B.  I,  78  kâram  ava^à  adu- 
rujiya  «  il  a  ainsi  trompé  l'armée  »,  avec  l'accusatif);  B.  IV, 
/ig  avahyâ  paruv  Bada[yâ  ?]  «  qu'il  lui  paraisse  beaucoup  »  ; 
B.  I,  3i  kàrahy[â  naiy]  a:(dâ  abava  «  il  n'a  pas  été  connu  à  l'ar- 
mée »  ;  etc.  —  Le  génitif  complément  de  participe  servant  à 
exprimer  l'action  accomplie  a  la  valeur  d'un  ancien  datif,  ainsi 
Xerx.  Pers.  a  19  utâ  tya  manà  krtam  utà  tyamaiy  piça  krtam 
«  et  ce  que  j'ai  fait,  et  ce  qu'a  fait  mon  père  ». 

§  36/i.  Il  serait  vain  d'essayer  de  déterminer  partout  si  un 
génitif-datif  donné  a  la  valeur  d'un  ancien  génitif  ou  d'un  ancien 
datif,  ainsi  B.  I,  29  avahyâ  ka(n)bu]iyahyâ  b'^râtlâ  bardî\ya  nâma 
aha  hamapità  hamâtà  ka(7i)bu]iyahyâ  «   ce  Gambyse  avait  un 


§  364-366]  EMPLOI  DES  FORMES  NOMINALES  18» 

frère,  nommé  Bardiya,  de  même  père  et  de  même  mère  que 
Gambyse  ». 

On  a  vu  §  344  beaucoup  d'exemples  du  génitif-datif  des  pro- 
noms personnels  et  anaphoriques,  qu'il  faut  ajouter  aux  précé- 
dents. 

Ablatif. 

§  365.  Même  pour  les  noms  propres,  l'ablatif  ne  s'emploie 
que  précédé  de  la  préposition  hca,  hacà  «  de  »,  cf.  p.  a^^,  zd 
haca  ;  la  longue  de  hacà  est  ancienne,  comme  on  le  voit  par 
hcam,  hacàma  «  de  moi  »  (hacà  -\-  ma).  Au  singulier,  l'ablatif 
a  dans  les  thèmes  en  -à-  (y  compris  les  démonstratifs  masculins- 
neutres),  une  forme  identique  à  celle  de  l'instrumental,  et  dans 
les  thèmes  en  -â-  et  les  thèmes  consonantiques  une  forme  iden- 
tique à  celle  du  génitif-datif.  Seule  la  forme  de  pronom  person- 
nel ma  est  spéciale  à  l'ablatif.  Ceci  explique  la  nécessité  de  la 
préposition  pour  caractériser  l'ablatif. 

L'ablatif  indique  le  point  de  départ  :  B.  II,  64  adam  nijâyam 
hacà  hàhairaus  «  je  suis  parti  de  Babylone  »  ;  Dar.  Sz.  c.  1 1 
aya(nyà  hacà  mudràyà  . . .  abiy  pàr[sam]  «  ils  sont  allés  d'Egypte 
\ers  la  Perse  »  ;  NR.  a.  i6  im[à]  dahyàva  tyà  adam  agrbàya[m] 
apataram  hacà  pàrsà  «  voici  les  provinces  que  j'ai  prises,  en 
dehors  de  la  Perse  »  ;  B.  I,  6i  xsaçam  tya  hacà  amàxam  tau(x)- 
màyà  paràbrtam  aha  «  la  royauté  qui  avait  été  enlevée  à  noire 
famille  »  ;  B.  II,  i6  hacàma  hamiçiya  abava  «  il  s'est  révolté 
contre  moi  »  (litt.  «  loin  de  moi  »)  ;  etc. 

§  366.  Le  nom  de  personne  complément  d'un  passif  à  forme 
personnelle  se  met  ainsi  à  l'ablatif:  B.  I,  ig  [tya]sàm  hacàma 
a^ah(î)y  «  ce  qui  leur  a  été  ordonné  par  moi  »  ;  de  même  par 
exemple  NR.  a.  20;  avadi[  ]  adàriy  NR.  a.  21  n'est  pas  clair. 
On  a  aussi  l'ablatif  avec  pâ-  «  protéger  »  :  Dar.  Pers.  d.  i5 
imàm  dahyàum  a(Ij)urama:(dà  pàtuv  hacà  hainàyà  hacà  dusiyàrà 
hacà  d^raugà  «  qu'Ahuramazdâ  garde  cette  province  de  l'armée 
ennemie,   de  la  mauvaise  récolte,   du  mensonge   ».   L'ancien 


190  FORMES  NOMINALES  [§  366-369 

usage  de  l'ablatif  avec  «  craindre  »  est  aussi  conservé  :  Dar. 
Pers.  e  9  tyà  hacàma  atrsa  «  qui  ôïit  eu  peur  de  moi  »  ;  ib.  20 
hacâ  aniyanâ  ma  [t]rsam  «  que  je  ne  craigne  pas  un  autre  »  ;  dans 
B.  I,  5o  kàrasim  hacâ  drsm  atrsa  «  le  peuple  avait  grand'- 
peur  de  lui  »,  il  faut  évidemment  tenir  sim  pour  une  forme 
équivalente  à  l'ablatif  (cf.  §  S^/i)  ;  on  n'a  pas  l'équivalent  exact 
de  drsm  ailleurs,  et  la  lecture  est  incertaine  ;  mais  en  aucun 
cas  ce  mot  ne  peut  être  un  ablatif;  on  lira  sans  doute  darsam 
ou  drsam  «  fort  »,  cf.  la  racine  de  adrsnaus  «  il  osait  »  ;  ce 
mot  se  retrouve  avec  le  sens  de  «  fortement  »  B.  IV,  87. 

§  367.  Même  les  adverbes  indiquant  le  point  de  départ  sont 
précédés  de  hacâ  :  l'adverbe  pr^uv'iyt,  paruviyata,  dérivé  de 
*paruviya-  au  moyen  du  suffixe  -ta  (cf.  skr.  ~tah)^  ne  se  trouve 
qu'avec  hacâ  :  hacâ  paruviyata  «  depuis  les  premiers  temps  » 
B.  I,  7  et  8  =  B.  a.  11  et  12,  et  B.  I,  [\b.  De  même,  avec 
avds,  avadas  (ou  avadasa),  on  a  toujours  hacâ:  hacâ  avadaÊ 
«  de  là  »  B.  I,  37  ;  III,  à^  et  80. 

Instrumental. 

§  368.  En  tant  qu'il  indique  l'accompagnement,  l'instru- 
mental est  toujours  précédé  de  hda,  hadâ,  cf.  skr.  saha,  gâth. 
hadâ,  pehlvi  manichéen  'd  (ad)^  adverbe  formé  sur  ha-  =  skr. 
sa-,  avec  le  même  élément  suffixal  indo-iran.  *-dha  qu'on  a  dans 
idâ,  avadâ.  Ainsi  :  B.  I,  56  adam  hadâ  kamnaibis  martiyaihis 
avam  gaumâtam  tyam  magum  avâjanam  «  moi  avec  un  petit 
nombre  d'hommes,  j'ai  tué  ce  Gaumâta  le  mage  »  ;  B.  I,  gS 
ais  hadâ  kârâ  «  il  est  allé  avec  l'armée  »  ;  B.  II,  85  hamaranam 
akunaus  hadâ  ciça(n)taxmâ  «  il  a  combattu  avec  (c.-à-d.  contre) 
Ciçantaxma  »  ;  Xerx.  Pers.  b,  c  et  d  mâm  a(h)urama^dà  pâtuv 
hadâ  bagaibis  «  qu'Ahuramazdâ  avec  les  dieux  me  protège  » . 

§  369.  L'instrumental  indiquant  le  moyen,  l'instrument 
s'emploie  sans  préposition  :  B.  I,  i3  vasnâ  aQi)uramaxdâha 
[a]damsâm  xsâya^iya  aham  «  par  la  grâce  d'Ahuramazdâ  j'ai 


I  369-371]  EMPLOI  DES  FORMES  NOMINALES  191 

été  leur  roi  »  ;  B.  I,  23  imâ  dahyàva  tyanà  manà  data  apr'yay 
«  ces  provinces  d'après  ma  loi  »  ;  Dar.  Pers.  e,  2?thauvciy 

a(h)urà  nirasàtiy  «  qu'elle  descende  par  Ahura  »  ;  Xerx.  Pers. 
a  i3  vasaiy  aniyakiy  naiham  krtam  anà  pàrsà  «  beaucoup  d'autre 
bien  a  été  fait  sur  cette  Perse  »  (instrumental  indiquant  sur 
quelle  étendue  quelque  chose  se  fait). 

§  370.  Le  sens  de  vi^âpatiy  {viMj  instrumental  de  vi^- 
«  famille  »  -f-  patiy  postposition,  qu'on  trouve  aussi  avec  l'ac- 
ousatif,  V.  §  359),  n'est  pas  net.  On  ne  sait  pas  analyser  ni  même 
traduire  sûrement  u^niayâpatiy  akunavam  «  j'ai  crucifié  (?)  », 
qui  se  lit  plusieurs  fois. 

Dans  le  tour  fréquent  qui  sert  à  indiquer  les  dates,  ainsi 
B.  I,  4*2  garmapadahya  mâhyâ  IX  raiicabis  Bakatà  aha  «  dans 
le  mois  de  garmapada,  neuf  jours  étaient  passés  »,  on  ne  sait 
pas  faire  l'analyse  grammaticale  de  raucabis  et  de  ^akatâ.  Ce 
qui  rend  les  choses  encore  plus  obscures,  c'est  qu'avec  le  nom 
de  nombre  «  un  »  on  a  les  formes  rauca  et  ^akatam,  qui  ont 
l'air  de  nominatifs-accusatifs  singuliers  :  B.  III,  8  garmapa- 
dahya mâhyâ  I  rauca  ^akatam  aha  «  dans  le  mois  de  garma- 
pada, un  jour  était  passé  ».  Les  choses  se  passent  donc  comme 
si  l'instrumental  pluriel  raucabis  valait  un  nominatif  dans  ce 
tour  particulier  ;  on  peut  rapprocher  l'obscur  vi^bis  qui  est 
construit  parallèlement  à  des  accusatifs  B.  I,  65.  Aucun  autre 
fait  connu  du  vieux  perse  ne  permet  d'interpréter  cet  usage, 
dont  on  rapprochera  une  série  de  faits  de  l'Avesta  (v.  Reichelt, 
Awestiches  Elementarbiich,  %  ^2^). 

Locatif. 

§  371.  Le  locatif  indique  le  lieu  où  l'on  est,  où  l'on  établit 
quelque  chose  :  B.  I,  Zlx  d^auga  dahyuvâ  vasaiy  abava  utâ  pâr- 
saiy  utâ  mâdaiy  ut[à  an]iyâ(x)uvà  dahyusuvâ  «  le  mensonge 
abondait  dans  le  pays,  en  Perse,  en  Médie  et  dans  les  autres 
provinces  »  ;  B.  I,  2  xsâya^iya  pârsaiy  «  roi  en  Perse  »(il  est  à 


192  FORxMES  NOMINALES  [§  371-373. 

noter  que  Darius  est  roi  «  en  Perse  »,  mais  «  roi  des  provinces  » 
xsâyaUya  dahyimâm  ;  il  dit  aussi  NR.  a.  ii  qu'il  est  «  roi  dans 
cette  terre  »  xsàya^iya  ahyâyà  bumiyà;  les  usurpateurs  nommés 
dans  les  petites  inscriptions  de  Behistun  s'expriment  de  même^ 
ainsi  B.  e.  8  adam  xsàya^iya  amiy  màdaiy  «  c'est  moi  qui  suis 
roi  en  Médie  »)  ;  B.  II,  23  hya  màdaisuvà  ma^ista  aha  «  celui 
qui  était  le  chef  chez  les  Mèdes  »  ;  B.  I,  i5  tyaiy  d^rayahyà 
«  ceux  qui  sont  dans  la  mer  »  (les  Grecs  des  îles);  B.  I,  42 
(et  souvent)  màhyà  «  au  mois  »  ;  B.  I,  62  adamsim  gâ^avâ 
avâstàyam  «  je  l'ai  mis  en  place  »  (de  même  NR.  a.  36  avec 
niyasâdayam)  ;  B.  II,  75  duvarayàmaiy  hasta  adâriy  «  il  a  été 
tenu  attaché  à  ma  porte  ».  —  La  postposition  -â  est  de 
rigueur  au  pluriel  toujours,  et,  au  singulier,  dans  tous  les  noms^ 
communs  (v.  §  3oi,  3o2  et  3 18).  —  Sauf  peut-être  dans 
{h)ufrastâdiy  «  en  bonne  punition  »  (v.  §3i8),  le  locatif  ne  se 
rencontre  avec  aucune  postposition  ou  préposition  autre  que  à^ 


VI.   Groupement  des  noms. 

§  372.  Les  noms  groupés  ensemble  peuvent  être  soit  juxta- 
posés immédiatement  soit  reliés  par  hya,  tya-.  Ils  ne  sont  en- 
principe  séparés  que  par  des  mots  accessoires,  d'ordinaire  encli- 
tiques. 

A.  Juxtaposition  immédiate. 

a.  Complément. 

§  373.  Le  génitif  se  place  d'ordinaire  avant  le  nom  qu'il 
détermine  ;  on  a  régulièrement  manâ  pità  «  mon  père  »,  kuraus 
puça  «  le  fds  de  Cyrus  »,  arsâmahyà  napà  «  le  petit- fils  d'Ar- 
sâma  » ,  ka(n)hu]iyahyâ  b'^râtâ  «  le  frère  de  Cambyse  » ,  amâxam 
tau{x)mà  «   notre  famille  »,  bâgayâdais  màhyà  «  au  mois  de 


§  373-375]  GROUPEMENT  DES  MOTS  193 

bâgayâdi  »,  {pc)uvaxstrahyà  tau(jx)mâyà  «  de  la  famille  de 
Cyaxare  »,  aivam  parunâm  xsâya^iyam  «  seul  roi  de  beau- 
coup »,  etc. 

Il  en  est  de  même  quand  le  complément  est  complexe  :  ava- 
hyà  ka(n)bujiyahyà  b^ràtà  «  le  frère  de  ce  Gambyse  »,  dàraya- 
vahaus  xsàya^iyahyâ  vMyâ  «  dans  la  famille  du  roi  Darius  », 
naiy  amâxam  tau(x)mâyâ  kasciy  «  ni  personne  de  notre  famille», 
etc. 

Le  génitif  fait  même  parfois  corps  si  étroitement  avec  un 
nom  suivant  dont  il  dépend  que  le  traitement  ordinaire  des 
finales  n'a  pas  lieu,  et  qu'on  a  -hyà  au  lieu  de  -hyà  (y.  §  162). 

Il  est  exceptionnel  que  le  génitif  soit  séparé  de  son  substantif 
par  un  autre  mot,  comme  il  arrive  NR.  a.  43  pâr[sa]h[yà\ 
martiyahyà  duraiy  arst\ï\s  parâgmatâ  «  la  lance  de  l'homme 
perse  est  allée  au  loin  ». 

§  374.  Le  génitif  ne  suit  le  mot  qu'il  détermine  que  dans 
des  formules  fixées  :  xsâya^iya  xsàya^iyânàm  «  roi  des  rois  » , 
xsàya^iya  dahyunàm  «  roi  des  provinces  »,  vasnà  aQj)urama^- 
dâha  «  par  la  grâce  d'A.huramazdà  »,  ou  dans  certains  cas 
tout  particuliers  :  VIII  manâ  tau{x)mâyâ  «  huit  (hommes)  de 
ma  famille  »,  hamapità  hamàtà  ka(n)bujiyahyà  «  de  même  père, 
de  même  mère  que  Gambyse  ».  Il  y  a  une  seconde  affirmation 
plutôt  qu'un  complément  dans  une  phrase  comme  :  B.  II,  80 
adam  xsâyaBiya  amiy  asagartaiy  (x)tivaxstra[hyâ]  tau{x)mâyâ 
«  moi  je  suis  roi  en  Sagartie,  de  la  famille  de  Gyaxare  ».  Le 
pronom  manâ  a  une  valeur  forte  dans  :  B.  IV,  82  imaiy 
martiyà  hamataxsa(n)tâ  anusiyà  manâ  «  ces  hommes  ont  colla- 
boré en  alliés  avec  moi  ». 

§  375.  Le  complément  au  locatif  est  après  le  nom  qu'il  déter- 
mine dans  des  formules  fixées  :  xsâya^iya  pârsaiy  «  roi  en  Perse  », 
xsâyabiya  ahyâyâ  bumiyâ  «  roi  dans  cette  terre  ».  Mais  on  a 
le  locatif  devant  dans  B.  f.  =  B.  II,  10  adam  imanis  amiy 
(x)uvajaiy  xsàya^iya  «  moi  je  suis  Imanis,  roi  en  Susiane  »  ;  les 

i3 


J94  FORMES  NOMINALES  [§  375-378 

formules  des  autres  petites  inscriptions  de  Behistun  sont  cons- 
truites autrement  ainsi  B.  d.  6  adàm  xsâya^iya  amiy  hàhairauv 
«  c'est  moi  qui  suis  roi  à  Babylone  » . 

h.  Adjectif. 

§  376.  Les  adjectifs  peuvent  ou  précéder  ou  suivre  le  nom 
qu'ils  qualifient. 

§  877.  Les  adjectifs  qui  se  fléchissent  d'une  manière  pareille 
aux  démonstratifs  précèdent,  comme  ceux-ci,  le  substantif: 
aniyà  dahyâva  «  les  autres  provinces  »  ;  B.  II,  76  haruvasim 
kâra  avaina  «  toute  l'armée  l'a  vu  »  (avec  le  mot  accessoire  sim 
après  le  premier  mot  de  la  phrase,  cf.  §  ^3i)  ;  B.  IV,  4  hama- 
hyàyâ  ^arda  «  en  une  même  année  ».  Dans  B.  I,  [\o  kâra 
haruva  hamiçiya  ahava^  on  traduira  «  l'armée  est  devenue  tout 
entière  rebelle  »,  en  donnant  à  haruva  une  valeur  prédicative. 
—  Même  le  mot  kamna-  «  petit,  peu  »  se  comporte  de  cette 
manière  :  B.  I,  56  hadâ  kamnaibis  martiyaibis  «  avec  peu 
d'hommes  »  ;  etc. 

Les  noms  de  nombre  précèdent  les  substantifs  :  NR.  a  6  aivam 
paruvnâm  xsàya^iyam  aivam  paruvnàm  f'^ramâtâram  «  seul  roi 
de  beaucoup,  seul  chef  de  beaucoup  »  ;  B.  (souvent)  I  martiya 
«  un  homme  »  ;  B.  I,  38  XIV  raucahis  «  i4  jours  »  et  ainsi 
toujours  dans  les  dates;  B.  IV,  5  XIX  hamaranâ  «  19  com- 
bats »  ;  B.  IV,  7  IX  xs[àyaBiy]à  «  9  rois  ».  —  H  y  a  une  excep- 
tion :  B.  I,  17  f'^raharvam  dahyâva  XXIII  «  en  tout,  des  pro- 
vinces (au  nombre  de)  23  »  ;  mais  ceci  vient  après  une 
énumération,  et  cet  ordre  de  mots  insolite  sert  à  appeler  l'at- 
tention sur  un  total. 

§  378.  Les  adjectifs  dont  le  rôle  est  plus  autonome  suivent 
en  général  le  substantif  qu'ils  qualifient  :  B.  II,  16  kâra  mâda 
«  l'armée  mède  »  ;  III,  26  kâra  par  sa  «  l'armée  perse  »  ;  II,  18 
kârapârsa  u[tâ  m]âda  «  l'armée  perse  et  mède  »  ;  cet  ordre  n'est 
abandonné  dans  les  cas  de  ce  genre  que  deux  fois,  et  les  deux 


§  378-379]  GROUPEMENT  DES  MOTS  195 

fois  un  démonstratif  précède  :  Dar.  Pers.  e  8  hadà  anà  par  sa 
kârà  «  avec  cette  armée  perse  » ,  2 1  imam  pârsam  kàram  «  cette 
armée  perse  »,  en  regard  de  kâra  par  sa  «  l'armée  perse  »  ib.  22. 
Le  démonstratif  n'exerce  pas  pareille  action  ailleurs:  B.  III, 
85  \ava\m  kàram  bâbairuviyam  «  cette  armée  babylonienne  » .  — 
On  notera  encore  :  xsâyabiya  vazrka  «  roi  puissant  » ,  a(h)ura- 
ma^dâ  va^rka  «  Ahuramazdâ  puissant  »,  dahyunâm  paruxa- 
nânâm  «  des  provinces  à  races  nombreuses  »  et  dahyunâm 
vispa:(anànàm  «  des  provinces  de  toutes  races  »,  ahyâyà  bumiyà 
va^rkâyà  «  en  cette  terre  puissante  » ,  le  tout  dans  des  formules  ; 
et  B.  I,  77  I  martiya  bàbairuviya  «  un  homme  babylonien  »  ; 
des  épithètes  de  noms  de  peuples  :  yaunà  takabarâ  «  les  Grecs 
porteurs  de  »,  sakâ  tigraxaudà  «  les  Saces  à  la  coiffure 

pointue  »  ;  une  épithète  de  matière  Dar.  Pers.  c.  ardastâna 
a^a(n)gaina  «  de  pierre  »  ;  etc. 

On  notera  l'ordre  :  NR.  a.  4 9  ava  visam  «  tout  cela  »  ;  Xerx. 
Pers.  a  16  naibam  ava  visam  «  tout  ce  bien  ». 

Dans  la  phrase:  B.  I,  67  tyaisaiy  f^ratamâ  martiyà  anusiyà 
aha(fi)tâ  «  ceux  qui  étaient  ses  principaux  alliés  »,  anusiyà, 
traité  comme  adjectif,  est  placé  après  martiyà  «  hommes  »,  et 
f'^ratamà  «  les  premiers  »  est  placé  avant,  sans  doute  en  qualité 
de  nom  de  nombre  ordinal. 

c.  Apposition. 

§  379.  L'apposition  n'est  pas  rare  ;  ainsi  B.  I,  36  martiya 
magus  aha  gaumàta  nâma  «  il  y  avait  un  homme  mage,  nommé 
Gaumâta;  B.  II,  29  dàdrsis  nàma  arminiya  manà  ba(n)daka  «  il 
y  a  un  Arménien,  mon  serviteur,  du  nom  de  Dâdrsi  »  ;  B.  IV, 
83  vi(n)dafarnà  nà[ma]  và[ya]sp[àra]hyàpuçapâr[sa]  «  un  nommé 
Yindafarnâh,  fils  de  Vâyaspâra,  perse  »  ;  etc.  Ce  type  est  fré- 
quent dans  les  formules:  B.  I,  i  =  B.  a  i  dàrayava(h)us  xsàya- 
^iya  va:(rka  xiâyaBiya  xsàya^iyànàm  xsàya^iya  pàrsaiy  xsàya^iya 
dahyunâm  visiàspahyà  puça  arsàmahya  napà  haxàmanisiya  «  Da- 


196  FORMES  NOMINALES  [§  379-381 

rius,  roi  puissant,  roi  Mes  rois,  roi  en  Perse,  roi  des  provinces, 
fils  de  Vistâspa,  petit-fils  d'Arsâma,  Achéménide  »  ;  etc.  — 
Sur  la  forme  de  nâma  dans  les  appositions,  v.  §  3i2. 

B.  Groupements  avec  hya,  tya-. 

§  38o.  Le  démonstratif  hya,  tya-  sert  souvent  à  relier  à  un 
nom  une  détermination  :  complément,  adjectif  ou  apposition. 
Il  est  traité  comme  un  mot  isolé,  toujours  précédé  et  suivi  de  la 
marque  de  séparation  de  mots.  Ce  n'est  pas  un  simple  élément 
de  jonction,  et  il  garde  quelque  chose  de  sa  valeur  démonstra- 
tive, en  ceci  qu'il  intervient  là  seulement  où  le  groupe  de  noms 
est  déterminé.  Il  équivaut  ainsi  à  une  sorte  d'article  déter- 
miné. 

a.  Complément. 

§  38 1.  Il  n'est  pas  fréquent  qu'un  génitif  soit  relié  par  hya, 
tya-  au  nom  qu'il  détermine. 

Le  génitif  suit  d'ordinaire  le  nom  qu'il  détermine  :  B.  I,  69  et 
71  vi^am  tyâm  amaxani  «  notre  famille  »  (la  famille  bien  connue 
de  Darius)  ;  B.  I,  88  avam  kàram  tyam  nadi(n)tahirahyà  «  cette 
armée  de  Nidintubel  (dont  il  a  déjà  été  question)  »  (de  même 
95,  sans  avant)  ;  B.  III,  45  kàra  hya  manâ  avant  kàram  tyam 
vahya:(dâtahyà  aja  «  mon  armée  a  battu  cette  armée  de  Vahyaz- 
dâta  »  (il  a  été  question  précédemment  de  ces  deux  armées). 

Il  est  plus  rare  que  le  génitif  précède  :  B.  I,  23  tyanà  manâ 
data  «  par  ma  loi  »  (tandis  qu'on  a  l'ordre  plus  ordinaire  dans 
NR.  a.  21  dâtam  tya  manâ  «  ma  loi  »)  ;  B.  IV,  87  tyâm  imai- 
sàm  martiyânâ[m]  \ta\u(x)mâm  «  la  famille  de  ces  hommes  » 
(les  chefs  perses  qui  ont  soutenu  Darius  et  qu'il  vient  d'énu- 
mérer)  ;  NR.  a  56  hyâ  a(h)urama:(dâha  framânâ  hauvtaiy  gastâ 
ma  ^adaya  «  le  commandement  (bien  connu)  d'Ahuramazdâ, 
qu'il  ne  te  semble  pas  répugnant  ». 

On  a  un  complément  au  locatif  dans  :  B.  I,  80  hâbairus  hami- 
çiya  ahava  xsaçam  tya  bâhairuviyam  hauv  agrbâyatâ  «  Babylone 


s  381-382]  GROUPEMENT  DES  MOTS  197 

s'est  révoltée;  celui-ci  s'est  emparé  de  la  royauté  de  Babylone  ». 
Le  génitif  et  le  locatif  sont  côte  à  côte  dans  :  Dar.  Pers.  e  i3 
yaunâ  tyaiy  (h)uskahyà  utâ  tyaiy  d^rayahyà  «  les  Grecs  du  con- 
tinent et  (les  Grecs)  dans  la  mer  ».  On  a  d'autres  cas  dans: 
B.  III,  26  kàra  par  sa  hya  vihàpatiy  «  l'armée  perse,  près  de  la 
famille  »  (il  en  a  été  question  avant)  ;  NR.  a.  25  sakâ  tyaiy  tara- 
draya  «  les  Saces  d'au  delà  de  la  mer  »  (désignation  d'une  pro- 
vince); sans  doute  aussi  Dar.  Pers.  è  22  hyâ  duvais[ta]m  siyâtis 
«  le  bien-être  pour  longtemps  (?)  ». 

b.  Adjectif. 

§  382.  L'adjectif  avec  hya,  tya~  suit  d'ordinaire  le  substantif; 
toutefois  aniya  garde  sa  place  avant  :  B.  III,  32  hya  aniya  kàra 
par  sa  «  le  reste  de  l'armée  perse  »  (l'autre  partie  dont  il  vient  • 
d'être  question  s'est  révoltée).  Les  autres  adjectifs  suivent  le 
substantif:  B.  I,  79  kàra  hya  bàhairuviya  haruva  ahiy  avam 
nadi(ri)tabiram  asiyava  «  l'armée  babylonienne  est  allée  tout 
entière  vers  ce  Nidintubel  »  (cette  armée  a  déjà  été  indiquée)  ; 
B.  II,  20  avam  kâram  tyam  mâdam  «  cette  armée  mède  »  (déjà 
indiquée)  ;  B.  II,  25  kâra  [hya  ma]nâ  avam  kâram  tyam  hami- 
çiyam  aja  «  mon  armée  a  battu  cette  armée  rebelle  »  (les  deux 
armées  sont  celles  dont  il  a  été  question  dans  tout  le  récit  pré- 
cédent); Dar.  Pers.  e.  3  xsâya^iya  dahyunàm  tyaisam  parunâm 
«  roi  des  provinces  nombreuses  »  (les  provinces  bien  connues 
de  l'Empire)  ;  NR.  a.  58  pa^im  tyâm  râstâm  «  la  voie  droite  » 
(par  excellence)  ;  etc.  On  notera  hya  près  du  superlatif  dans  la 
formule  Dar.  Pers.  d  (et  ailleurs)  aQ})iirama:(dà  va^rka  hya 
ma^ista  bagânâm  «  Ahuramazdâ  puissant,  le  plus  grand  des 
dieux  ». 

La  présence  de  hya,  tya-  permet  de  séparer  l'adjectif  de  son 
substantif:  Dar.  Pers.  d  6  iyam  dahyàus  par  sa  tyàm  manà  a(h)u- 
rama^dà  f^ràbara  hyâ  naibâ  Qj)uvaspâ  Qj)umartiyâ  ...  hacâ 
aniyanâ  naiy  trsatiy  «  cette  province,  la  Perse,  qu' Ahuramazdâ 


198  FORMEb  NOMINALES  [§  382-384 

m'a  remise,  la  belle,  aux  bons  chevaux,  aux  bons  hommes,  ... 
ne  craint  personne  »  (on  notera  l'apposition,  sans  hyàj  à^  par  sa, 
laquelle  ne  comporte  pas  notation  du  genre  féminin)  ;  Dar.  Sz. 
c.  3  hya  d\a\rayavahaus  X.yahyà  xsaçam  f'^râbara  tya  va^rkam 
tya  [(h)uvaspam  (b)u]martiyam  «  qui  a  remis  au  roi  Darius  le 
royaume  puissant,  aux  bons  chevaux,  aux  bonshommes  ». 

'     c.  Apposition. 

§  383.  C'est  dans  le  cas  de  l'apposition  que  la  valeur  déter- 
minée de  la  forme  à  hya  se  voit  le  mieux.  Après  que  Gaumâta 
a  été  annoncé  par  martiya  magiis  «  un  homme  mage  », 
il  est  désigné:  B.  I,  /i6  gaumâta  hya  magus  «  Gaumâta  le 
mage  »  ;  ^9  avain  gamnâtam  tyam  maguni  «  ce  Gaumâta  le 
mage  »  ;  etc. 

On  peut  encore  noter  :  Xerx.  Van  17  dàrayava(h)iis  xsàyaUya 
hya  manà  pitâ  «  le  roi  Darius  mon  père  »  ;  B.  I,  3 9  adam  har- 
diya  amiy  hya  kuratis  puça  ka(n)bujiyahyâ  b''r[â]tâ  «  moi  je  suis 
Bardiya,  le  fils  de  Gyrus,  le  frère  de  Gambyse  »  (l'apposition 
est  séparée  par  le  mot  accessoire  amiy  du  nom  auquel  elle  se 
rapporte  ;  hya  commande  une  double  apposition,  sans  être 
répété)  ;  B,  I,  78  adam  nabukudracara  amiy  hya  nabunaitahyà 
puça  «  moi,  je  suis  Nabukuduri-usur ,  le  fils  de  Nabunaïd  » 
(aussi  avec  insertion  de  amiy)  ;  Xerx.  Pers.  c.  ima  hadis  dâraya- 
va(h)us  X.  akunaus  hya  manà  pitâ  «  le  roi  Darius,  mon  père, 
a  fait  ce  siège  »  (akunaus  est  inséré  entre  le  mot  et  l'apposi- 
tion). 

Avec  une  sorte  d'adverbe  on  a:  B.  I,  9  =  B.  a  itx  VIII  manà 
îau(pc)mâyâ  tyaiy  paruvam  xsâyaUyà  aha  «  huit  (hommes)  de 
ma  famille,  deux  (hommes)  d'autrefois  ont  été  rois  »  ;  Dar. 
Pers.  e.  i/^  dahyâva  tyâ  parauvaiy  «  provinces  de  l'Est  ». 

d.  hya,  tya-  sans  substantif. 
§  384.  On  trouve  hya,  /y^j- avec  des  adjectifs  pris  substanti- 


§  384-386]  MOTS  ACCESSOIRES  190 

vement  :  B.  I,  67  adam  iya  parâb[rta]m  patiyàbaram  «  moi, 
j'ai  rapporté  ce  qui  était  enlevé  »  (allusion  au  xsaçam  parâbrtam 
indiqué  61-62)  ;  Xerx.  Van  18  hauv  ...  vasaiy  tya  naibam  aku- 
nauî  «  il  a  fait  le  bien  (qu'on  voit  réalisé)  en  quantité  »  ;  B.  I, 
10  tyaiy  d°rayahyà  «  les  gens  de  la  mer  »  (litt.  «  dans  la  mer  ») 
pour  désigner  une  province. 


VII.  Mots  accessoires. 

§  385.  Les  mots  accessoires,  fléchis  ou  non  fléchis,  sont 
écrits  les  uns  près  des  mots  sur  lesquels  ils  portent,  sans  marque 
de  séparation  de  mots,  les  autres  isolément. 

§  386.  Les  anciens  mots  enclitiques  sont  toujours  notés  sans 
séparation  de  mots.  Il  en  est  ainsi  de  câ  «  et  »  (cf.  skr.  ca^ 
gr.  T£,  lat.  qué)^  dont  l'emploi  n'est  du  reste  pas  fréquent,  tan- 
dis que  le  mot  nouveau  utâ,  à  sens  plus  fort,  est  toujours  écrit 
isolément  :  B.  I,  65  abicaris  gaiBâmcâ  màniyamcâ  vi^biscâ  «  le 
,  et  les  biens  et  la  maison  et  les  »  ;  B.  I,  66 

pârsam[c]â  mâdam[c]â  utâ  aniyà  dahyâva  «  et  la  Perse  et  la 
Médie  et  les  autres  provinces  »  ;  Dar.  Pers.  d  9  vasnà  a(h)ura- 
maidàha  manacâ  dàrayavahaus  xsâya^iyahyà  «  par  la  volonté 
d'Ahuramazdâ  et  de  moi  Darius  roi  » . 

De  même  va  «  ou  »  (cf.  skr.  va,  gr.  -Fz,  lat.  ue):  B.  I,  20 
xsapavâ  raucapativà  «  ou  de  nuit  ou  le  jour  »  ;  B.  IV,  77 
im[â\m  dipim  imaivâ  patikarà  «  cette  inscription  ou  ces  images  » 
(de  même  IV,  70-71  et  73);  va  relie  deux  phrases  B.  IV,  68 
\hya\  d'Iran) ana  ahatiy  hyavâ  [:(u]rakara  ...  ahatiy  «  qu'un 
menteur  ou  qui  sera  faisant  le  mal  ...  ». 

La  particule  ciy  (cf.  skr.  cit)  est  aussi  enclitique  ;  et  il  en  est 
probablement  de  même  de  kaiy,  dont  on  n'a  pas  le  correspon- 
dant ailleurs.  Mais  kâ  est  un  mot  autonome  (sur  ces  particules, 
V.  §  336). 


•200  FORMES  NOMINALES  [§  386-388 

Aux  pronoms  enclitiques  skr.  me,  te,  gr.  \xo\^  toi,  ci,  le  perse 
répond  par  maiy,  taiy,  saiy  (cf.  §  342  et  344),  qui  sont  toujours 
ajoutés  à  un  mot  précédent  sans  marque  de  séparation.  De  même 
sim,  sis,  sàm  sont  enclitiques.  Mais  dis  ne  l'est  pas  toujours 
(v.  §  345).  L'accusatif  wâw  qui  répond  à  la  forme  tonique  skr. 
màm  est  en  général  écrit  isolément  ;  mais  il  est  une  fois  lié 
à  un  mot  précédent  (v.  §  34o).  Le  cas  de  hacàma  «  de  moi  » 
est  à  part  :  -ma  y  répond  à  la  forme  tonique  skr.  7nàt  ;  mais 
p.  -ma  n'est  pas  attesté  en  dehors  de  ce  groupe;  et  -ma  fait 
corps  avec  hacà. 

§  387.  En  principe,  les  postpositions  sont  ajoutées  au  nom 
qu'elles  déterminent,  sans  séparation  de  mots,  tandis  que  les  pré- 
positions sont  écrites  isolément.  La  postposition  -à  du  locatif 
fait  toujours  corps  avec  le  mot  précédent  ;  il  en  est  de  même 
de  patiy  dans  raucapati-và  «  ou  le  jour  »,  dans  hyapatiy  «  vers 
quoi  »  et  dans  viMpatiy  ;  de  para  dans  avaparâ  «  de  ce  côté  »  ; 
de  adiy  dans  (h)ufrastàdiy  B.  IV,  69  ;  il  faut  rappeler  aussi 
avahyaràdiy  «  à  cause  de  ceci  ».  Il  est  probable  que  pd^y, 
padiy  est  également  une  sorte  de  postposition,  signifiant  «  à  la 
suite  de  »  (sans  doute  ancien  locatif  de  pad-  «  pied  »  ;  cf.  gr. 
^eâa,  arm.  het  «  après  »)  dans  B.  III,  73  nipadi[y]  t[ya]iy 
usiyava  «  il  est  parti  à  leur  suite  »  (pour  le  poursuivre)  et  dans 
yadipad'\i\y  NR.  a.  38. 

En  revanche  les  prépositions  ne  sont  liées  au  mot  suivant  que 
dans  des  locutions  toutes  faites  :  pasâva  «  après  ceci,  ensuite  » 
(pasâ  +  ava)  ;  f^'raharvam  (^f^ra-  +  harvam^  «  en  tout  »  ; 
\ia\radraya  «  au  delà  de  la  mer  »,  patipadam  «  en  place  ». 
Dans  tous  les  autres  cas,  elles  sont  notées  isolément  et  ortho- 
graphiées comme  des  mots  isolés,  ainsi  upà  màm  (v.  les 
exemples  §  369,  365,  366  et  368). 

§  388.  Le  mot  apiy  «  même  »,  d'ordinaire  ajouté  à  duraiy 
«  au  loin  »,  s'écrit  isolément,  ainsi  Dar.  Elv.  18-19;  ^^  ^^i* 
qu'il  y  a  là  un   groupe   de  mots  usuel  a  peut-être  entraîné 


§  388-389]  MOTS  ACCESSOIRES  201 

l'absence  de  marque  de  séparation  dans  un  cas,  où  l'ortho- 
graphe est  du  reste  visiblement  incorrecte,  NR.  a.  12  d"uria- 
piy,  duraiapiy,  et  où  l'on  est  par  suite  tenté  de  voir  un  lapsus 
accidentel. 

§  389.  Le  mot  invariable  qui  sert  d'ordinaire  à  coordonner 
des  noms  est  ut  a,  utà  «  et  aussi,  et  »,  qui  s'emploie  volon- 
tiers sous  forme  répétée  :  B.  I,  ^o  pasàva  kâra  haruva  hami- 
çiya  ahava  hacâ  ka(n)bujiyâ  abiy  avant  [a]siyava  utà  pàrsa  utâ 
mâda  utà  aniyà  dahyàva  «  ensuite  l'armée  est  tout  entière  deve- 
nue rebelle  ;  de  Gambyse  elle  est  passée  à  lui,  et  aussi  la  Perse, 
%\  aussi  la  Médie,  et  aussi  les  autres  provinces  »  ;  B.  II,  74 
adanisai[y]  utà  nàham  utà  gausà  utàh(i)<^:(^bànamf''rà)anam 
«  je  lui  ai  coupé  et  le  nez  et  les  oreilles  et  la  langue  ».  Mais 
ce  n'est  pas  chose  nécessaire  :  B.  II,  81  kàrani  pàrsam  utà 
màdam  «  l'armée  perse  et  mède  ».  Dans  Dar.  Pers.  e  10  et 
suiv.,  les  provinces  sont  énumérées  par  simple  juxtaposition; 
mais  les  Grecs  dont  il  est  distingué  deux  espèces  sont  désignés 
par  tyaiy  (h)uskahyà  utà  tyaiy  dyayahyà  «  les  Grecs  du  continent 
et  ceux  de  la  mer  »  ;  puis,  après  l'énumération  de  toutes  les 
provinces  occidentales  de  l'empire,  les  autres  provinces  sont 
annoncées  par  utà  dahyàva  tyà  parauvaiy  «  et  aussi  les  provinces 
à  l'Orient  »,  et  l'énumération  par  juxtaposition  :  asagarta, 
par^ava  ...  «  la  Sagartie,  la  Parthie,  ...  »,  reprend. 


CHAPITRE    VI 


LA  PHRASE 


Trop  peu  nombreux  et  d'une  nature  trop  particulière,  les 
textes  ne  permettent  pas  de  faire  une  théorie  complète  de  la 
phrase.  On  ne  trouvera  donc  ici  que  des  indications  toutes 
fragmentaires. 


I.   Phrase  nominale. 

§  390.  Il  n'y  a  jamais  de  copule  là  où  celle-ci  serait  à  la 
3^  personne  de  l'indicatif;  la  copule  figure  en  principe  dans  tous 
les  autres  cas. 

Le  participe  en  -ta-  étant  encore  nettement  un  adjectif,  les 
phrases  où  le  verbe  se  présente  sous  la  forme  du  participe 
(v.  §  21 4)  ont  le  caractère  grammatical  de  phrases  nomi- 
nales. 

Voici  quelques  types  de  la  phrase  nominale  régulière  sans 
copule  :  B.  I,  4  =  B.  a  5  manà  pità  Vistâspa  (<•  mon  père  est 
Vistâspa  »  (et  de  même  dans  les  autres  cas  pareils);  B.  I,  i3 
imà  dahyàva  tyâ  manà  patiyâisa  «  voici  les  provinces  qui  sont 
venues  à  moi  »  (et  de  même  dans  les  cas  pareils)  ;  B.  I,  27 
ima  tya  manà  krtam  «  voici  ce  qui  a  été  fait  par  moi  »  (deux 
exemples  dans  cette  courte  phrase);  B.  II,  19  [vi]darna  nània 
pàrsa   manà   ba(n)daka  avamsàm   maUstam   akunavam    «    un 


§  390-392]  PHRASE  NOMINALE  20.1 

nommé  Vidarna,  Perse,  est  mon  serviteur  ;  j'en  ai  fait  leur 
chef  »  (type  de  phrase  fréquent)  ;  B.  II,  27  ava^âsâni  hamara- 
nam  krtam  pasâva  hauv  [kâ]ra  hya  manâ  ka(n)pada  nâniâ  da- 
hyâus  màdaiy  avadâ  màm  amâniya  (lire  amànaya)  «  un  combat 
a  été  ainsi  livré  par  eux;  ensuite  cette  mienne  armée  —  il  y 
a  en  Médie  une  province  du  nom  de  Kanpada  —  là  elle  m'a 
attendu  »  (deux  exemples;  il  s'en  trouve  beaucoup  d'aiialogues)  ; 
B.  II,  38  hamiçiyà  ha{n)gmatâ  «  les  rebelles  se  sont  réunis  »  ; 
^  etc. 
'^  §  391 .  Il  n'y  a  que  deux  exemples  de  astiy  et  un  de  ha(iî)tiy 
dans  les  inscriptions  ;  dans  les  trois  cas,  il  s'agit  d'exprimer 
l'existence:  B.  IV,  1^6  \ap\miaiy  aniyasciy  vasaiy  astiy  krtam 
«  et  il  y  a  bien  autre  chose  de  fait  par  moi  »  ;  de  même  IV,  5i 
avaisâm  av<ia^^à  naiy  astiy  krtam  yaM  ...  «  il  n'y  en  a  pas 
autant  de  fait  par  eux  que  ...»  (le  fait  que  naiy  précède  astiy, 
et  non  le  prédicat  krtam,  suffit  à  marquer  que  astiy  indique 
l'existence,  et  n'est  pas  une  copule;  cf.  §  4o4)  ;  B.  IV,  61 
an[iyâha  ba]gâha  tyaiy  ha(n)tiy  «  les  autres  dieux  qui 
existent  ». 

§  392.  Là  où  des  formes  du  verbe  «  être  »  servent  de 
copule,  elles  se  placent  d'ordinaire  immédiatement  après  le 
prédicat  ou,  si  le  prédicat  est  un  groupe  de  plusieurs  mots, 
après  le  premier  mot  du  prédicat  :  B.  I,  11  vasnâ  a(h)urama:{- 
dàha  adam  xsâya^iya  amiy  «  par  la  volonté  d'Ahuramazdâ, 
moi,  je  suis  roi  »  ;  B.  I,  i4  [a]damsâm  xsâya^iya  aham  «  moi, 
j'ai  été  leur  roi  »  ;  B.  I,  19  ma[n]â  ha(n)dakà  aha(n)tâ  «  elles 
ont  été  mes  servantes  »  ;  B.  I,  45  aita  xsaçam  hacâ  paruviyata 
amâxam  tati(x)mâyà  aha  «  cette  royauté  était  à  notre  famille 
dès  le  principe  »  ;  B.  II,  18  kàra  par  sa  u[tâ  m]âda  hya  upâ 
mâm  aha  hauv  kamnam  aha  «  l'armée  perse  et  mède  qui  était 
près  de  moi,  elle  était  peu  de  chose  »  ;  B.  III,  ^-jo  pasâva  hauv 
mart[iya]  hya  avahyâ  kàrahyà  ma^[ista  a]ha  tyam  vahya^dâta 
f^râisaya  «  ensuite  cet  homme  qui  était  le  chef  de  cette  armée 


204  LA  PHRASE  [§  392-395 

que  Vahyazdâta  a  envoyée  ...  »  ;  B.  e.  5  adam  xsa^rita  amiy 
(x)uvaxstrahya  tau(x)mâyâ  «  je  suis  XsaOrita,  de  la  famille  de 
Cyaxare  »  ;  B.  IV,  89  dahyâusmaiy  duruvâ  ahatiy  «  ma  pro- 
vince sera  solide  »  ;  etc. 

§  398.  L'absence  de  copule  dans  les  cas  de  ce  genre  a  des 
raisons  particulières  :B.I,  i  =  B.a,  i  adam  dàrayava(b)us 
xsâya^iya  «  c'est  moi  le  roi  Darius  »  est  une  formule  officielle  ; 
et  B.  I,  10  =  B.  a,  16  adam  navama  «  je  suis  le  neuvième  » 
vient  après  une  phrase  ainsi  conçue  :  «  huit  de  ma  famille  ont 
été  rois  »,  où  figure  la  copule  ;  c'est  le  mouvement  général  de 
la  phrase  qui  dispense  ici  de  l'emploi  de  la  copule. 

§  894.  Quand  le  verbe  «  être  »  est  en  tête  de  la  phrase, 
c'est  qu'il  indique  l'existence  :  B.  I,  48  naiy  aha  martiya  naiy 
par  sa  naiy  màda  naiy  amâxam  iau(x)mâyâ  kasciy  hya  ...  «  il 
n'y  avait  pas  d'homme  ni  perse  ni  mède  ni  personne  de 
notre  famille  qui  ...  ». 

§  895.  Le  thème  de  présent  bava-  «  devenir  »  se  comporte 
comme  la  copule  exprimée  ;  le  verbe  suit  immédiatement  le 
prédicat  :  B.  I,  60  adam  xsàya^iya  ahavam  «  moi,  je  suis  devenu 
roi  »  ;  B.  II,  79  hanvmaiy  hamiçiya  ahava  «  il  est  devenu 
rebelle  contre  moi  »  ;  B.  III,  9  pasâva  dahyâus  manâ  ahava 
«  ensuite  la  province  est  devenue  mienne  »  ;  NR.  a.  48  adataiy 
a:(dâ  bavâtiy  «  et  que  tu  saches  »  ;  etc.  Il  y  a  des  flottements 
quand  le  prédicat  est  complexe:  B.  III,  78  bâbairuviyâ  hami- 
çiya abava  hacâma  «  les  Babyloniens  sont  devenus  rebelles  contre 
moi  »  (même  ordre  B.  II,  92)  ;  mais  B.  III,  81  kâra  bâbairu- 
viyâ hacâma  kamiçiya  abava  «  l'armée  babylonienne  est  devenue 
rebelle  contre  moi  »  (même  ordre  B.  II,  6  ;  III,  26-27).  On 
lit  B.  III,  88  hauv  xsâyaUya  abava  bâbairauv  «  il  est  devenu 
roi  à  Babylone  »  ;  même  ordre  B.  I,  76-77  (à  côté  de  B.  I,  76 
adam  (x)uvajaiy  xsâya^iya  amiy  «  moi,  je  suis  roi  en  Susiane  ») 
et  II,  17. 


396-398]  PHRASE  VERBALE 


II.  Phrase  verbale. 


§  396.  Dans  la  phrase  verbale,  il  faut  tenir  compte  du  sujet, 
du  verbe  et  des  divers  compléments  que  le  verbe  peut  éven- 
tuellement recevoir. 

§  397.  L'ordre  usuel  est  :  sujet,  complément  direct,  verbe. 
Il  arrive  que  certains  compléments  autres  que  ceux  mis  à  l'ac- 
cusatif suivent  le  verbe.  Mais  en  principe  le  verbe  ne  com- 
mence par  la  phrase. 

Le  verbe  ne  précède  les  autres  éléments  de  la  phrase  que  dans 
un  seul  cas,  la  formule  souvent  répétée  :  ^âtiy  dàrayavaQ])us 
xsàya^iya  «  le  roi  Darius  proclame  »  ;  et  de  même  ^âtiy  xsayârsâ 
xsâyaBiya  «  le  roi  Xerxès  proclame  »  ;  mais  on  sait  que  la 
langue  des  formules  présente  des  archaïsmes  et  des  dialectismes 
(v.  §  8  et  suiv.). 

§  398.  L'ordre  le  plus  usuel  est  celui  qu'on  observe  dans 
des  phrases  comme  B.  I,  3o  pasâva  ka(n)b[ujiya  a\vam  bar- 
diyam  avàja  «  ensuite  Cambyse  a  lue  ce  Bardya  »,  ou,  même 
avec  un  adjectif  indiquant  la  direction,  I,  32  pasâva  ka(n)bujiya 
mudrâyam  [asiya]va  «  ensuite  Cambyse  est  parti  pour  l'Egypte  »  ; 
B.  IV,  5  XIX  hamaranà  akunavam  vasn[â  aQj)ura\ma:(dàha 
adamHs  ajanam  utà  IX  xs[âyaUy]â  agrbâyam  «  j'ai  livré  19  ba- 
tailles ;  par  la  volonté  d'Ahuramazdâ  je  les  ai  gagnées  ;  et  j'ai 
pris  9  rois  »  ;  B.  II,  73  adamsai[y]  utâ  nàham  utà  gausâ  utâ 
h(i)'^:Q>bànam  f^àjanam  «  moi  je  lui  ai  coupé  et  le  nez  et  les 
oreilles  et  la  langue  ».  Il  arrive  qu'un  démonstratif  ou  un  pro- 
nom personnel  suive  le  complément  direct  au  lieu  de  le  pré- 
céder :  B.  III,  82  bâbairum  hauv  agrbâyatâ  «  celui-ci  s'est  em- 
paré de  Babylone  » .  Mais  il  est  rare  qu'un  complément  direct 
suive  le  verbe  ;  c'est  sans  doute  le  parallélisme  des  deux  verbes 
(v.  §  4o6)  qui  a  entraîné  cet  ordre  exceptionnel  :  B.   III,  4 


206  LA  PHRASE  [§  398-399 

pasàva  vistàspa  ayasatà  avant  kâram  asiyava  «  ensuite  Vistâspa 
a  pris  avec  lui  cette  armée  ;  il  est  parti  » .  Même  deux  accusatifs 
sont  mis  avant  le  verbe  NR.  a  53  aita  adam  a(h)urama:(dàm 
jadiyàmiy  «  je  demande  ceci  à  Ahuramazdâ  »  ;  une  grosse  addi- 
tion, groupée  avec  a(h)uramaxdàmj  détermine  sans  doute  le 
changement  de  cet  ordre  usuel  dans  :  Dar.  Pers.  d  20  aita  adam 
yânam  jadiyàmiy  a(h)urama:(dâm  hadà  vH^his  hagaihis  «  je 
demande  cette  faveur  à  Ahuramazdâ  avec  les  dieux  »  ; 

enfin  tous  les  compléments  sont  après  dans  B.  I,  ^6. 

§  399.  Les  compléments  autres  que  le  complément  direct 
peuvent  se  trouver  soit  avant  soit  après  le  verbe,  de  sorte  que  le 
verbe  figure  souvent  à  la  fin,  mais  aussi  parfois  à  l'intérieur  de 
la  phrase.  Des  phrases  comme  les  suivantes  sont  courantes  : 
B.  II,  4  pasàva  avam  nadi{n)tabairam  adam  bàbairauv  avàja- 
[nam]  «  ensuite  j'ai  tué  ce  Nidintubel  à  Babylone  ».  Le  mot  de 
la  phrase  qui  est  à  l'initiale  semble  être  en  évidence  ;  c'est  sur 
Ahuramazdâ  qu'insiste  Darius  dans  :  B.  I,  11  va[snà]  A(J])u- 
ramà/^dàha  adam  xsàya^iya  amiy  aQj)urama:(dà  xsaçam  manà 
f^'ràhara  «  par  la  volonté  d' Ahuramazdâ,  je  suis  roi  ;  Ahura- 
mazdâ m'a  remis  la  royauté  »  ;  et  c'est  sur  «  moi  »  qu'in- 
siste Darius  dans  :  B.  I,  18  vasnà  a(h)urama:(dàha  ma\n\à 
ba(n)dakà  aha(n)tà  manà  bàjim  abara(n)tà  «  par  la  volonté 
d' Ahuramazdâ,  elles  ont  été  mes  servantes  ;  à  moi  elles  ont 
apporté  tribut  ».  Le  fait  de  placer  un  complément  après  le 
verbe  paraît  être  aussi  un  moyen  de  le  mettre  en  relief  ;  ainsi 
gà^avà  «  en  place  » ,  qui  est  inexpressif,  précède  le  verbe  dans 
B.  I,  62  adamsim  gà^avà  avàstàyam  «  je  l'ai  mis  en  place  »  (de 
•  même  NR.  a  36  avec  niyasàdayam)  ;  dans  l'exemple  cité  de  B.  II, 
4,  bàbairauv  n'a  pas  d'importance;  c'est  au  contraire  un  mot 
essentiel  dans  B.  I,  78  hauv  udapatatà  bàbairauv  «  il  s'est  sou- 
levé à  Babylone  ».  On  a  de  même  B.  II,  64  pasàva  adam 
nijàyam  hacà  bàbairaus  asiyavam  màdam  ya^à  màdam  paràra- 
sam  ...  «   ensuite  j'ai  quitté  Babylone;  je  suis  parti  pour  la 


§  399-400]  PHRASE  VERBALE  Î07 

Médie  ;  quand  j'ai  été  arrivé  en  Médie  ...»  (on  notera  la  place 
difierente  de  mâdam  dans  la  première  phrase,  où  une  chose 
nouvelle  est  indiquée,  et  dans  la  seconde,  où  la  conséquence  du 
fait  précédent  est  donnée).  Dans  B.  IV,  3  ima  tya  adam  akuna- 
vam  vasnâ  aQi)ura\fna:(d\âha  hamahyâyâ  Oarda  «  voici  ce  que  j'ai 
fait  par  la  volonté  d'Ahuramazdâ  en  une  même  année  »,  ima 
sert  à  annoncer  le  résumé  qui  suit  et  dit  quelque  chose  de  nou- 
veau ;  l'ordre  est  autre,  moins  expressif,  dans  la  conclusion 
B.  IV,  ^o  ima  tya  adam  akunavam  vasnâ  a(^h)urama:(dâha 
[ha]ma[h]yàyâ  Barda  akunavam  «  voilà  ce  que  j'ai  fait;  je  l'ai 
fait  par  la  volonté  d'Ahuramazdâ  en  une  même  année  ».  Deux 
compléments  de  lieux  essentiels  suivent  le  verbe  dans  :  B.  III,  i 
pasâva  adam  kâram  pârsam  /""ràisayam  ahiy  vistâspam  hacâ 
ragâyâ  «  ensuite  j'ai  envoyé  l'armée  perse  de  Ragâ  vers  Vistâspa  » . 
Ce  n'est  pas  seulement  la  présence  d'une  phrase  relative,  c'est 
sans  doute  aussi  l'importance  de  l'indication  qui  décide  de  la 
place  du  second  complément  dans  B.  I,  83  pasâva  adam  hâhai- 
rum  asiyavam  abiy  avam  7iadi{n)tabairam  hya  nabukudracara 
aga[uba]tâ  «  ensuite  je  suis  parti  pour  Babylone  vers  ce  Nidin- 
tubel  qui  se  disait  Nabukudurri-usur  ».  Le  mot  expressif  z/ûf^ary 
se  trouve  plusieurs  fois  en  fin  de  phrase,  ainsi  B.  I,  88  [a]vadâ 
uvam  kâram  tyam  nadi(n)tabairahyâ  adam  ajanam  vasaiy  «  là 
j'ai  battu  cette  armée  de  Nidintubel  beaucoup  ». 

Toutefois  il  ne  faut  pas  chercher  des  raisons  d'expression 
dans  tous  les  cas  où  un  complément  est  après  le  verbe  ;  on  ne 
voit  pas  quelles  raisons  autres  que  l'équilibre  de  la  phrase  ont 
pu  décider  de  l'ordre  dans  :  B.  IV,  3i  imaiy  IX  xsâya^iyâ  [ada]m 
agrbâyam  a(n)îar  imâ  hamaranâ  «  j'ai  pris  ces  9  rois  dans  ces 
combats  ». 

§  4oo.  Un  adjectif  prédicat  apposé  au  verbe  dans  la  phrase 
verbale  précède  le  verbe  :  B.  I,  43  ka(n)bujiya  (x)iivâmrsiyus 
amariyatâ  «  Gambyse  est  mort  de  sa  propre  mort  »  ;  B.  I,  82 
hauv  aç[i]na  ^basta  anayatà  a[biy  m]âm  «  cet  Açina  m'a  été 


208  LA  PHRASE  [§  400-402- 

amené  lié  »  ;  Xerx.  Van  22  dipim  naiy  nipistâm  akunaus  «  il 
n'a  pas  fait  écrire  l'inscription  » .  - 

Observation  générale. 

§  4oi,  Soit  dans  la  phrase  nominale,  soit  dans  la  phrase 
verbale,  l'ordre  des  mots  est  réglé  par  des  usages  sensiblement 
constants.  Mais  il  n'y  a  guère  de  règles  absolues;  l'ordre  de& 
mots  ne  sert  en  rien  à  exprimer  les  fonctions  grammaticales. 
Une  différence  très  menue  de  l'effet  expressif  cherché  suffit  à 
faire  changer  l'ordre  des  mots.  Dans  des  phrases  qui  semblent 
exactement  comparables,  on  observe  parfois  des  ordres  diffé- 
rents :  B.  IV,  72  ya[diy]  imâm  di[pim]  vainàh(i\y\  imaivâ  pati- 
karâ  naiydis  vikanàh({)[y]  «  si  tu  vois  cette  inscription  ou  ces 
images,  et  que  tu  ne  les  détruises  pas  »,  et  B.  IV,  77  yadiy 
im[à\m  dipim  imaivâ  patikarà  vainàh(î)y  vikanàh(i)dis  «  si  tu 
vois  cette  inscription  ou  ces  images,  et  que  tu  les  détruises  ». 

III.  Mots  accessoires  de  la  phrase. 

i**  Règle  de  la  place  des  petits  mots  accessoires. 

§  koi.  Les  pronoms  personnels  atones  et  les  anaphoriques 
ont  conservé  la  place  qu'ils  avaient  en  indo-iranien,  immédiate- 
ment après  le  premier  mot  de  la  phrase,  ainsi  :  B.  II,  76  haru- 
vasim  kâra  avaina  «  toute  l'armée  l'a  vu  ». 

On  ne  voit  pas  qu'aucune  particule  portant  sur  toute  la 
phrase  vienne  encore  occuper  cette  place  après  le  premier  mot. 
Toutefois  l'ordre  imaivâ  patikarà  «  ou  ces  images  »,  avec  va 
tombant  sur  le  premier  élément  du  groupe  de  mots,  est  ancien. 
Aparam  «  par  la  suite  »  vient  après  le  relatif  hya  «  qui  »  dans 
tous  les  cas  où  l'on  rencontre  cet  adverbe. 

Il  arrive  que  le  nominatif  adam  «  moi  »  figure  à  l'intérieur 
de  la  phrase  comme  s'il  était  un  mot  accessoire  ;  mais  ceci 


§  402-403]  MOTS  ACCESSOIRES  209 

marque  seulement  que  ce  «  moi  »  n'est  pas  en  évidence,  et  qu'il 

est  faiblement  accentué  ;  cela  ne  va  pas  jusqu'à  en  faire  un  petit 

mot  accessoire  comme  les  pronoms  atones  enclitiques  indiqués 

ci-dessus. 

2"  Négations. 

§  4o3.  Il  y  a  deux  négations,  l'une  ni  y,  naiy  (cf.  zd  nôi^, 
skr.  net,  p.  ni)  pour  la  phrase  déclarative,  et  l'autre  ma,  ma 
(cf.  skr.  ma,  zd  ma,  p.  ma)  pour  la  prohibition. 

§  4o4.  naiy. 

naiy  est  une  négation  forte,  toujours  autonome  et  qui  est  pré- 
cédée et  suivie  d'un  signe  de  séparation  de  mots.  La  force 
de  naiy  se  marque  en  ceci  que  c'est  le  mot  employé  pour  signi- 
fier «  ni  » .  Toutefois  la  négation  est  par  nature  un  mot  acces- 
soire ;  elle  précède  le  verbe  dans  les  phrases  verbales,  le  prédi- 
cat dans  les  phrases  nominales  et  ne  tombe  sur  le  sujet  ou  sur 
un  complément  qu'au  sens  de  «  ni  ».  Voici  quelques  exem- 
ples : 

B.  I,  48  naiy  aha  martiya  naiy  par  s  a  naiy  màda  naiy  amâxam 
tau(x)mâyà  kasciy  hya  ...  «  il  n'y  avait  pas  d'homme  ni  perse, 
ni  mède,  ni  personne  de  notre  famille,  qui  ...  ». 

B.  I,  52  adam  naiy  bardiya  amiy  hya  kuraus  puça  «  je  ne  suis 
pas  Bardiya,  le  fils  de  Cyrus  ». 

B.  I,  53  kasciy  naiy  adrsnaus  cisciy  ^astanaiy  «  personne 
n'osait  rien  dire  ». 

B.  II,  2 G  avam  kâram  tyam  mâdam  jatâ  hya  manâ  naiy  gau- 
hataiy  «  battez  cette  armée  perse  qui  se  déclare  non  mienne  » 
(la  négation  précède,  non  manâ  sur  laquelle  elle  porte  pour  le 
sens,  mais  le  verbe  gaubataiy). 

La  négation  naiy  s'emploie  avec  le  subjonctif  aussi  bien 
qu'avec  l'indicatif,  ainsi  : 

B.  IV,  73  ^û![^/3']  iynàm  dip[im]  vainàh(i)[y]  imaivâ  patikarà 
naiydis  vikanâh(î)y  «  si  tu  vois  cette  inscription  ou  ces  images, 
et  que  tu  ne  les  détruises  pas  » . 

i4 


210  LA  PHRASE  [§  405-407 

§  4o5.  ma. 

La  négation  ma  se  trouve  avec  l'injonctif  (v.  §  222)  et  avec 
l'optatif  (v.  §  231-282).  On  notera  le  tour  Dar.  Pers.  d  18  abiy 
imâm  dahyàum  ma  ajamiyà  ma  ha[i]nâ  mû  dusiyàram  [m]â 
d^rauga  «  que  sur  ce  pays  ne  vienne  ni  l'armée  ennemie  ni  la 
mauvaise  récolte  ni  le  mensonge  ».  Avec  le  subjonctif,  on  ne 
rencontre  que  le  groupe  mâtya  (v.  §  An),  et  alors  la  négation 
est  reprise  le  cas  échéant  par  naiy^  ainsi  B.  IV,  49.     • 

3®  Coordination. 

§  4o6.  Le  perse  use  peu  de  moyens  de  coordination  entre  les 
phrases  ;  d'ordinaire  les  phrases  sont  simplement  juxtaposées  ; 
le  lien,  quand  il  y  en  a  un,  est  le  plus  souvent  exprimé  par  le 
démonstratif  hauv^  ava-  ou  par  ses  formes  adverbiales  avadâ, 
ava^à  (v.  §  329),  ou  par  pasâva  (j)asa  -\-  ava)  «  après  ceci, 
ensuite  ».  Voici  des  exemples  caractéristiques  de  phrases  juxta- 
posées sans  aucun  élément  de  jonction  : 

B.  II,  2  pasâva  nadi(n)tahaira  hadà  kamnaibis  asahàraihis 
am[uBa  bâ]bairum  asiyava  «  ensuite  Nidintubel  avec  peu  de 
cavaliers  est  parti  ;  il  s'est  mis  en  marche  vers  Babylone  » . 

B.  IV,  8  [hauv  ad]urujiya  avaBâ  a^aha  «  il  a  menti  ;  il  a 
parlé  de  la  manière  suivante  » . 

B.  IV,  77  yadiy  im[â]m  dipim  imaivâ  patikarà  vainâh(i)y 
vikanâh(i)dis  «  si  tu  vois  cette  inscription  ou  ces  images,  si  tu 
les  détruis  ». 

Il  y  a  toute  une  série  de  phrases  négatives  parallèles  dans 
B.  IV,  63  naiy  ari[ka]  aham  naiy  d'^raujana  aham  naiy  ^urahara 
aham  [naiy  a]da[m  na]imaiy  tau{x)mà  «  je  n'ai  pas  été  hostile, 
je  n'ai  pas  été  menteur,  je  n'ai  pas  été  malfaisant,  ni  moi,  ni 
ma  famille  »  ;  on  observe  ici  une  série  de  juxtapositions,  et  la 
façon  dont  naimaiy  tau(x)mâ  est  ajouté  est  caractéristique. 

§  407.  Le  seul  mot  non  fléchi  qui  serve  à  la  coordination 
des  phrases  est  celui  qui  signifie  «  et  »  avec  force  (l'ancien  câ, 


§  407-409]  SUBORDINATION  211 

enclitique,   étant  faible):   ut  a,    utà    «  et  aussi,    et   »,  ainsi: 

B.  II,  3  pasâva  adam  bâbairum  asiy avant  [vasnâ  a(h)ura- 
ma:(d]âha  utà  bâbairum  agrbâyam  utà  avant  nadi(n)taba[iram 
agrbâya\m  «  ensuite  je  suis  parti  pour  Babylone  par  la  volonté 
d'Ahuramazdâ,  et  j'ai  pris  Babylone  et  j'ai  pris  ce  Nidintubel  ». 

L'exemple  suivant  montre  comment  utà  sert  à  distinguer 
deux  séries  d'événements  : 

B.  II,  87  kàra  hya  ntanà  avatn  kâram  tyam  hamiçiyam  a] a 
utâ  ciça(n)taxmant  agrbâya  anaya  abiy  mâm  pasâvasaiy  adam 
utà  nàham  utà  gaiisà  f'^ràjanant  «  mon  armée  a  battu  cette  armée 
rebelle  ;  et  aussi  elle  a  pris  Ciçantaxma,  elle  me  l'a  amené  ; 
ensuite  je  lui  ai  coupé  et  le  nez  et  les  oreilles  ».  On  notera  ici 
les  deux  événements  contemporains  réunis  par  utà  «  et  aussi  », 
les  deux  faits  liés,  marqués  par  simple  juxtaposition  ;  enfin  la 
succession  marquée  par  pasâva. 

En  somme  utà  est  un  mot  à  sens  fort,  et  ne  peut  être  traduit 
par  «  et  »  que  d'une  manière  un  peu  inexacte. 

Le  mot  ada,  adà  «  alors  »  est  au  début  de  quelques 
phrases,  ainsi  NR.  a  43  et  45  (ada-taiy  «  alors  à  toi  »),  et,  avec 
-kaiy  B.  II,  11,  etc.  ;  mais  il  a  son  sens  plein  de  «  alors  »  ;  on 
trouve  du  reste  le  groupe  adakaiy  «  alors  »  à  l'intérieur  d'une 
phrase  relative  B.  IV,  81. 

IV.   Subordination. 

§  4o8.  La  subordination  est  marquée  soit  par  hya,  tya-  (cf. 
§  33 1)  en  fonction  de  relatif  et  par  le  neutre  tya  au  sens  de 
«  que  »,  soit  par  des  conjonctions  appartenant  au  thème  de 
l'ancien  relatif  y  a-  (v.  §  33  7). 

i**  Phrases  relatives. 

§  409.  Les  phrases  relatives  du  perse  sont  de  types  très 
divers. 


212  "  LA  PHRASE  [§  409 

Il  y  en  a  de  toutes  simples,  comme  dans  le  type  très  fré- 
quent :  ^ 

B.  IV,  3  ima  tya  adam  akunavam  «  voici  ce  que  j'ai  fait  ». 

Ou: 

B.  I,  5.1  kàram  vasaiy  avàjaniyà  hya  paranam  hardiyam 
adânà  «  il  pourrait  tuer  en  quantité  le  peuple  qui  connaissait 
Bardiya  auparavant  ». 

Très  souvent  l'antécédent  est  accompagné  du  démonstratif 
hauv,  ava-  ;  et  alors  l'antécédent  peut  ou  suivre  ou  précéder  la 
phrase  relative  : 

NR.  a.  2 G  tyasâm  hacàma  a^ah(i)y  ava  \a\kunava  «  ce  qui  leur 
a  été  commandé  par  moi,  ils  l'ont  fait  »  ;  de  même  ib.  36  \tya\- 
sàm  adam  a^aham  ava  akunava  «  ce  que  je  leur  ai  commandé, 
ils  l'ont  fait  ». 

B.  III,  58  vivânam  jatâ  utâ  avant  kàram  hya  dârayavahaus 
xsâyaUyahyà  gaubataiy  «  battez  Vivâna  et  cette  armée  qui  se  dit 
l'armée  du  roi  Darius  ». 

B.  II,  20  avam  kàram  tyam  màdam  jatà  hya  manà  naiy  gau- 
bataiy «  battez  cette  armée  mède  qui  ne  se  dit  pas  mienne  » . 

Le  substantif  antécédent  est  exprimé  près  de  la  phrase  rela- 
tive, et  au  nominatif,  puis  repris  par  le  démonstratif  dans  la 
phrase  principale  dans  des  cas  tels  que  le  suivant  : 

B.  II,  3o  kàra  hya  hamiçiya  manà  naiy  gaubataiy  avam  [jad]iy 
«  l'armée  rebelle  qui  ne  se  dit  pas  mienne,  bats-la  »  (cf. 
§  2^2). 

Souvent  la  phrase  relative  est  enchâssée  dans  la  principale  : 

B.  II,  66  avadà  hauv  fravartis  hya  màdaiy  xsàyabiya 
agaubatà  ais  «  là  est  allé  ce  Phraorte  qui  se  disait  roi  en 
Médie  ». 

Là  où  le  démonstratif  figure  après  la  phrase  relative,  l'anté- 
cédent peut  être  tenu  pour  appartenir  à  la  relative  dans  un  cas 
tel  que  : 

B.  II,   18  kàra  par  sa  u[tà  m]àda  hya  upà  màm  aha  hauv 


§  409-410]  SUBORDINATION  *  213 

kamnam  aha  «  l'armée  perse  et  mède  qui  était  près  de  moi, 
elle  était  peu  de  chose  ». 

Le  verbe  de  la  phrase  relative  peut  être  un  subjonctif  : 

B.  IV,  38  mart\iya  hya  d^rauYjana  ahatiy  avant  (h)ufrastam 
prsâ  «  l'homme  qui  sera  menteur,  punis-le  bien  puni  ». 

B.  IV,  4i  tuvam  kâ  hya  uparam  imàm  dipi[m]  patiprsàh{i)y 
tya  manâ  vrnavatâm  buvant  «  toi  qui  à  l'avenir  interrogeras 
cette  inscription,  crois  à  ce  que  j'ai  fait  ». 

Dans  la  phrase  suivante,  le  pronom  accessoire  maiy,  ajouté 
à  utà^  premier  mot  de  la  phrase  (§  /ioy),  se  trouve  précéder 
tya  : 

Xerx.  Pers.  a  i3  vasaiy  aniyasciy  naibam  krtam  anâ  par  sa  tya 
adam  akunavam  utamaiy  tya  pitâ  akunaus  «  beaucoup  d'autre 
bien  a  été  fait  dans  cette  Perse,  que  j'ai  fait  et  que  mon  père  a 
fait  ». 

La  conjonction  tya. 

§  4io.  La  forme  tya  de  nominatif-accusatif  neutre  singulier 
du  relatif  tya-  sert  en  quelque  sorte  de  conjonction  équivalant 
à  «  que  »  dans  trois  ou  quatre  exemples  ;  le  sens  ancien  de 
«  ceci  »  est  toujours  visible,  et  l'équivalence  avec  «  que  »  est 
un  fait  de  traduction  plus  qu'elle  n'exprime  la  valeur  exacte  de 
tya  dans  la  langue. 

B.  I,  3i  kârahy[â  naiy]  a:(dâ  abava  tya  bardiya  avajata  «  il 
n'a  pas  été  connu  de  l'armée  que  Bardiya  avait  été  tué  »  (litté- 
ralement :  «  à  l'armée  il  n'y  a  pas  eu  nouvelle,  ceci  :  Bardiya 
a  été  tué  »). 

B.  I,  52  mâtyamâm  xsnâsâtiy  tya  adam  naiy  bardiya  amiy 
«  qu'elle  ne  me  reconnaisse  pas  (et  ne  voie  pas)  que  je  ne  suis 
pas  Bardiya  (litt.  «  qu'elle  ne  me  reconnaisse  pas,  ceci,  je  ne 
suis  pas  Bardiya  »). 

B.  IV,  34  d^rauga  di[s  hamiçiy]â  akunaus  tya  imaiy  kâram 
adurujiyasa  «  le  mensonge  les  a  rendus  rebelles  en  ce  qu'ils  ont 
trompé  Tarmée  ». 


214  LA  PHRASE  [§  410-413 

Il  y  a  sans  doute  aussi  un  exemple  dans  une  phrase  mutilée 
NR.  a  38-39  ;  on  y  voit  tya  annoncer  une  proposition  directe. 

§  4ii-  La  forme  tya  est  liée  à  ma,  sans  séparation  de  mot, 
et  le  subjonctif  suit,  dans  certaines  phrases  prohibitives  : 

B.  I,  52  màtyamâm  xsnàsàtiy  «  qu'elle  ne  me  reconnaisse 
pas  ». 

B.  IV,  43  màtya  [d''rau]jiyâh(i)y  «  ne  le  tiens  pas  pour  un 
mensonge  ». 

B.  IV,  71  màtya  vilanâh(i)y  «  ne  (les)  détruis  pas  »  est  con- 
struit parallèlement  à  l'impératif  pari\ba\rà  «  conserve  (les)  » . 

Il  y  a  encore  un  exemple  B.  IV,  48  et  suiv.,  mais  où  la  forme 
du  verbe  est  mutilée. 

Il  n'y  a  de  subjonctif  avec  ma  que  si  tya  suit  ainsi  ma 
immédiatement. 

1^  Phrases  précédées  de  conjonctions. 

§  4 12.  Les  conjonctions,  dont  aucune  n'a  survécu  en  persan, 
mais  qui  sont  ou  indo -iranien nés  ou  de  type  indo-iranien  (cf. 
§  337),  sont  toutes  dérivées  de  l'ancien  relatif  j'û^- ;  leur  carac- 
tère relatif  est  encore  visible  partout. 

§  4i3.  a.  yaBâ. 

ya^à  «  comme  »  a  pour  corrélatif  ava^à  «  ainsi  »,  qui  se 
trouve  souvent  dans  la  phrase  principale. 

B.  I,  23  yaBâsàm  hacâma  a%ah(i)y  [a]va^â  akunavayatâ 
«  comme  il  leur  a  été  ordonné  par  moi,  ainsi  il  a  été  fait  ». 

B.  I,  70  ava()à  adam  hamataxsaiy  ...  ya^à  gaumâta  hya  ma- 
gus  vi^am  tyâm  amàxam  naiy  parâhara  «  j'ai  fait  en  sorte  ...  que 
Gaumâta  le  mage  n'ait  pas  eu  supplanté  notre  famille  ». 

La  présence  du  corrélatif  ava^à  n'est  pas  de  rigueur  : 

B.  V,  28  avadà  aniyam  ma^is[tam  ak]unavam  ya[M  mâm 
¥]âma  aha  «  j'ai  fait  là  d'un  autre  leur  chef  comme  je  l'ai 
voulu  ». 

La  conjonction  ya^)â  sert  à  exprimer  la  succession  dans  le 


§  413-414]  SUBORDINATION  21l{ 

temps  (comme  le  fr.  comme),   souvent  avec  pasâva   «   après 
ceci,  ensuite  »  : 

B.  II,  32  yaM  arminam  par  arasa  pasâva  [hamiç]iyâ  ha(n)g- 
matà  «  lorsqu'il  a  été  arrivé  en  Arménie,  ensuite  les  rebelles  se 
sont  réunis  ». 

B.  IV,  3  ima  tya  adam  akunavam  ...  pasâva  yaM  x\sâya^iyd\ 
ahavam  «  voici  ce  que  j'ai  fait  après  que  je  suis  devenu  roi  ». 

Mais  pasâva  n'est  pas  nécessaire  : 

B.  I,  3i  ya^â  ka(n)bujiya  hardiyam  avâja  kârahy[â  naiy]  a:(dâ 
abava  tya  hardiya  avajata  «  quand  Cambyse  a  tué  Bardiya,  le 
peuple  n'a  pas  su  que  Bardiya  avait  été  tué  » . 

§  4i4-  h.  yadiy. 

Au  sens  de  «  lorsque  »,  yadiy  se  construit  avec  l'indicatif 
dans  un  exemple  : 

B.  I,  37  viyaxnahya  mâh[yâ]  XIV  raucabis  ^akatâ  ah  a  yadiy 
udapatatâ  «  c'était  le  1 4  du  mois  de  viyaxna  quand  il  s'est  ré- 
volté ». 

Mais  yadiy  signifie  «  si  »  et  se  construit  avec  le  subjonctif 
dans  la  plupart  des  exemples  clairs  qu'on  possède,  lesquels 
sont  du  reste  peu  nombreux  : 

B.  IV,  57  yadiy  imâm  hadugâm  apagaudayâh(i)y  naiy  f)âh(i)y 
[k]âra[hyâ]  a(h)urama:(dâtay  jatâ  biyâ  ((  si  tu  caches  cette 

,  que  tu  ne  la  proclames  pas  au  peuple,  qu'Ahuramazdâ 
te  détruise  ». 

B.  IV,  77  yadiy  im[â]m  dipim  imaivâ  patikarâ  vainâh(t)y 
vikanàh(i)dis  ...  [nai]ydis  paribaràh(i)y  a(h)urama:(dâtaiy  jatâ 
biyâ  «  si  tu  vois  cette  inscription  ou  ces  images,  que  tu  les 
détruises,  ...  que  tu  ne  les  conserves  pas,  qu'Ahuramazdâ  te 
détruise  ».  • 

Dar.  Pers.  e.  19  yadiy  avaM  maniyâhay  hacâ  aniyanâ  ma 
[t]rsam  imam  pârsam  kâram  pâdiy  yadiy  kâra  par  sa  pâta  ahatiy 
hyâ  duvais[ta]m  siyâtis  axsatâ  hauvciy  a(h)urâ  nirasâtiy  abiy  imâm 
vi^am  «  si  tu  penses  ainsi  :  je  ne  veux  craindre  personne  autre. 


216  LA  PHRASE  [§  414-417 

protège  cette  armée  perse  ;  si  Farinée  perse  est  protégée,  que  ce 
bien-être  indestructible  descende  sur  cette  famille  ». 

Peut-être  y  a.-l-i\ yadiy  sivecVoipiaiiiî vinà^ayais  NR.  b.  20-21, 
dans  un  parrage  très  mutilé.  Les  exemples  de  yadty  avec  le 
subjonctif,  tous  dans  des  phrases  exprimant  un  vœu,  ne  per- 
mettent pas  d'affirmer  qu'il  n'y  ait  pas  d'autre  construction. 

§  4i5.  c.  yàtâ. 

On  a  yâtâ  «  jusqu'à  ce  que,  tant  que  »,  avec  l'indicatif,  dans 
plusieurs  exemples  ;  ainsi  : 

B.  I,  25  a(h)urama:(dâmaiy  upastâm  abara  yâtà  ima  xsaçam 
ha[ma]dârayai[y]  «  Ahuramazdâ  m'a  prêté  secours  jusqu'à  ce 
que  j'aie  eu  pris  possession  de  cette  royauté  ». 

B.  II,  6  yâtà  adam  hâhirauv  aha[m  imâ  dahyàva]  tyâ  hacàma 
hamiçiyà  ahava  «  durant  le  temps  que  j'étais  à  Babylone,  voici 
les  provinces  qui  se  sont  révoltées  contre  moi  ». 

B.  II,  48  pasàva  dâdrsis  cita  niâm  amûnaya  ar\niï\ni\ya\iy 
Yy^âtà  adam  arasam  mâdam  «  ensuite  Dâdrsi  m'a  attendu  en 
Arménie  jusqu'à  ce  que  j'aie  été  arrivé  en  Médie  ». 

B.  IV,  5o  tyaiy  paruvà  xsâya^)[iyà  y]âtà  aha  avaisàm  av\jè\â 
naiy  astiy  krtamya^à  ...  «  tant  qu'ont  été  ces  anciens  rois,  il  n'y 
a  pas  eu  autant  de  fait  par  eux  que  ...  ». 

§  i4i6.  d.  yâvâ. 

Les  exemples  avec  yâvâ  «  jusqu'à  ce  que  »  sont  peu  variés  ; 
ils  se  trouvent  près  de  phrases  principales  au  subjonctif  ou  à 
l'impératif;  dans  les  exemples  clairs,  peu  nombreux,  on  a  le 
subjonctif,  qui  peut  dépendre  du  mouvement  général  de  la 
phrase,  ainsi  : 

B.  IV,  77  yadiy  ...  utâtaiy  yâvâ  tau[m]â  ahati[y]  [nai]ydi^ 
parîbarâh(i)y  «  si  ...  et  que,  tant  que  tu  en  auras  la  force,  tu 
ne  les  conserves  pas  ». 

§  417.  e.  yanaiy. 

L'exemple  qu'on  possède,  Xerx.  Van  22,  ne  permet  pas  de 
tirer  des  conclusions  précises. 


418]  INFINITIF  Î17 


V.   Infinitif. 

§  4i8.  L'infinitif  est  toujours  dépendant  d'un  verbe;  tous 
les  exemples  qu'on  a  sont  d'un  seul  type  : 

B.  I,  53  kasciy  naiy  adrsnaus  cisciy  bastanaiy  pariy  gaumàtam 
tyam  magum  «  personne  n'osait  rien  dire  contre  Gaumâta  le 
mage  ». 

B.  II,  32  et  38  hamiçiyà  ha(n)gmatâ  paraità  patis  dâdrsim 
hamaranam  cartanaiy  «  les  révoltés  se  sont  réunis,  ils  sont  allés 
livrer  bataille  contre  Dâdrsi  ». 

Dar.  Sz.  c.  8  ni[yas]tàyam  iniâm  [yauviyâ]m  ka(n)tanaiy 
«  j'ai  fait  creuser  ce  canal  ». 

Xerx.  Van  23  adam  niyastâyam  imâm  dipim  nipaistanaiy 
«  j'ai  fait  écrire  cette  inscription  ». 


INDEX  DES  MOTS  ÉTUDIÉS 


Les  thèmes  verbaux  sont  cités  sous  la  racine. 

Les  verbes  munis  de  préverbes  se  trouvent  aussi  sous  la  racine. 

Les  noms  et  pronoms  sont  cités  sous  la  forme  du  nominatif  singulier,  ou,  à 

défaut  du  nominatif,  sous  l'une  des  formes  attestées  :  accusatif  singulier, 

génitif  singulier,  etc. 
L'ordre  alphabétique  adopté  est  celui  de  l'alphabet   sanskrit  ;  les  spirantes 

figurent  après  les  occlusives  correspondantes.  Les  diphtongues  sont  rangées 

sous  les  voyelles  simples  :  aiva  est  donc  sous  a . 
Il  n'est   tenu  compte   que  des  consonnes  attestées  en  fait;  (h)ii-   et  (x)u- 

figurent  donc  sous  u-. 
On  n'a  pas  renvoyé  à  toutes  les  citations  de  chaque  mot,  mais  seulement  aux 

pages  où  quelque  indication  particulière  est  donnée  sur  le  mot  cité. 
Les  chiffres  renvoient  aux  pages. 


A 


a-  (négatif)  i/ig. 

a-  (augment)  ii4. 

a-  (préverbe  d-)  i3i. 

-d  (postposition)  78,  192. 

aita  (nom.  ace.  sg.  n.)  5o,  171. 

aivam  (ace,  sg.)  16,  5o,  il\i,  i/i4, 

173. 
a(h)urâ  (instr.-abl.    sg.),  a(h)urahya 

(gén.  sg.)   17,  68,  81,   i43,    i55. 
a(h)uramaidâ  17,  69,  86,   i46,  162, 

161. 
a(h)urama:(ilâha,a(h)uramaidàhd 

i3,  161. 
axSatâ  (nom.  sg.  fém.)  112,  i5o. 
a(n)tar  85,  186. 
atiy  i3i. 

a^a(n)gaina  55,  1/40. 
a^iy  56,  186. 
a^urd  55,  i38. 
a^uriya  iSg. 

açiyâdiyahya  (gén.  sg.)  57,  91,   iSg. 
ada-  79,  211. 
adakaiy  79,174,211. 


adam  i5,  67,  84,  124,  175,  208. 

mâm  78,  175,  176,  200. 

ma  (hacdmd)  78,  178,  200. 

manâ  71,  79,  176. 

tnaiy  5o,  78,  177,  200. 

vayam  73,  124,  176. 

amàxam  177. 
adiy  192,  200. 
adukanisahya  (gén.  sg.)  5i. 
and  (abl.  instr.),  v.  iyam. 
aniya  86,   i4o,  172. 

aniyâha  7,  157. 

aniyaiciy  86,  172,  174. 

aniyà{x)uvâ  1^7. 
aniiv  192  (Errata). 
anuUya  i4o. 
apa-  i3i. 
apataram  i43, 
apanyâka  22,  i5i. 
aparam  54,  ï43,  208. 
apriyay  3o. 
api-  45,  i38, 
api)  81,  200. 
ahiy  66,  i3i,  186. 
ahicaris  i46. 


220 


INDEX  DES  MOTS  ÉTUDIÉS 


ayadanâ   (nom.  ace.  plur.    n.)    91, 

i/ii,   i52. 
arakadrïs  76. 
arika  38,  \l\l\. 
ariya  i5o. 
ariyaciça  \[\Z,  i5o. 
artaxSaçâ  20. 
artavardiya  49,  68,  i4o. 
ardaxYcasca  19. 
ardastâna  i5i,  i83. 
arbairâyà  (loc   s  g.)  72. 
arniina  46. 
arminiya  46,  189. 
arUihara  ÇrUihard)  i36,  147,  149. 
arsâma  49- 

arstâm  Çrstàm)  [ace.  sg.]  49,  62,  93. 
flrl/w  (Vi/w)  49,  63,  147,  i83. 
aî/fl  (nom.  ace.  sg.  n.);  v.  Z;aMZ/. 
flz^a-  (préverbe)  78,  i3i. 
avâ,  1.  ava^â,  3o. 
ava^d']^,  166,  170,  210,  214. 
ai;û(fi/â  (avada-)  79,  166,  170,  210. 
avadaS  (?)  166,  190. 
avapard  187. 
avahanam  (nom.    aec.    sg.  n.)  i4i, 

l52. 

a5flm  (ace.  sg.)  5,  58,  84,  i35. 
asagartiya  139. 

asabârab,  44,  58,91,  i35,  i36, 149. 
aj/Jût-  6,  25,  i35. 
aspacanâ  25,  162. 

asmânam  (acc.  sg.)58,  91,  i45,  160. 
a^dâ  59,  i38. 

asnaiy  (loc.  sg.)  61,  i4i,  i56. 
ah'  :  a(h)miy,  ah(t)y,  astiy,  amah(t)y, 
ha(n)tiy  58,  70,  92,  96,  n3, 
I i4,  2o3. 
aham,  aha,  aha(n)td  45,  80,  97, 

106,  ii5,  116,  117,  119. 
ahatty  16,  70,  97,  121. 


i-  97,  i3i. 

aitiy  5o,  92,  97. 

aU,aiia  5i,  97,  ii5,  116, 118. 
avec  préverbes  : 

a-:  aya(fi)td  118,  119. 

atiy-  :  atiyâisa  5 1 . 

upariy-:  upariyâyam  116. 

nij-:  nijâyam^li:  87,  ii5,  116. 

patiy-  :  patiydUa  11 5. 

para-:  paraidiy  84,  92,  120. 

paraitâ  84,  92, 108, 120. 


idà  46,  168. 
ima  (v.  iyam) 

iyctm  (nom.  sg.  fém.)  166  (flexion), 
168  (emploi). 

imam  166  et  suiv. 

ima  167. 

imdm  167. 

imaiy  i5,  81. 

imà  168. 

imaisàm  i5,  168. 

anâ  168. 

ahyâyà  i5,  167. 
iS- 

avec  préverbe  /am-  :  J^râiSayam  5i, 
61,  io3,  ii5. 

frrâisaya  117. 

t; 

(^)a.-  149,  i5i. 

Q])uàahna  i46,  161  (et  Errata). 

utâ(uta-)iS,  17,  80,  199,  201,  211. 

utd  a  47. 

«rf- (préverbe)  87,  i3i. 

upâ  186. 

upariy  i3i,  186. 

upastdm  (ace.  sg.)  187. 

ufrâtuvd  (loc.  s  g.)  i64- 

(h)ufraStam,  (h)tifrastam  (ace.  sg.)  i3, 

56,  62,  63,  92,  112,  i5i. 
(h)ufrastd  Q.OC.  sg,  ?)  63,   147,  i64, 

192,  200. 
(h)ubrtam  (ace.  sg.)  112,  i5i. 
Q])umariiyam  (ace.   sg.)  6,  83,  i5i. 
(x)uvàipaHyam  (ace.  sg.)  5i,  62,  68, 

189,  i5i,  i53. 
{x)uvaxïtrahyà  (gén.  sg.)  57. 
(x)uvajiya  iSq. 
(x)uvdmrsiyus   48,  62,  76,  77,  85, 

94,  i48,  i5o. 
(x)uvdra^mis  69. 
(x)uvâra:(miya  i3q. 
(h)uvaspam(Acc.  sg.)  6, .83,  i5i. 
usihiyd  (\.n?>\x .  du.)  i64. 
usahârim  (ace.  sg.)  58,  91,  i47,  i49- 
(h)uskahyâ  (gén.  sg.)  47,  61,  68,  i44- 
tiimayà  60,  80,  191. 

K 

H  174. 
kaiy  78,  174. 
kaufa  52,  i35. 
^an-  97. 

ka(n)tanaiy  108. 


INDEX  DES  MOTS  ÉTUDIÉS 


2ii 


akâniy  io6. 
avec  préverbes  : 

ni-:  nika(ti)ttw  97,  120. 
vi-i  vikanâh(i)y']0,  82,97,  122, 
128. 

viyaka  97,  116. 
ka(n)bujiya  65,  71. 
kâma  44,  91,  i36,  i85. 
kamnam(nom.  ace.  sg.  n.)  54,  i4i, 

194. 
kar-Q,  92,  94,  97,  io5,  126. 
kunautiy  16,  49,  52,  98,  ii3. 
kunautuv  120. 
akunavam  116,  127. 
akunaus  87,  106,  116. 
akunava  117. 
akiinavayatà  16,  98,  103,  119, 

125. 

hinavâh(t)y  16,  122. 
akumâ^'j,  117,  t34,  127. 
akutâQ'],  119,  124,  127. 
caxriyâ  16,  94,  106,  112,  128. 
akariya(n)tâ  16,  102,  120,  i*i5. 
cartanaiy  92,  94,  108. 
krta  48,  109. 
-kara-  i36. 

^aj'â')'  i6,  63,  86,  94,  173. 
cisciy  16,  86,  94,  173. 
kâra  i35,  180. 
kuruS  i63. 


X 


xaiida- (dAns  tigraxaudd)  i35. 

xsa\rita  57. 

xSaçam  57,  61,  84,  i^3,  1S2. 

xÈaçapdvâ  43,  92,  i46,  i5i,  160. 

A'^o/Ja  (g*^'"-  sg.)  55,  86,  i35. 

xsàya^iya  77,  i4o. 

xSayârsà  43,  163. 

Xi/-  188. 

avec  préverbes  : 
pati-:  patiyaxlayaiy    100,    119, 

125,    l32. 

upari-:  iipariyaxsayaiy  100,  119, 

125. 

xsnà-  60. 

xsndsâh(i)y,  xsnâsâtiy  io3. 
ûJflwâ  67,  99,  116. 


gai^âm  (ace.  sg.)5i,  55,  98,94,  i45. 


gaubruva  52. 

gausâ  (nom.    ace.    plur.  et  du.)  52, 

66,  i36,  i58. 
gâ^um  (ace.  sg.)  56,  i48. 
gàhavà  (loc.  sg.)  164. 
gan-^  V.  jan-. 
gam-  93,  94. 
avec  préverbes  : 

à- ajamiyd  94,  98,  128. 

para-  :  parâgmatâ   66,  84,  98, 

109. 
ham-:  ha(n)gmatâ  98,  109,  182. 
garmapadahya  (gén.   sg.)   i36,  i5i. 
gaM  (nom.  sg.  fém.)  iia,  187. 
gud-  67. 

avec  préverbe  : 
apa-:  apagaudaya  52,  io4,  116, 
188. 

apagaudaydUJ)y  io4,  121. 
giib- 

gaubataiy  ^2,  100,  ii4. 
gaiibdtaiy  122,  129. 
agaubatd  iili,  119,  126. 

agrhdyam  48,  78,  10 1. 
agrbdyatd  119,  120,  124. 
agrbàya  117,  118,  124. 
avec  préverbe  : 
a-  :  agrbita  109. 

m  64,  78,  199. 
cartanaiy,  v.  ^a«-. 
ci(nyixrais  (gén.  sg.)  i63. 
a/â  64,  174- 

«V^-  (dans  ariyaciça)  i48,  i5o. 
ciça(n)taxma  k(\y  57. 
«^82,  85,  86,  178,  199. 
ciyàkaram  77. 
rw-,  cisciy  v.  kasHy. 
caÇhyspiS  70. 

ca(h)ispaiS  89,  i63. 

/ 

ya/à  i45,  160,  i85. 
;^i-  65,  i85. 

jadiydmiy  10 1. 
;am-,  v.  gam-. 
;aw-65,  98,  97. 

jadiy  97,  120. 

jatd  97,  120. 


INDEX  DES  MOTS  ÉTUDIÉS 


ajanatn  85,  97,  116. 
a;a87,  97,  116. 
ajana  117. 
avec  préverbes  : 

ava-  :  avajata  109,  1 1 1 , 
ava-â-  :   avâjanam,    avdja    1 1 1 , 
I 16,  182. 

avâjaniyâ  128,  182. 
pati-  :  patiyajatd  119,  12b. 
f^ra-  :  fHàjanam  116. 
;/-  :  46. 

j/t'à  98,  94,  io5,  120. 
jiyamnam  107. 
nvahyâ  (gén.  sg.)  46,  i42. 


/^«(jc) w  (famille)  5  2 ,  1^2,  188. 
taumâ  (force)  52,  i42,  1/16. 
takabarâ  (nom.  plur.)  i36,  149. 
taxma-  142. 

taxmaspâda  56,  i42,  i52. 
/axï-  56,  61. 
avec  préverbe  : 

ham- :  hamtaxsataiy  71,  100. 

hamataxsaiy,  hamatax^atâ 
100,  ii4,  119,  120,  182. 
tacaram  (ace.  sg.)  64,  i43,  188. 
tar- 

avec  préverbe  : 
f^ra-  :  f^ratarta. 
vi-  :  viyatarayam,  viyatarayàmà 
117. 
taradraya  54,  78,  i52,  186. 
^î^m  72. 
^/^rfl-  i43. 

tigraxaudab2,  54,  i35,  i43,  i5o. 
tuvam  176,  177. 

iiuvâm  56,  75,  77,  176. 
/arv  38,  78,  82,  177,  200. 
tya,  V.  hya. 
trs-  (racine  drah-). 

trsatiy  48,  59,  108,  11 3. 
trsavi  108. 
atrsam  io3. 
atrsa  117,  n8. 


e 


MîgrcaiS  (gén.  sg.)  48,  5i,  55,  147, 

i53,  168. 
Qakaiam,  Oakatâ  191. 
^atagtis  55,  74. 


(ia(n)d- 

Qadayâ  io4,  122. 
-    Qadaya  117. 

Qadayâmaiy  122. 
Oa;Ja(gén.  sg.)  55,  71,  i35,    162. 
Oa(«)/j- 

Oâ//)'  55,  70,  100,  118,  2o5. 

a  a(n)ham,    a^a(n)ha    70,    100, 
1 15,  117. 

Mh(i)y  71. 

Oahydmah(i)y  102,  11 3. 

a^ahiy  102,   106. 

dastanaiy  108. 
Oiixrahyâ  (gén.  sg.)  26,  i53. 
Qura-  i48. 

duravàharahya  (gén.  sg.)55,  91,  i48, 
i5i,  i58. 

Ç 

çâ-  (ou  f /-  ?) 
avec  préverbe  : 

ni-  :  niyaçârayam  io4- 
çitiyam  57,  77,  189. 

D 

^â-  (donner)  44- 

daddtiiv  81,  98,  120. 
^à- (placer)  9,  io5,  126. 

adadd  98,  1 16. 

add  66,  85,  98,  116. 
dd-  (savoir),  v.  xsnd-. 
datiStdb2,   61,   66,  i45,    160,    i85. 
dâtam  44,  i44- 
dddrsis  48,  i48. 
dan- 

danu  [       1  99. 
dur-  91,  98. 

ddraydmiy  io4,   n3,   i25. 

addraya  io4,  117,  126. 

addriy  106. 

adrsiy  98,  119,  i25,  127. 
avec  préverbe  : 

/;aw/-  :  hamaddrayaiy   119,  1 2  5 , 
182. 
dârayava(h)us  24,  48,  69,  i5o,  i52, 

168. 
dargam  66,  71,  i85,  i85. 
dars- 

adrSnaid  !i8,  61,  98,  116. 
darsam  190. 

fl?a^/aj'â(loc.  sg.)  54,  58,  80,  88,  i85. 
dahydus  47,    58,    68,  88,   91,    i48, 
i64,  181,  i83. 


INDEX  DES  MOTS  ÉTUDIÉS 


183 


di-  (voir)  :  46. 

didiy  98,  io5. 
di-  (enlever):  67,  i85. 

adinam,  adind  99,  116. 

ditam  112. 
didà  67,  i38. 
dipim  (ace.  sg  )  147,  i83. 
dim,  du  i3,  78,  86,  179,  200. 
duhâla  72. 

duraiy  k'],  66,  82,  83,  i43,  i56. 
durug-  74,  92,  95. 

adurujiyi,    adurujiyaSa   i3,   65, 
loi,  106,  117,  118. 

duriixtam  i5,  56,  108. 
duruvâ  (nom.  sg.  fém.)  74,  i37,  i43. 
duvaïstam  5i,  i44- 
duvarayâ  (loc.  sg.)  79,  i36. 
dtivarOim  (ace.  sg.)  i47,  i83. 
diivitâparnam  i5i,  i85. 
duvttiyatn']^,  77,  139,  178,  i85. 
^Mi'-  149. 

dusiyàram  88,  i36,  i5i,  182. 
d^rauga  52,  66,  74,  92,  95,  i36. 
d^raujana  95,  i4i- 

d^raujiyâJ}(t)y  102,  122. 
d^raya  67,  i46,  161,  182. 
dHayahyâ  161. 


A/ 


naibam  (nom.  ace.  sg.  n.)  5i,  i35, 
i44. 

naibâm  137. 
«ary  5i,  85,  86,  209. 
nadi(n)tabira  72. 
«fl/jâ  92,   i35,  162. 
nabukudracara  75. 
«âmflj,  «âmâ  44,  71,  81,  i46,  160. 
navama  i42. 
waO-  55,  91. 
avec  préverbe  : 

ni-  :  vinâ')ayais  io4,  i23. 
viyand[iia]ya  io4,  i33. 
nâviyâ  i4o. 

nàham  (a^cc.  sg.)  68,91,  i35,  162, 
ni-  (préverbe)  i3i. 
ni-  (conduire) 

anayam  100,  11 5. 

anaya  117. 

anayatâ  119,  i25. 
wz/- (préverbe)  64,  87,  i3i. 
nipadiy  i52,  2(X). 


nuram  i43. 

nyâkam  (ace.  sg.)  i44. 


^â-  44,  i33. 

^ûiry  97,   120. 

pâtuv  54,  97,  120. 

pâta  109  (Errata), 
avec  préverbe  : 

pati-  :  patipaya(x)uvà   3o,   83, 
97,  loi,  121,  i33. 
pat- 

avec  préverbe  : 

ud-:  iidapatatâ  54,  100,  119. 
patiy  "^8,  81,    i3i,    186,    191,   200. 
patiyâvahyaiy  107, 
patikarà  (nom.  ace.  pi.)  54,  i36,  i83. 
patipadam  i36,   i52. 
palU  88,  186. 
pdtiS(x)uvaris  36  (Errata). 
-pada-  i36. 

^âfOfw  (ace.  sg.)  54,  147,  i83. 
pddaibiyâ  (instr.  du.)  go,  i35,  147. 
padiy  78,  200. 
para  84,  i3i,  187,  200. 
parnam  i4i. 
^arry  i3i,  187. 
par uv  (nom.  ace,  sg.  n.)  81. 

parunàm  47,  i64,  i83. 
parauvaiy  142,  i56. 
paruvàCnom.  ace.  pi.  masc,)75,  i42, 

173. 
/?arwz^flw  (adverbe)  i42,  173,  i85. 

paruvamciy  174. 
pariiviyaXa  139,  173,  190. 
partiianànâm  (gén.  plur.)  10,  60,  81, 

83,  i36,  i48,  i5o. 
parQava  180. 
pài'sa  kk,  180. 
/>a5â  45,  59,  187. 
pasâva  45,  78,  i52,  210,  2i5. 
pastis  90,  147. 
pitâ  46,  92,  i45,  160. 

piça(Qén.  sg.)  i5,  93,  160. 
*piQ- 

avec  préverbe  : 

ni-  :   niy apaisant  61,   94,    106, 

116,  127, i33. 

nipaistanaiy  94,  108. 
nipiUam  62,  94,  109,  1 33. 
piiça  46,  57,  i43. 
^^-^7,  59,92,  io3. 


224 


INDEX  DES  MOTS  ÉTUDIÉS 


prsâ  I20. 
aprsam  io3,  ii5. 
avec  préverbe  : 
pati-:  patiprsâh(i)y,  patiprsâtiy 

Io3,    121,   122. 


j^ra-  56,  i3i. 

f^ratamà  (nom.  ace.  pi.)  \[\2. 

-farnah-  25,  56,  i46. 
f^ramâtâram  (ace.  sg.)  92,  i45,  160 
f^ramând  kk->  74,  i^i»  i83. 
f^ravartU  48,  i63. 

f^r avariais  i63. 
f&raharvam  72,  76,  78,  i52,  178. 

hâxtrïs  57,  TÔg. 
èa^a  8,  i36. 

bagâha  6,  157. 

bagaibis  85. 
bâgayâdaiS  (gén.  sg.)  91,  i47,   i5i, 

i53,  i63. 
bâjitn  44,  65,  91,  147. 
ba{n)d-  94. 

&â!5to  i5,  58,  109. 
ba(n)daka  94,  i36,  i44- 
bdbairus  38,  5i,  72,  i63,  i64,  i83. 

bâbairauv  i64- 
bâbairuviya  139. 
i>flr-  66,  i3i,  91,  100. 

bara(n)tiy  ii4- 

abaram  11 5. 

a&flra  4,  i3,  85,  117,  118. 

abara(n)td  4,  i3,  118,  120. 

abaraha  4,  i3,  118. 

baratuv  120. 
avec  préverbes  : 

pati-  â-  patiyâbaram  182. 

/)a7'â-  :  parâbara  :  cf.  abara. 
par âbr tant  84,  109. 

pari-:    paribar à  \  10. 

paribaràh(t)y    70,     82, 
121. 

ya;'^-  :    Ja-râbara  ;  cf.  abara. 
-bar a-:  i36,  i49- 
bardiya  24,  48,  67. 
Z;w-  2o4- 

abavam  98,  100,  11 5. 

flZ'flz/a  117,  118. 

bavâtiy  122  (errata). 

Z'zjyfl  93,  128,  i3o. 


&«wm  (ace.  sg.)  47,  i42,  159,  i83. 
b^ràtâ  44,  71,  74,  92,  i45. 

M 

wâ  (négation)  ii5,  210. 

maka  95. 

magid  8,  i48,  i63. 

tnaciyd  (nom.  plur.)  95,  189. 

mâtar-  i45. 

màtya  128,  2i4. 

maUsta  55,  i44. 

Twâifl  44,  180. 

man-  (penser). 

maniyàhaiy  82,  102,  122. 

maniyàtaiy  102,  122. 
man-  (attendre)  9 1 . 

aniânaya  ^o,  io4,  117. 
mâniyam  i4o. 
mar-^  (Errata),  94. 

amariyatà  102,  119,  i25. 
mârgava  91,  187,  i58. 
tnargus,  91. 

margauv  i64- 
martiya  77,  189,  181. 

martiyahyà  76. 
mardiiniyahyâ  {gén.  sg.)  i4o. 
-mrsiyii-  v.  (x)iivâmrUyus . 
mai^dâha  (gén.  sg.)  17,  i46. 
Wfl}H(:c)Mm  (loc.  plur.)  54,  i38. 
mâhyâ  (\oc.  sg.)  78,  81,  i35,  162. 
mitra,  mi^ra  8,  20,  46,  57. 

aviu']a  loi,  117. 


yatina  181. 

yauviyâm  52,  i4o,  i83. 
jyâM  17,  174,  216. 
jyflGà  17,  54,  174,  2i4. 
jyflj-  67,  91,  100,  125. 

ayadaiy  119. 

yadâtaiy,  122. 
yadâyâ  (abl.  sg.)  i38. 
yadipadiy  200. 

jyflû?^)'  17,  78,  128,  175,  200,  2i5. 
yânam  i4i,  182. 
yanaiy  175,  216. 
^yai-  (rac.  yam-). 

ayasa'tâ  119,  124. 
avec  préverbe  : 

w/-  :  niyasaya  i  o4  • 
yâvâ  17,  175,  216. 


INPEX  DES  MOTS  ÉTUDIÉS 

vistâspa  46- 


m 


raucabi,  64,  71,  7a,  i46,  161. 

raucabis  161,  191. 
ra«/a  (gén.   sg.)  62,  86,  94,    i35, 

162,  i83. 
....  rtiyaiya  laS. 
ra^-  67. 

avec  préverbe: 

ava-:  avarada  100,  116. 
râdiy  27,  187,  200. 
ras-  59,  i33. 

arasam  io3,  ii5. 
avec  préverbes: 

«î- :  nirasâtiy  io3,  122, 
para-',  parârasam,  par  arasa  io3, 
117,  i33. 
râ5/âw  (ace.  sg.  fétn.)  63,  91,   93, 
112,  137. 


va  78,  199,  208. 
vaina-  5i,  73,  io5. 

vaindmiy  1 1 3 . 

vaina(tt)Hy  11 4,  124. 

avaina  117. 

vaitiâh(i)y  121. 
va(Jj)umisa  25,  69. 
vaçabara  i36,  149. 

vrnavàtaiy  99,  122. 

vrnavatâm  99,  121. 
vrkâna  48,  73. 
vardanam  67,  i4i. 
vasaiy  69,  i36. 
î'aî«â  62,  i4i. 
va:(rka  5,  48,  60. 

va:(rkàyâ  iS']. 
vahyaidâta  43,  80. 
î/f-  (préverbe)  1 3 1 . 
vivant  (ace.  sg.)  46,    55,   94,   i34, 
i63. 

viUyâ  77,  i63,  i83. 

w6â  79,  i63,  191. 
viObis  3o,  i46,  i47,  191- 
vi(n)dafarnd  25,  56,  98,    i46,  149, 

162. 
visam  (ace.  sing.)  6,  58,  173. 
visadahyiim  (ace.  sg.)  6,  58,  i5o. 
vispa-  6. 

î//5/7fl:^a«âwâ;w  (gén.  plur.)  6,  10,  60, 
i36. 


saka  180. 
sakâ  i38,  181. 
stkaya(x)tivatis  iS'j. 
suguda  75. 
5/â-  93,  i33. 

a(h)Utatà  54,  62,  69,  io5,  119, 

125. 

avec  préverbes  : 

ava-:   avâstâyam  45,    61,    10 1, 

ii5. 
ni-:     niyaStdyatn,  niyaUâya  16, 
45,  62,  101,  117. 
stânam  62,  93,  i4i,  182. 
stah-  : 

stabava  io5,  116. 
sparda  26,  59. 


saiy  17.  16,  78,  178,  200. 

^àm  78,  178,  200. 

Hm  i3,  78,  86,  178,  191,  200. 

Us  78,  178,  200. 
Hyàirs  63,  75,  77,  85,  147,  i63,  i83. 
siyu-  63,  77. 

asiyavam  loi,  ii5. 

asiyava  loi,  117. 

z 

-^atm-  5,  60,  ï36. 
^urakara  5,  60,  i36. 
:(ura  5,  8,  60,  i40,  161. 
■:(^ra(n)ka  25,  60,  74. 

H 

hainà  5i,  68,  i42. 

hauv  7,  52,  82,  i65  (flexion),  119 
(emploi),  2 1 1  (rôle  dans  la  phrase), 
212. 

hauvam  83, 

hauvciy  174. 

ava  85,  i65  et  suiv. 

avam  i65. 

avahyà  79,  166. 

avahyarâdiy  i55. 

avasciy  86,  i65. 

az^ai)'  i5. 

avaUâm  166. 


10 


â26 


INDEX  DES  MOTS  ÉTUDIES 


ahyàyâ  69,  76. 
haxâmams  43,  A4- 
haxântanisiya  i4o. 
hacâ  i4,  68,  79,  189. 
ha(n))- 

avec  préverbe  : 
/«rfl-  :  f7'âha(n)jam  10 1 ,  1 15. 

avec  préverbe  : 

ni- :  niyasâdayam  62,  90,   lo/i, 
ii5,  i33. 
hadâ  68,  190. 

hadis62,  90,  i46,  161,  i83. 
haduçrâm  (ace.  sg.)  i38,.  i83. 
^a w-  (préverbe)  1 3 1 ,  1 3  2 . 
hama  173,  194. 

hamahyâyâ  173. 
hamàtâ  i45,  i5o. 


hamapitâ  i45,  i5o. 

hamaranam  i4i- 

hamiçiya,  hamiçiyà  iZ^. 

haraiva  i42. 

haraÇxyivatis  69,  137. 

hartiva  6,  173,  194. 

halditahya  (gén.  sg.)  72. 

haUyam  rnom.  ace.    sg.  n.)  62,  75, 

77,  139. 
hi(ti)duS  69. 

hiT^ânam  (?)  3i,  60,  67,  69. 
^^/fl  17,68,  170,    174,   I97etsuiv., 

211,  212  et  suiv. 

tya  76,  86,  170  et  suiv. 

tyaiy  i5,  82 

tya  (conjonction)  2i3. 
hyâparam  171. 


ERRATA 


P.  8,  §  i6.  La  racine  mar-  «  mourir  »  qui,  dans  l'Avesla,  n'est  employée 

qu'en  parlant  d'êtres  mauvais,  sert  pour  le  roiCambysc;  l'usage  avestique 

de  cette  racine   ne  se  retrouve  donc  pas  en  perse,  et,  en  effet,  le  verbe 

murdan  a  subsisté  en  persan. 
P,  12,  1.  lo  du  bas.  La  façon  dont  les  choses  sont  présentées  B.   I,   48  et 

suiv.  est  aussi  un  bel  exemple  du  caractère  de  «  langue  parlée  »  du  texte 

des  inscriptions  perses. 
P.    i4,  1-  23,  lire  871,  au  lieu  de  4oo;  et,  1.  k  du  bas,  4 18,  au  lieu  de  447» 
P.   28,  1.  8  du  bas,  lire  linguiste,  au  lieu  de  linguistique, 
P.  86,  1.  5  du  bas.  Un  nom  tel  que  patihivris  est  à  lire  pâiis{x)uvarU, 

comme  on  le  voit  par  bab.  pa-id-di-il-hu-ri-U   et  par  grec  Ilateia/opctç 

(chez  Strabon). 
P.  56,  1.  12,  lire  (h)ufrastam,  au  lieu  de  (hiî)frastam. 
P.  83,  1.  i4  du  bas,  lire  patiyâi^a,  au  lieu  àe  patiyaUa. 
P.  109, 1.  4,  ajouter:  Dans  certaines  racines,  il  n'y  a  pas  de  degré  vocalique 

zéro;  ainsi  la  racine  pâ-  «  protéger  »  a  pour  adjectif  en  -ta-  la  forme  pat, 

pâta  «  protégé  ». 
P.  109,  1.  i5,  supprimer  les  mots:  du  singulier, 
P.  ii4, 1.  8  du  bas,  lire  agaubatâ,  au  lieu  de  agaubata. 
P.  119,  1.  17,  lire  agrhâyatâ,  au  lieu  de  agrbâyata. 
P.  122,  1.  8,  ajouter  bvatiy,  bavâtiy  «  qu'il  devienne  », 
P.  i46,  1,  9-10,  et  p.  161,  1.  i3   et  suiv.,  lire  hucabna,  littéralement  «  le 

bon  œil  »,  avec  le  premier  terme  de  composés  hu-  «  bien  »  ;  M.  Weissbach 

a  rapproché  justement  zd  hu-xsnao^re  hu-paitiUâne  Yt.  XIV,  i3. 
P.  171,  1.  18,  lire  4o8,  au  lieu  de  48o. 
P.   197,  1,  i5,  lire  abiy,  au  lieu  de  ahiy. 

P,   202,  1,  i4  du  bas,  lire  :  de  l'indicatif  présent,  au  lieu  de  l'indicatif. 
P.   208,  1.  8,  lire:  pas,  au  lieu  de:  par.  ,^ 


TABLE  DES  MATIÈRES 


Pages. 

Avant-Propos ix 

BlËLIOGBAPHIE XV 

A&RÉVIATIONS XIX 

Introduction i 

Chapitre     I.  Système  graphique. 33 

Chapitre    II.  Système  phonétique. .  /Ja 

Voyelles ^a 

à 43 

à 44 

i 45 

M 46 

.    f 47 

Diphtongues 5o 

ai,  ai 5o 

auj  au 52 

Consonnes 53 

Occlusives  soviH(s 53 

Spirantes  soirde^ 54 

Ç 56 

s 58 

^ 59 

s 6i 

c 63 

;(0 64 

b,d,g 65 

h 68 

n,  m -yi 

r(Gtl).    .     .     .     . 71 

yeiv 72 

Caractéristiques  du  consonantisme  perse.  ...  73 

Structure  des  syllabes ^3 

Fin  de  mot nn 

Voyelles  finales 70 


230  TABLE  DES  MATIERES 

Pages. 

Consonnes  finales.  . 84 

Insuffisance  des  données 88 

Chapitre  III.  Alternances.    . .  go 

I.  Alternances  vocaliques go 

A.  Alternances  quantitatives go 

B.  Alternances  a/zéro g2 

II.  Alternances  consonantiques g4 

Chapitre  IV.  Formes  verbales g6 

I.  Les  thèmes g6 

1°  Types  athématiques  du  présent-aoriste. ...  g6 

A.  Le  présent-aoriste  radical g6 

B.  Présents  à  redoublement g8 

C.  Type  à  nasale g8 

2°  Types  thématiques  de  présent gg 

A.  Type  radical gg 

B.  Thèmes  à  suffixe  -ya- lOi 

G.  Thèmes  à  suffixe  -sa- loa 

D.  Thèmes  en  -aya- io3 

E.  Formations  diverses  du  présents io4 

3°  Formations  diverses,  en  dehors  de  présent.      .  io5 

II.  Formes  non  personnelles  du  verbe.     ....  107 

A.  Infinitif 107 

B    Adjectif  verbal  en  -ta- 108 

III.  Flexion  des  formes  personnelles 112 

A.  Indicatif  présent ii3 

B.  Formes   de  l'indicatif  à   désinences  secon- 

daires (imparfait  et  aoriste) ii4 

G.  Impératif lao 

D.  Subjonctif 121 

E.  Optatif 122 

IV.  Valeur  des  formes  personnelles i23 

A.  Indication  de  la  personne ia3 

B.  Désinences  moyennes I24 

C.  Imparfait  et  aoriste 126 

D.  Subjonctif  et  optatif 127 

Préverbes i3o 

Chapitre    V.  Formes  nominales i34 

I.  Formation  des  noms i34 

Type  radical  athématique i34 

Noms  caractérisés  par  la  voyelle  thématique. .  i35 

Noms  en  -â- i37 

Suffixe -zjy a-. .      . i38 

Suffixe  -na-. ...........  i4o 

Suffixes -ma-,  -va-..     . i42 

Suffixe -ra- i43 


TABLE  DES  MATIIlRliS  231 

Ptfgea. 

SuflBxes -^a-, -/fl-, -Oflf- i44 

Noms  d'agent  en  -tar- i45 

Thèmes  en  -n- i^b 

Thèmes  en  -h-  et  -s-,  en  -/- i46 

Thèmes  en  -m- i48 

Composés i49 

Vrddhi i53 

II.  Flexion  des  substantifs  et  adjectifs i53 

A.  Thèmes  en -a- i54 

B.  Thèmes  en  -d- i58 

G.  Thèmes  consonantiqucs 169 

a,  b.  Thèmes  en  -r-,  et  en  -«- 160 

c.  Anciens  thèmes  en  *-s- 161 

d.  Thèmes  terminés  par  une  occlusive  ou 

une  spirante 162 

e.  Thèmes  en  -i-  et  en  -11- i63 

III.  Démonstratifs,  interrogatifs,  indéfinis.     ...  ï65 

A.  Démonstratifs i65 

hauv,  ava i65 

iyam,  a-,  ima- 166 

Remarques  sur   l'emploi  des  démonstratifs 

hauv,  ava-  et  iyam,  a-,  ima- 168 

hya,  tya- 170 

aiia 171 

Adjectifs  qui  suivent  la  flexion  des  démons- 
tratifs   172 

B.  Interrogatif  et  indéfini .  178 

G.  Relatif 174 

IV.  Pronoms  personnels 176 

Anaphoriques 178 

V.  Emploi  des  formes  nominales 180 

A.  Nombre 180 

B.  Genre 182 

G.  Cas i83 

Nominatif,  vocatif,  accusatif i84 

Génitif-datif 187 

Ablatif 189 

Instrumental 190 

Locatif 191 

VI.  Groupement  des  noms 192 

A.  Juxtaposition  immédiate 192 

a.  Complément 192 

b.  Adjectif 194 

c.  Apposition 195 

B,  Groupements  avec  hya,  tya- 196 

a.  Complément 196 


232  TABLE  DES  MATIÈRES 

Pages. 

h.  Adjeclif. .       ,       .       ,             ig-y 

C.  Apposition..      .      , ig8 

d.  hya,  tya-  sans  substantif ig8 

VII.  Mots  accessoires igg 

Chapitre  VI.  La  phrase 202 

I.  Phrase  nominale.     .  202 

II.  Phrase  verbale 2o5 

Observation  générale 208 

III.  Mots  accessoires  de  la  phrase 208 

lo  Règle  de  la  place  des  petits  mots  accessoires.  208 

2»  Négations 209 

30  Coordination 210 

IV.  Subordination • 2ii 

i»  Phrases  relatives 211 

La  conjonction  tya 2i3 

2°  Phrases  précédées  de  conjonctions.  .      .      .  2i4 

V.  Infinitif 217 

Index 219 

Errata 227 


CHARTRES.     IMPRIMERIE    DURAND,    RUE    FULBERT.