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GUIDE DE L'AMATEUR
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modèle de Catalogue de vente: il est orné dans le texte de quatre-vingt-dix
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Toult8 les rectifications, marques, monogrammes de pièces remarquables
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Paris. — Imprimerie P. BounoiER, Capiomont filsel C", 6, rue des Poitevins.
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GUIDE DE TAMATEllR
DE
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<867
Tous droits réservés
V
DE
L'ART CÉRAMIQUE
EN GÉNÉRAL
POTERIES. ÉITAUX SUR MÉTAUX ET VITRAUX
Collectionneur moi-môme, j'ai souvent regretté, au début de
mes recherches, Tabsence d'un Guide bref, historiquement et
chronologiquement conçu, mais très-sobre de détails tech-
niques et de dissertations scientifiques, à peu près inutiles à
Tamateur. Quelques ouvrages ont été écrits sur la céramique *,
mais aucun, à mon sens, ne peut servir au collectionneur dans
ses excursions d'amateur. Parmi ces ouvrages, les uns sont de
simples monographies ou des traités incomplets et sans ordre
chronologique; les autres s'occupent plus spécialement de la
chimie et de la fabrication; aucun ne pouvait remplir le but
que je me suis proposé en écrivant ce Guide. Il n'existait pas
de livre qui résumât la science archéologique de la céramique
dans son ensemble, et môme la plus grande partie des fabriques
françaises était encore inconnue. Le roman, qui s'empare de
tout aujourd'hui, avait aussi envahi l'histoire céramique.
L'amateur qui cherchait à s'instruire n'y trouvait souvent que
1« Céramique dérive de kerameus en grec ( figulinus en latin, tœpfer en alle-
mand, potter en anglais, et potier en français). On appelait kerameus, à Athènes,
les terrains où étaient installés les établissements de potiers. On y désigne aussi
de ce nom les lieux de funérailles, sans doute à cause des poteries funéraires.
Les Hébreux confondaient dans le même mot l'ouvrage du potier et du sculpteur.
2 DE l'art CÉRAMipUE
des inventions à la place de données positives. Quant aux nom-
breux articles des publications périodiques, émanant pour la
plupart de personnes qui ignorent complètement leur sujet
et qui écrivent aujourd'hui sur la céramique comme elles écri-
ront demain sur la pisciculture ou la maladie des pommes de
terre, Pamateur y cherche également en vain quoi que ce soit
de positif; une succession de phrases banales y reproduit ordi-
nairement les mêmes lieux communs sur des modes différents ^
Ce qu'il fallait au collectionneur, c'était un manuel facile à
consulter quand sa mémoire lui fait défaut, et où il pût trou-
ver, sans recherches fatigantes, les marques et monogrammes,
les signes caractéristiques et les biographies, l'histoire abrégée
de chaque fabrique et de chaque céramiste.
J'ai voulu éviter dans mon livre la sécheresse et l'ennui, afin
de rendre ce genre d'étude accessible aux gens du monde qui
vivent vite; j'ai donc dû me renfermer dans un cadre qui exclut
des développements inutiles, et n'envisager les productions cé-
ramiques avant tout qu'au point de vue de l'art. Être utile amx
amateurs, contribuer à vulgariser les goûts archéologiques'
i . Un curieux échantillon de ces incroyables productions de critiques à tcyui
faire doit avoir sa place ici, puisqu'il servit probablement, malgré la mons-
trueuse, et on peut même dire audacieuse ignorance en matière céramique de
Tauteur, à le faire nommer rapporteur par le jury d'une section céramique d'ex-
position.
On lit, dans un article signé et publié le 29 septembre 1863 dans les colorates
du journal la France^ « que les faïences françaises les plus recherchées aujour-
d'hui et les plus artistiques sont celles de notre célèbre potier Moustiers» >
Notre célèbre M. Mouatiers n'est autre que toute une localité de plus de
quinze cents habitants, située dans les Basses-Alpes, à quarante-quatre kilomètres
de Digne, où de nombreuses fabriques ont produit des faïences depuis plus de
eent ans (1690-1800), et où existe encore aujourd'hui, la fabrique de M. T. Fe-
rand ; localité dont les produits, œuvres des potiers et des peintres céramistes
Clérissy, Roux, Rion, Achard, Berbiquier, Ferand, Bondit, Cambon, Antelmy,
Ferrât, Fouque, Laugier, Jocard, Thion, Guichord, Grangel, Gros, SoUva, Vilax,
Viry, Four nier et autres, avaient déjà fourni matière à des discussions répétées
depuis des années.
Un mois plus tard, le 28 octobre, le même journal la France amonce :
« Notre collaborateur , membre du jury de la section de la céramique à l'ex-
position des arts industriels, vient d'être nommé, à l'élection, rapporteur de
cette section. »
Est-ce assez complet?
2. L'Archéologie {d'archaiosy ancien, et logos, discours) est une science qui
renferme l'étude de tout ce qui se rapporte aux mœurs et aux arts anciens ; c'est
»
EN GÉNÉRAL. 3
et l'étude de l'histoire artistique, voilà mon but principal.
La première édition de cet ouvrage (1861) ne pouvait conte-
nir que peu d'indications sur la faïence allemande, et laissait à
désirer sous quelques rapports biographiques. Tout le monde
avait compris qu'un tel travail, tout à fait nouveau, et sans
précédent, où tout était à rechercher, à contrôler, à classer,
n'avait pu être exempt de lacunes ou d'erreurs. Le sort des
ouvrages d'érudition est d'être dépassés , pour des parties en-
core incertaines ou indéterminées, aussi bien par les nou-
velles recherches de l'auteur lui-môme que par les travaux
successifs qui se publient sur des branches spéciales et locales.
Le grand succès du Guide (trois mille exemplaires, épuisés dans
l'espace de quelques mois, de la première édition, et autant de
la seconde, d'un ouvrage qui ne s'adressait qu'à une spécialité
d'amateurs) démontre que le nombre des collectionneurs s'ac-
croît tous les jours, et que ce public d'élite avait compris et
apprécié les difficultés de ces laborieuses recherches, fruits de
plusieurs années de voyages.
L'édition actuelle a été encore bien plus augmentée que la
seconde, ou plutôt triplée, quant à la matière, aux marques et
l'antiquité figurée. Laurent de Médicis en avait établi à Firenze (Florence) le premier
enseignement public ; mais cet enseignement ne pouvait avoir ni système ni bases
scientifiques. Grœvius, né en 1632, mort en 1703; Kircher, né en 1602, mort
en 1 680 ; et particulièrement le célèbre Winkelmann, né en 1717, mort en 1768,
ont donné les premiers l'histoire de l'art chez les anciens. L'étude archéologique
se renfermait d'abord exclusivement dans le classique, c'est-à-dire que^ tout était
rapporté à l'antiquité païenne et particulièrement à celle de la Grèce ; et l'art
original, national et chrétien était ignoré, traité légèrement ou regardé comme
un dérivé des Grecs et des Byzantins. La révolution opérée dans la littérature
par l'école dite romantique, et dont Shakespeare, Gœthe, Schlegel, Schiller,
Chateaubriand et Victor Hugo ont été les adeptes les plus marquants, a aussi
commencé à se faire sentir dans l'histoire de l'art. Une pléiade d'hommes spéciaux
et indépendants : eu Allemagne M. Biirger, M. Chaumelin en France, sir Charles
Eastlake et H. Layard en Angleterre, M. Wauters en Belgique, et quelques autres
soBt à l'œuvre, et mes dernières publications, Recherches sur la priorité de la
renaissance de l'art allemand et Souvenirs de voyages et Causeries d'un col-
lectionneur, etc., n'ont pas eu d'autre but que de réagir contre les beaux- arts
académiques, cette vieille rengaine qui a toujours marché en parallèle avec les
unités des belles-lettres.
On appelait aaciennement antiquaire le savant qui s'occupait d'études archéo-
logiques; aujourd'hui on dit de préférence archéologue, et le nom d'antiquaire
ne sera plus donné qu'à certains amateurs qui, sans études préparatoires, com-
posent des collections d'objets d'art de tous les genres et sans discernement
4 DE l'art céramique *■
aux monogrammes; mais je me suis appliqué à conserver la so-
briété primitive pour la partie technique, tout en développant
davantage la partie biographique, ainsi que les citations des
œuvres remarquables renfermées dans les musées et les^collec-
lions particulières.
L'utilité que présentent les descriptions des pièces conser-
vées dans les musées, qui n'en peuvent plus disparaître, n'est
contestée par personne. L'instabilité des collections privées les
plus en renom n'a pu m'arréter : j'en ai cité les monuments les
plus importants ; il est très-facile de suivre un objet d'art dans
ses pérégrinations, quand la collection qui l'a possédé tout
d'abord est connue.
Les additions de chapitres entièrement nouveaux faites à cette
édition sont aussi très-nombreuses. Les poteries espagnoles n'é-
taient connues et traitées jusqu'ici que pour la partie désignée
sous le nom de poteries hispano-arabes y et appeléesdans ce guide
hispano-musulmanes; toutes celles de la fabrication vraiment
espagnole, à partir du moyen âge jusqu'à la fin du dix-huitième
siècle, étaient encore à classer; ce qui a été fait.
Quant aux poteries et faïences suisses, tout à fait indétermi-
nées, sinon inconnues jusqu'ici , l'édition actuelle contient un
chapitre spécial où elles sont décrites d'après mes dernières et
heureuses recherches faites dans les cantons, recherches qui
m'ont aussi permis de donner la liste de ces célèbres céramistes,
avec les dates exactes puisées dans les registres des corpora-
tions, et les descriptions de leurs œuvres. Aux huit cents mo-
nogrammes de la seconde édition, quatre cents autres ont été
ajoutés, ainsi que de nombreux croquis artistiques qui repré-
sentent le:; types les plus caractéristiques.
En outre, le lecteur trouvera un nouveau chapitre consacré
exclusivement aux vi>at{â? de tous lespays, qui y sont traités pour
la première /oîs dans leur ensemble et avec leurs monogrammes.
L'abrégé raisonné de l'histoire céramique basée sur des don-
nées nouvelles a été aussi complété par le Tableau chrono^
logique de tous les produits céramiques et de leurs marques,
monogrammes, monographies et biographies de potiers y qui
EN GÉNÉRAL. 5
forme, pour ainsi dire, un cours où les pièces mômes servent de
démonstration et d'analyse.
Les recherches de la classification d'une marque ou d'un
monogramme ont été rendues plus faciles par l'addition à
cette nouvelle édition d'une seœnde table où tous ces signes ont
été réunis en deux classes distinctes.
Les noms des localités , tels que les nations les écrivent
elles-mêmes, ont été conservés dans ce Guide par un motif fa-
cile à comprendre. On trouve souvent des pièces qui portent
les noms des lieux où elles ont été fabriquées, mais ces noms
diffèrent naturellement dans la traduction française; l'ortho-
graphe nationale ici adoptée facilitera les recherches.
La liste suivante contient à peu près tout ce qui a été écrit
sur la céramique avant ou après la publication des deux dernières
éditions de ce Guide, C'est un matériel fort stérile que j'ai dû
cependant mettre en œuvre pour le travail de ma critique ; je
n'ai même pas voulu retrancher de cette longue liste les livres
qui ne forment qu'une grossière contrefaçon de mon travail et
où les auteurs ont poussé le plagiat jusqu'à copier textuelle-
ment et littéralement, ni ceux où les questions céramiques ne
sont qu'accessoires.
Gomme plusieurs de ces écrits se trouvent dans des publi-
cations périodiques et même dans des journaux , et comme
quelques-uns sont sans date, j'ai cru devoir en abandonner
l'ordre chronologique.
1 . Mémoire de Giuseppe Raphaelli de Casieldurante,
2. Les écrits d^Antonio Beuter, professeur de théologie et auteur
espagnol, vivant au milieu du seizième siècle. Il a traité des faïences
hispano-arabes dans la Chronique universelle d*Espagne. L'article a
été traduit en italien par Alfonso Giolito, en 1556.
3. Les ouvrages de César Scaliger, Amsterdam.
4. Les ouvrages à'Isak Pontanus. Amsterdam.
5. YoUedige Beschrywing van Ambachlen en Kunslen, H. Stuck^
217. Amsterdam.
6. L*antilogie de Florence de Rumohr,
7. Die Kunst Glas zu malen, von J. Kunckel de Lowenstem,
Berlin.
1.
6 DE l'art Céramique
8. Diversaram artium schedula, œuvre du moine allemand Tkéo^
phile de Saint-Gall, qui écrivait au dixième siècle ; traduit en fran-
çais par M« le comte de l'Escalopier. Paris, 1843.
9. L'Art de la porcelaine, par le comte de Milly. 1771.
10. Tralto sopra roreûceria, par Benvenuto Cellini. Milan, 1811.
11. Die kOniglichi sachsische Porcellan-Sammlung in Dresden,
von D'. G. Klemm. 1834 et 1841..
12. L'Art de peindre en émail.' Paris, 1721. P&r Ferrand,
13. L'Art de peindre sur émail, par A. de Montamy» 1765.
1 4. Beschreibung der in der kôniglichen Kunstkammer in Berlin
vorhandenen Kunstsammlung, etc.; von F. K'ugler,
15. Émailleurs et émaillerle de Limoges, par Maurice ArdanU
16. L'Art de l'émaillerie ^^% maîtres limousins. Paris.
17. Lettre à mon fils pour lui servir de guide dans Tart de peindre
en émail. In-S®. Paris, 1759.
18. A letter addressed by Charles Roach Smith. Esq. to John (îage
Rokewode*
19. On certain Enamels, A, W. Franks. Archœological journal,
année 1851, n» 29.
20. Peinture sur verre, sur porcelaine et sur émail, par Reboulleau.
Paris, 1843. (Manuel Roret.)
21. Illustration of a gold enamelled ring, etc., Samuel Pegge.
Mémoires archéologiques de la société des antiquaires de Londres,
tome IV, 1787.
22. Décorative processes, etc., Albert Vay, journal archéologique,
tome II, 1846.
23. Monuments français inédits, etc.; par André Pottier» Paris,
1839.
24. Mémoire sur la porcelaine du Japon, traduit du japonais^ par
le docteur Hoffmann, de Leyden, 1856.
25. Traité de chimie appliquée aux arts, par Dumas. Paris,
in-80, 1836.
26. Description de quelques monuments émaillés, etc. Cabinet de
Vamateur. 1842, p. 145.
27. Description des objets d'art de la collection Debruge-Duménil,
par Jules Labarte, Paris, in-8, 1847.
28. Recherches sur la peinture en émail dans l'antiquité et au
moyen âge, par Jules Labarte, Paris, 1856.
29. Notice sur les faKences du seizième siècle, dites Henri II, par
Taînturier. Paris, 1855.
30. Manuel du porcelainier, du faKencier et du potier de terre,
par £o2^er. Paris, 1827.
llf GÉNÉRAL. 7
31. Recherches sur l'histoire de la peinture sur émail, elc, par
Louis Dussieux, Paris, in-8, 1841.
32. Le Mémoire du père DentrecoUes, reproduit dans rEncyclo-
pédie de Diderot, qui traite de la porcelaine chinoise, publié par ce
père jésuite en 1717.
33. Essai historique et descriptif sur les émailleurs et les argen-
teurs de Limoges, par l'abbé Texier, Mémoires de la société des an-
tiquaires de l'Ouest. 1842, p. 101.
34. Curiosités, ipar Jeun d'Huyvetter, Gand, 1829.
35. Histoire des majoliques, pa^r Joseph Marryat. Londres*.
36. Quelques souvenirs, suivis d'une dissertation sur l'émail, la
porcelaine, etc., par S, G, Counis. Florence, in-8, 1842.
37. Traité des arts céramiques, etc., p^r Brouyniart, Parts, 1844
et 1854.
38. Description méthodique du musée céramique de la manufac-
ture royale de porcelaine de Sèvres, par MM. Â. Brongniart et RiO'
creux, Paris, 1845.
39. Lehrbuch der Chemie und Technologie. 5 et 6. Lieferung.
Braunschweig, 1846.
40. Technologisch Handbœk door de Maatschappy tôt het nut
van^t algemeen, Amsterdam, 1809.
41. De plateelbakker of Delfsche aarde^erkmaker doer Gerrit
Paape, Dordrecht, 1794.
42. Vaderlansch Woordenboek van Kok, Amst. Kart, 1785.
43. Leçons céramiques, par M, Salvetat, Paris.
44. L'Art de fabriquer les poteries, etc., par F, Bastenaire, Dau-
denart. Paris, 1827, 1828 et 1835. *
45. Flora saturnigans, par M. Henckel (ouvrage allemand du dix-
huitième siècle).
46. Anciennes faïences françaises, par Albert Jacquemart et Ed-
mond Leblant, Gazette des Beaux -Arts. 1^' mai 1859.
47. Histoire artistique de la porcelaine, des mêmes auteurs, ln-4.
Paris, 1861.
48. Verzeichniss von Werken der Dell a-Robbia majolica, etc., von
Friedrich Tieck, Berlin, 1835.
49. Les Della-Bobbia, par M. H, Barbet de Jouy. Paris, 1855.
50. Handbuch der germanischen Alterthums-Kunde, von D' Cust,
Klemm. Dresden, 1836.
51. Guide to the knowledge of poltery, by Bohn. London, 1857.
Cet ouvrage a été écrit à l'occasion de la vente de la collection
i . Yoir plas loin la mention de la traduction française de cet ouTrage aoglais.
8 DE L'ART CÉRAMIQUE
Bernai^ veute qui a produit la somme énorme de 52,330 livres ou
1,550,000 francs.
52. Histoire des peintures sur majoliques à Pesaro et les environs,
par Giambatista Pesseri, 1750. Traduit en français par M. de Lange,
Paris.
53. Histoire et fabrication de la porcelaine chinoise, traduit du
chinois par M. Stanislas Julien, de Tlnstitut. Paris, 1855.
54. Notice des émaux, etc., par M. de Laborde. Paris, 1856.
55. Vite de' piu excellenti pittori, scultorl e architetll, di Giorgio
Vasari, publicate per cur di una societa di amatori délie arti belle.
Firenze, 1846.
56. Notice sommaire des monuments égyptiens, par M. le vicomte
Emmanuel de Rougé. Paris, 1860.
57. Collection de figurines en argile, œuvres premières de l'art
gaulois, par Edmond Tudot, conservateur du musée de Moulins.
Paris, 1860^ in-8. (Ouvrage couronné.)
58. OEuvres de Bernard Palissy, revues sur les exemplaires de la
Bibliothèque du roi, avec des notes, par Faujas de Saint^Fond et
Gobet. Paris, 17 71, in-4.
59. OEuvres complètes de Bernard Palissy, avec des notes et une
notice historique, par Paul-Antoine Cap, In-18. Paris, Dubochet
et C«. 1844.
60. Poteries hispano-mauresques, par Robinson, Londres.
61 . Historische Nachrichten von Nttrnbergischen Mathematicis und
Kttnstlern, von Johann Doppelmayer , NUraberg, 1730.
62. Les troys libres de l'art du potier, par Cyprian Piccolpassi,
écrits en 1548, et publiés à Rome en 1857, traduits en français par
M. Claudius Popelyn. Paris, in-4, 1841.
63. Dans l'introduction du catalogue Debruge-Duménil, par M. £a-
barte, on trouve une notice des premières tentatives* de Bottger,
l'inventeur de la porcelaine à Meissen.
64. Les émaux d'Allemagne et les émaux limousins, par M. le
baron de QaasteiM. de Verneilh, Paris, 1860.
65. Antigiiedades arabes, par P. Lozano, Madrid, in-4.
66. Antiquities of Mexico, by lord Kingsborough. London, 1831-48.
In-folio with 4,000 planches.
67. L'histoire de BOttger, par Engelhards,
68. Les grandes Usines de France, par Turgan. (Sèvres.) Paris,
chez A. Bourdilliat et C«, 1840.
69. Miroir universel des arts et sciences, par Léonardo Fioravanti^
traduit en français par Gabriel Chappuys.
70. Description de quelques monuments émaillés du moyen âge,
EN GÉNÉRAL. 9
par M. Adrien de Longpérier^ publiée dans le Cabinet de l'amateur,'
premier volume. Paris, 1842, Hetzel.
71. Élite des monuments céramographiques, matériaux pour Tin-
telligence des mœurs de l'antiquité, etc., par Ch, Lenormant et J. de
Witte.
12, Histoire du verre et des vitraux peints, par I. Batissier, Ca'
binetde V amateur. Deuxième année, 1843. Paris, Hetzel.
13« Essai historique et descriptif sur la peinture sur verre an-
cienne et moderne, par H, Langlois, In-8. Rouen, 1832.
74. De la peinture sur verre, par E. Thibault, ln-8. Glermont,
1735.
75. Histoire de la peinture sur verre depuis son origine jusqu'à
nos jours, par Bareste. (V Artiste, treizième volume.)
76. Article sur les majoliques, par Tommaso Garzoni, dans la
Piazza universale, imprimée en 1585.
77. Interno délia maiolica Savonese, ragionamento storico. In-8,
Torino, 1856.
78. Del arte vitraria. Ànt, Neri, Florentini. Amsterdam, Friscus,
1668, in-12.
79. Art delà verrerie, de Neri, Merket et Kunkel, traduit de Fal*
lemand. In -4, Durand, Paris, 1752. '
80. De la peinture religieuse à l'intérieur des églises (peinture en
émail sur lave), par M. /. Jolivet, peintre d'histoire. Paris, Wltter-
slieim, 1841.
81. Antiquités des Pays-Bas, du treizième siècle au dix-huitième,
par D. van der Kellen, Amsterdam, in-4, Buffa, 1841.
81 bis. Archives de Nevers, ou inventaire historique des titres de
la ville, par Parmentier, précédé d'une préface par À, Duvivier,
ln-12, Paris, 1842.
82. Peintures murales dans l'église de Saint-Bavon de Harlem, par
D, van der Kellen,
' 83. Birch's History of ancient pottery.
84. T. Hudson Turner's domestic architecture inEngland, p. 102.
85. Une fabrique de faïence à Lyon sous le règne de Henri II, par
M. le comte de Laferrière-Percy, Paris, 1862.
86. Sol sine veste, par Orschall, publication allemande du dix-hui-
tième siècle.
87. De l'Art céramique dans le Nivernais depuis le seizième siècle.
Annuaire de la Nièvre, 1844. Mémoire réimprimé dans le Bulletin
de l'Alliance des arts.
88. Art céramique; manufacture de faïences de Nevers. Annuaire
de 1944, publié chez Duclos, à Nevers.
10 DE l'art Céramique
89. Secrets des yraies poreelaines de la Chine et de Saxe. OaTrage
allemand publié à Berlin en 1750.
90. Exposition d'art et d'areliéologle de Rouen. Rouen, ehez
Brière, 1851.
91. Mémoire de Zimmermann sur les couleurs minérales. (Ou-
yrage allemand du dix-huitième siècle.)
92. Relations des Toyages fetits par les Arabes et les Persans dans
linde et à la Chine, etc. Texte arabe et traduit par Reinaud, Paris,
1845, in-12, tome I, page 34.
93. Entdecktes Geheimniss des ftchten Porcellans. In-4. Berlin,
1750.
94. J.-H.-G. Yon Justi Âbhandlung von den Manufacturen und
Fabriken, t. II, p. 292.
95. Hallers Werkstfttte der heutigen KUnste, v. 3, p. 160 et 175.
96. De la porcelaine des anciens, an Gentlemen* s-Magazine, 1751,
t. I, p. 463.
97. Vorschlag zur Erleichterung der Porcellan - TOpfer - Ziegel-
Ârbeiten, in den ph.-5kon. AuszOgen, 1. 1, p. 398.
98. Nachricht von einer besonders schOnen Porcellanerde in
Wurtemberg. Sebi physic. vecen, 1. 1, p. 343.
99. Beschreibung einer gelben Glazur aufPorcellan und Thonge-
fUsse in den Schwed. Arch., t. IX, p. 75.
100. D'Arclais de Montamy, dissertation sur les couleurs de la
peinture de porcelaine, etc.
101. Prix courant de toutes sortes de porcelaines de la fabrique de
Meissen, 12 feuilles.
102. Traité des couleurs pour peindre en émail et sur porce-
laine, etc., par Ardais de Montamy, In-12. Paris, 1745.
103. Yon der Porccllan-bereitung, Dr. Rossing^s Lehrbuch der
Teclmologie. Jena, 1700, in-8, p. 367.
104. Joh.-Gottl. Conradi's Porcellankunst , oder Anieitung zum
JStadium der Technologie. Leipzig, 1785, p. 52-63.
105. Von Porcellan-Fabriken. — Von Pfeiffer's Manufacturen und
Fabriken Deutschland's. Frankfurt S/M. t. II, p. 366-391.
106. L'Art du potier de terre, par Duhamel du Monceau, In-folio.
Paris, 1773.
107. Œkonomische Encyklopîldie von Georg Krunitz, In- 12.
Brunn, 1788.
108. AUgemeine Encyklop&die der Wissenschaften und KUnste,
von Ersch und Gruder. Leipzig, 1845. In-4, p. 154.
109. Beausobre's Einleitung in die Kenntniss der Politik. Tra.
Riga, 1773. In-12, t. I, p. 210-218.
EN GfiNERAL. il
110. C.-A. und A.-M. Engelhardt, F.-F. B<)ttg6r, Erûnder des
8&dbB. Porcellans. In-8. Leipzig, 1837.
111. Dr. Joh»-Georg.-Tiieod. Grasse. Beitr^e sur Geschichte der
Porcellan-Fabrication, etc. Id>12. Dresden, 18ô3«
11^. Mémoire pour les faïenciers da faubourg Saint- AntoiiM ,
dressé en 1 753. — ^u tome XI des Plaidoyers et Mémoires de ifan-
nary., aYOcat au parlement. In-12. Paris, Hérissant, 1748.
1 13. La Faïence de Rouen à l'exposition, par Eugène de RabiUard
deBeaurepaire, Brochure in-8. Paris, Anbry.
114. Hermsiadt, Kuhn und Baumgftrtner, Magàzin aller Aeuen
Erflndungen, t. VllI, p. 162.
115. Catalogue of cameos, inlaglios, medals and bas-reliefs wilii a
général jiecount of vases and olher ornaments after Ihe antique. In-8.
London, 1773. Ed. III, 1790.
tl6« Reprint of the portland vasci formerly tbe Barberini, with
noies, by T/i. Windus, ln-8. London, 1845.
117. Causeries d'un amateur, par Feuillet de Conches, Paris,
1842, t. n, p. 153.
118. Di un' insigne raccolta di maioHclie dipinie, elc^, da Zuigi
Frati, In-B. Bologna, 1844.
119. Art Treasures of the UnUed Kingdom. (Céramique Art», par
jRoitmson.)
1 20. Mémoire stir les ouvrages en terre calte et particulièreoMst
sur les poteries, par Fourmy, 1802.
121. Porcelaines de Wegwood. Catalogue par Josius Wegwooé.
la-8. Londres, 1788.
1 22. Céramique, par Riocreux et Jaquemart, à la fin du quatrième
VAbuBfi du Moyen âge et la RenaUsance , par Paul Lacroix .et F^di-
naud Seré, In-4. Paris, 1850.
123. Histoire de l'Art chez les anciens, par Winckelmagin, traduit
en français l'an II de la République, une et indivisible.
124. Recherches sur les manufactures lilloises de porcelaine» et de
faïences, par Jules Houdoy. Lille^ 1863.
125. La Faïence, les Faïenciers et les Ëmailleurs de Nevers, par
I. Du Broc deSegange, Nevers, 1863.
126. Exposition artistique et archéologique d'Elbeuf en juittet
1862. Compte rendu par Raymond Bordeaux, Caen, 1862.
127. Faïences de Sinceny; notice sur les faïences anciennes de
Sinc«ny, lue le 2 juin 1863, en séance du comité archéologique de
Noyon, par le D^ Aug. Warmont. Noyon; 1863, br. in-8. Marques et
monogrammes.
128. Notes of the manufacture of porcelain at cheteea, by Augustut
12 DE l'art Céramique
W, Franks, M. A., Dir. S. A. Read at the Worchester Meeting of
the archaeologicalinstitute. July, 1862.
129. W. Chaffers, Marks et monograms on potlery and porcelaini
wilh short historical notice of each manafactory and an introductary
essay of the vase fictfliaof england. London, Davy and Son, 1863.
130. R. Tournai, Notes sur la céramique, faïences et porcelaines.
Gaen, Hardet, 1863. Extrait du bulletin monumental de Notre-Dame
de Chaumont,
131. Vincenzo Lazaru Notizia délia opère d'arte et d'antichita délia
racolta Correr. Yenezia, 1859.
132. J.-C. Robinson. Italian sculpture of the middle âges and
pericod of the revival of art. In-8. London, 1 862.
133. /.-C. Robinson, Catalogue of the Soulages collection. In-IK
London, 1856.
J34. /.-C. Robinson, Catalogue of the spécial exhibition of works
of artonloan at the South-Kensington muséum. London, 1858.
135. Fraii, Un pavimento in majolica oella basillca Petroniniana
di Bologna. Bologna, 1853.
136. Dennistoun, Memoirs ofthe dukesof Urbino.
137. Giuseppe Rafaelti, Memorie istorriche délie majolice lavorate
in Castel-Durante. ln-8. Fermo, 1846.
138. £• de Robillard de Beaurepaire, La FaKence de Rouen à
l'exposition. Caen, 1861.
139. G. Gouellin, L'Exposition d*art et d'archéologie à Rouen.
Paris, 1861.
140. L'Art de fabriquer la poterie, façon anglaise. Divers procé-
dés et nouvelle découverte, la fabrication du minium, etc, etc., par
Guillaume Oppenheim, ancien manufacturier, et Bouillon-Lagrange,
professeur de chimie. Paris, 1807. (Le traité le plus utile et le plus
pratique qui existe en français.)
1 41 . L'art du briquelier, par F. Challeton de Brughat, Paris, 1861.
1 42. Du minium de fer comparé au minium de plomb, par le ba-
ron Cartier, Paris, 1859.
143. Lettera al signor barone di Monville. (Dal. Piovano Arlotto,
Luglio, 1859), par Vott, Àlessandro Foresi di Firenze, Cette lettre
traite de la soi-disant porcelaine des Médicis de Florence.
144. L'Art de la peinture sur verre et de la vitrerie, par Pierre
Le 7fei7. Paris, 17681.
1 . La seconde partie de l'œuvre de Le Vieil est presque entièrement tirée du
manuscrit que le peintre-vitrier flamand Anthonie Goblet, qui était entré dans
l'ordre des RécoUets de Verdun, avait laissé.
EN GÉNÉRAL. I3
145. The handmaid to the arU. London, 1 758.
1 46. L'Art de terre chez les Poitevins, etc., par Benjamin Fillon,
Niort, chez Glauzat; Paris, chez Âubry, 1864.
147. Antiquités étrusques, gravées par F.-i. David^ expliquées
par d'Hancarvi7/e. Paris, 1785.
148. Études céramiques, recherches sur le beau dans Tarchitec-
tare, etc., par L. Ziegler, Paris, 1850, avec atlas.
149. Gerchichte der Kôuiglichen porcellan manufactur zu Ber-
lin, etc. G. Kolbe. Berlin, 1863. .
150. Recherches historiques sur les faïences de Sinceny , par
M. A. Warmont, Cliauny, 1864.
151. Nordiske Oldsager i det Kongelige Muséum i KjObenhavn
1859, chez Kittendorff et Aogaards^ à Copenhague.
152. Études sur les carrelages hi^^toriés du douzième au dix-sep-
tième siècle, par M. Alfred Ramé»
153. Carrelages émaillés du moyen âge et de la renaissance, par
M. Emile Amé, Paris, 1859.
154. lutorno alla majolica Sayonese, chapitre du : Scritti Lette-
rari di Tommaso Torteroli, Sac. Sav. Savona, 1860.
' 155. Essai sur Tart de restaurer les faïences, porcelaines, terres
cuites, biscuits, grès, verreries, émaux, laques, marbres, al-
bâtres, plâtres, etc., par M. P. Thiaucourt, Paris, chez Aubry,
1865.
156. Traité des couleurs pour les peintres en émail et sur la por-
celaine, etc., par d*Arclaisdc Montamy, Paris, 1765, in-12.
157. Histoire de la peinture sur verre, d'après ses monuments en
France, etc., par Ferdinand de Lasteyrie, Paris, 1857.
158. Storia e Guida del Sacromonte di Varallo di G, Bordiga,
Varallo, 1857.
159. L'Archéologie céramique et sépulcrale, par l'abbé Cochet,
160. Études sur le pavage émaillé dans le départements de TAiiie,
par Ed. Fleury, in-4. Paris, 1855,
161. Auserlesene griechische Vasenbilder, etc., yon Eduard Ge-^
rhard. Berlin, 1840, 4 vol. in-4.
162. Vases et coupes ^du musée royal de Berlin, par Edouard
Gerhard. Berlin, 1848, in-folio.
163. L'Art du feu ou de peindre en émail, etc., par Jacques-Phi-
lippe Ftrrand, peintre du roi. Paris, J731, in-l8.
164. Preuves authentiques de l'existence de la fabrique de porce-
laine établie au château de Tervueren, par A. Pinchart, Notice de
8 pages in-18. Bruxelles, 1864.
165. Geschichte der Glasmalerei in Deutschiand und den Nieder-
2
14 DE l'art Céramique
landen, Frankreicli; England, der Schweiz, Italieu und Spanien, von
M. A. Gtssert, Stuttgart et Zubingen, 1839, iD-8.
16C. An Inquiry iuto the différence of style, observable w Ançi^nt
Glafs Paintings, especially in England, etc., by an amateur (M. Charles
Winston), Oxford, 1847, 2 vol. in-8.
167. Glauberi, Furnus philosophicus. Amstel,, 1651.
168. Kunckel, Ârs vitraria experimentalis. 1689.
169. Lejeal {Alfred). Note sur une marque de faïence. Valen-
ciennes, 1865.
170. Lambert {Guillaume). Traité pratique de la fabrication de la
faïence Une. Paris, 1865.
171. Rosa {Dr, Concezio). Notizie storiche dclle Maioliche di Cas-
telli e dei Plttori, che le ilustrano. Napoli, 1857.
172. La Décoration de la porcelaine, par M. OsCar Honoré. Ar-
ticle publié dans la Revue Contemporaine, le 15 janvier 1865,
17 3. Les anciennes faïences, par M. Oscar Honoré. Article publié
dans la Revue Contemporaine, le 30 avril 1865.
174. Observations sur les objets d'art céramique du musée Gam-
pana, etc. Article publié dans le Bulletin de la Société du progrès de
l'art industriel, le 7 août 1862, par M. J. Devers.
175. Histoire des poteries, faïences et porcelaines, par M. J.
Marryat, traduit de l'anglais sur la deuxième édition, par M. le
comte ù'Armaille et Salveiat. Paris, 1866.
176. L'Art de la verrerie, où l'on apprend à faire le verre, etc., et
la manière de peindre sur verre et sur émail, par Haudicquer de
Blancourt. Paris, 1718, 2 vol. in-12.
17 7. Documents sur les fabriques de faïence de Rouen recueillis
par Haillet de Couronne, et publiés par Lèopold Delisle, Paris, 1865.
178. Mittbeilungen der Antiquarischen Gesellschaft in Zurich
XXIX, 1865, Ueber alte Oefen in der Schweiz. W, Lûbke,
17 9. Passera. Picturse Ëtruscorum in vasculis. Romœ, 1765,
3 vol., 300 planches.
A celte longue liste on pourrait bientôt ajouter l'ouvrage en
préparation de MM. deLange : Faïences italiennes dites majoîiques.
Avant la publication de la première édition de ce Guide,
l'histoire de la faïence allemande et de toute la poterie hollan-
daise* n'existait pas, car Delft même, avec son énorme pro-
1. 1* Tel/ h'ngren et autres lieux, gi-cs, 1414
V Delft, faïence à émail stamiifère, 1450
EN GÉNÉRAL. i«(
duction durant le dix-septième siècle, était resté inconnu aux
amateurs, et l'histoire des farences françaises encore à faire;
les manufactures du Midi, comme celles deSfoustiers * et de Mar-
seille, par exemple, étaient soupçonnées seulement, à tel point
que le moustier passait encore pour du saint-cloud.
Le résultat d'un dernier voyage en Hollande, c'est la décou-
verte de trois nouveaux centres de fabrication : ceux de Haar"
lemy de Boom et d'UtrechL
Depuis, des recherches spéciales et persévérantes ont été
entreprises partout en province, où elles ont malheureusement
fini par dépasser les bornes. Après avoir fouillé les archives
pour découvrir jusqu'aux noms et prénoms de tous les manœu-
vres * qui gâchaient de leurs pieds nus la terre des poteries de
cuisine, on s'est mis à collectionner même les faïences les plus
communes, et à se faire une gloire nationale d'avoir possédé dans
sa localité quelques fabriques de vaisselle de la plus grossière
espèce*. C'est cependant pour satisfaire même jusqu'à ces goûts
3* Baarîem^ faïence à émail stannifère, 1450
4** La Haye y porcelaine à pâte tendre, i€12
5** Hoom^ faïence à émail stannifère, 1691
6« Beiîen, id., 1717
T* Overtoom, id., 1764
8*> Utrecht, id., 1760
90 H^ee^p, véritable porcelaine dure, 1764
tO» Loosdrecht, id., 1772
il«» Vieil Amsterdam, id., 1782
12» Nouvel Amsterdam j id., 1808
13« La Haye, id., 1775
i4'* Arnheim, id., 1775
15" Amsterdam, faïence à émail stannifère, 1780
i. Chose d'autant plus surprenante que l'abbé de la Porte (Pigauiol de la
Force), le médecin Dariue, l'avocat Gournay et quelques autres avaient déjà
mentionné les fabriques de Moustiers au dix-huitième siècle.
2. Voir p. 6, l'ouvrage de M. Dubroc sur les Faïenciers nivemais.
3. Xe dirait-on pas que la vaisselle rustique ait exercé une influence vraiment
morbide sur beaucoup d'esprits , à qui elle paraît avoir enlevé le sentiment du
beau et du laid, et même jusqu'aux plus lointaines lueurs de l'entendement artis-
tique. Tel amateur, à Beauvais, fait reproduire par la chromo-lithographie des
centaines de grossières horreurs d'as&iettes de paysans ; c'est un volume qui lui
revient peut-être à plus de quinze cents francs ; tel autre entasse sans distinction
dans sa maison toute la vaisselle qu'il peut accaparer dans la ville et dans les vil-
lages (il est chanoine) ; les caves de sa maison en sont pleines, les greniers en
regorgent, les murs en sont couverts, les portes des armoires ne se ferment plus,
16 DE L*ART CÉRAMIQUE
que j'ai dû accorder une place dans ce livre à totUes les fabri-
ques, y compris celles où Tart était totalement inconnu.
Un véritable Guide doit contenir tout ce qui touche à la ma-
tière traitée, et l'auteur est obligé de subir les exigences de
son sujet, qu'il ne peut se dispenser de compléter par des inves-
tigations ininterrompues, malgré le dérangement que chaque
nouvelle découverte peut occasionner aux gens qui tiennent à
rester daiis les routes battues.
La routine est comme une chaise-longue dans laquelle la pa-
resse de certains écrivains aime à bâiller et à faire bâiller les
lecteurs ; dès qu'un chercheur veut se permettre de renverser de
vieilles erreurs, il est sûr aussitôt d'avoir contre lui toutes ces
médiocrités , qui vivent de plagiats et de compilations.
Brongniart, qui était savant en chimie, mais moins versé en
archéologie, doit être regardé comme une des causes des nom-
breuses erreurs chronologiques et d'attributions répandues en
France au sujet de la céramique. La foule moutonnière des
compilateurs les a répétées avec humilité et satisfaction, au
point de les faire ériger en évangiles. Un article est si vite fait
avec des phrases et des idées stéréotypées!
Selon Brongniart, le vernis minéral imperméable ne date que
du treizième siècle, tandis que j'ai démontré que les Égyptiens
et les Grecs le connaissaient parfaitement. L'invention de
rémail stannifère, Brongniart Ta attribuée à Luca délia Robbia,
et* cela uniquement sur la foi de quelques auteurs italiens.
Une seule visite au Louvre lui aurait cependant suffi pour trouver
des verreries égyptiennes et grecques où l'émail stannifère est
manifeste^ et des poteries arabes et allemandes où cette glaçure
a été déjà utilisée bien avant les délia Robbia, sans parler de
les escaliers, le Testibule, la cour même, tout en est encombré I N'importe, ce
cérttmomane amasse et empile toujours !
M. Champfleury n'appelle -t-il pas le barbouillage des grossières assiettes niver-
naises, fabriquées sous la République, VArt de rénovation^ qui doit occuper le
premier rang dans l'histoire artistique? (Voir Faîemcbs patriotiques, Revue de
Province).
Est-ce une gageure, ou doit-on encore attribuer cela à l'épidémie régnante? Si
M. Champfleury entend vraiment l'art ainsi, on devrait lui conseiller d'acheter
toute la série des images coloriées d'Épinal pour s'en faire une galerie.
EN GÉNÉRAL. 17
tous les émaux cloisonnés, où le blanc peut aussi bien contenir
de rélain que du sulfate de chaux.
Si je mentionne ceci, c'est pour expliquer les attaques furi-
bondes dont mon livre a été assailli par une petite coterie, en
môme temps que les critiques sérieux des grands journaux lui
rendaient justice.
À quoi a servi tout ce tapage envieux? Ni de grossières atta-
ques, ni de lâches démentis abrités prudemment sous des pré-
cautions littéraires ne peuvent supprimer des faits.
Que l'on compare tout ce qui a été écrit auparavant sur la
matière, et l'on verra combien la céramographie était encore à
son enfance I
Je puis avancer, sans pouvoir être contredit, que ce n'est
que depuis la première édition de ce Guide que les produc-
tions des anciens céramistes allemands et néerlandais ont com-
mencé à être connues en France; beaucoup d'amateurs les
ignoraient complètement, d'autres ne les appréciaient pas selon
leur importance. On ne connaissait pas même de nom les Hir-
schvogel, les Schaaper, etc., et on ne se doutait pas que des
artistes comme van de Velde, van der Meer, van Yinkenboons,
Jan Steen, etc., avaient peint sur faïence. Tout ce grand art
céramique, les amateurs le cherchaient uniquement dans les
majoliques^ italiennes.
Le peu de connaissance que l'on avait des faïences allemandes'
gothiques et des faïences hollandaises du seizième et du dix-
septième siècle a contribué pour beaucoup à l'élévation des
prix de vente des faïences italiennes, même de celles de la
décadence. Les prix si élevés payés jusque-là pour tout ce qui
était italien provenaient de l'absence d'une histoire chronologi-
que de la poterie ; car l'œuvre de M. Marryat, où manquent d'ail-
leurs méthode et précision, n'est qu'une sorte de catalogue rai-
sonné et illustré, où beaucoup se trouve noyé dans des digressions
et où Tart céramique, en dehors deja Chine et de V Italie, manque
t. MajoUca, ou terra invelriataj nom dérivé des îles Hayorques, et qai
signiGe en italien faïence.
i8 DE l'art Céramique
presque. On pouvait donc faire passer cette faïence italienne
pour la plus ancienne. Beaucoup d'amateurs avaient fini par
croire que toutes les majoliques qui figurent journellement dans
les ventes publiques devaient remonter au moins au delà du
seizième siècle; ils ignoraient qu'un grand nombre de fabriques
italiennes avaient continué à manipuler leur terre décorative,
si facile à pasticher, jusqu'à la fin du dix-huitième siècle, et
qu'il existait des faïences allemandes fort artistiques, fabriquées
au douzième siècle, au treizième et.au quatorzième.
Le mérite de l'Italie est certes d'avoir vulgarisé dans l'Eu-
rope méridionale le goût de la poterie émaillée, dont le nom
français même vient de Faenza^, la ville où les plus belles et les
plus nombreuses majoliques se fabriquaient, quoique la faïence
européenne à émail stannifère *, la première en Europe, ait été
'gtnhdblement fabriquée en Allemagne, puisque c'est le seul pays
où Ton puisse en faire remonter au douzième siècle. On a d'a-
bord contesté ce fait; on ne voulait pas admettre que ce fut là
une poterie à émail stannifère; on y voulait voir seulement
de la terre cuite vernissée ou à couverte plombifère. Mes der-
nières recherches ont cependant prouvé, par des faits incon-
testables, que des faïences et des terres cuites à émail stan-
nifère et non pas plombifère, ont été fabriquées dans plusieurs
localités de l'Allemagne déjà à cette époque.
Il a donc fallu restituer à César ce qui appartenait à César. Il
m'a été impossible d'admettre l'opinion accréditée, que les Ita-
liens, et particulièrement les Délia Robbia, fussent les inventeurs
des faïences européennes à émail stannifère, appelées en Italie
1 . Quelques personnes croient que le nom de faïence proTient non pas de
Faenza, en Italie, mais d'un bourg, Faïence, près Frôjus, Provence (Var), où
plusieurs fabriques fonctionnaient déjà en 1592, selon Mézeray. Personne ne
connaît aujourd'hui un seul type de ces faïences, et le monopole accordé par
Henri 11 ou par Catherine de Médicis, en 1555, à deux potiers de Faenza d'éta-
blir une fabrique à Lyon, où Julien Gambyn et Domenge Tardessir sont déaignés
tous les deux comme natifs dé Fayence en Italie j prouve que Faenza s'appelait
en France, à cette époque, Fayence\
2. Stannifère veut dire composé d'oxyde de plomb et d'élain,et qui forme
l'émail opaque; plombifère signifie composé d'oxyde de plomb, et forme le
vernis ou la couverte translucide. — Voir la définition plus détaillée de ces com-
positions de vitrifications, à la page 21. On attribuait Torigine et l'invention
EN GÉNÉRAL. i9
fnajoh'ca. Augsburg, Regensburg (Ratisbonne), Leipzig, Baireutb,
Schelestadt, Breslau, Niirnberg, etc., c'est-à-dire les centres
des quatre grandes écoles céramiques allemandes : Yéeole
scLxonne ou du Nord, la plus ancienne, Técole franconienne^
l'école souabe et l'école rhénane, ont dû suivre et même pré-
céder, dans l'ordre chronologique, la poterie musulmane des
lies Baléares, de l'Espagne et de ia Sicile. On a fabriqué à Baby-
lone des briques vernissées et peut-être môme des terres cuites
émaillées^ deux mille cinq cents ans avant Jésus-Christ ; l'Egypte
et la Grèce ont également laissé des vestiges de poteries imper-
méables (quelques verroteries de ce dernier pays montrent des
émaux stanniques), et^ outre les Chinois, les émailleurs euro-
péens des émaux cloisonnés et à champ levé (émailleurs byzan-
tins, allemands et français) ont laissé de nombreux émaux où
V émail blanc opaque peut bien être le résultat d'une addition
stannique^ aussi bien que celui qui donne le phosphate de chaux.
Du reste, même au cœur de l'Italie et bien avant Luca Délia
Robbia, l'émail stannifère était déjà connu, puisqu'on lit dans la
Margarita preciosa, traité écrit par Pierre le Bon en 1330 :
a Yidemus» cum plumbum et stannum fuerunt calcinata et
a combusta , quod posthac congruum convertuntur in vitrum ,
a sicut faciunt qui vitrificant vasa figuli. j>
Cette recette n'est pas donnée par l'auteur comme un secret,
mais comme un procédé connu de tous les potiers de son temps.
Plusieurs auteurs qui ont traité des émaux ont répandu une
erreur qui entraîne tous les jours les amateurs dans des mé-
prises. Le système établi que le vernis plorabifère est toujours
de la faïence à émail stannifère, au quatorzième ou quinzième siècle, à l'Italie ;
c'était là une croyance unlyerseiiement adoptée, aussi bien par les hommes
spéciaux que par les amateurs; elle se trouve même répandue dans tous les
ouvrages, et ce n'est qu'après la publication des Recherches sur la priorité de
la Renaissance de l'art allemand , que l'on a dû se rendre à l'évidence des
preuves matérielles et historiquement établies. Aux monuments de Breslau de la
fin du douzième siècle, j'ai pu joindre encore les sculptures à émail stannifère
du couvent de Saint-Paul de Leipzig , du commencement du treizième siècle
(1207), sculptures dont le style et le caractère se ressentent encore grandement
des époques byzantine et romane; les Grecs et les Romains ont utilisé l'étain dans
la fabrication de leur verre , et il sera démontré (U^is ce traité que les anciens
connaissaient l'emploi de l'étain. f'"
20 DE l'art céramique
transparent, et rëmail stannifère seul opaque, est mal défini.
M. De Laborde dit, dans sa notice des Émaux du Louvre : «Le
blanc seul, étant obtenu par un oxyde d'étain, ôte au fondant sa
transparence, et ce même oxyde entre dans tous les émaux, qui
doivent être opaques. » Ceci n'est vrai qu'en partie , puisque,
sans parler de certains vernis, V arsenic^ V antimoine et l'osjpuZ-
vérisé (phosphate de chaux] rendent également opaque.
Le vernis ou la couverte peut s'obtenir sans alcali *, par un
simple mélange de sable et d'oxyde de plomb', et la différence
qu'il présente avec l'émail ne consiste pas seulement dans la
translucidité. En mettant V oxyde de plomb sans addition de co-
lorant sur la terre, celle-ci transperce et forme la couleur
jaune; le cuivre mélangé à ce vernis donne du vert, et le man-
ganèse et le fer du noir et du brun.
Le blanc crémeux qui forme corps est cependant toujours opa-
que et n'existe pas comme vernis, puisqu'il ne peut s'obtenir que
par Vétain. L'amateur sera sûr de reconnaître V émail stannifère
dès qu'il verra du blanc opaque plein de corps, espèce d'opale et
qui a tous les caractères du gras, sur une terre brune. La terre
de pipe, blanche de sa nature, aussi bien que Vengobe ' com-
posé de terres blanches, peuvent être couverts en guise d'émail
1 . Alcali j de l'arabe al-kali, la soude, est une matière qui se combine éner-
giquement avec l'acide ] ce sont : la potasse (alcali minéral), la souuie (alcali
végétal), et l'ammoniaque (alcali Tolatil). Les alcalis solubles ramènent au bleu
le tournesol rougi par l'acide. Les alcalis végétaux ont été découverts seulement
en 1817 par l'Allemand Sertuerner, de Hanovre.
2. V oxyde est une combinaison de l'oxygène avec une substance métallique ;
l'oxyde ramène la teinture du tournesol rougi par un acide au bleu. L'oxyde
d'étain (S. 0.) oustannique, qui nous intéresse particulièrement ici, se concentre
dans la nature ou s'obtient artificiellement en chauffant de l'étain avec de l'a-
cide nitrique. Cette poudre blanche insoluble qu'on emploie dans la fabrica-
tion de la poterie à glaçure opaque peut aussi être obtenue quand on maintient
l'étain en fusion au contact de l'air.
Acide j en latin acidus, du grec aciSy piquant, est un corps qui se combine
avec une base solifîable pour former un sel. Les acides solubles rougissent le
tournesol bleu et décomposent la craie et le marbre.
3. Vengobe est formé d'une substance terreuse, blanche, noire, brune, rouge,
jaune ou verdâtre, délayée dans de l'eau. La poterie crue, dite verte, c'est-à-dire
avant la cuisson^ et quand elle est seulement à demi séchée à l'air, et qu'elle a
encore une nuance verdâtre, est trempée dans le liquide. Mise au four, le peintre
la décore après la cuisson jur le biscuit, et recouvre sa peinture d'un vernis de
EN GÉNÉRAL. 21
de ce vernis incolore dont je viens de parler, comme les terres
de pipe anglaises le démontrent, et comme on le rencontre sur
les poteries dites persanes et de Palissy et sur les terres de pipe
connues sous le nom de Henri II ; mais ce vernis-là se reconnaît
toujours à son manque de corps, et il est bien plus tendre que
rémail. Quelquefois cependant on obtient un blanc plus pro-
noncé que celui que la terre de pipe et l'engobe blanc recouvert
du vernis de plomb incolore peuvent donner; c'est par le phos-
phate de chaux (os pulvérisés).
L'émail stannifère, en général, se compose de sable siliceux,
d'oxyde de plomb mêlé de vingt parties d'étaîn et d'alcali de
soude (alcali végétal] ou de potasse (alcali minéral) ; il est à peu
près le même pour toutes les poteries et faïences.
L'émail plombifère pour la poterie est ordinairement com-
posé de sable siliceux, d'oxyde de plomb ou de minium S d'al-
cali de soude ou de potasse, ou d'alcali de soude et de potasse.
L'émail pour les métaux est composé de sable, de minium,
de borax et de soude ; comme il est cuit.au faible feu d'un four
ouvert, il faut qu'il soit tendre, c'est-à-dire qu'il contienne beau-
coup de fondants qui le rendent fusible à une basse température.
Les couleurs des vitraux, que l'on appelle à tort de l'émail,
contiennent à peu près les mômes fondants, puisque le verre,
plomb. Remise aa four, elle doit endurer une seconde mais bien plus faible
caisson. Vengobage ne s'opère donc pas uniquement avec de la terre blanche
(terre de pipe, kaolin, etc.), mais arec toutes sortes de nuances de terres, suirant
la couleur que l'on yeut obtenir, et l'engobe peut être appliqué par endroits avec
le pinceau, comme certaines pièces dites terres de Palissy le démontrent. Cescou-
levrs d'engobe, c'est-à-dire ces terres non vitrifiables, sont : l'ocre, la terre
d'Hombre, la Sienna et toutes les autres terres coloriées. Quelques-unes ont
besoin de fondants (voir ce mot), d'autres n'en ont pas besoin. Ces dernières
contiennent beaucoup de fer qui remplace le fondant. Vengobe rouge est le pro-
duit de l'ocre rouge. L'engobe violet s'obtient par une partie de sable, deux de
potasse et on seizième de manganèse. L'engobe jaune est composé d'une partie
de sable, deux de potasse et une de jaune de Naples. L'engobe bleue par six
parties d'azur à quatre feux, une demie de Tnininm et douze de terre blanche.
L'engfobe oer<, par des frites bleues et jaunes et de la terre blanche. Et Vengobe
noir par cinq parties de manganèse calciné et bronzé, et une Tinglième partie de
terre blanche.
I . Le minium est un deutoxide de plomb que l'on obtient en chauffant le
moêsicot (oxyde de plomb) dans des caisses de tôle. L'oxyde de plomb est jau-
nâtre, tandis que le minium est rouge.
22 DE L*ART CÉRAMIQUE
sorte d'émaii plombifère, est également fusible à la basse tem^
përattire d'un petit feu.
Puisque les localités allemandes, déjà mentionnées, ont
devancé les Italiens de plus do deux siècles dans remploi de
rémail stannifère, tout porte à croire que la faïence européenne
est une réinvention allemande. C'est le seul pays, il faut le
répéter, où se trouvent des ouvrages de style gothique et de
grandes sculptures en terre cuite émaillée du douzième siècle
et du treizième, sans parler des bijoux en terre cuite coloriés,
vernis ou émaillés du cinquième, trouvés dans les tombeaux des
Gerïûains, dont Torigine est douteuse. C'est aussi le seul pays
où des faïences d'art de toutes sortes, modelées à la mairij ont
été exécutées aux mêmes époques.
Le grès s'est également fabriqué en Allemagne déjà au hui-
tième siècle, et l'ancienne Germanie a eu sa poterie commune
et imperméable, comme la Gaule a eu la sienne dès le commen-
cement de l'ère chrétienne.
Les peuples nombreux qui forment les branches de l'arbre
teutonique ont eu leur Renaissance, ou plutôt leur création
d'art à eux, art original et chrétien, qui ne ressemble en rien
à l'art païen et italien. Les merveilleux monuments, les pro-
ductions de toute espèce nous démontrent à quel point cette
création nouvelle s'est élevée.
La renaissance de l'art allemand, ou pour mieux dire sa pre-
mière grande manifestation, pouvait éclore ou se produire sous
des auspices favorables. Les villes libres et indépendantes, où
un grand nombre d'opulentes familles patriciennes rivalisaient
entre elles pour posséder tout ce qui était vraiment artis-
tique, permettaient aux artistes de vivre honorés et indépen-
dants. La richesse de la Hanse répandait le luxe sans assujettis-
sement. L'artiste, moins nomade, plus libre, plus indépendant
et plus moral, y était honoré comme en Italie. Il se respectait
davantage et flattait moins. Cet art du Nord n'est pas toujours
compris ; c'est un art tout différent de l'art latin. Ses créations
peuvent avoir quelquefois, pour le méridional, de la roideur
et du froid , puisque l'idéal veut être compris par l'esprit en
EN GÉNÉHAL. 23
même temps que par les yeux ; mais on ne peut lui reprocàer
un goût vulgaire, uniforme et bourgeois. C'est là que nous de-
vons chercher l'origine du gra»d art chrétien. Les Cornélius »,
les Kaulbach , les Rethel *, les Overbek et tant d'autres,
portent encore aujourd'hui bien haut le drapeau de cet art I
L'ancienne école allemande était coloriste par excellence,
personne ne le nie ; mais on reproche à l'école actuelleson mépris
ou son impuissance pour la couleur. C'est à tort. — Il ne faut
pas juger seulement ces athlètes d'après leurs cartons, quoique
l'art grandiose de leurs dessins et de leurs conceptions suffirait
déjà pour assurer un avenir. Tout connaisseur qui a pu ad-
mirer les fresques intérieures du musée de Berlin, qui sont
pourtant exécutées en grande partie par des élèves sous la di>
rection du maître, et les tableaux à l'huile aux dernières exposi-
tions en Allemagne, aura pu juger combien le reproche est mal
fondé. Il est vrai que ces artistes n'ont pas l'exécution pati^te
de certains i^mires hollandais qui passèrent leur vie à repro-
duire toujours la môme vache , le même vaisseau ou le même
homme tourné du côté du mur, qui repeiguaient sans cesse le
même sujet, et dont le temps était exclusivement eniployé à
finir la peinture que les amateurs payaient en raison du plus ou
moins de patience, et qu'ils jugeaient à la loupe. La composi-
tion historique et la création de grandes conceptions l&u^
étaient incoimues. Rembrandt et Yan-Dyk forment, avec Ru^
bens, une exception; mais les deux derniers étaient de l'é-
cole flamande, — et Rubens avait conservé assez de sa nais-
sance et de son éducation allemandes pour pencher du côté
des graiides ccmposilions. Quant à Rembrandt, ce nec plus
tdtra de la peinture, il représente les talents de toutes les épo-
1. M. Cornélius peint peu en couleur; c'est le géant du dessin et de la compo-
sition. Le graud peintre coloriste anticonvenlionnel de rAliemagne moderne est
le regrettable Hasenklever. Sa Weinprobe (dégustation du vin), qui fut eipofiée
à Amsterdam dans le temps, peut être placée à côté des meilleures toiles de van
der Helst. HasenklcTcr, aussi vrai dans l'expression des têtes que van der Helst,
lui est même supéiieur en style, en chaleur de palette et en transparence de
teintes, qui ont quelque chose de « Rembrannesque. »
2. Rethel, mort fou par excès de travail, est le peintre des admirables fresques
è rh6tel de ville d'Aachen (Aix-la-ChapeUe).
24 DE l'art Céramique
ques et de tous les pays. — Sa manière n'était pas hollandaise.
Tout cela ne veut cependant pas dire que la peinture hollan-
daise ne soit pas une des meilleures, — bien au contraire; —
elle sera toujours supérieure aux empâtements monstrueux de
certains peintres modernes, dont on pourrait dire que chez eux
la truelle a remplacé le pinceau, et qui, en voulant imiter Rem-
brandt, n'imitent que maladroitement la manière toute indivi-
duelle de ce grand peintre, et qui devient un défaut chez les
imitateurs.
Rien sur la terre n*est parfait, et la vie est trop courte pour
arriver à la perfection; mais si l'on devait opter entre une
peinture d'un dessin parfait, hardi et d'une conception pro-
fonde, quoique un peu négligée dans la couleur, et une peinture
léchée, triviale et sans poésie , sans création ni conception,
quoique belle de couleur, — ne devrait-on pas préférer celle où
le ffénie de l'homme est de moitié, et où l'imitation servile est rem-
placée par l'idéal? L'artiste qui n'est pas pénétré de la nécessité
de marier ces deux bases fondamentales de la peinture et de la
sculpture ne peut jamais s'élever au-dessus des arts mécaniques*
— Il n'atteindra jamais les hauteurs où domine l'esthétique.
Depuis l'époque de la Renaissance on n'a plus créé de style
véritablement artistique. Les mélanges du dix-huitième siècle,
compilés sous l'influence des maîtresses et des petits abbés
musqués, représentent bien le goût efféminé de cette époque
dépravée. Appelés saa?e, rococo, rocaille, Pompadour ou Louis XV j
ils forment quelquefois des compositions agréables dans les
petits arts, comme la bijouterie, la faïence, l'horlogerie et l'or-
nementation des salons; mais ce genre est toujours mesquin et
détestable dans la grande architecture. — L'impulsion donnée
au mouvement artistique du dix-huitième siècle était du reste
sortie d'une branche du petit art. C'est Meissen, en Saxe, qui a
incontestablement créé le genre rocaille. Bottger avait inventé
sa porcelaine dure en 1707, — et dès 1713 cette manufacture
était en pleine exploitation et imposait le goût efféminé de sa
rocaille à tous les boudoirs de l'Europe. Ce qu'on appelle ordi-
nairement le style Louis XIV est encore bien plus détestable :
EN GéNÉRAL. 25
tout ce qui a ëtë crée soas le règne de cette personaalitë or-
gueilleuse est ou ridicule, ou lourd et sans harmonie. N'est-ce
pas son architecte de prédilection qui a collé les pâtés en style
grec et romain aux belles églises gothiques et de la Renais-
sance? Ce roi, qui, dépourvu de tout sens artistique, malgré ses
prétentions officielles, a entassé à tort et à travers des cons-
tructions dans le genre ennuyeux et absurde de Versailles, a
porté le coup de grâce à Fart en France. C'est lui qui donna
l'impulsion au jardinage décrépit et monstrueux dont Lenôtre,
ce jardinier-coiffeur, est le créateur. Louis XIY n'a-t-il pas poussé
le ridicule dans l'art Jusqu'à la dernière limite? Ne se faisait-il
pas reproduire en statues et en bas-reliefs, ici en costume romain,
là en Hercule, toujours coiffé de la perruque à rallonge?
Il eut conscience pourtant de l'infériorité de ces créations, et,
aiguillonné par la jalousie, il promena le canon destructeur dans
. le Palatinat, d'un château de plaisance à un autre. C'est ainsi
que tomba le chef-d'œuvre d'architecture de Heidelberg, ville
ravagée déjà une première fois par Tilly dans la guerre de
.Trente ans. Le passage des Huns n'avait laissé aucune trace dans
ce beau pays ; il était réservé aux deux champions de l'intolé-
rance religieuse de dépasser la barbarie ancienne, et à Louis XIY
de déshonorer la France par des actes qui ne peuvent même
pas trouver d'excuse dans la nécessité militaire. Les profana-
tions commises avant la destruction du dôme de Speier (Speir)
parVexécuteur des hautes œuvres de ce roi, l'exécrable Mont-
clar, dépassent celles qui eurent lieu à Saint-Denis lors de la
révolution. Les premières sont même bien plus odieuses, parce
qu'elles ont été exécutées froidement, sur le commandement du
chef nommé par un roi se disant chrétien et légitime, tandis que
les horreurs de Saint-Denis n'étaient que l'explosion de la co-
lère d'une populace brutale et ignorante, dont l'ignorance môme
provenait de l'incurie des règnes précédents. Montclar avait
donné d'abord la promesse aux malheureux habitants de Speier
de faire épargner tout ce qu'ils auraient transporté de leurs
plus précieux effets dans la cathédrale ; mais, après avoir brûlé
la ville, il ût ouvrir les tombes séculaires des empereurs, en
3
26 DE l'art céramique
jela les ossements au vent et brûla le dôme, — (^ imiiHimefit
remarquable du onzième siècle, — avec tout cce que «a sol-
éatesque n'avait pu emporter. Il est vrai que Louis XIV s'ef-
força de faire retomber l'odieux de ces actes sur son digne
ministre Louvois; mais l'histoire n'a pas été sa dupe^ «t
elle a stigmatisé aussi bien le front de ce moderne Attila
que celui de ses créatures. Après le sac de Heidelberg, le
roi-soleil fit chanter un Te Deum * auquel il assista personneHe-
ment ; et, non content de ces actions de grâces pour un tel fait
d'armes, il distribua le même jour plusieurs prébendes à des
abibës, ainsi que d'autres dons et récompenses pécuniaires et
honorifiques à ses courtisans, pour exprimer sa joie. Le règae
de ce roi, qu'illustrent la création des emprunts d'État, le rapt
(en Hdlaude et ailleurs), les assassinats en masse des protes^
tants, la destruction de plus de cent cités et villages français
par le feu et la hache, enfin toutes les infamies réunies, a pour-,
tant trouvé des historiens assez dépourvus de sens moral pour
le glorifier 1 Aussi longtemps que la raison d'État et la doctrine
jésuitique du succès influencecont le jugement, nous n'aurons
pasde ce règne, comme de bien d'autres, une histoire impartiale.
La sève de la nation française avait dû fuir le sol inhospitalier
de ses ancêtres, — les dragonnades avaient jeté l'industrie et
l'art français à l'étranger, •— la révocation de l'édit de Nantes,
forçant les protestants à l'émigration, avait répandu les secrets
de la fabrication française dans toute l'Europe. L'art alors ne
pouvait être, sous Louis XIV, que le produit d'une commande
faite par la vanité la plus colossale à la souplesse la plus humble.
Chaque classe avait à son tour son Louis XIV en miniature :
petits talents et petits tyrans, se vengeant sur leurs subordonnés
de ce qu'ils devaient accepter en haut lieu. Tel était Lebrun e<;
bien d'autres. Siècle, règne, littérature, arts, tout sent la cob-
trainte, la roideur, la commande, l'ennui et la servitude. Ce roi,
qui unissait l'immoralité la plus affichée au cagotisme le plus
burlesque, a fait éprouver son influence funeste au siècle entier.
1 . Des Te Deum furent aussi chantés en honneur des dragonnades par Bossuet I
IN GÉNÉRAL. 27
Il ft ralardë le développem^t de îart en renchainant et en
aiviiissant les caractères, comme Louis XV l'a efféminé. L'art
n*ff pornifaii de progrèe depuis la Renaissance, au contraire!
6gt41 donc étoQlçint que Tétude de l'archéologie ait pris de
nos }Wâ» une si grande extension? Le présent décourage et
«rttfiste, le passé seul peut encore procurer des jouissances es-
thétiques sans lesquelles la vie est peu de chose.
En dehors de ces considérations, qui ne s'adressent qu'aux
amateurs d'élite et aux hommes de cœur et de conviction, il faut
aussi mentionner le côté utile du goût de la collection pour la
société en général.
Y a-t-il rien de plus triste et de plus malheureux que Tenaul
i&fiurable de la plupart des rentiers désœuvrés ? Arrivés sou-
vent à la fortune après une vie d'activité, ils sMmagineat qu'ils
pourront jouir en>repos du fruit de leurs longs et pénibles tra^
vaux. Erreur! L'homme que son travail dans l'exercice d'une
pf%>^BSsion industrielle a fait riche ne saurait plus passer ses
longues journées à rien faire ou à courir les plaisirs.
Ici la villégiature, la pêche, la chasse et le jardinage ne suf-
fisent à^k que difficilement pendant l'été au père de famille ;
le célibai^èûre désœuvré sera toujours Tétre le plus malheureux,
s'il ne sait pas se créer une marotte qui puisse lui fournir une
occupation sérieuse et suivie y dans laquelle son esprit trouvera
un but à poursuivre et un peu de vanité à satisfaire. Ne ren-
coàtre-t-on pas journellement, encore plus à Paris qu'en pro-
vince, de ces hommes d'un certain âge et d'un extérieur déno-
tant l'aisance, dont le visage porte les empreintes du plus
profond découragement et du plus mortel ennui?
Ne leur en demandez pas la cause, c'est presque toujours la
mÀme histoire. Désœuvrement, ennui perpétuel, là où depuis
vingt ans ils avaient rêvé le bonheur!
Rien de tout cela chez le collectionneur : même l'ancien homme
d'État', l'avocat, le négociant ou l'industriel, retrouvent dans
cette chasse à la curiosité les sensations et les émotions du jeune
1. M. Thitrs dit que l'histoire apprend tout, et que les arts consolent de tomt.
28 DE L*ART CÉRAMIQUE
temps et de la carrière abandonnée. Si Tamateur est diplomate,
il peut utiliser ses talents dans les échanges avantageux vis-à-
vis d'autres amateurs : cela lui rappellera les traités de récipro-
cité de commerce; si c*est un ancien avocat, l'artifice de la
parole lui viendra en aide pour acquérir un objet précieux que
le propriétaire ne se soucie pas de vendre. Le négociant et le
marchand retirés se retremperont journellement en débattant des
prix ou en combinant des achats en partie, dont ils ne devront
garder que quelques pièces. Le manufacturier, Tindustriel, le
fabricant, découvriroat les objets précieux dont une restaura-
tion habile peut doubler le charme et la valeur. Ils peuvent s'y
refaire cette main qui jadis leur avait donné la fortune; leurs
recherches mêmes mettront de nouveau ces hommes en contact
avec des industries qu'ils connaissaient et qu'ils aimaient, à
force de les avoir pratiquées.
Les collectionneurs se divisent en deux classes bien distinctes :
les uns, ardents, convaincus, sincères et consumés du feu sacré,
collectionnent avec amour, avec passion ; ils n'ont d'autre but
que de satisfaire leur goût pour les beaux-arts et pour l'histoire ;
ils sont collectionneurs-nés, comme on naît peintre-coloriste.
Les autres, composés de vaniteux et de spéculateurs, n'aiment
rien et achètent pour « leurs voisins, » c'est-à-dire par ostenta-
tion ou par esprit commercial. L'observateur reconnaît facile-
ment chaque a espèce » à une singulière faiblesse qu'ils ont en
commun (menterie de poche), mais dont la manifestation se fait
sentir en sens opposé. Le véritable amateur prétend toujours
avoir acheté « presque pour rien, » quand le faux collection-
neur, au contraire, a toujours payé « des prix fabuleux. »
Il y a encore le collectionneur « communicatif » — et le col-
lectionneur « cachottier et mystérieux. » Le premier est géné-
ralement connaisseur; — il aime à montrer ses richesses, —
parce qu'il ne craint pas la critique. Le second, ignorant, —
est ours ; — il ne montre rien, — il a peur de la critique.
Le plus amusant de tous les collectionneurs est incontesta-
blement celui à qui la nature a accordé le don de chercher et
de trouver l'ar^ dans les plus ignobles productions du ma-
EN GÉNÉRAL. 29
nœuvre, dans de grossiers décalques enluminés de Timagerie
d'Épinal môme, que Yartiste s'est procurés à la fabrique Pelle-
rin à raison de deux francs le cent de feuilles. Pour ce collec-
tionneur-là, plus l'image barbouillée sur faïence ou ailleurs est
mal dessinée ; plus les couleurs en sont criardes, plus le simple
bon sens s'y trouve insulté par un dessin impossible^ plus ce
singulier amateur s'extasie devant son trésor 1 J'en connais qui,
allant plus loin encore que les préraphaellistes , n'admettent
même plus de perspective du tout, môme plus de second plan»
Leur idéal, c'est la peinture qui ressemble le plus au paravent
chinois. Un saladier de paysan nivemais, décoré naïvement
d'un arbre d'amour, copié d'après ces images que l'on rencontre
collées sur les murs des chaumières, voilà la rénovation deVartj
Vart populaire, Vart unique, Vart original, etc., etc., de ces
grands enfants que l'auteur de Jérôme Paturot à la recherche
étune position sociale a oublié de dépeindre.
Ce genre de collectionneurs est une conséquence logique de
la tendance actuelle, qui consiste à vouloir faire résider le^^te
dans l'incapacité du dessin, et la couleur dans un barbouillage
de truelle et de nuances hors nature. Des dizaines de milliers de
francs payés pour des delacroix et pour des troyons, ébauches
souvent informes dont en dix ans on ne trouvera probable-
ment pas cent francs : voilà une de ces manifestations de modes
et d'amateurs dépourvues de sentiment esthétique, manifesta-
tions que l'on- retrouve dans les achats des pots à cidre payés
des centaines de francs, « pourvu que le décor soit bien laid et la
devise pleine de fautes d'orthographe. » Au point de vue de l'his-
toire des mœurs môme, ces folies-là ne peuvent pas être expli-
quées, puisque la plupart des dessins « patriotiques » sur faïence
sont copiés d'après l'imagerie populaire, où le curieux peut
trouver son sujet d'étude à bien meilleur compte, et sans avoir
besoin de profaner et d'avilir le mot art, qui n'y a rien à faire!
Une grande différence existe aussi dans la manière de collec-
tionner, usitée par les amateurs des différents pays, ainsi que
dans l'appréciation des époques. En Allemagne, par exemple,
l'amateur exige que l'objet ait le grand caractère du gothique
3.
30 DE L'art céramique
pu au moins celui de la Renaissance — et qu'il soit une o^vre
individuelle, c'est-à-dire sortie des mains d'un artiste et noB
pas d'une « fabrique. » Aussi s'arréte-t-il le plus souvent à la
fin <du seizième siècle , sauf pour les tableaux qu'il redxerche
naturellement parmi ceux des écoles hollandaise et flaniande,
jusqu*à la fin du dix-septième. A-t-il tort? il faut tenir compte ici
au collectionneur des objets d'art des siècles suivants, d^ la lo-
calité qu'il habite, de sa position qui le rend souvent forcémeiit
sédentaire, et des moyens dont il peut disposer. Si chacun fait
ce qu'il peut, il fait bien !
Le goût de la collection est surtout très-utilQ aux jeunes g^gs
de famille.
J'en connais un très-riche, fils unique d'un émineot légiste,
occupant une des positions les plus élevées de la magistrature,
qui avait perdu une grande partie de la fortune de sa mère au
jeu de la Bourse.
Le père désespérait de le relever de l'abaissement moral et
physique dans lequel ce fils était tombé, démoralisé par la so-
ciété des viveurs qu'il fréquentait.
J'essayai d'entreprendre cette guérison, je m'efforçai de rem-
placer une passion vile par une passion noble et moin» Fui^
neuse. J'ai eu le bonheur de réussir et de voir poindre peu à
peu l'amour de la collection. Le jeune honune est aiyourd'biji
un de np^ amateurs les plus éclairés; il étudie, il voyage el ae
pense plus à la spéculation. La dépense qu'entraînent les achats
de ses objets d'art et ses voyages ne lui absorbe pas le ti^rs
de ses revenus, et il aura bientôt comblé la brè€^ que le
quatre pour cent avait faite à sa fortune ; transfuge d'une vie
dissolvante, il est arrivé à jouir aujourd'hui d'une existeace
calme et studieuse, où les douces émotions des acquisitions
d'objets d'art viennent seules apporter l'animation nécessaire.
La collection, regardée comme simple marottey est môme pres-
que l'unique occupation qui, au lieu de ruiner, peut enrichir sûre-
ment. Depuis vingt ans, toutes les ventes de grandes collections
composées avec intelligence ont prouvé que les objets de curiosité
avaient doublé de valeur de cinq ans en cinq ans, et que la
BN GÉNÉRAL. 31
passion de la collection procure même un excellent placement
de capitaux. Au fur et à mesure que le goût des objets d'art an-
ciens augmente^ le nombre de ces derniers diminue par le
temps et les accidents, de telle sorte que la valeur monte for-
cément et rapidement tous les jours! Rien d'étonnant dans
cette marche progressive et contagieuse du goût de la collec-
tion, pour celui qui connaît le cœur humain. Est-ce que la va-
nité ne forme pas le mobile le plus puissant des actions de la
plupart des hommes? Le palais, le cheval, la plus belle ferme
et le plus riche ameublement moderne, des titres de noblesse
même, tout peut s'acquérir avec de l'argent; ~ mais des mil-
lions ne pourraient pas créer ou procurer le moindre petit
objet d'art ancien que le propriétaire ne veut pas vendre.
Collectionnez donc tous, messieurs; les femmes du demi-
monde seules y perdront, et les roulettes de Spa, Baden-Baden,
Homburg etËms seront peut-être forcées de fermer leurs tripots !
Est-ce que le goût de la collection ne touche pas même à la po-
litique par son influence sur la stabilité des institutions sociales?
Combien de fougueux révolutionnaires n'a-t-on pas vus changés
du jour au lendemain en doux et pacifiques conservateurs ?
On a souvent voulu attribuer ces changements de volte-face
à l'intérêt, à l'âge, etc. ; mais si on allait jusqu'au fond des
choses, ne trouverait-on pas plus souvent le motif de ces chan^
gements d'opinions dans le goût de la collection? Est«-ceque
conserver et collectionner ne marchent pas toujours ensemble?
Un homme qui chérit ce que lesmod:s ont abandonné depuis
des siècles ne doit-il pas être conservateur par excellence?
L'Anglais qui a payé dix mille francs les dents extraites à Na-
poléon à Sainte-Hélène doit avoir appartenu indubitablement
au parti des Tories et non pas à celui des Whigs.
Les gouvernements devraient exempter de tout impôt les col'-
lectionneurs de poteries et d'armes anciennes; ce sont les vrais
piliers de la stabilité des institutions. Le mot émeute les fait
trembler; les uns craignent la casse quand les balles errent à
travers les jalousies, et les autres les mots sacramentaux ins-
crits à la craie sur leurs portes : « Armes données. »
32 DE l'art céramique
Il y a des hommes d'État profondément convaincus que les
continuelles agitations et le peu de stabilité des institutions des
petites républiques de TAmérique du Sud proviennent unique-
ment de ce que les objets d'art anciens et, par conséquent, les
collectionneurs, manquent. Pas de collectionneur, pas de conser-
vateur! Quelques vieux fanatiques de la confrérie prétendent
môme que le goût de la collection préserve du choléra : mais c'est
aller peut-ôtre un peu loin. Faut-il chercher aussi dans ce fana-
tisme de collectionneur la cause du delirium majolicum de ces
médecins qui sont atteints du morbus porcelanicus? Il y en a qui,
non contents de collectionner, veulent môme laisser à la posté-
rité des œuvres, produit d'une alliance heureuse entre Esculape
et Apelles. — Ne voyons-nous pas un médecin présider aux réu-
nions de la rue Ghaptal, là où le classique bas à tricoter est rem-
placé par l'assiette à peindre, et où l'on entend : « Passez-moi le
jaune, chère, » comme on entend ailleurs : «Passez-moi la pelote,
ma bonne? » Le bouquet de cette société pleine d'avenir, qui a
choisi le mardi pour ses réunions (le vendredi étant destiné
aux jeûnes), est un peintre de grand mérite dont les charmants
paysages se trouvent aujourd'hui dans toutes les collections.
Un autre de ces messieurs, un praticien de Sinceny, village
en Picardie, atteint également de la noble ardeur, s'est pris
d'une belle et violente passion pour les rustiques vaisselles de sa
localité, au point d'y trouver matière à publier une monogra-
phie de soixante-dix pages in-8<*, traitant uniquement de cette
fabrication. Tout en ergotant là, du commencement jusqu'à la
fin, en symptomatologues de tessons sur les génériques et \b. phy-
siologie des vieux pots à l'usage des basses-cours, absolument
comme s'il s'agissait d'une question médicale sur un de ces dis-
tinguo d'expérience microscopique entre la puce d'un chien de
berger et celle d'un chien de meunier, envisagées comme sang-
sues hygiéniques, le savant membre du comité de Noyon^ qui
demande avec une naïveté ravissante la consécration parisienne
(textuel) de ses pintes et soupières, n'a cependant rien apporté
de nouveau ; mais, par contre, il a omis les seuls faits qui eus-
sent quelque importance. Si un travail local aussi insignifiant
EN GÉNélUL. • 33
laisse de telles lacunes, on se demande : À quoi bon? Les braves
campagnards de Sinceny, de Bourg-d'Ognes et de Rouy pour-
ront peut-être en confidence nous le signaler. Apprendrait-on
que la rigidité du médecin se^oit relâchée tant soit peu, pen-
dant ce temps si gros d'investigations, du terrible principe déjà
raillé par Molière et vraiment trop accablant pour des hommes
qui doivent bêcher la terre, de ces a purgare, purgare, clyste»
rium donare, » pour laisser plus de chances au collectionneur
de recueillir certains vases, poterie dont le docteur parait avoir
senti la suavité? Si cette contagion nosocomiale continue ainsi
à faire ses ravages parmi des brebis égarées de la docte faculté,
il y a loin de s'en inquiéter; cela ne peut directement intéresser
que leurs malades, les commissaires-priseurs et les brocan-
teurs. On doit même se féliciter de voir augmenter le nombre
des élus; mais dès que Taffection céramique, pour laquelle
VéHologie et la thérapeutique restent encore à trouver, les
pousse, comme ce respectable correspondant de V Académie de
Tadoue (c*est ainsi qu'il s'intitule), jusqu'à vouloir faire d'un
air capable la critique des livres qui embrassent un art tout
entier, dont il ne connaît à peine qu'une seule grossière branche,
celle de sa localité, ne serait-on pas en droit de les renvoyer à
leurs malades? Médecin, pharmacien, et souvent fossoyeurs et
héritiers y trouveront plus sûrement leur compte. Si ce doc-
teur, auquel il convient ici de répondre en passant, a eu en vue
de faire sa cour à la plaisante autorité à laquelle il a sérieuse-
ment emprunté, avec la soumission d'un cœur simple, la sen»
tence creuse placée sur le titre de son opuscule, il aurait mieux
fait d'insulter carrément que de ravaler; à la place de la pingre
petite pincée d'encens, la Gazette des hôpitaux artistiques lui en
aurait certes brûlé sous le nez un boisseau entier,
a Passez-moi la rhubarbe, je vous passerai le séné. »
La céramique a joué son rôle en tout temps; n*a-t-on pas
chanté la porcelaine chinoise comme matière mystérieuse et
révélatrice de l'empoisonnement?
« Ils font connaître le mystère
Des bouillons de la Brinvillière,
34 DE L ART CÉRAMIQUE
Et semblent s'ouvrir de douleur
Du crime de l'empoisonneur, ».
En Silésie, on a môme porté la naïveté jusqu'à oroire que la
poterie poussait toute fabriquée dans la terre comme des cham-
IHgAOns. Martin Zeiler, voyageur et géographe dm dix-septième
sièele, raconte gravement que le sol de la montagne du Ttk-
pehberg, au village de Masel, près Trehnitz, ainsi que les ter-
rain» de Jaben et de Sara Sommerfeldj près de NoeJiau et de
Pahkej produisait des poteries.
Le dessin dont ce singulier savant avait accompagné son
merveilleux récit montre une cruche germanique du commen-
cement de notre ère, telle que les fouilles en ont mi» à jeur
dans tout le Nord.
La collection prépareà Tamateur de bien douces joies } chaqoe
lois qu'il rentre dans ses pénates, 9on regard embrassa avee le
même stmottr ces chers compagnons qui lui rappellent piesque
tous des souvéBÎrs de la vie passée.
Gehii-ci a été rapiporté par lui du fond de la Bretagne; céi
autre provient d'échange ou de cadeau et lui rappelle un vieil
ami qni n'existe plus ! Ses yeux tombent tantôt sur un exem-
plaire qu'il a su enlever avec adresse sous le nez d'un confr^e,
tantôt sur une de ces trouvailles conservées à Tart par une rés-
ttnration intelligente, tantôt sur une œuvre par laquelle il a
découvert l'existence de quelque grand artiste ignoré ou d'un
fait historique douteux. Ses voyages à Wien , à Firenze , à
Nurnbergj à Amsterdam, àHerculanum, à Athènes, à Granada
et à Pétersbourg, etc., sont représentés dans son cabinet par
des pièces qui ramènent continuellement à son esprit tout un
enchaînement de vicissitudes et d'aventures, de peines et de
jouissances passées, et le conservent jeune par les souvenirs,
quand ses cheveux ont déjà blanchi.
Aristide Le Carpentierà Paris, qui avait réuni depuis 1810,
époque où il était revenu des Indes anglaises, une collection
d'objets d'art de toutes sortes, qui, sous plusieurs rapports,
peut rivaliser avec celle de feu Sauvageot et qui la dépasse en
EN GÉNÉRAL. 35
.nombre, était un exemple frappant combien le goût et l'oc-
cupation gaie que donne la collection sont salutaires pour la
santé et pour la bonne humeur. Agé de soixante-seize ans, Le
Carpentier avait encore toute la pétulance et toute l'ardeur de
lajeunesse. Exempt d'infirmités, passionné pour augmenter jour-
nellement ses richesses d'art pour lesquelles la Russie lui avait
inutilement offert un miUion , il espérait bien arriver à cent
vingt ans, comme il l'a chanté dans une des chansons de son
recueil, publié en 1854 sous le titre de Contes-Fables, car il était
aussi poëte et musicien. Dans ce morceau , intitulé VUeureux
Temps, il dit au dernier couplet, VEspérance ;
tt Lorsque viendront cent ans . . .
• Faudra-t-il donc quitter la terre ?
Si c'est mon dernier temps,
J'avoue ici que je n'y pense guère;
D'ailleurs ne voit-on pas de vieux récalcitrants
Qui vont jusqu'à cent dix et même cent vingt ans?
Le bon temps
Quand on n'a que cent ans !
L'heureux temps
Quand on n'a que cent ans ! »
Je ne puis me dispenser de communiquer ici aux lecteurs les
six couplets que cet ardent collectionneur a publiés en 1862,
lorsqu'il avait accompli sa soixante-douzième année. On y verra
comme il y exprime les jouissances que ses occupations favo-
rites lui procuraient :
MON CABINET ET MES SOIXANTE-DOUZE ANS
I
Aussitôt que la lumière ^
Vient éclairer mon chevet,
1 Voir les vieilles chansons de maître Adam (Adam Billaut, le menuisier ni<
veniaîs, mort en 1662], que Le Carpentier parait avoir pris pour modèle.
36 DE l'art céramique
Je commence ma carrière
Par ouvrir mon cabinet.
Là, des œuvres de génie
L'étonnante quantité
Entretient en moi la vie
£t ranime ma santé.
II
« Vous gaspillez la richesse
Gomme un vrai fou, me dit-on.
Au lieu d'acheter sans cesse,
firillez, menez un grand ton ! »
Iklais de peu je me contente,
Et j'aime à vivre à l'écart :
Le grand monde qu'on nous vante
Ne vaut pas un objet d'art.
m
Laissons traiter de manie
Mon ardente passion ;
Ce cabinet, qu'on m'envie,
Fait ma seule ambition.
Il est bien chez l'antiquaire
Quelques modestes vertus :
Que de chefs-d'œuvre sur terre
Sans lui n'existeraient plus !
IV
S'il est vrai que la sagesse
Ici-bas nous rende heureux,
On doit aimer la vieillesse,
Car tous les sages sont vieux.
Si nous voulons qu'on nous loue,
Montrons donc nos cheveux blancs ;
J'en ai, gaîment je l'avoue,
Et j'ai soixante et douze ans.
Si je meurs et qu'on m'enterre,
— II faut bien Unir par là, —
EN GÉiNëKâL. 37
De mon cabinet, j'efpère,
Quelque temps on parlera.
Trouvant dans ce sanctuaire
Plus de trésors qu'au Pérou,
On dira : Notre antiquaire
N'était pourtant pas si fou i
VI
Bien que Sedaine nous dise
Quelque part : « Mourir n'est rien, »
De cette triste sottise
Je me passerais fort bien.
Autour de moi tout abonde :
Objets d'art, tableaux, bijoux;
Que ferai- je en l'autre monde,
Si je n'ai plus mes joujoux?
N'est-ce pas touchant? quelle sérénité et quelle ardeur chez
ce septuagénaire, quand tant de vieillards moins âgés qu'il n'é-
tait sont moroses, ennuyés, et abrègent leur vie par l'inaction
et le manque d'émotions.
Les Contes-Fables, illustrés par Alfred Lemoine, que Le Car-
pentier a publiés en quatre volumes, de 1856 à 1858, à l'âge de
soixante-dix ans, et qu'il donnait et ne vendait pas, contiennent
plusieurs morceaux vraiment remarquables, comme par exem-
ple, V Illustre bimbelotier, où Jupiter, séduit par Bibelot, le dieu
du bric-à-brac, descend de la masure du vieil Olympe sur la
terre, pour vendre aux antiquaires son vieux tonnerre, etc. En-
core un triste mariage^ charmante allégorie où la Vérité épouse
V Intérêt et met au monde, neuf mois après, Y Injustice , etc.
Le Carpentier n'était pas un vieux garçon, comme la foule se
représente ordinairement ces maniaques d'antiquaires; il était
marié, et madame Le Carpentier, morte quinze jours avant son
mari, partageait ses joies et ses émotions. Dans la pièce de vers :
Est-ce un bien, est-ce un mal? notre collectionneur dit : « Si la
femme est un mal, il est si nécessaire, que nul ne saurait s'en
passer. » Le Carpentier est mort sur la brèche ; les émotions de
i
38 DE l'art céramique
sa dernière exposition au palais de l'Industrie l'ont Xué. Alitë
depuis quinze jours déjà, il faisait encore des acquisitions dans
son lit, quarante-huit heures avant sa mort I
Un autre collectionneur, M. de Waldeck, savant qui a passe
dix- huit ans dans les solitudes des forêts mexicaines, pour y
collectionner des poteries et dessiner les monuments des civi-
lisations perdues , a plus de cent ans à l'heure qu'il est (cent
ans en avril 1866) et travaille encore huit heures par jour au
classement et aux reproductions des antiquités américaines. II
est exempt d'infirmités; bon œil, bon estomac, il n'a cessé de res-
sentir les émotions que l'art peut offrir, et espère bien de chanter
encore dans vingt ans les couplets de Le Carpentier : U Heu-
reux temps quand on n*a que cent vingt ans!
On dépeindrait difficilement l'air de contentement et de béati-
tude qui s'épanouit sur la figure de l'auteur de Monsieur Boisdhy-
ver, quand, après déjeuner, il va fumer sa cigarette devant ses
faïences et s'adonner à cette grasse rêverie de propriétaire. Dieu
seul sait de quelle foule bariolée de pensées et de projets son
cerveau est alors assailli. Il doit voir se dégager de l'émail ces
grotesques figures, et toute cette bande populaire peinte sur ses
assiettes, pour lui chanter Oranje boven (Orange haut, ou vive
Orange) ou la Marseillaise et le Ça ira. Si l'envie ne lui prend
pas de danser la carmagnole au milieu de la société joyeuse des
poteries parlantes, c'est, certes, de crainte de tomber en dé-
faïence, comme ce pauvre Dalèger, du Violofi de faïence.
J'avais déjà fait observer, dans l'Introduction de la pre-
mière édition du Guide^ que la littérature pourrait aussi ti-
rer parti de la faïence , et que, pour étudier une époque et la
tendance d'un courant d'opinions en dehors de tout parti, pour
bien comprendre les mœurs populaires, une devise ou une cari-
cature peinte sur une assiette peut quelquefois procurer des
éclaircissements. — M. Champfleury a depuis publié son Violon
de faïence, où deux caractères de collectionneurs se sont prêtés
à une excellente étude, et le même auteur a sur le métier une
histoire des faïences populaires et parlantes.
Est-ce que Victor Hugo n'a pas aussi trouvé du comique à
EN GÉNÉRAL. 39
propos d'un plat derFaënza^ quand il donne la description de
« l'objet mystérieux» de la vieille religieuse de l'abbaye deFon-
teinrjiult et des Bernardines? (Les Misérables, t. IV, p. 147.) « On
-<|r^im; sous un triple linge, comme une patère bénite. C'était
un plat de Faënza représentant des Amours qui s'envolent pour-
suivie p^ des garçons apothicaires armés d'énormes seringues.
La poursuite abonde de grimaces et de postures comiques. Un
des charmants petits amours est déjà tout embroché; il se dé-
bat, agite ses petites ailes et essaye de voler ; mais le matassin
rit d'un âîr sardonique. Moralité : l'amour vaincu par la colique ! »
Il y a même eu depuis un opéra-comique où lli vieille faïence
joue son rôle, et on ne restera pas en si bon chemin I
Quand les dames collectionnent, leur ardeur et leur persévé-
rance dépassent celles des amateurs barbus.
J'en connais plusieurs qui ne s'arrêtent plus dans leurs pro-
menades devant |èâ ûiagasins de nouveautés. Ce sont les seules
vitrines des quais qui les tentent ; la pomme d'Eve n'est plus ren-
fermée pour elles dana^n chapeau ou dans un cachemire, mais
danf une théière de vieux saxe ou dans le ventre d'un gros ma-
got souriant. Collectionnez, mesdames, vos maris vous passe-
^ront cette fatitaisie-là ; de bonne pâte, ils pensent qu'il n'y a id
^Ke fragile que la pâte trcyp tendre qui peut éclater sous le feu!
musées et les collections privées rendent encore d'autres
'ices à la société. Le goût de l'art, le respect et l'amour des
œuvres anciennes et historiques, répandus dans les masses par
ces coliections, qui commencent aujourd'hui à se former même
dans les plus petites villes de province^ rendront dorénavant
impossibles les dévastations, les méfaitSjde lignorance vandale
envers les objets d'art' et les haines contré les bïasons'et les
armonries. Le peuple apprendra en étudiant l'histoire, repré-
sens par des œuvres d'art, qu'un souvenir de fa-
aujourd'hui de solidarité avec les prérogatives
)les des temps passés.
^Wcnicorç c'est l'art gothique et celui de la Renaissance qui peu- ^
vent seuls, renâplir le but. L'art antique et païen ne sera jamais
>mpris par le peuple ; il lui restera toujours lettre morte et une
C
40 DE L'aHT CËRAlftQliE
SDurced'ennui.RempIirlescollectionsdemttrceauxclererrouillës
et informes, c'est créer des musées à l'usage de quelques savants,
mais non pas des musées qui stimulent l'art, l'industrie et les
artistes. Tout le monde sait, du reste, à quelle mystiScation en-
traine souvent l'étude des antiquités, eiclusisement faite au .
point de vue de l'archéologie, qui parait pervertir chez beau-
coup de personnes le bon sens et le raisonnement le plus sim-
ple. N'avons-nous pas vu un professeur allemand remplir sept
volumes pour expliquer des hiéroglyphes de fantaisie qu'un
plaisent avait tracés sur de la terre cuite au four, et enterrés
auprès d'uQ camp saxon?
L'étude exclusive de l'art païen classique fausse aussi biflB
la critique que celle de l'art en général, lii où. elle est basée
uniquement sur une théorie stérile t'L di^pourviie de connais-
sance pratique. Le faible de vouloir Tairo découler tout des
anciens tue la critique et rend mmiiaque. Les plus grandes
intelligences ne peuvent échapper ù linlluence morbide que
cette préférence routinière produit inf.iiillblf^meut à la longue,
et elles finissent presque toujours [)iu' t^'uiïaiblir au point que, -
même dans leurs ennuyeuses spéciiilitôs. cllos deviennent in-
compétentes. Le célèbre Winckelmann aussi, malgré sa finesse
de tact et ses habitudes de réserve, n ilù âiibir cette loi cotnmâi
tons les autres critiques de sa tremjn;; il lui est arrivé maintes
fois de s'exposer à des plaisanteries, cl tuuL le monda conuËtt
la mystification dont il a été la dupe do lu pari du peintre Casa-
nova dont il avait décrit longuement Ifs imitations, convaincu
d'avoir affaire à de iiautes antiquil^^.
Dans l'art encore plus que partout ailloiirs. l'un tient àl'aHtre,
comme se tiennent les anneaux d'une otiaioL'. On n'arrive pasà
pouvoir juger avec autorité une branclio quelcoiiiiuej sans avoir
appris à connaître toutes les autres.
Pour réussir au point de vue pécuniaire, dans la composilioQ ■«
des collections d'objets d'art, il ne suffit pas de tenir compte
seulement de la valeur archéologique et historique, !e côté vrai-
ment artistique est même le plus important. Si ce dernier
manque, la valeur des objets est assujettie aux tiuctuatioos de
. ^ EN GÉNÉRAL. 41
i*eDgouement ^k^^^ mode. L'art seul peut donner aux
œuvres cette vSeurqui va tcnijours croissant avec le temps,
tandis qt|e les objj^s collectionnes sous l'influence d'un iuo-
ment , et par dw^x^onsidërations étrangères à Tarf archéo-
logique , perdent leur valeur dès que Tengouement n'existe
plus.
Réunir des objets d'art, voilà, certes, la plus noble occupation
par laquelle l'homme instruit puisse charmer ses loisirs, et tous
les hommes intelligents, sans être collectionneurs eux-mêmes,
apprécieront trop bien l'importance des recherches archéologi-
ques pour ne pas sentir tout l'intérêt que ces questions inspirent.
Il faut n'être doué que de sentiments vulgaires, quelque instruc-
tion qu'on ait reçue, pour ne pas comprendre le prix que l'a-
mateur attache aux objets d'art et de curiosité anciens, et par-
ticulièrement à ceux provenant des époques gothique et de la
Renaissance. S'imaginant que l'objet n'est recherché qu'à cause
de son ancienneté, certaines personnes ignorent complètement
que le style d'une époque, toujours indiqué par la forme ou par
le dessin, ftiit le principal mérite de l'œuvre, et qu'il faut, en
outre, que le mérite artistique en soit incontestable sous un
rapport quelconque. Les ressources qu'une collection bien en-
tendue offre pour les recherches historiques passent encore plus
inaperçues devant le visiteur désœuvré.
Quelques amateurs paraissent croire que l'objet de curio-
sité artistique doit être conservé dans toute sa malpropreté ;
ils craignent qu'un écurage, presque toujours indispensable, ne
lui ôte son cachet. J'ai vu de soi-disant connaisseurs douter de^
Tauthenticité de pièces remarquables, seulement à cause de
leui^arfaite conservation et de leur propreté. C'est faire preuve
d'une grande ignorance. Une collection d'objets d'art doit être
entretenue dans un parfait état de conservation; une œuvre ar-
tistique n'a rien à craindre d'une bonne et intelligente mise en
état. Il faut laisser aux maniaques l'amour de la poussière et
des chiffons; ceux-là montreront aux badauds â^ahis le bonnet
de coton du roi d' Yvetot , comme le musée de Cluny expose la
mâchoire de Molière; la^lbns les grands enfants s'amuser de
^b*
42 DE l'art CÉHA|[1QUE _^
la fameuse plume du pigeon céleste (Saint-Esprit), qui se trou-
vait exposée à Vadmiration des fidèles dans un';j^oùvent du nord
de r Allemagne, à la fin du quatorzième siècle.
Les petites œuvres de l'art gothiqu© 4t i^ la Renaissance sont
les plus précieuses, non pas seulement à cause delà supériorité
du style, mais aussi à cause de leur cachet individueh Les fa-
briques étaient rares à ces époques où l'artiste et même l'artisan
s'évertuaient à tout tirer de leurs mains et âff leurs cerveaux,
sans pouvoir et sans vouloir s'adjoindra un aîde mécanique.
C'est pourquoi le nombre d'objets d'art et de curiosité de cha-
que espèce est si restreint, et que l'on troute rarement deux
objets tout pareils, si ce n'est là où Ton utilisait le moule.
On' comprend donc que la valeur pécuniaire doive être aussi
plus grande pour les objets de curiosité de ces deux époques.
iJ'art gothique porte plus que tout autre son cachet original et
individuel, et je crains bien que notre époque ne voie plus se
produire aucune de ces œuvres que nos descendants aient lieu de
rechercher auts^nt que nous recherchons celles de nos ancêtres.
Si l'amateur ou l'homme d'étude se montre quelquefois indif-
férent et froid envers les productions d'art contemporaines, ce
n'est nullement de parti pris S ni par un attachement puéril aux
1. L'Introduction du Cabinet de V Amateur ^ ouvrage publié à Paris en 1842,
contient à ce sujet les réflexions suivantes :
■ Un préjugé assez répandu fait généralement regarder les antiquaires, les
bibliophiles, les collectionneurs et les amateurs de curiosités comme des mania-
ques ridicules, des fous bizarres, aveuglément passionnés de futilités douteuses,
à la merci des brocanteurs et des faussaires. L'amateur est cependant rarement,
comme on le représente dans les caricatures, un vieillard à visière verte, cher-
chant à lire, à l'aide d'une forte loupe, la signature ou le monogramme de
quelque maître sous une triple couche de crasse et de vernis. Le véritable ama-
teur a rendu les plus grands services à l'art ; grâce à lui rien ne s'est perdà dans
la défroque que les siècles laissent après eux en tombant sans retour dans le
gouffre de l'éternité. L'historien préoccupé des batailles, des traités et des trois
ou quatre personnages qui remplissent nne époque de leurs évolutions, a laissé de
côté les mœurs domestiques, les usages, la vie intime des générations disparues.
Vous liriez tous les in-folio des Bénédictins que vous ne pourriez y apprendre
comment étaient habillés les personnages dont ils parlent, de quelle forme était
le casque qui couvrait leur noble tête, quelle trempe avait l'épée dont ils frap-
paient ces grands coups qui fiusaient l'admiration de madame de Sévigné ; dans
quels lits ils se couchaient, dans quels verres ils buvaient, dans quels coffrets ik
serraient leurs lettres d'amour, etc. C'est à ran;fi]çur que nous devons de savoir
tout cela. Avec sa patience inépuisable, ses effott's |)itrsévérants, sa minutie soi-
EN GÉNÉRAL. 43
choses du passe. C'est uniquement parce que notre époque n'a
pu encore trouver son style, parce qu'elle fabriq'ae trop et
parce qu'elle confond et mélange tout. La raison de cela est
que le pUiS-grand nombre des artistes n*a plus de foi, ne trouve
plus sa joie et ses plaisirs dans le travail même et dans sa mai-
son, et se soucie n),édiocrement de la gloire postérieure. Les
jouissances de la vie, en dehors du travail, voilà ce qu'ils am-
bitionnent trop souvent.
Autrefois, Tartiste n'était pas séparé de l'ouvrier autant
qu'il l'est aujourd'hui. Le grand peintre peignait des enseignes
d'hôtelleries et de brasseries aussi bien que des triptyques d'au-
tel pour les églises ; et le sculpteur en renom ne trouvait pas
indigne de lui d'employer son ciseau magistral à l'exécution
d'un beau meuble ou d'une stalle de buveurs. Voilà ce qui donne
souvent un grand prix aux restes gothiques et aux 6nc-d-6rac
de la Renaissance. Le plus simple ustensile de ménage de ces
époques est parfois marqué au coin de l'art, quand l'objet d'art
industriel d'aujourd'hui ne porte que le cachet du clinquant et
de la fabrique.
Ce qui n'est pas gothique, ou du temps de la Renaissance,
sans en excepter les productions bizarres de la fin du dix-
•
gueuse, il a conservé tous ces mille détails dont se compose la physionomie d'an
siècle... — La curiosité rémonte très-haut : de tout temps il y eut des amateiirs.
Qu'était-ce que Verres à qui Cicéron doit ses plus belles diatribes, sinon un ama-
teur forcené qui, pour augmenter sa collection, proscrivait le citoyen possesseur
d'un airain de Lysippe, violait le temple où se trouvait un dieu trop bien sculpté ?
Ne yaut-il pas mieux que ce stupide Memmias qui fit brûler Corintbe? Pétrarque
n'a pas tellement été occupé des yeux bleus et des cheveux blonds de Laure qu'il
n'ait en le temps et le loisir de se former une fort belle collection. Niccolo Niccoli,
Bembo, Francesco Fusconi, Leone Leoni, dont la galerie fut si utile aux sculp-
teurs du dôme de Milan, sont célèbres pour avoir, du temps de Léon X et avant,
réuni des statues, des vases, des tableaux et des médailles. Le dix-huitième siècle
a. dignement continué cette liste : le prince de Conti, la comtesse de Verrue,
Blondel de Gagny, Hendon de Boisette, de Julienne, etc., etc.
« Pour être un véritable amateur, digne de marcher sur les traces de ceux que
nous venons de nommer, il faut heaucowp de science, de persévérancej de
finesse et de sang-froid j il faut connaître le mérite, la généalogie, la valeur
d'une infinité d'objets dont tout le prix consiste souvent dans une différence
presque imperceptible, mais réelle, etc. •
Dans un travail de la même publication et du même volume, signé E. Q.,
relatif aux trésors d'art appartenant à Horalio VValpole (né en 1 7 1 7 , mort en 1 7 9 7) ,
et intitulé Strawberry-Hilly .nom du château où ces richesses se trouvaient en-
44 DE l'art céramique
septième siècle et du dix-huitième , manque de grand carac-
tère. L'art des autres époques est, comme je Tai déjà dit, un
composé d'imitation et de mauvais goût. Le grotesque domine
dans les styles dits de Louis XIV et Louis XV, que les artistes
ont appelés, avec beaucoup d*à-propos, les styles et les époques
des perruques. S'il y a des exceptions parmi ces œuvres, elles
sont trop rares pour pouvoir modifier cette appréciation géné-
rale.
Dans la critique des objets d*art, ou plutôt des styles, il faut
choisir. Quand on prétend aimer tout, on n'aime rien.
Un rédacteur du journal si connu par son zèle à manger
journalièrement du prêtre, tout en se prosternant hypocritement
devant les dogmes et les formes d*une religion dont il insulte
les ministres, et le non moins bienveillant M. Benjamin Fillon,
paraissent avoir pris à tâche de raval&r l'art allemand et ses
tassées, l'auteur donne un admirable aperçu des jouissances et de l'instruction
historique que le goût de la collection procure aux âmes d'élite :
« La formation de cette collection dut être une source de jouissances bien
grandes pour un homme aussi instruit et d'une imagination aussi yive qu'Horatio
Walpole. Quelles que soient les connaissances acquises, l'étude attentive des
monuments peut seule donner une idée vraie de l'histoire; elle est fertile en con-
ceptions nouvolles, en découvertes charmantes ; tout s'anime, tout se colore devant
les moindres débris du passé ; une médaille, une peinture, un bijou aident à
reconstruire un siècle, une époque que l'on voit soudain s'agiter, barbare ou
corrompue, luxueuse ou mesquine et souvent bizarre. Dans les monuments de
l'art on découvre à la fois l'esprit et la configuration d'un peuple ; c'est une espèce
d'alphabet épars avec lequel il est intéressant de reconstruire la langue, le génie
d'une nation. Avec les monuments, l'histoire n'est plus une abstraction, elle
devient palpable, nous la touchons, elle nous entoure. Les récits écrits nous ont
conservé le souvenir des passions de nos pères ; les monuments nous donnent
l'habit, la couleur locale y pour nous servir d'une expression consacrée, du temps
où ils ont vécu. »
Lessing répond à ces niaises attaques avec beaucoup d'esprit dans son ouvrage :
Zur Geschichte und Littérature v. I, p. 319 :
« Avec permission I il faut aussi vivre et laisser vivre dans le monde savant.
Ce qui ne peut nous servir peut servir à un autre. Ce que nous n'estimons souvent
si important ni agréable est apprécié tout différemment par d'autres.
• (1 Déclarer à tout propos que telle ou telle chose soit trop mesquine et trop
peu importante, s'appelle souvent reconnaître la faiblesse de sa propre concep-
tion. U arrive souvent que le savant mal appris qui se permet d'appeler un con-
frère micrologue, est lui-même te plus misérable micrologue — ^et encore seu-
lement dans sa propre spécialité. — En dehors de cette spécialité tout lui-
paraît petit, non pas parce qu'il le voit petit, mais parce qu'il ne le voit pas
du tout! D
. r #
EN eilTÉRAU^ 45
»
amateurs, depuis que j'en ai fait eonnaitce davantage les chefs-
d'œuvre. Si leur cri de guerre chauifinisté, ho^s hostis, leur
attire les epitbètes de faux démocrates, de hâbleurs littéraires
et de critiques ignorants^' de la part de gens assez faibles pour
croire que l'art n'a gas de patrie, cela ne peut être qu'un effet de
l'ingratitude d'uir public qui ouÉQe que ces deux merveilleux
critiques lui ont fëvëlé que i^ savoir d'un professeur allemand
n'est que purs propos ramassés à la brasserie, et qu'en général
la pipe et la bière résument chez ces^euskes (sic) le stimulant
.et l'enthousiasme. Ne faut-il pas reconnaître cependant que le
feuilletoniste de Paris et Vhwno umm libri de la province ont
parfaitement compris que la pipe et la bière ont achevé d'obs-
curcir ces lourdes intelligences gothiques?En effet, la tête carrée
ne sait pas cpmprQndre le beau qui réside dans le style de la
perruque et <]^ la queue de ces produits d'art des règnes de
Louis XIV et de Loui^ XV^, dont les défroques fent et refont la
fortune-des tapissiers ^n vieux et en netif,-çt procurent des dé-
lices aux faWLdsmts d^ ce%- authentiques meubles anciens ptu»*
ou moins marquetés, et aux msunçiiands hollandais qi«r ep^^nn
masseût le plus ignoble genre dans les villages de la Nord-
Hollande. , -
Parmi les amateurs de faïences, il y en a grand nombre,
comme je l'ai déjà fait observer, qui montrent plus d'engoue-
ment que de connaissances.
En dehoratiif groupe de ces autres singuliers collectionneurs
qui, par pure vanité , encombrent leurs appartements d'objets
spéciaux, devenus rares et chers, qui lés recueillent sans discer^
nement et sai)S amour pour l'art, pourvu que ces pièces portent
des marques indiquëfnt au premier venu la provenance de la fa-
brique favorite^, jl y a aussi des amateurs illettrés et môme
quelques au teucs peu instruits qui croient à l'absolue nécessité
d'une marque, d^un monogramme ou d'un chronogramme quel-
conque pour la clàssificatiofi de l'exemplaire : l'histoire d'une
branche de l'art, et particulièrement l'histoire de la faïence,
leur paraît autrement impossible à faire. Si l'on voulait ad-
mettre un pareil raisonnement, l'archéologie ne serait plus une
I
-f?
f ■
46 DE l'art céramique
science/ mais tout simplement un mëtier de classification méca-
nique, qui ne (Jemanderàît qu'un peu de mémoire sans aucune
étude. C'est quand ces sigiïës matériels manquent sur l'œuvre,
que la science aîme surtout à s'en occuper pour y répandre sa
lumière. C'est à la manière dont l'objet céramique est fabriqué,
à la lourdeur ou à la légèreté de sa pâte, à la qualité et à la
nuance de son émail, à la dureté et à la blancheur de la terre
cuite, aux nuances particulières de certaines couleurs, et avant
tout à la forme et au dessin du décor, qu'un > savant amateur
doit reconnaître l'origine et l'^poqu^. de sa création. Ce soiit'
principalement les dessins qui indiquent là main de l'artiste et
le siècle : l'homme rompu à ces sortes d'étwfifts se trompe rare-
ment, en effet, sur î'épd^ de la fabrication d'une faïence pos-
'térieure au treizième siècle, quand la formd«et le style des orne-'
ments, les costumes des piârsonMiges ou la peinte du modèle
peuvent le guider. Le prin^çî|Jëî but de la publication de mes
Souvenirs de voyage et causeries d'un collectionneur, ott Guide
artistique jpour l'Allemagne, a été de contribuer à vulgariser
ces connaissances, si nécessaires pour la classification.
J'ai signalé, dans les Recherches sur la priorité de la renais-
sance de l'art allemand, l'idée si répandue qui consiste à établir
que presque tout ce qui se rapporte à la renaissance de Tart
chrétien, aux inventions et aux créations artistiques, doit né-
cessairement dériver de source italienne ou antique ; cette i<i^ -
a toujours faussé, et fausse encore aujourd'hui la critique et % ^
jugement des amateurs, et bien des professeurs en «s, ai-je; :-:,
'jlîoûté, donneraient tous les chefs-d'œuvre des Jean Goujon,
des Jean Cousin, des Peter Vischer, des Adam Kraft, des Veith
Stoss, des Schluter, etc., pour quelque ouvrage italien, copié
maladroitement d'après l'antique, ou pour quelques vieilles terres
ou pierres méconnaissables, ressemblant {^utôt à un bloc de ro-
cher façonné par les pluies et le temps que par les mains d'un
artiste. Que l'on admire les belles sculptures antiques où une
bonne conservation permet d'étudier l'art, mais qu'on laisse
donc enfin reposer tranquillement les morceaux diflbrmes de
fer rouillé que l'on décore du nom de glaive, etc. — Tous les
EX gHHral. 47
musées de l'Europe sont reayi^ de groa^es pierres où l'on a
souvent de la peine à reconnaître qitels dj)jet3 ce^ 4ébris in-
formes ont dû représenter, —La critique a épuisé le sujet, Tart
et le beau n'ont plus rien à y voir^'
Le fpspect porar le grec et le romain, l'habitude contractée
d'exagérer l'art primitif classique soiàt Revenus une maltjlie qui
aveugle jusqu'aux meilleurs esprits. Si le.^otbique n'est pas en-
core apprécié en France autant que dans «les pays du Nord,
c'est qu'il est très-^peu connu et très-rare. Les amateurs de
i'artdes époques du moyen âge sont encore plus rares en France
(f^e les gl^jets mêmes, puisque un grand nombre aime le
ÛY et ramasse souvent les plus ignobles loques de cette
grotesque. 11 faut chercher la raison de cçtte malheu-
lëùS^endance dans un manque d'études artistiques.
Pour être cpnnaissôuri il faut avoir vu beaucoup et il faut
voir continuellen^nti II est impossible d'acquérir un ju^^ment
solide dans n'imp(^te quelle branche de l'art, sans études pré-
paratoires et sans'^lg^vpii; vu énormém^^t. L'infériorité d'un
grand nombre de collectipnneufs et même de conservateurs de
musées provient particulièrement de ce qu'ils n'ont presque
rien étudié en dehors de leurs propres collections et des mu-
sées de leur ^résidence. Forcément sédentaires, ils manquent
même les occasions de visiter ce^L^^i^^^ dans les localités qui
les avoisinent.
L'hôtel des commissaires-priseurs , à Paris même, est une
école peuples amateurs déjà connaisseurs; non pas que MM. les
experts ouiMM. les membres de la compagnie officielle puissent
passer le moins du monde pour des professeurs, — Dieu me
garde d'avancer une pareille hérésie, — mais c'est parce qu'il
y a là beaucoup à vmr et à comparer.
C'est un continuel mouvement d'objets d'art anciens et mo-
dernes qui, sans interruption, commence au l®»* janvier pour ne
finir qu'au 31 décembre. Tantôt c'est une vente faite par un
marchand allemand ou hollandais, tantôt par un Suisse ou un
Italien, qui, après avoir ravagé, extorqué et souvent même
avoir aidé à démolir dans les quatre parties du monde, vien-
48 HE l'art iCÉRAÎIlQUE ^
nentà la file éeauler leur butin rue Drouot. Chacune de ces
ventes a son caractère à j^ft, et dans chacune il y a à étudier.
Quant aux ventes des collections d'amateurs, soit pendant leur
"^ vie, soit après décès, et dont les catalogues dépassent trop sou-
vent les Uinites peroiises de ri|;norance en fait d'art eUd' his-
toire, el]^9»^irit xlangf reuses pour les amateurs qui ne sont pas
encore bien ^uniliçtrisés avec les co^aissances archéologiques :
ils n'y peuvç>|it prendre que de fausses notions, et seront conti-
nuellement Induits en erreur par le prétendu savoir de la plu-
part des experts, ou par V exagération de la rédaction du cata-
logue. "" y-^' .^ *
Ces considérations, qui s'appliquent à l'art en-^^éral, ont
encore bien plus d'importance, dès |^'il s'agit dû gothique où
chaque monument a du caractère et son carabtère propre.
Ce^ui rend l'objet de curiosité précieux, c'est jp^çticulière-
naentîe cactot de l'individualité d'artiste; ce cachet, on ne le
rencontre nuflte part plus prononcé que dans les productions de
l'art gothique. ^
Si nous cherchons Tindépendanc^ et l'originalité de l'ar-
tiste , et surtout de ceux qui ont illustré le moyen âge et la
Renaissance, c'est toujours vers le Nord, vers le pays des fortes
études, et non pas du côté de l'Italie, que nous dirons tourner
les yeux. L'Allemand et le Hollandais sont des artistes qui
lisent. La renaissance* italienne^ en peinture aussi bien qu'en
architecture, en sculpture, en orfèvrerie, en fontes et particu-
lièrement en poterie, a suivi et non pas précédé les cpéations de
l'art allemand chrétien. Les grands peintres de l'ItaKe, comme
1. M. Ed. Scherer a dit, dans un article à propos de mes Recherches sur la
priorité de la renaissance de l'art allemand, publié par le journal le Temps
du 11 août 1862 (article fort bienTeillant du reste), qu'il croyait que l'auteur
avait 0 un peu confondu les deux acceptions du mot Renaissance, celle qui
signifie tout simplement le retour à là vie des arts que la barbarie avait étouffés,
et celle qui indique un caractère spécial, un développement, une époque histo-
rique des arts, un style particulier produit par le mélange du gothique et du
classique, de l'inspiration chrétienne et de l'inspiration païenne, etc. n Comment
M. Scherer entend-il séparer la Renaissance-cause (ou la résurrection de l'art
après les premières époques du moyen âge, chez les Allemands dès le onzième
siècle, chez les Italiens dès le quinzième seulement) de la Renaissance-effet y qui
a produit le style sous lequel elle s'est manifestée ? Veut-il compter les grossières
EN GÉNÉRAL. 49
ceux de la France^ trouvaient la route frayée. Les maîtres de
la branche flamande, attachés à la cour de Bourgogne, comme
Van Ëyck, en i380, avaient fait école en France; Clouet, que
les ignorants ont voulu faire passer pour le créateur d'une re-
naissance française, ne naquit qu*en 1500; il était môme Fla-
mand et de récole flamande.
L'Allemagne, en dehors des célèbres peintures à la détrempe S
dont V Adoration des Mages de Meister Stephan von Herle, au
dôme de Kôln, et, au musée de la môme ville, les chefs-d'œuvre
de Meister Wilhelm Lothener de Gonstanz sont de magni-
fiques spécimens, connaissait également déjà la peinture à
Thuile, comme paraît le prouver l'ouvrage du moine allemand
de Saint-Gall qui écrivait au dixième siècle son Biversarum
artium schedula.
On sait qu'il existait déjà des peintres allemands au cinquième
siècle: c'est de leur appellation que sont dérivés môme, en vieux
langage allemand, schilder*^ aujourd'hui ma/er (peintre), et schil-
dem, aujourd'hui malen (peindre). Ces artistes primitifs avaient
commencé par peindre les boucliers {schilder), et, de perfection-
nement en perfectionnement, ils étaient arrivés, vers le sep-
tième siècle, à produire les tableaux chrétiens de la première
époque, et cela sans influence bysantine.
Mais l'Allemagne n'a pas la prétention d'établir sa priorité
sur l'école italienne par des œuvres isolées, sortes d'ébauches,
d'essais dus à quelques moines ; elle a des écoles régulièrement
constituées et historiquement établies, qui prouvent à quelle
productions de la décadence du style roman, ce style de plein cintre antique,
parmi les productions de la Renaissance? Je ne le pense pas. — Il serait .très-
difficile de séparer, dans cette manifestation de la résurrection artistique, la
cause de l'effet : l'histoire de l'art doit les confondre. L'art byzantin était bien
seulement, en quelque sorte, une résurrection artistique locale et partielle; mais
l'époque et le style, que l'on désigne tous les deux sons le nom de Renaissance,
ont été créés par le gothique, qui a servi à modifier les styles classiques pour
arrÎTer à un mélange heureux des styles chrétien et païen.
1 . Détrempe {tempère) , nom donné en peinture aux couleurs délayées avec
de l'eau et de la gomme, de la colle ou du blanc d'œuf, sans graisse, ni huile,
ni résine.
2. Schilder est encore aujourd'hui le mot hollandais signifiant peintre, et
schildereri se dit du verbe peindre.
5
50 DE l'art CÉRAAIIQUE
hauteur sa peinture s'était élevée déjà au quinzième siècle^
quand la renaissance de Tltalie ne date que du .seizième siè-
cle, puisque ses peintres carolingiens du neuvième siècle
étaient tous byzantins dans leurs tendances. Les écoles de
Prag, de Koln (Cologne), de Niimberg, d'Augsburg, dTlm,
de Saxe, de Landshut, de Colmar (qui sont aussi connues
sous le nom d*Oberrhein, d'Unterrhein , de Franconie, etc.),
et dont Thomas von Matina, né vers 1230, Wilhelm *, né vers
1320, Stephan, né en 1340, Just en 1410, Martin Schongauer
en 1420, Bartholomâus Zeitblom en 1435, Wohlgemuth, le
maître de Durer, en 1438, Albert Durer en 1470, Hans Wolf-
gang-Katzheimer, à Bamberg, en 1442, Schaeufîelen et Altdorf-
fer, élèves de Diirer, Kranach, le grand coloriste, en 1472,
Hans Schwartzen d'Augsburg, Hans Bergkmaier en 1473, Ja-
cob Walsch, maître de Hans von Kulmbach mort en 1500,
Hans Beurlein mort également en 1500, Holbein, l'ami de Lu-
ther en 1498, Wolf Trautj George Pantz mort à Breslau,
maître de Beham, son célèbre élève, né en 1500, Johann
van Achen (Aix-la-Gliapelle), né en 1552, Ostendorfer, Hans
von Kulmbach, élèves de Jacob Walsch, né en 1545, Kreutz-
felder, peintre de la Création du monde, à Niirnberg, et
tant d'autres , ont été les chefs , avaient depuis longtemps
frayé le chemin aux Italiens qui, jusqu'à Leonardo di Vinci,
n'avaient pu rien produire qui s'écartât entièrement de l'école
bysantine, quoique les peintres de l'époque carolingienne,
justement à cause de leur tendance bysantine, fussent bien
. 1 . M. Merlo dit que les Fasti Limpurgenses parlent avec grande considération
du peintre Wilhelm, qu'ils appellent a le plus grand peintre allemand qui vivait
en 1380 ; estimé par tous les maîtres, peignant chaque homme dans sa figure,
comme s'il était vivant. » Ce même passage se retrouve dans Prodromus historiaB
trevirensiSf par Hontheim, et dans la Chronique dominicaine de Frankfurt-sur-
Mein, par Peter Herp. Onze tableaux attribués à cet artiste se trouvent: à l'église
de Saint-Castor, à Coblenz; dans le cabinet du roi de Bavière; à l'église de
Sainte-Claire et au musée de Kôln; dans la collection de M. de Lassaix, à
Coblenz, et dans celle du docteur Dormagen, à Kôln; au musée de Berlin;
dans la collection de M. van Ertbom, à Utrecht (signé 1363); au musée de
la chapelle Saint-Moritz, à Nurnberg, et dans la sacristie de Sain t-Sé vérin,
à Kôln. On connaît aussi le peintre Pol ou Paul^ d'Allemagne, mort à Paris
en 143*4, qui était au service du duc de Berry, gouverneur de Charles VII.
EN GÉNÉRAL» 51
plus chrétiens que eeux de la renaissance italienne propre-
ment dite *.
Giovanni Gualtiere, dit Gimabue, ne à Firenze en 1240, n'a
laisse que des tableaux byzantins ; le fond est doré, les chairs
sont grisâtres et les mains et les figures affreuses, tandis que
TAllemand Thomas van Matina avait déjà, vers î 230, produit une
peinture bien plus artistique ; Angiolatto, dit Giotto di Bandone,
né à Colle, près de Firenze, en 1276, élève de Cimabue, a encore
peint une grande partie de ses tableadi^x'sœ' fond doré, et les nudi-
tés sont toujours maigres et les ch^rs grises. On pevitiUl» que ses
Christ sont encore plus laids que ceux de l'école byzantine ; Tad-
deo Taddi dit Gaddo Gaddi, né à Firenze en \ 300, élève deGiotto,
a souvent peint sur fond doré ; ses Christ restent décharnés, et les
chevaux de ses tableaux sont du dernier ridicule et d'un aspect
tellement naïf qu'ils ne peuvent soutenir aucune comparaison
avec ceux des tableaux allemands de la môme époque ; Lippi ,
né à Firenze vers 1412, commence seulement à faire des fonds
de paysages, mai^v|es têtes de ses figures n'ont rien de la beauté
idéale des peintres allemands, Wilhelm (1320) et Stephan
(1340); enfin, 31asaccio, dit Thomas Guidi di San Giovanni, né
en 1401, mort en 1443; Gasimo Roselli, né à Firenze en 1430,
avaient tous gardé la manière primitive; et c'est seulement
chez Alessandro Philipepi, dit Sandio Botticelli, né à Firenze
en 1447, c'est^-dire chez un peintre qui florissait deux cents
ans plus tard que les peintres gothiques allemands, qu'un chan-
gement notable ^ faisait sentir dans l'école italienne.
1 . Toutes cefliécoles allemandes» qui pendant plusieurs siècles ont produit sans
interruption tant de chefs-d'œuvre, sont entièrement inconnues aux autres nations,
aussi bien du grand public que de la plupart des hommes soi-disant spéciaux,
parmi lesquels il en est qui écrivent des histoires sur la peinture en compilant
uniq'uement ce qui a été^écrit avant eux.
Le Louvre, on a de la peine à le croire, ne possède pas une seule toile de
toutes ces grandes écoles et de tous ces maîtres, sauf les sept panneaux, en partie
douteux, de Hans.Holbein le Jeune. Aussi voit-on tous les jours les plus étranges
méprises. Beaucoup d'experts qui n'ont pas voyagé, et qui vont puiser unique-
ment leurs oracles à la galerie du Louvre, rendent souvent les jugements les plus
bouffons. Un tableau de la première époque gothique, de l'école de Kôln, a été
dernièrement vendu, à Paris, sous la garantie morale d'un de ces experts, pour
un • Morales le Divin ■ de l'école espagnole!
52 DE l'art céramique
Leonardo dîTirtci, né en 1442, Michele-Angelo en 1474, Ti-
ziano éii é*77, Rafaele en 1483, Correggio en 1494, et Tinto-
reto en 1512,. ont alors opéré la résurrection de l'art italien,
seulement après ejt^à la suite des maîtres allemands, ^ et Tart
chez eux n'avait pas changé de tendance ; — il restait tout
païen*.
Albrecht Diirer, dans une de ses lettres, écrite en 1586 à Ve-
nise et adressée à son ami le patricien Wilibald Perkheimer «,
dit ; « J'ai beaucoup d'amis chez les Welches (Italiens), qui
mjopt averti, de ne pas manger ni boire avec leurs peintres,
parmi ïeaquete j'ai de nombreux ennemis. Ils contrefont mes
1 . Pesseri même est forcé de recomiaitre que l'influence de cet art nouveau
. se faisait sentir au commencement du seizième siècle, puisque sur les majoliques
de Pesaro on copiait les Allemands , innovation qu'il qualifie de dépravation et
d'hérétique dans son curieux langage d'ultramontain et d'Italien. Voici comment
il s'exprime :
c Ce qui fut la cause de la dépravation du bon goût dans le dessin et surtout
dans l'architecture, ce fut l'importation chez nous des compositions des Augsbur-
geois qui, sans avoir l'inspiration de la mission, ont réformé ces deux beaux arts
de la même manière que les hérétiques ont réformé l'j^jiise. De fait, j'ai beau*
coup de plats peints d'après les compositions de Sadler, et j'en ai deux : un avec
la njl^re de l'Asie, et l'autre avec celle de l'Afrique, copiées de cet auteur,
eoroi|l^ on peut s'en assurer dans la grande collection d'estampes anciennes que
j'ai réunies dans ma bibliothèque ; les peintures sur majolique s'améliorèrent sur
un seul point après cette époque, c'est-à-dire dans les paysages où, pour dire la
vérité, il y a quelque légèreté de plus. Ainsi, on remarque des dégrada-
tions plu%étudiées dans les tons des arbres et des feuillages, en sorte qu'oh
voit que... d
Dans tous les arts, même dans l'architecture, l'Italie a été redevable en tous
temps à l'Allemagne. Paul Jovio même l'a reconnu, quand il dit que l'Italie
tirait de l'Allemagne durant le douzième et le treizième siècle ses meilleurs
artistes pour Vart plastiqw, et Vasari ne peut faire autrement que d'appeler
le gothique Varchitecture allemande,
1. Correspondance publiée en Allemagne par M. de Murr. Journal zur
Kunstgèschichte und-*w algemeinen Lilteratur, 1730.
Mélanchton constate encore, dans son Epistolas MelanchtoniSf etc., ép. 47,
p. 42, E» apud Epist.j D. Erasmi Boter. et Ph. Melanch. Londini, 1642,
que ce grand artiste empruntait tout à la nature , et que l'influence italienne
n'avait jamais pu l'atteindre.
■ Memini virum excellentem ingénie et virtute Albertum Durerum pictorem
sdicere, se juvenem floridas et maxime varias picturas amasse, seque admiratorem
suorum operum valde lœtatum esse, contemplantem hanc varietatem in sua
aliqua pictura; postea se senem cœpisse intueri naturam, et illius nativam faciem
intueri conatum esse, eamque simplicitatem tune intellexisse summum artis decus
esse. Quam cum non prorsus adsequi posset, dicebat se jam non esse admiratorem
operum suorum ut olim, sed sœpe gemere intuentem suas tabulas, et cogitantem
de infirmitate sua, etc. »
EV GÉNÉRAL. 53
ouvrages dans les églises et partout où ils peuvent les avoir;
mais après ils les ravalent et disent : Gela^n'es^ pas antique et
ne vaut rien, etc. » On voit bien que sa^peinture si originale,
création nouvelle de Fart germanique| n'était ni connue ni
comprise par les peintres italiens, qui croyaient la ravaler en
disant qvCelle n'était pas antique!
Pour Fart céramique en général^ son origine se perd dans
Tobscurité des temps. La première civilisation connue, celle
des Indiens, est trop éloignée de nous pour avoir laissé des ves-
tiges de terres cuites, je n'en connais pas au moins; mais il est
hors de doute que la céramique était exercée dans l'Inde, et la
poterie américaine, connue sous la dénomination de poterie
pénwienne et mexicaine, d'une antiquité indéterminée, pourrait
bien avoir quelque parenté avec l'art indou.
* On sait qu'en Chine, dans les temps les plus reculés, et qu'à
Babylone même, il existait déjà des fabriques de tuiles et de bri-
ques vernissées deux mille cinq cents ans avant l'ère vulgaire ^
Homère parle du tour de potier, de sorte que les Grecs doi-
vent avoir confectionné des terres cuites assez artistiques au
commencement de leur histoire, et les colonies italiennes les
ont suivis de près. Quelques vestiges conservés dans les mu-
sées, et particulièrement au Louvre, prouvent que déjà la
Grèce et ses colonies connaissaient partout la poterie imper-
méable ou vernissée au feu avec des couvertes minérales (plomba
cuivre, sel, etc.); et V émail stannifère môme se trouve déjà
avec toutes ses qualités opaques (étain) dans certaines verre-
ries antiques. L'Egypte même, bien avant, paraît avoir connu
ces émaux stannifères, puisque parmi les verroteries égyp-
tiennes, dont le Louvre possède un certain nombre, quelques-
unes montrent de l'opale.
La plupart des poteries dites étrusipies, fabriquées en Grèce
I . M. Dubroc se trompe grandement, quand il dit que le vernis plombifère
ne remonte qu'au premier siècle du christianisme, puisque tout le monde sait qne
les Grecs ont déjà fabriqué des poteries imperméables. Le musée du Louvre en
pOBède une -vitrine pleine.
On Terra, au chapitre qui traite des poteries égyptiennes, que le vernis mi-
néral était déjà connu dans la plus haute antiquité.
5.
Si DE l'art CËRAUKtUE
et en Italie VdifKrciitcs époques (900-3)4) n'ont cependant
pas mémo de vernia'mim'ral appliqué au feu, et ces poteries ne
sont poin): imperméables ; leur couverte est formée de silicate »
n^caJM^ÉUtaCalcali, et de rouge de terre ferrugineuse, et de
noir ^^Hnsae, w partie fixes par l'air, en partie parle feu,
abaolu^^HwiiiBla r'nuerte que les potiers romains ont con-
tinué H'cmployôr.
La Scandinavie, la Germanie, la Grande-Bretagne et la Gaule
ont fabriqué aux époques reculées des poteries sans couverte,
que les fouilles ont mises à jour. — On pourrait ranger ces
trois dernières espèces sous une seule dénomination, celle de
celtiques, ou àpeu près.
Les plus anciennes poteries vernissées et imperméables eAr^
tiennes d'Italie, dont l'attribution est incontestable, sont, les
terres cuites vernissées du presbytère de l'église de San Maria-
a-Mare, construite vers le troisième siècle à Castro-Ifuovo, et
celles du campanile (clocher) d'Ain, de 1279, deux localités
situées dans le Napolitain.
L'Italie a eu une renaissance d'art céramique ; mais cett«
renaissance me paraît s'être opérée seulement à la suite de l'in-
vention allemande de l'émail stannifère, qui y a été probable-
ment appliquée en premier lieu, puisque aucun autre pays eu-
ropéen ne peut faire remonter sa fatence au commencement
du moyen âge*.
Les briques en haut-relief à émail stannifère de 1307, qu'on
i '"I. Silicale désigne dïs'seU formés de silice el d'une bise. Tous les silicates
Huil iBsolublee dsns l'eau , à l'eiceflïoa de ceui qu'on obtient gjliBcielleineiit
ï»ec eieès <l'!jjB*t'"WtRSsls emplnjé par les oérimisles roniitns appirlienl ii
i. La première iinpuJsioa quta été douaée eu Europe, eu dehors Je l'Ilalu,
attribuée à Gœlhe, La coUectiou dé mijoliques que ce graud homme a laissée, —
et que l'on peut visiter i Weimar dans la maison qu'il habitait. coIlectioD com-
diJTérefiles IraDsFormatiDas de la
feN GÉNéBAL. 55
voit à Leipzig, au musée de Dresden et dai^sma collection,
la statue colossale du tombeau du duc Henri IV à Breslau^
toute d'une pièce et à émail stannifère, œuvre du treizième
siècle, etc , etc., remontent à deux cents ans avant les Délia
Robbia S auxquels la vieille routine attribue l'invention de la
faïence à émail stannifère européen. Les Hirschvogel de Niirn-
berg et d'autres potiers d'Allemagne avaient produit déjà, eo
1503, de si belles faïences que Bernard Palissy, qui était venu
visiter ce pays et y étudier l'art du potier, donna la préférence
à l'école allemaïAde sur celle de l'Italie.
L'Italie, aussi bion que le reste de l'Europe, a donc suivi,
pour ses faïences et ses émaux, l'école allemande , école qui,
plus tard, s'est répandue directement, d'abord dans une partie
de l'Italie; en Suisse, où elle arrrivait, par la branche souabe,
de la forêt Noire; en Hollande vers 1450, dans les Flandres *.
1. I^our l'émail stannifère, M. Dubroc fait la même erreur grave de dates
que pour le vernis plombifère, quand il dit textuellement dans son ouvrage : ■ Que
ce' n'est que vers 1432 que l'on voit apparaîire les premiers spécimens de Vémail
stannifère dans un bas-relief de Luea Délia Robbia. »
Les faïences musulmanes à reflets métalliques doivent être classées parmi
les productions d'origine non européenne, et n'ont exercé aucune influence sur
la fabrication de cette partie du inonde. Les poteries siculo-muiulmcmei (fabri-
quées par les Arabes en Sicile, sous les dynasties aglabites et fatimites, depuis
l'invasion de 827 jusqu'à leur expulsion, en 1090, par Roger le Normand, qui
^t alors le titre de grand-comte de Sicile) , aussi bien que les poteries hispano-
musulmanes, qui ne datent que de peu avant 1200 à 1609, époque où les Maures
forent bannis de l'Espagne , oiit rarement dépassé alors les circonscriptions
locales où l'absence des relations de commerce et de communications leur devait
assigner une action restreinte j lourdes de formes, disgracieuses et sans varia-
tions, elles n'ont pu servir de modèles, ni les potiers d'émulés aux céramites de
VEurwptR. En rapprochant les dates, on voit que les potiers allemands des mêmes
époques étaient déjli bien plus avancés dans l'art céramique. Le reflet métallique
a été atteint aussi bien tout d'abord par les Allemands,' <pi^aprè^ p.ar leurs dis-
ciples les Hollandais. L'Italie l'aura imiié cependant des Siculo- Arabes.
2. Il est vrai que Cyprian Piccolpassi parle dans son traité, que l'on croit
avoir été écrit vers le milieu dti seizième siècle, d'un céramiste nommé Guido de
SfflHao., qui se serait rendu vers cette époque à Antwerpen (Anvers) ; mais les
roSlif^hes minutieuses auxquelles je me suis livré dans les Flandres même ne
m'ont pas fait découvrir la moindre trace qui confirmât ce dire, et je pense qu'il
serait téméraire de donner cette unique citation d'un auteur comme preuve. Du
reste, ia venue de cet artiste ne prouverait plus rien aujourd'hui, puisque l'on
connaît des poteries allemandes à émtfil stannifère remontant au treizième siècle. Le
livrer de Piccolpassi, fort curieux du reste, a été traduit avec beaucfoup d'cnigi-
otlitfB dans la langue de Rabelais par M. Popelin, peintre d'histoire : a Les troys
livres de l'art du potier, esquel se traite non-seulment de la pratique, mais brief-
56 DE l'art CÉBAMlQUe
dans le nord de la France, en Angleterre, en Danemark, en
Suède et en Portugal, où les premiers établissements ont par-
tout été fondés par des Allemands.
L'école allemande a été suivie indirectement dans le midi de
la France et en Russie. La France avait adopté pour ses pro-
ductions, dans certaines fabriques du Nord, les procédés de la
branche hollandaise. Des ouvriers de Delft, établis d'abord en
Flandre, entre autres villes, àLille^ ont fondé aussi, sous la di-
rection de Poirel de Grandval, vers 1640, la première fabrique
rouennaise ; et d'autres ouvriers hollandais et nivernais en éta-
blirent, en 1 673, une seconde sous la direction de Poterat de
Saint-Sever. Quelques archéologues et des amateurs rouennais
penchent à faire remonter la première fabrique à la fin du
seizième siècle ; mais ils n'ont pu trouver aucune preuve à l'ap-
pui de leur opinion. Ils croient aussi que Poirel de Grandval
avait plutôt adopté les procédés de la branche italienne. Le dé-
cor genre italien du plat appartenant à M. Baudry, à Rouen, et
signé Claude Bome^, 1734, ne prouve rien, la date est beaucoup
veinent des auxtres secrets de este chouse qui iouxte mes buy a esté tousiours
tenue celée. Du cayalier Cyprian Piccolpassi, durant oys translatés de l'italien en
langue française par maistre Claudius Popelyn, Parisien. »
Voici comment M. Popelin a rendu en vieux français le passage qui est relatif
à ce Savino : a Dans la marche d'Ancône, la terre de cave se travaille en maiat
e»^ endroit, en maint es autre la terre fluviane; à Gênes j'ay ouy dire que se trtf-
viiîlle la terre de cave; à Lyon celle du Rhône, es Flandres celle de cave. J'en-
tends à AnverSy où porta cest art un certain Guido de Savino de ce pay&-cy, et
le maintiennent mes huy ses fils, etc. »
Comme il n'y a pas trace de ce Savino à Antwerpen, ce passage de l'ouvrage
de Piccolpassi ne^peut pas faire autorité. Pour la France, la priorité italienne
est tout aussi contestable. En 1556 seulement, deux ouvriers italiens, Julien
Gambyn et Domenge ^rdessir, natifs tous les deux de Faenza, adressèrent une
requête au roi Henri il pour demander la permission de faire la vaisselU de
terre façon Yeniie (la requête ne parle ni de faïenoe fine ni de majoUque),
et l'un d'eux, Julien Gambyn, dit avoir déjà pratiqué son art à Lyon, sous Jehan
Francisque de Pesaro, tenant boutique dans Lyon. Ces trois potiers, tous Italiens,
se seront bien- gardés de communiquer leurs secrets (si secrets il y avait) -Itix
ouvriers français, et la vaisselle de terre façon Venise n'était pas de la faïence à
émail stannifère, puisque Venise n'a fabriqué que la demi-majolique ou poterie
à vernis plombifère sur engobe, jusqu'à l'époque où Hirschvogel de Niirnberg y
avait apporté la recette de l'émail stannifère.
i . Le Claude Borne de Ne vers, que les travaux de M. Dubroc ont fait con-
naître, peut être le même que celui de Rouen, sans que cela change la thèse,
puisque le décor chinois de l'école hollandaise était déjà adopté à cette époque à
EN GÉNÉRAL. 57
trop rapprochée; on trouve des céramistes nomçié&Bome, aussi
bien dans les fabriques du nord que dans celle^de Nevers.
L'autel portatif du musée de Sèvres, signé Jacques Feburier
et Marie-Étienne Borne, 1766, ouvrage que j'attribue à la fa-
brique hollandaise de Lille, et M. Riocreux à celle de Rouen, ne
montre aucun indice de décor ou de style italien. Ce Marie-
Ëtienne Borne de Tautel portatif est, sans doute, un parent de
Claude Borne, le signataire du plat appartenant à M. Baudry.
Si les Borne étaient Nivernais de naissance , ils étaient certes
de l'école céramique hollandaise. On trouve aussi un Claude
Borne, peintre céramiste de Lille, qui était venu, en 1751,
travailler à Sinceny. Le Claude Borne de 1734 et celui de
1751 peuvent être une même et seule personne. Quant à Ber-
nard Palissy, à ses contemporains et aux fabriques du nord
de la France, ils ont suivi directement l'école allemande. Ne-
vers, Moustiers, Clermont-Ferrand^ et Marseille, et les autres
fabriques du midi ont peut-être reçu leu|s procédés céramiques
de la branche italienne; mais, à l'exception de ^i^vers, elle»
ont plus tard presque toutes copié, comme les fabriques du
nord de cette époque, les porcelaines de Saxe; la pâte et
rémail sont ceux des fabriques du nord. C'était, du reste, Meis-
sen qui avait donné l'impulsion artistique au dix-huitième siècle,
en mettant partout le genre rocaille à la mode*
Les terres de pipe plombiférées, dites faïences de Henri tl ou
de Diane de Poitiers, sont d'origine encore inconnue, malgré
les dissertations publiées par un auteur de province; elles me
paraissent cependant être françaises; le voile qui couvre les
noms du lieu de la fabrication et des potiers n'a pas encore
ét^nevé.
La fabrication de la faïence a été introduite en Russie par
Pierre le Grand, et là encore c'est la branche hollandaise qui a
Nevers. Un Henri Borne a \éc«>au milieu du dix-septième siècle. Une pièce signée
de lui porte le millésime de 1689.
1 . Clermont-Ferrand a fait absolument les mêmes faïences que Moustiers. Cette
fabrique n'est connue que par l'aiguière appartenant à M. ÉdjKkard Pascal, et
signée C/ermon(-Ferrafl(2, 1734. ./^
S8 DE L'aBT CÉRjlMIOllE
été adoptée. Le czar avait -embauché des céramistes à Deift et
à Haarlem pendant son séjour à Zaandam; Ils se rendirent à
ses frais à Pétersbourg, pour y établir les premières fabriques
dans les environs de cette capitale.
Qui a révélé aii:; Allemands le secret céramique de l'émail, si
secret il y avait'? L'ont-ilsvraiment inventé, commeon est porté
1. Il n'i . ptMque
rien dani
qui n'«l éit
inTenU en
AHtoagne, «elle
mère
patrie de
la chimie, comme Iciei
lee, où BcGk
er, el Stahl
iprec
iii«rs-.eri
labiés chimiiles.
Learapp'niJ s
LU-ta
a da délèguin ftintret M rfscorobw. »ur por-
etlaini {duli^'an.
reipMiUon uni«rBelle
de Londres
^ea ISflî),
. ;liBl.lifeiB«i,«„
<:heiM.(
:habaud, président delà
hwtre aiUm, idi
jellemeDl : . D'aprii Ie3>éclu dn iieiU>rd> que
■ tam» BBitrfirti,
[limd uopibre d'ouiriers eeraienl
, Tenu. d'Ail.
îmagne, et
aujou^hiii ceiii
.ie leu
rs pelits-
nis qui <bDl restai dant
, le mSlier al
teslenl leur
origine par 1.,..
1 Eermat
iiquei, d'où il faurfroi
1 admtUn •
)ue VàU<-
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sédé, proprei
1 à la for-
''^''\!^'l.r;;..;,' ..,
iTop
sans poli
Bsage, employé inssi d(
■puis quelqoes'Miaéet u.
eetvn i^Léjé >i
adu]
par m Al
llemand, 11. Schumburi
■ dé Berlin,
è UN. nu-
tertre frères.JPa
Ui teWDl
i t.it bre-eler, — était depois longten
ip. d^i du
JflBttiaiuepiihiitrti
. ^1«:
unique la fabrique de M<
lissenleregs.
rdÙttonuBe
tes 1
Ma autre procÈde tout
pour lequel
MU. Carr«,iPari
irenl bre-
teler, el que leur ont «)
tertre, atait été «a putie pricdant Séjournai de BingliT,\oa\e LXX, page 317,
où on lit, sous le litre de : Dorure de laforcelaim, de) votes ievtTn.ele., sous
Il déiignation erronée de : Procédé de Godw'n Embng (Anglais du camlé de
ËlnObrd, qui aruit obtenu, le il avril ta^a, unepateule pour l'applicalion par
impression d'un produit connu tous le nom de Goldluslrt, composé d'argent, de
gomme el de déele cuite, qni se pratiquait déjà depuis un sièele dam toaUi les
poteries d'Allemagne) i
d'acide idttiaue et d'
ei on prépare dans ui
. Tase
séparé un anlre
meUng*dedemU.r
es de baume de
ice de térében-
Ibine sons l'action i
après cela
solution petitàpeiit.i
iu la remua
al.d
ans le demi
er mélange
du. avec le
dessus d'un
,e plaq
deboiii,aurdupBpie
1 à cet elTel.
, et quand 1
n est transporté
de là sur la powela'
Ine et le <
ferre,
, etc., on 1.
! cuit d'après les
procédés ordi-
J'aCais signalé et
traduit d<
; l'a]
lemand ce
passage à <
icsmc!
ssieurs, qui ont
complété le procédé |
par leurs p
ropre
19 recherches, ainsi qu'i
eu delà recette
indiquée eu Diclionit
«iredecS
(Paris, 1 T4
4, cbei Lacombe,
quaide-Cooli),
recette égalemeni d'o
nand
Voici le passage qui se troui
du second
volume du Diction-
noirs di Chimit ;
. Oneonnairplusi
isprin
cipcsiilTena
nue dans le dispensai
re de la Faculté de médéeii
ne de Paris
iélle.
onsiste ), m»l«-
EN GÉNÉRAL. 59
à le croire, ou Tonl-ils reçu de l'Afrique ou de l'Asie? Questions
difficiles à résoudre. L'avenir les éclaircira peut-être. Il se peut
que le goût leur soit venu de la Perse^ où la poterie en terre
et agiter seize parties d'huile essentielle de romarin avec une partie d'or dissoute
dans L'eau régale ; à séparer ensuite exactement l'eau régale dépouillée d'or d'avec
l'huile essentielle qui en est chargée, et à dissoudre cette dernière dans le quin-
tuple de son poids d'esprit de vin rectifié. Cette préparation est la même que
celle qui est décrite dans la dernière édition de la Chimie ^ de Lémery, sons le nom
d'or potable de mademoiselle Grimaldi, Toutes les huiles essentielles ayant la
même propriété, par rapport à la dissolution d'or dans l'eau régale, on sent bien
qu'on pourrait faire des ors potables de même espèce que celui-ci avec toute autre
huile que celle de romarin. — L'éther, possédant à un degré éminent toutes les
propriétés des huiles les plus atténuées et les plus volatiles, produit aussi exacte-
ment le même effet, et encore mieux avec la dissolation d'or; en sorte qu'on peut
très-bien faire aussi des ors potables en employant un éther quelconque au lieu
d'huile essentielle. M. Post ayant reconnu une odeur d'éther à l'espèce d'or po-
table connu sous le nom de gouttes du général de Lamotte, a cru que cette pré-
paration était faite avec l'éther. Mais comme ces gouttes sont miscibles à l'eau dans
tontes proportions, qualité qui ne convient point à l'éther pur, il y a lieu de
croire que l'odèor d'éther qu'on distingue dans ces gouttes du général de La-
motte pro^nl d'une petite portion d'éther nitreux qui se forme par le mélange
de l'acide nitreux, de la dissolution d'or et de l'esprit de vin qui entrent bien cer-
tainement Tun et l'autre dans cette composition. Au reste, toutes les teintures
d'or ne sont que de l'or en nature, extrêmement divisé et suspendu dans une
liqueur huileuse : ainsi elles ne sont point, à proprement parler, des teintures ;
eUes ne peuvent non plus se nommer or potable qu'autant qu'on n'attache point
d'autre idée à ce nom que celle de l'or nageant dans un fluide, et réduit en mo-
lécules assez fines pour pouvoir être bu lui-même sous l'apparence d'une L'queur.
ainsi que le remarque fort bien M. Baron dans soin édition de Lémery. Il est à
propos d'observer que toutes les préparations dont on vient de parler contieiment
aussi une certaine quantité des acides de l'eau régale, et que, malgré cela, elles
sont sujettes à laisser déposer avec le temps une bonne quantité de l'or dont elles
sont surchargées, etc. »
On ne saurait cdinprendre, d'après tout ce qui était déjà connu depuis si long-
temps sur l'emploi et la liquéfaction de l'or pour différents usages, que le rapport
de M. Salvetat, le chimiste attaché à la manufacture de Sèvres, ait pu conclure au
maintien des brevets Dutertre et Carré, et à la condamnation des malheureux dé-
corateurs qui avaient fait de l'or brUlantsansbruni^age, d'après d'autres procédés
et compositions, condamnation qui a amené à sa suite la- saisie de quantités de
marchandises dans lés dépôts de porcelaines, au détiiroent de commerçants qui
étaient de bonne foi et au profit des brevetés. La découverte de la dorure sans
brunissage remonte bien plus haut dans les annales de la fabrique de Meissen. Le
baron de Bourgoing, ambassadeur de France à Miinchen, avait déjà rapporté une
pièce de porcelaine ainsi dorée et qui se trouve au musée céramique de Sèvres
même, depuis 1833. Ce musée, aussi bien que la collection céramique des Arts et
métiers à Paris, possédait encore d'autres échantillons. Quand M. Salvetat dit en
réponse à cette note-ci : « Pour moi, auquel M. Demmin fait l'honneur d'une
citation, je ne puis le suivre dans ses aperçus sur la loi des brevets » (p. 73, t. I,
Histoire des poteries, faïences et porcelaines, par J. Marryat ; traduit par MM. le
comte d'Armaillé et Salvetat) . Je le crois sur parole, mais je voudrais savoir ce
qui l'autorise à lancer contre moi dans le même ouvrage la phrase suivante
60 DE l'art céramique
cuite sous engobe blanc et au vernis de plomb ' s'est fabriquée
déjà vers 750. Le mot càchel (carreau de poêle en allemand),
dérive du persan, et on sait que les langues sanscrite, indo-
germaine et persane, sont parentes. Mais ce n'est pas en Perse
qu'ils peuvent avoir appris remploi de l'étain. Il y a peut-être
là une filière à suivre, puisque ces cacheln ou carreaux, qui ser-
vaient à construire les grands poêles gothiques, sortaient des
fabriques de poteries émaillées déjà établies en Allemagne au
commencement du moyen âge. N'oublions cependant pas les
colliers et bracelets d'Augsburg, qui remontent au delà du cin-
quième siècle.
Les écoles saxonne, franconienne et souabe ont particulière-
ment laissé des ouvrages artistiques qui , nulle part pour le
modelage , n'ont été surpassés. A l'époque où étaient moulées
toutes les autres faïences italiennes, hollandaises et françaises,
— sans en excepter celles attribuées à Bernard Palissy, à ses
frères et à ses contemporains, ni la plupart des œuvres des Délia
Robbia , — ces écoles ont produit la majeure partie de leurs
terres cuites émaillées par le modelage à la main (voir l'article
sur Leipzig , Breslau, Nùrnberg, et le potier Hans Kraut de Vil-
lingen, etc.).
Dans toutes ces ébauches hardies, on reconnaît la main du
véritable artiste et l'inspiration créatrice — travail qui laisse
bien loin la manière de faire des industriels et le moulage.
Ce sont, du reste, ces seules faïences, ou terres cuites émaillées,
qui fournissent à l'amateur des spécimens du style gothique bien
pur et bien caractérisé; aucune autre faïence européenne ne
remonte à cette époque.
Les poêles gothiques des potiers allemands des treizième et
(p. 103, t. I) : «Tout en regrettant les attaques déguisées de l'auteur du
Guiddy etc. • Est-ce que M. Salvetat aurait voulu que je dépasse les bornes de la
bienséance ? Où a-t-il vu ce déguisement f Je n'ai pas l'honneur de connaître M. Sal-
vetat, et je n'ai aucune raison de lui en vouloir; ma critique ne s'adresse donc
nullement à sa personne, mais à son rapport et à la chose jugée.
1 . Appelé è tordy faïence. Les soi-disant faïences de Perse sont dépourvues
dVtatn, et leur vernis minéral est tellement peu solide, qu'il se raye sous le
couteau.
BN GÉNÉRAL. ^ 61
quatorzième siècles, ddnt on trouvera également la descHpIion
à Tarticle Nurnberg, aïoàt particulièrement précieux pourTétude
héraldique et himatiologique du mo|^n âge. Avec un style sans
aticun mélange, on y retrouve les costumes de Tépoque fidèle-
ment reproduits.
'. Le monument de Breslau, qui datQ de la fin du treizième
siècle , est aussi , sous ce rapport , une œuvre fort pré-
cieuse.
Après les écoles allemandes, saxonne ou du nord S franco-
nienne, souabe et rhénane, les célèbres usines italfennes et les«
produits de Winterthur (Suisse), Delft et Rouen ont rivalisé
comme centres de fabrication, soit par la variété des produits,
soit par le grand perfectionnement du'coloris. Rouen l'emporte
quelquefois sur Delft par le bon .goût du dessin de ses orne-
ments, quoique souvent ces deux^entres se soient mutuel-
lement copiés; mais Delft lui est supérieur pour la grande
variété des formes , la légèrétj^ et la finesse de \^' pâte , la
blancheur de Témail, l'abondance du décor historié, et sur-
tout par de véritables tableaux, qui sont au-dessus de l'art
industriel.
len n'a jamais eu de peintres de figure ni de paysage.
Eollande, de célèbres peintres d'animaux, de genre et de
paysage, n'ont pas dédaigné de peindre sur faïence ; il suffit de
citer Vroom, Jan Steen, van*der Meer de Delft, Yinkenboons,
Jan Asselyn, Willem van de Velde, Abraham Verboom et Ter
Himpelen. Les fabriques d'Allemagne, d'Italie*, de France,
n'ont pas eu cette bonne fortune.
Môme les dessins des plus rares faïences italiennes sont tou-
jours des copies; ces compositions sont uniformes; visant avant
tout à l'effet meublant^ elles ne forment qu'un décor. La peinture
décorative sur faïence a certes son mérite dès qu'elle reste uni-
1. y oÎT Leipzig, Breslau, Strehlaj etc.; Lubeck, Wismar, Da/ntzig, Lune'
bwrg, Brandenbwg, etc. , pour les œuvres céramiques monumentales du nord
de l'Allemagne, des quatorzième et quinzième siècles.
S. Je ne connais pas de pièces de majolique italienne peintes par de grands
maîtres. Ce sont toutes des copies d'après leurs cartons et d'après des grayures.
6
6â DE l'art Céramique
quement dans V ornementation, mais ce inerte devient un défaut
quand elle veut^ traiter des sujets historiques et des paysages
en ébauches sur de si petits estpâces. La faïence italienne n'est
donc pas pour ainsi dire de la fs(îence, c'est plutôt de la pein-
ture ébauchée sur de l'épaisse vaisselle m terre cuite émaillée,
mais personne ne peut lui déiiier son caractère archéologique,
le sentiment artistique, un CQHâin grand air, et même quelque-
fois le beau idéal.
L'urbino, le gubio et peut-être le ferrare font souvent excep-
«tion par la blancheur de l'émail ; le gubio, en outre, par la légè-
reté de la pâte. Les faïences d'Urbino se distinguent par leurs
charmantes compositions d'arabesques, chimères, etc., si pleines
de détails au trait, ett par leurs cartels ménagés dans lès mêmes
tons et peints sur un fond blanc brillant et suave»
J'ai fait observer qu'un très-grand nombre de motifs des dé-
cors céramiques italiens sont pris dans les œuvres des maîtres
allemand?, flamands et hollandais, et particulièrement dans
celles de Goltzius,
Les plats peints d'après les cartons de Rafaele et 4' autres
maîtres Italiens, sont plus rares que l'on ne pense; mais il y a
un grand nombre de sujets copiés d'après des gravures ita-
liennes ^, ou plutôt poncisés sur ces gravures, de telle sorte que
des peintres ignorants poncisaient même jusqu'aux noms des gra-
veurs et des éditeurs, qui, quelquefois, ont été pris plus tard
pour des noms de céramistes.
1 . Les graveurs italiens que les peintres céramistes italiens ont le plus souvent
rançonnés, sont : Andréa Mantegnaj né en 1431, mort en 1506; Domemco
Campagnala, qui a travaillé vers 1 5 1 7 ; Marc Antonio Raimondij né en 1 48 8 ;
Âgostino {Veneziano) di Mui{s, né en 1490 ; Marco di Ravenna [Dente) y qui
travaillait vers 1 51 9 ; Giuîio Bonasone di Bologna, né en 1510, mort en 1580;
Nicolas Beatricius, qui était Lorrain de naissance, et travaillait entre 1520
et 1570; Eneas Viens ou Vighi, 1520 à 1570; Giovanni Battista Ghisi, né
en 1515 ; Giorgio Ghisi, né en 1520 ; Adam Ghisi, qui travaillait entre 1566
et 1573; Diana Ghisi, qui travaillait en 1573 et 1588; Gaspar Beverdinus,
vers 1550; Le Maître, J.-C, de 1560 à 1571; MarixAS KartanuSy de
1560 à 1580; Giovanni Maria Pomedello, vers 1534; Giulio Sannuti» de
1540 à 1550; Julio di Musio, de 1550 à 1560; Francesco MazzuoU, dit le
Parmesan, vers 1540 ; Giovanni Batista Franco, né en 1510, mort en 1580 ;
Martin Aoto, né vers 1540 ; Léon Davent, entre 1540 et 1565; Antonio Fan-
1
EN GÉNÉIUI.. 63
Moustiers, Clermont-Ferrand, etc., en France, ont suivi l'é-
cole d'Urbino ; mais on reconnaît dans leurs décors le bon goût
ûe Tornementation française, et quelquefois les copies des gro-
tesques de Gallot, les dessins de Berain, etc., etc. Cette faïence
du midi, et particulièrement celle de Moustiers et de Marseille,
se prête le plus aisément à la contrefaçon.
Ledelftest, de toutes les faïences connues, le produit le plus
mince de pâte ; il est quelquefois aussi mince que la porcelaine
fine des Indes, et très-sonore.
Outre Tabsencede variété dans les formes et dans les sujets,
on doit encore reprocher à la faïence italienne l'absence de
'variété de couleurs; c'est le jaune qui y domine. Les sujets,
uniquement copiés dans un cercle assez restreint d^épisodes
mythologiques, éjtaient d'ailleurs, chez les ItalienS| moins in-
grats à traiter^ que les mille détails de la vie intime et les
sujets historiques choisis par les peintres allemands et hollan-
dais, auxquels il fallait plus d'étude pour les costumes, plus de
création, plus de lecture.
Les plaques peintes par Van der Meer, Jan Steen, Ter Him-
pèleti, WiJJem van de Yelde, Jan Asselyn, Abraham Verboom
etTinkenboons, au milieu du dix-septième siècle, sont des des-
sins pour la jplupart originaux dont l'exécution sq^gnée et mi-
^nutieuse^t tout à fait différente des peintures céramiques des
Italiens. Une de ces plaques, en camaïeu bleu, de ma collection,
peinte par Jan As^lyn, représente un beau paysage accidenté
lue?!, de1540ài580; Domenico del Barbiere, de 1560 à J570j et Agosiino
Câracci, né en 1557, mort en 1602.
Andréa Montegna se signale par des têtes àvcasqoes, des costumes, etc.;
Domenicio Çampagnoîaj par des sujets tirés de l'histoire sainte , des vierges
(1517), des portements de croix, des paysages, etc. ; Agoatino di Musis, par des
portraits de papes^ etc.; Doute {Marco) di Ravena, par ses apôtres, sujets saints
et d'histoire, son Laoeoon, etc., le tout très-remarquable ; Bonascone [Giulio)
di Bolognaj par des têtes, des sujets bibliques (1544), des batailles et mie gra-
▼nre où l'on voit une guillotine , œuvres de médiocre exécution; Beatricius [Ni-
colas), par des sujets bibliques, dès vierges (1518), des empereurs romains, une
bataille d'Amazones, des sujets mythologiques (1^42), l'arbre généalogique de
« Cosmo Medici Fioreatini, » des sièges de places fortes, des reproductions de
momudes, des Tases et des trophées, des ornements à arabesques et avec balda-
quins, qui ont servi à Berain pour composer ses réminiscences.
64 DE l'ap: céramique
où la perspective, si difficile à obtenir sur faïence, est par-
faite; une autre, par Yinkenboons, également en camaïeu bleu,
une Kermesse avec plus de mille figures, est un véritable
tour de force et de patience, car, peinte sur le cru, le dé-
tail eu est tellement compliqué , que le poncis n'a pu être
emplo^4 Quant aux précieuses et si rares plaques peintes par
van dèr Meer, de Delft, dont on ne connaît que deux exem-
plaires authentiques, ce sont des tableaux de genre, aussi bien
réussis (pie s'ils étaient peints sur toile, et bien plus brillants
comm» côlorfe.
A ces van der'Meer, comme aux paysages peints par Berghem:
lui-méitie ou* copiés d'après ses tableaux, les faïences de l'Italie
n'ont rien à oppàaenr ; sur celles-ci le paysage est toujours sacrifié,
^ lès ^sujetsJitstoriqués sont des ébauches. Les productions dé
Castelli, qui af^âr tiennent presque toutes à la décadence, con-
tiennent, il est vrai, beaucoup de peintures où le pays^gp do-
_ mine: mai» quel paysage! Absence de perspective, où lés tons
du fond sont aussi crus que ceux du premier plan*; où l'eau,
comme dans les faïences d'Urbino, est souvent peinte eo ja^ne
et les montagnes en bleu r
Les marines sont belles, et particulièrement vratîwilans le
delft : ce q«i, du reste, se conçoit facilement chez une nation de
navigateuré. J'èj» possède deux peintes par Vroom.»de Haarlem,^!*^
le créateur de la peinture de marine, où la naïveté est encore
sensible. Willem van de Velde est le pjus réputé pour ce genre
de peinture sur faïence.
Le mérite d'exécution des décors hollandais dépasse donc
" certes tout ce que l'on a peint ailleurs sur terre cuite; on v
trouve jusqu'à des dessins à hachures*, cetjui paraît presque
impossible à obtenir sur l'émail cru. ^
Les Hollandais ont aussi, plus souvent et en même temps que
i. Voir l'alinéa au bas de la page 52, où un passage de l'ouvrage de Pesseri
démontre que les peintres allemands 4'Augsburg ont déjà tâché d'améliorer la
niàuTaise peinture des paysagistes de Pesaro du seizième siècle.
2. Hachures, en peinture, d£ssiji:«t<^ravure, désigne des lignes droites ou
courbes qui se croient.
EN GÉ.NÉRAL. 65
le^ Italiens, .engloyé la dorure, et cela dès le commeDcemeDt
de leur fabrication. En 1570 ils faisaient des poteries en faïence
dont le décor, ménagé d'or, est resté supérieur à ce que l'on a
fait ailleurs ; el iQ3 rehauts d'or de quelques faïences italiennes
sont inférieurs à' j^ux que Delft produisait déjà vers 1540^,
quoique le soi-disant inventeur de ce procédé , en Italie, eût
obtenu, en 1547.seulement, une patente ducale*.
1. Un cheval eu faïence de Delft, daté de 1480, et qui fait partie de ma col-
lection, montre déjà des vestige» de dorure. M. B.Pascal possède le pendant.
2. Les anciens peintres italiens étaient cachottiers et mesquins en tout; ils
n'ont Jamais compris que l'art n'a pas de patrie et ne doit pas en avoir. On a vu
l'esprit mercantile et indiMtriel pousser ces peintres jusqu'au crime et à la scé-
lératesse : Andréa Castagno, comme je l'ai dit ailleurs, tua, en 1645, Domenico,
son meilleur ami, a afin de posséder seul à Florence un secret que l'on ignorait
encore en Toscane. » (Vasari, Vie d'Aguado Gaddi). Les peintres du Nord ,
plus instruits, plus pénétrés du sentiment de l'art et des devoirs du véritable ar-
tiste, ne faisaient aucun mystère de leurs découvertes et ne prenaient ni brevets
ni patentes. N'avons -nous pas vu même Hubert et Jan van Brugge (van Eyk)
enseigner généreusement leur prétendu secret de la peinture à l'huile à plusieurs
élèves et à tous les peintres qui le leur demandaient ? Quelques traités de la ville
de 6and de 1419 à 1443 (manuscrit sur la ville de Gand, publié en 1815 par
M. Dierieux) parlent du reste déjà de ce secret, quoique les van Eyk ne l'eussent
mis en œuvre que vers 1410.
Le brevet contenu dans l'édit du duc Guid'UbaIdo IT, du i" juin 1567, relatif
à la dorure de Pesaro, était concédé à un certain Giacomo Lanfranco de Pesaro.
En Toici textuellement la teneur :
t Nous, Guid'UbaIdo second, Feltro délia Rovere, quatrième duc d'Urbino,
seigneur de Pesaro et Senegaglia, de Montefeltro; Casteldurante, comte et préfet
de Rome, voulant, comme il est d'usage pour tout bon prince, pourvoir non-
seulement à ce qu'aucun ne soit en aucune manière gêné dans son industrie, ni
frustré des fruits de ses fatigues, mais encore récompenser chacun, qui par un
long exercice de son génie est devenu inventeur d'excellentes choses non encore
trouvées par d'autres, et ayant été cherchées par beaucoup en vain, et nous,
aiyant vu que Jacomo Lanfranco, de notre cité de Pesaro, a trouvé, après beau-
coup d'expériences, la manière de mettre Tof vrai sur les vases de terre cuite,
et de les orner de travaux d'or, qui après la cuisson deipeureut intacts, et su-
perbes ouvrages d'une solidité et d'une beauté admirables ; et a en outre trouvé
la manière de fabriquer des vases également en terre cuite, de forme antique,
avec des travaux an relief d'une grande supériorité et d'une dimension merveil-
leuse, chose qui jusqu'à présent a été plutôt désirée que vue par d'autres.
Gomme ces ouvrages se recommandent par eux-mêmes merveilleusement, pour
lui faire voir combien nous estimons ses inventions, ainsi que notre bon vouloir
envers les virtuoses [virtuosi), et empêcher encore que d'autres ne s'attribuent
l'utilité et l'honneur de ses fatigues : par les présents privilège et concession, et
par tous moyens préférables, nous voulons et nous accordons que ledit Jacomo
puisse seul travailler et faire travaille»' dans tout notre État des vases de terrd
avec de l'or, ou mis à l'or, et des grands vases de la forme et qualité susdites,
défendant expressémen#À,toute autre pcWWtae, 4è quelque condition qu'elle soit,
de se permettre, pendant la durée de quinze années, de travailler des vases^de
6.
66 DE l'art céramique
La dorure était, du reste, en usage en Allemagne bien long-
temps déjà avant 1547; on y dorait même des poêles. Le
musée Sauvageot possède un vase doré de l'école de Fran-
conie, peut-être de Hirschvogel de Nurnberg, qui date de
1500 à 1520, et un modèle de poêle en faïence de NUrnberg, dé
ma collection, de la même époque, montre également des
traces de dorure. *
Les Hollandais otit néanmoins employé la dorure plus souvent
que les Allemands,, et leurs modèles offrent une infinité de for-
mes variées. Ils ont fait même des violons S de véritables Stra-
divarius ou Montagnana pour la fi!nesse. C'étaient des œuvres
de maîtrise. On en connaît quatre en Europe : un au musée de
Rouen*, provenant de la collection Sauvageot; il est de forme
terre cuite avec de l'or, ou mis à l'or, qu'il ne puisse fabriquer ou faire fabriquer
des grands vases de terre cuite de la susdite forme, d'une plus grande mesure et
capacité que de deux some (mesure ancienne], pendant la durée de vingt-ciaq
annéei;, sans Jacomo lui-même (sans sa permission), sous peine de cinquante écus
à appliquer, un tiers au susdit Jacomo, un autre à notre fisc, et pour le reste
dhriser entre l'exécuteur et le dénonciateur, et cela chaque fois qu'aucun contre-
viendra, en quelque manièfe que ce soit; à laquelle peine seront encore con>
damnés ceux qui, en counaissance, de quelque manière que ce soit, de ce genre
de travaux, seraient allés ensuite les faire hors de notre État ; et de plus, afin de
faire voir combien ces vaillants trainux nous sont chers, et pour donner encou-
ragement à d'autres de s'exercer vaillamment^ en vertu de ce privilège et de
notre propre volonté et délibération, nous faisons francs libérés et exempts ledit
Jacomo et maestro Girolamo, son père, de toute taille, gabelle et impôt tant or>
dinaire qu'extraordinaire, et de tout tribut royal, personnel ou mixte, pour quel-
que occasion ou cause que ce soit à notre bon plaisir ; et nous lui accordons la
molturaj qu'il puisse moudre dix some de grains à l'année sans payer aucune
moltura pendant le temps x^u'il nous plaira, ordonnant à tous juges, ministres et
officiers de notre Etat à qui ces privilège et concession seront présentés, qu'ils les
fassent afficher par ban public, et enregistrer en tous lieux accoutumé^, et qu'ils
veillent à ce qu'ils soient observés, comme c'est notre volonté. En foi de quoi
avons fait la présente, affirmée de notre main et scellée de notre sceau. ordinaire
et accoutumé, à Pesaro, 1" juin 1569. •»
Lazari parle d'un pareil privilège accordé également, en 1569, à Saverino
Grue de Naples. (Voir les articles sur les faïences de Naples et de Pesaro.)
1 . Ce sont ces violons qui ont fourni à M. Champfleury le sujet de sa nouvelle :
M. Lœbnitz père, de la poterie Lœbuitz et Picheuot, 5, rue des Trois-Couronnes,
à Paris, a essayé d'imiter un violon et a parfaitement réussi quand au modelage,
mais ni émail ni décor n'ont rien qui se rapproche, même de loin, de ces vieilles
faïences. Il en avait fabriqué deux, dont l'un, malgré son entier manque de réus-
site de l'émail et du décor, a été cependant vendu 340 fr. à l'hôtel Drouot,pour
le musée d'Athènes. Les picotages de l'émail étaient couverts de poiutiIlél( jaunes
«t les filets bleus très-mal exécutés.
1. Le catalogue publié eu 1861 chez Brière^ à Rouen, sous le titre : Expo-
Err GÉNÉRAL. 67
allemande, pn camaïeu * bleu et décoré d*un côté d'une double
composition , l'une représentant des dames et des seigneurs du
dix -septième siècle dansant et chariS^fit; l'autre, des anges
jouant de divers instruments. La composition de l'envers est
tout à fait architecturaleetdansle goût de Lepau^re; on y voit
un grand trophée de musique et des Amours ; mais les orne-
ments, qui caractérisent bien le goût hollandais, sont moins
soignés que ceux qui décorent les violons de la collection Van
Romonth et de la mienhe, dont on trouvera la description plus
loin. m
Le second violon, conswvé au musée du Conservatoire de
musique, à Paris, est le moins beau, et assez insignifiant au
point de vue artistique. Le décor en camaïeu bleu consiste uni-
quement en branchages et feuillages, genre chinois; il n*y a
point de figures. La forme adoptée ici par le potier est celle des
violons italiens, c'est-à-dire plus petite et moins plate que celle
des instruments allemands. L'émail est d'un beau blanc, et le
manche moderne, refait à Sèvres, diffère, par la nuance de son
bleu, du bleu plus clair de Tancienne peinture.
Le troisième violon (dont le croquis est ci -contre) , éga-
lement de forme allemande, et qui,4i|^t partie de ma col-
lection (acheté à M. Swaab , marchai^ de curiosités à La
Haye), est encore en camaïeu bleu, et décoré d'une infinité
d'ornements. Le dessus montre des personnages en costumes
de la fin du règne de Louis XIII , dont la mise est un cu-
rieux spécimen des modes hollandaises de l'époque. Troti'
individus jouent de divers instruments à, cordes (un violon,
une mandoline et une basse) ; cinq autres dâhseiit le menuet,
et une dame, se rafraîchit devant la table sur laquelle le ^ra-
sition d'art et d'archéologie de Rouen, désigne ce violon sous la fausse déno-
mination de faïence rownnaise et polychrome. Cette pièce est le type le plus
caractéristique de l'industrie hollandaise, où ces violons ont élé faits, selon lès
uns, comme chefs-d'œuvre de maîtrise, selon d'autres, pour cadeaux de noces.
Le violon du musée de Rouen est en camaïeu bleu , et non pas en poly-
chrome.
1. Camaïeu désignait anciennement une pièce gravée en relief (camée); il
signifie aujourd'hui une peinture monochrome (d'une seule couleur) en grisaille,
en noir, en bleu, en vert ou en rouge. - ^
gg DE l'art CÉBAHIQUB
choir n'est pas éloigné de la classique chaufferette, nstensiles
inséparables des mén^tfe hollandais.
•e>?mtï ^tfMf
De l'autre cb\é on voit planer quatre Amours qui tiennent des
branches, le tout entouré de superbes ornements dans le goût de
la Renaissance, modifiés ou influencés par le style chinois. La ma-
nière des sujets rappelle celle des tableaux et gravures de Gérard
de Lairesse, néà Liège en 1(140, mort à Amsterdam en 1711.
^ EN GÉNÉRAL. 69
Le <^àtrième violon, qui est évidemment delà main du même
artîlla^'que lé précédent, et encore de forme allemande, se
trouve à Utrecht, dans la collection de M. G. F. van Romondt.
Décoré en camaïeu bleu , l'ornementation en est moins riche.
L*UD des sujets représente une salle de bal avec plusieurs per-
sonnages en costumes du milieu du dix-septième siècle, que
l'orchestre placé en haut de la salle, sur un balcon à balustrade,
met en mouvement. Le peintre a représenté sur le dos du violon un
divertissement villageois, où le musicien, juché sur un tonneau
devant l'auberge, fait danser, la joyeuse bande d'une Kermesse.
Ces sujets, aussi bien dessinés que ceux du violon que je pos-
sède, rappellent encore la manière de Lairesse.
Tous ces instruments sont incontestablement de Delft.
Une légende dit : «Il existe deis violons de faïence fabriqués
à Delft par des maîtres modeleurs, à l'occasion du mariage des
ûlles de leur manufacturiojr à de jeunes peintres céramistes,
mariages qui ont eu Ijieù le m^e jour, et où les corps des
peintres, des modeleur^ do^pptiers et des tourneurs ont ouvert
les danses, chacun avec un de ces violons de faïence en tête, et
(S ont joué sur des instruments de faïence
f%^ïâdts par eux. Les jeunes épouses ont alors
^tlur famille respective, de génération en géné-
^^Mipo instruments commémoratifs de la noce, qui
pe^Çs par les gendres du potier. »
Le vernis arsenifère t)u à fumigations minérales, que Ton
appelle à reflet métallique, s'est également fabriqué à Niirnberg
et à Delft.
On avait commencé dans cette dernière ville par imiter les
décors des Chinois en camaïeu et en polychrome*, et des Japo-
nai3*; mais bientôt les copies égalèrent les originaux pour le
•. ^.
(du f^é pùlySy beaucoup, et khrôme, couleur). Il s'emploie
i^ignef;:fpot dé^oor peîat en différentes couleurs. C'est cepen-
de la peinture <iai consiste à revêtir de couleurs diverses les
Bîtectufe et dé* la sculpture que ce nom appartient.
usnier, à Paris, possédait un plat émaillé en porcelaine chi-
uelies Chinois,, yiJP'^**'^'^» onf imité, à s'y méprendre, le décor de
Delft.
70 DE l'aut céramique ^ *%* ,
dessin et rëmail, et les surpassèrent pour la touche apiï0que'
et les variations. Le delft, en décor vieux japon de 1570 à 4590 -
(sans marque), est déjà bien recommandable pour la fîi^sse de
son dessin et sa dorure; le beau bleu et le rouge vif, ces deux
couleurs au grand feu, ne diffèrent en rien du genre japonais;
La pâte de cette faïence est aussi mince et aussi légère que la
porcelaine indienne. La même fabrication, reprise vers J650,
aux marques
xa «^
.£k^
est également bonne.
Les belles plaques à paysages animés de figures, par Jan
Asselyn, sont ce qu'il y a de plus fini dans ce produit ; elles
rappellent les -faSences de M. Pinard, l'artiste céramiste le plus
minutieux de notre époque, et qui peut vendre ses assiettes
600 fr. la pièce ; mais les plaques d'Asselyn sont peintes avec
plus de vigueur.
Les animaux de Piet Viseur, l'auteur du coq qui figure dans
ma collection, sont tous d'un coloris admirable et toujours •
peints sur le cru.
Le relief, la ronde-bosse , la statuette , les services de table ,
les consoles; des armoires et des cages d'oiseaux entièrement
en faïence, des paniers à tourbe pour les salons, d'un mètre et
■■ demi de dimension (tout d'une pièce, et fabriqués sans l'éinploî
de la barbotine); des potiches de plus d'un mètre de hauteur;
des plaques-tableaux atteignant jusqu'à un mètre et demi de
dimension ; enfin les formes les plus variées sortaient de ces
manufactures.
Ce qui fait la gloire de la ville hollandaise de Delft, aussi bien
que des fabriques des villes libres d'Allemagne, c'est que les
efforts individuels des artistes et la spéculation privée y pro-
duisirent seuls ce degré de perfection. Ni Mécènes de Pesaro,
ni ducs de Nivernais, ni monopoles, ni brevets royaux ne les
ont protégées et soutenues.
^
EN GÉNÉUAL. 7i
Gomme Delft, Nurnberg s'est appuyé ^ toutes les classes :
la bourgeoisie, aussi bien que las patriciens et les princes de
l'empire, lui fournissaient des commandes.
La Hollande, absorbée par de vastes opérations commerciales,
par des guerres maritimes, par sa lutte contre les oppresseurs
étrangers, ne potii^bit faire beaucoup de cas de son industrie en
général et de ses faJ3riques de poteries en particulier, d'autant
Silus que les produits de la porcelaine chinoise et japonaise se
rouvaient déjà répandus et eh faveur. Néanmoins, les potiers
surent élever leur art à une telle perfection, qu'à l'époque
de la plus grande prospérité de Delft, ils occupaient plus de
^ille familles, et le commerce du pays trouvait largement
son compte à exporter des faïences pour la France, l'Angleterre,
le Brabant, les Flandres, le Danemark, la Suède et les deux
Indes. L'Allemagne et l'Italie étaient les deux seuls grands pays
du continent qui ne fussent pas tributaires de la Hollande pour
ses faïences.
Dans ce pays, auquel la liberté politique et religieuse don-
nait son impulsion féconde, le bien-être et le luxe descen-
daient du palais des princes jusque dans la rustique habitation
du paysan; le goût des belles faïences et des collections se dé-
veloppa aussi bien chez l'indépendant fermier que chez le
citadin.
Le protestantisme avait fait naître les individualités; au
lieu de se dépouiller pour les couvents et les églises, chacun
ornait sa propre maison. Les meubles se couvraient de vais-
selles et de potiches , les murs de tableaux en terre cuite
émaillée. La production avait donc aussi trouvé son écoule-
ment à l'intérieur. Delft était alors arrivé à une réelle su-
périorité sur les autres centres de fabrication de poteries, sans
en excepter l'Italie ni l'Allemagne, où Niirnberg, déjà déshéritée
de sa suprématie commerciale et artistique, déclinait sous le
poids de ses désastres. Tilly, ce cruel et stupide fanatique, en
avait extirpé l'élément vital, par la dévastation de pays floris-
sants et la ruine du commerce.
Quand les faïences italiennes n'étaient presque connues que
72 DE L'ART CERAMIQUE
là OÙ elles se fabriquaient, Delft exportait les siennes par-
tout. ^*
• Rouen était en France la seule ville qui eût pu rivaliser
dignement ; mais les conséquences fâcheusies du monopolo arrê-
tèrent l'élan de son industrie. L'impui^ance du tiers état, la
misère profonde des populations rurales, ruinées par le clergé
et le fisc, privaient la France de débouchés suffisants pour éeè
fabriques montées sur une grande échelle; Bt les barrières^ in- ^
térieures de l'abominable système administratif rendaie^t-tout ^
commerce impossible. -. •
Le petit nombre relatif de pièces que Nevers a produit doit
être considéré, pour tout ce qui concerne la première fabrication, -
comme faïence italienne secondaire: ni la couleur, ni la pâte, ni
les formes ne diffèrent assez pour qu'on puisse leur assigner un
caractère particulier, quoiqu'il y ait des pièces en faïence de
Nevers qui, sous quelques rapports, peuvent parfaitement riva-
liser avec les plus belles faïences italiennes ^ La fabrication de la
seconde période, dite persane (i 640), dont les produits se recon-
naissent aux anses contournées ou torses, au décor bleu perse,
tigré blanc, etc.^ et plus tard aux dessins chinois, copiés sur les
faïences hollandaises, avait conservé l'ancien mode de faire, et
les carreaux de revêtement à fond bleu et à décor en blanc fixe
de cette époque sont particulièrement beaux et renommés. Je ne
parle naturellement pas ici de la faïence nivernaise populaire du
dix-huitième siècle, laquelle a son cachet particulier, mais qui
ne peut être classée parmi les faïences artistiques.
Du reste, c'est un Italien, Domenico di Conrado, qui a fondé
la première fabrique en 1602. C'est donc ainsi que s'est trouvée
confirmée l'ancienne version, que ce Savoisien avait accompagné
en France un duc de Nivernais, et qu'en se promenant aux en-
virons de Nevers, il avait constaté la présence d'une espèce de
1 . L'«maleur peut souyent reconnaître les belles pièces de la première époque
de la fabrication nivernaise (1600-1670) aux figures, qui sont en jaune sur un
fond bleuj les faïenciers italiens ont généralement peint leurs Ggures en bleu sur
un fond jaune. Cette observation n'a cependant rien d'absolu et est soumise à
d« nombreuses excqptions.
^ EN GÉNÉRAL. 73
terre identique à celle qu'on employait pour la manipulation de
la faïence en Italie, et qu'il la prépara et fit construire un petit
four oii fut fabriquée cette faïence. Des artistes italiens, attirés
par le premier succès, s'établirent bientôt dans les environs et
farent protégés par la cour et la noblesse, qui commençaient
à prendre goût à la vaisselle en terre cuite obteaue d'après le
mode d^à répandu en Italie.
Les poteries dites de Bernard Palissy sont curieuses comme
produits d'une époque où tes ressources du surmoulage étaient
moins bien connues qu'aujourd'hui. Les couleurs sont belles ;
dies rappellent en tout l'écple des Hirschvogel ; mais c'est
de la terre cuit© sans émail stannifère. Ce genre offre trop de
facilité à la cemirefaçon, et les imitateurs sont arrivés à 1»
i^produire B^ec une' perfection si complète, qu'elle embarrasse
souvent l'amateur inexpérimenté. On a fait môme mieux, commo
le âémontre le beau plat ovale à la langouste du Musée du
Louvre; car cette poterie est certes supérieure à celles attri-
buées à Palissy. Les plats dits de Palissy sont tous moulés^ ce
qui lait qu'ils se répètent souvent et que les continuateurs ont
^sans cesse surmoulé les anciens modèles. La valeur des soi-
disant Palissy a bien diminué aujourd'hui par suite de ces
profusions et de cette incertitude.
Il existe des amateurs qui prétendent attribuer à première
vue les plats à Palissy et les distinguer de ceux de ses soi-
disant continuateurs ; mais rien n'est moins certain que leurs
affirmations; il serait impossible à ces messieurs d'appuyer
leurs dires sur un seul signe authentique.
A l'époque où Bernard, aidé de ses deux frères, fabriquait
en France ce genre, il existait et il se formait d'autres of-
ficines de poterie; on en a fabriqué avant lui et en môme temps
que lui sur plusieurs points, et cette fabrication, répandue
dans tout le royaume *, s'est continuée sans interruption jus-
qu'à nos jours ; de sorte que, sur dix plats figurant dans les
1 . M. Raymon -Bordeaux a signalé entre autres les productions de Lisieux en
Normandie, qui, d'après lui, sont toutes pareilles à celles attribuées à Palissy.
7
74 DE L'ART CâtAiriQUE
musées ou dans les collections, il n'y en a souvent pas un seul
que l'on puisse même oUtribuer seulement à Palissy, auquel je
n'attribue, du reste, aucun de ces plats à ornements et à mas^
mrons dont le style indique suffisamment des époques posté-
rieures où déjà le pastiche régnait en maître; pour moi, Palissy
n'a jamais produit que des pièces rocaillées et ornées de repr
tiles, etc., mais ni figures ni ornements. Il était plutôt savant
qu'artiste et ne connaissait ni le modelage ni la peinture. (Voir
l'article sur Palissy.)
Les quelques pièces si rares^ — cinquante-^cinq en tout, —
dites faïences de Henri U ou de Diane de Poitiers, ont été
l'œuvre de quelques artistes; elles ne sont pas en faïence stan-
nifère.
Les faïences de Strasbourg et de ses environs^ Haguenau et
autres lieux; celles de Niderwillers, de Lille, de Lunéville, de
toute l'Alsace et de la Lorraine, de la Picardie, enfin celles de
tout le nord de la France, celles du Midi, comme Moustiers et
Marseille, et celles d'Angleterre, sont dans de bonnes conditions
pour l'amateur, quoique plus modernes que les faïences des
écoles de Saxe, de Franconie, de Souabe, de Delft, de Neverê
et de Rouen , etc., elles ont pourtant un caractère souvent
historique et très-varié, suffisant pour stimuler les recherches.
Le moustiers et le marseille sont souvent contrefaits avec
habileté, particulièrement le premier, parce que tout y était
poncisé.
Ces fabriques, aussi bien que celles de l'Allemagne du dernier
siècle, ont plus ou moins imité la porcelaine de Meissen.
La lourdeur de la pâte de la faïence italienne offre également
l'iTiconvénient delà contrefaçon; tous les dilettanti, faiseurs de
peinture céramique, tâchent de l'imiter, comme étant la plus
facile, à cause de son peu de finesse, du caractère particulier
de son décor et de la grossièreté de la poterie, que tous les
établissements peuvent produire. Mais ces imitations ne trom-
pent personne d'expérimenté, tandis que les productions mo-
dernes de l'Italie même embarrassent quelquefois le connais-
seur.
EN GÉNéRAL. 75
Outre les nombreuses fabriques actuelles établies en Italie,
celle du noarquis L. Ginori à Doccia, près Firenze, dont les
produits sont exposés à Sèvres, fournit de beaux exemplaires;
M. Chapelin, de la fabrique de M. Laurin à Bourg-la-Reine, en
a donné également; M. Jean, à Paris^ en a fait aussi; mais ses
peintures rappellent trop le papier peint et la porcelaine; M. Gi-
nori à Doccia, M. Ferlini à Bologna, M. Lesore actuellement à
London^ M. Masson à Paris, M. Ulysse à Blois, et M. Devers
qui a introduit le goût des faïences modernes à Paris, contre-
font aussi les délia robbia ; enfin , M. Pinart et M. Bouquet , â
Paris, ont dépassé les céramistes anciens par leurs productions
individuelles. M. Aviso, de Tours, M. Barbizet et M. PuU, à Pa-
ns, et M. Minton^ et quelques autres fabriques en Angleterre,
sont les continuateurs modernes du genre dit palissy.
L'amateur peut cependant, je le répète, facilement recon-
naître ces imitations de majoliques anciennes faites en dehors
de ritâlie : ni l'émail, ni la pâte, ni les nuances ne peuvent le
tromper. 11 faut une plus grande habitude et plus de circons-
pection pour distinguer les imitations italiennes actuelles des
pièces anciennes. Nombre de centres de fabrication n'ont jamais
entièrement cessé de produire, et comme ils ont gardé les mê-
mes procédés de fabrication, les mômes nuances de décor et le
mème^ genre de des^sins, l'amateur ne peut souvent reconnaître
la fraude qu'au cachet de décadence qui s'y trouve imprimé,
puisqu'ici, comme partout, le consciencieux travail du maître
et le sentiment de l'art du seizième siècle ne s'y rencontrent
plus. Qn retrouve bien encore les mêmes ornements et les
mêmes figures ; mais le caractère qui accuse si fortement l'a-
mour de Tart, qui conduisait la main des anciens peintres, man-
que. Il y a tous les hivers, à Paris, des ventes de farences
italiennes, où les trois quarts des exemplaires vendus sont de
fabrication moderne, sans que les commissaires-priseurs eux-
mêmes le sacbent«
1 . Les pr<kbictioiiMle «es fabricants doivent être rangées parmi lès teins cuites
< soQB conTerte ■ on vernissées et sous engobe, comme celiej^ditç9.de Palissy.
76 DE l'art céramique
Ce seront donc toujours les faïences si rares de Nurnberg,de
Delftrde Nevers, de Rouen S ainsi que quelques autres faïences
françaises, allemandes, anglaises et même suédoises, comme
celle de Marieberg, par exemple, que l'amateur pourra collec-
tionner de préférence *. Là il trouve une garanthie d'authenti-
cité et le véritable cachet de chaque époque, si cher à l'archéo-
logue '.
La supériorité des fabriques de la Franconie, de la
Souabe, etc., de Delft, Nevers, Rouen, Lunéville, etc., résulte
en partie aussi de la longue durée d'une exploitation non in-
terrompue. Dans ces vieux centres de fabrication, la faïence a
pu arriver à une. haute perfection jointe à un bon marché ex-
traordinaire. LdL pratique est beaucoup dans un art et dans une
1. MM. Genlis et Rudhardt, à Paris, sont les seob artistes qui ont presque
réussi à imiter ces admirables faïences, aussi bign quant à l'émail qu'an décor
artistique.
2. C'est à Delft qu'appartient le premfigrpang dèsnu'il s'agit de la peinture
artistique céramique et de la finesse de la pâte, — aux écoles allemande,
saxonne, franconienne, souabe et aux Délia Robbia de, Florence dès qu'il s'agit
de modelage , — à Rouen dès qu'il s'agit de l'dl^rment. Nûmberg a aussi laissé
de belles pièces à (wnements.
Le moustiers fin ne remonte pas plus baut que yers le milieu du dix-huitième
sji^i(e, après la mort des Beram et dès que les peintres de cette localité commen-
cèrent à imiter les gravures de Joau Beriain (mort en 1711.) La fabrique de
Ghristoph Marz de Niirnberg, de 1712, coianue par ses belles faïences et ses cé-
lèbres décors exécutés par les céramistes Kortefhbosch (1712), Grebner (1 720)«t
Possinger (1727) a laissé des œuvres où le décor original , et non pas copié ni
poncivé, est bien supérieur en finesse aux décors calqués de Moustiers.
3. Aucune espèce d'objets d'art, sans en excepter les médailles, les porce-
laines et les tableaux, ne peut donner autant de garanties et de certitude logique
d'authenticité que la faïence. L'amateur novice et le collectionneur inexpérimenté
peuvent reconnidtre au bout de très-peu de temps les pièces contrefaites, puisque
la faïence ne saurait être imitée par simples pièces, comme l'ivoire ou une arme
en fer. La cupidité des conttefacteurs ne peut pas trouver son compte à faire
ciseler des moules et à monter 4e8 fabriques où l'eau et la terre propices sont
essentielles, et où ces éléments réunis ont une influence tellement prononcée sur
la réussite et la production de chaque espèce particulière de poterie artistique,
qu'ils forment dié^k un obstacle à la contrefaçon, sans parler de l'émail et du dé-
cor, qui sont encore plus difficiles à atteindre. L'ivoire sculpté s'imite partout :
iiresque tous les musées en renferment de faux. Tel amateur de Cologne ne pos-
sède pas une seule pièce ancienne parmi sa collection, qui se compose d'un mil-
lier d'exemplaires, et ne paraît pas s'en douter. U y a des marchands, à Paris et
en Allemagne, qui ont gagné leur fortune en vendant des imitations exécutées
sur leur commande. Le fer martelé et les anciennes fontes même se contrefont à
Paris, en Italie et en Allemagne. J'ai vu vendre à Paris et ailleurs , à des prix
énormes, beaucoup d'armures et d'armes dont l'ancienneté ne remontait pas plus
EN GÉNÉRAL. 77
industrie où la patience, robservation, Texpërience compara- .
tive et des essais continuels jouent un si grand rôle. Nous pos*
sédoos aujourd'hui de nombreux traités; les écoles et les éta-
blissements subventionnés ne nous ont pas fait défaut, et
cependant la théorie n'est guère descendue encore chez nous
jusqu'à la pratique. Autrefois, on était potier de père en fils
pendant des générations entières; ces artisans suçaient, pour
ainsi dire, le goût éi le rudiment du métier avec le lait de leur
mère; tout enfants, ils barbouillaient déjà dans la pâte et dans
le blanc, de sorte qu'ils naissaient et mouraient parmi leurs
faïences. Les effîais isolés tentés de nos jours sont impuissants
pour ranimer, dans quelque province^ que ce soit, la fabrica*
tion sérieuse de la poterie d'art; d'autant plus que les établis-
sements subventionnés sont plutôt nuisibles que favorables.
haut que la récolte de Tannée ; eUes sortaient en majeure partie des fabriques
de Stnttgardt.
Les meubles et le bols sculpté en général s'imitent à Cologne et en Belgique,
encore mieux à Paris. — On les travaille dans du bois piqué de Ters. - ^
Les anciens bij«nx grecs, romains, français, italiens et allemands, y compris
l'orféTrerie de Cellioi et de Dinglinger, se fabriquent sans interruption en Â.Ue-
magne et à Paris. — Un marchand, établi à Frankfurt S. /M., occupe toute
Vannée plusieurs ouyriers, à Paris et à A.ugsburg, pour faire du viexta;. — Sa
Titrine en est remplie, et les Anglais de passage ainsi que les Russes sont
rançonnés par lui sans scrupule. Cet industriel avait même réussi à vendre
une parure grecque au musée germanique de Nûmberg; malheureusement pour
lui, un bijoutier d'Augsburg , qui avait travaillé à Paris , indiqua de suite le
nom' et le domicile de V ancien qui avait fabriqué cette parure à Paris, en l'an
de grâee 186i.
La fabrication des émaux sur métal de toute espèce est également entre les
mains de la contrefaçon. — Tout le monde connaît l'histoire de la fameuse paire
de flambeaux de M. de Rothschild, à Paria.
Mais c'est surtout en Italie que la supeicherie est poussée à ses dernières li-
mites. J'y ai vu vendre à des Anglais cinq fois la même vierge, faussement attri-
buée à Luca Délia Robbia ; le marchand la remplaçait régulièrement dans son
mur par une autre tirée de Bologna ou de Doccia immédiatement après la vente,
* et chaque acheteur était bien convaincu de l'authenticité de sa vierge, — puis-
qu'il Favait achetée surplace, et encore fixée dans le muri
Les bonnes et belles faïences anciennes, telles que les faïences de sculptures?
d'Allemagne, de peinture de la France et de la Hollande, sont et resteront tou-
jours inimitables ; car il est impossible d'imiter la vraie faïence, dont chaque
espèce demande une manipulation différente, comme je viens de le dire plus
haut. Jadis, chaque potier fabriquait un grand nombre de pièces du même coup
pour alimenter ses fourneaux de cuisson , mais il est impossible aujourd'hui de
fabriquer tant de modèles si différents en pâte et en émail, et encore plus en dé-
cor, pour une vente au détail ou pour satisfaire quelques amateurs.
7.
78 DE l'art céramique
Delft et ses fabriques sont si peu connues qu'il convient d'en
donner une description complète. Les faïences et porcelaines
hollandaises n'ont jamais eu leur céramographe^ pas plus que
celles de la Suisse et de l'Allemagne. C'est ce qui m'a engagé à en
parler plus amplement ici.
L'origine de Delft se perd dans l'obscurité des temps. Son
nom vi^it des vieux mots hollandais del, terrain bas ; tielfen,
creuser le sol. De nos jours encore, on dit en bûlian4ais delfstofy
minéral. Cette ville fut fondée par Govi^tie Bossu ^ duc de
Lorraine, qui après avoir conquis le pays en 107b, y fixa 0a
Tésidence. L'an 1515, Delft était devenue la ville la plus popu-
leuse de la Hollande ; en 1739, elle comptait encore 22,000 ha-
bitants et renfermait avec ses faubourgs 4,755 maisons. Retom-
bée sous la domination française à 12,000 âmes, elle s'est accrue
de nouveau ; aujourd'hui elle a 20,000 habitants.
Il est impossible de préciser l'année dans laquelle la pre-
mière farence fut fabriquée à Delft. Un auteur, Haydn (Diction'
naire des Dates), et^ après lui, M. Bohn, la fait remonter à 1310,
date qui me paraît trop reculée et qu'il n'appuie d'aucun té-
moignage authentique.
Les archives de la ville de Delft, en grande partie détruites
par deux Incendies, l'un survenu en 1536, l'autre en 1628, n^
contiennent rien qui concerne les fabriques de fhrences des
premières époques. Les historiens et les chroniqueurs de ces
temps consignaient de préférence les événements de guerre et
de religion ; l'art et l'industrie les touchaient peu. En fixant
cette époque entre 1450 et 1515*, c'est-à-dire vers le temps où la
porcelaine de Chine fut introduite en Europe, je pense être dans
le vrai, puisque la plus vieille marque que j'aie rencontrée après
de longues recherches est de 1450. 1530 est le millésime qui
se trouve sur une potiche en camaïeu bleu, dont les bords
1 . Godefroy II le Bossu, duc de la basse Lorraine-Ripuaire, mort assassiné
en 1089.
2. M. Marryat dît : « Énormes services en faïence de Delft furent donnés par
Philippe d'Autriche, gouveiiieur des Pays-Bas, à sir Thomas Trenchard, en
ISOtt ; D mais comme je ne sais pas si c'était de la faïence stannifère , — il y a
de l'incertitude.
KN GÉNÉBAL. > 79
et la date^ sans autre monogramme ou lettre, sont en rouge
de fer. Un cheval, de ma collection, ]»orte le millésime de 1480.
Des plaques polychromes marquées 1594, et incrustées sur la
façade d'une vieille maison de la place du Grand -Marché^
vis-à-vis de la statue d'Érasme, à Rotterdam, peuvent éga-
lement servir d'indice pour la fixation du commencement de
ces fabriques. Ces plaques prouvent, par le rouge et le grand
nombre de leurs couleurs, combien la fabrication, à la fin du
seizième siècle, était déjà avancée. Ce qui me fait ainsi pen-
cher à ne pas fixer une date beaucoup plus reculée, c'est que
l'on rencontre peu dans ces faïences qui se ressente de l'in-
fluence de la religion catholique : ni vierges, ni saints, ni bé-
nitiers. Les christs seuls ne sont pas rares. La fabrication^
dans toute sa flore, doit donc être placée vers le temps de la
Réforme.
Quelqaes exemplaires représentant des fruits, deç pois-
sons, etc., dans le style de Niirnberg, portent la date de iS40.
Un plat armorié^ également de mon cabinet, est daté de 1500.
On a cru généralement que cette branche d'industrie avait
été introduite en Hollande par les Italiens ; mais, il faut le répé-
ter, c'est là une erreur.
Les premiers potiers établis à Delft étaient Allemands. Les
fruits, légumes, poissons et autres animaux dont j'ai parlé sont
absolument dans le genre des maîtres allemands du moyen
âge, qui affectionnaient beaucoup les sculptures et le modelage.
La preuve que des Allemands ont travaillé à Delft au début
du seizième siècle me paraît acquise par un plat de Delft qui se
trouve à Middelburg; ce plat, daté 1446, a une inscription alle-
mande. La nuance du vert de Delft est presque aussi la même que
celle des Allemands. La pâte et les formes de ces premières faïen-
ces dénotent encore l'origine allemande et non pas italienne. En
n faudrait remoater plus haut pour fixer le commencement de la fabrication
à Delft , si Ton s'en rapportait à ces documents écrits, Philippe et Johanna ,
s'embarquant comme roi et reine de Castille, à Middelburg, en 1506, Vivaient
avec eux, a^t-on écrit, un « grand nombre de plats de faïence de Delft; d mais
je préfère les documents en terre cuite. Les chroniqueurs ont pu confondre la
porcelaine avec la faïence, comme ils ont confondu la faïence avec la porcelaine.
■»*•,
80 ' DE l'art céramique
1580 déjà on appelait, en Angleterre, Delfl : « The Parent of
Pottery, » nom qui revient de droit plutôt aux fabriques saxonnes
de l'école du nord de TAUemagne.
Les potiers, qui avaient établi les premiers fours en Hollande,
eurent de grandes difficultés à vaincre. Ne connaissant qu'im-
parfaitement les qualités chimiques des terres du pays, ils fai-
saient essais sur essais et tiraient d'abord exclusivement leurs
terres d'Allemagne et de Belgique ; Cfi fut plus tard que la terre
dB Delft môme leur fournit une partie de la composition de la
pâte. Ils eurent par contre peu de frais de création et de des-
sin à faire, çui^u'ils trouvèrent un grand choix de motifs à
copier dans les porcelaines de Chine et du Japon, ainsi que
chez les Allemands.
Les Portugais avaient les preimers importé la porcelaine chi-
noise en Europe; mais les Hollandais en firent bientôt un grand
article de commerce et la répandirent à profusion dans leur pays.
Le protestantisme, en mettant la Bible entre les mains de
touS; fournit plus tard de nombreux sujets aux dessinateurs.
L'instruction, l'une des conditions d'existence de la Réforme,
appela la critique Qt stimula les artistes. N'étant plus renfer-
més dans l'histoire des saints et de l'éternelle mythologie, ils
purent varier leurs sujets à l'infini et les choisir dans l'his-
toire générale*. Le fermier même, indépendant et quelque-
1 . la Réforme a certes exercé une grande et salutaire influence sur l'art, quoi-
que sçs adversaires prétendent soutenir le contraire. C'est à partir de la Réforme
que la critique d'art existe selilement, et que l'Allemagne a produit le plus grand
nombre des œuvres qui font aujourd'hui sa gloire. En i S 30 déjà, la municipalité
de Nuruberg avait signé, au nom de toute la population, son adhésion à la Con-
fession d'Ausbourg, et Albrecht Diirer, le chef de l'école de peinture de Niim-
berg, n'avait que quarante ans (né en 1470), dix ans de plus que Luther, lorsque
ce deruier attaqua le dogme des indulgences et publia ses quatre-vingt-quinze
propositions. Albrecht Durer était déjà protestant dans l'âme quand il écrivait,
dans son journal d'un voyage fait dans les Pays-Bas pendant les années 1520 et
1 521 , les pages qui commencent :
. a Vendredi avant la Pentecôte, de l'année 152(]t|; nous avons reçu la nouvelle,
à Antvtrerpen, de la traîtreuse arrestation de Martin Luther, etc. > (Publication
de M. de Murr, en 1780.)
Er France même, les premiers grands artistes de la Renaissance étaient pres-
que tous protestants : d'abord le célèbre sculpteur Jean Goujon, né en 1515 et
mort assassiné, à la Saint-Barthélémy, le 24 août 1572; Germain Pilon, son
élève j le non moins célèbre peintre Jean Cousin , surnommé le Michel-Ange
EN GÉNÉRAL. 8i
fois plus opulent que le seigneur des pays féodaux, alla sou-
vent chez le potier, à Delft, commander lui-même ses ser-
vices.
Les anciennes fabriques augmentèrent le nombre de leurs
fours ; de nouvelles se formèrent. La porcelaine de Chine se
trouva remplacée par les faïences, lesquelles finirent par occu-
per le quart au moins des bras de la population. A leur apogée .
il n*y avait pas d'établissement qui comptât moins de trois
fours; dans quelques-uns on en chauffait jusqu*à dix.
Vers le milieu du dix-septième siècle, il y avait à Delft qua-
rante-trois manufactures, et je pense que c'est là l'époque la
plus florissante, sinon la plus artistique. Un auteur, en portant
le nombre à cent. Ta grandement exagéré. Cent fabriques au-
raient occupé au^moins quinze mille ouvriers, ce qui est inad-
Aiissible pour une population de 20 à 25,000 âmes.
D'après toutes mes recherches, le chiffre n'a jamais dépassé
cinquante.
En 1764, vingt-neuf manufactures considérables existaient
encore. J'ai trouvé la liste des noms, enseignes et marques dans
les archives de l'hôtel de ville. Actuellement il ne reste de toute
cette grandeur qu'une seule fabrique , celle des demoiselles
Picart, qui ne produit que d'affreuses assiettes jaunâtres, en
terre de pipe, sans aucun décor. Les propriétaires, descendants
français, auteur de deux ouvrages sur la perspective et la pouriraictwref né en
1500, mort en 1590 ; Clément Marot, architecte et poète, né en 149i^ et mort
dans l'exil en 1 544 ; Androuet du Cerceau, célèbre architecte et auteur du Livre
d'architecture, 1550 et 1561, ainsi que des Leçons de perspective, 1576;
Bernard Palissy, né en 1510, mort à la Bastille sous Henri II, auteur de plu-
sieurs remarquables ouvrages sur l'art et sur la géologie. C'est lui qui répon-
dait à ce roi pusillanime, qui était allé le voir pour obtenir sa conversion, sous
peine de mort, en lui disant : « Je suis contraint. — Et moi, sir«kj je sais
mouxir. » C'est cette mort que le catalogue de Cluny appelle « une mort au mi-
lien des honneurs. • Il y en aurait encore beaucoup à citer , et la liste serait
trop longue 1
La Hollande aussi n'a vu se former son école nationale de peinture ^lu'après la
Réforme. Rembrandt, le plus grand des peintres que l'art connaisse, était protes-
tant, élevé et formé dans un pays prolestant. C'est le protestantisme qui a fait
des- artistes vraiment originaux et produit des génies hors ligne; les écoles catho-
liques ont suivi plus communément les chemins battus : ils ont imité ce que leurs
devanciers avaient imité avant eux, dans une longue chaîne de traditions non in-
terrompue, qui devait finir par étouffer Tart dans les entraves de la convention.
9S DE l'art Céramique
d'anciens potiers artistiques, ne se doutent même pas de ce que
leurs ancêtres ont su faire, et ne connaissent rien de l'histoire
de cette industrie célèbre.
6i Ton admet en nioyenne xinq fours par manufacture, on
•trouve que l'industrie céramique occupait à cette époquie de
prospérité dix mille artistes et ouvriers, puisque chaque Ibur,
d'après les ^scriptions de Gerrit Paape, exigeait un per^onel
d^^irenté à quarante personnes.
J'ai d^jà dit qu'outre la grande exportation à laquelle elle se
livrait, la Hollande elle-même consommait âeiormément de
faïence^ et les objets qu'elle préférait se vendaient pour la plu-
part dans des prix élevés, de sorte que l'art pouvait dcmner la
main à l'industrie. La faïence était devenue un article de luxe.
•Q^nç aucun pays on n'en a retrouvé autant, et une grande
partie des pièces recueillies en Hollande figurent dans les muaâ^
et tes collections d'amateurs de toute l'Europe.
Il n'y avait presque pas de maison» d'habitation même de
petit fermier, dont les murs ne fussent ornés de plaques ; à la
ville et à la campagne, les dressoirs, les cheminées et les cré-
dences pliaient sous le poids de cette vaisselle. Les vestibules,
les escaliers, les cuisines et même les étables * se couvraient de
plaques d'une blancheur éblouissante où l'histoire de la Bible
et les faits de l'histoire nationale étaient reproduits. Beaucoup
de commerçants et d'industriels avaient leurs enseignes formées
en plaques de faïence au-dessus des portes, et on trouve encore
aujourd'hui des maisons où ces terres émaillées sont incrustées
dans les murs du premier étage et en haut des pignons.
La spéculation a recueilli et exporté depuis vingt^ans plus de
quinze mille caisses de faïence, et cela dans un pays de deux
millions et demi d'habitants à peine.
Les marchands en ramassent encore continuellement^ mais
1 . M. Ghampfletiry , en pariant de ces plaqaes des étables citées par moi,
dit^dans son Violon de faïence : « que les Hollandais, n'en sachant que faire,
Avaient imaginé d'en mettre jusque dans les étables pour distraire les anioMUix,
croyant meubler leurs cenreaux d'image plaisantes, et égayer par des scènes de
.la ne domestique les gros yeux des bœufs accroupis sur la Ûtière. »
EN GÉNÉRAL. g^
c'est pour la plupart de la vaisselle commune, qui ne mérite
pas d'entrer dans les collections.
Le beau delft ancien est devenu rare ; sa valeur a presque
centuplé; il est fort recherché, particulièrement en Angleterre,
et les habitants du pays ne veulent plus s'en dessaisir : ils for*
UMBi eux-mêmes des collections.
^ Yoyons maintenant dans une courte description du mode de
/fàbipcàtion, où je ferai entrer très-peu de détails techniques,
comment la faïence se fabriquait.
La pâte se composait de trois argiles^ ou terres différentes' :
6 de Doornik (Tournay);
3 noire de Mulheim sur le Rhin^ en Allemagne ;
2 de Delft «.
Les terres noires de Mulheim et de Delft étaient l'élément
indispensable. Le mélange s'opérait dans les établissements
appelés aardwdscheryen ou lavoirs de terre, qui tous étaient
situés auSchie', — au Rotterdamsche-Vart.
Pour former cette pâte oa mélangeait les trois ou les deux
sortes de terres dans de gr^ds baquets pleins d'eau. En les
1. Plusieurs étymologistes font dériver, par erreur, glaUe du mot argile.
Glaise dérive de l'anglais clayy d'où dérive aussi le hollandais kM, La couleur
des argiles disparaît ou se modi6e à la cuisson. Le choix des argiles est une
question vitale pour les fabriques. Il y a des potiers qui, par une longue expé-
rience, savent juger la qualité d'une argile selon la force avec laquelle, sans être
cuite , elle happe la langue , c'est-à-dke la faculté qu'elle a de i' attacher à la
langue en s'emparant plus ou moins promptement de l'humidité.
2. Reinier Boitet dit, dans sa description de Delft, que la terre venait des
environs de Maëstricht, et on lit dans les Délicee des PayS'BaSf in-8*, Paris,
1786, à la description de la ville de Delft :
c L'on parle avec admiration de la belle faïence qke l'on fait à Delft, et pour
laqueDe il y a plus de trente manufactures; elle est bien travaillée, si bien pehite
et si fine, qu'on la prendrait pour de la véritable porcelaine des Indes. La terrei
dont on se sert pour travailler les faïences y est apportée des environs de Tour-
nay en Flandre, »
Si l'auteur des Délices était bien renseigné, ce passage démontrerait qu'il y
avait encore, em 1786, trente manufactures à Delft, et qu'à cette époque on se
swait oMinairement de la terre de Tonmay (Doornik).
3. J'ai vtt à La Haye de vieilles plaques de cheminée en faïence sur lesquelles
SeUe, en 1540, est représenté. Schie ou Overschie faisait partie du territoire
de la ville de Delft depuis 1513 seulement. Un de ces tableaux, formés de car-
reaux, se trouve dans la collection de M. Saint-Léon, à Paiis.
84 • DE l'art céramique
remuant on obtenait un liquide qui, après avoir été passé par
des tamis fins et écoulé à travers de longs conduits en bois,
redevenait pétrissable. Cette pâte, ainsi purifiée, était alors
foulée par les pieds des ouvriers et passait ensuite entre l^s
mains des
Tourneurs de gros ;
— de rond;
— de vaisselle et modeleurs.
Les objets formés étaient soumis à la cuisson du four' et en
sortaient en terre cuite.
On émaillait et décorait à Delft de deux manières :
La faïence destinée à la jpetnhiré mr tru fut émaillée dans
une composition liquide formée de :
500 parties de sable;
50 — de cendre d'étain ;
- 50 — de mine de plomb ;
1/2 — de bleu amidon * ;
1/4 — de limaille de cuivre rouge.
qui, séchée à l'air, recevait le décor, et fut cuite à la plus haute
température. '"
La p6tn^f6 suit mit était faite sur les pièces recouvertes de
ce même émail, mais wgrès être cuites au' four une seconde fois.
Au-dessus de la peinture on passait alors un vernis composé de :
20 parties dQ. plomb;
500 — de sable;
60 — de sel de cuiâiae ;
30 — de sel de soude;
et les pièces entraient au four une troisième fois, pour être re-
cuites à petit feu.
1. Le traité de Gerrit Paape porte blowsel^ ce qui veut dire en français : ami»
don bleu ; mais je pense que l'auteur a voulu désigner par blowsel le bleu d'à*
midon, puisque l'amidon est une matière végétale qui ne peut supporter l'action
du feu, mais qui contient de la matière minérale bleue en petite partie, que l'on
aura employée pour donner une teinte légèrement azurée à l'émail. Le bleu d'à"
2W, en général, se compose de sable, de potasse et d'une très-petite partie de
cobalt, le tout cuit à haute température.
EN GÉNÉRAL. 85
Les beaux décors en camaïeu bleu, ainsi que le bleu dans
les pièces polychromes, furent toujours peints sur le cm,
c'est-à-dire sur la poudrcf d'émail délayée à Teau et répandue
sur la terre cuite avant la vitrification, de manière que Témail
et la peinture n'avaient à subir qu'une seule cuisson au grand
feuf Le décor des pièces peintes de cette manière est bien plus
beau; il est plus gras, plus transparent et plus artistique que
celui fait sur Témail cuit, et ce sont les peintures sur le cru qui
ont donné la supériorité aux fabriques du Nord.
Lille/Rouen et Moustiers même, en suivant les Hollandais,
ont également peint sur le cru, ainsi que les fabriques d'Alle-
magne. NUrnbergn'a presque jamais peint autrement. (Voir à la
fin des Faïences françaises j au Tableau chronologique, la des-
cription plus complète de la peinture sur le cru, à l'article sur
le céramiste Pinart.)
La plupart des faïences de Delft furent décorées, au début de
la fabrication, en bleu ou en rouge camaïeu.
Pour les objets artistiques et de prix, on employait plus de
couleurs ainsi que la dorure.
Ces couleurs s'obtenaient de la manière suivante ' :
Bleu de Prusse*»
8 safre, ou 50 safre.
5 bleu d'amidon, — 25 sable.
4 mine de plomb, — 25 potasse 3.
f . Les couleors yitrifiables sont formées en général par les oxydes de métaux ;
ils se. produisent en différentes nuances ou teintes, selon le procédé de calcina-
tion ou d'oxydation que les métaux subissent. Le fer donne du violet, du rouge,
du noir et même du vert; l'or, du pourpre; Vargent, du jaune; le cuivre, les
yette; le manganèse, des violets, des bruns et du noir; ranftmottie, des jaunes;
le cobaltg des bleus; un mélange de jaune, de bleu et de chrome, des verts; ie
manganèse, l'oxyde de cuivre et la terre d'ombre donnent du bistre, etc. Ces
eoofeurs s'emploient à l'eau, à la gomme et à l'huile essentielle.
La calamine ou l'oxyde gris de cuivre, provenant du cuivre chauffé à rouge
et ensuite battu sur l'enclume, produit la couleur verte favorite des faïenciers.
2. Le cuivre donne aussi une sorte de bleu turquoise. (^Yokl& poterie égyp^
tienne^
3. Potasse (du hollandais pot-asche, c'est-à-dire cendre en pot] est un alcali
blanc, solide, inodore, acre et caustique, qui, par la chaleur, détruit même les
pierres précieuses ; les cendres de bois forment sa base.
8
86 DE l'art céramique
Rouge ^.
Bolus brûlé six fois.
ff
Jaune,
9 antimoine, ou 10 antimoine.
7 lUiiarge d'or, — 4 litliarge d'or.
Il2 cendre d'étain, — 2 cendre d'élain.
i\2 sel, — 3 sel.
Violet.
8 sable, ou 6 manganèse.
8 potasse, ^— 6 acide de plomb.
4 manganèse.
Brun.
Bolus mêlé de quartz, brûlé jusqu'à ce qu'il devienne brillant,
mêlé alors d'un peu de bleu ou de violet.
Vert.
Mélange du bleu et du jaune.
Orange,
Mélange du jaune et du rouge.
Noir, (appelé par les potiers trait).
Ou safre et des paillettes de fer.
Cet aperçu de la fabrication hollandaise a été pris dans l'ou-
vrage de Gerrit Paape. Le procédé que cet auteur-potidr décrit
1 . Le rouge de Caesius, avec lequel on obtient les belles nuances ardentes
dans la coloration du verre et dans la peinturé des yitraux, a été trouvé au dii-
septième siècle par le médecin Cassius de Hamburg, né àSchleswig en 1650, et
la recette publiée par son fils, le médecin Andréas Cassius de Liibeck, qui a
voulu s'attribuer l'invention de son père dans l'écrit : De principe terrenorwn
eidere, AurOy et miranda ejus natura, generatione, affectionibus, effeetia at-
que ad operationes artis habitudine cogitata, eocperimentis illustrata.
Ce précipité d'or, que l'on a nommé en France, d'après l'inventeur, pourpre
de Cassius, ne peut servir à la décoration de la faïence cuite au grand feu, et
ne s'emploie que pour la peinture sur porcelaine ou sur faïence, où le décor est
cuit au feu de réverbère, comme ceux de la faïence alsacienne et lorraine.
EN GÉNÉRAL. 87
peu clairement, était celui qui était adopté dans un grand
nopl)re de fabriques; mais il va sans dire que beaucoup d'éta-
blissements avaient leur genre particulier de fabrication con-
^tamnient modiûé par d'autres recettes et par une manutention
différente.
Aucun traité du tei^ps ne pai;le de la dorure que l'on ren^ ^^
contre souvent sur q^ faïences; je pense qu'on l'obtanait de la
même manière que de nos jours les Anglais l'obtiennent sar .«
quelques-unes de leurs faïences, c'est-à-dire en la posant mate
et sous couverte*
On voit que la production des couleurs, à laquelle les anciens
potiers italiens attachaient tant d'importance, qu'ils en fai-
saient le secret de iQur art, n'offre dans la composition aucune
difficulté.
A l'époque où les fabriques florissaient, les ouvriers étaient
très-bien rétribués; il y en avait qui gagnaient jusqu'à soixante
francs par semaine, somme élevée, si l'on se reporte au temps,
et qui représente aujourd'hui cent cinquante francs.
Dans les archives de l'hôtel de ville se trouvent deux pièces
très-curieuses; elles contiennent un grand nombre de marques
et monogrammes de ces fabriques de faïence : l'une est dat^
du 23 mars 1680, et l'autre du 9 avril 1764. Ce sont deux listes
des marques et des raisons de commerce déposées. Il y a lieu
de croire que la plupart des pièces artistiques sur lesquelles > S
se rencontrent d'autres marques sont d'une fabrication anté- ^^
rieure; le genre de travail et l'ensemble de ces objets, marqués
de noonogrammes autres que ceux des listes, rendent le fait
probable. Les faïences fabriquées depuis sont bien plus infé-
rieures, mais elles ont été également indiquées ici dans le ta-
bleau général des marques de Delft de ce guide.
Les plus anciennes assiettes et les plats de cette faïence
présentent la particularité que l'émail, blanc à l'envers, se
trouve plein de petits trous semblables aux piqûres de vers
du vieux bois. J'attribue ces trous à une fabrication encore
défectueuse pour l'engobage du blanc ou de l'émail, quoique
parfaite pour le décor artistique. Comme à partir de la fin du
88 DE t'ART CÉRAMfQlîE
dix-septième siècle, ce défaut ne se rencontre que rarement^
et comme les ornements et les décors de ces objets indiquent
à peu près par leurs styles les premières époques, on peut
presque voir dans ce défaut la preuve que l'objet a été fabriqué
au seizième et au commencement du dix-septième siècle.
G*est de ces siècles que datent les faïences les plus recher-
chées; elles ont toutes un cachet plus artistique. Les couleurs
sont plus vives, plus nettes, le? dessins très-fins. Leur genre
est tellement caractéristique, que Tamateur les distingue faci-
lement. Les peintres, par exemple, les préfèrent généralement
aux autres poteries; elles ont pour eux ce qu'ils appellent,
en terme d'atelier, la touche. Ces faïences sont inférieures, au
point de vue artistique, à celles de Nûrnberg de la môme épo-
que, quant au modelage. Un grand défaut^ qui se rencontre
aussi dans les potiches de Deift, c'est que le môme sujet se
trouve reproduit sur les deux pendants , répétition qui leur ô'te
une partie de leur valeur.
Ter Himpelen est le peintre dont les ouvrages sont renommés
et recherchés autant que ceux des grands maîtres, van der Meer
de Delft, Âsselyn, etc. Mais c'est à tort, puisque ses œuvres
consistent pour la plupart en copies d'après les gravures des
maîtres hollandais. Il signait rarement.
Piet Viseer, d'une époque plus rapprochée, du milieu du
dix-huitième siècle, est l'artiste qui a obtenu, après van der
Meer, le coloris le plus remarquable. Il était peintre et potier
en môme temps. Ses produits sont excessivement rares, et Sie
payent fort cher. Il a souvent signé » P.*. Yiseev — 1750 :
n70; » — Mais il existe aussi de lui des faïences non signées;
un coq que je possède porte le millésime de 1769, à côté de
la signature. -
Six autres centres de fabrication de faïences ont encore existé
en Hollande : celles ûeHaarlem, de Hoom, ô!'Overtoom, 6!Utrechtj
de Beilen et d! Amsterdam, On en trouvera la description dans
la nomenclature des marques, aînsi que celles des porcelaines et
grès hollandais, auxquels j'ai assigné un classement descriptif
par espèces.
EN GÉNÉRAL. 89
L'exception que j*ai faite pour les faïences de Delft, dont la
monographie a trouvé place ici, provient de ce que cette fabri-
cation a eu une très-grande influence sur les progrès de la cé-
ramique des seizième et dix-septième siècles ; je devais en parler
plus amplement déjà ici, pour mieux faire comprendre la di-
rection qu'elle a imprimée à grand nombre de fabriques du
continent et de la Grande-Bretagne.
J'ai indiqué le plus brièvement qu'il m'a été possible la marche
chronologique; avant de commencer la partie des marques, des
biographies et monographies des céramistes et fabriques, il
convient de résumer les productions céramiques connues.
Les poteries antiques, dites mexicaines, égyptiennes, lacus-
tres ou celtiques, grecques, romaines, Scandinaves, germaines,
anglo-saxonnes, gauloises, etc., qui forment pour ainsi direune
étude à part, et qui sont encore bien moins déterminées, ont
dû être traitées moins amplement que les poteries plus mo-
dernes.
Ce que j'ai surtout voulu vulgariser, ce qui intéresse le plus
169 collectionneurs, c'est la marche historique et chronologique
de l'art céramique en Europe ; j'ai donc décrit le grès, la porce-
laine, la terre cuite sans et sous couverte, ou au vernis minéral
et à émail plombifère et stannifère, avec leurs marques, leurs
qualités et signes caractéristiques.
L'Italie et la Hollande ont fourni d'àbordln vaisselle en faïence
la plus ancienne qui a du mérite comme peinture; mais en
fait de modelage, c'est en Allemagne que nous trouvons les plus
anciens maîtres qui aient émaillé leurs oeuvres.
Dès le treizième siècle ce dernier pays avait déjà orné avec
profusion ses églises de terres cuites émaillées ou vernissées.
Quant à la peinture céramique, en dehors de son application
h }a vaisselle, c'est encore l'Allemagne qui l'a exercée la pre-
mière et le plus souvent.
Dès le quinzième siècle, elle a mis sa peinture historique
avec profusion sur de grands carrés de poêles, en tirant ordi-
nairement ses sujets de l'Histoire sainte, et en les souscrivant
de sentences de la Bible. Au seizième siècle, ce pays a encore
8.
%. ti
90 DE l'art céramique
excellé davantage dans la partie de la céramique architecturale,
et la branche souabe a commencé à l'introduire en Suisse, où
des peintres allemands nomades Font pratiquée partout. (Voir
rintroduction du chapitre des Poteries opaques allemandes , et
voir Winterthur en Suisse. On y trouvera que Hans Kraut de
Yillingra, entre autres, était un de ces artistes du seizième
siècle, qui doit certainement avoir contribué à l'introduction de
son art en Suisse.)
La peinture céramique d'ornement, et d'une exécution minu-
tieuse sur vaisselle, n'a pris son extension en Allemagne que
vers la fin du dix-septième et au commencement du dix-bui-
tième siècle, comme cela a eu lieu en France. (Voir Martz,
Crreber et antres de Numberg.)
Les bas-reliefs et statuettes des délia Robbia, quoique moiilés
en gratnde partie, dépassent souvent, dans les expressions des
tètes, celles des maîtres allemands, tandis que eeux-ci se sont
signalés davantage par le caractère archaïque, par la variété
des sujets et par les costumes des personnages.
Les figurines du vieux saxe, et encore plus celles du célèbre
sculpteur Jfe/cMor, de la fabrique de Hohst, sont ce que l'on a de
mieux fait en faïences et en porcelaines dans le genre-boudoir.
Pour la céramique française, il faut mettre en première ligne
les terres de pipe, dites de Henri II et de Oiane de Poitiers,
quoiqu'elles ne soient recouvertes que d'un vernis. plombifère ;
suivent les beaux produits de Nevers de la première époque,
ainsi que ceux de la seconde ; les décors en camaïeu bleu de la
première époque, et les décors polychromes ornementés de la
seconde époque, de Rouen, et quelques rares exemplaires de
Moustiers. Cette dernière localité, en dehors de ces belles pièces
(qui ne sont cependant rien de plus que des décors poncisés et
copiés), a produit des choses bien inférieures dans son courant
ordinaire. Les décors se répètent continuellement, parce que
tout s'y faisait au poncis^. H n'existe pas une seule pièce où
1 . On appelle poncia {chablone en allemand ) le patron eu papier de Un ou
en carton mince, sur lequel un dessin, généralement copié d'après une gravure,
a été piqué, épingle ou découpé à jour. On peut reproduire ainsi ce dessin à
£« GÉlfÉRAL. ^i
V originalité d'un artiste se fasse sentir. L'engouement que quel-
ques amateurs avaient montré d'abord pour cette faïence in-
dustrielle est tombé, comme je l'avais prédit*
., Les faïences de Lunéville, que l'on a attribuées longtemps à
Sceaux-Penthièvre, sont quelquefois remarquables par la légè-
reté de la pâte et la suavité de leur émail ; les peintures esquis-
sées artistiquement ont donné à ces pièces un cachet à part.
Les moules existent malheureusement encore, ce qui laisse la
porte ouverte à la contrefaçon moderne. Toul, Lunéville, etc.,
en fabriquent toujours 1
Mennecy a produit peu, et lesbelle? faïences de cette localité,
connue pour ses porcelaines à pâtes tendres, ont été jusqu'ici
rangées parmi les produits de Rouen-; mais l'amateur trouvera
à l'article consacré à cette fabrique les signes indiqués auxquels
il pourrait reconnaître ces produits. Rouen, Strasbourg, Lille,
Lunéville et NiderwiUer ont fabriqué en grand comme Delft, et
avec une grande variété.
Mais Nevers et Rouen sont les centres français les plus an-
ciens et les plus importants où la faïence à émail stannifère
vraiment artistique a été fabriquée. La palette des céramistes
rouennais est riche, et leur dessin, dont l'ornementation a
toutes les qualités de l'art français, est souvent vraiment ar^
chitectural.
Confectionnées pour la majeure partie au dix-septième siècle,
ces faïences ont encore conservé le cachet de la Renaissance.
Nevers restera célèbre pour ses blancs fixes ^ sur les beaux
bleus lapis et bleu de Perse.
Strasbourg et les autres fabriques du Nord ont excellé dans
le rocaille, mais leur décor est ordinairement aji feu de réver-
bère*, c'est-à-dire au petit feu. Le style de Meissen, ou autre-
l'inimi, aa moyen de la poncette, espèce d'estompé avec laquelle on calque les
contours à l'aide de charbon finement pulvérisé.
1 . J'ignore si on les a obtenus par l'étaîn ou par le phosphate de chaux (tiré
d'os pulvérisés). V antimoine et son parent V arsenic servent aussi à remplacer
l'étain, mais ces métaux donnent plutôt de l'opacité que de la blancheur.
î. On appelle réverbère les parois d'un fourneau destiné à réfléchir la chaleur
qui émane du foyer, sur la matière que l'on veut cuire. Feu de réverbère désigne
92 DE l'art CÉRAMIQUS
ment appelé saxon, dix-huitième siècle, Louis XV, etc., n'a été
nulle part mieux ccmipris. Les couleurs dominantes de ces
faïences sont le rose, le vert et le jaune; elles ont rarement été
peintes sur le cru.
Marseille et le Midi ont plus tard copié Strasbourg *. ^ ,
Pour la porcelaine, c'est Sèvres qui a régné longtemps; au-
jourd'hui cette manufacture est souvent égalée par des éta-
blissements privés.
Les formes, les pâtes et les peintures de Sèvres ne sou-
tiennent pas toujours son ancienne réputation.
Le sort des établissements industriels et subventionnés est,
comme celui des pépinières artistiques officielles, telles que
académies et conservatoires, d'être condamnés à produire à la
longue du médiocre ; le talent et le génie ne peuvent pas se
courber sous la férule d'une organisation bureaucratique. La
liberté et Tindépendance de l'artiste seules savent produire de
grandes choses et vivifier de leur souffle des procédés de faire
et de fabrication que la marche du temps a laissés en arrière. .
L'Angleterre a fait de jolies choses, cependant souvent plus
industrielles qu'artistiques. La pâte de ses anciennes poteries,
quelquefois pure terre de pipe, leur a donné une tournure de
marchandise que le talent de plusieurs éminents manufacturiers
n'a pu entièrement effacer.
Aujourd'hui, l'art industriel y a pris cependant sa revanche,
et il y a des manufactures qui, avec un bon marché incroyable
dans les productions des décors polychromes avec dorure, pro-
duisent des objets charmants. Les biscuits, par exemple, que
les Anglais appellent panan$ >, et les belles terres artistiques de
Minton, méritent une place parmi les spécimens céramiques les
plus remarquables.
Les productions des frères Elers (Allemands), de Burslems,
donc le feu où la flamme est obligée de s'abattre et de rouler sur les objets ex-
posés à son action. Feu de réverbère ouvert et fermé indiquent encore deux ma-
nières de cuisson différentes.
1. La première fabrique jjle faïence fut établie à Stra^burg, en 1719, par
l'allemand Wackenfeld,
2. Par allusion au marbre de Paros.
é
EN GÉNÉRA L. 93
et Stoke^UpoQ*Trent, les plus anciena fabricants de poterie
fine, qui ont moulé leurs admirables pièces à jours dans des
moules de cuivre dont les ornements sont souvent dans un style
parfait de renaissance, doivent aussi être comptées parmi les
créations artistiques de ce genre ; et les bas-reliefs en biscuit
appliqués^ sur les vases, médaillons et services de Wedgwood
sont encore plus appréciés. En Suède, c'est Marieberg qui a
produit quelques belles faïences attribuées longtemps et à tort
à Niderwiller, cette fabrique qui a appartenu à M. de Beyerlë
et à M. de Gustine.
Le ma&tiel des marques de ce Guide est composé, d'après un
plan d'étudey d'une sorte iie Cours ; c'est l'ordre chronologique
absolu, mais divisé en parties distinctes : la poterie opaque et
la poterie translucide avec kaolin (porcelaines à pâte tendre,
dure et opaque) ; porcelaine opaque anglaise.
Le» ktves, les émaux et lés vitraux forment des chapitres à part.
J'ai dû'suivre, d'une part, Vordre chronologique général, et,
d'autre part, j'ai dû laisser Vordre chronologique particulier à
chaque pays, pour éviter un mélange de toutes les villes et de
tous les centres.
Là où les marques sont incertaines, là où elles manquent et
où on à fabriqué avec et sans marques, j'ai essayé de décrire
très-brièvement, et souvent en quelques mots concisi le cachet
particulier ou les signes distinctifs auxquels on peut reconnaître
les diverses espèces céramiques.
Quant aux poteries belges, on. en connaît encore peu, et il
paraît que les fabriques n'y ont jamais été nombreuses.
La plupart des grès, appelés communément Grés de Flandre,
sortent des fabriques des environs de Kdln , de Goblentz et de
Neuwit, etc.; ils ont été rangés dans le chapitre des poteries
rhénanes.
L'article sur les faïences allemandes, dont aucune n'était dé-
terminée ni bien connue avant la première édition de ce
Guide^ a été largement augmenté par le résultat de mes der-
nières recherches; mais il reste encore beaucoup à découvrir.
Ce pays a produit à lui seul plus que tous les autres réunis, et
04 DE l'aht céramique
les contins de sa fabrication ont été tellement nombreux, qu'il
se passera encore bien du t^nps avant qu'on arrive à les con-
naître tous.
Quant aux faïences suisses, cette troisième édition en contient
rétude complète, la première qui ait été entreprise sur les ipo-
teries de ce pays*
Paris est la ville qui renferme actuellement le plus grand
nombre de collectionneurs*, parmi lesquels on r^[ioontre d'é-
minents connaisseurs, mais il y en a aussi qui confondent le
bric-à-brac avec la collection et la manie avec rëtude.O'està
Paris, et encore plus dans la Normandie, que l'on tcouve les
pièces les plus remarquables de la faïence française. Le rouen,
le moustier, le Strasbourg, le lunéville, etc., ne se trouvent nulle
part aussi complètement représentés que là.
Le Louvre, le musée de Cluny et, avant tout, le musée céra-
mique de Sèvres, possèdent des Collections nombreuses de
faïences. Le dernier est le plus propre à Tétude. Composé par
M. Riocreux, pendant sa longue carrière, avec un grand dis-
cernement, il n'y a rien de trop et presque rien n'y manque ;
malheureusement il n'en existe pas encore de catalogue.
Voici le tableau chronologique résumé comprenant toutes les
productions céramiques : ^^ ^ ^
Les poteries indoues de la* première civilisation, 4000
-— assyriennes ou babyloniennes, tuiles vernissées, etc. , 2600
— chinoises, porcelaines à pâte dure, grès, 2500
— celtiques (lacustres), etc., 2000
— américaines, 2000
— égyptiennes, 1500
— pélasques et grecques (Homère), 960
— grecques et étrusques, 600
— latines-étrusques (Fouille, etc.), 400
— romaines, 100
— Scandinaves, germaines et anglo-saionues, indéterminées.
1. En Allemagne, ce sont Augsburg, Bamberg, Berlin, Cassel, Bannstadt,
DrcBden, Frankfurt S./M., Gotlia, Mûncben (Municb) , Nlirnberg, Regensburg
(Ratisbonncj, Siegmaringen (le célèbre musée du prince), Trier (Trêve), Ulm,
Weymar, Wien, etc. En Belgique, c'est le musée de la porte de Hall qui est le
plus ricbe. En Augleterre, le Kensington-museum, etc.
Eff GfittÉRAL. 95
Ap. J.^.
Les poteries gallo-romaines, 20
— gmloises, 200
— germaines vernissées on imperméables, 400
— persanes, à engobe et au vernte minéral (ftniBse-
ment nommées faïences), 700
— turques (Âsie-Mineure), à partir de 1300
— itadiennes, demi-majoliques on terres cuites tia
vernis minéral, 1000
— allemandes, grés, faïences à émail stanni/ére, 1000
— musulmanes (siculo et iiispano-musulmanes) stan-
hifères, plombifères, arsenifères, etc., 800 ou
plus probablement devers 1000
— britanniques, terres cuites au vernis minéral, 1300
•^ Italiennes, d ^mai7 </anni/ère, 1300
— françaises, au vernis plombifère, 1200
— hollandaises, à émail stannifère^ 1450
— snisses, — (au vernis vers 1 300)^ 1550
— belges, — 1550
— anglaises, — (au vernis vers 1450), 1588
— russes, — 1700
— ^ danoises, — 1727
— suédoises, — 1727
Les faïences et les grés sont donc compris dans ces poteries,
à des différences d'époques près. Le grès, d'origine chinoise, a
été fabriqué de nouveau en Europe, d'abord par les Allemands.
Voici la liste chronologique :
GrèB^rttiMCommuns,àRegensburg(Rati8bonne),probablement vers 7 50
— — rhénan*, 1300
— gris-blanc alcalin — 1500
— gris et bleu — 1 500
— griSj bleu et violet — 1 600
— gris-jaunâtre, hollandais, sans vernis, 1424
1 . Ces grès sont ordinairement désignés sous la dénomination erronée de grès
de Flandre ; mais s'il y a des grès de Flandre^ ii y en a très-peu, et ie lieu de
leur fabrication est tout à fait inconnu, en Belgique même. Presque tous les grès
qne les catalogues des musées désignent comme de provenance flamande ont été
falifiqués aux bords du Rhin ; Kôln, Neuwit, Coblentz et autres localités ont été
les centres de cette fabrication artistique. Ces grès portent des inscriptions, mo-
nogrammes et armoiries allemands, ou de style (Memarià. (Voir £0/71, etc.)
96 DS l'art g^amiqub
Grès divers, français ( Beauvais)» 1 500
— — de Flandre, 1S50
^- bruns f émaillés'de couleurs , de Creussen en Allemagne, 1570
— blancs, en Angleterre (Bursiem), 1690
— divers, suédois (Hoganus), 1770
Les anciennes faïences translucides^ appelées vulgairement et
improprement porcelaines à pâtes tendres^ ainsi que les véri-
tables porcelaines, ou porcelaines à pâtes dures, doivent être
classées de la manière suivante :
Les porcelaines chinoises et japonaises, toutes en pâte dure,
sont les plus anciennes ; connues en Europe depuis 1474, l'in-
vention de la première remonte au moins à 2500 ans avant J.-G.
Les porcelaines des Indes suivent. La porcelaine de Perse n'a
jamais existé.
La plus ancienne, et probablement aussi la première faïence
translucide, dite porcelaine à pâte tendre, connue par mes re-
cherches, est celle brevetée à la Haye, en 1614, par une résolu-
tion (arrêté) des états généraux.
Les premières productions de ce genre de poterie prennent
l'ordre chronologique suivant :
Hollande, — La Haye, 1614
France, — Saint-Gloud, 1695
— • — (Rouen, de 1647, est resté jusqu'ici sans preuves).
Flandre, — Lille, 1708
Allemagne, — Nurnberg (douteux), 1712
Angleterre, — Strafiford-le-Bow, 1740
'Belgique, — Doonick (en français Tournay), 1750
Espagne, — Buen-Reliro et Alcora, 1760
- Portugal^ — Yista-Alègre, ' 1776
La véritable porcelaine à pâte dure, composée 4e kaolin(en chi-
nois, ka*ho~lin) et de feldspasth^ (petun-zé), pareille aux porce»*
laines des Indes, de la Chine et du Japon, a été de nouveau in-
ventée en Europe par Friedrich Bottger, à Meissen, ville de Saxe.
i. Feldspath (de rallemand spath, de chanap) est le nom commun à plu-
sieurs minéraux silicates, comme Vorthose (silicate d'alumine et de potasse), Val-
hite (silicate d'alumine et de soude), le péialite (silicate d'alumine et de li-
thine), etc., etc.
EU GÉNÉRAt. 97
Voici comment là première fabrication de la porcelaine à
pâte dure des dififërents pays doit être classée :
Allemagne, — Meiwen (1704, rouge, sorte de grès), 1707
France^ — Strasbourg, 1720
Italie, — Capo di Monte, 1735
Rtaiie, — Pétersburg (premiers essais, 1725)^ 1744
SvLÎMe, — Zurich, 1763
Hollande, — Weesp, 1764
Danemark f — GopeDhagen, 1772
Angleterre, — Scbelton, 1777
Portugal, — Vista-Alègre, 1790
Belgique, — BruiLelles, 1791
Pologne, — Korzec, ISOO
Sspagne, — Mondoa, 1827
Amérique, — Philadelphie (fabrique allemande), 18:^0
Hongrie, — Herend, 1860
La soi-disant porcelaine à pâle tendre (ou même dure), attri-
buée à Florence, en Tann^ 1581, et appelée pompeusement por-
celaine des Médicis, n'est certes qu'une grossière mystification.
Plusieurs pièces payées fort cher par de ricbes amateurs, en
France et en Angleterre, ne datent que de ce siècle et ont été
probablement fabriquées dans la manufacture des Ginori, ou
dans une autre usine du pays, avec des marques de fantaisie;
d'autres ne sont pas môme translucides et fabriquées d'une terre
brune couverte d'émail stannifère comme toutes les faïences, et
d'autres, décorées sur engobe et sous couverte plombifère, rap-
pellent la fabrication turque de rAsîe-Mineure,dite persane. On
en trouvera une mention plus détaillée à la fin de l'article qui
traite des porcelaines italiennes.
DéflnUlon de* différente* espèce* de poterie*.
H n'existe que huit grandes familles de poteries, dont voici
la plus simple définition :
|o Terre cuite commune, opaque, Poteries primitives perméables, —
sans couverte, briques, etc.
2* T^rrtf cuire opflÇMe (terra colta), Poteries artistiques perméables,
9
98 DE l'art céramique
sous couverte silico^alcaline grecques, étrusques, romaines,
à excès d^ alcali, etc.
3® Terre cuite opaque ù glaçure à Poteries imperméables, — grès,
base silicate, etc.
40 Terre cuite opaque sous cou- Poterie imperméable vernissée ;
verte ou à glaçure minérale terre de pipe demi-majolique ;
{plombifère, etc.) faïence dite de Henri II ; terres
dites de Bernard Palissy, etc.
5® Terre cuite opaque à glaçure Poterie imperméable émaillée ,
: stannîfère, faïences; terres de Robbia et
de HirschTOgel, etc.
6^ Terre cuite translucide sans Poterie imperméable émaillée ;
kaolin à glaçure composée. faïence translucide, appelée por-
celaine à pâle tendre.
70 'pgfrg cuite translucide avec Poterie imperméable émaillée et
kaolin et àglaçure kaolinique, f eldspathique : la véritable por-
celaine dure.
S^ Terre cuite opaque kaolinique Porcelaine opaque, dite anglaise.
sous couverte ou au vernis mi-
néral,
!• Ijl terre cuite commune opaque sans couverte est la po-
terie la plus ancienne et la plus commune. C'est de la terre ou
de Targile de différentes espèces, durcie par le feu.
2° La terre cuite opaque sous couverte siligo-alcaline a
excès d'alcalin est une poterie perméable, connue des anciens et
dont la couverte est dissoluble dans Teau (voir Silicates).
Z° La terre cuite opaque a glaçure silicate (insoluble) est une
poterie imperméable connue des anciens, qui, comme le grès^ est
recouverte d'une glaçure de différentes manières obtenue par le
sel marin * évaporé à la plushaute températurede cuisson possible.
1 . Henri Campe, surnommé le Rerquin allemand , né dans le Brunswick en
1746, mort en 1818, a raconté d'une manière ingénieuse, et à la portée de la
jeunesse, la formation naturelle, par le sel marin et le feu, de ce vernis ou de
cette couverte qui rend la poterie imperméable. Qui ne se souvient d'avoir lu
dans sa jeunesse les fameux voyages de Robinson Crusoé , traduits dans toutes
les langues? Il se pourrait bien que la découverte ait eu lieu, dans les temps
primitifs, de la même manière que celle de la fabrication du verre.
Les anciens croyaient qu'une troupe de voyageurs nomades, ayant allamé du
feu sur un terrain sablonneux, au bord de la mer, avaient été tout étonnés de trou-
ver le lendemain dans les cendres une matière minérale, brillante et vitrifiée, et
que la découverte du verre appartenait ainsi au hasard seul.
EN GÉNÉRAL. 99
Le grès^ d'origine chinoise, a ëté découvert et fabriqué en Eu-
rope, d'abord en Allemagne, àRegensburg(Ratisbonne}, àHai-
reuthy à Koln (Cologne), à Neuwit, à Grenzhausen, et dans toute la
partie rhénane et en Saxe (Bunzlan), etc.; et ensuite en Hollande,
dans les Flandres et à Beauvais. C'est une poterie à pâte dense,
sonore, opaque, à grain fin et imperméable. Sa dureté est ex-
traordinaire. Frappé par l'acier, ce grès fait jaillir des étin-
celles. Le mot allemand steingut, ustensile en pierre, désigne
parfaitement sa qualité. Il y a des grès à cérames communs et
fins. Le grès commu7i est composé d*argile et de sable» Le grès
à cérame fin contient des additions de kaolin, de feldspath, etc.
Quand il est à gîaçurey le vernis est le résultat d'évaporation
de sel de cuisine ou de mer, ou de potiiSSe ou d'oxyde de plomb,
ou enfin de l'immersion dans une composition verreuse saturée
• de beaucoup de plomb.
C'est le grès qui a conduit Bottger à la découverte delà por-
celaine. La porcelaine dure est un grés rendu translucide. Les
Chinois fabriquent du grès si bien couvert d'émail stannifère
en blanc ou en couleur, qu'il ressemble à la porcelaine. Tous
les craquelés sont de cette catégorie. On les reconnaît à l'ab-
sence de la transparence. Les ornements de ces grès allemands
du moyen âge étaient produits au moyen de moules en bois,
ciselés et travaillés très-artistiquement.
4<» La terre gdite opaque au vernis minéral est une poterie
également connue déjà des anciens, et recouverte d'un vernis
minéral transparent ; elle se subdivise en trois sortes :
A. La terre cuite opaque vernissée^ est uijie poterie jçn terre
i . Le nof vernis, qui désigne en français, fort improprement, la glaçure ou
la couverte minérale des poteries qui ne contiennent i^as de l'étain, ne devrait
s'employer que pour désigner les matières lustrales végétales grasses, en^loyées
à froid. On pourrait diviser les différents yemis en quatre classes :
1* Le vernis terreux, c'est-à-dire un mélange de différentes terres qui se ser-
vent mutuellement de fondant ;
t* Le vernis salin ou alccdin, formé de sels ou de substances terreuses dont
le i9iee fait la plus grande partie ;
Z" Le vernis métallique, composé de silîce ou autres substances terreuses et
de minium (deutoxyde ou oxyde rouge de plomb) ;
4* Le vernis alcalin métallique, formé par un mélange des deux Ternis pré-
cédents.
100 DE l'art céramique
cuite avec ou sans peinture, recouverte d'un vernisr minéral
transparent, appelé aussi couverte ; c'est une glaçure composée
d'acide de plomb, recuite seulement à tout petit feu, pareil à
celui employé pour la vitrification de la faïence translucide (por-
celaine à pâte tendre). Ce vernis s'obtient sans alcali, par un mé-
lange de terre, de sable et d'oxyde; oxyde de plomb pour le
jaune (qui laisse transpercer le jaune de la terre cuite) ; du cuivre
ajouté on obtient du vert, et le manganèse donne du brun. On
peut aussi colorer la terre avant 1^ vernissage, soft en pétrissant
la pâte de matières colorantes, soit en ia trempant entièrement
ou par parties dans une barbotine colorée, appelée engobe. C'est
ainsi que les terres dites de Bernard Palissy ont été fabriquées.
La cassure de cette poterie est jaunâtre et terreuse.
■' ij^ La terre de pipe vernissée opaque est de la poterie en
terre plus blanche et plus légère, fabriquée et glacée comme la
terre vernissée ordinaire; mais sa cassure est plus blanche,
son poids moindre et sa fragilité plus grande. Toute ia faïence
anglaise est presque en terre de pipe vernissée, quelquefois
mêlée d'un peu de kaolin. La soi-disant porcelaine opaque dé
ce pays est également composée de terre de pipe mêlée d'une
petite partie de kaolin. Les poteries dites de Henri II ou de
Diane de Poitiers ne sont que de la terre de pipe à niellures et
vernissée.,
La terre de pipe française, comme, par exemple, celle de Hon-
tereau et de Creil, est aussi très-propre à être émaillée^ c'est-à-
dire à recevoir, à la place du vernis de plomb, etc., un émail
stannifère, et quand M. Salvetat dit : « que le caioutage fran-
çais (terre de pipe) ne peut être émaillé à l'étain, » il fait er-
reur, car M. Lœbnitr, M. Devers et M. Gouvion, céramistes à
Les vernis terreux sont inattaquables aux dissolyantS) l'acide fluoriqne excepté ;
les autres se décomposent facilement par les graisses et les oxydes.
Jadis ou employait à la composition du Ternis métallique, dit couyerte, exclusi-
vement la céruse ( blanc de plomb préparé avec le vinaigre), qui a été remplacée
par le minium (du plomb calciné : le deutoxyde).
La couverte ou le vernis qui sert à être appliqué sur la terre de Honterean
peut être obtenu par :
-SjUile blanc, 8 parties; — minium, 10 ; — potasse, 5j — Cobalt, 1 millième.
ICN GÉNÉRAL. 101
Paris, éù ont obtenu, à plusieurs reprises, de fort beaux résul-
tats; et, selon moi, il n'existe même pas de terre qui se prête
mieux pour être émaillée à Tëtain que la terre de pipe si
blanche de sa nature.
C. La demi-majolique o'paque plombifére des Italiens, Castel-
lana, est une terre cuite opaque , engobée à froid d'une légère
couche de terre de pipe quelquefois mêlée de chaux et séchée
à Fair et au soleil, peinte et vernissée ensuite comme la terre
cuite vernissée ordinaire et cuite à deux feux. (Les soi-disant
faïences persanes appartiennent à cette catégorie).
5** La terbb cuite opaque a glaçure stannifère est une pote-
rie recouverte d'un émail opaque ^ dont les bases sont les mêmes ^
que celles des émaux des métaux et du verre, plus Tétain ; car
un émail' n'est pas[ autre chose que du verre rendu opaque ^bt
rétain. (La bonne terre propre à fabriquer la falenco et toutes
sortes de poteries en général, ne doit pas bouillonner quand on
verse de Feau-forte dessus; si elle bouillonne, elle ne vaut ab-
solument rien pour Fusage céramique). L'espèce dite à glaçure
stannifére se subdivise en trois branches :
A, La terre cuite à émail stannifére;
B, La faïence à émail stannifére [Pictiîe valentinum majoH-
cum Faventinum, Delphicum, en latin)*;
C, La faïence à émail stannifére^ aurifère et arsenifére, à base
de bismuth, etc., dite musulmane.
A etB sont des productions recouvertes d'émail stannifére et
qui ressemblent, quand elles sont belles, à la porcelaine, mais
1 . L'arsenic, aussi bien que Tantimoine, mis en grandes quantités, rend aussi
ofxiqtief ainsi que le phosphate de chaux ; mais le bel émail à corps gras ne
peut s'obtenir que par l'étain. Les couleurs mates ou veloutées que les décora-
teurs sur porcelaines de nos jours ont mises en vogue s'obtiennent également par
l'addition du phosphate de chaux, ainsi que le blanc opale dans le verre. L'émail
des anciens émaux cloisonnés me paraît avoir obtenu son opacité, ainsi que son
blanc opale f par le phosphate de chaux, et non pas par l'étain. Les os les plus
propres à la fabrication de ce sel sont ceux du mouton. On croit même que les
os d'oiseoAAX donnent le sel le plus fin pour l'usage céramique.
2. Presque toutes les faïences anciennes montrent au revers trois marques ou
points dépourvus d'émail ou de vernis ; cela provient de l'empreinte que les per-
nettes y ont laissée à la cuisson. On appelle pemeites les petits prismes trian-
gulaires de terre cuite vernissée que l'on fait passer à travers les casettes aûu de
supporter et d'isoler les pièces à la cuisson.
9.
102 DE l'irKT CÉRAMIQUE
sans êtres translucides, môme à la bougie. Leur cassure est or-
dinairement jaunâtre et terreuse. L'émail est mis en fusion par
une cuisson bien moins forte que celle de la véritable rporce-
laine dure, mais plus élevée que la température nécessaire à la
cuisson de la pâte tendre.
La seule différence qui existe entre la terre cuite émaillée et
la faïence émaillée, c'est que la première est sans décor de pein-
ture appliqué sur l'émail par la main d'un peintre (conune les
œuvres des écoles saxonne, franconienne et souabe, là où elles
représentent des sculptures, et telles que les Hans Kraut, les
Hirschvogel et les Délia Robbia, en Italie ont laissé^ etc.),
tandis que la seconde est décorée de ces peintures polychromes
ou monochromes, sur cuit ou cru, comme le sont ordinaireiiCLent
les plats et les assiettes,.etc. Dans la première, les^lessins en bas-
relief, etc., sont le résultat de la moulure ou du modelage; dans
la seconde, ces dessins sont le résultat de la peinture. L'émail
blanc sur la faïence, ainsi que les couleurs des émaux sur la
terre cuite, se posent généralement par immersioriy puisque la
peinture est superposée après. Quelquefois les émaux sont aussi
répandus avec le pinceau. L'émail de la terre cuite, quand il est
colorié comme celui des maîtres nommés plus haut, est sou-
vent mélangé avec des colorants minéraux : le bolus, le safre,
le manganèse, l'antimoine, etc., etc., pareils aux couleurs dont
les peintres sur faïence se servent.
Yoilà donc la seule dififérence qu'il y ait entre ces deux sortes
de poteries, qui ne forment qu'une seule espèce. De toutes les
faïences, ce sont celles de Niirnberg et de Nevers qui sont
cuites à la plus haute température.
D. La faïence à reflet métallique au bismuth, antimoine-arseni-
fére, etc, dite musulmane ou hispano-moresque et siculo-mu-
sulmane, est vernissée une seconde fois à un tout petit feu, au
moyen d'un vernis où l'arsenic, le bismuth, etc., entrent en pe-
tites proportions, et aussi par des fumigations minérales, etc.
Quant au reflet métallique obtenu par le cuivrey c'est une chi-
mère. Le cuivre se brûle au grand feu, ou tourne au vert au
petit feu. Ces poteries à reflets ont été fabriquées par les Aile-
BN GÉNÉRAL. 103
mands, les Musulmans, les Hollandais et les Italiens. JJigno^
rance et les préjugés de nos jours de ce qui regarde 1^ fa-
brication de ces reflets métalliques s'étaient répandus à la fin du
seizième siècle sur tout ce qui se rapporte à la fabrication des
poteries, et particulièrement à la porcelaine; le passage suivant,
qui se trouve dans le livre de PaAcirole, Les choses perdues et
inventées, en donnera une idâi^ : a La porcelaine était une com-
position faite avec du plâtre, des blancs d*œuf et des écailles de
coquilles marines qu'on tenait enfouies en terre pendant quatre-
vingts ans, de sorte qu'un ouvrier qui entrepren^t cette pro-
.feâdion ne travaillait que pour sa postérité; »
6<» La TJSftBJB CUITE THANSLUCIDE SANS KAOLIN A GLAQURB COM-
POSEE, appelée pompeusement porcelaine à pâte tendre^, est
une faïence transluQide à la lumière/ffa cassure est blanche
et son éniail d'une blancheur pâteuse pareille à la crème*
Elle est légère et douce au toucher, pareille à la faïence.
Le dessous des pieds est partout émaUlé, puisque la porce-
laine tendre est cuite suspendue à des crochets de fer, tandis
que la porcelaine dure montre au-dessous des pieds des en-
droits privés d'émail, là où elle était posée dans le four.
Comme l'émail de cette poterie n'est qu'une espèce de vitriâca-
tion peu à^nfi, sorte de vernis, moins dure môme que l'émail
de la faïence et (^ ce cuit presque à la même tempéra-
ture que le vernis ou la couverte des poteries vernissées, on
peut l'entamer et la rayer à la lime et au couteau , et sa pâte
se gratte aussi facilement sous une lame d'acier que celle de la
terre cuite. Ç'e3t là môme un moyen de diistinguer la pâte
tendre de la pâte diire de la véritable porcelaine, quand cette
dernière, chargée de beaucoup de feldspath, est d'un émail pâ-
teux et crémeux. La porcelaine de pâte tendre se raye donc
aussi facilement à. l'usage et ne peut servir à la cuisson, puis-
que le feu la fait éclater. La composition de la pâte de cette
1. La dénomination de \ip0iie tendre provient de ce qu'elle supporte bien
moins de chaleur de cuisson, qu'elle fond au feu ayant que la Traie porcelaine
ne cuise, et que l'émail, et encore bien plus lapdftf, peuvent, comme je l'ai dit,
s'entamer au couteau.
,n
104 DE L*ART CÉRAMIQUE
porcelaine tendre n'est pas partout la môme. En France seule*
ment, elle varie presque déjà dans chaque fabrique.
Elle est ordinairement formée d'un mélange de nitre, de sel
marin, d'alun, de soude, de gypse (le chekao chinois], de.sable,
de craie blanche et de marne. Quelques fabriques y ajoutent
dés tessons de porcelaine, et remplacent le sable par le silex
exempt de fer. La fabrique de Sain^Amand produit actuelle-
ment la meilleure porcelaine tendre qui se fabrique en France .
La porcelaine à pâte tendre anglaise est la moins bonne ; elle
était longtemps impropre au décor de la peinture; c'est à cause
de cela que la plupart des porcelaines anglaises étaient déco*
rées au moyen de l'impression, procédé qui a été appliqué en
premier en Angleterre dans la fabrique du docteur Wall à Wor-
chester, dès i75l, et en Allemagne, à Berlin, par Pot. (Yoir
Lithogéognosie, et aussi au commencement du chapitre qui traite
de la porcelaine anglaise.)
L'émail ou, plus proprement dit, la couverte de la porce-
laine à pâte tendre se compose de litharge S de sable, de silex
(pierre à fusil broyée), de sous-carbonate dépotasse et de soude.
Ce vernis entre en fusion à une température basse et très-infé-
rieure à celle nécessaire à la cuisson de la pâte.
Le décor courant, les fleurs bleues, ps^r exemple, que l'on
rencontre ordinairement sur la pâte tendre de Chantilly, etc.,
est peint sur le dégourdi, et^ après être sorti du four en bis-
cuit, on le recouvre de vernis. (Voir Chantilly.)
7« La terre cuite translucide au kaolin et a glaçure kao-
LiNiQUE est la véritable porcelaine^ ou la porcelaine à pâte dure.
C'est purement du grès rendu transparent. Cette porcelaine,
ainsi nommée du mot latin porcelina ou porcekna (un coquil-
lage qui lui ressemble), en anglais chinay est transparente à la
lumière; sa cassure est dure et blanche intérieurement comme
le sucre ou l'albâtre rompu. Cette porcelaine a la blancheur du
lait : au-dessous des assiettes et autres pièces, le bord du pied
est dépoli ou sans émail. Elle est généralement plus pesante que
1 . Du massicot (oxyde de plomb) cristallisé en petites larmes. La couleur de
bronze sur les poteries s'obtient aussi par la litltarge.
•■*
EN GÉNÉRAL. i05
la pâte tendre; et peut au besoin servir à la cuisson, puisqu'elle
supporte le passage du froid au chaud.
La vraie porcelaine à pâte dure européenne, inventée par
Bottcber, se rapproche le plus de la porcelaine chinoise,
quoique celle-ci lui reste toujours supérieure par sa finesse.
Ni rAllemagne, ni la France^ ni les autres pays de l'Europe
Q*ont détrôné Tanciénne porcelaine chinoise. Les Chinois
n'ont pas seulement peint sur le cru de l'émail répandu sur
la terre déjà cuite, comme le faisaient les anciens faïenciers
du Nord et comme le pratiquent actuellement l'innovateur de
cette méthode M. Pinart, et après lui M. Bouquet, M. Chantrier
à NeverSi M. Laval à Presnière , près Dijon, et quelques autres
potiers; les Chinois ont obtenu môme leurs belles pièces d^une
seule et unique cuisson^ c'est-à-dire qu'ils ont peint sur la pâte
sèche non cuite.
La porcelaine dure est composée de kaolin (le ka-ho-lin chi-
nois, la porcelan-erde allemande, le chînaclay anglais) et de
feldspath (le petun-zé chinois). Le kaolin est une terre , c*est
du felspath qui a perdu sa potasse; et le feldspath une pierre,
du silicate d'alumine et de potasse.
JL'émail de cette porcelaine, que quelques auteurs appellent
couvertey est composé en France de quartz, de kaolin, de cal-
caire et de tessons de porcelaine. La cuisson de la pâte a lieu à
une température si élevée que les pièces se chauffent à blanCf
c'est-à-dire à la plus haute chaleur possible.
La, cuisson de son émail demande une température aussi
élevée que celle nécessaire à la cuisson de sa pâte et du grés.
Cette porcelaine se cuit dans des boites en terre réfractaire ap-
pelées casettes ^.
Les peintures des porcelaines sont cuites au feu de réver-
bère, c'est-à-dire au troisième feu, ou à la température la plus
basse de cuisson de poterie, où les pièces chauffées ne doivent
1 . Les casettes sout des tubes ou étuis en argile cuite (terre blanche) exempte
de matières ferrugineuses ou calcaires qui les feraient gauchir. Elles serrent i
garantir les poteries des accidents et sont aussi utiles pour placer convenable-
ment les pièces au four.
J06 DE L ART CÉRAMIQUE
pas dépasser la couleur de la cerise» Les peintres en porcelaine
les cuisent en moufles ' confectionnés de terre réfractaire.
Comme l'émail, ou la couverte de la porcelaine dure ne peut
être mis en fusion convenable pour son mariage intime avec
les couleurs du décor qu'à une température si élevée à laquelle
le cobalt seul résiste, tandis que tous les autres colorants miné-
raux disparaissent, il devient impossible de décorer la porce-
laine autrement que sur la surface et à couches minces par des
couleurs fondantes et cuites au petit feu du moufle. Ces cou-
leurs, qui n'entrent presque pas dans l'émail, ne peuvent ^voir
ni de la solidité ni l'épaisseur nécess^aire ; elles manquent de
gras et de corps, ces qualités indispensables d'une bonne pein-
ture; la touche large et à effet devient presque impossible, ce
qui est la cause que l'amateur à goût artistique préférera tou-
jours la belle faïence décorée sur le cru au grand feu, et môme
la porcelaine à pâte tendre à la porcelaine dure. (Voir Fondants.)
8° La PORCELAINE ANGLAISE OPAQUE, aussi biou que la soi-
disant porcelaine à pâte tendre, qui a dû être confondue avec
la porcelaine à pâte dure dans la seconde partie principale du
travail chronologique de ce livre, est une terre de pipe à la-
quelle on ajoute quelques parties de kaolin et qui est recouverte
d'un vernis minéral. Elle a donc tous les inconvénients de la
porcelaine à pâte tendre sans avoir sa translucidité, ni l'aptitude'
d'être décorée aussi artistiquementv mais c'est un excellent ar-
ticle de commerce et de fourniture en grand.
Styles et ordres.
La connaissance des styles et des ordres est indispensable au
collectionneur pour le classement des poteries. Le style archi-
tectural de toutes les époques s'est toujours reflété sur la céra-
mique. Je pense donc rendre service aux amateurs en leur doQ-
1 . Petit four en forme de Toûte allongée, qae l'on peut fermer tout autour, et
qui sert à la cuisson des décors de porcelaine et de quelques autres espèces de
poteries. Il est construit en sorte que la flamme ne puisse toucher immédiatement
les objets de la cuisson.
EN GÉNÉRAL. 107
nant ici un résumé chronologique des divers styles et ordres
qui se sont succédé.
L'architecture est l'art qui a devancé celui de la céramique,
quoique tous les deux soient des plus anciens. L'habitation et la
nourriture doivent avoir préoccupé d'abord l'homme primitif,
puisque se loger et se nourrir sont des nécessités que la nature
a mises même dans l'instinct des animaux ^ Le style architec-
tural de chaque époque, qui est l'expression de sa civilisation,
est en rapport intime avec les autres arts, et représente plus que
tout autre les goûts et les tendances du temps. La sculpture et
le modelage nécessaires à la céramique ont suivi l'architecture
et devancé l'art de la peinture *.
Les styles chinois, égyptiens, assyriens, indiens, mexicains,
grecs et romains, en partant de 2000
sont généralement nommés styles antiques. av. j.-c.
Les styles égyptiens^ assyriens , indiens et mexicains
sont sévères, solides et grandioses. Les deux derniers
sont cependant souvent irréguliers et touchent par leurs
détails à la grimacerie.
Le style chinois n'existe presque pas ; c'est une archi-
tecture enfantine invariable depuis de nombreux siècles.
Chargé et mesquin , il rappelle les tentes des peuples
nomades.
Le style grec^ qui tient à l'architecture égyptienne, est 600
plus étudié que celui-ci et a des proportions plus arrê-
tées ; il a servi de type à l'architecture romaine antique.
i. L'abbé Cochet dit, dans l'Introduction de son Archéologie céramique et
sépulcraley que : a Partout où l'homme a séjourné dans ce monde on trouve les
débris d'un vase. La poterie est donc la trace la plus précieuse du passage de
l'humanité sur la terre. Aussi la céramique parait-elle la plus indispensable de
tontes les connaissances archéologiques. »
2. Winckelmann dit, dans son Histoire de l'Art chez les anciens y que :
• L'art a commencé par la configuration la plus simple, par la plastique en terre
coite, et par conséquent par une espèce de sculpture j car un enfant peut donner
une certaine forme à une masse molle, mais il ne saurait rien tracer sur une su-
perficie plane. Pour modeler il suffit d'avoir la simple idée d'une chose, tandis
que pour dessiner il faut posséder une infinité d'autres connaissances; ce qui n'ji
paJB empêché que la peinture ne soit devenue par la suite la décoration de la sculp-
lufe, etc. »
W8 DB l'art 'CÉRAMIQUE
jCe styk romain antique^ où Tordre com|KWJ^ domine^ 100
dérive du style grec. Il e$t cependant moins pur»
Le style byzantin ^ ressen^ble au style russe actuel, qui 300
en a conservé les formes et proportions. Le style arabe à
et mauresque lui ressemble également. Il se distingue du 900
style roman par une plus grande élévation dans les arcs ^^ °otre
et par la substitution des arcs en 'plein cintre aux pla-
fonds plats. Le roman et le bysantin sont souvent con>
fondus, puisque le premier montre aussi des pleins cintres.
Le style mauresque et arabe^ et plus tard sarrasin^ est 700
bizarre, mais très-riche d'une profusion d'ornements.
Venu d*Espagne, il modifia d*abord le bysantin, et il se
distingue par un nombre infini d'arabesques.
le style roman * est simple et presque primitif; basé 500
sur les proportions des styles antiques, modifiés et à
embellis par les réminiscences byzantines et arabes, 1250
les chapiteaux corinthiens prennent la forme carrée j
et les ornements de ces chapiteaux ne sont plus sou-
mis à des règles invariables et représentent des ani-
maux fantastiques, etc. Les plafonds sans voûtes cèdent
bientôt aux Yoûles en plein cintre et se confondent sous
quelques rapports avec le style byzantin. C'est l'archi-
tecture romaine devenue barbare, c'est-à-^dîre plus gran-
diose, plus belle et plus originale.
Le style Q^rmanique^j dit gothique, est svelte, très- 1200
1. Voir le renvoi au chapitre Regensburg (Ratisbonne) pour les différentes
formes de christs, dont la connaissance est fort utile pour la classification des ob-
jets d'arts religieux, à partir du dixième jusqu'au quinzième siècle.
2. Le savant critique d'ai-t de Berlin, M. Waagea, dit dans son ouvrage, Œu-
vres d'art et artistes en Allemagne :
« Ce style que l'on nomme byzantin, mais que j'appelle roman. »
Je n'ai pu saisir la pensée de M. Waagen, car il est impossible qu'il veuille
confondre deux styles aussi distincts : le byzantin, avec son ornementation, riche
et détaillée, l'élévation de ses voûtes en plein cintre, est bien autre chose que le
style roman. Ce dernier a presque supprimé les voûtes, — les plafonds sont sou-
Tent plats et poutres, ou à architraves, — son ornementation s'est appauvrie
an point que les sculptures n'en ont gardé que quelques animaux fabuleux de
l'Orient aux formes légendaires.
3 . L'auteur doit faire observer ici que la race dominante des Franks, qui a intro-
duit ce style dans les Gaules et fait exécuter les monuments, était aussi germaine.
EN GÉNÉRAL. i09
contourne et d'une grande solidité; il est le moins uni- à
forme, le plus original et se prête au jeu de Timagination. 1 500
La Sainte-Ghapelle et le musée de Gluny en sont de beaux
spécimens à Paris, mais d'un genre tout différent.
Le vieux style gothique se subdivise en saxon, belge,
nonoiand, lombard, etc.
Je le divise en trois catégories ou plutôt époques, et
non pas par pays :
Le gothique à réminiscences romanes» ou de transi-
tion du treizième , et le gothique pur de la fin du trei-
zième jusqu'à la fin du quatorzième siècle qui, selon
moi, est le plus beau, puisqu'il est calme et sévère.
Le gothique achevé du quatorzième siècle et du com-
mencement du quinzième.
Le gothique de la décadence des quinzième et seizième
siècles*
Le gothique allemand, tel qu'on le rencontre dans ce
pays, est le plus sévère et le plus imposant.
Le gothique français est plus orné, plus agréable,
mais pèche par la profusion de ses arcs-boutants.
Le gothique anglais est en majeure partie perpendicu-
îaire^ c'est-à-dire de la décadence, comme le fiam-
bùyant français.
Le gothique fleuri ou flamboyant de la décadence est
cependant préférable dans les boiseries et dans les pe-
tites œuvres.
Le style de la Renaissance est fin et léger ; il participe de 1 450
tous les styles et le plein cintre se trouve chargé de la pa-
rure de l'ogive. Charmant de détails, irrégulier, nianquant
de grandeur, il plaît à tous les goûts et varie dans chaque
pays. Le château de Blois est un des plus remarquables
spécimens de la Renaissance française qui subsistent.
Le style dit Henri TV ou Louis XIU se signale par ses i 570
mosaïques de briques rouges ; il est agréable et se res-
sent encore de la Renaissance.
Le style dit Louis Ji7 est boursouflé, bouleversé, et se 1650
40
110 DE l'art Céramique
signale souvent par l'abus de mascarons et de cartouches.
Versailles est un échantillon de eette affreuse décadence.
Le style saxe, appelé aussi rocaille, Pompadour, rococo, 1720
TaOuù XV, etc., est surchargé de rocailles, prétentieux et
efféminé ; il n'est agréable que dans les petits arts et pour
l'ornementation intérieure des châteaux et appartements ;
dans les grandes œuvres il devient grotesque.
Le style de Louis XVI, plus simple et plus beau dans 1788
la grande architecture que celui du règne précédent,
en est cependant la continuation, et se signale par
l'emploi de grosses guirlandes.
Lestyle de Tilmpirô n'est qu'une triste imitation dugrec 1803
et du romain ; il représente la décadence complète de l'art.
Le style actuel, ou du dioHieuviéme siècle, consiste
dans les constructions légères et élancées en fonte de fer,
dans le genre des halles centrales, etc«;d'origîne anglaise,
il a été modifié en France et n'offre rien de caractéris-
tique qui puisse lui conserver une place dans l'avenir.
Les ordres sont des subdivisions du style grec et romain. Les
anciens n'avaient que trois ordres : le dorique, Vionique et le
corinthien. Jacques Barozzio de Vignole, né à Vignole, dans le
Milanais, en 1507, est l'architecte qui en a donné le premier les
proportions régulières ; son Traité des cinq ordres est encore
classique. Cet architecte, ainsi que Philibert Delorme, les Sca-
mosi, les Serlio, les Paladio et autres, a composé^ d'après
l'architecture grecque, les cinq ordres suivants. Les ordres j96r-
sique et attique ont été ajoutés plus tard.
Vorâ/re toscan. Remarquable par son extrême simplicité;
il exclut tout ornement dans ses diverses parties.
V ordre dorique. Le plus simple après le toscan; il exprime
surtout la forc« et la solidité^ et se reconnaît à l'absence de
toutes bases, aux métopes^ et aux triglyphes qui ornent
sa frise. Les chapiteaux sont dépourvus d'ornement.
1. Du grec métâpony front, intervalle carré entre la frise et les triglyphes où
on place des ornements. Le triglyphe (du grec treiSf trois, et glyphé, graTure}
est composé de trois cannelures ; il servait dans Forigine à l'écoulement des eaux.
ï::^ général. iil
V ordre ionique. Caractérise par les volutes* de son chapiteai* ,
qui ressemblent à des cornes de bélier.
L'ordre corinthien, Reconnaissable aux feuilles d'acanthe qui
couvrent ses chapiteaux.
V ordre composite. Il réunit- le chapiteau corinthien aux vo-
lutes de rionique. On appelle aussi ordre composé toutes les
ordonnancjBs arbitraires ou capricieuses qui s'éloignent des
règles ordinaires.
L'ordre persique ou cariatide est celui où Ton voit des figures
d'esclaves ou de femmes supportant un fronton en remplaçant
des colonnes. On doit l'appeler seulement ordre cariatide, quoiid
les colonnes sont remplacées par des figures de femmes, puisque
le nom de cariatide dérive des femmes esclaves de Karyan.
Quand ces figures représentent des hommes, il faut l'appeler
Yordre^atlantef^xffï dérivé d'Atlas, que les anciens ont repré-
sente portant là terre.
L'ordre attique est un petH ordre de pilastres de la plus
courte proportion, ayant pour entablement une corniche archir
travée.
1. Du latin voluta^ de volvere^ tourner, désigne l'enroulement en spirale de
chaque côté du chapiteau.
>
DESCRIPnON PAR TABLEAUX CHRONOLOGIQUES
DE
TOUS LES PRODUITS CÉRAMIQUES
POTERIES, ÉMAUX SUR MÉTAUX, VITRAUX
ET PIERRES ARTIFICIELLES
LEURS MARQUES ET MONOGRAMMES, LA FABRICATION
MONOGRAPHIES £T BIOGRAPHIES DES ARTISTES
MUSÉES ET COLLECTIONS
40*
BËSUHË DES HÂTIËBES DE L'OUVBAGE
SEF-ON
SES DIVISIONS ET CLASSIFICATIONS INÉTHODIQUES D'ORIGINES
LB TOUT PAR ORDRE CHRO'OLOGIQL'E
I
POTERIES OPAQUES ET SANS KAOLIN
Poteries asiatiques
indiennes, dclhiennes, alimedubabienneS; cingalèges (île de Ce^lan),
javanaises (Sourabaïa), babyloniennes, chinoises, japonaises, Louk-
liariennes, persanes, turques (îles de l'Asie Mineure, Drousse, Ku-
tahia. Thnarl^alc et Isnik).
Poteries américaines
palenquéennes ou mitlaïques, quichuases, téoliiiuacanes, toltèqucs et
chichimèques, aymariennes et péruviennes, jacatèqucs et guaté-
maliennes, mexicaines ou aztèques et suntiagiennes.
Poteries africaines
égyptiennes, scioutes, kenelieriennes, nubiennes, nlgériennrs,
kabyles, etc.
Poteries européennes
lacustres, grecques-étrusques, romaines, fcandinavcs, gtruianiques
et anglo-saxonnes, gauloises, alemanes, frankes, allemandes, siculo
et hispano-musulmanes et espagnoles, italiennes, françaises, hol-
landaises, suisses, belges, anglaises, russes, danoises, suédoises,
portugaises et polonaises.
II "
POTŒRIB6 TRANSLUCIDES AVEC ET SANS KAOLIN
ET OPAQUES AVEC KAOLIN
OU PORCELAINES A PATB DURE ET FAÏENCES TRANSLUCIDES,
DITES PORCELAINES A PATE TENDRE
Porcelaines asiatiques
chinoises, indiennes et japonaises.
Porcelaines européennes
allemandes, françaises, russes, belges, suisses, holIandai^es, anglaises,
italiennes, espagnoles, danoises, portugaises, polonaises et hon-
groises.
III
PEINTURES CÉRAMIQUES SUR LAVE ET POTERIES
VERNISSÉES SANS PLOMB, A BASE DE LAVE
IV
ÉMAUX SUR MÉTAUX
égyptiens, byzantins, allemands et anglo-saxons, fi ançais, italiens,
chinois, russes et suisses.
V
PEINTURES SUR VITRAUX
allemandes, françaises, anglaises, suisses, belget^, ilalieiiaes,
hollandaises, espagnoles et russes.
VI
PIEBBES FRBCIE0SBS ARTIFICIELLES.
I
• *
POTERIES OPAQUES ET SANS lAOlIN
TERRES CUITES SANS COUVERTE, SOUS COUVERTE
AU VERNIS MINÉRAL ET ÉMAIiXltES .
GRBS, FAÏENCES ET TEBBES DE PIPE
LB TOUT PAR ORDRE C^JIONOLOGIQUB ET $ÂK PATS
^^•p'»"
, POTERIES OPAQUES ASIATIQUES
mDE
Poterie. v Av. J.-C.4000
Sans s'arrêter à Torigine d'une antiquité fabuleuse à laquelle
les Hindous font remonter leur histoire, on peut cependant ad-
mettre que cette première civilisation connue remonte à qua-
rante siècles avant Jésus-Ghrist. On ne possèdej:iéanmoins aucun
vestige des poteries de cette époque.
Pour les poteries indiennes modernes on peut mentionner :
Terre cuite moderne â émail plombifâre. ,..
Au musée japonais de Dresden et dans ma collection se trou-
vent des carreaux de pavage pentagones en brique rougeâtre
et ornés de feuillages jaunes par le moyen d*un décalcage d'en-
gobe de terre blanche qui, recouvert du vernis minéral trans-
lucide, forme des dessins jaunes sur fond chocolat. Ces carreaux
118 POTEBIES OPAQUES
ont été rapportés des Indes par lord Elûngston ; leur caractère
n'a rien d'indien.
Tebre cuite noire moderne sans et sous couverte.
Des bouteilles à eau de cette fabrique figuraient à TExposi-
tion universelle de 1851. Le musée de Kensington en possède
deux échantillons sous les n*»» 4,200 et 4,201.
IIiB DE CETIiJlLlf (Slnshala)
Terre cuite moderne peinte a froid, et terre cuite rouge
sans peinture.
Des bouteilles (n°" 4,202 et 4,205) au musée Kelfômgten.
fiOVBABjlLlA (Java) ^
Terre cuite brune moderne.
Le musée Kensington possède de cette provenance une bou-
teille, dite-A^^osas ou coojali, quia été exposée en 1851.
B A BIT 11 O ME
Poterie au vernis pbombifère (peut-être aussi à émail stanni-
fère). «» Av. J.-C. 2500
On connaît de l'empire babylonien, fondé en 2640 par Nem-
rod j deg' briques vernissées. On a trouvé dans cette ville, et
aussi au palais assyrien, de Khorsabad, exploré par M. Place,
des briques peintes en différentes couleurs et vernissées au feu.
Le décor rej^ésentait des hommes, des animaux^ des arbres et
des dessinsTinéaires et géométriques. Je pense cependant que ce
dernier genre de briques ornées de dessins historiés ne remonte
pas à l'époque de la destruction de Babylone.
Poteries en terre cuite vehjîissées. Av. J.-C. 2500 jusqu'à ce j'.
On a fabriqué en Cliine et'ûn y fabrique encore actuellement
des ornements de jardin, etc.,' des figurines, la pluj)aft grotes-
ques, en terre cuite et recouvertes d'un vernis minéral , le j^us
souvent en vert (cuivre) et jaune {crocus metallorum*),
i. Ce safran des métaux des anciens est l'antimoine sulfa#^iMé. . ^
^
ASIATIQUES. 11»
Grès a iUfAIL fiTAN^IFÈBE et grés rouge sans ÉMàUé.
La plupart des poteries dites porcelaines craquelées de Chine
appartiennent à la catégorie des grés, et non pas à celle des por*
celaines^ puisqu'elles sont opaques. ( V^ir au chapitre des porce-
laines ou poteries tranjslucides chinoises.)
Le grès rouge chinois, particulièrement des théières, ressem-
ble à ieelui du Japon et au grès que Bottcher, l'inventeur de la
porcelaine européenne, a fabiriqué avant d'avoir trouvé le kao-
lin pour sa porcelaine transparente. (Voir porcelaine de Saxe.)
Grés rouge.- Vers 150 av. J.-C.
C'est un beau grès rouge sans vernis, semblable et probable-
ment de la môme composition et cuisson que ceux que Bôttcher
a produits avant d'avoir trouvé la porcelaine. ( Voir porcelaine
de Saxe.) Le grès du Japon a souvent des ornements en relief;
il est quelquefois peint et décoré d'émaux de couleurs. ( Voir
le chapitre des porcelaines ou poteries translucides japonaises.)
IIOVK.HjIlBIE
Poterie opaque et quelquefois tant soit peu transparente ;
TERRE DE PIPE OU TERRE CUITE BLANCHE , décoréc Ordinaire-
ment en camaïeu bleu, sur engobe et recouverte d'un vernis de
plomb. Cette poterie, que Von appelle à tort faïence de Perse
et même porcelaine de Perse, s'est fabriquée à partir de 700
jusqu'à nos jours.
La Boukharie ou le kïuinat de Bouhhara est un État de l'Asie
centrale, du Turkestan indépendant, et dont la capitale était
jadis Samarkand, puis Bikend. La capitale actuelle est Bou-
khara.
La Boukharie, qui avait fait partie des grands empires per-
sans d'Alexandre et de la Bactriane, fut conquise par les Turcs
au sixième siècle, par les Chinois au septième et par les Arabes
au huitième, et tomba, au neuvième, entre les mains des Sama-
nides, etc., etc.
Ce sont incontestablement les Chinois qui ont introduit la
fabrication des poteries, que les Boukhariens, ne connaissant
pas le kaolin ou n'en possédant point, n'ont jamais pu élever
jusqu'à la porcelaine.
120 ' POTERIES OPAQUES
Les productions boukhariennes anciennes consistent dans
des poteries très -blanches de terre, espèce de terre de pipe
(le cailloutage français), qui sont généralement décorées au
grand feu en camaïeu bleu et recouvertes au petit feu d'un
verqis de plomb qui se raye sous le couteau.
La porcelaine persane, dont MM. Le Blanc et Jacquemart
parlent dans leur Histoire de la porcelaine^ n*est autre chose
que cette poterie boukharienne, qui n'est pas même de la faïence.
Ces auteurs, sans se rendre compte de ce que c*est que la vé-
ritable porcelaine, se sont sans doute rapportés au passage de
Chardin dans son Voyage en 'PersCy t. II, p. 42, où il parle des
fabriques des villes de Kirman etMesched^ dont les produits fu-
rent, d'après cet auteur, vendus en Europe par les Hollandais
comme provenance chinoise^, Chardin^ qi^i a aussi appelé ¥iB
carreaux de revêtement de la porcelaine, a encore pris, comme
beaucoup d'auteurs de cette époque, et même comme on voit
des auteurs actuels, de la faïence pour de la porcelaine (voir la
note concernant la soi-disant porcelaine persane, à l'article sui-
vant, qui traite des poteries persanes).
Il y a d'autres auteurs encore qui, tout en reconnais-
sant que la poterie boukharienne, confondue, avant la pu-
blication de ce Guide, avec celle, de la Perse et de l'île de
Rhodes, n'est pas de la porcelaine, malgré qu'elle offre souvent
des spécimens tant soit peu translucides, croient qu'il ne leur
manque qu'une cuisson plus élevée pour être de la porcelaine.
C'est encore là une erreur, puisque le décor en camaïeu bleu
est au grand feu, et la couverte plombifère seule est cuite au
petit feu.
Les dessins de ces* poteries ont ordinairement tout le carac-
tère chinois et japonais, fort peu modifié par le goût persan.
On appelle aussi théières de Boukhara les théières en grès
rouge dont il a été fait mention dans l'article qui traite des
poteries opaques chinoises et japonaises; mais je crois que c'est
à tort, et que c'est là une poterie importée de la Chine.
1 . Fendant les vingt ans que j'ai visité la Hollande, je n'ai pas trouvé une
seule pièce de faïence persane parmi les innombrables quantités de porcelaines
de Chine et du Japon. Il serait bien étrange que ces faïences eussent disparu
comme par enchantement, sans laisser la moindre trace dans les deux pays qui
les fabriquaient et qui les vendaient I Le passage de l'ouvrage de Chardin ne
mérite aucune croyance.
ASIATIQUES. 121
PS USB, e'es(-à-dlre H A If (Perse moderne), éUkt de
TAsIe oeeldentale) CHIBAS, I0PAIIAIV, MAlif,
HATHttlffi.
Poterie opaque et quelquefois translucide, décorée sur cn^
gobe et recouverte cTun vernis de plomb, appelée faïence de
Perse. A partir de 800
ou peut-être seulement du treizième siècle.
La poterie ancienne, véritablement persane, dont la fabrica-
tion avait été incontestablement introduite en Perse par les
Boukhariens, après que ceux-ci l'avaient apprise des Chinois,
à la suite de l'invasion chinoise au septième siècle, est fort
difficile à déterminer, puisqu'il en est parvenu fort peu jusqu'à
nous et puisque Ton a toujours confondu les poteries boukha-
Tiennes et turques (voir Rhodes et Brousse) avec la poterie
persane.
Voici ce que je puis fixer maintenant comme données posi-
tives :
1® On ne rencontre jamais dans le décor des poteries bou-
khariennes et persanes anciennes le moindre vestige de la cou-
leur rouge. Un des plus anciens spécimens de cette poterie
persane dont l'époque de fabrication peut être fixée avec certi-
titude, et provenant d'une mosquée, c'est le carreau de revê-
► tement dont le croquis * est ci-contre. Je l'ai acheté dans la
vente faite à l'hôtel des commissaires -priseurs, le !•' fé^
vrier 1866, par M. Méckin^ qui avait rapporté de ses voya-
ges en Perse toute une belle collection de poteries persanes.
Ce carreau représente le schah Abbas II à cheval (1040 de l'hé-
gire ou 1662 de notre ère). Les couleurs employées sont le bleu,
1. Cinq de ces curieuses plaques carrées (i4 i/2 sur 18 1/2 centimètres),
cataloguées aux enchères sous les n*" 141 à 143, ont été vendues à MM. Faure,
Carrant et Davilier, à Paris, et deux ont été achetées par moi. Les fleurs qui
entourent le cayalier sont réservées sur le blanc de l'engobe, et le fond bleu de
Perse paraît le produit d'un rechampissage, contrairement aux fleurs du décor
des faïences de Rhodes, qui sont ordinairement empâtées en reliefs de couleurs.
Ces carreaux, peut- être les seules véritables poteries persanes anciennes conuues
dans les musées et dans les coUecfioDS, dont on peut fixer avec certitude l'époque
de fabrication, datent probablement de 1662 ou de la vingtième année du règne
d'Abbas II, fils d'Abbas I*% dit le Grand, de la dynastie desSophis, qui remonte
à 1499. On sait que l'ère de l'hégire compte de la fuite de Mahomet de la
Mecque en 622, ce qui fixe bien l'époque de la fabrication à 1040.
Il
122 POTERIES OPAQUES
le blanc et le manganèse (violet brunâtre). H. Méchin m'a assuré
qu'il n'a jamais rencontré une poterie ancienne, persane ou
J-Dti,.
boukliarienne avec du roitgn dans le décor, et que tous les revê-
tements céramiques des mosquées qu'il a vues étaient unique-
ment coloriés en bleu, blanc ou jaune; qu'il n'avait même
jamais trouvé des carreaux ornés de ramages et de feuillages,
comme ceux fabriqués en Turquie, h Brousse et à Rhodes, Ce
môme voyageur affirme aussi que les Persans ne se servent
jamais de plats en terre cuite ou en porcelaine, que toute leur
vaisselle est en métal (bien plus propre à la vie nomade),
à l'exception do quelques petites tasses en porcelaine, fabri-
quées en Chine avec un décor de goût persan, et qui se ven-
dent quelques centimes ; ces tasses servent à prendre le café; on
les place dans une enveloppe de cuivre percée à jour.
Les grands bols et potiches en poterie persane moderne,
de fabrication toute récente, ne servent qu'à orner des niches
et les boutiques des marchands.
Pietro délia Valle (l. I, lettre I), qui voyagea en Perse en
i(îi7, a décrit des t-aiies persanes datant, selon lui, du diiièrae
ASIATIQUES. \Î3
siècle et l'auteur français des Beautés de la Perse (Paris, 1673,
p. i2), ainsi que Tavernier et Chardin, mentionne des car-
reaux dans la mosquée de Gom (sans doute Koum), Chardin
est plus explicite et dit que ces carreaux étaient ornés d'ara-
^Mg^es et rehaussés d'or et d'argent. W. Beck, dans un journal
^nuscrit, cité par M. Marryat, dit aussi, en parlant de la
mosquée de Sultanieh, que les tuiles y étaient émaillées d'un
bleu foncé à dessins et à devises jaunes et blanches ^ On voit, il
n'est nulle part question de rov^e ni de feuillages à grands
ramages. La figure humaine, môme celle da la femme, mais
voilée alors, et celle de l'animal, se retrouvent quelquefois dans
le décor persan, contrairement à celui des Turcs, où la reli-
gion l'interdit. La poterie de Rhodes montre cependant sou-
vent des personnages et des vaisseaux, qui doivent dater du
temps de la domination des chevaliers de Rhodes.
Quant à la porcelaine persane, elle n'a jamais existé, et je
dois me référer ici à ce que j'en ai déjà fait observer dans
l'article précédent qui traite des poteries boukhariennes ; une
porcelaine à inscriptions persanes ne prouve absolument rien.
N'ai-je pas vu, à mon dernier voyage à Dresden, que l'on avait
rapporté de la Hollande à M. le docteur Klemm, pour de la
porcelaine hollandaise, une tasse forme œuf en porcelaine de
Limoges et décorée à Paris d'une devise en langue hollandaise?
M. le docteur Grasse, à Dresden, prouve môme par les nom-
breuses fautes d'orthographe que les inscriptions persanes,
sur lesquelles on veut baser les provenances, ne sont point
l'œuvre d'ouvriers du pays qui connaissaient la langue persane.
Il cite par exemple un bol exposé dans la cinquième salle du
musée japonais, et dont l'inscription est bien composée de
lettres persanes, mais qui ne forment ni des syllabes ni des
mots persans*.
M. Feuillet de Couches n'admet pas non plus l'existence
de la porcelaine persane {Causeries à'uii amateur, Paris, 1862,
t. II, p. 153).
i. M. Méchin affirme qu'il a eacore vu, à sou dernier voyage , les carreaui
mentionnés par Beck, et que cette mosquée sert actuellement de magasin à four-
rages. Un de ces mêmes carreaui est conservé à Sèvres.
2. M. Méchin a rencontré à Ispahau plusieurs services en porcelaine de Chine,
aux inscriptions persanes et arméniennes, que le piropriélaire lui a assuré tenir de
son grand-père, qui les avait fait fabriquer eu Chiue.
124 POTERIES OPAQUES
Les localités où des poteries persanes modernes, de qualité
bien plus grossière que les anciennes , se sont fabriquées au
dernier siècle, et où elles se fabriquent encore aujourd'hui, sont :
Naîn, Goumisché^ Nathens, Ispahan^, Thauris et autres lieux.
A iVaIn, on fait encore actuellement des poteries assez fines
de pâte, dans le genre des anciennes poteries dites boukha-
riennes à fond blanc, à décor camaïeu bleu, souvent à inscrip-
tions persanes.
A Qoumischéf on fabrique des potiches et de grands bols, très-
lourds et en grossière pâte de terre brune, fort mal émaillés et
d'un décor bleu, blanc et jaune. Des bouquets de fleurs et de
feuillages en vert, rose et jaune y ornent des cartels à fond
blanc et ressemblent à ceux des faïences alsaciennes ou lor-
raines, et aussi au décor à froid de la poterie kabyle. Une po-
tiche de 20 centimètres de hauteur de cette poterie, fabriquée
à la fin du dix-huitième siècle, fait partie de ma collection.
A Nathens, même genre que celui de Goumisché, mais point
de jaune et profusion de roses.
A Ispahan, grandes potiches, très-lourdes, de grossière pâte
de terre brune, toujours fort mal émaillées et décorées ordi-
nairement de bandes bleues et roses quadrillées et de mé-
daillons à fond blanc ornés de bouquets de roses et d'un
fond brun. Un grand fragment d'une de ces potiches de la fin
du dix-huitième siècle fait partie de ma collection.
A Thauris, on fabrique une espèce de grès à ornements en
bas-reliefs et émaillés en bleu, qui ressemble, sauf le style
des ornements, aux grès rhénans du seizième siècle. Un grand
bol de cette poterie se trouve dans la collection du docteur Be-
liol jeune, à Paris.
M. Méchin, déjà mentionné, avait aussi rapporté de Perse
plusieurs curieuses poteries en terre cuite, ornées de reliefs
qui représentaient des personnages, une femme voilée, etc.;
elles étaient recouvertes d'un vernis vert de cuivre, absolument
pareil à celui des anciens poêles de Nurnberg.
De beaux vases en vert lapis et en bleu de Perse (oxyde de"
cuivre et potasse), avec des blancs fixes, tels que Devers les a
imités, se fabriquent également en Perse.
1 . C'est n Ispahan et à Koura que se fabriquent aussi ces burettes en verre
jaunâtre et verdâtre, semblables aux verres anciens de Venise, et qui se vendent
souvent pour tels.
ASIATIQUES. i25
TURQUIE
Poterie en terre cuite, espèce de terre de pipe (gailloutage
français), décorée en polychrome sur engobe et recouverte
d'un vernis plombifére, appelée à tort faïence de Perse,
Oq rencontre dans les mosquées en Turquie, et particulière-
ment à Constantinople, des carreaux de revêtement en terre
cuite vernissée, décorés à grands ramages sur fond blanc ou
bleu turquoise, que Ton a pris ^habitude de désigner sous le
nom de faïence persane. Ce genre, dont le musée de Sèvres
possède de beaux et nombreux échantillons, n'a jamais été fa-
briqué en Perse et ne peut dater que du règne de Mahomet U,
après que cet empereur avait pris possession de Constanti-
nople en 1453. Je les crois fabriqués à Brousse ou à Rhodes.
BHODOB, (BHODEfi, Ile «e FjlLSle-niiieiire)
Poterie en terre cuite blanche, opaque, quelquefois tant
soit peu transparente, espèce de terre de pipe {cailloutage
français), décorée en polychrome sur engobe et recou/certe
d'un vernis plombif ère; elles est appelée à tort faïence de Perse.
Rhodes était déjà connue dans l'antiquité pour la fabrication
de ses poteries. Athénie, célèbre grammairien grec, qui vécut
sous Marc-Aurèle (i69 à i 80 de notre ère), dit, dans ses Dipno-
sophistes, que Ton fabriquait à l'île de Rhodes des plats tram-
parents d'une argile mêlée à des cendres de jonc (fondants) de
myrrhe, de fleurs de safran, de baume et de cinnamone, cuite
au four jusqu'à la parfaite vitrification, mais que ces plats
n'enduraient pas la chaleur et se fendillaient et éclataient
môme au contact de l'eau bouillante. La singulière recette de
cette fabrication n'a de sérieux que le baume, que je crois le
baume d'acier (soudure de limaille d'acier dans l'acide nitrique),
et les cendres comme fondant, car les autres ingrédients sont
végétaux et disparaissent dans le feu du four.
Quant à la poterie qui nous occupe ici, l'époque de sa fabri*
cation est incertaine.
Après que les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem, qui
s'étaient emparés de l'île en 1310, en eurent été expulsée à
la fin du mémorable siège en 1479, par Soliman II, la fabrica-
tion dut prendre une tournure îur^ue ou plutôt persane, pro-
J1.
126 POTERIES OPAQL'ES
bablemeat introduite par les conquérants qui l'avaient apprîBe
des Persans, comme ïes Persans des Boukliariens, et les Bou-
khariens des Indo-Chiaois.
La poterie do Rhodes, dite fatence, consiste ordinairemeDt en
plats àfondblancou à fond bleu turquoise ou de Perse, omésde
ramages et de fleurs où on dislingue souvent le rouge de fer
empâlë en relief, couleur que l'on ne rencontre jamais dans la
vieille fatence persane.
n>t de »t
Un plat semblable au dessin ci-dessus, mais à fond bleu de
Perse, également de Rhodes ou de Brousse (voir plus loin), fait
partie de la coUeciion Sauvageot, au Louvre.
Un pot à anse de 10 cent, de hauteur, de ma collection, est
marqué sous le pied en noir sous la couverte :
ASIATIQUES. 127
Le décor, de couleur rouge de fer, vert et jaune sur fond
blanc, forme des bandes posées en biais et imite les dessins
du cachemire. La croix qui domine la marque indique Tépoque
de la domination chrétienne.
Quelques curieux persistent à attribuer ces |»lat3 à la falHi-
cation persane qui, selon eux, les aurait exécutés pour le com-
merce d'exportation ; mais cela n'est guère probable.
D'abord, les fabriques en Perse étaient et sont toujours fort
insignifiantes et montées sur un très-petit pied — deux ou trois
ouvriers; — elles étaient et sont toujours dans l'intérieur du
pays, d'où on est encore aujourd'hui obligé de transporter tout à
dos de cheval jusqu'aux ports de mer : mode d'expédition fort
coûteux pour ce genre de marchandise et qui en rendait le
commerce en gros presque impossible. Comment de pauvres
paysans se seraient-ils pourvus à Rhodes, pour leur usage jour-
nalier, d'une vaisselle aussi coûteuse?
Il y a très-peu de temps que l'on rencontrait encore ces
sortes de plats dans les plus chétives habitations à l'île de
Rhodes, où un négociant en éponges, de Paris, eut ringénien^
idée de les faire recueillir par ses voyageurs, en les écbiUl'"
géant contre de la vaisselle anglaise moderne, que les simples
campagnards trouvaient plus à leur goût. Les ventes répétées
opérées à Paris par ce négociant ont fini par faire baisser énor-
mément la valéJ^i'' de la faïence turque. Ajoutons à ces considé-
rations encore celle déjà mentionnée au chapitre précédent,
qui traite des faïences persanes, observation concernant le
rouge de fer, toujours absent sur les anciennes faïences per-
sanes et presque toujours éclatant sur les plats de Rhodes. Le
rouge que les potiers persans modernes, à partir de la fin du
dix-huitième siècle seulement, emploient dans leurs grossiers
décors est rose et tout à fait semblable au rouge de Cassius de
la faïence lorraine et alsacienne.
Voici efisl^e comme M. Méchin s'est exprimé dans l'avertis-
sement dlb"^ k venté dé ses collections de poteries persanes,
faite en févriei*i866 :
« QuQiBt aux plats, et autres pièces vendus jusqu'à ce joue
comme faïences de Perse, il m'a été impossible d'en trouver
dans les villes et les villages que j'ai visités en Perse. — Itiné-
raire : Tebris, Zindjean, SuUanieh, Kasbin, Recht, Téhéran,
Ash, AJché, Damavend, l'ancienne ville de Méi, Koum, Ka-
128 POTERIES OPAQUES
chan, FirouskoUf Sauw, Nathens, Ispahan, Djoulfa, Goumisché,
Nain, etc.
« Il m'a, du reste, été assuré que ces faïences proviennent de
l'île de Rhodes, etc. (voir les faïences persanes). »
MM. Beaucorps, Rigny, Patrice-Salin et Schefer, de Paris, et
MM. C.-H. Bohn, E. Falkener, A.-W. Franks, C.-D.-E. For-
tuum, John Henderson, Louis Husch et A. Nesbitt, en Angle-
terre, possèdent les plus riches collections de celte poterie.
BROUSSE
Ville de la Turquie asiatique, à 97 kilomètres de Constantinople.
Poterie en terre blanche opaque et quelquefois transpa-
rente , espèce de terre de pipe {cailloutage français) , décorée
en polychrome sur e^ngobe et recouverte d'un vernis plombifére;
cette poterie, comme celle de Rhodes, dont elle est tout à fait
pareille, est encore appelée à tort faïence persane.
Les carreaux de revêtement des mosquées, à Constantinople,
proviennent probablement de Brousse et non pas de la Perse
(voir les articles sur les poteries boukhariennes, persanes et de
Rhodes).
Poterie a engobe et sous vernis plombifére.
On trouve, aux Arts-et-Métiers, à Paris,plusieurs petits plats à
fond turquoise de celte provenance ; ils sont ornés de peintures.
Le musée de Sèvres en possède également des exemplaires.
TSllABiLJLliE (Dardanelles)
Poterie commune a vernis plombifére.
Un pot de cette provenance, aux 4rts-et-Métiers, à Paris, est
en terre rougeâtre, enjolivé à rintérieur d'argiJe blanche et
vernissé à Textérieur en vert de cuivre, à ornement d'or, pro-
bablement obtenu par le masticot. (Voir ce nom.)
ISmiL (ranclenne Mlcée)
• ij
ViUe de la Turquie asiatique, dans l'ancienne Anatolie^ à 80 kUom. de Brousse.
Faïences et poteries.
Conquise par les Turcs en i633, cette localité ne peut avoir
AMÉRICAINES. 129
produit de la poterie turque qu'à partir du quatorzième
siècle.
POTERIES OPAQUES AMÉEICAINES
Malgré les publications successives sur Thistoire des peuples
qui ont habité rAmérique avant la conquête espagnole, et
malgré les riches collections de manuscrits (dont le plus pré-
cieux est le manuscrit de Quiche i) rapportées du Mexique
dans les derniers temps, Tantiquilé reculée des peuples de
cette civilisation perdue, et certes antérieure à celle des Égyp-
tiens, est restée couverte d'un voile presque impénétrable;
mais je penche à croire que l'Amérique se trouvait jadis réu-
nie aux anciens continents, ce qui pourrait expliquer certains
rapprochements observés entre la mythologie et l'art améri-
cains et la mythologie et Tart indiens, égyptiens et grecs.
L'histoire de l'ancienne Amérique se subdivise chronologi-
quement en celle des temps héroïques^ de Vempire des Toi-
téques, du Yucatan et du Guatémalaf et de VAnahuac, (fest-à-
dire des Aztèques et des Mexicains, qui correspond à notre
moyen âge, et où la fondation de la royauté ne remonte que vers
le commencement du quatorzième siècle, après la conquête
des contrées du Mexique par les Nahoas, tandis qu'elle finit à
la mort de Montézuma II, le dernier monarque mexicain que
Fernand Certes fit mettre à mort. Pour le Pérou, c'est le règne
des Incas, du douzième au seizième siècle, dont le dernier,
Atahualpa, fut également mis à mort par les Espagnols, qui in-
téresse l'histoire de la poterie. A partir de la conquête des
Espagnols, c'est l'histoire moderne qui commence.
1 . Le texte de ce manuscrit parle de législateurs débarqués dans la partie
septentrionale de l'Amérique (Palanqué), pays où on doit placer le berceau de
la plas ancienne civilisation américaine. Ce texte dit que ces législateurs étaient
Tenus dft Camuchibalf c'est-à-dire du pays où il fait de l'ombre.
130 POTERIES OPAQUES
M. de Waldeck, qui a babité les contrées de l'ancienne civi-
lisation américaine durant dix-huit années ininterrompues et
entièrement consacrées à y fouiller le sol et à dessiner les
monuments, et particulièrement ceux de Palanqué^ cette Pal-
myre ou Babylone américaine, est le savant qui a fourni à la
science archéologique les plus précieux et pour ainsi dire les
premiers documents artistiques; la publication de ses études pra-
tiques et encyclopédiques sur ce pays permettront dorénavant de
marcher d'un pas plus sûr. Les magnifiques reproductions de
M. de Waldeck ont été acquises et publiées sans texte, en 1865,
par le gouvernement français chez l'éditeur Arthur Bernard, à
Paris, et Fauteur s'occupe actuellement de publier lui-même un
travail encore plus complet, accompagné du texte. Ces monu-
ments anciens du Mexique et du Yucatan contiendront aussi la
reproduction de i ,400 hiéroglyphes, dont 40 ont été déjà ex-
pliqués par l'auteur, qui a également fourni les seuls dessins
exacts pour le grand ouvrage de lord Kingsbrovgh de 1831
(Antiquités of Mexico), publié à Londres, en 1822, pour le
Manuscrit de Leîriot, et à Paris, en 1838, et pour le Voyage
pittoresque et archéologique dans les provinces du Yucatan •.
Quant à la céramique américaine qui nous occupe ici, je la
divise en cinq classes, en poteries palanquéenne et mitlaîque;
quichuase, téotihuacane, ioltéque et chichimèque; aymarienne
et péruvienne des Incas (douzième au seizième siècle); juca-
tééque et guatémalienne et poterie mexicaine ou aztèque.
Plus l'origine des exemplaires de cette céramique est éloi-
gnée, plus ils sont perfectionnés et se rapprochent de Tart
classique, de sorte que les moins anciennes poteries sont tou-
jours les moins artistiques, comme celles fabriquées par les
Aztèques ou Mexicains. Il paraît donc démontré que la civi-
lisation en Amérique, avant la venue des Espagnols, a marché,
depuis deux ou trois mille ans, de déclin en déclin, et qu'elle
i. Les ruines de Cuîhuacan ou Huehuetïapallan (près de Palanqué) ont
fourni des antiquités qui se rapprochent beaucoup des productions de l'art égyp-
tien : on y retrouve le serpent, le lotus, etc.
2. M. de Humbold avait bien publié, il est vrai, des descriptions accompa-
gnées de dessins avant M. de Waldeck, mais les unes comme les autres
étaient fautives. C'est ce dernier qui, dès 1818, a fait connaître avec exac-
titude les antiquités mexicaines, après son premier voyage entrepris avec l'ami-
ral Coqueran.
AHEBICAINES. 131
avait alteint, à l'époque palantiuéenne et mitlalque, à une
hauteur oii elJe pouvait rîvaiiser avec l'art grec,
rOTBUB PALAMSniBMME BT MITLAIQIIB (iCTB lltOO at. l.-C).
Le seul exemplaire connu de celle époque est la lampe du
lemplede Mitla, de ma collection, dont \oici le dessin :
En terre cuite rouge ; elle est pourvue extérieuremenl d'un
vernis minéral ' incolore et couverte û'om^nents gravés à la
pointe; sa'forme rappelle visiblement l'art classique grec et
parait démonlrer l'usage du four du potier. Cette lampe a été
reproduite en grandeur naturelle par M, de Waldeck.
poTBBiB gmoaDASE, TéononACAMB, toltèqiib bt amOBiiiÉQin
Un trouve dans les dessins de M. de Waldeck ceux d'un
brûle-parfum ou brûle-encem et d'une reproduction en terre
cuite d'un léocalli* ou temple de sacrifices humains, tous les
deux en terre cuite, et qui appartiennent à cette classificaticn
de poterie. La coupe téolihdacane, peinte eu brun, rouge et
blanc, de la collection de ce même savant, et qu'il a ëgale-
camme ou polit les pierres Dues: procédé qui éUÎI mémeemplujé, selou lui, duu
il te* CDuleurc eœplojiea k la peiulure de ces édiflcei, a trouvé que In
ra Bocil végitalit, pruveoaiil des fimgta (eicroitsaiicei mollea el tpon
gwutes en fonui d« champiguoii) des arbres [toir, i l'article dei poteries péru-
viennes, mes euais et nun opimun sur la coloratloD des poteries américaines en
général). Je pense que les poteries ont été recouvertes d 'un lemii
eicès d'alcali, qui ne rend pas la terre cuite imperméable.
marches, nombie qui te uppurlah pruhablrmcnt î celui dos
132 FOTERIES OPAQUES
ment reproduite dans son ouvrage, eat particulièrement remar-
quable pour le signe de la pluie en blanc (lettre en forme de
croix). Ce signe loltec et mexicain en orne la face.
ro^ntlB ATMARDonni et Fj^RirviEmn] eh aànétULS. ( i partir de
lOUOllISST. J.-C), ET OBLIX DEB «CAS EM PARTICOUSK (dODlicme
Cette poterie est le plus souvent en terre cuite noire, ressem-
blant au graphite, et recouverte extérieurement d'un vernis
perméable, probablement silico-alcalin. H. de Waldeck attri-
bue le lustre i. un polissage à froid et non pas à un vernis, —
opinion que Je ne partage pas. Je pense que c'est bien un vernis
obtenu par la cuisson, puisque j'ai essayé vainement de l'enlever
avec l'esprit-de-vin et l'essence, après avoir chauffé la pièce.
H. Lefèvre, à Paris, possède de cette poterie une collection
de cinquante pièces des plus remarquables, et dont le plus
grand nombre représente des Sgures et des animBUK fantasti-
ques et même des sujets obscènes.
Une espèce de casserole a, par exemple, le manche en forme
de fallus. Une bouteille à goulot et à anse de ma collection, et
provenant de celle de H Lefèvre, est surmontée d'une espèce
de grenouille à tête fantastique qui rappelle celle de l'hippo-
potame, animal inconnu en Amérique
Le musée de Toulouse possède sept de ces poteries péru-
viennes, des plus remarquable", elles ont été reproduil«S par
AMémcuiNES. 133
la lithographie dans la notice que le marquis de Gastellane
(ancien président de la Société archéologique du Midi, à Tou-
louse, mort en 1845) a publiée.
Le musée d'antiquités de la ville d'Anvers possède également
un vase de ce genre, qui n'est pas moins curieux.
La fabrication péruvienne a été bien supérieure à la fabri-
cation aztèque ou mexicaine, et elle ne s'est pas uniquement
renfermée fyna la production des poteries noires, qui cepen-
dant y étaient en majorité. Un signe caractéristique propre
aux poteries noires péruviennes, c'esè qu'elles sont toutes fa-
briquées en deux pièces et soudées à la barbatine avant la cuis-
son, de manière que l'on voit toujours une espèce de couture
tout autour, au milieu du vase, ce qui parait certes indiquer un
collage, et que le tour du potier éteit inconnu aux Péruviens, ou
peu usité par eux.
Les poteries péruviennes en terre cuite rouge^ plus anciennes,
à mon avis, que les noires, et plus rares, sont ordinairement
ornées de dessins noirs sur fond jaune et recouvertes extérieu-
rement, comme les poteries péruviennes noires, d'un lustre ou
vernis perméable, probablement silico- alcalin.
Un vase de cette dernière espèce, de ma collection, et dont
voici le dessin*, paraît avoir servi de mesure, puisque le pied
creux a justement le quart de la capacité de la partie supé-
1 . U a été reproduit daas l'ouvrage de M. de V^aldeck en grandeur naturelle.
42
I3i POTERIES OPAQUES
rieure. Ce vase est recouvert d'ornements qui ressemblent à
des hiéroglyplies.
On rencontre même des poteries péruviennes qui sont ornées
de grecques, comme le Louvre en possède une des plus remar-
quables, cachée, il est vrai, depuis des années, dans lesréserves.
Ces grecques paraissent indiquer une parenté entre l'art améri-
cain et l'art grec. Même observation pour une autre poterie
péruvienne, ensevelie également dans les réserves du Louvre, et
dont le dessin rappelle parfaitement le sujet mythologique d'un
Hercule terrassant un antagoniste en forme de poisson, t«l
qu'on le rencontre sur des vases étrusques. Le Carpentier,
à Paris, posisédait nne de ces poteries, dont voici le dessin : la
léte d'homme en relief, d un modelage et d'un goût qui a vrai-
ment la régularité grecque et des rémmiscences égyptiennes,
orne la panse. La partie supérieure de la céramique est coloriée.
Une pareille, mais toute noire, probablement sortie du même
moule, appartient à M. de Waldeck, et parmi les sept pièces
du musée de Toulouse, décrites par le marquis de Caslellane,
il y en a également.
Les espèces de masques, dont beaucoup sont en obsidienne
polie {sorte de lave volcanique noire, tirant sur le vert, avec
laquelle on a aussi confectionné les miroirs des Incas), ser-
vaient d'ornement aux prêtres, qui les portaient suspendus sur
la poitrine.
AfilÉIllCAINES. 135
POTERIE TUdATÉÈQUE ET OUATÉMALIEIIIIB
(qui remonte Ters 100 av. J.-C).
Dans plusieurs localités de ce pays, et particulièrement à
Mexico, on fabrique encore aujourd'hui de grossières poteries
imitées maladroitement d'après les anciennes, ^amateur e:^p^-
rimenté les reconnaît. Les poteries péruvrenpes^ont été peu
contrefaites et défient davantage la contrefaçon: §ous plusieurs
J^pports; mais les figurines d'hommes et d'animaux mexi-
caines, mentionnées à l'article suivant, ont laissé un plus vaste
champ à la fraude.
POTERIE BlEXIGAIlfE OU AZTÈQUE
{àosA les pttts aseiennes ne remontent pas avant 11 00 ans ap. J.-C.}.
Ces poteries, d'un âge qui correspond à notjre moyen âge,
ne datent, en majeure partie, que du commencement de l'em-
pire aztèque, après liue les Njahods avaient peuplé, vers HOO,
la vallée Anahiiac ; elles cessent, avec le dernier roi, Monté-
zuma D, misài^iort p«rCortez. M. l'abbé Brasseur pense, selon
moi à tort, que le peuple mexicain n'était sorti du barbarisme
que cent ans avant la venue des Espagnols en 1492.
Les poteries aztèques ou mexicaines sont ordinairement
lourdes et sans vernis et les plus communes de toutes les pote-
ries américaines connues. Quand Torquemada écrivait que « la
poterie qui y existait encore longtemps après la conquête était
si incomparable par sa finesse et Véclat de ses peintures qu'elle
attirait l'admiration des conquérants, > il doit avoir rêvé.
Cette poterie est généralement en terre cuite rouge et sans
aucun verms; mais il en existe aussi ^n terre noire, particuliè-
rement des pots à couvercles et à reliefs, que quelques ar-
chéologues attribuent sans preuves, aux sépultures. M. de Wal-
deck a reproduit, dans l'ouvrage publié par le gouvernement,
plusieurs de ces remarquables terres cuites rouges mexicaines de
sa collection, entre autres le buste de Montézumall et des brûîe-
parfiims, qui servaient a brûler du copal devant les divinités.
M. Pingret, à Paris, a rapporté du Mexique une collection
complète de ces poteries, deux mille pièces en tout, y compris
les répétitions, et qu'il a l'intention de vendre en totalité. On y
remarque vn groupe, un sacrifice humain et plusieurs modète
136 POTERIES OPAQUES
de téocallis déjà mentionnés. La victime y était renversée en
arrière sur un bloc où le prêtre lui ouvrait le corps avec son
couteau en pierre à fusil et lui arrachait le cœur. Le billot était
en basalte vert; ainsi que4*espèce d'aiàeau sous lequel on
étranglait et étouffait les cris de la victime.
On fabriq'je encore aujourd'hui de la poterie moderne à
Tonala^ que Ton peut voir exposée à la collection des Arts-et-
Métiets, à Paris.
Une précieuse pièce de la collection Pingœt, c'est le masque
en obsidienne ou lave noire et aussi la grande statuette de
l' homme- dieu j représentant un de^es personnages religieux
dont la vie , durant douze mois , s'écoulait dans une suite
continuelle de fêtes et de festins. Rien ne lui était refusé, mais
à l'heure fatale, il ététît ^criGé par les prêtres ^û grand
dieu Euitzilopochtli, qiiji occupait le lÉbernacle du .|;rand Téo-
calli,''à Mexico. ?
On "Choisissait pour cet usi^e individu le plus beau, et les
vierges et les femmes nobles s^empressaient de rechercher ses
préférences; celles qui étaient fécondées étaient regardées
comme les plus heureuses et les plus vlânérées de la nation 1
Le comique et la charge étaient inconnus au peuplé mexicain ;
car les deux seules figurines de ce genre, parmi l'énorme quan-
tité de la collection de M. Pingret, ne sont pas des caricatures:
elles représentent deux des êtres humains contrefaits que
Montézuma |I^ Recueillait et faisait entretenir dans sa mena-
gerie.
Les Mexicains confectionnaient toutes sortes d'ustensiles
de leur terre cuite rouge, ^ partie recouverte d'un vernis
minéral, tels que sifflets iimples et doubles, flageolets, pipes,
jouets d'enfant, eto, et ils impriwQient leurs étoffes, au moyen
de petits blocs en terre cy;êk sans couverte à dessin en rdief, dont
M. de Waldeck a reproduit plusieurs exemplaires et dont un,
fort curieux, fait partie de ma collection.
Les types de la poterie aztèque offrent peu de variétés, comme
tout ce que Vwci mexicain a produit. JTout chez eux était pres-
crit. Les opdonnances de l'autorité icivilé^t religieuse entraient
à cet égard dans le détail le plus minutieux*^ Le despotisme
avait énervé le peuple, et les institutions socides^ d'une grande
barbarie, ne laissaient auc'ane liberté d'action aux individua-
lités. Ce despotisme l^nétrait jusque dans la vie privée et éle-
AMÉRICAINES. id?
vait la nation entière avec une uniformité d'habitudes, de con-
ception et de superstition qui répandait une triste monotonie
sur l'industrie et l'art naissant, car l'ancienne civilisation était
pierdue depuis longtemps. La collection des poteries au Louvre*
est peu riche. Le Musée britannique', à London, possède une
1 . Le LouTre, qui a été embelli successivement par Charles V, Louis XII,
François, I», Heari II, Henri IV, Louis XIII, Louis ZIV, Napoléon I*% et entière-
ment terminé par Ifapoléon III^ en 1855, a eu pour architectes et sculpteurs,
entre intpes^ Pierre Lescot , Jean Goujon, Philil)ért Delorme, Claude Perrault,
Soofflot et Visconti,;: La création du « musée du Louvre, » connu dans toute l'Eu-
rope, ne date que de 1793 (le premier musée connu est celui que Laurent de
Hédicis fonda en 1534); mais il y avait déjà eu, en 1699, au Louvre, la pre-
mière eo^postfton des peintures et sculptures.
La collection de tableaux de* la couronne, commencée par François I*', était
peu nombreuse ; le père Dan ne cite, dans ses Merveilles de Fontainebleau^ de
1 642, que quarante» sept numéros. A l'avènement de Louis XIV elle se montait à
deux cents, et à la fin de son règne à deux mille quatre cent trois.
Le musée fut décrété, par l'Assemblée nationale, en 1793. Le nombre des
bronzes, marbres, porcelaines, etc., ne s'élevait alors qu'à cent vingt-quatre
exemplaires.
Le musée prit sous Napoléon Vun grand accroissement; mais les allies, plus
tard, reprirent presque tout ce qui avait été enlevé de leurs musées.
Louis XVIII augmenta la galerie de tableaux de cent onze toiles ; Charles X de
vingt-quatre seulement. Le roi Louis-Philippe, créant le grand musée historique
de Versailles, se pouvait faire que peu de choses ponr le Louvre.
Le Louvre renferme aujourd'hui les musées d'art de toutes espèces réunis. Ses
sculptures antiques, bronzes, poteries, etc., sont innombrables : les émaux seuls
comptent douze cents numéros, et la galerie de tableaux possède cinq cent cin-
quante œuvres italiennes et espagnoles, six cent cinquante allemandes, flamandes
et hollandaises, et sept cents françaises.
2. L'origine du « musée britannique » remonte à 1 753. Par un acte du parle-
ment sa création fut décidée, et les collections de sir Hans Sloane, de Cotton et
de Harle en formèrent la base. La maison Montagne fut achetée en 1754 ; les
collections y restèrent jusqu'en 1828, époque où le musée actuel fut construit
par les architectes sir R. Smirke et M. Sydney Smirke, son frère. C'est un bâti-
ment lourd et massif, et même, sous quelques rapports, peu propre à sa
destination. La lumière panque partout, (m croit se promener dans des cata-
combes. On a tout réuni dans ce musée : by)liolhèque de livres imprimés , ma-
nuscrits, gravures , collections d'airtiquités Orientales, britanniques, du moyen
âge, grecques, romaines et mexioaines; collections ethnographiques, botaniques,
zoologiqnèsy minéralogiques, pathologiques, etc. Certes, il y a là de très-grandes
richesses.
L'exemplaire le plus curieux, et jusqu'à présent unique dans le monde, et qui
renverserait tous les systèmes géologiques si la pierre dans laquelle il est in-
crâsté était de granit, c'est un squelette hnmain pétrifié, ou o l'homme fossile, ■
incrusté dans une pierre calcaire. Il a été apporté de la Guadeloupe des Indes
occidentales par sir Alexandre Cochrane. Comme cette pierre peut être formée
par des souches de cO<|Hillages qui contiennent de U chaux, — a l'homme fos-
sile » ne remonte pas à la formation et ne renverse rien. Xe musée ne possède
pas de catalogue, mais des Guides sominaires, un pour chaque départemOQt, où
les salles sont indiquées et les armoiréà numérotées.
4î. *
138 POTERIES OPAQUES
collection un peu plus nombreuse, et celui de Berlin compte
environ 2,000 exemplaires.
M. Arosa, à Paris, a fait Tacquisition d'une énorme jarre en
terre cuite brun rougeâtre, entièrement recouverte de peintures
bariolées, parmi lesquelles on distingue cinq fallus complets
peints en jaune et un grand aigle à deux têtes. Les armes de
Mexico consistent dans un aigle à une seule tête; mais Faigle à
deux têtes se retrouve dans un grand nombre de productions
mexicaines. Cette remarquable poterie est une dès plus grandes
connues, de la provenance américaine et remonte au delà du
règne de Montézuma !«'. M. de Waldeck, à qui je Tai signalée,
la reproduira dans son ouvrage.
L'origine de Taigle à deux têtes parait remonter à un des
rois qvû ont régné avant les Mon.tézumas. L'histoire parle d'un
aigle à deux têtes qui s'était trouvé dans la inénjgerie d'un de
ces princes, amateur de monstruosités de loules sortes, y com-
pris môme celles produites par les caprices delà tiature parmi
les hommes.
M. Lœbnitz, à Paris, possède plusieurs carreaux de pavage
ou de revêtement provenant de la chapelle et des salles de
bains du couvent de Sainte-Isabelle, à Mexico, Ce sont des car-
reaux d'une terre cuite presque aussi dure que le grès, et dé-
corés d'ornements en vert, bleu, jaune et brun sur fond blanc.
La fabrication en doit remonter à la fin du dix-septième siècle
et provenir de potiers espagnols de l'école italienne. ( Voir po-
teries opaques espagnoles.)
Capitale du Chili, république de rAmérique du Sud.
Poteries EN TERRE cuite peintes a froid et dorée$», Actuellem^
Les religieuses du couvent de las Çlaras (les religieuses Gla-
•Ôsses) confectionnent de charmantes petites poteries» ordinai-
rement peintes à froid en rouge et jaune, dorées et décorées de
fleurs polychromes, et où les couleurs odoriférantes paraissent
être recouvertes d'un vernis copal parfumé. Ce sont de vérita-
bles b^oux. Un exemplaire de ma collection , une théière lilli-
putienne, ne mesure que deux centimètres de hauteur. J'ai vu
de ces poteries, appacteiiant à M. Levasseur, à Paris^ donfc l'une
servait de brûle-parfuiti, et l'autre à prendre le maté, cette
AFRICAINES. 139
herbe du^faraguay^ sorte de thé préparé des feuilles réduites
en poudre de F arbre du même nom, et qui fait partie d^ Tes*-
pèce du houaBs
Il existe €p outte plusieurs genres de poteries américaines,
la plupart modernes, dont l'origine m'est inconnue.
POTERIES OPAQUES AFRICAINES
Poteries de la deuxième civilisation. Av. J.-G. 2500
Poterie en terre cuite jaune et rouge, solide et légère. ( Voir,
au musée du Louvre, à la salle civile, armoires B, G et D, la
statuette du dieu Bes, etc., et dans l'armoire D de la salle
historique.
Grés rouge.
Statuettes funéraires* Au Louvre, salle historique, armoire A,
les statuettes du prince Scha-em-tam et de Séti I^*", du quin-
zième siècle.
Terre cuite ressbmdlant a la pierre calcaire.
Ordinairement recouverte d'un vernis qui, composé d'oxyde
de cuivre et de plomb, produit un lustre ver^,*et composé
d'oxyde de cuivre et d'alcali minéral (potasse), donne un émsSl
bleu verdâtre, sorte de bleu turquoise. Il y a aussi 4^ ces
terres cuites qui sont vernissées au plomb et ressemblent
alors à une poterie recouverte d'émail stannifère, puisque la
couleur blanche de la terre perce à travers ce vernis incolore. ^-.
On peut voir de cette espèce de grès six figurines, dans la
montre M, salle historique, au musée égyptien du Louvre. Ar-
moire B, une bouteille verte.
Armoire €, divers fragments de figurines bleues provenant du
tomb^aa de Séti ^^ Dans la salle civile, armoire B, un lion
s;
140 FOTEBIES OtMlUES
trè^ramarquahle en bleb. Salle funéraire, vilrine F, des masques
verki, provenant de momie.
Au musée britannique, dans la seconde salle égyplienne, ar-
moire n" Si, une stetuclte de 30 ceniîm. de hauteur en lerre
cuite, en bleu-vert turquoise (petit n' 141 SJ, etdansl'armoireS
plusieurs centaines de semblables figurines. Armoire 49, quan-
tité d'autres objets. N" 2400 à 24lf<, exemplaires au mnséede
Kensingion et au musée de Berlin. De la fabrique moderne de
l'Égyplfi on trouve, sous le n' 4216, ud bol, gu musée de Ken-
sington.
Une tablette de ma colleclion, od terre cuite, de 32 ceutira'.
de longueur sur 13 contim. de largeur,
surmontée de la figure d'une panthère,
et entièrement recouverte d'un vernis
■ter! bleuâtre, d'oxyde de cui'we et de
plomb , appartient à une des- plus an-
ines époques. Ce curieux, et peut-
être unique exemplaire, est divisé par
des lignes noirâtres, en trente car-
rés qui forment une espèce de da-
mier oblong. Cinq de ces carrés sont
ornés d'hiéroglyphes qui représen-
^ "M^ i^ 1^ '^"^ ^®* divinités , et le tout paraît
■fW^n P 1^ indiquer le système décimal appliqué à
un jeu.
M. de Waldeclc explique la destina-
tion de cette tablette de la manière sui'
vante. Selon lui c'est la doviiéme ta-
blette d'un AlmancKh populaire qui
était appendue au mur, comme le trou
percé au-dessous de la panthère l'in-
dique. Chaque tablette, divisée en
trmie carrés, représentait un tnois, les
jours y fiireiit marqués en blanc au
•i*"-^! g fur et à mesure. Les ânq carrés ornés
^ *7 d'hiéroglyph«â complétaient les ttoU
-Tabiette-Bimanich énp'icine cenf soixttnte-cinq jours de l'année et
de ma eoUection. évitaient une Ireiiïime tablette. Le pre-
mier de ces hiéroglyphes , qui représente le dieu-soleil sous la
figure de Vèpervier sans mtfre, indique le dimanche (le Sontagfsa
AFRICAINES. 141
*
jour du soleil des Allemands, aussi bien que celui des anciens^).
Cette interprétation est aussi rationnelle qu'ingénieuse. Gomme
la panthère montre encore un art tout à fait primitif qui ne se
rencontre plus dans le modelage des animaux des monuments
égj'ptiens, à partir de la dix-huitième dynastie, on doit fixer la
fabrication de cette tablette vers deux mille ans avant J.-€.
Grés décoré par l'engobe ou plutôt par des mosaïques en
terre coloriée^ saks vernis, et par superpositions.
Voir au musée du Louvre , salle historique, armoire G , le
débrisrde terre cuite qui montre les caractères dont le pré-
nom royal de Séti II est composé.
On croit que les Égyptiens ont aussi fsdïrîqué des figurines,
des scarabées et autres divinités , sortes d'exévétos en pierre,
qu'ils vernissaient également au four avec des couleurs miné-
rales. Si de tels objets existent, ce dont je doute, ils ne pour-
raient être sculptés qu'en grès sàlindre, espèce de lave qui ren-
ferme des grainsjcalcaires et qui est formée d'une agglomération
de silicates divers , tels qu'il s'en trouve par exemple dans les
Vosges^ oti^en grès^psammites ', d'une semblable composition.
Toute 'autre pierre ne résisterait pas à la haute température du
four ijiécessaire à la vitrification des couleurs que le cuivre et
les autres métaux demandent.
Les pierre^que de soi-disant hommes forts cassent à coups de
poing, au grand ébahissement de la foule, démontrent l'action du
feu sur le granit ; car ces pierres et cailloux, cuits dans des fours
de potiers ou dans des forges, sont rendus tellement fragiles par
l'action du feu, qu'on peut les casser entre les doigts, et c'est dans
la cuisson de la pierre que réside l'artifice du saltimbanque.
Verroterie, en partie émaillée par l'étain, par le phos-
phate DE CHAUX ou PAR l' ANTIMOINE ET l' ARSENIC.
Plusieurs bijoux exposés dans la montre L de la salle civile
1 . L'année civile , chez les Égyptiens, était composée de trois cent soixante
jours et diTisée en douze mois de trente jours ; en ajoutant après le douzième
mois cinq joun complémentaires, la durée de l'année était portée à trois cent
soixante-cinq jours. Ce calendrier avait été repris par la république française de
1792 à 18U5. On voit que l'explication de M. de Waldeck a pour elle toutes les
probabilités.
2. Le psammite, pierre de roche, est composé de grès et d'argile, et se ren-
contre en toutes couleurs.
142 POTERIES OPAQUES
du musée égyptien , au Louvre , sont ornés d'émaux blancs.
Je mentionne celle verrerie ici pour rappeler uniquement
que Vémail, probablement stannifère , était connu déjà par
les Égyptiens et n'est nullement une invention de Lucca délia
Robbia, comme la vieille routine avait continué à le croire avant
la publication de mes recherches. Quelques débris d'yeux artifi-
ciels de l'ancienne Egypte , exposés également dans une des
vitrines du Louvre, montrent des émaux tendres^ espèce de
verre où le blanc opaque a été encore obtenu par létain ou
par l'os pulvérisé (phosphate de chaux).
Il parait que les Égyptiens ne connaissaient que le cuivre
comme coloraiit vitri fiable, puisque le vert et le bleu sont les
seules couleurs qu'ils ont employées dans la coloration de leurs
terres cuites. Les jaunes, rouges, etc., que Ton rencontre dans
cette production, proviennent des couleurs naturelles des terres
recouvertes d'un vernis transparent plombifère.
L'âge et l'origine de la céramique égyptienne , qui peut
revendiquer la création de la seconde civilisation, âîiOO ans
avant Jésus-Christ, étaient, aussi bien que le reste de ses anti-
quités, presque inconnus jusqu'à la fin du dix-huitième siècle.
— On ne connaissait rien non plus du sens de ses inscriptions.
La grande publication de la commission d'Égyple en a donné
les premiers indices importants ; mais l'obscurité qui planait
encore à cette époque sur tout ce qui se rapportait aux hiéro-
glyphes* a été d'abord dissipée par l'Anglais Young, né en 1773
et mort en 1829, qui, le premier, décomposa en lettres le nom
du roi Ptolémée, et après lui, par Ghampollion, né eïï*n91 et
mort en 1831, l'organisateur et le directeur du musée égyptien
au Louvre, qui distingua les trois sortes d'écritures. L'Italien
Roiellini, né en 1800 et mort en 1843, a grandement contribué
aussi à pénétrer le sens de ces mystérieuses écritures. L'Alle-
mand Lepsius a publié une magnifique collection de monuments
inédits sous le patronage du roi de Prusse; enfin, le docteur
Bugsch de Berlin a terminé la rédaction de la première gram-
maire de la langue et de l'écriture vulgaire des Égyptiens.
1. Les premières tentatives de rAIlemand Kircher le père (1602-1680) pour
expliquer les hiéroglyphes n'aTaient pas abouti.
AFRICAINES. 143
BCIOUT (hante lÊ^ypte)
Terbes cuites au vernis minéral.
Ou y fabrique actuellement toutes sortes de poteries en terre
cuite jaunâtres, brunes et rougeâtres, à ornements laissés en
taille d'épargne ou gravés. Les formes sont gracieuses.
KEMEH
Ville de la haute lÉgypte, chef -lieu de la province du même nom.
Terres cuites brutes. Actuellement.
On y fabrique des jarres pour clarifier l'eau; elles sont
confectionnées d'une terre poreuse fort peu cuite et recou-
vertes d'aucune glaçure. Très-variées de formes, elles ont ordi-
nairement une espèce de tamis en terre cuite posé au milieu du
goulot qui empêche les mouches d'y tomber. Cette poterie est
le plus souvent grossière ; mais on en fabrique aussi de
plus fines de pâte et quelquefois décorées par une espèce
de décalque de feuillages naturels (échantillon dans ma collec-
tion). Les jarres de Keneh, ville qui sert de rendez-vous aux
pèlerins qui vont à la Mecque par Cosséir, sont connues depuis
des centaines d'années, et la fabrication s'y continue toujours.
Quant à la poterie dite du De/to, elle est ordinairement en noir
et brun, et décorée gracieusement.
SUBIE (loeallté Inconnae)
Poterie noire.
La poterie nubienne consiste pour la plupart en bouchons
qui servent à boucher les jarres de Keneh, du Delta et autres.
Ils sont très- artistiques et ressemblent à s'y méprendre au
buffle noir •poli,
lilJflBEBir (CoiifltaiiUne , Algérie)
Grés d'un gris blanchâtre.
Ces grès sont peints à froid de fleurs et de feuillages en cou-
leurs éclatantes.
Un échantillon au musée algérien, à Paris.
POTBHIES OPAQUES
cabtia •■ kabau.e
Tebre ccite sans verms.
Cetle poterie, qui se fabrique maintenant encore par les tri-
bus kabailes des monts de l'Atlas, dans les Étals d'Alger et
du Maroc, est commune, brune, sans vernis ni draail, et gros-
sièrement peinte à froid. Exemplaires au musée algérieu à
Paris el dans ma collection.
cïbjles dites bibahot.
POTEEIES OPAQUES EUROPÉENNES
IniEl.T£TKB, «ATOIE,
Cxé DE BADE, Ct«.
Certaines peuplades, sans doute appartenant à la branche
EUROPÉENNES. i45
celtique et appelées par abréviation lacustros^ habitaient,
dans des temps fort reculés, l'Helvétie et une partie du du-
' cbé de Bade et de la Savoie. Dans des fouilles, rendues pos-
sibles par rabaissement extraordinaire des eaux des lacs et
rivières en Suisse, on a découvert, sous d'épaisses couches de
vase et de tourbe, plus de cent bourgades lacustres >, dont les
maisons, de trois à cinq mètres de diamètre, avaient été con-
struites sur des pilotis, la plupart sur des bas-fonds au mi-
lieu des lacs, et ont dû abriter une population d'au moins
80,000 âmes ; elles remontent pour la plupart à Vàge de la
pierre j et d'autres à l'âge du bronze (aucune trace de l'âge de
fer). D'après les calculs géologiques, on doit placer la construc-
tion de ces bourgades à 2,000 ans avant notre ère. Les vestiges
des poteries lacustres trouvées se divisent en deux catégories,
savoir : poteries lacustres de Vàge de la pierre^, confectionnées
en argile grossière, dont la pâte est généralement mélangée de
grains de quartz, vases sans aucune ornementation, indiquant
l'enfance de l'art, et qui me paraissent avoir été cuits enve-
loppés dans de la paille, comme cela se pratique encore chez
les Cafres (quelques-unes de ces poteries, un peu plus fines,
sont déjà cependant coloriées par le graphite) ; — poteries la-
custres de Vàge de bronze, remontant peut-être à mille ou quinze
cents ans avant l'ère chrétienne, dont la variété de formes
est déjà plus grande, et parmi lesquelles on en rencontre d'or-
nementées. Presque chaque bourgade de l'époque dite « l'âge
de bronze » avait son établissement particulier de poterie.
C'est à MM. Keller, Uhlmann, Jabn, Sv^ab, Troyon, Forel,
Rey, Desor* et à quelques autres savants que la science est
1 . Pfahlbauten, lacustres^ désigne ces habitations sur pilotis des bords des
lacs. Le mot lacustre (de lacuSj lac ; lacustris, adjectif, qui a rapport aux
lacs, comme piscis lacustris, poisson de lac, etc.) est usité.
2. Genre de construction déjà décrit par Hérodote, et qui est encore en usage
chez plusieurs peuplades. On en a même trouvé à Mainz (Mayence).
3. En archéologie, on appelle Vâge de la pierre d'un peuple l'époque où il ne
connaissait ni le cuivre ni le fer, l'époque où ses armes et instruments tran-
chants étaient tous en pierre ; Vdge de bronze et Vâge de fer suivent.
4. Voir aussi le Generalbericht, de la direction de l'association archéologique
du duché de Bade. Karlsruhe, 1858.
Dans le bulletin de la Société savoisienne d'Histoire et d'Archéologie, du
^9 juillet 1862, on trouve aussi un rapport de M. Rabut, professeur d'histoire à
Chambéry, sur une grande quantité de poteries lacustres pêchées sous la direc-
tion de M. le baron Despine et celle de M. Charles Delaborde, sur les bords du
43
146 POTEBIES OPâQVES
redevable de ces imporUntee découvertes, qui permettent an*
jourd'hui à l'histoâre archéologique de remonta au delà des
invasions cdte» et gauk>ises ; car les fouilles ont déjà procoré
aux musées de la Soisse plus de vingt-quatre mille objets de
toute espèce, à Taîde desquels l'histoire des usages et des
mcears des Lacusére» peut presque être établie. Le musée de
Sigmaringenen possède de nombreux exemplaires rapportés par
M. de Mayeaûsch ^ . Quelques exemplaires foot partie de noa col-
lection, et une très^nombreuse collection se trouve au musée de
Stuttgard.
Terre cuite oPAOïns, sous couverte perméable, mais wsoluble
DANS l'eau, formée PROBABLEMENT DE SILICATES ALCALINS.
Poterie pélasge -grecque, dont Homère a chanté Tart et
les céramistes dans une pièce connue sous îe nom te Four--
neoM, 900 ans av. J.-C.
Rien de cette poterie n'est parvenu, que je sache, jusqu'à nous.
lac du Bowrgetf poteries qui remostent également à l'àge de k pierre, les pi-
lotis de ces anciennes habit&kioas, ^ue l'on y a découverts à tue distasee de eent
mètres du rivage, occupent environ vingt mille mètres carrés. Tous les objets
trouvés remplissent les salles où se tiennent les séances de la société.
1 . ^gmaringem est la capitale de la principauté de Rohenzollem-SigmariagCB,
berceau de la maison régnante de Prusse, et par conséqueat des. aïeux du grand
Frédéric. Le prince actuel, au cœur allemand, a donné le premier un bel exemple
d'abnégation personnelle pour l' unité aHemande, en déposant sur fautel de la
patrie ses droits souverains. •— La priacîpauté fait atqoord'bui partie de la Prnfae.
— Ce prince, doué de goûts artistiques et de senticôeats libéraux, a su trouver,
dans une vie déjà si utilement occupée par les travaux de sa haute position ( il
est commandant d'un corps d'armée et il était ministre président), assez de loisirs
encore pour surveiller la fonnation d'an des meilieurs musées de l'AUeu^gM,
dont grand nombre de pièces ont été recherchées et achetées par lui-même, en
véritable amateur.
Organisée depuis trente ans par l'infatigable directeur, le chambeikm baron
de Mayenfisch, cette collection, offre actuellement uoe richesse et une variété
rares. Il y a des pièces d'une telle valeur artistique, que l'on n'en rencontre pas
de semblables au Louvre même. M. de Mayenfisch est aussi ardent pour le& re-
cherches archéologiques sous la terre que dans ses chasses d'antiquaire à ciel
ouvert. Fouillant continuellemeut le sol de la principauté, si riche en vestiges
d'art et d'industrie romains et saxons, il y a d^jà recueilli des trésors d'archéo-
logie uniques, parmi lesquds il faut citer ks ossements vitrifiés antédilaviens qui
ont leur place marquée danfi les découvertes importantes des derniers temps. Il
paraît que le prince et la princesse héréditaires (sœur du roi de Portugal) s'in-
téressent à ces curieuses recherches et assistent souvent perswLaellement aux
fouilles. — C'est là une précieuse garantie pour l'avenir de ce beau musée, etee
qui prouve la tendance artistique de toute cette famille princière. I.a bibliothèque
du château est déjà riche aussi en bons et précieux ouvrages, quoique peu nom-
BVIIOPÉCKKE&. iAI
Poterie GRECQUE-ÉTBnsQXJE, connue gënéralement sous le nom
de va$e8 étrwques peints et de terra^cûttaK
Fabriquées en Grèce et en Italie et presque partout où les
Grecs ont fondé des colonies, ces céramiques ont été aussi re-
trouvées partout où la civilisation grecque avait pénétré, sans
que Ton puisse fixer positivement si elles y avaient été tou-
jours fabriquées ou si elles y avaient été seulement impor-
tées des fabriques de la mère-patrie ou d'une autre colonie.
On croyait jadis que VÉtrurie et }a Sicile étaient les seuls pays
qui avaient produit ce genre de poterie. Aujourd'hui, on sait
que l'ancienne Grèce même en a fabriqué, et probablement les
premières.
Cette poterie appartient, comme classement céramique, au
point de vue technique, à Tespèce commune, et doit être ran-
gée très-bas sur Téchelle des productions du four. La grande
facilité de sa confection en terre et en argile, son nvanque de
véritable vernis et d'émail et son peu de dureté, provenant
breu. Elle se compose des bibliothèques privées réunies des familles princières,
de celles des gttUTemements de U principauté et d'un grand nombre d'autres li-
vres de valeur. Vhistoire de l'art y est représentée dans tout son ensemble, et
de nombreux ouvrages enrichis de miniatures forment un de ses plus beaux or-
nements.
Le prince avait eu la bonne fortune de «'attacher le docteur conseiller de
cour Roessler (mort depuis) , l'ancien bibliothécaire d'£rlangen, connu si avan-
tageusement dans le monde artistique et savant par ses découvertes, à Erlan-
gen, de toute une série d'anciens dessins des plus grands maîtres allemands,
très-précieux pour l'histoire de l'art, ainsi que par ses études sur U coïncidence
des ciselures sur cuir des anciennes reliures avec les dessins et gravures de la
même époque ; ces études ont établi avec certitude que les grands maîtres ont
travaillé simultanément avec le burin sur le bois, le métal et le cuir.
Dans une autre publication, /«« Souvenin <û vwfagt d'un collectionneur,
qui forme pour ainsi dire une suite à mes Recherches sur la priorité de la Re-
naissance de Vart allemand y ydlidAt connaître plus am{)lement au public cette
précieuse découverte.
Les musées et la bibliothèque de Sigmaringen s'augmentent de jour en jour,
et le prince fait actuellement exécuter des constructions monumentales qui per-
mettront de réunir toutes ces richesses. L'architecte Krûger, de Dusseldorf, connu
par ses beaux travaux, a tracé les plans; mais le prince prend personnellement
le plus grand intérêt à l'achèvement et i l'embellissement de son musée, qui sera
une des plus belles créations de ce genre. J'ai donné une description sommaire
de tontes les belles œuvres que contiennent ces galeries, dans les Souvenirs de
ffoyage «f'tm collectionneur ^ etc.
1. Terra cotta, terre cuite séchée à l'air. C'est la dénomination usitée à tort
pour désigner les figurines et vases -antiques en argile ou terre cuite. On trouve
cette expression le plus souvent dans les auteurs allemands. Pour terra sigiUatat
voir la table.
i48 POTERIES OPAQUES
d'une cuisson à température basse, la rangent parmi les produits
secondaires de l'art céramique, mais où l'infériorité de la pâte et
du vernis est largement compensée par le modelage et les qualités
de la peinture. Cette céramique est très-légère et gracieuse de
formes, et ses décors, quoique toujours en teintes plates et se répé-
tant continuellement, sont l'œuvre de véritables artistes. Pline
dit que les potiers employaient le minium pour peindre l'argile.
Le minium est d'un rouge vif, composé de plomb et d'oxygène,
que Ton obtient en chauffant le deutoxyde de plomb.
Il est très-difficile de fixer le genre des produits des divers
centres de fabrication et encore bien plus difficilement les
époques. Les érudils, qui se sont occupés exclusivement de cette
poterie, se sont continuellement trouvés en contradiction.
Voici ce que l'on peut adopter comme guide :
Les vases en argile jaune, un peu brunâtre, où les ornements
noirSj légèrement en relief, sont produits sur le fond jaune de
la terre, appartiennent à la première époque (800 av. J.-C).
La seconde époque (700 à 600 av. J.-G.) se signale particu-
lièrement en ce que la figure humaine ne se trouve pas dans
les décors qui consistent en taureaux et autres animaux.
La troisième époque (600 à 500 av. J.-G.) montre déjà des
figures d'hommes et des sujets historiques et mythologiques.
La quatrième époque (à partir de 500 av. J.-C), et
La cinquième (400 av. J.-C), les plus artistiques de toutes,
se signalent par des figures jaunes sur fonds noirs.
La décadence de la fabrication de toutes ces poteries se ré-
vèle par des dessins grossiers, réservés en jaune pâle, sur un
fond noir mal peint. Je dis réservé puisqu'il me paraît évident
que les dessins découpés sur des feuilles et collés sur cette
terre jaune étaient ainsi réservés, tandis que le reste était bar-
bouillé de noir. Les feuilles découpées et collées (espèce de
patrons ou poncis, les Chablonen des Allemands), une fois enle-
vées quand la peinture était sèche, on voyait le jaune réservé
former les dessins du décor sur un fond noir.
M. Edouard Gerhard est le savant qui, le premier, a
excellé dans l'herméneutique * de ces vases historiés; ses im-
portants ouvrages , mentionnés dans la notice bibliographique
1. L'herméneutique (du grec IptAïiveuetv, traduire) est l'art de l'interpréta-
tion. II va sans dire que le champ est vaste et le contrôle difficile I
EUROPÉENNES. 149
de la préface de ce livre,' sont ornés d'un grand nombre de
reproductions , mais il n'y est point question d'un classement
chronologique quelconque, puisque la plupart des beaux dessins
ne reproduisent que les vases de la cinquième époque.
La céramique était très-estimée en Grèce. Les céramistes
honorés comptaient parmi les artistes les plus aimés et les plus
marquants; on leur érigeait môme des statues et on frappait
des médailles en leur honneur. Les noms de Débutade, de
Cerebus, de ThreicleSy de Chérestrate et d'autres sont parvenus
jusqu'à nous. Nicothenes, MimcLS, Aristophanes, Hieron, Duris,
Euphronius (de l'Étrurie) et Andokides sont des noms de pein-
tres, et Erginos celui d'un potier , que M. E. Gerhard a recueil-
lis sur les magniQques vases et coupes au musée de Berlin et
dont il a fait reproduire les dessins dans ses ouvrages.
Voici tous les noms de peintres céramistes et de potiers grecs
que l'on a pu recueillir : Aeniades, Alsimos, Amasis, Aristo-
phanes, Asteus, Bryllus, Glitias, Gholchos, Doris, Epictetus,
Euonymos, Eùphronios, Euthymides, Exceias, Hégias, Her-
monax, Hypsis, Onesimos, Pheidippos, Phittias Phrynos, Po-
lygnotus, Pothinos, Poriax, Praxias, Priapos, Socias, Tacomi-
des, Zeuxiades, sont ceux des artistes peintres ; et : Alides,
Amasis, Andocides, Archides, Bryllos, Calliphon, Cephalos,
Chachrylios, Chaerestratos, Charinos, Charitaeus, Chelis, Ghol-
chos, Gleopbradas, Deiniades, Doris, Echecrates, Epigenes,
Epitimos, Erginos, Ergotimos, Eucheros, Euergetides, Eupho-
nies, Euxitheos, Exceias, Glaucythes, Hechthor, Hermaeus,
Hermogenes, Hieron, Hilinos, Hischylos, Meidias, Naucydes,
Neandros, Nicosthenes, Oineus, Pamaphius, Pamphaeos, Phan-
phaios, Philinos, Pistoxenos, Priapus, Python, Simieglion, Si-
mon de Elea, Socles, Sosias, Statius, Taleides, Theoxetos,
Thypheiheides , Timagoras, Tlenpolemos, Tleson, Tychios,
Xenodes et Xenophantes, ceux des potiers. Le mot STroÎTiasv (fit)
se trouve souvent à côté des noms d'artistes et de potiers sur
des pièces appartenant à la fabrication reculée, et pe èTrcîviffsv (me
fit) sur les céramiques des époques postérieures.
La peinture des plus anciennes poteries grecques n'indique
dans la figure humaine aucune distinction de sexe. ^
Il y avait à Athènes tout un grand quartier uniquement oc-
cupé par les potiers, appelé Kerameus^ d'où dérivent les noms
céramiste et céramique,
43.
i^Q POTERIES OPAQUES
Pour mettre un peu d'ordre et de chronologie daos la classi-
fication des poteries grecques, dites étrvLsqueSj on peut les di-
viser en deux groupes principaux, dont le premier peut se
subdiviser en cinq branches :
I. —POTERIES DITES ÉTRUSQUES, DE L'AHQIBIfNE OKÈGE, pB
L'ASIE MIMEURE, DE L'AFRIQUE, DE LA GRUOÊB ET DE L'ILE
DE MALTE.
Athènes, Corinthe, etc., pour la Grèce;
Smyrna,EhsemdefSamos ^, Bhodos, etc., pour l'Asie-Mioeure;
Tripoli, etc., pour l'Afrique;
Bengazi (Bërënice), etc., pour l'île de Malte, etc.;
Plusieurs localités pour la Crimée (Chersonèse Taurique), po-
teries qu'il faut classer toutes entre le huitième siècle avant
J.-G. et le second siècle de notre ère.
Athènes et quelques autres villes de V ancienne Grèce, ainsi
que beaucoup de villes de la Grande-Grèce ^ ont aussi produit
des statuettes et des bas-reliefs en terre cuite, souvent peints à
froid, et quelquefois vernis ou vitrifiés au four. Les terres
cuites étrusques sont cependant bien inférieures à celles de la
Grèce proprement dite. Le Louvre et la collection du duc de
Luynes, au cabinet des médailles, montrent de très-belles sta-
tuettes de la première catégorie.
Les musées du Louvre, de Berlin et de l'Ermitage sont fort
riches en poteries grecques.
L'île de Rhodos est représentée au musée du Louvre par des
coupes, plats et vases à fond jaune pâle, ornés de dessins noirs
d'animaux, chimères, arabesques, etc. Il y en a aussi quelques-
uns où ces dessins sont en rouge de brique à la place du noir,
mais toujours sur fond jaune. Cette poterie, dite étrusque,
prouve qu'il ne peut y avoir rien d'absolu dans la division
chronologique des époques, puisque la ville de Rhodos ne fut
bâtie que vers le temps de la guerre du Péloponèse (431-404),
et que Protogène, le célèbre peintre grec, y vivait vers 336,
époque où les poteries en Grèce et en Étrurie avaient atteint
leur plus haute perfection et étaient presque toutes décorées
à dessins^ouges et jaune de brique sur fond noir.
1 . L'existence de La poterie de Samos était déjà affirmée par Pline, qui, en
faisant l'éloge de la poterie d'Aretium en Étrurie, la compare à celle de Samos.
2. La partie méridionale de l'Italie était alors connue sous cette désignation.
EOKOPÉKITHIS. ISI
Le StadelsckeKvmt'Institul', à Frankfurt S/H, possède aussi
sept magaiSques vases, dont un , d° 57, ayant été destiné à
des pris de courses à Athènes {ampbûra parlkenailia), est fort
remarquable.
ce], Dm t-'àttimam.
bMttur) de ina edWlîin
A. — Pour rÉlrurie et la Grande-Grèce du nord : Aretium,
Agylla, Ctusium (aujourd'hui Chiusi), Tarquime (Cemelo'),
Perusia, Volaterœ, Santua et Adria.
B. — Pour la Campanie: Nola, Plistia, Cwnes et Capoua.
C — Pùw la Sicile : CoMorbi, Lentini, Palazmlo et Girgenti.
D. — Pour l'Apulie , vulgairement appelée la Fouille, au
S,-E., et pour tout le sud : Rubia, Gratia, Zapestia, Cœlia,
Barium, Luccmia, Anexia, Grumentum, Pœstum, Eburivm, fo-
tentia et Acheronlia.
n. A.
Les Étrusques, auKpiels on avait d'abord attribué toutes les
1. Le iSUdelHhcKimllTïi
flirt S./H., ot un iD<lië« qui >
d«l. t» galerie est composée d
plâtres. En poteries, ce musée no possède que wpl i3se««traiq
pièce de nuitie-uitel en terre eulle, partie i éûil steaniCére,
AndreoU di Gubbio. (Voir Gubbio.)
I. LesB'* lîO à liî seul (rois terres euitet su musée de Si
nent de cette loeelltt.
i5â POTERIES OPAQUES
poteries grecques dites étrusques, s'étaient fixés en Italie vers
600; ils descendaient des Pélasgues ou Pélasges, les habitants
primitifs de la Grèce, vers 1960 avant J.-C. D'origine indo-
germaine, comme les autres Grecs, ils étaient artistes. On a vu
qu'Homère avait déjà chanté la poterie pélasge vers 900,
de sorte que la poterie étrusque est certainement d'origine
grecque.
Les potiers étrusques marquèrent souvent leurs figures des
dieux par leurs noms, usage qui ne s'est pas pratiqué en Grèce.
La céramique étrusque consiste ordinairement en beaux vases
à pâte et fond rougeâtres, à peintures en teintes plates noires,
ou rouges et blanchâtres sur fond noir, enfin semblable à celle de
la Grèce. Les sujets en couleur brique rougeàtre me pa-
raissent être obtenus par des réservés, au moyen de patrons en
feuilles, ainsi que je l'ai expliqué plus haut.
Les poteries trouvées à Clusium (Ghiusi), si nombreuses au
musée du Louvre, sont toutes noircies au graphite et à bas-reliefs,
mais sans aucun décor ni peinture.
Les Étrusques ont aussi laissé grand nombre de terres
cuites, particulièrement des tombeaux, comme on le peut voir
au musée du Louvre.
IL B.
La Campanie fut conquise par les Romains de 343 à 314
avant J.-C.
Les Gampaniens, limitrophes des Étrusques, peuples qui par-
laient tous les deux à peu près la même langue dérivée de
celle des Osques, et dont les constitutions politiques ressem-
blaient à la constitution Spartiate, mais qui étaient bien plus
sensuels et plus voluptueux, ont montré dans l'art également le
goût grec dont ils se sont inspirés.
Les dessins des vases campaniens sont, comme ceux des
Étrusques, décorés à teintes plates et en simples lignes et traits,
sans ombres ni lumières. La nature voluptueuse des Samnites
et des Campaniens poussait ces peuples vers la représentation
des sujets lubriques, qu'ils rendaient sous des formes caracté-
ristiques. L'esprit de liberté et de raillerie qui y paraît avoir
régné ne respectait pas même leurs dieux. Un vase, en-
tre autres, qui a appartenu au peintre allemand Raphaël
EUROPÉENNES. 153
Mengs, était décoré d'une parodie des amours de Jupiter
et d'Alcmène. Cette dernière regarde par une fenêtre élevée du
sol, comme le ferait une prostituée de nos jours, pour attirer
des chalands. Jupiter, avec un gros ventre et un fallus, les
traits cachés sous un masque blanc, et portant une échelle la
tête passée entre les échelons, parait vouloir monter en vrai
don Juan dans la chambre de sa maîtresse. Mercure, aux al-
lures d'un Leporello et portant à sa ceinture un énorme fallus
de rechange, éclaire son maître-dieu par la lampe qu'il lient dans
la main droite, tandis que sa main gauche paraît vouloir cacher
le caducée qui pourrait le faire reconnaître K C'est un dessin
de la plus grande obscénité, et qui représente en même temps
le genre comique dans l'antiquité, où la caricature était si rare.
On trouvait dans la collection Lecarpentier, à Paris, une ma-
gnifique coupe à pied dont le sujet , d'une exécution parfaite,
représente les épisodes de la vie d'un homme atteint de la gra-
velle. On le voit attaqué par des douleurs atroces; plus loin en
convalescent ; et à la fin guéri et s'adonnent aux réjouissances.
IL C.
La Sicile y qui paraît avoir fait originairement partie de l'Ita-
lie, était d'abord habitée par les Pélasges, et elle fut particu-
lièrement colonisée par les Grecs qui, à partir du huitième
siècle avant J.-C., y fondèrent Syracuse, Agrigente, Sélinonte,
Catane, etc., et qui y apportèrent l'art céramique grec.
II. D.
Les Apuliens étaient de la race des Osques, peuple indi-
gène de la Campanie^ qui remonte bien avant la conquête des
Etrusques.
Les Apuliens ont contrefait les poteries grecques étrusques
vers 200 avant J.-C; mais leurs produits se reconnaissent or-
dinairement à une exécution moins artistique.
Les potiers de la Fouille, qui ignoraient la langue étrusque
1 . Winckelmann a donné le dessin dans son grand ouvrage publié en allemand
et en fran^çiis. Il parait que le monde d'alors avait moins de pruderie, puisqu'il
serait fort scabreux aujourd'hui de se permettre la reproduction. Même observa-
tion pour le sujet de la coupe Lecarpentier.
154 POTERIES OPAQUES
ancienne, — langue qui n'est môme pas encore connue aujour>
d'hui malgré les inscriptions nombreuses trouvées dans les
fouilles, — ont presque toujours mai copié les inscriptions des
poteries étrusques qu'ils imitaient, de sorte que ces inscris
tiens sont toujours illisibles. lis ont môme souvent mis des
points et virgules ou autres signes à la place des lettres dont ils
ne connaissaient pas la signification.
M. Gopeland, à Leeds, en Angleterre^ imite très-bien les po-
teries grecques dites étrusques de toutes provenances. Le mu-
sée des Arts et Métiers, à Paris, possède de ce fabricant des
échantillons.
Il existe actuellement une fabrique de poteries à Athènes^
qui appartient à M. Chuiîlioti,
Ces poteries ont été encore imitées à Naples sous la direction
de Gargiulo, et en Angleterre par Wedgwood et par Battam.
Les plus célèbres collections de ces poteries dans ce dernier
pays sont celles de MM. Townley, Payne-Knight, sir W. Ha-
milton et lord Ëlgin.
BOJIIA (BOlilc).
Poterie brune, jaune, noire et rouge commune, ainsi que celle
d'Arezzo, qui est ordinairement à ornements en relief. 100
Les poteries dites d^Arezzo, l'ancien Aretium, ville de la Tos-
cane, sont des terres cuites sous couverte, probablement silico*
alcaline imperméable; elles sont le plus souvent ornées de reliefs.
Les premiers essais de porcelaines de Bottger, ainsi que la poterie
chinoise dans ce genre, ressemblent tant soit peu à ces poteries.
Un grand fragment d'un de ces vases d'Arezzo, de 26 centimètres
de diamètre, trouvé au castrum Adriani,àWeisenau, prèsMainz,
fait partie de ma collection. Il est signé CRN,.V1X.
Statuettes, bustes, bas-reliefs, etc., en terre cuite, qui
ont servi de modèles à la poterie gauloise. ( Voir les observa-
tions sur ces sortes de terres cuites, à Tarticle des poteries
Athéniennes et Noies.)
Toutes ces poteries romaines ont été trouvées dans les fouilles
des différents pays où les légions romaines avaient passé, et
où leur domination avait introduit la civilisation latine. On
en a trouvé aussi bien sur le contiaent que dans la Grande-
Bretagne.
CUROPÊENlftS. 155
La glaçwre des poteries en terre rouge dites d*Arezzo^ qui
paraît être un vernis minera], me semble cependant trop dure
pour un tel vernis. Je pense que cette glaça re est tout simple*
ment le résultat d'une cuisson fortC); d*8tttant plus que la cou-
leur est absolument la môme que -celle de la pâte, qui est pres-
que aussi dure sous 1^ couteau que la couverte, et rappelle celle
des grès (soi-disant premières porcelaines) de Bôttger.
Tudot croit que les vases à pète rouge vernissée et à dessins
en relief, pareils aux premiers essais de porcelaines deB5ttger,
sont tous des poteries arétines;
Poterie jrottge imperméable à retiefs> d'Aren».
mais si Aretium en a fabriqué en premier lieu, elles ont certes
été produites f^us tard partout où Rome avait porté ses aigles.
La petite poterie romaine noire servait ordinairement comme
OQ se sert aujourd'hui d'un gobelet à boire. Il y en a qui
portent des inscriptions en blanc^ comme : At^e (salut!), Vivas
(vivez)» Imp^e (remidissez), Bibe (buvez), Viwum (vin), Viia (vie),
Vive, bibe multum (vivez et buvez beaucoup), etc.
La fabrication de la vaisselle en terre cuite parait avoir été
quelquefois fort extravagante à Rome, puisque Suétone rapporte
que Vitellius fit même faire un si grand plat de terre, pour on
de ses repas de Gargantua, qu'il fallut construire expressément
un four pour ie cuire.
Les établissements de potiers romains ou peut--ôtre gallo-
romains (question fort difficile, sinon impossible à décider)
les plus importants en dehors de lltalie, ont été découverts à
Rhemzabemj dans le duché de Bade, où on a trouvé 84 fours. Les
Romains môme y ont certes fabriqué^ mais il y avait aussi grand
nombre de colons gaulois adonnés à la fabrication d'objets céra-
miques^ comme le paraissent d^émontrer, avec d'autres indices.
156 POTERIES OPAQUES
les nombreuses statues de Mercure, d'Apollon et de Minerve,
que Ton y a rencontrées dans les fouilles. Les noms recueillis
sur les poteries et les moules, noms qui ont appartenu soit
aux potiers, soit aux modeleurs, sont les suivants : Augustalis,
Augustenas, Aprius, Arbo, Attillus, Aunus, Bellator, Besus,
Biattoni, Bincede, Ganul, Gatul, Caxùs, Gelsus, Cerialis, Gin-
tugnatus, Ginus, Gobnertus^ Gomitialis, Goncorinus, Gonstans,
Gornitialis, Guasus, Dacodunus, Dominitianus, Dubiaus, Fir-
mus, Furitus, Janvarius, Janus, Jarus, Jatta, Jechia, Jnius
Juvenalis, Jrisus, Lanvarius, Latinianus, Lucius, Mecco, Mitius,
Modestus, Mabio, Omitialis, Placidus, Perrus, Recnus, Reginus,
Rullinus, Severus, Sextius, Stabilis Verenus, Verus, Veumus,
Victorinus, Viducus et Vilviana.
Les noms de potiers et de modeleurs, recueillis sur des po-
teries romaines et gallo-romaines trouvées à Trier, Riegel, Win-
disch, Rottweil, Vechten, Ohringen, Friedberg, Regensburg,
Heddernheim, Monderberg, Nimwegen, Xanten, Oberlaibach,
Castell, Luxemburg, Mainz,Bonn, Wichelhof Bavay, Langweid,
Riegelstein, Gulm, Lausanne, Pfunz, Speyer, Wiesbaden,
Neuwied, Gôla, Louisendorf près Clève, London, Bourges,
Ghâtelet, Paris, Augst, Birgelstein Enns s/D., Ensdorf, Bous
près Saarlouis, Voorburg, Ems, Westendorf, Salzburg, Ep-
fach, Lillebonne, Routot (Eure), Limoges, Malga (Afrique),
Vichy-les-Bains, Wiffisburg, Riegel, Studenberg, Neuss, Lun-
neren, Steinsfurt près Sinsheim, Renaix, Bonne-Nouvelle, Neu-
ville-le-Pollet, Faucarmont, Rosenauberg, Westheim, Mon-
trœul-sur-Haine , Butzbach (Hesse), Strassburg, Wichelhof et
Marsal en Lorraine, sont les suivants : Alimet, Aper, Atimeti,
Gassi, Giculis, Gobnertus, Gommunis, Gresces, Gupitus, Dessi,
Faor, Fortis, Janvar, Jegidi , Jullin, Litogene, Lucius, Lupi,
Neri, Octavi, Provin, Sedati, Si Ivan, Strobili, Thalli, Versio,
Verani, Vibiani. (Voyez Mezger.)
Voici encore une liste des noms de potiers et de modeleurs
romains et gallo-romains recueillis sur des vases rouges dits
d'Arezzo, conservés au musée de Nantes : Acer, Albuci, Albus,
0. Ano, Antnus, Agvti, Belincci, Bellen,.., Bvline, Gallidi, Gre-
menia, Giniv, Gresti, Dano, Gemeni , Iridvbnos, Irepi, loannis,
lovis, Ivna, Ivlianos, Ivlini, Ivlii, Map..., Marsillac, Nini,Nom,
Nuérec, Gif..., Paternus, Priscos, Regenus, Ru..,, Rian, Senis,
Sever, Spiceli, Tir, Voto.
EUROPÉENNES. i57
A Westheim, près Augsburg, on a trouvé, eo 1852, une tuile
romaine (tegula hamata) qui porte en lettres (cursive) romaines
une inscription que l'on n'a pas encore pu déchiffrer, et dont
M. Mezger, professeur et conservateur au musée Maximilian,
à Augsburg, a publié un dessin (DieRomischen Steindenkmae-
1er, Inschriften und Gefaesstempel, etc. Augsburg, 1862).
On rencontre des poteries de ce genre, mais le plus souvent
sans les ornements en relief, où la couverte et la pâte sont bien
plus molles et où la première s'enlève facilement soit par l'acide
nitrique, soit par le grattage au couteau. — C'est là une fabri-
cation gallo-romaine, ou môme d'une époque encore bien pos-
térieure.
Artaud, de Lyon, qui avait beaucoup imité les poteries ro-
maines, a légué au musée de Sèvres tous les moules qui ser-
vaient à ses imitations.
poterie de la sgahdiiiavie , de la 6ermahie et de
la grahde-bretagne ( ahglo-saxoene) .
Poteries communes en noir, brun, gris et rouge, unies et a
DESSINS GRAVÉS GROSSIÈREMENT. (Époquos indéterminées.)
Ces poteries ont été fabriquées pour la plupart sans tour, et
les plus anciennes cuites au moyen de trous creusés dans le sol,
en guise de four. M. le docteur Klemm a signalé la grande con-
formité qui existe entre ces vieilles poteries et celles que les
Caftes confectionnent encore aujourd'hui. 11 pense qu'ils les
cuisent dans des trous, après les avoir entortillées de paille et
de résine. On devrait peut-être placer ce chapitre avant celui
qui traite de la poterie grecque, car les époques des origines
sont difficiles à déterminer, et peuvent remonter bien haut
avant l'ère vulgaire.
Quant à la poterie anglo-saxonne grise, que l'on a trouvée dans
des tombeaux eu Angleterre, elle est grossièremen t confectionnée
et séchée seulement à l'air sans avoir subi aucune cuisson.
On ne sait pas s'il faut l'attribuer aux Celtes ou à des peu-
plades plus anciennes. Je penche pour la dernière hypothèse :
les Celtes sortaient d'une race où l'art n'était pas complète-
ment inconnu, puisque les Romains furent tout étonnés de ren-
contrer des ennemis barbares possesseurs d'armes étince-
lantes, et aussi remarquables par le fini du travail que par
U
158 POTERIES OPAQUES
les matières précieuses qui avaient ser\'i à leur fabrication.
La poterie anglo-'saxonne notre, d'une époque postérieure,
ei^t déjà cuite au four^ et ressemble tout à fait aux poteries
Scandinaves et germaines du continent^ que l'on a trouvées en
si grande quantité dans ks fouilles.
Exemplaires nombreux aux nausées de Sigmaringen, deBerlinS
de Kjobbenhavn ^Copenhague) ^ au Allerthums-YereiiL à Ulm
(Société archéologique et historique d'UIm}, au musée Bntan-
1 . Le musée de Berlin peut marcher de pair arec le Louvre. Moins riche peut-
être quant au nombre des pièces , il dépasse souyent le musée français par le
choix de ses exemplaires» à Texeepiion Âes tableauc, et tei:^i«ars par l'amatge-
ment. Le mieux classé de tous les musées, il offre, outre la belle construction de
Schinkel, une richesse de décoration extraordinaire dans ses salles. Ni l'Italie , ni
la France, ni l'Angleterre ne pourraient riyah'ser arec le musée de Beriin sous le
rapport de l'harm«nie et du sentiment esthétique qui y r^nent partout. Un des
plus beaux ornements de sa décoration, les fresques de Kaiilhach, sont même des
chefs-d'œuvre. La sollicitude et l'activité du savant directeur général, M. von 01-
fers, sont connues de tous les amateurs.
On doit faire remonter l'origine de ee Huisée au Kunstluuamer, colUction qui
fut commencée vers la seconde moitié du dix-septième siècle par le grand élec-
teur de Brandenburg et par son successeur. Sous te règne des rois Friedrich
Wilhelm I'' et Friedrich II, la collection avait perdu une grande partie de ses
richesses. Le prenner troqua toutes les poreelames de Cliine contre un régiment
de soldats (vok^ au musée japonais de Dresden), et le sec(Mid, forcé par les né-
cessités de la guerre, fit vendre toutes les œuvres d'art eu argent. Ce qui resta
de remarquable fut enlevé, sous Napoléon 1*^, par le directeur des musées fran-
çais ncnon, et tout ne fat pas ramené en 1814. Le musée actuel a été fondé en
18i4 par le roi Friedrich Wilhelm III. La construction du a vieux musée » a été
terminée par Schinkel (mort en 1841) en 1821. Le « nouveau musée» qu'un
pont-galerie couvert réunit à l'aneien, est l'œuvre de Stûler et a été construit
sous la dircctioiL de M. von OiEera.
La façade du vieux musée a deux cent soixantcr seize pieds. Une galerie cou^
verte, formée de dix-huit colonnes ioniennes, abrite la grande fresque de Corné-
lius, exécntée par C. Stormer, C. Herraana, C. Ig^ers, €. Pfauers-ScbmidI,
H. Schulz, F. Sehadow, R. Elster» G. Eich et Heman Scbolz, et ireprései^ant
une espèce « d'introduction, » d'étude, basée sur les idées orthodoxales de Schin-
kel, qui voulait faire tout dériver du classique. C'est te même qui y a décrit par
sa composition « la formation et la division des forces cosmolog^es, des mmmw
et de l'ethnogi'aplÙB. n Les vingt-huit peintures « stérochromiqHes > [ peinture
appelée , en allemand, par ses inventeurs : le conseiller Fuchs et le peintre
Schlottauer, deMunchen, oWasserglas-Muïerei]; » elle diffère de la firesqae (de
frescOf frais) en ce que les ceuleurs ne soot pas répandues sur ki cemf<^tion de
chaux et de sable humide, mais sur La surface lisse et sèche du mur. Les couleurs
à l'eau (aquarelle) sont composées de matières exemptes d'affinités avec l'acide
silicique, ou le silicate de potasse. Le tableau terminé, on l'arrose aboodamoent
d'une dissokition siliciqoe, c'est-à-dire de silicate de potasse,, ee qui donne à la
surface la dureté de U pierre.^ KauUMbch a bit les premiers essais de la stéréo-
chromie au nouveau musée de Berlin ; mais la grande composition du péristyle
a été exécutée par les peintres Dage, Kldfoer, HoHïein, H. Schnltz, Stormer
et Graef ; elle représente l'histoôse de Thteée et d'Hercvte. A droite et à gancfae
SOKOPÉENSBS.
ISO
DÎqne, an Louvre, dans ma collection, etaax mnsëesdeSchwe-
rin, de Hainz, etc.
Le musée royal de KjobbenhavD (Copenhague] pmsède des
poteries Scandinaves qui remon-
t«nti l'Jige delà pierre et à l'âge
de bronze; elles ont élé re-
produites dans l'ouvrage de
M. F. F. A. Worsaae' où on les
voit figurer sous le nom de Leer-
kar (Jarre de terre glaise), dési-
gnation impropre, puisque
sont des poteries de pettïes di-i
mtniiont en terre cuite noire. Itl
parait que l'on fabrique encore "
aujourd'hui à Aarhuns et à Veile
(Jutland] des poteries en terre
glaise qui deviennent noires à
cuisson. Ces mêmes poteries i
l'âge de bronze , trouvées dans Paierie i
des tombeaux et reproduites
également par M. Worsaae, diffèrent peu, de forme et de fabri-
cation, de celles do l'âge de fer.
A BomAofm on a trouvé des poteries rouges, mais <iu'il but,
selon moi, attribuer aux Romams.
de l'cKilier , deoi groupes équeslrei : J'un, l'Amaîont combaltani un tigTt,
par Kiss, el l'autre ,■ un Combat dt iiont, par Woir. A l'enlrée, la tlulue de
Scfaimkd, l'architecte du miuéc^ pvTieh.
erselle i
L, dDDt DA a pu idnirer kii e
u i la dernière BipiHitioii
ile-sept pieds de diamètre sur BDliante-donie de hau-
tear, ett li paitie U phis nODuneslile do mué* ; die «t d'un eBM grandine
et ample.
Ces musëei FontiemieiK U Galerie dea tabUaitc, celle des Scul^furea pte-
lue», romainn si anciVnnei el de la Bmaisiance, V Antimariifm. leiCoHec-
tiont dit fntilt ord (oirioailès). le oinste Etkntgrafhiqnt, le» AntiqmtU gir-
moniguEi ej (condinaoi, ceUei de tout l4 Nord, de VÈg^fU, ua mvii chi-
rmi», une des p(m nomftrfiweî c. ■■ ■"
titlleai
rqusble,
de quelques bellet lailes.
Son clauemeut peut egilecuenl Mi-iir de modèle, — il esl dii à H. Waag
1. SoTdièke OldaagtTidil kangeligi muemai KjobbtnhiKin, im, c
tittendorff «t Aagaards, a Cupenbigue.
i60
POTERIES OPAQUES
Les pièces les plus remarquables en fait de poteries germa-
niques des époques les plus reculées se trouvent au château de
Lichtenstein en Wurtemberg, appartenant à M. le comte de Wur-
temberg.
Les poteries anglo-saxonnes au vernis plombifère ou alcalin, fa-
briquées de 600 à i 300 et que les antiquaires anglais appellent
poterie normande,soni très-
rares. On a pu les classer
d'après des dessins qxie
Ton rencontre dans des
manuscrits de ces époques.
Leurs formes sont ordinai-
rement longues, étroites et
indiquent le tour du potier;
ces cruches grossièrement
fabriquées et le plus sou-
vent vernies seulement à
l'intérieur, là où le liquide
touchait la terre cuite, ont
Poteries anglo-normandes.
quelquefois des anses et même des goulots, comme le dessin
l'indique.
A partir de 1300, l'existence de la poterie anglaise est plus
certaine, et je pense qu'il faut attribuer les cruches dont on voit ici
le dessin, plutôt au quatorzième siècle. (Voir la Poterie opaque
anglaise.)
GAULE
Poteries et figurines en argile cuite sans couverte. Av. J.-C.
100 à 800.
Nombreuses fabriques répandues sur tout le sol gaulois.
La plupart des poteries connues sous le nom de Gallo-Ro-
maines appartiennent à la classe des poteries purement romaine^'.
On les rencontre aussi bien en Hollande, en Allemagne, etc.,
qu'en France, où elles ont été fabriquées par. les Romains partout
où leurs légions ont séjourné et dominé. La désignation de
gallo-romain est donc fort vague et je n'ai pas jugé convenable
de consacrer un chapitre spécial à ce genre, dont tout a été
dit au chapitre qui traite des poteries romaines.
Les figurines gauloises en argile, d'une pâte blanche jaunâtre,
de mauvaise cuisson et sans dureté, sont du môme genre que celles
El'BOPâENNGS.
161
I Alle-
d6S mâmeâ époques Irouvées aux bords du Bhin ,
magne.
La plus grande partie de ces poleries et Qgurines gauloises
a été trouvée dans le déparlemenl de l'Allier. Ce sont pour la
plupart des œuvres où l'on reconnaît plutôt une main d'ouvrier
qu'un talent d'artiste; elles ont été imitées grossièrement d'a-
près les modèles romains et ceux dits gallo-romains. L'impor-
tance de la découverte est plutût archéologique qu'artistique.
Elle consiste en un grand nombre de divinités, particulièrement
des dieux lares, parmi lesquels la Venus Anadyoméne, au bras
droit relevé, d'une pose peu naturelle et presque impossible,
est la plus répandue. Beaucoup d'autres de ces figurines ont la
même pose; — c'est un mouvement de bras qui ressemble àuo
salut franc-magonnique , et dont personne n'a pu se rendre
compte encore. Je possède un exemplaire de celle Vénus,
trouvé à Toulon en 18S6,
et l'on en voit aussi plu-
sieurs au musée du Lou-
vre. J'ai de même, dans
ma collection, la statuette
d'une femmeà cheval, dans
le genre du dessin xxiv de
l'ouvrage de Tudot. Cette
ûgurine a été trouvée, en
1825, dans la mare du
Chêne penché , près la
routeBéfuet,dansla forât
d'Évreus, Des Idoles, re-
présentant la protectrice
de la maternité, sous la
forme d'une femme allai-
tant un et quelquefois
deux enfants; des Apollon,
des Uercure, des Minerve
etdes Vénus pour les grandes Divinités; des Vases à parfums en
forme d'animaux ; des Attributs représentant des lions, des pan-
thères, des ours, des lapins, des chiens et des singes; des Bustes et
Portraits d'hommes, particulièrementde femmes, dont quelques-
uns ont une valeur artistique, forment à peu près l'ensemble
du résultat des fouilles. Les plus artistiques sont signés Tiberius
H.
Figurine giulaite d« m;
162 POTERIES OPAQUES
OU Naltus*, ce qui pourrait encore indiquer des cëramisles ro-
mains. On a aussi souvent rencontré, avec ces pièces en terre
blanéhe, des vases rouges d'Arezzo, ornés et vernissés; des pote-
ries bronzées à ornements appliqués, des vases garnis de feuilles,
exécutés en barbotine, et, enfin, des pièces dont les ornements,
taillés par la meule dans Tépaisseur de la surface, sont sem-
blables aux tailles des verres de Bohême et des premières por-
celaines rouges de Bottger. Les figurines et bustes gaulois n'ont
pas de piédestaux, comme ceux de la Grèce et de Rome; leurs
pieds forment des culots longs et creux, disgracieux et trop
étroits pour assurer une base solide.
Tudot, le regrettable conservateur du musée de Moulins,
auquel on doit les premières découvertes importantes en ce
genre et unéminent ouvrage illustré par lui-môme de toutes les
œuvres des céramistes gaulois*, penche, dans plusieurs endroits
de son livre, à faire remonter Torigine des terres cuites gau-
loises avant Tère vulgaire. « On a vu, dit-il, que, dans nos
contrées, l'importation des premiers types remontait au delà de
la conquête de Jules César, j» £t ailleurs : « La Gaule était libre
alors, elle avait son existence propre, et un mot qui ne désigne
que l'époque de la domination romaine serait insuffisant, d'au-
tant plus insuffisant que non-seulement le culte des idoles pré-
cède dans la Gaule l'époque romaine... » Il motive son opinion,
plus loin, par des raisonnements historiques. Pour établir
l'époque où a commencé l'introduction de la mythologie ro-
maine dans les Gaules, il suppose que des guerriers gaulois, qui
livraient en 390 avant Jésus-Christ, la célèbre bataille de V Allia
(appelée ainsi d'après la rivière de ce nom, qui se jette à
quelques lieues de Rome dans le Tibre), avaient bien pu rap-
porter, à leur retour, quelques-uns de ces dieux figurés en sta-
tuettes et fabriqués en Étrurie, qu'ils avaient vu adorer, et qui
peut-être étaient déjà devenus pour eux des divinités tuté-
laires. — Partant de là, Tudot croit pouvoir faire remonter les
premiers essais de l'art céramique gaulois bien au delà de l'ère
chrétienne. Quand il dit : « L'art grec était beaucoup mieux
connu; peut-être eût-il été plus rationnel de placer le berceau
i. Voir au chapitre de la Poterie romaine la liste des noms des potkrs ro-
mains ou gallo-romains.
i. Collection des figurines en argile, œuvres premières de l'art gaulois, avec
les noms des céramistes qui les ont exécutées. Paris, 1860, in-4'».
EUftOPÉEfTNES. 163
de ces petites statuettes^ que les Gaulois ont imitées, chez les
Hellènes, » il va beaucoup trop loin! Les dieux lares étaient
bien moins en usage chez les Grecs que chez les Latins, — et il
^t difficile d'admettre que les Gaulois aient cherché leur art
chez les Grecs ^. Dans tous les cas, il importe moins à Tamateur
de connaître d'où Vidée première est venue aux Gaulois, que de
savoir si ces figurines sont ou romaines, ou imitées d'après celles
des Romams par les Gaulois, ou si elles sont d'invention gau^
loise. Je pense que la seconde hypothèse est la plus rationnelle.
Tudot a cité dans son travail plus de quatre cents noms de
céramistes^ tous copiés minutieusement sur les empreintes
estampillées des ligurines et poteries. Je crois que ce sont
là vraiment des noms de céramistes romains et non pas gau-
lois, au moins la plupart, et particulièrement ceux recueillis
sur des modèles dans le genre des poteries d'Ârezzo. On sait que
les lois romaines obligeaient les fabricants d'ouvrages en argile
à marquer leurs productions. Ces lois étaient sans doute les
mêmes dans les Gaules sous la domination romaine. Presque
tous les noms que Tudot donne sont latins. L'habitude des Gaulois
d'abandonner leurs noms pour prendre des noms latins, ne s'est
introduite dans les Gaules que bien longtemps après Jules Cé-
sar. La production gauloise des figurines en argile est pour moi
une pure imitation romaine, dont la première manifestation ne
peut dater que de trois à quatre cents ans de notre ère, et Tudot
me paraît tTX)p affirmatif quand il dit, à la page 46 : « Ce n'est
pas seulement un nom que nous pouvons revendiquer, c'est en
même temps un art, etc. »
Quand Tudot classe les plus grossières productions aux pre-
mières époques et les plus artistiques aux dernières, il me
paraît se tromper complètement. Mon avis est qu'il faut classer
les belles productions, au rebours du système de Tudot, tout au
1 . U faut cepeadast obaerTer qufi les Phéniciens, qui doivent avoir eu des
colomes aux côtes de la Gaule maritime, comme le démontrent les nombreuses
traces dans la Basse -Bretagne (entre autres la Vioche-Moloch de la petite île de
Bas ou de Batz, yis-à*Tis la ville de Roskoff [Finistère], nom de roche qui indi-
que l'endrott où les Phéniciens sacrifiaient les petits enfants à leur dieu sangui-
naire, ainsi qu'une pierre à lettres cuniformes trouvée dans l'île par mon ami le
docteur Denis, à Roskofi), ont pu y introduire leur mode de fabrication, mais il
na rien de commun avec celai des potiers gaUo^roauàns et gaulds, qui avaient
pris leurs modèles chez les Romains. Les types grecs sont tout autres et se
retrouvent plutôt dans les poteries modernes de la presqu'île de Guérande ou
amc environs de Pomic (Loire- Inférieure).
164 POTERIES OPAQUES
commencement de la production gauloise; imitées d'abord par
les barbares avec Taide de quelques ouvriers, artistes ou ap-
prentis romains, d'après les beaux modèles, elles tombaient à la
longue jusqu'aux grossières productions, trouvées presque dans
toutes les fouilles. )1 est incontestable que cette fabrication
s'est continuée jusqu'à l'époque carolingienne : la figurine de
la femme à cheval de ma collection le démontre. Cette figure, qui
représente une espèce de religieuse en habit à capuchon, a tous
les caractères du moyen âge , — et son exécution est aussi
grossière que celle de la Vénus Anadyomène. — Des figurines
et poteries semblables, sous plusieurs rapports, ont été trouvées
aux bords du Rhin, et les fouilles du Tannenberg, dans la Hesse,
ont prouvé que Ton imitait encore en Allemagne, au dixième
siècle et jusqu'au quatorzième, les poteries romaines de toute
espèce. Mais si je ne me trouve pas ici d'accord avec feu Tudot,
sur la valeur artistique et sur l'ancienneté des produits gaulois,
si je ne puis partager son admiration pour ces ébauches gros-
sières, je dois cependant reconnaître qu'aucun ouvrage fran-
çais du môme genre ne réunit autant d'exactitude pour les
reproductions, autant de minutieuses et savantes investigations
et d'intéressantes descriptions, que la publication deTudot, à qui
appartient aussi la priorité. On y sent la main de l'artiste guidée
par celle du savant. Ce qui charme, dans ce livre, c'est un lan-
gage élevé, — un style que l'on chercherait vainement dans beau-
coup d'ouvrages archéologiques, où, souvent, la stérilité du lan-
gage surpasse encore celle du sujet. Tudot avait compris, comme
Humboldt, qu'il faut donner delà couleur aux livres de science,
pour les rendre accessibles à un plus grand nombre de lecteurs,
et que la vulgarisation d'une découverte double sa valeur réelle.
Je ne puis m'empécher de citer textuellement ici la description
qui accompagne le dessin de VEnfant au dauphin.
« D'après la tradition antique, les âmes des justes, montées
sur des dauphins, se rendaient aux îles des bienheureux. Ce
texte, si précis, fut pour nous un trait de lumière; l'explication
du sujet n'offrait plus d'incertitude : c'était bien ce voyage
représenté avec bonheur, et dont l'idée nous a été transmise
par la tradition. Quelle ravissante inàage, en effet, présente à la
pensée cette jeune âme emportée par un dauphin et souriant
d'avance au bonheur qui l'attend ! »
La formation d'un nouveau musée^ à Saint-Germain, destiné
EUROPÉENNES. i65
exclusivement aux antiquités gauloises, a été décrétée depuis
longtemps. — A quand Touverture? M. de Longpierrier pourrait
peut-être nous le dire. — Les musées de Vannes et de Nantes, de
Chartres et du Mans, possèdent de ces statuettes gauloises.
On trouve à la collection de la Société des Antiquaires, à
Manheim^, en Allemagne, une statuette équestre en terre cuite,
rougeâtre, toirte semblable à celle de ma collection, dont le
dessin a été donné ci-dessus, ainsi qu'une statuette en argile
blanche, représentant la Vénus Anadyoméne , au bras droit
relevé, mais vêtue en partie d'une robe parfaitement drapée.
Ces curieuses poteries, trouvées dans des fouilles opérées à
Herrenheim, à une heure de Worms, y ont été sans nul doute
fabriquées par des Gaulois, qui à ces époques y avaient des
colonies.
Poteries alemànes (du deuxième au sixième siècle) et frankes
(du troisième au sixième siècle).
D'une fabrication plus grossière même que celle des poteries
Scandinaves et germaniques de la première époque, on ne ren-
contre presque point d'ornements sur les poteries frankes et
alemànes, qui , confectionnées aussi en terre noirâtre et per-
méable, sont exemptes, comme les premières, de grains de
quartz, dont la pâte des poteries lacustres ou celtiques seule est
parsemée.
Il existe des contrefaçons de cette poterie, probablement faites
à Niirnberg ; j'en ai trouvé dans le musée germanique et dans
la collection du colonel de Gemming; c'étaient des gobelets ou
plutôt des cornets, où la légèreté de la pâte et des ornements
appliqués à la barbotine me les ont fait de suite reconnaître.
POTERIES OPAQUES ALLEMANDES
(Voir aussi aux chapitres qui traitent des poteries germaniques
alemànes et frankes.)
Les poteries opaques allemandes peuvent se diviser en cinq
écoles, dont quatre assez distinctes :
I. U École saxonne ou du nord] y compris les produits silésiens
et bohémiens, qiii est la plus ancienne, car la poterie de Schlestadt
1 . C'est un commencement de collection de poteries lacustres ou celtiques,
romaines et gallo-romaines , alemànes et frankes, armes, sculptures en bois et
en pierre, etc., etc.
i66 POTERIES OPAQUES
est rest^ indéterminée et les époques de celles de Regenslrarg
et même de Baireuth ne peuvent être fixées avec certitude.
C'est de la Saxe que la fabrication est entrée en Bohème et en
Autriche, par la Silésie, ce qui m'a déterminé à joindre
les poteries de la Bohème à la division qui traite de l' école du
nord. Le plus célèbre peintre céramiste de cette école était
Schaper, de Harburg. '
H. V École franconienne, qui embrasse tous les produits céra-
miques de la Francooie, appartenant en majeure partie à la
Bavière ; dérivée de l'école saxonne, elle a été particulièrement
illustrée par la famille des Hirschvogely de Nurnberg.
m. V École souabe, qui florissait dans le quinzième, et par-
particulièrement durant le seizième siècle ; un de ses plus cé-
lèbres artistes était Hans Kraut, de Villingen. Vers le milieu
du seizième siècle, cette école s'est répandue en Suisse^ en
entrant par TArgovie, du côté de la Forêt-Noire. La peinture
céramique fut grandement et de tout temps exercée en Suisse,
par des peintres céramistes allemands nomades, et durant le dix-
septième siècle, par la célèbre famille des Pfauw et autres céra-
mistes de Winterthur, qui sont les auteurs des plus beaux poêles.
IV. V École rhénane, qui a produit presque exclusivement
des grès ; ce sont ces célèbres poteries artistiques connues sous
la fausse désignation de grés de Flandres, Comme les grès de
Regensburg (Ratisbonne) sont encore trop peu déterminés, j'ai
dû éviter leur classement rigoureux.
V. Écoles bavaroise et autrichienne, y compris les produc-
tions de la Styrie et du Tyrol, qui se sont signalées par de
nombreux poêles.
YI. Toteries opaques allemandes , de localités inconnues ou
indéterminées.
Personne n'avait jusqu'ici fourni le moindre éclaircissement
sur ces localités où ont été fabriquées les poteries et faïences
dites du moyen âge ; presque tous les écrivains les ont cher-
chées en Italie, où Ton ne pouvait pas les trouver. Dans le
chapitre : Céramique, à la fin du quatrième volume, le Mùyen
(îge cHa Renaissance, publié par MM. Paul Lacroix et Ferdinand
Seré, les auteurs reconnaissent l'existence de cette lacune quand
ils disent : a L'histoire céramique du moyen âge est encore
couverte d'un voile qui, probablement, doit rester impénétra-
ble. En effet, malgré les investigations incessantes des comités
lUlOFÉIHlIES. 167
locaux^ malgré la mise en lumière de chartes Dombreuses, riea
n'est venu résoudre Jes incertiUides de rarchéologue touchant
les lieux où la fabrication de ces poteries a pris naissance. »
Je tâcherai, dans ce chapitre, de remplir la lacune.
ÉCOLES SAXONNE OU DU NORD
Y COMPRIS LES PRODUITS SILÉSIENS ET BOHfMIENS.
Sur le WacBOw, ville mecklemboargeoise.
TERRES CUITES Â ÉMAIL STARinVÈRB. ii50 à 1200
Le musée germanique à Niirnberg possède des carreaux de
pavage à émail stannifère bleu et blanc , provenant de l'église
de Saint-Pierre, àRostock, et qui ont été donnés par M. Millier,
collectionneur à Leipzig.
STBElIEiA, njLHLBKBO, «^MSAIVRA, (IMftESDKM?),
CiAMEllS et aulrefl localltéfl de la Tallée de l'Elbe.
Terres cuites au vernis plombifère. De HOO jusqu'à ce jour.
Terres cuites sans couverte , carrelage sur mosaïque. 1 i 00
à 1250.
Terres cuites emaillées.
On voit au Musée des objets d'art saxons du moyen âge, à
Dresden, plusieurs fragments de carreaux en terre cuite, pro-
venant du couvent de Zelle, situé à dix lieues de Dresden, et
remontant au douzième ou au treizième siècle. Il y en a de
noirs et de rouges, dont quelques-uns sont bordés de blanc.
Une chaire^ en terre cuite émaillée (?), à la date de i 545, du po-
tier Melchior Tatze, né en 1521, existe encore à Strehla. Cette
ville, dont le nom vient de Sreyl, qui signifie flèche^ en langue
wende, et qui se trouve déjà mentionnée comme m7ken 1238, est
connue depuis huit cents ans pour ses poteries de toutes sortes.
La chaire, oBuvre d'artiste, repose sur le bras droit d'une
figure de grandeur naturelle représentant Moïse, qui, suivant la
t . Gette fléchi fait partie des armes de Strehla.
168 POTERIES OPAQUES
manière de l'époque, porte des cornes, et tient les tables de la
loi de la main gauche. Au-dessus de la porte de celte chaire, on
voit Dalila coupant les cheveux à Samson, et, au-dessous, le
môme Samson emportant les grandes portes de Gaza. Les quatre
évangélistes, en haut- relief, au pied de la chaire, sont entourés
de feuillages verts [vernis de cuivre (?)]. Au-dessus d'eux, huit
grandes plaques à sujets en relief aux inscriptions suivantes :
In fyrincipio creavit Deus cœlum et terram. (Genesis, i.)
Abraham credito Deo reputatum est illi ad justitiam, (Rom., iv.)
Dominue dédit, Dominus abstulity sit nomen Domini benedictum. (Ibid., i.)
Puer natus est nobis et filius datus est nobis. (Esaiœ, ne.)
Christus mortuus est propter peccata nostra et resurrexit propter
justificaticmem nostram. (Rom., iv.)
Ascendit in altum, captivam duxit captivitatem et dona dédit
hominibus. (Eph., iv, 8.)
Organum electum est mihi ipsi ut portet nomen meum coram gentibus
ac regibus*
Inde venturus est judicare vivos et mortuos.
La chaire est assez grande pour donner une placé suffisante
au prédicateur.
A l'intérieur du pied, là où se trouve Moïse, l'artiste a placé
l'inscription suivante :
Im Jahre Christi Geburth 1565, ist dièse Kanzel Gott zu Ehren gemacht
durch Michael Melchior Tatzen^ Tôpfer und Bildschnitzem zu StrehUif
meines alters im 24 Jahr.
Le docteur Klemm a déjà parlé de cette curieuse chaire dans
le Sammler de 1837, où il cite aussi V autel de la môme époque,
également en terre cuite émaillée, qui se trouve à Pulnitz.
Terre cuite a émail stannipére. 1207
Le couvent de Saint-Paul, dont la première construction fut
entièrement achevée en 1207, avait une frise composée de
grandes briques émaillées, où les sculptures, en haut relief,
représentaient des têtes de Christ, de saints et d'apôtres. Lors
de la démolition du couvent, pour faire place à l'Université
EUROFËEHNES. (69
actuelle, plusieurs furent replacées, d'autres brisées ou ven-
dues. Deus furent acquises par le Musée japonais et. le Musée
d'objets d'art national du moyen âge à Dresden. Un troisième
fait partie de ma collection. On n'en connaît pas d'autres.
C'est une brique carrée de 35 centimâtres sur 4S centimètres
de grandeur, l'épaisseur de 5 centimètres 1/2 en comptant le
haut relief, mesure 13 centimètres. Le sujet du modelage est
une tête du Christ , espèce de Vér<mique ' où la figure est re-
Brique éœailtée du Ireïiïéoie siècle. De ma colleclîoa.
présentée sans souffrance, telle que les artistes la concevaient
I. Sudariam lonelum, Vironiqae, VemacU, en italien Vollo-Santo, da
latin (
linge gudGi miracuie
- Kero-id.
iroieoBÙl, Buirtnt la légende, ■
e linge, Vironiqus, qui esBUTa^a fa
nx sur le ebeinln de Galgolha, ou ap
m linge qi
linuren
image. Il ne laut cependant pu
i70 POTERIES OPAQUES
et l'exécutaient^ du dixième au treizième siècle S et où tout
est dans le caractère byzantin.
Ces briques, recouvertes d'^mm^ en trois différentes nuances^
sont, aussi bien que les carreaux de Rostock et le monument
de fireslaw, de la plus haute importance pour l'histoire céra-
mique; elles prouvent une fois de plus que la faïence à émail
stannifère s'est fabriquée dans le nord de l'Allemagne deux
cents ans avant celle de Luca délia Robia de Firenze (Flo-
rence) à qui la vieille routine continue toujours encore à en
attribuer l'invention.
L'émail qoi recouvre cette brique, d'un vert nuancé graduel-
lement jusqu^au noir, est très-beau, très-épais et d'une grande
dureté. Les chairs de la tête, les cheveux, la barbe et les yeux
sont coloriés. Le fond est également sur émail.
BRESIiAIT,
Capitale de la Silésie prassiemie.
Terre ciite a émail stannifère. Grande sculpture. 1290
Une œuvre capitale, dont l'ancienneté et les dimensions dé-
passent de beaucoup les ouvrages de poterie émaillée de tous
les pays, se trouve à Breslau. (Voir le dessin, page 171.)
Cette céramique, aussi bien que celle de Leipzig, prouve par sa
date que l'Allemagne du nord a déjà produit même des terres
cuites émaiUées à l'étain en grande sculpture, deux cents ans
avant les Italiens. C'est dans le presbytère du Kreutzkirche
(église de la Croix), bâtie en 1280, que se trouve ce monument,
confondre celle sainte femme avec la sainte Véronique canonisée, née à Milan,
et morte dans cette Tille en 1497, que l'on fête le 13 jauTier. L'adoration du
linge véronique remonte plus haut.
Un bref de l'année 1011 établit te culte de cette Vera-icon, que l'on trouve
déjà reproduite sur les belles planches du maître graveur boUaadais dès 1466.
1 . Ce n'est qu'à partir du quatorzième siècle que l'on trouve exprimées dans
les traits des Christs la douleur et la souffrance de l'hoaune.
M. SaWetat, chimiste^ probablement trop peu versé lui-même dans les études
archéologiques, s'est référé, dans une note ajoutée à la traduction de l'ouvrage de
M. Marryal, an jugement d'une fort plaisante autorité, qui voudrait attribuer cette
tête au quinzième siècle. Je renvoie M.Salvetat à la noten* 1 du chapitre qui traite
plus loin des faïences de Regensburg (Batisboone) ; il y verra que Ton connaît
des signes cert^flns pour fixer les époques. Je sais bien que le convent dont il
s'agit ici, a été reconstruit en grandN; partie à la findn quatorzième siècle; mais
les têtes de la frise datent évidemment de la construction primitive.
EUBOFÊEHHES.
172 POTERIES OPAQUES
tombeau du duc Heinrich IV de Silésie *, fondateur de l'église,
et qui fut érigé après sa mort en 1290. Dans la forme d'un
sarcophage entouré de vingt et une figures et autant de têtes
d'anges en bas-relief, on voit la figure en pied et de grandeur
naturelle du duc, couché en cotte de mailles et de cohardi, et
recouvert du manteau d'hermine orné des aigles silésiennes.
Coiffé du diadème ducal, sa main droite tient le sceptre-glaive
et sa main gatiche l'écusson aux armes de sa maison , l'aigle
silésien, taiïdis qu'un autre écusson est orné de Taigle polo-
naise. Autour l'inscription latine :
Hen. quartvsj mille tria C. minus X, obiit ille egregiis annia Sileaiœ
Cracov, Sandomiriae Dux, nocte Joannis.
Henri IV, mort en 1290 dans la nuit de Saint-Jean, à la fleur, de Tige,
comme duc de Silésie, de Cracovie et de Sandomir.
La tête de la statue couchée est naturelle et vraie d'expres-
sion. Les plis du manteau, creusés Irès-profondément, déno-
tent une grande hardiesse et beaucoup de sûreté de la cuisson.
Les détails sont minutieux et reproduits d'après nature; les
couleurs des émaux, belles et vives. Le rouge^ d'une grande
vigueur et le vert qui dominent, sont de la même nuance que
ceux de l'école deNUrnberg. L'ensemble de Tœuvre est exécuté
dans le style du premier gothique allemand, ou plutôt dans le
style de transition du roman au gothique. Les bas-reliefs du
1. Son épitaphe a été placée sous une des fenêtres, en même temps que le
monument, en 1290, l'année de sa mort.
Breslau était, jusqu'au commencement du treizième siècle, sous la suzeraineté
polonaise. Ancienne capitale d'évêché, la ville obtint, en 1261, les droits et pré-
rogatives de Magdeburg et devint la capitale des ducs allemands de Silésie, qui
s'intitulaient en même temps ducs de Cracovie et de Pologne. Le premier de ces
ducs était Heinrich P'', le Barbu , mort en 1238, le mari de sainte Hedwig; le
second, Heinrich II, surnommé le Pieux, est mort sur le champ de bataille, con-
tre les Mongols, en 1241 ; Heinrich III, qui agrandit beaucoup sa capitale,
le suit ; après lui vient Heinrich IV, dit Probus^ réputé par la bonté de son ca-
ractère, et célèbre comme Minnesinger (troubadour). Celle maison, qui régnait
à peu près depuis cent ans, s'éteignit avec Heinrich VI, mort en 1335. L'empe-
reur Karl IV incorpora entièrement ce duché, en 1355, au royaume de Bohême.
— Il devint autrichien en 1526 et fut conquis par Frédéric le Grand en 1741.
C'est aujourd'hui une des provinces les plus patriotiques de la Prusse. Breslau
adhéra entièrement à la Réforma dès 1523.
2. Le rouge au grand feu, que les Italiens n'ont jamais pu obtenir, se rencontre
seulement aux anciennes époques, dans quelques faïences asiatiques et allemandes ;
plus tard , on le retrouve chez les Hollandais et dans les faïences de Rouen ; le rouge
des faïences françaises du dix-huitième siècle n'est ordinairement qu'en décor au
petit feu de réverbère. Le poêle armorié, du quinzième siècle, au musée ger-
manique, montre également du rouge, et un très-beau rouge.
EUROPÉENNES. i73
sarcophage montrent encore le plein-cintre, et les rockets (ro-
chetum) , bien plus courts que le surplis (superpelliceum) dont
les figures des prêtres du bas-relief sont revêtues, indiquent
par leurs manches étroites et par leur peu de largeur les ro-
chets à manches brodées des évoques et des chanoines de la fin
du treizième et du commencement du quatorzième siècle.
Le nom de l'artiste est inconnu. C'est là certes la plus grande
sculpture ancienne connue en terre cuite émaillée. Voilà donc in-
contestablement encore uneœuvre allemande du treizième siècle.
M. Salvetat a encore fait observer dans une de ses notes à mon
adresse, ajoutées à la traduction de l'ouvrage de M. Marryat, que
rien ne prouve que le monument de l'église de la Croix de Breslau
n'ait pas été exécuté un ou plusieurs siècles postérieurement
à la mort du duc, malgré la parfaite concordance du cos-
tumé et du caractère avec la fin du treizième siècle. Per-
sonne n'ignore pourtant aujourd'hui que les artistes du moyen
âge et même souvent ceux des siècles suivants (comme par
exemple ceux de toute l'école hollandaise du dix -septième
siècle) ne tenaient aucun compte de Thimatiologie ; les ana-
chronismes les touchaient fort peu. Ils copiaient dans leurs
œuvres les armes et les costumes de leur temps et tels qu'ils
les voyaient passer tous les jours devant leurs fenêtres. Si un
artiste du quinzième siècle avait modelé ce monument, le duc
serait représenté en costume du quinzième, et tout le reste aurait
certes les caractères de l'époque de l'exécution postérieure.
A.IJBECK, WISIUAB, I^lJIIEBVBCt et BBAlIBElIBVBCfr.
Terres cuites au vernis plqmbifère ou a l'émail stan-
NiQUE (?). 1300 à 1600
Les murs, les piliers et même les plafonds des plus anciennes
églises de ces villes du nord de l'Allemagne, datant du quator-
zième siècle , sont entièrement revêtus de terres cuites émail-
lées (?) ou vernies, et on y rencontre en outre nombre de maisons
de la Renaissance également ornées de sculptures céramiques. A
Luneburg, il y a tout un clocher qui surmonte la principale
église qui est construit en poterie émaillée (?) à jour. L'église de
Sainte-Catherine à Brandenburg montre dans ses nefs latérales
des ornements et statues en terre cuite émaillée (?) vert, datant
du quinzième siècle.
45.
l7i POTt&IES OPAQÏIES
T£aiU£ GUITJS A ÉMAIL STAN2IIFÈAE. YcrS 1400
Daas uae salle de ÏArius-Hof, actuellement la bourse de
Dantzigt construcUofi achevée au quatorzième siècle, se trouve
un énorme poôk de plus de vlagt pieds de grandeur. Ce poêle
en terre cuite à émail stannifère polychrome, et dont les bas-
reliefs représentent toutes sortes de sujets, en partie humoris-
tiq4ie5, date du comiBencement du quinzième siècle.
Le concierge qui le montre aux étrangers a la facétie de les
engager d'étreindre ce poôle pou ren mesurer la largeur, et chaque
fois que le visiteur suiit \e conseil, sa bouche se trouve juste
appliquée sur les fesses nues d'un paysan, que l'ingénieux potier
a ^gudrëeÀ cet effet au milieu et à la hauteur convenable.
€ette CaiTce a fait déjà deivuis des siècles les délices des con-
cierges '€( des coovpagnoos qui font leur tour d'Allemagne^ et
coatiAue encore aujourd'ihui de les charmer.
UJLliJBKBSTADT
Ville prussienne dans laproTiace de Saxe.
Faïence a émail stannifërk. Vers i.4(K)
Un poéie en faïence à émail stannifère polychrome dont les
carreaux, tie petite dimension, sont tous ornés de bas- reliefs,
à iigiires en costumes de ]'ëpoq<ue, se trouve dans la maisou de
M. Hahn^ inarchand de toiles, à Halberstadt. Le Musée germa-
nique à Nurnberg possède les photographies de ce poêle.
CtAIVG) en Bohême.
Terre cuite. Vers 1450
D y a dans l'église de cette localité une chaire en terre cuite
(émaillée ou vernissée) dont le Musée germanique, à Niirnberg,
possède un dessin que M. le directeur Essenwyn a eu l'amabilité
de me faire photographier. Cette chaire est signée :
Hayek ou Raysek,
Si la sigTiaïiire -est Raysek, ce serait celle d*un célèbre ar-
dsitecte de cette époque, et non pas d'un céramiste.
(Tx)irle dessin qui reproduit celte chaire, dans l'appendice).
liTAliDSHlilJBCt, prés ClieiiiiiUsj en «axe.
Tbrre cuite au vernis minéral. 15^0 à 1682
1«C*&I1^ IHCVIIHVB* DE tA «AXK.
Teubbs criTES. a reliefs éuaillés en polychbome. Durant le
dix-septième siècle.
Les émaux polychromes en émail slannifère sont brillants
et peints ordinairement sur des
bas-reliefs et sur un foud en
vernis minéral brun-noir. Cette
poterie, consistant le plus 90U'
vent en cruches, ressemble osai
grés de Creusseu, mais on n'a
qu'à prendre le couteau pour
s'apercevoir que la pâte est en
terre cuite qui s'entame facile-
ment.
Une cruche de 21 centimètres
de hauteur de ma collection, à
reliefs émaillés et doré«, montre
sur la panse les armes de l'em-
pire, l'aigle à deux tètes.
Une semblable cruche, mais c*"~v~
décorée seulement de palmeltes *&<i/
blanches, bleueset jaunes et de '^'p°,,"™""e™c'^i'^éed'ém!i^
grappes de raisins , sur fond siuDiCèm poijciuèmït. De n»
brun-noir, se trouve à la collée- «fJieciion.
tien Sauvageot au Louvre, où le catalogue l'a classée par erreur
parmi les grès.
BUHZIAU, rrèa UecnlM, en ProMc.
Gbès gus-brun, a guçueb alcalins brune:, ooulkvr cape ad
LAIT. ISM jusqu'à ce jour.
Oes célèbres fabriques produisent encore aujourd'hui tout»
sortes de vaiBselles, entre autres des cafetières, que Ton appel-
lerait, en France, à cause de leurs formes, chocolatières; elles
sont seulement émaiilées à l'extérieur. Les produits des der-
niers siècles se distinguait de ceux de nos jours par leurs or-
mments en relief, en pâte jaune mat, qui consistent ordinaire-
ment en branchages, fleurs et armoiries.
Il s'y est aussi fait de ces grès décorés et dorés, mais ils
s OPAQUES
sont excessivement rares. Un de] ces demi
Dans une localité, tout ]
mistea ont construit tout i
une cafetière
trouve dans ma collec-
tion, porte les armes de Prusse
coloriées en bleu et rouge à la
place de blanc et noir ; elle est
ornëe de branchages dorés. Le
bouton qui imito le tricorne du
grand Frédéric et les armes
prussiennes indiquent qne la fa-
brication de cette pièce date
d'une époque postérieure à la
conquête de la ville ((742) qui
était auparavant saxonne. Ce
genredegrès appartient exclusi-
vement à Bunzlau et n'a pu être
imité nulle part; il est très-dur
et très- 6 n de grain.
11 existe aussi â Bunzlau un
pot qui dépasse en grandeur et
en célébrité, le fameux tonneau
de Heidelberg, puisque annuelle-
ment la corporation des potiers
y dine autourd'une grande table
de Bunzlau, d'ingénieux céra-
orgue en lerre cuite.
H&BBBRS) anr l'BIbe, tI>-*-tU de IMMhnrs.
FAtESCBA ÉMAII. STANNIFÈBE. 1620 à 1670.
Johann Shapper ou Shaper, né k Harburg vers ta an du
seizième siècle, florissait de 1620 à 1670 (menlionnë déjà par
Doppelmayer). Peintre renommé sur verres et gobelets de cristal
dont les décors sont fixés au feu de four, il est encore plus cé-
lèbre par ses peintures sur faïence et peut être appelé le plus
grand peinirecéramisteallemand ancien. La réputation deScha-
per, connu jadis uniquement parmi les amateurs en Allemagne,
est devenue européenne, depuis la publication de mes Guides,
puisque personne ne peut contester la valeur si éminemment
artistique de ses œuvres, toutes exécutées à la loupe et avec
EUROPÉENNES. 1 77
une finesse incroyable. Les peintures de Schaper sont ordinai-
rement en camaïeu noir, et plus rarement en polychrome,
souvent signées en toutes lettres :
L SCEAPER,
quelquefois de son monogramme, un I et un S réunis; mais
toujours si imperceptiblement, qu'il faut prendre la loupe pour
trouver signature ou monogramme.
Un verre peint par ce maître se paye aujourd'hui cent francs,
un vase ou cruchon en faïence jusqu'à cinq cents francs. Mort
le 3 février J670, ses élèves ont produit à la môme époque de
fort jolis ouvrages dans le genre du maître, mais le plus sou-
vent sans leurs signatures. La seule signature que j'ai pu
recueillir est celle-ci :
Bendert ou Bomkerf,
qui se trouve sur un verre de la collection Pikkers, à Nûmberg.
— Cette signature me paraît celle d'un Hollandais.
Les œuvres des élèves de Schaper sont également recherchées
et se payent souvent aussi cher que celles du maître lui-même;
mais la touche artistique et pleine de génie du maître ne s'y
rencontre pas.
Un pot ou cruchon à anse, de ma collection, émaillé de blanc
et de quatorze centimètres de hauteur, est décoré en camai'eu noir
d'un médaillon encadré de superbes ornements de style de
renaissance ' et où le sujet représente des ruines dans un paysage
animé de trois figures, parmi lesquelles un seigneur à cheval. Le
tout est exécuté avec une finesse incroyable en champ levé à la
manière des vitraux suisses du seizième siècle, sans que l'ensem-
ble ait du léché et du mesquin. Ce pot porte le monogramme :
(Voir la reproduction de cette
faïence dans l'appendice.)
I. C'est la fin de la Renaissance. Il y a l?eaucoup de mascarons; mais ces
mascarons sont admirables de physionomie et de caractère.
178 FOTEKIES OPA<}fJES
Une semblable 'OéTanriqu©, mais moins riche en omementa-
4âmi, appartennDtà M. Pikkers^ àNurnberg, est signée :
lOH. SCHAPER. 1665.
Le musée de Sigmaringen possède un très-joli pot à anse, un
peu plus grand et signé en toutes lettres. S. M. le roi Ferdinand
de Portugal a fait acheter à la vente ëe la collection Hertel,
à Mmberg, deux exemplaires signés de même.
Les verres 7005, 7007 à 70!2, au musée de Kensington, me
paraissent l'œuvre des continuateurs de Tartiste ; mais le n<* 7006
porte ia ^gnature.
AlUiSXAllV, jprè« d'Srlnrtti.
Faïence a émail stannifèbs. â partir de vers 1750
M. T. Staniforth de Storrs, Windermere, possède une faïence
au décor camaïeu bleu^ qui est signée :
Pinxit J. G. Hiegel ou Fliegel
Amstadt cL 9 may 1775
HVBEBTlJtiBIJRO, en S«xe.
G&È8A GLAÇURE ALCAUNE. 1784
Fabrique établie par le èomte Marcolini, le môme qui fut mi-
nistre et directeur de la fabrique de porcelaine à Meissen. On y
a imité en outre les poteries de Wedgwood»
TEIMITZ, en Bohême.
Fa^nge a email stannifècus. Vers 4 790
W^lhyj potier, a marqué
vbahkvijbt-s.-o. (Prusse).
Faïences en gbes. Époque actuelle.
MM. Mattschass jiume eifih, iabricanlis.
BUIOPÉKNNES. 479
MM. Paetsch et Eintze, fabricants.
M. Stahl, fabricanl.
Tebbiss cuites. Époque actuelTe.
M. Jannasch, fabricant. (Voir aussi pour ses porcelaiiies
dures»)
HOHCnSTElir, pré0 TepUte, en Bohème.
POTERIES FINES. Époquo actuello.
F M. J. de y. Haffzkyy fabricant.
Eckardstein, Belgem, près Merseburg, Konigsbergy Rheins-
berg, Bresîau et Naumburg sont cités dans un ouvrage statis-
tique de la Prusse, de 1826, comme centres de fabrication de
poteries de toute sorte; Bonn, Yalendar, Magen, Tonnigstein,
Langenwerth et Frechen, comme centres de fabrication de grès,
et Berlin, Komgsbergj Proshau et Gkenitz, en Silésie, Neustadt-
Eberswalde, Magdeburg, Ifeu^Ealâemltben et Wetter, pour la
fabrication de la faifence.
CHTABMI'rTEiailIBC^, ffféM Bevllll.
Terre cuite et faïence a email stannifêre et a vernis ploat-
BIFERE. 1843.
Marsch, potier, fabricant.
Je mentionne cette fabrique, de création récente, spéciale-
ment à cause de sa production d'oeuvres hors ligne et d'une
importance telle, qu'aucune £abriq^en Angleterre ni en France
n'en a obtenu de pareilles.
J'ai vu, de cette manufacture, aux bains publics et lavoirs de
la société anglaise à Berlin, de grandes baignoires; — des
portes et des revêtements de murs d'une seufe pièce (de plus de
deux mètres carrés), en faïence da plus bel émail.
Les ornements en terre cuite de rArc de Triomphe qui
forme le portail de la grrnide vigne royale^ à Potsébm, sont
également sortis de cette manufacture, qui doit être mon-
tée sur une très^rand* écheUe et poâfiédar des artistes de
mérite.
180
POTERIES OPAQUES
liOCAIilT^ IHCKBTJLISB.
TERRE CUITE.
Dans une localité de la Bohême allemande, on fabrique, de-
puis le commencement de ce siècle, des poteries en terre
cuite dite glace sidérolithe; elles sont rouges, couleur d'or et
aussi de lave noire.
Les ornements sont moulés. Le conservatoire des Arts et
Métiers, à Paris, en possède quelques exemplaires.
II
ÉCOLE FRANCONIENNE.
HVBlVIiBRCii
Argiles cuites sans couverte (Figurines)] 4300 à 1500
Terres cuites au vernis plombifêre et a émail stannifère.
(Poêles, etc., monochromes et polychromes.) 1400 à 1700
Faïences a émail stannifère. 1400 jusqu'à ce jour.
Après l'apparition des œuvres céramiques peu importantes,
apparaît la famille des célèbres Hirschvogel, potiers et peintres
sur vitraux, presque contemporains des Délia Robbia et pré-
1 . Cet écusson, qui montre les armes de Nûmberg, avait remplacé celui du
treizième siècle, où l'aigle double à «orps muraille et à tête d'homme cowronné,
figurait en entier.
EUROPEENNES. JSl
décesseurs de Bernard Palissy; elle se composait des cinq
artistes suivants :
Veit Hirschvogel le vieux, chef de la famille, né à Niirnberg
en 1441 et mort en 1525 (Luca délia Robbia, le Florentin, est
né en 1400 et mort en 1481).
Les vitraux des quatre fenêtres ogivales de la nef de l'église
Saint-Sebald à Niirnberg, représentant le margrave Frédéric
d*Ansbach et Baireuth, avec son épouse et ses enfants, ont été
peints et dessinés par Veit en 1515.
A cette époque, si riche en œuvres d'art, la peinture de vi-
traux, universellement répandue en Allemagne, n'était plus, pour
ainsi dire, un art, mais plutôt un métier.Tous les maîtres vitriers
s'en occupaient, puisque la cuisson et la préparation technique
y jouent un grand rôle; seulement ils travaillaient d'après les
dessins des maîtres peintres, tandis que les grands artistes pein-
tres sur vitraux exécutaient leurs propres cartons. C'est ce que
fit Veit.
Habile émailleur, ce chef des Hirschvogel jouissait aussi
d'une grande réputation comme chimiste. l\ n'est cependant
pas l'inventeur, non plus que Luca délia Robbia, de l'émail
stannifère européen, puisque nous avons vu que la fabrication
allemande de poteries emaiUées remonte bien au delà , tout au
moins vers le treizième siècle.
Veit Hirschvogel le jeune, fils du précédent, potier et peintre
de vitraux, était aussi célèbre comme graveur. Né en 1471, il
est mort en 1 553 .
Augttët ou Augustin Hirschvogel, autre fils du vieux Veit, né
en 1488, mort en 1560*, était, comme son frère, potier habile,
peintre et graveur. Ses productions sont supérieures à celles des
autres Hirschvogel et, en grande partie , modelées à la main.
Comme il possédait l'art de l'émaillerie à un haut degré, ses po-
teries sont toutes recouvertes de beaux émaux. On croit qu'il
fut le maître de Bernard Palissy, né en 1510 à la Chapelle-Biron,
ou plutôt à Montpazier, et revenu d'un voyage en Allemagne
en 1539*. Voyageant en Italie, Augustin communiqua son se-
cret céramique des faïences à émail stannifère aux Vénitiens et,
i. Jérôme délia Robbia partit pour la France en 1528 seulement.
2. Voir, à la fin de l'article biographique de Bernard Palissy, ce que Bron-
gniart pensait déjà sur les tendances que ce céramiste avait suivies.
46
182 POTERIES OPAQUES
marié à Yenezia, il s'y perfectionna dans l'art de la cise-
lure et de la fonte, et retourna à Nurnberg, où il imita alors la
poterie antique, qu'il avait appris à connaître en Italie. On pré-
tend que cette imitation était tellement parfaite, que beaucoup
de ses produits se trouvent aujourd'hui dans les musées parmi
les vrais étrusques *.
Abandonnant bientôt après ses ateliers à ses ouvriers compa-
gnons, il se remit à voyager, parcourant la Hongrie, les Princi-
pautés et tous les États héréditaires du roi Ferdinand, auquel il
dédia un grand nombre de planches gravées qui représentaient
des vues et des paysages de ces pays ^. Il est aussi connu comme
l'auteur d'un ouvrage, très-estimé à cette époque, qui traite de
1 . On lit, dans la VII* Lettre d'Albreteht Durer, datée de Venise, à son ami
W^illibald Pirkheimer : «J'ai salué pour vous Bernard Hirschvogel, qui est
dans une grande affliction : son fils est mort, d Ce Bernard^ serait-ce Auguste
Hirschvogel? Durer a pu confondre les prénoms. On trouve encore deux au-
tres mentions sur les Hirschvogel dans le Journal d'un voyage fait dans les
Pays-Bas pendant les années 1520 et 1521, où Durer dit : « J'ai fait le portrait
du serviteur de Hirschvogel du nom de Friedrich ; > et ailleurs : « J'ai dîné deux
fois avec Fritz Hirschvogel à Antwerpen. » Voilà encore un Fritz aussi inconnu
que Bernard. M. Lochner, archiviste à Niirnberg, m'a cependant fait observer
qu'en outre de la famille artiste des Hirschvogel, il existait encore d'autres fa-
milles de ce nom, parmi lesquelles plusieurs étaient fort riches et adonnées au
commerce.
Hirschvogel s'occupa aussi de la fabrication des poêles artistiques^ il pro-
duisit des figurines et des bas-reliefs. La ville de Niirnberg possède des docu-
ments où on lit a que les potiers avaient porté plainte, en 1530, auprès du
magistrat pour demander que la confection des poêles et autres terres cuites fût
interdite au peintre Auguste Hirschvogel ; d mais le conseil rejeta la demande et
décréta même « qu'il était interdit aux potiers d'empêcher d'aucune manière la
fabrication de Hirschvogel et de ses compagnons. » Le magistrat avança même
de l'argent à Hirschvogel pour des travaux d'art commandés par la ville , —
sommes qui lui furent déduites , à la livraison , sur le montant de ce qui lui
était dû.
On voit donc par là que Hirschvogel confectionnait déjà, en 1 530, des ouvrages
artistiques et de grande dimension, — si artistement faits, que le magistrat refu-
sait de donner suite aux réclamations des potiers, regardant les ouvrages de Hirsch-
vogel comme des productions d'artiste, et ne pouvant faire tort aux privilèges
d'une corporation ou maîtrise.
2. Un vase du musée Sauvageot, le n" 979, de jolie forme, à orifice droit et
très-étroit, dit à surprise (bouteilles que les Hollandais appellent stortebekerSj et
dont ils attribuent l'invention, en 1520, au faïencier et modeleur Comélis Hen-
driksen Vroom, de Haarlem), qui se remplit d'en bas, et où les deux panses
doubles, formées par des dragons en émail vert, sont superposées par des feuilles
d'acanthe, est orné sur le milieu et de chaque côté de la panse de deux médail-
lons dans un cadre doré, dont l'un représente le buste de Ferdinand l**", né en
1 503, mort à Wien en 1 564. Ce vase n'est pas en grès, comme le catalogue l'in-
dique, mais en terre cuite émaiUée de Hirschvogel. (Voir Musée Sauvageot.)
EUROPÉENNES. 183
la perspective et de l'emploi du compas, ouvrage qu'il dédia à
son ami Starcken. Johann Gabriel Doppelmayr a donne, dans
son 0 Historiscke Nachrickt, Nûrnberg, 1730, » des gravures de
médailles qui avaient été frappées, au seizième siècle, en l'hon*
neur des artistes les plus marquants de Nurnberg. Celle d'Au-
gustin Hirschvogel s'y trouve, — elle est sans millésime. La
tête de l'artiste, gravée en profil, est ornée de la grande barbe
de l'époque, qui sans être aussi longue que celle des autres
portraits, est taillée en pointe. Le front est beau, le nez grand,
Tensemble de la figure, qui manque de distinction, représente
un homme de cinquante ans.
Hans Hirschvogel, autre frère, est mort jeune, sans que Ton
connaisse de ses ouvrages.
Sebald Hirschvogel, fils de Veit le jeune, est né en 1517; il
mourut en \ 589, riche et considéré, et avait la réputation d'un
bon artiste.
La maison qu'a habitée cette famille, de 1485 à 1532, existe
encore à Nûrnberg, dans la Laufergasse, n° 800 ; elle est actuel-
lement occupée par un fabricant de gants, et montrait encore,
il y a quelques années , des restes de fours. Une autre maison
habitée par des Hirschvogel se trouve dans la Hirschelgasse.
A mon dernier voyage à NUrnberg (juillet 1866), j'ai encore
trouvé aux archives de l'hôtel de ville, quatre documents in-
connus jusque là, sur Augustin Hirschvogel, et qui enrichissent
en môme temps l'histoire céramique de deux noms de potiers
artistiques : ceux de
Oswald Reinhardt et de
Hans Nickel,
qui tous les deux ont visité l'Italie. Ces documents que je dois
à la complaisance de l'archiviste, M. le docteur Lochner, les
voici :
« Archives l**" mars 1531.
« Hans Nickel et Oswald Reinhardt, potiers, reconnaissent
avoir reçu du Grand-Conseil un prêt de cinquante florins.
a Archives, 5 mars 1531.
« Jeronimus Reich reconnaît avoir reçu de Hans Nickel et
(ÏOswald Reinhardt, le remboursement des vingt-cinq florins
qu'il leur avait prêtés à Venise*
« Archives, 27 décembre 1531.
« Traité d'association pour la fabrication des verres de Fene-
184 POTERIES OPAQUES
zia^ (Schmelzen von venitianischen Glasswerck) entre Augustin
Hirschvogel et Oswald Reinhardt. Ce traité montre que le pre-
mier a remplacé Hans Nickel qui s'est séparé d'Oswald Reinhardt.
« Archives, i 5 mai i 532 .
«Traité d'association entre Augustin Hirschvogel et Hans
Nickel pour la fabrication de toutes sortes de verreries d'art, »
Les terres dont Hirshvogel et les autres potiers de son époque
à Nurnbergse servaient, venaient d'une localité près ô'Ambergy
d'où on les tire encore aujourd'hui, mais non pas du même
terrain, puisque les couches y sont épuisées.
M. le conseiller Kolbe, directeur de la manufacture royale
de porcelaine à Berlin, a fait, pour le musée céramique de la
manufacture, à la vente delà collection Minutoli , l'acqui-
sition d'un pot à anse de Hirschvogel. Ce pot, payé dans le
temps, à Augsburg, par M. Minutoli, 50 florins, a été vendu
au musée pour 83 thalers. Décoré dans le goût des majo-
liques italiennes, il s'en distingue cependant facilement par les
nuances plus vives et plus belles de l'émail. Au-dessous d'une
crucifixion, on voit dans trois niches trois figures représentant
la Foi, l'Espérance et la Charité, le tout en bas-relief et recou-
vert de beaux émaux polychromes, parmi lesquels les verts se
font reconnaître comme appartenant à l'école allemande. Au
musée de Sèvres il y a un pot de ce genre des continuateurs des
Hirschvogel, ainsi qu'au musée de Darmstadt une bouteille de
chasse de dix pouces sur sept et demi, œuvre magnifique signée
Blasius ordinavit, 1563.
Les sujets polychromes représentent Salomon , Dalila , etc.
Cette bouteille a été reproduite dans l'ouvrage de M. de Hefner-
Alteneck.
Le musée germanique de Niirnberg possède une cruche de
17 centimètres de hauteur, par Hirschvogel (Beilage, 10, Ca-
talogue, fol. 28). Le travail en relief représente Adam, Eve, la
Vierge avec l'enfant Jésus et plusieurs bustes en costume de
l'époque, le tout entouré de fleurs et d'ornements. Deux autres
1 . Les Terres à ailes (Flugelglâser) attribués, dans toutes les Tentes, à Venezia,
mais que les amateurs qui ont voyagé en Italie, et les Italiens eux-mêmes, ne
reconnaissent pas comme ayant été fabriqués là, proTiennent peut-être des ate-
liers de ces trois céramistes, si toutefois ils ne sont pas faits en Bohème.
EUROPÉENNES.
as
cruches dans le même genre sont au musée national bavaroise
HUnchen. — Dans ma collection ge trouvent deux carreaux de
poêle en faïence polychrome ,
d'une fort jolie ornementation,
d'Augustin Hirschvogel ; plu-
sieurs bas-reliefs, ainsi qu'unpot
à anse, sur la panse duquel se
voit le relief de la fameuse mé-
daille satirique de la Béforma-
tion, frappée, en 1517, à l'oc-
casion de la publicaiion , par
Luther, de ses quatre-vingt-
quinze propositions contre le
dogme des indulgences, médaille
qui porte les effigies du pape,
d'un évéque, du diable et la tête
d'un fou'. — Le plus beau et le
plus grand vase que je connaisse
de ce maître, apparlienl à l'an-
tiquaire Pickert*, de Nlirnberg.
L'artiste a malheureusement
placé en haut de ce vase des
maisonnettes de mauvais goût qui font un vilain effet.
Un autre très-beau vase existe au musée de Sigmaringen;
là, le sujet représente l'Adoration des mages, Adam et Eve, etc.
Un semblable appartient au muséedeDarmstadt;ila <n pou-
ces de hauteur, la panse est couverte de figures en pied re-
présentant des chevaliers. — Ce pot a été reproduit dans l'ou-
I. V Intermédiaire {i
le cet médailles dont La
li( : EcclMia pervtria .
1 un versel du Psalmiate ; Slulli aliqwtndo lapi
It ISâ4 ; Paris; Duprat, libraire) parle d'une
•te iirobablemenl d'une Knlence de Luther,
■ diaboti; et ïalég:eDde du revers, empruntée
LecolleeUonSauiageal, eu Louvre, p
1. Cet antiquaire, qui demeure sur la
tage de lipocaijpie,
le nombre de la bète,
• Les prateetanta dé-
is-i-vig II statu* d'Alberl Durer,
t eorridors, uue collection d'ob-
contre un droit de <tngl-qua-
186 POTERIES OPAQUES
vrage de M. d'Alteneck. Le duc de Cambacérès, à Paris, possède
aussi un très-bel exemplaire de Hirschvogel.
Un vase de cette môme provenance appartient au prince
Czartoryski à Paris; ornée de reliefs, dont l'un représente l'em-
pereur Rudolf de Habsburg , cette céramique doit être attribuée
à Augustin Hirschvogel.
Une belle cruche, de la collection de M. Etlinger, àWurzburg,
couverte de reliefs représentant l'histoire de Jonas; une autre
au musée de Koln*, avec reliefs de portraits d'hommes en pied,
mesurant 50 à 60 centimètres de hauteur, ainsi que le pot de la
collection de M. Milani s, à Frankfurt-sur-Mein, sont tous de
Hirschvogel. Le musée de Kensington, à London, possède, sous
le n« 4005, un de ces vases qu'il n'a payé que 6 livres, tandis
que le n» 4004, œuvre des continuateurs de Hirschvogel, a été
payé 6 livres <5 schellings. Le musée Britannique a, dans l'ar-
moire 136, à la salle dite : Mediœval'Collectiorij de ces mêmes
pots des continuateurs, ainsi qu'un fort curieux encrier à sujet de
chasse. M. de Parpar,à Thun, en Suisse, possède également un
pot de cette provenance : il est couvert de reliefs. M. Michelin,
à Paris, en a deux où les reliefs représentent le Père étemel et
le Baptême du Christ dans le Jourdain.
Une cruche de ma collection, de 27 centimètres de hauteur et
à anses contournées (comme toutes celles que ce potier a faites),
montre en relief un sujet qui représente la résurrection du
i . Le nouveau musée , dit musée Wollraff-RichartZf à Koln, composé de
tableaux, d'antiquités romaines, de bronzes, médailles et monnaies, de sculptures
en bois et en ivoire, meubles, armes, armures et objets céramiques, occupe au-
jourd'hui une nouvelle construction, de style gothique, d'une conception assez
heureuse. La partie céramique y est encore pauvrement représentée, mais les an-
ciennes écoles allemandes de peinture sont riches. L'organisation chronologique
est parfaite et admirable pour l'étude , et le catalogue, rédigé par le docteur
Wolfgang Millier, est satisfaisant sous tous les rapports.
.2. La collection de M. Karl- Anton Milani est peut-être l'une des plus remar-
quables que l'on puisse voir, à cause des grandes et solides connaissances de cet
amateur, qui sait à fond tout ce qui se rapporte aux petits arts du moyen âge.
C'est un de ces rares collectionneurs chez qui des connaissances universelles ont
développé l'amour des collections spéciales. — Il joint au goût et au flair in-
stinctif de Sauvageot une science critique que celui-ci ne possédait pas. On trouve,
quant au choix des objets, beaucoup de rapports entre ces deux collectionneurs,
qui se sont attachés de préférence aux charmants ouvrages de ciselure et de sculp-
ture sur fer et sur bois de la meilleure époque.
La collection d« M. Milani est peut-être la seule qui mérite d'être visitée à
Frankfurt.
EUROPÉENNES. 187
'st avec les doux gardes endormis. Les couleurs des émaux
le brun, le bleu, le jaune, le vert et le blanc,
n gobelet de ce mémo potier, également de ma colleclion,
tre un singe à cheval dans le costume garni de grelots du
fon de rempereur et entouré de jolis ornements. Ces deux
es, si elles ne sont pas du maitre lui-même, sont sorties
on atelier. Le gobelet provient de la collection Loeve, de
Une gourde de pèlerin, de ma
colleclion, fort curieuse pour sa
forme , imitant la poire à poudre
en Ter de cett« époque, et qui a
poljchrome de Bincbiogel.
peut-être même servi à renfermer de la poudre, montre sur les
deux faces le Christ surlacroix entre les deumitagdeleines. Celle
précieuse pièce porte ce monogramme :
188 FOIEBIES OPAQUES
Il est tiré du nom du potier ; ces lettres sont les trois princi-
pales lettres de la première syllabe de HiRscHvogel ',
EUROPÉENNES. 189
Deux bas-reliefs de 30 centimètres carrés, de ma collection
et provenant de celle de H. Nadar, sont également attribués &
lafabrique de Hirschvogel. L'un représente, dans un médaillon,
le busie de Johann Friedrich I, dit le Magnanime, électeur de
Saxe, né en 1S03, mort en iS54, et dont l'avènement eut lieu
en i53S. C'est ce duc qui fut vaincu el fait prisonnier en
1547, à la bataille de Huhlheîm, par Ciiaries-Quint, qui lui fit
endurer cinq ans de captivité en Espagne. L'autre représente
le buste d'une femme, probablement celui de l'épouse du duc
Johann Friedrich, la princesse Sibilla de Clève, morte 9 jours
avant son mari, en i'6'ài. Le cabinet impérial d'estampes à
Paris possède un beau portrait gravé de l'électeur, daté de 1543.
Les nuances du jaune Irès-vif et très-clair que l'on voit parmi
les émaux de couleur de ces bas-reliefs me font cependant
hésiter à les attribuer à Vécole franconienne, ni à celte de la
Souabe; ils pourraient fort bien être de l'école saxonne ou du
NofS.
Un grand nombre d'autres ouvrages en terre cuite émailléeet
en fafence de l'école de Niirnberg, soit de la môme époque, soit
des époques antérieures ou postérieures, se rencontrent dans
les musées et les collections de la Bavière et de la Prusse, ainsi
1543 «l une celui ie 1547 àc61é du nnonogramine. Un dm polB montre daoïH
Quelques-kines des graTums de Dirschiogel Eonl datieB de Wiea,d« la cipiUlt
190 POTERIES OPAQUES
que dans celles des autres pays allemands. Ce sont particuliè-
rement de beaux poêles, carrés de forme , le plus souvent de
deux mètres de hauteur sur "un mètre de largeur et de profon-
deur. Ornés de corniches et de cannelures, ils sont montés sur
plaques de fonte, qui reposent sur des pieds détachés, de sorte
qu'ils ne touchent pas le sol. Le tuyau, caché derrière, fait que
l'ensemble forme une belle construction régulière ressemblant
aux piédestaux des statues ^ Voici la nomenclature des plus
remarquables poêles que j'ai eu l'occasion de voir.
Au Burg, château et donjon construit à Niirnberg, sur un
rocher de grès, par l'empereur Conrad III, en 1030, on en a
placé neuf dans les appartements royaux :
1° Dans la galerie des tableaux se trouve le plus grand, pro-
venant du château de Trausnitz, près Landshout (école bava-
roise). Riche travail en relief, du seizième siècle. Ses sujets en
polychrome représentent des figures allégoriques des quatre
parties du monde.
2° Dans la salle à manger, un poêle noir avec dorure, du
seizième siècle.
3° Dans l'antichambre du roi, un poêle en émail vert mono •
chrome à hauts-reliefs, de la fin du seizième ou du commence-
ment du dix-septième siècle (un carreau de poêle du même genre,
de ma collection, porte le millésime de 1612 en creux dans la
pâte et recouvert de l'émail).
4° Dans la salle d'audience, un poêle pareil avec dorure.
5° Dans la chambre du roi, un autre sans dorure.
6° Dans la chambre à coucher du roi, un magnifique poêle
i . M. Fleichmann, à Niimberg, fabrique ce genre d'anciens poêles ; il a aussi
créé une série de moules originaux qui imitent les anciens. Le potier Viesel-
' m2Jin de cette Tille en fait également. (Voir plus loin.)
On a cru que les premiers poêles en faïence connus dans le sud de l'Alle-
magne avaient été ceux du Frauenhaus, à Goblenz, datés de l'année 1423, et
mentionnés dans l'histoire de cette ville, que Giinther a publiée en 1815 ; mais
c'est une erreur : les premiers poêles remontent au moins au douzième siècle ; j'ai
même rencontré en Suisse (voir l'article sur les faïences suisses) des carreaux
de poêle au vernis plombifère qui ont tout le caractère du style roman. Au cou-
vent du Bec, l'abbé Roger, mort en 1 i 78, avait déjà fait établir des kemmend-
ten (de caminata) ou pièces chauffées par des poêles. Au couvent de Saint-
Gallen il existait des poêles en briques dès 850, et au château de Marioi-
burg (1309), la résidence des grands-maîtres de l'ordre teutonique des chevaliers
de Saint-Jean, il y avait un poêle de 12 pieds de long sur 10 de large. Le mot
allemand Ofen (poêle), paraît dériver du goth Auhns et démontrer encore l'an
cienne origine de ce mode de chauffage.
EUirOPÉENNES. t91
polychrome du quinzième siècle, tout couvert de figurines
modelées à la main. ^Ëlles représentent des épisodes bi-
bliques.
70 Dans la chambre à coucher de la reine, un poêle poly-
chrome du quinzième siècle, où les figurines, également modelées
à la main, représentent Jonas, le sacrifice d'Abraham, le bap-
tême du Christ, etc., etc.; le tout d'une exécution parfaite. C'est
la plus belle pièce conservée dans ce Burg,
8® Dans la chambre de la reine, un pareil poêle, mais un peu
moins riche.
9^ Dans le salon de la reine, un autre du même genre, dont
les sujets sont tirés de la mythologie.
Un des plus beaux poêles connus (école autrichienne), datant
du quinzième siècle, existe encore sur son emplacement primi-
tif; on le voit au château de la ville de Salzburg. Un amateur
anglais en a déjà offert 36,000 francs. (Voir l'Appendice.)
Le musée germanique de Nùmberg * possède aussi quelques
poêles du même genre. Un, en pur gothique, couvert d'ar-
moiries en polychrome des chevaliers de la Franconie, entre-
mêlées de saints, doit être de la fin du quinzième siècle. M. de
Hefner-Alteneck en a donné le dessin dans son ouvrage sur les
objets d'art et meubles du moyen âge et de la Renaissance. Un
des carreaux de ce poêle où le sujet en bas-relief, émaillé en
1 . Le musée germanique, à Nurnberg, a été fondé en 1852, à l'occasion d'une
assemblée d'historiens et d'archéologues allemands, tenue le 17 août à Dresden,
sous la présidence du prince héréditaire Johann de Saxe. M. d'Aufsess , le der-
nier directeur, en a été l'instigateur. Ce musée, reconnu et adopté par la diète
germanique comme inslitution nationalet fut établi, en 1857, dans un tmcien
couTent dont les longs dortoirs, les corridors et la construction gothique sont tout
à fait propres à sa destination actuelle. Formé d'abord uniquement de dons, le
musée acquiert chaque jour de nouTcUes richesses artistiques sur un fonds éga-
lement composé de dons volontaires des membres honoraires, qui se trouvent
disséminés sur toute la surface de la grande Allemagne, sans distinction de pro-
vince; et, quoique établi en Bavière, le musée n'est pas moins la propriété de la
nation entière. Une bibliothèque et des archives y ont été ajoutées depuis, et le
tout est à la disposition du public, qui a même le droit de demander des rensei-
gnements historiques ou archéologiques par correspondance. Le personnel est
nombreux ; il consiste en une vingtaine de personnes, parmi lesquelles il en est
malheureusement plusieurs qui ne connaissent rien de la partie à laquelle elles
sont attachées. Ce musée, restreint d'abord, voit ses collections s'accroître rapi-
dement et deviendra bientôt un des plus curieux de l'Allemagne.
Le docteur vonEye, littérateur distingué, est le conservateur; et M. le pro-
fesseur Essevyn, savant architecte, le directeur actuel.
193 POTERIES OPAQUES
■ bleu, blanc, brun, jaune et vert, représente u
fait partie de ma collection. (Voir l'appendice.
Un autre poêle de ce musée représente les âges de la vie. —
Il est également de style gothique, mais d'upe date postérieure-
Six magnifiques poêles polychromes en beau style de Renais-
sance allemande, dont l'un a deux tours, ainsi qu'un petit poêle
artistique en émail noir, à ornements et aux armes de Bavière,
EUROPEENNES. 193
mais entièrement démoli (un fragment dans ma collection),
se trouvent au château de Trausnitz, à Landshut. Le château
de Sigmaringen a aussi dispersé, dans presque toutes ses dé-
pendances, de ces superbes poêles dont l'un, du quinzième
siècle, est orné des portraits des électeurs allemands de Tépoque,
et un autre, du même siècle, montre de charmants reliefs qui
représentent des épisodes de l'histoire biblique. Les poêles du
dix-septième et du dix-huitième siècle qui sont à Sigmaringen
me paraissent de fabrication suisse.
M. Nadar a fait monter dans son atelier, à Paris, un poêle en
faïence polychrome, émaillé et moulé, de Niirnberg, dont les
reliefs représentent des figurines de saints et des médaillons-
bustes, en costumes de la fin du quinzième siècle. L'émail n'est
pas beau et le modelage est mal venu. On y lit le millésime d521 ;
Ce poêle n'est pas monté convenablement. La malheureuse idée
qu'on a eue de le monter sur un piédestal quand il devrait re-
poser sur des pieds détachés, et le tuyau à la française placé
au-dessus, lui ont enlevé le caractère et le style de l'épo-
que. Il y avait aussi dans la collection de M. Nadar, vendue
en janvier 1806, plusieurs carreaux de la même provenance; ils
étaient du quinzième et du seizième siècle , en bel émail jaune
et vert.
Une chose assez curieuse c'est que les carreaux de ces poêles
allemands sont presque tous garnis à l'envers de toile collée sur
la terre de four avant l'application des Colombins et qui, pour
ne pas être brûlée dans le four, a dû être recouverte d'un en-
gobe de cette même terre de four. (On appelle colombins les
traverses et encadrements saillants en terre cuite qui con-
solident le carreau à l'envers. On les trouve, le plus souvent, en
Suisse , remplis de cailloux et de terre de four pour empêcher
qu'ils ne soient trop fortement chauffés et que le contact direct
du feu ne les fasse éclater.)
Au miLSée national bavarois de Mûnchen *, on trouve des car-
1 . Le grand musée national de Miinchen, dont la formation est due à l'infati-
gable énergie du baron d'Arretin, est installé dans le palais sur la façade duquel
on lit Meinem Volke zur Ehre und Forbild ( à l'honneur et pour la stimula-
tion de mon peuple). Il est à regretter que le style de ce monument soit de
mandais goût et sans aucune signification. La façade est plate et ressemble par
les ornements à un décor de théâtre, dont le détail mesquin et le manque d'am-
pleur rappellent les ouvrages des confiseurs.
Ce musée sera un des plus considérables de l'Europe ; car on pourrait se faire
47
194 POTERIES OPAQUES
reaux de pavage en terre cuite émaiilëe, à dessins monochromes
et polychromes du douzième siècle; im tryptique d'autel portatif
en faïence^ brun-chocolat, du quinzième siècle ; un très-beau et
curieux encrier dont les figures, du milieu du seizième siècle,
représentent Pyrame et Thisbé ; un plat en polychrome, style
italien, daté de 1599, dont le dessin représente Énée avec l'in-
scription allemande, orthographe de l'époque :
Ainie, lieb gegen aeinen Vaterland.
(Enée, aimant sa patrie.)
On voit encore, au musée de Miinchen une cuvette à relief.
Christ et Vierge, à fond bleu de ciel, pareil au bleu des Délia
Robbia ; de plus un poêle magnifique en terre cuite coloriée non
émaillée, à hauts-reliefs et rondes-bosses, entièrement couvert
de figurines de Thistoire de la Bible, et en bas de quelques por-
traits en pied des membres de la famille patricienne à laquelle
il a appartenu. Il porte le millésime i589 et le monogramme
R. A.
Des plats et assiettes, style italien, avec la marque
H. F.
et d'autres aux armes de la cour de Bavière et avec le mono-
gramme
d: 0. P 1
Le musée de Berlin est particulièrement riche en petits mo-
dèles de ces sortes de poêles des quatorzième, quinzième, sei-
zième et dix-septième siècles, provenant de la collection Mi-
nutoli.
Deux de ces modèles, en bel émail vert, du seizième siècle,
difficilement une idée du nombre et de la grande richesse des objets d'art que
M. d'Arretin a su faire sortir de l'oubli des châteaux et résidences royales. M. d'Ar-
retin est un de ces amateurs possédant le feu sacré, qui seul permet d'accomplir
et de mener à fin des entreprises de ce genre.
1 . Je les crois de la fabrique de Memmingen , sinon de la Suisse.
EOROFËBNHeS. 195
Tont partie de ma collection ; on en voil un semblable au musëe de
K0ln,etM.Willmaiin,àG6isenheim, en possède un en terre cuite
noire et dorée qui est un vrai
bijou. Orné de portraits en relief
d'une exécution magnifique, il
est marqué
Cette charmante petite céra-
mique a été reproduite dans .
l'ouvrage de M. de Hefner-Alte-
neck.
Un de ces petits poêles-modèle,
égalementdu seizième siècle, où
les reliefs du fond vert de cuivre
représentent la Tentation, etc., Modsie ae poÈieuema toiieetioo.
se trouve dans la collection de M. Wasset, k Paris. Ce poêle
est en outre couvert de plusieurs médaillons à bustes en relief
et émail lés en polychrome.
Sous les décombres du château Tannenbui^, incendié et démoli
complètement après avoirété pris d'assaut en 1 399, on a trouvé,
dans des fouilles opérées par ordre du grand-duc de Hesse et
du Rhin, de nombreux débris de poêles gothiques en faïence
àémail stannifère, d'un émail vert et jaune (vemisî), fabri-
qués au commencement du quatorzième siècle. M, J.-H. de
Hefner-AIteneck en a publié les dessins dans l'ouvrage : Le
Château de Tannenburg et les fouilles qui ont été faites dans ses
ruines, travail rédigé par ordre de S. A. R. te Grand-Duc; chez
Kellor, Francfurt-sur-Mein. Cette monographie contient aussi
des dessins de cruches de formes romaines, mais fabriquées en
Allemagne au commencement du quatorzième siècle. Ceci est
un fait très- remarquable, et prouve une fois de plus combien
l'archéologue doit se garder de juger d'après les formes seules.
196 POTERIES OPAQUES
sans se livrer à un examen raisonné. Ces poteries se rapprochent
de certaines poteries gauloises, que l'on appelle communément
gallo-romaines, décrites par Tudotdans son ouvrage que j'ai eu
déjà l'occasion de citer.
Au'Wartburg , dans la forêt de Thuringe, où Luther fut re-
tenu durant dix mois par des amis dévoués, on a également
déterré un poêle de cette espèce qui avait été placé dans la petite
chambre que le grand réformateur avait habitée et où il a tra-
duit la Bible en allemand.
Le musée Sauvageot, à Paris, possède trois beaux carreaux de
poêle de Niirnberg en polychrome, du quinzième siècle (n® 931,
932 et 933), et un autre vert du dix-septième siècle (n^ 934).
Au musée deCluny se trouve, sous le n» 2242, un bas-relief de
poêle en émail vert, du dix-septième siècle, représentant César,
Charlemagne, etc.; n" 2242, un groupe en terre cuite émaillée
en vert, représentant saint Georges; un grand bas-relief en
émail vert, du dix -septième siècle, couvert de dorures,
dans ma collection. N" 4043 et 4063 au Kensington-Museum,
à London , deux pots à tabac en émail vert du dix-septième
siècle.
Un bas-relief carré du seizième siècle, de 18 sur 20 centi-
mètres de grandeur, également en terre cuite à émail stanni-
fère blanc, vert, brun et doré, de ma collection, représente
Charles-Quint (1519-1556) en buste. (Voir la reproduction ci-
contre.)
11 porte l'inscription :
Carolus Keisser (sic).
M. Delaherche possède deux forts beaux bas -reliefs, vert
de cuivre, qui représentent le roi David et Charlemagne. Le
caractère de ces deux figures est beau et les costumes indi-
quent le seizième siècle.
Plusieurs faïences allemandes assez curieuses sont conservées
au château de Heidelberg, et on y trouve aussi quelques remar-
quables pièces dans la collection de feu de Graimberg, collection
exposée au château dans des salles du premier étage.
On a trouvé, en i 865, dans des fouilles opérées à Niirnberg, tout
près du Laufer Schlagthurm, une grande quantité de petites sta-
tuettes en argile sans couverte et assez mal faites, dans le genre de
EUROPÉENNES. 197
cellesd'Aug3burg,eldesstatueltes gauloises. Elles représentent
des femmes en costume gothique du treizième au quatorzième
siècle. Le grand nombre de déchets, ou pièces de rebut, parait
prouver qu'il y avail là une fabrique. On a trouvé parmi ces
figurines des Kerzendreier, c'e-st-à-dire des porie-sous, destinés
pour les cadeaui que les compères et les commères avaient l'ha-
bitude de faire à l'occasion des baptêmes. Un certain nombre
198 POTERIES OPAQUES
est maintenant au Musée germanique, plusieurs autres e;sem-
plaires dans ma collection.
C'est la place ici de dénoncer une contrefaçon habile de ca-
nettes et de plats anciens, en terre cuite, que des amateurs
français et anglais ont déjà achetés pour de l'ancien. Cette po-
terie polychrome sans couverte, ou à vernis plombifère, jaune
ou vert, est fabriquée par un nommé Cari Goes, pâtissier, 788,
Laufergasse, à Nurnberg, et qui les vend dans tous les pays,
de sorte que des amateurs en ont môme rapporté d'Italie.
Les plats ont à peu près 30 centimètres de diamètre et sont
ornés d'un sujet en relief, semblable à ceux des canettes. Les
canettes ont 32 centimètres de hauteur. Sur le devant, un
grand médaillon ovale, formé d'un sujet en relief, représentant
le Christ entouré d'anges qui sonnent de la trompette, couvre
presque la moitié de la panse. Derrière, un Christ en croix avec
la Madeleine et saint Jean l'évangeliste à ses pieds; et des deux
côtés, d'autres sujets religieux. Un large ornement, appliqué
tout autour du pied et dont le dessin dentelé est toujours en
relief, jure par ses réminiscences contre les autres orne-
ments purement gothiques. C'est à cette hérésie de style que
j'ai reconnu la fraude, avant d'avoir découvert la fabrique.
Les canettes sont marquées en bas du sujet principal
et en haut
GG
toujours en relief. Ces dernières initiales sont celles du pâtis-
sier industrieux lui-môme (Cari Goes), qui s'est ainsi prudem-
ment mis à couvert contre les calomniateurs qui oseraient
l'accuser de mauvaise foi.
w-
est le monogramme d'un célèbre modeleur et céramiste qui doit
avoir travaillé à Nurnberg vers la dernière moitié du seizième et
au commencement du dix-septième siècle. Le musée germa-
nique possède plusieurs remarquables modèles en argile blanche
cuite sans couverte, qui ont probablement servi à la confection
EUROPÉENNES. 199
des moules céramiques. Un de ces exemplaires avec monogramme
et un autre sans monogramme, font partie de ma collection.
(k
et aussi
GL
sont les marques du modeleur et céramiste Georg Leibolt de
Nùmherg, qui y a travaillé durant la première moitié du dix-
septième siècle. Plusieurs de ses modèles et moules en argile
blanche cuite sans couverte, au Musée germanique et dans ma
collection, sont datés de 1621 à 1667.
Abraham Helmhack, né à Regensburg (Ratisbonne), en 1654,
mort à Niirnberg, en 1724, était un peintre céramiste et de vi-
traux, célèbre par ses couleurs rouges.
Nurnberg est aussi encombré de moules à chocolat et à pâ-
tisserie, en argile blanche cuite sans couverte. Ces moules da-
tent pour la plupart du dix-septième siècle, et sont intéressants
pour l'étude des costumes. L'amateur doit cependant faire at-
tention à ne pas se laisser vendre des contrefaçons, qui se re-
connaissent par le peu de vif des contours des dessins, tous sur-
moulés sur d'anciennes argiles; elles n'ont pas la netteté de
celles-là. Grand nombre d'exemplaires au Musée germanique
et plusieurs dans ma collection.
Fabrique de vaisselle en faïence, a émail stannifère,
1712 à 1850.
Cette fabrique, qui existait encore en 1 850, avait été établie
en 171 2, à Nurnberg dans la Karthaeussergasse, n® 939, vis-à-vis
du couvent des Chartreux, aujourd'hui Musée germanique, par
Christoph Marx , ancien maître potier d'étain, né en 1660,
mort en 1731, associé à
Johann Conrad Romeli, mort en 1720;
Gr. Salomon Kees y succéda à la mort de Marx, et
Georg Friedrich Kordenbusch de Buschenau, né en 1731 , mort
en 1802, y figure plus tard comme associé, tandis que l'oncle
de ce Georg,
Andréas Kordenbusch figuredans le personnel de la fabrique de
la première moitié du dix-huitième siècle comme peintre céramiste,
Joh. Tobias Eglert, gendre de Kees, qui épousa, après la mort
200 POTERIES OPAQUES
de ce potier, son unique fille, en 1783, se trouve mentionné, en
il9i, comme fabricant de faïences et marchand patenté de verres
de Venise, de cruchons hollandais (Delft) et de grés de Coblentz;
il eut pour successeur
Joh. Heinrich Strunz^ qui est le dernier potier sous lequel la
fabrique a cessé.
Murr, dans la description de Niirnberg, édition de 1801, ap-
pelle cependant encore l'usine <t fabrique de faïence de Kees »,
et la dernière mention s'en trouve dans TAlmanach de com-
merce de la ville de Niirnberg de Tannée 1850.
Des documents se rapportant à cette fabrique existent aussi à
rhôtel de ville : L. 976, L. 191, n. 392, folio 6-8, et Roth en
parle dans son histoire de Niirnberg.
Quant à la famille des Kordenbusch, voici ce que M. Lochner,
l'archiviste de la ville, a bien voulu me communiquer :
Paulus Kordenbusch, teneur de livres, marié avec Anna-
MargarethaRômin, fille d'un secrétaire de guerre sous Gustave-
Adolphe, a laissé quatre fils : Georg, marié avec Anna Barbara,
est mort sans enfants (le testament de sa veuve, daté de 1745,
institua comme héritier universel le neveu Georg Kordenbusch,
plus tard Kordenbusch de Buschenau); Andréas le peintre; un
autre fils, probablement peintre céramiste aussi, mais dont on
n'a pas trouvé les prénoms; et Friedrich, ministre à l'église
de l'hôpital, mort en 1736, homme riche et père du George
Kordenbusch de Buschenau, son unique enfant, qui, par les
deux héritages, devint fort riche et se fît anoblir en 1790. En
1796, après l'invasion des armées républicaines françaises, i
fut emmené en otage dans les Ardennes. Les armoiries de cette
famille, déposées depuis 1651 et renouvelées par ce dernier
Georg, avec lequel la famille des Kordenbusch s'est éteinte, sont
parlantes. Deux arbrisseaux (Biische) brûlants sur un champ
rouge qui entourent un cœur (cor).
Une plaque en faïence à émail stannifère blanc, décorée en
camaïeu bleu aux armes * de Christoph Marx, et qui fait partie
de ma collection, porte l'inscription suivante :
Herr Christoph Marx, Anfdnger der allhiesigen Porcelaine Fabrique^ natus
1660, den 25 Decemb,, denatua anno 1731 den 18 Mdrz*
i . Tête de femme surmontée d'un casque à TÎsière fermée, et qui est cou-
ronné d'un griffon qui tient le globe impérial.
EUROPÉENNES. 201
Le musée de Berlin possède six plaques sur lesquelles on lit
au revers de celle marquée du n° 582 :
Herr Johann Conradt Romelij Ànfenger dieser allhiesigen Porcelaine Fabri-
que, an. 1712. In Gott verschieden y an. 1720. Atates sua (sic) 1672,
NUmberg Tauber, bemahlt, anno 1720, 22 November,
OU en français :
M. Jean Conrad Roméli, commençant de cette fabrique indigène de porcelaine,
an. 1720; décédé en Dieu, an. 1720, Niimberg. Georg Tauber, peint.,
année 1720, — 20 novembre.
Les deux mots Anfenger et Anfanger, — voulant dire tous les
deux commençant, sont diversement orthographiés , et le mot
bemahlt (peint) contient un h. Le mot porcelaine est également
écrit de différentes manières, — de sorte que toute cette or-
thographe variée prouve le peu de certitude grammaticale
d'alors.
Georg Tauber en n20 était donc aussi un peintre céramiste,
employé à la fabrique de Marx.
La plaque de faïence de ma collection et les six plaques en
faïence transparente, dite « porcelaine à pâte tendre, » et que
je crois tout simplement en faïence opaque, du musée de Berlin,
avec leurs inscriptions, forment donc une biographie authen-
tique et précieuse des deux potiers.
Une belle cloche de cette fabrique , conservée au musée de
Sèvres, est décorée en camaïeu bleu aux armes de Niimberg,
et porte l'inscription suivante :
Christoph Marx, Johann Jacob Mayer, des H. Reich. Stadt. Niimberg, 1724.
C'est-à-dire :
La ville de Niimberg du gaint empire romain.
Je n'ai rien trouvé qui puisse faire supposer que ce Johann
Jacob Mayer ait été aussi associé; était-il peintre?
On y lit encore la signature de Stroebel , le peintre. Cette
signature avec la date i 730 se trouve aussi au même musée sur
un grand plat décoré en camaïeu bleu, où on voit au milieu
une coupe chargée de fruits, avec un paon.
M. W. Seibt, à Frankfurt-sur-Mein, a dans sa collection un
pot forme aiguière et à anse tressée, de 27 i/'2 centimètres de
202 POTERIES OPAQUES
hauteur, où le décor en camaïeu bleu, avec médaillon sur la
panse, représente la figure allégorique de l'Abondance, et qui
est signé
G. F. Grebner, 1720.
Dans la collection de M. C. W. Reynolds se trouve un plat
en décor camaïeu (bleu, jaune et rose), dont le centre montre
TÀscension avec les soldats endormis dans un paysage rocheux.
Ce plat est signé et daté
Nùmberg
1723
Glùer.
Ce Gliier était probablement encore un des peintres de cette
fabrique.
M. E. Laborie, à Paris ^ a dans sa collection deux de ces
plats godronnés qui doivent être peints par Possinger ou par
Grebner.
J'ai rencontré une cruche qui portait la même signature de
peintre, avec le millésime de 1731 et les initiales B. K.
M. Willet, à Amsterdam, a dans sa belle collection un plat
rond à bord godronnés et à décor polychrome à sujet, exécuté
sans poncis, qui est signé
Grebner 1726.
Deux charmants plats, semblables au précédent, et mesurant
26 3/4 centimètres, également décorés en polychrome, mais où
le bleu domine, se trouvent dans la collection de M. W. Seibt,
Frankfurt-sur-Mein. Les sujets du milieu représentent les figu-
res allégoriques de l'Eau et de l'Air, et sont d'une exécution
fort artistique. Ces plats qui paraissent peints par ce même
Grebner ne portent pour toute signature qu'un
B
«••
(Voir aussi pour cette môme marque Schrezheim.)
i. La collection Laborie est composée de tous les genres d'objets d'art des
meilleures époques, et particulièrement du seizième siècle. La faïence y est moins
richement représentée que le fer ciselé, le bois sculpté, les émaux, etc.
EUROPÉENNES. S03
M. le baron de Bibra S à Nurnberg, a dans sa collection une
tasse à décor polychrome et où tout indique le commencement
du dix-huitième siècle comme époque de fabrication, qui est
marquée
C. B
Il y a encore deux plats (toujours godronnés) au musée de
Sèvres, dont Tun est une imitation lointaine de Faenza, et l'au-
tre, décoré d'un dessin allégorique sur Luther, avec les rimes
Betracht diess Gemahl
Und schau was dos Jahr
Dir fur ein Jubel Bild in soîchen stellet dar,
Gott Ictss dein Word uns reine fiihren
Bis, in der Seligkeit toir ewig jubiliren,
Anno 1730, ï^ juin,
G. F, Greber, anno 1720 e« 1730. Nurnberg,
En français :
Regardez ce tableau,
Et voyez ce que cette année
T représente de Jubilée.
Laisse, 6 mon Dieu, nous conserver ta parole
Jusqu'à ce que notre âme à l'éternité s'envole I
Le décor représente Luther d'un côté et vis-à-vis de lui le
prince électeur de Saxe, — séparés par une Bible ouverte, sur
laquelle on lit :
Au.
Con.
Gusta.
Fea.
Na.
510
Autour des personnages se trouve tracé :
Johannes Herzog zu Sachsen. Kwrfwst, mmiificus Lutherius, der h. Schrift,
Doctor und Prof essor zu Vittenberg.
A quel événement ce dessin allégorique peut-il se rapporter?
Il a pu être exécuté, pour rappeler au pays et au prince apo-
stat* l'anniversaire soit de la confession d'Augsburg de 1530,
1 . Ce savant collectionneur, connu pour ses travaux chimiques et ses spiri-
tuelles nouvelles, habite une maison du seizième siècle, qui est entièrement meu-
blée dans le goût de l'époque et remplie de fond en comble d'objets d'art et de
curiosités.
2. L'électeur Friedrich Auguste I, ou Auguste II, abjura la religion protes-
tante pour monter au tr6ne de Pologne, et il renia par intérêt, comme Henri IV
en France, la foi du progrès.
204 POTERIES OPAQUES
soit de la paix de Niirnberg de Ia32. Un plat lout pareil existe
dans la collection de fi. Loisel, à la Rivière ThibouviUe (Eure).
La signature de Greber me parait c«lle de Grebner, écrite
fautivement.
Madame Cave, à Paris, pos^de deux plats semblables, mais
sans aucune marque. L'ud des sujets représente deux person-
nages, homme et femme, dans un paysage taillotlé dans le goilt
du dix-huitième siècle. Le costume de l'homme et son chapeau
tricorne indiquent l'époque du grand Frédéric. Ce sont encore
deux exemplaires qui me paraissent être peints par ce même
Grebner.
Ponsinger, autre peintre de la manufacture de Han, est de la
même époque où Stroebel, Tauber, Gliter, Grebner et le célèbre
Korâenbasch y ont travaillé.
Un plat rond godronné, de 24 cenlimèlres de diamètre, de ma
collection, provenant de celle de M. Nadar, et qui, décoré dans
le genre des plats susmentionnés, montre au milieu un paysage
iirabËrg, peial par PdBsiiiger. (De ma collectioa.)
très-vert de couleur, et des ornements polychromes sur le marli,
porte la signature
PoBsinger, 1727.
EtHOPÉESSES. 205
Dans ma collection, un grand plat ovale, à centre ombiliquë
et bords festonné? de 43 sur 50 centimètres, décoré en camaïeu
bleu et sur le cru d une infin té d ornements de grande finesse,
exécuté sans poncis, montre quatre médaillons uu cartels, dont
les sujets représentent la naissance du Christ, la Circoncision,
le Baptême dans le Jourdain et la Bénédiction des Enfants.
Ce plat porte l'initiale d'Andréas Kordenbusch réunie à celle
de Marx.
M:
Cette belle faïence est la pièce de maîtrise do ce cëlèbre
peintre céramiste, l'oncle de Georg Friedrich Kordenbusch de
Buschenau, l'associé delà fabrique après la mort de Marx.
J'ai encorede cette fabrique un gobelet à pied, forme calice,
de 20 centimètres de hauteur, et dont le décor en camaïeu
blanc sur le cru consiste en ornements et en deux armoiries :
l'une, probablement les armes de Brunswick, accompagnée
206 POTERIES OPAQCKS
des lettres Z. B. (Zu Braunscbweigf ]; l'autre, composée d'un
bras armé, sortant de nuages et
tenant trois glands de châne,
le tout Burmonté d'un casque à
visière fermée et couronnée.
L'armoirie est accompagnée du
millésime de 1736 et d'un mo-
nogramme
I. G. K
la marque d'un des Korden-
busch.
_ Le musée de Cluny ' pos-
sède, d'un de ces mêmes pein-
tres, deux plats drageoirs à com-
partiments et décorés en ca-
maïeu bleu, qui sont marqués
K.
M. E. Pascal, h Paris,
moriée, marquée
dans sa collection u
B. K.
J'ai aussi rencontré une assiette armoriée où l'écusson mon-
tre un cerf, entouré des lettres C. C. I+I., et le millésime
H 3 3C X L I.. qui était signée
0. Kordenbusch.
M. Willet, à Amsterdam, possède une cuvette avec son pot,
toujours en caraafeu bleu, marqué
La galerie d'antiquités de feu Charles de Graimberg, au châ-
teau de Heidelberg, possède, de cette fabrique de NUrnberg, un
(. Le niiuée • des TbenDM ci del'htld Climy, • à Faria, esl éUblî dioi la
roinn du palais des Césers de l'ialii)ue Lutéce , conalruil lu qualriëme aiècte,
connu soub le nom des Thermet de Julien, et daus l'hAtel goihique conligu,
cODblruil par Jehan I" de Bourbc^Uf Tabbé, el par iacques d'Aoïboise, abbé de
Clnny el «TÈque de ClernwBl, de 1*1)1) à U90. La créalion de ce mmée dale de
EUROPÉENNES. 207
pol avec sa cuvette en décor à camaïeu bleu. Le pot porte les
armoiries de l'évoque de Wuczburg, au millésime de 1724, et
rinscription suivante :
Vivat Christophorus Franciscus von Hullen et Stolzenberg, Bischof
zu Wurzbwg und Herzog zu Franken.
Dans ma collection, un plat colossal en camaïeu bleu, de
62 centimètres de diamètre, décor genre chinois à trophées
sur les bords et animaux au fond, peint sur le cru ; — N® 3502,
au musée de Kensington, à London, un pot forme aiguière, à dé-
cor camaïeu bleu, attribué faussement à Nevers, sont encore de
cette provenance.
Une grande plaque, décorée en camaïeu bleu d'un portrait
de saint Pierre, au musée de Kensington, n» 3073, est marquée
Johann Seebalt Frantz
1724*
On l'attribue à Delft, mais les prénoms et leur orthographe
me font supposer qu'elle a été fabriquée à Niirnberg.
Eftfin, comme curiosité, voici l'inscription que j'ai recueillie
sur l'enseigne d'un potier de Niirnberg, et que le brave homme
a évidemment tirée du dix-huitième chapitre de Jérémie :
« Comme l'argile est dans la main de ce potier, ainsi ôtes-
vous dans ma main. Le vase que ce potier fait de l'argile,
s'il le gâte ou qu'il lui semble mauvais, il le brise et le jette et
refait un autre vase comme il lui semble bon de le faire. »
En terminant l'article sur les anciennes faïences de Niirn-
berg, je dois encore renvoyer le lecteur au curieux inventaire
du patricien Willibald Im-Hof II, qui a été placé à la fin du
chapitre des faïences italiennes.
Terre cuite a vernis plombifère et a émail stannifère,
de 1829 jusqu'à ce jour.
M. Christian Wilhelm Fleischmann, né à Erlangen, en 1780,
l'année 1843 seulement, où il fut fondé avec la collection Du Sommerard, que
l'État avait achetée, n était d'abord destiné à renfermer des antiquités nationales,
mais il se compose actuellement de toutes sortes de productions d'art provenant
des époques gothique et de la Renaissance. Il se trouve sous la direction de M. du
Sommerard, fils du fondateur, qui lai a donné une grande impulsion.
L'hôtel Cluny lui-même est un des plus beaux spécimens de l'art gothique.
208 POTEBIES OPAQUES
fonda à Nurnberg, en (3'29, une manufacture d'objets d'art in-
dustriel en papier mâché et en argile cuite, qui prit bientftt
une très-grande extension, et il obtint des médailles et des en-
couragements à toutes les expositions, distinctions parmi les-
quelles figure l'ordre bavarois de Saint-Michei.
Vl.Wilkelm Fteisckmann,\e &ls ÛM précédent, né à Nurnberg,
en 1824, a pris la suite de la manufacture en (839,
C'est des ateliers de ce dernier que sont sorties les cariatides
de douze pieds de hauteur, qui ornent le nouveau palais royal
à Hiinchen.
Outre une collection complète de préparations anatomiques
et pathologiques, de squelettes et de monstruosités, la fabrique
produit aussi toutes sortes d'imitations d'armureset de poteries
anciennes, soit pour les théâtres, soit pour les collections, les
ateliers de peintres et les musées, et qui y servent à remplacer
des originaux rares par des copies fidèles. Cette manufacture
a aussi reproduit, en terre cuite émaillée, une quinzaine de
modèles de poêles anciens, soit gothiques, soit de style renais-
sance et imités des originaux du Musée germanique, et de la
collection Forsler, à Niirnberg. On y trouve quelques poêles
anciens en monochrome et en polychrome, qui apparlieo-
nent à la fabrique et datent de 1490 à iHiO. 11 y a parmi les
reproductions un bon exemplaire imité du poêle du Burg, au
millésime de 1590, qui est orné enhaut-relief et en ronde bosse
de sujets bibliques ; et un autre poêle, également imité d'après
un modèle ancien, du musée, qui est tout couvert d'armoiries
datant de 1490 à 4S10, Ce; poêles ont ordinairement 10 pieds
de hauteur sur 5 de profondeur, mais le fabricant peut modi-
fier les dimensions. La marque de ce manufacturier consiste
dans les armoiries de ta famille Fleischmann, ornées de la dé-
coration de Saint-Uichel, telles que les voici :
EUROPÉENNES. 209
H. Tieselmann est un potier qui copie aussi actuellement, à
Nurnberg, les vieux poôles du moyen âge et de la renaissance ;
il réussit admirablement dans la Tabrication de ceux où le vernis
est en vert de cuivre, et son poêle avec des bustes, en gran-
deur naturelle, est ce que l'on peut trouver de mieux imité.
BAKBKITTH.
{JUcienne OTlhogrïpbe : BAYBEUIH), iHIe (ranconieiuie sur le Uak rouge.
Grés bhons communs, ornés ordinairement de médaillons style
1000 à noo
lliOO à ISOO
s cruches portent
I. Godia. nll. tirgei.
eu).
Bugeenpeu»
moyen âge et de la renaissance.
FaIehcb a email stannifëhe.
A mascarons et à cartouches en relief;
très-souvent des devises. Sur
une pièce de ma collection, où
les figures sans barbe des mé-
daillons indiquent le quinzième
siècle, OQ lit :
Drink.
(BoL.
Comme ce même genre de grès
a été aussi fabriqué aux bords
du Rhin, à Neuwit, Lauenstein,
Hunenstein, Coblenz et ailleurs,
commeonen rencontre beaucoup
encore à Kôln, oii les marchands
de curiosités et le peuple les
appellent Barlmanekes [hommes
barbus), d'où les Anglais ont
sans doute dérivé leurs noms de
Béllarmine et Long-Beard sous
lesquels ils les désignent, et comme on rencontre même très-
souvent ces pots dans les environs d'Avignon, où le commerce
les a tirés dans le temps des bords du Rhin, je doute que ce
genre de grès ait jamais été fabriqué à Baireuth, comme cela
est admis.
Quant h la faïence de Baireuth, son origine est incontestable;
presque toujours en camaïeu bleu, son décor se signale'par le
210 POTERIES OPAQUES
bleu pâle et par des dessins tracés au pinceau dans une espèce
de hachures semblables aux dessins à la plume ; la pâte est belle
et légère, et toute cette faïence ressemble beaucoup à celle de
la fabrique de Christophe Marx de Ntirnberg, de 1712.
Le musée de Sèvres ^ possède un grand pot à anses, marqué
en toutes lettres :
ffO
mwmilt
ou le monogramme
On voit un grand nombre de pièces en décor à camaïeu bleu
dans l'ofiBce du château delà Favorite, près Baden-Baden, ainsi
qu'aux musées de Sigmaringen, où la bouteille au millésime de
1524
est précieuse pour sa date.
1 . Le musée céramique de la manufacture impériale de Sèvres, qui remplit
huit salles et une galerie de quatorze fenêtres, a été fondé de 1805 à 1812, sous
la direction de Brongniart, et doit beaucoup à M. Riocreux, le zélé conservateur
qui y a tout organisé avec une grande prédilection. Composé de toutes sortes de
productions céramiques, aussi bien modernes qu'anciennes, il est particulièrement
destiné à l'étude technique des poteries, de la marche progressive de leur fabri-
cation et des manufactures des différents pays. Brongniart a expliqué (Introduc-
tion de la Description du Musée céramique de la manufacture royale de por-
celaine de Sèvres, par Brongniart et Riocreux ; in-4*', 1 845} le but de la formation
de ce musée de la manière suivante :
0 Quant aux points de vue sous lesquels les produits qui composent le musée
doivent être considérés, ils sont aussi bien déterminés par le but unique auquel
doivent tendre les sujets, que ces objets eux-mêmes le sont par leur nature ; c'est
la 0 considération technique » dans tout son développement qui doit y dominer.
• Ce ne sont ni des objets d'art sous le rapport des formes, des compositions, du
• dessin, etc. ; ni des objets historiques sous celui des objets représentés ; ni même
« des objets archéologiques sous celui des inscriptions, etc. » Et plus loin : a II
EUROPÉENNES. 2i 1
rài rencontre partout, de cette fabrique, un grand nombre
de cuvettes, de potiches et de jardinières, avec ou sans mar-
ques. Baireuth est une ville de quinze mille âmes; elle possède
encore actuellement une fabrique de porcelaines, à Saint-
GeqrgeS'Sut-V Étang, bourg situé à un quart d'heure de la ville,
sur le côté opposé du Mein^
CRBV00E1I on KREV0BEM,
Petite ville de 1000 habitants, située sur la droite du Main rouge,
à trois lieues de Baireuth, dans la Franconie.
Grès bruns a bas reliefs et a glaçure alcaline, 1600 à i690
Grès bruns a bas reliefs a glaçure alcaline
et a émail stannifère polychrome. » »
Cette petite ville où les premières monnaies des Burgrafen
de NUrnberg ont été battues en 1246, a acquis une certaine
célébrité par ses grès à reliefs, décorés d'émaux stannifères,
qui sont connus des amateurs en Allemagne sous le nom de
Creusner Sieingut.
Les Apostel-Krûge ou cruches ou po^' aux apôtres et des
quatre évangélistes, ainsi que les Jagdkrûge ou cruches ou pots
aux chasses, sont très-recherchés aujourd'hui par les musées
et les collectionneurs; la valeur de ces grès a augmenté d'une
manière surprenante, car un pot aux apôtres^ que l'on achetait
il y a dix ans pour quinze francs, vaut aujourd'hui cent et cent
« faut donc éviter de confondre ce musée avec ceux où des objets faits avec des
a matières céramiques ou vitriques sont réunis sous l'une des considérations pré-
4 cédentes, etc. d
Ces considérations n'ont cependant pas empêché que ce musée ne soit devenu,
sous l'intelligente direction de M. Riocreux, la plus importante de toutes les col-
lections céramiques de la France et peut-être de l'Europe.
La classification, quoique tout à fait autre que celle suivie par moi, en est très-
bonne; elle est faite au point de vue historique. La fabrication des productions
céramiques, depuis la brique jusqu'à la porcelaine, y est représentée par ordre
chronologique depuis les époques les plus reculées jusqu'au temps actuel.
Toutes les pièces sont étiquetées, mais il n'y a pas de catalogue, ce qui est
très-regrettable pour l'étude, puisqu'il faut toucher chaque objet pour en lire
l'étiquette, — ce qui naturellement est impraticable ; — de sorte que le visiteur
qui vient dans l'intention d'étudier est rarement satisfait, d'autant plus qu'il faut
une permission spéciale du conservateur pour pouvoir circuler sans être accom-
pagné d'un de ces gardiens ignorants, qui font marcher le visiteur au pas de
course. Pour qu'un musée soit utile au publie, l'amateur doit être abandonné à
lui-même, et pouvoir stationner, aussi longtemps que cela lui convient, là où un
objet l'intéresse.
212
POTBBIES OPAQUES
c chasses, comme étant 'plus
cinquante francs, et les pots a
rares, encore davantage. ■>
J'ignore s'il y a eu plusieurs ou une seule fabrique à Creus-
sen, mais il est prouvé par les costumes des personnages des
bas-reliefs, ainsi que par des dates recueillies sur ces pots,
que la fabrication a eu lieu uniquement durant le dix-septième
siècle.
Les plus recherchés comme les plus rares, sont les grès de
Creussen qui sont ornés de chasses au courre, des armes
de l'empire germanique ou d'armoiries de princes, de nobles
et de familles patriciennes. Le musée Sauvageot possède un tel
exemplaire ainsi que plusieurs autres cruches aux apôtres. Au
musée de Cluny, n" 1279 et 127S, ce dernier avec inscription :
0 Godfried Samuel Behemo »; d'autres exemplaires aux mu-
sées de Berlin et de Munchen; au Musée germanique, datés
de 1622, (667 et 1686; au Musée britannique, dans la salle de
la Mediœval-collection, armoire 137; au musée de Kensington
{40, 56, etc.); aus collections du duc Tascher de la Pa-
gerie et du docteur Belliol, à Paris; dans la célèbre collec-
tion de grès deM. deWeckherlin, à La Haye, vendue depuis à
H. Gambart, k London, etc. Le pot à la chasse à courre,
qui se trouve représenté ici, appartenait à cette dernière col-
lection.
EUROPEENNES. 213
Un semblable exemplaire, où les costumes des bas-reliefs de
la panse représentant une chasse au lièvre, indiquant le com-
mencement du dix-septième siècle, et dont les émaux sont en bleu,
vert, jaune, blanc, brun, rouge, et couleurs clmr (couleur presque
inconnue aux anciens céramistes) , se trouve dans ma collec-
tion. Le musée des antiquités nationales à Stuttgard en possède
un semblable.
Ces grès, sans les émaux de couleurs, se trouvent encore
en profusion et ont peu de valeur marchande ; ce sont des
exemplaires de rebut que la fabrique a vendus sans les faire
décorer, parce que les bas- reliefs n'étaient pas sortis assez nets
des moules. On trouve un tel grès dans la collection Sauvageot,
il porte l'inscription à lettres en relief Ba/i/iasar Schmidt.
La contrefaçon s'est aussi emparée de ces pots de rebut et les
décore à froid. La fraude se reconnaît quand on gratte les cou-
leurs avec un couteau : l'émail seul résiste et la peinture s'en-
lève.
Il faut observer que tous les pots et cruches de Creussen sont
bien en grès, c'est-à-dire de cette matière dure que le couteau
n'entame pas (décrite à la fin de l'Introduction). Les pots et
cruches ornés également de reliefs décorés (le fond brun un peu
plus foncé) en terre cuite, qui s'entame au couteau, sortent d'une
fabrique saxonne du seizième au dix-huitième siècle, dont je
n'ai pu encore découvrir la localité et dont on trouve repro-
duit un exemplaire, pris de ma collection, à la fin du chapitre
précédent, qui traite des faïences saxonnes.
N» 981, le pot à bière à anse et à couvercle d'étain et décoré
d'émaux de couleurs du musée Sauvageot, n'est pas, comme
lé catalogue le porte, en grés^ mais dans cette terre cuite de Saxe y
susmentionnée.
Claude-Louis Ziegler, peintre d'histoire et céramiste (voir
l'article sur cet artiste), a reproduit des grès décorés en émail
stannifère polychrome dans sa fabrique à Voisinlieu, vers 1838,
mais il n'y a imité aucune des formes de Creussen.
Le Musée germanique possède trois bas-reliefs en argile blan-
che cuite, qui ont servi à la confection des moules avec lesquels
on a fabriqué les ornements appliqués sur les grès de Creussen.
Une de ces charmantes sculptures qui représente les armoi-
ries de la famille des Gugel de NUrnberg, famille honorable
mais non ipas patricienne, selon la désignation du temps, c'est-
214 POTERIES OPAQUES
à-dire qui n'était pas admise aux emplois du gouvernement^ est
signée :
Den 26. T*"". GeorgitAS Vesty Possirer und Hafner zu Creusen. Anno 1608.
c'est-à-dire :
Le 26 septembre, année 1608, Georges Test, modeleur et potier à Creussen.
Un autre de ces bas-reliefs, qui représente une figure en
pied, porte :
Caspar Vesty
avec son monogramme
et un troisième :
Hans Cristoph Vest, 1610,
avec le môme monogramme.
Il est donc fort probable que ces frères Vest sont les céra-
mistes qui ont laissé tous ces beaux grès que les musées se
disputent aujourd'hui.
Mise MARK, prè0 Narnliers.
Terres cuites sans couverte. 1780
Le musée japonais, à Dresden, possède, classés sous la déno-
mination de Neumarli *, plusieurs groupes , datés de 1 780, qui
représentent des chasses au loup, au sanglier, au cerf, au liè-
vre, etc. Ce sont de véritables œuvres d'artistes.
Grand nombre d'exemplaires de ces groupes d'animaux dans
la collection du colonel de Gemming à Niirnberg.
1 . Il y a des amateurs qui croient que Neumai-k désigne plutôt le nom d'un artiste
qui habitait Nûrnberg , et non pas Neumark, localité.
EUROPÉENNES. 215
III
ÉCOLE SOUABE
L'école céramique de Souabe peut rivaliser avec celle de
Nurnberg et de toute la Franconie. On verra dans la suite de
ce chapitre que de véritables artistes ignorés et perdus dans l'insi-
gnifiance des plus petites villes, jusqu'au milieu de la Forêt-
Noire, si isolée à cette époque de la civilisation , ont laissé de
vrais chefs-d'œuvre. Hans Kraut, de Villingen, par exemple,
et les potiers inconnus de Nôrdlingen, sont des céramistes qui
n'ont été nulle part dépassés à cette époque.
HEIIiBROMll) 0ar le Meekar.
Terre cuite. 1000 à 1200
Le musée des antiquités nationales à Stuttgard possède un
carreau de poêle (n^ 401) provenant du château de Neuberg,
près Heilbronn, et dont les bas-reliefs, composés de figures et
d'ornements de style roman, indiquent le onzième siècle.
0CHliE0TADT (Sehelestadt) , en AUaee.
Faïence ou terre cuite a émail stannifêre ou plutôt au ver-
nis DE PLOMB. vers 1245
On a cru que la faïence émaillée aurait été inventée dans
cette ville. (Voir Annal, dominicanorum Colmariens» — Vrstis,
Smpt. Rev. German,, v. II, page 10.)
Schlestadt, dont les produits céramiques anciens ne peuvent
êtr9 classés que parmi ceux de la branche souabe de l'école
allemande, tandis que la vaisselle moderne de la ville alsacienne
appartenait à la production française, — doit, selon la routine
des compilateurs, avoir inventé la glaçure ou l'émail imper-
méable et insoluble de la poterie. Est-ce la glaçure plombifère
ou alcaline, ou tout autre vernis minéral déjà connu des Égyp-
tiens et des Grecs'? Est-ce l'émail stannifêre , déjà employé
par les Musulmans et par les Allemands du nord aux onzième,
douzième et treizième siècles ? — Personne ne le sait, et rien
1 . Voir, daus l'Appendice, les poteries de Tarse, en Cilicie.
216 POTERIES OPAQUES
ne prouve que le potier de Schlestadt ait recouvert ses poteries
d'un véritable émail stannifère ou simplement d'un .vernis mi-
néral tel que Ton en rencontre sur des poteries bien plus an-
ciennes.
Schoepflin, dans son Alsatia illustrata, fixe la mort du potier
inventeur de Schlestadt à Tannée i283.
Il faut rappeler ici encore une fois les recettes que le moine
Theophilus a données dans sa Schedula diversarum artium^ II,
\ 6. Cf. III, 65 ; et mes découvertes des faïences émaillées d'étain,
de Rostock (i 150),Leipzig (1207), Breslau(1290), etc., les grands
ouvrages en terre cuite dans les églises de Danzig, Luneburg et
Brandenburg, les carreaux verts suisses en style roman (voir Zu-
rich), car tout cela ôte de l'importance à cette attribution de la
première gîaçure de Schlestadt, puisque ça établit que des poteries
émaillées ont été faites avant et vers la même époque sur plusieurs
points en Allemagne. Dans le chapitre qui traite de la céramique,
écrit par MM. Riocreux et Jacquemart , à la fin du quatrième
volume de l'ouvrage intitulé le Moyen Age et la Renaissance, par
Paul Lacroix et Seré, que j'ai eu déjà occasion de mentionner,
les auteurs confondent encore l'émail avec le vernis minéral,
quand ils disent : « Le même doute plane sur l'origine de
a rémail plombique et ses diverses applications. » Cette erreur
est reproduite à un degré plus marqué encore dans la suite de
l'article, où ces messieurs parlent d'un « fragment de vase à
reliefs d'une glaçure plombifêre » provenant de l'abbaye de
Jumièges, de l'année ii20, qu'ils appellent « la première po-
terie émaillée connue, » comme si les Chinois, les Égyptiens et
les Grecs ne nous avaient pas laissé de si nombreuses preuves
du contraire?
Du reste, je penche de plus en plus à croire que l'émail stan-
nifère môme a été connu déjà dans la plus haute antiquité. Les
perles des colliers, mentionnées dans l'article : Augsburg, sont
fort probablement de fabrication égyptienne, et les verreries
romaines contiennent aussi déjà de l'émail stannifère.
«mirilT-SQCABB (SchwâbUeh-Omttnt).
Sur la Remse, à cinqaante-trois kilomètres de Stutg&rd.
Terre cdite au vernis vert de cuivre. A peu près de i 350 à i 370
Gmiint est une très-ancienne ville libre ou immédiate de
l'Empire germanique, souvent mentiounëe dans l'hisUiire des
Hokeitstaufen; elle est aussi la ville natale du célèbre archi-
tecte Aller.
Deux tuiles de croupe', de la collection de M. Soyter au
musée Maxin . ij historique d'Auj^sLur^ et une
semblable, conservée dans ma collection, qui représentent
(les marmousets modelés à la maiu, d'une manière fort nafve,
218 l'OTERlES OPAQUES
proviennent du clocher de la vieille église de la Croix, brûlée,
et dont la construction eut lieu de 4351 à 137i. Recouvertes
d'un vernis vert de cuivre, sur un engobe blanc ou peut-être
môme sur émail stannifère blanc, ces tuiles sont très-curieuses
pour l'étude des costumes et particulièrement des coiffures de
l'époque. Les deux tuiles appartenant à M. Soyter représen-
tent des marmousets fort obscènes, dont l'un montre sa pleine
lune dépouillée de tous vêtements.
mroiftznnEiini ttnr vmn»^
Dans le duché de Bade.
Terre cuite au vernis vert de cuivre. Vers d 350-1400
Au musée des antiquités, à Carlsruhe*, on conserve des
carreaux de poêles gothiques. Les bas-reliefs de l'un repré-
sentent un chevalier en armure du quatorzième siècle, et ceux
de l'autre, d'une époque postérieure et sans couverte, le mot
sterck avec le millésime de i533. Sterck veut dire fort, et n'in-
dique probablement pas le nom d'un potier.
Tous ces carreaux proviennent dePforzheim.
BEBEIVHAVSEIV, près Tublngen.
Terre cuite sans engobe ni couverte. i 350-1 460
Au couvent de Bebenhausen existe encore tout un carrelage
de briques à niellures, fabriquées au quatorzième siècle, et
dont un certain nobmre sont conservées au musée des anti«
quités nationales à Stuttgard.
AC«0BVR«.
ARftlLE CUITE SANS COUVERTE ; FIGURINES. 1420-1460
Des fouilles opérées dans les jardins de l'ancien couvent des
Carmélites, à Augsburg, qui appartient actuellement aux Bé-
nédictins, ont fait découvrir une quantité de figurines en terre
Cuite, presque toutes cassées et défectueuses de fabrication.
On croit qu'elles proviennent des rebuts d'une fabrique qui y
a existé de U20 jusqu'en 1460. Cette découverte est pré-
I . Musée fort remarquable, conBervé par M: de Beyer, peintre et archéologue
de grand mérite.
! cuile d'Augiburi,
BUROP^ENNSB. 216
cieufle peur l'ëtude des costumes; elle prouve aussi une fois de
plus que les artistes allemands de cette ville étaieut Irès-
avancës pour le modelage. On y a trouvé
des figurines équestres de chevaliers cou-
rant le tournoi la lance au poing et la
visière baissée, d'artisans, d'iiommes de
guerre et de châtelaines, de vierges, d'en-
fante Jésus et de femmes enceintes Dues ,
dans le goût des gravures de Beham et
de Durer, le tout d'un fort curieux travail ,
Plusieurs de ces figurines soDt au musée
de Berlin ainsi que deux dans ma collec-
tion, dont l'une représente un arbalétrier,
et l'autre l'enfant Jésus.
Les statuettes de femmes nues, encein-
tes, servaient à cette époque de cadeau
aux nouveaux mariés; bénies par l'Église conseryéedansinscoi.
et déposées dans les temples, c'étaient des
dons votifs pareils aux béquilles des paralytiques; on leur
attribuait la vertu de la fécondité, comme les Romaines l'attri-
buaient aux priapos qu'elles portaient suspendus au cou.
Terre cuite a émail btannifÉre.
 l'bôtel de ville d'Augsburgï, on admire trois énormes poêles
en émail noir, d'une construction monumentale; ils sorti ornée
de belles et grandes figures en haut-relief. Ce sont des œuvres
signées d'Adam Vogt, au millésime de 1620. Adam et son
frère, Wilhelm Vogt, nés à Landsberg, en Prusse, étaient des
artistes céramiâtea qui ont travaillé à Augsburg. (Voir ie dessin
dans l'appendice.)
Quant aux bijoux en terre cuile vernissée et peut-être aussi
émaillée à l'étain, comme colliers, bracelets, etc., trouvés à
Augsburg dans les tombeaux chrétiens, ils remontent au qua-
trième siècle et au cinquième. Ces bijoux font partie de la
collection deja Société historique d'Augsburg. Un spécimen, un
carré en terre cuite rouge ferrugineuse, orné de niellures en
terre blanche, et recouvert d'un vernis minéral de four, trans-
lucide et' imperméable, fait partie de ma collection.
Un collier dans ce même genre, de 84 perles en terre cuite
à émail stannifère blanc, vert, rouge, etc., qui e été trouvé à
220 * POTERIES OPAQUES
Wahlstadt nrès de Manheim, dans un tombeau chrétien, re-
montant au cinquième siècle, fait aujourd'hui partie de la col-
lection de la Société des antiquaires de Manheim.
Au musée des antiquités de Mainz (Maîence), on trouve
même exposés de ces tombeaux complets dans lesquels 'figu-
rent plusieurs parures entières en perles céramiques.
Malgré tout cela, il y a doute. Ces sortes de perles se ren-
contrent aussi dans des tombeaux romains et même égyptiens,
ce qui me fait pencher à le s attribuer à l'Egypte, d'où le com-
merce de l'Orient les a probablement portées aux Romains.
Rien ne peut cependant être fixé avec certitude. (Voir ausi Gog-
gingen.)
OBERDOBV, frontière bavarolAe.
Faïence a émail stannifère. * 1500
Hansen Seltzmann, potier.
Un magnifique poêle gothique à fond vert de cuivre et à
ornements jaunes, qui se trouve dans une antichambre du
château haut (Hoche Schloss) de Fuessen en Bavière, porte
l'inscription suivante :
Dt>«er Ofenwol gestalt wurd gemacht da man zalU 1514 laar, bay
Hansen Seltzmann vogt zu Oberdorf,
ou
Ce poêle, si bien conformé, a été fait par Hansen Seltzmann, bailli
à Oberdorf, lorsqu'on comptait 1514 ans.
Cette belle œuvre, qui a été exécutée à la demande de l'é-
voque Henri IV, neuf ans après la mort de l'évéque Friedrich II,
a été reproduite, très- peu artistement, dans l'ouvrage : Or-
nements du moyen âge, par Karl Heideloff, Niirnberg, 1838.
Petite TÎlle dans le Wurtemberg.
Terres cuites sans couverte. ve^s 1520-1580
Le musée des antiquités nationales à Stuttgard possède un
certain nombre de figurines en terre cuite, où tes costumes
indiquent le seizième siècle. Elles ont été trouvées dans des
fouilles opérées à Biberach, où probablement existait une fa-
brique de poteries.
NOItni,IllCIEK,
Trè>-ancl<iiDe Till«. d-devant libre ou imniidiale de l'empire, tiluée enlri!
Aupburg et Nùmberg.
Terhe ccite^ Émail stannipèhe. Vers 1520
La vieille ciE^ de Nordlingen, qui a conservé jusqu'A ce jour
ses tours et ses mitrailles, et qui a donne le jour à de nom-
breus artigtes peintres, dont l'élève de Durer, Hans ScJiSullin,
l'auteur de la magnifique Tresque à l'hôtel de ville de Nordlin-
gen, est le plus célèbre, a aussi brillé dans l'art céramique.
M. Soyter, à Augsburg, possède deux remarquables bas-re-
liefs à figurines, entièrement modelés h la main et recouverls
d'émaux slannifères polychromes qui proviennent d'un poêle
de l'hâtel de ville de Nordlingen, où il avait été monté vers 1 5-20,
puis démoli et jeté aux décombres vers fSlO, sous l'ininteili-
genl« administration du bourgmestre Doppelmaier. Les deux
bas-reliefs susnommés et un joli petit fragmen t de la corniche,
un lion enchaîné, voilà tout ce qui a été sauvé des mf
ces vandales administratirs.
C. W. 1582,
sont des initiales et le millésime recueillis sur des carreaux de
poêles à ornements en relief et â émaii slannifère, assez artis-
lement travaillés, qui proviennent d'un autre céramiste de Nur-
dlingen, et qui se trouvent dans la collection du professeur
Hauser >.
rOTERIBS OPAQUES
FArBNCE ET TERRE CUITE A ÉHAJL STANNIFÈBE. Ds 1520 à 1590
Veri le milieu du seiziàme siècle, vivait à Villingen, c«tte
ancienne cité aulrichienne (Je la Forèt-Noire, aujourd'hui ville
badoise, le téramisCe
Hans Kraut. ^
Le talent de ce grand artiste se trouve a9irm<t par plu-
sieurs de ses œuvres parvenues jusqu'à nous, par des poêles
en fatence à émail stannifère et à décor polychrome, qui se
Poêle en la ence de Han) hravt apparlemnt à M. Meder.
di-,iinguent tous par leurs bas reliefs artistiques dont les sujels,
I our la plupart iiont tir^'s de I histoire biblique. Un de cet;
EUROPÉENNES. 223
chefs-d'œuvre se trouve au Hof-Burg (château impérial), à
Vienne en Autriche ; un autre ornait encore, au commencement
de ce siècle, la maison du tanneur Jacob Fieig, à Yillingen,
et un troisième appartient aujourd'hui à M. Meder, à Paris.
Ce dernier poêle, dont ci-contre le dessin, provient de ht
salle d'une maison de la ville &Engen dans le Hegau; il
a déjà été mentionné par le docteur Joseph Bader dans le
premier volume, page 505, de sa Badenia, où on lit : « J'ai été
dans l'occasion de voir une belle antiquité dans une maison de
la grande place du marché ; c'était un poôle en faïence émaillée
du seizième siècle, à décor polychrome, où on voyait entre
autres un magnifique bas-relief, dont le sujet représentait le
Triomphe de Mardochée après sa justification, et la pendaison
du traitre Aman. Ce poêle a été acheté par Torfévre Schilling
et expédié à Paris. »
Le bas-relief dont M. Bader parle, est l'œuvre d'un véritable
artiste; on voit qu'il est modelé à la main, d'inspiration et sans
moule. Le goût de la composition des détails et de l'ensemble
de ce poêle, de style renaissance, fait cependant déjà sentir
l'influence funeste de la renaissance italienne qui, à la fin du
seizième siècle, avait fini par envahir l'étranger, et qui y était
la cause de ces grotesques pastiches antiques, qui ont fait dis-
paraître alors le beau gothique et la renaissance allemande,
pour frayer le chemin aux abominables créations du temps des
perruques. Le bas-relief principal est cependant une œuvre
de mérite, et les ornements des pilastres, également en bas-
reliefs coloriés, rachètent largement la faiblesse des sujets
peints qui décorent les carreaux à fonds blancs. Une des cor-
niches porte la signature, en partie effacée, de l'artiste, avec
ses armes, la roue du potier.
Au-dessous du principal relief, qui repi^sente Maféoehée à
224 POTERIES OPAQUES
cfteval, la pendaison d'Aman et Estîier banquetant avec le roi
Assuérus (Artaxerxès 1*'], on lit en mauvais allemand :
Aus neid und hctss, Haman gedenkt
Wie Mardacheus vûrd gehenkt
Doch sich des GlUck bald um hat Kerty
Er selb wirdt gehenkt und dieser geert, m. 1577 et 1578.
(Le bonheur fit que la haine et l'envie qui avaient poussé Aman à la perte de
Mardochée, lui mirent la corde au cou. C'est lui-même qui fut pendu et Mardo-
ehée honoré.)
Un quatrième poêle de cet artiste se trouve encore au cou-
vent de Saint-Pierre, près Burg, sur la route de Freiburg, où
il occupe l'angle droit de la chambre que le pnnce-a66é(Furst-
Abt) occupait, quand il venait visiter ce riche monastère re-
nomme par ses pèlerinages. Le décor polychrome, tout en émail
stannifère, est magnifique, et l'ensemble du poêle ressemble à
celui décrit ci-dessus; mais, à la place du bas-relief historié^
on voit des armoiries également modelées à la main, et sous
lesquelles on lit :
Gallus Àlbus Zii sant Peter und zu sant Peter und Ulrich^ und Probst
zu Sôlden auf dem Schwarzwald.
A côté, le millésime 1586 et le monogramme de l'artiste :
m.
Au-dessous d'une autre armoirie qui orne la partie latérale du
poêle, on lit :
Blasius von Gottes Gnaden, Abt von sant Georg, Gottes
Hauses auf dem Schxoarzivald,
1587
Les deux dates, différentes, paraissent indiquer que l'artiste
a mis toute une année à la confection de son œuvre.
Un cinquième poêle enfin, couvert de décor et d'argenture,
a été vendu par M. Dettelbach, marchand de curiosités, à un
amateur parisien dont j'ignore le nom.
J'ai trouvé en outre, à Villingen, deux jolis fragments, faits
également par ce Hans KrautM'un, statuette de 20 centimètres
de hauteur, qui réprésente la Justice, recouverte de beaux
émaux stannifères blanc, bleu, jaune, brun et vert; l'autre, une
EUROPEENNES. 225
encoignure de poêle, de 35 centimètres do hauteur, et coloriée
des mômes émaux que la statuette. Ce morceau, couvert de
reliefs en style de. renaissance, composé de figures et d'orne-
ments, est signé :
H S. K. VN. {Hans. KraiiL Villingen)
et porte le millésime de 1532. (Voiries reproductions dans l'ap*
pendice.)
C'est la date la plus reculée que Ton ait recueillie sur les œu-
vres de l'artiste, qui paraît ôtrennort avant i590 et qui a aussi
laissé un certain nombre d'arjnbiries de différents pays et de
différentes villes et familles. On connaît encore plusieurs car
reaux de poêle ornés de sujets qui représentent l'histoire de
V Enfant prodigue, provenant d'une maison d'habitation de ce
potier; carreaux qui se trouvaient dans la collection de feu le
baron de Beust, ci-devant assesseur à Villingen, pendant l'occu-
gption prussienne, après l'insurrection de 1849. A l'hôtel de
ville de Villingen, on voit les armoiries que l'empereur avait
<lonnées à cette ville en 1530, et que Kraut a exécutées en terre
cuite émaillée.
Une œuvre bien plus considérable et môme bien plus artis-
tique encore, c'était le magnifique tombeau en terre cuite, à
l'église du chapitre des Chevaliers de Saint-Jean, à Villingen,
érigé en 1536 à la mémoire de Woîfgang de Mûsmûnster, com-
mandeur de l'ordre de Saint-Jean. Le maître y avait repré-
senté la bataille de Rhodes. Ce préeieux monument céramique
fut démoli par des condamnés enfermés dans l'église, lorsqu'elle
avait été transformée en prison communale. Un grand bas-
relief seulement a été conservé par M. Oberle, curé àDauchingen.
L'inscription que j'ai recueillie sur ce bas-relief, qui re-
présente un combat naval avec cinq vaisseaux, la voici :
Anno 1523 ist der ehrwurdige edel gestrenge Her Woîfgang von mas Munster,
St. Johannis Ordens-Ritter Comentur zu Villingen in der Schlacht su Ro-
dos getoesen, hermtch alhier mid Todt ahgegangen und in dieser Kirche
und rilterlichen Johanniterhaus begraben.
(Ci-gît Woîfgang de Musmiinster, grand- maître de l'Ordre de Saint-Jean, mort h
Villingen, et qui a combattu à la bataille de Rhodes en 1523.)
{^fce bas-relief a un mètre et demi de longueur.
N" 2176, au musée de Cluny, à Paris, autre bas-relief en
terre cuite peint avec rehauts d'or, représente e^, pied proba-
blement le môme grand?maître de l'ordre des chevaliers t6u-
f^ POTERIES OPAQUES
toniques de SainUJean , pour lequel Hans Kraut avait exécuté
le tombeau à Villingen, et porte l'inscription suivante :
Wolfga/ng von Oottes Gnaden, AdminisUrater undMêster tevtsches Ordens.
(Wolfgangpar la grâce de Dieu, administrateur et maître de l'ordre Teutonique *.)
On pourrait presque avec certitude attribuer cette terre cuite
au célèbre artiste de la Forôt-Noire. Lecostunae indique bien le
seizième siècle, époque où, à partir du grand-maître Walter de
Gromberg,et après qu'Albrecht de Bcandenburg s'était déclaré,
en i 525, pour la Réforme, avait'pris femme et sécularisé les pos-
sessions de l'Ordre en Prusse, lé siège fut transporté deMarien-
burg (en Prusse) à Marienthal ou Mergenheim, en Franconie. Le
Wolfgang du bas-relief n'est probablement autre que le Wolf-
gang de Miismunster, mort vers 1536. Si on pouyailtrouver un
dessin du tombeau démoli, il serait facile de vériûer cette attribu-
tion que tout me porte à maintenir jusqu'à preuve du contraire.
Les tuiles émaillées en différentes couleurs, parmi lesquellii
grand nombre de tuiles de croupe en crochet ou crosses go-
thiques servant à garnir les arrôtières des combles à croupe, ^^
angles des toits qui couvrent les deux tours élancées du
Munster (église principale) de Villingen et sur lesquelles îtrois
siècles ont passé sans avoir terni leur éclat le moins du monde,
sont encore des œuvres conservées de ce céramiste.
On peut aussi mentionner les quelques moules, appartenante
M.Kraus, fabricant de poêles à Freiburg en Breisgau, parmi les*-
quels ceux qui servaient au modelage d'enfants nus démontrent
des connaissances anatomlques et une étude du nu extraordinai'
res ; ce sont des créations suaves, dignes du plus grand maître, ^
A la mort de Hans Kraut, vers 1590, la superstition popu-
laire, pour qui à cette époque l'artiste et le sorcier étaient sou-
vent synonymes, lui refusa la sépulture dans le cimetière; il
fut onterré hors de la ville, sur une place déserte appelée Hoch"
1. L'ordre religieux et militaire des chevaliers teutoniqaes- fut fondé à Saint-
Jean d'Acre, vers 1 190, après que les riches bourgeois de Liibek et de Bremen,
dont le commerce avec l'Orient se faisait sur une grand^échelle, y avait déjà
établi un hôpital en 1128, qui servit de base. Chassé à là fin des croisades, cet
ordre s'établit en Europe. Les artistes et même quelques écrivains, confondaient
souvent durant le moyen Âge et la renaissance cet ordre at^o celui de Saint-Jefo
dont il partageait presque l'origine, puisque^ dès 1121, l'ordre de Saint-Jean
devint aussi militaire. Depuis 1852, l'ordre Teutonique s'appelle même l'ordre
évangélique de Saint-Jean. — Hans Kraut a< donc pu confondre ces deux ordres,
et dans ce cas, les deux Wolfgang ne seraient qu'une seule et même personne.
EUROPÉENNES. î227
bùhl, OÙ une simple pierre, ornée d'un tour de potier , sans in-
scription, désigna longtemps la place. Cette pierre a été trans-
portée depuis au cimetière de la ville.
y La maison du potier, que j'ai visitée, se trouve dans le L&wen-
gosse et est habitée par un voiturier.
Joseph Walser, autre céramiste, né à Villingen vers 1775, mort
vers 1840, était célèbre dans sa patrie pour ses petites statuettes
en terre cuite sans couverte et décorées à froid. Ces statuettes,
d'une hauteur de 8 à 12 centimètres, représentent ordinaire-
ment des personnages de la vie, de la passion et de la mort du
Christ; elles servaient à orner les Weichnachtsberge (monidignes
de Noël), que les familles de la Forêt-Noire ont l'habitude de
construire pour la célébration du jour de naissance du Christ.
M. Meder, à Paris, possède une vingtaine de ces curieuses cé-
ramiques, toutes modelées à la main. Deux exemplaires font
partie de ma collection.
M. Jules Schweizer elU. Mich. Ka/'er fabriquent encore actuel-
lement, à Villingen, des poêles émaillés, et Karl Ummenhofer,
mort en 1866, était réputé pour ses animaux dorés et bronzésé
(Voir, pour Tinfluence des céramistes de la Forêt-Noire sur
la céramique suisse, l'article qui traite des poteries de Zurich ;
et voir aussi, dans le chapitre des porcelaines allemandes, la
porcelaine de Villingen. )
X une heure d'Ellwangen, dans le Wurtemberg, à 9b kilomètres de Stullgard
et à 64 d'UIm.
Faïence a email stannifère. 1620 à J 810
Les Wintergurst^ potiers de père en fils, y ont fabriqué des
faïences depuis le dix-septième siècle jusqu'au commencement
du dix-neuvième.
C'est de cette fabrique que sont sortis les beaux services de
table dont chaque plat ou couvercle représente un animal, des
légumes ou des comestibles.
Il y en a plusieurs au château de la Favorite, près Baden-
Baden qui figurent Tun un jambon, l'autre une hure, etc. j et
dont l'un porte la marque
B.
(Voir aussi pour cette même marque la fabrique de Marxj
de NUrnberg).
:2'28 POTERIES OPAQUES
M. U.-G. fiohn, en Angleterre, possède une de ces pièces de
services, marquée
qu'il attribue faussement à Rouen.
Les deux bois de daim, pris parmi les armes du Wurtem-
berg, indiquent, il me semble, l'origine; et si cette pièce n'est
pas de Schrezheim, elle est de Ludvvigsburg, mais certaine-
ment pas de Rouen.
On peut voir encore dans une chapelle située tout près de
Schrezheim, un autel en faïence également sorti de la fabrique
des Wintergurst.
De grandes quantités de faïences anciennes de cette impor-
tante manufacture qui étaient restées emmagasinées à Schrez-
heim jusqu'en 1865, ont été vendues seulement à cette époque
aux marchands de curiosités.
Les nombreux tableaux à cadres rocaille, entièrement en
faïence et décorés au petit feu, que l'on rencontre aujourd'hui
dans le commerce de la curiosité, viennent de cette vente et
paraissent presque modernes à cause de leur bonne conservation.
Une fabrique qui tire ses argiles d'ElIwangen s'yestrétabliede-
puis i 852, mais la production estbien moins artistique, et consiste
pour la plupart en choppesàbièrequeles potiersd'étain de la Ba-
vière et du Wurtemberg garnissent de couvercles à charnières.
stijttcïard.
Faïence a émail stannifère. 4624
Le musée des antiquités nationales à Stuttgard possède un
poêle en faïence à émail stannifère et décoré en polychrome
qui est daté de 1624, et provient de la vieille maison dans la-
quelle se trouve installée actuellement l'école de musique. Ce
poêle est modelé et peint tout à fait comme ceux fabriqués en
Suisse, vers le milieu et la fm du dix-septième siècle. On y
voit le môme genre d'inscriptions bibliques, comme il en existe
sur les poêles de Winterthur.
fcUROPÉËNiNLS. :2âU
«OOClNteCli et VB1EDB£B« ,
Proche d'Augsburg.
Faïence a émail sïannifère. 1700 à 1790
Cette fabrique fut d'abord établie à Augsburg même, près le
Jakobsthoret transférée au bout de peu de temps à Goggingen,
localité dont le nom est inscrit sur la plupart de ces faïences.
Au musée Maximiliande la Société historique à Augsburg, on
trouve des plats et des soupières décorés en camaïeu bleu ainsi
que des assiettes aux armes de la famille Von Stetten , avec
ces vers allemands sur l'une :
Aufrichtig und redlich
ht besser als falsch und hofUch.
(La fraochise et l'honnêteté sont préférables à la politesse et à la fau&seté.)
Et sur l'autre :
Ëin frommes gute$ Weib.
Erfreut dem Mann das Herz im Leib.
( Lue femme pieuse et bonne réjouit le cœur de l'homme.)
Ces pièces sont signées en toutes lettres :
Goggingen.
MJIaU, 0ar le Dauube^
Ancienne ville souabe, ville libre depuis 1486, et qui
fait partie aujourd'hui du Wurtemberg.
Terre cuite sans couverte et peinte a froid. 4780 à 1800.
Rummel, potier, y fabriquait à l'époque où cette ville était
encore ville libre toutes sortes de statuettes, qui représentent
les habitants dans des costumes de toutes les conditions et de
toutes les classes. L'Association des Amis de Tart et de l'ar-
chéologie * en possède une série ; ce sont de véritables œuvres
d'artiste, faites par un simple artisan.
Un très-grand nombre de ces statuettes se trouvent encore
dans la possession des familles dont le potier avait modelé
les aïeux d'après nature.
1 . Ce petit musée est composé eu majeure partie de débris de sculptures, de
quelques tableaux, de terres cuites et d'objets ethnographiques du moyen âge; de
vestiges de l'antiquité romaine, germaine et celte ; d'un petit nombre d'objets cérami-
ques; de manuscrits et miniatures, de quelques pièces d'art industriel et d'armes.
M. le comte VVilhelra de Wiirtemberg et M. le professeur Uassier, à U.ni,
possèdent aussi de remarquables collections de tableaux et d'objets d'art du
moyeu âge.
20
!30 l'OTËDtËS OVAQLES
Un soldat du temps de la république fait |<artie de ma col-
Terre cuilc pir Humotel, d'Ulm, consei'i^ii duis dis collecliuii.
■.ttDWIciIlBOaCl, en WartpmherK,
Ville moderne, foodée en I9<I5.
Faîbnce a Émail SïASNiFinG. De 1730 à 1824.
(I7BS 41770) (1753 6 1806) (ISOOàlttU) fl818)
& -^ ^. &
f-
EUROPÉENNES. !23l
(Voir les marques des porcelaines de cette fabrique, qui
étaient les mômes pour les faïences.)
K. JLRIiSpUHE , capitale du duché de Bade ,
Fondée en 1715.
Terre cuite. Époque actuelle.
Au nouveau château de Baden-Baden on trouve un poêle et
une cheminée, ouvrages fort artistiques, exécutés par Meyer et
Geiserdorf, de Karlsruhe.
0CiniAifiBKB«, ûtaut le "imHeinliers.
Terres de pipe au vernis plombifère. Époque actuelle.
Cette manufacture, établie en 1820, occupe plus de 400 ou-
vriers, et ses produits sont ordinairement décorés parTimpres-
sion et marqués
SCHRAMBERG. (EsUmpUlé dans la pftte.}
(Voir les porcelaines de Schramberg.)
A- Bix heures de Schwâbisch-Han, dans le Wurtemberg.
Poteries m toutes sortes. Époque actuelle.
Les autres localités du Wurtemberg où se fabriquent actuel-
lement les poteries communes sont : Heidesheim, Eeutlingen,
BacknanQy Nagold, Aalen, etc. Les fabriques de poteries de
ce petit royaume occupent ensemble près de 1,800 ouvriers,
ZITZKWIIAIJSEM,
Près Stockach) dans le duché de Bade.
Argile cuite sans couverte, décorée a froid. Époque actuelle.
M. Théodore So/in, est le potier qui y fabrique ces statuettes
et groupes humoristiques que Ton rencontre si souvent en Al-
lemagne. Il suffit de citer la Chasse au lièvre, où l'on voit une
dizaine d'hommes tenir une lance comme s'il s'agissait d'atta-
quer un éléphant, tandis qu'un pauvre petit lièvre s'y tient
debout et parait les narguer.
Un groupe représentant un paysan avec sa femme dans
le costume si pittoresque de Hauenstein de la Forêt-Noire,
fait partie de ma collection. (Voir le dessin de Tappendice.)
2.32 POTERIES OPAQUES
SCHOPriiRliii , dans le duehé de Sade.
Terres cuites au vernis plombifère et a émail stranni-
FÈRE. Époque actuelle.
M. Heinrich Gebhard, y fabrique des ornements d'archi-
tecture et des poêles.
aSBIili, sur I^Raninicrbacli.
Faïences. Époque actuelle.
M. J.~F. Lenz y fabrique des farences depuis cinquante ans.
C'est une manufacture importante qui a produit, une des pre-
mières, les plaques du devant ou cadrans en faïence, pour les
horloges en bois dites coucou.
HORlVIlERe , dans le duehé de Bade.
Faïences et terres de pipe. Époque actuelle.
Fondée en i832 par les frères Horn, cette importante manu-
facture occupe plus de 200 ouvriers, et marque :
Homberg, (EcampUlc dans la pâle.)
La plupart de ses produits sont décorés par l'impression.
(Voir les porcelaines de Hornberg).
nOMAUECHiMOEiv, danii le duehé de Bade.
Faïences a émail stannifère. Époque actuelle.
M. Birsner y fabrique des poêles.
Le duché de Bade occupe en tout, pour la fabrication des
poteries, environ i,100 ouvriers.
IV
ÉCOLE RHÉNANE
La majeure partie des productions de l'école rhénane consiste
en grès de toute espèce et en terres cuites; les fabriques de
faïences à émail stannifère y sont plus rares, et presque toutes
antérieures aux époques où les autres écoles céramiques alle-
mandes ont excellé déjà dans la fabrication de cette poterie qui
EUROPÉBNNBS. 23«1
a été le précurseur de la porcelaine. Aux bords du Rhin comme
en France, c'est vers la fin du dix-septième et durant le dix-
huitième siècle que la fabrication de la faïence a fleuri, mais
par contre celle des poteries au vernis minéral et des grès
^remonte à des époques fort reculées, et aucun pays n'a produit
tant de grès que ces contrées où, du reste, la poterie alcalinique
déjà connue des Chinois, parait avoir été réinventée en Europe.
T1KPBNHA1T0K1V,
Près Geisenheim, sur les bords du Rhin.
Terre cuite au vernis plombifère. vers 1300
Tiepenhausen était un village qui fut détruit par une trombe
et par des éboulements, en i350. 11 y avait des fabriques im-
portantes de poteries dont les produits étaient si répandus,
que le peuple de Francfurt-sur-le-Main appelle encore aujour-
d'hui un pot (Top/; en bon allemand) un Tiepen, expression
que l'on ne comprendrait pas autre part en Allemagne, et
qui dérive du nom du village de Tiepenhausen. Le peintre Wilt-
mann S à Geisenheim, petite ville située vis-à-vis du château
de Johannisberg, si renommé par ses vins, possède toute une
fournée, c'est-à-dire un grand nombre de poteries qui garnissaient
un four lors de la terrible catastrophe. J'ai môme cru recon-
naître sur plusieurs endroits des traces d'émail stannifère. Les
fouilles ont été faites par M. Wittmann lui-même, qui a cédé
une partie des trouvailles au musée de Mainz (Mayence).
DBTHAIJBBIV , en HeMe,
A deux heures de Marburg.
Grès bruns alcalins communs. A partir de i 300 jusqu'à ce jour.
Ce sont probablement les plus anciennes fabriques de la
Hesse, qui comptent aussi parmi les plus anciennes fabriques
de grès de toute l'Allemagne. (Voir la classification des grès
ci-après.)
1 . La collection de cet amateur se compose d'objets d'art gothiques et de la
Renaissance. Il y a peu de poteries; les armes, bois sculptés, etc., l'emportent
sur la céramique .
20.
S34 POTERICS OPAQUES
9PCIEB, IVORMS et le CHATIPAV DE ||^III9IEl|f»,
Près Pirmadenz, etc,
TeRRBS cuites a NIELLURE8. Do 4300 à 4400
Le musée des antiquités de Manheim ^ possède un eertain
nombre de briques ou carreaux de pavage à niellures, en terre
cuite, provenant des localités susnommées et dont quel*
ques-uns sont ornés de fleurs de lys.
La majeure partie est visiblement du quatorzième siècle.
nord» du Rhin, euTlrona de K.ÔE<N (Cologne), de WElJ-
IW^IED, de COIlIiElVTX, de BONli et de beaucoup d'autres lieux
rhénans^, dont j'ai classé la fabrication sous la dénommatîQn géi^érale de
récQf;E RHENANE.
h Grés bruns et gris jaunâtre. De 43S0 jusqu'à ce jour.
IL Grés gris blanchâtre, dits blancs alcalins. 4506 à 4600
lïL Grés gris et bleus, gris-bleus et violets. A partir de 4500
jusqu'à ce jour.
ÏV. Faïences a émail stannifére.
Le grès {Steingut^ en allemand) de Kôln,de Neuwi^d et au-,
ires lieux rhénans, que l'on devrait appeler avec plus de raison
grès des bords du H/im, puisqu'il a été constamment fabriqué
dans cette contrée, est connu en France sous la fausse dénomi-
nation (le grès de Flandre, Les trpig espèces doivent être
classées comme suit :
L Grès bruns et grès gris jaunâtre, les plus anciens, à partir
de 4350.
IL Grès blancs alcalins d'une cpuleqr grise-blanchâtre qui se
1 . Exposé dans la belle salle rocaille du château monstre) et qui contenait jadis
la bibliothèque , ce musée, conservé par le professeur Ficeler, consiste en anti-
quités germaniques, celtiques, romaines, gauloises, alemaneg , frankes et allfi<r
mandes ; parmi les dernières il faut signaler un fort précieux encensoir du dou-
zième siècle.
2. Ce qui a fini par me convaincre que la fabrication des poteries de grès dites
de Kôln et aussi, faussement, de Flandre, n'a probablement pas eu lieu dans la
ville de Kôln même, c'est l'absence de toute trace de noms de potiers, modeleurs et
graveurs céramiques dans les archives et registres hypothécaires, dont M. Merlo a
publié les extraits : Nachrichten von dem Leben und den Werken Kôlnigçhw
Kilnstler, y on J.-J. Merlo, in-8**, Kôln, 1850; car je ne pense pas que M. Merlof
eât rejeté l'art céramique comme indigne de figurer à côté de celui des peintres,
émailleurs, orfèvres, armuriers, brodeurs, et autres.
EUROPÉENNES. 235
sont fabriqués du commencement jusqu'à la Qn du seizième
siècle et qu'on ne sait plus faire aujourd'hui.
III. Grès gris et bleus, gris-bleus et violets qui datent éga-
lement du seizième siècle; ils se fabriquent encore aujourd'hui,
comme les grès bruns.
Le grés brun (I) qui a déjà été fabriqué à partir du com-
mencement du quatrième siècle, s'est aussi fabriqué simultané-
ment avec lé grès blanc alcalin (II), et les grès gris et bleus^
gris-bleus et violets (III).
Aujourd'hui on fabrique encore de ces mômes espèces et
qualités de grès gris-bleu et gris manganèse (violet), à Laucn-
stein, Valendar (Goblentz), Magen (Goblentz) et autres lieux
rhénans ; mais c'est de la marchandise commune qui n'a plus
rien d'artistique. Le gecret de la fabrication de l'ancien grès
gris-blanc paraît être perdu puisqu'il ne se fait plus nulle part.
MM. Villeroy et Boch à Pappelsdorf (Bonn), fabriquent bien
du grès qui se rapproche de la nuance de Tancien grès gris-
blanc, mais la qualité n'est pas le même ; les formes en sont
toutes différentes et il est le plus souvent orné de décors pla-
tinés.
J'ai déjà fait observer dans l'introduction que les beaux bas-
reliefs d'une si grande valeur artistique et archéologique qui
couvrent la plupart de ces précieux grès, s'obtenaient par de
petits moules en bois, au moyen desquels on les estampillait.
Plusieurs de ces moules sont conservés dans les musées d'Al-
emagne.
Les armes de la ville de Koln consistent dans un écusson
coupé au milieu, en travers, dont la partie supérieure porte
trois couronnes d'or sur champ rouge et la partie inférieure
onze flammes d'or sur champ blanc; l'écusson est surmonté
d'une couronne murale. On les rencontre sur un grand nombre
de ces grès, le plus souvent sur des spécimens où le style du
premier gothique prouve que leur fabrication remonte au delà,
9U quinzième siècle, et que l'opinion de feu Brogniard, qui
a fixé la fabrication du premier grès européen au seizième
siècle, est insoutenable, puisque, en Hollande même (voir grès
de Jakoba), on fabriquait déjà du grès au quinzième siècle.
Un lion gothique qui forme une écritoire, et qui provient de
l'hôtel de ville d'une petite ville des bords du Rhin, appar*^
tient à ?a seconde espèce de la première catégorie des grès gin's
jaunàlre. Celui-ci el le pendant, qui fait partie de l'ancienne
collection de M. de Weckherlîn, sont deux spécimens du pre-
Ëcril
mier gothique. Une lampe de ce même grès, ornée de figures
et dont le caractère indique le quatorzième siècle ', se trouve
au musée de la Société archéologique d'Amsterdam.
De la seconde catégorie, du gris blanc alcaltn (II. )> 1^ mil-
fësime le plus ancien que j'aie rencontré, est celui que portait
itne canette conique de la collection Essingh à Koln (vendue
en septembre 186S). Voici ce que l'on lisait sur la panse :
Sich far lich, Frettrf ij mijffcft 1537,
et les initiales du potier
L. W.
Le millésime le plus ancien connu après celui-là est tSSO;
je l'ai recueilli sur un candélabre, au musée de la porte de
Hall à Bruxelles. Quant â la canette ayant, selon l'attribu-
tion, appartenu à Luther, et qui e^t conservée au musée de
Berlin, on en trouve la mention à la fin de ce chapitre, puisque
la date de iSÏZ gravie au burin dans l'étain ne peut pas offrir
e SigmtriQgeD pocsèdt
noirbre de cruche!
de KlUn, 1c tout trsuvi dtiig let le
Il cAlé de nnstcldorl, chlleau foi
Hsini, et que les Su#do» ont d
cet cnichet p«rt« l«> trmoirin di
EUROPÉENNES. 237
une garantie d'authenticité suffisante. Elle peut avoir été ajoutée
par la spéculation.
Sur une canette conique de ce môme grès blanc alcalin,
appartenant au docteur Beliol S à Paris, on lit la date de
4558.
Cette cruche est ornée de trois bas-reliefs représentant Lu-
crèce se poignardant après l'outrage de Tarquin ; Judith venant
couper la tête à Holopherne ; et Seila, la fille de Jephté, pleu-
rant son sacrifice. (On sait que Jephté avait fait vœu d'im-
moler à Dieu la première créature humaine qui se présenterait
devant lui à sa rentrée en ville après la victoire, et que cette
première personne fut sa propre fille.)
Autour de ces bas-reliefs on lit une inscription latine dont
voici la traduction :
Mon père, puisque vous avez fait un vœu au Seigneur, tenez-le, et faites-moi
subir tout ce que vous avez promis ; accordez-moi seulement la liberté durant
deux mois, afin que je puisse parcourir les montagnes pour pleurer ma virginité.
Une semblable canette fait partie de la collection de M. E.
Fleischhauer *, à Colmar. En outre de l'inscription susmen-
tionnée, on y lit encore en langue allemande de l'époque :
Tarq dein GuUig keit und Bôsart ,
Schendet Lucretia das eidl Weibchen zart;
Wie ailes so vergànglich hier,
ÀchGott hilfmir. 1558.
(Tarquin, tes crimes et méchancetés ont violé Lucrèce, cette noble et tendre
petite femme. Comme tout est passager ici^ secoure-moi, mon Dieu. 1558.)
M. Suermond à Achen (Aix-la-Chapelle) possède une fort
jolie cruche ou canette conique de cette espèce qui porte le
millésime de 1573, et une autre de ma collection, celui de d588.
Cette dernière est ornée de bas-reliefs qui représentent l'em-
pereur Constantin, le roi Arthur de la Table ronde, et Hector le
Troyen ; mais en costume et armures du genre que la sculpture
et la peinture avaient adoptés à l'époque de la fabrication.
1 . La collection de cet amateur- connaisseur est riche en grès et cruches de
toute espèce et en armes anciennes.
2. Cet amateur possède une belle collection d'armes anciennes.
S38 POTERISa OPAUUES
L'inscriplion ei) vieil allâmand dit :
A'nnDig Àrliu I JS3, geiatr Conilanlin, fleclor te
. Troll.
Une autre.canette de la mdnie espèce, de 2S centimètres de
hauteur, et également de ma collection, montre trois reUefii
eKcessivement curieux.
Le premier représente le Christ repoussant le diable. On
y lit:
Pacl' dich Ttvul, In. inimm,
devant de la panse Tigure un affreux dra-
gon à trois corps de serpenta entre-
lacés et qui se terminent par les
tètes d'un pape, d'un Turc et d'un
moine. Le ventre de cette béEe apo-
calyptique laisse voir une tète de dia-
ble vomissant des flammes, tandis
que la queue de rat se perd dans
l'infini entre les étoiles du firmament.
Le troisième relief montre le Christ,
une hache à la main, coupant Varbre
de Rome, auquel il a mis le feu, tan-
dis que le clei^é catholique tire de
son côté à des cordes allachées à
l'arbre, pour empêcher qu'il ne tombe.
Les branches sont surchargées de bul-
les d'excommunication, d'enconsoirs ,
de bénitiers, de burettes, de rosaires
de scapulaires, etc., etc. Ony lit :
X allemand qui veut dire :
Got allein 4t Eir (ne), (A Dieu seul l'boniiïDr,)
' Le musée de Ciuny possède un grand nombre de ces ca-
EUROPÉENNES. 239
nettes coniques, non encore cataloguées ; le musée du Louvre,
trois, le musée germanique à Niirnberg et M. Karl Anton Me-
lani à Frankfurt*sur*le-Main, deux canettes semblables aux
grès du Dr Beliol décrites plus haut; ces dernières ont 13 pou-
ces de hauteur, et leurs bas-reliefs représentent Thistoire de
l*enfant prodigue ; signées :
F. T. et i559.
Au musée royal de Berlin se trouve la canette que l'on dé-
signe comme ayant appartenu à Luther, puisqu'on y lit gravé
au burin sur le couvercle en étain :
D. M. L. M. D. X. X. m.
[Doctor Martin Luther» 1523.)
Ce même musée possède aussi une canette (n^ 14) ayant ap-
partenu au duc de C lèves, Gulich et Berg.
Un autre de ces grès coniques de la collection Essing à Kôln
(vendue en 1865), montrait en bas-relief les armoiries de Phi-
lippe d'Espagne à côté du millésime de 1594 et les. initiales du
potier :
H. H.
Une semblable canette au musée de Middelburg , en Hol-
lande , est ornée des armes d'Autriche, d'Espagne et d'Angle-
terre. Ce musée possède outre cela des grès blancs alcalins où
les reliefs représentent des sujets divers.
lîL Les grès gris et bleus^ gris-^bleus et violets, qui datent
du seizième et du dix-septième siècle, offrent comme forme et
comme ornementation les spécimens les plus artistiques. La
plus ancienne date que j'aie rencontrée sur ces pièces est celle
de 1539, millésime qui se trouve sur une ci'uche de la collec-
tion de M. Suermond à Achen, et dont il sera fait mention
plus loin. Cette date, antérieure de quelques années à la plus
ancienne qui me soit connue des grès blancs alcalins, n'a pu ce-
pendant changer ma conviction, qui me fait ranger dans l'ordre
chronologique ces grès blancs alcalins avant les grès qui nous
•^copent ici. J'ai déjà fait observer que la désignation de grès
de Flandre, sbus laquelle la plupart des catalogues des musées
â40 POTERIES OPAQUES
en France les font figurer, est fausse, puisque toutes les inscrip-
tions et presque tous les sujets et armoiries sont allemands.
Il reste à rechercher encore si véritablement les Flandres
ont seulement produit des grès artistiques, ce dont je doute for-
tement ^ n'en ayant point rencontré jusqu'ici la moindre trace,
car les inscriptions sont en vieux allemand. Dans tous les
cas, d'Huyvetter, et après lui Brogniart, se sont complètement
trompés, lorsqu'ils ont attribué les plus beaux de ces grès à la
fabrication flamande, et les moins beaux aux fabriques d'Alle-
magne. C'est tout le contraire qui pourrait être vrai. La proxi-
mité des centres rhénans de la fabrication a sans doute donné
lieu à cette méprise, réfutée constamment par les noms et les
devises allemands.
Fort peu, sinon aucun, des grès dits flamands, ne portent
d'inscriptions, ni d'allégories catholiques, mais bien au con-
traire des allégories anticatholiques et des sentences de la Ré-
forme, comme on a pu voir par la description des bas-reliefs
et de l'inscription de la cruche conique de ma collection. H
me paraît donc évident que les lieux de fabrication des grès ar-
tistiques étaient situés dans des pays protestants, puisque les
Flandres catholiques n'auraient certes pas inscrit de pareilles
devises, et si on en rencontre avec des inscriptions en langue
flamande, les grès pourraient fort bien avoir été fabriqués à la
commande de quelques seigneurs flamands ou hollandais, par
les potiers allemands. L'erreur qui a toujours régné sur l'origine
de cette poterie, jusqu'à la publication de la première édition
de mon Guide, était même poussée par des personnes compé-
tentes jusqu'aux plus choquantes méprises. M. Marryat, par
exemple, appelle dans son ouvrage ce beau grès ornementé
dont il donne même un dessin (n» 72) des Jahobakanetjes (voir
le grès de la Hollande), nom qui désigne une espèce de pots de
grès commun , de fabrication hollandaise, qui ne ressemble
absolument en rien aux grès rhénans artistiques.
En Angleterre aussi, le premier grès connu s'appelait grès de
Kola et non pas grés de Flandre. Le British-Museum a con-
servé une pétition adressée, sous le règne d'Elisabeth, par le
nommé William Simpson à lord Burgley, qui demande un pri-
1 . Voir cependaul, au cliapilre des poteries opaques belges, Thorlogc hy-
draulique , ou clepsydre, du musée de Cluny, à Pans.
£UROP£EfiM£S. 241
vjjl^ge pour la fabrication des grès de Koln» La pétition ne
mentionne d'aucune manière des grès de Flandre ou de Hol-
lande.
Une des plus belles et en même temps la plus ancienne pro-
duction de ce grès bleu, porte souvent les initiales :
I. £. et aussi les noms : Jea7i ErnsL
M. Suermond, à Àchen, possède une de ces belles cruches
qui est marquée :
/. E. 1539.
A Emst
se rencontre quelquefois sur de semblables cruches du dix-
septième siècle ^
Balden Menniken à Rorreyi (Allemagne?)
est une autre signature recueillie sur des pièces fort artistiques.
Sur un vase de ma collection^ de 23 centimètres de hauteur,
en grès gris et bleu, d'une belle forme architecturale, et cou-
vert d'ornements en relief et en creux dans le style de la re-
naissance, on lit :
HELFIES.-. BOVGHENLER.-. VON.-.
AUSBVRGH.
Inscription que le potier y a imprimée en lettres mobiles et
qui me parait le nom de la personne à laquelle ce vase a appar-
tenu, et non pas celui du céramiste.
Je pense que cette inscription fautive veut dire :
Uelfies, libraire à Aiigsburg.
La contrefaçon qui a voulu s'emparer de ces poteries, n'a
rien pu produire qui doive faire craindre au collectionneur
un peu expérimenté d'être trompé. Les anciens potiers n'ont
jamais mélangé les styles dans leurs ornements qui peuvent
servir de modèles de pureté, et leurs armoiries étaient tou-
jours authentiques. Les pièces de la contrefaçon sont d'abord
grossièrement modelées et souvent en terre cuite vernùsée, au
\ . Il paraît donc qu'il existait deux fabdcauts du nom d'Ernst, peut-être
TrèreS) Tua J. ou Jean, l'autre A. £rust.
"21
â4â POtSRiKS OPAQUES
lieu d'être en grès. L'omemeniatiOn est un amalgame ^é-
poques diverses, et les armoiries de composition fantaisiste.
La plus célèbre collection de ces poteries était celle de
d'Huyvetter, de Gand^ vendue après sa mort et acquise en par-
tie par M. de Weckberlin. La collection de ce dernier devint
alors la plus belle de toutes les collections de grès et conte-
nait des pièces même plus remarquables que celle qui lui avait
servi de base. M. de Weckberlin qui s'était défait des pièces
secondaires et qui avait augmenté sa collection d'autres très-
rares Ta vendue depuis à M. E. Gambart, de London.
Il est intéressant pour l'histoire de l'art de décrire quel-
ques-uns des grès de cette collection, qui sera peut-être un jour
dispersée.
On peut citer d'abord :
1 . Une cruche en grès brun de 40 centimètres de hauteur,
de ce que l'on connaît de plus beau. La panse porte en relief
le portrait en pied d'un personnage princier, probablement de
France, à en juger par les fleurs de lis surmontées d'une cou-
ronne ducale, et deux bustes d'homme et de femme, dont le
premier est entouré des lettres :
K. K. G. M., et l'autre de N. M.,
ainsi que d'armoiries avec le millésime de 1573. Sur le col,
on lit le chiffre i568, ce qui prouve que la fabrique avait déjà
produit ces grès vers cette dernière date, et qu'elle a utilisé pour
là fabrication de la cruche de 1573, les moules en bois faits
en 1568.
2. y ose en grès bleu (75 centimètres de hauteur). ^ Entière-
ment couvert d'ornementations, provenant de la collection
d'Huyvetter, le n" 1 de ses dessins et le n® 104 du catalogue
de vente. Il a été adjugé 1,900 fr. Voici textuellement la des-
cription de M. Bénonl Karel Verhelst :
<x Ce vase, unique par sa beauté et sa grandeur, a servi de
fontaine et est entièrement couvert d'ornements dont le moulage
est du fini le plus précieux. En faire la description exacte se-
rait une chose impossible; il faudra donc se borner à dire qu'il
est orné, entre autres, de quatre rosaces travaillées à jour, et
que sur la ceinture ou zone du milieu se trouvent représentées
dans des niches^ par de petits bas-reliefs, composées de deux à
trois figures chacune, les sept œuvres de miséricorde, dont
EUROPEENNES. 243
quelques l6ttre3 4&QS les entre-voûtes des niches expliquent le
sujet, et que l'artiste a été obligé de répéter quatre fois, vuja
grande circonférence. Les autres ornements consistent princi-
palement en têtes de clous guillochées, placées en tous sens,
en cercle, par rangées perpendiculaires et obliques. En bas de
la panse est adapté un tuyau court, qui permet d'y poser un
robinet. Le col est de forme aiguière, L'émail du fond est gri-
sâtre, mais richement peint de bleu de lazulite et de brun
jaspé. Il est é'une conservatioi^ irréprochable. »
3. Gourde aplatie à pied en grès brun (42 centimètres de hau-
teur). — Panse aplatie, goulot orné d'une gueule de lion, te-
nai|É un anneau d'étain. Sur le milieu du vase les armes de
Saxe. Autour de la panse ap1|itie, des guirlandes. Les armoiries
sont surmontées d'écussonai^ avec la légende :
p. E. Kravch. Cona. Et. Secret. Mogvn.
Cette pièce, de toute beauté, porte le monogramme du potier ;
I. R. 1588,
4. Gourde à panse sur pied, en grés bîanc (42 centimètres de
hauteur). — Panse aplatie et long col. Armoiries sur les deux
faces. Deux dragons en étain, traversant quatre oreillets de la
pâte, #rvent d'attaches à une chaîne du môme métal, le tout
de l'époque. Marque du potier : ^ ^
^ M. G. me.
5. Aiguière en grés brun (34 centimètres de hauteur). — Le
haut du col est terminé par un beau mufle de lion, dont une
répétition se trouve à la naissance de l'anse. La plate-bande,
surmontée d'une torsade à jour, représente les trois vertus
théologales, les quatre vertus cardinales et les sept arts libé-
raux. Entre ces figures se lisent ces deux inscriptions :
Wan. Got. Wil. eo. is. mein, EU.
(Mon but est là où Dieu me conduit.)
âfestre. Baîden Mennichen. Pottenhecher. wonende, lo. den.
Rorren. In. leiden. gedolt. 1577.
(Maître Baldeo Mennicken, potier, demeurant à Rorreo.
Patience dans la douleur ' .)
i . l'nc cruche avec même signature et même sentence est au musée de Sèvres.
âM POTRRIES OPAQUES
C. Crvehe en grès bnm {47 cenlimètreB de hauteur). — Riche
orllenl^Iltalion, style renaissance, entourage, trois médaillons
H. dsWrKkerltn.
IX armes des villes de Knln et de Speier, En haut, d'au très armo i-
îset uncercledemascarons. Sur la plate-bande, l'inscripiion ;
t. ri. Ein. Kimit. Die. Kuail. ^u», Oouet. Gunil. Wtrl. Dit. Kim«. Noeh.
So. Schon. So. MoïK. Sti. Sich. Giffm. lu. Dm. Dat. ISSS '.
(r^ci eilun trt. Tout art tienl de Dieu. N'imiwrle 1 quelle haulcnr l'trt
(Les photographies de toutes ces belles pièces, au nombre
I. Il y BTuI diDi 11 colleetioa Bssing, > Kiln, fendue en septembre ISSb,
me pareille rructae poTlaul le millésime de I3T!.
EUROPÉENNES. 24
O
de soixante-deux, sont chez moi à la disposition des artistes et
amateurs qui désirent les voir).
Après la collection des grès de M. de Weckherlin, c'est celle
du musée de la porte de Hall, de Bruxelles, qui est la plus
remarquable; les n°« 747 et 748, cruches entrelacées, en sont
les plus belles et les plus rares.
Un grai]id cornet bleu évasé ou plissé à douze côtes, est une
très-belle pièce qui fait partie du musée Sauvageot ; — ainsi
qu'un grand vase à anses, de forme ovoïde, formant fontaine,
au millésime 16i9.
Au musée du Louvre, on trouve trois grès bleu.
Au musée de Cluny, n*> ^2S^, une grande cruche en grès gris
et bleu, avec la sentence allemande ;
Fch. Weisz. Nichts. Pessers. Im. Himel. Und. Auf. Erten, Dan. Das*
Wir. Durch. Christwn, Zelig. Werden.
En français :
Je ne connais rien de meilleur sur la terre et dans le ciel, que de sayoir
que nous serons des bienheureux de par Jésus-Christ.
Au musée Sauvageot, on a relevé les marques et monogram-
mes suivants :
N°« 936 : L. W.
939 : W. T.
952
Kvm
rrpn
949 : M. 0.
958 : S. M.
959
î
975 : W. B.
Une fort curieuse cruche en grès jaune, provenant de la
vente Becker, de 1853, et qui a fait partie de la collection Le
Garpentier, est signée du nom du potier, déjà mentionné :
An. Ernst.
beaux grès gris-bleus. M. VTillet, à Amsterdam, a plusieurs remarquables pièces
marquées ainsi.
21.
?46 POTBItlES OPitQUES
(Bt porte autour de la panse une légende allemande dont voici
Ja traduction ; '^
Cran, sonnez fort. Alors dansent lés paysans josqu'à ce qu'Us deneaneat eBrag4s«
Allons, dit lé curé, >'y perds ma ehasvble. Celui qui veut coaservei? sft Ule .
Qe dérange pas les chiens et laisse danser les paysans.
Le sujet du bas-relief qui court tout autour de la cruche, ne
dément pas la légende. On y voit en effet des paysans dansant
comme des enragés.
Une semblable cruche à la collection Essing, à K^ln (vendue
en septembre 1865)^ avait pour inscription :
Peifert Gefehrt, der mus blasen
J)an danssen die Bourerif als weren sie rassen
Wer loill halten seinen Schetel gam
las den Bouren ihren Tanz. Anna i<)37.
(Fifre sonne fort, alors les paysans dansent comme des enragés. Qui veut garder
son crâoe intact n'empêche pas les paysans de danser.)
Feu Lecarpentier, à Paris, possédait une cruche en grès
gris et bleu de la qualité la plus fine et la plus artistique de
cette espèce, qui était signée :
Jean Emst,
La signature des Ernst ou leurs initiales se rencontrent aussi
sur des grès blancs (voir au commencement de ce chapitre).
Une buire, toujours de cette môme espèce, et dont le pied
montre absolument les mêmes empreintes de moules, fait par-
tie de ma collection, et doit être attribuée au même potier. Elle
à i9 centimètres de hauteur. La partie supérieure est en étain
et porte l'inscription gravée au burin :
F. V. 0. 1543,
surmontée d'une couronne et d'un casque.
On remarquera que ce Jean Ernst a vécu cent ans avant
An. Ernst.
La collection Essing, à Koln, possédait un grand pot à anse
, lUlOFÉSIINM. 247
en grès gris et bleu , qui portait la signature du potier Til^
man. On y lisait :
Dwoh Godes Gnat, ^u versiù^. hat. Tilman, WqU. dièse
* Kann aufgerich . À nno 1661,
«
( Par la gràee de pieu, Tilman a fait cette pinte. Amiéç 1661.)
M. Etlinger, à Wurtzburg, a aussi dans sa cgliecUon de ces
grès qui méritent mention.
M. Fourau, à Paris, possède trois cruches magnifiques : une,
en grès gris-bleu et ornée de nombreux mascarons, est remar*
guable pour sa forme rare ; les deux autres, en grès brun, sont
armoriées et de graride taille.
Le musée de Kt^ln même, commencé trop tard et disposant
de peu de fonds de réserve, n'est pas riche en exemplaires de
grès ; — mais les quelques pièces qu'il possède sont remarqua-
bles. En grès gris clair, une lampe, un pot forme hibou, une buire
à grand et long goulot et à bas-reliefs qui représentent des figures
en pied, et plusieurs cuvettes, sont des pièces de premier ordre;
un encrier- flambeau à lions et bas-reliefs en grès gris, bleu et
brun est aussi beau. En grès gris et bleu, le musée possède
d'abord un grand vase à anses, à bourrelets à jour autour de la
panse, avec médaillons historiés et au millésime de
1687,
et une superbe buire, de quatre-vingt-dix centimètres de hau-
teur, couverte d'orneinents en relief-^ une des plus belles pièces
connues -*- malheureusement un peu endoipmagée.
A Londoriy c'est le musée de Kensington qui est riche en grès
de Kôln : les n<»400Ô, 4008, 4009, 4011, 4013, 4019, 4024,
4028, 4031, 4033, 4034, 4035, 4037, 4038, 4039, 4041, 4043,
4044 et 4047 en sont; —■ les n»* 4014 et 4024, tous deux aux
armes de..., figurent encore sous la fausse désignation de grès
de Flandre et anglais, ainsi que beaucoup d'autres; 4018 et
4021, en vieux grès rhénan bien connu, sont appelés dans le
catalogue terre de pipe! Le n» 4035, toujours désigné sous le
nom de grès de Flandre, porte cependant la devise allemande :
■
Trau nicht es sticht*
c'est-à-dire
Méfie-toi — elle pique (la rose).
U» POTBRItS OPAQUES
L'nesUluette-groupe, en srès gris-blea etviokt, qui repré-
gante la Vierge avec le
Christ mort sur ses ge-
noux [la Pteta des Jta-
liens, ou la Leidensmutler
ou Mater dolorosa des Al-
lemands), de treize centi-
mètres de hauteur, de ma
collection, oFTre cette sin-
gulière anomalie que le
Christ y est représenté
aussi décharné que ceux
des Byzantins, tandis que
la Vierge parait avoir une
espèce de crinoline,
M. Cait, en Angleterre,
possède une grande li-
e en grès gris (un
mètre de hauteur) qui
représente un joueur de
vielle. — C'est une œu-
vre du dis-septième siècle — qui me parait non pas alle-
mande, mais de fabrication anglaise, probablemement de
FULHA».
( Voir cette localité au chapitre des poteries opaques an-
glaises. )
Les armoires 135 à <39 de la salle de la Mediœval- Col~
lection, au musée Britannique, renferment quatre-vingt-dix
pièces, la plupart insignifiantes, hors la bouteille de chasse
en grès blanc dont la panse est ornée de bustes en re-
lief de deux archevêques — surmontés d'écussons dont l'un
montre un cor de chasse et l'autre une étoile. Tous ces
grès sont allemands, mais le catalogue les désigne comme
grès de Flandre, — quoique formes, inscriptions en langue
allemande, couleurs et armoiries démontrent leur véritable
origine.
Au musée royal de La Haye, quatre jolies canettes ou pois à
bière en grès blanc et de«a;ti(wesàcftaines en grès brun(cftalti«
en grès\. Aun archives de la ville d'Utrecht, deux belles cruches
h beaux reliefs historiés en grès brun.
EUROPÉENNES. 249
Le duc Tascher de la Pagerie, à Paris, possède aussi une
série de pois de grès, dont plusieurs fort remarquables*.
Cremer, potier à Kt^ln, probablement de la un du dix-huitième
ou du commenceniiçnt du dix-neuvième siècle, a marqué
f4/
On voyait de ce potier, dans la collection Essingh, à Koln
(vendue en septembre 1865), une canette cylindrique à anses et
à couvercle d'étain, qui imitait la majolique italienne. Le sujet
représentait un épisode de la vie de saint Guillaume,
Le Dictionnaire des postes aux lettres , par Lecousturier, de
l'année 1802 (Consulat), mentionne aussi une fabrique de faience
à Cologne.
S, Olwem et Meister ont fabriqué à Koln, au commencement
de ce siècle, des faïences dont quelques échantillons, acquis en
1809, se trouvent au musée de Sèvres.
Avant de quitter de chapitre, je dois faire observer que les
modèles en grès bleu ancien, les plus rares aujourd'hui, et pour
lesquels les amateurs payent les prix les plus élevés, ont la
forme d*un gros anneau , sur pied et à embouchure, soit anneau
simple, soit double en sens inverse, tels que les exemplaires,
un de chaque genre, conservés dans la collection Sauvageot,
au Louvre. Les bouteilles en -forme d*anneaux doubles sont
encore bien plus rares que celles qui ne forment qu'un simple
anneau.
Poterie en tei8ie cuite au vernis plombifère , à ornements
en relief en pâte colorée par le manganèse, le cuivre, etc. 1500
jusqu'à ce jour.
Cettu poterie, que Ton peut ranger dans celle de Técole rhé-
nane , a été toujours confectionnée et se confectionne encore
1 . La collection du duc était belle et nombreuse avant son entrée en France,
et remplissait presque toutes les pièces de son vaste hôtel à Miii^cheo. Celle qu'il
250 POTERIES OPiQUES
actuellement à Marburg à des prix trés-rëduits. Ce sont des
pots et casseroles toui% ornés de b^s-reliefs modelés à la main,
et composés de pâtes colorées à la manière de celles des pote-
ries dites de Palissy. Les ornements sont l'jpuvre des femmes
qui les appliquent, sans moulage ni autre aide mécanique,
avec une rapidité incroyable.
Il y a encore plusieurs fabriques dont la plus artistique est
celle du potier Conrad Amenhameriy située dans la rue d^te
Ketzerbach. Cette poterie se vend à uu. bon marcïîë extraordi-
naire et est fort artistique.
Un échantillon moderne se trouve dans^^ma collection^ siin^
qu'un petit plat rond creux du seizième siècle ou du commen-
cement du dix-septième, de quinze centimètres de diamètre,
forme poêle et garni de six manches tout^utour. C'est un curieux
échantillon des cadeaux de noces que le peuple hollandais avait
souvent l'habitude de faire aux nouveaux époux le jour de leur
mariage, et que les potiers allemands de iftarburg expédiaient
en Hollande avec leurs envois de poteries ordinaires.
Je l'ai acheté à Amsterdam. On y voit en relief les emblèmes
de TAmour : deux tourterelles, deux cœurs d'où sortent des
mains qui se joignent ( bonne foi ), et le sablier et la tête de mort
s'y trouvent singulièrement réunis pour rappeler aux jeunes
mariés la fragilité du bonheur terrestre et le devoir de penser
à une mort chrétienne. Ce plat est marqué des lettrés G. W. et
P. C. en creux dans la pâte; sans doute les initiales des mariés.
On attribue, en Hollande, ce genre de poterie, qui s'est aussi
fabriqué en plus grandes dimensions, à Gennep (voir cette lo-
calité), à Delft, mais c'est une erreur (voir aussi Aziano et
Avignon).
AMWENHAIJSEII,
Villag^e prèsRudesheim, aux bordE^du ahin.
Tebre cuite au vernis minéral. 1550 à 1582
Grès gris et rrun a glaoure alcaline. 1600 à 1781
a actuellement au Louvre est moins nombreuse , mais toute composée de pièces
de choix : porcelaines de Saxe, faïences, tableaux précieux des anciennes écoles
allemandes, dont un de Turkmayer. Des cadres renaissance très-précieux, en fine
sculpture d'os, de coco^nacre, etc., composent encore un ensemble d'une grande
Taleur artistique.
RUROtEENHES.
231
OBEKZHAITSEN, CB Nassau.
OhÈS (ifilS A 0HSEMIÎNT3 BLEUS. De 1600 H 1780.
_ Ce grès, d'une Irès-belle fabrication, est facile à coiifundre
' avec les autres grès, bien plus anciens, des bords du Rliin. Ce
sont, |X)ur la plupart, des ptats où le décor, en bel émail bleu
sur fond gris, est obtenu par une gravure à la main, en champ-
levé, imitant très-heureusement le genre dB la renaissance et
même le gothique. Les dessins sont exécutés à la main, et en
partie d'inspiration. Des exemplaires à Sèvres, au musée de
Hainz, dans ma collection et dans celle de feu Lecarpentier>
vendue en 1366.
■lAiiAii (Prusse).
Poterie (genre inconnu). ibaO à 1650
Dans un manuscrit de 1707 (inventaire d'un ménage patri-
cien nùrembergeois] qui se trouvait en la possession de feu le
docteur Roessler, conseiller de la cour à Sigmarin^'cn, on lit :
a Zwein weiss und blaue lianauer Krug mit Zinn beschlagen. »
252 POIEHIES OPAQUES
On lit aussi dans le Handbuch der Erflnclungen von Busch,
Joarnal fur Fabriken 1797, Miirz. S. 210 ;
« Vers le milieu du dix-septième siècle, deux négociants
néerlandais établirent une fabrique de farences à Uanau , qui
fut achetée au commencement du dix-huitième siècle par Simon
van Alphen, »
^Localité située dans le Luxembourg allemand, près de la forteresse fédérale,
entre Grave et Yenlo, dans le ci-devant duché de Clèves.
Terre cuite décorée sur engobe, soit gravée, soit en relief,
ET VERNIE AU PLOMB. A partir de 1700
Le potier Antonius Bernardus von Vehlen. 1780
Ce céramiste a fabriqué de grands plats vernis, jaune, brun,
vert, dans le genre des poteries de la Frata, oii les dessins et
ornements sont formésenchamp levësurengobage. M. Schwaab,
à [.a Haye, possédait de ce von Vehlen quatre énormes plats
d'au moins soixante centimètres de diamètre, portant des in-
scriptions. L'un, dont le sujet représentait le sacrifice d'Abra-
ham, était marqué :
Anno 1712, 20 Augustus;
un autre sur lequel on voyait la sainte Famille :
i^l, Joseph und Maria mit ihrem liebenJesuleinwiter einen Apfelbaum,
Antonius Bernardus von Vehlen 1770. 24 Augusi. Gennep;
le troisième montrait la même signature suivie du millésime 1771 ,
et le quatrième, dont le sujet représentait la Vierge de Kevelar,
près Clèves, qui attire annuellement à l'église de cette ville de
nombreux pèlerinages, montrait l'inscription suivante :
Uns lievc Frauw von Kevelar. Antonius Bernardus von Vehlen 1771.
19 Marz. Refitcium Pecato Rum ora pronobis.
Un grand plat rond, de la collection Nadar (vendu en janvier
1866, ïi^ 95 du catalogue), était décoré d'un sujet comique contre
le tabac, avec inscription hollandaise, le millésime 1724 et le nom
Albert MurSj
probablement celui du potier. — Le sujet était composé de
figures en pied.
1. Un des archevêques de Kolu porluit le nom de cette localité, puisque la
statue en marbre noir, de huit pieds de hauteur, qui se trouve à côté de l'autel,
dans lelrausupldu dôme de Kolu, est celle de l'archevêque Wilhclm vou Genuep.
EUUOPËBNNES. 2S3
Ud graad plat de ce genre, au musée de Sigmaringen, montre
l'iDScriptioD et la signature que voici :
Peter-Menten, 1738.
Je l'atlribue également à Gennep.
Tout porte à croireque l'on y fabrique encore ce même genre.
( Voir aussi k la Tin du ctiapiUe qui traite des faïences belges,
ainsi que Marburg en Allemagne, et Sckafkausen en Suisse.
HÔCHBT,
Sur le Hein, ptèt Maiui (Uarrace).
KaIence et tebbe ne pipe a ëhail stanniféhe. 1720
(l'ondée par Geltz, de Francfurt-sur-Hein, cette fabrique a
produit les plus jolies figu-
rines que l'on puisse voir.
Tantôt en faïence, tantôt
en terre de pipe, elles sont
quelquefois sans aucnne
marque, mais le plus sou-
vent marquées des armes
de Mainz, la roue'. ,j
M. ledocteurGuerard',
à Paris, a dans sa collec-
tion une soupière qui, ou-
tre cette roue, porte en-
core le monogramme
K* i^- Staluelleet
., . , „ . De ma colleclion.
J ai dans ma colleclion
un patineur dont la (inesse d'exécution dépasse de bien loin ce
cherèque Willites. Ce bon prèu^. Gis d'un vauire cbarron, éUil en batte ani
'n eouleor
e cé-
Deux bordures qui encadrent des tableaux religieux et qui
mesurent SI sur 65 centimètres, font également partie de ma
collection. Ellesoat été recueilliesà Mainz et vendues àH. Hui-
ler, marchand decurioait^sàBaden-Baden où je les ai acquises.
Ces charmants exemplaires de la fabrique de llochst sont en
rocaille et décoré en polychrome.
Au château de la Favorite, près Baden-Baden, on trouve deux
cornets, h fleura appliquées en relief, ainsi que des perroquets et
des colombes, tous marqués de la roue. .
BS cuilcsetui eiccUenll
EUROPÂBNNES. 255
J'ai VU) en Allemagne, un grand médaillon oval en terre de
pipe blanche, orné du bas-relief, fort bien modelé, d'un buste
du prince-évôque d'Ingelheim (localité peu éloignée de Mainz),
et qui était marqué d'une sorte de clef. Comme la perruque à
rallonge dont l'évoque est coiffé indique à peu près la môme
époque où la fabrique de Hdcbst fiorissait, il se pourrait que la
clef soit encore une marque de la localité.
(Voir aussi Bamm et les porcelaines de HCchst.)
Près Coblentz.
Grés gris et bleu a glaçure alcaline. 1780
Ce grès qui se vend encore actuellement en grande quantité
en Hollande, est généralement connu sous le nom de grès d^
Coblentz (Goblentzer Steingut).
Près Coblentz.
Grès bleu et gris a glaçure alcaline. 17S0 jusqu'à ce jour.
Ce grès, orné de fleurs gravées dans la pâte, etc., se vend
encore actuellement en grande quantité sur les marchés de la
Hollande, où il arrive sur les bateaux du Rhin , qui y ancrent
dans les canaux et servent en même temps de magasins de
vente.
Ville du cercle de Coblentz.
Poteries et grès. Époque actuelle.
POPPSI/0DOBV1 et MBTTIiACH,
Près Bonn, Prusse rbénane.
Grés gris et blanc a ornements en relief et platinés.
Faïence. Époque actuelle.
Fabrique de MM. Villeroy et Boch,
Exemplaires à Sèvres et aux Arts et Métiers, à Paris.
1 . La bibliothèque de TUniversilé de Bonn, est installée dans les salles du châ-
teau de Poppelsdorf .
256 POTERIES OPAQUES
Le monogramme que j'ai recueilli sur des faïences de cette
localité consiste dans une ancre
qu'il ne faut pas confondre avec les trois petites ancres, marque
de Kremer de Kôln, ni avec celles de la porcelaine tendre de
Soeaxix et de Chelsea.
On voyait, dans la collection Essingh, à Kôln, vendue en sep-
tembre 1865, une cafetière en faïence de Poppelsdorf, où, dans
un cartouche , le décorateur avait peint Rébecca à la fontaine,
et deux autres canettes à sujets bibliques.
SAABBB1JCH., «ur la Saar en PraMie.
FArENCE A ÉMAIL STANNIFÈRE ET TERRE DE PIPE.
MM. Dreyander et Schmidt, et
MM. Schmidt, frères, y fabriquent encore actuellement.
D A M M , prè« AchafTenbarg.
Terre de pipe a émail stannifère. 1836-1846
Figurines moulées dans les anciens moules de Hôchst. (Voir
la porcelaine et la faïence de Hôchst.)
La marque était comme celle de cette localité, une roue,
mais accompagné d'un D.
t
D
V
ÉCOLE BAVAROISE ET AUTRICHIENNE
T COMPRIS LES PRODUCTIONS STTRlÊNIfBS, TTROLIB1I1IB8 ET
H0H0R0I8B8.
Les populations des pays franconien et souabe se sont tou-
EUROPÉENNES. 257
jours distinguées de celles de la vieille Bavière par un esprit
politique et religieux plus mobile et plus libéral, et par un goût
prononcé pour l'art qui, en Bavière, n'a été implanté qu'artifi-
ficiellement par le roi Ludwig. Aujourd'hui, il est vrai, le
peuple, en Franconie, est aussi indifférent à cet art, qui a con-
stamment charmé la vie de ses ancêtres , que le peuple bava-
rois lui-même, et l'un comme l'autre ne connaîtront bientôt plus
d'autre mobile pour les passionner que la variation des prix et
de la qualité de la bière, .ge que j'entends par école bavaroise
ce sont les productions des vieilles villes bavaroises où l'in-
fluence de l'art tyrolien s'est fait autant sentir que celui des
écoles franconienne et souabe, car le grand nombre d'objets
d'art que l'on rencontre encore dans les châteaux et dans les
cités tyroliennes prouve combien l'art y a été cultivé durant le
moyen âge et particulièrement à l'époque gothique. La plupart
des œuvres gothiques en fer ciselé, conservées dans les musées,
proviennent du Tyrol.
Pour l'école autrichienne, même observation que pour celle
de la Bavière ; elle est un composé de traditions franconiennes
et souabes et de l'art tyrolien qui, de son côté, a probablement
subi l'influence de l'Italie, pays dont les frontières touchent à
celles du Tvrol. — J'ai donc dû confondre les deux écoles en-
semble, et ne tenir compte ici que d'un ordre chronologique.
Les signes caractéristiques pour reconnaître les productions
céramiques de ces deux écoles sont difficiles à enseigner; —
rœil et l'expérience du connaisseur seuls peuvent les distin-
guer des produits des pays limitrophes. — La nuance du jaune
pourrait peut-être guider l'amateur : c'est un jaune sale et
tirant sur le jaune brun du Ihem, que les potiers autrichiens
ont de préférence employés dans leurs décors.
RECtEMSBiJBCt, en BaTlére.
Terre cuite au vernis plombifère. Vers 1250
Faïence. Époque actuelle.
Une tête de Christ mort, de ma collection, de huit centi-
mètres de hauteur, faite à Regensburg, débris d'un béni-
tier * et où le creux intérieurment est verni au plomb, a tous
les caractères dei'école byzantine; mais la couronne d'épines
1 , T/insli(uiion de la bénédiction de l'eau date du quatrième siècle.
22.
258 P0TBR1ES OPAQUES
indique le treizième siècle, puisque jusque-là les tètes de Gbrist
étaient représentées nues ou bien couronnées d'un diadème^
mais sans les épines*.
Tête de Christ mort en terre cuite de Regensburg, de ma coUection.
Plus tard on y a aussi fabriqué des grès et quelques ama-
teurs croient que ce sont même les plus anciens grès alle-
mand. Cette fabrication s'est continuée jusque vers 4750, mais
on manque de documents positifs.
Jérôme Hopfer, grand ornemaniste et graveur (1523), qui a
vécu à Regensburg, signait les bois qu'il confectionna pour la
fabrication des grès
J. H.
initiales qui se trouvent sur un pot de grès, au musée de Berlin.
David , Daniel et Jérôme sont les trois frères Hopfer^ dont
l'œuvre complet de 236 pieds, a été publié par David Frantz,
de Nurnberg, au dix-septième siècle. Les gravures des Hopfer
sont aussi connues sous le nom des maîtres du chandelier et du
bourgeon de Eublon^ nom tiré du monogramme qui a la forme
du hublon (Hopfen).
i . Du premier au tixième siècle la crois était sans Christ ; au dixième siècle
e Christ était représenté vêtu d'une longue robe, tandis que le onzième nous le
montre vêtu d'une robe plus courte et sans manchefs ; le douzième siècle a-rait
raccourci davantage la robe et le treizième encore plus; à partir du quator^
zième enfin, on ne voit plus que l'étofTe qui couvre les parties.
Au douzième siècle la tète était nue ; mais dès le commencement du treizième
on voit paraître la couronne d'épines.
Quatre clous indiquent ordinairement l'époque du commencement du dixième
siècle jusqu'à la fin du onzième ; et (rot« clous, celle à partir du douzième siècle.
Du dixième jusqu'au treizième siècle les artistes ont représenté la physionomie
de leurs tètes de Christ avec une expression qui n'indique aucune souffrance.
BUR0PÉ«NNE8. 259
David et Daniel ont ajouté à cette marque les initiales
D.H.
et Jérôme I. H.
Un autre Hopfer, probablement le troisième frère, s'est ré-
vélé par les initiales
C.B.
toujours à côté du hublon.
Le cabinet impérial d'Estampes à Paris possède un Charles V
et un Ferdinand gravés par cet artiste, où on lit à côté de ses
initiales le millésime de i 53i .
Des ornements d'orfèvrerie, publiés par Paul Furst, sont éga-
lement marqués des L H. de Jérôme Hopfer.
Deux très-grands vases en grès et servant à contenir l'eau-
de-vie, au millésime de 17i5, se trouvent dans la collection du
Historischen-Verein à Regensburg *.
M. Schwerdtner fabrique actuellement, à Regensburg, de la
faïence.
(Voir les porcelaines de ce même fabricant.)
liAMiMiHinr, en iiaTlère.
Terre cuite sans goxtvbrte. Vers 1350
Terre cuite et faïence a émail stannifère. Vers i 590
Une vierge et un saint Jean en terre cuite, conservés à la
chapelle du château de Trausnitz^, qui domine la ville de
Landshut, ont été faits dans cette localité vers 1350.
Un bas-relief, carré en bas et demi-circulaire en haut, de 21
sur 33 centimètres, en terre cuite, à émail stannifère, prove-
1 . a L'Hiiitorichen«Verein von Oberpfalz und Regensburg, » ou o Atsociatioii
historique de Regensburg et du Palatinat supérieur, » peut être appelé un petit
musée, — non pas autant à cause du nombre des exemplaires, qu'à cause de
leur Tariété et de leur valeur artistique et historique. Des tableaui par Velchior
Feselen d'ingolstadt (mort en 1538), par Séb. Kerchmayer, par Lucas Cranaeh,
par Altdorfer de Regensburg (1448-1538), par Michel Ostendorfer (1519-....),
par Wohlgemath (1434-1519), etc.; des manuscrits de 1242 à 1335; des incu-
nables (del468àl481); des médailles et monnaies à commencer par le didrachme
de Corinthe, etc.; une magnifique tapisserie du quatorsième siècle ; des armures
(une salle de Tournoi de 1296); des sculptures gothiques, des curiosités, etc., y
remplissent plusieurs grandes salles.
1. Voir landshut dans mes Souvenirs de voyages, causeries d'un collection^
neur, etc., pages 161àl77.
nant du couvent de Seligenthal &ux portes de Landshui et con-
servé dans ma collection, a été modelé par un potier de c«lte
ville; le pendant se trouve au musée des objets d'arts du
moyen âge et de la renaissance de MUnchen {Munich). Cette
belle œuvre de la fin du seizième siècle représente la Vision de
sa/nifroncïScusSeropft, et se signale par son caractère de gran-
deur. Les émaux du décor sont blancs, bleus, verts, jaunes,
bruns et noirs.
Un fragment d'une terre cuite, également dans ma collec-
tion et provenant d'un poêle du seizième siècle, de la chapelle à
deux étages du chdleau de Trausnitz, omé de dorures et de
peintures représentant les armes bavaroises.
Il y a encore six poêles émaillés en polychrome â ce môme
château, tous en style de belle renaissance, et dont celui de la
salle des princes est le plus remarquable.
liAI.ZBIIBCt, <
Terre cuite a émail stannifèbe. vers 1450
B poêle gothique en émail stannifère poly-
EUROPÉENNES. 261
chrome et à bas-reliefs et ornements à jours, se trouve au
château ie Sahburg. C'est une pièce tellement remarquable
qu'un amateur anglais en a déjà offert inutilement 30,000 fr.
Od en trouvera dans l'appendice une reproduction complète
et détaillée.
. 1.IIIVK, en Autriche.
Terr£ cuite a émail sntHNiFÈBs. vers 1530,
Un Baa-relief carré de ma collection, de 26 sur 43 centi-
mètres de grandeur, provient d'un poêle de Lintz. Ce carreau
du seizième siècle est émaillé en bleu, vert, jaune, brun et
T«m cuilc «mullée
blanc; le sujet représente un seigneur de l'époque, debout
262 POTBRIBS OPAQUES
dans une niche dont les ornements architecturaux sont remar-
quables.
M. de Frank, à M. de Fichier à Gratz en Autriche, possède
une collection nombreuse de produits céramiques autrichiens.
IHBaillIIlittBIV , A
Prèi Kaafbettm > en Bavière.-
Terhes gtjites et faïences à email sTtimirÉim. 1650 à 1790
*
On y a fabriqué des poêles magnifiques, tantôt moulés, tantôt
modelés, dont plusieurs musées possèdent des exemplaires.
Les plats et les assiettes en faïence de Memmingen sont or*
dinairement en camaïeu bleu ; le dessin est du style renais^
sance, les bords sont larges comme ceux de la vaisselle ita*
lienne et il y en beaucoup d'armoiries.
Le musée germanique possède une de ces assiettes à larges
bords qui est décorée en couleur des armoiries des patriciens
Im-Hof de Niirnberg, etjlu millésime de 1560. Cette assiette
marquée à l'envers :
1^ J
peut, selon toutes les apparences, être attribué à la fabrique de
Memmingen.
Ce que cette localité a produit au dernier siècle, est de qua«
lité commune et décoré à fleurs polychromes, dans le genre de
Marseille. On trouve aussi dans la collection de TAssociation
des Amis de Tart, à Ulm, une assiette et un saladier aux ar-
moiries de révoque d'Aischtadt, seigneur de Gemmingen ; ces
pièces sont au millésime de 1 60^. La faïence de Memmingen
se rapproche plus de l'école souabe que de celle de la Fran-
conie et ressemble à certaines productions suisses.
miiiiCHBii (nunieh).
Terre cuite sans couverte. Vers i600
Trois fort remarquables tableaux, modelés en bas-relief et
en ronde bosse, jadis tous les trois au château de Trausnitz et
dont deux se trouvent actuellement au musée de MUnchen, sont
EUROPÉENNES. 263
l'œuvre de Raach de cette dernière ville, qui les a terminés
vers 1600.
KVmBRSBER» ,
Près Memmioge», entre Ulm et Kempten, en Bavière.
Faïence â email stannifârb. 1 600 à 1800
Les bâtiments qui servaient à cette fabrique sont mainte-
nant habités par des fermiers; elle avait produit de fort belles
faïences^ parmi lesquelles on peut signaler des beurriers et des
sucriers, etc., en forme poisson ; des encriers forme oiseau, etc.
J'ai vu à Augaburg une écritoire qui était marqué en toutes
lettres :
Kun&sberg,
E
elle était décorée en camaïeu d'un violet grisâtre,* d'armoiries
qui moBtrai^t dans Técusson et aux cimiers, un bœuf et tout
autour des papillons. Un fruitier ou con^potier à galerie à jour,
de la collection Gasnault^ à Paris, est également signé en toutes
lettres.
lIOIAIVSCIKi (Autriehe?).
Faïence a émail stannifère.
On rencontre des poteries émaillées signées :
Holliisch.
Capitale autrichienne.
Faïences.
Un ouvrage statistique publié en 1837, parle de six fabri-
ques de faïence en pleine activité à cette époque, ainsi que
d*un grand nombre de fabriques de poteries.
VRAIM en MoraTie.
(Autriche.)
Terre cuite émaillée.
Il y a aux Arts et Métiers à Paris, un vase à fleurs, forme
1. La collection de M. Paul Gasnault est ribhe en pièces mAr^uées, faleilces et
porcelaines, ainsi ({u'en beaux verres anciens allemands et vénltiensi
i . Il eiiste une localité du nom de HolicZy en Hongrie i
264 POTERIES OPAQUES f
antique, à fond brun, dëcorë d'or, et un autre vas^ tout marbré, >:"
qui sont désignés comme provenant de Frain et me paraissent
dater du commencement de ce siècle.
HAVHERZEI^, en Bavière.
A douze kilomètres de Passau.
Poteries. Époque actuelle*
Madame veuve Ph. Kalmeyer, fabricante.
HonrctBiB.
(J'ignore les localités.)
Terre cuite. Époque actuelle.
Le musée de Wien possède des céramiques de ce pays qui
imitent les poteries antiques.
IIIR9CIKAU, en Bavière.
Faïences. Époque actuelle.
M. Dorfner, fabricant.
(Voir les porcelaines de cette localité.)
HTAiiDERBACH, en lUiTière.
Faïences. Époque actuelle.
M. Waffler, fabricant.
( Voir les porcelaines de cette localité.)
A Deggendorf, Kroning et Petershirchen, en Bavière, existent
de nombreuses fabriques de poteries communes.
POTERIES OPAQUES ALLEMANDES
de localités inconnues.
Faïence a émail stannifère. 1687
Un plat de la collection Perillieu*, à Paris, est marqué
A. F.
i687
Un délicieux vase à parfums de ma collection, de 30 centi-
1 . Cette collection, composée de faïences de toutes les époques et de tous le
pays, de porcelaines, de bois sculptés, de tableaux et d'objets d'art dits de curio<
sites, contient quelques exemplaires remarquables.
kre.^ de hauteur, en style rocaille ou Saxo, avec couvercle et
Ranges parfaitement modelés, qui tiennent des écussons
|nnés aux initiales
F J. K. et U..F.,
l ea polychrome porte la
H. Théodore Grasse attribue
à Anspach la marque suivante
A
Vue à pirfiinii
Je la donne sous toute réserve.
Assiettes festonnées probablement de la 6n du dix-huitième
siècle, décorées en polychrome de sujets bibliques naïvement
esquissés, mais fort originaux, de pâte lourde et d'un émail un
peu jaunâtre, marquées :
fe
( Voir Memmingen pour un monogramme semblable.)
H. Gustave Arosa à Paris, possède un groupe en terre cuite
sans couverte, dont le sujet religieux est parfaitement bien
modelé et qui est signé :
Gosïwr kimâ^p,. 1788.
Le caractère et le style indiquent un artiste allemand ou suisse.
On trouve dans la collection de ce même amateur un plat
ovale festonné qui est décoré d'un paysage animé de pen-on-
266 POTERIES OPAQUES
nages en costumes de chasse, de la fin du dix-huitième siècle,
et où le vert criard domine. Ce plat est marqué :
L
N® 4066^ au musée de Kensington àLondQn,iine belle écuelle
richement décorée ea polychrome de sujets mythologiques,
porte l'inscription :
G. F. B. 1783
Cette pièce a été payéeleprix exorbitant de 1 6 Ilv. 10 sch. (41 Ofr.).
Une faïence que j'ai rencontrée, porte la marque :
qui est probablement celle d'une fabrique allemande encore
inconaue, ainsi que la marque suivante :
c.-b
m «
Le musée germanique à NUrnberg possède un grand plat rond
à bords étroits et d'un émail blanc suave et sans nuances, qui
estdécoré en polychrome (jaune et bleu), d'une Allégorie delà
vie humaine et d'un Jugement dernier, La peinture hardiment
esquissée indique la main d'un artiste allemand de l'école de
Goltzius; ce plat est marqué :
EUROPÉENNES. 26*7
L'Initiale
R
que Ton rencontre souvent en Allemagne sur des faïences
à émail stannifère, décorées en camaïeu bleu d'ornements
fins qui rappellent sous plusieurs rapports ceux de Moustiers,
est celle probablement des produits d'un fabricant établi
dans le courant du dix-huitième siècle, dans le midi de l'Alle-
magne, en Bade où en Wurtemberg. (Ne pas confondre avec
les productions des frères Robert, de Marseille, qui ont aussi
marqué d'un R.)
sont encore des monogrammes recueillis sur des faïences aile*
mandes au décor polychrome.
Une écritoire en terre cuite au vernis minéral» brun choco-
lat (manganèse et fer), semblable aux terres d'Avignon, et qui
se trotive dans la collection d'antiquités de l'hôtel de ville à
Freibourg en Breisgau, est marquée :
F. M. A. F. 1741
^POTERIES SIGULO ET HISPANO-MUSULMANES ^
Poterie sigulo-musulmane a émail stannifère , a replet
MÉTALLIQUE AU BISMUTH, A l'aNTIMOINE OU A l'ARSENIC ,
SUR FOND BLANC ET A DESSINS BLEUS (simultanément avec
reflet métallique brun). 821-1700
Le reflet métallique, qui s'obtient de différentes manières et
à tout petit feu ; par des fumigations arsenicales et autres, par
l'antimoine, par le bismuth, etc., ne contient pas d'or et encore
moins de cuivre, comme plusieurs auteurs l'ont avancé par er-
reur. Le cuivre brûle au grand feu, et tourne au vert au feu de
1 • Quelques voyageurs ont parlé de Galata-Girone où on a trouvé d'antiques
fours de poteries. On y a aussi fabriqué à la fin du seizième siècle des poteries
qui se trouvent mentionnées pins loin.
268 POTERIES OPAQUES
moufle môme. Ces reflets sont obtenus tantôt par des sels, tantôt
par remploi de Tarsenic, métal que Brandt a étudié le premier, en
1733, mais que Paracelse doit avoir connu, et dont le sulfate,
Torpiment, était déjà appliqué par les Grecs et les Arabes.
Les divers genres de poteries fabriquées depuis l'invasion des
Arabes en 827, sous les dynasties musulmanes des Aglabites et
des Fatimi tes, jusqu'en i090, furent confectionnés aussi à
l'époque où Roger le Normand chassa les Arabes et prit le titre
de grand comte de Sicile (1058 à 1690).
Les inscriptions dont la plupart des plats de cette provenance
sont pourvues, prouvent qu'ils ne datent que des quatorzième,
quinzième et seizième siècles, puisque les monogrammes sont
toujours en écriture gothique minuscule^ laquelle avait remplacé
l'écriture dite gothique nouvelle ou majuscule ronde, depuis
1360, et les monogrammes ont tous des significations chré-
tiennes. Un plat de ma collection (45 cent, de diamètre) est
marqué d'un monogramme gothique minuscule, qui forme en
grec les trois premières lettres du nom de Jésus (IH20T2].
M. Mathieu Meusnier en possédait un semblable. On ne ren-
contre pas non plus de ces faïences avec inscriptions en lettres
Kufiques, dont les anciens monuments arabes sont couterts et
qui ont formé dans leur développement artistique l'écriture
Karmathique, et plus tard Neskhi. Il faut donc admettre que la
plupart des faïences siculo-musulmanes sont postérieures au
quatorzième siècle et qu'elles ont été fabriquées par des potiers
arabes qui avaient embrassé le christianisme ou par des po-
tiers siciliens chrétiens.
Je possède un pot de pharmacie de 31 cent, de hauteur,
dont le reflet métallique et le fond blanc sont entrelacés par
des ornements bleus, et qui porte cette inscription en vieille
langue arabe :
{Gloire au victorieux ! )
que je connaisse de la
delà de la conquête de
' EUHOPÉBNMBS.
c'est le seul exemplaire de ce genre
fateuce siculo-musulmane, remontant
Roger le Normand ou de i05S.
On attribue aussi à la fabrica-
tion siculo-musulmane du sei-
zième siècle, ou plutôt à une
fabrique sicilienne de
Calata-Girohb
despo teries recoievertesd'wiesorte
de glaçure à refiet mélalliquei
le fond en est bleu-violet el cou-
vert d'une infinité de petits or-
nements aureo^uivreux, souvent ||
vermiculés'.
M, deBasilewaki, à Paris, pos-
sède de c«tte poterie une grande I
soupière avec couvercle à bou-
lon, qui n'offre cependant aucun
caractère archéologique.
Au musée du Louvre, sous le „ , . .
no ■ „ 1.1 1.1 ^' <'' plMmoM»
n"38,une<KiieHesembIableque mufuiniMie de ma coiiecuDu.
le catalogue désigne aussi sous le
nom Halo-moresque, est attribuée à Calata-Girotie du seizième
siècle. Le revers de celte assiette est encoredécoré sur fond bleu.
Le musée de Cluny conserve également une potiche de cette
espèce.
Les dénominations siculo-moresques aussi bien que italo-mo-
resques et siculo-musulmanes me paraissent cependant ici im-
propres; l'élément musulman n'existait plus en Sicile au sei-
zième siècle, époque où il s'était fondu depuis longtemps déjà
dans la population italienne.
On fabrique actuellementen Sicile des poteries sans reflet mé-
tallique, qui ressemblent assez aux faïences communes de Perse.
Le musée de Sèvres, la collection Sauvageot au Louvre et
plus particulièrement le musée de Cluny sont riches en exem-
plaires des fabriques siculo-musulmanes.
270 POTERIES OPAQUES
ESPAGNE.
jmjLmmAhvmjk et cai<<iive.
Terres cuites sans couverte. Vers 50
Pline fait mention de ces deux villes en Espagne où Ton fa*
briquait des briques qui surnageaient sur Veau,
Pabroni de Florence en a fabriqué plus tard de semblables
avec de la farine fossile, dite : V agaric minéral ou lait de lune.
Cette substance qui exhale une odeur argileuse et qui produit
une fumée blanchâtre dès*qu'on Tarrose d'eau, se compose de :
55 parties de eUice,
t5
— .
magnésie,
12
.^
alumine,
3
— .
colle,
1
—
fer.
14
.^
eau.
La farine fossile est infusible à la plus forte chaleur et ne
fait pas effervescence avec les acides. On la trouve sur le ter-
ritoire deSienna, près de Gastel del Piano. Une brique de cette
matière ne pèse que quatre onces, tandis qu'une brique ordi-
naire de la môme dimension pèse quelquefois cinq livres.
FaIenges a émail stannifèbe a reflet métallique. His-
pano-musulmanes, dites aussi hispano-arabes et avec plus de
raison hispano-moresques. 1250 à 1600
La première période de la faïence à reflet métallique mala-
gaise, qui ressemble à celle dite silico-musulmane, remonte pro-
bablement au treizième siècle, après la fondation du royaume
deGranada en 1235.
Un voyageur natif de Tanger, Ibn-Batoutah, dit dans son
mémoire, écrit en 1350 : « On fabriquée Malaga de belle po-
terie dorée que l'on exporte dans les parties les plus éloignées. »
Le doré parait se rapporter à ce reflet métallique qui signale
les poteries hispano et silico-musulmanes. Toutes les deux es-
pèces, ont souvent des parties émaillées en bleu et en blanc.
Il faut distinguer dans l'histoire d'Espagne, les deux époques
EUROPÉENNES. 271
musulmanes. La première^ celle des Arabes, date de la con-
quête de TEspagne en 710, jusqu'à la fin du califat de Gordoue,
au commencement du douzième siècle ; la seconde celle des
Maures ou des Amoravides, Almohades et Alhamanides (de
Granada), de 1235 à 1492.
Le royaume de Granada que Mohammed I (Aben-el-Hamar),
avait fondé en 1235, devint en 1345 tributaire de la Gastille, et
fut reconquis en 1492 par Gonzalve de Gordova. Les habitants
maures ne furent entièrement expulsés qu*en 1610, et la ville
de Granada si célèbre par l'industrie sous les Maures et peuplée
de 400,000 habitants, fut réduite à 8Q,000 âmes par la perte de
son commerce et de son industrie. Le sombre régime clérical
obtient partout où il domine ce triste résultat !
L'amateur doit donc observer qu'il y a deux époques dis-
tinctes pour le classement des faïences hispano-musulmanes :
l'une, du treizième au quinzième siècle, toute musulmane;
l'autre, du quinzième au commencement du dix-septième siècle,
musulmane-chrétienne. Sur les pièces fabriquées durant cette
seconde époque on rencontre seules les armoiries et les in-
scriptions chrétiennes. (Pour les observations concernant les
différents genres d'écritures gothiques, fort nécessaires aussi
pour reconnaître les époques, il faut voir l'observation aux
faïences siculo-musulmanes.)
La plus belle pièce connue de la fabrique de Malaga, c'est le
Vase de VAlhamhra de Granada, daté de 1320 et qui mesure
i"»,38. Ge vase que la manufacture de Sèvres a essayé de co-
pier en 1 842, est également à dessins bleus et à reflets d'or sur
fond blanc, comme le vase silico- musulman de ma collection,
ce qui démontre que les deux pays ont suivi les mêmes procédés
et employé le même genre d'ornementation.
Un autre très-beau vase de cette provenance fait partie de la
collection Soulage en Angleterre, et le musée de Gluny possède
un grand vase dont la forme moresque indique l'origine.
Le n^ 280 au même musée, un fragment de carreau émaillé en
couleurs, du treizième siècle, provenant du pavage des alcôves
de l'Alhambra, à Granada, porte la devise du fondateur de
ce royaume, qui signifie en français : Et il n*y a pas de fort si
ce n*est Dieu.
Les carreaux, appelés en Espagne Azu/ejos, qui ont été fa-
briqués du temps des Maures ou Amoravides, durant l'existence
272 POTERIES OPAQUES
du royaume de Granada (i235-i492), sont ordinairement sans
reliefs, tandis que ceux produits par les Maures restés sous la
domination chrétienne jusqu'à leur expulsion en 4610, et aussi
par leurs continuateurs, les Espagnols mômes, sont souvent
estampillés à très-faibles reliefs et pareils à ceux frabriqués
en France que l'on trouve conservés au musée de Nantes.
En 1755, les murs de l'Alhambra étaient encore recouverts
de ces Azujelos, à huit pieds de hauteur.
Le Guerto-Raal à Granada est décoré de briques émaillées à
fond bleu et où les dessins sont chatoyants^, c'est-à-dire à reflet
métallique.
Il y a aussi de ces Azujelos à l'Aleizar de Sevilla (voir les
fei'ences de cette ville), et on a placé dans la chapelle Major,
à Bristol on Angleterre, des carreaux qui provenaient de fa-
briques sévilloises.
N° 3038, au musée de Cluny, est un fragment de carreau de
de la mosquée El Transite à Toledo.
La collection d'objets d'art de la bibliothèque à Saint-Gallen*,
possède un carreau semblable.
On peut encore attribuer à la fabrication malagaise le plat au
musée du Louvre qui est signé :
i . Les faïences allemandes, anglaises et françaises, coloriées d'une couTerte
chatoyante, peuvent aussi être assimilées, sous quelques rapports, aux faïences à
reflet métallique. Chatoiement est un mot qui désigne un reflet coloré chan-
geant tant soit peu sous les rayons de la lumière et qui a été composé avec le mot
chaty parce que l'œil de cet animal offre différentes couleurs, selon le côté par
où la lumière le frappe. On obtient ce chatoiement de certaines couleurs céra-
miques en y mêlant de la dissolution d'argent et en exposant les pièces à l'action
de la fumée de matières animales que l'on introduit dans les moufles ou dans les
fours.
2. Ce petit musée contient des antiquités celtiques^ dites lacustres f de Tâge
de la pierre ; des antiquités mexicaines , grecques et romaines ; une collection
ethnologique ; des armes anciennes et toutes sortes d'antiquités du moyen âge.
Des vitraux suisses, datés de 1543 à 1658, y représentent bien l'art industriel na-
tional dans lequel la Suisse a si grandement brillé.
EUROPÉENNES. 273
ainsi que celui de la collection Amhurst, marqué :
Le British-Musëum à London^ possède plusieurs remarquables
plats et cruches en faïence musulmane. Un de ces plats à côtes,
dëcor bleu à reflet d'or, et aux armes de Castille et d*Aragon,
date probablement de l'année 1380. Ce musée renferme en
tout trois plats et une grande coupe siculo-musulmane, et sei^i
plats et une petite coupe hispano-musulmane. — Ils sont ex-
posés dans les armoires 125, 126, 128 et 129 de la salle de
la Mediœval-Collection,
Dix-neuf exemplaires de farences musulmanes ( n°" 2440 à
2458) appartiennent au musée de Kensington.
Des figurines en terre cuite de fabrication malagaise mo-
derne, sont conservées au musée Japonais, à Dresden, et au
musée de Sigmaringen.
MA^ORCA et ITIÇA,
Iles Baléares, daas la Bléditerranéc.
MÊMES POTERIES QUE LES PRÉCÉDENTES. 'i 260 à \ 600
Majorca parait avoir été un des plus anciens centres de
fabrication de faïences à émail stannifère, et quelques au-
teurs croient môme que le mot Italien Majolica ( faïence )
dérive de Majorca. Il paraît que la petite ville d'/nca, située
à quelques lieues de Palma^ la capitale de Majorca, possédait
aussi des fabriques, puisque plusieurs plats, un au Musée de
Cluny et un autre au musée Britannique, portent les armes
d'Inca.
Quant aux fabriques établies à l'île d'Iviça, on les connaît
uniquement par la mention que Vargas en fait dans sa DeS'
cription des îles Baléares et PHymes, où il dit : «Il est bien re-
« grettable qu'Iviça ait cessé de fabriquer ces fameux vases de
« faïence, etc. »
La faïence des îles Baléares est plus légère de pâte que celle
S74 POTBHIU OPAQUES
allribuée aux fabriques de Malaga, et a un certain caractère de
terre de pipe. Le bleu s'y rencontre aussi plus rarement. Le
musée de Cluny possède tûaucoup d'exemplaires de cette pro-
venance, et lin plat au musée de Sèvres porte les armes de
Blanche de Navarre, femme de Jean d'Aragon, morte en IMl.
Plusieurs beaux exemplaires aux musées de Berlin et de Sigma-
ringen.
Un joli vase à anses, de 22 cent, de hauteur, fait partie de
ma collection , dont le dessin
ci-contre.
Une autre pièce de cette pro-
venance, également de ma col-
lection, plat magnifique, se si-
gnale par les curieux bords tra-
vaillés comme une argenterie et
couverts de tâtes de clous et
d'arrêtés en relief; le centre
ombilic, orné d'un écusson, re-
présente un château fort, sur-
monté de quatre fers de lance
et d'un croissant.
Le décor consiste dans une in-
iinit^ de petits ornements, fine-
ment dessinés, brun d'or à reflet
joM», de m» coiie=iion métallique Sur fond jauue pâle.
Le revers richement orné d'arabesques & feuillages, montre au
centre ombilic une espèce de lète de lion au milieu de rayons
solaires. {Voyez le dessin ci-contre, p. 275.)
Majorca été enlevéeaux Musulmans [Sarazins], en 1330, parles
Aragons, et érigée en royaume, en (260, par Jacques 1" d'Ara-
gon en faveur de son fils Jacques. Le croissant au milieu de
la grosse tour crénelée de l'écusson de ce plat pourrait faire
supposer quelafabrication remonta avant la conquâte de tS30.
Il est fort difficile de fixer positivement l'attribution de ces
armoiries. L'Armoriai de Lopez de Haro ■, publié il Madrid
en 1630, ne donne aucune armoirie qui remonte au delà du
HiTD, on I «acore les Sobilarioi de Fiffeitr
folfo, Rome, 1 640) ; el de Meiia ( ia-rolio, Se-
'i iSM impossible de me procurer im etemplain
(in
9S7); de II
BUR0F8ENNES. iTj
commeneeraent du quatorzième siècle, et on n'y trouve que
des croissants saoB châteaux forts sur les écusaona des comtM
de Santagadea et de Ribadeo, du marquis de Molesclanw
et du duc d'Argona. Quant au soleil, je ne connais que les
armes du comte de Covia qui le portent. Aucune armoirie espa-
gnole connue n'est surmontée non plus de quatre fers de lances,
de manière que tout me porte à attribuer le plat, d<mt ci-dessous
le dessin, à une époque antérieure à la conquête de Majorca
par les Espagnols.
TERRES CtlTBS SANS TSBHIS MINERAI., GENRE ÉTRCSÛCE, VorS 2
FAlBNCESAÉMAlL STANNIFÉHB. 1400 — jUSqu'à COJOUr.
Quant à la fabrication de poteries antiques du royaume de Va-
276 POTERIES OPAQUES
lence, elle est attestée par Pline, qui parle des produits de Sa-
guntum (Sagonte) aujourd'hui Murviedro. Ces poteries appar-
tiennent à l'école romaine ou plutôt grecque.
Le premier document qui constate la fabrication de la faïence
au seizième siècle à Manisses, village près deV^lencia, c'est un
décret rendu en 15*28 et rapporté par Capmany(Loza di Yalencia).
Le village de Manisses est désigné comme centre de fabrica-
tion dans une description publiée en i780 par le voyageur an-
glais Talbot Dillon. Fischer, voyageur allemand qui a publié
en 4 soi* une Description de Valence, parle d'un nommé
Jayme-Cassans, simple posadero (aubergiste) qui fabriquait
encore, tout près de Valence, des tasses, etc., à reflet métallique,
et qu'il vendait pour quelques sous.
M. Gustave Arosa, à qui l'histoire céramique doit de nom-
breux et précieux documents en terre cuite, rapportés par lui
d'Espagne, a visité il y a quelques années le seul potier qui fa-
brique encore actuellement à Manisses (à deux lieues de Yalen-
cia ) des faïences à émail stannifère et à reflet métallique, et
qui tient en même temps comme le Jayme-Gassans de Fischer,
un cabaret. Les pièces de sa collection que M. Arosa y a ache-
tées, sont d'une fabrication fort commune, le fond de l'émail
blond est jaunâtre et le reflet métallique pâle.
Les poteries anciennes que l'on attribue ordinairement à cette
localité, sont moins artistiques que celles des lies Baléares et
de Malaga. Elles n'ont pas le cachet et le style archéologique
qui donne tant le prix aux vieilles faïences musulmanes.
Une écuelle dans ma collection, probablement du dix-hui-
tième siècle, et dont voici le dessin est de la fabrique de Manisses :
Écuelle en faïence à reflet métallique de Manisses.
1 . M. Davillier a eu Tingéuieuse idée de rapporter ce fait, raconté par Fischer
en 1801, comme un de ses propres épisodes de voyage, arrivé en l'an de grâce
iS6l, sans avoir même changé le nom du potier, de ce Jayme-Gassans, et il
EUROPÉENNES. 277
M. Rayo et M. Sanchez fabriquent acluellement des faïences
à Yalencia.
Les faïences, le plus souvent à camai'eu bleu, des fabriques
du dix-huitième siècle de cette localité, de qui M. Arosa a rap-
porté un grand nombre de pièces intéressantes, ressemblent
aux faïences fabriquées à la même époque aux faubourgs de
Sevilla, à Triana ; seulement le bleu est plus pâle. Le décor
montre toujours de ces animaux fantastiques, de ces léopards
et de ces taureaux que l'on croit sortis du crayon d'un Delacroix
naïf. Une espèce de soupière, ou plutôt un plat à légume avec
couvercle, également de la collection Arosa, et dont le décor
ressemble un peu au décor en camaïeu bleu des faïences de
Moustiers, est signé :
Saliba,
Akoraj tout près de Valencia, a également fabriqué des faïences,
dès le dix-huitième siècle ; elles sont en polychrome et marquées
d'un
A. , en jaune,
telles qu'on les trouve dans la collection de M. Arosa. (Voir les
porcelaines tendres dAlcora,)
Les plus belles pièces de faïence de cette localité que j'ai
rencontrées, sont les deux grands légumiers, forme bélier, avec
agneaux sur les couvercles, également de la collection de
M. Arosa et provenant de celle de M. Nadar, dont le catalogue
les désignait^ sous le n*^ 141, comme faïences nivernaises. Ces
' céramiques décorées en polychrome sont d'un modelage qui
imite parfaitement la nature, et elles sont marqués d'un
A.
M. G.,
en bleu, est la marque d'une faïence commune de Valencia,
que j'ai encore recueillie sur un plat à décor polychrome de la
collection Arosa.
Au musée de Kensington, on voit plusieurs tableaux formés
de carreaux de faïence moderne au décor polychrome, qui pro-
termine ce merveilleux récit par la phrase non moins ingénieuse ; a Voilà où en
est aujourd'hui (1861) la fabrique de Manisses. »
(Page 44 de l'Histoire des faiences hispano-moresques. Paris, 1861, chez
Didier; brochure in- 18 de 55 pages.)
24
278 POTERIES OPAQUES
viennent de la fabrique de Gonzalez et Vais, de Valencla, et de
l'exposition de i 85 3.
BAMCltliOlfA.
FaIence a émail stannifère. 1400 à 1600
La fabrication de ces faïences est attestée par une mention
que Hieronymus Paulus, de Barcelona, fait dans une lettre
adressée à Paulus Pompilius en 1491 .
WBTIIiIiA»
Capitale de l'Andalousie.
Faïence a émail stannifère, 1400 à 1790
Cette ville où fut décrété, en 1480, rétablissement de Tinqui-
sition, qui devait bientôt ravager l'Europe entière, a jadis pos-
sédé de nombreuses fabriques de céramiques qui occupaient
toute une rue et exportaient de grandes quantités de marchan-
dises. On en peut remonter la fabrication avec certitude au
commencement du quinzième siècle, et on la retrouve encore
à la fin du dix-huitième.
Les azulejos, qui ornaient VAMzar à Sevilla, attribués par
quelques archéologues à Malaga , ont été probablement faits à
Sevilla.
Un azulejo à éraaîl stannifère, de ma collection, et où le
dessin estampé et colorié de vert, jaune et bleu, représente un
sceau de fleurs et deux fleurs de lys, est attribué à la fabrique
de Sevilla du quinzième siècle ; il provient de la colection Arosa.
La Casa de PilatoSj construite à Sevilla par Don Pedro En-
riquez, adelantado major d'el Andaluzia^ y donna Casalina de
B.ibeira, sa mujer (safemme)f vers 1520, à leur retour de Jéru-
salem, montre encore dans les escaliers de la cour {Patio) un
revêtement d'azulejos, de deux mètres de hauteur où chaque
compartiment renferme un écusson aux armes de Léon de Cas-
tille et de Navarre, à reflet métallique, tandis que les autres
carreaux sont à émail stannifère blanc, à ornements estampés,
espèces de cloisonnements, coloriés d'émaux verts, bleus, jau-
nes, bruns et noirs. Une inscription porte :
4 dùM de Âgosto 1519 en<rd en Jherwalem.
Plusieurs échantillons de c«e azulejos dans n
un grand nombre dans celle de H. Arota.
g^VrisS '>8« fis.'
Aiul^ade la casa de Filalos ( coliections Aroiaet Dommln).
A partir du commencement du seiùème siècle, le reOet mé-
tallique sur les azulejosavait disparu, pour faire place au décor
des couleurs ordinaires à émail siannifère que les Italiens
avaient introduites, et ce n'est qu'au dix-septième et au dix-
huilième siècle que ie goilt véritablement espagnol s'est mani-
festé dans les décors sur faïence, par des dessins au Irait
d'animaux fantastiques, de léopards, de tigres, de taureaux et de
chevaux, et enfin de figures et de paysages.
L'influence italienne dans la fabrication des farences de Se-
villa est attestée par des monuments encore existants à Sevilla
même, et qui portent les signatures des artistes suivants :
Jïieoto Francisco de Pisano et
Augusta. ,
Voici la description de ces monuments, telle que M. Arosa a
eu la complaisance de me la fournir :
A VÉglise Satita-Anna d'Erlana, faubourg de Sevilla, située
sur la rive droite du Guadalquîvir ; 32 carreaux de faïence à
émail s tanni (ère polychrome, qui recouvrent le tombeau du sei-
gneur Lopez. L'œuvre est signée :
Nicolato Franctico llaUatu me ftcit, fM,
A la maison du Dvx d'Atbe, des carreaui à reflet métallique
et nacré, de l'autel de la chapelle abandonnée, qui remontent
avant la venue des Italiens.
A la Chapelle, dite la Chapelle de faienceilCapilla de aailejos),
àl'Alca/ar, un devant d'autel quireprésentedansun médaillon
280 POTERIES OPAQUES
tenu par des Chimères la Visitation^ peinte d'après une gravure
allen^nde où l'on voit dans une banderole la signature du
peintre :
Nicolaso Francesco Italiano me fecit,
et plus haut :
Agno (sic) del mil CCCCC IIL
Au fronton, l'artiste a représente V Annonciation entourée
d'ornements et de la devise des rois catholiques :
Talo moia (Tanto monta).
A V Église du couvent de San Clémente, sur la porte, le portrait
de San Fernando, de grandeur naturelle, en bleu, jaune et man-
ganèse. Les murs de cette église sont revêtus, à deux mètres de
hauteur, de carreaux, datés de 1583. Les sujets des décors repré-
sentent des prophèteSf des évangélistes et des saints, entourés
de grotesques, le tout de style italien, et en couleurs jaune,
bleu et violet (manganèse).
Au couvent de Santa Paula, à la porte d'entrée, dans une
espèce de cour {Patio) pavée de carreaux violets et blancs, les
murs sont garnis de carreaux blancs où les traits sont bleus.
On y voit aussi représentés quatre arbres verts, pointus,
ressemblant aux arbres des boîtes de joujoux de Nurnberg, et la
Santa Paula encadrée par deux colonnes vertes qui suppor-
tent un plein-cintre dont le piédestal est jaune.
Le reste du cadre, qui entoure le tout, est orné de chimères,
tambours, étendards romains et casques, en bleu et en brun,
également peints sur fond jaune.
La figure de la sainte qui tient un livre ouvert est en émail
blanc, comme le sont ordinairement celles des figures des œu-
vres des Délia Rabbia; mais Tauréole jaune indique une autre
école; la robe est brune.
La porte gothique de l'église dans la cour est entourée au-
dessus de faïences sur lesquelles on voit des chimères, des gro-
tesques ( chiens à tète de femme), sphinx, des corbeilles de fruits,
des masques, des Pégasus, des amours achevai, etc., ressortir
sur un fond brun. Sept médailles à bustes encadrés de fruits en
haut relief, dans le style des Délia Robbia, forment l'encadre-
ment. Les sujets représentent : Santa Paula; deux Moines porte-
croix ; saint Pierre et saint Paul; la Vierge et saint Joseph à ge-
noux devant le berceau {Sainte-Famille) ; deux Saintes; Vense-
EUROPÉENNES. 281
velissement de santa Faula et santa Pauîa au milieu d'u7i
paysage. L'email est violet {manganèse), blanc, jaune et verl.
L'ogrve est surmontée par deux anges debout et deux autres
agenouillés, dix pyramides et deux tètes de chérubins, etc. On y
voit encore au-dessus de la porte de bronze, des carreaux de
faïence décorés de grotesques bleus sur fond jaune où on lit sur
un cartouche :
Pisano
sur un autre :
S. 0. Q. R.
et sur un troisième :
Nicoloso Francesco ItaHano-me fecit el ano de 1540.
Ici encore on retrouve le tato-mota et les initiales de F et I
qui sont celles de Fernando et Isabella.
Au couvent de la Madré de Bios, le dessus d'une porte est orné
d'un autre tableau en carreaux, dont le sujet représente V ap-
parition de la Vierge et de V enfant Jésus avec trois Moines et û
trois Nonnes agenouillés. Les figures sont toujours en émail
blanc et les vêtements en manganèse (violet), jaune et bleu.
On y lit la signature :
Augmta, fati 1507.
Je ferai remarquer que le coloris de toutes ces faïences se
compose des couleurs ordinaires de l'école italienne où le rouge
manque comme dans presque toute la peinture céramique de
ce pays. Ce sont des verts de cuivre, des violets de manganèse,
des bleus de cobalt, des oranges d'antimoine, de cuivre et de
soufre. Les traits des dessins sont indiqués par le bleu de cobalt.
Quant aux sept bas-reliefs dans le genre des Délia Robbia,
appliqués sur la voussure,[il est difficile de dire s'ils sont l'œu-
vre du môme artiste, de ce Nicole Francesco ; mais ils sont cer-
tainement de l'école italienne. M. Arosa a aussi rapporté un
certain nombre de carreaux faits par les Italiens, qui portent
la date de 159J , et dont il a bien voulu me céder une pièce.
C'est le jaune jonquille qui domine dans le décor qui n'a rien,
de moresque.
M. Arosa possède une bouteille carrée, de 30 cent, de hau-
teur, dans la forme de celles dont les Allemands se servent
pour mettre l'eau-de-vie. Décorée en polvchrome (jaune, man-
24.
?82 POTERIFS OPAQUES
ganèse et vert). On y voit les armes de l'inquisition : La ctoix
et rêpée nue et Tinscription :
Soi de Don Sebustian Moron y Ponye («t'o).
Cette bouteille doit donc avoir appartenu au Don Sébastien
qui était Talcade de la prison de l'inquisition à Séville, vers la
fin du dix-huitième siècle*.
On trouve dans la même collection Arosa un modèle du olo-*
cher de la Giralda, la cathédrale de Sevilla. Il est décoré en
jaune et bleu.
Gomme la bouteille en faïence à décor camaïeu bleu de ma
collection, que j'avais attribuée à là côte de Genova, est sortie
du même moule^et comme la panthère fantastique et les mêmes
branchages du décor espagnol du dix-huitième siècle s'y re-
trouvent, je suis fixé maintenant pour la i^rque du poisson que
voici :
(en blea.)
Cette marque est certainement celle d'une fabrique de Se-
villa. M. Arosa a du reste encore rapporté d'Espagne un plat de
45 cent, de diamètre qui montre la même marque.
Triana^ autre faubourg de Sevilla, du côté opposé à la rivière,
a continué à fabriquer des faïences à émail stannifère jusqu'à
la fin du dix-huitième siècle, et il y a encore actuellement des
i . M. WJliet, à Amsterdam, possède une bouteille à peu près dans la même
forme, mais plissée sur les faces, décorée en polychrome, qui p»)rte une des
marques de Savona :
^
(Voir à la fin du chapitre des Poteries opaques italiennes,)
EUROPéEifires. 283
fabriques de faïences communes dont le décor poly.chrome rap-
pelle les nuances des faïences nivernaises populaires du dix-
huitième siècle. M. Arosa possède de nombreux pots de phar-
macie de cette provenance, qui datent du dix-septième siècle;
leur décor est en camaïeu bleu, d'un bleu plus foncé que celui
de» faïences du dix-huitième siècle de Valencia. L'observateur
y retrouve les animaux fantastiques» ces léopards^ ces chevaux,
ces taureaux et ces oiseaux que j'ai signalés dans le dessin des
décors de Sevilla et de Valencia. [Un grand baquet toujours de
la collection Arosa, décoré «n jaune, manganèse (violet) et
jaune, porte l'inscription :
Saca iiA piê eon primùr adresse que no ^êa êl ëongrador^ AHo 1788.
(tends ton pted ateo adreiie, afin que tu ne toiei pas l'opérateur.)
On voit que cette cuvette servait à un chirurgien dans ses
opérations, car on saignait ordinairement en Espagne au pied
et non pas au bras.
De nombreux azulejos dans les fabriques deTriana, du dix*
septième et du dix-huitième siècle, dans la collection de M. Arosa
ainsi que quelques exemplaires dans la mienne, montrent déjà
la plus déplorable décadence.
Un de ces azulejos de ina collection, de 13 cent, carrés,
exemplaire de la fabrication de Triana du dix-septième siècle,
est décoré en camaïeu bleu d'ornements et d'une figure nue
qui tient une échelle; un autre du dix-huitième siècle, en po-
lychrome, est décoré d'un taureau entouré d'un médaillon.
Pickmann et G'^ fabriquent actuellement des faïences à Sevilla.
MIIBICE, MOBITIEDBO et TOIiEDO.
Faïence à émail stannifébb.
Localités Connues par l'ouvrage de Marineo,
AiroiJ^AB,
Petite tille de l'Andalousie.
Faïences peintes sur émail stannifère et
Poteries dites alcarazzas^, en argile blanche sans couverte.
Nombreuses fabriques encore en activité.
2. Voir ce mot à la Table.
284 POTERIES OPAQUES
TAEiAlTEBA DE EiA BETNA ,
Sur le Tage.
Faïence a émail stannifére.
M. Arosas possède de cette provenance un pot à eau, col et
pied plisse et décoré en manganèse (violet) et jaune aux traits,
où le céramiste a peint la Vierge sur le devant de la panse.
On fabrique encore actuellement à Talavera.
DEMI A,
Port de mer dans la Méditerranée, du côté de Valencia.
Faïence a émail stannifére. Au dix-huitième siècle.
On sait que le potier Olery de Moustiers avait travaillé pen-
dant quelque temps dans cette localité espagnole, et je pense
que le beau plat daté de 1739, appartenant à M. Saint-Léon,
à Paris, a été fabriqué à Dénia, ainsi que celui appartenant à
M. Eugène Laurent, à Paris-Montmartre, sur lequel on lit la
signature suivante :
Chris. Ovaleros ou d'Valeros
Le nom : Chris. Ovaleros, indique du reste un espagnol (voir
Moustiers en France).
POTERIES OPAQUES ITALIENNES
La marche de la peinture céramique en Italie est identique
avec celle de la grande peinture de ce pays : quatre époques
bien distinctes se gravent facilement dans la mémoire du cu-
rieux ; ce sont :
L'époque archaïque et gothique^ qui a suivi immédiatement
celle des potiers siculo ou italico-musulmans ;
V époque raphaèlique ou de la renaissance ;
L* époque de transition, etc .
Vépoque de la décadence.
La première a dans ses allures beaucoup de gotlnquef elle se
signale par sa simplicité, par son grand caractère et par sa
EUROPÉENNES. 285
naïveté. Les céramiques de ce temps sont peintes sous l'in-
fluence des Giotto, des Taddeo Taddi, des Lefypi, des Massac-
cio, des RoselH et des Philepepi, et elles ont été particulière-
ment produites à Pesaro, avant même que l'on y eût repris
les reflets métalliques des musulmans. La sainte Cécile de ma
collection, dont on trouvera une reproduction dans le chapitre
de Pesaro, indique ce genre archaïque.
La seconde époque, que j'appelle raphaeîique ou de la renais^
sance, est représentée dans les majoliques par des copies d'après
Raphaël et d'autres maîtres de son temps où Léonard da Vinci,
Michel Angelo, Titian, Corregio et Tintoret avaient fait école.
Le plat peint par Orazio-Fontana, de ma collection, que l'on
trouvera reproduit dans le chapitre qui traite des faïences
d'Urbino, donnera une idée de cette belle peinture céramique.
L'époque de transition est celle de laquelle on trouve de
nombreux exemplaires dans tous les musées, et une reproduc-
tion (potiche de ma collection), au chapitre de Castel -Durante.
La quatrième époque, celle de la décadence, est représentée
en majeur partie par les produits des dix-septième et dix-huitième
siècles, de la côte de Genova, de Savonaet, avant tout, de Cas-
ielli. Ce dernier genre, peint pour la plupart par les Grue, les
Gentile et leur longue suite d'imitateurs et d'émulés, est le
moins artistique de tous; c'est de la peinture de porcelaine au
petit feu de mouflle appliquée sur de la faïence ; elle n'a abso-
lument aucun caractère artistique. (Voir aussi la note du ren-
voi à Firenze.)
La majeure partie des peintres céramistes étant nomades,
les fabriques en Italie se sont de tous temps copiées les unes les
autres, ce qui fait que l'on retrouve souvent la même signature
sur des produits de difiérentes localités.
Vouloir ranger rigoureusement ces nombreuses productions
de la céramique italienne par écoles, serait donc tout à fait im-
praticable.
Le catalogue récemment publié sur les majoliques conser-
vées au musée du Louvre le prouve.
On ne trouvera donc dans ce chapitre, en fait de classement,
que ce qui a pu être exposé avec clarté :
Ordre chronologique et
Sous-ordre chronologique par localités.
(Voir aussi poterie étrusque et romaine).
286 POTRRIBS OPAQUES
micàmuuLTiaK gbmmioumiqdb
d»t loealltés OMiiUoiuiées dans !• diapitro siiivaai :
Venezia , terres cuites au Ternis mioéral ^•.. #..• 800
Castro-Nuevo, — 950
Astrl, — J279
Fi renie, terres cuites à émail stannifère. . . • 1430
Faenza, faïence à émail stannifère 1450
Gastelll , terre cuite sous engobe {veste di Terra) , et faïence à
émail stannifère 1450
Rovenzane , faYence à émail stannifère ] 450
Pesaro, — 1490
Gnbbio, — 1500
Ferrara, — , 1 500
Pavia, — . 1500
Urbino , Urbania ou Gastel - Durante, Fermignano et Rovigo,
faYences à émail stannifère 1508
Pisa, Nocra, Rimini, Imola, Forli, Rayenna, Monte-Feitro, De-
ru ta (Perugia) , Spello, Galiano et Sienna, faïences & émail
stannifère • . 1508
Bologna, faïences à émail slannifère 1525
Sacro-Moute, à Varallo, terre cuite sans couyerle, 1525
Napoli, faïence à émail stannifère • . • 1525
Cita-Castella, terre cuite sous engobe. , . . • 1525
Trevigi, faïence à émail stannifère 1525
Vitorbo, — 1540
Padua, terre cuite au vernis minéral > . 1550
Verona, faïences à émail stannifère. • 1560
Chaffagiolo, — 1570
Angrano, — 1 570
Albissola, — 1575
Savona, — 1 575
Turino, — 1577
La Fratta, terre cuite sous engobe , 1580
Bassano, faïences à émail stannifère. 1595
Lodi, — 1600
i . Les dates indiquées dans cette liste sont à peu près celles d'une première
fabrication. Pour se rendre compte jusqu'à quelle époque on a continué à fabri-
quer et si on fabrique encore, il faut consulter l'article spécial de chaque localité.
EUROPÉENNES. 287
Roma ( ?), faleoees à émail stannifère , . . 1600
Montelupo, terre cuite au vernis plombifère, et faïences et terres
cuites sous engol>e, et quelquefois à émail stannifère, . . . . 1600
San Marco Brussa Porco, faïence à émail stannifère. ........ 1G25
Gandiana, — 1650
Busi, — . 1730
Doccia, — • 1735
San-Quirico, — 1 750
Genova, — 1750
Âriano, — 1750
San-Giorgi, — 1766
Nove (Lenore), terre de pipe sous vernis minéral 1770
Mondovi, faïence à émail stannifère 1 780
Avigliano, — ., 1780
Milano, — 1780
Ariano, — 1 780
San Cristoplio, — ....1780
Modena, — 1780
En Savoie : Saint -Jean-de-Maurienne, — Mouliers, -— Lafore<»(,
— Ghambéry, — Nice, — La Roche-Guchet.
VENEXIA. (Venise).
Terres cuites opaques sous couverte minérale imperméable.
(douteux). Vers 800
Faïence a ïj^ail stannifère. 1520
La première faïence stannifère de Venezia y a été proba-
blement faite par Auguste Hirschvogel de Ntirnberg*. Les
productions céramiques du dix-septième siècle de Venezia sont
*le plus souvent décorées en camaïeu bleu, comme celles de
Savona et de toute la côte de Genova.
Un plat au musée Meermann-Westreenen, à La Haye, plat
dont le décor polychrome représente une bataille romaine
contre le roi Pire, porte l'inscription suivante :
/ fortissimi Roma contra ire Pierro Baldantonio adi iS àcto. 1551;
In Ven{cio,
i . Voir les faïences de Nuruberg.
288 POTERIES OPAQUES
Ludovico ou Lodouico, était un peintre céramiste qui a tra-
vaillé à Veneziai vers 1540
On connaît de cet artiste une pièce, signée
w
{ La forme du bouclier en cœur, pointu en bas avec trois
pointes en haut, qui se trouve au-dessous de cette signature,
indique à rarchéologue le seizième siéch.)
Un plat de ce môme peintre se trouve, sous le n» 2954, au
musée de Kensington.
Deux vases pharmaceutiques de 38 centimètres de hauteur,
dans la collection de M. Fayet, à Paris, décorés d'une peinture
rappelant la manière archaïque, largement facturée dans le
genre des Urbino, et de Tépoque des Malatesta; leur origine
vénitienne est prouvée par l'inscription en 'patois vénitien :
Piata te mova. (Ayez pitié de moi.)
On sait aussi que le céramiste :
Francesco del VasarOy de Castel-Durante, vint s'établir à Ve-
nise vers 1545
Un plat, de la collection Narford, est signé
Fattoin Venezia
in Chastelïo
1546
Une belle plaque à cadre de faïence [28 sur 38 centimètres),
provenant de la collection Mathieu Meusnier, et qui fait aujour-
d'hui partie de celle de M. Fayet, est également de fabri-
cation vénitienne. Celte plaque décorée en polychrome d'un
sujet architectural dans le goût d'Antonio du Canal, dit Cana-
lelti de Venezia (1697 à 1768), ou dans celui de ses élèves Ber-
EUROPÉENNES. 289
nardo Bettoto, Jacopo Marieschi, Giuseppe Moretto ou Fran-
cesco Battaglioni, elle porte Tinscription :
Convento e chiesa délia Madonna deW Orio dei Padri Ambroziani in Venezia
Gomme le sénat de Venezia avait concédé, en 1758, aux frères :
Gian Andréa et à
Pietro Bertilini (voir Lazari) l'établissement, et en outre un
four à Murano, je pense que cette plaque provient de la fa-
brique de Murano qui ne fonctionna pas longtemps.
Hendrick Vroom^, peintre en tous genres et créateur, pour
ainsi dire, de la peinture de marine. Né à Haarlem, en 1566)
après avoir déjà peint sur faïence dans sa ville natale, il est
venu décorer des céramiques à Venezia et dans quelques au-
tres villes italiennes.
(Voir aux faïences hollandaises : Haarlem.)
MM. Karrer et G*', fabriquent actuellement de la poterie à
Venezia.
CASTRO nrijoiro, dans le Mapolltaln.
Terres cuites opaques. Vers 950
On trouve au frontispice de l'église de S. Maria, à Mure»
des terres cuites vernissées qui datent du dixième siècle.
ATM 9 dans le nrapoliialn.
Terres cuites opaques sous couverte minérale imperméable.
Vers 1279
Le campanile (le clocher) à Atri, de 1279, est en terre cuite
vernissée.
VIBENZi: (Vlorence).
Terre cuite a émail stannifére. 1430
Majoîique fine des Bella Robbia (Opère Délia Robbia*).
La famille des célèbres sculpteurs et céramistes Délia Robbia,
— comme les Hirschvogel, les Hans Kraut et autres en Alle-
1. Het Schilderboeck, etc., door Karel Vau Mander. Tôt Haerlem 1604.
Page 247.
2. Les majoliques ou faïences italiennes se divisent en trois classes : les
demi-majoliques, les terres cuites émaiilées, appelées « opère Délia Robbia , »
et les majoliques peintes. On peut classer ces dernières en quatre catégories ou
25
290 POTIHna OPAQUES
magne, et PftHssy en Franee, renomsiës poiir leurs sculptures
et leurs modelages plutôt que pour leurs peintures, -^ doit
figurer eu tête de l'art céramique de son pays.
Luca Délia Robbia, élève de Leonardo, orfèvre, et de Lorenzo
Ghiberti, sculpteur, el né à Pirenze en i40O (d'après Yasari en
1388), mort en 1481, le plus célèbre des artistes qui se soient
occupés de la fabrication des majoliques seulplurales italiennes,
a passé longtemps pour l'inventeur de la faïence fine ou à émail
stannifère européenne*. ÂujoBfd'bui il n'en est plus ainsi.
J'ai démontré que reoDploi de T^tain était connu déjà dans
Tantiquilé et que les Phéniciens te YenaieB,t déjà troquer en
Bretagne et ailleurs avant Pinvasion romaine; on a aussi vu
que mes rechercbes en Allemagne m'ont fait découvrir, à
époques. Les faïences de la prewôère époque, 14b0àl520, sont ordinairement
de grands plats, émaillés seulement d'un côté, et peints largement de couleurs
brillantes, ou en bleu, et d'un jaune souvent à reflet métallique ou irisé. La
faïence de la~seconde époque, 1520 à 1530, est d'habitude de moins grande
dimension; ce sont des plats moyens et des assiettes, souvent décorés de bor*
dures d'arabesques de couleur jaune et de rubis à reflet métallique. La troisième
catégorie, de 1530 à 1569, est assez communément décorée de grands sujets my*
thologpques qui couvrent entièrement le plat ou l'assiette. La quatrième époque,
de 1540 à 1590, se signale déjà par sa décadeoce : le dessin devient défectueux,
les couleurs perdent de leur vigueur et paraissent sans éclat. Les sujets sont sou-
vent entourés d'arabesques sur les bords ménagés en fond blanc Tout ce qui a
été fabriqué dans les siècles suivants n'a presque plus de valeur artistique, à
peu d'exception près.
Il faut remarquer que les potiers italiens de la première époque n'ont jamais
ptt obtenir dm rouge dans leurs décors ; cette couleur y est remplacée par un
violet sale.
Un certain nombre de terres cuites des Délia Robbia et de leur école, sont seu-
lement peintes sur engobe et sous couverte. Beaucoup de plats et assiettes des
autres maj cliques italiennes peintes ne sont pas fabriqués différemment.
Une commission présidée par le gonfalonier de la ville de Firenze s'occi)|»e 4ftp«is
quelque temps de la formation d'un musée national d'objets d'art du moyen âge<,
qui s'installe dans le palais du podestat (ancien prison d'Etat), et qui sera com-
posé d'abord de tous les objets, appartenant aux époques du moyen âge, qui pro-
viennent des palais Pitti et des Offices. On voil que les Xtaltens commencent
aussi à sentir l'importance des productions de Tact gothique, et que leur art de
U renaissance 9.e leur semble pas suffisant pour fournir seul des œuvres qui
doivent entrer dans 1% composition d'un musée.
I. Vasai'i recoonaU cependant a que, depuis 1300) la mode s'introduisit en
Italie d'orner les frontispices des églises avec des bassins en terre coloriée et
très-bien vernissée ^ qui produisaient un très-bel effet en réunissant dans leurs
concavités les rayons du soleil et les réfiéchissant avec un grand charme. •
Reste à savoir maintenant si la terre était vernissée (plombifère), ou émaillée
(stannifère). Yasàri ne se sert jamais du moi émail, et attribue, malgré ces
bassiiis de i 3 00, l'intention de la majolique fine (faïence à émail stasBifère)
ft Luca.
EUROPÉKHNES.
SOI
Breslau et k Lei(nig, éb» œuvres iroporUotea qui datent du
onzième, du douzième et du treizième siècle, ainsi que des
podles gothiques du quator-
zième siècle, tout couverts
d ' émaux polychromes et sian-
nifères.
Quant aux ouvrages de
Luca ils sont tous marques au
coin de la grande sculpture et
du véritable artiste'. Bas et
hauts reliefs, ronde bosse,
statuettes, ornements d'édi-
tices, etc. Il a aussi sculpld
le marbre. 11 est le chef de la
famille artiste des Délia Rob-
t)ia.
Andréa Délia Ro6Aia, son
neveu, est aé en 1437.
Gwvanni, Luca etJerùnimo
sont les fils d'André. Deux au-
tres BlSfdontl'un nommé Am-
braise, sont entrés au cou-
vent. Cet Ambroise a exécuta ,
1604, un tabernacle dans
l'église du couvent de Saint-
Marco. Ce tabernacle se trouve aujourd'hui dans l'église du
Saint-Esprit à Sienna.
Avec Jtromino, qui vers 1528 partit pour la France, appelé
par le roi François; l", la famille des Délia Robbia s'est éteinte.
Octavù) et Agoslino del Duccio, étaient des élèves de Luca
le vieux. Vasarl, et après lui Tieck, les désignent par err«ur
comme les frères de Luca; ni l'un ni l'autre n'appartenaient à
la famille des Délia Robbia.
Par une déclaration authentique de 1470, Andréa, neveu du
, Le tieui Lues Tu
ci des <en qui Turent
292 • POTERIES OPAQUES
vieux Luca, fait connaître les rues et les maisons où naquirent
et habitèrent le chef ainsi que les autres membres de cette fa-
mille. La maison d'origine était située dans la rue de Sainte-
Egida; puis, la famille habita une maison de la rue Guelfe,
près Saint-Baruaba, achetée de Lippo di Biagio.
Baldinucci dit que le secret de la céramique (si secret il y
avait, ce dont je doute fort] fut divulgué par une femme de la
famille d'Andréa à Benedetto Buglioni, contemporain de Verro-
chio. Santi Buglioni, son fils, hérita de ce soi-disant secret, qui
se perdit avec lui, au dire de Baldinucci.
Aujourd'hui, c'est M. Ferlini à Bologna et M. Ginori à Doccia,
qui imitent les œuvres des Délia Robbia, et M. Joseph Devers,
Italien de naissance, demeurant à Paris. La célèbre fabrique
de Minton, en Angleterre, fabrique également des terres cuites
émaillées dans le genre des Délia Robbia, maîtres qui ont
laissé beaucoup de médaillons sur lesquels on voit la Vierge et
l'enfant Jésus en relief, encadrés dans des guirlandes de fruits et
de feuilles vertes; la robe de la Vierge est presque toujours en
bleu ciel, d'une nuance particulière à ces potiers. Les cheveux
rouges^ l'expression des têtes, les belles mains et les cercles ou
auréoles en blanc ', distinguent les œuvres de Luca, dont le vert
un peu jaunâtre diffère aussi du vert plus vif de ses continua-
teurs. Les feuilles de ses guirlandes sont plus creusées et se re-
fusent au surmoulage. Il faut citer de lui, au musée de Cluny',
1. Parmi toutes les terres cuites de ce genre que j'ai vues, je n'ai pas (rouTé
une seule pièce avec auréole jaune, pouvant être attribuée a Délia Robbia, mais il
y en a où l'auréole est eu or.
S.N" 2177, une Vierge avec l'enfant Jésus^ que le catalogue de ce musée dé-
signe comme un Luca Délia Robbia, ne me paraît nullement de cet artiste. Les
inains, le caractère de la tête, etc., indiquent suffisamment que cette céramique
ne peut pas être d'un tel artiste I
Un groupe représentant également la Vierge avec Venfant Jésus, provenant
de la collection du cardinal Fesch et appartenant aujourd'hui à M. John Au-
gustin Tulk, porte la marque ci-dessous :
(en creux dans la pâte.)
que l*on attribue à Luca délia Robbia; je ne Tai pas vu etne puis rien affirmer.
EUROPÉENNES. 293
les n»» 1148, 1149, 1150, 2034, 2035 et 2036, le premier avec
dorure, ainsi que le n» 1 149, acheté en 1842 pour la bagatelle
de 356 fr. ; quelques pièces au Louvre; le Custode, n® 750 au
musée Sauvageot, provenant de l'église San-Miniato à Firenze;
quelques pièces à Sèvres; les n"» 618, 621, 626 et 663, aumu-
giée de Berlin, où le n*» 626 a un mètre et demi et le n° 661,
un médaillon, deux mètres de diamètre. Une grande vierge se
trouve au musée de Sigmaringen*.
Au musée de la porte de Hall, à Bruxelles, on voit un grand
bas-relief, représentant un groupe de la sainte famille avec saint
Pierre.
Un bas-relief de 19 sur 36 cent, de ma collection, œuvre de
Luca lui-même, représente un chérubin à quatre ailes et à au-
réole, le tout blanc sur un bleu ciel où les nuages sont indiqués
par des reliefs au-dessus de la tête de l'ange, qui est fort
expressive et charmante de physionomie. Les yeux sont en
émail brun.
A Marlborough-House, en Angleterre, existe une sainte fa-
mille, ainsi que six autres pièces, attribuées à un des Délia Rob-
bia, et M. Thomas Baring possède de cette famille d'artistes un
maître-autel. Une Vierge avec Tenfant Jésus fait partie de la
collection de M. Andrew Fountaine, à Narford-Hall. Le musée
de Kensington, à London, a vingt-quatre exemplaires, n® 400 à
124, que le catalogue attribue presque tous à Luca et à Andréa
Délia Robbia, mais dont une bonne partie n'appartient pas à
ces artistes.
Des quatre terres cuites émaillées de la collection Pourtalès,
1 . Le petit médaillon, a une Vierge adorant l'enfant Jésus, » également
eonsenré dans ce musée, me paraît de la contrefaçon malgré la signature
W.
rA0E3AT.
en creux dans la pâte, que je juge fausse. L'œuvre ne remonte pas au delà de
cent ans au plus, et l'ensemble de l'exécution n'a rien de la manière des Délia
Robbia. — La main de l'enfant Jésus indique que ce n'est pas là l'ouvrage d'un
artiste tel que Luca.
?5.
294 POTRRtBS OPAQUES
vendue en 4865) toutes attribuées par le catalogue à^Luca Délia
Robbia, il nV en avait que deux qui se rapprochaient de la ma-
nière de cet artiste, — et encore n'ëtaientnse que des œuvres
secondaires*
Dans la collection de M. le baron Dejean^, à Paris, on peut
voir une statuette de moine attribuée aussi à la fabrique des
Délia Robbia.
Les soi-disant » Luca Délia Robbia ou de son école,» du mu-
sée Gampana (aujourd'hui au Louvre), sont presque tout des
productions d'ouvriers^ qui ne remontent pas à plus de cent
ans. — N® 29, le Christ au jardin des Oliviers, grand autel
en terre émaillée, avec entourage de fruits et feuilles, que le
premier catalogue désignait comme ouvrage d'Andreo Verroo-^
chiOf né en 4432, mort en 1488, et qui serait donc aussi d'un
contemporain de Luca le Vieux, -^ est également très-^médiocre
et me paraît d'une époque postérieure.
Il faut voir, pour le môme genre de travail, Giorgio Andreoli
de Gubbio.
Les œuvres architecturales des Délia Robbia, connues en Ita-
lie, sont les suivantes:
A flRËNZE (Florence),
Par Luca, le Vieux :
Une résurrection et une annonciation de Jésus dans Téglise
de Sainte-Marie-des-Fleurs. Une autre Vierge dans Téglise
Saint-Piérino. Une voûte et une coupole dans l'église de San-
Miniato-al-Monte, près Firenze. Une vierge et une fleur de lis
de cette ville, sur la façade d'Or-San-Michele. Une autre vierge
au musée des Offices. Une semblable sur un mur du cartile de
l'Académie des Beaux-Arts, et un Christ à l'église de Santa-
Croce.
Par Andréa, neveu de Luca :
Neuf médaillons et la rencontre de saint Dominique sur la
loge de San-Paolo. Quatorze médaillons, représentant quatorze
enfants emmaillottés, et une Annonciation, dans l'hospice de
Santa-Maria des Enfants trouvés. Une apparition, un saint
1 . Cette eoUeetion est uniquement composée de pièces de prix et de choix :
superbes faïences italiennes, françaises et musulmanes, émaux, irolres, bronzes,
tableaux, meubles sculptés anciens, etc.
BUROl^ÉEKKBS* 295
Thomas, une vierge et trois médaillons avec les emblèmes ded
ouvriers en bâtiments^ dans la maison royale des dames de
Montai ve à Ripoli. Une fontaine dans l'église Santa-Maria^No-
vella. Une vierge à la confrérie de la Miséricorde, une autre dans
réglise Santa -Croce, et une semblable à la porte de l'enceinte de
San-Miniato-al-Monte. Une résurrection, une ascension et trois
vierges, à l'Académie des Beaux-Arts. Un calvaire dans l'église
Santa-Maria Primerana.
Par Giovannij fils d'André :
,, Quarante-huit têtes de saints sur un mur du cartilede TAca-
démie des Beaux-Arts. Une vierge, dans l'église de Santa-Croce.
Une nativité, grande composition, œuvre authentique et signée
sous la date de 1521, dans l'église de Saint- Jeronimo. Un taber-
nacle de Notre-Dame, autre grande composition dans la rue
Redesca. Un Christ dans la chapelle du couvent de Saint-
Onufrius.
A ROMA (Rome),
Par Iwca, le Vieux :
Une vierge dans la bibliothèque du Vatican.
A PRATO,
Par IiMca, le VieiLx:
Une frise à l'intérieur de l'église degP Arcieri»
Par Andréa :
Une vierge dans la cathédrale.
A PISTOJA,
Par Andréa :
Une vierge dans le dôme, datée de la05.
Il y a aussi la loge avancée, très-grande composition, par toute
la famille des Délia Robbia.
DANS ET PRÈS AREZZO,
Par Andréa :
Une bordure composée de fleurs et de fruits, dans la chapelle
de Sainte-Marie-les-Grâces : une Vierge, un Jésus, une annon-
ciation et un Dieu le Père, dans la cathédrale ; une vierge dans
réglise de Santa-Maria-in-Grado.
A FIEZOLE,
Par Giovanni :
Un Romulus, évoque de Fiezole, dans la cathédrale.
296 POTERIES OPAQUES
Par Andréa :
Un calvaire dans l'église Santa-Maria-Primerana, dont le
pareil est au Louvre.
A SAN GIOVANNO (en Toscane),
Par Andréa :
Une assomption, à la porte de la principale église.
A AQUILA,
Par Luca :
Une résurrection, à l'église de S. Bernardine.
Les autres œuvres architecturales en terre cuite, qu'on voit
encore en Italie, et qui sont attribuées aussi à cette famille
d'artistes, me paraissent être de leurs continuateurs, ou au
moins très-douteuses, de sorte que je n'en donne pas la des-
cription.
C'est ici la place de parler des Badni.
Quelques auteurs, sur la foi d'un journal manuscrit de Daw-
son Turner, croient que les plus anciens plats, appelés « ba-
cini, » incrustés dans quelques monuments de Pise, proviennent
d'un butin que les Pisanais avaient rapporté de la guerre contre
les Maures des îles Baléares en 1114; — mais je les crois plutôt
de provenance sicilienne et de commerce, d'autant plus que la
façade de l'église San-Sisto à Pisa, construite seulement au
commencement du quatorzième siècle, est décorée de faïences
siculo-musulmanes .
Il est vrai que Giambattista Passeri prétend que ces faïences
sont de fabrication et d'exécution italienne, de Pesaro;— mais
cet auteur, né en 1794, a voulu tout simplement en attribuer
l'honneur à sa patrie, sans croire lui-môme à ce qu'il avançait.
Quelques passages qui se trouvent dans les ouvrages de Scali"
ger, bien antérieur à Passeri, contredisent les insinuations
de ce dernier.
On attribue aussi quelques plats signés
F. I. {Firenze?)
à la fabrication de Firenze, mais ils sont d'une époque bien
postérieure.
Voir pour les briques qui surnagent sur Teau, fabriquées par
Fabrioni de Firenze avec la farine fossile^ à l'article des po-
teries hispano-musulmanes (Massilina etCalente), page 270.
EUROPÉENNES. 297
BenedictiLS Bugîioni est un céramiste modeleur qui vivait
à Firenze vers 1500, auquel on attribue des bustes et statuettes
en terre cuite.
Actuellement, ce sont M. Freppa, M. Parigi^ M. D. C. Puliti^
M. Villorssii et M"® Furiani et comp., qui y fabriquent des
terres cuites de Signa* et des cruches émaillées. Voir Doccia
{Alla-Docda), pour la fabrique de M. Ginori.
JFAEMZA ,
Ville dans la Romagne. (Cette tIUb a donné son nom à la faïence en FranceO
Faïence a émail stannifère. 1 450 à i782
La pâte de Faenza est ordinairement mince et bien moins
lourde que celle de Pesaro.
La plus ancienne pièce signée des poteries dô Faenza que je
connaisse est celle de i475, au musée de Cluny, dont voici
l'inscription :
J*n0OlAVS*I>E«7VSNOXJS
I\DN<WOREH- DEFFT
SKWCT MiCRxrws.
rEClTFlERFKN0»7«-
C'est une plaque circulaire portant au milieu le monogramme
du Christ en caractères gothiques, entourée de guirlandes, de
feuillages bleus sur fond blanc, et un monogramme dans la
guirlande. L'inscription dit :
Nicolaus de Ragnolis ad Honorem Dei et jsancii Michaelis fecit,
fieri^ an. 1475.
Giano Brama^ de Palerme, peintre. 1500 a i550
Une superbe plaque de 46/65 cent., conservée au musée
de Sigmaringen, provenant de la collection Minutoli, et dont
le décor représente une descente de croix, est marquée :
Giovano Brama dj Palerma i 546
in Faenza.
1 . Signa est un gros village sur TArno où l'on fabrique des chapeaux de paille.
298 POTCMtft Of àtîVES
M. De Lange m'a communiqué le monogramme suivant, qu'il
a recueilli sur un plat de la collection Basilewsky, où le décor
représente Charles-Quint et porte en outre le millésime de 1521.
( Probablement aussi un monogramme de Nicolo d'Urbino. )
Un autre plat de la même collection est marqué :
Baldesara Manaca ou Manara, potier. 4 520 à 1560
Une plaque ronde, au musée Britannique, porte de cet ar-
tiste l'inscription suivante :
Mlille cinque cento trentasei a di tridi luie Baldesara Manara faentinfaciebat;
et une assiette, appartenant à M. le marquis d'Âzeglio :
^«1^/.
avci/ •
Vergillio Manred, potier.
Nicolo da Fano, peintre.
On lit sur un plat :
Fato hèlla Bùté^a di maestro tergillio da Faenza, Niclù du Farw.
Quelques plats portent la date 1455 et 1475, et des vases
de pharmacie celle de 1500*
Derrière une plaque d'une grande beauté, dont la oomposi-
tion du décor est prise à'wa carton d'Albert Durer, se trouve
la mMrqm i
Une autre marque de Faenza est celle-ci :
Suit un ptl«l p^i»! en camaïeu bleu, à rehauts d*or et reflets
métalliques, représentant Diane surprise au bain par Actéon,
d'après Mcnitegna^ et. qui appartient au musée de Cluny^ on
lit la marque:
Un autre pièce de ce môme musée, n? 2082, est marquée :
If» Famea^
Le n« 208 i, un vase de pharmacie, est daté :
1500.
Un plat, à décor camaïeu bleu, toujours au même musée,
porte :
Le n» 29, au musée Campana, est marqué :
Infaencay 1561..
i. Fewibre gràTeor né à PaduAen 143.0, mortea IbOiS'.
;
300 POTERIES OPAQUES
Sur un plat delà collection du musée de Braunsch^veig, pro-
venant de l'ancienne collection de Salzdalen (Salzdalum), on lit:
Faença oh opsus fecit adi ii de abrile 1543. Storia de lena.
Au musée de Kensington. n° 2742, une plaque est signée :
F. R.
Un plat couvert de belles attributions en camaïeu bleu, de
la collection Fayet à Paris S porte le millésime de
1528.
Deux pièces de la collection Piot, vendue en 1864, étaient
marquées :
N C et T. S.
M. de Basile wsky possède un plat de Faenza qui est daté de
1503.
Deux grands pots de pharmacie de la collection de M. Louis,
Flavigny, à Elbeuf, attribués par le catalogue de l'exposition,
à Faenza, mais que je n'ai pas vus, sont signés :
Andréa Pantaleo pingit 1616 ;
et madame la vicomtesse de Grouchy, à Paris, possède un pot
à goulot qui est décoré d'une vue de Faenza même.
Un grand et superbe plat de 48 centimètres de diamètre, de
la collection de M. Pietro Lorini, à Pesaro, où le sujet repré-
sente la fille de Virginie devant Assius, qui est assis sur un
siège où on reconnaît la louve romaine, plat remarquable par
son bord à riches arabesques et sa bordure à dessin blanc fixe,
montre dans les ornements les initiales
rs^i^s
qui sont celles des mots :
Senatus Populusque Romanusj
inscription que l'on rencontre souvent.
1 . M. Fayet, à Paris, possède une remarquable collection d'armes, de meubles,
de faïences, de tableaux, miniatures, et de toutes sortes d'objets d'art italiens
qu'il a recueillis dans ses voyages en Italie. Cette belle collection contient plu-
EUROPÉENNES. 301
Un médaillon de 17 centimètres de diamètre, de ma collec-
tion, décoré du portrait d'un Paulus Oricella, en costume du
temps de Louis XIV, à grande perruque et peint en poly-
chrome, porte l'inscription :
Faulw Oricella. Clar. Johannes» F, /«.
A l'envers de ce médaillon se trouve la date 1703.
Au musée royal de La Haye, on remarque un magnifique plat de
la même fabrique. Le coloris des arabesques et celui des figures,
dans le principal sujet, est fort beau. Le bord à fond bleu de
perse, couvert d'arabesques à chimères et d'ornements de la
Renaissance, est séparé du sujet par une bande en fond blanc
jaunâtre à ornements en blanc fixe^ d'un effet charmant. On
trouvait aussi à'Ia collection Mathieu Meusnier, un beau plat à
cannelures flammes, en bleu à décor blanc fixe, et à médaillon
jaune au milieu.
On rencontre beaucoup de plats de la provenance de Faenza.
en fond bleu perse, quelquefois godronnés, dont les décors, le
plus souvent en gris blanc, à ornements dits chimères, et à
attributs de musique, rappellent les dessins d'Urbino. Ces plats
sont ordinairement minces de pâte -et quelquefois couverts
d'émaux en couleurs vives.
CASTEIilil, au nord de Mapoll,
Et les quarante* cinq fabriques dans les Abruzzes.
Terres cuites opaques sous engobe (veste di terra) et à vernis
plombifère, dite mezza-maiolica et aussi lavori alla Castellana
(travaux à la Castelli), vers 1450
Faïence a émail stanniférf, à partir de 1525, jusqu'à nos jours.
Baffaellî di Vrbania et Cipriano Piccol-Passo ont mentionné
cette première poterie engobée.
On trouve encore souvent des tessons de cette ancienne
mezza-maiolica, dans des fouilles faites à Castelli.
sieurs pièces excessivement rares, parmi lesquelles se trouve l'épée en fer ciselé
de Marco Visconti, et qui porte le portrait et le chiffre de ce guerrier perfide ;
les morions et armures gravés et sculptés provenant du champ de bataille de
Pavie où fut vaincu en 1525 François I"; le bahut en bois sculpté dont le
sujet, en ronde bosse, représente la mort de César; la poire d'angoisse, dont se
servaient les aides inquisiteurs; un rare petit meuble en cuir repoussé, ciselé et
peint, ainsi que plusieurs manuscrits.
26
302 POTERIES OPAQUES
Les faCmoes à émail stannifère, introduites dans les usrnes de
Gaslelli et des Abruzzes, au commencement du seizième siècle,
probablement par Luca Delfa Robbîa, ne peuvent pas être comp-
tées parmi les plus artistiques de TltaHe, et Gastelli n'a brillé
que par les œuvres de& Giue, des dmtiiey deâ Capelleti et des
Funia, qui sont tous des ihaitres de la décadence de la un du
dix-septième et dix-huitième siècle, et qui, ta plupart, ont
peint au petit feu.
La plus ancienne faïence à émail stannifère de Castelli, da-
tée, est un carreau de pavage (mattonella), appartenant à M. le
docteur Coneezio Bosay amateur et savant distingué, auteur
de rhistCHre des faïences castellianeses. Ce carreau est mar-
qué :
Fecit, Hoc,
Titus. Pon
Peî, M. D. X VI
De la fin du seizième siècle à la fin du dix-septième, Gastelli
a aussi fourni quelques remarquables œuvres de modelage,
comme bas-reliefs, statuettes, etc.; et Téglise de Saint-Donato,
près de Gastelli, offre un véritable musée pour Tétude de la
peinture céramique de ce pays.
Voici tous les peintres céramistes connus de Gastelli, rangés
par ordre chronologique.
Loin, Antonio, du seizième siècle, peintre du célèbre plat :
(jivdizio di Paride (Jugement de Paris), conservé au musée
Boaghi, et qui est signé :
Antoniiu Lollus de Castellis. Inventor»
Pompei (Orazîo)^ le vieux, également du seizième siècle.
Cet artiste, qui habitait la maison, à Gastelli, connue sous le
nom de Casa Pompei, l'avait ornée de nombreuses majeliques,
dont une, placée entre les deux portes^ représentait la Vierge
avec l'Enfant Jé$us (madonna col Bambino ) ; on y lisait Tin-
scription :
1551. Oro. (Le maître de la maison?)
U y avait aussi uàe autre inscription qui disait :
Bace esi Dèus OraUi FigiUL 1569;
M. le docteur Rosa possède une faïence de cet artiste, datée
EUROPEENNES. 303
de i5SS. Orazio, le vieux, n'a produit que des peintures au grand
feu et d'une cuisson de vingt-quatre heures (a vintiquattr'ûte
e a gran fuoco) et exécutées sur l'émail cru {smatto crudo),
Pompei <Ora!rio il giovine) (le jeune) a peint, en 1616, plu-
sieurs faïences à l'église de Saint-Donalo, près Castelli. M. le
docteur Rosa possède de cet artiste un Saint-Matthieu^ l'é-
vangéliste, qui porte le millésime de 1610.
Guerreri (Giovanni), peintre céramiste du dix-septième siècle,
connu par des majoliques de peu de valeur, à l'église de Saint-
Donato, qui sont signées.
Canelli (Steffano) a peint au commencement du dix-septième
siècle; des œuvres fort médiocres de cet artiste se trouvent à
l'église Saint-Donato.
Pilippi (Girolamo). On connaît de ce peintre médiocre, à la
môme église, des majoliques de l'année 1616.
Pillipi (Jacobo). Idem.
Fracesco (di) (Berardino). »
Francesco (di) (Gio. Antonio). »
FnUicdli (Pasquale). »
ÎVttO^Nicola). »
Simone (Setta). »
Rinalto (Marcantonio). »
Grue (Francesco)*, né en 1594.0n connaît de cet artiste une
Maria Maddalena et une Venue de la maison de Santa casa,
à LoretiOf etc., majoliques qui ornent l'autel de l'église paro-
chiale de Castelli ; elles sont signées :
FG. DE. CHA. P. 1647.
Une pièce au museo de Minicis, à Ferme, porte :
F. Grue esemplai 1677.
Gentile (Bernardio il vecchio) (le vieux), mort en 1683, est
1. Francesco Grue, né en 1594, est le premier des Grue que M. le dotteur
Rosa a mentionnés. Lacari dit qu'un céramiste du nom de Sawrio Gnne de CaS'
telli avait fait demander et obtenu, en 1 569, un privilège de Gui d'Ubaldo 1(, pour
la réinvention de la dorure, mais ce même fait est rapporté concernant le céra-
miste Giacomo Lanfranco (voir Pesaro).
Dans tous les cas je ne connais aucun Grue avant le Grue né en 1594.
304 POTERIES OPAQUES
Tauteur d'une majolique appartenant à M. le docteur Rosa et
sur laquelle on lit :
Questo Crocifisso del Carminé lo fece Bernardino GentUe
per sua devozione .1670.
Grue (Carlantonio), fils de Francesco Grue, né en 1 655, mort en
1723, est surnommé : il restauratore délia pittura in maiolicaj
à Castelli, et il est le père des quatre peintres céramistes, Fran-
cescantonio, Anastasio, Aurelio, et Libero Grue. Cet artiste a
ordinairement signé :
C. P.
mais M. le vicomte d' Armai lie possède deux charmantes as-
siettes, signées :
G. A* G.
que l'on attribue également à cet artiste.
Cappelletti (Gandeloro), né en 1682, mort en 1772, était Télève
de son oncle, Garlantonio Grue. Peintre, il s'est fait militaire,
et est redevenu peintre. Il était bon paysagiste et modeleur.
M. le docteur Rosa possède de lui une statuette de Saint-Giu-
seppe.
Cappelletti {Kicola), fils de Bernardino, néen 1691, morten 1767.
Grue (Francescantonio) (Francesco-Antonio-Saverino), fils
aîné de Garlantonio Grue, né en 1686, mort en 1746, était un
peintre qui avait obtenu le doctorat de théologie et de philo-
sophie. Les pièces signées F. A. Grue 1677, paraissent donc
être des produits de la contrefaçon, si toutefois elle ne sont
pas des œuvres de Francesco Grue.
M. Raffde Minicis,à Fermo, possède une céramique attribuée
faussement à ce docteur, qui est signée :
Fr. A, Grue eseprai
1677.
pièce qu'il devait donc avoir peinte neuf ans avant sa nais-
sance !
On voit de ce peintre à la petite église de Sant-Angelo, près
Lucoli, dans la province d'Aquila, un tableau exécuté dans une
des fabriques de Bussi, qui représente saint Francesco Saverinoy
et porte l'inscription suivante ;
EUROPEENNES. 305
FRANC. ANT». XAYERS» GRUE
PHIL. ET TEOL. DOCTOR
iNVBNTOR ET PÎNxiT
iN oppio. BUXi.
ANNO D. 1713.
Au musée Bonghi, une assiette (tondino) décorée d'un pay-
sage, est signée :
Doctor Franc, Ant. Grue, F, Neap. Anno 1718.
On connaît de ce savant artiste, qui a aussi travaillé à la
manufacture royale de porcelaine à Naples, mais qui n'en a
pas été le directeur, le sonnet suivant qu'il a fait à l'occasion
de la canonisation de saint Francesco-Saverio :
Eccelse édificar Ghiese novelle,
Oratori fondar stabili e fermi,
Contro l'empie d'Averno armi rubelle,
Agli huomini appresiar ripari e schermi ;
Render tant'alme al Re del Cielo ancelle,
Prodar d'alta virtù rampolli e gerrai,
Piegar con prieghi al suo voler le stelle,
Vita a' morti donar, spirto agi' infermi ;
Haver candida mente e cor sincero,
Por freno di ragione ai sensi erranti,
Puro il sen conservar, casto il pensiero :
Quesli que pregi son, questi que' vanti,
Onde giâ mosso il Successor di Piero
11 gran Francesco annovero ira Santi ^
Gentile (Giacomo il vechio) (le vieux), oncle de l'autre peintre
de ce nom et fils de Bernardine il vechio, né en i668, mort
en 1713.
Gentile (Carminé), autre fils de Bernardine il vechio, né en
1678, mort en 1763. Il a peint l'histoire sacrée. Le musée
Benghi possède de lui une Vierge d'après le Domenichino,
qu'il a signé :
G. G. P.
1 . Le Dr. Rosa a reproduit dans son travail sur les faïences de Castelli, tout
un poëme de 49 strophes de ce même peintre, et qui porte pojir titre : Vita e
morte f etc.
26.
306 POTERIES OPAQUES
Mat lucci {Steîano), né en 168i, était un peintre céramiste
dont aucune œuvre n'est venue jusqu'à nous.
Afar^mio (De) (Tommaso) père, qui vivait entre 4697 et 1768,
était un bon peintre céramiste.
Gru^ (Giovanni il giovine) (le jeune), né en 1698, mort en
1752. Je ne connais aucune de ses œuvres.
Roselli (Math.). Une grande et belle plaque carrée, au musée
de Berlin, est signée :
Math. Roselli fec.
R(t€co (G.). Une plaque ronde, au môme musée, et dont le
décor représente le baptême du Christ^ porte :
G. Rocco di Castelli. 1732.
Grue (Anastasio), fils de Carlantonio Grue, né en 1691, mort
en 1743.
Grue (Aurelio), autre fils de Carlantonio Grue, né en 1699 et
qui vivait encore vers 1743, s'est appliqué à peindre des ani-
maux et des sujets champêtres.
Grue (Pietro-Valentino), né en 1701, mort en 1776, était un
fort médiocre peintre.
Grue (Liborio), dernier fils de Carlantonio Grue, né en 1702,
mort en 1776. Il a peint Thistoire. Le musée Bonghi possède de
lui une Création de la Parole^ qui est signée :
Liboricus Grue P. (écrit au rebours.)
cet artiste a aussi signé :
L. G. P.
Olivieri (Dominico-Antonio), notaire et peintre céramiste, a
vécu de 1710 à 1793.
Giaobbe (di) (Gaspare), né en 1714, mort en 1743.
Russi (Mattia), né en 1717, mort en 1790.
Gentile (Giacomo il giovine), le jeune, fils aîné de de Car-
mine Gentile, né en 1717, mort en 1765, peintre de scènes
champêtres et quelquefois de sujets historiques. Ses pièces si-
gnées sont rares.
Matucci (Francesco), né en 1718, mort en 1798.
Grue (Francesco-Saverio), né en 1720, d'une branche des
Grue, et mort en 1755. Il a peint des sujets d'histoire, des cod-
BUR0PÉ8NNE8» 307
tûmes et des scènes de famille ; ses œuvres se signalent par
l'expression des figures. (Voir les faïences de Naples.)
Tiberi (Pietrantonio) a vécu de 1710 à 1781» et a peint le
paysage et les animaux.
Fuina (NicorAmato), père de Gesualdo Fuina, est ne en
1721) et était un peintre fort médiocre.
Grue (Nicolo-Tommaso)., fils d'Ancidello, a vécu entre 1726
et 1781.
Qentile (Bernardlno il giovano), le jeune, fils de Carminé
Gentile, né en 1727, mort en 1813. Ce peintre^ peu correct
dans son dessin et dans sa perspective, et aussi nul pour les ex-
pressions de ses figures, a peint des scènes pastorales et d'his-
toire.
Cristafan (Giulio), docteur et céramiste, est connu pour un
orgue, tuyaux et buffet, entièrement en faïence, et dont M. le
docteur Rosa possède encore un tuyau.
Setto (Bartolomo), né en 1729.
Grue (Saverino), né à Naples en 1731 (voir la notice sur cet
artiste à l'article des faïences et porcelaines napolitaines) ; sa
signature est :
^ù
d
S. Grue et aussi ^--Jf^l V (*u mutée de
/"^ %/ %i • Sèvres.)
Martinis (de) (Silvio), fils de Tommaso Martinis, né en 1731,
artiste dont les œuvres sont fort rares et qui a aussi travaillé à
la manufacture royale de porcelaine à Naples. Il est l'auteur de
la majolique à l'autel de l'église paroissiale de Castelli. Il y a
peint la : Venuta délia casa in Loretto, peinture qui montre le
distique suivant :
Mors erat in promptu, vitae spes mlla, vocaio
Notnine mors abiitj spesque redMt orans
Fuina (Gesualde), fils de Nicol'Amato Fuina, né en 1755,
mort en 1822. Ses peintures sont cuites au feu de moufïle ; ce
sont des animaux et des fleurs ; il a signé :
F. et aussi Fuina,
Gregorio (de Castelli) était un peintre de la fin du dix-hui-
308 POTERIES OPAQUES
tiëme siècle, dont il est fait mention à Derutay localité où il
s'est établi.
Les Grue, les Gentile, les Fuina, et autres, ont aussi travaillé
à Naples. (Voir les faïences et les porcelaines napolitaines.)
Gianini est encore un nom de peintre céramiste que j'ai re-
cueilli sur une assiette de Gastelli et que j'attribue au dix-huitième
siècle.
M. Michel Pascal, à Paris, possède une tasse avec sa sou*
coupe, décorées en polychrome de paysages animés de figures,
qui sont marquées :
D. G.
et qui me paraissent également de Gastelli, probablement d'un
des Grue.
Gastelli a toujours produit beaucoup de plaques, et particu-
lièrement celles qui sont décorées de mauvais paysages. G'est
la seule majolique italienne où le paysage n'a pas été toujours
sacrifié, où il domine môme le plus souvent. A côté de quelques
remarquables pièces, on y a fait de bien détestables choses;
de sorte que la grande quantité de marchandise de commerce,
a fait déprécier ces fabriques. L'Italie est inondée d'assiettes
des Abruzzes qui se ressemblent toutes et ont rarement le ca-
chet artistique de la faïence.
Les couleurs employées sont le jaune, le vert, le violet, l'azur
et le noir; le rouge était inconnu aux artistes de Gastelli, qui
Font remplacé par un jaune foncé. On a peint l'histoire, l'allé -
gorie, la fable, des batailles et des chasses, des costumes et des
scènes de familles, des animaux et des fleurs, des bambochades
et même des caricatures, mais avant tout le paysage.
Un grand nombre de faïences de Gastelli a été décoré d'a-
près les gravures de Domenicio Gampagnola.
En 1743, il existait encore, à Castelli même, 35 fabriques. Les
chicheres (tAsses à café; se payaient ordinairement 24 à 36 car-
lins la douzaine, dès qu'elles étaient ornées de beaux paysages,
et un peu plus, si les peintures étaient des sujets historiques.
On voit par une lettre, écrite en 1725 par Garmine Gentile, et
mentionnée par M. le docteur Rosa, que cet artiste vendait la
douzaine de tasses avec la cafetière 28 ducats (à peu près 320 fr.).
On travaille encore à Gastelli, mais c'est une fabrication qui
n'a plus rien d'artistique.
KOTEZZAHO.
Terre cniie a éuail stamnifêre,
Bênedetto, céramiste.
t'AlERCE A ÉMAIL STANNIPËHIf.
Lecsrpealier.
M. Joseph Halphen possède une semblable coupe.
Les faïences de la première époque sont lourdes de pâte et
naïves de dessin ; le bleu domine dans le décor.
La plupart des faïences do la seconde époque sont à reflet
métallique, reflet qui n"a cependant rien du naCré de Gubbio,
et qui ne ressemble pas non plus au reflet des faïences musul-
manes.
Les premières productions de cette localité ont une touche
sauvage. Un plat ou coupe, 'de ma collection, décoré d'une
sainte Cécile, peinte en vert, jaune et brun, sur un fond bleu et
blanc, est une de ces pièces anciennes que l'on pourrait ap-
peler gothiques.
POTERIES OFAQVBS
{maccU*eli0D).
Giam. Batisia Postai, archéologue' et célèbre géologue du
dix-huitième siècle, a beaucoup exagéré, dans son Histoire des
peintures sur majoîiques, l'importance de la production de Pe-
saro, aux dépens de.s autres centres de Tabrication du duché
d'Urbino. Sou livre paraît être uniquement écrit pour flatter
quelques protecteurs, et la ville de Pesaro elle-même, nouvelle
patrie de l'auteur, à laquelle il accorde la première place pour la
fabrication des majoîiques, quoique Urbino lui fût bien supé-
rieure pour le style et la beauté de ses productions.
Gui iTVbaldo U, délia Rovere, duc d'Urbino, protecteur 1538
GeroHimo Vasaro, potier, qui ajoutait souvent, après la signa-
ture de son nom, 1540
I. P. (/nPMaro.)
Como Gon'o, peintre. Vers 15i3
M. E. Fleischhauer, à Colmar, possède un plat rond à pied,
BUROPÉENNES. ^11
OÙ le sujet de la peinture représente : Apollon tirant ses flèches
sm' les /Ûs de Niobé, et qui est signé :
Como Gorio. — Fiolli di Niobe, fato in Pesaro, — 1543.
Fantano ou Fantana^ peintre, probablement Orazio Fantana
de Castel-Durante, déjà mentionné (voir Vrbino), 1545
JBa^isto Franca, peintre. 1550
TerenciOj céramiste et peintre, fils de Mateo boccalaro (fabri-
cant de bocaux) qui marquait : 1530
T. et aussi TerenUo.
Passeri mentionne une assiette signée :
Falto nella Bottega di Maestro Baldasar Fcuaro da Pesaro. Per la mano di
Terenzio Figl. di Maestro Mattxo Boccalaro Terrenzio Fece 1550.
Raphaël del Calle, céramiste et peintre 1 555
Terenzio di MatteOy peintre. (Est-ce le frère du céramiste
mentionné par Passeri, où est-ce le môme? ) 1560
L'époque de la décadence et de la fin des fabriques de Pe-
saro est fixée par Passeri, vers 1575
En 1757, la fabrication fut reprise sous le cardinal Merlini.
Quelques plats de la première époque sont marqués :
Frati mentionne, dans son catalogue de la collection Delselte,
une faïence pesarienne de la fin du quinzième ou du commence^
ment du seizième siècle, qui est marquée :
m
Giacomo Lan franco de Pesaro ' fut breveté par le duc Gui
1 . On verra dans les chq>itres qui traitent des faïences de NapoU et de
Cast^Ui, quej selon Lazari> lé céramiste Savério Grue, demanda et obtint, en
342 POTERIES OPAQUES
d'Ubaldo H, en date du 1" juin 1567, pour l'application de la
dorure. (Voir page 70 de l'Introduction.) Les Allemands en ap-
pliquaient déjà au treizième siècle, et les Hollandais l'avaient
également employée au commencement du quinzième siècle.
Le musée Sauvageot possède un vase de Hirschvogel de Nurn-
berg, de 1500, avec de la dorure.
Les plats creux, dans la forme des plats à barbe, mais tout
ronds, servaient dans le duché d'Urbino à donner des dragées
et des sucreries aux dames préférées, dans les grandes fêtes et
bals, particulièrement aux fôtes de noces.
Passeri dit que l'on lisait sur un de ces plats, en italien :
0 belle fleur,
Mon bel amour,
Mon cher amoar,
Là Grisola, la Grisola !
Un des plus rares plats de Pesaro est celui de la collection
Fayet, à Paris, acheté à la vente Leblond, sur lequel l'artiste a
peint le portrait de Raphaël en grandeur demi-nature, dans le
genre du portrait de la galerie de Firenze. Le buste, quoique
largement brossé, me paraît l'œuvre d'un élève du grand maî-
tre. C'est le seul exemplaire peint de cette manière que je con-
naisse. Deux autres plats appartenant également à M. Fayet, l'un
un Combat naval, l'autre Adam et Eve après la chute, labourant la
terre, sont marqués :
1525. V.
V, veut dire U. {Urbino ?)
Au musée de Berlin, un des plus riches de l'Europe en ma-
joliques, se trouvent les œuvres suivantes, qui, comme style et
genre , doivent être classées parmi les productions pesaristes :
no«20, 25, 54,70,71, 96,97,98,99, 109, 110, 111, 112,113,
114, 115, H6, 117, H8, 119, 128, 139, 150, 163, 168, 185, 187,
190, 202, 203, 273, 275, 276, 277, 279, 280, 281, 282, 284, 343,
419, 420, 422, 423, 449, 456, 470, 472, 490, 492, 494, 497, 498,
504, 522, 532, 534, 566, toutes marquées d'un ^
E.
1569, ce même privilège. Y a-t-il confusion ou sont-ce effectivement deux ar-
tistes distincts qui ont obtenu chacun un breyet distinct (voir CastelH).
AI. le docteur Rosa n'a mentionné aucun Saverino Grue du seizième siècle.
EIROPEENNES. 3i3
Quelques-unes portent même une date antérieure à celle fixée
par Passeri.
O
N° 24 est marqué :
O
192 N
S61 M. Q.
On trouve aussi un joli plat de Pesaro au musée des anti-
quités de la porte de Hall, à Bruxelles.
N® 2084, plat rond, décor chasse au sanglier et au lièvre, du
musée de Cluny, est marqué
P.
•
Pesaro a également fabriqué des terres cuites, dites demi-
majoliques ou à vernis plombifère.
Un potier français du Midi, probablement de Marseille ou de
Moustiers, s'est établi vers la fin du dix-huitième siècle à Pesaro,
où il a continué de fabriquer le genre français. On reconnaît ces
faïences à leurs nuances de décor, où le rose, le jaune et le vert
dominent uniquement, comme sur les faïences de Strasbourg
et de Marseille. (Voir aussi Rolet à Urbino.)
Un plat de la collection De Bruge porte :
Pesaro. 1771.
Je ne l'ai pas vu. 11 pourrait bien être une production de ce potier
français, puisque depuis le commencement du dix-septième
siècle, les majoliques artistiques ne se sont plus fabriquées à
Pesaro.
Calegari est encore un potier de Pesaro. J'ai vu une soupière,
où la forme et le style des dessins indiquaient la fin du dix-
septième ou le dix-huitième siècle, marquée
G. G. Pesaro.
Cette soupière était attribuée à Calegari. Il se peut que les
27
314 POTEDieS OPAQUES
deux G dussent représenter deni C — c'est-à-dire la première
lettre du nom de ce céramiste.
«IIBBIO, nOHtK* •* C1I1AB.IMI,
Petite ville des ËlsU eceMùuHques, laulprii de Gubbia.
Faïence a éuail stanmifére. ' 1490 à I5S5
Cette faïence est souvent en couleur rubis, tii'ant sur t'or; on
en rencontre aussi à re&ets métallique et nacré. Les plats et
assiettes d'une pâte mince ont ito^quefois des relief et le
centre ombilical.
En outre des faïences à reflets métallique, nacré et cuivré
on a fabriqué dans cette localité des plats peints en couleurs
minérales ordinaires, comme dans les autres fabriques italien'
nés. N" 489, 494 , 497, etc., au musée du Louvre, sont attribués
par le catalogue à Gubbio, et n'ont point de reflet métallique.
Un semblable plat avec l'inscription :
Speranzia. Mia. B,
et dont voici le dessin, faisait partie de la collection Le Cm-
pentier.
Je pense que cette attribution laisse des doutes.
Giorgio Andreoli di Vavi, statuaire et peintre céramiste»
mort en 1540, florissait de 1498 à 1940
Son monogramme authentique ëtail^ :
M. G. F, [Maure Georgio (mu)
Le pUt rond, n® 175, au musée de Sèvres, marqué:
Bon Giorgio, i485,
ne^peut donc pas être de ce môme maître.
La plupart des œuvres de cet artiste sont sans marque. Un
beau plat, dont le dessin représente le dévouement de Curtius
d'après Raphaël, appartient au musée de Cluny. Une coupe du
même musée, n° 164, est marquée :
G
et les n^^ 458 et 486, superbes pièces également de Gubbio, sont
marquées •
E.
(Voir poar cette marque, Pesaro.)
Ce maître Giorgio a ainsi varié ses signatures de him des
manières.
En 1519, il marquait:
ou
^û;
ou
4. Voir Raphaël d'Urbin et son père Giovanni Sanii, 1, p. 42Î, ouyrtge
publié par M. Passavant.
316 POTERIES OPAQUES
£n 1526, 1531 et 1537, il signait :
ou
des Ugabio
da Ugabio
OU
i/
'^
Luigi Frati parle, dans son catalogue Delsette, d'une assiette
(Tondino, n<» 166), peinte par Giorgio en 1540, marquée :
Au musée de Berlin se trouvent trois plats de cet artiste; ils
portent les millésimes 1519, 1534 et 1540. Le dernier doit être
de la fin de la carrière du peintre, qui serait mort, selon quel-
ques biographes, en 1540. Les plats n*»» 46 et 92, au môme
musée, marqués :
G
sont sans doute aussi de lui.
Un fort beau plat de Giorgio 'est l'ancien n" 533 du musée
Gampana.
Un autre plat à reflet métallique, de la collection Fayetà
Paris, porte le millésime de 1540.
est le monogramme recueilli sur
une céramiqne de la collection Sou-
lages;
EUROPÉENNES.
317
strr une assiette^ appartenant au musée KenSington;
I ^ ^ 0
sur une assiette de la collection Barker ;
sur une assiette de la collection Narford ;
■ttfi
sur une assiette de la collection Amhurst.
Il existait dans la collection Meusnier un superbe plat à reflet
métallique, où l'on voyait un homme à cheval couvert d'une
armure et priant. Le dessin, tout à fait dans le caractère alle-
mand, doit avoir été copié d'après un dessin du temps, d'Al-
brecht Durer ; on lisait autour la devise :
I. 0. MARE. CHOM. A. DO. ANIO.
Un autre plat de la même collection et également du seizième
27.
318 POTERIES OfAQUEà
siècle, portait sur le marli les noms « Gabriel da Gubio, » en-
tourés de quatre armoiries, et était marqué :
Y. A. E.
Un beau plat ornementé et armorié de ce maître, au British Mu-
séum, est signé:
Jf». G» da Ugubio 1527.
Andreoli (Giorgio) a aussi exécuté des œuvres céramiques de
grande sculpture, en ronde bosse, haut et bas reliefs, dans le
genre de celles des Délia Robbia. Les tètes de ses grandes céra-
miques sont ordinairement sans émail, et un cçrcle jaiune ou
doré entoure celles de ses Christs et Vierges; Luca laissait
toujours ces cercles en émail blanc, s'il ne les dorait pas, mais
jamais ne il les colorait en jaune.
Le plus beau monument de ce genre que je^ connaisse de
maître Giorgio se trouve au muséeSt&del,àFrancfurt-sur-Main.
C'est un mur d'autel qui se divise en trois parties distinctes.
La partie du milieu représente la Madonna del Popolo, debout
et couronnée par des anges, qui abrite sous son manteau les
fidèles de toutes les conditions, depuis le pape jusqu'au pauvre
pèlerin. La partie supérieure, de forme demi-circulaire, montre
Dieu le Père bénissant, et adoré par deux anges. Sur le socle on
voit le Christ debout dans le tombeau ; sainte Marie, saint
Jean, saint Sébastien et saint Roch sont à ses côtés. Cette riche
composition avait été exécutée en j541 pour l'autel de la Ma-
donna del Rosario, de l'église des Dominicains à Gubbio. Sous
l'occupation française elle avait été démontée, mais laissée là,
et fut acquise, en 1835, par M. St^del. Les têtes et les mains
des personnages ne sont pas émaillées, non plus que la robe de
la vierge qui est richement peinte.
M. Barker, à London, possède un grand et magnifique plat
(Je Gubbio, qui est marqué ;
H.
ffû 21092, au musée de Cluny, un plat cerise, attribué àGior-
gip, est l0 seul exemplaire italien à ma connaissance, où le
potier ait atteint un véritable rouge; résultat obtenu par une
fumigation à petit feu.
De Salimbene et de
Giovanni, les deux frères de Giorgio Andreoli, on ne connaît
ni marques ni monogrammes.
KunopÉEKînss. 319
A. E. J.
P
1515
est la marque d'une assiette creuse à reflet irisé, de la collec-
tion Eug. Tondu.
CentiOy le fils de Giorgio, marquait .
Un plat de cette marque, sur lequel on voit une tôte de nè-
gre surmontée d'un croissant, se trouve au musée Sauvageot.
Un élève de maître Giorgio a signé :
N.
M. le vicomte d'Armaille^ possède un plat signé:
marque que Ton doit attribuer à cet élève.
Terencio^ peintre. 1550
Frestino ou Perestino, Potiér-peintre. 1550
Le n<» 2458, une assiette, au musée de Kensington, et un
1 . La eoUecUon de ce fin connaisseur se compose uniquement de pièoei hors
ligne, où d'armes de la renaissance du plus précieux travail, dépassant pres-
que comme choix et rareté ce qui existe dans ce genre. De ses magnlBques meu-
bles sculptés, on peut en dire autant.
320 POTERIES OPAQUES
bas-relief quadrangulaire au musée du Louvre, marqué:
oV
lui sont attribués, ainsi que l'assiette de la collection T. Fàlcke
signée en toutes lettres :
Fato in Gubbio par Mano di Maestro Prestino. 1557.
Le - P
est aussi regardé comme la marque de cet artiste.
(Voir pour cette marque Pesaro.)
MM, Carocci, Fahbri et C^, fabriquent aujourd'hui à Gub-
bio des vases et des plats, qui imitent parfaitement les anciennes
majoliques à reflets métallique et cérisé de Maestor Giorgio;
c'est au directeur, à M. Pietro Gay, que l'on est redevable de
cette belle réinvention, pour laquelle l'artiste a obtenu la
grande médaille à l'exposition de London en i 862.
Ce continuateur marque
^
(Voir la définition du reflet métallique à la table.)
FEimABA.
P'AtENCE A ÉMAIL STANNIFÈRE, VerS 1500.
Biagio, céramiste de Faenza, qui a travaillé à Ferrara vers
i50i, paraît y avoir introduit la fabrication.
Antonio, autre céramiste de Faenza, a travaillé vers 4522
Carli, dit FratOy de Fossombrone, peintre céramiste (voir
pour cet artiste les faïences de Dei^ta), vers 1524.
EUROPÉENNES.
321
Callo, céramiste, vers ) 528
Outre ces artistes, on connaît encore Grosso et Zaffarino, qui
. y ont peint également sur majolique.
Alphonso !" d'Esté, duc de Ferrara,|le mari de la fameuse Lu-
crecia Borgia, et qui régna de I SOS à 1 S34, a introduit dansla fa-
brication des faïences italien nés, un nouveau mode : l'application
d'un Émail filus blanc, qui, tout en améliorant la qualité de la
faïence, contribua à accélérer la décadence de la peinturesur ma-
jolique. Dès lors les soins des céramistes furent dirigés vers la
pâte et l'émail etledécorartistiquenëgligé.desortequelesfabri-
ques finissaient par ne plus produire que delà vaisselle ordinaire.
On désigne ces sortes de produc-
tions sous le nom deJBZan deFer
rare.Cequ aétéfa tsou te ègne
d'Alphonso I est c ta nom nt
très-beau de fo mes t le dé o
ne se res=ent en o e en en de
la décadence fuiu e Un pot à
côtes, de 28 cen de hauteu à
anse et à goulot form mas a
ron, qu fa t pa t e de n a ol
lection et don o le c oqu
provient de cette fab ^ on du
çfile. La fo me est g ac eose et
le déco exécuté un q ementen
noir et jaun u un fond 1 lan
de lait fo ta t l que La f mm "^ «, '""
à la pomme ébau h a
hardies e su led anldela panse, ndquelamandun matt e.
On voit au musée de Kenainglon, à London, sur le n» 2982,
grand plat, peint sans art en camaïeu manganèse, et dont le
sujet représente une bacchanale, la signature:
3i-
qui me paraît celle d'un céramisle du commencement du dix-
huitiéme siècle. — Le catalogue dit qu'il a été payé 4 I. 4 È.
322 POZUIBS OPAQUES
Quelques amateurs attribuent aussi à la fabrique de Ferrara,
du dis-fteptièine et du dix-huitième siècle, toutes les assietl^ et
plats^ modelés en pâte miace et très-sonore, à sujets reliefs,
tels que Savoïia et Ingrano en ont fabriqué en camaïeu bleu;
mais, pour moi, ce sont bien là des faïences d'Angrano (voir
cette localité).
Cette vaisselle attribuée faussement à Ferrara est souvent dé-
corée en camaïeu manganèse (lilas), d'un dessin relâché et
peu artistique* Xe modelage ressemble à du papier mâché e$«
lampe, dont il a aussi la légèreté.
P. S. M. Giuaeppe Boschini a publié une brochure sur les
faïences de Ferrara, que je n'ai pu me procurer.
Pungileoni constate que Camillo Fontana et Giulio d^Vrbinù
avaient été appelés à Ferrara en iS67 pour restaurer la fabri-
cation tombée déjà en décadence : on croit que ces céramistes
ont produit des services pour le duc Alphonse H, à l'occasion de
son mariage avec Marguerite de Gonzaga, ainti que d'autres
pièces qui, selon quelques auteurs, seraient toutes marquées
d'une flamme de feu et de la devise : Ardent Etemum — qui
formait le sceau du duc. ;
PATIA (PATle).
Terre cuite au vernis plombifèrb. i500 à 1700
Un plat rond, de ma collection, de 41 centimètres de dia-
mètre, à dessin en relief et gravé en champ levé sur engobe,
d'un beau brun manganèse ferrugineux (nuance de pain d'épice),
orné d'arabesques et d'un sujet qui représente le Baptême du
Christ dam le Jourdain^ avec un ange à côté et au^â^sstk dans
les nuages Bieu le père, est incontestablement de cette localité
et en est le plus ancien que j'aie rencontré.
On lit, au-dessous de l'ange : Joannes Vicentius Marcellus.
La forme des arabesques entremêlées d'animaux, d'armoiries,
d'arquebmes à mèche (1440 à 1500) et de la figure d'un chas-
seur, qui couvrent les bords, indiquent que la fabrication doit
remonter à la fin du quinzième ou aux premières années du sei
zième siècle.
Voir ci-contre la reproduction du dessin de ce plat :
(na eeUecliDn).
:, ressemblant i celui-ci, comme taiaietAlon el
coulfliira, mab ne reroontaKt qu'au dix-sep lième siècle, a été
exposé duis ane des Testm aanuelles de M. Davillien.Ce plal
orne d'une armoirie «t d'arabeeques, portait le mîllésiBmi t'e
1 6S7 et au revers le nom
Papl:
Ob trtKiTe ans» de ectte proTenance, an otnée de Sâvres,
un petit plat en terre coite, recouvert d'un émail monochrome
de couleur brun chocolat tirant sur te grenat, da&a le genre des
terres cuitea de La Fratta et d'Avignon ; il porte flDSCription
suivante :
Un pareil plat, un peu plus clair de nuance que j'ai rencontré,
était daté également de 1(193.
Un autre semblable plat de la collection Delselte, avec la
mûme inscription et la date de 1695, porte en-outre:
Solamtnte i inijaiinalo cfii'ai /Ida,
POTE m lis OFAQUEÏ
N*2S06, une assiette, au musée de Kensington et une autre
au musée de Clurij', sontégalementmarquées :
Pnibuter inloniui MariiB Curliui Pâma. IHH et l«SS.
(Voir aussi Hontelupo.)
Les (riHirgiroli sont des céramistes, qui, depuis 16aO, sesont
succéda à Pavia dans la Tabrication des faïences genre Rouen et
Marsàlte.
illecllon Lecirpt
Urbino est une ville desÂpennins; Caste 1-Duran le et Fermi-
1. La nom de CiBlcI-Duriole fui chmgé en Iâ3!>, en Lirktiilai, iraucIlBlterig
EUROPÉENNES. 325
gnano, dans les environs, ne forment qu'un centre avec Ur-
bino, pour la fabrication, puisque les plua célèbres peintres y
ont travaillé alternativement.
On connaît deux privilèges, l'un de 1486, l'autre de 1508, ac-
cordés par le duc d'Urbino aux artistes de ces diverses locali-
tés, mais la fabrication n'a commencé qu'en 1508.
FaIenges a émail stannifère. lb'08 à 1650
Cette faïence est souvent à ornements d'arabesques et de
chimères jaunes sur fond blanc. Le beau urbino est, dès qu'il
s'agit de l'ornementation, la faïence italienne la plus appréciée.
On y a aussi fabriqué de belles briques (voir au musée Cam-
pana, 285 à 296), et des poteries à reflets métallique et nacré
dans le genre de Gubbio, mais plus épais de pâte et sans
les relief» que souvent les potiers de celte dernière localité
affectionnaient.
Giovanni maria d'urbino, céramiste, vers 1508
Sir Henry ï. Hope possède la plus ancienne pièce connue de
Castel-Durante ; c'est une coupe, signée:
1508, Àdi 12 de seteb facta fu a Castel Durât Zona Maria Vro,
Marforio, céramiste, vers 1519
Le musée Britannique possède un grand vase sur lequel on
lit l'inscription suivante :
Nella Botega d' Sebastiano d' Marforico. À di XI di Octobri Face
1519 m Casteldura.
Francesco Xantho Aveîk ou Avelli de Rovigo signait, tantôt
en toutes lettres, tantôt en abrégé; il a souvent copié des gra.
vures de Raphaël qu'il poncivait. — Cet artiste paraît aussi avoir
travaillé ailleurs que dans son propre atelier, puisque M. Maryat
a publié une inscription recueillie sur un plat de sa collection,
dontlesujet, exécuté d'après une gravure de George Pons, repré-
sente la prise de Carthage, que l'artiste à changée en la prise
d'un fort de la Goulette, par Charles Quint; l'inscription dit:
In UrbinOf nella BoUega di Francesco de Silvano, X.
^8
3126 POTERIKS ()PA^UES
Fran'cesco Xanio Avello a marqué :
%^ ^^ >2^
tel
Tts^ 2 j,ri^^^^
Une coupe à larges bords, au musée du Louvre, est signée
en toutes lettres avec le millésime de 4532. Au musée de Ne-
vers un plat peint par cet artiste^ où la composition montre
une vestale qui apporte l'eau dans un tamis à Tautei^ est
marqué :
F. X. 1535.
Un plat d^ la collection basilewsky est signé :
Xantù Âvello*
11 y a au^i déâ plats qui sont signés :
X, ou Francesco Xantho da Rovigo, OU F, X, da RovigOf
ou quelquefois simplement :
Da Rovigo*
Une coupe> au musée de Berlin, est signée :
Fraxato À. dà Rovigo P. Urbino,
Un grand plat (bibliothèque privée du grand*due de Saxe-
Weimar*, au château de la résidence grand-ducale), au dos
duquel on lit : « Miridate » (sans doute Mithridate)^ me parait
également de Rovigo. — Il porte le monogramme :
^.^
{Rodiani?)
1. Les appartements du grand-duc et de la grande-duchesse sont remplis
d'objets d'art du più« haut prix, et dont le choix indique un goût artistique élevé.
EUR0P,eEN9£S. 327
Un des plus beai^x plats d'Urbino, de ^ cc)illQÇtio,Q du duc
de Cambacérès^ en pâte très-légère et à bord à fond blanc
couvert de jolies ar^besques^ montra une superbe peinturei re-
présentant une fête.
Un plat creux, dans la forme des plats à barbe, mais rond,
servant à présenter des dragées aux dames, se trouve dans la
collection de M. Barker *, à London ; il ^t marqué ;
F. R.
(Francesco, à Rovigo ? — ot* par un artiste de Faenza?)
Le Garpentier, à Paris, possédait aussi un plat, d'un décor
obscène, un buste composé entièrement de fallus, qui était
signé :
On y lisait en outre :
In homo me guarda corne Fosse una testa de Cazi.
(Regarde-moi en mâle, comme si j'étais une tête de membre.)
Et à Tenvers :
El breue detro upi legerite como guidei se ileder el iprite.
Ce que j'pn peiit traduire par :
Lisez la légende à l'intérieui; 4m plat, elle guidera ypt^e irp)qiit||.
Cette tête est incontestablement une copie du fameux ta-
i , Ce n'est pas ici à yrai dire, Mfiç collection, mais np choix d'ol)jets d'af t,
d'exemplaires hors ligni^, fait dans les plus larges conditions cf^ l'éclectisme, i^
céramique, les brop;;es, les sculptures eii marbre (de Çigal entre ^utrçs), fes
émaux, les ivoires (de superbes bocaux et un triptiqiie du frcizièn^e siècle), 1^
jade, le fer repoussé (un bouclier dp seizièfne siècle, fie travail itc^jien, le plus
bel exemplaire que je coopaisse) ; les pieubles d'art et les t^bleaq^ sont généra-
lement représentés par 4es chefs-d'œuvre ; Greuze y (igure avec la cjélicieuse
Femme écoutant aux portes ; et Horace Yernet avec plusieurs de ses meilleures
toiles ; la Mort de Foniatowski, les Adiçuf de Foïitaifiepleaî^f Nçippléon a
Arcojej etc.
2. M. Barker, qui possède une jolie collection de tableau^ ^^ (|^S p^jo||q)|{||
328 POTERIES OPAQUES
bleau de Leonardo de Vinci (1452-1519), qui se trouve à Fi-
renze.
Outre cela on connaît encore de Francesco une assiette au
musée de Kensington, naarquée :
'JfVydiyxQ.
D'autres assiettes portent :
un plat de la collection Amhurst :
/rta>AMtâo ^fTr
Le musée de Kensington possède, sous les n*»* 2900 à 2916,
dix-sept pièces signées de ce Francesco Xanto.
•
italiennes d'une grande beauté, a un faible pour tout ce qui est italien, et l'on
dirait que l'art, pour lui, n'a jamais existé dans le Nord. Cette prédilection con-
duit souvent M. Barker à de singulières attributions. J'ai vu, dans sa collection,
un reliquaire gothique avec boîte de cristal de roche, du quinzième siècle; un
autre semblable, sans cristal et avec application en cuivre argenté, et une vierge
en cuivre repoussé d'Augsburg, tous objets d'un travail évidemment allemand,
attribués imperturbablement à l'heureuse Italie.
La collection de cet amateur éclairé est remarquable. J'en citerai seulement :
le médaillon des Malatesta, Isotta et Sigismond Malatesta, sculpté sur ivoire et
émaillé, œuvre curieuse pour l'histoire et à cause du caractère naïf, sinon artis»
tique, de la sculpture ; ce médaillon est renfermé dans un étui de cuir ciselé^
avec les armes, le chiffre et le portrait du prince. (Voir Sigmaringen, docteur
Rôssler.) Un encrier en faïence d'Urbino ; une clef de la Renaissance, avec chimères
et ornements d'un travail italien (bien italien cette fois) remarquable ; les quatorze
chaises enébène sculpté, avec incrustations de plaques en ivoire à gravure noire;
les trois groupes d'animaux et les deux statuettes du célèbre orfèvre Dinglinger,
de Dresden ; une belle boîte en ambre, travail allemand; une boîte avec incrus-
tations ivoire et nacre de travail italien; quantité de majoliqnes (au moins
150 pièces), de porcelaines de Sèvres, de tableaux italiens et de meubles Louis
XYet Louis XYI; des verres de Venise magniQqucs ; des ivoires, etc. L'amateur
français y trouvera aussi deux jolis tableaux représentant mesdames de Longue-
ville et de Montespan.
EUROPÉENNES. 329
L'auteur Pungileoni, cité par Lazari, a parlé d*un potier
Giovanni di Donino Garducci à TJrbino, de 1479, mais on ne
connaît aucune de ses œuvres.
Francesco Garducci et Ascanio del fu Guido, sont des potiers
d'Urbino mentionnés, des années 4 501 et 1502, mais on ne
connaît aucune faïence d'Urbino parvenue jusqu'à nous dont
la date soit antérieure à 1508.
Federigo di Giannantonio ,
Nicolo di Gabriele ,
Gianmaria Mariani, 1530
Simone di Antonio Mariani, 1542
Luca del fu Bartholomeo, 1544
César e Cari di Faenza qui travaillait en 1536 à Urbino,
sont des artistes dont je ne connais aucune pièce marquée, car
l'attribution de la marque
Nicola da V
sur un plat du musée Britannique attribué à Nicolo di Gabriele,
est incertaine, ainsi que le monogramme
AcLSrtï
qui se trouve sur un fond de pJat au musée du Louvre.
Un peintre inconnu signdiit, en 1543
Orazio Fontana, né à Castel-Durante, mort en 1550, le plus
28.
330 P0TCME8 OVA<HIBS
célèbre peintre céramiste d'Urbino, qui ilorîêsait vers 4540
signait :
On trouve dans la collection Barker, à London^une magniAque
ya6qtie,dont le dessin représente une terrible méléa, unebatftilie,
où Von voit sur le premier plan un éléphinfc blessé; il est signé :
Faio in botega d( maestro Oragh Fontana,
Deux autres majoliques signées de Ma^Htro Orazio Pontana,
se trouvent au musée Britannique et dans la collection de
M. Sellières.
Une ^r^nde ppup0 pu plat creux de il centip^trpg de dift'^
mètre, appartenant à M. Pietro Lorini, à Pesaro, Goup^ sur
laquelle est peint le Dévouement de Curtim , et qui est la pièce
de farence italienne la plus artistique que j'aie vue dans ce genre,
doit être d'Orazio Fontana et peinte d*après Raphaël.
Ce. môme collectionneur possède un petit plat armorié où le
sujet représente des artistes sculpteurs, signé :
Michael F.
Aurait-il existé aussi un Michaël Fontana? Le style et Texécu-
tion de ce plat est dans le genre d'Orazio.
On lit sur un plat, attribué également à ce célèbre mettre •
Jr
uia dr oxmfà'
BonoyftKwKis, 331
Nicoïo oa Nieoîa Tontana (nom de famille : Pelliparû),
céramiste. 1S40
Guido Fontana, céramiste. 1938
Onm'o, Camillo et l^îcola, ses Bis.
Un plat au Musée du Louvre est signé :
Au musée Britannique et dsns les collections Sellières et Por-
talés (vendues), il existait des assiettes, signées ; j
A» Mrga d« JT' Ûiudo Duronlino ii> Urbino IS3!l.
Ud plat creux rond, de ma collection, de 21 centimètres de
diamètre, peint par Orazio Fontana avec une vigiieiir extraor-
dinaire
et d'une touche tellement hardie qu'elle rappelle celle de
Rembrandt, montre la main' du célèbre maitre sur chacune des
figures. Ce plat porte à l'envers l'inscription suivante:
La plela de Coriliano. (La piéU filiale d* GorioUn.)
et doit être compté parmi les meilleures œuvres de ce céramiste.
332 POTERIES OPAQUES
Le sujet parait peint d'après la gravure de Giulio Pippi (dit
Giulo-Romano, né en 1499, mort en i 546, élève de Raphaël).
Les beaux tons bleu et vert, la touche artistique, et encore
bien plus les remarquables expressions des têtes de Coriolan et
de sa mère Véturie, ainsi que la cambrure hardie du cheval du
guerrier, de la suite de Coriolan, signalent cette pièce, dont
ci-dessus le dessin, à l'attention des connaisseurs.
M. Fau, à Paris, possède du même maître et peint de la
môme manière hardie, un plat rond, dont- le sujet représente
une bataille de cavalerie romaine.
Nicoîa de Tolentino di Pesaro, peintre. 1540
Giovanni VajasOj peintre, signait : 1542
Oi\,
Un bol de la collection de feu H.-T. Hope, portait l'inscrip-
tion suivante :
{Giovanni Maria,)
Une autre assiette de la collection du marquis d'Azeglio, à
London, porte :
D'après les mémoires de Raffaeli, il y avait aussi un céramiste :
Gentile, qui fabriquait à Castel-Durante de la vaisselle, et
était le fournisseur de la maison ducale d'Urbino. Il ne faut
pas confondre ce Gentile avec un peintre ambulant du nom
de Gentili, qui vivait vers 1700.
Rafaelle dal Colle, dit del Borgo, peintre. 1550
KUROPéBNNES. 333
Batista Franco. * 1550
Le n» 2756, au musée Kensington, est signé :
B. Franco,
Guido Merlino, céramiste. 1550
Sur un plat, n^ 540, au musée Campana, on lit :
Foktto in botega di Guido Merlino in Urbino, 1550.
et sur un autre plat, de la collection du poëte Goethe, à Wei-
njar, où le sujet représente Scipion l'Africain en Espagne,
lorsque les habitants lui apportent des présents :
1 542. Fato in Botega de Maestro Guido de Merlino da Urbino, — Idsapolo,
Picolo Passi, de Castel-Durante, peintre et auteur d'un ma-
nuscrit. 1560
Geronimo, peintre. (Voir aussi Bologna.) 1570
Un plat du musée de Sèvres, à arabesques en camaïeu blanc
et à camées, porte :
Gironimo Urbino feccic, 1583.
Un plat, signé de cet artiste et marqué du millésime 1583, se
trouvait à Marlborough-House, -aujourd'hui à Kensington. Pas-
se ri parle aussi de ce maître, dont il cite un plat fait à Pesaro,
qui était signé :
Nella Botega de Maestro Gironimo Vasaro I. P.
Le plateau n" 2771, au musée Kensington, est sans doute
du même artiste.
Voir : Albissoîa^ pour le tableau céramique probablement
peint par ce maître, en 1576, et qui se trouve encore à la sa-
cristie de l'église paroissiale d'Albissola. Il y a signé :
Gerolamo Urbinato,
Gironimo et Gerolamo^ sont-ce deux différents artistes, ou
est-ce le même ?
Alfonso Patanazzi d'Urbino père, mort en 1620, a signé :
A. P.
3Si4 P0TBB1C8 OPAQVBS
Un plat, probablement de cette provenance, porte :
ZENER DOMENÎGO
DA YENECiA
FECi iN LA BOTEGA
AL PONTESiTO DEL
ANDAR A SAN POLO
1568
M. Vallée, à Paris, possède un beau petit plat dont le décor
très-artistique représente Laocoon et ses fils ^touffes par les serr
pents, sur lequel on lit :
Ce^de\ix Al sép^r^ par rindioatio^ du §ujet, pourraient bien
être la signature d'Alfonso.
Une aiguière, au musée Sauvageot, est signée :
4* P(nUnnazzif 1604.
Un plat de cet artiste, au musée Kensington, est signé :
A L F. p. F.
VRBiNi
1606
et un autre,
ALFONSO PATANAZZi FE VRBiNi iN BQTEGA pi ioa Bi^TiSTi^ BOCCIONS.
1607
c'est-à-dire :
Alfonso Panatazzi a fait ceci dans la fabrique de Jean-Baptiste Boccione. 1607.
Vicenzio Paianaziij jeune peintre, frère du précédent, né en
1601, a signé:
UrMnOj P'Umtazzi féy
ou :
Vizenzio Paianazzi da Urbino di età d'anno trédicé delibiù*
(Agé de treize ans à peine.)
Franceeco Paianazzi a signé :
F P
16i7
et aussi :
VRBÎNi. E^. FÏQLiNA FRANCiSCi PATANATli,
<6P8
Ces trois Patanazzi sont les derniers peintres remarquâbltes
avant la décadence.
Ipolito Rombariotti, céraniiste, vers 1635
Au musée du Louvre (GÀih()ana), une assiette porte :
fyolito RoifnbairiotPi Pinse in Urbania.
Giovanni Peruzzij céramiste, vers i693
On trouve mentionné cet artiste dans l'ouvrage de M. Ma-
ryat, comme signataire d'un paysage.
La famille des pottiers Gatti^ de Castel-Durante, alla, en
1530, porter son industriie à Corfou.
Le musée du Louvre possède un plat d'UrôaTliVi (GàStfel-Du-
rante), signé :
P«tt»fiH thkh.),,
iVïCo/o d'Urôino, peintre. 1620
Une plaque de la collection Sauvageot, sur laquelle est repré-
sentée une partie de la composition du Parnasse de Raphaël,
porte le monogrammie :
M
(Voir ce monogramme
à Faenza.)
11 faut citer entoi^ tes céramiques suivantes, où les noms
des céramistes sont inconnus ou douteux.
Un plat, sur lequel est représentée la mort de Marsyas, est
signé :
i 5Î5 . în Castel Durante.
Un autre plat, dont te sujet rèpréserit^ Aeléôn et Diane, est
336 POTERiaS OPAQUES
marqué :
Une aiguière, de la collection de M. de Rothschild, à fond
bleu avec des rinceaux en jaune et à boutons d'or, où Ton Voit
sur la panse un pélican entouré de l'inscription suivante :
V masque Debuona cana
est marquée:
U
Une coupe au musée de Berlin, porte :
Bavieg^s P. Urcino. 1531.
On lit sur une plaque, au British Muséum :
1519. In CastelDura,
M. de Lange m'a communiqué le monogramme suivant, re-
cueilli sur un plat de la collection Basilewsky, dont le sujet
représente Lucrèce, et qui porte le millésime de 1549.
Un magnifique plat creux de 60 cent, de diamètre, de Castel-
Durante, en belle peinture polychrome dans le style de Raphaël,
(propriété de M. Penguilly l'Haridon, conservateur du musée
d'Artillerie à Paris), est décoré d'un sujet qui montre Josué
priant Dieu d'arrêter le soleil, représenté par Apollon sur un
char. G*estunedes plus belles œuvres italiennes que j'aie vues.
Une paire de potiches de 22 centimètres de hauteur, de ma
collection, et dont voici le dessin, probablement de la fin du
seizième siècle, époque où a commence la décadence à Caatel-
Duraote, sont décorées sur les panses de bustes d'tiommeâ et de
femmes, brossés avec une grande vigueur.
J'ai rencontré un vase de piiarmacie de ce tleméme provenance
et également décoré d'un semblable busie, sur lequel on lisait :
Cenom ne me parait pas désigner celui du potier, mais plutôt
celui du personnage dont le buste représentait le portrait.
Un plat du musée de Cluny, aux armes de la maison Bor-
ghèse, et un vase de forme ovoïde à eûtes, fond blanc à arabes-
ques, soLt marqués :
c. Pia.
Un plateau, du même musée, porte :
L. P.
Une assiette à la collection Saracint est marquée :
IS4A.
338 POTERIES OPAQUES
monogramme qu'une autre assiette ou coupe au musée Britan-
nique porte ëgaleiinent;
Les n^' 245 et 174, au musëe de Berlin^ sont marqués :
T
et uamagnifique exemplaire, au musée JàpouaisdeDresden, d'un
5 et de 4575.
Les dessins qui figurent au fond du beau plaide Gluny, n° i 158,
ainsi que beaucoup d*autres décors de plats, au musée de Berlin
et ailleurs, prouvent que les peintres italiens ont souvent tra-
vaillé d'après des dessins flamands et allemahds, et particuliè-
rement d'après ceux de Goltzius.
Une belle pièce de la fabrique d'Urbinôse rencontrait dans la
collection Pôurtalès, à Paris. M. Josephùs Jitta, d'Amsterdam,
possède quatre poticbes et deux graûds vases ; ces derniers avec
inscription :
Carolus V, Calignomm 1687. /n Urbanio.
Le n® 2752, au musée Kensington, est marqué :
V. B.
Le plat ovale n^ 1158, au musée de Cluny, est un des plus
beaux de la fabrique d'Urbino. — Un semblable a été vendu
récemment à l'hôtel de la rue Drouot, au prix de 800 francs.
M. àe Basilewski, à Paris, possède le pareil. Le n*»48, au musée
Campana, est digne de figurer à côté. La collection Marrj'at,
en Angleterre, est aussi très-riche en belles pièces de cette
provenance.
Une coupe à pied de la collection de M. Pielro-Lorini, à Pe-
saro, où le sujet représente saint Jérôme, largement peint dans
la première manière des faïences de Faenzâ, est signée ieh rouge :
EUROPÉENNES. 339 -
Celte coupe pourrait bien être peinte par Tpolitto RombiariQUi,
mentionné plus tiaut.
Qeorgi Fi'cfti est un artiste de Caslel-Di)rante.
Rolet, céramiste français de Moustiers ou de Marseille, était
établi à la fin du dix-huitième siècle à Urbii^p i le musée KensiiigT
ton possède de lut une lampe à tringle sous le n° 2093, signée :
FabrMa di majalica jtna di r
irHoliKii Vrbino. ti ahritt ITTî;
le décor est tout à fait dans le goût des faïences ^j\çs ^e
Moustiers.
On a fabriqué à Urbino, aussi bien qu'à Pesaro, des carreaux
de parquetage et de revêtement de mur, ornés de jolis dessins
polychromes, style de la Renaissance et peints en émail alanni-
fère : carreaux que les amateurs recherchent aujourd'hui comme
excessivement rares, et i^u'ils ppyenl jusqu'à 200 fr. la pièce,
Le musée Sauvageot possède une dQu?aine (le ces pavés, et le
musée Campana trois ou quatre exemplaires.
Deux de ces plaquesde revêtement, tien plus grandes encore,
mesurantIScent. carrés etqui ont 3; cent, d'épaisseur, font partie
de ma coUectioti et proviennent d'une frisa à h^ittour ^'fippui
de la bibliothèque de Sienna (Sienne), ville ^p l'ancien grand?
duché de Toscane. 'Les dessins également en style Jtfpaisst^ice
italienne, à arabesques entromëiées de chimères, (Jq dragons,
d'enfants, de masques, de corbeilles, de paons, etp-, Ip Iput sur
un fond noir, rappellent par leur ordonnance le genre du décor
340 POTERIBS OPAQUES
d*Herculanum. Ce sont des pièces rares par leurs dimensions
(ces sortes de carreaux ont ordinairement iO à i2 cent,
carres), et pour la netteté, la vigueur des nuances : le vert y
est magnifique, l'orange y atteint presque le rouge, tandis que
le fond noir, est irés-uni et très-brillant.
Terre cuite plombifêre au vernis brun de manganèse fer-
rugineux.
Les produits de cette fabrique sont dans le genre des terres
cuites d'Avignon, mais le brun est plus foncé, dans la nuance
de celle de Montelupo, et la pâte est plus légère, et souvent
ornée de dorures.
BlRinVI, DEBUTA (iPru^ià), mWEWmJL, V^BLI, HOCBBA,
ni01iTE>FELTB0^ «AlilAliO, imOUk, BAITKIIIVA et
Faïence a émail stannifére. 1508 à 1600
Les marques de ces localités sont très-peu connues et même
tout à fait indéterminées.
Nicoloso Francisa de Pisano, peintre céramiste du commen-
cement du seizième siècle, dont il est fait mention au chapitre
des faïences hispano-musulmanes (Voir Sevilla).
Une assiette au musée Britannique est marquée :
IN ARIMIN (Bimini?)
1535.
Le musée de Gluny possède un plat de la fabrique de Rimini,
Adam et Eve chassés du f)aradis, qui porte au revers :
In Rimini, 1535,
Un autre petit plat du môme musée, le n^ 1179, est peint d'a-
près Goltzius et me parait également provenir de cette ville.
M. de Lange m'a communiqué Tinscription suivante, recueil-
lie sur un plat de la collection Basilewsky, et dont le sujet re-
présente le cheval de Troie,
InArimini, (RimiDi?)
EUROPÉENNES. . 34i
8« DERUTA.
Un plat de Deruta, dans ma collection, également du com-
mencement du seizième siècle, et dont le décor représente le
buste d'un chevalier en armure du temps des Melatesta (famille
qui avait vendu le duché de Pesaro aux Sforza), porte une de-
vise, écrite très-illisiblement, dont voici la copie avec toutes
ses fautes : o
Uno, bello. motite. iuiti a laui. to, nora (sic).
Ce plat, comme beaucoup de ces sortes de faïences qui pro-
viennent de Deruta, est en grossière terre cuite recouverte, au
revers, d'unwvernis plombifère qui laisse transpercer la cou-
leur jaune de la terre. Le catalogue du Louvre attribue ce
genre de faïences à Chaffagiolo, mais je ne puis partager cette
manière de classer les faïences.
Le Fraie, céramiste, vers <545
Une coupe de cet artiste, u9 376, au musée du Louvre, où le
sujet représente : Bodomont enlevant Isabelle, scène tirée du
Roland furieux de T Arioste, est marquée :
Dans la collection de M. Raff de Minicis, de Ferma, une as-
siette est signée :
IN. DERVTA
EL. FRATE. PENSE.
(Voir, pour cet artiste, l'article sur les faïences de Ferrara.)
Le n* 27, marqué :
B
29.
349 POTEHIPS OPAQUPS
et les no« 44, 260 et 26J, à l'ancien musée Campana, étaient
également de la fabrique de Deruta.
{^as vases, forme pQmme de pin S sont égalpment de cette
même fabrique oq d^ la Fratta. Voir au fQu^ée Qamp^iia, i^m
283 , 478, i79 çt, 480; ^i«si que l^ pl^t ^• 38P, »wr lequel m
lit :
/n Dpruia, 1554.
M. de Lange m'a communiqué le monogramme suivant, re-
cueilli sur un plat de la collection Basilewsky, dont le sujet
représente la Fuite d^Qvi4e et qui porte le millésime de <54i :
7
Une assi^tt^, ^ la pollef^tion Narfqrd» asft mapquéa :
Fatta in Dirvta
15Î5J
et une autre au musée Kensington :
El
A Giorgio Vasajo, céramjste, on attribue la marque :
Une assiette de la collection Campana, est signée :
Antonio Lafreri^
Tn Deivta 1554,
i . Augsbourg, en Allemagne, dont les armes sont composées d'une pomme de
pin, •— a égalep^fint pro4uit en terre puite des va^es dé cette forme.
1. Ce nom n'est pas celui d'un céramiste, mais d'un ffr<ive%i/f. qui ^or^^tit à
Rome de 1550 à 1575, et dont le peintr^ a copié une gravure.
tandis qu'une belle assiette dp la collection BarJ^ef psf mar-
quée :
Une assiette à la collection Pourtalès était marquée :
El Flr. J. Deruta 1541.
Un plat semblable, sous le n° 779, est au musée Sauvageot.
M. Paul GsiSQault k Paris, possède une assiette rocaillée et à
fond chamois, qui est signée :
1771. Fabrica di Majolica
fina di Gregorio Çastem
in Deruta,
On a aussi fabriqué à Deruta de la faïence qui ressemble
quelque peu aux faïences siculo-musulmanes, moins le reflet
d'or. — Le fond en est ordinairement d'iin jaune pâle.
3<> 8IENNA.
Les carreaux de revêtement de la frise de la bibliothèque
de Sienna, du seizième siècle (voir Urbino), et dont dpux font
partie de ma collection, me paraissent de la fabrique d'Urbino ; jl
se pourrnit, cependant, que Sienna ait aussi produit ce genre.
Ces carreaux sont décorés à ornements polychromes, en style
de Renaissance sur fond noir, et rappellent le goût grec.
Les pavés carrés et pentagones du musée du Louvre, et du
seizième siècle (113, 114,, (15, llfi, etc.), catalogués comme
provenant des fabriques de Caffagiolo, ne peuvent être que
d^Urbino ou de Sienna ; ils ont tout à fait le même caractère et
montrent le môme mode de fabrication que la frise à la biblio-
thèque de Sienna.
Benedetto et Ferdinando MariçL Campant , qui travaillaient de
1720 à 4750, sont des potiers oi^ peintres de Sienna, de la dé-
cadence.
344 POTERIES OPAQUES
Le musée de Kensington possède un plat signe :
Faioi signa Da m* Benedetto
atlribuë faussement au seizième siècle.
Ferdinando Maria Campani de Sienna, peintre céramiste,
travaillait entre 1730 et i750.
Une plaque, n» 2743, au musée de Kensington, est signée du
nom de ce dernier, et sur une autre assiette, n^ 2802, on lit :
Ferdinando M. À, Campani. 1747.
Un plat, au musée Britannique, porte l'inscription :
Ferdinando Maria Campani Senesse dipinse 1733 ;
et un autre la marque : F. G.
Un plat de la collection Montferrand porte:
Ferdinoândo Campani dipinse in Siena 1747,
et on lit sur une céramique, au musée de Berlin :
Terenzio Romano of Sienna. 1727.
4* FORLI.
Quant à la faïence de Forli, on ne sait pas au juste si les
fabriques en étaient établies dans la ville de Forli des États
ecclésiastiques (légation de. Forli), ou dans un autre Forli de
Tancien royaume de Naples (Sannio). Une assiette, n*» 2976, au
musée de Kensington, porte :
Fatta in Forli.
Leacadio Salombrino était peintre ou céramiste à Forli, au
seizième siècle.
Une assiette de cet artiste à la collection Barker, est signée
Leochadius Solombrinus
Pincsit. Fordliome ce
M D L V
EUROPÉENNES. 34o
et un plat de la môme collection, provenant de celle de Del-
sette, est signé :
Léacadio Salofn&nno. Farlt. Pincitj 1555,
ainsi qu'un fruitier :
Faito in Forli,
Un plat, n* 555, au musée Campana (Louvre), le Massacre
des innocents j d'après une composition de Baccio Bandinelli,
porte au revers :
Fatto in Forli, 1542,
ainsi que le n<^ 431 , où on lit :
Fatto in Forli,
Une assiette au musée Kensington, est marquée :
In la botega d M* Jero
da Forli
5<> NOOBRA.
On croit que les faïences de Nocera sont signées d*un :
N.
e*» MOHTB-FBLTRO.
Le musée de Gluny possède, de Monte-Feltro^ un grand plat,
n* 2103, où VEnlévement d'Hélène, d'après Raphaël, est repré-
senté avec rinscription :
V. Rate d'Elena. Fatto in Monte,
et le n<* 1527, au musée de Berlin, que j'attribue également à
Monte-Feltro, porte le monogramme
M.
7' OALIAHO.
Un plateau, au musée de Kensington, porte la marque :
In GALIANO nel ano
1547
346 POTBI^IBS Q?AOyVS
Je r^e connais ^qcune insqolique dç
•« IMMOLA, tJkWKKâL ni SPBLLO,
localités auxquelles ob attribue aussi quelques faïences.
PIS A (Mse), em v«fleane.
Un grand vase, de la eolleotion de M. Alphonse de Rothr
schild, à anses forme serpents, et décoré dans le genre des
faïences d'Urbino (arabesques sur fbnd blanc), est signé :
PISA.
MM. J. et S. Palma, et M. Renzoni, fabriquent encore actuel-
lement des faïences ^ fùa.
Terre cuite a émail stannifère. <o25
On croit qu'il y a eu des fabriques céramiques vers cette épo-
que^ et pn cQonaH m peintre du nom do AgQ$tm MileUi^ né
à Bologne, en 1609.
La fabrique de M. Ferlini, qui y est établie actuellement,
imite les Délia Robbia,
SACBO-MOHTB, à Wamllo,
Ville à 54 kilomètres de Novare.
Terres cuites, peintes a fresques. De 1525
jusqu'à la fin du dix-septième siècle.
La grande église et les quarante?quatre chapellea, construites
sur la cime de cette curieuse montagne de Sa&ro-Monte qui a
la forme d'un gros dé à coudre de tailleur d'habits, contien-
nent un millier de figurines, de statuettes et de statues, dont
plusieurs équestres, la plupart de grandeur naturelle et toutes
en terre cuite, et peintes à fresque. C'est l'œuvre de plusieurs
pléiades d^artistea qui s'y étaient établis successivement du-
rant cent cinquante ans, à seule fin de poursuivre l'achèvement
de cette immense galerie sacrée et biblique. Les chapelles sont
E\JR0JPEENNËS. 347
aussi remplies de statues de marbre et de bois, et ornées d'un
grand nombre de belles peintures et de dorures ; le tout exécuté
par des maîtres renommés.
La première et la meilleure série dés statues en ten*e cuite,
est due aux élèves et contemporains de Leonardo da Vinci
deFirenze (t452M5i9), et de Raphaël Sanzo d*Urbino (1483-
1520), tels que Gaudenzio Ferrari (1525), aussi habile pein-
tre que sculpteur éi Modeleur, qui introduit le style de Ra-
phaël dans la Lombardie, et son élève Fermo Stella. Après
eux, il faut nommer : Gia^omo Bargnola^ dit Valsolda; Ravello
di Campertagno ; Gaudenzio Saldo dit Oamasœ^ élève de Dio-
nigi Bussola; Giusèppè Arigoni, de Milano; Antonio Tandarini^
dit Yalsassina et le plus fécond de toUs, Tauteur du plus grand
nombre des statues, Giofcanui à'Enrico, mort en lt)44, et son
élève Giacomo Fèrro.
Les chefs-d'oèuvre en terre cuite de Sàcro-Monte valent à
eux seuis un voyage en ïtalie.
îiAl^bLi (naplefl).
Faïence a émail stannifêre. 1524 à 1780
(Voir Castelli, localité qui a fourni à Naples le plus grand
nombre de peintres céramistes.)
PauliLS Franciscus Brandi^ céramiste qui travaillait en 1680.
M. Georges Guiffroy et M, Sommier à Paris possèdent trois
grands vases à anses chimères, décorés on camareu bleu, dans le
genre des faïences de Savona. L*un sur la panse duquel ïe
peintre a représenté la Cène, avec l'inscriptiôtt :
Diêcumbentibus et edentibus discipuUs àixtt Jesùè : Vrtus ex vobis
me traditurue. (MarC) o. XIV.)
(Aux assis et mangeants disciples, Jésus dit : « Un d'entre vous me trahira. » )
est signé en toutes lettres.
Paalus Franciscus Brandi
Pinx, 1684.
L'autre, où le décor représente la pêche miraculeuse, est
marqué :
(Voir cette marqué au verso,)
348
POTERIES OPAQUES
Le troisième, sur lequel le peintte montre le Christ dans le
jardin des Oliviers, avec l'inscription :
Tristia est anima mea wque ad moriem (Mat., XXVI),
est signe
Fran. Brand.
Nofioli
Casa Nova.
EUROPÉENNES.
il porte en outre le monogramme suivant :
349
8b
Cette couronne-ci :
recueillie sur une faïence attribuée à Gastelli, paraitétre deNapoIi.
Des assiettes au musée de Sèvres, sont signéees :
lî • F?
et
On rencontre en outre des vases, bols et pots en faïence, attri-
J^ués à Napoli, qui sont marqués :
I
aussi
G
aussi
iS2/^
(La plus ancienne
date recueillie.)
30
350 t>OÎËftIBS OPAQUES
N,
au«$î (uB P] ou
F.D.V.'-
VecchiOi à Napoli, du dix- huitième siècle).
Grue (Francesco-Antonio-Saverio), né à Castelli, en 1686,
mort en 4786 (voir Castelli), a travaillé vers 1720 à Napoli.
Lord Tabley possède un vase, signé :
Fr9. Ani^, Grue. P.
Napoli 17i2
Grue (Francesco-Saverio), né à Castelli en 1720, mort en 1753.
<Voir Castelli.)
M. le comte de Montbrun avait dans son cabinet deux pla-
ques de cet artiste, qui étaient signées :
8. Grue, P. Napoli i7Â9,
M. Feuillet de Conches possède de ce môme artiste un Tnowi*
phe de Galathée.
Un plat, peinture pareille, au musée de Berlin.
Grue (Saverio), né à Naples en 1731, mort après 1806. (Voir
les porcelaines de Naples et les faïences de Castelli.)
Les Fuinà^ tes Cappelletti et les Gentile (voir les faïences de
Castelli) ont également travaillé à Naples.
M» Giustiniani a fabriqué à Naples des imitations de vases
étrusques, et il imite encore aujourd'hui les faïences anciennes
d'Urbino et de Castelli.
Le musée Japonais, à Dresde, possède de ce potier un grand
vase sur la panse duquel se trouve une copie de la composi-
tion mUBivienne de Pompéi, la bataille qu'Alexandre livra à
Darius. Ce musée renferme aussi, de oe Giustiniani, des figu-
rines en costumes italiens. Au musée àe Kensington, ii« 3200
à 3205, six pièces de cette provenance moderne. J'ai rencontré
de$ poteri^g de ce même céramiste, qui pQrt^ieot un p(\onQ-
gramme au^essQus de la signature *
Tx ^
lôN
D'autres qui étaient marquées d'un simple :
G
Les autres fabriques actuelles à Napoli sont celles de MM. Sa-
varese, Colonet^ Patry (qui fait aussi de la porcelaine), et Del
Vecchio. Cette dernière fabrique, située à la Mariana (marine),
existe depuis le dix-septième siècle. M. de Paolisà Paris, possède
un lustre en faïence, style Louis XVI et décoré en polychrome,
qui a été fabriqué à la Mariana. Souvent on rencontre de
ces faïences (sortes de terres de pipe), particulièrement celles
du dix-huitième et du dix-neuvième siècle, qui sont marquées :
F. D. V. {Fabrica Del Veechio.)
Ce qui paraît démontrer que la fabrique a marché déjà long-
temps sous les Del Vecchio.
CIVA CA0TBIil.O,
Dans la Marche d'Aucune.
Faïence au vernis plombifère, peinte sur engobe. i525 à i600
Cette fabrique est citée par Cyprian Piccolpassi, dans ses
trois livres de VArt du potier, que Ton croit avoir été écrits en
io48, mais qui n'ont été publiés, à Rome, qu'en 1857.
Les produits de Cita Castello étaient connus sous la déno-
mination « à la Castellana. »
Cette faïence ressemble aux poteries musulmanes, à reflet
métallique. Le n° 784 du musée Sauvageot, plat rond creux,
et d'une forme connue à cette époque sous le nom de « Coppa-
amatoria » qui servait à offrir des confetti ou dragées aux
dames, est à bord plat ; décoré d'arabesques jaunes en saillie,
sur fond chamois, il a tout à fait le caractère de la faïence
siculo-musulmane.
352 POTBBIES OPAQUES
Il ne faut pas confondre le cita-casteîlo avec le fratta qui est
gravé sur engobe et recouvert de vernis plombifère (Voir La
Fratta),
TBE¥I«I (TréTifle),
DanB la Yénétie, à 30 kilomètres de Venise.
FaTenge à Émail stanniférb. 1525
Un bol, de la collection Addington, attribué à cette localité,
est signé :
On a aussi fabriqué à Trévise, durant la deuxième moitié du
dix-huitième siècle, des faïences de pâte lourde et à fond blanc,
décorées de fleurs de couleurs rose, vert, jaune, etc., qui cuites
au feu de réverbère, ressemblent à la faïence de Marseille, de
Strasbourg et de la Lorraine.
ViTEBBO (Vlterbe),
Ville de l'ancien État ecclésiastique, à 97 kilomètres de Rome.
FaIence a Émail stannifere.
Un plat au musée de Kensington, est marqué
1544
EUROPÉENNES. 353
PAliilA (Padione).
FaIenge a émail stannifère. i550
Un plat delà collection de M. Barker, en Angleterre, est marqué
AdamOy Eva^ l^6Z. Padoa.
et un autre, au British Muséum
1564. Podea.
Tous les deux sont en décor gris-lilas.
Au musée de Kensington une assiette marquée
PADUA, 1548.
M. le baron de Schwiter,. à Paris, possède un grand et beau
plat, orné de personnages d'après Carpaccio, du quinzième
siècle, et fabriqué tout à fait comme les terres cuites de La
Fratta, c'est-à-dire décoré sur engobe par la gravure en champ
levé et vernis au plomb , plat qui a été vendu en Italie à ce
collectionneur comme œuvre authentique du maestro
Nicoleito de Padua,
mais que j'attribue à la Fratta.
FaIence a email stannifère. 1563
(jioMani Batista , peintre céramiste de Faenza travailla vers
cette date à Verona.
Sur un joli plateau de la collection Berney (Bracon Hall),
on lit :
jk^
30.
354 POTBRIBS OPAQUES
9i| fiAF4l»9afl^vo),
Eu Toscai^e, entre Firenxe et Bologna.
FaIencb a Émail stannifère. 4576
J'ai vu un plat portant :
In Chaf^io la fato adj. 21 junio 1576,
et un autre de cette môme fabrique fait partie du musée Sau-
vageot, sous le n» 787. Sur une assiette n» 2962, ^u musée
Kensingtop, on lit :
S, P, Q. R.
Un plat Siu wiisée tje Cliiny, pst m^rqné :
Gafagizotto,
Le musée de Kensingtoii pQS3M^ une assiette, attribuée à
Gba^agiolo, qui est marquée :
et M. le baron Â. de Rothscbjld, un p^at marqué :
HH^J^'H
Un autre plat, de la collection de lord Hasling (Metten-Con-
stable), porte à peu près cette môme marque :
EUROPÉENNES.
3S5
Ces cinq monogrammes reproduits'par le. catalogue du Lou-
vre, et recueillis sur les n®» 153 (coupe), 143 (plat), 144 (coupe),
150 (plateau), et 151 (plate^ii), tQ^s attribuas ^ Chfiffagiolo, me
paraissent très-douteux.
M. Willet, à Amst0rd3îu, pQa8è40 UQ plftt ronjl, fittribué à
ChaflFagiolp, qui est marqué :
AMCtBANO on AM«JlBJlMO,
frè^ BftSsanQ, 4i(ns la Yénétiç.
Faïence a émail stannifére, a partir de
1570
OR
356 POTERIES OPAQUES
sont les marques des faïences de cette localité ; elles sont tout
à fait dans le genre de celles de Bassano. Quelquefois aussi
elles sont marquées d'une simple ancre maritime, ou plutôt d'un
hameçon tel qu'il a été reproduit ci-après, copié sur une faïence
du musée de Berlin.
Ces marques, MM. Maryat, Brogniart et Riocreux les attri*
buent à Venise môme.
Trois plats, au musée de Sèvres, marqués du premier mo*
nogramme, sont donc attribués, par MM. Brogniart et Riocreux,
à la fabrique de Venise.
Une soucoupe ondulée, armoriée sur un fond de paysage où
le bleu domine, et qui fait partie de ma collection, porte égale-
ment le premier grand monogramme. C'est une pâte très-lé •
gère et très-sonnore.
N<* 225, assiette, au musée de Berlin, porte le monogramme:
Ce même monogramme avec le millésime 1591 se trouve sur
une assiette de la collection Uzielli.
M. Forget, à Paris, possède deux assiettes dont Tune est mar-
quée du premier monogramme d'Angrano, et l'autre :
qui peut être celle d'Antonio Teschi, ou signifier Faôrtca à kn-
garano. M. C.-W. Reynolds et le British Muséum possèdent
des pièces qui portent cette môme marque.
N° 2972, un grand plat à fond blanc, au musée de Cluny,
où le sujet en camaïeu bleu représente : Samson massacrant les
PAilis^tns S vigoureusement esquissé, est marqué du second mo-
nogramme, V hameçon» Recueillie aussi sur une assiette, au musée
de Dublin, le catalogue de Cluny a pris cette marque pour un C.
Un plat, qui appartenait à Roger de Beauvoir, et provenait
1 . Copié par Madame Jacquart.
EUROPÉENNES,
357
de la succession d'£ ugène Delacroix ^ où le sujet consistait en six
chevaux libres qui se battent, peints naïvement et grossière-
ment en bleu et en manganèse sur fond jaune, était marqué,
entre ces deux mômes hameçons :
aTi'n^
6
signature que Ton doit lire :
L'Hameçon ou Vancre de marine pourrait donc être la mar-
que particulière de ce Bionis Marini, puisque la date de 4636
du plat de Roger de Beauvoir se rapproche de celle (1622)
de l'assiette du musée de Berlin, et puisque l'hameçon et
l'ancre ont trait au nom de Marinû
Ângrano a aussi fabriqué des faïences, la plupart des plats
et assiettes, modelés en pâte mince et très-sonore, décorés
le plus souvent en camaïeu manganèse (brun-violet pâle) d'un
dessin relâché et peu artistique, et où le modelage est dans des
formes qui rappellent l'argent et le cuivre repoussés, et ressem-
blent pour la légèreté à du papier mâché. ( Voir l'observation
à l'article Ferrara. )
J'ai recueilli sur une telle assiette le monogramme que voici :
1 . Ce plat a été également copié par Madame Jacquart.
358 POTUiia OFAOuis
ALBI00OI.i».,
Aux portes de Savona. — (Voir Savona.)
Faïence a émail stannifère. vers i575
Dans la sacristie de l'église paroissiale d'Albissola, existe
encore un tableau 4e (]eux mètres de grandeur, composé de
plaqqeade ftilanoe^peinteçen polychrome, ou le jaune domine
comme dans le carrelage du château d^Ëcouen, et qui repré-
sente la Naissance du Christs Cette peinture céramique que
Torteroli compare très-improprejnent à la peinture dçs an-
ciens vitraux à laquelle elle ne ressemble d'aucune manière,
Qst signée :
Fatto in Arbisola (sic) del 1576 permano di AffosUm
Gerolamo Urbinato 1o dipinse.
A la place du nom effacé du potier, $e trouvent les mots ;
morto impénitente^ substitués par l'intolérance du clergé. — On
ignore ainsi le nom de famille de ce Agostino qui ne peut être
Agostino Ratti, le peintre du di^-^&eptième siècle de Savona,
Binirick Vroom, peintre hollandais en tous genrfi9, et qui
peut être appelé le créateur de la peinture de marine, pé k
Haarlem, en 1566, a décoré de? faleuoes |i AlbissQla, qui ^'éçriv
vait alors souvent Arbizzola ou Ârbissola*
Yroom avait déjà peint sur faïence dans les fabriques de sa
ville natale avant an Venue en Italie, (Voir Haarlem et Yeneajat)
fli^ViiM4^ «m PAVO (fiiivoiie)*
(Voir aus9i 4lbmola.)
Faïences a émail stannifére. lt>75 k 1750
Ancien centre de productions cér^roiqnes, Savons expédiait
déjà, durant le treizième siècle, ses vaisselles en terre cuite
vernissée, en Ligurie, en Corse et en Provence. Quant à la
fabrication de la faïence, elle ne remonte probablement pas
plus haut qu'au milieu du seizième siècle, où les portiques des
maisons furent ornés de terres cuites émaillées, dont on pouvait
encore voir deux échantillons, il n'y a pas longtemps, rue Sca-
ria superiore, à l'ancienne maison de la famille Pavesi, et qui
sert aujourd'hui à l'école publique des prôtres de la Mission,
et rue Vaccioli, maison Yaccioli, Comme les grandes démoli-
EUaOPÉENNBS. 359
lions de 1528 et 184â ont emporté beaucoup, j'ignore si
on avait fabriqué déjà avant cette époque des faïences de
terre cuite, et si elles étaient vernissées ou émaiUées, Les
maisons, propriétés des couvents^ des abbayes, etc., étaient
aussi désignées alors par des plaques de faïence , dont la pein-
ture représentait le patron de la K^mmunauté à laquelle les
maisons appartenaient. Il existe encore aujourd'hui à l'église
Saint-Jacques une chapelle qui était toute couverte de plaques
de farence) et à la bibliothèque publique, trois grands T«8es
peints en camaïeu bleu, mais peu artistiques, pour lesquds On
a pourtant déjà offert milie francs.
Âgostino di Monti^ qui ft parlé avec un éloge pompeux des
faïences de Savona, pousse la naïveté si loin, qu'il dit textuel-
liem^ât : « Que ces poteries étaient supérieures aux poroeiaines
de Chine mémo, puisqu'elles n'étaient piti translucidos, tandis
que les Chinois ne savaient faire que des poteries transpa-
rentes! »
Eedi n'est pas moins Italien, quand il dit dans son épître
brossée 'èA ifm^ à monslg:fi()r Unaiéoé^i kmxsix
lléyerei prima il veleno
Che un biccher che fosse pieno
Dell' amaro e rio caffé.
(Poison^ citfé l^u «a v^rre { «^ Délice, pris ett vase et terre 1)
Vanioni thànte encore cette même poterie «n 1783 :
X parca mensa vive senza a a£fanno
Chi cibi in vasi savonesi accoglie,
Kè i cheti ponni a disturbai* gU vanno
Sordide voglie.
(Celui qui se contente d'un modeste repas, servi dans les plats iâe Savoiiej
vivra heureat, et «on sommeil ne sera troublé d'aucun rêve lubrique.)
C'est au commencement du dix-septième siède que florissait
la fafence à Savdna.
Quelques auteurs ont aussi parlé d'un :
Girolàmo Salomone ver» i650j
360 POTERIES OPAQUES
auquel on attribue le monogramme que voici :
mais je n'en ai trouvé nulle trace, ni dans les documents ita-
liens, ni sur des poteries.
Les peintres les plus renommes étaient :
Gian Antonio Guidabono, natif de Castel-Nuovo, en Lombar-
die, qui s'établit à Savona, vers 1640, où il s'appliqua à peindre
la faïence, sans abandonner la peinture de fresque et à l'huile;
on lui attribue un plat au musée de Kensington, marqué :
S. A. G. S.
Bartolomeo Guidabono et Domenico Guidabono, les fils d'An-
tonio Guidabono ;
Agostino RaUi, qui travaillait vers 1700, et de qui le musée
de Berlin possède un exemplaire au millésime de 1720;
Gian Tommaso Torteroli, surnommé le Sourd (di Sordo);
Giacomo Boselliy était un céramiste qui avait acquis de la
réputation par ses biscuits (terres sans vernis ni émail), et
dont les descendants ont continué de fabriquer de la faïence,
et ont essayé à la fin d'imiter les faïences françaises et an-
glaises.
Le premier fondateur de l'industrie céramique nivernaise,
était le patricien Conrade^, de Savona, et le musée de Nevers
possède quelques exemplaires des îdiïences polychromes, proba-
blement de la seconde époque ou de la fin 'du dix-septième
siècle, de la fabrication savonaise.
La faïence de Savona est le plus souvent, ou plutôt générale-
ment, en camaïeu bleu et d'un dessin relâché. Les plats sont
ordinairement festonnés et façonnés dans le genre des plats
martelés et repoussés de l'orfèvrerie savonaise, dont les mo-
dèles servaient sans doute aux potiers, à leurs moulages, ce qui
1 . Voir Neverst
EttROPÉEHKES. 361
leur épargnait les Trais de façon. La pâte de .cette faïence est
légère, mince el sonore.
Les marques sont très-nombreuses et encore indéterminées.
Un très-beau plat rond de 60 centimètres, de ma collection,
ouvragé en haut relief, style Renaissance, un peu rocaille.
avec cliimères et décoréen camaïeu bleu,à sujet mythologique
ao milieu, est marqué :
H. C> (lurmODté d'une couronne.)
Dans la collection de M. Edouard Pascal, à Paris, on trouve
plusieurs plats et assiettes marqués différemment :
N. G. N/ <à>
Un autre plat de la même colIecUon, dont ledécor, en camaïeu
362 POTERIES OPAQUES
bleu, montre trois Amours dans un paysage, porte cette mar-
que-ci :
que l'on désigne ordinairement sous le nom de la marque du
château fort; et une écuelle :
Un grand plat de la collection du docteur Belliol jeune, à
Paris, dont le sujet, peint en bleu, représente un faune, des
femmes et des Amours, est marqué :
Au musée du Louvre, n® i6, plat peint en camaïeu bleu où
le sujet représente : des cavaliers en marche, est également de
provenance savon aise.
Le musée de Nevers possède un plat provenant de la collec-
tion Devers, qui est marqué
B. A.
(surmoaté d'une couronne.)
M. le baron de Switer, à Paris, a dans sa collection un pot,
marqué :
EUROPÉENNES. 363
et M. Stanifort(of Storps Windermere), deux exemplaires, qui
portent :
On trouve encore deux beaux plats de cette fabrique au mu-
sée de Sigmaringen : Tun à bas-reliefs , l'autre uni ; tous les
deux en camaïeu bleu. M. Mathieu Meusnier avait dans sa
collection un magnifique plat de 43 centimètres, décoré égale-
ment en camaïeu bleu^ dont les ornements, bas-reliefs, etc.,
consistent en chimères, coquilles et mascarons, ainsi qu'une
délicieuse gourde de chasse de la plus belle forme de la Renais-
sance, à ornements d'enfants en relief et ronde-bosse, décorés
en bleu et jaune, gourde attribuée par plusieurs amateurs à la
fabrique de Nevers et qui fait aujourd'hui partie de la collec-
tion de M. Grémieux.
M. Vallées à Paris, possède de la fabrique de Savona, deux
grands vases décorés en camaïeu bleu, et armoriés en bleu,
rouge et jaune, qui sont marqués sous les pieds ;
M. Domenico Mazzi, antiquaire, à Genova^ m'a signalé cette
même marque, où les deux L se trouvent remplacées par :
C B.
On doit en outre attribuer à Savona la marque suivante ,
f . Cet amateur possède une collection d'armes, de belles crédences et des
bahats en bois sculpté du seizième siècle, et de nombreux exemplaires de porce-
laines et de faïences. Parmi ces dernières, on peut signaler un beau plat hispano-
musulman à arête et orné d'un emblème héraldique, qui représente un lion ] un
autre de la Fratta et plusieurs faïences italiennes de différentes époques.
364 POTERIES OPAQUES
que Ton rencontre sur des faïences communes, souvent décorées
en polychrome :
s
Quelques amateurs ont voulu attribuer ce monogramme à
TEspagne, à Sevilla; mais je crois que c'est une erreur, puis-
que j'ai rencontre des plats en camareu bleu et à reliefs, dans
le genre courant de Savona, qui étaient ainsi marqués.
Ce même signe, sans le S, se trouve sur une bouteille
carrée, haute et plissée sur les faces, delà collection de M.Wil-
let, à Amsterdam; décorée en polychrome de branchages et
d'un château fort, elle rappelle la bouteille aux armes de l'In-
quisition^ en faïence espagnole du dix-huitième siècle, de la
collection Arosa, à Paris, et dont il a été fait mention au cha-
pitre des faïences de Sevilla.
Il se pourrait cependant que ce monogramme sans le S, soit
celui d'une fabrique espagnole, puisque le caractère du décor
des pièces marquées ainsi est tout à fait espagnol.
M. Paul Gasnault, à Paris, possède un plat, qui porte la
marque :
D. B. R.
MM. Michel et Robellaz, à Avignon , ont dans leur cx)llection
plusieurs assiettes au décor polychrome, brun, bleu, vert, jaune
et bleu, et consistant en personnages, oiseaux, papillons, etc.,
visiblement peintes au dix-huitième siècle, sans l'aide du pon-
cis, mais aussi sans finesse; ces assiettes sont marquées en
noir au pinceau :
EUItOFËENHES. 365
[. Willet.à Ârosterdam, a dans sa collection ua plat marqué :
J. H.
B-O..
sont des initiales que j'ai recueillies sur ua magnifique vase,
de belle taille, dont lo décor en camaïeu bleu, exécuté avec
une grande finesso, rappelait celui de Kortdenbosch, de mon
plat de Niimberg(17l2). Ce vase où les anses étaient d'un joli
modelage, était également de Savons.
On sait en outre quele nommé Jocçues Borelly (selon d'autres
Boselly), fabricant de faïence, à Marseille, est allé, en 1780,
s'établir à Savona, où il a continué de fabriquer. Une coupe de
ma collection, est marquée:
Jacniua BùTiUy. 1781. (Voir Mufeillc.]
'^S^jca
Coupe ta tûeace de U fibrique de Jteqnïi Borellj (m* eoUeotJon).
Sur deux grands vases, ce même potier a signé ;
lacqtui Bomllu, Simonne.
1779, li Kplembie.
31.
366 POTERIES 0PAQUB8
M. le marquis d'Âzeglio possède une pièce, signée :
TttD^'A'S IJ3S:
Ce M. B. Borrelli, serait-il le père de Jacques?
TOUMO (Turtn).
FaTenge a email stannifère. a partir du seizième siècle.
-riLltx in
est la plus ancienne marque connue de cette localité : elle
se trouve sur un plat de la collection de M. C.-W. Reynolds.
M. le marquis d'Âzeglio possède un grand plat de cette
faïence, décoré à fleurs sur fond blanc, marqué :
2laSri\
TÔT îno G
un autre à sujet, signé :
FXfTAVK.'
EUROPÉENNES. 367
et un plateau, marqué avec les armes de la ville de Torino :
Bourgeni^ est le nom d'un céramiste de cette même localité.
MM. Musso, Folco, Ricci, Pittamiglio et P. Marcenaro, fabri-
quent actuellement des faïences à Savona.
Près de Pérugia, dans la Romagne .
Terre cuite au vernis plombifére décorée par la gravure
EN CHAMP LEVÉ» i580 à iSOO
Plats, coupes, etc., gravés et décorés sur engobe, c'est-à-
dire que Tobjet , avant d'être verni , est entièrement engobé
de terre et qu'on y grave des ornements après l'avoir séché
à Tair, procédé qui fait ressortir la première couche de terre
en champ levé. Les terres cuites de La Fratta sont ordinai-
rement vernies en jaune sale, vert et brun, genre qui s'est,
du reste, fabriqué aussi dans d'autres localités italiennes, et
même en Allemagne. Le musée du Louvre possède une grande
et belle coupe ornementée en relief, sur pied triangulaire formé
par trois lions, et où deux figures, une châtelaine et un varlet,
se trouvent gravées intérieurement sur le fond.
Le plat le plus colossal que je connaisse de cette provenance,
se trouve dans la collection de M. Joseph Halphen, à Paris.
Les n«» 2974, 2074, 2075, 2076, au musée de Cluny; un
plat de 17 centimètres dans mon cabinet ; un autre dans la
collection Mathieu Meusnier (collection vendue en 4864). Un
beau plat à la collection Ivon, où le sujet représente six
personnes attablées et jpuant aux cartes, et deux jolis plats dans
la collection de M. Soyter, à Augsburg, ont tous été fabriqués
à La Fratta. Le musée Britannique possède de cette fabrique
368 POTERIES OPAQUES
une bouteille forme baril^ exposée dans Tarmoire 126 de la
salle de la Mediœval collection. Un très-curieux plat de cette
provenance, intérieurement et extérieurement historié, se trouve
aussi dans la collection Dejean, à Paris.
On a continué de fabriquer à La Fratta ce genre de poterie,
comme on peut s'en convaincre par l'exemplaire exposé sous
le n^ 3919, au musée de Kensington. (Voir aussi Padua.)
Dans la Yénétie.
Faïence a émail stannifère. 1595
Lazari* mentionne un genre de travail céramique, de Basag-
gio — c'est-à-dire de la majolique de Bassano. On attribue une
assiette marquée :
1595, S. M.
au céramiste Simone Marinoni, qu'il ne faut pas confondre
avec Dionigi Marini de 1636, d'Angarano. Bartolommeo Tes-
chi de Roma, et Antonio Terschi, sans doute parents du précé-
dent Teschi mentionné à l'article Roma, ont travaillé à Bassano,
puisque je connais une pièce de la collection Le Blanc,, qui est
marquée: fSo rg-t â i
Ba.5!)<jitvo
et une assiette au musée du Louvre (n° 559), où le sujet re-
présente» en traits violets et en chairs jaunâtres, Loth et ses
filles fuyant, marquée :
in.
^f^S
fdjn.0
1. Dans une lettre publiée par le marquis d'Azeglio, ce savant coUectionoeur.
EUROPÉENNES. 369
Le musée de la ville de Basel possède aussi deux exemplaires
signés de ces peintres céramistes.
Une plaque au Louvre, est signée :
Bav. Teschi Romano
in St. Quirico,
St, Quifico est situé dans les Marches d'Ancône, où il pa-
rait avoir existé une fabrique sous la protection du cardinal
Ghigi (Voir cette localité).
I^Dl (Lomliardo-TéBUIeB).
Faïences a émail stannifère. 1600 à 1770
Cette fabrique a produit un genre très-peu artistique ( exem
plaire au musée de Nevers).
Une céramique dans la collection de M. C.-W. Reynolds, est
marquée :
LsçtC /T^^
VM^JÊL (Iftoiiie).
Faïence a émail stannifère. 1 600
Outre les diverses faïences attribuées avec peu de certitude
à la Ville éternelle, l'histoire céramique doit signaler :
A. Bartoîommeo Teschi ou Feschi^, célèbre céramiste romain
nomade, qui vécut au dix-septième siècle, et qui fut connu pour
reproduit la réponse qui lui avait été faite par Lazari, directeur du musée Cor-
rer à Venise, sur sa demande de renseignements concernant les porcelainei de
Venise. Cette réponse apprend peu et prouve que Lazari ne savait pas seulement
distinguer la faïence de la porcelaine, puisqu'il dit que Venise se fournissait pour
ses porcelaines principalement à la fabrique Antonibon de Bassano. Cette ré-
ponse renferme deux erreurs : Antonibon était établi à ATove, près de Bassano et
non pas à Bassano même, et il fabriquait de la faïence et non pas de la porcelaine
(voir Nove ou Le Nove).
1. On peut lire tantôt Feschi ou Ferchy, tantôt Teschi ou Terschy, — et rien
n'a encore fixé l'incertitude de l'orthographe.
370 POXERIBS OPAQUES
ses pials ondulés et festonnés, souvent à ornements en reliefs,
d'une pâte dure et très-sonore. Il a aussi laissé des plats peints
dans le genre des Gastelli, reconnaissables aux tons plus pâles
de leur coloris. Les chairs sont jaunâtres et les traits ordinai-
rement violacés.
Sur de grands vases, au musée de Berlin, en partie émaillés
et en partie peints à Fhuile, on lit la signature de cet artiste :
Bar, Teachi Romano,
Une grande plaque, au musée Gampana, où le sujet représente :
Moïse faisant jaillir l'eau du rocher, porte la même signature*
Folpate, autre célèbre modeleur céramiste romain nomade du
dix-huitième siècle, a laissé de beaux bustes et de belles sta-
tuettes en terre de pipe blanche, recouvertes de vernis plombifère
et quelquefois à émail stannifère ; ses œuvres sans aucun décor
sont cependant remarquables comme modelage et très-artiste-
ment faites. L'expression des tètes de ses figurines est ordinai-
rement belle; parmi les bustes ce sont ceux des christs qui se
distinguent.
Le musée de Berlin possède aussi un plat qui porte Tinscrip-
tion suivante :
Benedetto Luti, Pittore di sua Maesta Ceaarea, Roma.
M. Arosa, à Paris, possède une faïence décorée en camaïeu
bleu, marquée :
F« à R« 1760,
que je suis tenté d'attribuer à Roma.
Une terre cuite coloriée, imitant l'étrusque, se fabrique ac-
tuellement à la villa Belvédère à Frascati.
mOMTEIilIPO^
Entre Pisano et Firenze.
Terres cuites peintes sur engobe et vernissées au plomb.
Vers 1600
Cette ancienne fabrique existe encore aujourd'hui. Les po-
teries consistent en assiettes et plats en pâte blanche, au
décor polychrome naïf et grossier, mais très-curieux comme
type de costume. Ce décor est peint sur engobe et recouvert
EUROPÉEN H ES. 371
d'unvernig minerai transparent. On y a aussi fobrïqué d'en ormes
jattes ainsi que des pol«ries dans le genre de celles d'Avignon,
c'est-à-dire en terre cuite coloriée par l'oxyde de fer ou par le
manganèse ferrugineux, en brun, mais plus fonce que le brun
d'Avignon, d'un brun presque noirâtre. Ces dernières poteries
sont souvent garnies de mascarons ou autres ornements en
jaune ou brun et en relief, parmi lesquels on trouve aussi des
armoiries italiennes. Les trois quarts de ces poteries passent
en France pour de l'Avignon. J'attribue à Montelupo ■ : les deux
vases brun-chocolat du musée du Louvre ; la ruche jaune et
vert, à ornements en relief, de la collection de M. Feuillet de
Conciles à Paris; la coupe à dragon, en brun noirâtre et dé-
corée de marbrés blaiic jixe, de la collection Belliol ; le plateau
29Sa, au musée Kensinglon, qui porte le millésime 1627 et
la FruUiera 2998, au môme musée, signée :
Rafatlh) Giroiamo fecil. Ml'Lfo. 1«39.
Un plat rond de Montelupo, de 33 centimètres de diamètre,
de ma collection, est décoré naïvement d'un sujet qui représente
deux combattants. Le décor polychrome montre du beau vert,
372 POTERIES OPAQUES
du bleu, du brun et du jaune. Le fond peint en jaune a presque
tait disparaître Tengobe blanc.
(Voir aussi Pavia.)
SAM MAVLCO 1BBII0A. POBCO.
Faïence a éuail stannifèbe. Dix-septième siècle.
J'ai vu de cette fabrique des assiettes, décorées à ornements
en couleurs vives et où le vert dominait, qui étaient marquées :
Faïence a émail stannifère. 1620
Au musée de Sèvres se trouve un plat à dessins persans, signé r
Candianaf 1620;
et à la collection Azeglio, un vase marqué :
P. A.. G. R. 0. SA.
qui est aussi attribué à Gandiana.
Un autre, mentionné par M. J.-G. Robinson, était daté de
1637
IB1J9I.
Faïence a émail stannifère. Vers 1700 jusqu'à ce jour,
Gette petite localité, qui fabrique encore aujourd'hui, est déjà
connue depuis 1713, par le tableau peint sur faïence par Fran-
cescantonio Grue, à l'église St.-Angelo près Lucali, et que l'ar-
tiste de Gastelli a fait cuire dans une fabrique de Busi. (Voir
les faïences de Gastelli.)
DOCCIA. OU AliliA-DOCCIA,
A dix kilomètres de Florence.
Faïence a émail stannifère unie, a relief et ronde -bosse
imitation des Della Rorria, etc. 1735
La manufacture de la famille Ginori, fondée par le marquis
EUROPÉENNES. 373
Charles Ginorien n35, fabrique des faïences communes et fines.
On croit qu'un des Ginori était, en i 750, le premier directeur de
la manufacture royale de porcelaines, à Naples. La manufacture
de Doccia, encore en pleine activité, produit aussi de la porce-
laine très-artistique. Imitant toutes les anciennes majoliques
italiennes, y compris les terres cuites de Délia Robbia, elle est
arrivée à une grande perfection. On peut voir, au musée de Sè-
vres, quelques produits de la manufacture des Ginori, dont
l'exécution est si parfaite, que des connaisseurs peu expéri-
mentés ont de la peine à les distinguer des anciennes faïences.
Le n° 3215, au musée de Kensington, à London, est aussi un
échantillon de Doccia.
M. Lejolivet, peintre d'histoire à Paris, possède, de cette fa-
brique, une grande buire à anses tortillées.
Les Ginori marquaient leurs produits, durant le dix-huitième
siècle, d'une petite étoile rouge ou bleue au grand feu.
La marque actuelle est :
ou
:*^ Jf^
et quelquefois: fp {Ginori
Florence.)
Mais on en rencontre aussi beaucoup sans aucune marque ou
marqués :
Genori. (Estampé dans la pâte.)
Dans la narche d'Ancône.
Faïence a émail stannifère.
Une plaque décorée dans le genre de Gastelli, au musée du
Louvre, porte l'inscription suivante : ,
• Bar — Terchi — Romano
in S, Quirico.
On voit que cet artiste nomade a travaillé partout.
«EMOTA («énes).
Faïence a émail stannifère. HSO
Cette poterie est ordinairement marquée du phare de Genova,
32
374 POTERIES OPAQUES
tantôt de la forme ci-contre, tantôt d'une forme où le pied est
moins large et la colonne plus forte.
Deux grands plats^ au musée de Sigmaringen, sont marqués
ainsi.
On a fait à Genova beaucoup de plats ouvragés, façon orfè-
vrerie repoussée dans le genredes faïences de Savona. M. Devers,
céramiste à Paris, a dans sa collection un de ces piats^ décoré
en camaïeu bleu, avec les armoiries de la famille de Durasse,
l'ancien doge. Ce plat est marqué
^ G
Quelques porcelaines dures de Nimphenburg, en Allemagne,
sont marquées de ce même i^nialphQ(SalitsPythagorœ) franc-
maçonnique; seulement, à la place du G, il y a des chiffres
aux coins des triangles. (Voir aussi Savona pour cette marque.)
.JkVLWAJiO,
Entre Napoli et les Abruzzes, dans le royaume de Naples.
Terre cuite au vernis plombifêre. — Faïence a émail
STANNiFÈRE. — Terre DE PIPE. 1750 à l'époquo actuolle.
Cette fabrique qui existe encore aujourd'hui , a fabriqué ù
partir de la dernière moitié du dix-huitième siècle toutes sortes
de poteries. J'en ai vu des vases, style Louis XVI, en pâte
marbrée café au lait à veines blanches, et ornés de bas-reliefs
en pâte jaune, semblable aux poteries â'Apt, On a aussi fait
à Ariano des poteries dans le genre de celles de Marburg (voir
cette localité) et d'Avignon,
EUROPéElTNES. 375
0AIf«IOBCiI.
Faïence a émail stannifère. 1764
Un bas- relief en polychrome, au musée de Meermann-Wes-
treenen, à La Haye, bas-relief qui représente une Sainte Fa-
mille, est signé :
Batteta. i764. Sangiorgi.
HOTE (LenoTe),
Près Bassano, en Lombardie.
Faïence a émail stannifère. 1750
Terre de pipe au vernis plombifère.
J'ai vu un magnifique surtout de table, en polychrome, qui
portait Tinscription :
Dalla fabrica di Gio. Batta — Amonibon'{on Âmimiibon) ncUle none
di vicen. Jn. 1755. (Sic.)
que Ton doit traduire :
De la fabrique de Jean-Baptiste Amonibon, au vieux noir de Vicence.
On peut le lire et le traduire aussi :
Nelle note di decen A. 1775.
Antonibon,
(Le 9 décembre 1755. Antonibon'.)
Conformément à cette dernière lecture, le surtout serait fait
à Lenove ou Nove où quelques auteurs croient qu'une fabrique
a déjà existé vers la fin du dix-septième siècle, et où ce Gio.
Batta Antonibon aurait travaillé. — Mais tout cela repose uni-
quement sur des suppositions, et si M. ChafTers m'accuse d'être
négligent dans la copie de mes monogrammes, je suis étonné
qu'il ait fait son livre presque entièrement avec ce qu'il a pris
dans le mien.
Baroni, potier.
J'ai vu chez un marchand de curiosités, sur le quai, à Ge-
1 . Voir la note à l'article qui traite des faïences de Bassano.
376 POTERIES OPAQUES
nève, un grand vase de forme ovoïde, en terre de pipe ^, pro-
bablement une fabrication du dix-huitième siècle, qui est dé-
coré au petit feu de mouffle comme la porcelaine. Le sujet
représente la famille de Darius aux pieds d'Alexandre, d'après
Le Brun. Ce vase qui n'a rien du caractère de la faïence, et qui
mesure 74 centimètres de hauteur, est marqué dans la pâte :
Baroni . Lenote
Un vase dans la collection Gladstone, qu'un auteur anglais
désigne comme porcelaine, mais qui est probablement en terre
de pipe comme le vase mentionné ci-dessus, porte :
Fabrica Baroni Nove
(Voir les porcelaines de Nove et la note au chapitre qui traite
des faïences de Bassano.)
VIHOTO (Tlneuff),
Situé à quatre lieues de Torino.
Faïence a émail stannifère. Vers 1780
Les Giovanetti, potiers, y ont fabriqué des faïences dans le
^enre de Strasbourg et de Marseille, qui étaient marquées :
z> c
(Voir les porcelaines italiennes de Vinovo.)
Entre Savona et Genova.
Terre de pipe au vernis plomhifère.
Faïence a émail stannifère.
Musso frères, céramistes, vers 1780. Ces potier^ ont signé :
M
M. de la Vilestreux avait dans sa collection une soupière en
1. Cette terre de pipe a été achetée depuis par M. C.-W. Reynolds, en An-
gleterre.
EUROPÉENNES. 377
forme de mitre, où le décor, la pâte et Fëmail auraient plutôt
indiqué une provenance allemande, de la fabrique de Schretz-
heim, et qui était marquée de cet M. Je pense que c'était une
céramique faite à Mondovie, car certaines couleurs du décor
étaient plutôt italiennes^ qu'allemandes.
Dans la Basilicate.
Faïence a émail stannifére.
Fabriquée à la fin du dix-huitième siècle, cette faïence res-
semble à s'y méprendre aux faïences marseillaises. On croit que
la fabrique d'Avigliano a été fondée par des potiers marseillais
(voir Trevigi et Savona, pour ce même genre de poterie).
mvLAXo (milan), et miii<E0ino,
Dans la Lombardie. Village.
Faïence a émail stannifére.
Je pense qu'il faut confondre ces deux fabriques, dont les
produits ne remontent pas au delà du milieu du dix-huitième
siècle.
On y a imité les décors des porcelaines chinoises et japo-
naises, en polychrome et or.
J'en ai rencotitré qui étaient marquées :
Au musée de Sigmaringen, on trouve deux plats et quatre
assiettes en décor japonais très-fin, marqués :
M».
Deux assiettes de la collection Azeglio sont marquées :
32.
378
POTERIES OPAQUES
tandis que Ton voit dans la collection Reynolds, tout un service,
marqué :
Uûunù
•À^
Une jardinière de la collection Gesnault à Paris, montre la
signature que voici :
di Pcuqtuile
Rubati
Mil'*
M. Aigoin i, à Paris, possède une assiette à bordure, à décor
chinois, et ornée au milieu d'armoiries surmontées d'une cou-
ronne ducale. Cette belle faïence ressemble par la suavité de
son émail, et par la beauté des couleurs et de la dorure, aux
plus belles faïences de Deift. Elle est marquée :
Milano
F 4 C
Joannes cTEnrico^ de Milano, est le nom d'un artiste connu
comme habile modeleur de terre cuite sans couverte ; figurines,
statuettes, etc.
MM. A. Boni et C", à Milano, même, et
MM. Richard et C«, à San-Christopho, fabriquent actuelle-
ment des faïences et porcelaines.
mJkM CBI0TOPHO,
Près Milano.
Terre de pipe et faïence. Époque actuelle.
MM. Gtiulio Richard et C«, déjà mentionnés sous Milano, fa-
briquent actuellement des faïences et des porcelaines.
1 .La collection de cet amateur se compose d'à peu prés cent cinquante pièces
de faïences de premier choix^ dont soixante-quinze provenaient des fabriques
de Rouen, trente cinq de celles de Delft et le reste de diverses autres contrées.
Le Rouen, le Nevers, le Strasbourg y brillent par des exemplaires hors ligne j
il 7 a peu de pièces secondaires.
EUROPEENITES. .379
Le musée de Sèvres possède de cette fabrique des pièces de
services eu terre de pipe, ainsi que d'autres qui imitent le
wedgwood, et même la marque de cette fabrique anglaise.
Quelques pièces portent cependant les initiales du fabricant :
G. R,
HOIIEMJL.
Faïences et poteries de toutes sortes. Époque actuelle.
MM. Tamhunni et Ghibellini, et M. Fomasari, à Modena
même, et M. Rubbianiy à Sassuolo, dans les environs, fabri-
quent actuellement.
mAXSn-SKAV de mAimiEIlliE (Mortana) en Savoie,
Sur l'Are, à 50 kilomètres de Ghambéry, ancien chef-lieu du comté
et de la vallée de Maurienne et évèché.
Faïence a émail stannifêre. 1720 à 1770
Tai vu, de ces fabriques, des vases ou pots dont les formes
se ressentaient un peu de l'influence de celles des anciens vases
étrusques. Ils sont ordinairement de la capacité d'un litre, et
ont deux anses pleines et plates. Les plus anciens sont décorés
en camaïeu bleu, et les autres en bleu et jaune. Ils sont le
plus souvent datés et pourvus d'inscriptions. J'en ai rencontré
datés de 1718, 1754 et 1759.
L'un portait la légende suivante sur une de ses faces :
Meu. (Mathieu?)' Didier, chanoine
de St-Jean de Moriene
de la cathedralle 1 723
Promoteur de Vévéché;
il était décoré sur l'autre face d'un saint Jean, le tout en ca-
maïeu bleu.
]!niO1J0TIElft8 en 8aTote.
Faïence a émail stannifêre.
Cette faïence ressemble à celle de Moustiers-Sainte-Marie^
en France (Basses-Alpes).
380 POTERIES OPiQUES
IiAVORUiT, en BaTole '.
Faïence â émail stai^nifère.
M. Jules Michelin, possède un légumier, tout à fait dans le
genre du Moustiers-Sainte-Marie (Basses-Alpes), signé :
Laforest en Savoye, i782.
chambIIay, en««Tole^
Faïence a émail stannifére.
Le Dictionnaire des postes aux lettres, par Lecousturier, de
l'année 1802 (Consulat), mentionne une fabrique de faïence de
cette localité.
MI CE, en BaTote^
Poterie. Époque actuelle.
MM. Allard frères.
I^A BOCHE-CfrACnCT, en «aTOle*.
Faïences et poteries. Époque actuelle.
A M MEC Y, en Savoie ^
Poterie.
IiOCAUTlÊB IMCOMMIJEB.
ENNIVS. RALNERIVS
F. F. 1557.
{Ennius Rainerius Fecit Fteri),
Gio Battista et Jonnes. Babt.
Rainerio Rubeus. Rainerio
sont trois signatures inscrites sur différentes majoliques.
N° 204, au musée de Sèvres, un grand plat rond, décoré en
camaïeu bleu et violet, dont le sujet représente une bataille
que l'on croit être la bataille victorieuse que Tempereur Ru-
dolf II gagna sur Amurat Ilïen lo92, est marqué :
E. V; F.
1 . Toutes ces localités font aujourd'hui partie de la France.
EUROPÉENNES. 381
M. Bréauté S à Yernon, en Normandie, possède six plats ou
plutôt plaques rondes, provenant de la succession de M. Vien,
architecte du Palais de l'Industrie. Le décor polychrome
représente des têtes grotesques, espèces de caricatures grima'
çantes, qui me paraissent peintes d'après les gravures de Fre-
derik Van Hulsen, né à Middelburg en 1566, et mort à Frank-
furt-sur-le-Main après 1655.
Le cabinet impérial d'estampes à Paris, possède quinze de
ces gravures; ce sont des têtes grotesques, composées d'orne-
ments qui font déjà pressentir le style rocaille.
Alessandro Seraglia, sculpteur, mort en 1631, a laissé plu-
sieurs petites œuvres de maître en terre cuite sans couverte.
M. George Guiffrey, à Paris, possède un vase de fabrication
moderne et décoré en polychrome, qu'il attribue à la fabrica-
tion italienne moderne, mais qui pourrait bien être fabriqué
en France. Ce vase est marqué :
M. Devers et M. Lugi Tôselli sont deux céramistes italiens,
actuellement établis à Paris (voir faïences françaises).
COLLECTIONS DE FAÏENCES ITALIENNES.
EN ALLEMAGNE.
On lit dans VCEconomisch Eneykkpedie, par Georg Krunitz,
Braunschweig, 1788. In-12 :
« Il y a à Salzdalum (Salzdalen), près WolfenbUttel , mille
pièces de majoliques aux dates de 1537 à 1576. » C'est à une
époque où on ne pensait encore guère en France à former de
telles collections. Les pièces dont l'auteur parle ne se trou-
1 . La collection de cet amateur, installée coquettement dans une maison à
laquelle le propriétaire a su donner une tournure gothique, consiste en faïences,
bois sculptés, ferrures et particulièrement d'un curieux choix de boutons -4fi
toutes les époques f et qui contient plusieurs exemplaires vraiment artistiques.
382 POTERIES OPAQUES
vent plus aujourd'hui à Saizdalen; elles font partie du musée
de Braunschweigf un des plus riches en majoliques.
Le musée de Berlin n'est pas moins riche en faïences italiennes
parmi lesquelles il faut signaler des Délia Robbia hors ligne.
Une douzaine de belles pièces sont aussi conservées à la bi-
bliothéque de Weimar ; le Duc en possède autant dans son ha-
bitation, et la collection GoRthe de la môme ville en est égale-
ment pourvue.
A Ludwigsburgy on trouve à peu près 200 pièces, parmi les-
quelles de bien beaux vases.
Le mttëée Japonais^ à Dresden, possède les plus beaux vases
que je connaisse. Les anses de ces chefs-d'œuvre sont formées
de serpents, et les panses décorées d'après des dessins du
Dominiquin ; les sujets représentent : Diane avec ses nymphes,
Bacchus, Silène et une Bacchanale, Elles ont été payées i ,300 du-
cats, par Auguste IIL Ce musée possède en tout 180 pièces en
faïence italienne, datées de 4532 à i536.
Le Verein fur Kunst und AUershum, à Ulm, a dans sa collec-
tion un magnifique plat, d'au moins 18 centimètres de diamètre,
accompagné de sa buire; le décor représente une bataille ro-
maine, et on lit sur le revers du plat :
Romani çertant cum Gallis et victores sunt.
Les musées de Sigmaringen, de Frankfurt-sur-le-Main , de
Munchen, le musée germanique, etc., possèdent également des
exemplaires remarquables.
EN FRANCE.
Le musée du Louvre possède 616 pièces, et celui de Gluny
une nombreuse collection ; le musée de Sèvres est moins riche
en majoliques italiennes.
En outre, des collections mentionnées par les citations diver-
ses contenues dans le chapitre des faïences italiennes, on peut
nommer, pour leurs belles et nombreuses pièces, les cabinets
de MM. de Rothschild, Patrice-Salin, Grémieux, Fau, d'Ivon,
Rasilewsky, etc.
Comme œuvres architecturales remarquables, exécutées en
France, durant le seizième siècle, par des artistes céramistes
italiens, il faut mentionner les carrelages en faïence à émail
EUROPÉENNES. 383
stannifère et au décor polychrome de l'église de Brow, d'une
chapelle de la cathédrale de Langres^ et des châteaux de Polisy
(daté de 1545 »), de Bois et d'Écouen.
Deux grands tableaux de 5 ou 6 pieds de grandeur chaque
{Marcus Curtius et Mucius Scœvola, avec les armes des Mont-
morency), qui proviennent de ce dernier château et décorent
actuellenaent un salon à Orléans -House, Twikenham , en
Angleterre, propriété du duc d'Àumale, ont été exécutés à
Rouen , par ces artistes étrangers, comme le démontre l'in-
scription :
A Rouen, 1542.
Il est à remarquer que la date recueillie sur le magnifique
carrelage de Polisy n'est postérieure que de trois ans à celle
d'Écouen, ce qui fait supposer que ce sont là des œuvres d'un
même artiste.
EN HOLLANDE.
Plusieurs belles pièces au mtisée de La Haye, et une ving-
taine de ces faïences au château Billion *,
EN SUISSE.
La collectionde M. Parpar, à Thun.
EN ITALIE.
Dans la Santa-Casa , à Loretto, 300 bocaux, la plupart avec
couvercles, qui remplissent deux salles. Toutes ces majoliques
proviennent des pharmacies du dernier duc d'Urbinp, Fran-
cesco Maria II, qui, dans un accès de folie, avait cédé son
duché au Saint-Siège. L'héritier, Ferdinando diMedicis, envoya
toutes ces belles pièces de faïence à Firenze, à l'exception
des vases de pharmacie, qu'il laissa à Loretto :
Au musée de Firenze.
A Roma et à NapoH.
1. Reproduit dans l'ouvrage de M. Emile Âmé.
2. L'ancien castel Billion, à Velp, à une heure d'Arnhem, arrangé aujour-
d'hui en château de plaisance, par les soins de l'architecte, M. Éverson, d'Ara-
hem, et qui est la résidence de M. le baron de Hardenbruck, renferme un
grand nombre de céramiques et d'autres objets d'art qui méritent que l'on fasse
le petit voyage d'Amsterdam.
384 POTERIES OPAQUES
A Pesaro, la collection de feu le chevalier Massa dé Pesaro à
peu près i ,600 pièces. Elle a été vendue à la ville pour la ba-
gatelle de 4,000 écus, et remplit cinq salles de Thôtel de
ville.
Arezzo, possède à peu près 300 pièces, et
Forly, autant.
Monsignor Cajoni, président du tribunal de la Rota, à Roma,
possède aussi une fort belle collection de ces faïences.
EN ESPAGNE.
A YEscurialy Tamateur trouvera une vasque à laver la vais-
selle, dont le décor représente le Jugement de Salomon.
EN ANGLETERRE.
Le musée Britannique possède 170 pièces de faïences ita-
liennes, renfermées dans les armoires 125 à 129 (salle de la
MediœvaUCollection) , et *le musée de Kensington en est aussi
riche.
Les collections privées les plus importantes en Angleterre,
sont celles de :
MM. S. Addington, MM. Hope (T.),
Azeglio (le marquis d'), Joseph (H.),
Barker, Magniac (H.).
Bâte (B.), Marryat,
Berney (I.), Mayers (Joseph),
Berney (Thomas), Law (Markham),
Campbell (Hugh Hune), Morgan (Octavius),
Coope (0.), Morland (G. R.),
Eatoke (Isaac) , Napie r (R .) ,
Falcke (Isaac), Reynolds (C. W.),
Fischer (R.), Rothschild (le baron*A. de),
Ford, Rothschild (le baron L. de),
Forthum (C. D. E.), Slade (Félix),
Fountaine (Andrew), Spencer (le comte),
Gaig (Gibson), Stanhope (H. S.(,
Henderson (John), R^Smith (Martin),
Holburne (William), Taylor.
Rolland (Robert),
Quant aux autres collectionneurs moins importants pour
EUROPÉENNES. 385
cette partie de la céramique, il est inutile de donner ici leur
noms ; le lecteur les trouvera dans la table et dans le chapitre
précédent où ils ont été cités chaque fois qu'il s'est agi de si-
gnaler une œuvre remarquable ou un monogramme. Il y a
des amateurs en Angleterre, et ils sont nombreux, dont les
collections de majoliques peuvent rivaliser avec beaucoup de
musées, car le goût anglais s'est presque toujours porté exclu-
sivement vers l'art italien.
Avant de terminer cet article qui traite des faïences ita-
liennes, je veux encore communiquer au lecteur un extrait du
livre de dépenses (îJn&os^piicA) de Wilibald I Im-Hoff de Niirn-
berg, des années i564 à 4577, qui se trouve aux archives de
Nurnberg.
Le compte de Vannée 1565, tenu par Wilibald, ce riche et
fastueux patricien, prouve qu'il tirait déjà des majoliques ar-
tistiques italiennes directement de Venise. 11 était amateur et
collectionneur.
« Zu a a f. 40 weisse Maiolika mit Wapen, und andere Maio-
likas. Ducat. 8 a 137 1/2 Florin. 11.1.9
(40 majoliques bleues armoriées, et autres , florins 11. 1. 9.)
Dans le compte de l'année 1571.
« I Krug und perk. Maiolika di Urbino. Ist das perk prochen.
Ducat. 3. thaï. Florin. 4. 3
(Une cruche de majolique d'Urbino, florins. 4. 4. 3.)
Furlon. Florin. 1/2 (voiture ou transport de Venise àNurn-
berg. 1/2 florin.)
Dans un autre inventaire du même Im^Hoff^ on lit :
« Plusieurs majoliques qui se font en Italie et notamment à
Pesaro, peuvent être partagées en parts égales :
1 . Une grande cuvette à eau, de la forme d'un vaisseau, me
coûte Florin. 9
Ici on lit une annotation d'Im-Hoff III, qui dit que cet objet
d'art a été partagé le 22 janvier 1585.
2. Deux cuvettes à eau, en faïence blanche, avec leurs pots à
eau, que j'estime, chaque paire, Florin. 4
Im-Hoff III fait observer ici, dans un renvoi, qu'elles ont été
égalemen t partagées le 22 janvier 1585.
On voit que ces objets d'art se payaient assez cher; car
20 francs pour la cuvette, à cette époque, représentent aujour-
d'hui au moins 300 francs, et ce que quelques auteurs ont dit
33
386 POTERIES OPAQUES
des vils prix auxquels les majoliques se vendaient à ces dates
reculées, ne peut se rapporter qu'aux marchandises communes
et de commerce, telles que Piccolo Passi en a laissé des des-
sins. Quelques auteurs ont fait le calcul sur la valeur du blé de
différentes époques pour arriver à la valeur comparative de la
monnaie, mais cette base de calcul oflre peu de sûreté ; les
bonnes, les mauvaises récoltes et les disettes influent trop sur
le prix des denrées pour qu'elles puissent servir de base.
POTERIES OPAQUES FRANÇAISES
Il serait fort difficile de diviser les productions céramiques
françaises en écoles distinctes et rigoureusement déterminées.
Les fabriques italiennes, allemandes et hollandaises ont fait
sentir leur influence en France, tantôt à tour de rôles, tantôt à
la fois, et cela à toutes les époques, de manière que l'on ren-
contre souvent Tinfluence allemande et hollandaise dans le midi,
et quelquefois celle de l'Italie dans le nord.
Les écoles allemandes avaient trouvé leurs imitateurs dans la
Normandie, aux bords de la Loire comme à ceux de la Cha-
rente, où l'on voyait aussi fabriquer des poteries vernissées telles
que l'école Saxonne ou du Nord, et l'école franconienne en
avaient produites depuis bien des siècles.
Tout ce que les potiers de Beau vais, de Fontainebleau, de
Manerbe, de Noron et peut-être de cinquante autres localités
avaient fabriqué, a été imperturbablement attribué à Bernard
Palissy, à qui l'ignorance et la routine avaient fini par attribuer
même des poteries où les ornements et les costumes indiquaient
des époques éloignées souvent de centaines d'années de celle
dans laquelle le potier de Montpazier avait vécu.
A Rouen, où, à mon avis, le plus beau décor français a été
produit, les influences italienne, nivernaise, hollandaise, pa-
raissent s'y être trouvé en concurrence dès la création de la
première manufacture.
Le goût pour la rocaille et l'adoption de la cuisson au feu
du réverbère qui permettait l'emploi du rouge de Cassius, se
sont répandus de l'Alsace et de la Lorraine jusqu'à Marseille, et
EUROPEENNES. 387
les faïences françaises du dix-huitiéme s\èc\Q, sans en excepter
celles de Moustiers et de Nevers, sont des produits obtenus
sous l'influence des porcelaines de Meissen, dont les fabri-
cants s'efforçaient d'imiter les formes.
Toutceque l'on pourrait tenter afin d'arriver à un certain classe-
ment, ce serait de diviser la poterie française en cinq catégories :
Poteries en terre de pipe vernissée, dites de Henri II;
Poteries en terre cuite vernissée, dites de Palissy ;
Faïences de Nevers et de ses écoles ;
Faïences de Rouen et de ses écoles ;
Faïences de l'Alsace, de la Lorraine, de Marseille, et môme
de Moustiers.
Mais il est impossible, soit à cause de l'ordre chronologique
adopté dans ce livre, soit à cause de l'absence totale d*une mar-
che régulière de la fabrication de l'un ou de l'autre genre de
poterie, de pouvoir ranger régulièrement ici dans des cadres
les nombreuses productions françaises.
L'ordre adopté, c'est donc toujours Tordre chronologique,
avec des sous-ordres chronologiques pour chaque localité.
(Voir aussi la céramique gauloise. )
RÉCUkPlTULATIOH GHROHOLOOIQUB
4as localités mentionnées dans le chapitre soi^ant, qoi traite des
poteries opaques françaises (terres coites, frés et faïences).
Troyes, terre cuile au vernis minéral 1225
Paris 1, (poterie de dragage), terre cuite sans couverte 1225
Malicome, terre cuite au vernis minéral 1300
Pont-Valin, — 1300
Lygron, — 1300
Saint-Denis, terre cuite en mosaïque 1 300
Saint-Pierre-sup-Dive, terre cuite à niellure et engobe 1300
Albaye de Toussaintes, — 1 300
Âlbaye de Cluny et autres, — 1300
Andelys (?), terres cuites sans couverte 1380
Beauvais, Voisinlieu, etc., grès 1 380
Valence, terre cuite sans couverte 1 400
Avignon, terre cuite au vernis minéral 1 500
Saintes, — 1 500
1 . Voir la note de renvoi du premier article : Paris.
388 POTERIES OPAQUES
Rouen, terre cuite au vernis minéral 1500
Lisieux, — , 1 550
Manerbe, — 1550
Neufciialel. — 1 560
Près-d'Auge, — 1650
Ifeerville, Chatel-Ia-Lune, terré cuite au vernis minéral. . . . 1560
La Haye-Mallierbe, terre cuite au vernis minéral 1 550
Armentières, — 1650
Lessay, — 1 550
Noron, terre cuite au vernis minéral 1650
Touraine (?), terre de pipe au vernis minéral (poteries dites de
Henri U) 1550
Lyon, faïences (?) , 1558
Nantes, faïences (?) 1 558
Brizambourg, faïence (?) 1600
Nevers, faïence à émail slannifère 1602
Mirebeau, terres cuites au vernis plombifère. l 1 620
Auxerre, faïence à émail stannifère 1640
Nérac, poterie 1640
Fontainebleau, terres sigillées 1641
Épernay, terre cuite au vernis minéral 1660
Rennes, faïence à émail stannifère (?)..•• 1660
Orléans, faïence à émail stannifère 1668
Mantes, — 1668
Agent, faïence (?)
Paris, rue de la Roquette, terre cuite au vernis minéral 1676
Blois, faïence à émail stannifère 1680
Saint-Cloud, — , 1690
Mousliers, — 1690
Yaux-de-Gernay, faïence à émail stannifère 1694
Lille, — 1696
Marseille, — 1697
Montpellier, —
Bordeaux, — 1 706
Quimper, — 1706
Strasbourg et Hagenau, ^— (1 7 09 ?), 1 7 1 9
Oéroulens. —
Apt, terre cuite au vernis minéral, 1 720
Meudon, faïence à émail stannifère 1720
Clermont-Ferrand, terre cuite au vernis minéral 1 720
Devres, poteries. 1 7 25
Varages, faïence à émail stannifère 1 730
EUROPÉENNES. 38D
Valenciennes, faïence à émail stannifère 1 7 30
Liineyille, — 1731
Saint-Clément, —
Limoges, — 1734
Mennecy,, — 1735
Vauvert, — 1736
Sinceny, — 1737
Bourg-d'Ognes, — 1737
Sceaux, Penthièvre, — 1 740
Samadé ou Samadet, — 1740
Legault, — 1740
Aprey, — .1740
Paris, rue Basfroy, faïences •t.... 1740
— 41, rue de la Roquette, faïences 1742
Saint-Âmand-le8-Eau)P, faïence à émail slannifëre 1746
Niderwiller, — 1746
Paris (Pajoa), terre cuite sans couverte. 1750
Toulouse, faïence à émail stannifère 1750
Marain, — 1760
Poupre, — 1 750
L'Iie d'Elbe, — 1760
Paris (Lecomte), terre cuite sans couverte 1 760
Tavernes, faïences à émail stannifère 1 760
Chaumont- sur-Loire, terre cuite sous et sans «ouverte 1760
Meillonas, faïences 1 765
Versailles (Houdin), terre cuite sans couverte 1765
Paris, rue Charenton, faïence bronzée^ 1766
— rue Saint-Honoré, faïence 1766
Châlillon, faïence 1766
Vincennes, faïence à émail stannifère 1767
Kîmes, — 1767
Tours^ terre cuite au vernis minéral et émaillée ; faïences. ... 1770
Sarguemines, terre de pipe au vernis minéral 17 70
Marties, faïence à émail stannifère ^ 1775
Creil et Montereau, terre de pipe au vernis minéral 1780
Paris (Marin), terre cuite sans couverte 1 78b
— (Ramey), — 1780
^ancy, faïence à émail stannifère 1780
^Moulins; — 1780
Cognac, —
Aiezy, — 1 780
Douai, — 1782
33.
0
390 POTERIES OPAQUES
Première, faKence à émail sfannifère 1 783
Sèvrea, — 1785
Bergerac, — 1785
hlettes, — 1790
Choisy-le-Roi, — 1790
Amigny-Rouy, — 1790
Gastilhon, — 1790
Épinal, — 1790
Ramberwiller, — 1790
Boarg-la-Reine» — 1790
Dieu-le-Fil, — 1790
Paris, rue FontaiDe-au-Rol, faïence à émail staunifère 1790
Forgea-les-Eaux. — 1790
Toul, — , 1790
Riom, faïence à émail stannifère •, 1790
Localités mentionnées dans Textrait des archives de Nevers^
faïence à émail stannifère 1 790
Varzy, — 1794
Avron, -—
Vallauris, poteries
Chantilly, terre de pipe au vernis minéral 1794
Paris, 141, rue Popincourt, terre de pipe au vernis minéral . • 1801
Localités recueillies dans les Dictionnaires des postes aux lettres^ par
Lecousturier, des années 1802 et 18 17.
Arras, terre cuite au vernis minéral 1809
Thuiz, — . 1809
Du Montet, poteries 1819
Saint-Gaudens, terre de pipe au vernis minéral 1829(?]
Miromont, poteries 1830
Paris, 5, rue des Trois-Couronnes, faïence à émail stannifère. 1833
Saint-Samson (Oise), poterie, encore aujourd'hui en activité. • 1834
Rubelles, terre de pipe à émail ombrant plombifère et alcalin. 1836
Yaudancourt, grès 1836
Uzès, faïence (?) .- 1837
Courbetou, grès 1839
Paris (Devers), faïence à émail stannifère, etc 1847
Paris (Barbizet), terre cuite au vernis minéral et émaillée 185o
Batignolles-Paris, poteries de toutes espèces 1 850
Paris-Vaugirard (Pul), terre cuite au vernis minéral et émaillée. 1 8 56
Paris (Deck), faïence à émail stannifère et à engobe 1859
— (Jean), — 1859
— (Gollinot), — Époque actuelle.
EUROPÉENNES. 391
Langeais, terre cuite au vernis minéral etémaillée. Époque actuelle.
Paris (Gassin), terre cuite sans couverte —
— (Pascal), terre cuite sous couverte —
Onnaing, terre de pipe au vernis minéral —
Nans , faïences ^ . . . . —
Gien, — —
Rongis, — * —
Gambois, — , —
Paris (Brocarel, Engel et Tremblai, Fraddizi, Levestauet Radot,
Scheib, et V. Vogt), terre cuite et faïence Époque actuelle.
Boult, — —
Liste alphabétique des localités françaises (291), où on. fabrique
actuellement des poteries opaques (briques, poteries enterre cuite,
terre de pipes, grès et faïences) ; fabriques qui ne pouvaient pas
être mentionnées parmi les anciennes et sur lesquelles je manque
aussi de renseignements plus détaillés.
Poteries françaises de localités indéterminées.
Les peintres céramistes sur faUnce, dont il est fait mention dans ce
même chapitre, sont les suivants :
M. Balze, Madame Bossé, M. Bouquet; MM. Genlis et Rudhardt ,
M. Gouvion, MM. Houri, M.Jacquart, M. Pinart, M. Portales,
M. Rousseau, M. Selon, M. Toselli et ceux de la Société de la rue
Chaptal.
Annotation pour les collectionneurs.
TVLOVBm en Champagne (Aube).
Terre cuite au vernis plombifére, vers i 225
FAtENGEs, actuellement.
M. YioUet-le-Duc mentionne dans son Dictionnaire raisonné
de r Architecture, v. 5, p. 273, un épi* en terre cuite, au vernis
de plomb jaune et de cuivre vert, qui appartient à M, Valtat*,
1 . Épis et étocs : c'est ainsi que s'appelaient dans quelques villes, en Franee,
les espèces de tourelles de forme fantastique en terre cuite Ternissée que l'on
plaçait en haut des pignons des maisons. L'un de ces pignons de la collection de
M. Champfleury, provenant de Limoges, est curieux par ses figures grotesques.
En architecture, on appelle épis, l'assemblage des chevrons autour du poinçon
d'un comble pyramidal, ainsi qu'épi de bordinigey les barrages en menuiserie, en
charpente ou en facines qui de la rive de la mer ou d'un cours d'eau s'étendent
en long ou en travers. Les barrages en pilotis et planches placés au-dessous des
falaises sur les plages de la Normandie, s'y appellent tous épis,
2. Cette curieuse pièce a été exposée depuis par son propriétaire à l'exposi-
tion rétrospective de 1865, au Palais de l'Industrie à Paris.
393 POTERIBB OPAQUES
sculpteur à Troye, et qui remonte à la premi^ moitié du lrd~
ziérae siècle.
D'une hauteur de 75 cent.
d'une seule pièce et modelé à la
main, il est composé d'un bout
de fàt de colonne qui, sur un
chapiteau feuillu ou à crochets,
porte un édicule circulaire ter-
miné par ciuq gables. Les ou-
vertures tout autour qui figu-
rent des meurtrières ou petites
fenêtres sont percées à jour.
Cette poterie dont on trouve le
dessin ci-contre, est de style ro-
man : elle est une des plus an-
cienne de ce genre connue en
France.
Un autre épi, provenant de
l'ancien hôtel de ville de Troyes,
et où les plein-cintres figures
indiquent également le style ro-
man, se trouve au musée de
l'archevêché de cette même ville.
Carré en plan, et surmonté d'une
pyramide à fleurons et à quatre
pans, il est recouvert d'un vei^
nis de plomb; on l'attribue au
quatorzième siècle.
Il y a encore à ce même m«-
séet, n'SOt , un épis de style ro-
man, en terre cuite coloriée de
vert de cuivre, et provenant de
l'égliseSaint-Eemi; n'>202,crôle
de comble au vernis vert de cuivre et au style roman, prove-
nant de Sainte-Scolastique-de-Vielaines, et n" 204, épis au vemis
1. Le matée
de Tre,
ei, dont
la fondation dal
e 1931
se
IrouTï inHallé
diDtl'ucieoiH
Bbhtye de S>Id(-i
le t.ble»ui, dn
rollMlimu giolo
que, bntaDique,
ilosiqui
es galh-
1 rougM, de> pi
lMrtïr«./-™lH
noires.
des «mil
m de Limoge»,
dei
tueaa
» d« Neieri, «t.
EUROPÉENNES. 393
noir, provenant d'une maison de la rue de Corlerie, à Troyes.
MM. Bigot et Nalllot, — Noilot et Rapprest, — fabriquent
aujourd'hui deafalencesàTroyes.'
Tbrbe cuite sans vebnisni coutkiitb. J200 à 1300
Tëbre cuite au vernis flohbifère. J300à 1500
M. A. Forgais, auteur d'un ouvrage intitulé : GolJcetioHS de
flombs historiés trouvés dans Va Seine, publié en 1864, et qui
depuis longtemps s'occupe déjà de
fouilles, entreprisfisdans le lit de la
Seine, y a aussi trouvé de nombreu-
ses poteries, dont les plus anciennes,
-de fabrication vraiment française,
remontent au treizième siècle. Elles
sont eu terre cuite jaunâtre, faites
âu tour et ornées de quelques traits
ou raies rouges ferrugineux, de
haut en bas, mais entièrement dé-
pourvues de vernis. Voici le dessin
•d'un exemplaire qui fait, partie de ma collection :
Les poteries provenant de ces fouilles <et attribuées au qua-
torzième siècle, sont visiblement la suite de la précédente fabri-
cation. Couvertes de vernis minéraux, vert, jaune ou brun,
■elles montrent, les mêmes raies du haut en haa, mais en
relief et quelquefois des ornements, comme on voit sur l'échan-
tillon offert par M. Forgais, au musée de Sèvres.
En somme, ces poteries ne donnent pas une haute idée de la
céramique parisienne du treizième au quatorzième siècle, et
n'ont absolument rien d'artistique.
Dans un passage des Misér-ables, l'auteur parle de la rue des
Postes, au faubourg Saint-Harcel, à Paris, qui s'appelait autre-
fois rue des Pots, et fut habitée au treizième et au quatorzième
lifUralùm chronologiqvt par ii'lls, adoptée dam c
d'artistet, de FabrioaDls, de genret de paieries et de
^roduit& durtiil les difFéreoteB ûpoquas, a rendu un c
AologiqiiE plDï convenable.
394 POTERIES OPAQUES
siècle par des potiers ; il dit qu'il y existe encore une maison
dont la façade porte l'inscription suivante :
De Goblet fils, c'est ici la fabrique ; Des pots à fleurs, des tuyaux , de la brique,
Venez choisir des cruches et des brocs, A tout Tenant Le Cœur vend des carreaux.
Cette enseigne, si toutefois elle a jamais existé, ne s'y trouve
plus aujourd hui ; il convient de laisser à M. Victor Hugo la res-
ponsabilité de son assertion, qui parait d'autant plus fantai-
siste que le nom de Gobelet appartient à un moine belge, qui
introduisit une certaine fabrication de verres en France, et d'où
vient le nom de Gobelet, et non pas du celtique Gobe, comme
les dictionnaires l'enseignent faussement.
M. Charles Rossigneux, à Paris, possède un plat en faïence,
ovale et creux, de 50 sur 39 cent, de grandeur, y compris les
larges bords de 8 cent, qui, décoré en camaïeu bleu sur émail
stannifère blanc, porte l'inscription :
Paris, 17 mars 1654.
Ce curieux spécimen, où la forme, les bords larges, la pâte
lourde, paraissent indiquer la main d'un potier italien, est
grossièrement décoré d'un sujet assez obscène. L'esquisse re-
présente le marché Maubert, où l'on voit une vieille haren-
gère se disputer avec un vieux patricien qui lui montre d'une
manière fort équivoque un très-gros bilboquet, pendant qu'un
larron est occupé de vider doucement à la poissarde sa poche,
qui est encore dessinée d'une manière; aussi équivoque que
le bilboquet, et parait être représentée ainsi pour indiquer
qu'elle pourrait fort bien contenir ce que le bonhomme montre
à la harengère. Outre l'inscription déjà mentionnée et qui in-
dique la ville et la date, on y lit encore :
Dame Christine. — Plaisanteries du pédant Hérenlius et de la harengère
Christine. — Baquet de la place Maubert,
et au dos de la dame de la Halle :
Je t'emm....
Un compilateur Anglais, qui a eu la délicatesse de fsâre un
gros livre très-vite, et fort commodément, avec ce qui m'a coûté
dix ans de travail, a eu la naïveté de parler d'un potier, Fran-
EUROPÉENNES. 395
cois Briot de Paris. Je renvoie le lecteur à Tarticle sur Bernard
Palissy, où il verra que Briot était Suisse, qu'il n'a jamais
fait des poteries, mais que plusieurs de ses plats d'étain ont été
surmoulés par des potiers français.
(Voir pour les farences fabriquées postérieurement à Paris,
à la suite de ce chapitre).
BIAIilCQBIiB, UICÏROM et POUT-VAIilïi,
CantoB de Pont-Valin, dans le département de la Sarthe.
Terre cuite au vernis plombifére. i300 jusqu à ce jour,
FaIenges et grès. Époque actuelle.
Ligron est une des plus anciennes localités françaises con-
nues pour la fabrication de la poterie commune. On a trouvé
un titre qui constate que les potiers de Ligron fournissaient
Tan 4300 à Charles de Gourcelles, cent boisseaux d'avoine, en
redevance de terres prises sur ses domaines. On y a fabriqué
plus tard des épis genre de poterie dont le musée de Sèvres et
M. Ghampfleury possèdent des exemplaires. M. Burger a une
tasse, forme canard, qui porte la marque d'une de ces fabriques :
I. G. (en relief dans la pâle.)
Je n'ai cependant jamais rencontré des poteries de Ligron
qui remontent au delà du dix-septième siècle. Le musée du Mans
possède des pièces d'ornements pour autels, faites à Ligron,
qui sont recouvertes d'un vernis de plomb. Le musée de la
ville du Mans, installé à la préfecture, possède aussi une grande
cuvette de poterie où l'on voit sur le fond des grenouilles, sur-
moulées d'après nature, dans le genre des poteries dites de Pa-
lissy, qui est signée :
Lacouves Gallet de Ligron. 1787;
ainsi que plusieurs grands épis^
Une écuelle, au musée de Sèvres, y est désignée comme pro-
venant de Malicorne.
1. L'un des deax musées du Mans, qui appartient à la Société archéologique,
est installé dans un espèce de sous-sol du théâtre, où il fait tellement obscur,
que l'on ne distingue presque rien. Il est à regretter que la ville ne fournisse
pas un meilleur local à cette intéressante collection I
396 POTEUES OPAQi'ES
A Jfo/tcome, ce sont actuellement MM. Cb. Béatrice , Ch. Ca.
dor, Rabigot et|Landeau-Soucher qui fabriquent des faïences^
tandis que madame veuve Laumonier y fabrique des grès, genre
de poterie que M. Huntreux fabrique aussi à Ligron.
MM. Barrier, Bouteillier, Cormier et Foucault sont des pein-
tres sur faïence de cette localité.
M. Touchard fabrique à Pontvalin des poteries.
Yoir Manerbe, iivj/e, ImfréviUe, Chàiel-la-Lune et Armen-'
Itères, où Ton a fabriqué également des épis.
CARRELAGES.
I. Carbeaux en mosaïque. liOO à i250
Ces pavages étaient composés de pièces de portions de cer-
cles, de triangles^ de carrés, de losanges, etc., en terre cuite à
engobey sous au sans vernis transparent ptombifère. L'engobe
est noir y vert fencé, et quelquefois rouge ou jaune. On en a
trouvé à réalise abbatiale de Saint-Denis, que M. VioIIet-le-Due
attribue au temps de Suger; à la chapelle de la Tierge, décrits
par M. Dîdron; et à la chapelle de Saint-Cueuphas, décrits par
M. Alfred Ramé. Ces carreaux ont été aussi fabriqués à la même
époque en Allemagne. (Voir Strehia, Mahlberg, Casawra, Ca-
mus et Dresden.)
H. C^BHEAUX A NiKLLUREs et «ngobe que les Anglais appellait
emcomstic-tileSy Non et blanc. 12S0 à 1400
Ces carreaux ai terre noire à mW/ures de terre blanchey et dont
les plus anciens connus en France sont ceux de Saint-Pieire-
sur-Dive, près Caen en Normandie, ont été attribués par
M. Viollet-le-Docet M. Alfred Ramé au douzième siècle, mais ne
me paraissent remonter qu'au treizième, conune Taigle a deux
têtes des ornements ^ l'indique par sa forme. Xai rencontré en
Normandie plusieurs fois ces carreaux. C^est une bnque rouge
Dlaquée d'une forte couche de terre noire dans laquelle se trou-
vent incrastëes desnielluresde terre blanche auxquelles le vernis
plombifêre transparent donne une teinte jaunâtre. Ces briques
Irt-
EUROPÉENHES« 397
ont ëtë fabriquées dans des moules, probablement de bois sinon
de plâtre, où les dessins des niellures étaient sculptés en
relief.
M. Emile Amë signale entre autres, dans son ouvrage : les
Carrelages émaillés, etc., celui de Tancienne abbaye de Tous-
saints (Marne*).
M. Boulanger aîné, à Auneuil(Oise); MM. Bock frères, à Mau-
beuge (Nord); M. Dubois, à Paris, et M. Millard, à Troyes, fa-
briquent ces carreaux aujourd'hui, ain^ que M. Loebnitz, à
i*aris (Pichenot). Ce dernier est le potier qui a fourni tous les
beaux carrelages qui ornent le château de Blois , et qu'il a fa-
briqué avec une grande habileté d'après les charmants des-
sins archéologiques de l'architecte du palais des Beaux-Arts,
M. Duban.
Les usines de M. Loebnitz sont fort importantes, et ce sont
peut-être lés seules où l'amateur peut obtenir à des prix raison-
nables tout ce qui se rapporte à l'art du moyen âge. Les moules
à ornements en relief dont M. Loebnitz se sert pour la fabrica-
tion des carreaux à niellures, sont en plâtre.
IIL Carreaux a engobe, rouges a dessins blancs (jaunâtres).
1350 à 1600
Ces carreaux se distinguent des précédents par les faibles
reliefs produits par l'engobe de terre blanche avec lequel on a
formé les figures et les ornements au moyen de patrons décou-
pés, ornements qui, recouverts d'un vernis plombifère trans-
parent, paraissaient jaunes.
M. Loebnitz, à Paris , a dans sa collection un petit carreau
de cette espèce qui provient du Mont-Saint-Michel; à juger
par sa forme, par sa petitesse et par le caractère gothique pure
des feuillages et ornements, il doit remonter au commence-
ment du quatorzième siècle.
Le musée du Louvre possède de Ces carreaux, qui sont ornés
de lettres gothiques majuscules (en usage de 1200 à 1360), et
proviennent de l'abbaye de Cluny; d'autres exemplaires, con-
servés dans ce même musée, ont appartenu à l'abbaye de
Saint-Amand à Rouen.
Un carreau de cette espèce, de ma collection, provient d'un
1 . M. Amé parait cependant confondre dans son travail le vernis avec VémaiL
308 POTERIES OPAQUES
vieux monument bordelais du quatorzième siècle, sinon du quin-
zième ; il est orné de la ligure d'un homme armé que Ton croit
représenter Edouard V, prince de Galles , le héros de Poitiers
et de Najera , surnommé le prince Noir d'apVès la couleur de
son armure, né en i330, mort en 1376, et qui avait fixé la ré-
sidence de sa cour vraiment royale, à Bordeaux, lors de son
investigation à la principauté d'Aquitaine (Guyenne).
M. J. Suconi a aussi signalé, dans V Intermédiaire y une de
ces sortes de carreaux, trouvée dans des fouilles faites à rem-
placement de l'ancien château de Beauté-sur-Mame (au bois de
Vincennes), connu par la mort de Charles V, et par les amours
d'Agnès Sorel, carreau qui porte inscrite la strophe du Dic^ton-
naire du sage et du /b/, que voici :
BELLE. A. BIAV. VIS. ET. BLONDES. TRESSES.
QUL A. DOV. BRAN. ANTRE. LES. FESSES.
Cette inscription suit une seule ligne, sous forme de grecque
ou de spirale carrée ; elle est en rouge sur fond jaune.
M. J. Suconi pense que ce carreau se trouve aujourd'hui au
musée de Cluny où je ne l'ai cependant pas pu découvrir.
N*" i55, au musée des Antiquités installé à la Tour du con-
nétable à Vannes ' (Morbihan), est un de ces carreaux où l'écri-
ture en lettres gothiques minuscules (quatorzième au quin-
zième siècle) est en relief; il provient du château de Carné
en Noyai Muzillac; et le a^ 12i, du château de la Villeglé-
Lantillac.
A l'église de Saint - Nicolas à Troyes , on trouve encore
un carrelage dont un carreau montre, au-dessous du mono-
gramme du Christ, le millésime de 1552. Des carrelages de
cette espèce, provenant de l'ancien couvent de Jeres, près
Brunoy (Seine -et-Oise), qui se trouvent dans ma collection et
dans celles de M. Loebnitz et de M. Perillieu, sont ornés de
dessins qui représentent des fleurs de lis, des animaux fantas-
i . Ce petit musée composé de poteries romaines, gauloises, médailles, sculp-
tures, etc., appartient à la Société archéologique. 11 est remarquable pour les
haches et autres ustensiles de l'âge de la pierre, parmi lesquels il y a des chloro-
mélanites, des fibrolites, des jadéites, des diorites, etc., d'une grandeur extra-
ordinaire, tons trouTés dans le pays et dont je n'ai tu de semblables qu'au mosée
de Nantes.
EUBOFËENNES. 399
tiques, des chevaliers à pied et à clievel, des varlets, des hal-
-lebardes, etc. Quelques archéologues ont voulu attribuer la
fabrication de ces carreaux au treizième siècle, mais c'est une
erreur. Les carreaux du treizième siècle
sont ou plus petits, ou recouverts d'une
couche de terre noire dans laquelle on a
incrusta les niellures de terre blanche
Les armures plates ou à plaques arUculéLS
dont les chevaliers sont revêtus, ainsi
que les hallebardes (arme iotroduite en
France seulement en H50}, prouvent que
la fabrication ne peut pas être antérieure
au quinzième siècle.
La chapelle de Saint-Pirmin au village de Daubeuf, sur la
route de Tougres entre Criquebœuf et Tongres, est pavée de
cette sorte de briques qui, du reste, se rencontre dans grand
nombre d'anciens châteaux de la Normandie. Â Avrancims existe
un tombeau complet formé de ces briques dont l'abbaye de
Couches, à quatre lieues d'Évreux, a été également pavée.
H. Raymond~Bordeau,à Ëvreux, a recueilllà Conches plusieurs
exemplaires de ces carreaux, et de semblables, de ma collection,
proviennent du château Tal mont-Vendée.
On trouve au musée de Troyes de ces carreaux dont quel-
ques-uns ont jusqu'à 15 centimètres, et datent de. la Sn du
quatorzièmejusqu'au commencement duseizième siècle, comme
l'écriture gothique minuscule l'indique. Ils proviennent de
l'bûlel du petit Louvre, du couvent des Cordelière, des abbayes
de Larrivour et de Mentièramey, du château de Ghappes, des
communes de Uesnil-Saint-Père, Gerodot, Mailly, Avant,
Rouilly, Saint-Loup, Rigny-le-Feron , Marcilly-le-Hayer, etc.
Un nombre infini de combinaisons de dessins de carrelage
a été reproduit dans les Récréations mathémaiiques d'Oia-
nam.
H. LoebnitZjà Paris, fabrique également ces carreaux. C'est
lui qui a fourni le pavage de la grande salle des États du châ-
teau de Blois.
Voir plus loin les carreaux de fabrication française à émail
stannifère de Lisie'us, Nmfchàtel, Ifevers, Rouen, et des châ-
teaux d'Écouen et de Polisy, etc., etc., ces derniers faits par
des Italiens.
40» POTEBIES OPAQUES
WMCAtXTÛ DB VABBIC&n** KMCaHMDE ,
■Bail probiblemeot dus le< cmirom àei ABdel;>, en Normaudie.
Terre cuite sanscouvekte en partie ternis on plomb, vers 1 389
Un groupe en terre cuite de ma collection, provenant de la
(lëmoUtion d'une chapelle, près le Grand-Andelys , groupe dont
[rfusieurs parties sont recouvertes d'un vernis minéral ' et qui
était entièrement doré à froid, représente cinq figures en cos-
EUBOPÉENNES. 401
tume de la fin du quatorzième ^ siècle ou du commencement du
quinzième.
C'est une pièce fort remarquable pour l'étude de Vhématio-
logie jet particulièrement pour les armures de cette époque;
elle démontre une fois de plus combien Tinfluence italienne a été
pernicieuse plus tard au développement si original de Tart chré-
tien. Lé caractère presque archaïque et la variété des physiono-
mies des têtes, l'ampleur de la composition, tout en signale une
œuvre gothique-normande fort remarquable.
BEAVITAIS, TOISIIfliIBIJ, SAlTEIClllIBS, POMT-AIiliOME,
li^ITAIiIBMliE, ete.
Terres cuites au vernis plombifère. 1300
Grès au vernis alcalin. 1500
Grès au verms alcalin, avec décor polychrome en émail
stannifêre. 1838
Une preuve que le grès se fabriquait déjà dans ces endroits du
temps de Rabelais (né à la fin du quinzième siècle), pourrait être
tirée du passage (II. 29) où cet auteur parle des poteries azurées de
Savignies, prèsBeauvais. —Poteries azurées, ce sont bien là les
grès bleuâtres à émail alcalin que l'on produit encore aujour-
d'hui à Savignies^ en même temps que des grès bruns communs.
Los terres cuites vernissées de ces localités sont à compter
parmi les plus anciennes de France.
M. de la Ghesnevaye possède un plat de Beauvais, sur lequel
on lit en lettres gothiques minuscules (caractères en usage du
quatorzième au seizième siècle) :
Santé sans argent ça donne maladie.
Plusieurs exemplaires de cette môme provenance, au musée
de Sèvres.
Claude-Louis Ziegler^ peintre de grand mérite*, élève de
1. -Outre la forme des chaussures et des armes, la longue barbe des deux
personnages indique le quatorzième siècle, puisque la barbe ne s'est plus portée
au quinzième siècle, où on se rasait toute la figure.
2. OntrouTede lui à l'église de la Madeleine, àParis, l'Epopée du christia'
Hisme, Taste composition, et au musée du Luxembourg un tableau qui accuse
l'influence de l'école italienne. Au musée de Nantes une grande composition^ Da-
niel dans la fosse aux lions, Ziegler« aussi publié un Uyre: Études céramiques^
recherchée sur le beau dans l'architecture, etc., Paris, 1850, arec un atlas de
douze planches, reproductions des meilleurs modèles de ses poteries.
31.
(02 POTSBIEB OFIQUES
H. iDgres, né à Langres en 180i, mort à Dijon en 1856, où il
était alors directeur du musée, fooda en 1838, à Foûàilteu,
en association avec H. Uansart, une fabrique de poterin ariis-
tiqoe de grès bruns. Les modèles qu'il y créa dénotent presque
tous une grande étude de l'antiquité, et ee distinguent par la
pureté de leurs formes et par la légèreté delà pâte.
Le musée du Coaservatoire des Arts et Métiers, & Paris, pos-
sède un grand nombre de pièces des produits de cet artiste. La
plus remarquable c'est le grand vase de près d'un mètre de
hauteur, dont le couvercle est surmonté de la Sgure du Christ,
et la panse ornée tout autour des douze Apètres en bas-relier, le
tout danslestyle byzantin-roman. Un vase, forme gourde aplati,
style moresque, en grès bronzé, mérite également une mention.
Plusieursbeaux grès, ornés d'émaux slannifères polychromes,
rouges, blancs, veris, jaunes, bleuset noirs, soat des échantillons
des grèsdécorés que Ziegler avait imités le premier en France,
d'après les grès allemands du dix-septième siècle fabriqués à
CTeus$en.
Le musée de Sèvres possède également de beaux exemplaires
de cet artiste, ainsi que H. Barthold Suermondt, à Aachen
(Aix-la-Chapelle], dont la galerie est ornée de deux de ces grands
vases décrits plus haut. Un échantillon qui se trouve dans ma
collection est décoré de vignes à grappes de raisin, en émail
Bert,rougeet 6/êu.
Lorsque Ziegler avait quitté la manufacture, M. Hansart con-
tinua seul, jusqu'en 1854, mais la production déclina tellement
que les modèles ne représentaient bientèt plus que des formes
disgracieuses et lourdes, et on était arrivé à ne fabriquer que
des articles de commerce dont l'unique ëcoulement consistait
dans des ventes faites aux marchands de faïences et de poteries
communes.
Ziegler a souvent marqué :
BUROPÉEXNES. 403
L'échanlillon de ma collection porte cette dernière marque.
On trouve aussi quelques pièces où le mot
Voiainlieu
est estampe en toutes lettres.
MM, Eeine-Duval et fils, qui ont leur dépôt à Paris, au pas-
sage des Petites- Écuries, sont les successeurs actuels deZiegler,
mais ils ne fabriquent plus que l'article courant.
A peine Ziegler avait eu Pheureuse idée d'appliquer son goût
et ses connaissances au modelage des grès artistiques, Tengoue-
ment du public pour ses produits fut universel en France, mais
aussitôt qu'il eut abandonné la direction de sa fabrique, cet
engouement cessa complètement. D'autres maisons formées
d'après ses procédés et par ses anciens ouvriers, qui ne visaient
plus qu'à produire beaucoup et à bon marché, firent si mal, que
ces grès descendirent encore davantage et ne consistaient doré-
navant qu'en productions industrielles de la plus grossière es-
pèce. On ne voyait alors que des pots à tabac, formes bois-
seaux, des cornets grossièrement modelés, et, le tout, très-épais
et trèS'lourd de pâte, qui ne rappelait plus en rien les premières
productions du maître.
M. Desmoustiers^ ancien potier de la fabrique de Ziegler, s'é-
tait établi à Pont-Allone. près Beauvais ; et madame veuve Si-
gney, en 1854, à Vltalienney près Grancourt, localité qui se
trouve également dans les environs de Beauvais.
Michel qui y avait déjà fabriqué en i795, était connu pour
ses produits dans toute la Picardie; ils consistaient en figurines
de saints.
L'ancienne fabrique de madame Signey appartient actuelle-
ment à M. Ludovic Pilleux, dont le dépôt, à Paris, est rueHau-
teville; il marque souvent ses produits :
L'Italienne, (en creux dans la pAte.)
J'ai aussi rencontré de la faïence à émail stannifére, commune,
qui était marquée de la môme manière.
Selon des spécimens conservés au musée de Sèvres, il y
avait encore à Saveignies les fabricants de grès suivants :
M. Laffineur, en 1806
M. Delamarre^ — 1806
Madame veuve Pa^e, —1806
404 POTERIES OPAOI^BS
M. BertiH, en 1833
Gaudin et Michel (voir plus haut) sont deux chefs de fabri-
ques qui ont produit de la faïence à SaveignieSf vers la fin du
dix-huitième siècle, et dont le musée de Sèvres possède des
échantillons acquis en 1806.
Terres cuites coloriées d'oxydes de fer et de manganèse.
1400 à 1600
Les poteries attribuées à cette localité sont en brun, couleur
pain d'épice comme celles d'Avignon et de Pavia.
Terre cuite au vernis plombifére depuis 1500 jusqu'à ce jour.
La fabrication des poteries paraît avoir été assez importante
à Avignon, puisqu'il y avait jadis une rue qui s'appelait la rue
du Four-de-la-terre, et un quai qui porte le nom de quai de
YOulle, qui signifie marmite.
Les recherches faites dans les archives ont fourni les noms
de potiers suivants :
Calle, potier; 1500
Veran Merlesiem^ potier; 1517
Guilkermeos David^ — 1519
Petrus Roqueté^ — 1551
Antoine Castarif — 1596
que Ton doit considérer comme des fabricants de poteries tout
à fait communes et à l'usage des cuisines.
Vauceton et vers 1650
Monclergeon étaient des fabricants de pipes ; — 1604
Louis Fauquet, potier ; vers 1715
M, B.uel, ainsi que les frères Blanchard, y fabriquent encore
actuellement.
On attribue à Avignon, les plats, vases, buires, coupes^ sa-
lières, surtouts de table, etc. , en brun foncé, marbré ou uni,
en émail coloré de manganèse et do fer , et imitant les nuances
de la carapace polie d'une tortue; quelquefois marbré noir, d'un
beau vernis, aussi à mascarons jaunes, comme on en peut voir
sur des buires aux musées de Cluny et du Louvre. La pâte de
EUROPÉENNES. 40S
ces poteries est roussâlre et les formes en sont artistiques ; elles
ne portent généralement pas de marques. On a fabriqué de pa-
reilles poteries à Clermont-Ferrand. Les n"* 3013, 30U et 3015,
que le musée de Cluny a portés dans le catalogue sous la déno-
mination d'Avignon, me paraissent d'un émail trop noir pour
provenir de cette localité. Ce sont plutôt des faïences italiennes
de Montelupo ', situé entre Pisa et Firenzo, aussi bien que les
n"' 2978 et 2979. Le musée du Louvre possède de la fabrique
d'Avigaon un beau surtout ou plateau ondulé à galeries à
jour, espèces de balcons.
Surtout en terre cuite d'ATignoD ( collecUoii Demmin],
Le pendant fait partie de ma collection, et un autre, un peu
plus petit, appartenait à celle de H. Mathieu Meusnier. Au mu-
sée de Kensington, les n°' 3823 et 3824 sortent également de
la fabrique d'Avignon.
MM. Uichel et Robellay, d'Avignon, collectionnent avec ar-
deur tout ce qu'ils peuvent rencontrer en pwteries artisti-
ques des productions des anciennes fabriques de la ville.
Les buires en terre cuite brune vernissées, ordinairement
unies et sans ornements eq relief, ont quelquefois des facettes
comme des pierres taillées et les premiers grès de Boitger.
Une buire de 24 cent, de bauteur, de ma collection, à long
goulot, tête de chimère, au vernis minéral jaune et vert, et
qui doit remonter au seizième siècle, est recouverte d'orne-
ments en reliefe, appliqués par labarbotine; ces ornements
consistent enmascarons, arabesques, amoui^ et autres figures
nues dont les petites tâtes sont pleines d'expression. Cette
406 POTSBIES OPAQUES
buire, à surprise ■, se remplit par le socle et n'a pas d'ouver-
ture par en haut.
uuTsii el près de SoageanE.
Terres ci
Grès,
On y a fabriqué de tout temps de grossières terres cuites qui
ressemblaient tant soit peu à celles dites de Bernard Palissy.
M. Godin-ThuilUer y fabrique actuellement des grès; des ap-
pareils pour les produits chimiques sont sa spécialité.
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EUROPÉENNES. 407
liOCAIilTlÉ IMCONMIJE.
Terre de pipe au vernis plombifère et a niellures, dite de
HENRI II, de DIANE DE PoiTOD^, D*oiRON, otc. , fabriquée vers
la fin du seizième siècle, comme tout l 'indique dans son style.
La révélation de l'existence de cette poterie artistique ne
remonte pas plus haut qu'à une trentaine d'années, à l'excep-
tion de celle conservée dans la collection Walpole.
On connaît les marques suivantes, toutes en bleu dans la pâte :
La Salamandre de François le':
Les croissants entrelacés de Diane de Poitiers (qui sont aussi
les armes de la ville de Bordeaux) :
Le chiffre de Henri II:
H.
Le monogramme de Henri H et de Catherine de Médicis :
a-D"
W
OU
1. Où ne Ta-ton pas chercher les dénominations? C'est cette misérable
femme qui, après s'être prostituée à François l*"", fit exécuter par Jean Goi^jon,
dans la cathédrale de Rouen, à la mémoire du vénérable duc de Rrézé, son mari
déshonoré, un magnifique tombeau, où on la voit agenouillée en face de la Vierge;
elle fit inscrire cyniquement sur la pierre tumulaire :
IndiraUa tibi qoondani et fidissiroa conjuT»
Ul fuit in thalamo, sic erit in tunuilo.
C'est-à-dire : t comme l'épouse ne te quitta jamais et t'était fidèle dans le lit
nuptial^ elle te le sera aussi dans la tombe ! » Elle garda en effet, à son époux
mort, la même fidélité qu'elle lui avait jurée vivant. Ayant été la maîtresse du
père, elle continua son métier avec le fils, Henri II, qui avait ringt ans de moins
qu'elle. Enterrée auchâteaud'Anet, maudite des femmes protestantes, i dont elle
s'était fait fête de voir brûler les parents, en société de son noble amant, » elle
sert aujourd'hui à augmenter le nombre des grandes figures de certains historiens.
2. C'est le monogramme avec lequel Henri II avait l'habitude de signer ses
408 POTBKIES OPAQUES
Les armes de Montmorency-Laval.
Les armes des Goetmen de Bretagne.
Le monogramme du Christ.
L*écu de France, surmonté d'une couronne de prince et en-
touré du cordon de Saint-Michel* :
La seule pièce connue qui porte, outre la marque nobiliaire
de la famille ou des particuliers auxquels elle a appartenu, un
monogramme distinct, est le plateau rond, à intérieur godronné,
de la vente d'Espaulart (mai 1857), qui y figurait sous le n* 3,
et qui appartient aujourd'hui au duc d'Hamilton en Angle-
terre :
M-
(en creux dans la pâte.)
Cette terre de pipe, que quelques auteurs ont appelée le Phé-
nix et le Sphinx de la curiosité, est faite d'une espèce de terre
blanchâtre, avec ou sans ornements en haut-relief, tels que
mascarons, cannelures, écussons et môme figurines ( toujours
nues) en ronde-bosse et presque toutes dégagées du corps delà
pièce. Les dessins du décor ne sont pas tracés au pinceau ou
au burin, mais en niellure, c'est-à-dire en incrustations jaune
d'ocre, liserées de brun, style mixte renaissance, à feuillage?,
lettres, comme on peut voir folio 2, manuscrit n** 3143, à la Bibliothèque im-
périale à Paris.
Ce monogramme est composé, selon les uns, du double C, l'initiale de
Catherine et du H, initiale de Henri //ou Henri UI, puisque Catherine de Médicis
et Henri III ne sont morts qu'en 1589, la même année. Selon d'autres, ce mono-
gramme est celui de Henri II seul.
2. L'ordre de Saint-Michel a été remplacé en 1778 p^r celui du Saint-Esprit.
EUROPEENNES. 409
bandelettes et fleurettes. La fabrication a été obtenue par les fers
des relieurs de livres, avec lesquels ils dorent les livres, et elle
n'offre aucune difficulté. En plusieurs dessins on reconnaît les
fers gravés par iMcosKrawac/i (i472-iS53),qui ont servi à beau-
coup d*anciennes reliures françaises. Quelques pièces sont, par
endroits, vernissées en verts, bleus ou rouge d'oeillet. La fabrica-
tion en a été attribuée à plusieurs nations et à différents artistes.
— M. André Potier, de Rouen, qui le premier (en i 839, dans Tou-
vrage deWillemin ) a parlé des faïences de Henri II, croit qu'elles
sont l'œuvre des artistes florentins. M. Burger dans son article de
1846, publié par V Alliance des arts, les attribue à Ascanio,
l'élève deBenvenuto Cellini, opinion plaisante à laquelle M. Tain-
turier, en 1840, se range dans sa brochure descriptive de ces
faïences. L'opinion la plus étrange, et la moins soutenable ce-
pendant, est celle de M. Delangle, qui voudrait en faire remonter
la fabrication à Girolamo délia Robbia, à cause d'un espèce de G
marqué dans l'aiguière appartenant à M. Hollingworth Magniac,
en Angleterre. — Quel rapport, môme éloigné, peut exister
entre les œuvres des délia Robbia et les faïences de Henri II?
Aucune de ces attributions n'est donc soutenable; leurs
formes ne rappellent d'ailleurs en rien le goût pur de Benve.
nuto Cellini, pour qu'on puisse en faire honneur même à son
élève; et nous ne possédons aucun indice qui permette de
supposer qu' Ascanio se soit jamais occupé de céramique. On
sent du reste, à première vue, que le style de la renaissance
italienne ne s'y trouve pas : le goût et la main d'un Fran-
çais y ont passé, et il se pourrait bien que ces pièces fussent
l'œuvre de plusieurs artistes adonnés à copier en terre des ou-
vrages d'orfèvrerie, en se servant des fers de doreurs de re-
liures; mais on doit les placer pour la plupart à la fin du sei-
zième siècle.
Dans un style si prétentieux, qu'il rappelle le caquetage d'une
poule qui annonce son œuf, un amateur de province a eu tout
dernièrement la naïveté d'écrire un gros volume, où il remonte
jusqu'au temps d'Adam et d'Eve pour prouver que ces poteries
ont été fabriquées à Oiron, près Thours (Deux-Sèvres), avec
les terres de Régné, ou de quelques autres localités de la même
contrée; elles seraient, selon lui, uniquement l'œuvre de deux
artistes, de François Charpentier et de Jean Bemart ou Bernard,
gardien de la librairie et secrétaire d'Hélène de Hangest-Genlis,
36
410 POTERIES OPAQUES
veuve d'Arthus Gauffier, morte en 1537. Le monogramme de
Catherine de Médicis et de Henri II, ce double D ou G — for-
mant par son milieu réuni le HC, c'est-à-dire les initiales de Ca-
therine et Henri réunies, — - serait, selon ce curieux archéologue,
le monogramme de Hangest et de Gauffîer. Tout cela est trop
peu sérieux pour s*y arrêter. La plupart de ces poteries mon-
trent bien d'autres monogrammes encore, et n'ont été imitées
ainsi que leurs monogrammes, d'après des pièces d'orfèvrerie,
qu'à la fin du seizième siècle, lorsque la brave dame Hélène de
Hangest était enterrée depuis longtemps, et elles sont visiblement
l'œuvre de plusieurs personnes et exécutées à des époques diffé-
rentes.
Les prix énormes payés pour cette poterie, qui n'est pas
seulement émaillée (elle est vernissée au plomb), ne sont pas
justifiés par sa valeur artistique. Vingt à trente mille francs
payés pour une terre cuite qui ne peut être comptée que parmi
les productions du « petit art, » c'est trop 1 Si un biberon de
cette terre de pipe, fabriqué, en fin de compte, par des pro-
cédés manufacturiers, — c'est-à-dire par couches répétées et
préparées, ■— vaut vingt mille francs, la chaise en fer ciselée du
célèbre Thomas Rukers, propriété du comte Falkstone, vaudra
des millions.
Toutes les pièces des faïences de Henri II connues ont été
trouvées en Touraine et on Vendée; mais la plupart dans le
premier de ces deux pays. De sorte que l'on peut admettre que
le lieu de la fabrication était en Touraine.
En Angleterre, M. H. Minton, qui fabrique des carreaux de
revêtements niellés, à dessins Alhambra rouges et verts, a
aussi imité ces faïences de Touraine, ainsi que madame veuve
Dumas et M. Théodore Deck, à Paris. M. Avisseau fils, de
Tours, a envoyé à la dernière Exposition universelle de London,
deux pièces dans le genre des poteries de Henri U qui lui ont
valu la médaille.
Il est à remarquer qu'aucune des cinquante-cinq^ pièces
connues ne se répète ; — elles sont toutes plus ou moins diffé-
rentes. En voici la liste exacte :
i . Aojoord'hui on compte soixante-sept pièces, dont plusieurs ont été fabri-
quées plus tard, ce qui paraît bien démontrer que cette fabrication n'a pas eu
lieu à un seul endroit.
Pot«ne dite de Beoii I[,
1. Coupe, 3 croissanU de Diane, Musée du LouTre.
3. SaUëre, Chiffre de Diane, •
3, Coutercle, Écu de France, Huaée de Serres.
4. CouTercle, x
&. Coupe à pied et à
couvercle, ËcudeFrance(a°8aO), Hueée Sauva gsol.
A, Vaeeà goulot, ou
biberon(lhél4re),ArmBBdeFratice[807), ii
1. Salière, Armes de François 1°'
(n° SOS), Musée Sauvageol.
8. Salière, Trois croissinta de Dia-
ne (n- 809),
B. Sdlère, Trois croissants de Dia-
ne |n" 810),
10, Coupoàcoavercle, Armes des Coetmen de
Bretagne, Musée de Clany.
11. Flambeau, Fleura de lia, H. le baron Gnalave
HolhechUd.
412
POTERIES OPAQUES
12. Hanap^
—
»
13. Canette ou yider
-Armes d'un membre de M. le baron Alphonse
corne,
la fam .Montmorency^
» de Rothschild.
14. Salière,
Trois croiss. de Diane,
»
(armes de Bordeaux.)
15. Petite aiguière,
—
»
16. Coupe,
—
M. le baron James de
Rothschild.
1 7 . Gourde de chasse ,
—
M. leducd'Uzès.
18. Coupe,
-^
»
19. CouY. de coupe,
—
»
20. Biberon,
Écu de France,
Collection Portalès K
21. Salière,
9
M. le vie. de Tusseau*.
22. Coupe à couvercle,
, Chiffre de Diane,
M. Hutteau d'Origny.
23. Salière,
—
Madame d'YYon.
24. CouT. de coupe.
(
M. Benjam. Delessert.
25. Flambeau,
■^
M. Norzy.
26. Salière,
M. Grasset, Charité-
sur-Loire, à Tours.
27, Biberon,
—
»
28. Salière,
£N ANGLETERRE :
»
29. Plateau rond,
Trois croissants,
Musée de Kensington.
30. Coupe,
a^ivB»
M. Duyne de Hamiltou.
31. Salière,
»
32. Aiguière,
—
M. le baron Antony de
Rothschild.
33. Coupe,
Double D de Henri II,
«
34. Hanap,
—
»
35. Flambeau,
Écu de France et armes
M. le baron Antony de
de Clerm*-Vivonne 8,
Rothschild.
36. Coupe,
Trois croissants,
B
37 et 38. Deux porte-
-
bouquets,
—
U
39. CouY. de coupe.
—
n
1. Vendue, depuis, 27.000 francs.
2. A l'exposition rétrospeclWe de 1865, au Palais de l'Industrie à Paris,
M. le vicomte de Tusseau a exposé 3 pièces.
3. Diane de Vivonne, femme de Claude de Clermont, baron de Dampierre, né
en 1515, mort en 1583.
EUROPÉENNES.
4i3
40. Biberon (théière),
»- M. le baron Lionel de
Rothschild.
41. Salière, — . »
42. Aiguière (la plus G, M. Hollîngworth Ma-
belle pièce) ^ gniac.
43. CouT. de coupe, Armes deMontmorency, *
44. Flambeau,
45. Biberon,
46. Salière,
47. Salière,
48. Salière,
49. Salière,
50. Drageoir,
51. Pied d'aiguière (fragm.) —
52. Petite aiguière,
53. Petite aiguière,
54. Coupe,
A. et armes, dito, M. Andrew-Fountaine.
A, Jf. (monogr. d'Anne »
de Montmorency,
I-
Trois croissants, M. Robert Napier.
Armes de François !«', M. George Field.
Trois croissants, M. S. Addington.
Trois fleurs de lis, M. John Webb.
EN RUSSIE
55. Biberon,
M. Henry P. Hope.
»
M. T. Smith.
M. Henry Durlacher.
M. le prince Galitzin.
M. Robinson a minutieusement décrit dans le catalogue des
collections d*amateurs du musée Kensington (London, 1862)
toutes les faïences de Henri II qui se trouvent en Angleterre.
La coupe n^ 2139, au musée de Cluny, a éprouvé de singu-
lières variations de prix. Achetée un franc par la grand'-mère
de M. Burger dans une vente faite, en 1793, à la Flèche (Sarthe),
d'objets provenant du couvent de Saint-François et vendue à
un marchand de curiosités pour 60 fr., — elle fut rachetée
immédiatement par M. Burger, qui la revendit plus tard au
musée de Cluay pour la somme de 800 fr.
mAMWTKM (Charente-Infér.).
Terre ctJiTE commune vernissée au plomb, 1500
ET A PARTIR DE 1539, TERRE CUITE ARTISTIQUE, VERNISSÉE ET
COLORIÉE DANS LA PATE.
FaIences a ÉMAIL STANNIFÉRE. Époquo actuolle.
Poterie fabriquée par Bernard Palissy et par d'autres potiers.
1. Exemplaire estimé par M. Robinson 50,000 francs.
35.
4U POTUIIS OPIQUHS
La poterie vernissée de Saintes, de la première époque, est gé-
néralement en vert de cuivre, pareil à celui des pôôles de Ntim-
berg du dix-septième siècle. Un piat vert de ce genre, au mil-
lésime de IS1 1 , est au musée de Sèvres. Les K (Karl ou Cbarl)
que l'oD y voit, l'ont fait attribuer au règne de Charles VIII. Il
porte aus» la signature du potier Massé et une inscription latine
dont voici la traduction :
cembrc 1511.
Le dessin du bas-relief représente les instruments de la Pas-
sion.
Un pareil plat se trouve dans la collection de M. le baron de
Rothschild, à Paris, et deux autres au musée de Cluny et dans
la collection Fau.
Au musée Sauvageot, les n" 920 et 921 sont deux pots
également en terre cuite vernissée, verts, de cette provenance.
Bernard Palissy peut âtre considéré comme le créateur de
la géologio, ou au moins comme le premier pionnier de cetle
île de Palùtf , le seul
science moderne. Dans un cours de minéralogie qu'il Dt à
Paris, en 1375, il combattit déjà l'idée que les fossiles fussent
fiUROPÉEKNES. 415
de simples jeux de la nature ^. Il soutint le premier Topinion
que les fossiles de coquilles trouvés aux sommets des monta-
gnes y sont apportés par les mers qui jadis couvraient les con-
tinents. Son mérite comme potier a été cependant grandement
exagéré.
Palissy qui avait aussi à Paris un cabinet d'histoire natu-
relle, le premier connu dans cette ville, et dont les exemplaires
lui servirent dans les démonstrations de ses cours, ignorait
cependant les premières notions de la chimie naturelle et pra-
tique à laquelle les Arabes avaient déjà donné une si grande
impulsion à partir du onzième siècle. Les idées de Palissy sur
la chimie et Talchimie étaient souvent bien étranges, et on se
demande comment, à côté de cette ignorance, se trouvent sou-
vent des éclairs d'une grande pénétration scientifique.
Palissy prétend entre autres dans son ouvrage que le verre
jaune que l'on fabriquait alors dans la Lorraine était teint par
des résidus coloriants tirés du boispounH. Croire que des végé-
taux que le feu consume peuvent servir à colorer des matières
minérales qui doivent recevoir leur coloration en état de fusion
est aller bien loin dans les hypothèses. Ce jaune obtenu par
les couches du bois de bouleau , n'est qu'une fumigation propre
à teindre légèrement le verre à une très-basse température.
Ferrand, dans son Art du feu ou de peindre en émail, etc.
(1731), dit aussi que la couleur des chênes, doit être préparée
avec « du cœur de bois de vieux chêne pourri depuis long-
temps, mais d'un arbre vivant et planté dans une terre vi-
triolée. »
Pierre le Vieil, le consciencieux auteur du traité de VArt de
la peinture sur verre, publié en 1768, à fait passer la recette ,de
Palissy dans son livre, et il y ajoute celle de Ferrand en par-
lant de la poudre jaune qui se trouve dans les vieux chênes. Je
pense que tous les trois, en se copiant les uns les autres, ont
confondu ici le fondant avec le colorant, puisque les cendres
servent ordinairement à former de bons fondants et que tous
les bois pourris contiennent des sels.
Inférieur aux Délia Robbia et aux maîtres de Nûrnberg, dont
il avait fréquenté l'école, et qui modelaient leurs ouvrages en
1. Voir dans l'àppéiitlice la mystification géologique à Wiirtzburg, au dix-
huitième siècle.
416 POTERIES OPAQUES
grande partie, et lesëmaillaient à rëtain', Palissy qui moulait les
siens et les vernissait au plomb, ne saurait être compté en pre-
i)aière ligne. G'j9st à cause de cette facilité de moulage que les
œuvres de Palissy se répètent et manquent de variété. Ses mou-
les, vendus après sa mort, ont servi à des reproduclions conti-
nuelles. Les luttes et les misères de cet artiste, plus savant qu'ar-
tiste, racontées par lui-môme et popularisées en France d'une
manière romanesque , ont beaucoup plus contribué à lui faire
sa grande réputation, que ses plats ornés de poissons et de gre-
nouilles. La masse du public ne sait guère que ces luttes et ces
misères sont presque toujours le partage du plus grand nombre
des artistes. Le genre des ouvrages de Palissy offre aussi un
champ trop accessible à la contrefaçon. On les imite actuelle-
ment dans plusieurs fabriques, comme j'ai eu déjà l'occasion
de le signaler au début de cet ouvrage. M. Aviso et quelques
autres potiers à Tours ; M. Barbizot et M. Pull à Paris ; M. Min-
ton à Stoke on Trenti en Angleterre, en sont les fournisseurs
actuels. Le plus beau plat de la collection du Louvre, le grand
plat oval à la langouste, et à la coloration plus foncée, si supé-
rieur, en vérité et finesse d'exécution, à tout ce que l'on a at-
tribué à Palissy et à ses continuateurs est moderne; c'est une
œuvre de feu Avisseau père, de Tours. Depuis la mort de Pa-
lissy, des continuateurs ont produit, sans interruption jusqu'à
nos jours, des ouvrages qui bien souvent passent pour les siens *.
J'ai vu vendre une figurine qui représente une paysanne (con-
nue sous la désignation de la Nourrice j et dont le musée de
Sèvres possède un exemplaire) 800 fr. dans une vente publique,
et j'ai rencontré depuis cinq fois la même figure au prix de
1 . Le genre des terres coites à figures, modelées soit à la main, soit par le
moule, attribué à Palissy, a été fabriqué avant lui et à son époque par tous les
potiers de l'Allemagne des écoles saxonnes, franconniennes et souabes, en
émail stannifère.
l . Il est très-difficile de reconnaître le Trai Palissy de la contrefaçon an-
cienne. Les reliefs que Palissy a reproduits, comme fougères, branchages, rep-
tiles, poissons, etc., sont cependant tous surmoulés sur des sujets trouvés aux
environs de Paris. Les serpents, comme ornements de plats, que les conti-
nuateurs ont imités d'après Palissy, — se reconnaissent souvent à leur cou-
leur plus brune, — et diffèrent de l'espèce de reptiles trouvée aux environ»
de Paris. Mais les modernes imitateurs ont aussi réussi à bien imiter les couleurs
de Palissy et ses divers genres d'animaux» en les surmoulant sur ses propres
plats. Tout cela démontrera à l'amateur que le Palissy est peu propre à être col-
lectionné; parce qu'il offre trop de mauvaises chances.
EUROPÉENNES. 417
25 et 30 fr., qui certes était sortie du môme moule. Il y en a
une pareille au musée du Louvre et deux autres aux musées
Sauvageot et de Cluny (n92{^0). Aucune n'est dePalissy, puique
le costume de cette campagnar de indique Fépoque de Louis XIII*.
Enfin, M. Pull, à Paris, a fabriqué de nouveau ce même mo-
dèle, ainsi que le joueur de vielle, mais un peu plus grand.
Il n'y a pas longtemps encore que l'engouement pour les
terres cuites vernissées, attribuées à ce maître, était poussé
aussi loin que celui pour les faïences dites de Henri II. Deux
coupes au chiffre de Henri II et de Catherine de Médicis, ont
été payées 12,500 fr. à la vente Rattier. Depuis mes publica-
tions, par lesquelles j'ai tenté de faire comprendre au public
combien il y a peu de certitude et aucune preuve authentique
qu'une pièce soit du maître môme, — ces sortes de terres cuites
émaillées n'atteignent guère plus de 200 à 800 fr., et les prix
d'un exemplaire ordinaire attribué à Palissy monte mainte-
nant de 50 à 300 fr. tout au plus.
Bernard Palissy ou Palissis est né en l'année 1510, suivant
plusieurs auteurs, à la Chapelle-Biron, village du Périgord, ou
à Montpazier », chef-lieu de canton du département de la Dor-
dogne, d'après mes dernières recherches. Auteur d'un mémoire
et d'autres remarquables ouvrages parmi lesquels VArt de terre^
qui traite de la céramique >, il doit ôtre rangé comme potier
1 . Pour tontes les personnes Tersées tant soit peu dans les études archéologi-
ques, il est évident que cette [statuette ne peut dater que de la fin du règne de
Henri IV ou du commencement de celui de Louis XIII. On n'a qu'à regarder le
bonnet du nourrisson emmaillotté pour être fixé sur l'époque.
2. La petite ville de Montpazier, qui était jadis sous la suzeraineté de la fa-
mille Biron, dont le château ne se trouve qu'à une lieue de distance, a, dans sa
construction, — où les rues forment des promenades à l'abri de la pluie, par la
suite continue des arcades couvertes de ses maisons, — un caractère espagnol
très-prononcé, et son marché aux chevaux, qui tire son origine de la vente des
coursiers d'une nombreuse troupe revenue des croisades, indique l'antiquité de la
ville.
3 . Les premières éditions des ouvrages de Palissy, publiées durant la vie de
l'auteur, ont paru à Lyon en 1557, à La Rochelle en 1563 et 1564 et à Paris
en 1580.
Deux volnmes in-8, l'un de 255 et l'autre de 525 pages, ont été publiés de-
puis par Robert Fouet à Paris en 1636, sous les titres, Tun : <> Moyen de devenir
riche et la manière véritable par laquelle tous les hommes de la France pour-
raient apprendre à multiplier leurs trésors et leurs possessions, avec plusieurs
autres excellents secrets des choses naturelles, lesquelles jusqu'à présent l'on
n'a ouï. »
L'autre : a Seconde partie du moyen de devenir riche, contenant les discours
418 POTERIES OPAQUES
dans récoie de Nurnberg. Protestant sincère, homme de bien,
il est mort à 80 ans, en 1590, à la Bastille (d'après d'autres au-
teurs, au Gbâtelet) sous Henri III. Lorsque ce roi pusillanime
vint le voir à la Bastille pour obtenir sa conversion sous peine
de mort, en lui disant : Je suis contrainty — Palissy répondit :
Et moi, sire, je sais mourir^. L'ancien catalogue de Cluny
appelait cette mort, une mort au milieu des honneurs.
On prétend qu'il existe de Palissy des plats signés en creux
dans la pâte.
mais je n'en ai jamais rencontré; tous ceux que j'ai vus étaient
sans signature : cette marque se trouve sur la Nourrice (n®4l),
admirables de la nature des eaux et fontaines, tant naturelles qu'artificielles, des
fleuves, puits, cistemes, étangs, mares et autres eaux douces, de leur origine,
bonté et autres qualités. De l'alchimie, des métaux, de l'or potable, du mitridat,
des glaces, des sels végétatifs ou génératifs, du sel commun. Description des
marez salans, des pierres, tant communes que précieuses. Des causes de leur
génération, |formes, couleurs, pesanteur et qualités d'icelies ; des terres d'ar-
gile, de l'art de terre, de son utilité et du feu, de la marne et du moyen de la
cogooistre ; par M. Bernard de Palissy de Xaintes, inventeur des Rustiques figu-
lines du Roy. •
Après cela out paru : « Œuvres de Bernard Palissy, » revues sur les exem-
plaires de la bibliothèque du roy, avec des notes par Faujas de Saint-Fond et
Gobet, Paris 1777, in-4, et plusieurs autres éditions plus modernes dont la
notice se trouve dans la nomenclature des ouvrages à l'introduction de ce guide.
1 . « Mon bon homme, » lui disait ce prince méprisable, « il y a quarante-
cinq ans que vous êtes au service de la reine, ma mère, et de moi ; nous avoas
enduré que vous ayez vescu en votre religion, parmi les feux et massacres;
maintenant, je suis tellement pressé par ceux de Guise et mon peuple, qu'il m'a
fallu malgré moi mettre en prison ces deux pauvres femmes et vous ; elles seront
bruslées et vous aussi, si vous ne vous convertissez. » — « Sire, » répond Ber-
nard, « le comte de Haulevrier vint hier de vostre part pour promettre la vie à
ces deux sœurs, si elles vouloient vous donner chacune une nuit. Elles ont ré-
pondu qu'encore qu'elles seroient martyres de leur honneur comme de celui de
Dieu. Vous m'avez dit plusieurs fois que vous aviez pitié de moy ; mais moy j'ai
pitié de vous qui avez prononcé ces mots : « J'y suis contraint; ■ ce n'est pas
parler en roi I Ces filles et moy^ qui avons part au royaume des cieux, nous vous
apprendrons ce langage royal^ que les Guisarts, tout vostre peuple, ni vous ne
pourriez contraindre un potier à fléchir les genoux devant des statues. ■
Les deux femmes auxquelles Palissy fait allusion ici, étaient les filles de Jae*
ques Foucaud, procureur au Parlement ; elles furent brûlées quelques mois après,
le 28 juin 1558.
EUROPÉENNES. 419
au musée de Sèvres, qui certainement est de Guillaume Dupré,
de Fontainebleau (voir plus loin), et ce monogramme repré-
sente deux D et non pas deux B et deux P.
A. B. V. G.
dont les trois premières lettres réunies en hiérogramme, et
F
sont des marques qui se rencontrent également sur des pièces
attribuées à Palissy, et quatre de ces terres cuites vernissées
sont marquées, toujours en creux dans la pâte, d'une fleur de
lis pleine, estampillée.
Palissy avait voyagé longtemps, et visité les Flandres, les Pays-
Bas et l'Allemagne. C'est de ces deux derniers pays qu'il rapporta
les notions sur la fabrication de la poterie qui, à son retour à
Saintes, vers 1539 ', le décidèrent à commencer ses essais céra-
miques. Auguste Hirschvogel, de Niirnberg, dont Palissy paraît
avoir suivi la voie, est né en 1488 et mort en 1360. Jérôme
Délia Robbia partit pour la France en 1528, pendant que Palissy
t . Bernard Palissy raconte lui-même que le hasard qui fît tomber entre ses
mains une coupe en terre émaillée d'une grande beauté, devint la cause de sa
passion pour la fabrication de la terre cuite, et probablement aussi de celle qui
le poussa à voyager en Allemagne. C'est cette coupe, sans doute, œuvre de
Hirschvogel, qui le décida à aller visiter Niirnberg. Brongniart était là-dessus du
même avis, quand il dit dans sa Description du musée céramique : « Cette
coupe sortait certainement de la ville de Niirnberg et non de l'Italie, comme on
le dit communément. Nous fondons notre opinion sur les points de ressemblance
dans la manière dont l'art est formulé, dans l'emploi des moyens matériels
d'exécution, rapports qui manquent à la comparaison italienne. Les personnages
historiques, qu'assez souvent on voit représentés sur la fûence de Niirnberg,
établiraient au besoin la preuve irrécusable de sa préexistence sur celle de Pa-
lissy. De grandes et belles pièces que nous avons eu occasion de voir, sur les-
quelles, entre autres personnages, était représenté le prince Maximilien I*', mort
eu 1519, porteraient à faire croire qtie cette fabrication florissalt sous le règ^e
de ce prince. » On voit que l'époque revendiquée par Brongniart correspond
parfaitement à celle où Auguste Hirschvogel florissait à Niirnberg. Cet Augustin
ou Auguste Hirschvogel, dont on trouve la biographie au chapitre des faïences
de Numberg, était, comme Palissy, savant et artiste eu même temps. Il publia,
en 1533, un traité in-4'> sur la géométrie, intitulé : Eigentliche und griindliche
Anweisung in die Géométrie, sonderlich aber wie aile regultste und unregu-
liste Corpora in den Grund geleget^ und in die Perspective gebrachty auch
mit ihrem Linien aufgezogen werdem sollen» S'appliquant plus tard à l'astro-
nomie et a la géographie, il publia une carte géographique de l* Autriche, gravée
sur bois par Johann Weigel de Niirnberg (mort en 1590), qu'il dédia à l'em-
pereur Ferdinand. Un autre point de ressemblance entre ces deux maîtres, et qui
parait démontrer que Palissy avait aussi suivi les Hirschvogel dans leur principale
420 POTBRIES OPAQUES
voyageait encore. Bernard et ses frères ont travaillé à Paris
pour le roi et la reine vers 1570, date qui est établie par les
comptes d'un manuscrit dont je parlerai plus loin.
La poterie vernissée attribuée à Palissy est artistique ; ses orne-
ments sont généralement en bas et haut relief : poissons, rep-
tiles, coquillages, etc.; aussi en ronde-bosse; les couleurs vives
et souvent d* après nature. Les Rustiques figulines, auxquelles les
amateurs attachaient durant quelque temps un si haut prix, sont
aujourd'hui presque introuvables ^ Palissy les avaient créées pour
orner ces cabinets de jardins dont il parle dans ses ouvrages ; elles
représentaient de petits monuments champêtres , des rochers,
des fontaines, des bosquets, des animaux et des coquillages.
Son chapitre du Jardin délectable en donne la description.
La manie ou plutôt la supercherie de certains marchands,
qui attribuent toutes sortes de terres cuites barbouillées de
couleurs, à Palissy, va aussi loin que l'ignorance et la niaise
bonne foi de quelques amateurs. On rencontre partout de ces
soi-disant palissy où pourtant la fraude se reconnaît à pre-
mière vue : dans l'exécution du sujet, dans les costumes, dans
branche artistique, c'est qae l'un et les autres ont peint des vitraux ; mais, tan-
dis que les artistes nurembergeois comptent parmi les premiers maîtres de la
peinture de celte branche, Palissy n'a laissé que des oeuvres peu importantes,
peu nombreuses et dépourvues de couleurs variées.
Lesn*" 851 et 852 (deux vitraux au musée de Cluny, l'un aux armes et attri-
buts de François I*'' : la Salamandre et la couronne de France entourées d'ara-
besques en grisaille, exécuté en 1 544 pour le château d'Écouen ; l'autre, au
chififre du connétable Anne de Montmorency, provenant du même château, avec
les vingt'deux vitraux représentant l'histoire de Psyché d'après les cartons de
Raphaël, de la collection du duc d'Aumale, en Angleterre; j'ignore s'ils ressem-
blent à ceux du musée de Cluny} forment tout ce que l'on connaît de Palissy et
tout ce qu'on lui attribue en ce genre. Les vitraux du musée de Cluny, peints pres-
que entièrement en grisaille et en jaune, ressemblent aux vitraux des vitriers hol-
landais du dix-septième siècle, etontfort peu de mérite comme émaux. On a voulu
aussi attribuer à Palissy les vitraux de l'église d'Écouen , qui pourtant ne ressem-
blent en aucune manière à ceux de Cluny, et qui sont l'œuvre d'un artiste allemand ;
j'y ai trouvé une inscription allemande dont j'ai pu déchiffrer deux mots seu-
lement : Ailes (tout), et Goedes (Dieu). Ces vitraux sont d'un coloris brillant.
1 . La seule pièce que je connaisse, imitant un rocher, et provenant peut-être
(j'en doute) de ces rustiques figulines dont Palissy parle, se trouve dans la
collection Perillieu, à Paris. C'||t un angle de roche coagulé^ couvert de sar-
moulés de fougères, de crabes, de tortues, de serpents et de lézards ; de nom-
breux trous ménagés dans les sinuosités du rocher indiquent qu'il a dû servir à la
confection d'un jet d'eau. Les couleurs me paraissent cependant bien ternes
pour pouvoir être comparées à celles des poteries que l'on a l'habitude d'attri-
buer à Palissy.
EUROPÉENNES. 421
les ornements, dans rarchitecture, qui indiquent des époques
postérieures par les mélanges. — Si la contrefaçon s*était con-
tentée de copier servilement, on pourrait encore comprendre
que de pareilles imitations fussent admises pour du palissy ou pour
des poteries de son temps; — mais accepter comme telles des
œuvres où tout choque, où tout indique un époque éloignée de
celle où vivait l'artiste, cela dénote une forte dose d'ignorance.
Je suis môme convaincu que Palissy n'a jamais fait autre
chose que ces plats rustiqmsy c'est-à-dire garnis de surmoulés
d'animaux, et que tout ce qui est figure et ornement ne provient
pas de lui. Cette opinion que j'avais déjà exprimée dans les
précédentes éditions de ce Guide, m'a été confirmée depuis par
les onze moules trouvés dans le four de briqueterie au Tui-
leries, en 1865, et recueillis par M. Lefuel, l'architecte en chef?
qui les a fait reproduire en plâtre par M. Simoulard.
Ce sont tous des surmoulages de fougères et de corps d'hom-
mes vivants garnis de coquillages; ils prouvent à l'évidence
que Palissy ignorait le modelage. Les moules ne sont que
de simples surmoulés de corps d'hommes et montrent même
les empreintes des toiles grossières avec lesquelles Palissy
avait recouvert les corps, puisqu'il lui importait peu d'en
obtenir des épreuves propres ; il s*en servait uniquement, en
les couvrant de coquillages, pour faire de ces figures plai-
santes en terre cuite et en grandes proportions, que les matelots
fabriquent, en petites dimensions en véritables coquillages, et
qu'ils vendent dans les ports de mer.
On rencontre des faux palissys partout : le n° 851 de la col-
lection Sauvageot est orné d'un sujet qui représente Henri IV
au milieu de sa famille; le n° 855-, Louis XIV enfant ; les n^* 846
et 847, et le no 136, au musée Kensington de London, un
des sujets où les jardins ressemblent à ceux de Le Nôtre ^, du
temps de Louis XIV. [Le n» 3053 (un joueur de vielle), au
musée de Cluny, porte un costume qui est d'une époque pos-
térieure de beaucoup au seizième siècle. Depuis mes précé*
1 . Le plus amusant, c'est que ce même genre de plats figure dans une ré-
cente publication illustrée comme spécimen de Palissy. Le sojet est copié d'après
une gravure nommée Oleactus, du peintre-graveur hollandais Ciprian ou Crispin
Cort, dontltts ouvrages portent le millésime de 1602 à 1638. Un exemplaire
de cette gravure se trouve au cabinet des estampes de la bibliohèque impériale
à Paris.
36
422 POTERIES OPAQUES
dentés éditions, ou j'avais signale déjà ces fausses attributions,
dont Terreur est si clairement démontrée par les costumes et
par le style, des recherches nombreuses ont été faites, et on
sait maintenant que le Jmeur de vielle y la Nourrice, F Enfant
sur le dauphin j l'Enfant aux chiens, etc., sont Tœuvre de Guil-
laume Dupré, qui les a fabriqués au dix-septième siècle, à Fon-
tainebleau. (Voir cette localité.) Le musée Meermann Westree-
nen à La Haye exhibe également de faux palissy, ainsi que le
musée de la porte de Hall à Bruxelles. On y voit, comme au
Louvre, les portraits de Henri IV et de sa femme, Marie de
Médicis, moulés d'après les médaillons de Dupré et de Varin ,
ainsi que Tefûgie de Louis XUI enfant. Le grand plat rond
surmoulé sur un plat d'étain de François Briot, né à Lucens
(Lobsingen), en Suisse, près Lausanne, comme cela est établi
par mes recherches, et qui travaillait seulement au commen-
cement du dix-septième siècle, est encore imperturbablement
attribué à ce bien heureux Palissy qui pourtant était enterré
déjà en 1580, c'est-à-dire soixante ans au moins avant que
Tauteurde Voriginalne fleurît. Ce surmoulé attribué à Palissy
a été pourtant payé plusieurs fois avec des milliers de francs»
puisque l'amateur l'a acheté pour c du palissy! »
M. Alfred André a exposé en 1865, au Palais de l'Industrie,
un épis ou pignon du seizième siècle, provenant d'une fabrique
de la Normandie qui avait tous les caractères des poteries
attribuées à tort à Palissy. Couvert de figures, de bustes, de
plantes et de feuillages, on y voyait môme jusqu'aux rochers
de ces rustiques figurines et les tons des couleurs, était dans
les mêmes nuances des vernis minéraux de Palissy. Tout cela
est curieux à constater.
La plupart des plats à ornements, dont les musées de Cluny,
du Louvre et de Sauvageot possèdent un grand nombre, ne
proviennent donc pas de Palissy.
Il est à remarquer qu'il n'existe pas dé pièce attribuée à
Palissy qui porte une trace quelconque d'armoirie nobiliaire,
ce qui paraît prouver que sa fabrication s'est plutôt adressée à
la bourgeoisie, et qu'il n'était pas aussi répandu à la cour que
ses biographes-romanciers veulent bien le faire accroire.
Les seuls plats attribués à Palissy, qui portent un signe armo-
riai, sont au nombre de quatre, dont un, le n« 862, se trouve au
musée Sauvageot. C'est un plat rond à huit compartiments,
EUROPÉENNES. 423
marqué sur le revers d'une fleur de lis en creux dans la pâte,
et que j'attribue à la fin du dix-septième siècle. On a voulu
conclure par la présence de cette fleur de lis que ce plat au-
rait été fait pour le service du roi à l'époque où l'on dit que
Palissy avait un atelier aux Tuileries, en même temps qu'un
petit laboratoire dans la rue Saint-Jacques*. Mais comme rien
ne démontre que ce plat soit véritablement de Palissy ou de
son temps, et comme la fleur de lis se retrouve dans un grand
nombre d'armoiries allemandes, suisses, italiennes et fran-
çaises, cette supposition n'est pas assez motivée.
On connaît beaucoup de faïences du dix-huitième siècle mar-
quées de fleurs de lis, tantôt en bleu ou en rouge, tantôt en
vert, dont l'origine est également douteuse, et que j'attribue à
Savy de Marseille (voir Marseille), à cause du vert particulier
qui se trouve dans le décor. Quelques faïences de Rouen, comme
par exemple la salière de M. Michel Pascal, sont aussi marquées
d'une fleur de lis , mais elle est au trait et non pas pleine.
Feu Sauvageot ' était peu connaisseur en faïences. Il suffit
de citer pour le prouver qu'il a fait figurer, dans le catalogue
écrit de sa main, la coupe de faïence de Henri II sous la
dénomination de « faïence de Bernard de Palissy, marquée du
chifl're de Henri II. » Il avait pourtant collectionné un grand
nombre de ces faïences que l'on attribue à Palissy. Gomment
a-t-il pu confondre ces deux espèces difiérentes? Y a-t-il le
moindre rapport dans la pâle, dans l'émail, ou dans les formes?
Parmi tous les pseudo-palissy de cette collection, — il y en
a peu que l'on pourrait attribuer à ce potier. C'est comme au
i. La maison qui porte \e n" 24, rue du Dragon^ à Paris, est aussi désignée
par rinscription : a Ancienne demeure de Bernard de Palissy en 1575,»
comme ayant été habitée par ce maître. Un médaillon en mauvaise terre cuite
peinte et bien plus moderne, qui représente Hercule combattant un lion, et en-
touré de la légende : Au fort Sam«ofi, doit servir à appuyer ce dire. J'ignore
sur quelles preuves le propriétaire de la maison (actuellement un petit hôtel
garni de chétive apparence) base son allégation. 1575 était l'année durant la-
quelle Palissy tenait à Paris ses cours publics de minéralogie.
2. Sauvageot est Tamateur qui a laissé sa belle collection, évaluée aujourd'hui
à un million de francs, au Louvre. C'est lui qui a servi de type à Balzac pour son
cousin Pons dans les Parents pauvres j et à |Champfleury pour son Gardillanne
dans le Violon de Faïence, Alexandre-Charles Sauvageot, fils de négociant, na-
quit à Paris, en 1781 ; premier prix de violon au Conservatoire, violon à l'Opéra,
employé aussi à la douane, il collectionna toute sa vie, fut nommé chevalier de
la Légion d'honneur et mourut en 1860. Sauvageot avait la passion, le tact, le
goM du beau et la main heureuse, mais point de connaissances archéologiques.
424 POTERIES OPAQUES
musée de Cluny, au Louvre, à Sèvres et au musée japonais de
Dresde, où un plat ovale est encore faussement attribué à
Palissy; Le musée de Berlin possède un autre petit plat ovale
marqué ^ ^
1 «
encore faussement attribué au même potier.
Un plat oval de l9 sur 25 cent., dont les ornements indiquent
le seizième siècle, fait partie de ma collection. Il peut être attribué
aussi bien ou plutôt aussi mal à Palissy que tous les autres plats
modelés à la main.
Une œuvre capitale toujours attribuée à Palissy, mais qui a dis-
paru entièrement, c'était la Passion du Christ en seize tableaux
d'après Albert Durer, exécutée pour la chapelle du château
d'Écouen ; ces bas-reliefs, comme le pavage du château, étaient
incontestablement des œuvres italiennes.
Les ouvrages de Palissy furent, comme ceux de Luca, chan-
tés par les poètes. Voici une de ces naïves pièces :
Mais cela n'approche point Les ranes (grenouilles) en un estang
Des rustiques figulines Ne sont pas plus infinies,
Que tant et tant bien peint Mais leur coax ne s'entend,
Et dextrement imagine. Car elles sont sériphies.
Le plus beau a bien esté Mégères au chef tant hydeux,
Enrichi par éloquence. Portraits des serpents nuisantes,
Le tien a plus de beauté Mais, toy, non moins hasardeux,
Que la langue d*élégance. Les fais partout reluisantes.
La collection Sauyageot, installée aujourd'hui au Louvre, y a été incorporée dans
le musée de la Renaissance. Composée de {\l\ numéros, pour la majeure partie
de pièces de choix de l'art chrétien, elle est remarquable par ses bois ciselés
d'Augsburg, ses fers martelés et ciselés français, ses faïences de Henri II, et
par quelques sculptures allemandes sur pierre à lithographie et en marbre, dont
les deux principales sont : la jolie fille d'Augsburg, par Aldgrever, élève d'AI-
brechtDiirer^ Otto et Heinrich, statuette en ronde-bosse attribuée à Durer. Les grès
sont pour la plupart sans grande importance.
Rien en faïences hollandaises et quelques pièces allemandes ; les faïences fran-
çaises presque absentes et celles d'Itatie faiblement représentées. Les meubles et
bois sculptés, et l'ensemble de la collection, étaient composées d'objets quijne re-
montent pas, à peu d'exceptions près, au delà de la fin du moyen âge ; presque
tout est de la Renaissance. L'ancien catalogue, sauf quelques faibles erreurs
inévitables dans un pareil travail, était parfaitement rédigé et faisait preuve du
jligement consciencieux du conservateur, M. A. Sauzay. Il est à regretter que la
dispersion de la collection ne permette plus de s'en servir.
EUROPÉENNES. 425
On voit que ce rimeur ne parle pas des ouvrages ornemen-
tés, etc., genre de plats dont le style prouve ordinairement
jusqu'à l'évidence qu'ils sont d'une époque postérieure à celle
où vivait Palissy.
Bernard a eu deux frères nommés Nicolas et Mathurin Pa-
lissy, qui s'étaient associés à ses travaux céramiques. La
certitude en est fournie par un manuscrit grand in-4® apparte-
nant à la Bibliothèque impériale de Paris, On lit entre autres
choses, dans ce « Compte des dépenses faictes par maître Jean
de Verdun, clerc des œuvres du roy : »
tt Autre paiement faict, à cause de la dicte grotte, ausdits
Bernard, Nicolas et Mathurin Palissy, cy-devant nommés, la
somme de deux cens livres tournoys à eux ordonnés... pour
tous les ouvraiges de terre cuicte esmaillée qui restent à faire
pour parfaire et parachever les quatre pons au pourtour du
dedans de la grotte encommencée pour la roy ne en son pallais
lès Louvre, à Paris, etc. »
Outre Nicolas et Mathurin, ses frères, Palissy a eu pour
contemporains de nombreux émules dans ce môme genre
d'ouvrage, Jehan ChipauU père et fils et Jehan Biot, dit Mercure
(ne pas confondre avec le suisse François Briot, déjà mentionné
potier d'étain du commencement du dix-septième siècle, dont
les modèles ont été surmoulés en terre cuite). Dupré à Fon-
tainebleau, du dix-septième siècle, a également laissé des œu-
vres, comme il a été déjà dit, que l'on attribue encore à Pa-
lissy.
Clerid, à Fontainebleau, qui florissait au milieu du dix-sep-
tième siècle, ne peut pas être compté parmi les potiers du genre
de Palissy, car ses poteries étaient en terre sigillée, (Voir, pour
la définition de ce terme, la table
Un grand nombre des terres cuites émail lées et vernissées
de Tancien château de Madrid au bois de Boulogne, près Paris,
étaient encore attribuées à Bernard ^ Le château, bâti par Fran.
çois P', était presque partout recouvert de ces ornements : sta-
tues, bas-reliefs, cheminées, etc., tout était en terres cuites
émaillées. Le journal d'Evelein de Paris, 26 avril 1650, en parle
1. BroBgniart attribue cependant les faïences de Madrid à Jér/^me et à
César Délia Robbia, petits-neveux de Lucca. Nous avons tu que Jérôme seul
partit '^our la France en 1504 et qu'il n'y avait pas de César dans la famille
des Délia Robbia.
36.
426 POTERIES OPAQUES
avec admiration. Le château fut vendu en 1793 , comme pro-
priété nationale, à un paveur, qui Tachetait dans Fintention
de réduire les terres cuites d'art en poudre pour en faire du
ciment!
Le docteur Belliol jeune , à Paris, possède une grande bou-
teille en terre cuite à émail brun^ marquée dans la pâte
du millésime 1648, qui parait provenir d'une fabrique de
Saintes.
Un plat encore attribué à Palissy dans la vente Soltikof, et
qui était probablement allemand, portait les armes de Willem
von Berg, prince de l'empire et évoque d'Anvers, de 4 598 à
1601, et un autre, de la même vente, avait les armoiries de
Jan Lemire, évéque d'Anvers, de 1604 à 1611.
Les terres cuites de Palissy sont vernissées et non pas émail-
lées ^ Il colora souvent la terre avant le vernissage j soit en pë.
trissant la pâte de matières colorantes, soit en la trempant par
parties, et la peignant d'une barbotine coloriée.
Les carreaux de parquetage de la grande salle du château
d'Écouen, qu'on a aussi voulu attribuer à Palissy *, sont de fa-
brication italienne. Ces faïences stannifères n'ont absolument
rien des procédés de fabrication ni des couleurs du maître;
c'est tout ce qu'il y a de plus italien. Les deux grands tableaux
que M. le duc d'Aumale a emportés en Angleterre (signés Rouen^
1 542), de six pieds de hauteur, formés de carreaux de vingt
centimètres, et dont les compositions représentent le dévoue-
ment de Mucius Scévola et celui de Curtius, sont également de
travail italien. M. duSommerard, directeur du musée de Cluny,
qui a bien voulu me communiquer les dessins coloriés d'après
1 . Ou ne rencontre pas la moindre parcelle d'émail stannifère, blanc ou au>
très, sur les poteries attribuées à ce maître. Le blanc est une terre blanchâtre
qui, couTcrte d'un vernis incolore, conserve sa blancheur.
2. Le château d'Écouen, construit en style de la Renaissance française, sons
François I*', par Anne de Montmorency, est semblable à celui d'Auet. Situé sur
une hauteur d'où l'on jouit d'une vue magnifique, il est d'une conservation telle
qu'on le croirait terminé tout récemment. Éloigné de Paris de quatre lieues,
l'amateur peut s'y rendre en une heure en prenant le chemin de fer jusqu'à Vii-
liers-le-Bei. Ce château passa des Montmorency dans la maison de Condé, et Na-
poléon V y établit une maison d'éducation de jeunes filles des membres de la
Légion d'honneur sous la direction de madame de Campan ; cette maison fut
réunie, sous le règne de Louis XVUI, à celle de Saint-Denis. Revendiqué après
1848, il sert de nouveau aujourd'hui de maison d'éducation. Ge château est aussi_
tristement célèbre par l'infâme édit que Henri II y rendit en 1559, édit qui
frappait de mort tout protestant.
EUROPÉENNES. 427
nature, les attribue aussi à Palissy. C'est pour moi Tœuvre de
quelques artistes italiens qui les ont confectionnés à Rouen,
probablement dans une des usines où Ton fabriquait à cette
époque la poterie commune au vernis plombifère, puisque la
Caj'ence à émail stannifère de Rouen ne date que du dix-sep-
tième siècle. (Voir Rouen.)
On trouve encore ce môme précieux pavage de carreaux ita-
liens à émail stannifère dans une chapelle de la cathédrale de
Langres, où l'intelligente fabrique de l'église l'a fait cou-
vrir d'un parquetage en bois, de manière que le visiteur
ne peut pas même se douter de l'existence de ce travail artis-
tique.
En France, les collections les plus riches en exemplaires at-
tribués à Palissy sont celles de MM. Bouvrier à Amiens, Gapmas
à Dijon, Meixmoron à Dijon, Trimolot à Lyon, madame veuve
Febre à Mâcon, MM. le baron Dejean, La Foulatie, £m. Péreire^
baron Rothschild, baron Seillière, marquis de Saint-Seine et
Tevel à Paris. Le musée de Lyon en possède également quel-
ques exemplaires.
Les collectionneurs, en Angleterre, des pièces attribuées à
Palissy sont : MM. Addington, — Isaak Falcke, — H. T. Hope,
— J. Dunn Gardner, — H. Magniac, — Eduard Marwoed
Elton.
Il existe au musée de Kensington vingt-cinq pièces dé-
signées comme étant de Bernard Palissy : ce sont les n®» 3800
à 3825; une statuette porte le! monogramme indiqué plus
haut, les deux D ; elle est donc l'œuvre de Dupré de Fontai-
nebleau et non pas celle de Palissy. .
Le musée du Conservatoire de musique ainsi que M. La-
borie à Paris, possèdent des cors d'appel forme serpent, de
75 centimètres de longueur, qui ont été également fabriqués
dans le genre de ces terres cuites coloriées sous vernis, par des
potiers du dix-septième siècle, et qui se rapprochent de ce que
l'on est convenu d'appeler du palissy.
Une charmante paire de flambeaux de 28 centimètres de
hauteur qui font partie de ma collection sont aussi une œuvre
d'artiste dans ce genre de poterie, et imitent des chinoiseries^
ce qui permet de les classer parmi les productions du dix-sep-
tième siècle.
Voir le dessin ci-contre :
M. Bodio fils, et HU. Prévost eL Gaston de la Tour, fabri-
quent actuellement à Saintes des faïences et poteries.
p. p.
a Linujgi W. D.
a Saintei
est une marque que l'auteur de l'Art de terre chez les PoOeviM
donne comme preuved'une fabriquede faïence à Saintes au dix-
septième siècle; preuve que l'on ne peut admettre comme un
évangile, puisqu'un marchand de la ville de Saintes peut bien
avoir fait fabriquer ailleurs des faïences pour son commerce
et i l'enseigne de sa boutique.
EUROPÉENNES. 429
La liste des faîencîers-pétitionneurs de Tannée 1790^ trouvée
dans les archives à la ville de Nevers, mentionne deux fabriques
de faïences existantes à cette époque à Saintes , et le Diction-
naire des Postes aux lettres par l^cousturier, de 1817, parle
aussi d'une faïencerie à cette localité.
ROlJElf (Selne-Infér.)
Terres cuites au vernis plomhifère. i540
Faïences a émail stannifère. 1640*
On connaît deux arrêts accordant des lettres patentes : Tun,
daté de 1644, en faveur de Nicolas Poirely sieur de Granval,
l'autre, de 1673, en faveur d'Edme Posera/, sieur de Saint-
Sever, à qui Poirel avait déjà fait cession de son privilège, et
qui est mort en 1687. La fabrique de ce dernier fut continuée
au commencement du dix-huitième siècle par Guibaud. Il y a
des amateurs qui veulent faire remonter la fabrication rouen-
naise au seizième siècle, comme on le voit dans la note placée
plus bas ; mais on ne connaît jusqu'à présent aucune preuve
qui puisse motiver cette opinion. L'histoire des faïences de
Rouen, que M. Potier prépare, apportera sans doute à ce sujet
quelques éclaircissements. Le premier fabricant rouennais connu
jusqu'à présent est donc Poirel de Granval, qui commença par
imiter les faïences de Delft, ville d'où il avait certainement fait
venir des ouvriers, puisque le procédé et la manière de faire de
1 . Les archéologues et les amateurs rouennais veulent faire remonter les pre-
mières fabriques de faïence au delà de 1640 ; mais il leur a été impossible d'ap-
porter à l'exposition rouenuaise de 1861, des œuvres marquées d'une date anté-
rieure à 1647, et le catalogue publié sous le titre : Exposition d'art et d'aV'
chéologie de Rouenf chez Brière, à Rouen, in-l$, 1861, dit textuellement:
n<* 539, « plat de faïence de Rouen de la plus ancienne espèce, daté de 1647, et
provenant de la fabrique du sieur Poirel de Grandval, premier importateur de
cette industrie daus la ville de Rouen. » Les dates 1650, 1675, 1699, 1710,
1712, 1735, 1736, 1781 et 1792 figuraient sur d'autres pièces.
On connaît, il est vrai, deux grands tableaux de six pieds de hauteur, formés
par des carreaux de faïence de vingt centimètres, et où les figures des sujets
dont l'un représente le Dévouement de Mucius Scévolaj et l'autre celui de Cur~
tiuSy ont deux pieds de hauteur, signés Rouenj 1542, et que M. Du Sommerard
attribue à Bernard Palissy.
Ces faïences, qui proviennent du château d'Écouen, ancienne propriété du dac
d'Aumale, et dont M. Du Sommerard possède les dessins coloriés, sont pour moi
l'œuvre d'un Italien, qui les a sans doute fabriquées dans une de ces usines de
Rouen où l'on produisait les poteries communes au vernis plombifère, puisqu'on
430 POTERIES OPAQUES
la vieille fabrication rouennaise sont les mêmes que ceux de
ralunent qut tS miUlmïtret (pi
tuidisque les camuii d'Ëcouen
H. Potier d« t)oii«n croit cept
Qi-mt i rc
SUD nommé
MaeloaAIxa
iedo
IfToi
Pallssr
ese e>l eucore
luiit de Je loir pasié maître d^à dam uo art si ditticUe, fa I 542, àilou
fills qu'aucun document ni rien dans ses propres âcrils désigne comoK i
localité que Palisti aurait hahitéc ou ilsilée.
Il est inconlestabic que les tahleaui el le paTage du cbUeau d'Écouen, t
ea faïence à email ilannifèrt, cl lea lerrei cuilti à vemiiplombifére, eop
tic colariiet dam la pùU, de Paliuï, sont deui hbrkatioiu diamélralenH
cuite de l'école nureoibergeoise, dans le genre des Hirsctaiagel.
Leibcaui carrelsgcBdescliSicaui d'Ëcuuen, de Buis, celui à l'église deBroi
de la cbapelJe Hitiiéc en nord de la calhédraJe de Laugrcs, aiiiii que le ma|
1 chàteai
eiécutées eu France par des
. M. Haillet de Couroone à t
i,(*.de}.^a,
oDlestablemenl des teum
ilieas.
?r par H. Léopold Delislc u
EUKOPÉENNES. 43 1
Quant à Louis Poterat de Saint-Sever, le fils d'Edme, (|ui
établit la fabrique, on croit ordinairement qu'il a suivi l'école
de la branche italienne; mais je ne le pense pas non plus.
Le plat de M. Baudry, de Rouen, que Ton cite à Tappui de
cette opinion, me prouve juste le contraire. Ce plat est signé
par Claude Borne en i736', potier qui était de l'école lilloise et
hollandaise. L'autel portatif à Sèvres, signé Jacques Feburier
et Marie Etienne Borne, 1716, de Lille, est tout à fait décoré
dans le style de Delft, et ces deux œuvres sont probablement
de deux frères ; mais celui de Feburier, en pur style hollandais,
est de 1716, — donc de vingt ans antérieur au plat de Claude.
Mannory dit dans son Mémoire pour le faïencier du faubourg
Saint- Antoine de Paris, dressé en 1753, au tome XI de ses plai-
doyers :
« En 1731, des commissions du Conseil constatèrent par
un procès-verbal le nombre et l'étendue des fours des faïen-
ciers construits dans la^ ville de Rouen. » Ce procès -verbal
pourrait être très-utile pour l'histoire de la poterie rouennaise.
La liste des faïenciers pétitionnaires de l'année 1 790, trouvée
dans les archives de Nevers, mentionne seize fabriques exis-
tantes à cette époque, et prouve combien était encore impor-
tante la fabrication rouennaise à la fin du dix-huitième siècle.
La pâte de faïence de Rouen est lourde et épaisse, beaucoup
plus épaisse que celle de Delft, mais les dessins et les orne-
ments sont pleins dégoût. Il y a des décors en camaïeu bleu et
en couleurs variées. Les gros dessins sont formés pour la plu-
part dans le genre du décor rechampi, et que l'on croit ob-
tenu par le champ-levé, c'est-à-dire que le blanc est produit
par enlèvement sur le fond bleu, mais ce procédé ne peut avoir
qu'il fit venir de Nevers. 9 Cette note ne fournit à mon avis aucune preuve. Il
est fort possible que ^irel ait fait venir aussi des ouvriers de Nevers, la seule
localité française, alors réputée ponr la fabrication des faïences, mais je persiste
à soutenir que les premières faïences fabriquées à Rouen, ont toutes les carac-
tères du delft et très-peu celui de Nevers. Madame de Villeray qui n'était point
contemporaine de Poirel, aura écrit, comme beaucoup de monde écrit, c'est-
à-dire sur des propos en l'air!
i. Le plat est en décor italien jaune et a une bordure rouennaise polychrome.
Claude Borne, peintre céramiste de Lille, a travaillé à Sinceny en 1 75 1 . Une
famille de potiers, du nom de Borne, figure aussi à Nevers dès 1 650. Mais un
Marie Etienne Borne travaillait à Lille en Flandres en 1716, aussi bien qu'un
Claude Borne, et leurs œuvres n'ont absolument rien d'italien, mais toutes Im
caractères de la faïence de Delft.
432 POTERIES OPAQUES
été appliqué à la peinture sur le cru. Rouen a aussi fabriqué
des plats et assiettes à fond bleu Raymond, d'un bleu un peu
plus pâle que celui de Nevers, et décorés en [décalques blancs
et quelquefois jaunes, appelés blancs ou jaunes fixes»
Il existe aussi des potiches et autres objets à fond bleu de
Perse, à décor en relief polychrome, genre qui imite T'émail
sur cuivre. Le décor de la corne d'abondance et à fleurs est le
plus répandu dans le rouen.
La faïence rouennaise est la première et la plus artistique de
toutes les faïences françaises, à cause du caractère national de
son décor, où le style régulier et architectural de Fornementa-
tion française brille dans toute sa pureté et dans tout son éclat.
Il existe de simples assiettes qui servaient jadis à l'usage do-
mestique populaire, et se fabriquaient à très-bas prix, où l'or-
nementation du décor est souvent un chef-d'œuvre.
Le bleu camaïeu esi le décor le plus ancien.
Le décor polychrome'qui suit, se divise en bien des espèces
qui représentent autant d'époques et de fabricants. Il faudrait
des développements à perte de vue pour expliquer tout, et la
pratique seule peut donner ici la connaissance à l'amateur.
Faicil à Rouen en 1647,
les plus anciennes marque et date connues, se trouve sur le
plat déjà mentionné de M. G. Gouellain.
Brumentf 1699,
est la signature sur un saladier appartenant à M. l'abbé Collas;
— mais je pense que ce n'est pas là le nom du potier.
Guillehaud est le nom d'un potier qui fabriquait à Rouen,
il a marqué : vers 1730
monogramme que j'ai trouvé sur plusieurs pièces au musée de
Rouen, et sur une aiguière de la collection Loisel.
G. A.
est une autre marque de ce Guillebaud.
EUROPÉENNES. 433
Un plat de la collection de M. Hue, maire d'Hectomare, porte
un simple
G.
La faïence de Guillebaud est ordinairement décorée de pa-
villons chinois et de treillages quadrillés sur les bords, genre
que Sinceny a plus tard imité plus grossièrement et que Rouen
et Deift avaient pris aux Chinois.
Nicolas Gardin est le nom d*un autre potier de la même épo-
que. Un saladier est marqué :
Gardin,
et un plat de la collection Feuchère :
Nicolas Gardin f 1759.
M. Michel Pascal possède deux assiettes à décor camaïeu bleu,
dont Tune est signée :
D. G. {Dominique Gardin?)
et Tautre :
Gardin.
Coissy est le nom d'un potier de Rouen^ qui épousa la fille
du potier . . . . , de Quimper et d'origine nivernaise, auquel il
succéda et qui à son tour maria sa fîille à Delahubaudière, dont
la manufacture, sous la raison sociale Delahubaudière et C*, est
encore aujourd'hui en pleine activité et dirigée par un des asso-
ciés, M. Fougeray (Voir Quimper).
Madame de Villeray était une autre fabricante de cette
époque (Voir la note au bas de la p. 430).
Vavasseur, fabricant de la fin du dix-huitième siècle, a laissé
des signatures souvent estropiées, comme par exemple :
Va, Valleur, à Rotien,
Je l'ai rencontré ainsi sur une écritoire et sur une jardi-
nière, décorées au petit feu, à paysages animés de figures,
véritable décor de porcelaine peu artistique, qui imitait le genre
de Strasbourg, où le vert, le jaune et le rose dominent.
On connaît peu de faïences de Rouen avec longues inscrip-
tions ou avec des facéties; mais il existe des assiettes avec des
vers mis en musique.
37
434 POTUUiEB OPAQUES
M. A« Âsse^oid:^, à BvDttf en Normand, possède use: telle
assiette, où on lit le couplet suivant , mis en musique; :
Air : Jean aime Jeanne.
Ghsntons la gloire d'Tbaehe, CltftMMis fhaclie,
ChantonB le feu de Jopm ; Cbantonfr Jupln;.,
Rien n'est ai charmant qu'Tnache, Ca joli Jujân aimBcbien. Ynaobs,
Rien n'est si beau que Jupin. .La gentille Ynache aime bien Jupin.
J*ai rencontré uiïe semblable assiette sur laquelle on lisait:
Canon à trois voi de M, Demondoville :
Nargue de toy quand je bois, En ce cas-là je vous — dirais bien :
Tune sçait pas t'en y-vrer comme moy ; Prendre ton cosur et te don-nar le mien,
La rayson s'en Ta, puis l'amour vient. Mais dès que mon vin est cu^vé,
Hélas I je suis forcé de rompse mon marché.
Sur une autre £»sietle de la collection de M. Edouard Pas-
cal, le céramiste a inscrit là chanson suivante, quiy est accom-
pagnée de musique:
Suivons Bacchus, c'est un Dieu tout aimable,
N'oublions pas notre amoureux soucy ;
Faisons qu'à table et dans le lit
On dise icy que le jour et la nuit
Nous sommes des gens infatiguables.
Une assiette à décor camaïeu bleu assez comnfan, é^ la col-
lection de M. Mich^ Pascal, porte les vers que voici :
Partout où règne le chagrin Partout où je sçay du bon vin,
L'on ne me voy jamais paroître , Ou gy suis ou gy voudrois estre.
L'orthographe indique le gâécle de Louis XIV.
Deux de ces assiettes^ conservées au musée de Glnny, et pro-
venant de la collection Leveel, portent les couplets suivants, éga-
lement mis en musique; l'une:
Croyez- vous qu'Amour m'at-trape Quand j'ai foulé le raisin,
De m'avoir ôté Catin? Croyea^vous qu'A-mour
Qu'ai-je faire de la grappe M'attrappe d'avoir 6té Catin?
Quand j'ai fait le raisin?
i . Collection composée presque exclusivement die faïences françaises et où le
beau Rouen et le Nevers sont dignement représentés.
Une belle gourde de chasse, de lacoliection Assegond.monb^
in SDperiw âne, avec l'inacripticni ;
et un plat festonBé, où l'on voit aaint Kerre avec son coq, epii
porte :
ainsi qo'aoe assiette avec la coèiBe iasonption et le mili^tne
1738.
Deux plats au moaée de Clnny, n" St56 el 2137, sont mar-
qués :
H.
Un pot de la collection Michel Pascal à Paris :
C. H.
Un monogramme que l'on rencontre souvent, et le plus fré-
quemment sur d'imporlantes pièces est
Dans ma collection, un légumier creux couvert, dont le
boulon est formé par un serpent vert, et admirablement dé-
Légumier en fiieuce de Baii^n, au décor polychrome, de ma eoUécLiou.
Mré, eitérieiirenteiit «t laténesremmt, de guirlandes de flwtrs
436 POTERIES OPAQUES
et d'ornements en polychrome, véritable chef-d'œuvre de Tor-
nementation française^ est signé :
Le décor de Tintérieur consiste en ornements sur fond bleu re-
champi 1, et d'une corbeille à fleurs.
Une salière en décor camaïeu bleu, de la collection Michel
Pascal, est marquée d'une ^mr de lis, tracée au pinceau en
traits et non pleine. C'est le seul exemplaire de cette marque
en faïence rouennaise que je connaisse.
C'est aussi bien à Rouen qu'à Sinceny et autres lieux, que l'on
a fabriqué, à la fin du dix-huitième et au commencement du
dix-neuvième siècle, ces affreuses médailles à reliefs et coloriées.,
ces grossiers surmoulés des médailles de Nini, que les marchands
s'efforcent de vendre aux amateurs novices à des prix élevés.
M. Edouard Pascal, à Paris, possède des pièces de Rouen aux
marques DV, PP, BB, PD, M.D, DV, GD, N.F, L,D, C.Q, AD,
H.V, V^ D.Z, G, FD, H.G, et Dieu, ainsi que de nombreuses
pièces de services, divers plats, assiettes, etc., décorés, à la
corne d'abondance, des styles chinois et de celui de Louis XIV,
à lambrequins ou à guipure.
M. Charles Rossigneux possède un pot marqué
D.D,
Une salière de la collection Perillieu est marquée ;
P.D.
M. Aigoin, à Paris, possède une riche coupe, décorée en ca-
maïeu bleu, qui porte le monogramme :
Les bustes, représentant les quatre Saisons avec leurs con-
soles, servant d'enseignes aux magasins de faïences de M. Gré-
1 . Rechampir désigne, en terme de peinture céramique, rehausser par des
teintes ou par un fond que l'on pose entre les ornements ou entre les fleurs.
EUROPÉENNES. 437
non, rue Mabillon, à Paris, doivent certes être comptés parmi
les plus remarquables spécimens de la fabrique de Rouen ; le duc
d'Hamilton, à London, en a encore de plus beaux dans sa col-
lection , et il a donné au musée de Kensington un magni-
fique buste d'Apollon (n« 3607) sur piédestal. Cette pièce,
peut-être la plus belle connue de Rouen, est du dix-huitième
siècle. Elle a 7 pieds de hauteur, et est couverte de fleurs
et d'arabesques en polychromor M. Forgeron, à Paris, possède
deux Satyres de la môme grandeur; mais ils sont en émail
blanc, sans aucun décor. On peut encore signaler le n» 3603
du musée de Kensington.
M. Joseph Halphen, à Paris, possède deux grands bustes
représentant Marc-Antoine et unefemme, pièces magnifiques
qui pourraient bien aussi être de provenance rouennaise, mal-
gré la couleur manganèse des chairs.
Les lions couchés et assis, les chiens, levrettes, ou autres
pièces du même genre qui servent d'enseignes à plusieurs faren-
ciers à Paris et en province, sont ordinairement de prove-
nance lunévillaise et plus rarement rouennais. Une tradition
populaire veut qu'il y ait deux chiens de garde en faïence de
Rouen dans les Creuniers^ sur la route entre Trouville et Vil-
lerville, que les anciens propriétaires du château de Henneque-
ville y auraient fait placer comme ornements dans le souterrain
qui devait conduire de là jusqu'à la mer. Il m'a été impossible d'y
trouver un seul souterrain qui pourrait justifier cette croyance.
Comme pièces curieuses, on peut encore citer un grand sou-
pirail de cave ou de grenier qui fait partie de la collection de
Sèvres. C'est un bel exemplaire qui démontre combien l'emploi
de la faïence de Rouen était répandu et servait déjà même à
l'usage architectural.
C'est à Rouen aussi que les premières faïences de toilette ont
été fabriquées, avant que Strasbourg et le Midi aient pu les
imiter. Un produit dont la forme, le décor et le nom caractéri-
sent si bien l'époque, c'est le petit vase de nuit ovale et orné
d'un œil à l'intérieur, entouré souvent de légendes plus ou
moins grivoises et connu sous le nom de Bourdaloue * , produit
1 . Le nom que ces vases portaient à la fin du dix-septième et au commence-
ment du dix-huitième siècle, est celui du fameux prédicateur jésuite L. Bourda-
loue, né à Bourges en 1632 et mort en 1704, le même qui fut chargé dix fois
de prêcher TÀTent ou le Carême devant Louis XIV, et de convertir les malheu-
37.
438 POTERIES OPAQUES
de la un du dix-septième siècle et >du commencement du dix-
huitième.
La collection Le Veel S à Paris , et la collection Pottier ', à
^ouen, étaient rich.es en faïences de Rouen.
Aujourd'hui on peut citer les collections Patrice-Salin , du
Boullay, Emile Crémieux, de Cambry, de Liesville, Yalpinson,
Michel Pascal, Aigoin, et autres, à Paris.
Au musée Sauvageot on voit deux jolies consoles, tôtes de
faune en décor camaïeu bleu.
Une salière de la collection Perillieux est marquée :
P. ©-,
et j'ai vu dans la collection 3Iichel Pascal, vu plat mdirqQé :
nDe théiève,
M. Malassis, à Paris, possédait un magniQque pot et un beau
plat polychrome, ainsi qu'un autre plat de 60 centimètres dé
diamètre, en camaïeu bleu, aux armes de la famille Gluppien,
de Normandie.
Une des pièces rouennaises fort remarquable est le petit
saladier à côtes de M. Forget, à Paris. Décoré, en camaïeu vert
reax protestants du Languedoc lors de la révocation de l'édit de Nantes, en 1 685.
Le P. jétttite s'étant inàlé à toutes les intrigues des ruelles, et fait Je coAfiAevt de
4DUS les seerets dl^doève de.lacour, la malignité publique désigna alors l'objet d'un
usage secret et abject par le nom de Bourdalotie. D'autres veulent que la dénomi-
nation de Bourdaloue provienne de ce que les sermons du révérend père étaient
si longs, que les dames se voyaient obligées d'emperter a^rec eUes Tindi»-
pensable, pour pouvoir rester jusqu'à la fin. On apfielle auaai cet ustsaole
en Normandie écopej d'après l'instrument qui sert à rejeter Teau du fond des
bateaux.
1 . Xa eoUection Le Teel se oocB^oiBit presque esclnaivement de Caieptes
françaises du dix-septième au dix-huitième siècle , époque où cette poterie ne «e fa-
briquait en France que pour les usages domestiques et avait remplacé la vaiS'
wUe en métal. Bien qu'une telle eoUeqtion, -par sa apécialité, ne forme pas vn
eosemUe propre à l'étude oéffami^e, «Me at irèa^pnéoieuse au pggirt de «vw
de l'industrie française, puisqu'elle représente bien la production jsauufuctu-
rîère française de faïence. Cette collection se trouve aujom*d'hui au musée de
Cluny.
2. H. Pottier, àHoaen, posaédfiiit iiprés"6èvr«s, wcofttestatilement, la plus
inlérefissaiite ctiilléctiftn defiienees qu'il y ait -en Framee, puisqu'elle a été formée
à l'aide de «onBadssaBcesvrtBhéologlqties-spéoifdeB «t 4'iq;»rès un savant «yitènie.
- EUe «et anjourd'lrai an mutée de ftoven»
toaorÉtmnH. 439
et Um, de dassiDS qni rappetlest la nuuùère italienne, m vtit
au milieu le médaillon d'un portrait de feciBM, et à l'envers, le
mUlânme 1708.
On grand plateau «ctDgoae, de 63 oealimètree de longueur
sur 50 de large, de ma collectiOD, 'est déoorë en polychrwne
d'ne bordure d'omenMBte rocaillée à oifteaas, entrelaoëe dto
feuillages, de fleurs «t de brasdies. On TOJt, au milieu, «n
grand sujet composé de quatre &gat«3, de 35 c«ntimètreB de
faaut«tir casque, «n «Mtvme du temps de Louis XV, pcrson-
liages qui jouent au trictrac sur iice botte & jeu posée sur lears
geoeus. L'ensemble du desùu mt bien et lee cooleurs asasE
rriosstes, sa>tf cellas des chairs qui soat peintes en teintée pla-
tes et tp^ pttes, mais l'expreBston est ton caraetërisée. C'est
«ncma sne des piàcee remarquables des fibhqaee roneBiiaiMS-
PUteau eu Ciûucs de Aoiita su cUcpr polichraiiie, de m
M. A. Loisel, à la Biviâre-ThiberviUe , statiendeB
le-Eoger [Eure], possède un grand nombre de faieoc^E de Rouen.
parmi lesquelles sont quelques pièces rares «t cuneusoSt La
440 POTERIES OPAQUES
collection de cet amateur se compose de douze cents pièces, un
peu trop recueillies sans choix.
On trouve dans la belle collection de M. Aigoin, à Paris, plu-
sieurs pièces de la faïence rouennaise, véritablement hors ligne.
Entre autres un plat rond de 57 centimètres peint au poly-
chrome et dont le milieu est orné d'un médaillon de 20 centi-
mètres à bord festonné, où l'on voit trois Amours en camaïeu
bleu jouant du violon et dansant. Ces trois 6gures se détachent
sur un fond brun jaunâtre à petits ornements et à arabesques
noires. La bordure de 16 centimètres de largeur de ce plat est
composée de fleurons et de guirlandes peints en bleu et orange
et d'une grande richesse. Un autre plat de la même collection,
décoré en polychrome et rayonnant de l'étoile ombilic en sept
jets jusqu'à la bordure, est remarquable par l'élégance de ses
fleurons et la hardiesse de ses rinceaux.
Madame Gavé, à Paris, possède un plat rond tout pareil à
celui de la collection Aigoin, et également décoré des trois an-
ges ou enfants musiciens.
Dans la collection Gressy, à Paris, on trouve deux grands
plats armoriés, en décor camaïeu bleu , et dans celle de Pe-
rillieux, un grand plat ovale festonné qui est tout à fait dé-
coré comme les deux plats ronds appartenant à madame Gavé
et à M. Aigoin, — seulement le.sujet montre quelques enfants
, de plus.
M. le comte Edouard du Hazey, au château de Versainville,
près Falaise (Galvados), possède deux magnifiques plateaux de
60 centimètres de diamètre avec leurs buires, de 55 centimètres
de hauteur, qui sont décorés des armés de la famille de Mar-
guerie. La forme de ces buires est presque la même que celle d'o-
rigine hollandaise qui fait partie de ma collection, et les anses en
spirale rappellent comme chez celle-là la fabrication nivernaise.
On peut aussi signaler les deux magnifiques plats ronds, aux
décors polychromes et à sujets chinois, du musée de Ghartres^,
et quelques belles faïences rouennaises au musée historique de
la ville du Mans.
1 . Ce musée qui possède une collection zoologique, des tableaux, des bron-
zes, des poteries de toutes sortes et des Terreries, est particulièrement remar-
quable par sa belle collection d'armes et d'armures gothiques, parmi lesquelles
il y a cependant une partie de cotte de maille fausse, celle que l'on a attribuée à
Philippe le Bel. Je parle de la partie inférieure où l'absence des ri^és indique
la contrefaçon moderne.
EUROPÉENNES.
441
H. Henri de Brécourt, à Joigny (Yonne), a dans sa collection
un magnifique plat d'une grandeur peu commune de 3S cen-
timètres de diamètre, au décor camaïeu bleu d'une inûnité
d'ornements admirablement agencés, et que l'on doit attribuer
à la fin du dis-septième siècle.
Deux magniSques plats polychromes, ronds et de 50 cent.
de diamètre, de la colleclion Dejean, à Paris, plats qui ont ëtô
payés 1 ,500 fr, et dont les bords, converts de charmants orne-
ments , portent la signature du céramiste
sont décorés de peintures historiques. L'un représente la Sa-
maritaine et le Ckriêt à la fontaine, l'autre Judith et Botopheme.
Un semblable plat et de la mâme grandeur, qui appartient à
M. Assegond, a pour sujet : Atalante entouré d'AmoitTS, appor-
lant à Calidon une hure.
Dans la collection Meusnier on trouvait grand nombre de
belles assiettes, de buires, et particulièrement un grand tonneau
à cidre, avec son piédestal, décoré en camaïeu bleu ; le costume
des trois Dgures assises devant une table indiquait Tépoque de
Louis XIV.
Feu Lecarpen lier avait dans sa collection un plateau octogone
PlalMB M (liCDce de Hoiwn k décor poljchioinï, de la coll^,
442
POTBiaES OPAQQES
à anses, qui est décoré <eQ polyclmmie d'un sujet d'intérieur
d'après une gravure d* AlMrafaain Bosse ^; c'^et une pièce fort pré-
cieuse parmi les faîenoes T0ue&iiai6eBt>ù ki figure a >été perate
rarement; bien que ce plat eût été restauré et repeint par en-
droits, il a été adjugé à la vente puls^itfiie ^ 355 fr. M. Gouei-
lain , à Rouen , possède un plateau d'usé forme semblable , fa-
briqué entre ilio et f 759, et également éécoré en polychrcxme.
Le sujet est eocore plus remarquable : c'est Achille à la cour
du roi de Seyrol, d'après Rubens.
M. E. Paris, à Paris-Bercy^ possède un légumier décoré en
polychrome à la corne qui est marqué :
P. A. E.,
marque dont les deux dernières initiales sont réunies en mono-
gramme.
M. A. Assegond a dans sa collection une cheminée complète,
pareille à celle qui se trouve au musée de Rouen, ainsi qu'un
curieux damier, marqué :
H. D. Septembre i 765.
1. Le fisù^^^st copié d'apsès la gnnaire : V^sUr les nuds^ bous iaqueUe on
lit les vers suivants :
Par jm «ffiet «aspz bodiiu,
l^bontme, vrai aujet de .mnére,
Boitant du vantre d^aanùce,
•Snire-dans te monde tout no.
IKau cammeimrla pauvreté
Tootat dioses luy sont contrairi»*
11 peut manquer des néoeesairea
Et le voir dans sa nudité.
9ouT 8^es£inpter de la froidure
Il ae couvre, contre jes 'inaax,
.De la laine des animaDX,
£t se cbauffie avec leur iioiurrmr£.
iklors par un solng véritable^
Il faut que charitablement
Tu Paasiates de vêtements.
Prenant .pUié de ton semblable.
;4jbx«liam Bosse, peintre-graveur, né à Tours -en 1610, mort^n 1 678, a tra-
yftMé à Paris et .marqué «es œsvres^'un Jl. !B., réunies eu tnonogramme. Le
oabiAet impérial ^i'Ëstarapes à Paris |»0Bsède trois f ros volumes îonaé» par
'l'oQHwe de ce msâtre^t qui vonsistent en grandes figures hiatorifue», la série des
Wentmes ifonte*^ -ctSihB^e VMnfant jimsâ/^^ îles Vier,ges minies-etd» Vitrg^
jlbi/es, -en iSiéges, etc.
11^. aussi lajssé uneloajpueflérie de Scsmm <2e «ofisarsalton et deCoiiliMM5
du iewfA, leao^MwenMBt jpaésàamtM ipeor l^éftnâe des «oataimes et des ae^^es^e
flCftte 4p»igiiB :4it 3^«nm lesfnâtoiflR^evt jti^BflAer, fourgon iai6seiveid]«r , 4a ^a-
vuoe 4«k«n«Rlfe!l'4Q0tttfèMHiOft. '
Bosse a «oowffi^pmré te^pfamtes, îles vcnonents, des jdafoxids, dea^^^pdes de
dessins et d'architecture, des mascarens et des cliemtnëes et l'histoire d'Homère.
Le cabinet de Paris possède tout oela.
EUBOFÉEKNES. 443
Un semblable damier, dans la collection de M. Maesse^ à
Franqueviller, porte la même* marque^.
MM. Lottin de Laval *, aux Trois-Vals, près Bernay en Nor-
mandie, Loisel, Assegond etGouellain, possèdent d'autres beaux
plats de cette faïence, dont plusieurs ont 50 à 56 centimètres
de diamètre.
Une belle fontaine de la collection Loisel est marquée :
Deux assiettes aux armes de Jea&LsittiRriniiiid', é7ét$yied'ÉvteaR,
portent :
Blé-;.
et une autre assiette décorée d& Earmoide da la fauûUe des
Crussol-Uzès :
F. B.
Une grande baratte^ ëgalemeirt eacamafeu bl^, aux aritsss
des ducs de Boaillon, et un supesbe ooova'd&de-.ssiipière^aax
armes accolées des familles du Ghesne de Saint-Marc de Préaux
et du Ghesne de» Ghatetiiers, sont d'autres pièces remarquables
de la collection Loisel..
La liste des fabrique»^ de Menée existant. en^ France em ItdO,
conservée aux archives de Neversi 0t d^iit o» trouvera pi«s loin
la copie, mentionne seize usines, et montre par là combien la
fabrication des faïences a été importât^ à Rouen où, vers 1809,
M. Letellier, vers 1823, M. de laMetteriCy et vers 1827, M. Amé-
dée Lambert, fabriquaient toujours cette poterie, ce qui est dé-
montré par les échantillons que le musée de Sèvres possède.
Aujourd'hui il n'existe plus, que je sache, aucune fabrique
de faïeoce ni de poterie- artistique à Rouen*
1. M. Lottin de Laval, connu pa» son ouvrage : Voyage dans la péninsule
du Sinat, écrit au retour de la mission, dans le Kurdistan, la Perse, l'Arabie,
l'Egypte, dont il avait été chargé par le gouvernement, possède une superbe
collection d'objets céramiques, de tableaux, de meubles anciens et de curiosités
de toute espèce, exposés dans des salles, décorées par cet amateur lui-même au
moyen de sa Lottinoplastique, genre de moulage qu'il a inventé et dont.il a pu-
blié le procédé.
POTERIES OPAQUES
TeUHGS cuites a émail STANNIFÈRE ET A EKGOBE CLOl-
I5S0 à 1750.
Époque actuelle.
Des briquea de carrelage ou carreaux en terre cuite à décors
polychromes, ordinairement émaillés en bleu, blanc, Jaune et
chocolat au lait, et où les
dessins obtenus par les
différentes couleurs d'é-
mail et par desengobages
sont séparés entre euipar
des incisions qui les font
ressembler il la mosaïque,
ont tousélé fabriqués dan.«
tes environs de Lisieux.
Beaucoup de châteaux el
grand nombre de riches
maisons bourgeoises à Pa-
ris, particulièrement dans
les quartiers qui environ-
nent les Tuileries *.
k
^^^
5
p
^^w
M
B
M
■.né dtiia edb colleclïaD.
avaient jadis les chambres et corridors carrelés. (Échantillons
aux musées do Sèvres et de Rouen, et dans ma collection.)
Le musée de Sèvres ainsi que H. Loobnitz possèdent aussi
de ces carreaux peints à Lisieux, qui sont marqués à l'envers :
-^ (encrc«d<mBUpâte.)
II y en a d'autres au musée de Nantes* qui ont tous le?
molie dans li me Saiat-Amand du LouTre, où eUf
larrouKl el aui écuri« dea Tuilerira.
Mi de Naales, se trouTC imUllé dans l'aiiciea Ora-
loipe dès 1943 et ouierl au public dam le local ac-
EUROPÉENNES. 445
caractères des Azulejos espagnols (voir Sévilla) ; ce sont les
n°« 535 et 748 ; ils proviennent de la Bouteillière, près le village
des Couëts, commune de Rezé (Loire-Inférieure), et du château
de Tours (d'Arvault). L'émail est en vert, brun, blanc et bleu.
Les n<»* 970 à 976 sont cependant comme le dessin ci-contre
et probablement faits à Lisieux.
Le musée historique de la ville du Mans possède aussi des
carreaux dans le genre des Azulejos espagnols, j'ignore l'ori-
gine.
Ces carreaux ont été refaits avec succès tout dernièrement
dans la fabrique de M. Loebnitz (voir ce nom), pour le pavage
de quelques salles du château de Tours.
(Voir aussi les carrelages en faïence italienne des châteaux
de Polisy, Écouen et Bois, et ceux de l'église de Brou et de la
cathédrale de Langres.)
MM. Barbanchon, — Barbier (à Saint-Désir), — Leblanc (à
Saint-Désir), — Beaudouin et C* (à Saint-Désir), — et Moulant,
fabriquent actuellement des poteries communes à Lisieux.
Près Lisieux , en Normandie.
Terres cuites au vernis plombifére et coloriées dans la pâte
M. Raymond Bordeaux reproduit, dans le Bulletin du Bouqui-
niste (i^^ semestre de la 6« année), le passage suivant du sep-
tième volume de la Géographie blavienne ^ : « La vaisselle de
terre de Manerbe, près de Lisieux, se rapporte à celle de Venise
par son artifice et sa beauté. »
Les terres cuites qui décorent les toits des vieilles maisons et
manoirs des environs de Lisieux proviennent donc sans aucun
doute des fabriques de Manerbe, et M. Bordeaux croit même que,
parmi les terres cuites de Manerbe, il y en a de si bien faites
que les marchands les vendent aux amateurs pour de rustiques
fîgulines de Palissy.
et que le catalogue désigne toutes sous le nom fort vague et impropre de Hua-
queroSf qui signifie simplement, en langue quichuase, cimetières. On y trouve
des poteries étrusques, romaines, celtiques , gauloises et frankes , de belles ha-
ches de l'âge de pierre, des sculptures en pierre et en bois du moyen âge, des
médailles, etc., etc.
1 . Publiée par Blaeue au dix-septième siècle.
38
ii9 FOTBMIB OEMIGBS
Ud plat ovale de la colleetioa Loisei , avec riche comtw
siikin de flgurea en pkàSr «jet bietoriquev est atu-ifaaé & ^-
Derbe et ne diS^aen viav dans m fabncatioii de» terres' cuites
dites de Palissy.
Haoerbo a aussi confeetionnd des- épit ou éEocs ea tcorecuile
vemiasëe, espèce de tourelles da formea batastiqueK dbnt on
onuit k tkaut des pigacoadas maisons, pareils à cauxff^ri-
qaës à Troyes etk-MaUeanu, peès Pont-Valin, dans la^ Sarthe.
Un de ces ëpis, appartenant à M. Alfred André, a tous Iw
(UKaetdce3de£poteriesaUribude«àPBli9sr(voirrartic)asur Pa-
lissy), lesmâmes auuiees de vernis nûaénil, lessnrmoulagesde
plantes et ju^iqu'aus Tûohers des nutiqnes figtdines, se retron-
veut sur cet épi.
Un autre, orné de saasoarona et de fleuis de lis, dont voici
le dessin, faisait partie de la collection de fea LecerpeoSer.
Cet ëtoc est en terre cuite et simplement verni au plomb, mab
il est fort intéressant comme forme.
Tebees curiEs Atr vzrnis plohbifèrz. 1680-1730
On a fabriqué dans cette localité des briques ou carreaux de
pavage à niellures, formés dans des moules de plâtre. On les
reconnaît à leur couleur enlièraffleitt grise.
BtnOPélNNEE. 447
Esemplaires aux nius^ <du Lotrrre, 'de ^Sèvres et de Romn
et dans. ma collection.
Village tout |irèa d^UaDubCi aui fuicoDi de LiuBUi.
TeRHBS CDITBB AH'VERTnSPLOnBITÈIIE. i530-(BOO
M. de Glanville et M. Delaunay en ava'ieot envoyë à l'Expo-
sitioti do Rouen de 1841 deux beaux ëchanlillons , que SI. de
Beaonepiire indique .CQazraeStant de la fabrique de Pré d'Auge '.
L'usage des terres Quilâs^ittiiT ocoer.les toifauros desjnaisona
existe encore aujourd'hui dans ia basse Normandio. A Saitsse-
menil*, aux environs de Valognes et de Cherbourg, on ren-
contre beaucoup de ces épis fabriqués-en Normandie (voir aussi
Malicome dans la Sarlbe, Tr^es,, etc.).
Feu Lecarpentier,àParis, possédait une fontaine en forme de
1. de IB6I, iaSuUitia di la Société dis snliquairti
448 POTERIES OPAQUES
seau, en terre cuite, recouverte d'un vernis vert de cuivre,
pièce fort curieuse que l'on doit attribuer à ces localités.
Le bord est formé par deux dauphins et le corps recouvert
tout autour de bas-reliefs d'une exécution narve, qui représen-
tent des Indiens chassant le crocodile , d'arbres et animaux
de toutes espèces. De l'inscription gravée en creux , autour
du pied, par endroit effacée, on ne peut déchiffrer que les mots
suivants :
ILPTE.. PAR.. P. !.. GUÏMONNEAU.. DE LA.. FURIE..
CHIRUGIEN,. A RGELLES.. A POTE......
d669
llVFBÉiriLl.E , €HATlSl«-l<A-IilJllE , en iVorinaiidle.
Terre cuite au vernis plombifére. Depuis 4550
On y fabriquait jadis les épis ou étocs. Aujourd'hui on n'y
produit que des pots à fleurs et des tuyaux.
*
JLA. HAYE-HAIiHElMiE (Sure).
Terre cuite au vernis plombifére.
M. Victor Guesné, à Elbeuf , possède une fontaine jaune de
cette provenance.
AltlIIEKTIEBSS (Eure).
Terre cuite au vernis plqmbifère.
Jean Guinestre, potier.
Le musée de Rouen conserve de ce potier un enôrier, en
forme de cœur, qui est signé en toutes lettres.
M. Leguerney, à Brionne, possède également de cette ancienne
fabrique un bénitier.
On y a aussi fait des épis.
M. Blochet, potier, y fabrique encore actuellement.
Madame veuve Bertin-Gérard , M. F. Bordu, et M. Moise-
Bordu, y fabriquent des grès. [Voir Armentières (Oise).]
EESSAY (Manehe),
A 20 kilomètres de Coutances, et grand nombre de localités enTironnaotes.
Terre cuite au vernis de plomb , et grés communs.
Ces localités sont connues depuis des siècles pour la fabri-
EUROPEENNES. 449
cation de la poterie, et on y trouve toujours grand nombre de
potiers qui apportent leurs produits aux marchés de Lessay,
ville où les maisons sont encore ornées d'épis et de pignons,
et dont quelques-unes remontent au seizième et au dix-
septième siècle.
MOBOll, près llayeux (CalvadoB).
Terres cuites au vernis plombifére. Depuis d550
On a fait en tout temps à Noron de grandes cruches brunes,
grisâtres et vertes, à panses aplaties et ornementées de reliefs.
(Un exemplaire dans la collection Loisel.) Le genre de Palissy y
a été aussi fabriqué comme à Manerbe.
Des fabriques considérables de grès et de poteries vernissées
existent encore aujourd'hui àNoron, elles appartiennent à MM.Th .
Charlotte ,» A. Levéque, P. Marie, ï. Moussel et P. Quignot.
Faïences. 1556
Terre cuite sans couverte. 1792
Les fabriques lyonnaises, dont on ne connaît aucune pièce
artistique, ne se trouvent mentionnées ici que pour mémoire,
car les poteries inconnues attribuées à Lyon devaient, selon leur
origine, plutôt figurer parmi celles de l'école italienne.
Cyprian Piccolpassi a déjà cité Lyon en 1 548 comme centre
de fabrication (voir la note 2, page 55), mais la délibération du
conseil communal de 1556, sur la demande d'un nommé Sébas^
tien Griffi, marchand genevois, où il est dit textuellement
que: la fabrication de faïence est nouvelle en ceste ville et au
royaume de France; ainsi que la requête de Julien Gambyn et
Domenge Tardissi et de Francesco de Pesaro, prouvent que cette
fabrication, toute italienne et dont les produits ne peuvent pas
être comptés parmi ceux des faïences françaises, ne remonte pas
au delà de 1556.
C'est peut-être aussi une nouvelle preuve que les carreaux
d'Ëcouen; fabriqués à Rouen en 1542, sont bien italiens.
Gomme aucune poterie des maîtres susmentionnés n'est connue
on ne saurait pas même dire à quelle espèce elle appartient, car
M. le comte de la Ferrière-Percy, auquel on doit la première
mention de ces fabriques, n'a pu donner non plus le moindre
éclaircissement sur le genre de cette fabrication.
38.
450 P0TERIB8 t)FA(nJES
Le plat de 45 oentimètres, an nnieëe de<Sèvres, décoré dans
le style de Pesaro et arec^rinseription fremçaise, suivante^.
La Royne de Sabatqui irient àâaUomûajiu 3. livre desJloys chapitre X.
que Ton attribue à Lyon, ne prouve rien. Il pourrait fort bien
être fabriqué .eaJUlieii Ja AOsusAnde .d'im J^jaiiçais.
Ce qui m'affermit dans l'opinion que la faïence n'a pas été
faite à Lyon ayant la "fin du dix^hui^ème siède, c'est k
mémoire rédigé «eulemant «en 1746, tpar Boillioud, ohanoine
régulier à ^aintrAatoine , à Houen, 'daiiB lequel il -révèle em
Lyonnais, ses compatrioles, kis «divers procédés des pins ha-
biles faïenciers normands, il serait Burprenant que ce dunoiae
se fût donné toute cette peine si la fsd^ricatioin de la âtlonce
avait été déjà connue à Lyoïu La pieszii^ mantiom 'antbwKtitpie
de fabûques de faiesces lyaitnaâses se trouve daas. Isl ipétitôon
de l'année 1790, où il est constaté qu'il y existait alors trois
usines.
Climard, sculpteur lyonnais.
Un médaillon rond, bas-relief de son propre buste, de la col-
lection Eugène Tondu, vendu en 1865, était signé :
CHmardy Lyon, 1792.
SAHSSli iMlMiAarér.)
Faïences (?) 1 S8.8 et i 654
Fa£B3(GE a ÉltAUi fiXAKNIFijBLE. 1 752
On croit que Jean Ferra, gentilbomme verrier, créa à Nantes,
en 1588 une fabrique^de /ai&ftce à émail blant, et tes archives
mentionnent un autre Mmicant, le nommé Ohaths Ott^rmeurj
qulTere 1664, y produisait des snarGhandiëes tréi-hlaaàcimB ^i
quelquefois décorées de fLeurs^de i{is,etc. Tout cela-est bieo vague
et je n'ai jamais pu voir une seatle pièce de oes deux isibnqufls.
Leroy de Montillée fonda, en 1752, une fabnique de Ititooce
<|ui passa au i)Qut jie quelques -années entre IfîSioaftiQS de
De/a&f e squi dut lia vendi» eu 1771 à JPerret et Fourmy^ -atus
lesquels «Ue prenait une rtetie lezlension qu'en 1774 elle oJtfint
le < titre de Mafmfa(^re royale ts2e JlîNti^as. L'anrôt de t)elte fa-
tentera été publié en toutes Jettres dans VArt de Tertie chez ks
Foitevins.
La pétition .des la!aicieF5ile2!aimëe 1790, trouvée dans des
Einto?ésiiicis. 451
arcbh'es de' Nevws, constate qu'uae ÎBtbrit|pe existait encore à
cette époque à Nantes.
M. liiehel, à Avignon, possède vnefcmrde, forme sabot, en
fift!ence à émail stannifère, décorée «n poïydirome de fleurs et
d'un vaisseau sous voiles et à pavillon français tricolore ; deux
petits sabots forment les^nses. G^tte gourde est signée :
de Nantes,
EsMjeki BQsrqueid'niie ly^cpue ou «ost^oe ies initiales du pro-
priét»ref
Les^uiciens îHdwngmères des Fo^s nwx lettres de i%Ot et
^8i7 ne meationMAt aucune fs^qve de cette localité.
M. T. Dérivas y {fabrique «etoiDlienient des faïences.
Faïence. vers 1600
L'auteur de Y Art de terre chez les Toitevins mentionne .Bri-
zanbourg; selon lui, un nommé Enocft D^pxw, snaîke faïencier,
y aurait travaillé versie cûmmencemâiat du diz-geplième ^ècle.
FjSmm A JsuxL sTAsmmvB m mbam BÊOim^smem et polt-
CHROME. 1602
Cette âitence est de Yécoie italimiae, «aTeoaise, Sa fabrica-
tion doit être divisée en plusieurs époques.
!»• époque, de 1602 à l-eTO, traditioii italienne ;
S** époque, vers 1640, imitation persane ;
3e époque, de i^i^à 17^0, ittilay0n de «hiaotseries h&llan-
daises ;
4* époque, de 1750 à 1810, franco- ni vemaîse, ou populaire,
ou patriotique-républicaine, à partir de 1769.
Les Dictionnaires des FostesitmxhttreSj par Lecousturier, des
années 1802 et 1 817> menlioQnent « deàelles fabriques de faïence
à Nevers, »
Dans la première époque xte Ja tradixion italienne, .Nevers
est quelquefois même supérieure, comme cotoâs, /aux prQdift&-
tions dltalie, aussi bien dans le oama!eu bleu que dans le po.
lychrome. Le dessin est cependant relâché, et moins artifitiiiHe
quant aux caractères, maisiedéoarneÉQfi â«ird)Argé d'ocse, le
452 POTERIES OPAQUES
jaune plus pâle et plus doux. L'amateur reconnaîtra les belles
pièces de la première époque à ce signe, que les figures du
décor y sont ordinairement en jaune, sur fond bleu, tandis que
les peintres italiens ont le plus souvent peint leurs figures en bleu
sur fond jaune. Never^ n'a jamais employé les couleurs rouges.
Pendant la deuxième époqus (imitation persane), ce centre a
fabriqué des faïences à fond jB/eu-Raymond (lapis ou bleu de
Perse), à blancs fixes * et avec décor blanc-tigre *, sur fond lapis
et aussi sur fond jaune jonquille. Ces dernières espèces ont
donné lieu à des controverses. Quelques amateurs les croyaient
originaires de Perse, où on fabrique de semblables poteries. Au-
jourd'hui il n'y a plus de doute, elles sont définitivement clas-
sées parmi les faïences nivernaises. Une tasse bleue , de fabri-
cation italienne, avec millésime et devise, qu'on voit au musée
de Sèvres, parait prouver que Nevers a imité son premier
bleu des Italiens. Les potiches tigrées de Nevers de cette épo-
que sont souvent ornées de mascarons et d'anses torses ou
contournées.
La troisième époque, désignée : « d'imitation chinoise, » est
plutôt une imitation hollandaise, aussi bien pour le caractère
des chinoiseries que pour les nuances du bleu et les formes des
potiches. Ceux-ci sont en camaïeu bleu sur fond blanc, quel-
quefois entremêlés de décors brun-lilas, et représentent des
chinoiseries.
La quatrième époque, la a franco-nivernaise, » comprend un
1 . Voir, pour l'explication de ce terme, la table. Délit a produit le même genre
à la même époque, et on ne saurait dire qui de ces deux localités a imité l'autre.
M. Villet, à Amsterdam, possède un|pot à anse en bleu de perse (lapis ou rayinond),
à décor à blancs fixes, que tout connaisseur prendrait pour du neyers, si le mo<
nogramme
B.
/^^
et la provenance connue par le propriétaire, n'était pas le moindre doute sur
son origine hollandaise.
Une assiette de Delft, décorée dans le même genre, mais plus grossièrement,
fait partie de ma collection, ainsi qu'une autre, où le bord festonné, la pâte et
l'émail indiquent une fabrique de Rouen du dix-huitième siècle.
2. Une grande soucoupe dans ma collection.
EUROPÉENNES. 4S3
laps de temps de près de soixante années. Ce sont des faïences
d'usage domestique, telles qu'assiettes, marmites, pots à confi-
tures et saladiers à inscriptions; c'est de cette catégorie que
M. Ghampfleury possède une collection nombreuse, et particu-
lièrement du temps de la Révolution , où il existait encore à
Nevers douze fabriques.
C'est le gentilhomme sa venais Conrade qui a établi la pre-
mière fabrique en d602; Louis XIV et la régente, sa mère,
ont octroyé plus tard un brevet à Antoine de Conrade.
On y lit : « Estant bien informé de son industrie et grande
expérience à faire toutes sortes de vaisseaux de faïence, par
une science rare et particulière, réservée secrètement de père
en fils en la maison D. de Conrade. »
La famille des Conrade qui était venue s'établir en France,
se composait des trois frères Dominique, Baptiste et Augustin,
mais c'était dans la branche de Dominique que la fabrication
de la faïence s'est propagée.
La plus ancienne marque nivernaise connue est celle recueillie
sur une statuette de la Vierge de la collection Fillon, on y lit :
<y^ J\jiAjJL/r^
Ce potier était donc contemporain des Conrades.
Un plat creux de 34 centimètres de diamètre, ^'Antoine
Conrade, fils de Dominique Conrade, le fondateur des fabriques
nivernaises, plat que j'avais attribué faussement dans la
deuxième édition de ce Guide à une fabrique de Delft, sur la
foi des renseignements donnés par la famille qui me l'avait
vendu à Delft, fait partie de ma collection. En pâte lourde, le
décor de ce plat, peint sur le cru en bleu et jaune (l'espèce de
nuance verte que l'on voit est le produit d'un mélange, le cou-
lage du bleu et du jaune), imite la majolique italienne et con-
siste^ sur les bords, qui sont étroits, en ornements de style
renaissance, composés de sphinx ou chimères et de têtes
grotesques, réminiscence qui rappelle les ornements des car-
454 POraiBS «FiflUES
rfanx de Fev6lement de ta bibliothèque de -Sieana.Au loilifiD,
ce plat moalre un sujet de ^atre ^gursB sur tm fond de
paysage, copie naïve de la Bamte Famille, de BapliaËl. On
lit, dans un des ornements du marii, le millésime de 1-633. Ce
plal est marqué à l'envers do monognamme d'Antoine de Con-
rade, né en ^«04, et mort «n 1
ëgalemeol tracé irrégulièreiiKnit en bleu -et^au pinceau.
Le mueëe de Bèvres poeaàde un autre plat à décor -genre
BOftQBÉBVlfEBi^ 455
italieai, de ce même: A^ntcâne^de Goniadey fils de Dominique: qui
estDoarquë:
A\4eum
Antoine: de Gonrade,.né en 1604, maistre potier, servit aussi
coou&e gentilhomme et gendarme la reine mère, et mourut en
1648, laissant un fils du nom de Dominique.
Un très-grand plat rond au musée: du Louvre, légué en 1865
à ce musée par feu Guillemardet^ appartient à la fin de cette
première époque. Les bords sont à fond bleu fort^mal réchampis
et couverts de figures d'hommes et d'animaux; le milieu est dé-
coré d'un sujet mythologique^ probablement l'enlèvement de
l'Ëiirope; le tout fort peu mouvementé et d'une peinture plate
qui indique la décadence.. Les couleurs sont le bleu, le jaune,
le vert et le violet (manganèse).
Quelques amateurs ont voulu faire: remonter la fabrication
nivernaise à 1560, au temps du. duc Ludovico de Gonzague;
mais Charles-Antoine Parmentier, né à Paris en 1719, avocat
au Parlement, qui était venu vers: 1750 à Nevers, dit dans ses
Archives de la ville de Nevers^ t. II, p. 75, 76 et 77 : « On pré-
tend que c'est Ludovico de-Gomangt» qai'a fait venir de Faenza
les premiers manufacturfew de faïtocefqui aient existé à Ne-
vers. Je ne sais ce qui peiit^f^iu^ cses opinions, car il n'en est
fait aucune mention de soir tërap», nidaws les livres de la ville,
ni dans l'inventaire général de^titnes dli duché, fait par l'abbé
de Marolles, avec le plus grand'soin, par ordre de la princesse
456 POTERIES OPAQUES
Marie, depuis reine de Pologne. En tout cas il ne parait pas
qu'il y ait eu d'établissement solide, que fort longtemps après
les premières lettres patentes, qui ne datent que du mois de
juin 4668 et sont pour la ville de Mantes, — d'une manufacture
de faïence. »
On voit que Parmentier était au plus près de la vérité ; l'é-
poque fixée par lui n'est que de soixante-six ans postérieure à
celle où le Savonais Conrade y avait commencé à faire ses pre-
miers essais.
De Thou prétend que c'est grâce à Henri IV que la faïence
était universellement répandue en France vers la fin du sei-
zième siècle, et il dit que ce roi : « éleva des manufactures de
faïence, tant blanche que peinte, à Paris, à Nevers et en Sain-
tonge, et celle que l'on fit dans ces ateliers fut aussi belle que
la faïence que l'on tirait d'Italie. » Les recherches de M. du
Broc ont cependant prouvé que de Thou n'était pas dans le vrai.
Diderot, disait déjà, a que la première fabrique fut fondée
à Nevers par un Italien qui, ayant accompagné en France un
duc de Nivernais, aperçut en se promenant aux environs de
Nevers une terre de l'espèce dont on faisait la faïence en Italie.
Il la prépara et fit construire un petit four où fut fabriquée
cette faïence. Des artistes italiens, attirés par le premier succès,
s'établirent bientôt dans les environs, et furent protégés par la
cour et la noblesse, qui commençait à prendre goût à la vais-
selle en terre cuite d'après le mode déjà répandu en Italie. »
A partir de 1650 on voit surgir les familles des potiers Custode
et Borne, la dernière sans doute d'origine flamande, puisqu'on
trouve des Bornes, nés à Tournai, et travaillant à Lille et à
Sinceny.
Outre la fabrique des Conrades, on connaît encore celle de
Bar^Memî/ BoMraer,aucienémailleuràla lampe établie enl 632.
Denis Lefebvre^ potier, qui selon l'auteur de V Histoire de la
faïence nivernaise, a marqué :
EUROPÉENNES. 457
Nicolas Esiienne, qui fonda une troisième fabrique sous ren-
seigne de VEcce-Homo, vers 1652
fabrique qui a été continuée jusqu'à ce jour.
Pierre Custode et Esme Godin , y fondèrent une quatrième
fabrique, sous l'enseigne de Y Autruche, vers 1652
Jacques Bourdu, céramiste, qui travailla vers le milieu du
dix-septième siècle, à la fabrique d'Antoine de Conrade, a
marqué :
Cette marque pourrait cependant aussi être celle de J. Boulard.
Henri Borner qui travailla à cette môme époque, a marqué:
H. B.
1689
Initiales qui se trouvent sur une statuette de 54 cent, de
hauteur et dont le socle porte l'inscription : Saint Kenry, priez
pour nous.
Nicolas Violet, peintre céramiste, né en 1678, a marqué:
lettre recueillie sur un plat exposé au musée de Nevers.
Une boîte ronde, à plusieurs compartiments et à couvercle,
décorée en camaïeu bleu dans le goût de la troisième époque
(1640 à 1750), où les dessins imitent le chinois hollandais, boîte
que j'ai rencontrée chez un marchand de curiosités de la rue
des Martyrs, à Paris, portait le monogramme
39
458 POTfiKnS' OPAQUES
Afl André Poltiér; à Hotueirv possède une céramique' signée :
J'Hùf^^^
œuvre de Jean CùstofleCieOÎ^-'i 660), qui peignait déjà à l'âge
de douze ans.
J'ai vu un saladier, qui, décODé ai camaïeu bleu d'orne-
ments et d'une armoirie cojsposéft de trois arbres et couronnée
d'un casque à visière fermée, avec les lettres I. P., portait en
outre l'inscription que voici :
IPEïNCA
Cette inscription parait cependant indiquer l'origine hollan-
daise, et il se pourrait que cette faïence appartînt à la fabrica-
tion delf toise.
François Roérigua, dit Buplessis, a signé. :
F. R..i73A.
el
Claude Bigourat
1764
est une marque recueillie sur un. bénitier de la collection
Dubroc.
Une statuette donnée, par M. Grasset, au musée de la ville de
Varzy, et qui représente saint Hubertj à cheval (pièce capitale
de 1 m. de hauteur^ sur 55 cent. de. largeur), du céramiste Fran-
çois Ealy, né à Nevers^ vers. 1700, mort en 1782, est signée en
toutes lettres :
F. Balai au
Cette statuette richement décorée en polychrome, bleu, vert,
blanc et manganèse, est fort curieuse.
Ce même M. Grasset, conservateur du musée de Varzy, a dans
sa propre collection sept imitations de fruits, également œuvres
de ce céramiste, et signées :
f: JWjr i774
SHUQPBBIflllS. 4&9
Deux gros Uqbs qui oeaant ila façade adonne maison à Tours,
portent la signature:
Ce sont des produits'-d'un^desilescendants.des pTetuieisC!^
todes établis à Nevers ^erslOSO.
Jmqms Seigne a sigjoé :
Un bidon, forme couronne, à frise ..désigne peinte en bleu,
marqué ainsi, se trouve.au musée de Sèvres.
La pétition des faïenciers de l'année 1790, conservée aux
archives de Nevers, constate quiil.n'y avait plus, à cette époque,
que deux fabriques à Nevers.
Sous le règne de Louis XV, on aaufisiiabriqué de jolis services
décorés d'arabesques et d'armoiries en camaïeu bleu, qui
se rapportent un peu augenre.deMoustiers. M. Francis Wey,
à Paris, possède plusieurs de ces assiettes aux armoiries du
maréchal de fiichelieu, réunies à celles de sa seconde femme.
Pour moi, la provenance en est douteuse.
M. Michel Pascal, à. Paris,.axleux plats pareils à ces assiettes,
dont l'un avec les.mômes armoiries d'alliance du duc, et l!autre
avec les armes de madame deiPon^padour (les trois tours ), qu'il
attribuée Moustiers, -centre de fabrication rauquell'.^ai/ se rap-
porte, mais non pas. le dessin.
M. le baron Pichon, à Paris, m'a montré deux seaux à fleurs
en polychrome, et dont la forme imite l'osier natté, que j'attri-
bue également à la fabrication riivernaise du commencement
du dix-huitième siècle.
Des carreaux de pavage , provenant du palais du duc de
Nivernais, et du temps de Louis KTV, à fond bleu de la-
pis, avec des décors d'ornements et d'oiseaux en ô^onc fixe^ et
1. Ce blanc fixe que les céramistes ont aujourd'hui tant de peine à produire,
n'est |Ki8 ioujoan êtèinnifère, nais s'obtient aussi par-.ks phospiiates de eJMi» ,
c'est-^-dire de l'os brûlé (sel résuitant 'd'iweieanbiiiaisoii d'acide pfaosphorkpie
aTec de l'os), qui, mélangé avec du fondant et recouyert d'un yernis plombifere
460 POTERIES OPAQUES
jaune jonquille, font partie du musée de Nevers, ainsi que de
Un exemplaire hors ligne de cette Taîence nivernaise bleue à
blanc fixe, c'est le superbe vase qui tout récemment a été
donné au musée de Cluny par le gouverneur de l'hôtel deâ
Invalides, M. le maréchal de Lawoestine.
Les plus belles pièces connues de la première époque sont :
une belle plaque à relief et plusieurs vases et carnets au musée
de Nevers; — deux grandes aiguières décorées de sujets de
chasse et de mythologie au musée de Cluny (n°' 2147 et 2143),
ayant appartenu à M. Grasset, à Varzy, et dont les anses sont
formées par des guivres aux ailes écartées, et la panse ornée
d'une tête en haut relief, aiguières de 55 cent, de hauteur ; une
autre grande aiguière avec son bassin, décorée de figures
de natades et de fleurs, au même musée {n" 2150); le n" 214!^,
toujours k Cluny et provenant encore de la collection Gras-
set, représentant le triomphe d'Amphitrite, avec des triions et
des naïades se Jouant dans les flots [ hauteur totale, B6 cent. } ;
tous ces objets sont en décor polychrome; — enfin, le plat cé-
lèbre, au musée de Sèvres, et le plat n" 1233, à Cluny, dont le
dessin représente le « Combat des Centaures et des Lapithes, ■
avec l'inscription sur le dos :
Troubles ïrrivis aui nocM de Pirslboiis et de HfppodsmB, par Eurile.
en camateu bleu. Une superbe pièce de l'époque persane, c'est
le beau plat appartenant au musée de Nevers; et de la troi-
sièmeépoque,l'imi talion chinoise, ce sontlesn-' 2990, 299 1,2999,
3001 du musée de Cluny, qui ne se trouvent nulle part aussi
triDipiTent, tome un bon blanc, un peu conveie. C'est ^robablemieDl ce blanc
EUROPÉENNES.
461
belles. Au musée de Kensington, à Londres, on conserve deux
beaux vases à fond bleu, désignés souvent comme provenance
rouennaise. Il en est de même du n® 3605 à décor à blanc fixe
et du n° 3506, une bouteille dite de pèlerin, du dix-septième
siècle, de la première époque de la fabrication nivernaise, dont
les sujets représentent Apollon et Daphné et une bacchanale
en polychrome sur fond bleu; fort belle faïence de Nevers.
M. C.-W. Reynolds, en Angleterre, possède aussi un grand plat
en fond bleu perse à décor blanc fixe. Les anciens n'»» 915 et 91 6,
deux hauts-reliefs au musée Sauvageot, me paraissent douteux.
Enfin, M. Michel Pascal, à Paris, possède plusieurs remar-
quables bouteilles à fond bleu de Perse, provenant de la collec-
tion du docteur d'Anvers.
J'ai dans ma collection une assiette aux armoiries des familles
Blampin et de Magniani. Un magnifique plat rond du dij-hui-
tième siècle fait partie du musée historique de la ville du Mans.
M. Gresy, à Paris, le savant président de la Société archéolo-
gique, a dans sa collection plusieurs remarquables pièces de
ces faïences à fond bleu de Perse à décors blancs et jaunes fixes,
et M. Lerou et MM. Pascal ont également des exemplaires re-
marquables.
Gomme faïence populaire nivernaise du dix-septième siècle,
on peut mentionner une bouteille de la collection de M. Ghamp-
fleury, sur laquelle on lit :
A moy brave chevalier,
Segondon le homme ;
Il nous faut toujours travailler
Pour nous venger de la pomme,
Soutenons comme une arreste
Quand du vin de la rest
Que beuvons par excellence.
Il sera l'aimable vengence,
Puisque Noé nous y convie ;
Suivons ce patriarche insigne,
Puisqu'il nous redona la vie
Lorsqu'il nous a planté la vigne.
La confection des faïences nivernaises populaires de la qua-
trième époque, dite franco-nivemaise, commence à partir de
1750 et se poursuit jusqu'en 1810. J'en ai môme rencontré à la
date de 1817. Ges poteries, couvertes de toutes sortes d'inscrip-
tions, sont communes, et les potiers n'y brillent ni par l'esprit
ni par la mesure dans leurs rimes. Les grands saladiers, déco-
rés en polychrome , sont particulièrement riches de ces rimes
populaires; V Arbre d'amour^ y joue un grand rôle; voici la
t . Un des sujets copiés sur l'Imagerie populaire du dix-huitième siècle,
39.
462 POTBBOB OPAQUES
copie exacte dd&iAsenffckionsreoiieiltieS'Sur ritn de oes grands
saladiers :
L'>Arbre d^wooitr.
Six femmes au pied d'uii«arbre, sur lequel neuf hommes en
costumes du dixrhuitième siècle et un gros et «uperhe. Amour
sont perchés, adressent à. ces messieuFs les séductions sui-
vantes :
D'agréaMe masièra Reoexez . oeUe tabatière .
(Une de ces sirènes lui tend la boîte.)
D'une main la belle Suxaxme ATec:«on: cordon
Tire ce gros badeau Et de l'aiUre.lui présente une caouie.
La charmante Isabean
Lai présente nn besn-chapeau.
Deux de ces, aimables dames scleat .l'arbre au pied, et on
y lit:
Courage, Macgot,
Nous aurons pièce ou morceau.
Le tout est couronné par la flatteuse interpellation :
Poltrons et Ucbas^.
Tout autour du saladier, le spirituel potier a place les vers
suivants :
Belles, i|ailtea>-moi c'est amants Appaizée toute Totre fureur,
Qui ne sont que pour tous des glacé, Nous «Alons vous donner nos cœurs,
Dénichez^les de dessus cette arbre, Que Toulée tous donc entreprendre?
Cessez de leur faire des présents.
Cupei-mol l'arbre par le tronc ^,^_ tocendSe, ehers «mants,
Bt moquex-yoM de leur a.dace, ^^ ^ ^„ ,^b^U^
FMte^Jt. t«n>l>er nr I. ,Uci. y^^ ^^ ^^^^^^^^ tendrement
Mes daones, nous allons descendre, De tos maîtresse fidèle.
Il parait que les Nivernais ne détestaient pas.aon plus les
vers grivois et la plaisanterie risquée. Sur un saladier du musée
de Nevers (que Tadministration a pudiquement caché derrière
le tuyau du poêle), on voit une jeune et jolie femme assise sur
une chaise i30KislaqueUe'aûulejini£uiaseau. Un cordonnier âge-
EUBOPÉnniEs. 463
nouille prend mesure, peoâxDt. que ison^dtat regarde iinpud^
quement l'image que Teau reflète. On lit :
Ce chat prend pour aae souris 'Certes, U se dit ceci,
Un objet qui n'a point de pri3(, Je ne contemple que la copie,
Mais qui fait tout son envie. Ohl comme j'aimerais l'original.
Un jsemblable saladier, deia coUodion de.M. Qhampâeui^y,
où le peintre a placé un amour sur un piédestal, qui de son flam-
beau parait allumer te coeur de la belle gûi.s'approche vers lui.
On y lit :
Amver8'{k Nercrs) Ttm i de la' RepuMiqve' français. Que que
tu toi, meidionmaUre ^
A côté, on lit:
Air : Tôt que mon-cctnr aàore^ déCanli Dupe,
et un nom qui suit. Plus. Jain:
Air : lÀse dhantaitdons Utpnirief de IBlms et Bodet,
également suivi de vers.
Sur un broc de vigneron, appartenant.à M. Ghampfleury, la
muse des potiers nivemais se montire encore moins estéthique,
mais aussi forte en orthographe. Le peintre l'a orné de six-grou-
pes différents. Celui du milieu représente un fiacchus .assis sur
un tonneau,, avec Tinscraption suivante :
Je m'appelle M. Boittoojouns, Ditie Jainûs'SSBs le wu Qui s'en fout !
Un grenadier, peint à côté, tient le.<lf6cours suivant :
Et moi qui a été vieux tapin^ des grenadier,, je t'en repousserai, mais sec.
On dit c'est du vin dans mon gigier.
Le groupe suivant représente deux aimables femmes, qui-s'ex-
pliquent en.se prenant. aux cheveux. Voici leur discours:
Tiens, si j'étais aussi soûle que toi, je t'arracherois le gozier.
Lâche-moi, saloppe, ou je fais voir ta marmotte.
Deux amoureux qui trinquent sont .entourés de l'acclamation
suivante :
Voyez la belle Suzon Qui veut faire assaut avec son tendron.
1. YQUaire.— .1. TambtBS.
464 POTERIES OPAQUES
Un gros charbonnier, représenté plus loin, s'écrie:
Allons, l'ami des crânes, toi qui fais peur aux petits enfants, à ta santé.
Je yeux m'arroser le pinet (?).
Le sixième groupe représente deux femmes les jambes en
l'air, que le peintre paraît avoir placées ainsi, comme les poê-
les placent à la fin des fables une sentence morale^ car on lit :
Voyez ces jolie Goton Qui m'ont avallé de mon poinçon ' ;
Elles en font yoir leur mirliton.
On aurait de la peine à reconnaître dans cette poésie ni-
vernaise des échos de la vie pastorale du bon La Fontaine, et
on se demande si M. Champfleury parle vraiment sérieusement,
quand il dit qu'on devrait affecter dans le musée du Louvre une
salle spéciale pour ces ignobles productions, qui, selon lui,
devraient faire suite au musée des Souverains I
Une œuvre de maîtrise*, représentant une forteresse armée,
également de la fin du dix-huitième siècle, se trouve au musée
de Cluny sous le no 2i74.
Nevers a aussi fabriqué des lions dans le genre de Lunéville,
ainsi qu'une grande quantité de statuettes de saints, de saintes
vierges et de christs.
Les assiettes sont ordinairement décorées d'un saint, du mil-
lésime et du nom du propriétaire dont le saint est le patron.
Une assiette de ma collection porte l'inscription :
Philippe Laroche, 1752.
et une autre :
Martin Diot, 1778.
Les assiettes populaires de l'époque de la Révolution, dont
M. Champfleury possède une nombreuse collection , ont des
inscriptions des plus variées. — En voici quelques-unes :
Aimons-nous tous comme frères, 1793.
Ah 1 ça ira.
Au bon laboureur, François Simonin, l'an 4 de la liberté.
La Liberté, 1791.
1 . Pièce de yin.
2. L'origine de cette poterie me parait douteuse; je l'attribue à Paris.
EUROPÉENNES. 465
Le malheur nous réunit.
(On voit un prêtre et nn noble se donner la main.}
Aux mânes de Mirabeau, la patrie reconnaissante, 1790.
Le serment civique.
Je jure de maintenir de tout mon pouvoir la constitution.
Vivre libre ou mourir I
Daisonsla carmagnole, vive la carmagnole, 1793.
Vi\e le roi citoyen !
Les lis ramènent la paix.
Je bourre les aristocrates !
(Un enfant bourre un canon avec des personnages.)
J'ai écarté les cœurs, il a la pique, et je suis capot.
(On voit Louis XYI jouer au piquet avec un Sans-Culotte).
Nous jouons de malheur, le plus fort l'emporte.
(L'épée et la crosse épiscopale, attachées à l'extrémité d'une
bascule, sont balancées en l'air par le pied d'un cultivateur
posé sur l'autre extrémité. )
L'espoir et le soutien de la France,
(Inscri ption qui entou re le portrait deNeckery pein t sur un broc. )
vivre libre ou mourir ; le serment civique , la nation, la loi et le roi ; le tiers
état nuit; si les choses ne changent de face, nous serons bientôt à la besace;
guerre aux tyrans^ paix aux chaumières, etc., etc.
Un plat à barbe, toujours de la même collection, porte l'in-
scription suivante, qui, à défaut d'orthographe, montre au moins
une certaine jovialité de perruquier :
Je Suit Rassé Vive la Republique
Par un Bon garson Et la nation. Ravisy.
Si, à la place de ce nom de Ravisy, il se trouvait celui de San-
son, cette inscription serait d'un sinistre effrayant I
Un autre artiste en coiffure a fait inscrire sur son ustensile
(qui appartient aussi à M. Champfleury):
Vive mon razoir I 1 793 1
Cette devise accolée à la date de quatre-vingt-treize ne peut-
elle pas donner le frisson? J'aime mieux la vieille plaisanterie
466 POTSRISS OPAQUES
qui se trouve sur un autre plat à barbe de la collection Champ-
fleury, Je :
Ici de min on Rase pour Rien 1 793.
Celle-ci paraît prouver , qu'on plaisante toujours en France,
même en 93 1
Sur un encrier qui a appartenu à M. Thoré (Burger) on lit :
Guerre aui tyrans et paix aux chaumières,
avec : indivisibilité de la république.
M. Arosa, à Paris, qui possède aussi une nombreuse collec-
tion de ces assiettes à devises populaires, en a une sur la-
quelle on voit un coq huche sur un canon et la devise :
Je veille pour la nation.
un autre^ qui est orne de tètes de mort sur le marli et au mi-
lieu d'une urne ombragée de saules pleureurs, avec Tinscription :
Mânes des ministres françois assassinés à Rastadt par l'homicide Autriche ;
et une troisième où l'on voit un enfant nu (Sans-Culotte) prê-
cher du haut de la chaire à deux autres enfants nus :
Je vous annonce le boidieur de la Frjuice.
Une assiette, qui me paraît dater d'une époque antérieure, et
qui appartient également à M., Arosa, a pour devise :
Mon cœur est si petit Qu'il n'y loge qu'un ami.
Un grand saint André grossièrement décoré, de cette même
collection, porte l'inscription suivante :
A. Nevers ce premier juin 1 742, votre voisint et amis qui crois vous faire lUaisice.
M. André grand maison recevez ce saint de mmint de-Martin le Conte {sic.)
M. A. Assegond, à Bernay en Normandie, possède une as-
siette sur laquelle le facétieux potier a représenté un cerf qui
a perdu ses cornes, avec inscription :
Je pleure .ee;quei)ien^d' Autre v<)indrait A Voir perdu I
Nevers n'a jamais réussi à produire le rouge^ que quelques
maîtres italiens, Nurnberg, et après eux Delft et Rouen ont ob-
tenu. Nevers, «vec tes procédés et les recettes italiennes, n'a
jamais pu arriver au delà ûu jonquille ^\ns ou moins foncé des
EUKO^BHSSS.
4B7
maîtres italiens ordiDaires,.à-qtti'le rouge a-manqué égalemeot.
La figure de la Républiques, i^préeeirtée suc la. vaisselle coiffée
d'uD bonnet phrygien j'autw, paraît toute bonne personne et un
\)eaeorneUe. Garibaldi l'appellerait une République mauve.
Chose digne de remarque, jen'ai pas rencontré dans tous les
musées de l'Allemagne une seule piècedeNevers des deux pre-
mières bonnes époques, ce qui prouve que-cette fabrication a
été bien peu importante. Novers possède encore quelques artis-
tes céramistes éminents, entre autres,
M. Chantries, peintre d'histoire, ancien conservateur au musée
de NcTers, et qui habite actuellement SFoulins. M. Chantries a
peint ses propres compositions. J'ai vu de cet artiste un plat
de 65 cent, de diamètre, appartenant à H. du Broc, à Nevers,
où sont représentés les patrons (saints et saintes) de la famitle
de Segange avec un sentirarat religieus et historique fort re-
marquable.
La fabrique de M. H. Signoret y est aujourd'hui la plus im-
portante fabrique defarence; elle cuit à une très- haute tem-
pérature; voici quelques dessina de poteries fort artistiques,
sorties de cette belle
POTERIES OPAQUES
qui s'est aussi attaché M. Lhailier, peintre céramiste, élève de
M, flenaudin. Ce peintre y imite avec succès les anciennes
fatences de Nevers et de Rouen. Les jardinières rondes, au
décor camaïeu bieu gI polycbrome de Rouen, y sont repro-
duites on grande quantité.
MM. François Leblanc; Leslang; Isidore Pierrot et Lyons,
fabriquent aussi à Nevers.
M. Tilo-Henri Ristori, sculpteur. Italien d'origine, a fabriqué
à Harzy, près Nevers, vers iSSO, des faïences dont la pâle est
excessivement mince et légère, et les émaus bleus et jaunes ré-
putés. On reprochait au décor de ce céramiste d'imiter trop le
papier peint et la porcelaine, mais je trouve que les faïences
de M. Ristori sont artistiques et conserveront une place dans
les collections. M. Ristori a cessé depuis longtemps de fabri-
quer et a quitté Nevers ; j'ignore où il est allé.
A t'exposition de 18S3, k Paris, il obtint une médaille de pre-
mière classe ; il a signé quelquefois :
.TL
7ssr
ne^
Beaux échantillons des faïences de Ristori, au musée de Kea-
aington àLondon, d'autres aux musées de Nevers et de Sèvres.
Les collectionneurs trouveront aussi à Nevers :
M. Barrât, qui peut passer pour une sommité ou même une
éminence parmi les marchands de curiosités du déparlement.
J'ai déjà signalé que l'on ne rencontre presque jamais dans
les anciennes faïences de Deift des services à thé ni à café;
même observation pour les faïences de Nevers. Je n'en connais
EUROPÉENNES. 469
aucune tasse, aucune théière ancienne. L'usage du thé et du
café a été seulement introduit en France lorsque Tancienne fa-
brication eut cessé.
SIIIftEBBAV,
Sur la Bère, département de la C6te-d'0r. Ce bourg est situé à 23 kil. de Dijon.
Terres cuites vernissées au plomb. 1620 jusqu'à ce jour.
• Cette fabrique, qui existe encore aujourd'hui, a été dirigée
depuis i620 par la famille Fàîtot : on y confectionne actuel-
lement des briques vernissées,
AVlLKIftlftE,
Cbef-lieu de l'Yonne.
Faïence a émail stannifére. i640 à 1792
L'existence de la fabrique d*Auxerre, dont j'avais parlé le
premier dans ce Guide, vient d'être affirmée par M. Grasset de
Varzy, qui a fourni ainsi une nouvelle preuve de la légèreté
avec laquelle M. Dubroc de Segange a compilé son histoire des
Faïences et faïenciers Nivernais.
Il paraît que l'on a fabriqué déjà à Auxerre des faïences bleu
de Perse à blanc fixe en môme temps qu'à Nevers, ce qui re-
monterait l'établissement avant 1640.
La fabrique cessa vers 1792.
Il y existait un potier nommé Boutet, M. Chantries de Ne-
vers, actuellement à Moulins, a dans son cabinet quelques exem-
plaires de cette provenance.
On fabrique encore aujourd'hui à Auxerre des faïences com-
munes, des poteries, des tuiles et des carreaux dits de Bour-
gogne.
niwtJkt (l«ot-et-«aroi»iie).
Faïences (?), Poteries (?). 1620 jusqu'à ce jour.
On m'a signalé des vases de cette fabrique, qui seraient ornés
des armes de la famille d'Albret et remonteraient peut-être au
temps de Henri IV. On sait que Catherine de Médicis signa, en
1579, dans la capitale du duché d'Albret, le traité deFleix,
qui garantissait douze places fortes aux protestants.
Je n'ai pas vu ces vases, et je ne saurais rien fixer là-dessus.
Aujourd'hui, il existe encore une Verrerie à Nérac.
40
470 PCnVBIlS OPAQUES
Gnâs.
H. Renault, à Luçon, possède une ëcritoire en grès bleu, qui
est signée en creux dans Ja |>Ale :
Faa Wirtui tut pmrEiiHtBTiVB,itMUiir<KU à St.-Vérain.
«•KX&iMBBLBAV (•etate-etrnMme) .
Tkbbbs cmTBS AU vbruis kb(éiui.. Vers tS90
potebies en terres sigillées. isfo
Faïences. )8IT
Gmlltame Dupré y a fabriqué au dix-septième siècle des terres
cuites au vernis minéral qui, avant la publication âe ce Guide,
ont été imperturbablement attribuées à Bernard Palissy. Les
pièces dout^on est eertaia.sont :1e Joueur de vielle, la Netirrice-
VEnfant sur le dauphin, l'fn/iint aux ebiem et quelques aub«e'.
Feu I.ecafpealier, à Paris, avait dans sa collection un char-
Terra cail£ mubrte, f cobiUenait detanUincU
mant petit édiHce dont voici la reproduction, que j'attiibne
également à Fontainebleau.
Antoine Cterissi/ (probablement de Uarseille), vers 1640, a
fondé à Fontainebleau une fabrique de poteries en terres st'gil-
I. Mémotnsd'uD médecôi deX<oiili~nn.
lé^.{Y<À£ à rariicl&deiMarsellle pour la dëûnitioii de ce tenne.)
Le Bicticmnaire desi Postes^ aux letimsi, par LecousHtrier; de
l'aonée 1817, mentioime aussi une fabrique de îaSence, éts^lie
à Fontainebleau, où M. Jacquemin et autres fabriqueat actadle<^
ment de la porcelaine (Voir les porcelaines françaises).
Terre cuite au vernis plombifèbe. 1650 jusqu'àce jour.
Produits dans le genre d* Avignon; llémail est d'un brun un
peu plus clair et plus rougeàtre, et la pâte est aussi, moins lé-
gère.
Marqués quelquefois Épemau,
et le plus souvent sans marque».
Une espèce de pot-baire en terre cuite d'Épemoy, qui fai :
partie de ma collection, et dont le hanit représente qd per-
sQimage à perruque à queue^ coifGé (Tun eàapeau à trois
cornes, et où la panse est couverte de fleurs et bratvchaiges
en relief) et le sodé do rats, de soiuiBy de ciialSy etc.^
est d'une construction intérieure trèfringénieuse. i^ remplissant
ce vase par un trou pratiqué aumiJieiivda' sodé , le liquidie nfe
peut plus ressortir que par le goulot, sans que le trou soit
bouché. Cette pièceiporte rinscnptioH sufvasite en creux dans
la pâte :
Fait par moi, Jacques Guitlèt, f7'61.
tJn grand plat ovale à couvercle, au musée de Sèvres, est
marqué
Le Dictionnaire des Postes aux letirea^ par Leeoustuider, de
Tannée 1802 (Consulat) ne mentionne aucune fabriquée Éper-
nay, mais celui de 1817 parle de poteries fines.
Actuellement ce sont MUT. Chevillet-Collet, Ébréart-Rous-
seau, Guillaume-Bacquois, Guillaume fils, J.-B. Yallet et Lis-
nard, qui y fabriquent des poteries.
On trouve dans la collectif céramique des Arts et Bfôtiers
à Paris, un échantillon de poteries en terre blanchâtre, jaspée
violet, qui y représente les fabriques modernes d'Épemay.
liOCAIilTÉ IMD^TElftHIliBE.
Quelques auteurs désignent sou& la dénomination de faïence
472 POTERIES OPAQUES
de Claude Révérend — (industriel qui avait obtenu par
lettre patente un privilège de Louis XIV, en 1664, de fa-
briquer et d'importer les farences de Delfi à Paris) — celles
qui sont marquées :
A. X », ou ri, ou jfvW
ou
Mais tout dans ces faïences est hollandais ; la pâte et Témail
sont ceux des Flandres etdeDelft, de sorte que je range plutôt
ces faïences dans la fabrication hollandaise. Le monogramme
est probablement celui d'un des A. Pennis de Delft.
Gomme ces mômes faïences se trouvent répandues en Hollande,
en grande profusion, on peut admettre que Claude Révérend, si
jamais ce personnage a donné suite à son projet, les a seule-
ment importées en France. Les costumes des personnages
du décor indiquaient aussi une époque postérieure à celle de
Louis XIV, et les quelques inscriptions françaises, le style et
Torthograpfae, l'étranger. Les auteurs, qui ont attribué ces
faïences k Révérend, veulent qu'il ait môme fabriqué de la
porcelaine; ces hypothèses ne méritent pas que Ton s'y arrête.
BBIVIIEM (lUe-el-TilAlne).
Faïence a émail stannifère. A partir de 1650
Dans l'abbaye de Saint-Sulpice-la-Forôt on trouve encore
quelques plaques funéraires en faïence du dix-septième siècle,
dont l'une porte l'inscription suivante :
Cy gist le corps de defeunte Jaae Le Bouteiller, dame du Plecis Coialu,
décédée le 29 janvier, l'an 1653, âgée de 50 ans.
Un groupe également fait à Rennes, est signé :
Bowgouin, 1764.
Le musée de Cluny possède un grand plat de cette localité
qui mesure à peu près 55 centimètres, et qui est décoré en ca-
maïeu bleu, de fleurs et d'ornements en feuilles.
M. Edouard Pascal possède un couvercle de soupière qui
porte l'inscription :
Fait à Rennes, rw Hûe. 1770.
EUROPÉENNES. 473
Dulattag et
Jollivet, sont en outre deux noms de potiers de Rennes,
connus.
La liste des pétitionnaires faïenciers de Tannée 1790, con-
servée dans les archives de Nevers, constate qu'il existait à
Rennes, vers la fin du dix-huitième siècle, une fabrique de
faïences, et le Dictionnaire des Postes aux lettres, par Le-
cousturier, des années i802 et 1817, en mentionne égale-
ment une.
MM. Binet et Renard, M. René Girandière, M. Yaumort sont
les fabricants actuels.
OBIi^AMM (liOiret).
Faïence a émail stannifère. De 1660 à 1783
Terre cuite a émail stannifère. En 1817, et actuellement
Le musée de Chartres possède une faïence (n® 90) Bacchus à
Califourchon sur un grand tonneau^ décoré peu artistiquement
en polychrome, qui est signé :
Orléans 1668.
C'est la plus ancienne pièce que je connaisse de cette lo-
calité.
Jacques-Etienne Dessaux de Romilly (rue du Bourdon-Rlanc (?)
obtint, en 1753, une patente qui lui accorda, entre autres
faveurs, le droit d'appeler la fabrique à établir :
a Manu facture Roy aie de faïences de terre blanche purifiée, » et
de marquer ses produits d'un
0
c< couronné et peint au bleu de Saxe, sous couverte, »
M. de Langulier, conservateur du musée d'Orléans, possède
deux petits vases de cette marque devenus excessivement
rares.
Louis-François Leroy, un des intéressés, figure aussi au com-
mencement, comme directeur de la fabrique, qui plus tard
devint, en 1757, la propriété de Charles-Claude Gerault-Darau-
bert, lequel mourut en 1792, et dont la veuve cessa l'exploi-
tation.
Jean-LouiSj de Strasbourg était le sculpteur-modeleur.
40.
474 poTavD oittQxms
De 1756 à 1757, la manufacture occupait 55 ouyriœs et ar-
tistes, et 29 seulement en 1763.
Maziére, aux Dames-Blanches, et Maziére jeune^ rue de la
Grille, sont deux faïenciers* Ver» 1776
leâéh; i-ue du Démdett faïencier. Yen; 1789
Leroy "Beguoif et GouUer-IkqflessiSf directeurs d'une falenrcme
du faubourg.
Veuve BeaubreuU, mx ci-devant CarméHtes, et AsseUmath
Grammont, sur le Marché à la volaille, faïenciers. Vers 1797
On Toit au musée de Sèyros^ un petit vase en terre cuite aga-
thisé, dans le genre des faïences de Rubelles, qui proTieirt de la
fabrique de ce dernier potier.
On m'a aussi parlé d'un faïender, Barre, à Orléans.
La liste des pétitionnaires faïenciers de Tannée 1 790^ conser-
vée dans les archives de Nevers, mentionne deux fabriques exis-
tantes à cette époque à Orléans (probablement celles de veuve
Reaubreuil et d'Asselineau Grammont) ; et le Dictionnaire des
Postes aux lettres, par Lecousturier, de l'année 1817, parle d'une
faïencerie à Orléans, tandis que celui de 1802 n'en parie point.
Le musée de Sèvres possède aussi des échantillons de la
fabrique de M. Gaumont (?) (1830) : ce sont des faïences et des
terres marbrées^ ainsi que de la fabrique de M. Laurait-
Gilbert(1834).
MIL Gaspard-Oilbert; — Jacquet et Parde; — Jacquet; —
Laberthe-Picard; — Musson-Grammont et Renout; — Ri-
vière et Saint-Ëhne; Archambault-Brillant y fabriquent actuel*
lemeat tontes sortes de faïences et poteries.
niAiiTEei (Selne-et-Oise).
Faïence a émail stannifsbe. Vers 1668
Charles- Antoine Parmentier, né à Paris en 1719, avocat, qui
était venu à Nevers vers 17^0, et qui y a laissé des Archives de
la ville de Nevers, dit que des lettres patentes avaient été déli^
vréesen 1668, pour l'établissement d'une fabrique de faïence, à
la ville de Mantes.
ACfrSll (liOt-et-CUMMiime).
On croit que la faïence a été fabriquée dans l'Ag^ois»
mais rien n'a encore pu être fixé à ce sujet.
wAnum,
Rue de la Koqnetfe, faiiboarg Samt-Antoîne.
Terre cuite ad vernis plombifère. 1675
François Dezon, potier.
Faïence a émail, stannifère.
Genest, potier. 1 7aô à 1 750
J€(mBinei,^\Âer. 1750
« Jean Binet^ ouvrier en faïence brune et blanche, demenrzni
rue de la Roquette^ faubourg Saint-Antoine, est inquiété pour
raison du commerce qu'il fait, et il s'agit pour lui de sa ruine
totale. C'est dans ce commerce qu'il a mis toute sa fortune et
celle de sa femme. Le prétexte que Ton prend pour le troubler
dans ce commerce, est un arrêt du Conseil d'État du 9 août 1723,
qui fait défense à toute personne d'établir, à Vavenir, aucuns
fourneaux, forges, martinets et verreries, sinon en vertu de
lettres patentes, bien et dûment vérifiées, à peine de 3,000 livres
d'amende et de démolition des fourneaux, forges, martinets et
verreries, et de confiscation des bois, charbons, mines et usten-
siles servant à leur usage. Le motif de cet arrêt est qu'une
partie considérable des bois, qui étaient destinés au chauffage
du public, est consommée par ces nouveaux établissements qui
ne doivent être mis en usage que pour la consommation des
bois qui ne sont pas apportés des rivières navigables et des
villes, et qui par leur situation ne peuvent servir ni aux con-
structions ni au chauffage. Jean Binet prouvera que l'établis-
sement de ce commerce dans la maison qu'il occupe n'est pas
postérieur à l'arrêt du 9 août 1723, mais très-ancien, et remonte
au 15 janvier 1675, — quarante ans avant cet arrêt, et qtie
depuis ce temps il y a toujours eu un four exploité dans cette
maison, « et un peu plus loin. » La maison qu'occupe le sieur
ffinel en qualité de locataire a été vendue le 15 janvier 1675 à
François Dezon, maître potier de terre. — Depuis ce temps,
Dèzon et ses enfants y ont fait le commerce de potiersr de terre,
avec leur four. Cela est prouvé par les anciennes Itstes des po-
tiers de terre, où l'on VKrit ledit Dezon, demeurant dans cette
maison. A ce potier de terre succéda Genest, fabricant de
faïence, qui pendant vingt années a fait son métier dans la
même maison. Le sieur Genest, le 4 décembre 1750, a cédé et
vendu son fonds à Jean Binet, ete,^ etc. »
476 POTEBIES OPAQUES
(Mémoire pour les faïenciers du faubourg Saint-Antoine,
dressé en 1753. — Tome XI des plaidoyers et mémoires de
Mannory, ancien avocat au parlement. Paris, Herinaut, i764,
in-12.)
BIiOIM (Lolr^t-Cher).
Faïence a émail stannifère. Vers 1680 à 1700
Le conservateur du musée de Blois m*a signalé Texistence
d'une fabrique de faïence dans cette ville, qui aurait été en ac-
tivité vers la fin du dix-septième siècle et qui aurait signé :
Lebarquet.
Je laisse la responsabilité de l'attribution à M. Ulysse Be-
nard, n'ayant jamais vu moi-même des exemplaires mar-
qués ainsi. Il se pourrait que ces faïences ne datent que du dix-
neuvième siècle, car le Dictionnaire des postes aux lettres, par
Lecousturier, de Tannée 18i7 mentionne une faïencerie à Blois.
Actuellement il y a les fabriques de faïences et poteries d**
M. A. Bretonneau, de M. Meunerque et de M. Bauchet.
M. Ulysse Benard, artiste peintre céramiste, conservateur du
musée et professeur de Técole de dessin de Blois, sa ville natale,
jjé en i826, a établi, en 1862, une fabrique de faïences artis-
tiques, rue Levée-du-Foix, dans les bâtiments de l'ancien cou-
vent de la Croix-des-Pèlerins, fondé sous le règne de Louis XHI
pour héberger gratuitement des pèlerins.
Cette fabrique qui possède un grand four d'une capacité de
1,200 pièces, est aujourd'hui en pleine prospérité.
Cuisant tout au grand feu de la plus haute température,
M. Ulysse produit de la belle faïence à émail stannifère. C'est le
genre italien d'Urbino qu'il a choisi pour ses peintures où le
jaune domine, et qui consistent presque exclusivement en
arabesques.
M. Ulysse ferait peut-être bien de varier ses jolis décors avec
du bleu et du vert, il éviterait l'uniformité inévitable que l'em-
ploi exclusif d'une même série de tous produit nécessairement.
La marque consiste dans la copie de l'enseigne de l'ancienne
hôtellerie-couvent que la fabrique occupe.
EUROPÉENNES. 477
SAIHT-CLOIID (flelne-et-Olse), près P«rl«.
Faïence a émail stannifère. 1690
Chicaneau, père et fils, potiers.
Trou, potier, qui marquait :
5'C
On sait que la fabrique fut visitée en 1700 par la duchesse
de Bourgogne.
(Quelques pièces au musée de Sèvres et dans ma collection).
Cette faïence, ordinairement en camaïeu bleu, est facile à
confondre avec la faïence de Rouen quand elle n'est pas signée;
elle se reconnaît pourtant à un trait noir qui se trouve dans le
dessin bleu.
Ni le Dictionnaire des Fostes aux lettres de l'année 1802, ni
celui de I8i7, ne mentionnent plus de fabrique de faïence à
Saint-Cloud.
SIOlISTIKlftM-SAIirffE-niAlftlE
(fiasses- Alpes), à 44 kilomètres de Digne.
Faïence a émail stannifère. 1690 jusqu'à ce jour.
On attribue à un religieux servite, d'origine italienne, la ré-
vélation du secret (?) céramique exploité dans cette ville ; mais
je pense que c'est là encore un de ces contes dont les écrivains
et chroniqueurs se payaient jadis si facilement. La fabrication
de la faïence répandue dans presque toute l'Europe depuis plus
de^cent ans avant l'établissement de la première fabrique à Mous-
tiers, et le genre de la pâte et de l'émail, la forme souvent fes-
tonnée de la vaisselle, etc., tout m'indique que la fabrication y
a été plutôt introduite par des ouvriers venus du nord. Paga-
niol de la Force, le médecin Darluc, l'avocat Gournay et au-
tres du dix-huitième siècle, ont déjà mentionné les fabriques
de Moustiers.
Pierre Clerissy^ qui vivait vers 1*686 et qui est mort en 1728,
et son successeur, Fien'e U Clerissy, fils d'Antoine Clerissy,
de Marseille (sans doute le même qui a fabriqué à Fontaine-
478 POTBinfr OrÂQRSS
bleau, en 1641, des terres sigillées), le signataire d'un plat
mentionné dans Tarticle qui traite des fafences de Marseille,
sont les plus anciens potiers connu» de Moustiers, mais-oa ne
connaît aucune pièce marquée de Pierre I Glenssy^. et on ne
sait donc pas s'il avait déjà fabriqué de la véritable faîencaà
émail stannifère ou seulement de la poterie vernissée.
Il y avait à Moustiers onze ou douze fabriques. En outre des
deux Clerissyy on connaît :
Pol ou Faul Roux, potier, qiii y exerçait son métier vers
1727.
F, Viry qui a signa le plat ovale de la collection Davillier en
toutes lettres :
F. Viry F. à Moustisr, chez Clericy,
Joseph Olery, connu par son voyage fait à Dénia , eoi Espa-
gne, et auquel on attribue le monogramme
LogieTy Delory et Jltow, de qui M. J. Saint-Léon, à Paris, pos-
sède une espèce d« ^upière (m plot6t mi^ plat couvert à
légumes, de forme festonnée et à trois griffes^ décoré en poly-
chrome dans le goût ordinaire des faïences du midi, du dix-
huitième siècle, où le vert, le rose et le jaune dominent.
Les dessins fonnent des chimères, des personnages et trois
médaillons sur le couvercle. On lit à Tintérieur, en tonte» Icrt-
très :
Bkm, à Momiim,
M. le docteur Blondel, de Moustiers, cite encore les potiers
suivants : Acharel, Berbiguier et Feraud^ Bondit père et fLls^
Combon et Antelmy, Ferrut frères, Fouque père et fils (voir
Saiat-Gaudens], Xattgtere^ Chaix, Miïïey Felloqum et Berge et
Jocard et Feraud^
est une marque recueiîHe sormi plat apu musée de Sèvres.
H parait que le nommé Thion y avait égal^neni fabrii|iié.
EUBOPédifins. 479
Feu LecarpentiefT, à Paris, avait dans sa coltection une
Carence de Moustiers, signée
Paul Manette,
qui me paraît être encore le nom d'un potier.
Antoine Guichard est xm potier de la décadence de qui
H. Champfleury possède un pot a-vec 1« devise : « Vive la paix !
1763, » et qui est signé en toutes lettres :
Antoine Guichard de Moustier, 1763, Ze 10 De,
Pierre Foumier est un potier qui a travaillé vers 1775.
Rokt, potier français établi à Ûrbino, en Italie, vers la fin du
dix-huitième siècle, était encore de "Moustiers, à en juger par
le décor de la lampe à tringle au musée de Kensington, qui est
signée :
Fabrica di majolica fina di monsieur Rolet in Urbino 28 abrile 1773.
{Voir, Urbino.)
Les peintres en réputation, étaient :
F. Viry, déjà nommé, Gmngel^ CroSrSùliva, et Miguel Vilax.
C'est de ces peintres que M. Edouard Pascal ^ possède six pla-
ques ovales, signées :
F. 0. Urtmgel, Gros y Soliva, Miguel Vilax, C. A*
SJ, J^'i" ; - G. A.; - A.P.P.,
F.
(Fôumwr?)
Î""F.B.,<-^ Os. et
réunis en monogr .
^'/.
sont d'autres monogrammes recueillis sur des farences de'Mous-
tiers. La dernière marque pourrait bien être celle d'Antxnne
Clerissy.
1 . Un de cet «oUeclÀMmeiirs, «lui ftcéfère avant tout les faïences 4u midi de la
France, M. Edouard Pascal, connaît parfaitement bien les époques et ce qui est
▼éritablement artistique. 6a collection est fort hien composée. En outre de ses
nombreuses faïences françaises, on peut signaler ses horlogeries allentandes, ses
fers BMridis, MBjn^les fieu|i^é«,^;
480 POTERIES OPAQUES
M. Saint-Léon, à Paris, possède un beau plat rond où Ton voit
Samson emporter les portes de Gaza, et qui est daté de 1739.
(Voir Dénia.)
Un magnifique plat festonné ou plutôt une coupe, décorée
richement en polychrome d'ornements et de grotesques, ap-
partenant à M. Eugène Laurent, à Paris-Montmartre, est
signé :
Chris, Ovaleros ou D'Valeros (voir Dénia).
La liste des faïenciers pétitionnaires de l'année i 790 conser-
vée dans les archives de Ne vers, constate qu'il existait encore
cinq fabriques à Moustiers à cette époque.
MM. G. Fouques et Barbarou sont des fabricants de Moustier
contemporains, dont le musée de Sèvres possède quelques pro-
duits.
Aujourd'hui, ce sont : MM. Jaufifret et Mouton qui y fabri-
quent toujours de la faïence.
Comme pièce remarquable, on peut citer encore les deux
plaques appartenant A M. Métairie, à Paris, au décor polychrome
sur fond blanc, de 50/35 centimètres de diamètre, qui sont
d'une grande rareté, parmi les produits de Moustiers. Le décor
de l'une représente le « Jugement de Paris, celui de l'autre le
« Sacrifice d'Iphigénie. » Ces plaques ne portent ni marques
ni monogrammes.
Le prince héréditaire de Hohenzollem-Sigmaringen possède
une plaque ovale de 45 centimètres, dont la bordure, en décor
polychrome, encadre le portrait en blanc de Louis XIV en haut
relief. Le prince Ta achetée personnellement d'une bonne vieille
femme à Marseille.
M. J. Laugier, à Toulon, possède deux semblables exem-
plaires.
M. Michel, à Avignon, m'a envoyé le calque d'un plat de sa
collection, qui a 50 cent, de diamètre, et où le dessin est en
bleu et de toute beauté.
Une écuelle de mon cabinet, dont le couvercle, qui porte le
monogramme d'Olery, à coté d'un F[fecit?), et le bol, le même
monogramme précédé d'un G, est ornée de dessins et mono-
chromes verts, d'arabesques et de grotesques, dans la manière
de Callot.
On connaît des pièces où le décor accuse souvent des copies
EUROPEENNES. 481
des dessins du sculpteur Toro^ , et des ornements et armoiries
empruntés aux gravures de Leclerc*, et à celles de Berain^.
1 . Bernardo Toro, dessinateur des vaisseaux du roi, probablement Italien de
naissance, est mort à Toulon en 1731. Le Cabinet impérial d'estampes, à Paris,
possède de lui une quarantaine de feuilles gravées par Honoratus Blanc \ ce sont
de charmants ornements d'arabesques, de chimères, de mascarons à expressions
caractéristiques et originales, de fleurons à corps de femmes sortant de gaines,
de buires, de consoles et d'encadrements.
L'influence du style rocaille s'y fait fortement sentir, mais c'est beau et artis-
tique.
2 . Sébastien Leclerc, dessinateur et graveur ordinaire de Louis XtY, et che-
valier romain, dont le portrait a été gravé par P. Dupin, d'après le tableau de
Delacroix, au commencement du dix-huitième siècle, est né à Metz en 1637, et
mort à Paris en 1714. Il était le fils de l'orfèvre Leclerc, de Metz, né en 1590,
mort en 1695. L'œuvre de ce fécond graveur est évaluée à quatre mille pièces.
On trouve de lui au Cabinet impérial d'estampes, à Paris, trois gros volumes
composés de pièces d'histoire, de mythologie et d'histoire naturelle. Il y a aussi
des sièges, des sujets tirés des Métamorphoses d'Ovide, des Fables; des paysages
et vues de ruines et des parcs à la Lenôtre, des cours d'architecture d'après Vi-
truve et autres, des plans et études de fortifications, etc. Ce sont ses cartouches
et médaillons, ses armoiries et emblèmes que les céramistes lui ont empruntés.
On connaît une pièce de Leclerc , un siège de Metz, qui porte le millésime de
1650, date qui démontre que l'artiste l'a exécuté dans sa treizième année. Dans
tout l'œuvre de Leclerc, qui était un vil flatteur de Louis [XIV, il n'y a rien qui
dénote la moindre originalité, et tout y respire le mauvais goût de l'époque.
3. Johannes ou Jean Berain était Lorain, né à Saint- Mihiel (département de
la Meuse, à 17 kilomètres de Commercy) en 1634, et mort en 1711. Ce dessi'
nateur ordinaire de la chambre et du cabinet de Louis XIV, révélé depuis fort
peu de temps seulement au monde artistique, peut être regardé comme un conti-
nuateur des petits maîtres ornementistes allemands de la fin du seizième et du
commencement du dix-septième siècle, maîtres dont il s'était cerlainement inspiré
aussi bien que des Italiens. Les dessins où l'arabesque règne largement sont des
composés spirituels de réminiscences de la renaissance allemande, mêlées à celles
des maîtres italiens (quelquefois copiés d'après Nicolas BeatricitiSi autre Lor-
rain. Les œuvres de Berain sont malheureusement trop influencées par le goût
de son temps. Tout ce qu'il a produit est cependant fini et soigné, et d'un goût
assez sobre pour son époque. Ses œuvres sont de véritables trésors pour l'art in-
dustriel. Il a dessiné des grilles de jardins, des plafonds et autres ornements
d'appartements, des initiales entrelacées, des flambeaux, candélabres et lustres,
des chapiteaux et ornements de fusils, et même des gondoles de plaisance, des
parcs à la Lenôtre , des vues de scènes d'opéra et des sièges. Berain a parti-
culièrement excellé dans les ornements à l'usage des artistes industriels. Grand
nombre de ses compositions se signalent par une profusion de bustes de femmes
sortant de gaines, souvent surmontés de baldaquins, imités d'après Agostino di
Musis, et encore bien plus d'après Nicolas Beatricius, maîtres du milieu du
seizième siècle.
Son portrait a été gravé en 1709 par Viveen.
Ses œuvres que le Cabinet impérial d'estampes, à Paris, a réunies, forment trois
gros volumes, où on trouve, entre autres , la reproduction des ornements de la
galerie d'Âpoilon du Louvre, publiée en collaboration avec Chauveau etLemoine.
Les cérémonies des pompes funèbres qui ont eu lieu à Saint-Benis en l'honneur
41
i82 POIEUIS OPAfiUES
Profusion deVëuua marines etdeNeptuBes sous des baldaquins,
et quelquefois des sujets mythologiques d'après Frans FÎyrisK
Lacontreraçons'ëtaitaugsimise, durant quelque temps, àimi ter
le dëcor de Moustiers, et particulièrement les sujets mythologi-
ques d'aprèsFransFIoris.lorsquel'engouemenlpeu justifié payait
encore pour cesfalenoes des prix exagérés. Un plat oval de faïence
ancienne qu'un décorateur actuel de Paris avait décoré peu
arlislement en camaFeu bleu du sujet des Hym-phes au bain el
qui appartenait à M. le marquis de Honville, à qui on l'avait
vendu pour du vdritable moustiers, faïence et décor anciens, a
été adjugé à la vente publique de la collection de cet amateur,
pour 300 fr.
Moustiers a produit des plats et assiettes à bords étroits, plais
festonnés, services de table complets, plaques, etc., décorés
le plus souvent d'après les dessins de fierain. Dessins Sas au
trait, ornements à arabesques, à chimères, à petites figures ei
bustes, aillez bien faits, mais calqués, en vert, jaune ou bleu
cantaieu presque toujours sut fond blanc.
Tout y eat iait au poncif, genre de reproduction qui multi-
plie i 1 infini un mdme sujet, qui ôle à la fabrication sa va-
du nii^bia el de LuukXlV, ont été |riTé«>pirle fils d« Beraia,ijui s'appcltii
égekuWDt /eon. Oa cmilque Jeu Beram[4re alraiaiilé ta coUaborilioniTtr
un de ut fièrei, qui s'appeÛt lotiit.
1. FrantFllTil, né à ADrerseu ISSO, morUu t^TO, était aa pcJDlred'hit-
toïre qui u'i graié lui-iDem« qu'une uule pLècs, mais de qui H. r.9ck a publia
toute une iérie de graTui-sa eifcuUes par Pbilippc Galle d'une manière fort peu
agréable. Ce sont de grands siyets bibliques, liligoriquet ei hilioriqu», oij les
ligures, géuéraleiamt maigres, saut dures de IriiU. Le Cabinet impérial d'«-
lampet, i.Paiif, pooèdede aet «rlitte un gm Tdiune.
riétëet son origtnalitë et la valeur artistiqfae et marchande:
En définitive, c'est une fbïence peu décorative, une vasselle
qui représente dans la famille de la poterie, la vcMatUe et
Vhàbit brodé du laquais, tandis que le rouen, avec sou grand
air, est la faïence du seigneur d'une époque fastueuse. IRJ
M. Champfleury possède, de la fin du dir-huitième siècle, une
écuelle de mariage dan& laquelle on servait du vin à la mariée,
le lendemain de la noce, on y lit:
Coit le moment de faire un petit eafanl, 1791 ; vive la nation ^TÎTe l'aounir,
vive la constitution 17dl.
Le besoin de faire un petit enfant était-iï le résultat de la Con-
stitution ou est-ce la nation qui, en prévoyant la grande con-
sommation d'hommes à partir de 93, poussait les citoyens à la
besogne ?
Le flambeau 3602, au muséëdoKensington, est dé Mbrastiers
et non pas de Rouen.
Il existe aussi des faïencesr, fabriquées à M'ùustiers en Savoie,
près Ghamhéry, qui ressemblent à celles de Moustiers en
France.
TAiUL-iiBpCElEirA'K (8eiake*eHll<*®)-
Terre cuite sans couverte. 1694
Il existait à l'avant-demière marche du' grand escalier, au
monastère de Yaux^le-Gemay, un carreau en teniB coitieà »ix
pans, sur lequel était écrit en creux et avant la cuisson r
Vannée i 694, par Michel Chérm.
Faïence A ÉMAIL STANNiPÉRE. 1696
Cette faïence, dont l'origine est fixée par des documents aux
archiva municipales à l'an i696, a tous les caractères de la
fabrication hollandaise. Elle est fine, légère et d'un beau blanc
de porcelaine. Son décor n'est jamais dans le genre de celui
de la faïence alsacienne ou lorrainci où le rose et le vert domii-
nent, mais presque toujours en bleu, jaune et^ manganèse
(violet).
D'autres centres de fabrication de faïences hollandaises ont
déjà existé dans les environs de Lille, vers 1640, d'où les ou-
484 POTERIES OPAQUES
vriers avaient probablement transporté les procédés à Moustiers
et à Marseille, puisque les faïences de ces localités ont toutes
les caractères des faïences du Nord.
En 1696, les sieurs Jacques Feburier^ de Doomick (Tournay),
et Jean Bossu, de Gent (Gand), furent appelés par le magistrat
(conseil communal) de Lille pour y établir la première fabrique.
On lit dans la requête de ces potiers qu'ils ont fait décou-
verte de certaines terres, très-propres à fabriquer à la fa-
çon de Hollande, et d'aussi belle et bonne qualité, et beaucoup
plus fine que celle que Von fabrique à Tournay.
Jacques Feburier est mort en 1729. La manufacture continua
sous François Boussemaert, gendre de Feburier, et devint si im-
portante en 1732, qu'elle occupait plus de quatre cents familles,
et avait quatre fours et deux grands moulins à six chevaux.
Le sieur Petit succéda à Boussemaert, mort en 1778.
Le musée céramique de Sèvres possède de cette manufacture
lilloise une espèce d'hôtel portatif, ou ornement, à décor ca-
maïeu bleu, sur lequel on lit l'inscription suivante :
Fecit Jacohus Feburier
Insulis in Flandria
Anno 1716
Pincet Maria Stephanus • Borne
Anno 1716.
«
Le décor est tout à fait dans le genre de Delft.
Le Christ qui se trouve au milieu porte le cachet évident de
l'école hollandaise.
Ce Marie-Etienne Borne; un autre Claude Borne, né en 17 fO,
son frère ou fils, qui travaillait plus tard à Rouen et en 1731 à
Sinceny, et dont on connaît un plat, au cabinet de M. Beaudry,
à Rouen, décoré dans le goût rouennais, et signé :
Claude Borne 1756 ^
et enfin, Etienne Borne, qui vivait vers 1773, et que les archi-
ves désignent comme le « Doyen des peintres, membre de l'Aca-
1 . Etienne en français.
2. On a vu dans l'article Nevers qu'il existait aussi dans cette ville des potiers
qui s'appelaient Borne, ce qui me paraît indiquer que Nevers, aussi bien que
Rouen, Lille et autres centres de fabrication de faïences et porcelaines de cette
époque, étaient encore obligés de faire venir des ouvriers et artistes des Flandres
et de la Hollande.
EUROPÉENNES. 485
demie de peinture, et adjoint pour la décision des prix de Té-
cole de dessin^ » sont les trois Borne, d)nt se compose cette
famille de céramistes.
Claude Borne, qui travailla plus tard, en 175i, àSinceny en
Picardie, se retrouve en 1752 à Doornick (Tournay) et à Mons.
Aucune marque n*est connue de la manufacture de Feburier
et Boussemaert, à laquelle on a cependant voulu attribuer)
mais sans preuves ni raisons plausibles, le monogramme :
que M. Lejeal attribue à la fabrique de Fouquet de Saint-
Amand, sans plus de probabilité.
On a aussi observé que la marque de la fleur de lis pouvait
également être attribuée à Lille, puisque les armes de cette
ville consistaient de 1667 jusqu'à la révolution, dans « de gueule
à un§ fleur de lis en chef, »
En 1711, les sieurs Dorez * etPelissier avaient acheté, comme
nous verrons au chapitre qui traite des porcelaines lilloises,
une ancienne manufacture hollandaise, établie depuis 1708, et
repris la fabrication dans une construction, située au quai de
la Haute-Deûle, sous les remparts, et tout près de la manuten-
tion militaire, où un grand tableau de faïence se trouvait placé
au-dessus de la porte.
Cette manufacture ne cessa que vers 1828 ou 1829, et non
pas au commencement du dix-neuvième siècle comme M. Hou-
doy le croit.
Un grand pot d'une collection d'amateur à Lille, qui porte
l'inscription :
N. A
Dorez
1748,
c'est-à-dire la signature de Nicolas-Alexis Dorez, petit-fils de
Barthélémy Dorez, est la seule pièce connue, marquée d'un nom
de céramiste.
Le sieur Héreng était, de 1750 à 1755, propriétaire de la
1. Barthélémy Dorez, le même qui a fabriqué de la porcelaine à pâte tendre.
41.
486 pomn» anucfmis
manufectarey qui, en i7S6^ paam à JSfuôi^rM^flnçDi^ Xef^fv, et
après luiauK sieoi^'MaigtMteffOttJIfasiiiielier, songendrô, et le-
/'évre jeune, /e fils, sous lesquels elle ceesa entièrement ren
i827 ou 28« Une théière de la coUeetion Level, actuellement
au musée de G)uny, est marquée :
Zt7/el768.
Le Bietwnnaiire des Post» imsjo lettres de Tannée 1802, ne
mentionne plus de fabrique de faïence à Lille, mais celui de
1817 en parle.
Cambray est la signature qu'un amateur, qui possède un bol
marqué ainsi, attribue à un peintre céramiste de Lille, du temps
de Masquelez. Cette signature pourrait bien être celle de la
ville de Cambray.
Les carreaux en faïence que M. Houdoy possède, et dont il a
donnéquelques-unsaumifséeafchéologiquedeLille, après l'acqui-
sition faite à la mort de Lefevre, ûls d'Hubert-Françoi» Lefevre
et beau-père de Masquelez, n'ont pas été peints à Lille comme
M. Houdoy le croit, mais à Paris^ en 1823 ou 1824, par le peintre
sur porcelaine IVogére père, dont un des fils, M. Jules Tragère,
est encoreemployé aujourd'hui à la manufacture de Sèvresen qua-
litéde peintre de fleurs. Ces carreaux ont été peint» en couleurs
tendres et cuites au feu demouffle, de*manière que ces exemplai-
res ne devraient pas figurer parmi les produits purement liilois.
On a aussi essayé de fabriquer dans cette usine des faHences
en mosaïque, c'est-à-dire par morceaux rapportés, sanblables
aux anciens vitreaux peints avant le seizième siècle. Ces essais
de mosaïques ont été peints aux couleurs tendres, cuites au petit
feu de mouffle, comme le décor de la porcelaine à laquelle ils
ressemblent, et réunis ensuite en tableau. M. Hachette jeune,
lo fabricant des plaques en lave pour le numérotage des mes,
à Paris, possède encore un de ces tableaux peints par M. Mor-
telèque, à Paris, qui est signé de lui, et porte le millésime 1823.
MM. Lebouret Martinet ont pris en 1863 un brevet pour la fa-
brication de ces faï^oes mosaïques : ils ignoraient sans doute
la priorité lilloise.
On rencontre quelquefois, comme on a vu plus hout^ des
faïences signées :
Lille
mais très-rarement, et il est difficile de fixer à laquelle de ces
différentes mannfaictare» lilloise» elles" doivent être attribuées.
C'est dans la maonifactare fondée par Barthélémy Dorer,
que le peintre céramiste lillois, M. HippolytePinart, a passé sa
jeunesse avec son ami Aimar^ ancien fabricant de fkïenoe retiré
des affaires, et dont j'ai sigaalé Fessai de la reprise de la fa«
brication de la poterie à émai] de lave. Les localités où la ma-
nufacture était instdlée sont occupées aujourd'hui par une
filature.
En 1740, le sieur Wawips, de Lille, y établit une troisième
fabrique de faïences, destinée, comme l'énonce sa requête, à
la fabriccstion des carreaux de faïence, à la façon de Hollande,
dont le sieur ISasqmlVBr ou ITasquelez (pas confondre avec
Masqueler ou Masquelier, le gendre de Lefevre) devint, en 1755,
propriétaire, et qui y joignit la fabrication des Menées de toute
espèce, et particulièrement celle des fontaines, qui furent ordi-
nairement marquées du monogramme :
M.
En 1758, Héreng, probablement le Héreng déjà nommé, y
établit une fabrique de poêles; en 1773, l'Anglais Guillaume
Clarke de Newcasle, une fabrique de faïences anglaises, et, en
1 774, un sieur Chanon y monta une sixième fabrique pour la
confection des terres cuites brunes à vernis plomhifère, dites
de Saint-Esprit, et à la façon d'Angleterre et du Languedoc,
Une belle cheminée en faïence de Lille, décorée en camaïeu
bleu, se trouve au musée de Cluny, à Paris.
La pétition des faïenciers de l'année 1790, conservée aux ar-
chives de Nevers, constate ausst l'existence, à cette époque, de
deux fabriques à Lille. M. Debruyne et M. Salomon y fabriquent
encore aujourd'hui des poteries, mais il n'y existe plus de fa-
briques de faïences.
mLAWtMBtiàLE (Bonelietf'dti-Kliôue).
Terre cuite au vernis plombipêre. 1625
FaJLBNCES â émail STANNIFÂRE • 1 697
Dans un manuscrit de la Sorbonne, rangé sous H« S. H. L
44., on lit dans une pièce intitulée: u Extrait des partm em-
ployées en V estât générai des bastiments du roy, dont la dépense
est à faire et commandée par 8* M*, en la présente année i6S;&, »
488 POTERIES OPAQUES
qu'un certain Antoine Clericy, de la ville de Marseille, travail-
lant pour donner plaisir à S. M., enterre sigillée et autres terres
pour faire des carreaiLX esmaillés, pots, vases et autres choses,
avait obtenu pour gages 600 livres^ mais que cette somme fut
réduite à 300 livres. »
On ne connaît aucune pièce marquée de ce potier qui pour-
rait prouver qu'il ait fabriqué de la vraie faïence à émail
stannifère, puisque le plat marqué de son nom^ ne peut
pas lui être attribué; il aurait dû le faire à l'âge de cent ans !
Le mot esmaillé était employé à cette époque aussi bien pour
désigner les vernis plombifères et alcalins de la poterie que le
véritable émail, et la terre sigillée est une terre glaise des Iles de
l'Archipel. La poterie en terre sigillée de ces îles porte ordi-
nairement l'empreinte d'un sceau et n'a rien de la faïence. Les
anciens attribuaient à la terre sigillée toutes sortes de vertus.
Un plat du plus ancien fabricant de faïence connu de Mar-
seille, de A. Glerissy, est signé :
A. Clerissyf à Saint- Jean-du-Désert, 1697, Marseille;
c'est-à-dire daté une année après l'établissement de la fabrique
lilloise.
Ce plat a-t-il été fait accidentellement dans ce faubourg de Mar-
seille? doit-on faire remonter la fabrication des faïences Marseil-
laises effectivement à la fin du dix-septième siècle, et non pas
à 1709, au potier Jean Delaresse, dont on retrouve plus loin une
mention ? Les documents manquent pour pouvoir se prononcer
avec certitude.
La pétition des faïenciers de l'année 1790, conservée dans les
archives de la ville de Nevers, constate qu'il existait encore à
cette époque 1 1 fabriques de faïences à Marseille.
On verra aussi dans l'article qui traite des faïences de Quim-
per, qu'un potier du nom de Bousquet de Marseille y a fondé vers
le commencement du dix-huitième siècle la première fabrique;
mais rien ne prouve que Bousquet avait auparavant déjà une
fabrique à Marseille.
M. Moussoury de Rozan fabrique encore aujourd'hui de la
faïence, et MM. Martin frères, de la poterie.
La faïence de Marseille est dans le genre de celle de Mous-
tiers, et rappelle aussi la fabrication de Strasbourg. La majeure
partie est cuite au petit feu de réverbère. Le vert de Savf/y plus
EUROPÉENNES. 489
vif que la plupart des verts employés à Strasboug , et un peu de
relief que les émaux du décor formentsur la face plane de l'émail
blanc, la font distinguer au connaisseur expérimenté, de la
faïence de Strasbourg. Généralement dans les styles Louis XV et
Louis X-VI, beaux de rocaille, elle est d'un émail blanc et suave.
La pâte en est cependant un peu épaisse. (Une assiette de Savy
se trouve dans ma collection. )
Cette faïence^ quand son décor montre du rose, genre de l'Al-
sace et de la Lorraine, est, à quelques exceptions près, aussi
commune que la faïence ordinaire de Strasbourg. Son rose est
un peu plus foncé et plus empâté^ et le sujet souvent chinois^
ou les tôtes sont plutôt marseillaises que chinoises. On connaît
de ces fabriques très- peu de pièces importantes. Les belles fon-
taines et les autres grands ouvrages dans ce genre de décor
proviennent plutôt des fabriques de la Lorraine ou de l'Alsace
que de celles de Marseille. Zurich, en Suisse, a fait le même
genre, et les fabriques du Nord, comme celles du Midi, avaient
adopté la rocaille saxonne ; mais la rocaille, fabriquée dans le
Midi, est moins bien modelée et moins variée que celle du
Nord.
Savy, dont la manufacture fut établie en 1745, obtint en
1777, après la visite de Monsieur, frère du roi, un brevet de ce
prince. On croit qu'à partir de cette époque ses faïences furent
marquées d'une fleur de lis*. Cette marque se rencontre sou-
vent sur des faïences dont les décors, la pâte et l'émail indiquent
le type du Midi, sans qu'on puisse les lui attribuer encore avec
i. Sinceny en Picardie, et quelques autres usines du Nord ont cependant pro-
duit ce même genre de chinoiserie.
2. La fleur de lis ne se rencontre pas seulement sur les objets d'art de prove-
nance française, elle est de tous les pays, et son origine même pourrait être attri-
buée à plusieurs contrées. II y a des archéologues qui croient y retrouver l'abeille
impériale dégénérée. Les écussons à fleurs de lis se rencontrent d'abord, anté-
rieurement au douzième siècle, sur les sceaux des empereurs d'Allemagne, sur
la couronne de quelques rois d'Angleterre et sur l'écusson des rois de Navarre,
et ce n'est que depuis cette époque que la fleur de lis figure dans les armoiries des
rois de France. On verra dans l'appendice qu'un bas-relief en terre cuite de ma
collection, et fabriqué à Nlirnberg au quinzième siècle, montre même Charle-
magne recouvert d'un manteau orné de fleurs de lis.
Les fleurs de lis sont assez communes en Allemagne, en Suisse et même en
Italie. Dans ce dernier pays, ce sont les fleurs de lis de Firenze (Florence) qui
sont les plus connues.
On est donc autorisé à supposer que ces emblèmes viennent d'Allemagne, d'au-
tant plus qu'ils tirent leur origine de la forme, non pas d'une fleur, mais d'un
490 POTBiaa&i OBAQOES
certitude. On croit que Sa?y a aitm Msriqiié plt» tard br por--
celaine, mais j'en doute.
Madame BeavenS à Pam> possède un confiturier charmant
qui est marqué de la fleur de lis, ain». qu'an dessous de vâileose
qui porte à côté de la fleur un
initiale qui ne se rapporte nullement au nom de Savy et qui
montre par là que rien n*est certain dans Tattribution de cette
marque.
En 1779, existaient les usines suivantes t
Agnel et Sauze; — Battelier; — et Antome Bonnefoip qui
marquait
B<
Boyer: •— Michel Eidouœ; — et Pauchier, qui marquait
P.
(Une assiette dans ma collection. )
fer de lance ou piutftt d'an fer de hallebarde, arme qtri n'est eotume en France
que depuis 1450. Vouloir fiier les époques, d'après les différentes ioTmeB-
des fleurs de lis, est inadmissible, pwisqut lespUift anciennes' formes ont été sou-
vent reprises à des époques postérieures. Rey (dans son Histoire du Drapeau,
des Couleur» et det Insigam de la monarchie française, Paris, 183T, œnvre
écrite sans la connainanoe des travaas archéoto^quce élrasgon) dit, « qn^il
n'est pas possible de décider à quel siècle appartient un monumenl fleardetité
par la forme que les fleurs de lis y affectent, et que la grande ressemblance
proure l'iiapoiiibîlité de les classer systématiquement par siède. » On lit aosii
dans ce mèmeouTrage «que la cotte d'ames de saint Loni» était digà fleuntelisée;
qu'on attachait du prix, en ce temps, à obtenir du roi comme récompense la fa-
veur de placer dans ses armoiries la fleur de lis des armes de France ; que Phi-
lippe-Auguste srait, avant son déipart poor U: Terre sainte, en i i 9 9, domé des
armoiries à la ville de Paris où il mit, entre autras poèees, des fietirs de Ui d'or
sans nombre détemdiié; queUmmQcipaUtétde Lille avait d^à,en1280, deflfleiirs
de lis dans ses sceaux^ » ele. On cnjitque Chartes Y fixa à trois leifléiirt de Us
de l'écusson de Franee, nombre indétenniné préoédemment ; ynais j'ad reneootré
de ces écuseons à trois fleurs de lis sur de» ouvrage» m&rtelés dtt tveixièiiie'rièele.
Tout ce que je puis indiquer, afin de guider l'anaatcnr dans l'spprécittllai des
époques des différentes forme* de fleurs de lis, c'est qu'elles étdiefit» du doofiènie
au quatorzième siècle, étroites et hautiet, comme de» fera de hatlebedrâe, et quel*
quefois ornées de chaque c6té d'une tige de fleur. — A- partir daquinsièiae siède
elles prirent des formes larget et oonrtes etfurentmrement oméesde tige»defieiirt.
i . La collection céramique de cette dame est une ém plus riche» eC des plas
importantes: peur les porcelaiini de Chine^ de Sèvres et de Saxe, aiari que des
anciennea fabriques artistiques françaÉsea et allemande» (Tineesnet, CbanCUly,
Wien, Berlin, Funkesthal, Ludwigsburg, Nimphenburg, etor). On y tfosive entra
autres une potiche de Cbme à fond bleu et ddeonée de fliearf, brasdiaget et oi-
seaux, dans le genre desémanii smr enivre^ dont je n'ai vnnnlie part l'équÉftleirt .
Fesquel et C; — Leroi aîné; ~ Uamugut; ~~ fierre PTri»
fils et Abetlard, qui marquaient
{Une soupière dans la collectioo de H. lubinaL)
Veuve Perrin, qui marquait
V?
i, et Gaspard Robert', uni taarqaaienl
R.,
i.
Honoré Sauy; ~ et Jean~Baptùte Vir^/.
11 y avait aussi, en 1709, à M^wlle.un palier qui s'appelait
3eati Delaresse, mais il n'y a pas fabriqué de faïence.
Jacques Borelly ou Boselly signait en loutee lettres.
Une coupe, forme calice, de ma collection, espèce d'él)auche
U IICM-«U ta I TBÏ, puail
492 POTERIES OPAQUES
très-artistique de forme et travaillée à jour, en pâte lourde^ en
décor rouge et vert, et un cache-pot, sont signés :
Jacques Borelly, 1781 *.
Sauze, de 1809, est le dernier fabricant de faïences connu de
Marseille; c'était sans doute un fils ou petit-fils du Sauze de la
fabrique à!Agnel et Sauze déjà nommée plus haut.
Une assiette de la collection de M . Francis Wey, à Paris, est
signée :
ft^
Cette marque qui ressemble à celle de Moustiers, parait être
le monogramme de Perrin.
B. P.
est le monogramme recueilli sur une salière appartenant à
M. Gaillo t, à Paris.
Les Dictionnaires des Postes aux lettres, par Lecousturier,
des années 1802 et 1817, ne mentionnent plus aucune fabrique
de faïence à Marseille.
Quelques plats que l'on pourrait attribuer à Marseille et qui
sont conservés au château de la Favorite, près Baden-Baden,
sont marqués :
G.
Au cabinet de M. Leroux», à Paris, on trouve une garniture
de drageoir, composée d'un milieu rond et de six pièces demi-
circulaires, d'un ensemble de 60 cent, de diamètre, marquée:
P
M. R.
i. M. Oscar Honoré écrit le nom de ce potier Boselly, et croit qu'il est allé
s'établir à Savona en Italie. La lourdeur de la pâte de la coupe de ma collection
autorise à penser que M. Honoré a raison. (Voir Sayona.)
2. Le cabinet de M. Leroux est composé de pièces de choix. La céramique y
figure par de magnifiques exemplaires de Nevers, de Rouen, de Moustiers de
faïences musulmanes et italiennes, et de quelques beaux grès d'AUeroagne. Ta-
bleaux, meubles, iyoircs, émaux, bronzes, cuiyres repoussés, horloges, etc.
complètent cette collection remarquable.
EUROPÉENNES. 493
La forme des fleurs et feuillages, où le vert, le jaune et le brun
indiquent ou les fabriques de l'Alsace ou celles du Midi, me
porte à attribuer cette céramique à Marseille, puisque le
décor forme au toucher un faible relief, ce qui signale ordi-
nairement une provenance méridionale.
M. Leclerc, à Lisieux, possède deux compotiers, forme feuille,
décorés dans le genre courant des faïences de l'Alsace et de
Marseille, c'est-à-dire à fleurs, vert, rose et jaune, qui portent
le monogramme
Une grande aiguière avec sa cuvette, de la collection Gue-
rard à Paris, deux pièces décorées à fond vert de mer, les plus
beaux exemplaires que je connaisse de la fabrique de la veuve
Perrin, porte la marque de cette fabricante, le
V P* (réuuis en monogramme, v. p. 491.)
Le musée de Kensington, à London, possède des exemplaires
de la fabrique marseillaise sous les n*** 3604 et 3832; ce sont
deux pièces d'un service à thé, à fleurs en relief, que le musée
a payées 5 livres sterling l
Rolet, potier (voir les villes de Moustiers et d'Urbino).
Parmi les faïences de Marseille, on en rencontre souvent*qui
sont marquées simplement d'une croix noire tracée au pinceau.
On pense que c'est là une pratique superstitieuse du décora-
teur, qui y appliquait cette marque quand il avait terminé sa
douzaine. '
Il existe d'anciennes faïences de la Silésie prussienne ^qui
ressemblent beaucoup à celles de Marseille.
La fabrique Memmingen, près Kaufbauern en Bavière, en a
produit de semblables, et Avigliano, dans laBasilicate, en Italie,
a vu s'établir également dans ses murs, à la fin du dix-huitième
siècle, des potiers marseillais qui ont fabriqué des faïences, dif-
férant seulement par la lourdeur de la pâte de celles de;.Mar-
seille. Le décor est absolument le môme, et les formes adoptées
étaient celles du style rocaille, comme dans le midi de la
42
404 POTiSRIBB OPAQUES
France, où l'influence de la fabrique de Méissein s'esf fait
sentir comme il a été déjà observé.
La faïence de Marseille et du midi de la France, en général,
doit être classée parmi les imitations de la faïence de la Lor-
raine et de l'Alsace. La première fabrication de la fin du dix-
septième et du commencement du dix-huitième siècle, qui
diffère tant soit peu dans les nuances des faïences de Stras-
bourg, et montre l'influence des poteries de Flandre et de
l'Italie, était insignifîanle.
J'ai déjà fait observer que ces deux différents produits, quand
ils sont dépourvus de marques, peuvent être confondus — telle-
ment ils se ressemblent. —Le soi-disant vert de Savy se re-
trouve sur les faïences alsaciennes, — et la forme festonnée
des plats et assiettes est aussi la même. Je dois donc répéter
que l'amateur peut néanmoins reconnaître les faïences de Mar-
seille à ce signe, que les émaux de couleur du décor fornient,
pour ainsi dire, relief sur la surface blanche, de manière à être
sentis quand on passe la main dessus; tandis que les décors
delà faïence de Strasbourg ne forment aucun relief sur la surface
blanche, qm est toute plane au toucher.
Les potiers du Midi ont, comme ceux de Nevers, fabriqué
quantité de faïences industrielles à inscriptions. Les devises et
rimes nivernaises montrent plus de caractère et plus d'origina-
lité ; mais celles du Midi, copiées souvent d'après les œuvres
locales de quelques poètes du temps, dénotent plus de goût,
quoique aussi peu d'orthographe et de mesure. Comme type de
ce dernier genre, je citerai cinq assiettes des fabriques de Mar-
seille, décorées finement en camaïeu jaune et très-bien dessinées ;
elles appartiennent à M. Saint-Léon, à Paris, les inscriptions se
trouvent sur les marlis*.
Sur une de ces assiettes, où l'on voit trois personnages en
costume Louis XV, il y a l'inscription suivante :
Le bergtr Paris c<hu'osa« U» <Um, pcMU^se, dans ce jour
Jadis UAie pucelle^ Vous r/sad le même boninage,
Et la pomme qu'il donna Et tous recevez de l'amour
Était pour la plus belle. Un tendre gage, (^jr de J»çojHk)
l. Marli signifie, en terme depotier, le 4>or4iKté#ktir de l'assiette ou du plat.
Filet au marli désigne les ligac» d'or ou de OMilenr qiM te peintre déçoratear
trace sur la limite de l'extrémité intérieure du bord qui court en parallèle avec le
«entre.
BUR09ÉBNNS9* 49S
Sttl* une autre assiette, dont le dëcor montre un homme ivre,
représenté entre deux femmes, le potier a inscrit :
^ Par la yap«ixr d'un riû nouveau
Lucas s'était un jour embrouillé le eert«ftti.
En revenant chez lui sa veûe estait si trouble
Que sa femme lui parut double.
Grand Dieu! s'écria-t*îl, par quel forfait affreux
Ay je peu meritter un sort si déplorable :
Je n'avais qu'une femme et j'étais malheureux ,
Lancez sur moi la foudre redoutable
Plutôt, grand Dieu ! que de m'en donner deux !
La troisième assiette, où le décor représente un âoe portant
sur son dos une famille tout entière, et qu'un garçon de bonne
mine conduit, porte l'inscription suivante :
li'uyons, fuyons rembarras de la ville ;
Dans ce détestable séjour,
PafOM, amis, proeès, amour,
Causent mille chagrins ; on n^est jamais tranquille.
Tout ntf twii platt dana cei^ hwawm»,
Un doux repos y flatte la nature,
Pas d'autre bruit que celluy d^ un ruisseau
Quy, d'un agréable murmure, nous reproche à table
Qu*on méprise ses eaux,
Qu'on méprise ses eaux I
Le décor de la quatrième assiette montre un berger et deux
belles dames, toujours en costumes de Louis XV, qui font
fuir par l'ampleur de leurs pamer^-crinolines, deux oies, qui se
sauvent en criant; l'inscription dit :
Quâttd je doys ds 68 bo&tin
Ma raison s'en va beau train ,*
L'on en sert aux dieux de moins- délicieux ;
Son feu monte à la tête.
Mais ceîluy qui vient de vos yeux^
C'est au cœur qu'il s'arrête,
C'est au etturqfi^H i'arrêt«, PhiliKt
Sur la cinquième assiette le peintre a F^u^aenté trois per^
sonnages qui panassent foianer une de ces petites troupes d'ac*
teurs de pantomimet que Galloi a reproduits dans ses dessins.
496 POTERIES OPAQUES
Un pierrot est juche sur un âne, un des autres cabotins frappe
sur le tambour. On lit :
Buvons à nous quatre c\iaqu'un quelques coups
S'il y a quelqu'un d'entre nous quy en veille rabattre,
Donnons-lui cent coups,
Donnons-lui cent coups.
Si l'amour nous prenne
Chassons-le bien loin,
Prenons le verre à la main.
Si c'est de nos maîtresses
Prenons du vin encore plus grand soin !
Le musée de Cluny possède plusieurs grands plats et terrines
à couvercles qui représentent des animaux (coqs, pou-
les, etc. ), et que l'on attribue à Marseille. Pour moi, il y a doute.
Ces plats proviennent plutôt de la fabrique de Schretzhheim,
près d'Ellw^angen dans le Wurtemberg, où les potiers Winter-
gurst en ont fabriqué et dont on peut voir quelques exemplaires
dans l'office du châteu de la Favorite, près de Baden-Baden.
WÊomnpmïïAUXVL (HérauU).
Poterie.
Faïence a émail stannifère.
Le Youland, potier, a marqué :
Jacques Olivier y a fabriqué à partir de 4 7i 8, et obtenu en \ 729
une patente royale.
Une autre fabrique, établie par
André Philippe de Marseille, a ses produits représentés au mu-
sée de Sèvres; établie vers 1790, elle existait encore en 1820.
Ce doit être de cette dernière fabrique que proviennent les
vases, les porte-bouquets et les tasses décorées en camaïeu
jaune avec l'aigle impériale, que l'on rencontre souvent à Mont-
pellier, et qui y ont été fabriqués sous le premier empire.
La liste des farenciers pétitionnaires de l'année 1790, con-
fée dans les archives de Nevers, constate qu'il existait à
a époque deux fabriques de falenc«s à Montpellier.
I. Jean Joiillié y fabrique actuellement de la poterie.
DO ntainxi. (•«tne^t-l^tlre], prèa Ckarollo.
I. Laurjoris, qui a exposé en 1819 et 1830, a marqué :
BOBDBAOX («Iranrie).
FaIbnce a émail stannifère, selon les uns à partir de I70S
selon les autres, de 1714
(Voir les carrelages bordelais, p. 398.)
Le chevalier Jacques de Euslin établit la première fabrique
de faïence à Bordeaux, en 1703, dans la rue qui porte encore
aujourd'hui son nom, et obtint (en 17i5, selon M. Henri Dé-
vier, en 1717 selon d'autres], grâce à M. de Tourny,' le brevet
de faïencier royal.
Hustin et ses successeurs ont fabriqué les faïences connues
sous le nom des faïences de la Charlraise, destinées à l'usage
de cette communauté établie au faubourg de Bordeaux, près
du cimetière. Cette faïence est souvent marquée :
Cnrlui. Bixrdig
abréviation de Cartuaia-Burdigalensis. Le musée de Sèvres
possède une de ces pièces. L'inscription est le plus souvent
accompagnée des armes du cardinal de Sourdis, François d'Ese-
cubleau, surmontées de la croix archiépiscopale et d'un cha-
peau de cardinal, et désarmes du frère Ambroise deGasq, sur-
montées de la toque déconseiller au Parlement. H. Joseph-Simon
Ferrère, à Bordeaux, possède deux as^ettes ornées seulement
du chiffre de cet ancien conseiller, mort au couvent des Char-
treux en Calabre et qui, avant son entrée en religion, s'ap-
ti.
49S ?omi» cffAKms
peimt Biaise d6 Gasq, baron de Portets, et élaf t cooiOiUtfr an
Parlement de Bordeaux. Il avait institue pe«r ma héritier
universel ce même ordre dea Ghartraur, à condition de fonder
un couvent de Chartreux et une église à Bordeaux.
De Sourdls fht on autre bienftiiteur qui y élaBlit nn hô-
pital. C'est donc par reconoaissance que les Chartreux firent
souvent accoler sur leur vaisselle les armoiries de ces deux
seigneurs.
Plusieurs vases de pharmacie) comdrvés dans des collections
d'amateurs, portent aussi la devise éi Vécusson des Carmes de
Bordeaux,
Les faïences de Uustin sont souvent fort artistiques, et res-
semblent quelquefois à celles de Nevers, de Rouen et de Mous-
tiers. Les couleurs du décor consistent en bleu, vert et violet
(manganèse foncé, dans le genre de celui de Nevers); mais on
ne rencontre jamais du rouge, ce qui paraît indiquer que Ton
y a suivi l'école nivernaise.
M. Ferrère, déjà mentionné, possède aussi, de la fabrique de
fiustin, une grande fontaine à deux médaillons et à deux robi-
nets, et une bouteille, cette dernière datée de 1T76.
Uaimond Monscm était un autre fabricant, presque contempo-
rain de Hustin, et qui fît venir des ouvriers de Nevers. M. le
docteur Charraupin, à Bordeaux, possède de ce potier une
gourde qui est signée:
MonsauilSZj
et un bénitier, marqué :
M.
André et J&m*Êtienne Monsau, fih de Haimoud Monsau,
étaient renommés, l'un comme modeleur, l'autre comme déco-
rateur.
Une famille dt potiers nivenais, du nom de Letoûrmea^, vint
se fixier à Bordeaux en 1789, et y fournit une pléiade de ftfeiH
ciers, hommes et femmes^ qui y inlrodai^renttout à fait le genre
de fabrication de leurpays^
Jean'Étienm Mwism tixx longtemps associé aux travaux de
cette famille, et ne s'établit seul que bien plut tard, vers i708.
Plusieurs autres fabriques de ftUienees ont austi succédé ai-
mttltanémeiit à celle de Hustto, qui dut s'éteindre à Tëpoque
de la révolution, ear la liste dee pétitionnaires fiiïendeni de
1790, conservée aux ardiives de NeTere^constaEte 8 fabriques
existant à cette époque à Bordeaux.
La plus importante en était celle de Boyer, qui n'a cessé
qu'en i840.
Un M. Monsau, petit-AU et neveu ded faïenciers susnommés,
vit encore à Bordeaux et s'oceupe de peintures céramique».
Bardou; '^Gcmrrm; -^DesbaU;. — ^i Musset étaient des far
bricants de faïences à Bordeaux, et il y en a encore d'autres
dont on ignore les noms, mais aucun de ces potiers n'a produit
des faïences qui méritent une place dans la collection d'un
amateur. (Voir aussi Gorsin, à Saint-Gaudens.)
Johnston^ associé au céramiste Saint-Amans ( voir Lamarque,
Sevrés et Creil], établit en 1835 la grande usine de Ba-
calan à Bordeaux (voir les porcelaines bordelaises), dont les
successeurs MM. Vieillard^ et C^ y fabriquent aujourd'hui de
fort remarquables poteries où les décors rappellent les meil-
leures productions de Moustiers.
Letourneau est le nom d'un autre fabricant à Bordeaux, qui
produit également encore*
Les collectionneurs bordelaif les plus zélés sont MM. Azam^
Brochon, Charraupin, DeMttaison du Palan (Caderon), Henry
Dévier, Ferrère, Jouriaux et Roussel.
Pour éviter des méprises, l'amateur doit observer que les
armes de la ville de Bordeaux consistent en trois croissants
entrelacés et sont absolument les mêmes que celles de Diane de
Poitiers, L'engouement de vouloir attribuer tout ce qui porte
des croissants entrelacés à cette hideuse courtisane pourrait
souvent entraîner à des erreurs.
ffVxnopBii. {mînuièrei).
FAÎfiNCE A ÉMAIL SrANNIÏÉHE. VerS 1705
Fabrique importante fondée au commencement du dix-hui-
tième siècle, par le potier Bousquet de Marseille, dont je n'ai
pu trouver aucune trace parmi les faïenciers de cette localité.
(Voir Marseille). Bousquet maria une de ses filles, au potier
deNevers, son successeur, qui à son tour maria sa fille unique
1. M. Vieillard) TaBoiaipréMtiiUur de réupeteor Napoléon lU.
V
y
500 POTERIES OPAQUES
à son successeur, le potier Coissy de Rouen^ à qui M. Fougeray
attribue avec probabilité la marque
C.O.
recueillie sur une céramique de sa collection.
Un énorme plat rond de 60 cent, de diamètre, à décor ca-
maïeu bleu, appartenant à madame Rouvier, à Roskofif ( Finis-
tère), et qui porte au revers un grand :
A.
me parait avoir été aussi fabriqué sous la direction de ce po-
tier rouennais.
Coissy eut pour successeur son gendre Belahubaudière, au-
quel on attribue la marque que voici
Cet habile industriel, qui avait élevé la fabrique à l'impor-
tance d'une manufacture , obtint le privilège exclusif de la fa-
brication de la farence pour toute la Bretagne, privilège funeste
au développement de Tindustrie céramique en cette province,
à qui la révolution mit heureusement fin. La manufacture
existe encore aujourd'hui sous la raison sociale Belahubau-
dière et C«, et sous l'habile direction de l'un des associés,
M. Fougeray j elle occupe 80 ouvriers et 5 fours.
L'ancienne faïence de cette usine peut être divisée en deux
genres distincts : celui où le décor imite le Nevers de la troi-
sième époque (chinoiseries-hollandaises en camaïeu bleu de
1640 à 1750), et celui fait sous Coissy, qui est tout à fait rouen-
nais en poli et monochrome et qui reproduisait toutes les espèces
de la peinture rouennaise, à partir du beau décor rayonnant jus-
qu'aux cornes d'abondance. M. Fougeray croit que la fabrique
a aussi imité le Moustiers, mais je n'en ai pas encore rencontré.
Il est impossible, même pour le connaisseur le plus expérimenté.
EUROPÉENNES. 501
de distinguer la faïence genre Nevers de Quimper, de celle du
vieux Nevers de la troisième époque, à laquelle elle ressemble
sous tous les rapports comme la potiche de la collection de
M. le capitaine Goguet, à Quimper, le démontre. Quant à la
farence de l'époque suivante, fabriquée sous Goissy, le connais-
seur pourrait quelquefois la distinguer de celle de Rouen par
l'épaisseur de la pâte et Tabondauce des cracelures de l'émail
défectueux qui ressemble à celui de la faïence de Meudon ;
mais le décor est souvent aussi beau que le plus beau de Rouen,
et se signal seulement pour l'œil exercé par un peu plus de
crudité dans les nuances, et par un bleu un peu plus foncé.
M. le capitaine Goguet, à Quimper, possède également une
céramique fort remarquable de cette fabrication, une potiche
belle de forme et de dessins, que tout le monde prendrait pour
de la belle faïence rouennaise de la bonne époque.
Cette manufacture a aussi fabriqué et produit encore de la
faïence allant au feu, par exemple des plats festonnés ovales où
l'envers est en brun chocolat, et le dessus en émail à fond blanc
décoré de fleurs, tout à fait dans le genre de la Fabrique de la
làépublique. (Voir Ollivier Paris.)
Les nombreuses fontaines à côtes et les plats, les unes et
les autres, souvent en brun chocolat, comme les terres cuites
attribuées à Avignon, que l'on rencontre dans toute la Bre-
tagne, sortent de cette manufacture qui était jadis une des
plus importantes et des plus artistiques de la France. L'énorme
quantité d'anciens poncis que M. Fougeray m'a montrés à ma
dernière visite à Quimper dénote partout la main d'artistes,
et quelques-uns mômes celle d'un maître. — Il y en a de tous
les genres : figures, ornements, fleurs, etc.
Aujourd'hui, la manufacture a abandonné la fabrication de
la faïence artistique ; mais elle produit à côté de son genre
varié de poteries de toutes espèces et de ses faïences communes
décx)rées au grand feu, qui se distinguent par leur rouge
éclatant, si diflBcile à obtenir au feu dur, du grès uni et
omè, dont la glaçure est le résultat de la haute cuisson et
non pas d'un vernis, comme dans grand nombre de grès
anglais.
Les poteries, grès et faïences anciens et modernes de cette
fabrique sont très-rarement marqués, quelquefois cependant
ils portent une signature.
FOTrarm OPIQDIS
H. Adolphe forguier est im auM MrimtU;, qui tniT^Ue en-
core actudlemeat i Qoimper avec trois fours.
H. Oadsn, à Vanufs, a dans sa collection denx asèiettes dé-
corées de Qeura jaunes, vertes et bruoes, maïquées :
qu'il attribue à cette seconde Imbrique dont j'ignore la date de
la fondation.
H. Tanquery est à la léte d'une troisième fabrique.
La liste des fabricants de faïence de 1790, conservée dans
les arcliives de Nevers, mentionne déjà de\tx fabriques à Quim-
per, mais le Dictionnaire des Postes avx kttres, par Lecous-
turier, de 1817, ne parle que d'une seule.
FlIBSCK a émail 3TAKN1FÉHB.
BUROPÉENm». $03
Wachenfeld^^ de la fabrique d'Anspacb et Bayreuth (aujour-
d'hui Bavière), obtint de la ville, en 1719, une concession de
terrain pour y construire un four à porcelaine et s'associa, en
1720 avec C/iarZes François Hanmg ou Hannong, né à Maestrich en
1669, mort en 1739, fabricant de pipes à Strasbourg depuis
1 709 * . Il paraît que la faïence a été fabriquée à Strasbourg simul-
tanément avec la porcelaine, mais il est fort probable que cette
première poterie y a ^<é déjà faite bim avant 1719 ; cependant
je n'ai trouvé aucun document qui aurait pu me fournir des indi-
cations. En 1740, on voit apparaître le nom de] Pau J Anlmie
Barmong et deuK de ses lils, Paul et Joseph Sannong, tandis
qu'il ne fut plus question de Wackenfeld,
Les Dictionnaires (ies Postes aux lettres, par Lecousturier, des
années 1802 et 1818, mentionnent toujours une fabrique de
Strasbourg, comme fabriquant de u belles fatençes^ d ce qui
parait indiquer qu'elle n'a pas cessé de fonctionner sous le
consulat, l'empire et la restauration.
Paul Sanmng a marqué :
aus^i
(Une, surtout, de la collection Jubinal montre la première
marque,)
Joseph Bannong
Une pendule rocaille, au musée de Clnny, porte sur le ca-
dran en toutes lettres :
Strasburg
1. Voir l'initiale à la localité indéterminée j à la suite de l'article des
faïences de Strasbourg et Haguenau.
1. Bibliographie alsacienne, publiée à Stra&bourg eu 1864. Voir au chapitre
des porcelaines hollandaises qu'un Hollandais aussi, le nommé Wytejnaos, de
fioiS'le-Duc, fut breyeté pour la fabrication de la porcelaine. '
504 POTERIES OPAQUES
Une autre pendule, également rocaillëe, mais bien plus belle
et bien plus grande (1 mètre 15 cent, hauteur), et surmontée
d'une statuette qui représente le Temps, fait partie de la
collection de M. Âigoin à Paris.
Cette pièce hors ligne, qni est supportée par un cul-de-
lampe aussi richement rocaille que le corps principal, est
signée du monogramme de Paul Hannong (1740 à i760), et
ornée de cariatides parfaitement modelées. Le cadran est ici en
bronze à heures émaillées et le décor, comme toujours, au feu
de réverbère, en rose, bleu, vert et manganèse.
On peut encore citer comme de forts beaux échantillons de
la peinture à petit feu, exécutée sur des faïences de Strasbourg,
deux plaques de 21 sur 28 cent, de la collection Jubinal *, à Paris ;
ce sont des camaïeux rose : l'un la Déclaration d'amour,| l'autre
V Heureuse mère de famille.
La première fabrique de faïence de Strasbourg paraît avoir
servi en France de modèle, puisqu'on lit môme encore dans
une patente de 1767, accordée à Maurien des Abiez, pour l'éta-
blissement d'une manufacture de faïence à Vincennes « dansjle
genre de celle de Strasbourg, » et «qu'il était notoire] qu'il
n'existait en France aucune manufacture qui produisît des
faïences comparables en beauté et solidité à celles de Stras-
bourg. » Chose singulière cependant, la pétition des faïenciers
de l'année 1790, trouvée dans les archives de la ville deNevers,
ne constate plus l'existence d'une seule fabrique de faïence à
cette époque à Strasbourg même, mais bien de deux fabriques
à Haguenau.
M. J. Schuh fabrique actuellement à Haguenau des faïences
blanches et brunes, ainsi que des poêles.
Les Hannong ont quelquefois employé la dorure, mais rare-
ment.
(Des exemplaires dorés sont dans ma collection et au château
de la Favorite, près Baden-Baden, j
La faïence de Strasbourg, de toute l'Alsace et de la Lorraine,
a été imitée dans le midi de la France, particulièrement à
1. La collection de cet amateur se compose d'un grand nombre de tableaux
de tapis, de sculptures, de cuiTres repoussés, de fers martelés, de bijoux en
argent, etc., et d'un joli choix d'objets céramiques dont une grande partie con-
siste en faïences»
EUROPÉENNES. 505
Marseille. Les produits de Strasbourg et de Marseille, souvent
sans marques, se ressemblent beaucoup et peuvent être facile-
ment confondus, puisque le vert, dit de Savy, se retrouve, dans
les mômes nuances, sur les faïences du Nord, L'amateur pour-
rait cependant reconnaître les faïences de Marseille au relief
des couleurs des fleurs et ornements du décor quand, en passant
la main sur la surface d'une assiette ou d'un plat, il sent une
faible saillie : Témail de la faïence de Strasbourg est bien plus
lisse et n'offre au toucher aucune convexité.
IiOCJLIiITlÊ IUDÉTEBIHINÉE.
(Probablement dans l'Alsace.)
Faïence a émail stannifère.
Des compotiers dentelés, décorés à fleurs roses et vertes,
sur un beau fond d'émail blanc, dans le genre des faïences de
Strasbourg, sont marqués :
C'est peut-être l'initiale de Wackenfeld (voir Strasbourg).
On trouve aussi une marque semblable dans les poteries
suisses (Zurich), mais elle est du seizième siècle et dans le sens
opposé.
«IBOVIJBIIM (llMMies-Pyrénées).
Faïence a émail stannifère (?).
Il paraît qu'il existe des faïences fabriquées dans cette loca-
lité, et qui sont marquées en creux dans la pâte des armes des
diics d'Adrets,
Avis aux chercheurs I
Terre cdtte sans couverte. nooà 1746
GuiL Coustou père, né en 1678, mort en 1746, de qui le
Louvre possède un Hei*cule sur le bûcher, le morceau de récep-
tion à l'académie, exécuté en 1704. Deux statuettes de cet ar-
tiste, en terre cuite sans couverte, et représentant toutes les
deux des Baccbus de différents âges, font partie de ma collec-
tion. Elles ont 23 centimètres de hauteur.
43
006 rOTEBlJfô OPTIQUES
'A 48 tikimètres d'ATfgson.
BeHBE cuite ^làU VERNIS ÎLOHBIPèftE. HSO
Faïence a émail stannifèoe. Jusqu'à ' l'époque actuelle.
'Des terres cuites marbrées, ^tyte 'Louis X^Vl, d'nne confor-
mation toute moderne, et qui offrent ordinairement aussi peu
de caractère artistique que les terres de pipe anglaises aux-
quelles elles ressemblent par leurs formes. M. Edouard Pascal
possède cependant un beau vase de cette fabrique. Orléans
en 1780, et Rubelles en 1836 ont travaillé dans le même genre;
on en a fabriqué également à Thuin,; près Perpignan. La colfasc-
tion des Arts et Métiers, à Paris, possède des échantillons de la
fabrique moderne d'Apt. M. E.Pascal.a aussi dans sa collection
un porte-huilier, jaune nankin, de forme rocaille, sur lequel se
trouvent quelques ornements qui rappellent le style de la
Renaissance.
On rencontre des pièces dotant du dix-huitième siècle,
marquées :
R.
La première fabrique aété fondée en 1718, à Gastellet, dans
le Luberon, à huit kilomètres de la ville, par le potier Moulin ,
fabrique qui fut transférée plus tard à Apt.
Bonnet y établit ime seconde usine en f7S5 ; elle est encore
aujourd'hui en pleine activité, et Sèvres possède d'elle un
échantillon.
Six autres établissements y fabriquaient simultanément avec
M, Bonnet, et expédiaient leurs produits en Espagne, en Italie
et dans les colonies.
Le Dictionnaire des Postes aux lettres, par Lecousturier, de
Tannée 1817, mentionne une 'fabrique de faïence; mais celui
de 1802 ne parle d'aucune. Il y eut cependant, à cette date,
l'usine de la veuve Arnoux,fit.en .1830. celle de ^. Reybaud.
Actuellement,, il y. a à .Apt les .manufactures de faïences de
MM. Aquillon,; — Andibert; — .E.-rH. Bonnet; — J. Bonnet;
— Brémond; — Esberard; — .Matthieu; — H. Parret; —
Chaix ; — Coupini ; — Jfartin^; — Heybaud,; — .F. Reybaud ;
— Seymard et Zicher.
il
TAii-souii-MEinMtXx ois; WÊAm^wmwnmm, prèM, mtatim*
Faïence a émail stannifèke. Vers 1720
Cette fabrique, qui avait ses fours au lieu dit : Le Bu-Côu-
vert, au Val-sous-Meudoriy existait encore en 18i8; mais elle
ne produisait alors que de la vaisselle commune en terre
de pipe.
Un saladier, appartenant à M. de Marne, ancien maire de
Meudon, et q^i avait été faii pour son* grandrpère, Claude
Pelisie, serrurier du roi, des châteaux de Meudon et de Bellevue,
et de la manufacture de Sèvres, est marqué : •
Claude Pelisie j nie.
Un 1 plat ovale, de cette mâme provânance, , est marqué :
3P'
Le fabricant de poteries à Meudon aurait41 porté le même
nom que le serrurier?
C'est une pâte exioessivemeiit ëpais6e^.lounle ebmodeiée très-
grosBièarement. L'éinaii est biauâtm) et;, entièrement fendillé
de grosses craquelures^ mais- lo dessin de. la bordure^ en
camaïeu bleu sur fond blanc, a beaucoup de cachet^ et paraît
être exécuté sans poncis. Le défcor de> rintérieur du plat
représente un atelier de serrurier avec tous ses ustensiles; on
y voit un homme à l'enclume et un autre à la forge.
Un plat festonné de cette pmvenance ,. dans* la. collection
Michel Pascal^ est décoré d!uii cau^rosse armorié d'un, écusson
à deux C entrelacést en sena inverse (comme! la monogramma
de. la faïence du comte deCustine de Niederviller), surmonté,
d'une couronne de comte,, et porte en toutes lettres le: nom.de.
la personne à laquelle le plat a< appartenu :.
M. Sàmontf 1738.
M. E. Lamasse s qui' demeura^ aussi ài Meudon, possède un.
autre plat de cette fabrique, lequel est également décoré en
camaïeu bleu, avec* un ornement au- milieu; Le détor res-
1. M. E. Lamasse s'est fait oonatruire à Meadon une maison gothique à l'in-
star dé celles qu'on voyait jadis en AUace. Il a installé la sa collection, qui se
fait remarquer par des meubles dé la reoaàiemoe'dlfaBiaiider,
508 POTERIES OPAQUES
semble à celui des faïences de Rouen, mais la pâte en est bien
plus lourde , et rémail bien plus mauvais.
Le Dictionnaire des Postes aux lettres, par Lecousturier, de
Tannée 4 81 7, mentionne une fabrique de poterie à Meudon;
mais celui de 1802 n'en parle pas.
La fabrique de MM. Mettenhoff et Mourot marque :
M. M. (estampillé en creux dans la pâte.)
CIiEBMOlfr-VEBBAlfl» ( Pay-dc-Ddme) .
Terre cuite au vernis plombifèhe. Vers 4 720
Faïence a émail stannifère. Vers i730
La terre cuite vernissée de Clermont-Ferrand est ordinaire-
ment en brun nuancé comme la carapace polie d'une tortue ;
ces poteries, coloriées ainsi au moyen du manganèse ferrugi-
neux, se distinguent de celles d'Avignon par des nuances plus
foncées, mais plus claires cependant que celles des poteries de
Monte-Lupo en Italie.
La fabrication des faïences à émail stannifère introduite à
Glermont par le potier Claudessole, qui s'y était établi dans
la rue Fontgievre, s'est révélée avec certitude par la belle buire
ou aiguière de la collection de M. Edouard Pascal à Vans,
pièce qui porte en toutes lettres :
Clermont-Ferràndj 1734.
Sans l'inscription, cette faïence aurait pu passer pour un
produit de Mousliers ; composée d'une pâte et recouverte d'un
émail pareil à celui des faïences de cette localité, elle est déco-
rée, ainsi que son similaire, d'ornements à arabesques. Ces
ornements se terminent sur le devant de la panse, par l'image
allégorique du Temps, tenant une faux.
On connaît encore un pot à eau de la fabrique de Cler-
mont ayant appartenu à M. Rossignol, seigneur de Balagny, et
qui porte ses armoiries ainsi que l'inscription :
CouYalescence de M. Rossignol, intendant d'Auvergne ; M. Pyrol, trésorier
de l'Ordre, 26 mars 1738.
Les Dictionnaires des Postes aux lettres, par Lecousturier, des
années 1802 et 1817, mentionnent une manufacture de faïence
EUROPÉENNES. 509
à Clermont-Ferrand et il y a encore actuellement celle de
M. Lacollange-Baricaud.
Des fouilles opérées dans les pays environnants ont mis a
jour une grande quantité de haches et autres ustensiles cel-
tiques de l'âge de la pierre, et encore bien plus d'antiquités
romaines, gallo-romaines et gauloises.
Le nombre prodigieux de poteries romaines et gallo-romaines
trouvées dans l'ancienne Augustonemetum , accuse l'impor-
tance de cette colonie romaine ; on a recueilli plus de quatre
cents noms de potiers romains et gallo-romains.
La ville possède un musée d'antiquités sous la direction intel-
ligente de \i. Bouilli.
DEMVREM (Pas-de-Calais).
Poteries (?). Vers 1725
Cette fabrique établie d'abord par César Boulonne à Colom-
bert, village près Boulogne fut transférée en 1732 à Desvres où
Dupré Poulaine a continué a produire jusque vers 1732.
M. Reynolds, à London, possède plusieurs échantillons qu'il
tient de la famille des Dupré-Poulaine même.
L'un est signé :
Desvre.
Un autre en marge :
D, P, [Dupré-Poulaine.)
11 existe encore aujourd'hui à Desvres une fabrique de car-
reaux de faïence.
Bourg dans le département du Var, à 7 lieues de Moustiers.
Faïences a émail stannifère. 1730 à 1740
La première fabrique de cette faïence de vaisselle peu artis-
tique, a été fondée par Bertrand, dont les descendants se trou-
vent encore aujourd'hui à la tête d'une des quatre fabriques
existantes, qui ne fabriquent cependant que de la faïence très-
commune.
Bayol, Grosdidier,
Clérissy, Guignon,
Fabre, Laurent,
Grégoire-Richeline, Montagnac,
43.
540 POTSUB»- oFAtnms
sont les autres pfctiers connus de Yàrages» Ea* marque d^iine
T(noire,JUeuftûKr0iige tracéAaapiiiAeftu]
est le signe aUribuë:exciusiveanent,maisià tort, ai oeite localité
à laquelle on ne deyrait l'attribuer que lorsque- tout le realalB
permet.il existe beaucoup d'autrBsfaïenGBSrëgaleinBnt marquées^
d'une croix et. qui nersontuullement de Varagesi On pourra plu-
tôt indiquer comme sig^adisUnotif les contours dadécor tracés
au noir. Beaucoup do. ces faïencesr sont décorées à deeâns chir
nois dans le genre de Strasbourg, de Sinceny et do Marseille.
Brouchier y fabriquait versi 1837.
MM. Bertrand ; — Guion; — Etienne Nielet Eoujs Niel:yfar
briquent encore aujourd'hui.
TJLI.Eli€IBinnBS (Iford).
Faïence a émail stannifébe. i.73Q à 1780
Tebre cuite sans couverte-. 178.0 à. 1795'
On sait que Claude et François. Louis Dorez, fils de Banthér
lémy Dorez, le potier de Lille, y établirent et dirigèrent des fa-
briques de faïence de 1730 à 1748. Le potier Bicard était à la
tête d'une autre fabrique de 1755 à 1779.
J. M. Renaud, céramiste et graveur-modeleur.
Cet artiste reçut le titre d'agrégé à l'académie de Valencfennes,
le 2 novembre 1780, après la présentation de quatre petits bas-
reliefs de forme ovale, de 11 centimètres de haut sur ^ de
large, qui se trouvent actuellement encore au musée de cette
ville, réunis dans un cadre sous le n" 390. Les sujets représen-
tent : les Titans foudroyés, la Famille de Niobé, le Festin des
Dieux dans V Olympe et la Danse dès Nymphes,
Renaud fut nommé l'année suivante: académicien. Son: Tosm-
ceau de réception, 101 médaillons à bas-reliefs, classés dans
quarante-neuf cadres, dont l'artiste avait fait hommage à l'aca-
démie, a disparu sous la République.
Les registres de l'académie ne contiennent aucune indication
sur le lieu de naissance dé ce graveur-modeleur, qui probable-
ment était natif de Valenciennes ou de Sarreguemines.
J'ai vu des médaillons en modules bien plus petits que ceux
désignés ci-dessus, et en quelque sorte plus artistiques que les
bas-reliefs de Nini, et marqués en creux dans la pâte :
R. et aussi L M. Renauc^»
Bum)PÉranrfis; 54*1
On les rencontre dans plusieiirS'- collections' à^ Pansf ils sont
ornés de bas-reliefs d'après l'antique, de sujets myrtiolbgiques
et autres, et d'efflgiea de personnes célèbresderépoque. Ê'un
est orné du bas-relief du buste de Paul Jones, commodôre^
américain. On conmAt un* médùiUbm en, cire^ de" la fin dit dix-
huitième siècle, qui est signé' GuUlmtme MtirUn Rimaud- (Voir
Encyclopédie, etc., par Bièftro Zani. PftrmB^ i"8S8)i Est-ce- là le
même artiste ?
Eugène Rendu, à Paris, avait» dans sa» collection deux petits-
bas-reliefs carrés, signés :
R. P.
Au musée der- la- ville de Vàrzy.,. ws charmant médaillon en
terre cuite, de 75 millimètres de diamètre, où l'artiste a repré-
senté en reWQt une j Offrande au Faune, est signé :
M I Renaud F.
Le catalogua dumixséè Lorin, de la ville de Bourg, men-
tionne deux, médaillons mythologiques en terre cuite, signés :
I, Renaudli799.
La collection de Lecarpentier, vendue après sa mort,, en
mai 1866, contenait deux bas-relieifs : l'un. Famille de Satyre, et
Satyre surprenant une femme endormie, et l'autre. Divinités
de la Fable; ainsi que dnq petits médaillons: la Balançpire,
rAïUD.ur monté sur un cheval >, etc.. (n*>' 405 à 407 du, catar
lo^e).
Madame veuve Le£èvi»-Gousyn fabrique encore aujourd'hui. à<
Y^lenoiennes de la.potarae émaillée^.
WàmmÛWMMÀX. (SEenrthe), .
Faîencit a email STAîmiFBBE; Vers» 1 734'
Terre de pipe (cailloutage).
Établie au faubourg de Willer^ par Jhcques GTiaimbrette ,
en 1731, la manufacture fut plus tard connue sous le nom de
la manufacture de Stanislas, roi de Pologne;
Charles Chambrette, Gabriel Chambrette son fils^, Charles-
Loyal, son gendre, et Guny et Relier, ces derniers vers 1788^
en fbrent successivement les propriétaires. Elle appartient
512 POTERIES OPAQUES
acluellement à HH. Keller et ûuéria; le premier esl le petit-
filg du Kellerdsl788.
Une autre manufacture à Lunéville appartient à Af. Adrien
Evrat.
Toutes ces jardinières, de Tonne circulaire, et ornées de ces
charmante décors Pompadour-Votteau, sur fonds de paysage,
et qui se signalent par la manière esquissée de leurs dessins,
sortent de la fabrique de Lunéville , où les moules existent
encore. Une de ces pièces fait partie de ma collection.
Des corbeilles à jour, dans le genre des porcelaines de Saxe,
des lions et des chiens assis et couchés, ces derniers souvent
en grandeur naturelle, proviennent, en majeure partie, de ces
fabriques de Lunéville, où Schneider était un potier renommé.
L'ancienne faïence de Lunéville esl trèa-lèg&e et ressemble
presque à de la terre de pipe.
Les belles faïences sans marques [jardinières, par exemple),
aux formes qui rappellent celles attribuées faussement à
Sceaux-Penthtèvre, où l'émail est blanc et suave, et le dëcw
souvent à simples filets ou à petites fleurs d'or, sont presque
toutes de Lunéville. (Voir ces pièces au musée de Bouen.)
Cyflet (Paul-Louis), modeleur et statuaire, né à Bourges
en 1724, qui a aussi travaillé à Kiderviiler et à Nancy, vint se
lixeren 1746 à Lunéville, ou il a laissé des groupes et statuettes
en biscuit d'une grande Gnesse d'exécution, et des statuettes en
EUROPÉENNES. 5i3
terre cuite de Lunéville, connue sous le nom de Terre de Lor-
raine K
On peut citer le Baiser^ joli groupe dans la manière de Fra-
gonard et de Houdon, ainsi qu'un beau buste de Voltaire, dont
M. Valferdin, à Paris, possède des exemplaires marqués au-
dessous du pied^ en creux dans la pâte :
Cyfletj à Lunéville,
Cette môme signature a été recueillie sur un groupe de joueurs
de cornemuse de la collection de MM. D. M. Davidson.
Le groupe de Henri IV ^ et de Sully, et celui de Bélisaire,
ainsi que la statue en pied du roi Stanislas se trouvent à la
bibliothèque de Nancy.
Une statuette en terre de pipe blanche, au vernis plombifèrej
au musée de Cluny (2177), est encore une œuvre de Cyflet.
Cette statuette représente le fils de Paul Rubens, petit en-
fant, assis sur une chaise. Il est modelé d'après le tableau
peint par ce grand artiste en i627, et qui se trouve actuelle-
ment au musée de Stadel, à Frankfurt-sur-Mein, tableau qui est
sorti de la collection du duc de Valentino, prince de Monaco,
entre 1737 et 1752. Salvador Carmona l'a gravé sur cuivre
en i762, et dédié la gravure au marquis de Grimaldi. (Un
exemplaire de cette gravure dans les cartons de M. Dusomme-
rard et un autre dans les miens.)
Des trois fils de Cyflet, Stanislds se fit peintre, François ingé-
nieur, et Joseph succéda à son père.
Le musée de Sèvres possède un groupe : VOiseau mort^ qui
est marqué
François,
signature qui pourrait bien être celle du jeune ingénieur.
Un groupe : Léda, appartenant à M, Bryant, est signé :
Léopold
Terre de Lorraine
1 . Madame CaiUard, à Paris, possède un grand nombre de médaillons en terre
cuite qui se rapprochent tant soit peu des œuvres de Nini (artiste dont on trouve
la biographie ci-après). Je pense que ce sont là des terres cuites de la Lorraine.
2. J'ai aussi rencontré ce groupe en faïence émaillée signé en toutes lettres
Huet. Est-ce une cootrefaçon?
0 1 '4 POTBIIIKS^ OPÂt)UES
La pétition des ftrTiramew de l'année 4790^ conservée aux
archives de la ville de Nevers, constate Texisteiice, à cette
époque, de trois fabriques de^fàrencé à Luné vHle; mais le Dic-
tionnaire des Pùstes aux lettt^Sy par Leeousttirier, des aniréês-
1802 et 18^7, n'en mentionne plu& qu'une seule.
MM. Keller et Guérin, les- propriétaires de la manufkotur&la
plus importante qui existe encore aujourd'hui à Lunéville,
marquent en blanc au poncis :
K^et G
LUmVILLE.
On y fabrique des faïences dans le bleu, de Nevers d!une
grande pureté, et d'un bon marché incroyable^ Le fond bleu à
décalques blancs et jaunesfixes, s'y. fait égalemenU.MM.. Keller et
Guérin fabriquent, en outre,, des faîenee& à décor polychrome,
QÙ le vert et la rose dominent. Ce sont des bouquets: et des
fleurs sur fond blanc, tout à fait dans le genre de l'ancien
Strasbourg, mais le décor est bien plus commun.
Une autre fabrique appartient à M. Adrien JEî;ra<.
Actuellement la Lorraine, ne possède guère qu'une dizaine, de
fabriques de ce genre.
Voir aussi la note de renvoi k.Sincenyy concernant un mo-
nogramme composé d'un G et d'un S,,qjie j'ai attribué à Joseph.
Le Cerf; des Islettes, établi dans le. temps à Sinceny^ et q^ii.
pourrait bien être un. monogramma de Lunéville. ou de.Nider-
viller.
A 1 0 kilomètres de LunéTille.
Faïence a émail stannifére, à^ partir de la seconde moitié du
dix-huitième siècle.
Môme fabrication qu'à Lunéville et à Niderviller, c'est-à-dire
la plupart des faïences décorées au petit feu de réverbère.
La liste des faïenciers pétitionnaires de l'année 1 790, con-
servée aux archives de la ville de Nevers, mentionne une
fabrique de faïence, en activité à cette époque, à Saint-
Glément.
M. Caillot, à PariS), possède un petit plateau octogono, dé-
coré d"un paysage et: qui est marqué en toutes lettres :
s* Clément
J
SURÛPÉ£NN£S. c>io
UIlHICHeS (nante-Tleniie) .
Faïences. A partir de 17.3.7, jusqu'à ce jour.
Massé ou Massie obtint, en 1737, l'autorisation d'établir une
manufacture de faïence àXimoges, jQii.il s' associa plus tard
avec un nommé lî'awmem^et.les frères Gre/Ze(, pour la fabrica-
tion de la porcelaine. (Voir PotCBlaine de Limoges.)
.On sait, par laliste des pétitionnaires faïenciers conservée à
Nevers, qu'il existait encore, en 1 7.90, .une fabrique de faïence
k.Lïmq^QSt.QiiM.J^JPouyat fabrique actuellement, et marque :
-" J. P.
L.
M, Dussent fils aîné, y fabrique de la faïence et de la po-
terie.
.flUBHliBCY (Setne*e4HOkif$),
A 7 kilomètees .de Gorbeil.
Faïeekce a Émail sTANNrFBHE. Vers 1735
On verra au chapitre des porcelaines françaises, que la pcUe
tendre s^est Éabriquée.à Mennecy-Villeroy {chàiesM)^ vers nSo,
et cela sous la protection du maréchal de Yilleroy.
Certaines faïences à décor polychrome, attribuées jusqu'ici
à Rouen, doivent être restituées à. la fabrique de Mennecy.
Le décor de ces assiettes et plats, ordinairement festonnés
et d'une pâte lourde, représente souvent des oiseaux, espèces
de perroquets entourés ideJoranchage^, de feuilles et de fleurs,
et tels qu'on les rencontre sur. les faïences rouennaises, où les
oiseaux sont le plus souvent en bleu, tandis que ceux du décor
de la îaïence de Mennecy sont ordinairement d'un vei^t jaunâtre
qui rappelle le vert de Delft.
Les têtes de ces perroquets ressemblent aussi dans le décor
de Mennecy plutôt à des cailloux ronds taillés ( 07iyx ou aga-
the ), qu*à des têtes d'oiseaux.
Des œillets bleus et d'un rouge vif jaunâtre, tirant sur la
brique, des branchages d'un brun noirâtre et la présence de
papillons qui i accompagnent presque toujours les oiseaux^ «ont
entcore des signes qui peuvent ^ider pour faire distinguer la
ÊafiBnoe de Mennecy de selle de Rouen ,> dont la teinte de l-émail
bhmc est ^presque aussi kméme.
516 POTERIES OPAQUES
Depuis que j*ai acquis la certitude de Texistence de cette
faïence, je n*ai pas encore rencontré de pièces marquées,
mais le monogramme
D. V.
Celui du duc de Villeroy, ordinairement estampillé en creux
sur les porcelaines à pâte tendre de Mennecy, pourrait aussi
bien être la marque de la faïence.
Une théière de la collection de M. Eugène Laurent, à Paris-
Montmartre, et une assiette festonnée de ma collection, toutes
deux de Mennecy, offrent les signes distinctifs indiqués. La
belle faïence de ce genre est fort rare et paraît a^ftir été fa-
briquée en très-petite quantité, mais on rencontre en pro-
fusion de la faïence plus commune, plus récente, et bien plus
grossièrement peinte, qui paraît de la même provenance ou
des environs de Mennecey. Tels sont les quatre grands plats
creux, enseignes de marchands, de la collection de M. Eugène
Laurent. Les inscriptions de ces plats sont intéressantes en ce
sens, qu'elles prouvent que Strasbourg a aussi imité le décor
japonais :
Magasin . de bouteilles . a serises . et cloche . poar jardin.
Magasin . de poteries . de toutes espèces.
Magasin . de fayence de Strasbourg en japonée . camayeu . rose et
verd . terre de pipe et autre.
Magasin . de cristal de bôeheme . dallemagne . et de France.
ITAIIYEBT («ard),
Petite Tille à 20 kilomètres de Nîmes.
Terre cuite au vernis plombifère et gravée. Vers 1736
La Gazette des Beaux-Arts en a mentionné un plat signé.
SIMCENT (Alsne)^
Village près Chauny, en Picardie, dont l'orthographe était,
j usqu 'en 1745, Sincheny .
Faïence a émail stannipêre. Vers 1737
La première manufacture y fut établie par Baptiste Fayard,
gouverneur de Chauny, seigneur de Sinceny, qui obtint des
lettres-patentes en 1728. D'après les documents importants que
possède M. Fouquet à Sinceny, il résulte que la fabrication n'a
1
I
EUROPÉENNES. SI 7
commencé qu'en 1737,', sous !b fils du seigneur Fayard,
comme cela ressort de la phrase : Depuis 1737, il est proprié-
taire, par succession, tfune manufacture de faïence, contenue
dans une pétition adressée auComité du Salut public de Chauny,
par Fayard, pour obtenirs a mise en liberté; pétition que M. Lam-
bert a rapportée dans une notice publiée par lui à Sinceny.
La fabrique du seigneur Fayard fut installée en 1737 par
le potier André Joseph Le Comte ■, établi depuis 1733 à Lille, et
enterré à Sinceny en (705. L'origine de cette fabrique dérive
donc encore du Nord, des écoles hollandaise et flamande, et non
pas de celles du Midi.
Les produits de la manufacture de Sinceny peuvent être
divisés en trois époques :
<° Faïences dans le goût de Delft et de Rouen, où le décor
est souvent en camaïeu bleu; De 1737 & 1770
I. (CoIlcclioD Lectrp«alier.]
20 Faïences dans le genre des fabriques de la Lorraine, dé-
corées au petit feu de réverbère, et où le ro^e et le vert do-
minent, comme dans les faïences de Strasbourg et de Marseille.
5i^ POTSfiOB lICUliQUES
Lexhinois .marseillaiB s'y rencontre souvent «ur les assiettes,
qui sont ordinairement â. bords ifestonnës; De 1770 à 1760
3<^ .Faïences de la dé«sadenGe^>;c^5t*à-diFe< dîun décor grossier,
où le vert domine, «et qui sont encore 'bien plus souvent en
blanc sans aucune ipeinture. De 4760 jusqu'à ce jour.
Les premiers peintres rcéramist^ de xïette manufacture ,
mentionnés dans des documents de famille de %. F. Touquet
fils, à Sinceny, petit-fils id^un des anciens propriétaires, du
successeurs de Fayard, étaient :
Michel Quetenilk, Vers 1737 à 1736
Malriat, Wers 1737 à 1736
Aleœandre Daussy, Ver-s 1737 à 1738
Les archives des villages ont, en outre, conservé les noms de :
Pierre Pellevé, premier directeur de la manufacture. 1 737
Pierre Jeannot, peintre céramiste de Rouen, 1737
Philippe - Vincent Coignard fils , peintre céramiste de
Rouen, 1737
Antoine (7oîgnorSTpBre,|peintre.Gëramiste de.iRouen, J737
Léopold MabnfMtiy^mimiû ôirBcJbsat. ©©,1738 à 1775
Julien JMotQ^, Pieinœ JJhqpÉUe^JtntmneJJhqpélle et Joseph
Berfoiw;,fpeirtliHB<ite ^ouen,«Mtaient:teBaUtreStTtéramistBB connu
de la^pimnièreiépjsquB.
Apiààsxeus-là, liesdaBumentede 'M.'FûuguetniBntionnent :
Beitirundyi^TukfB, Vbbb 4742
Gto6v«Z.Morï?i/Ti«iiïtfejîto9Brs,ttournBur. if.743
^ors .f77SPD,'te:£abÊigue'0]mupaHLti!BiUe'!^^ tandiSiqiiB la
pétteion deiFan Iltne pBrftefplus qMBotoHasBrite ouvrier&en'tout.
FayHrt aiauflsi lait LfabriquBi;,(BnH77tfï), une centaine de sta-
tuettes eni,tflFi© 'laiite' et '.peintes èifrom, .gûi nont M pDuces de
hauteur,i«, qûirrapréaaiUBit^daBnrDigiiersdeirêpDrque, tant ca-
valiers quB&iltBfiainB Ayant vëiécdfiStinées'Tà'un^ étranger,
il paraît que l'envoi nikiap«6 n&ja tim^ ♦et .ig»e «ces figurines ont
été vendues en détail. H. ^ïtegudt *ien possède une qui repré-
sente un soldat de l'infanterie ^
Claude Borne , peintre céramiste de Lille, et qui avait tra-
vaillé bngiiemps à Hlot4«n, «e ifiaaft durant nine année, de 1751
ài7S2,à Sineeny, d'où jl partit ipourlBooriiick {Tournât/), de
làipaurjfotzs.
1 . Quelques personnes de la localité croient que c'étaient plutôt des jovels
d'enfants.
EUROCÉBïfNfB; 5i^
De la seconde époque, celle de la fabrication des faïences
genre Lorraine, décorées au petit feu de réverbère, onconnaît:
Pierre Bertrand,. peiniTe céramiste lorrain;
François-Joseph Ghail^ peintre céramiste-de Doornick (Tour-
nay); et
Joseph Le Cerf, peintre céramiste des Islettes, en Lorraine,
de qui un plat ovale, ondulé et festonné de bonds, et décoré de
fleurs bleues, vertes, jaunes et roses, appartenant à M. .Des-
moutis, à Paris, est signé :
5*
tandis que la marque ordinaire • de Sinceny est :
■s
Le musée de Sèvres-poaaède. une assiette, fort probablement
fabriquée à Sinceny^^^ qui- porta insccit. :
Eeurùonfosse,
nom altéré du village de Buronfôsse, du département de l'Aisne^
à 16 kilomètres de Vervins.
L'école céramique de Franconie ou plutôt de Suisse s'est trou-
vée aussi représentée pendant quelque temps,, à Sinceny, par
Fèlix-^oseph Novat'ou KovacU^ céramiste-modeleur suisse, de
Toggenburg, entre Sàint-Gr'allèn' et Constanz, qui produisait à»
Sinceny. Vers 178U
Bouquet (legrandipèredèMl F'. Fouquet, de celui qui demeure
toujours à Sinceny où il possède de grandes propriétés et des
usines) était le directeur de la manufacture de 1775 à 17^; e*
son fils propriétaire en 17991
1. M. Aigoin, à Paris, possède une soupière de cette marque qui me fait dou-
ter que le:G. 9. soit bien lé monogranuBed^ùiiipolier dé Sinceny. Elle esttfès-
belle, et bien plus artistique que tout ce que je connais de celte fabrique^
M. Charles Rossigneux, à Paris, a dans sa collection une corbeille à jour, égale-
ment marquée de ce monogramme, et qui a tous les caractères des fabriques
de Lunéville et de Nideryiller.
520 POTERIES OPAQUES
L' -S- entre deux points, indiqué plus haut, est le mono-
gramme de cinq pièces authentiques de la collection de M. F.
Fouquet fils. La collection de ce descendant d'anciens cé-
ramistes de la manufacture est la plus riche et la plus
complète; elle contient à peu près deux cents céramiques,
consistant presque toutes en faïences authentiques, qui avaient
été conservées de père en fils, dans les familles d'anciens
potiers.
Comme morceaux curieux de cette intéressante collection, on
peut citer un cadran de coucou^ à fleurs de lis, et daté de 1771 ;
une sorte de petit pot à anse et rétréci d'en haut , qui , empli
de sable, servait de contre -poids à ce môme coucou ; un pot
au millésime de 1757, et signé :
RoussellCj
le nom d'un potier qui travaillait à Sinceny vers cette date;
un saladier festonné, à décor chinois, vert et rose, de la seconde
époque, décor genre lorrain, et une semblable soucoupe,
où on voit le vert, ordinairement attribué à Savy, de Mar-
seille; et enfin, une assiette en faïence parlante ou à devise,
au millésime de 1789, et qui rappelle, par son décor et par sa
forme, la faïence populaire de la décadence de Nevers; elle
est ornée de crosses d'évôques, d'épées et de bêches en tro-
phées, avec le mot : Réunion»
Quantàllouy, c'est une localité limitrophe de Sinceny, et les
deux productions doivent être confondues.
Dans les précédentes éditions de ce Guide , j'avais parlé en
premier des faïences de Sinceny, qui jusque là avaient été con-
fondues avec celles de Rouen, de Marseille et de la Lorraine ;
j'avais indiqué l'S, comme marque appartenant à la fabrique
de Sinceny. Un traité spécial a été publié depuis sur cette
faïence, mais l'auteur n'a apporté rien de nouveau, et a omis
môme les points les plus essentiels.
Le Dictionnaire des Postes aux lettres, par Lecousturier, des
années 1802 et 1817, mentionne une fabrique de faïence à
Chaunyy qui ne peut ôtre que celle de Sinceny, rétablie sous
le consulat.
M. Mandois y fabrique actuellement de la faïence.
(Voir les porcelaines de Sinceny).
EUROPÉENNES. 5'2i
BOmftO-D^OCUlEli, près de Blneeny (Aisne).
Faïence a émail stannifère. 1737
La fabrique a été fondée en 1737 i^div Christome Lecomte, de
Lille, père d' André-Joseph Lecomte, le plus ancien potier de
Sinceny, et elle remonte à la môme date que celle du seigneur
Fayard de Sinceny. On croit aussi qu'un M. de la Fosselière y
était directeur. La fabrique a cessé vers 1774, après avoir été
consumée par un incendie. M. Fouquet possède un petit mo-
dèle du château d'Abeycourt, qui a été modelé et fabriqué par
ce Ghristome Lecomte.
Faïence a émail stannifère. 1736
Fait par moy Jean Gautier à
VAUVERT CE iO AVRIL 1736
et :
Camarade beTOunt tandi que le vin et bont
Vyala D, D,
sont des inscriptions recueillies sur des céramiques de cette
provenance.
Le fils de ce Jean Gautier père, Jean Gautier fils aîné, a créé
plus tard à Anduze une fabrique de vases à fleurs, également
do terre, vernissée en vert et quelquefois en marbrée.
SCEAVX-PKMTHIKYRE^ près Parla.
Faïence a émail stannifère. (Voir les observations à Tarticle
des Porcelaines de ce môme Sceaux.) 1740
Cette faïence est décorée dans le genre de celle de Strasbourg,
où le rose et le vert dominent, et où il y a abondance de bouquets
et de fleurs; mais le décor de celle-ci est plus fin et plus soigné.
Les jardinières demi-circulaires, ornées de paysages et de
sujets genre Yateau, esquissées d'une manière charmante, et
que l'on attribuait ordinairement à Sceaux-Penthièvre , sont
de fabrication lunévilloise, comme le démontrent les anciens
moules qui existent encore dans la fabrique de Lunéville.
Le sceaux est d'une pâte fine et légère et l'émail est blanc et
suave,
44.
522 rOIBBIB» QBftKIimS
La fabrique fut établie par le professeur de chimie Chapelle,
de PariSj.quiiiDarqttaiVcto i7â4i ki760f:
Le sculpteur Jacques et le peintra Julien,, qui en. devinrmt
les acquéreurs,, marquaient, de la mêiue manière, de i76.0 à
1772.
Glot, autre sculpteur,, propriétaire en 1772, signait Juaqu!en
1774:
SCEAUX,
et adopta, sous le patronage du duc dePenthièvra (grandi ami-
ral), en 1774, l'ancre:
6
L'amateur doit cependant observer que la porcelaine en pâte
tendre, c'est-à-dire la faïence translucide,, de Venise,, de Chelsea
(Angleterre), de Poppelsdorf (Allemagne), ainsi que la. faïence
suédoise de Gustafsberg, sont également marquées d'une aaiGre;
mais leurs formes diffèrent,, — et le genre et la qualité de ces
poteries sont tout autres. Il y a plus, de faïences^ de Sceaux
sans marque qu'il n'en existe de marquées, mais elles se recon-
naissent à la légèreté de la gâta,; à. lai finesse et au. genre parti-
culier de leurs décors.
Je pense que la fkïence^ vendtie en 1776, rue Sèint-Hbnoré,
près la rue de l'Échelle, à Paris, que VlntelUgenzblatV dit pro-
venir de la fabrique royak de M, GhoepeUe, était un produit de
la fabrique de Soeaux-Penthièvre, alors qu'elle se trouvait
souft la direction de ce chimiste.
La liste des pétitionnaires faïenciers de l'année 1790, conservée
dans le& archives de la ville deNevers, mentionne égalemrait
la fabrique de farônce de Sceaux,, qui, ayant passé vers* 1795 à
un nommé Cabariet,A\mi devenue tout à fait industriellej et ne
confectionnait plus que de la^ faïence blanehe commmie.
Achetée par Jtforceauœjen 1^0, elle est, depuis 184B^ la pro-
priété de M. Emile Auboin, qui, tout en continuant le genre de
raRQFÉHSfffiK. 523
fabrication de Manteaux,, fait^. aussi confecticmner dès* poteries
artistiques pour le» peiiitre»GéF9mi8ti9i»^; pourM; Jean et autres-.
Sèvres possède quelques joliffexemplaires-d^une vieîllë-fkrence
que Ton y attribue à la fabrique de Sceaux.
Faïence A émail stànnifebe (?).
On m'a signalé des faïences fabriquées durant le dix-hui-
tième siècle, dans une localité nommée Samadé ou Samadèt,
et dont le décor ressemblerait a celui de Moustiers.
Je donne cette note sous toute réserve, ne connaissant par
moi-môme ni l'endroit ni les produits-
IiE «AVIiT (I^olr-et-Cher),
A 36 kilomèlres dû. Vendôme. et à 4i5 d'Ajignoii.
Faïence a émail stannipère. De 1740 à l^î$
Fabrique fondée par les de Dont ^ seigneurs de Gault, qui
eux-mêmes aimaient à &*accuper de la fabrication. Vers 1788,
c'étaient des ouvriers d'Apt et de Moustiers qui y travaillaient
et la fabrique fut fermée en 4805.
Quelques pièces portent le monogramme d'un
E réunlàun-A..
On y a fabriqué des faïences à* émail stannifère très4)lanches>
décorées souvent de poissons, lézards et au trois animaux ea relier
et en polychrome sur fond blanc.
APBET (Haate-mame), près liangres .
FaIence a émail stannifèhe. 1740 jusqu'à ce jour.
Cette fabrique a été fondée par un sieur de Lallemand, sei-
gneur d'Aprey, entre 1740 et 17S0, et* elle ftit dirigée par Olli^
vierS céramiste de Nevers; Fermée en 1792, rouverte après la
résolution, et devenue^ alors lar propriété de Léon Gérard, elle
fonetionne encore aujonrd-hui.
Jary ou Jarry étaib un peintre habile de cette fabrique;
Les ancienne» fàïence&d'Afirey sont décorées dans les nuances
i . Cet OlUvier serait-il odoi dé Ikmerdè la HtoqueHe (Voir paçe 524) ?
524 POTERIES OPAQUES
des faïences de Strasbourg : le rose, le vert et le jaune domi-
nent, et leur cuisson a toujours eu lieu au petit feu.
La marque la plus ancienne est l'
/v.
Aprey, en toutes lettres, est une signature plus récente*
(Collections de MM. Ed. Pascal, Mathieu Meusnier et C. W.
Reynolds).
La liste des pétitionnaires faïenciers de 1790, extraite des
archives de Nevers, constate l'existence d'une fabrique à A pray
{sic) à cette époque.
Le Dictionnaire des Postes aux lettres, par Lecousturier, de
i817) la mentionne aussi, mais celui de 1802 la passe sous
silence.
Aujourd'hui, c'est M. Abel Girard qui y fabrique de la
faïence.
PARIS,
Rue Basfroy, près la Roquette.
Faïences. . 1749
On lit dans V Intelligenzblatt de Leipzig, de Tannée 1766,
page 206.
« Rue Basfroy, près la Roquette, on fabrique dans la manu-
facture de M. Roussel des faïences qui sont intérieurement
blanches, et extérieurement de couleur olive. On en fait toutes
sortes de services complets. Cette faïence va au feu, est très-
légère et à meilleur compte que celle faite en terre de pipe an-
glaise. La douzaine d'assiettes se vend de 3 à 5 livres. »
PARIS,
41, rue de la Roquette, faubourg Saint-Antoine.
Terre cuite a émail stannifère. 1742
Ollivier, qui avait une fabrique (fondée en 1742 ) 41, rue de
la Roquette et qui y existait encore en 1802, a confectionné de
beaux poêles en terre cuite émaillée et vernissée, et en faïence.
Le poêle représentant la Bastille, au musée de Sèvres, et un
tuyau de poêle de ma collection, qui est formé d'une cor-
beille remplie de grappes de raisins, de feuilles de vigne et d'un
soleil, etc., le tout décoré en polychrome, sont de cet OUi-
EUROPÉENNES. 525
vier, dont la manufacture se trouvait pour ainsi dire sous le
patronage du gouvernement républicain, et portait le titre :
Fabrique générale de faïences de la République,
Le poêle au musée de Sèvres (dont un pareil existe encore
dans la rue delà Roquette) fut offert à la Convention par le ma-
nufacturier. Il paraît qu'Ollivier était bien en — club, — puisque
Camille Desmoulins lui fit une grosse réclame dans un article
des Réwlutions de France et de Brabant On y lit « que les
patriotes embrassent M. Ollivier, et les aristocrates eux-mêmes
sont forcés de mêler des compliments à d'horribles grimaces.
Ce poêle conviendrait parfaitement à l'Assemblée nationale, dont
il est tout à fait digne, si on ne craignait que les noirs et tous
les culs-de-sacs ne vinssent, dans quelques-uns de leurs accès
de rage, chanter (?) ce poêle-Bastille, comme le chantre et sa
troupe sur le fameux lutrin. »
Outre les poêles, Ollivier a aussi fabriqué de la vaisselle.
M. Arosa, à Paris, possède un plat rond festonné en gros-
sière et lourde faïence décorée de filets tricolores, et au milieu
d'un médaillon à trois fleurs de lis et couronné d'un bonnet
phrygien rouge , on lit : Vive la liberté sans licence. Ce plat
qui est brun à l'envers, pour aller au feu, et qui porte en creux,
estampillé dans la pâte, au revers :
Ollivier
à
Paris,
avait été fabriqué entre 1789 et 1792, ainsi que ceux de la
même fabrique sur lesquels on voit des balances surmontées
d'un bonnet phrygien bleu avec les mots : liberté, égalité. Ce
même genre de plats bruns à Tenvers et allant au feu a été fait
et se fabrique encore à Quimper (Voir cette localité).
Ollivier a aussi laissé un cahier d'ornementations de poêles,
sous le titre : Collections de dessins de poêles de forme antique et
moderne^ de l'invention du sieur Ollivier,
On lit sur ce fabricant, au Bwsc/i Handbuch der Erfindungen,
U IV, p. 95, la citation du Journal fur Fabriken de 1798, p. 410.
0 Louis-Franc. Ollivier, à Paris, a été breveté à la fin du
mois d'avril 1802, pour une nouvelle manière de décorer la
faïence et la terre émaillée, qui est très- propre à l'usage des
numéros des rues, moyennant leur contre^stampille(l).
526 POTBRIBS; OPAX}VES
Ce malheureux manufacturier qui se» trouvait? avant la révo-
lution à la tôte du plus- grand établissement céramique de
France, fut forcé bientôt d'abandonner ses- usines et mourut
pauvre à l'hôpital. Fmssow. reprit la- fabrication qu'il céda plus
tard à son neveu, M. Masson père^ auquel* ont succédé depuis
MM. Masson frères, ses" fîlg^ qui fabriquent des- faïenoe» com-
mune* sur une grande échelle, plus* de 1000 piècfâ^ par jour.
11& cuisent actuellement avec tlDis fours et occupent ii9 mo-
deleurs et un très-grand nombre d'ouvriers; ii& ont une ma-
chine à vapeur de broyage qui leur remplace trente manoBuvreSk
Après que M. Hippolyte Pinart' y eut^ fait cuire ses célèbres
peintures sur l'émail cm , MM!. Màsson frères- adoptèrent en
1864 le procédé de ce genre de peinture pour une febrica-
tion spéciale de produits plus artistiques qu'ils ont jointe à leur
courant. Ils ont exposé pour la première fois au Palais de Tin-
dustrie au mois de novembre de la môme année; C'étaient des
faïences à décors variés et très^sBftîsiaisantes-, qui ont prouvé
une fois de plus la^ supériorité -de la' peinture céramique sur le
cru, si heureusement renouvelé à notre époque par Ml Pinart,
et après les procédés dès anciens maîtres du- noid de rBurope
et de l'Italie.
M. Marey peintre, est à la tôte dé l'atélièrde la peinttire'Cër»-
mique de la fabrique de la Roquette, et y produit les morceaux
les plus beaux.
MM. Masson frères marquent. leurs produits artistiques :
Beént $%ir Uoru
Paris
Masson frères.
Marey, la signastune de l'antiste susmentionné, se tronsre
quelquefois à aôté de ceUft de la. fabriqua.
Ancienne villeà 13 kilomètres de Vèleueiennes.
Faïence AuBmail smnaiBEiiE, A partir de t746
jusqufài cas Içuirs*
Pxmquet fU&, né à Ydenciennes, mort, à Doonrick (Touriiay)^
paraît avoir établi la féerique. C'est le môme qui se trouve
mentionné daiœ^ le? Galenâtier du Qow)emement' de Flandres de
IfiUROFfiENNlS. 32:7
Eainaut et Gambrésis de 1 -année i775, ccorame propriétaire
de deux fabriques de faïence et une de porcelaine^ établies à
Saint-Âmand, etiquiiutautorisé<en 1765, par lettres patentes,
à établir une fabrique de porcelaine à Yalenciennes. Cette dep-
nière marchait sous la direction de-sonibeau-^père Lamoniary.
Une théière en ia£ance décorée à flaurs, et appartenant à
M. Fouquet, à Sinceny, est signée
monogramme et initiales que j'attribue à SaintrAinand. d'au-
tant pliEs.que/M.Riocreux attribue la .marque que voici *
où l'on voit les mêmes .lettres S. et A (Saint-rAmand?), éga-
lement à cette localité.
M. Lejeal de Valenciennes qui a publié, depuis , une note
sur ce môme genre de monogramme, sans les lettres S. et A.
dont voici le spécimen :
(marque qui 'varie souvent dans les détails 'de sa composition),
l'attribue encore à Saint-Amand, contrairement à la classi-
fication de la dernière édition de mon Gme^e,* où elle avait été
indiquée comme: appartenant à une fabrique alsacienne. Quant
à l'interprétation par laquelle M, Lejeal veut lever le voile,
elle est fort ingénieuse mais peu sérieuse pour ce qui regarde
les sabres^ qui pourraient, seton lui, vouloir représenter Vépée
que Fouquet aimait à porter aux jours de cérémonie, en sa
qualité de maître potier. J^gnofB si ce Fouquet de Saint-
Amand était parent de celui de-^Sinceny.
,M.ikeJBal nous a aussi ^appris. queute môme J'ouquet, après
528 POTEBIES OPAQUES
son retour de l'étranger où la révolution l'avait forcé d*émi-
grer, rétablit une fabrique de faïence à Saint- Arnaud en 1807,
mais dont l'existence ne paraît pas avoir été de longue durée.
Le même auteur cite les peintres suivants :
Bastenaire-Daudenart, père du chimiste et potier auquel on
doit deux mauvais traités sur la céramique.
Desmuralle, peintre de fleurs.
Gaudry, Louis-Alexandre, né à Tournai, mort à Saint-Amand
en 1820, paysagiste.
Henri de BettignieSj mort en 4866, établit à Saint-Aniand en
1814, une autre manufacture ; son fils fabrique encore au-
jourd'hui toutes sortes de poteries. (Voir pour ses porcelaines
à pâte tendre, le chapitre des porcelaines françaises.)
Arras, Saint-Pol, Desvres, Saint-Omer et Hesdin, dans l'Ar-
tois, sont également des fabriques du Nord du dix-huitième
siècle, qui n'ont produit cependant que de la vaisselle affreu-
sement laide. M. Champfleury a signalé de ces fabriques :
I. De la collection du chanoine Derguesse, une pièce qui
porte l'inscription :
Que cette salade tous fasse plaisir, monsieur Famelicq.
II. Un moutardier appartenant à M. Desvres, et qui repré-
sente un homme assis sur une chaise percée, avec la devise :
Ma moutarde est meilleure que celle de Dijon.
MIDEBiriIil^ER (nenrthe)^
A 6 iiilomètres de Sarrebourg.
Faïence a émail stannifère. Vers 1746
Établie par le baron Jean-Louis Beyerlé, directeur de la Mon-
naie de Strasbourg, cette fabrique fut entièrement fondée à l'aide
d'ouvriers allemands, et sous la direction du chimiste Anstatt :
a marque sous Beyerlé, qui mourut en 1784, était
M. Aigoin, à Paris, possède deux coquilles de 22 cent, de
J
EUROPÉENNES. 529
largeur, à décor polychrome à fleurs, dans le genre ordinaire
des faïences de la Lorraine et de l'Alsace, qui sont marquées :
M
Vers 1780, la fabrique fat achetée par le général comte de
Custine, qui la fit diriger par Lanfrey. On attribue à la fa-
brique de Custine les marques suivantes :
J^ ^J^ , ou un simple ,3i
(Voir aussi Ludwigsburg et Buen-Retiro.)
On a vu, dans l'article de Lunéville, que Cyflet, modeleur-
statuaire, né à Bourges en 1724, a produH des terres cuites
à Lunéville, qui sont connues sous le nom de Terres de Lot-
raine. Ce Cyflet a aussi modelé pour la manufacture de Nider-
viller. Ses figurines sont quelquefois signées en toutes lettres à
côté de la marque de la fabrique, et elles sont très-recherchées
et appréciées par les collectionneurs de la Lorraine.
Les porcelaines à pâte dure que cette fabrique a produites
portent les mômes marques. Cependant ni les deux C entrela-
cés sous la couronne de comte, ni l'N, ne sauraient prouver
que l'objet soit de Niderviller.
Cette môme marque se rencontre aussi sur les faïences et
les porcelaines dures de Ludwigsburg, en Wurtemberg, et sur
les pâtes tendres de la fabrique espagnole de Buen-Retiro, qui
ont employé l'une et l'autre ces deux C entrelacés avec et sans
couronne. Quand la couronne surmonte les C, — la marque
est facile à reconnaître, puisque la couronne de Ludwigsburg
est la couronne d'électeur, ornée d*une croix.
La faïence de Niderviller est belle, assez légère de pâte, et
d'un émail suave et blanc.
On peut voir, à Sèvres et dans ma collection, quelques as-
siettes décorées avec des paysages en camaïeu rose.
Aristide Lecarpentier, à Paris, possédait plusieurs assiettes
de cette faïence, où le décor en camaïeu rose représentait égale-
45
510 POTBBIHB OPAQUES
méat des pa^Fsages, mais peints sur un fond imitant le sapin,
et, qui iétaient marquées «n toutes lettces :
NidervillerniA,
Une pareille assiette avec la^nÈème signature, se trouve au
musée de Sèvres.
M. Achille Jubinal' possède une statuette de plus de 50 cen-
timètres de hauteur, qui représente un enfant à figure vieillie,
en costume de hussard, et décorée en polychrome; elle porte au-
tour du socle l'inscripjlon suivante :
N» R. fecit de Lanne, 1746. Portrait naturel d*un enfant âgé de six ans.
Je pense que N. R, désigne Niderviller, et Lanne, Tannée.
La datecest la pluck ancienne de cette faïence que J'aie ren-
contrée.
Cette statuette parait être le .portrait d'un nain qui attiiîait
alors la curioâité , publique.
Après l'exécution du comte de<Custine,Xan/'rey devint adju-
dicataire de la fabrique en Tan II ^ et l'exploita depuis jusqu'à
sa mort, en 1827, où elle passa àM.L. (j. Dryander de Sarre-
bruck qui en est encore le propriétaire.
Sous.Lanfrey, la marque .était :
La porcelaine et la faïence ont été fabriquées simultané-
ment à cette manufacture, à partir de sa fondation jusqu'à ce jour.
Leustch était un bon peintre de fleurs attaché à la fabrique
de Niderviller, et qui avait de la réputation pour ses œillets»
Actuellement cette manufacture de porcelaine, de faïence et de
cailloutage (terre de pipe) appartient toujours à M. i.-G. Bryan-
der, qui a obtenu, à l'exposition de 1855, la médaille d'argent.
(Voir aussi Lunéville.)
1. Le Dictionnaire des Postes aux lettres de 1802 et de i8l7 parle delà
fabrique-dé NrdeFviïler que l'on trofUYe aassi mentionnée dans la pétition des faïcn-
cieFs.de r«iiBiée 1790.
A'ille à i6 kilomètres de Samt-Omer,(Pas-de-»Calais).
FAÏBDSfCE A ÉMAIL STANNIFÈRE. De 1730 jUSqu'à^Oft jOUr.
Un sieur Proudhomme ou Prudbomme y fonda une fabrique
en 1730, qu'il dirigea jusqu'en 1755, et qui cessa complète»
ment en 1790.
Quelques amateurs attribuent' à cette fabrique un mono-
gramme entrelacé^ qu'ils interprètent par Atre-Prewdftomme,
mais qui selon d'autres appartient à Lille (voir le monogramme,
page 485).
On fabrique encore aujourd'hui à Aire; Gë sont, comme jadiSj
des faïences à déeor mono et polychrome dans le genre de
celles fabriquées, au petit feu de réverbère en Alsace et en Pi-
cardie.
PATO0.
Terre cuite sans couverte. Vers 1740
Edine Bumonty statuaire, mort en 1775,. de qpi le Louvre
possède un Milon de Croione^ qui. est' le morceau.de réception
exécuté pour l'académie, en 1768,, a laisséi plusieurs terres-
cuites.
Terre de pipe a vernis plombifère. 1740
Manufacture royale dite « en terre d'Angleterreu.».^
iiOCAUiTÉ mcomiiiB.
(Probablement Paris.)
Terre cuite sans couverte. 1745
lancWeoulaneWe, modeleur (vers 174^, est un artiste pro-
bablement français^ dont la: signature, se* nraroontre souvent
sur des médaiilonsen.terre cuite sans couverte^. ornés de chart-
mants sujets en bas-relièfs ; il m'a été impossible de déeouwir
les moindres renseignements biographiques sun ce oéramiste
ou graveur.
M. Gion; àPàm; possède deux' diieiis^oarHns'ennferre cuite,
signés tous les deux delanelle ou lanette,. avec 1& millésime de
1745 et 1746. Le premier porte en outre, gravé dans la pâte,
sur le collier :
J'appartiens à M'"^ la daehtsse de Chevreuse.
532 POTERIES OPAQUES
PARIS.
Terre cuite sans couverte. A partir de 1748
Augustin Pajou, statuaire, né à Paris en i730, mort en 1809,
élève de Lemoine. Grand prix de Rome en 1748, Pajou resta
de 1748 à 1760 en Italie. On connaît de lui plus de deux cents
morceaux de sculpture en bronze, marbre, pierre, terre cuite,
en plomb, en bois et môme en carton. Il exposa en 1768, 1800
et 1802, et fut de l'Institut. Comme œuvres importantes, on
peut nommer : les statues de Descartes, Bossuet, Pascal, Tu-
renne, Démosthène, Psyché abandonnée, Pluton tenant Cer-
bère et un buste de Buffon.
Un médaillon représentant Lemoine, et signé
Pajou .1787
faisait partie de la collection Tondu, vendue à Paris au mois
d'avril 1865.
Faïence a émail stannifère. Vers 1750
Un pot de pharmacie, à décor polychrome, et aux armes de
la maison d'Orléans, est désigné, sous le n» 114, au musée de
Sèvres, comme provenant de Digne.
Terre de pipe. Vers 1750
Faïence. Vers 1775
A. Morreine, modeleur en terre de pipe, est connu par sa si-
gnature qui se trouve sur une statuette représentant un moine
en prière :
A, Morreine. Poitiers. 1752.
Pasquier, fabricant de faïence émaillée à Poitiers, « sollicita,
en 1778, la protection du ministre Bertin, etc., etc. »
Aujourd'hui MM. Auge frères et MM. Léon frères y fabri-
quent des poteries.
TOUIiOUftE (eheMlea de la Hanle-Claroiine).
Faïence a émail stannifère. A partir de 1750
Des services dans le genre du décor de Moustiers, à grotes-
ques, sont signés :
Toulouse.
EUROPÉENNES. 533
M. C.-W. Reynolds, en Angleterre, possède un grand vase de
fleurs en camaïeu bleu, qui est signé :
Laurent, Basso.
À Toulouza
Le 14 mai 1756.
La liste des pétitionnaires faïenciers de l'année 1790 men-
tionne deux fabriques existant à cette époque à Toulouse, et les
Dictionnaires des Postes aux lettres, par Lecousturier, des
années 1802 et 1817, parlent d'une fabrique dans cette lo-
calité.
(Voir aussi Saint-Gaudens.)
MM. Richarme frères fabriquent encore aujourd'hui des
faïences et des terres de pipe (voir leur porcelaine tendre);
M. Dubois fils y- a des ateliers de décors.
1IABA1V0 (Charente-Inférieure),
Petite ville à 24 kilomètres de La Rochelle.
Faïence a émail stannifère. De 1750 à 1760
Une fontaine appartenant à la collection céramique de Sè-
vres, et ornée de guirlandes et de feuilles, le tout décoré dans
le goût de Rouen, est signée en toutes lettres.
Marans 1754,
et en outre, d'un monogramme, formé d'un
B et d'un K réunis.
J'ai vu des pièces sans marque attribuées à cette localité ;
elles étaient décorées en polychrome sur fond blanc, dans le
genre de l'ornementation rouennaise, mais en teintes plus pâles.
POUPSE,
Village près Moustiers.
Faïence a émail stannipére. Vers 1750
Le musée de Sèvres possède une pièce signée en toutes
lettres.
li'lIàE-D'BUIE (Selae-lnférlenre).
Terre cuite a émail stannifère. Vers 1760
46.
534 poTimres^orAQUEs
Terre CUITE SANS couvERTBh* 1760 à 1817
Félix Lecomte, statuaire, né àPàris en 1737, mort en 1817,
élève de Falconet et de Vassi, grand prix en 1764 pour son
bas-relief i le Massacre . des Innocents^ et . membre, deu T Académie
en 1771 pour son groupa.: Mor&as dé^OGÂanti'ÛËiiiptf^.ûa.cûik-
nait.encore de cet artiste unafiiatua de la^Yiergâei uxiba&éràHaf,,
à la cathédrale de Rouen,, qpi furent expions en 1775 et la.
statue de Rolîin, exposée en 1789, et celle de Fénelon, plaoéei
rinstitut.
Lecomte a aussi produit des figurines en terra cnita
La Mort. d'Adonis,, à. la. collection. Eugèna Tûndu^ à^Pam
(vendue au mois d'avril 1865 ), était sig^ntée.:
Lecomte 1780.
Bourg dans le département du Var, à quelques lieues de Tarages.
FAfiSNGE A ÉMAIL STANNîPèRE TRÉS-QOMMUNE.. 1760 à 1780
Cette fabriqiie, établie par lé potiw^Gràzc, a^marqué :
^C^
(M
ffU^
comme on peut voir sur une pièce de la collection de Sèvres.
€HA17]lfONV>(nnBMDOmE,
Château près de Blois'.
Terres CUITES. 1760 à 178B
Jean-Baptiste JVmVnéen Lombardîè vers 1716, avait d'abord
habité en France la Charité-sous-Loire, et était entré vers 1760
i . Le château de Chaumont, à quinze kilomètres de Blois, d'architecture et
débite :pittMe8ques, élevé d'abord, av'qinBxièiM siècle,' sur les raiites> d'un-
cûBum graveur dans'leBinafliifacittnBs d&^eifsffet dë^potmes
de M. Leray, intendant de Phôtelde»^ Itiv«iâîdes> acqn^neordu
châleaii: de Ghaumont, oii^ oii< le^ voit: même fîgnrer à partir
de 1778, comme régisseur général. — Une lettre du \ 6 mars 1776,
qui existe dans les archives, de. la manufacture de Sèvres,
adressée au directeur par un nommé Berthevin, céramiste à
Orléans, ami de Nini, prouve que ce dernier avait refusé des
offres faites par la manufacture royale^ préférant' conseny^r sa-
portion à Gbaumoni;; — L'axtrait dai registre mortuaire de la
paroisse de Ghaumont-sort^iioire , du 3' mai 1 7^^. dit : cv Que
Nini était né en Italie, nsané en Bspagne, où saifesome démena
rait encore, et décédé hier^âgé d'environ soixante-'dixvans, après
avoir reçu dans sa maladie les sacrements de pénitence. » H
avait unerfîlle qui habitait avec sr mère:
Nini a: laissé quelques verres^ gravés d'une extrême finesse^.ett
un grandi nombre (70 à 80)' de portraits médaillons' en terre
cuite^ d^un travail caractéhstiqae. B'expresBon magistrale,,
jointe à un uni excessif dans l'exécution' des' détails^ àr'tiiie sér
vérité antique fondue avec* le goût efféminé du. dix-hiatième.
siècle, plaœ ces médaillons et leur aut^raupresneFrrangdans
ce genre d'ouvrage.
Ses moules piimitifs en cuivre ei exécuté» au burin furent
achetés en ISI^parunbabitant de Blois, et revendus à sa mort
à un fondeur de cette ville qui en fit des- lingots.
Nini était un^bon vivant, deuédlun caractère jovial; — «il
aimait. la table et abhorrait le freîd. » Un certain site, àGhau-
mont, arrosé par unesourceet'ombragé d'arbustes où le maître
avait l'habitude de faire sasieste pendant les chaleurs de l'été;
s'appelle encore aujourd'hui le Fossé ISinii
Cet artiste mélangeait ses terres, les travaillait beaucoHp, et
les tamisait enfin, à l'état humide, à travers desétoffes desoie,
(f en formant une espèce de crème, M'Comme le dit Yernonf an-^<
cien potier de GhaumontL
Ses délicieux médaillons ne se vendaient, à Pépoque^ que
noir féodal par Gueldin, chevalier danois, fut détroit par Tfiîbaud, comte de
Blois, et reconstruit plus tard dans un style bâtard. Ce château passa aux sei-
gneon de Là Rochefoucauld qui le Tendirent' à Catherine de Médîcis. Devenu
pioBtard la propriété dû cardinal d'Amhfoise et ensuite celle d'un sieur Leray^
il fut habité par madame dé Slaël a son retoxir d*AUcmagne, et appartient aujour-
d'hui au vicomte de Wateh.
536 POTERIES OPAQUES
a vingt sols la pièce. » — Us se payent aujourd'hui de 5 à 50 fr.,
et atteindront bientôt le prix de 100 fr.
Tous ces médaillons sont signés trés-finement en creux dans
la pâte.
NINI, ou NINI F., ou J. B. NINI. F., ou J. B. NINI,
ouJ. B. NINI. F.
et le millésime à côté et en dessous.
Quelquefois aussi, comme par exemple sur le médaillon qui
représente « Franklin, citoyen américain, » le millésime est en
relief. Il existe deux modules de la plupart de ces médaillons :
l'un de i5 à 16 centimètres, l'autre de 10 à 11 centimètres de
diamètre.
Les portraits les plus estimés sont ceux de Louis XV, de ma-
dame de la Reynière (de qui M. le baron Pichon possède deux
modules différents*), de madame de Nivenheim, du prince de
Beauvau, du marquis de Paroy, du seigneur de Mosnac, de
l'impératrice Catherine, de Louis XVI et quelques modules de
Franklin, dont il existe six différents exemplaires.
Sur un de ces derniers, se rencontre une particularité qu'on
ne remarque sur aucun des autres médaillons de Nini : une pe-
tite fleur de lis, poinçonnée en creux sur le revers. Les pre-
miers auteurs qui ont parlé de Nini sont : M. le vicomte de Walsh
dans son Histoire du château de Chaumont^ et M. L. de la
Saussaye, dans son Guide historique dans le Blésois, mais très-
brièvement. M. A. Villers, directeur du musée de Blois, a publié
le premier, sous le titre : Jean-Baptiste Nini, ses terres cuites
(Blois, 1862), une monographie complète. C'est un travail
où la science et la clarté du style se trouvent heureusement
réunies.
Le musée de Blois, — ceux de Nevers et de Sèvres, les col-
lections de M. de Grièges, de M. Louis de la Saussaye, de
M. Bellaguet, de M. Walferdin et de M. le baron de Pichon à
Paris (ce dernier possède quinze exemplaires, dont plusieurs
proviennent de la collection d'Eugène Tondu), celle de M. de
Duré à Moulins, et la mienne, contiennent de ces médaillons,
1. La collection de cet amateur est riche en argenterie. M. de Pichon, biblio-
phile ardent pour tout ce qui regarde l'histoire de son pays, s'occupe d'un ou-
vrage sur les marques et poinçons des orfèvres français, que les curieux atten-
dent avec impatience.
EUROPÉENNES. 537
qui forment les soixante-quatre sujets différents connus jusqu'à
ce jour, et que M. Villers a presque tous décrits dans son ou-
vrage. Voici la liste de ceux que Ton connaît par ordre chro-
nologique, avec leurs marques et millésimes.
De 1762 à 1781, les portraits d'Aimé-Louis des Moulins, de
risle; 1762, 4764, 1769 et 1771, de Marie^Thérèse; 1764, de
J.-A. de Castellas Chantre, comte de Léon; 1764, de Hugues-
Joseph Gamot, graveur du roi; 1766, de Charles- Juste, prince
de Beauveau; 1767 et 177Q, de Guy Le Gontel, marquis de
Paroy; 1767, de Charles-René Péan, seigneur de Mosnac*;
1768, d'Albertine née baronne de Nivenheim ; 1768, de Suzanne
Janentede la Reynière; 1766, deLudovicus XV; 1?70 et 1774,
de Hyacinthe de Rigaud, comte de Vaudreuil ; 1770, de Charles-
Juste, prince de Beauvau; 1770, de l'Amirande, marquise de
Vaudreuil, de J.-L. Leray de Chaumont, intendant des Inva-
lides; 1771 , de Thérèse-Jacques Leray de Chaumont; 1774, de
Jacques-Donatien Leray de Chaumont (le fils); 1783, de Thérèse-
Elisabeth Leray de Chaumont; 1785, de Catherine H, impéra-
trice autocratede toutes les Russies ; 1774 et 1779, de Louis XVI ;
1780, de Michel Faucault; 1775, d'Orien Marais, notaire à
Chaumont, et de sa femme, amis de Nini; 1775, de Berthevin;
1775, de Franklin; 1777, 1778 et 1779, de Claudine de Bussy
et JeanBouin; 1777, de Voltaire; — les autres sont des por-
traits inconnus.
Sur un des médaillons, — portrait de Marie-Antoinette, de la
collection de M. Bellaguet, à Paris, — on voit au revers, écrit
à l'encre, presque effacé :
Prio D» Ckipart 1774.
Opus amigo (signé) J. B, Nini.
Sur les médaillons qui représentent le portrait de Franklin,
l'artiste a composé au savant inventeur du paratonnerre un
blason : — c'est une étincelle électrique sortant d'un nuage, et
se précipitant vers une main qui tient une tige de fer *. Nini a
laissé aussi quelques médaillons, som couverte, en brun et rouge.
1. Un de ces médaillons faisait partie de la collection de Bf. de Fontenelle,
vendue en 1865.
2. Ces médaillons sont très-répandas; toute une cargaison était restée en douane,
et ce n'est que depuis quelques années qu'on les a retrouvés et mis en vente.
^
538? POiraiIES OFÂQÇBS
— Les bruns-mutsi scmt; les plu» beaux. , On i renooiitte esc outre
des médailloBS decetartiste sans léç^endesm encadrements: — Ce
sont des épreuves d'eseaiqueron pourrait appei^ropontla lettres
Le catalogue du musée de Gluny déaigne^.par ermnr^.sen
n*^ 1995 (médadlloHi si»BS-^ODUverte et; en petit, médite, portrait
de Franklin entouré de la légende et du 'millésime 4 797) couple
nom de « terre cuite de^Neversj.» Ge. musée s'eMitencoreenriehi'
dernièrement de deux autres très-jolis médaillon» du grmid'
module, à bord ondulé, également sign^ et datés,, ett qni^sent^
ornés des bustes- en relief de deux jeunes^femmes en costume
de la fîn de Louis X Y, sans aucune légende* — M: lé doottar
Guerard, à Paris^ possède de Nini^ outre plusieurs portraits
en terre cuite, un médaillon da^ grand module^ qui est' en
(( cuivre repoussé» et: signé. Son bas-relief mi celtii de Leray.
C'est un exemplaire très-précieux, peut-étre^ unique, car il
n'a pu servir de moule, comme on ponirait le croire à pre-
mière vue.
Les médaillons- de Nini ont été snrmoulés par des^faiencierB^
de Rouen, de Sinceny et autres^ lieux; Ce sont: ces^ arffi*ea8es^
moB^niosités coloriées que l'on renoontre si semvent; et qui
n'ont lien, gardé de laiûnesse des-originaiix.
M* le hBTon dePichon possèdeunouvrageoù iiestfait nsentièni
de Nini, qui, selon l'autear, éiaUun^nain f de quatre jried$'d& hou--
teur, et dont les ongles étaient longs comme des.griffesxi^igle.
FaIence a émail stannifére. 1700 à* 1790
M. Edouard Lamasse, àMeudon, près Paris^.possède une fon-
taine de 55 cent, de Uautenr, et en style'. Louis- XYI, forme
vase-œuf, à guirlandes, fruits et feuilles en relief, rouges et
verts. Le décor est en rose sur fond blanc, dans lé goût des
faïences de la Lorraine. Le pied carré' imite le marbre. La cu-
vette contient un paysage très-vert mais largement peint. Sur
le dos de la fontaine, le monogramme :
Saint-lMnge, (en creux dans la pâte.)
Chasset, sculpteur. Vers. 4 765
Ginq médaillons ronds, les bustes^^de Beiiefaer, Gbardin, R«-
I
SURQPâSNlfBS. 539
meau At Yan Lao > de la collection rBugène Tondu , vendue
en 1865,'Létaient signés :
PoMc/ié, sculpteur. Vers 1786
Une figurine de baigneuse accroupie dans une coquille
(36 cent.), de la collection Eugène' Tondu, était signée :
Poucké, 1786.
Terre cuite sans couverte. 1765 à 1728
Eoudin, statuaire, né à Versailles en 1741, mort en 1828,
séjourna dix ans en Italie qprès «voir obtenu le grand prix de
Rome. On connaît de lui Les 'bustes de Voltaire, de Rousseau,
deux de Molière (un exemplaire de l'un de ces deux bustes est en
la possession de M. Burger) ; ceux de (Franklin, de Trouvilte, de
Buffon, de Diderot,: de GaUierine . II, de Montgolfier, < y inventeur
des'aéiostats; lesrstectues de^Washington en Amérique, de Vol-
taire au Théâtre^Français, à Paris, et une Diane nue au
Louvre,
Houdin a aussi lais^ quelques 'terres cuites. J'ai vu dans la
collection Eugène Tondu, à Paris (vendue au mois d'avril 1865),
un groupe : le Boiser, qui provenait de la collection Duchesne,
et paraissait être une ébauche de Houdin. 'M. Walferdin, à
Paris, possède tie 'Houdin les terres cuites suivantes : mé-
daillon de' Charlotte Corday et les bustes de Diderot, Mirabeau,
Marie-ïoseph Chénier, Franklin, Washington, etc., ainsi
qu*une ébau<;he de la fontaine de Mousseau, détruite sous la
Révolution.
'SSSXLtAHUAM (Ain),
. ville bressanne située à 12 kilomètres de Bourg, qui s'écriy.ait anciennement
MtUona,
FAffîNaE X ÉMAIL STANHIFÈRE. YeP6 i 765
M. Yailliard possédait, lorsqu'il habitait Paris, une jardinière
qui portait rinficription :
Pidour à'Miliona 1735.
M.Joly et M» J. AIontbarboD, fabriquent encore actuellemaiu
despoteries, à MsUlonas.
540 POTERIES OPAQUES
Le Dictionnaire géographique d'Aynes prétend que des tra-
ditions font remonter les premières fabriques de poteries éta-
blies dans cette localité, au dixième siècle.
Rue de Charenton, yis-à-vis l'ancienne manufacture de yelours.
Faïences bronzées. 1766
« Rue de Charenton, faubourg Saint-Antoine, vis-à-vis l'an-
cienne manufacture de velours, se trouve actuellement une
manufacture de faïences bronzées qui vont au feu. On y fait
toutes sortes de vaisselle. » {Intelîigenzblatt.)
Rue Saint-Honoré, près de la rue de l'Échelle.
Faïences. i766
On lit encore dans Ylnieîligenzblatt^ :
a A la manufacture royale de M. Chapelle, dont les magasins
sont rue de l'Échelle, on trouve des faïences blanches et déco-
rées. Elles vont au feu et supportent Teau bouillante. »
CHATIIiliOM (flvr liOlre?}.
Faïences. 1766
Les lignes qui suivent sont encore empruntées à ce même
Intelligenzblatt de Tannée 1766, page 206, Leipzig.
« Depuis que Ton a envoyé à Paris les services en argent à la
Monnaie, on s'occupe d'inventer toutes sortes de faïences et
d'imitations de porcelaines. Il serait utile de visiter les diffé-
rentes manufactures pour apprendre à connaître les meilleures
espèces et leur fabrication, ainsi que de rassembler une pro-
vision de bons modèles. A Chàtillon-sur-Oise {t), il existe une
manufacture de faïence. Cette faïence résiste contre le feu, et
rougirait plutôt que de casser. On y fait des casseroles et toutes
sortes de vaisselle pour l'usage usuel. Cette faïence ne perd pas
intérieurement son émail blanc, et ne se noircit pas extérieu-
i . Les renseignements suivants sont extraits de cette même publication, sous
la rubrique d'une communication de Paris :
« Tabouret d'équitation. -— M. Genneté, premier mécanicien de S. M. 1., a
intenté ane machine qu'il appelle « tabouret d'équitation. » Cette machine,
suspendue au plafond, est faite en sorte qu'assis dessus on peut lui faire faire tous
les moutements du cheTal, pas, trot et galop. Ce mécanicien a en outre confeo-
EUROPÉENNES. 541
rement au feu. On la transporte par le canal de Briare^ sur la
Seine à Paris. ))
Faïence a émail stannifére. 1767
Maurin des Abiez y établit une fabrique à l'instar de celle de
Strasbourg (patente du 31 décembre 1767), et on lui accorda pour
rinstallation un emplacement dans le château. Cette manu-
facture royale avait pour directeur Pierre-Antoine Hannong,
qui établit plus tard une autre fabrique pour son propre compte
à Vincennes, mais y fit faillite au bout de quatre mois.
Il parait cependant que Hannong avait déjà travaillé à Vin-
cennes pour son propre compte avant l'établissement de l^f^wi-
nufacture royale, puisque on connaît l'ordre de 1766 qàTrai
interdisait de continuer sa fabrication.
Là, comme au faubourg Saint-Antoine, Hannong marquait :
H.
La marque de la manufacture de Maurin des Âbiez est restée
indéterminée.
(Voir porcelaines de Vincennes, et la note à la fin de l'article
sur les faïences de Strasbourg).
msiEft (Gard). •
Faïence a émail stannifére, vers la fin du dix-huitième siècle.
Une rue appelée : Rue de la Faïence , qui y existe encore
tionné un cheval en bois sur lequel on peut prendre les premières leçons d'équi-
tation. Il demeure rue de l'Hirondelle.
0 Batterie de cuisine — en fer étamé, fabrique à Montmartre, magasin rue
de l'Arbre-Sec.
« Remède contre la rouille. — Charlier, 2, rue des Fossés-Pont-aux-Choux,
« Foret de mineur. — Nouvelle invention. Lacotle, place Louis XV, à la
Porte Saint-Honoré.
« Similargent. — Bassand, rue Saint-Jacques, près la fontaine Saiot-Seve-
rin, chez M. Fremont.
« Chapeaux de soie pour porter sous le bras et sur la tête — au prix de
24 à 60 livres, chez Prévost, marchand chapelier, rue Guénégaud.
« Spalme — M. Besnard a publié une disposition des propriétés du Spalme,
à Paris, chez Lebreton, imprimeur du roi, rue de la Harpe.
« Lampes. — Rubiqueau, ingénieur, faubourg Saint-Germain, vis-à vis des
Filles Sainte-Marie-Royale, a inventé des lampes à verres grossissants qui per"
mettent de lire à 920 pas de distance.
1. Briare est une ville du Loiret, à 10 kil. de Gien et à 15 kil. de Paris.
i6
542 POTERIKS <)PâQUES
gous ce nom, parait indiquer Texistence d'andennes StAttir
ques. M. Edouard Pascal, nalif de Nîmes, possède une pièce
de la fabrication nîmoise, qui porle l'inscription en patois sui-
vante :
Loubier travaijo (Loubier trarallle
ÂiASO 9al braijo £n calotte qui braille
Din son ùuataiU Dans son réduit de iou,
El neubais coumo un trou Où il boit comme un trou.
Touffeur badino et sai eesino Badinant aTec le voisin,
An badinant et ntufow son pwU» Vraiment il enfoiire son pain.)
La liste des faïenciers pétitionnaires de Tannée 1790, aux
archives de Nevers, mentionne deux fabriques fonctionnant à
cette époque à Nimes.
MM. Plantier, Boncoirant et Cs de qui le musée de Sèvres
possède des échantiilcHis (1831) marquaient:
P. B. G.
TOURS (Indre-el-tiolre}.
Faïisnce a émail sTANNirfeRK. vers 1770
Noèl Sailîy y établit vers 1770 une fabrique au faubourg
Saint-Pierre-des-Corps, qui après sa mort en 1783 fut conti-
nuée par son fils (Voir porcelaines de Tours).
Une gourde, au musée de Sèvres, est signée :
Fait à Tours ie ti mare 1782.
Louis . Liaute,
Dans la liste des fabriques de fiilences existant en 1790
conservée aux archives de Nevers, figure encore une fa-
brique de Tours. Le nom qui se trouve dans rinseriplion £i-
dessus me paraît cependant celui du propriétaire et mm pas
du fabricant. Les BinUonmaxtes des Postes aux litres, par Le-
cousturier, de 1802 et 1817, mentionnent des fabriques à Touis.
Charles-Jean Avisseau a été à notre époque le premier
continuateur moderne des poteries dites de Palissy (8 ans
avant Barbizet et 14 ans avant Pull). C'est loi qui, après
de longues recherches, a remis en honneur cette branche
céramique. Le musée de Sèvres possède de ce potier une œuvre
acquise en 18tô, date de la création de la fiibrique. M« Avis-
sufiOPÉimiBS. 543
seeu fils continue «ujonrd'hui avec succèa la fabrication de
8<m père.
Les amateurs préfèrent généralement les poteries des A^is-
aemi-Palissy, aux produits des autres continuateurs, parce
qu'elles imitent le mieux le cachet ancien.
La marque était et est toujours :
^
M.. £» Avisseau fils avait envoyé à la grande Exposition de
Londoa trois céramiques qui lui ont fait obtenir la médaille» —
Cette récompense est méritée, car les deux pièces, genre de
Henri II, étaient charmantes, et le plat à poissons dépassait
tout ce que Bernard a produit dans ce genre. Pour arriver
à rendre la nature avec autant de vérité, M. Avisseau a dû
cependant sacrifier un peu la beauté de la couleur de son
émail.
Son magnifique plat ovale à la langouste, que le musée du
Louvre montre parmi ses richesses de Tépoque de la Renais-
sance, et qui lui a été donné en t863 par M«. Jules Gloquet,
prouve le grand mérite de feu Avisseau dana ce genre de po-
terie; ce i^t est certainement supéneuur à ceux attribués à
Palissy.
Landais, le neveu de feu Avisseau, de Tours, avait fait ad-
mettre à l'Exposition de Paris, en 1855, plusieurs exemplaires
de ces mêmes imitations des poteries dites de Bernard Palissy,
dont quatre pièces se trouvent au musée Kensîngton sous les
no« 3900 à 3903. Il existe encore à Tours un troisième fabricant
de ce genre de poterie dont j'ignore le nom.
MM. Durand, Deguelle fils, Masquet, Bigeon, Poirier, Mau-
rice Marion et Villemin, y fabriquent aujourd'hui des faïences
et des poteries brunes et blondes.
Du Sa«r»^miind aUemaiid, qu 8a«r^C<mfluft]}t.
Faïences a émail STANNiPiUE, i770 à 184^
Des services. J'en ai vu de charmants k fond bleu lapis, en
rocaille, et à décor couleur et or. On fabrique aussi à Sarre-
1
544 POTERIES OPAQUES
guemines la faïence commune, la porcelaine à pâte tendre
avec impression, la porcelaine opaque anglaise et le grès ar-
tistique.
MM. Uschneider et Gie sont des manufacCuriers considérables,
ils marquent :
(en coulear du décor, tracé
au pinceau).
On trouve dans une des salles du Grand-Trianon, à Versailles,
deux beaux vases forme Médicis, et imitant le porphyre, qui
ont été fabriqués à Sarreguemines du temps de Louis XVI.
Les faïences que cette manufacture fabrique actuellement
sont décorées en majeure partie par l'impression, et rarement
marquées des initiales, mais souvent d'écussons et de noms qui
désignent chaque genre.
(Voir les porcelaines de Sarreguemines.)
HABTBBft^ en Iiansnedoe (Hante-Garoiiiie},
Près Saint •Gaudens, à 36 kilomètres de Muret.
Faïence a émail stannipère. 1775
Le Comte f céramiste.
Une pièce appartenant à M. Pujol, de Toulouse, est mar-
quée :
Fait àMarlreSj 1775.
Prosper Ané, Bw-ieu, Deschamps et Leclerc jeune et Comp*,
y fabriquent encore aujourd'hui de la faïence blanche.
Il parait que l'on a confectionné depuis des siècles déjà des
poteries dans cette localité, et qu'il y existait de nombreuses
fabriques.
léOCJLIMTÛ mCOIVlflJE.
Terre cuite sans couverte.
Saint-Amans, né à Agen en 1774, mort à Lamarque en|]1858,
céramiste.
On rencontre de petits médaillons ronds et ovales en terre
cuite, signés :
Saint-Amans ',
1 . Il existe des faïences et des porcelaines à pâte tendre, fabriquées à Saint-
EUROPÉENNES. 545
d'une grande finesse d'exécution, et dont les sujets en bas-
reliefs sont ordinairement empruntés à la mythologie.
Ces terres cuites ont été fabriquées par Pierre-Honoré
Bourdon de Saint-AmanSj soit à Sèvres, à Greil, à Bordeaux
(Bacalan), soit à Lamarque. On trouvera dans le chapitre qui
traite des porcelaines françaises (voir Lamarque près Agen),
une note biogrsqphique plus complète sur ce céramiste.
Terbe cuite sans couverte. 1780 à
Clattde Ramey, statuaire, né à Dijon en 1754, et qui demeu-
rait encore eu 1832, n® 38, rue Vaugirard, obtint le grand prix
de sculpture en 1781. 11 a exposé en 1801 le buste de Scipùm
r Africain et une Sapho assise; en 1817, le cardinal Richelieu;
en 1824, Biaise Pascal, destiné pour la ville de Glermont, et en
1827, Lasaudade, buste en marbre. On connaît de cet artiste
en outre les statues de Scipion, du général Kléber, de 8 pieds,
dQ Napoléon, de 7 pieds, du prince Eugène Beauharnais, en mar-
bre , de 6 pieds , les bustes de Cousin, de Burazzo et de Pras-
lin; \ei Naïade, de 12 pieds, au jardin du Luxembourg; une Pru-
dence, de 6 pieds, un Athlète, de 4 pieds, une Sapho, de 3 pieds,
et le bas-relief à l'arc de triomphe du Carrousel, représentant
VEntrevue à Austerlitz. Ramey a aussi laissé des terres cuites.
J'ai vu dans la collection Eugène Tondu, à Paris (vendue au
mois d'avril 1865), un grand médaillon rond, représentant en
bas-relief un buste de femme vu de proûl, signé :
^ Ramey.
I.OCAIJIT1É0 IMDlÉTBBaiIinÉES.
Faïence a émail stannifére. Dix-huitième siècle.
Faïences à la marque de la fleur de lis.
t
en bleu, rouge, Tert ou brun sous le couyercle.
Toutes sortes de plats, assiettes à fruits en ronde-bosse, etc.,
Amand-leS'Eaux (Nord), qu'il ne faut pas confondre avec ces terres cuites sans
couTerte signées du nom de l'artiste Saint'Amans.
46.
1
516 POTERIES OPAQDES
en pâte lourde, mais d'un bel émail suave et blanc. On attribue
ces produits à Savy, de Marseille, qui, en 1777, après avoir
obtenu un brevet de Monsieur, frère du roi, aurait marqué ses
produits d'une fleur de lis. On en attribue aussi à Lille (qui
a des fleurs de lis dans ses armes), et Rouen a également mar-
qué d'une fleur de lis au trait
Plusieurs exemplaires à Sèvres, chez M. Edouard Pascal et
dans ma collection (voir Rouen, Marseille, Lille et Palissy).
Faïence a émail stannifère. Dix-huitième siècle.
M. A. Assegond possède ua pot à tabac décoré en polychrome^
où le sujet représente un homme occupé à fabriquer du tabac
à ûimer..
Cette céramique est si^gnée ?
Ba)ieu, à, Saint'Savin (ou Sarin)»
Faïence a émail stannifêhe. 1785 à 1800
Deux coquilles, conservées dans la collection Perillieu, sont
marquées d'un monogramme en bleu au: grand feu, qui repré-
sente une espèce de lézard.
Faïence a, émail stanntfére. V^rs* 1790
M. Michel Piascal possède une terre marquée :
D. G.
Terre cuite sans couverte, i793
M. Ghampfleury possède un buste, la DéessS de la Raison,
qui est signé :
Le SwvTj t7§9.
PAUM,
rue de U Pépinière.
Poteries dites hygiocérames^ Vers 1801
Fourmy, potier et auteur des Mémoires sur les anciennes terres
cuites, publiés en 1802, exposa au Louvre en 1801 ses hygiocé-
rames, qui, selon hii, réunissaient les trois meilleures qualitë^que
l'on puisse demander à une bonne poterie : salubrité, bon mar-
ché e€ solidité, c'est-à-dire la résistance dms les pctësaçf^s sti*-
bits du froid au chaud.
tuftOPénniJia. 547
C*^ëtai0nt des terres cuites recouvertes de vernis i9rr0m
exempts d'oxyde et composés uniquement de pierre ponce*
— (Voir à la fin du chapitre intitulé : Poteries vernissées smis
plomb, à beese de lave ou de pierre porne.)
CBEII< (Oise) et nonmmMAMi («elne-et-]!l«rne).
Terre de pipe au vernis plombifâbe. 1780
FaIergbs,
Hall, Anglais de naissance, établit Is première fabrique à
Montereau en 1780 ; De Saint-Cricq lui le succéda vers iSiO
Lebœuf et Thibaut — 1 829
MM. Louis Lebœuf et Thibaut — 1834
sous lesquels on marquait :
L, £. el T» JKbn(f<"'. («« ereax dast la pàt«.)
marque que j'ai rencontrée sur des pièces noires, genre
Wedgwood. Aujourd'hui la manufacture appartient à MM. Le-
bœuf, Milliet et C^
C'est de Saint-Cricq qui a établi la première fabrique à
Creil; ses successeurs furent également MM. Lebœuf et Gra-
tien Milliet vers 1836
La marque est CREIL»
La liste des faïenciers pf^titionnaires de Tannée 1790^ trouvée
dans les archives de la ville de Ncnrers, mentionne deux fabri-
ques à Montereau.
Les Dictionnaires des Postes aux lettres, par Lecousturier, des
années 1802 et 181 7, meiutiaBneBi la manufacture de Creil
comme usine importante.
Pierre Honoré Bourdon, de Saint-Amans, a été attaché pen-
dant quelque temps à cette manufacture (voir Lamarque et
Saint' Amans), et c'est sur les cémmiques de Greil et de Bfon-
tereau, que M. A. (jrouvrion , à Paris, produit le plus souvent
ses jolis décors, dont plusieurs sont e»$eutés sur émail stan^
nifère, contrairement à l'opinion de M. Salvetat, le chimiste
de Sèvres, qui soutient dans se? Leçons céramiques que le
cailloutage français ( terre de pipe ) ne pourrait être émaillé à
rétain.
MM. Bear A-éres fabriquent acttwllement, à Montereau, des
548 POTERIES OPAQUES
poteries bronzées ; M. Galliot, à Gourbeton, des poteries de jar-
dins et M. Fouinaty à Montereau môme, des briques rëfractaires
(usine à vapeur).
(Voir les Porcelaines opaques de Greil et de Montereau. )
Terre cuite sans couverte. i780 à
Joseph-Charles Marin, statuaire, né à Paris en 1749, élève de
rAcadémie des Beaux-Arts, demeurait, en 1832, impasse des
Feuillantines, 10.
Il a exposé, en 1782, Vénus et F Amour, en marbre; en 1808,
une Jeune fille à la chèvre, en marbre; en isn, VAmitiéy Jean-
Jacques Rousseau et le Vice-amiral Trouville; et en 1822, une
Baigneuse, en marbre. On connaît en outre : Télémaque, berger
chez le roi SésostriSj en marbre, au château de Fontainebleau;
Agaret Ismaèl, groupe en marbre, appartenant au duc de Brac-
chiano, à Rome ; Jupiter et Ganymède ; une Mère et son fils,
Paris; une Baccfiante; une Galathée, en bronze; la statue de
Toumy, en marbre, à la ville de Bordeaux, et le tombeau de
madame de Beaumont à l'église Saint-Louis^ à Rome, que Marin
y a exécuté sous les auspices de Chateaubriand. Grand prix, il
a passé dix ans en Italie.
On connaît aussi de cet artiste un certain nombre de figurines et
de bas-reliefs en terre cuite. J'ai rencontré de lui une Femme nue
couchée et un Bacchvs accompagné d'une bacchante, de 26 cent,
sur 18, et deux petites statuettes dans la collection Eugène
Tondu, à Paris.
MANCT (Henrtiie).
Terre cuite sans couverte. 1780 à 1814
Faïence a émail stannifère. Époques indéterminées.
Michel Clodion, statuaire, né à Nancy vers 1745, mort en
18i4, exposa, en 1801, plusieurs groupes, dont un repré-
sentait (iétiâ? /'emtnésa^ac^és; en 1806, une Jeune Pille donnani
à manger à deux oiseaux, et en 1816, un Homère aveugle chassé
par des pécheurs, et une Jeune Fille voulant prendre un papillon^
en marbre.
En fait de grands ouvrages, on connaît aussi de cet artiste :
V Hercule au repos; le Fleuve Scamandre, le Léluge^ et les
EUROPÉENNES. 549
bustes de Madame, première fille de Louis XYl, et celui de
Tronchet
Le Louvre possède une Bacchante en marbre.
Clodion a aci|uis une grande popularité par ses charmantes
statmttes^ figurines et petits bas-reliefs en terre cuite, qui sont
presque tous signés en toutes lettres, et qui se vendent aujour-
d'hui fort cher.
La manière de ce sculpteur est un peu mignarde, et on pour-
rait l'appeler le Pradier en miniature. Dans la collection de
M. Eugène Tondu, à Paris, il y avait de Clodion la statuette de
Léda et le Cygne de 40 cent, de hauteur; une Vestale de 44 c. ;
une Jeune Filleportant dans sa chemise des fruits et des fleurs, de
39 cent. ; deux petits vases Médids, ornés de bas-reliefs, repré-
sentent le Triomphe de Vénus, etc., de 22 cent.; un bas-relief
de forme carrée représentait une bacchante-enfant, 2S c. sur 21
et un médaillon rond de 15 cent, de diamètre, où le sujet en
haut-relief montrait une femme, satyre et son enfant.
Les amateurs sont prévenus qu'un marchand de curiosités à
Paris, que je ne veux pas nommer, fait continuellement surmouler
sur des bas-reliefs originaui de Clodion, des terres qui sont
cuites dans une fabrique de faïence de la rue des Trois-Bornes.
Vendues pour des originaux, elles inondent le commerce. On
les reconnaît aux contours moins vifs des lignes et aux reliefs
moins saillants, mais elles sont signées.
Voir, pour le sculpteur Cyfl£t, Lunéville et Niderviller où il
a travaillé, ainsi qu'à Nancy et aussi à Tout où l'on a encore con-
servé de ses moules, ce qui donne carrière à la contre-façon.
M. A. Majorelle fabrique à Nancy des faïences fort dan-
gereuses pour le collectionneur puisqu'il les produit avec des
moules anciens (voir aussi Toul). Les Dictionnaires des Postes
aux lettreSy par Lecousturier, des années 1802 et 1817, men-
tionnent une manufacture de faïence à Nancy, où M. Vei-
senburger confectionne encore aujourd'hui des poteries com-
munes.
HO1JUII0 (AlUer).
Faïence a émail stannifére. De 1780 à 1785
Le musée de Sèvres possède une assiette octogone, décorée
dans le genre de la décadence de Nevers, signée :
a Moulins
550 POTERIES OPAQUES
Le Dictionnaire des Postes aux lettres de 1802 mentionne e»-
core une fabrique à Moulins, et M. Massieu y a aussi fabriqué
plus récemment des terres de pipe, dont le musée de Sèvres
possède des échantillons acquis vers i809. M^^Thibaud y pro-
duit actuellement de la poterie commune et du grès.
COGllAC (Charente).
Faïence A ÉMAIL sTANNiFèRE. Vers la fin du dix-huitième siècle.
M. £. Michel, à Avignon, possède un bidon, forme baril, eo
faïence à décor polychrome vert, manganèse, jaune et bleu clair,
sur fond blanc, genre Nevers, de 15 sur 10 centimètres de
grandeur, qui est signé :
Pierre Guichard, toitfne*ir, feeit et C«*, pinxit,
et sur lequel on lit en outre :
FAIT A COGNAC.
ainsi que les mots 17 fructidor X, Niceux. Le dernier nom était
probablement celui du propriétaire du bidon.
Une autre faïence de cette même provenance et de la mémo
collection, une sorte de gourde de 8 sur 6 centimètres de grafl*
deur, et décoré, comme le bidon, porte inscription :
Jean Guichard de Cognac.
Ce Jean Guichard était probablement potier et parent de
Pierre Guichard.
Le Dictionnaire des Postes aux lettres des années 1802 et 1817
mentionne aussi des fabriques de faïence à Cognac.
AI8T (Tonne).
FaXbnce a émail stannifâbb. 4780
Cette faïence est dans le genre de la faïence commune popo-
laire de Nevers de la fin du dix-huitième siècle.
Le musée de Nevers en possè(fo des exemplaires qui sont sam
marques ni monogrammes.
mmvMM (flMvd).
Terres de pipe au vernis minéral. Vers 1782
Leech frères. Anglais, sous la direction de George Bm, y com-
k
mencèrent à fabriquer à partir de i 78â, rue des Carmes. En 1790
il existait deux fabriques de poteckos à Douai, comme le con-
state la liste desiISSenciers pëtitionuaires, aux archives de Ne-
vers, et MM. Viment Cachet etU^, y fabriquaieat vers 1832.
Païence a i]îAiL STANNIPÊRE. 1783 jusqu'à ce jour.
Un moine italien, nommé Leonardi, de passage dans ^ pays,
eofieigna, vers i 783, la fabrication de la faïence au proprié-
taire d'une briqueterie, qui s'a]^elait Laval. Le petit^ls de ce
dernier, M. le docteur Laval, y fabrique eiicoi^ aujourd'hui des
faïences artistiques, toutes peintes sur le cru.
La pâte est formée de l'argU© ferrugineux ordinaire, mélangé
de marne et conservé en cave. Tous les produits de cette fa-
brique sont marqués :
Le docteur Laval, homme d'une grande intelligence artis-
tique, a su donner une féconde iiupulsion à la fabrication de
la poterie fine! On y proéfoit des plats et vases de dimensions
colossales, entre ay^es le fameux grand vase qui a été offert à
M. Favre, l'avocat- député. ^
M. Pignant dirigeait tme autre^'ftbrique qui existait encore
à Premières vers 1826. -
y
Terre cuite a émail stannifère, 1785
Terres cuites et terres de pipe au vernis de plomb et
coloriées dans la PATE. Vcrs 1806 à 1811
L'établissement de La^ert, qui a été ferme vers 1790, n'était
pas le seul à Sèvres. Il y existait encore d'autres petites fa-
briques de faïence. Ëntjre autres, celles de Levasseuryers 1790,
et de Ctovareou (1806).
Un grand et très-joli vase de Lambert, style Louis XIV» au
musée de Sèvres, ne porte pas de monogramme.
Les DùsUonnaires desPo$tesmiœ,leUnsdeiSQ2ei 1817 mention-
nent àSèvres des fabriques àefatence^ierres blanGh4S et cri$taux.
552 POTERIES OPAQUES
L'empereur Napoléon 1*^ croyant porter un couji mortel à
l'Angleterre par rétablissement de son système contînental en
1806, mais qui, au lieu de ruiner T Angleterre, ruina la France,
et mit, de 1809 à 4811, la population înj^ustrielle à de dures
épreuves, avait chargé à cette époque la manufacture de
Sèvres de fabriquer, en outre de ses porcelaines, toutes sortes
de potél^^ qui devaient- imiter celles de TAjl^leterrey et par-
ticulièrement de la grande manufacture ^ Wedgewood à
Astbourg.
M. Charles Rossigneux, à Paris, possède des vases imitant
rosier, ainsi que des seaux à fiëurs, provenant de ces essais
infructueux ; ces poteries sont marquées :
SHtfiitr;;' (en creux dans la pâte.)
Aujourd'hui, la manufacture de Sèvres a repris la fabrication
des faïences artistiques.
M. Ch. Ficouenetj à Sèvres, s'est aussi signalé depuis^elque
temps par ses décors polychromes sur faïence, dans le^bt de
ceux de la fabrique de M. Laurin à Bourg-la-Reine, exécutés par
M. Chapelain.
La marque de M. Ficouenet est :
Ch, F. Sèvres,
WKEnuetÊSBiC (Dord|>giie].
Faïence a émail stannifère. 1785 à 1793
Un encrier en faïence, d'un émail blanc qui laisse à désirer,
et décoré dans le genre des faïences de Strasbourg, au petit feu
de réverbère, est marqué :
Bonnet de Bergerac (Dordogne).
Cet encrier, qui était exposé à l'Exposition de Bordeaux
en 1 865, a été attribué à Bergerac, mais je pense qu'il faut ac-
cepter cette classification sous toute réserve , car le nom de
Bonnet peut être le nom du propriétaire pour lequel la com-
mande de l'encrier a été faite, et non pas celui du potier.
Ce qui est plus positif, c'est qu'un dictionnaire géographique,
antérieur à 89, parle d'une fabrique de faïence à Bergerac, et que
M. Henri Dévier, de Bordeaux, m'écrit être sûr qu'un nommé
^
EUROPÉENNES. 553
JoUet ou Joîivet est venu acheter Tancienne fabrique pour en
continuer Texploitation , au commencement de ce siècle. Il
parait que la maison qu'il y a fait construire existe tou-
jours.
M. lé docteur Belmas, à Bordeaux, possède des farences de
Bergerac qui sont d'une qualité commune, et décorées au feu
de réverbère ; elles ressemblent à celles de Strasbourg, où lo
rose domine, mais se signalent par une teinte violacée dans
le blanc de Témail.
a liste des faïenciers pétitionnaires de 1790, conservée
aux archives de Nevers, mentionne môme deux fabriques de
Bergerac.
l0l<ETTStl (les srandes),
À 3 1 kilomètres de Verdun {Meuse).
Faïence a émail stannifère. 1790 à 1830
Cette faïence, décorée au feu de réverbère, de tons criards,
rose, vert, jaune et bleu, s'est fabriquée sous la République,
sous le Directoire, sous FEmpire et jusqu'au commencement
du règne de Louis-Philippe.
Les fabricants empruntent ordinairement à l'imagerie d'Épinal
ces paysages animés de bergèresetde bergers, dont les premières,
si elles ne sont pas ôetûsle simple appareil j n'ont le plus souvent
qu'une chemise pour tout vêtement. Chose assez curieuse,
les ingénieux céramistes des Islettes, sans rien changer au reste
de la copie de la gravure, remplaçaient, à une certaine époque
de l'empire, le berger par le militaire flamboyant,* a toujours
vainqueur auprès des belles. » On voit alors la bergère. nue ou
à peu près, vis-à-vis d'un militaire qui, en uniforme et le shako
sur la tête, lui présente ses hommages, tantôt sous la forme
d'un bouquet , tantôt sous celle d'un oiseau en cage.
On connaît un potier, le nommé Joseph Le Cerf, qui figure
parmi ceux qui ont introduit à Sinceny la fabrication des faïences
genre lorrain, au feu de réverbère» J'ai attribué à ce Joseph Le
Cerf, des Islettes, établi à Sinceny, le monogramme C et S
(voir Sinceny).
Le Dictionnaire des Postes auœ lettres de 1817 parie d'une ma-
nufacture de faïence aux Islettes.
M. Champfleury signale de la collection de M. Desnoyers,
47
554 POTXaiES OPAQUES
grand vicaire de l'évoque d'Orléans, un plat qui est décorera
portrait de La Fayette^ avec la légende :
Jjt philosophe r^publioaiB fraaçais,
et qu'il attribue à la fabrique des Islettes.
C9IonrY«4bK4M»I («nr Seine).
Faïence a émail stannifère. Yecs 1790
M. G. Gadan, à Vannes, possède deux petits yases blancs
ornés de perles en relief ;et sans aucun décor, nuu:qués :
amsï.
Le Dictionnaire des Postes aiix lettres de 1817 mentionne une
fabrique de faïence dans cette localité, et
M. H.-A.-G. Boulanger; et M. G. Feliker y fabriquent actuel-
lement encore de la faïence.
AHIttlIT-mOlJlf et AinriKlSirilXE (iUsne),
A 1 kilomètre de Chaimyi en Picardie.
Faïence a iêuail stannifére. 1790
Une première fabrique fut établie à Rouy en 1790, et fermée
en 1840; une autre en 1S2I4, par M. Lecovnfe, à Autitmile, sous
la raison Leeomte et Dantier; celle-cH existe eohcoi^ (vmrSin'
ceny).
Petite locaiité aux enTirons dTAlais qu'auenn BîctionnaiTe géôgrapiàqoe ne dé-
signe. (On trouve Ixen trois CasUlUm : l'un 'dans la Gircade, Taotre da»
l'Ariége et le Iradsiène^ CastiUaaMte-Xatz (Ger^ mais pas de CasiUbùiu)
Faïence a bmail sTAîmiFèRE.
M. Edouard Pascal possède un plat décoré de grotesques et
de feuillages en vert, qui est signé :
Cattilhon.
Faïence a émail stannifére.
Il est certain qu'on y a fabriqué cette poterie au dix-huitième
siècle. La liste des faïenciers pétitionnaires de Taimée 1790,
conservée aux archives de la ville de Nevers, ne mentionne
plus aucune fabrique d'Épinal.
EUROPÉENTÏES. 355
mAMWEKmMJaSM «n BAMHgainiAliBRa (Toflge*).
A 28 kilomètres d'Épûia}.
Faïence a email stannifebe*
Celte fabrique se trouve déjà mentionnée dans la liste des
faïenciers pétitionnaires de l'année 1T90, et le Bictionnaire des
postes^ aux lettres, par Lecousturief, des années 1802 et 1817,
en parle également, il paraît que l'on y fabrique encore.
BOITIftO-IiA^BEnE, pré» Paris.
Faïence a kkail stannifere. ^partir do 1790
L'ancienne fabrique de porcelaine à pâte tendre ou de
faïence translucide de Boùrg-la-Eetne , près Paris, appar-
tient aujourd'hui à Madame veuve Laurin et fils, et produit
exclusivement de la faïence. Outre la iiaïence blanche à l'usage
domestiq[ue, on y fabrique aussi de la belle faïence artistique
dont les décors sont peints sur Tëmail dégourdi *, c'est-à-dire
sur un émail demi-cru, et imitent la faïence polychrome ita-
lienne eu le jaune domine. La marque de cette fârenee est la
même que Tancienne marque da la porceliaine tenc^e,
B. La R.
L'artiste peintre attaché à la fa- • #
brique, ancien élève de Sèvres, se ^
nomme Chapelet. Il signe ses pein- ^
tures d'un monogramme parlant,
' c'est-à-dire qui représente un c/ia- *
pelet.
(Échantillon dans ma collection.) t ^
M. Auboin Pardoux, frère de ^ I
M. Auboin de Sceaux-Penlhièvre, ^^
a aussi établi à Bourg -la -Reine,
d^uis quelque temps, une fabrique
assez importante de faïences blan-
ches. Ce potier travaille souvent
pour les décorateurs de Paris.
1. Dég(mrdir -vent dire donaec une \éf^e^ caisson à l'émail, sana qu'il soil
amené à une entière fusion. Peindre sur le dégourdiy sur le cuit et sur le cru,
sont les trois manières £stinctes de la peinture céramique.
556 POTERIES OPAQUES
On verra, par la liste des fabriques de faïences tirée des ar-
chives de Nevers, que la fabrication de la faïence existait déjà
à Bourg-la-Reine en 1790.
l>IEV-I.lS-nT (Drdme).
Terre cuite au vernis minéral.
On trouve cette fabrique mentionnée dans la liste des faïen-
ciers qui pétitionnèrent en i 790 à TAssemblée nationale.
M. Vignol a exposé en 1834 et 1847.
MM. Benjamin Aubert, — E. Benoît, — J.-L. Benoît, —
N. Blanc, — J. Basson, — CyprienFaure etComp., — Emile
Laplace, — Louis Lefèvre, — Pouzet aîné, — Edouard Pou-
zet, —F. Rochieret Jean Tardieu, sont les fabricants actuels
de cette localité.
Rue Fontaîne-aa-Roi.
Terre cuite au vernis plombifère et faïences a email stan-
NiFÉRE. 1790 à 1862
Le potier Vogty Bavarois, vint à Paris vers 1790, où il éta-
blit une fabrique de poêles, 66, rue Fontaine-au-Roi. En 1834,
il y fabriquait déjà des carreaux et poêles en niellures, dont
les dessins sont formés de terres colorées dans la pâte et recou-
vertes d*un vernis plombifère, genre des poteries de Henri II.
Madame veuve Dumas, sa fille, continue aujourd'hui encore
cette fabrication artistique, et produit des ouvrages remar-
quables. Pendant longtemps elle marquait en creux dans la
pâte:
VveDUMASy
66, me Fontaine^aU'Roi.
mais souvent aussi ses poêles et carreaux ne sont pas marqués.
Le fils de Vogt, M. Vogt Jearij exploite une pareille fabrique
rue de la Roquette.
Les carreaux à niellures de la fabrique Dum*as sont supérieurs
^ ceux de Minton, en Angleterre, qui consistent en terre de
pipe, et dont la plupart sont peints et non pas niellés.
M. Théodore Deck, ancien contre-maître de la fabrique de
madame Dumas, y a appris à faire des niellures en terres co-
loriées dans la pâte. — Madame Dumas m'a parlé des anciens
documents en langue allemande, où son père avait consigné la
EUROPÉENNES. 557
recette de la coloration des pâtes nécessaires pour la fabrica-
tion des niellures.
A Marburg, en Allemagne, on fabrique aussi sur une grande
échelle des poteries avec des terres coloriées dans la pâte, et à
des prix très-minimes. (Voir Marburg.)
VOI»«E»-I<E0-EA1JJL («elne-mrér.).
Faïence â émail stannifére. Vers la fin du dix-huitième siècle.
Leech frètes. Anglais.
Mutel et Comp, vers 1823 et
Destrées et Damman^ vers 1850.
TOIJI< (Blenrthe) ,
A 23 kilomètres de Nancy.
FArENCE A ÉMAIL STANNIFÉRE . 1 790
J. Aubry aîné (à Bellevue), manufacturier, y fabrique ac-
tuellement des faïences polychromes et monocromes, doiit le
décor et l'émail ressemble à ceux de Delft et de Niderviller et
qui sont souvent vendues pour anciennes. Ces faïences portent
ordinairement la marque :
La fabrique possède un certain nombre d'anciens moules du
sculpteur Cyflet de Nancy, entre autres celui du groupe Re^
naud etArmide, L'amateur doit donc se mettre en garde.
Une fabrique de faïence à Toul se trouve déjà mentionnée
dans la pétition des faïenciers de Tannée 1790, conservée aux
archives de la ville deNevers, et les Dictionnaires des Postes aux
lettres, par Lecousturier, des années 1802 et 1817, parlent éga-
lement d'une manufacture.
BIOZ (H«ii«e«fladne),
Près Besançon, en FrancUe-Comté.
Faïence a émail stannifére. 1790 à 1796
Un cordonnier, arrivé dans ce pays vers cette époque, s'ap-
pliquait à produire des faïences, malgré sa complète ignorance
47,
&58
POTEISE» OPAQUES
en fait de procédés céramiques» A force dressais, il finit par
fabriquer des assiettes d'une bonne pâte et d'un bel émail, dans
un four qu'il s'était eonatruit lui-même.
Les dessins de ces assiettes, dont M. Francis Wey, à Paris,
possède plusieurs exemplaires, sont très-ciirieifx par leur naï-
veté : tout y indique encore l'apprentissage du potier-cordon-
nier. Absence complète de perspective dans le décor de ses
sujets, qui représentent des intérieurs de ménage, des caveaiiix
d'inquisition môme^ etc. Les bords sont en bmn foncé.
Le JHctionnaire des Postes aux lettres de 1817 fait encore
mention d'une faïencerie à Rioz, et aujourd'hui c'est M. Emile
Peignot qui y fabrique de la faïence fine imitant la porcelaine.
LI8TB DBS LOGAUTÉS
montionnées pour los fabriques de faïences existant en France en 1T90<
(Extraite des archives deNevers.)
Aire, 1.
Hardes, 1.
Paris, 14.
Ancy-le-Franc, 1.
Laplume, 1.
Poitiers, 1.
AngonIème,[l.
Langreff, I.
Qnimper, Z,
Apray {sic), 1.
Lille, 2.
Bambenritliers, 1.
Bazaz, 1.
Limoges, 1.
Renac, 1.
Bechaume, 1.
Lunéville» a.
Rennes, 1 (grands plats !
Bergerac, 2,
Lyon, 3.
au musée de Gluny). 1
Besançon, 3.
MâcoD, 2.
Rochelles, 1. 1
Bordeaux, 8.
Marinai, 2.
Rouanne, 1. 1
Bois-Depausse, 1.
Marseille, tir
Rouen, 16.
Boulogne, 1.
Marthe, 2.
Saintes, 2.
Bourg-Ia-Reine, 1 .
Melun, 1.
Sceaux, 1.
Bourg-en-Bresse, 1.
Mones, 1.
Saint-Cénfs, 1.
Bourvalles, 1.
Montereau, 2,
Saint-Gléffient, 1.
Ghantilj, 1.
Montions», 2.
Saint-Gtuyé. t.
Qément et Mayenne
, Montaigu, î.
Saint-Omer, t.
5.
Montatâ»», H..
Saiat-VaUier, 1.
Bannièrer i..
Monlpeilier, 2.
ThioBfvilie, 1.
Dieu-le-Fit, 1.
Moustiers, 5.
TOUly 1.
Dijon, 2.
Mayat, 1.
Toulouse, 2.
Douai, 2.
Nantes, f .
Tours, 1.
Ëpiaal, 2,
Nevers, 2.
Yaucoulears, 1. l
Espedel, 1.
Nîmes, 2.
Tarages, 3. 1
Grenoble, 2.
NidrevîUe (Nîdervll-
Vermeuil, 1.
Havre, 2.
1er), 1,
Eh tout, grandes et pe-
Haguenau, 2.
Orléans, 2,
tites fabrique», 165.
KimOPÉBNÎfTO. o59
A 16 kilomètres dé Ghimeey.
Faïences a émail stannifére. 1794 à 1803
Un sieur Rollirij qui avait acquis à vil pirix, en 1793, tout
la matériel de la fabrique d'Auserre, ruinée par les événements
politiques, en établit une nouvelle à Yarzy, à Tancien château
seigneuffis^, dont il était devenu égjalement acquéreur. Cette
fabrique cessa en 1803, à la mort du propriétaire. C'est
M. Grasset, propriétaire et conservateur du musée à Varzy, qui
a recueilli cea renseignements»
A & kilooiàlres de Boiuiy.
Faïence. A émail stainnifêre.
M. Reynolds, à London, m'a commoniqué qu'il possède une
faïence signée :
Fait à Ànron*
TAIiliilLIJIKIS (Var),
Arrondisement de Grasse {Àîpes'Maritimet»)
Poterie dr terbjb cufte dite terre de tallacris.
Jl y adans cette localité unequarantaine defabriques qui ne pr(^
duisent que des poteries communes, pour usages domestiques, et
dont la majeure partie a&pédie leurs produits à Marseille.
Un de ces fabricants s*est cependant appliqué à un genre
moins commun, tels qu'ornements pour la construction des édi-
fices, vases, balustres, corniches, animaux, et aussi petits vases
pour étagères et à fleurs. Cette poterie fabriquée en argile dé-
gourdie, est très-légère et blanchâtre, très-peu cuite et absorbe
l'eau. Elle est sans émail ni décor peint, mais ornementée
en reliefs moulés, le plus souvent gaufrée très-finement ; les
formes sont gracieuses et pures de lignes ; elles affectent quel-
quefois l'antique.
Les fabricants actuels de poteries courantes sont : MM. AH-
veî, — J. /. Carhonel, -^Durand, — Ganneij — Jflielj — Jlfo-
\
560 POTERIES OPAQUES
rius Gannet, — J. Gazan^ — Gras^ — Lientard aine et cadet,
— jff. Mikssé, — Jérôme Mtissé^ — Maurel, — Ricard, —
Quant aux poteries artistiques, c'est M. Massier aîné qui les
fabrique.
Terre de pipe au vernis minéral.
On rencontre souvent des assiettes en terre de pipe de cou-
leur jaune et décorées d'impressions noires sous couverte, qui
sont marquées en creux, dans la pâte^ du mot estampillé :
Chantily.
Elles ont toutes les caractères de la fabrication anglaise du dix-
neuvième siècle, et proviennent probablement d'un élève des
frères Leech, Anglais^ engagés vers 1782, à Douai, dont les
élèves allèrent à Montereau, Chantilly et autres places. Cepen-
dant la liste des pétitionnaires faïenciers de 1790, aux archives
de Ne vers, constate déjà Fexistence, à cette époque, d'une fa-
brique de faïence à Chantilly.
UB nULintE (Selne-Inférlenre).
Faïence a email stannifere.
Plusieurs fabriques y existaient vers la fin du dix-huitième
siècle, ainsi que celles de :
M. Delavigne (1809], échantillons à Sèvres ; et
M, Ledoux Wood (1837) au dix-neuvième siècle. Aujourd'hui
M. Devaux et M. £ug. Limon y produisent des poteries.
JMCAMMTÉm I11CO1V1I17E0.
Un pot en faïence au musée cantonal de Freiburg, en Suisse,
est marqué :
Le décor et l'émail indiquent la Lorraine comme provenance.
M. Lottin de Laval, aux Trois- Vais, près Bernay (Eure),
EUROPÉENNES. 561
possède un plat ovale en faïence française, dëcorë en camaïeu
bleu, qui est marqué :
Z. B. F. B.
M. G. Gadan, à Vannes, m'a communiqué la marque sui-
vante :
Elle se trouve sur deux consoles ornées en relief de cornes
de béliers et décorées en polychrome.
M. le docteur Denis, à Roscoff (Finistère), possède deux sta-
tuettes en terre cuite et décorées à froid, qui représentent le
cordonnier Simon et sa femme. Au-dessus de la tète de Simon?
on voit accroché au mur un petit médaillon, le portrait de la
Dauphine.
On rencontre aussi à Roscoff beaucoup de plats et assiettes en
faïence de Delft, probablement du dix- septième siècle, comme
les grossiers décors en camaïeu bleu et les 'piqûres de Vémail
à Tenvers paraissent l'indiquer. Quelques amateurs, qui ignorent
le commerce important que Roscoff faisait avec la Hollande à
cette époque, attribuent à tort ces faïences à Rennes.
M. Chauvin, à Saint-Paul-de-Léon (Finistère), possède un
médaillon rond, en terre de pipe sous couverte plombifère, dé-
coré par l'impression d'un sujet noir qui indique le commence-
ment de ce siècle comme date de fabrication ; il montre aussi
l'inscription en français : l'Amour faiant de:oant les grâces. Ce
médaillon est marqué en creux dans la pâte :
P. et H.
10.
Au musée historique de la ville du "Mans, un énorme plat
ovale festonné et décoré peu artistiquement de fleurs poly-
chromes, est marqué :
R. B. (Rennes?)
Une grosse bouteille de la même provenance est décorée
562 POTERIES OFAQOES
d'une figure dont le costume indique la fin du dix-septième
siècle, et porte rinscription : Consolation, par allusion au
contenu (le cidre).
Worms de RomiUy, à Paris, possédait une veilleuse du dix-
huitième siècle qui, décorée de fleurs polychromes, était mar-
quée :
E.
EL A.
Sur un plateau décoré finement dans le genre des faïences
polychrome du midi de la Franee, du dix-huitième siècle, j'ai
rencontré le monogramme suivant :
i. G.
Uae soupière ronde: dass ce mètna genre de décor, porte la
lettre :
Terre CUITE sans couverte.
M. le docteur lacquart, à Paris, possède une statuette en
terre caite sans couverte, représentant! S«^/io debout, et qui me
parait dater du siècle actuel ; elle est marquée eu creux dans
la pâte :
T et A. (réiuûs ea monognmme..)
U8TE ALPBABETIQUE DES FABRigUBS FAAHÇAISSa BE FAmCB
iDMiUoBntfes par 1» DieHoBiuiiM de« ff^»«le» avz tettres, par
rier, det années 180S «kltl7 ei wn teaqMltes J* n'ai pa
tret renseiffneménto.
troward^aa*
Alain (Gard), 1817.
Angouléme (Charente), 1802^
Badenviller (Meurthe), 1817..
Barjols ( Var) , 1 8 02 et 1 8 1 7 .
Bar-sur-Aube (Aube), 1817.
Bazas (Gironde), 1817
Blamont (Meurthe), t8f 7.
5/aye (Gironde), 1817.
Boulogne^mr-Mer (PaftHlo-Calais),
1817.
Charité-sur-Loire {la) (SUèTre^
1802 et 1817.
Charleville (Ardennes), 1802.
Chûtean'Tfnerry^ (Aisne), 18W.
eubopërnkes.
563
Clair fontaine (Haute-Saèae), 1817.
Clermont-en-Argonne (Meuse), 1802
et 1817;
Dax (Landes), 1817.
Domièvre^en'Hay(Ùe\ivX\ïe), HSl 7.
Ecomay {Saxihe), 1817*
Epense-4e-Bois (Marne), 1817«
Evideuil {Dordogne), 1817.
Flhche (la) (Sarlhe), 1802 et 181 7.
Forges leS'Eaux (Seine-Ioférieune),
1802 et 1817.
Fréfnonvi7/e (Meurthe), 1617.
Harfleur (Seine-Inférieure), 1817.
Hazebruck (Nord), 1802 et 1817.
Langres (Hautor^Iarne), 1802 et
1817.
Liancourt'le-Château (Oise), 1817.
limoges (Haute-Vienne), 1802 et
1817.
If fttour« (terre bronzée de Seine-et-
Oise), 1817.
Longwy (Bhône), 1802 et 1817.
Metz (Moselle), 1817.
Mirande (Gers), 1802 et 1817.
MûKtguban (Tarn - et-Garonne) ,
1817.
MontivUliers ( Seine^ Infénmire ) ,
1802 et 1817.
Moulins (Aisne), 1802.
Foligny (Jura), 1802 et 1817.
Font-de- Vaux (àisne), 1802-
Ptty-en- F(e/ay(Hmute'Loipe), 18Û2.
Roanne (Loire), 1817.
£oKffnj (Drôme^, 1^02 et 18.17.
Sarrebourg (Meurtba), 1602.
JSedan (Ardeimes), 160^ et 1817.
Saint-Brieuc (dôtee-du-Xiord),
1802 et 11817.
Sainte-Ménekmld (Marne), 1802
et 1817.
Sa2n/-Oiner(Pa8-de-Caiais), 1817.
Saint-Sever au Chalone (Landes),
1817..
Tonnerre (Yoûnc), 1802 et 1817.
Voir aussi dans le cfaapilre des
porcelaines françaises : Lamar-
que, propriété où le céramiste
Scmt-Àmans avait établi son
Hfiine.
Tournéaux puis Meiun; Sesdm
,(Pas - de- Calais ) ; Liancowrt
(Oise); MauJbea^e (Nord), et
MiUiaC'de-Mantron (Derdogne) ,
sont des fabrÎ4ines de iSaïences,
dont le musée de Sèvms pos-
sède défi éeh&ntttleiis, et qui
datent probablement du pre-
mier i|ua/rt de ee ùècle.
LISTB AT.PHftBfegPB DES UHUkMJTÉB TRàMÇIàlMmB (Ul)
«A l'on fabrique aotaellement det poteries opaques (briques, poteries,
terres cultes, terres de pipe, grès et SaTencei0 1 fabriques qui ne
pouvaient pas être mentieniées pamd les anciennes.
Acheux (Somme), M. J. Descunps.
Aix (Bouches-du-Bti6fie), M. fiipert.
AJais ifiàrd), M. Deipueefa. — MM. Oumay et C«.
Allevard (Isère), M, Billoz.
Allonne (Oise), MM. Clerc et Taupin (Àu-rPânl.).
AUenstadt (Bas-Rliin).
Altkirch (Haut-Rbin), M. Hauser. — M. Klemann.
Fùteries*
»
»
Grés..
Fottries^
564 POTERIES OPAQUES
Amance (Aube), M, ArnauU-Chamerois. — M. Leroy. Poteries»
Amance (Haute-Saône), MM. Claude et Grenier. »
Anduze (Gard), M. Baisset. — M. Bourquet. — M. David. — M. Cos-
tanet. Poteries,
Angouléme (Charente), M. Léon Durandeau. — M. Nicolet ûls. —
MM, Tasset et Gonse. Faïences (échantillons à Sèyres).
Anisy (Aisne), M. Duperrîer, — M. Poriaux. Poteries.
Aramon (Gard), M. Cavene. — M. Gargas. — M. Truphèmes. »
Arboras (Rhône), MM. E. Decaen et C« Faïences et terre de pipe.
Argenton (Indre), MM. Ballerand et Prungnot. Poteries.
Argnian (Nièvre), M. Normand. — M. Drausselet, Grès.
Aubagne (Bouches -du -Rhône), M. Richelme. — M. BIoîs. —
M. Maurel. Poteries.
Aubusson (Creuse), MM. Clément père et fils. »
Auch (Gers), M. Lassonguère. — M. Rivayrant. — M, Vives. »
Audun-le-Tiche (Moselle), M. Stolz. Faïences.
Auneiiil (Oise), MM. BouUanger frères. — M. Th. Court. Carreaux,
Aups (Var). Poteries,
ilut;t7/ar5(Tarn-et-Garonne), M. André Carra. — M. Jos. Castex. —
M. Ch. Castex. — M. E. Marseille. — M. Verdier. Faïences.
Auxonne (Côte-d'Or), M. Roux (à Villiers-Ies-Pote). »
Badenviller (Meurthe), M. Gondrexon. »
Bagnères-de-Bigorre (Pyrénées), M. Cantet. »
Bagnes-Sainte-Badegonde (Charenle),M.L. Landry, Faïences etpoteries.
Bain (Ile-et-Vilaine), M. Cuault. — Mademoiseile Magnaire. —
M. Orain. Poteries,
Bayonne (Doubs), M. Delîot fils. — M. Lafitte. — M. Novion. Faïences,
Balaives (Ardennes), M. Valeur-Cheneau. Poteries,
Bar~8ur-Aube (Aube), MM. Checq et Tesse. »
Baulne (Aisne), M. Maréchal. — M. Gaillard. »
Bavay (Nord), MM. Deltour frères. — M. Lebrun-Zourdain.
Poteries.
Bea«ne(Côte-d'Or),M Gambertpère. — M. Gambert iîls aîné. »>
Beaucaire (Gard), M.Contestin. — M. Massis. — M. Meunier. »
Beauîieu (Indre-et-Loire), M. Garnier-Véron. »
Beaumont-leS'Autels (Eure-et-Loire), M. Blière. Faïences.
Beaumont-de-Lomagne (Tarn-et-Garonne) , MM. Bellotto frères. »
Belbeuf (Seine-Inférieure), M. Cécile. — M. Abraham. — M. Fir-
™in« Poteries
Belley (Ain), M. Charansonnet. — M. Collet.— M. Silbereissen. »
Benais (Indre-et-Loire), MM. Loireleur et Bellanger
frères. Faïences etpoteries.
EUROPÉENNES. 565
Benneval (Eure-et-Loire), M. Barré. — M. Chevalier. — M. Gou-
dard. Faïences et poteries,
Besançon (Doabs), Madame veuve Alhoud. — M. Martin. — MM. Brey
et Ûls. — MM. Ruedi et Solla. Faïences,
Béthune (Pas-de-Calais). Poteries,
Beiigniers (Nord). »
Bézières (Hérault), M. Caries, dit Bone. — M. Caries. »
Billom (Puy-de-Dome)', M. Grenet, — M. Tixier, n
Bletterans (Jura), M. Guillemés. »
Bonnétable (Sarthe). Faïences.
Boulay (Moselle), M. Thomas aîné, Poteries,
Bourg (Ain), M. Ch. Bozennet. — M. Bédet aîné. — M. Cuinet et
M. Bédet cadet, poteries,'-- Madame veuve Chervin. Faïences,
Bourg-du-Péage (Drôme), M. Merdenne. »
Bourgueil (Indre-et-Loire), M. Delarue. Poteries,
Braine-en- Vesle (Âisne),M . Phiiippot (à Courcelles-les-Brâmes) . n
Breteuil (Oise), M, Bastide. — M. Frémaux.— M. Portemer. »
Brive (Corrèze), M. Lachaux. »
Brives'Charensac (Haute-Loire), M. Berard. — M. Fromenteau. —
M. Pol. — M- Robin. Poteries.
Brugny (Marne), M. Cernick. a
Butten (Bas-Rhin). n
Caudebec (Seine-Inférieure), M. Fleury. »
Carcassonne (Aude), M. Armengaud. -~ MM. Bel et Guirait. —
M. Pradel. Poteries,
Casamène (Doubs), M. Martin Brey. Carreaux,
Castelnaudary (Aude). Poteries,
Castillon (Gironde), M. Dennier. — M. lansienne; Poteries.
et M. Rosciano. Faïences,
Castres (Tarn), MM. Ducros et C«. Faïences,
Caudam (Morbihan), M, Bruyère aîné. — M, Collin. »
Chambon (Haute- Vienne), MM. Lamy frères et Georgeny
fils. Poteries,
Chapelle-aux-Pots (Oise). Grès et autres poteries,
Charelles (Saône-et-Loire), M. Prost. Faïences,
Chartres (Eure-et-Loir), M, Fouquenau. Poteries,
Chateaubriant (Loire-Inférieure), M. Bridel. Grès.
Chateaudun (Eure-et-Loir), M. Boudet. — M. Vivier. Faïences,
Chateauneuf-de-Mazene (Drôme), M. Rousset- Poteries,
Chaumont (Ardennes), M. Porcien. — M. Isidore de Fressen-
court. «
Cheroy (Yonne), M. Coquelet. — M. Reynier. »
48
^66
P0TBILK6 OPAQUIES
Faf«ncet.
Poteries,
Fmkswes.
Foterien.
Faïences,
Pùteries.
Chéveuges (Ardcaum), M. Niles.
Cldnon (ladre^et-toire), M. Guibert. — H. Truteau.
Chitem (Isère), M. Pécheur.
CUtirfontaine (Saône), MM. Rigal et Sanegonand.
Clamecy (Nièyre), M. Daché.
Clermont-en-Àrgonne (Meuse), M. Mouet.
Cluny (Saône-et-Lolre).
Co/mar (Haut-Rhin), M. kc\xr, — M. Mfihllœrger. ToHei €t fmateu.
Conches (Eure), M. Goesnon. — M. Dumerque.*— M. RaBsent. Fasatce».
Condom (Gers), M. Dubouzet. FoierieM»
Contres (Loir-et-Cher), M. FouiIloiU"Gajieher. »
Coudreceau (Eure-et<-Lolr), 'M. OiUot. »
Courbesêcn (Seine^t-Mame), M. CUdSlot. »
Courtaven (Haut-Rhin). •
Oti^t (Allier), M. Janin. — M. I^aiifisier. »
Dartal (Maine-et-Loire), MM. iabault et Loiieau. »
Dax (Landes), M.Pierre Casaiu {«ux Sablou)» Poterie* et faseaoee.
Diemeringen (Bas-Rhin), M. Ch. Ziegler. Poêles eî Fateuees,
Dignoc (Charente), M« DebieeU
Dizy (Marne), M. Lisnard-Beaupère. — M. Mouues.
Dormons (Marne), M. Baillot.
Dimkerque (Nord), MM, Delacour frère et sœur.
Ecemmoy (Sarthe), M. Caudio.
Engel-Foutaine (Nord).
Efisisheim (Haut-Rhin), M. Fichter. »
Erome (Drôme). •
Espaubourg (Oise), M. J.-M. Anselin. «
Etrepi^ey (Jura), M. Clautheret. — MM. Dautant irhrea, «
FovUres (Meurlhe), M. Nathîs. — M. Pierson. »
Ferneji (Ain). ^
Ferrière-la-Petite (Nord), M. Delmef . — M. Belhaye. Fait^actf^ el grès,
Fleurance (Gers), M. Jtoeole. Poteries.
Forcalquier (Basses-Alpes), M. Godin. »
Forgùs^es-Eaux (&eine-lnférieure), M. Bigot. — M. HeiML —
M. Herbel-Dumas. FafeHCU,
Ganges (Hérault), M. Gros. — Madame veuTe A. Liebra. »
Génélard (Saône-et-Loire), M. Durot. — M. Fouane^ des.
GenU (Dordogne), — M. Lachand. Poteriei^
Ger (Manche), M. Chaudesoflfie. — M. G. Dnmaioe. — M. L. Dum^e.
M. LelièYre-Laprise. — M« Robbes-B<U8sonnièr€. — M. Babbas-
Lécluze. — M. Theot. — M. Vérou. Poteries,
Gerardmer (Vosges), M. Boeh. »
Fasencei,
Poteries,
Fffiences.
Poteries,
EUROPÉEHIIES. 5^7
GiutmwMMt (Marne), MM. Lorrey et Àubriot. Poteries,
Givorê (Rhin}, M. Gh. Revol. — M. D. RbtoI. n
Gradignan (Gironde), M. Labeiie et Deid>ot8. Fëience et poteries,
GrenoHe (Isère), M. Billy. — M. Paris. Poteries.
Origny (Rhône), MM. Dunéault, Motle el G*. — Madame veuve Emile
DMaen. Fafences.
Grignùls (Gironde). M. Gardenne.— M* Peny. Poteries,
Gokuourt (Oise], Madame veuve Signez. Paieries et faïences,
GaebetviUer (Haut-Rhin), M. Marckett. Pt}ê(es en faïence»
Gttéeélard (Sarthe), M. Berger, €h^,
Guingamp (Côles-du-Nord), M.Joret. — M.Garo. — M. Bîttionr. Faf ewcw;
Guines (Pas-de-Calais, M. Brunetr Poteries,
Balmose (Meurthe), M. Scliv^artz. Faïences.
Haiilol-«tir-J!fer(Seine-lnférieiire), Mtf-. Duburqooy frères. —M. Le^
gros aîné. Poteries.
Hazebrottck(^ori3i)t M. Lelong. — MM. MassartetGuermonprez. »
Henrichement (Cher), M. Devaliy. — M. Pierre ^irault. — M. L. Pâ-
narion. — M. Pelle, — M. Guilpain. — M. €. Panarion. M. Tal-
bot-Michet. — M. Talbot-Vataîrc. Poteries.
Snehennerville (Somme), M. Bourgeois. »
ITirmMtgn^ (Cher), MM. Auchère frères, b
liingé (Ile-et-Vilaiue), M. Gautier. — ' Mademoiselle Gonesse; --'
M. Poîard. Faïences»
Ibligny (Meurthe), M. Clément. »
léanmenil (Vosges), MM. Biaise et Vilmff. »
Illiers (Eure-et-Loir), M. Fouquerreau. Poteries,
Isle d*E8pagnac (Charente), M. Debect« Faïences,
îvry^^ur^Seine (Seine), M. Caseedanne. »
La Folatière (Isère). M. Guinet. Poteries,
Laissac (Aveyron), M. Grasset. — M. Sahnet. »
La Madeleine (Nord), M. Bouet-Cuveffiier. »
Lamée (Seine-et-Marne), M. Gabry (Boisettes). Faïences.
Landerneau (Finistère), Madame venre Bonnet. — M. Jouan. — *
H. Legall. Faïences,
Langeais (Indre-et-Loire), MM. Ch. dd BoissimofL et C*. — MM. Le-
bertet Busson. Grès artistiques,
hongres (Haute-Marne). Faïences,
Lannilis (Finistère), M. Mercelle. — M. Pelïcs. Poteries,
Lavatre (Creuse), M. Saint-Jules. Tuyaux de drainage.
La Palisse (Allier), M. Cornet.— M. Gindre.— M. Treillet. Poteries,
Laval (Mayenne), M. E. le Pannetler. — M. Sîgoîgne. »
La Valteuse (Saône-el-Loire), M. Ducraf. »
!
568
POTERIES OPAQUES
Tuyaux de drainage.
Poteries.
La Versine (Aisne), M. Hue.
Le Bar (Âlpcs-Maritime).
Le Fossé (Seine-Inférieure), M. Carpeniier. Carreaux.
Le Fréchet (Haute-Garonne), M. Sarranto. Faïences,
Le Montet-aux-Moines (Allier), M. Pajot. Grés,
Lenglay (Côte-d*Or), M. Landel. Faïences,
Le Reil-d*Ardècbe (Ardèche), M. Richard Vincent. Poteries,
Le Vivier-d^Ànger (Oise). Grès.
Lezoux (Puy-de-Dôme), M. Beaujer. Faïences.
Lheraule (Oise), M. Godin. — M. Thuilier. — M. Lefèrre. Grès,
Libourne (Gironde), M. Daniel. Faïences,
Limours (Seine-et-Oise), M. Guerlier. »
Lomme (Nord), M. DelÛs. — M. Plalel. Poteries,
Longchamp (Côle-d*Or), M. Phat-Blandon. Faïences.
Longwy (Moselle), M. D*Huart-de-Nothomb (échantillons à Sè-
vres).
Louviers (Eure), M. Aubin. — M. Sébiros. — M. Patry.
Louvigné'du-Désert (Ile-et-Vilaine), M. Maugin.
Louvroil (Nord), M. Roeh frères et C*.
Mâcon (Saône-et-Loire). •
Jlfanctat^o; (Haute-Garonne), M. P.Her.
Marcigny (Saône-et-Loire), M. H.-C. Blanchon.
Marcillat (Allier), M. Gilbert. — M. Tardirat.
Marronnelle (Pas-de-Calais), M. Evrard. — M. Lecuyer.
Maurs (Cantal), M. Cautalonbe. — M. Goustenson.
Maynal (Jura), MM. Centecalix frères.
Melun (Seine-et-Marne), M. Gabry {an\ Fourneaux).
Menil'Saini'Père (Aube), M. Hymonnet.
Méreau (Cher), M. Gonon.
Metz (Moselle), M. Hangen.
MirebeaU'Sur-Bèze (Côte-d'Or), M. Brétin.
Molinet (Allier), M. Lemoine.
Montèard (Côte-d'Or). M. Emiot. — M. Gaveau. —
lard.
Montelimar (Drôme), M. JuUian.
Montendre (Charente-Inférieure), M. Dupont.
Montherme (Ardennes), M. Debeg.
Montluçon (Allier), M. Thuret; faïences, — M. Clémeal.
Montmarault (Allier), M. Baron.
Morlaix (Finistère), M. Coriou. "
Munster (Haut-Rhin), M. Ph. Tresch.
Mussidan (Dordogne), M. Duluc.
Faïences.
Carreaux,
Faïences,
Faïences.
Poteries,
Faïences,
Poteries.
n
•
Faïences.
Poteries,
»
Grès.
M. Guil-
Poteries,
»
Faïences.
Poteries.
»
Faïences.
Poteries.
»
Faïences.
\
EUROPÉENNES. 569
Nagon (Oise). Faïences,
iV^an56-50t<s-5a2?2/e-iinne(Dordogne),MM. HugOD, Langlard et compa-
gnie. ^ Terre de pipe,
Nassy (Marné), M. Chopin. — M. Bon. Poteries,
Neuilly-en-Sancerre (Cher), M. Auchère. — M. Chollet. o
Neuvy-deuco-Clochers (Cher), M, Chollet. »
Nogent'le-Rotrou (Eure-et-Loir), M. Barillet. — M. Tram-
blin. Faïences.
Syons (Drôme), MM. Grolot et Simon. — M. Rousset. Poteries,
Oberbostschdorf (Bas-Rhin). Grès,
Ollivilliers (Haut-Rhin), MM. Zeller et C^. Tuyaux émaillés.
Palinges (Saône-et-Loire), M. Pajot. — M. Ruaut. Grés,
Pamiers (Corèze), M. Caillas. — M. Cazals. — M. Dougnac. —
. M. Nadal. Faïences,
Peipin (Basses-Alpes), M. Baille. — M. Boutoux. Poteries,
Pelissanne (Bouches-du-Rhône), M. Roubaud. ^ n
Perrt(i5 (Vaucluse), M.Amaul. — M. Signoret. Faïences,
Petit-Masse (Nièvre), M. Chognas. Grhs,
*Pexonne (Meurthe), M, Fenal fils. Faïences,
Poet-Laval (Drôme), M. Armand. — M. Berard. — M. Berhaud. —
M. Brès. — M. Charavel. — M, Fontaine. — M. Gros. — M. Piol-
lenc. — M. Plan. — M. Poncon. — M. Danielau. — M. Reboul.
— M. P. Reboul. — M. RoUin. — M. Roussin. — M. Terpaud.
— M. Vernet, Poteries.
Sombernon (Côte-d'Or), M. E. Viennot. — M. B. Viennot. — M. V.
, Viennot. * Poteries,
Ponch^gfjfiïse), M. Decayny, — M. Dumontier. — M. Du-
pressia. — 1^. Leclerc. — MM.Cedoux frères. — M. Tru-
ptil. Carreaux de faïences,
Pont'Audemer (Eure), M. Laser. — M. Delamure. — M. Lésant. —
M. Toscan. • Faïences,
Pont'de- Vaux (Ain), M. Borel. — M. Courtois. — M. Gauthier. —
M. Gauthier fils. Poteries,
Radenvilliers (Âube)rHM. Miellé frères. Faïences.
Rambervillers (Vosges), M. de Menonville. »
Ham VÉtape (Vosges), MM. Millier fils et Marotel. »
Ravel-Salmerange (Puy-de-Dôme), M. L, Laroche. — M. Ganil-
lier. Faïences et grès,
Reims (Meuse), M, Gray -Roger. -— M. Richard-Cottin. Poteries,
Remoulins (Gard), M. Beanne. »
Revel (Haute-Garonne), MM. Chazotes frères. — M. Durand. —
M. Garaize. — M. Maillabiau. »
iS.
570
POTEAfirâ? (^AtHlBS
RibeauviUe (Haut-Rhin), M. Schaeffer. ^i
Héei (Eaases-Alpes), M. Ferand, fatenees^, — M. Ailland. 'Igî
Rim» (Garonne), M. Gouvrin. — M. Morance. »
Bf02 (Haute-Saône), M. Emile Feignot. Terre de-fdpe.
Roanne (Loire), M. Labarre. — M. Nfeolas.. Fafmeeg^
Romanhche-Thorins (Saône-et-Loiire). Poteries,
Bmey (^OTô)^ MM. Boudad frères; — m. GapeBe et €*". »
Roquevaire (Bouches -du -Rhône), M. Aubert. — MM. NicI et
GHze. Faïences,
Roseemvel (Finistère), M. Boisdron. — M. Hermance. Poteries,
RoussHlon (Isère), M. Gascon. — M. Paccard. --^M. Feset. »
Russmige (Moselle), M. Gregorias. ^ Poteries.
Sttdirac (Gironde), M. Prosper Geoffroy, fahnces, — M. AlïegWBt —
M« Fontaneau. — M. Lamirot. — MM. Norzilleau Mireê; —
M. Bellet. ^ Poteries.
Sains-du'Nord (No^rd), M. I^pmt, •*- II. Mrefsw. »
Samt'Aignan (Loir-et-Ch€fr), M. Pérrtganlf .
Saint-Amand-en-Puisaye (Nièvre), M» LMffeiXt.
Saint-André (Eure), M. Morize. — M. Notf.
Saint^André'de-Cubsac (Gironde), M. Toxtri'as',
Saint'André-de-Sangonis (Gfronde), M. Fiem
Satnt'-Aqumn (Eure), M. Echard.
Saint'Aubin (Oise), M. Lebis. — M. Mbrda fila.
5amr-J;wèin-Ce//ot;i7/e(Seine-Jnférieure), M. Lecontre;
Saint'Avît (Lo!re-et-Chert, M. Hilaire:
Saint'Brice (Mayenrife), MM. Gauthier et Viat.
Saint-Dents, IMF. Salmon.
Sainte-Poy-la^rande (Gîrcfnde), ik. Jaobin.
S«iwNl?é?rme (Gironde), M. Rabin.
Snint^Florentin {y onne)f M. Paulhier.
Samt-^oirs (Isère), M. Genevey, "*
Snint'Georpe'^e'RoneUy (Manche), M. Wsrfe»
Saint-Germain (Dordogne), M. Payet. — M. Lafju^et
Saint-Germain-Laval (Seine-et-Mame)f, M. G«llî6t*
Saint-Germain-la-Poterie (Oise), M. Lftttittteui'.
Saint'Jusi-des'Marais (Oise), MM.BoUbergne etO. —•M; Hatati««r'
M. Ghéron. Gris,
S«înf-Jfi^de»Yf (Gironde), M. Roger. Faïences,
Saint-Vallier (Drôme), M. Baissoimdt. — MM. Rôtol fils. — MJRSI*
guret et C«. Gris,
Saint-VérainÇSibfn^, M. Jacq. n
Saliés-de-Salat (Haute-Garonne), M^ Jaaac. Pa^enets,
Poteries U Grés,
Poteries,
»
FiOènees.
Poteries.
Grés,
i
\
EjLlRORÊEimES. 571'
Salvmge (Hevtse), - ,^ , Fatences.
Saméon ^ord), MM. Reuaud frères. Poterfes,
Sancoins (Cher), M. Boin, — M^ EonfileV'^ M. (Mfray; »
Sàm'Pbteirîe (Nord). »
SatiHeu (Côtes-à'Or), M. Dessaulx. FaîenceSi
5aiiMi*>tfMaîii[iRet-Loire), MM. Loiselcur et Bélanger. ' »
5attv*((îard), MM. Broc frères. Poteries,
Sauviat (Haute-Vienne), MM. Tharand et G*». »
SanxUla/hges iJ^iy-ée-Dàma), M. Cotinel, — M. Gaîgueberl. »
Savigny-en-Revermont (Saône-et-Loire). - • »
Schlestadt (Bas-Rhin), M. Ch. Zîegter. Poêles de faïence,
Senelle (Moselle), M. D'Huart de Notomb. ^ Fa'ience»»
Sen^ (Yonne), M. Saulnier. Poteries,
Sîerck (MoseHe), M. tamort. Faïences.
Solignac (Haùte-Yienne), M. Latrille iïls. -~ MM. Noger et Peri-
(Aon. Paieries,
Soufflenheim (Bas-Rhin), M. Vergniaud. »
Suresnes (près Pari«), M. Jules Maréchal. »
Tarbes (Pyrénées), M. Nelli; »
Tassenières (Jura), M. Degermann aîné. »
Taulignan (Drôme), M. Julhan. — M. Monteillet. Faïences,
T^emn (Haut-Rhin), M. Rudolf. Pâêies en faïence,
Thias (Haute-Vienne). Poteries,
Thiviers (Dordogne), M. Démartou.— MM, Dubourdieu frères, sœurs
et G®. — Dttboardiea fiU-atoé. Faïences,
.^nkir (Pyrénées). »
Toumus (Saône-et-Loîrô)'. Poteries,
Toary--£ttf et/ (Nièvre), tt*^Brac de Lapenièper. Grès,
Treignf Çtoime), 1 »
Tfie^rt (Aiiij, M* Garne* --- M. Moidiarbcm* Poteries^
Vaifon (Vaucluse)^ M..BertFandetpère.r^M, Beetiandet jeune. »'
Varkkfray (Oise), M. Dret. »>
Yendeuvre''SUr-'Barêe (4ab6)„Mé» Seiàmià^,fa§sncesk — - M. Lageroi.r-
M«Wumet.— ^ Tùêiatd^ poteries (éohauUUon à Sèvres). -*-
M. Moynet. Statues religieuses^ en terre aiite,
Yevnaux (Ardèche), M* Vialûl, Faïences,
Verneuil (Indre). Poteries^
ViUerS'les-fots (Côte-d'Or), M. Roux (A. Renaud). Faïence».
Vic-Sxempîet (Indre), M. Bouchaud. — M. Chauvot. Poteries,
Vic-le 'Comte (Puy-de-Dôme), MM. Pernet et Perret. Faïences,
Vierzon-Village (Cher), M. Renard. Faïences et poteries,
VUlandrat/t {Gitonde)t M. Belin. Faïences.
572 POTERIES OPAQ#&
■'■''• ""t.
ViUemur'80us*Tnrn (Haute-Garoône), M. BçMÎsquet. ^> M. Gastella. —
M. J. Gastella. — M. Dastres. rff Poteries,
Voiron (Isère), M. Gauthier. -*- M. Péeheux. Grès,
Voncq (Ardcnnes), M. Manouvrier. -^fiiUnces.
Htasselonne (BasrRhin), M. Frîlsch. — M. Rothan. — A. Sief-
. fert. Viiéries.
"W^^sheim (Bas-Rhin). ./»
Wwtèmbourg (Bas-Rhin), M. Braun. — M. Fr. '
vTresch. Poteries et faïences.
• <'.^^^
AmBAg (giw aiNralal»)
TeRBES cuites ad vernis MINERAL. ''^'
M. Fourneaux, potier, est représenté à Sèvrea jMye quelques
échantillons provenant de l'année 1809. ^
Aujourd'hui, c'est M. Nonjsn qui y fabrique le môm<
TH1JIB, prè0 Perpignan.
Terre cuite sous encore et au vernis plomrifére. Farriga-*-
TION MODERNE.
On trouve de cette localité, aux Arts et Métieirs, à Paris, une
pièce marbrée.
8Alinr-«AVDBllS (Hanfe-ttaronne). ^
•ai
Terre de pipe au vernis plombifére. ^
Manufacture fondée en 1829 (?) par MM. Fougtie (des Fouque de
Moustiers) et Amoux, qui l'ont cédée en 1862 à des manufac-
turiers anglais. M. Amouœ fUs, actuellement aHftché à la ma-
nufacture de MM. MintonetGie, à Stoke-Upon-Trent^ en Angle-
terre, avait pendant longtemps dirigé les ateliers à Saint-Gau-
dens. M. Fouque s'était aussi attaché le potier Gorsin, qui plus
tard a fabriqué à Bordeaux, et après en Suis^^ près de Genève,
où il est mort en 1865.
M. Moitessiery l'ancien contre-maître de Ruibelles, près Me-
lun, a passé neuf ans dans la manufacture de ^int-Gaudens,
dont la fondation doit cependant remonter bien avant 1829,
puisqu'elle se trouve déjà mentionnée dans le Dictionnaire des
Postes aux lettres des années 1802 et 1817»
(Voir les porcelaines à pâte dure de cette localité.)-
1
^
i
I
i
EtlHOPÊESKES.
574 P0TER1E9 OPAQUES
Grès céramiques. Actuellement
Terres cuites sans cauvEATK.
Terres cuites sous couverte plombifère.
Terres cuites a émail stannitère.
MM. Virebent frères et fils y fabriquent, depuis 1830, de
belles terres cuites et des grès céramiques (le même genre qui
a servi à la restauration de l'église de Marburg (voir mes Souve-
nirs de voyage d'un collectionneur), particulièrement des bas et
hauts-reli^s, des statues^ colonnes, omemeaiis, etc., pour con-
structions artistiques, religieuses et civiles. Le croquis ci-contre
représente une des sculptures céramiques de cette importante
usine.
La manufacture, qui produit ces céramiques jusque dans les
plus grandes dimensions et même des clochers d'église entiees,
s'est fait une juste réputation par l'expression des têtes de sas
statues et statuettes.
De grandes plaques avec peinture céramique^ et enfin tout
ce qui peut embellir une construction et être utile aux archi--
tectes intelligents, sortent de la manufacture de Miramo&tr qiai
est brevetée pour son grés céramique^
5, rne des Trois^ooronaes.
FAÏENCES A EMAIL sTAcmiFÉRE (eiieoro en exploitation). 1833
Feu Pichenot commença d'exploiter sa fabrique sous la di-
rection de M. Lœbnitz, potier de l'école du nord, et qui a trar
vaille longtemps à Berlin. Breveté en 1843 pour son émail a iA-
gerçable S » il fit poursuivre plusieurs de ses soi-disant coûire-
facteurs, procès qu'il gagna tous, et cela selon moi bien à tort,
avec l'appui de feu Brongniart, dont les rapports avaient
conclu à la validité du brevet. Madame veuve Pichenot a cédé
depuis la fabrique à M. Jules LcBbniUf fils de l'ancien contre-
maître, toujours à la tête des ateliers.
On a obtenu dans cette usine des résultats remarquables.
1 . Ce que Pichenot entendait par « ingerçable > s'obtient par une grande
addition de chaux dans U composition de la terre, qui fait que l'émail adhère et
fait corps avec la pâte.
EUROPÉfilfNES. S?5
J'jai vu au musée de Sèvres, n« il8, une grande baignoire {wo-
veaant de l'Exposition de iS49, qui, fabriquée d'une seule pièce^
est émaillée en dehors et en dedans. Des plaques de revêtements
de murs, très>convenabIes pour des cabinets de bains, égaler
ment d'une seule pièce, de 2 qaètres 25 sur 1 mètre de large,
parfaitement planes et recouvertes d'un émail complètement
pur de craquelures; un vase d'un demi-mètre de diamètre, éga-
lement émailié ; des plaques de moyenne dimension à fond bleu
au grand feu, dont la couleur bleue, si difficile à obtenir pure,
peut rivaliser avec celle des cél^res porcelaines bleues de
Sèvres ; des poêles artistiques, décorés au feu de moufle, etc.:
tels sont les genres de produits qui placent cette usine, tra-
vaillant avec trois grands fours, au rang des fabriques artis-
tiques de premier ordre. Toutes les plaques et tous les carreaux
de poêles étaient marqués, du temps de M. et de madame Pî-
chenot :
Pichenot, 7, rue des Trots-Couronnes.
La marque actuelle, qui se trouve à l'envers, en creux dans la
pâte, est :
Jules Lœhnîtz, 5, rue des Tr ois-Couronnes,
M. Lœbnitz père a aussi imité tout récemment le violon de
faïence de Delfl de ma collection ; mais quoique bien réussi de
forme, ni l'émail, ni le décor ne pouvaient faire la moindre
illusion. Malgré cela, des agents du musée d'Athènes l'ont en-
core payé à la vente publique 340 fr.
Cette importante manufacture a depuis ajouté à sa fabrica-
tion ordinaire celle des carreaux de revêtement, et particuliè-
rement les carrelages ûd terre rougeâ nieUures blanches, ainsi
que celle des carreaux à émail stannifère, genre Lisieux. La
grande salle des États, au cfhâteau de Blois, a été carrelée avec
les produits de la fabrique Lœbnitz.
M. Clément-Amédée Bidat, né v^ars 1834 à Lons-le-Sanhiier
<Jttra), peintre à l'huile et élève de M. Cogniet, a commencé,
en 1864, à peindre dans cette fabrique sur cuit et sur cru ; il a
exposé à l'exposition des Beaux-Arts de la même année une
grande et belle plaque ronde, décorée en camareu bleu d'un
sujet allégorique de sa composition, intitulé : Arts et Misère.
Ce sont trois belles lemmes représentant la Peinture, la Sculp-
576 POTERIES OPAQUES
ture et la Musique, avec le Génie qui tend une sébile pour re-
cevoir l'aumône. M. Bidot s'occupe aussi de la peinture de por-
traits sur faïence et atteint de beaux résultats comme ressem-
blance.
Les œuvres de ce peintre sont signées :
^,
ou A. BidoU
Un médaillon de ma collection est marqué du monogramme,
et mesure i8 cent. ; la peinture en camaïeu bleu représente un
buste de femme en pro61.
SAmT-SAHSOM (Ol«e).
Poteries.
Cette manufacture de poteries, qui marque
E. L* B.
a exposé à Paris en 1834.
BOlTliT) près de lftlo«^
A 3b kilomètres de Vesoul (Haute-Saôae).
Terre cuite sans couverte et au vernis minéral. Époque
actuelle.
M. Gaspard Guidot fabrique des poteries artistiques, comme
paniers imitant l'osier, cadres imitant le bois sculpté, etc.
(Échantillons dans ma collection et dans celle de madame Nau-
din.)
WLVmMJLEm, près Helnik.
Terre de pipe a émail ombrant plombifébe et alcalin. 1836
Le baron sénateur Bourgoing, ancien ambassadeur français
à Miinchen et à Madrid, mort en 1866, invent-eur de cette po-
terie à émail ombrant, en mono et polychrome, d'après le sys-
tème allemand, de la manufacture royale de Berlin, des litho-
phanies transparentes en porcelaine dure, se fit breveter et
fonda en 1836 une fabriquée Rubelles, près Melun, au château
de M. le baron du Tremblé, son associé. M. Moitessier était le
directeur de cette fabrique, qui, dès 1855, après TËxposition
EUROPÉENNES. 577
universelle, passa à M. Hocëdë, gendre de M* du Tremble, et
cessa complètement d*étre exploitée en 1858.
Ces poteries sont, pour ce qui regarde le décor, d'un genre tout
à fait nouveau ; elles appartiendront un jour à la curiosité, car
elles sont maintenant déjà fort recherchées; leur place est
marquée d'avance parmi les poteries des collections.
Les formes, le dessin et Tornementation sont beaux ; seu-
lement, rémail laisse à désirer sous le rapport de sa du-
reté, il se raye facilement parce qu'il contient trop de sels.
Les dessins sont formés par les épaisseurs delà couverte colo-
rée, qui produit les ombres là où l'ornement est creusé, et la
lumière là où il est formé parle relief, absolument comme dans
la lithophanie transparente. L'émail par lequel la manufacture
de Rubelles obtenait ses émaux ombrants, était composé de
1 00 parties de sable de Fontainebleau, 80 de borax (sel), 80 de
minium (plomb), et 20 de potasse. M. Moitessier, qui y était
l'âme de la fabrique, a passé plus tard, durant neuf années,
dans la manufacture de Saint-Gaudens (Haute-Garonne), après
que M. Arnoud était entré dans celle de M. Minton, en An-
gleterre.
Rubelles a fait des services de table et à thé complets ; ils
sont souvent à jour et armoiries. On lui doit aussi des paysages,
des sujets de genre, des portraits et des ornements de toutes
sortes sur plaques ; des carreaux de revêtement et pour meubles,
des va<^s, des suspensoirs et des jardinières, des pots à tabac;
de très-jolis services en agathe et à médaillons bleus; verts ou
lilas; des émaux à jour imitant la pierrerie; des vierges, christs
et sujets bibliques et historiques sur plaques, etc. La plupart
de ces produits sont sans marque. Quelques-uns portent :
A. D. T. (Alexis du Tremblé.)
OU
Rubelles.
S. et M. (Seine-et- Marne.)
(en creux dans la pÂte.)
Au café du Grand-Balcon^ à Paris, deux salles sont entiè-
rement ornées de plaques de ces terres à émail ombrant.
Un beau service de table, fait pour le roi de Hollande,
en vert et brun clair, avec les armes des Pays-Bas, se trouve
au château du Loo, en Hollande. Une assiette de ce même sev-
49
578 POTBRIBS OPAQUES
Tice est dans ma collection, ainsi qu'un grand nombre de
beaux plats. Plusieurs échantillons à Sèvres, et je possède un
traité manuscrit sut la fabrication de ces faïences, que feu le
baron de Bourgoing m'avait offert *,
Ce chercheur érudit a aussi fait de nombreux essais dans
la lilhophanie transparente en porcelaine dure, pour laquelle
il a pris un brevet en i827. Ses premières tentatives eurent
lieu chez Darte et Billèle, de la rue de la Roquette, dont la
manufacture a cessé vers 1836, et plus tard M. de Bourgoing
continua à produire à Montreuil-sous-Bois, près Paris, dans
la fabrique de M. Leclerc, où il se ût construire un four
carré.
VAVDAliCOlJBT (Marae).
Grès. Vers 1836
M. Bodelet, fabricant.
VZC8 («ard).
Faîjbnce st tebrb cuite.
François Pickon, potier, a marqué vers i837
MM. Pichon, Jules Vernet et Josa Vernet y fabriquent encore
actuellement des faïences, et MM. Barry et Julien des pote-
ries.
COVlftBBTOli, près Moniereau (Selne-et-SIarBe).
Grés. Vers 1839
M. H. Mamety fabricant.
Échantillons à Sèvres.
1 . Le baron de Bourgoing était un érudit et un chercbeur ardent, à qui la pas-
sion des découYertes et des essais dans le domaine des arts industriels enlevait
souyentle sommeil. Réunissant au savoir pratique les qualités les plus exquises de
l'bomme du monde et TafTabilité de la vieille noblesse française , on ne le
quittait jamais sans avoir appris quelque cbose et sans être cbarmé de ses ma-
nières. 11 avait constf Té jusqu'à sa mort le petit laboratoire établi à e^té de sa
cb&mbre àcoucher, où il contfnuait àfaire des expériences, partageant son temps
entre sa famille, sa position politique et ses recherches.
EDROriCICHBS.
TerBB cuite au VBRN13 PLOMBIFÈRE, FaIENCB A âUAIL ETINNIFÈM.
M. C. Gadan, à Vannes, possède un porte-huilier octogone,
décoré en camaïeu bleu à fleurs et filets en relief, marqué :
P
que cet amateur attribue à Andouze. Je n'ai pas vu cette faïence,
dont la marque me parait plutôt hollandaise.
Faïences et terbes cuites a ëuail stahkifére.
T«iTet aàlet, modcMo tl peiatea pu M. Deien.
S80 POTDUS OFAQUIS
H. Joseph Devers, né & Torino , ancien peintre, ëlève d'Ary
Scheffer, de Rude et de Picot, a commence à s'occuper de la
Alence vers 1847, et a établi uue usine vers 4853. C'est cM
altiste qui a, pour ainsi dire, créé à Paris le goût des faïences
artistiques modernes de l'école italienne, et peut-être de la cé-
ramique moderne en général, et c'est encore lui qui, l'un des
premiers, a peint sur lave.
H. Devers, après avoir obtenu la grande médaille aux eipo-
sitiong de London (18SI}, de Paris (1849), et de Nevers (<864],
a été décoré par le roi d'Italie. Ce céramiste a fabriqué, outre
des plats, des assiettes des buires, des vases, etc., é peinture
décorative, toutes sortes de terres cuites à reliefs et à orne-
ments moulés dans le genre des Délia Robbia. Les cadrans de
la tour de Saint- Germai n-l'Auxerrois, les bas-
reliefs de Saint-Eustache, le tympan de l'an-
cienne église de la Trinité et les grands mé-
daillons des théâtres Lyrique et de l'Impératrice
sont de cet artiste, dont la fabrication est très-
propre à l'architecture, à cause des réminis-
cences archéologiques qu'il sait imprimer à
ses œuvres. Une assiette polychrome à mé-
daillon, Sainle-Cécik, dans îe caractère
du seizième siècle, fait partie de ma
collection.
Cette assiette est marquée ;
I. D. et :
Le premier monogramme ménagé
dansledécor.lesecondposéau revers.
Le modelage et le dessin sont les
partiesdanslesquellesH.Deveraeicelle
plus quedans la composition desémam,
qui laissent à désirer, et ressemblent
quelquefois à la peinture à l'huite.
Un morceau a signaler, c'est le
grand tableau encadré et d'une seule
pièce, une Vierge, qui décore l'ateliw
du statuaire Cordier, à Paris. C'est un
ipourii.Draiicd«ic«ieiii. Jour de force de caisson. L'eipres-
EUROPÉBNNES. 581
sion de la figure de la Vierge est d'une grande et belle dou-
ceur, mais les couleurs sont au petit feu et l'ensemble manque
de corps et ressemble trop à des teintes plates.
Terre cuite au vernis plombifère. 1850
M. Victor Jean-Baptiste Barbizet, né à Gray (Haute-Saône),
est un des premiers continuateurs de la renaissance moderne
*(8 ans après Avisseau), du genre de terres cuites dit Bernard
Falissy, et c'est de sa manufacture qu'est sortie une im-
mense variété de modèles presque tous modelés par M. Bar-
bizet fils. On y fabrique du moulé d*un seul jet et des moulés
671 ornements rapportés.
C'est la première maison qui soit arrivée à un grand bon
marché ; ses produits sont accessibles à toutes les bourses, et
peuvent servir à répandre le goût des objets d'art jusque
dans les classes les moins fortunées.
M. Barbizet imite bien mieux les animaux que M. Pull, mais
les couleurs de ses émaux sont moins belles.
Les produits de M. Baii)izet sont le plus souvent sans signa-
ture et quelquefois marqués :
B« Y. (en creux dans la pAte.)
Faïence A ÉMAIL stannif. et au vernis de plomb, etc. 1850 à 1859
M. Emile Lessore, ancien peintre de genre, fut jadis attaché
à Sèvres, manufacture qu'il a quittée vers 1850. Il s'était
établi plus tard dans sa propriété, 16, rue de l'Empereur,
aux Batignolles, et partit en 1859 pour l'Angleterre, où il est
maintenant occUpé dans la grande manufacture de Wedgwood,
à Aslburg, mais où il peint aussi pour d'autres fabriques,
particulièrement pour la manufacture de Minton. Cet ar-
tiste a fabriqué dans son atelier, aux Batignolles, des plats à
relief et à reflets métalliques dans le genre des plats musulmans,
ainsi que de ceux de l'Italien Terchi, du dix-huitième siècle, et
toutes sortes de poteries vendues longtemps dans le commerce
de la curiosité pour des anciennes. Son monogramme est :
quelquefois il a signé en toutes lettres : Lessore.
49.
582 POTERIES OPAQUES
Il y a au musée de Kensington, sous le n" 3235, un plateau que
M. Lessore a exécuté dans la fabrique de MM. Minton et C«.
La plus belle œuvre que j*aie vue de cet éminent artiste est
une assiette dans le cabinet de M. Barbedienne, à Paris, où le
sujet est peint en polychromie sur un fond qui imite le marbre.
Cett« farence, parfaitement réussie, a été exécutée à Paris.
Tbrre cuite au vernis plombifère. i8c6
M. Pullj né en 1810 à Weisenbourg (Bas-Rhin), ancien ftiili-
taire, puis naturaliste, a entrepris, vers 4856, la fabrication
des poteries dans le genre de celles attribuées à Bernard Pa-
lissy, et, sans avoir jamais été céramiste, il est arrivé, par ses
seules, recherches, à produire d'excellentes pièces qui, en géné-
ral, sont plus légères de pâte que celles même dites de Palissy,
et les surpassent par le brillant des couleurs et la sonorité de la
terre, mais ses animaux sont moins bien imités que ceux de
M. Barbizet et de M. Avisseau. Il a imité les deux statuettes du
Louvre, la Nourrice et le Joueur de vielle, (un pouce plus grand),
et surmoulé un plat d'étainde François Briot*, plat que les con-
tinuateurs de Palissy avaient également surmoulé'.
Il marque :
PULL (en noir dans l'émail),
OU : Pull (en creux, et aussi en relief dans la pâte).
M. Pull est le troisième imitateur moderne de cette poterie;
il a commencé sa fabrication quatorze ans après Avisseau et
six ans après Barbizet.
Terre cuite et faïence a émail stannifère, et terre de pipe
AU VERNIS plombifère ET A ENGOBE. 1859
M.Théodore Beck, ancien contre -maître de madame Dumas, a,
pendant quelque temps, essayé d'imiter la fameuse terre de pipe
1 . François Briot, est né, comme je l'ai déjà publié dans mes Souvenirs et
causeries d'xm collectionneur (Renouard, 1864, Paris), à Lucens (Lobsingea,
en allemand), près Lausanne, en Suisse.
2. Un de ces plats, fabriqué par M. Pull, a été vendu par un marchand de
curiosités, à un amateur de Paris, pour du vrai palissy, au prix de 6,000 francs.
Ce n'est pas la première fois que cet amateur a été exploité de la sorte. M. deLas-
teyrie dit de M. Pull « que ses produits sont tellement bien imités, qu'il est devenu
le désespoir des collectionneurs du palissy. > Mais parmi ces collectionneurs, on
doit entendre des collectionjieurs novices : les anciennes terres cuites de ce genre
sont toujours faciles à distinguer des modernes pour tout amateur qui a de l'ex-
périence, et les poteries de M. Avisseau imitent mieux les anciennes que celles
de M. Pull.
!
dite de Henri II ou de Diane de Poitiers, genre de fabrication
qu'il a abandonné depuis. Il produit toujours des faïences d*art,
des poteries à mosaïques et à émaux très-briliants. C'est le pro-
cédé deniellures en terres coloriées, pratiqué chez madame veuve
Dumas» et provenant de Tallemand Yogt , qui formait la base de
sa fabrication pour les poteries genre de Henri H. Les incrusta-
tions ou niellures de ses poteries à dessins persans et de Henri II
sont en polychromie, mais moulée$,Les plats et assiettes en mo-
saïque de M. Deck sont composés de brillants émaux qui riva-
lisent, pour la vue, avec le strass. Ses plats et ses plaques de jar-
dinières, en décor ditpersan (turque), sont bien imités. Il fabrique
aussi de grands médaillons pour constructions et toutes sortes
de pièces pour lampes. La sonorité de sa pâte, la dureté et l'ad-
hésion de rémail à la terre cuite laissent cependant à désirer.
Le monogramme de ce céramiste est :
TD.
(en creux dans la pâte.)
(Un échantillon dans ma collection).
Les peintres de genre, MM. Hamon, J. Legrain, Ranier et
ijluckoni aussi quelquefois peint sur les faïences de M. Deck.
Faïence a émail stannifére. i859
M. Aiiguste Jean, ancien artiste peintre sur porcelaine, a
commencé vers 1859 à peindre sur des faïences qu'il faisait
confectionner à Sceaux-Penthièvre et à Bourg-la-Reine. Depuis
quelques années, il fabrique lui-môme. Le principal mérite des
peintures de M. Jean consiste dans leur genre original, puisqu'il
ne cherche nullement à imiter les anciens. Le décor se fait,
dans ses ateliers, sur cuit, et les couleurs sont plutôt des cour
leurs de porcelaine que des émaux de faïence, ce qui leur ôte le
cachet de suavité que l'amateur de faïence recherche avant tout.
Les produits de M. Jean, d'ailleurs fort artistiques, sont marqués :
<^ )iQ
*)
Depuis quelque temps, cet artiste donne encore plus de va-
riétés à ses modèles, et a obtenu des effets fort heureux et très-
5B4 POTERIES OPAQUES
décoratifs. Les formes de ses poteries sont de bon goût et par-
faitement modelés. C'est en définitive un des fabricants de
faïences artistiques les plus importants de Paris.
FaIence a émail STAimiFÈRE^ genre de fabrication des poteries
de Rhodos.
MM. Colinot et Comp. ont établi, vers i862, une fabrique de
faïences sous la direction artistique de M. Adalbert de Beau-
mont, artiste, qui, après avoir séjourné sept ans en Perse, avait
déjà fourni des indications à M. Deck pour le décor de la faïence,
genre turque, dit persan. La fabrique de M. Colinot est établie
dans le Parc-aux-Princes (Bois de Boulogne), dans une construc-
tion persane, qui se signale par ses ornementations de carreaux
de faïence. Les produits de ces messieurs imitent en majeure
partie la poterie faussement appelée persane (turque), genre de
formes et de décors qui n'exigent pas de compositions de décors,
ni la création du modeleur, puisque les potiches et vases, co-
piés exactement d'après ceux des orientaux, sont décorés sur
patrons ou poncifs, qui reproduisent les fleurs et ornements cal-
qués sur les dessins turcs.
Cette fabrication, très-décorative, belle de couleurs et d'un
émail sans craquelure, aura certainement de Tavenir pour l'em-
ploi architectural dans les intérieurs, comme salles de bains
et chambres décorées à l'orientale.
Quoique ce genre n'ait rien du cachet archéologique, comme tout
ce qui est oriental, où la figure d'homme manque ordinairement
ou est rare, il flatte cependant l'œil, et doit plaire aux personnes
qui aiment l'éclat des couleurs brillantes et gaies, d'autant plus
que M. de Beaumont, fanatique de l'art oriental, connaît toutes
les ressources que le décoratif de l'ornementation des palais
de ces contrées offre pour une habitation d'homme du monde.
Ce que MM. Colinot et Comp. appellent très-improprement
des faïences à émaux cloisonnés, sont des faïences où le peintre
imite par des posées de couleurs et d'émaux tendres, les reliefs
du décor de la porcelaine chinoise, et figure les cloisons en
cuivre par des traits de peinture noirs.
I<AN«BAI8 (indre-et-IiOlre],
Petite "ville à 26 kilomètres de Chinon.
Terre currE au vsrnis plombifère. Époque actuelle.
M. Landais, de Tours, mentionné déjà dans l'article sur
EUROPÉEICNES. 585
M. Avisseau, dont il est le beau-frère, fabrique le même genre
de poteries dites de Palissy. On trouve de cet artiste quatre
pièces au musée de Kensington, à London, sous les n^" 3,900 à
3,903, où sa résidence est indiquée : Langeais (?).
OliliAINCt (Mord),
A 6 kilomètres de Yalenciennes.
Terre de pipe au vernis plombifère et aux émaux alcalins.
Époque actuelle.
MM. Mauzin frères et C>e y fabriquent des poteries à relief et
coloriées d'une seule teinte, qui ressemblent à cette même espèce
faite en Angleterre, et à quelques produits de Rubelles.
Ce sont des compotiers, des assiettes à dessert, des brocs, etc. ,
d'une tournure fort artistique.
La marque est :
Onnaing {Nord)
Mouzin.
NAN8-SOIJ8-SAIliTB-ANNE (OOUbs),
A 40 kilomètres de Besançon.
Terre de pipe. Époque actuelle.
Terre de pipe avec kaolin (porcelaines opaques ou caillou-
tage français).
Langlard et C'e , fabricants actuels.
Terres cuites sans couverte. Époque actuelle.
Terres cuites sous encore et au vernis plombifère et émail
M. François-Michel Pascal, statuaire, né à Paris en 1810,
élève de David.
L'Adoration de la Croix, groupe acheté par le ministre; la
Conversation, groupe, au musée du Luxembourg; un Trappiste,
statue achetée par le ministre ; une Vierge, à Nantes ; les En-
fants d'Edouard, appartenant à Madame Léon ; les Enfants aux
couronnes, qui appartenaient à feu M. le duc de Morny ; Deux
Anges, à la chapelle de Vincennes et une Adoration^ appartenant
à la grande duchesse Marie de Russie, sont les CBuwves en marbre
de ce statuaire, de qui on trouve en outre des statues et orne-
S86 POTERIES OPAQUES
ments en pierre à la Sainte-Chapelle, à Notre-Dame, à Saint-
Étienne-du-Mont, au Louvre et au Tribunal de commerce à
Paris; àVezelay, à Sens, à Autun, à Auch, à Périgueux, à Saint-
Denis, à Bordeaux, etc., etc. —Il a aussi produit quelques terres
cuites sans couverte et sous couverte, marquées :
PASCAL, tantôt
Les rares produits céramiques de cet artiste et collection-
neur ardent se signalent par leurs formes gracieuses.
A 68 kilomètres d'Orléans.
Terre de pipe au vernis plombifére et a l'éhail sTAimiFÈRs,
ET POTERIES COMMUNES. Époque actuelle.
Gtténw et Cie, manufacturiers importants.
BlIliCtlS, près ParUi.
Faïence a émail stannifèbe. Époque actuelle.
M. Fortuné de Monestrol, dit le Potier de Bungis, arcaniste,
fabrique des fa rences, dont quelques-unes même à reflets métal-
liques, à la manière de celles du maestro Giorgio da Gubio. M. de
Monestrol compose aussi toutes sortes d'émaux et de strass trans-
parents et coloriés dans le genre de ceux fabriqués en Bohème,
et qu'il nomme Monestrol K ^
i . Le strass f espèce de cristal qui imite les pierres précieuses, fut inSrodnit
eu Europe vers 1200 par des alchimistes allemands, et figure déjà, à partir de
cette époque, dans la bijouterie et Torrévrerie allemande, avant d'être connu dans
aucun autre pays de l'Europe. Ce strass, aussi appelé pierre de Bohême^ est
un mélange de sable blanc ou de cristal de roche, de potasse pure, de minium,
d'un peu de borax et d'acide arsénieux. Composé de silicate de potasse et de
plomb, il est coloré par les acides : le cobalt pour le saphir ; le manganèse, le
pourpre de Cassius (l'oxyde d'or} pour l'améthyste ; l'oxyde de cuivre et de
chrome pour l'émeraude ; l'antimoine et l'oxyde d'or pour la topaze ; le verre
d'antimoine, le pourpre de Cassius et l'oxyde de manganèse pour le grenat; etc.
L'étainlui ôte la transparence et forme ce qu'il plait à M. de Monestrol d'appeler
des monestrolites (voir mes Recherches sur la priorité de la Renaissance d€
l'art allemand^ Paris, chez Renouard, 1862.) .
Il paraît que M. de Monestrol prétend à tout, même à la médecine appli-
quée aux huîtres, car on a vu avec étonnement, à l'exposition industrielle des
Champs-Elysées, de l'automne de 1865, briller sur sa vitrine l'inscription sui-
vante : c Fortuné de Monestrol, marquis d'Esquille, dit le potier de Rungis,
k
EUROPÉENNES. 587
Le monogramme de ce chercheur est :
Tc.
CtAMBAlS, près Hondan (Seine- et-Olse).
Terres cuites décorées sous engobe et au vernis plombifère, dans
le genre defabricalion des poteries 'de Rhodos et de la Turquie.
M. Charles Longuet, a fabriqué à Gambais, depuis 1863, de
jolies poteries dont les dessins imitent ce que Ton appelle faus-
sement la poterie persane (turque), et qu'il signe souvent sous les
pieds en toutes lettres. M. Longuet a transporté depuis qtielques
temps sa fabrique à Paris-Montrouge. Les produits de M. Lon-
guet, que M. Deck imite actuellement, sont très-propres pour
l'ornementation des lustres et des lampes.
Terres cuites sans couvert k. Époque actuelle.
MM. Gossin frères fabriquent depuis plusieurs années des
statuettes et groupes de toute sorte en terre cuite sans cou-
verte, très-bien modelés, et à des prix qui permettent au com-
merce d'en faire un article d'exportation.
Faïence a email stannifére. Époque actuelle.
MM. Brocard frères et Duchesne; — Engel et Tremblay; —
Jacques Fradelizi; — veuve Levestcau et Radot; — Scheib et
Victor Vogty sont encore des potiers qui font particulièrement
des panneaux de poêles.
Les peintres céramistes les plus remarquables de Paris, qui
s'occupent actuellement avec succès de la peinture sur faïence
sont (par ordre alphabétique) les suivants :
MM. Paul-Jean-ÈtienueBaheet Raymond Bahe frères, élèves
d'Ingres, nés à Rome de parents français. Ils ont exposé aux
minéralogiste et chimistef honoré de sept médailles d'argent et de onze mé-
dailles d'or y rend aux perles firmes malades V éclat et la fraîcheur, etc. n La
Pintadine, la Pinne-marine et la Mulette margaritifère peuvent s'écréter à
l'avenir sous toutes les formes, et produire des monstruosités^ M. de Monestrol est
là pour les guérir I Je connais aussi une recette pour décrasser les perles fines
et leur rendre leur blancheur, mais je n'en fait point un secret ! On n'a qu'à les
laver avec de l'eau et les tremper durant 24 heures dans l'eau mercurielle.
J
588 POTERIES OPAQUES EUROPÉENNES.
dernières expositions de grands tableaux composés de nombreux
carreaux de faïences (comme ceux du seizième au dix-huitième
siècle si universellement répandus en Hollande), sur lesquels ils
ont reproduit des fresques de Raphaël. Le dessin est correct et
le coloris vif, mais comme tout est exécuté au petit feu de ré-
verbère, où les couleurs ne peuvent être que tendres par la
grande addition des fondants qu'elles contiennent, ces carreaux
sont peu propres à l'architecture extérieure,, là où ils sont
exposés à la pluie et au soleil. Ce décor, qui n'est qu'un décor
de porcelaine, doit se détériorer même sous l'action d'acides
peu forts, comme par exemple le vinaigre. Que ces intelli-
gents artistes se décident à peindre sur le cru et au grand
feu en sacriGant quelques nuances; ils laisseront alors des
œuvres qui pourront rivaliser avec les anciennes faïences et
peut-être même les dépasser !
Madame Hélène Bosséy à Paris, peintre céramiste. Elle excelle
dans la peinture décorative des plats, dans le genre italien,
soit en camaïeu bleu, soit en polychromie, toujours exécutée
sur l'émail stannifère cru ; elle marque :
>Ô
aussi Bossé.
Le faire de cette artiste est gras et montre une bonne touche;
sa manière estcelled'un peintre d'un goût élevé, et fort décorative.
i
%'^
là
l