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Full text of "Guide de l'amateur de faïences et porcelaines, poteries, terres cuites : peintures sur lave émaux, pierres précieuses artificielles vitraux et verreries"

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GUIDE  DE  L'AMATEUR 


I>E 


FAÏENCES  ET  PORCELAINES 


PREMIERE   PARTIE 


OUVRAGES  DU  MEME  AUTEUR: 


Kn  vente  : 

KECHERCHES  SUR  LA  PRIORITÉ  DE  LA  RENAISSANCE  DE  L'ART  ALLE- 
MAND. Faïences  du  treizième  siècle,  terres  cuites  du  cinquième  siècle,  avec 
figures  dans  le  texte.  1  yoI.  in-i2.  Prix  :  3  fr. 

DU  PEINTRE  DE  MARINE  REALISTE  ALBERTUS  VAN  BEEST.  Notice  histo- 
rique. Brochure  in-S".  Prix  :  1  fr.  50. 

LES  PSEUDO-CRITIQLES  DE  LA  GAZETTE  DES  BEALX-ARTS,  etc.  Bro- 
chure in-S".  Prix  :  1  fr. 

a* 
SOUVENIRS    DE   VOYAGE   ET    CAUSERIES    D'UN    COLLECTIONNEUR,    ou 

Guide  artistique  pour  l'Allemagne.  1  fort  in-S**  de  516  pages,  avec  figures 

dans  le  texte.  Prix  :  7  fr.  50.  ^ 

CATALOGUE  par  ordre  chronologique,  ethnologique  et  générique  de  la  collec- 
tion  céramique  de  M.  Auguste  Demmi.n,  1  vol*  in-8.  Prix  :  5  fr. 

Ce  catalogue  raisonné,  entièrcn^nt  rédigé  par  jM.  Auguste  Demmin,  peut 
servir  pour  l'organisation  des  Collections  privées  et  publiques  et  pour  leur 
modèle  de  Catalogue  de  vente:  il  est  orné  dans  le  texte  de  quatre-vingt-dix 
croquis  artistiques,  dessinés  d  après  les  originaux  et  d'un  grand  nombre  de 
monogrammes.  ■'^" 


Toult8  les  rectifications,  marques,  monogrammes  de  pièces  remarquables 
qui  pourront  être  communiqués  à  l'auteur,  devront  lui  être  adressés  franco 
à  son  domicile,  20,  boulevard  des  Filles-du-Calvaire,  à  Paris. 


Paris. —  Imprimerie  P.  BounoiER,  Capiomont  filsel  C",  6,  rue  des  Poitevins. 


ENCYCLOPÉDIE  CÉRAIIIQUE-II0N06RAIIIIIQUE 


GUIDE  DE  TAMATEllR 


DE 


FAÏENCES  ET  PORCELAINES 

POTERIES.   TERRES   CUITES 

PEINTURES  SUR  LAVE 
ÉMAUX,   PIERRES  PRÉCIEUSES  ARTIFICIELLES 
VITRAUX    ET    VERRERIES 


PAR 

M.   AUGUSTE  DEMMIN 

TROISIÈME   ÉDITION 

ACCOS^rAGNÉE    DE     160    nEPRODCCTIOS    DB    P01ERIES,      DE     1800     MAnQUCS 

ET    U0^0CIIA»\:E8    DAVS    LE    TENTE 
ET    DE  1B0IS    TABLES,    DO.NT     DELX    DE    UONOGRAMMES 


*%BC  I.B  POUTBAIT-  BB  L*AVTK1:R 


PREMIERE   PARTIE 


PARIS 

V«  JULES  RENOUARD,  LIBRAIRE 

édite  vr   de  l'Bittolr«  des  Peintres  de  tentée  lee  ioeU 

ÉTHIOU-PÊROU,   DIRECTECR-GÉRANT 
6,    BUE^  DE  TOURNON,   6 

<867 

Tous  droits  réservés 


V 


DE 


L'ART   CÉRAMIQUE 


EN  GÉNÉRAL 


POTERIES.  ÉITAUX  SUR  MÉTAUX  ET  VITRAUX 

Collectionneur  moi-môme,  j'ai  souvent  regretté,  au  début  de 
mes  recherches,  Tabsence  d'un  Guide  bref,  historiquement  et 
chronologiquement  conçu,  mais  très-sobre  de  détails  tech- 
niques et  de  dissertations  scientifiques,  à  peu  près  inutiles  à 
Tamateur.  Quelques  ouvrages  ont  été  écrits  sur  la  céramique  *, 
mais  aucun,  à  mon  sens,  ne  peut  servir  au  collectionneur  dans 
ses  excursions  d'amateur.  Parmi  ces  ouvrages,  les  uns  sont  de 
simples  monographies  ou  des  traités  incomplets  et  sans  ordre 
chronologique;  les  autres  s'occupent  plus  spécialement  de  la 
chimie  et  de  la  fabrication;  aucun  ne  pouvait  remplir  le  but 
que  je  me  suis  proposé  en  écrivant  ce  Guide.  Il  n'existait  pas 
de  livre  qui  résumât  la  science  archéologique  de  la  céramique 
dans  son  ensemble,  et  môme  la  plus  grande  partie  des  fabriques 
françaises  était  encore  inconnue.  Le  roman,  qui  s'empare  de 
tout  aujourd'hui,  avait  aussi  envahi  l'histoire  céramique. 
L'amateur  qui  cherchait  à  s'instruire  n'y  trouvait  souvent  que 

1«  Céramique  dérive  de  kerameus  en  grec  (  figulinus  en  latin,  tœpfer  en  alle- 
mand, potter  en  anglais,  et  potier  en  français).  On  appelait  kerameus,  à  Athènes, 
les  terrains  où  étaient  installés  les  établissements  de  potiers.  On  y  désigne  aussi 
de  ce  nom  les  lieux  de  funérailles,  sans  doute  à  cause  des  poteries  funéraires. 
Les  Hébreux  confondaient  dans  le  même  mot  l'ouvrage  du  potier  et  du  sculpteur. 


2  DE  l'art  CÉRAMipUE 

des  inventions  à  la  place  de  données  positives.  Quant  aux  nom- 
breux articles  des  publications  périodiques,  émanant  pour  la 
plupart  de  personnes  qui  ignorent  complètement  leur  sujet 
et  qui  écrivent  aujourd'hui  sur  la  céramique  comme  elles  écri- 
ront demain  sur  la  pisciculture  ou  la  maladie  des  pommes  de 
terre,  Pamateur  y  cherche  également  en  vain  quoi  que  ce  soit 
de  positif;  une  succession  de  phrases  banales  y  reproduit  ordi- 
nairement les  mêmes  lieux  communs  sur  des  modes  différents  ^ 

Ce  qu'il  fallait  au  collectionneur,  c'était  un  manuel  facile  à 
consulter  quand  sa  mémoire  lui  fait  défaut,  et  où  il  pût  trou- 
ver, sans  recherches  fatigantes,  les  marques  et  monogrammes, 
les  signes  caractéristiques  et  les  biographies,  l'histoire  abrégée 
de  chaque  fabrique  et  de  chaque  céramiste. 

J'ai  voulu  éviter  dans  mon  livre  la  sécheresse  et  l'ennui,  afin 
de  rendre  ce  genre  d'étude  accessible  aux  gens  du  monde  qui 
vivent  vite;  j'ai  donc  dû  me  renfermer  dans  un  cadre  qui  exclut 
des  développements  inutiles,  et  n'envisager  les  productions  cé- 
ramiques avant  tout  qu'au  point  de  vue  de  l'art.  Être  utile  amx 
amateurs,  contribuer  à  vulgariser  les  goûts  archéologiques' 

i .  Un  curieux  échantillon  de  ces  incroyables  productions  de  critiques  à  tcyui 
faire  doit  avoir  sa  place  ici,  puisqu'il  servit  probablement,  malgré  la  mons- 
trueuse, et  on  peut  même  dire  audacieuse  ignorance  en  matière  céramique  de 
Tauteur,  à  le  faire  nommer  rapporteur  par  le  jury  d'une  section  céramique  d'ex- 
position. 

On  lit,  dans  un  article  signé  et  publié  le  29  septembre  1863  dans  les  colorates 
du  journal  la  France^  «  que  les  faïences  françaises  les  plus  recherchées  aujour- 
d'hui et  les  plus  artistiques  sont  celles  de  notre  célèbre  potier  Moustiers»  > 

Notre  célèbre  M.  Mouatiers  n'est  autre  que  toute  une  localité  de  plus  de 
quinze  cents  habitants,  située  dans  les  Basses-Alpes,  à  quarante-quatre  kilomètres 
de  Digne,  où  de  nombreuses  fabriques  ont  produit  des  faïences  depuis  plus  de 
eent  ans  (1690-1800),  et  où  existe  encore  aujourd'hui,  la  fabrique  de  M.  T.  Fe- 
rand  ;  localité  dont  les  produits,  œuvres  des  potiers  et  des  peintres  céramistes 
Clérissy,  Roux,  Rion,  Achard,  Berbiquier,  Ferand,  Bondit,  Cambon,  Antelmy, 
Ferrât,  Fouque,  Laugier,  Jocard,  Thion,  Guichord,  Grangel,  Gros,  SoUva,  Vilax, 
Viry,  Four  nier  et  autres,  avaient  déjà  fourni  matière  à  des  discussions  répétées 
depuis  des  années. 

Un  mois  plus  tard,  le  28  octobre,  le  même  journal  la  France  amonce  : 
«  Notre  collaborateur ,  membre  du  jury  de  la  section  de  la  céramique  à  l'ex- 
position des  arts  industriels,  vient  d'être  nommé,  à  l'élection,  rapporteur  de 
cette  section.  » 

Est-ce  assez  complet? 

2.  L'Archéologie  {d'archaiosy  ancien,  et  logos,  discours)  est  une  science  qui 
renferme  l'étude  de  tout  ce  qui  se  rapporte  aux  mœurs  et  aux  arts  anciens  ;  c'est 


» 


EN  GÉNÉRAL.  3 

et  l'étude  de  l'histoire  artistique,  voilà  mon  but  principal. 

La  première  édition  de  cet  ouvrage  (1861)  ne  pouvait  conte- 
nir que  peu  d'indications  sur  la  faïence  allemande,  et  laissait  à 
désirer  sous  quelques  rapports  biographiques.  Tout  le  monde 
avait  compris  qu'un  tel  travail,  tout  à  fait  nouveau,  et  sans 
précédent,  où  tout  était  à  rechercher,  à  contrôler,  à  classer, 
n'avait  pu  être  exempt  de  lacunes  ou  d'erreurs.  Le  sort  des 
ouvrages  d'érudition  est  d'être  dépassés ,  pour  des  parties  en- 
core incertaines  ou  indéterminées,  aussi  bien  par  les  nou- 
velles recherches  de  l'auteur  lui-môme  que  par  les  travaux 
successifs  qui  se  publient  sur  des  branches  spéciales  et  locales. 
Le  grand  succès  du  Guide  (trois  mille  exemplaires,  épuisés  dans 
l'espace  de  quelques  mois,  de  la  première  édition,  et  autant  de 
la  seconde,  d'un  ouvrage  qui  ne  s'adressait  qu'à  une  spécialité 
d'amateurs)  démontre  que  le  nombre  des  collectionneurs  s'ac- 
croît tous  les  jours,  et  que  ce  public  d'élite  avait  compris  et 
apprécié  les  difficultés  de  ces  laborieuses  recherches,  fruits  de 
plusieurs  années  de  voyages. 

L'édition  actuelle  a  été  encore  bien  plus  augmentée  que  la 
seconde,  ou  plutôt  triplée,  quant  à  la  matière,  aux  marques  et 

l'antiquité  figurée.  Laurent  de  Médicis  en  avait  établi  à  Firenze  (Florence)  le  premier 
enseignement  public  ;  mais  cet  enseignement  ne  pouvait  avoir  ni  système  ni  bases 
scientifiques.  Grœvius,  né  en  1632,  mort  en  1703;  Kircher,  né  en  1602,  mort 
en  1 680  ;  et  particulièrement  le  célèbre  Winkelmann,  né  en  1717,  mort  en  1768, 
ont  donné  les  premiers  l'histoire  de  l'art  chez  les  anciens.  L'étude  archéologique 
se  renfermait  d'abord  exclusivement  dans  le  classique,  c'est-à-dire  que^  tout  était 
rapporté  à  l'antiquité  païenne  et  particulièrement  à  celle  de  la  Grèce  ;  et  l'art 
original,  national  et  chrétien  était  ignoré,  traité  légèrement  ou  regardé  comme 
un  dérivé  des  Grecs  et  des  Byzantins.  La  révolution  opérée  dans  la  littérature 
par  l'école  dite  romantique,  et  dont  Shakespeare,  Gœthe,  Schlegel,  Schiller, 
Chateaubriand  et  Victor  Hugo  ont  été  les  adeptes  les  plus  marquants,  a  aussi 
commencé  à  se  faire  sentir  dans  l'histoire  de  l'art.  Une  pléiade  d'hommes  spéciaux 
et  indépendants  :  eu  Allemagne  M.  Biirger,  M.  Chaumelin  en  France,  sir  Charles 
Eastlake  et  H.  Layard  en  Angleterre,  M.  Wauters  en  Belgique,  et  quelques  autres 
soBt  à  l'œuvre,  et  mes  dernières  publications,  Recherches  sur  la  priorité  de  la 
renaissance  de  l'art  allemand  et  Souvenirs  de  voyages  et  Causeries  d'un  col- 
lectionneur, etc.,  n'ont  pas  eu  d'autre  but  que  de  réagir  contre  les  beaux- arts 
académiques,  cette  vieille  rengaine  qui  a  toujours  marché  en  parallèle  avec  les 
unités  des  belles-lettres. 

On  appelait  aaciennement  antiquaire  le  savant  qui  s'occupait  d'études  archéo- 
logiques; aujourd'hui  on  dit  de  préférence  archéologue,  et  le  nom  d'antiquaire 
ne  sera  plus  donné  qu'à  certains  amateurs  qui,  sans  études  préparatoires,  com- 
posent des  collections  d'objets  d'art  de  tous  les  genres  et  sans  discernement 


4  DE  l'art  céramique  *■ 

aux  monogrammes;  mais  je  me  suis  appliqué  à  conserver  la  so- 
briété primitive  pour  la  partie  technique,  tout  en  développant 
davantage  la  partie  biographique,  ainsi  que  les  citations  des 
œuvres  remarquables  renfermées  dans  les  musées  et  les^collec- 
lions  particulières. 

L'utilité  que  présentent  les  descriptions  des  pièces  conser- 
vées dans  les  musées,  qui  n'en  peuvent  plus  disparaître,  n'est 
contestée  par  personne.  L'instabilité  des  collections  privées  les 
plus  en  renom  n'a  pu  m'arréter  :  j'en  ai  cité  les  monuments  les 
plus  importants  ;  il  est  très-facile  de  suivre  un  objet  d'art  dans 
ses  pérégrinations,  quand  la  collection  qui  l'a  possédé  tout 
d'abord  est  connue. 

Les  additions  de  chapitres  entièrement  nouveaux  faites  à  cette 
édition  sont  aussi  très-nombreuses.  Les  poteries  espagnoles  n'é- 
taient connues  et  traitées  jusqu'ici  que  pour  la  partie  désignée 
sous  le  nom  de  poteries  hispano-arabes  y  et  appeléesdans  ce  guide 
hispano-musulmanes;  toutes  celles  de  la  fabrication  vraiment 
espagnole,  à  partir  du  moyen  âge  jusqu'à  la  fin  du  dix-huitième 
siècle,  étaient  encore  à  classer;  ce  qui  a  été  fait. 

Quant  aux  poteries  et  faïences  suisses,  tout  à  fait  indétermi- 
nées, sinon  inconnues  jusqu'ici ,  l'édition  actuelle  contient  un 
chapitre  spécial  où  elles  sont  décrites  d'après  mes  dernières  et 
heureuses  recherches  faites  dans  les  cantons,  recherches  qui 
m'ont  aussi  permis  de  donner  la  liste  de  ces  célèbres  céramistes, 
avec  les  dates  exactes  puisées  dans  les  registres  des  corpora- 
tions, et  les  descriptions  de  leurs  œuvres.  Aux  huit  cents  mo- 
nogrammes de  la  seconde  édition,  quatre  cents  autres  ont  été 
ajoutés,  ainsi  que  de  nombreux  croquis  artistiques  qui  repré- 
sentent le:;  types  les  plus  caractéristiques. 

En  outre,  le  lecteur  trouvera  un  nouveau  chapitre  consacré 
exclusivement  aux  vi>at{â?  de  tous  lespays,  qui  y  sont  traités  pour 
la  première /oîs  dans  leur  ensemble  et  avec  leurs  monogrammes. 

L'abrégé  raisonné  de  l'histoire  céramique  basée  sur  des  don- 
nées nouvelles  a  été  aussi  complété  par  le  Tableau  chrono^ 
logique  de  tous  les  produits  céramiques  et  de  leurs  marques, 
monogrammes,  monographies  et  biographies  de  potiers  y  qui 


EN  GÉNÉRAL.  5 

forme,  pour  ainsi  dire,  un  cours  où  les  pièces  mômes  servent  de 
démonstration  et  d'analyse. 

Les  recherches  de  la  classification  d'une  marque  ou  d'un 
monogramme  ont  été  rendues  plus  faciles  par  l'addition  à 
cette  nouvelle  édition  d'une  seœnde  table  où  tous  ces  signes  ont 
été  réunis  en  deux  classes  distinctes. 

Les  noms  des  localités ,  tels  que  les  nations  les  écrivent 
elles-mêmes,  ont  été  conservés  dans  ce  Guide  par  un  motif  fa- 
cile à  comprendre.  On  trouve  souvent  des  pièces  qui  portent 
les  noms  des  lieux  où  elles  ont  été  fabriquées,  mais  ces  noms 
diffèrent  naturellement  dans  la  traduction  française;  l'ortho- 
graphe nationale  ici  adoptée  facilitera  les  recherches. 

La  liste  suivante  contient  à  peu  près  tout  ce  qui  a  été  écrit 
sur  la  céramique  avant  ou  après  la  publication  des  deux  dernières 
éditions  de  ce  Guide,  C'est  un  matériel  fort  stérile  que  j'ai  dû 
cependant  mettre  en  œuvre  pour  le  travail  de  ma  critique  ;  je 
n'ai  même  pas  voulu  retrancher  de  cette  longue  liste  les  livres 
qui  ne  forment  qu'une  grossière  contrefaçon  de  mon  travail  et 
où  les  auteurs  ont  poussé  le  plagiat  jusqu'à  copier  textuelle- 
ment et  littéralement,  ni  ceux  où  les  questions  céramiques  ne 
sont  qu'accessoires. 

Gomme  plusieurs  de  ces  écrits  se  trouvent  dans  des  publi- 
cations périodiques  et  même  dans  des  journaux ,  et  comme 
quelques-uns  sont  sans  date,  j'ai  cru  devoir  en  abandonner 
l'ordre  chronologique. 

1 .  Mémoire  de  Giuseppe  Raphaelli  de  Casieldurante, 

2.  Les  écrits  d^Antonio  Beuter,  professeur  de  théologie  et  auteur 
espagnol,  vivant  au  milieu  du  seizième  siècle.  Il  a  traité  des  faïences 
hispano-arabes  dans  la  Chronique  universelle  d*Espagne.  L'article  a 
été  traduit  en  italien  par  Alfonso  Giolito,  en  1556. 

3.  Les  ouvrages  de  César  Scaliger,  Amsterdam. 

4.  Les  ouvrages  à'Isak  Pontanus.  Amsterdam. 

5.  YoUedige  Beschrywing  van  Ambachlen  en  Kunslen,  H.  Stuck^ 
217.  Amsterdam. 

6.  L*antilogie  de  Florence  de  Rumohr, 

7.  Die  Kunst  Glas  zu  malen,  von  J.  Kunckel  de  Lowenstem, 
Berlin. 

1. 


6  DE  l'art  Céramique 

8.  Diversaram  artium  schedula,  œuvre  du  moine  allemand  Tkéo^ 
phile  de  Saint-Gall,  qui  écrivait  au  dixième  siècle  ;  traduit  en  fran- 
çais par  M«  le  comte  de  l'Escalopier.  Paris,  1843. 

9.  L'Art  de  la  porcelaine,  par  le  comte  de  Milly.  1771. 

10.  Tralto  sopra  roreûceria,  par  Benvenuto  Cellini.  Milan,  1811. 

11.  Die  kOniglichi  sachsische  Porcellan-Sammlung  in  Dresden, 
von  D'.  G.  Klemm.  1834  et  1841.. 

12.  L'Art  de  peindre  en  émail.' Paris,  1721.  P&r  Ferrand, 

13.  L'Art  de  peindre  sur  émail,  par  A.  de  Montamy»  1765. 

1 4.  Beschreibung  der  in  der  kôniglichen  Kunstkammer  in  Berlin 
vorhandenen  Kunstsammlung,  etc.;  von  F.  K'ugler, 

15.  Émailleurs  et  émaillerle  de  Limoges,  par  Maurice  ArdanU 

16.  L'Art  de  l'émaillerie  ^^%  maîtres  limousins.  Paris. 

17.  Lettre  à  mon  fils  pour  lui  servir  de  guide  dans  Tart  de  peindre 
en  émail.  In-S®.  Paris,  1759. 

18.  A  letter  addressed  by  Charles  Roach  Smith.  Esq.  to  John  (îage 
Rokewode* 

19.  On  certain  Enamels,  A,  W.  Franks.  Archœological  journal, 
année  1851,  n»  29. 

20.  Peinture  sur  verre,  sur  porcelaine  et  sur  émail,  par  Reboulleau. 
Paris,  1843.  (Manuel  Roret.) 

21.  Illustration  of  a  gold  enamelled  ring,  etc.,  Samuel  Pegge. 
Mémoires  archéologiques  de  la  société  des  antiquaires  de  Londres, 
tome  IV,  1787. 

22.  Décorative  processes,  etc.,  Albert  Vay,  journal  archéologique, 
tome  II,  1846. 

23.  Monuments  français  inédits,  etc.;  par  André  Pottier»  Paris, 
1839. 

24.  Mémoire  sur  la  porcelaine  du  Japon,  traduit  du  japonais^  par 
le  docteur  Hoffmann,  de  Leyden,  1856. 

25.  Traité  de  chimie  appliquée  aux  arts,  par  Dumas.  Paris, 
in-80,  1836. 

26.  Description  de  quelques  monuments  émaillés,  etc.  Cabinet  de 
Vamateur.  1842,  p.  145. 

27.  Description  des  objets  d'art  de  la  collection  Debruge-Duménil, 
par  Jules  Labarte,  Paris,  in-8,  1847. 

28.  Recherches  sur  la  peinture  en  émail  dans  l'antiquité  et  au 
moyen  âge,  par  Jules  Labarte,  Paris,  1856. 

29.  Notice  sur  les  faKences  du  seizième  siècle,  dites  Henri  II,  par 
Taînturier.  Paris,  1855. 

30.  Manuel  du  porcelainier,  du  faKencier  et  du  potier  de  terre, 
par  £o2^er.  Paris,  1827. 


llf  GÉNÉRAL.  7 

31.  Recherches  sur  l'histoire  de  la  peinture  sur  émail,  elc,  par 
Louis  Dussieux,  Paris,  in-8,  1841. 

32.  Le  Mémoire  du  père  DentrecoUes,  reproduit  dans  rEncyclo- 
pédie  de  Diderot,  qui  traite  de  la  porcelaine  chinoise,  publié  par  ce 
père  jésuite  en  1717. 

33.  Essai  historique  et  descriptif  sur  les  émailleurs  et  les  argen- 
teurs  de  Limoges,  par  l'abbé  Texier,  Mémoires  de  la  société  des  an- 
tiquaires de  l'Ouest.  1842,  p.  101. 

34.  Curiosités,  ipar  Jeun  d'Huyvetter,  Gand,  1829. 

35.  Histoire  des  majoliques,  pa^r  Joseph  Marryat.  Londres*. 

36.  Quelques  souvenirs,  suivis  d'une  dissertation  sur  l'émail,  la 
porcelaine,  etc.,  par  S,  G,  Counis.  Florence,  in-8,  1842. 

37.  Traité  des  arts  céramiques,  etc.,  p^r  Brouyniart,  Parts,  1844 
et  1854. 

38.  Description  méthodique  du  musée  céramique  de  la  manufac- 
ture royale  de  porcelaine  de  Sèvres,  par  MM.  Â.  Brongniart  et  RiO' 
creux,  Paris,  1845. 

39.  Lehrbuch  der  Chemie  und  Technologie.  5  et  6.  Lieferung. 
Braunschweig,  1846. 

40.  Technologisch  Handbœk  door  de  Maatschappy  tôt  het  nut 
van^t  algemeen,  Amsterdam,  1809. 

41.  De  plateelbakker  of  Delfsche  aarde^erkmaker  doer  Gerrit 
Paape,  Dordrecht,  1794. 

42.  Vaderlansch  Woordenboek  van  Kok,  Amst.  Kart,  1785. 

43.  Leçons  céramiques,  par  M,  Salvetat,  Paris. 

44.  L'Art  de  fabriquer  les  poteries,  etc.,  par  F,  Bastenaire,  Dau- 
denart.  Paris,  1827,  1828  et  1835.  * 

45.  Flora  saturnigans,  par  M.  Henckel  (ouvrage  allemand  du  dix- 
huitième  siècle). 

46.  Anciennes  faïences  françaises,  par  Albert  Jacquemart  et  Ed- 
mond Leblant,  Gazette  des  Beaux -Arts.  1^'  mai  1859. 

47.  Histoire  artistique  de  la  porcelaine,  des  mêmes  auteurs,  ln-4. 
Paris,  1861. 

48.  Verzeichniss  von  Werken  der  Dell a-Robbia  majolica,  etc.,  von 
Friedrich  Tieck,  Berlin,  1835. 

49.  Les  Della-Bobbia,  par  M.  H,  Barbet  de  Jouy.  Paris,  1855. 

50.  Handbuch  der  germanischen  Alterthums-Kunde,  von  D'  Cust, 
Klemm.  Dresden,  1836. 

51.  Guide  to  the  knowledge  of  poltery,  by  Bohn.  London,  1857. 
Cet  ouvrage  a   été  écrit  à  l'occasion  de  la  vente  de  la  collection 

i .  Yoir  plas  loin  la  mention  de  la  traduction  française  de  cet  ouTrage  aoglais. 


8  DE  L'ART  CÉRAMIQUE 

Bernai^  veute  qui  a  produit  la  somme  énorme  de  52,330  livres  ou 
1,550,000  francs. 

52.  Histoire  des  peintures  sur  majoliques  à  Pesaro  et  les  environs, 
par  Giambatista  Pesseri,  1750.  Traduit  en  français  par  M.  de  Lange, 
Paris. 

53.  Histoire  et  fabrication  de  la  porcelaine  chinoise,  traduit  du 
chinois  par  M.  Stanislas  Julien,  de  Tlnstitut.  Paris,  1855. 

54.  Notice  des  émaux,  etc.,  par  M.  de  Laborde.  Paris,  1856. 

55.  Vite  de'  piu  excellenti  pittori,  scultorl  e  architetll,  di  Giorgio 
Vasari,  publicate  per  cur  di  una  societa  di  amatori  délie  arti  belle. 
Firenze,  1846. 

56.  Notice  sommaire  des  monuments  égyptiens,  par  M.  le  vicomte 
Emmanuel  de  Rougé.  Paris,  1860. 

57.  Collection  de  figurines  en  argile,  œuvres  premières  de  l'art 
gaulois,  par  Edmond  Tudot,  conservateur  du  musée  de  Moulins. 
Paris,  1860^  in-8.  (Ouvrage  couronné.) 

58.  OEuvres  de  Bernard  Palissy,  revues  sur  les  exemplaires  de  la 
Bibliothèque  du  roi,  avec  des  notes,  par  Faujas  de  Saint^Fond  et 
Gobet.  Paris,  17  71,  in-4. 

59.  OEuvres  complètes  de  Bernard  Palissy,  avec  des  notes  et  une 
notice  historique,  par  Paul-Antoine  Cap,  In-18.  Paris,  Dubochet 
et  C«.  1844. 

60.  Poteries  hispano-mauresques,  par  Robinson,  Londres. 

61 .  Historische  Nachrichten  von  Nttrnbergischen  Mathematicis  und 
Kttnstlern,  von  Johann  Doppelmayer ,  NUraberg,  1730. 

62.  Les  troys  libres  de  l'art  du  potier,  par  Cyprian  Piccolpassi, 
écrits  en  1548,  et  publiés  à  Rome  en  1857,  traduits  en  français  par 
M.  Claudius  Popelyn.  Paris,  in-4,  1841. 

63.  Dans  l'introduction  du  catalogue  Debruge-Duménil,  par  M.  £a- 
barte,  on  trouve  une  notice  des  premières  tentatives*  de  Bottger, 
l'inventeur  de  la  porcelaine  à  Meissen. 

64.  Les  émaux  d'Allemagne  et  les  émaux  limousins,  par  M.  le 
baron  de  QaasteiM.  de  Verneilh,  Paris,  1860. 

65.  Antigiiedades  arabes,  par  P.  Lozano,  Madrid,  in-4. 

66.  Antiquities  of  Mexico,  by  lord Kingsborough.  London,  1831-48. 
In-folio  with  4,000  planches. 

67.  L'histoire  de  BOttger,  par  Engelhards, 

68.  Les  grandes  Usines  de  France,  par  Turgan.  (Sèvres.)  Paris, 
chez  A.  Bourdilliat  et  C«,  1840. 

69.  Miroir  universel  des  arts  et  sciences,  par  Léonardo  Fioravanti^ 
traduit  en  français  par  Gabriel  Chappuys. 

70.  Description  de  quelques  monuments  émaillés  du  moyen  âge, 


EN  GÉNÉRAL.  9 

par  M.  Adrien  de  Longpérier^  publiée  dans  le  Cabinet  de  l'amateur,' 
premier  volume.  Paris,  1842,  Hetzel. 

71.  Élite  des  monuments  céramographiques,  matériaux  pour  Tin- 
telligence  des  mœurs  de  l'antiquité,  etc.,  par  Ch,  Lenormant  et  J.  de 
Witte. 

12,  Histoire  du  verre  et  des  vitraux  peints,  par  I.  Batissier,  Ca' 
binetde  V amateur.  Deuxième  année,  1843.  Paris,  Hetzel. 

13«  Essai  historique  et  descriptif  sur  la  peinture  sur  verre  an- 
cienne et  moderne,  par  H,  Langlois,  In-8.  Rouen,  1832. 

74.  De  la  peinture  sur  verre,  par  E.  Thibault,  ln-8.  Glermont, 
1735. 

75.  Histoire  de  la  peinture  sur  verre  depuis  son  origine  jusqu'à 
nos  jours,  par  Bareste.  (V Artiste,  treizième  volume.) 

76.  Article  sur  les  majoliques,  par  Tommaso  Garzoni,  dans  la 
Piazza  universale,  imprimée  en  1585. 

77.  Interno  délia  maiolica  Savonese,  ragionamento  storico.  In-8, 
Torino,  1856. 

78.  Del  arte  vitraria.  Ànt,  Neri,  Florentini.  Amsterdam,  Friscus, 
1668,  in-12. 

79.  Art  delà  verrerie,  de  Neri,  Merket  et  Kunkel,  traduit  de  Fal* 
lemand.  In -4,  Durand,  Paris,  1752.  ' 

80.  De  la  peinture  religieuse  à  l'intérieur  des  églises  (peinture  en 
émail  sur  lave),  par  M.  /.  Jolivet,  peintre  d'histoire.  Paris,  Wltter- 
slieim,  1841. 

81.  Antiquités  des  Pays-Bas,  du  treizième  siècle  au  dix-huitième, 
par  D.  van  der  Kellen,  Amsterdam,  in-4,  Buffa,  1841. 

81  bis.  Archives  de  Nevers,  ou  inventaire  historique  des  titres  de 
la  ville,  par  Parmentier,  précédé  d'une  préface  par  À,  Duvivier, 
ln-12,  Paris,  1842. 

82.  Peintures  murales  dans  l'église  de  Saint-Bavon  de  Harlem,  par 
D,  van  der  Kellen, 

'  83.  Birch's  History  of  ancient  pottery. 

84.  T.  Hudson  Turner's  domestic  architecture  inEngland,  p.  102. 

85.  Une  fabrique  de  faïence  à  Lyon  sous  le  règne  de  Henri  II,  par 
M.  le  comte  de  Laferrière-Percy,  Paris,  1862. 

86.  Sol  sine  veste,  par  Orschall,  publication  allemande  du  dix-hui- 
tième siècle. 

87.  De  l'Art  céramique  dans  le  Nivernais  depuis  le  seizième  siècle. 
Annuaire  de  la  Nièvre,  1844.  Mémoire  réimprimé  dans  le  Bulletin 
de  l'Alliance  des  arts. 

88.  Art  céramique;  manufacture  de  faïences  de  Nevers.  Annuaire 
de  1944,  publié  chez  Duclos,  à  Nevers. 


10  DE  l'art  Céramique 

89.  Secrets  des  yraies  poreelaines  de  la  Chine  et  de  Saxe.  OaTrage 
allemand  publié  à  Berlin  en  1750. 

90.  Exposition  d'art  et  d'areliéologle  de  Rouen.  Rouen,  ehez 
Brière,  1851. 

91.  Mémoire  de  Zimmermann  sur  les  couleurs  minérales.  (Ou- 
yrage  allemand  du  dix-huitième  siècle.) 

92.  Relations  des  Toyages  fetits  par  les  Arabes  et  les  Persans  dans 
linde  et  à  la  Chine,  etc.  Texte  arabe  et  traduit  par  Reinaud,  Paris, 
1845,  in-12,  tome  I,  page  34. 

93.  Entdecktes  Geheimniss  des  ftchten  Porcellans.  In-4.  Berlin, 
1750. 

94.  J.-H.-G.  Yon  Justi  Âbhandlung  von  den  Manufacturen  und 
Fabriken,  t.  II,  p.  292. 

95.  Hallers  Werkstfttte  der  heutigen  KUnste,  v.  3,  p.  160  et  175. 

96.  De  la  porcelaine  des  anciens,  an  Gentlemen* s-Magazine,  1751, 
t.  I,  p.  463. 

97.  Vorschlag  zur  Erleichterung  der  Porcellan  -  TOpfer  -  Ziegel- 
Ârbeiten,  in  den  ph.-5kon.  AuszOgen,  1. 1,  p.  398. 

98.  Nachricht  von  einer  besonders  schOnen  Porcellanerde  in 
Wurtemberg.  Sebi  physic.  vecen,  1. 1,  p.  343. 

99.  Beschreibung  einer  gelben  Glazur  aufPorcellan  und  Thonge- 
fUsse  in  den  Schwed.  Arch.,  t.  IX,  p.  75. 

100.  D'Arclais  de  Montamy,  dissertation  sur  les  couleurs  de  la 
peinture  de  porcelaine,  etc. 

101.  Prix  courant  de  toutes  sortes  de  porcelaines  de  la  fabrique  de 
Meissen,  12  feuilles. 

102.  Traité  des  couleurs  pour  peindre  en  émail  et  sur  porce- 
laine, etc.,  par  Ardais  de  Montamy,  In-12.  Paris,  1745. 

103.  Yon  der  Porccllan-bereitung,  Dr.  Rossing^s  Lehrbuch  der 
Teclmologie.  Jena,  1700,  in-8,  p.  367. 

104.  Joh.-Gottl.  Conradi's  Porcellankunst ,  oder  Anieitung  zum 
JStadium  der  Technologie.  Leipzig,  1785,  p.  52-63. 

105.  Von  Porcellan-Fabriken.  —  Von  Pfeiffer's  Manufacturen  und 
Fabriken  Deutschland's.  Frankfurt  S/M.  t.  II,  p.  366-391. 

106.  L'Art  du  potier  de  terre,  par  Duhamel  du  Monceau,  In-folio. 
Paris,  1773. 

107.  Œkonomische  Encyklopîldie  von  Georg  Krunitz,  In- 12. 
Brunn,  1788. 

108.  AUgemeine  Encyklop&die  der  Wissenschaften  und  KUnste, 
von  Ersch  und  Gruder.  Leipzig,  1845.  In-4,  p.  154. 

109.  Beausobre's  Einleitung  in  die  Kenntniss  der  Politik.  Tra. 
Riga,  1773.  In-12,  t.  I,  p.  210-218. 


EN  GfiNERAL.  il 

110.  C.-A.  und  A.-M.  Engelhardt,  F.-F.  B<)ttg6r,  Erûnder  des 
8&dbB.  Porcellans.  In-8.  Leipzig,  1837. 

111.  Dr.  Joh»-Georg.-Tiieod.  Grasse.  Beitr^e  sur  Geschichte  der 
Porcellan-Fabrication,  etc.  Id>12.  Dresden,  18ô3« 

11^.  Mémoire  pour  les  faïenciers  da  faubourg  Saint- AntoiiM , 
dressé  en  1 753.  —  ^u  tome  XI  des  Plaidoyers  et  Mémoires  de  ifan- 
nary.,  aYOcat  au  parlement.  In-12.  Paris,  Hérissant,  1748. 

1 13.  La  Faïence  de  Rouen  à  l'exposition,  par  Eugène  de  RabiUard 
deBeaurepaire,  Brochure  in-8.  Paris,  Anbry. 

114.  Hermsiadt,  Kuhn  und  Baumgftrtner,  Magàzin  aller  Aeuen 
Erflndungen,  t.  VllI,  p.  162. 

115.  Catalogue  of  cameos,  inlaglios,  medals  and  bas-reliefs  wilii  a 
général  jiecount  of  vases  and  olher  ornaments  after  Ihe  antique.  In-8. 
London,  1773.  Ed.  III,  1790. 

tl6«  Reprint  of  the  portland  vasci  formerly  tbe  Barberini,  with 
noies,  by  T/i.  Windus,  ln-8.  London,  1845. 

117.  Causeries  d'un  amateur,  par  Feuillet  de  Conches,  Paris, 
1842,  t.  n,  p.  153. 

118.  Di  un'  insigne  raccolta  di  maioHclie  dipinie,  elc^,  da  Zuigi 
Frati,  In-B.  Bologna,  1844. 

119.  Art  Treasures  of  the  UnUed  Kingdom.  (Céramique  Art»,  par 
jRoitmson.) 

1 20.  Mémoire  stir  les  ouvrages  en  terre  calte  et  particulièreoMst 
sur  les  poteries,  par  Fourmy,  1802. 

121.  Porcelaines  de  Wegwood.  Catalogue  par  Josius  Wegwooé. 
la-8.  Londres,  1788. 

1 22.  Céramique,  par  Riocreux  et  Jaquemart,  à  la  fin  du  quatrième 
VAbuBfi  du  Moyen  âge  et  la  RenaUsance ,  par  Paul  Lacroix  .et  F^di- 
naud  Seré,  In-4.  Paris,  1850. 

123.  Histoire  de  l'Art  chez  les  anciens,  par  Winckelmagin,  traduit 
en  français  l'an  II  de  la  République,  une  et  indivisible. 

124.  Recherches  sur  les  manufactures  lilloises  de  porcelaine»  et  de 
faïences,  par  Jules  Houdoy.  Lille^  1863. 

125.  La  Faïence,  les  Faïenciers  et  les  Ëmailleurs  de  Nevers,  par 
I.  Du  Broc  deSegange,  Nevers,  1863. 

126.  Exposition  artistique  et  archéologique  d'Elbeuf  en  juittet 
1862.  Compte  rendu  par  Raymond  Bordeaux,  Caen,  1862. 

127.  Faïences  de  Sinceny;  notice  sur  les  faïences  anciennes  de 
Sinc«ny,  lue  le  2  juin  1863,  en  séance  du  comité  archéologique  de 
Noyon,  par  le  D^  Aug.  Warmont.  Noyon;  1863,  br.  in-8.  Marques  et 
monogrammes. 

128.  Notes  of  the  manufacture  of  porcelain  at  cheteea,  by  Augustut 


12  DE  l'art  Céramique 

W,  Franks,  M.  A.,  Dir.  S.  A.  Read  at  the  Worchester  Meeting  of 
the  archaeologicalinstitute.  July,  1862. 

129.  W.  Chaffers,  Marks  et  monograms  on  potlery  and  porcelaini 
wilh  short  historical  notice  of  each  manafactory  and  an  introductary 
essay  of  the  vase  fictfliaof  england.  London,  Davy  and  Son,  1863. 

130.  R.  Tournai,  Notes  sur  la  céramique,  faïences  et  porcelaines. 
Gaen,  Hardet,  1863.  Extrait  du  bulletin  monumental  de  Notre-Dame 
de  Chaumont, 

131.  Vincenzo  Lazaru  Notizia  délia  opère  d'arte  et  d'antichita  délia 
racolta  Correr.  Yenezia,  1859. 

132.  J.-C.  Robinson.  Italian  sculpture  of  the  middle  âges  and 
pericod  of  the  revival  of  art.  In-8.  London,  1 862. 

133.  /.-C.  Robinson,  Catalogue  of  the  Soulages  collection.  In-IK 
London,  1856. 

J34.  /.-C.  Robinson,  Catalogue  of  the  spécial  exhibition  of  works 
of  artonloan  at  the  South-Kensington  muséum.  London,  1858. 

135.  Fraii,  Un  pavimento  in  majolica  oella  basillca  Petroniniana 
di  Bologna.  Bologna,  1853. 

136.  Dennistoun,  Memoirs  ofthe  dukesof  Urbino. 

137.  Giuseppe  Rafaelti,  Memorie  istorriche  délie  majolice  lavorate 
in  Castel-Durante.  ln-8.  Fermo,  1846. 

138.  £•  de  Robillard  de  Beaurepaire,  La  FaKence  de  Rouen  à 
l'exposition.  Caen,  1861. 

139.  G.  Gouellin,  L'Exposition  d*art  et  d'archéologie  à  Rouen. 
Paris,  1861. 

140.  L'Art  de  fabriquer  la  poterie,  façon  anglaise.  Divers  procé- 
dés et  nouvelle  découverte,  la  fabrication  du  minium,  etc,  etc.,  par 
Guillaume  Oppenheim,  ancien  manufacturier,  et  Bouillon-Lagrange, 
professeur  de  chimie.  Paris,  1807.  (Le  traité  le  plus  utile  et  le  plus 
pratique  qui  existe  en  français.) 

1 41 .  L'art  du  briquelier,  par  F.  Challeton  de  Brughat,  Paris,  1861. 

1 42.  Du  minium  de  fer  comparé  au  minium  de  plomb,  par  le  ba- 
ron Cartier,  Paris,  1859. 

143.  Lettera  al  signor  barone  di  Monville.  (Dal.  Piovano  Arlotto, 
Luglio,  1859),  par  Vott,  Àlessandro  Foresi  di  Firenze,  Cette  lettre 
traite  de  la  soi-disant  porcelaine  des  Médicis  de  Florence. 

144.  L'Art  de  la  peinture  sur  verre  et  de  la  vitrerie,  par  Pierre 
Le  7fei7.  Paris,  17681. 


1 .  La  seconde  partie  de  l'œuvre  de  Le  Vieil  est  presque  entièrement  tirée  du 
manuscrit  que  le  peintre-vitrier  flamand  Anthonie  Goblet,  qui  était  entré  dans 
l'ordre  des  RécoUets  de  Verdun,  avait  laissé. 


EN   GÉNÉRAL.  I3 

145.  The  handmaid  to  the  arU.  London,  1 758. 

1 46.  L'Art  de  terre  chez  les  Poitevins,  etc.,  par  Benjamin  Fillon, 
Niort,  chez  Glauzat;  Paris,  chez  Âubry,  1864. 

147.  Antiquités  étrusques,  gravées  par  F.-i.  David^  expliquées 
par  d'Hancarvi7/e.  Paris,  1785. 

148.  Études  céramiques,  recherches  sur  le  beau  dans  Tarchitec- 
tare,  etc.,  par  L.  Ziegler,  Paris,  1850,  avec  atlas. 

149.  Gerchichte  der  Kôuiglichen  porcellan  manufactur  zu  Ber- 
lin, etc.  G.  Kolbe.  Berlin,  1863.    . 

150.  Recherches  historiques  sur  les  faïences   de  Sinceny ,  par 
M.  A.  Warmont,  Cliauny,  1864. 

151.  Nordiske  Oldsager  i  det  Kongelige  Muséum  i  KjObenhavn 
1859,  chez  Kittendorff  et  Aogaards^  à  Copenhague. 

152.  Études  sur  les  carrelages  hi^^toriés  du  douzième  au  dix-sep- 
tième siècle,  par  M.  Alfred  Ramé» 

153.  Carrelages  émaillés  du  moyen  âge  et  de  la  renaissance,  par 
M.  Emile  Amé,  Paris,  1859. 

154.  lutorno  alla  majolica  Sayonese,  chapitre  du  :  Scritti  Lette- 
rari  di  Tommaso  Torteroli,  Sac.  Sav.  Savona,  1860. 

'  155.  Essai  sur  Tart  de  restaurer  les  faïences,  porcelaines,  terres 
cuites,  biscuits,  grès,  verreries,  émaux,  laques,  marbres,  al- 
bâtres, plâtres,  etc.,  par  M.  P.  Thiaucourt,  Paris,  chez  Aubry, 
1865. 

156.  Traité  des  couleurs  pour  les  peintres  en  émail  et  sur  la  por- 
celaine, etc.,  par  d*Arclaisdc  Montamy,  Paris,  1765,  in-12. 

157.  Histoire  de  la  peinture  sur  verre,  d'après  ses  monuments  en 
France,  etc.,  par  Ferdinand  de  Lasteyrie,  Paris,  1857. 

158.  Storia  e  Guida  del  Sacromonte  di  Varallo  di  G,  Bordiga, 
Varallo,  1857. 

159.  L'Archéologie  céramique  et  sépulcrale,  par  l'abbé  Cochet, 

160.  Études  sur  le  pavage  émaillé  dans  le  départements  de  TAiiie, 
par  Ed.  Fleury,  in-4.  Paris,  1855, 

161.  Auserlesene  griechische  Vasenbilder,  etc.,  yon  Eduard  Ge-^ 
rhard.  Berlin,  1840,  4  vol.  in-4. 

162.  Vases  et  coupes  ^du  musée  royal  de  Berlin,  par  Edouard 
Gerhard.  Berlin,  1848,  in-folio. 

163.  L'Art  du  feu  ou  de  peindre  en  émail,  etc.,  par  Jacques-Phi- 
lippe Ftrrand,  peintre  du  roi.  Paris,  J731,  in-l8. 

164.  Preuves  authentiques  de  l'existence  de  la  fabrique  de  porce- 
laine établie  au  château  de  Tervueren,  par  A.  Pinchart,  Notice  de 
8  pages  in-18.  Bruxelles,  1864. 

165.  Geschichte  der  Glasmalerei  in  Deutschiand  und  den  Nieder- 

2 


14  DE  l'art  Céramique 

landen,  Frankreicli;  England,  der  Schweiz,  Italieu  und  Spanien,  von 
M.  A.  Gtssert,  Stuttgart  et  Zubingen,  1839,  iD-8. 

16C.  An  Inquiry  iuto  the  différence  of  style,  observable  w  Ançi^nt 
Glafs  Paintings,  especially  in  England,  etc.,  by  an  amateur  (M.  Charles 
Winston),  Oxford,  1847,  2  vol.  in-8. 

167.  Glauberi,  Furnus  philosophicus.  Amstel,,  1651. 

168.  Kunckel,  Ârs  vitraria  experimentalis.  1689. 

169.  Lejeal  {Alfred).  Note  sur  une  marque  de  faïence.  Valen- 
ciennes,  1865. 

170.  Lambert  {Guillaume).  Traité  pratique  de  la  fabrication  de  la 
faïence  Une.  Paris,  1865. 

171.  Rosa  {Dr,  Concezio).  Notizie  storiche  dclle  Maioliche  di  Cas- 
telli  e  dei  Plttori,  che  le  ilustrano.  Napoli,  1857. 

172.  La  Décoration  de  la  porcelaine,  par  M.  OsCar  Honoré.  Ar- 
ticle publié  dans  la  Revue  Contemporaine,  le  15  janvier  1865, 

17  3.  Les  anciennes  faïences,  par  M.  Oscar  Honoré.  Article  publié 
dans  la  Revue  Contemporaine,  le  30  avril  1865. 

174.  Observations  sur  les  objets  d'art  céramique  du  musée  Gam- 
pana,  etc.  Article  publié  dans  le  Bulletin  de  la  Société  du  progrès  de 
l'art  industriel,  le  7  août  1862,  par  M.  J.  Devers. 

175.  Histoire  des  poteries,  faïences  et  porcelaines,  par  M.  J. 
Marryat,  traduit  de  l'anglais  sur  la  deuxième  édition,  par  M.  le 
comte  ù'Armaille  et  Salveiat.  Paris,  1866. 

176.  L'Art  de  la  verrerie,  où  l'on  apprend  à  faire  le  verre,  etc.,  et 
la  manière  de  peindre  sur  verre  et  sur  émail,  par  Haudicquer  de 
Blancourt.  Paris,  1718,  2  vol.  in-12. 

17  7.  Documents  sur  les  fabriques  de  faïence  de  Rouen  recueillis 
par  Haillet  de  Couronne,  et  publiés  par  Lèopold  Delisle,  Paris,  1865. 

178.  Mittbeilungen  der  Antiquarischen  Gesellschaft  in  Zurich 
XXIX,  1865,  Ueber  alte  Oefen  in  der  Schweiz.  W,  Lûbke, 

17  9.  Passera.  Picturse  Ëtruscorum  in  vasculis.  Romœ,  1765, 
3  vol.,  300  planches. 

A  celte  longue  liste  on  pourrait  bientôt  ajouter  l'ouvrage  en 
préparation  de  MM.  deLange  :  Faïences  italiennes  dites  majoîiques. 

Avant  la  publication  de  la  première  édition  de  ce  Guide, 
l'histoire  de  la  faïence  allemande  et  de  toute  la  poterie  hollan- 
daise* n'existait  pas,  car  Delft  même,  avec  son  énorme  pro- 

1.    1*  Tel/ h'ngren  et  autres  lieux,  gi-cs,  1414 

V  Delft,  faïence  à  émail  stamiifère,  1450 


EN   GÉNÉRAL.  i«( 

duction  durant  le  dix-septième  siècle,  était  resté  inconnu  aux 
amateurs,  et  l'histoire  des  farences  françaises  encore  à  faire; 
les  manufactures  du  Midi,  comme  celles  deSfoustiers  *  et  de  Mar- 
seille, par  exemple,  étaient  soupçonnées  seulement,  à  tel  point 
que  le  moustier  passait  encore  pour  du  saint-cloud. 

Le  résultat  d'un  dernier  voyage  en  Hollande,  c'est  la  décou- 
verte de  trois  nouveaux  centres  de  fabrication  :  ceux  de  Haar" 
lemy  de  Boom  et  d'UtrechL 

Depuis,  des  recherches  spéciales  et  persévérantes  ont  été 
entreprises  partout  en  province,  où  elles  ont  malheureusement 
fini  par  dépasser  les  bornes.  Après  avoir  fouillé  les  archives 
pour  découvrir  jusqu'aux  noms  et  prénoms  de  tous  les  manœu- 
vres *  qui  gâchaient  de  leurs  pieds  nus  la  terre  des  poteries  de 
cuisine,  on  s'est  mis  à  collectionner  même  les  faïences  les  plus 
communes,  et  à  se  faire  une  gloire  nationale  d'avoir  possédé  dans 
sa  localité  quelques  fabriques  de  vaisselle  de  la  plus  grossière 
espèce*.  C'est  cependant  pour  satisfaire  même  jusqu'à  ces  goûts 


3*  Baarîem^  faïence  à  émail  stannifère,  1450 

4**  La  Haye  y  porcelaine  à  pâte  tendre,  i€12 

5**  Hoom^  faïence  à  émail  stannifère,  1691 

6«  Beiîen,  id.,  1717 

T*  Overtoom,  id.,  1764 

8*>  Utrecht,  id.,  1760 

90    H^ee^p,  véritable  porcelaine  dure,  1764 

tO»  Loosdrecht,  id.,  1772 

il«»  Vieil  Amsterdam,     id.,  1782 

12»  Nouvel  Amsterdam j  id.,  1808 

13«  La  Haye,  id.,  1775 

i4'*  Arnheim,  id.,  1775 

15"  Amsterdam,  faïence  à  émail  stannifère,  1780 

i.  Chose  d'autant  plus  surprenante  que  l'abbé  de  la  Porte  (Pigauiol  de  la 

Force),  le  médecin  Dariue,  l'avocat  Gournay  et  quelques  autres  avaient  déjà 

mentionné  les  fabriques  de  Moustiers  au  dix-huitième  siècle. 

2.  Voir  p.  6,  l'ouvrage  de  M.  Dubroc  sur  les  Faïenciers  nivemais. 

3.  Xe  dirait-on  pas  que  la  vaisselle  rustique  ait  exercé  une  influence  vraiment 
morbide  sur  beaucoup  d'esprits ,  à  qui  elle  paraît  avoir  enlevé  le  sentiment  du 
beau  et  du  laid,  et  même  jusqu'aux  plus  lointaines  lueurs  de  l'entendement  artis- 
tique. Tel  amateur,  à  Beauvais,  fait  reproduire  par  la  chromo-lithographie  des 
centaines  de  grossières  horreurs  d'as&iettes  de  paysans  ;  c'est  un  volume  qui  lui 
revient  peut-être  à  plus  de  quinze  cents  francs  ;  tel  autre  entasse  sans  distinction 
dans  sa  maison  toute  la  vaisselle  qu'il  peut  accaparer  dans  la  ville  et  dans  les  vil- 
lages (il  est  chanoine)  ;  les  caves  de  sa  maison  en  sont  pleines,  les  greniers  en 
regorgent,  les  murs  en  sont  couverts,  les  portes  des  armoires  ne  se  ferment  plus, 


16  DE  L*ART  CÉRAMIQUE 

que  j'ai  dû  accorder  une  place  dans  ce  livre  à  totUes  les  fabri- 
ques, y  compris  celles  où  Tart  était  totalement  inconnu. 

Un  véritable  Guide  doit  contenir  tout  ce  qui  touche  à  la  ma- 
tière traitée,  et  l'auteur  est  obligé  de  subir  les  exigences  de 
son  sujet,  qu'il  ne  peut  se  dispenser  de  compléter  par  des  inves- 
tigations ininterrompues,  malgré  le  dérangement  que  chaque 
nouvelle  découverte  peut  occasionner  aux  gens  qui  tiennent  à 
rester  daiis  les  routes  battues. 

La  routine  est  comme  une  chaise-longue  dans  laquelle  la  pa- 
resse de  certains  écrivains  aime  à  bâiller  et  à  faire  bâiller  les 
lecteurs  ;  dès  qu'un  chercheur  veut  se  permettre  de  renverser  de 
vieilles  erreurs,  il  est  sûr  aussitôt  d'avoir  contre  lui  toutes  ces 
médiocrités ,  qui  vivent  de  plagiats  et  de  compilations. 

Brongniart,  qui  était  savant  en  chimie,  mais  moins  versé  en 
archéologie,  doit  être  regardé  comme  une  des  causes  des  nom- 
breuses erreurs  chronologiques  et  d'attributions  répandues  en 
France  au  sujet  de  la  céramique.  La  foule  moutonnière  des 
compilateurs  les  a  répétées  avec  humilité  et  satisfaction,  au 
point  de  les  faire  ériger  en  évangiles.  Un  article  est  si  vite  fait 
avec  des  phrases  et  des  idées  stéréotypées! 

Selon  Brongniart,  le  vernis  minéral  imperméable  ne  date  que 
du  treizième  siècle,  tandis  que  j'ai  démontré  que  les  Égyptiens 
et  les  Grecs  le  connaissaient  parfaitement.  L'invention  de 
rémail  stannifère,  Brongniart  Ta  attribuée  à  Luca  délia  Robbia, 
et*  cela  uniquement  sur  la  foi  de  quelques  auteurs  italiens. 
Une  seule  visite  au  Louvre  lui  aurait  cependant  suffi  pour  trouver 
des  verreries  égyptiennes  et  grecques  où  l'émail  stannifère  est 
manifeste^  et  des  poteries  arabes  et  allemandes  où  cette  glaçure 
a  été  déjà  utilisée  bien  avant  les  délia  Robbia,  sans  parler  de 

les  escaliers,  le  Testibule,  la  cour  même,  tout  en  est  encombré  I  N'importe,  ce 
cérttmomane  amasse  et  empile  toujours  ! 

M.  Champfleury  n'appelle -t-il  pas  le  barbouillage  des  grossières  assiettes  niver- 
naises,  fabriquées  sous  la  République,  VArt  de  rénovation^  qui  doit  occuper  le 
premier  rang  dans  l'histoire  artistique?  (Voir  Faîemcbs  patriotiques,  Revue  de 
Province). 

Est-ce  une  gageure,  ou  doit-on  encore  attribuer  cela  à  l'épidémie  régnante?  Si 
M.  Champfleury  entend  vraiment  l'art  ainsi,  on  devrait  lui  conseiller  d'acheter 
toute  la  série  des  images  coloriées  d'Épinal  pour  s'en  faire  une  galerie. 


EN  GÉNÉRAL.  17 

tous  les  émaux  cloisonnés,  où  le  blanc  peut  aussi  bien  contenir 
de  rélain  que  du  sulfate  de  chaux. 

Si  je  mentionne  ceci,  c'est  pour  expliquer  les  attaques  furi- 
bondes dont  mon  livre  a  été  assailli  par  une  petite  coterie,  en 
môme  temps  que  les  critiques  sérieux  des  grands  journaux  lui 
rendaient  justice. 

À  quoi  a  servi  tout  ce  tapage  envieux?  Ni  de  grossières  atta- 
ques, ni  de  lâches  démentis  abrités  prudemment  sous  des  pré- 
cautions littéraires  ne  peuvent  supprimer  des  faits. 

Que  l'on  compare  tout  ce  qui  a  été  écrit  auparavant  sur  la 
matière,  et  l'on  verra  combien  la  céramographie  était  encore  à 
son  enfance  I 

Je  puis  avancer,  sans  pouvoir  être  contredit,  que  ce  n'est 
que  depuis  la  première  édition  de  ce  Guide  que  les  produc- 
tions des  anciens  céramistes  allemands  et  néerlandais  ont  com- 
mencé à  être  connues  en  France;  beaucoup  d'amateurs  les 
ignoraient  complètement,  d'autres  ne  les  appréciaient  pas  selon 
leur  importance.  On  ne  connaissait  pas  même  de  nom  les  Hir- 
schvogel,  les  Schaaper,  etc.,  et  on  ne  se  doutait  pas  que  des 
artistes  comme  van  de  Velde,  van  der  Meer,  van  Yinkenboons, 
Jan  Steen,  etc.,  avaient  peint  sur  faïence.  Tout  ce  grand  art 
céramique,  les  amateurs  le  cherchaient  uniquement  dans  les 
majoliques^  italiennes. 

Le  peu  de  connaissance  que  l'on  avait  des  faïences  allemandes' 
gothiques  et  des  faïences  hollandaises  du  seizième  et  du  dix- 
septième  siècle  a  contribué  pour  beaucoup  à  l'élévation  des 
prix  de  vente  des  faïences  italiennes,  même  de  celles  de  la 
décadence.  Les  prix  si  élevés  payés  jusque-là  pour  tout  ce  qui 
était  italien  provenaient  de  l'absence  d'une  histoire  chronologi- 
que de  la  poterie  ;  car  l'œuvre  de  M.  Marryat,  où  manquent  d'ail- 
leurs méthode  et  précision,  n'est  qu'une  sorte  de  catalogue  rai- 
sonné et  illustré,  où  beaucoup  se  trouve  noyé  dans  des  digressions 
et  où  Tart  céramique,  en  dehors  deja  Chine  et  de  V Italie,  manque 


t.  MajoUca,  ou  terra  invelriataj  nom  dérivé  des  îles  Hayorques,  et  qai 
signiGe  en  italien  faïence. 


i8  DE  l'art  Céramique 

presque.  On  pouvait  donc  faire  passer  cette  faïence  italienne 
pour  la  plus  ancienne.  Beaucoup  d'amateurs  avaient  fini  par 
croire  que  toutes  les  majoliques  qui  figurent  journellement  dans 
les  ventes  publiques  devaient  remonter  au  moins  au  delà  du 
seizième  siècle;  ils  ignoraient  qu'un  grand  nombre  de  fabriques 
italiennes  avaient  continué  à  manipuler  leur  terre  décorative, 
si  facile  à  pasticher,  jusqu'à  la  fin  du  dix-huitième  siècle,  et 
qu'il  existait  des  faïences  allemandes  fort  artistiques,  fabriquées 
au  douzième  siècle,  au  treizième  et.au  quatorzième. 

Le  mérite  de  l'Italie  est  certes  d'avoir  vulgarisé  dans  l'Eu- 
rope méridionale  le  goût  de  la  poterie  émaillée,  dont  le  nom 
français  même  vient  de  Faenza^,  la  ville  où  les  plus  belles  et  les 
plus  nombreuses  majoliques  se  fabriquaient,  quoique  la  faïence 
européenne  à  émail  stannifère  *,  la  première  en  Europe,  ait  été 
'gtnhdblement  fabriquée  en  Allemagne,  puisque  c'est  le  seul  pays 
où  Ton  puisse  en  faire  remonter  au  douzième  siècle.  On  a  d'a- 
bord contesté  ce  fait;  on  ne  voulait  pas  admettre  que  ce  fut  là 
une  poterie  à  émail  stannifère;  on  y  voulait  voir  seulement 
de  la  terre  cuite  vernissée  ou  à  couverte  plombifère.  Mes  der- 
nières recherches  ont  cependant  prouvé,  par  des  faits  incon- 
testables, que  des  faïences  et  des  terres  cuites  à  émail  stan- 
nifère et  non  pas  plombifère,  ont  été  fabriquées  dans  plusieurs 
localités  de  l'Allemagne  déjà  à  cette  époque. 

Il  a  donc  fallu  restituer  à  César  ce  qui  appartenait  à  César.  Il 
m'a  été  impossible  d'admettre  l'opinion  accréditée,  que  les  Ita- 
liens, et  particulièrement  les  Délia  Robbia,  fussent  les  inventeurs 
des  faïences  européennes  à  émail  stannifère,  appelées  en  Italie 

1 .  Quelques  personnes  croient  que  le  nom  de  faïence  proTient  non  pas  de 
Faenza,  en  Italie,  mais  d'un  bourg,  Faïence,  près  Frôjus,  Provence  (Var),  où 
plusieurs  fabriques  fonctionnaient  déjà  en  1592,  selon  Mézeray.  Personne  ne 
connaît  aujourd'hui  un  seul  type  de  ces  faïences,  et  le  monopole  accordé  par 
Henri  11  ou  par  Catherine  de  Médicis,  en  1555,  à  deux  potiers  de  Faenza  d'éta- 
blir une  fabrique  à  Lyon,  où  Julien  Gambyn  et  Domenge  Tardessir  sont  déaignés 
tous  les  deux  comme  natifs  dé  Fayence  en  Italie j  prouve  que  Faenza  s'appelait 
en  France,  à  cette  époque,  Fayence\ 

2.  Stannifère  veut  dire  composé  d'oxyde  de  plomb  et  d'élain,et  qui  forme 
l'émail  opaque;  plombifère  signifie  composé  d'oxyde  de  plomb,  et  forme  le 
vernis  ou  la  couverte  translucide.  —  Voir  la  définition  plus  détaillée  de  ces  com- 
positions de  vitrifications,  à  la  page  21.  On  attribuait  Torigine  et  l'invention 


EN  GÉNÉRAL.  i9 

fnajoh'ca.  Augsburg,  Regensburg  (Ratisbonne),  Leipzig,  Baireutb, 
Schelestadt,  Breslau,  Niirnberg,  etc.,  c'est-à-dire  les  centres 
des  quatre  grandes  écoles  céramiques  allemandes  :  Yéeole 
scLxonne  ou  du  Nord,  la  plus  ancienne,  Técole  franconienne^ 
l'école  souabe  et  l'école  rhénane,  ont  dû  suivre  et  même  pré- 
céder, dans  l'ordre  chronologique,  la  poterie  musulmane  des 
lies  Baléares,  de  l'Espagne  et  de  ia  Sicile.  On  a  fabriqué  à  Baby- 
lone  des  briques  vernissées  et  peut-être  môme  des  terres  cuites 
émaillées^  deux  mille  cinq  cents  ans  avant  Jésus-Christ  ;  l'Egypte 
et  la  Grèce  ont  également  laissé  des  vestiges  de  poteries  imper- 
méables (quelques  verroteries  de  ce  dernier  pays  montrent  des 
émaux  stanniques),  et^  outre  les  Chinois,  les  émailleurs  euro- 
péens des  émaux  cloisonnés  et  à  champ  levé  (émailleurs  byzan- 
tins, allemands  et  français)  ont  laissé  de  nombreux  émaux  où 
V émail  blanc  opaque  peut  bien  être  le  résultat  d'une  addition 
stannique^  aussi  bien  que  celui  qui  donne  le  phosphate  de  chaux. 

Du  reste,  même  au  cœur  de  l'Italie  et  bien  avant  Luca  Délia 
Robbia,  l'émail  stannifère  était  déjà  connu,  puisqu'on  lit  dans  la 
Margarita  preciosa,  traité  écrit  par  Pierre  le  Bon  en  1330  : 

a  Yidemus»  cum  plumbum  et  stannum  fuerunt  calcinata  et 
a  combusta ,  quod  posthac  congruum  convertuntur  in  vitrum , 
a  sicut  faciunt  qui  vitrificant  vasa  figuli.  j> 

Cette  recette  n'est  pas  donnée  par  l'auteur  comme  un  secret, 
mais  comme  un  procédé  connu  de  tous  les  potiers  de  son  temps. 

Plusieurs  auteurs  qui  ont  traité  des  émaux  ont  répandu  une 
erreur  qui  entraîne  tous  les  jours  les  amateurs  dans  des  mé- 
prises. Le  système  établi  que  le  vernis  plorabifère  est  toujours 

de  la  faïence  à  émail  stannifère,  au  quatorzième  ou  quinzième  siècle,  à  l'Italie  ; 
c'était  là  une  croyance  unlyerseiiement  adoptée,  aussi  bien  par  les  hommes 
spéciaux  que  par  les  amateurs;  elle  se  trouve  même  répandue  dans  tous  les 
ouvrages,  et  ce  n'est  qu'après  la  publication  des  Recherches  sur  la  priorité  de 
la  Renaissance  de  l'art  allemand ,  que  l'on  a  dû  se  rendre  à  l'évidence  des 
preuves  matérielles  et  historiquement  établies.  Aux  monuments  de  Breslau  de  la 
fin  du  douzième  siècle,  j'ai  pu  joindre  encore  les  sculptures  à  émail  stannifère 
du  couvent  de  Saint-Paul  de  Leipzig ,  du  commencement  du  treizième  siècle 
(1207),  sculptures  dont  le  style  et  le  caractère  se  ressentent  encore  grandement 
des  époques  byzantine  et  romane;  les  Grecs  et  les  Romains  ont  utilisé  l'étain  dans 
la  fabrication  de  leur  verre ,  et  il  sera  démontré  (U^is  ce  traité  que  les  anciens 
connaissaient  l'emploi  de  l'étain.  f'" 


20  DE  l'art  céramique 

transparent,  et  rëmail  stannifère  seul  opaque,  est  mal  défini. 

M.  De  Laborde  dit,  dans  sa  notice  des  Émaux  du  Louvre  :  «Le 
blanc  seul,  étant  obtenu  par  un  oxyde  d'étain,  ôte  au  fondant  sa 
transparence,  et  ce  même  oxyde  entre  dans  tous  les  émaux,  qui 
doivent  être  opaques.  »  Ceci  n'est  vrai  qu'en  partie ,  puisque, 
sans  parler  de  certains  vernis,  V arsenic^  V antimoine  et  l'osjpuZ- 
vérisé  (phosphate  de  chaux]  rendent  également  opaque. 

Le  vernis  ou  la  couverte  peut  s'obtenir  sans  alcali  *,  par  un 
simple  mélange  de  sable  et  d'oxyde  de  plomb',  et  la  différence 
qu'il  présente  avec  l'émail  ne  consiste  pas  seulement  dans  la 
translucidité.  En  mettant  V oxyde  de  plomb  sans  addition  de  co- 
lorant sur  la  terre,  celle-ci  transperce  et  forme  la  couleur 
jaune;  le  cuivre  mélangé  à  ce  vernis  donne  du  vert,  et  le  man- 
ganèse et  le  fer  du  noir  et  du  brun. 

Le  blanc  crémeux  qui  forme  corps  est  cependant  toujours  opa- 
que et  n'existe  pas  comme  vernis,  puisqu'il  ne  peut  s'obtenir  que 
par  Vétain.  L'amateur  sera  sûr  de  reconnaître  V émail  stannifère 
dès  qu'il  verra  du  blanc  opaque  plein  de  corps,  espèce  d'opale  et 
qui  a  tous  les  caractères  du  gras,  sur  une  terre  brune.  La  terre 
de  pipe,  blanche  de  sa  nature,  aussi  bien  que  Vengobe  '  com- 
posé de  terres  blanches,  peuvent  être  couverts  en  guise  d'émail 

1 .  Alcali j  de  l'arabe  al-kali,  la  soude,  est  une  matière  qui  se  combine  éner- 
giquement  avec  l'acide  ]  ce  sont  :  la  potasse  (alcali  minéral),  la  souuie  (alcali 
végétal),  et  l'ammoniaque  (alcali  Tolatil).  Les  alcalis  solubles  ramènent  au  bleu 
le  tournesol  rougi  par  l'acide.  Les  alcalis  végétaux  ont  été  découverts  seulement 
en  1817  par  l'Allemand  Sertuerner,  de  Hanovre. 

2.  V oxyde  est  une  combinaison  de  l'oxygène  avec  une  substance  métallique  ; 
l'oxyde  ramène  la  teinture  du  tournesol  rougi  par  un  acide  au  bleu.  L'oxyde 
d'étain  (S.  0.)  oustannique,  qui  nous  intéresse  particulièrement  ici,  se  concentre 
dans  la  nature  ou  s'obtient  artificiellement  en  chauffant  de  l'étain  avec  de  l'a- 
cide nitrique.  Cette  poudre  blanche  insoluble  qu'on  emploie  dans  la  fabrica- 
tion de  la  poterie  à  glaçure  opaque  peut  aussi  être  obtenue  quand  on  maintient 
l'étain  en  fusion  au  contact  de  l'air. 

Acide j  en  latin  acidus,  du  grec  aciSy  piquant,  est  un  corps  qui  se  combine 
avec  une  base  solifîable  pour  former  un  sel.  Les  acides  solubles  rougissent  le 
tournesol  bleu  et  décomposent  la  craie  et  le  marbre. 

3.  Vengobe  est  formé  d'une  substance  terreuse,  blanche,  noire,  brune,  rouge, 
jaune  ou  verdâtre,  délayée  dans  de  l'eau.  La  poterie  crue,  dite  verte,  c'est-à-dire 
avant  la  cuisson^  et  quand  elle  est  seulement  à  demi  séchée  à  l'air,  et  qu'elle  a 
encore  une  nuance  verdâtre,  est  trempée  dans  le  liquide.  Mise  au  four,  le  peintre 
la  décore  après  la  cuisson  jur  le  biscuit,  et  recouvre  sa  peinture  d'un  vernis  de 


EN  GÉNÉRAL.  21 

de  ce  vernis  incolore  dont  je  viens  de  parler,  comme  les  terres 
de  pipe  anglaises  le  démontrent,  et  comme  on  le  rencontre  sur 
les  poteries  dites  persanes  et  de  Palissy  et  sur  les  terres  de  pipe 
connues  sous  le  nom  de  Henri  II  ;  mais  ce  vernis-là  se  reconnaît 
toujours  à  son  manque  de  corps,  et  il  est  bien  plus  tendre  que 
rémail.  Quelquefois  cependant  on  obtient  un  blanc  plus  pro- 
noncé que  celui  que  la  terre  de  pipe  et  l'engobe  blanc  recouvert 
du  vernis  de  plomb  incolore  peuvent  donner;  c'est  par  le  phos- 
phate de  chaux  (os  pulvérisés). 

L'émail  stannifère,  en  général,  se  compose  de  sable  siliceux, 
d'oxyde  de  plomb  mêlé  de  vingt  parties  d'étaîn  et  d'alcali  de 
soude  (alcali  végétal]  ou  de  potasse  (alcali  minéral)  ;  il  est  à  peu 
près  le  même  pour  toutes  les  poteries  et  faïences. 

L'émail  plombifère  pour  la  poterie  est  ordinairement  com- 
posé de  sable  siliceux,  d'oxyde  de  plomb  ou  de  minium  S  d'al- 
cali de  soude  ou  de  potasse,  ou  d'alcali  de  soude  et  de  potasse. 

L'émail  pour  les  métaux  est  composé  de  sable,  de  minium, 
de  borax  et  de  soude  ;  comme  il  est  cuit.au  faible  feu  d'un  four 
ouvert,  il  faut  qu'il  soit  tendre,  c'est-à-dire  qu'il  contienne  beau- 
coup de  fondants  qui  le  rendent  fusible  à  une  basse  température. 

Les  couleurs  des  vitraux,  que  l'on  appelle  à  tort  de  l'émail, 
contiennent  à  peu  près  les  mômes  fondants,  puisque  le  verre, 

plomb.  Remise  aa  four,  elle  doit  endurer  une  seconde  mais  bien  plus  faible 
caisson.  Vengobage  ne  s'opère  donc  pas  uniquement  avec  de  la  terre  blanche 
(terre  de  pipe,  kaolin,  etc.),  mais  arec  toutes  sortes  de  nuances  de  terres,  suirant 
la  couleur  que  l'on  yeut  obtenir,  et  l'engobe  peut  être  appliqué  par  endroits  avec 
le  pinceau,  comme  certaines  pièces  dites  terres  de  Palissy  le  démontrent.  Cescou- 
levrs  d'engobe,  c'est-à-dire  ces  terres  non  vitrifiables,  sont  :  l'ocre,  la  terre 
d'Hombre,  la  Sienna  et  toutes  les  autres  terres  coloriées.  Quelques-unes  ont 
besoin  de  fondants  (voir  ce  mot),  d'autres  n'en  ont  pas  besoin.  Ces  dernières 
contiennent  beaucoup  de  fer  qui  remplace  le  fondant.  Vengobe  rouge  est  le  pro- 
duit de  l'ocre  rouge.  L'engobe  violet  s'obtient  par  une  partie  de  sable,  deux  de 
potasse  et  on  seizième  de  manganèse.  L'engobe  jaune  est  composé  d'une  partie 
de  sable,  deux  de  potasse  et  une  de  jaune  de  Naples.  L'engobe  bleue  par  six 
parties  d'azur  à  quatre  feux,  une  demie  de  Tnininm  et  douze  de  terre  blanche. 
L'engfobe  oer<,  par  des  frites  bleues  et  jaunes  et  de  la  terre  blanche.  Et  Vengobe 
noir  par  cinq  parties  de  manganèse  calciné  et  bronzé,  et  une  Tinglième  partie  de 
terre  blanche. 

I .  Le  minium  est  un  deutoxide  de  plomb  que  l'on  obtient  en  chauffant  le 
moêsicot  (oxyde  de  plomb)  dans  des  caisses  de  tôle.  L'oxyde  de  plomb  est  jau- 
nâtre, tandis  que  le  minium  est  rouge. 


22  DE  L*ART  CÉRAMIQUE 

sorte  d'émaii  plombifère,  est  également  fusible  à  la  basse  tem^ 
përattire  d'un  petit  feu. 

Puisque  les  localités  allemandes,  déjà  mentionnées,  ont 
devancé  les  Italiens  de  plus  do  deux  siècles  dans  remploi  de 
rémail  stannifère,  tout  porte  à  croire  que  la  faïence  européenne 
est  une  réinvention  allemande.  C'est  le  seul  pays,  il  faut  le 
répéter,  où  se  trouvent  des  ouvrages  de  style  gothique  et  de 
grandes  sculptures  en  terre  cuite  émaillée  du  douzième  siècle 
et  du  treizième,  sans  parler  des  bijoux  en  terre  cuite  coloriés, 
vernis  ou  émaillés  du  cinquième,  trouvés  dans  les  tombeaux  des 
Gerïûains,  dont  Torigine  est  douteuse.  C'est  aussi  le  seul  pays 
où  des  faïences  d'art  de  toutes  sortes,  modelées  à  la  mairij  ont 
été  exécutées  aux  mêmes  époques. 

Le  grès  s'est  également  fabriqué  en  Allemagne  déjà  au  hui- 
tième siècle,  et  l'ancienne  Germanie  a  eu  sa  poterie  commune 
et  imperméable,  comme  la  Gaule  a  eu  la  sienne  dès  le  commen- 
cement de  l'ère  chrétienne. 

Les  peuples  nombreux  qui  forment  les  branches  de  l'arbre 
teutonique  ont  eu  leur  Renaissance,  ou  plutôt  leur  création 
d'art  à  eux,  art  original  et  chrétien,  qui  ne  ressemble  en  rien 
à  l'art  païen  et  italien.  Les  merveilleux  monuments,  les  pro- 
ductions de  toute  espèce  nous  démontrent  à  quel  point  cette 
création  nouvelle  s'est  élevée. 

La  renaissance  de  l'art  allemand,  ou  pour  mieux  dire  sa  pre- 
mière grande  manifestation,  pouvait  éclore  ou  se  produire  sous 
des  auspices  favorables.  Les  villes  libres  et  indépendantes,  où 
un  grand  nombre  d'opulentes  familles  patriciennes  rivalisaient 
entre  elles  pour  posséder  tout  ce  qui  était  vraiment  artis- 
tique, permettaient  aux  artistes  de  vivre  honorés  et  indépen- 
dants. La  richesse  de  la  Hanse  répandait  le  luxe  sans  assujettis- 
sement. L'artiste,  moins  nomade,  plus  libre,  plus  indépendant 
et  plus  moral,  y  était  honoré  comme  en  Italie.  Il  se  respectait 
davantage  et  flattait  moins.  Cet  art  du  Nord  n'est  pas  toujours 
compris  ;  c'est  un  art  tout  différent  de  l'art  latin.  Ses  créations 
peuvent  avoir  quelquefois,  pour  le  méridional,  de  la  roideur 
et  du  froid ,  puisque  l'idéal  veut  être  compris  par  l'esprit  en 


EN  GÉNÉHAL.  23 

même  temps  que  par  les  yeux  ;  mais  on  ne  peut  lui  reprocàer 
un  goût  vulgaire,  uniforme  et  bourgeois.  C'est  là  que  nous  de- 
vons chercher  l'origine  du  gra»d  art  chrétien.  Les  Cornélius  », 
les  Kaulbach ,   les  Rethel  *,   les  Overbek  et  tant  d'autres, 
portent  encore  aujourd'hui  bien  haut  le  drapeau  de  cet  art  I 
L'ancienne  école  allemande  était  coloriste  par  excellence, 
personne  ne  le  nie  ;  mais  on  reproche  à  l'école  actuelleson  mépris 
ou  son  impuissance  pour  la  couleur.  C'est  à  tort.  —  Il  ne  faut 
pas  juger  seulement  ces  athlètes  d'après  leurs  cartons,  quoique 
l'art  grandiose  de  leurs  dessins  et  de  leurs  conceptions  suffirait 
déjà  pour  assurer  un  avenir.  Tout  connaisseur  qui  a  pu  ad- 
mirer les  fresques  intérieures  du  musée  de  Berlin,  qui  sont 
pourtant  exécutées  en  grande  partie  par  des  élèves  sous  la  di> 
rection  du  maître,  et  les  tableaux  à  l'huile  aux  dernières  exposi- 
tions en  Allemagne,  aura  pu  juger  combien  le  reproche  est  mal 
fondé.  Il  est  vrai  que  ces  artistes  n'ont  pas  l'exécution  pati^te 
de  certains  i^mires  hollandais  qui  passèrent  leur  vie  à  repro- 
duire toujours  la  môme  vache ,  le  même  vaisseau  ou  le  même 
homme  tourné  du  côté  du  mur,  qui  repeiguaient  sans  cesse  le 
même  sujet,  et  dont  le  temps  était  exclusivement  eniployé  à 
finir  la  peinture  que  les  amateurs  payaient  en  raison  du  plus  ou 
moins  de  patience,  et  qu'ils  jugeaient  à  la  loupe.  La  composi- 
tion historique  et  la  création  de  grandes   conceptions  l&u^ 
étaient  incoimues.  Rembrandt  et  Yan-Dyk  forment,  avec  Ru^ 
bens,  une  exception;  mais  les  deux  derniers  étaient  de  l'é- 
cole flamande,  —  et  Rubens  avait  conservé  assez  de  sa  nais- 
sance et  de  son  éducation  allemandes  pour  pencher  du  côté 
des  graiides  ccmposilions.  Quant  à  Rembrandt,  ce  nec  plus 
tdtra  de  la  peinture,  il  représente  les  talents  de  toutes  les  épo- 

1.  M.  Cornélius  peint  peu  en  couleur;  c'est  le  géant  du  dessin  et  de  la  compo- 
sition. Le  graud  peintre  coloriste  anticonvenlionnel  de  rAliemagne  moderne  est 
le  regrettable  Hasenklever.  Sa  Weinprobe  (dégustation  du  vin),  qui  fut  eipofiée 
à  Amsterdam  dans  le  temps,  peut  être  placée  à  côté  des  meilleures  toiles  de  van 
der  Helst.  HasenklcTcr,  aussi  vrai  dans  l'expression  des  têtes  que  van  der  Helst, 
lui  est  même  supéiieur  en  style,  en  chaleur  de  palette  et  en  transparence  de 
teintes,  qui  ont  quelque  chose  de  «  Rembrannesque.  » 

2.  Rethel,  mort  fou  par  excès  de  travail,  est  le  peintre  des  admirables  fresques 
è  rh6tel  de  ville  d'Aachen  (Aix-la-ChapeUe). 


24  DE  l'art  Céramique 

ques  et  de  tous  les  pays.  —  Sa  manière  n'était  pas  hollandaise. 

Tout  cela  ne  veut  cependant  pas  dire  que  la  peinture  hollan- 
daise ne  soit  pas  une  des  meilleures,  —  bien  au  contraire;  — 
elle  sera  toujours  supérieure  aux  empâtements  monstrueux  de 
certains  peintres  modernes,  dont  on  pourrait  dire  que  chez  eux 
la  truelle  a  remplacé  le  pinceau,  et  qui,  en  voulant  imiter  Rem- 
brandt, n'imitent  que  maladroitement  la  manière  toute  indivi- 
duelle de  ce  grand  peintre,  et  qui  devient  un  défaut  chez  les 
imitateurs. 

Rien  sur  la  terre  n*est  parfait,  et  la  vie  est  trop  courte  pour 
arriver  à  la  perfection;  mais  si  l'on  devait  opter  entre  une 
peinture  d'un  dessin  parfait,  hardi  et  d'une  conception  pro- 
fonde, quoique  un  peu  négligée  dans  la  couleur,  et  une  peinture 
léchée,  triviale  et  sans  poésie ,  sans  création  ni  conception, 
quoique  belle  de  couleur,  —  ne  devrait-on  pas  préférer  celle  où 
le  ffénie  de  l'homme  est  de  moitié,  et  où  l'imitation  servile  est  rem- 
placée  par  l'idéal?  L'artiste  qui  n'est  pas  pénétré  de  la  nécessité 
de  marier  ces  deux  bases  fondamentales  de  la  peinture  et  de  la 
sculpture  ne  peut  jamais  s'élever  au-dessus  des  arts  mécaniques* 
—  Il  n'atteindra  jamais  les  hauteurs  où  domine  l'esthétique. 

Depuis  l'époque  de  la  Renaissance  on  n'a  plus  créé  de  style 
véritablement  artistique.  Les  mélanges  du  dix-huitième  siècle, 
compilés  sous  l'influence  des  maîtresses  et  des  petits  abbés 
musqués,  représentent  bien  le  goût  efféminé  de  cette  époque 
dépravée.  Appelés  saa?e,  rococo,  rocaille,  Pompadour  ou  Louis  XV j 
ils  forment  quelquefois  des  compositions  agréables  dans  les 
petits  arts,  comme  la  bijouterie,  la  faïence,  l'horlogerie  et  l'or- 
nementation des  salons;  mais  ce  genre  est  toujours  mesquin  et 
détestable  dans  la  grande  architecture.  —  L'impulsion  donnée 
au  mouvement  artistique  du  dix-huitième  siècle  était  du  reste 
sortie  d'une  branche  du  petit  art.  C'est  Meissen,  en  Saxe,  qui  a 
incontestablement  créé  le  genre  rocaille.  Bottger  avait  inventé 
sa  porcelaine  dure  en  1707,  —  et  dès  1713  cette  manufacture 
était  en  pleine  exploitation  et  imposait  le  goût  efféminé  de  sa 
rocaille  à  tous  les  boudoirs  de  l'Europe.  Ce  qu'on  appelle  ordi- 
nairement le  style  Louis  XIV  est  encore  bien  plus  détestable  : 


EN  GéNÉRAL.  25 

tout  ce  qui  a  ëtë  crée  soas  le  règne  de  cette  personaalitë  or- 
gueilleuse est  ou  ridicule,  ou  lourd  et  sans  harmonie.  N'est-ce 
pas  son  architecte  de  prédilection  qui  a  collé  les  pâtés  en  style 
grec  et  romain  aux  belles  églises  gothiques  et  de  la  Renais- 
sance? Ce  roi,  qui,  dépourvu  de  tout  sens  artistique,  malgré  ses 
prétentions  officielles,  a  entassé  à  tort  et  à  travers  des  cons- 
tructions dans  le  genre  ennuyeux  et  absurde  de  Versailles,  a 
porté  le  coup  de  grâce  à  Fart  en  France.  C'est  lui  qui  donna 
l'impulsion  au  jardinage  décrépit  et  monstrueux  dont  Lenôtre, 
ce  jardinier-coiffeur,  est  le  créateur.  Louis  XIY  n'a-t-il  pas  poussé 
le  ridicule  dans  l'art  Jusqu'à  la  dernière  limite?  Ne  se  faisait-il 
pas  reproduire  en  statues  et  en  bas-reliefs,  ici  en  costume  romain, 
là  en  Hercule,  toujours  coiffé  de  la  perruque  à  rallonge? 

Il  eut  conscience  pourtant  de  l'infériorité  de  ces  créations,  et, 
aiguillonné  par  la  jalousie,  il  promena  le  canon  destructeur  dans 
.  le  Palatinat,  d'un  château  de  plaisance  à  un  autre.  C'est  ainsi 
que  tomba  le  chef-d'œuvre  d'architecture  de  Heidelberg,  ville 
ravagée  déjà  une  première  fois  par  Tilly  dans  la  guerre  de 
.Trente  ans.  Le  passage  des  Huns  n'avait  laissé  aucune  trace  dans 
ce  beau  pays  ;  il  était  réservé  aux  deux  champions  de  l'intolé- 
rance religieuse  de  dépasser  la  barbarie  ancienne,  et  à  Louis  XIY 
de  déshonorer  la  France  par  des  actes  qui  ne  peuvent  même 
pas  trouver  d'excuse  dans  la  nécessité  militaire.  Les  profana- 
tions commises  avant  la  destruction  du  dôme  de  Speier  (Speir) 
parVexécuteur  des  hautes  œuvres  de  ce  roi,  l'exécrable  Mont- 
clar,  dépassent  celles  qui  eurent  lieu  à  Saint-Denis  lors  de  la 
révolution.  Les  premières  sont  même  bien  plus  odieuses,  parce 
qu'elles  ont  été  exécutées  froidement,  sur  le  commandement  du 
chef  nommé  par  un  roi  se  disant  chrétien  et  légitime,  tandis  que 
les  horreurs  de  Saint-Denis  n'étaient  que  l'explosion  de  la  co- 
lère d'une  populace  brutale  et  ignorante,  dont  l'ignorance  môme 
provenait  de  l'incurie  des  règnes  précédents.  Montclar  avait 
donné  d'abord  la  promesse  aux  malheureux  habitants  de  Speier 
de  faire  épargner  tout  ce  qu'ils  auraient  transporté  de  leurs 
plus  précieux  effets  dans  la  cathédrale  ;  mais,  après  avoir  brûlé 
la  ville,  il  ût  ouvrir  les  tombes  séculaires  des  empereurs,  en 

3 


26  DE  l'art  céramique 

jela  les  ossements  au  vent  et  brûla  le  dôme,  —  (^  imiiHimefit 
remarquable  du  onzième  siècle,  —  avec  tout  cce  que  «a  sol- 
éatesque  n'avait  pu  emporter.  Il  est  vrai  que  Louis  XIV  s'ef- 
força de  faire  retomber  l'odieux  de  ces  actes  sur  son  digne 
ministre  Louvois;  mais  l'histoire  n'a  pas  été  sa  dupe^  «t 
elle  a  stigmatisé  aussi  bien  le  front  de  ce  moderne  Attila 
que  celui  de  ses  créatures.  Après  le  sac  de  Heidelberg,  le 
roi-soleil  fit  chanter  un  Te  Deum  *  auquel  il  assista  personneHe- 
ment  ;  et,  non  content  de  ces  actions  de  grâces  pour  un  tel  fait 
d'armes,  il  distribua  le  même  jour  plusieurs  prébendes  à  des 
abibës,  ainsi  que  d'autres  dons  et  récompenses  pécuniaires  et 
honorifiques  à  ses  courtisans,  pour  exprimer  sa  joie.  Le  règae 
de  ce  roi,  qu'illustrent  la  création  des  emprunts  d'État,  le  rapt 
(en  Hdlaude  et  ailleurs),  les  assassinats  en  masse  des  protes^ 
tants,  la  destruction  de  plus  de  cent  cités  et  villages  français 
par  le  feu  et  la  hache,  enfin  toutes  les  infamies  réunies,  a  pour-, 
tant  trouvé  des  historiens  assez  dépourvus  de  sens  moral  pour 
le  glorifier  1  Aussi  longtemps  que  la  raison  d'État  et  la  doctrine 
jésuitique  du  succès  influencecont  le  jugement,  nous  n'aurons 
pasde  ce  règne,  comme  de  bien  d'autres,  une  histoire  impartiale. 
La  sève  de  la  nation  française  avait  dû  fuir  le  sol  inhospitalier 
de  ses  ancêtres,  —  les  dragonnades  avaient  jeté  l'industrie  et 
l'art  français  à  l'étranger,  •—  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes, 
forçant  les  protestants  à  l'émigration,  avait  répandu  les  secrets 
de  la  fabrication  française  dans  toute  l'Europe.  L'art  alors  ne 
pouvait  être,  sous  Louis  XIV,  que  le  produit  d'une  commande 
faite  par  la  vanité  la  plus  colossale  à  la  souplesse  la  plus  humble. 
Chaque  classe  avait  à  son  tour  son  Louis  XIV  en  miniature  : 
petits  talents  et  petits  tyrans,  se  vengeant  sur  leurs  subordonnés 
de  ce  qu'ils  devaient  accepter  en  haut  lieu.  Tel  était  Lebrun  e<; 
bien  d'autres.  Siècle,  règne,  littérature,  arts,  tout  sent  la  cob- 
trainte,  la  roideur,  la  commande,  l'ennui  et  la  servitude.  Ce  roi, 
qui  unissait  l'immoralité  la  plus  affichée  au  cagotisme  le  plus 
burlesque,  a  fait  éprouver  son  influence  funeste  au  siècle  entier. 

1 .  Des  Te  Deum  furent  aussi  chantés  en  honneur  des  dragonnades  par  Bossuet  I 


IN  GÉNÉRAL.  27 

Il  ft  ralardë  le  développem^t  de  îart  en  renchainant  et  en 
aiviiissant  les  caractères,  comme  Louis  XV  l'a  efféminé.  L'art 
n*ff  pornifaii  de  progrèe  depuis  la  Renaissance,  au  contraire! 

6gt41  donc  étoQlçint  que  Tétude  de  l'archéologie  ait  pris  de 
nos  }Wâ»  une  si  grande  extension?  Le  présent  décourage  et 
«rttfiste,  le  passé  seul  peut  encore  procurer  des  jouissances  es- 
thétiques sans  lesquelles  la  vie  est  peu  de  chose. 

En  dehors  de  ces  considérations,  qui  ne  s'adressent  qu'aux 
amateurs  d'élite  et  aux  hommes  de  cœur  et  de  conviction,  il  faut 
aussi  mentionner  le  côté  utile  du  goût  de  la  collection  pour  la 
société  en  général. 

Y  a-t-il  rien  de  plus  triste  et  de  plus  malheureux  que  Tenaul 
i&fiurable  de  la  plupart  des  rentiers  désœuvrés  ?  Arrivés  sou- 
vent à  la  fortune  après  une  vie  d'activité,  ils  sMmagineat  qu'ils 
pourront  jouir  en>repos  du  fruit  de  leurs  longs  et  pénibles  tra^ 
vaux.  Erreur!  L'homme  que  son  travail  dans  l'exercice  d'une 
pf%>^BSsion  industrielle  a  fait  riche  ne  saurait  plus  passer  ses 
longues  journées  à  rien  faire  ou  à  courir  les  plaisirs. 

Ici  la  villégiature,  la  pêche,  la  chasse  et  le  jardinage  ne  suf- 
fisent à^k  que  difficilement  pendant  l'été  au  père  de  famille  ; 
le  célibai^èûre  désœuvré  sera  toujours  Tétre  le  plus  malheureux, 
s'il  ne  sait  pas  se  créer  une  marotte  qui  puisse  lui  fournir  une 
occupation  sérieuse  et  suivie  y  dans  laquelle  son  esprit  trouvera 
un  but  à  poursuivre  et  un  peu  de  vanité  à  satisfaire.  Ne  ren- 
coàtre-t-on  pas  journellement,  encore  plus  à  Paris  qu'en  pro- 
vince, de  ces  hommes  d'un  certain  âge  et  d'un  extérieur  déno- 
tant l'aisance,  dont  le  visage  porte  les  empreintes  du  plus 
profond  découragement  et  du  plus  mortel  ennui? 

Ne  leur  en  demandez  pas  la  cause,  c'est  presque  toujours  la 
mÀme  histoire.  Désœuvrement,  ennui  perpétuel,  là  où  depuis 
vingt  ans  ils  avaient  rêvé  le  bonheur! 

Rien  de  tout  cela  chez  le  collectionneur  :  même  l'ancien  homme 
d'État',  l'avocat,  le  négociant  ou  l'industriel,  retrouvent  dans 
cette  chasse  à  la  curiosité  les  sensations  et  les  émotions  du  jeune 

1.  M.  Thitrs  dit  que  l'histoire  apprend  tout,  et  que  les  arts  consolent  de  tomt. 


28  DE  L*ART  CÉRAMIQUE 

temps  et  de  la  carrière  abandonnée.  Si  Tamateur  est  diplomate, 
il  peut  utiliser  ses  talents  dans  les  échanges  avantageux  vis-à- 
vis  d'autres  amateurs  :  cela  lui  rappellera  les  traités  de  récipro- 
cité de  commerce;  si  c*est  un  ancien  avocat,  l'artifice  de  la 
parole  lui  viendra  en  aide  pour  acquérir  un  objet  précieux  que 
le  propriétaire  ne  se  soucie  pas  de  vendre.  Le  négociant  et  le 
marchand  retirés  se  retremperont  journellement  en  débattant  des 
prix  ou  en  combinant  des  achats  en  partie,  dont  ils  ne  devront 
garder  que  quelques  pièces.  Le  manufacturier,  Tindustriel,  le 
fabricant,  découvriroat  les  objets  précieux  dont  une  restaura- 
tion habile  peut  doubler  le  charme  et  la  valeur.  Ils  peuvent  s'y 
refaire  cette  main  qui  jadis  leur  avait  donné  la  fortune;  leurs 
recherches  mêmes  mettront  de  nouveau  ces  hommes  en  contact 
avec  des  industries  qu'ils  connaissaient  et  qu'ils  aimaient,  à 
force  de  les  avoir  pratiquées. 

Les  collectionneurs  se  divisent  en  deux  classes  bien  distinctes  : 
les  uns,  ardents,  convaincus,  sincères  et  consumés  du  feu  sacré, 
collectionnent  avec  amour,  avec  passion  ;  ils  n'ont  d'autre  but 
que  de  satisfaire  leur  goût  pour  les  beaux-arts  et  pour  l'histoire  ; 
ils  sont  collectionneurs-nés,  comme  on  naît  peintre-coloriste. 
Les  autres,  composés  de  vaniteux  et  de  spéculateurs,  n'aiment 
rien  et  achètent  pour  «  leurs  voisins,  »  c'est-à-dire  par  ostenta- 
tion ou  par  esprit  commercial.  L'observateur  reconnaît  facile- 
ment chaque  a  espèce  »  à  une  singulière  faiblesse  qu'ils  ont  en 
commun  (menterie  de  poche),  mais  dont  la  manifestation  se  fait 
sentir  en  sens  opposé.  Le  véritable  amateur  prétend  toujours 
avoir  acheté  «  presque  pour  rien,  »  quand  le  faux  collection- 
neur, au  contraire,  a  toujours  payé  «  des  prix  fabuleux.  » 

Il  y  a  encore  le  collectionneur  «  communicatif  »  —  et  le  col- 
lectionneur «  cachottier  et  mystérieux.  »  Le  premier  est  géné- 
ralement connaisseur;  —  il  aime  à  montrer  ses  richesses,  — 
parce  qu'il  ne  craint  pas  la  critique.  Le  second,  ignorant,  — 
est  ours  ;  —  il  ne  montre  rien,  —  il  a  peur  de  la  critique. 

Le  plus  amusant  de  tous  les  collectionneurs  est  incontesta- 
blement celui  à  qui  la  nature  a  accordé  le  don  de  chercher  et 
de  trouver  l'ar^  dans  les  plus  ignobles  productions  du  ma- 


EN  GÉNÉRAL.  29 

nœuvre,  dans  de  grossiers  décalques  enluminés  de  Timagerie 
d'Épinal  môme,  que  Yartiste  s'est  procurés  à  la  fabrique  Pelle- 
rin  à  raison  de  deux  francs  le  cent  de  feuilles.  Pour  ce  collec- 
tionneur-là, plus  l'image  barbouillée  sur  faïence  ou  ailleurs  est 
mal  dessinée  ;  plus  les  couleurs  en  sont  criardes,  plus  le  simple 
bon  sens  s'y  trouve  insulté  par  un  dessin  impossible^  plus  ce 
singulier  amateur  s'extasie  devant  son  trésor  1  J'en  connais  qui, 
allant  plus  loin  encore  que  les  préraphaellistes ,  n'admettent 
même  plus  de  perspective  du  tout,  môme  plus  de  second  plan» 
Leur  idéal,  c'est  la  peinture  qui  ressemble  le  plus  au  paravent 
chinois.  Un  saladier  de  paysan  nivemais,  décoré  naïvement 
d'un  arbre  d'amour,  copié  d'après  ces  images  que  l'on  rencontre 
collées  sur  les  murs  des  chaumières,  voilà  la  rénovation  deVartj 
Vart  populaire,  Vart  unique,  Vart  original,  etc.,  etc.,  de  ces 
grands  enfants  que  l'auteur  de  Jérôme  Paturot  à  la  recherche 
étune  position  sociale  a  oublié  de  dépeindre. 

Ce  genre  de  collectionneurs  est  une  conséquence  logique  de 
la  tendance  actuelle,  qui  consiste  à  vouloir  faire  résider  le^^te 
dans  l'incapacité  du  dessin,  et  la  couleur  dans  un  barbouillage 
de  truelle  et  de  nuances  hors  nature.  Des  dizaines  de  milliers  de 
francs  payés  pour  des  delacroix  et  pour  des  troyons,  ébauches 
souvent  informes  dont  en  dix  ans  on  ne  trouvera  probable- 
ment pas  cent  francs  :  voilà  une  de  ces  manifestations  de  modes 
et  d'amateurs  dépourvues  de  sentiment  esthétique,  manifesta- 
tions que  l'on-  retrouve  dans  les  achats  des  pots  à  cidre  payés 
des  centaines  de  francs,  «  pourvu  que  le  décor  soit  bien  laid  et  la 
devise  pleine  de  fautes  d'orthographe.  »  Au  point  de  vue  de  l'his- 
toire des  mœurs  môme,  ces  folies-là  ne  peuvent  pas  être  expli- 
quées, puisque  la  plupart  des  dessins  «  patriotiques  »  sur  faïence 
sont  copiés  d'après  l'imagerie  populaire,  où  le  curieux  peut 
trouver  son  sujet  d'étude  à  bien  meilleur  compte,  et  sans  avoir 
besoin  de  profaner  et  d'avilir  le  mot  art,  qui  n'y  a  rien  à  faire! 

Une  grande  différence  existe  aussi  dans  la  manière  de  collec- 
tionner, usitée  par  les  amateurs  des  différents  pays,  ainsi  que 
dans  l'appréciation  des  époques.  En  Allemagne,  par  exemple, 
l'amateur  exige  que  l'objet  ait  le  grand  caractère  du  gothique 

3. 


30  DE  L'art  céramique 

pu  au  moins  celui  de  la  Renaissance  —  et  qu'il  soit  une  o^vre 
individuelle,  c'est-à-dire  sortie  des  mains  d'un  artiste  et  noB 
pas  d'une  «  fabrique.  »  Aussi  s'arréte-t-il  le  plus  souvent  à  la 
fin  <du  seizième  siècle ,  sauf  pour  les  tableaux  qu'il  redxerche 
naturellement  parmi  ceux  des  écoles  hollandaise  et  flaniande, 
jusqu*à  la  fin  du  dix-septième.  A-t-il  tort?  il  faut  tenir  compte  ici 
au  collectionneur  des  objets  d'art  des  siècles  suivants,  d^  la  lo- 
calité qu'il  habite,  de  sa  position  qui  le  rend  souvent  forcémeiit 
sédentaire,  et  des  moyens  dont  il  peut  disposer.  Si  chacun  fait 
ce  qu'il  peut,  il  fait  bien  ! 

Le  goût  de  la  collection  est  surtout  très-utilQ  aux  jeunes  g^gs 
de  famille. 

J'en  connais  un  très-riche,  fils  unique  d'un  émineot  légiste, 
occupant  une  des  positions  les  plus  élevées  de  la  magistrature, 
qui  avait  perdu  une  grande  partie  de  la  fortune  de  sa  mère  au 
jeu  de  la  Bourse. 

Le  père  désespérait  de  le  relever  de  l'abaissement  moral  et 
physique  dans  lequel  ce  fils  était  tombé,  démoralisé  par  la  so- 
ciété des  viveurs  qu'il  fréquentait. 

J'essayai  d'entreprendre  cette  guérison,  je  m'efforçai  de  rem- 
placer une  passion  vile  par  une  passion  noble  et  moin»  Fui^ 
neuse.  J'ai  eu  le  bonheur  de  réussir  et  de  voir  poindre  peu  à 
peu  l'amour  de  la  collection.  Le  jeune  honune  est  aiyourd'biji 
un  de  np^  amateurs  les  plus  éclairés;  il  étudie,  il  voyage  el  ae 
pense  plus  à  la  spéculation.  La  dépense  qu'entraînent  les  achats 
de  ses  objets  d'art  et  ses  voyages  ne  lui  absorbe  pas  le  ti^rs 
de  ses  revenus,  et  il  aura  bientôt  comblé  la  brè€^  que  le 
quatre  pour  cent  avait  faite  à  sa  fortune  ;  transfuge  d'une  vie 
dissolvante,  il  est  arrivé  à  jouir  aujourd'hui  d'une  existeace 
calme  et  studieuse,  où  les  douces  émotions  des  acquisitions 
d'objets  d'art  viennent  seules  apporter  l'animation  nécessaire. 

La  collection,  regardée  comme  simple  marottey  est  môme  pres- 
que l'unique  occupation  qui,  au  lieu  de  ruiner,  peut  enrichir  sûre- 
ment. Depuis  vingt  ans,  toutes  les  ventes  de  grandes  collections 
composées  avec  intelligence  ont  prouvé  que  les  objets  de  curiosité 
avaient  doublé  de  valeur  de  cinq  ans  en  cinq  ans,  et  que  la 


BN  GÉNÉRAL.  31 

passion  de  la  collection  procure  même  un  excellent  placement 
de  capitaux.  Au  fur  et  à  mesure  que  le  goût  des  objets  d'art  an- 
ciens  augmente^  le  nombre  de  ces  derniers  diminue  par  le 
temps  et  les  accidents,  de  telle  sorte  que  la  valeur  monte  for- 
cément et  rapidement  tous  les  jours!  Rien  d'étonnant  dans 
cette  marche  progressive  et  contagieuse  du  goût  de  la  collec- 
tion, pour  celui  qui  connaît  le  cœur  humain.  Est-ce  que  la  va- 
nité ne  forme  pas  le  mobile  le  plus  puissant  des  actions  de  la 
plupart  des  hommes?  Le  palais,  le  cheval,  la  plus  belle  ferme 
et  le  plus  riche  ameublement  moderne,  des  titres  de  noblesse 
même,  tout  peut  s'acquérir  avec  de  l'argent;  ~  mais  des  mil- 
lions ne  pourraient  pas  créer  ou  procurer  le  moindre  petit 
objet  d'art  ancien  que  le  propriétaire  ne  veut  pas  vendre. 

Collectionnez  donc  tous,  messieurs;  les  femmes  du  demi- 
monde  seules  y  perdront,  et  les  roulettes  de  Spa,  Baden-Baden, 
Homburg  etËms  seront  peut-être  forcées  de  fermer  leurs  tripots  ! 
Est-ce  que  le  goût  de  la  collection  ne  touche  pas  même  à  la  po- 
litique par  son  influence  sur  la  stabilité  des  institutions  sociales? 
Combien  de  fougueux  révolutionnaires  n'a-t-on  pas  vus  changés 
du  jour  au  lendemain  en  doux  et  pacifiques  conservateurs  ? 

On  a  souvent  voulu  attribuer  ces  changements  de  volte-face 
à  l'intérêt,  à  l'âge,  etc.  ;  mais  si  on  allait  jusqu'au  fond  des 
choses,  ne  trouverait-on  pas  plus  souvent  le  motif  de  ces  chan^ 
gements  d'opinions  dans  le  goût  de  la  collection?  Est«-ceque 
conserver  et  collectionner  ne  marchent  pas  toujours  ensemble? 

Un  homme  qui  chérit  ce  que  lesmod:s  ont  abandonné  depuis 
des  siècles  ne  doit-il  pas  être  conservateur  par  excellence? 
L'Anglais  qui  a  payé  dix  mille  francs  les  dents  extraites  à  Na- 
poléon à  Sainte-Hélène  doit  avoir  appartenu  indubitablement 
au  parti  des  Tories  et  non  pas  à  celui  des  Whigs. 

Les  gouvernements  devraient  exempter  de  tout  impôt  les  col'- 
lectionneurs  de  poteries  et  d'armes  anciennes;  ce  sont  les  vrais 
piliers  de  la  stabilité  des  institutions.  Le  mot  émeute  les  fait 
trembler;  les  uns  craignent  la  casse  quand  les  balles  errent  à 
travers  les  jalousies,  et  les  autres  les  mots  sacramentaux  ins- 
crits à  la  craie  sur  leurs  portes  :  «  Armes  données.  » 


32  DE  l'art  céramique 

Il  y  a  des  hommes  d'État  profondément  convaincus  que  les 
continuelles  agitations  et  le  peu  de  stabilité  des  institutions  des 
petites  républiques  de  TAmérique  du  Sud  proviennent  unique- 
ment de  ce  que  les  objets  d'art  anciens  et,  par  conséquent,  les 
collectionneurs,  manquent.  Pas  de  collectionneur,  pas  de  conser- 
vateur! Quelques  vieux  fanatiques  de  la  confrérie  prétendent 
môme  que  le  goût  de  la  collection  préserve  du  choléra  :  mais  c'est 
aller  peut-ôtre  un  peu  loin.  Faut-il  chercher  aussi  dans  ce  fana- 
tisme de  collectionneur  la  cause  du  delirium  majolicum  de  ces 
médecins  qui  sont  atteints  du  morbus  porcelanicus?  Il  y  en  a  qui, 
non  contents  de  collectionner,  veulent  môme  laisser  à  la  posté- 
rité des  œuvres,  produit  d'une  alliance  heureuse  entre  Esculape 
et  Apelles.  —  Ne  voyons-nous  pas  un  médecin  présider  aux  réu- 
nions de  la  rue  Ghaptal,  là  où  le  classique  bas  à  tricoter  est  rem- 
placé par  l'assiette  à  peindre,  et  où  l'on  entend  :  «  Passez-moi  le 
jaune,  chère,  »  comme  on  entend  ailleurs  :  «Passez-moi  la  pelote, 
ma  bonne?  »  Le  bouquet  de  cette  société  pleine  d'avenir,  qui  a 
choisi  le  mardi  pour  ses  réunions  (le  vendredi  étant  destiné 
aux  jeûnes),  est  un  peintre  de  grand  mérite  dont  les  charmants 
paysages  se  trouvent  aujourd'hui  dans  toutes  les  collections. 

Un  autre  de  ces  messieurs,  un  praticien  de  Sinceny,  village 
en  Picardie,  atteint  également  de  la  noble  ardeur,  s'est  pris 
d'une  belle  et  violente  passion  pour  les  rustiques  vaisselles  de  sa 
localité,  au  point  d'y  trouver  matière  à  publier  une  monogra- 
phie de  soixante-dix  pages  in-8<*,  traitant  uniquement  de  cette 
fabrication.  Tout  en  ergotant  là,  du  commencement  jusqu'à  la 
fin,  en  symptomatologues  de  tessons  sur  les  génériques  et  \b.  phy- 
siologie des  vieux  pots  à  l'usage  des  basses-cours,  absolument 
comme  s'il  s'agissait  d'une  question  médicale  sur  un  de  ces  dis- 
tinguo d'expérience  microscopique  entre  la  puce  d'un  chien  de 
berger  et  celle  d'un  chien  de  meunier,  envisagées  comme  sang- 
sues hygiéniques,  le  savant  membre  du  comité  de  Noyon^  qui 
demande  avec  une  naïveté  ravissante  la  consécration  parisienne 
(textuel)  de  ses  pintes  et  soupières,  n'a  cependant  rien  apporté 
de  nouveau  ;  mais,  par  contre,  il  a  omis  les  seuls  faits  qui  eus- 
sent quelque  importance.  Si  un  travail  local  aussi  insignifiant 


EN  GÉNélUL.  •       33 

laisse  de  telles  lacunes,  on  se  demande  :  À  quoi  bon?  Les  braves 
campagnards  de  Sinceny,  de  Bourg-d'Ognes  et  de  Rouy  pour- 
ront peut-être  en  confidence  nous  le  signaler.  Apprendrait-on 
que  la  rigidité  du  médecin  se^oit  relâchée  tant  soit  peu,  pen- 
dant ce  temps  si  gros  d'investigations,  du  terrible  principe  déjà 
raillé  par  Molière  et  vraiment  trop  accablant  pour  des  hommes 
qui  doivent  bêcher  la  terre,  de  ces  a  purgare,  purgare,  clyste» 
rium  donare,  »  pour  laisser  plus  de  chances  au  collectionneur 
de  recueillir  certains  vases,  poterie  dont  le  docteur  parait  avoir 
senti  la  suavité?  Si  cette  contagion  nosocomiale  continue  ainsi 
à  faire  ses  ravages  parmi  des  brebis  égarées  de  la  docte  faculté, 
il  y  a  loin  de  s'en  inquiéter;  cela  ne  peut  directement  intéresser 
que  leurs  malades,  les  commissaires-priseurs  et  les  brocan- 
teurs. On  doit  même  se  féliciter  de  voir  augmenter  le  nombre 
des  élus;  mais  dès  que  Taffection  céramique,  pour  laquelle 
VéHologie  et  la  thérapeutique  restent  encore  à  trouver,  les 
pousse,  comme  ce  respectable  correspondant  de  V Académie  de 
Tadoue  (c*est  ainsi  qu'il  s'intitule),  jusqu'à  vouloir  faire  d'un 
air  capable  la  critique  des  livres  qui  embrassent  un  art  tout 
entier,  dont  il  ne  connaît  à  peine  qu'une  seule  grossière  branche, 
celle  de  sa  localité,  ne  serait-on  pas  en  droit  de  les  renvoyer  à 
leurs  malades?  Médecin,  pharmacien,  et  souvent  fossoyeurs  et 
héritiers  y  trouveront  plus  sûrement  leur  compte.  Si  ce  doc- 
teur, auquel  il  convient  ici  de  répondre  en  passant,  a  eu  en  vue 
de  faire  sa  cour  à  la  plaisante  autorité  à  laquelle  il  a  sérieuse- 
ment emprunté,  avec  la  soumission  d'un  cœur  simple,  la  sen» 
tence  creuse  placée  sur  le  titre  de  son  opuscule,  il  aurait  mieux 
fait  d'insulter  carrément  que  de  ravaler;  à  la  place  de  la  pingre 
petite  pincée  d'encens,  la  Gazette  des  hôpitaux  artistiques  lui  en 
aurait  certes  brûlé  sous  le  nez  un  boisseau  entier, 
a  Passez-moi  la  rhubarbe,  je  vous  passerai  le  séné.  » 
La  céramique  a  joué  son  rôle  en  tout  temps;  n*a-t-on  pas 
chanté  la  porcelaine  chinoise  comme  matière  mystérieuse  et 
révélatrice  de  l'empoisonnement? 

«  Ils  font  connaître  le  mystère 
Des  bouillons  de  la  Brinvillière, 


34  DE  L  ART  CÉRAMIQUE 

Et  semblent  s'ouvrir  de  douleur 
Du  crime  de  l'empoisonneur,  ». 

En  Silésie,  on  a  môme  porté  la  naïveté  jusqu'à  oroire  que  la 
poterie  poussait  toute  fabriquée  dans  la  terre  comme  des  cham- 
IHgAOns.  Martin  Zeiler,  voyageur  et  géographe  dm  dix-septième 
sièele,  raconte  gravement  que  le  sol  de  la  montagne  du  Ttk- 
pehberg,  au  village  de  Masel,  près  Trehnitz,  ainsi  que  les  ter- 
rain» de  Jaben  et  de  Sara  Sommerfeldj  près  de  NoeJiau  et  de 
Pahkej  produisait  des  poteries. 

Le  dessin  dont  ce  singulier  savant  avait  accompagné  son 
merveilleux  récit  montre  une  cruche  germanique  du  commen- 
cement de  notre  ère,  telle  que  les  fouilles  en  ont  mi»  à  jeur 
dans  tout  le  Nord. 

La  collection  prépareà  Tamateur  de  bien  douces  joies }  chaqoe 
lois  qu'il  rentre  dans  ses  pénates,  9on  regard  embrassa  avee  le 
même  stmottr  ces  chers  compagnons  qui  lui  rappellent  piesque 
tous  des  souvéBÎrs  de  la  vie  passée. 

Gehii-ci  a  été  rapiporté  par  lui  du  fond  de  la  Bretagne;  céi 
autre  provient  d'échange  ou  de  cadeau  et  lui  rappelle  un  vieil 
ami  qni  n'existe  plus  !  Ses  yeux  tombent  tantôt  sur  un  exem- 
plaire qu'il  a  su  enlever  avec  adresse  sous  le  nez  d'un  confr^e, 
tantôt  sur  une  de  ces  trouvailles  conservées  à  Tart  par  une  rés- 
ttnration  intelligente,  tantôt  sur  une  œuvre  par  laquelle  il  a 
découvert  l'existence  de  quelque  grand  artiste  ignoré  ou  d'un 
fait  historique  douteux.  Ses  voyages  à  Wien ,  à  Firenze ,  à 
Nurnbergj  à  Amsterdam,  àHerculanum,  à  Athènes,  à  Granada 
et  à  Pétersbourg,  etc.,  sont  représentés  dans  son  cabinet  par 
des  pièces  qui  ramènent  continuellement  à  son  esprit  tout  un 
enchaînement  de  vicissitudes  et  d'aventures,  de  peines  et  de 
jouissances  passées,  et  le  conservent  jeune  par  les  souvenirs, 
quand  ses  cheveux  ont  déjà  blanchi. 

Aristide  Le  Carpentierà  Paris,  qui  avait  réuni  depuis  1810, 
époque  où  il  était  revenu  des  Indes  anglaises,  une  collection 
d'objets  d'art  de  toutes  sortes,  qui,  sous  plusieurs  rapports, 
peut  rivaliser  avec  celle  de  feu  Sauvageot  et  qui  la  dépasse  en 


EN  GÉNÉRAL.  35 

.nombre,  était  un  exemple  frappant  combien  le  goût  et  l'oc- 
cupation gaie  que  donne  la  collection  sont  salutaires  pour  la 
santé  et  pour  la  bonne  humeur.  Agé  de  soixante-seize  ans,  Le 
Carpentier  avait  encore  toute  la  pétulance  et  toute  l'ardeur  de 
lajeunesse.  Exempt  d'infirmités,  passionné  pour  augmenter  jour- 
nellement ses  richesses  d'art  pour  lesquelles  la  Russie  lui  avait 
inutilement  offert  un  miUion ,  il  espérait  bien  arriver  à  cent 
vingt  ans,  comme  il  l'a  chanté  dans  une  des  chansons  de  son 
recueil,  publié  en  1854  sous  le  titre  de  Contes-Fables,  car  il  était 
aussi  poëte  et  musicien.  Dans  ce  morceau ,  intitulé  VUeureux 
Temps,  il  dit  au  dernier  couplet,  VEspérance  ; 

tt  Lorsque  viendront  cent  ans . . . 
•  Faudra-t-il  donc  quitter  la  terre  ? 
Si  c'est  mon  dernier  temps, 
J'avoue  ici  que  je  n'y  pense  guère; 
D'ailleurs  ne  voit-on  pas  de  vieux  récalcitrants 
Qui  vont  jusqu'à  cent  dix  et  même  cent  vingt  ans? 
Le  bon  temps 
Quand  on  n'a  que  cent  ans  ! 

L'heureux  temps 
Quand  on  n'a  que  cent  ans  !  » 

Je  ne  puis  me  dispenser  de  communiquer  ici  aux  lecteurs  les 
six  couplets  que  cet  ardent  collectionneur  a  publiés  en  1862, 
lorsqu'il  avait  accompli  sa  soixante-douzième  année.  On  y  verra 
comme  il  y  exprime  les  jouissances  que  ses  occupations  favo- 
rites lui  procuraient  : 

MON   CABINET   ET  MES  SOIXANTE-DOUZE  ANS 


I 


Aussitôt  que  la  lumière  ^ 
Vient  éclairer  mon  chevet, 


1  Voir  les  vieilles  chansons  de  maître  Adam  (Adam  Billaut,  le  menuisier  ni< 
veniaîs,  mort  en  1662],  que  Le  Carpentier  parait  avoir  pris  pour  modèle. 


36  DE  l'art  céramique 

Je  commence  ma  carrière 
Par  ouvrir  mon  cabinet. 
Là,  des  œuvres  de  génie 
L'étonnante  quantité 
Entretient  en  moi  la  vie 
£t  ranime  ma  santé. 


II 


«  Vous  gaspillez  la  richesse 
Gomme  un  vrai  fou,  me  dit-on. 
Au  lieu  d'acheter  sans  cesse, 
firillez,  menez  un  grand  ton  !  » 
Iklais  de  peu  je  me  contente, 
Et  j'aime  à  vivre  à  l'écart  : 
Le  grand  monde  qu'on  nous  vante 
Ne  vaut  pas  un  objet  d'art. 

m 

Laissons  traiter  de  manie 
Mon  ardente  passion  ; 
Ce  cabinet,  qu'on  m'envie, 
Fait  ma  seule  ambition. 
Il  est  bien  chez  l'antiquaire 
Quelques  modestes  vertus  : 
Que  de  chefs-d'œuvre  sur  terre 
Sans  lui  n'existeraient  plus  ! 

IV 

S'il  est  vrai  que  la  sagesse 
Ici-bas  nous  rende  heureux, 
On  doit  aimer  la  vieillesse, 
Car  tous  les  sages  sont  vieux. 
Si  nous  voulons  qu'on  nous  loue, 
Montrons  donc  nos  cheveux  blancs  ; 
J'en  ai,  gaîment  je  l'avoue, 
Et  j'ai  soixante  et  douze  ans. 


Si  je  meurs  et  qu'on  m'enterre, 
—  II  faut  bien  Unir  par  là,  — 


EN  GÉiNëKâL.  37 

De  mon  cabinet,  j'efpère, 
Quelque  temps  on  parlera. 
Trouvant  dans  ce  sanctuaire 
Plus  de  trésors  qu'au  Pérou, 
On  dira  :  Notre  antiquaire 
N'était  pourtant  pas  si  fou  i 

VI 

Bien  que  Sedaine  nous  dise 
Quelque  part  :  «  Mourir  n'est  rien,  » 
De  cette  triste  sottise 
Je  me  passerais  fort  bien. 
Autour  de  moi  tout  abonde  : 
Objets  d'art,  tableaux,  bijoux; 
Que  ferai- je  en  l'autre  monde, 
Si  je  n'ai  plus  mes  joujoux? 

N'est-ce  pas  touchant?  quelle  sérénité  et  quelle  ardeur  chez 
ce  septuagénaire,  quand  tant  de  vieillards  moins  âgés  qu'il  n'é- 
tait sont  moroses,  ennuyés,  et  abrègent  leur  vie  par  l'inaction 
et  le  manque  d'émotions. 

Les  Contes-Fables,  illustrés  par  Alfred  Lemoine,  que  Le  Car- 
pentier  a  publiés  en  quatre  volumes,  de  1856  à  1858,  à  l'âge  de 
soixante-dix  ans,  et  qu'il  donnait  et  ne  vendait  pas,  contiennent 
plusieurs  morceaux  vraiment  remarquables,  comme  par  exem- 
ple, V Illustre  bimbelotier,  où  Jupiter,  séduit  par  Bibelot,  le  dieu 
du  bric-à-brac,  descend  de  la  masure  du  vieil  Olympe  sur  la 
terre,  pour  vendre  aux  antiquaires  son  vieux  tonnerre,  etc.  En- 
core un  triste  mariage^  charmante  allégorie  où  la  Vérité  épouse 
V  Intérêt  et  met  au  monde,  neuf  mois  après,  Y  Injustice ,  etc. 
Le  Carpentier  n'était  pas  un  vieux  garçon,  comme  la  foule  se 
représente  ordinairement  ces  maniaques  d'antiquaires;  il  était 
marié,  et  madame  Le  Carpentier,  morte  quinze  jours  avant  son 
mari,  partageait  ses  joies  et  ses  émotions.  Dans  la  pièce  de  vers  : 
Est-ce  un  bien,  est-ce  un  mal?  notre  collectionneur  dit  :  «  Si  la 
femme  est  un  mal,  il  est  si  nécessaire,  que  nul  ne  saurait  s'en 
passer.  »  Le  Carpentier  est  mort  sur  la  brèche  ;  les  émotions  de 


i 


38  DE  l'art  céramique 

sa  dernière  exposition  au  palais  de  l'Industrie  l'ont  Xué.  Alitë 
depuis  quinze  jours  déjà,  il  faisait  encore  des  acquisitions  dans 
son  lit,  quarante-huit  heures  avant  sa  mort  I 

Un  autre  collectionneur,  M.  de  Waldeck,  savant  qui  a  passe 
dix- huit  ans  dans  les  solitudes  des  forêts  mexicaines,  pour  y 
collectionner  des  poteries  et  dessiner  les  monuments  des  civi- 
lisations perdues ,  a  plus  de  cent  ans  à  l'heure  qu'il  est  (cent 
ans  en  avril  1866)  et  travaille  encore  huit  heures  par  jour  au 
classement  et  aux  reproductions  des  antiquités  américaines.  II 
est  exempt  d'infirmités;  bon  œil,  bon  estomac,  il  n'a  cessé  de  res- 
sentir les  émotions  que  l'art  peut  offrir,  et  espère  bien  de  chanter 
encore  dans  vingt  ans  les  couplets  de  Le  Carpentier  :  U Heu- 
reux temps  quand  on  n*a  que  cent  vingt  ans! 

On  dépeindrait  difficilement  l'air  de  contentement  et  de  béati- 
tude qui  s'épanouit  sur  la  figure  de  l'auteur  de  Monsieur  Boisdhy- 
ver,  quand,  après  déjeuner,  il  va  fumer  sa  cigarette  devant  ses 
faïences  et  s'adonner  à  cette  grasse  rêverie  de  propriétaire.  Dieu 
seul  sait  de  quelle  foule  bariolée  de  pensées  et  de  projets  son 
cerveau  est  alors  assailli.  Il  doit  voir  se  dégager  de  l'émail  ces 
grotesques  figures,  et  toute  cette  bande  populaire  peinte  sur  ses 
assiettes,  pour  lui  chanter  Oranje  boven  (Orange  haut,  ou  vive 
Orange)  ou  la  Marseillaise  et  le  Ça  ira.  Si  l'envie  ne  lui  prend 
pas  de  danser  la  carmagnole  au  milieu  de  la  société  joyeuse  des 
poteries  parlantes,  c'est,  certes,  de  crainte  de  tomber  en  dé- 
faïence, comme  ce  pauvre  Dalèger,  du  Violofi  de  faïence. 

J'avais  déjà  fait  observer,  dans  l'Introduction  de  la  pre- 
mière édition  du  Guide^  que  la  littérature  pourrait  aussi  ti- 
rer parti  de  la  faïence ,  et  que,  pour  étudier  une  époque  et  la 
tendance  d'un  courant  d'opinions  en  dehors  de  tout  parti,  pour 
bien  comprendre  les  mœurs  populaires,  une  devise  ou  une  cari- 
cature peinte  sur  une  assiette  peut  quelquefois  procurer  des 
éclaircissements.  —  M.  Champfleury  a  depuis  publié  son  Violon 
de  faïence,  où  deux  caractères  de  collectionneurs  se  sont  prêtés 
à  une  excellente  étude,  et  le  même  auteur  a  sur  le  métier  une 
histoire  des  faïences  populaires  et  parlantes. 

Est-ce  que  Victor  Hugo  n'a  pas  aussi  trouvé  du  comique  à 


EN   GÉNÉRAL.  39 

propos  d'un  plat  derFaënza^  quand  il  donne  la  description  de 
«  l'objet  mystérieux»  de  la  vieille  religieuse  de  l'abbaye  deFon- 
teinrjiult  et  des  Bernardines? (Les  Misérables,  t.  IV,  p.  147.)  «  On 
-<|r^im;  sous  un  triple  linge,  comme  une  patère  bénite.  C'était 
un  plat  de  Faënza  représentant  des  Amours  qui  s'envolent  pour- 
suivie p^  des  garçons  apothicaires  armés  d'énormes  seringues. 
La  poursuite  abonde  de  grimaces  et  de  postures  comiques.  Un 
des  charmants  petits  amours  est  déjà  tout  embroché;  il  se  dé- 
bat, agite  ses  petites  ailes  et  essaye  de  voler  ;  mais  le  matassin 
rit  d'un  âîr  sardonique.  Moralité  :  l'amour  vaincu  par  la  colique  !  » 

Il  y  a  même  eu  depuis  un  opéra-comique  où  lli  vieille  faïence 
joue  son  rôle,  et  on  ne  restera  pas  en  si  bon  chemin  I 

Quand  les  dames  collectionnent,  leur  ardeur  et  leur  persévé- 
rance dépassent  celles  des  amateurs  barbus. 

J'en  connais  plusieurs  qui  ne  s'arrêtent  plus  dans  leurs  pro- 
menades devant  |èâ  ûiagasins  de  nouveautés.  Ce  sont  les  seules 
vitrines  des  quais  qui  les  tentent  ;  la  pomme  d'Eve  n'est  plus  ren- 
fermée pour  elles  dana^n  chapeau  ou  dans  un  cachemire,  mais 
danf  une  théière  de  vieux  saxe  ou  dans  le  ventre  d'un  gros  ma- 
got souriant.  Collectionnez,  mesdames,  vos  maris  vous  passe- 
^ront  cette  fatitaisie-là  ;  de  bonne  pâte,  ils  pensent  qu'il  n'y  a  id 
^Ke fragile  que  la  pâte  trcyp  tendre  qui  peut  éclater  sous  le  feu! 
musées  et  les  collections  privées  rendent  encore  d'autres 
'ices  à  la  société.  Le  goût  de  l'art,  le  respect  et  l'amour  des 
œuvres  anciennes  et  historiques,  répandus  dans  les  masses  par 
ces  coliections,  qui  commencent  aujourd'hui  à  se  former  même 
dans  les  plus  petites  villes  de  province^  rendront  dorénavant 
impossibles  les  dévastations,  les  méfaitSjde  lignorance  vandale 
envers  les  objets  d'art'  et  les  haines  contré  les  bïasons'et  les 
armonries.  Le  peuple  apprendra  en  étudiant  l'histoire,  repré- 
sens  par  des  œuvres  d'art,  qu'un  souvenir  de  fa- 
aujourd'hui  de  solidarité  avec  les  prérogatives 
)les  des  temps  passés. 
^Wcnicorç  c'est  l'art  gothique  et  celui  de  la  Renaissance  qui  peu-  ^ 
vent  seuls,  renâplir  le  but.  L'art  antique  et  païen  ne  sera  jamais 

>mpris  par  le  peuple  ;  il  lui  restera  toujours  lettre  morte  et  une 


C 


40  DE  L'aHT  CËRAlftQliE 

SDurced'ennui.RempIirlescollectionsdemttrceauxclererrouillës 
et  informes,  c'est  créer  des  musées  à  l'usage  de  quelques  savants, 
mais  non  pas  des  musées  qui  stimulent  l'art,  l'industrie  et  les 
artistes.  Tout  le  monde  sait,  du  reste,  à  quelle  mystiScation  en- 
traine souvent  l'étude  des  antiquités,  eiclusisement  faite  au  . 
point  de  vue  de  l'archéologie,  qui  parait  pervertir  chez  beau- 
coup de  personnes  le  bon  sens  et  le  raisonnement  le  plus  sim- 
ple. N'avons-nous  pas  vu  un  professeur  allemand  remplir  sept 
volumes  pour  expliquer  des  hiéroglyphes  de  fantaisie  qu'un 
plaisent  avait  tracés  sur  de  la  terre  cuite  au  four,  et  enterrés 
auprès  d'uQ  camp  saxon? 

L'étude  exclusive  de  l'art  païen  classique  fausse  aussi  biflB 
la  critique  que  celle  de  l'art  en  général,  lii  où.  elle  est  basée 
uniquement  sur  une  théorie  stérile  t'L  di^pourviie  de  connais- 
sance pratique.  Le  faible  de  vouloir  Tairo  découler  tout  des 
anciens  tue  la  critique  et  rend  mmiiaque.  Les  plus  grandes 
intelligences  ne  peuvent  échapper  ù  linlluence  morbide  que 
cette  préférence  routinière  produit  inf.iiillblf^meut  à  la  longue, 
et  elles  finissent  presque  toujours  [)iu'  t^'uiïaiblir  au  point  que,  - 
même  dans  leurs  ennuyeuses  spéciiilitôs.  cllos  deviennent  in- 
compétentes. Le  célèbre  Winckelmann  aussi,  malgré  sa  finesse 
de  tact  et  ses  habitudes  de  réserve,  n  ilù  âiibir  cette  loi  cotnmâi 
tons  les  autres  critiques  de  sa  tremjn;;  il  lui  est  arrivé  maintes 
fois  de  s'exposer  à  des  plaisanteries,  cl  tuuL  le  monda  conuËtt 
la  mystification  dont  il  a  été  la  dupe  do  lu  pari  du  peintre  Casa- 
nova dont  il  avait  décrit  longuement  Ifs  imitations,  convaincu 
d'avoir  affaire  à  de  iiautes  antiquil^^. 

Dans  l'art  encore  plus  que  partout  ailloiirs.  l'un  tient  àl'aHtre, 
comme  se  tiennent  les  anneaux  d'une  otiaioL'.  On  n'arrive pasà 
pouvoir  juger  avec  autorité  une  branclio  quelcoiiiiuej  sans  avoir 
appris  à  connaître  toutes  les  autres. 

Pour  réussir  au  point  de  vue  pécuniaire,  dans  la  composilioQ  ■« 
des  collections  d'objets  d'art,  il  ne  suffit  pas  de  tenir  compte 
seulement  de  la  valeur  archéologique  et  historique,  !e  côté  vrai- 
ment artistique  est  même  le  plus  important.  Si  ce  dernier 
manque,  la  valeur  des  objets  est  assujettie  aux  tiuctuatioos  de 


.      ^  EN  GÉNÉRAL.  41 

i*eDgouement  ^k^^^  mode.  L'art  seul  peut  donner  aux 
œuvres  cette  vSeurqui  va  tcnijours  croissant  avec  le  temps, 
tandis  qt|e  les  objj^s  collectionnes  sous  l'influence  d'un  iuo- 
ment ,  et  par  dw^x^onsidërations  étrangères  à  Tarf  archéo- 
logique ,  perdent  leur  valeur  dès  que  Tengouement  n'existe 
plus. 

Réunir  des  objets  d'art,  voilà,  certes,  la  plus  noble  occupation 
par  laquelle  l'homme  instruit  puisse  charmer  ses  loisirs,  et  tous 
les  hommes  intelligents,  sans  être  collectionneurs  eux-mêmes, 
apprécieront  trop  bien  l'importance  des  recherches  archéologi- 
ques pour  ne  pas  sentir  tout  l'intérêt  que  ces  questions  inspirent. 
Il  faut  n'être  doué  que  de  sentiments  vulgaires,  quelque  instruc- 
tion qu'on  ait  reçue,  pour  ne  pas  comprendre  le  prix  que  l'a- 
mateur attache  aux  objets  d'art  et  de  curiosité  anciens,  et  par- 
ticulièrement à  ceux  provenant  des  époques  gothique  et  de  la 
Renaissance.  S'imaginant  que  l'objet  n'est  recherché  qu'à  cause 
de  son  ancienneté,  certaines  personnes  ignorent  complètement 
que  le  style  d'une  époque,  toujours  indiqué  par  la  forme  ou  par 
le  dessin,  ftiit  le  principal  mérite  de  l'œuvre,  et  qu'il  faut,  en 
outre,  que  le  mérite  artistique  en  soit  incontestable  sous  un 
rapport  quelconque.  Les  ressources  qu'une  collection  bien  en- 
tendue offre  pour  les  recherches  historiques  passent  encore  plus 
inaperçues  devant  le  visiteur  désœuvré. 

Quelques  amateurs  paraissent  croire  que  l'objet  de  curio- 
sité artistique  doit  être  conservé  dans  toute  sa  malpropreté  ; 
ils  craignent  qu'un  écurage,  presque  toujours  indispensable,  ne 
lui  ôte  son  cachet.  J'ai  vu  de  soi-disant  connaisseurs  douter  de^ 
Tauthenticité  de  pièces  remarquables,  seulement  à  cause  de 
leui^arfaite  conservation  et  de  leur  propreté.  C'est  faire  preuve 
d'une  grande  ignorance.  Une  collection  d'objets  d'art  doit  être 
entretenue  dans  un  parfait  état  de  conservation;  une  œuvre  ar- 
tistique n'a  rien  à  craindre  d'une  bonne  et  intelligente  mise  en 
état.  Il  faut  laisser  aux  maniaques  l'amour  de  la  poussière  et 
des  chiffons;  ceux-là  montreront  aux  badauds  â^ahis  le  bonnet 
de  coton  du  roi  d' Yvetot ,  comme  le  musée  de  Cluny  expose  la 
mâchoire  de  Molière;  la^lbns  les  grands  enfants  s'amuser  de 


^b* 


42  DE  l'art  CÉHA|[1QUE  _^ 

la  fameuse  plume  du  pigeon  céleste  (Saint-Esprit),  qui  se  trou- 
vait exposée  à  Vadmiration  des  fidèles  dans  un';j^oùvent  du  nord 
de  r  Allemagne,  à  la  fin  du  quatorzième  siècle. 

Les  petites  œuvres  de  l'art  gothiqu©  4t  i^  la  Renaissance  sont 
les  plus  précieuses,  non  pas  seulement  à  cause  delà  supériorité 
du  style,  mais  aussi  à  cause  de  leur  cachet  individueh  Les  fa- 
briques étaient  rares  à  ces  époques  où  l'artiste  et  même  l'artisan 
s'évertuaient  à  tout  tirer  de  leurs  mains  et  âff  leurs  cerveaux, 
sans  pouvoir  et  sans  vouloir  s'adjoindra  un  aîde  mécanique. 
C'est  pourquoi  le  nombre  d'objets  d'art  et  de  curiosité  de  cha- 
que espèce  est  si  restreint,  et  que  l'on  troute  rarement  deux 
objets  tout  pareils,  si  ce  n'est  là  où  Ton  utilisait  le  moule. 
On' comprend  donc  que  la  valeur  pécuniaire  doive  être  aussi 
plus  grande  pour  les  objets  de  curiosité  de  ces  deux  époques. 
iJ'art  gothique  porte  plus  que  tout  autre  son  cachet  original  et 
individuel,  et  je  crains  bien  que  notre  époque  ne  voie  plus  se 
produire  aucune  de  ces  œuvres  que  nos  descendants  aient  lieu  de 
rechercher  auts^nt  que  nous  recherchons  celles  de  nos  ancêtres. 

Si  l'amateur  ou  l'homme  d'étude  se  montre  quelquefois  indif- 
férent et  froid  envers  les  productions  d'art  contemporaines,  ce 
n'est  nullement  de  parti  pris  S  ni  par  un  attachement  puéril  aux 

1.  L'Introduction  du  Cabinet  de  V Amateur ^  ouvrage  publié  à  Paris  en  1842, 
contient  à  ce  sujet  les  réflexions  suivantes  : 

■  Un  préjugé  assez  répandu  fait  généralement  regarder  les  antiquaires,  les 
bibliophiles,  les  collectionneurs  et  les  amateurs  de  curiosités  comme  des  mania- 
ques ridicules,  des  fous  bizarres,  aveuglément  passionnés  de  futilités  douteuses, 
à  la  merci  des  brocanteurs  et  des  faussaires.  L'amateur  est  cependant  rarement, 
comme  on  le  représente  dans  les  caricatures,  un  vieillard  à  visière  verte,  cher- 
chant à  lire,  à  l'aide  d'une  forte  loupe,  la  signature  ou  le  monogramme  de 
quelque  maître  sous  une  triple  couche  de  crasse  et  de  vernis.  Le  véritable  ama- 
teur a  rendu  les  plus  grands  services  à  l'art  ;  grâce  à  lui  rien  ne  s'est  perdà  dans 
la  défroque  que  les  siècles  laissent  après  eux  en  tombant  sans  retour  dans  le 
gouffre  de  l'éternité.  L'historien  préoccupé  des  batailles,  des  traités  et  des  trois 
ou  quatre  personnages  qui  remplissent  nne  époque  de  leurs  évolutions,  a  laissé  de 
côté  les  mœurs  domestiques,  les  usages,  la  vie  intime  des  générations  disparues. 
Vous  liriez  tous  les  in-folio  des  Bénédictins  que  vous  ne  pourriez  y  apprendre 
comment  étaient  habillés  les  personnages  dont  ils  parlent,  de  quelle  forme  était 
le  casque  qui  couvrait  leur  noble  tête,  quelle  trempe  avait  l'épée  dont  ils  frap- 
paient ces  grands  coups  qui  fiusaient  l'admiration  de  madame  de  Sévigné  ;  dans 
quels  lits  ils  se  couchaient,  dans  quels  verres  ils  buvaient,  dans  quels  coffrets  ik 
serraient  leurs  lettres  d'amour,  etc.  C'est  à  ran;fi]çur  que  nous  devons  de  savoir 
tout  cela.  Avec  sa  patience  inépuisable,  ses  effott's  |)itrsévérants,  sa  minutie  soi- 


EN  GÉNÉRAL.  43 

choses  du  passe.  C'est  uniquement  parce  que  notre  époque  n'a 
pu  encore  trouver  son  style,  parce  qu'elle  fabriq'ae  trop  et 
parce  qu'elle  confond  et  mélange  tout.  La  raison  de  cela  est 
que  le  pUiS-grand  nombre  des  artistes  n*a  plus  de  foi,  ne  trouve 
plus  sa  joie  et  ses  plaisirs  dans  le  travail  même  et  dans  sa  mai- 
son, et  se  soucie  n),édiocrement  de  la  gloire  postérieure.  Les 
jouissances  de  la  vie,  en  dehors  du  travail,  voilà  ce  qu'ils  am- 
bitionnent trop  souvent. 

Autrefois,  Tartiste  n'était  pas  séparé  de  l'ouvrier  autant 
qu'il  l'est  aujourd'hui.  Le  grand  peintre  peignait  des  enseignes 
d'hôtelleries  et  de  brasseries  aussi  bien  que  des  triptyques  d'au- 
tel pour  les  églises  ;  et  le  sculpteur  en  renom  ne  trouvait  pas 
indigne  de  lui  d'employer  son  ciseau  magistral  à  l'exécution 
d'un  beau  meuble  ou  d'une  stalle  de  buveurs.  Voilà  ce  qui  donne 
souvent  un  grand  prix  aux  restes  gothiques  et  aux  6nc-d-6rac 
de  la  Renaissance.  Le  plus  simple  ustensile  de  ménage  de  ces 
époques  est  parfois  marqué  au  coin  de  l'art,  quand  l'objet  d'art 
industriel  d'aujourd'hui  ne  porte  que  le  cachet  du  clinquant  et 
de  la  fabrique. 

Ce  qui  n'est  pas  gothique,  ou  du  temps  de  la  Renaissance, 
sans  en  excepter  les  productions  bizarres  de  la  fin  du  dix- 

• 

gueuse,  il  a  conservé  tous  ces  mille  détails  dont  se  compose  la  physionomie  d'an 
siècle...  —  La  curiosité  rémonte  très-haut  :  de  tout  temps  il  y  eut  des  amateiirs. 
Qu'était-ce  que  Verres  à  qui  Cicéron  doit  ses  plus  belles  diatribes,  sinon  un  ama- 
teur forcené  qui,  pour  augmenter  sa  collection,  proscrivait  le  citoyen  possesseur 
d'un  airain  de  Lysippe,  violait  le  temple  où  se  trouvait  un  dieu  trop  bien  sculpté  ? 
Ne  yaut-il  pas  mieux  que  ce  stupide  Memmias  qui  fit  brûler  Corintbe?  Pétrarque 
n'a  pas  tellement  été  occupé  des  yeux  bleus  et  des  cheveux  blonds  de  Laure  qu'il 
n'ait  en  le  temps  et  le  loisir  de  se  former  une  fort  belle  collection.  Niccolo  Niccoli, 
Bembo,  Francesco  Fusconi,  Leone  Leoni,  dont  la  galerie  fut  si  utile  aux  sculp- 
teurs du  dôme  de  Milan,  sont  célèbres  pour  avoir,  du  temps  de  Léon  X  et  avant, 
réuni  des  statues,  des  vases,  des  tableaux  et  des  médailles.  Le  dix-huitième  siècle 
a.  dignement  continué  cette  liste  :  le  prince  de  Conti,  la  comtesse  de  Verrue, 
Blondel  de  Gagny,  Hendon  de  Boisette,  de  Julienne,  etc.,  etc. 

«  Pour  être  un  véritable  amateur,  digne  de  marcher  sur  les  traces  de  ceux  que 
nous  venons  de  nommer,  il  faut  heaucowp  de  science,  de  persévérancej  de 
finesse  et  de  sang-froid  j  il  faut  connaître  le  mérite,  la  généalogie,  la  valeur 
d'une  infinité  d'objets  dont  tout  le  prix  consiste  souvent  dans  une  différence 
presque  imperceptible,  mais  réelle,  etc.  • 

Dans  un  travail  de  la  même  publication  et  du  même  volume,  signé  E.  Q., 
relatif  aux  trésors  d'art  appartenant  à  Horalio  VValpole  (né  en  1 7 1 7 ,  mort  en  1 7  9  7) , 
et  intitulé  Strawberry-Hilly  .nom  du  château  où  ces  richesses  se  trouvaient  en- 


44  DE  l'art  céramique 

septième  siècle  et  du  dix-huitième ,  manque  de  grand  carac- 
tère. L'art  des  autres  époques  est,  comme  je  Tai  déjà  dit,  un 
composé  d'imitation  et  de  mauvais  goût.  Le  grotesque  domine 
dans  les  styles  dits  de  Louis  XIV  et  Louis  XV,  que  les  artistes 
ont  appelés,  avec  beaucoup  d*à-propos,  les  styles  et  les  époques 
des  perruques.  S'il  y  a  des  exceptions  parmi  ces  œuvres,  elles 
sont  trop  rares  pour  pouvoir  modifier  cette  appréciation  géné- 
rale. 

Dans  la  critique  des  objets  d*art,  ou  plutôt  des  styles,  il  faut 
choisir.  Quand  on  prétend  aimer  tout,  on  n'aime  rien. 

Un  rédacteur  du  journal  si  connu  par  son  zèle  à  manger 
journalièrement  du  prêtre,  tout  en  se  prosternant  hypocritement 
devant  les  dogmes  et  les  formes  d*une  religion  dont  il  insulte 
les  ministres,  et  le  non  moins  bienveillant  M.  Benjamin  Fillon, 
paraissent  avoir  pris  à  tâche  de  raval&r  l'art  allemand  et  ses 


tassées,  l'auteur  donne  un  admirable  aperçu  des  jouissances  et  de  l'instruction 
historique  que  le  goût  de  la  collection  procure  aux  âmes  d'élite  : 

«  La  formation  de  cette  collection  dut  être  une  source  de  jouissances  bien 
grandes  pour  un  homme  aussi  instruit  et  d'une  imagination  aussi  yive  qu'Horatio 
Walpole.  Quelles  que  soient  les  connaissances  acquises,  l'étude  attentive  des 
monuments  peut  seule  donner  une  idée  vraie  de  l'histoire;  elle  est  fertile  en  con- 
ceptions nouvolles,  en  découvertes  charmantes  ;  tout  s'anime,  tout  se  colore  devant 
les  moindres  débris  du  passé  ;  une  médaille,  une  peinture,  un  bijou  aident  à 
reconstruire  un  siècle,  une  époque  que  l'on  voit  soudain  s'agiter,  barbare  ou 
corrompue,  luxueuse  ou  mesquine  et  souvent  bizarre.  Dans  les  monuments  de 
l'art  on  découvre  à  la  fois  l'esprit  et  la  configuration  d'un  peuple  ;  c'est  une  espèce 
d'alphabet  épars  avec  lequel  il  est  intéressant  de  reconstruire  la  langue,  le  génie 
d'une  nation.  Avec  les  monuments,  l'histoire  n'est  plus  une  abstraction,  elle 
devient  palpable,  nous  la  touchons,  elle  nous  entoure.  Les  récits  écrits  nous  ont 
conservé  le  souvenir  des  passions  de  nos  pères  ;  les  monuments  nous  donnent 
l'habit,  la  couleur  locale  y  pour  nous  servir  d'une  expression  consacrée,  du  temps 
où  ils  ont  vécu.  » 

Lessing  répond  à  ces  niaises  attaques  avec  beaucoup  d'esprit  dans  son  ouvrage  : 
Zur  Geschichte  und  Littérature  v.  I,  p.  319  : 

«  Avec  permission  I  il  faut  aussi  vivre  et  laisser  vivre  dans  le  monde  savant. 
Ce  qui  ne  peut  nous  servir  peut  servir  à  un  autre.  Ce  que  nous  n'estimons  souvent 
si  important  ni  agréable  est  apprécié  tout  différemment  par  d'autres. 
•  (1  Déclarer  à  tout  propos  que  telle  ou  telle  chose  soit  trop  mesquine  et  trop 
peu  importante,  s'appelle  souvent  reconnaître  la  faiblesse  de  sa  propre  concep- 
tion. U  arrive  souvent  que  le  savant  mal  appris  qui  se  permet  d'appeler  un  con- 
frère micrologue,  est  lui-même  te  plus  misérable  micrologue  — ^et  encore  seu- 
lement dans  sa  propre  spécialité.  —  En  dehors  de  cette  spécialité  tout  lui- 
paraît  petit,  non  pas  parce  qu'il  le  voit  petit,  mais  parce  qu'il  ne  le  voit  pas 
du  tout!  D 


.    r  # 

EN  eilTÉRAU^  45 

» 

amateurs,  depuis  que  j'en  ai  fait  eonnaitce  davantage  les  chefs- 
d'œuvre.  Si  leur  cri  de  guerre  chauifinisté,  ho^s  hostis,  leur 
attire  les  epitbètes  de  faux  démocrates,  de  hâbleurs  littéraires 
et  de  critiques  ignorants^'  de  la  part  de  gens  assez  faibles  pour 
croire  que  l'art  n'a  gas  de  patrie,  cela  ne  peut  être  qu'un  effet  de 
l'ingratitude  d'uir  public  qui  ouÉQe  que  ces  deux  merveilleux 
critiques  lui  ont  fëvëlé  que  i^  savoir  d'un  professeur  allemand 
n'est  que  purs  propos  ramassés  à  la  brasserie,  et  qu'en  général 
la  pipe  et  la  bière  résument  chez  ces^euskes  (sic)  le  stimulant 
.et  l'enthousiasme.  Ne  faut-il  pas  reconnaître  cependant  que  le 
feuilletoniste  de  Paris  et  Vhwno  umm  libri  de  la  province  ont 
parfaitement  compris  que  la  pipe  et  la  bière  ont  achevé  d'obs- 
curcir ces  lourdes  intelligences  gothiques?En  effet,  la  tête  carrée 
ne  sait  pas  cpmprQndre  le  beau  qui  réside  dans  le  style  de  la 
perruque  et  <]^  la  queue  de  ces  produits  d'art  des  règnes  de 
Louis  XIV  et  de  Loui^  XV^,  dont  les  défroques  fent  et  refont  la 
fortune-des  tapissiers  ^n  vieux  et  en  netif,-çt  procurent  des  dé- 
lices aux  faWLdsmts  d^  ce%-  authentiques  meubles  anciens  ptu»* 
ou  moins  marquetés,  et  aux  msunçiiands  hollandais  qi«r  ep^^nn 
masseût  le  plus  ignoble  genre  dans  les  villages  de  la  Nord- 
Hollande.    ,  - 

Parmi  les  amateurs  de  faïences,  il  y  en  a  grand  nombre, 
comme  je  l'ai  déjà  fait  observer,  qui  montrent  plus  d'engoue- 
ment que  de  connaissances. 

En  dehoratiif  groupe  de  ces  autres  singuliers  collectionneurs 
qui,  par  pure  vanité ,  encombrent  leurs  appartements  d'objets 
spéciaux,  devenus  rares  et  chers,  qui  lés  recueillent  sans  discer^ 
nement  et  sai)S  amour  pour  l'art,  pourvu  que  ces  pièces  portent 
des  marques  indiquëfnt  au  premier  venu  la  provenance  de  la  fa- 
brique favorite^,  jl  y  a  aussi  des  amateurs  illettrés  et  môme 
quelques  au teucs  peu  instruits  qui  croient  à  l'absolue  nécessité 
d'une  marque,  d^un  monogramme  ou  d'un  chronogramme  quel- 
conque pour  la  clàssificatiofi  de  l'exemplaire  :  l'histoire  d'une 
branche  de  l'art,  et  particulièrement  l'histoire  de  la  faïence, 
leur  paraît  autrement  impossible  à  faire.  Si  l'on  voulait  ad- 
mettre un  pareil  raisonnement,  l'archéologie  ne  serait  plus  une 


I 


-f? 


f    ■ 

46  DE  l'art  céramique 

science/ mais  tout  simplement  un  mëtier  de  classification  méca- 
nique, qui  ne  (Jemanderàît  qu'un  peu  de  mémoire  sans  aucune 
étude.  C'est  quand  ces  sigiïës  matériels  manquent  sur  l'œuvre, 
que  la  science  aîme  surtout  à  s'en  occuper  pour  y  répandre  sa 
lumière.  C'est  à  la  manière  dont  l'objet  céramique  est  fabriqué, 
à  la  lourdeur  ou  à  la  légèreté  de  sa  pâte,  à  la  qualité  et  à  la 
nuance  de  son  émail,  à  la  dureté  et  à  la  blancheur  de  la  terre 
cuite,  aux  nuances  particulières  de  certaines  couleurs,  et  avant 
tout  à  la  forme  et  au  dessin  du  décor,  qu'un  >  savant  amateur 
doit  reconnaître  l'origine  et  l'^poqu^.  de  sa  création.  Ce  soiit' 
principalement  les  dessins  qui  indiquent  là  main  de  l'artiste  et 
le  siècle  :  l'homme  rompu  à  ces  sortes  d'étwfifts  se  trompe  rare- 
ment, en  effet,  sur  î'épd^  de  la  fabrication  d'une  faïence  pos- 
'térieure  au  treizième  siècle,  quand  la  formd«et  le  style  des  orne-' 
ments,  les  costumes  des  piârsonMiges  ou  la  peinte  du  modèle 
peuvent  le  guider.  Le  prin^çî|Jëî  but  de  la  publication  de  mes 
Souvenirs  de  voyage  et  causeries  d'un  collectionneur,  ott  Guide 
artistique  jpour  l'Allemagne,  a  été  de  contribuer  à  vulgariser 
ces  connaissances,  si  nécessaires  pour  la  classification. 

J'ai  signalé,  dans  les  Recherches  sur  la  priorité  de  la  renais- 
sance de  l'art  allemand,  l'idée  si  répandue  qui  consiste  à  établir 
que  presque  tout  ce  qui  se  rapporte  à  la  renaissance  de  Tart 
chrétien,  aux  inventions  et  aux  créations  artistiques,  doit  né- 
cessairement dériver  de  source  italienne  ou  antique  ;  cette  i<i^  - 
a  toujours  faussé,  et  fausse  encore  aujourd'hui  la  critique  et  %  ^ 
jugement  des  amateurs,  et  bien  des  professeurs  en  «s,  ai-je;  :-:, 
'jlîoûté,  donneraient  tous  les  chefs-d'œuvre  des  Jean  Goujon, 
des  Jean  Cousin,  des  Peter  Vischer,  des  Adam  Kraft,  des  Veith 
Stoss,  des  Schluter,  etc.,  pour  quelque  ouvrage  italien,  copié 
maladroitement  d'après  l'antique,  ou  pour  quelques  vieilles  terres 
ou  pierres  méconnaissables,  ressemblant  {^utôt  à  un  bloc  de  ro- 
cher façonné  par  les  pluies  et  le  temps  que  par  les  mains  d'un 
artiste.  Que  l'on  admire  les  belles  sculptures  antiques  où  une 
bonne  conservation  permet  d'étudier  l'art,  mais  qu'on  laisse 
donc  enfin  reposer  tranquillement  les  morceaux  diflbrmes  de 
fer  rouillé  que  l'on  décore  du  nom  de  glaive,  etc.  —  Tous  les 


EX  gHHral.  47 

musées  de  l'Europe  sont  reayi^  de  groa^es  pierres  où  l'on  a 
souvent  de  la  peine  à  reconnaître  qitels  dj)jet3  ce^  4ébris  in- 
formes ont  dû  représenter,  —La  critique  a  épuisé  le  sujet,  Tart 
et  le  beau  n'ont  plus  rien  à  y  voir^' 

Le  fpspect  porar  le  grec  et  le  romain,  l'habitude  contractée 
d'exagérer  l'art  primitif  classique  soiàt  Revenus  une  maltjlie  qui 
aveugle  jusqu'aux  meilleurs  esprits.  Si  le.^otbique  n'est  pas  en- 
core apprécié  en  France  autant  que  dans  «les  pays  du  Nord, 
c'est  qu'il  est  très-^peu  connu  et  très-rare.  Les  amateurs  de 
i'artdes  époques  du  moyen  âge  sont  encore  plus  rares  en  France 
(f^e  les  gl^jets  mêmes,  puisque  un  grand  nombre  aime  le 
ÛY  et  ramasse  souvent  les  plus  ignobles  loques  de  cette 
grotesque.  11  faut  chercher  la  raison  de  cçtte  malheu- 
lëùS^endance  dans  un  manque  d'études  artistiques. 

Pour  être  cpnnaissôuri  il  faut  avoir  vu  beaucoup  et  il  faut 
voir  continuellen^nti  II  est  impossible  d'acquérir  un  ju^^ment 
solide  dans  n'imp(^te  quelle  branche  de  l'art,  sans  études  pré- 
paratoires et  sans'^lg^vpii;  vu  énormém^^t.  L'infériorité  d'un 
grand  nombre  de  collectipnneufs  et  même  de  conservateurs  de 
musées  provient  particulièrement  de  ce  qu'ils  n'ont  presque 
rien  étudié  en  dehors  de  leurs  propres  collections  et  des  mu- 
sées de  leur  ^résidence.  Forcément  sédentaires,  ils  manquent 
même  les  occasions  de  visiter  ce^L^^i^^^  dans  les  localités  qui 
les  avoisinent. 

L'hôtel  des  commissaires-priseurs ,  à  Paris  même,  est  une 
école  peuples  amateurs  déjà  connaisseurs;  non  pas  que  MM.  les 
experts  ouiMM.  les  membres  de  la  compagnie  officielle  puissent 
passer  le  moins  du  monde  pour  des  professeurs,  —  Dieu  me 
garde  d'avancer  une  pareille  hérésie,  —  mais  c'est  parce  qu'il 
y  a  là  beaucoup  à  vmr  et  à  comparer. 

C'est  un  continuel  mouvement  d'objets  d'art  anciens  et  mo- 
dernes qui,  sans  interruption,  commence  au  l®»*  janvier  pour  ne 
finir  qu'au  31  décembre.  Tantôt  c'est  une  vente  faite  par  un 
marchand  allemand  ou  hollandais,  tantôt  par  un  Suisse  ou  un 
Italien,  qui,  après  avoir  ravagé,  extorqué  et  souvent  même 
avoir  aidé  à  démolir  dans  les  quatre  parties  du  monde,  vien- 


48  HE  l'art  iCÉRAÎIlQUE  ^ 

nentà  la  file  éeauler  leur  butin  rue  Drouot.  Chacune  de  ces 
ventes  a  son  caractère  à  j^ft,  et  dans  chacune  il  y  a  à  étudier. 
Quant  aux  ventes  des  collections  d'amateurs,  soit  pendant  leur 
"^  vie,  soit  après  décès,  et  dont  les  catalogues  dépassent  trop  sou- 
vent les  Uinites  peroiises  de  ri|;norance  en  fait  d'art  eUd' his- 
toire, el]^9»^irit  xlangf  reuses  pour  les  amateurs  qui  ne  sont  pas 
encore  bien  ^uniliçtrisés  avec  les  co^aissances  archéologiques  : 
ils  n'y  peuvç>|it  prendre  que  de  fausses  notions,  et  seront  conti- 
nuellement Induits  en  erreur  par  le  prétendu  savoir  de  la  plu- 
part des  experts,  ou  par  V exagération  de  la  rédaction  du  cata- 
logue. ""  y-^'  .^  * 

Ces  considérations,  qui  s'appliquent  à  l'art  en-^^éral,  ont 
encore  bien  plus  d'importance,  dès  |^'il  s'agit  dû  gothique  où 
chaque  monument  a  du  caractère  et  son  carabtère  propre. 

Ce^ui  rend  l'objet  de  curiosité  précieux,  c'est  jp^çticulière- 
naentîe  cactot  de  l'individualité  d'artiste;  ce  cachet,  on  ne  le 
rencontre  nuflte  part  plus  prononcé  que  dans  les  productions  de 
l'art  gothique.  ^ 

Si  nous  cherchons  Tindépendanc^  et  l'originalité  de  l'ar- 
tiste ,  et  surtout  de  ceux  qui  ont  illustré  le  moyen  âge  et  la 
Renaissance,  c'est  toujours  vers  le  Nord,  vers  le  pays  des  fortes 
études,  et  non  pas  du  côté  de  l'Italie,  que  nous  dirons  tourner 
les  yeux.  L'Allemand  et  le  Hollandais  sont  des  artistes  qui 
lisent.  La  renaissance*  italienne^  en  peinture  aussi  bien  qu'en 
architecture,  en  sculpture,  en  orfèvrerie,  en  fontes  et  particu- 
lièrement en  poterie,  a  suivi  et  non  pas  précédé  les  cpéations  de 
l'art  allemand  chrétien.  Les  grands  peintres  de  l'ItaKe,  comme 

1.  M.  Ed.  Scherer  a  dit,  dans  un  article  à  propos  de  mes  Recherches  sur  la 
priorité  de  la  renaissance  de  l'art  allemand,  publié  par  le  journal  le  Temps 
du  11  août  1862  (article  fort  bienTeillant  du  reste),  qu'il  croyait  que  l'auteur 
avait  0  un  peu  confondu  les  deux  acceptions  du  mot  Renaissance,  celle  qui 
signifie  tout  simplement  le  retour  à  là  vie  des  arts  que  la  barbarie  avait  étouffés, 
et  celle  qui  indique  un  caractère  spécial,  un  développement,  une  époque  histo- 
rique des  arts,  un  style  particulier  produit  par  le  mélange  du  gothique  et  du 
classique,  de  l'inspiration  chrétienne  et  de  l'inspiration  païenne,  etc.  n  Comment 
M.  Scherer  entend-il  séparer  la  Renaissance-cause  (ou  la  résurrection  de  l'art 
après  les  premières  époques  du  moyen  âge,  chez  les  Allemands  dès  le  onzième 
siècle,  chez  les  Italiens  dès  le  quinzième  seulement)  de  la  Renaissance-effet  y  qui 
a  produit  le  style  sous  lequel  elle  s'est  manifestée  ?  Veut-il  compter  les  grossières 


EN   GÉNÉRAL.  49 

ceux  de  la  France^  trouvaient  la  route  frayée.  Les  maîtres  de 
la  branche  flamande,  attachés  à  la  cour  de  Bourgogne,  comme 
Van  Ëyck,  en  i380,  avaient  fait  école  en  France;  Clouet,  que 
les  ignorants  ont  voulu  faire  passer  pour  le  créateur  d'une  re- 
naissance française,  ne  naquit  qu*en  1500;  il  était  môme  Fla- 
mand et  de  récole  flamande. 

L'Allemagne,  en  dehors  des  célèbres  peintures  à  la  détrempe  S 
dont  V Adoration  des  Mages  de  Meister  Stephan  von  Herle,  au 
dôme  de  Kôln,  et,  au  musée  de  la  môme  ville,  les  chefs-d'œuvre 
de  Meister  Wilhelm  Lothener  de  Gonstanz  sont  de  magni- 
fiques spécimens,  connaissait  également  déjà  la  peinture  à 
Thuile,  comme  paraît  le  prouver  l'ouvrage  du  moine  allemand 
de  Saint-Gall  qui  écrivait  au  dixième  siècle  son  Biversarum 
artium  schedula. 

On  sait  qu'il  existait  déjà  des  peintres  allemands  au  cinquième 
siècle:  c'est  de  leur  appellation  que  sont  dérivés  môme,  en  vieux 
langage  allemand,  schilder*^  aujourd'hui  ma/er (peintre),  et  schil- 
dem,  aujourd'hui  malen  (peindre).  Ces  artistes  primitifs  avaient 
commencé  par  peindre  les  boucliers  {schilder),  et,  de  perfection- 
nement en  perfectionnement,  ils  étaient  arrivés,  vers  le  sep- 
tième siècle,  à  produire  les  tableaux  chrétiens  de  la  première 
époque,  et  cela  sans  influence  bysantine. 

Mais  l'Allemagne  n'a  pas  la  prétention  d'établir  sa  priorité 
sur  l'école  italienne  par  des  œuvres  isolées,  sortes  d'ébauches, 
d'essais  dus  à  quelques  moines  ;  elle  a  des  écoles  régulièrement 
constituées  et  historiquement  établies,  qui  prouvent  à  quelle 

productions  de  la  décadence  du  style  roman,  ce  style  de  plein  cintre  antique, 
parmi  les  productions  de  la  Renaissance?  Je  ne  le  pense  pas.  —  Il  serait  .très- 
difficile  de  séparer,  dans  cette  manifestation  de  la  résurrection  artistique,  la 
cause  de  l'effet  :  l'histoire  de  l'art  doit  les  confondre.  L'art  byzantin  était  bien 
seulement,  en  quelque  sorte,  une  résurrection  artistique  locale  et  partielle;  mais 
l'époque  et  le  style,  que  l'on  désigne  tous  les  deux  sons  le  nom  de  Renaissance, 
ont  été  créés  par  le  gothique,  qui  a  servi  à  modifier  les  styles  classiques  pour 
arrÎTer  à  un  mélange  heureux  des  styles  chrétien  et  païen. 

1 .  Détrempe  {tempère) ,  nom  donné  en  peinture  aux  couleurs  délayées  avec 
de  l'eau  et  de  la  gomme,  de  la  colle  ou  du  blanc  d'œuf,  sans  graisse,  ni  huile, 
ni  résine. 

2.  Schilder  est  encore  aujourd'hui  le  mot  hollandais  signifiant  peintre,  et 
schildereri  se  dit  du  verbe  peindre. 

5 


50  DE  l'art  CÉRAAIIQUE 

hauteur  sa  peinture  s'était  élevée  déjà  au  quinzième  siècle^ 
quand  la  renaissance  de  Tltalie  ne  date  que  du  .seizième  siè- 
cle, puisque  ses  peintres  carolingiens  du  neuvième  siècle 
étaient  tous  byzantins  dans  leurs  tendances.  Les  écoles  de 
Prag,  de  Koln  (Cologne),  de  Niimberg,  d'Augsburg,  dTlm, 
de  Saxe,  de  Landshut,  de  Colmar  (qui  sont  aussi  connues 
sous  le  nom  d*Oberrhein,  d'Unterrhein ,  de  Franconie,  etc.), 
et  dont  Thomas  von  Matina,  né  vers  1230,  Wilhelm  *,  né  vers 
1320,  Stephan,  né  en  1340,  Just  en  1410,  Martin  Schongauer 
en  1420,  Bartholomâus  Zeitblom  en  1435,  Wohlgemuth,  le 
maître  de  Durer,  en  1438,  Albert  Durer  en  1470,  Hans  Wolf- 
gang-Katzheimer,  à  Bamberg,  en  1442,  Schaeufîelen  et  Altdorf- 
fer,  élèves  de  Diirer,  Kranach,  le  grand  coloriste,  en  1472, 
Hans  Schwartzen  d'Augsburg,  Hans  Bergkmaier  en  1473,  Ja- 
cob Walsch,  maître  de  Hans  von  Kulmbach  mort  en  1500, 
Hans  Beurlein  mort  également  en  1500,  Holbein,  l'ami  de  Lu- 
ther en  1498,  Wolf  Trautj  George  Pantz  mort  à  Breslau, 
maître  de  Beham,  son  célèbre  élève,  né  en  1500,  Johann 
van  Achen  (Aix-la-Gliapelle),  né  en  1552,  Ostendorfer,  Hans 
von  Kulmbach,  élèves  de  Jacob  Walsch,  né  en  1545,  Kreutz- 
felder,  peintre  de  la  Création  du  monde,  à  Niirnberg,  et 
tant  d'autres ,  ont  été  les  chefs ,  avaient  depuis  longtemps 
frayé  le  chemin  aux  Italiens  qui,  jusqu'à  Leonardo  di  Vinci, 
n'avaient  pu  rien  produire  qui  s'écartât  entièrement  de  l'école 
bysantine,  quoique  les  peintres  de  l'époque  carolingienne, 
justement  à  cause  de  leur  tendance  bysantine,  fussent  bien 


.  1 .  M.  Merlo  dit  que  les  Fasti  Limpurgenses  parlent  avec  grande  considération 
du  peintre  Wilhelm,  qu'ils  appellent  a  le  plus  grand  peintre  allemand  qui  vivait 
en  1380  ;  estimé  par  tous  les  maîtres,  peignant  chaque  homme  dans  sa  figure, 
comme  s'il  était  vivant.  »  Ce  même  passage  se  retrouve  dans  Prodromus  historiaB 
trevirensiSf  par  Hontheim,  et  dans  la  Chronique  dominicaine  de  Frankfurt-sur- 
Mein,  par  Peter  Herp.  Onze  tableaux  attribués  à  cet  artiste  se  trouvent:  à  l'église 
de  Saint-Castor,  à  Coblenz;  dans  le  cabinet  du  roi  de  Bavière;  à  l'église  de 
Sainte-Claire  et  au  musée  de  Kôln;  dans  la  collection  de  M.  de  Lassaix,  à 
Coblenz,  et  dans  celle  du  docteur  Dormagen,  à  Kôln;  au  musée  de  Berlin; 
dans  la  collection  de  M.  van  Ertbom,  à  Utrecht  (signé  1363);  au  musée  de 
la  chapelle  Saint-Moritz,  à  Nurnberg,  et  dans  la  sacristie  de  Sain t-Sé vérin, 
à  Kôln.  On  connaît  aussi  le  peintre  Pol  ou  Paul^  d'Allemagne,  mort  à  Paris 
en  143*4,  qui  était  au  service  du  duc  de  Berry,  gouverneur  de  Charles  VII. 


EN  GÉNÉRAL»  51 

plus  chrétiens  que  eeux  de  la  renaissance  italienne  propre- 
ment dite  *. 

Giovanni  Gualtiere,  dit  Gimabue,  ne  à  Firenze  en  1240,  n'a 
laisse  que  des  tableaux  byzantins  ;  le  fond  est  doré,  les  chairs 
sont  grisâtres  et  les  mains  et  les  figures  affreuses,  tandis  que 
TAllemand  Thomas  van  Matina  avait  déjà,  vers  î  230,  produit  une 
peinture  bien  plus  artistique  ;  Angiolatto,  dit  Giotto  di  Bandone, 
né  à  Colle,  près  de  Firenze,  en  1276, élève  de  Cimabue,  a  encore 
peint  une  grande  partie  de  ses  tableadi^x'sœ'  fond  doré,  et  les  nudi- 
tés sont  toujours  maigres  et  les  ch^rs  grises.  On  pevitiUl»  que  ses 
Christ  sont  encore  plus  laids  que  ceux  de  l'école  byzantine  ;  Tad- 
deo  Taddi  dit  Gaddo  Gaddi,  né  à  Firenze  en  \  300,  élève  deGiotto, 
a  souvent  peint  sur  fond  doré  ;  ses  Christ  restent  décharnés,  et  les 
chevaux  de  ses  tableaux  sont  du  dernier  ridicule  et  d'un  aspect 
tellement  naïf  qu'ils  ne  peuvent  soutenir  aucune  comparaison 
avec  ceux  des  tableaux  allemands  de  la  môme  époque  ;  Lippi , 
né  à  Firenze  vers  1412,  commence  seulement  à  faire  des  fonds 
de  paysages,  mai^v|es  têtes  de  ses  figures  n'ont  rien  de  la  beauté 
idéale  des  peintres  allemands,  Wilhelm  (1320)  et  Stephan 
(1340);  enfin,  31asaccio,  dit  Thomas  Guidi  di  San  Giovanni,  né 
en  1401,  mort  en  1443;  Gasimo  Roselli,  né  à  Firenze  en  1430, 
avaient  tous  gardé  la  manière  primitive;  et  c'est  seulement 
chez  Alessandro  Philipepi,  dit  Sandio  Botticelli,  né  à  Firenze 
en  1447,  c'est^-dire  chez  un  peintre  qui  florissait  deux  cents 
ans  plus  tard  que  les  peintres  gothiques  allemands,  qu'un  chan- 
gement notable  ^  faisait  sentir  dans  l'école  italienne. 


1 .  Toutes  cefliécoles  allemandes»  qui  pendant  plusieurs  siècles  ont  produit  sans 
interruption  tant  de  chefs-d'œuvre,  sont  entièrement  inconnues  aux  autres  nations, 
aussi  bien  du  grand  public  que  de  la  plupart  des  hommes  soi-disant  spéciaux, 
parmi  lesquels  il  en  est  qui  écrivent  des  histoires  sur  la  peinture  en  compilant 
uniq'uement  ce  qui  a  été^écrit  avant  eux. 

Le  Louvre,  on  a  de  la  peine  à  le  croire,  ne  possède  pas  une  seule  toile  de 
toutes  ces  grandes  écoles  et  de  tous  ces  maîtres,  sauf  les  sept  panneaux,  en  partie 
douteux,  de  Hans.Holbein  le  Jeune.  Aussi  voit-on  tous  les  jours  les  plus  étranges 
méprises.  Beaucoup  d'experts  qui  n'ont  pas  voyagé,  et  qui  vont  puiser  unique- 
ment leurs  oracles  à  la  galerie  du  Louvre,  rendent  souvent  les  jugements  les  plus 
bouffons.  Un  tableau  de  la  première  époque  gothique,  de  l'école  de  Kôln,  a  été 
dernièrement  vendu,  à  Paris,  sous  la  garantie  morale  d'un  de  ces  experts,  pour 
un  •  Morales  le  Divin  ■  de  l'école  espagnole! 


52  DE  l'art  céramique 

Leonardo  dîTirtci,  né  en  1442,  Michele-Angelo  en  1474,  Ti- 
ziano  éii  é*77,  Rafaele  en  1483,  Correggio  en  1494,  et  Tinto- 
reto  en  1512,.  ont  alors  opéré  la  résurrection  de  l'art  italien, 
seulement  après  ejt^à  la  suite  des  maîtres  allemands,  ^  et  Tart 
chez  eux  n'avait  pas  changé  de  tendance  ;  —  il  restait  tout 
païen*. 

Albrecht  Diirer,  dans  une  de  ses  lettres,  écrite  en  1586  à  Ve- 
nise et  adressée  à  son  ami  le  patricien  Wilibald  Perkheimer  «, 
dit  ;  «  J'ai  beaucoup  d'amis  chez  les  Welches  (Italiens),  qui 
mjopt  averti,  de  ne  pas  manger  ni  boire  avec  leurs  peintres, 
parmi  ïeaquete  j'ai  de  nombreux  ennemis.  Ils  contrefont  mes 

1 .  Pesseri  même  est  forcé  de  recomiaitre  que  l'influence  de  cet  art  nouveau 

.  se  faisait  sentir  au  commencement  du  seizième  siècle,  puisque  sur  les  majoliques 

de  Pesaro  on  copiait  les  Allemands ,  innovation  qu'il  qualifie  de  dépravation  et 

d'hérétique  dans  son  curieux  langage  d'ultramontain  et  d'Italien.  Voici  comment 

il  s'exprime  : 

c  Ce  qui  fut  la  cause  de  la  dépravation  du  bon  goût  dans  le  dessin  et  surtout 
dans  l'architecture,  ce  fut  l'importation  chez  nous  des  compositions  des  Augsbur- 
geois  qui,  sans  avoir  l'inspiration  de  la  mission,  ont  réformé  ces  deux  beaux  arts 
de  la  même  manière  que  les  hérétiques  ont  réformé  l'j^jiise.  De  fait,  j'ai  beau* 
coup  de  plats  peints  d'après  les  compositions  de  Sadler,  et  j'en  ai  deux  :  un  avec 
la  njl^re  de  l'Asie,  et  l'autre  avec  celle  de  l'Afrique,  copiées  de  cet  auteur, 
eoroi|l^  on  peut  s'en  assurer  dans  la  grande  collection  d'estampes  anciennes  que 
j'ai  réunies  dans  ma  bibliothèque  ;  les  peintures  sur  majolique  s'améliorèrent  sur 
un  seul  point  après  cette  époque,  c'est-à-dire  dans  les  paysages  où,  pour  dire  la 
vérité,  il  y  a  quelque  légèreté  de  plus.  Ainsi,  on  remarque  des  dégrada- 
tions plu%étudiées  dans  les  tons  des  arbres  et  des  feuillages,  en  sorte  qu'oh 
voit  que...  d 

Dans  tous  les  arts,  même  dans  l'architecture,  l'Italie  a  été  redevable  en  tous 
temps  à  l'Allemagne.  Paul  Jovio  même  l'a  reconnu,  quand  il  dit  que  l'Italie 
tirait  de  l'Allemagne  durant  le  douzième  et  le  treizième  siècle  ses  meilleurs 
artistes  pour  Vart  plastiqw,  et  Vasari  ne  peut  faire  autrement  que  d'appeler 
le  gothique  Varchitecture  allemande, 

1.  Correspondance  publiée  en  Allemagne  par  M.  de  Murr.  Journal  zur 
Kunstgèschichte  und-*w  algemeinen  Lilteratur,  1730. 

Mélanchton  constate  encore,  dans  son  Epistolas  MelanchtoniSf  etc.,  ép.  47, 
p.  42,  E»  apud  Epist.j  D.  Erasmi  Boter.  et  Ph.  Melanch.  Londini,  1642, 
que  ce  grand  artiste  empruntait  tout  à  la  nature ,  et  que  l'influence  italienne 
n'avait  jamais  pu  l'atteindre. 

■  Memini  virum  excellentem  ingénie  et  virtute  Albertum  Durerum  pictorem 
sdicere,  se  juvenem  floridas  et  maxime  varias  picturas  amasse,  seque  admiratorem 
suorum  operum  valde  lœtatum  esse,  contemplantem  hanc  varietatem  in  sua 
aliqua  pictura;  postea  se  senem  cœpisse  intueri  naturam,  et  illius  nativam  faciem 
intueri  conatum  esse,  eamque  simplicitatem  tune  intellexisse  summum  artis  decus 
esse.  Quam  cum  non  prorsus  adsequi  posset,  dicebat  se  jam  non  esse  admiratorem 
operum  suorum  ut  olim,  sed  sœpe  gemere  intuentem  suas  tabulas,  et  cogitantem 
de  infirmitate  sua,  etc.  » 


EV  GÉNÉRAL.  53 

ouvrages  dans  les  églises  et  partout  où  ils  peuvent  les  avoir; 
mais  après  ils  les  ravalent  et  disent  :  Gela^n'es^  pas  antique  et 
ne  vaut  rien,  etc.  »  On  voit  bien  que  sa^peinture  si  originale, 
création  nouvelle  de  Fart  germanique|  n'était  ni  connue  ni 
comprise  par  les  peintres  italiens,  qui  croyaient  la  ravaler  en 
disant  qvCelle  n'était  pas  antique! 

Pour  Fart  céramique  en  général^  son  origine  se  perd  dans 
Tobscurité  des  temps.  La  première  civilisation  connue,  celle 
des  Indiens,  est  trop  éloignée  de  nous  pour  avoir  laissé  des  ves- 
tiges de  terres  cuites,  je  n'en  connais  pas  au  moins;  mais  il  est 
hors  de  doute  que  la  céramique  était  exercée  dans  l'Inde,  et  la 
poterie  américaine,  connue  sous  la  dénomination  de  poterie 
pénwienne  et  mexicaine,  d'une  antiquité  indéterminée,  pourrait 
bien  avoir  quelque  parenté  avec  l'art  indou. 
*  On  sait  qu'en  Chine,  dans  les  temps  les  plus  reculés,  et  qu'à 
Babylone  même,  il  existait  déjà  des  fabriques  de  tuiles  et  de  bri- 
ques vernissées  deux  mille  cinq  cents  ans  avant  l'ère  vulgaire  ^ 
Homère  parle  du  tour  de  potier,  de  sorte  que  les  Grecs  doi- 
vent avoir  confectionné  des  terres  cuites  assez  artistiques  au 
commencement  de  leur  histoire,  et  les  colonies  italiennes  les 
ont  suivis  de  près.  Quelques  vestiges  conservés  dans  les  mu- 
sées, et  particulièrement  au  Louvre,  prouvent  que  déjà  la 
Grèce  et  ses  colonies  connaissaient  partout  la  poterie  imper- 
méable ou  vernissée  au  feu  avec  des  couvertes  minérales  (plomba 
cuivre,  sel,  etc.);  et  V émail  stannifère  môme  se  trouve  déjà 
avec  toutes  ses  qualités  opaques  (étain)  dans  certaines  verre- 
ries antiques.  L'Egypte  même,  bien  avant,  paraît  avoir  connu 
ces  émaux  stannifères,  puisque  parmi  les  verroteries  égyp- 
tiennes, dont  le  Louvre  possède  un  certain  nombre,  quelques- 
unes  montrent  de  l'opale. 

La  plupart  des  poteries  dites  étrusipies,  fabriquées  en  Grèce 

I .  M.  Dubroc  se  trompe  grandement,  quand  il  dit  que  le  vernis  plombifère 
ne  remonte  qu'au  premier  siècle  du  christianisme,  puisque  tout  le  monde  sait  qne 
les  Grecs  ont  déjà  fabriqué  des  poteries  imperméables.  Le  musée  du  Louvre  en 
pOBède  une  -vitrine  pleine. 

On  Terra,  au  chapitre  qui  traite  des  poteries  égyptiennes,  que  le  vernis  mi- 
néral était  déjà  connu  dans  la  plus  haute  antiquité. 

5. 


Si  DE  l'art  CËRAUKtUE 

et  en  Italie  VdifKrciitcs  époques  (900-3)4)  n'ont  cependant 
pas  mémo  de  vernia'mim'ral  appliqué  au  feu,  et  ces  poteries  ne 
sont  poin):  imperméables  ;  leur  couverte  est  formée  de  silicate  » 
n^caJM^ÉUtaCalcali,  et  de  rouge  de  terre  ferrugineuse,  et  de 
noir  ^^Hnsae,  w  partie  fixes  par  l'air,  en  partie  parle  feu, 
abaolu^^HwiiiBla  r'nuerte  que  les  potiers  romains  ont  con- 
tinué H'cmployôr. 

La  Scandinavie,  la  Germanie,  la  Grande-Bretagne  et  la  Gaule 
ont  fabriqué  aux  époques  reculées  des  poteries  sans  couverte, 
que  les  fouilles  ont  mises  à  jour.  —  On  pourrait  ranger  ces 
trois  dernières  espèces  sous  une  seule  dénomination,  celle  de 
celtiques,  ou  àpeu  près. 

Les  plus  anciennes  poteries  vernissées  et  imperméables  eAr^ 
tiennes  d'Italie,  dont  l'attribution  est  incontestable,  sont,  les 
terres  cuites  vernissées  du  presbytère  de  l'église  de  San  Maria- 
a-Mare,  construite  vers  le  troisième  siècle  à  Castro-Ifuovo,  et 
celles  du  campanile  (clocher)  d'Ain,  de  1279,  deux  localités 
situées  dans  le  Napolitain. 

L'Italie  a  eu  une  renaissance  d'art  céramique  ;  mais  cett« 
renaissance  me  paraît  s'être  opérée  seulement  à  la  suite  de  l'in- 
vention allemande  de  l'émail  stannifère,  qui  y  a  été  probable- 
ment appliquée  en  premier  lieu,  puisque  aucun  autre  pays  eu- 
ropéen ne  peut  faire  remonter  sa  fatence  au  commencement 
du  moyen  âge*. 

Les  briques  en  haut-relief  à  émail  stannifère  de  1307,  qu'on 

i  '"I.  Silicale  désigne  dïs'seU  formés  de  silice  el  d'une  bise.  Tous  les  silicates 
Huil  iBsolublee  dsns  l'eau ,  à  l'eiceflïoa  de  ceui  qu'on  obtient  gjliBcielleineiit 
ï»ec  eieès  <l'!jjB*t'"WtRSsls  emplnjé  par  les  oérimisles  roniitns  appirlienl  ii 

i.  La  première  iinpuJsioa  quta  été  douaée  eu  Europe,  eu  dehors  Je  l'Ilalu, 

attribuée  à  Gœlhe,  La  coUectiou  dé  mijoliques  que  ce  graud  homme  a  laissée,  — 
et  que  l'on  peut  visiter  i  Weimar  dans  la  maison  qu'il  habitait.  coIlectioD  com- 


diJTérefiles  IraDsFormatiDas  de  la 


feN  GÉNéBAL.  55 

voit  à  Leipzig,  au  musée  de  Dresden  et  dai^sma  collection, 
la  statue  colossale  du  tombeau  du  duc  Henri  IV  à  Breslau^ 
toute  d'une  pièce  et  à  émail  stannifère,  œuvre  du  treizième 
siècle,  etc  ,  etc.,  remontent  à  deux  cents  ans  avant  les  Délia 
Robbia  S  auxquels  la  vieille  routine  attribue  l'invention  de  la 
faïence  à  émail  stannifère  européen.  Les  Hirschvogel  de  Niirn- 
berg  et  d'autres  potiers  d'Allemagne  avaient  produit  déjà,  eo 
1503,  de  si  belles  faïences  que  Bernard  Palissy,  qui  était  venu 
visiter  ce  pays  et  y  étudier  l'art  du  potier,  donna  la  préférence 
à  l'école  allemaïAde  sur  celle  de  l'Italie. 

L'Italie,  aussi  bion  que  le  reste  de  l'Europe,  a  donc  suivi, 
pour  ses  faïences  et  ses  émaux,  l'école  allemande ,  école  qui, 
plus  tard,  s'est  répandue  directement,  d'abord  dans  une  partie 
de  l'Italie;  en  Suisse,  où  elle  arrrivait,  par  la  branche  souabe, 
de  la  forêt  Noire;  en  Hollande  vers  1450,  dans  les  Flandres  *. 

1.  I^our  l'émail  stannifère,  M.  Dubroc  fait  la  même  erreur  grave  de  dates 
que  pour  le  vernis  plombifère,  quand  il  dit  textuellement  dans  son  ouvrage  :  ■  Que 
ce' n'est  que  vers  1432  que  l'on  voit  apparaîire  les  premiers  spécimens  de  Vémail 
stannifère  dans  un  bas-relief  de  Luea  Délia  Robbia.  » 

Les  faïences  musulmanes  à  reflets  métalliques  doivent  être  classées  parmi 
les  productions  d'origine  non  européenne,  et  n'ont  exercé  aucune  influence  sur 
la  fabrication  de  cette  partie  du  inonde.  Les  poteries  siculo-muiulmcmei  (fabri- 
quées par  les  Arabes  en  Sicile,  sous  les  dynasties  aglabites  et  fatimites,  depuis 
l'invasion  de  827  jusqu'à  leur  expulsion,  en  1090,  par  Roger  le  Normand,  qui 
^t  alors  le  titre  de  grand-comte  de  Sicile) ,  aussi  bien  que  les  poteries  hispano- 
musulmanes,  qui  ne  datent  que  de  peu  avant  1200  à  1609,  époque  où  les  Maures 
forent  bannis  de  l'Espagne  ,  oiit  rarement  dépassé  alors  les  circonscriptions 
locales  où  l'absence  des  relations  de  commerce  et  de  communications  leur  devait 
assigner  une  action  restreinte  j  lourdes  de  formes,  disgracieuses  et  sans  varia- 
tions, elles  n'ont  pu  servir  de  modèles,  ni  les  potiers  d'émulés  aux  céramites  de 
VEurwptR.  En  rapprochant  les  dates,  on  voit  que  les  potiers  allemands  des  mêmes 
époques  étaient  déjli  bien  plus  avancés  dans  l'art  céramique.  Le  reflet  métallique 
a  été  atteint  aussi  bien  tout  d'abord  par  les  Allemands,' <pi^aprè^  p.ar  leurs  dis- 
ciples les  Hollandais.  L'Italie  l'aura  imiié  cependant  des  Siculo- Arabes. 

2.  Il  est  vrai  que  Cyprian  Piccolpassi  parle  dans  son  traité,  que  l'on  croit 
avoir  été  écrit  vers  le  milieu  dti  seizième  siècle,  d'un  céramiste  nommé  Guido  de 
SfflHao.,  qui  se  serait  rendu  vers  cette  époque  à  Antwerpen  (Anvers)  ;  mais  les 
roSlif^hes  minutieuses  auxquelles  je  me  suis  livré  dans  les  Flandres  même  ne 
m'ont  pas  fait  découvrir  la  moindre  trace  qui  confirmât  ce  dire,  et  je  pense  qu'il 
serait  téméraire  de  donner  cette  unique  citation  d'un  auteur  comme  preuve.  Du 
reste,  ia  venue  de  cet  artiste  ne  prouverait  plus  rien  aujourd'hui,  puisque  l'on 
connaît  des  poteries  allemandes  à  émtfil  stannifère  remontant  au  treizième  siècle.  Le 
livrer  de  Piccolpassi,  fort  curieux  du  reste,  a  été  traduit  avec  beaucfoup  d'cnigi- 
otlitfB  dans  la  langue  de  Rabelais  par  M.  Popelin,  peintre  d'histoire  :  a  Les  troys 
livres  de  l'art  du  potier,  esquel  se  traite  non-seulment  de  la  pratique,  mais  brief- 


56  DE  l'art   CÉBAMlQUe 

dans  le  nord  de  la  France,  en  Angleterre,  en  Danemark,  en 
Suède  et  en  Portugal,  où  les  premiers  établissements  ont  par- 
tout été  fondés  par  des  Allemands. 

L'école  allemande  a  été  suivie  indirectement  dans  le  midi  de 
la  France  et  en  Russie.  La  France  avait  adopté  pour  ses  pro- 
ductions, dans  certaines  fabriques  du  Nord,  les  procédés  de  la 
branche  hollandaise.  Des  ouvriers  de  Delft,  établis  d'abord  en 
Flandre,  entre  autres  villes,  àLille^  ont  fondé  aussi,  sous  la  di- 
rection de  Poirel  de  Grandval,  vers  1640,  la  première  fabrique 
rouennaise  ;  et  d'autres  ouvriers  hollandais  et  nivernais  en  éta- 
blirent, en  1 673,  une  seconde  sous  la  direction  de  Poterat  de 
Saint-Sever.  Quelques  archéologues  et  des  amateurs  rouennais 
penchent  à  faire  remonter  la  première  fabrique  à  la  fin  du 
seizième  siècle  ;  mais  ils  n'ont  pu  trouver  aucune  preuve  à  l'ap- 
pui de  leur  opinion.  Ils  croient  aussi  que  Poirel  de  Grandval 
avait  plutôt  adopté  les  procédés  de  la  branche  italienne.  Le  dé- 
cor genre  italien  du  plat  appartenant  à  M.  Baudry,  à  Rouen,  et 
signé  Claude  Bome^,  1734,  ne  prouve  rien,  la  date  est  beaucoup 

veinent  des  auxtres  secrets  de  este  chouse  qui  iouxte  mes  buy  a  esté  tousiours 
tenue  celée.  Du  cayalier  Cyprian  Piccolpassi,  durant  oys  translatés  de  l'italien  en 
langue  française  par  maistre  Claudius  Popelyn,  Parisien.  » 

Voici  comment  M.  Popelin  a  rendu  en  vieux  français  le  passage  qui  est  relatif 
à  ce  Savino  :  a  Dans  la  marche  d'Ancône,  la  terre  de  cave  se  travaille  en  maiat 
e»^  endroit,  en  maint  es  autre  la  terre  fluviane;  à  Gênes  j'ay  ouy  dire  que  se  trtf- 
viiîlle  la  terre  de  cave;  à  Lyon  celle  du  Rhône,  es  Flandres  celle  de  cave.  J'en- 
tends à  AnverSy  où  porta  cest  art  un  certain  Guido  de  Savino  de  ce  pay&-cy,  et 
le  maintiennent  mes  huy  ses  fils,  etc.  » 

Comme  il  n'y  a  pas  trace  de  ce  Savino  à  Antwerpen,  ce  passage  de  l'ouvrage 
de  Piccolpassi  ne^peut  pas  faire  autorité.  Pour  la  France,  la  priorité  italienne 
est  tout  aussi  contestable.  En  1556  seulement,  deux  ouvriers  italiens,  Julien 
Gambyn  et  Domenge  ^rdessir,  natifs  tous  les  deux  de  Faenza,  adressèrent  une 
requête  au  roi  Henri  il  pour  demander  la  permission  de  faire  la  vaisselU  de 
terre  façon  Yeniie  (la  requête  ne  parle  ni  de  faïenoe  fine  ni  de  majoUque), 
et  l'un  d'eux,  Julien  Gambyn,  dit  avoir  déjà  pratiqué  son  art  à  Lyon,  sous  Jehan 
Francisque  de  Pesaro,  tenant  boutique  dans  Lyon.  Ces  trois  potiers,  tous  Italiens, 
se  seront  bien- gardés  de  communiquer  leurs  secrets  (si  secrets  il  y  avait) -Itix 
ouvriers  français,  et  la  vaisselle  de  terre  façon  Venise  n'était  pas  de  la  faïence  à 
émail  stannifère,  puisque  Venise  n'a  fabriqué  que  la  demi-majolique  ou  poterie 
à  vernis  plombifère  sur  engobe,  jusqu'à  l'époque  où  Hirschvogel  de  Niirnberg  y 
avait  apporté  la  recette  de  l'émail  stannifère. 

i .  Le  Claude  Borne  de  Ne  vers,  que  les  travaux  de  M.  Dubroc  ont  fait  con- 
naître, peut  être  le  même  que  celui  de  Rouen,  sans  que  cela  change  la  thèse, 
puisque  le  décor  chinois  de  l'école  hollandaise  était  déjà  adopté  à  cette  époque  à 


EN  GÉNÉRAL.  57 

trop  rapprochée;  on  trouve  des  céramistes  nomçié&Bome,  aussi 
bien  dans  les  fabriques  du  nord  que  dans  celle^de  Nevers. 

L'autel  portatif  du  musée  de  Sèvres,  signé  Jacques  Feburier 
et  Marie-Étienne  Borne,  1766,  ouvrage  que  j'attribue  à  la  fa- 
brique hollandaise  de  Lille,  et  M.  Riocreux  à  celle  de  Rouen,  ne 
montre  aucun  indice  de  décor  ou  de  style  italien.  Ce  Marie- 
Ëtienne  Borne  de  Tautel  portatif  est,  sans  doute,  un  parent  de 
Claude  Borne,  le  signataire  du  plat  appartenant  à  M.  Baudry. 
Si  les  Borne  étaient  Nivernais  de  naissance ,  ils  étaient  certes 
de  l'école  céramique  hollandaise.  On  trouve  aussi  un  Claude 
Borne,  peintre  céramiste  de  Lille,  qui  était  venu,  en  1751, 
travailler  à  Sinceny.  Le  Claude  Borne  de  1734  et  celui  de 
1751  peuvent  être  une  même  et  seule  personne.  Quant  à  Ber- 
nard Palissy,  à  ses  contemporains  et  aux  fabriques  du  nord 
de  la  France,  ils  ont  suivi  directement  l'école  allemande.  Ne- 
vers,  Moustiers,  Clermont-Ferrand^  et  Marseille,  et  les  autres 
fabriques  du  midi  ont  peut-être  reçu  leu|s  procédés  céramiques 
de  la  branche  italienne;  mais,  à  l'exception  de  ^i^vers,  elle» 
ont  plus  tard  presque  toutes  copié,  comme  les  fabriques  du 
nord  de  cette  époque,  les  porcelaines  de  Saxe;  la  pâte  et 
rémail  sont  ceux  des  fabriques  du  nord.  C'était,  du  reste,  Meis- 
sen  qui  avait  donné  l'impulsion  artistique  au  dix-huitième  siècle, 
en  mettant  partout  le  genre  rocaille  à  la  mode* 

Les  terres  de  pipe  plombiférées,  dites  faïences  de  Henri  tl  ou 
de  Diane  de  Poitiers,  sont  d'origine  encore  inconnue,  malgré 
les  dissertations  publiées  par  un  auteur  de  province; elles  me 
paraissent  cependant  être  françaises;  le  voile  qui  couvre  les 
noms  du  lieu  de  la  fabrication  et  des  potiers  n'a  pas  encore 
ét^nevé. 

La  fabrication  de  la  faïence  a  été  introduite  en  Russie  par 
Pierre  le  Grand,  et  là  encore  c'est  la  branche  hollandaise  qui  a 


Nevers.  Un  Henri  Borne  a  \éc«>au  milieu  du  dix-septième  siècle.  Une  pièce  signée 
de  lui  porte  le  millésime  de  1689. 

1 .  Clermont-Ferrand  a  fait  absolument  les  mêmes  faïences  que  Moustiers.  Cette 
fabrique  n'est  connue  que  par  l'aiguière  appartenant  à  M.  ÉdjKkard  Pascal,  et 
signée  C/ermon(-Ferrafl(2,  1734.  ./^ 


S8  DE  L'aBT  CÉRjlMIOllE 

été  adoptée.  Le  czar  avait -embauché  des  céramistes  à  Deift  et 
à  Haarlem  pendant  son  séjour  à  Zaandam;  Ils  se  rendirent  à 
ses  frais  à  Pétersbourg,  pour  y  établir  les  premières  fabriques 
dans  les  environs  de  cette  capitale. 

Qui  a  révélé  aii:;  Allemands  le  secret  céramique  de  l'émail,  si 
secret  il  y  avait'?  L'ont-ilsvraiment  inventé,  commeon  est  porté 


1.  Il  n'i  .  ptMque 

rien  dani 

qui  n'«l  éit 

inTenU  en 

AHtoagne,  «elle 

mère 

patrie  de 

la  chimie,  comme  Iciei 

lee,  où  BcGk 

er,  el  Stahl 

iprec 

iii«rs-.eri 

labiés  chimiiles. 

Learapp'niJ  s 

LU-ta 

a  da  délèguin  ftintret  M  rfscorobw.  »ur  por- 

etlaini  {duli^'an. 

reipMiUon  uni«rBelle 

de  Londres 

^ea  ISflî), 

.  ;liBl.lifeiB«i,«„ 

<:heiM.( 

:habaud,  président  delà 

hwtre  aiUm,  idi 

jellemeDl  :  .  D'aprii  Ie3>éclu  dn  iieiU>rd>  que 

■  tam»  BBitrfirti, 

[limd  uopibre  d'ouiriers  eeraienl 

,  Tenu.  d'Ail. 

îmagne,  et 

aujou^hiii  ceiii 

.ie  leu 

rs  pelits- 

nis  qui  <bDl  restai  dant 

,  le  mSlier  al 

teslenl  leur 

origine  par  1.,.. 

1  Eermat 

iiquei,  d'où  il  faurfroi 

1  admtUn  • 

)ue  VàU<- 

masnc  «eu.  ., ,., 

icUis  dons  lo 

sédé,  proprei 

1  à  la  for- 

''^''\!^'l.r;;..;,' .., 

iTop 

sans  poli 

Bsage,  employé  inssi  d( 

■puis  quelqoes'Miaéet  u. 

eetvn  i^Léjé  >i 

adu] 

par  m  Al 

llemand,  11.  Schumburi 

■  dé  Berlin, 

è  UN.  nu- 

tertre  frères.JPa 

Ui  teWDl 

i  t.it  bre-eler,  —  était  depois  longten 

ip.  d^i  du 

JflBttiaiuepiihiitrti 

.  ^1«: 

unique  la  fabrique  de  M< 

lissenleregs. 

rdÙttonuBe 

tes  1 

Ma  autre  procÈde  tout 

pour  lequel 

MU.  Carr«,iPari 

irenl  bre- 

teler,  el  que  leur  ont  «) 

tertre,  atait  été  «a  putie  pricdant  Séjournai  de  BingliT,\oa\e  LXX,  page  317, 
où  on  lit,  sous  le  litre  de  :  Dorure  de  laforcelaim,  de)  votes  ievtTn.ele.,  sous 
Il  déiignation  erronée  de  :  Procédé  de  Godw'n  Embng  (Anglais  du  camlé  de 
ËlnObrd,  qui  aruit  obtenu,  le  il  avril  ta^a,  unepateule  pour  l'applicalion  par 
impression  d'un  produit  connu  tous  le  nom  de  Goldluslrt,  composé  d'argent,  de 
gomme  el  de  déele  cuite,  qni  se  pratiquait  déjà  depuis  un  sièele  dam  toaUi  les 
poteries  d'Allemagne)  i 


d'acide  idttiaue  et  d' 

ei  on  prépare  dans  ui 

.  Tase 

séparé  un  anlre 

meUng*dedemU.r 

es  de  baume  de 

ice  de  térében- 

Ibine  sons  l'action  i 

après  cela 

solution  petitàpeiit.i 

iu  la  remua 

al.d 

ans  le  demi 

er  mélange 

du.  avec  le 

dessus  d'un 

,e  plaq 

deboiii,aurdupBpie 

1  à  cet  elTel. 

,  et  quand  1 

n  est  transporté 

de  là  sur  la  powela' 

Ine  et  le  < 

ferre, 

,  etc.,  on  1. 

!  cuit  d'après  les 

procédés  ordi- 

J'aCais  signalé  et 

traduit  d< 

;  l'a] 

lemand  ce 

passage  à  < 

icsmc! 

ssieurs,  qui  ont 

complété  le  procédé  | 

par  leurs  p 

ropre 

19  recherches,  ainsi  qu'i 

eu  delà  recette 

indiquée  eu  Diclionit 

«iredecS 

(Paris,  1 T4 

4,  cbei  Lacombe, 

quaide-Cooli), 

recette  égalemeni  d'o 

nand 

Voici  le  passage  qui  se  troui 

du  second 

volume  du  Diction- 

noirs  di  Chimit  ; 

.  Oneonnairplusi 

isprin 

cipcsiilTena 

nue  dans  le  dispensai 

re  de  la  Faculté  de  médéeii 

ne  de  Paris 

iélle. 

onsiste  ),  m»l«- 

EN  GÉNÉRAL.  59 

à  le  croire,  ou  Tonl-ils  reçu  de  l'Afrique  ou  de  l'Asie?  Questions 
difficiles  à  résoudre.  L'avenir  les  éclaircira  peut-être.  Il  se  peut 
que  le  goût  leur  soit  venu  de  la  Perse^  où  la  poterie  en  terre 

et  agiter  seize  parties  d'huile  essentielle  de  romarin  avec  une  partie  d'or  dissoute 
dans  L'eau  régale  ;  à  séparer  ensuite  exactement  l'eau  régale  dépouillée  d'or  d'avec 
l'huile  essentielle  qui  en  est  chargée,  et  à  dissoudre  cette  dernière  dans  le  quin- 
tuple de  son  poids  d'esprit  de  vin  rectifié.  Cette  préparation  est  la  même  que 
celle  qui  est  décrite  dans  la  dernière  édition  de  la  Chimie ^  de  Lémery,  sons  le  nom 
d'or  potable  de  mademoiselle  Grimaldi,  Toutes  les  huiles  essentielles  ayant  la 
même  propriété,  par  rapport  à  la  dissolution  d'or  dans  l'eau  régale,  on  sent  bien 
qu'on  pourrait  faire  des  ors  potables  de  même  espèce  que  celui-ci  avec  toute  autre 
huile  que  celle  de  romarin.  —  L'éther,  possédant  à  un  degré  éminent  toutes  les 
propriétés  des  huiles  les  plus  atténuées  et  les  plus  volatiles,  produit  aussi  exacte- 
ment le  même  effet,  et  encore  mieux  avec  la  dissolation  d'or;  en  sorte  qu'on  peut 
très-bien  faire  aussi  des  ors  potables  en  employant  un  éther  quelconque  au  lieu 
d'huile  essentielle.  M.  Post  ayant  reconnu  une  odeur  d'éther  à  l'espèce  d'or  po- 
table connu  sous  le  nom  de  gouttes  du  général  de  Lamotte,  a  cru  que  cette  pré- 
paration était  faite  avec  l'éther.  Mais  comme  ces  gouttes  sont  miscibles  à  l'eau  dans 
tontes  proportions,  qualité  qui  ne  convient  point  à  l'éther  pur,  il  y  a  lieu  de 
croire  que  l'odèor  d'éther  qu'on  distingue  dans  ces  gouttes  du  général  de  La- 
motte pro^nl  d'une  petite  portion  d'éther  nitreux  qui  se  forme  par  le  mélange 
de  l'acide  nitreux,  de  la  dissolution  d'or  et  de  l'esprit  de  vin  qui  entrent  bien  cer- 
tainement Tun  et  l'autre  dans  cette  composition.   Au  reste,  toutes  les  teintures 
d'or  ne  sont  que  de  l'or  en  nature,  extrêmement  divisé  et  suspendu  dans  une 
liqueur  huileuse  :  ainsi  elles  ne  sont  point,  à  proprement  parler,  des  teintures  ; 
eUes  ne  peuvent  non  plus  se  nommer  or  potable  qu'autant  qu'on  n'attache  point 
d'autre  idée  à  ce  nom  que  celle  de  l'or  nageant  dans  un  fluide,  et  réduit  en  mo- 
lécules assez  fines  pour  pouvoir  être  bu  lui-même  sous  l'apparence  d'une  L'queur. 
ainsi  que  le  remarque  fort  bien  M.  Baron  dans  soin  édition  de  Lémery.  Il  est  à 
propos  d'observer  que  toutes  les  préparations  dont  on  vient  de  parler  contieiment 
aussi  une  certaine  quantité  des  acides  de  l'eau  régale,  et  que,  malgré  cela,  elles 
sont  sujettes  à  laisser  déposer  avec  le  temps  une  bonne  quantité  de  l'or  dont  elles 
sont  surchargées,  etc.  » 

On  ne  saurait  cdinprendre,  d'après  tout  ce  qui  était  déjà  connu  depuis  si  long- 
temps sur  l'emploi  et  la  liquéfaction  de  l'or  pour  différents  usages,  que  le  rapport 
de  M.  Salvetat,  le  chimiste  attaché  à  la  manufacture  de  Sèvres,  ait  pu  conclure  au 
maintien  des  brevets  Dutertre  et  Carré,  et  à  la  condamnation  des  malheureux  dé- 
corateurs qui  avaient  fait  de  l'or  brUlantsansbruni^age,  d'après  d'autres  procédés 
et  compositions,  condamnation  qui  a  amené  à  sa  suite  la-  saisie  de  quantités  de 
marchandises  dans  lés  dépôts  de  porcelaines,  au  détiiroent  de  commerçants  qui 
étaient  de  bonne  foi  et  au  profit  des  brevetés.  La  découverte  de  la  dorure  sans 
brunissage  remonte  bien  plus  haut  dans  les  annales  de  la  fabrique  de  Meissen.  Le 
baron  de  Bourgoing,  ambassadeur  de  France  à  Miinchen,  avait  déjà  rapporté  une 
pièce  de  porcelaine  ainsi  dorée  et  qui  se  trouve  au  musée  céramique  de  Sèvres 
même,  depuis  1833.  Ce  musée,  aussi  bien  que  la  collection  céramique  des  Arts  et 
métiers  à  Paris,  possédait  encore  d'autres  échantillons.  Quand  M.  Salvetat  dit  en 
réponse  à  cette  note-ci  :  «  Pour  moi,  auquel  M.  Demmin  fait  l'honneur  d'une 
citation,  je  ne  puis  le  suivre  dans  ses  aperçus  sur  la  loi  des  brevets  »  (p.  73,  t.  I, 
Histoire  des  poteries,  faïences  et  porcelaines,  par  J.  Marryat  ;  traduit  par  MM.  le 
comte  d'Armaillé  et  Salvetat) .  Je  le  crois  sur  parole,  mais  je  voudrais  savoir  ce 
qui  l'autorise  à  lancer  contre  moi  dans  le  même  ouvrage  la  phrase  suivante 


60  DE  l'art  céramique 

cuite  sous  engobe  blanc  et  au  vernis  de  plomb  '  s'est  fabriquée 
déjà  vers  750.  Le  mot  càchel  (carreau  de  poêle  en  allemand), 
dérive  du  persan,  et  on  sait  que  les  langues  sanscrite,  indo- 
germaine et  persane,  sont  parentes.  Mais  ce  n'est  pas  en  Perse 
qu'ils  peuvent  avoir  appris  remploi  de  l'étain.  Il  y  a  peut-être 
là  une  filière  à  suivre,  puisque  ces  cacheln  ou  carreaux,  qui  ser- 
vaient à  construire  les  grands  poêles  gothiques,  sortaient  des 
fabriques  de  poteries  émaillées  déjà  établies  en  Allemagne  au 
commencement  du  moyen  âge.  N'oublions  cependant  pas  les 
colliers  et  bracelets  d'Augsburg,  qui  remontent  au  delà  du  cin- 
quième siècle. 

Les  écoles  saxonne,  franconienne  et  souabe  ont  particulière- 
ment laissé  des  ouvrages  artistiques  qui ,  nulle  part  pour  le 
modelage ,  n'ont  été  surpassés.  A  l'époque  où  étaient  moulées 
toutes  les  autres  faïences  italiennes,  hollandaises  et  françaises, 
—  sans  en  excepter  celles  attribuées  à  Bernard  Palissy,  à  ses 
frères  et  à  ses  contemporains,  ni  la  plupart  des  œuvres  des  Délia 
Robbia ,  —  ces  écoles  ont  produit  la  majeure  partie  de  leurs 
terres  cuites  émaillées  par  le  modelage  à  la  main  (voir  l'article 
sur  Leipzig ,  Breslau,  Nùrnberg,  et  le  potier  Hans  Kraut  de  Vil- 
lingen,  etc.). 

Dans  toutes  ces  ébauches  hardies,  on  reconnaît  la  main  du 
véritable  artiste  et  l'inspiration  créatrice  —  travail  qui  laisse 
bien  loin  la  manière  de  faire  des  industriels  et  le  moulage. 
Ce  sont,  du  reste,  ces  seules  faïences,  ou  terres  cuites  émaillées, 
qui  fournissent  à  l'amateur  des  spécimens  du  style  gothique  bien 
pur  et  bien  caractérisé;  aucune  autre  faïence  européenne  ne 
remonte  à  cette  époque. 

Les  poêles  gothiques  des  potiers  allemands  des  treizième  et 


(p.  103,  t.  I)  :  «Tout  en  regrettant  les  attaques  déguisées  de  l'auteur  du 
Guiddy  etc.  •  Est-ce  que  M.  Salvetat  aurait  voulu  que  je  dépasse  les  bornes  de  la 
bienséance  ?  Où  a-t-il  vu  ce  déguisement  f  Je  n'ai  pas  l'honneur  de  connaître  M.  Sal- 
vetat, et  je  n'ai  aucune  raison  de  lui  en  vouloir;  ma  critique  ne  s'adresse  donc 
nullement  à  sa  personne,  mais  à  son  rapport  et  à  la  chose  jugée. 

1 .  Appelé  è  tordy  faïence.  Les  soi-disant  faïences  de  Perse  sont  dépourvues 
dVtatn,  et  leur  vernis  minéral  est  tellement  peu  solide,  qu'il  se  raye  sous  le 
couteau. 


BN  GÉNÉRAL.  ^  61 

quatorzième  siècles,  ddnt  on  trouvera  également  la  descHpIion 
à  Tarticle  Nurnberg,  aïoàt  particulièrement  précieux  pourTétude 
héraldique  et  himatiologique  du  mo|^n  âge.  Avec  un  style  sans 
aticun  mélange,  on  y  retrouve  les  costumes  de  Tépoque  fidèle- 
ment reproduits. 

'.  Le  monument  de  Breslau,  qui  datQ  de  la  fin  du  treizième 
siècle ,  est  aussi ,  sous  ce  rapport ,  une  œuvre  fort  pré- 
cieuse. 

Après  les  écoles  allemandes,  saxonne  ou  du  nord  S  franco- 
nienne, souabe  et  rhénane,  les  célèbres  usines  italfennes  et  les« 
produits  de  Winterthur  (Suisse),  Delft  et  Rouen  ont  rivalisé 
comme  centres  de  fabrication,  soit  par  la  variété  des  produits, 
soit  par  le  grand  perfectionnement  du'coloris.  Rouen  l'emporte 
quelquefois  sur  Delft  par  le  bon  .goût  du  dessin  de  ses  orne- 
ments, quoique  souvent  ces  deux^entres  se  soient  mutuel- 
lement copiés;  mais  Delft  lui  est  supérieur  pour  la  grande 
variété  des  formes ,  la  légèrétj^  et  la  finesse  de  \^'  pâte ,  la 
blancheur  de  Témail,  l'abondance  du  décor  historié,  et  sur- 
tout par  de  véritables  tableaux,  qui  sont  au-dessus  de  l'art 
industriel. 

len  n'a  jamais  eu  de  peintres  de  figure  ni  de  paysage. 
Eollande,  de  célèbres  peintres  d'animaux,  de  genre  et  de 
paysage,  n'ont  pas  dédaigné  de  peindre  sur  faïence  ;  il  suffit  de 
citer  Vroom,  Jan  Steen,  van*der  Meer  de  Delft,  Yinkenboons, 
Jan  Asselyn,  Willem  van  de  Velde,  Abraham  Verboom  et  Ter 
Himpelen.  Les  fabriques  d'Allemagne,  d'Italie*,  de  France, 
n'ont  pas  eu  cette  bonne  fortune. 

Môme  les  dessins  des  plus  rares  faïences  italiennes  sont  tou- 
jours des  copies;  ces  compositions  sont  uniformes;  visant  avant 
tout  à  l'effet  meublant^  elles  ne  forment  qu'un  décor.  La  peinture 
décorative  sur  faïence  a  certes  son  mérite  dès  qu'elle  reste  uni- 


1.  y oÎT  Leipzig,  Breslau,  Strehlaj  etc.;  Lubeck,  Wismar,  Da/ntzig,  Lune' 
bwrg,  Brandenbwg,  etc. ,  pour  les  œuvres  céramiques  monumentales  du  nord 
de  l'Allemagne,  des  quatorzième  et  quinzième  siècles. 

S.  Je  ne  connais  pas  de  pièces  de  majolique  italienne  peintes  par  de  grands 
maîtres.  Ce  sont  toutes  des  copies  d'après  leurs  cartons  et  d'après  des  grayures. 

6 


6â  DE  l'art  Céramique 

quement  dans  V ornementation,  mais  ce  inerte  devient  un  défaut 
quand  elle  veut^  traiter  des  sujets  historiques  et  des  paysages 
en  ébauches  sur  de  si  petits  estpâces.  La  faïence  italienne  n'est 
donc  pas  pour  ainsi  dire  de  la  fs(îence,  c'est  plutôt  de  la  pein- 
ture ébauchée  sur  de  l'épaisse  vaisselle  m  terre  cuite  émaillée, 
mais  personne  ne  peut  lui  déiiier  son  caractère  archéologique, 
le  sentiment  artistique,  un  CQHâin  grand  air,  et  même  quelque- 
fois le  beau  idéal. 

L'urbino,  le  gubio  et  peut-être  le  ferrare  font  souvent  excep- 
«tion  par  la  blancheur  de  l'émail  ;  le  gubio,  en  outre,  par  la  légè- 
reté de  la  pâte.  Les  faïences  d'Urbino  se  distinguent  par  leurs 
charmantes  compositions  d'arabesques,  chimères,  etc.,  si  pleines 
de  détails  au  trait,  ett  par  leurs  cartels  ménagés  dans  lès  mêmes 
tons  et  peints  sur  un  fond  blanc  brillant  et  suave» 

J'ai  fait  observer  qu'un  très-grand  nombre  de  motifs  des  dé- 
cors céramiques  italiens  sont  pris  dans  les  œuvres  des  maîtres 
allemand?,  flamands  et  hollandais,  et  particulièrement  dans 
celles  de  Goltzius, 

Les  plats  peints  d'après  les  cartons  de  Rafaele  et  4' autres 
maîtres  Italiens,  sont  plus  rares  que  l'on  ne  pense;  mais  il  y  a 
un  grand  nombre  de  sujets  copiés  d'après  des  gravures  ita- 
liennes ^,  ou  plutôt  poncisés  sur  ces  gravures,  de  telle  sorte  que 
des  peintres  ignorants  poncisaient  même  jusqu'aux  noms  des  gra- 
veurs et  des  éditeurs,  qui,  quelquefois,  ont  été  pris  plus  tard 
pour  des  noms  de  céramistes. 


1 .  Les  graveurs  italiens  que  les  peintres  céramistes  italiens  ont  le  plus  souvent 
rançonnés,  sont  :  Andréa  Mantegnaj  né  en  1431,  mort  en  1506;  Domemco 
Campagnala,  qui  a  travaillé  vers  1 5 1 7  ;  Marc  Antonio  Raimondij  né  en  1 48 8  ; 
Âgostino  {Veneziano)  di  Mui{s,  né  en  1490  ;  Marco  di  Ravenna  [Dente) y  qui 
travaillait  vers  1 51 9  ;  Giuîio  Bonasone  di Bologna,  né  en  1510,  mort  en  1580; 
Nicolas  Beatricius,  qui  était  Lorrain  de  naissance,  et  travaillait  entre  1520 
et  1570;  Eneas  Viens  ou  Vighi,  1520  à  1570;  Giovanni  Battista  Ghisi,  né 
en  1515  ;  Giorgio  Ghisi,  né  en  1520  ;  Adam  Ghisi,  qui  travaillait  entre  1566 
et  1573;  Diana  Ghisi,  qui  travaillait  en  1573  et  1588;  Gaspar  Beverdinus, 
vers  1550;  Le  Maître,  J.-C,  de  1560  à  1571;  MarixAS  KartanuSy  de 
1560  à  1580;  Giovanni  Maria  Pomedello,  vers  1534;  Giulio  Sannuti»  de 
1540  à  1550;  Julio  di  Musio,  de  1550  à  1560;  Francesco  MazzuoU,  dit  le 
Parmesan,  vers  1540  ;  Giovanni  Batista  Franco,  né  en  1510,  mort  en  1580  ; 
Martin  Aoto,  né  vers  1540  ;  Léon  Davent,  entre  1540  et  1565;  Antonio  Fan- 


1 


EN  GÉNÉIUI..  63 

Moustiers,  Clermont-Ferrand,  etc.,  en  France,  ont  suivi  l'é- 
cole d'Urbino  ;  mais  on  reconnaît  dans  leurs  décors  le  bon  goût 
ûe  Tornementation  française,  et  quelquefois  les  copies  des  gro- 
tesques de  Gallot,  les  dessins  de  Berain,  etc.,  etc.  Cette  faïence 
du  midi,  et  particulièrement  celle  de  Moustiers  et  de  Marseille, 
se  prête  le  plus  aisément  à  la  contrefaçon. 

Ledelftest,  de  toutes  les  faïences  connues,  le  produit  le  plus 
mince  de  pâte  ;  il  est  quelquefois  aussi  mince  que  la  porcelaine 
fine  des  Indes,  et  très-sonore. 

Outre  Tabsencede  variété  dans  les  formes  et  dans  les  sujets, 
on  doit  encore  reprocher  à  la  faïence  italienne  l'absence  de 
'variété  de  couleurs;  c'est  le  jaune  qui  y  domine.  Les  sujets, 
uniquement  copiés  dans  un  cercle  assez  restreint  d^épisodes 
mythologiques,  éjtaient  d'ailleurs,  chez  les  ItalienS|  moins  in- 
grats à  traiter^ que  les  mille  détails  de  la  vie  intime  et  les 
sujets  historiques  choisis  par  les  peintres  allemands  et  hollan- 
dais, auxquels  il  fallait  plus  d'étude  pour  les  costumes,  plus  de 
création,  plus  de  lecture. 

Les  plaques  peintes  par  Van  der  Meer,  Jan  Steen,  Ter  Him- 
pèleti,  WiJJem  van  de  Yelde,  Jan  Asselyn,  Abraham  Verboom 
etTinkenboons,  au  milieu  du  dix-septième  siècle,  sont  des  des- 
sins pour  la  jplupart  originaux  dont  l'exécution  sq^gnée  et  mi- 
^nutieuse^t  tout  à  fait  différente  des  peintures  céramiques  des 
Italiens.  Une  de  ces  plaques,  en  camaïeu  bleu,  de  ma  collection, 
peinte  par  Jan  As^lyn,  représente  un  beau  paysage  accidenté 


lue?!,  de1540ài580;  Domenico  del  Barbiere,  de  1560  à  J570j  et  Agosiino 
Câracci,  né  en  1557,  mort  en  1602. 

Andréa  Montegna  se  signale  par  des  têtes  àvcasqoes,  des  costumes,  etc.; 
Domenicio  Çampagnoîaj  par  des  sujets  tirés  de  l'histoire  sainte ,  des  vierges 
(1517),  des  portements  de  croix,  des  paysages,  etc.  ;  Agoatino  di  Musis,  par  des 
portraits  de  papes^  etc.;  Doute  {Marco)  di  Ravena,  par  ses  apôtres,  sujets  saints 
et  d'histoire,  son  Laoeoon,  etc.,  le  tout  très-remarquable  ;  Bonascone  [Giulio) 
di  Bolognaj  par  des  têtes,  des  sujets  bibliques  (1544),  des  batailles  et  mie  gra- 
▼nre  où  l'on  voit  une  guillotine ,  œuvres  de  médiocre  exécution;  Beatricius  [Ni- 
colas), par  des  sujets  bibliques,  dès  vierges  (1518),  des  empereurs  romains,  une 
bataille  d'Amazones,  des  sujets  mythologiques  (1^42),  l'arbre  généalogique  de 
«  Cosmo  Medici  Fioreatini,  »  des  sièges  de  places  fortes,  des  reproductions  de 
momudes,  des  Tases  et  des  trophées,  des  ornements  à  arabesques  et  avec  balda- 
quins, qui  ont  servi  à  Berain  pour  composer  ses  réminiscences. 


64  DE  l'ap:  céramique 

où  la  perspective,  si  difficile  à  obtenir  sur  faïence,  est  par- 
faite; une  autre,  par  Yinkenboons,  également  en  camaïeu  bleu, 
une  Kermesse  avec  plus  de  mille  figures,  est  un  véritable 
tour  de  force  et  de  patience,  car,  peinte  sur  le  cru,  le  dé- 
tail eu  est  tellement  compliqué ,  que  le  poncis  n'a  pu  être 
emplo^4  Quant  aux  précieuses  et  si  rares  plaques  peintes  par 
van  dèr  Meer,  de  Delft,  dont  on  ne  connaît  que  deux  exem- 
plaires authentiques,  ce  sont  des  tableaux  de  genre,  aussi  bien 
réussis  (pie  s'ils  étaient  peints  sur  toile,  et  bien  plus  brillants 
comm»  côlorfe. 

A  ces  van  der'Meer,  comme  aux  paysages  peints  par  Berghem: 
lui-méitie  ou*  copiés  d'après  ses  tableaux,  les  faïences  de  l'Italie 
n'ont  rien  à  oppàaenr  ;  sur  celles-ci  le  paysage  est  toujours  sacrifié, 
^  lès ^sujetsJitstoriqués  sont  des  ébauches.  Les  productions  dé 
Castelli,  qui  af^âr tiennent  presque  toutes  à  la  décadence,  con- 
tiennent, il  est  vrai,  beaucoup  de  peintures  où  le  pays^gp  do- 
_  mine:  mai»  quel  paysage!  Absence  de  perspective,  où  lés  tons 
du  fond  sont  aussi  crus  que  ceux  du  premier  plan*;  où  l'eau, 
comme  dans  les  faïences  d'Urbino,  est  souvent  peinte  eo  ja^ne 
et  les  montagnes  en  bleu  r 

Les  marines  sont  belles,  et  particulièrement  vratîwilans  le 
delft  :  ce  q«i,  du  reste,  se  conçoit  facilement  chez  une  nation  de 
navigateuré.  J'èj»  possède  deux  peintes  par  Vroom.»de  Haarlem,^!*^ 
le  créateur  de  la  peinture  de  marine,  où  la  naïveté  est  encore 
sensible.  Willem  van  de  Velde  est  le  pjus  réputé  pour  ce  genre 
de  peinture  sur  faïence. 
Le  mérite  d'exécution  des  décors  hollandais  dépasse  donc 
"  certes  tout  ce  que  l'on  a  peint  ailleurs  sur  terre  cuite;  on  v 

trouve  jusqu'à  des  dessins  à  hachures*,  cetjui  paraît  presque 

impossible  à  obtenir  sur  l'émail  cru.  ^ 

Les  Hollandais  ont  aussi,  plus  souvent  et  en  même  temps  que 

i.  Voir  l'alinéa  au  bas  de  la  page  52,  où  un  passage  de  l'ouvrage  de  Pesseri 
démontre  que  les  peintres  allemands  4'Augsburg  ont  déjà  tâché  d'améliorer  la 
niàuTaise  peinture  des  paysagistes  de  Pesaro  du  seizième  siècle. 

2.  Hachures,  en  peinture,  d£ssiji:«t<^ravure,  désigne  des  lignes  droites  ou 
courbes  qui  se  croient. 


EN   GÉ.NÉRAL.  65 

le^  Italiens,  .engloyé  la  dorure,  et  cela  dès  le  commeDcemeDt 
de  leur  fabrication.  En  1570  ils  faisaient  des  poteries  en  faïence 
dont  le  décor,  ménagé  d'or,  est  resté  supérieur  à  ce  que  l'on  a 
fait  ailleurs  ;  el  iQ3  rehauts  d'or  de  quelques  faïences  italiennes 
sont  inférieurs  à' j^ux  que  Delft  produisait  déjà  vers  1540^, 
quoique  le  soi-disant  inventeur  de  ce  procédé ,  en  Italie,  eût 
obtenu,  en  1547.seulement,  une  patente  ducale*. 

1.  Un  cheval  eu  faïence  de  Delft,  daté  de  1480,  et  qui  fait  partie  de  ma  col- 
lection, montre  déjà  des  vestige»  de  dorure.  M.  B.Pascal  possède  le  pendant. 

2.  Les  anciens  peintres  italiens  étaient  cachottiers  et  mesquins  en  tout;  ils 
n'ont  Jamais  compris  que  l'art  n'a  pas  de  patrie  et  ne  doit  pas  en  avoir.  On  a  vu 
l'esprit  mercantile  et  indiMtriel  pousser  ces  peintres  jusqu'au  crime  et  à  la  scé- 
lératesse :  Andréa  Castagno,  comme  je  l'ai  dit  ailleurs,  tua,  en  1645,  Domenico, 
son  meilleur  ami,  a  afin  de  posséder  seul  à  Florence  un  secret  que  l'on  ignorait 
encore  en  Toscane.  »  (Vasari,  Vie  d'Aguado  Gaddi).  Les  peintres  du  Nord , 
plus  instruits,  plus  pénétrés  du  sentiment  de  l'art  et  des  devoirs  du  véritable  ar- 
tiste, ne  faisaient  aucun  mystère  de  leurs  découvertes  et  ne  prenaient  ni  brevets 
ni  patentes.  N'avons -nous  pas  vu  même  Hubert  et  Jan  van  Brugge  (van  Eyk) 
enseigner  généreusement  leur  prétendu  secret  de  la  peinture  à  l'huile  à  plusieurs 
élèves  et  à  tous  les  peintres  qui  le  leur  demandaient  ?  Quelques  traités  de  la  ville 
de  6and  de  1419  à  1443  (manuscrit  sur  la  ville  de  Gand,  publié  en  1815  par 
M.  Dierieux)  parlent  du  reste  déjà  de  ce  secret,  quoique  les  van  Eyk  ne  l'eussent 
mis  en  œuvre  que  vers  1410. 

Le  brevet  contenu  dans  l'édit  du  duc  Guid'UbaIdo  IT,  du  i"  juin  1567,  relatif 
à  la  dorure  de  Pesaro,  était  concédé  à  un  certain  Giacomo  Lanfranco  de  Pesaro. 
En  Toici  textuellement  la  teneur  : 

t  Nous,  Guid'UbaIdo  second,  Feltro  délia  Rovere,  quatrième  duc  d'Urbino, 
seigneur  de  Pesaro  et  Senegaglia,  de  Montefeltro;  Casteldurante,  comte  et  préfet 
de  Rome,  voulant,  comme  il  est  d'usage  pour  tout  bon  prince,  pourvoir  non- 
seulement  à  ce  qu'aucun  ne  soit  en  aucune  manière  gêné  dans  son  industrie,  ni 
frustré  des  fruits  de  ses  fatigues,  mais  encore  récompenser  chacun,  qui  par  un 
long  exercice  de  son  génie  est  devenu  inventeur  d'excellentes  choses  non  encore 
trouvées  par  d'autres,  et  ayant  été  cherchées  par  beaucoup  en  vain,  et  nous, 
aiyant  vu  que  Jacomo  Lanfranco,  de  notre  cité  de  Pesaro,  a  trouvé,  après  beau- 
coup d'expériences,  la  manière  de  mettre  Tof  vrai  sur  les  vases  de  terre  cuite, 
et  de  les  orner  de  travaux  d'or,  qui  après  la  cuisson  deipeureut  intacts,  et  su- 
perbes ouvrages  d'une  solidité  et  d'une  beauté  admirables  ;  et  a  en  outre  trouvé 
la  manière  de  fabriquer  des  vases  également  en  terre  cuite,  de  forme  antique, 
avec  des  travaux  an  relief  d'une  grande  supériorité  et  d'une  dimension  merveil- 
leuse, chose  qui  jusqu'à  présent  a  été  plutôt  désirée  que  vue  par  d'autres. 
Gomme  ces  ouvrages  se  recommandent  par  eux-mêmes  merveilleusement,  pour 
lui  faire  voir  combien  nous  estimons  ses  inventions,  ainsi  que  notre  bon  vouloir 
envers  les  virtuoses  [virtuosi),  et  empêcher  encore  que  d'autres  ne  s'attribuent 
l'utilité  et  l'honneur  de  ses  fatigues  :  par  les  présents  privilège  et  concession,  et 
par  tous  moyens  préférables,  nous  voulons  et  nous  accordons  que  ledit  Jacomo 
puisse  seul  travailler  et  faire  travaille»'  dans  tout  notre  État  des  vases  de  terrd 
avec  de  l'or,  ou  mis  à  l'or,  et  des  grands  vases  de  la  forme  et  qualité  susdites, 
défendant  expressémen#À,toute  autre  pcWWtae, 4è  quelque  condition  qu'elle  soit, 
de  se  permettre,  pendant  la  durée  de  quinze  années,  de  travailler  des  vases^de 

6. 


66  DE  l'art  céramique 

La  dorure  était,  du  reste,  en  usage  en  Allemagne  bien  long- 
temps déjà  avant  1547;  on  y  dorait  même  des  poêles.  Le 
musée  Sauvageot  possède  un  vase  doré  de  l'école  de  Fran- 
conie,  peut-être  de  Hirschvogel  de  Nurnberg,  qui  date  de 
1500  à  1520,  et  un  modèle  de  poêle  en  faïence  de  NUrnberg,  dé 
ma  collection,  de  la  même  époque,  montre  également  des 
traces  de  dorure.  * 

Les  Hollandais  otit  néanmoins  employé  la  dorure  plus  souvent 
que  les  Allemands,,  et  leurs  modèles  offrent  une  infinité  de  for- 
mes variées.  Ils  ont  fait  même  des  violons  S  de  véritables  Stra- 
divarius ou  Montagnana  pour  la  fi!nesse.  C'étaient  des  œuvres 
de  maîtrise.  On  en  connaît  quatre  en  Europe  :  un  au  musée  de 
Rouen*,  provenant  de  la  collection  Sauvageot;  il  est  de  forme 

terre  cuite  avec  de  l'or,  ou  mis  à  l'or,  qu'il  ne  puisse  fabriquer  ou  faire  fabriquer 
des  grands  vases  de  terre  cuite  de  la  susdite  forme,  d'une  plus  grande  mesure  et 
capacité  que  de  deux  some  (mesure  ancienne],  pendant  la  durée  de  vingt-ciaq 
annéei;,  sans  Jacomo lui-même  (sans  sa  permission),  sous  peine  de  cinquante  écus 
à  appliquer,  un  tiers  au  susdit  Jacomo,  un  autre  à  notre  fisc,  et  pour  le  reste 
dhriser  entre  l'exécuteur  et  le  dénonciateur,  et  cela  chaque  fois  qu'aucun  contre- 
viendra, en  quelque  manièfe  que  ce  soit;  à  laquelle  peine  seront  encore  con> 
damnés  ceux  qui,  en  counaissance,  de  quelque  manière  que  ce  soit,  de  ce  genre 
de  travaux,  seraient  allés  ensuite  les  faire  hors  de  notre  État  ;  et  de  plus,  afin  de 
faire  voir  combien  ces  vaillants  trainux  nous  sont  chers,  et  pour  donner  encou- 
ragement à  d'autres  de  s'exercer  vaillamment^  en  vertu  de  ce  privilège  et  de 
notre  propre  volonté  et  délibération,  nous  faisons  francs  libérés  et  exempts  ledit 
Jacomo  et  maestro  Girolamo,  son  père,  de  toute  taille,  gabelle  et  impôt  tant  or> 
dinaire  qu'extraordinaire,  et  de  tout  tribut  royal,  personnel  ou  mixte,  pour  quel- 
que occasion  ou  cause  que  ce  soit  à  notre  bon  plaisir  ;  et  nous  lui  accordons  la 
molturaj  qu'il  puisse  moudre  dix  some  de  grains  à  l'année  sans  payer  aucune 
moltura  pendant  le  temps  x^u'il  nous  plaira,  ordonnant  à  tous  juges,  ministres  et 
officiers  de  notre  Etat  à  qui  ces  privilège  et  concession  seront  présentés,  qu'ils  les 
fassent  afficher  par  ban  public,  et  enregistrer  en  tous  lieux  accoutumé^,  et  qu'ils 
veillent  à  ce  qu'ils  soient  observés,  comme  c'est  notre  volonté.  En  foi  de  quoi 
avons  fait  la  présente,  affirmée  de  notre  main  et  scellée  de  notre  sceau. ordinaire 
et  accoutumé,  à  Pesaro,  1"  juin  1569.  •» 

Lazari  parle  d'un  pareil  privilège  accordé  également,  en  1569,  à  Saverino 
Grue  de  Naples.  (Voir  les  articles  sur  les  faïences  de  Naples  et  de  Pesaro.) 

1 .  Ce  sont  ces  violons  qui  ont  fourni  à  M.  Champfleury  le  sujet  de  sa  nouvelle  : 
M.  Lœbnitz  père,  de  la  poterie  Lœbuitz  et  Picheuot,  5,  rue  des  Trois-Couronnes, 
à  Paris,  a  essayé  d'imiter  un  violon  et  a  parfaitement  réussi  quand  au  modelage, 
mais  ni  émail  ni  décor  n'ont  rien  qui  se  rapproche,  même  de  loin,  de  ces  vieilles 
faïences.  Il  en  avait  fabriqué  deux,  dont  l'un,  malgré  son  entier  manque  de  réus- 
site de  l'émail  et  du  décor,  a  été  cependant  vendu  340  fr.  à  l'hôtel  Drouot,pour 
le  musée  d'Athènes.  Les  picotages  de  l'émail  étaient  couverts  de  poiutiIlél(  jaunes 
«t  les  filets  bleus  très-mal  exécutés. 

1.  Le  catalogue  publié  eu  1861  chez  Brière^  à  Rouen,  sous  le  titre  :  Expo- 


Err  GÉNÉRAL.  67 

allemande,  pn  camaïeu  *  bleu  et  décoré  d*un  côté  d'une  double 
composition ,  l'une  représentant  des  dames  et  des  seigneurs  du 
dix -septième  siècle  dansant  et  chariS^fit;  l'autre,  des  anges 
jouant  de  divers  instruments.  La  composition  de  l'envers  est 
tout  à  fait  architecturaleetdansle  goût  de  Lepau^re;  on  y  voit 
un  grand  trophée  de  musique  et  des  Amours  ;  mais  les  orne- 
ments, qui  caractérisent  bien  le  goût  hollandais,  sont  moins 
soignés  que  ceux  qui  décorent  les  violons  de  la  collection  Van 
Romonth  et  de  la  mienhe,  dont  on  trouvera  la  description  plus 
loin.  m 

Le  second  violon,  conswvé  au  musée  du  Conservatoire  de 
musique,  à  Paris,  est  le  moins  beau,  et  assez  insignifiant  au 
point  de  vue  artistique.  Le  décor  en  camaïeu  bleu  consiste  uni- 
quement en  branchages  et  feuillages,  genre  chinois;  il  n*y  a 
point  de  figures.  La  forme  adoptée  ici  par  le  potier  est  celle  des 
violons  italiens,  c'est-à-dire  plus  petite  et  moins  plate  que  celle 
des  instruments  allemands.  L'émail  est  d'un  beau  blanc,  et  le 
manche  moderne,  refait  à  Sèvres,  diffère,  par  la  nuance  de  son 
bleu,  du  bleu  plus  clair  de  Tancienne  peinture. 

Le  troisième  violon  (dont  le  croquis  est  ci  -contre) ,  éga- 
lement de  forme  allemande,  et  qui,4i|^t  partie  de  ma  col- 
lection (acheté  à  M.  Swaab ,  marchai^  de  curiosités  à  La 
Haye),  est  encore  en  camaïeu  bleu,  et  décoré  d'une  infinité 
d'ornements.  Le  dessus  montre  des  personnages  en  costumes 
de  la  fin  du  règne  de  Louis  XIII ,  dont  la  mise  est  un  cu- 
rieux spécimen  des  modes  hollandaises  de  l'époque.  Troti' 
individus  jouent  de  divers  instruments  à,  cordes  (un  violon, 
une  mandoline  et  une  basse)  ;  cinq  autres  dâhseiit  le  menuet, 
et  une  dame,  se  rafraîchit  devant  la  table  sur  laquelle  le  ^ra- 

sition  d'art  et  d'archéologie  de  Rouen,  désigne  ce  violon  sous  la  fausse  déno- 
mination de  faïence  rownnaise  et  polychrome.  Cette  pièce  est  le  type  le  plus 
caractéristique  de  l'industrie  hollandaise,  où  ces  violons  ont  élé  faits,  selon  lès 
uns,  comme  chefs-d'œuvre  de  maîtrise,  selon  d'autres,  pour  cadeaux  de  noces. 
Le  violon  du  musée  de  Rouen  est  en  camaïeu  bleu ,  et  non  pas  en  poly- 
chrome. 

1.  Camaïeu  désignait  anciennement  une  pièce  gravée  en  relief  (camée);  il 
signifie  aujourd'hui  une  peinture  monochrome  (d'une  seule  couleur)  en  grisaille, 
en  noir,  en  bleu,  en  vert  ou  en  rouge.  -      ^ 


gg  DE  l'art  CÉBAHIQUB 

choir  n'est  pas  éloigné  de  la  classique  chaufferette,  nstensiles 
inséparables  des  mén^tfe  hollandais. 


•e>?mtï  ^tfMf 


De  l'autre  cb\é  on  voit  planer  quatre  Amours  qui  tiennent  des 
branches,  le  tout  entouré  de  superbes  ornements  dans  le  goût  de 
la  Renaissance,  modifiés  ou  influencés  par  le  style  chinois.  La  ma- 
nière des  sujets  rappelle  celle  des  tableaux  et  gravures  de  Gérard 
de  Lairesse,  néà  Liège  en  1(140,  mort  à  Amsterdam  en  1711. 


^  EN  GÉNÉRAL.  69 

Le  <^àtrième  violon,  qui  est  évidemment  delà  main  du  même 
artîlla^'que  lé  précédent,  et  encore  de  forme  allemande,  se 
trouve  à  Utrecht,  dans  la  collection  de  M.  G.  F.  van  Romondt. 
Décoré  en  camaïeu  bleu ,  l'ornementation  en  est  moins  riche. 
L*UD  des  sujets  représente  une  salle  de  bal  avec  plusieurs  per- 
sonnages en  costumes  du  milieu  du  dix-septième  siècle,  que 
l'orchestre  placé  en  haut  de  la  salle,  sur  un  balcon  à  balustrade, 
met  en  mouvement.  Le  peintre  a  représenté  sur  le  dos  du  violon  un 
divertissement  villageois,  où  le  musicien,  juché  sur  un  tonneau 
devant  l'auberge,  fait  danser,  la  joyeuse  bande  d'une  Kermesse. 
Ces  sujets,  aussi  bien  dessinés  que  ceux  du  violon  que  je  pos- 
sède, rappellent  encore  la  manière  de  Lairesse. 

Tous  ces  instruments  sont  incontestablement  de  Delft. 

Une  légende  dit  :  «Il  existe  deis  violons  de  faïence  fabriqués 
à  Delft  par  des  maîtres  modeleurs,  à  l'occasion  du  mariage  des 
ûlles  de  leur  manufacturiojr  à  de  jeunes  peintres  céramistes, 
mariages  qui  ont  eu  Ijieù  le  m^e  jour,  et  où  les  corps  des 
peintres,  des  modeleur^  do^pptiers  et  des  tourneurs  ont  ouvert 
les  danses,  chacun  avec  un  de  ces  violons  de  faïence  en  tête,  et 

(S  ont  joué  sur  des  instruments  de  faïence 

f%^ïâdts  par  eux.  Les  jeunes  épouses  ont  alors 

^tlur  famille  respective,  de  génération  en  géné- 

^^Mipo  instruments  commémoratifs  de  la  noce,  qui 

pe^Çs  par  les  gendres  du  potier.  » 

Le  vernis  arsenifère  t)u  à  fumigations  minérales,  que  Ton 
appelle  à  reflet  métallique,  s'est  également  fabriqué  à  Niirnberg 
et  à  Delft. 

On  avait  commencé  dans  cette  dernière  ville  par  imiter  les 
décors  des  Chinois  en  camaïeu  et  en  polychrome*,  et  des  Japo- 
nai3*;  mais  bientôt  les  copies  égalèrent  les  originaux  pour  le 


•.  ^. 


(du  f^é  pùlySy  beaucoup,  et  khrôme,  couleur).  Il  s'emploie 

i^ignef;:fpot  dé^oor  peîat  en  différentes  couleurs.  C'est  cepen- 

de  la  peinture  <iai  consiste  à  revêtir  de  couleurs  diverses  les 

Bîtectufe  et  dé* la  sculpture  que  ce  nom  appartient. 

usnier,  à  Paris,  possédait  un  plat  émaillé  en  porcelaine  chi- 

uelies  Chinois,, yiJP'^**'^'^»  onf  imité,  à  s'y  méprendre,  le  décor  de 

Delft. 


70  DE  l'aut  céramique  ^  *%*    , 

dessin  et  rëmail,  et  les  surpassèrent  pour  la  touche  apiï0que' 
et  les  variations.  Le  delft,  en  décor  vieux  japon  de  1570  à  4590 - 
(sans  marque),  est  déjà  bien  recommandable  pour  la  fîi^sse  de 
son  dessin  et  sa  dorure;  le  beau  bleu  et  le  rouge  vif,  ces  deux 
couleurs  au  grand  feu,  ne  diffèrent  en  rien  du  genre  japonais; 
La  pâte  de  cette  faïence  est  aussi  mince  et  aussi  légère  que  la 
porcelaine  indienne.  La  même  fabrication,  reprise  vers  J650, 
aux  marques 


xa  «^ 


.£k^ 


est  également  bonne. 

Les  belles  plaques  à  paysages  animés  de  figures,  par  Jan 
Asselyn,  sont  ce  qu'il  y  a  de  plus  fini  dans  ce  produit  ;  elles 
rappellent  les -faSences  de  M.  Pinard,  l'artiste  céramiste  le  plus 
minutieux  de  notre  époque,  et  qui  peut  vendre  ses  assiettes 
600  fr.  la  pièce  ;  mais  les  plaques  d'Asselyn  sont  peintes  avec 
plus  de  vigueur. 

Les  animaux  de  Piet  Viseur,  l'auteur  du  coq  qui  figure  dans 
ma  collection,  sont  tous  d'un  coloris  admirable  et  toujours  • 
peints  sur  le  cru. 

Le  relief,  la  ronde-bosse ,  la  statuette ,  les  services  de  table , 
les  consoles;  des  armoires  et  des  cages  d'oiseaux  entièrement 
en  faïence,  des  paniers  à  tourbe  pour  les  salons,  d'un  mètre  et 
■■  demi  de  dimension  (tout  d'une  pièce,  et  fabriqués  sans  l'éinploî 
de  la  barbotine);  des  potiches  de  plus  d'un  mètre  de  hauteur; 
des  plaques-tableaux  atteignant  jusqu'à  un  mètre  et  demi  de 
dimension  ;  enfin  les  formes  les  plus  variées  sortaient  de  ces 
manufactures. 

Ce  qui  fait  la  gloire  de  la  ville  hollandaise  de  Delft,  aussi  bien 
que  des  fabriques  des  villes  libres  d'Allemagne,  c'est  que  les 
efforts  individuels  des  artistes  et  la  spéculation  privée  y  pro- 
duisirent seuls  ce  degré  de  perfection.  Ni  Mécènes  de  Pesaro, 
ni  ducs  de  Nivernais,  ni  monopoles,  ni  brevets  royaux  ne  les 
ont  protégées  et  soutenues. 


^ 


EN   GÉNÉUAL.  7i 

Gomme  Delft,  Nurnberg  s'est  appuyé  ^  toutes  les  classes  : 
la  bourgeoisie,  aussi  bien  que  las  patriciens  et  les  princes  de 
l'empire,  lui  fournissaient  des  commandes. 

La  Hollande,  absorbée  par  de  vastes  opérations  commerciales, 
par  des  guerres  maritimes,  par  sa  lutte  contre  les  oppresseurs 
étrangers,  ne  potii^bit  faire  beaucoup  de  cas  de  son  industrie  en 
général  et  de  ses  faJ3riques  de  poteries  en  particulier,  d'autant 

Silus  que  les  produits  de  la  porcelaine  chinoise  et  japonaise  se 
rouvaient  déjà  répandus  et  eh  faveur.  Néanmoins,  les  potiers 
surent  élever  leur  art  à  une  telle  perfection,  qu'à  l'époque 
de  la  plus  grande  prospérité  de  Delft,  ils  occupaient  plus  de 
^ille  familles,  et  le  commerce  du  pays  trouvait  largement 
son  compte  à  exporter  des  faïences  pour  la  France,  l'Angleterre, 
le  Brabant,  les  Flandres,  le  Danemark,  la  Suède  et  les  deux 
Indes.  L'Allemagne  et  l'Italie  étaient  les  deux  seuls  grands  pays 
du  continent  qui  ne  fussent  pas  tributaires  de  la  Hollande  pour 
ses  faïences. 

Dans  ce  pays,  auquel  la  liberté  politique  et  religieuse  don- 
nait son  impulsion  féconde,  le  bien-être  et  le  luxe  descen- 
daient du  palais  des  princes  jusque  dans  la  rustique  habitation 
du  paysan;  le  goût  des  belles  faïences  et  des  collections  se  dé- 
veloppa aussi  bien  chez  l'indépendant  fermier  que  chez  le 
citadin. 

Le  protestantisme  avait  fait  naître  les  individualités;  au 
lieu  de  se  dépouiller  pour  les  couvents  et  les  églises,  chacun 
ornait  sa  propre  maison.  Les  meubles  se  couvraient  de  vais- 
selles et  de  potiches ,  les  murs  de  tableaux  en  terre  cuite 
émaillée.  La  production  avait  donc  aussi  trouvé  son  écoule- 
ment à  l'intérieur.  Delft  était  alors  arrivé  à  une  réelle  su- 
périorité sur  les  autres  centres  de  fabrication  de  poteries,  sans 
en  excepter  l'Italie  ni  l'Allemagne,  où  Niirnberg,  déjà  déshéritée 
de  sa  suprématie  commerciale  et  artistique,  déclinait  sous  le 
poids  de  ses  désastres.  Tilly,  ce  cruel  et  stupide  fanatique,  en 
avait  extirpé  l'élément  vital,  par  la  dévastation  de  pays  floris- 
sants et  la  ruine  du  commerce. 

Quand  les  faïences  italiennes  n'étaient  presque  connues  que 


72  DE  L'ART   CERAMIQUE 

là  OÙ  elles  se  fabriquaient,  Delft  exportait  les  siennes  par- 
tout. ^* 

•  Rouen  était  en  France  la  seule  ville  qui  eût  pu  rivaliser 
dignement  ;  mais  les  conséquences  fâcheusies  du  monopolo  arrê- 
tèrent l'élan  de  son  industrie.  L'impui^ance  du  tiers  état,  la 
misère  profonde  des  populations  rurales,  ruinées  par  le  clergé 
et  le  fisc,  privaient  la  France  de  débouchés  suffisants  pour  éeè 
fabriques  montées  sur  une  grande  échelle;  Bt  les  barrières^ in- ^ 
térieures  de  l'abominable  système  administratif  rendaie^t-tout  ^ 
commerce  impossible.  -.      • 

Le  petit  nombre  relatif  de  pièces  que  Nevers  a  produit  doit 
être  considéré,  pour  tout  ce  qui  concerne  la  première  fabrication,  - 
comme  faïence  italienne  secondaire: ni  la  couleur,  ni  la  pâte,  ni 
les  formes  ne  diffèrent  assez  pour  qu'on  puisse  leur  assigner  un 
caractère  particulier,  quoiqu'il  y  ait  des  pièces  en  faïence  de 
Nevers  qui,  sous  quelques  rapports,  peuvent  parfaitement  riva- 
liser avec  les  plus  belles  faïences  italiennes  ^  La  fabrication  de  la 
seconde  période,  dite  persane  (i  640),  dont  les  produits  se  recon- 
naissent aux  anses  contournées  ou  torses,  au  décor  bleu  perse, 
tigré  blanc,  etc.^  et  plus  tard  aux  dessins  chinois,  copiés  sur  les 
faïences  hollandaises,  avait  conservé  l'ancien  mode  de  faire,  et 
les  carreaux  de  revêtement  à  fond  bleu  et  à  décor  en  blanc  fixe 
de  cette  époque  sont  particulièrement  beaux  et  renommés.  Je  ne 
parle  naturellement  pas  ici  de  la  faïence  nivernaise  populaire  du 
dix-huitième  siècle,  laquelle  a  son  cachet  particulier,  mais  qui 
ne  peut  être  classée  parmi  les  faïences  artistiques. 

Du  reste,  c'est  un  Italien,  Domenico  di  Conrado,  qui  a  fondé 
la  première  fabrique  en  1602.  C'est  donc  ainsi  que  s'est  trouvée 
confirmée  l'ancienne  version,  que  ce  Savoisien  avait  accompagné 
en  France  un  duc  de  Nivernais,  et  qu'en  se  promenant  aux  en- 
virons de  Nevers,  il  avait  constaté  la  présence  d'une  espèce  de 


1 .  L'«maleur  peut  souyent  reconnaître  les  belles  pièces  de  la  première  époque 
de  la  fabrication  nivernaise  (1600-1670)  aux  figures,  qui  sont  en  jaune  sur  un 
fond  bleuj  les  faïenciers  italiens  ont  généralement  peint  leurs  Ggures  en  bleu  sur 
un  fond  jaune.  Cette  observation  n'a  cependant  rien  d'absolu  et  est  soumise  à 
d«  nombreuses  excqptions. 


^      EN  GÉNÉRAL.  73 

terre  identique  à  celle  qu'on  employait  pour  la  manipulation  de 
la  faïence  en  Italie,  et  qu'il  la  prépara  et  fit  construire  un  petit 
four  oii  fut  fabriquée  cette  faïence.  Des  artistes  italiens,  attirés 
par  le  premier  succès,  s'établirent  bientôt  dans  les  environs  et 
farent  protégés  par  la  cour  et  la  noblesse,  qui  commençaient 
à  prendre  goût  à  la  vaisselle  en  terre  cuite  obteaue  d'après  le 
mode  d^à  répandu  en  Italie. 

Les  poteries  dites  de  Bernard  Palissy  sont  curieuses  comme 
produits  d'une  époque  où  tes  ressources  du  surmoulage  étaient 
moins  bien  connues  qu'aujourd'hui.  Les  couleurs  sont  belles  ; 
dies  rappellent  en  tout  l'écple  des  Hirschvogel  ;  mais  c'est 
de  la  terre  cuit©  sans  émail  stannifère.  Ce  genre  offre  trop  de 
facilité  à  la  cemirefaçon,  et  les  imitateurs  sont  arrivés  à  1» 
i^produire  B^ec  une'  perfection  si  complète,  qu'elle  embarrasse 
souvent  l'amateur  inexpérimenté.  On  a  fait  môme  mieux,  commo 
le  âémontre  le  beau  plat  ovale  à  la  langouste  du  Musée  du 
Louvre;  car  cette  poterie  est  certes  supérieure  à  celles  attri- 
buées à  Palissy.  Les  plats  dits  de  Palissy  sont  tous  moulés^  ce 
qui  lait  qu'ils  se  répètent  souvent  et  que  les  continuateurs  ont 
^sans  cesse  surmoulé  les  anciens  modèles.  La  valeur  des  soi- 
disant  Palissy  a  bien  diminué  aujourd'hui  par  suite  de  ces 
profusions  et  de  cette  incertitude. 

Il  existe  des  amateurs  qui  prétendent  attribuer  à  première 
vue  les  plats  à  Palissy  et  les  distinguer  de  ceux  de  ses  soi- 
disant  continuateurs  ;  mais  rien  n'est  moins  certain  que  leurs 
affirmations;  il  serait  impossible  à  ces  messieurs  d'appuyer 
leurs  dires  sur  un  seul  signe  authentique. 

A  l'époque  où  Bernard,  aidé  de  ses  deux  frères,  fabriquait 
en  France  ce  genre,  il  existait  et  il  se  formait  d'autres  of- 
ficines de  poterie;  on  en  a  fabriqué  avant  lui  et  en  môme  temps 
que  lui  sur  plusieurs  points,  et  cette  fabrication,  répandue 
dans  tout  le  royaume  *,  s'est  continuée  sans  interruption  jus- 
qu'à nos  jours  ;  de  sorte  que,  sur  dix  plats  figurant  dans  les 


1 .  M.  Raymon -Bordeaux  a  signalé  entre  autres  les  productions  de  Lisieux  en 
Normandie,  qui,  d'après  lui,  sont  toutes  pareilles  à  celles  attribuées  à  Palissy. 

7 


74  DE  L'ART  CâtAiriQUE 

musées  ou  dans  les  collections,  il  n'y  en  a  souvent  pas  un  seul 
que  l'on  puisse  même  oUtribuer  seulement  à  Palissy,  auquel  je 
n'attribue,  du  reste,  aucun  de  ces  plats  à  ornements  et  à  mas^ 
mrons  dont  le  style  indique  suffisamment  des  époques  posté- 
rieures où  déjà  le  pastiche  régnait  en  maître;  pour  moi,  Palissy 
n'a  jamais  produit  que  des  pièces  rocaillées  et  ornées  de  repr 
tiles,  etc.,  mais  ni  figures  ni  ornements.  Il  était  plutôt  savant 
qu'artiste  et  ne  connaissait  ni  le  modelage  ni  la  peinture.  (Voir 
l'article  sur  Palissy.) 

Les  quelques  pièces  si  rares^  —  cinquante-^cinq  en  tout,  — 
dites  faïences  de  Henri  U  ou  de  Diane  de  Poitiers,  ont  été 
l'œuvre  de  quelques  artistes;  elles  ne  sont  pas  en  faïence  stan- 
nifère. 

Les  faïences  de  Strasbourg  et  de  ses  environs^  Haguenau  et 
autres  lieux;  celles  de  Niderwillers,  de  Lille,  de  Lunéville,  de 
toute  l'Alsace  et  de  la  Lorraine,  de  la  Picardie,  enfin  celles  de 
tout  le  nord  de  la  France,  celles  du  Midi,  comme  Moustiers  et 
Marseille,  et  celles  d'Angleterre,  sont  dans  de  bonnes  conditions 
pour  l'amateur,  quoique  plus  modernes  que  les  faïences  des 
écoles  de  Saxe,  de  Franconie,  de  Souabe,  de  Delft,  de  Neverê 
et  de  Rouen ,  etc.,  elles  ont  pourtant  un  caractère  souvent 
historique  et  très-varié,  suffisant  pour  stimuler  les  recherches. 
Le  moustiers  et  le  marseille  sont  souvent  contrefaits  avec 
habileté,  particulièrement  le  premier,  parce  que  tout  y  était 
poncisé. 

Ces  fabriques,  aussi  bien  que  celles  de  l'Allemagne  du  dernier 
siècle,  ont  plus  ou  moins  imité  la  porcelaine  de  Meissen. 

La  lourdeur  de  la  pâte  de  la  faïence  italienne  offre  également 
l'iTiconvénient  delà  contrefaçon;  tous  les  dilettanti,  faiseurs  de 
peinture  céramique,  tâchent  de  l'imiter,  comme  étant  la  plus 
facile,  à  cause  de  son  peu  de  finesse,  du  caractère  particulier 
de  son  décor  et  de  la  grossièreté  de  la  poterie,  que  tous  les 
établissements  peuvent  produire.  Mais  ces  imitations  ne  trom- 
pent personne  d'expérimenté,  tandis  que  les  productions  mo- 
dernes de  l'Italie  même  embarrassent  quelquefois  le  connais- 
seur. 


EN  GÉNéRAL.  75 

Outre  les  nombreuses  fabriques  actuelles  établies  en  Italie, 
celle  du  noarquis  L.  Ginori  à  Doccia,  près  Firenze,  dont  les 
produits  sont  exposés  à  Sèvres,  fournit  de  beaux  exemplaires; 
M.  Chapelin,  de  la  fabrique  de  M.  Laurin  à  Bourg-la-Reine,  en 
a  donné  également;  M.  Jean,  à  Paris^  en  a  fait  aussi;  mais  ses 
peintures  rappellent  trop  le  papier  peint  et  la  porcelaine;  M. Gi- 
nori à  Doccia,  M.  Ferlini  à  Bologna,  M.  Lesore  actuellement  à 
London^  M.  Masson  à  Paris,  M.  Ulysse  à  Blois,  et  M.  Devers 
qui  a  introduit  le  goût  des  faïences  modernes  à  Paris,  contre- 
font aussi  les  délia  robbia  ;  enfin ,  M.  Pinart  et  M.  Bouquet ,  â 
Paris,  ont  dépassé  les  céramistes  anciens  par  leurs  productions 
individuelles.  M.  Aviso,  de  Tours,  M.  Barbizet  et  M.  PuU,  à  Pa- 
ns, et  M.  Minton^  et  quelques  autres  fabriques  en  Angleterre, 
sont  les  continuateurs  modernes  du  genre  dit  palissy. 

L'amateur  peut  cependant,  je  le  répète,  facilement  recon- 
naître ces  imitations  de  majoliques  anciennes  faites  en  dehors 
de  ritâlie  :  ni  l'émail,  ni  la  pâte,  ni  les  nuances  ne  peuvent  le 
tromper.  11  faut  une  plus  grande  habitude  et  plus  de  circons- 
pection pour  distinguer  les  imitations  italiennes  actuelles  des 
pièces  anciennes.  Nombre  de  centres  de  fabrication  n'ont  jamais 
entièrement  cessé  de  produire,  et  comme  ils  ont  gardé  les  mê- 
mes procédés  de  fabrication,  les  mômes  nuances  de  décor  et  le 
mème^  genre  de  des^sins,  l'amateur  ne  peut  souvent  reconnaître 
la  fraude  qu'au  cachet  de  décadence  qui  s'y  trouve  imprimé, 
puisqu'ici,  comme  partout,  le  consciencieux  travail  du  maître 
et  le  sentiment  de  l'art  du  seizième  siècle  ne  s'y  rencontrent 
plus.  Qn  retrouve  bien  encore  les  mêmes  ornements  et  les 
mêmes  figures  ;  mais  le  caractère  qui  accuse  si  fortement  l'a- 
mour de  Tart,  qui  conduisait  la  main  des  anciens  peintres,  man- 
que. Il  y  a  tous  les  hivers,  à  Paris,  des  ventes  de  farences 
italiennes,  où  les  trois  quarts  des  exemplaires  vendus  sont  de 
fabrication  moderne,  sans  que  les  commissaires-priseurs  eux- 
mêmes  le  sacbent« 


1 .  Les  pr<kbictioiiMle  «es  fabricants  doivent  être  rangées  parmi  lès  teins  cuites 
<  soQB  conTerte  ■  on  vernissées  et  sous  engobe,  comme  celiej^ditç9.de  Palissy. 


76  DE  l'art  céramique 

Ce  seront  donc  toujours  les  faïences  si  rares  de  Nurnberg,de 
Delftrde  Nevers,  de  Rouen  S  ainsi  que  quelques  autres  faïences 
françaises,  allemandes,  anglaises  et  même  suédoises,  comme 
celle  de  Marieberg,  par  exemple,  que  l'amateur  pourra  collec- 
tionner de  préférence  *.  Là  il  trouve  une  garanthie  d'authenti- 
cité et  le  véritable  cachet  de  chaque  époque,  si  cher  à  l'archéo- 
logue '. 

La  supériorité  des  fabriques  de  la  Franconie,  de  la 
Souabe,  etc.,  de  Delft,  Nevers,  Rouen,  Lunéville,  etc.,  résulte 
en  partie  aussi  de  la  longue  durée  d'une  exploitation  non  in- 
terrompue.  Dans  ces  vieux  centres  de  fabrication,  la  faïence  a 
pu  arriver  à  une.  haute  perfection  jointe  à  un  bon  marché  ex- 
traordinaire. LdL  pratique  est  beaucoup  dans  un  art  et  dans  une 

1.  MM.  Genlis  et  Rudhardt,  à  Paris,  sont  les  seob  artistes  qui  ont  presque 
réussi  à  imiter  ces  admirables  faïences,  aussi  bign  quant  à  l'émail  qu'an  décor 
artistique. 

2.  C'est  à  Delft  qu'appartient  le  premfigrpang  dèsnu'il  s'agit  de  la  peinture 
artistique  céramique  et  de  la  finesse  de  la  pâte,  —  aux  écoles  allemande, 
saxonne,  franconienne,  souabe  et  aux  Délia  Robbia  de, Florence  dès  qu'il  s'agit 
de  modelage ,  —  à  Rouen  dès  qu'il  s'agit  de  l'dl^rment.  Nûmberg  a  aussi  laissé 
de  belles  pièces  à  (wnements. 

Le  moustiers  fin  ne  remonte  pas  plus  baut  que  yers  le  milieu  du  dix-huitième 
sji^i(e,  après  la  mort  des  Beram  et  dès  que  les  peintres  de  cette  localité  commen- 
cèrent à  imiter  les  gravures  de  Joau  Beriain  (mort  en  1711.)  La  fabrique  de 
Ghristoph  Marz  de  Niirnberg,  de  1712,  coianue  par  ses  belles  faïences  et  ses  cé- 
lèbres décors  exécutés  par  les  céramistes  Kortefhbosch  (1712),  Grebner  (1 720)«t 
Possinger  (1727)  a  laissé  des  œuvres  où  le  décor  original ,  et  non  pas  copié  ni 
poncivé,  est  bien  supérieur  en  finesse  aux  décors  calqués  de  Moustiers. 

3.  Aucune  espèce  d'objets  d'art,  sans  en  excepter  les  médailles,  les  porce- 
laines et  les  tableaux,  ne  peut  donner  autant  de  garanties  et  de  certitude  logique 
d'authenticité  que  la  faïence.  L'amateur  novice  et  le  collectionneur  inexpérimenté 
peuvent  reconnidtre  au  bout  de  très-peu  de  temps  les  pièces  contrefaites,  puisque 
la  faïence  ne  saurait  être  imitée  par  simples  pièces,  comme  l'ivoire  ou  une  arme 
en  fer.  La  cupidité  des  conttefacteurs  ne  peut  pas  trouver  son  compte  à  faire 
ciseler  des  moules  et  à  monter  4e8  fabriques  où  l'eau  et  la  terre  propices  sont 
essentielles,  et  où  ces  éléments  réunis  ont  une  influence  tellement  prononcée  sur 
la  réussite  et  la  production  de  chaque  espèce  particulière  de  poterie  artistique, 
qu'ils  forment  dié^k  un  obstacle  à  la  contrefaçon,  sans  parler  de  l'émail  et  du  dé- 
cor, qui  sont  encore  plus  difficiles  à  atteindre.  L'ivoire  sculpté  s'imite  partout  : 
iiresque  tous  les  musées  en  renferment  de  faux.  Tel  amateur  de  Cologne  ne  pos- 
sède pas  une  seule  pièce  ancienne  parmi  sa  collection,  qui  se  compose  d'un  mil- 
lier d'exemplaires,  et  ne  paraît  pas  s'en  douter.  U  y  a  des  marchands,  à  Paris  et 
en  Allemagne,  qui  ont  gagné  leur  fortune  en  vendant  des  imitations  exécutées 
sur  leur  commande.  Le  fer  martelé  et  les  anciennes  fontes  même  se  contrefont  à 
Paris,  en  Italie  et  en  Allemagne.  J'ai  vu  vendre  à  Paris  et  ailleurs ,  à  des  prix 
énormes,  beaucoup  d'armures  et  d'armes  dont  l'ancienneté  ne  remontait  pas  plus 


EN   GÉNÉRAL.  77 

industrie  où  la  patience,  robservation,  Texpërience  compara-  . 
tive  et  des  essais  continuels  jouent  un  si  grand  rôle.  Nous  pos* 
sédoos  aujourd'hui  de  nombreux  traités;  les  écoles  et  les  éta- 
blissements subventionnés  ne  nous  ont  pas  fait  défaut,  et 
cependant  la  théorie  n'est  guère  descendue  encore  chez  nous 
jusqu'à  la  pratique.  Autrefois,  on  était  potier  de  père  en  fils 
pendant  des  générations  entières;  ces  artisans  suçaient,  pour 
ainsi  dire,  le  goût  éi  le  rudiment  du  métier  avec  le  lait  de  leur 
mère;  tout  enfants,  ils  barbouillaient  déjà  dans  la  pâte  et  dans 
le  blanc,  de  sorte  qu'ils  naissaient  et  mouraient  parmi  leurs 
faïences.  Les  effîais  isolés  tentés  de  nos  jours  sont  impuissants 
pour  ranimer,  dans  quelque  province^  que  ce  soit,  la  fabrica* 
tion  sérieuse  de  la  poterie  d'art;  d'autant  plus  que  les  établis- 
sements subventionnés  sont  plutôt  nuisibles  que  favorables. 

haut  que  la  récolte  de  Tannée  ;  eUes  sortaient  en  majeure  partie  des  fabriques 
de  Stnttgardt. 

Les  meubles  et  le  bols  sculpté  en  général  s'imitent  à  Cologne  et  en  Belgique, 
encore  mieux  à  Paris.  —  On  les  travaille  dans  du  bois  piqué  de  Ters.  -  ^ 

Les  anciens  bij«nx  grecs,  romains,  français,  italiens  et  allemands,  y  compris 
l'orféTrerie  de  Cellioi  et  de  Dinglinger,  se  fabriquent  sans  interruption  en  Â.Ue- 
magne  et  à  Paris.  —  Un  marchand,  établi  à  Frankfurt  S. /M.,  occupe  toute 
Vannée  plusieurs  ouyriers,  à  Paris  et  à  A.ugsburg,  pour  faire  du  viexta;.  —  Sa 
Titrine  en  est  remplie,  et  les  Anglais  de  passage  ainsi  que  les  Russes  sont 
rançonnés  par  lui  sans  scrupule.  Cet  industriel  avait  même  réussi  à  vendre 
une  parure  grecque  au  musée  germanique  de  Nûmberg;  malheureusement  pour 
lui,  un  bijoutier  d'Augsburg ,  qui  avait  travaillé  à  Paris ,  indiqua  de  suite  le 
nom' et  le  domicile  de  V ancien  qui  avait  fabriqué  cette  parure  à  Paris,  en  l'an 
de  grâee  186i. 

La  fabrication  des  émaux  sur  métal  de  toute  espèce  est  également  entre  les 
mains  de  la  contrefaçon.  —  Tout  le  monde  connaît  l'histoire  de  la  fameuse  paire 
de  flambeaux  de  M.  de  Rothschild,  à  Paria. 

Mais  c'est  surtout  en  Italie  que  la  supeicherie  est  poussée  à  ses  dernières  li- 
mites. J'y  ai  vu  vendre  à  des  Anglais  cinq  fois  la  même  vierge,  faussement  attri- 
buée à  Luca  Délia  Robbia  ;  le  marchand  la  remplaçait  régulièrement  dans  son 
mur  par  une  autre  tirée  de  Bologna  ou  de  Doccia  immédiatement  après  la  vente, 
*  et  chaque  acheteur  était  bien  convaincu  de  l'authenticité  de  sa  vierge,  —  puis- 
qu'il Favait  achetée  surplace,  et  encore  fixée  dans  le  muri 

Les  bonnes  et  belles  faïences  anciennes,  telles  que  les  faïences  de  sculptures? 
d'Allemagne,  de  peinture  de  la  France  et  de  la  Hollande,  sont  et  resteront  tou- 
jours inimitables  ;  car  il  est  impossible  d'imiter  la  vraie  faïence,  dont  chaque 
espèce  demande  une  manipulation  différente,  comme  je  viens  de  le  dire  plus 
haut.  Jadis,  chaque  potier  fabriquait  un  grand  nombre  de  pièces  du  même  coup 
pour  alimenter  ses  fourneaux  de  cuisson ,  mais  il  est  impossible  aujourd'hui  de 
fabriquer  tant  de  modèles  si  différents  en  pâte  et  en  émail,  et  encore  plus  en  dé- 
cor, pour  une  vente  au  détail  ou  pour  satisfaire  quelques  amateurs. 

7. 


78  DE  l'art  céramique 

Delft  et  ses  fabriques  sont  si  peu  connues  qu'il  convient  d'en 
donner  une  description  complète.  Les  faïences  et  porcelaines 
hollandaises  n'ont  jamais  eu  leur  céramographe^  pas  plus  que 
celles  de  la  Suisse  et  de  l'Allemagne.  C'est  ce  qui  m'a  engagé  à  en 
parler  plus  amplement  ici. 

L'origine  de  Delft  se  perd  dans  l'obscurité  des  temps.  Son 
nom  vi^it  des  vieux  mots  hollandais  del,  terrain  bas  ;  tielfen, 
creuser  le  sol.  De  nos  jours  encore,  on  dit  en  bûlian4ais  delfstofy 
minéral.  Cette  ville  fut  fondée  par  Govi^tie  Bossu  ^  duc  de 
Lorraine,  qui  après  avoir  conquis  le  pays  en  107b,  y  fixa  0a 
Tésidence.  L'an  1515,  Delft  était  devenue  la  ville  la  plus  popu- 
leuse de  la  Hollande  ;  en  1739,  elle  comptait  encore  22,000  ha- 
bitants et  renfermait  avec  ses  faubourgs  4,755  maisons.  Retom- 
bée sous  la  domination  française  à  12,000  âmes,  elle  s'est  accrue 
de  nouveau  ;  aujourd'hui  elle  a  20,000  habitants. 

Il  est  impossible  de  préciser  l'année  dans  laquelle  la  pre- 
mière farence  fut  fabriquée  à  Delft.  Un  auteur,  Haydn  (Diction' 
naire  des  Dates),  et^  après  lui,  M.  Bohn,  la  fait  remonter  à  1310, 
date  qui  me  paraît  trop  reculée  et  qu'il  n'appuie  d'aucun  té- 
moignage authentique. 

Les  archives  de  la  ville  de  Delft,  en  grande  partie  détruites 
par  deux  Incendies,  l'un  survenu  en  1536,  l'autre  en  1628,  n^ 
contiennent  rien  qui  concerne  les  fabriques  de  fhrences  des 
premières  époques.  Les  historiens  et  les  chroniqueurs  de  ces 
temps  consignaient  de  préférence  les  événements  de  guerre  et 
de  religion  ;  l'art  et  l'industrie  les  touchaient  peu.  En  fixant 
cette  époque  entre  1450  et  1515*,  c'est-à-dire  vers  le  temps  où  la 
porcelaine  de  Chine  fut  introduite  en  Europe,  je  pense  être  dans 
le  vrai,  puisque  la  plus  vieille  marque  que  j'aie  rencontrée  après 
de  longues  recherches  est  de  1450.  1530  est  le  millésime  qui 
se  trouve  sur  une  potiche  en  camaïeu  bleu,  dont  les  bords 

1 .  Godefroy  II  le  Bossu,  duc  de  la  basse  Lorraine-Ripuaire,  mort  assassiné 
en  1089. 

2.  M.  Marryat  dît  :  «  Énormes  services  en  faïence  de  Delft  furent  donnés  par 
Philippe  d'Autriche,  gouveiiieur  des  Pays-Bas,  à  sir  Thomas  Trenchard,  en 
ISOtt  ;  D  mais  comme  je  ne  sais  pas  si  c'était  de  la  faïence  stannifère ,  —  il  y  a 
de  l'incertitude. 


KN  GÉNÉBAL.  >  79 

et  la  date^  sans  autre  monogramme  ou  lettre,  sont  en  rouge 
de  fer.  Un  cheval,  de  ma  collection,  ]»orte  le  millésime  de  1480. 
Des  plaques  polychromes  marquées  1594,  et  incrustées  sur  la 
façade  d'une  vieille  maison  de  la  place  du  Grand -Marché^ 
vis-à-vis  de  la  statue  d'Érasme,  à  Rotterdam,  peuvent  éga- 
lement servir  d'indice  pour  la  fixation  du  commencement  de 
ces  fabriques.  Ces  plaques  prouvent,  par  le  rouge  et  le  grand 
nombre  de  leurs  couleurs,  combien  la  fabrication,  à  la  fin  du 
seizième  siècle,  était  déjà  avancée.  Ce  qui  me  fait  ainsi  pen- 
cher à  ne  pas  fixer  une  date  beaucoup  plus  reculée,  c'est  que 
l'on  rencontre  peu  dans  ces  faïences  qui  se  ressente  de  l'in- 
fluence de  la  religion  catholique  :  ni  vierges,  ni  saints,  ni  bé- 
nitiers. Les  christs  seuls  ne  sont  pas  rares.  La  fabrication^ 
dans  toute  sa  flore,  doit  donc  être  placée  vers  le  temps  de  la 
Réforme. 

Quelqaes  exemplaires  représentant  des  fruits,  deç  pois- 
sons, etc.,  dans  le  style  de  Niirnberg,  portent  la  date  de  iS40. 
Un  plat  armorié^  également  de  mon  cabinet,  est  daté  de  1500. 

On  a  cru  généralement  que  cette  branche  d'industrie  avait 
été  introduite  en  Hollande  par  les  Italiens  ;  mais,  il  faut  le  répé- 
ter, c'est  là  une  erreur. 

Les  premiers  potiers  établis  à  Delft  étaient  Allemands.  Les 
fruits,  légumes,  poissons  et  autres  animaux  dont  j'ai  parlé  sont 
absolument  dans  le  genre  des  maîtres  allemands  du  moyen 
âge,  qui  affectionnaient  beaucoup  les  sculptures  et  le  modelage. 

La  preuve  que  des  Allemands  ont  travaillé  à  Delft  au  début 
du  seizième  siècle  me  paraît  acquise  par  un  plat  de  Delft  qui  se 
trouve  à  Middelburg;  ce  plat,  daté  1446,  a  une  inscription  alle- 
mande. La  nuance  du  vert  de  Delft  est  presque  aussi  la  même  que 
celle  des  Allemands.  La  pâte  et  les  formes  de  ces  premières  faïen- 
ces dénotent  encore  l'origine  allemande  et  non  pas  italienne.  En 

n  faudrait  remoater  plus  haut  pour  fixer  le  commencement  de  la  fabrication 
à  Delft ,  si  Ton  s'en  rapportait  à  ces  documents  écrits,  Philippe  et  Johanna , 
s'embarquant  comme  roi  et  reine  de  Castille,  à  Middelburg,  en  1506,  Vivaient 
avec  eux,  a^t-on  écrit,  un  «  grand  nombre  de  plats  de  faïence  de  Delft;  d  mais 
je  préfère  les  documents  en  terre  cuite.  Les  chroniqueurs  ont  pu  confondre  la 
porcelaine  avec  la  faïence,  comme  ils  ont  confondu  la  faïence  avec  la  porcelaine. 


■»*•, 


80  '        DE  l'art  céramique 

1580  déjà  on  appelait,  en  Angleterre,  Delfl  :  «  The  Parent  of 
Pottery,  »  nom  qui  revient  de  droit  plutôt  aux  fabriques  saxonnes 
de  l'école  du  nord  de  TAUemagne. 

Les  potiers,  qui  avaient  établi  les  premiers  fours  en  Hollande, 
eurent  de  grandes  difficultés  à  vaincre.  Ne  connaissant  qu'im- 
parfaitement les  qualités  chimiques  des  terres  du  pays,  ils  fai- 
saient essais  sur  essais  et  tiraient  d'abord  exclusivement  leurs 
terres  d'Allemagne  et  de  Belgique  ;  Cfi  fut  plus  tard  que  la  terre 
dB  Delft  môme  leur  fournit  une  partie  de  la  composition  de  la 
pâte.  Ils  eurent  par  contre  peu  de  frais  de  création  et  de  des- 
sin à  faire,  çui^u'ils  trouvèrent  un  grand  choix  de  motifs  à 
copier  dans  les  porcelaines  de  Chine  et  du  Japon,  ainsi  que 
chez  les  Allemands. 

Les  Portugais  avaient  les  preimers  importé  la  porcelaine  chi- 
noise en  Europe;  mais  les  Hollandais  en  firent  bientôt  un  grand 
article  de  commerce  et  la  répandirent  à  profusion  dans  leur  pays. 

Le  protestantisme,  en  mettant  la  Bible  entre  les  mains  de 
touS;  fournit  plus  tard  de  nombreux  sujets  aux  dessinateurs. 

L'instruction,  l'une  des  conditions  d'existence  de  la  Réforme, 
appela  la  critique  Qt  stimula  les  artistes.  N'étant  plus  renfer- 
més dans  l'histoire  des  saints  et  de  l'éternelle  mythologie,  ils 
purent  varier  leurs  sujets  à  l'infini  et  les  choisir  dans  l'his- 
toire générale*.  Le  fermier  même,  indépendant  et  quelque- 

1 .  la  Réforme  a  certes  exercé  une  grande  et  salutaire  influence  sur  l'art,  quoi- 
que sçs  adversaires  prétendent  soutenir  le  contraire.  C'est  à  partir  de  la  Réforme 
que  la  critique  d'art  existe  selilement,  et  que  l'Allemagne  a  produit  le  plus  grand 
nombre  des  œuvres  qui  font  aujourd'hui  sa  gloire.  En  i  S 30  déjà,  la  municipalité 
de  Nuruberg  avait  signé,  au  nom  de  toute  la  population,  son  adhésion  à  la  Con- 
fession d'Ausbourg,  et  Albrecht  Diirer,  le  chef  de  l'école  de  peinture  de  Niim- 
berg,  n'avait  que  quarante  ans  (né  en  1470),  dix  ans  de  plus  que  Luther,  lorsque 
ce  deruier  attaqua  le  dogme  des  indulgences  et  publia  ses  quatre-vingt-quinze 
propositions.  Albrecht  Durer  était  déjà  protestant  dans  l'âme  quand  il  écrivait, 
dans  son  journal  d'un  voyage  fait  dans  les  Pays-Bas  pendant  les  années  1520  et 
1 521 ,  les  pages  qui  commencent  : 

.  a  Vendredi  avant  la  Pentecôte, de  l'année  152(]t|;  nous  avons  reçu  la  nouvelle, 
à  Antvtrerpen,  de  la  traîtreuse  arrestation  de  Martin  Luther,  etc.  >  (Publication 
de  M.  de  Murr,  en  1780.) 

Er  France  même,  les  premiers  grands  artistes  de  la  Renaissance  étaient  pres- 
que tous  protestants  :  d'abord  le  célèbre  sculpteur  Jean  Goujon,  né  en  1515  et 
mort  assassiné,  à  la  Saint-Barthélémy,  le  24  août  1572;  Germain  Pilon,  son 
élève  j  le  non  moins  célèbre  peintre  Jean  Cousin ,  surnommé  le  Michel-Ange 


EN  GÉNÉRAL.  8i 

fois  plus  opulent  que  le  seigneur  des  pays  féodaux,  alla  sou- 
vent chez  le  potier,  à  Delft,  commander  lui-même  ses  ser- 
vices. 

Les  anciennes  fabriques  augmentèrent  le  nombre  de  leurs 
fours  ;  de  nouvelles  se  formèrent.  La  porcelaine  de  Chine  se 
trouva  remplacée  par  les  faïences,  lesquelles  finirent  par  occu- 
per le  quart  au  moins  des  bras  de  la  population.  A  leur  apogée  . 
il  n*y  avait  pas  d'établissement  qui  comptât  moins  de  trois 
fours;  dans  quelques-uns  on  en  chauffait  jusqu*à  dix. 

Vers  le  milieu  du  dix-septième  siècle,  il  y  avait  à  Delft  qua- 
rante-trois manufactures,  et  je  pense  que  c'est  là  l'époque  la 
plus  florissante,  sinon  la  plus  artistique.  Un  auteur,  en  portant 
le  nombre  à  cent.  Ta  grandement  exagéré.  Cent  fabriques  au- 
raient occupé  au^moins  quinze  mille  ouvriers,  ce  qui  est  inad- 
Aiissible  pour  une  population  de  20  à  25,000  âmes. 

D'après  toutes  mes  recherches,  le  chiffre  n'a  jamais  dépassé 
cinquante. 

En  1764,  vingt-neuf  manufactures  considérables  existaient 
encore.  J'ai  trouvé  la  liste  des  noms,  enseignes  et  marques  dans 
les  archives  de  l'hôtel  de  ville.  Actuellement  il  ne  reste  de  toute 
cette  grandeur  qu'une  seule  fabrique ,  celle  des  demoiselles 
Picart,  qui  ne  produit  que  d'affreuses  assiettes  jaunâtres,  en 
terre  de  pipe,  sans  aucun  décor.  Les  propriétaires,  descendants 

français,  auteur  de  deux  ouvrages  sur  la  perspective  et  la  pouriraictwref  né  en 
1500,  mort  en  1590  ;  Clément  Marot,  architecte  et  poète,  né  en  149i^  et  mort 
dans  l'exil  en  1 544  ;  Androuet  du  Cerceau,  célèbre  architecte  et  auteur  du  Livre 
d'architecture,  1550  et  1561,  ainsi  que  des  Leçons  de  perspective,  1576; 
Bernard  Palissy,  né  en  1510,  mort  à  la  Bastille  sous  Henri  II,  auteur  de  plu- 
sieurs remarquables  ouvrages  sur  l'art  et  sur  la  géologie.  C'est  lui  qui  répon- 
dait à  ce  roi  pusillanime,  qui  était  allé  le  voir  pour  obtenir  sa  conversion,  sous 
peine  de  mort,  en  lui  disant  :  «  Je  suis  contraint.  —  Et  moi,  sir«kj  je  sais 
mouxir.  »  C'est  cette  mort  que  le  catalogue  de  Cluny  appelle  «  une  mort  au  mi- 
lien  des  honneurs.  •  Il  y  en  aurait  encore  beaucoup  à  citer ,  et  la  liste  serait 
trop  longue  1 

La  Hollande  aussi  n'a  vu  se  former  son  école  nationale  de  peinture  ^lu'après  la 
Réforme.  Rembrandt,  le  plus  grand  des  peintres  que  l'art  connaisse,  était  protes- 
tant, élevé  et  formé  dans  un  pays  prolestant.  C'est  le  protestantisme  qui  a  fait 
des- artistes  vraiment  originaux  et  produit  des  génies  hors  ligne;  les  écoles  catho- 
liques ont  suivi  plus  communément  les  chemins  battus  :  ils  ont  imité  ce  que  leurs 
devanciers  avaient  imité  avant  eux,  dans  une  longue  chaîne  de  traditions  non  in- 
terrompue, qui  devait  finir  par  étouffer  Tart  dans  les  entraves  de  la  convention. 


9S  DE  l'art  Céramique 

d'anciens  potiers  artistiques,  ne  se  doutent  même  pas  de  ce  que 
leurs  ancêtres  ont  su  faire,  et  ne  connaissent  rien  de  l'histoire 
de  cette  industrie  célèbre. 

6i  Ton  admet  en  nioyenne  xinq  fours  par  manufacture,  on 
•trouve  que  l'industrie  céramique  occupait  à  cette  époquie  de 
prospérité  dix  mille  artistes  et  ouvriers,  puisque  chaque  Ibur, 
d'après  les  ^scriptions  de  Gerrit  Paape,  exigeait  un  per^onel 
d^^irenté  à  quarante  personnes. 

J'ai  d^jà  dit  qu'outre  la  grande  exportation  à  laquelle  elle  se 
livrait,  la  Hollande  elle-même  consommait  âeiormément  de 
faïence^  et  les  objets  qu'elle  préférait  se  vendaient  pour  la  plu- 
part dans  des  prix  élevés,  de  sorte  que  l'art  pouvait  dcmner  la 
main  à  l'industrie.  La  faïence  était  devenue  un  article  de  luxe. 
•Q^nç  aucun  pays  on  n'en  a  retrouvé  autant,  et  une  grande 
partie  des  pièces  recueillies  en  Hollande  figurent  dans  les  muaâ^ 
et  tes  collections  d'amateurs  de  toute  l'Europe. 

Il  n'y  avait  presque  pas  de  maison»  d'habitation  même  de 
petit  fermier,  dont  les  murs  ne  fussent  ornés  de  plaques  ;  à  la 
ville  et  à  la  campagne,  les  dressoirs,  les  cheminées  et  les  cré- 
dences  pliaient  sous  le  poids  de  cette  vaisselle.  Les  vestibules, 
les  escaliers,  les  cuisines  et  même  les  étables  *  se  couvraient  de 
plaques  d'une  blancheur  éblouissante  où  l'histoire  de  la  Bible 
et  les  faits  de  l'histoire  nationale  étaient  reproduits.  Beaucoup 
de  commerçants  et  d'industriels  avaient  leurs  enseignes  formées 
en  plaques  de  faïence  au-dessus  des  portes,  et  on  trouve  encore 
aujourd'hui  des  maisons  où  ces  terres  émaillées  sont  incrustées 
dans  les  murs  du  premier  étage  et  en  haut  des  pignons. 

La  spéculation  a  recueilli  et  exporté  depuis  vingt^ans  plus  de 
quinze  mille  caisses  de  faïence,  et  cela  dans  un  pays  de  deux 
millions  et  demi  d'habitants  à  peine. 

Les  marchands  en  ramassent  encore  continuellement^  mais 


1 .  M.  Ghampfletiry ,  en  pariant  de  ces  plaqaes  des  étables  citées  par  moi, 
dit^dans  son  Violon  de  faïence  :  «  que  les  Hollandais,  n'en  sachant  que  faire, 
Avaient  imaginé  d'en  mettre  jusque  dans  les  étables  pour  distraire  les  anioMUix, 
croyant  meubler  leurs  cenreaux  d'image  plaisantes,  et  égayer  par  des  scènes  de 
.la  ne  domestique  les  gros  yeux  des  bœufs  accroupis  sur  la  Ûtière.  » 


EN  GÉNÉRAL.  g^ 

c'est  pour  la  plupart  de  la  vaisselle  commune,  qui  ne  mérite 

pas  d'entrer  dans  les  collections. 
Le  beau  delft  ancien  est  devenu  rare  ;  sa  valeur  a  presque 

centuplé;  il  est  fort  recherché,  particulièrement  en  Angleterre, 

et  les  habitants  du  pays  ne  veulent  plus  s'en  dessaisir  :  ils  for* 

UMBi  eux-mêmes  des  collections. 
^     Yoyons  maintenant  dans  une  courte  description  du  mode  de 
/fàbipcàtion,  où  je  ferai  entrer  très-peu  de  détails  techniques, 

comment  la  faïence  se  fabriquait. 
La  pâte  se  composait  de  trois  argiles^  ou  terres  différentes'  : 

6  de  Doornik  (Tournay); 

3  noire  de  Mulheim  sur  le  Rhin^  en  Allemagne  ; 

2  de  Delft  «. 

Les  terres  noires  de  Mulheim  et  de  Delft  étaient  l'élément 
indispensable.  Le  mélange  s'opérait  dans  les  établissements 
appelés  aardwdscheryen  ou  lavoirs  de  terre,  qui  tous  étaient 
situés  auSchie',  —  au  Rotterdamsche-Vart. 

Pour  former  cette  pâte  oa  mélangeait  les  trois  ou  les  deux 
sortes  de  terres  dans  de  gr^ds  baquets  pleins  d'eau.  En  les 

1.  Plusieurs  étymologistes  font  dériver,  par  erreur,  glaUe  du  mot  argile. 
Glaise  dérive  de  l'anglais  clayy  d'où  dérive  aussi  le  hollandais  kM,  La  couleur 
des  argiles  disparaît  ou  se  modi6e  à  la  cuisson.  Le  choix  des  argiles  est  une 
question  vitale  pour  les  fabriques.  Il  y  a  des  potiers  qui,  par  une  longue  expé- 
rience, savent  juger  la  qualité  d'une  argile  selon  la  force  avec  laquelle,  sans  être 
cuite ,  elle  happe  la  langue ,  c'est-à-dke  la  faculté  qu'elle  a  de  i' attacher  à  la 
langue  en  s'emparant  plus  ou  moins  promptement  de  l'humidité. 

2.  Reinier  Boitet  dit,  dans  sa  description  de  Delft,  que  la  terre  venait  des 
environs  de  Maëstricht,  et  on  lit  dans  les  Délicee  des  PayS'BaSf  in-8*,  Paris, 
1786,  à  la  description  de  la  ville  de  Delft  : 

c  L'on  parle  avec  admiration  de  la  belle  faïence  qke  l'on  fait  à  Delft,  et  pour 
laqueDe  il  y  a  plus  de  trente  manufactures;  elle  est  bien  travaillée,  si  bien  pehite 
et  si  fine,  qu'on  la  prendrait  pour  de  la  véritable  porcelaine  des  Indes.  La  terrei 
dont  on  se  sert  pour  travailler  les  faïences  y  est  apportée  des  environs  de  Tour- 
nay  en  Flandre,  » 

Si  l'auteur  des  Délices  était  bien  renseigné,  ce  passage  démontrerait  qu'il  y 
avait  encore,  em  1786,  trente  manufactures  à  Delft,  et  qu'à  cette  époque  on  se 
swait  oMinairement  de  la  terre  de  Tonmay  (Doornik). 

3.  J'ai  vtt  à  La  Haye  de  vieilles  plaques  de  cheminée  en  faïence  sur  lesquelles 
SeUe,  en  1540,  est  représenté.  Schie  ou  Overschie  faisait  partie  du  territoire 
de  la  ville  de  Delft  depuis  1513  seulement.  Un  de  ces  tableaux,  formés  de  car- 
reaux, se  trouve  dans  la  collection  de  M.  Saint-Léon,  à  Paiis. 


84  •  DE  l'art  céramique 

remuant  on  obtenait  un  liquide  qui,  après  avoir  été  passé  par 
des  tamis  fins  et  écoulé  à  travers  de  longs  conduits  en  bois, 
redevenait  pétrissable.  Cette  pâte,  ainsi  purifiée,  était  alors 
foulée  par  les  pieds  des  ouvriers  et  passait  ensuite  entre  l^s 
mains  des 

Tourneurs  de  gros  ; 

—  de  rond; 

—  de  vaisselle  et  modeleurs. 

Les  objets  formés  étaient  soumis  à  la  cuisson  du  four'  et  en 

sortaient  en  terre  cuite. 
On  émaillait  et  décorait  à  Delft  de  deux  manières  : 
La  faïence  destinée  à  la  jpetnhiré  mr  tru  fut  émaillée  dans 

une  composition  liquide  formée  de  : 

500  parties  de  sable; 

50     —  de  cendre  d'étain  ; 

-  50     —  de  mine  de  plomb  ; 

1/2     —  de  bleu  amidon  *  ; 

1/4     —  de  limaille  de  cuivre  rouge. 

qui,  séchée  à  l'air,  recevait  le  décor,  et  fut  cuite  à  la  plus  haute 
température.  '" 

La  p6tn^f6  suit  mit  était  faite  sur  les  pièces  recouvertes  de 
ce  même  émail,  mais  wgrès  être  cuites  au'  four  une  seconde  fois. 
Au-dessus  de  la  peinture  on  passait  alors  un  vernis  composé  de  : 

20  parties  dQ. plomb; 
500    —      de  sable; 
60    —      de  sel  de  cuiâiae  ; 
30     —       de  sel  de  soude; 

et  les  pièces  entraient  au  four  une  troisième  fois,  pour  être  re- 
cuites à  petit  feu. 

1.  Le  traité  de  Gerrit  Paape  porte  blowsel^  ce  qui  veut  dire  en  français  :  ami» 
don  bleu  ;  mais  je  pense  que  l'auteur  a  voulu  désigner  par  blowsel  le  bleu  d'à* 
midon,  puisque  l'amidon  est  une  matière  végétale  qui  ne  peut  supporter  l'action 
du  feu,  mais  qui  contient  de  la  matière  minérale  bleue  en  petite  partie,  que  l'on 
aura  employée  pour  donner  une  teinte  légèrement  azurée  à  l'émail.  Le  bleu  d'à" 
2W,  en  général,  se  compose  de  sable,  de  potasse  et  d'une  très-petite  partie  de 
cobalt,  le  tout  cuit  à  haute  température. 


EN  GÉNÉRAL.  85 

Les  beaux  décors  en  camaïeu  bleu,  ainsi  que  le  bleu  dans 
les  pièces  polychromes,  furent  toujours  peints  sur  le  cm, 
c'est-à-dire  sur  la  poudrcf  d'émail  délayée  à  Teau  et  répandue 
sur  la  terre  cuite  avant  la  vitrification,  de  manière  que  Témail 
et  la  peinture  n'avaient  à  subir  qu'une  seule  cuisson  au  grand 
feuf  Le  décor  des  pièces  peintes  de  cette  manière  est  bien  plus 
beau;  il  est  plus  gras,  plus  transparent  et  plus  artistique  que 
celui  fait  sur  Témail  cuit,  et  ce  sont  les  peintures  sur  le  cru  qui 
ont  donné  la  supériorité  aux  fabriques  du  Nord. 

Lille/Rouen  et  Moustiers  même,  en  suivant  les  Hollandais, 
ont  également  peint  sur  le  cru,  ainsi  que  les  fabriques  d'Alle- 
magne. NUrnbergn'a  presque  jamais  peint  autrement.  (Voir  à  la 
fin  des  Faïences  françaises j  au  Tableau  chronologique,  la  des- 
cription plus  complète  de  la  peinture  sur  le  cru,  à  l'article  sur 
le  céramiste  Pinart.) 

La  plupart  des  faïences  de  Delft  furent  décorées,  au  début  de 
la  fabrication,  en  bleu  ou  en  rouge  camaïeu. 

Pour  les  objets  artistiques  et  de  prix,  on  employait  plus  de 
couleurs  ainsi  que  la  dorure. 

Ces  couleurs  s'obtenaient  de  la  manière  suivante  '  : 

Bleu  de  Prusse*» 

8  safre,  ou  50  safre. 

5  bleu  d'amidon,    —  25  sable. 
4  mine  de  plomb,  —  25  potasse  3. 

f .  Les  couleors  yitrifiables  sont  formées  en  général  par  les  oxydes  de  métaux  ; 
ils  se. produisent  en  différentes  nuances  ou  teintes,  selon  le  procédé  de  calcina- 
tion  ou  d'oxydation  que  les  métaux  subissent.  Le  fer  donne  du  violet,  du  rouge, 
du  noir  et  même  du  vert;  l'or,  du  pourpre;  Vargent,  du  jaune;  le  cuivre,  les 
yette;  le  manganèse,  des  violets,  des  bruns  et  du  noir;  ranftmottie,  des  jaunes; 
le  cobaltg  des  bleus;  un  mélange  de  jaune,  de  bleu  et  de  chrome,  des  verts;  ie 
manganèse,  l'oxyde  de  cuivre  et  la  terre  d'ombre  donnent  du  bistre,  etc.  Ces 
eoofeurs  s'emploient  à  l'eau,  à  la  gomme  et  à  l'huile  essentielle. 

La  calamine  ou  l'oxyde  gris  de  cuivre,  provenant  du  cuivre  chauffé  à  rouge 
et  ensuite  battu  sur  l'enclume,  produit  la  couleur  verte  favorite  des  faïenciers. 

2.  Le  cuivre  donne  aussi  une  sorte  de  bleu  turquoise.  (^Yokl& poterie  égyp^ 
tienne^ 

3.  Potasse  (du  hollandais  pot-asche,  c'est-à-dire  cendre  en  pot]  est  un  alcali 
blanc,  solide,  inodore,  acre  et  caustique,  qui,  par  la  chaleur,  détruit  même  les 
pierres  précieuses  ;  les  cendres  de  bois  forment  sa  base. 

8 


86  DE  l'art  céramique 

Rouge  ^. 
Bolus  brûlé  six  fois. 

ff 

Jaune, 

9  antimoine,  ou   10  antimoine. 

7  lUiiarge  d'or,  —    4  litliarge  d'or. 
Il2  cendre  d'étain,  —     2  cendre  d'élain. 
i\2  sel,  —     3  sel. 

Violet. 

8  sable,  ou     6  manganèse. 

8  potasse,  ^—     6  acide  de  plomb. 


4  manganèse. 


Brun. 


Bolus  mêlé  de  quartz,  brûlé  jusqu'à  ce  qu'il  devienne  brillant, 
mêlé  alors  d'un  peu  de  bleu  ou  de  violet. 

Vert. 
Mélange  du  bleu  et  du  jaune. 

Orange, 
Mélange  du  jaune  et  du  rouge. 

Noir,  (appelé  par  les  potiers  trait). 
Ou  safre  et  des  paillettes  de  fer. 

Cet  aperçu  de  la  fabrication  hollandaise  a  été  pris  dans  l'ou- 
vrage de  Gerrit  Paape.  Le  procédé  que  cet  auteur-potidr  décrit 


1 .  Le  rouge  de  Caesius,  avec  lequel  on  obtient  les  belles  nuances  ardentes 
dans  la  coloration  du  verre  et  dans  la  peinturé  des  yitraux,  a  été  trouvé  au  dii- 
septième  siècle  par  le  médecin  Cassius  de  Hamburg,  né  àSchleswig  en  1650,  et 
la  recette  publiée  par  son  fils,  le  médecin  Andréas  Cassius  de  Liibeck,  qui  a 
voulu  s'attribuer  l'invention  de  son  père  dans  l'écrit  :  De  principe  terrenorwn 
eidere,  AurOy  et  miranda  ejus  natura,  generatione,  affectionibus,  effeetia  at- 
que  ad  operationes  artis  habitudine  cogitata,  eocperimentis  illustrata. 

Ce  précipité  d'or,  que  l'on  a  nommé  en  France,  d'après  l'inventeur,  pourpre 
de  Cassius,  ne  peut  servir  à  la  décoration  de  la  faïence  cuite  au  grand  feu,  et 
ne  s'emploie  que  pour  la  peinture  sur  porcelaine  ou  sur  faïence,  où  le  décor  est 
cuit  au  feu  de  réverbère,  comme  ceux  de  la  faïence  alsacienne  et  lorraine. 


EN  GÉNÉRAL.  87 

peu  clairement,  était  celui  qui  était  adopté  dans  un  grand 
nopl)re  de  fabriques;  mais  il  va  sans  dire  que  beaucoup  d'éta- 
blissements avaient  leur  genre  particulier  de  fabrication  con- 
^tamnient  modiûé  par  d'autres  recettes  et  par  une  manutention 
différente. 

Aucun  traité  du  tei^ps  ne  pai;le  de  la  dorure  que  l'on  ren^      ^^ 
contre  souvent  sur  q^  faïences;  je  pense  qu'on  l'obtanait  de  la 
même  manière  que  de  nos  jours  les  Anglais  l'obtiennent  sar  .« 
quelques-unes  de  leurs  faïences,  c'est-à-dire  en  la  posant  mate 
et  sous  couverte* 

On  voit  que  la  production  des  couleurs,  à  laquelle  les  anciens 
potiers  italiens  attachaient  tant  d'importance,  qu'ils  en  fai- 
saient le  secret  de  iQur  art,  n'offre  dans  la  composition  aucune 

difficulté. 

A  l'époque  où  les  fabriques  florissaient,  les  ouvriers  étaient 
très-bien  rétribués;  il  y  en  avait  qui  gagnaient  jusqu'à  soixante 
francs  par  semaine,  somme  élevée,  si  l'on  se  reporte  au  temps, 
et  qui  représente  aujourd'hui  cent  cinquante  francs. 

Dans  les  archives  de  l'hôtel  de  ville  se  trouvent  deux  pièces 
très-curieuses;  elles  contiennent  un  grand  nombre  de  marques 
et  monogrammes  de  ces  fabriques  de  faïence  :  l'une  est  dat^ 
du  23  mars  1680,  et  l'autre  du  9  avril  1764.  Ce  sont  deux  listes 
des  marques  et  des  raisons  de  commerce  déposées.  Il  y  a  lieu 
de  croire  que  la  plupart  des  pièces  artistiques  sur  lesquelles  >  S 
se  rencontrent  d'autres  marques  sont  d'une  fabrication  anté-  ^^ 
rieure;  le  genre  de  travail  et  l'ensemble  de  ces  objets,  marqués 
de  noonogrammes  autres  que  ceux  des  listes,  rendent  le  fait 
probable.  Les  faïences  fabriquées  depuis  sont  bien  plus  infé- 
rieures, mais  elles  ont  été  également  indiquées  ici  dans  le  ta- 
bleau général  des  marques  de  Delft  de  ce  guide. 

Les  plus  anciennes  assiettes  et  les  plats  de  cette  faïence 
présentent  la  particularité  que  l'émail,  blanc  à  l'envers,  se 
trouve  plein  de  petits  trous  semblables  aux  piqûres  de  vers 
du  vieux  bois.  J'attribue  ces  trous  à  une  fabrication  encore 
défectueuse  pour  l'engobage  du  blanc  ou  de  l'émail,  quoique 
parfaite  pour  le  décor  artistique.  Comme  à  partir  de  la  fin  du 


88  DE  t'ART   CÉRAMfQlîE 

dix-septième  siècle,  ce  défaut  ne  se  rencontre  que  rarement^ 
et  comme  les  ornements  et  les  décors  de  ces  objets  indiquent 
à  peu  près  par  leurs  styles  les  premières  époques,  on  peut 
presque  voir  dans  ce  défaut  la  preuve  que  l'objet  a  été  fabriqué 
au  seizième  et  au  commencement  du  dix-septième  siècle. 

G*est  de  ces  siècles  que  datent  les  faïences  les  plus  recher- 
chées; elles  ont  toutes  un  cachet  plus  artistique.  Les  couleurs 
sont  plus  vives,  plus  nettes,  le?  dessins  très-fins.  Leur  genre 
est  tellement  caractéristique,  que  Tamateur  les  distingue  faci- 
lement. Les  peintres,  par  exemple,  les  préfèrent  généralement 
aux  autres  poteries;  elles  ont  pour  eux  ce  qu'ils  appellent, 
en  terme  d'atelier,  la  touche.  Ces  faïences  sont  inférieures,  au 
point  de  vue  artistique,  à  celles  de  Nûrnberg  de  la  môme  épo- 
que, quant  au  modelage.  Un  grand  défaut^  qui  se  rencontre 
aussi  dans  les  potiches  de  Deift,  c'est  que  le  môme  sujet  se 
trouve  reproduit  sur  les  deux  pendants ,  répétition  qui  leur  ô'te 
une  partie  de  leur  valeur. 

Ter  Himpelen  est  le  peintre  dont  les  ouvrages  sont  renommés 
et  recherchés  autant  que  ceux  des  grands  maîtres,  van  der  Meer 
de  Delft,  Âsselyn,  etc.  Mais  c'est  à  tort,  puisque  ses  œuvres 
consistent  pour  la  plupart  en  copies  d'après  les  gravures  des 
maîtres  hollandais.  Il  signait  rarement. 

Piet  Viseer,  d'une  époque  plus  rapprochée,  du  milieu  du 
dix-huitième  siècle,  est  l'artiste  qui  a  obtenu,  après  van  der 
Meer,  le  coloris  le  plus  remarquable.  Il  était  peintre  et  potier 
en  môme  temps.  Ses  produits  sont  excessivement  rares,  et  Sie 
payent  fort  cher.  Il  a  souvent  signé  »  P.*.  Yiseev  —  1750  : 
n70;  »  —  Mais  il  existe  aussi  de  lui  des  faïences  non  signées; 
un  coq  que  je  possède  porte  le  millésime  de  1769,  à  côté  de 
la  signature.  - 

Six  autres  centres  de  fabrication  de  faïences  ont  encore  existé 
en  Hollande  :  celles  ûeHaarlem,  de  Hoom,  ô!'Overtoom,  6!Utrechtj 
de  Beilen  et  d! Amsterdam,  On  en  trouvera  la  description  dans 
la  nomenclature  des  marques,  aînsi  que  celles  des  porcelaines  et 
grès  hollandais,  auxquels  j'ai  assigné  un  classement  descriptif 
par  espèces. 


EN  GÉNÉRAL.  89 

L'exception  que  j*ai  faite  pour  les  faïences  de  Delft,  dont  la 
monographie  a  trouvé  place  ici,  provient  de  ce  que  cette  fabri- 
cation a  eu  une  très-grande  influence  sur  les  progrès  de  la  cé- 
ramique des  seizième  et  dix-septième  siècles  ;  je  devais  en  parler 
plus  amplement  déjà  ici,  pour  mieux  faire  comprendre  la  di- 
rection qu'elle  a  imprimée  à  grand  nombre  de  fabriques  du 
continent  et  de  la  Grande-Bretagne. 

J'ai  indiqué  le  plus  brièvement  qu'il  m'a  été  possible  la  marche 
chronologique;  avant  de  commencer  la  partie  des  marques,  des 
biographies  et  monographies  des  céramistes  et  fabriques,  il 
convient  de  résumer  les  productions  céramiques  connues. 

Les  poteries  antiques,  dites  mexicaines,  égyptiennes,  lacus- 
tres ou  celtiques,  grecques,  romaines,  Scandinaves,  germaines, 
anglo-saxonnes,  gauloises,  etc.,  qui  forment  pour  ainsi  direune 
étude  à  part,  et  qui  sont  encore  bien  moins  déterminées,  ont 
dû  être  traitées  moins  amplement  que  les  poteries  plus  mo- 
dernes. 

Ce  que  j'ai  surtout  voulu  vulgariser,  ce  qui  intéresse  le  plus 
169  collectionneurs,  c'est  la  marche  historique  et  chronologique 
de  l'art  céramique  en  Europe  ;  j'ai  donc  décrit  le  grès,  la  porce- 
laine, la  terre  cuite  sans  et  sous  couverte,  ou  au  vernis  minéral 
et  à  émail  plombifère  et  stannifère,  avec  leurs  marques,  leurs 
qualités  et  signes  caractéristiques. 

L'Italie  et  la  Hollande  ont  fourni  d'àbordln  vaisselle  en  faïence 
la  plus  ancienne  qui  a  du  mérite  comme  peinture;  mais  en 
fait  de  modelage,  c'est  en  Allemagne  que  nous  trouvons  les  plus 
anciens  maîtres  qui  aient  émaillé  leurs  oeuvres. 

Dès  le  treizième  siècle  ce  dernier  pays  avait  déjà  orné  avec 
profusion  ses  églises  de  terres  cuites  émaillées  ou  vernissées. 

Quant  à  la  peinture  céramique,  en  dehors  de  son  application 
h  }a  vaisselle,  c'est  encore  l'Allemagne  qui  l'a  exercée  la  pre- 
mière et  le  plus  souvent. 

Dès  le  quinzième  siècle,  elle  a  mis  sa  peinture  historique 
avec  profusion  sur  de  grands  carrés  de  poêles,  en  tirant  ordi- 
nairement ses  sujets  de  l'Histoire  sainte,  et  en  les  souscrivant 
de  sentences  de  la  Bible.  Au  seizième  siècle,  ce  pays  a  encore 

8. 


%.  ti 


90  DE  l'art  céramique 

excellé  davantage  dans  la  partie  de  la  céramique  architecturale, 
et  la  branche  souabe  a  commencé  à  l'introduire  en  Suisse,  où 
des  peintres  allemands  nomades  Font  pratiquée  partout.  (Voir 
rintroduction  du  chapitre  des  Poteries  opaques  allemandes ,  et 
voir  Winterthur  en  Suisse.  On  y  trouvera  que  Hans  Kraut  de 
Yillingra,  entre  autres,  était  un  de  ces  artistes  du  seizième 
siècle,  qui  doit  certainement  avoir  contribué  à  l'introduction  de 
son  art  en  Suisse.) 

La  peinture  céramique  d'ornement,  et  d'une  exécution  minu- 
tieuse sur  vaisselle,  n'a  pris  son  extension  en  Allemagne  que 
vers  la  fin  du  dix-septième  et  au  commencement  du  dix-bui- 
tième  siècle,  comme  cela  a  eu  lieu  en  France.  (Voir  Martz, 
Crreber  et  antres  de  Numberg.) 

Les  bas-reliefs  et  statuettes  des  délia  Robbia,  quoique  moiilés 
en  gratnde  partie,  dépassent  souvent,  dans  les  expressions  des 
tètes,  celles  des  maîtres  allemands,  tandis  que  eeux-ci  se  sont 
signalés  davantage  par  le  caractère  archaïque,  par  la  variété 
des  sujets  et  par  les  costumes  des  personnages. 

Les  figurines  du  vieux  saxe,  et  encore  plus  celles  du  célèbre 
sculpteur  Jfe/cMor,  de  la  fabrique  de  Hohst,  sont  ce  que  l'on  a  de 
mieux  fait  en  faïences  et  en  porcelaines  dans  le  genre-boudoir. 

Pour  la  céramique  française,  il  faut  mettre  en  première  ligne 
les  terres  de  pipe,  dites  de  Henri  II  et  de  Oiane  de  Poitiers, 
quoiqu'elles  ne  soient  recouvertes  que  d'un  vernis. plombifère  ; 
suivent  les  beaux  produits  de  Nevers  de  la  première  époque, 
ainsi  que  ceux  de  la  seconde  ;  les  décors  en  camaïeu  bleu  de  la 
première  époque,  et  les  décors  polychromes  ornementés  de  la 
seconde  époque,  de  Rouen,  et  quelques  rares  exemplaires  de 
Moustiers.  Cette  dernière  localité,  en  dehors  de  ces  belles  pièces 
(qui  ne  sont  cependant  rien  de  plus  que  des  décors  poncisés  et 
copiés),  a  produit  des  choses  bien  inférieures  dans  son  courant 
ordinaire.  Les  décors  se  répètent  continuellement,  parce  que 
tout  s'y  faisait  au  poncis^.  H  n'existe  pas  une  seule  pièce  où 

1 .  On  appelle  poncia  {chablone  en  allemand  )  le  patron  eu  papier  de  Un  ou 
en  carton  mince,  sur  lequel  un  dessin,  généralement  copié  d'après  une  gravure, 
a  été  piqué,  épingle  ou  découpé  à  jour.  On  peut  reproduire  ainsi  ce  dessin  à 


£«  GÉlfÉRAL.  ^i 

V originalité  d'un  artiste  se  fasse  sentir.  L'engouement  que  quel- 
ques amateurs  avaient  montré  d'abord  pour  cette  faïence  in- 
dustrielle est  tombé,  comme  je  l'avais  prédit* 
.,  Les  faïences  de  Lunéville,  que  l'on  a  attribuées  longtemps  à 
Sceaux-Penthièvre,  sont  quelquefois  remarquables  par  la  légè- 
reté de  la  pâte  et  la  suavité  de  leur  émail  ;  les  peintures  esquis- 
sées artistiquement  ont  donné  à  ces  pièces  un  cachet  à  part. 
Les  moules  existent  malheureusement  encore,  ce  qui  laisse  la 
porte  ouverte  à  la  contrefaçon  moderne.  Toul,  Lunéville,  etc., 
en  fabriquent  toujours  1 

Mennecy  a  produit  peu,  et  lesbelle?  faïences  de  cette  localité, 
connue  pour  ses  porcelaines  à  pâtes  tendres,  ont  été  jusqu'ici 
rangées  parmi  les  produits  de  Rouen-;  mais  l'amateur  trouvera 
à  l'article  consacré  à  cette  fabrique  les  signes  indiqués  auxquels 
il  pourrait  reconnaître  ces  produits.  Rouen,  Strasbourg,  Lille, 
Lunéville  et  NiderwiUer  ont  fabriqué  en  grand  comme  Delft,  et 
avec  une  grande  variété. 

Mais  Nevers  et  Rouen  sont  les  centres  français  les  plus  an- 
ciens et  les  plus  importants  où  la  faïence  à  émail  stannifère 
vraiment  artistique  a  été  fabriquée.  La  palette  des  céramistes 
rouennais  est  riche,  et  leur  dessin,  dont  l'ornementation  a 
toutes  les  qualités  de  l'art  français,  est  souvent  vraiment  ar^ 
chitectural. 

Confectionnées  pour  la  majeure  partie  au  dix-septième  siècle, 
ces  faïences  ont  encore  conservé  le  cachet  de  la  Renaissance. 
Nevers  restera  célèbre  pour  ses  blancs  fixes  ^  sur  les  beaux 
bleus  lapis  et  bleu  de  Perse. 

Strasbourg  et  les  autres  fabriques  du  Nord  ont  excellé  dans 
le  rocaille,  mais  leur  décor  est  ordinairement  aji  feu  de  réver- 
bère*, c'est-à-dire  au  petit  feu.  Le  style  de  Meissen,  ou  autre- 

l'inimi,  aa  moyen  de  la  poncette,  espèce  d'estompé  avec  laquelle  on  calque  les 
contours  à  l'aide  de  charbon  finement  pulvérisé. 

1 .  J'ignore  si  on  les  a  obtenus  par  l'étaîn  ou  par  le  phosphate  de  chaux  (tiré 
d'os  pulvérisés).  V antimoine  et  son  parent  V arsenic  servent  aussi  à  remplacer 
l'étain,  mais  ces  métaux  donnent  plutôt  de  l'opacité  que  de  la  blancheur. 

î.  On  appelle  réverbère  les  parois  d'un  fourneau  destiné  à  réfléchir  la  chaleur 
qui  émane  du  foyer,  sur  la  matière  que  l'on  veut  cuire.  Feu  de  réverbère  désigne 


92  DE  l'art  CÉRAMIQUS 

ment  appelé  saxon,  dix-huitième  siècle,  Louis  XV,  etc.,  n'a  été 
nulle  part  mieux  ccmipris.  Les  couleurs  dominantes  de  ces 
faïences  sont  le  rose,  le  vert  et  le  jaune;  elles  ont  rarement  été 
peintes  sur  le  cru. 

Marseille  et  le  Midi  ont  plus  tard  copié  Strasbourg  *.     ^ , 

Pour  la  porcelaine,  c'est  Sèvres  qui  a  régné  longtemps;  au- 
jourd'hui cette  manufacture  est  souvent  égalée  par  des  éta- 
blissements privés. 

Les  formes,  les  pâtes  et  les  peintures  de  Sèvres  ne  sou- 
tiennent pas  toujours  son  ancienne  réputation. 

Le  sort  des  établissements  industriels  et  subventionnés  est, 
comme  celui  des  pépinières  artistiques  officielles,  telles  que 
académies  et  conservatoires,  d'être  condamnés  à  produire  à  la 
longue  du  médiocre  ;  le  talent  et  le  génie  ne  peuvent  pas  se 
courber  sous  la  férule  d'une  organisation  bureaucratique.  La 
liberté  et  Tindépendance  de  l'artiste  seules  savent  produire  de 
grandes  choses  et  vivifier  de  leur  souffle  des  procédés  de  faire 
et  de  fabrication  que  la  marche  du  temps  a  laissés  en  arrière. . 

L'Angleterre  a  fait  de  jolies  choses,  cependant  souvent  plus 
industrielles  qu'artistiques.  La  pâte  de  ses  anciennes  poteries, 
quelquefois  pure  terre  de  pipe,  leur  a  donné  une  tournure  de 
marchandise  que  le  talent  de  plusieurs  éminents  manufacturiers 
n'a  pu  entièrement  effacer. 

Aujourd'hui,  l'art  industriel  y  a  pris  cependant  sa  revanche, 
et  il  y  a  des  manufactures  qui,  avec  un  bon  marché  incroyable 
dans  les  productions  des  décors  polychromes  avec  dorure,  pro- 
duisent des  objets  charmants.  Les  biscuits,  par  exemple,  que 
les  Anglais  appellent  panan$  >,  et  les  belles  terres  artistiques  de 
Minton,  méritent  une  place  parmi  les  spécimens  céramiques  les 
plus  remarquables. 

Les  productions  des  frères  Elers  (Allemands),  de  Burslems, 

donc  le  feu  où  la  flamme  est  obligée  de  s'abattre  et  de  rouler  sur  les  objets  ex- 
posés à  son  action.  Feu  de  réverbère  ouvert  et  fermé  indiquent  encore  deux  ma- 
nières de  cuisson  différentes. 

1.  La  première  fabrique  jjle  faïence  fut  établie  à  Stra^burg,  en  1719,  par 
l'allemand  Wackenfeld, 

2.  Par  allusion  au  marbre  de  Paros. 


é 


EN   GÉNÉRA L.  93 

et  Stoke^UpoQ*Trent,  les  plus  anciena  fabricants  de  poterie 
fine,  qui  ont  moulé  leurs  admirables  pièces  à  jours  dans  des 
moules  de  cuivre  dont  les  ornements  sont  souvent  dans  un  style 
parfait  de  renaissance,  doivent  aussi  être  comptées  parmi  les 
créations  artistiques  de  ce  genre  ;  et  les  bas-reliefs  en  biscuit 
appliqués^  sur  les  vases,  médaillons  et  services  de  Wedgwood 
sont  encore  plus  appréciés.  En  Suède,  c'est  Marieberg  qui  a 
produit  quelques  belles  faïences  attribuées  longtemps  et  à  tort 
à  Niderwiller,  cette  fabrique  qui  a  appartenu  à  M.  de  Beyerlë 
et  à  M.  de  Gustine. 

Le  ma&tiel  des  marques  de  ce  Guide  est  composé,  d'après  un 
plan  d'étudey  d'une  sorte  iie  Cours  ;  c'est  l'ordre  chronologique 
absolu,  mais  divisé  en  parties  distinctes  :  la  poterie  opaque  et 
la  poterie  translucide  avec  kaolin  (porcelaines  à  pâte  tendre, 
dure  et  opaque)  ;  porcelaine  opaque  anglaise. 

Le»  ktves,  les  émaux  et  lés  vitraux  forment  des  chapitres  à  part. 

J'ai  dû'suivre,  d'une  part,  Vordre  chronologique  général,  et, 
d'autre  part,  j'ai  dû  laisser  Vordre  chronologique  particulier  à 
chaque  pays,  pour  éviter  un  mélange  de  toutes  les  villes  et  de 
tous  les  centres. 

Là  où  les  marques  sont  incertaines,  là  où  elles  manquent  et 
où  on  à  fabriqué  avec  et  sans  marques,  j'ai  essayé  de  décrire 
très-brièvement,  et  souvent  en  quelques  mots  concisi  le  cachet 
particulier  ou  les  signes  distinctifs  auxquels  on  peut  reconnaître 
les  diverses  espèces  céramiques. 

Quant  aux  poteries  belges,  on. en  connaît  encore  peu,  et  il 
paraît  que  les  fabriques  n'y  ont  jamais  été  nombreuses. 

La  plupart  des  grès,  appelés  communément  Grés  de  Flandre, 
sortent  des  fabriques  des  environs  de  Kdln ,  de  Goblentz  et  de 
Neuwit,  etc.;  ils  ont  été  rangés  dans  le  chapitre  des  poteries 
rhénanes. 

L'article  sur  les  faïences  allemandes,  dont  aucune  n'était  dé- 
terminée ni  bien  connue  avant  la  première  édition  de  ce 
Guide^  a  été  largement  augmenté  par  le  résultat  de  mes  der- 
nières recherches;  mais  il  reste  encore  beaucoup  à  découvrir. 
Ce  pays  a  produit  à  lui  seul  plus  que  tous  les  autres  réunis,  et 


04  DE  l'aht  céramique 

les  contins  de  sa  fabrication  ont  été  tellement  nombreux,  qu'il 
se  passera  encore  bien  du  t^nps  avant  qu'on  arrive  à  les  con- 
naître tous. 

Quant  aux  faïences  suisses,  cette  troisième  édition  en  contient 
rétude  complète,  la  première  qui  ait  été  entreprise  sur  les  ipo- 
teries  de  ce  pays* 

Paris  est  la  ville  qui  renferme  actuellement  le  plus  grand 
nombre  de  collectionneurs*,  parmi  lesquels  on  r^[ioontre  d'é- 
minents  connaisseurs,  mais  il  y  en  a  aussi  qui  confondent  le 
bric-à-brac  avec  la  collection  et  la  manie  avec  rëtude.O'està 
Paris,  et  encore  plus  dans  la  Normandie,  que  l'on  tcouve  les 
pièces  les  plus  remarquables  de  la  faïence  française.  Le  rouen, 
le  moustier,  le  Strasbourg,  le  lunéville,  etc.,  ne  se  trouvent  nulle 
part  aussi  complètement  représentés  que  là. 

Le  Louvre,  le  musée  de  Cluny  et,  avant  tout,  le  musée  céra- 
mique  de  Sèvres,  possèdent  des  Collections  nombreuses  de 
faïences.  Le  dernier  est  le  plus  propre  à  Tétude.  Composé  par 
M.  Riocreux,  pendant  sa  longue  carrière,  avec  un  grand  dis- 
cernement, il  n'y  a  rien  de  trop  et  presque  rien  n'y  manque  ; 
malheureusement  il  n'en  existe  pas  encore  de  catalogue. 

Voici  le  tableau  chronologique  résumé  comprenant  toutes  les 
productions  céramiques  :  ^^  ^  ^ 

Les  poteries  indoues  de  la* première  civilisation,  4000 

-—  assyriennes  ou  babyloniennes,  tuiles  vernissées,  etc. ,  2600 

—  chinoises,  porcelaines  à  pâte  dure,  grès,  2500 

—  celtiques  (lacustres),  etc.,  2000 

—  américaines,  2000 

—  égyptiennes,  1500 

—  pélasques  et  grecques  (Homère),  960 

—  grecques  et  étrusques,  600 

—  latines-étrusques  (Fouille,  etc.),  400 

—  romaines,  100 

—  Scandinaves,  germaines  et  anglo-saionues,  indéterminées. 

1.  En  Allemagne,  ce  sont  Augsburg,  Bamberg,  Berlin,  Cassel,  Bannstadt, 
DrcBden,  Frankfurt  S./M.,  Gotlia,  Mûncben  (Municb)  ,  Nlirnberg,  Regensburg 
(Ratisbonncj,  Siegmaringen  (le  célèbre  musée  du  prince),  Trier  (Trêve),  Ulm, 
Weymar,  Wien,  etc.  En  Belgique,  c'est  le  musée  de  la  porte  de  Hall  qui  est  le 
plus  ricbe.  En  Augleterre,  le  Kensington-museum,  etc. 


Eff  GfittÉRAL.  95 

Ap.  J.^. 

Les  poteries  gallo-romaines,  20 

—  gmloises,  200 

—  germaines  vernissées  on  imperméables,  400 

—  persanes,  à  engobe  et  au  vernte  minéral  (ftniBse- 

ment  nommées  faïences),  700 

—  turques  (Âsie-Mineure),  à  partir  de  1300 

—  itadiennes,  demi-majoliques  on  terres  cuites  tia 

vernis  minéral,  1000 

—  allemandes,  grés,  faïences  à  émail  stanni/ére,  1000 

—  musulmanes  (siculo  et  iiispano-musulmanes)  stan- 

hifères,  plombifères,  arsenifères,  etc.,  800 ou 

plus  probablement  devers  1000 

—  britanniques,  terres  cuites  au  vernis  minéral,  1300 
•^         Italiennes,  d  ^mai7  </anni/ère,  1300 

—  françaises,  au  vernis  plombifère,  1200 

—  hollandaises,  à  émail  stannifère^  1450 

—  snisses,  —  (au  vernis  vers  1 300)^  1550 

—  belges,  —  1550 

—  anglaises,  —  (au  vernis  vers  1450),  1588 

—  russes,                     —  1700 
— ^        danoises,                 —  1727 

—  suédoises,  —  1727 

Les  faïences  et  les  grés  sont  donc  compris  dans  ces  poteries, 
à  des  différences  d'époques  près.  Le  grès,  d'origine  chinoise,  a 
été  fabriqué  de  nouveau  en  Europe,  d'abord  par  les  Allemands. 

Voici  la  liste  chronologique  : 

GrèB^rttiMCommuns,àRegensburg(Rati8bonne),probablement vers  7 50 

—  —  rhénan*,  1300 

—  gris-blanc  alcalin  —  1500 

—  gris  et  bleu            —  1 500 

—  griSj  bleu  et  violet  —  1 600 

—  gris-jaunâtre,  hollandais,  sans  vernis,  1424 

1 .  Ces  grès  sont  ordinairement  désignés  sous  la  dénomination  erronée  de  grès 
de  Flandre  ;  mais  s'il  y  a  des  grès  de  Flandre^  ii  y  en  a  très-peu,  et  ie  lieu  de 
leur  fabrication  est  tout  à  fait  inconnu,  en  Belgique  même.  Presque  tous  les  grès 
qne  les  catalogues  des  musées  désignent  comme  de  provenance  flamande  ont  été 
falifiqués  aux  bords  du  Rhin  ;  Kôln,  Neuwit,  Coblentz  et  autres  localités  ont  été 
les  centres  de  cette  fabrication  artistique.  Ces  grès  portent  des  inscriptions,  mo- 
nogrammes et  armoiries  allemands,  ou  de  style  (Memarià.  (Voir  £0/71,  etc.) 


96  DS  l'art  g^amiqub 

Grès  divers,  français  (  Beauvais)»  1 500 

—  —    de  Flandre,  1S50 
^-  bruns f  émaillés'de  couleurs ,  de  Creussen  en  Allemagne,     1570 

—  blancs,  en  Angleterre  (Bursiem),  1690 

—  divers,  suédois  (Hoganus),  1770 

Les  anciennes  faïences  translucides^  appelées  vulgairement  et 
improprement  porcelaines  à  pâtes  tendres^  ainsi  que  les  véri- 
tables porcelaines,  ou  porcelaines  à  pâtes  dures,  doivent  être 
classées  de  la  manière  suivante  : 

Les  porcelaines  chinoises  et  japonaises,  toutes  en  pâte  dure, 
sont  les  plus  anciennes  ;  connues  en  Europe  depuis  1474,  l'in- 
vention de  la  première  remonte  au  moins  à  2500  ans  avant  J.-G. 

Les  porcelaines  des  Indes  suivent.  La  porcelaine  de  Perse  n'a 
jamais  existé. 

La  plus  ancienne,  et  probablement  aussi  la  première  faïence 
translucide,  dite  porcelaine  à  pâte  tendre,  connue  par  mes  re- 
cherches, est  celle  brevetée  à  la  Haye,  en  1614,  par  une  résolu- 
tion (arrêté)  des  états  généraux. 

Les  premières  productions  de  ce  genre  de  poterie  prennent 
l'ordre  chronologique  suivant  : 

Hollande,     —  La  Haye,  1614 

France,        —  Saint-Gloud,  1695 

— •  —  (Rouen,  de  1647,  est  resté  jusqu'ici  sans  preuves). 

Flandre,       —  Lille,  1708 

Allemagne,  —  Nurnberg  (douteux),  1712 

Angleterre,  —  Strafiford-le-Bow,  1740 

'Belgique,     —  Doonick  (en  français  Tournay),  1750 

Espagne,      —  Buen-Reliro  et  Alcora,  1760 

-    Portugal^     —  Yista-Alègre,  '              1776 

La  véritable  porcelaine  à  pâte  dure,  composée  4e  kaolin(en  chi- 
nois, ka*ho~lin)  et  de  feldspasth^  (petun-zé),  pareille  aux  porce»* 
laines  des  Indes,  de  la  Chine  et  du  Japon,  a  été  de  nouveau  in- 
ventée en  Europe  par  Friedrich  Bottger,  à  Meissen,  ville  de  Saxe. 

i.  Feldspath  (de  rallemand  spath,  de  chanap)  est  le  nom  commun  à  plu- 
sieurs minéraux  silicates,  comme  Vorthose  (silicate  d'alumine  et  de  potasse),  Val- 
hite  (silicate  d'alumine  et  de  soude),  le  péialite  (silicate  d'alumine  et  de  li- 
thine),  etc.,  etc. 


EU  GÉNÉRAt.  97 

Voici  comment  là  première  fabrication  de  la  porcelaine  à 
pâte  dure  des  dififërents  pays  doit  être  classée  : 

Allemagne,  —  Meiwen  (1704,  rouge,  sorte  de  grès),  1707 

France^       —  Strasbourg,  1720 

Italie,          —  Capo  di  Monte,  1735 

Rtaiie,        —  Pétersburg  (premiers  essais,  1725)^                    1744 

SvLÎMe,         —  Zurich,  1763 

Hollande,    —  Weesp,  1764 

Danemark  f  —  GopeDhagen,  1772 

Angleterre,  —  Scbelton,  1777 

Portugal,     —  Vista-Alègre,  1790 

Belgique,      —  BruiLelles,  1791 

Pologne,      —  Korzec,  ISOO 

Sspagne,      —  Mondoa,  1827 

Amérique,    —  Philadelphie  (fabrique  allemande),  18:^0 

Hongrie,      —  Herend,  1860 

La  soi-disant  porcelaine  à  pâle  tendre  (ou  même  dure),  attri- 
buée à  Florence,  en  Tann^  1581,  et  appelée  pompeusement  por- 
celaine des  Médicis,  n'est  certes  qu'une  grossière  mystification. 
Plusieurs  pièces  payées  fort  cher  par  de  ricbes  amateurs,  en 
France  et  en  Angleterre,  ne  datent  que  de  ce  siècle  et  ont  été 
probablement  fabriquées  dans  la  manufacture  des  Ginori,  ou 
dans  une  autre  usine  du  pays,  avec  des  marques  de  fantaisie; 
d'autres  ne  sont  pas  môme  translucides  et  fabriquées  d'une  terre 
brune  couverte  d'émail  stannifère  comme  toutes  les  faïences,  et 
d'autres,  décorées  sur  engobe  et  sous  couverte  plombifère,  rap- 
pellent la  fabrication  turque  de  rAsîe-Mineure,dite  persane.  On 
en  trouvera  une  mention  plus  détaillée  à  la  fin  de  l'article  qui 
traite  des  porcelaines  italiennes. 

DéflnUlon  de*  différente*  espèce*  de  poterie*. 

H  n'existe  que  huit  grandes  familles  de  poteries,  dont  voici 
la  plus  simple  définition  : 

|o  Terre  cuite  commune,  opaque,     Poteries  primitives  perméables, — 

sans  couverte,  briques,  etc. 

2*  T^rrtf cuire opflÇMe (terra colta),    Poteries  artistiques  perméables, 

9 


98  DE  l'art  céramique 

sous  couverte  silico^alcaline        grecques,  étrusques,  romaines, 
à  excès  d^ alcali,  etc. 

3®  Terre  cuite  opaque  ù  glaçure  à    Poteries  imperméables,   —  grès, 

base  silicate,  etc. 

40  Terre  cuite  opaque  sous  cou-  Poterie  imperméable  vernissée  ; 
verte  ou  à  glaçure  minérale  terre  de  pipe  demi-majolique  ; 
{plombifère,  etc.)  faïence  dite  de  Henri  II  ;  terres 

dites  de  Bernard  Palissy,  etc. 
5®  Terre  cuite  opaque  à  glaçure    Poterie   imperméable    émaillée  , 
:  stannîfère,  faïences;  terres  de  Robbia  et 

de  HirschTOgel,  etc. 
6^  Terre  cuite  translucide    sans    Poterie   imperméable    émaillée  ; 
kaolin  à  glaçure  composée.  faïence  translucide,  appelée  por- 

celaine à  pâle  tendre. 
70  'pgfrg  cuite    translucide   avec     Poterie  imperméable  émaillée  et 
kaolin  et  àglaçure  kaolinique,         f eldspathique  :  la  véritable  por- 
celaine dure. 
S^  Terre  cuite  opaque  kaolinique    Porcelaine  opaque,  dite  anglaise. 
sous  couverte  ou  au  vernis  mi- 
néral, 

!•  Ijl  terre  cuite  commune  opaque  sans  couverte  est  la  po- 
terie la  plus  ancienne  et  la  plus  commune.  C'est  de  la  terre  ou 
de  Targile  de  différentes  espèces,  durcie  par  le  feu. 

2°  La  terre  cuite  opaque  sous  couverte  siligo-alcaline  a 
excès  d'alcalin  est  une  poterie  perméable,  connue  des  anciens  et 
dont  la  couverte  est  dissoluble  dans  Teau  (voir  Silicates). 

Z°  La  terre  cuite  opaque  a  glaçure  silicate  (insoluble)  est  une 
poterie  imperméable  connue  des  anciens,  qui,  comme  le  grès^  est 
recouverte  d'une  glaçure  de  différentes  manières  obtenue  par  le 
sel  marin  *  évaporé  à  la  plushaute  températurede  cuisson  possible. 

1 .  Henri  Campe,  surnommé  le  Rerquin  allemand ,  né  dans  le  Brunswick  en 
1746,  mort  en  1818,  a  raconté  d'une  manière  ingénieuse,  et  à  la  portée  de  la 
jeunesse,  la  formation  naturelle,  par  le  sel  marin  et  le  feu,  de  ce  vernis  ou  de 
cette  couverte  qui  rend  la  poterie  imperméable.  Qui  ne  se  souvient  d'avoir  lu 
dans  sa  jeunesse  les  fameux  voyages  de  Robinson  Crusoé ,  traduits  dans  toutes 
les  langues?  Il  se  pourrait  bien  que  la  découverte  ait  eu  lieu,  dans  les  temps 
primitifs,  de  la  même  manière  que  celle  de  la  fabrication  du  verre. 

Les  anciens  croyaient  qu'une  troupe  de  voyageurs  nomades,  ayant  allamé  du 
feu  sur  un  terrain  sablonneux,  au  bord  de  la  mer,  avaient  été  tout  étonnés  de  trou- 
ver le  lendemain  dans  les  cendres  une  matière  minérale,  brillante  et  vitrifiée,  et 
que  la  découverte  du  verre  appartenait  ainsi  au  hasard  seul. 


EN  GÉNÉRAL.  99 

Le  grès^  d'origine  chinoise,  a  ëté  découvert  et  fabriqué  en  Eu- 
rope, d'abord  en  Allemagne,  àRegensburg(Ratisbonne},  àHai- 
reuthy  à  Koln  (Cologne), à  Neuwit,  à  Grenzhausen,  et  dans  toute  la 
partie  rhénane  et  en  Saxe  (Bunzlan),  etc.;  et  ensuite  en  Hollande, 
dans  les  Flandres  et  à  Beauvais.  C'est  une  poterie  à  pâte  dense, 
sonore,  opaque,  à  grain  fin  et  imperméable.  Sa  dureté  est  ex- 
traordinaire. Frappé  par  l'acier,  ce  grès  fait  jaillir  des  étin- 
celles. Le  mot  allemand  steingut,  ustensile  en  pierre,  désigne 
parfaitement  sa  qualité.  Il  y  a  des  grès  à  cérames  communs  et 
fins.  Le  grès  commu7i  est  composé  d*argile  et  de  sable»  Le  grès 
à  cérame  fin  contient  des  additions  de  kaolin,  de  feldspath,  etc. 
Quand  il  est  à  gîaçurey  le  vernis  est  le  résultat  d'évaporation 
de  sel  de  cuisine  ou  de  mer,  ou  de  potiiSSe  ou  d'oxyde  de  plomb, 
ou  enfin  de  l'immersion  dans  une  composition  verreuse  saturée 
•  de  beaucoup  de  plomb. 

C'est  le  grès  qui  a  conduit  Bottger  à  la  découverte  delà  por- 
celaine. La  porcelaine  dure  est  un  grés  rendu  translucide.  Les 
Chinois  fabriquent  du  grès  si  bien  couvert  d'émail  stannifère 
en  blanc  ou  en  couleur,  qu'il  ressemble  à  la  porcelaine.  Tous 
les  craquelés  sont  de  cette  catégorie.  On  les  reconnaît  à  l'ab- 
sence de  la  transparence.  Les  ornements  de  ces  grès  allemands 
du  moyen  âge  étaient  produits  au  moyen  de  moules  en  bois, 
ciselés  et  travaillés  très-artistiquement. 

4<»  La  terre  gdite  opaque  au  vernis  minéral  est  une  poterie 
également  connue  déjà  des  anciens,  et  recouverte  d'un  vernis 
minéral  transparent  ;  elle  se  subdivise  en  trois  sortes  : 

A.  La  terre  cuite  opaque  vernissée^  est  uijie  poterie jçn  terre 

i .  Le  nof  vernis,  qui  désigne  en  français,  fort  improprement,  la  glaçure  ou 
la  couverte  minérale  des  poteries  qui  ne  contiennent i^as  de  l'étain,  ne  devrait 
s'employer  que  pour  désigner  les  matières  lustrales  végétales  grasses,  en^loyées 
à  froid.  On  pourrait  diviser  les  différents  yemis  en  quatre  classes  : 

1*  Le  vernis  terreux,  c'est-à-dire  un  mélange  de  différentes  terres  qui  se  ser- 
vent mutuellement  de  fondant  ; 

t*  Le  vernis  salin  ou  alccdin,  formé  de  sels  ou  de  substances  terreuses  dont 
le  i9iee  fait  la  plus  grande  partie  ; 

Z"  Le  vernis  métallique,  composé  de  silîce  ou  autres  substances  terreuses  et 
de  minium  (deutoxyde  ou  oxyde  rouge  de  plomb)  ; 

4*  Le  vernis  alcalin  métallique,  formé  par  un  mélange  des  deux  Ternis  pré- 
cédents. 


100  DE  l'art  céramique 

cuite  avec  ou  sans  peinture,  recouverte  d'un  vernisr  minéral 
transparent,  appelé  aussi  couverte  ;  c'est  une  glaçure  composée 
d'acide  de  plomb,  recuite  seulement  à  tout  petit  feu,  pareil  à 
celui  employé  pour  la  vitrification  de  la  faïence  translucide  (por- 
celaine à  pâte  tendre).  Ce  vernis  s'obtient  sans  alcali,  par  un  mé- 
lange de  terre,  de  sable  et  d'oxyde;  oxyde  de  plomb  pour  le 
jaune  (qui  laisse  transpercer  le  jaune  de  la  terre  cuite)  ;  du  cuivre 
ajouté  on  obtient  du  vert,  et  le  manganèse  donne  du  brun.  On 
peut  aussi  colorer  la  terre  avant  1^  vernissage,  soft  en  pétrissant 
la  pâte  de  matières  colorantes,  soit  en  ia  trempant  entièrement 
ou  par  parties  dans  une  barbotine  colorée,  appelée  engobe.  C'est 
ainsi  que  les  terres  dites  de  Bernard  Palissy  ont  été  fabriquées. 
La  cassure  de  cette  poterie  est  jaunâtre  et  terreuse. 
■'  ij^  La  terre  de  pipe  vernissée  opaque  est  de  la  poterie  en 
terre  plus  blanche  et  plus  légère,  fabriquée  et  glacée  comme  la 
terre  vernissée  ordinaire;  mais  sa  cassure  est  plus  blanche, 
son  poids  moindre  et  sa  fragilité  plus  grande.  Toute  ia  faïence 
anglaise  est  presque  en  terre  de  pipe  vernissée,  quelquefois 
mêlée  d'un  peu  de  kaolin.  La  soi-disant  porcelaine  opaque  dé 
ce  pays  est  également  composée  de  terre  de  pipe  mêlée  d'une 
petite  partie  de  kaolin.  Les  poteries  dites  de  Henri  II  ou  de 
Diane  de  Poitiers  ne  sont  que  de  la  terre  de  pipe  à  niellures  et 
vernissée., 

La  terre  de  pipe  française,  comme,  par  exemple,  celle  de  Hon- 
tereau  et  de  Creil,  est  aussi  très-propre  à  être  émaillée^  c'est-à- 
dire  à  recevoir,  à  la  place  du  vernis  de  plomb,  etc.,  un  émail 
stannifère,  et  quand  M.  Salvetat  dit  :  «  que  le  caioutage  fran- 
çais (terre  de  pipe)  ne  peut  être  émaillé  à  l'étain,  »  il  fait  er- 
reur, car  M.  Lœbnitr,  M.  Devers  et  M.  Gouvion,  céramistes  à 

Les  vernis  terreux  sont  inattaquables  aux  dissolyantS)  l'acide  fluoriqne  excepté  ; 
les  autres  se  décomposent  facilement  par  les  graisses  et  les  oxydes. 

Jadis  ou  employait  à  la  composition  du  Ternis  métallique,  dit  couyerte,  exclusi- 
vement la  céruse  (  blanc  de  plomb  préparé  avec  le  vinaigre),  qui  a  été  remplacée 
par  le  minium  (du  plomb  calciné  :  le  deutoxyde). 

La  couverte  ou  le  vernis  qui  sert  à  être  appliqué  sur  la  terre  de  Honterean 
peut  être  obtenu  par  : 

-SjUile  blanc,  8  parties;  — minium,  10 ;  — potasse,  5j  — Cobalt,  1  millième. 


ICN  GÉNÉRAL.  101 

Paris,  éù  ont  obtenu,  à  plusieurs  reprises,  de  fort  beaux  résul- 
tats; et,  selon  moi,  il  n'existe  même  pas  de  terre  qui  se  prête 
mieux  pour  être  émaillée  à  Tëtain  que  la  terre  de  pipe  si 
blanche  de  sa  nature. 

C.  La  demi-majolique  o'paque  plombifére  des  Italiens,  Castel- 
lana,  est  une  terre  cuite  opaque ,  engobée  à  froid  d'une  légère 
couche  de  terre  de  pipe  quelquefois  mêlée  de  chaux  et  séchée 
à  Fair  et  au  soleil,  peinte  et  vernissée  ensuite  comme  la  terre 
cuite  vernissée  ordinaire  et  cuite  à  deux  feux.  (Les  soi-disant 
faïences  persanes  appartiennent  à  cette  catégorie). 

5**  La  terbb  cuite  opaque  a  glaçure  stannifère  est  une  pote- 
rie recouverte  d'un  émail  opaque  ^  dont  les  bases  sont  les  mêmes  ^ 
que  celles  des  émaux  des  métaux  et  du  verre,  plus  Tétain  ;  car 
un  émail' n'est  pas[  autre  chose  que  du  verre  rendu  opaque  ^bt 
rétain.  (La  bonne  terre  propre  à  fabriquer  la  falenco  et  toutes 
sortes  de  poteries  en  général,  ne  doit  pas  bouillonner  quand  on 
verse  de  Feau-forte  dessus;  si  elle  bouillonne,  elle  ne  vaut  ab- 
solument rien  pour  Fusage  céramique).  L'espèce  dite  à  glaçure 
stannifére  se  subdivise  en  trois  branches  : 

A,  La  terre  cuite  à  émail  stannifére; 

B,  La  faïence  à  émail  stannifére  [Pictiîe  valentinum  majoH- 
cum  Faventinum,  Delphicum,  en  latin)*; 

C,  La  faïence  à  émail  stannifére^  aurifère  et  arsenifére,  à  base 
de  bismuth,  etc.,  dite  musulmane. 

A  etB  sont  des  productions  recouvertes  d'émail  stannifére  et 
qui  ressemblent,  quand  elles  sont  belles,  à  la  porcelaine,  mais 

1 .  L'arsenic,  aussi  bien  que  Tantimoine,  mis  en  grandes  quantités,  rend  aussi 
ofxiqtief  ainsi  que  le  phosphate  de  chaux  ;  mais  le  bel  émail  à  corps  gras  ne 
peut  s'obtenir  que  par  l'étain.  Les  couleurs  mates  ou  veloutées  que  les  décora- 
teurs sur  porcelaines  de  nos  jours  ont  mises  en  vogue  s'obtiennent  également  par 
l'addition  du  phosphate  de  chaux,  ainsi  que  le  blanc  opale  dans  le  verre.  L'émail 
des  anciens  émaux  cloisonnés  me  paraît  avoir  obtenu  son  opacité,  ainsi  que  son 
blanc  opale f  par  le  phosphate  de  chaux,  et  non  pas  par  l'étain.  Les  os  les  plus 
propres  à  la  fabrication  de  ce  sel  sont  ceux  du  mouton.  On  croit  même  que  les 
os  d'oiseoAAX  donnent  le  sel  le  plus  fin  pour  l'usage  céramique. 

2.  Presque  toutes  les  faïences  anciennes  montrent  au  revers  trois  marques  ou 
points  dépourvus  d'émail  ou  de  vernis  ;  cela  provient  de  l'empreinte  que  les  per- 
nettes  y  ont  laissée  à  la  cuisson.  On  appelle  pemeites  les  petits  prismes  trian- 
gulaires de  terre  cuite  vernissée  que  l'on  fait  passer  à  travers  les  casettes  aûu  de 
supporter  et  d'isoler  les  pièces  à  la  cuisson. 

9. 


102  DE  l'irKT  CÉRAMIQUE 

sans  êtres  translucides,  môme  à  la  bougie.  Leur  cassure  est  or- 
dinairement jaunâtre  et  terreuse.  L'émail  est  mis  en  fusion  par 
une  cuisson  bien  moins  forte  que  celle  de  la  véritable  rporce- 
laine  dure,  mais  plus  élevée  que  la  température  nécessaire  à  la 
cuisson  de  la  pâte  tendre. 

La  seule  différence  qui  existe  entre  la  terre  cuite  émaillée  et 
la  faïence  émaillée,  c'est  que  la  première  est  sans  décor  de  pein- 
ture appliqué  sur  l'émail  par  la  main  d'un  peintre  (conune  les 
œuvres  des  écoles  saxonne,  franconienne  et  souabe,  là  où  elles 
représentent  des  sculptures,  et  telles  que  les  Hans  Kraut,  les 
Hirschvogel  et  les  Délia  Robbia,  en  Italie  ont  laissé^  etc.), 
tandis  que  la  seconde  est  décorée  de  ces  peintures  polychromes 
ou  monochromes,  sur  cuit  ou  cru,  comme  le  sont  ordinaireiiCLent 
les  plats  et  les  assiettes,.etc.  Dans  la  première,  les^lessins  en  bas- 
relief,  etc.,  sont  le  résultat  de  la  moulure  ou  du  modelage;  dans 
la  seconde,  ces  dessins  sont  le  résultat  de  la  peinture.  L'émail 
blanc  sur  la  faïence,  ainsi  que  les  couleurs  des  émaux  sur  la 
terre  cuite,  se  posent  généralement  par  immersioriy  puisque  la 
peinture  est  superposée  après.  Quelquefois  les  émaux  sont  aussi 
répandus  avec  le  pinceau.  L'émail  de  la  terre  cuite,  quand  il  est 
colorié  comme  celui  des  maîtres  nommés  plus  haut,  est  sou- 
vent mélangé  avec  des  colorants  minéraux  :  le  bolus,  le  safre, 
le  manganèse,  l'antimoine,  etc.,  etc.,  pareils  aux  couleurs  dont 
les  peintres  sur  faïence  se  servent. 

Yoilà  donc  la  seule  dififérence  qu'il  y  ait  entre  ces  deux  sortes 
de  poteries,  qui  ne  forment  qu'une  seule  espèce.  De  toutes  les 
faïences,  ce  sont  celles  de  Niirnberg  et  de  Nevers  qui  sont 
cuites  à  la  plus  haute  température. 

D.  La  faïence  à  reflet  métallique  au  bismuth,  antimoine-arseni- 
fére,  etc,  dite  musulmane  ou  hispano-moresque  et  siculo-mu- 
sulmane,  est  vernissée  une  seconde  fois  à  un  tout  petit  feu,  au 
moyen  d'un  vernis  où  l'arsenic,  le  bismuth,  etc.,  entrent  en  pe- 
tites proportions,  et  aussi  par  des  fumigations  minérales,  etc. 
Quant  au  reflet  métallique  obtenu  par  le  cuivrey  c'est  une  chi- 
mère. Le  cuivre  se  brûle  au  grand  feu,  ou  tourne  au  vert  au 
petit  feu.  Ces  poteries  à  reflets  ont  été  fabriquées  par  les  Aile- 


BN  GÉNÉRAL.  103 

mands,  les  Musulmans,  les  Hollandais  et  les  Italiens.  JJigno^ 
rance  et  les  préjugés  de  nos  jours  de  ce  qui  regarde  1^  fa- 
brication de  ces  reflets  métalliques  s'étaient  répandus  à  la  fin  du 
seizième  siècle  sur  tout  ce  qui  se  rapporte  à  la  fabrication  des 
poteries,  et  particulièrement  à  la  porcelaine;  le  passage  suivant, 
qui  se  trouve  dans  le  livre  de  PaAcirole,  Les  choses  perdues  et 
inventées,  en  donnera  une  idâi^  :  a  La  porcelaine  était  une  com- 
position faite  avec  du  plâtre,  des  blancs  d*œuf  et  des  écailles  de 
coquilles  marines  qu'on  tenait  enfouies  en  terre  pendant  quatre- 
vingts  ans,  de  sorte  qu'un  ouvrier  qui  entrepren^t  cette  pro- 
.feâdion  ne  travaillait  que  pour  sa  postérité;  » 

6<»  La  TJSftBJB  CUITE  THANSLUCIDE  SANS  KAOLIN  A  GLAQURB  COM- 
POSEE, appelée  pompeusement  porcelaine  à  pâte  tendre^,  est 
une  faïence  transluQide  à  la  lumière/ffa  cassure  est  blanche 
et  son  éniail  d'une  blancheur  pâteuse  pareille  à  la  crème* 
Elle  est  légère  et  douce  au  toucher,  pareille  à  la  faïence. 
Le  dessous  des  pieds  est  partout  émaUlé,  puisque  la  porce- 
laine tendre  est  cuite  suspendue  à  des  crochets  de  fer,  tandis 
que  la  porcelaine  dure  montre  au-dessous  des  pieds  des  en- 
droits privés  d'émail,  là  où  elle  était  posée  dans  le  four. 
Comme  l'émail  de  cette  poterie  n'est  qu'une  espèce  de  vitriâca- 
tion  peu  à^nfi,  sorte  de  vernis,  moins  dure  môme  que  l'émail 
de  la  faïence  et  (^  ce  cuit  presque  à  la  même  tempéra- 
ture que  le  vernis  ou  la  couverte  des  poteries  vernissées,  on 
peut  l'entamer  et  la  rayer  à  la  lime  et  au  couteau ,  et  sa  pâte 
se  gratte  aussi  facilement  sous  une  lame  d'acier  que  celle  de  la 
terre  cuite.  Ç'e3t  là  môme  un  moyen  de  diistinguer  la  pâte 
tendre  de  la  pâte  diire  de  la  véritable  porcelaine,  quand  cette 
dernière,  chargée  de  beaucoup  de  feldspath,  est  d'un  émail  pâ- 
teux et  crémeux.  La  porcelaine  de  pâte  tendre  se  raye  donc 
aussi  facilement  à. l'usage  et  ne  peut  servir  à  la  cuisson,  puis- 
que le  feu  la  fait  éclater.  La  composition  de  la  pâte  de  cette 


1.  La  dénomination  de  \ip0iie  tendre  provient  de  ce  qu'elle  supporte  bien 
moins  de  chaleur  de  cuisson,  qu'elle  fond  au  feu  ayant  que  la  Traie  porcelaine 
ne  cuise,  et  que  l'émail,  et  encore  bien  plus  lapdftf,  peuvent,  comme  je  l'ai  dit, 
s'entamer  au  couteau. 


,n 


104  DE  L*ART  CÉRAMIQUE 

porcelaine  tendre  n'est  pas  partout  la  môme.  En  France  seule* 
ment,  elle  varie  presque  déjà  dans  chaque  fabrique. 

Elle  est  ordinairement  formée  d'un  mélange  de  nitre,  de  sel 
marin,  d'alun,  de  soude,  de  gypse  (le  chekao  chinois],  de.sable, 
de  craie  blanche  et  de  marne.  Quelques  fabriques  y  ajoutent 
dés  tessons  de  porcelaine,  et  remplacent  le  sable  par  le  silex 
exempt  de  fer.  La  fabrique  de  Sain^Amand  produit  actuelle- 
ment la  meilleure  porcelaine  tendre  qui  se  fabrique  en  France . 

La  porcelaine  à  pâte  tendre  anglaise  est  la  moins  bonne  ;  elle 
était  longtemps  impropre  au  décor  de  la  peinture;  c'est  à  cause 
de  cela  que  la  plupart  des  porcelaines  anglaises  étaient  déco* 
rées  au  moyen  de  l'impression,  procédé  qui  a  été  appliqué  en 
premier  en  Angleterre  dans  la  fabrique  du  docteur  Wall  à  Wor- 
chester,  dès  i75l,  et  en  Allemagne,  à  Berlin,  par  Pot.  (Yoir 
Lithogéognosie,  et  aussi  au  commencement  du  chapitre  qui  traite 
de  la  porcelaine  anglaise.) 

L'émail  ou,  plus  proprement  dit,  la  couverte  de  la  porce- 
laine à  pâte  tendre  se  compose  de  litharge  S  de  sable,  de  silex 
(pierre  à  fusil  broyée),  de  sous-carbonate  dépotasse  et  de  soude. 
Ce  vernis  entre  en  fusion  à  une  température  basse  et  très-infé- 
rieure à  celle  nécessaire  à  la  cuisson  de  la  pâte. 

Le  décor  courant,  les  fleurs  bleues,  ps^r  exemple,  que  l'on 
rencontre  ordinairement  sur  la  pâte  tendre  de  Chantilly,  etc., 
est  peint  sur  le  dégourdi,  et^  après  être  sorti  du  four  en  bis- 
cuit, on  le  recouvre  de  vernis.  (Voir  Chantilly.) 

7«  La  terre  cuite  translucide  au  kaolin  et  a  glaçure  kao- 
LiNiQUE  est  la  véritable  porcelaine^  ou  la  porcelaine  à  pâte  dure. 
C'est  purement  du  grès  rendu  transparent.  Cette  porcelaine, 
ainsi  nommée  du  mot  latin  porcelina  ou  porcekna  (un  coquil- 
lage qui  lui  ressemble),  en  anglais  chinay  est  transparente  à  la 
lumière;  sa  cassure  est  dure  et  blanche  intérieurement  comme 
le  sucre  ou  l'albâtre  rompu.  Cette  porcelaine  a  la  blancheur  du 
lait  :  au-dessous  des  assiettes  et  autres  pièces,  le  bord  du  pied 
est  dépoli  ou  sans  émail.  Elle  est  généralement  plus  pesante  que 

1 .  Du  massicot  (oxyde  de  plomb)  cristallisé  en  petites  larmes.  La  couleur  de 
bronze  sur  les  poteries  s'obtient  aussi  par  la  litltarge. 


•■* 


EN  GÉNÉRAL.  i05 

la  pâte  tendre;  et  peut  au  besoin  servir  à  la  cuisson,  puisqu'elle 
supporte  le  passage  du  froid  au  chaud. 

La  vraie  porcelaine  à  pâte  dure  européenne,  inventée  par 
Bottcber,  se  rapproche  le  plus  de  la  porcelaine  chinoise, 
quoique  celle-ci  lui  reste  toujours  supérieure  par  sa  finesse. 
Ni  rAllemagne,  ni  la  France^  ni  les  autres  pays  de  l'Europe 
Q*ont  détrôné  Tanciénne  porcelaine  chinoise.  Les  Chinois 
n'ont  pas  seulement  peint  sur  le  cru  de  l'émail  répandu  sur 
la  terre  déjà  cuite,  comme  le  faisaient  les  anciens  faïenciers 
du  Nord  et  comme  le  pratiquent  actuellement  l'innovateur  de 
cette  méthode  M.  Pinart,  et  après  lui  M.  Bouquet,  M.  Chantrier 
à  NeverSi  M.  Laval  à  Presnière ,  près  Dijon,  et  quelques  autres 
potiers;  les  Chinois  ont  obtenu  môme  leurs  belles  pièces  d^une 
seule  et  unique  cuisson^  c'est-à-dire  qu'ils  ont  peint  sur  la  pâte 
sèche  non  cuite. 

La  porcelaine  dure  est  composée  de  kaolin  (le  ka-ho-lin  chi- 
nois, la  porcelan-erde  allemande,  le  chînaclay  anglais)  et  de 
feldspath  (le  petun-zé  chinois).  Le  kaolin  est  une  terre ,  c*est 
du  felspath  qui  a  perdu  sa  potasse;  et  le  feldspath  une  pierre, 
du  silicate  d'alumine  et  de  potasse. 

JL'émail  de  cette  porcelaine,  que  quelques  auteurs  appellent 
couvertey  est  composé  en  France  de  quartz,  de  kaolin,  de  cal- 
caire et  de  tessons  de  porcelaine.  La  cuisson  de  la  pâte  a  lieu  à 
une  température  si  élevée  que  les  pièces  se  chauffent  à  blanCf 
c'est-à-dire  à  la  plus  haute  chaleur  possible. 

La,  cuisson  de  son  émail  demande  une  température  aussi 
élevée  que  celle  nécessaire  à  la  cuisson  de  sa  pâte  et  du  grés. 
Cette  porcelaine  se  cuit  dans  des  boites  en  terre  réfractaire  ap- 
pelées casettes  ^. 

Les  peintures  des  porcelaines  sont  cuites  au  feu  de  réver- 
bère, c'est-à-dire  au  troisième  feu,  ou  à  la  température  la  plus 
basse  de  cuisson  de  poterie,  où  les  pièces  chauffées  ne  doivent 

1 .  Les  casettes  sout  des  tubes  ou  étuis  en  argile  cuite  (terre  blanche)  exempte 
de  matières  ferrugineuses  ou  calcaires  qui  les  feraient  gauchir.  Elles  serrent  i 
garantir  les  poteries  des  accidents  et  sont  aussi  utiles  pour  placer  convenable- 
ment les  pièces  au  four. 


J06  DE  L  ART  CÉRAMIQUE 

pas  dépasser  la  couleur  de  la  cerise»  Les  peintres  en  porcelaine 
les  cuisent  en  moufles  '  confectionnés  de  terre  réfractaire. 

Comme  l'émail,  ou  la  couverte  de  la  porcelaine  dure  ne  peut 
être  mis  en  fusion  convenable  pour  son  mariage  intime  avec 
les  couleurs  du  décor  qu'à  une  température  si  élevée  à  laquelle 
le  cobalt  seul  résiste,  tandis  que  tous  les  autres  colorants  miné- 
raux disparaissent,  il  devient  impossible  de  décorer  la  porce- 
laine autrement  que  sur  la  surface  et  à  couches  minces  par  des 
couleurs  fondantes  et  cuites  au  petit  feu  du  moufle.  Ces  cou- 
leurs, qui  n'entrent  presque  pas  dans  l'émail,  ne  peuvent  ^voir 
ni  de  la  solidité  ni  l'épaisseur  nécess^aire  ;  elles  manquent  de 
gras  et  de  corps,  ces  qualités  indispensables  d'une  bonne  pein- 
ture; la  touche  large  et  à  effet  devient  presque  impossible,  ce 
qui  est  la  cause  que  l'amateur  à  goût  artistique  préférera  tou- 
jours la  belle  faïence  décorée  sur  le  cru  au  grand  feu,  et  môme 
la  porcelaine  à  pâte  tendre  à  la  porcelaine  dure.  (Voir  Fondants.) 

8°  La  PORCELAINE  ANGLAISE  OPAQUE,  aussi  biou  que  la  soi- 
disant  porcelaine  à  pâte  tendre,  qui  a  dû  être  confondue  avec 
la  porcelaine  à  pâte  dure  dans  la  seconde  partie  principale  du 
travail  chronologique  de  ce  livre,  est  une  terre  de  pipe  à  la- 
quelle on  ajoute  quelques  parties  de  kaolin  et  qui  est  recouverte 
d'un  vernis  minéral.  Elle  a  donc  tous  les  inconvénients  de  la 
porcelaine  à  pâte  tendre  sans  avoir  sa  translucidité,  ni  l'aptitude' 
d'être  décorée  aussi  artistiquementv  mais  c'est  un  excellent  ar- 
ticle de  commerce  et  de  fourniture  en  grand. 

Styles  et  ordres. 

La  connaissance  des  styles  et  des  ordres  est  indispensable  au 
collectionneur  pour  le  classement  des  poteries.  Le  style  archi- 
tectural de  toutes  les  époques  s'est  toujours  reflété  sur  la  céra- 
mique. Je  pense  donc  rendre  service  aux  amateurs  en  leur  doQ- 

1 .  Petit  four  en  forme  de  Toûte  allongée,  qae  l'on  peut  fermer  tout  autour,  et 
qui  sert  à  la  cuisson  des  décors  de  porcelaine  et  de  quelques  autres  espèces  de 
poteries.  Il  est  construit  en  sorte  que  la  flamme  ne  puisse  toucher  immédiatement 
les  objets  de  la  cuisson. 


EN   GÉNÉRAL.  107 

nant  ici  un  résumé  chronologique  des  divers  styles  et  ordres 
qui  se  sont  succédé. 

L'architecture  est  l'art  qui  a  devancé  celui  de  la  céramique, 
quoique  tous  les  deux  soient  des  plus  anciens.  L'habitation  et  la 
nourriture  doivent  avoir  préoccupé  d'abord  l'homme  primitif, 
puisque  se  loger  et  se  nourrir  sont  des  nécessités  que  la  nature 
a  mises  même  dans  l'instinct  des  animaux  ^  Le  style  architec- 
tural de  chaque  époque,  qui  est  l'expression  de  sa  civilisation, 
est  en  rapport  intime  avec  les  autres  arts,  et  représente  plus  que 
tout  autre  les  goûts  et  les  tendances  du  temps.  La  sculpture  et 
le  modelage  nécessaires  à  la  céramique  ont  suivi  l'architecture 
et  devancé  l'art  de  la  peinture  *. 

Les  styles  chinois,  égyptiens,  assyriens,  indiens,  mexicains, 

grecs  et  romains,  en  partant  de 2000 

sont  généralement  nommés  styles  antiques.  av.  j.-c. 

Les  styles  égyptiens^  assyriens ,  indiens  et  mexicains 
sont  sévères,  solides  et  grandioses.  Les  deux  derniers 
sont  cependant  souvent  irréguliers  et  touchent  par  leurs 
détails  à  la  grimacerie. 

Le  style  chinois  n'existe  presque  pas  ;  c'est  une  archi- 
tecture enfantine  invariable  depuis  de  nombreux  siècles. 
Chargé  et  mesquin ,  il  rappelle  les  tentes  des  peuples 
nomades. 

Le  style  grec^  qui  tient  à  l'architecture  égyptienne,  est      600 
plus  étudié  que  celui-ci  et  a  des  proportions  plus  arrê- 
tées ;  il  a  servi  de  type  à  l'architecture  romaine  antique. 


i.  L'abbé  Cochet  dit,  dans  l'Introduction  de  son  Archéologie  céramique  et 
sépulcraley  que  :  a  Partout  où  l'homme  a  séjourné  dans  ce  monde  on  trouve  les 
débris  d'un  vase.  La  poterie  est  donc  la  trace  la  plus  précieuse  du  passage  de 
l'humanité  sur  la  terre.  Aussi  la  céramique  parait-elle  la  plus  indispensable  de 
tontes  les  connaissances  archéologiques.  » 

2.  Winckelmann  dit,  dans  son  Histoire  de  l'Art  chez  les  anciens  y  que  : 
•  L'art  a  commencé  par  la  configuration  la  plus  simple,  par  la  plastique  en  terre 
coite,  et  par  conséquent  par  une  espèce  de  sculpture  j  car  un  enfant  peut  donner 
une  certaine  forme  à  une  masse  molle,  mais  il  ne  saurait  rien  tracer  sur  une  su- 
perficie plane.  Pour  modeler  il  suffit  d'avoir  la  simple  idée  d'une  chose,  tandis 
que  pour  dessiner  il  faut  posséder  une  infinité  d'autres  connaissances;  ce  qui  n'ji 
paJB  empêché  que  la  peinture  ne  soit  devenue  par  la  suite  la  décoration  de  la  sculp- 
lufe,  etc.  » 


W8  DB  l'art 'CÉRAMIQUE 

jCe  styk  romain  antique^  où  Tordre  com|KWJ^  domine^  100 
dérive  du  style  grec.  Il  e$t  cependant  moins  pur» 

Le  style  byzantin  ^  ressen^ble  au  style  russe  actuel,  qui      300 
en  a  conservé  les  formes  et  proportions.  Le  style  arabe       à 
et  mauresque  lui  ressemble  également.  Il  se  distingue  du      900 
style  roman  par  une  plus  grande  élévation  dans  les  arcs  ^^  °otre 
et  par  la  substitution  des  arcs  en  'plein  cintre  aux  pla- 
fonds plats.  Le  roman  et  le  bysantin  sont  souvent  con> 
fondus,  puisque  le  premier  montre  aussi  des  pleins  cintres. 

Le  style  mauresque  et  arabe^  et  plus  tard  sarrasin^  est      700 
bizarre,  mais  très-riche  d'une  profusion  d'ornements. 
Venu  d*Espagne,  il  modifia  d*abord  le  bysantin,  et  il  se 
distingue  par  un  nombre  infini  d'arabesques. 

le  style  roman  *  est  simple  et  presque  primitif;  basé      500 
sur  les  proportions  des  styles  antiques,  modifiés  et       à 
embellis  par  les  réminiscences  byzantines  et  arabes,     1250 
les  chapiteaux  corinthiens  prennent  la  forme  carrée  j 
et  les  ornements  de  ces  chapiteaux  ne  sont  plus  sou- 
mis à  des  règles  invariables  et  représentent  des  ani- 
maux fantastiques,  etc.  Les  plafonds  sans  voûtes  cèdent 
bientôt  aux  Yoûles  en  plein  cintre  et  se  confondent  sous 
quelques  rapports  avec  le  style  byzantin.  C'est  l'archi- 
tecture romaine  devenue  barbare,  c'est-à-^dîre  plus  gran- 
diose, plus  belle  et  plus  originale. 

Le  style  Q^rmanique^j  dit  gothique,  est  svelte,  très-    1200 

1.  Voir  le  renvoi  au  chapitre  Regensburg  (Ratisbonne)  pour  les  différentes 
formes  de  christs,  dont  la  connaissance  est  fort  utile  pour  la  classification  des  ob- 
jets d'arts  religieux,  à  partir  du  dixième  jusqu'au  quinzième  siècle. 

2.  Le  savant  critique  d'ai-t  de  Berlin,  M.  Waagea,  dit  dans  son  ouvrage,  Œu- 
vres d'art  et  artistes  en  Allemagne  : 

«  Ce  style  que  l'on  nomme  byzantin,  mais  que  j'appelle  roman.  » 
Je  n'ai  pu  saisir  la  pensée  de  M.  Waagen,  car  il  est  impossible  qu'il  veuille 
confondre  deux  styles  aussi  distincts  :  le  byzantin,  avec  son  ornementation, riche 
et  détaillée,  l'élévation  de  ses  voûtes  en  plein  cintre,  est  bien  autre  chose  que  le 
style  roman.  Ce  dernier  a  presque  supprimé  les  voûtes,  —  les  plafonds  sont  sou- 
Tent  plats  et  poutres,  ou  à  architraves,  —  son  ornementation  s'est  appauvrie 
an  point  que  les  sculptures  n'en  ont  gardé  que  quelques  animaux  fabuleux  de 
l'Orient  aux  formes  légendaires. 

3 .  L'auteur  doit  faire  observer  ici  que  la  race  dominante  des  Franks,  qui  a  intro- 
duit ce  style  dans  les  Gaules  et  fait  exécuter  les  monuments,  était  aussi  germaine. 


EN  GÉNÉRAL.  i09 

contourne  et  d'une  grande  solidité;  il  est  le  moins  uni-      à 
forme,  le  plus  original  et  se  prête  au  jeu  de  Timagination.    1 500 
La  Sainte-Ghapelle  et  le  musée  de  Gluny  en  sont  de  beaux 
spécimens  à  Paris,  mais  d'un  genre  tout  différent. 

Le  vieux  style  gothique  se  subdivise  en  saxon,  belge, 
nonoiand,  lombard,  etc. 

Je  le  divise  en  trois  catégories  ou  plutôt  époques,  et 
non  pas  par  pays  : 

Le  gothique  à  réminiscences  romanes»  ou  de  transi- 
tion du  treizième ,  et  le  gothique  pur  de  la  fin  du  trei- 
zième jusqu'à  la  fin  du  quatorzième  siècle  qui,  selon 
moi,  est  le  plus  beau,  puisqu'il  est  calme  et  sévère. 

Le  gothique  achevé  du  quatorzième  siècle  et  du  com- 
mencement du  quinzième. 

Le  gothique  de  la  décadence  des  quinzième  et  seizième 
siècles* 

Le  gothique  allemand,  tel  qu'on  le  rencontre  dans  ce 
pays,  est  le  plus  sévère  et  le  plus  imposant. 

Le  gothique  français  est  plus  orné,  plus  agréable, 
mais  pèche  par  la  profusion  de  ses  arcs-boutants. 

Le  gothique  anglais  est  en  majeure  partie  perpendicu- 
îaire^  c'est-à-dire  de  la  décadence,  comme  le  fiam- 
bùyant  français. 

Le  gothique  fleuri  ou  flamboyant  de  la  décadence  est 
cependant  préférable  dans  les  boiseries  et  dans  les  pe- 
tites œuvres. 

Le  style  de  la  Renaissance  est  fin  et  léger  ;  il  participe  de  1 450 
tous  les  styles  et  le  plein  cintre  se  trouve  chargé  de  la  pa- 
rure de  l'ogive.  Charmant  de  détails,  irrégulier,  nianquant 
de  grandeur,  il  plaît  à  tous  les  goûts  et  varie  dans  chaque 
pays.  Le  château  de  Blois  est  un  des  plus  remarquables 
spécimens  de  la  Renaissance  française  qui  subsistent. 

Le  style  dit  Henri  TV  ou  Louis  XIU  se  signale  par  ses    i  570 
mosaïques  de  briques  rouges  ;  il  est  agréable  et  se  res- 
sent encore  de  la  Renaissance. 

Le  style  dit  Louis  Ji7  est  boursouflé,  bouleversé,  et  se    1650 

40 


110  DE  l'art  Céramique 

signale  souvent  par  l'abus  de  mascarons  et  de  cartouches. 
Versailles  est  un  échantillon  de  eette  affreuse  décadence. 

Le  style  saxe,  appelé  aussi  rocaille,  Pompadour,  rococo,    1720 
TaOuù  XV,  etc.,  est  surchargé  de  rocailles,  prétentieux  et 
efféminé  ;  il  n'est  agréable  que  dans  les  petits  arts  et  pour 
l'ornementation  intérieure  des  châteaux  et  appartements  ; 
dans  les  grandes  œuvres  il  devient  grotesque. 

Le  style  de  Louis  XVI,  plus  simple  et  plus  beau  dans    1788 
la  grande  architecture  que  celui  du  règne  précédent, 
en  est  cependant  la  continuation,  et  se  signale  par 
l'emploi  de  grosses  guirlandes. 

Lestyle  de  Tilmpirô  n'est  qu'une  triste  imitation  dugrec  1803 
et  du  romain  ;  il  représente  la  décadence  complète  de  l'art. 
Le  style  actuel,  ou  du  dioHieuviéme  siècle,  consiste 
dans  les  constructions  légères  et  élancées  en  fonte  de  fer, 
dans  le  genre  des  halles  centrales,  etc«;d'origîne  anglaise, 
il  a  été  modifié  en  France  et  n'offre  rien  de  caractéris- 
tique qui  puisse  lui  conserver  une  place  dans  l'avenir. 

Les  ordres  sont  des  subdivisions  du  style  grec  et  romain.  Les 
anciens  n'avaient  que  trois  ordres  :  le  dorique,  Vionique  et  le 
corinthien.  Jacques  Barozzio  de  Vignole,  né  à  Vignole,  dans  le 
Milanais,  en  1507,  est  l'architecte  qui  en  a  donné  le  premier  les 
proportions  régulières  ;  son  Traité  des  cinq  ordres  est  encore 
classique.  Cet  architecte,  ainsi  que  Philibert  Delorme,  les  Sca- 
mosi,  les  Serlio,  les  Paladio  et  autres,  a  composé^  d'après 
l'architecture  grecque,  les  cinq  ordres  suivants.  Les  ordres  j96r- 
sique  et  attique  ont  été  ajoutés  plus  tard. 

Vorâ/re  toscan.  Remarquable  par  son  extrême  simplicité; 
il  exclut  tout  ornement  dans  ses  diverses  parties. 

V ordre  dorique.  Le  plus  simple  après  le  toscan;  il  exprime 
surtout  la  forc«  et  la  solidité^  et  se  reconnaît  à  l'absence  de 
toutes  bases,  aux  métopes^  et  aux  triglyphes  qui  ornent 
sa  frise.  Les  chapiteaux  sont  dépourvus  d'ornement. 

1.  Du  grec  métâpony  front,  intervalle  carré  entre  la  frise  et  les  triglyphes  où 
on  place  des  ornements.  Le  triglyphe  (du  grec  treiSf  trois,  et  glyphé,  graTure} 
est  composé  de  trois  cannelures  ;  il  servait  dans  Forigine  à  l'écoulement  des  eaux. 


ï::^  général.  iil 

V ordre  ionique.  Caractérise  par  les  volutes*  de  son  chapiteai* , 
qui  ressemblent  à  des  cornes  de  bélier. 

L'ordre  corinthien,  Reconnaissable  aux  feuilles  d'acanthe  qui 
couvrent  ses  chapiteaux. 

V ordre  composite.  Il  réunit-  le  chapiteau  corinthien  aux  vo- 
lutes de  rionique.  On  appelle  aussi  ordre  composé  toutes  les 
ordonnancjBs  arbitraires  ou  capricieuses  qui  s'éloignent  des 
règles  ordinaires. 

L'ordre  persique  ou  cariatide  est  celui  où  Ton  voit  des  figures 
d'esclaves  ou  de  femmes  supportant  un  fronton  en  remplaçant 
des  colonnes.  On  doit  l'appeler  seulement  ordre  cariatide,  quoiid 
les  colonnes  sont  remplacées  par  des  figures  de  femmes,  puisque 
le  nom  de  cariatide  dérive  des  femmes  esclaves  de  Karyan. 
Quand  ces  figures  représentent  des  hommes,  il  faut  l'appeler 
Yordre^atlantef^xffï  dérivé  d'Atlas,  que  les  anciens  ont  repré- 
sente portant  là  terre. 

L'ordre  attique  est  un  petH  ordre  de  pilastres  de  la  plus 
courte  proportion,  ayant  pour  entablement  une  corniche  archir 
travée. 


1.  Du  latin  voluta^  de  volvere^  tourner,  désigne  l'enroulement  en  spirale  de 
chaque  côté  du  chapiteau. 


> 


DESCRIPnON  PAR  TABLEAUX  CHRONOLOGIQUES 


DE 


TOUS  LES  PRODUITS  CÉRAMIQUES 

POTERIES,  ÉMAUX  SUR  MÉTAUX,  VITRAUX 
ET  PIERRES  ARTIFICIELLES 

LEURS  MARQUES  ET  MONOGRAMMES,  LA  FABRICATION 

MONOGRAPHIES  £T  BIOGRAPHIES  DES  ARTISTES 

MUSÉES  ET  COLLECTIONS 


40* 


BËSUHË  DES  HÂTIËBES  DE  L'OUVBAGE 

SEF-ON 
SES    DIVISIONS    ET    CLASSIFICATIONS    INÉTHODIQUES    D'ORIGINES 

LB     TOUT     PAR     ORDRE     CHRO'OLOGIQL'E 


I 

POTERIES  OPAQUES  ET  SANS  KAOLIN 

Poteries  asiatiques 

indiennes,  dclhiennes,  alimedubabienneS;  cingalèges  (île  de  Ce^lan), 
javanaises  (Sourabaïa),  babyloniennes,  chinoises,  japonaises,  Louk- 
liariennes,  persanes,  turques  (îles  de  l'Asie  Mineure,  Drousse,  Ku- 
tahia.  Thnarl^alc  et  Isnik). 

Poteries   américaines 

palenquéennes  ou  mitlaïques,  quichuases,  téoliiiuacanes,  toltèqucs  et 
chichimèques,  aymariennes  et  péruviennes,  jacatèqucs  et  guaté- 
maliennes, mexicaines  ou  aztèques  et  suntiagiennes. 

Poteries  africaines 

égyptiennes,  scioutes,  kenelieriennes,  nubiennes,  nlgériennrs, 

kabyles,  etc. 

Poteries  européennes 

lacustres,  grecques-étrusques,  romaines,  fcandinavcs,  gtruianiques 
et  anglo-saxonnes,  gauloises,  alemanes,  frankes,  allemandes,  siculo 
et  hispano-musulmanes  et  espagnoles,  italiennes,  françaises,  hol- 
landaises, suisses,  belges,  anglaises,  russes,  danoises,  suédoises, 
portugaises  et  polonaises. 


II  " 

POTŒRIB6  TRANSLUCIDES  AVEC  ET  SANS  KAOLIN 
ET  OPAQUES  AVEC  KAOLIN 

OU  PORCELAINES  A  PATB  DURE  ET  FAÏENCES  TRANSLUCIDES, 
DITES  PORCELAINES  A  PATE  TENDRE 

Porcelaines  asiatiques 
chinoises,  indiennes   et   japonaises. 

Porcelaines  européennes 

allemandes,  françaises,  russes,  belges,  suisses,  holIandai^es,  anglaises, 
italiennes,  espagnoles,  danoises,  portugaises,  polonaises  et  hon- 
groises. 

III 

PEINTURES  CÉRAMIQUES  SUR  LAVE  ET  POTERIES 
VERNISSÉES  SANS  PLOMB,  A  BASE  DE  LAVE 

IV 

ÉMAUX  SUR  MÉTAUX 

égyptiens,  byzantins,  allemands  et  anglo-saxons,  fi  ançais,  italiens, 

chinois,  russes  et  suisses. 

V 

PEINTURES  SUR  VITRAUX 

allemandes,  françaises,  anglaises,  suisses,  belget^,  ilalieiiaes, 
hollandaises,  espagnoles  et  russes. 

VI 

PIEBBES  FRBCIE0SBS  ARTIFICIELLES. 


I 

•  * 

POTERIES  OPAQUES  ET  SANS  lAOlIN 

TERRES    CUITES    SANS    COUVERTE,    SOUS    COUVERTE 
AU  VERNIS  MINÉRAL  ET  ÉMAIiXltES     . 
GRBS,  FAÏENCES  ET  TEBBES  DE  PIPE 

LB  TOUT  PAR  ORDRE  C^JIONOLOGIQUB  ET  $ÂK  PATS 


^^•p'»" 


,      POTERIES  OPAQUES  ASIATIQUES 

mDE 

Poterie.  v  Av.  J.-C.4000 

Sans  s'arrêter  à  Torigine  d'une  antiquité  fabuleuse  à  laquelle 
les  Hindous  font  remonter  leur  histoire,  on  peut  cependant  ad- 
mettre que  cette  première  civilisation  connue  remonte  à  qua- 
rante siècles  avant  Jésus-Ghrist.  On  ne  possèdej:iéanmoins  aucun 
vestige  des  poteries  de  cette  époque. 

Pour  les  poteries  indiennes  modernes  on  peut  mentionner  : 

Terre  cuite  moderne  â  émail  plombifâre.  ,.. 

Au  musée  japonais  de  Dresden  et  dans  ma  collection  se  trou- 
vent des  carreaux  de  pavage  pentagones  en  brique  rougeâtre 
et  ornés  de  feuillages  jaunes  par  le  moyen  d*un  décalcage  d'en- 
gobe  de  terre  blanche  qui,  recouvert  du  vernis  minéral  trans- 
lucide, forme  des  dessins  jaunes  sur  fond  chocolat.  Ces  carreaux 


118  POTEBIES  OPAQUES 

ont  été  rapportés  des  Indes  par  lord  Elûngston  ;  leur  caractère 
n'a  rien  d'indien. 


Tebre  cuite  noire  moderne  sans  et  sous  couverte. 

Des  bouteilles  à  eau  de  cette  fabrique  figuraient  à  TExposi- 
tion  universelle  de  1851.  Le  musée  de  Kensington  en  possède 
deux  échantillons  sous  les  n*»»  4,200  et  4,201. 

IIiB   DE    CETIiJlLlf  (Slnshala) 

Terre  cuite  moderne  peinte  a  froid,  et  terre  cuite  rouge 
sans  peinture. 

Des  bouteilles  (n°"  4,202  et  4,205)  au  musée  Kelfômgten. 

fiOVBABjlLlA   (Java)  ^ 

Terre  cuite  brune  moderne. 

Le  musée  Kensington  possède  de  cette  provenance  une  bou- 
teille, dite-A^^osas  ou  coojali,  quia  été  exposée  en  1851. 

B  A  BIT  11  O  ME 

Poterie  au  vernis  pbombifère  (peut-être  aussi  à  émail  stanni- 
fère).  «»  Av.  J.-C.  2500 

On  connaît  de  l'empire  babylonien,  fondé  en  2640  par  Nem- 
rod j  deg'  briques  vernissées.  On  a  trouvé  dans  cette  ville,  et 
aussi  au  palais  assyrien,  de  Khorsabad,  exploré  par  M.  Place, 
des  briques  peintes  en  différentes  couleurs  et  vernissées  au  feu. 
Le  décor  rej^ésentait  des  hommes,  des  animaux^  des  arbres  et 
des  dessinsTinéaires  et  géométriques.  Je  pense  cependant  que  ce 
dernier  genre  de  briques  ornées  de  dessins  historiés  ne  remonte 
pas  à  l'époque  de  la  destruction  de  Babylone. 

Poteries  en  terre  cuite  vehjîissées.  Av.  J.-C.  2500  jusqu'à  ce  j'. 

On  a  fabriqué  en  Cliine  et'ûn  y  fabrique  encore  actuellement 
des  ornements  de  jardin,  etc.,'  des  figurines,  la  pluj)aft  grotes- 
ques, en  terre  cuite  et  recouvertes  d'un  vernis  minéral ,  le  j^us 
souvent  en  vert  (cuivre)  et  jaune  {crocus  metallorum*), 

i.  Ce  safran  des  métaux  des  anciens  est  l'antimoine  sulfa#^iMé.     .  ^ 


^ 


ASIATIQUES.  11» 

Grès  a  iUfAIL  fiTAN^IFÈBE  et  grés  rouge  sans  ÉMàUé. 

La  plupart  des  poteries  dites  porcelaines  craquelées  de  Chine 
appartiennent  à  la  catégorie  des  grés,  et  non  pas  à  celle  des  por* 
celaines^  puisqu'elles  sont  opaques.  (  V^ir  au  chapitre  des  porce- 
laines ou  poteries  tranjslucides  chinoises.) 

Le  grès  rouge  chinois,  particulièrement  des  théières,  ressem- 
ble à  ieelui  du  Japon  et  au  grès  que  Bottcher,  l'inventeur  de  la 
porcelaine  européenne,  a  fabiriqué  avant  d'avoir  trouvé  le  kao- 
lin pour  sa  porcelaine  transparente.  (Voir  porcelaine  de  Saxe.) 


Grés  rouge.-  Vers  150  av.  J.-C. 

C'est  un  beau  grès  rouge  sans  vernis,  semblable  et  probable- 
ment de  la  môme  composition  et  cuisson  que  ceux  que  Bôttcher 
a  produits  avant  d'avoir  trouvé  la  porcelaine.  (  Voir  porcelaine 
de  Saxe.)  Le  grès  du  Japon  a  souvent  des  ornements  en  relief; 
il  est  quelquefois  peint  et  décoré  d'émaux  de  couleurs.  (  Voir 
le  chapitre  des  porcelaines  ou  poteries  translucides  japonaises.) 

IIOVK.HjIlBIE 

Poterie  opaque  et  quelquefois  tant  soit  peu  transparente  ; 
TERRE  DE  PIPE  OU  TERRE  CUITE  BLANCHE ,  décoréc  Ordinaire- 
ment en  camaïeu  bleu,  sur  engobe  et  recouverte  d'un  vernis  de 
plomb.  Cette  poterie,  que  Von  appelle  à  tort  faïence  de  Perse 
et  même  porcelaine  de  Perse,  s'est  fabriquée  à  partir  de  700 

jusqu'à  nos  jours. 

La  Boukharie  ou  le  kïuinat  de  Bouhhara  est  un  État  de  l'Asie 
centrale,  du  Turkestan  indépendant,  et  dont  la  capitale  était 
jadis  Samarkand,  puis  Bikend.  La  capitale  actuelle  est  Bou- 
khara. 

La  Boukharie,  qui  avait  fait  partie  des  grands  empires  per- 
sans d'Alexandre  et  de  la  Bactriane,  fut  conquise  par  les  Turcs 
au  sixième  siècle,  par  les  Chinois  au  septième  et  par  les  Arabes 
au  huitième,  et  tomba,  au  neuvième,  entre  les  mains  des  Sama- 
nides,  etc.,  etc. 

Ce  sont  incontestablement  les  Chinois  qui  ont  introduit  la 
fabrication  des  poteries,  que  les  Boukhariens,  ne  connaissant 
pas  le  kaolin  ou  n'en  possédant  point,  n'ont  jamais  pu  élever 
jusqu'à  la  porcelaine. 


120  '  POTERIES  OPAQUES 

Les  productions  boukhariennes  anciennes  consistent  dans 
des  poteries  très -blanches  de  terre,  espèce  de  terre  de  pipe 
(le  cailloutage  français),  qui  sont  généralement  décorées  au 
grand  feu  en  camaïeu  bleu  et  recouvertes  au  petit  feu  d'un 
verqis  de  plomb  qui  se  raye  sous  le  couteau. 

La  porcelaine  persane,  dont  MM.  Le  Blanc  et  Jacquemart 
parlent  dans  leur  Histoire  de  la  porcelaine^  n*est  autre  chose 
que  cette  poterie  boukharienne,  qui  n'est  pas  même  de  la  faïence. 
Ces  auteurs,  sans  se  rendre  compte  de  ce  que  c*est  que  la  vé- 
ritable  porcelaine,  se  sont  sans  doute  rapportés  au  passage  de 
Chardin  dans  son  Voyage  en  'PersCy  t.  II,  p.  42,  où  il  parle  des 
fabriques  des  villes  de  Kirman  etMesched^  dont  les  produits  fu- 
rent, d'après  cet  auteur,  vendus  en  Europe  par  les  Hollandais 
comme  provenance  chinoise^,  Chardin^  qi^i  a  aussi  appelé  ¥iB 
carreaux  de  revêtement  de  la  porcelaine,  a  encore  pris,  comme 
beaucoup  d'auteurs  de  cette  époque,  et  même  comme  on  voit 
des  auteurs  actuels,  de  la  faïence  pour  de  la  porcelaine  (voir  la 
note  concernant  la  soi-disant  porcelaine  persane,  à  l'article  sui- 
vant, qui  traite  des  poteries  persanes). 

Il  y  a  d'autres  auteurs  encore  qui,  tout  en  reconnais- 
sant que  la  poterie  boukharienne,  confondue,  avant  la  pu- 
blication de  ce  Guide,  avec  celle,  de  la  Perse  et  de  l'île  de 
Rhodes,  n'est  pas  de  la  porcelaine,  malgré  qu'elle  offre  souvent 
des  spécimens  tant  soit  peu  translucides,  croient  qu'il  ne  leur 
manque  qu'une  cuisson  plus  élevée  pour  être  de  la  porcelaine. 
C'est  encore  là  une  erreur,  puisque  le  décor  en  camaïeu  bleu 
est  au  grand  feu,  et  la  couverte  plombifère  seule  est  cuite  au 
petit  feu. 

Les  dessins  de  ces* poteries  ont  ordinairement  tout  le  carac- 
tère chinois  et  japonais,  fort  peu  modifié  par  le  goût  persan. 

On  appelle  aussi  théières  de  Boukhara  les  théières  en  grès 
rouge  dont  il  a  été  fait  mention  dans  l'article  qui  traite  des 
poteries  opaques  chinoises  et  japonaises;  mais  je  crois  que  c'est 
à  tort,  et  que  c'est  là  une  poterie  importée  de  la  Chine. 


1 .  Fendant  les  vingt  ans  que  j'ai  visité  la  Hollande,  je  n'ai  pas  trouvé  une 
seule  pièce  de  faïence  persane  parmi  les  innombrables  quantités  de  porcelaines 
de  Chine  et  du  Japon.  Il  serait  bien  étrange  que  ces  faïences  eussent  disparu 
comme  par  enchantement,  sans  laisser  la  moindre  trace  dans  les  deux  pays  qui 
les  fabriquaient  et  qui  les  vendaient  I  Le  passage  de  l'ouvrage  de  Chardin  ne 
mérite  aucune  croyance. 


ASIATIQUES.  121 

PS  USB,  e'es(-à-dlre  H  A  If  (Perse  moderne),  éUkt  de 
TAsIe  oeeldentale)  CHIBAS,  I0PAIIAIV,  MAlif, 
HATHttlffi. 

Poterie  opaque  et  quelquefois  translucide,  décorée  sur  cn^ 
gobe  et  recouverte  cTun  vernis  de  plomb,  appelée  faïence  de 
Perse.  A  partir  de  800 

ou  peut-être  seulement  du  treizième  siècle. 

La  poterie  ancienne,  véritablement  persane,  dont  la  fabrica- 
tion avait  été  incontestablement  introduite  en  Perse  par  les 
Boukhariens,  après  que  ceux-ci  l'avaient  apprise  des  Chinois, 
à  la  suite  de  l'invasion  chinoise  au  septième  siècle,  est  fort 
difficile  à  déterminer,  puisqu'il  en  est  parvenu  fort  peu  jusqu'à 
nous  et  puisque  Ton  a  toujours  confondu  les  poteries  boukha- 
Tiennes  et  turques  (voir  Rhodes  et  Brousse)  avec  la  poterie 
persane. 

Voici  ce  que  je  puis  fixer  maintenant  comme  données  posi- 
tives : 

1®  On  ne  rencontre  jamais  dans  le  décor  des  poteries  bou- 
khariennes  et  persanes  anciennes  le  moindre  vestige  de  la  cou- 
leur rouge.  Un  des  plus  anciens  spécimens  de  cette  poterie 
persane  dont  l'époque  de  fabrication  peut  être  fixée  avec  certi- 
titude,  et  provenant  d'une  mosquée,  c'est  le  carreau  de  revê- 
►  tement  dont  le  croquis  *  est  ci-contre.  Je  l'ai  acheté  dans  la 
vente  faite  à  l'hôtel  des  commissaires -priseurs,  le  !•'  fé^ 
vrier  1866,  par  M.  Méckin^  qui  avait  rapporté  de  ses  voya- 
ges en  Perse  toute  une  belle  collection  de  poteries  persanes. 
Ce  carreau  représente  le  schah  Abbas  II  à  cheval  (1040  de  l'hé- 
gire ou  1662  de  notre  ère).  Les  couleurs  employées  sont  le  bleu, 

1.  Cinq  de  ces  curieuses  plaques  carrées  (i4  i/2  sur  18  1/2  centimètres), 
cataloguées  aux  enchères  sous  les  n*"  141  à  143,  ont  été  vendues  à  MM.  Faure, 
Carrant  et  Davilier,  à  Paris,  et  deux  ont  été  achetées  par  moi.  Les  fleurs  qui 
entourent  le  cayalier  sont  réservées  sur  le  blanc  de  l'engobe,  et  le  fond  bleu  de 
Perse  paraît  le  produit  d'un  rechampissage,  contrairement  aux  fleurs  du  décor 
des  faïences  de  Rhodes,  qui  sont  ordinairement  empâtées  en  reliefs  de  couleurs. 
Ces  carreaux,  peut- être  les  seules  véritables  poteries  persanes  anciennes  conuues 
dans  les  musées  et  dans  les  coUecfioDS,  dont  on  peut  fixer  avec  certitude  l'époque 
de  fabrication,  datent  probablement  de  1662  ou  de  la  vingtième  année  du  règne 
d'Abbas  II,  fils  d'Abbas  I*%  dit  le  Grand,  de  la  dynastie  desSophis,  qui  remonte 
à  1499.  On  sait  que  l'ère  de  l'hégire  compte  de  la  fuite  de  Mahomet  de  la 
Mecque  en  622,  ce  qui  fixe  bien  l'époque  de  la  fabrication  à  1040. 

Il 


122  POTERIES  OPAQUES 

le  blanc  et  le  manganèse  (violet  brunâtre).  H.  Méchin  m'a  assuré 
qu'il  n'a  jamais  rencontré  une  poterie  ancienne,  persane  ou 


J-Dti,. 


boukliarienne  avec  du  roitgn  dans  le  décor,  et  que  tous  les  revê- 
tements céramiques  des  mosquées  qu'il  a  vues  étaient  unique- 
ment coloriés  en  bleu,  blanc  ou  jaune;  qu'il  n'avait  même 
jamais  trouvé  des  carreaux  ornés  de  ramages  et  de  feuillages, 
comme  ceux  fabriqués  en  Turquie,  h  Brousse  et  à  Rhodes,  Ce 
môme  voyageur  affirme  aussi  que  les  Persans  ne  se  servent 
jamais  de  plats  en  terre  cuite  ou  en  porcelaine,  que  toute  leur 
vaisselle  est  en  métal  (bien  plus  propre  à  la  vie  nomade), 
à  l'exception  do  quelques  petites  tasses  en  porcelaine,  fabri- 
quées en  Chine  avec  un  décor  de  goût  persan,  et  qui  se  ven- 
dent quelques  centimes  ;  ces  tasses  servent  à  prendre  le  café;  on 
les  place  dans  une  enveloppe  de  cuivre  percée  à  jour. 

Les  grands  bols  et  potiches  en  poterie  persane  moderne, 
de  fabrication  toute  récente,  ne  servent  qu'à  orner  des  niches 
et  les  boutiques  des  marchands. 

Pietro  délia  Valle  (l.  I,  lettre  I),  qui  voyagea  en  Perse  en 
i(îi7,  a  décrit  des  t-aiies  persanes  datant,  selon  lui,  du  diiièrae 


ASIATIQUES.  \Î3 

siècle  et  l'auteur  français  des  Beautés  de  la  Perse  (Paris,  1673, 
p.  i2),  ainsi  que  Tavernier  et  Chardin,  mentionne  des  car- 
reaux dans  la  mosquée  de  Gom  (sans  doute  Koum),  Chardin 
est  plus  explicite  et  dit  que  ces  carreaux  étaient  ornés  d'ara- 
^Mg^es  et  rehaussés  d'or  et  d'argent.  W.  Beck,  dans  un  journal 
^nuscrit,  cité  par  M.  Marryat,  dit  aussi,  en  parlant  de  la 
mosquée  de  Sultanieh,  que  les  tuiles  y  étaient  émaillées  d'un 
bleu  foncé  à  dessins  et  à  devises  jaunes  et  blanches  ^  On  voit,  il 
n'est  nulle  part  question  de  rov^e  ni  de  feuillages  à  grands 
ramages.  La  figure  humaine,  môme  celle  da  la  femme,  mais 
voilée  alors,  et  celle  de  l'animal,  se  retrouvent  quelquefois  dans 
le  décor  persan,  contrairement  à  celui  des  Turcs,  où  la  reli- 
gion l'interdit.  La  poterie  de  Rhodes  montre  cependant  sou- 
vent des  personnages  et  des  vaisseaux,  qui  doivent  dater  du 
temps  de  la  domination  des  chevaliers  de  Rhodes. 

Quant  à  la  porcelaine  persane,  elle  n'a  jamais  existé,  et  je 
dois  me  référer  ici  à  ce  que  j'en  ai  déjà  fait  observer  dans 
l'article  précédent  qui  traite  des  poteries  boukhariennes  ;  une 
porcelaine  à  inscriptions  persanes  ne  prouve  absolument  rien. 
N'ai-je  pas  vu,  à  mon  dernier  voyage  à  Dresden,  que  l'on  avait 
rapporté  de  la  Hollande  à  M.  le  docteur  Klemm,  pour  de  la 
porcelaine  hollandaise,  une  tasse  forme  œuf  en  porcelaine  de 
Limoges  et  décorée  à  Paris  d'une  devise  en  langue  hollandaise? 

M.  le  docteur  Grasse,  à  Dresden,  prouve  môme  par  les  nom- 
breuses fautes  d'orthographe  que  les  inscriptions  persanes, 
sur  lesquelles  on  veut  baser  les  provenances,  ne  sont  point 
l'œuvre  d'ouvriers  du  pays  qui  connaissaient  la  langue  persane. 
Il  cite  par  exemple  un  bol  exposé  dans  la  cinquième  salle  du 
musée  japonais,  et  dont  l'inscription  est  bien  composée  de 
lettres  persanes,  mais  qui  ne  forment  ni  des  syllabes  ni  des 
mots  persans*. 

M.  Feuillet  de  Couches  n'admet  pas  non  plus  l'existence 
de  la  porcelaine  persane  {Causeries  à'uii  amateur,  Paris,  1862, 
t.  II,  p.  153). 


i.  M.  Méchin  affirme  qu'il  a  eacore  vu,  à  sou  dernier  voyage ,  les  carreaui 
mentionnés  par  Beck,  et  que  cette  mosquée  sert  actuellement  de  magasin  à  four- 
rages. Un  de  ces  mêmes  carreaui  est  conservé  à  Sèvres. 

2.  M.  Méchin  a  rencontré  à  Ispahau  plusieurs  services  en  porcelaine  de  Chine, 
aux  inscriptions  persanes  et  arméniennes,  que  le  piropriélaire  lui  a  assuré  tenir  de 
son  grand-père,  qui  les  avait  fait  fabriquer  eu  Chiue. 


124  POTERIES  OPAQUES 

Les  localités  où  des  poteries  persanes  modernes,  de  qualité 
bien  plus  grossière  que  les  anciennes ,  se  sont  fabriquées  au 
dernier  siècle,  et  où  elles  se  fabriquent  encore  aujourd'hui,  sont  : 
Naîn,  Goumisché^  Nathens,  Ispahan^,  Thauris  et  autres  lieux. 

A  iVaIn,  on  fait  encore  actuellement  des  poteries  assez  fines 
de  pâte,  dans  le  genre  des  anciennes  poteries  dites  boukha- 
riennes  à  fond  blanc,  à  décor  camaïeu  bleu,  souvent  à  inscrip- 
tions persanes. 

A  Qoumischéf  on  fabrique  des  potiches  et  de  grands  bols,  très- 
lourds  et  en  grossière  pâte  de  terre  brune,  fort  mal  émaillés  et 
d'un  décor  bleu,  blanc  et  jaune.  Des  bouquets  de  fleurs  et  de 
feuillages  en  vert,  rose  et  jaune  y  ornent  des  cartels  à  fond 
blanc  et  ressemblent  à  ceux  des  faïences  alsaciennes  ou  lor- 
raines, et  aussi  au  décor  à  froid  de  la  poterie  kabyle.  Une  po- 
tiche de  20  centimètres  de  hauteur  de  cette  poterie,  fabriquée 
à  la  fin  du  dix-huitième  siècle,  fait  partie  de  ma  collection. 

A  Nathens,  même  genre  que  celui  de  Goumisché,  mais  point 
de  jaune  et  profusion  de  roses. 

A  Ispahan,  grandes  potiches,  très-lourdes,  de  grossière  pâte 
de  terre  brune,  toujours  fort  mal  émaillées  et  décorées  ordi- 
nairement de  bandes  bleues  et  roses  quadrillées  et  de  mé- 
daillons à  fond  blanc  ornés  de  bouquets  de  roses  et  d'un 
fond  brun.  Un  grand  fragment  d'une  de  ces  potiches  de  la  fin 
du  dix-huitième  siècle  fait  partie  de  ma  collection. 

A  Thauris,  on  fabrique  une  espèce  de  grès  à  ornements  en 
bas-reliefs  et  émaillés  en  bleu,  qui  ressemble,  sauf  le  style 
des  ornements,  aux  grès  rhénans  du  seizième  siècle.  Un  grand 
bol  de  cette  poterie  se  trouve  dans  la  collection  du  docteur  Be- 
liol  jeune,  à  Paris. 

M.  Méchin,  déjà  mentionné,  avait  aussi  rapporté  de  Perse 
plusieurs  curieuses  poteries  en  terre  cuite,  ornées  de  reliefs 
qui  représentaient  des  personnages,  une  femme  voilée,  etc.; 
elles  étaient  recouvertes  d'un  vernis  vert  de  cuivre,  absolument 
pareil  à  celui  des  anciens  poêles  de  Nurnberg. 

De  beaux  vases  en  vert  lapis  et  en  bleu  de  Perse  (oxyde  de" 
cuivre  et  potasse),  avec  des  blancs  fixes,  tels  que  Devers  les  a 
imités,  se  fabriquent  également  en  Perse. 

1 .  C'est  n  Ispahan  et  à  Koura  que  se  fabriquent  aussi  ces  burettes  en  verre 
jaunâtre  et  verdâtre,  semblables  aux  verres  anciens  de  Venise,  et  qui  se  vendent 
souvent  pour  tels. 


ASIATIQUES.  i25 

TURQUIE 

Poterie  en  terre  cuite,  espèce  de  terre  de  pipe  (gailloutage 
français),  décorée  en  polychrome  sur  engobe  et  recouverte 
d'un  vernis  plombifére,  appelée  à  tort  faïence  de  Perse, 

Oq  rencontre  dans  les  mosquées  en  Turquie,  et  particulière- 
ment à  Constantinople,  des  carreaux  de  revêtement  en  terre 
cuite  vernissée,  décorés  à  grands  ramages  sur  fond  blanc  ou 
bleu  turquoise,  que  Ton  a  pris  ^habitude  de  désigner  sous  le 
nom  de  faïence  persane.  Ce  genre,  dont  le  musée  de  Sèvres 
possède  de  beaux  et  nombreux  échantillons,  n'a  jamais  été  fa- 
briqué en  Perse  et  ne  peut  dater  que  du  règne  de  Mahomet  U, 
après  que  cet  empereur  avait  pris  possession  de  Constanti- 
nople  en  1453.  Je  les  crois  fabriqués  à  Brousse  ou  à  Rhodes. 

BHODOB,  (BHODEfi,    Ile  «e  FjlLSle-niiieiire) 

Poterie  en  terre  cuite  blanche,  opaque,  quelquefois  tant 
soit  peu  transparente,  espèce  de  terre  de  pipe  {cailloutage 
français),  décorée  en  polychrome  sur  engobe  et  recou/certe 
d'un  vernis  plombif ère;  elles  est  appelée  à  tort  faïence  de  Perse. 

Rhodes  était  déjà  connue  dans  l'antiquité  pour  la  fabrication 
de  ses  poteries.  Athénie,  célèbre  grammairien  grec,  qui  vécut 
sous  Marc-Aurèle  (i69  à  i  80  de  notre  ère),  dit,  dans  ses  Dipno- 
sophistes,  que  Ton  fabriquait  à  l'île  de  Rhodes  des  plats  tram- 
parents  d'une  argile  mêlée  à  des  cendres  de  jonc  (fondants)  de 
myrrhe,  de  fleurs  de  safran,  de  baume  et  de  cinnamone,  cuite 
au  four  jusqu'à  la  parfaite  vitrification,  mais  que  ces  plats 
n'enduraient  pas  la  chaleur  et  se  fendillaient  et  éclataient 
môme  au  contact  de  l'eau  bouillante.  La  singulière  recette  de 
cette  fabrication  n'a  de  sérieux  que  le  baume,  que  je  crois  le 
baume  d'acier  (soudure  de  limaille  d'acier  dans  l'acide  nitrique), 
et  les  cendres  comme  fondant,  car  les  autres  ingrédients  sont 
végétaux  et  disparaissent  dans  le  feu  du  four. 

Quant  à  la  poterie  qui  nous  occupe  ici,  l'époque  de  sa  fabri* 
cation  est  incertaine. 

Après  que  les  chevaliers  de  Saint-Jean  de  Jérusalem,  qui 
s'étaient  emparés  de  l'île  en  1310,  en  eurent  été  expulsée  à 
la  fin  du  mémorable  siège  en  1479,  par  Soliman  II,  la  fabrica- 
tion dut  prendre  une  tournure  îur^ue  ou  plutôt  persane,  pro- 

J1. 


126  POTERIES  OPAQL'ES 

bablemeat  introduite  par  les  conquérants  qui  l'avaient  apprîBe 

des  Persans,  comme  ïes  Persans  des  Boukliariens,  et  les  Bou- 
khariens  des  Indo-Chiaois. 

La  poterie  do  Rhodes,  dite  fatence,  consiste  ordinairemeDt  en 
plats  àfondblancou  à  fond  bleu  turquoise  ou  de  Perse,  omésde 
ramages  et  de  fleurs  où  on  dislingue  souvent  le  rouge  de  fer 
empâlë  en  relief,  couleur  que  l'on  ne  rencontre  jamais  dans  la 
vieille  fatence  persane. 


n>t  de  »t 


Un  plat  semblable  au  dessin  ci-dessus,  mais  à  fond  bleu  de 
Perse,  également  de  Rhodes  ou  de  Brousse  (voir  plus  loin),  fait 
partie  de  la  coUeciion  Sauvageot,  au  Louvre. 

Un  pot  à  anse  de  10  cent,  de  hauteur,  de  ma  collection,  est 
marqué  sous  le  pied  en  noir  sous  la  couverte  : 


ASIATIQUES.  127 

Le  décor,  de  couleur  rouge  de  fer,  vert  et  jaune  sur  fond 
blanc,  forme  des  bandes  posées  en  biais  et  imite  les  dessins 
du  cachemire.  La  croix  qui  domine  la  marque  indique  Tépoque 
de  la  domination  chrétienne. 

Quelques  curieux  persistent  à  attribuer  ces  |»lat3  à  la  falHi- 
cation  persane  qui,  selon  eux,  les  aurait  exécutés  pour  le  com- 
merce d'exportation  ;  mais  cela  n'est  guère  probable. 

D'abord,  les  fabriques  en  Perse  étaient  et  sont  toujours  fort 
insignifiantes  et  montées  sur  un  très-petit  pied  —  deux  ou  trois 
ouvriers;  —  elles  étaient  et  sont  toujours  dans  l'intérieur  du 
pays,  d'où  on  est  encore  aujourd'hui  obligé  de  transporter  tout  à 
dos  de  cheval  jusqu'aux  ports  de  mer  :  mode  d'expédition  fort 
coûteux  pour  ce  genre  de  marchandise  et  qui  en  rendait  le 
commerce  en  gros  presque  impossible.  Comment  de  pauvres 
paysans  se  seraient-ils  pourvus  à  Rhodes,  pour  leur  usage  jour- 
nalier, d'une  vaisselle  aussi  coûteuse? 

Il  y  a  très-peu  de  temps  que  l'on  rencontrait  encore  ces 
sortes  de  plats  dans  les  plus  chétives  habitations  à  l'île  de 
Rhodes,  où  un  négociant  en  éponges,  de  Paris,  eut  ringénien^ 
idée  de  les  faire  recueillir  par  ses  voyageurs,  en  les  écbiUl'" 
géant  contre  de  la  vaisselle  anglaise  moderne,  que  les  simples 
campagnards  trouvaient  plus  à  leur  goût.  Les  ventes  répétées 
opérées  à  Paris  par  ce  négociant  ont  fini  par  faire  baisser  énor- 
mément la  valéJ^i''  de  la  faïence  turque.  Ajoutons  à  ces  considé- 
rations encore  celle  déjà  mentionnée  au  chapitre  précédent, 
qui  traite  des  faïences  persanes,  observation  concernant  le 
rouge  de  fer,  toujours  absent  sur  les  anciennes  faïences  per- 
sanes et  presque  toujours  éclatant  sur  les  plats  de  Rhodes.  Le 
rouge  que  les  potiers  persans  modernes,  à  partir  de  la  fin  du 
dix-huitième  siècle  seulement,  emploient  dans  leurs  grossiers 
décors  est  rose  et  tout  à  fait  semblable  au  rouge  de  Cassius  de 
la  faïence  lorraine  et  alsacienne. 

Voici  efisl^e  comme  M.  Méchin  s'est  exprimé  dans  l'avertis- 
sement dlb"^  k  venté  dé  ses  collections  de  poteries  persanes, 
faite  en  févriei*i866  : 

«  QuQiBt  aux  plats,  et  autres  pièces  vendus  jusqu'à  ce  joue 
comme  faïences  de  Perse,  il  m'a  été  impossible  d'en  trouver 
dans  les  villes  et  les  villages  que  j'ai  visités  en  Perse.  —  Itiné- 
raire :  Tebris,  Zindjean,  SuUanieh,  Kasbin,  Recht,  Téhéran, 
Ash,  AJché,  Damavend,  l'ancienne  ville  de  Méi,  Koum,  Ka- 


128  POTERIES  OPAQUES 

chan,  FirouskoUf  Sauw,  Nathens,  Ispahan,  Djoulfa,  Goumisché, 

Nain,  etc. 

«  Il  m'a,  du  reste,  été  assuré  que  ces  faïences  proviennent  de 
l'île  de  Rhodes,  etc.  (voir  les  faïences  persanes).  » 

MM.  Beaucorps,  Rigny,  Patrice-Salin  et  Schefer,  de  Paris,  et 
MM.  C.-H.  Bohn,  E.  Falkener,  A.-W.  Franks,  C.-D.-E.  For- 
tuum,  John  Henderson,  Louis  Husch  et  A.  Nesbitt,  en  Angle- 
terre, possèdent  les  plus  riches  collections  de  celte  poterie. 

BROUSSE 

Ville  de  la  Turquie  asiatique,  à  97  kilomètres  de  Constantinople. 

Poterie  en  terre  blanche  opaque  et  quelquefois  transpa- 
rente ,  espèce  de  terre  de  pipe  {cailloutage  français) ,  décorée 
en  polychrome  sur  e^ngobe  et  recouverte  d'un  vernis  plombifére; 
cette  poterie,  comme  celle  de  Rhodes,  dont  elle  est  tout  à  fait 
pareille,  est  encore  appelée  à  tort  faïence  persane. 

Les  carreaux  de  revêtement  des  mosquées,  à  Constantinople, 
proviennent  probablement  de  Brousse  et  non  pas  de  la  Perse 
(voir  les  articles  sur  les  poteries  boukhariennes,  persanes  et  de 
Rhodes). 

Poterie  a  engobe  et  sous  vernis  plombifére. 

On  trouve,  aux  Arts-et-Métiers,  à  Paris,plusieurs  petits  plats  à 
fond  turquoise  de  celte  provenance  ;  ils  sont  ornés  de  peintures. 
Le  musée  de  Sèvres  en  possède  également  des  exemplaires. 

TSllABiLJLliE  (Dardanelles) 

Poterie  commune  a  vernis  plombifére. 

Un  pot  de  cette  provenance,  aux  4rts-et-Métiers,  à  Paris,  est 
en  terre  rougeâtre,  enjolivé  à  rintérieur  d'argiJe  blanche  et 
vernissé  à  Textérieur  en  vert  de  cuivre,  à  ornement  d'or,  pro- 
bablement obtenu  par  le  masticot.  (Voir  ce  nom.) 

ISmiL   (ranclenne  Mlcée) 

•  ij 

ViUe  de  la  Turquie  asiatique,  dans  l'ancienne  Anatolie^  à  80  kUom.  de  Brousse. 

Faïences  et  poteries. 
Conquise  par  les  Turcs  en  i633,  cette  localité  ne  peut  avoir 


AMÉRICAINES.  129 

produit  de  la  poterie   turque   qu'à  partir  du  quatorzième 
siècle. 


POTERIES  OPAQUES  AMÉEICAINES 

Malgré  les  publications  successives  sur  Thistoire  des  peuples 
qui  ont  habité  rAmérique  avant  la  conquête  espagnole,  et 
malgré  les  riches  collections  de  manuscrits  (dont  le  plus  pré- 
cieux est  le  manuscrit  de  Quiche  i)  rapportées  du  Mexique 
dans  les  derniers  temps,  Tantiquilé  reculée  des  peuples  de 
cette  civilisation  perdue,  et  certes  antérieure  à  celle  des  Égyp- 
tiens, est  restée  couverte  d'un  voile  presque  impénétrable; 
mais  je  penche  à  croire  que  l'Amérique  se  trouvait  jadis  réu- 
nie aux  anciens  continents,  ce  qui  pourrait  expliquer  certains 
rapprochements  observés  entre  la  mythologie  et  l'art  améri- 
cains et  la  mythologie  et  Tart  indiens,  égyptiens  et  grecs. 

L'histoire  de  l'ancienne  Amérique  se  subdivise  chronologi- 
quement en  celle  des  temps  héroïques^  de  Vempire  des  Toi- 
téques,  du  Yucatan  et  du  Guatémalaf  et  de  VAnahuac,  (fest-à- 
dire  des  Aztèques  et  des  Mexicains,  qui  correspond  à  notre 
moyen  âge,  et  où  la  fondation  de  la  royauté  ne  remonte  que  vers 
le  commencement  du  quatorzième  siècle,  après  la  conquête 
des  contrées  du  Mexique  par  les  Nahoas,  tandis  qu'elle  finit  à 
la  mort  de  Montézuma  II,  le  dernier  monarque  mexicain  que 
Fernand  Certes  fit  mettre  à  mort.  Pour  le  Pérou,  c'est  le  règne 
des  Incas,  du  douzième  au  seizième  siècle,  dont  le  dernier, 
Atahualpa,  fut  également  mis  à  mort  par  les  Espagnols,  qui  in- 
téresse l'histoire  de  la  poterie.  A  partir  de  la  conquête  des 
Espagnols,  c'est  l'histoire  moderne  qui  commence. 

1 .  Le  texte  de  ce  manuscrit  parle  de  législateurs  débarqués  dans  la  partie 
septentrionale  de  l'Amérique  (Palanqué),  pays  où  on  doit  placer  le  berceau  de 
la  plas  ancienne  civilisation  américaine.  Ce  texte  dit  que  ces  législateurs  étaient 
Tenus  dft  Camuchibalf  c'est-à-dire  du  pays  où  il  fait  de  l'ombre. 


130  POTERIES   OPAQUES 

M.  de  Waldeck,  qui  a  babité  les  contrées  de  l'ancienne  civi- 
lisation américaine  durant  dix-huit  années  ininterrompues  et 
entièrement  consacrées  à  y  fouiller  le  sol  et  à  dessiner  les 
monuments,  et  particulièrement  ceux  de  Palanqué^  cette  Pal- 
myre  ou  Babylone  américaine,  est  le  savant  qui  a  fourni  à  la 
science  archéologique  les  plus  précieux  et  pour  ainsi  dire  les 
premiers  documents  artistiques;  la  publication  de  ses  études  pra- 
tiques et  encyclopédiques  sur  ce  pays  permettront  dorénavant  de 
marcher  d'un  pas  plus  sûr.  Les  magnifiques  reproductions  de 
M.  de  Waldeck  ont  été  acquises  et  publiées  sans  texte,  en  1865, 
par  le  gouvernement  français  chez  l'éditeur  Arthur  Bernard,  à 
Paris,  et  Fauteur  s'occupe  actuellement  de  publier  lui-même  un 
travail  encore  plus  complet,  accompagné  du  texte.  Ces  monu- 
ments anciens  du  Mexique  et  du  Yucatan  contiendront  aussi  la 
reproduction  de  i  ,400  hiéroglyphes,  dont  40  ont  été  déjà  ex- 
pliqués par  l'auteur,  qui  a  également  fourni  les  seuls  dessins 
exacts  pour  le  grand  ouvrage  de  lord  Kingsbrovgh  de  1831 
(Antiquités  of  Mexico),  publié  à  Londres,  en  1822,  pour  le 
Manuscrit  de  Leîriot,  et  à  Paris,  en  1838,  et  pour  le  Voyage 
pittoresque  et  archéologique  dans  les  provinces  du  Yucatan  •. 

Quant  à  la  céramique  américaine  qui  nous  occupe  ici,  je  la 
divise  en  cinq  classes,  en  poteries  palanquéenne  et  mitlaîque; 
quichuase,  téotihuacane,  ioltéque  et  chichimèque;  aymarienne 
et  péruvienne  des  Incas  (douzième  au  seizième  siècle);  juca- 
tééque  et  guatémalienne  et  poterie  mexicaine  ou  aztèque. 

Plus  l'origine  des  exemplaires  de  cette  céramique  est  éloi- 
gnée, plus  ils  sont  perfectionnés  et  se  rapprochent  de  Tart 
classique,  de  sorte  que  les  moins  anciennes  poteries  sont  tou- 
jours les  moins  artistiques,  comme  celles  fabriquées  par  les 
Aztèques  ou  Mexicains.  Il  paraît  donc  démontré  que  la  civi- 
lisation en  Amérique,  avant  la  venue  des  Espagnols,  a  marché, 
depuis  deux  ou  trois  mille  ans,  de  déclin  en  déclin,  et  qu'elle 


i.  Les  ruines  de  Cuîhuacan  ou  Huehuetïapallan  (près  de  Palanqué)  ont 
fourni  des  antiquités  qui  se  rapprochent  beaucoup  des  productions  de  l'art  égyp- 
tien :  on  y  retrouve  le  serpent,  le  lotus,  etc. 

2.  M.  de  Humbold  avait  bien  publié,  il  est  vrai,  des  descriptions  accompa- 
gnées de  dessins  avant  M.  de  Waldeck,  mais  les  unes  comme  les  autres 
étaient  fautives.  C'est  ce  dernier  qui,  dès  1818,  a  fait  connaître  avec  exac- 
titude les  antiquités  mexicaines,  après  son  premier  voyage  entrepris  avec  l'ami- 
ral Coqueran. 


AHEBICAINES.  131 

avait  alteint,  à  l'époque  palantiuéenne  et  mitlalque,  à  une 
hauteur  oii  elJe  pouvait  rîvaiiser  avec  l'art  grec, 

rOTBUB  PALAMSniBMME  BT  MITLAIQIIB  (iCTB  lltOO  at.  l.-C). 

Le  seul  exemplaire  connu  de  celle  époque  est  la  lampe  du 
lemplede  Mitla,  de  ma  collection,  dont  \oici  le  dessin  : 


En  terre  cuite  rouge  ;  elle  est  pourvue  extérieuremenl  d'un 
vernis  minéral  '  incolore  et  couverte  û'om^nents  gravés  à  la 
pointe;  sa'forme  rappelle  visiblement  l'art  classique  grec  et 
parait  démonlrer  l'usage  du  four  du  potier.  Cette  lampe  a  été 
reproduite  en  grandeur  naturelle  par  M,  de  Waldeck. 

poTBBiB  gmoaDASE,  TéononACAMB,  toltèqiib  bt  amOBiiiÉQin 

Un  trouve  dans  les  dessins  de  M.  de  Waldeck  ceux  d'un 
brûle-parfum  ou  brûle-encem  et  d'une  reproduction  en  terre 
cuite  d'un  léocalli*  ou  temple  de  sacrifices  humains,  tous  les 
deux  en  terre  cuite,  et  qui  appartiennent  à  cette  classificaticn 
de  poterie.  La  coupe  téolihdacane,  peinte  eu  brun,  rouge  et 
blanc,  de  la  collection  de  ce  même  savant,  et  qu'il  a  ëgale- 

camme  ou  polit  les  pierres  Dues:  procédé  qui  éUÎI  mémeemplujé,  selou  lui,  duu 

il  te*  CDuleurc  eœplojiea  k  la  peiulure  de  ces  édiflcei,  a  trouvé  que  In 
ra  Bocil  végitalit,  pruveoaiil  des  fimgta  (eicroitsaiicei  mollea  el  tpon 
gwutes  en  fonui  d«  champiguoii)  des  arbres  [toir,  i  l'article  dei  poteries  péru- 
viennes, mes  euais  et  nun  opimun  sur  la  coloratloD  des  poteries  américaines  en 
général).  Je  pense  que  les  poteries  ont  été  recouvertes  d 'un  lemii 
eicès  d'alcali,  qui  ne  rend  pas  la  terre  cuite  imperméable. 

marches,  nombie  qui  te  uppurlah  pruhablrmcnt  î  celui  dos 


132  FOTERIES  OPAQUES 

ment  reproduite  dans  son  ouvrage,  eat  particulièrement  remar- 
quable pour  le  signe  de  la  pluie  en  blanc  (lettre  en  forme  de 
croix).  Ce  signe  loltec  et  mexicain  en  orne  la  face. 

ro^ntlB  ATMARDonni  et  Fj^RirviEmn]   eh  aànétULS.  (  i  partir  de 

lOUOllISST.  J.-C),  ET  OBLIX  DEB  «CAS  EM  PARTICOUSK  (dODlicme 

Cette  poterie  est  le  plus  souvent  en  terre  cuite  noire,  ressem- 
blant au  graphite,  et  recouverte  extérieurement  d'un  vernis 
perméable,  probablement  silico-alcalin.  H.  de  Waldeck  attri- 
bue le  lustre  i.  un  polissage  à  froid  et  non  pas  à  un  vernis,  — 
opinion  que  Je  ne  partage  pas.  Je  pense  que  c'est  bien  un  vernis 
obtenu  par  la  cuisson,  puisque  j'ai  essayé  vainement  de  l'enlever 
avec  l'esprit-de-vin  et  l'essence,  après  avoir  chauffé  la  pièce. 

H.  Lefèvre,  à  Paris,  possède  de  cette  poterie  une  collection 
de  cinquante  pièces  des  plus  remarquables,  et  dont  le  plus 
grand  nombre  représente  des  Sgures  et  des  animBUK  fantasti- 
ques et  même  des  sujets  obscènes. 

Une  espèce  de  casserole  a,  par  exemple,  le  manche  en  forme 
de  fallus.  Une  bouteille  à  goulot  et  à  anse  de  ma  collection,  et 


provenant  de  celle  de  H  Lefèvre,  est  surmontée  d'une  espèce 
de  grenouille  à  tête  fantastique  qui  rappelle  celle  de  l'hippo- 
potame, animal  inconnu  en  Amérique 

Le  musée  de  Toulouse  possède  sept  de  ces  poteries  péru- 
viennes, des  plus  remarquable",  elles  ont  été  reproduil«S  par 


AMémcuiNES.  133 

la  lithographie  dans  la  notice  que  le  marquis  de  Gastellane 
(ancien  président  de  la  Société  archéologique  du  Midi,  à  Tou- 
louse,  mort  en  1845)  a  publiée. 

Le  musée  d'antiquités  de  la  ville  d'Anvers  possède  également 
un  vase  de  ce  genre,  qui  n'est  pas  moins  curieux. 

La  fabrication  péruvienne  a  été  bien  supérieure  à  la  fabri- 
cation aztèque  ou  mexicaine,  et  elle  ne  s'est  pas  uniquement 
renfermée  fyna  la  production  des  poteries  noires,  qui  cepen- 
dant y  étaient  en  majorité.  Un  signe  caractéristique  propre 
aux  poteries  noires  péruviennes,  c'esè  qu'elles  sont  toutes  fa- 
briquées en  deux  pièces  et  soudées  à  la  barbatine  avant  la  cuis- 
son, de  manière  que  l'on  voit  toujours  une  espèce  de  couture 
tout  autour,  au  milieu  du  vase,  ce  qui  parait  certes  indiquer  un 
collage,  et  que  le  tour  du  potier  éteit  inconnu  aux  Péruviens,  ou 
peu  usité  par  eux. 

Les  poteries  péruviennes  en  terre  cuite  rouge^  plus  anciennes, 
à  mon  avis,  que  les  noires,  et  plus  rares,  sont  ordinairement 
ornées  de  dessins  noirs  sur  fond  jaune  et  recouvertes  extérieu- 
rement, comme  les  poteries  péruviennes  noires,  d'un  lustre  ou 
vernis  perméable,  probablement  silico- alcalin. 

Un  vase  de  cette  dernière  espèce,  de  ma  collection,  et  dont 
voici  le  dessin*,  paraît  avoir  servi  de  mesure,  puisque  le  pied 


creux  a  justement  le  quart  de  la  capacité  de  la  partie  supé- 


1 .  U  a  été  reproduit  daas  l'ouvrage  de  M.  de  V^aldeck  en  grandeur  naturelle. 

42 


I3i  POTERIES  OPAQUES 

rieure.  Ce  vase  est  recouvert  d'ornements  qui  ressemblent  à 
des  hiéroglyplies. 

On  rencontre  même  des  poteries  péruviennes  qui  sont  ornées 
de  grecques,  comme  le  Louvre  en  possède  une  des  plus  remar- 
quables, cachée,  il  est  vrai,  depuis  des  années,  dans  lesréserves. 
Ces  grecques  paraissent  indiquer  une  parenté  entre  l'art  améri- 
cain et  l'art  grec.  Même  observation  pour  une  autre  poterie 
péruvienne,  ensevelie  également  dans  les  réserves  du  Louvre,  et 
dont  le  dessin  rappelle  parfaitement  le  sujet  mythologique  d'un 
Hercule  terrassant  un  antagoniste  en  forme  de  poisson,  t«l 
qu'on  le  rencontre  sur  des  vases  étrusques.  Le  Carpentier, 
à  Paris,  posisédait  nne  de  ces  poteries,  dont  voici  le  dessin  :  la 


léte  d'homme  en  relief,  d  un  modelage  et  d'un  goût  qui  a  vrai- 
ment la  régularité  grecque  et  des  rémmiscences  égyptiennes, 
orne  la  panse.  La  partie  supérieure  de  la  céramique  est  coloriée. 

Une  pareille,  mais  toute  noire,  probablement  sortie  du  même 
moule,  appartient  à  M.  de  Waldeck,  et  parmi  les  sept  pièces 
du  musée  de  Toulouse,  décrites  par  le  marquis  de  Caslellane, 
il  y  en  a  également. 

Les  espèces  de  masques,  dont  beaucoup  sont  en  obsidienne 
polie  {sorte  de  lave  volcanique  noire,  tirant  sur  le  vert,  avec 
laquelle  on  a  aussi  confectionné  les  miroirs  des  Incas),  ser- 
vaient d'ornement  aux  prêtres,  qui  les  portaient  suspendus  sur 
la  poitrine. 


AfilÉIllCAINES.  135 

POTERIE  TUdATÉÈQUE  ET  OUATÉMALIEIIIIB 

(qui  remonte  Ters  100  av.  J.-C). 

Dans  plusieurs  localités  de  ce  pays,  et  particulièrement  à 
Mexico,  on  fabrique  encore  aujourd'hui  de  grossières  poteries 
imitées  maladroitement  d'après  les  anciennes,  ^amateur  e:^p^- 
rimenté  les  reconnaît.  Les  poteries  péruvrenpes^ont  été  peu 
contrefaites  et  défient  davantage  la  contrefaçon:  §ous  plusieurs 
J^pports;  mais  les  figurines  d'hommes  et  d'animaux  mexi- 
caines, mentionnées  à  l'article  suivant,  ont  laissé  un  plus  vaste 
champ  à  la  fraude. 

POTERIE  BlEXIGAIlfE  OU  AZTÈQUE 

{àosA  les  pttts  aseiennes  ne  remontent  pas  avant  11 00  ans  ap.  J.-C.}. 

Ces  poteries,  d'un  âge  qui  correspond  à  notjre  moyen  âge, 
ne  datent,  en  majeure  partie,  que  du  commencement  de  l'em- 
pire aztèque,  après  liue  les  Njahods  avaient  peuplé,  vers  HOO, 
la  vallée  Anahiiac  ;  elles  cessent,  avec  le  dernier  roi,  Monté- 
zuma  D,  misài^iort  p«rCortez.  M.  l'abbé  Brasseur  pense,  selon 
moi  à  tort,  que  le  peuple  mexicain  n'était  sorti  du  barbarisme 
que  cent  ans  avant  la  venue  des  Espagnols  en  1492. 

Les  poteries  aztèques  ou  mexicaines  sont  ordinairement 
lourdes  et  sans  vernis  et  les  plus  communes  de  toutes  les  pote- 
ries américaines  connues.  Quand  Torquemada  écrivait  que  «  la 
poterie  qui  y  existait  encore  longtemps  après  la  conquête  était 
si  incomparable  par  sa  finesse  et  Véclat  de  ses  peintures  qu'elle 
attirait  l'admiration  des  conquérants,  >  il  doit  avoir  rêvé. 

Cette  poterie  est  généralement  en  terre  cuite  rouge  et  sans 
aucun  verms;  mais  il  en  existe  aussi  ^n  terre  noire,  particuliè- 
rement des  pots  à  couvercles  et  à  reliefs,  que  quelques  ar- 
chéologues attribuent  sans  preuves,  aux  sépultures.  M.  de  Wal- 
deck  a  reproduit,  dans  l'ouvrage  publié  par  le  gouvernement, 
plusieurs  de  ces  remarquables  terres  cuites  rouges  mexicaines  de 
sa  collection,  entre  autres  le  buste  de  Montézumall  et  des  brûîe- 
parfiims,  qui  servaient  a  brûler  du  copal  devant  les  divinités. 

M.  Pingret,  à  Paris,  a  rapporté  du  Mexique  une  collection 
complète  de  ces  poteries,  deux  mille  pièces  en  tout,  y  compris 
les  répétitions,  et  qu'il  a  l'intention  de  vendre  en  totalité.  On  y 
remarque  vn  groupe,  un  sacrifice  humain  et  plusieurs  modète 


136  POTERIES  OPAQUES 

de  téocallis  déjà  mentionnés.  La  victime  y  était  renversée  en 
arrière  sur  un  bloc  où  le  prêtre  lui  ouvrait  le  corps  avec  son 
couteau  en  pierre  à  fusil  et  lui  arrachait  le  cœur.  Le  billot  était 
en  basalte  vert;  ainsi  que4*espèce  d'aiàeau  sous  lequel  on 
étranglait  et  étouffait  les  cris  de  la  victime. 

On  fabriq'je  encore  aujourd'hui  de  la  poterie  moderne  à 
Tonala^  que  Ton  peut  voir  exposée  à  la  collection  des  Arts-et- 
Métiets,  à  Paris. 

Une  précieuse  pièce  de  la  collection  Pingœt,  c'est  le  masque 
en  obsidienne  ou  lave  noire  et  aussi  la  grande  statuette  de 
l' homme- dieu  j  représentant  un  de^es  personnages  religieux 
dont  la  vie ,  durant  douze  mois ,  s'écoulait  dans  une  suite 
continuelle  de  fêtes  et  de  festins.  Rien  ne  lui  était  refusé,  mais 
à  l'heure  fatale,  il  ététît  ^criGé  par  les  prêtres  ^û  grand 
dieu  Euitzilopochtli,  qiiji  occupait  le  lÉbernacle  du  .|;rand  Téo- 
calli,''à  Mexico.  ? 

On  "Choisissait  pour  cet  usi^e  individu  le  plus  beau,  et  les 
vierges  et  les  femmes  nobles  s^empressaient  de  rechercher  ses 
préférences;  celles  qui  étaient  fécondées  étaient  regardées 
comme  les  plus  heureuses  et  les  plus  vlânérées  de  la  nation  1 

Le  comique  et  la  charge  étaient  inconnus  au  peuplé  mexicain  ; 
car  les  deux  seules  figurines  de  ce  genre,  parmi  l'énorme  quan- 
tité de  la  collection  de  M.  Pingret,  ne  sont  pas  des  caricatures: 
elles  représentent  deux  des  êtres  humains  contrefaits  que 
Montézuma  |I^  Recueillait  et  faisait  entretenir  dans  sa  mena- 
gerie. 

Les  Mexicains  confectionnaient  toutes  sortes  d'ustensiles 
de  leur  terre  cuite  rouge,  ^  partie  recouverte  d'un  vernis 
minéral,  tels  que  sifflets  iimples  et  doubles,  flageolets,  pipes, 
jouets  d'enfant,  eto,  et  ils  impriwQient  leurs  étoffes,  au  moyen 
de  petits  blocs  en  terre  cy;êk  sans  couverte  à  dessin  en  rdief,  dont 
M.  de  Waldeck  a  reproduit  plusieurs  exemplaires  et  dont  un, 
fort  curieux,  fait  partie  de  ma  collection. 

Les  types  de  la  poterie  aztèque  offrent  peu  de  variétés,  comme 
tout  ce  que  Vwci  mexicain  a  produit.  JTout  chez  eux  était  pres- 
crit. Les  opdonnances  de  l'autorité  icivilé^t  religieuse  entraient 
à  cet  égard  dans  le  détail  le  plus  minutieux*^  Le  despotisme 
avait  énervé  le  peuple,  et  les  institutions  socides^  d'une  grande 
barbarie,  ne  laissaient  auc'ane  liberté  d'action  aux  individua- 
lités. Ce  despotisme  l^nétrait  jusque  dans  la  vie  privée  et  éle- 


AMÉRICAINES.  id? 

vait  la  nation  entière  avec  une  uniformité  d'habitudes,  de  con- 
ception  et  de  superstition  qui  répandait  une  triste  monotonie 
sur  l'industrie  et  l'art  naissant,  car  l'ancienne  civilisation  était 
pierdue  depuis  longtemps.  La  collection  des  poteries  au  Louvre* 
est  peu  riche.  Le  Musée  britannique',  à  London,  possède  une 


1 .  Le  LouTre,  qui  a  été  embelli  successivement  par  Charles  V,  Louis  XII, 
François, I»,  Heari  II,  Henri  IV,  Louis  XIII,  Louis  ZIV,  Napoléon  I*%  et  entière- 
ment terminé  par  Ifapoléon  III^  en  1855,  a  eu  pour  architectes  et  sculpteurs, 
entre  intpes^  Pierre  Lescot ,  Jean  Goujon,  Philil)ért  Delorme,  Claude  Perrault, 
Soofflot  et  Visconti,;:  La  création  du  «  musée  du  Louvre,  »  connu  dans  toute  l'Eu- 
rope, ne  date  que  de  1793  (le  premier  musée  connu  est  celui  que  Laurent  de 
Hédicis  fonda  en  1534);  mais  il  y  avait  déjà  eu,  en  1699,  au  Louvre,  la  pre- 
mière eo^postfton  des  peintures  et  sculptures. 

La  collection  de  tableaux  de*  la  couronne,  commencée  par  François  I*',  était 
peu  nombreuse  ;  le  père  Dan  ne  cite,  dans  ses  Merveilles  de  Fontainebleau^  de 
1 642,  que  quarante» sept  numéros.  A  l'avènement  de  Louis  XIV  elle  se  montait  à 
deux  cents,  et  à  la  fin  de  son  règne  à  deux  mille  quatre  cent  trois. 

Le  musée  fut  décrété,  par  l'Assemblée  nationale,  en  1793.  Le  nombre  des 
bronzes,  marbres,  porcelaines,  etc.,  ne  s'élevait  alors  qu'à  cent  vingt-quatre 
exemplaires. 

Le  musée  prit  sous  Napoléon  Vun  grand  accroissement;  mais  les  allies,  plus 
tard,  reprirent  presque  tout  ce  qui  avait  été  enlevé  de  leurs  musées. 

Louis  XVIII  augmenta  la  galerie  de  tableaux  de  cent  onze  toiles  ;  Charles  X  de 
vingt-quatre  seulement.  Le  roi  Louis-Philippe,  créant  le  grand  musée  historique 
de  Versailles,  se  pouvait  faire  que  peu  de  choses  ponr  le  Louvre. 

Le  Louvre  renferme  aujourd'hui  les  musées  d'art  de  toutes  espèces  réunis.  Ses 
sculptures  antiques,  bronzes,  poteries,  etc.,  sont  innombrables  :  les  émaux  seuls 
comptent  douze  cents  numéros,  et  la  galerie  de  tableaux  possède  cinq  cent  cin- 
quante œuvres  italiennes  et  espagnoles,  six  cent  cinquante  allemandes,  flamandes 
et  hollandaises,  et  sept  cents  françaises. 

2.  L'origine  du  «  musée  britannique  »  remonte  à  1 753.  Par  un  acte  du  parle- 
ment sa  création  fut  décidée,  et  les  collections  de  sir  Hans  Sloane,  de  Cotton  et 
de  Harle  en  formèrent  la  base.  La  maison  Montagne  fut  achetée  en  1754  ;  les 
collections  y  restèrent  jusqu'en  1828,  époque  où  le  musée  actuel  fut  construit 
par  les  architectes  sir  R.  Smirke  et  M.  Sydney  Smirke,  son  frère.  C'est  un  bâti- 
ment lourd  et  massif,  et  même,  sous  quelques  rapports,  peu  propre  à  sa 
destination.  La  lumière  panque  partout,  (m  croit  se  promener  dans  des  cata- 
combes. On  a  tout  réuni  dans  ce  musée  :  by)liolhèque  de  livres  imprimés ,  ma- 
nuscrits, gravures ,  collections  d'airtiquités  Orientales,  britanniques,  du  moyen 
âge,  grecques,  romaines  et  mexioaines;  collections  ethnographiques,  botaniques, 
zoologiqnèsy  minéralogiques,  pathologiques,  etc.  Certes,  il  y  a  là  de  très-grandes 
richesses. 

L'exemplaire  le  plus  curieux,  et  jusqu'à  présent  unique  dans  le  monde,  et  qui 
renverserait  tous  les  systèmes  géologiques  si  la  pierre  dans  laquelle  il  est  in- 
crâsté  était  de  granit,  c'est  un  squelette  hnmain  pétrifié,  ou  o  l'homme  fossile,  ■ 
incrusté  dans  une  pierre  calcaire.  Il  a  été  apporté  de  la  Guadeloupe  des  Indes 
occidentales  par  sir  Alexandre  Cochrane.  Comme  cette  pierre  peut  être  formée 
par  des  souches  de  cO<|Hillages  qui  contiennent  de  U  chaux,  —  a  l'homme  fos- 
sile »  ne  remonte  pas  à  la  formation  et  ne  renverse  rien.  Xe  musée  ne  possède 
pas  de  catalogue,  mais  des  Guides  sominaires,  un  pour  chaque  départemOQt,  où 
les  salles  sont  indiquées  et  les  armoiréà  numérotées. 

4î.    * 


138  POTERIES   OPAQUES 

collection  un  peu  plus  nombreuse,  et  celui  de  Berlin  compte 
environ  2,000  exemplaires. 

M.  Arosa,  à  Paris,  a  fait  Tacquisition  d'une  énorme  jarre  en 
terre  cuite  brun  rougeâtre,  entièrement  recouverte  de  peintures 
bariolées,  parmi  lesquelles  on  distingue  cinq  fallus  complets 
peints  en  jaune  et  un  grand  aigle  à  deux  têtes.  Les  armes  de 
Mexico  consistent  dans  un  aigle  à  une  seule  tête;  mais  Faigle  à 
deux  têtes  se  retrouve  dans  un  grand  nombre  de  productions 
mexicaines.  Cette  remarquable  poterie  est  une  dès  plus  grandes 
connues,  de  la  provenance  américaine  et  remonte  au  delà  du 
règne  de  Montézuma  !«'.  M.  de  Waldeck,  à  qui  je  Tai  signalée, 
la  reproduira  dans  son  ouvrage. 

L'origine  de  Taigle  à  deux  têtes  parait  remonter  à  un  des 
rois  qvû  ont  régné  avant  les  Mon.tézumas.  L'histoire  parle  d'un 
aigle  à  deux  têtes  qui  s'était  trouvé  dans  la  inénjgerie  d'un  de 
ces  princes,  amateur  de  monstruosités  de  loules  sortes,  y  com- 
pris môme  celles  produites  par  les  caprices  delà  tiature  parmi 
les  hommes. 

M.  Lœbnitz,  à  Paris,  possède  plusieurs  carreaux  de  pavage 
ou  de  revêtement  provenant  de  la  chapelle  et  des  salles  de 
bains  du  couvent  de  Sainte-Isabelle,  à  Mexico,  Ce  sont  des  car- 
reaux d'une  terre  cuite  presque  aussi  dure  que  le  grès,  et  dé- 
corés d'ornements  en  vert,  bleu,  jaune  et  brun  sur  fond  blanc. 
La  fabrication  en  doit  remonter  à  la  fin  du  dix-septième  siècle 
et  provenir  de  potiers  espagnols  de  l'école  italienne.  (  Voir  po- 
teries opaques  espagnoles.) 

Capitale  du  Chili,  république  de  rAmérique  du  Sud. 

Poteries  EN  TERRE  cuite  peintes  a  froid  et  dorée$»,  Actuellem^ 

Les  religieuses  du  couvent  de  las  Çlaras  (les  religieuses  Gla- 
•Ôsses)  confectionnent  de  charmantes  petites  poteries»  ordinai- 
rement peintes  à  froid  en  rouge  et  jaune,  dorées  et  décorées  de 
fleurs  polychromes,  et  où  les  couleurs  odoriférantes  paraissent 
être  recouvertes  d'un  vernis  copal  parfumé.  Ce  sont  de  vérita- 
bles b^oux.  Un  exemplaire  de  ma  collection ,  une  théière  lilli- 
putienne, ne  mesure  que  deux  centimètres  de  hauteur.  J'ai  vu 
de  ces  poteries,  appacteiiant  à  M.  Levasseur,  à  Paris^  donfc  l'une 
servait  de  brûle-parfuiti,  et  l'autre  à  prendre  le  maté,  cette 


AFRICAINES.  139 

herbe  du^faraguay^  sorte  de  thé  préparé  des  feuilles  réduites 
en  poudre  de  F  arbre  du  même  nom,  et  qui  fait  partie  d^  Tes*- 
pèce  du  houaBs 

Il  existe  €p  outte  plusieurs  genres  de  poteries  américaines, 
la  plupart  modernes,  dont  l'origine  m'est  inconnue. 


POTERIES  OPAQUES  AFRICAINES 

Poteries  de  la  deuxième  civilisation.  Av.  J.-G.  2500 

Poterie  en  terre  cuite  jaune  et  rouge,  solide  et  légère.  (  Voir, 
au  musée  du  Louvre,  à  la  salle  civile,  armoires  B,  G  et  D,  la 
statuette  du  dieu  Bes,  etc.,  et  dans  l'armoire  D  de  la  salle 
historique. 

Grés  rouge. 

Statuettes  funéraires*  Au  Louvre,  salle  historique,  armoire  A, 
les  statuettes  du  prince  Scha-em-tam  et  de  Séti  I^*",  du  quin- 
zième siècle. 

Terre  cuite  ressbmdlant  a  la  pierre  calcaire. 

Ordinairement  recouverte  d'un  vernis  qui,  composé  d'oxyde 
de  cuivre  et  de  plomb,  produit  un  lustre  ver^,*et  composé 
d'oxyde  de  cuivre  et  d'alcali  minéral  (potasse),  donne  un  émsSl 
bleu  verdâtre,  sorte  de  bleu  turquoise.  Il  y  a  aussi  4^  ces 
terres  cuites  qui  sont  vernissées  au  plomb  et  ressemblent 
alors  à  une  poterie  recouverte  d'émail  stannifère,  puisque  la 
couleur  blanche  de  la  terre  perce  à  travers  ce  vernis  incolore.  ^-. 
On  peut  voir  de  cette  espèce  de  grès  six  figurines,  dans  la 
montre  M,  salle  historique,  au  musée  égyptien  du  Louvre.  Ar- 
moire B,  une  bouteille  verte. 

Armoire  €,  divers  fragments  de  figurines  bleues  provenant  du 
tomb^aa  de  Séti  ^^  Dans  la  salle  civile,  armoire  B,  un  lion 


s; 


140  FOTEBIES  OtMlUES 

trè^ramarquahle  en  bleb.  Salle  funéraire,  vilrine  F,  des  masques 
verki,  provenant  de  momie. 

Au  musée  britannique,  dans  la  seconde  salle  égyplienne,  ar- 
moire n"  Si,  une  stetuclte  de  30  ceniîm.  de  hauteur  en  lerre 
cuite,  en  bleu-vert  turquoise  (petit  n'  141 SJ,  etdansl'armoireS 
plusieurs  centaines  de  semblables  figurines.  Armoire  49,  quan- 
tité d'autres  objets.  N"  2400  à  24lf<,  exemplaires  au  mnséede 
Kensingion  et  au  musée  de  Berlin.  De  la  fabrique  moderne  de 
l'Égyplfi  on  trouve,  sous  le  n'  4216,  ud  bol,  gu  musée  de  Ken- 
sington. 
Une  tablette  de  ma  colleclion,  od  terre  cuite,  de  32  ceutira'. 
de  longueur  sur  13  contim.  de  largeur, 
surmontée  de  la  figure  d'une  panthère, 
et  entièrement  recouverte  d'un  vernis 
■ter!  bleuâtre,  d'oxyde  de  cui'we  et  de 
plomb ,  appartient  à  une  des-  plus  an- 
ines  époques.  Ce  curieux,  et  peut- 
être  unique  exemplaire,  est  divisé  par 
des  lignes  noirâtres,  en  trente  car- 
rés qui  forment  une  espèce  de  da- 
mier oblong.  Cinq  de  ces  carrés  sont 
ornés  d'hiéroglyphes  qui  représen- 
^  "M^  i^  1^  '^"^  ^®*  divinités ,  et  le  tout  paraît 
■fW^n  P  1^  indiquer  le  système  décimal  appliqué  à 
un  jeu. 

M.  de  Waldeclc  explique  la  destina- 
tion de  cette  tablette  de  la  manière  sui' 
vante.  Selon  lui  c'est  la  doviiéme  ta- 
blette d'un  AlmancKh  populaire  qui 
était  appendue  au  mur,  comme  le  trou 
percé  au-dessous  de  la  panthère  l'in- 
dique. Chaque  tablette,  divisée  en 
trmie  carrés,  représentait  un  tnois,  les 
jours  y  fiireiit  marqués  en  blanc  au 
•i*"-^!  g  fur  et  à  mesure.  Les  ânq  carrés  ornés 
^  *7  d'hiéroglyph«â  complétaient  les  ttoU 

-Tabiette-Bimanich  énp'icine  cenf  soixttnte-cinq  jours  de  l'année  et 
de  ma  eoUection.  évitaient  une  Ireiiïime  tablette.  Le  pre- 

mier de  ces  hiéroglyphes ,  qui  représente  le  dieu-soleil  sous  la 
figure  de  Vèpervier  sans  mtfre,  indique  le  dimanche  (le  Sontagfsa 


AFRICAINES.  141 

* 

jour  du  soleil  des  Allemands,  aussi  bien  que  celui  des  anciens^). 
Cette  interprétation  est  aussi  rationnelle  qu'ingénieuse.  Gomme 
la  panthère  montre  encore  un  art  tout  à  fait  primitif  qui  ne  se 
rencontre  plus  dans  le  modelage  des  animaux  des  monuments 
égj'ptiens,  à  partir  de  la  dix-huitième  dynastie,  on  doit  fixer  la 
fabrication  de  cette  tablette  vers  deux  mille  ans  avant  J.-€. 

Grés  décoré  par  l'engobe  ou  plutôt  par  des  mosaïques  en 
terre  coloriée^  saks  vernis,  et  par  superpositions. 

Voir  au  musée  du  Louvre ,  salle  historique,  armoire  G ,  le 
débrisrde  terre  cuite  qui  montre  les  caractères  dont  le  pré- 
nom royal  de  Séti  II  est  composé. 

On  croit  que  les  Égyptiens  ont  aussi  fsdïrîqué  des  figurines, 
des  scarabées  et  autres  divinités ,  sortes  d'exévétos  en  pierre, 
qu'ils  vernissaient  également  au  four  avec  des  couleurs  miné- 
rales. Si  de  tels  objets  existent,  ce  dont  je  doute,  ils  ne  pour- 
raient être  sculptés  qu'en  grès  sàlindre,  espèce  de  lave  qui  ren- 
ferme des  grainsjcalcaires  et  qui  est  formée  d'une  agglomération 
de  silicates  divers ,  tels  qu'il  s'en  trouve  par  exemple  dans  les 
Vosges^  oti^en  grès^psammites ',  d'une  semblable  composition. 
Toute 'autre  pierre  ne  résisterait  pas  à  la  haute  température  du 
four  ijiécessaire  à  la  vitrification  des  couleurs  que  le  cuivre  et 
les  autres  métaux  demandent. 

Les  pierre^que  de  soi-disant  hommes  forts  cassent  à  coups  de 
poing,  au  grand  ébahissement  de  la  foule,  démontrent  l'action  du 
feu  sur  le  granit  ;  car  ces  pierres  et  cailloux,  cuits  dans  des  fours 
de  potiers  ou  dans  des  forges,  sont  rendus  tellement  fragiles  par 
l'action  du  feu,  qu'on  peut  les  casser  entre  les  doigts,  et  c'est  dans 
la  cuisson  de  la  pierre  que  réside  l'artifice  du  saltimbanque. 

Verroterie,  en  partie  émaillée  par  l'étain,  par  le  phos- 
phate DE  CHAUX  ou  PAR  l' ANTIMOINE  ET  l' ARSENIC. 

Plusieurs  bijoux  exposés  dans  la  montre  L  de  la  salle  civile 

1 .  L'année  civile ,  chez  les  Égyptiens,  était  composée  de  trois  cent  soixante 
jours  et  diTisée  en  douze  mois  de  trente  jours  ;  en  ajoutant  après  le  douzième 
mois  cinq  joun  complémentaires,  la  durée  de  l'année  était  portée  à  trois  cent 
soixante-cinq  jours.  Ce  calendrier  avait  été  repris  par  la  république  française  de 
1792  à  18U5.  On  voit  que  l'explication  de  M.  de  Waldeck  a  pour  elle  toutes  les 
probabilités. 

2.  Le  psammite,  pierre  de  roche,  est  composé  de  grès  et  d'argile,  et  se  ren- 
contre en  toutes  couleurs. 


142  POTERIES  OPAQUES 

du  musée  égyptien ,  au  Louvre ,  sont  ornés  d'émaux  blancs. 
Je  mentionne  celle  verrerie  ici  pour  rappeler  uniquement 
que  Vémail,  probablement  stannifère ,  était  connu  déjà  par 
les  Égyptiens  et  n'est  nullement  une  invention  de  Lucca  délia 
Robbia,  comme  la  vieille  routine  avait  continué  à  le  croire  avant 
la  publication  de  mes  recherches.  Quelques  débris  d'yeux  artifi- 
ciels de  l'ancienne  Egypte ,  exposés  également  dans  une  des 
vitrines  du  Louvre,  montrent  des  émaux  tendres^  espèce  de 
verre  où  le  blanc  opaque  a  été  encore  obtenu  par  létain  ou 
par  l'os  pulvérisé  (phosphate  de  chaux). 

Il  parait  que  les  Égyptiens  ne  connaissaient  que  le  cuivre 
comme  coloraiit  vitri fiable,  puisque  le  vert  et  le  bleu  sont  les 
seules  couleurs  qu'ils  ont  employées  dans  la  coloration  de  leurs 
terres  cuites.  Les  jaunes,  rouges,  etc.,  que  Ton  rencontre  dans 
cette  production,  proviennent  des  couleurs  naturelles  des  terres 
recouvertes  d'un  vernis  transparent  plombifère. 

L'âge  et  l'origine  de  la  céramique  égyptienne ,  qui  peut 
revendiquer  la  création  de  la  seconde  civilisation,  âîiOO  ans 
avant  Jésus-Christ,  étaient,  aussi  bien  que  le  reste  de  ses  anti- 
quités, presque  inconnus  jusqu'à  la  fin  du  dix-huitième  siècle. 
—  On  ne  connaissait  rien  non  plus  du  sens  de  ses  inscriptions. 
La  grande  publication  de  la  commission  d'Égyple  en  a  donné 
les  premiers  indices  importants  ;  mais  l'obscurité  qui  planait 
encore  à  cette  époque  sur  tout  ce  qui  se  rapportait  aux  hiéro- 
glyphes* a  été  d'abord  dissipée  par  l'Anglais  Young,  né  en  1773 
et  mort  en  1829,  qui,  le  premier,  décomposa  en  lettres  le  nom 
du  roi  Ptolémée,  et  après  lui,  par  Ghampollion,  né  eïï*n91  et 
mort  en  1831,  l'organisateur  et  le  directeur  du  musée  égyptien 
au  Louvre,  qui  distingua  les  trois  sortes  d'écritures.  L'Italien 
Roiellini,  né  en  1800  et  mort  en  1843,  a  grandement  contribué 
aussi  à  pénétrer  le  sens  de  ces  mystérieuses  écritures.  L'Alle- 
mand Lepsius  a  publié  une  magnifique  collection  de  monuments 
inédits  sous  le  patronage  du  roi  de  Prusse;  enfin,  le  docteur 
Bugsch  de  Berlin  a  terminé  la  rédaction  de  la  première  gram- 
maire de  la  langue  et  de  l'écriture  vulgaire  des  Égyptiens. 

1.  Les  premières  tentatives  de  rAIlemand  Kircher  le  père  (1602-1680)  pour 
expliquer  les  hiéroglyphes  n'aTaient  pas  abouti. 


AFRICAINES.  143 

BCIOUT  (hante  lÊ^ypte) 

Terbes  cuites  au  vernis  minéral. 

Ou  y  fabrique  actuellement  toutes  sortes  de  poteries  en  terre 
cuite  jaunâtres,  brunes  et  rougeâtres,  à  ornements  laissés  en 
taille  d'épargne  ou  gravés.  Les  formes  sont  gracieuses. 

KEMEH 

Ville  de  la  haute  lÉgypte,  chef -lieu  de  la  province  du  même  nom. 

Terres  cuites  brutes.  Actuellement. 

On  y  fabrique  des  jarres  pour  clarifier  l'eau;  elles  sont 
confectionnées  d'une  terre  poreuse  fort  peu  cuite  et  recou- 
vertes d'aucune  glaçure.  Très-variées  de  formes,  elles  ont  ordi- 
nairement une  espèce  de  tamis  en  terre  cuite  posé  au  milieu  du 
goulot  qui  empêche  les  mouches  d'y  tomber.  Cette  poterie  est 
le  plus  souvent  grossière  ;  mais  on  en  fabrique  aussi  de 
plus  fines  de  pâte  et  quelquefois  décorées  par  une  espèce 
de  décalque  de  feuillages  naturels  (échantillon  dans  ma  collec- 
tion). Les  jarres  de  Keneh,  ville  qui  sert  de  rendez-vous  aux 
pèlerins  qui  vont  à  la  Mecque  par  Cosséir,  sont  connues  depuis 
des  centaines  d'années,  et  la  fabrication  s'y  continue  toujours. 

Quant  à  la  poterie  dite  du  De/to,  elle  est  ordinairement  en  noir 
et  brun,  et  décorée  gracieusement. 

SUBIE  (loeallté  Inconnae) 

Poterie  noire. 

La  poterie  nubienne  consiste  pour  la  plupart  en  bouchons 
qui  servent  à  boucher  les  jarres  de  Keneh,  du  Delta  et  autres. 
Ils  sont  très- artistiques  et  ressemblent  à  s'y  méprendre  au 
buffle  noir  •poli, 

lilJflBEBir  (CoiifltaiiUne ,  Algérie) 

Grés  d'un  gris  blanchâtre. 

Ces  grès  sont  peints  à  froid  de  fleurs  et  de  feuillages  en  cou- 
leurs éclatantes. 

Un  échantillon  au  musée  algérien,  à  Paris. 


POTBHIES  OPAQUES 


cabtia  •■  kabau.e 

Tebre  ccite  sans  verms. 

Cetle  poterie,  qui  se  fabrique  maintenant  encore  par  les  tri- 
bus kabailes  des  monts  de  l'Atlas,  dans  les  Étals  d'Alger  et 
du  Maroc,  est  commune,  brune,  sans  vernis  ni  draail,  et  gros- 
sièrement peinte  à  froid.  Exemplaires  au  musée  algérieu  à 
Paris  el  dans  ma  collection. 


cïbjles  dites  bibahot. 


POTEEIES  OPAQUES  EUROPÉENNES 


IniEl.T£TKB,   «ATOIE, 


Cxé  DE  BADE,  Ct«. 


Certaines  peuplades,  sans  doute  appartenant  à  la  branche 


EUROPÉENNES.  i45 

celtique  et  appelées  par  abréviation  lacustros^  habitaient, 
dans  des  temps  fort  reculés,  l'Helvétie  et  une  partie  du  du- 
'  cbé  de  Bade  et  de  la  Savoie.  Dans  des  fouilles,  rendues  pos- 
sibles par  rabaissement  extraordinaire  des  eaux  des  lacs  et 
rivières  en  Suisse,  on  a  découvert,  sous  d'épaisses  couches  de 
vase  et  de  tourbe,  plus  de  cent  bourgades  lacustres  >,  dont  les 
maisons,  de  trois  à  cinq  mètres  de  diamètre,  avaient  été  con- 
struites sur  des  pilotis,  la  plupart  sur  des  bas-fonds  au  mi- 
lieu des  lacs,  et  ont  dû  abriter  une  population  d'au  moins 
80,000  âmes  ;  elles  remontent  pour  la  plupart  à  Vàge  de  la 
pierre j  et  d'autres  à  l'âge  du  bronze  (aucune  trace  de  l'âge  de 
fer).  D'après  les  calculs  géologiques,  on  doit  placer  la  construc- 
tion de  ces  bourgades  à  2,000  ans  avant  notre  ère.  Les  vestiges 
des  poteries  lacustres  trouvées  se  divisent  en  deux  catégories, 
savoir  :  poteries  lacustres  de  Vàge  de  la  pierre^,  confectionnées 
en  argile  grossière,  dont  la  pâte  est  généralement  mélangée  de 
grains  de  quartz,  vases  sans  aucune  ornementation,  indiquant 
l'enfance  de  l'art,  et  qui  me  paraissent  avoir  été  cuits  enve- 
loppés dans  de  la  paille,  comme  cela  se  pratique  encore  chez 
les  Cafres  (quelques-unes  de  ces  poteries,  un  peu  plus  fines, 
sont  déjà  cependant  coloriées  par  le  graphite)  ;  —  poteries  la- 
custres de  Vàge  de  bronze,  remontant  peut-être  à  mille  ou  quinze 
cents  ans  avant  l'ère  chrétienne,  dont  la  variété  de  formes 
est  déjà  plus  grande,  et  parmi  lesquelles  on  en  rencontre  d'or- 
nementées. Presque  chaque  bourgade  de  l'époque  dite  «  l'âge 
de  bronze  »  avait  son  établissement  particulier  de  poterie. 

C'est  à  MM.  Keller,  Uhlmann,  Jabn,  Sv^ab,  Troyon,  Forel, 
Rey,  Desor*  et  à  quelques  autres  savants  que  la  science  est 


1 .  Pfahlbauten,  lacustres^  désigne  ces  habitations  sur  pilotis  des  bords  des 
lacs.  Le  mot  lacustre  (de  lacuSj  lac  ;  lacustris,  adjectif,  qui  a  rapport  aux 
lacs,  comme  piscis  lacustris,  poisson  de  lac,  etc.)  est  usité. 

2.  Genre  de  construction  déjà  décrit  par  Hérodote,  et  qui  est  encore  en  usage 
chez  plusieurs  peuplades.  On  en  a  même  trouvé  à  Mainz  (Mayence). 

3.  En  archéologie,  on  appelle  Vâge  de  la  pierre  d'un  peuple  l'époque  où  il  ne 
connaissait  ni  le  cuivre  ni  le  fer,  l'époque  où  ses  armes  et  instruments  tran- 
chants étaient  tous  en  pierre  ;  Vdge  de  bronze  et  Vâge  de  fer  suivent. 

4.  Voir  aussi  le  Generalbericht,  de  la  direction  de  l'association  archéologique 
du  duché  de  Bade.  Karlsruhe,  1858. 

Dans  le  bulletin  de  la  Société  savoisienne  d'Histoire  et  d'Archéologie,  du 
^9  juillet  1862,  on  trouve  aussi  un  rapport  de  M.  Rabut,  professeur  d'histoire  à 
Chambéry,  sur  une  grande  quantité  de  poteries  lacustres  pêchées  sous  la  direc- 
tion de  M.  le  baron  Despine  et  celle  de  M.  Charles  Delaborde,  sur  les  bords  du 

43 


146  POTEBIES  OPâQVES 

redevable  de  ces  imporUntee  découvertes,  qui  permettent  an* 
jourd'hui  à  l'histoâre  archéologique  de  remonta  au  delà  des 
invasions  cdte»  et  gauk>ises  ;  car  les  fouilles  ont  déjà  procoré 
aux  musées  de  la  Soisse  plus  de  vingt-quatre  mille  objets  de 
toute  espèce,  à  Taîde  desquels  l'histoire  des  usages  et  des 
mcears  des  Lacusére»  peut  presque  être  établie.  Le  musée  de 
Sigmaringenen  possède  de  nombreux  exemplaires  rapportés  par 
M.  de  Mayeaûsch  ^ .  Quelques  exemplaires  foot  partie  de  noa  col- 
lection, et  une  très^nombreuse  collection  se  trouve  au  musée  de 
Stuttgard. 

Terre  cuite  oPAOïns,  sous  couverte  perméable,  mais  wsoluble 

DANS  l'eau,  formée  PROBABLEMENT  DE  SILICATES  ALCALINS. 

Poterie  pélasge -grecque,  dont  Homère  a  chanté  Tart  et 
les  céramistes  dans  une  pièce  connue  sous  îe  nom  te  Four-- 
neoM,  900  ans  av.  J.-C. 

Rien  de  cette  poterie  n'est  parvenu,  que  je  sache,  jusqu'à  nous. 

lac  du  Bowrgetf  poteries  qui  remostent  également  à  l'àge  de  k  pierre,  les  pi- 
lotis de  ces  anciennes  habit&kioas,  ^ue  l'on  y  a  découverts  à  tue  distasee  de  eent 
mètres  du  rivage,  occupent  environ  vingt  mille  mètres  carrés.  Tous  les  objets 
trouvés  remplissent  les  salles  où  se  tiennent  les  séances  de  la  société. 

1 .  ^gmaringem  est  la  capitale  de  la  principauté  de  Rohenzollem-SigmariagCB, 
berceau  de  la  maison  régnante  de  Prusse,  et  par  conséqueat  des.  aïeux  du  grand 
Frédéric.  Le  prince  actuel,  au  cœur  allemand,  a  donné  le  premier  un  bel  exemple 
d'abnégation  personnelle  pour  l' unité  aHemande,  en  déposant  sur  fautel  de  la 
patrie  ses  droits  souverains.  •—  La  priacîpauté  fait  atqoord'bui  partie  de  la  Prnfae. 
—  Ce  prince,  doué  de  goûts  artistiques  et  de  senticôeats  libéraux,  a  su  trouver, 
dans  une  vie  déjà  si  utilement  occupée  par  les  travaux  de  sa  haute  position  (  il 
est  commandant  d'un  corps  d'armée  et  il  était  ministre  président),  assez  de  loisirs 
encore  pour  surveiller  la  fonnation  d'an  des  meilieurs  musées  de  l'AUeu^gM, 
dont  grand  nombre  de  pièces  ont  été  recherchées  et  achetées  par  lui-même,  en 
véritable  amateur. 

Organisée  depuis  trente  ans  par  l'infatigable  directeur,  le  chambeikm  baron 
de  Mayenfisch,  cette  collection,  offre  actuellement  uoe  richesse  et  une  variété 
rares.  Il  y  a  des  pièces  d'une  telle  valeur  artistique,  que  l'on  n'en  rencontre  pas 
de  semblables  au  Louvre  même.  M.  de  Mayenfisch  est  aussi  ardent  pour  le&  re- 
cherches archéologiques  sous  la  terre  que  dans  ses  chasses  d'antiquaire  à  ciel 
ouvert.  Fouillant  continuellemeut  le  sol  de  la  principauté,  si  riche  en  vestiges 
d'art  et  d'industrie  romains  et  saxons,  il  y  a  d^jà  recueilli  des  trésors  d'archéo- 
logie uniques,  parmi  lesquds  il  faut  citer  ks  ossements  vitrifiés  antédilaviens  qui 
ont  leur  place  marquée  danfi  les  découvertes  importantes  des  derniers  temps.  Il 
paraît  que  le  prince  et  la  princesse  héréditaires  (sœur  du  roi  de  Portugal)  s'in- 
téressent à  ces  curieuses  recherches  et  assistent  souvent  perswLaellement  aux 
fouilles.  —  C'est  là  une  précieuse  garantie  pour  l'avenir  de  ce  beau  musée,  etee 
qui  prouve  la  tendance  artistique  de  toute  cette  famille  princière.  I.a  bibliothèque 
du  château  est  déjà  riche  aussi  en  bons  et  précieux  ouvrages,  quoique  peu  nom- 


BVIIOPÉCKKE&.  iAI 

Poterie  GRECQUE-ÉTBnsQXJE,  connue  gënéralement  sous  le  nom 
de  va$e8  étrwques  peints  et  de  terra^cûttaK 

Fabriquées  en  Grèce  et  en  Italie  et  presque  partout  où  les 
Grecs  ont  fondé  des  colonies,  ces  céramiques  ont  été  aussi  re- 
trouvées partout  où  la  civilisation  grecque  avait  pénétré,  sans 
que  Ton  puisse  fixer  positivement  si  elles  y  avaient  été  tou- 
jours fabriquées  ou  si  elles  y  avaient  été  seulement  impor- 
tées des  fabriques  de  la  mère-patrie  ou  d'une  autre  colonie. 
On  croyait  jadis  que  VÉtrurie  et  }a  Sicile  étaient  les  seuls  pays 
qui  avaient  produit  ce  genre  de  poterie.  Aujourd'hui,  on  sait 
que  l'ancienne  Grèce  même  en  a  fabriqué,  et  probablement  les 
premières. 

Cette  poterie  appartient,  comme  classement  céramique,  au 
point  de  vue  technique,  à  Tespèce  commune,  et  doit  être  ran- 
gée très-bas  sur  Téchelle  des  productions  du  four.  La  grande 
facilité  de  sa  confection  en  terre  et  en  argile,  son  nvanque  de 
véritable  vernis  et   d'émail  et  son  peu  de  dureté,  provenant 

breu.  Elle  se  compose  des  bibliothèques  privées  réunies  des  familles  princières, 
de  celles  des  gttUTemements  de  U  principauté  et  d'un  grand  nombre  d'autres  li- 
vres de  valeur.  Vhistoire  de  l'art  y  est  représentée  dans  tout  son  ensemble,  et 
de  nombreux  ouvrages  enrichis  de  miniatures  forment  un  de  ses  plus  beaux  or- 
nements. 

Le  prince  avait  eu  la  bonne  fortune  de  «'attacher  le  docteur  conseiller  de 
cour  Roessler  (mort  depuis) ,  l'ancien  bibliothécaire  d'£rlangen,  connu  si  avan- 
tageusement dans  le  monde  artistique  et  savant  par  ses  découvertes,  à  Erlan- 
gen,  de  toute  une  série  d'anciens  dessins  des  plus  grands  maîtres  allemands, 
très-précieux  pour  l'histoire  de  l'art,  ainsi  que  par  ses  études  sur  U  coïncidence 
des  ciselures  sur  cuir  des  anciennes  reliures  avec  les  dessins  et  gravures  de  la 
même  époque  ;  ces  études  ont  établi  avec  certitude  que  les  grands  maîtres  ont 
travaillé  simultanément  avec  le  burin  sur  le  bois,  le  métal  et  le  cuir. 

Dans  une  autre  publication,  /««  Souvenin  <û  vwfagt  d'un  collectionneur, 
qui  forme  pour  ainsi  dire  une  suite  à  mes  Recherches  sur  la  priorité  de  la  Re- 
naissance de  Vart  allemand  y  ydlidAt  connaître  plus  am{)lement  au  public  cette 
précieuse  découverte. 

Les  musées  et  la  bibliothèque  de  Sigmaringen  s'augmentent  de  jour  en  jour, 
et  le  prince  fait  actuellement  exécuter  des  constructions  monumentales  qui  per- 
mettront de  réunir  toutes  ces  richesses.  L'architecte  Krûger,  de  Dusseldorf,  connu 
par  ses  beaux  travaux,  a  tracé  les  plans;  mais  le  prince  prend  personnellement 
le  plus  grand  intérêt  à  l'achèvement  et  i  l'embellissement  de  son  musée,  qui  sera 
une  des  plus  belles  créations  de  ce  genre.  J'ai  donné  une  description  sommaire 
de  tontes  les  belles  œuvres  que  contiennent  ces  galeries,  dans  les  Souvenirs  de 
ffoyage  «f'tm  collectionneur ^  etc. 

1.  Terra  cotta,  terre  cuite  séchée  à  l'air.  C'est  la  dénomination  usitée  à  tort 
pour  désigner  les  figurines  et  vases  -antiques  en  argile  ou  terre  cuite.  On  trouve 
cette  expression  le  plus  souvent  dans  les  auteurs  allemands.  Pour  terra  sigiUatat 
voir  la  table. 


i48  POTERIES  OPAQUES 

d'une  cuisson  à  température  basse,  la  rangent  parmi  les  produits 
secondaires  de  l'art  céramique,  mais  où  l'infériorité  de  la  pâte  et 
du  vernis  est  largement  compensée  par  le  modelage  et  les  qualités 
de  la  peinture.  Cette  céramique  est  très-légère  et  gracieuse  de 
formes,  et  ses  décors,  quoique  toujours  en  teintes  plates  et  se  répé- 
tant continuellement,  sont  l'œuvre  de  véritables  artistes.  Pline 
dit  que  les  potiers  employaient  le  minium  pour  peindre  l'argile. 
Le  minium  est  d'un  rouge  vif,  composé  de  plomb  et  d'oxygène, 
que  Ton  obtient  en  chauffant  le  deutoxyde  de  plomb. 

Il  est  très-difficile  de  fixer  le  genre  des  produits  des  divers 
centres  de  fabrication  et  encore  bien  plus  difficilement  les 
époques.  Les  érudils,  qui  se  sont  occupés  exclusivement  de  cette 
poterie,  se  sont  continuellement  trouvés  en  contradiction. 

Voici  ce  que  l'on  peut  adopter  comme  guide  : 

Les  vases  en  argile  jaune,  un  peu  brunâtre,  où  les  ornements 
noirSj  légèrement  en  relief,  sont  produits  sur  le  fond  jaune  de 
la  terre,  appartiennent  à  la  première  époque  (800  av.  J.-C). 

La  seconde  époque  (700  à  600  av.  J.-G.)  se  signale  particu- 
lièrement en  ce  que  la  figure  humaine  ne  se  trouve  pas  dans 
les  décors  qui  consistent  en  taureaux  et  autres  animaux. 

La  troisième  époque  (600  à  500  av.  J.-G.)  montre  déjà  des 
figures  d'hommes  et  des  sujets  historiques  et  mythologiques. 

La  quatrième  époque  (à  partir  de  500  av.  J.-C),  et 

La  cinquième  (400  av.  J.-C),  les  plus  artistiques  de  toutes, 
se  signalent  par  des  figures  jaunes  sur  fonds  noirs. 

La  décadence  de  la  fabrication  de  toutes  ces  poteries  se  ré- 
vèle par  des  dessins  grossiers,  réservés  en  jaune  pâle,  sur  un 
fond  noir  mal  peint.  Je  dis  réservé  puisqu'il  me  paraît  évident 
que  les  dessins  découpés  sur  des  feuilles  et  collés  sur  cette 
terre  jaune  étaient  ainsi  réservés,  tandis  que  le  reste  était  bar- 
bouillé de  noir.  Les  feuilles  découpées  et  collées  (espèce  de 
patrons  ou  poncis,  les  Chablonen  des  Allemands),  une  fois  enle- 
vées quand  la  peinture  était  sèche,  on  voyait  le  jaune  réservé 
former  les  dessins  du  décor  sur  un  fond  noir. 

M.  Edouard  Gerhard  est  le  savant  qui,  le  premier,  a 
excellé  dans  l'herméneutique  *  de  ces  vases  historiés;  ses  im- 
portants ouvrages ,  mentionnés  dans  la  notice  bibliographique 

1.  L'herméneutique  (du  grec  IptAïiveuetv,  traduire)  est  l'art  de  l'interpréta- 
tion. II  va  sans  dire  que  le  champ  est  vaste  et  le  contrôle  difficile  I 


EUROPÉENNES.  149 

de  la  préface  de  ce  livre,' sont  ornés  d'un  grand  nombre  de 
reproductions ,  mais  il  n'y  est  point  question  d'un  classement 
chronologique  quelconque,  puisque  la  plupart  des  beaux  dessins 
ne  reproduisent  que  les  vases  de  la  cinquième  époque. 

La  céramique  était  très-estimée  en  Grèce.  Les  céramistes 
honorés  comptaient  parmi  les  artistes  les  plus  aimés  et  les  plus 
marquants;  on  leur  érigeait  môme  des  statues  et  on  frappait 
des  médailles  en  leur  honneur.  Les  noms  de  Débutade,  de 
Cerebus,  de  ThreicleSy  de  Chérestrate  et  d'autres  sont  parvenus 
jusqu'à  nous.  Nicothenes,  MimcLS,  Aristophanes,  Hieron,  Duris, 
Euphronius  (de  l'Étrurie)  et  Andokides  sont  des  noms  de  pein- 
tres, et  Erginos  celui  d'un  potier ,  que  M.  E.  Gerhard  a  recueil- 
lis sur  les  magniQques  vases  et  coupes  au  musée  de  Berlin  et 
dont  il  a  fait  reproduire  les  dessins  dans  ses  ouvrages. 

Voici  tous  les  noms  de  peintres  céramistes  et  de  potiers  grecs 
que  l'on  a  pu  recueillir  :  Aeniades,  Alsimos,  Amasis,  Aristo- 
phanes,  Asteus,  Bryllus,  Glitias,  Gholchos,  Doris,  Epictetus, 
Euonymos,  Eùphronios,  Euthymides,  Exceias,  Hégias,  Her- 
monax,  Hypsis,  Onesimos,  Pheidippos,  Phittias  Phrynos,  Po- 
lygnotus,  Pothinos,  Poriax,  Praxias,  Priapos,  Socias,  Tacomi- 
des,  Zeuxiades,  sont  ceux  des  artistes  peintres  ;  et  :  Alides, 
Amasis,  Andocides,  Archides,  Bryllos,  Calliphon,  Cephalos, 
Chachrylios,  Chaerestratos,  Charinos,  Charitaeus,  Chelis,  Ghol- 
chos,  Gleopbradas,  Deiniades,  Doris,  Echecrates,  Epigenes, 
Epitimos,  Erginos,  Ergotimos,  Eucheros,  Euergetides,  Eupho- 
nies, Euxitheos,  Exceias,  Glaucythes,  Hechthor,  Hermaeus, 
Hermogenes,  Hieron,  Hilinos,  Hischylos,  Meidias,  Naucydes, 
Neandros,  Nicosthenes,  Oineus,  Pamaphius,  Pamphaeos,  Phan- 
phaios,  Philinos,  Pistoxenos,  Priapus,  Python,  Simieglion,  Si- 
mon de  Elea,  Socles,  Sosias,  Statius,  Taleides,  Theoxetos, 
Thypheiheides ,  Timagoras,  Tlenpolemos,  Tleson,  Tychios, 
Xenodes  et  Xenophantes,  ceux  des  potiers.  Le  mot  STroÎTiasv  (fit) 
se  trouve  souvent  à  côté  des  noms  d'artistes  et  de  potiers  sur 
des  pièces  appartenant  à  la  fabrication  reculée,  et  pe  èTrcîviffsv  (me 
fit)  sur  les  céramiques  des  époques  postérieures. 

La  peinture  des  plus  anciennes  poteries  grecques  n'indique 
dans  la  figure  humaine  aucune  distinction  de  sexe.    ^ 

Il  y  avait  à  Athènes  tout  un  grand  quartier  uniquement  oc- 
cupé par  les  potiers,  appelé  Kerameus^  d'où  dérivent  les  noms 

céramiste  et  céramique, 

43. 


i^Q  POTERIES  OPAQUES 

Pour  mettre  un  peu  d'ordre  et  de  chronologie  daos  la  classi- 
fication des  poteries  grecques,  dites  étrvLsqueSj  on  peut  les  di- 
viser en  deux  groupes  principaux,  dont  le  premier  peut  se 
subdiviser  en  cinq  branches  : 

I.  —POTERIES  DITES  ÉTRUSQUES,  DE  L'AHQIBIfNE  OKÈGE,  pB 
L'ASIE  MIMEURE,  DE  L'AFRIQUE,  DE  LA  GRUOÊB  ET  DE  L'ILE 
DE  MALTE. 

Athènes,  Corinthe,  etc.,  pour  la  Grèce; 

Smyrna,EhsemdefSamos  ^,  Bhodos,  etc.,  pour  l'Asie-Mioeure; 

Tripoli,  etc.,  pour  l'Afrique; 

Bengazi  (Bërënice),  etc.,  pour  l'île  de  Malte,  etc.; 

Plusieurs  localités  pour  la  Crimée  (Chersonèse  Taurique),  po- 
teries qu'il  faut  classer  toutes  entre  le  huitième  siècle  avant 
J.-G.  et  le  second  siècle  de  notre  ère. 

Athènes  et  quelques  autres  villes  de  V ancienne  Grèce,  ainsi 
que  beaucoup  de  villes  de  la  Grande-Grèce  ^  ont  aussi  produit 
des  statuettes  et  des  bas-reliefs  en  terre  cuite,  souvent  peints  à 
froid,  et  quelquefois  vernis  ou  vitrifiés  au  four.  Les  terres 
cuites  étrusques  sont  cependant  bien  inférieures  à  celles  de  la 
Grèce  proprement  dite.  Le  Louvre  et  la  collection  du  duc  de 
Luynes,  au  cabinet  des  médailles,  montrent  de  très-belles  sta- 
tuettes de  la  première  catégorie. 

Les  musées  du  Louvre,  de  Berlin  et  de  l'Ermitage  sont  fort 
riches  en  poteries  grecques. 

L'île  de  Rhodos  est  représentée  au  musée  du  Louvre  par  des 
coupes,  plats  et  vases  à  fond  jaune  pâle,  ornés  de  dessins  noirs 
d'animaux,  chimères,  arabesques,  etc.  Il  y  en  a  aussi  quelques- 
uns  où  ces  dessins  sont  en  rouge  de  brique  à  la  place  du  noir, 
mais  toujours  sur  fond  jaune.  Cette  poterie,  dite  étrusque, 
prouve  qu'il  ne  peut  y  avoir  rien  d'absolu  dans  la  division 
chronologique  des  époques,  puisque  la  ville  de  Rhodos  ne  fut 
bâtie  que  vers  le  temps  de  la  guerre  du  Péloponèse  (431-404), 
et  que  Protogène,  le  célèbre  peintre  grec,  y  vivait  vers  336, 
époque  où  les  poteries  en  Grèce  et  en  Étrurie  avaient  atteint 
leur  plus  haute  perfection  et  étaient  presque  toutes  décorées 
à  dessins^ouges  et  jaune  de  brique  sur  fond  noir. 

1 .  L'existence  de  La  poterie  de  Samos  était  déjà  affirmée  par  Pline,  qui,  en 
faisant  l'éloge  de  la  poterie  d'Aretium  en  Étrurie,  la  compare  à  celle  de  Samos. 

2.  La  partie  méridionale  de  l'Italie  était  alors  connue  sous  cette  désignation. 


EOKOPÉKITHIS.  ISI 

Le  StadelsckeKvmt'Institul',  à  Frankfurt  S/H,  possède  aussi 
sept  magaiSques  vases,  dont  un ,  d°  57,  ayant  été  destiné  à 
des  pris  de  courses  à  Athènes  {ampbûra  parlkenailia),  est  fort 
remarquable. 


ce],  Dm  t-'àttimam. 


bMttur)  de  ina  edWlîin 


A.  —  Pour  rÉlrurie  et  la  Grande-Grèce  du  nord  :  Aretium, 
Agylla,  Ctusium  (aujourd'hui  Chiusi),  Tarquime  (Cemelo'), 
Perusia,  Volaterœ,  Santua  et  Adria. 

B.  —  Pour  la  Campanie:  Nola,  Plistia,  Cwnes  et  Capoua. 

C  —  Pùw  la  Sicile  :  CoMorbi,  Lentini,  Palazmlo  et  Girgenti. 

D.  —  Pour  l'Apulie ,  vulgairement  appelée  la  Fouille,  au 
S,-E.,  et  pour  tout  le  sud  :  Rubia,  Gratia,  Zapestia,  Cœlia, 
Barium,  Luccmia,  Anexia,  Grumentum,  Pœstum,  Eburivm,  fo- 
tentia  et  Acheronlia. 

n.  A. 

Les  Étrusques,  auKpiels  on  avait  d'abord  attribué  toutes  les 

1.  Le  iSUdelHhcKimllTïi 
flirt  S./H.,  ot  un  iD<lië«  qui  > 
d«l.  t»  galerie  est  composée  d 

plâtres.  En  poteries,  ce  musée  no  possède  que  wpl  i3se««traiq 
pièce  de  nuitie-uitel  en  terre  eulle,  partie  i  éûil  steaniCére, 
AndreoU  di  Gubbio.  (Voir  Gubbio.) 

I.  LesB'*  lîO  à  liî  seul  (rois  terres  euitet  su  musée  de  Si 
nent  de  cette  loeelltt. 


i5â  POTERIES  OPAQUES 

poteries  grecques  dites  étrusques,  s'étaient  fixés  en  Italie  vers 
600;  ils  descendaient  des  Pélasgues  ou  Pélasges,  les  habitants 
primitifs  de  la  Grèce,  vers  1960  avant  J.-C.  D'origine  indo- 
germaine,  comme  les  autres  Grecs,  ils  étaient  artistes.  On  a  vu 
qu'Homère  avait  déjà  chanté  la  poterie  pélasge  vers  900, 
de  sorte  que  la  poterie  étrusque  est  certainement  d'origine 
grecque. 

Les  potiers  étrusques  marquèrent  souvent  leurs  figures  des 
dieux  par  leurs  noms,  usage  qui  ne  s'est  pas  pratiqué  en  Grèce. 
La  céramique  étrusque  consiste  ordinairement  en  beaux  vases 
à  pâte  et  fond  rougeâtres,  à  peintures  en  teintes  plates  noires, 
ou  rouges  et  blanchâtres  sur  fond  noir,  enfin  semblable  à  celle  de 
la  Grèce.  Les  sujets  en  couleur  brique  rougeàtre  me  pa- 
raissent être  obtenus  par  des  réservés,  au  moyen  de  patrons  en 
feuilles,  ainsi  que  je  l'ai  expliqué  plus  haut. 

Les  poteries  trouvées  à  Clusium  (Ghiusi),  si  nombreuses  au 
musée  du  Louvre,  sont  toutes  noircies  au  graphite  et  à  bas-reliefs, 
mais  sans  aucun  décor  ni  peinture. 

Les  Étrusques  ont  aussi  laissé  grand  nombre  de  terres 
cuites,  particulièrement  des  tombeaux,  comme  on  le  peut  voir 
au  musée  du  Louvre. 

IL  B. 

La  Campanie  fut  conquise  par  les  Romains  de  343  à  314 
avant  J.-C. 

Les  Gampaniens,  limitrophes  des  Étrusques,  peuples  qui  par- 
laient tous  les  deux  à  peu  près  la  même  langue  dérivée  de 
celle  des  Osques,  et  dont  les  constitutions  politiques  ressem- 
blaient à  la  constitution  Spartiate,  mais  qui  étaient  bien  plus 
sensuels  et  plus  voluptueux,  ont  montré  dans  l'art  également  le 
goût  grec  dont  ils  se  sont  inspirés. 

Les  dessins  des  vases  campaniens  sont,  comme  ceux  des 
Étrusques,  décorés  à  teintes  plates  et  en  simples  lignes  et  traits, 
sans  ombres  ni  lumières.  La  nature  voluptueuse  des  Samnites 
et  des  Campaniens  poussait  ces  peuples  vers  la  représentation 
des  sujets  lubriques,  qu'ils  rendaient  sous  des  formes  caracté- 
ristiques. L'esprit  de  liberté  et  de  raillerie  qui  y  paraît  avoir 
régné  ne  respectait  pas  même  leurs  dieux.  Un  vase,  en- 
tre autres,  qui  a  appartenu  au   peintre  allemand  Raphaël 


EUROPÉENNES.  153 

Mengs,  était  décoré  d'une  parodie  des  amours  de  Jupiter 
et  d'Alcmène.  Cette  dernière  regarde  par  une  fenêtre  élevée  du 
sol,  comme  le  ferait  une  prostituée  de  nos  jours,  pour  attirer 
des  chalands.  Jupiter,  avec  un  gros  ventre  et  un  fallus,  les 
traits  cachés  sous  un  masque  blanc,  et  portant  une  échelle  la 
tête  passée  entre  les  échelons,  parait  vouloir  monter  en  vrai 
don  Juan  dans  la  chambre  de  sa  maîtresse.  Mercure,  aux  al- 
lures d'un  Leporello  et  portant  à  sa  ceinture  un  énorme  fallus 
de  rechange,  éclaire  son  maître-dieu  par  la  lampe  qu'il  lient  dans 
la  main  droite,  tandis  que  sa  main  gauche  paraît  vouloir  cacher 
le  caducée  qui  pourrait  le  faire  reconnaître  K  C'est  un  dessin 
de  la  plus  grande  obscénité,  et  qui  représente  en  même  temps 
le  genre  comique  dans  l'antiquité,  où  la  caricature  était  si  rare. 
On  trouvait  dans  la  collection  Lecarpentier,  à  Paris,  une  ma- 
gnifique coupe  à  pied  dont  le  sujet ,  d'une  exécution  parfaite, 
représente  les  épisodes  de  la  vie  d'un  homme  atteint  de  la  gra- 
velle.  On  le  voit  attaqué  par  des  douleurs  atroces;  plus  loin  en 
convalescent  ;  et  à  la  fin  guéri  et  s'adonnent  aux  réjouissances. 

IL  C. 

La  Sicile  y  qui  paraît  avoir  fait  originairement  partie  de  l'Ita- 
lie, était  d'abord  habitée  par  les  Pélasges,  et  elle  fut  particu- 
lièrement colonisée  par  les  Grecs  qui,  à  partir  du  huitième 
siècle  avant  J.-C.,  y  fondèrent  Syracuse,  Agrigente,  Sélinonte, 
Catane,  etc.,  et  qui  y  apportèrent  l'art  céramique  grec. 

II.  D. 

Les  Apuliens  étaient  de  la  race  des  Osques,  peuple  indi- 
gène de  la  Campanie^  qui  remonte  bien  avant  la  conquête  des 
Etrusques. 

Les  Apuliens  ont  contrefait  les  poteries  grecques  étrusques 
vers  200  avant  J.-C;  mais  leurs  produits  se  reconnaissent  or- 
dinairement à  une  exécution  moins  artistique. 

Les  potiers  de  la  Fouille,  qui  ignoraient  la  langue  étrusque 

1 .  Winckelmann  a  donné  le  dessin  dans  son  grand  ouvrage  publié  en  allemand 
et  en  fran^çiis.  Il  parait  que  le  monde  d'alors  avait  moins  de  pruderie,  puisqu'il 
serait  fort  scabreux  aujourd'hui  de  se  permettre  la  reproduction.  Même  observa- 
tion pour  le  sujet  de  la  coupe  Lecarpentier. 


154  POTERIES  OPAQUES 

ancienne,  —  langue  qui  n'est  môme  pas  encore  connue  aujour> 
d'hui  malgré  les  inscriptions  nombreuses  trouvées  dans  les 
fouilles,  —  ont  presque  toujours  mai  copié  les  inscriptions  des 
poteries  étrusques  qu'ils  imitaient,  de  sorte  que  ces  inscris 
tiens  sont  toujours  illisibles.  lis  ont  môme  souvent  mis  des 
points  et  virgules  ou  autres  signes  à  la  place  des  lettres  dont  ils 
ne  connaissaient  pas  la  signification. 

M.  Gopeland,  à  Leeds,  en  Angleterre^  imite  très-bien  les  po- 
teries grecques  dites  étrusques  de  toutes  provenances.  Le  mu- 
sée des  Arts  et  Métiers,  à  Paris,  possède  de  ce  fabricant  des 
échantillons. 

Il  existe  actuellement  une  fabrique  de  poteries  à  Athènes^ 
qui  appartient  à  M.  Chuiîlioti, 

Ces  poteries  ont  été  encore  imitées  à  Naples  sous  la  direction 
de  Gargiulo,  et  en  Angleterre  par  Wedgwood  et  par  Battam. 
Les  plus  célèbres  collections  de  ces  poteries  dans  ce  dernier 
pays  sont  celles  de  MM.  Townley,  Payne-Knight,  sir  W.  Ha- 
milton  et  lord  Ëlgin. 

BOJIIA  (BOlilc). 

Poterie  brune,  jaune,  noire  et  rouge  commune,  ainsi  que  celle 
d'Arezzo,  qui  est  ordinairement  à  ornements  en  relief.     100 

Les  poteries  dites  d^Arezzo,  l'ancien  Aretium,  ville  de  la  Tos- 
cane, sont  des  terres  cuites  sous  couverte,  probablement  silico* 
alcaline  imperméable;  elles  sont  le  plus  souvent  ornées  de  reliefs. 
Les  premiers  essais  de  porcelaines  de  Bottger,  ainsi  que  la  poterie 
chinoise  dans  ce  genre,  ressemblent  tant  soit  peu  à  ces  poteries. 
Un  grand  fragment  d'un  de  ces  vases  d'Arezzo,  de  26  centimètres 
de  diamètre,  trouvé  au  castrum  Adriani,àWeisenau,  prèsMainz, 
fait  partie  de  ma  collection.  Il  est  signé  CRN,.V1X. 

Statuettes,  bustes,  bas-reliefs,  etc.,  en  terre  cuite,  qui 
ont  servi  de  modèles  à  la  poterie  gauloise.  (  Voir  les  observa- 
tions sur  ces  sortes  de  terres  cuites,  à  Tarticle  des  poteries 
Athéniennes  et  Noies.) 

Toutes  ces  poteries  romaines  ont  été  trouvées  dans  les  fouilles 
des  différents  pays  où  les  légions  romaines  avaient  passé,  et 
où  leur  domination  avait  introduit  la  civilisation  latine.  On 
en  a  trouvé  aussi  bien  sur  le  contiaent  que  dans  la  Grande- 
Bretagne. 


CUROPÊENlftS.  155 

La  glaçwre  des  poteries  en  terre  rouge  dites  d*Arezzo^  qui 
paraît  être  un  vernis  minera],  me  semble  cependant  trop  dure 
pour  un  tel  vernis.  Je  pense  que  cette  glaça re  est  tout  simple* 
ment  le  résultat  d'une  cuisson  fortC);  d*8tttant  plus  que  la  cou- 
leur est  absolument  la  môme  que -celle  de  la  pâte,  qui  est  pres- 
que aussi  dure  sous  1^  couteau  que  la  couverte,  et  rappelle  celle 
des  grès  (soi-disant  premières  porcelaines)  de  Bôttger. 

Tudot  croit  que  les  vases  à  pète  rouge  vernissée  et  à  dessins 
en  relief,  pareils  aux  premiers  essais  de  porcelaines  deB5ttger, 
sont  tous  des  poteries  arétines; 


Poterie  jrottge  imperméable  à  retiefs>  d'Aren». 

mais  si  Aretium  en  a  fabriqué  en  premier  lieu,  elles  ont  certes 
été  produites  f^us  tard  partout  où  Rome  avait  porté  ses  aigles. 

La  petite  poterie  romaine  noire  servait  ordinairement  comme 
OQ  se  sert  aujourd'hui  d'un  gobelet  à  boire.  Il  y  en  a  qui 
portent  des  inscriptions  en  blanc^  comme  :  At^e  (salut!),  Vivas 
(vivez)» Imp^e  (remidissez),  Bibe  (buvez), Viwum  (vin),  Viia  (vie), 
Vive,  bibe  multum  (vivez  et  buvez  beaucoup),  etc. 

La  fabrication  de  la  vaisselle  en  terre  cuite  parait  avoir  été 
quelquefois  fort  extravagante  à  Rome,  puisque  Suétone  rapporte 
que  Vitellius  fit  même  faire  un  si  grand  plat  de  terre,  pour  on 
de  ses  repas  de  Gargantua,  qu'il  fallut  construire  expressément 
un  four  pour  ie  cuire. 

Les  établissements  de  potiers  romains  ou  peut--ôtre  gallo- 
romains  (question  fort  difficile,  sinon  impossible  à  décider) 
les  plus  importants  en  dehors  de  lltalie,  ont  été  découverts  à 
Rhemzabemj  dans  le  duché  de  Bade,  où  on  a  trouvé  84  fours.  Les 
Romains  môme  y  ont  certes  fabriqué^  mais  il  y  avait  aussi  grand 
nombre  de  colons  gaulois  adonnés  à  la  fabrication  d'objets  céra- 
miques^ comme  le  paraissent  d^émontrer,  avec  d'autres  indices. 


156  POTERIES  OPAQUES 

les  nombreuses  statues  de  Mercure,  d'Apollon  et  de  Minerve, 
que  Ton  y  a  rencontrées  dans  les  fouilles.  Les  noms  recueillis 
sur  les  poteries  et  les  moules,  noms  qui  ont  appartenu  soit 
aux  potiers,  soit  aux  modeleurs,  sont  les  suivants  :  Augustalis, 
Augustenas,  Aprius,  Arbo,  Attillus,  Aunus,  Bellator,  Besus, 
Biattoni,  Bincede,  Ganul,  Gatul,  Caxùs,  Gelsus,  Cerialis,  Gin- 
tugnatus,  Ginus,  Gobnertus^  Gomitialis,  Goncorinus,  Gonstans, 
Gornitialis,  Guasus,  Dacodunus,  Dominitianus,  Dubiaus,  Fir- 
mus,  Furitus,  Janvarius,  Janus,  Jarus,  Jatta,  Jechia,  Jnius 
Juvenalis,  Jrisus,  Lanvarius,  Latinianus,  Lucius,  Mecco,  Mitius, 
Modestus,  Mabio,  Omitialis,  Placidus,  Perrus,  Recnus,  Reginus, 
Rullinus,  Severus,  Sextius,  Stabilis  Verenus,  Verus,  Veumus, 
Victorinus,  Viducus  et  Vilviana. 

Les  noms  de  potiers  et  de  modeleurs,  recueillis  sur  des  po- 
teries romaines  et  gallo-romaines  trouvées  à  Trier,  Riegel,  Win- 
disch,  Rottweil,  Vechten,  Ohringen,  Friedberg,  Regensburg, 
Heddernheim,  Monderberg,  Nimwegen,  Xanten,  Oberlaibach, 
Castell,  Luxemburg,  Mainz,Bonn,  Wichelhof  Bavay,  Langweid, 
Riegelstein,  Gulm,  Lausanne,  Pfunz,  Speyer,  Wiesbaden, 
Neuwied,  Gôla,  Louisendorf  près  Clève,  London,  Bourges, 
Ghâtelet,  Paris,  Augst,  Birgelstein  Enns  s/D.,  Ensdorf,  Bous 
près  Saarlouis,  Voorburg,  Ems,  Westendorf,  Salzburg,  Ep- 
fach,  Lillebonne,  Routot  (Eure),  Limoges,  Malga  (Afrique), 
Vichy-les-Bains,  Wiffisburg,  Riegel,  Studenberg,  Neuss,  Lun- 
neren,  Steinsfurt  près  Sinsheim,  Renaix,  Bonne-Nouvelle,  Neu- 
ville-le-Pollet,  Faucarmont,  Rosenauberg,  Westheim,  Mon- 
trœul-sur-Haine ,  Butzbach  (Hesse),  Strassburg,  Wichelhof  et 
Marsal  en  Lorraine,  sont  les  suivants  :  Alimet,  Aper,  Atimeti, 
Gassi,  Giculis,  Gobnertus,  Gommunis,  Gresces,  Gupitus,  Dessi, 
Faor,  Fortis,  Janvar,  Jegidi ,  Jullin,  Litogene,  Lucius,  Lupi, 
Neri,  Octavi,  Provin,  Sedati,  Si  Ivan,  Strobili,  Thalli,  Versio, 
Verani,  Vibiani.  (Voyez  Mezger.) 

Voici  encore  une  liste  des  noms  de  potiers  et  de  modeleurs 
romains  et  gallo-romains  recueillis  sur  des  vases  rouges  dits 
d'Arezzo,  conservés  au  musée  de  Nantes  :  Acer,  Albuci,  Albus, 
0.  Ano,  Antnus,  Agvti,  Belincci,  Bellen,..,  Bvline,  Gallidi,  Gre- 
menia,  Giniv,  Gresti,  Dano,  Gemeni ,  Iridvbnos,  Irepi,  loannis, 
lovis,  Ivna,  Ivlianos,  Ivlini,  Ivlii,  Map...,  Marsillac,  Nini,Nom, 
Nuérec,  Gif...,  Paternus,  Priscos,  Regenus,  Ru..,,  Rian,  Senis, 
Sever,  Spiceli,  Tir,  Voto. 


EUROPÉENNES.  i57 

A  Westheim,  près  Augsburg,  on  a  trouvé,  eo  1852,  une  tuile 
romaine  (tegula  hamata)  qui  porte  en  lettres  (cursive)  romaines 
une  inscription  que  l'on  n'a  pas  encore  pu  déchiffrer,  et  dont 
M.  Mezger,  professeur  et  conservateur  au  musée  Maximilian, 
à  Augsburg,  a  publié  un  dessin  (DieRomischen  Steindenkmae- 
1er,  Inschriften  und  Gefaesstempel,  etc.  Augsburg,  1862). 

On  rencontre  des  poteries  de  ce  genre,  mais  le  plus  souvent 
sans  les  ornements  en  relief,  où  la  couverte  et  la  pâte  sont  bien 
plus  molles  et  où  la  première  s'enlève  facilement  soit  par  l'acide 
nitrique,  soit  par  le  grattage  au  couteau.  —  C'est  là  une  fabri- 
cation gallo-romaine,  ou  môme  d'une  époque  encore  bien  pos- 
térieure. 

Artaud,  de  Lyon,  qui  avait  beaucoup  imité  les  poteries  ro- 
maines, a  légué  au  musée  de  Sèvres  tous  les  moules  qui  ser- 
vaient à  ses  imitations. 

poterie  de  la  sgahdiiiavie ,  de  la  6ermahie  et  de 
la  grahde-bretagne  ( ahglo-saxoene) . 

Poteries  communes  en  noir,  brun,  gris  et  rouge,  unies  et  a 
DESSINS  GRAVÉS  GROSSIÈREMENT.  (Époquos  indéterminées.) 

Ces  poteries  ont  été  fabriquées  pour  la  plupart  sans  tour,  et 
les  plus  anciennes  cuites  au  moyen  de  trous  creusés  dans  le  sol, 
en  guise  de  four.  M.  le  docteur  Klemm  a  signalé  la  grande  con- 
formité qui  existe  entre  ces  vieilles  poteries  et  celles  que  les 
Caftes  confectionnent  encore  aujourd'hui.  11  pense  qu'ils  les 
cuisent  dans  des  trous,  après  les  avoir  entortillées  de  paille  et 
de  résine.  On  devrait  peut-être  placer  ce  chapitre  avant  celui 
qui  traite  de  la  poterie  grecque,  car  les  époques  des  origines 
sont  difficiles  à  déterminer,  et  peuvent  remonter  bien  haut 
avant  l'ère  vulgaire. 

Quant  à  la  poterie  anglo-saxonne  grise,  que  l'on  a  trouvée  dans 
des  tombeaux  eu  Angleterre,  elle  est  grossièremen  t  confectionnée 
et  séchée  seulement  à  l'air  sans  avoir  subi  aucune  cuisson. 

On  ne  sait  pas  s'il  faut  l'attribuer  aux  Celtes  ou  à  des  peu- 
plades plus  anciennes.  Je  penche  pour  la  dernière  hypothèse  : 
les  Celtes  sortaient  d'une  race  où  l'art  n'était  pas  complète- 
ment inconnu,  puisque  les  Romains  furent  tout  étonnés  de  ren- 
contrer des  ennemis  barbares  possesseurs  d'armes  étince- 
lantes,  et  aussi  remarquables  par  le  fini  du  travail  que  par 

U 


158  POTERIES  OPAQUES 

les  matières  précieuses  qui  avaient  ser\'i  à  leur  fabrication. 

La  poterie  anglo-'saxonne  notre,  d'une  époque  postérieure, 
ei^t  déjà  cuite  au  four^  et  ressemble  tout  à  fait  aux  poteries 
Scandinaves  et  germaines  du  continent^  que  l'on  a  trouvées  en 
si  grande  quantité  dans  ks  fouilles. 

Exemplaires  nombreux  aux  nausées  de  Sigmaringen,  deBerlinS 
de  Kjobbenhavn  ^Copenhague)  ^  au  Allerthums-YereiiL  à  Ulm 
(Société  archéologique  et  historique  d'UIm},  au  musée  Bntan- 

1 .  Le  musée  de  Berlin  peut  marcher  de  pair  arec  le  Louvre.  Moins  riche  peut- 
être  quant  au  nombre  des  pièces ,  il  dépasse  souyent  le  musée  français  par  le 
choix  de  ses  exemplaires»  à  Texeepiion  Âes  tableauc,  et  tei:^i«ars  par  l'amatge- 
ment.  Le  mieux  classé  de  tous  les  musées,  il  offre,  outre  la  belle  construction  de 
Schinkel,  une  richesse  de  décoration  extraordinaire  dans  ses  salles.  Ni  l'Italie ,  ni 
la  France,  ni  l'Angleterre  ne  pourraient  riyah'ser  arec  le  musée  de  Beriin  sous  le 
rapport  de  l'harm«nie  et  du  sentiment  esthétique  qui  y  r^nent  partout.  Un  des 
plus  beaux  ornements  de  sa  décoration,  les  fresques  de  Kaiilhach,  sont  même  des 
chefs-d'œuvre.  La  sollicitude  et  l'activité  du  savant  directeur  général,  M.  von  01- 
fers,  sont  connues  de  tous  les  amateurs. 

On  doit  faire  remonter  l'origine  de  ee  Huisée  au  Kunstluuamer,  colUction  qui 
fut  commencée  vers  la  seconde  moitié  du  dix-septième  siècle  par  le  grand  élec- 
teur de  Brandenburg  et  par  son  successeur.  Sous  te  règne  des  rois  Friedrich 
Wilhelm  I''  et  Friedrich  II,  la  collection  avait  perdu  une  grande  partie  de  ses 
richesses.  Le  prenner  troqua  toutes  les  poreelames  de  Cliine  contre  un  régiment 
de  soldats  (vok^  au  musée  japonais  de  Dresden),  et  le  sec(Mid,  forcé  par  les  né- 
cessités de  la  guerre,  fit  vendre  toutes  les  œuvres  d'art  eu  argent.  Ce  qui  resta 
de  remarquable  fut  enlevé,  sous  Napoléon  1*^,  par  le  directeur  des  musées  fran- 
çais ncnon,  et  tout  ne  fat  pas  ramené  en  1814.  Le  musée  actuel  a  été  fondé  en 
18i4  par  le  roi  Friedrich  Wilhelm  III.  La  construction  du  a  vieux  musée  »  a  été 
terminée  par  Schinkel  (mort  en  1841)  en  1821.  Le  «  nouveau  musée»  qu'un 
pont-galerie  couvert  réunit  à  l'aneien,  est  l'œuvre  de  Stûler  et  a  été  construit 
sous  la  dircctioiL  de  M.  von  OiEera. 

La  façade  du  vieux  musée  a  deux  cent  soixantcr seize  pieds.  Une  galerie  cou^ 
verte,  formée  de  dix-huit  colonnes  ioniennes,  abrite  la  grande  fresque  de  Corné- 
lius, exécntée  par  C.  Stormer,  C.  Herraana,  C.  Ig^ers,  €.  Pfauers-ScbmidI, 
H.  Schulz,  F.  Sehadow,  R.  Elster»  G.  Eich  et  Heman  Scbolz,  et  ireprései^ant 
une  espèce  «  d'introduction,  »  d'étude,  basée  sur  les  idées  orthodoxales  de  Schin- 
kel, qui  voulait  faire  tout  dériver  du  classique.  C'est  te  même  qui  y  a  décrit  par 
sa  composition  «  la  formation  et  la  division  des  forces  cosmolog^es,  des  mmmw 
et  de  l'ethnogi'aplÙB.  n  Les  vingt-huit  peintures  «  stérochromiqHes  >  [  peinture 
appelée ,  en  allemand,  par  ses  inventeurs  :  le  conseiller  Fuchs  et  le  peintre 
Schlottauer,  deMunchen,  oWasserglas-Muïerei];  »  elle  diffère  de  la  firesqae  (de 
frescOf  frais)  en  ce  que  les  ceuleurs  ne  soot  pas  répandues  sur  ki  cemf<^tion  de 
chaux  et  de  sable  humide,  mais  sur  La  surface  lisse  et  sèche  du  mur.  Les  couleurs 
à  l'eau  (aquarelle)  sont  composées  de  matières  exemptes  d'affinités  avec  l'acide 
silicique,  ou  le  silicate  de  potasse.  Le  tableau  terminé,  on  l'arrose  aboodamoent 
d'une  dissokition  siliciqoe,  c'est-à-dire  de  silicate  de  potasse,,  ee  qui  donne  à  la 
surface  la  dureté  de  U  pierre.^  KauUMbch  a  bit  les  premiers  essais  de  la  stéréo- 
chromie  au  nouveau  musée  de  Berlin  ;  mais  la  grande  composition  du  péristyle 
a  été  exécutée  par  les  peintres  Dage,  Kldfoer,  HoHïein,  H.  Schnltz,  Stormer 
et  Graef  ;  elle  représente  l'histoôse  de  Thteée  et  d'Hercvte.  A  droite  et  à  gancfae 


SOKOPÉENSBS. 


ISO 


DÎqne,  an  Louvre,  dans  ma  collection,  etaax  mnsëesdeSchwe- 
rin,  de  Hainz,  etc. 
Le  musée  royal  de  KjobbenhavD  (Copenhague]  pmsède  des 

poteries  Scandinaves  qui  remon- 
t«nti  l'Jige  delà  pierre  et  à  l'âge 
de    bronze;    elles  ont  élé   re- 
produites   dans    l'ouvrage    de 
M.  F.  F.  A.  Worsaae'  où  on  les 
voit  figurer  sous  le  nom  de  Leer- 
kar  (Jarre  de  terre  glaise),  dési- 
gnation impropre,  puisque 
sont  des  poteries  de  pettïes  di-i 
mtniiont  en  terre  cuite  noire.  Itl 
parait  que  l'on  fabrique  encore  " 
aujourd'hui  à  Aarhuns  et  à  Veile 
(Jutland]  des  poteries  en  terre 
glaise  qui  deviennent  noires  à 
cuisson.  Ces  mêmes  poteries  i 
l'âge  de  bronze ,  trouvées  dans  Paierie  i 
des   tombeaux   et    reproduites 
également  par  M.  Worsaae,  diffèrent  peu,  de  forme  et  de  fabri- 
cation, de  celles  do  l'âge  de  fer. 

A  BomAofm  on  a  trouvé  des  poteries  rouges,  mais  <iu'il  but, 
selon  moi,  attribuer  aux  Romams. 

de  l'cKilier ,  deoi  groupes  équeslrei  :  J'un,  l'Amaîont  combaltani  un  tigTt, 
par  Kiss,  el  l'autre  ,■  un  Combat  dt  iiont,  par  Woir.  A  l'enlrée,  la  tlulue  de 
Scfaimkd,  l'architecte  du  miuéc^  pvTieh. 


erselle  i 


L,  dDDt  DA  a  pu  idnirer  kii  e 


u  i  la  dernière  BipiHitioii 


ile-sept  pieds  de  diamètre  sur  BDliante-donie  de  hau- 
tear,  ett  li  paitie  U  phis  nODuneslile  do  mué*  ;  die  «t  d'un  eBM  grandine 
et  ample. 

Ces  musëei  FontiemieiK  U  Galerie  dea  tabUaitc,  celle  des  Scul^furea  pte- 
lue»,  romainn  si  anciVnnei  el  de  la  Bmaisiance,  V Antimariifm.  leiCoHec- 
tiont  dit  fntilt  ord  (oirioailès).  le  oinste  Etkntgrafhiqnt,  le»  AntiqmtU  gir- 
moniguEi  ej  (condinaoi,  ceUei  de  tout  l4  Nord,  de  VÈg^fU,  ua  mvii  chi- 
rmi»,  une  des  p(m  nomftrfiweî  c.  ■■ ■" 


titlleai 


rqusble, 


de  quelques  bellet  lailes. 
Son  clauemeut  peut  egilecuenl  Mi-iir  de  modèle,  —  il  esl  dii  à  H.  Waag 
1.  SoTdièke  OldaagtTidil  kangeligi  muemai  KjobbtnhiKin,  im,  c 

tittendorff  «t  Aagaards,  a  Cupenbigue. 


i60 


POTERIES  OPAQUES 


Les  pièces  les  plus  remarquables  en  fait  de  poteries  germa- 
niques des  époques  les  plus  reculées  se  trouvent  au  château  de 
Lichtenstein  en  Wurtemberg,  appartenant  à  M.  le  comte  de  Wur- 
temberg. 

Les  poteries  anglo-saxonnes  au  vernis  plombifère  ou  alcalin,  fa- 
briquées de  600  à  i  300  et  que  les  antiquaires  anglais  appellent 

poterie  normande,soni  très- 
rares.  On  a  pu  les  classer 
d'après  des  dessins  qxie 
Ton  rencontre  dans  des 
manuscrits  de  ces  époques. 
Leurs  formes  sont  ordinai- 
rement longues,  étroites  et 
indiquent  le  tour  du  potier; 
ces  cruches  grossièrement 
fabriquées  et  le  plus  sou- 
vent vernies  seulement  à 
l'intérieur,  là  où  le  liquide 
touchait  la  terre  cuite,  ont 


Poteries  anglo-normandes. 


quelquefois  des  anses  et  même  des  goulots,  comme  le  dessin 
l'indique. 

A  partir  de  1300,  l'existence  de  la  poterie  anglaise  est  plus 
certaine,  et  je  pense  qu'il  faut  attribuer  les  cruches  dont  on  voit  ici 
le  dessin,  plutôt  au  quatorzième  siècle.  (Voir  la  Poterie  opaque 
anglaise.) 

GAULE 

Poteries  et  figurines  en  argile  cuite  sans  couverte.  Av.  J.-C. 

100  à  800. 

Nombreuses  fabriques  répandues  sur  tout  le  sol  gaulois. 

La  plupart  des  poteries  connues  sous  le  nom  de  Gallo-Ro- 
maines  appartiennent  à  la  classe  des  poteries  purement  romaine^'. 
On  les  rencontre  aussi  bien  en  Hollande,  en  Allemagne,  etc., 
qu'en  France,  où  elles  ont  été  fabriquées  par.  les  Romains  partout 
où  leurs  légions  ont  séjourné  et  dominé.  La  désignation  de 
gallo-romain  est  donc  fort  vague  et  je  n'ai  pas  jugé  convenable 
de  consacrer  un  chapitre  spécial  à  ce  genre,  dont  tout  a  été 
dit  au  chapitre  qui  traite  des  poteries  romaines. 

Les  figurines  gauloises  en  argile,  d'une  pâte  blanche  jaunâtre, 
de  mauvaise  cuisson  et  sans  dureté,  sont  du  môme  genre  que  celles 


El'BOPâENNGS. 


161 

I  Alle- 


d6S  mâmeâ  époques  Irouvées  aux  bords  du  Bhin , 
magne. 

La  plus  grande  partie  de  ces  poleries  et  Qgurines  gauloises 
a  été  trouvée  dans  le  déparlemenl  de  l'Allier.  Ce  sont  pour  la 
plupart  des  œuvres  où  l'on  reconnaît  plutôt  une  main  d'ouvrier 
qu'un  talent  d'artiste;  elles  ont  été  imitées  grossièrement  d'a- 
près les  modèles  romains  et  ceux  dits  gallo-romains.  L'impor- 
tance de  la  découverte  est  plutût  archéologique  qu'artistique. 
Elle  consiste  en  un  grand  nombre  de  divinités,  particulièrement 
des  dieux  lares,  parmi  lesquels  la  Venus  Anadyoméne,  au  bras 
droit  relevé,  d'une  pose  peu  naturelle  et  presque  impossible, 
est  la  plus  répandue.  Beaucoup  d'autres  de  ces  figurines  ont  la 
même  pose;  —  c'est  un  mouvement  de  bras  qui  ressemble  àuo 
salut  franc-magonnique ,  et  dont  personne  n'a  pu  se  rendre 
compte  encore.  Je  possède  un  exemplaire  de  celle  Vénus, 
trouvé  à  Toulon  en  18S6, 
et  l'on  en  voit  aussi  plu- 
sieurs au  musée  du  Lou- 
vre. J'ai  de  même,  dans 
ma  collection,  la  statuette 
d'une  femmeà  cheval, dans 
le  genre  du  dessin  xxiv  de 
l'ouvrage  de  Tudot.  Cette 
ûgurine  a  été  trouvée,  en 
1825,  dans  la  mare  du 
Chêne  penché ,  près  la 
routeBéfuet,dansla  forât 
d'Évreus,  Des  Idoles,  re- 
présentant la  protectrice 
de  la  maternité,  sous  la 
forme  d'une  femme  allai- 
tant un  et  quelquefois 
deux  enfants;  des  Apollon, 
des  Uercure,  des  Minerve 
etdes  Vénus  pour  les  grandes  Divinités;  des  Vases  à  parfums  en 
forme  d'animaux  ;  des  Attributs  représentant  des  lions,  des  pan- 
thères, des  ours,  des  lapins,  des  chiens  et  des  singes;  des  Bustes  et 
Portraits  d'hommes,  particulièrementde  femmes,  dont  quelques- 
uns  ont  une  valeur  artistique,  forment  à  peu  près  l'ensemble 
du  résultat  des  fouilles.  Les  plus  artistiques  sont  signés  Tiberius 
H. 


Figurine  giulaite  d«  m; 


162  POTERIES  OPAQUES 

OU  Naltus*,  ce  qui  pourrait  encore  indiquer  des  cëramisles  ro- 
mains. On  a  aussi  souvent  rencontré,  avec  ces  pièces  en  terre 
blanéhe,  des  vases  rouges  d'Arezzo,  ornés  et  vernissés;  des  pote- 
ries bronzées  à  ornements  appliqués,  des  vases  garnis  de  feuilles, 
exécutés  en  barbotine,  et,  enfin,  des  pièces  dont  les  ornements, 
taillés  par  la  meule  dans  Tépaisseur  de  la  surface,  sont  sem- 
blables aux  tailles  des  verres  de  Bohême  et  des  premières  por- 
celaines rouges  de  Bottger.  Les  figurines  et  bustes  gaulois  n'ont 
pas  de  piédestaux,  comme  ceux  de  la  Grèce  et  de  Rome;  leurs 
pieds  forment  des  culots  longs  et  creux,  disgracieux  et  trop 
étroits  pour  assurer  une  base  solide. 

Tudot,  le  regrettable  conservateur  du  musée  de  Moulins, 
auquel  on  doit  les  premières  découvertes  importantes  en  ce 
genre  et  unéminent  ouvrage  illustré  par  lui-môme  de  toutes  les 
œuvres  des  céramistes  gaulois*,  penche,  dans  plusieurs  endroits 
de  son  livre,  à  faire  remonter  Torigine  des  terres  cuites  gau- 
loises avant  Tère  vulgaire.  «  On  a  vu,  dit-il,  que,  dans  nos 
contrées,  l'importation  des  premiers  types  remontait  au  delà  de 
la  conquête  de  Jules  César,  j»  £t  ailleurs  :  «  La  Gaule  était  libre 
alors,  elle  avait  son  existence  propre,  et  un  mot  qui  ne  désigne 
que  l'époque  de  la  domination  romaine  serait  insuffisant,  d'au- 
tant plus  insuffisant  que  non-seulement  le  culte  des  idoles  pré- 
cède dans  la  Gaule  l'époque  romaine...  »  Il  motive  son  opinion, 
plus  loin,  par  des  raisonnements  historiques.  Pour  établir 
l'époque  où  a  commencé  l'introduction  de  la  mythologie  ro- 
maine dans  les  Gaules,  il  suppose  que  des  guerriers  gaulois,  qui 
livraient  en  390  avant  Jésus-Christ,  la  célèbre  bataille  de  V Allia 
(appelée  ainsi  d'après  la  rivière  de  ce  nom,  qui  se  jette  à 
quelques  lieues  de  Rome  dans  le  Tibre),  avaient  bien  pu  rap- 
porter, à  leur  retour,  quelques-uns  de  ces  dieux  figurés  en  sta- 
tuettes et  fabriqués  en  Étrurie,  qu'ils  avaient  vu  adorer,  et  qui 
peut-être  étaient  déjà  devenus  pour  eux  des  divinités  tuté- 
laires.  —  Partant  de  là,  Tudot  croit  pouvoir  faire  remonter  les 
premiers  essais  de  l'art  céramique  gaulois  bien  au  delà  de  l'ère 
chrétienne.  Quand  il  dit  :  «  L'art  grec  était  beaucoup  mieux 
connu;  peut-être  eût-il  été  plus  rationnel  de  placer  le  berceau 

i.  Voir  au  chapitre  de  la  Poterie  romaine  la  liste  des  noms  des  potkrs  ro- 
mains ou  gallo-romains. 

i.  Collection  des  figurines  en  argile,  œuvres  premières  de  l'art  gaulois,  avec 
les  noms  des  céramistes  qui  les  ont  exécutées.  Paris,  1860,  in-4'». 


EUftOPÉEfTNES.  163 

de  ces  petites  statuettes^  que  les  Gaulois  ont  imitées,  chez  les 
Hellènes,  »  il  va  beaucoup  trop  loin!  Les  dieux  lares  étaient 
bien  moins  en  usage  chez  les  Grecs  que  chez  les  Latins,  —  et  il 
^t  difficile  d'admettre  que  les  Gaulois  aient  cherché  leur  art 
chez  les  Grecs  ^.  Dans  tous  les  cas,  il  importe  moins  à  Tamateur 
de  connaître  d'où  Vidée  première  est  venue  aux  Gaulois,  que  de 
savoir  si  ces  figurines  sont  ou  romaines,  ou  imitées  d'après  celles 
des  Romams  par  les  Gaulois,  ou  si  elles  sont  d'invention  gau^ 
loise.  Je  pense  que  la  seconde  hypothèse  est  la  plus  rationnelle. 

Tudot  a  cité  dans  son  travail  plus  de  quatre  cents  noms  de 
céramistes^  tous  copiés  minutieusement  sur  les  empreintes 
estampillées  des  ligurines  et  poteries.  Je  crois  que  ce  sont 
là  vraiment  des  noms  de  céramistes  romains  et  non  pas  gau- 
lois, au  moins  la  plupart,  et  particulièrement  ceux  recueillis 
sur  des  modèles  dans  le  genre  des  poteries  d'Ârezzo.  On  sait  que 
les  lois  romaines  obligeaient  les  fabricants  d'ouvrages  en  argile 
à  marquer  leurs  productions.  Ces  lois  étaient  sans  doute  les 
mêmes  dans  les  Gaules  sous  la  domination  romaine.  Presque 
tous  les  noms  que  Tudot  donne  sont  latins.  L'habitude  des  Gaulois 
d'abandonner  leurs  noms  pour  prendre  des  noms  latins,  ne  s'est 
introduite  dans  les  Gaules  que  bien  longtemps  après  Jules  Cé- 
sar. La  production  gauloise  des  figurines  en  argile  est  pour  moi 
une  pure  imitation  romaine,  dont  la  première  manifestation  ne 
peut  dater  que  de  trois  à  quatre  cents  ans  de  notre  ère,  et  Tudot 
me  paraît  tTX)p  affirmatif  quand  il  dit,  à  la  page  46  :  «  Ce  n'est 
pas  seulement  un  nom  que  nous  pouvons  revendiquer,  c'est  en 
même  temps  un  art,  etc.  » 

Quand  Tudot  classe  les  plus  grossières  productions  aux  pre- 
mières époques  et  les  plus  artistiques  aux  dernières,  il  me 
paraît  se  tromper  complètement.  Mon  avis  est  qu'il  faut  classer 
les  belles  productions,  au  rebours  du  système  de  Tudot,  tout  au 

1 .  U  faut  cepeadast  obaerTer  qufi  les  Phéniciens,  qui  doivent  avoir  eu  des 
colomes  aux  côtes  de  la  Gaule  maritime,  comme  le  démontrent  les  nombreuses 
traces  dans  la  Basse -Bretagne  (entre  autres  la  Vioche-Moloch  de  la  petite  île  de 
Bas  ou  de  Batz,  yis-à*Tis  la  ville  de  Roskoff  [Finistère],  nom  de  roche  qui  indi- 
que l'endrott  où  les  Phéniciens  sacrifiaient  les  petits  enfants  à  leur  dieu  sangui- 
naire, ainsi  qu'une  pierre  à  lettres  cuniformes  trouvée  dans  l'île  par  mon  ami  le 
docteur  Denis,  à  Roskofi),  ont  pu  y  introduire  leur  mode  de  fabrication,  mais  il 
na  rien  de  commun  avec  celai  des  potiers  gaUo^roauàns  et  gaulds,  qui  avaient 
pris  leurs  modèles  chez  les  Romains.  Les  types  grecs  sont  tout  autres  et  se 
retrouvent  plutôt  dans  les  poteries  modernes  de  la  presqu'île  de  Guérande  ou 
amc  environs  de  Pomic  (Loire- Inférieure). 


164  POTERIES  OPAQUES 

commencement  de  la  production  gauloise;  imitées  d'abord  par 
les  barbares  avec  Taide  de  quelques  ouvriers,  artistes  ou  ap- 
prentis romains,  d'après  les  beaux  modèles,  elles  tombaient  à  la 
longue  jusqu'aux  grossières  productions,  trouvées  presque  dans 
toutes  les  fouilles.  )1  est  incontestable  que  cette  fabrication 
s'est  continuée  jusqu'à  l'époque  carolingienne  :  la  figurine  de 
la  femme  à  cheval  de  ma  collection  le  démontre.  Cette  figure,  qui 
représente  une  espèce  de  religieuse  en  habit  à  capuchon,  a  tous 
les  caractères  du  moyen  âge ,  —  et  son  exécution  est  aussi 
grossière  que  celle  de  la  Vénus  Anadyomène.  —  Des  figurines 
et  poteries  semblables,  sous  plusieurs  rapports,  ont  été  trouvées 
aux  bords  du  Rhin,  et  les  fouilles  du  Tannenberg,  dans  la  Hesse, 
ont  prouvé  que  Ton  imitait  encore  en  Allemagne,  au  dixième 
siècle  et  jusqu'au  quatorzième,  les  poteries  romaines  de  toute 
espèce.  Mais  si  je  ne  me  trouve  pas  ici  d'accord  avec  feu  Tudot, 
sur  la  valeur  artistique  et  sur  l'ancienneté  des  produits  gaulois, 
si  je  ne  puis  partager  son  admiration  pour  ces  ébauches  gros- 
sières, je  dois  cependant  reconnaître  qu'aucun  ouvrage  fran- 
çais du  môme  genre  ne  réunit  autant  d'exactitude  pour  les 
reproductions,  autant  de  minutieuses  et  savantes  investigations 
et  d'intéressantes  descriptions,  que  la  publication  deTudot,  à  qui 
appartient  aussi  la  priorité.  On  y  sent  la  main  de  l'artiste  guidée 
par  celle  du  savant.  Ce  qui  charme,  dans  ce  livre,  c'est  un  lan- 
gage élevé,  —  un  style  que  l'on  chercherait  vainement  dans  beau- 
coup d'ouvrages  archéologiques,  où,  souvent,  la  stérilité  du  lan- 
gage surpasse  encore  celle  du  sujet.  Tudot  avait  compris,  comme 
Humboldt,  qu'il  faut  donner  delà  couleur  aux  livres  de  science, 
pour  les  rendre  accessibles  à  un  plus  grand  nombre  de  lecteurs, 
et  que  la  vulgarisation  d'une  découverte  double  sa  valeur  réelle. 
Je  ne  puis  m'empécher  de  citer  textuellement  ici  la  description 
qui  accompagne  le  dessin  de  VEnfant  au  dauphin. 

«  D'après  la  tradition  antique,  les  âmes  des  justes,  montées 
sur  des  dauphins,  se  rendaient  aux  îles  des  bienheureux.  Ce 
texte,  si  précis,  fut  pour  nous  un  trait  de  lumière;  l'explication 
du  sujet  n'offrait  plus  d'incertitude  :  c'était  bien  ce  voyage 
représenté  avec  bonheur,  et  dont  l'idée  nous  a  été  transmise 
par  la  tradition.  Quelle  ravissante  inàage,  en  effet,  présente  à  la 
pensée  cette  jeune  âme  emportée  par  un  dauphin  et  souriant 
d'avance  au  bonheur  qui  l'attend  !  » 

La  formation  d'un  nouveau  musée^  à  Saint-Germain,  destiné 


EUROPÉENNES.  i65 

exclusivement  aux  antiquités  gauloises,  a  été  décrétée  depuis 
longtemps.  —  A  quand  Touverture?  M.  de  Longpierrier  pourrait 
peut-être  nous  le  dire. — Les  musées  de  Vannes  et  de  Nantes,  de 
Chartres  et  du  Mans,  possèdent  de  ces  statuettes  gauloises. 

On  trouve  à  la  collection  de  la  Société  des  Antiquaires,  à 
Manheim^,  en  Allemagne,  une  statuette  équestre  en  terre  cuite, 
rougeâtre,  toirte  semblable  à  celle  de  ma  collection,  dont  le 
dessin  a  été  donné  ci-dessus,  ainsi  qu'une  statuette  en  argile 
blanche,  représentant  la  Vénus  Anadyoméne ,  au  bras  droit 
relevé,  mais  vêtue  en  partie  d'une  robe  parfaitement  drapée. 
Ces  curieuses  poteries,  trouvées  dans  des  fouilles  opérées  à 
Herrenheim,  à  une  heure  de  Worms,  y  ont  été  sans  nul  doute 
fabriquées  par  des  Gaulois,  qui  à  ces  époques  y  avaient  des 
colonies. 

Poteries  alemànes  (du  deuxième  au  sixième  siècle)  et  frankes 
(du  troisième  au  sixième  siècle). 

D'une  fabrication  plus  grossière  même  que  celle  des  poteries 
Scandinaves  et  germaniques  de  la  première  époque,  on  ne  ren- 
contre presque  point  d'ornements  sur  les  poteries  frankes  et 
alemànes,  qui ,  confectionnées  aussi  en  terre  noirâtre  et  per- 
méable, sont  exemptes,  comme  les  premières,  de  grains  de 
quartz,  dont  la  pâte  des  poteries  lacustres  ou  celtiques  seule  est 
parsemée. 

Il  existe  des  contrefaçons  de  cette  poterie,  probablement  faites 
à  Niirnberg  ;  j'en  ai  trouvé  dans  le  musée  germanique  et  dans 
la  collection  du  colonel  de  Gemming;  c'étaient  des  gobelets  ou 
plutôt  des  cornets,  où  la  légèreté  de  la  pâte  et  des  ornements 
appliqués  à  la  barbotine  me  les  ont  fait  de  suite  reconnaître. 

POTERIES  OPAQUES  ALLEMANDES 

(Voir  aussi  aux  chapitres  qui  traitent  des  poteries  germaniques 

alemànes  et  frankes.) 

Les  poteries  opaques  allemandes  peuvent  se  diviser  en  cinq 
écoles,  dont  quatre  assez  distinctes  : 

I.  U École  saxonne  ou  du  nord]  y  compris  les  produits  silésiens 
et  bohémiens,  qiii  est  la  plus  ancienne,  car  la  poterie  de  Schlestadt 

1 .  C'est  un  commencement  de  collection  de  poteries  lacustres  ou  celtiques, 
romaines  et  gallo-romaines ,  alemànes  et  frankes,  armes,  sculptures  en  bois  et 
en  pierre,  etc.,  etc. 


i66  POTERIES  OPAQUES 

est  rest^  indéterminée  et  les  époques  de  celles  de  Regenslrarg 
et  même  de  Baireuth  ne  peuvent  être  fixées  avec  certitude. 
C'est  de  la  Saxe  que  la  fabrication  est  entrée  en  Bohème  et  en 
Autriche,  par  la  Silésie,  ce  qui  m'a  déterminé  à  joindre 
les  poteries  de  la  Bohème  à  la  division  qui  traite  de  l' école  du 
nord.  Le  plus  célèbre  peintre  céramiste  de  cette  école  était 
Schaper,  de  Harburg.  ' 

H.  V École  franconienne,  qui  embrasse  tous  les  produits  céra- 
miques de  la  Francooie,  appartenant  en  majeure  partie  à  la 
Bavière  ;  dérivée  de  l'école  saxonne,  elle  a  été  particulièrement 
illustrée  par  la  famille  des  Hirschvogely  de  Nurnberg. 

m.  V École  souabe,  qui  florissait  dans  le  quinzième,  et  par- 
particulièrement  durant  le  seizième  siècle  ;  un  de  ses  plus  cé- 
lèbres artistes  était  Hans  Kraut,  de  Villingen.  Vers  le  milieu 
du  seizième  siècle,  cette  école  s'est  répandue  en  Suisse^  en 
entrant  par  TArgovie,  du  côté  de  la  Forêt-Noire.  La  peinture 
céramique  fut  grandement  et  de  tout  temps  exercée  en  Suisse, 
par  des  peintres  céramistes  allemands  nomades,  et  durant  le  dix- 
septième  siècle,  par  la  célèbre  famille  des  Pfauw  et  autres  céra- 
mistes de  Winterthur,  qui  sont  les  auteurs  des  plus  beaux  poêles. 

IV.  V École  rhénane,  qui  a  produit  presque  exclusivement 
des  grès  ;  ce  sont  ces  célèbres  poteries  artistiques  connues  sous 
la  fausse  désignation  de  grés  de  Flandres,  Comme  les  grès  de 
Regensburg  (Ratisbonne)  sont  encore  trop  peu  déterminés,  j'ai 
dû  éviter  leur  classement  rigoureux. 

V.  Écoles  bavaroise  et  autrichienne,  y  compris  les  produc- 
tions de  la  Styrie  et  du  Tyrol,  qui  se  sont  signalées  par  de 
nombreux  poêles. 

YI.  Toteries  opaques  allemandes ,  de  localités  inconnues  ou 
indéterminées. 

Personne  n'avait  jusqu'ici  fourni  le  moindre  éclaircissement 
sur  ces  localités  où  ont  été  fabriquées  les  poteries  et  faïences 
dites  du  moyen  âge  ;  presque  tous  les  écrivains  les  ont  cher- 
chées en  Italie,  où  Ton  ne  pouvait  pas  les  trouver.  Dans  le 
chapitre  :  Céramique,  à  la  fin  du  quatrième  volume,  le  Mùyen 
(îge  cHa  Renaissance,  publié  par  MM.  Paul  Lacroix  et  Ferdinand 
Seré,  les  auteurs  reconnaissent  l'existence  de  cette  lacune  quand 
ils  disent  :  a  L'histoire  céramique  du  moyen  âge  est  encore 
couverte  d'un  voile  qui,  probablement,  doit  rester  impénétra- 
ble. En  effet,  malgré  les  investigations  incessantes  des  comités 


lUlOFÉIHlIES.  167 

locaux^  malgré  la  mise  en  lumière  de  chartes  Dombreuses,  riea 
n'est  venu  résoudre  Jes  incertiUides  de  rarchéologue  touchant 
les  lieux  où  la  fabrication  de  ces  poteries  a  pris  naissance.  » 
Je  tâcherai,  dans  ce  chapitre,  de  remplir  la  lacune. 


ÉCOLES  SAXONNE  OU  DU  NORD 

Y  COMPRIS  LES  PRODUITS  SILÉSIENS  ET  BOHfMIENS. 

Sur  le  WacBOw,  ville  mecklemboargeoise. 
TERRES  CUITES  Â  ÉMAIL  STARinVÈRB.  ii50  à  1200 

Le  musée  germanique  à  Niirnberg  possède  des  carreaux  de 
pavage  à  émail  stannifère  bleu  et  blanc ,  provenant  de  l'église 
de  Saint-Pierre,  àRostock,  et  qui  ont  été  donnés  par  M.  Millier, 
collectionneur  à  Leipzig. 

STBElIEiA,  njLHLBKBO,  «^MSAIVRA,  (IMftESDKM?), 

CiAMEllS  et  aulrefl  localltéfl  de  la  Tallée  de  l'Elbe. 

Terres  cuites  au  vernis  plombifère.  De  HOO  jusqu'à  ce  jour. 
Terres  cuites  sans  couverte  ,  carrelage  sur  mosaïque.  1  i  00 

à  1250. 
Terres  cuites  emaillées. 

On  voit  au  Musée  des  objets  d'art  saxons  du  moyen  âge,  à 
Dresden,  plusieurs  fragments  de  carreaux  en  terre  cuite,  pro- 
venant du  couvent  de  Zelle,  situé  à  dix  lieues  de  Dresden,  et 
remontant  au  douzième  ou  au  treizième  siècle.  Il  y  en  a  de 
noirs  et  de  rouges,  dont  quelques-uns  sont  bordés  de  blanc. 

Une  chaire^  en  terre  cuite  émaillée  (?),  à  la  date  de  i  545,  du  po- 
tier Melchior  Tatze,  né  en  1521,  existe  encore  à  Strehla.  Cette 
ville,  dont  le  nom  vient  de  Sreyl,  qui  signifie  flèche^  en  langue 
wende,  et  qui  se  trouve  déjà  mentionnée  comme  m7ken  1238,  est 
connue  depuis  huit  cents  ans  pour  ses  poteries  de  toutes  sortes. 

La  chaire,  oBuvre  d'artiste,  repose  sur  le  bras  droit  d'une 
figure  de  grandeur  naturelle  représentant  Moïse,  qui,  suivant  la 

t .  Gette  fléchi  fait  partie  des  armes  de  Strehla. 


168  POTERIES  OPAQUES 

manière  de  l'époque,  porte  des  cornes,  et  tient  les  tables  de  la 
loi  de  la  main  gauche.  Au-dessus  de  la  porte  de  celte  chaire,  on 
voit  Dalila  coupant  les  cheveux  à  Samson,  et,  au-dessous,  le 
môme  Samson  emportant  les  grandes  portes  de  Gaza.  Les  quatre 
évangélistes,  en  haut- relief,  au  pied  de  la  chaire,  sont  entourés 
de  feuillages  verts  [vernis  de  cuivre  (?)].  Au-dessus  d'eux,  huit 
grandes  plaques  à  sujets  en  relief  aux  inscriptions  suivantes  : 

In  fyrincipio  creavit  Deus  cœlum  et  terram.  (Genesis,  i.) 

Abraham  credito  Deo  reputatum  est  illi  ad  justitiam,  (Rom.,  iv.) 

Dominue  dédit,  Dominus  abstulity  sit  nomen  Domini  benedictum.  (Ibid.,  i.) 

Puer  natus  est  nobis  et  filius  datus  est  nobis.  (Esaiœ,  ne.) 

Christus  mortuus  est  propter  peccata  nostra  et  resurrexit  propter 
justificaticmem  nostram.  (Rom.,  iv.) 

Ascendit  in  altum,  captivam  duxit  captivitatem  et  dona  dédit 

hominibus.  (Eph.,  iv,  8.) 

Organum  electum  est  mihi  ipsi  ut  portet  nomen  meum  coram  gentibus 

ac  regibus* 

Inde  venturus  est  judicare  vivos  et  mortuos. 

La  chaire  est  assez  grande  pour  donner  une  placé  suffisante 
au  prédicateur. 

A  l'intérieur  du  pied,  là  où  se  trouve  Moïse,  l'artiste  a  placé 
l'inscription  suivante  : 

Im  Jahre  Christi  Geburth  1565,  ist  dièse  Kanzel  Gott  zu  Ehren  gemacht 
durch  Michael  Melchior  Tatzen^  Tôpfer  und  Bildschnitzem  zu  StrehUif 
meines  alters  im  24  Jahr. 

Le  docteur  Klemm  a  déjà  parlé  de  cette  curieuse  chaire  dans 
le  Sammler  de  1837,  où  il  cite  aussi  V autel  de  la  môme  époque, 
également  en  terre  cuite  émaillée,  qui  se  trouve  à  Pulnitz. 

Terre  cuite  a  émail  stannipére.  1207 

Le  couvent  de  Saint-Paul,  dont  la  première  construction  fut 
entièrement  achevée  en  1207,  avait  une  frise  composée  de 
grandes  briques  émaillées,  où  les  sculptures,  en  haut  relief, 
représentaient  des  têtes  de  Christ,  de  saints  et  d'apôtres.  Lors 
de  la  démolition  du  couvent,  pour  faire  place  à  l'Université 


EUROFËEHNES.  (69 

actuelle,  plusieurs  furent  replacées,  d'autres  brisées  ou  ven- 
dues. Deus  furent  acquises  par  le  Musée  japonais  et.  le  Musée 
d'objets  d'art  national  du  moyen  âge  à  Dresden.  Un  troisième 
fait  partie  de  ma  collection.  On  n'en  connaît  pas  d'autres. 
C'est  une  brique  carrée  de  35  centimâtres  sur  4S  centimètres 
de  grandeur,  l'épaisseur  de  5  centimètres  1/2  en  comptant  le 
haut  relief,  mesure  13  centimètres.  Le  sujet  du  modelage  est 
une  tête  du  Christ ,  espèce  de  Vér<mique  '  où  la  figure  est  re- 


Brique  éœailtée  du  Ireïiïéoie  siècle.  De  ma  colleclîoa. 

présentée  sans  souffrance,  telle  que  les  artistes  la  concevaient 

I.  Sudariam  lonelum,   Vironiqae,   VemacU,  en  italien  Vollo-Santo,  da 


latin  ( 


linge  gudGi  miracuie 


-  Kero-id. 
iroieoBÙl,  Buirtnt  la  légende,  ■ 
e  linge,  Vironiqus,  qui  esBUTa^a  fa 
nx  sur  le  ebeinln  de  Galgolha,  ou  ap 


m  linge  qi 
linuren 


image.  Il  ne  laut  cependant  pu 


i70  POTERIES  OPAQUES 

et  l'exécutaient^  du  dixième  au  treizième  siècle  S  et  où  tout 
est  dans  le  caractère  byzantin. 

Ces  briques,  recouvertes  d'^mm^  en  trois  différentes  nuances^ 
sont,  aussi  bien  que  les  carreaux  de  Rostock  et  le  monument 
de  fireslaw,  de  la  plus  haute  importance  pour  l'histoire  céra- 
mique; elles  prouvent  une  fois  de  plus  que  la  faïence  à  émail 
stannifère  s'est  fabriquée  dans  le  nord  de  l'Allemagne  deux 
cents  ans  avant  celle  de  Luca  délia  Robia  de  Firenze  (Flo- 
rence) à  qui  la  vieille  routine  continue  toujours  encore  à  en 
attribuer  l'invention. 

L'émail  qoi  recouvre  cette  brique,  d'un  vert  nuancé  graduel- 
lement jusqu^au  noir,  est  très-beau,  très-épais  et  d'une  grande 
dureté.  Les  chairs  de  la  tête,  les  cheveux,  la  barbe  et  les  yeux 
sont  coloriés.  Le  fond  est  également  sur  émail. 

BRESIiAIT, 

Capitale  de  la  Silésie  prassiemie. 

Terre  ciite  a  émail  stannifère.  Grande  sculpture.        1290 

Une  œuvre  capitale,  dont  l'ancienneté  et  les  dimensions  dé- 
passent de  beaucoup  les  ouvrages  de  poterie  émaillée  de  tous 
les  pays,  se  trouve  à  Breslau.  (Voir  le  dessin,  page  171.) 

Cette  céramique,  aussi  bien  que  celle  de  Leipzig,  prouve  par  sa 
date  que  l'Allemagne  du  nord  a  déjà  produit  même  des  terres 
cuites  émaiUées  à  l'étain  en  grande  sculpture,  deux  cents  ans 
avant  les  Italiens.  C'est  dans  le  presbytère  du  Kreutzkirche 
(église  de  la  Croix),  bâtie  en  1280,  que  se  trouve  ce  monument, 


confondre  celle  sainte  femme  avec  la  sainte  Véronique  canonisée,  née  à  Milan, 
et  morte  dans  cette  Tille  en  1497,  que  l'on  fête  le  13  jauTier.  L'adoration  du 
linge  véronique  remonte  plus  haut. 

Un  bref  de  l'année  1011  établit  te  culte  de  cette  Vera-icon,  que  l'on  trouve 
déjà  reproduite  sur  les  belles  planches  du  maître  graveur  boUaadais  dès  1466. 

1 .  Ce  n'est  qu'à  partir  du  quatorzième  siècle  que  l'on  trouve  exprimées  dans 
les  traits  des  Christs  la  douleur  et  la  souffrance  de  l'hoaune. 

M.  SaWetat,  chimiste^  probablement  trop  peu  versé  lui-même  dans  les  études 
archéologiques,  s'est  référé,  dans  une  note  ajoutée  à  la  traduction  de  l'ouvrage  de 
M.  Marryal,  an  jugement  d'une  fort  plaisante  autorité,  qui  voudrait  attribuer  cette 
tête  au  quinzième  siècle.  Je  renvoie  M.Salvetat  à  la  noten*  1  du  chapitre  qui  traite 
plus  loin  des  faïences  de  Regensburg  (Batisboone)  ;  il  y  verra  que  Ton  connaît 
des  signes  cert^flns  pour  fixer  les  époques.  Je  sais  bien  que  le  convent  dont  il 
s'agit  ici,  a  été  reconstruit  en  grandN;  partie  à  la  findn  quatorzième  siècle;  mais 
les  têtes  de  la  frise  datent  évidemment  de  la  construction  primitive. 


EUBOFÊEHHES. 


172  POTERIES  OPAQUES 

tombeau  du  duc  Heinrich  IV  de  Silésie  *,  fondateur  de  l'église, 
et  qui  fut  érigé  après  sa  mort  en  1290.  Dans  la  forme  d'un 
sarcophage  entouré  de  vingt  et  une  figures  et  autant  de  têtes 
d'anges  en  bas-relief,  on  voit  la  figure  en  pied  et  de  grandeur 
naturelle  du  duc,  couché  en  cotte  de  mailles  et  de  cohardi,  et 
recouvert  du  manteau  d'hermine  orné  des  aigles  silésiennes. 
Coiffé  du  diadème  ducal,  sa  main  droite  tient  le  sceptre-glaive 
et  sa  main  gatiche  l'écusson  aux  armes  de  sa  maison ,  l'aigle 
silésien,  taiïdis  qu'un  autre  écusson  est  orné  de  Taigle  polo- 
naise. Autour  l'inscription  latine  : 

Hen.  quartvsj  mille  tria  C.  minus  X,  obiit  ille  egregiis  annia  Sileaiœ 
Cracov,  Sandomiriae  Dux,  nocte  Joannis. 

Henri  IV,  mort  en  1290  dans  la  nuit  de  Saint-Jean,  à  la  fleur,  de  Tige, 
comme  duc  de  Silésie,  de  Cracovie  et  de  Sandomir. 

La  tête  de  la  statue  couchée  est  naturelle  et  vraie  d'expres- 
sion. Les  plis  du  manteau,  creusés  Irès-profondément,  déno- 
tent une  grande  hardiesse  et  beaucoup  de  sûreté  de  la  cuisson. 
Les  détails  sont  minutieux  et  reproduits  d'après  nature;  les 
couleurs  des  émaux,  belles  et  vives.  Le  rouge^  d'une  grande 
vigueur  et  le  vert  qui  dominent,  sont  de  la  même  nuance  que 
ceux  de  l'école  deNUrnberg.  L'ensemble  de  Tœuvre  est  exécuté 
dans  le  style  du  premier  gothique  allemand,  ou  plutôt  dans  le 
style  de  transition  du  roman  au  gothique.  Les  bas-reliefs  du 

1.  Son  épitaphe  a  été  placée  sous  une  des  fenêtres,  en  même  temps  que  le 
monument,  en  1290,  l'année  de  sa  mort. 

Breslau  était,  jusqu'au  commencement  du  treizième  siècle,  sous  la  suzeraineté 
polonaise.  Ancienne  capitale  d'évêché,  la  ville  obtint,  en  1261,  les  droits  et  pré- 
rogatives de  Magdeburg  et  devint  la  capitale  des  ducs  allemands  de  Silésie,  qui 
s'intitulaient  en  même  temps  ducs  de  Cracovie  et  de  Pologne.  Le  premier  de  ces 
ducs  était  Heinrich  P'',  le  Barbu ,  mort  en  1238,  le  mari  de  sainte  Hedwig;  le 
second,  Heinrich  II,  surnommé  le  Pieux,  est  mort  sur  le  champ  de  bataille,  con- 
tre les  Mongols,  en  1241  ;  Heinrich  III,  qui  agrandit  beaucoup  sa  capitale, 
le  suit  ;  après  lui  vient  Heinrich  IV,  dit  Probus^  réputé  par  la  bonté  de  son  ca- 
ractère, et  célèbre  comme  Minnesinger  (troubadour).  Celle  maison,  qui  régnait 
à  peu  près  depuis  cent  ans,  s'éteignit  avec  Heinrich  VI,  mort  en  1335.  L'empe- 
reur Karl  IV  incorpora  entièrement  ce  duché,  en  1355,  au  royaume  de  Bohême. 
—  Il  devint  autrichien  en  1526  et  fut  conquis  par  Frédéric  le  Grand  en  1741. 
C'est  aujourd'hui  une  des  provinces  les  plus  patriotiques  de  la  Prusse.  Breslau 
adhéra  entièrement  à  la  Réforma  dès  1523. 

2.  Le  rouge  au  grand  feu,  que  les  Italiens  n'ont  jamais  pu  obtenir,  se  rencontre 
seulement  aux  anciennes  époques,  dans  quelques  faïences  asiatiques  et  allemandes  ; 
plus  tard ,  on  le  retrouve  chez  les  Hollandais  et  dans  les  faïences  de  Rouen  ;  le  rouge 
des  faïences  françaises  du  dix-huitième  siècle  n'est  ordinairement  qu'en  décor  au 
petit  feu  de  réverbère.  Le  poêle  armorié,  du  quinzième  siècle,  au  musée  ger- 
manique, montre  également  du  rouge,  et  un  très-beau  rouge. 


EUROPÉENNES.  i73 

sarcophage  montrent  encore  le  plein-cintre,  et  les  rockets  (ro- 
chetum) ,  bien  plus  courts  que  le  surplis  (superpelliceum)  dont 
les  figures  des  prêtres  du  bas-relief  sont  revêtues,  indiquent 
par  leurs  manches  étroites  et  par  leur  peu  de  largeur  les  ro- 
chets  à  manches  brodées  des  évoques  et  des  chanoines  de  la  fin 
du  treizième  et  du  commencement  du  quatorzième  siècle. 

Le  nom  de  l'artiste  est  inconnu.  C'est  là  certes  la  plus  grande 
sculpture  ancienne  connue  en  terre  cuite  émaillée.  Voilà  donc  in- 
contestablement encore  uneœuvre  allemande  du  treizième  siècle. 

M.  Salvetat  a  encore  fait  observer  dans  une  de  ses  notes  à  mon 
adresse,  ajoutées  à  la  traduction  de  l'ouvrage  de  M.  Marryat,  que 
rien  ne  prouve  que  le  monument  de  l'église  de  la  Croix  de  Breslau 
n'ait  pas  été  exécuté  un  ou  plusieurs  siècles  postérieurement 
à  la  mort  du  duc,  malgré  la  parfaite  concordance  du  cos- 
tumé et  du  caractère  avec  la  fin  du  treizième  siècle.  Per- 
sonne n'ignore  pourtant  aujourd'hui  que  les  artistes  du  moyen 
âge  et  même  souvent  ceux  des  siècles  suivants  (comme  par 
exemple  ceux  de  toute  l'école  hollandaise  du  dix -septième 
siècle)  ne  tenaient  aucun  compte  de  Thimatiologie  ;  les  ana- 
chronismes  les  touchaient  fort  peu.  Ils  copiaient  dans  leurs 
œuvres  les  armes  et  les  costumes  de  leur  temps  et  tels  qu'ils 
les  voyaient  passer  tous  les  jours  devant  leurs  fenêtres.  Si  un 
artiste  du  quinzième  siècle  avait  modelé  ce  monument,  le  duc 
serait  représenté  en  costume  du  quinzième,  et  tout  le  reste  aurait 
certes  les  caractères  de  l'époque  de  l'exécution  postérieure. 

A.IJBECK,  WISIUAB,  I^lJIIEBVBCt  et  BBAlIBElIBVBCfr. 

Terres  cuites   au  vernis  plqmbifère   ou  a  l'émail   stan- 
NiQUE  (?).  1300  à  1600 

Les  murs,  les  piliers  et  même  les  plafonds  des  plus  anciennes 
églises  de  ces  villes  du  nord  de  l'Allemagne,  datant  du  quator- 
zième siècle  ,  sont  entièrement  revêtus  de  terres  cuites  émail- 
lées  (?)  ou  vernies,  et  on  y  rencontre  en  outre  nombre  de  maisons 
de  la  Renaissance  également  ornées  de  sculptures  céramiques.  A 
Luneburg,  il  y  a  tout  un  clocher  qui  surmonte  la  principale 
église  qui  est  construit  en  poterie  émaillée  (?)  à  jour.  L'église  de 
Sainte-Catherine  à  Brandenburg  montre  dans  ses  nefs  latérales 
des  ornements  et  statues  en  terre  cuite  émaillée  (?)  vert,  datant 

du  quinzième  siècle. 

45. 


l7i  POTt&IES  OPAQÏIES 

T£aiU£  GUITJS  A  ÉMAIL  STAN2IIFÈAE.  YcrS  1400 

Daas  uae  salle  de  ÏArius-Hof,  actuellement  la  bourse  de 
Dantzigt  construcUofi  achevée  au  quatorzième  siècle,  se  trouve 
un  énorme  poôk  de  plus  de  vlagt  pieds  de  grandeur.  Ce  poêle 
en  terre  cuite  à  émail  stannifère  polychrome,  et  dont  les  bas- 
reliefs  représentent  toutes  sortes  de  sujets,  en  partie  humoris- 
tiq4ie5,  date  du  comiBencement  du  quinzième  siècle. 

Le  concierge  qui  le  montre  aux  étrangers  a  la  facétie  de  les 
engager  d'étreindre  ce  poôle  pou  ren  mesurer  la  largeur,  et  chaque 
fois  que  le  visiteur  suiit  \e  conseil,  sa  bouche  se  trouve  juste 
appliquée  sur  les  fesses  nues  d'un  paysan,  que  l'ingénieux  potier 
a  ^gudrëeÀ  cet  effet  au  milieu  et  à  la  hauteur  convenable. 

€ette  CaiTce  a  fait  déjà  deivuis  des  siècles  les  délices  des  con- 
cierges '€(  des  coovpagnoos  qui  font  leur  tour  d'Allemagne^  et 
coatiAue  encore  aujourd'ihui  de  les  charmer. 


UJLliJBKBSTADT 

Ville  prussienne  dans  laproTiace  de  Saxe. 

Faïence  a  émail  stannifërk.  Vers  i.4(K) 

Un  poéie  en  faïence  à  émail  stannifère  polychrome  dont  les 
carreaux,  tie  petite  dimension,  sont  tous  ornés  de  bas- reliefs, 
à  iigiires  en  costumes  de  ]'ëpoq<ue,  se  trouve  dans  la  maisou  de 
M.  Hahn^  inarchand  de  toiles,  à  Halberstadt.  Le  Musée  germa- 
nique à  Nurnberg  possède  les  photographies  de  ce  poêle. 

CtAIVG)  en  Bohême. 

Terre  cuite.  Vers  1450 

D  y  a  dans  l'église  de  cette  localité  une  chaire  en  terre  cuite 
(émaillée  ou  vernissée)  dont  le  Musée  germanique,  à  Niirnberg, 
possède  un  dessin  que  M.  le  directeur  Essenwyn  a  eu  l'amabilité 
de  me  faire  photographier.  Cette  chaire  est  signée  : 

Hayek  ou  Raysek, 

Si  la  sigTiaïiire  -est  Raysek,  ce  serait  celle  d*un  célèbre  ar- 
dsitecte  de  cette  époque,  et  non  pas  d'un  céramiste. 
(Tx)irle  dessin  qui  reproduit  celte  chaire,  dans  l'appendice). 

liTAliDSHlilJBCt,  prés  ClieiiiiiUsj  en  «axe. 

Tbrre  cuite  au  vernis  minéral.  15^0  à  1682 


1«C*&I1^  IHCVIIHVB*  DE  tA  «AXK. 

Teubbs  criTES.  a  reliefs  éuaillés  en  polychbome.  Durant  le 

dix-septième  siècle. 

Les  émaux  polychromes  en  émail  slannifère  sont  brillants 
et  peints  ordinairement  sur  des 
bas-reliefs  et  sur  un  foud  en 
vernis  minéral  brun-noir.  Cette 
poterie,  consistant  le  plus  90U' 
vent  en  cruches,  ressemble  osai 
grés  de  Creusseu,  mais  on  n'a 
qu'à  prendre  le  couteau  pour 
s'apercevoir  que  la  pâte  est  en 
terre  cuite  qui  s'entame  facile- 
ment. 

Une  cruche  de  21  centimètres 
de  hauteur  de  ma  collection,  à 
reliefs  émaillés  et  doré«,  montre 
sur  la  panse  les  armes  de  l'em- 
pire, l'aigle  à  deux  tètes. 

Une  semblable  cruche,  mais  c*"~v~ 

décorée  seulement  de  palmeltes  *&<i/ 

blanches,  bleueset  jaunes  et  de  '^'p°,,"™""e™c'^i'^éed'ém!i^ 
grappes  de  raisins ,    sur   fond      siuDiCèm  poijciuèmït.  De  n» 
brun-noir,  se  trouve  à  la  collée-      «fJieciion. 
tien  Sauvageot  au  Louvre,  où  le  catalogue  l'a  classée  par  erreur 
parmi  les  grès. 

BUHZIAU,  rrèa  UecnlM,  en  ProMc. 

Gbès  gus-brun,  a  guçueb  alcalins  brune:,  ooulkvr  cape  ad 
LAIT.  ISM  jusqu'à  ce  jour. 

Oes  célèbres  fabriques  produisent  encore  aujourd'hui  tout» 
sortes  de  vaiBselles,  entre  autres  des  cafetières,  que  Ton  appel- 
lerait, en  France,  à  cause  de  leurs  formes,  chocolatières;  elles 
sont  seulement  émaiilées  à  l'extérieur.  Les  produits  des  der- 
niers siècles  se  distinguait  de  ceux  de  nos  jours  par  leurs  or- 
mments  en  relief,  en  pâte  jaune  mat,  qui  consistent  ordinaire- 
ment en  branchages,  fleurs  et  armoiries. 
Il  s'y  est  aussi  fait  de  ces  grès  décorés  et  dorés,  mais  ils 


s  OPAQUES 

sont  excessivement  rares.  Un  de]  ces  demi 


Dans  une  localité,  tout  ] 
mistea  ont  construit  tout  i 


une  cafetière 
trouve  dans  ma  collec- 
tion, porte  les  armes  de  Prusse 
coloriées  en  bleu  et  rouge  à  la 
place  de  blanc  et  noir  ;  elle  est 
ornëe  de  branchages  dorés.  Le 
bouton  qui  imito  le  tricorne  du 
grand  Frédéric  et  les  armes 
prussiennes  indiquent  qne  la  fa- 
brication de  cette  pièce  date 
d'une  époque  postérieure  à  la 
conquête  de  la  ville  ((742)  qui 
était  auparavant  saxonne.  Ce 
genredegrès  appartient  exclusi- 
vement à  Bunzlau  et  n'a  pu  être 
imité  nulle  part;  il  est  très-dur 
et  très- 6 n  de  grain. 

11  existe  aussi  â  Bunzlau  un 
pot  qui  dépasse  en  grandeur  et 
en  célébrité,  le  fameux  tonneau 
de  Heidelberg,  puisque  annuelle- 
ment la  corporation  des  potiers 
y  dine  autourd'une  grande  table 

de  Bunzlau,  d'ingénieux  céra- 
orgue  en  lerre  cuite. 


H&BBBRS)  anr  l'BIbe,  tI>-*-tU  de  IMMhnrs. 

FAtESCBA  ÉMAII.  STANNIFÈBE.  1620  à  1670. 

Johann  Shapper  ou  Shaper,  né  k  Harburg  vers  ta  an  du 
seizième  siècle,  florissait  de  1620  à  1670  (menlionnë  déjà  par 
Doppelmayer).  Peintre  renommé  sur  verres  et  gobelets  de  cristal 
dont  les  décors  sont  fixés  au  feu  de  four,  il  est  encore  plus  cé- 
lèbre par  ses  peintures  sur  faïence  et  peut  être  appelé  le  plus 
grand  peinirecéramisteallemand  ancien.  La  réputation deScha- 
per,  connu  jadis  uniquement  parmi  les  amateurs  en  Allemagne, 
est  devenue  européenne,  depuis  la  publication  de  mes  Guides, 
puisque  personne  ne  peut  contester  la  valeur  si  éminemment 
artistique  de  ses  œuvres,  toutes  exécutées  à  la  loupe  et  avec 


EUROPÉENNES.  1 77 

une  finesse  incroyable.  Les  peintures  de  Schaper  sont  ordinai- 
rement en  camaïeu  noir,  et  plus  rarement  en  polychrome, 
souvent  signées  en  toutes  lettres  : 

L  SCEAPER, 

quelquefois  de  son  monogramme,  un  I  et  un  S  réunis;  mais 
toujours  si  imperceptiblement,  qu'il  faut  prendre  la  loupe  pour 
trouver  signature  ou  monogramme. 

Un  verre  peint  par  ce  maître  se  paye  aujourd'hui  cent  francs, 
un  vase  ou  cruchon  en  faïence  jusqu'à  cinq  cents  francs.  Mort 
le  3  février  J670,  ses  élèves  ont  produit  à  la  môme  époque  de 
fort  jolis  ouvrages  dans  le  genre  du  maître,  mais  le  plus  sou- 
vent sans  leurs  signatures.  La  seule  signature  que  j'ai  pu 
recueillir  est  celle-ci  : 

Bendert  ou  Bomkerf, 

qui  se  trouve  sur  un  verre  de  la  collection  Pikkers,  à  Nûmberg. 
—  Cette  signature  me  paraît  celle  d'un  Hollandais. 

Les  œuvres  des  élèves  de  Schaper  sont  également  recherchées 
et  se  payent  souvent  aussi  cher  que  celles  du  maître  lui-même; 
mais  la  touche  artistique  et  pleine  de  génie  du  maître  ne  s'y 
rencontre  pas. 

Un  pot  ou  cruchon  à  anse,  de  ma  collection,  émaillé  de  blanc 
et  de  quatorze  centimètres  de  hauteur,  est  décoré  en  camai'eu  noir 
d'un  médaillon  encadré  de  superbes  ornements  de  style  de 
renaissance  '  et  où  le  sujet  représente  des  ruines  dans  un  paysage 
animé  de  trois  figures,  parmi  lesquelles  un  seigneur  à  cheval.  Le 
tout  est  exécuté  avec  une  finesse  incroyable  en  champ  levé  à  la 
manière  des  vitraux  suisses  du  seizième  siècle,  sans  que  l'ensem- 
ble ait  du  léché  et  du  mesquin.  Ce  pot  porte  le  monogramme  : 


(Voir  la  reproduction  de  cette 
faïence  dans  l'appendice.) 


I.  C'est  la  fin  de  la  Renaissance.  Il  y  a  l?eaucoup  de  mascarons;  mais  ces 
mascarons  sont  admirables  de  physionomie  et  de  caractère. 


178  FOTEKIES  OPA<}fJES 

Une  semblable 'OéTanriqu©,  mais  moins  riche  en  omementa- 
4âmi,  appartennDtà  M.  Pikkers^  àNurnberg,  est  signée  : 

lOH.  SCHAPER.  1665. 

Le  musée  de  Sigmaringen  possède  un  très-joli  pot  à  anse,  un 
peu  plus  grand  et  signé  en  toutes  lettres.  S.  M.  le  roi  Ferdinand 
de  Portugal  a  fait  acheter  à  la  vente  ëe  la  collection  Hertel, 
à  Mmberg,  deux  exemplaires  signés  de  même. 

Les  verres  7005,  7007  à  70!2,  au  musée  de  Kensington,  me 
paraissent  l'œuvre  des  continuateurs  de  Tartiste  ;  mais  le  n<*  7006 
porte  ia  ^gnature. 

AlUiSXAllV,  jprè«  d'Srlnrtti. 

Faïence  a  émail  stannifèbs.  â  partir  de  vers  1750 

M.  T.  Staniforth  de  Storrs,  Windermere,  possède  une  faïence 
au  décor  camaïeu  bleu^  qui  est  signée  : 

Pinxit  J.  G.  Hiegel  ou  Fliegel 
Amstadt  cL  9  may  1775 

HVBEBTlJtiBIJRO,  en  S«xe. 

G&È8A  GLAÇURE  ALCAUNE.  1784 

Fabrique  établie  par  le  èomte  Marcolini,  le  môme  qui  fut  mi- 
nistre et  directeur  de  la  fabrique  de  porcelaine  à  Meissen.  On  y 
a  imité  en  outre  les  poteries  de  Wedgwood» 

TEIMITZ,  en  Bohême. 

Fa^nge  a  email  stannifècus.  Vers  4  790 

W^lhyj  potier,  a  marqué 


vbahkvijbt-s.-o.  (Prusse). 

Faïences  en  gbes.  Époque  actuelle. 

MM.  Mattschass  jiume  eifih,  iabricanlis. 


BUIOPÉKNNES.  479 

MM.  Paetsch  et  Eintze,  fabricants. 
M.  Stahl,  fabricanl. 


Tebbiss  cuites.  Époque  actuelTe. 

M.  Jannasch,  fabricant.  (Voir  aussi  pour  ses  porcelaiiies 
dures») 

HOHCnSTElir,  pré0  TepUte,  en  Bohème. 

POTERIES  FINES.  Époquo  actuello. 

F  M.  J.  de  y.  Haffzkyy  fabricant. 

Eckardstein,  Belgem,  près  Merseburg,  Konigsbergy  Rheins- 
berg,  Bresîau  et  Naumburg  sont  cités  dans  un  ouvrage  statis- 
tique de  la  Prusse,  de  1826,  comme  centres  de  fabrication  de 
poteries  de  toute  sorte;  Bonn,  Yalendar,  Magen,  Tonnigstein, 
Langenwerth  et  Frechen,  comme  centres  de  fabrication  de  grès, 
et  Berlin,  Komgsbergj  Proshau  et  Gkenitz,  en  Silésie,  Neustadt- 
Eberswalde,  Magdeburg,  Ifeu^Ealâemltben  et  Wetter,  pour  la 
fabrication  de  la  faifence. 

CHTABMI'rTEiailIBC^,  ffféM  Bevllll. 

Terre  cuite  et  faïence  a  email  stannifêre  et  a  vernis  ploat- 

BIFERE.  1843. 

Marsch,  potier,  fabricant. 

Je  mentionne  cette  fabrique,  de  création  récente,  spéciale- 
ment à  cause  de  sa  production  d'oeuvres  hors  ligne  et  d'une 
importance  telle,  qu'aucune  £abriq^en  Angleterre  ni  en  France 
n'en  a  obtenu  de  pareilles. 

J'ai  vu,  de  cette  manufacture,  aux  bains  publics  et  lavoirs  de 
la  société  anglaise  à  Berlin,  de  grandes  baignoires;  —  des 
portes  et  des  revêtements  de  murs  d'une  seufe  pièce  (de  plus  de 
deux  mètres  carrés),  en  faïence  da  plus  bel  émail. 

Les  ornements  en  terre  cuite  de  rArc  de  Triomphe  qui 
forme  le  portail  de  la  grrnide  vigne  royale^  à  Potsébm,  sont 
également  sortis  de  cette  manufacture,  qui  doit  être  mon- 
tée sur  une  très^rand*  écheUe  et  poâfiédar  des  artistes  de 
mérite. 


180 


POTERIES  OPAQUES 


liOCAIilT^   IHCKBTJLISB. 

TERRE  CUITE. 

Dans  une  localité  de  la  Bohême  allemande,  on  fabrique,  de- 
puis le  commencement  de  ce  siècle,  des  poteries  en  terre 
cuite  dite  glace  sidérolithe;  elles  sont  rouges,  couleur  d'or  et 
aussi  de  lave  noire. 

Les  ornements  sont  moulés.  Le  conservatoire  des  Arts  et 
Métiers,  à  Paris,  en  possède  quelques  exemplaires. 


II 


ÉCOLE   FRANCONIENNE. 


HVBlVIiBRCii 


Argiles  cuites  sans  couverte  (Figurines)]  4300  à  1500 

Terres  cuites  au  vernis  plombifêre  et  a  émail  stannifère. 
(Poêles,  etc.,  monochromes  et  polychromes.)      1400  à  1700 

Faïences  a  émail  stannifère.  1400  jusqu'à  ce  jour. 

Après  l'apparition  des  œuvres  céramiques  peu  importantes, 
apparaît  la  famille  des  célèbres  Hirschvogel,  potiers  et  peintres 
sur  vitraux,  presque  contemporains  des  Délia  Robbia  et  pré- 


1 .  Cet  écusson,  qui  montre  les  armes  de  Nûmberg,  avait  remplacé  celui  du 
treizième  siècle,  où  l'aigle  double  à  «orps  muraille  et  à  tête  d'homme  cowronné, 
figurait  en  entier. 


EUROPEENNES.  JSl 

décesseurs  de  Bernard  Palissy;  elle  se  composait  des  cinq 
artistes  suivants  : 

Veit  Hirschvogel  le  vieux,  chef  de  la  famille,  né  à  Niirnberg 
en  1441  et  mort  en  1525  (Luca  délia  Robbia,  le  Florentin,  est 
né  en  1400  et  mort  en  1481). 

Les  vitraux  des  quatre  fenêtres  ogivales  de  la  nef  de  l'église 
Saint-Sebald  à  Niirnberg,  représentant  le  margrave  Frédéric 
d*Ansbach  et  Baireuth,  avec  son  épouse  et  ses  enfants,  ont  été 
peints  et  dessinés  par  Veit  en  1515. 

A  cette  époque,  si  riche  en  œuvres  d'art,  la  peinture  de  vi- 
traux, universellement  répandue  en  Allemagne,  n'était  plus,  pour 
ainsi  dire,  un  art,  mais  plutôt  un  métier.Tous  les  maîtres  vitriers 
s'en  occupaient,  puisque  la  cuisson  et  la  préparation  technique 
y  jouent  un  grand  rôle;  seulement  ils  travaillaient  d'après  les 
dessins  des  maîtres  peintres,  tandis  que  les  grands  artistes  pein- 
tres sur  vitraux  exécutaient  leurs  propres  cartons.  C'est  ce  que 
fit  Veit. 

Habile  émailleur,  ce  chef  des  Hirschvogel  jouissait  aussi 
d'une  grande  réputation  comme  chimiste.  l\  n'est  cependant 
pas  l'inventeur,  non  plus  que  Luca  délia  Robbia,  de  l'émail 
stannifère  européen,  puisque  nous  avons  vu  que  la  fabrication 
allemande  de  poteries  emaiUées  remonte  bien  au  delà ,  tout  au 
moins  vers  le  treizième  siècle. 

Veit  Hirschvogel  le  jeune,  fils  du  précédent,  potier  et  peintre 
de  vitraux,  était  aussi  célèbre  comme  graveur.  Né  en  1471,  il 
est  mort  en  1 553 . 

Augttët  ou  Augustin  Hirschvogel,  autre  fils  du  vieux  Veit,  né 
en  1488,  mort  en  1560*,  était,  comme  son  frère,  potier  habile, 
peintre  et  graveur.  Ses  productions  sont  supérieures  à  celles  des 
autres  Hirschvogel  et,  en  grande  partie ,  modelées  à  la  main. 
Comme  il  possédait  l'art  de  l'émaillerie  à  un  haut  degré,  ses  po- 
teries sont  toutes  recouvertes  de  beaux  émaux.  On  croit  qu'il 
fut  le  maître  de  Bernard  Palissy,  né  en  1510  à  la  Chapelle-Biron, 
ou  plutôt  à  Montpazier,  et  revenu  d'un  voyage  en  Allemagne 
en  1539*.  Voyageant  en  Italie,  Augustin  communiqua  son  se- 
cret céramique  des  faïences  à  émail  stannifère  aux  Vénitiens  et, 

i.  Jérôme  délia  Robbia  partit  pour  la  France  en  1528  seulement. 
2.  Voir,  à  la  fin  de  l'article  biographique  de  Bernard  Palissy,  ce  que  Bron- 
gniart  pensait  déjà  sur  les  tendances  que  ce  céramiste  avait  suivies. 

46 


182  POTERIES  OPAQUES 

marié  à  Yenezia,  il  s'y  perfectionna  dans  l'art  de  la  cise- 
lure et  de  la  fonte,  et  retourna  à  Nurnberg,  où  il  imita  alors  la 
poterie  antique,  qu'il  avait  appris  à  connaître  en  Italie.  On  pré- 
tend que  cette  imitation  était  tellement  parfaite,  que  beaucoup 
de  ses  produits  se  trouvent  aujourd'hui  dans  les  musées  parmi 
les  vrais  étrusques  *. 

Abandonnant  bientôt  après  ses  ateliers  à  ses  ouvriers  compa- 
gnons, il  se  remit  à  voyager,  parcourant  la  Hongrie,  les  Princi- 
pautés et  tous  les  États  héréditaires  du  roi  Ferdinand,  auquel  il 
dédia  un  grand  nombre  de  planches  gravées  qui  représentaient 
des  vues  et  des  paysages  de  ces  pays  ^.  Il  est  aussi  connu  comme 
l'auteur  d'un  ouvrage,  très-estimé  à  cette  époque,  qui  traite  de 

1 .  On  lit,  dans  la  VII*  Lettre  d'Albreteht  Durer,  datée  de  Venise,  à  son  ami 
W^illibald  Pirkheimer  :  «J'ai  salué  pour  vous  Bernard  Hirschvogel,  qui  est 
dans  une  grande  affliction  :  son  fils  est  mort,  d  Ce  Bernard^  serait-ce  Auguste 
Hirschvogel?  Durer  a  pu  confondre  les  prénoms.  On  trouve  encore  deux  au- 
tres mentions  sur  les  Hirschvogel  dans  le  Journal  d'un  voyage  fait  dans  les 
Pays-Bas  pendant  les  années  1520  et  1521,  où  Durer  dit  :  «  J'ai  fait  le  portrait 
du  serviteur  de  Hirschvogel  du  nom  de  Friedrich  ;  >  et  ailleurs  :  «  J'ai  dîné  deux 
fois  avec  Fritz  Hirschvogel  à  Antwerpen.  »  Voilà  encore  un  Fritz  aussi  inconnu 
que  Bernard.  M.  Lochner,  archiviste  à  Niirnberg,  m'a  cependant  fait  observer 
qu'en  outre  de  la  famille  artiste  des  Hirschvogel,  il  existait  encore  d'autres  fa- 
milles de  ce  nom,  parmi  lesquelles  plusieurs  étaient  fort  riches  et  adonnées  au 
commerce. 

Hirschvogel  s'occupa  aussi  de  la  fabrication  des  poêles  artistiques^  il  pro- 
duisit des  figurines  et  des  bas-reliefs.  La  ville  de  Niirnberg  possède  des  docu- 
ments où  on  lit  a  que  les  potiers  avaient  porté  plainte,  en  1530,  auprès  du 
magistrat  pour  demander  que  la  confection  des  poêles  et  autres  terres  cuites  fût 
interdite  au  peintre  Auguste  Hirschvogel  ;  d  mais  le  conseil  rejeta  la  demande  et 
décréta  même  «  qu'il  était  interdit  aux  potiers  d'empêcher  d'aucune  manière  la 
fabrication  de  Hirschvogel  et  de  ses  compagnons.  »  Le  magistrat  avança  même 
de  l'argent  à  Hirschvogel  pour  des  travaux  d'art  commandés  par  la  ville ,  — 
sommes  qui  lui  furent  déduites ,  à  la  livraison ,  sur  le  montant  de  ce  qui  lui 
était  dû. 

On  voit  donc  par  là  que  Hirschvogel  confectionnait  déjà,  en  1 530,  des  ouvrages 
artistiques  et  de  grande  dimension,  —  si  artistement  faits,  que  le  magistrat  refu- 
sait de  donner  suite  aux  réclamations  des  potiers,  regardant  les  ouvrages  de  Hirsch- 
vogel comme  des  productions  d'artiste,  et  ne  pouvant  faire  tort  aux  privilèges 
d'une  corporation  ou  maîtrise. 

2.  Un  vase  du  musée  Sauvageot,  le  n"  979,  de  jolie  forme,  à  orifice  droit  et 
très-étroit,  dit  à  surprise  (bouteilles  que  les  Hollandais  appellent  stortebekerSj  et 
dont  ils  attribuent  l'invention,  en  1520,  au  faïencier  et  modeleur  Comélis  Hen- 
driksen  Vroom,  de  Haarlem),  qui  se  remplit  d'en  bas,  et  où  les  deux  panses 
doubles,  formées  par  des  dragons  en  émail  vert,  sont  superposées  par  des  feuilles 
d'acanthe,  est  orné  sur  le  milieu  et  de  chaque  côté  de  la  panse  de  deux  médail- 
lons dans  un  cadre  doré,  dont  l'un  représente  le  buste  de  Ferdinand  l**",  né  en 
1 503,  mort  à  Wien  en  1 564.  Ce  vase  n'est  pas  en  grès,  comme  le  catalogue  l'in- 
dique, mais  en  terre  cuite  émaiUée  de  Hirschvogel.  (Voir  Musée  Sauvageot.) 


EUROPÉENNES.  183 

la  perspective  et  de  l'emploi  du  compas,  ouvrage  qu'il  dédia  à 
son  ami  Starcken.  Johann  Gabriel  Doppelmayr  a  donne,  dans 
son  0  Historiscke  Nachrickt,  Nûrnberg,  1730,  »  des  gravures  de 
médailles  qui  avaient  été  frappées,  au  seizième  siècle,  en  l'hon* 
neur  des  artistes  les  plus  marquants  de  Nurnberg.  Celle  d'Au- 
gustin Hirschvogel  s'y  trouve,  —  elle  est  sans  millésime.  La 
tête  de  l'artiste,  gravée  en  profil,  est  ornée  de  la  grande  barbe 
de  l'époque,  qui  sans  être  aussi  longue  que  celle  des  autres 
portraits,  est  taillée  en  pointe.  Le  front  est  beau,  le  nez  grand, 
Tensemble  de  la  figure,  qui  manque  de  distinction,  représente 
un  homme  de  cinquante  ans. 

Hans  Hirschvogel,  autre  frère,  est  mort  jeune,  sans  que  Ton 
connaisse  de  ses  ouvrages. 

Sebald  Hirschvogel,  fils  de  Veit  le  jeune,  est  né  en  1517;  il 
mourut  en  \  589,  riche  et  considéré,  et  avait  la  réputation  d'un 
bon  artiste. 

La  maison  qu'a  habitée  cette  famille,  de  1485  à  1532,  existe 
encore  à  Nûrnberg,  dans  la  Laufergasse,  n°  800  ;  elle  est  actuel- 
lement occupée  par  un  fabricant  de  gants,  et  montrait  encore, 
il  y  a  quelques  années ,  des  restes  de  fours.  Une  autre  maison 
habitée  par  des  Hirschvogel  se  trouve  dans  la  Hirschelgasse. 

A  mon  dernier  voyage  à  NUrnberg  (juillet  1866),  j'ai  encore 
trouvé  aux  archives  de  l'hôtel  de  ville,  quatre  documents  in- 
connus jusque  là,  sur  Augustin  Hirschvogel,  et  qui  enrichissent 
en  môme  temps  l'histoire  céramique  de  deux  noms  de  potiers 
artistiques  :  ceux  de 

Oswald  Reinhardt  et  de 

Hans  Nickel, 
qui  tous  les  deux  ont  visité  l'Italie.  Ces  documents  que  je  dois 
à  la  complaisance  de  l'archiviste,  M.  le  docteur  Lochner,  les 
voici  : 

«  Archives  l**"  mars  1531. 

«  Hans  Nickel  et  Oswald  Reinhardt,  potiers,  reconnaissent 
avoir  reçu  du  Grand-Conseil  un  prêt  de  cinquante  florins. 

a  Archives,  5  mars  1531. 

«  Jeronimus  Reich  reconnaît  avoir  reçu  de  Hans  Nickel  et 
(ÏOswald  Reinhardt,  le  remboursement  des  vingt-cinq  florins 
qu'il  leur  avait  prêtés  à  Venise* 

«  Archives,  27  décembre  1531. 

«  Traité  d'association  pour  la  fabrication  des  verres  de  Fene- 


184  POTERIES  OPAQUES 

zia^  (Schmelzen  von  venitianischen  Glasswerck)  entre  Augustin 
Hirschvogel  et  Oswald  Reinhardt.  Ce  traité  montre  que  le  pre- 
mier a  remplacé  Hans Nickel  qui  s'est  séparé  d'Oswald Reinhardt. 

«  Archives,  i  5  mai  i  532 . 

«Traité  d'association  entre  Augustin  Hirschvogel  et  Hans 
Nickel  pour  la  fabrication  de  toutes  sortes  de  verreries  d'art,  » 

Les  terres  dont  Hirshvogel  et  les  autres  potiers  de  son  époque 
à  Nurnbergse  servaient,  venaient  d'une  localité  près  ô'Ambergy 
d'où  on  les  tire  encore  aujourd'hui,  mais  non  pas  du  même 
terrain,  puisque  les  couches  y  sont  épuisées. 

M.  le  conseiller  Kolbe,  directeur  de  la  manufacture  royale 
de  porcelaine  à  Berlin,  a  fait,  pour  le  musée  céramique  de  la 
manufacture,  à  la  vente  delà  collection  Minutoli ,  l'acqui- 
sition d'un  pot  à  anse  de  Hirschvogel.  Ce  pot,  payé  dans  le 
temps,  à  Augsburg,  par  M.  Minutoli,  50  florins,  a  été  vendu 
au  musée  pour  83  thalers.  Décoré  dans  le  goût  des  majo- 
liques  italiennes,  il  s'en  distingue  cependant  facilement  par  les 
nuances  plus  vives  et  plus  belles  de  l'émail.  Au-dessous  d'une 
crucifixion,  on  voit  dans  trois  niches  trois  figures  représentant 
la  Foi,  l'Espérance  et  la  Charité,  le  tout  en  bas-relief  et  recou- 
vert de  beaux  émaux  polychromes,  parmi  lesquels  les  verts  se 
font  reconnaître  comme  appartenant  à  l'école  allemande.  Au 
musée  de  Sèvres  il  y  a  un  pot  de  ce  genre  des  continuateurs  des 
Hirschvogel,  ainsi  qu'au  musée  de  Darmstadt  une  bouteille  de 
chasse  de  dix  pouces  sur  sept  et  demi,  œuvre  magnifique  signée 

Blasius  ordinavit,  1563. 

Les  sujets  polychromes  représentent  Salomon ,  Dalila ,  etc. 
Cette  bouteille  a  été  reproduite  dans  l'ouvrage  de  M.  de  Hefner- 
Alteneck. 

Le  musée  germanique  de  Niirnberg  possède  une  cruche  de 
17  centimètres  de  hauteur,  par  Hirschvogel  (Beilage,  10,  Ca- 
talogue, fol.  28).  Le  travail  en  relief  représente  Adam,  Eve,  la 
Vierge  avec  l'enfant  Jésus  et  plusieurs  bustes  en  costume  de 
l'époque,  le  tout  entouré  de  fleurs  et  d'ornements.  Deux  autres 

1 .  Les  Terres  à  ailes  (Flugelglâser)  attribués,  dans  toutes  les  Tentes,  à  Venezia, 
mais  que  les  amateurs  qui  ont  voyagé  en  Italie,  et  les  Italiens  eux-mêmes,  ne 
reconnaissent  pas  comme  ayant  été  fabriqués  là,  proTiennent  peut-être  des  ate- 
liers de  ces  trois  céramistes,  si  toutefois  ils  ne  sont  pas  faits  en  Bohème. 


EUROPÉENNES. 


as 


cruches  dans  le  même  genre  sont  au  musée  national  bavaroise 
HUnchen.  —  Dans  ma  collection  ge  trouvent  deux  carreaux  de 
poêle  en  faïence  polychrome , 
d'une  fort  jolie  ornementation, 
d'Augustin  Hirschvogel  ;  plu- 
sieurs bas-reliefs,  ainsi  qu'unpot 
à  anse,  sur  la  panse  duquel  se 
voit  le  relief  de  la  fameuse  mé- 
daille satirique  de  la  Béforma- 
tion,  frappée,  en  1517,  à  l'oc- 
casion de  la  publicaiion ,  par 
Luther,  de  ses  quatre-vingt- 
quinze  propositions  contre  le 
dogme  des  indulgences,  médaille 
qui  porte  les  effigies  du  pape, 
d'un  évéque,  du  diable  et  la  tête 
d'un  fou'.  —  Le  plus  beau  et  le 
plus  grand  vase  que  je  connaisse 
de  ce  maître,  apparlienl  à  l'an- 
tiquaire Pickert*,  de  Nlirnberg. 
L'artiste  a  malheureusement 
placé  en  haut  de  ce  vase  des 
maisonnettes  de  mauvais  goût  qui  font  un  vilain  effet. 

Un  autre  très-beau  vase  existe  au  musée  de  Sigmaringen; 
là,  le  sujet  représente  l'Adoration  des  mages,  Adam  et  Eve,  etc. 

Un  semblable  appartient  au  muséedeDarmstadt;ila  <n  pou- 
ces de  hauteur,  la  panse  est  couverte  de  figures  en  pied  re- 
présentant des  chevaliers.  —  Ce  pot  a  été  reproduit  dans  l'ou- 


I.  V Intermédiaire  {i 
le  cet  médailles  dont  La 
li(  :  EcclMia  pervtria . 
1  un  versel  du  Psalmiate  ;  Slulli  aliqwtndo  lapi 


It  ISâ4  ;  Paris;  Duprat,  libraire)  parle  d'une 
•te  iirobablemenl  d'une  Knlence  de  Luther, 
■  diaboti;  et  ïalég:eDde  du  revers,  empruntée 


LecolleeUonSauiageal,  eu  Louvre,  p 
1.  Cet  antiquaire,  qui  demeure  sur  la 


tage  de  lipocaijpie, 
le  nombre  de  la  bète, 
•   Les  prateetanta  dé- 


is-i-vig  II  statu*  d'Alberl  Durer, 
t  eorridors,  uue  collection  d'ob- 
contre  un  droit  de  <tngl-qua- 


186  POTERIES  OPAQUES 

vrage  de  M.  d'Alteneck.  Le  duc  de  Cambacérès,  à  Paris,  possède 
aussi  un  très-bel  exemplaire  de  Hirschvogel. 

Un  vase  de  cette  môme  provenance  appartient  au  prince 
Czartoryski  à  Paris;  ornée  de  reliefs,  dont  l'un  représente  l'em- 
pereur Rudolf  de  Habsburg ,  cette  céramique  doit  être  attribuée 
à  Augustin  Hirschvogel. 

Une  belle  cruche,  de  la  collection  de  M.  Etlinger,  àWurzburg, 
couverte  de  reliefs  représentant  l'histoire  de  Jonas;  une  autre 
au  musée  de  Koln*,  avec  reliefs  de  portraits  d'hommes  en  pied, 
mesurant  50  à  60  centimètres  de  hauteur,  ainsi  que  le  pot  de  la 
collection  de  M.  Milani  s,  à  Frankfurt-sur-Mein,  sont  tous  de 
Hirschvogel.  Le  musée  de  Kensington,  à  London,  possède,  sous 
le  n«  4005,  un  de  ces  vases  qu'il  n'a  payé  que  6  livres,  tandis 
que  le  n»  4004,  œuvre  des  continuateurs  de  Hirschvogel,  a  été 
payé  6  livres  <5  schellings.  Le  musée  Britannique  a,  dans  l'ar- 
moire 136,  à  la  salle  dite  :  Mediœval'Collectiorij  de  ces  mêmes 
pots  des  continuateurs,  ainsi  qu'un  fort  curieux  encrier  à  sujet  de 
chasse.  M.  de  Parpar,à  Thun,  en  Suisse,  possède  également  un 
pot  de  cette  provenance  :  il  est  couvert  de  reliefs.  M.  Michelin, 
à  Paris,  en  a  deux  où  les  reliefs  représentent  le  Père  étemel  et 
le  Baptême  du  Christ  dans  le  Jourdain. 

Une  cruche  de  ma  collection,  de  27  centimètres  de  hauteur  et 
à  anses  contournées  (comme  toutes  celles  que  ce  potier  a  faites), 
montre  en  relief  un  sujet  qui  représente  la  résurrection  du 


i .  Le  nouveau  musée ,  dit  musée  Wollraff-RichartZf  à  Koln,  composé  de 
tableaux,  d'antiquités  romaines,  de  bronzes,  médailles  et  monnaies,  de  sculptures 
en  bois  et  en  ivoire,  meubles,  armes,  armures  et  objets  céramiques,  occupe  au- 
jourd'hui une  nouvelle  construction,  de  style  gothique,  d'une  conception  assez 
heureuse.  La  partie  céramique  y  est  encore  pauvrement  représentée,  mais  les  an- 
ciennes écoles  allemandes  de  peinture  sont  riches.  L'organisation  chronologique 
est  parfaite  et  admirable  pour  l'étude ,  et  le  catalogue,  rédigé  par  le  docteur 
Wolfgang  Millier,  est  satisfaisant  sous  tous  les  rapports. 

.2.  La  collection  de  M.  Karl- Anton  Milani  est  peut-être  l'une  des  plus  remar- 
quables que  l'on  puisse  voir,  à  cause  des  grandes  et  solides  connaissances  de  cet 
amateur,  qui  sait  à  fond  tout  ce  qui  se  rapporte  aux  petits  arts  du  moyen  âge. 
C'est  un  de  ces  rares  collectionneurs  chez  qui  des  connaissances  universelles  ont 
développé  l'amour  des  collections  spéciales.  —  Il  joint  au  goût  et  au  flair  in- 
stinctif de  Sauvageot  une  science  critique  que  celui-ci  ne  possédait  pas.  On  trouve, 
quant  au  choix  des  objets,  beaucoup  de  rapports  entre  ces  deux  collectionneurs, 
qui  se  sont  attachés  de  préférence  aux  charmants  ouvrages  de  ciselure  et  de  sculp- 
ture sur  fer  et  sur  bois  de  la  meilleure  époque. 

La  collection  d«  M.  Milani  est  peut-être  la  seule  qui  mérite  d'être  visitée  à 
Frankfurt. 


EUROPÉENNES.  187 

'st  avec  les  doux  gardes  endormis.  Les  couleurs  des  émaux 
le  brun,  le  bleu,  le  jaune,  le  vert  et  le  blanc, 
n  gobelet  de  ce  mémo  potier,  également  de  ma  colleclion, 
tre  un  singe  à  cheval  dans  le  costume  garni  de  grelots  du 
fon  de  rempereur  et  entouré  de  jolis  ornements.  Ces  deux 
es,  si  elles  ne  sont  pas  du  maitre  lui-même,  sont  sorties 
on  atelier.  Le  gobelet  provient  de  la  collection  Loeve,  de 


Une  gourde  de  pèlerin,  de  ma 
colleclion,  fort  curieuse  pour  sa 
forme ,  imitant  la  poire  à  poudre 
en  Ter  de  cett«  époque,  et  qui  a 


poljchrome  de  Bincbiogel. 


peut-être  même  servi  à  renfermer  de  la  poudre,  montre  sur  les 
deux  faces  le  Christ  surlacroix  entre  les  deumitagdeleines.  Celle 
précieuse  pièce  porte  ce  monogramme  : 


188  FOIEBIES  OPAQUES 

Il  est  tiré  du  nom  du  potier  ;  ces  lettres  sont  les  trois  princi- 
pales lettres  de  la  première  syllabe  de  HiRscHvogel  ', 


EUROPÉENNES.  189 

Deux  bas-reliefs  de  30  centimètres  carrés,  de  ma  collection 
et  provenant  de  celle  de  H.  Nadar,  sont  également  attribués  & 
lafabrique  de  Hirschvogel.  L'un  représente,  dans  un  médaillon, 
le  busie  de  Johann  Friedrich  I,  dit  le  Magnanime,  électeur  de 


Saxe,  né  en  1S03,  mort  en  iS54,  et  dont  l'avènement  eut  lieu 
en  i53S.  C'est  ce  duc  qui  fut  vaincu  el  fait  prisonnier  en 
1547,  à  la  bataille  de  Huhlheîm,  par  Ciiaries-Quint,  qui  lui  fit 
endurer  cinq  ans  de  captivité  en  Espagne.  L'autre  représente 
le  buste  d'une  femme,  probablement  celui  de  l'épouse  du  duc 
Johann  Friedrich,  la  princesse  Sibilla  de  Clève,  morte  9  jours 
avant  son  mari,  en  i'6'ài.  Le  cabinet  impérial  d'estampes  à 
Paris  possède  un  beau  portrait  gravé  de  l'électeur,  daté  de  1543. 
Les  nuances  du  jaune  Irès-vif  et  très-clair  que  l'on  voit  parmi 
les  émaux  de  couleur  de  ces  bas-reliefs  me  font  cependant 
hésiter  à  les  attribuer  à  Vécole  franconienne,  ni  à  celte  de  la 
Souabe;  ils  pourraient  fort  bien  être  de  l'école  saxonne  ou  du 
NofS. 

Un  grand  nombre  d'autres  ouvrages  en  terre  cuite  émailléeet 
en  fafence  de  l'école  de  Niirnberg,  soit  de  la  môme  époque,  soit 
des  époques  antérieures  ou  postérieures,  se  rencontrent  dans 
les  musées  et  les  collections  de  la  Bavière  et  de  la  Prusse,  ainsi 

1543  «l  une  celui  ie  1547  àc61é  du  nnonogramine.  Un  dm  polB  montre  daoïH 
Quelques-kines  des  graTums  de  Dirschiogel  Eonl  datieB  de  Wiea,d«  la  cipiUlt 


190  POTERIES  OPAQUES 

que  dans  celles  des  autres  pays  allemands.  Ce  sont  particuliè- 
rement de  beaux  poêles,  carrés  de  forme ,  le  plus  souvent  de 
deux  mètres  de  hauteur  sur  "un  mètre  de  largeur  et  de  profon- 
deur. Ornés  de  corniches  et  de  cannelures,  ils  sont  montés  sur 
plaques  de  fonte,  qui  reposent  sur  des  pieds  détachés,  de  sorte 
qu'ils  ne  touchent  pas  le  sol.  Le  tuyau,  caché  derrière,  fait  que 
l'ensemble  forme  une  belle  construction  régulière  ressemblant 
aux  piédestaux  des  statues  ^  Voici  la  nomenclature  des  plus 
remarquables  poêles  que  j'ai  eu  l'occasion  de  voir. 

Au  Burg,  château  et  donjon  construit  à  Niirnberg,  sur  un 
rocher  de  grès,  par  l'empereur  Conrad  III,  en  1030,  on  en  a 
placé  neuf  dans  les  appartements  royaux  : 

1°  Dans  la  galerie  des  tableaux  se  trouve  le  plus  grand,  pro- 
venant du  château  de  Trausnitz,  près  Landshout  (école  bava- 
roise). Riche  travail  en  relief,  du  seizième  siècle.  Ses  sujets  en 
polychrome  représentent  des  figures  allégoriques  des  quatre 
parties  du  monde. 

2°  Dans  la  salle  à  manger,  un  poêle  noir  avec  dorure,  du 
seizième  siècle. 

3°  Dans  l'antichambre  du  roi,  un  poêle  en  émail  vert  mono  • 
chrome  à  hauts-reliefs,  de  la  fin  du  seizième  ou  du  commence- 
ment du  dix-septième  siècle  (un  carreau  de  poêle  du  même  genre, 
de  ma  collection,  porte  le  millésime  de  1612  en  creux  dans  la 
pâte  et  recouvert  de  l'émail). 

4°  Dans  la  salle  d'audience,  un  poêle  pareil  avec  dorure. 

5°  Dans  la  chambre  du  roi,  un  autre  sans  dorure. 

6°  Dans  la  chambre  à  coucher  du  roi,  un  magnifique  poêle 

i .  M.  Fleichmann,  à  Niimberg,  fabrique  ce  genre  d'anciens  poêles  ;  il  a  aussi 
créé  une  série  de  moules  originaux  qui  imitent  les  anciens.  Le  potier  Viesel- 
'  m2Jin  de  cette  Tille  en  fait  également.  (Voir  plus  loin.) 

On  a  cru  que  les  premiers  poêles  en  faïence  connus  dans  le  sud  de  l'Alle- 
magne avaient  été  ceux  du  Frauenhaus,  à  Goblenz,  datés  de  l'année  1423,  et 
mentionnés  dans  l'histoire  de  cette  ville,  que  Giinther  a  publiée  en  1815  ;  mais 
c'est  une  erreur  :  les  premiers  poêles  remontent  au  moins  au  douzième  siècle  ;  j'ai 
même  rencontré  en  Suisse  (voir  l'article  sur  les  faïences  suisses)  des  carreaux 
de  poêle  au  vernis  plombifère  qui  ont  tout  le  caractère  du  style  roman.  Au  cou- 
vent du  Bec,  l'abbé  Roger,  mort  en  1  i  78,  avait  déjà  fait  établir  des  kemmend- 
ten  (de  caminata)  ou  pièces  chauffées  par  des  poêles.  Au  couvent  de  Saint- 
Gallen  il  existait  des  poêles  en  briques  dès  850,  et  au  château  de  Marioi- 
burg  (1309),  la  résidence  des  grands-maîtres  de  l'ordre  teutonique  des  chevaliers 
de  Saint-Jean,  il  y  avait  un  poêle  de  12  pieds  de  long  sur  10  de  large.  Le  mot 
allemand  Ofen  (poêle),  paraît  dériver  du  goth  Auhns  et  démontrer  encore  l'an 
cienne  origine  de  ce  mode  de  chauffage. 


EUirOPÉENNES.  t91 

polychrome  du  quinzième  siècle,  tout  couvert  de  figurines 
modelées  à  la  main.  ^Ëlles  représentent  des  épisodes  bi- 
bliques. 

70  Dans  la  chambre  à  coucher  de  la  reine,  un  poêle  poly- 
chrome du  quinzième  siècle,  où  les  figurines,  également  modelées 
à  la  main,  représentent  Jonas,  le  sacrifice  d'Abraham,  le  bap- 
tême du  Christ,  etc.,  etc.;  le  tout  d'une  exécution  parfaite.  C'est 
la  plus  belle  pièce  conservée  dans  ce  Burg, 

8®  Dans  la  chambre  de  la  reine,  un  pareil  poêle,  mais  un  peu 
moins  riche. 

9^  Dans  le  salon  de  la  reine,  un  autre  du  même  genre,  dont 
les  sujets  sont  tirés  de  la  mythologie. 

Un  des  plus  beaux  poêles  connus  (école  autrichienne),  datant 
du  quinzième  siècle,  existe  encore  sur  son  emplacement  primi- 
tif; on  le  voit  au  château  de  la  ville  de  Salzburg.  Un  amateur 
anglais  en  a  déjà  offert  36,000  francs.  (Voir  l'Appendice.) 

Le  musée  germanique  de  Nùmberg  *  possède  aussi  quelques 
poêles  du  même  genre.  Un,  en  pur  gothique,  couvert  d'ar- 
moiries en  polychrome  des  chevaliers  de  la  Franconie,  entre- 
mêlées de  saints,  doit  être  de  la  fin  du  quinzième  siècle.  M.  de 
Hefner-Alteneck  en  a  donné  le  dessin  dans  son  ouvrage  sur  les 
objets  d'art  et  meubles  du  moyen  âge  et  de  la  Renaissance.  Un 
des  carreaux  de  ce  poêle  où  le  sujet  en  bas-relief,  émaillé  en 


1 .  Le  musée  germanique,  à  Nurnberg,  a  été  fondé  en  1852,  à  l'occasion  d'une 
assemblée  d'historiens  et  d'archéologues  allemands,  tenue  le  17  août  à  Dresden, 
sous  la  présidence  du  prince  héréditaire  Johann  de  Saxe.  M.  d'Aufsess  ,  le  der- 
nier directeur,  en  a  été  l'instigateur.  Ce  musée,  reconnu  et  adopté  par  la  diète 
germanique  comme  inslitution  nationalet  fut  établi,  en  1857,  dans  un  tmcien 
couTent  dont  les  longs  dortoirs,  les  corridors  et  la  construction  gothique  sont  tout 
à  fait  propres  à  sa  destination  actuelle.  Formé  d'abord  uniquement  de  dons,  le 
musée  acquiert  chaque  jour  de  nouTcUes  richesses  artistiques  sur  un  fonds  éga- 
lement composé  de  dons  volontaires  des  membres  honoraires,  qui  se  trouvent 
disséminés  sur  toute  la  surface  de  la  grande  Allemagne,  sans  distinction  de  pro- 
vince; et,  quoique  établi  en  Bavière,  le  musée  n'est  pas  moins  la  propriété  de  la 
nation  entière.  Une  bibliothèque  et  des  archives  y  ont  été  ajoutées  depuis,  et  le 
tout  est  à  la  disposition  du  public,  qui  a  même  le  droit  de  demander  des  rensei- 
gnements historiques  ou  archéologiques  par  correspondance.  Le  personnel  est 
nombreux  ;  il  consiste  en  une  vingtaine  de  personnes,  parmi  lesquelles  il  en  est 
malheureusement  plusieurs  qui  ne  connaissent  rien  de  la  partie  à  laquelle  elles 
sont  attachées.  Ce  musée,  restreint  d'abord,  voit  ses  collections  s'accroître  rapi- 
dement et  deviendra  bientôt  un  des  plus  curieux  de  l'Allemagne. 

Le  docteur  vonEye,  littérateur  distingué,  est  le  conservateur;  et  M.  le  pro- 
fesseur Essevyn,  savant  architecte,  le  directeur  actuel. 


193  POTERIES  OPAQUES 

■  bleu,  blanc,  brun,  jaune  et  vert,  représente  u 
fait  partie  de  ma  collection.  (Voir  l'appendice. 


Un  autre  poêle  de  ce  musée  représente  les  âges  de  la  vie.  — 
Il  est  également  de  style  gothique,  mais  d'upe  date  postérieure- 

Six  magnifiques  poêles  polychromes  en  beau  style  de  Renais- 
sance allemande,  dont  l'un  a  deux  tours,  ainsi  qu'un  petit  poêle 
artistique  en  émail  noir,  à  ornements  et  aux  armes  de  Bavière, 


EUROPEENNES.  193 

mais  entièrement  démoli  (un  fragment  dans  ma  collection), 
se  trouvent  au  château  de  Trausnitz,  à  Landshut.  Le  château 
de  Sigmaringen  a  aussi  dispersé,  dans  presque  toutes  ses  dé- 
pendances, de  ces  superbes  poêles  dont  l'un,  du  quinzième 
siècle,  est  orné  des  portraits  des  électeurs  allemands  de  Tépoque, 
et  un  autre,  du  même  siècle,  montre  de  charmants  reliefs  qui 
représentent  des  épisodes  de  l'histoire  biblique.  Les  poêles  du 
dix-septième  et  du  dix-huitième  siècle  qui  sont  à  Sigmaringen 
me  paraissent  de  fabrication  suisse. 

M.  Nadar  a  fait  monter  dans  son  atelier,  à  Paris,  un  poêle  en 
faïence  polychrome,  émaillé  et  moulé,  de  Niirnberg,  dont  les 
reliefs  représentent  des  figurines  de  saints  et  des  médaillons- 
bustes,  en  costumes  de  la  fin  du  quinzième  siècle.  L'émail  n'est 
pas  beau  et  le  modelage  est  mal  venu.  On  y  lit  le  millésime  d521  ; 
Ce  poêle  n'est  pas  monté  convenablement.  La  malheureuse  idée 
qu'on  a  eue  de  le  monter  sur  un  piédestal  quand  il  devrait  re- 
poser sur  des  pieds  détachés,  et  le  tuyau  à  la  française  placé 
au-dessus,  lui  ont  enlevé  le  caractère  et  le  style  de  l'épo- 
que. Il  y  avait  aussi  dans  la  collection  de  M.  Nadar,  vendue 
en  janvier  1806,  plusieurs  carreaux  de  la  même  provenance;  ils 
étaient  du  quinzième  et  du  seizième  siècle ,  en  bel  émail  jaune 
et  vert. 

Une  chose  assez  curieuse  c'est  que  les  carreaux  de  ces  poêles 
allemands  sont  presque  tous  garnis  à  l'envers  de  toile  collée  sur 
la  terre  de  four  avant  l'application  des  Colombins  et  qui,  pour 
ne  pas  être  brûlée  dans  le  four,  a  dû  être  recouverte  d'un  en- 
gobe  de  cette  même  terre  de  four.  (On  appelle  colombins  les 
traverses  et  encadrements  saillants  en  terre  cuite  qui  con- 
solident le  carreau  à  l'envers.  On  les  trouve,  le  plus  souvent,  en 
Suisse ,  remplis  de  cailloux  et  de  terre  de  four  pour  empêcher 
qu'ils  ne  soient  trop  fortement  chauffés  et  que  le  contact  direct 
du  feu  ne  les  fasse  éclater.) 

Au  miLSée  national  bavarois  de  Mûnchen  *,  on  trouve  des  car- 

1 .  Le  grand  musée  national  de  Miinchen,  dont  la  formation  est  due  à  l'infati- 
gable énergie  du  baron  d'Arretin,  est  installé  dans  le  palais  sur  la  façade  duquel 
on  lit  Meinem  Volke  zur  Ehre  und  Forbild  (  à  l'honneur  et  pour  la  stimula- 
tion de  mon  peuple).  Il  est  à  regretter  que  le  style  de  ce  monument  soit  de 
mandais  goût  et  sans  aucune  signification.  La  façade  est  plate  et  ressemble  par 
les  ornements  à  un  décor  de  théâtre,  dont  le  détail  mesquin  et  le  manque  d'am- 
pleur rappellent  les  ouvrages  des  confiseurs. 

Ce  musée  sera  un  des  plus  considérables  de  l'Europe  ;  car  on  pourrait  se  faire 

47 


194  POTERIES  OPAQUES 

reaux  de  pavage  en  terre  cuite  émaiilëe,  à  dessins  monochromes 
et  polychromes  du  douzième  siècle;  im  tryptique  d'autel  portatif 
en  faïence^  brun-chocolat,  du  quinzième  siècle  ;  un  très-beau  et 
curieux  encrier  dont  les  figures,  du  milieu  du  seizième  siècle, 
représentent  Pyrame  et  Thisbé  ;  un  plat  en  polychrome,  style 
italien,  daté  de  1599,  dont  le  dessin  représente  Énée  avec  l'in- 
scription allemande,  orthographe  de  l'époque  : 

Ainie,  lieb  gegen  aeinen  Vaterland. 
(Enée,  aimant  sa  patrie.) 

On  voit  encore,  au  musée  de  Miinchen  une  cuvette  à  relief. 
Christ  et  Vierge,  à  fond  bleu  de  ciel,  pareil  au  bleu  des  Délia 
Robbia  ;  de  plus  un  poêle  magnifique  en  terre  cuite  coloriée  non 
émaillée,  à  hauts-reliefs  et  rondes-bosses,  entièrement  couvert 
de  figurines  de  Thistoire  de  la  Bible,  et  en  bas  de  quelques  por- 
traits en  pied  des  membres  de  la  famille  patricienne  à  laquelle 
il  a  appartenu.  Il  porte  le  millésime  i589  et  le  monogramme 

R.  A. 

Des  plats  et  assiettes,  style  italien,  avec  la  marque 

H.  F. 

et  d'autres  aux  armes  de  la  cour  de  Bavière  et  avec  le  mono- 
gramme 

d:  0.  P  1 

Le  musée  de  Berlin  est  particulièrement  riche  en  petits  mo- 
dèles de  ces  sortes  de  poêles  des  quatorzième,  quinzième,  sei- 
zième et  dix-septième  siècles,  provenant  de  la  collection  Mi- 
nutoli. 

Deux  de  ces  modèles,  en  bel  émail  vert,  du  seizième  siècle, 


difficilement  une  idée  du  nombre  et  de  la  grande  richesse  des  objets  d'art  que 
M.  d'Arretin  a  su  faire  sortir  de  l'oubli  des  châteaux  et  résidences  royales.  M.  d'Ar- 
retin  est  un  de  ces  amateurs  possédant  le  feu  sacré,  qui  seul  permet  d'accomplir 
et  de  mener  à  fin  des  entreprises  de  ce  genre. 

1 .  Je  les  crois  de  la  fabrique  de  Memmingen ,  sinon  de  la  Suisse. 


EOROFËBNHeS.  195 

Tont  partie  de  ma  collection  ;  on  en  voil  un  semblable  au  musëe  de 
K0ln,etM.Willmaiin,àG6isenheim,  en  possède  un  en  terre  cuite 
noire  et  dorée  qui  est  un  vrai 
bijou.  Orné  de  portraits  en  relief 
d'une  exécution  magnifique,  il 
est  marqué 


Cette  charmante  petite  céra- 
mique  a  été  reproduite  dans  . 
l'ouvrage  de  M.  de  Hefner-Alte- 
neck. 

Un  de  ces  petits  poêles-modèle, 
égalementdu  seizième  siècle,  où 
les  reliefs  du  fond  vert  de  cuivre 
représentent  la  Tentation,  etc.,     Modsie  ae  poÈieuema  toiieetioo. 
se  trouve  dans  la  collection  de  M.  Wasset,  k  Paris.  Ce  poêle 
est  en  outre  couvert  de  plusieurs  médaillons  à  bustes  en  relief 
et  émail  lés  en  polychrome. 

Sous  les  décombres  du  château  Tannenbui^,  incendié  et  démoli 
complètement  après  avoirété  pris  d'assaut  en  1 399,  on  a  trouvé, 
dans  des  fouilles  opérées  par  ordre  du  grand-duc  de  Hesse  et 
du  Rhin,  de  nombreux  débris  de  poêles  gothiques  en  faïence 
àémail  stannifère,  d'un  émail  vert  et  jaune  (vemisî),  fabri- 
qués au  commencement  du  quatorzième  siècle.  M,  J.-H.  de 
Hefner-AIteneck  en  a  publié  les  dessins  dans  l'ouvrage  :  Le 
Château  de  Tannenburg  et  les  fouilles  qui  ont  été  faites  dans  ses 
ruines,  travail  rédigé  par  ordre  de  S.  A.  R.  te  Grand-Duc;  chez 
Kellor,  Francfurt-sur-Mein.  Cette  monographie  contient  aussi 
des  dessins  de  cruches  de  formes  romaines,  mais  fabriquées  en 
Allemagne  au  commencement  du  quatorzième  siècle.  Ceci  est 
un  fait  très- remarquable,  et  prouve  une  fois  de  plus  combien 
l'archéologue  doit  se  garder  de  juger  d'après  les  formes  seules. 


196  POTERIES  OPAQUES 

sans  se  livrer  à  un  examen  raisonné.  Ces  poteries  se  rapprochent 
de  certaines  poteries  gauloises,  que  l'on  appelle  communément 
gallo-romaines,  décrites  par  Tudotdans  son  ouvrage  que  j'ai  eu 
déjà  l'occasion  de  citer. 

Au'Wartburg ,  dans  la  forêt  de  Thuringe,  où  Luther  fut  re- 
tenu durant  dix  mois  par  des  amis  dévoués,  on  a  également 
déterré  un  poêle  de  cette  espèce  qui  avait  été  placé  dans  la  petite 
chambre  que  le  grand  réformateur  avait  habitée  et  où  il  a  tra- 
duit la  Bible  en  allemand. 

Le  musée  Sauvageot,  à  Paris,  possède  trois  beaux  carreaux  de 
poêle  de  Niirnberg  en  polychrome,  du  quinzième  siècle  (n®  931, 
932  et  933),  et  un  autre  vert  du  dix-septième  siècle  (n^  934). 
Au  musée  deCluny  se  trouve,  sous  le  n»  2242,  un  bas-relief  de 
poêle  en  émail  vert,  du  dix-septième  siècle,  représentant  César, 
Charlemagne,  etc.;  n"  2242,  un  groupe  en  terre  cuite  émaillée 
en  vert,  représentant  saint  Georges;  un  grand  bas-relief  en 
émail  vert,  du  dix -septième  siècle,  couvert  de  dorures, 
dans  ma  collection.  N"  4043  et  4063  au  Kensington-Museum, 
à  London ,  deux  pots  à  tabac  en  émail  vert  du  dix-septième 
siècle. 

Un  bas-relief  carré  du  seizième  siècle,  de  18  sur  20  centi- 
mètres de  grandeur,  également  en  terre  cuite  à  émail  stanni- 
fère  blanc,  vert,  brun  et  doré,  de  ma  collection,  représente 
Charles-Quint  (1519-1556)  en  buste.  (Voir  la  reproduction  ci- 
contre.) 

11  porte  l'inscription  : 

Carolus  Keisser  (sic). 

M.  Delaherche  possède  deux  forts  beaux  bas -reliefs,  vert 
de  cuivre,  qui  représentent  le  roi  David  et  Charlemagne.  Le 
caractère  de  ces  deux  figures  est  beau  et  les  costumes  indi- 
quent le  seizième  siècle. 

Plusieurs  faïences  allemandes  assez  curieuses  sont  conservées 
au  château  de  Heidelberg,  et  on  y  trouve  aussi  quelques  remar- 
quables pièces  dans  la  collection  de  feu  de  Graimberg,  collection 
exposée  au  château  dans  des  salles  du  premier  étage. 

On  a  trouvé,  en i  865,  dans  des  fouilles  opérées  à  Niirnberg,  tout 
près  du  Laufer  Schlagthurm,  une  grande  quantité  de  petites  sta- 
tuettes en  argile  sans  couverte  et  assez  mal  faites,  dans  le  genre  de 


EUROPÉENNES.  197 

cellesd'Aug3burg,eldesstatueltes  gauloises.  Elles  représentent 
des  femmes  en  costume  gothique  du  treizième  au  quatorzième 
siècle.  Le  grand  nombre  de  déchets,  ou  pièces  de  rebut,  parait 
prouver  qu'il  y  avail  là  une  fabrique.  On  a  trouvé  parmi  ces 


figurines  des  Kerzendreier,  c'e-st-à-dire  des  porie-sous,  destinés 
pour  les  cadeaui  que  les  compères  et  les  commères  avaient  l'ha- 
bitude de  faire  à  l'occasion  des  baptêmes.  Un  certain  nombre 


198  POTERIES  OPAQUES 

est  maintenant  au  Musée  germanique,  plusieurs  autres  e;sem- 
plaires  dans  ma  collection. 

C'est  la  place  ici  de  dénoncer  une  contrefaçon  habile  de  ca- 
nettes et  de  plats  anciens,  en  terre  cuite,  que  des  amateurs 
français  et  anglais  ont  déjà  achetés  pour  de  l'ancien.  Cette  po- 
terie polychrome  sans  couverte,  ou  à  vernis  plombifère,  jaune 
ou  vert,  est  fabriquée  par  un  nommé  Cari  Goes,  pâtissier,  788, 
Laufergasse,  à  Nurnberg,  et  qui  les  vend  dans  tous  les  pays, 
de  sorte  que  des  amateurs  en  ont  môme  rapporté  d'Italie. 

Les  plats  ont  à  peu  près  30  centimètres  de  diamètre  et  sont 
ornés  d'un  sujet  en  relief,  semblable  à  ceux  des  canettes.  Les 
canettes  ont  32  centimètres  de  hauteur.  Sur  le  devant,  un 
grand  médaillon  ovale,  formé  d'un  sujet  en  relief,  représentant 
le  Christ  entouré  d'anges  qui  sonnent  de  la  trompette,  couvre 
presque  la  moitié  de  la  panse.  Derrière,  un  Christ  en  croix  avec 
la  Madeleine  et  saint  Jean  l'évangeliste  à  ses  pieds;  et  des  deux 
côtés,  d'autres  sujets  religieux.  Un  large  ornement,  appliqué 
tout  autour  du  pied  et  dont  le  dessin  dentelé  est  toujours  en 
relief,  jure  par  ses  réminiscences  contre  les  autres  orne- 
ments purement  gothiques.  C'est  à  cette  hérésie  de  style  que 
j'ai  reconnu  la  fraude,  avant  d'avoir  découvert  la  fabrique. 
Les  canettes  sont  marquées  en  bas  du  sujet  principal 


et  en  haut 


GG 


toujours  en  relief.  Ces  dernières  initiales  sont  celles  du  pâtis- 
sier industrieux  lui-môme  (Cari  Goes),  qui  s'est  ainsi  prudem- 
ment mis  à  couvert  contre  les  calomniateurs  qui  oseraient 
l'accuser  de  mauvaise  foi. 


w- 


est  le  monogramme  d'un  célèbre  modeleur  et  céramiste  qui  doit 
avoir  travaillé  à  Nurnberg  vers  la  dernière  moitié  du  seizième  et 
au  commencement  du  dix-septième  siècle.  Le  musée  germa- 
nique possède  plusieurs  remarquables  modèles  en  argile  blanche 
cuite  sans  couverte,  qui  ont  probablement  servi  à  la  confection 


EUROPÉENNES.  199 

des  moules  céramiques.  Un  de  ces  exemplaires  avec  monogramme 
et  un  autre  sans  monogramme,  font  partie  de  ma  collection. 


(k 


et  aussi 


GL 


sont  les  marques  du  modeleur  et  céramiste  Georg  Leibolt  de 
Nùmherg,  qui  y  a  travaillé  durant  la  première  moitié  du  dix- 
septième  siècle.  Plusieurs  de  ses  modèles  et  moules  en  argile 
blanche  cuite  sans  couverte,  au  Musée  germanique  et  dans  ma 
collection,  sont  datés  de  1621  à  1667. 

Abraham  Helmhack,  né  à  Regensburg  (Ratisbonne),  en  1654, 
mort  à  Niirnberg,  en  1724,  était  un  peintre  céramiste  et  de  vi- 
traux, célèbre  par  ses  couleurs  rouges. 

Nurnberg  est  aussi  encombré  de  moules  à  chocolat  et  à  pâ- 
tisserie, en  argile  blanche  cuite  sans  couverte.  Ces  moules  da- 
tent pour  la  plupart  du  dix-septième  siècle,  et  sont  intéressants 
pour  l'étude  des  costumes.  L'amateur  doit  cependant  faire  at- 
tention à  ne  pas  se  laisser  vendre  des  contrefaçons,  qui  se  re- 
connaissent par  le  peu  de  vif  des  contours  des  dessins,  tous  sur- 
moulés sur  d'anciennes  argiles;  elles  n'ont  pas  la  netteté  de 
celles-là.  Grand  nombre  d'exemplaires  au  Musée  germanique 
et  plusieurs  dans  ma  collection. 

Fabrique  de  vaisselle  en   faïence,   a  émail   stannifère, 

1712  à  1850. 

Cette  fabrique,  qui  existait  encore  en  1 850,  avait  été  établie 
en  171 2,  à  Nurnberg  dans  la  Karthaeussergasse,  n®  939,  vis-à-vis 
du  couvent  des  Chartreux,  aujourd'hui  Musée  germanique,  par 

Christoph  Marx ,  ancien  maître  potier  d'étain,  né  en  1660, 
mort  en  1731,  associé  à 

Johann  Conrad  Romeli,  mort  en  1720; 

Gr.  Salomon  Kees  y  succéda  à  la  mort  de  Marx,  et 

Georg  Friedrich  Kordenbusch  de  Buschenau,  né  en  1731 ,  mort 
en  1802,  y  figure  plus  tard  comme  associé,  tandis  que  l'oncle 
de  ce  Georg, 

Andréas  Kordenbusch  figuredans  le  personnel  de  la  fabrique  de 
la  première  moitié  du  dix-huitième  siècle  comme  peintre  céramiste, 

Joh.  Tobias  Eglert,  gendre  de  Kees,  qui  épousa,  après  la  mort 


200  POTERIES  OPAQUES 

de  ce  potier,  son  unique  fille,  en  1783,  se  trouve  mentionné,  en 
il9i,  comme  fabricant  de  faïences  et  marchand  patenté  de  verres 
de  Venise,  de  cruchons  hollandais  (Delft)  et  de  grés  de  Coblentz; 
il  eut  pour  successeur 

Joh.  Heinrich  Strunz^  qui  est  le  dernier  potier  sous  lequel  la 
fabrique  a  cessé. 

Murr,  dans  la  description  de  Niirnberg,  édition  de  1801,  ap- 
pelle cependant  encore  l'usine  <t  fabrique  de  faïence  de  Kees  », 
et  la  dernière  mention  s'en  trouve  dans  TAlmanach  de  com- 
merce de  la  ville  de  Niirnberg  de  Tannée  1850. 

Des  documents  se  rapportant  à  cette  fabrique  existent  aussi  à 
rhôtel  de  ville  :  L.  976,  L.  191,  n.  392,  folio  6-8,  et  Roth  en 
parle  dans  son  histoire  de  Niirnberg. 

Quant  à  la  famille  des  Kordenbusch,  voici  ce  que  M.  Lochner, 
l'archiviste  de  la  ville,  a  bien  voulu  me  communiquer  : 

Paulus  Kordenbusch,  teneur  de  livres,  marié  avec  Anna- 
MargarethaRômin,  fille  d'un  secrétaire  de  guerre  sous  Gustave- 
Adolphe,  a  laissé  quatre  fils  :  Georg,  marié  avec  Anna  Barbara, 
est  mort  sans  enfants  (le  testament  de  sa  veuve,  daté  de  1745, 
institua  comme  héritier  universel  le  neveu  Georg  Kordenbusch, 
plus  tard  Kordenbusch  de  Buschenau);  Andréas  le  peintre;  un 
autre  fils,  probablement  peintre  céramiste  aussi,  mais  dont  on 
n'a  pas  trouvé  les  prénoms;  et  Friedrich,  ministre  à  l'église 
de  l'hôpital,  mort  en  1736,  homme  riche  et  père  du  George 
Kordenbusch  de  Buschenau,  son  unique  enfant,  qui,  par  les 
deux  héritages,  devint  fort  riche  et  se  fît  anoblir  en  1790.  En 
1796,  après  l'invasion  des  armées  républicaines  françaises,  i 
fut  emmené  en  otage  dans  les  Ardennes.  Les  armoiries  de  cette 
famille,  déposées  depuis  1651  et  renouvelées  par  ce  dernier 
Georg,  avec  lequel  la  famille  des  Kordenbusch  s'est  éteinte,  sont 
parlantes.  Deux  arbrisseaux  (Biische)  brûlants  sur  un  champ 
rouge  qui  entourent  un  cœur  (cor). 

Une  plaque  en  faïence  à  émail  stannifère  blanc,  décorée  en 
camaïeu  bleu  aux  armes  *  de  Christoph  Marx,  et  qui  fait  partie 
de  ma  collection,  porte  l'inscription  suivante  : 

Herr  Christoph  Marx,  Anfdnger  der  allhiesigen  Porcelaine  Fabrique^  natus 
1660,  den  25  Decemb,,  denatua  anno  1731  den  18  Mdrz* 

i .  Tête  de  femme  surmontée  d'un  casque  à  TÎsière  fermée,  et  qui  est  cou- 
ronné d'un  griffon  qui  tient  le  globe  impérial. 


EUROPÉENNES.  201 

Le  musée  de  Berlin  possède  six  plaques  sur  lesquelles  on  lit 
au  revers  de  celle  marquée  du  n°  582  : 

Herr  Johann  Conradt  Romelij  Ànfenger  dieser  allhiesigen  Porcelaine  Fabri- 
que,  an.  1712.  In  Gott  verschieden y  an.  1720.  Atates  sua  (sic)  1672, 
NUmberg  Tauber,  bemahlt,  anno  1720,  22  November, 

OU  en  français  : 

M.  Jean  Conrad  Roméli,  commençant  de  cette  fabrique  indigène  de  porcelaine, 
an.  1720;  décédé  en  Dieu,  an.  1720,  Niimberg.  Georg  Tauber,  peint., 
année  1720,  —  20  novembre. 

Les  deux  mots  Anfenger  et  Anfanger, —  voulant  dire  tous  les 
deux  commençant,  sont  diversement  orthographiés ,  et  le  mot 
bemahlt  (peint)  contient  un  h.  Le  mot  porcelaine  est  également 
écrit  de  différentes  manières,  —  de  sorte  que  toute  cette  or- 
thographe variée  prouve  le  peu  de  certitude  grammaticale 
d'alors. 

Georg  Tauber  en  n20  était  donc  aussi  un  peintre  céramiste, 
employé  à  la  fabrique  de  Marx. 

La  plaque  de  faïence  de  ma  collection  et  les  six  plaques  en 
faïence  transparente,  dite  «  porcelaine  à  pâte  tendre,  »  et  que 
je  crois  tout  simplement  en  faïence  opaque,  du  musée  de  Berlin, 
avec  leurs  inscriptions,  forment  donc  une  biographie  authen- 
tique et  précieuse  des  deux  potiers. 

Une  belle  cloche  de  cette  fabrique ,  conservée  au  musée  de 
Sèvres,  est  décorée  en  camaïeu  bleu  aux  armes  de  Niimberg, 
et  porte  l'inscription  suivante  : 

Christoph  Marx,  Johann  Jacob  Mayer,  des  H.  Reich.  Stadt.  Niimberg,  1724. 
C'est-à-dire  : 

La  ville  de  Niimberg  du  gaint  empire  romain. 

Je  n'ai  rien  trouvé  qui  puisse  faire  supposer  que  ce  Johann 
Jacob  Mayer  ait  été  aussi  associé;  était-il  peintre? 

On  y  lit  encore  la  signature  de  Stroebel  ,  le  peintre.  Cette 
signature  avec  la  date  i  730  se  trouve  aussi  au  même  musée  sur 
un  grand  plat  décoré  en  camaïeu  bleu,  où  on  voit  au  milieu 
une  coupe  chargée  de  fruits,  avec  un  paon. 

M.  W.  Seibt,  à  Frankfurt-sur-Mein,  a  dans  sa  collection  un 
pot  forme  aiguière  et  à  anse  tressée,  de  27  i/'2  centimètres  de 


202  POTERIES  OPAQUES 

hauteur,  où  le  décor  en  camaïeu  bleu,  avec  médaillon  sur  la 

panse,  représente  la  figure  allégorique  de  l'Abondance,  et  qui 

est  signé 

G.  F.  Grebner,  1720. 

Dans  la  collection  de  M.  C.  W.  Reynolds  se  trouve  un  plat 
en  décor  camaïeu  (bleu,  jaune  et  rose),  dont  le  centre  montre 
TÀscension  avec  les  soldats  endormis  dans  un  paysage  rocheux. 
Ce  plat  est  signé  et  daté 

Nùmberg 

1723 

Glùer. 

Ce  Gliier  était  probablement  encore  un  des  peintres  de  cette 
fabrique. 

M.  E.  Laborie,  à  Paris  ^  a  dans  sa  collection  deux  de  ces 
plats  godronnés  qui  doivent  être  peints  par  Possinger  ou  par 
Grebner. 

J'ai  rencontré  une  cruche  qui  portait  la  même  signature  de 
peintre,  avec  le  millésime  de  1731  et  les  initiales  B.  K. 

M.  Willet,  à  Amsterdam,  a  dans  sa  belle  collection  un  plat 
rond  à  bord  godronnés  et  à  décor  polychrome  à  sujet,  exécuté 
sans  poncis,  qui  est  signé 

Grebner  1726. 

Deux  charmants  plats,  semblables  au  précédent,  et  mesurant 
26  3/4  centimètres,  également  décorés  en  polychrome,  mais  où 
le  bleu  domine,  se  trouvent  dans  la  collection  de  M.  W.  Seibt, 
Frankfurt-sur-Mein.  Les  sujets  du  milieu  représentent  les  figu- 
res allégoriques  de  l'Eau  et  de  l'Air,  et  sont  d'une  exécution 
fort  artistique.  Ces  plats  qui  paraissent  peints  par  ce  même 
Grebner  ne  portent  pour  toute  signature  qu'un 

B 

«•• 
(Voir  aussi  pour  cette  môme  marque  Schrezheim.) 


i.  La  collection  Laborie  est  composée  de  tous  les  genres  d'objets  d'art  des 
meilleures  époques,  et  particulièrement  du  seizième  siècle.  La  faïence  y  est  moins 
richement  représentée  que  le  fer  ciselé,  le  bois  sculpté,  les  émaux,  etc. 


EUROPÉENNES.  S03 

M.  le  baron  de  Bibra  S  à  Nurnberg,  a  dans  sa  collection  une 

tasse  à  décor  polychrome  et  où  tout  indique  le  commencement 

du  dix-huitième  siècle  comme  époque  de  fabrication,  qui  est 

marquée 

C.  B 

Il  y  a  encore  deux  plats  (toujours  godronnés)  au  musée  de 
Sèvres,  dont  Tun  est  une  imitation  lointaine  de  Faenza,  et  l'au- 
tre, décoré  d'un  dessin  allégorique  sur  Luther,  avec  les  rimes 

Betracht  diess  Gemahl 

Und  schau  was  dos  Jahr 

Dir  fur  ein  Jubel  Bild  in  soîchen  stellet  dar, 

Gott  Ictss  dein  Word  uns  reine  fiihren 

Bis,  in  der  Seligkeit  toir  ewig  jubiliren, 

Anno  1730,  ï^  juin, 
G.  F,  Greber,  anno  1720  e«  1730.  Nurnberg, 

En  français  : 

Regardez  ce  tableau, 

Et  voyez  ce  que  cette  année 

T  représente  de  Jubilée. 

Laisse,  6  mon  Dieu,  nous  conserver  ta  parole 

Jusqu'à  ce  que  notre  âme  à  l'éternité  s'envole  I 

Le  décor  représente  Luther  d'un  côté  et  vis-à-vis  de  lui  le 
prince  électeur  de  Saxe,  —  séparés  par  une  Bible  ouverte,  sur 
laquelle  on  lit  : 


Au. 

Con. 

Gusta. 

Fea. 

Na. 

510 

Autour  des  personnages  se  trouve  tracé  : 

Johannes  Herzog  zu  Sachsen.  Kwrfwst,  mmiificus  Lutherius,  der  h.  Schrift, 

Doctor  und  Prof  essor  zu  Vittenberg. 

A  quel  événement  ce  dessin  allégorique  peut-il  se  rapporter? 
Il  a  pu  être  exécuté,  pour  rappeler  au  pays  et  au  prince  apo- 
stat* l'anniversaire  soit  de  la  confession  d'Augsburg  de  1530, 

1 .  Ce  savant  collectionneur,  connu  pour  ses  travaux  chimiques  et  ses  spiri- 
tuelles nouvelles,  habite  une  maison  du  seizième  siècle,  qui  est  entièrement  meu- 
blée dans  le  goût  de  l'époque  et  remplie  de  fond  en  comble  d'objets  d'art  et  de 
curiosités. 

2.  L'électeur  Friedrich  Auguste  I,  ou  Auguste  II,  abjura  la  religion  protes- 
tante pour  monter  au  tr6ne  de  Pologne,  et  il  renia  par  intérêt,  comme  Henri  IV 
en  France,  la  foi  du  progrès. 


204  POTERIES  OPAQUES 

soit  de  la  paix  de  Niirnberg  de  Ia32.  Un  plat  lout  pareil  existe 
dans  la  collection  de  fi.  Loisel,  à  la  Rivière  ThibouviUe  (Eure). 

La  signature  de  Greber  me  parait  c«lle  de  Grebner,  écrite 
fautivement. 

Madame  Cave,  à  Paris,  pos^de  deux  plats  semblables,  mais 
sans  aucune  marque.  L'ud  des  sujets  représente  deux  person- 
nages,  homme  et  femme,  dans  un  paysage  taillotlé  dans  le  goilt 
du  dix-huitième  siècle.  Le  costume  de  l'homme  et  son  chapeau 
tricorne  indiquent  l'époque  du  grand  Frédéric.  Ce  sont  encore 
deux  exemplaires  qui  me  paraissent  être  peints  par  ce  même 
Grebner. 

Ponsinger,  autre  peintre  de  la  manufacture  de  Han,  est  de  la 
même  époque  où  Stroebel,  Tauber,  Gliter,  Grebner  et  le  célèbre 
Korâenbasch  y  ont  travaillé. 

Un  plat  rond  godronné,  de  24  cenlimèlres  de  diamètre,  de  ma 
collection,  provenant  de  celle  de  M.  Nadar,  et  qui,  décoré  dans 
le  genre  des  plats  susmentionnés,  montre  au  milieu  un  paysage 


iirabËrg,  peial  par  PdBsiiiger.  (De  ma  collectioa.) 

très-vert  de  couleur,  et  des  ornements  polychromes  sur  le  marli, 
porte  la  signature 

PoBsinger,  1727. 


EtHOPÉESSES.  205 

Dans  ma  collection,  un  grand  plat  ovale,  à  centre  ombiliquë 
et  bords  festonné?  de  43  sur  50  centimètres,  décoré  en  camaïeu 
bleu  et  sur  le  cru  d  une  infin  té  d  ornements  de  grande  finesse, 


exécuté  sans  poncis,  montre  quatre  médaillons  uu  cartels,  dont 
les  sujets  représentent  la  naissance  du  Christ,  la  Circoncision, 
le  Baptême  dans  le  Jourdain  et  la  Bénédiction  des  Enfants. 

Ce  plat  porte  l'initiale  d'Andréas  Kordenbusch  réunie  à  celle 
de  Marx. 


M: 


Cette  belle  faïence  est  la  pièce  de  maîtrise  do  ce  cëlèbre 
peintre  céramiste,  l'oncle  de  Georg  Friedrich  Kordenbusch  de 
Buschenau,  l'associé  delà  fabrique  après  la  mort  de  Marx. 

J'ai  encorede  cette  fabrique  un  gobelet  à  pied,  forme  calice, 
de  20  centimètres  de  hauteur,  et  dont  le  décor  en  camaïeu 
blanc  sur  le  cru  consiste  en  ornements  et  en  deux  armoiries  : 
l'une,  probablement  les  armes  de  Brunswick,  accompagnée 


206  POTERIES  OPAQCKS 

des  lettres  Z.  B.  (Zu  Braunscbweigf  ];  l'autre,  composée  d'un 
bras  armé,  sortant  de  nuages  et 
tenant  trois  glands  de  châne, 
le  tout  Burmonté  d'un  casque  à 
visière  fermée  et  couronnée. 
L'armoirie  est  accompagnée  du 
millésime  de  1736  et  d'un  mo- 
nogramme 

I.  G.  K 

la  marque  d'un  des  Korden- 
busch. 
_  Le  musée  de  Cluny  '  pos- 
sède, d'un  de  ces  mêmes  pein- 
tres, deux  plats  drageoirs  à  com- 
partiments et  décorés  en  ca- 
maïeu bleu,  qui  sont  marqués 


K. 


M.  E.  Pascal,  h  Paris, 
moriée,  marquée 


dans  sa  collection  u 


B.  K. 


J'ai  aussi  rencontré  une  assiette  armoriée  où  l'écusson  mon- 
tre un  cerf,  entouré  des  lettres  C.  C.  I+I.,  et  le  millésime 
H  3  3C  X  L  I..  qui  était  signée 

0.  Kordenbusch. 

M.  Willet,  à  Amsterdam,  possède  une  cuvette  avec  son  pot, 
toujours  en  caraafeu  bleu,  marqué 


La  galerie  d'antiquités  de  feu  Charles  de  Graimberg,  au  châ- 
teau de  Heidelberg,  possède,  de  cette  fabrique  de  NUrnberg,  un 

(.  Le  niiuée  •  des  TbenDM  ci  del'htld  Climy,  •  à  Faria,  esl  éUblî  dioi  la 
roinn  du  palais  des  Césers  de  l'ialii)ue  Lutéce ,  conalruil  lu  qualriëme  aiècte, 
connu  soub  le  nom  des  Thermet  de  Julien,  et  daus  l'hAtel  goihique  conligu, 
cODblruil  par  Jehan  I"  de  Bourbc^Uf  Tabbé,  el  par  iacques  d'Aoïboise,  abbé  de 
Clnny  el  «TÈque  de  ClernwBl,  de  1*1)1)  à  U90.  La  créalion  de  ce  mmée  dale  de 


EUROPÉENNES.  207 

pol  avec  sa  cuvette  en  décor  à  camaïeu  bleu.  Le  pot  porte  les 
armoiries  de  l'évoque  de  Wuczburg,  au  millésime  de  1724,  et 
rinscription  suivante  : 

Vivat  Christophorus  Franciscus  von  Hullen  et  Stolzenberg,  Bischof 
zu  Wurzbwg  und  Herzog  zu  Franken. 

Dans  ma  collection,  un  plat  colossal  en  camaïeu  bleu,  de 
62  centimètres  de  diamètre,  décor  genre  chinois  à  trophées 
sur  les  bords  et  animaux  au  fond,  peint  sur  le  cru  ;  —  N®  3502, 
au  musée  de  Kensington,  à  London,  un  pot  forme  aiguière,  à  dé- 
cor camaïeu  bleu,  attribué  faussement  à  Nevers,  sont  encore  de 
cette  provenance. 

Une  grande  plaque,  décorée  en  camaïeu  bleu  d'un  portrait 
de  saint  Pierre,  au  musée  de  Kensington,  n»  3073,  est  marquée 

Johann  Seebalt  Frantz 
1724* 

On  l'attribue  à  Delft,  mais  les  prénoms  et  leur  orthographe 
me  font  supposer  qu'elle  a  été  fabriquée  à  Niirnberg. 

Eftfin,  comme  curiosité,  voici  l'inscription  que  j'ai  recueillie 
sur  l'enseigne  d'un  potier  de  Niirnberg,  et  que  le  brave  homme 
a  évidemment  tirée  du  dix-huitième  chapitre  de  Jérémie  : 

«  Comme  l'argile  est  dans  la  main  de  ce  potier,  ainsi  ôtes- 
vous  dans  ma  main.  Le  vase  que  ce  potier  fait  de  l'argile, 
s'il  le  gâte  ou  qu'il  lui  semble  mauvais,  il  le  brise  et  le  jette  et 
refait  un  autre  vase  comme  il  lui  semble  bon  de  le  faire.  » 

En  terminant  l'article  sur  les  anciennes  faïences  de  Niirn- 
berg, je  dois  encore  renvoyer  le  lecteur  au  curieux  inventaire 
du  patricien  Willibald  Im-Hof  II,  qui  a  été  placé  à  la  fin  du 
chapitre  des  faïences  italiennes. 

Terre  cuite  a  vernis  plombifère  et  a  émail  stannifère, 

de  1829  jusqu'à  ce  jour. 

M.  Christian  Wilhelm  Fleischmann,  né  à  Erlangen,  en  1780, 

l'année  1843  seulement,  où  il  fut  fondé  avec  la  collection  Du  Sommerard,  que 
l'État  avait  achetée,  n  était  d'abord  destiné  à  renfermer  des  antiquités  nationales, 
mais  il  se  compose  actuellement  de  toutes  sortes  de  productions  d'art  provenant 
des  époques  gothique  et  de  la  Renaissance.  Il  se  trouve  sous  la  direction  de  M.  du 
Sommerard,  fils  du  fondateur,  qui  lai  a  donné  une  grande  impulsion. 

L'hôtel  Cluny  lui-même  est  un  des  plus  beaux  spécimens  de  l'art  gothique. 


208  POTEBIES  OPAQUES 

fonda  à  Nurnberg,  en  (3'29,  une  manufacture  d'objets  d'art  in- 
dustriel en  papier  mâché  et  en  argile  cuite,  qui  prit  bientftt 
une  très-grande  extension,  et  il  obtint  des  médailles  et  des  en- 
couragements à  toutes  les  expositions,  distinctions  parmi  les- 
quelles figure  l'ordre  bavarois  de  Saint-Michei. 

Vl.Wilkelm Fteisckmann,\e  &ls  ÛM  précédent,  né  à  Nurnberg, 
en  1824,  a  pris  la  suite  de  la  manufacture  en  (839, 

C'est  des  ateliers  de  ce  dernier  que  sont  sorties  les  cariatides 
de  douze  pieds  de  hauteur,  qui  ornent  le  nouveau  palais  royal 
à  Hiinchen. 

Outre  une  collection  complète  de  préparations  anatomiques 
et  pathologiques,  de  squelettes  et  de  monstruosités,  la  fabrique 
produit  aussi  toutes  sortes  d'imitations  d'armureset  de  poteries 
anciennes,  soit  pour  les  théâtres,  soit  pour  les  collections,  les 
ateliers  de  peintres  et  les  musées,  et  qui  y  servent  à  remplacer 
des  originaux  rares  par  des  copies  fidèles.  Cette  manufacture 
a  aussi  reproduit,  en  terre  cuite  émaillée,  une  quinzaine  de 
modèles  de  poêles  anciens,  soit  gothiques,  soit  de  style  renais- 
sance et  imités  des  originaux  du  Musée  germanique,  et  de  la 
collection  Forsler,  à  Niirnberg.  On  y  trouve  quelques  poêles 
anciens  en  monochrome  et  en  polychrome,  qui  apparlieo- 
nent  à  la  fabrique  et  datent  de  1490  à  iHiO.  11  y  a  parmi  les 
reproductions  un  bon  exemplaire  imité  du  poêle  du  Burg,  au 
millésime  de  1590,  qui  est  orné  enhaut-relief  et  en  ronde  bosse 
de  sujets  bibliques  ;  et  un  autre  poêle,  également  imité  d'après 
un  modèle  ancien,  du  musée,  qui  est  tout  couvert  d'armoiries 
datant  de  1490  à  4S10,  Ce;  poêles  ont  ordinairement  10  pieds 
de  hauteur  sur  5  de  profondeur,  mais  le  fabricant  peut  modi- 
fier les  dimensions.  La  marque  de  ce  manufacturier  consiste 
dans  les  armoiries  de  ta  famille  Fleischmann,  ornées  de  la  dé- 
coration de  Saint-Uichel,  telles  que  les  voici  : 


EUROPÉENNES.  209 

H.  Tieselmann  est  un  potier  qui  copie  aussi  actuellement,  à 
Nurnberg,  les  vieux  poôles  du  moyen  âge  et  de  la  renaissance  ; 
il  réussit  admirablement  dans  la  Tabrication  de  ceux  où  le  vernis 
est  en  vert  de  cuivre,  et  son  poêle  avec  des  bustes,  en  gran- 
deur naturelle,  est  ce  que  l'on  peut  trouver  de  mieux  imité. 

BAKBKITTH. 

{JUcienne  OTlhogrïpbe  :  BAYBEUIH),  iHIe  (ranconieiuie  sur  le  Uak  rouge. 


Grés  bhons  communs,  ornés  ordinairement  de  médaillons  style 


1000  à  noo 

lliOO  à  ISOO 
s  cruches  portent 


I.  Godia.  nll.  tirgei. 
eu). 


Bugeenpeu» 


moyen  âge  et  de  la  renaissance. 
FaIehcb  a  email  stannifëhe. 

A  mascarons  et  à  cartouches  en  relief; 
très-souvent  des  devises.  Sur 
une  pièce  de  ma  collection,  où 
les  figures  sans  barbe  des  mé- 
daillons indiquent  le  quinzième 
siècle,  OQ  lit  : 


Drink. 

(BoL. 

Comme  ce  même  genre  de  grès 
a  été  aussi  fabriqué  aux  bords 
du  Rhin,  à  Neuwit,  Lauenstein, 
Hunenstein,  Coblenz  et  ailleurs, 
commeonen  rencontre  beaucoup 
encore  à  Kôln,  oii  les  marchands 
de  curiosités  et  le  peuple  les 
appellent  Barlmanekes  [hommes 
barbus),  d'où  les  Anglais  ont 
sans  doute  dérivé  leurs  noms  de 
Béllarmine  et  Long-Beard  sous 
lesquels  ils  les  désignent,  et  comme  on  rencontre  même  très- 
souvent  ces  pots  dans  les  environs  d'Avignon,  où  le  commerce 
les  a  tirés  dans  le  temps  des  bords  du  Rhin,  je  doute  que  ce 
genre  de  grès  ait  jamais  été  fabriqué  à  Baireuth,  comme  cela 
est  admis. 

Quant  h  la  faïence  de  Baireuth,  son  origine  est  incontestable; 
presque  toujours  en  camaïeu  bleu,  son  décor  se  signale'par  le 


210  POTERIES  OPAQUES 

bleu  pâle  et  par  des  dessins  tracés  au  pinceau  dans  une  espèce 
de  hachures  semblables  aux  dessins  à  la  plume  ;  la  pâte  est  belle 
et  légère,  et  toute  cette  faïence  ressemble  beaucoup  à  celle  de 
la  fabrique  de  Christophe  Marx  de  Ntirnberg,  de  1712. 

Le  musée  de  Sèvres  ^  possède  un  grand  pot  à  anses,  marqué 
en  toutes  lettres  : 


ffO 


mwmilt 


ou  le  monogramme 


On  voit  un  grand  nombre  de  pièces  en  décor  à  camaïeu  bleu 
dans  l'ofiBce  du  château  delà  Favorite,  près  Baden-Baden,  ainsi 
qu'aux  musées  de  Sigmaringen,  où  la  bouteille  au  millésime  de 

1524 
est  précieuse  pour  sa  date. 

1 .  Le  musée  céramique  de  la  manufacture  impériale  de  Sèvres,  qui  remplit 
huit  salles  et  une  galerie  de  quatorze  fenêtres,  a  été  fondé  de  1805  à  1812,  sous 
la  direction  de  Brongniart,  et  doit  beaucoup  à  M.  Riocreux,  le  zélé  conservateur 
qui  y  a  tout  organisé  avec  une  grande  prédilection.  Composé  de  toutes  sortes  de 
productions  céramiques,  aussi  bien  modernes  qu'anciennes,  il  est  particulièrement 
destiné  à  l'étude  technique  des  poteries,  de  la  marche  progressive  de  leur  fabri- 
cation et  des  manufactures  des  différents  pays.  Brongniart  a  expliqué  (Introduc- 
tion de  la  Description  du  Musée  céramique  de  la  manufacture  royale  de  por- 
celaine de  Sèvres,  par  Brongniart  et  Riocreux  ;  in-4*',  1 845}  le  but  de  la  formation 
de  ce  musée  de  la  manière  suivante  : 

0  Quant  aux  points  de  vue  sous  lesquels  les  produits  qui  composent  le  musée 
doivent  être  considérés,  ils  sont  aussi  bien  déterminés  par  le  but  unique  auquel 
doivent  tendre  les  sujets,  que  ces  objets  eux-mêmes  le  sont  par  leur  nature  ;  c'est 
la  0  considération  technique  »  dans  tout  son  développement  qui  doit  y  dominer. 

•  Ce  ne  sont  ni  des  objets  d'art  sous  le  rapport  des  formes,  des  compositions,  du 

•  dessin,  etc.  ;  ni  des  objets  historiques  sous  celui  des  objets  représentés  ;  ni  même 
«  des  objets  archéologiques  sous  celui  des  inscriptions,  etc.  »  Et  plus  loin  :  a  II 


EUROPÉENNES.  2i  1 

rài  rencontre  partout,  de  cette  fabrique,  un  grand  nombre 
de  cuvettes,  de  potiches  et  de  jardinières,  avec  ou  sans  mar- 
ques. Baireuth  est  une  ville  de  quinze  mille  âmes;  elle  possède 
encore  actuellement  une  fabrique  de  porcelaines,  à  Saint- 
GeqrgeS'Sut-V Étang,  bourg  situé  à  un  quart  d'heure  de  la  ville, 
sur  le  côté  opposé  du  Mein^ 

CRBV00E1I  on  KREV0BEM, 

Petite  ville  de  1000  habitants,  située  sur  la  droite  du  Main  rouge, 
à  trois  lieues  de  Baireuth,  dans  la  Franconie. 

Grès  bruns  a  bas  reliefs  et  a  glaçure  alcaline,    1600  à  i690 
Grès  bruns  a  bas  reliefs  a  glaçure  alcaline 
et  a  émail  stannifère  polychrome.  »        » 

Cette  petite  ville  où  les  premières  monnaies  des  Burgrafen 
de  NUrnberg  ont  été  battues  en  1246,  a  acquis  une  certaine 
célébrité  par  ses  grès  à  reliefs,  décorés  d'émaux  stannifères, 
qui  sont  connus  des  amateurs  en  Allemagne  sous  le  nom  de 
Creusner  Sieingut. 

Les  Apostel-Krûge  ou  cruches  ou  po^'  aux  apôtres  et  des 
quatre  évangélistes,  ainsi  que  les  Jagdkrûge  ou  cruches  ou  pots 
aux  chasses,  sont  très-recherchés  aujourd'hui  par  les  musées 
et  les  collectionneurs;  la  valeur  de  ces  grès  a  augmenté  d'une 
manière  surprenante,  car  un  pot  aux  apôtres^  que  l'on  achetait 
il  y  a  dix  ans  pour  quinze  francs,  vaut  aujourd'hui  cent  et  cent 

«  faut  donc  éviter  de  confondre  ce  musée  avec  ceux  où  des  objets  faits  avec  des 
a  matières  céramiques  ou  vitriques  sont  réunis  sous  l'une  des  considérations  pré- 
4  cédentes,  etc.  d 

Ces  considérations  n'ont  cependant  pas  empêché  que  ce  musée  ne  soit  devenu, 
sous  l'intelligente  direction  de  M.  Riocreux,  la  plus  importante  de  toutes  les  col- 
lections céramiques  de  la  France  et  peut-être  de  l'Europe. 

La  classification,  quoique  tout  à  fait  autre  que  celle  suivie  par  moi,  en  est  très- 
bonne;  elle  est  faite  au  point  de  vue  historique.  La  fabrication  des  productions 
céramiques,  depuis  la  brique  jusqu'à  la  porcelaine,  y  est  représentée  par  ordre 
chronologique  depuis  les  époques  les  plus  reculées  jusqu'au  temps  actuel. 

Toutes  les  pièces  sont  étiquetées,  mais  il  n'y  a  pas  de  catalogue,  ce  qui  est 
très-regrettable  pour  l'étude,  puisqu'il  faut  toucher  chaque  objet  pour  en  lire 
l'étiquette,  —  ce  qui  naturellement  est  impraticable  ;  —  de  sorte  que  le  visiteur 
qui  vient  dans  l'intention  d'étudier  est  rarement  satisfait,  d'autant  plus  qu'il  faut 
une  permission  spéciale  du  conservateur  pour  pouvoir  circuler  sans  être  accom- 
pagné d'un  de  ces  gardiens  ignorants,  qui  font  marcher  le  visiteur  au  pas  de 
course.  Pour  qu'un  musée  soit  utile  au  publie,  l'amateur  doit  être  abandonné  à 
lui-même,  et  pouvoir  stationner,  aussi  longtemps  que  cela  lui  convient,  là  où  un 
objet  l'intéresse. 


212 


POTBBIES  OPAQUES 

c  chasses,  comme  étant  'plus 


cinquante  francs,  et  les  pots  a 
rares,  encore  davantage.         ■> 

J'ignore  s'il  y  a  eu  plusieurs  ou  une  seule  fabrique  à  Creus- 
sen,  mais  il  est  prouvé  par  les  costumes  des  personnages  des 
bas-reliefs,  ainsi  que  par  des  dates  recueillies  sur  ces  pots, 
que  la  fabrication  a  eu  lieu  uniquement  durant  le  dix-septième 
siècle. 

Les  plus  recherchés  comme  les  plus  rares,  sont  les  grès  de 
Creussen  qui  sont  ornés  de  chasses  au  courre,  des  armes 
de  l'empire  germanique  ou  d'armoiries  de  princes,  de  nobles 
et  de  familles  patriciennes.  Le  musée  Sauvageot  possède  un  tel 
exemplaire  ainsi  que  plusieurs  autres  cruches  aux  apôtres.  Au 
musée  de  Cluny,  n"  1279  et  127S,  ce  dernier  avec  inscription  : 
0  Godfried  Samuel  Behemo  »;  d'autres  exemplaires  aux  mu- 
sées de  Berlin  et  de  Munchen;  au  Musée  germanique,  datés 
de  1622,  (667  et  1686;  au  Musée  britannique,  dans  la  salle  de 
la  Mediœval-collection,  armoire  137;  au  musée  de  Kensington 
{40,  56,  etc.);  aus  collections  du  duc  Tascher  de  la  Pa- 
gerie  et  du  docteur  Belliol,  à  Paris;  dans  la  célèbre  collec- 
tion de  grès  deM.  deWeckherlin,  à  La  Haye,  vendue  depuis  à 
H.  Gambart,  k  London,  etc.  Le  pot  à  la  chasse  à  courre, 
qui  se  trouve  représenté  ici,  appartenait  à  cette  dernière  col- 
lection. 


EUROPEENNES.  213 

Un  semblable  exemplaire,  où  les  costumes  des  bas-reliefs  de 
la  panse  représentant  une  chasse  au  lièvre,  indiquant  le  com- 
mencement du  dix-septième  siècle,  et  dont  les  émaux  sont  en  bleu, 
vert,  jaune,  blanc,  brun,  rouge,  et  couleurs  clmr  (couleur  presque 
inconnue  aux  anciens  céramistes) ,  se  trouve  dans  ma  collec- 
tion. Le  musée  des  antiquités  nationales  à  Stuttgard  en  possède 
un  semblable. 

Ces  grès,  sans  les  émaux  de  couleurs,  se  trouvent  encore 
en  profusion  et  ont  peu  de  valeur  marchande  ;  ce  sont  des 
exemplaires  de  rebut  que  la  fabrique  a  vendus  sans  les  faire 
décorer,  parce  que  les  bas- reliefs  n'étaient  pas  sortis  assez  nets 
des  moules.  On  trouve  un  tel  grès  dans  la  collection  Sauvageot, 
il  porte  l'inscription  à  lettres  en  relief  Ba/i/iasar  Schmidt. 

La  contrefaçon  s'est  aussi  emparée  de  ces  pots  de  rebut  et  les 
décore  à  froid.  La  fraude  se  reconnaît  quand  on  gratte  les  cou- 
leurs avec  un  couteau  :  l'émail  seul  résiste  et  la  peinture  s'en- 
lève. 

Il  faut  observer  que  tous  les  pots  et  cruches  de  Creussen  sont 
bien  en  grès,  c'est-à-dire  de  cette  matière  dure  que  le  couteau 
n'entame  pas  (décrite  à  la  fin  de  l'Introduction).  Les  pots  et 
cruches  ornés  également  de  reliefs  décorés  (le  fond  brun  un  peu 
plus  foncé)  en  terre  cuite,  qui  s'entame  au  couteau,  sortent  d'une 
fabrique  saxonne  du  seizième  au  dix-huitième  siècle,  dont  je 
n'ai  pu  encore  découvrir  la  localité  et  dont  on  trouve  repro- 
duit un  exemplaire,  pris  de  ma  collection,  à  la  fin  du  chapitre 
précédent,  qui  traite  des  faïences  saxonnes. 

N»  981,  le  pot  à  bière  à  anse  et  à  couvercle  d'étain  et  décoré 
d'émaux  de  couleurs  du  musée  Sauvageot,  n'est  pas,  comme 
lé  catalogue  le  porte,  en  grés^  mais  dans  cette  terre  cuite  de  Saxe  y 
susmentionnée. 

Claude-Louis  Ziegler,  peintre  d'histoire  et  céramiste  (voir 
l'article  sur  cet  artiste),  a  reproduit  des  grès  décorés  en  émail 
stannifère  polychrome  dans  sa  fabrique  à  Voisinlieu,  vers  1838, 
mais  il  n'y  a  imité  aucune  des  formes  de  Creussen. 

Le  Musée  germanique  possède  trois  bas-reliefs  en  argile  blan- 
che cuite,  qui  ont  servi  à  la  confection  des  moules  avec  lesquels 
on  a  fabriqué  les  ornements  appliqués  sur  les  grès  de  Creussen. 

Une  de  ces  charmantes  sculptures  qui  représente  les  armoi- 
ries de  la  famille  des  Gugel  de  NUrnberg,  famille  honorable 
mais  non  ipas  patricienne,  selon  la  désignation  du  temps,  c'est- 


214  POTERIES  OPAQUES 

à-dire  qui  n'était  pas  admise  aux  emplois  du  gouvernement^  est 
signée  : 

Den  26.  T*"".  GeorgitAS  Vesty  Possirer  und  Hafner  zu  Creusen.  Anno  1608. 

c'est-à-dire  : 

Le  26  septembre,  année  1608,  Georges  Test,  modeleur  et  potier  à  Creussen. 

Un  autre  de  ces  bas-reliefs,  qui  représente  une  figure  en 
pied,  porte  : 

Caspar  Vesty 
avec  son  monogramme 


et  un  troisième  : 

Hans  Cristoph  Vest,  1610, 

avec  le  môme  monogramme. 

Il  est  donc  fort  probable  que  ces  frères  Vest  sont  les  céra- 
mistes qui  ont  laissé  tous  ces  beaux  grès  que  les  musées  se 
disputent  aujourd'hui. 

Mise  MARK,  prè0  Narnliers. 

Terres  cuites  sans  couverte.  1780 

Le  musée  japonais,  à  Dresden,  possède,  classés  sous  la  déno- 
mination de  Neumarli  *,  plusieurs  groupes ,  datés  de  1 780,  qui 
représentent  des  chasses  au  loup,  au  sanglier,  au  cerf,  au  liè- 
vre, etc.  Ce  sont  de  véritables  œuvres  d'artistes. 

Grand  nombre  d'exemplaires  de  ces  groupes  d'animaux  dans 
la  collection  du  colonel  de  Gemming  à  Niirnberg. 


1 .  Il  y  a  des  amateurs  qui  croient  que  Neumai-k  désigne  plutôt  le  nom  d'un  artiste 
qui  habitait  Nûrnberg ,  et  non  pas  Neumark,  localité. 


EUROPÉENNES.  215 

III 

ÉCOLE  SOUABE 

L'école  céramique  de  Souabe  peut  rivaliser  avec  celle  de 
Nurnberg  et  de  toute  la  Franconie.  On  verra  dans  la  suite  de 
ce  chapitre  que  de  véritables  artistes  ignorés  et  perdus  dans  l'insi- 
gnifiance des  plus  petites  villes,  jusqu'au  milieu  de  la  Forêt- 
Noire,  si  isolée  à  cette  époque  de  la  civilisation ,  ont  laissé  de 
vrais  chefs-d'œuvre.  Hans  Kraut,  de  Villingen,  par  exemple, 
et  les  potiers  inconnus  de  Nôrdlingen,  sont  des  céramistes  qui 
n'ont  été  nulle  part  dépassés  à  cette  époque. 

HEIIiBROMll)  0ar  le  Meekar. 

Terre  cuite.  1000  à  1200 

Le  musée  des  antiquités  nationales  à  Stuttgard  possède  un 
carreau  de  poêle  (n^  401)  provenant  du  château  de  Neuberg, 
près  Heilbronn,  et  dont  les  bas-reliefs,  composés  de  figures  et 
d'ornements  de  style  roman,  indiquent  le  onzième  siècle. 

0CHliE0TADT  (Sehelestadt) ,  en  AUaee. 

Faïence  ou  terre  cuite  a  émail  stannifêre  ou  plutôt  au  ver- 
nis DE  PLOMB.  vers  1245 

On  a  cru  que  la  faïence  émaillée  aurait  été  inventée  dans 
cette  ville.  (Voir  Annal,  dominicanorum  Colmariens»  —  Vrstis, 
Smpt.  Rev.  German,,  v.  II,  page  10.) 

Schlestadt,  dont  les  produits  céramiques  anciens  ne  peuvent 
êtr9  classés  que  parmi  ceux  de  la  branche  souabe  de  l'école 
allemande,  tandis  que  la  vaisselle  moderne  de  la  ville  alsacienne 
appartenait  à  la  production  française,  —  doit,  selon  la  routine 
des  compilateurs,  avoir  inventé  la  glaçure  ou  l'émail  imper- 
méable et  insoluble  de  la  poterie.  Est-ce  la  glaçure  plombifère 
ou  alcaline,  ou  tout  autre  vernis  minéral  déjà  connu  des  Égyp- 
tiens et  des  Grecs'?  Est-ce  l'émail  stannifêre ,  déjà  employé 
par  les  Musulmans  et  par  les  Allemands  du  nord  aux  onzième, 
douzième  et  treizième  siècles  ?  —  Personne  ne  le  sait,  et  rien 

1 .  Voir,  daus  l'Appendice,  les  poteries  de  Tarse,  en  Cilicie. 


216  POTERIES  OPAQUES 

ne  prouve  que  le  potier  de  Schlestadt  ait  recouvert  ses  poteries 
d'un  véritable  émail  stannifère  ou  simplement  d'un  .vernis  mi- 
néral tel  que  Ton  en  rencontre  sur  des  poteries  bien  plus  an- 
ciennes. 

Schoepflin,  dans  son  Alsatia  illustrata,  fixe  la  mort  du  potier 
inventeur  de  Schlestadt  à  Tannée  i283. 

Il  faut  rappeler  ici  encore  une  fois  les  recettes  que  le  moine 
Theophilus  a  données  dans  sa  Schedula  diversarum  artium^  II, 
\  6.  Cf.  III,  65  ;  et  mes  découvertes  des  faïences  émaillées  d'étain, 
de  Rostock  (i  150),Leipzig  (1207),  Breslau(1290),  etc.,  les  grands 
ouvrages  en  terre  cuite  dans  les  églises  de  Danzig,  Luneburg  et 
Brandenburg,  les  carreaux  verts  suisses  en  style  roman  (voir  Zu- 
rich), car  tout  cela  ôte  de  l'importance  à  cette  attribution  de  la 
première  gîaçure  de  Schlestadt,  puisque  ça  établit  que  des  poteries 
émaillées  ont  été  faites  avant  et  vers  la  même  époque  sur  plusieurs 
points  en  Allemagne.  Dans  le  chapitre  qui  traite  de  la  céramique, 
écrit  par  MM.  Riocreux  et  Jacquemart ,  à  la  fin  du  quatrième 
volume  de  l'ouvrage  intitulé  le  Moyen  Age  et  la  Renaissance,  par 
Paul  Lacroix  et  Seré,  que  j'ai  eu  déjà  occasion  de  mentionner, 
les  auteurs  confondent  encore  l'émail  avec  le  vernis  minéral, 
quand  ils  disent  :  «  Le  même  doute  plane  sur  l'origine  de 
a  rémail  plombique  et  ses  diverses  applications.  »  Cette  erreur 
est  reproduite  à  un  degré  plus  marqué  encore  dans  la  suite  de 
l'article,  où  ces  messieurs  parlent  d'un  «  fragment  de  vase  à 
reliefs  d'une  glaçure  plombifêre  »  provenant  de  l'abbaye  de 
Jumièges,  de  l'année  ii20,  qu'ils  appellent  «  la  première  po- 
terie émaillée  connue,  »  comme  si  les  Chinois,  les  Égyptiens  et 
les  Grecs  ne  nous  avaient  pas  laissé  de  si  nombreuses  preuves 
du  contraire? 

Du  reste,  je  penche  de  plus  en  plus  à  croire  que  l'émail  stan- 
nifère môme  a  été  connu  déjà  dans  la  plus  haute  antiquité.  Les 
perles  des  colliers,  mentionnées  dans  l'article  :  Augsburg,  sont 
fort  probablement  de  fabrication  égyptienne,  et  les  verreries 
romaines  contiennent  aussi  déjà  de  l'émail  stannifère. 

«mirilT-SQCABB  (SchwâbUeh-Omttnt). 

Sur  la  Remse,  à  cinqaante-trois  kilomètres  de  Stutg&rd. 

Terre  cdite  au  vernis  vert  de  cuivre.  A  peu  près  de  i  350  à  i  370 
Gmiint  est  une  très-ancienne  ville  libre  ou  immédiate  de 


l'Empire  germanique,  souvent  mentiounëe  dans  l'hisUiire  des 

Hokeitstaufen;  elle  est  aussi  la  ville  natale  du  célèbre  archi- 
tecte Aller. 
Deux  tuiles  de  croupe',  de  la  collection  de  M.  Soyter  au 


musée  Maxin  .    ij  historique  d'Auj^sLur^  et  une 

semblable,  conservée  dans  ma   collection,  qui  représentent 
(les  marmousets  modelés  à  la  maiu,  d'une  manière  fort  nafve, 


218  l'OTERlES  OPAQUES 

proviennent  du  clocher  de  la  vieille  église  de  la  Croix,  brûlée, 
et  dont  la  construction  eut  lieu  de  4351  à  137i.  Recouvertes 
d'un  vernis  vert  de  cuivre,  sur  un  engobe  blanc  ou  peut-être 
môme  sur  émail  stannifère  blanc,  ces  tuiles  sont  très-curieuses 
pour  l'étude  des  costumes  et  particulièrement  des  coiffures  de 
l'époque.  Les  deux  tuiles  appartenant  à  M.  Soyter  représen- 
tent des  marmousets  fort  obscènes,  dont  l'un  montre  sa  pleine 
lune  dépouillée  de  tous  vêtements. 

mroiftznnEiini  ttnr  vmn»^ 

Dans  le  duché  de  Bade. 

Terre  cuite  au  vernis  vert  de  cuivre.  Vers  d  350-1400 

Au  musée  des  antiquités,  à  Carlsruhe*,  on  conserve  des 
carreaux  de  poêles  gothiques.  Les  bas-reliefs  de  l'un  repré- 
sentent un  chevalier  en  armure  du  quatorzième  siècle,  et  ceux 
de  l'autre,  d'une  époque  postérieure  et  sans  couverte,  le  mot 
sterck  avec  le  millésime  de  i533.  Sterck  veut  dire  fort,  et  n'in- 
dique probablement  pas  le  nom  d'un  potier. 

Tous  ces  carreaux  proviennent  dePforzheim. 

BEBEIVHAVSEIV,  près  Tublngen. 

Terre  cuite  sans  engobe  ni  couverte.  i 350-1 460 

Au  couvent  de  Bebenhausen  existe  encore  tout  un  carrelage 
de  briques  à  niellures,  fabriquées  au  quatorzième  siècle,  et 
dont  un  certain  nobmre  sont  conservées  au  musée  des  anti« 
quités  nationales  à  Stuttgard. 

AC«0BVR«. 

ARftlLE  CUITE  SANS  COUVERTE  ;  FIGURINES.  1420-1460 

Des  fouilles  opérées  dans  les  jardins  de  l'ancien  couvent  des 
Carmélites,  à  Augsburg,  qui  appartient  actuellement  aux  Bé- 
nédictins, ont  fait  découvrir  une  quantité  de  figurines  en  terre 
Cuite,  presque  toutes  cassées  et  défectueuses  de  fabrication. 
On  croit  qu'elles  proviennent  des  rebuts  d'une  fabrique  qui  y 
a  existé  de  U20  jusqu'en  1460.   Cette  découverte  est  pré- 

I .  Musée  fort  remarquable,  conBervé  par  M:  de  Beyer,  peintre  et  archéologue 
de  grand  mérite. 


!  cuile  d'Augiburi, 


BUROP^ENNSB.  216 

cieufle  peur l'ëtude  des  costumes;  elle  prouve  aussi  une  fois  de 
plus  que  les  artistes  allemands  de  cette  ville  étaieut  Irès- 
avancës  pour  le  modelage.  On  y  a  trouvé 
des  figurines  équestres  de  chevaliers  cou- 
rant le  tournoi  la  lance  au  poing  et  la 
visière  baissée,  d'artisans,  d'iiommes  de 
guerre  et  de  châtelaines,  de  vierges,  d'en- 
fante Jésus  et  de  femmes  enceintes  Dues , 
dans  le  goût  des  gravures  de  Beham  et 
de  Durer,  le  tout  d'un  fort  curieux  travail , 
Plusieurs  de  ces  figurines  soDt  au  musée 
de  Berlin  ainsi  que  deux  dans  ma  collec- 
tion, dont  l'une  représente  un  arbalétrier, 
et  l'autre  l'enfant  Jésus. 

Les  statuettes  de  femmes  nues,  encein- 
tes, servaient  à  cette  époque  de  cadeau 
aux  nouveaux  mariés;  bénies  par  l'Église       conseryéedansinscoi. 
et  déposées  dans  les  temples,  c'étaient  des 
dons    votifs  pareils  aux  béquilles  des  paralytiques;  on  leur 
attribuait  la  vertu  de  la  fécondité,  comme  les  Romaines  l'attri- 
buaient aux  priapos  qu'elles  portaient  suspendus  au  cou. 

Terre  cuite  a  émail  btannifÉre. 

  l'bôtel  de  ville  d'Augsburgï,  on  admire  trois  énormes  poêles 
en  émail  noir,  d'une  construction  monumentale;  ils  sorti  ornée 
de  belles  et  grandes  figures  en  haut-relief.  Ce  sont  des  œuvres 
signées  d'Adam  Vogt,  au  millésime  de  1620.  Adam  et  son 
frère,  Wilhelm  Vogt,  nés  à  Landsberg,  en  Prusse,  étaient  des 
artistes  céramiâtea  qui  ont  travaillé  à  Augsburg.  (Voir  ie  dessin 
dans  l'appendice.) 

Quant  aux  bijoux  en  terre  cuile  vernissée  et  peut-être  aussi 
émaillée  à  l'étain,  comme  colliers,  bracelets,  etc.,  trouvés  à 
Augsburg  dans  les  tombeaux  chrétiens,  ils  remontent  au  qua- 
trième siècle  et  au  cinquième.  Ces  bijoux  font  partie  de  la 
collection  deja  Société  historique  d'Augsburg.  Un  spécimen,  un 
carré  en  terre  cuite  rouge  ferrugineuse,  orné  de  niellures  en 
terre  blanche,  et  recouvert  d'un  vernis  minéral  de  four,  trans- 
lucide et'  imperméable,  fait  partie  de  ma  collection. 

Un  collier  dans  ce  même  genre,  de  84  perles  en  terre  cuite 
à  émail  stannifère  blanc,  vert,  rouge,  etc.,  qui  e  été  trouvé  à 


220  *  POTERIES  OPAQUES 

Wahlstadt  nrès  de  Manheim,  dans  un  tombeau  chrétien,  re- 
montant au  cinquième  siècle,  fait  aujourd'hui  partie  de  la  col- 
lection de  la  Société  des  antiquaires  de  Manheim. 

Au  musée  des  antiquités  de  Mainz  (Maîence),  on  trouve 
même  exposés  de  ces  tombeaux  complets  dans  lesquels 'figu- 
rent plusieurs  parures  entières  en  perles  céramiques. 

Malgré  tout  cela,  il  y  a  doute.  Ces  sortes  de  perles  se  ren- 
contrent aussi  dans  des  tombeaux  romains  et  même  égyptiens, 
ce  qui  me  fait  pencher  à  le  s  attribuer  à  l'Egypte,  d'où  le  com- 
merce de  l'Orient  les  a  probablement  portées  aux  Romains. 
Rien  ne  peut  cependant  être  fixé  avec  certitude.  (Voir  ausi  Gog- 
gingen.) 

OBERDOBV,  frontière  bavarolAe. 

Faïence  a  émail  stannifère.  *     1500 

Hansen  Seltzmann,  potier. 

Un  magnifique  poêle  gothique  à  fond  vert  de  cuivre  et  à 
ornements  jaunes,  qui  se  trouve  dans  une  antichambre  du 
château  haut  (Hoche  Schloss)  de  Fuessen  en  Bavière,  porte 
l'inscription  suivante  : 

Dt>«er  Ofenwol  gestalt  wurd  gemacht  da  man  zalU  1514  laar,  bay 
Hansen  Seltzmann  vogt  zu  Oberdorf, 

ou 

Ce  poêle,  si  bien  conformé,  a  été  fait  par  Hansen  Seltzmann,  bailli 
à  Oberdorf,  lorsqu'on  comptait  1514  ans. 

Cette  belle  œuvre,  qui  a  été  exécutée  à  la  demande  de  l'é- 
voque Henri  IV,  neuf  ans  après  la  mort  de  l'évéque  Friedrich  II, 
a  été  reproduite,  très- peu  artistement,  dans  l'ouvrage  :  Or- 
nements du  moyen  âge,  par  Karl  Heideloff,  Niirnberg,  1838. 


Petite  TÎlle  dans  le  Wurtemberg. 

Terres  cuites  sans  couverte.  ve^s  1520-1580 

Le  musée  des  antiquités  nationales  à  Stuttgard  possède  un 
certain  nombre  de  figurines  en  terre  cuite,  où  tes  costumes 
indiquent  le  seizième  siècle.  Elles  ont  été  trouvées  dans  des 
fouilles  opérées  à  Biberach,  où  probablement  existait  une  fa- 
brique de  poteries. 


NOItni,IllCIEK, 

Trè>-ancl<iiDe  Till«.  d-devant  libre  ou  imniidiale  de  l'empire,  tiluée  enlri! 
Aupburg  et  Nùmberg. 

Terhe  ccite^  Émail  stannipèhe.  Vers  1520 

La  vieille  ciE^  de  Nordlingen,  qui  a  conservé  jusqu'A  ce  jour 
ses  tours  et  ses  mitrailles,  et  qui  a  donne  le  jour  à  de  nom- 
breus  artigtes  peintres,  dont  l'élève  de  Durer,  Hans  ScJiSullin, 
l'auteur  de  la  magnifique  Tresque  à  l'hôtel  de  ville  de  Nordlin- 
gen, est  le  plus  célèbre,  a  aussi  brillé  dans  l'art  céramique. 

M.  Soyter,  à  Augsburg,  possède  deux  remarquables  bas-re- 
liefs à  figurines,  entièrement  modelés  h  la  main  et  recouverls 
d'émaux  slannifères  polychromes  qui  proviennent  d'un  poêle 
de  l'hâtel  de  ville  de  Nordlingen,  où  il  avait  été  monté  vers  1 5-20, 
puis  démoli  et  jeté  aux  décombres  vers  fSlO,  sous  l'ininteili- 
genl«  administration  du  bourgmestre  Doppelmaier.  Les  deux 
bas-reliefs  susnommés  et  un  joli  petit  fragmen  t  de  la  corniche, 


un  lion  enchaîné,  voilà  tout  ce  qui  a  été  sauvé  des  mf 
ces  vandales  administratirs. 

C.  W.  1582, 
sont  des  initiales  et  le  millésime  recueillis  sur  des  carreaux  de 
poêles  à  ornements  en  relief  et  â  émaii  slannifère,  assez  artis- 
lement  travaillés,  qui  proviennent  d'un  autre  céramiste  de  Nur- 
dlingen,  et  qui  se  trouvent  dans  la  collection  du  professeur 
Hauser  >. 


rOTERIBS  OPAQUES 


FArBNCE  ET  TERRE  CUITE  A  ÉHAJL  STANNIFÈBE.      Ds  1520  à  1590 

Veri  le  milieu  du  seiziàme  siècle,  vivait  à  Villingen,  c«tte 
ancienne  cité  aulrichienne  (Je  la  Forèt-Noire,  aujourd'hui  ville 
badoise,  le  téramisCe 

Hans  Kraut.  ^ 

Le  talent  de  ce  grand  artiste  se  trouve  a9irm<t  par  plu- 
sieurs de  ses  œuvres  parvenues  jusqu'à  nous,  par  des  poêles 
en  fatence  à  émail  stannifère  et  à  décor  polychrome,  qui  se 


Poêle  en  la  ence  de  Han)  hravt   apparlemnt  à  M.  Meder. 

di-,iinguent  tous  par  leurs  bas  reliefs  artistiques  dont  les  sujels, 
I  our  la  plupart    iiont  tir^'s  de  I  histoire  biblique.  Un  de  cet; 


EUROPÉENNES.  223 

chefs-d'œuvre  se  trouve  au  Hof-Burg  (château  impérial),  à 
Vienne  en  Autriche  ;  un  autre  ornait  encore,  au  commencement 
de  ce  siècle,  la  maison  du  tanneur  Jacob  Fieig,  à  Yillingen, 
et  un  troisième  appartient  aujourd'hui  à  M.  Meder,  à  Paris. 
Ce  dernier  poêle,  dont  ci-contre  le  dessin,  provient  de  ht 
salle  d'une  maison  de  la  ville  &Engen  dans  le  Hegau;  il 
a  déjà  été  mentionné  par  le  docteur  Joseph  Bader  dans  le 
premier  volume,  page  505,  de  sa  Badenia,  où  on  lit  :  «  J'ai  été 
dans  l'occasion  de  voir  une  belle  antiquité  dans  une  maison  de 
la  grande  place  du  marché  ;  c'était  un  poôle  en  faïence  émaillée 
du  seizième  siècle,  à  décor  polychrome,  où  on  voyait  entre 
autres  un  magnifique  bas-relief,  dont  le  sujet  représentait  le 
Triomphe  de  Mardochée  après  sa  justification,  et  la  pendaison 
du  traitre  Aman.  Ce  poêle  a  été  acheté  par  Torfévre  Schilling 
et  expédié  à  Paris.  » 

Le  bas-relief  dont  M.  Bader  parle,  est  l'œuvre  d'un  véritable 
artiste;  on  voit  qu'il  est  modelé  à  la  main,  d'inspiration  et  sans 
moule.  Le  goût  de  la  composition  des  détails  et  de  l'ensemble 
de  ce  poêle,  de  style  renaissance,  fait  cependant  déjà  sentir 
l'influence  funeste  de  la  renaissance  italienne  qui,  à  la  fin  du 
seizième  siècle,  avait  fini  par  envahir  l'étranger,  et  qui  y  était 
la  cause  de  ces  grotesques  pastiches  antiques,  qui  ont  fait  dis- 
paraître alors  le  beau  gothique  et  la  renaissance  allemande, 
pour  frayer  le  chemin  aux  abominables  créations  du  temps  des 
perruques.  Le  bas-relief  principal  est  cependant  une  œuvre 
de  mérite,  et  les  ornements  des  pilastres,  également  en  bas- 
reliefs  coloriés,  rachètent  largement  la  faiblesse  des  sujets 
peints  qui  décorent  les  carreaux  à  fonds  blancs.  Une  des  cor- 
niches porte  la  signature,  en  partie  effacée,  de  l'artiste,  avec 
ses  armes,  la  roue  du  potier. 


Au-dessous  du  principal  relief,  qui  repi^sente  Maféoehée  à 


224  POTERIES  OPAQUES 

cfteval,  la  pendaison  d'Aman  et  Estîier  banquetant  avec  le  roi 
Assuérus  (Artaxerxès  1*'],  on  lit  en  mauvais  allemand  : 

Aus  neid  und  hctss,  Haman  gedenkt 

Wie  Mardacheus  vûrd  gehenkt 

Doch  sich  des  GlUck  bald  um  hat  Kerty 

Er  selb  wirdt  gehenkt  und  dieser  geert, m.     1577  et  1578. 

(Le  bonheur  fit  que  la  haine  et  l'envie  qui  avaient  poussé  Aman  à  la  perte  de 
Mardochée,  lui  mirent  la  corde  au  cou.  C'est  lui-même  qui  fut  pendu  et  Mardo- 
ehée  honoré.) 

Un  quatrième  poêle  de  cet  artiste  se  trouve  encore  au  cou- 
vent de  Saint-Pierre,  près  Burg,  sur  la  route  de  Freiburg,  où 
il  occupe  l'angle  droit  de  la  chambre  que  le  pnnce-a66é(Furst- 
Abt)  occupait,  quand  il  venait  visiter  ce  riche  monastère  re- 
nomme par  ses  pèlerinages.  Le  décor  polychrome,  tout  en  émail 
stannifère,  est  magnifique,  et  l'ensemble  du  poêle  ressemble  à 
celui  décrit  ci-dessus;  mais,  à  la  place  du  bas-relief  historié^ 
on  voit  des  armoiries  également  modelées  à  la  main,  et  sous 
lesquelles  on  lit  : 

Gallus  Àlbus  Zii  sant  Peter  und  zu  sant  Peter  und  Ulrich^  und  Probst 

zu  Sôlden  auf  dem  Schwarzwald. 

A  côté,  le  millésime  1586  et  le  monogramme  de  l'artiste  : 


m. 


Au-dessous  d'une  autre  armoirie  qui  orne  la  partie  latérale  du 
poêle,  on  lit  : 

Blasius  von  Gottes  Gnaden,  Abt  von  sant  Georg,  Gottes 
Hauses  auf  dem  Schxoarzivald, 

1587 

Les  deux  dates,  différentes,  paraissent  indiquer  que  l'artiste 
a  mis  toute  une  année  à  la  confection  de  son  œuvre. 

Un  cinquième  poêle  enfin,  couvert  de  décor  et  d'argenture, 
a  été  vendu  par  M.  Dettelbach,  marchand  de  curiosités,  à  un 
amateur  parisien  dont  j'ignore  le  nom. 

J'ai  trouvé  en  outre,  à  Villingen,  deux  jolis  fragments,  faits 
également  par  ce  Hans  KrautM'un,  statuette  de  20  centimètres 
de  hauteur,  qui  réprésente  la  Justice,  recouverte  de  beaux 
émaux  stannifères  blanc,  bleu,  jaune,  brun  et  vert;  l'autre,  une 


EUROPEENNES.  225 

encoignure  de  poêle,  de  35  centimètres  do  hauteur,  et  coloriée 
des  mômes  émaux  que  la  statuette.  Ce  morceau,  couvert  de 
reliefs  en  style  de. renaissance,  composé  de  figures  et  d'orne- 
ments, est  signé  : 

H  S.  K.   VN.  {Hans.  KraiiL  Villingen) 

et  porte  le  millésime  de  1532.  (Voiries  reproductions  dans  l'ap* 
pendice.) 

C'est  la  date  la  plus  reculée  que  Ton  ait  recueillie  sur  les  œu- 
vres de  l'artiste,  qui  paraît  ôtrennort  avant  i590  et  qui  a  aussi 
laissé  un  certain  nombre  d'arjnbiries  de  différents  pays  et  de 
différentes  villes  et  familles.  On  connaît  encore  plusieurs  car 
reaux  de  poêle  ornés  de  sujets  qui  représentent  l'histoire  de 
V Enfant  prodigue,  provenant  d'une  maison  d'habitation  de  ce 
potier;  carreaux  qui  se  trouvaient  dans  la  collection  de  feu  le 
baron  de  Beust,  ci-devant  assesseur  à  Villingen,  pendant  l'occu- 
gption  prussienne,  après  l'insurrection  de  1849.  A  l'hôtel  de 
ville  de  Villingen,  on  voit  les  armoiries  que  l'empereur  avait 
<lonnées  à  cette  ville  en  1530,  et  que  Kraut  a  exécutées  en  terre 
cuite  émaillée. 

Une  œuvre  bien  plus  considérable  et  môme  bien  plus  artis- 
tique encore,  c'était  le  magnifique  tombeau  en  terre  cuite,  à 
l'église  du  chapitre  des  Chevaliers  de  Saint-Jean,  à  Villingen, 
érigé  en  1536  à  la  mémoire  de  Woîfgang  de  Mûsmûnster,  com- 
mandeur de  l'ordre  de  Saint-Jean.  Le  maître  y  avait  repré- 
senté la  bataille  de  Rhodes.  Ce  préeieux  monument  céramique 
fut  démoli  par  des  condamnés  enfermés  dans  l'église,  lorsqu'elle 
avait  été  transformée  en  prison  communale.  Un  grand  bas- 
relief  seulement  a  été  conservé  par  M.  Oberle,  curé  àDauchingen. 

L'inscription  que  j'ai  recueillie  sur  ce  bas-relief,  qui  re- 
présente un  combat  naval  avec  cinq  vaisseaux,  la  voici  : 

Anno  1523  ist  der  ehrwurdige edel  gestrenge  Her  Woîfgang  von  mas  Munster, 
St.  Johannis  Ordens-Ritter  Comentur  zu  Villingen  in  der  Schlacht  su  Ro- 
dos  getoesen,  hermtch  alhier  mid  Todt  ahgegangen  und  in  dieser  Kirche 
und  rilterlichen  Johanniterhaus  begraben. 

(Ci-gît  Woîfgang  de  Musmiinster,  grand- maître  de  l'Ordre  de  Saint-Jean,  mort  h 
Villingen,  et  qui  a  combattu  à  la  bataille  de  Rhodes  en  1523.) 

{^fce  bas-relief  a  un  mètre  et  demi  de  longueur. 

N"  2176,  au  musée  de  Cluny,  à  Paris,  autre  bas-relief  en 
terre  cuite  peint  avec  rehauts  d'or,  représente  e^,  pied  proba- 
blement le  môme  grand?maître  de  l'ordre  des  chevaliers  t6u- 


f^  POTERIES  OPAQUES 

toniques  de  SainUJean ,  pour  lequel  Hans  Kraut  avait  exécuté 
le  tombeau  à  Villingen,  et  porte  l'inscription  suivante  : 

Wolfga/ng  von  Oottes  Gnaden,  AdminisUrater  undMêster  tevtsches  Ordens. 
(Wolfgangpar  la  grâce  de  Dieu,  administrateur  et  maître  de  l'ordre  Teutonique  *.) 

On  pourrait  presque  avec  certitude  attribuer  cette  terre  cuite 
au  célèbre  artiste  de  la  Forôt-Noire.  Lecostunae  indique  bien  le 
seizième  siècle,  époque  où,  à  partir  du  grand-maître  Walter  de 
Gromberg,et  après  qu'Albrecht  de  Bcandenburg  s'était  déclaré, 
en  i  525,  pour  la  Réforme,  avait'pris  femme  et  sécularisé  les  pos- 
sessions de  l'Ordre  en  Prusse,  lé  siège  fut  transporté  deMarien- 
burg  (en  Prusse)  à  Marienthal  ou  Mergenheim,  en  Franconie.  Le 
Wolfgang  du  bas-relief  n'est  probablement  autre  que  le  Wolf- 
gang  de  Miismunster,  mort  vers  1536.  Si  on  pouyailtrouver  un 
dessin  du  tombeau  démoli,  il  serait  facile  de  vériûer  cette  attribu- 
tion que  tout  me  porte  à  maintenir  jusqu'à  preuve  du  contraire. 

Les  tuiles  émaillées  en  différentes  couleurs,  parmi  lesquellii 
grand  nombre  de  tuiles  de  croupe  en  crochet  ou  crosses  go- 
thiques servant  à  garnir  les  arrôtières  des  combles  à  croupe,  ^^ 
angles  des  toits  qui  couvrent  les  deux  tours  élancées  du 
Munster  (église  principale)  de  Villingen  et  sur  lesquelles  îtrois 
siècles  ont  passé  sans  avoir  terni  leur  éclat  le  moins  du  monde, 
sont  encore  des  œuvres  conservées  de  ce  céramiste. 

On  peut  aussi  mentionner  les  quelques  moules,  appartenante 
M.Kraus,  fabricant  de  poêles  à  Freiburg  en  Breisgau,  parmi  les*- 
quels  ceux  qui  servaient  au  modelage  d'enfants  nus  démontrent 
des  connaissances  anatomlques  et  une  étude  du  nu  extraordinai' 
res  ;  ce  sont  des  créations  suaves,  dignes  du  plus  grand  maître,  ^ 

A  la  mort  de  Hans  Kraut,  vers  1590,  la  superstition  popu- 
laire, pour  qui  à  cette  époque  l'artiste  et  le  sorcier  étaient  sou- 
vent synonymes,  lui  refusa  la  sépulture  dans  le  cimetière;  il 
fut  onterré  hors  de  la  ville,  sur  une  place  déserte  appelée  Hoch" 

1.  L'ordre  religieux  et  militaire  des  chevaliers  teutoniqaes- fut  fondé  à  Saint- 
Jean  d'Acre,  vers  1 190,  après  que  les  riches  bourgeois  de  Liibek  et  de  Bremen, 
dont  le  commerce  avec  l'Orient  se  faisait  sur  une  grand^échelle,  y  avait  déjà 
établi  un  hôpital  en  1128,  qui  servit  de  base.  Chassé  à  là  fin  des  croisades,  cet 
ordre  s'établit  en  Europe.  Les  artistes  et  même  quelques  écrivains,  confondaient 
souvent  durant  le  moyen  Âge  et  la  renaissance  cet  ordre  at^o  celui  de  Saint-Jefo 
dont  il  partageait  presque  l'origine,  puisque^  dès  1121,  l'ordre  de  Saint-Jean 
devint  aussi  militaire.  Depuis  1852,  l'ordre  Teutonique  s'appelle  même  l'ordre 
évangélique  de  Saint-Jean.  —  Hans  Kraut  a<  donc  pu  confondre  ces  deux  ordres, 
et  dans  ce  cas,  les  deux  Wolfgang  ne  seraient  qu'une  seule  et  même  personne. 


EUROPÉENNES.  î227 

bùhl,  OÙ  une  simple  pierre,  ornée  d'un  tour  de  potier ,  sans  in- 
scription, désigna  longtemps  la  place.  Cette  pierre  a  été  trans- 
portée depuis  au  cimetière  de  la  ville. 
y   La  maison  du  potier,  que  j'ai  visitée,  se  trouve  dans  le  L&wen- 
gosse  et  est  habitée  par  un  voiturier. 

Joseph  Walser,  autre  céramiste,  né  à  Villingen  vers  1775,  mort 
vers  1840,  était  célèbre  dans  sa  patrie  pour  ses  petites  statuettes 
en  terre  cuite  sans  couverte  et  décorées  à  froid.  Ces  statuettes, 
d'une  hauteur  de  8  à  12  centimètres,  représentent  ordinaire- 
ment des  personnages  de  la  vie,  de  la  passion  et  de  la  mort  du 
Christ;  elles  servaient  à  orner  les  Weichnachtsberge  (monidignes 
de  Noël),  que  les  familles  de  la  Forêt-Noire  ont  l'habitude  de 
construire  pour  la  célébration  du  jour  de  naissance  du  Christ. 
M.  Meder,  à  Paris,  possède  une  vingtaine  de  ces  curieuses  cé- 
ramiques, toutes  modelées  à  la  main.  Deux  exemplaires  font 
partie  de  ma  collection. 

M.  Jules  Schweizer  elU.  Mich.  Ka/'er fabriquent  encore  actuel- 
lement, à  Villingen,  des  poêles  émaillés,  et  Karl  Ummenhofer, 
mort  en  1866,  était  réputé  pour  ses  animaux  dorés  et  bronzésé 

(Voir,  pour  Tinfluence  des  céramistes  de  la  Forêt-Noire  sur 
la  céramique  suisse,  l'article  qui  traite  des  poteries  de  Zurich  ; 
et  voir  aussi,  dans  le  chapitre  des  porcelaines  allemandes,  la 
porcelaine  de  Villingen.  ) 

X  une  heure  d'Ellwangen,  dans  le  Wurtemberg,  à  9b  kilomètres  de  Stullgard 

et  à  64  d'UIm. 

Faïence  a  email  stannifère.  1620  à  J  810 

Les  Wintergurst^  potiers  de  père  en  fils,  y  ont  fabriqué  des 
faïences  depuis  le  dix-septième  siècle  jusqu'au  commencement 
du  dix-neuvième. 

C'est  de  cette  fabrique  que  sont  sortis  les  beaux  services  de 
table  dont  chaque  plat  ou  couvercle  représente  un  animal,  des 
légumes  ou  des  comestibles. 

Il  y  en  a  plusieurs  au  château  de  la  Favorite,  près  Baden- 
Baden   qui  figurent  Tun  un  jambon,  l'autre  une  hure,  etc.  j  et 

dont  l'un  porte  la  marque 

B. 

(Voir  aussi  pour  cette  même  marque  la  fabrique  de  Marxj 

de  NUrnberg). 


:2'28  POTERIES   OPAQUES 

M.  U.-G.  fiohn,  en  Angleterre,  possède  une  de  ces  pièces  de 
services,  marquée 


qu'il  attribue  faussement  à  Rouen. 

Les  deux  bois  de  daim,  pris  parmi  les  armes  du  Wurtem- 
berg, indiquent,  il  me  semble,  l'origine;  et  si  cette  pièce  n'est 
pas  de  Schrezheim,  elle  est  de  Ludvvigsburg,  mais  certaine- 
ment pas  de  Rouen. 

On  peut  voir  encore  dans  une  chapelle  située  tout  près  de 
Schrezheim,  un  autel  en  faïence  également  sorti  de  la  fabrique 
des  Wintergurst. 

De  grandes  quantités  de  faïences  anciennes  de  cette  impor- 
tante manufacture  qui  étaient  restées  emmagasinées  à  Schrez- 
heim jusqu'en  1865,  ont  été  vendues  seulement  à  cette  époque 
aux  marchands  de  curiosités. 

Les  nombreux  tableaux  à  cadres  rocaille,  entièrement  en 
faïence  et  décorés  au  petit  feu,  que  l'on  rencontre  aujourd'hui 
dans  le  commerce  de  la  curiosité,  viennent  de  cette  vente  et 
paraissent  presque  modernes  à  cause  de  leur  bonne  conservation. 

Une  fabrique  qui  tire  ses  argiles  d'ElIwangen  s'yestrétabliede- 
puis  i  852,  mais  la  production  estbien  moins  artistique,  et  consiste 
pour  la  plupart  en  choppesàbièrequeles  potiersd'étain  de  la  Ba- 
vière et  du  Wurtemberg  garnissent  de  couvercles  à  charnières. 

stijttcïard. 

Faïence  a  émail  stannifère.  4624 

Le  musée  des  antiquités  nationales  à  Stuttgard  possède  un 
poêle  en  faïence  à  émail  stannifère  et  décoré  en  polychrome 
qui  est  daté  de  1624,  et  provient  de  la  vieille  maison  dans  la- 
quelle se  trouve  installée  actuellement  l'école  de  musique.  Ce 
poêle  est  modelé  et  peint  tout  à  fait  comme  ceux  fabriqués  en 
Suisse,  vers  le  milieu  et  la  fm  du  dix-septième  siècle.  On  y 
voit  le  môme  genre  d'inscriptions  bibliques,  comme  il  en  existe 
sur  les  poêles  de  Winterthur. 


fcUROPÉËNiNLS.  :2âU 

«OOClNteCli  et  VB1EDB£B«  , 

Proche  d'Augsburg. 

Faïence  a  émail  sïannifère.  1700  à  1790 

Cette  fabrique  fut  d'abord  établie  à  Augsburg  même,  près  le 
Jakobsthoret  transférée  au  bout  de  peu  de  temps  à  Goggingen, 
localité  dont  le  nom  est  inscrit  sur  la  plupart  de  ces  faïences. 
Au  musée  Maximiliande  la  Société  historique  à  Augsburg,  on 
trouve  des  plats  et  des  soupières  décorés  en  camaïeu  bleu  ainsi 
que  des  assiettes  aux  armes  de  la  famille  Von  Stetten ,  avec 
ces  vers  allemands  sur  l'une  : 

Aufrichtig  und  redlich 

ht  besser  als  falsch  und  hofUch. 

(La  fraochise  et  l'honnêteté  sont  préférables  à  la  politesse  et  à  la  fau&seté.) 

Et  sur  l'autre  : 

Ëin  frommes  gute$  Weib. 

Erfreut  dem  Mann  das  Herz  im  Leib. 

(  Lue  femme  pieuse  et  bonne  réjouit  le  cœur  de  l'homme.) 

Ces  pièces  sont  signées  en  toutes  lettres  : 

Goggingen. 

MJIaU,  0ar  le  Dauube^ 

Ancienne  ville  souabe,  ville  libre  depuis  1486,  et  qui 
fait  partie  aujourd'hui  du  Wurtemberg. 

Terre  cuite  sans  couverte  et  peinte  a  froid.  4780  à  1800. 

Rummel,  potier,  y  fabriquait  à  l'époque  où  cette  ville  était 
encore  ville  libre  toutes  sortes  de  statuettes,  qui  représentent 
les  habitants  dans  des  costumes  de  toutes  les  conditions  et  de 
toutes  les  classes.  L'Association  des  Amis  de  Tart  et  de  l'ar- 
chéologie *  en  possède  une  série  ;  ce  sont  de  véritables  œuvres 
d'artiste,  faites  par  un  simple  artisan. 

Un  très-grand  nombre  de  ces  statuettes  se  trouvent  encore 
dans  la  possession  des  familles  dont  le  potier  avait  modelé 
les  aïeux  d'après  nature. 

1 .  Ce  petit  musée  est  composé  eu  majeure  partie  de  débris  de  sculptures,  de 
quelques  tableaux,  de  terres  cuites  et  d'objets  ethnographiques  du  moyen  âge;  de 
vestiges  de  l'antiquité  romaine,  germaine  et  celte  ;  d'un  petit  nombre  d'objets  cérami- 
ques; de  manuscrits  et  miniatures,  de  quelques  pièces  d'art  industriel  et  d'armes. 

M.  le  comte  VVilhelra  de  Wiirtemberg  et  M.  le  professeur  Uassier,  à  U.ni, 
possèdent  aussi  de  remarquables  collections  de  tableaux  et  d'objets  d'art  du 
moyeu  âge. 

20 


!30  l'OTËDtËS  OVAQLES 

Un  soldat  du  temps  de  la  république  fait  |<artie  de  ma  col- 


Terre  cuilc  pir  Humotel,  d'Ulm,  consei'i^ii  duis  dis  collecliuii. 


■.ttDWIciIlBOaCl,  en  WartpmherK, 

Ville  moderne,  foodée  en  I9<I5. 

Faîbnce  a  Émail  SïASNiFinG.  De  1730  à  1824. 

(I7BS  41770)         (1753  6  1806)  (ISOOàlttU)  fl818) 

&      -^        ^.      & 


f- 


EUROPÉENNES.  !23l 

(Voir  les  marques  des  porcelaines  de  cette  fabrique,  qui 
étaient  les  mômes  pour  les  faïences.) 

K. JLRIiSpUHE ,  capitale  du  duché  de  Bade , 

Fondée  en  1715. 

Terre  cuite.  Époque  actuelle. 

Au  nouveau  château  de  Baden-Baden  on  trouve  un  poêle  et 
une  cheminée,  ouvrages  fort  artistiques,  exécutés  par  Meyer  et 
Geiserdorf,  de  Karlsruhe. 

0CiniAifiBKB«,  ûtaut  le  "imHeinliers. 

Terres  de  pipe  au  vernis  plombifère.  Époque  actuelle. 

Cette  manufacture,  établie  en  1820,  occupe  plus  de  400  ou- 
vriers, et  ses  produits  sont  ordinairement  décorés  parTimpres- 
sion  et  marqués 

SCHRAMBERG.         (EsUmpUlé  dans  la  pftte.} 

(Voir  les  porcelaines  de  Schramberg.) 

A-  Bix  heures  de  Schwâbisch-Han,  dans  le  Wurtemberg. 

Poteries  m  toutes  sortes.  Époque  actuelle. 

Les  autres  localités  du  Wurtemberg  où  se  fabriquent  actuel- 
lement les  poteries  communes  sont  :  Heidesheim,  Eeutlingen, 
BacknanQy  Nagold,  Aalen,  etc.  Les  fabriques  de  poteries  de 
ce  petit  royaume  occupent  ensemble  près  de  1,800  ouvriers, 

ZITZKWIIAIJSEM, 

Près  Stockach)  dans  le  duché  de  Bade. 

Argile  cuite  sans  couverte,  décorée  a  froid.  Époque  actuelle. 

M.  Théodore  So/in,  est  le  potier  qui  y  fabrique  ces  statuettes 
et  groupes  humoristiques  que  Ton  rencontre  si  souvent  en  Al- 
lemagne. Il  suffit  de  citer  la  Chasse  au  lièvre,  où  l'on  voit  une 
dizaine  d'hommes  tenir  une  lance  comme  s'il  s'agissait  d'atta- 
quer un  éléphant,  tandis  qu'un  pauvre  petit  lièvre  s'y  tient 
debout  et  parait  les  narguer. 

Un  groupe  représentant  un  paysan  avec  sa  femme  dans 
le  costume  si  pittoresque  de  Hauenstein  de  la  Forêt-Noire, 
fait  partie  de  ma  collection.  (Voir  le  dessin  de  Tappendice.) 


2.32  POTERIES  OPAQUES 

SCHOPriiRliii ,  dans  le  duehé  de  Sade. 

Terres  cuites  au  vernis  plombifère  et  a  émail  stranni- 
FÈRE.  Époque  actuelle. 

M.  Heinrich  Gebhard,  y  fabrique  des  ornements  d'archi- 
tecture et  des  poêles. 

aSBIili,  sur  I^Raninicrbacli. 

Faïences.  Époque  actuelle. 

M.  J.~F.  Lenz  y  fabrique  des  farences  depuis  cinquante  ans. 
C'est  une  manufacture  importante  qui  a  produit,  une  des  pre- 
mières, les  plaques  du  devant  ou  cadrans  en  faïence,  pour  les 
horloges  en  bois  dites  coucou. 

HORlVIlERe ,  dans  le  duehé  de  Bade. 

Faïences  et  terres  de  pipe.  Époque  actuelle. 

Fondée  en  i832  par  les  frères  Horn,  cette  importante  manu- 
facture occupe  plus  de  200  ouvriers,  et  marque  : 

Homberg,  (EcampUlc  dans  la  pâle.) 

La  plupart  de  ses  produits  sont  décorés  par  l'impression. 
(Voir  les  porcelaines  de  Hornberg). 

nOMAUECHiMOEiv,  danii  le  duehé  de  Bade. 

Faïences  a  émail  stannifère.  Époque  actuelle. 

M.  Birsner  y  fabrique  des  poêles. 

Le  duché  de  Bade  occupe  en  tout,  pour  la  fabrication  des 
poteries,  environ  i,100  ouvriers. 

IV 

ÉCOLE   RHÉNANE 

La  majeure  partie  des  productions  de  l'école  rhénane  consiste 
en  grès  de  toute  espèce  et  en  terres  cuites;  les  fabriques  de 
faïences  à  émail  stannifère  y  sont  plus  rares,  et  presque  toutes 
antérieures  aux  époques  où  les  autres  écoles  céramiques  alle- 
mandes ont  excellé  déjà  dans  la  fabrication  de  cette  poterie  qui 


EUROPÉBNNBS.  23«1 

a  été  le  précurseur  de  la  porcelaine.  Aux  bords  du  Rhin  comme 
en  France,  c'est  vers  la  fin  du  dix-septième  et  durant  le  dix- 
huitième  siècle  que  la  fabrication  de  la  faïence  a  fleuri,  mais 
par  contre  celle  des  poteries  au  vernis  minéral  et  des  grès 
^remonte  à  des  époques  fort  reculées,  et  aucun  pays  n'a  produit 
tant  de  grès  que  ces  contrées  où,  du  reste,  la  poterie  alcalinique 
déjà  connue  des  Chinois,  parait  avoir  été  réinventée  en  Europe. 

T1KPBNHA1T0K1V, 

Près  Geisenheim,  sur  les  bords  du  Rhin. 

Terre  cuite  au  vernis  plombifère.  vers  1300 

Tiepenhausen  était  un  village  qui  fut  détruit  par  une  trombe 
et  par  des  éboulements,  en  i350. 11  y  avait  des  fabriques  im- 
portantes de  poteries  dont  les  produits  étaient  si  répandus, 
que  le  peuple  de  Francfurt-sur-le-Main  appelle  encore  aujour- 
d'hui un  pot  (Top/;  en  bon  allemand)  un  Tiepen,  expression 
que  l'on  ne  comprendrait  pas  autre  part  en  Allemagne,  et 
qui  dérive  du  nom  du  village  de  Tiepenhausen.  Le  peintre  Wilt- 
mann  S  à  Geisenheim,  petite  ville  située  vis-à-vis  du  château 
de  Johannisberg,  si  renommé  par  ses  vins,  possède  toute  une 
fournée,  c'est-à-dire  un  grand  nombre  de  poteries  qui  garnissaient 
un  four  lors  de  la  terrible  catastrophe.  J'ai  môme  cru  recon- 
naître sur  plusieurs  endroits  des  traces  d'émail  stannifère.  Les 
fouilles  ont  été  faites  par  M.  Wittmann  lui-même,  qui  a  cédé 
une  partie  des  trouvailles  au  musée  de  Mainz  (Mayence). 

DBTHAIJBBIV ,  en  HeMe, 

A  deux  heures  de  Marburg. 

Grès  bruns  alcalins  communs.  A  partir  de  i  300  jusqu'à  ce  jour. 

Ce  sont  probablement  les  plus  anciennes  fabriques  de  la 
Hesse,  qui  comptent  aussi  parmi  les  plus  anciennes  fabriques 
de  grès  de  toute  l'Allemagne.  (Voir  la  classification  des  grès 
ci-après.) 


1 .  La  collection  de  cet  amateur  se  compose  d'objets  d'art  gothiques  et  de  la 
Renaissance.  Il  y  a  peu  de  poteries;  les  armes,  bois  sculptés,  etc.,  l'emportent 
sur  la  céramique . 

20. 


S34  POTERICS  OPAQUES 

9PCIEB,  IVORMS  et  le  CHATIPAV  DE  ||^III9IEl|f», 

Près  Pirmadenz,  etc, 

TeRRBS  cuites  a  NIELLURE8.  Do  4300  à  4400 

Le  musée  des  antiquités  de  Manheim  ^  possède  un  eertain 
nombre  de  briques  ou  carreaux  de  pavage  à  niellures,  en  terre 
cuite,  provenant  des  localités  susnommées  et  dont  quel* 
ques-uns  sont  ornés  de  fleurs  de  lys. 

La  majeure  partie  est  visiblement  du  quatorzième  siècle. 

nord»  du  Rhin,  euTlrona  de  K.ÔE<N    (Cologne),    de  WElJ- 

IW^IED,    de  COIlIiElVTX,  de  BONli  et  de  beaucoup  d'autres  lieux 
rhénans^,  dont  j'ai  classé  la  fabrication  sous  la  dénommatîQn  géi^érale  de 

récQf;E  RHENANE. 

h  Grés  bruns  et  gris  jaunâtre.  De  43S0  jusqu'à  ce  jour. 
IL  Grés  gris  blanchâtre,  dits  blancs  alcalins.  4506  à  4600 
lïL  Grés  gris  et  bleus,  gris-bleus  et  violets.  A  partir  de  4500 

jusqu'à  ce  jour. 

ÏV.  Faïences  a  émail  stannifére. 

Le  grès  {Steingut^  en  allemand)  de  Kôln,de  Neuwi^d  et  au-, 
ires  lieux  rhénans,  que  l'on  devrait  appeler  avec  plus  de  raison 
grès  des  bords  du  H/im,  puisqu'il  a  été  constamment  fabriqué 
dans  cette  contrée,  est  connu  en  France  sous  la  fausse  dénomi- 
nation (le  grès  de  Flandre,  Les  trpig  espèces  doivent  être 
classées  comme  suit  : 

L  Grès  bruns  et  grès  gris  jaunâtre,  les  plus  anciens,  à  partir 
de  4350. 

IL  Grès  blancs  alcalins  d'une  cpuleqr  grise-blanchâtre  qui  se 

1 .  Exposé  dans  la  belle  salle  rocaille  du  château  monstre)  et  qui  contenait  jadis 
la  bibliothèque ,  ce  musée,  conservé  par  le  professeur  Ficeler,  consiste  en  anti- 
quités germaniques,  celtiques,  romaines,  gauloises,  alemaneg ,  frankes  et  allfi<r 
mandes  ;  parmi  les  dernières  il  faut  signaler  un  fort  précieux  encensoir  du  dou- 
zième siècle. 

2.  Ce  qui  a  fini  par  me  convaincre  que  la  fabrication  des  poteries  de  grès  dites 
de  Kôln  et  aussi,  faussement,  de  Flandre,  n'a  probablement  pas  eu  lieu  dans  la 
ville  de  Kôln  même,  c'est  l'absence  de  toute  trace  de  noms  de  potiers,  modeleurs  et 
graveurs  céramiques  dans  les  archives  et  registres  hypothécaires,  dont  M.  Merlo  a 
publié  les  extraits  :  Nachrichten  von  dem  Leben  und  den  Werken  Kôlnigçhw 
Kilnstler,  y  on  J.-J.  Merlo,  in-8**,  Kôln,  1850;  car  je  ne  pense  pas  que  M.  Merlof 
eât  rejeté  l'art  céramique  comme  indigne  de  figurer  à  côté  de  celui  des  peintres, 
émailleurs,  orfèvres,  armuriers,  brodeurs,  et  autres. 


EUROPÉENNES.  235 

sont  fabriqués  du  commencement  jusqu'à  la  Qn  du  seizième 
siècle  et  qu'on  ne  sait  plus  faire  aujourd'hui. 

III.  Grès  gris  et  bleus,  gris-bleus  et  violets  qui  datent  éga- 
lement du  seizième  siècle;  ils  se  fabriquent  encore  aujourd'hui, 
comme  les  grès  bruns. 

Le  grés  brun  (I)  qui  a  déjà  été  fabriqué  à  partir  du  com- 
mencement du  quatrième  siècle,  s'est  aussi  fabriqué  simultané- 
ment avec  lé  grès  blanc  alcalin  (II),  et  les  grès  gris  et  bleus^ 
gris-bleus  et  violets  (III). 

Aujourd'hui  on  fabrique  encore  de  ces  mômes  espèces  et 
qualités  de  grès  gris-bleu  et  gris  manganèse  (violet),  à  Laucn- 
stein,  Valendar  (Goblentz),  Magen  (Goblentz)  et  autres  lieux 
rhénans  ;  mais  c'est  de  la  marchandise  commune  qui  n'a  plus 
rien  d'artistique.  Le  gecret  de  la  fabrication  de  l'ancien  grès 
gris-blanc  paraît  être  perdu  puisqu'il  ne  se  fait  plus  nulle  part. 
MM.  Villeroy  et  Boch  à  Pappelsdorf  (Bonn),  fabriquent  bien 
du  grès  qui  se  rapproche  de  la  nuance  de  Tancien  grès  gris- 
blanc,  mais  la  qualité  n'est  pas  le  même  ;  les  formes  en  sont 
toutes  différentes  et  il  est  le  plus  souvent  orné  de  décors  pla- 
tinés. 

J'ai  déjà  fait  observer  dans  l'introduction  que  les  beaux  bas- 
reliefs  d'une  si  grande  valeur  artistique  et  archéologique  qui 
couvrent  la  plupart  de  ces  précieux  grès,  s'obtenaient  par  de 
petits  moules  en  bois,  au  moyen  desquels  on  les  estampillait. 
Plusieurs  de  ces  moules  sont  conservés  dans  les  musées  d'Al- 
emagne. 

Les  armes  de  la  ville  de  Koln  consistent  dans  un  écusson 
coupé  au  milieu,  en  travers,  dont  la  partie  supérieure  porte 
trois  couronnes  d'or  sur  champ  rouge  et  la  partie  inférieure 
onze  flammes  d'or  sur  champ  blanc;  l'écusson  est  surmonté 
d'une  couronne  murale.  On  les  rencontre  sur  un  grand  nombre 
de  ces  grès,  le  plus  souvent  sur  des  spécimens  où  le  style  du 
premier  gothique  prouve  que  leur  fabrication  remonte  au  delà, 
9U  quinzième  siècle,  et  que  l'opinion  de  feu  Brogniard,  qui 
a  fixé  la  fabrication  du  premier  grès  européen  au  seizième 
siècle,  est  insoutenable,  puisque,  en  Hollande  même  (voir  grès 
de  Jakoba),  on  fabriquait  déjà  du  grès  au  quinzième  siècle. 

Un  lion  gothique  qui  forme  une  écritoire,  et  qui  provient  de 
l'hôtel  de  ville  d'une  petite  ville  des  bords  du  Rhin,  appar*^ 
tient  à  ?a  seconde  espèce  de  la  première  catégorie  des  grès  gin's 


jaunàlre.  Celui-ci  el  le  pendant,  qui  fait  partie  de  l'ancienne 
collection  de  M.  de  Weckherlîn,  sont  deux  spécimens  du  pre- 


Ëcril 


mier  gothique.  Une  lampe  de  ce  même  grès,  ornée  de  figures 
et  dont  le  caractère  indique  le  quatorzième  siècle  ',  se  trouve 
au  musée  de  la  Société  archéologique  d'Amsterdam. 

De  la  seconde  catégorie,  du  gris  blanc  alcaltn  (II.  )>  1^  mil- 
fësime  le  plus  ancien  que  j'aie  rencontré,  est  celui  que  portait 
itne  canette  conique  de  la  collection  Essingh  à  Koln  (vendue 
en  septembre  186S).  Voici  ce  que  l'on  lisait  sur  la  panse  : 

Sich  far  lich,  Frettrf  ij  mijffcft  1537, 


et  les  initiales  du  potier 


L.  W. 


Le  millésime  le  plus  ancien  connu  après  celui-là  est  tSSO; 
je  l'ai  recueilli  sur  un  candélabre,  au  musée  de  la  porte  de 
Hall  à  Bruxelles.  Quant  â  la  canette  ayant,  selon  l'attribu- 
tion, appartenu  à  Luther,  et  qui  e^t  conservée  au  musée  de 
Berlin,  on  en  trouve  la  mention  à  la  fin  de  ce  chapitre,  puisque 
la  date  de  iSÏZ  gravie  au  burin  dans  l'étain  ne  peut  pas  offrir 


e  SigmtriQgeD  pocsèdt 


noirbre  de  cruche! 
de  KlUn,  1c  tout  trsuvi  dtiig  let  le 
Il  cAlé  de  nnstcldorl,  chlleau  foi 
Hsini,  et  que  les  Su#do»  ont  d 
cet  cnichet  p«rt«  l«>  trmoirin  di 


EUROPÉENNES.  237 

une  garantie  d'authenticité  suffisante.  Elle  peut  avoir  été  ajoutée 
par  la  spéculation. 

Sur  une  canette  conique  de  ce  môme  grès  blanc  alcalin, 
appartenant  au  docteur  Beliol  S  à  Paris,  on  lit  la  date  de 
4558. 

Cette  cruche  est  ornée  de  trois  bas-reliefs  représentant  Lu- 
crèce se  poignardant  après  l'outrage  de  Tarquin  ;  Judith  venant 
couper  la  tête  à  Holopherne  ;  et  Seila,  la  fille  de  Jephté,  pleu- 
rant son  sacrifice.  (On  sait  que  Jephté  avait  fait  vœu  d'im- 
moler à  Dieu  la  première  créature  humaine  qui  se  présenterait 
devant  lui  à  sa  rentrée  en  ville  après  la  victoire,  et  que  cette 
première  personne  fut  sa  propre  fille.) 

Autour  de  ces  bas-reliefs  on  lit  une  inscription  latine  dont 
voici  la  traduction  : 

Mon  père,  puisque  vous  avez  fait  un  vœu  au  Seigneur,  tenez-le,  et  faites-moi 
subir  tout  ce  que  vous  avez  promis  ;  accordez-moi  seulement  la  liberté  durant 
deux  mois,  afin  que  je  puisse  parcourir  les  montagnes  pour  pleurer  ma  virginité. 

Une  semblable  canette  fait  partie  de  la  collection  de  M.  E. 
Fleischhauer  *,  à  Colmar.  En  outre  de  l'inscription  susmen- 
tionnée, on  y  lit  encore  en  langue  allemande  de  l'époque  : 

Tarq  dein  GuUig  keit  und  Bôsart , 
Schendet  Lucretia  das  eidl  Weibchen  zart; 
Wie  ailes  so  vergànglich  hier, 
ÀchGott  hilfmir.  1558. 

(Tarquin,  tes  crimes  et  méchancetés  ont  violé  Lucrèce,  cette  noble  et  tendre 
petite  femme.  Comme  tout  est  passager  ici^  secoure-moi,  mon  Dieu.    1558.) 

M.  Suermond  à  Achen  (Aix-la-Chapelle)  possède  une  fort 
jolie  cruche  ou  canette  conique  de  cette  espèce  qui  porte  le 
millésime  de  1573,  et  une  autre  de  ma  collection,  celui  de  d588. 
Cette  dernière  est  ornée  de  bas-reliefs  qui  représentent  l'em- 
pereur Constantin,  le  roi  Arthur  de  la  Table  ronde,  et  Hector  le 
Troyen  ;  mais  en  costume  et  armures  du  genre  que  la  sculpture 
et  la  peinture  avaient  adoptés  à  l'époque  de  la  fabrication. 

1 .  La  collection  de  cet  amateur- connaisseur  est  riche  en  grès  et  cruches  de 
toute  espèce  et  en  armes  anciennes. 

2.  Cet  amateur  possède  une  belle  collection  d'armes  anciennes. 


S38  POTERISa  OPAUUES 

L'inscriplion  ei)  vieil  allâmand  dit  : 

A'nnDig  Àrliu  I JS3,  geiatr  Conilanlin,  fleclor  te 


.  Troll. 


Une  autre.canette  de  la  mdnie  espèce,  de  2S  centimètres  de 
hauteur,  et  également  de  ma  collection,  montre  trois  reUefii 
eKcessivement  curieux. 

Le  premier  représente  le  Christ  repoussant  le  diable.  On 
y  lit: 

Pacl'  dich  Ttvul,  In.  inimm, 

devant  de  la  panse  Tigure  un  affreux  dra- 
gon à  trois  corps  de  serpenta  entre- 
lacés et  qui  se  terminent  par  les 
tètes  d'un  pape,  d'un  Turc  et  d'un 
moine.  Le  ventre  de  cette  béEe  apo- 
calyptique laisse  voir  une  tète  de  dia- 
ble vomissant  des  flammes,  tandis 
que  la  queue  de  rat  se  perd  dans 
l'infini  entre  les  étoiles  du  firmament. 
Le  troisième  relief  montre  le  Christ, 
une  hache  à  la  main,  coupant  Varbre 
de  Rome,  auquel  il  a  mis  le  feu,  tan- 
dis que  le  clei^é  catholique  tire  de 
son  côté  à  des  cordes  allachées  à 
l'arbre,  pour  empêcher  qu'il  ne  tombe. 
Les  branches  sont  surchargées  de  bul- 
les d'excommunication,  d'enconsoirs , 
de  bénitiers,  de  burettes,  de  rosaires 
de  scapulaires,  etc.,  etc.  Ony  lit  : 

X  allemand  qui  veut  dire  : 


Got  allein  4t  Eir  (ne),  (A  Dieu  seul  l'boniiïDr,) 

'     Le  musée  de  Ciuny  possède  un  grand  nombre  de  ces  ca- 


EUROPÉENNES.  239 

nettes  coniques,  non  encore  cataloguées  ;  le  musée  du  Louvre, 
trois,  le  musée  germanique  à  Niirnberg  et  M.  Karl  Anton  Me- 
lani  à  Frankfurt*sur*le-Main,  deux  canettes  semblables  aux 
grès  du  Dr  Beliol  décrites  plus  haut;  ces  dernières  ont  13  pou- 
ces de  hauteur,  et  leurs  bas-reliefs  représentent  Thistoire  de 
l*enfant  prodigue  ;  signées  : 

F.  T.  et  i559. 

Au  musée  royal  de  Berlin  se  trouve  la  canette  que  l'on  dé- 
signe comme  ayant  appartenu  à  Luther,  puisqu'on  y  lit  gravé 
au  burin  sur  le  couvercle  en  étain  : 

D.  M.  L.  M.  D.  X.  X.  m. 

[Doctor  Martin  Luther»  1523.) 

Ce  même  musée  possède  aussi  une  canette  (n^  14)  ayant  ap- 
partenu au  duc  de  C lèves,  Gulich  et  Berg. 

Un  autre  de  ces  grès  coniques  de  la  collection  Essing  à  Kôln 
(vendue  en  1865),  montrait  en  bas-relief  les  armoiries  de  Phi- 
lippe d'Espagne  à  côté  du  millésime  de  1594  et  les.  initiales  du 
potier  : 

H.  H. 

Une  semblable  canette  au  musée  de  Middelburg ,  en  Hol- 
lande ,  est  ornée  des  armes  d'Autriche,  d'Espagne  et  d'Angle- 
terre. Ce  musée  possède  outre  cela  des  grès  blancs  alcalins  où 
les  reliefs  représentent  des  sujets  divers. 

lîL  Les  grès  gris  et  bleus^  gris-^bleus  et  violets,  qui  datent 
du  seizième  et  du  dix-septième  siècle,  offrent  comme  forme  et 
comme  ornementation  les  spécimens  les  plus  artistiques.  La 
plus  ancienne  date  que  j'aie  rencontrée  sur  ces  pièces  est  celle 
de  1539,  millésime  qui  se  trouve  sur  une  ci'uche  de  la  collec- 
tion de  M.  Suermond  à  Achen,  et  dont  il  sera  fait  mention 
plus  loin.  Cette  date,  antérieure  de  quelques  années  à  la  plus 
ancienne  qui  me  soit  connue  des  grès  blancs  alcalins,  n'a  pu  ce- 
pendant changer  ma  conviction,  qui  me  fait  ranger  dans  l'ordre 
chronologique  ces  grès  blancs  alcalins  avant  les  grès  qui  nous 
•^copent  ici.  J'ai  déjà  fait  observer  que  la  désignation  de  grès 
de  Flandre,  sbus  laquelle  la  plupart  des  catalogues  des  musées 


â40  POTERIES  OPAQUES 

en  France  les  font  figurer,  est  fausse,  puisque  toutes  les  inscrip- 
tions et  presque  tous  les  sujets  et  armoiries  sont  allemands. 

Il  reste  à  rechercher  encore  si  véritablement  les  Flandres 
ont  seulement  produit  des  grès  artistiques,  ce  dont  je  doute  for- 
tement ^  n'en  ayant  point  rencontré  jusqu'ici  la  moindre  trace, 
car  les  inscriptions  sont  en  vieux  allemand.  Dans  tous  les 
cas,  d'Huyvetter,  et  après  lui  Brogniart,  se  sont  complètement 
trompés,  lorsqu'ils  ont  attribué  les  plus  beaux  de  ces  grès  à  la 
fabrication  flamande,  et  les  moins  beaux  aux  fabriques  d'Alle- 
magne. C'est  tout  le  contraire  qui  pourrait  être  vrai.  La  proxi- 
mité des  centres  rhénans  de  la  fabrication  a  sans  doute  donné 
lieu  à  cette  méprise,  réfutée  constamment  par  les  noms  et  les 
devises  allemands. 

Fort  peu,  sinon  aucun,  des  grès  dits  flamands,  ne  portent 
d'inscriptions,  ni  d'allégories  catholiques,  mais  bien  au  con- 
traire des  allégories  anticatholiques  et  des  sentences  de  la  Ré- 
forme, comme  on  a  pu  voir  par  la  description  des  bas-reliefs 
et  de  l'inscription  de  la  cruche  conique  de  ma  collection.  H 
me  paraît  donc  évident  que  les  lieux  de  fabrication  des  grès  ar- 
tistiques étaient  situés  dans  des  pays  protestants,  puisque  les 
Flandres  catholiques  n'auraient  certes  pas  inscrit  de  pareilles 
devises,  et  si  on  en  rencontre  avec  des  inscriptions  en  langue 
flamande,  les  grès  pourraient  fort  bien  avoir  été  fabriqués  à  la 
commande  de  quelques  seigneurs  flamands  ou  hollandais,  par 
les  potiers  allemands.  L'erreur  qui  a  toujours  régné  sur  l'origine 
de  cette  poterie,  jusqu'à  la  publication  de  la  première  édition 
de  mon  Guide,  était  même  poussée  par  des  personnes  compé- 
tentes jusqu'aux  plus  choquantes  méprises.  M.  Marryat,  par 
exemple,  appelle  dans  son  ouvrage  ce  beau  grès  ornementé 
dont  il  donne  même  un  dessin  (n»  72)  des  Jahobakanetjes  (voir 
le  grès  de  la  Hollande),  nom  qui  désigne  une  espèce  de  pots  de 
grès  commun ,  de  fabrication  hollandaise,  qui  ne  ressemble 
absolument  en  rien  aux  grès  rhénans  artistiques. 

En  Angleterre  aussi,  le  premier  grès  connu  s'appelait  grès  de 
Kola  et  non  pas  grés  de  Flandre.  Le  British-Museum  a  con- 
servé une  pétition  adressée,  sous  le  règne  d'Elisabeth,  par  le 
nommé  William  Simpson  à  lord  Burgley,  qui  demande  un  pri- 


1 .  Voir  cependaul,  au  cliapilre  des  poteries  opaques  belges,  Thorlogc  hy- 
draulique ,  ou  clepsydre,  du  musée  de  Cluny,  à  Pans. 


£UROP£EfiM£S.  241 

vjjl^ge  pour  la  fabrication  des  grès  de  Koln»  La  pétition  ne 
mentionne  d'aucune  manière  des  grès  de  Flandre  ou  de  Hol- 
lande. 

Une  des  plus  belles  et  en  même  temps  la  plus  ancienne  pro- 
duction de  ce  grès  bleu,  porte  souvent  les  initiales  : 

I.  £.  et  aussi  les  noms  :  Jea7i  ErnsL 

M.  Suermond,  à  Àchen,  possède  une  de  ces  belles  cruches 

qui  est  marquée  : 

/.  E.  1539. 
A  Emst 

se  rencontre  quelquefois  sur  de  semblables  cruches  du  dix- 
septième  siècle  ^ 

Balden  Menniken  à  Rorreyi  (Allemagne?) 

est  une  autre  signature  recueillie  sur  des  pièces  fort  artistiques. 
Sur  un  vase  de  ma  collection^  de  23  centimètres  de  hauteur, 
en  grès  gris  et  bleu,  d'une  belle  forme  architecturale,  et  cou- 
vert d'ornements  en  relief  et  en  creux  dans  le  style  de  la  re- 
naissance, on  lit  : 

HELFIES.-.  BOVGHENLER.-.  VON.-. 
AUSBVRGH. 

Inscription  que  le  potier  y  a  imprimée  en  lettres  mobiles  et 
qui  me  parait  le  nom  de  la  personne  à  laquelle  ce  vase  a  appar- 
tenu,  et  non  pas  celui  du  céramiste. 

Je  pense  que  cette  inscription  fautive  veut  dire  : 

Uelfies,  libraire  à  Aiigsburg. 

La  contrefaçon  qui  a  voulu  s'emparer  de  ces  poteries,  n'a 
rien  pu  produire  qui  doive  faire  craindre  au  collectionneur 
un  peu  expérimenté  d'être  trompé.  Les  anciens  potiers  n'ont 
jamais  mélangé  les  styles  dans  leurs  ornements  qui  peuvent 
servir  de  modèles  de  pureté,  et  leurs  armoiries  étaient  tou- 
jours authentiques.  Les  pièces  de  la  contrefaçon  sont  d'abord 
grossièrement  modelées  et  souvent  en  terre  cuite  vernùsée,  au 


\ .  Il  paraît  donc  qu'il  existait  deux  fabdcauts   du  nom  d'Ernst,  peut-être 
TrèreS)  Tua  J.  ou  Jean,  l'autre  A.  £rust. 

"21 


â4â  POtSRiKS  OPAQUES 

lieu  d'être  en  grès.  L'omemeniatiOn  est  un  amalgame  ^é- 
poques  diverses,  et  les  armoiries  de  composition  fantaisiste. 

La  plus  célèbre  collection  de  ces  poteries  était  celle  de 
d'Huyvetter,  de  Gand^  vendue  après  sa  mort  et  acquise  en  par- 
tie par  M.  de  Weckberlin.  La  collection  de  ce  dernier  devint 
alors  la  plus  belle  de  toutes  les  collections  de  grès  et  conte- 
nait des  pièces  même  plus  remarquables  que  celle  qui  lui  avait 
servi  de  base.  M.  de  Weckberlin  qui  s'était  défait  des  pièces 
secondaires  et  qui  avait  augmenté  sa  collection  d'autres  très- 
rares  Ta  vendue  depuis  à  M.  E.  Gambart,  de  London. 

Il  est  intéressant  pour  l'histoire  de  l'art  de  décrire  quel- 
ques-uns des  grès  de  cette  collection,  qui  sera  peut-être  un  jour 
dispersée. 

On  peut  citer  d'abord  : 

1 .  Une  cruche  en  grès  brun  de  40  centimètres  de  hauteur, 
de  ce  que  l'on  connaît  de  plus  beau.  La  panse  porte  en  relief 
le  portrait  en  pied  d'un  personnage  princier,  probablement  de 
France,  à  en  juger  par  les  fleurs  de  lis  surmontées  d'une  cou- 
ronne ducale,  et  deux  bustes  d'homme  et  de  femme,  dont  le 
premier  est  entouré  des  lettres  : 

K.  K.  G.  M.,  et  l'autre  de  N.  M., 

ainsi  que  d'armoiries  avec  le  millésime  de  1573.  Sur  le  col, 
on  lit  le  chiffre  i568,  ce  qui  prouve  que  la  fabrique  avait  déjà 
produit  ces  grès  vers  cette  dernière  date,  et  qu'elle  a  utilisé  pour 
là  fabrication  de  la  cruche  de  1573,  les  moules  en  bois  faits 
en  1568. 

2.  y  ose  en  grès  bleu  (75  centimètres  de  hauteur).  ^  Entière- 
ment couvert  d'ornementations,  provenant  de  la  collection 
d'Huyvetter,  le  n"  1  de  ses  dessins  et  le  n®  104  du  catalogue 
de  vente.  Il  a  été  adjugé  1,900  fr.  Voici  textuellement  la  des- 
cription de  M.  Bénonl  Karel  Verhelst  : 

<x  Ce  vase,  unique  par  sa  beauté  et  sa  grandeur,  a  servi  de 
fontaine  et  est  entièrement  couvert  d'ornements  dont  le  moulage 
est  du  fini  le  plus  précieux.  En  faire  la  description  exacte  se- 
rait une  chose  impossible;  il  faudra  donc  se  borner  à  dire  qu'il 
est  orné,  entre  autres,  de  quatre  rosaces  travaillées  à  jour,  et 
que  sur  la  ceinture  ou  zone  du  milieu  se  trouvent  représentées 
dans  des  niches^  par  de  petits  bas-reliefs,  composées  de  deux  à 
trois  figures  chacune,  les  sept  œuvres  de  miséricorde,  dont 


EUROPEENNES.  243 

quelques  l6ttre3  4&QS  les  entre-voûtes  des  niches  expliquent  le 
sujet,  et  que  l'artiste  a  été  obligé  de  répéter  quatre  fois,  vuja 
grande  circonférence.  Les  autres  ornements  consistent  princi- 
palement en  têtes  de  clous  guillochées,  placées  en  tous  sens, 
en  cercle,  par  rangées  perpendiculaires  et  obliques.  En  bas  de 
la  panse  est  adapté  un  tuyau  court,  qui  permet  d'y  poser  un 
robinet.  Le  col  est  de  forme  aiguière,  L'émail  du  fond  est  gri- 
sâtre, mais  richement  peint  de  bleu  de  lazulite  et  de  brun 
jaspé.  Il  est  é'une  conservatioi^  irréprochable.  » 

3.  Gourde  aplatie  à  pied  en  grès  brun  (42  centimètres  de  hau- 
teur). —  Panse  aplatie,  goulot  orné  d'une  gueule  de  lion,  te- 
nai|É  un  anneau  d'étain.  Sur  le  milieu  du  vase  les  armes  de 
Saxe.  Autour  de  la  panse  ap1|itie,  des  guirlandes.  Les  armoiries 
sont  surmontées  d'écussonai^  avec  la  légende  : 

p.  E.  Kravch.  Cona.  Et.  Secret.  Mogvn. 

Cette  pièce,  de  toute  beauté,  porte  le  monogramme  du  potier  ; 

I.  R.  1588, 

4.  Gourde  à  panse  sur  pied,  en  grés  bîanc  (42  centimètres  de 
hauteur).  —  Panse  aplatie  et  long  col.  Armoiries  sur  les  deux 
faces.  Deux  dragons  en  étain,  traversant  quatre  oreillets  de  la 
pâte,  #rvent  d'attaches  à  une  chaîne  du  môme  métal,  le  tout 
de  l'époque.  Marque  du  potier  :  ^  ^ 

^  M.  G.  me. 

5.  Aiguière  en  grés  brun  (34  centimètres  de  hauteur).  —  Le 
haut  du  col  est  terminé  par  un  beau  mufle  de  lion,  dont  une 
répétition  se  trouve  à  la  naissance  de  l'anse.  La  plate-bande, 
surmontée  d'une  torsade  à  jour,  représente  les  trois  vertus 
théologales,  les  quatre  vertus  cardinales  et  les  sept  arts  libé- 
raux. Entre  ces  figures  se  lisent  ces  deux  inscriptions  : 

Wan.  Got.  Wil.  eo.  is.  mein,  EU. 
(Mon  but  est  là  où  Dieu  me  conduit.) 

âfestre.  Baîden  Mennichen.  Pottenhecher.  wonende,  lo.  den. 
Rorren.  In.  leiden.  gedolt.  1577. 

(Maître  Baldeo  Mennicken,  potier,  demeurant  à  Rorreo. 
Patience  dans  la  douleur  ' .) 

i .  l'nc  cruche  avec  même  signature  et  même  sentence  est  au  musée  de  Sèvres. 


âM  POTRRIES  OPAQUES 

C.  Crvehe  en  grès  bnm  {47  cenlimètreB  de  hauteur).  —  Riche 
orllenl^Iltalion,  style  renaissance,  entourage,  trois  médaillons 


H.  dsWrKkerltn. 


IX  armes  des  villes  de  Knln  et  de  Speier,  En  haut,  d'au  très  armo  i- 
îset  uncercledemascarons.  Sur  la  plate-bande,  l'inscripiion  ; 

t.  ri.  Ein.  Kimit.  Die.  Kuail.  ^u»,  Oouet.  Gunil.  Wtrl.  Dit.  Kim«.  Noeh. 

So.  Schon.  So.  MoïK.  Sti.  Sich.  Giffm.  lu.  Dm.  Dat.  ISSS  '. 

(r^ci  eilun  trt.  Tout  art  tienl  de  Dieu.  N'imiwrle  1  quelle  haulcnr  l'trt 


(Les  photographies  de  toutes  ces  belles  pièces,  au  nombre 

I.  Il  y  BTuI  diDi  11  colleetioa  Bssing,  >  Kiln,  fendue  en  septembre  ISSb, 
me  pareille  rructae  poTlaul  le  millésime  de  I3T!. 


EUROPÉENNES.  24 


O 


de  soixante-deux,  sont  chez  moi  à  la  disposition  des  artistes  et 
amateurs  qui  désirent  les  voir). 

Après  la  collection  des  grès  de  M.  de  Weckherlin,  c'est  celle 
du  musée  de  la  porte  de  Hall,  de  Bruxelles,  qui  est  la  plus 
remarquable;  les  n°«  747  et  748,  cruches  entrelacées,  en  sont 
les  plus  belles  et  les  plus  rares. 

Un  grai]id  cornet  bleu  évasé  ou  plissé  à  douze  côtes,  est  une 
très-belle  pièce  qui  fait  partie  du  musée  Sauvageot  ;  —  ainsi 
qu'un  grand  vase  à  anses,  de  forme  ovoïde,  formant  fontaine, 
au  millésime  16i9. 

Au  musée  du  Louvre,  on  trouve  trois  grès  bleu. 

Au  musée  de  Cluny,  n*>  ^2S^,  une  grande  cruche  en  grès  gris 
et  bleu,  avec  la  sentence  allemande  ; 

Fch.  Weisz.  Nichts.  Pessers.  Im.  Himel.  Und.  Auf.  Erten,  Dan.  Das* 
Wir.  Durch.  Christwn,  Zelig.  Werden. 

En  français  : 

Je  ne  connais  rien  de  meilleur  sur  la  terre  et  dans  le  ciel,  que  de  sayoir 
que  nous  serons  des  bienheureux  de  par  Jésus-Christ. 

Au  musée  Sauvageot,  on  a  relevé  les  marques  et  monogram- 
mes suivants  : 

N°«  936  :  L.  W. 

939  :  W.  T. 


952 


Kvm 
rrpn 


949  :  M.  0. 

958  :  S.  M. 


959 


î 


975  :  W.  B. 

Une  fort  curieuse  cruche  en  grès  jaune,  provenant  de  la 
vente  Becker,  de  1853,  et  qui  a  fait  partie  de  la  collection  Le 
Garpentier,  est  signée  du  nom  du  potier,  déjà  mentionné  : 

An.  Ernst. 

beaux  grès  gris-bleus.  M.  VTillet,  à  Amsterdam,  a  plusieurs  remarquables  pièces 
marquées  ainsi. 

21. 


?46  POTBItlES  OPitQUES 

(Bt  porte  autour  de  la  panse  une  légende  allemande  dont  voici 
Ja  traduction  ;  '^ 

Cran,  sonnez  fort.  Alors  dansent  lés  paysans  josqu'à  ce  qu'Us  deneaneat  eBrag4s« 
Allons,  dit  lé  curé,  >'y  perds  ma  ehasvble.  Celui  qui  veut  coaservei?  sft  Ule  . 
Qe  dérange  pas  les  chiens  et  laisse  danser  les  paysans. 

Le  sujet  du  bas-relief  qui  court  tout  autour  de  la  cruche,  ne 
dément  pas  la  légende.  On  y  voit  en  effet  des  paysans  dansant 
comme  des  enragés. 

Une  semblable  cruche  à  la  collection  Essing,  à  K^ln  (vendue 
en  septembre  1865)^  avait  pour  inscription  : 

Peifert  Gefehrt,  der  mus  blasen 

J)an  danssen  die  Bourerif  als  weren  sie  rassen 

Wer  loill  halten  seinen  Schetel  gam 

las  den  Bouren  ihren  Tanz.  Anna  i<)37. 

(Fifre  sonne  fort,  alors  les  paysans  dansent  comme  des  enragés.  Qui  veut  garder 
son  crâoe  intact  n'empêche  pas  les  paysans  de  danser.) 

Feu  Lecarpentier,  à  Paris,  possédait  une  cruche  en  grès 
gris  et  bleu  de  la  qualité  la  plus  fine  et  la  plus  artistique  de 
cette  espèce,  qui  était  signée  : 

Jean  Emst, 

La  signature  des  Ernst  ou  leurs  initiales  se  rencontrent  aussi 
sur  des  grès  blancs  (voir  au  commencement  de  ce  chapitre). 

Une  buire,  toujours  de  cette  môme  espèce,  et  dont  le  pied 
montre  absolument  les  mêmes  empreintes  de  moules,  fait  par- 
tie de  ma  collection,  et  doit  être  attribuée  au  même  potier.  Elle 
à  i9  centimètres  de  hauteur.  La  partie  supérieure  est  en  étain 
et  porte  l'inscription  gravée  au  burin  : 

F.  V.  0.  1543, 

surmontée  d'une  couronne  et  d'un  casque. 

On  remarquera  que  ce  Jean  Ernst  a  vécu  cent  ans  avant 
An.  Ernst. 

La  collection  Essing,  à  Koln,  possédait  un  grand  pot  à  anse 


,  lUlOFÉSIINM.  247 

en  grès  gris  et  bleu ,  qui  portait  la  signature  du  potier  Til^ 
man.  On  y  lisait  : 

Dwoh  Godes  Gnat,  ^u  versiù^.  hat.  Tilman,  WqU.  dièse 
*  Kann  aufgerich .  À  nno  1661, 

« 

(  Par  la  gràee  de  pieu,  Tilman  a  fait  cette  pinte.  Amiéç  1661.) 

M.  Etlinger,  à  Wurtzburg,  a  aussi  dans  sa  cgliecUon  de  ces 
grès  qui  méritent  mention. 

M.  Fourau,  à  Paris,  possède  trois  cruches  magnifiques  :  une, 
en  grès  gris-bleu  et  ornée  de  nombreux  mascarons,  est  remar* 
guable  pour  sa  forme  rare  ;  les  deux  autres,  en  grès  brun,  sont 
armoriées  et  de  graride  taille. 

Le  musée  de  Kt^ln  même,  commencé  trop  tard  et  disposant 
de  peu  de  fonds  de  réserve,  n'est  pas  riche  en  exemplaires  de 
grès  ;  —  mais  les  quelques  pièces  qu'il  possède  sont  remarqua- 
bles. En  grès  gris  clair,  une  lampe,  un  pot  forme  hibou,  une  buire 
à  grand  et  long  goulot  et  à  bas-reliefs  qui  représentent  des  figures 
en  pied,  et  plusieurs  cuvettes,  sont  des  pièces  de  premier  ordre; 
un  encrier- flambeau  à  lions  et  bas-reliefs  en  grès  gris,  bleu  et 
brun  est  aussi  beau.  En  grès  gris  et  bleu,  le  musée  possède 
d'abord  un  grand  vase  à  anses,  à  bourrelets  à  jour  autour  de  la 
panse,  avec  médaillons  historiés  et  au  millésime  de 

1687, 

et  une  superbe  buire,  de  quatre-vingt-dix  centimètres  de  hau- 
teur, couverte  d'orneinents  en  relief-^  une  des  plus  belles  pièces 
connues  -*-  malheureusement  un  peu  endoipmagée. 

A  Londoriy  c'est  le  musée  de  Kensington  qui  est  riche  en  grès 
de  Kôln  :  les  n<»400Ô,  4008,  4009,  4011,  4013,  4019,  4024, 
4028,  4031,  4033,  4034,  4035,  4037,  4038,  4039,  4041,  4043, 
4044  et  4047  en  sont;  —■  les  n»*  4014  et  4024,  tous  deux  aux 
armes  de...,  figurent  encore  sous  la  fausse  désignation  de  grès 
de  Flandre  et  anglais,  ainsi  que  beaucoup  d'autres;  4018  et 
4021,  en  vieux  grès  rhénan  bien  connu,  sont  appelés  dans  le 
catalogue  terre  de  pipe!  Le  n»  4035,  toujours  désigné  sous  le 
nom  de  grès  de  Flandre,  porte  cependant  la  devise  allemande  : 

■ 

Trau  nicht  es  sticht* 

c'est-à-dire 

Méfie-toi  —  elle  pique  (la  rose). 


U»  POTBRItS  OPAQUES 

L'nesUluette-groupe,  en  srès  gris-blea  etviokt,  qui  repré- 
gante  la  Vierge  avec  le 
Christ  mort  sur  ses  ge- 
noux [la  Pteta  des  Jta- 
liens,  ou  la  Leidensmutler 
ou  Mater  dolorosa  des  Al- 
lemands), de  treize  centi- 
mètres de  hauteur,  de  ma 
collection,  oFTre  cette  sin- 
gulière anomalie  que  le 
Christ  y  est  représenté 
aussi  décharné  que  ceux 
des  Byzantins,  tandis  que 
la  Vierge  parait  avoir  une 
espèce  de  crinoline, 

M.  Cait,  en  Angleterre, 
possède  une  grande  li- 
e  en  grès  gris  (un 
mètre  de  hauteur)  qui 
représente  un  joueur  de 
vielle.  —  C'est  une  œu- 
vre du  dis-septième  siècle  —  qui  me  parait  non  pas  alle- 
mande, mais   de  fabrication  anglaise,  probablemement   de 

FULHA». 

(  Voir  cette  localité  au  chapitre  des  poteries  opaques  an- 
glaises. ) 

Les  armoires  135  à  <39  de  la  salle  de  la  Mediœval-  Col~ 
lection,  au  musée  Britannique,  renferment  quatre-vingt-dix 
pièces,  la  plupart  insignifiantes,  hors  la  bouteille  de  chasse 
en  grès  blanc  dont  la  panse  est  ornée  de  bustes  en  re- 
lief de  deux  archevêques  —  surmontés  d'écussons  dont  l'un 
montre  un  cor  de  chasse  et  l'autre  une  étoile.  Tous  ces 
grès  sont  allemands,  mais  le  catalogue  les  désigne  comme 
grès  de  Flandre,  —  quoique  formes,  inscriptions  en  langue 
allemande,  couleurs  et  armoiries  démontrent  leur  véritable 
origine. 

Au  musée  royal  de  La  Haye,  quatre  jolies  canettes  ou  pois  à 
bière  en  grès  blanc  et  de«a;ti(wesàcftaines  en  grès  brun(cftalti« 
en  grès\.  Aun  archives  de  la  ville  d'Utrecht,  deux  belles  cruches 
h  beaux  reliefs  historiés  en  grès  brun. 


EUROPÉENNES.  249 

Le  duc  Tascher  de  la  Pagerie,  à  Paris,  possède  aussi  une 
série  de  pois  de  grès,  dont  plusieurs  fort  remarquables*. 

Cremer,  potier  à  Kt^ln,  probablement  de  la  un  du  dix-huitième 
ou  du  commenceniiçnt  du  dix-neuvième  siècle,  a  marqué 


f4/ 


On  voyait  de  ce  potier,  dans  la  collection  Essingh,  à  Koln 
(vendue  en  septembre  1865),  une  canette  cylindrique  à  anses  et 
à  couvercle  d'étain,  qui  imitait  la  majolique  italienne.  Le  sujet 
représentait  un  épisode  de  la  vie  de  saint  Guillaume, 

Le  Dictionnaire  des  postes  aux  lettres ,  par  Lecousturier,  de 
l'année  1802  (Consulat),  mentionne  aussi  une  fabrique  de  faience 
à  Cologne. 

S,  Olwem  et  Meister  ont  fabriqué  à  Koln,  au  commencement 
de  ce  siècle,  des  faïences  dont  quelques  échantillons,  acquis  en 
1809,  se  trouvent  au  musée  de  Sèvres. 

Avant  de  quitter  de  chapitre,  je  dois  faire  observer  que  les 
modèles  en  grès  bleu  ancien,  les  plus  rares  aujourd'hui,  et  pour 
lesquels  les  amateurs  payent  les  prix  les  plus  élevés,  ont  la 
forme  d*un  gros  anneau ,  sur  pied  et  à  embouchure,  soit  anneau 
simple,  soit  double  en  sens  inverse,  tels  que  les  exemplaires, 
un  de  chaque  genre,  conservés  dans  la  collection  Sauvageot, 
au  Louvre.  Les  bouteilles  en  -forme  d*anneaux  doubles  sont 
encore  bien  plus  rares  que  celles  qui  ne  forment  qu'un  simple 
anneau. 

Poterie  en  tei8ie  cuite  au  vernis  plombifère  ,  à  ornements 
en  relief  en  pâte  colorée  par  le  manganèse,  le  cuivre,  etc.  1500 
jusqu'à  ce  jour. 

Cettu  poterie,  que  Ton  peut  ranger  dans  celle  de  Técole  rhé- 
nane ,  a  été  toujours  confectionnée  et  se  confectionne  encore 

1 .  La  collection  du  duc  était  belle  et  nombreuse  avant  son  entrée  en  France, 
et  remplissait  presque  toutes  les  pièces  de  son  vaste  hôtel  à  Miii^cheo.  Celle  qu'il 


250  POTERIES  OPiQUES 

actuellement  à  Marburg  à  des  prix  trés-rëduits.  Ce  sont  des 
pots  et  casseroles  toui%  ornés  de  b^s-reliefs  modelés  à  la  main, 
et  composés  de  pâtes  colorées  à  la  manière  de  celles  des  pote- 
ries dites  de  Palissy.  Les  ornements  sont  l'jpuvre  des  femmes 
qui  les  appliquent,  sans  moulage  ni  autre  aide  mécanique, 
avec  une  rapidité  incroyable. 

Il  y  a  encore  plusieurs  fabriques  dont  la  plus  artistique  est 
celle  du  potier  Conrad  Amenhameriy  située  dans  la  rue  d^te 
Ketzerbach.  Cette  poterie  se  vend  à  uu.  bon  marcïîë  extraordi- 
naire et  est  fort  artistique. 

Un  échantillon  moderne  se  trouve  dans^^ma  collection^  siin^ 
qu'un  petit  plat  rond  creux  du  seizième  siècle  ou  du  commen- 
cement du  dix-septième,  de  quinze  centimètres  de  diamètre, 
forme  poêle  et  garni  de  six  manches  tout^utour.  C'est  un  curieux 
échantillon  des  cadeaux  de  noces  que  le  peuple  hollandais  avait 
souvent  l'habitude  de  faire  aux  nouveaux  époux  le  jour  de  leur 
mariage,  et  que  les  potiers  allemands  de  iftarburg  expédiaient 
en  Hollande  avec  leurs  envois  de  poteries  ordinaires. 

Je  l'ai  acheté  à  Amsterdam.  On  y  voit  en  relief  les  emblèmes 
de  TAmour  :  deux  tourterelles,  deux  cœurs  d'où  sortent  des 
mains  qui  se  joignent  (  bonne  foi  ),  et  le  sablier  et  la  tête  de  mort 
s'y  trouvent  singulièrement  réunis  pour  rappeler  aux  jeunes 
mariés  la  fragilité  du  bonheur  terrestre  et  le  devoir  de  penser 
à  une  mort  chrétienne.  Ce  plat  est  marqué  des  lettrés  G.  W.  et 
P.  C.  en  creux  dans  la  pâte;  sans  doute  les  initiales  des  mariés. 

On  attribue,  en  Hollande,  ce  genre  de  poterie,  qui  s'est  aussi 
fabriqué  en  plus  grandes  dimensions,  à  Gennep  (voir  cette  lo- 
calité), à  Delft,  mais  c'est  une  erreur  (voir  aussi  Aziano  et 
Avignon). 

AMWENHAIJSEII, 

Villag^e  prèsRudesheim,  aux  bordE^du  ahin. 

Tebre  cuite  au  vernis  minéral.  1550  à  1582 

Grès  gris  et  rrun  a  glaoure  alcaline.       1600  à  1781 


a  actuellement  au  Louvre  est  moins  nombreuse ,  mais  toute  composée  de  pièces 
de  choix  :  porcelaines  de  Saxe,  faïences,  tableaux  précieux  des  anciennes  écoles 
allemandes,  dont  un  de  Turkmayer.  Des  cadres  renaissance  très-précieux,  en  fine 
sculpture  d'os,  de  coco^nacre,  etc.,  composent  encore  un  ensemble  d'une  grande 
Taleur  artistique. 


RUROtEENHES. 


231 


OBEKZHAITSEN,  CB  Nassau. 

OhÈS  (ifilS  A  0HSEMIÎNT3  BLEUS.  De  1600  H  1780. 

_  Ce  grès,  d'une  Irès-belle  fabrication,  est  facile  à  coiifundre 
'  avec  les  autres  grès,  bien  plus  anciens,  des  bords  du  Rliin.  Ce 


sont,  |X)ur  la  plupart,  des  ptats  où  le  décor,  en  bel  émail  bleu 
sur  fond  gris,  est  obtenu  par  une  gravure  à  la  main,  en  champ- 
levé,  imitant  très-heureusement  le  genre  dB  la  renaissance  et 
même  le  gothique.  Les  dessins  sont  exécutés  à  la  main,  et  en 
partie  d'inspiration.  Des  exemplaires  à  Sèvres,  au  musée  de 
Hainz,  dans  ma  collection  et  dans  celle  de  feu  Lecarpentier> 
vendue  en  1366. 

■lAiiAii  (Prusse). 
Poterie  (genre  inconnu).  ibaO  à  1650 

Dans  un  manuscrit  de  1707  (inventaire  d'un  ménage  patri- 
cien nùrembergeois]  qui  se  trouvait  en  la  possession  de  feu  le 
docteur  Roessler,  conseiller  de  la  cour  à  Sigmarin^'cn,  on  lit  : 
a  Zwein  weiss  und  blaue  lianauer  Krug  mit  Zinn  beschlagen.  » 


252  POIEHIES  OPAQUES 

On  lit  aussi  dans  le  Handbuch  der  Erflnclungen  von  Busch, 
Joarnal  fur  Fabriken  1797,  Miirz.  S.  210  ; 

«  Vers  le  milieu  du  dix-septième  siècle,  deux  négociants 
néerlandais  établirent  une  fabrique  de  farences  à  Uanau ,  qui 
fut  achetée  au  commencement  du  dix-huitième  siècle  par  Simon 
van  Alphen,  » 

^Localité  située  dans  le  Luxembourg  allemand,  près  de  la  forteresse  fédérale, 
entre  Grave  et  Yenlo,  dans  le  ci-devant  duché  de  Clèves. 

Terre  cuite  décorée  sur  engobe,  soit  gravée,  soit  en  relief, 
ET  VERNIE  AU  PLOMB.  A  partir  de  1700 

Le  potier  Antonius  Bernardus  von  Vehlen.  1780 

Ce  céramiste  a  fabriqué  de  grands  plats  vernis,  jaune,  brun, 
vert,  dans  le  genre  des  poteries  de  la  Frata,  oii  les  dessins  et 
ornements  sont  formésenchamp  levësurengobage.  M.  Schwaab, 
à  [.a  Haye,  possédait  de  ce  von  Vehlen  quatre  énormes  plats 
d'au  moins  soixante  centimètres  de  diamètre,  portant  des  in- 
scriptions. L'un,  dont  le  sujet  représentait  le  sacrifice  d'Abra- 
ham, était  marqué  : 

Anno  1712,  20  Augustus; 
un  autre  sur  lequel  on  voyait  la  sainte  Famille  : 

i^l,  Joseph  und  Maria  mit  ihrem  liebenJesuleinwiter  einen  Apfelbaum, 
Antonius  Bernardus  von  Vehlen  1770.  24  Augusi.  Gennep; 

le  troisième  montrait  la  même  signature  suivie  du  millésime  1771 , 
et  le  quatrième,  dont  le  sujet  représentait  la  Vierge  de  Kevelar, 
près  Clèves,  qui  attire  annuellement  à  l'église  de  cette  ville  de 
nombreux  pèlerinages,  montrait  l'inscription  suivante  : 

Uns  lievc  Frauw  von  Kevelar.  Antonius  Bernardus  von  Vehlen  1771. 
19  Marz.  Refitcium  Pecato  Rum  ora  pronobis. 

Un  grand  plat  rond,  de  la  collection  Nadar  (vendu  en  janvier 
1866,  ïi^  95  du  catalogue),  était  décoré  d'un  sujet  comique  contre 
le  tabac,  avec  inscription  hollandaise,  le  millésime  1724  et  le  nom 

Albert  MurSj 

probablement  celui  du  potier.  —  Le  sujet  était  composé  de 
figures  en  pied. 

1.  Un  des  archevêques  de  Kolu  porluit  le  nom  de  cette  localité,  puisque  la 
statue  en  marbre  noir,  de  huit  pieds  de  hauteur,  qui  se  trouve  à  côté  de  l'autel, 
dans  lelrausupldu  dôme  de  Kolu,  est  celle  de  l'archevêque  Wilhclm  vou  Genuep. 


EUUOPËBNNES.  2S3 

Ud  graad  plat  de  ce  genre,  au  musée  de  Sigmaringen,  montre 
l'iDScriptioD  et  la  signature  que  voici  : 
Peter-Menten,  1738. 

Je  l'atlribue  également  à  Gennep. 

Tout  porte  à  croireque  l'on  y  fabrique  encore  ce  même  genre. 

(  Voir  aussi  k  la  Tin  du  ctiapiUe  qui  traite  des  faïences  belges, 
ainsi  que  Marburg  en  Allemagne,  et  Sckafkausen  en  Suisse. 

HÔCHBT, 

Sur  le  Hein,  ptèt  Maiui  (Uarrace). 

KaIence  et  tebbe  ne  pipe  a  ëhail  stanniféhe.  1720 

(l'ondée  par  Geltz,  de  Francfurt-sur-Hein,  cette  fabrique  a 
produit  les  plus  jolies  figu- 
rines que  l'on  puisse  voir. 
Tantôt  en  faïence,  tantôt 
en  terre  de  pipe,  elles  sont 
quelquefois  sans  aucnne 
marque,  mais  le  plus  sou- 
vent marquées  des  armes 
de  Mainz,  la  roue'.        ,j 


M.  ledocteurGuerard', 
à  Paris,  a  dans  sa  collec- 
tion une  soupière  qui,  ou- 
tre cette  roue,  porte  en- 
core le  monogramme 

K*  i^-  Staluelleet 

.,  .    ,  „       .  De  ma  colleclion. 

J  ai  dans  ma  colleclion 
un  patineur  dont  la  (inesse  d'exécution  dépasse  de  bien  loin  ce 

cherèque  Willites.  Ce  bon  prèu^.  Gis  d'un  vauire  cbarron,  éUil  en  batte  ani 
'n  eouleor 


e  cé- 

Deux  bordures  qui  encadrent  des  tableaux  religieux  et  qui 
mesurent  SI  sur  65  centimètres,  font  également  partie  de  ma 
collection.  Ellesoat  été  recueilliesà  Mainz  et  vendues  àH.  Hui- 
ler, marchand  decurioait^sàBaden-Baden  où  je  les  ai  acquises. 
Ces  charmants  exemplaires  de  la  fabrique  de  llochst  sont  en 
rocaille  et  décoré  en  polychrome. 


Au  château  de  la  Favorite,  près  Baden-Baden,  on  trouve  deux 
cornets,  h  fleura  appliquées  en  relief,  ainsi  que  des  perroquets  et 
des  colombes,  tous  marqués  de  la  roue.  . 


BS  cuilcsetui  eiccUenll 


EUROPÂBNNES.  255 

J'ai  VU)  en  Allemagne,  un  grand  médaillon  oval  en  terre  de 
pipe  blanche,  orné  du  bas-relief,  fort  bien  modelé,  d'un  buste 
du  prince-évôque  d'Ingelheim  (localité  peu  éloignée  de  Mainz), 
et  qui  était  marqué  d'une  sorte  de  clef.  Comme  la  perruque  à 
rallonge  dont  l'évoque  est  coiffé  indique  à  peu  près  la  môme 
époque  où  la  fabrique  de  Hdcbst  fiorissait,  il  se  pourrait  que  la 
clef  soit  encore  une  marque  de  la  localité. 

(Voir  aussi  Bamm  et  les  porcelaines  de  HCchst.) 

Près  Coblentz. 

Grés  gris  et  bleu  a  glaçure  alcaline.  1780 

Ce  grès  qui  se  vend  encore  actuellement  en  grande  quantité 
en  Hollande,  est  généralement  connu  sous  le  nom  de  grès  d^ 
Coblentz  (Goblentzer  Steingut). 

Près  Coblentz. 

Grès  bleu  et  gris  a  glaçure  alcaline.    17S0  jusqu'à  ce  jour. 

Ce  grès,  orné  de  fleurs  gravées  dans  la  pâte,  etc.,  se  vend 
encore  actuellement  en  grande  quantité  sur  les  marchés  de  la 
Hollande,  où  il  arrive  sur  les  bateaux  du  Rhin ,  qui  y  ancrent 
dans  les  canaux  et  servent  en  même  temps  de  magasins  de 
vente. 

Ville  du  cercle  de  Coblentz. 

Poteries  et  grès.  Époque  actuelle. 

POPPSI/0DOBV1  et  MBTTIiACH, 

Près  Bonn,  Prusse  rbénane. 

Grés  gris  et  blanc  a  ornements  en  relief  et  platinés. 
Faïence.  Époque  actuelle. 

Fabrique  de  MM.  Villeroy  et  Boch, 

Exemplaires  à  Sèvres  et  aux  Arts  et  Métiers,  à  Paris. 


1 .  La  bibliothèque  de  TUniversilé  de  Bonn,  est  installée  dans  les  salles  du  châ- 
teau de  Poppelsdorf . 


256  POTERIES  OPAQUES 

Le  monogramme  que  j'ai  recueilli  sur  des  faïences  de  cette 
localité  consiste  dans  une  ancre 


qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  les  trois  petites  ancres,  marque 
de  Kremer  de  Kôln,  ni  avec  celles  de  la  porcelaine  tendre  de 
Soeaxix  et  de  Chelsea. 

On  voyait,  dans  la  collection  Essingh,  à  Kôln,  vendue  en  sep- 
tembre 1865,  une  cafetière  en  faïence  de  Poppelsdorf,  où,  dans 
un  cartouche ,  le  décorateur  avait  peint  Rébecca  à  la  fontaine, 
et  deux  autres  canettes  à  sujets  bibliques. 

SAABBB1JCH.,  «ur  la  Saar  en  PraMie. 

FArENCE  A  ÉMAIL  STANNIFÈRE  ET  TERRE  DE  PIPE. 

MM.  Dreyander  et  Schmidt,  et 

MM.  Schmidt,  frères,  y  fabriquent  encore  actuellement. 

D  A  M  M ,   prè«  AchafTenbarg. 

Terre  de  pipe  a  émail  stannifère.  1836-1846 

Figurines  moulées  dans  les  anciens  moules  de  Hôchst.  (Voir 

la  porcelaine  et  la  faïence  de  Hôchst.) 
La  marque  était  comme  celle  de  cette  localité,  une  roue, 

mais  accompagné  d'un  D. 

t 


D 


V 

ÉCOLE  BAVAROISE  ET  AUTRICHIENNE 

T  COMPRIS  LES  PRODUCTIONS  STTRlÊNIfBS,  TTROLIB1I1IB8  ET 

H0H0R0I8B8. 

Les  populations  des  pays  franconien  et  souabe  se  sont  tou- 


EUROPÉENNES.  257 

jours  distinguées  de  celles  de  la  vieille  Bavière  par  un  esprit 
politique  et  religieux  plus  mobile  et  plus  libéral,  et  par  un  goût 
prononcé  pour  l'art  qui,  en  Bavière,  n'a  été  implanté  qu'artifi- 
ficiellement  par  le  roi  Ludwig.  Aujourd'hui,  il  est  vrai,  le 
peuple,  en  Franconie,  est  aussi  indifférent  à  cet  art,  qui  a  con- 
stamment charmé  la  vie  de  ses  ancêtres ,  que  le  peuple  bava- 
rois lui-même,  et  l'un  comme  l'autre  ne  connaîtront  bientôt  plus 
d'autre  mobile  pour  les  passionner  que  la  variation  des  prix  et 
de  la  qualité  de  la  bière,  .ge  que  j'entends  par  école  bavaroise 
ce  sont  les  productions  des  vieilles  villes  bavaroises  où  l'in- 
fluence de  l'art  tyrolien  s'est  fait  autant  sentir  que  celui  des 
écoles  franconienne  et  souabe,  car  le  grand  nombre  d'objets 
d'art  que  l'on  rencontre  encore  dans  les  châteaux  et  dans  les 
cités  tyroliennes  prouve  combien  l'art  y  a  été  cultivé  durant  le 
moyen  âge  et  particulièrement  à  l'époque  gothique.  La  plupart 
des  œuvres  gothiques  en  fer  ciselé,  conservées  dans  les  musées, 
proviennent  du  Tyrol. 

Pour  l'école  autrichienne,  même  observation  que  pour  celle 
de  la  Bavière  ;  elle  est  un  composé  de  traditions  franconiennes 
et  souabes  et  de  l'art  tyrolien  qui,  de  son  côté,  a  probablement 
subi  l'influence  de  l'Italie,  pays  dont  les  frontières  touchent  à 
celles  du  Tvrol.  —  J'ai  donc  dû  confondre  les  deux  écoles  en- 
semble,  et  ne  tenir  compte  ici  que  d'un  ordre  chronologique. 

Les  signes  caractéristiques  pour  reconnaître  les  productions 
céramiques  de  ces  deux  écoles  sont  difficiles  à  enseigner;  — 
rœil  et  l'expérience  du  connaisseur  seuls  peuvent  les  distin- 
guer des  produits  des  pays  limitrophes.  —  La  nuance  du  jaune 
pourrait  peut-être  guider  l'amateur  :  c'est  un  jaune  sale  et 
tirant  sur  le  jaune  brun  du  Ihem,  que  les  potiers  autrichiens 
ont  de  préférence   employés  dans   leurs  décors. 

RECtEMSBiJBCt,  en  BaTlére. 

Terre  cuite  au  vernis  plombifère.  Vers  1250 

Faïence.  Époque  actuelle. 

Une  tête  de  Christ  mort,  de  ma  collection,  de  huit  centi- 
mètres de  hauteur,  faite  à  Regensburg,  débris  d'un  béni- 
tier *  et  où  le  creux  intérieurment  est  verni  au  plomb,  a  tous 
les  caractères  dei'école  byzantine;  mais  la  couronne  d'épines 

1 ,  T/insli(uiion  de  la  bénédiction  de  l'eau  date  du  quatrième  siècle. 

22. 


258  P0TBR1ES  OPAQUES 

indique  le  treizième  siècle,  puisque  jusque-là  les  tètes  de  Gbrist 
étaient  représentées  nues  ou  bien  couronnées  d'un  diadème^ 
mais  sans  les  épines*. 


Tête  de  Christ  mort  en  terre  cuite  de  Regensburg,  de  ma  coUection. 

Plus  tard  on  y  a  aussi  fabriqué  des  grès  et  quelques  ama- 
teurs croient  que  ce  sont  même  les  plus  anciens  grès  alle- 
mand. Cette  fabrication  s'est  continuée  jusque  vers  4750,  mais 
on  manque  de  documents  positifs. 

Jérôme  Hopfer,  grand  ornemaniste  et  graveur  (1523),  qui  a 
vécu  à  Regensburg,  signait  les  bois  qu'il  confectionna  pour  la 
fabrication  des  grès 

J.  H. 

initiales  qui  se  trouvent  sur  un  pot  de  grès,  au  musée  de  Berlin. 
David ,  Daniel  et  Jérôme  sont  les  trois  frères  Hopfer^  dont 
l'œuvre  complet  de  236  pieds,  a  été  publié  par  David  Frantz, 
de  Nurnberg,  au  dix-septième  siècle.  Les  gravures  des  Hopfer 
sont  aussi  connues  sous  le  nom  des  maîtres  du  chandelier  et  du 
bourgeon  de  Eublon^  nom  tiré  du  monogramme  qui  a  la  forme 
du  hublon  (Hopfen). 


i .  Du  premier  au  tixième  siècle  la  crois  était  sans  Christ  ;  au  dixième  siècle 

e  Christ  était  représenté  vêtu  d'une  longue  robe,  tandis  que  le  onzième  nous  le 

montre  vêtu  d'une  robe  plus  courte  et  sans  manchefs  ;  le  douzième  siècle  a-rait 

raccourci  davantage  la  robe  et  le  treizième  encore  plus;  à  partir  du  quator^ 

zième  enfin,  on  ne  voit  plus  que  l'étofTe  qui  couvre  les  parties. 

Au  douzième  siècle  la  tète  était  nue  ;  mais  dès  le  commencement  du  treizième 
on  voit  paraître  la  couronne  d'épines. 

Quatre  clous  indiquent  ordinairement  l'époque  du  commencement  du  dixième 
siècle  jusqu'à  la  fin  du  onzième  ;  et  (rot«  clous,  celle  à  partir  du  douzième  siècle. 

Du  dixième  jusqu'au  treizième  siècle  les  artistes  ont  représenté  la  physionomie 
de  leurs  tètes  de  Christ  avec  une  expression  qui  n'indique  aucune  souffrance. 


BUR0PÉ«NNE8.  259 

David  et  Daniel  ont  ajouté  à  cette  marque  les  initiales 

D.H. 
et  Jérôme  I.  H. 

Un  autre  Hopfer,  probablement  le  troisième  frère,  s'est  ré- 
vélé par  les  initiales 

C.B. 

toujours  à  côté  du  hublon. 

Le  cabinet  impérial  d'Estampes  à  Paris  possède  un  Charles  V 
et  un  Ferdinand  gravés  par  cet  artiste,  où  on  lit  à  côté  de  ses 
initiales  le  millésime  de  i  53i . 

Des  ornements  d'orfèvrerie,  publiés  par  Paul  Furst,  sont  éga- 
lement marqués  des  L  H.  de  Jérôme  Hopfer. 

Deux  très-grands  vases  en  grès  et  servant  à  contenir  l'eau- 
de-vie,  au  millésime  de  17i5,  se  trouvent  dans  la  collection  du 
Historischen-Verein  à  Regensburg  *. 

M.  Schwerdtner  fabrique  actuellement,  à  Regensburg,  de  la 
faïence. 

(Voir  les  porcelaines  de  ce  même  fabricant.) 

liAMiMiHinr,  en  iiaTlère. 

Terre  cuite  sans  goxtvbrte.  Vers  1350 

Terre  cuite  et  faïence  a  émail  stannifère.         Vers  i  590 

Une  vierge  et  un  saint  Jean  en  terre  cuite,  conservés  à  la 
chapelle  du  château  de  Trausnitz^,  qui  domine  la  ville  de 
Landshut,  ont  été  faits  dans  cette  localité  vers  1350. 

Un  bas-relief,  carré  en  bas  et  demi-circulaire  en  haut,  de  21 
sur  33  centimètres,  en  terre  cuite,  à  émail  stannifère,  prove- 


1 .  a  L'Hiiitorichen«Verein  von  Oberpfalz  und  Regensburg,  »  ou  o  Atsociatioii 
historique  de  Regensburg  et  du  Palatinat  supérieur,  »  peut  être  appelé  un  petit 
musée,  —  non  pas  autant  à  cause  du  nombre  des  exemplaires,  qu'à  cause  de 
leur  Tariété  et  de  leur  valeur  artistique  et  historique.  Des  tableaui  par  Velchior 
Feselen  d'ingolstadt  (mort  en  1538),  par  Séb.  Kerchmayer,  par  Lucas  Cranaeh, 
par  Altdorfer  de  Regensburg  (1448-1538),  par  Michel  Ostendorfer  (1519-....), 
par  Wohlgemath  (1434-1519),  etc.;  des  manuscrits  de  1242  à  1335;  des  incu- 
nables (del468àl481);  des  médailles  et  monnaies  à  commencer  par  le  didrachme 
de  Corinthe,  etc.;  une  magnifique  tapisserie  du  quatorsième  siècle  ;  des  armures 
(une  salle  de  Tournoi  de  1296);  des  sculptures  gothiques,  des  curiosités,  etc.,  y 
remplissent  plusieurs  grandes  salles. 

1.  Voir  landshut  dans  mes  Souvenirs  de  voyages,  causeries  d'un  collection^ 
neur,  etc.,  pages  161àl77. 


nant  du  couvent  de  Seligenthal  &ux  portes  de  Landshui  et  con- 
servé dans  ma  collection,  a  été  modelé  par  un  potier  de  c«lte 
ville;  le  pendant  se  trouve  au  musée  des  objets  d'arts  du 
moyen  âge  et  de  la  renaissance  de  MUnchen  {Munich).  Cette 


belle  œuvre  de  la  fin  du  seizième  siècle  représente  la  Vision  de 
sa/nifroncïScusSeropft,  et  se  signale  par  son  caractère  de  gran- 
deur. Les  émaux  du  décor  sont  blancs,  bleus,  verts,  jaunes, 
bruns  et  noirs. 

Un  fragment  d'une  terre  cuite,  également  dans  ma  collec- 
tion et  provenant  d'un  poêle  du  seizième  siècle,  de  la  chapelle  à 
deux  étages  du  chdleau  de  Trausnitz,  omé  de  dorures  et  de 
peintures  représentant  les  armes  bavaroises. 

Il  y  a  encore  six  poêles  émaillés  en  polychrome  â  ce  môme 
château,  tous  en  style  de  belle  renaissance,  et  dont  celui  de  la 
salle  des  princes  est  le  plus  remarquable. 


liAI.ZBIIBCt,  < 


Terre  cuite  a  émail  stannifèbe.  vers  1450 

B  poêle  gothique  en  émail  stannifère  poly- 


EUROPÉENNES.  261 

chrome  et  à  bas-reliefs  et  ornements  à  jours,  se  trouve  au 
château  ie  Sahburg.  C'est  une  pièce  tellement  remarquable 
qu'un  amateur  anglais  en  a  déjà  offert  inutilement  30,000  fr. 

Od  en  trouvera  dans  l'appendice  une  reproduction  complète 
et  détaillée. 

.  1.IIIVK,  en  Autriche. 
Terr£  cuite  a  émail  sntHNiFÈBs.  vers  1530, 

Un  Baa-relief  carré  de  ma  collection,  de  26  sur  43  centi- 
mètres de  grandeur,  provient  d'un  poêle  de  Lintz.  Ce  carreau 
du  seizième  siècle  est  émaillé  en  bleu,  vert,  jaune,  brun  et 


T«m  cuilc  «mullée 

blanc;  le  sujet  représente  un  seigneur  de  l'époque,  debout 


262  POTBRIBS  OPAQUES 

dans  une  niche  dont  les  ornements  architecturaux  sont  remar- 
quables. 

M.  de  Frank,  à  M.  de  Fichier  à  Gratz  en  Autriche,  possède 
une  collection  nombreuse  de  produits  céramiques  autrichiens. 

IHBaillIIlittBIV ,    A 

Prèi  Kaafbettm  >  en  Bavière.- 

Terhes  gtjites  et  faïences  à  email  sTtimirÉim.      1650  à  1790 

* 

On  y  a  fabriqué  des  poêles  magnifiques,  tantôt  moulés,  tantôt 
modelés,  dont  plusieurs  musées  possèdent  des  exemplaires. 

Les  plats  et  les  assiettes  en  faïence  de  Memmingen  sont  or* 
dinairement  en  camaïeu  bleu  ;  le  dessin  est  du  style  renais^ 
sance,  les  bords  sont  larges  comme  ceux  de  la  vaisselle  ita* 
lienne  et  il  y  en  beaucoup  d'armoiries. 

Le  musée  germanique  possède  une  de  ces  assiettes  à  larges 
bords  qui  est  décorée  en  couleur  des  armoiries  des  patriciens 
Im-Hof  de  Niirnberg,  etjlu  millésime  de  1560.  Cette  assiette 
marquée  à  l'envers  : 


1^  J 


peut,  selon  toutes  les  apparences,  être  attribué  à  la  fabrique  de 
Memmingen. 

Ce  que  cette  localité  a  produit  au  dernier  siècle,  est  de  qua« 
lité  commune  et  décoré  à  fleurs  polychromes,  dans  le  genre  de 
Marseille.  On  trouve  aussi  dans  la  collection  de  TAssociation 
des  Amis  de  Tart,  à  Ulm,  une  assiette  et  un  saladier  aux  ar- 
moiries de  révoque  d'Aischtadt,  seigneur  de  Gemmingen  ;  ces 
pièces  sont  au  millésime  de  1 60^.  La  faïence  de  Memmingen 
se  rapproche  plus  de  l'école  souabe  que  de  celle  de  la  Fran- 
conie  et  ressemble  à  certaines  productions  suisses. 

miiiiCHBii  (nunieh). 

Terre  cuite  sans  couverte.  Vers  i600 

Trois  fort  remarquables  tableaux,  modelés  en  bas-relief  et 
en  ronde  bosse,  jadis  tous  les  trois  au  château  de  Trausnitz  et 
dont  deux  se  trouvent  actuellement  au  musée  de  MUnchen,  sont 


EUROPÉENNES.  263 

l'œuvre  de  Raach  de  cette  dernière  ville,  qui  les  a  terminés 
vers  1600. 

KVmBRSBER» , 

Près  Memmioge»,  entre  Ulm  et  Kempten,  en  Bavière. 

Faïence  â  email  stannifârb.  1 600  à  1800 

Les  bâtiments  qui  servaient  à  cette  fabrique  sont  mainte- 
nant habités  par  des  fermiers;  elle  avait  produit  de  fort  belles 
faïences^  parmi  lesquelles  on  peut  signaler  des  beurriers  et  des 
sucriers,  etc.,  en  forme  poisson  ;  des  encriers  forme  oiseau,  etc. 

J'ai  vu  à  Augaburg  une  écritoire  qui  était  marqué  en  toutes 

lettres  : 

Kun&sberg, 

E 

elle  était  décorée  en  camaïeu  d'un  violet  grisâtre,*  d'armoiries 
qui  moBtrai^t  dans  Técusson  et  aux  cimiers,  un  bœuf  et  tout 
autour  des  papillons.  Un  fruitier  ou  con^potier  à  galerie  à  jour, 
de  la  collection  Gasnault^  à  Paris,  est  également  signé  en  toutes 
lettres. 

lIOIAIVSCIKi  (Autriehe?). 

Faïence  a  émail  stannifère. 
On  rencontre  des  poteries  émaillées  signées  : 

Holliisch. 

Capitale  autrichienne. 

Faïences. 

Un  ouvrage  statistique  publié  en  1837,  parle  de  six  fabri- 
ques de  faïence  en  pleine  activité  à  cette  époque,  ainsi  que 
d*un  grand  nombre  de  fabriques  de  poteries. 

VRAIM  en  MoraTie. 

(Autriche.) 

Terre  cuite  émaillée. 
Il  y  a  aux  Arts  et  Métiers  à  Paris,  un  vase  à  fleurs,  forme 

1.  La  collection  de  M.  Paul  Gasnault  est  ribhe  en  pièces  mAr^uées,  faleilces  et 
porcelaines,  ainsi  ({u'en  beaux  verres  anciens  allemands  et  vénltiensi 
i .  Il  eiiste  une  localité  du  nom  de  HolicZy  en  Hongrie  i 


264  POTERIES  OPAQUES  f 

antique,  à  fond  brun,  dëcorë  d'or,  et  un  autre  vas^  tout  marbré, >:" 
qui  sont  désignés  comme  provenant  de  Frain  et  me  paraissent 
dater  du  commencement  de  ce  siècle. 

HAVHERZEI^,  en  Bavière. 

A  douze  kilomètres  de  Passau. 

Poteries.  Époque  actuelle* 

Madame  veuve  Ph.  Kalmeyer,  fabricante. 

HonrctBiB. 

(J'ignore  les  localités.) 

Terre  cuite.  Époque  actuelle. 

Le  musée  de  Wien  possède  des  céramiques  de  ce  pays  qui 
imitent  les  poteries  antiques. 

IIIR9CIKAU,  en  Bavière. 

Faïences.  Époque  actuelle. 

M.  Dorfner,  fabricant. 

(Voir  les  porcelaines  de  cette  localité.) 

HTAiiDERBACH,  en  lUiTière. 

Faïences.  Époque  actuelle. 

M.  Waffler,  fabricant. 
(  Voir  les  porcelaines  de  cette  localité.) 
A  Deggendorf,  Kroning  et  Petershirchen,  en  Bavière,  existent 
de  nombreuses  fabriques  de  poteries  communes. 

POTERIES  OPAQUES  ALLEMANDES 
de  localités  inconnues. 

Faïence  a  émail  stannifère.  1687 

Un  plat  de  la  collection  Perillieu*,  à  Paris,  est  marqué 

A.  F. 

i687 

Un  délicieux  vase  à  parfums  de  ma  collection,  de  30  centi- 

1 .  Cette  collection,  composée  de  faïences  de  toutes  les  époques  et  de  tous  le 
pays,  de  porcelaines,  de  bois  sculptés,  de  tableaux  et  d'objets  d'art  dits  de  curio< 
sites,  contient  quelques  exemplaires  remarquables. 


kre.^  de  hauteur,  en  style  rocaille  ou  Saxo,  avec  couvercle  et 
Ranges  parfaitement  modelés,  qui  tiennent  des  écussons 

|nnés  aux  initiales 

F  J.  K.    et    U..F., 


l  ea  polychrome  porte  la 

H.  Théodore  Grasse  attribue 
à  Anspach  la  marque  suivante 


A 


Vue  à  pirfiinii 


Je  la  donne  sous  toute  réserve. 

Assiettes  festonnées  probablement  de  la  6n  du  dix-huitième 
siècle,  décorées  en  polychrome  de  sujets  bibliques  naïvement 
esquissés,  mais  fort  originaux,  de  pâte  lourde  et  d'un  émail  un 
peu  jaunâtre,  marquées  : 


fe 


(  Voir Memmingen  pour  un  monogramme  semblable.) 

H.  Gustave  Arosa  à  Paris,  possède  un  groupe  en  terre  cuite 

sans  couverte,  dont  le  sujet  religieux  est  parfaitement  bien 

modelé  et  qui  est  signé  : 

Gosïwr  kimâ^p,.  1788. 

Le  caractère  et  le  style  indiquent  un  artiste  allemand  ou  suisse. 

On  trouve  dans  la  collection  de  ce  même  amateur  un  plat 

ovale  festonné  qui  est  décoré  d'un  paysage  animé  de  pen-on- 


266  POTERIES  OPAQUES 

nages  en  costumes  de  chasse,  de  la  fin  du  dix-huitième  siècle, 
et  où  le  vert  criard  domine.  Ce  plat  est  marqué  : 


L 


N®  4066^  au  musée  de  Kensington  àLondQn,iine  belle  écuelle 

richement  décorée  ea   polychrome  de  sujets  mythologiques, 

porte  l'inscription  : 

G.  F.  B.  1783 

Cette  pièce  a  été  payéeleprix  exorbitant  de  1 6  Ilv.  10  sch.  (41  Ofr.). 
Une  faïence  que  j'ai  rencontrée,  porte  la  marque  : 


qui  est  probablement  celle  d'une  fabrique  allemande  encore 
inconaue,  ainsi  que  la  marque  suivante  : 


c.-b 


m     « 


Le  musée  germanique  à  NUrnberg  possède  un  grand  plat  rond 
à  bords  étroits  et  d'un  émail  blanc  suave  et  sans  nuances,  qui 
estdécoré  en  polychrome  (jaune  et  bleu),  d'une  Allégorie  delà 
vie  humaine  et  d'un  Jugement  dernier,  La  peinture  hardiment 
esquissée  indique  la  main  d'un  artiste  allemand  de  l'école  de 
Goltzius;  ce  plat  est  marqué  : 


EUROPÉENNES.  26*7 

L'Initiale 


R 


que  Ton  rencontre  souvent  en  Allemagne  sur  des  faïences 
à  émail  stannifère,  décorées  en  camaïeu  bleu  d'ornements 
fins  qui  rappellent  sous  plusieurs  rapports  ceux  de  Moustiers, 
est  celle  probablement  des  produits  d'un  fabricant  établi 
dans  le  courant  du  dix-huitième  siècle,  dans  le  midi  de  l'Alle- 
magne, en  Bade  où  en  Wurtemberg.  (Ne  pas  confondre  avec 
les  productions  des  frères  Robert,  de  Marseille,  qui  ont  aussi 
marqué  d'un  R.) 


sont  encore  des  monogrammes  recueillis  sur  des  faïences  aile* 
mandes  au  décor  polychrome. 

Une  écritoire  en  terre  cuite  au  vernis  minéral»  brun  choco- 
lat (manganèse  et  fer),  semblable  aux  terres  d'Avignon,  et  qui 
se  trotive  dans  la  collection  d'antiquités  de  l'hôtel  de  ville  à 
Freibourg  en  Breisgau,  est  marquée  : 

F.  M.  A.  F.  1741 
^POTERIES  SIGULO  ET  HISPANO-MUSULMANES    ^ 

Poterie  sigulo-musulmane  a  émail  stannifère  ,  a  replet 

MÉTALLIQUE    AU    BISMUTH,    A    l'aNTIMOINE    OU     A  l'ARSENIC  , 

SUR  FOND  BLANC  ET  A  DESSINS  BLEUS    (simultanément  avec 
reflet  métallique  brun).  821-1700 

Le  reflet  métallique,  qui  s'obtient  de  différentes  manières  et 
à  tout  petit  feu  ;  par  des  fumigations  arsenicales  et  autres,  par 
l'antimoine,  par  le  bismuth,  etc.,  ne  contient  pas  d'or  et  encore 
moins  de  cuivre,  comme  plusieurs  auteurs  l'ont  avancé  par  er- 
reur. Le  cuivre  brûle  au  grand  feu,  et  tourne  au  vert  au  feu  de 

1  •  Quelques  voyageurs  ont  parlé  de  Galata-Girone  où  on  a  trouvé  d'antiques 
fours  de  poteries.  On  y  a  aussi  fabriqué  à  la  fin  du  seizième  siècle  des  poteries 
qui  se  trouvent  mentionnées  pins  loin. 


268  POTERIES  OPAQUES 

moufle  môme.  Ces  reflets  sont  obtenus  tantôt  par  des  sels,  tantôt 
par  remploi  de  Tarsenic,  métal  que  Brandt  a  étudié  le  premier,  en 
1733,  mais  que  Paracelse  doit  avoir  connu,  et  dont  le  sulfate, 
Torpiment,  était  déjà  appliqué  par  les  Grecs  et  les  Arabes. 

Les  divers  genres  de  poteries  fabriquées  depuis  l'invasion  des 
Arabes  en  827,  sous  les  dynasties  musulmanes  des  Aglabites  et 
des  Fatimi tes,  jusqu'en  i090,  furent  confectionnés  aussi  à 
l'époque  où  Roger  le  Normand  chassa  les  Arabes  et  prit  le  titre 
de  grand  comte  de  Sicile  (1058  à  1690). 

Les  inscriptions  dont  la  plupart  des  plats  de  cette  provenance 
sont  pourvues,  prouvent  qu'ils  ne  datent  que  des  quatorzième, 
quinzième  et  seizième  siècles,  puisque  les  monogrammes  sont 
toujours  en  écriture  gothique  minuscule^  laquelle  avait  remplacé 
l'écriture  dite  gothique  nouvelle  ou  majuscule  ronde,  depuis 
1360,  et  les  monogrammes  ont  tous  des  significations  chré- 
tiennes. Un  plat  de  ma  collection  (45  cent,  de  diamètre)  est 
marqué  d'un  monogramme  gothique  minuscule,  qui  forme  en 
grec  les  trois  premières  lettres  du  nom  de  Jésus  (IH20T2]. 
M.  Mathieu  Meusnier  en  possédait  un  semblable.  On  ne  ren- 
contre pas  non  plus  de  ces  faïences  avec  inscriptions  en  lettres 
Kufiques,  dont  les  anciens  monuments  arabes  sont  couterts  et 
qui  ont  formé  dans  leur  développement  artistique  l'écriture 
Karmathique,  et  plus  tard  Neskhi.  Il  faut  donc  admettre  que  la 
plupart  des  faïences  siculo-musulmanes  sont  postérieures  au 
quatorzième  siècle  et  qu'elles  ont  été  fabriquées  par  des  potiers 
arabes  qui  avaient  embrassé  le  christianisme  ou  par  des  po- 
tiers siciliens  chrétiens. 

Je  possède  un  pot  de  pharmacie  de  31  cent,  de  hauteur, 
dont  le  reflet  métallique  et  le  fond  blanc  sont  entrelacés  par 
des  ornements  bleus,  et  qui  porte  cette  inscription  en  vieille 
langue  arabe  : 


{Gloire  au  victorieux  !  ) 


que  je  connaisse  de  la 
delà  de  la  conquête  de 


'       EUHOPÉBNMBS. 

c'est  le  seul  exemplaire  de  ce  genre 
fateuce  siculo-musulmane,  remontant 
Roger  le  Normand  ou  de  i05S. 
On  attribue  aussi  à  la  fabrica- 
tion siculo-musulmane  du  sei- 
zième siècle,  ou  plutôt  à  une 
fabrique  sicilienne  de 
Calata-Girohb 

despo  teries  recoievertesd'wiesorte 
de  glaçure  à  refiet  mélalliquei 
le  fond  en  est  bleu-violet  el  cou- 
vert d'une  infinité  de  petits  or- 
nements aureo^uivreux,  souvent  || 
vermiculés'. 

M,  deBasilewaki,  à  Paris,  pos- 
sède de  c«tte  poterie  une  grande  I 
soupière  avec  couvercle  à  bou- 
lon, qui  n'offre  cependant  aucun 
caractère  archéologique. 

Au  musée  du  Louvre,  sous  le  „  ,  .     . 

no  ■  „  1.1  1.1  ^'  <''  plMmoM» 

n"38,une<KiieHesembIableque       mufuiniMie  de  ma  coiiecuDu. 

le  catalogue  désigne  aussi  sous  le 

nom  Halo-moresque,  est  attribuée  à  Calata-Girotie  du  seizième 

siècle.  Le  revers  de  celte  assiette  est  encoredécoré  sur  fond  bleu. 

Le  musée  de  Cluny  conserve  également  une  potiche  de  cette 

espèce. 

Les  dénominations  siculo-moresques  aussi  bien  que  italo-mo- 
resques  et  siculo-musulmanes  me  paraissent  cependant  ici  im- 
propres; l'élément  musulman  n'existait  plus  en  Sicile  au  sei- 
zième siècle,  époque  où  il  s'était  fondu  depuis  longtemps  déjà 
dans  la  population  italienne. 

On  fabrique  actuellementen  Sicile  des  poteries  sans  reflet  mé- 
tallique, qui  ressemblent  assez  aux  faïences  communes  de  Perse. 

Le  musée  de  Sèvres,  la  collection  Sauvageot  au  Louvre  et 
plus  particulièrement  le  musée  de  Cluny  sont  riches  en  exem- 
plaires  des  fabriques  siculo-musulmanes. 


270  POTERIES  OPAQUES 

ESPAGNE. 

jmjLmmAhvmjk  et  cai<<iive. 

Terres  cuites  sans  couverte.  Vers  50 

Pline  fait  mention  de  ces  deux  villes  en  Espagne  où  Ton  fa* 
briquait  des  briques  qui  surnageaient  sur  Veau, 

Pabroni  de  Florence  en  a  fabriqué  plus  tard  de  semblables 
avec  de  la  farine  fossile,  dite  :  V agaric  minéral  ou  lait  de  lune. 
Cette  substance  qui  exhale  une  odeur  argileuse  et  qui  produit 
une  fumée  blanchâtre  dès*qu'on  Tarrose  d'eau,  se  compose  de  : 

55  parties  de  eUice, 


t5 

— . 

magnésie, 

12 

.^ 

alumine, 

3 

— . 

colle, 

1 

— 

fer. 

14 

.^ 

eau. 

La  farine  fossile  est  infusible  à  la  plus  forte  chaleur  et  ne 
fait  pas  effervescence  avec  les  acides.  On  la  trouve  sur  le  ter- 
ritoire deSienna,  près  de  Gastel  del  Piano.  Une  brique  de  cette 
matière  ne  pèse  que  quatre  onces,  tandis  qu'une  brique  ordi- 
naire de  la  môme  dimension  pèse  quelquefois  cinq  livres. 

FaIenges  a  émail  stannifèbe  a  reflet  métallique.  His- 
pano-musulmanes, dites  aussi  hispano-arabes  et  avec  plus  de 
raison  hispano-moresques.  1250  à  1600 

La  première  période  de  la  faïence  à  reflet  métallique  mala- 
gaise,  qui  ressemble  à  celle  dite  silico-musulmane,  remonte  pro- 
bablement au  treizième  siècle,  après  la  fondation  du  royaume 
deGranada  en  1235. 

Un  voyageur  natif  de  Tanger,  Ibn-Batoutah,  dit  dans  son 
mémoire,  écrit  en  1350  :  «  On  fabriquée  Malaga  de  belle  po- 
terie dorée  que  l'on  exporte  dans  les  parties  les  plus  éloignées.  » 
Le  doré  parait  se  rapporter  à  ce  reflet  métallique  qui  signale 
les  poteries  hispano  et  silico-musulmanes.  Toutes  les  deux  es- 
pèces, ont  souvent  des  parties  émaillées  en  bleu  et  en  blanc. 

Il  faut  distinguer  dans  l'histoire  d'Espagne,  les  deux  époques 


EUROPÉENNES.  271 

musulmanes.  La  première^  celle  des  Arabes,  date  de  la  con- 
quête de  TEspagne  en  710,  jusqu'à  la  fin  du  califat  de  Gordoue, 
au  commencement  du  douzième  siècle  ;  la  seconde  celle  des 
Maures  ou  des  Amoravides,  Almohades  et  Alhamanides  (de 
Granada),  de  1235  à  1492. 

Le  royaume  de  Granada  que  Mohammed  I  (Aben-el-Hamar), 
avait  fondé  en  1235,  devint  en  1345  tributaire  de  la  Gastille,  et 
fut  reconquis  en  1492  par  Gonzalve  de  Gordova.  Les  habitants 
maures  ne  furent  entièrement  expulsés  qu*en  1610,  et  la  ville 
de  Granada  si  célèbre  par  l'industrie  sous  les  Maures  et  peuplée 
de  400,000  habitants,  fut  réduite  à  8Q,000  âmes  par  la  perte  de 
son  commerce  et  de  son  industrie.  Le  sombre  régime  clérical 
obtient  partout  où  il  domine  ce  triste  résultat  ! 

L'amateur  doit  donc  observer  qu'il  y  a  deux  époques  dis- 
tinctes pour  le  classement  des  faïences  hispano-musulmanes  : 
l'une,  du  treizième  au  quinzième  siècle,  toute  musulmane; 
l'autre,  du  quinzième  au  commencement  du  dix-septième  siècle, 
musulmane-chrétienne.  Sur  les  pièces  fabriquées  durant  cette 
seconde  époque  on  rencontre  seules  les  armoiries  et  les  in- 
scriptions chrétiennes.  (Pour  les  observations  concernant  les 
différents  genres  d'écritures  gothiques,  fort  nécessaires  aussi 
pour  reconnaître  les  époques,  il  faut  voir  l'observation  aux 
faïences  siculo-musulmanes.) 

La  plus  belle  pièce  connue  de  la  fabrique  de  Malaga,  c'est  le 
Vase  de  VAlhamhra  de  Granada,  daté  de  1320  et  qui  mesure 
i"»,38.  Ge  vase  que  la  manufacture  de  Sèvres  a  essayé  de  co- 
pier en  1 842,  est  également  à  dessins  bleus  et  à  reflets  d'or  sur 
fond  blanc,  comme  le  vase  silico- musulman  de  ma  collection, 
ce  qui  démontre  que  les  deux  pays  ont  suivi  les  mêmes  procédés 
et  employé  le  même  genre  d'ornementation. 

Un  autre  très-beau  vase  de  cette  provenance  fait  partie  de  la 
collection  Soulage  en  Angleterre,  et  le  musée  de  Gluny  possède 
un  grand  vase  dont  la  forme  moresque  indique  l'origine. 
Le  n^  280  au  même  musée,  un  fragment  de  carreau  émaillé  en 
couleurs,  du  treizième  siècle,  provenant  du  pavage  des  alcôves 
de  l'Alhambra,  à  Granada,  porte  la  devise  du  fondateur  de 
ce  royaume,  qui  signifie  en  français  :  Et  il  n*y  a  pas  de  fort  si 
ce  n*est  Dieu. 

Les  carreaux,  appelés  en  Espagne  Azu/ejos,  qui  ont  été  fa- 
briqués du  temps  des  Maures  ou  Amoravides,  durant  l'existence 


272  POTERIES  OPAQUES 

du  royaume  de  Granada  (i235-i492),  sont  ordinairement  sans 
reliefs,  tandis  que  ceux  produits  par  les  Maures  restés  sous  la 
domination  chrétienne  jusqu'à  leur  expulsion  en  4610,  et  aussi 
par  leurs  continuateurs,  les  Espagnols  mômes,  sont  souvent 
estampillés  à  très-faibles  reliefs  et  pareils  à  ceux  frabriqués 
en  France  que  l'on  trouve  conservés  au  musée  de  Nantes. 

En  1755,  les  murs  de  l'Alhambra  étaient  encore  recouverts 
de  ces  Azujelos,  à  huit  pieds  de  hauteur. 

Le  Guerto-Raal  à  Granada  est  décoré  de  briques  émaillées  à 
fond  bleu  et  où  les  dessins  sont  chatoyants^,  c'est-à-dire  à  reflet 
métallique. 

Il  y  a  aussi  de  ces  Azujelos  à  l'Aleizar  de  Sevilla  (voir  les 
fei'ences  de  cette  ville),  et  on  a  placé  dans  la  chapelle  Major, 
à  Bristol  on  Angleterre,  des  carreaux  qui  provenaient  de  fa- 
briques sévilloises. 

N°  3038,  au  musée  de  Cluny,  est  un  fragment  de  carreau  de 
de  la  mosquée  El  Transite  à  Toledo. 

La  collection  d'objets  d'art  de  la  bibliothèque  à  Saint-Gallen*, 
possède  un  carreau  semblable. 

On  peut  encore  attribuer  à  la  fabrication  malagaise  le  plat  au 
musée  du  Louvre  qui  est  signé  : 


i .  Les  faïences  allemandes,  anglaises  et  françaises,  coloriées  d'une  couTerte 
chatoyante,  peuvent  aussi  être  assimilées,  sous  quelques  rapports,  aux  faïences  à 
reflet  métallique.  Chatoiement  est  un  mot  qui  désigne  un  reflet  coloré  chan- 
geant tant  soit  peu  sous  les  rayons  de  la  lumière  et  qui  a  été  composé  avec  le  mot 
chaty  parce  que  l'œil  de  cet  animal  offre  différentes  couleurs,  selon  le  côté  par 
où  la  lumière  le  frappe.  On  obtient  ce  chatoiement  de  certaines  couleurs  céra- 
miques en  y  mêlant  de  la  dissolution  d'argent  et  en  exposant  les  pièces  à  l'action 
de  la  fumée  de  matières  animales  que  l'on  introduit  dans  les  moufles  ou  dans  les 
fours. 

2.  Ce  petit  musée  contient  des  antiquités  celtiques^  dites  lacustres f  de  Tâge 
de  la  pierre  ;  des  antiquités  mexicaines ,  grecques  et  romaines  ;  une  collection 
ethnologique  ;  des  armes  anciennes  et  toutes  sortes  d'antiquités  du  moyen  âge. 
Des  vitraux  suisses,  datés  de  1543  à  1658,  y  représentent  bien  l'art  industriel  na- 
tional  dans  lequel  la  Suisse  a  si  grandement  brillé. 


EUROPÉENNES.  273 

ainsi  que  celui  de  la  collection  Amhurst,  marqué  : 


Le  British-Musëum  à  London^  possède  plusieurs  remarquables 
plats  et  cruches  en  faïence  musulmane.  Un  de  ces  plats  à  côtes, 
dëcor  bleu  à  reflet  d'or,  et  aux  armes  de  Castille  et  d*Aragon, 
date  probablement  de  l'année  1380.  Ce  musée  renferme  en 
tout  trois  plats  et  une  grande  coupe  siculo-musulmane,  et  sei^i 
plats  et  une  petite  coupe  hispano-musulmane.  —  Ils  sont  ex- 
posés dans  les  armoires  125,  126,  128  et  129  de  la  salle  de 
la  Mediœval-Collection, 

Dix-neuf  exemplaires  de  farences  musulmanes  (  n°"  2440  à 
2458)  appartiennent  au  musée  de  Kensington. 

Des  figurines  en  terre  cuite  de  fabrication  malagaise  mo- 
derne, sont  conservées  au  musée  Japonais,  à  Dresden,  et  au 
musée  de  Sigmaringen. 

MA^ORCA    et   ITIÇA, 

Iles  Baléares,  daas  la  Bléditerranéc. 

MÊMES  POTERIES  QUE  LES  PRÉCÉDENTES.  'i  260  à  \  600 

Majorca  parait  avoir  été  un  des  plus  anciens  centres  de 
fabrication  de  faïences  à  émail  stannifère,  et  quelques  au- 
teurs croient  môme  que  le  mot  Italien  Majolica  (  faïence  ) 
dérive  de  Majorca.  Il  paraît  que  la  petite  ville  d'/nca,  située 
à  quelques  lieues  de  Palma^  la  capitale  de  Majorca,  possédait 
aussi  des  fabriques,  puisque  plusieurs  plats,  un  au  Musée  de 
Cluny  et  un  autre  au  musée  Britannique,  portent  les  armes 
d'Inca. 

Quant  aux  fabriques  établies  à  l'île  d'Iviça,  on  les  connaît 
uniquement  par  la  mention  que  Vargas  en  fait  dans  sa  DeS' 
cription  des  îles  Baléares  et  PHymes,  où  il  dit  :  «Il  est  bien  re- 
«  grettable  qu'Iviça  ait  cessé  de  fabriquer  ces  fameux  vases  de 
«  faïence,  etc.  » 

La  faïence  des  îles  Baléares  est  plus  légère  de  pâte  que  celle 


S74  POTBHIU  OPAQUES 

allribuée  aux  fabriques  de  Malaga,  et  a  un  certain  caractère  de 
terre  de  pipe.  Le  bleu  s'y  rencontre  aussi  plus  rarement.  Le 
musée  de  Cluny  possède  tûaucoup  d'exemplaires  de  cette  pro- 
venance, et  lin  plat  au  musée  de  Sèvres  porte  les  armes  de 
Blanche  de  Navarre,  femme  de  Jean  d'Aragon,  morte  en  IMl. 
Plusieurs  beaux  exemplaires  aux  musées  de  Berlin  et  de  Sigma- 
ringen. 
Un  joli  vase  à  anses,  de  22  cent,  de  hauteur,  fait  partie  de 
ma  collection ,  dont  le  dessin 
ci-contre. 

Une  autre  pièce  de  cette  pro- 
venance, également  de  ma  col- 
lection, plat  magnifique,  se  si- 
gnale par  les  curieux  bords  tra- 
vaillés comme  une  argenterie  et 
couverts  de  tâtes  de  clous  et 
d'arrêtés  en  relief;  le  centre 
ombilic,  orné  d'un  écusson,  re- 
présente un  château  fort,  sur- 
monté de  quatre  fers  de  lance 
et  d'un  croissant. 

Le  décor  consiste  dans  une  in- 
iinit^  de  petits  ornements,  fine- 
ment dessinés,  brun  d'or  à  reflet 
joM»,  de  m»  coiie=iion  métallique  Sur  fond  jauue  pâle. 

Le  revers  richement  orné  d'arabesques  &  feuillages,  montre  au 
centre  ombilic  une  espèce  de  lète  de  lion  au  milieu  de  rayons 
solaires.  {Voyez  le  dessin  ci-contre,  p.  275.) 

Majorca  été  enlevéeaux Musulmans  [Sarazins],  en  1330,  parles 
Aragons,  et  érigée  en  royaume,  en  (260,  par  Jacques  1"  d'Ara- 
gon en  faveur  de  son  fils  Jacques.  Le  croissant  au  milieu  de 
la  grosse  tour  crénelée  de  l'écusson  de  ce  plat  pourrait  faire 
supposer  quelafabrication  remonta  avant  la  conquâte  de  tS30. 
Il  est  fort  difficile  de  fixer  positivement  l'attribution  de  ces 
armoiries.  L'Armoriai  de  Lopez  de  Haro  ■,  publié  il  Madrid 
en  1630,  ne  donne  aucune  armoirie  qui  remonte  au  delà  du 


HiTD,  on  I  «acore  les  Sobilarioi  de  Fiffeitr 
folfo,  Rome,  1 640)  ;  el  de  Meiia  (  ia-rolio,  Se- 
'i  iSM  impossible  de  me  procurer  im  etemplain 


(in 


9S7);  de  II 


BUR0F8ENNES.  iTj 

commeneeraent  du  quatorzième  siècle,  et  on  n'y  trouve  que 
des  croissants  saoB  châteaux  forts  sur  les  écusaona  des  comtM 
de  Santagadea  et  de  Ribadeo,  du  marquis  de  Molesclanw 
et  du  duc  d'Argona.  Quant  au  soleil,  je  ne  connais  que  les 
armes  du  comte  de  Covia  qui  le  portent.  Aucune  armoirie  espa- 
gnole connue  n'est  surmontée  non  plus  de  quatre  fers  de  lances, 
de  manière  que  tout  me  porte  à  attribuer  le  plat,  d<mt  ci-dessous 
le  dessin,  à  une  époque  antérieure  à  la  conquête  de  Majorca 
par  les  Espagnols. 


TERRES  CtlTBS  SANS  TSBHIS  MINERAI.,  GENRE  ÉTRCSÛCE,     VorS  2 
FAlBNCESAÉMAlL  STANNIFÉHB.  1400  — jUSqu'à  COJOUr. 

Quant  à  la  fabrication  de  poteries  antiques  du  royaume  de  Va- 


276  POTERIES  OPAQUES 

lence,  elle  est  attestée  par  Pline,  qui  parle  des  produits  de  Sa- 
guntum  (Sagonte)  aujourd'hui  Murviedro.  Ces  poteries  appar- 
tiennent à  l'école  romaine  ou  plutôt  grecque. 

Le  premier  document  qui  constate  la  fabrication  de  la  faïence 
au  seizième  siècle  à  Manisses,  village  près  deV^lencia,  c'est  un 
décret  rendu  en  15*28  et  rapporté  par  Capmany(Loza  di  Yalencia). 

Le  village  de  Manisses  est  désigné  comme  centre  de  fabrica- 
tion dans  une  description  publiée  en  i780  par  le  voyageur  an- 
glais Talbot  Dillon.  Fischer,  voyageur  allemand  qui  a  publié 
en  4 soi*  une  Description  de  Valence,  parle  d'un  nommé 
Jayme-Cassans,  simple  posadero  (aubergiste)  qui  fabriquait 
encore,  tout  près  de  Valence,  des  tasses,  etc.,  à  reflet  métallique, 
et  qu'il  vendait  pour  quelques  sous. 

M.  Gustave  Arosa,  à  qui  l'histoire  céramique  doit  de  nom- 
breux et  précieux  documents  en  terre  cuite,  rapportés  par  lui 
d'Espagne,  a  visité  il  y  a  quelques  années  le  seul  potier  qui  fa- 
brique encore  actuellement  à  Manisses  (à  deux  lieues  de  Yalen- 
cia )  des  faïences  à  émail  stannifère  et  à  reflet  métallique,  et 
qui  tient  en  même  temps  comme  le  Jayme-Gassans  de  Fischer, 
un  cabaret.  Les  pièces  de  sa  collection  que  M.  Arosa  y  a  ache- 
tées, sont  d'une  fabrication  fort  commune,  le  fond  de  l'émail 
blond  est  jaunâtre  et  le  reflet  métallique  pâle. 

Les  poteries  anciennes  que  l'on  attribue  ordinairement  à  cette 
localité,  sont  moins  artistiques  que  celles  des  lies  Baléares  et 
de  Malaga.  Elles  n'ont  pas  le  cachet  et  le  style  archéologique 
qui  donne  tant  le  prix  aux  vieilles  faïences  musulmanes. 

Une  écuelle  dans  ma  collection,  probablement  du  dix-hui- 
tième siècle,  et  dont  voici  le  dessin  est  de  la  fabrique  de  Manisses  : 


Écuelle  en  faïence  à  reflet  métallique  de  Manisses. 

1 .  M.  Davillier  a  eu  Tingéuieuse  idée  de  rapporter  ce  fait,  raconté  par  Fischer 
en  1801,  comme  un  de  ses  propres  épisodes  de  voyage,  arrivé  en  l'an  de  grâce 
iS6l,  sans  avoir  même  changé  le  nom  du  potier,  de  ce  Jayme-Gassans,  et  il 


EUROPÉENNES.  277 

M.  Rayo  et  M.  Sanchez  fabriquent  acluellement  des  faïences 
à  Yalencia. 

Les  faïences,  le  plus  souvent  à  camai'eu  bleu,  des  fabriques 
du  dix-huitième  siècle  de  cette  localité,  de  qui  M.  Arosa  a  rap- 
porté un  grand  nombre  de  pièces  intéressantes,  ressemblent 
aux  faïences  fabriquées  à  la  même  époque  aux  faubourgs  de 
Sevilla,  à  Triana  ;  seulement  le  bleu  est  plus  pâle.  Le  décor 
montre  toujours  de  ces  animaux  fantastiques,  de  ces  léopards 
et  de  ces  taureaux  que  l'on  croit  sortis  du  crayon  d'un  Delacroix 
naïf.  Une  espèce  de  soupière,  ou  plutôt  un  plat  à  légume  avec 
couvercle,  également  de  la  collection  Arosa,  et  dont  le  décor 
ressemble  un  peu  au  décor  en  camaïeu  bleu  des  faïences  de 

Moustiers,  est  signé  : 

Saliba, 

Akoraj  tout  près  de  Valencia,  a  également  fabriqué  des  faïences, 

dès  le  dix-huitième  siècle  ;  elles  sont  en  polychrome  et  marquées 

d'un 

A. ,  en  jaune, 

telles  qu'on  les  trouve  dans  la  collection  de  M.  Arosa.  (Voir  les 
porcelaines  tendres  dAlcora,) 

Les  plus  belles  pièces  de  faïence  de  cette  localité  que  j'ai 
rencontrées,  sont  les  deux  grands  légumiers,  forme  bélier,  avec 
agneaux  sur  les  couvercles,  également  de  la  collection  de 
M.  Arosa  et  provenant  de  celle  de  M.  Nadar,  dont  le  catalogue 
les  désignait^  sous  le  n*^  141,  comme  faïences  nivernaises.  Ces 
'  céramiques  décorées  en  polychrome  sont  d'un  modelage  qui 
imite  parfaitement  la  nature,  et  elles  sont  marqués  d'un 

A. 
M.  G., 

en  bleu,  est  la  marque  d'une  faïence  commune  de  Valencia, 

que  j'ai  encore  recueillie  sur  un  plat  à  décor  polychrome  de  la 

collection  Arosa. 

Au  musée  de  Kensington,  on  voit  plusieurs  tableaux  formés 

de  carreaux  de  faïence  moderne  au  décor  polychrome,  qui  pro- 


termine  ce  merveilleux  récit  par  la  phrase  non  moins  ingénieuse  ;  a  Voilà  où  en 
est  aujourd'hui  (1861)  la  fabrique  de  Manisses.  » 

(Page  44  de  l'Histoire  des  faiences  hispano-moresques.  Paris,  1861,  chez 
Didier;  brochure  in- 18  de  55  pages.) 

24 


278  POTERIES  OPAQUES 

viennent  de  la  fabrique  de  Gonzalez  et  Vais,  de  Valencla,  et  de 
l'exposition  de  i  85 3. 

BAMCltliOlfA. 

FaIence  a  émail  stannifère.  1400  à  1600 

La  fabrication  de  ces  faïences  est  attestée  par  une  mention 
que  Hieronymus  Paulus,  de  Barcelona,  fait  dans  une  lettre 
adressée  à  Paulus  Pompilius  en  1491 . 

WBTIIiIiA» 

Capitale  de  l'Andalousie. 

Faïence  a  émail  stannifère,  1400  à  1790 

Cette  ville  où  fut  décrété,  en  1480,  rétablissement  de  Tinqui- 
sition,  qui  devait  bientôt  ravager  l'Europe  entière,  a  jadis  pos- 
sédé de  nombreuses  fabriques  de  céramiques  qui  occupaient 
toute  une  rue  et  exportaient  de  grandes  quantités  de  marchan- 
dises. On  en  peut  remonter  la  fabrication  avec  certitude  au 
commencement  du  quinzième  siècle,  et  on  la  retrouve  encore 
à  la  fin  du  dix-huitième. 

Les  azulejos,  qui  ornaient  VAMzar  à  Sevilla,  attribués  par 
quelques  archéologues  à  Malaga ,  ont  été  probablement  faits  à 
Sevilla. 

Un  azulejo  à  éraaîl  stannifère,  de  ma  collection,  et  où  le 
dessin  estampé  et  colorié  de  vert,  jaune  et  bleu,  représente  un 
sceau  de  fleurs  et  deux  fleurs  de  lys,  est  attribué  à  la  fabrique 
de  Sevilla  du  quinzième  siècle  ;  il  provient  de  la  colection  Arosa. 

La  Casa  de  PilatoSj  construite  à  Sevilla  par  Don  Pedro  En- 
riquez,  adelantado  major  d'el  Andaluzia^  y  donna  Casalina  de 
B.ibeira,  sa  mujer  (safemme)f  vers  1520,  à  leur  retour  de  Jéru- 
salem, montre  encore  dans  les  escaliers  de  la  cour  {Patio)  un 
revêtement  d'azulejos,  de  deux  mètres  de  hauteur  où  chaque 
compartiment  renferme  un  écusson  aux  armes  de  Léon  de  Cas- 
tille  et  de  Navarre,  à  reflet  métallique,  tandis  que  les  autres 
carreaux  sont  à  émail  stannifère  blanc,  à  ornements  estampés, 
espèces  de  cloisonnements,  coloriés  d'émaux  verts,  bleus,  jau- 
nes, bruns  et  noirs.  Une  inscription  porte  : 

4  dùM  de  Âgosto  1519  en<rd  en  Jherwalem. 


Plusieurs  échantillons  de  c«e  azulejos  dans  n 
un  grand  nombre  dans  celle  de  H.  Arota. 


g^VrisS  '>8«   fis.' 

Aiul^ade  la  casa  de  Filalos  (  coliections  Aroiaet  Dommln). 

A  partir  du  commencement  du  seiùème  siècle,  le  reOet  mé- 
tallique sur  les  azulejosavait  disparu,  pour  faire  place  au  décor 
des  couleurs  ordinaires  à  émail  siannifère  que  les  Italiens 
avaient  introduites,  et  ce  n'est  qu'au  dix-septième  et  au  dix- 
huilième  siècle  que  ie  goilt  véritablement  espagnol  s'est  mani- 
festé dans  les  décors  sur  faïence,  par  des  dessins  au  Irait 
d'animaux  fantastiques,  de  léopards,  de  tigres,  de  taureaux  et  de 
chevaux,  et  enfin  de  figures  et  de  paysages. 

L'influence  italienne  dans  la  fabrication  des  farences  de  Se- 
villa  est  attestée  par  des  monuments  encore  existants  à  Sevilla 
même,  et  qui  portent  les  signatures  des  artistes  suivants  : 

Jïieoto  Francisco  de  Pisano  et 

Augusta. , 

Voici  la  description  de  ces  monuments,  telle  que  M.  Arosa  a 
eu  la  complaisance  de  me  la  fournir  : 

A  VÉglise  Satita-Anna  d'Erlana,  faubourg  de  Sevilla,  située 
sur  la  rive  droite  du  Guadalquîvir  ;  32  carreaux  de  faïence  à 
émail  s tanni (ère  polychrome,  qui  recouvrent  le  tombeau  du  sei- 
gneur Lopez.  L'œuvre  est  signée  : 

Nicolato  Franctico  llaUatu  me  ftcit,  fM, 

A  la  maison  du  Dvx  d'Atbe,  des  carreaui  à  reflet  métallique 
et  nacré,  de  l'autel  de  la  chapelle  abandonnée,  qui  remontent 
avant  la  venue  des  Italiens. 

A  la  Chapelle,  dite  la  Chapelle  de  faienceilCapilla  de  aailejos), 
àl'Alca/ar,  un  devant  d'autel  quireprésentedansun  médaillon 


280  POTERIES  OPAQUES 

tenu  par  des  Chimères  la  Visitation^  peinte  d'après  une  gravure 
allen^nde  où  l'on  voit  dans  une  banderole  la  signature  du 
peintre  : 

Nicolaso  Francesco  Italiano  me  fecit, 

et  plus  haut  : 

Agno  (sic)  del  mil  CCCCC  IIL 

Au  fronton,  l'artiste  a  représente  V Annonciation  entourée 
d'ornements  et  de  la  devise  des  rois  catholiques  : 

Talo  moia  (Tanto  monta). 

A  V Église  du  couvent  de  San  Clémente,  sur  la  porte,  le  portrait 
de  San  Fernando,  de  grandeur  naturelle,  en  bleu,  jaune  et  man- 
ganèse. Les  murs  de  cette  église  sont  revêtus,  à  deux  mètres  de 
hauteur,  de  carreaux,  datés  de  1583.  Les  sujets  des  décors  repré- 
sentent des  prophèteSf  des  évangélistes  et  des  saints,  entourés 
de  grotesques,  le  tout  de  style  italien,  et  en  couleurs  jaune, 
bleu  et  violet  (manganèse). 

Au  couvent  de  Santa  Paula,  à  la  porte  d'entrée,  dans  une 
espèce  de  cour  {Patio)  pavée  de  carreaux  violets  et  blancs,  les 
murs  sont  garnis  de  carreaux  blancs  où  les  traits  sont  bleus. 
On  y  voit  aussi  représentés  quatre  arbres  verts,  pointus, 
ressemblant  aux  arbres  des  boîtes  de  joujoux  de  Nurnberg,  et  la 
Santa  Paula  encadrée  par  deux  colonnes  vertes  qui  suppor- 
tent un  plein-cintre  dont  le  piédestal  est  jaune. 

Le  reste  du  cadre,  qui  entoure  le  tout,  est  orné  de  chimères, 
tambours,  étendards  romains  et  casques,  en  bleu  et  en  brun, 
également  peints  sur  fond  jaune. 

La  figure  de  la  sainte  qui  tient  un  livre  ouvert  est  en  émail 
blanc,  comme  le  sont  ordinairement  celles  des  figures  des  œu- 
vres des  Délia  Rabbia;  mais  Tauréole  jaune  indique  une  autre 
école;  la  robe  est  brune. 

La  porte  gothique  de  l'église  dans  la  cour  est  entourée  au- 
dessus  de  faïences  sur  lesquelles  on  voit  des  chimères,  des  gro- 
tesques (  chiens  à  tète  de  femme),  sphinx,  des  corbeilles  de  fruits, 
des  masques,  des  Pégasus,  des  amours  achevai,  etc.,  ressortir 
sur  un  fond  brun.  Sept  médailles  à  bustes  encadrés  de  fruits  en 
haut  relief,  dans  le  style  des  Délia  Robbia,  forment  l'encadre- 
ment. Les  sujets  représentent  :  Santa  Paula;  deux  Moines  porte- 
croix  ;  saint  Pierre  et  saint  Paul;  la  Vierge  et  saint  Joseph  à  ge- 
noux devant  le  berceau  {Sainte-Famille) ;  deux  Saintes;  Vense- 


EUROPÉENNES.  281 

velissement  de  santa  Faula  et  santa  Pauîa  au  milieu  d'u7i 
paysage.  L'email  est  violet  {manganèse),  blanc,  jaune  et  verl. 
L'ogrve  est  surmontée  par  deux  anges  debout  et  deux  autres 
agenouillés,  dix  pyramides  et  deux  tètes  de  chérubins,  etc.  On  y 
voit  encore  au-dessus  de  la  porte  de  bronze,  des  carreaux  de 
faïence  décorés  de  grotesques  bleus  sur  fond  jaune  où  on  lit  sur 

un  cartouche  : 

Pisano 
sur  un  autre  : 

S.  0.  Q.  R. 
et  sur  un  troisième  : 

Nicoloso  Francesco  ItaHano-me  fecit  el  ano  de  1540. 

Ici  encore  on  retrouve  le  tato-mota  et  les  initiales  de  F  et  I 
qui  sont  celles  de  Fernando  et  Isabella. 

Au  couvent  de  la  Madré  de  Bios,  le  dessus  d'une  porte  est  orné 
d'un  autre  tableau  en  carreaux,  dont  le  sujet  représente  V ap- 
parition de  la  Vierge  et  de  V enfant  Jésus  avec  trois  Moines  et  û 
trois  Nonnes  agenouillés.  Les  figures  sont  toujours  en  émail 
blanc  et  les  vêtements  en  manganèse  (violet),  jaune  et  bleu. 
On  y  lit  la  signature  : 

Augmta,  fati  1507. 

Je  ferai  remarquer  que  le  coloris  de  toutes  ces  faïences  se 
compose  des  couleurs  ordinaires  de  l'école  italienne  où  le  rouge 
manque  comme  dans  presque  toute  la  peinture  céramique  de 
ce  pays.  Ce  sont  des  verts  de  cuivre,  des  violets  de  manganèse, 
des  bleus  de  cobalt,  des  oranges  d'antimoine,  de  cuivre  et  de 
soufre.  Les  traits  des  dessins  sont  indiqués  par  le  bleu  de  cobalt. 

Quant  aux  sept  bas-reliefs  dans  le  genre  des  Délia  Robbia, 
appliqués  sur  la  voussure,[il  est  difficile  de  dire  s'ils  sont  l'œu- 
vre du  môme  artiste,  de  ce  Nicole  Francesco  ;  mais  ils  sont  cer- 
tainement de  l'école  italienne.  M.  Arosa  a  aussi  rapporté  un 
certain  nombre  de  carreaux  faits  par  les  Italiens,  qui  portent 
la  date  de  159J ,  et  dont  il  a  bien  voulu  me  céder  une  pièce. 
C'est  le  jaune  jonquille  qui  domine  dans  le  décor  qui  n'a  rien, 
de  moresque. 

M.  Arosa  possède  une  bouteille  carrée,  de  30  cent,  de  hau- 
teur, dans  la  forme  de  celles  dont  les  Allemands  se  servent 
pour  mettre  l'eau-de-vie.  Décorée  en  polvchrome  (jaune,  man- 

24. 


?82  POTERIFS  OPAQUES 

ganèse  et  vert).  On  y  voit  les  armes  de  l'inquisition  :  La  ctoix 
et  rêpée  nue  et  Tinscription  : 

Soi  de  Don  Sebustian  Moron  y  Ponye  («t'o). 

Cette  bouteille  doit  donc  avoir  appartenu  au  Don  Sébastien 
qui  était  Talcade  de  la  prison  de  l'inquisition  à  Séville,  vers  la 
fin  du  dix-huitième  siècle*. 

On  trouve  dans  la  même  collection  Arosa  un  modèle  du  olo-* 
cher  de  la  Giralda,  la  cathédrale  de  Sevilla.  Il  est  décoré  en 
jaune  et  bleu. 

Gomme  la  bouteille  en  faïence  à  décor  camaïeu  bleu  de  ma 
collection,  que  j'avais  attribuée  à  là  côte  de  Genova,  est  sortie 
du  même  moule^et  comme  la  panthère  fantastique  et  les  mêmes 
branchages  du  décor  espagnol  du  dix-huitième  siècle  s'y  re- 
trouvent, je  suis  fixé  maintenant  pour  la i^rque  du  poisson  que 
voici  : 


(en  blea.) 

Cette  marque  est  certainement  celle  d'une  fabrique  de  Se- 
villa. M.  Arosa  a  du  reste  encore  rapporté  d'Espagne  un  plat  de 
45  cent,  de  diamètre  qui  montre  la  même  marque. 

Triana^  autre  faubourg  de  Sevilla,  du  côté  opposé  à  la  rivière, 
a  continué  à  fabriquer  des  faïences  à  émail  stannifère  jusqu'à 
la  fin  du  dix-huitième  siècle,  et  il  y  a  encore  actuellement  des 

i .  M.  WJliet,  à  Amsterdam,  possède  une  bouteille  à  peu  près  dans  la  même 
forme,  mais  plissée  sur  les  faces,  décorée  en  polychrome,  qui  p»)rte  une  des 
marques  de  Savona  : 


^ 


(Voir  à  la  fin  du  chapitre  des  Poteries  opaques  italiennes,) 


EUROPéEifires.  283 

fabriques  de  faïences  communes  dont  le  décor  poly.chrome  rap- 
pelle les  nuances  des  faïences  nivernaises  populaires  du  dix- 
huitième  siècle.  M.  Arosa  possède  de  nombreux  pots  de  phar- 
macie de  cette  provenance,  qui  datent  du  dix-septième  siècle; 
leur  décor  est  en  camaïeu  bleu,  d'un  bleu  plus  foncé  que  celui 
de»  faïences  du  dix-huitième  siècle  de  Valencia.  L'observateur 
y  retrouve  les  animaux  fantastiques»  ces  léopards^  ces  chevaux, 
ces  taureaux  et  ces  oiseaux  que  j'ai  signalés  dans  le  dessin  des 
décors  de  Sevilla  et  de  Valencia.  [Un  grand  baquet  toujours  de 
la  collection  Arosa,  décoré  «n  jaune,  manganèse  (violet)  et 
jaune,  porte  l'inscription  : 

Saca  iiA  piê  eon  primùr  adresse  que  no  ^êa  êl  ëongrador^  AHo  1788. 
(tends  ton  pted  ateo  adreiie,  afin  que  tu  ne  toiei  pas  l'opérateur.) 

On  voit  que  cette  cuvette  servait  à  un  chirurgien  dans  ses 
opérations,  car  on  saignait  ordinairement  en  Espagne  au  pied 
et  non  pas  au  bras. 

De  nombreux  azulejos  dans  les  fabriques  deTriana,  du  dix* 
septième  et  du  dix-huitième  siècle,  dans  la  collection  de  M.  Arosa 
ainsi  que  quelques  exemplaires  dans  la  mienne,  montrent  déjà 
la  plus  déplorable  décadence. 

Un  de  ces  azulejos  de  ina  collection,  de  13  cent,  carrés, 
exemplaire  de  la  fabrication  de  Triana  du  dix-septième  siècle, 
est  décoré  en  camaïeu  bleu  d'ornements  et  d'une  figure  nue 
qui  tient  une  échelle;  un  autre  du  dix-huitième  siècle,  en  po- 
lychrome, est  décoré  d'un  taureau  entouré  d'un  médaillon. 

Pickmann  et  G'^  fabriquent  actuellement  des  faïences  à  Sevilla. 

MIIBICE,    MOBITIEDBO  et  TOIiEDO. 

Faïence  à  émail  stannifébb. 
Localités  Connues  par  l'ouvrage  de  Marineo, 

AiroiJ^AB, 

Petite  tille  de  l'Andalousie. 

Faïences  peintes  sur  émail  stannifère  et 

Poteries  dites  alcarazzas^,  en  argile  blanche  sans  couverte. 

Nombreuses  fabriques  encore  en  activité. 

2.  Voir  ce  mot  à  la  Table. 


284  POTERIES  OPAQUES 

TAEiAlTEBA  DE   EiA  BETNA  , 

Sur  le  Tage. 

Faïence  a  émail  stannifére. 

M.  Arosas  possède  de  cette  provenance  un  pot  à  eau,  col  et 
pied  plisse  et  décoré  en  manganèse  (violet)  et  jaune  aux  traits, 
où  le  céramiste  a  peint  la  Vierge  sur  le  devant  de  la  panse. 
On  fabrique  encore  actuellement  à  Talavera. 

DEMI A, 

Port  de  mer  dans  la  Méditerranée,  du  côté  de  Valencia. 

Faïence  a  émail  stannifére.  Au  dix-huitième  siècle. 

On  sait  que  le  potier  Olery  de  Moustiers  avait  travaillé  pen- 
dant quelque  temps  dans  cette  localité  espagnole,  et  je  pense 
que  le  beau  plat  daté  de  1739,  appartenant  à  M.  Saint-Léon, 
à  Paris,  a  été  fabriqué  à  Dénia,  ainsi  que  celui  appartenant  à 
M.  Eugène  Laurent,  à  Paris-Montmartre,  sur  lequel  on  lit  la 
signature  suivante  : 

Chris.  Ovaleros  ou  d'Valeros 

Le  nom  :  Chris.  Ovaleros,  indique  du  reste  un  espagnol  (voir 
Moustiers  en  France). 


POTERIES  OPAQUES  ITALIENNES 

La  marche  de  la  peinture  céramique  en  Italie  est  identique 
avec  celle  de  la  grande  peinture  de  ce  pays  :  quatre  époques 
bien  distinctes  se  gravent  facilement  dans  la  mémoire  du  cu- 
rieux ;  ce  sont  : 

L'époque  archaïque  et  gothique^  qui  a  suivi  immédiatement 
celle  des  potiers  siculo  ou  italico-musulmans  ; 

V époque  raphaèlique  ou  de  la  renaissance  ; 

L* époque  de  transition,  etc . 

Vépoque  de  la  décadence. 

La  première  a  dans  ses  allures  beaucoup  de  gotlnquef  elle  se 
signale  par  sa  simplicité,  par  son  grand  caractère  et  par  sa 


EUROPÉENNES.  285 

naïveté.  Les  céramiques  de  ce  temps  sont  peintes  sous  l'in- 
fluence des  Giotto,  des  Taddeo  Taddi,  des  Lefypi,  des  Massac- 
cio,  des  RoselH  et  des  Philepepi,  et  elles  ont  été  particulière- 
ment produites  à  Pesaro,  avant  même  que  l'on  y  eût  repris 
les  reflets  métalliques  des  musulmans.  La  sainte  Cécile  de  ma 
collection,  dont  on  trouvera  une  reproduction  dans  le  chapitre 
de  Pesaro,  indique  ce  genre  archaïque. 

La  seconde  époque,  que  j'appelle  raphaeîique  ou  de  la  renais^ 
sance,  est  représentée  dans  les  majoliques  par  des  copies  d'après 
Raphaël  et  d'autres  maîtres  de  son  temps  où  Léonard  da  Vinci, 
Michel  Angelo,  Titian,  Corregio  et  Tintoret  avaient  fait  école. 
Le  plat  peint  par  Orazio-Fontana,  de  ma  collection,  que  l'on 
trouvera  reproduit  dans  le  chapitre  qui  traite  des  faïences 
d'Urbino,  donnera  une  idée  de  cette  belle  peinture  céramique. 

L'époque  de  transition  est  celle  de  laquelle  on  trouve  de 
nombreux  exemplaires  dans  tous  les  musées,  et  une  reproduc- 
tion (potiche  de  ma  collection),  au  chapitre  de  Castel -Durante. 

La  quatrième  époque,  celle  de  la  décadence,  est  représentée 
en  majeur  partie  par  les  produits  des  dix-septième  et  dix-huitième 
siècles,  de  la  côte  de  Genova,  de  Savonaet,  avant  tout,  de  Cas- 
ielli.  Ce  dernier  genre,  peint  pour  la  plupart  par  les  Grue,  les 
Gentile  et  leur  longue  suite  d'imitateurs  et  d'émulés,  est  le 
moins  artistique  de  tous;  c'est  de  la  peinture  de  porcelaine  au 
petit  feu  de  mouflle  appliquée  sur  de  la  faïence  ;  elle  n'a  abso- 
lument aucun  caractère  artistique.  (Voir  aussi  la  note  du  ren- 
voi à  Firenze.) 

La  majeure  partie  des  peintres  céramistes  étant  nomades, 
les  fabriques  en  Italie  se  sont  de  tous  temps  copiées  les  unes  les 
autres,  ce  qui  fait  que  l'on  retrouve  souvent  la  même  signature 
sur  des  produits  de  difiérentes  localités. 

Vouloir  ranger  rigoureusement  ces  nombreuses  productions 
de  la  céramique  italienne  par  écoles,  serait  donc  tout  à  fait  im- 
praticable. 

Le  catalogue  récemment  publié  sur  les  majoliques  conser- 
vées au  musée  du  Louvre  le  prouve. 

On  ne  trouvera  donc  dans  ce  chapitre,  en  fait  de  classement, 
que  ce  qui  a  pu  être  exposé  avec  clarté  : 

Ordre  chronologique  et 

Sous-ordre  chronologique  par  localités. 

(Voir  aussi  poterie  étrusque  et  romaine). 


286  POTRRIBS  OPAQUES 

micàmuuLTiaK  gbmmioumiqdb 

d»t  loealltés  OMiiUoiuiées  dans  !•  diapitro  siiivaai  : 

Venezia ,  terres  cuites  au  Ternis  mioéral ^•.. #..•  800 

Castro-Nuevo,                    — 950 

Astrl,                                  —                    J279 

Fi  renie,  terres  cuites  à  émail  stannifère. . .  • 1430 

Faenza,  faïence  à  émail  stannifère 1450 

Gastelll ,  terre  cuite  sous  engobe  {veste  di  Terra) ,  et  faïence  à 

émail  stannifère 1450 

Rovenzane ,  faYence  à  émail  stannifère ]  450 

Pesaro,                              — 1490 

Gnbbio,                             —                   1500 

Ferrara,                            —                   , 1 500 

Pavia,                               — .                   1500 

Urbino ,  Urbania  ou  Gastel  -  Durante,  Fermignano  et  Rovigo, 

faYences  à  émail  stannifère 1508 

Pisa,  Nocra,  Rimini,  Imola,  Forli,  Rayenna,  Monte-Feitro,  De- 
ru  ta  (Perugia) ,  Spello,  Galiano  et  Sienna,  faïences  &  émail 

stannifère • .  1508 

Bologna,  faïences  à  émail  slannifère 1525 

Sacro-Moute,  à  Varallo,  terre  cuite  sans  couyerle, 1525 

Napoli,  faïence  à  émail  stannifère • .  •  1525 

Cita-Castella,  terre  cuite  sous  engobe. , . .  • 1525 

Trevigi,  faïence  à  émail  stannifère 1525 

Vitorbo,                   —                    1540 

Padua,  terre  cuite  au  vernis  minéral > .  1550 

Verona,  faïences  à  émail  stannifère. • 1560 

Chaffagiolo,                   —                 1570 

Angrano,                      —                 1 570 

Albissola,                      — 1575 

Savona,                        — 1 575 

Turino,                         —                 1577 

La  Fratta,  terre  cuite  sous  engobe , 1580 

Bassano,  faïences  à  émail  stannifère. 1595 

Lodi,                            — 1600 


i .  Les  dates  indiquées  dans  cette  liste  sont  à  peu  près  celles  d'une  première 
fabrication.  Pour  se  rendre  compte  jusqu'à  quelle  époque  on  a  continué  à  fabri- 
quer et  si  on  fabrique  encore,  il  faut  consulter  l'article  spécial  de  chaque  localité. 


EUROPÉENNES.  287 

Roma  ( ?),  faleoees  à  émail  stannifère , . .  1600 

Montelupo,  terre  cuite  au  vernis  plombifère,  et  faïences  et  terres 

cuites  sous  engol>e,  et  quelquefois  à  émail  stannifère, . . . .  1600 

San  Marco  Brussa  Porco,  faïence  à  émail  stannifère. ........  1G25 

Gandiana,                                  —                          1650 

Busi,                                           — . 1730 

Doccia,                                        — •                           1735 

San-Quirico,                                —                           1 750 

Genova,                                      —                           1750 

Âriano,                                       —                           1750 

San-Giorgi,                                 —                           1766 

Nove  (Lenore),  terre  de  pipe  sous  vernis  minéral 1770 

Mondovi,  faïence  à  émail  stannifère 1 780 

Avigliano,                    —                   ., 1780 

Milano,                        —                    1780 

Ariano,                        —                   1 780 

San  Cristoplio,  —  ....1780 

Modena,                     — 1780 

En  Savoie  :  Saint -Jean-de-Maurienne,  —  Mouliers,  -—  Lafore<»(, 
—  Ghambéry,  —  Nice,  —  La  Roche-Guchet. 

VENEXIA.   (Venise). 

Terres  cuites  opaques  sous  couverte  minérale  imperméable. 
(douteux).  Vers  800 

Faïence  a  ïj^ail  stannifère.  1520 

La  première  faïence  stannifère  de  Venezia  y  a  été  proba- 
blement faite  par  Auguste  Hirschvogel  de  Ntirnberg*.  Les 
productions  céramiques  du  dix-septième  siècle  de  Venezia  sont 
*le  plus  souvent  décorées  en  camaïeu  bleu,  comme  celles  de 
Savona  et  de  toute  la  côte  de  Genova. 

Un  plat  au  musée  Meermann-Westreenen,  à  La  Haye,  plat 
dont  le  décor  polychrome  représente  une  bataille  romaine 
contre  le  roi  Pire,  porte  l'inscription  suivante  : 

/  fortissimi  Roma  contra  ire  Pierro  Baldantonio  adi  iS  àcto.  1551; 

In  Ven{cio, 

i .  Voir  les  faïences  de  Nuruberg. 


288  POTERIES  OPAQUES 

Ludovico  ou  Lodouico,  était  un  peintre  céramiste  qui  a  tra- 
vaillé à  Veneziai  vers  1540 

On  connaît  de  cet  artiste  une  pièce,  signée 


w 


{ La  forme  du  bouclier  en  cœur,  pointu  en  bas  avec  trois 
pointes  en  haut,  qui  se  trouve  au-dessous  de  cette  signature, 
indique  à  rarchéologue  le  seizième  siéch.) 

Un  plat  de  ce  môme  peintre  se  trouve,  sous  le  n»  2954,  au 
musée  de  Kensington. 

Deux  vases  pharmaceutiques  de  38  centimètres  de  hauteur, 
dans  la  collection  de  M.  Fayet,  à  Paris,  décorés  d'une  peinture 
rappelant  la  manière  archaïque,  largement  facturée  dans  le 
genre  des  Urbino,  et  de  Tépoque  des  Malatesta;  leur  origine 
vénitienne  est  prouvée  par  l'inscription  en  'patois  vénitien  : 

Piata  te  mova.  (Ayez  pitié  de  moi.) 

On  sait  aussi  que  le  céramiste  : 

Francesco  del  VasarOy  de  Castel-Durante,  vint  s'établir  à  Ve- 
nise vers  1545 
Un  plat,  de  la  collection  Narford,  est  signé 

Fattoin  Venezia 

in  Chastelïo 

1546 

Une  belle  plaque  à  cadre  de  faïence  [28  sur  38  centimètres), 
provenant  de  la  collection  Mathieu  Meusnier,  et  qui  fait  aujour- 
d'hui partie  de  celle  de  M.  Fayet,  est  également  de  fabri- 
cation vénitienne.  Celte  plaque  décorée  en  polychrome  d'un 
sujet  architectural  dans  le  goût  d'Antonio  du  Canal,  dit  Cana- 
lelti  de  Venezia  (1697  à  1768),  ou  dans  celui  de  ses  élèves  Ber- 


EUROPÉENNES.  289 

nardo  Bettoto,  Jacopo  Marieschi,  Giuseppe  Moretto  ou  Fran- 
cesco  Battaglioni,  elle  porte  Tinscription  : 

Convento  e  chiesa  délia  Madonna  deW  Orio  dei  Padri  Ambroziani  in  Venezia 

Gomme  le  sénat  de  Venezia  avait  concédé,  en  1758,  aux  frères  : 

Gian  Andréa  et  à 

Pietro  Bertilini  (voir  Lazari)  l'établissement,  et  en  outre  un 
four  à  Murano,  je  pense  que  cette  plaque  provient  de  la  fa- 
brique de  Murano  qui  ne  fonctionna  pas  longtemps. 

Hendrick  Vroom^,  peintre  en  tous  genres  et  créateur,  pour 
ainsi  dire,  de  la  peinture  de  marine.  Né  à  Haarlem,  en  1566) 
après  avoir  déjà  peint  sur  faïence  dans  sa  ville  natale,  il  est 
venu  décorer  des  céramiques  à  Venezia  et  dans  quelques  au- 
tres villes  italiennes. 

(Voir  aux  faïences  hollandaises  :  Haarlem.) 

MM.  Karrer  et  G*',  fabriquent  actuellement  de  la  poterie  à 
Venezia. 

CASTRO  nrijoiro,  dans  le  Mapolltaln. 

Terres  cuites  opaques.  Vers  950 

On  trouve  au  frontispice  de  l'église  de  S.  Maria,  à  Mure» 
des  terres  cuites  vernissées  qui  datent  du  dixième  siècle. 

ATM 9  dans  le  nrapoliialn. 

Terres  cuites  opaques  sous  couverte  minérale  imperméable. 

Vers  1279 

Le  campanile  (le  clocher)  à  Atri,  de  1279,  est  en  terre  cuite 
vernissée. 

VIBENZi:  (Vlorence). 

Terre  cuite  a  émail  stannifére.  1430 

Majoîique  fine  des  Bella  Robbia  (Opère  Délia  Robbia*). 
La  famille  des  célèbres  sculpteurs  et  céramistes  Délia  Robbia, 
—  comme  les  Hirschvogel,  les  Hans  Kraut  et  autres  en  Alle- 

1.  Het  Schilderboeck,  etc.,  door  Karel  Vau  Mander.  Tôt  Haerlem  1604. 
Page  247. 

2.  Les  majoliques  ou  faïences  italiennes  se  divisent  en  trois  classes  :  les 
demi-majoliques,  les  terres  cuites  émaiilées,  appelées  «  opère  Délia  Robbia ,  » 
et  les  majoliques  peintes.  On  peut  classer  ces  dernières  en  quatre  catégories  ou 

25 


290  POTIHna  OPAQUES 

magne,  et  PftHssy  en  Franee,  renomsiës  poiir  leurs  sculptures 
et  leurs  modelages  plutôt  que  pour  leurs  peintures,  -^  doit 
figurer  eu  tête  de  l'art  céramique  de  son  pays. 

Luca  Délia  Robbia,  élève  de  Leonardo,  orfèvre,  et  de  Lorenzo 
Ghiberti,  sculpteur,  el  né  à  Pirenze  en  i40O (d'après  Yasari  en 
1388),  mort  en  1481,  le  plus  célèbre  des  artistes  qui  se  soient 
occupés  de  la  fabrication  des  majoliques  seulplurales  italiennes, 
a  passé  longtemps  pour  l'inventeur  de  la  faïence  fine  ou  à  émail 
stannifère  européenne*.  ÂujoBfd'bui  il  n'en  est  plus  ainsi. 

J'ai  démontré  que  reoDploi  de  T^tain  était  connu  déjà  dans 
Tantiquilé  et  que  les  Phéniciens  te  YenaieB,t  déjà  troquer  en 
Bretagne  et  ailleurs  avant  Pinvasion  romaine;  on  a  aussi  vu 
que  mes  rechercbes  en  Allemagne  m'ont  fait  découvrir,  à 

époques.  Les  faïences  de  la  prewôère  époque,  14b0àl520,  sont  ordinairement 
de  grands  plats,  émaillés  seulement  d'un  côté,  et  peints  largement  de  couleurs 
brillantes,  ou  en  bleu,  et  d'un  jaune  souvent  à  reflet  métallique  ou  irisé.  La 
faïence  de  la~seconde  époque,  1520  à  1530,  est  d'habitude  de  moins  grande 
dimension;  ce  sont  des  plats  moyens  et  des  assiettes,  souvent  décorés  de  bor* 
dures  d'arabesques  de  couleur  jaune  et  de  rubis  à  reflet  métallique.  La  troisième 
catégorie, de  1530  à  1569,  est  assez  communément  décorée  de  grands  sujets  my* 
thologpques  qui  couvrent  entièrement  le  plat  ou  l'assiette.  La  quatrième  époque, 
de  1540  à  1590,  se  signale  déjà  par  sa  décadeoce  :  le  dessin  devient  défectueux, 
les  couleurs  perdent  de  leur  vigueur  et  paraissent  sans  éclat.  Les  sujets  sont  sou- 
vent entourés  d'arabesques  sur  les  bords  ménagés  en  fond  blanc  Tout  ce  qui  a 
été  fabriqué  dans  les  siècles  suivants  n'a  presque  plus  de  valeur  artistique,  à 
peu  d'exception  près. 

Il  faut  remarquer  que  les  potiers  italiens  de  la  première  époque  n'ont  jamais 
ptt  obtenir  dm  rouge  dans  leurs  décors  ;  cette  couleur  y  est  remplacée  par  un 
violet  sale. 

Un  certain  nombre  de  terres  cuites  des  Délia  Robbia  et  de  leur  école,  sont  seu- 
lement peintes  sur  engobe  et  sous  couverte.  Beaucoup  de  plats  et  assiettes  des 
autres  maj cliques  italiennes  peintes  ne  sont  pas  fabriqués  différemment. 

Une  commission  présidée  par  le  gonfalonier  de  la  ville  de  Firenze  s'occi)|»e  4ftp«is 
quelque  temps  de  la  formation  d'un  musée  national  d'objets  d'art  du  moyen  âge<, 
qui  s'installe  dans  le  palais  du  podestat  (ancien  prison  d'Etat),  et  qui  sera  com- 
posé d'abord  de  tous  les  objets,  appartenant  aux  époques  du  moyen  âge,  qui  pro- 
viennent des  palais  Pitti  et  des  Offices.  On  voil  que  les  Xtaltens  commencent 
aussi  à  sentir  l'importance  des  productions  de  Tact  gothique,  et  que  leur  art  de 
U  renaissance  9.e  leur  semble  pas  suffisant  pour  fournir  seul  des  œuvres  qui 
doivent  entrer  dans  1%  composition  d'un  musée. 

I.  Vasai'i  recoonaU  cependant  a  que,  depuis  1300)  la  mode  s'introduisit  en 
Italie  d'orner  les  frontispices  des  églises  avec  des  bassins  en  terre  coloriée  et 
très-bien  vernissée ^  qui  produisaient  un  très-bel  effet  en  réunissant  dans  leurs 
concavités  les  rayons  du  soleil  et  les  réfiéchissant  avec  un  grand  charme.  • 
Reste  à  savoir  maintenant  si  la  terre  était  vernissée  (plombifère),  ou  émaillée 
(stannifère).  Yasàri ne  se  sert  jamais  du  moi  émail,  et  attribue,  malgré  ces 
bassiiis  de  i 3 00, l'intention  de  la  majolique  fine  (faïence  à  émail stasBifère) 
ft  Luca. 


EUROPÉKHNES. 


SOI 


Breslau  et  k  Lei(nig,  éb»  œuvres  iroporUotea  qui  datent  du 
onzième,  du  douzième  et  du  treizième  siècle,  ainsi  que  des 
podles  gothiques  du  quator- 
zième siècle,  tout  couverts 
d  '  émaux  polychromes  et  sian- 
nifères. 

Quant  aux  ouvrages  de 
Luca  ils  sont  tous  marques  au 
coin  de  la  grande  sculpture  et 
du  véritable  artiste'.  Bas  et 
hauts  reliefs,  ronde  bosse, 
statuettes,  ornements  d'édi- 
tices,  etc.  Il  a  aussi  sculpld 
le  marbre.  11  est  le  chef  de  la 
famille  artiste  des  Délia  Rob- 
t)ia. 

Andréa  Délia  Ro6Aia,  son 
neveu,  est  aé  en  1437. 

Gwvanni,  Luca  etJerùnimo 
sont  les  fils  d'André.  Deux  au- 
tres BlSfdontl'un  nommé  Am- 
braise,  sont  entrés  au  cou- 
vent. Cet  Ambroise  a  exécuta , 
1604,  un  tabernacle  dans 
l'église  du  couvent  de  Saint- 
Marco.  Ce  tabernacle  se  trouve  aujourd'hui  dans  l'église  du 
Saint-Esprit  à  Sienna. 

Avec  Jtromino,  qui  vers  1528  partit  pour  la  France,  appelé 
par  le  roi  François;  l",  la  famille  des  Délia  Robbia  s'est  éteinte. 

Octavù)  et  Agoslino  del  Duccio,  étaient  des  élèves  de  Luca 
le  vieux.  Vasarl,  et  après  lui  Tieck,  les  désignent  par  err«ur 
comme  les  frères  de  Luca;  ni  l'un  ni  l'autre  n'appartenaient  à 
la  famille  des  Délia  Robbia. 

Par  une  déclaration  authentique  de  1470,  Andréa,  neveu  du 


,  Le  tieui  Lues  Tu 


ci  des  <en  qui  Turent 


292  •    POTERIES  OPAQUES 

vieux  Luca,  fait  connaître  les  rues  et  les  maisons  où  naquirent 
et  habitèrent  le  chef  ainsi  que  les  autres  membres  de  cette  fa- 
mille. La  maison  d'origine  était  située  dans  la  rue  de  Sainte- 
Egida;  puis,  la  famille  habita  une  maison  de  la  rue  Guelfe, 
près  Saint-Baruaba,  achetée  de  Lippo  di  Biagio. 

Baldinucci  dit  que  le  secret  de  la  céramique  (si  secret  il  y 
avait,  ce  dont  je  doute  fort]  fut  divulgué  par  une  femme  de  la 
famille  d'Andréa  à  Benedetto  Buglioni,  contemporain  de  Verro- 
chio.  Santi  Buglioni,  son  fils,  hérita  de  ce  soi-disant  secret,  qui 
se  perdit  avec  lui,  au  dire  de  Baldinucci. 

Aujourd'hui,  c'est  M.  Ferlini  à  Bologna  et  M.  Ginori  à  Doccia, 
qui  imitent  les  œuvres  des  Délia  Robbia,  et  M.  Joseph  Devers, 
Italien  de  naissance,  demeurant  à  Paris.  La  célèbre  fabrique 
de  Minton,  en  Angleterre,  fabrique  également  des  terres  cuites 
émaillées  dans  le  genre  des  Délia  Robbia,  maîtres  qui  ont 
laissé  beaucoup  de  médaillons  sur  lesquels  on  voit  la  Vierge  et 
l'enfant  Jésus  en  relief,  encadrés  dans  des  guirlandes  de  fruits  et 
de  feuilles  vertes;  la  robe  de  la  Vierge  est  presque  toujours  en 
bleu  ciel,  d'une  nuance  particulière  à  ces  potiers.  Les  cheveux 
rouges^  l'expression  des  têtes,  les  belles  mains  et  les  cercles  ou 
auréoles  en  blanc  ',  distinguent  les  œuvres  de  Luca,  dont  le  vert 
un  peu  jaunâtre  diffère  aussi  du  vert  plus  vif  de  ses  continua- 
teurs. Les  feuilles  de  ses  guirlandes  sont  plus  creusées  et  se  re- 
fusent au  surmoulage.  Il  faut  citer  de  lui,  au  musée  de  Cluny', 

1.  Parmi  toutes  les  terres  cuites  de  ce  genre  que  j'ai  vues,  je  n'ai  pas  (rouTé 
une  seule  pièce  avec  auréole  jaune,  pouvant  être  attribuée  a  Délia  Robbia,  mais  il 
y  en  a  où  l'auréole  est  eu  or. 

S.N"  2177,  une  Vierge  avec  l'enfant  Jésus^  que  le  catalogue  de  ce  musée  dé- 
signe comme  un  Luca  Délia  Robbia,  ne  me  paraît  nullement  de  cet  artiste.  Les 
inains,  le  caractère  de  la  tête,  etc.,  indiquent  suffisamment  que  cette  céramique 
ne  peut  pas  être  d'un  tel  artiste  I 

Un  groupe  représentant  également  la  Vierge  avec  Venfant  Jésus,  provenant 
de  la  collection  du  cardinal  Fesch  et  appartenant  aujourd'hui  à  M.  John  Au- 
gustin Tulk,  porte  la  marque  ci-dessous  : 


(en  creux  dans  la  pâte.) 


que  l*on  attribue  à  Luca  délia  Robbia;  je  ne  Tai  pas  vu  etne  puis  rien  affirmer. 


EUROPÉENNES.  293 

les  n»»  1148, 1149,  1150,  2034,  2035  et  2036,  le  premier  avec 
dorure,  ainsi  que  le  n»  1 149,  acheté  en  1842  pour  la  bagatelle 
de  356  fr. ;  quelques  pièces  au  Louvre;  le  Custode,  n®  750  au 
musée  Sauvageot,  provenant  de  l'église  San-Miniato  à  Firenze; 
quelques  pièces  à  Sèvres;  les  n"»  618,  621,  626  et  663,  aumu- 
giée  de  Berlin,  où  le  n*»  626  a  un  mètre  et  demi  et  le  n°  661, 
un  médaillon,  deux  mètres  de  diamètre.  Une  grande  vierge  se 
trouve  au  musée  de  Sigmaringen*. 

Au  musée  de  la  porte  de  Hall,  à  Bruxelles,  on  voit  un  grand 
bas-relief,  représentant  un  groupe  de  la  sainte  famille  avec  saint 
Pierre. 

Un  bas-relief  de  19  sur  36  cent,  de  ma  collection,  œuvre  de 
Luca  lui-même,  représente  un  chérubin  à  quatre  ailes  et  à  au- 
réole, le  tout  blanc  sur  un  bleu  ciel  où  les  nuages  sont  indiqués 
par  des  reliefs  au-dessus  de  la  tête  de  l'ange,  qui  est  fort 
expressive  et  charmante  de  physionomie.  Les  yeux  sont  en 
émail  brun. 

A  Marlborough-House,  en  Angleterre,  existe  une  sainte  fa- 
mille, ainsi  que  six  autres  pièces,  attribuées  à  un  des  Délia  Rob- 
bia,  et  M.  Thomas  Baring  possède  de  cette  famille  d'artistes  un 
maître-autel.  Une  Vierge  avec  Tenfant  Jésus  fait  partie  de  la 
collection  de  M.  Andrew  Fountaine,  à  Narford-Hall.  Le  musée 
de  Kensington,  à  London,  a  vingt-quatre  exemplaires,  n®  400  à 
124,  que  le  catalogue  attribue  presque  tous  à  Luca  et  à  Andréa 
Délia  Robbia,  mais  dont  une  bonne  partie  n'appartient  pas  à 
ces  artistes. 

Des  quatre  terres  cuites  émaillées  de  la  collection  Pourtalès, 

1 .  Le  petit  médaillon,  a  une  Vierge  adorant  l'enfant  Jésus,  »  également 
eonsenré  dans  ce  musée,  me  paraît  de  la  contrefaçon  malgré  la  signature 


W. 


rA0E3AT. 


en  creux  dans  la  pâte,  que  je  juge  fausse.  L'œuvre  ne  remonte  pas  au  delà  de 
cent  ans  au  plus,  et  l'ensemble  de  l'exécution  n'a  rien  de  la  manière  des  Délia 
Robbia.  —  La  main  de  l'enfant  Jésus  indique  que  ce  n'est  pas  là  l'ouvrage  d'un 
artiste  tel  que  Luca. 

?5. 


294  POTRRtBS  OPAQUES 

vendue  en  4865)  toutes  attribuées  par  le  catalogue  à^Luca  Délia 
Robbia,  il  nV  en  avait  que  deux  qui  se  rapprochaient  de  la  ma- 
nière de  cet  artiste,  —  et  encore  n'ëtaientnse  que  des  œuvres 
secondaires* 

Dans  la  collection  de  M.  le  baron  Dejean^,  à  Paris,  on  peut 
voir  une  statuette  de  moine  attribuée  aussi  à  la  fabrique  des 
Délia  Robbia. 

Les  soi-disant  »  Luca  Délia  Robbia  ou  de  son  école,»  du  mu- 
sée Gampana  (aujourd'hui  au  Louvre),  sont  presque  tout  des 
productions  d'ouvriers^  qui  ne  remontent  pas  à  plus  de  cent 
ans.  —  N®  29,  le  Christ  au  jardin  des  Oliviers,  grand  autel 
en  terre  émaillée,  avec  entourage  de  fruits  et  feuilles,  que  le 
premier  catalogue  désignait  comme  ouvrage  d'Andreo  Verroo-^ 
chiOf  né  en  4432,  mort  en  1488,  et  qui  serait  donc  aussi  d'un 
contemporain  de  Luca  le  Vieux,  -^  est  également  très-^médiocre 
et  me  paraît  d'une  époque  postérieure. 

Il  faut  voir,  pour  le  môme  genre  de  travail,  Giorgio  Andreoli 
de  Gubbio. 

Les  œuvres  architecturales  des  Délia  Robbia,  connues  en  Ita- 
lie, sont  les  suivantes: 

A  flRËNZE  (Florence), 

Par  Luca,  le  Vieux  : 

Une  résurrection  et  une  annonciation  de  Jésus  dans  Téglise 
de  Sainte-Marie-des-Fleurs.  Une  autre  Vierge  dans  Téglise 
Saint-Piérino.  Une  voûte  et  une  coupole  dans  l'église  de  San- 
Miniato-al-Monte,  près  Firenze.  Une  vierge  et  une  fleur  de  lis 
de  cette  ville,  sur  la  façade  d'Or-San-Michele.  Une  autre  vierge 
au  musée  des  Offices.  Une  semblable  sur  un  mur  du  cartile  de 
l'Académie  des  Beaux-Arts,  et  un  Christ  à  l'église  de  Santa- 
Croce. 

Par  Andréa,  neveu  de  Luca  : 

Neuf  médaillons  et  la  rencontre  de  saint  Dominique  sur  la 
loge  de  San-Paolo.  Quatorze  médaillons,  représentant  quatorze 
enfants  emmaillottés,  et  une  Annonciation,  dans  l'hospice  de 
Santa-Maria  des  Enfants  trouvés.  Une  apparition,  un  saint 


1 .  Cette  eoUeetion  est  uniquement  composée  de  pièces  de  prix  et  de  choix  : 
superbes  faïences  italiennes,  françaises  et  musulmanes,  émaux,  irolres,  bronzes, 
tableaux,  meubles  sculptés  anciens,  etc. 


BUROl^ÉEKKBS*  295 

Thomas,  une  vierge  et  trois  médaillons  avec  les  emblèmes  ded 
ouvriers  en  bâtiments^  dans  la  maison  royale  des  dames  de 
Montai ve  à  Ripoli.  Une  fontaine  dans  l'église  Santa-Maria^No- 
vella.  Une  vierge  à  la  confrérie  de  la  Miséricorde,  une  autre  dans 
réglise  Santa -Croce,  et  une  semblable  à  la  porte  de  l'enceinte  de 
San-Miniato-al-Monte.  Une  résurrection,  une  ascension  et  trois 
vierges,  à  l'Académie  des  Beaux-Arts.  Un  calvaire  dans  l'église 
Santa-Maria  Primerana. 

Par  Giovannij  fils  d'André  : 

,,  Quarante-huit  têtes  de  saints  sur  un  mur  du  cartilede  TAca- 
démie  des  Beaux-Arts.  Une  vierge,  dans  l'église  de  Santa-Croce. 
Une  nativité,  grande  composition,  œuvre  authentique  et  signée 
sous  la  date  de  1521,  dans  l'église  de  Saint- Jeronimo.  Un  taber- 
nacle de  Notre-Dame,  autre  grande  composition  dans  la  rue 
Redesca.  Un  Christ  dans  la  chapelle  du  couvent  de  Saint- 
Onufrius. 

A  ROMA  (Rome), 

Par  Iwca,  le  Vieux  : 
Une  vierge  dans  la  bibliothèque  du  Vatican. 

A  PRATO, 

Par  IiMca,  le  VieiLx: 
Une  frise  à  l'intérieur  de  l'église  degP  Arcieri» 

Par  Andréa  : 
Une  vierge  dans  la  cathédrale. 

A  PISTOJA, 

Par  Andréa  : 

Une  vierge  dans  le  dôme,  datée  de  la05. 

Il  y  a  aussi  la  loge  avancée,  très-grande  composition,  par  toute 
la  famille  des  Délia  Robbia. 

DANS  ET  PRÈS  AREZZO, 

Par  Andréa  : 

Une  bordure  composée  de  fleurs  et  de  fruits,  dans  la  chapelle 
de  Sainte-Marie-les-Grâces  :  une  Vierge,  un  Jésus,  une  annon- 
ciation  et  un  Dieu  le  Père,  dans  la  cathédrale  ;  une  vierge  dans 
réglise  de  Santa-Maria-in-Grado. 

A  FIEZOLE, 

Par  Giovanni  : 
Un  Romulus,  évoque  de  Fiezole,  dans  la  cathédrale. 


296  POTERIES  OPAQUES 

Par  Andréa  : 

Un  calvaire  dans  l'église  Santa-Maria-Primerana,  dont  le 
pareil  est  au  Louvre. 

A  SAN  GIOVANNO  (en  Toscane), 

Par  Andréa  : 
Une  assomption,  à  la  porte  de  la  principale  église. 

A  AQUILA, 

Par  Luca  : 

Une  résurrection,  à  l'église  de  S.  Bernardine. 

Les  autres  œuvres  architecturales  en  terre  cuite,  qu'on  voit 
encore  en  Italie,  et  qui  sont  attribuées  aussi  à  cette  famille 
d'artistes,  me  paraissent  être  de  leurs  continuateurs,  ou  au 
moins  très-douteuses,  de  sorte  que  je  n'en  donne  pas  la  des- 
cription. 

C'est  ici  la  place  de  parler  des  Badni. 

Quelques  auteurs,  sur  la  foi  d'un  journal  manuscrit  de  Daw- 
son  Turner,  croient  que  les  plus  anciens  plats,  appelés  «  ba- 
cini,  »  incrustés  dans  quelques  monuments  de  Pise,  proviennent 
d'un  butin  que  les  Pisanais  avaient  rapporté  de  la  guerre  contre 
les  Maures  des  îles  Baléares  en  1114;  —  mais  je  les  crois  plutôt 
de  provenance  sicilienne  et  de  commerce,  d'autant  plus  que  la 
façade  de  l'église  San-Sisto  à  Pisa,  construite  seulement  au 
commencement  du  quatorzième  siècle,  est  décorée  de  faïences 
siculo-musulmanes . 

Il  est  vrai  que  Giambattista  Passeri  prétend  que  ces  faïences 
sont  de  fabrication  et  d'exécution  italienne,  de  Pesaro;—  mais 
cet  auteur,  né  en  1794,  a  voulu  tout  simplement  en  attribuer 
l'honneur  à  sa  patrie,  sans  croire  lui-môme  à  ce  qu'il  avançait. 
Quelques  passages  qui  se  trouvent  dans  les  ouvrages  de  Scali" 
ger,  bien  antérieur  à  Passeri,  contredisent  les  insinuations 
de  ce  dernier. 

On  attribue  aussi  quelques  plats  signés 

F.  I.         {Firenze?) 

à  la  fabrication  de  Firenze,  mais  ils  sont  d'une  époque  bien 
postérieure. 

Voir  pour  les  briques  qui  surnagent  sur  Teau,  fabriquées  par 
Fabrioni  de  Firenze  avec  la  farine  fossile^  à  l'article  des  po- 
teries hispano-musulmanes  (Massilina  etCalente),  page  270. 


EUROPÉENNES.  297 

BenedictiLS  Bugîioni  est  un  céramiste  modeleur  qui  vivait 
à  Firenze  vers  1500,  auquel  on  attribue  des  bustes  et  statuettes 
en  terre  cuite. 

Actuellement,  ce  sont  M.  Freppa,  M.  Parigi^  M.  D.  C.  Puliti^ 
M.  Villorssii  et  M"®  Furiani  et  comp.,  qui  y  fabriquent  des 
terres  cuites  de  Signa*  et  des  cruches  émaillées.  Voir  Doccia 
{Alla-Docda),  pour  la  fabrique  de  M.  Ginori. 

JFAEMZA  , 

Ville  dans  la  Romagne.  (Cette  tIUb  a  donné  son  nom  à  la  faïence  en  FranceO 

Faïence  a  émail  stannifère.  1 450  à  i782 

La  pâte  de  Faenza  est  ordinairement  mince  et  bien  moins 

lourde  que  celle  de  Pesaro. 
La  plus  ancienne  pièce  signée  des  poteries  dô  Faenza  que  je 

connaisse  est  celle  de  i475,  au  musée  de  Cluny,  dont  voici 

l'inscription  : 

J*n0OlAVS*I>E«7VSNOXJS 

I\DN<WOREH-  DEFFT 

SKWCT  MiCRxrws. 
rEClTFlERFKN0»7«- 

C'est  une  plaque  circulaire  portant  au  milieu  le  monogramme 
du  Christ  en  caractères  gothiques,  entourée  de  guirlandes,  de 
feuillages  bleus  sur  fond  blanc,  et  un  monogramme  dans  la 
guirlande.  L'inscription  dit  : 

Nicolaus  de  Ragnolis  ad  Honorem  Dei  et  jsancii  Michaelis  fecit, 

fieri^  an.  1475. 

Giano  Brama^  de  Palerme,  peintre.  1500  a  i550 

Une  superbe  plaque  de  46/65  cent.,  conservée  au  musée 
de  Sigmaringen,  provenant  de  la  collection  Minutoli,  et  dont 
le  décor  représente  une  descente  de  croix,  est  marquée  : 


Giovano  Brama  dj  Palerma  i  546 
in  Faenza. 


1 .  Signa  est  un  gros  village  sur  TArno  où  l'on  fabrique  des  chapeaux  de  paille. 


298  POTCMtft  Of  àtîVES 

M.  De  Lange  m'a  communiqué  le  monogramme  suivant,  qu'il 


a  recueilli  sur  un  plat  de  la  collection  Basilewsky,  où  le  décor 
représente  Charles-Quint  et  porte  en  outre  le  millésime  de  1521. 
(  Probablement  aussi  un  monogramme  de  Nicolo  d'Urbino.  ) 
Un  autre  plat  de  la  même  collection  est  marqué  : 


Baldesara  Manaca  ou  Manara,  potier.  4  520  à  1560 

Une  plaque  ronde,  au  musée  Britannique,  porte  de  cet  ar- 
tiste l'inscription  suivante  : 

Mlille  cinque  cento  trentasei  a  di  tridi  luie  Baldesara  Manara  faentinfaciebat; 

et  une  assiette,  appartenant  à  M.  le  marquis  d'Âzeglio  : 


^«1^/. 


avci/    • 

Vergillio  Manred,  potier. 
Nicolo  da  Fano,  peintre. 
On  lit  sur  un  plat  : 

Fato  hèlla  Bùté^a  di  maestro  tergillio  da  Faenza,  Niclù  du  Farw. 

Quelques  plats  portent  la  date  1455  et  1475,  et  des  vases 
de  pharmacie  celle  de  1500* 
Derrière  une  plaque  d'une  grande  beauté,  dont  la  oomposi- 


tion  du  décor  est  prise  à'wa  carton  d'Albert  Durer,  se  trouve 
la  mMrqm  i 


Une  autre  marque  de  Faenza  est  celle-ci  : 


Suit  un  ptl«l  p^i»!  en  camaïeu  bleu,  à  rehauts  d*or  et  reflets 
métalliques,  représentant  Diane  surprise  au  bain  par  Actéon, 
d'après  Mcnitegna^  et.  qui  appartient  au  musée  de  Cluny^  on 
lit  la  marque: 


Un  autre  pièce  de  ce  môme  musée,  n?  2082,  est  marquée  : 

If»  Famea^ 
Le  n«  208  i,  un  vase  de  pharmacie,  est  daté  : 

1500. 

Un  plat,  à  décor  camaïeu  bleu,  toujours  au  même  musée, 
porte  : 

Le  n»  29,  au  musée  Campana,  est  marqué  : 

Infaencay  1561.. 

i.  Fewibre  gràTeor  né  à  PaduAen  143.0,  mortea  IbOiS'. 


; 


300  POTERIES  OPAQUES 

Sur  un  plat  delà  collection  du  musée  de  Braunsch^veig,  pro- 
venant de  l'ancienne  collection  de  Salzdalen  (Salzdalum),  on  lit: 

Faença  oh  opsus  fecit  adi  ii  de  abrile  1543.  Storia  de  lena. 

Au  musée  de  Kensington.  n°  2742,  une  plaque  est  signée  : 

F.  R. 

Un  plat  couvert  de  belles  attributions  en  camaïeu  bleu,  de 
la  collection  Fayet  à  Paris  S  porte  le  millésime  de 

1528. 

Deux  pièces  de  la  collection  Piot,  vendue  en  1864,  étaient 

marquées  : 

N  C      et      T.  S. 

M.  de  Basile wsky  possède  un  plat  de  Faenza  qui  est  daté  de 
1503. 

Deux  grands  pots  de  pharmacie  de  la  collection  de  M.  Louis, 
Flavigny,  à  Elbeuf,  attribués  par  le  catalogue  de  l'exposition, 
à  Faenza,  mais  que  je  n'ai  pas  vus,  sont  signés  : 

Andréa  Pantaleo  pingit  1616  ; 

et  madame  la  vicomtesse  de  Grouchy,  à  Paris,  possède  un  pot 
à  goulot  qui  est  décoré  d'une  vue  de  Faenza  même. 

Un  grand  et  superbe  plat  de  48  centimètres  de  diamètre,  de 
la  collection  de  M.  Pietro  Lorini,  à  Pesaro,  où  le  sujet  repré- 
sente la  fille  de  Virginie  devant  Assius,  qui  est  assis  sur  un 
siège  où  on  reconnaît  la  louve  romaine,  plat  remarquable  par 
son  bord  à  riches  arabesques  et  sa  bordure  à  dessin  blanc  fixe, 
montre  dans  les  ornements  les  initiales 


rs^i^s 


qui  sont  celles  des  mots  : 

Senatus  Populusque  Romanusj 
inscription  que  l'on  rencontre  souvent. 

1 .  M.  Fayet,  à  Paris,  possède  une  remarquable  collection  d'armes,  de  meubles, 
de  faïences,  de  tableaux,  miniatures,  et  de  toutes  sortes  d'objets  d'art  italiens 
qu'il  a  recueillis  dans  ses  voyages  en  Italie.  Cette  belle  collection  contient  plu- 


EUROPÉENNES.  301 

Un  médaillon  de  17  centimètres  de  diamètre,  de  ma  collec- 
tion, décoré  du  portrait  d'un  Paulus  Oricella,  en  costume  du 
temps  de  Louis  XIV,  à  grande  perruque  et  peint  en  poly- 
chrome, porte  l'inscription  : 

Faulw  Oricella.  Clar.  Johannes»  F,  /«. 

A  l'envers  de  ce  médaillon  se  trouve  la  date  1703. 

Au  musée  royal  de  La  Haye,  on  remarque  un  magnifique  plat  de 
la  même  fabrique.  Le  coloris  des  arabesques  et  celui  des  figures, 
dans  le  principal  sujet,  est  fort  beau.  Le  bord  à  fond  bleu  de 
perse,  couvert  d'arabesques  à  chimères  et  d'ornements  de  la 
Renaissance,  est  séparé  du  sujet  par  une  bande  en  fond  blanc 
jaunâtre  à  ornements  en  blanc  fixe^  d'un  effet  charmant.  On 
trouvait  aussi  à'Ia  collection  Mathieu  Meusnier,  un  beau  plat  à 
cannelures  flammes,  en  bleu  à  décor  blanc  fixe,  et  à  médaillon 
jaune  au  milieu. 

On  rencontre  beaucoup  de  plats  de  la  provenance  de  Faenza. 
en  fond  bleu  perse,  quelquefois  godronnés,  dont  les  décors,  le 
plus  souvent  en  gris  blanc,  à  ornements  dits  chimères,  et  à 
attributs  de  musique,  rappellent  les  dessins  d'Urbino.  Ces  plats 
sont  ordinairement  minces  de  pâte  -et  quelquefois  couverts 
d'émaux  en  couleurs  vives. 

CASTEIilil,  au  nord  de  Mapoll, 

Et  les  quarante* cinq  fabriques  dans  les  Abruzzes. 

Terres  cuites  opaques  sous  engobe  (veste  di  terra)  et  à  vernis 
plombifère,  dite  mezza-maiolica  et  aussi  lavori  alla  Castellana 
(travaux  à  la  Castelli),  vers  1450 

Faïence  a  émail  stanniférf,  à  partir  de  1525,  jusqu'à  nos  jours. 

Baffaellî  di  Vrbania  et  Cipriano  Piccol-Passo  ont  mentionné 
cette  première  poterie  engobée. 

On  trouve  encore  souvent  des  tessons  de  cette  ancienne 
mezza-maiolica,  dans  des  fouilles  faites  à  Castelli. 

sieurs  pièces  excessivement  rares,  parmi  lesquelles  se  trouve  l'épée  en  fer  ciselé 
de  Marco  Visconti,  et  qui  porte  le  portrait  et  le  chiffre  de  ce  guerrier  perfide  ; 
les  morions  et  armures  gravés  et  sculptés  provenant  du  champ  de  bataille  de 
Pavie  où  fut  vaincu  en  1525  François  I";  le  bahut  en  bois  sculpté  dont  le 
sujet,  en  ronde  bosse,  représente  la  mort  de  César;  la  poire  d'angoisse,  dont  se 
servaient  les  aides  inquisiteurs;  un  rare  petit  meuble  en  cuir  repoussé,  ciselé  et 
peint,  ainsi  que  plusieurs  manuscrits. 

26 


302  POTERIES  OPAQUES 

Les  faCmoes  à  émail  stannifère,  introduites  dans  les  usrnes  de 
Gaslelli  et  des  Abruzzes,  au  commencement  du  seizième  siècle, 
probablement  par  Luca  Delfa  Robbîa,  ne  peuvent  pas  être  comp- 
tées parmi  les  plus  artistiques  de  TltaHe,  et  Gastelli  n'a  brillé 
que  par  les  œuvres  de&  Giue,  des  dmtiiey  deâ  Capelleti  et  des 
Funia,  qui  sont  tous  des  ihaitres  de  la  décadence  de  la  un  du 
dix-septième  et  dix-huitième  siècle,  et  qui,  ta  plupart,  ont 
peint  au  petit  feu. 

La  plus  ancienne  faïence  à  émail  stannifère  de  Castelli,  da- 
tée, est  un  carreau  de  pavage  (mattonella),  appartenant  à  M.  le 
docteur  Coneezio  Bosay  amateur  et  savant  distingué,  auteur 
de  rhistCHre  des  faïences  castellianeses.  Ce  carreau  est  mar- 
qué : 

Fecit,  Hoc, 

Titus.  Pon 

Peî,  M.  D.  X  VI 

De  la  fin  du  seizième  siècle  à  la  fin  du  dix-septième,  Gastelli 
a  aussi  fourni  quelques  remarquables  œuvres  de  modelage, 
comme  bas-reliefs,  statuettes,  etc.;  et  Téglise  de  Saint-Donato, 
près  de  Gastelli,  offre  un  véritable  musée  pour  Tétude  de  la 
peinture  céramique  de  ce  pays. 

Voici  tous  les  peintres  céramistes  connus  de  Gastelli,  rangés 
par  ordre  chronologique. 

Loin,  Antonio,  du  seizième  siècle,  peintre  du  célèbre  plat  : 
(jivdizio  di  Paride  (Jugement  de  Paris),  conservé  au  musée 
Boaghi,  et  qui  est  signé  : 

Antoniiu  Lollus  de  Castellis.  Inventor» 

Pompei  (Orazîo)^  le  vieux,  également  du  seizième  siècle. 

Cet  artiste,  qui  habitait  la  maison,  à  Gastelli,  connue  sous  le 

nom  de  Casa  Pompei,  l'avait  ornée  de  nombreuses  majeliques, 

dont  une,  placée  entre  les  deux  portes^  représentait  la  Vierge 

avec  l'Enfant  Jé$us  (madonna  col  Bambino  )  ;  on  y  lisait  Tin- 

scription  : 

1551.  Oro.  (Le  maître  de  la  maison?) 

U  y  avait  aussi  uàe  autre  inscription  qui  disait  : 

Bace  esi  Dèus  OraUi  FigiUL  1569; 

M.  le  docteur  Rosa  possède  une  faïence  de  cet  artiste,  datée 


EUROPEENNES.  303 

de  i5SS.  Orazio,  le  vieux,  n'a  produit  que  des  peintures  au  grand 
feu  et  d'une  cuisson  de  vingt-quatre  heures  (a  vintiquattr'ûte 
e  a  gran  fuoco)  et  exécutées  sur  l'émail  cru  {smatto  crudo), 

Pompei  <Ora!rio  il  giovine)  (le  jeune)  a  peint,  en  1616,  plu- 
sieurs faïences  à  l'église  de  Saint-Donalo,  près  Castelli.  M.  le 
docteur  Rosa  possède  de  cet  artiste  un  Saint-Matthieu^  l'é- 
vangéliste,  qui  porte  le  millésime  de  1610. 

Guerreri  (Giovanni),  peintre  céramiste  du  dix-septième  siècle, 
connu  par  des  majoliques  de  peu  de  valeur,  à  l'église  de  Saint- 
Donato,  qui  sont  signées. 

Canelli  (Steffano)  a  peint  au  commencement  du  dix-septième 
siècle;  des  œuvres  fort  médiocres  de  cet  artiste  se  trouvent  à 
l'église  Saint-Donato. 

Pilippi  (Girolamo).  On  connaît  de  ce  peintre  médiocre,  à  la 
môme  église,  des  majoliques  de  l'année  1616. 

Pillipi  (Jacobo).  Idem. 

Fracesco  (di)  (Berardino).  » 

Francesco  (di)  (Gio.  Antonio).       » 

FnUicdli  (Pasquale).  » 

ÎVttO^Nicola).  » 

Simone  (Setta).  » 

Rinalto  (Marcantonio).  » 

Grue  (Francesco)*,  né  en  1594.0n  connaît  de  cet  artiste  une 
Maria  Maddalena  et  une  Venue  de  la  maison  de  Santa  casa, 
à  LoretiOf  etc.,  majoliques  qui  ornent  l'autel  de  l'église  paro- 
chiale  de  Castelli  ;  elles  sont  signées  : 

FG.  DE.  CHA.  P.  1647. 

Une  pièce  au  museo  de  Minicis,  à  Ferme,  porte  : 

F.  Grue  esemplai  1677. 
Gentile  (Bernardio  il  vecchio)  (le  vieux),  mort  en  1683,  est 


1.  Francesco  Grue,  né  en  1594,  est  le  premier  des  Grue  que  M.  le  dotteur 
Rosa  a  mentionnés.  Lacari  dit  qu'un  céramiste  du  nom  de  Sawrio  Gnne  de  CaS' 
telli  avait  fait  demander  et  obtenu,  en  1 569,  un  privilège  de  Gui  d'Ubaldo  1(,  pour 
la  réinvention  de  la  dorure,  mais  ce  même  fait  est  rapporté  concernant  le  céra- 
miste Giacomo  Lanfranco  (voir  Pesaro). 

Dans  tous  les  cas  je  ne  connais  aucun  Grue  avant  le  Grue  né  en  1594. 


304  POTERIES  OPAQUES 

Tauteur  d'une  majolique  appartenant  à  M.  le  docteur  Rosa  et 
sur  laquelle  on  lit  : 

Questo  Crocifisso  del  Carminé  lo  fece  Bernardino  GentUe 
per  sua  devozione  .1670. 

Grue  (Carlantonio),  fils  de  Francesco  Grue,  né  en  1 655,  mort  en 

1723,  est  surnommé  :  il  restauratore  délia  pittura  in  maiolicaj 

à  Castelli,  et  il  est  le  père  des  quatre  peintres  céramistes,  Fran- 

cescantonio,  Anastasio,  Aurelio,  et  Libero  Grue.  Cet  artiste  a 

ordinairement  signé  : 

C.  P. 

mais  M.  le  vicomte  d' Armai  lie  possède  deux  charmantes  as- 
siettes, signées  : 

G.  A*  G. 

que  l'on  attribue  également  à  cet  artiste. 

Cappelletti  (Gandeloro),  né  en  1682,  mort  en  1772,  était  Télève 
de  son  oncle,  Garlantonio  Grue.  Peintre,  il  s'est  fait  militaire, 
et  est  redevenu  peintre.  Il  était  bon  paysagiste  et  modeleur. 
M.  le  docteur  Rosa  possède  de  lui  une  statuette  de  Saint-Giu- 
seppe. 

Cappelletti  {Kicola),  fils  de  Bernardino,  néen  1691,  morten  1767. 

Grue  (Francescantonio)  (Francesco-Antonio-Saverino),  fils 
aîné  de  Garlantonio  Grue,  né  en  1686,  mort  en  1746,  était  un 
peintre  qui  avait  obtenu  le  doctorat  de  théologie  et  de  philo- 
sophie. Les  pièces  signées  F.  A.  Grue  1677,  paraissent  donc 
être  des  produits  de  la  contrefaçon,  si  toutefois  elle  ne  sont 
pas  des  œuvres  de  Francesco  Grue. 

M.  Raffde  Minicis,à  Fermo,  possède  une  céramique  attribuée 
faussement  à  ce  docteur,  qui  est  signée  : 

Fr.  A,  Grue  eseprai 
1677. 

pièce  qu'il  devait  donc  avoir  peinte  neuf  ans  avant  sa  nais- 
sance ! 

On  voit  de  ce  peintre  à  la  petite  église  de  Sant-Angelo,  près 
Lucoli,  dans  la  province  d'Aquila,  un  tableau  exécuté  dans  une 
des  fabriques  de  Bussi,  qui  représente  saint  Francesco  Saverinoy 
et  porte  l'inscription  suivante  ; 


EUROPEENNES.  305 

FRANC.  ANT».  XAYERS»  GRUE 

PHIL.  ET  TEOL.  DOCTOR 

iNVBNTOR    ET  PÎNxiT 

iN  oppio.  BUXi. 

ANNO  D.   1713. 

Au  musée  Bonghi,  une  assiette  (tondino)  décorée  d'un  pay- 
sage, est  signée  : 

Doctor  Franc,  Ant.  Grue,  F,  Neap.  Anno  1718. 

On  connaît  de  ce  savant  artiste,  qui  a  aussi  travaillé  à  la 
manufacture  royale  de  porcelaine  à  Naples,  mais  qui  n'en  a 
pas  été  le  directeur,  le  sonnet  suivant  qu'il  a  fait  à  l'occasion 
de  la  canonisation  de  saint  Francesco-Saverio  : 

Eccelse  édificar  Ghiese  novelle, 
Oratori  fondar  stabili  e  fermi, 
Contro  l'empie  d'Averno  armi  rubelle, 
Agli  huomini  appresiar  ripari  e  schermi  ; 

Render  tant'alme  al  Re  del  Cielo  ancelle, 
Prodar  d'alta  virtù  rampolli  e  gerrai, 
Piegar  con  prieghi  al  suo  voler  le  stelle, 
Vita  a'  morti  donar,  spirto  agi'  infermi  ; 

Haver  candida  mente  e  cor  sincero, 
Por   freno  di  ragione  ai  sensi  erranti, 
Puro  il  sen  conservar,  casto  il  pensiero  : 

Quesli  que  pregi  son,  questi  que'  vanti, 
Onde  giâ  mosso  il  Successor  di  Piero 
11  gran  Francesco  annovero  ira  Santi  ^ 

Gentile  (Giacomo  il  vechio)  (le  vieux),  oncle  de  l'autre  peintre 
de  ce  nom  et  fils  de  Bernardine  il  vechio,  né  en  i668,  mort 
en  1713. 

Gentile  (Carminé),  autre  fils  de  Bernardine  il  vechio,  né  en 
1678,  mort  en  1763.  Il  a  peint  l'histoire  sacrée.  Le  musée 
Benghi  possède  de  lui  une  Vierge  d'après  le  Domenichino, 
qu'il  a  signé  : 

G.  G.  P. 


1 .  Le  Dr.  Rosa  a  reproduit  dans  son  travail  sur  les  faïences  de  Castelli,  tout 
un  poëme  de  49  strophes  de  ce  même  peintre,  et  qui  porte  pojir  titre  :  Vita  e 
morte  f  etc. 

26. 


306  POTERIES  OPAQUES 

Mat lucci  {Steîano),  né  en  168i,  était  un  peintre  céramiste 
dont  aucune  œuvre  n'est  venue  jusqu'à  nous. 

Afar^mio  (De)  (Tommaso)  père,  qui  vivait  entre  4697  et  1768, 
était  un  bon  peintre  céramiste. 

Gru^  (Giovanni  il  giovine)  (le  jeune),  né  en  1698,  mort  en 
1752.  Je  ne  connais  aucune  de  ses  œuvres. 

Roselli  (Math.).  Une  grande  et  belle  plaque  carrée,  au  musée 
de  Berlin,  est  signée  : 

Math.  Roselli  fec. 

R(t€co  (G.).  Une  plaque  ronde,  au  môme  musée,  et  dont  le 
décor  représente  le  baptême  du  Christ^  porte  : 

G.  Rocco  di  Castelli.  1732. 

Grue  (Anastasio),  fils  de  Carlantonio  Grue,  né  en  1691,  mort 
en  1743. 

Grue  (Aurelio),  autre  fils  de  Carlantonio  Grue,  né  en  1699  et 
qui  vivait  encore  vers  1743,  s'est  appliqué  à  peindre  des  ani- 
maux et  des  sujets  champêtres. 

Grue  (Pietro-Valentino),  né  en  1701,  mort  en  1776,  était  un 
fort  médiocre  peintre. 

Grue  (Liborio),  dernier  fils  de  Carlantonio  Grue,  né  en  1702, 
mort  en  1776.  Il  a  peint  Thistoire.  Le  musée  Bonghi  possède  de 
lui  une  Création  de  la  Parole^  qui  est  signée  : 

Liboricus  Grue  P.  (écrit  au  rebours.) 

cet  artiste  a  aussi  signé  : 

L.  G.  P. 

Olivieri  (Dominico-Antonio),  notaire  et  peintre  céramiste,  a 
vécu  de  1710  à  1793. 

Giaobbe  (di)  (Gaspare),  né  en  1714,  mort  en  1743. 

Russi  (Mattia),  né  en  1717,  mort  en  1790. 

Gentile  (Giacomo  il  giovine),  le  jeune,  fils  aîné  de  de  Car- 
mine  Gentile,  né  en  1717,  mort  en  1765,  peintre  de  scènes 
champêtres  et  quelquefois  de  sujets  historiques.  Ses  pièces  si- 
gnées sont  rares. 

Matucci  (Francesco),  né  en  1718,  mort  en  1798. 

Grue  (Francesco-Saverio),  né  en  1720,  d'une  branche  des 
Grue,  et  mort  en  1755.  Il  a  peint  des  sujets  d'histoire,  des  cod- 


BUR0PÉ8NNE8»  307 

tûmes  et  des  scènes  de  famille  ;  ses  œuvres  se  signalent  par 
l'expression  des  figures.  (Voir  les  faïences  de  Naples.) 

Tiberi  (Pietrantonio)  a  vécu  de  1710  à  1781»  et  a  peint  le 
paysage  et  les  animaux. 

Fuina  (NicorAmato),  père  de  Gesualdo  Fuina,  est  ne  en 
1721)  et  était  un  peintre  fort  médiocre. 

Grue  (Nicolo-Tommaso).,  fils  d'Ancidello,  a  vécu  entre  1726 
et  1781. 

Qentile  (Bernardlno  il  giovano),  le  jeune,  fils  de  Carminé 
Gentile,  né  en  1727,  mort  en  1813.  Ce  peintre^  peu  correct 
dans  son  dessin  et  dans  sa  perspective,  et  aussi  nul  pour  les  ex- 
pressions de  ses  figures,  a  peint  des  scènes  pastorales  et  d'his- 
toire. 

Cristafan  (Giulio),  docteur  et  céramiste,  est  connu  pour  un 
orgue,  tuyaux  et  buffet,  entièrement  en  faïence,  et  dont  M.  le 
docteur  Rosa  possède  encore  un  tuyau. 

Setto  (Bartolomo),  né  en  1729. 

Grue  (Saverino),  né  à  Naples  en  1731  (voir  la  notice  sur  cet 
artiste  à  l'article  des  faïences  et  porcelaines  napolitaines)  ;  sa 
signature  est  : 


^ù 


d 


S.  Grue  et  aussi    ^--Jf^l    V  (*u  mutée  de 

/"^  %/     %i    •  Sèvres.) 

Martinis  (de)  (Silvio),  fils  de  Tommaso  Martinis,  né  en  1731, 
artiste  dont  les  œuvres  sont  fort  rares  et  qui  a  aussi  travaillé  à 
la  manufacture  royale  de  porcelaine  à  Naples.  Il  est  l'auteur  de 
la  majolique  à  l'autel  de  l'église  paroissiale  de  Castelli.  Il  y  a 
peint  la  :  Venuta  délia  casa  in  Loretto,  peinture  qui  montre  le 
distique  suivant  : 

Mors  erat  in  promptu,  vitae  spes  mlla,  vocaio 
Notnine  mors  abiitj  spesque  redMt  orans 

Fuina  (Gesualde),  fils  de  Nicol'Amato  Fuina,  né  en  1755, 
mort  en  1822.  Ses  peintures  sont  cuites  au  feu  de  moufïle  ;  ce 
sont  des  animaux  et  des  fleurs  ;  il  a  signé  : 

F.  et  aussi  Fuina, 

Gregorio  (de  Castelli)  était  un  peintre  de  la  fin  du  dix-hui- 


308  POTERIES  OPAQUES 

tiëme  siècle,  dont  il  est  fait  mention  à  Derutay  localité  où  il 
s'est  établi. 

Les  Grue,  les  Gentile,  les  Fuina,  et  autres,  ont  aussi  travaillé 
à  Naples.  (Voir  les  faïences  et  les  porcelaines  napolitaines.) 

Gianini  est  encore  un  nom  de  peintre  céramiste  que  j'ai  re- 
cueilli sur  une  assiette  de  Gastelli  et  que  j'attribue  au  dix-huitième 
siècle. 

M.  Michel  Pascal,  à  Paris,  possède  une  tasse  avec  sa  sou* 
coupe,  décorées  en  polychrome  de  paysages  animés  de  figures, 
qui  sont  marquées  : 

D.  G. 

et  qui  me  paraissent  également  de  Gastelli,  probablement  d'un 
des  Grue. 

Gastelli  a  toujours  produit  beaucoup  de  plaques,  et  particu- 
lièrement celles  qui  sont  décorées  de  mauvais  paysages.  G'est 
la  seule  majolique  italienne  où  le  paysage  n'a  pas  été  toujours 
sacrifié,  où  il  domine  môme  le  plus  souvent.  A  côté  de  quelques 
remarquables  pièces,  on  y  a  fait  de  bien  détestables  choses; 
de  sorte  que  la  grande  quantité  de  marchandise  de  commerce, 
a  fait  déprécier  ces  fabriques.  L'Italie  est  inondée  d'assiettes 
des  Abruzzes  qui  se  ressemblent  toutes  et  ont  rarement  le  ca- 
chet artistique  de  la  faïence. 

Les  couleurs  employées  sont  le  jaune,  le  vert,  le  violet,  l'azur 
et  le  noir;  le  rouge  était  inconnu  aux  artistes  de  Gastelli,  qui 
Font  remplacé  par  un  jaune  foncé.  On  a  peint  l'histoire,  l'allé - 
gorie,  la  fable,  des  batailles  et  des  chasses,  des  costumes  et  des 
scènes  de  familles,  des  animaux  et  des  fleurs,  des  bambochades 
et  même  des  caricatures,  mais  avant  tout  le  paysage. 

Un  grand  nombre  de  faïences  de  Gastelli  a  été  décoré  d'a- 
près les  gravures  de  Domenicio  Gampagnola. 

En  1743,  il  existait  encore,  à  Castelli  même,  35  fabriques.  Les 
chicheres  (tAsses  à  café;  se  payaient  ordinairement  24  à  36  car- 
lins la  douzaine,  dès  qu'elles  étaient  ornées  de  beaux  paysages, 
et  un  peu  plus,  si  les  peintures  étaient  des  sujets  historiques. 
On  voit  par  une  lettre,  écrite  en  1725  par  Garmine  Gentile,  et 
mentionnée  par  M.  le  docteur  Rosa,  que  cet  artiste  vendait  la 
douzaine  de  tasses  avec  la  cafetière  28  ducats  (à  peu  près  320  fr.). 

On  travaille  encore  à  Gastelli,  mais  c'est  une  fabrication  qui 
n'a  plus  rien  d'artistique. 


KOTEZZAHO. 


Terre  cniie  a  éuail  stamnifêre, 
Bênedetto,  céramiste. 


t'AlERCE  A  ÉMAIL  STANNIPËHIf. 


Lecsrpealier. 

M.  Joseph  Halphen  possède  une  semblable  coupe. 

Les  faïences  de  la  première  époque  sont  lourdes  de  pâte  et 
naïves  de  dessin  ;  le  bleu  domine  dans  le  décor. 

La  plupart  des  faïences  do  la  seconde  époque  sont  à  reflet 
métallique,  reflet  qui  n"a  cependant  rien  du  naCré  de  Gubbio, 
et  qui  ne  ressemble  pas  non  plus  au  reflet  des  faïences  musul- 
manes. 

Les  premières  productions  de  cette  localité  ont  une  touche 
sauvage.  Un  plat  ou  coupe,  'de  ma  collection,  décoré  d'une 
sainte  Cécile,  peinte  en  vert,  jaune  et  brun,  sur  un  fond  bleu  et 
blanc,  est  une  de  ces  pièces  anciennes  que  l'on  pourrait  ap- 
peler gothiques. 


POTERIES  OFAQVBS 


{maccU*eli0D). 


Giam.  Batisia  Postai,  archéologue' et  célèbre  géologue  du 
dix-huitième  siècle,  a  beaucoup  exagéré,  dans  son  Histoire  des 
peintures  sur  majoîiques,  l'importance  de  la  production  de  Pe- 
saro,  aux  dépens  de.s  autres  centres  de  Tabrication  du  duché 
d'Urbino.  Sou  livre  paraît  être  uniquement  écrit  pour  flatter 
quelques  protecteurs,  et  la  ville  de  Pesaro  elle-même,  nouvelle 
patrie  de  l'auteur,  à  laquelle  il  accorde  la  première  place  pour  la 
fabrication  des  majoîiques,  quoique  Urbino  lui  fût  bien  supé- 
rieure pour  le  style  et  la  beauté  de  ses  productions. 
Gui  iTVbaldo  U,  délia  Rovere,  duc  d'Urbino,  protecteur  1538 
GeroHimo  Vasaro,  potier,  qui  ajoutait  souvent,  après  la  signa- 
ture de  son  nom,  1540 
I.  P.           (/nPMaro.) 
Como  Gon'o,  peintre.                                                Vers  15i3 
M.  E.  Fleischhauer,  à  Colmar,  possède  un  plat  rond  à  pied, 


BUROPÉENNES.  ^11 

OÙ  le  sujet  de  la  peinture  représente  :  Apollon  tirant  ses  flèches 
sm'  les  /Ûs  de  Niobé,  et  qui  est  signé  : 

Como  Gorio.  —  Fiolli  di  Niobe,  fato  in  Pesaro,  —  1543. 

Fantano  ou  Fantana^  peintre,  probablement  Orazio  Fantana 
de  Castel-Durante,  déjà  mentionné  (voir  Vrbino),  1545 

JBa^isto  Franca,  peintre.  1550 

TerenciOj  céramiste  et  peintre,  fils  de  Mateo  boccalaro  (fabri- 
cant de  bocaux)  qui  marquait  :  1530 

T.  et  aussi  TerenUo. 

Passeri  mentionne  une  assiette  signée  : 

Falto  nella  Bottega  di  Maestro  Baldasar Fcuaro  da  Pesaro.  Per  la  mano  di 
Terenzio  Figl.  di  Maestro  Mattxo  Boccalaro  Terrenzio  Fece  1550. 

Raphaël  del  Calle,  céramiste  et  peintre  1 555 

Terenzio  di  MatteOy  peintre.  (Est-ce  le  frère  du  céramiste 
mentionné  par  Passeri,  où  est-ce  le  môme?  )  1560 

L'époque  de  la  décadence  et  de  la  fin  des  fabriques  de  Pe- 
saro  est  fixée  par  Passeri,  vers  1575 

En  1757,  la  fabrication  fut  reprise  sous  le  cardinal  Merlini. 

Quelques  plats  de  la  première  époque  sont  marqués  : 


Frati  mentionne,  dans  son  catalogue  de  la  collection  Delselte, 
une  faïence  pesarienne  de  la  fin  du  quinzième  ou  du  commence^ 
ment  du  seizième  siècle,  qui  est  marquée  : 


m 


Giacomo  Lan  franco  de  Pesaro  '  fut  breveté  par  le  duc  Gui 

1 .  On  verra  dans  les  chq>itres  qui  traitent  des    faïences  de  NapoU  et  de 
Cast^Ui,  quej  selon  Lazari>  lé  céramiste  Savério  Grue,  demanda  et  obtint,  en 


342  POTERIES  OPAQUES 

d'Ubaldo  H,  en  date  du  1"  juin  1567,  pour  l'application  de  la 
dorure.  (Voir  page  70  de  l'Introduction.)  Les  Allemands  en  ap- 
pliquaient déjà  au  treizième  siècle,  et  les  Hollandais  l'avaient 
également  employée  au  commencement  du  quinzième  siècle. 
Le  musée  Sauvageot  possède  un  vase  de  Hirschvogel  de  Nurn- 
berg,  de  1500,  avec  de  la  dorure. 

Les  plats  creux,  dans  la  forme  des  plats  à  barbe,  mais  tout 
ronds,  servaient  dans  le  duché  d'Urbino  à  donner  des  dragées 
et  des  sucreries  aux  dames  préférées,  dans  les  grandes  fêtes  et 
bals,  particulièrement  aux  fôtes  de  noces. 

Passeri  dit  que  l'on  lisait  sur  un  de  ces  plats,  en  italien  : 

0  belle  fleur, 
Mon  bel  amour, 
Mon  cher  amoar, 
Là  Grisola,  la  Grisola  ! 

Un  des  plus  rares  plats  de  Pesaro  est  celui  de  la  collection 
Fayet,  à  Paris,  acheté  à  la  vente  Leblond,  sur  lequel  l'artiste  a 
peint  le  portrait  de  Raphaël  en  grandeur  demi-nature,  dans  le 
genre  du  portrait  de  la  galerie  de  Firenze.  Le  buste,  quoique 
largement  brossé,  me  paraît  l'œuvre  d'un  élève  du  grand  maî- 
tre. C'est  le  seul  exemplaire  peint  de  cette  manière  que  je  con- 
naisse. Deux  autres  plats  appartenant  également  à  M.  Fayet,  l'un 
un  Combat  naval,  l'autre  Adam  et  Eve  après  la  chute,  labourant  la 
terre,  sont  marqués  : 

1525.  V. 

V,  veut  dire  U.  {Urbino  ?) 

Au  musée  de  Berlin,  un  des  plus  riches  de  l'Europe  en  ma- 
joliques,  se  trouvent  les  œuvres  suivantes,  qui,  comme  style  et 
genre ,  doivent  être  classées  parmi  les  productions  pesaristes  : 
no«20,  25,  54,70,71,  96,97,98,99,  109,  110,  111,  112,113, 
114, 115,  H6,  117,  H8,  119, 128,  139,  150,  163,  168,  185, 187, 
190,  202, 203,  273,  275,  276,  277,  279,  280,  281,  282, 284, 343, 
419,  420,  422,  423,  449,  456,  470,  472,  490,  492,  494,  497, 498, 
504,  522,  532,  534,  566,  toutes  marquées  d'un     ^ 

E. 

1569,  ce  même  privilège.  Y  a-t-il  confusion  ou  sont-ce  effectivement  deux  ar- 
tistes distincts  qui  ont  obtenu  chacun  un  breyet  distinct  (voir  CastelH). 
AI.  le  docteur  Rosa  n'a  mentionné  aucun  Saverino  Grue  du  seizième  siècle. 


EIROPEENNES.  3i3 

Quelques-unes  portent  même  une  date  antérieure  à  celle  fixée 
par  Passeri. 

O 


N°  24  est  marqué  : 


O 


192  N 

S61  M.  Q. 

On  trouve  aussi  un  joli  plat  de  Pesaro  au  musée  des  anti- 
quités de  la  porte  de  Hall,  à  Bruxelles. 

N®  2084,  plat  rond,  décor  chasse  au  sanglier  et  au  lièvre,  du 
musée  de  Cluny,  est  marqué 

P. 

• 

Pesaro  a  également  fabriqué  des  terres  cuites,  dites  demi- 
majoliques  ou  à  vernis  plombifère. 

Un  potier  français  du  Midi,  probablement  de  Marseille  ou  de 
Moustiers,  s'est  établi  vers  la  fin  du  dix-huitième  siècle  à  Pesaro, 
où  il  a  continué  de  fabriquer  le  genre  français.  On  reconnaît  ces 
faïences  à  leurs  nuances  de  décor,  où  le  rose,  le  jaune  et  le  vert 
dominent  uniquement,  comme  sur  les  faïences  de  Strasbourg 
et  de  Marseille.  (Voir  aussi  Rolet  à  Urbino.) 

Un  plat  de  la  collection  De  Bruge  porte  : 

Pesaro.  1771. 

Je  ne  l'ai  pas  vu.  11  pourrait  bien  être  une  production  de  ce  potier 
français,  puisque  depuis  le  commencement  du  dix-septième 
siècle,  les  majoliques  artistiques  ne  se  sont  plus  fabriquées  à 
Pesaro. 

Calegari  est  encore  un  potier  de  Pesaro.  J'ai  vu  une  soupière, 
où  la  forme  et  le  style  des  dessins  indiquaient  la  fin  du  dix- 
septième  ou  le  dix-huitième  siècle,  marquée 

G.  G.  Pesaro. 

Cette  soupière  était  attribuée  à  Calegari.  Il  se  peut  que  les 

27 


314  POTEDieS  OPAQUES 

deux  G  dussent  représenter  deni  C  —  c'est-à-dire  la  première 
lettre  du  nom  de  ce  céramiste. 


«IIBBIO,  nOHtK*  •*  C1I1AB.IMI, 

Petite  ville  des  ËlsU  eceMùuHques,  laulprii  de  Gubbia. 

Faïence  a  éuail  stanmifére.  '     1490  à  I5S5 

Cette  faïence  est  souvent  en  couleur  rubis,  tii'ant  sur  t'or;  on 
en  rencontre  aussi  à  re&ets  métallique  et  nacré.  Les  plats  et 
assiettes  d'une  pâte  mince  ont  ito^quefois  des  relief  et  le 
centre  ombilical. 

En  outre  des  faïences  à  reflets  métallique,  nacré  et  cuivré 
on  a  fabriqué  dans  cette  localité  des  plats  peints  en  couleurs 
minérales  ordinaires,  comme  dans  les  autres  fabriques  italien' 
nés.  N"  489,  494 ,  497,  etc.,  au  musée  du  Louvre,  sont  attribués 
par  le  catalogue  à  Gubbio,  et  n'ont  point  de  reflet  métallique. 
Un  semblable  plat  avec  l'inscription  : 

Speranzia.  Mia.  B, 


et  dont  voici  le  dessin,  faisait  partie  de  la  collection  Le  Cm- 
pentier. 

Je  pense  que  cette  attribution  laisse  des  doutes. 

Giorgio  Andreoli  di  Vavi,  statuaire  et  peintre  céramiste» 
mort  en  1540,  florissait  de  1498  à  1940 


Son  monogramme  authentique  ëtail^  : 

M.  G.  F,  [Maure  Georgio  (mu) 

Le  pUt  rond,  n®  175,  au  musée  de  Sèvres,  marqué: 

Bon  Giorgio,  i485, 

ne^peut  donc  pas  être  de  ce  môme  maître. 

La  plupart  des  œuvres  de  cet  artiste  sont  sans  marque.  Un 
beau  plat,  dont  le  dessin  représente  le  dévouement  de  Curtius 
d'après  Raphaël,  appartient  au  musée  de  Cluny.  Une  coupe  du 
même  musée,  n°  164,  est  marquée  : 

G 

et  les  n^^  458  et  486,  superbes  pièces  également  de  Gubbio,  sont 
marquées  • 

E. 

(Voir  poar  cette  marque,  Pesaro.) 

Ce  maître  Giorgio  a  ainsi  varié  ses  signatures  de  him  des 

manières. 
En  1519,  il  marquait: 


ou 


^û; 


ou 


4.  Voir  Raphaël  d'Urbin  et  son  père  Giovanni  Sanii,  1,  p.  42Î,  ouyrtge 
publié  par  M.  Passavant. 


316  POTERIES  OPAQUES 

£n  1526,  1531  et  1537,  il  signait  : 


ou 


des  Ugabio 


da  Ugabio 


OU 


i/ 


'^ 


Luigi  Frati  parle,  dans  son  catalogue  Delsette,  d'une  assiette 
(Tondino,  n<»  166),  peinte  par  Giorgio  en  1540,  marquée  : 


Au  musée  de  Berlin  se  trouvent  trois  plats  de  cet  artiste;  ils 
portent  les  millésimes  1519,  1534  et  1540.  Le  dernier  doit  être 
de  la  fin  de  la  carrière  du  peintre,  qui  serait  mort,  selon  quel- 
ques biographes,  en  1540.  Les  plats  n*»»  46  et  92,  au  môme 
musée,  marqués  : 

G 

sont  sans  doute  aussi  de  lui. 

Un  fort  beau  plat  de  Giorgio  'est  l'ancien  n"  533  du  musée 
Gampana. 

Un  autre  plat  à  reflet  métallique,  de  la  collection  Fayetà 
Paris,  porte  le  millésime  de  1540. 


est  le  monogramme  recueilli  sur 
une  céramiqne  de  la  collection  Sou- 
lages; 


EUROPÉENNES. 


317 


strr  une  assiette^  appartenant  au  musée  KenSington; 


I  ^  ^  0 

sur  une  assiette  de  la  collection  Barker  ; 


sur  une  assiette  de  la  collection  Narford  ; 


■ttfi 


sur  une  assiette  de  la  collection  Amhurst. 

Il  existait  dans  la  collection  Meusnier  un  superbe  plat  à  reflet 
métallique,  où  l'on  voyait  un  homme  à  cheval  couvert  d'une 
armure  et  priant.  Le  dessin,  tout  à  fait  dans  le  caractère  alle- 
mand, doit  avoir  été  copié  d'après  un  dessin  du  temps,  d'Al- 
brecht  Durer  ;  on  lisait  autour  la  devise  : 

I.  0.  MARE.  CHOM.  A.  DO.  ANIO. 

Un  autre  plat  de  la  même  collection  et  également  du  seizième 

27. 


318  POTERIES  OfAQUEà 

siècle,  portait  sur  le  marli  les  noms  «  Gabriel  da  Gubio,  »  en- 
tourés de  quatre  armoiries,  et  était  marqué  : 

Y.  A.  E. 

Un  beau  plat  ornementé  et  armorié  de  ce  maître,  au  British  Mu- 
séum, est  signé: 

Jf».  G»  da  Ugubio  1527. 

Andreoli  (Giorgio)  a  aussi  exécuté  des  œuvres  céramiques  de 
grande  sculpture,  en  ronde  bosse,  haut  et  bas  reliefs,  dans  le 
genre  de  celles  des  Délia  Robbia.  Les  tètes  de  ses  grandes  céra- 
miques sont  ordinairement  sans  émail,  et  un  cçrcle  jaiune  ou 
doré  entoure  celles  de  ses  Christs  et  Vierges;  Luca  laissait 
toujours  ces  cercles  en  émail  blanc,  s'il  ne  les  dorait  pas,  mais 
jamais  ne  il  les  colorait  en  jaune. 

Le  plus  beau  monument  de  ce  genre  que  je^ connaisse  de 
maître  Giorgio  se  trouve  au  muséeSt&del,àFrancfurt-sur-Main. 

C'est  un  mur  d'autel  qui  se  divise  en  trois  parties  distinctes. 
La  partie  du  milieu  représente  la  Madonna  del  Popolo,  debout 
et  couronnée  par  des  anges,  qui  abrite  sous  son  manteau  les 
fidèles  de  toutes  les  conditions,  depuis  le  pape  jusqu'au  pauvre 
pèlerin.  La  partie  supérieure,  de  forme  demi-circulaire,  montre 
Dieu  le  Père  bénissant,  et  adoré  par  deux  anges.  Sur  le  socle  on 
voit  le  Christ  debout  dans  le  tombeau  ;  sainte  Marie,  saint 
Jean,  saint  Sébastien  et  saint  Roch  sont  à  ses  côtés.  Cette  riche 
composition  avait  été  exécutée  en  j541  pour  l'autel  de  la  Ma- 
donna del  Rosario,  de  l'église  des  Dominicains  à  Gubbio.  Sous 
l'occupation  française  elle  avait  été  démontée,  mais  laissée  là, 
et  fut  acquise,  en  1835,  par  M.  St^del.  Les  têtes  et  les  mains 
des  personnages  ne  sont  pas  émaillées,  non  plus  que  la  robe  de 
la  vierge  qui  est  richement  peinte. 

M.  Barker,  à  London,  possède  un  grand  et  magnifique  plat 

(Je  Gubbio,  qui  est  marqué  ; 

H. 

ffû  21092,  au  musée  de  Cluny,  un  plat  cerise,  attribué  àGior- 
gip,  est  l0  seul  exemplaire  italien  à  ma  connaissance,  où  le 
potier  ait  atteint  un  véritable  rouge;  résultat  obtenu  par  une 
fumigation  à  petit  feu. 

De  Salimbene  et  de 

Giovanni,  les  deux  frères  de  Giorgio  Andreoli,  on  ne  connaît 
ni  marques  ni  monogrammes. 


KunopÉEKînss.  319 

A.  E.  J. 

P 

1515 

est  la  marque  d'une  assiette  creuse  à  reflet  irisé,  de  la  collec- 
tion Eug.  Tondu. 
CentiOy  le  fils  de  Giorgio,  marquait . 


Un  plat  de  cette  marque,  sur  lequel  on  voit  une  tôte  de  nè- 
gre surmontée  d'un  croissant,  se  trouve  au  musée  Sauvageot. 
Un  élève  de  maître  Giorgio  a  signé  : 

N. 

M.  le  vicomte  d'Armaille^  possède  un  plat  signé: 


marque  que  Ton  doit  attribuer  à  cet  élève. 

Terencio^  peintre.  1550 

Frestino  ou  Perestino,  Potiér-peintre.  1550 

Le  n<»  2458,  une  assiette,  au  musée  de  Kensington,  et  un 


1 .  La  eoUecUon  de  ce  fin  connaisseur  se  compose  uniquement  de  pièoei  hors 
ligne,  où  d'armes  de  la  renaissance  du  plus  précieux  travail,  dépassant  pres- 
que comme  choix  et  rareté  ce  qui  existe  dans  ce  genre.  De  ses  magnlBques  meu- 
bles sculptés,  on  peut  en  dire  autant. 


320  POTERIES  OPAQUES 

bas-relief  quadrangulaire  au  musée  du  Louvre,  marqué: 

oV 

lui  sont  attribués,  ainsi  que  l'assiette  de  la  collection  T.  Fàlcke 
signée  en  toutes  lettres  : 

Fato  in  Gubbio  par  Mano  di  Maestro  Prestino.  1557. 

Le  -  P 

est  aussi  regardé  comme  la  marque  de  cet  artiste. 

(Voir  pour  cette  marque  Pesaro.) 

MM,  Carocci,  Fahbri  et  C^,  fabriquent  aujourd'hui  à  Gub- 
bio des  vases  et  des  plats,  qui  imitent  parfaitement  les  anciennes 
majoliques  à  reflets  métallique  et  cérisé  de  Maestor  Giorgio; 
c'est  au  directeur,  à  M.  Pietro  Gay,  que  l'on  est  redevable  de 
cette  belle  réinvention,  pour  laquelle  l'artiste  a  obtenu  la 
grande  médaille  à  l'exposition  de  London  en  i  862. 

Ce  continuateur  marque 


^ 


(Voir  la  définition  du  reflet  métallique  à  la  table.) 

FEimABA. 

P'AtENCE  A  ÉMAIL  STANNIFÈRE,  VerS  1500. 

Biagio,  céramiste  de  Faenza,  qui  a  travaillé  à  Ferrara  vers 

i50i,  paraît  y  avoir  introduit  la  fabrication. 
Antonio,  autre  céramiste  de  Faenza,  a  travaillé  vers  4522 
Carli,  dit  FratOy  de  Fossombrone,  peintre  céramiste  (voir 

pour  cet  artiste  les  faïences  de  Dei^ta),  vers  1524. 


EUROPÉENNES. 


321 


Callo,  céramiste,  vers  )  528 

Outre  ces  artistes,  on  connaît  encore  Grosso  et  Zaffarino,  qui 
.  y  ont  peint  également  sur  majolique. 

Alphonso  !"  d'Esté,  duc  de  Ferrara,|le  mari  de  la  fameuse  Lu- 
crecia  Borgia,  et  qui  régna  de  I  SOS  à  1 S34,  a  introduit  dansla  fa- 
brication des  faïences  italien  nés,  un  nouveau  mode  :  l'application 
d'un  Émail  filus  blanc,  qui,  tout  en  améliorant  la  qualité  de  la 
faïence,  contribua  à  accélérer  la  décadence  de  la  peinturesur  ma- 
jolique. Dès  lors  les  soins  des  céramistes  furent  dirigés  vers  la 
pâte  et  l'émail  etledécorartistiquenëgligé.desortequelesfabri- 
ques  finissaient  par  ne  plus  produire  que  delà  vaisselle  ordinaire. 
On  désigne  ces  sortes  de  produc- 
tions sous  le  nom  deJBZan  deFer 
rare.Cequ  aétéfa  tsou  te  ègne 
d'Alphonso  I  est  c  ta  nom  nt 
très-beau  de  fo  mes  t  le  dé  o 
ne  se  res=ent  en  o  e  en  en  de 
la  décadence  fuiu  e  Un  pot  à 
côtes,  de  28  cen  de  hauteu  à 
anse  et  à  goulot  form  mas  a 
ron,  qu  fa  t  pa  t  e  de  n  a  ol 
lection  et  don  o  le  c  oqu 
provient  de  cette  fab  ^  on  du 
çfile.  La  fo  me  est  g  ac  eose  et 
le  déco  exécuté  un  q  ementen 
noir  et  jaun  u  un  fond  1  lan 
de  lait  fo  ta  t   l  que  La  f  mm  "^        «,  '"" 

à   la   pomme     ébau  h      a 
hardies  e  su  led    anldela  panse,  ndquelamandun  matt  e. 

On  voit  au  musée  de  Kenainglon,  à  London,  sur  le  n»  2982, 
grand  plat,  peint  sans  art  en  camaïeu  manganèse,  et  dont  le 
sujet  représente  une  bacchanale,  la  signature: 


3i- 


qui  me  paraît  celle  d'un  céramisle  du  commencement  du  dix- 
huitiéme  siècle.  —  Le  catalogue  dit  qu'il  a  été  payé  4  I.  4  È. 


322  POZUIBS  OPAQUES 

Quelques  amateurs  attribuent  aussi  à  la  fabrique  de  Ferrara, 
du  dis-fteptièine  et  du  dix-huitième  siècle,  toutes  les  assietl^  et 
plats^  modelés  en  pâte  miace  et  très-sonore,  à  sujets  reliefs, 
tels  que  Savoïia  et  Ingrano  en  ont  fabriqué  en  camaïeu  bleu; 
mais,  pour  moi,  ce  sont  bien  là  des  faïences  d'Angrano  (voir 
cette  localité). 

Cette  vaisselle  attribuée  faussement  à  Ferrara  est  souvent  dé- 
corée en  camaïeu  manganèse  (lilas),  d'un  dessin  relâché  et 
peu  artistique*  Xe  modelage  ressemble  à  du  papier  mâché  e$« 
lampe,  dont  il  a  aussi  la  légèreté. 

P.  S.  M.  Giuaeppe  Boschini  a  publié  une  brochure  sur  les 
faïences  de  Ferrara,  que  je  n'ai  pu  me  procurer. 

Pungileoni  constate  que  Camillo  Fontana  et  Giulio  d^Vrbinù 
avaient  été  appelés  à  Ferrara  en  iS67  pour  restaurer  la  fabri- 
cation tombée  déjà  en  décadence  :  on  croit  que  ces  céramistes 
ont  produit  des  services  pour  le  duc  Alphonse  H,  à  l'occasion  de 
son  mariage  avec  Marguerite  de  Gonzaga,  ainti  que  d'autres 
pièces  qui,  selon  quelques  auteurs,  seraient  toutes  marquées 
d'une  flamme  de  feu  et  de  la  devise  :  Ardent  Etemum  —  qui 
formait  le  sceau  du  duc.  ; 

PATIA  (PATle). 

Terre  cuite  au  vernis  plombifèrb.  i500  à  1700 

Un  plat  rond,  de  ma  collection,  de  41  centimètres  de  dia- 
mètre, à  dessin  en  relief  et  gravé  en  champ  levé  sur  engobe, 
d'un  beau  brun  manganèse  ferrugineux  (nuance  de  pain  d'épice), 
orné  d'arabesques  et  d'un  sujet  qui  représente  le  Baptême  du 
Christ  dam  le  Jourdain^  avec  un  ange  à  côté  et  au^â^sstk  dans 
les  nuages  Bieu  le  père,  est  incontestablement  de  cette  localité 
et  en  est  le  plus  ancien  que  j'aie  rencontré. 

On  lit,  au-dessous  de  l'ange  :  Joannes  Vicentius  Marcellus. 
La  forme  des  arabesques  entremêlées  d'animaux,  d'armoiries, 
d'arquebmes  à  mèche  (1440  à  1500)  et  de  la  figure  d'un  chas- 
seur, qui  couvrent  les  bords,  indiquent  que  la  fabrication  doit 
remonter  à  la  fin  du  quinzième  ou  aux  premières  années  du  sei 
zième  siècle. 

Voir  ci-contre  la  reproduction  du  dessin  de  ce  plat  : 


(na  eeUecliDn). 

:,  ressemblant  i  celui-ci,  comme  taiaietAlon  el 
coulfliira,  mab  ne  reroontaKt  qu'au  dix-sep lième  siècle,  a  été 
exposé  duis  ane  des  Testm  aanuelles  de  M.  Davillien.Ce  plal 
orne  d'une  armoirie  «t  d'arabeeques,  portait  le  mîllésiBmi  t'e 
1 6S7  et  au  revers  le  nom 

Papl: 

Ob  trtKiTe  ans»  de  ectte  proTenance,  an  otnée  de  Sâvres, 
un  petit  plat  en  terre  coite,  recouvert  d'un  émail  monochrome 
de  couleur  brun  chocolat  tirant  sur  te  grenat,  da&a  le  genre  des 
terres  cuitea  de  La  Fratta  et  d'Avignon  ;  il  porte  flDSCription 

suivante  : 


Un  pareil  plat,  un  peu  plus  clair  de  nuance  que  j'ai  rencontré, 
était  daté  également  de  1(193. 

Un  autre  semblable  plat  de  la  collection  Delselte,  avec  la 
mûme  inscription  et  la  date  de  1695,  porte  en-outre: 

Solamtnte  i  inijaiinalo  cfii'ai  /Ida, 


POTE  m  lis   OFAQUEÏ 


N*2S06,  une  assiette,  au  musée  de  Kensington  et  une  autre 
au  musée  de  Clurij',  sontégalementmarquées  : 

Pnibuter  inloniui  MariiB  Curliui  Pâma.  IHH  et  l«SS. 

(Voir  aussi  Hontelupo.) 

Les  (riHirgiroli  sont  des  céramistes,  qui,  depuis  16aO,  sesont 
succéda  à  Pavia  dans  la  Tabrication  des  faïences  genre  Rouen  et 
Marsàlte. 


illecllon  Lecirpt 


Urbino  est  une  ville  desÂpennins;  Caste  1-Duran le  et  Fermi- 

1.  La  nom  de  CiBlcI-Duriole  fui  chmgé  en  Iâ3!>,  en  Lirktiilai,  iraucIlBlterig 


EUROPÉENNES.  325 

gnano,  dans  les  environs,  ne  forment  qu'un  centre  avec  Ur- 
bino,  pour  la  fabrication,  puisque  les  plua  célèbres  peintres  y 
ont  travaillé  alternativement. 

On  connaît  deux  privilèges,  l'un  de  1486,  l'autre  de  1508,  ac- 
cordés par  le  duc  d'Urbino  aux  artistes  de  ces  diverses  locali- 
tés, mais  la  fabrication  n'a  commencé  qu'en  1508. 

FaIenges  a  émail  stannifère.  lb'08  à  1650 

Cette  faïence  est  souvent  à  ornements  d'arabesques  et  de 
chimères  jaunes  sur  fond  blanc.  Le  beau  urbino  est,  dès  qu'il 
s'agit  de  l'ornementation,  la  faïence  italienne  la  plus  appréciée. 
On  y  a  aussi  fabriqué  de  belles  briques  (voir  au  musée  Cam- 
pana,  285  à  296),  et  des  poteries  à  reflets  métallique  et  nacré 
dans  le  genre  de  Gubbio,  mais  plus  épais  de  pâte  et  sans 
les  relief»  que  souvent  les  potiers  de  celte  dernière  localité 
affectionnaient. 

Giovanni  maria  d'urbino,  céramiste,  vers  1508 

Sir  Henry  ï.  Hope  possède  la  plus  ancienne  pièce  connue  de 
Castel-Durante ;  c'est  une  coupe,  signée: 

1508,  Àdi  12  de  seteb  facta  fu  a  Castel  Durât  Zona  Maria  Vro, 

Marforio,  céramiste,  vers  1519 

Le  musée  Britannique  possède  un  grand  vase  sur  lequel  on 
lit  l'inscription  suivante  : 

Nella  Botega  d'  Sebastiano  d'  Marforico.  À    di  XI  di  Octobri  Face 

1519  m  Casteldura. 

Francesco  Xantho  Aveîk  ou  Avelli  de  Rovigo  signait,  tantôt 
en  toutes  lettres,  tantôt  en  abrégé;  il  a  souvent  copié  des  gra. 
vures  de  Raphaël  qu'il  poncivait. — Cet  artiste  paraît  aussi  avoir 
travaillé  ailleurs  que  dans  son  propre  atelier,  puisque  M.  Maryat 
a  publié  une  inscription  recueillie  sur  un  plat  de  sa  collection, 
dontlesujet,  exécuté  d'après  une  gravure  de  George  Pons,  repré- 
sente la  prise  de  Carthage,  que  l'artiste  à  changée  en  la  prise 
d'un  fort  de  la  Goulette,  par  Charles  Quint;  l'inscription  dit: 

In  UrbinOf  nella  BoUega  di  Francesco  de  Silvano,  X. 

^8 


3126  POTERIKS  ()PA^UES 

Fran'cesco  Xanio  Avello  a  marqué  : 


%^  ^^  >2^ 


tel 


Tts^  2  j,ri^^^^ 


Une  coupe  à  larges  bords,  au  musée  du  Louvre,  est  signée 
en  toutes  lettres  avec  le  millésime  de  4532.  Au  musée  de  Ne- 
vers  un  plat  peint  par  cet  artiste^  où  la  composition  montre 
une  vestale  qui  apporte  l'eau  dans  un  tamis   à  Tautei^  est 

marqué  : 

F. X.  1535. 

Un  plat  d^  la  collection  basilewsky  est  signé  : 

Xantù  Âvello* 

11  y  a  au^i  déâ  plats  qui  sont  signés  : 

X,     ou  Francesco  Xantho  da  Rovigo,     OU     F,  X,  da  RovigOf 

ou  quelquefois  simplement  : 

Da  Rovigo* 

Une  coupe>  au  musée  de  Berlin,  est  signée  : 

Fraxato  À.  dà  Rovigo  P.  Urbino, 

Un  grand  plat  (bibliothèque  privée  du  grand*due  de  Saxe- 
Weimar*,  au  château  de  la  résidence  grand-ducale),  au  dos 
duquel  on  lit  :  «  Miridate  »  (sans  doute  Mithridate)^  me  parait 
également  de  Rovigo.  —  Il  porte  le  monogramme  : 


^.^ 


{Rodiani?) 


1.  Les  appartements  du  grand-duc  et  de  la  grande-duchesse   sont   remplis 
d'objets  d'art  du  più«  haut  prix,  et  dont  le  choix  indique  un  goût  artistique  élevé. 


EUR0P,eEN9£S.  327 

Un  des  plus  beai^x  plats  d'Urbino,  de  ^  cc)illQÇtio,Q  du  duc 
de  Cambacérès^  en  pâte  très-légère  et  à  bord  à  fond  blanc 
couvert  de  jolies  ar^besques^  montra  une  superbe  peinturei  re- 
présentant une  fête. 

Un  plat  creux,  dans  la  forme  des  plats  à  barbe,  mais  rond, 
servant  à  présenter  des  dragées  aux  dames,  se  trouve  dans  la 
collection  de  M.  Barker  *,  à  London  ;  il  ^t  marqué  ; 

F.  R. 

(Francesco,  à  Rovigo  ?  —  ot*  par  un  artiste  de  Faenza?) 

Le  Garpentier,  à  Paris,  possédait  aussi  un  plat,  d'un  décor 
obscène,  un  buste  composé  entièrement  de  fallus,  qui  était 
signé  : 

On  y  lisait  en  outre  : 

In  homo  me  guarda  corne  Fosse  una  testa  de  Cazi. 
(Regarde-moi  en  mâle,  comme  si  j'étais  une  tête  de  membre.) 

Et  à  Tenvers  : 

El  breue  detro  upi  legerite  como  guidei  se  ileder  el  iprite. 

Ce  que  j'pn  peiit  traduire  par  : 

Lisez  la  légende  à  l'intérieui;  4m  plat,  elle  guidera  ypt^e  irp)qiit||. 

Cette  tête  est  incontestablement  une  copie  du  fameux  ta- 

i ,  Ce  n'est  pas  ici  à  yrai  dire,  Mfiç  collection,  mais  np  choix  d'ol)jets  d'af t, 
d'exemplaires  hors  ligni^,  fait  dans  les  plus  larges  conditions  cf^  l'éclectisme,  i^ 
céramique,  les  brop;;es,  les  sculptures  eii  marbre  (de  Çigal  entre  ^utrçs),  fes 
émaux,  les  ivoires  (de  superbes  bocaux  et  un  triptiqiie  du  frcizièn^e  siècle),  1^ 
jade,  le  fer  repoussé  (un  bouclier  dp  seizièfne  siècle,  fie  travail  itc^jien,  le  plus 
bel  exemplaire  que  je  coopaisse)  ;  les  pieubles  d'art  et  les  t^bleaq^  sont  généra- 
lement représentés  par  4es  chefs-d'œuvre  ;  Greuze  y  (igure  avec  la  cjélicieuse 
Femme  écoutant  aux  portes  ;  et  Horace  Yernet  avec  plusieurs  de  ses  meilleures 
toiles  ;  la  Mort  de  Foniatowski,  les  Adiçuf  de  Foïitaifiepleaî^f  Nçippléon  a 
Arcojej  etc. 

2.  M.  Barker,   qui  possède  une  jolie  collection  de  tableau^  ^^  (|^S  p^jo||q)|{|| 


328  POTERIES  OPAQUES 

bleau  de  Leonardo  de  Vinci  (1452-1519),  qui  se  trouve  à  Fi- 
renze. 

Outre  cela  on  connaît  encore  de  Francesco  une  assiette  au 
musée  de  Kensington,  naarquée  : 

'JfVydiyxQ. 

D'autres  assiettes  portent  : 

un  plat  de  la  collection  Amhurst  : 


/rta>AMtâo  ^fTr 


Le  musée  de  Kensington  possède,  sous  les  n*»*  2900  à  2916, 
dix-sept  pièces  signées  de  ce  Francesco  Xanto. 

• 

italiennes  d'une  grande  beauté,  a  un  faible  pour  tout  ce  qui  est  italien,  et  l'on 
dirait  que  l'art,  pour  lui,  n'a  jamais  existé  dans  le  Nord.  Cette  prédilection  con- 
duit souvent  M.  Barker  à  de  singulières  attributions.  J'ai  vu,  dans  sa  collection, 
un  reliquaire  gothique  avec  boîte  de  cristal  de  roche,  du  quinzième  siècle;  un 
autre  semblable,  sans  cristal  et  avec  application  en  cuivre  argenté,  et  une  vierge 
en  cuivre  repoussé  d'Augsburg,  tous  objets  d'un  travail  évidemment  allemand, 
attribués  imperturbablement  à  l'heureuse  Italie. 

La  collection  de  cet  amateur  éclairé  est  remarquable.  J'en  citerai  seulement  : 
le  médaillon  des  Malatesta,  Isotta  et  Sigismond  Malatesta,  sculpté  sur  ivoire  et 
émaillé,  œuvre  curieuse  pour  l'histoire  et  à  cause  du  caractère  naïf,  sinon  artis» 
tique,  de  la  sculpture  ;  ce  médaillon  est  renfermé  dans  un  étui  de  cuir  ciselé^ 
avec  les  armes,  le  chiffre  et  le  portrait  du  prince.  (Voir  Sigmaringen,  docteur 
Rôssler.)  Un  encrier  en  faïence  d'Urbino  ;  une  clef  de  la  Renaissance,  avec  chimères 
et  ornements  d'un  travail  italien  (bien  italien  cette  fois)  remarquable  ;  les  quatorze 
chaises  enébène  sculpté,  avec  incrustations  de  plaques  en  ivoire  à  gravure  noire; 
les  trois  groupes  d'animaux  et  les  deux  statuettes  du  célèbre  orfèvre  Dinglinger, 
de  Dresden  ;  une  belle  boîte  en  ambre,  travail  allemand;  une  boîte  avec  incrus- 
tations ivoire  et  nacre  de  travail  italien;  quantité  de  majoliqnes  (au  moins 
150  pièces),  de  porcelaines  de  Sèvres,  de  tableaux  italiens  et  de  meubles  Louis 
XYet  Louis  XYI;  des  verres  de  Venise  magniQqucs  ;  des  ivoires,  etc.  L'amateur 
français  y  trouvera  aussi  deux  jolis  tableaux  représentant  mesdames  de  Longue- 
ville  et  de  Montespan. 


EUROPÉENNES.  329 

L'auteur  Pungileoni,  cité  par  Lazari,  a  parlé  d*un  potier 

Giovanni  di  Donino  Garducci  à  TJrbino,  de  1479,  mais  on  ne 

connaît  aucune  de  ses  œuvres. 
Francesco  Garducci  et  Ascanio  del  fu  Guido,  sont  des  potiers 

d'Urbino  mentionnés,  des  années  4  501  et  1502,  mais  on  ne 

connaît  aucune  faïence  d'Urbino  parvenue  jusqu'à  nous  dont 

la  date  soit  antérieure  à  1508. 
Federigo  di  Giannantonio , 
Nicolo  di  Gabriele , 

Gianmaria  Mariani,  1530 

Simone  di  Antonio  Mariani,  1542 

Luca  del  fu  Bartholomeo,  1544 

César e  Cari  di  Faenza  qui  travaillait  en  1536  à  Urbino, 

sont  des  artistes  dont  je  ne  connais  aucune  pièce  marquée,  car 

l'attribution  de  la  marque 

Nicola  da  V 

sur  un  plat  du  musée  Britannique  attribué  à  Nicolo  di  Gabriele, 
est  incertaine,  ainsi  que  le  monogramme 


AcLSrtï 


qui  se  trouve  sur  un  fond  de  pJat  au  musée  du  Louvre. 

Un  peintre  inconnu  signdiit,  en  1543 


Orazio  Fontana,  né  à  Castel-Durante,  mort  en  1550,  le  plus 

28. 


330  P0TCME8  OVA<HIBS 

célèbre  peintre  céramiste  d'Urbino,  qui  ilorîêsait  vers       4540 
signait  : 


On  trouve  dans  la  collection  Barker,  à  London^une  magniAque 
ya6qtie,dont  le  dessin  représente  une  terrible  méléa,  unebatftilie, 
où  Von  voit  sur  le  premier  plan  un  éléphinfc  blessé;  il  est  signé  : 

Faio  in  botega  d(  maestro  Oragh  Fontana, 

Deux  autres  majoliques  signées  de  Ma^Htro  Orazio  Pontana, 
se  trouvent  au  musée  Britannique  et  dans  la  collection  de 
M.  Sellières. 

Une  ^r^nde  ppup0  pu  plat  creux  de  il  centip^trpg  de  dift'^ 
mètre,  appartenant  à  M.  Pietro  Lorini,  à  Pesaro,  Goup^  sur 
laquelle  est  peint  le  Dévouement  de  Curtim ,  et  qui  est  la  pièce 
de  farence  italienne  la  plus  artistique  que  j'aie  vue  dans  ce  genre, 
doit  être  d'Orazio  Fontana  et  peinte  d*après  Raphaël. 

Ce.  môme  collectionneur  possède  un  petit  plat  armorié  où  le 
sujet  représente  des  artistes  sculpteurs,  signé  : 

Michael  F. 

Aurait-il  existé  aussi  un  Michaël  Fontana?  Le  style  et  Texécu- 
tion  de  ce  plat  est  dans  le  genre  d'Orazio. 
On  lit  sur  un  plat,  attribué  également  à  ce  célèbre  mettre  • 


Jr 


uia  dr  oxmfà' 


BonoyftKwKis,  331 

Nicoïo  oa  Nieoîa  Tontana  (nom  de  famille  :  Pelliparû), 
céramiste.  1S40 

Guido  Fontana,  céramiste.  1938 

Onm'o,  Camillo  et  l^îcola,  ses  Bis. 
Un  plat  au  Musée  du  Louvre  est  signé  : 

Au  musée  Britannique  et  dsns  les  collections  Sellières  et  Por- 
talés  (vendues),  il  existait  des  assiettes,  signées  ;  j 
A»  Mrga  d«  JT' Ûiudo  Duronlino  ii>  Urbino  IS3!l. 

Ud  plat  creux  rond,  de  ma  collection,  de  21  centimètres  de 
diamètre,  peint  par  Orazio  Fontana  avec  une  vigiieiir  extraor- 
dinaire 


et  d'une  touche  tellement  hardie  qu'elle  rappelle  celle  de 
Rembrandt,  montre  la  main' du  célèbre  maitre  sur  chacune  des 
figures. Ce  plat  porte  à  l'envers  l'inscription  suivante: 

La  plela  de  Coriliano.  (La  piéU  filiale  d*  GorioUn.) 

et  doit  être  compté  parmi  les  meilleures  œuvres  de  ce  céramiste. 


332  POTERIES  OPAQUES 

Le  sujet  parait  peint  d'après  la  gravure  de  Giulio  Pippi  (dit 
Giulo-Romano,  né  en  1499,  mort  en  i 546,  élève  de  Raphaël). 
Les  beaux  tons  bleu  et  vert,  la  touche  artistique,  et  encore 
bien  plus  les  remarquables  expressions  des  têtes  de  Coriolan  et 
de  sa  mère  Véturie,  ainsi  que  la  cambrure  hardie  du  cheval  du 
guerrier,  de  la  suite  de  Coriolan,  signalent  cette  pièce,  dont 
ci-dessus  le  dessin,  à  l'attention  des  connaisseurs. 

M.  Fau,  à  Paris,  possède  du  même  maître  et  peint  de  la 

môme  manière  hardie,  un  plat  rond,  dont-  le  sujet  représente 

une  bataille  de  cavalerie  romaine. 

Nicoîa  de  Tolentino  di  Pesaro,  peintre.  1540 

Giovanni  VajasOj  peintre,  signait  :  1542 


Oi\, 


Un  bol  de  la  collection  de  feu  H.-T.  Hope,  portait  l'inscrip- 
tion suivante  : 


{Giovanni  Maria,) 


Une  autre  assiette  de  la  collection  du  marquis  d'Azeglio,  à 
London,  porte  : 


D'après  les  mémoires  de  Raffaeli,  il  y  avait  aussi  un  céramiste  : 

Gentile,  qui  fabriquait  à  Castel-Durante  de  la  vaisselle,  et 

était  le  fournisseur  de  la  maison  ducale  d'Urbino.  Il  ne  faut 

pas  confondre  ce  Gentile  avec  un  peintre  ambulant  du  nom 

de  Gentili,  qui  vivait  vers  1700. 

Rafaelle  dal  Colle,  dit  del  Borgo,  peintre.  1550 


KUROPéBNNES.  333 

Batista  Franco.       *  1550 

Le  n»  2756,  au  musée  Kensington,  est  signé  : 

B.  Franco, 

Guido  Merlino,  céramiste.  1550 

Sur  un  plat,  n^  540,  au  musée  Campana,  on  lit  : 

Foktto  in  botega  di  Guido  Merlino  in  Urbino,  1550. 

et  sur  un  autre  plat,  de  la  collection  du  poëte  Goethe,  à  Wei- 
njar,  où  le  sujet  représente  Scipion  l'Africain  en  Espagne, 
lorsque  les  habitants  lui  apportent  des  présents  : 

1 542.  Fato  in  Botega  de  Maestro  Guido  de  Merlino  da  Urbino,  —  Idsapolo, 

Picolo  Passi,  de  Castel-Durante,  peintre  et  auteur  d'un  ma- 
nuscrit. 1560 
Geronimo,  peintre.  (Voir  aussi  Bologna.)                       1570 
Un  plat  du  musée  de  Sèvres,  à  arabesques  en  camaïeu  blanc 
et  à  camées,  porte  : 

Gironimo  Urbino  feccic,  1583. 

Un  plat,  signé  de  cet  artiste  et  marqué  du  millésime  1583,  se 
trouvait  à  Marlborough-House, -aujourd'hui  à  Kensington.  Pas- 
se ri  parle  aussi  de  ce  maître,  dont  il  cite  un  plat  fait  à  Pesaro, 
qui  était  signé  : 

Nella  Botega  de  Maestro  Gironimo  Vasaro  I.  P. 

Le  plateau  n"  2771,  au  musée  Kensington,  est  sans  doute 
du  même  artiste. 

Voir  :  Albissoîa^  pour  le  tableau  céramique  probablement 
peint  par  ce  maître,  en  1576,  et  qui  se  trouve  encore  à  la  sa- 
cristie de  l'église  paroissiale  d'Albissola.  Il  y  a  signé  : 

Gerolamo  Urbinato, 

Gironimo  et  Gerolamo^  sont-ce  deux  différents  artistes,  ou 
est-ce  le  même  ? 
Alfonso  Patanazzi  d'Urbino  père,  mort  en  1620,  a  signé  : 

A.  P. 


3Si4  P0TBB1C8  OPAQVBS 

Un  plat,  probablement  de  cette  provenance,  porte  : 

ZENER  DOMENÎGO 

DA  YENECiA 

FECi  iN  LA  BOTEGA 

AL  PONTESiTO  DEL 

ANDAR  A  SAN  POLO 

1568 

M.  Vallée,  à  Paris,  possède  un  beau  petit  plat  dont  le  décor 
très-artistique  représente  Laocoon  et  ses  fils  ^touffes  par  les  serr 
pents,  sur  lequel  on  lit  : 

Ce^de\ix  Al  sép^r^  par  rindioatio^  du  §ujet,  pourraient  bien 
être  la  signature  d'Alfonso. 
Une  aiguière,  au  musée  Sauvageot,  est  signée  : 

4*  P(nUnnazzif  1604. 

Un  plat  de  cet  artiste,  au  musée  Kensington,  est  signé  : 

A  L  F.  p.  F. 

VRBiNi 

1606 

et  un  autre, 

ALFONSO  PATANAZZi  FE  VRBiNi  iN  BQTEGA  pi  ioa  Bi^TiSTi^  BOCCIONS. 

1607 

c'est-à-dire  : 

Alfonso  Panatazzi  a  fait  ceci  dans  la  fabrique  de  Jean-Baptiste  Boccione.  1607. 

Vicenzio  Paianaziij  jeune  peintre,  frère  du  précédent,  né  en 

1601,  a  signé: 

UrMnOj  P'Umtazzi  féy 
ou  : 

Vizenzio  Paianazzi  da  Urbino  di  età  d'anno  trédicé  delibiù* 

(Agé  de  treize  ans  à  peine.) 

Franceeco  Paianazzi  a  signé  : 

F  P 

16i7 
et  aussi  : 

VRBÎNi.  E^.    FÏQLiNA  FRANCiSCi  PATANATli, 

<6P8 


Ces  trois  Patanazzi  sont  les  derniers  peintres  remarquâbltes 
avant  la  décadence. 
Ipolito  Rombariotti,  céraniiste,  vers  1635 

Au  musée  du  Louvre  (GÀih()ana),  une  assiette  porte  : 

fyolito  RoifnbairiotPi  Pinse  in  Urbania. 

Giovanni  Peruzzij  céramiste,  vers  i693 

On  trouve  mentionné  cet  artiste  dans  l'ouvrage  de  M.  Ma- 
ryat,  comme  signataire  d'un  paysage. 

La  famille  des  pottiers  Gatti^  de  Castel-Durante,  alla,  en 
1530,  porter  son  industriie  à  Corfou. 

Le  musée  du  Louvre  possède  un  plat  d'UrôaTliVi  (GàStfel-Du- 
rante),  signé  : 


P«tt»fiH  thkh.),, 


iVïCo/o  d'Urôino,  peintre.  1620 

Une  plaque  de  la  collection  Sauvageot,  sur  laquelle  est  repré- 
sentée une  partie  de  la  composition  du  Parnasse  de  Raphaël, 
porte  le  monogrammie  : 


M 


(Voir  ce  monogramme 
à  Faenza.) 


11  faut  citer  entoi^  tes  céramiques  suivantes,  où  les  noms 
des  céramistes  sont  inconnus  ou  douteux. 

Un  plat,  sur  lequel  est  représentée  la  mort  de  Marsyas,  est 
signé  : 

i  5Î5 .  în  Castel  Durante. 

Un  autre  plat,  dont  te  sujet  rèpréserit^  Aeléôn  et  Diane,  est 


336  POTERiaS  OPAQUES 

marqué  : 


Une  aiguière,  de  la  collection  de  M.  de  Rothschild,  à  fond 
bleu  avec  des  rinceaux  en  jaune  et  à  boutons  d'or,  où  Ton  Voit 
sur  la  panse  un  pélican  entouré  de  l'inscription  suivante  : 


V  masque  Debuona  cana 


est  marquée: 


U 


Une  coupe  au  musée  de  Berlin,  porte  : 

Bavieg^s  P.  Urcino.  1531. 

On  lit  sur  une  plaque,  au  British  Muséum  : 

1519.  In  CastelDura, 

M.  de  Lange  m'a  communiqué  le  monogramme  suivant,  re- 
cueilli sur  un  plat  de  la  collection  Basilewsky,  dont  le  sujet 
représente  Lucrèce,  et  qui  porte  le  millésime  de  1549. 


Un  magnifique  plat  creux  de  60  cent,  de  diamètre,  de  Castel- 
Durante,  en  belle  peinture  polychrome  dans  le  style  de  Raphaël, 
(propriété  de  M.  Penguilly  l'Haridon,  conservateur  du  musée 
d'Artillerie  à  Paris),  est  décoré  d'un  sujet  qui  montre  Josué 
priant  Dieu  d'arrêter  le  soleil,  représenté  par  Apollon  sur  un 
char.  G*estunedes  plus  belles  œuvres  italiennes  que  j'aie  vues. 

Une  paire  de  potiches  de  22  centimètres  de  hauteur,  de  ma 


collection,  et  dont  voici  le  dessin,  probablement  de  la  fin  du 
seizième  siècle,  époque  où  a  commence  la  décadence  à  Caatel- 


Duraote,  sont  décorées  sur  les  panses  de  bustes  d'tiommeâ  et  de 
femmes,  brossés  avec  une  grande  vigueur. 

J'ai  rencontré  un  vase  de  piiarmacie  de  ce  tleméme  provenance 
et  également  décoré  d'un  semblable  busie,  sur  lequel  on  lisait  : 


Cenom  ne  me  parait  pas  désigner  celui  du  potier,  mais  plutôt 
celui  du  personnage  dont  le  buste  représentait  le  portrait. 

Un  plat  du  musée  de  Cluny,  aux  armes  de  la  maison  Bor- 
ghèse,  et  un  vase  de  forme  ovoïde  à  eûtes,  fond  blanc  à  arabes- 
ques, soLt  marqués  : 

c.  Pia. 

Un  plateau,  du  même  musée,  porte  : 

L.  P. 

Une  assiette  à  la  collection  Saracint  est  marquée  : 

IS4A. 


338  POTERIES  OPAQUES 

monogramme  qu'une  autre  assiette  ou  coupe  au  musée  Britan- 
nique porte  ëgaleiinent; 
Les  n^'  245  et  174,  au  musëe  de  Berlin^  sont  marqués  : 

T 

et  uamagnifique  exemplaire,  au  musée  JàpouaisdeDresden,  d'un 

5  et  de  4575. 

Les  dessins  qui  figurent  au  fond  du  beau  plaide  Gluny,  n°  i  158, 
ainsi  que  beaucoup  d*autres  décors  de  plats,  au  musée  de  Berlin 
et  ailleurs,  prouvent  que  les  peintres  italiens  ont  souvent  tra- 
vaillé d'après  des  dessins  flamands  et  allemahds,  et  particuliè- 
rement d'après  ceux  de  Goltzius. 

Une  belle  pièce  de  la  fabrique  d'Urbinôse  rencontrait  dans  la 
collection  Pôurtalès,  à  Paris.  M.  Josephùs  Jitta,  d'Amsterdam, 
possède  quatre  poticbes  et  deux  graûds  vases  ;  ces  derniers  avec 
inscription  : 

Carolus  V,  Calignomm  1687.  /n  Urbanio. 

Le  n®  2752,  au  musée  Kensington,  est  marqué  : 

V.  B. 

Le  plat  ovale  n^  1158,  au  musée  de  Cluny,  est  un  des  plus 
beaux  de  la  fabrique  d'Urbino.  —  Un  semblable  a  été  vendu 
récemment  à  l'hôtel  de  la  rue  Drouot,  au  prix  de  800  francs. 
M.  àe  Basilewski,  à  Paris,  possède  le  pareil.  Le  n*»48,  au  musée 
Campana,  est  digne  de  figurer  à  côté.  La  collection  Marrj'at, 
en  Angleterre,  est  aussi  très-riche  en  belles  pièces  de  cette 
provenance. 

Une  coupe  à  pied  de  la  collection  de  M.  Pielro-Lorini,  à  Pe- 
saro,  où  le  sujet  représente  saint  Jérôme,  largement  peint  dans 
la  première  manière  des  faïences  de  Faenzâ,  est  signée  ieh  rouge  : 


EUROPÉENNES.  339  - 

Celte  coupe  pourrait  bien  être  peinte  par  Tpolitto  RombiariQUi, 

mentionné  plus  tiaut. 

Qeorgi  Fi'cfti  est  un  artiste  de  Caslel-Di)rante. 

Rolet,  céramiste  français  de  Moustiers  ou  de  Marseille,  était 
établi  à  la  fin  du  dix-huitième  siècle  à  Urbii^p  i  le  musée  KensiiigT 
ton  possède  de  lut  une  lampe  à  tringle  sous  le  n°  2093,  signée  : 


FabrMa  di  majalica  jtna  di  r 


irHoliKii  Vrbino.  ti  ahritt  ITTî; 


le  décor  est  tout  à  fait  dans  le  goût  des  faïences  ^j\çs  ^e 
Moustiers. 
On  a  fabriqué  à  Urbino,  aussi  bien  qu'à  Pesaro,  des  carreaux 

de  parquetage  et  de  revêtement  de  mur,  ornés  de  jolis  dessins 
polychromes,  style  de  la  Renaissance  et  peints  en  émail  alanni- 
fère  :  carreaux  que  les  amateurs  recherchent  aujourd'hui  comme 
excessivement  rares,  et  i^u'ils  ppyenl  jusqu'à  200  fr.  la  pièce, 
Le  musée  Sauvageot  possède  une  dQu?aine  (le  ces  pavés,  et  le 
musée  Campana  trois  ou  quatre  exemplaires. 

Deux  de  ces  plaquesde  revêtement,  tien  plus  grandes  encore, 
mesurantIScent.  carrés  etqui  ont  3; cent,  d'épaisseur,  font  partie 


de  ma  coUectioti  et  proviennent  d'une  frisa  à  h^ittour  ^'fippui 
de  la  bibliothèque  de  Sienna  (Sienne),  ville  ^p  l'ancien  grand? 
duché  de  Toscane. 'Les  dessins  également  en  style  Jtfpaisst^ice 
italienne,  à  arabesques  entromëiées  de  chimères,  (Jq  dragons, 
d'enfants,  de  masques,  de  corbeilles,  de  paons,  etp-,  Ip  Iput  sur 
un  fond  noir,  rappellent  par  leur  ordonnance  le  genre  du  décor 


340  POTERIBS  OPAQUES 

d*Herculanum.  Ce  sont  des  pièces  rares  par  leurs  dimensions 
(ces  sortes  de  carreaux  ont  ordinairement  iO  à  i2  cent, 
carres),  et  pour  la  netteté,  la  vigueur  des  nuances  :  le  vert  y 
est  magnifique,  l'orange  y  atteint  presque  le  rouge,  tandis  que 
le  fond  noir,  est  irés-uni  et  très-brillant. 

Terre  cuite  plombifêre  au  vernis  brun  de  manganèse  fer- 
rugineux. 

Les  produits  de  cette  fabrique  sont  dans  le  genre  des  terres 
cuites  d'Avignon,  mais  le  brun  est  plus  foncé,  dans  la  nuance 
de  celle  de  Montelupo,  et  la  pâte  est  plus  légère,  et  souvent 
ornée  de  dorures. 

BlRinVI,  DEBUTA  (iPru^ià),  mWEWmJL,  V^BLI,  HOCBBA, 
ni01iTE>FELTB0^    «AlilAliO,     imOUk,    BAITKIIIVA     et 

Faïence  a  émail  stannifére.  1508  à  1600 

Les  marques  de  ces  localités  sont  très-peu  connues  et  même 
tout  à  fait  indéterminées. 


Nicoloso  Francisa  de  Pisano,  peintre  céramiste  du  commen- 
cement du  seizième  siècle,  dont  il  est  fait  mention  au  chapitre 
des  faïences  hispano-musulmanes  (Voir  Sevilla). 

Une  assiette  au  musée  Britannique  est  marquée  : 

IN  ARIMIN        (Bimini?) 
1535. 

Le  musée  de  Gluny  possède  un  plat  de  la  fabrique  de  Rimini, 
Adam  et  Eve  chassés  du  f)aradis,  qui  porte  au  revers  : 

In  Rimini,  1535, 

Un  autre  petit  plat  du  môme  musée,  le  n^  1179,  est  peint  d'a- 
près Goltzius  et  me  parait  également  provenir  de  cette  ville. 

M.  de  Lange  m'a  communiqué  Tinscription  suivante,  recueil- 
lie sur  un  plat  de  la  collection  Basilewsky,  et  dont  le  sujet  re- 
présente le  cheval  de  Troie, 

InArimini,  (RimiDi?) 


EUROPÉENNES.  .     34i 


8«  DERUTA. 


Un  plat  de  Deruta,  dans  ma  collection,  également  du  com- 
mencement du  seizième  siècle,  et  dont  le  décor  représente  le 
buste  d'un  chevalier  en  armure  du  temps  des  Melatesta  (famille 
qui  avait  vendu  le  duché  de  Pesaro  aux  Sforza),  porte  une  de- 
vise, écrite  très-illisiblement,  dont  voici  la  copie  avec  toutes 
ses  fautes  :  o 

Uno,  bello.  motite.  iuiti  a  laui.  to,  nora  (sic). 

Ce  plat,  comme  beaucoup  de  ces  sortes  de  faïences  qui  pro- 
viennent de  Deruta,  est  en  grossière  terre  cuite  recouverte,  au 
revers,  d'unwvernis  plombifère  qui  laisse  transpercer  la  cou- 
leur jaune  de  la  terre.  Le  catalogue  du  Louvre  attribue  ce 
genre  de  faïences  à  Chaffagiolo,  mais  je  ne  puis  partager  cette 
manière  de  classer  les  faïences. 
Le  Fraie,  céramiste,  vers  <545 

Une  coupe  de  cet  artiste,  u9  376,  au  musée  du  Louvre,  où  le 
sujet  représente  :  Bodomont  enlevant  Isabelle,  scène  tirée  du 
Roland  furieux  de  T Arioste,  est  marquée  : 


Dans  la  collection  de  M.  Raff  de  Minicis,  de  Ferma,  une  as- 
siette est  signée  : 

IN.  DERVTA 

EL.  FRATE.  PENSE. 

(Voir,  pour  cet  artiste,  l'article  sur  les  faïences  de  Ferrara.) 

Le  n*  27,  marqué  : 

B 

29. 


349  POTEHIPS  OPAQUPS 

et  les  no«  44,  260  et  26J,  à  l'ancien  musée  Campana,  étaient 
également  de  la  fabrique  de  Deruta. 

{^as  vases,  forme  pQmme  de  pin  S  sont  égalpment  de  cette 
même  fabrique  oq  d^  la  Fratta.  Voir  au  fQu^ée  Qamp^iia,  i^m 
283 ,  478,  i79  çt,  480;  ^i«si  que  l^  pl^t  ^•  38P,  »wr  lequel  m 
lit  : 

/n  Dpruia,  1554. 

M.  de  Lange  m'a  communiqué  le  monogramme  suivant,  re- 
cueilli sur  un  plat  de  la  collection  Basilewsky,  dont  le  sujet 
représente  la  Fuite  d^Qvi4e  et  qui  porte  le  millésime  de  <54i  : 


7 


Une  assi^tt^,  ^  la  pollef^tion  Narfqrd»  asft  mapquéa  : 

Fatta  in  Dirvta 
15Î5J 

et  une  autre  au  musée  Kensington  : 

El 

A  Giorgio  Vasajo,  céramjste,  on  attribue  la  marque  : 
Une  assiette  de  la  collection  Campana,  est  signée  : 

Antonio  Lafreri^ 
Tn  Deivta  1554, 


i .  Augsbourg,  en  Allemagne,  dont  les  armes  sont  composées  d'une  pomme  de 
pin,  •—  a  égalep^fint  pro4uit  en  terre  puite  des  va^es  dé  cette  forme. 

1.  Ce  nom  n'est  pas  celui  d'un  céramiste,  mais  d'un  ffr<ive%i/f.  qui  ^or^^tit  à 
Rome  de  1550  à  1575,  et  dont  le  peintr^  a  copié  une  gravure. 


tandis  qu'une  belle  assiette  dp  la  collection  BarJ^ef  psf  mar- 
quée : 


Une  assiette  à  la  collection  Pourtalès  était  marquée  : 

El  Flr.  J.  Deruta  1541. 

Un  plat  semblable,  sous  le  n°  779,  est  au  musée  Sauvageot. 
M.  Paul  GsiSQault  k  Paris,  possède  une  assiette  rocaillée  et  à 
fond  chamois,  qui  est  signée  : 

1771.  Fabrica  di  Majolica 
fina  di  Gregorio  Çastem 
in  Deruta, 

On  a  aussi  fabriqué  à  Deruta  de  la  faïence  qui  ressemble 
quelque  peu  aux  faïences  siculo-musulmanes,  moins  le  reflet 
d'or.  —  Le  fond  en  est  ordinairement  d'iin  jaune  pâle. 

3<>  8IENNA. 

Les  carreaux  de  revêtement  de  la  frise  de  la  bibliothèque 
de  Sienna,  du  seizième  siècle  (voir  Urbino),  et  dont  dpux  font 
partie  de  ma  collection,  me  paraissent  de  la  fabrique  d'Urbino  ;  jl 
se  pourrnit,  cependant,  que  Sienna  ait  aussi  produit  ce  genre. 
Ces  carreaux  sont  décorés  à  ornements  polychromes,  en  style 
de  Renaissance  sur  fond  noir,  et  rappellent  le  goût  grec. 

Les  pavés  carrés  et  pentagones  du  musée  du  Louvre,  et  du 
seizième  siècle  (113,  114,,  (15,  llfi,  etc.),  catalogués  comme 
provenant  des  fabriques  de  Caffagiolo,  ne  peuvent  être  que 
d^Urbino  ou  de  Sienna  ;  ils  ont  tout  à  fait  le  même  caractère  et 
montrent  le  môme  mode  de  fabrication  que  la  frise  à  la  biblio- 
thèque de  Sienna. 

Benedetto  et  Ferdinando  MariçL  Campant ,  qui  travaillaient  de 
1720  à  4750,  sont  des  potiers  oi^  peintres  de  Sienna,  de  la  dé- 
cadence. 


344  POTERIES  OPAQUES 

Le  musée  de  Kensington  possède  un  plat  signe  : 

Faioi  signa  Da  m*  Benedetto 

atlribuë  faussement  au  seizième  siècle. 

Ferdinando  Maria  Campani  de  Sienna,  peintre  céramiste, 
travaillait  entre  1730  et  i750. 

Une  plaque,  n»  2743,  au  musée  de  Kensington,  est  signée  du 
nom  de  ce  dernier,  et  sur  une  autre  assiette,  n^  2802,  on  lit  : 

Ferdinando  M.  À,  Campani.  1747. 

Un  plat,  au  musée  Britannique,  porte  l'inscription  : 

Ferdinando  Maria  Campani  Senesse  dipinse  1733  ; 

et  un  autre  la  marque  :        F.  G. 

Un  plat  de  la  collection  Montferrand  porte: 

Ferdinoândo  Campani  dipinse  in  Siena  1747, 

et  on  lit  sur  une  céramique,  au  musée  de  Berlin  : 

Terenzio  Romano  of  Sienna.  1727. 
4*  FORLI. 

Quant  à  la  faïence  de  Forli,  on  ne  sait  pas  au  juste  si  les 
fabriques  en  étaient  établies  dans  la  ville  de  Forli  des  États 
ecclésiastiques  (légation  de.  Forli),  ou  dans  un  autre  Forli  de 
Tancien  royaume  de  Naples  (Sannio).  Une  assiette,  n*»  2976,  au 
musée  de  Kensington,  porte  : 

Fatta  in  Forli. 

Leacadio  Salombrino  était  peintre  ou  céramiste  à  Forli,  au 
seizième  siècle. 
Une  assiette  de  cet  artiste  à  la  collection  Barker,  est  signée 

Leochadius  Solombrinus 

Pincsit.  Fordliome  ce 

M  D  L  V 


EUROPÉENNES.  34o 

et  un  plat  de  la  môme  collection,  provenant  de  celle  de  Del- 
sette,  est  signé  : 

Léacadio  Salofn&nno.  Farlt.  Pincitj  1555, 

ainsi  qu'un  fruitier  : 

Faito  in  Forli, 

Un  plat,  n*  555,  au  musée  Campana  (Louvre),  le  Massacre 
des  innocents j  d'après  une  composition  de  Baccio  Bandinelli, 
porte  au  revers  : 

Fatto  in  Forli,  1542, 

ainsi  que  le  n<^  431 ,  où  on  lit  : 

Fatto  in  Forli, 

Une  assiette  au  musée  Kensington,  est  marquée  : 

In  la  botega  d  M*  Jero 
da  Forli 

5<>  NOOBRA. 

On  croit  que  les  faïences  de  Nocera  sont  signées  d*un  : 

N. 

e*»  MOHTB-FBLTRO. 

Le  musée  de  Gluny  possède,  de  Monte-Feltro^  un  grand  plat, 
n*  2103,  où  VEnlévement  d'Hélène,  d'après  Raphaël,  est  repré- 
senté avec  rinscription  : 

V.  Rate  d'Elena.  Fatto  in  Monte, 

et  le  n<*  1527,  au  musée  de  Berlin,  que  j'attribue  également  à 
Monte-Feltro,  porte  le  monogramme 

M. 

7'  OALIAHO. 

Un  plateau,  au  musée  de  Kensington,  porte  la  marque  : 

In  GALIANO  nel  ano 
1547 


346  POTBI^IBS  Q?AOyVS 

Je  r^e  connais  ^qcune  insqolique  dç 

•«  IMMOLA,   tJkWKKâL   ni  SPBLLO, 

localités  auxquelles  ob  attribue  aussi  quelques  faïences. 

PIS  A  (Mse),  em  v«fleane. 

Un  grand  vase,  de  la  eolleotion  de  M.  Alphonse  de  Rothr 
schild,  à  anses  forme  serpents,  et  décoré  dans  le  genre  des 
faïences  d'Urbino  (arabesques  sur  fbnd  blanc),  est  signé  : 

PISA. 

MM.  J.  et  S.  Palma,  et  M.  Renzoni,  fabriquent  encore  actuel- 
lement des  faïences  ^  fùa. 

Terre  cuite  a  émail  stannifère.  <o25 

On  croit  qu'il  y  a  eu  des  fabriques  céramiques  vers  cette  épo- 
que^ et  pn  cQonaH  m  peintre  du  nom  do  AgQ$tm  MileUi^  né 
à  Bologne,  en  1609. 

La  fabrique  de  M.  Ferlini,  qui  y  est  établie  actuellement, 
imite  les  Délia  Robbia, 

SACBO-MOHTB,  à  Wamllo, 

Ville  à  54  kilomètres  de  Novare. 

Terres  cuites,  peintes  a  fresques.  De  1525 

jusqu'à  la  fin  du  dix-septième  siècle. 

La  grande  église  et  les  quarante?quatre  chapellea,  construites 
sur  la  cime  de  cette  curieuse  montagne  de  Sa&ro-Monte  qui  a 
la  forme  d'un  gros  dé  à  coudre  de  tailleur  d'habits,  contien- 
nent un  millier  de  figurines,  de  statuettes  et  de  statues,  dont 
plusieurs  équestres,  la  plupart  de  grandeur  naturelle  et  toutes 
en  terre  cuite,  et  peintes  à  fresque.  C'est  l'œuvre  de  plusieurs 
pléiades  d^artistea  qui  s'y  étaient  établis  successivement  du- 
rant cent  cinquante  ans,  à  seule  fin  de  poursuivre  l'achèvement 
de  cette  immense  galerie  sacrée  et  biblique.  Les  chapelles  sont 


E\JR0JPEENNËS.  347 

aussi  remplies  de  statues  de  marbre  et  de  bois,  et  ornées  d'un 
grand  nombre  de  belles  peintures  et  de  dorures  ;  le  tout  exécuté 
par  des  maîtres  renommés. 

La  première  et  la  meilleure  série  dés  statues  en  ten*e  cuite, 
est  due  aux  élèves  et  contemporains  de  Leonardo  da  Vinci 
deFirenze  (t452M5i9),  et  de  Raphaël  Sanzo  d*Urbino  (1483- 
1520),  tels  que  Gaudenzio  Ferrari  (1525),  aussi  habile  pein- 
tre que  sculpteur  éi  Modeleur,  qui  introduit  le  style  de  Ra- 
phaël dans  la  Lombardie,  et  son  élève  Fermo  Stella.  Après 
eux,  il  faut  nommer  :  Gia^omo  Bargnola^  dit  Valsolda;  Ravello 
di  Campertagno  ;  Gaudenzio  Saldo  dit  Oamasœ^  élève  de  Dio- 
nigi  Bussola;  Giusèppè  Arigoni,  de  Milano;  Antonio  Tandarini^ 
dit  Yalsassina  et  le  plus  fécond  de  toUs,  Tauteur  du  plus  grand 
nombre  des  statues,  Giofcanui  à'Enrico,  mort  en  lt)44,  et  son 
élève  Giacomo  Fèrro. 

Les  chefs-d'oèuvre  en  terre  cuite  de  Sàcro-Monte  valent  à 
eux  seuis  un  voyage  en  ïtalie. 

îiAl^bLi  (naplefl). 

Faïence  a  émail  stannifêre.  1524  à  1780 

(Voir  Castelli,  localité  qui  a  fourni  à  Naples  le  plus  grand 
nombre  de  peintres  céramistes.) 

PauliLS  Franciscus  Brandi^  céramiste  qui  travaillait  en  1680. 

M.  Georges  Guiffroy  et  M,  Sommier  à  Paris  possèdent  trois 
grands  vases  à  anses  chimères,  décorés  on  camareu  bleu,  dans  le 
genre  des  faïences  de  Savona.  L*un  sur  la  panse  duquel  ïe 
peintre  a  représenté  la  Cène,  avec  l'inscriptiôtt  : 

Diêcumbentibus  et  edentibus  discipuUs  àixtt  Jesùè  :  Vrtus  ex  vobis 
me  traditurue.  (MarC)  o.  XIV.) 

(Aux  assis  et  mangeants  disciples,  Jésus  dit  :  «  Un  d'entre  vous  me  trahira.  »  ) 

est  signé  en  toutes  lettres. 

Paalus  Franciscus  Brandi 
Pinx,  1684. 

L'autre,  où  le  décor  représente  la  pêche  miraculeuse,  est 
marqué  : 
(Voir  cette  marqué  au  verso,) 


348 


POTERIES  OPAQUES 


Le  troisième,  sur  lequel  le  peintte  montre  le  Christ  dans  le 
jardin  des  Oliviers,  avec  l'inscription  : 

Tristia  est  anima  mea  wque  ad  moriem  (Mat.,  XXVI), 


est  signe 


Fran.  Brand. 

Nofioli 
Casa  Nova. 


EUROPÉENNES. 

il  porte  en  outre  le  monogramme  suivant  : 


349 


8b 


Cette  couronne-ci  : 


recueillie  sur  une  faïence  attribuée  à Gastelli,  paraitétre  deNapoIi. 
Des  assiettes  au  musée  de  Sèvres,  sont  signéees  : 


lî  •  F? 


et 


On  rencontre  en  outre  des  vases,  bols  et  pots  en  faïence,  attri- 
J^ués  à  Napoli,  qui  sont  marqués  : 

I 


aussi 


G 


aussi 


iS2/^ 


(La  plus  ancienne 
date  recueillie.) 


30 


350  t>OÎËftIBS  OPAQUES 


N, 


au«$î     (uB  P]  ou 


F.D.V.'- 


VecchiOi  à  Napoli,  du  dix- huitième  siècle). 


Grue  (Francesco-Antonio-Saverio),  né  à  Castelli,  en  1686, 
mort  en  4786  (voir  Castelli),  a  travaillé  vers  1720  à  Napoli. 
Lord  Tabley  possède  un  vase,  signé  : 

Fr9.  Ani^,  Grue.  P. 
Napoli  17i2 

Grue  (Francesco-Saverio),  né  à  Castelli  en  1720,  mort  en  1753. 
<Voir  Castelli.) 

M.  le  comte  de  Montbrun  avait  dans  son  cabinet  deux  pla- 
ques de  cet  artiste,  qui  étaient  signées  : 

8.  Grue,  P.  Napoli  i7Â9, 

M.  Feuillet  de  Conches  possède  de  ce  môme  artiste  un  Tnowi* 
phe  de  Galathée. 

Un  plat,  peinture  pareille,  au  musée  de  Berlin. 

Grue  (Saverio),  né  à  Naples  en  1731,  mort  après  1806.  (Voir 
les  porcelaines  de  Naples  et  les  faïences  de  Castelli.) 

Les  Fuinà^  tes  Cappelletti  et  les  Gentile  (voir  les  faïences  de 
Castelli)  ont  également  travaillé  à  Naples. 

M»  Giustiniani  a  fabriqué  à  Naples  des  imitations  de  vases 
étrusques,  et  il  imite  encore  aujourd'hui  les  faïences  anciennes 
d'Urbino  et  de  Castelli. 

Le  musée  Japonais,  à  Dresde,  possède  de  ce  potier  un  grand 
vase  sur  la  panse  duquel  se  trouve  une  copie  de  la  composi- 
tion mUBivienne  de  Pompéi,  la  bataille  qu'Alexandre  livra  à 
Darius.  Ce  musée  renferme  aussi,  de  oe  Giustiniani,  des  figu- 
rines en  costumes  italiens.  Au  musée  àe  Kensington,  ii«  3200 
à  3205,  six  pièces  de  cette  provenance  moderne.  J'ai  rencontré 


de$  poteri^g  de  ce  même  céramiste,  qui  pQrt^ieot  un  p(\onQ- 
gramme  au^essQus  de  la  signature  * 


Tx  ^ 


lôN 


D'autres  qui  étaient  marquées  d'un  simple  : 

G 

Les  autres  fabriques  actuelles  à  Napoli  sont  celles  de  MM.  Sa- 
varese,  Colonet^  Patry  (qui  fait  aussi  de  la  porcelaine),  et  Del 
Vecchio.  Cette  dernière  fabrique,  située  à  la  Mariana  (marine), 
existe  depuis  le  dix-septième  siècle.  M.  de  Paolisà  Paris,  possède 
un  lustre  en  faïence,  style  Louis  XVI  et  décoré  en  polychrome, 
qui  a  été  fabriqué  à  la  Mariana.  Souvent  on  rencontre  de 
ces  faïences  (sortes  de  terres  de  pipe),  particulièrement  celles 
du  dix-huitième  et  du  dix-neuvième  siècle,  qui  sont  marquées  : 

F.  D.  V.     {Fabrica  Del  Veechio.) 

Ce  qui  paraît  démontrer  que  la  fabrique  a  marché  déjà  long- 
temps sous  les  Del  Vecchio. 

CIVA  CA0TBIil.O, 

Dans  la   Marche   d'Aucune. 

Faïence  au  vernis  plombifère,  peinte  sur  engobe.  i525  à  i600 

Cette  fabrique  est  citée  par  Cyprian  Piccolpassi,  dans  ses 
trois  livres  de  VArt  du  potier,  que  Ton  croit  avoir  été  écrits  en 
io48,  mais  qui  n'ont  été  publiés,  à  Rome,  qu'en  1857. 

Les  produits  de  Cita  Castello  étaient  connus  sous  la  déno- 
mination «  à  la  Castellana.  » 

Cette  faïence  ressemble  aux  poteries  musulmanes,  à  reflet 
métallique.  Le  n°  784  du  musée  Sauvageot,  plat  rond  creux, 
et  d'une  forme  connue  à  cette  époque  sous  le  nom  de  «  Coppa- 
amatoria  »  qui  servait  à  offrir  des  confetti  ou  dragées  aux 
dames,  est  à  bord  plat  ;  décoré  d'arabesques  jaunes  en  saillie, 
sur  fond  chamois,  il  a  tout  à  fait  le  caractère  de  la  faïence 
siculo-musulmane. 


352  POTBBIES  OPAQUES 

Il  ne  faut  pas  confondre  le  cita-casteîlo  avec  le  fratta  qui  est 
gravé  sur  engobe  et  recouvert  de  vernis  plombifère  (Voir  La 
Fratta), 

TBE¥I«I  (TréTifle), 

DanB  la  Yénétie,  à  30  kilomètres  de  Venise. 

FaTenge  à  Émail  stanniférb.  1525 

Un  bol,  de  la  collection  Addington,  attribué  à  cette  localité, 
est  signé  : 


On  a  aussi  fabriqué  à  Trévise,  durant  la  deuxième  moitié  du 
dix-huitième  siècle,  des  faïences  de  pâte  lourde  et  à  fond  blanc, 
décorées  de  fleurs  de  couleurs  rose,  vert,  jaune,  etc.,  qui  cuites 
au  feu  de  réverbère,  ressemblent  à  la  faïence  de  Marseille,  de 
Strasbourg  et  de  la  Lorraine. 

ViTEBBO  (Vlterbe), 

Ville  de  l'ancien  État  ecclésiastique,  à  97  kilomètres  de  Rome. 


FaIence  a  Émail  stannifere. 
Un  plat  au  musée  de  Kensington,  est  marqué 


1544 


EUROPÉENNES.  353 

PAliilA  (Padione). 

FaIenge  a  émail  stannifère.  i550 

Un  plat  delà  collection  de  M.  Barker,  en  Angleterre,  est  marqué 

AdamOy  Eva^  l^6Z.  Padoa. 

et  un  autre,  au  British  Muséum 

1564.  Podea. 

Tous  les  deux  sont  en  décor  gris-lilas. 
Au  musée  de  Kensington  une  assiette  marquée 

PADUA,  1548. 

M.  le  baron  de  Schwiter,.  à  Paris,  possède  un  grand  et  beau 
plat,  orné  de  personnages  d'après  Carpaccio,  du  quinzième 
siècle,  et  fabriqué  tout  à  fait  comme  les  terres  cuites  de  La 
Fratta,  c'est-à-dire  décoré  sur  engobe  par  la  gravure  en  champ 
levé  et  vernis  au  plomb ,  plat  qui  a  été  vendu  en  Italie  à  ce 
collectionneur  comme  œuvre  authentique  du  maestro 

Nicoleito  de  Padua, 

mais  que  j'attribue  à  la  Fratta. 

FaIence  a  email  stannifère.  1563 

(jioMani  Batista ,  peintre  céramiste  de  Faenza  travailla  vers 
cette  date  à  Verona. 

Sur  un  joli  plateau  de  la  collection  Berney  (Bracon  Hall), 
on  lit  : 


jk^ 


30. 


354  POTBRIBS  OPAQUES 

9i|  fiAF4l»9afl^vo), 

Eu  Toscai^e,  entre  Firenxe  et  Bologna. 

FaIencb  a  Émail  stannifère.  4576 

J'ai  vu  un  plat  portant  : 

In  Chaf^io  la  fato  adj.  21  junio  1576, 

et  un  autre  de  cette  môme  fabrique  fait  partie  du  musée  Sau- 
vageot,  sous  le  n»  787.  Sur  une  assiette  n»  2962,  ^u  musée 
Kensingtop,  on  lit  : 

S,  P,  Q.  R. 

Un  plat  Siu  wiisée  tje  Cliiny,  pst  m^rqné  : 

Gafagizotto, 

Le  musée  de  Kensingtoii  pQS3M^  une  assiette,  attribuée  à 
Gba^agiolo,  qui  est  marquée  : 


et  M.  le  baron  Â.  de  Rothscbjld,  un  p^at  marqué  : 


HH^J^'H 


Un  autre  plat,  de  la  collection  de  lord  Hasling  (Metten-Con- 
stable),  porte  à  peu  près  cette  môme  marque  : 


EUROPÉENNES. 


3S5 


Ces  cinq  monogrammes  reproduits'par  le.  catalogue  du  Lou- 
vre, et  recueillis  sur  les  n®»  153  (coupe),  143  (plat),  144  (coupe), 
150  (plateau),  et  151  (plate^ii),  tQ^s  attribuas  ^  Chfiffagiolo,  me 
paraissent  très-douteux. 

M.  Willet,  à  Amst0rd3îu,  pQa8è40  UQ  plftt  ronjl,  fittribué  à 
ChaflFagiolp,  qui  est  marqué  : 


AMCtBANO  on  AM«JlBJlMO, 

frè^  BftSsanQ,  4i(ns  la  Yénétiç. 

Faïence  a  émail  stannifére,  a  partir  de 


1570 


OR 


356  POTERIES  OPAQUES 

sont  les  marques  des  faïences  de  cette  localité  ;  elles  sont  tout 
à  fait  dans  le  genre  de  celles  de  Bassano.  Quelquefois  aussi 
elles  sont  marquées  d'une  simple  ancre  maritime,  ou  plutôt  d'un 
hameçon  tel  qu'il  a  été  reproduit  ci-après,  copié  sur  une  faïence 
du  musée  de  Berlin. 

Ces  marques,  MM.  Maryat,  Brogniart  et  Riocreux  les  attri* 
buent  à  Venise  môme. 

Trois  plats,  au  musée  de  Sèvres,  marqués  du  premier  mo* 
nogramme,  sont  donc  attribués,  par  MM.  Brogniart  et  Riocreux, 
à  la  fabrique  de  Venise. 

Une  soucoupe  ondulée,  armoriée  sur  un  fond  de  paysage  où 
le  bleu  domine,  et  qui  fait  partie  de  ma  collection,  porte  égale- 
ment le  premier  grand  monogramme.  C'est  une  pâte  très-lé  • 
gère  et  très-sonnore. 

N<*  225,  assiette,  au  musée  de  Berlin,  porte  le  monogramme: 

Ce  même  monogramme  avec  le  millésime  1591  se  trouve  sur 
une  assiette  de  la  collection  Uzielli. 

M.  Forget,  à  Paris,  possède  deux  assiettes  dont  Tune  est  mar- 
quée du  premier  monogramme  d'Angrano,  et  l'autre  : 


qui  peut  être  celle  d'Antonio  Teschi,  ou  signifier  Faôrtca  à  kn- 
garano.  M.  C.-W.  Reynolds  et  le  British  Muséum  possèdent 
des  pièces  qui  portent  cette  môme  marque. 

N°  2972,  un  grand  plat  à  fond  blanc,  au  musée  de  Cluny, 
où  le  sujet  en  camaïeu  bleu  représente  :  Samson  massacrant  les 
PAilis^tns  S  vigoureusement  esquissé,  est  marqué  du  second  mo- 
nogramme, V hameçon»  Recueillie  aussi  sur  une  assiette,  au  musée 
de  Dublin,  le  catalogue  de  Cluny  a  pris  cette  marque  pour  un  C. 

Un  plat,  qui  appartenait  à  Roger  de  Beauvoir,  et  provenait 

1 .  Copié  par  Madame  Jacquart. 


EUROPÉENNES, 


357 


de  la  succession  d'£ ugène  Delacroix  ^  où  le  sujet  consistait  en  six 
chevaux  libres  qui  se  battent,  peints  naïvement  et  grossière- 
ment en  bleu  et  en  manganèse  sur  fond  jaune,  était  marqué, 
entre  ces  deux  mômes  hameçons  : 


aTi'n^ 


6 


signature  que  Ton  doit  lire  : 

L'Hameçon  ou  Vancre  de  marine  pourrait  donc  être  la  mar- 
que particulière  de  ce  Bionis  Marini,  puisque  la  date  de  4636 
du  plat  de  Roger  de  Beauvoir  se  rapproche  de  celle  (1622) 
de  l'assiette  du  musée  de  Berlin,  et  puisque  l'hameçon  et 
l'ancre  ont  trait  au  nom  de  Marinû 

Ângrano  a  aussi  fabriqué  des  faïences,  la  plupart  des  plats 
et  assiettes,  modelés  en  pâte  mince  et  très-sonore,  décorés 
le  plus  souvent  en  camaïeu  manganèse  (brun-violet  pâle)  d'un 
dessin  relâché  et  peu  artistique,  et  où  le  modelage  est  dans  des 
formes  qui  rappellent  l'argent  et  le  cuivre  repoussés,  et  ressem- 
blent pour  la  légèreté  à  du  papier  mâché.  (  Voir  l'observation 
à  l'article  Ferrara.  ) 

J'ai  recueilli  sur  une  telle  assiette  le  monogramme  que  voici  : 


1 .  Ce  plat  a  été  également  copié  par  Madame  Jacquart. 


358  POTUiia  OFAOuis 

ALBI00OI.i»., 

Aux  portes  de  Savona.  —  (Voir  Savona.) 

Faïence  a  émail  stannifère.  vers  i575 

Dans  la  sacristie  de  l'église  paroissiale  d'Albissola,  existe 
encore  un  tableau  4e  (]eux  mètres  de  grandeur,  composé  de 
plaqqeade  ftilanoe^peinteçen  polychrome,  ou  le  jaune  domine 
comme  dans  le  carrelage  du  château  d^Ëcouen,  et  qui  repré- 
sente la  Naissance  du  Christs  Cette  peinture  céramique  que 
Torteroli  compare  très-improprejnent  à  la  peinture  dçs  an- 
ciens vitraux  à  laquelle  elle  ne  ressemble  d'aucune  manière, 
Qst  signée  : 

Fatto  in  Arbisola  (sic)  del  1576  permano  di  AffosUm 

Gerolamo  Urbinato  1o  dipinse. 

A  la  place  du  nom  effacé  du  potier,  $e  trouvent  les  mots  ; 
morto  impénitente^  substitués  par  l'intolérance  du  clergé.  —  On 
ignore  ainsi  le  nom  de  famille  de  ce  Agostino  qui  ne  peut  être 
Agostino  Ratti,  le  peintre  du  di^-^&eptième  siècle  de  Savona, 

Binirick  Vroom,  peintre  hollandais  en  tous  genrfi9,  et  qui 
peut  être  appelé  le  créateur  de  la  peinture  de  marine,  pé  k 
Haarlem,  en  1566,  a  décoré  de?  faleuoes  |i  AlbissQla,  qui  ^'éçriv 
vait  alors  souvent  Arbizzola  ou  Ârbissola* 

Yroom  avait  déjà  peint  sur  faïence  dans  les  fabriques  de  sa 
ville  natale  avant  an  Venue  en  Italie,  (Voir  Haarlem  et  Yeneajat) 

fli^ViiM4^  «m  PAVO  (fiiivoiie)* 

(Voir  aus9i  4lbmola.) 

Faïences  a  émail  stannifére.  lt>75  k  1750 

Ancien  centre  de  productions  cér^roiqnes,  Savons  expédiait 
déjà,  durant  le  treizième  siècle,  ses  vaisselles  en  terre  cuite 
vernissée,  en  Ligurie,  en  Corse  et  en  Provence.  Quant  à  la 
fabrication  de  la  faïence,  elle  ne  remonte  probablement  pas 
plus  haut  qu'au  milieu  du  seizième  siècle,  où  les  portiques  des 
maisons  furent  ornés  de  terres  cuites  émaillées,  dont  on  pouvait 
encore  voir  deux  échantillons,  il  n'y  a  pas  longtemps,  rue  Sca- 
ria  superiore,  à  l'ancienne  maison  de  la  famille  Pavesi,  et  qui 
sert  aujourd'hui  à  l'école  publique  des  prôtres  de  la  Mission, 
et  rue  Vaccioli,  maison  Yaccioli,  Comme  les  grandes  démoli- 


EUaOPÉENNBS.  359 

lions  de  1528  et  184â  ont  emporté  beaucoup,  j'ignore  si 
on  avait  fabriqué  déjà  avant  cette  époque  des  faïences  de 
terre  cuite,  et  si  elles  étaient  vernissées  ou  émaiUées,  Les 
maisons,  propriétés  des  couvents^  des  abbayes,  etc.,  étaient 
aussi  désignées  alors  par  des  plaques  de  faïence ,  dont  la  pein- 
ture représentait  le  patron  de  la  K^mmunauté  à  laquelle  les 
maisons  appartenaient.  Il  existe  encore  aujourd'hui  à  l'église 
Saint-Jacques  une  chapelle  qui  était  toute  couverte  de  plaques 
de  farence)  et  à  la  bibliothèque  publique,  trois  grands  T«8es 
peints  en  camaïeu  bleu,  mais  peu  artistiques,  pour  lesquds  On 
a  pourtant  déjà  offert  milie  francs. 

Âgostino  di  Monti^  qui  ft  parlé  avec  un  éloge  pompeux  des 
faïences  de  Savona,  pousse  la  naïveté  si  loin,  qu'il  dit  textuel- 
liem^ât  :  «  Que  ces  poteries  étaient  supérieures  aux  poroeiaines 
de  Chine  mémo,  puisqu'elles  n'étaient  piti  translucidos,  tandis 
que  les  Chinois  ne  savaient  faire  que  des  poteries  transpa- 
rentes! » 

Eedi  n'est  pas  moins  Italien,  quand  il  dit  dans  son  épître 
brossée 'èA  ifm^  à  monslg:fi()r  Unaiéoé^i  kmxsix 

lléyerei  prima  il  veleno 

Che  un  biccher  che  fosse  pieno 

Dell'  amaro  e  rio  caffé. 

(Poison^  citfé  l^u  «a  v^rre  {  «^  Délice,  pris  ett  vase  et  terre  1) 

Vanioni  thànte  encore  cette  même  poterie  «n  1783  : 

X  parca  mensa  vive  senza  a  a£fanno 
Chi  cibi  in  vasi  savonesi  accoglie, 
Kè  i  cheti  ponni  a  disturbai*  gU  vanno 
Sordide  voglie. 

(Celui  qui  se  contente  d'un  modeste  repas,  servi  dans  les  plats  iâe  Savoiiej 
vivra  heureat,  et  «on  sommeil  ne  sera  troublé  d'aucun  rêve  lubrique.) 

C'est  au  commencement  du  dix-septième  siède  que  florissait 
la  fafence  à  Savdna. 
Quelques  auteurs  ont  aussi  parlé  d'un  : 
Girolàmo  Salomone  ver»  i650j 


360  POTERIES  OPAQUES 

auquel  on  attribue  le  monogramme  que  voici  : 


mais  je  n'en  ai  trouvé  nulle  trace,  ni  dans  les  documents  ita- 
liens, ni  sur  des  poteries. 

Les  peintres  les  plus  renommes  étaient  : 

Gian  Antonio  Guidabono,  natif  de  Castel-Nuovo,  en  Lombar- 
die,  qui  s'établit  à  Savona,  vers  1640,  où  il  s'appliqua  à  peindre 
la  faïence,  sans  abandonner  la  peinture  de  fresque  et  à  l'huile; 
on  lui  attribue  un  plat  au  musée  de  Kensington,  marqué  : 

S.  A.  G.  S. 

Bartolomeo  Guidabono  et  Domenico  Guidabono,  les  fils  d'An- 
tonio Guidabono  ; 

Agostino  RaUi,  qui  travaillait  vers  1700,  et  de  qui  le  musée 
de  Berlin  possède  un  exemplaire  au  millésime  de  1720; 

Gian  Tommaso  Torteroli,  surnommé  le  Sourd  (di  Sordo); 

Giacomo  Boselliy  était  un  céramiste  qui  avait  acquis  de  la 
réputation  par  ses  biscuits  (terres  sans  vernis  ni  émail),  et 
dont  les  descendants  ont  continué  de  fabriquer  de  la  faïence, 
et  ont  essayé  à  la  fin  d'imiter  les  faïences  françaises  et  an- 
glaises. 

Le  premier  fondateur  de  l'industrie  céramique  nivernaise, 
était  le  patricien  Conrade^,  de  Savona,  et  le  musée  de  Nevers 
possède  quelques  exemplaires  des  îdiïences polychromes,  proba- 
blement de  la  seconde  époque  ou  de  la  fin  'du  dix-septième 
siècle,  de  la  fabrication  savonaise. 

La  faïence  de  Savona  est  le  plus  souvent,  ou  plutôt  générale- 
ment, en  camaïeu  bleu  et  d'un  dessin  relâché.  Les  plats  sont 
ordinairement  festonnés  et  façonnés  dans  le  genre  des  plats 
martelés  et  repoussés  de  l'orfèvrerie  savonaise,  dont  les  mo- 
dèles servaient  sans  doute  aux  potiers,  à  leurs  moulages,  ce  qui 

1 .  Voir  Neverst 


EttROPÉEHKES.  361 

leur  épargnait  les  Trais  de  façon.  La  pâte  de  .cette  faïence  est 
légère,  mince  el  sonore. 

Les  marques  sont  très-nombreuses  et  encore  indéterminées. 

Un  très-beau  plat  rond  de  60  centimètres,  de  ma  collection, 
ouvragé  en  haut  relief,  style  Renaissance,  un  peu  rocaille. 


avec  cliimères  et  décoréen  camaïeu  bleu,à  sujet  mythologique 
ao  milieu,  est  marqué  : 

H.  C>  (lurmODté  d'une  couronne.) 

Dans  la  collection  de  M.  Edouard  Pascal,  à  Paris,  on  trouve 
plusieurs  plats  et  assiettes  marqués  différemment  : 

N.  G.         N/        <à> 

Un  autre  plat  de  la  même  colIecUon,  dont  ledécor,  en  camaïeu 


362  POTERIES  OPAQUES 

bleu,  montre  trois  Amours  dans  un  paysage,  porte  cette  mar- 
que-ci : 


que  l'on  désigne  ordinairement  sous  le  nom  de  la  marque  du 
château  fort;  et  une  écuelle  : 


Un  grand  plat  de  la  collection  du  docteur  Belliol  jeune,  à 
Paris,  dont  le  sujet,  peint  en  bleu,  représente  un  faune,  des 
femmes  et  des  Amours,  est  marqué  : 


Au  musée  du  Louvre,  n®  i6,  plat  peint  en  camaïeu  bleu  où 
le  sujet  représente  :  des  cavaliers  en  marche,  est  également  de 
provenance  savon  aise. 

Le  musée  de  Nevers  possède  un  plat  provenant  de  la  collec- 
tion Devers,  qui  est  marqué 


B.  A. 


(surmoaté  d'une  couronne.) 


M.  le  baron  de  Switer,  à  Paris,  a  dans  sa  collection  un  pot, 
marqué  : 


EUROPÉENNES.  363 

et  M.  Stanifort(of  Storps  Windermere),  deux  exemplaires,  qui 
portent  : 


On  trouve  encore  deux  beaux  plats  de  cette  fabrique  au  mu- 
sée de  Sigmaringen  :  Tun  à  bas-reliefs ,  l'autre  uni  ;  tous  les 
deux  en  camaïeu  bleu.  M.  Mathieu  Meusnier  avait  dans  sa 
collection  un  magnifique  plat  de  43  centimètres,  décoré  égale- 
ment en  camaïeu  bleu^  dont  les  ornements,  bas-reliefs,  etc., 
consistent  en  chimères,  coquilles  et  mascarons,  ainsi  qu'une 
délicieuse  gourde  de  chasse  de  la  plus  belle  forme  de  la  Renais- 
sance, à  ornements  d'enfants  en  relief  et  ronde-bosse,  décorés 
en  bleu  et  jaune,  gourde  attribuée  par  plusieurs  amateurs  à  la 
fabrique  de  Nevers  et  qui  fait  aujourd'hui  partie  de  la  collec- 
tion de  M.  Grémieux. 

M.  Vallées  à  Paris, possède  de  la  fabrique  de  Savona,  deux 
grands  vases  décorés  en  camaïeu  bleu,  et  armoriés  en  bleu, 
rouge  et  jaune,  qui  sont  marqués  sous  les  pieds  ; 


M.  Domenico  Mazzi,  antiquaire,  à  Genova^  m'a  signalé  cette 
même  marque,  où  les  deux  L  se  trouvent  remplacées  par  : 

C  B. 

On  doit  en  outre  attribuer  à  Savona  la  marque  suivante  , 


f .  Cet  amateur  possède  une  collection  d'armes,  de  belles  crédences  et  des 
bahats  en  bois  sculpté  du  seizième  siècle,  et  de  nombreux  exemplaires  de  porce- 
laines et  de  faïences.  Parmi  ces  dernières,  on  peut  signaler  un  beau  plat  hispano- 
musulman  à  arête  et  orné  d'un  emblème  héraldique,  qui  représente  un  lion  ]  un 
autre  de  la  Fratta  et  plusieurs  faïences  italiennes  de  différentes  époques. 


364  POTERIES  OPAQUES 

que  Ton  rencontre  sur  des  faïences  communes,  souvent  décorées 
en  polychrome  : 

s 

Quelques  amateurs  ont  voulu  attribuer  ce  monogramme  à 
TEspagne,  à  Sevilla;  mais  je  crois  que  c'est  une  erreur,  puis- 
que j'ai  rencontre  des  plats  en  camareu  bleu  et  à  reliefs,  dans 
le  genre  courant  de  Savona,  qui  étaient  ainsi  marqués. 

Ce  même  signe,  sans  le  S,  se  trouve  sur  une  bouteille 
carrée,  haute  et  plissée  sur  les  faces,  delà  collection  de  M.Wil- 
let,  à  Amsterdam;  décorée  en  polychrome  de  branchages  et 
d'un  château  fort,  elle  rappelle  la  bouteille  aux  armes  de  l'In- 
quisition^ en  faïence  espagnole  du  dix-huitième  siècle,  de  la 
collection  Arosa,  à  Paris,  et  dont  il  a  été  fait  mention  au  cha- 
pitre des  faïences  de  Sevilla. 

Il  se  pourrait  cependant  que  ce  monogramme  sans  le  S,  soit 
celui  d'une  fabrique  espagnole,  puisque  le  caractère  du  décor 
des  pièces  marquées  ainsi  est  tout  à  fait  espagnol. 

M.  Paul  Gasnault,  à  Paris,  possède  un  plat,  qui  porte  la 

marque  : 

D.  B.  R. 

MM.  Michel  et  Robellaz,  à  Avignon ,  ont  dans  leur  cx)llection 
plusieurs  assiettes  au  décor  polychrome,  brun,  bleu,  vert,  jaune 
et  bleu,  et  consistant  en  personnages,  oiseaux,  papillons,  etc., 
visiblement  peintes  au  dix-huitième  siècle,  sans  l'aide  du  pon- 
cis,  mais  aussi  sans  finesse;  ces  assiettes  sont  marquées  en 
noir  au  pinceau  : 


EUItOFËENHES.  365 

[.  Willet.à  Ârosterdam,  a  dans  sa  collection  ua  plat  marqué  : 


J.  H. 


B-O.. 


sont  des  initiales  que  j'ai  recueillies  sur  ua  magnifique  vase, 
de  belle  taille,  dont  lo  décor  en  camaïeu  bleu,  exécuté  avec 
une  grande  finesso,  rappelait  celui  de  Kortdenbosch,  de  mon 
plat  de  Niimberg(17l2).  Ce  vase  où  les  anses  étaient  d'un  joli 
modelage,  était  également  de  Savons. 

On  sait  en  outre  quele  nommé  Jocçues  Borelly  (selon  d'autres 
Boselly),  fabricant  de  faïence,  à  Marseille,  est  allé,  en  1780, 
s'établir  à  Savona,  où  il  a  continué  de  fabriquer.  Une  coupe  de 
ma  collection,  est  marquée: 

Jacniua  BùTiUy.  1781.  (Voir  Mufeillc.] 


'^S^jca 


Coupe  ta  tûeace  de  U  fibrique  de  Jteqnïi  Borellj  (m*  eoUeotJon). 

Sur  deux  grands  vases,  ce  même  potier  a  signé  ; 

lacqtui  Bomllu,  Simonne. 
1779,  li  Kplembie. 

31. 


366  POTERIES  0PAQUB8 

M.  le  marquis  d'Âzeglio  possède  une  pièce,  signée  : 

TttD^'A'S  IJ3S: 

Ce  M.  B.  Borrelli,  serait-il  le  père  de  Jacques? 

TOUMO  (Turtn). 

FaTenge  a  email  stannifère.        a  partir  du  seizième  siècle. 

-riLltx  in 

est  la  plus  ancienne  marque   connue  de  cette  localité  :  elle 
se  trouve  sur  un  plat  de  la  collection  de  M.  C.-W.  Reynolds. 
M.  le  marquis  d'Âzeglio  possède  un  grand  plat  de  cette 
faïence,  décoré  à  fleurs  sur  fond  blanc,  marqué  : 


2laSri\ 
TÔT  îno  G 


un  autre  à  sujet,  signé  : 


FXfTAVK.' 


EUROPÉENNES.  367 

et  un  plateau,  marqué  avec  les  armes  de  la  ville  de  Torino  : 


Bourgeni^  est  le  nom  d'un  céramiste  de  cette  même  localité. 
MM.  Musso,  Folco,  Ricci,  Pittamiglio  et  P.  Marcenaro,  fabri- 
quent actuellement  des  faïences  à  Savona. 

Près  de  Pérugia,  dans  la  Romagne . 

Terre  cuite  au  vernis  plombifére  décorée  par  la  gravure 

EN  CHAMP  LEVÉ»  i580  à  iSOO 

Plats,  coupes,  etc.,  gravés  et  décorés  sur  engobe,  c'est-à- 
dire  que  Tobjet ,  avant  d'être  verni ,  est  entièrement  engobé 
de  terre  et  qu'on  y  grave  des  ornements  après  l'avoir  séché 
à  Tair,  procédé  qui  fait  ressortir  la  première  couche  de  terre 
en  champ  levé.  Les  terres  cuites  de  La  Fratta  sont  ordinai- 
rement vernies  en  jaune  sale,  vert  et  brun,  genre  qui  s'est, 
du  reste,  fabriqué  aussi  dans  d'autres  localités  italiennes,  et 
même  en  Allemagne.  Le  musée  du  Louvre  possède  une  grande 
et  belle  coupe  ornementée  en  relief,  sur  pied  triangulaire  formé 
par  trois  lions,  et  où  deux  figures,  une  châtelaine  et  un  varlet, 
se  trouvent  gravées  intérieurement  sur  le  fond. 

Le  plat  le  plus  colossal  que  je  connaisse  de  cette  provenance, 
se  trouve  dans  la  collection  de  M.  Joseph  Halphen,  à  Paris. 

Les  n«»  2974,  2074,  2075,  2076,  au  musée  de  Cluny;  un 
plat  de  17  centimètres  dans  mon  cabinet  ;  un  autre  dans  la 
collection  Mathieu  Meusnier  (collection  vendue  en  4864).  Un 
beau  plat  à  la  collection  Ivon,  où  le  sujet  représente  six 
personnes  attablées  et  jpuant  aux  cartes,  et  deux  jolis  plats  dans 
la  collection  de  M.  Soyter,  à  Augsburg,  ont  tous  été  fabriqués 
à  La  Fratta.  Le  musée  Britannique  possède  de  cette  fabrique 


368  POTERIES  OPAQUES 

une  bouteille  forme  baril^  exposée  dans  Tarmoire  126  de  la 
salle  de  la  Mediœval  collection.  Un  très-curieux  plat  de  cette 
provenance,  intérieurement  et  extérieurement  historié,  se  trouve 
aussi  dans  la  collection  Dejean,  à  Paris. 

On  a  continué  de  fabriquer  à  La  Fratta  ce  genre  de  poterie, 
comme  on  peut  s'en  convaincre  par  l'exemplaire  exposé  sous 
le  n^  3919,  au  musée  de  Kensington.  (Voir  aussi  Padua.) 

Dans  la  Yénétie. 

Faïence  a  émail  stannifère.  1595 

Lazari*  mentionne  un  genre  de  travail  céramique,  de  Basag- 

gio  —  c'est-à-dire  de  la  majolique  de  Bassano.  On  attribue  une 

assiette  marquée  : 

1595,  S.  M. 

au  céramiste  Simone  Marinoni,  qu'il  ne  faut  pas  confondre 
avec  Dionigi  Marini  de  1636,  d'Angarano.  Bartolommeo  Tes- 
chi  de  Roma,  et  Antonio  Terschi,  sans  doute  parents  du  précé- 
dent Teschi  mentionné  à  l'article  Roma,  ont  travaillé  à  Bassano, 
puisque  je  connais  une  pièce  de  la  collection  Le  Blanc,,  qui  est 
marquée:  fSo  rg-t  â  i 


Ba.5!)<jitvo 


et  une  assiette  au  musée  du  Louvre  (n°  559),  où  le  sujet  re- 
présente» en  traits  violets  et  en  chairs  jaunâtres,  Loth  et  ses 
filles  fuyant,  marquée  : 

in. 


^f^S 


fdjn.0 


1.  Dans  une  lettre  publiée  par  le  marquis  d'Azeglio,  ce  savant  coUectionoeur. 


EUROPÉENNES.  369 

Le  musée  de  la  ville  de  Basel  possède  aussi  deux  exemplaires 
signés  de  ces  peintres  céramistes. 
Une  plaque  au  Louvre,  est  signée  : 

Bav.  Teschi  Romano 
in  St.  Quirico, 

St,  Quifico  est  situé  dans  les  Marches  d'Ancône,  où  il  pa- 
rait avoir  existé  une  fabrique  sous  la  protection  du  cardinal 
Ghigi  (Voir  cette  localité). 

I^Dl  (Lomliardo-TéBUIeB). 

Faïences  a  émail  stannifère.  1600  à  1770 

Cette  fabrique  a  produit  un  genre  très-peu  artistique  (  exem 
plaire  au  musée  de  Nevers). 

Une  céramique  dans  la  collection  de  M.  C.-W.  Reynolds,  est 
marquée  : 


LsçtC  /T^^ 


VM^JÊL  (Iftoiiie). 

Faïence  a  émail  stannifère.  1 600 

Outre  les  diverses  faïences  attribuées  avec  peu  de  certitude 
à  la  Ville  éternelle,  l'histoire  céramique  doit  signaler  : 

A.  Bartoîommeo  Teschi  ou  Feschi^,  célèbre  céramiste  romain 
nomade,  qui  vécut  au  dix-septième  siècle,  et  qui  fut  connu  pour 

reproduit  la  réponse  qui  lui  avait  été  faite  par  Lazari,  directeur  du  musée  Cor- 
rer  à  Venise,  sur  sa  demande  de  renseignements  concernant  les  porcelainei  de 
Venise.  Cette  réponse  apprend  peu  et  prouve  que  Lazari  ne  savait  pas  seulement 
distinguer  la  faïence  de  la  porcelaine,  puisqu'il  dit  que  Venise  se  fournissait  pour 
ses  porcelaines  principalement  à  la  fabrique  Antonibon  de  Bassano.  Cette  ré- 
ponse renferme  deux  erreurs  :  Antonibon  était  établi  à  ATove,  près  de  Bassano  et 
non  pas  à  Bassano  même,  et  il  fabriquait  de  la  faïence  et  non  pas  de  la  porcelaine 
(voir  Nove  ou  Le  Nove). 

1.  On  peut  lire  tantôt  Feschi  ou  Ferchy,  tantôt  Teschi  ou  Terschy,  —  et  rien 
n'a  encore  fixé  l'incertitude  de  l'orthographe. 


370  POXERIBS  OPAQUES 

ses  pials  ondulés  et  festonnés,  souvent  à  ornements  en  reliefs, 
d'une  pâte  dure  et  très-sonore.  Il  a  aussi  laissé  des  plats  peints 
dans  le  genre  des  Gastelli,  reconnaissables  aux  tons  plus  pâles 
de  leur  coloris.  Les  chairs  sont  jaunâtres  et  les  traits  ordinai- 
rement violacés. 

Sur  de  grands  vases,  au  musée  de  Berlin,  en  partie  émaillés 
et  en  partie  peints  à  Fhuile,  on  lit  la  signature  de  cet  artiste  : 

Bar,  Teachi  Romano, 

Une  grande  plaque,  au  musée  Gampana,  où  le  sujet  représente  : 
Moïse  faisant  jaillir  l'eau  du  rocher,  porte  la  même  signature* 

Folpate,  autre  célèbre  modeleur  céramiste  romain  nomade  du 
dix-huitième  siècle,  a  laissé  de  beaux  bustes  et  de  belles  sta- 
tuettes en  terre  de  pipe  blanche,  recouvertes  de  vernis  plombifère 
et  quelquefois  à  émail  stannifère  ;  ses  œuvres  sans  aucun  décor 
sont  cependant  remarquables  comme  modelage  et  très-artiste- 
ment  faites.  L'expression  des  tètes  de  ses  figurines  est  ordinai- 
rement belle;  parmi  les  bustes  ce  sont  ceux  des  christs  qui  se 
distinguent. 

Le  musée  de  Berlin  possède  aussi  un  plat  qui  porte  Tinscrip- 
tion  suivante  : 

Benedetto  Luti,  Pittore  di  sua  Maesta  Ceaarea,  Roma. 

M.  Arosa,  à  Paris,  possède  une  faïence  décorée  en  camaïeu 
bleu,  marquée  : 

F«  à  R«  1760, 

que  je  suis  tenté  d'attribuer  à  Roma. 

Une  terre  cuite  coloriée,  imitant  l'étrusque,  se  fabrique  ac- 
tuellement à  la  villa  Belvédère  à  Frascati. 

mOMTEIilIPO^ 

Entre  Pisano  et  Firenze. 

Terres  cuites  peintes  sur  engobe  et  vernissées  au  plomb. 

Vers  1600 

Cette  ancienne  fabrique  existe  encore  aujourd'hui.  Les  po- 
teries consistent  en  assiettes  et  plats  en  pâte  blanche,  au 
décor  polychrome  naïf  et  grossier,  mais  très-curieux  comme 
type  de  costume.  Ce  décor  est  peint  sur  engobe  et  recouvert 


EUROPÉEN  H  ES.  371 

d'unvernig  minerai  transparent.  On  y  a  aussi  fobrïqué  d'en  ormes 
jattes  ainsi  que  des  pol«ries  dans  le  genre  de  celles  d'Avignon, 
c'est-à-dire  en  terre  cuite  coloriée  par  l'oxyde  de  fer  ou  par  le 
manganèse  ferrugineux,  en  brun,  mais  plus  fonce  que  le  brun 
d'Avignon,  d'un  brun  presque  noirâtre.  Ces  dernières  poteries 
sont  souvent  garnies  de  mascarons  ou  autres  ornements  en 
jaune  ou  brun  et  en  relief,  parmi  lesquels  on  trouve  aussi  des 
armoiries  italiennes.  Les  trois  quarts  de  ces  poteries  passent 
en  France  pour  de  l'Avignon.  J'attribue  à  Montelupo  ■  :  les  deux 
vases  brun-chocolat  du  musée  du  Louvre  ;  la  ruche  jaune  et 
vert,  à  ornements  en  relief,  de  la  collection  de  M.  Feuillet  de 
Conciles  à  Paris;  la  coupe  à  dragon,  en  brun  noirâtre  et  dé- 
corée de  marbrés  blaiic  jixe,  de  la  collection  Belliol  ;  le  plateau 
29Sa,  au  musée  Kensinglon,  qui  porte  le  millésime  1627  et 
la  FruUiera  2998,  au  môme  musée,  signée  : 

Rafatlh)  Giroiamo  fecil.  Ml'Lfo.  1«39. 

Un  plat  rond  de  Montelupo,  de  33  centimètres  de  diamètre, 

de  ma  collection,  est  décoré  naïvement  d'un  sujet  qui  représente 


deux  combattants.  Le  décor  polychrome  montre  du  beau  vert, 


372  POTERIES  OPAQUES 

du  bleu,  du  brun  et  du  jaune.  Le  fond  peint  en  jaune  a  presque 
tait  disparaître  Tengobe  blanc. 
(Voir  aussi  Pavia.) 

SAM  MAVLCO   1BBII0A.  POBCO. 

Faïence  a  éuail  stannifèbe.  Dix-septième  siècle. 

J'ai  vu  de  cette  fabrique  des  assiettes,  décorées  à  ornements 
en  couleurs  vives  et  où  le  vert  dominait,  qui  étaient  marquées  : 


Faïence  a  émail  stannifère.  1620 

Au  musée  de  Sèvres  se  trouve  un  plat  à  dessins  persans,  signé  r 

Candianaf  1620; 

et  à  la  collection  Azeglio,  un  vase  marqué  : 

P.  A..  G.  R.  0.  SA. 

qui  est  aussi  attribué  à  Gandiana. 
Un  autre,  mentionné  par  M.  J.-G.  Robinson,  était  daté  de 

1637 

IB1J9I. 

Faïence  a  émail  stannifère.  Vers  1700  jusqu'à  ce  jour, 

Gette  petite  localité,  qui  fabrique  encore  aujourd'hui,  est  déjà 
connue  depuis  1713,  par  le  tableau  peint  sur  faïence  par  Fran- 
cescantonio  Grue,  à  l'église  St.-Angelo  près  Lucali,  et  que  l'ar- 
tiste de  Gastelli  a  fait  cuire  dans  une  fabrique  de  Busi.  (Voir 
les  faïences  de  Gastelli.) 

DOCCIA.  OU  AliliA-DOCCIA, 

A  dix  kilomètres  de  Florence. 

Faïence  a  émail  stannifère  unie,  a  relief  et  ronde -bosse 
imitation  des  Della  Rorria,  etc.  1735 

La  manufacture  de  la  famille  Ginori,  fondée  par  le  marquis 


EUROPÉENNES.  373 

Charles  Ginorien  n35,  fabrique  des  faïences  communes  et  fines. 
On  croit  qu'un  des  Ginori  était,  en  i  750,  le  premier  directeur  de 
la  manufacture  royale  de  porcelaines,  à  Naples.  La  manufacture 
de  Doccia,  encore  en  pleine  activité,  produit  aussi  de  la  porce- 
laine très-artistique.  Imitant  toutes  les  anciennes  majoliques 
italiennes,  y  compris  les  terres  cuites  de  Délia  Robbia,  elle  est 
arrivée  à  une  grande  perfection.  On  peut  voir,  au  musée  de  Sè- 
vres, quelques  produits  de  la  manufacture  des  Ginori,  dont 
l'exécution  est  si  parfaite,  que  des  connaisseurs  peu  expéri- 
mentés ont  de  la  peine  à  les  distinguer  des  anciennes  faïences. 
Le  n°  3215,  au  musée  de  Kensington,  à  London,  est  aussi  un 
échantillon  de  Doccia. 

M.  Lejolivet,  peintre  d'histoire  à  Paris,  possède,  de  cette  fa- 
brique, une  grande  buire  à  anses  tortillées. 

Les  Ginori  marquaient  leurs  produits,  durant  le  dix-huitième 
siècle,  d'une  petite  étoile  rouge  ou  bleue  au  grand  feu. 

La  marque  actuelle  est  : 


ou 


:*^  Jf^ 


et  quelquefois:  fp  {Ginori 

Florence.) 


Mais  on  en  rencontre  aussi  beaucoup  sans  aucune  marque  ou 
marqués  : 

Genori.  (Estampé  dans  la  pâte.) 

Dans  la  narche  d'Ancône. 

Faïence  a  émail  stannifère. 

Une  plaque  décorée  dans  le  genre  de  Gastelli,  au  musée  du 
Louvre,  porte  l'inscription  suivante  :    , 

•    Bar  —  Terchi  —  Romano 
in  S,  Quirico. 

On  voit  que  cet  artiste  nomade  a  travaillé  partout. 

«EMOTA  («énes). 

Faïence  a  émail  stannifère.  HSO 

Cette  poterie  est  ordinairement  marquée  du  phare  de  Genova, 

32 


374  POTERIES  OPAQUES 

tantôt  de  la  forme  ci-contre,  tantôt  d'une  forme  où  le  pied  est 
moins  large  et  la  colonne  plus  forte. 


Deux  grands  plats^  au  musée  de  Sigmaringen,  sont  marqués 
ainsi. 

On  a  fait  à  Genova  beaucoup  de  plats  ouvragés,  façon  orfè- 
vrerie repoussée  dans  le  genredes  faïences  de  Savona.  M.  Devers, 
céramiste  à  Paris,  a  dans  sa  collection  un  de  ces  piats^  décoré 
en  camaïeu  bleu,  avec  les  armoiries  de  la  famille  de  Durasse, 
l'ancien  doge.  Ce  plat  est  marqué 


^  G 


Quelques  porcelaines  dures  de  Nimphenburg,  en  Allemagne, 
sont  marquées  de  ce  même  i^nialphQ(SalitsPythagorœ)  franc- 
maçonnique;  seulement,  à  la  place  du  G,  il  y  a  des  chiffres 
aux  coins  des  triangles.  (Voir  aussi  Savona  pour  cette  marque.) 


.JkVLWAJiO, 

Entre  Napoli  et  les  Abruzzes,  dans  le  royaume  de  Naples. 

Terre  cuite  au  vernis  plombifêre.  —  Faïence  a  émail 
STANNiFÈRE.  —  Terre  DE  PIPE.     1750  à  l'époquo  actuolle. 

Cette  fabrique  qui  existe  encore  aujourd'hui ,  a  fabriqué  ù 
partir  de  la  dernière  moitié  du  dix-huitième  siècle  toutes  sortes 
de  poteries.  J'en  ai  vu  des  vases,  style  Louis  XVI,  en  pâte 
marbrée  café  au  lait  à  veines  blanches,  et  ornés  de  bas-reliefs 
en  pâte  jaune,  semblable  aux  poteries  â'Apt,  On  a  aussi  fait 
à  Ariano  des  poteries  dans  le  genre  de  celles  de  Marburg  (voir 
cette  localité)  et  d'Avignon, 


EUROPéElTNES.  375 

0AIf«IOBCiI. 

Faïence  a  émail  stannifère.  1764 

Un  bas- relief  en  polychrome,  au  musée  de  Meermann-Wes- 
treenen,  à  La  Haye,  bas-relief  qui  représente  une  Sainte  Fa- 
mille,  est  signé  : 

Batteta.  i764.  Sangiorgi. 

HOTE  (LenoTe), 

Près  Bassano,  en  Lombardie. 

Faïence  a  émail  stannifère.  1750 

Terre  de  pipe  au  vernis  plombifère. 

J'ai  vu  un  magnifique  surtout  de  table,  en  polychrome,  qui 
portait  Tinscription  : 

Dalla  fabrica  di  Gio.  Batta  —  Amonibon'{on  Âmimiibon)  ncUle  none 

di  vicen.  Jn.  1755.  (Sic.) 

que  Ton  doit  traduire  : 

De  la  fabrique  de  Jean-Baptiste  Amonibon,  au  vieux  noir  de  Vicence. 

On  peut  le  lire  et  le  traduire  aussi  : 

Nelle  note  di  decen  A.  1775. 
Antonibon, 

(Le  9  décembre  1755.  Antonibon'.) 

Conformément  à  cette  dernière  lecture,  le  surtout  serait  fait 
à  Lenove  ou  Nove  où  quelques  auteurs  croient  qu'une  fabrique 
a  déjà  existé  vers  la  fin  du  dix-septième  siècle,  et  où  ce  Gio. 
Batta  Antonibon  aurait  travaillé.  —  Mais  tout  cela  repose  uni- 
quement sur  des  suppositions,  et  si  M.  ChafTers  m'accuse  d'être 
négligent  dans  la  copie  de  mes  monogrammes,  je  suis  étonné 
qu'il  ait  fait  son  livre  presque  entièrement  avec  ce  qu'il  a  pris 
dans  le  mien. 

Baroni,  potier. 

J'ai  vu  chez  un  marchand  de  curiosités,  sur  le  quai,  à  Ge- 

1 .  Voir  la  note  à  l'article  qui  traite  des  faïences  de  Bassano. 


376  POTERIES  OPAQUES 

nève,  un  grand  vase  de  forme  ovoïde,  en  terre  de  pipe  ^,  pro- 
bablement une  fabrication  du  dix-huitième  siècle,  qui  est  dé- 
coré au  petit  feu  de  mouffle  comme  la  porcelaine.  Le  sujet 
représente  la  famille  de  Darius  aux  pieds  d'Alexandre,  d'après 
Le  Brun.  Ce  vase  qui  n'a  rien  du  caractère  de  la  faïence,  et  qui 
mesure  74  centimètres  de  hauteur,  est  marqué  dans  la  pâte  : 

Baroni      .      Lenote 

Un  vase  dans  la  collection  Gladstone,  qu'un  auteur  anglais 
désigne  comme  porcelaine,  mais  qui  est  probablement  en  terre 
de  pipe  comme  le  vase  mentionné  ci-dessus,  porte  : 

Fabrica      Baroni      Nove 

(Voir  les  porcelaines  de  Nove  et  la  note  au  chapitre  qui  traite 
des  faïences  de  Bassano.) 

VIHOTO  (Tlneuff), 

Situé  à  quatre  lieues  de  Torino. 

Faïence  a  émail  stannifère.  Vers  1780 

Les  Giovanetti,  potiers,  y  ont  fabriqué  des  faïences  dans  le 
^enre  de  Strasbourg  et  de  Marseille,  qui  étaient  marquées  : 


z>  c 


(Voir  les  porcelaines  italiennes  de  Vinovo.) 

Entre  Savona  et  Genova. 

Terre  de  pipe  au  vernis  plomhifère. 
Faïence  a  émail  stannifère. 

Musso  frères,  céramistes,  vers  1780.  Ces  potier^  ont  signé  : 

M 

M.  de  la  Vilestreux  avait  dans  sa  collection  une  soupière  en 

1.  Cette  terre  de  pipe  a  été  achetée  depuis  par  M.  C.-W.  Reynolds,  en  An- 
gleterre. 


EUROPÉENNES.  377 

forme  de  mitre,  où  le  décor,  la  pâte  et  Fëmail  auraient  plutôt 
indiqué  une  provenance  allemande,  de  la  fabrique  de  Schretz- 
heim,  et  qui  était  marquée  de  cet  M.  Je  pense  que  c'était  une 
céramique  faite  à  Mondovie,  car  certaines  couleurs  du  décor 
étaient  plutôt  italiennes^  qu'allemandes. 

Dans  la  Basilicate. 

Faïence  a  émail  stannifére. 

Fabriquée  à  la  fin  du  dix-huitième  siècle,  cette  faïence  res- 
semble à  s'y  méprendre  aux  faïences  marseillaises.  On  croit  que 
la  fabrique  d'Avigliano  a  été  fondée  par  des  potiers  marseillais 
(voir  Trevigi  et  Savona,  pour  ce  même  genre  de  poterie). 

mvLAXo  (milan),  et  miii<E0ino, 

Dans  la  Lombardie.  Village. 

Faïence  a  émail  stannifére. 

Je  pense  qu'il  faut  confondre  ces  deux  fabriques,  dont  les 
produits  ne  remontent  pas  au  delà  du  milieu  du  dix-huitième 
siècle. 

On  y  a  imité  les  décors  des  porcelaines  chinoises  et  japo- 
naises, en  polychrome  et  or. 

J'en  ai  rencotitré  qui  étaient  marquées  : 


Au  musée  de  Sigmaringen,  on  trouve  deux  plats  et  quatre 
assiettes  en  décor  japonais  très-fin,  marqués  : 

M». 

Deux  assiettes  de  la  collection  Azeglio  sont  marquées  : 

32. 


378 


POTERIES  OPAQUES 


tandis  que  Ton  voit  dans  la  collection  Reynolds,  tout  un  service, 
marqué  : 

Uûunù 


•À^ 


Une  jardinière  de  la  collection  Gesnault  à  Paris,  montre  la 
signature  que  voici  : 

di  Pcuqtuile 

Rubati 

Mil'* 

M.  Aigoin  i,  à  Paris,  possède  une  assiette  à  bordure,  à  décor 
chinois,  et  ornée  au  milieu  d'armoiries  surmontées  d'une  cou- 
ronne ducale.  Cette  belle  faïence  ressemble  par  la  suavité  de 
son  émail,  et  par  la  beauté  des  couleurs  et  de  la  dorure,  aux 
plus  belles  faïences  de  Deift.  Elle  est  marquée  : 

Milano 

F      4      C 

Joannes  cTEnrico^  de  Milano,  est  le  nom  d'un  artiste  connu 
comme  habile  modeleur  de  terre  cuite  sans  couverte  ;  figurines, 
statuettes,  etc. 

MM.  A.  Boni  et  C",  à  Milano,  même,  et 

MM.  Richard  et  C«,  à  San-Christopho,  fabriquent  actuelle- 
ment des  faïences  et  porcelaines. 

mJkM  CBI0TOPHO, 

Près  Milano. 

Terre  de  pipe  et  faïence.  Époque  actuelle. 

MM.  Gtiulio  Richard  et  C«,  déjà  mentionnés  sous  Milano,  fa- 
briquent actuellement  des  faïences  et  des  porcelaines. 


1  .La  collection  de  cet  amateur  se  compose  d'à  peu  prés  cent  cinquante  pièces 
de  faïences  de  premier  choix^  dont  soixante-quinze  provenaient  des  fabriques 
de  Rouen,  trente  cinq  de  celles  de  Delft  et  le  reste  de  diverses  autres  contrées. 
Le  Rouen,  le  Nevers,  le  Strasbourg  y  brillent  par  des  exemplaires  hors  ligne  j 
il  7  a  peu  de  pièces  secondaires. 


EUROPEENITES.  .379 

Le  musée  de  Sèvres  possède  de  cette  fabrique  des  pièces  de 
services  eu  terre  de  pipe,  ainsi  que  d'autres  qui  imitent  le 
wedgwood,  et  même  la  marque  de  cette  fabrique  anglaise. 

Quelques  pièces  portent  cependant  les  initiales  du  fabricant  : 

G.  R, 


HOIIEMJL. 

Faïences  et  poteries  de  toutes  sortes.         Époque  actuelle. 

MM.  Tamhunni  et  Ghibellini,  et  M.  Fomasari,  à  Modena 
même,  et  M.  Rubbianiy  à  Sassuolo,  dans  les  environs,  fabri- 
quent actuellement. 

mAXSn-SKAV  de  mAimiEIlliE    (Mortana)    en    Savoie, 

Sur  l'Are,  à  50  kilomètres  de  Ghambéry,  ancien  chef-lieu   du  comté 
et  de  la  vallée  de  Maurienne  et  évèché. 

Faïence  a  émail  stannifêre.  1720  à  1770 

Tai  vu,  de  ces  fabriques,  des  vases  ou  pots  dont  les  formes 
se  ressentaient  un  peu  de  l'influence  de  celles  des  anciens  vases 
étrusques.  Ils  sont  ordinairement  de  la  capacité  d'un  litre,  et 
ont  deux  anses  pleines  et  plates.  Les  plus  anciens  sont  décorés 
en  camaïeu  bleu,  et  les  autres  en  bleu  et  jaune.  Ils  sont  le 
plus  souvent  datés  et  pourvus  d'inscriptions.  J'en  ai  rencontré 
datés  de  1718,  1754  et  1759. 

L'un  portait  la  légende  suivante  sur  une  de  ses  faces  : 

Meu.  (Mathieu?)'  Didier,  chanoine 
de  St-Jean  de  Moriene 
de  la  cathedralle  1 723 
Promoteur  de  Vévéché; 

il  était  décoré  sur  l'autre  face  d'un  saint  Jean,  le  tout  en  ca- 
maïeu bleu. 

]!niO1J0TIElft8  en  8aTote. 

Faïence  a  émail  stannifêre. 

Cette  faïence  ressemble  à  celle  de  Moustiers-Sainte-Marie^ 
en  France  (Basses-Alpes). 


380  POTERIES  OPiQUES 

IiAVORUiT,  en  BaTole  '. 

Faïence  â  émail  stai^nifère. 

M.  Jules  Michelin,  possède  un  légumier,  tout  à  fait  dans  le 
genre  du  Moustiers-Sainte-Marie  (Basses-Alpes),  signé  : 

Laforest  en  Savoye,  i782. 

chambIIay,  en««Tole^ 

Faïence  a  émail  stannifére. 

Le  Dictionnaire  des  postes  aux  lettres,  par  Lecousturier,  de 
l'année  1802  (Consulat),  mentionne  une  fabrique  de  faïence  de 
cette  localité. 

MI  CE,  en  BaTote^ 

Poterie.  Époque  actuelle. 

MM.  Allard  frères. 

I^A  BOCHE-CfrACnCT,  en   «aTOle*. 

Faïences  et  poteries.  Époque  actuelle. 

A  M  MEC  Y,  en  Savoie  ^ 

Poterie. 

IiOCAUTlÊB  IMCOMMIJEB. 

ENNIVS.  RALNERIVS 

F.  F.  1557. 

{Ennius  Rainerius  Fecit  Fteri), 

Gio  Battista  et  Jonnes.  Babt. 

Rainerio  Rubeus.  Rainerio 

sont  trois  signatures  inscrites  sur  différentes  majoliques. 

N°  204,  au  musée  de  Sèvres,  un  grand  plat  rond,  décoré  en 
camaïeu  bleu  et  violet,  dont  le  sujet  représente  une  bataille 
que  l'on  croit  être  la  bataille  victorieuse  que  Tempereur  Ru- 
dolf II  gagna  sur  Amurat  Ilïen  lo92,  est  marqué  : 

E.    V;   F. 

1 .  Toutes  ces  localités  font  aujourd'hui  partie  de  la  France. 


EUROPÉENNES.  381 

M.  Bréauté  S  à  Yernon,  en  Normandie,  possède  six  plats  ou 
plutôt  plaques  rondes,  provenant  de  la  succession  de  M.  Vien, 
architecte  du  Palais  de  l'Industrie.  Le  décor  polychrome 
représente  des  têtes  grotesques,  espèces  de  caricatures  grima' 
çantes,  qui  me  paraissent  peintes  d'après  les  gravures  de  Fre- 
derik  Van  Hulsen,  né  à  Middelburg  en  1566,  et  mort  à  Frank- 
furt-sur-le-Main  après  1655. 

Le  cabinet  impérial  d'estampes  à  Paris,  possède  quinze  de 
ces  gravures;  ce  sont  des  têtes  grotesques,  composées  d'orne- 
ments qui  font  déjà  pressentir  le  style  rocaille. 

Alessandro  Seraglia,  sculpteur,  mort  en  1631,  a  laissé  plu- 
sieurs petites  œuvres  de  maître  en  terre  cuite  sans  couverte. 

M.  George  Guiffrey,  à  Paris,  possède  un  vase  de  fabrication 
moderne  et  décoré  en  polychrome,  qu'il  attribue  à  la  fabrica- 
tion italienne  moderne,  mais  qui  pourrait  bien  être  fabriqué 
en  France.  Ce  vase  est  marqué  : 


M.  Devers  et  M.  Lugi  Tôselli  sont  deux  céramistes  italiens, 
actuellement  établis  à  Paris  (voir  faïences  françaises). 

COLLECTIONS  DE  FAÏENCES   ITALIENNES. 

EN  ALLEMAGNE. 

On  lit  dans  VCEconomisch  Eneykkpedie,  par  Georg  Krunitz, 
Braunschweig,  1788.  In-12  : 

«  Il  y  a  à  Salzdalum  (Salzdalen),  près  WolfenbUttel ,  mille 
pièces  de  majoliques  aux  dates  de  1537  à  1576.  »  C'est  à  une 
époque  où  on  ne  pensait  encore  guère  en  France  à  former  de 
telles  collections.  Les  pièces  dont  l'auteur  parle  ne  se  trou- 

1 .  La  collection  de  cet  amateur,  installée  coquettement  dans  une  maison  à 
laquelle  le  propriétaire  a  su  donner  une  tournure  gothique,  consiste  en  faïences, 
bois  sculptés,  ferrures  et  particulièrement  d'un  curieux  choix  de  boutons -4fi 
toutes  les  époques  f  et  qui  contient  plusieurs  exemplaires  vraiment  artistiques. 


382  POTERIES  OPAQUES 

vent  plus  aujourd'hui  à  Saizdalen;  elles  font  partie  du  musée 
de  Braunschweigf  un  des  plus  riches  en  majoliques. 

Le  musée  de  Berlin  n'est  pas  moins  riche  en  faïences  italiennes 
parmi  lesquelles  il  faut  signaler  des  Délia  Robbia  hors  ligne. 

Une  douzaine  de  belles  pièces  sont  aussi  conservées  à  la  bi- 
bliothéque  de  Weimar  ;  le  Duc  en  possède  autant  dans  son  ha- 
bitation, et  la  collection  GoRthe  de  la  môme  ville  en  est  égale- 
ment pourvue. 

A  Ludwigsburgy  on  trouve  à  peu  près  200  pièces,  parmi  les- 
quelles de  bien  beaux  vases. 

Le  mttëée  Japonais^  à  Dresden,  possède  les  plus  beaux  vases 
que  je  connaisse.  Les  anses  de  ces  chefs-d'œuvre  sont  formées 
de  serpents,  et  les  panses  décorées  d'après  des  dessins  du 
Dominiquin  ;  les  sujets  représentent  :  Diane  avec  ses  nymphes, 
Bacchus,  Silène  et  une  Bacchanale,  Elles  ont  été  payées  i  ,300  du- 
cats, par  Auguste  IIL  Ce  musée  possède  en  tout  180  pièces  en 
faïence  italienne,  datées  de  4532  à  i536. 

Le  Verein  fur  Kunst  und  AUershum,  à  Ulm,  a  dans  sa  collec- 
tion un  magnifique  plat,  d'au  moins  18  centimètres  de  diamètre, 
accompagné  de  sa  buire;  le  décor  représente  une  bataille  ro- 
maine, et  on  lit  sur  le  revers  du  plat  : 

Romani  çertant  cum  Gallis  et  victores  sunt. 

Les  musées  de  Sigmaringen,  de  Frankfurt-sur-le-Main ,  de 
Munchen,  le  musée  germanique,  etc.,  possèdent  également  des 
exemplaires  remarquables. 

EN   FRANCE. 

Le  musée  du  Louvre  possède  616  pièces,  et  celui  de  Gluny 
une  nombreuse  collection  ;  le  musée  de  Sèvres  est  moins  riche 
en  majoliques  italiennes. 

En  outre,  des  collections  mentionnées  par  les  citations  diver- 
ses contenues  dans  le  chapitre  des  faïences  italiennes,  on  peut 
nommer,  pour  leurs  belles  et  nombreuses  pièces,  les  cabinets 
de  MM.  de  Rothschild,  Patrice-Salin,  Grémieux,  Fau,  d'Ivon, 
Rasilewsky,  etc. 

Comme  œuvres  architecturales  remarquables,  exécutées  en 
France,  durant  le  seizième  siècle,  par  des  artistes  céramistes 
italiens,  il  faut  mentionner  les  carrelages  en  faïence  à  émail 


EUROPÉENNES.  383 

stannifère  et  au  décor  polychrome  de  l'église  de  Brow,  d'une 
chapelle  de  la  cathédrale  de  Langres^  et  des  châteaux  de  Polisy 
(daté  de  1545  »),  de  Bois  et  d'Écouen. 

Deux  grands  tableaux  de  5  ou  6  pieds  de  grandeur  chaque 
{Marcus  Curtius  et  Mucius  Scœvola,  avec  les  armes  des  Mont- 
morency), qui  proviennent  de  ce  dernier  château  et  décorent 
actuellenaent  un  salon  à  Orléans -House,  Twikenham ,  en 
Angleterre,  propriété  du  duc  d'Àumale,  ont  été  exécutés  à 
Rouen ,  par  ces  artistes  étrangers,  comme  le  démontre  l'in- 
scription : 

A  Rouen,  1542. 

Il  est  à  remarquer  que  la  date  recueillie  sur  le  magnifique 
carrelage  de  Polisy  n'est  postérieure  que  de  trois  ans  à  celle 
d'Écouen,  ce  qui  fait  supposer  que  ce  sont  là  des  œuvres  d'un 
même  artiste. 

EN   HOLLANDE. 

Plusieurs  belles  pièces  au  mtisée  de  La  Haye,  et  une  ving- 
taine de  ces  faïences  au  château  Billion  *, 

EN   SUISSE. 

La  collectionde  M.  Parpar,  à  Thun. 

EN   ITALIE. 

Dans  la  Santa-Casa ,  à  Loretto,  300  bocaux,  la  plupart  avec 
couvercles,  qui  remplissent  deux  salles.  Toutes  ces  majoliques 
proviennent  des  pharmacies  du  dernier  duc  d'Urbinp,  Fran- 
cesco  Maria  II,  qui,  dans  un  accès  de  folie,  avait  cédé  son 
duché  au  Saint-Siège.  L'héritier,  Ferdinando  diMedicis,  envoya 
toutes  ces  belles  pièces  de  faïence  à  Firenze,  à  l'exception 
des  vases  de  pharmacie,  qu'il  laissa  à  Loretto  : 

Au  musée  de  Firenze. 

A  Roma  et  à  NapoH. 

1.  Reproduit  dans  l'ouvrage  de  M.  Emile  Âmé. 

2.  L'ancien  castel  Billion,  à  Velp,  à  une  heure  d'Arnhem,  arrangé  aujour- 
d'hui en  château  de  plaisance,  par  les  soins  de  l'architecte,  M.  Éverson,  d'Ara- 
hem,  et  qui  est  la  résidence  de  M.  le  baron  de  Hardenbruck,  renferme  un 
grand  nombre  de  céramiques  et  d'autres  objets  d'art  qui  méritent  que  l'on  fasse 
le  petit  voyage  d'Amsterdam. 


384  POTERIES  OPAQUES 

A  Pesaro,  la  collection  de  feu  le  chevalier  Massa  dé  Pesaro  à 
peu  près  i  ,600  pièces.  Elle  a  été  vendue  à  la  ville  pour  la  ba- 
gatelle de  4,000  écus,  et  remplit  cinq  salles  de  Thôtel  de 
ville. 

Arezzo,  possède  à  peu  près  300  pièces,  et 

Forly,  autant. 

Monsignor  Cajoni,  président  du  tribunal  de  la  Rota,  à  Roma, 
possède  aussi  une  fort  belle  collection  de  ces  faïences. 

EN   ESPAGNE. 

A  YEscurialy  Tamateur  trouvera  une  vasque  à  laver  la  vais- 
selle, dont  le  décor  représente  le  Jugement  de  Salomon. 

EN  ANGLETERRE. 

Le  musée  Britannique  possède  170  pièces  de  faïences  ita- 
liennes, renfermées  dans  les  armoires  125  à  129  (salle  de  la 
MediœvaUCollection) ,  et  *le  musée  de  Kensington  en  est  aussi 
riche. 

Les  collections  privées  les  plus  importantes  en  Angleterre, 
sont  celles  de  : 

MM.  S.  Addington,  MM.  Hope  (T.), 

Azeglio  (le  marquis  d'),  Joseph  (H.), 

Barker,  Magniac  (H.). 

Bâte  (B.),  Marryat, 

Berney  (I.),  Mayers  (Joseph), 

Berney  (Thomas),  Law  (Markham), 

Campbell  (Hugh  Hune),  Morgan  (Octavius), 

Coope  (0.),  Morland  (G.  R.), 

Eatoke  (Isaac) ,  Napie  r  (R .) , 

Falcke  (Isaac),  Reynolds  (C.  W.), 

Fischer  (R.),  Rothschild  (le  baron*A.  de), 

Ford,  Rothschild  (le  baron  L.  de), 

Forthum  (C.  D.  E.),  Slade  (Félix), 

Fountaine  (Andrew),  Spencer  (le  comte), 

Gaig  (Gibson),  Stanhope  (H.  S.(, 

Henderson  (John),  R^Smith  (Martin), 

Holburne  (William),  Taylor. 
Rolland  (Robert), 

Quant  aux  autres  collectionneurs  moins  importants  pour 


EUROPÉENNES.  385 

cette  partie  de  la  céramique,  il  est  inutile  de  donner  ici  leur 
noms  ;  le  lecteur  les  trouvera  dans  la  table  et  dans  le  chapitre 
précédent  où  ils  ont  été  cités  chaque  fois  qu'il  s'est  agi  de  si- 
gnaler une  œuvre  remarquable  ou  un  monogramme.  Il  y  a 
des  amateurs  en  Angleterre,  et  ils  sont  nombreux,  dont  les 
collections  de  majoliques  peuvent  rivaliser  avec  beaucoup  de 
musées,  car  le  goût  anglais  s'est  presque  toujours  porté  exclu- 
sivement vers  l'art  italien. 

Avant  de  terminer  cet  article  qui  traite  des  faïences  ita- 
liennes, je  veux  encore  communiquer  au  lecteur  un  extrait  du 
livre  de  dépenses  (îJn&os^piicA)  de  Wilibald  I  Im-Hoff  de  Niirn- 
berg,  des  années  i564  à  4577,  qui  se  trouve  aux  archives  de 
Nurnberg. 

Le  compte  de  Vannée  1565,  tenu  par  Wilibald,  ce  riche  et 
fastueux  patricien,  prouve  qu'il  tirait  déjà  des  majoliques  ar- 
tistiques italiennes  directement  de  Venise.  11  était  amateur  et 
collectionneur. 

«  Zu  a  a  f.  40  weisse  Maiolika  mit  Wapen,  und  andere  Maio- 
likas.  Ducat.  8  a  137  1/2  Florin.  11.1.9 

(40  majoliques  bleues  armoriées,  et  autres  ,  florins  11.  1.  9.) 

Dans  le  compte  de  l'année  1571. 

«  I  Krug  und  perk.  Maiolika  di  Urbino.  Ist  das  perk  prochen. 
Ducat.  3.  thaï.  Florin.  4.  3 

(Une  cruche  de  majolique  d'Urbino,  florins.  4.  4.  3.) 

Furlon.  Florin.  1/2  (voiture  ou  transport  de  Venise  àNurn- 
berg.  1/2  florin.) 

Dans  un  autre  inventaire  du  même  Im^Hoff^  on  lit  : 

«  Plusieurs  majoliques  qui  se  font  en  Italie  et  notamment  à 
Pesaro,  peuvent  être  partagées  en  parts  égales  : 

1 .  Une  grande  cuvette  à  eau,  de  la  forme  d'un  vaisseau,  me 
coûte  Florin.  9 

Ici  on  lit  une  annotation  d'Im-Hoff  III,  qui  dit  que  cet  objet 
d'art  a  été  partagé  le  22  janvier  1585. 

2.  Deux  cuvettes  à  eau,  en  faïence  blanche,  avec  leurs  pots  à 
eau,  que  j'estime,  chaque  paire,  Florin.  4 

Im-Hoff  III  fait  observer  ici,  dans  un  renvoi,  qu'elles  ont  été 
égalemen  t  partagées  le  22  janvier  1585. 

On  voit  que  ces  objets  d'art  se  payaient  assez  cher;  car 
20  francs  pour  la  cuvette,  à  cette  époque,  représentent  aujour- 
d'hui au  moins  300  francs,  et  ce  que  quelques  auteurs  ont  dit 

33 


386  POTERIES  OPAQUES 

des  vils  prix  auxquels  les  majoliques  se  vendaient  à  ces  dates 
reculées,  ne  peut  se  rapporter  qu'aux  marchandises  communes 
et  de  commerce,  telles  que  Piccolo  Passi  en  a  laissé  des  des- 
sins. Quelques  auteurs  ont  fait  le  calcul  sur  la  valeur  du  blé  de 
différentes  époques  pour  arriver  à  la  valeur  comparative  de  la 
monnaie,  mais  cette  base  de  calcul  oflre  peu  de  sûreté  ;  les 
bonnes,  les  mauvaises  récoltes  et  les  disettes  influent  trop  sur 
le  prix  des  denrées  pour  qu'elles  puissent  servir  de  base. 


POTERIES  OPAQUES  FRANÇAISES 

Il  serait  fort  difficile  de  diviser  les  productions  céramiques 
françaises  en  écoles  distinctes  et  rigoureusement  déterminées. 
Les  fabriques  italiennes,  allemandes  et  hollandaises  ont  fait 
sentir  leur  influence  en  France,  tantôt  à  tour  de  rôles,  tantôt  à 
la  fois,  et  cela  à  toutes  les  époques,  de  manière  que  l'on  ren- 
contre souvent  Tinfluence  allemande  et  hollandaise  dans  le  midi, 
et  quelquefois  celle  de  l'Italie  dans  le  nord. 

Les  écoles  allemandes  avaient  trouvé  leurs  imitateurs  dans  la 
Normandie,  aux  bords  de  la  Loire  comme  à  ceux  de  la  Cha- 
rente, où  l'on  voyait  aussi  fabriquer  des  poteries  vernissées  telles 
que  l'école  Saxonne  ou  du  Nord,  et  l'école  franconienne  en 
avaient  produites  depuis  bien  des  siècles. 

Tout  ce  que  les  potiers  de  Beau  vais,  de  Fontainebleau,  de 
Manerbe,  de  Noron  et  peut-être  de  cinquante  autres  localités 
avaient  fabriqué,  a  été  imperturbablement  attribué  à  Bernard 
Palissy,  à  qui  l'ignorance  et  la  routine  avaient  fini  par  attribuer 
même  des  poteries  où  les  ornements  et  les  costumes  indiquaient 
des  époques  éloignées  souvent  de  centaines  d'années  de  celle 
dans  laquelle  le  potier  de  Montpazier  avait  vécu. 

A  Rouen,  où,  à  mon  avis,  le  plus  beau  décor  français  a  été 
produit,  les  influences  italienne,  nivernaise,  hollandaise,  pa- 
raissent s'y  être  trouvé  en  concurrence  dès  la  création  de  la 
première  manufacture. 

Le  goût  pour  la  rocaille  et  l'adoption  de  la  cuisson  au  feu 
du  réverbère  qui  permettait  l'emploi  du  rouge  de  Cassius,  se 
sont  répandus  de  l'Alsace  et  de  la  Lorraine  jusqu'à  Marseille,  et 


EUROPEENNES.  387 

les  faïences  françaises  du  dix-huitiéme  s\èc\Q,  sans  en  excepter 
celles  de  Moustiers  et  de  Nevers,  sont  des  produits  obtenus 
sous  l'influence  des  porcelaines  de  Meissen,  dont  les  fabri- 
cants s'efforçaient  d'imiter  les  formes. 

Toutceque  l'on  pourrait  tenter  afin  d'arriver  à  un  certain  classe- 
ment, ce  serait  de  diviser  la  poterie  française  en  cinq  catégories  : 

Poteries  en  terre  de  pipe  vernissée,  dites  de  Henri  II; 

Poteries  en  terre  cuite  vernissée,  dites  de  Palissy  ; 

Faïences  de  Nevers  et  de  ses  écoles  ; 

Faïences  de  Rouen  et  de  ses  écoles  ; 

Faïences  de  l'Alsace,  de  la  Lorraine,  de  Marseille,  et  môme 
de  Moustiers. 

Mais  il  est  impossible,  soit  à  cause  de  l'ordre  chronologique 
adopté  dans  ce  livre,  soit  à  cause  de  l'absence  totale  d*une  mar- 
che régulière  de  la  fabrication  de  l'un  ou  de  l'autre  genre  de 
poterie,  de  pouvoir  ranger  régulièrement  ici  dans  des  cadres 
les  nombreuses  productions  françaises. 

L'ordre  adopté,  c'est  donc  toujours  Tordre  chronologique, 
avec  des  sous-ordres  chronologiques  pour  chaque  localité. 

(Voir  aussi  la  céramique  gauloise.  ) 

RÉCUkPlTULATIOH   GHROHOLOOIQUB 

4as  localités  mentionnées  dans  le  chapitre  soi^ant,  qoi  traite  des 
poteries  opaques  françaises  (terres  coites,  frés  et  faïences). 

Troyes,  terre  cuile  au  vernis  minéral 1225 

Paris  1,  (poterie  de  dragage),  terre  cuite  sans  couverte 1225 

Malicome,  terre  cuite  au  vernis  minéral 1300 

Pont-Valin,                     —                     1300 

Lygron,                           —                     1300 

Saint-Denis,  terre  cuite  en  mosaïque 1 300 

Saint-Pierre-sup-Dive,  terre  cuite  à  niellure  et  engobe 1300 

Albaye  de  Toussaintes,                       —                       1 300 

Âlbaye  de  Cluny  et  autres,                 —                       1300 

Andelys  (?),  terres  cuites  sans  couverte 1380 

Beauvais,  Voisinlieu,  etc.,  grès 1 380 

Valence,  terre  cuite  sans  couverte 1 400 

Avignon,  terre  cuite  au  vernis  minéral 1 500 

Saintes,                       —                       1 500 

1 .  Voir  la  note  de  renvoi  du  premier  article  :  Paris. 


388  POTERIES  OPAQUES 

Rouen,  terre  cuite  au  vernis  minéral 1500 

Lisieux,                       —                        , 1 550 

Manerbe,                     — 1550 

Neufciialel.                  —                       1 560 

Près-d'Auge,               —                        1650 

Ifeerville,  Chatel-Ia-Lune,  terré  cuite  au  vernis  minéral. . . .  1560 

La  Haye-Mallierbe,  terre  cuite  au  vernis  minéral 1 550 

Armentières,                                 — 1650 

Lessay,                                         —                       1 550 

Noron,  terre  cuite  au  vernis  minéral 1650 

Touraine  (?),  terre  de  pipe  au  vernis  minéral  (poteries  dites  de 

Henri  U) 1550 

Lyon,  faïences  (?) , 1558 

Nantes,  faïences  (?) 1 558 

Brizambourg,  faïence  (?) 1600 

Nevers,  faïence  à  émail  slannifère 1602 

Mirebeau,  terres  cuites  au  vernis  plombifère.  l 1 620 

Auxerre,  faïence  à  émail  stannifère 1640 

Nérac,  poterie 1640 

Fontainebleau,  terres  sigillées 1641 

Épernay,  terre  cuite  au  vernis  minéral 1660 

Rennes,  faïence  à  émail  stannifère  (?)..•• 1660 

Orléans,  faïence  à  émail  stannifère 1668 

Mantes,                   — 1668 

Agent,  faïence  (?) 

Paris,  rue  de  la  Roquette,  terre  cuite  au  vernis  minéral 1676 

Blois,  faïence  à  émail  stannifère 1680 

Saint-Cloud,             —               , 1690 

Mousliers,                 — 1690 

Yaux-de-Gernay,  faïence  à  émail  stannifère 1694 

Lille,                                      —                   1696 

Marseille,                               — 1697 

Montpellier,  —  

Bordeaux,                              —                   1 706 

Quimper,                              — 1706 

Strasbourg  et  Hagenau,        ^—                   (1 7 09  ?),  1 7 1 9 

Oéroulens.  —  

Apt,  terre  cuite  au  vernis  minéral, 1 720 

Meudon,  faïence  à  émail  stannifère 1720 

Clermont-Ferrand,  terre  cuite  au  vernis  minéral 1 720 

Devres,   poteries. 1 7 25 

Varages,  faïence  à  émail  stannifère 1 730 


EUROPÉENNES.  38D 

Valenciennes,   faïence  à  émail  stannifère 1 7  30 

Liineyille,                      — 1731 

Saint-Clément,  —  

Limoges,                       —                         1734 

Mennecy,,                     —                         1735 

Vauvert,                        —                          1736 

Sinceny,                        — 1737 

Bourg-d'Ognes,             —                         1737 

Sceaux,  Penthièvre,      —                         1 740 

Samadé  ou  Samadet,     —                         1740 

Legault,                        —                         1740 

Aprey,  —  .1740 

Paris,  rue  Basfroy,  faïences •t.... 1740 

—  41,  rue  de  la  Roquette,  faïences 1742 

Saint-Âmand-le8-Eau)P,  faïence  à  émail  slannifëre 1746 

Niderwiller,                                   —                        1746 

Paris  (Pajoa),  terre  cuite  sans  couverte. 1750 

Toulouse,  faïence  à  émail  stannifère 1750 

Marain,                     —                       1760 

Poupre,                     —                        1 750 

L'Iie  d'Elbe,              — 1760 

Paris  (Lecomte),  terre  cuite  sans  couverte 1 760 

Tavernes,  faïences  à  émail  stannifère 1 760 

Chaumont- sur-Loire,  terre  cuite  sous  et  sans  «ouverte 1760 

Meillonas,  faïences 1 765 

Versailles  (Houdin),  terre  cuite  sans  couverte 1765 

Paris,  rue  Charenton,   faïence  bronzée^ 1766 

—  rue  Saint-Honoré,  faïence 1766 

Châlillon,  faïence 1766 

Vincennes,  faïence  à  émail  stannifère 1767 

Kîmes,                      — 1767 

Tours^  terre  cuite  au  vernis  minéral  et  émaillée  ;  faïences. ...  1770 

Sarguemines,  terre  de  pipe  au  vernis  minéral 17  70 

Marties,  faïence  à  émail  stannifère ^ 1775 

Creil  et  Montereau,  terre  de  pipe  au  vernis  minéral 1780 

Paris  (Marin),  terre  cuite  sans  couverte 1 78b 

—  (Ramey),                  —                   1780 

^ancy,  faïence  à  émail  stannifère 1780 

^Moulins;                  —                   1780 

Cognac,  — 

Aiezy,                      —                   1 780 

Douai,                     —                   1782 

33. 


0 


390  POTERIES  OPAQUES 

Première,  faKence  à  émail  sfannifère 1 783 

Sèvrea,  —  1785 

Bergerac,  —  1785 

hlettes,  —  1790 

Choisy-le-Roi,  —  1790 

Amigny-Rouy,  —  1790 

Gastilhon,  —  1790 

Épinal,  —  1790 

Ramberwiller,  —  1790 

Boarg-la-Reine»         —  1790 

Dieu-le-Fil,  —  1790 

Paris,  rue  FontaiDe-au-Rol,  faïence  à  émail  staunifère 1790 

Forgea-les-Eaux.  —  1790 

Toul,  —  ,    1790 

Riom,  faïence  à  émail  stannifère •, 1790 

Localités  mentionnées  dans  Textrait  des  archives  de  Nevers^ 

faïence  à  émail  stannifère 1 790 

Varzy,  —  1794 

Avron,  -—  

Vallauris,  poteries 

Chantilly,  terre  de  pipe  au  vernis  minéral 1794 

Paris,  141,  rue  Popincourt,  terre  de  pipe  au  vernis  minéral .  •   1801 
Localités  recueillies  dans  les  Dictionnaires  des  postes  aux  lettres^  par 
Lecousturier,  des  années  1802  et  18 17. 

Arras,  terre  cuite  au  vernis  minéral 1809 

Thuiz,  —     .  1809 

Du  Montet,  poteries 1819 

Saint-Gaudens,  terre  de  pipe  au  vernis  minéral 1829(?] 

Miromont,  poteries 1830 

Paris,  5,  rue  des  Trois-Couronnes,  faïence  à  émail  stannifère.  1833 
Saint-Samson  (Oise),  poterie,  encore  aujourd'hui  en  activité.  •  1834 
Rubelles,  terre  de  pipe  à  émail  ombrant  plombifère  et  alcalin.   1836 

Yaudancourt,  grès 1836 

Uzès,  faïence    (?) .- 1837 

Courbetou,  grès 1839 

Paris  (Devers),  faïence  à  émail  stannifère,  etc 1847 

Paris  (Barbizet),  terre  cuite  au  vernis  minéral  et  émaillée 185o 

Batignolles-Paris,  poteries  de  toutes  espèces 1 850 

Paris-Vaugirard  (Pul),  terre  cuite  au  vernis  minéral  et  émaillée.  1 8  56 
Paris  (Deck),  faïence  à  émail  stannifère  et  à  engobe 1859 

—  (Jean),  —  1859 

—  (Gollinot),  —  Époque  actuelle. 


EUROPÉENNES.  391 

Langeais,  terre  cuite  au  vernis  minéral  etémaillée.  Époque  actuelle. 

Paris  (Gassin),  terre  cuite  sans  couverte — 

—  (Pascal),  terre  cuite  sous  couverte — 

Onnaing,  terre  de  pipe  au  vernis  minéral — 

Nans ,  faïences ^  . . . .  — 

Gien,       —     — 

Rongis,     —     * — 

Gambois,  —     , — 

Paris  (Brocarel,  Engel  et  Tremblai,  Fraddizi,  Levestauet  Radot, 

Scheib,  et  V.  Vogt),  terre  cuite  et  faïence Époque  actuelle. 

Boult,  —  — 

Liste   alphabétique  des   localités  françaises  (291),  où  on.  fabrique 

actuellement  des  poteries  opaques  (briques,  poteries  enterre  cuite, 

terre  de  pipes,  grès  et  faïences)  ;  fabriques  qui  ne  pouvaient  pas 

être  mentionnées  parmi  les  anciennes  et  sur  lesquelles  je  manque 

aussi  de  renseignements  plus  détaillés. 
Poteries  françaises  de  localités  indéterminées. 
Les  peintres  céramistes  sur  faUnce,  dont  il  est  fait  mention  dans  ce 

même  chapitre,  sont  les  suivants  : 

M.  Balze,  Madame  Bossé,  M.  Bouquet;  MM.  Genlis  et  Rudhardt , 
M.   Gouvion,  MM.  Houri,  M.Jacquart,  M.    Pinart,  M.   Portales, 
M.  Rousseau,  M.  Selon,  M.  Toselli  et  ceux  de  la  Société  de  la  rue 
Chaptal. 
Annotation  pour  les  collectionneurs. 

TVLOVBm  en  Champagne  (Aube). 

Terre  cuite  au  vernis  plombifére,  vers  i  225 

FAtENGEs,  actuellement. 

M.  YioUet-le-Duc  mentionne  dans  son  Dictionnaire  raisonné 
de  r Architecture,  v.  5,  p.  273,  un  épi*  en  terre  cuite,  au  vernis 
de  plomb  jaune  et  de  cuivre  vert,  qui  appartient  à  M,  Valtat*, 

1 .  Épis  et  étocs  :  c'est  ainsi  que  s'appelaient  dans  quelques  villes,  en  Franee, 
les  espèces  de  tourelles  de  forme  fantastique  en  terre  cuite  Ternissée  que  l'on 
plaçait  en  haut  des  pignons  des  maisons.  L'un  de  ces  pignons  de  la  collection  de 
M.  Champfleury,  provenant  de  Limoges,  est  curieux  par  ses  figures  grotesques. 
En  architecture,  on  appelle  épis,  l'assemblage  des  chevrons  autour  du  poinçon 
d'un  comble  pyramidal,  ainsi  qu'épi  de  bordinigey  les  barrages  en  menuiserie,  en 
charpente  ou  en  facines  qui  de  la  rive  de  la  mer  ou  d'un  cours  d'eau  s'étendent 
en  long  ou  en  travers.  Les  barrages  en  pilotis  et  planches  placés  au-dessous  des 
falaises  sur  les  plages  de  la  Normandie,  s'y  appellent  tous  épis, 

2.  Cette  curieuse  pièce  a  été  exposée  depuis  par  son  propriétaire  à  l'exposi- 
tion rétrospective  de  1865,  au  Palais  de  l'Industrie  à  Paris. 


393  POTERIBB  OPAQUES 

sculpteur  à  Troye,  et  qui  remonte  à  la  premi^  moitié  du  lrd~ 
ziérae  siècle. 

D'une  hauteur  de  75   cent. 

d'une  seule  pièce  et  modelé  à  la 
main,  il  est  composé  d'un  bout 
de  fàt  de  colonne  qui,  sur  un 
chapiteau  feuillu  ou  à  crochets, 
porte  un  édicule  circulaire  ter- 
miné par  ciuq  gables.  Les  ou- 
vertures tout  autour  qui  figu- 
rent des  meurtrières  ou  petites 
fenêtres  sont  percées  à  jour. 

Cette  poterie  dont  on  trouve  le 
dessin  ci-contre,  est  de  style  ro- 
man :  elle  est  une  des  plus  an- 
cienne de  ce  genre  connue  en 
France. 

Un  autre  épi,  provenant  de 
l'ancien  hôtel  de  ville  de  Troyes, 
et  où  les  plein-cintres  figures 
indiquent  également  le  style  ro- 
man, se  trouve  au  musée  de 
l'archevêché  de  cette  même  ville. 
Carré  en  plan,  et  surmonté  d'une 
pyramide  à  fleurons  et  à  quatre 
pans,  il  est  recouvert  d'un  vei^ 
nis  de  plomb;  on  l'attribue  au 
quatorzième  siècle. 

Il  y  a  encore  à  ce  même  m«- 
séet,  n'SOt ,  un  épis  de  style  ro- 
man, en  terre  cuite  coloriée  de 
vert  de  cuivre,  et  provenant  de 
l'égliseSaint-Eemi;  n'>202,crôle 
de  comble  au  vernis  vert  de  cuivre  et  au  style  roman,  prove- 
nant de  Sainte-Scolastique-de-Vielaines,  et  n"  204, épis  au  vemis 


1.  Le  matée 

de  Tre, 

ei,  dont 

la  fondation  dal 

e  1931 

se 

IrouTï   inHallé 

diDtl'ucieoiH 

Bbhtye  de  S>Id(-i 

le  t.ble»ui,  dn 

rollMlimu  giolo 

que,  bntaDique, 

ilosiqui 

es  galh- 

1  rougM,  de>  pi 

lMrtïr«./-™lH 

noires. 

des  «mil 

m  de  Limoge», 

dei 

tueaa 

»  d«  Neieri,  «t. 

EUROPÉENNES.  393 

noir,  provenant  d'une  maison  de  la  rue  de  Corlerie,  à  Troyes. 
MM.  Bigot  et  Nalllot,  —  Noilot  et  Rapprest,  —  fabriquent 
aujourd'hui  deafalencesàTroyes.' 


Tbrbe  cuite  sans  vebnisni  coutkiitb.  J200  à  1300 

Tëbre  cuite  au  vernis  flohbifère.  J300à  1500 

M.  A.  Forgais,  auteur  d'un  ouvrage  intitulé  :  GolJcetioHS  de 
flombs  historiés  trouvés  dans  Va  Seine,  publié  en  1864,  et  qui 
depuis  longtemps  s'occupe  déjà  de 
fouilles,  entreprisfisdans  le  lit  de  la 
Seine,  y  a  aussi  trouvé  de  nombreu- 
ses poteries,  dont  les  plus  anciennes, 
-de  fabrication  vraiment  française, 
remontent  au  treizième  siècle.  Elles 
sont  eu  terre  cuite  jaunâtre,  faites 
âu  tour  et  ornées  de  quelques  traits 
ou  raies  rouges  ferrugineux,  de 
haut  en  bas,  mais  entièrement  dé- 
pourvues de  vernis.  Voici  le  dessin 
•d'un  exemplaire  qui  fait,  partie  de  ma  collection  : 

Les  poteries  provenant  de  ces  fouilles  <et  attribuées  au  qua- 
torzième siècle,  sont  visiblement  la  suite  de  la  précédente  fabri- 
cation. Couvertes  de  vernis  minéraux,  vert,  jaune  ou  brun, 
■elles  montrent,  les  mêmes  raies  du  haut  en  haa,  mais  en 
relief  et  quelquefois  des  ornements,  comme  on  voit  sur  l'échan- 
tillon offert  par  M.  Forgais,  au  musée  de  Sèvres. 

En  somme,  ces  poteries  ne  donnent  pas  une  haute  idée  de  la 
céramique  parisienne  du  treizième  au  quatorzième  siècle,  et 
n'ont  absolument  rien  d'artistique. 

Dans  un  passage  des  Misér-ables,  l'auteur  parle  de  la  rue  des 
Postes,  au  faubourg  Saint-Harcel,  à  Paris,  qui  s'appelait  autre- 
fois rue  des  Pots,  et  fut  habitée  au  treizième  et  au  quatorzième 


lifUralùm  chronologiqvt  par  ii'lls,  adoptée  dam  c 
d'artistet,  de  FabrioaDls,  de  genret  de  paieries  et  de 
^roduit&  durtiil  les  difFéreoteB  ûpoquas,  a  rendu  un  c 
AologiqiiE  plDï  convenable. 


394  POTERIES  OPAQUES 

siècle  par  des  potiers  ;  il  dit  qu'il  y  existe  encore  une  maison 
dont  la  façade  porte  l'inscription  suivante  : 

De  Goblet  fils,  c'est  ici  la  fabrique  ;  Des  pots  à  fleurs,  des  tuyaux ,  de  la  brique, 

Venez  choisir  des  cruches  et  des  brocs,      A  tout  Tenant  Le  Cœur  vend  des  carreaux. 

Cette  enseigne,  si  toutefois  elle  a  jamais  existé,  ne  s'y  trouve 
plus  aujourd  hui  ;  il  convient  de  laisser  à  M.  Victor  Hugo  la  res- 
ponsabilité de  son  assertion,  qui  parait  d'autant  plus  fantai- 
siste que  le  nom  de  Gobelet  appartient  à  un  moine  belge,  qui 
introduisit  une  certaine  fabrication  de  verres  en  France,  et  d'où 
vient  le  nom  de  Gobelet,  et  non  pas  du  celtique  Gobe,  comme 
les  dictionnaires  l'enseignent  faussement. 

M.  Charles  Rossigneux,  à  Paris,  possède  un  plat  en  faïence, 
ovale  et  creux,  de  50  sur  39  cent,  de  grandeur,  y  compris  les 
larges  bords  de  8  cent,  qui,  décoré  en  camaïeu  bleu  sur  émail 
stannifère  blanc,  porte  l'inscription  : 

Paris,  17  mars  1654. 

Ce  curieux  spécimen,  où  la  forme,  les  bords  larges,  la  pâte 
lourde,  paraissent  indiquer  la  main  d'un  potier  italien,  est 
grossièrement  décoré  d'un  sujet  assez  obscène.  L'esquisse  re- 
présente le  marché  Maubert,  où  l'on  voit  une  vieille  haren- 
gère  se  disputer  avec  un  vieux  patricien  qui  lui  montre  d'une 
manière  fort  équivoque  un  très-gros  bilboquet,  pendant  qu'un 
larron  est  occupé  de  vider  doucement  à  la  poissarde  sa  poche, 
qui  est  encore  dessinée  d'une  manière;  aussi  équivoque  que 
le  bilboquet,  et  parait  être  représentée  ainsi  pour  indiquer 
qu'elle  pourrait  fort  bien  contenir  ce  que  le  bonhomme  montre 
à  la  harengère.  Outre  l'inscription  déjà  mentionnée  et  qui  in- 
dique la  ville  et  la  date,  on  y  lit  encore  : 

Dame  Christine.  —  Plaisanteries  du  pédant  Hérenlius  et  de  la  harengère 
Christine.  —  Baquet  de  la  place  Maubert, 

et  au  dos  de  la  dame  de  la  Halle  : 

Je  t'emm.... 

Un  compilateur  Anglais,  qui  a  eu  la  délicatesse  de  fsâre  un 
gros  livre  très-vite,  et  fort  commodément,  avec  ce  qui  m'a  coûté 
dix  ans  de  travail,  a  eu  la  naïveté  de  parler  d'un  potier,  Fran- 


EUROPÉENNES.  395 

cois  Briot  de  Paris.  Je  renvoie  le  lecteur  à  Tarticle  sur  Bernard 
Palissy,  où  il  verra  que  Briot  était  Suisse,  qu'il  n'a  jamais 
fait  des  poteries,  mais  que  plusieurs  de  ses  plats  d'étain  ont  été 
surmoulés  par  des  potiers  français. 

(Voir  pour  les  farences  fabriquées  postérieurement  à  Paris, 
à  la  suite  de  ce  chapitre). 

BIAIilCQBIiB,  UICÏROM  et  POUT-VAIilïi, 

CantoB  de  Pont-Valin,  dans  le  département  de  la   Sarthe. 

Terre  cuite  au  vernis  plombifére.  i300  jusqu  à  ce  jour, 

FaIenges  et  grès.  Époque  actuelle. 

Ligron  est  une  des  plus  anciennes  localités  françaises  con- 
nues pour  la  fabrication  de  la  poterie  commune.  On  a  trouvé 
un  titre  qui  constate  que  les  potiers  de  Ligron  fournissaient 
Tan  4300  à  Charles  de  Gourcelles,  cent  boisseaux  d'avoine,  en 
redevance  de  terres  prises  sur  ses  domaines.  On  y  a  fabriqué 
plus  tard  des  épis  genre  de  poterie  dont  le  musée  de  Sèvres  et 
M.  Ghampfleury  possèdent  des  exemplaires.  M.  Burger  a  une 
tasse,  forme  canard,  qui  porte  la  marque  d'une  de  ces  fabriques  : 

I.  G.  (en  relief  dans  la  pâle.) 

Je  n'ai  cependant  jamais  rencontré  des  poteries  de  Ligron 
qui  remontent  au  delà  du  dix-septième  siècle.  Le  musée  du  Mans 
possède  des  pièces  d'ornements  pour  autels,  faites  à  Ligron, 
qui  sont  recouvertes  d'un  vernis  de  plomb.  Le  musée  de  la 
ville  du  Mans,  installé  à  la  préfecture,  possède  aussi  une  grande 
cuvette  de  poterie  où  l'on  voit  sur  le  fond  des  grenouilles,  sur- 
moulées  d'après  nature,  dans  le  genre  des  poteries  dites  de  Pa- 
lissy, qui  est  signée  : 

Lacouves  Gallet  de  Ligron.  1787; 

ainsi  que  plusieurs  grands  épis^ 

Une  écuelle,  au  musée  de  Sèvres,  y  est  désignée  comme  pro- 
venant de  Malicorne. 


1.  L'un  des  deax  musées  du  Mans,  qui  appartient  à  la  Société  archéologique, 
est  installé  dans  un  espèce  de  sous-sol  du  théâtre,  où  il  fait  tellement  obscur, 
que  l'on  ne  distingue  presque  rien.  Il  est  à  regretter  que  la  ville  ne  fournisse 
pas  un  meilleur  local  à  cette  intéressante  collection  I 


396  POTEUES  OPAQi'ES 

A  Jfo/tcome,  ce  sont  actuellement  MM.  Cb.  Béatrice  ,  Ch.  Ca. 
dor,  Rabigot  et|Landeau-Soucher  qui  fabriquent  des  faïences^ 
tandis  que  madame  veuve  Laumonier  y  fabrique  des  grès,  genre 
de  poterie  que  M.  Huntreux  fabrique  aussi  à  Ligron. 

MM.  Barrier,  Bouteillier,  Cormier  et  Foucault  sont  des  pein- 
tres sur  faïence  de  cette  localité. 

M.  Touchard  fabrique  à  Pontvalin  des  poteries. 

Yoir  Manerbe,  iivj/e,  ImfréviUe,  Chàiel-la-Lune  et  Armen-' 
Itères,  où  Ton  a  fabriqué  également  des  épis. 

CARRELAGES. 
I.  Carbeaux  en  mosaïque.  liOO  à  i250 

Ces  pavages  étaient  composés  de  pièces  de  portions  de  cer- 
cles, de  triangles^  de  carrés,  de  losanges,  etc.,  en  terre  cuite  à 
engobey  sous  au  sans  vernis  transparent  ptombifère.  L'engobe 
est  noir  y  vert  fencé,  et  quelquefois  rouge  ou  jaune.  On  en  a 
trouvé  à  réalise  abbatiale  de  Saint-Denis,  que  M.  VioIIet-le-Due 
attribue  au  temps  de  Suger;  à  la  chapelle  de  la  Tierge,  décrits 
par  M.  Dîdron;  et  à  la  chapelle  de  Saint-Cueuphas,  décrits  par 
M.  Alfred  Ramé.  Ces  carreaux  ont  été  aussi  fabriqués  à  la  même 
époque  en  Allemagne.  (Voir  Strehia,  Mahlberg,  Casawra,  Ca- 
mus et  Dresden.) 

H.  C^BHEAUX  A  NiKLLUREs  et  «ngobe  que  les  Anglais  appellait 
emcomstic-tileSy  Non  et  blanc.  12S0  à  1400 

Ces  carreaux  ai  terre  noire  à  mW/ures  de  terre  blanchey  et  dont 
les  plus  anciens  connus  en  France  sont  ceux  de  Saint-Pieire- 
sur-Dive,  près  Caen  en  Normandie,  ont  été  attribués  par 
M.  Viollet-le-Docet  M.  Alfred  Ramé  au  douzième  siècle,  mais  ne 
me  paraissent  remonter  qu'au  treizième,  conune  Taigle  a  deux 
têtes  des  ornements  ^  l'indique  par  sa  forme.  Xai  rencontré  en 
Normandie  plusieurs  fois  ces  carreaux.  C^est  une  bnque  rouge 
Dlaquée  d'une  forte  couche  de  terre  noire  dans  laquelle  se  trou- 
vent incrastëes  desnielluresde  terre  blanche  auxquelles  le  vernis 
plombifêre  transparent  donne  une  teinte  jaunâtre.  Ces  briques 


Irt- 


EUROPÉENHES«  397 

ont  ëtë  fabriquées  dans  des  moules,  probablement  de  bois  sinon 
de  plâtre,  où  les  dessins  des  niellures  étaient  sculptés  en 
relief. 

M.  Emile  Amë  signale  entre  autres,  dans  son  ouvrage  :  les 
Carrelages  émaillés,  etc.,  celui  de  Tancienne  abbaye  de  Tous- 
saints  (Marne*). 

M.  Boulanger  aîné,  à  Auneuil(Oise);  MM.  Bock  frères,  à  Mau- 
beuge  (Nord);  M.  Dubois,  à  Paris,  et  M.  Millard,  à  Troyes,  fa- 
briquent ces  carreaux  aujourd'hui,  ain^  que  M.  Loebnitz,  à 
i*aris  (Pichenot).  Ce  dernier  est  le  potier  qui  a  fourni  tous  les 
beaux  carrelages  qui  ornent  le  château  de  Blois ,  et  qu'il  a  fa- 
briqué avec  une  grande  habileté  d'après  les  charmants  des- 
sins archéologiques  de  l'architecte  du  palais  des  Beaux-Arts, 
M.  Duban. 

Les  usines  de  M.  Loebnitz  sont  fort  importantes,  et  ce  sont 
peut-être  lés  seules  où  l'amateur  peut  obtenir  à  des  prix  raison- 
nables tout  ce  qui  se  rapporte  à  l'art  du  moyen  âge.  Les  moules 
à  ornements  en  relief  dont  M.  Loebnitz  se  sert  pour  la  fabrica- 
tion des  carreaux  à  niellures,  sont  en  plâtre. 

IIL  Carreaux  a  engobe,  rouges  a  dessins  blancs  (jaunâtres). 

1350  à  1600 

Ces  carreaux  se  distinguent  des  précédents  par  les  faibles 
reliefs  produits  par  l'engobe  de  terre  blanche  avec  lequel  on  a 
formé  les  figures  et  les  ornements  au  moyen  de  patrons  décou- 
pés, ornements  qui,  recouverts  d'un  vernis  plombifère  trans- 
parent, paraissaient  jaunes. 

M.  Loebnitz,  à  Paris ,  a  dans  sa  collection  un  petit  carreau 
de  cette  espèce  qui  provient  du  Mont-Saint-Michel;  à  juger 
par  sa  forme,  par  sa  petitesse  et  par  le  caractère  gothique  pure 
des  feuillages  et  ornements,  il  doit  remonter  au  commence- 
ment du  quatorzième  siècle. 

Le  musée  du  Louvre  possède  de  Ces  carreaux,  qui  sont  ornés 
de  lettres  gothiques  majuscules  (en  usage  de  1200  à  1360),  et 
proviennent  de  l'abbaye  de  Cluny;  d'autres  exemplaires,  con- 
servés dans  ce  même  musée,  ont  appartenu  à  l'abbaye  de 
Saint-Amand  à  Rouen. 

Un  carreau  de  cette  espèce,  de  ma  collection,  provient  d'un 

1 .  M.  Amé  parait  cependant  confondre  dans  son  travail  le  vernis  avec  VémaiL 


308  POTERIES  OPAQUES 

vieux  monument  bordelais  du  quatorzième  siècle,  sinon  du  quin- 
zième ;  il  est  orné  de  la  ligure  d'un  homme  armé  que  Ton  croit 
représenter  Edouard  V,  prince  de  Galles ,  le  héros  de  Poitiers 
et  de  Najera ,  surnommé  le  prince  Noir  d'apVès  la  couleur  de 
son  armure,  né  en  i330,  mort  en  1376,  et  qui  avait  fixé  la  ré- 
sidence de  sa  cour  vraiment  royale,  à  Bordeaux,  lors  de  son 
investigation  à  la  principauté  d'Aquitaine  (Guyenne). 

M.  J.  Suconi  a  aussi  signalé,  dans  V Intermédiaire  y  une  de 
ces  sortes  de  carreaux,  trouvée  dans  des  fouilles  faites  à  rem- 
placement de  l'ancien  château  de  Beauté-sur-Mame  (au  bois  de 
Vincennes),  connu  par  la  mort  de  Charles  V,  et  par  les  amours 
d'Agnès  Sorel,  carreau  qui  porte  inscrite  la  strophe  du  Dic^ton- 
naire  du  sage  et  du  /b/,  que  voici  : 

BELLE.  A.  BIAV.  VIS.  ET.  BLONDES.  TRESSES. 
QUL  A.  DOV.  BRAN.  ANTRE.  LES.  FESSES. 

Cette  inscription  suit  une  seule  ligne,  sous  forme  de  grecque 
ou  de  spirale  carrée  ;  elle  est  en  rouge  sur  fond  jaune. 

M.  J.  Suconi  pense  que  ce  carreau  se  trouve  aujourd'hui  au 
musée  de  Cluny  où  je  ne  l'ai  cependant  pas  pu  découvrir. 

N*"  i55,  au  musée  des  Antiquités  installé  à  la  Tour  du  con- 
nétable à  Vannes  '  (Morbihan),  est  un  de  ces  carreaux  où  l'écri- 
ture en  lettres  gothiques  minuscules  (quatorzième  au  quin- 
zième siècle)  est  en  relief;  il  provient  du  château  de  Carné 
en  Noyai  Muzillac;  et  le  a^  12i,  du  château  de  la  Villeglé- 
Lantillac. 

A  l'église  de  Saint  -  Nicolas  à  Troyes ,  on  trouve  encore 
un  carrelage  dont  un  carreau  montre,  au-dessous  du  mono- 
gramme du  Christ,  le  millésime  de  1552.  Des  carrelages  de 
cette  espèce,  provenant  de  l'ancien  couvent  de  Jeres,  près 
Brunoy  (Seine -et-Oise),  qui  se  trouvent  dans  ma  collection  et 
dans  celles  de  M.  Loebnitz  et  de  M.  Perillieu,  sont  ornés  de 
dessins  qui  représentent  des  fleurs  de  lis,  des  animaux  fantas- 

i .  Ce  petit  musée  composé  de  poteries  romaines,  gauloises,  médailles,  sculp- 
tures, etc.,  appartient  à  la  Société  archéologique.  11  est  remarquable  pour  les 
haches  et  autres  ustensiles  de  l'âge  de  la  pierre,  parmi  lesquels  il  y  a  des  chloro- 
mélanites,  des  fibrolites,  des  jadéites,  des  diorites,  etc.,  d'une  grandeur  extra- 
ordinaire, tons  trouTés  dans  le  pays  et  dont  je  n'ai  tu  de  semblables  qu'au  mosée 
de  Nantes. 


EUBOFËENNES.  399 

tiques,  des  chevaliers  à  pied  et  à  clievel,  des  varlets,  des  hal- 

-lebardes,  etc.  Quelques  archéologues  ont  voulu  attribuer  la 

fabrication  de  ces  carreaux  au  treizième  siècle,  mais  c'est  une 

erreur.  Les  carreaux  du  treizième  siècle 

sont  ou  plus  petits,  ou  recouverts  d'une 

couche  de  terre  noire  dans  laquelle  on  a 

incrusta  les  niellures  de  terre   blanche 

Les  armures  plates  ou  à  plaques  arUculéLS 

dont  les  chevaliers  sont   revêtus,  ainsi 

que  les   hallebardes  (arme  iotroduite  en 

France  seulement  en  H50},  prouvent  que 

la  fabrication  ne  peut  pas  être  antérieure 

au  quinzième  siècle. 

La  chapelle  de  Saint-Pirmin  au  village  de  Daubeuf,  sur  la 
route  de  Tougres  entre  Criquebœuf  et  Tongres,  est  pavée  de 
cette  sorte  de  briques  qui,  du  reste,  se  rencontre  dans  grand 
nombre  d'anciens  châteaux  de  la  Normandie.  Â  Avrancims  existe 
un  tombeau  complet  formé  de  ces  briques  dont  l'abbaye  de 
Couches,  à  quatre  lieues  d'Évreux,  a  été  également  pavée. 
H.  Raymond~Bordeau,à  Ëvreux,  a  recueilllà  Conches plusieurs 
exemplaires  de  ces  carreaux,  et  de  semblables,  de  ma  collection, 
proviennent  du  château  Tal mont-Vendée. 

On  trouve  au  musée  de  Troyes  de  ces  carreaux  dont  quel- 
ques-uns ont  jusqu'à  15  centimètres,  et  datent  de.  la  Sn  du 
quatorzièmejusqu'au commencement  duseizième  siècle, comme 
l'écriture  gothique  minuscule  l'indique.  Ils  proviennent  de 
l'bûlel  du  petit  Louvre,  du  couvent  des  Cordelière,  des  abbayes 
de  Larrivour  et  de  Mentièramey,  du  château  de  Ghappes,  des 
communes  de  Uesnil-Saint-Père,  Gerodot,  Mailly,  Avant, 
Rouilly,  Saint-Loup,  Rigny-le-Feron ,  Marcilly-le-Hayer,  etc. 

Un  nombre  infini  de  combinaisons  de  dessins  de  carrelage 
a  été  reproduit  dans  les  Récréations  mathémaiiques  d'Oia- 
nam. 

H.  LoebnitZjà  Paris,  fabrique  également  ces  carreaux.  C'est 
lui  qui  a  fourni  le  pavage  de  la  grande  salle  des  États  du  châ- 
teau de  Blois. 

Voir  plus  loin  les  carreaux  de  fabrication  française  à  émail 
stannifère  de  Lisie'us,  Nmfchàtel,  Ifevers,  Rouen,  et  des  châ- 
teaux d'Écouen  et  de  Polisy,  etc.,  etc.,  ces  derniers  faits  par 
des  Italiens. 


40»  POTEBIES  OPAQUES 

WMCAtXTÛ  DB  VABBIC&n**  KMCaHMDE  , 
■Bail  probiblemeot  dus  le<  cmirom  àei  ABdel;>,  en  Normaudie. 

Terre  cuite  sanscouvekte  en  partie  ternis  on  plomb,  vers  1 389 

Un  groupe  en  terre  cuite  de  ma  collection,  provenant  de  la 

(lëmoUtion  d'une  chapelle,  près  le  Grand-Andelys ,  groupe  dont 


[rfusieurs  parties  sont  recouvertes  d'un  vernis  minéral  '  et  qui 
était  entièrement  doré  à  froid,  représente  cinq  figures  en  cos- 


EUBOPÉENNES.  401 

tume  de  la  fin  du  quatorzième  ^  siècle  ou  du  commencement  du 
quinzième. 

C'est  une  pièce  fort  remarquable  pour  l'étude  de  Vhématio- 
logie jet  particulièrement  pour  les  armures  de  cette  époque; 
elle  démontre  une  fois  de  plus  combien  Tinfluence  italienne  a  été 
pernicieuse  plus  tard  au  développement  si  original  de  Tart  chré- 
tien. Lé  caractère  presque  archaïque  et  la  variété  des  physiono- 
mies des  têtes,  l'ampleur  de  la  composition,  tout  en  signale  une 
œuvre  gothique-normande  fort  remarquable. 

BEAVITAIS,  TOISIIfliIBIJ,  SAlTEIClllIBS,  POMT-AIiliOME, 

li^ITAIiIBMliE,  ete. 

Terres  cuites  au  vernis  plombifère.  1300 

Grès  au  vernis  alcalin.  1500 

Grès  au  verms  alcalin,  avec  décor  polychrome  en  émail 

stannifêre.  1838 

Une  preuve  que  le  grès  se  fabriquait  déjà  dans  ces  endroits  du 
temps  de  Rabelais  (né  à  la  fin  du  quinzième  siècle),  pourrait  être 
tirée  du  passage  (II.  29)  où  cet  auteur  parle  des  poteries  azurées  de 
Savignies,  prèsBeauvais.  —Poteries  azurées, ce  sont  bien  là  les 
grès  bleuâtres  à  émail  alcalin  que  l'on  produit  encore  aujour- 
d'hui à  Savignies^  en  même  temps  que  des  grès  bruns  communs. 

Los  terres  cuites  vernissées  de  ces  localités  sont  à  compter 
parmi  les  plus  anciennes  de  France. 

M.  de  la  Ghesnevaye  possède  un  plat  de  Beauvais,  sur  lequel 
on  lit  en  lettres  gothiques  minuscules  (caractères  en  usage  du 
quatorzième  au  seizième  siècle)  : 

Santé  sans  argent  ça  donne  maladie. 

Plusieurs  exemplaires  de  cette  môme  provenance,  au  musée 
de  Sèvres. 
Claude-Louis  Ziegler^  peintre  de  grand  mérite*,  élève  de 

1. -Outre  la  forme  des  chaussures  et  des  armes,  la  longue  barbe  des  deux 
personnages  indique  le  quatorzième  siècle,  puisque  la  barbe  ne  s'est  plus  portée 
au  quinzième  siècle,  où  on  se  rasait  toute  la  figure. 

2.  OntrouTede  lui  à  l'église  de  la  Madeleine,  àParis,  l'Epopée  du  christia' 
Hisme,  Taste  composition,  et  au  musée  du  Luxembourg  un  tableau  qui  accuse 
l'influence  de  l'école  italienne.  Au  musée  de  Nantes  une  grande  composition^  Da- 
niel dans  la  fosse  aux  lions,  Ziegler«  aussi  publié  un  Uyre:  Études  céramiques^ 
recherchée  sur  le  beau  dans  l'architecture,  etc.,  Paris,  1850,  arec  un  atlas  de 
douze  planches,  reproductions  des  meilleurs  modèles  de  ses  poteries. 

31. 


(02  POTSBIEB  OFIQUES 

H.  iDgres,  né  à  Langres  en  180i,  mort  à  Dijon  en  1856,  où  il 
était  alors  directeur  du  musée,  fooda  en  1838,  à  Foûàilteu, 
en  association  avec  H.  Uansart,  une  fabrique  de  poterin  ariis- 
tiqoe  de  grès  bruns.  Les  modèles  qu'il  y  créa  dénotent  presque 
tous  une  grande  étude  de  l'antiquité,  et  ee  distinguent  par  la 
pureté  de  leurs  formes  et  par  la  légèreté  delà  pâte. 

Le  musée  du  Coaservatoire  des  Arts  et  Métiers,  &  Paris,  pos- 
sède un  grand  nombre  de  pièces  des  produits  de  cet  artiste.  La 
plus  remarquable  c'est  le  grand  vase  de  près  d'un  mètre  de 
hauteur,  dont  le  couvercle  est  surmonté  de  la  Sgure  du  Christ, 
et  la  panse  ornée  tout  autour  des  douze  Apètres  en  bas-relier,  le 
tout  danslestyle  byzantin-roman. Un  vase,  forme  gourde  aplati, 
style  moresque,  en  grès  bronzé,  mérite  également  une  mention. 

Plusieursbeaux  grès, ornés  d'émaux  slannifères polychromes, 
rouges,  blancs,  veris,  jaunes,  bleuset  noirs,  soat  des  échantillons 
des  grèsdécorés  que  Ziegler  avait  imités  le  premier  en  France, 
d'après  les  grès  allemands  du  dix-septième  siècle  fabriqués  à 
CTeus$en. 

Le  musée  de  Sèvres  possède  également  de  beaux  exemplaires 
de  cet  artiste,  ainsi  que  H.  Barthold  Suermondt,  à  Aachen 
(Aix-la-Chapelle],  dont  la  galerie  est  ornée  de  deux  de  ces  grands 
vases  décrits  plus  haut.  Un  échantillon  qui  se  trouve  dans  ma 
collection  est  décoré  de  vignes  à  grappes  de  raisin,  en  émail 
Bert,rougeet  6/êu. 

Lorsque  Ziegler  avait  quitté  la  manufacture,  M.  Hansart  con- 
tinua seul,  jusqu'en  1854,  mais  la  production  déclina  tellement 
que  les  modèles  ne  représentaient  bientèt  plus  que  des  formes 
disgracieuses  et  lourdes,  et  on  était  arrivé  à  ne  fabriquer  que 
des  articles  de  commerce  dont  l'unique  ëcoulement  consistait 
dans  des  ventes  faites  aux  marchands  de  faïences  et  de  poteries 
communes. 

Ziegler  a  souvent  marqué  : 


BUROPÉEXNES.  403 

L'échanlillon  de  ma  collection  porte  cette  dernière  marque. 
On  trouve  aussi  quelques  pièces  où  le  mot 

Voiainlieu 

est  estampe  en  toutes  lettres. 

MM,  Eeine-Duval  et  fils,  qui  ont  leur  dépôt  à  Paris,  au  pas- 
sage des  Petites- Écuries,  sont  les  successeurs  actuels  deZiegler, 
mais  ils  ne  fabriquent  plus  que  l'article  courant. 

A  peine  Ziegler  avait  eu  Pheureuse  idée  d'appliquer  son  goût 
et  ses  connaissances  au  modelage  des  grès  artistiques,  Tengoue- 
ment  du  public  pour  ses  produits  fut  universel  en  France,  mais 
aussitôt  qu'il  eut  abandonné  la  direction  de  sa  fabrique,  cet 
engouement  cessa  complètement.  D'autres  maisons  formées 
d'après  ses  procédés  et  par  ses  anciens  ouvriers,  qui  ne  visaient 
plus  qu'à  produire  beaucoup  et  à  bon  marché,  firent  si  mal,  que 
ces  grès  descendirent  encore  davantage  et  ne  consistaient  doré- 
navant qu'en  productions  industrielles  de  la  plus  grossière  es- 
pèce. On  ne  voyait  alors  que  des  pots  à  tabac,  formes  bois- 
seaux, des  cornets  grossièrement  modelés,  et,  le  tout,  très-épais 
et  trèS'lourd  de  pâte,  qui  ne  rappelait  plus  en  rien  les  premières 
productions  du  maître. 

M.  Desmoustiers^  ancien  potier  de  la  fabrique  de  Ziegler,  s'é- 
tait établi  à  Pont-Allone.  près  Beauvais  ;  et  madame  veuve  Si- 
gney,  en  1854,  à  Vltalienney  près  Grancourt,  localité  qui  se 
trouve  également  dans  les  environs  de  Beauvais. 

Michel  qui  y  avait  déjà  fabriqué  en  i795,  était  connu  pour 
ses  produits  dans  toute  la  Picardie;  ils  consistaient  en  figurines 
de  saints. 

L'ancienne  fabrique  de  madame  Signey  appartient  actuelle- 
ment à  M.  Ludovic  Pilleux,  dont  le  dépôt,  à  Paris,  est  rueHau- 
teville;  il  marque  souvent  ses  produits  : 

L'Italienne,         (en  creux  dans  la  pAte.) 

J'ai  aussi  rencontré  de  la  faïence  à  émail  stannifére,  commune, 

qui  était  marquée  de  la  môme  manière. 
Selon  des  spécimens  conservés  au  musée  de  Sèvres,  il  y 

avait  encore  à  Saveignies  les  fabricants  de  grès  suivants  : 
M.  Laffineur,  en  1806 

M.  Delamarre^  —  1806 

Madame  veuve  Pa^e,  —1806 


404  POTERIES  OPAOI^BS 

M.  BertiH,  en  1833 

Gaudin  et  Michel  (voir  plus  haut)  sont  deux  chefs  de  fabri- 
ques qui  ont  produit  de  la  faïence  à  SaveignieSf  vers  la  fin  du 
dix-huitième  siècle,  et  dont  le  musée  de  Sèvres  possède  des 
échantillons  acquis  en  1806. 

Terres  cuites  coloriées  d'oxydes  de  fer  et  de  manganèse. 

1400  à  1600 

Les  poteries  attribuées  à  cette  localité  sont  en  brun,  couleur 
pain  d'épice  comme  celles  d'Avignon  et  de  Pavia. 

Terre  cuite  au  vernis  plombifére  depuis  1500  jusqu'à  ce  jour. 

La  fabrication  des  poteries  paraît  avoir  été  assez  importante 
à  Avignon,  puisqu'il  y  avait  jadis  une  rue  qui  s'appelait  la  rue 
du  Four-de-la-terre,  et  un  quai  qui  porte  le  nom  de  quai  de 
YOulle,  qui  signifie  marmite. 

Les  recherches  faites  dans  les  archives  ont  fourni  les  noms 
de  potiers  suivants  : 
Calle,  potier;  1500 

Veran  Merlesiem^  potier;  1517 

Guilkermeos  David^    —  1519 

Petrus  Roqueté^  —  1551 

Antoine  Castarif         —  1596 

que  Ton  doit  considérer  comme  des  fabricants  de  poteries  tout 
à  fait  communes  et  à  l'usage  des  cuisines. 
Vauceton  et  vers  1650 

Monclergeon  étaient  des  fabricants  de  pipes  ;  —    1604 

Louis  Fauquet,  potier  ;  vers  1715 

M,  B.uel,  ainsi  que  les  frères  Blanchard,  y  fabriquent  encore 
actuellement. 

On  attribue  à  Avignon,  les  plats,  vases,  buires,  coupes^  sa- 
lières, surtouts  de  table,  etc. ,  en  brun  foncé,  marbré  ou  uni, 
en  émail  coloré  de  manganèse  et  do  fer ,  et  imitant  les  nuances 
de  la  carapace  polie  d'une  tortue;  quelquefois  marbré  noir,  d'un 
beau  vernis,  aussi  à  mascarons  jaunes,  comme  on  en  peut  voir 
sur  des  buires  aux  musées  de  Cluny  et  du  Louvre.  La  pâte  de 


EUROPÉENNES.  40S 

ces  poteries  est  roussâlre  et  les  formes  en  sont  artistiques  ;  elles 
ne  portent  généralement  pas  de  marques.  On  a  fabriqué  de  pa- 
reilles poteries  à  Clermont-Ferrand.  Les  n"*  3013,  30U et  3015, 

que  le  musée  de  Cluny  a  portés  dans  le  catalogue  sous  la  déno- 
mination d'Avignon,  me  paraissent  d'un  émail  trop  noir  pour 
provenir  de  cette  localité.  Ce  sont  plutôt  des  faïences  italiennes 
de  Montelupo  ',  situé  entre  Pisa  et  Firenzo,  aussi  bien  que  les 
n"'  2978  et  2979.  Le  musée  du  Louvre  possède  de  la  fabrique 
d'Avigaon  un  beau  surtout  ou  plateau  ondulé  à  galeries  à 
jour,  espèces  de  balcons. 


Surtout  en  terre  cuite  d'ATignoD  (  collecUoii  Demmin], 


Le  pendant  fait  partie  de  ma  collection,  et  un  autre,  un  peu 
plus  petit,  appartenait  à  celle  de  H.  Mathieu  Meusnier.  Au  mu- 
sée de  Kensington,  les  n°'  3823  et  3824  sortent  également  de 
la  fabrique  d'Avignon. 

MM.  Uichel  et  Robellay,  d'Avignon,  collectionnent  avec  ar- 
deur tout  ce  qu'ils  peuvent  rencontrer  en  pwteries  artisti- 
ques des  productions  des  anciennes  fabriques  de  la  ville. 

Les  buires  en  terre  cuite  brune  vernissées,  ordinairement 
unies  et  sans  ornements  eq  relief,  ont  quelquefois  des  facettes 
comme  des  pierres  taillées  et  les  premiers  grès  de  Boitger. 

Une  buire  de  24  cent,  de  bauteur,  de  ma  collection,  à  long 
goulot,  tête  de  chimère,  au  vernis  minéral  jaune  et  vert,  et 
qui  doit  remonter  au  seizième  siècle,  est  recouverte  d'orne- 
ments en  reliefe,  appliqués  par  labarbotine;  ces  ornements 
consistent  enmascarons,  arabesques,  amoui^  et  autres  figures 
nues  dont  les  petites  tâtes  sont  pleines  d'expression.  Cette 


406  POTSBIES  OPAQUES 

buire,  à  surprise  ■,  se  remplit  par  le  socle  et  n'a  pas  d'ouver- 
ture par  en  haut. 


uuTsii  el  près  de  SoageanE. 

Terres  ci 
Grès, 

On  y  a  fabriqué  de  tout  temps  de  grossières  terres  cuites  qui 
ressemblaient  tant  soit  peu  à  celles  dites  de  Bernard  Palissy. 

M.  Godin-ThuilUer  y  fabrique  actuellement  des  grès;  des  ap- 
pareils pour  les  produits  chimiques  sont  sa  spécialité. 


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EUROPÉENNES.  407 

liOCAIilTlÉ   IMCONMIJE. 

Terre  de  pipe  au  vernis  plombifère  et  a  niellures,  dite  de 
HENRI  II,  de  DIANE  DE  PoiTOD^,  D*oiRON,  otc. ,  fabriquée  vers 
la  fin  du  seizième  siècle,  comme  tout  l 'indique  dans  son  style. 
La  révélation  de  l'existence  de  cette  poterie  artistique  ne 
remonte  pas  plus  haut  qu'à  une  trentaine  d'années,  à  l'excep- 
tion de  celle  conservée  dans  la  collection  Walpole. 
On  connaît  les  marques  suivantes,  toutes  en  bleu  dans  la  pâte  : 
La  Salamandre  de  François  le': 


Les  croissants  entrelacés  de  Diane  de  Poitiers  (qui  sont  aussi 
les  armes  de  la  ville  de  Bordeaux)  : 


Le  chiffre  de  Henri  II: 

H. 


Le  monogramme  de  Henri  H  et  de  Catherine  de  Médicis  : 

a-D" 


W 


OU 


1.  Où  ne  Ta-ton  pas  chercher  les  dénominations?  C'est  cette  misérable 
femme  qui,  après  s'être  prostituée  à  François  l*"",  fit  exécuter  par  Jean  Goi^jon, 
dans  la  cathédrale  de  Rouen,  à  la  mémoire  du  vénérable  duc  de  Rrézé,  son  mari 
déshonoré,  un  magnifique  tombeau,  où  on  la  voit  agenouillée  en  face  de  la  Vierge; 
elle  fit  inscrire  cyniquement  sur  la  pierre  tumulaire  : 

IndiraUa  tibi  qoondani  et  fidissiroa  conjuT» 
Ul  fuit  in  thalamo,  sic  erit  in  tunuilo. 

C'est-à-dire  :  t  comme  l'épouse  ne  te  quitta  jamais  et  t'était  fidèle  dans  le  lit 
nuptial^  elle  te  le  sera  aussi  dans  la  tombe  !  »  Elle  garda  en  effet,  à  son  époux 
mort,  la  même  fidélité  qu'elle  lui  avait  jurée  vivant.  Ayant  été  la  maîtresse  du 
père,  elle  continua  son  métier  avec  le  fils,  Henri  II,  qui  avait  ringt  ans  de  moins 
qu'elle.  Enterrée  auchâteaud'Anet,  maudite  des  femmes  protestantes,  i  dont  elle 
s'était  fait  fête  de  voir  brûler  les  parents,  en  société  de  son  noble  amant,  »  elle 
sert  aujourd'hui  à  augmenter  le  nombre  des  grandes  figures  de  certains  historiens. 

2.  C'est  le  monogramme  avec  lequel  Henri  II  avait  l'habitude  de  signer  ses 


408  POTBKIES  OPAQUES 

Les  armes  de  Montmorency-Laval. 
Les  armes  des  Goetmen  de  Bretagne. 
Le  monogramme  du  Christ. 

L*écu  de  France,  surmonté  d'une  couronne  de  prince  et  en- 
touré du  cordon  de  Saint-Michel*  : 


La  seule  pièce  connue  qui  porte,  outre  la  marque  nobiliaire 
de  la  famille  ou  des  particuliers  auxquels  elle  a  appartenu,  un 
monogramme  distinct,  est  le  plateau  rond,  à  intérieur  godronné, 
de  la  vente  d'Espaulart  (mai  1857),  qui  y  figurait  sous  le  n*  3, 
et  qui  appartient  aujourd'hui  au  duc  d'Hamilton  en  Angle- 
terre : 


M- 


(en  creux  dans  la  pâte.) 

Cette  terre  de  pipe,  que  quelques  auteurs  ont  appelée  le  Phé- 
nix et  le  Sphinx  de  la  curiosité,  est  faite  d'une  espèce  de  terre 
blanchâtre,  avec  ou  sans  ornements  en  haut-relief,  tels  que 
mascarons,  cannelures,  écussons  et  môme  figurines  (  toujours 
nues)  en  ronde-bosse  et  presque  toutes  dégagées  du  corps  delà 
pièce.  Les  dessins  du  décor  ne  sont  pas  tracés  au  pinceau  ou 
au  burin,  mais  en  niellure,  c'est-à-dire  en  incrustations  jaune 
d'ocre,  liserées  de  brun,  style  mixte  renaissance,  à  feuillage?, 


lettres,  comme  on  peut  voir  folio  2,  manuscrit  n**  3143,  à  la  Bibliothèque  im- 
périale à  Paris. 

Ce  monogramme  est  composé,  selon  les  uns,  du  double  C,  l'initiale  de 
Catherine  et  du  H,  initiale  de  Henri  //ou  Henri  UI,  puisque  Catherine  de  Médicis 
et  Henri  III  ne  sont  morts  qu'en  1589,  la  même  année.  Selon  d'autres,  ce  mono- 
gramme est  celui  de  Henri  II  seul. 

2.  L'ordre  de  Saint-Michel  a  été  remplacé  en  1778  p^r  celui  du  Saint-Esprit. 


EUROPEENNES.  409 

bandelettes  et  fleurettes.  La  fabrication  a  été  obtenue  par  les  fers 
des  relieurs  de  livres,  avec  lesquels  ils  dorent  les  livres,  et  elle 
n'offre  aucune  difficulté.  En  plusieurs  dessins  on  reconnaît  les 
fers  gravés  par  iMcosKrawac/i  (i472-iS53),qui  ont  servi  à  beau- 
coup d*anciennes  reliures  françaises.  Quelques  pièces  sont,  par 
endroits,  vernissées  en  verts,  bleus  ou  rouge  d'oeillet.  La  fabrica- 
tion en  a  été  attribuée  à  plusieurs  nations  et  à  différents  artistes. 
—  M.  André  Potier,  de  Rouen,  qui  le  premier  (en  i  839,  dans  Tou- 
vrage  deWillemin  )  a  parlé  des  faïences  de  Henri  II,  croit  qu'elles 
sont  l'œuvre  des  artistes  florentins.  M.  Burger  dans  son  article  de 
1846,  publié  par  V Alliance  des  arts,  les  attribue  à  Ascanio, 
l'élève  deBenvenuto  Cellini,  opinion  plaisante  à  laquelle  M.  Tain- 
turier,  en  1840,  se  range  dans  sa  brochure  descriptive  de  ces 
faïences.  L'opinion  la  plus  étrange,  et  la  moins  soutenable  ce- 
pendant, est  celle  de  M.  Delangle,  qui  voudrait  en  faire  remonter 
la  fabrication  à  Girolamo  délia  Robbia,  à  cause  d'un  espèce  de  G 
marqué  dans  l'aiguière  appartenant  à  M.  Hollingworth  Magniac, 
en  Angleterre.  —  Quel  rapport,  môme  éloigné,  peut  exister 
entre  les  œuvres  des  délia  Robbia  et  les  faïences  de  Henri  II? 

Aucune  de  ces  attributions  n'est  donc  soutenable;  leurs 
formes  ne  rappellent  d'ailleurs  en  rien  le  goût  pur  de  Benve. 
nuto  Cellini,  pour  qu'on  puisse  en  faire  honneur  même  à  son 
élève;  et  nous  ne  possédons  aucun  indice  qui  permette  de 
supposer  qu' Ascanio  se  soit  jamais  occupé  de  céramique.  On 
sent  du  reste,  à  première  vue,  que  le  style  de  la  renaissance 
italienne  ne  s'y  trouve  pas  :  le  goût  et  la  main  d'un  Fran- 
çais y  ont  passé,  et  il  se  pourrait  bien  que  ces  pièces  fussent 
l'œuvre  de  plusieurs  artistes  adonnés  à  copier  en  terre  des  ou- 
vrages d'orfèvrerie,  en  se  servant  des  fers  de  doreurs  de  re- 
liures; mais  on  doit  les  placer  pour  la  plupart  à  la  fin  du  sei- 
zième siècle. 

Dans  un  style  si  prétentieux,  qu'il  rappelle  le  caquetage  d'une 
poule  qui  annonce  son  œuf,  un  amateur  de  province  a  eu  tout 
dernièrement  la  naïveté  d'écrire  un  gros  volume,  où  il  remonte 
jusqu'au  temps  d'Adam  et  d'Eve  pour  prouver  que  ces  poteries 
ont  été  fabriquées  à  Oiron,  près  Thours  (Deux-Sèvres),  avec 
les  terres  de  Régné,  ou  de  quelques  autres  localités  de  la  même 
contrée;  elles  seraient,  selon  lui,  uniquement  l'œuvre  de  deux 
artistes,  de  François  Charpentier  et  de  Jean  Bemart  ou  Bernard, 
gardien  de  la  librairie  et  secrétaire  d'Hélène  de  Hangest-Genlis, 

36 


410  POTERIES  OPAQUES 

veuve  d'Arthus  Gauffier,  morte  en  1537.  Le  monogramme  de 
Catherine  de  Médicis  et  de  Henri  II,  ce  double  D  ou  G  —  for- 
mant par  son  milieu  réuni  le  HC,  c'est-à-dire  les  initiales  de  Ca- 
therine et  Henri  réunies,  — -  serait,  selon  ce  curieux  archéologue, 
le  monogramme  de  Hangest  et  de  Gauffîer.  Tout  cela  est  trop 
peu  sérieux  pour  s*y  arrêter.  La  plupart  de  ces  poteries  mon- 
trent bien  d'autres  monogrammes  encore,  et  n'ont  été  imitées 
ainsi  que  leurs  monogrammes,  d'après  des  pièces  d'orfèvrerie, 
qu'à  la  fin  du  seizième  siècle,  lorsque  la  brave  dame  Hélène  de 
Hangest  était  enterrée  depuis  longtemps,  et  elles  sont  visiblement 
l'œuvre  de  plusieurs  personnes  et  exécutées  à  des  époques  diffé- 
rentes. 

Les  prix  énormes  payés  pour  cette  poterie,  qui  n'est  pas 
seulement  émaillée  (elle  est  vernissée  au  plomb),  ne  sont  pas 
justifiés  par  sa  valeur  artistique.  Vingt  à  trente  mille  francs 
payés  pour  une  terre  cuite  qui  ne  peut  être  comptée  que  parmi 
les  productions  du  «  petit  art,  »  c'est  trop  1  Si  un  biberon  de 
cette  terre  de  pipe,  fabriqué,  en  fin  de  compte,  par  des  pro- 
cédés manufacturiers,  —  c'est-à-dire  par  couches  répétées  et 
préparées,  ■—  vaut  vingt  mille  francs,  la  chaise  en  fer  ciselée  du 
célèbre  Thomas  Rukers,  propriété  du  comte  Falkstone,  vaudra 
des  millions. 

Toutes  les  pièces  des  faïences  de  Henri  II  connues  ont  été 
trouvées  en  Touraine  et  on  Vendée;  mais  la  plupart  dans  le 
premier  de  ces  deux  pays.  De  sorte  que  l'on  peut  admettre  que 
le  lieu  de  la  fabrication  était  en  Touraine. 

En  Angleterre,  M.  H.  Minton,  qui  fabrique  des  carreaux  de 
revêtements  niellés,  à  dessins  Alhambra  rouges  et  verts,  a 
aussi  imité  ces  faïences  de  Touraine,  ainsi  que  madame  veuve 
Dumas  et  M.  Théodore  Deck,  à  Paris.  M.  Avisseau  fils,  de 
Tours,  a  envoyé  à  la  dernière  Exposition  universelle  de  London, 
deux  pièces  dans  le  genre  des  poteries  de  Henri  U  qui  lui  ont 
valu  la  médaille. 

Il  est  à  remarquer  qu'aucune  des  cinquante-cinq^  pièces 
connues  ne  se  répète  ;  —  elles  sont  toutes  plus  ou  moins  diffé- 
rentes. En  voici  la  liste  exacte  : 


i .  Aojoord'hui  on  compte  soixante-sept  pièces,  dont  plusieurs  ont  été  fabri- 
quées  plus  tard,  ce  qui  paraît  bien  démontrer  que  cette  fabrication  n'a  pas  eu 
lieu  à  un  seul  endroit. 


Pot«ne  dite  de  Beoii  I[, 


1.  Coupe,  3  croissanU  de  Diane,  Musée  du  LouTre. 

3.  SaUëre,  Chiffre  de  Diane,  • 

3,  Coutercle,  Écu  de  France,  Huaée  de  Serres. 

4.  CouTercle,  x 
&.  Coupe  à  pied  et  à 

couvercle,  ËcudeFrance(a°8aO),  Hueée Sauva gsol. 

A,  Vaeeà  goulot,  ou 

biberon(lhél4re),ArmBBdeFratice[807),  ii 

1.  Salière,  Armes  de  François  1°' 

(n°  SOS),  Musée  Sauvageol. 

8.  Salière,  Trois  croissinta  de  Dia- 

ne (n-  809), 

B.  Sdlère,  Trois  croissants  de  Dia- 

ne |n"  810), 

10,  Coupoàcoavercle,  Armes  des  Coetmen  de 

Bretagne,  Musée  de  Clany. 

11.  Flambeau,  Fleura  de  lia,  H.  le  baron  Gnalave 

HolhechUd. 


412 

POTERIES  OPAQUES 

12.  Hanap^ 

— 

» 

13.  Canette  ou  yider 

-Armes  d'un  membre  de  M.  le  baron  Alphonse 

corne, 

la  fam  .Montmorency^ 

»      de  Rothschild. 

14.  Salière, 

Trois  croiss.  de  Diane, 

» 

(armes  de  Bordeaux.) 

15.  Petite  aiguière, 

— 

» 

16.  Coupe, 

— 

M.  le  baron  James  de 
Rothschild. 

1 7 .  Gourde  de  chasse , 

— 

M.  leducd'Uzès. 

18.  Coupe, 

-^ 

» 

19.  CouY.  de  coupe, 

— 

» 

20.  Biberon, 

Écu  de  France, 

Collection  Portalès  K 

21.  Salière, 

9 

M.  le  vie.  de  Tusseau*. 

22.  Coupe  à  couvercle, 

,  Chiffre  de  Diane, 

M.  Hutteau  d'Origny. 

23.  Salière, 

— 

Madame  d'YYon. 

24.  CouT.  de  coupe. 

( 

M.  Benjam.  Delessert. 

25.  Flambeau, 

■^ 

M.  Norzy. 

26.  Salière, 

M.  Grasset,  Charité- 
sur-Loire,  à  Tours. 

27,  Biberon, 

— 

» 

28.  Salière, 

£N  ANGLETERRE  : 

» 

29.  Plateau  rond, 

Trois  croissants, 

Musée  de  Kensington. 

30.  Coupe, 

a^ivB» 

M.  Duyne  de  Hamiltou. 

31.  Salière, 



» 

32.  Aiguière, 

— 

M.  le  baron  Antony  de 
Rothschild. 

33.  Coupe, 

Double  D  de  Henri  II, 

« 

34.  Hanap, 

— 

» 

35.  Flambeau, 

Écu  de  France  et  armes 

M.  le  baron  Antony  de 

de  Clerm*-Vivonne  8, 

Rothschild. 

36.  Coupe, 

Trois  croissants, 

B 

37  et  38.  Deux  porte- 

- 

bouquets, 

— 

U 

39.  CouY.  de  coupe. 

— 

n 

1.  Vendue,  depuis,  27.000  francs. 

2.  A  l'exposition  rétrospeclWe  de  1865,  au  Palais  de  l'Industrie  à  Paris, 
M.  le  vicomte  de  Tusseau  a  exposé  3  pièces. 

3.  Diane  de  Vivonne,  femme  de  Claude  de  Clermont,  baron  de  Dampierre,  né 
en  1515,  mort  en  1583. 


EUROPÉENNES. 


4i3 


40.  Biberon  (théière), 


»-  M.  le  baron  Lionel  de 

Rothschild. 

41.  Salière,  —    .  » 

42.  Aiguière  (la  plus  G,  M.   Hollîngworth   Ma- 

belle  pièce)  ^  gniac. 

43.  CouT.  de  coupe,    Armes deMontmorency,  * 


44.  Flambeau, 

45.  Biberon, 

46.  Salière, 

47.  Salière, 

48.  Salière, 

49.  Salière, 


50.  Drageoir, 

51.  Pied  d'aiguière  (fragm.)        — 

52.  Petite  aiguière, 

53.  Petite  aiguière, 

54.  Coupe, 


A.  et  armes,     dito,      M.  Andrew-Fountaine. 
A,  Jf.  (monogr.  d'Anne  » 

de  Montmorency, 

I- 

Trois  croissants,  M.  Robert  Napier. 

Armes  de  François  !«',  M.  George  Field. 
Trois  croissants,  M.  S.  Addington. 

Trois  fleurs  de  lis,        M.  John  Webb. 


EN  RUSSIE 


55.  Biberon, 


M.  Henry  P.  Hope. 

» 
M.  T.  Smith. 
M.  Henry  Durlacher. 

M.  le  prince  Galitzin. 


M.  Robinson  a  minutieusement  décrit  dans  le  catalogue  des 
collections  d*amateurs  du  musée  Kensington  (London,  1862) 
toutes  les  faïences  de  Henri  II  qui  se  trouvent  en  Angleterre. 

La  coupe  n^  2139,  au  musée  de  Cluny,  a  éprouvé  de  singu- 
lières variations  de  prix.  Achetée  un  franc  par  la  grand'-mère 
de  M.  Burger  dans  une  vente  faite,  en  1793,  à  la  Flèche  (Sarthe), 
d'objets  provenant  du  couvent  de  Saint-François  et  vendue  à 
un  marchand  de  curiosités  pour  60  fr.,  —  elle  fut  rachetée 
immédiatement  par  M.  Burger,  qui  la  revendit  plus  tard  au 
musée  de  Cluay  pour  la  somme  de  800  fr. 

mAMWTKM  (Charente-Infér.). 
Terre  ctJiTE  commune  vernissée  au  plomb,  1500 

ET  A  PARTIR  DE  1539,  TERRE  CUITE  ARTISTIQUE,  VERNISSÉE  ET 
COLORIÉE  DANS  LA  PATE. 

FaIences  a  ÉMAIL  STANNIFÉRE.  Époquo  actuolle. 

Poterie  fabriquée  par  Bernard  Palissy  et  par  d'autres  potiers. 


1.  Exemplaire  estimé  par  M.  Robinson  50,000  francs. 


35. 


4U  POTUIIS  OPIQUHS 

La  poterie  vernissée  de  Saintes,  de  la  première  époque,  est  gé- 
néralement en  vert  de  cuivre,  pareil  à  celui  des  pôôles  de  Ntim- 
berg  du  dix-septième  siècle.  Un  piat  vert  de  ce  genre,  au  mil- 
lésime de  IS1 1 ,  est  au  musée  de  Sèvres.  Les  K  (Karl  ou  Cbarl) 
que  l'oD  y  voit,  l'ont  fait  attribuer  au  règne  de  Charles  VIII.  Il 
porte  aus»  la  signature  du  potier  Massé  et  une  inscription  latine 
dont  voici  la  traduction  : 


cembrc   1511. 

Le  dessin  du  bas-relief  représente  les  instruments  de  la  Pas- 
sion. 

Un  pareil  plat  se  trouve  dans  la  collection  de  M.  le  baron  de 
Rothschild,  à  Paris,  et  deux  autres  au  musée  de  Cluny  et  dans 
la  collection  Fau. 

Au  musée  Sauvageot,  les  n"  920  et  921  sont  deux  pots 
également  en  terre  cuite  vernissée,  verts,  de  cette  provenance. 

Bernard  Palissy  peut  âtre  considéré  comme  le  créateur  de 
la  géologio,  ou  au  moins  comme  le  premier  pionnier  de  cetle 


île  de  Palùtf ,  le  seul 


science  moderne.  Dans  un  cours  de  minéralogie  qu'il  Dt  à 
Paris,  en  1375,  il  combattit  déjà  l'idée  que  les  fossiles  fussent 


fiUROPÉEKNES.  415 

de  simples  jeux  de  la  nature  ^.  Il  soutint  le  premier  Topinion 
que  les  fossiles  de  coquilles  trouvés  aux  sommets  des  monta- 
gnes y  sont  apportés  par  les  mers  qui  jadis  couvraient  les  con- 
tinents. Son  mérite  comme  potier  a  été  cependant  grandement 
exagéré. 

Palissy  qui  avait  aussi  à  Paris  un  cabinet  d'histoire  natu- 
relle, le  premier  connu  dans  cette  ville,  et  dont  les  exemplaires 
lui  servirent  dans  les  démonstrations  de  ses  cours,  ignorait 
cependant  les  premières  notions  de  la  chimie  naturelle  et  pra- 
tique à  laquelle  les  Arabes  avaient  déjà  donné  une  si  grande 
impulsion  à  partir  du  onzième  siècle.  Les  idées  de  Palissy  sur 
la  chimie  et  Talchimie  étaient  souvent  bien  étranges,  et  on  se 
demande  comment,  à  côté  de  cette  ignorance,  se  trouvent  sou- 
vent des  éclairs  d'une  grande  pénétration  scientifique. 

Palissy  prétend  entre  autres  dans  son  ouvrage  que  le  verre 
jaune  que  l'on  fabriquait  alors  dans  la  Lorraine  était  teint  par 
des  résidus  coloriants  tirés  du  boispounH.  Croire  que  des  végé- 
taux que  le  feu  consume  peuvent  servir  à  colorer  des  matières 
minérales  qui  doivent  recevoir  leur  coloration  en  état  de  fusion 
est  aller  bien  loin  dans  les  hypothèses.  Ce  jaune  obtenu  par 
les  couches  du  bois  de  bouleau ,  n'est  qu'une  fumigation  propre 
à  teindre  légèrement  le  verre  à  une  très-basse  température. 

Ferrand,  dans  son  Art  du  feu  ou  de  peindre  en  émail,  etc. 
(1731),  dit  aussi  que  la  couleur  des  chênes,  doit  être  préparée 
avec  «  du  cœur  de  bois  de  vieux  chêne  pourri  depuis  long- 
temps, mais  d'un  arbre  vivant  et  planté  dans  une  terre  vi- 
triolée. » 

Pierre  le  Vieil,  le  consciencieux  auteur  du  traité  de  VArt  de 
la  peinture  sur  verre,  publié  en  1768,  à  fait  passer  la  recette  ,de 
Palissy  dans  son  livre,  et  il  y  ajoute  celle  de  Ferrand  en  par- 
lant de  la  poudre  jaune  qui  se  trouve  dans  les  vieux  chênes.  Je 
pense  que  tous  les  trois,  en  se  copiant  les  uns  les  autres,  ont 
confondu  ici  le  fondant  avec  le  colorant,  puisque  les  cendres 
servent  ordinairement  à  former  de  bons  fondants  et  que  tous 
les  bois  pourris  contiennent  des  sels. 

Inférieur  aux  Délia  Robbia  et  aux  maîtres  de  Nûrnberg,  dont 
il  avait  fréquenté  l'école,  et  qui  modelaient  leurs  ouvrages  en 

1.  Voir  dans  l'àppéiitlice  la  mystification  géologique  à  Wiirtzburg,  au  dix- 
huitième  siècle. 


416  POTERIES  OPAQUES 

grande  partie,  et  lesëmaillaient  à  rëtain',  Palissy  qui  moulait  les 
siens  et  les  vernissait  au  plomb,  ne  saurait  être  compté  en  pre- 
i)aière  ligne.  G'j9st  à  cause  de  cette  facilité  de  moulage  que  les 
œuvres  de  Palissy  se  répètent  et  manquent  de  variété.  Ses  mou- 
les, vendus  après  sa  mort,  ont  servi  à  des  reproduclions  conti- 
nuelles. Les  luttes  et  les  misères  de  cet  artiste,  plus  savant  qu'ar- 
tiste, racontées  par  lui-môme  et  popularisées  en  France  d'une 
manière  romanesque ,  ont  beaucoup  plus  contribué  à  lui  faire 
sa  grande  réputation,  que  ses  plats  ornés  de  poissons  et  de  gre- 
nouilles. La  masse  du  public  ne  sait  guère  que  ces  luttes  et  ces 
misères  sont  presque  toujours  le  partage  du  plus  grand  nombre 
des  artistes.  Le  genre  des  ouvrages  de  Palissy  offre  aussi  un 
champ  trop  accessible  à  la  contrefaçon.  On  les  imite  actuelle- 
ment dans  plusieurs  fabriques,  comme  j'ai  eu  déjà  l'occasion 
de  le  signaler  au  début  de  cet  ouvrage.  M.  Aviso  et  quelques 
autres  potiers  à  Tours  ;  M.  Barbizot  et  M.  Pull  à  Paris  ;  M.  Min- 
ton  à  Stoke  on  Trenti  en  Angleterre,  en  sont  les  fournisseurs 
actuels.  Le  plus  beau  plat  de  la  collection  du  Louvre,  le  grand 
plat  oval  à  la  langouste,  et  à  la  coloration  plus  foncée,  si  supé- 
rieur, en  vérité  et  finesse  d'exécution,  à  tout  ce  que  l'on  a  at- 
tribué à  Palissy  et  à  ses  continuateurs  est  moderne;  c'est  une 
œuvre  de  feu  Avisseau  père,  de  Tours.  Depuis  la  mort  de  Pa- 
lissy, des  continuateurs  ont  produit,  sans  interruption  jusqu'à 
nos  jours,  des  ouvrages  qui  bien  souvent  passent  pour  les  siens  *. 
J'ai  vu  vendre  une  figurine  qui  représente  une  paysanne  (con- 
nue sous  la  désignation  de  la  Nourrice  j  et  dont  le  musée  de 
Sèvres  possède  un  exemplaire)  800  fr.  dans  une  vente  publique, 
et  j'ai  rencontré  depuis  cinq  fois  la  même  figure  au  prix  de 


1 .  Le  genre  des  terres  coites  à  figures,  modelées  soit  à  la  main,  soit  par  le 
moule,  attribué  à  Palissy,  a  été  fabriqué  avant  lui  et  à  son  époque  par  tous  les 
potiers  de  l'Allemagne  des  écoles  saxonnes,  franconniennes  et  souabes,  en 
émail  stannifère. 

l .  Il  est  très-difficile  de  reconnaître  le  Trai  Palissy  de  la  contrefaçon  an- 
cienne. Les  reliefs  que  Palissy  a  reproduits,  comme  fougères,  branchages,  rep- 
tiles, poissons,  etc.,  sont  cependant  tous  surmoulés  sur  des  sujets  trouvés  aux 
environs  de  Paris.  Les  serpents,  comme  ornements  de  plats,  que  les  conti- 
nuateurs ont  imités  d'après  Palissy,  —  se  reconnaissent  souvent  à  leur  cou- 
leur plus  brune,  —  et  diffèrent  de  l'espèce  de  reptiles  trouvée  aux  environ» 
de  Paris.  Mais  les  modernes  imitateurs  ont  aussi  réussi  à  bien  imiter  les  couleurs 
de  Palissy  et  ses  divers  genres  d'animaux»  en  les  surmoulant  sur  ses  propres 
plats.  Tout  cela  démontrera  à  l'amateur  que  le  Palissy  est  peu  propre  à  être  col- 
lectionné; parce  qu'il  offre  trop  de  mauvaises  chances. 


EUROPÉENNES.  417 

25  et  30  fr.,  qui  certes  était  sortie  du  môme  moule.  Il  y  en  a 
une  pareille  au  musée  du  Louvre  et  deux  autres  aux  musées 
Sauvageot  et  de  Cluny  (n92{^0).  Aucune  n'est  dePalissy,  puique 
le  costume  de  cette  campagnar  de  indique  Fépoque  de  Louis  XIII*. 
Enfin,  M.  Pull,  à  Paris,  a  fabriqué  de  nouveau  ce  même  mo- 
dèle, ainsi  que  le  joueur  de  vielle,  mais  un  peu  plus  grand. 

Il  n'y  a  pas  longtemps  encore  que  l'engouement  pour  les 
terres  cuites  vernissées,  attribuées  à  ce  maître,  était  poussé 
aussi  loin  que  celui  pour  les  faïences  dites  de  Henri  II.  Deux 
coupes  au  chiffre  de  Henri  II  et  de  Catherine  de  Médicis,  ont 
été  payées  12,500  fr.  à  la  vente  Rattier.  Depuis  mes  publica- 
tions, par  lesquelles  j'ai  tenté  de  faire  comprendre  au  public 
combien  il  y  a  peu  de  certitude  et  aucune  preuve  authentique 
qu'une  pièce  soit  du  maître  môme,  —  ces  sortes  de  terres  cuites 
émaillées  n'atteignent  guère  plus  de  200  à  800  fr.,  et  les  prix 
d'un  exemplaire  ordinaire  attribué  à  Palissy  monte  mainte- 
nant de  50  à  300  fr.  tout  au  plus. 

Bernard  Palissy  ou  Palissis  est  né  en  l'année  1510,  suivant 
plusieurs  auteurs,  à  la  Chapelle-Biron,  village  du  Périgord,  ou 
à  Montpazier  »,  chef-lieu  de  canton  du  département  de  la  Dor- 
dogne,  d'après  mes  dernières  recherches.  Auteur  d'un  mémoire 
et  d'autres  remarquables  ouvrages  parmi  lesquels  VArt  de  terre^ 
qui  traite  de  la  céramique  >,  il  doit  ôtre  rangé  comme  potier 

1 .  Pour  tontes  les  personnes  Tersées  tant  soit  peu  dans  les  études  archéologi- 
ques, il  est  évident  que  cette  [statuette  ne  peut  dater  que  de  la  fin  du  règne  de 
Henri  IV  ou  du  commencement  de  celui  de  Louis  XIII.  On  n'a  qu'à  regarder  le 
bonnet  du  nourrisson  emmaillotté  pour  être  fixé  sur  l'époque. 

2.  La  petite  ville  de  Montpazier,  qui  était  jadis  sous  la  suzeraineté  de  la  fa- 
mille Biron,  dont  le  château  ne  se  trouve  qu'à  une  lieue  de  distance,  a,  dans  sa 
construction,  —  où  les  rues  forment  des  promenades  à  l'abri  de  la  pluie,  par  la 
suite  continue  des  arcades  couvertes  de  ses  maisons,  —  un  caractère  espagnol 
très-prononcé,  et  son  marché  aux  chevaux,  qui  tire  son  origine  de  la  vente  des 
coursiers  d'une  nombreuse  troupe  revenue  des  croisades,  indique  l'antiquité  de  la 
ville. 

3 .  Les  premières  éditions  des  ouvrages  de  Palissy,  publiées  durant  la  vie  de 
l'auteur,  ont  paru  à  Lyon  en  1557,  à  La  Rochelle  en  1563  et  1564  et  à  Paris 
en  1580. 

Deux  volnmes  in-8,  l'un  de  255  et  l'autre  de  525  pages,  ont  été  publiés  de- 
puis par  Robert  Fouet  à  Paris  en  1636,  sous  les  titres,  Tun  :  <>  Moyen  de  devenir 
riche  et  la  manière  véritable  par  laquelle  tous  les  hommes  de  la  France  pour- 
raient apprendre  à  multiplier  leurs  trésors  et  leurs  possessions,  avec  plusieurs 
autres  excellents  secrets  des  choses  naturelles,  lesquelles  jusqu'à  présent  l'on 
n'a  ouï.  » 

L'autre  :  a  Seconde  partie  du  moyen  de  devenir  riche,  contenant  les  discours 


418  POTERIES  OPAQUES 

dans  récoie  de  Nurnberg.  Protestant  sincère,  homme  de  bien, 
il  est  mort  à  80  ans,  en  1590,  à  la  Bastille  (d'après  d'autres  au- 
teurs, au  Gbâtelet)  sous  Henri  III.  Lorsque  ce  roi  pusillanime 
vint  le  voir  à  la  Bastille  pour  obtenir  sa  conversion  sous  peine 
de  mort,  en  lui  disant  :  Je  suis  contrainty  —  Palissy  répondit  : 
Et  moi,  sire,  je  sais  mourir^.  L'ancien  catalogue  de  Cluny 
appelait  cette  mort,  une  mort  au  milieu  des  honneurs. 

On  prétend  qu'il  existe  de  Palissy  des  plats  signés  en  creux 
dans  la  pâte. 


mais  je  n'en  ai  jamais  rencontré;  tous  ceux  que  j'ai  vus  étaient 
sans  signature  :  cette  marque  se  trouve  sur  la  Nourrice  (n®4l), 

admirables  de  la  nature  des  eaux  et  fontaines,  tant  naturelles  qu'artificielles,  des 
fleuves,  puits,  cistemes,  étangs,  mares  et  autres  eaux  douces,  de  leur  origine, 
bonté  et  autres  qualités.  De  l'alchimie,  des  métaux,  de  l'or  potable,  du  mitridat, 
des  glaces,  des  sels  végétatifs  ou  génératifs,  du  sel  commun.  Description  des 
marez  salans,  des  pierres,  tant  communes  que  précieuses.  Des  causes  de  leur 
génération,  |formes,  couleurs,  pesanteur  et  qualités  d'icelies  ;  des  terres  d'ar- 
gile, de  l'art  de  terre,  de  son  utilité  et  du  feu,  de  la  marne  et  du  moyen  de  la 
cogooistre  ;  par  M.  Bernard  de  Palissy  de  Xaintes,  inventeur  des  Rustiques  figu- 
lines  du  Roy.  • 

Après  cela  out  paru  :  «  Œuvres  de  Bernard  Palissy,  »  revues  sur  les  exem- 
plaires de  la  bibliothèque  du  roy,  avec  des  notes  par  Faujas  de  Saint-Fond  et 
Gobet,  Paris  1777,  in-4,  et  plusieurs  autres  éditions  plus  modernes  dont  la 
notice  se  trouve  dans  la  nomenclature  des  ouvrages  à  l'introduction  de  ce  guide. 

1 .  «  Mon  bon  homme,  »  lui  disait  ce  prince  méprisable,  «  il  y  a  quarante- 
cinq  ans  que  vous  êtes  au  service  de  la  reine,  ma  mère,  et  de  moi  ;  nous  avoas 
enduré  que  vous  ayez  vescu  en  votre  religion,  parmi  les  feux  et  massacres; 
maintenant,  je  suis  tellement  pressé  par  ceux  de  Guise  et  mon  peuple,  qu'il  m'a 
fallu  malgré  moi  mettre  en  prison  ces  deux  pauvres  femmes  et  vous  ;  elles  seront 
bruslées  et  vous  aussi,  si  vous  ne  vous  convertissez.  »  —  «  Sire,  »  répond  Ber- 
nard, «  le  comte  de  Haulevrier  vint  hier  de  vostre  part  pour  promettre  la  vie  à 
ces  deux  sœurs,  si  elles  vouloient  vous  donner  chacune  une  nuit.  Elles  ont  ré- 
pondu qu'encore  qu'elles  seroient  martyres  de  leur  honneur  comme  de  celui  de 
Dieu.  Vous  m'avez  dit  plusieurs  fois  que  vous  aviez  pitié  de  moy  ;  mais  moy  j'ai 
pitié  de  vous  qui  avez  prononcé  ces  mots  :  «  J'y  suis  contraint;  ■  ce  n'est  pas 
parler  en  roi  I  Ces  filles  et  moy^  qui  avons  part  au  royaume  des  cieux,  nous  vous 
apprendrons  ce  langage  royal^  que  les  Guisarts,  tout  vostre  peuple,  ni  vous  ne 
pourriez  contraindre  un  potier  à  fléchir  les  genoux  devant  des  statues.  ■ 

Les  deux  femmes  auxquelles  Palissy  fait  allusion  ici,  étaient  les  filles  de  Jae* 
ques  Foucaud,  procureur  au  Parlement  ;  elles  furent  brûlées  quelques  mois  après, 
le  28  juin  1558. 


EUROPÉENNES.  419 

au  musée  de  Sèvres,  qui  certainement  est  de  Guillaume  Dupré, 
de  Fontainebleau  (voir  plus  loin),  et  ce  monogramme  repré- 
sente deux  D  et  non  pas  deux  B  et  deux  P. 

A.  B.  V.  G. 

dont  les  trois  premières  lettres  réunies  en  hiérogramme,  et 

F 

sont  des  marques  qui  se  rencontrent  également  sur  des  pièces 
attribuées  à  Palissy,  et  quatre  de  ces  terres  cuites  vernissées 
sont  marquées,  toujours  en  creux  dans  la  pâte,  d'une  fleur  de 
lis  pleine,  estampillée. 

Palissy  avait  voyagé  longtemps,  et  visité  les  Flandres,  les  Pays- 
Bas  et  l'Allemagne.  C'est  de  ces  deux  derniers  pays  qu'il  rapporta 
les  notions  sur  la  fabrication  de  la  poterie  qui,  à  son  retour  à 
Saintes,  vers  1539  ',  le  décidèrent  à  commencer  ses  essais  céra- 
miques. Auguste  Hirschvogel,  de  Niirnberg,  dont  Palissy  paraît 
avoir  suivi  la  voie,  est  né  en  1488  et  mort  en  1360.  Jérôme 
Délia  Robbia  partit  pour  la  France  en  1528,  pendant  que  Palissy 

t .  Bernard  Palissy  raconte  lui-même  que  le  hasard  qui  fît  tomber  entre  ses 
mains  une  coupe  en  terre  émaillée  d'une  grande  beauté,  devint  la  cause  de  sa 
passion  pour  la  fabrication  de  la  terre  cuite,  et  probablement  aussi  de  celle  qui 
le  poussa  à  voyager  en  Allemagne.  C'est  cette  coupe,  sans  doute,  œuvre  de 
Hirschvogel,  qui  le  décida  à  aller  visiter  Niirnberg.  Brongniart  était  là-dessus  du 
même  avis,  quand  il  dit  dans  sa  Description  du  musée  céramique  :  «  Cette 
coupe  sortait  certainement  de  la  ville  de  Niirnberg  et  non  de  l'Italie,  comme  on 
le  dit  communément.  Nous  fondons  notre  opinion  sur  les  points  de  ressemblance 
dans  la  manière  dont  l'art  est  formulé,  dans  l'emploi  des  moyens  matériels 
d'exécution,  rapports  qui  manquent  à  la  comparaison  italienne.  Les  personnages 
historiques,  qu'assez  souvent  on  voit  représentés  sur  la  fûence  de  Niirnberg, 
établiraient  au  besoin  la  preuve  irrécusable  de  sa  préexistence  sur  celle  de  Pa- 
lissy.  De  grandes  et  belles  pièces  que  nous  avons  eu  occasion  de  voir,  sur  les- 
quelles, entre  autres  personnages,  était  représenté  le  prince  Maximilien  I*',  mort 
eu  1519,  porteraient  à  faire  croire  qtie  cette  fabrication  florissalt  sous  le  règ^e 
de  ce  prince.  »  On  voit  que  l'époque  revendiquée  par  Brongniart  correspond 
parfaitement  à  celle  où  Auguste  Hirschvogel  florissait  à  Niirnberg.  Cet  Augustin 
ou  Auguste  Hirschvogel,  dont  on  trouve  la  biographie  au  chapitre  des  faïences 
de  Numberg,  était,  comme  Palissy,  savant  et  artiste  eu  même  temps.  Il  publia, 
en  1533,  un  traité  in-4'>  sur  la  géométrie,  intitulé  :  Eigentliche und  griindliche 
Anweisung  in  die  Géométrie,  sonderlich  aber  wie  aile  regultste  und  unregu- 
liste  Corpora  in  den  Grund  geleget^  und  in  die  Perspective  gebrachty  auch 
mit  ihrem  Linien  aufgezogen  werdem  sollen»  S'appliquant  plus  tard  à  l'astro- 
nomie et  a  la  géographie,  il  publia  une  carte  géographique  de  l* Autriche,  gravée 
sur  bois  par  Johann  Weigel  de  Niirnberg  (mort  en  1590),  qu'il  dédia  à  l'em- 
pereur Ferdinand.  Un  autre  point  de  ressemblance  entre  ces  deux  maîtres,  et  qui 
parait  démontrer  que  Palissy  avait  aussi  suivi  les  Hirschvogel  dans  leur  principale 


420  POTBRIES  OPAQUES 

voyageait  encore.  Bernard  et  ses  frères  ont  travaillé  à  Paris 
pour  le  roi  et  la  reine  vers  1570,  date  qui  est  établie  par  les 
comptes  d'un  manuscrit  dont  je  parlerai  plus  loin. 

La  poterie  vernissée  attribuée  à  Palissy  est  artistique  ;  ses  orne- 
ments sont  généralement  en  bas  et  haut  relief  :  poissons,  rep- 
tiles, coquillages,  etc.;  aussi  en  ronde-bosse;  les  couleurs  vives 
et  souvent  d* après  nature.  Les  Rustiques  figulines,  auxquelles  les 
amateurs  attachaient  durant  quelque  temps  un  si  haut  prix,  sont 
aujourd'hui  presque  introuvables  ^  Palissy  les  avaient  créées  pour 
orner  ces  cabinets  de  jardins  dont  il  parle  dans  ses  ouvrages  ;  elles 
représentaient  de  petits  monuments  champêtres ,  des  rochers, 
des  fontaines,  des  bosquets,  des  animaux  et  des  coquillages. 
Son  chapitre  du  Jardin  délectable  en  donne  la  description. 

La  manie  ou  plutôt  la  supercherie  de  certains  marchands, 
qui  attribuent  toutes  sortes  de  terres  cuites  barbouillées  de 
couleurs,  à  Palissy,  va  aussi  loin  que  l'ignorance  et  la  niaise 
bonne  foi  de  quelques  amateurs.  On  rencontre  partout  de  ces 
soi-disant  palissy  où  pourtant  la  fraude  se  reconnaît  à  pre- 
mière vue  :  dans  l'exécution  du  sujet,  dans  les  costumes,  dans 


branche  artistique,  c'est  qae  l'un  et  les  autres  ont  peint  des  vitraux  ;  mais,  tan- 
dis que  les  artistes  nurembergeois  comptent  parmi  les  premiers  maîtres  de  la 
peinture  de  celte  branche,  Palissy  n'a  laissé  que  des  oeuvres  peu  importantes, 
peu  nombreuses  et  dépourvues  de  couleurs  variées. 

Lesn*"  851  et  852  (deux  vitraux  au  musée  de  Cluny,  l'un  aux  armes  et  attri- 
buts de  François  I*''  :  la  Salamandre  et  la  couronne  de  France  entourées  d'ara- 
besques en  grisaille,  exécuté  en  1 544  pour  le  château  d'Écouen  ;  l'autre,  au 
chififre  du  connétable  Anne  de  Montmorency,  provenant  du  même  château,  avec 
les  vingt'deux  vitraux  représentant  l'histoire  de  Psyché  d'après  les  cartons  de 
Raphaël,  de  la  collection  du  duc  d'Aumale,  en  Angleterre;  j'ignore  s'ils  ressem- 
blent à  ceux  du  musée  de  Cluny}  forment  tout  ce  que  l'on  connaît  de  Palissy  et 
tout  ce  qu'on  lui  attribue  en  ce  genre.  Les  vitraux  du  musée  de  Cluny,  peints  pres- 
que entièrement  en  grisaille  et  en  jaune,  ressemblent  aux  vitraux  des  vitriers  hol- 
landais du  dix-septième  siècle,  etontfort  peu  de  mérite  comme  émaux.  On  a  voulu 
aussi  attribuer  à  Palissy  les  vitraux  de  l'église  d'Écouen ,  qui  pourtant  ne  ressem- 
blent en  aucune  manière  à  ceux  de  Cluny,  et  qui  sont  l'œuvre  d'un  artiste  allemand  ; 
j'y  ai  trouvé  une  inscription  allemande  dont  j'ai  pu  déchiffrer  deux  mots  seu- 
lement :  Ailes  (tout),  et  Goedes  (Dieu).  Ces  vitraux  sont  d'un  coloris  brillant. 

1 .  La  seule  pièce  que  je  connaisse,  imitant  un  rocher,  et  provenant  peut-être 
(j'en  doute)  de  ces  rustiques  figulines  dont  Palissy  parle,  se  trouve  dans  la 
collection  Perillieu,  à  Paris.  C'||t  un  angle  de  roche  coagulé^  couvert  de  sar- 
moulés  de  fougères,  de  crabes,  de  tortues,  de  serpents  et  de  lézards  ;  de  nom- 
breux trous  ménagés  dans  les  sinuosités  du  rocher  indiquent  qu'il  a  dû  servir  à  la 
confection  d'un  jet  d'eau.  Les  couleurs  me  paraissent  cependant  bien  ternes 
pour  pouvoir  être  comparées  à  celles  des  poteries  que  l'on  a  l'habitude  d'attri- 
buer à  Palissy. 


EUROPÉENNES.  421 

les  ornements,  dans  rarchitecture,  qui  indiquent  des  époques 
postérieures  par  les  mélanges. —  Si  la  contrefaçon  s*était  con- 
tentée de  copier  servilement,  on  pourrait  encore  comprendre 
que  de  pareilles  imitations  fussent  admises  pour  du  palissy  ou  pour 
des  poteries  de  son  temps;  —  mais  accepter  comme  telles  des 
œuvres  où  tout  choque,  où  tout  indique  un  époque  éloignée  de 
celle  où  vivait  l'artiste,  cela  dénote  une  forte  dose  d'ignorance. 

Je  suis  môme  convaincu  que  Palissy  n'a  jamais  fait  autre 
chose  que  ces  plats  rustiqmsy  c'est-à-dire  garnis  de  surmoulés 
d'animaux,  et  que  tout  ce  qui  est  figure  et  ornement  ne  provient 
pas  de  lui.  Cette  opinion  que  j'avais  déjà  exprimée  dans  les 
précédentes  éditions  de  ce  Guide,  m'a  été  confirmée  depuis  par 
les  onze  moules  trouvés  dans  le  four  de  briqueterie  au  Tui- 
leries, en  1865,  et  recueillis  par  M.  Lefuel,  l'architecte  en  chef? 
qui  les  a  fait  reproduire  en  plâtre  par  M.  Simoulard. 

Ce  sont  tous  des  surmoulages  de  fougères  et  de  corps  d'hom- 
mes vivants  garnis  de  coquillages;  ils  prouvent  à  l'évidence 
que  Palissy  ignorait  le  modelage.  Les  moules  ne  sont  que 
de  simples  surmoulés  de  corps  d'hommes  et  montrent  même 
les  empreintes  des  toiles  grossières  avec  lesquelles  Palissy 
avait  recouvert  les  corps,  puisqu'il  lui  importait  peu  d'en 
obtenir  des  épreuves  propres  ;  il  s*en  servait  uniquement,  en 
les  couvrant  de  coquillages,  pour  faire  de  ces  figures  plai- 
santes en  terre  cuite  et  en  grandes  proportions,  que  les  matelots 
fabriquent,  en  petites  dimensions  en  véritables  coquillages,  et 
qu'ils  vendent  dans  les  ports  de  mer. 

On  rencontre  des  faux  palissys  partout  :  le  n°  851  de  la  col- 
lection Sauvageot  est  orné  d'un  sujet  qui  représente  Henri  IV 
au  milieu  de  sa  famille;  le  n°  855-,  Louis  XIV  enfant  ;  les  n^*  846 
et  847,  et  le  no  136,  au  musée  Kensington  de  London,  un 
des  sujets  où  les  jardins  ressemblent  à  ceux  de  Le  Nôtre  ^,  du 
temps  de  Louis  XIV.  [Le  n»  3053  (un  joueur  de  vielle),  au 
musée  de  Cluny,  porte  un  costume  qui  est  d'une  époque  pos- 
térieure de  beaucoup  au  seizième  siècle.  Depuis  mes  précé* 


1 .  Le  plus  amusant,  c'est  que  ce  même  genre  de  plats  figure  dans  une  ré- 
cente publication  illustrée  comme  spécimen  de  Palissy.  Le  sojet  est  copié  d'après 
une  gravure  nommée  Oleactus,  du  peintre-graveur  hollandais  Ciprian  ou  Crispin 
Cort,  dontltts  ouvrages  portent  le  millésime  de  1602  à  1638.  Un  exemplaire 
de  cette  gravure  se  trouve  au  cabinet  des  estampes  de  la  bibliohèque  impériale 
à  Paris. 

36 


422  POTERIES   OPAQUES 

dentés  éditions,  ou  j'avais  signale  déjà  ces  fausses  attributions, 
dont  Terreur  est  si  clairement  démontrée  par  les  costumes  et 
par  le  style,  des  recherches  nombreuses  ont  été  faites,  et  on 
sait  maintenant  que  le  Jmeur  de  vielle  y  la  Nourrice,  F  Enfant 
sur  le  dauphin j  l'Enfant  aux  chiens,  etc.,  sont  Tœuvre  de  Guil- 
laume Dupré,  qui  les  a  fabriqués  au  dix-septième  siècle,  à  Fon- 
tainebleau. (Voir  cette  localité.)  Le  musée  Meermann  Westree- 
nen  à  La  Haye  exhibe  également  de  faux  palissy,  ainsi  que  le 
musée  de  la  porte  de  Hall  à  Bruxelles.  On  y  voit,  comme  au 
Louvre,  les  portraits  de  Henri  IV  et  de  sa  femme,  Marie  de 
Médicis,  moulés  d'après  les  médaillons  de  Dupré  et  de  Varin , 
ainsi  que  Tefûgie  de  Louis  XUI  enfant.  Le  grand  plat  rond 
surmoulé  sur  un  plat  d'étain  de  François  Briot,  né  à  Lucens 
(Lobsingen),  en  Suisse,  près  Lausanne,  comme  cela  est  établi 
par  mes  recherches,  et  qui  travaillait  seulement  au  commen- 
cement du  dix-septième  siècle,  est  encore  imperturbablement 
attribué  à  ce  bien  heureux  Palissy  qui  pourtant  était  enterré 
déjà  en  1580,  c'est-à-dire  soixante  ans  au  moins  avant  que 
Tauteurde  Voriginalne  fleurît.  Ce  surmoulé  attribué  à  Palissy 
a  été  pourtant  payé  plusieurs  fois  avec  des  milliers  de  francs» 
puisque  l'amateur  l'a  acheté  pour  c  du  palissy!  » 

M.  Alfred  André  a  exposé  en  1865,  au  Palais  de  l'Industrie, 
un  épis  ou  pignon  du  seizième  siècle,  provenant  d'une  fabrique 
de  la  Normandie  qui  avait  tous  les  caractères  des  poteries 
attribuées  à  tort  à  Palissy.  Couvert  de  figures,  de  bustes,  de 
plantes  et  de  feuillages,  on  y  voyait  môme  jusqu'aux  rochers 
de  ces  rustiques  figurines  et  les  tons  des  couleurs,  était  dans 
les  mêmes  nuances  des  vernis  minéraux  de  Palissy.  Tout  cela 
est  curieux  à  constater. 

La  plupart  des  plats  à  ornements,  dont  les  musées  de  Cluny, 
du  Louvre  et  de  Sauvageot  possèdent  un  grand  nombre,  ne 
proviennent  donc  pas  de  Palissy. 

Il  est  à  remarquer  qu'il  n'existe  pas  dé  pièce  attribuée  à 
Palissy  qui  porte  une  trace  quelconque  d'armoirie  nobiliaire, 
ce  qui  paraît  prouver  que  sa  fabrication  s'est  plutôt  adressée  à 
la  bourgeoisie,  et  qu'il  n'était  pas  aussi  répandu  à  la  cour  que 
ses  biographes-romanciers  veulent  bien  le  faire  accroire. 

Les  seuls  plats  attribués  à  Palissy,  qui  portent  un  signe  armo- 
riai, sont  au  nombre  de  quatre,  dont  un,  le  n«  862,  se  trouve  au 
musée  Sauvageot.  C'est  un  plat  rond  à  huit  compartiments, 


EUROPÉENNES.  423 

marqué  sur  le  revers  d'une  fleur  de  lis  en  creux  dans  la  pâte, 
et  que  j'attribue  à  la  fin  du  dix-septième  siècle.  On  a  voulu 
conclure  par  la  présence  de  cette  fleur  de  lis  que  ce  plat  au- 
rait été  fait  pour  le  service  du  roi  à  l'époque  où  l'on  dit  que 
Palissy  avait  un  atelier  aux  Tuileries,  en  même  temps  qu'un 
petit  laboratoire  dans  la  rue  Saint-Jacques*.  Mais  comme  rien 
ne  démontre  que  ce  plat  soit  véritablement  de  Palissy  ou  de 
son  temps,  et  comme  la  fleur  de  lis  se  retrouve  dans  un  grand 
nombre  d'armoiries  allemandes,  suisses,  italiennes  et  fran- 
çaises, cette  supposition  n'est  pas  assez  motivée. 

On  connaît  beaucoup  de  faïences  du  dix-huitième  siècle  mar- 
quées de  fleurs  de  lis,  tantôt  en  bleu  ou  en  rouge,  tantôt  en 
vert,  dont  l'origine  est  également  douteuse,  et  que  j'attribue  à 
Savy  de  Marseille  (voir  Marseille),  à  cause  du  vert  particulier 
qui  se  trouve  dans  le  décor.  Quelques  faïences  de  Rouen,  comme 
par  exemple  la  salière  de  M.  Michel  Pascal,  sont  aussi  marquées 
d'une  fleur  de  lis ,  mais  elle  est  au  trait  et  non  pas  pleine. 

Feu  Sauvageot  '  était  peu  connaisseur  en  faïences.  Il  suffit 
de  citer  pour  le  prouver  qu'il  a  fait  figurer,  dans  le  catalogue 
écrit  de  sa  main,  la  coupe  de  faïence  de  Henri  II  sous  la 
dénomination  de  «  faïence  de  Bernard  de  Palissy,  marquée  du 
chifl're  de  Henri  II.  »  Il  avait  pourtant  collectionné  un  grand 
nombre  de  ces  faïences  que  l'on  attribue  à  Palissy.  Gomment 
a-t-il  pu  confondre  ces  deux  espèces  difiérentes?  Y  a-t-il  le 
moindre  rapport  dans  la  pâle,  dans  l'émail,  ou  dans  les  formes? 

Parmi  tous  les  pseudo-palissy  de  cette  collection,  —  il  y  en 
a  peu  que  l'on  pourrait  attribuer  à  ce  potier.  C'est  comme  au 

i.  La  maison  qui  porte  \e  n"  24,  rue  du  Dragon^  à  Paris,  est  aussi  désignée 
par  rinscription  :  a  Ancienne  demeure  de  Bernard  de  Palissy  en  1575,» 
comme  ayant  été  habitée  par  ce  maître.  Un  médaillon  en  mauvaise  terre  cuite 
peinte  et  bien  plus  moderne,  qui  représente  Hercule  combattant  un  lion,  et  en- 
touré de  la  légende  :  Au  fort  Sam«ofi,  doit  servir  à  appuyer  ce  dire.  J'ignore 
sur  quelles  preuves  le  propriétaire  de  la  maison  (actuellement  un  petit  hôtel 
garni  de  chétive  apparence)  base  son  allégation.  1575  était  l'année  durant  la- 
quelle Palissy  tenait  à  Paris  ses  cours  publics  de  minéralogie. 

2.  Sauvageot  est  Tamateur  qui  a  laissé  sa  belle  collection,  évaluée  aujourd'hui 
à  un  million  de  francs,  au  Louvre.  C'est  lui  qui  a  servi  de  type  à  Balzac  pour  son 
cousin  Pons  dans  les  Parents  pauvres j  et  à  |Champfleury  pour  son  Gardillanne 
dans  le  Violon  de  Faïence,  Alexandre-Charles  Sauvageot,  fils  de  négociant,  na- 
quit à  Paris,  en  1781  ;  premier  prix  de  violon  au  Conservatoire,  violon  à  l'Opéra, 
employé  aussi  à  la  douane,  il  collectionna  toute  sa  vie,  fut  nommé  chevalier  de 
la  Légion  d'honneur  et  mourut  en  1860.  Sauvageot  avait  la  passion,  le  tact,  le 
goM  du  beau  et  la  main  heureuse,  mais  point  de  connaissances  archéologiques. 


424  POTERIES  OPAQUES 

musée  de  Cluny,  au  Louvre,  à  Sèvres  et  au  musée  japonais  de 
Dresde,  où  un  plat  ovale  est  encore  faussement  attribué  à 
Palissy;  Le  musée  de  Berlin  possède  un  autre  petit  plat  ovale 
marqué  ^    ^ 

1  « 

encore  faussement  attribué  au  même  potier. 

Un  plat  oval  de  l9  sur  25  cent.,  dont  les  ornements  indiquent 
le  seizième  siècle,  fait  partie  de  ma  collection.  Il  peut  être  attribué 
aussi  bien  ou  plutôt  aussi  mal  à  Palissy  que  tous  les  autres  plats 
modelés  à  la  main. 

Une  œuvre  capitale  toujours  attribuée  à  Palissy,  mais  qui  a  dis- 
paru entièrement,  c'était  la  Passion  du  Christ  en  seize  tableaux 
d'après  Albert  Durer,  exécutée  pour  la  chapelle  du  château 
d'Écouen  ;  ces  bas-reliefs,  comme  le  pavage  du  château,  étaient 
incontestablement  des  œuvres  italiennes. 

Les  ouvrages  de  Palissy  furent,  comme  ceux  de  Luca,  chan- 
tés par  les  poètes.  Voici  une  de  ces  naïves  pièces  : 

Mais  cela  n'approche  point  Les  ranes  (grenouilles)  en  un  estang 

Des  rustiques  figulines  Ne  sont  pas  plus  infinies, 

Que  tant  et  tant  bien  peint  Mais  leur  coax  ne  s'entend, 

Et  dextrement  imagine.  Car  elles  sont  sériphies. 

Le  plus  beau  a  bien  esté  Mégères  au  chef  tant  hydeux, 

Enrichi  par  éloquence.  Portraits  des  serpents  nuisantes, 

Le  tien  a  plus  de  beauté  Mais,  toy,  non  moins  hasardeux, 

Que  la  langue  d*élégance.  Les  fais  partout  reluisantes. 

La  collection  Sauyageot,  installée  aujourd'hui  au  Louvre,  y  a  été  incorporée  dans 
le  musée  de  la  Renaissance.  Composée  de  {\l\  numéros,  pour  la  majeure  partie 
de  pièces  de  choix  de  l'art  chrétien,  elle  est  remarquable  par  ses  bois  ciselés 
d'Augsburg,  ses  fers  martelés  et  ciselés  français,  ses  faïences  de  Henri  II,  et 
par  quelques  sculptures  allemandes  sur  pierre  à  lithographie  et  en  marbre,  dont 
les  deux  principales  sont  :  la  jolie  fille  d'Augsburg,  par  Aldgrever,  élève  d'AI- 
brechtDiirer^  Otto  et  Heinrich,  statuette  en  ronde-bosse  attribuée  à  Durer.  Les  grès 
sont  pour  la  plupart  sans  grande  importance. 

Rien  en  faïences  hollandaises  et  quelques  pièces  allemandes  ;  les  faïences  fran- 
çaises presque  absentes  et  celles  d'Itatie  faiblement  représentées.  Les  meubles  et 
bois  sculptés,  et  l'ensemble  de  la  collection,  étaient  composées  d'objets  quijne  re- 
montent pas,  à  peu  d'exceptions  près,  au  delà  de  la  fin  du  moyen  âge  ;  presque 
tout  est  de  la  Renaissance.  L'ancien  catalogue,  sauf  quelques  faibles  erreurs 
inévitables  dans  un  pareil  travail,  était  parfaitement  rédigé  et  faisait  preuve  du 
jligement  consciencieux  du  conservateur,  M.  A.  Sauzay.  Il  est  à  regretter  que  la 
dispersion  de  la  collection  ne  permette  plus  de  s'en  servir. 


EUROPÉENNES.  425 

On  voit  que  ce  rimeur  ne  parle  pas  des  ouvrages  ornemen- 
tés, etc.,  genre  de  plats  dont  le  style  prouve  ordinairement 
jusqu'à  l'évidence  qu'ils  sont  d'une  époque  postérieure  à  celle 
où  vivait  Palissy. 

Bernard  a  eu  deux  frères  nommés  Nicolas  et  Mathurin  Pa- 
lissy, qui  s'étaient  associés  à  ses  travaux  céramiques.  La 
certitude  en  est  fournie  par  un  manuscrit  grand  in-4®  apparte- 
nant à  la  Bibliothèque  impériale  de  Paris,  On  lit  entre  autres 
choses,  dans  ce  «  Compte  des  dépenses  faictes  par  maître  Jean 
de  Verdun,  clerc  des  œuvres  du  roy  :  » 

tt  Autre  paiement  faict,  à  cause  de  la  dicte  grotte,  ausdits 
Bernard,  Nicolas  et  Mathurin  Palissy,  cy-devant  nommés,  la 
somme  de  deux  cens  livres  tournoys  à  eux  ordonnés...  pour 
tous  les  ouvraiges  de  terre  cuicte  esmaillée  qui  restent  à  faire 
pour  parfaire  et  parachever  les  quatre  pons  au  pourtour  du 
dedans  de  la  grotte  encommencée  pour  la  roy  ne  en  son  pallais 
lès  Louvre,  à  Paris,  etc.  » 

Outre  Nicolas  et  Mathurin,  ses  frères,  Palissy  a  eu  pour 
contemporains  de  nombreux  émules  dans  ce  môme  genre 
d'ouvrage,  Jehan  ChipauU  père  et  fils  et  Jehan  Biot,  dit  Mercure 
(ne  pas  confondre  avec  le  suisse  François  Briot,  déjà  mentionné 
potier  d'étain  du  commencement  du  dix-septième  siècle,  dont 
les  modèles  ont  été  surmoulés  en  terre  cuite).  Dupré  à  Fon- 
tainebleau, du  dix-septième  siècle,  a  également  laissé  des  œu- 
vres, comme  il  a  été  déjà  dit,  que  l'on  attribue  encore  à  Pa- 
lissy. 

Clerid,  à  Fontainebleau,  qui  florissait  au  milieu  du  dix-sep- 
tième siècle,  ne  peut  pas  être  compté  parmi  les  potiers  du  genre 
de  Palissy,  car  ses  poteries  étaient  en  terre  sigillée,  (Voir,  pour 
la  définition  de  ce  terme,  la  table 

Un  grand  nombre  des  terres  cuites  émail lées  et  vernissées 
de  Tancien  château  de  Madrid  au  bois  de  Boulogne,  près  Paris, 
étaient  encore  attribuées  à  Bernard  ^  Le  château,  bâti  par  Fran. 
çois  P',  était  presque  partout  recouvert  de  ces  ornements  :  sta- 
tues, bas-reliefs,  cheminées,  etc.,  tout  était  en  terres  cuites 
émaillées.  Le  journal  d'Evelein  de  Paris,  26  avril  1650,  en  parle 

1.  BroBgniart  attribue  cependant  les  faïences  de  Madrid  à  Jér/^me  et  à 
César  Délia  Robbia,  petits-neveux  de  Lucca.  Nous  avons  tu  que  Jérôme  seul 
partit '^our  la  France  en  1504  et  qu'il  n'y  avait  pas  de  César  dans  la  famille 
des  Délia  Robbia. 

36. 


426  POTERIES  OPAQUES 

avec  admiration.  Le  château  fut  vendu  en  1793 ,  comme  pro- 
priété nationale,  à  un  paveur,  qui  Tachetait  dans  Fintention 
de  réduire  les  terres  cuites  d'art  en  poudre  pour  en  faire  du 
ciment! 

Le  docteur  Belliol  jeune ,  à  Paris,  possède  une  grande  bou- 
teille en  terre  cuite  à  émail  brun^  marquée  dans  la  pâte 
du  millésime  1648,  qui  parait  provenir  d'une  fabrique  de 
Saintes. 

Un  plat  encore  attribué  à  Palissy  dans  la  vente  Soltikof,  et 
qui  était  probablement  allemand,  portait  les  armes  de  Willem 
von  Berg,  prince  de  l'empire  et  évoque  d'Anvers,  de  4  598  à 
1601,  et  un  autre,  de  la  même  vente,  avait  les  armoiries  de 
Jan  Lemire,  évéque  d'Anvers,  de  1604  à  1611. 

Les  terres  cuites  de  Palissy  sont  vernissées  et  non  pas  émail- 
lées  ^  Il  colora  souvent  la  terre  avant  le  vernissage j  soit  en  pë. 
trissant  la  pâte  de  matières  colorantes,  soit  en  la  trempant  par 
parties,  et  la  peignant  d'une  barbotine  coloriée. 

Les  carreaux  de  parquetage  de  la  grande  salle  du  château 
d'Écouen,  qu'on  a  aussi  voulu  attribuer  à  Palissy  *,  sont  de  fa- 
brication italienne.  Ces  faïences  stannifères  n'ont  absolument 
rien  des  procédés  de  fabrication  ni  des  couleurs  du  maître; 
c'est  tout  ce  qu'il  y  a  de  plus  italien.  Les  deux  grands  tableaux 
que  M.  le  duc  d'Aumale  a  emportés  en  Angleterre  (signés  Rouen^ 
1 542),  de  six  pieds  de  hauteur,  formés  de  carreaux  de  vingt 
centimètres,  et  dont  les  compositions  représentent  le  dévoue- 
ment de  Mucius  Scévola  et  celui  de  Curtius,  sont  également  de 
travail  italien.  M.  duSommerard,  directeur  du  musée  de  Cluny, 
qui  a  bien  voulu  me  communiquer  les  dessins  coloriés  d'après 

1 .  Ou  ne  rencontre  pas  la  moindre  parcelle  d'émail  stannifère,  blanc  ou  au> 
très,  sur  les  poteries  attribuées  à  ce  maître.  Le  blanc  est  une  terre  blanchâtre 
qui,  couTcrte  d'un  vernis  incolore,  conserve  sa  blancheur. 

2.  Le  château  d'Écouen,  construit  en  style  de  la  Renaissance  française,  sons 
François  I*',  par  Anne  de  Montmorency,  est  semblable  à  celui  d'Auet.  Situé  sur 
une  hauteur  d'où  l'on  jouit  d'une  vue  magnifique,  il  est  d'une  conservation  telle 
qu'on  le  croirait  terminé  tout  récemment.  Éloigné  de  Paris  de  quatre  lieues, 
l'amateur  peut  s'y  rendre  en  une  heure  en  prenant  le  chemin  de  fer  jusqu'à  Vii- 
liers-le-Bei.  Ce  château  passa  des  Montmorency  dans  la  maison  de  Condé,  et  Na- 
poléon V  y  établit  une  maison  d'éducation  de  jeunes  filles  des  membres  de  la 
Légion  d'honneur  sous  la  direction  de  madame  de  Campan  ;  cette  maison  fut 
réunie,  sous  le  règne  de  Louis  XVUI,  à  celle  de  Saint-Denis.  Revendiqué  après 
1848,  il  sert  de  nouveau  aujourd'hui  de  maison  d'éducation.  Ge  château  est  aussi_ 
tristement  célèbre  par  l'infâme  édit  que  Henri  II  y  rendit  en  1559,  édit  qui 
frappait  de  mort  tout  protestant. 


EUROPÉENNES.  427 

nature,  les  attribue  aussi  à  Palissy.  C'est  pour  moi  Tœuvre  de 
quelques  artistes  italiens  qui  les  ont  confectionnés  à  Rouen, 
probablement  dans  une  des  usines  où  Ton  fabriquait  à  cette 
époque  la  poterie  commune  au  vernis  plombifère,  puisque  la 
Caj'ence  à  émail  stannifère  de  Rouen  ne  date  que  du  dix-sep- 
tième siècle.  (Voir  Rouen.) 

On  trouve  encore  ce  môme  précieux  pavage  de  carreaux  ita- 
liens à  émail  stannifère  dans  une  chapelle  de  la  cathédrale  de 
Langres,  où  l'intelligente  fabrique  de  l'église  l'a  fait  cou- 
vrir d'un  parquetage  en  bois,  de  manière  que  le  visiteur 
ne  peut  pas  même  se  douter  de  l'existence  de  ce  travail  artis- 
tique. 

En  France,  les  collections  les  plus  riches  en  exemplaires  at- 
tribués à  Palissy  sont  celles  de  MM.  Bouvrier  à  Amiens,  Gapmas 
à  Dijon,  Meixmoron  à  Dijon,  Trimolot  à  Lyon,  madame  veuve 
Febre  à  Mâcon,  MM.  le  baron  Dejean,  La  Foulatie,  £m.  Péreire^ 
baron  Rothschild,  baron  Seillière,  marquis  de  Saint-Seine  et 
Tevel  à  Paris.  Le  musée  de  Lyon  en  possède  également  quel- 
ques exemplaires. 

Les  collectionneurs,  en  Angleterre,  des  pièces  attribuées  à 
Palissy  sont  :  MM.  Addington,  —  Isaak  Falcke,  —  H.  T.  Hope, 
—  J.  Dunn  Gardner,  —  H.  Magniac,  —  Eduard  Marwoed 
Elton. 

Il  existe  au  musée  de  Kensington  vingt-cinq  pièces  dé- 
signées comme  étant  de  Bernard  Palissy  :  ce  sont  les  n®»  3800 
à  3825;  une  statuette  porte  le!  monogramme  indiqué  plus 
haut,  les  deux  D  ;  elle  est  donc  l'œuvre  de  Dupré  de  Fontai- 
nebleau et  non  pas  celle  de  Palissy.     . 

Le  musée  du  Conservatoire  de  musique  ainsi  que  M.  La- 
borie  à  Paris,  possèdent  des  cors  d'appel  forme  serpent,  de 
75  centimètres  de  longueur,  qui  ont  été  également  fabriqués 
dans  le  genre  de  ces  terres  cuites  coloriées  sous  vernis,  par  des 
potiers  du  dix-septième  siècle,  et  qui  se  rapprochent  de  ce  que 
l'on  est  convenu  d'appeler  du  palissy. 

Une  charmante  paire  de  flambeaux  de  28  centimètres  de 
hauteur  qui  font  partie  de  ma  collection  sont  aussi  une  œuvre 
d'artiste  dans  ce  genre  de  poterie,  et  imitent  des  chinoiseries^ 
ce  qui  permet  de  les  classer  parmi  les  productions  du  dix-sep- 
tième siècle. 

Voir  le  dessin  ci-contre  : 


M.  Bodio  fils,  et  HU.  Prévost  eL  Gaston  de  la  Tour,  fabri- 
quent actuellement  à  Saintes  des  faïences  et  poteries. 
p.  p. 

a  Linujgi  W.  D. 
a  Saintei 


est  une  marque  que  l'auteur  de  l'Art  de  terre  chez  les  PoOeviM 
donne  comme  preuved'une  fabriquede  faïence  à  Saintes  au  dix- 
septième  siècle;  preuve  que  l'on  ne  peut  admettre  comme  un 
évangile,  puisqu'un  marchand  de  la  ville  de  Saintes  peut  bien 
avoir  fait  fabriquer  ailleurs  des  faïences  pour  son  commerce 
et  i  l'enseigne  de  sa  boutique. 


EUROPÉENNES.  429 

La  liste  des  faîencîers-pétitionneurs  de  Tannée  1790^  trouvée 
dans  les  archives  à  la  ville  de  Nevers,  mentionne  deux  fabriques 
de  faïences  existantes  à  cette  époque  à  Saintes ,  et  le  Diction- 
naire des  Postes  aux  lettres  par  l^cousturier,  de  1817,  parle 
aussi  d'une  faïencerie  à  cette  localité. 

ROlJElf  (Selne-Infér.) 

Terres  cuites  au  vernis  plomhifère.  i540 

Faïences  a  émail  stannifère.  1640* 

On  connaît  deux  arrêts  accordant  des  lettres  patentes  :  Tun, 
daté  de  1644,  en  faveur  de  Nicolas  Poirely  sieur  de  Granval, 
l'autre,  de  1673,  en  faveur  d'Edme  Posera/,  sieur  de  Saint- 
Sever,  à  qui  Poirel  avait  déjà  fait  cession  de  son  privilège,  et 
qui  est  mort  en  1687.  La  fabrique  de  ce  dernier  fut  continuée 
au  commencement  du  dix-huitième  siècle  par  Guibaud.  Il  y  a 
des  amateurs  qui  veulent  faire  remonter  la  fabrication  rouen- 
naise  au  seizième  siècle,  comme  on  le  voit  dans  la  note  placée 
plus  bas  ;  mais  on  ne  connaît  jusqu'à  présent  aucune  preuve 
qui  puisse  motiver  cette  opinion.  L'histoire  des  faïences  de 
Rouen,  que  M.  Potier  prépare,  apportera  sans  doute  à  ce  sujet 
quelques  éclaircissements.  Le  premier  fabricant  rouennais  connu 
jusqu'à  présent  est  donc  Poirel  de  Granval,  qui  commença  par 
imiter  les  faïences  de  Delft,  ville  d'où  il  avait  certainement  fait 
venir  des  ouvriers,  puisque  le  procédé  et  la  manière  de  faire  de 


1 .  Les  archéologues  et  les  amateurs  rouennais  veulent  faire  remonter  les  pre- 
mières fabriques  de  faïence  au  delà  de  1640  ;  mais  il  leur  a  été  impossible  d'ap- 
porter à  l'exposition  rouenuaise  de  1861,  des  œuvres  marquées  d'une  date  anté- 
rieure à  1647,  et  le  catalogue  publié  sous  le  titre  :  Exposition  d'art  et  d'aV' 
chéologie  de  Rouenf  chez  Brière,  à  Rouen,  in-l$,  1861,  dit  textuellement: 
n<*  539,  «  plat  de  faïence  de  Rouen  de  la  plus  ancienne  espèce,  daté  de  1647,  et 
provenant  de  la  fabrique  du  sieur  Poirel  de  Grandval,  premier  importateur  de 
cette  industrie  daus  la  ville  de  Rouen.  »  Les  dates  1650,  1675,  1699,  1710, 
1712,  1735,  1736,  1781  et  1792  figuraient  sur  d'autres  pièces. 

On  connaît,  il  est  vrai,  deux  grands  tableaux  de  six  pieds  de  hauteur,  formés 
par  des  carreaux  de  faïence  de  vingt  centimètres,  et  où  les  figures  des  sujets 
dont  l'un  représente  le  Dévouement  de  Mucius  Scévolaj  et  l'autre  celui  de  Cur~ 
tiuSy  ont  deux  pieds  de  hauteur,  signés  Rouenj  1542,  et  que  M.  Du  Sommerard 
attribue  à  Bernard  Palissy. 

Ces  faïences,  qui  proviennent  du  château  d'Écouen,  ancienne  propriété  du  dac 
d'Aumale,  et  dont  M.  Du  Sommerard  possède  les  dessins  coloriés,  sont  pour  moi 
l'œuvre  d'un  Italien,  qui  les  a  sans  doute  fabriquées  dans  une  de  ces  usines  de 
Rouen  où  l'on  produisait  les  poteries  communes  au  vernis  plombifère,  puisqu'on 


430  POTERIES  OPAQUES 

la  vieille  fabrication  rouennaise  sont  les  mêmes  que  ceux  de 


ralunent  qut  tS  miUlmïtret  (pi 

tuidisque  les  camuii  d'Ëcouen 

H.  Potier  d«  t)oii«n  croit  cept 


Qi-mt  i  rc 


SUD  nommé 

MaeloaAIxa 

iedo 

IfToi 

Pallssr 

ese  e>l  eucore 

luiit  de  Je  loir  pasié  maître  d^à  dam  uo  art  si  ditticUe,  fa  I  542,  àilou 
fills  qu'aucun  document  ni  rien  dans  ses  propres  âcrils  désigne  comoK  i 
localité  que  Palisti  aurait  hahitéc  ou  ilsilée. 

Il  est  inconlestabic  que  les  tahleaui  el  le  paTage  du  cbUeau  d'Écouen,  t 
ea  faïence  à  email  ilannifèrt,  cl  lea  lerrei  cuilti  à  vemiiplombifére,  eop 
tic  colariiet  dam  la  pùU,  de  Paliuï,  sont  deui  hbrkatioiu  diamélralenH 

cuite  de  l'école  nureoibergeoise,  dans  le  genre  des  Hirsctaiagel. 

Leibcaui  carrelsgcBdescliSicaui  d'Ëcuuen,  de  Buis,  celui  à  l'église  deBroi 
de  la  cbapelJe  Hitiiéc  en  nord  de  la  calhédraJe  de  Laugrcs,  aiiiii  que  le  ma| 


1  chàteai 


eiécutées  eu  France  par  des 
.  M.  Haillet  de  Couroone  à  t 


i,(*.de}.^a, 


oDlestablemenl  des  teum 
ilieas. 
?r  par  H.  Léopold  Delislc  u 


EUKOPÉENNES.  43 1 

Quant  à  Louis  Poterat  de  Saint-Sever,  le  fils  d'Edme,  (|ui 
établit  la  fabrique,  on  croit  ordinairement  qu'il  a  suivi  l'école 
de  la  branche  italienne;  mais  je  ne  le  pense  pas  non  plus. 
Le  plat  de  M.  Baudry,  de  Rouen,  que  Ton  cite  à  Tappui  de 
cette  opinion,  me  prouve  juste  le  contraire.  Ce  plat  est  signé 
par  Claude  Borne  en  i736',  potier  qui  était  de  l'école  lilloise  et 
hollandaise.  L'autel  portatif  à  Sèvres,  signé  Jacques  Feburier 
et  Marie  Etienne  Borne,  1716,  de  Lille,  est  tout  à  fait  décoré 
dans  le  style  de  Delft,  et  ces  deux  œuvres  sont  probablement 
de  deux  frères  ;  mais  celui  de  Feburier,  en  pur  style  hollandais, 
est  de  1716,  —  donc  de  vingt  ans  antérieur  au  plat  de  Claude. 

Mannory  dit  dans  son  Mémoire  pour  le  faïencier  du  faubourg 
Saint- Antoine  de  Paris,  dressé  en  1753,  au  tome  XI  de  ses  plai- 
doyers : 

«  En  1731,  des  commissions  du  Conseil  constatèrent  par 
un  procès-verbal  le  nombre  et  l'étendue  des  fours  des  faïen- 
ciers construits  dans  la^  ville  de  Rouen.  »  Ce  procès -verbal 
pourrait  être  très-utile  pour  l'histoire  de  la  poterie  rouennaise. 

La  liste  des  faïenciers  pétitionnaires  de  l'année  1 790,  trouvée 
dans  les  archives  de  Nevers,  mentionne  seize  fabriques  exis- 
tantes à  cette  époque,  et  prouve  combien  était  encore  impor- 
tante la  fabrication  rouennaise  à  la  fin  du  dix-huitième  siècle. 

La  pâte  de  faïence  de  Rouen  est  lourde  et  épaisse,  beaucoup 
plus  épaisse  que  celle  de  Delft,  mais  les  dessins  et  les  orne- 
ments sont  pleins  dégoût.  Il  y  a  des  décors  en  camaïeu  bleu  et 
en  couleurs  variées.  Les  gros  dessins  sont  formés  pour  la  plu- 
part dans  le  genre  du  décor  rechampi,  et  que  l'on  croit  ob- 
tenu par  le  champ-levé,  c'est-à-dire  que  le  blanc  est  produit 
par  enlèvement  sur  le  fond  bleu,  mais  ce  procédé  ne  peut  avoir 

qu'il  fit  venir  de  Nevers.  9  Cette  note  ne  fournit  à  mon  avis  aucune  preuve.  Il 
est  fort  possible  que  ^irel  ait  fait  venir  aussi  des  ouvriers  de  Nevers,  la  seule 
localité  française,  alors  réputée  ponr  la  fabrication  des  faïences,  mais  je  persiste 
à  soutenir  que  les  premières  faïences  fabriquées  à  Rouen,  ont  toutes  les  carac- 
tères du  delft  et  très-peu  celui  de  Nevers.  Madame  de  Villeray  qui  n'était  point 
contemporaine  de  Poirel,  aura  écrit,  comme  beaucoup  de  monde  écrit,  c'est- 
à-dire  sur  des  propos  en  l'air! 

i.  Le  plat  est  en  décor  italien  jaune  et  a  une  bordure  rouennaise  polychrome. 
Claude  Borne,  peintre  céramiste  de  Lille,  a  travaillé  à  Sinceny  en  1 75 1 .  Une 
famille  de  potiers,  du  nom  de  Borne,  figure  aussi  à  Nevers  dès  1 650.  Mais  un 
Marie  Etienne  Borne  travaillait  à  Lille  en  Flandres  en  1716,  aussi  bien  qu'un 
Claude  Borne,  et  leurs  œuvres  n'ont  absolument  rien  d'italien,  mais  toutes  Im 
caractères  de  la  faïence  de  Delft. 


432  POTERIES  OPAQUES 

été  appliqué  à  la  peinture  sur  le  cru.  Rouen  a  aussi  fabriqué 
des  plats  et  assiettes  à  fond  bleu  Raymond,  d'un  bleu  un  peu 
plus  pâle  que  celui  de  Nevers,  et  décorés  en  [décalques  blancs 
et  quelquefois  jaunes,  appelés  blancs  ou  jaunes  fixes» 

Il  existe  aussi  des  potiches  et  autres  objets  à  fond  bleu  de 
Perse,  à  décor  en  relief  polychrome,  genre  qui  imite  T'émail 
sur  cuivre.  Le  décor  de  la  corne  d'abondance  et  à  fleurs  est  le 
plus  répandu  dans  le  rouen. 

La  faïence  rouennaise  est  la  première  et  la  plus  artistique  de 
toutes  les  faïences  françaises,  à  cause  du  caractère  national  de 
son  décor,  où  le  style  régulier  et  architectural  de  Fornementa- 
tion  française  brille  dans  toute  sa  pureté  et  dans  tout  son  éclat. 
Il  existe  de  simples  assiettes  qui  servaient  jadis  à  l'usage  do- 
mestique populaire,  et  se  fabriquaient  à  très-bas  prix,  où  l'or- 
nementation du  décor  est  souvent  un  chef-d'œuvre. 

Le  bleu  camaïeu  esi  le  décor  le  plus  ancien. 

Le  décor  polychrome'qui  suit,  se  divise  en  bien  des  espèces 
qui  représentent  autant  d'époques  et  de  fabricants.  Il  faudrait 
des  développements  à  perte  de  vue  pour  expliquer  tout,  et  la 
pratique  seule  peut  donner  ici  la  connaissance  à  l'amateur. 

Faicil  à  Rouen  en  1647, 

les  plus  anciennes  marque  et  date  connues,  se  trouve  sur  le 
plat  déjà  mentionné  de  M.  G.  Gouellain. 

Brumentf  1699, 

est  la  signature  sur  un  saladier  appartenant  à  M.  l'abbé  Collas; 
—  mais  je  pense  que  ce  n'est  pas  là  le  nom  du  potier. 

Guillehaud  est  le  nom  d'un  potier  qui  fabriquait  à  Rouen, 
il  a  marqué  :  vers  1730 


monogramme  que  j'ai  trouvé  sur  plusieurs  pièces  au  musée  de 
Rouen,  et  sur  une  aiguière  de  la  collection  Loisel. 

G.  A. 

est  une  autre  marque  de  ce  Guillebaud. 


EUROPÉENNES.  433 

Un  plat  de  la  collection  de  M.  Hue,  maire  d'Hectomare,  porte 
un  simple 

G. 

La  faïence  de  Guillebaud  est  ordinairement  décorée  de  pa- 
villons chinois  et  de  treillages  quadrillés  sur  les  bords,  genre 
que  Sinceny  a  plus  tard  imité  plus  grossièrement  et  que  Rouen 
et  Deift  avaient  pris  aux  Chinois. 

Nicolas  Gardin  est  le  nom  d*un  autre  potier  de  la  même  épo- 
que. Un  saladier  est  marqué  : 

Gardin, 

et  un  plat  de  la  collection  Feuchère  : 

Nicolas  Gardin f  1759. 

M.  Michel  Pascal  possède  deux  assiettes  à  décor  camaïeu  bleu, 
dont  Tune  est  signée  : 

D.  G.  {Dominique  Gardin?) 

et  Tautre  : 

Gardin. 

Coissy  est  le  nom  d'un  potier  de  Rouen^  qui  épousa  la  fille 
du  potier  . . . . ,  de  Quimper  et  d'origine  nivernaise,  auquel  il 
succéda  et  qui  à  son  tour  maria  sa  fîille  à  Delahubaudière,  dont 
la  manufacture,  sous  la  raison  sociale  Delahubaudière  et  C*,  est 
encore  aujourd'hui  en  pleine  activité  et  dirigée  par  un  des  asso- 
ciés, M.  Fougeray  (Voir  Quimper). 

Madame  de  Villeray  était  une  autre  fabricante  de  cette 
époque  (Voir  la  note  au  bas  de  la  p.  430). 

Vavasseur,  fabricant  de  la  fin  du  dix-huitième  siècle,  a  laissé 
des  signatures  souvent  estropiées,  comme  par  exemple  : 

Va,  Valleur,  à  Rotien, 

Je  l'ai  rencontré  ainsi  sur  une  écritoire  et  sur  une  jardi- 
nière, décorées  au  petit  feu,  à  paysages  animés  de  figures, 
véritable  décor  de  porcelaine  peu  artistique,  qui  imitait  le  genre 
de  Strasbourg,  où  le  vert,  le  jaune  et  le  rose  dominent. 

On  connaît  peu  de  faïences  de  Rouen  avec  longues  inscrip- 
tions ou  avec  des  facéties;  mais  il  existe  des  assiettes  avec  des 
vers  mis  en  musique. 

37 


434  POTUUiEB  OPAQUES 

M.  A«  Âsse^oid:^,  à  BvDttf  en  Normand,  possède  use:  telle 
assiette,  où  on  lit  le  couplet  suivant ,  mis  en  musique;  : 

Air  :  Jean  aime  Jeanne. 

Ghsntons  la  gloire  d'Tbaehe,  CltftMMis fhaclie, 

ChantonB  le  feu  de  Jopm  ;  Cbantonfr  Jupln;., 

Rien  n'est  ai  charmant  qu'Tnache,  Ca  joli  Jujân  aimBcbien.  Ynaobs, 

Rien  n'est  si  beau  que  Jupin.  .La  gentille  Ynache  aime  bien  Jupin. 

J*ai  rencontré  uiïe  semblable  assiette  sur  laquelle  on  lisait: 

Canon  à  trois  voi  de  M,  Demondoville  : 

Nargue  de  toy  quand  je  bois,  En  ce  cas-là  je  vous  —  dirais  bien  : 

Tune  sçait  pas  t'en  y-vrer  comme  moy  ;    Prendre  ton  cosur  et  te  don-nar  le  mien, 
La  rayson  s'en  Ta,  puis  l'amour  vient.     Mais  dès  que  mon  vin  est  cu^vé, 
Hélas  I  je  suis  forcé  de  rompse  mon  marché. 

Sur  une  autre  £»sietle  de  la  collection  de  M.  Edouard  Pas- 
cal, le  céramiste  a  inscrit  là  chanson  suivante,  quiy  est  accom- 
pagnée de  musique: 

Suivons  Bacchus,  c'est  un  Dieu  tout  aimable, 
N'oublions  pas  notre  amoureux  soucy  ; 

Faisons  qu'à  table  et  dans  le  lit 
On  dise  icy  que  le  jour  et  la  nuit 
Nous  sommes  des  gens  infatiguables. 

Une  assiette  à  décor  camaïeu  bleu  assez  comnfan,  é^  la  col- 
lection de  M.  Mich^  Pascal,  porte  les  vers  que  voici  : 

Partout  où  règne  le  chagrin  Partout  où  je  sçay  du  bon  vin, 

L'on  ne  me  voy  jamais  paroître ,  Ou  gy  suis  ou  gy  voudrois  estre. 

L'orthographe  indique  le  gâécle  de  Louis  XIV. 

Deux  de  ces  assiettes^  conservées  au  musée  de  Glnny,  et  pro- 
venant de  la  collection  Leveel,  portent  les  couplets  suivants,  éga- 
lement mis  en  musique;  l'une: 

Croyez- vous  qu'Amour  m'at-trape  Quand  j'ai  foulé  le  raisin, 

De  m'avoir  ôté  Catin?  Croyea^vous  qu'A-mour 

Qu'ai-je  faire  de  la  grappe  M'attrappe  d'avoir  6té  Catin? 
Quand  j'ai  fait  le  raisin? 


i .  Collection  composée  presque  exclusivement  die  faïences  françaises  et  où  le 
beau  Rouen  et  le  Nevers  sont  dignement  représentés. 


Une  belle  gourde  de  chasse,  de  lacoliection  Assegond.monb^ 
in  SDperiw  âne,  avec  l'inacripticni  ; 


et  un  plat  festonBé,  où  l'on  voit  aaint  Kerre  avec  son  coq,  epii 
porte  : 


ainsi  qo'aoe  assiette  avec  la  coèiBe  iasonption  et  le  mili^tne 
1738. 

Deux  plats  au  moaée  de  Clnny,  n"  St56  el  2137,  sont  mar- 
qués : 

H. 

Un  pot  de  la  collection  Michel  Pascal  à  Paris  : 

C.  H. 

Un  monogramme  que  l'on  rencontre  souvent,  et  le  plus  fré- 
quemment sur  d'imporlantes  pièces  est 


Dans  ma  collection,  un  légumier  creux  couvert,  dont  le 
boulon  est  formé  par  un  serpent  vert,  et  admirablement  dé- 


Légumier  en  fiieuce  de  Baii^n,  au  décor  polychrome,  de  ma  eoUécLiou. 

Mré,  eitérieiirenteiit  «t  laténesremmt,  de  guirlandes  de  flwtrs 


436  POTERIES  OPAQUES 

et  d'ornements  en  polychrome,  véritable  chef-d'œuvre  de  Tor- 
nementation  française^  est  signé  : 

Le  décor  de  Tintérieur  consiste  en  ornements  sur  fond  bleu  re- 
champi 1,  et  d'une  corbeille  à  fleurs. 

Une  salière  en  décor  camaïeu  bleu,  de  la  collection  Michel 
Pascal,  est  marquée  d'une  ^mr  de  lis,  tracée  au  pinceau  en 
traits  et  non  pleine.  C'est  le  seul  exemplaire  de  cette  marque 
en  faïence  rouennaise  que  je  connaisse. 

C'est  aussi  bien  à  Rouen  qu'à  Sinceny  et  autres  lieux,  que  l'on 
a  fabriqué,  à  la  fin  du  dix-huitième  et  au  commencement  du 
dix-neuvième  siècle,  ces  affreuses  médailles  à  reliefs  et  coloriées., 
ces  grossiers  surmoulés  des  médailles  de  Nini,  que  les  marchands 
s'efforcent  de  vendre  aux  amateurs  novices  à  des  prix  élevés. 

M.  Edouard  Pascal,  à  Paris,  possède  des  pièces  de  Rouen  aux 
marques  DV,  PP,  BB,  PD,  M.D,  DV,  GD,  N.F,  L,D,  C.Q,  AD, 
H.V,  V^  D.Z,  G,  FD,  H.G,  et  Dieu,  ainsi  que  de  nombreuses 
pièces  de  services,  divers  plats,  assiettes,  etc.,  décorés,  à  la 
corne  d'abondance,  des  styles  chinois  et  de  celui  de  Louis  XIV, 
à  lambrequins  ou  à  guipure. 

M.  Charles  Rossigneux  possède  un  pot  marqué 

D.D, 

Une  salière  de  la  collection  Perillieu  est  marquée  ; 

P.D. 

M.  Aigoin,  à  Paris,  possède  une  riche  coupe,  décorée  en  ca- 
maïeu bleu,  qui  porte  le  monogramme  : 


Les  bustes,  représentant  les  quatre  Saisons  avec  leurs  con- 
soles, servant  d'enseignes  aux  magasins  de  faïences  de  M.  Gré- 

1 .  Rechampir  désigne,  en  terme  de  peinture  céramique,  rehausser  par  des 
teintes  ou  par  un  fond  que  l'on  pose  entre  les  ornements  ou  entre  les  fleurs. 


EUROPÉENNES.  437 

non,  rue  Mabillon,  à  Paris,  doivent  certes  être  comptés  parmi 
les  plus  remarquables  spécimens  de  la  fabrique  de  Rouen  ;  le  duc 
d'Hamilton,  à  London,  en  a  encore  de  plus  beaux  dans  sa  col- 
lection ,  et  il  a  donné  au  musée  de  Kensington  un  magni- 
fique buste  d'Apollon  (n«  3607)  sur  piédestal.  Cette  pièce, 
peut-être  la  plus  belle  connue  de  Rouen,  est  du  dix-huitième 
siècle.  Elle  a  7  pieds  de  hauteur,  et  est  couverte  de  fleurs 
et  d'arabesques  en  polychromor  M.  Forgeron,  à  Paris,  possède 
deux  Satyres  de  la  môme  grandeur;  mais  ils  sont  en  émail 
blanc,  sans  aucun  décor.  On  peut  encore  signaler  le  n»  3603 
du  musée  de  Kensington. 

M.  Joseph  Halphen,  à  Paris,  possède  deux  grands  bustes 
représentant  Marc-Antoine  et  unefemme,  pièces  magnifiques 
qui  pourraient  bien  aussi  être  de  provenance  rouennaise,  mal- 
gré la  couleur  manganèse  des  chairs. 

Les  lions  couchés  et  assis,  les  chiens,  levrettes,  ou  autres 
pièces  du  même  genre  qui  servent  d'enseignes  à  plusieurs  faren- 
ciers  à  Paris  et  en  province,  sont  ordinairement  de  prove- 
nance lunévillaise  et  plus  rarement  rouennais.  Une  tradition 
populaire  veut  qu'il  y  ait  deux  chiens  de  garde  en  faïence  de 
Rouen  dans  les  Creuniers^  sur  la  route  entre  Trouville  et  Vil- 
lerville,  que  les  anciens  propriétaires  du  château  de  Henneque- 
ville  y  auraient  fait  placer  comme  ornements  dans  le  souterrain 
qui  devait  conduire  de  là  jusqu'à  la  mer.  Il  m'a  été  impossible  d'y 
trouver  un  seul  souterrain  qui  pourrait  justifier  cette  croyance. 
Comme  pièces  curieuses,  on  peut  encore  citer  un  grand  sou- 
pirail de  cave  ou  de  grenier  qui  fait  partie  de  la  collection  de 
Sèvres.  C'est  un  bel  exemplaire  qui  démontre  combien  l'emploi 
de  la  faïence  de  Rouen  était  répandu  et  servait  déjà  même  à 
l'usage  architectural. 

C'est  à  Rouen  aussi  que  les  premières  faïences  de  toilette  ont 
été  fabriquées,  avant  que  Strasbourg  et  le  Midi  aient  pu  les 
imiter.  Un  produit  dont  la  forme,  le  décor  et  le  nom  caractéri- 
sent si  bien  l'époque,  c'est  le  petit  vase  de  nuit  ovale  et  orné 
d'un  œil  à  l'intérieur,  entouré  souvent  de  légendes  plus  ou 
moins  grivoises  et  connu  sous  le  nom  de  Bourdaloue  * ,  produit 

1 .  Le  nom  que  ces  vases  portaient  à  la  fin  du  dix-septième  et  au  commence- 
ment du  dix-huitième  siècle,  est  celui  du  fameux  prédicateur  jésuite  L.  Bourda- 
loue, né  à  Bourges  en  1632  et  mort  en  1704,  le  même  qui  fut  chargé  dix  fois 
de  prêcher  TÀTent  ou  le  Carême  devant  Louis  XIV,  et  de  convertir  les  malheu- 

37. 


438  POTERIES  OPAQUES 

de  la  un  du  dix-septième  siècle  et  >du  commencement  du  dix- 
huitième. 

La  collection  Le  Veel  S  à  Paris ,  et  la  collection  Pottier  ',  à 
^ouen,  étaient  rich.es  en  faïences  de  Rouen. 

Aujourd'hui  on  peut  citer  les  collections  Patrice-Salin ,  du 
Boullay,  Emile  Crémieux,  de  Cambry,  de  Liesville,  Yalpinson, 
Michel  Pascal,  Aigoin,  et  autres,  à  Paris. 

Au  musée  Sauvageot  on  voit  deux  jolies  consoles,  tôtes  de 
faune  en  décor  camaïeu  bleu. 

Une  salière  de  la  collection  Perillieux  est  marquée  : 

P.  ©-, 

et  j'ai  vu  dans  la  collection  3Iichel  Pascal,  vu  plat  mdirqQé  : 

nDe  théiève, 

M.  Malassis,  à  Paris,  possédait  un  magniQque  pot  et  un  beau 
plat  polychrome,  ainsi  qu'un  autre  plat  de  60  centimètres  dé 
diamètre,  en  camaïeu  bleu,  aux  armes  de  la  famille  Gluppien, 
de  Normandie. 

Une  des  pièces  rouennaises  fort  remarquable  est  le  petit 
saladier  à  côtes  de  M.  Forget,  à  Paris.  Décoré,  en  camaïeu  vert 

reax  protestants  du  Languedoc  lors  de  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes,  en  1 685. 
Le  P.  jétttite  s'étant  inàlé  à  toutes  les  intrigues  des  ruelles,  et  fait  Je  coAfiAevt  de 
4DUS  les  seerets  dl^doève  de.lacour,  la  malignité  publique  désigna  alors  l'objet  d'un 
usage  secret  et  abject  par  le  nom  de  Bourdalotie.  D'autres  veulent  que  la  dénomi- 
nation de  Bourdaloue  provienne  de  ce  que  les  sermons  du  révérend  père  étaient 
si  longs,  que  les  dames  se  voyaient  obligées  d'emperter  a^rec  eUes  Tindi»- 
pensable,  pour  pouvoir  rester  jusqu'à  la  fin.  On  apfielle  auaai  cet  ustsaole 
en  Normandie  écopej  d'après  l'instrument  qui  sert  à  rejeter  Teau  du  fond  des 
bateaux. 

1 .  Xa  eoUection  Le  Teel  se  oocB^oiBit  presque  esclnaivement  de  Caieptes 
françaises  du  dix-septième  au  dix-huitième  siècle ,  époque  où  cette  poterie  ne «e  fa- 
briquait en  France  que  pour  les  usages  domestiques  et  avait  remplacé  la  vaiS' 
wUe  en  métal.  Bien  qu'une  telle  eoUeqtion,  -par  sa  apécialité,  ne  forme  pas  vn 
eosemUe  propre  à  l'étude  oéffami^e,  «Me  at  irèa^pnéoieuse  au  pggirt  de  «vw 
de  l'industrie  française,  puisqu'elle  représente  bien  la  production  jsauufuctu- 
rîère  française  de  faïence.  Cette  collection  se  trouve  aujom*d'hui  au  musée  de 
Cluny. 

2.  H.  Pottier,  àHoaen,  posaédfiiit  iiprés"6èvr«s,  wcofttestatilement,  la  plus 
inlérefissaiite  ctiilléctiftn  defiienees  qu'il  y  ait  -en  Framee,  puisqu'elle  a  été  formée 
à  l'aide  de  «onBadssaBcesvrtBhéologlqties-spéoifdeB  «t  4'iq;»rès  un  savant  «yitènie. 

-  EUe  «et  anjourd'lrai  an  mutée  de  ftoven» 


toaorÉtmnH.  439 

et  Um,  de  dassiDS  qni  rappetlest  la  nuuùère  italienne,  m  vtit 
au  milieu  le  médaillon  d'un  portrait  de  feciBM,  et  à  l'envers,  le 
mUlânme  1708. 

On  grand  plateau  «ctDgoae,  de  63  oealimètree  de  longueur 
sur  50  de  large,  de  ma  collectiOD,  'est  déoorë  en  polychrwne 
d'ne  bordure  d'omenMBte  rocaillée  à  oifteaas,  entrelaoëe  dto 
feuillages,  de  fleurs  «t  de  brasdies.  On  TOJt,  au  milieu,  «n 
grand  sujet  composé  de  quatre  &gat«3,  de  35  c«ntimètreB  de 
faaut«tir  casque,  «n  «Mtvme  du  temps  de  Louis  XV,  pcrson- 
liages  qui  jouent  au  trictrac  sur  iice  botte  &  jeu  posée  sur  lears 
geoeus.  L'ensemble  du  desùu  mt  bien  et  lee  cooleurs  asasE 
rriosstes,  sa>tf  cellas  des  chairs  qui  soat  peintes  en  teintée  pla- 
tes et  tp^  pttes,  mais  l'expreBston  est  ton  caraetërisée.  C'est 
«ncma  sne  des  piàcee  remarquables  des  fibhqaee  roneBiiaiMS- 


PUteau  eu  Ciûucs  de  Aoiita  su  cUcpr  polichraiiie,  de  m 

M.  A.  Loisel,  à  la  Biviâre-ThiberviUe ,  statiendeB 
le-Eoger  [Eure],  possède  un  grand  nombre  de  faieoc^E  de  Rouen. 
parmi  lesquelles  sont  quelques  pièces  rares  «t  cuneusoSt  La 


440  POTERIES  OPAQUES 

collection  de  cet  amateur  se  compose  de  douze  cents  pièces,  un 
peu  trop  recueillies  sans  choix. 

On  trouve  dans  la  belle  collection  de  M.  Aigoin,  à  Paris,  plu- 
sieurs pièces  de  la  faïence  rouennaise,  véritablement  hors  ligne. 
Entre  autres  un  plat  rond  de  57  centimètres  peint  au  poly- 
chrome et  dont  le  milieu  est  orné  d'un  médaillon  de  20  centi- 
mètres à  bord  festonné,  où  l'on  voit  trois  Amours  en  camaïeu 
bleu  jouant  du  violon  et  dansant.  Ces  trois  6gures  se  détachent 
sur  un  fond  brun  jaunâtre  à  petits  ornements  et  à  arabesques 
noires.  La  bordure  de  16  centimètres  de  largeur  de  ce  plat  est 
composée  de  fleurons  et  de  guirlandes  peints  en  bleu  et  orange 
et  d'une  grande  richesse.  Un  autre  plat  de  la  même  collection, 
décoré  en  polychrome  et  rayonnant  de  l'étoile  ombilic  en  sept 
jets  jusqu'à  la  bordure,  est  remarquable  par  l'élégance  de  ses 
fleurons  et  la  hardiesse  de  ses  rinceaux. 

Madame  Gavé,  à  Paris,  possède  un  plat  rond  tout  pareil  à 
celui  de  la  collection  Aigoin,  et  également  décoré  des  trois  an- 
ges ou  enfants  musiciens. 

Dans  la  collection  Gressy,  à  Paris,  on  trouve  deux  grands 
plats  armoriés,  en  décor  camaïeu  bleu ,  et  dans  celle  de  Pe- 
rillieux,  un  grand  plat  ovale  festonné  qui  est  tout  à  fait  dé- 
coré comme  les  deux  plats  ronds  appartenant  à  madame  Gavé 
et  à  M.  Aigoin,  — seulement  le.sujet  montre  quelques  enfants 
,  de  plus. 

M.  le  comte  Edouard  du  Hazey,  au  château  de  Versainville, 
près  Falaise  (Galvados),  possède  deux  magnifiques  plateaux  de 
60  centimètres  de  diamètre  avec  leurs  buires,  de  55  centimètres 
de  hauteur,  qui  sont  décorés  des  armés  de  la  famille  de  Mar- 
guerie.  La  forme  de  ces  buires  est  presque  la  même  que  celle  d'o- 
rigine hollandaise  qui  fait  partie  de  ma  collection,  et  les  anses  en 
spirale  rappellent  comme  chez  celle-là  la  fabrication  nivernaise. 

On  peut  aussi  signaler  les  deux  magnifiques  plats  ronds,  aux 
décors  polychromes  et  à  sujets  chinois,  du  musée  de  Ghartres^, 
et  quelques  belles  faïences  rouennaises  au  musée  historique  de 
la  ville  du  Mans. 

1 .  Ce  musée  qui  possède  une  collection  zoologique,  des  tableaux,  des  bron- 
zes, des  poteries  de  toutes  sortes  et  des  Terreries,  est  particulièrement  remar- 
quable par  sa  belle  collection  d'armes  et  d'armures  gothiques,  parmi  lesquelles 
il  y  a  cependant  une  partie  de  cotte  de  maille  fausse,  celle  que  l'on  a  attribuée  à 
Philippe  le  Bel.  Je  parle  de  la  partie  inférieure  où  l'absence  des  ri^és  indique 
la  contrefaçon  moderne. 


EUROPÉENNES. 


441 


H.  Henri  de  Brécourt,  à  Joigny  (Yonne),  a  dans  sa  collection 
un  magnifique  plat  d'une  grandeur  peu  commune  de  3S  cen- 
timètres de  diamètre,  au  décor  camaïeu  bleu  d'une  inûnité 
d'ornements  admirablement  agencés,  et  que  l'on  doit  attribuer 
à  la  fin  du  dis-septième  siècle. 

Deux  magniSques  plats  polychromes,  ronds  et  de  50  cent. 
de  diamètre,  de  la  colleclion  Dejean,  à  Paris,  plats  qui  ont  ëtô 
payés  1 ,500  fr,  et  dont  les  bords,  converts  de  charmants  orne- 
ments ,  portent  la  signature  du  céramiste 

sont  décorés  de  peintures  historiques.  L'un  représente  la  Sa- 
maritaine et  le  Ckriêt  à  la  fontaine,  l'autre  Judith  et  Botopheme. 

Un  semblable  plat  et  de  la  mâme  grandeur,  qui  appartient  à 
M.  Assegond,  a  pour  sujet  :  Atalante  entouré  d'AmoitTS,  appor- 
lant  à  Calidon  une  hure. 

Dans  la  collection  Meusnier  on  trouvait  grand  nombre  de 
belles  assiettes,  de  buires,  et  particulièrement  un  grand  tonneau 
à  cidre,  avec  son  piédestal,  décoré  en  camaïeu  bleu  ;  le  costume 
des  trois  Dgures  assises  devant  une  table  indiquait  Tépoque  de 
Louis  XIV. 

Feu  Lecarpen lier  avait  dans  sa  collection  un  plateau  octogone 


PlalMB  M  (liCDce  de  Hoiwn  k  décor  poljchioinï,  de  la  coll^, 


442 


POTBiaES  OPAQQES 


à  anses,  qui  est  décoré  <eQ  polyclmmie  d'un  sujet  d'intérieur 
d'après  une  gravure  d*  AlMrafaain  Bosse  ^;  c'^et  une  pièce  fort  pré- 
cieuse parmi  les  faîenoes  T0ue&iiai6eBt>ù  ki  figure  a  >été  perate 
rarement;  bien  que  ce  plat  eût  été  restauré  et  repeint  par  en- 
droits, il  a  été  adjugé  à  la  vente  puls^itfiie  ^  355  fr.  M.  Gouei- 
lain ,  à  Rouen ,  possède  un  plateau  d'usé  forme  semblable ,  fa- 
briqué entre  ilio  et  f  759,  et  également  éécoré  en  polychrcxme. 
Le  sujet  est  eocore  plus  remarquable  :  c'est  Achille  à  la  cour 
du  roi  de  Seyrol,  d'après  Rubens. 

M.  E.  Paris,  à  Paris-Bercy^  possède  un  légumier  décoré  en 
polychrome  à  la  corne  qui  est  marqué  : 

P.  A.  E., 

marque  dont  les  deux  dernières  initiales  sont  réunies  en  mono- 
gramme. 

M.  A.  Assegond  a  dans  sa  collection  une  cheminée  complète, 
pareille  à  celle  qui  se  trouve  au  musée  de  Rouen,  ainsi  qu'un 
curieux  damier,  marqué  : 

H.  D.  Septembre  i  765. 

1.  Le  fisù^^^st  copié  d'apsès  la  gnnaire  :  V^sUr  les  nuds^  bous  iaqueUe  on 
lit  les  vers  suivants  : 


Par  jm  «ffiet  «aspz  bodiiu, 
l^bontme,  vrai  aujet  de  .mnére, 
Boitant  du  vantre  d^aanùce, 
•Snire-dans  te  monde  tout  no. 


IKau  cammeimrla  pauvreté 
Tootat  dioses  luy  sont  contrairi»* 
11  peut  manquer  des  néoeesairea 
Et  le  voir  dans  sa  nudité. 


9ouT  8^es£inpter  de  la  froidure 
Il  ae  couvre,  contre  jes  'inaax, 
.De  la  laine  des  animaDX, 
£t  se  cbauffie  avec  leur  iioiurrmr£. 


iklors  par  un  solng  véritable^ 
Il  faut  que  charitablement 
Tu  Paasiates  de  vêtements. 
Prenant  .pUié  de  ton  semblable. 


;4jbx«liam  Bosse,  peintre-graveur,  né  à  Tours -en  1610,  mort^n  1 678,  a  tra- 
yftMé  à  Paris  et  .marqué  «es  œsvres^'un  Jl.  !B.,  réunies  eu  tnonogramme.  Le 
oabiAet  impérial  ^i'Ëstarapes  à  Paris  |»0Bsède  trois  f  ros  volumes  îonaé»  par 
'l'oQHwe  de  ce  msâtre^t  qui  vonsistent  en  grandes  figures  hiatorifue»,  la  série  des 
Wentmes  ifonte*^  -ctSihB^e  VMnfant  jimsâ/^^  îles  Vier,ges  minies-etd»  Vitrg^ 
jlbi/es, -en  iSiéges,  etc. 

11^. aussi  lajssé  uneloajpueflérie  de  Scsmm  <2e «ofisarsalton  et  deCoiiliMM5 
du  iewfA,  leao^MwenMBt  jpaésàamtM  ipeor  l^éftnâe  des «oataimes  et  des  ae^^es^e 
flCftte  4p»igiiB :4it  3^«nm  lesfnâtoiflR^evt  jti^BflAer,  fourgon  iai6seiveid]«r ,  4a  ^a- 
vuoe  4«k«n«Rlfe!l'4Q0tttfèMHiOft.  ' 

Bosse  a  «oowffi^pmré  te^pfamtes,  îles  vcnonents,  des  jdafoxids,  dea^^^pdes  de 
dessins  et  d'architecture,  des  mascarens  et  des  cliemtnëes  et  l'histoire  d'Homère. 
Le  cabinet  de  Paris  possède  tout  oela. 


EUBOFÉEKNES.  443 

Un  semblable  damier,  dans  la  collection  de  M.  Maesse^  à 
Franqueviller,  porte  la  même*  marque^. 

MM.  Lottin  de  Laval  *,  aux  Trois-Vals,  près  Bernay  en  Nor- 
mandie, Loisel,  Assegond  etGouellain,  possèdent  d'autres  beaux 
plats  de  cette  faïence,  dont  plusieurs  ont  50  à  56  centimètres 
de  diamètre. 

Une  belle  fontaine  de  la  collection  Loisel  est  marquée  : 


Deux  assiettes  aux  armes  de  Jea&LsittiRriniiiid',  é7ét$yied'ÉvteaR, 
portent  : 

Blé-;. 

et  une  autre  assiette  décorée  d&  Earmoide  da  la  fauûUe  des 
Crussol-Uzès  : 

F.  B. 

Une  grande  baratte^  ëgalemeirt  eacamafeu  bl^,  aux  aritsss 
des  ducs  de  Boaillon,  et  un  supesbe  ooova'd&de-.ssiipière^aax 
armes  accolées  des  familles  du  Ghesne  de  Saint-Marc  de  Préaux 
et  du  Ghesne  de»  Ghatetiiers,  sont  d'autres  pièces  remarquables 
de  la  collection  Loisel.. 

La  liste  des  fabrique»^  de  Menée  existant. en^  France  em  ItdO, 
conservée  aux  archives  de  Neversi  0t  d^iit  o»  trouvera  pi«s  loin 
la  copie,  mentionne  seize  usines,  et  montre  par  là  combien  la 
fabrication  des  faïences  a  été  importât^  à  Rouen  où,  vers  1809, 
M.  Letellier,  vers  1823,  M.  de  laMetteriCy  et  vers  1827,  M.  Amé- 
dée  Lambert,  fabriquaient  toujours  cette  poterie,  ce  qui  est  dé- 
montré par  les  échantillons  que  le  musée  de  Sèvres  possède. 

Aujourd'hui  il  n'existe  plus,  que  je  sache,  aucune  fabrique 
de  faïeoce  ni  de  poterie-  artistique  à  Rouen* 


1.  M.  Lottin  de  Laval,  connu  pa»  son  ouvrage  :  Voyage  dans  la  péninsule 
du  Sinat,  écrit  au  retour  de  la  mission,  dans  le  Kurdistan,  la  Perse,  l'Arabie, 
l'Egypte,  dont  il  avait  été  chargé  par  le  gouvernement,  possède  une  superbe 
collection  d'objets  céramiques,  de  tableaux,  de  meubles  anciens  et  de  curiosités 
de  toute  espèce,  exposés  dans  des  salles,  décorées  par  cet  amateur  lui-même  au 
moyen  de  sa  Lottinoplastique,  genre  de  moulage  qu'il  a  inventé  et  dont.il  a  pu- 
blié le  procédé. 


POTERIES  OPAQUES 


TeUHGS     cuites    a    émail     STANNIFÈRE    ET     A     EKGOBE     CLOl- 

I5S0  à  1750. 
Époque  actuelle. 
Des  briquea  de  carrelage  ou  carreaux  en  terre  cuite  à  décors 
polychromes,  ordinairement  émaillés  en  bleu,  blanc,  Jaune  et 
chocolat  au  lait,  et  où  les 
dessins  obtenus  par  les 
différentes  couleurs  d'é- 
mail et  par  desengobages 
sont  séparés  entre  euipar 
des  incisions  qui  les  font 
ressembler  il  la  mosaïque, 
ont  tousélé  fabriqués  dan.« 
tes  environs  de  Lisieux. 
Beaucoup  de  châteaux  el 
grand  nombre  de  riches 
maisons  bourgeoises  à  Pa- 
ris, particulièrement  dans 
les  quartiers  qui  environ- 
nent  les  Tuileries  *. 


k 

^^^ 

5 

p 

^^w 

M 

B 

M 

■.né  dtiia  edb  colleclïaD. 


avaient  jadis  les  chambres  et  corridors  carrelés.  (Échantillons 
aux  musées  do  Sèvres  et  de  Rouen,  et  dans  ma  collection.) 

Le  musée  de  Sèvres  ainsi  que  H.  Loobnitz  possèdent  aussi 
de  ces  carreaux  peints  à  Lisieux,  qui  sont  marqués  à  l'envers  : 


-^        (encrc«d<mBUpâte.) 

II  y  en  a  d'autres  au  musée  de  Nantes*  qui  ont  tous  le? 


molie  dans   li  me  Saiat-Amand  du  LouTre,  où  eUf 
larrouKl  el  aui  écuri«  dea  Tuilerira. 
Mi  de  Naales,  se  trouTC  imUllé  dans  l'aiiciea  Ora- 
loipe  dès  1943  et  ouierl  au  public  dam  le  local  ac- 


EUROPÉENNES.  445 

caractères  des  Azulejos  espagnols  (voir  Sévilla)  ;  ce  sont  les 
n°«  535  et  748  ;  ils  proviennent  de  la  Bouteillière,  près  le  village 
des  Couëts,  commune  de  Rezé  (Loire-Inférieure),  et  du  château 
de  Tours  (d'Arvault).  L'émail  est  en  vert,  brun,  blanc  et  bleu. 
Les  n<»*  970  à  976  sont  cependant  comme  le  dessin  ci-contre 
et  probablement  faits  à  Lisieux. 

Le  musée  historique  de  la  ville  du  Mans  possède  aussi  des 
carreaux  dans  le  genre  des  Azulejos  espagnols,  j'ignore  l'ori- 
gine. 

Ces  carreaux  ont  été  refaits  avec  succès  tout  dernièrement 
dans  la  fabrique  de  M.  Loebnitz  (voir  ce  nom),  pour  le  pavage 
de  quelques  salles  du  château  de  Tours. 

(Voir  aussi  les  carrelages  en  faïence  italienne  des  châteaux 
de  Polisy,  Écouen  et  Bois,  et  ceux  de  l'église  de  Brou  et  de  la 
cathédrale  de  Langres.) 

MM.  Barbanchon,  —  Barbier  (à  Saint-Désir),  —  Leblanc  (à 
Saint-Désir),  — Beaudouin  et  C*  (à  Saint-Désir),  —  et  Moulant, 
fabriquent  actuellement  des  poteries  communes  à  Lisieux. 

Près  Lisieux ,  en  Normandie. 

Terres  cuites  au  vernis  plombifére  et  coloriées  dans  la  pâte 

M.  Raymond  Bordeaux  reproduit,  dans  le  Bulletin  du  Bouqui- 
niste (i^^  semestre  de  la  6«  année),  le  passage  suivant  du  sep- 
tième volume  de  la  Géographie  blavienne  ^  :  «  La  vaisselle  de 
terre  de  Manerbe,  près  de  Lisieux,  se  rapporte  à  celle  de  Venise 
par  son  artifice  et  sa  beauté.  » 

Les  terres  cuites  qui  décorent  les  toits  des  vieilles  maisons  et 
manoirs  des  environs  de  Lisieux  proviennent  donc  sans  aucun 
doute  des  fabriques  de  Manerbe,  et  M.  Bordeaux  croit  même  que, 
parmi  les  terres  cuites  de  Manerbe,  il  y  en  a  de  si  bien  faites 
que  les  marchands  les  vendent  aux  amateurs  pour  de  rustiques 
fîgulines  de  Palissy. 


et  que  le  catalogue  désigne  toutes  sous  le  nom  fort  vague  et  impropre  de  Hua- 
queroSf  qui  signifie  simplement,  en  langue  quichuase,  cimetières.  On  y  trouve 
des  poteries  étrusques,  romaines,  celtiques ,  gauloises  et  frankes ,  de  belles  ha- 
ches de  l'âge  de  pierre,  des  sculptures  en  pierre  et  en  bois  du  moyen  âge,  des 
médailles,  etc.,  etc. 

1 .  Publiée  par  Blaeue  au  dix-septième  siècle. 

38 


ii9  FOTBMIB  OEMIGBS 

Ud  plat  ovale  de  la  colleetioa  Loisei ,  avec  riche  comtw 
siikin  de  flgurea  en  pkàSr  «jet  bietoriquev  est  atu-ifaaé  &  ^- 
Derbe  et  ne  diS^aen  viav  dans  m  fabncatioii  de»  terres' cuites 
dites  de  Palissy. 

Haoerbo  a  aussi  confeetionnd  des-  épit  ou  éEocs  ea  tcorecuile 
vemiasëe,  espèce  de  tourelles  da  formea  batastiqueK  dbnt  on 
onuit  k  tkaut  des  pigacoadas  maisons,  pareils  à  cauxff^ri- 
qaës  à  Troyes  etk-MaUeanu,  peès  Pont-Valin,  dans  la^  Sarthe. 

Un  de  ces  ëpis,  appartenant  à  M.  Alfred  André,  a  tous  Iw 
(UKaetdce3de£poteriesaUribude«àPBli9sr(voirrartic)asur  Pa- 
lissy),  lesmâmes  auuiees  de  vernis nûaénil,  lessnrmoulagesde 
plantes  et  ju^iqu'aus  Tûohers  des  nutiqnes  figtdines,  se  retron- 
veut  sur  cet  épi. 

Un  autre,  orné  de  saasoarona  et  de  fleuis  de  lis,  dont  voici 
le  dessin,  faisait  partie  de  la  collection  de  fea  LecerpeoSer. 


Cet  ëtoc  est  en  terre  cuite  et  simplement  verni  au  plomb,  mab 

il  est  fort  intéressant  comme  forme. 


Tebees  curiEs  Atr  vzrnis  plohbifèrz.  1680-1730 

On  a  fabriqué  dans  cette  localité  des  briques  ou  carreaux  de 
pavage  à  niellures,  formés  dans  des  moules  de  plâtre.  On  les 
reconnaît  à  leur  couleur  enlièraffleitt  grise. 


BtnOPélNNEE.  447 

Esemplaires  aux  nius^  <du  Lotrrre,  'de  ^Sèvres  et  de  Romn 
et  dans. ma  collection. 


Village  tout  |irèa  d^UaDubCi  aui  fuicoDi  de  LiuBUi. 
TeRHBS  CDITBB  AH'VERTnSPLOnBITÈIIE.  i530-(BOO 

M.  de  Glanville  et  M.  Delaunay  en  ava'ieot  envoyë  à  l'Expo- 
sitioti  do  Rouen  de  1841  deux  beaux  ëchanlillons ,  que  SI.  de 
Beaonepiire  indique .CQazraeStant  de  la  fabrique  de  Pré  d'Auge  '. 

L'usage  des  terres  Quilâs^ittiiT  ocoer.les  toifauros  desjnaisona 
existe  encore  aujourd'hui  dans  ia  basse  Normandio.  A  Saitsse- 
menil*,  aux  environs  de  Valognes  et  de  Cherbourg,  on  ren- 
contre beaucoup  de  ces  épis  fabriqués-en  Normandie  (voir  aussi 
Malicome  dans  la  Sarlbe,  Tr^es,,  etc.). 

Feu  Lecarpentier,àParis,  possédait  une  fontaine  en  forme  de 


1.  de  IB6I,  iaSuUitia  di  la  Société  dis  snliquairti 


448  POTERIES  OPAQUES 

seau,  en  terre  cuite,  recouverte  d'un  vernis  vert  de  cuivre, 
pièce  fort  curieuse  que  l'on  doit  attribuer  à  ces  localités. 

Le  bord  est  formé  par  deux  dauphins  et  le  corps  recouvert 
tout  autour  de  bas-reliefs  d'une  exécution  narve,  qui  représen- 
tent des  Indiens  chassant  le  crocodile ,  d'arbres  et  animaux 
de  toutes  espèces.  De  l'inscription  gravée  en  creux ,  autour 
du  pied,  par  endroit  effacée,  on  ne  peut  déchiffrer  que  les  mots 
suivants  : 


ILPTE..  PAR..  P.  !..  GUÏMONNEAU..  DE  LA..  FURIE.. 

CHIRUGIEN,.  A RGELLES..  A  POTE...... 

d669 

llVFBÉiriLl.E ,  €HATlSl«-l<A-IilJllE ,  en  iVorinaiidle. 

Terre  cuite  au  vernis  plombifére.  Depuis  4550 

On  y  fabriquait  jadis  les  épis  ou  étocs.  Aujourd'hui  on  n'y 

produit  que  des  pots  à  fleurs  et  des  tuyaux. 

* 

JLA.  HAYE-HAIiHElMiE  (Sure). 

Terre  cuite  au  vernis  plombifére. 

M.  Victor  Guesné,  à  Elbeuf ,  possède  une  fontaine  jaune  de 
cette  provenance. 

AltlIIEKTIEBSS  (Eure). 

Terre  cuite  au  vernis  plqmbifère. 

Jean  Guinestre,  potier. 

Le  musée  de  Rouen  conserve  de  ce  potier  un  enôrier,  en 
forme  de  cœur,  qui  est  signé  en  toutes  lettres. 

M.  Leguerney,  à  Brionne,  possède  également  de  cette  ancienne 
fabrique  un  bénitier. 

On  y  a  aussi  fait  des  épis. 

M.  Blochet,  potier,  y  fabrique  encore  actuellement. 

Madame  veuve  Bertin-Gérard ,  M.  F.  Bordu,  et  M.  Moise- 
Bordu,  y  fabriquent  des  grès.  [Voir  Armentières  (Oise).] 

EESSAY  (Manehe), 

A  20  kilomètres  de  Coutances,  et  grand  nombre  de  localités  enTironnaotes. 

Terre  cuite  au  vernis  de  plomb  ,  et  grés  communs. 
Ces  localités  sont  connues  depuis  des  siècles  pour  la  fabri- 


EUROPEENNES.  449 

cation  de  la  poterie,  et  on  y  trouve  toujours  grand  nombre  de 
potiers  qui  apportent  leurs  produits  aux  marchés  de  Lessay, 
ville  où  les  maisons  sont  encore  ornées  d'épis  et  de  pignons, 
et  dont  quelques-unes  remontent  au  seizième  et  au  dix- 
septième  siècle. 

MOBOll,  près  llayeux  (CalvadoB). 

Terres  cuites  au  vernis  plombifére.  Depuis  d550 

On  a  fait  en  tout  temps  à  Noron  de  grandes  cruches  brunes, 

grisâtres  et  vertes,  à  panses  aplaties  et  ornementées  de  reliefs. 

(Un  exemplaire  dans  la  collection  Loisel.)  Le  genre  de  Palissy  y 

a  été  aussi  fabriqué  comme  à  Manerbe. 
Des  fabriques  considérables  de  grès  et  de  poteries  vernissées 

existent  encore  aujourd'hui  àNoron,  elles  appartiennent  à  MM.Th . 

Charlotte ,»  A.  Levéque,  P.  Marie,  ï.  Moussel  et  P.  Quignot. 

Faïences.  1556 

Terre  cuite  sans  couverte.  1792 

Les  fabriques  lyonnaises,  dont  on  ne  connaît  aucune  pièce 
artistique,  ne  se  trouvent  mentionnées  ici  que  pour  mémoire, 
car  les  poteries  inconnues  attribuées  à  Lyon  devaient,  selon  leur 
origine,  plutôt  figurer  parmi  celles  de  l'école  italienne. 

Cyprian  Piccolpassi  a  déjà  cité  Lyon  en  1 548  comme  centre 
de  fabrication  (voir  la  note  2,  page  55),  mais  la  délibération  du 
conseil  communal  de  1556,  sur  la  demande  d'un  nommé  Sébas^ 
tien  Griffi,  marchand  genevois,  où  il  est  dit  textuellement 
que:  la  fabrication  de  faïence  est  nouvelle  en  ceste  ville  et  au 
royaume  de  France;  ainsi  que  la  requête  de  Julien  Gambyn  et 
Domenge  Tardissi  et  de  Francesco  de  Pesaro,  prouvent  que  cette 
fabrication,  toute  italienne  et  dont  les  produits  ne  peuvent  pas 
être  comptés  parmi  ceux  des  faïences  françaises,  ne  remonte  pas 
au  delà  de  1556. 

C'est  peut-être  aussi  une  nouvelle  preuve  que  les  carreaux 
d'Ëcouen;  fabriqués  à  Rouen  en  1542,  sont  bien  italiens. 

Gomme  aucune  poterie  des  maîtres  susmentionnés  n'est  connue 
on  ne  saurait  pas  même  dire  à  quelle  espèce  elle  appartient,  car 
M.  le  comte  de  la  Ferrière-Percy,  auquel  on  doit  la  première 
mention  de  ces  fabriques,  n'a  pu  donner  non  plus  le  moindre 
éclaircissement  sur  le  genre  de  cette  fabrication. 

38. 


450  P0TERIB8  t)FA(nJES 

Le  plat  de  45  oentimètres,  an  nnieëe  de<Sèvres,  décoré  dans 
le  style  de  Pesaro  et  arec^rinseription  fremçaise,  suivante^. 

La  Royne  de  Sabatqui  irient  àâaUomûajiu  3. livre  desJloys  chapitre X. 

que  Ton  attribue  à  Lyon,  ne  prouve  rien.  Il  pourrait  fort  bien 
être  fabriqué  .eaJUlieii  Ja  AOsusAnde  .d'im  J^jaiiçais. 

Ce  qui  m'affermit  dans  l'opinion  que  la  faïence  n'a  pas  été 
faite  à  Lyon  ayant  la  "fin  du  dix^hui^ème  siède,  c'est  k 
mémoire  rédigé  «eulemant  «en  1746,  tpar  Boillioud,  ohanoine 
régulier  à  ^aintrAatoine ,  à  Houen,  'daiiB  lequel  il  -révèle  em 
Lyonnais,  ses  compatrioles,  kis  «divers  procédés  des  pins  ha- 
biles faïenciers  normands,  il  serait  Burprenant  que  ce  dunoiae 
se  fût  donné  toute  cette  peine  si  la  fsd^ricatioin  de  la  âtlonce 
avait  été  déjà  connue  à  Lyoïu  La  pieszii^  mantiom  'antbwKtitpie 
de  fabûques  de  faiesces  lyaitnaâses  se  trouve  daas.  Isl  ipétitôon 
de  l'année  1790,  où  il  est  constaté  qu'il  y  existait  alors  trois 
usines. 

Climard,  sculpteur  lyonnais. 

Un  médaillon  rond,  bas-relief  de  son  propre  buste,  de  la  col- 
lection Eugène  Tondu,  vendu  en  1865,  était  signé  : 

CHmardy  Lyon,  1792. 
SAHSSli  iMlMiAarér.) 

Faïences  (?)  1  S8.8  et  i  654 

Fa£B3(GE  a  ÉltAUi  fiXAKNIFijBLE.  1 752 

On  croit  que  Jean  Ferra,  gentilbomme  verrier,  créa  à  Nantes, 
en  1588  une  fabrique^de  /ai&ftce  à  émail  blant,  et  tes  archives 
mentionnent  un  autre  Mmicant,  le  nommé  Ohaths  Ott^rmeurj 
qulTere  1664,  y  produisait  des  snarGhandiëes  tréi-hlaaàcimB  ^i 
quelquefois  décorées  de  fLeurs^de  i{is,etc.  Tout  cela-est  bieo  vague 
et  je  n'ai  jamais  pu  voir  une  seatle  pièce  de  oes  deux  isibnqufls. 

Leroy  de  Montillée  fonda,  en  1752,  une  fabnique  de  Ititooce 
<|ui  passa  au  i)Qut  jie  quelques  -années  entre  IfîSioaftiQS  de 
De/a&f  e  squi  dut  lia  vendi»  eu  1771  à  JPerret  et  Fourmy^  -atus 
lesquels  «Ue  prenait  une  rtetie  lezlension  qu'en  1774  elle  oJtfint 
le  <  titre  de  Mafmfa(^re  royale  ts2e  JlîNti^as.  L'anrôt  de  t)elte  fa- 
tentera  été  publié  en  toutes  Jettres  dans  VArt  de  Tertie  chez  ks 
Foitevins. 

La  pétition  .des  la!aicieF5ile2!aimëe  1790,  trouvée  dans  des 


Einto?ésiiicis.  451 

arcbh'es  de' Nevws,  constate  qu'uae  ÎBtbrit|pe  existait  encore  à 
cette  époque  à  Nantes. 

M. liiehel,  à  Avignon,  possède  vnefcmrde,  forme  sabot,  en 
fift!ence  à  émail  stannifère,  décorée  «n  poïydirome  de  fleurs  et 
d'un  vaisseau  sous  voiles  et  à  pavillon  français  tricolore  ;  deux 
petits  sabots  forment  les^nses.  G^tte  gourde  est  signée  : 

de  Nantes, 

EsMjeki  BQsrqueid'niie  ly^cpue  ou  «ost^oe  ies  initiales  du  pro- 
priét»ref 

Les^uiciens  îHdwngmères  des  Fo^s  nwx  lettres  de  i%Ot  et 
^8i7  ne  meationMAt  aucune  fs^qve  de  cette  localité. 

M.  T.  Dérivas  y  {fabrique  «etoiDlienient  des  faïences. 

Faïence.  vers  1600 

L'auteur  de  Y  Art  de  terre  chez  les  Toitevins  mentionne  .Bri- 

zanbourg;  selon  lui,  un  nommé  Enocft  D^pxw,  snaîke  faïencier, 

y  aurait  travaillé  versie  cûmmencemâiat  du  diz-geplième  ^ècle. 

FjSmm  A  JsuxL  sTAsmmvB  m  mbam  BÊOim^smem  et  polt- 

CHROME.  1602 

Cette  âitence  est  de  Yécoie  italimiae,  «aTeoaise,  Sa  fabrica- 
tion doit  être  divisée  en  plusieurs  époques. 

!»•  époque,  de  1602  à  l-eTO,  traditioii  italienne  ; 

S**  époque,  vers  1640,  imitation  persane  ; 

3e  époque,  de  i^i^à  17^0,  ittilay0n  de  «hiaotseries  h&llan- 
daises  ; 

4*  époque,  de  1750  à  1810,  franco- ni vemaîse,  ou  populaire, 
ou  patriotique-républicaine,  à  partir  de  1769. 

Les  Dictionnaires  des  FostesitmxhttreSj  par  Lecousturier,  des 
années  1802  et  1 817>  menlioQnent  «  deàelles  fabriques  de  faïence 
à  Nevers,  » 

Dans  la  première  époque  xte  Ja  tradixion  italienne,  .Nevers 
est  quelquefois  même  supérieure,  comme  cotoâs,  /aux  prQdift&- 
tions  dltalie,  aussi  bien  dans  le  oama!eu  bleu  que  dans  le  po. 
lychrome.  Le  dessin  est  cependant  relâché,  et  moins  artifitiiiHe 
quant  aux  caractères,  maisiedéoarneÉQfi  â«ird)Argé  d'ocse,  le 


452  POTERIES  OPAQUES 

jaune  plus  pâle  et  plus  doux.  L'amateur  reconnaîtra  les  belles 
pièces  de  la  première  époque  à  ce  signe,  que  les  figures  du 
décor  y  sont  ordinairement  en  jaune,  sur  fond  bleu,  tandis  que 
les  peintres  italiens  ont  le  plus  souvent  peint  leurs  figures  en  bleu 
sur  fond  jaune.  Never^  n'a  jamais  employé  les  couleurs  rouges. 

Pendant  la  deuxième  époqus  (imitation  persane),  ce  centre  a 
fabriqué  des  faïences  à  fond  jB/eu-Raymond  (lapis  ou  bleu  de 
Perse),  à  blancs  fixes  *  et  avec  décor  blanc-tigre  *,  sur  fond  lapis 
et  aussi  sur  fond  jaune  jonquille.  Ces  dernières  espèces  ont 
donné  lieu  à  des  controverses.  Quelques  amateurs  les  croyaient 
originaires  de  Perse,  où  on  fabrique  de  semblables  poteries.  Au- 
jourd'hui il  n'y  a  plus  de  doute,  elles  sont  définitivement  clas- 
sées parmi  les  faïences  nivernaises.  Une  tasse  bleue ,  de  fabri- 
cation italienne,  avec  millésime  et  devise,  qu'on  voit  au  musée 
de  Sèvres,  parait  prouver  que  Nevers  a  imité  son  premier 
bleu  des  Italiens.  Les  potiches  tigrées  de  Nevers  de  cette  épo- 
que sont  souvent  ornées  de  mascarons  et  d'anses  torses  ou 
contournées. 

La  troisième  époque,  désignée  :  «  d'imitation  chinoise,  »  est 
plutôt  une  imitation  hollandaise,  aussi  bien  pour  le  caractère 
des  chinoiseries  que  pour  les  nuances  du  bleu  et  les  formes  des 
potiches.  Ceux-ci  sont  en  camaïeu  bleu  sur  fond  blanc,  quel- 
quefois entremêlés  de  décors  brun-lilas,  et  représentent  des 
chinoiseries. 

La  quatrième  époque,  la  a  franco-nivernaise,  »  comprend  un 

1 .  Voir,  pour  l'explication  de  ce  terme,  la  table.  Délit  a  produit  le  même  genre 
à  la  même  époque,  et  on  ne  saurait  dire  qui  de  ces  deux  localités  a  imité  l'autre. 
M.  Villet,  à  Amsterdam,  possède  un|pot  à  anse  en  bleu  de  perse  (lapis  ou  rayinond), 
à  décor  à  blancs  fixes,  que  tout  connaisseur  prendrait  pour  du  neyers,  si  le  mo< 
nogramme 


B. 


/^^ 


et  la  provenance  connue  par  le  propriétaire,  n'était  pas  le  moindre  doute  sur 
son  origine  hollandaise. 

Une  assiette  de  Delft,  décorée  dans  le  même  genre,  mais  plus  grossièrement, 
fait  partie  de  ma  collection,  ainsi  qu'une  autre,  où  le  bord  festonné,  la  pâte  et 
l'émail  indiquent  une  fabrique  de  Rouen  du  dix-huitième  siècle. 

2.  Une  grande  soucoupe  dans  ma  collection. 


EUROPÉENNES.  4S3 

laps  de  temps  de  près  de  soixante  années.  Ce  sont  des  faïences 
d'usage  domestique,  telles  qu'assiettes,  marmites,  pots  à  confi- 
tures et  saladiers  à  inscriptions;  c'est  de  cette  catégorie  que 
M.  Ghampfleury  possède  une  collection  nombreuse,  et  particu- 
lièrement du  temps  de  la  Révolution ,  où  il  existait  encore  à 
Nevers  douze  fabriques. 

C'est  le  gentilhomme  sa  venais  Conrade  qui  a  établi  la  pre- 
mière fabrique  en  d602;  Louis  XIV  et  la  régente,  sa  mère, 
ont  octroyé  plus  tard  un  brevet  à  Antoine  de  Conrade. 
On  y  lit  :  «  Estant  bien  informé  de  son  industrie  et  grande 
expérience  à  faire  toutes  sortes  de  vaisseaux  de  faïence,  par 
une  science  rare  et  particulière,  réservée  secrètement  de  père 
en  fils  en  la  maison  D.  de  Conrade.  » 

La  famille  des  Conrade  qui  était  venue  s'établir  en  France, 
se  composait  des  trois  frères  Dominique,  Baptiste  et  Augustin, 
mais  c'était  dans  la  branche  de  Dominique  que  la  fabrication 
de  la  faïence  s'est  propagée. 

La  plus  ancienne  marque  nivernaise  connue  est  celle  recueillie 
sur  une  statuette  de  la  Vierge  de  la  collection  Fillon,  on  y  lit  : 

<y^  J\jiAjJL/r^ 

Ce  potier  était  donc  contemporain  des  Conrades. 

Un  plat  creux  de  34  centimètres  de  diamètre,  ^'Antoine 
Conrade,  fils  de  Dominique  Conrade,  le  fondateur  des  fabriques 
nivernaises,  plat  que  j'avais  attribué  faussement  dans  la 
deuxième  édition  de  ce  Guide  à  une  fabrique  de  Delft,  sur  la 
foi  des  renseignements  donnés  par  la  famille  qui  me  l'avait 
vendu  à  Delft,  fait  partie  de  ma  collection.  En  pâte  lourde,  le 
décor  de  ce  plat,  peint  sur  le  cru  en  bleu  et  jaune  (l'espèce  de 
nuance  verte  que  l'on  voit  est  le  produit  d'un  mélange,  le  cou- 
lage du  bleu  et  du  jaune),  imite  la  majolique  italienne  et  con- 
siste^ sur  les  bords,  qui  sont  étroits,  en  ornements  de  style 
renaissance,  composés  de  sphinx  ou  chimères  et  de  têtes 
grotesques,  réminiscence  qui  rappelle  les  ornements  des  car- 


454  POraiBS  «FiflUES 

rfanx  de  Fev6lement  de  ta  bibliothèque  de  -Sieana.Au  loilifiD, 
ce  plat  moalre  un  sujet  de  ^atre  ^gursB  sur    tm   fond  de 


paysage,  copie  naïve  de  la  Bamte  Famille,  de  BapliaËl.  On 
lit,  dans  un  des  ornements  du  marii,  le  millésime  de  1-633.  Ce 
plal  est  marqué  à  l'envers  do  monognamme  d'Antoine  de  Con- 
rade,  né  en  ^«04,  et  mort  «n  1 


ëgalemeol  tracé  irrégulièreiiKnit  en  bleu  -et^au  pinceau. 
Le  mueëe  de  Bèvres  poeaàde  un  autre  plat  à  décor  -genre 


BOftQBÉBVlfEBi^  455 

italieai,  de  ce  même:  A^ntcâne^de  Goniadey  fils  de  Dominique:  qui 
estDoarquë: 


A\4eum 


Antoine:  de  Gonrade,.né  en  1604,  maistre  potier,  servit  aussi 
coou&e  gentilhomme  et  gendarme  la  reine  mère,  et  mourut  en 
1648,  laissant  un  fils  du  nom  de  Dominique. 

Un  très-grand  plat  rond  au  musée:  du  Louvre,  légué  en  1865 
à  ce  musée  par  feu  Guillemardet^  appartient  à  la  fin  de  cette 
première  époque.  Les  bords  sont  à  fond  bleu  fort^mal  réchampis 
et  couverts  de  figures  d'hommes  et  d'animaux;  le  milieu  est  dé- 
coré d'un  sujet  mythologique^  probablement  l'enlèvement  de 
l'Ëiirope;  le  tout  fort  peu  mouvementé  et  d'une  peinture  plate 
qui  indique  la  décadence..  Les  couleurs  sont  le  bleu,  le  jaune, 
le  vert  et  le  violet  (manganèse). 

Quelques  amateurs  ont  voulu  faire:  remonter  la  fabrication 
nivernaise  à  1560,  au  temps  du.  duc  Ludovico  de  Gonzague; 
mais  Charles-Antoine  Parmentier,  né  à  Paris  en  1719,  avocat 
au  Parlement,  qui  était  venu  vers:  1750  à  Nevers,  dit  dans  ses 
Archives  de  la  ville  de  Nevers^  t.  II,  p.  75,  76  et  77  :  «  On  pré- 
tend que  c'est  Ludovico  de-Gomangt»  qai'a  fait  venir  de  Faenza 
les  premiers  manufacturfew  de  faïtocefqui  aient  existé  à  Ne- 
vers.  Je  ne  sais  ce  qui  peiit^f^iu^  cses  opinions,  car  il  n'en  est 
fait  aucune  mention  de  soir  tërap»,  nidaws  les  livres  de  la  ville, 
ni  dans  l'inventaire  général  de^titnes  dli  duché,  fait  par  l'abbé 
de  Marolles,  avec  le  plus  grand'soin,  par  ordre  de  la  princesse 


456  POTERIES  OPAQUES 

Marie,  depuis  reine  de  Pologne.  En  tout  cas  il  ne  parait  pas 
qu'il  y  ait  eu  d'établissement  solide,  que  fort  longtemps  après 
les  premières  lettres  patentes,  qui  ne  datent  que  du  mois  de 
juin  4668  et  sont  pour  la  ville  de  Mantes,  —  d'une  manufacture 
de  faïence.  » 

On  voit  que  Parmentier  était  au  plus  près  de  la  vérité  ;  l'é- 
poque fixée  par  lui  n'est  que  de  soixante-six  ans  postérieure  à 
celle  où  le  Savonais  Conrade  y  avait  commencé  à  faire  ses  pre- 
miers essais. 

De  Thou  prétend  que  c'est  grâce  à  Henri  IV  que  la  faïence 
était  universellement  répandue  en  France  vers  la  fin  du  sei- 
zième siècle,  et  il  dit  que  ce  roi  :  «  éleva  des  manufactures  de 
faïence,  tant  blanche  que  peinte,  à  Paris,  à  Nevers  et  en  Sain- 
tonge,  et  celle  que  l'on  fit  dans  ces  ateliers  fut  aussi  belle  que 
la  faïence  que  l'on  tirait  d'Italie.  »  Les  recherches  de  M.  du 
Broc  ont  cependant  prouvé  que  de  Thou  n'était  pas  dans  le  vrai. 

Diderot,  disait  déjà,  a  que  la  première  fabrique  fut  fondée 
à  Nevers  par  un  Italien  qui,  ayant  accompagné  en  France  un 
duc  de  Nivernais,  aperçut  en  se  promenant  aux  environs  de 
Nevers  une  terre  de  l'espèce  dont  on  faisait  la  faïence  en  Italie. 
Il  la  prépara  et  fit  construire  un  petit  four  où  fut  fabriquée 
cette  faïence.  Des  artistes  italiens,  attirés  par  le  premier  succès, 
s'établirent  bientôt  dans  les  environs,  et  furent  protégés  par  la 
cour  et  la  noblesse,  qui  commençait  à  prendre  goût  à  la  vais- 
selle en  terre  cuite  d'après  le  mode  déjà  répandu  en  Italie.  » 
A  partir  de  1650  on  voit  surgir  les  familles  des  potiers  Custode 
et  Borne,  la  dernière  sans  doute  d'origine  flamande,  puisqu'on 
trouve  des  Bornes,  nés  à  Tournai,  et  travaillant  à  Lille  et  à 
Sinceny. 

Outre  la  fabrique  des  Conrades,  on  connaît  encore  celle  de 

Bar^Memî/ BoMraer,aucienémailleuràla lampe  établie enl  632. 

Denis  Lefebvre^  potier,  qui  selon  l'auteur  de  V Histoire  de  la 
faïence  nivernaise,  a  marqué  : 


EUROPÉENNES.  457 

Nicolas  Esiienne,  qui  fonda  une  troisième  fabrique  sous  ren- 
seigne de  VEcce-Homo,  vers  1652 
fabrique  qui  a  été  continuée  jusqu'à  ce  jour. 

Pierre  Custode  et  Esme  Godin ,  y  fondèrent  une  quatrième 
fabrique,  sous  l'enseigne  de  Y  Autruche,  vers  1652 

Jacques  Bourdu,  céramiste,  qui  travailla  vers  le  milieu  du 
dix-septième  siècle,  à  la  fabrique  d'Antoine  de  Conrade,  a 
marqué  : 


Cette  marque  pourrait  cependant  aussi  être  celle  de  J.  Boulard. 
Henri  Borner  qui  travailla  à  cette  môme  époque,  a  marqué: 

H.  B. 

1689 

Initiales  qui  se  trouvent  sur  une  statuette  de  54  cent,  de 
hauteur  et  dont  le  socle  porte  l'inscription  :  Saint  Kenry,  priez 
pour  nous. 

Nicolas  Violet,  peintre  céramiste,  né  en  1678,  a  marqué: 


lettre  recueillie  sur  un  plat  exposé  au  musée  de  Nevers. 

Une  boîte  ronde,  à  plusieurs  compartiments  et  à  couvercle, 
décorée  en  camaïeu  bleu  dans  le  goût  de  la  troisième  époque 
(1640  à  1750),  où  les  dessins  imitent  le  chinois  hollandais,  boîte 
que  j'ai  rencontrée  chez  un  marchand  de  curiosités  de  la  rue 
des  Martyrs,  à  Paris,  portait  le  monogramme 


39 


458  POTfiKnS' OPAQUES 

Afl  André  Poltiér;  à  Hotueirv  possède  une  céramique'  signée  : 


J'Hùf^^^ 


œuvre  de  Jean  CùstofleCieOÎ^-'i 660),  qui  peignait  déjà  à  l'âge 
de  douze  ans. 

J'ai  vu  un  saladier,  qui,  décODé  ai  camaïeu  bleu  d'orne- 
ments et  d'une  armoirie  cojsposéft  de  trois  arbres  et  couronnée 
d'un  casque  à  visière  fermée,  avec  les  lettres  I.  P.,  portait  en 
outre  l'inscription  que  voici  : 

IPEïNCA 

Cette  inscription  parait  cependant  indiquer  l'origine  hollan- 
daise, et  il  se  pourrait  que  cette  faïence  appartînt  à  la  fabrica- 
tion delf toise. 

François  Roérigua,  dit  Buplessis,  a  signé.  : 

F.  R..i73A. 

el 

Claude  Bigourat 
1764 

est  une  marque  recueillie  sur  un.  bénitier  de  la  collection 
Dubroc. 

Une  statuette  donnée,  par  M.  Grasset,  au  musée  de  la  ville  de 
Varzy,  et  qui  représente  saint  Hubertj  à  cheval  (pièce  capitale 
de  1  m.  de  hauteur^  sur  55  cent.  de. largeur),  du  céramiste  Fran- 
çois Ealy,  né  à  Nevers^  vers.  1700,  mort  en  1782,  est  signée  en 
toutes  lettres  : 

F.  Balai  au 

Cette  statuette  richement  décorée  en  polychrome,  bleu,  vert, 
blanc  et  manganèse,  est  fort  curieuse. 

Ce  même  M.  Grasset,  conservateur  du  musée  de  Varzy,  a  dans 
sa  propre  collection  sept  imitations  de  fruits,  également  œuvres 
de  ce  céramiste,  et  signées  : 

f:  JWjr  i774 


SHUQPBBIflllS.  4&9 

Deux  gros  Uqbs  qui  oeaant  ila  façade  adonne  maison  à  Tours, 
portent  la  signature: 

Ce  sont  des  produits'-d'un^desilescendants.des  pTetuieisC!^ 
todes  établis  à  Nevers  ^erslOSO. 
Jmqms  Seigne  a  sigjoé  : 


Un  bidon,  forme  couronne,  à  frise  ..désigne  peinte  en  bleu, 
marqué  ainsi,  se  trouve.au  musée  de  Sèvres. 

La  pétition  des  faïenciers  de  l'année  1790,  conservée  aux 
archives  de  Nevers,  constate  quiil.n'y  avait  plus,  à  cette  époque, 
que  deux  fabriques  à  Nevers. 

Sous  le  règne  de  Louis  XV,  on  aaufisiiabriqué  de  jolis  services 
décorés  d'arabesques  et  d'armoiries  en  camaïeu  bleu,  qui 
se  rapportent  un  peu  augenre.deMoustiers.  M.  Francis  Wey, 
à  Paris,  possède  plusieurs  de  ces  assiettes  aux  armoiries  du 
maréchal  de  fiichelieu,  réunies  à  celles  de  sa  seconde  femme. 
Pour  moi,  la  provenance  en  est  douteuse. 

M.  Michel  Pascal,  à.  Paris,.axleux  plats  pareils  à  ces  assiettes, 
dont  l'un  avec  les.mômes  armoiries  d'alliance  du  duc,  et  l!autre 
avec  les  armes  de  madame  deiPon^padour  (les  trois  tours  ),  qu'il 
attribuée  Moustiers, -centre  de  fabrication rauquell'.^ai/  se  rap- 
porte, mais  non  pas.  le  dessin. 

M.  le  baron  Pichon,  à  Paris,  m'a  montré  deux  seaux  à  fleurs 
en  polychrome,  et  dont  la  forme  imite  l'osier  natté,  que  j'attri- 
bue également  à  la  fabrication  riivernaise  du  commencement 
du  dix-huitième  siècle. 

Des  carreaux  de  pavage ,  provenant  du  palais  du  duc  de 
Nivernais,  et  du  temps  de  Louis  KTV,  à  fond  bleu  de  la- 
pis, avec  des  décors  d'ornements  et  d'oiseaux  en  ô^onc  fixe^  et 


1.  Ce  blanc  fixe  que  les  céramistes  ont  aujourd'hui  tant  de  peine  à  produire, 
n'est  |Ki8  ioujoan  êtèinnifère,  nais  s'obtient  aussi  par-.ks  phospiiates  de  eJMi» , 
c'est-^-dire  de  l'os  brûlé  (sel  résuitant  'd'iweieanbiiiaisoii  d'acide  pfaosphorkpie 
aTec  de  l'os),  qui,  mélangé  avec  du  fondant  et  recouyert  d'un  yernis  plombifere 


460  POTERIES  OPAQUES 

jaune  jonquille,  font  partie  du  musée  de  Nevers,  ainsi  que  de 


Un  exemplaire  hors  ligne  de  cette  Taîence  nivernaise  bleue  à 
blanc  fixe,  c'est  le  superbe  vase  qui  tout  récemment  a  été 
donné  au  musée  de  Cluny  par  le  gouverneur  de  l'hôtel  deâ 
Invalides,  M.  le  maréchal  de  Lawoestine. 

Les  plus  belles  pièces  connues  de  la  première  époque  sont  : 
une  belle  plaque  à  relief  et  plusieurs  vases  et  carnets  au  musée 
de  Nevers;  —  deux  grandes  aiguières  décorées  de  sujets  de 
chasse  et  de  mythologie  au  musée  de  Cluny  (n°' 2147  et  2143), 
ayant  appartenu  à  M.  Grasset,  à  Varzy,  et  dont  les  anses  sont 
formées  par  des  guivres  aux  ailes  écartées,  et  la  panse  ornée 
d'une  tête  en  haut  relief,  aiguières  de  55  cent,  de  hauteur  ;  une 
autre  grande  aiguière  avec  son  bassin,  décorée  de  figures 
de  natades  et  de  fleurs,  au  même  musée  {n"  2150);  le  n"  214!^, 
toujours  k  Cluny  et  provenant  encore  de  la  collection  Gras- 
set, représentant  le  triomphe  d'Amphitrite,  avec  des  triions  et 
des  naïades  se  Jouant  dans  les  flots  [  hauteur  totale,  B6  cent. }  ; 
tous  ces  objets  sont  en  décor  polychrome;  —  enfin,  le  plat  cé- 
lèbre, au  musée  de  Sèvres,  et  le  plat  n"  1233,  à  Cluny,  dont  le 
dessin  représente  le  «  Combat  des  Centaures  et  des  Lapithes,  ■ 
avec  l'inscription  sur  le  dos  : 

Troubles  ïrrivis  aui  nocM  de  Pirslboiis  et  de  HfppodsmB,  par  Eurile. 

en  camateu  bleu.  Une  superbe  pièce  de  l'époque  persane,  c'est 
le  beau  plat  appartenant  au  musée  de  Nevers;  et  de  la  troi- 
sièmeépoque,l'imi talion  chinoise,  ce sontlesn-' 2990, 299 1,2999, 
3001  du  musée  de  Cluny,  qui  ne  se  trouvent  nulle  part  aussi 

triDipiTent,  tome  un  bon  blanc,  un  peu  conveie.  C'est  ^robablemieDl  ce  blanc 


EUROPÉENNES. 


461 


belles.  Au  musée  de  Kensington,  à  Londres,  on  conserve  deux 
beaux  vases  à  fond  bleu,  désignés  souvent  comme  provenance 
rouennaise.  Il  en  est  de  même  du  n®  3605  à  décor  à  blanc  fixe 
et  du  n°  3506,  une  bouteille  dite  de  pèlerin,  du  dix-septième 
siècle,  de  la  première  époque  de  la  fabrication  nivernaise,  dont 
les  sujets  représentent  Apollon  et  Daphné  et  une  bacchanale 
en  polychrome  sur  fond  bleu;  fort  belle  faïence  de  Nevers. 
M.  C.-W.  Reynolds,  en  Angleterre,  possède  aussi  un  grand  plat 
en  fond  bleu  perse  à  décor  blanc  fixe.  Les  anciens  n'»»  915  et  91 6, 
deux  hauts-reliefs  au  musée  Sauvageot,  me  paraissent  douteux. 
Enfin,  M.  Michel  Pascal,  à  Paris,  possède  plusieurs  remar- 
quables bouteilles  à  fond  bleu  de  Perse,  provenant  de  la  collec- 
tion du  docteur  d'Anvers. 

J'ai  dans  ma  collection  une  assiette  aux  armoiries  des  familles 
Blampin  et  de  Magniani.  Un  magnifique  plat  rond  du  dij-hui- 
tième  siècle  fait  partie  du  musée  historique  de  la  ville  du  Mans. 

M.  Gresy,  à  Paris,  le  savant  président  de  la  Société  archéolo- 
gique, a  dans  sa  collection  plusieurs  remarquables  pièces  de 
ces  faïences  à  fond  bleu  de  Perse  à  décors  blancs  et  jaunes  fixes, 
et  M.  Lerou  et  MM.  Pascal  ont  également  des  exemplaires  re- 
marquables. 

Gomme  faïence  populaire  nivernaise  du  dix-septième  siècle, 
on  peut  mentionner  une  bouteille  de  la  collection  de  M.  Ghamp- 
fleury,  sur  laquelle  on  lit  : 


A  moy  brave  chevalier, 

Segondon  le homme  ; 

Il  nous  faut  toujours  travailler 
Pour  nous  venger  de  la  pomme, 
Soutenons  comme  une  arreste 
Quand  du  vin  de  la  rest 


Que  beuvons  par  excellence. 
Il  sera  l'aimable  vengence, 
Puisque  Noé  nous  y  convie  ; 
Suivons  ce  patriarche  insigne, 
Puisqu'il  nous  redona  la  vie 
Lorsqu'il  nous  a  planté  la  vigne. 


La  confection  des  faïences  nivernaises  populaires  de  la  qua- 
trième époque,  dite  franco-nivemaise,  commence  à  partir  de 
1750  et  se  poursuit  jusqu'en  1810.  J'en  ai  môme  rencontré  à  la 
date  de  1817.  Ges  poteries,  couvertes  de  toutes  sortes  d'inscrip- 
tions, sont  communes,  et  les  potiers  n'y  brillent  ni  par  l'esprit 
ni  par  la  mesure  dans  leurs  rimes.  Les  grands  saladiers,  déco- 
rés en  polychrome ,  sont  particulièrement  riches  de  ces  rimes 
populaires;  V Arbre  d'amour^  y  joue  un  grand  rôle;  voici  la 


t .  Un  des  sujets  copiés  sur  l'Imagerie  populaire  du  dix-huitième  siècle, 

39. 


462  POTBBOB  OPAQUES 

copie  exacte  dd&iAsenffckionsreoiieiltieS'Sur  ritn  de  oes  grands 
saladiers  : 

L'>Arbre  d^wooitr. 

Six  femmes  au  pied  d'uii«arbre,  sur  lequel  neuf  hommes  en 
costumes  du  dixrhuitième  siècle  et  un  gros  et  «uperhe. Amour 
sont  perchés,  adressent  à. ces  messieuFs  les  séductions  sui- 
vantes : 

D'agréaMe  masièra  Reoexez .  oeUe  tabatière . 

(Une  de  ces  sirènes  lui  tend  la  boîte.) 

D'une  main  la  belle  Suxaxme      ATec:«on:  cordon 

Tire  ce  gros  badeau  Et  de  l'aiUre.lui  présente  une  caouie. 

La  charmante  Isabean 
Lai  présente  nn  besn-chapeau. 

Deux  de  ces, aimables  dames  scleat .l'arbre  au  pied,  et  on 

y  lit: 

Courage,  Macgot, 
Nous  aurons  pièce  ou  morceau. 

Le  tout  est  couronné  par  la  flatteuse  interpellation  : 

Poltrons  et  Ucbas^. 

Tout  autour  du  saladier,  le  spirituel  potier  a  place  les  vers 
suivants  : 

Belles,  i|ailtea>-moi  c'est  amants  Appaizée  toute  Totre  fureur, 

Qui  ne  sont  que  pour  tous  des  glacé,  Nous  «Alons  vous  donner  nos  cœurs, 

Dénichez^les  de  dessus  cette  arbre,  Que  Toulée  tous  donc  entreprendre? 
Cessez  de  leur  faire  des  présents. 

Cupei-mol  l'arbre  par  le  tronc  ^,^_  tocendSe,  ehers  «mants, 

Bt  moquex-yoM  de  leur  a.dace,  ^^  ^  ^„  ,^b^U^ 

FMte^Jt.  t«n>l>er  nr  I.  ,Uci.  y^^  ^^  ^^^^^^^^  tendrement 

Mes  daones,  nous  allons  descendre,         De  tos  maîtresse  fidèle. 

Il  parait  que  les  Nivernais  ne  détestaient  pas.aon  plus  les 
vers  grivois  et  la  plaisanterie  risquée.  Sur  un  saladier  du  musée 
de  Nevers  (que  Tadministration  a  pudiquement  caché  derrière 
le  tuyau  du  poêle),  on  voit  une  jeune  et  jolie  femme  assise  sur 
une  chaise  i30KislaqueUe'aûulejini£uiaseau.  Un  cordonnier  âge- 


EUBOPÉnniEs.  463 

nouille  prend  mesure,  peoâxDt. que ison^dtat  regarde  iinpud^ 
quement  l'image  que  Teau  reflète.  On  lit  : 

Ce  chat  prend  pour  aae  souris  'Certes,  U  se  dit  ceci, 

Un  objet  qui  n'a  point  de  pri3(,  Je  ne  contemple  que  la  copie, 

Mais  qui  fait  tout  son  envie.  Ohl  comme  j'aimerais  l'original. 

Un  jsemblable  saladier,  deia  coUodion  de.M.  Qhampâeui^y, 
où  le  peintre  a  placé  un  amour  sur  un  piédestal,  qui  de  son  flam- 
beau parait  allumer  te  coeur  de  la  belle  gûi.s'approche  vers  lui. 
On  y  lit  : 

Amver8'{k  Nercrs)  Ttm  i  de  la' RepuMiqve' français.  Que  que 

tu  toi, meidionmaUre ^ 

A  côté,  on  lit: 

Air  :  Tôt  que  mon-cctnr  aàore^  déCanli  Dupe, 

et  un  nom  qui  suit.  Plus.  Jain: 

Air  :  lÀse  dhantaitdons  Utpnirief  de  IBlms  et  Bodet, 

également  suivi  de  vers. 

Sur  un  broc  de  vigneron,  appartenant.à  M.  Ghampfleury,  la 
muse  des  potiers  nivemais  se  montire  encore  moins  estéthique, 
mais  aussi  forte  en  orthographe.  Le  peintre  l'a  orné  de  six-grou- 
pes  différents.  Celui  du  milieu  représente  un  fiacchus  .assis  sur 
un  tonneau,, avec  Tinscraption  suivante  : 

Je  m'appelle  M.  Boittoojouns,        Ditie  Jainûs'SSBs  le  wu        Qui  s'en  fout  ! 

Un  grenadier,  peint  à  côté,  tient  le.<lf6cours  suivant  : 

Et  moi  qui  a  été  vieux  tapin^  des  grenadier,,  je  t'en  repousserai,  mais  sec. 

On  dit  c'est  du  vin  dans  mon  gigier. 

Le  groupe  suivant  représente  deux  aimables  femmes,  qui-s'ex- 
pliquent  en.se  prenant. aux  cheveux.  Voici  leur  discours: 

Tiens,  si  j'étais  aussi  soûle  que  toi,  je  t'arracherois  le  gozier. 
Lâche-moi,  saloppe,  ou  je  fais  voir  ta  marmotte. 

Deux  amoureux  qui  trinquent  sont  .entourés  de  l'acclamation 
suivante  : 

Voyez  la  belle  Suzon        Qui  veut  faire  assaut  avec  son  tendron. 
1.  YQUaire.— .1.  TambtBS. 


464  POTERIES  OPAQUES 

Un  gros  charbonnier,  représenté  plus  loin,  s'écrie: 

Allons,  l'ami  des  crânes,  toi  qui  fais  peur  aux  petits  enfants,  à  ta  santé. 

Je  yeux  m'arroser  le  pinet  (?). 

Le  sixième  groupe  représente  deux  femmes  les  jambes  en 
l'air,  que  le  peintre  paraît  avoir  placées  ainsi,  comme  les  poê- 
les placent  à  la  fin  des  fables  une  sentence  morale^  car  on  lit  : 

Voyez  ces  jolie  Goton  Qui  m'ont  avallé  de  mon  poinçon  '  ; 

Elles  en  font  yoir  leur  mirliton. 

On  aurait  de  la  peine  à  reconnaître  dans  cette  poésie  ni- 
vernaise  des  échos  de  la  vie  pastorale  du  bon  La  Fontaine,  et 
on  se  demande  si  M.  Champfleury  parle  vraiment  sérieusement, 
quand  il  dit  qu'on  devrait  affecter  dans  le  musée  du  Louvre  une 
salle  spéciale  pour  ces  ignobles  productions,  qui,  selon  lui, 
devraient  faire  suite  au  musée  des  Souverains  I 

Une  œuvre  de  maîtrise*,  représentant  une  forteresse  armée, 
également  de  la  fin  du  dix-huitième  siècle,  se  trouve  au  musée 
de  Cluny  sous  le  no  2i74. 

Nevers  a  aussi  fabriqué  des  lions  dans  le  genre  de  Lunéville, 
ainsi  qu'une  grande  quantité  de  statuettes  de  saints,  de  saintes 
vierges  et  de  christs. 

Les  assiettes  sont  ordinairement  décorées  d'un  saint,  du  mil- 
lésime et  du  nom  du  propriétaire  dont  le  saint  est  le  patron. 
Une  assiette  de  ma  collection   porte  l'inscription  : 

Philippe  Laroche,  1752. 

et  une  autre  : 

Martin  Diot,  1778. 

Les  assiettes  populaires  de  l'époque  de  la  Révolution,  dont 
M.  Champfleury  possède  une  nombreuse  collection ,  ont  des 
inscriptions  des  plus  variées.  —  En  voici  quelques-unes  : 

Aimons-nous  tous  comme  frères,  1793. 

Ah  1  ça  ira. 

Au  bon  laboureur,  François  Simonin,  l'an  4  de  la  liberté. 

La  Liberté,  1791. 

1 .  Pièce  de  yin. 

2.  L'origine  de  cette  poterie  me  parait  douteuse;  je  l'attribue  à  Paris. 


EUROPÉENNES.  465 

Le  malheur  nous  réunit. 

(On  voit  un  prêtre  et  nn  noble  se  donner  la  main.} 

Aux  mânes  de  Mirabeau,  la  patrie  reconnaissante,  1790. 

Le  serment  civique. 

Je  jure  de  maintenir  de  tout  mon  pouvoir  la  constitution. 

Vivre  libre  ou  mourir  I 

Daisonsla  carmagnole,  vive  la  carmagnole,  1793. 

Vi\e  le  roi  citoyen  ! 

Les  lis  ramènent  la  paix. 

Je  bourre  les  aristocrates  ! 

(Un  enfant  bourre  un  canon  avec  des  personnages.) 

J'ai  écarté  les  cœurs,  il  a  la  pique,  et  je  suis  capot. 

(On  voit  Louis  XYI  jouer  au  piquet  avec  un  Sans-Culotte). 

Nous  jouons  de  malheur,  le  plus  fort  l'emporte. 

(L'épée  et  la  crosse  épiscopale,  attachées  à  l'extrémité  d'une 
bascule,  sont  balancées  en  l'air  par  le  pied  d'un  cultivateur 
posé  sur  l'autre  extrémité.  ) 

L'espoir  et  le  soutien  de  la  France, 

(Inscri  ption  qui  entou  re  le  portrait  deNeckery  pein  t  sur  un  broc.  ) 

vivre  libre  ou  mourir  ;  le  serment  civique ,  la  nation,  la  loi  et  le  roi  ;  le  tiers 
état  nuit;  si  les  choses  ne  changent  de  face,  nous  serons  bientôt  à  la  besace; 
guerre  aux  tyrans^  paix  aux  chaumières,  etc.,  etc. 

Un  plat  à  barbe,  toujours  de  la  même  collection,  porte  l'in- 
scription suivante,  qui,  à  défaut  d'orthographe,  montre  au  moins 
une  certaine  jovialité  de  perruquier  : 

Je  Suit  Rassé  Vive  la  Republique 

Par  un  Bon  garson  Et  la  nation.       Ravisy. 

Si,  à  la  place  de  ce  nom  de  Ravisy,  il  se  trouvait  celui  de  San- 
son,  cette  inscription  serait  d'un  sinistre  effrayant  I 

Un  autre  artiste  en  coiffure  a  fait  inscrire  sur  son  ustensile 
(qui  appartient  aussi  à  M.  Champfleury): 

Vive  mon  razoir  I  1 793 1 

Cette  devise  accolée  à  la  date  de  quatre-vingt-treize  ne  peut- 
elle  pas  donner  le  frisson?  J'aime  mieux  la  vieille  plaisanterie 


466  POTSRISS  OPAQUES 

qui  se  trouve  sur  un  autre  plat  à  barbe  de  la  collection  Champ- 
fleury,  Je  : 

Ici  de  min  on  Rase  pour  Rien  1 793. 

Celle-ci  paraît  prouver , qu'on  plaisante  toujours  en  France, 
même  en  93 1 
Sur  un  encrier  qui  a  appartenu  à  M.  Thoré  (Burger)  on  lit  : 

Guerre  aui  tyrans  et  paix  aux  chaumières, 
avec  :  indivisibilité  de  la  république. 

M.  Arosa,  à  Paris,  qui  possède  aussi  une  nombreuse  collec- 
tion de  ces  assiettes  à  devises  populaires,  en  a  une  sur  la- 
quelle on  voit  un  coq  huche  sur  un  canon  et  la  devise  : 

Je  veille  pour  la  nation. 

un  autre^  qui  est  orne  de  tètes  de  mort  sur  le  marli  et  au  mi- 
lieu d'une  urne  ombragée  de  saules  pleureurs,  avec  Tinscription  : 

Mânes  des  ministres  françois  assassinés  à  Rastadt  par  l'homicide  Autriche  ; 

et  une  troisième  où  l'on  voit  un  enfant  nu  (Sans-Culotte)  prê- 
cher du  haut  de  la  chaire  à  deux  autres  enfants  nus  : 

Je  vous  annonce  le  boidieur  de  la  Frjuice. 

Une  assiette,  qui  me  paraît  dater  d'une  époque  antérieure,  et 
qui  appartient  également  à  M., Arosa,  a  pour  devise  : 

Mon  cœur  est  si  petit         Qu'il  n'y  loge  qu'un  ami. 

Un  grand  saint  André  grossièrement  décoré,  de  cette  même 
collection,  porte  l'inscription  suivante  : 

A.  Nevers  ce  premier  juin  1 742,  votre  voisint  et  amis  qui  crois  vous  faire  lUaisice. 
M.  André  grand  maison  recevez  ce  saint  de  mmint  de-Martin  le  Conte  {sic.) 

M.  A.  Assegond,  à  Bernay  en  Normandie,  possède  une  as- 
siette sur  laquelle  le  facétieux  potier  a  représenté  un  cerf  qui 
a  perdu  ses  cornes,  avec  inscription  : 

Je  pleure  .ee;quei)ien^d' Autre  v<)indrait  A  Voir  perdu  I 

Nevers  n'a  jamais  réussi  à  produire  le  rouge^  que  quelques 
maîtres  italiens,  Nurnberg,  et  après  eux  Delft  et  Rouen  ont  ob- 
tenu. Nevers,  «vec  tes  procédés  et  les  recettes  italiennes,  n'a 
jamais  pu  arriver  au  delà  ûu  jonquille  ^\ns  ou  moins  foncé  des 


EUKO^BHSSS. 


4B7 


maîtres  italiens  ordiDaires,.à-qtti'le  rouge  a-manqué  égalemeot. 
La  figure  de  la  Républiques, i^préeeirtée  suc  la.  vaisselle  coiffée 
d'uD  bonnet  phrygien  j'autw,  paraît  toute  bonne  personne  et  un 
\)eaeorneUe.  Garibaldi  l'appellerait  une  République  mauve. 

Chose  digne  de  remarque,  jen'ai  pas  rencontré  dans  tous  les 
musées  de  l'Allemagne  une  seule  piècedeNevers  des  deux  pre- 
mières bonnes  époques,  ce  qui  prouve  que-cette  fabrication  a 
été  bien  peu  importante.  Novers  possède  encore  quelques  artis- 
tes céramistes  éminents,  entre  autres, 

M.  Chantries,  peintre  d'histoire,  ancien  conservateur  au  musée 
de  NcTers,  et  qui  habite  actuellement  SFoulins.  M.  Chantries  a 
peint  ses  propres  compositions.  J'ai  vu  de  cet  artiste  un  plat 
de  65  cent,  de  diamètre,  appartenant  à  H.  du  Broc,  à  Nevers, 
où  sont  représentés  les  patrons  (saints  et  saintes)  de  la  famitle 
de  Segange  avec  un  sentirarat  religieus  et  historique  fort  re- 
marquable. 

La  fabrique  de  M.  H.  Signoret  y  est  aujourd'hui  la  plus  im- 
portante fabrique  defarence;  elle  cuit  à  une  très- haute  tem- 
pérature; voici  quelques  dessina  de  poteries  fort  artistiques, 
sorties  de  cette  belle 


POTERIES  OPAQUES 


qui  s'est  aussi  attaché  M.  Lhailier,  peintre  céramiste,  élève  de 
M,  flenaudin.  Ce  peintre  y  imite  avec  succès  les  anciennes 
fatences  de  Nevers  et  de  Rouen.  Les  jardinières  rondes,  au 
décor  camaïeu  bieu  gI  polycbrome  de  Rouen,  y  sont  repro- 
duites on  grande  quantité. 

MM.  François  Leblanc;  Leslang;  Isidore  Pierrot  et  Lyons, 
fabriquent  aussi  à  Nevers. 

M.  Tilo-Henri  Ristori,  sculpteur.  Italien  d'origine,  a  fabriqué 
à  Harzy,  près  Nevers,  vers  iSSO,  des  faïences  dont  la  pâle  est 
excessivement  mince  et  légère,  et  les  émaus  bleus  et  jaunes  ré- 
putés. On  reprochait  au  décor  de  ce  céramiste  d'imiter  trop  le 
papier  peint  et  la  porcelaine,  mais  je  trouve  que  les  faïences 
de  M.  Ristori  sont  artistiques  et  conserveront  une  place  dans 
les  collections.  M.  Ristori  a  cessé  depuis  longtemps  de  fabri- 
quer et  a  quitté  Nevers  ;  j'ignore  où  il  est  allé. 

A  t'exposition  de  18S3,  k  Paris,  il  obtint  une  médaille  de  pre- 
mière classe  ;  il  a  signé  quelquefois  : 


.TL 


7ssr 


ne^ 


Beaux  échantillons  des  faïences  de  Ristori,  au  musée  de  Kea- 
aington  àLondon,  d'autres  aux  musées  de  Nevers  et  de  Sèvres. 

Les  collectionneurs  trouveront  aussi  à  Nevers  : 

M.  Barrât,  qui  peut  passer  pour  une  sommité  ou  même  une 
éminence  parmi  les  marchands  de  curiosités  du  déparlement. 

J'ai  déjà  signalé  que  l'on  ne  rencontre  presque  jamais  dans 
les  anciennes  faïences  de  Deift  des  services  à  thé  ni  à  café; 
même  observation  pour  les  faïences  de  Nevers.  Je  n'en  connais 


EUROPÉENNES.  469 

aucune  tasse,  aucune  théière  ancienne.  L'usage  du  thé  et  du 
café  a  été  seulement  introduit  en  France  lorsque  Tancienne  fa- 
brication eut  cessé. 

SIIIftEBBAV, 

Sur  la  Bère,  département  de  la  C6te-d'0r.  Ce  bourg  est  situé  à  23  kil.  de  Dijon. 

Terres  cuites  vernissées  au  plomb.  1620  jusqu'à  ce  jour. 
•  Cette  fabrique,  qui  existe  encore  aujourd'hui,  a  été  dirigée 
depuis  i620  par  la  famille  Fàîtot  :  on  y  confectionne  actuel- 
lement des  briques  vernissées, 

AVlLKIftlftE, 

Cbef-lieu  de  l'Yonne. 

Faïence  a  émail  stannifére.  i640  à  1792 

L'existence  de  la  fabrique  d*Auxerre,  dont  j'avais  parlé  le 
premier  dans  ce  Guide,  vient  d'être  affirmée  par  M.  Grasset  de 
Varzy,  qui  a  fourni  ainsi  une  nouvelle  preuve  de  la  légèreté 
avec  laquelle  M.  Dubroc  de  Segange  a  compilé  son  histoire  des 
Faïences  et  faïenciers  Nivernais. 

Il  paraît  que  l'on  a  fabriqué  déjà  à  Auxerre  des  faïences  bleu 
de  Perse  à  blanc  fixe  en  môme  temps  qu'à  Nevers,  ce  qui  re- 
monterait l'établissement  avant  1640. 

La  fabrique  cessa  vers  1792. 

Il  y  existait  un  potier  nommé  Boutet,  M.  Chantries  de  Ne- 
vers,  actuellement  à  Moulins,  a  dans  son  cabinet  quelques  exem- 
plaires de  cette  provenance. 

On  fabrique  encore  aujourd'hui  à  Auxerre  des  faïences  com- 
munes, des  poteries,  des  tuiles  et  des  carreaux  dits  de  Bour- 
gogne. 

niwtJkt  (l«ot-et-«aroi»iie). 

Faïences  (?),  Poteries  (?).  1620  jusqu'à  ce  jour. 

On  m'a  signalé  des  vases  de  cette  fabrique,  qui  seraient  ornés 
des  armes  de  la  famille  d'Albret  et  remonteraient  peut-être  au 
temps  de  Henri  IV.  On  sait  que  Catherine  de  Médicis  signa,  en 
1579,  dans  la  capitale  du  duché  d'Albret,  le  traité  deFleix, 
qui  garantissait  douze  places  fortes  aux  protestants. 

Je  n'ai  pas  vu  ces  vases,  et  je  ne  saurais  rien  fixer  là-dessus. 

Aujourd'hui,  il  existe  encore  une  Verrerie  à  Nérac. 

40 


470  PCnVBIlS  OPAQUES 

Gnâs. 

H.  Renault,  à  Luçon,  possède  une  ëcritoire  en  grès  bleu,  qui 
est  signée  en  creux  dans  Ja  |>Ale  : 

Faa  Wirtui  tut  pmrEiiHtBTiVB,itMUiir<KU  à  St.-Vérain. 

«•KX&iMBBLBAV  (•etate-etrnMme) . 

Tkbbbs  cmTBS  AU  vbruis  kb(éiui..  Vers  tS90 

potebies  en  terres  sigillées.  isfo 

Faïences.  )8IT 

Gmlltame  Dupré  y  a  fabriqué  au  dix-septième  siècle  des  terres 
cuites  au  vernis  minéral  qui,  avant  la  publication  âe  ce  Guide, 
ont  été  imperturbablement  attribuées  à  Bernard  Palissy.  Les 
pièces  dout^on  est  eertaia.sont  :1e  Joueur  de  vielle,  la  Netirrice- 
VEnfant  sur  le  dauphin,  l'fn/iint  aux  ebiem  et  quelques  aub«e'. 

Feu  I.ecafpealier,  à  Paris,  avait  dans  sa  collection  un  char- 


Terra  cail£  mubrte,  f cobiUenait  detanUincU 


mant  petit  édiHce  dont  voici  la  reproduction,  que  j'attiibne 
également  à  Fontainebleau. 

Antoine  Cterissi/  (probablement  de  Uarseille),  vers   1640,  a 
fondé  à  Fontainebleau  une  fabrique  de  poteries  en  terres  st'gil- 

I.  Mémotnsd'uD  médecôi  deX<oiili~nn. 


lé^.{Y<À£  à  rariicl&deiMarsellle  pour  la  dëûnitioii  de  ce  tenne.) 
Le  Bicticmnaire  desi  Postes^  aux  letimsi,  par  LecousHtrier;  de 
l'aonée  1817,  mentioime  aussi  une  fabrique  de  îaSence,  éts^lie 
à  Fontainebleau,  où  M.  Jacquemin  et  autres  fabriqueat  actadle<^ 
ment  de  la  porcelaine  (Voir  les  porcelaines  françaises). 

Terre  cuite  au  vernis  plombifèbe.  1650  jusqu'àce  jour. 

Produits  dans  le  genre  d* Avignon;  llémail  est  d'un  brun  un 
peu  plus  clair  et  plus  rougeàtre,  et  la  pâte  est  aussi,  moins  lé- 
gère. 
Marqués  quelquefois        Épemau, 

et  le  plus  souvent  sans  marque». 

Une  espèce  de  pot-baire  en  terre  cuite  d'Épemoy,  qui  fai  : 

partie  de  ma  collection,  et  dont  le  hanit  représente  qd  per- 

sQimage  à  perruque  à  queue^  coifGé  (Tun  eàapeau  à   trois 

cornes,  et  où  la  panse  est  couverte  de  fleurs  et  bratvchaiges 

en  relief)  et   le  sodé  do  rats,  de  soiuiBy  de  ciialSy  etc.^ 

est  d'une  construction  intérieure  trèfringénieuse.  i^  remplissant 

ce  vase  par  un  trou  pratiqué  aumiJieiivda'  sodé ,  le  liquidie  nfe 

peut  plus  ressortir  que  par  le  goulot,  sans  que  le  trou  soit 

bouché.  Cette  pièceiporte  rinscnptioH  sufvasite  en  creux  dans 

la  pâte  : 

Fait  par  moi,  Jacques  Guitlèt,  f7'61. 

tJn  grand  plat  ovale  à  couvercle,  au  musée  de  Sèvres,  est 
marqué 

Le  Dictionnaire  des  Postes  aux  letirea^  par  Leeoustuider,  de 
Tannée  1802  (Consulat)  ne  mentionne  aucune  fabriquée  Éper- 
nay,  mais  celui  de  1817  parle  de  poteries  fines. 

Actuellement  ce  sont  MUT.  Chevillet-Collet,  Ébréart-Rous- 
seau,  Guillaume-Bacquois,  Guillaume  fils,  J.-B.  Yallet  et  Lis- 
nard,  qui  y  fabriquent  des  poteries. 

On  trouve  dans  la  collectif  céramique  des  Arts  et  Bfôtiers 
à  Paris,  un  échantillon  de  poteries  en  terre  blanchâtre,  jaspée 
violet,  qui  y  représente  les  fabriques  modernes  d'Épemay. 

liOCAIilTÉ  IMD^TElftHIliBE. 

Quelques  auteurs  désignent  sou&  la  dénomination  de  faïence 


472  POTERIES  OPAQUES 

de  Claude  Révérend  —  (industriel  qui  avait  obtenu  par 
lettre  patente  un  privilège  de  Louis  XIV,  en  1664,  de  fa- 
briquer et  d'importer  les  farences  de  Delfi  à  Paris)  —  celles 
qui  sont  marquées  : 


A.  X  »,  ou  ri,  ou   jfvW 


ou 


Mais  tout  dans  ces  faïences  est  hollandais  ;  la  pâte  et  Témail 
sont  ceux  des  Flandres  etdeDelft,  de  sorte  que  je  range  plutôt 
ces  faïences  dans  la  fabrication  hollandaise.  Le  monogramme 
est  probablement  celui  d'un  des  A.  Pennis  de  Delft. 

Gomme  ces  mômes  faïences  se  trouvent  répandues  en  Hollande, 
en  grande  profusion,  on  peut  admettre  que  Claude  Révérend,  si 
jamais  ce  personnage  a  donné  suite  à  son  projet,  les  a  seule- 
ment importées  en  France.  Les  costumes  des  personnages 
du  décor  indiquaient  aussi  une  époque  postérieure  à  celle  de 
Louis  XIV,  et  les  quelques  inscriptions  françaises,  le  style  et 
Torthograpfae,  l'étranger.  Les  auteurs,  qui  ont  attribué  ces 
faïences  k  Révérend,  veulent  qu'il  ait  môme  fabriqué  de  la 
porcelaine;  ces  hypothèses  ne  méritent  pas  que  Ton  s'y  arrête. 

BBIVIIEM  (lUe-el-TilAlne). 

Faïence  a  émail  stannifère.  A  partir  de  1650 

Dans  l'abbaye  de  Saint-Sulpice-la-Forôt  on  trouve  encore 
quelques  plaques  funéraires  en  faïence  du  dix-septième  siècle, 
dont  l'une  porte  l'inscription  suivante  : 

Cy  gist  le  corps  de  defeunte  Jaae  Le  Bouteiller,  dame  du  Plecis  Coialu, 
décédée  le  29  janvier,  l'an  1653,  âgée  de  50  ans. 

Un  groupe  également  fait  à  Rennes,  est  signé  : 

Bowgouin,  1764. 

Le  musée  de  Cluny  possède  un  grand  plat  de  cette  localité 
qui  mesure  à  peu  près  55  centimètres,  et  qui  est  décoré  en  ca- 
maïeu bleu,  de  fleurs  et  d'ornements  en  feuilles. 

M.  Edouard  Pascal  possède  un  couvercle  de  soupière  qui 
porte  l'inscription  : 

Fait  à  Rennes,  rw  Hûe.  1770. 


EUROPÉENNES.  473 

Dulattag  et 

Jollivet,  sont  en  outre  deux  noms  de  potiers  de  Rennes, 
connus. 

La  liste  des  pétitionnaires  faïenciers  de  Tannée  1790,  con- 
servée dans  les  archives  de  Nevers,  constate  qu'il  existait  à 
Rennes,  vers  la  fin  du  dix-huitième  siècle,  une  fabrique  de 
faïences,  et  le  Dictionnaire  des  Postes  aux  lettres,  par  Le- 
cousturier,  des  années  i802  et  1817,  en  mentionne  égale- 
ment une. 

MM.  Binet  et  Renard,  M.  René  Girandière,  M.  Yaumort  sont 
les  fabricants  actuels. 

OBIi^AMM  (liOiret). 

Faïence  a  émail  stannifère.  De  1660  à  1783 

Terre  cuite  a  émail  stannifère.       En  1817,  et  actuellement 

Le  musée  de  Chartres  possède  une  faïence  (n®  90)  Bacchus  à 
Califourchon  sur  un  grand  tonneau^  décoré  peu  artistiquement 
en  polychrome,  qui  est  signé  : 

Orléans  1668. 

C'est  la  plus  ancienne  pièce  que  je  connaisse  de  cette  lo- 
calité. 

Jacques-Etienne  Dessaux  de  Romilly  (rue  du  Bourdon-Rlanc  (?) 
obtint,  en  1753,  une  patente  qui  lui  accorda,  entre  autres 
faveurs,  le  droit  d'appeler  la  fabrique  à  établir  : 

a  Manu  facture  Roy  aie  de  faïences  de  terre  blanche  purifiée,  »  et 
de  marquer  ses  produits  d'un 

0 

c<  couronné  et  peint  au  bleu  de  Saxe,  sous  couverte,  » 

M.  de  Langulier,  conservateur  du  musée  d'Orléans,  possède 
deux  petits  vases  de  cette  marque  devenus  excessivement 
rares. 

Louis-François  Leroy,  un  des  intéressés,  figure  aussi  au  com- 
mencement, comme  directeur  de  la  fabrique,  qui  plus  tard 
devint,  en  1757,  la  propriété  de  Charles-Claude  Gerault-Darau- 
bert,  lequel  mourut  en  1792,  et  dont  la  veuve  cessa  l'exploi- 
tation. 
Jean-LouiSj  de  Strasbourg  était  le  sculpteur-modeleur. 

40. 


474  poTavD  oittQxms 

De  1756  à  1757,  la  manufacture  occupait  55  ouyriœs  et  ar- 
tistes, et  29  seulement  en  1763. 

Maziére,  aux  Dames-Blanches,  et  Maziére  jeune^  rue  de  la 
Grille,  sont  deux  faïenciers*  Ver»  1776 

leâéh;  i-ue  du  Démdett  faïencier.  Yen;  1789 

Leroy "Beguoif  et  GouUer-IkqflessiSf  directeurs  d'une  falenrcme 
du  faubourg. 

Veuve  BeaubreuU,  mx  ci-devant  CarméHtes,  et  AsseUmath 
Grammont,  sur  le  Marché  à  la  volaille,  faïenciers.      Vers  1797 

On  Toit  au  musée  de  Sèyros^  un  petit  vase  en  terre  cuite  aga- 
thisé,  dans  le  genre  des  faïences  de  Rubelles,  qui  proTieirt  de  la 
fabrique  de  ce  dernier  potier. 

On  m'a  aussi  parlé  d'un  faïender,  Barre,  à  Orléans. 

La  liste  des  pétitionnaires  faïenciers  de  Tannée  1 790^  conser- 
vée dans  les  archives  de  Nevers,  mentionne  deux  fabriques  exis- 
tantes à  cette  époque  à  Orléans  (probablement  celles  de  veuve 
Reaubreuil  et  d'Asselineau  Grammont)  ;  et  le  Dictionnaire  des 
Postes  aux  lettres,  par  Lecousturier,  de  l'année  1817,  parle  d'une 
faïencerie  à  Orléans,  tandis  que  celui  de  1802  n'en  parie  point. 

Le  musée  de  Sèvres  possède  aussi  des  échantillons  de  la 
fabrique  de  M.  Gaumont  (?)  (1830)  :  ce  sont  des  faïences  et  des 
terres  marbrées^  ainsi  que  de  la  fabrique  de  M.  Laurait- 
Gilbert(1834). 

MIL  Gaspard-Oilbert;  —  Jacquet  et  Parde;  —  Jacquet;  — 
Laberthe-Picard;  —  Musson-Grammont  et  Renout;  —  Ri- 
vière et  Saint-Ëhne;  Archambault-Brillant  y  fabriquent  actuel* 
lemeat  tontes  sortes  de  faïences  et  poteries. 

niAiiTEei  (Selne-et-Oise). 

Faïence  a  émail  stannifsbe.  Vers  1668 

Charles- Antoine  Parmentier,  né  à  Paris  en  1719,  avocat,  qui 
était  venu  à  Nevers  vers  17^0,  et  qui  y  a  laissé  des  Archives  de 
la  ville  de  Nevers,  dit  que  des  lettres  patentes  avaient  été  déli^ 
vréesen  1668,  pour  l'établissement  d'une  fabrique  de  faïence,  à 
la  ville  de  Mantes. 

ACfrSll  (liOt-et-CUMMiime). 

On  croit  que  la  faïence  a  été  fabriquée  dans  l'Ag^ois» 
mais  rien  n'a  encore  pu  être  fixé  à  ce  sujet. 


wAnum, 

Rue  de  la  Koqnetfe,  faiiboarg  Samt-Antoîne. 

Terre  cuite  ad  vernis  plombifère.  1675 

François  Dezon,  potier. 
Faïence  a  émail,  stannifère. 

Genest,  potier.  1 7aô  à  1 750 

J€(mBinei,^\Âer.  1750 

«  Jean  Binet^  ouvrier  en  faïence  brune  et  blanche,  demenrzni 
rue  de  la  Roquette^  faubourg  Saint-Antoine,  est  inquiété  pour 
raison  du  commerce  qu'il  fait,  et  il  s'agit  pour  lui  de  sa  ruine 
totale.  C'est  dans  ce  commerce  qu'il  a  mis  toute  sa  fortune  et 
celle  de  sa  femme.  Le  prétexte  que  Ton  prend  pour  le  troubler 
dans  ce  commerce,  est  un  arrêt  du  Conseil  d'État  du  9  août  1723, 
qui  fait  défense  à  toute  personne  d'établir,  à  Vavenir,  aucuns 
fourneaux,  forges,  martinets  et  verreries,  sinon  en  vertu  de 
lettres  patentes,  bien  et  dûment  vérifiées,  à  peine  de  3,000  livres 
d'amende  et  de  démolition  des  fourneaux,  forges,  martinets  et 
verreries,  et  de  confiscation  des  bois,  charbons,  mines  et  usten- 
siles servant  à  leur  usage.  Le  motif  de  cet  arrêt  est  qu'une 
partie  considérable  des  bois,  qui  étaient  destinés  au  chauffage 
du  public,  est  consommée  par  ces  nouveaux  établissements  qui 
ne  doivent  être  mis  en  usage  que  pour  la  consommation  des 
bois  qui  ne  sont  pas  apportés  des  rivières  navigables  et  des 
villes,  et  qui  par  leur  situation  ne  peuvent  servir  ni  aux  con- 
structions ni  au  chauffage.  Jean  Binet  prouvera  que  l'établis- 
sement de  ce  commerce  dans  la  maison  qu'il  occupe  n'est  pas 
postérieur  à  l'arrêt  du  9  août  1723,  mais  très-ancien,  et  remonte 
au  15  janvier  1675,  —  quarante  ans  avant  cet  arrêt,  et  qtie 
depuis  ce  temps  il  y  a  toujours  eu  un  four  exploité  dans  cette 
maison,  «  et  un  peu  plus  loin.  »  La  maison  qu'occupe  le  sieur 
ffinel  en  qualité  de  locataire  a  été  vendue  le  15  janvier  1675  à 
François  Dezon,  maître  potier  de  terre.  —  Depuis  ce  temps, 
Dèzon  et  ses  enfants  y  ont  fait  le  commerce  de  potiersr  de  terre, 
avec  leur  four.  Cela  est  prouvé  par  les  anciennes  Itstes  des  po- 
tiers de  terre,  où  l'on  VKrit  ledit  Dezon,  demeurant  dans  cette 
maison.  A  ce  potier  de  terre  succéda  Genest,  fabricant  de 
faïence,  qui  pendant  vingt  années  a  fait  son  métier  dans  la 
même  maison.  Le  sieur  Genest,  le  4  décembre  1750,  a  cédé  et 
vendu  son  fonds  à  Jean  Binet,  ete,^  etc.  » 


476  POTEBIES  OPAQUES 

(Mémoire  pour  les  faïenciers  du  faubourg  Saint-Antoine, 
dressé  en  1753.  —  Tome  XI  des  plaidoyers  et  mémoires  de 
Mannory,  ancien  avocat  au  parlement.  Paris,  Herinaut,  i764, 
in-12.) 

BIiOIM  (Lolr^t-Cher). 

Faïence  a  émail  stannifère.  Vers  1680  à  1700 

Le  conservateur  du  musée  de  Blois  m*a  signalé  Texistence 
d'une  fabrique  de  faïence  dans  cette  ville,  qui  aurait  été  en  ac- 
tivité vers  la  fin  du  dix-septième  siècle  et  qui  aurait  signé  : 

Lebarquet. 

Je  laisse  la  responsabilité  de  l'attribution  à  M.  Ulysse  Be- 
nard,  n'ayant  jamais  vu  moi-même  des  exemplaires  mar- 
qués ainsi.  Il  se  pourrait  que  ces  faïences  ne  datent  que  du  dix- 
neuvième  siècle,  car  le  Dictionnaire  des  postes  aux  lettres,  par 
Lecousturier,  de  Tannée  18i7  mentionne  une  faïencerie  à  Blois. 

Actuellement  il  y  a  les  fabriques  de  faïences  et  poteries  d** 
M.  A.  Bretonneau,  de  M.  Meunerque  et  de  M.  Bauchet. 

M.  Ulysse  Benard,  artiste  peintre  céramiste,  conservateur  du 
musée  et  professeur  de  Técole  de  dessin  de  Blois,  sa  ville  natale, 
jjé  en  i826,  a  établi,  en  1862,  une  fabrique  de  faïences  artis- 
tiques, rue  Levée-du-Foix,  dans  les  bâtiments  de  l'ancien  cou- 
vent de  la  Croix-des-Pèlerins,  fondé  sous  le  règne  de  Louis  XHI 
pour  héberger  gratuitement  des  pèlerins. 

Cette  fabrique  qui  possède  un  grand  four  d'une  capacité  de 
1,200  pièces,  est  aujourd'hui  en  pleine  prospérité. 

Cuisant  tout  au  grand  feu  de  la  plus  haute  température, 
M.  Ulysse  produit  de  la  belle  faïence  à  émail  stannifère.  C'est  le 
genre  italien  d'Urbino  qu'il  a  choisi  pour  ses  peintures  où  le 
jaune  domine,  et  qui  consistent  presque  exclusivement  en 
arabesques. 

M.  Ulysse  ferait  peut-être  bien  de  varier  ses  jolis  décors  avec 
du  bleu  et  du  vert,  il  éviterait  l'uniformité  inévitable  que  l'em- 
ploi exclusif  d'une  même  série  de  tous  produit  nécessairement. 

La  marque  consiste  dans  la  copie  de  l'enseigne  de  l'ancienne 
hôtellerie-couvent  que  la  fabrique  occupe. 


EUROPÉENNES.  477 

SAIHT-CLOIID  (flelne-et-Olse),  près  P«rl«. 

Faïence  a  émail  stannifère.  1690 

Chicaneau,  père  et  fils,  potiers. 
Trou,  potier,  qui  marquait  : 


5'C 


On  sait  que  la  fabrique  fut  visitée  en  1700  par  la  duchesse 
de  Bourgogne. 

(Quelques  pièces  au  musée  de  Sèvres  et  dans  ma  collection). 

Cette  faïence,  ordinairement  en  camaïeu  bleu,  est  facile  à 
confondre  avec  la  faïence  de  Rouen  quand  elle  n'est  pas  signée; 
elle  se  reconnaît  pourtant  à  un  trait  noir  qui  se  trouve  dans  le 
dessin  bleu. 

Ni  le  Dictionnaire  des  Fostes  aux  lettres  de  l'année  1802,  ni 
celui  de  I8i7,  ne  mentionnent  plus  de  fabrique  de  faïence  à 
Saint-Cloud. 

SIOlISTIKlftM-SAIirffE-niAlftlE 

(fiasses- Alpes),  à  44   kilomètres   de  Digne. 

Faïence  a  émail  stannifère.  1690  jusqu'à  ce  jour. 

On  attribue  à  un  religieux  servite,  d'origine  italienne,  la  ré- 
vélation du  secret  (?)  céramique  exploité  dans  cette  ville  ;  mais 
je  pense  que  c'est  là  encore  un  de  ces  contes  dont  les  écrivains 
et  chroniqueurs  se  payaient  jadis  si  facilement.  La  fabrication 
de  la  faïence  répandue  dans  presque  toute  l'Europe  depuis  plus 
de^cent  ans  avant  l'établissement  de  la  première  fabrique  à  Mous- 
tiers,  et  le  genre  de  la  pâte  et  de  l'émail,  la  forme  souvent  fes- 
tonnée de  la  vaisselle,  etc.,  tout  m'indique  que  la  fabrication  y 
a  été  plutôt  introduite  par  des  ouvriers  venus  du  nord.  Paga- 
niol  de  la  Force,  le  médecin  Darluc,  l'avocat  Gournay  et  au- 
tres du  dix-huitième  siècle,  ont  déjà  mentionné  les  fabriques 
de  Moustiers. 

Pierre  Clerissy^  qui  vivait  vers  1*686  et  qui  est  mort  en  1728, 
et  son  successeur,  Fien'e  U  Clerissy,  fils  d'Antoine  Clerissy, 
de  Marseille  (sans  doute  le  même  qui  a  fabriqué  à  Fontaine- 


478  POTBinfr  OrÂQRSS 

bleau,  en  1641,  des  terres  sigillées),  le  signataire  d'un  plat 
mentionné  dans  Tarticle  qui  traite  des  fafences  de  Marseille, 
sont  les  plus  anciens  potiers  connu»  de  Moustiers,  mais-oa  ne 
connaît  aucune  pièce  marquée  de  Pierre  I  Glenssy^.  et  on  ne 
sait  donc  pas  s'il  avait  déjà  fabriqué  de  la  véritable  faîencaà 
émail  stannifère  ou  seulement  de  la  poterie  vernissée. 

Il  y  avait  à  Moustiers  onze  ou  douze  fabriques.  En  outre  des 
deux  Clerissyy  on  connaît  : 

Pol  ou  Faul  Roux,  potier,  qiii  y  exerçait  son  métier  vers 
1727. 

F,  Viry  qui  a  signa  le  plat  ovale  de  la  collection  Davillier  en 
toutes  lettres  : 

F.  Viry  F.  à  Moustisr,  chez  Clericy, 

Joseph  Olery,  connu  par  son  voyage  fait  à  Dénia ,  eoi  Espa- 
gne, et  auquel  on  attribue  le  monogramme 


LogieTy  Delory  et  Jltow,  de  qui  M.  J.  Saint-Léon,  à  Paris,  pos- 
sède une  espèce  d«  ^upière  (m  plot6t  mi^  plat  couvert  à 
légumes,  de  forme  festonnée  et  à  trois  griffes^  décoré  en  poly- 
chrome dans  le  goût  ordinaire  des  faïences  du  midi,  du  dix- 
huitième  siècle,  où  le  vert,  le  rose  et  le  jaune  dominent. 
Les  dessins  fonnent  des  chimères,  des  personnages  et  trois 
médaillons  sur  le  couvercle.  On  lit  à  Tintérieur,  en  tonte»  Icrt- 

très  : 

Bkm,  à  Momiim, 

M.  le  docteur  Blondel,  de  Moustiers,  cite  encore  les  potiers 
suivants  :  Acharel,  Berbiguier  et  Feraud^  Bondit  père  et  fLls^ 
Combon  et  Antelmy,  Ferrut  frères,  Fouque  père  et  fils  (voir 
Saiat-Gaudens],  Xattgtere^  Chaix,  Miïïey  Felloqum  et  Berge  et 
Jocard  et  Feraud^ 

est  une  marque  recueiîHe  sormi  plat  apu  musée  de  Sèvres. 
H  parait  que  le  nommé  Thion  y  avait  égal^neni  fabrii|iié. 


EUBOPédifins.  479 

Feu  LecarpentiefT,  à  Paris,  avait  dans  sa  coltection  une 
Carence  de  Moustiers,  signée 

Paul  Manette, 

qui  me  paraît  être  encore  le  nom  d'un  potier. 

Antoine  Guichard  est  xm  potier  de  la  décadence  de  qui 
H.  Champfleury  possède  un  pot  a-vec  1«  devise  :  «  Vive  la  paix  ! 
1763,  »  et  qui  est  signé  en  toutes  lettres  : 

Antoine  Guichard  de  Moustier,  1763,  Ze  10  De, 

Pierre  Foumier  est  un  potier  qui  a  travaillé  vers  1775. 

Rokt,  potier  français  établi  à  Ûrbino,  en  Italie,  vers  la  fin  du 
dix-huitième  siècle,  était  encore  de  "Moustiers,  à  en  juger  par 
le  décor  de  la  lampe  à  tringle  au  musée  de  Kensington,  qui  est 
signée  : 

Fabrica  di  majolica  fina  di  monsieur  Rolet  in  Urbino  28  abrile  1773. 

{Voir,  Urbino.) 

Les  peintres  en  réputation,  étaient  : 

F.  Viry,  déjà  nommé,  Gmngel^  CroSrSùliva,  et  Miguel  Vilax. 
C'est  de  ces  peintres  que  M.  Edouard  Pascal  ^  possède  six  pla- 
ques ovales,  signées  : 

F.  0.  Urtmgel,  Gros  y  Soliva,  Miguel  Vilax,  C.  A* 

SJ,  J^'i"  ;  -  G.  A.;  -  A.P.P., 


F. 


(Fôumwr?) 


Î""F.B.,<-^  Os.    et 


réunis  en  monogr . 


^'/. 


sont  d'autres  monogrammes  recueillis  sur  des  farences  de'Mous- 
tiers.  La  dernière  marque  pourrait  bien  être  celle  d'Antxnne 
Clerissy. 

1 .  Un  de  cet  «oUeclÀMmeiirs,  «lui  ftcéfère  avant  tout  les  faïences  4u  midi  de  la 
France,  M.  Edouard  Pascal,  connaît  parfaitement  bien  les  époques  et  ce  qui  est 
▼éritablement  artistique.  6a  collection  est  fort  hien  composée.  En  outre  de  ses 
nombreuses  faïences  françaises,  on  peut  signaler  ses  horlogeries  allentandes,  ses 
fers  BMridis,  MBjn^les  fieu|i^é«,^; 


480  POTERIES  OPAQUES 

M.  Saint-Léon,  à  Paris,  possède  un  beau  plat  rond  où  Ton  voit 
Samson  emporter  les  portes  de  Gaza,  et  qui  est  daté  de  1739. 
(Voir  Dénia.) 

Un  magnifique  plat  festonné  ou  plutôt  une  coupe,  décorée 
richement  en  polychrome  d'ornements  et  de  grotesques,  ap- 
partenant à  M.  Eugène  Laurent,  à  Paris-Montmartre,  est 
signé  : 

Chris,  Ovaleros  ou  D'Valeros  (voir  Dénia). 

La  liste  des  faïenciers  pétitionnaires  de  l'année  i  790  conser- 
vée dans  les  archives  de  Ne  vers,  constate  qu'il  existait  encore 
cinq  fabriques  à  Moustiers  à  cette  époque. 

MM.  G.  Fouques  et  Barbarou  sont  des  fabricants  de  Moustier 
contemporains,  dont  le  musée  de  Sèvres  possède  quelques  pro- 
duits. 

Aujourd'hui,  ce  sont  :  MM.  Jaufifret  et  Mouton  qui  y  fabri- 
quent toujours  de  la  faïence. 

Comme  pièce  remarquable,  on  peut  citer  encore  les  deux 
plaques  appartenant  A  M.  Métairie,  à  Paris,  au  décor  polychrome 
sur  fond  blanc,  de  50/35  centimètres  de  diamètre,  qui  sont 
d'une  grande  rareté,  parmi  les  produits  de  Moustiers.  Le  décor 
de  l'une  représente  le  «  Jugement  de  Paris,  celui  de  l'autre  le 
«  Sacrifice  d'Iphigénie.  »  Ces  plaques  ne  portent  ni  marques 
ni  monogrammes. 

Le  prince  héréditaire  de  Hohenzollem-Sigmaringen  possède 
une  plaque  ovale  de  45  centimètres,  dont  la  bordure,  en  décor 
polychrome,  encadre  le  portrait  en  blanc  de  Louis  XIV  en  haut 
relief.  Le  prince  Ta  achetée  personnellement  d'une  bonne  vieille 
femme  à  Marseille. 

M.  J.  Laugier,  à  Toulon,  possède  deux  semblables  exem- 
plaires. 

M.  Michel,  à  Avignon,  m'a  envoyé  le  calque  d'un  plat  de  sa 
collection,  qui  a  50  cent,  de  diamètre,  et  où  le  dessin  est  en 
bleu  et  de  toute  beauté. 

Une  écuelle  de  mon  cabinet,  dont  le  couvercle,  qui  porte  le 
monogramme  d'Olery,  à  coté  d'un  F[fecit?),  et  le  bol,  le  même 
monogramme  précédé  d'un  G,  est  ornée  de  dessins  et  mono- 
chromes verts,  d'arabesques  et  de  grotesques,  dans  la  manière 
de  Callot. 

On  connaît  des  pièces  où  le  décor  accuse  souvent  des  copies 


EUROPEENNES.  481 

des  dessins  du  sculpteur  Toro^ ,  et  des  ornements  et  armoiries 
empruntés  aux  gravures  de  Leclerc*,  et  à  celles  de  Berain^. 


1 .  Bernardo  Toro,  dessinateur  des  vaisseaux  du  roi,  probablement  Italien  de 
naissance,  est  mort  à  Toulon  en  1731.  Le  Cabinet  impérial  d'estampes,  à  Paris, 
possède  de  lui  une  quarantaine  de  feuilles  gravées  par  Honoratus  Blanc  \  ce  sont 
de  charmants  ornements  d'arabesques,  de  chimères,  de  mascarons  à  expressions 
caractéristiques  et  originales,  de  fleurons  à  corps  de  femmes  sortant  de  gaines, 
de  buires,  de  consoles  et  d'encadrements. 

L'influence  du  style  rocaille  s'y  fait  fortement  sentir,  mais  c'est  beau  et  artis- 
tique. 

2 .  Sébastien  Leclerc,  dessinateur  et  graveur  ordinaire  de  Louis  XtY,  et  che- 
valier romain,  dont  le  portrait  a  été  gravé  par  P.  Dupin,  d'après  le  tableau  de 
Delacroix,  au  commencement  du  dix-huitième  siècle,  est  né  à  Metz  en  1637,  et 
mort  à  Paris  en  1714.  Il  était  le  fils  de  l'orfèvre  Leclerc,  de  Metz,  né  en  1590, 
mort  en  1695.  L'œuvre  de  ce  fécond  graveur  est  évaluée  à  quatre  mille  pièces. 
On  trouve  de  lui  au  Cabinet  impérial  d'estampes,  à  Paris,  trois  gros  volumes 
composés  de  pièces  d'histoire,  de  mythologie  et  d'histoire  naturelle.  Il  y  a  aussi 
des  sièges,  des  sujets  tirés  des  Métamorphoses  d'Ovide,  des  Fables;  des  paysages 
et  vues  de  ruines  et  des  parcs  à  la  Lenôtre,  des  cours  d'architecture  d'après  Vi- 
truve  et  autres,  des  plans  et  études  de  fortifications,  etc.  Ce  sont  ses  cartouches 
et  médaillons,  ses  armoiries  et  emblèmes  que  les  céramistes  lui  ont  empruntés. 
On  connaît  une  pièce  de  Leclerc ,  un  siège  de  Metz,  qui  porte  le  millésime  de 
1650,  date  qui  démontre  que  l'artiste  l'a  exécuté  dans  sa  treizième  année.  Dans 
tout  l'œuvre  de  Leclerc,  qui  était  un  vil  flatteur  de  Louis  [XIV,  il  n'y  a  rien  qui 
dénote  la  moindre  originalité,  et  tout  y  respire  le  mauvais  goût  de  l'époque. 

3.  Johannes  ou  Jean  Berain  était  Lorain,  né  à  Saint- Mihiel  (département  de 
la  Meuse,  à  17  kilomètres  de  Commercy)  en  1634,  et  mort  en  1711.  Ce  dessi' 
nateur  ordinaire  de  la  chambre  et  du  cabinet  de  Louis  XIV,  révélé  depuis  fort 
peu  de  temps  seulement  au  monde  artistique,  peut  être  regardé  comme  un  conti- 
nuateur des  petits  maîtres  ornementistes  allemands  de  la  fin  du  seizième  et  du 
commencement  du  dix-septième  siècle,  maîtres  dont  il  s'était  cerlainement  inspiré 
aussi  bien  que  des  Italiens.  Les  dessins  où  l'arabesque  règne  largement  sont  des 
composés  spirituels  de  réminiscences  de  la  renaissance  allemande,  mêlées  à  celles 
des  maîtres  italiens  (quelquefois  copiés  d'après  Nicolas  BeatricitiSi  autre  Lor- 
rain. Les  œuvres  de  Berain  sont  malheureusement  trop  influencées  par  le  goût 
de  son  temps.  Tout  ce  qu'il  a  produit  est  cependant  fini  et  soigné,  et  d'un  goût 
assez  sobre  pour  son  époque.  Ses  œuvres  sont  de  véritables  trésors  pour  l'art  in- 
dustriel. Il  a  dessiné  des  grilles  de  jardins,  des  plafonds  et  autres  ornements 
d'appartements,  des  initiales  entrelacées,  des  flambeaux,  candélabres  et  lustres, 
des  chapiteaux  et  ornements  de  fusils,  et  même  des  gondoles  de  plaisance,  des 
parcs  à  la  Lenôtre ,  des  vues  de  scènes  d'opéra  et  des  sièges.  Berain  a  parti- 
culièrement excellé  dans  les  ornements  à  l'usage  des  artistes  industriels.  Grand 
nombre  de  ses  compositions  se  signalent  par  une  profusion  de  bustes  de  femmes 
sortant  de  gaines,  souvent  surmontés  de  baldaquins,  imités  d'après  Agostino  di 
Musis,  et  encore  bien  plus  d'après  Nicolas  Beatricius,  maîtres  du  milieu  du 
seizième  siècle. 

Son  portrait  a  été  gravé  en  1709  par  Viveen. 

Ses  œuvres  que  le  Cabinet  impérial  d'estampes,  à  Paris,  a  réunies,  forment  trois 
gros  volumes,  où  on  trouve,  entre  autres ,  la  reproduction  des  ornements  de  la 
galerie  d'Âpoilon  du  Louvre,  publiée  en  collaboration  avec  Chauveau  etLemoine. 

Les  cérémonies  des  pompes  funèbres  qui  ont  eu  lieu  à  Saint-Benis  en  l'honneur 

41 


i82  POIEUIS  OPAfiUES 

Profusion  deVëuua  marines  etdeNeptuBes  sous  des  baldaquins, 
et  quelquefois  des  sujets  mythologiques  d'après  Frans  FÎyrisK 
Lacontreraçons'ëtaitaugsimise,  durant  quelque  temps,  àimi  ter 
le  dëcor  de  Moustiers,  et  particulièrement  les  sujets  mythologi- 
ques d'aprèsFransFIoris.lorsquel'engouemenlpeu  justifié  payait 
encore  pour  cesfalenoes  des  prix  exagérés.  Un  plat  oval  de  faïence 
ancienne  qu'un  décorateur  actuel  de  Paris  avait  décoré  peu 
arlislement  en  camaFeu  bleu  du  sujet  des  Hym-phes  au  bain  el 
qui  appartenait  à  M.  le  marquis  de  Honville,  à  qui  on  l'avait 
vendu  pour  du  vdritable  moustiers,  faïence  et  décor  anciens,  a 
été  adjugé  à  la  vente  publique  de  la  collection  de  cet  amateur, 
pour  300  fr. 

Moustiers  a  produit  des  plats  et  assiettes  à  bords  étroits,  plais 
festonnés,  services  de  table  complets,  plaques,  etc.,  décorés 
le  plus  souvent  d'après  les  dessins  de  fierain.  Dessins  Sas  au 


trait,  ornements  à  arabesques,  à  chimères,  à  petites  figures  ei 
bustes,  aillez  bien  faits,  mais  calqués,  en  vert,  jaune  ou  bleu 
cantaieu   presque  toujours  sut  fond  blanc. 

Tout  y  eat  iait  au  poncif,  genre  de  reproduction  qui  multi- 
plie i  1  infini  un  mdme  sujet,  qui  ôle  à  la  fabrication  sa  va- 

du  nii^bia  el  de  LuukXlV,  ont  été  |riTé«>pirle  fils  d«  Beraia,ijui  s'appcltii 
égekuWDt  /eon.  Oa  cmilque  Jeu  Beram[4re  alraiaiilé  ta  coUaborilioniTtr 
un  de  ut  fièrei,  qui  s'appeÛt  lotiit. 

1.  FrantFllTil,  né  à  ADrerseu  ISSO,  morUu  t^TO,  était  aa  pcJDlred'hit- 
toïre  qui  u'i  graié  lui-iDem«  qu'une  uule  pLècs,  mais  de  qui  H.  r.9ck  a  publia 
toute  une  iérie  de  graTui-sa  eifcuUes  par  Pbilippc  Galle  d'une  manière  fort  peu 
agréable.  Ce  sont  de  grands  siyets  bibliques,  liligoriquet  ei  hilioriqu»,  oij  les 
ligures,  géuéraleiamt  maigres,  saut  dures  de  IriiU.  Le  Cabinet  impérial  d'«- 
lampet,  i.Paiif,  pooèdede  aet  «rlitte  un  gm  Tdiune. 


riétëet  son  origtnalitë  et  la  valeur  artistiqfae  et  marchande: 

En  définitive,  c'est  une  fbïence  peu  décorative,  une  vasselle 
qui  représente  dans  la  famille  de  la  poterie,  la  vcMatUe  et 
Vhàbit  brodé  du  laquais,  tandis  que  le  rouen,  avec  sou  grand 
air,  est  la  faïence  du  seigneur  d'une  époque  fastueuse.  IRJ 

M.  Champfleury  possède,  de  la  fin  du  dir-huitième  siècle,  une 
écuelle  de  mariage  dan&  laquelle  on  servait  du  vin  à  la  mariée, 
le  lendemain  de  la  noce,  on  y  lit: 

Coit  le  moment  de  faire  un  petit  eafanl,  1791  ;  vive  la  nation ^TÎTe  l'aounir, 

vive  la  constitution  17dl. 

Le  besoin  de  faire  un  petit  enfant  était-iï  le  résultat  de  la  Con- 
stitution ou  est-ce  la  nation  qui,  en  prévoyant  la  grande  con- 
sommation d'hommes  à  partir  de  93,  poussait  les  citoyens  à  la 
besogne  ? 

Le  flambeau  3602,  au  muséëdoKensington,  est  dé  Mbrastiers 
et  non  pas  de  Rouen. 

Il  existe  aussi  des  faïencesr,  fabriquées  à  M'ùustiers  en  Savoie, 
près  Ghamhéry,  qui  ressemblent  à  celles  de  Moustiers  en 
France. 

TAiUL-iiBpCElEirA'K  (8eiake*eHll<*®)- 

Terre  cuite  sans  couverte.  1694 

Il  existait  à  l'avant-demière  marche  du'  grand  escalier,  au 
monastère  de  Yaux^le-Gemay,  un  carreau  en  teniB  coitieà  »ix 
pans,  sur  lequel  était  écrit  en  creux  et  avant  la  cuisson  r 

Vannée  i  694,  par  Michel  Chérm. 

Faïence  A  ÉMAIL  STANNiPÉRE.  1696 

Cette  faïence,  dont  l'origine  est  fixée  par  des  documents  aux 
archiva  municipales  à  l'an  i696,  a  tous  les  caractères  de  la 
fabrication  hollandaise.  Elle  est  fine,  légère  et  d'un  beau  blanc 
de  porcelaine.  Son  décor  n'est  jamais  dans  le  genre  de  celui 
de  la  faïence  alsacienne  ou  lorrainci  où  le  rose  et  le  vert  domii- 
nent,  mais  presque  toujours  en  bleu,  jaune  et^  manganèse 
(violet). 

D'autres  centres  de  fabrication  de  faïences  hollandaises  ont 
déjà  existé  dans  les  environs  de  Lille,  vers  1640,  d'où  les  ou- 


484  POTERIES  OPAQUES 

vriers  avaient  probablement  transporté  les  procédés  à  Moustiers 
et  à  Marseille,  puisque  les  faïences  de  ces  localités  ont  toutes 
les  caractères  des  faïences  du  Nord. 

En  1696,  les  sieurs  Jacques  Feburier^  de  Doomick  (Tournay), 
et  Jean  Bossu,  de  Gent  (Gand),  furent  appelés  par  le  magistrat 
(conseil  communal)  de  Lille  pour  y  établir  la  première  fabrique. 

On  lit  dans  la  requête  de  ces  potiers  qu'ils  ont  fait  décou- 
verte de  certaines  terres,  très-propres  à  fabriquer  à  la  fa- 
çon de  Hollande,  et  d'aussi  belle  et  bonne  qualité,  et  beaucoup 
plus  fine  que  celle  que  Von  fabrique  à  Tournay. 

Jacques  Feburier  est  mort  en  1729.  La  manufacture  continua 
sous  François  Boussemaert,  gendre  de  Feburier,  et  devint  si  im- 
portante en  1732,  qu'elle  occupait  plus  de  quatre  cents  familles, 
et  avait  quatre  fours  et  deux  grands  moulins  à  six  chevaux. 

Le  sieur  Petit  succéda  à  Boussemaert,  mort  en  1778. 

Le  musée  céramique  de  Sèvres  possède  de  cette  manufacture 
lilloise  une  espèce  d'hôtel  portatif,  ou  ornement,  à  décor  ca- 
maïeu bleu,  sur  lequel  on  lit  l'inscription  suivante  : 

Fecit  Jacohus  Feburier 

Insulis  in  Flandria 

Anno  1716 

Pincet  Maria  Stephanus  •  Borne 

Anno  1716. 

« 

Le  décor  est  tout  à  fait  dans  le  genre  de  Delft. 

Le  Christ  qui  se  trouve  au  milieu  porte  le  cachet  évident  de 
l'école  hollandaise. 

Ce  Marie-Etienne  Borne;  un  autre  Claude  Borne,  né  en  17 fO, 
son  frère  ou  fils,  qui  travaillait  plus  tard  à  Rouen  et  en  1731  à 
Sinceny,  et  dont  on  connaît  un  plat,  au  cabinet  de  M.  Beaudry, 
à  Rouen,  décoré  dans  le  goût  rouennais,  et  signé  : 

Claude  Borne  1756  ^ 

et  enfin,  Etienne  Borne,  qui  vivait  vers  1773,  et  que  les  archi- 
ves désignent  comme  le  «  Doyen  des  peintres,  membre  de  l'Aca- 

1 .  Etienne  en  français. 

2.  On  a  vu  dans  l'article  Nevers  qu'il  existait  aussi  dans  cette  ville  des  potiers 
qui  s'appelaient  Borne,  ce  qui  me  paraît  indiquer  que  Nevers,  aussi  bien  que 
Rouen,  Lille  et  autres  centres  de  fabrication  de  faïences  et  porcelaines  de  cette 
époque,  étaient  encore  obligés  de  faire  venir  des  ouvriers  et  artistes  des  Flandres 
et  de  la  Hollande. 


EUROPÉENNES.  485 

demie  de  peinture,  et  adjoint  pour  la  décision  des  prix  de  Té- 
cole  de  dessin^  »  sont  les  trois  Borne,  d)nt  se  compose  cette 
famille  de  céramistes. 

Claude  Borne,  qui  travailla  plus  tard,  en  175i,  àSinceny  en 
Picardie,  se  retrouve  en  1752  à  Doornick  (Tournay)  et  à  Mons. 

Aucune  marque  n*est  connue  de  la  manufacture  de  Feburier 
et  Boussemaert,  à  laquelle  on  a  cependant  voulu  attribuer) 
mais  sans  preuves  ni  raisons  plausibles,  le  monogramme  : 


que  M.  Lejeal  attribue  à  la  fabrique  de  Fouquet  de  Saint- 
Amand,  sans  plus  de  probabilité. 

On  a  aussi  observé  que  la  marque  de  la  fleur  de  lis  pouvait 
également  être  attribuée  à  Lille,  puisque  les  armes  de  cette 
ville  consistaient  de  1667  jusqu'à  la  révolution,  dans  «  de  gueule 
à  un§  fleur  de  lis  en  chef,  » 

En  1711,  les  sieurs  Dorez  *  etPelissier  avaient  acheté,  comme 
nous  verrons  au  chapitre  qui  traite  des  porcelaines  lilloises, 
une  ancienne  manufacture  hollandaise,  établie  depuis  1708,  et 
repris  la  fabrication  dans  une  construction,  située  au  quai  de 
la  Haute-Deûle,  sous  les  remparts,  et  tout  près  de  la  manuten- 
tion militaire,  où  un  grand  tableau  de  faïence  se  trouvait  placé 
au-dessus  de  la  porte. 

Cette  manufacture  ne  cessa  que  vers  1828  ou  1829,  et  non 
pas  au  commencement  du  dix-neuvième  siècle  comme  M.  Hou- 
doy  le  croit. 

Un  grand  pot  d'une  collection  d'amateur  à  Lille,  qui  porte 

l'inscription  : 

N.  A 
Dorez 
1748, 

c'est-à-dire  la  signature  de  Nicolas-Alexis  Dorez,  petit-fils  de 
Barthélémy  Dorez,  est  la  seule  pièce  connue,  marquée  d'un  nom 
de  céramiste. 
Le  sieur  Héreng  était,  de  1750  à  1755,  propriétaire  de  la 

1.  Barthélémy  Dorez,  le  même  qui  a  fabriqué  de  la  porcelaine  à  pâte  tendre. 

41. 


486  pomn»  anucfmis 

manufectarey  qui,  en  i7S6^  paam  à  JSfuôi^rM^flnçDi^  Xef^fv,  et 
après  luiauK  sieoi^'MaigtMteffOttJIfasiiiielier,  songendrô,  et  le- 
/'évre  jeune,  /e  fils,  sous  lesquels  elle  ceesa  entièrement  ren 
i827  ou  28«  Une  théière  de  la  coUeetion  Level,  actuellement 
au  musée  de  G)uny,  est  marquée  : 

Zt7/el768. 

Le  Bietwnnaiire  des  Post»  imsjo  lettres  de  Tannée  1802,  ne 
mentionne  plus  de  fabrique  de  faïence  à  Lille,  mais  celui  de 
1817  en  parle. 

Cambray  est  la  signature  qu'un  amateur,  qui  possède  un  bol 
marqué  ainsi,  attribue  à  un  peintre  céramiste  de  Lille,  du  temps 
de  Masquelez.  Cette  signature  pourrait  bien  être  celle  de  la 
ville  de  Cambray. 

Les  carreaux  en  faïence  que  M.  Houdoy  possède,  et  dont  il  a 
donnéquelques-unsaumifséeafchéologiquedeLille,  après  l'acqui- 
sition faite  à  la  mort  de  Lefevre,  ûls  d'Hubert-Françoi»  Lefevre 
et  beau-père  de  Masquelez,  n'ont  pas  été  peints  à  Lille  comme 
M.  Houdoy  le  croit,  mais  à  Paris^  en  1823  ou  1824,  par  le  peintre 
sur  porcelaine  IVogére  père,  dont  un  des  fils,  M.  Jules  Tragère, 
est  encoreemployé  aujourd'hui  à  la  manufacture  de  Sèvresen  qua- 
litéde  peintre  de  fleurs.  Ces  carreaux  ont  été  peint»  en  couleurs 
tendres  et  cuites  au  feu  demouffle,  de*manière  que  ces  exemplai- 
res ne  devraient  pas  figurer  parmi  les  produits  purement  liilois. 

On  a  aussi  essayé  de  fabriquer  dans  cette  usine  des  faHences 
en  mosaïque,  c'est-à-dire  par  morceaux  rapportés,  sanblables 
aux  anciens  vitreaux  peints  avant  le  seizième  siècle.  Ces  essais 
de  mosaïques  ont  été  peints  aux  couleurs  tendres,  cuites  au  petit 
feu  de  mouffle,  comme  le  décor  de  la  porcelaine  à  laquelle  ils 
ressemblent,  et  réunis  ensuite  en  tableau.  M.  Hachette  jeune, 
lo  fabricant  des  plaques  en  lave  pour  le  numérotage  des  mes, 
à  Paris,  possède  encore  un  de  ces  tableaux  peints  par  M.  Mor- 
telèque,  à  Paris,  qui  est  signé  de  lui,  et  porte  le  millésime  1823. 
MM.  Lebouret  Martinet  ont  pris  en  1863  un  brevet  pour  la  fa- 
brication de  ces  faï^oes  mosaïques  :  ils  ignoraient  sans  doute 
la  priorité  lilloise. 

On  rencontre  quelquefois,  comme  on  a  vu  plus  hout^  des 
faïences  signées  : 

Lille 

mais  très-rarement,  et  il  est  difficile  de  fixer  à  laquelle  de  ces 


différentes  mannfaictare»  lilloise»  elles"  doivent  être  attribuées. 

C'est  dans  la  maonifactare  fondée  par  Barthélémy  Dorer, 
que  le  peintre  céramiste  lillois,  M.  HippolytePinart,  a  passé  sa 
jeunesse  avec  son  ami  Aimar^  ancien  fabricant  de  fkïenoe  retiré 
des  affaires,  et  dont  j'ai  sigaalé  Fessai  de  la  reprise  de  la  fa« 
brication  de  la  poterie  à  émai]  de  lave.  Les  localités  où  la  ma- 
nufacture était  instdlée  sont  occupées  aujourd'hui  par  une 
filature. 

En  1740,  le  sieur  Wawips,  de  Lille,  y  établit  une  troisième 
fabrique  de  faïences,  destinée,  comme  l'énonce  sa  requête,  à 
la  fabriccstion  des  carreaux  de  faïence,  à  la  façon  de  Hollande, 
dont  le  sieur  ISasqmlVBr  ou  ITasquelez  (pas  confondre  avec 
Masqueler  ou  Masquelier,  le  gendre  de  Lefevre)  devint,  en  1755, 
propriétaire,  et  qui  y  joignit  la  fabrication  des  Menées  de  toute 
espèce,  et  particulièrement  celle  des  fontaines,  qui  furent  ordi- 
nairement marquées  du  monogramme  : 

M. 

En  1758,  Héreng,  probablement  le  Héreng  déjà  nommé,  y 
établit  une  fabrique  de  poêles;  en  1773,  l'Anglais  Guillaume 
Clarke  de  Newcasle,  une  fabrique  de  faïences  anglaises,  et,  en 
1 774,  un  sieur  Chanon  y  monta  une  sixième  fabrique  pour  la 
confection  des  terres  cuites  brunes  à  vernis  plomhifère,  dites 
de  Saint-Esprit,  et  à  la  façon  d'Angleterre  et  du  Languedoc, 

Une  belle  cheminée  en  faïence  de  Lille,  décorée  en  camaïeu 
bleu,  se  trouve  au  musée  de  Cluny,  à  Paris. 

La  pétition  des  faïenciers  de  l'année  1790,  conservée  aux  ar- 
chives de  Nevers,  constate  ausst  l'existence,  à  cette  époque,  de 
deux  fabriques  à  Lille.  M.  Debruyne  et  M.  Salomon  y  fabriquent 
encore  aujourd'hui  des  poteries,  mais  il  n'y  existe  plus  de  fa- 
briques de  faïences. 

mLAWtMBtiàLE  (Bonelietf'dti-Kliôue). 

Terre  cuite  au  vernis  plombipêre.  1625 

FaJLBNCES  â  émail  STANNIFÂRE  •  1 697 

Dans  un  manuscrit  de  la  Sorbonne,  rangé  sous  H«  S.  H.  L 
44.,  on  lit  dans  une  pièce  intitulée:  u  Extrait  des  partm  em- 
ployées en  V  estât  générai  des  bastiments  du  roy,  dont  la  dépense 
est  à  faire  et  commandée  par  8*  M*,  en  la  présente  année  i6S;&,  » 


488  POTERIES  OPAQUES 

qu'un  certain  Antoine  Clericy,  de  la  ville  de  Marseille,  travail- 
lant pour  donner  plaisir  à  S.  M.,  enterre  sigillée  et  autres  terres 
pour  faire  des  carreaiLX  esmaillés,  pots,  vases  et  autres  choses, 
avait  obtenu  pour  gages  600  livres^  mais  que  cette  somme  fut 
réduite  à  300  livres.  » 

On  ne  connaît  aucune  pièce  marquée  de  ce  potier  qui  pour- 
rait prouver  qu'il  ait  fabriqué  de  la  vraie  faïence  à  émail 
stannifère,  puisque  le  plat  marqué  de  son  nom^  ne  peut 
pas  lui  être  attribué;  il  aurait  dû  le  faire  à  l'âge  de  cent  ans  ! 
Le  mot  esmaillé  était  employé  à  cette  époque  aussi  bien  pour 
désigner  les  vernis  plombifères  et  alcalins  de  la  poterie  que  le 
véritable  émail,  et  la  terre  sigillée  est  une  terre  glaise  des  Iles  de 
l'Archipel.  La  poterie  en  terre  sigillée  de  ces  îles  porte  ordi- 
nairement l'empreinte  d'un  sceau  et  n'a  rien  de  la  faïence.  Les 
anciens  attribuaient  à  la  terre  sigillée  toutes  sortes  de  vertus. 

Un  plat  du  plus  ancien  fabricant  de  faïence  connu  de  Mar- 
seille, de  A.  Glerissy,  est  signé  : 

A.  Clerissyf  à  Saint- Jean-du-Désert,  1697,  Marseille; 

c'est-à-dire  daté  une  année  après  l'établissement  de  la  fabrique 
lilloise. 

Ce  plat  a-t-il  été  fait  accidentellement  dans  ce  faubourg  de  Mar- 
seille? doit-on  faire  remonter  la  fabrication  des  faïences  Marseil- 
laises effectivement  à  la  fin  du  dix-septième  siècle,  et  non  pas 
à  1709,  au  potier  Jean  Delaresse,  dont  on  retrouve  plus  loin  une 
mention  ?  Les  documents  manquent  pour  pouvoir  se  prononcer 
avec  certitude. 

La  pétition  des  faïenciers  de  l'année  1790,  conservée  dans  les 
archives  de  la  ville  de  Nevers,  constate  qu'il  existait  encore  à 
cette  époque  1 1  fabriques  de  faïences  à  Marseille. 

On  verra  aussi  dans  l'article  qui  traite  des  faïences  de  Quim- 
per,  qu'un  potier  du  nom  de  Bousquet  de  Marseille  y  a  fondé  vers 
le  commencement  du  dix-huitième  siècle  la  première  fabrique; 
mais  rien  ne  prouve  que  Bousquet  avait  auparavant  déjà  une 
fabrique  à  Marseille. 

M.  Moussoury  de  Rozan  fabrique  encore  aujourd'hui  de  la 
faïence,  et  MM.  Martin  frères,  de  la  poterie. 

La  faïence  de  Marseille  est  dans  le  genre  de  celle  de  Mous- 
tiers,  et  rappelle  aussi  la  fabrication  de  Strasbourg.  La  majeure 
partie  est  cuite  au  petit  feu  de  réverbère.  Le  vert  de  Savf/y  plus 


EUROPÉENNES.  489 

vif  que  la  plupart  des  verts  employés  à  Strasboug ,  et  un  peu  de 
relief  que  les  émaux  du  décor  formentsur  la  face  plane  de  l'émail 
blanc,  la  font  distinguer  au  connaisseur  expérimenté,  de  la 
faïence  de  Strasbourg.  Généralement  dans  les  styles  Louis  XV  et 
Louis  X-VI,  beaux  de  rocaille,  elle  est  d'un  émail  blanc  et  suave. 
La  pâte  en  est  cependant  un  peu  épaisse.  (Une  assiette  de  Savy 
se  trouve  dans  ma  collection.  ) 

Cette  faïence^  quand  son  décor  montre  du  rose,  genre  de  l'Al- 
sace et  de  la  Lorraine,  est,  à  quelques  exceptions  près,  aussi 
commune  que  la  faïence  ordinaire  de  Strasbourg.  Son  rose  est 
un  peu  plus  foncé  et  plus  empâté^  et  le  sujet  souvent  chinois^ 
ou  les  tôtes  sont  plutôt  marseillaises  que  chinoises.  On  connaît 
de  ces  fabriques  très- peu  de  pièces  importantes.  Les  belles  fon- 
taines et  les  autres  grands  ouvrages  dans  ce  genre  de  décor 
proviennent  plutôt  des  fabriques  de  la  Lorraine  ou  de  l'Alsace 
que  de  celles  de  Marseille.  Zurich,  en  Suisse,  a  fait  le  même 
genre,  et  les  fabriques  du  Nord,  comme  celles  du  Midi,  avaient 
adopté  la  rocaille  saxonne  ;  mais  la  rocaille,  fabriquée  dans  le 
Midi,  est  moins  bien  modelée  et  moins  variée  que  celle  du 
Nord. 

Savy,  dont  la  manufacture  fut  établie  en  1745,  obtint  en 
1777,  après  la  visite  de  Monsieur,  frère  du  roi,  un  brevet  de  ce 
prince.  On  croit  qu'à  partir  de  cette  époque  ses  faïences  furent 
marquées  d'une  fleur  de  lis*.  Cette  marque  se  rencontre  sou- 
vent sur  des  faïences  dont  les  décors,  la  pâte  et  l'émail  indiquent 
le  type  du  Midi,  sans  qu'on  puisse  les  lui  attribuer  encore  avec 

i.  Sinceny  en  Picardie,  et  quelques  autres  usines  du  Nord  ont  cependant  pro- 
duit ce  même  genre  de  chinoiserie. 

2.  La  fleur  de  lis  ne  se  rencontre  pas  seulement  sur  les  objets  d'art  de  prove- 
nance française,  elle  est  de  tous  les  pays,  et  son  origine  même  pourrait  être  attri- 
buée à  plusieurs  contrées.  II  y  a  des  archéologues  qui  croient  y  retrouver  l'abeille 
impériale  dégénérée.  Les  écussons  à  fleurs  de  lis  se  rencontrent  d'abord,  anté- 
rieurement au  douzième  siècle,  sur  les  sceaux  des  empereurs  d'Allemagne,  sur 
la  couronne  de  quelques  rois  d'Angleterre  et  sur  l'écusson  des  rois  de  Navarre, 
et  ce  n'est  que  depuis  cette  époque  que  la  fleur  de  lis  figure  dans  les  armoiries  des 
rois  de  France.  On  verra  dans  l'appendice  qu'un  bas-relief  en  terre  cuite  de  ma 
collection,  et  fabriqué  à  Nlirnberg  au  quinzième  siècle,  montre  même  Charle- 
magne  recouvert  d'un  manteau  orné  de  fleurs  de  lis. 

Les  fleurs  de  lis  sont  assez  communes  en  Allemagne,  en  Suisse  et  même  en 
Italie.  Dans  ce  dernier  pays,  ce  sont  les  fleurs  de  lis  de  Firenze  (Florence)  qui 
sont  les  plus  connues. 

On  est  donc  autorisé  à  supposer  que  ces  emblèmes  viennent  d'Allemagne,  d'au- 
tant plus  qu'ils  tirent  leur  origine  de  la  forme,  non  pas  d'une  fleur,  mais  d'un 


490  POTBiaa&i  OBAQOES 

certitude.  On  croit  que  Sa?y  a  aitm  Msriqiié  plt»  tard  br  por-- 
celaine,  mais  j'en  doute. 

Madame  BeavenS  à  Pam>  possède  un  confiturier  charmant 
qui  est  marqué  de  la  fleur  de  lis,  ain». qu'an  dessous  de  vâileose 
qui  porte  à  côté  de  la  fleur  un 

initiale  qui  ne  se  rapporte  nullement  au  nom  de  Savy  et  qui 
montre  par  là  que  rien  n*est  certain  dans  Tattribution  de  cette 
marque. 

En  1779,  existaient  les  usines  suivantes  t 

Agnel  et  Sauze;  —  Battelier;  —  et  Antome  Bonnefoip  qui 

marquait 

B< 

Boyer:  •—  Michel  Eidouœ; — et  Pauchier,  qui  marquait 

P. 

(Une  assiette  dans  ma  collection.  ) 

fer  de  lance  ou  piutftt  d'an  fer  de  hallebarde,  arme  qtri  n'est  eotume  en  France 
que  depuis  1450.  Vouloir  fiier  les  époques,  d'après  les  différentes  ioTmeB- 
des  fleurs  de  lis,  est  inadmissible,  pwisqut  lespUift  anciennes' formes  ont  été  sou- 
vent reprises  à  des  époques  postérieures.  Rey  (dans  son  Histoire  du  Drapeau, 
des  Couleur»  et  det  Insigam  de  la  monarchie  française,  Paris,  183T,  œnvre 
écrite  sans  la  connainanoe  des  travaas  archéoto^quce  élrasgon)  dit,  «  qn^il 
n'est  pas  possible  de  décider  à  quel  siècle  appartient  un  monumenl  fleardetité 
par  la  forme  que  les  fleurs  de  lis  y  affectent,  et  que  la  grande  ressemblance 
proure  l'iiapoiiibîlité  de  les  classer  systématiquement  par  siède.  »  On  lit  aosii 
dans  ce  mèmeouTrage  «que  la  cotte  d'ames  de  saint Loni»  était  digà  fleuntelisée; 
qu'on  attachait  du  prix,  en  ce  temps,  à  obtenir  du  roi  comme  récompense  la  fa- 
veur de  placer  dans  ses  armoiries  la  fleur  de  lis  des  armes  de  France  ;  que  Phi- 
lippe-Auguste srait,  avant  son  déipart  poor  U:  Terre  sainte,  en  i  i  9  9,  domé  des 
armoiries  à  la  ville  de  Paris  où  il  mit,  entre  autras  poèees,  des  fietirs  de  Ui  d'or 
sans  nombre  détemdiié;  queUmmQcipaUtétde  Lille  avait  d^à,en1280,  deflfleiirs 
de  lis  dans  ses  sceaux^  »  ele.  On  cnjitque  Chartes  Y  fixa  à  trois  leifléiirt  de  Us 
de  l'écusson  de  Franee,  nombre  indétenniné  préoédemment  ;  ynais  j'ad  reneootré 
de  ces  écuseons  à  trois  fleurs  de  lis  sur  de»  ouvrage»  m&rtelés  dtt  tveixièiiie'rièele. 
Tout  ce  que  je  puis  indiquer,  afin  de  guider  l'anaatcnr  dans  l'spprécittllai  des 
époques  des  différentes  forme*  de  fleurs  de  lis,  c'est  qu'elles  étdiefit»  du  doofiènie 
au  quatorzième  siècle,  étroites  et  hautiet,  comme  de»  fera  de  hatlebedrâe,  et  quel* 
quefois  ornées  de  chaque  c6té  d'une  tige  de  fleur.  —  A- partir  daquinsièiae  siède 
elles  prirent  des  formes  larget  et  oonrtes  etfurentmrement  oméesde  tige»defieiirt. 
i .  La  collection  céramique  de  cette  dame  est  une  ém  plus  riche»  eC  des  plas 
importantes:  peur  les  porcelaiini  de  Chine^  de  Sèvres  et  de  Saxe,  aiari  que  des 
anciennea  fabriques  artistiques  françaÉsea  et  allemande»  (Tineesnet,  CbanCUly, 
Wien,  Berlin,  Funkesthal,  Ludwigsburg,  Nimphenburg,  etor).  On  y  tfosive  entra 
autres  une  potiche  de  Cbme  à  fond  bleu  et  ddeonée  de  fliearf,  brasdiaget  et  oi- 
seaux, dans  le  genre  desémanii  smr  enivre^  dont  je  n'ai  vnnnlie  part  l'équÉftleirt . 


Fesquel  et  C;  —  Leroi  aîné;  ~  Uamugut;  ~~  fierre  PTri» 
fils  et  Abetlard,  qui  marquaient 


{Une  soupière  dans  la  collectioo  de  H.  lubinaL) 
Veuve  Perrin,  qui  marquait 


V? 


i,  et  Gaspard  Robert',  uni  taarqaaienl 


R., 


i. 


Honoré  Sauy;  ~  et  Jean~Baptùte  Vir^/. 
11  y  avait  aussi,  en  1709,  à  M^wlle.un  palier  qui  s'appelait 
3eati  Delaresse,  mais  il  n'y  a  pas  fabriqué  de  faïence. 
Jacques  Borelly  ou  Boselly  signait  en  loutee  lettres. 
Une  coupe,  forme  calice,  de  ma  collection,  espèce  d'él)auche 


U  IICM-«U  ta  I TBÏ,  puail 


492  POTERIES  OPAQUES 

très-artistique  de  forme  et  travaillée  à  jour,  en  pâte  lourde^  en 
décor  rouge  et  vert,  et  un  cache-pot,  sont  signés  : 

Jacques  Borelly,  1781  *. 

Sauze,  de  1809,  est  le  dernier  fabricant  de  faïences  connu  de 
Marseille;  c'était  sans  doute  un  fils  ou  petit-fils  du  Sauze  de  la 
fabrique  à!Agnel  et  Sauze  déjà  nommée  plus  haut. 

Une  assiette  de  la  collection  de  M .  Francis  Wey,  à  Paris,  est 
signée  : 


ft^ 


Cette  marque  qui  ressemble  à  celle  de  Moustiers,  parait  être 
le  monogramme  de  Perrin. 

B.  P. 

est  le  monogramme  recueilli  sur  une  salière  appartenant  à 
M.  Gaillo  t,  à  Paris. 

Les  Dictionnaires  des  Postes  aux  lettres,  par  Lecousturier, 
des  années  1802  et  1817,  ne  mentionnent  plus  aucune  fabrique 
de  faïence  à  Marseille. 

Quelques  plats  que  l'on  pourrait  attribuer  à  Marseille  et  qui 
sont  conservés  au  château  de  la  Favorite,  près  Baden-Baden, 
sont  marqués  : 

G. 

Au  cabinet  de  M.  Leroux»,  à  Paris,  on  trouve  une  garniture 
de  drageoir,  composée  d'un  milieu  rond  et  de  six  pièces  demi- 
circulaires,  d'un  ensemble  de  60  cent,  de  diamètre,  marquée: 

P 


M.  R. 


i.  M.  Oscar  Honoré  écrit  le  nom  de  ce  potier  Boselly,  et  croit  qu'il  est  allé 
s'établir  à  Savona  en  Italie.  La  lourdeur  de  la  pâte  de  la  coupe  de  ma  collection 
autorise  à  penser  que  M.  Honoré  a  raison.  (Voir  Sayona.) 

2.  Le  cabinet  de  M.  Leroux  est  composé  de  pièces  de  choix.  La  céramique  y 
figure  par  de  magnifiques  exemplaires   de  Nevers,  de  Rouen,  de  Moustiers   de 
faïences  musulmanes  et  italiennes,  et  de  quelques  beaux  grès  d'AUeroagne.  Ta- 
bleaux, meubles,  iyoircs,  émaux,  bronzes,  cuiyres  repoussés,  horloges,  etc. 
complètent  cette  collection  remarquable. 


EUROPÉENNES.  493 

La  forme  des  fleurs  et  feuillages,  où  le  vert,  le  jaune  et  le  brun 
indiquent  ou  les  fabriques  de  l'Alsace  ou  celles  du  Midi,  me 
porte  à  attribuer  cette  céramique  à  Marseille,  puisque  le 
décor  forme  au  toucher  un  faible  relief,  ce  qui  signale  ordi- 
nairement une  provenance  méridionale. 

M.  Leclerc,  à  Lisieux,  possède  deux  compotiers,  forme  feuille, 
décorés  dans  le  genre  courant  des  faïences  de  l'Alsace  et  de 
Marseille,  c'est-à-dire  à  fleurs,  vert,  rose  et  jaune,  qui  portent 
le  monogramme 


Une  grande  aiguière  avec  sa  cuvette,  de  la  collection  Gue- 
rard  à  Paris,  deux  pièces  décorées  à  fond  vert  de  mer,  les  plus 
beaux  exemplaires  que  je  connaisse  de  la  fabrique  de  la  veuve 
Perrin,  porte  la  marque  de  cette  fabricante,  le 

V  P*  (réuuis  en  monogramme,  v.  p.  491.) 

Le  musée  de  Kensington,  à  London,  possède  des  exemplaires 
de  la  fabrique  marseillaise  sous  les  n***  3604  et  3832;  ce  sont 
deux  pièces  d'un  service  à  thé,  à  fleurs  en  relief,  que  le  musée 
a  payées  5  livres  sterling  l 

Rolet,  potier  (voir  les  villes  de  Moustiers  et  d'Urbino). 

Parmi  les  faïences  de  Marseille,  on  en  rencontre  souvent*qui 
sont  marquées  simplement  d'une  croix  noire  tracée  au  pinceau. 
On  pense  que  c'est  là  une  pratique  superstitieuse  du  décora- 
teur, qui  y  appliquait  cette  marque  quand  il  avait  terminé  sa 
douzaine.  ' 

Il  existe  d'anciennes  faïences  de  la  Silésie  prussienne  ^qui 
ressemblent  beaucoup  à  celles  de  Marseille. 

La  fabrique  Memmingen,  près  Kaufbauern  en  Bavière,  en  a 
produit  de  semblables,  et  Avigliano,  dans  laBasilicate,  en  Italie, 
a  vu  s'établir  également  dans  ses  murs,  à  la  fin  du  dix-huitième 
siècle,  des  potiers  marseillais  qui  ont  fabriqué  des  faïences,  dif- 
férant seulement  par  la  lourdeur  de  la  pâte  de  celles  de;.Mar- 
seille.  Le  décor  est  absolument  le  môme,  et  les  formes  adoptées 
étaient  celles  du  style  rocaille,  comme  dans  le  midi  de  la 

42 


404  POTiSRIBB  OPAQUES 

France,  où  l'influence  de  la  fabrique  de  Méissein  s'esf  fait 
sentir  comme  il  a  été  déjà  observé. 

La  faïence  de  Marseille  et  du  midi  de  la  France,  en  général, 
doit  être  classée  parmi  les  imitations  de  la  faïence  de  la  Lor- 
raine et  de  l'Alsace.  La  première  fabrication  de  la  fin  du  dix- 
septième  et  du  commencement  du  dix-huitième  siècle,  qui 
diffère  tant  soit  peu  dans  les  nuances  des  faïences  de  Stras- 
bourg, et  montre  l'influence  des  poteries  de  Flandre  et  de 
l'Italie,  était  insignifîanle. 

J'ai  déjà  fait  observer  que  ces  deux  différents  produits,  quand 
ils  sont  dépourvus  de  marques,  peuvent  être  confondus  —  telle- 
ment ils  se  ressemblent.  —Le  soi-disant  vert  de  Savy  se  re- 
trouve sur  les  faïences  alsaciennes,  —  et  la  forme  festonnée 
des  plats  et  assiettes  est  aussi  la  même.  Je  dois  donc  répéter 
que  l'amateur  peut  néanmoins  reconnaître  les  faïences  de  Mar- 
seille à  ce  signe,  que  les  émaux  de  couleur  du  décor  fornient, 
pour  ainsi  dire,  relief  sur  la  surface  blanche,  de  manière  à  être 
sentis  quand  on  passe  la  main  dessus;  tandis  que  les  décors 
delà  faïence  de  Strasbourg  ne  forment  aucun  relief  sur  la  surface 
blanche,  qm  est  toute  plane  au  toucher. 

Les  potiers  du  Midi  ont,  comme  ceux  de  Nevers,  fabriqué 
quantité  de  faïences  industrielles  à  inscriptions.  Les  devises  et 
rimes  nivernaises  montrent  plus  de  caractère  et  plus  d'origina- 
lité ;  mais  celles  du  Midi,  copiées  souvent  d'après  les  œuvres 
locales  de  quelques  poètes  du  temps,  dénotent  plus  de  goût, 
quoique  aussi  peu  d'orthographe  et  de  mesure.  Comme  type  de 
ce  dernier  genre,  je  citerai  cinq  assiettes  des  fabriques  de  Mar- 
seille, décorées  finement  en  camaïeu  jaune  et  très-bien  dessinées  ; 
elles  appartiennent  à  M.  Saint-Léon,  à  Paris,  les  inscriptions  se 
trouvent  sur  les  marlis*. 

Sur  une  de  ces  assiettes,  où  l'on  voit  trois  personnages  en 
costume  Louis  XV,  il  y  a  l'inscription  suivante  : 

Le  bergtr  Paris  c<hu'osa«  U»  <Um,  pcMU^se,  dans  ce  jour 

Jadis  UAie  pucelle^  Vous  r/sad  le  même  boninage, 

Et  la  pomme  qu'il  donna  Et  tous  recevez  de  l'amour 

Était  pour  la  plus  belle.  Un  tendre  gage,  (^jr  de  J»çojHk) 

l.  Marli  signifie,  en  terme  depotier,  le  4>or4iKté#ktir  de  l'assiette  ou  du  plat. 

Filet  au  marli  désigne  les  ligac»  d'or  ou  de  OMilenr  qiM  te  peintre  déçoratear 
trace  sur  la  limite  de  l'extrémité  intérieure  du  bord  qui  court  en  parallèle  avec  le 
«entre. 


BUR09ÉBNNS9*  49S 

Sttl*  une  autre  assiette,  dont  le  dëcor  montre  un  homme  ivre, 
représenté  entre  deux  femmes,  le  potier  a  inscrit  : 

^  Par  la  yap«ixr  d'un  riû  nouveau 

Lucas  s'était  un  jour  embrouillé  le  eert«ftti. 
En  revenant  chez  lui  sa  veûe  estait  si  trouble 

Que  sa  femme  lui  parut  double. 
Grand  Dieu!  s'écria-t*îl,  par  quel  forfait  affreux 
Ay  je  peu  meritter  un  sort  si  déplorable  : 
Je  n'avais  qu'une  femme  et  j'étais  malheureux , 
Lancez  sur  moi  la  foudre  redoutable 
Plutôt,  grand  Dieu  !  que  de  m'en  donner  deux  ! 

La  troisième  assiette,  où  le  décor  représente  un  âoe  portant 
sur  son  dos  une  famille  tout  entière,  et  qu'un  garçon  de  bonne 
mine  conduit,  porte  l'inscription  suivante  : 

li'uyons,  fuyons  rembarras  de  la  ville  ; 
Dans  ce  détestable  séjour, 
PafOM,  amis,  proeès,  amour, 
Causent  mille  chagrins  ;  on  n^est  jamais  tranquille. 
Tout  ntf  twii  platt  dana  cei^  hwawm», 
Un  doux  repos  y  flatte  la  nature, 
Pas  d'autre  bruit  que  celluy  d^ un  ruisseau 
Quy,  d'un  agréable  murmure,  nous  reproche  à  table 
Qu*on  méprise  ses  eaux, 
Qu'on  méprise  ses  eaux  I 

Le  décor  de  la  quatrième  assiette  montre  un  berger  et  deux 
belles  dames,  toujours  en  costumes  de  Louis  XV,  qui  font 
fuir  par  l'ampleur  de  leurs pamer^-crinolines,  deux  oies,  qui  se 
sauvent  en  criant;  l'inscription  dit  : 

Quâttd  je  doys  ds  68  bo&tin 
Ma  raison  s'en  va  beau  train  ,* 
L'on  en  sert  aux  dieux  de  moins-  délicieux  ; 
Son  feu  monte  à  la  tête. 
Mais  ceîluy  qui  vient  de  vos  yeux^ 

C'est  au  cœur  qu'il  s'arrête, 
C'est  au  etturqfi^H  i'arrêt«,  PhiliKt 

Sur  la  cinquième  assiette  le  peintre  a  F^u^aenté  trois  per^ 
sonnages  qui  panassent  foianer  une  de  ces  petites  troupes  d'ac* 
teurs  de  pantomimet  que  Galloi  a  reproduits  dans  ses  dessins. 


496  POTERIES  OPAQUES 

Un  pierrot  est  juche  sur  un  âne,  un  des  autres  cabotins  frappe 
sur  le  tambour.  On  lit  : 

Buvons  à  nous  quatre  c\iaqu'un  quelques  coups 
S'il  y  a  quelqu'un  d'entre  nous  quy  en  veille  rabattre, 
Donnons-lui  cent  coups, 
Donnons-lui  cent  coups. 
Si  l'amour  nous  prenne 
Chassons-le  bien  loin, 
Prenons  le  verre  à  la  main. 
Si  c'est  de  nos  maîtresses 
Prenons  du  vin  encore  plus  grand  soin  ! 

Le  musée  de  Cluny  possède  plusieurs  grands  plats  et  terrines 
à  couvercles  qui  représentent  des  animaux  (coqs,  pou- 
les, etc.  ),  et  que  l'on  attribue  à  Marseille.  Pour  moi,  il  y  a  doute. 
Ces  plats  proviennent  plutôt  de  la  fabrique  de  Schretzhheim, 
près  d'Ellw^angen  dans  le  Wurtemberg,  où  les  potiers  Winter- 
gurst  en  ont  fabriqué  et  dont  on  peut  voir  quelques  exemplaires 
dans  l'office  du  châteu  de  la  Favorite,  près  de  Baden-Baden. 

WÊomnpmïïAUXVL  (HérauU). 

Poterie. 

Faïence  a  émail  stannifère. 
Le  Youland,  potier,  a  marqué  : 


Jacques  Olivier  y  a  fabriqué  à  partir  de  4 7i  8,  et  obtenu  en  \  729 
une  patente  royale. 

Une  autre  fabrique,  établie  par 

André  Philippe  de  Marseille,  a  ses  produits  représentés  au  mu- 
sée de  Sèvres;  établie  vers  1790,  elle  existait  encore  en  1820. 
Ce  doit  être  de  cette  dernière  fabrique  que  proviennent  les 
vases,  les  porte-bouquets  et  les  tasses  décorées  en  camaïeu 
jaune  avec  l'aigle  impériale,  que  l'on  rencontre  souvent  à  Mont- 
pellier, et  qui  y  ont  été  fabriqués  sous  le  premier  empire. 

La  liste  des  farenciers  pétitionnaires  de  l'année  1790,  con- 


fée  dans  les  archives  de  Nevers,  constate  qu'il  existait  à 
a  époque  deux  fabriques  de  falenc«s  à  Montpellier. 
I.  Jean  Joiillié  y  fabrique  actuellement  de  la  poterie. 

DO  ntainxi.  (•«tne^t-l^tlre],  prèa  Ckarollo. 

I.  Laurjoris,  qui  a  exposé  en  1819  et  1830,  a  marqué  : 


BOBDBAOX  («Iranrie). 

FaIbnce  a  émail  stannifère,  selon  les  uns  à  partir  de    I70S 
selon  les  autres,  de  1714 

(Voir  les  carrelages  bordelais,  p.  398.) 

Le  chevalier  Jacques  de  Euslin  établit  la  première  fabrique 
de  faïence  à  Bordeaux,  en  1703,  dans  la  rue  qui  porte  encore 
aujourd'hui  son  nom,  et  obtint  (en  17i5,  selon  M.  Henri  Dé- 
vier, en  1717  selon  d'autres],  grâce  à  M.  de  Tourny,'  le  brevet 
de  faïencier  royal. 

Hustin  et  ses  successeurs  ont  fabriqué  les  faïences  connues 

sous  le  nom  des  faïences  de  la  Charlraise,  destinées  à  l'usage 

de  cette  communauté  établie  au  faubourg  de  Bordeaux,  près 

du  cimetière.  Cette  faïence  est  souvent  marquée  : 

Cnrlui.  Bixrdig 

abréviation  de   Cartuaia-Burdigalensis.  Le  musée  de  Sèvres 

possède  une  de  ces  pièces.  L'inscription  est  le  plus  souvent 
accompagnée  des  armes  du  cardinal  de  Sourdis,  François  d'Ese- 
cubleau,  surmontées  de  la  croix  archiépiscopale  et  d'un  cha- 
peau de  cardinal,  et  désarmes  du  frère  Ambroise  deGasq,  sur- 
montées de  la  toque  déconseiller  au  Parlement.  H.  Joseph-Simon 
Ferrère,  à  Bordeaux,  possède  deux  as^ettes  ornées  seulement 
du  chiffre  de  cet  ancien  conseiller,  mort  au  couvent  des  Char- 
treux en  Calabre  et  qui,  avant  son  entrée  en  religion,  s'ap- 
ti. 


49S  ?omi»  cffAKms 

peimt  Biaise  d6  Gasq,  baron  de  Portets,  et  élaf t  cooiOiUtfr  an 
Parlement  de  Bordeaux.  Il  avait  institue  pe«r  ma  héritier 
universel  ce  même  ordre  dea  Ghartraur,  à  condition  de  fonder 
un  couvent  de  Chartreux  et  une  église  à  Bordeaux. 

De  Sourdls  fht  on  autre  bienftiiteur  qui  y  élaBlit  nn  hô- 
pital. C'est  donc  par  reconoaissance  que  les  Chartreux  firent 
souvent  accoler  sur  leur  vaisselle  les  armoiries  de  ces  deux 
seigneurs. 

Plusieurs  vases  de  pharmacie)  comdrvés  dans  des  collections 
d'amateurs,  portent  aussi  la  devise  éi  Vécusson  des  Carmes  de 
Bordeaux, 

Les  faïences  de  Uustin  sont  souvent  fort  artistiques,  et  res- 
semblent quelquefois  à  celles  de  Nevers,  de  Rouen  et  de  Mous- 
tiers.  Les  couleurs  du  décor  consistent  en  bleu,  vert  et  violet 
(manganèse  foncé,  dans  le  genre  de  celui  de  Nevers);  mais  on 
ne  rencontre  jamais  du  rouge,  ce  qui  paraît  indiquer  que  Ton 
y  a  suivi  l'école  nivernaise. 

M.  Ferrère,  déjà  mentionné,  possède  aussi,  de  la  fabrique  de 
fiustin,  une  grande  fontaine  à  deux  médaillons  et  à  deux  robi- 
nets, et  une  bouteille,  cette  dernière  datée  de  1T76. 

Uaimond  Monscm  était  un  autre  fabricant,  presque  contempo- 
rain de  Hustin,  et  qui  fît  venir  des  ouvriers  de  Nevers.  M.  le 
docteur  Charraupin,  à  Bordeaux,  possède  de  ce  potier  une 
gourde  qui  est  signée: 

MonsauilSZj 

et  un  bénitier,  marqué  : 

M. 

André  et  J&m*Êtienne  Monsau,  fih  de  Haimoud  Monsau, 
étaient  renommés,  l'un  comme  modeleur,  l'autre  comme  déco- 
rateur. 

Une  famille  dt  potiers  nivenais,  du  nom  de  Letoûrmea^,  vint 
se  fixier  à  Bordeaux  en  1789,  et  y  fournit  une  pléiade  de  ftfeiH 
ciers,  hommes  et  femmes^  qui  y  inlrodai^renttout  à  fait  le  genre 
de  fabrication  de  leurpays^ 

Jean'Étienm  Mwism  tixx  longtemps  associé  aux  travaux  de 
cette  famille,  et  ne  s'établit  seul  que  bien  plut  tard,  vers  i708. 

Plusieurs  autres  fabriques  de  ftUienees  ont  austi  succédé  ai- 
mttltanémeiit  à  celle  de  Hustto,  qui  dut  s'éteindre  à  Tëpoque 
de  la  révolution,  ear  la  liste  dee  pétitionnaires  fiiïendeni  de 


1790,  conservée  aux  ardiives  de  NeTere^constaEte  8  fabriques 
existant  à  cette  époque  à  Bordeaux. 

La  plus  importante  en  était  celle  de  Boyer,  qui  n'a  cessé 
qu'en  i840. 

Un  M.  Monsau,  petit-AU  et  neveu  ded  faïenciers  susnommés, 
vit  encore  à  Bordeaux  et  s'oceupe  de  peintures  céramique». 

Bardou;  '^Gcmrrm;  -^DesbaU;.  —  ^i Musset  étaient  des  far 
bricants  de  faïences  à  Bordeaux,  et  il  y  en  a  encore  d'autres 
dont  on  ignore  les  noms,  mais  aucun  de  ces  potiers  n'a  produit 
des  faïences  qui  méritent  une  place  dans  la  collection  d'un 
amateur.  (Voir  aussi  Gorsin,  à  Saint-Gaudens.) 

Johnston^  associé  au  céramiste  Saint-Amans  (  voir  Lamarque, 
Sevrés  et  Creil],  établit  en  1835  la  grande  usine  de  Ba- 
calan  à  Bordeaux  (voir  les  porcelaines  bordelaises),  dont  les 
successeurs  MM.  Vieillard^  et  C^  y  fabriquent  aujourd'hui  de 
fort  remarquables  poteries  où  les  décors  rappellent  les  meil- 
leures productions  de  Moustiers. 

Letourneau  est  le  nom  d'un  autre  fabricant  à  Bordeaux,  qui 
produit  également  encore* 

Les  collectionneurs  bordelaif  les  plus  zélés  sont  MM.  Azam^ 
Brochon,  Charraupin,  DeMttaison  du  Palan  (Caderon),  Henry 
Dévier,  Ferrère,  Jouriaux  et  Roussel. 

Pour  éviter  des  méprises,  l'amateur  doit  observer  que  les 
armes  de  la  ville  de  Bordeaux  consistent  en  trois  croissants 
entrelacés  et  sont  absolument  les  mêmes  que  celles  de  Diane  de 
Poitiers,  L'engouement  de  vouloir  attribuer  tout  ce  qui  porte 
des  croissants  entrelacés  à  cette  hideuse  courtisane  pourrait 
souvent  entraîner  à  des  erreurs. 

ffVxnopBii.  {mînuièrei). 

FAÎfiNCE  A  ÉMAIL  SrANNIÏÉHE.  VerS  1705 

Fabrique  importante  fondée  au  commencement  du  dix-hui- 
tième siècle,  par  le  potier  Bousquet  de  Marseille,  dont  je  n'ai 
pu  trouver  aucune  trace  parmi  les  faïenciers  de  cette  localité. 
(Voir  Marseille).  Bousquet  maria  une  de  ses  filles,  au  potier 
deNevers,  son  successeur,  qui  à  son  tour  maria  sa  fille  unique 

1.  M.  Vieillard)  TaBoiaipréMtiiUur  de  réupeteor  Napoléon  lU. 


V 


y 


500  POTERIES  OPAQUES 

à  son  successeur,  le  potier  Coissy  de  Rouen^  à  qui  M.  Fougeray 
attribue  avec  probabilité  la  marque 

C.O. 

recueillie  sur  une  céramique  de  sa  collection. 

Un  énorme  plat  rond  de  60  cent,  de  diamètre,  à  décor  ca- 
maïeu bleu,  appartenant  à  madame  Rouvier,  à  Roskofif  (  Finis- 
tère), et  qui  porte  au  revers  un  grand  : 

A. 

me  parait  avoir  été  aussi  fabriqué  sous  la  direction  de  ce  po- 
tier rouennais. 

Coissy  eut  pour  successeur  son  gendre  Belahubaudière,  au- 
quel on  attribue  la  marque  que  voici 


Cet  habile  industriel,  qui  avait  élevé  la  fabrique  à  l'impor- 
tance d'une  manufacture ,  obtint  le  privilège  exclusif  de  la  fa- 
brication de  la  farence  pour  toute  la  Bretagne,  privilège  funeste 
au  développement  de  Tindustrie  céramique  en  cette  province, 
à  qui  la  révolution  mit  heureusement  fin.  La  manufacture 
existe  encore  aujourd'hui  sous  la  raison  sociale  Belahubau- 
dière et  C«,  et  sous  l'habile  direction  de  l'un  des  associés, 
M.  Fougeray  j  elle  occupe  80  ouvriers  et  5  fours. 

L'ancienne  faïence  de  cette  usine  peut  être  divisée  en  deux 
genres  distincts  :  celui  où  le  décor  imite  le  Nevers  de  la  troi- 
sième époque  (chinoiseries-hollandaises  en  camaïeu  bleu  de 
1640  à  1750),  et  celui  fait  sous  Coissy,  qui  est  tout  à  fait  rouen- 
nais en  poli  et  monochrome  et  qui  reproduisait  toutes  les  espèces 
de  la  peinture  rouennaise,  à  partir  du  beau  décor  rayonnant  jus- 
qu'aux cornes  d'abondance.  M.  Fougeray  croit  que  la  fabrique 
a  aussi  imité  le  Moustiers,  mais  je  n'en  ai  pas  encore  rencontré. 
Il  est  impossible,  même  pour  le  connaisseur  le  plus  expérimenté. 


EUROPÉENNES.  501 

de  distinguer  la  faïence  genre  Nevers  de  Quimper,  de  celle  du 
vieux  Nevers  de  la  troisième  époque,  à  laquelle  elle  ressemble 
sous  tous  les  rapports  comme  la  potiche  de  la  collection  de 
M.  le  capitaine  Goguet,  à  Quimper,  le  démontre.  Quant  à  la 
farence  de  l'époque  suivante,  fabriquée  sous  Goissy,  le  connais- 
seur pourrait  quelquefois  la  distinguer  de  celle  de  Rouen  par 
l'épaisseur  de  la  pâte  et  Tabondauce  des  cracelures  de  l'émail 
défectueux  qui  ressemble  à  celui  de  la  faïence  de  Meudon  ; 
mais  le  décor  est  souvent  aussi  beau  que  le  plus  beau  de  Rouen, 
et  se  signal  seulement  pour  l'œil  exercé  par  un  peu  plus  de 
crudité  dans  les  nuances,  et  par  un  bleu  un  peu  plus  foncé. 
M.  le  capitaine  Goguet,  à  Quimper,  possède  également  une 
céramique  fort  remarquable  de  cette  fabrication,  une  potiche 
belle  de  forme  et  de  dessins,  que  tout  le  monde  prendrait  pour 
de  la  belle  faïence  rouennaise  de  la  bonne  époque. 

Cette  manufacture  a  aussi  fabriqué  et  produit  encore  de  la 
faïence  allant  au  feu,  par  exemple  des  plats  festonnés  ovales  où 
l'envers  est  en  brun  chocolat,  et  le  dessus  en  émail  à  fond  blanc 
décoré  de  fleurs,  tout  à  fait  dans  le  genre  de  la  Fabrique  de  la 
làépublique.  (Voir  Ollivier Paris.) 

Les  nombreuses  fontaines  à  côtes  et  les  plats,  les  unes  et 
les  autres,  souvent  en  brun  chocolat,  comme  les  terres  cuites 
attribuées  à  Avignon,  que  l'on  rencontre  dans  toute  la  Bre- 
tagne, sortent  de  cette  manufacture  qui  était  jadis  une  des 
plus  importantes  et  des  plus  artistiques  de  la  France.  L'énorme 
quantité  d'anciens  poncis  que  M.  Fougeray  m'a  montrés  à  ma 
dernière  visite  à  Quimper  dénote  partout  la  main  d'artistes, 
et  quelques-uns  mômes  celle  d'un  maître.  —  Il  y  en  a  de  tous 
les  genres  :  figures,  ornements,  fleurs,  etc. 

Aujourd'hui,  la  manufacture  a  abandonné  la  fabrication  de 
la  faïence  artistique  ;  mais  elle  produit  à  côté  de  son  genre 
varié  de  poteries  de  toutes  espèces  et  de  ses  faïences  communes 
décx)rées  au  grand  feu,  qui  se  distinguent  par  leur  rouge 
éclatant,  si  diflBcile  à  obtenir  au  feu  dur,  du  grès  uni  et 
omè,  dont  la  glaçure  est  le  résultat  de  la  haute  cuisson  et 
non  pas  d'un  vernis,  comme  dans  grand  nombre  de  grès 
anglais. 

Les  poteries,  grès  et  faïences  anciens  et  modernes  de  cette 
fabrique  sont  très-rarement  marqués,  quelquefois  cependant 
ils  portent  une  signature. 


FOTrarm  OPIQDIS 


H.  Adolphe  forguier  est  im  auM  MrimtU;,  qui  tniT^Ue  en- 
core actudlemeat  i  Qoimper  avec  trois  fours. 

H.  Oadsn,  à  Vanufs,  a  dans  sa  collection  denx  asèiettes  dé- 
corées de  Qeura  jaunes,  vertes  et  bruoes,  maïquées  : 


qu'il  attribue  à  cette  seconde  Imbrique  dont  j'ignore  la  date  de 
la  fondation. 

H.  Tanquery  est  à  la  léte  d'une  troisième  fabrique. 

La  liste  des  fabricants  de  faïence  de  1790,  conservée  dans 
les  arcliives  de  Nevers,  mentionne  déjà  de\tx  fabriques  à  Quim- 
per,  mais  le  Dictionnaire  des  Postes  avx  kttres,  par  Lecous- 
turier,  de  1817,  ne  parle  que  d'une  seule. 


FlIBSCK  a  émail  3TAKN1FÉHB. 


BUROPÉENm».  $03 

Wachenfeld^^  de  la  fabrique  d'Anspacb  et  Bayreuth  (aujour- 
d'hui Bavière),  obtint  de  la  ville,  en  1719,  une  concession  de 
terrain  pour  y  construire  un  four  à  porcelaine  et  s'associa,  en 
1720  avec  C/iarZes  François  Hanmg  ou  Hannong,  né  à  Maestrich  en 
1669,  mort  en  1739,  fabricant  de  pipes  à  Strasbourg  depuis 
1 709  * .  Il  paraît  que  la  faïence  a  été  fabriquée  à  Strasbourg  simul- 
tanément  avec  la  porcelaine,  mais  il  est  fort  probable  que  cette 
première  poterie  y  a  ^<é  déjà  faite  bim  avant  1719  ;  cependant 
je  n'ai  trouvé  aucun  document  qui  aurait  pu  me  fournir  des  indi- 
cations. En  1740,  on  voit  apparaître  le  nom  de]  Pau J  Anlmie 
Barmong  et  deuK  de  ses  lils,  Paul  et  Joseph  Sannong,  tandis 
qu'il  ne  fut  plus  question  de  Wackenfeld, 

Les  Dictionnaires  (ies  Postes  aux  lettres,  par  Lecousturier,  des 
années  1802  et  1818,  mentionnent  toujours  une  fabrique  de 
Strasbourg,  comme  fabriquant  de  u  belles  fatençes^  d  ce  qui 
parait  indiquer  qu'elle  n'a  pas  cessé  de  fonctionner  sous  le 
consulat,  l'empire  et  la  restauration. 

Paul  Sanmng  a  marqué  : 


aus^i 


(Une,  surtout,  de  la  collection  Jubinal  montre  la  première 
marque,) 
Joseph  Bannong 


Une  pendule  rocaille,  au  musée  de  Clnny,  porte  sur  le  ca- 
dran en  toutes  lettres  : 

Strasburg 

1.  Voir  l'initiale  à  la  localité  indéterminée j  à  la  suite  de  l'article  des 
faïences  de  Strasbourg  et  Haguenau. 

1.  Bibliographie  alsacienne,  publiée  à  Stra&bourg  eu  1864.  Voir  au  chapitre 
des  porcelaines  hollandaises  qu'un  Hollandais  aussi,  le  nommé  Wytejnaos,  de 
fioiS'le-Duc,  fut  breyeté  pour  la  fabrication  de  la  porcelaine.    ' 


504  POTERIES  OPAQUES 

Une  autre  pendule,  également  rocaillëe,  mais  bien  plus  belle 
et  bien  plus  grande  (1  mètre  15  cent,  hauteur),  et  surmontée 
d'une  statuette  qui  représente  le  Temps,  fait  partie  de  la 
collection  de  M.  Âigoin  à  Paris. 

Cette  pièce  hors  ligne,  qni  est  supportée  par  un  cul-de- 
lampe  aussi  richement  rocaille  que  le  corps  principal,  est 
signée  du  monogramme  de  Paul  Hannong  (1740  à  i760),  et 
ornée  de  cariatides  parfaitement  modelées.  Le  cadran  est  ici  en 
bronze  à  heures  émaillées  et  le  décor,  comme  toujours,  au  feu 
de  réverbère,  en  rose,  bleu,  vert  et  manganèse. 

On  peut  encore  citer  comme  de  forts  beaux  échantillons  de 
la  peinture  à  petit  feu,  exécutée  sur  des  faïences  de  Strasbourg, 
deux  plaques  de  21  sur  28  cent,  de  la  collection  Jubinal  *,  à  Paris  ; 
ce  sont  des  camaïeux  rose  :  l'un  la  Déclaration  d'amour,| l'autre 
V Heureuse  mère  de  famille. 

La  première  fabrique  de  faïence  de  Strasbourg  paraît  avoir 
servi  en  France  de  modèle,  puisqu'on  lit  môme  encore  dans 
une  patente  de  1767,  accordée  à  Maurien  des  Abiez,  pour  l'éta- 
blissement d'une  manufacture  de  faïence  à  Vincennes  «  dansjle 
genre  de  celle  de  Strasbourg,  »  et  «qu'il  était  notoire]  qu'il 
n'existait  en  France  aucune  manufacture  qui  produisît  des 
faïences  comparables  en  beauté  et  solidité  à  celles  de  Stras- 
bourg. »  Chose  singulière  cependant,  la  pétition  des  faïenciers 
de  l'année  1790,  trouvée  dans  les  archives  de  la  ville  deNevers, 
ne  constate  plus  l'existence  d'une  seule  fabrique  de  faïence  à 
cette  époque  à  Strasbourg  même,  mais  bien  de  deux  fabriques 
à  Haguenau. 

M.  J.  Schuh  fabrique  actuellement  à  Haguenau  des  faïences 
blanches  et  brunes,  ainsi  que  des  poêles. 

Les  Hannong  ont  quelquefois  employé  la  dorure,  mais  rare- 
ment. 

(Des  exemplaires  dorés  sont  dans  ma  collection  et  au  château 
de  la  Favorite,  près  Baden-Baden,  j 

La  faïence  de  Strasbourg,  de  toute  l'Alsace  et  de  la  Lorraine, 
a  été  imitée  dans  le  midi  de  la  France,  particulièrement  à 

1.  La  collection  de  cet  amateur  se  compose  d'un  grand  nombre  de  tableaux 
de  tapis,  de  sculptures,  de  cuiTres  repoussés,  de  fers  martelés,   de  bijoux  en 
argent,  etc.,  et  d'un  joli  choix  d'objets  céramiques  dont  une  grande  partie  con- 
siste en  faïences» 


EUROPÉENNES.  505 

Marseille.  Les  produits  de  Strasbourg  et  de  Marseille,  souvent 
sans  marques,  se  ressemblent  beaucoup  et  peuvent  être  facile- 
ment confondus,  puisque  le  vert,  dit  de  Savy,  se  retrouve,  dans 
les  mômes  nuances,  sur  les  faïences  du  Nord,  L'amateur  pour- 
rait cependant  reconnaître  les  faïences  de  Marseille  au  relief 
des  couleurs  des  fleurs  et  ornements  du  décor  quand,  en  passant 
la  main  sur  la  surface  d'une  assiette  ou  d'un  plat,  il  sent  une 
faible  saillie  :  Témail  de  la  faïence  de  Strasbourg  est  bien  plus 
lisse  et  n'offre  au  toucher  aucune  convexité. 

IiOCJLIiITlÊ  IUDÉTEBIHINÉE. 

(Probablement  dans  l'Alsace.) 

Faïence  a  émail  stannifère. 

Des  compotiers  dentelés,  décorés  à  fleurs  roses  et  vertes, 
sur  un  beau  fond  d'émail  blanc,  dans  le  genre  des  faïences  de 
Strasbourg,  sont  marqués  : 


C'est  peut-être  l'initiale  de  Wackenfeld  (voir  Strasbourg). 

On  trouve  aussi  une  marque  semblable  dans  les  poteries 
suisses  (Zurich),  mais  elle  est  du  seizième  siècle  et  dans  le  sens 
opposé. 

«IBOVIJBIIM  (llMMies-Pyrénées). 

Faïence  a  émail  stannifère  (?). 

Il  paraît  qu'il  existe  des  faïences  fabriquées  dans  cette  loca- 
lité, et  qui  sont  marquées  en  creux  dans  la  pâte  des  armes  des 
diics  d'Adrets, 

Avis  aux  chercheurs  I 


Terre  cdtte  sans  couverte.  nooà  1746 

GuiL  Coustou  père,  né  en  1678,  mort  en  1746,  de  qui  le 
Louvre  possède  un  Hei*cule  sur  le  bûcher,  le  morceau  de  récep- 
tion à  l'académie,  exécuté  en  1704.  Deux  statuettes  de  cet  ar- 
tiste, en  terre  cuite  sans  couverte,  et  représentant  toutes  les 
deux  des  Baccbus  de  différents  âges,  font  partie  de  ma  collec- 
tion. Elles  ont  23  centimètres  de  hauteur. 

43 


006  rOTEBlJfô  OPTIQUES 

'A  48  tikimètres  d'ATfgson. 
BeHBE  cuite  ^làU  VERNIS  ÎLOHBIPèftE.  HSO 

Faïence  a  émail  stannifèoe.  Jusqu'à  ' l'époque  actuelle. 

'Des  terres  cuites  marbrées,  ^tyte 'Louis  X^Vl,  d'nne  confor- 
mation toute  moderne,  et  qui  offrent  ordinairement  aussi  peu 
de  caractère  artistique  que  les  terres  de  pipe  anglaises  aux- 
quelles elles  ressemblent  par  leurs  formes.  M.  Edouard  Pascal 
possède  cependant  un  beau  vase  de  cette  fabrique.  Orléans 
en  1780,  et  Rubelles  en  1836  ont  travaillé  dans  le  même  genre; 
on  en  a  fabriqué  également  à  Thuin,;  près  Perpignan.  La  colfasc- 
tion  des  Arts  et  Métiers,  à  Paris,  possède  des  échantillons  de  la 
fabrique  moderne  d'Apt.  M.  E.Pascal.a  aussi  dans  sa  collection 
un  porte-huilier,  jaune  nankin,  de  forme  rocaille,  sur  lequel  se 
trouvent  quelques  ornements  qui  rappellent  le  style  de  la 
Renaissance. 

On  rencontre  des  pièces  dotant  du  dix-huitième  siècle, 
marquées  : 

R. 

La  première  fabrique  aété  fondée  en  1718,  à  Gastellet,  dans 
le  Luberon,  à  huit  kilomètres  de  la  ville,  par  le  potier  Moulin , 
fabrique  qui  fut  transférée  plus  tard  à  Apt. 

Bonnet  y  établit  ime  seconde  usine  en  f7S5  ;  elle  est  encore 
aujourd'hui  en  pleine  activité,  et  Sèvres  possède  d'elle  un 
échantillon. 

Six  autres  établissements  y  fabriquaient  simultanément  avec 
M,  Bonnet,  et  expédiaient  leurs  produits  en  Espagne,  en  Italie 
et  dans  les  colonies. 

Le  Dictionnaire  des  Postes  aux  lettres,  par  Lecousturier,  de 
Tannée  1817,  mentionne  une 'fabrique  de  faïence;  mais  celui 
de  1802  ne  parle  d'aucune.  Il  y  eut  cependant,  à  cette  date, 
l'usine  de  la  veuve  Arnoux,fit.en  .1830. celle  de  ^.  Reybaud. 

Actuellement,,  il  y.  a  à  .Apt  les  .manufactures  de  faïences  de 
MM.  Aquillon,;  —  Andibert; — .E.-rH.  Bonnet;  —  J.  Bonnet; 

—  Brémond;  —  Esberard; —  .Matthieu;  —  H.  Parret;  — 
Chaix  ;  —  Coupini  ;  —  Jfartin^;  —  Heybaud,; —  .F.  Reybaud  ; 

—  Seymard  et  Zicher. 


il 


TAii-souii-MEinMtXx  ois;  WÊAm^wmwnmm,  prèM,  mtatim* 

Faïence  a  émail  stannifèke.  Vers  1720 

Cette  fabrique,  qui  avait  ses  fours  au  lieu  dit  :  Le  Bu-Côu- 

vert,  au  Val-sous-Meudoriy  existait  encore  en  18i8;  mais  elle 

ne  produisait  alors  que  de  la  vaisselle  commune  en  terre 

de  pipe. 
Un  saladier,  appartenant  à  M.  de  Marne,  ancien  maire  de 

Meudon,  et  q^i  avait  été  faii  pour  son*  grandrpère,  Claude 

Pelisie,  serrurier  du  roi,  des  châteaux  de  Meudon  et  de  Bellevue, 

et  de  la  manufacture  de  Sèvres,  est  marqué  :  • 

Claude  Pelisie j  nie. 

Un  1  plat  ovale,  de  cette  mâme  provânance, ,  est  marqué  : 

3P' 

Le  fabricant  de  poteries  à  Meudon  aurait41  porté  le  même 
nom  que  le  serrurier? 

C'est  une  pâte  exioessivemeiit  ëpais6e^.lounle  ebmodeiée  très- 
grosBièarement.  L'éinaii  est  biauâtm)  et;,  entièrement  fendillé 
de  grosses  craquelures^  mais-  lo  dessin  de. la  bordure^  en 
camaïeu  bleu  sur  fond  blanc,  a  beaucoup  de  cachet^  et  paraît 
être  exécuté  sans  poncis.  Le  défcor  de>  rintérieur  du  plat 
représente  un  atelier  de  serrurier  avec  tous  ses  ustensiles;  on 
y  voit  un  homme  à  l'enclume  et  un  autre  à  la  forge. 

Un  plat  festonné  de  cette  pmvenance ,.  dans* la.  collection 
Michel  Pascal^  est  décoré  d!uii  cau^rosse  armorié  d'un,  écusson 
à  deux  C  entrelacést  en  sena  inverse  (comme!  la  monogramma 
de.  la  faïence  du  comte  deCustine  de  Niederviller),  surmonté, 
d'une  couronne  de  comte,, et  porte  en  toutes  lettres  le:  nom.de. 
la  personne  à  laquelle  le  plat  a< appartenu  :. 

M.  Sàmontf  1738. 

M.  E.  Lamasse  s  qui' demeura^  aussi  ài  Meudon,  possède  un. 
autre  plat  de  cette  fabrique,  lequel  est  également  décoré  en 
camaïeu  bleu,   avec*  un  ornement  au-  milieu;  Le  détor  res- 

1.  M.  E.  Lamasse  s'est  fait  oonatruire  à  Meadon  une  maison  gothique  à  l'in- 
star dé  celles  qu'on  voyait  jadis  en  AUace.  Il  a  installé  la  sa  collection,  qui  se 
fait  remarquer  par  des  meubles  dé  la  reoaàiemoe'dlfaBiaiider, 


508  POTERIES  OPAQUES 

semble  à  celui  des  faïences  de  Rouen,  mais  la  pâte  en  est  bien 
plus  lourde ,  et  rémail  bien  plus  mauvais. 

Le  Dictionnaire  des  Postes  aux  lettres,  par  Lecousturier,  de 
Tannée  4  81 7,  mentionne  une  fabrique  de  poterie  à  Meudon; 
mais  celui  de  1802  n'en  parle  pas. 

La  fabrique  de  MM.  Mettenhoff  et  Mourot  marque  : 

M.  M.  (estampillé  en  creux  dans  la  pâte.) 
CIiEBMOlfr-VEBBAlfl»  (  Pay-dc-Ddme) . 

Terre  cuite  au  vernis  plombifèhe.  Vers  4  720 

Faïence  a  émail  stannifère.  Vers  i730 

La  terre  cuite  vernissée  de  Clermont-Ferrand  est  ordinaire- 
ment en  brun  nuancé  comme  la  carapace  polie  d'une  tortue  ; 
ces  poteries,  coloriées  ainsi  au  moyen  du  manganèse  ferrugi- 
neux, se  distinguent  de  celles  d'Avignon  par  des  nuances  plus 
foncées,  mais  plus  claires  cependant  que  celles  des  poteries  de 
Monte-Lupo  en  Italie. 

La  fabrication  des  faïences  à  émail  stannifère  introduite  à 
Glermont  par  le  potier  Claudessole,  qui  s'y  était  établi  dans 
la  rue  Fontgievre,  s'est  révélée  avec  certitude  par  la  belle  buire 
ou  aiguière  de  la  collection  de  M.  Edouard  Pascal  à  Vans, 
pièce  qui  porte  en  toutes  lettres  : 

Clermont-Ferràndj  1734. 

Sans  l'inscription,  cette  faïence  aurait  pu  passer  pour  un 
produit  de  Mousliers  ;  composée  d'une  pâte  et  recouverte  d'un 
émail  pareil  à  celui  des  faïences  de  cette  localité,  elle  est  déco- 
rée, ainsi  que  son  similaire,  d'ornements  à  arabesques.  Ces 
ornements  se  terminent  sur  le  devant  de  la  panse,  par  l'image 
allégorique  du  Temps,  tenant  une  faux. 

On  connaît  encore  un  pot  à  eau  de  la  fabrique  de  Cler- 
mont  ayant  appartenu  à  M.  Rossignol,  seigneur  de  Balagny,  et 
qui  porte  ses  armoiries  ainsi  que  l'inscription  : 

CouYalescence  de  M.  Rossignol,  intendant  d'Auvergne  ;  M.  Pyrol,  trésorier 

de  l'Ordre,  26  mars  1738. 

Les  Dictionnaires  des  Postes  aux  lettres,  par  Lecousturier,  des 
années  1802  et  1817,  mentionnent  une  manufacture  de  faïence 


EUROPÉENNES.  509 

à  Clermont-Ferrand  et  il  y  a  encore  actuellement  celle  de 
M.  Lacollange-Baricaud. 

Des  fouilles  opérées  dans  les  pays  environnants  ont  mis  a 
jour  une  grande  quantité  de  haches  et  autres  ustensiles  cel- 
tiques de  l'âge  de  la  pierre,  et  encore  bien  plus  d'antiquités 
romaines,  gallo-romaines  et  gauloises. 

Le  nombre  prodigieux  de  poteries  romaines  et  gallo-romaines 
trouvées  dans  l'ancienne  Augustonemetum ,  accuse  l'impor- 
tance de  cette  colonie  romaine  ;  on  a  recueilli  plus  de  quatre 
cents  noms  de  potiers  romains  et  gallo-romains. 

La  ville  possède  un  musée  d'antiquités  sous  la  direction  intel- 
ligente de  \i.  Bouilli. 

DEMVREM  (Pas-de-Calais). 

Poteries  (?).  Vers  1725 

Cette  fabrique  établie  d'abord  par  César  Boulonne  à  Colom- 
bert,  village  près  Boulogne  fut  transférée  en  1732  à  Desvres  où 
Dupré  Poulaine  a  continué  a  produire  jusque  vers  1732. 

M.  Reynolds,  à  London,  possède  plusieurs  échantillons  qu'il 
tient  de  la  famille  des  Dupré-Poulaine  même. 

L'un  est  signé  : 

Desvre. 

Un  autre  en  marge  : 

D,   P,  [Dupré-Poulaine.) 

11  existe  encore  aujourd'hui  à  Desvres  une  fabrique  de  car- 
reaux de  faïence. 

Bourg  dans  le  département  du  Var,  à  7  lieues  de  Moustiers. 

Faïences  a  émail  stannifère.  1730  à  1740 

La  première  fabrique  de  cette  faïence  de  vaisselle  peu  artis- 
tique, a  été  fondée  par  Bertrand,  dont  les  descendants  se  trou- 
vent encore  aujourd'hui  à  la  tête  d'une  des  quatre  fabriques 
existantes,  qui  ne  fabriquent  cependant  que  de  la  faïence  très- 
commune. 

Bayol,  Grosdidier, 

Clérissy,  Guignon, 

Fabre,  Laurent, 

Grégoire-Richeline,       Montagnac, 

43. 


540  POTSUB»-  oFAtnms 

sont  les  autres  pfctiers  connus  de  Yàrages»  Ea*  marque  d^iine 

T(noire,JUeuftûKr0iige  tracéAaapiiiAeftu] 

est  le  signe  aUribuë:exciusiveanent,maisià  tort,  ai oeite  localité 
à  laquelle  on  ne  deyrait  l'attribuer  que  lorsque-  tout  le  realalB 
permet.il  existe  beaucoup  d'autrBsfaïenGBSrëgaleinBnt  marquées^ 
d'une  croix  et.  qui  nersontuullement  de  Varagesi  On  pourra  plu- 
tôt indiquer  comme  sig^adisUnotif  les  contours  dadécor  tracés 
au  noir.  Beaucoup  do. ces  faïencesr  sont  décorées  à  deeâns  chir 
nois  dans  le  genre  de  Strasbourg,  de  Sinceny  et  do  Marseille. 

Brouchier  y  fabriquait  versi  1837. 

MM.  Bertrand  ;  —  Guion;  —  Etienne  Nielet  Eoujs  Niel:yfar 
briquent  encore  aujourd'hui. 

TJLI.Eli€IBinnBS  (Iford). 

Faïence  a  émail  stannifébe.  i.73Q  à  1780 

Tebre  cuite  sans  couverte-.  178.0  à.  1795' 

On  sait  que  Claude  et  François.  Louis  Dorez,  fils  de  Banthér 
lémy  Dorez,  le  potier  de  Lille,  y  établirent  et  dirigèrent  des  fa- 
briques de  faïence  de  1730  à  1748.  Le  potier  Bicard  était  à  la 
tête  d'une  autre  fabrique  de  1755  à  1779. 

J.  M.  Renaud,  céramiste  et  graveur-modeleur. 

Cet  artiste  reçut  le  titre  d'agrégé  à  l'académie  de  Valencfennes, 
le  2  novembre  1780,  après  la  présentation  de  quatre  petits  bas- 
reliefs  de  forme  ovale,  de  11  centimètres  de  haut  sur  ^  de 
large,  qui  se  trouvent  actuellement  encore  au  musée  de  cette 
ville,  réunis  dans  un  cadre  sous  le  n"  390.  Les  sujets  représen- 
tent :  les  Titans  foudroyés,  la  Famille  de  Niobé,  le  Festin  des 
Dieux  dans  V Olympe  et  la  Danse  dès  Nymphes, 

Renaud  fut  nommé  l'année  suivante:  académicien.  Son:  Tosm- 
ceau  de  réception,  101  médaillons  à  bas-reliefs,  classés  dans 
quarante-neuf  cadres,  dont  l'artiste  avait  fait  hommage  à  l'aca- 
démie, a  disparu  sous  la  République. 

Les  registres  de  l'académie  ne  contiennent  aucune  indication 
sur  le  lieu  de  naissance  dé  ce  graveur-modeleur,  qui  probable- 
ment était  natif  de  Valenciennes  ou  de  Sarreguemines. 

J'ai  vu  des  médaillons  en  modules  bien  plus  petits  que  ceux 
désignés  ci-dessus,  et  en  quelque  sorte  plus  artistiques  que  les 
bas-reliefs  de  Nini,  et  marqués  en  creux  dans  la  pâte  : 

R.  et  aussi  L  M.  Renauc^» 


Bum)PÉranrfis;  54*1 

On  les  rencontre  dans  plusieiirS'-  collections' à^  Pansf  ils  sont 
ornés  de  bas-reliefs  d'après  l'antique,  de  sujets  myrtiolbgiques 
et  autres,  et  d'efflgiea  de  personnes  célèbresderépoque.  Ê'un 
est  orné  du  bas-relief  du  buste  de  Paul  Jones,  commodôre^ 
américain.  On  conmAt  un*  médùiUbm  en,  cire^  de"  la  fin  dit  dix- 
huitième  siècle,  qui  est  signé'  GuUlmtme  MtirUn  Rimaud-  (Voir 
Encyclopédie,  etc.,  par  Bièftro  Zani.  PftrmB^  i"8S8)i  Est-ce- là  le 
même  artiste  ? 

Eugène  Rendu,  à  Paris,  avait»  dans  sa»  collection  deux  petits- 
bas-reliefs  carrés,  signés  : 

R.  P. 

Au  musée  der- la- ville  de  Vàrzy.,.  ws  charmant  médaillon  en 
terre  cuite,  de  75  millimètres  de  diamètre,  où  l'artiste  a  repré- 
senté en  reWQt  une j  Offrande  au  Faune,  est  signé  : 

M  I  Renaud  F. 

Le  catalogua  dumixséè  Lorin,  de  la  ville  de  Bourg,  men- 
tionne deux,  médaillons  mythologiques  en  terre  cuite,  signés  : 

I,  Renaudli799. 

La  collection  de  Lecarpentier,  vendue  après  sa  mort,,  en 
mai  1866,  contenait  deux  bas-relieifs  :  l'un.  Famille  de  Satyre,  et 
Satyre  surprenant  une  femme  endormie,  et  l'autre.  Divinités 
de  la  Fable;  ainsi  que  dnq  petits  médaillons:  la  Balançpire, 
rAïUD.ur  monté  sur  un  cheval >,  etc..  (n*>'  405  à  407  du,  catar 
lo^e). 

Madame  veuve  Le£èvi»-Gousyn  fabrique  encore  aujourd'hui.  à< 
Y^lenoiennes  de  la.potarae  émaillée^. 

WàmmÛWMMÀX.  (SEenrthe), . 

Faîencit  a  email  STAîmiFBBE;  Vers»  1 734' 

Terre  de  pipe  (cailloutage). 

Établie  au  faubourg  de  Willer^  par  Jhcques  GTiaimbrette , 
en  1731,  la  manufacture  fut  plus  tard  connue  sous  le  nom  de 
la  manufacture  de  Stanislas,  roi  de  Pologne; 

Charles  Chambrette,  Gabriel  Chambrette  son  fils^,  Charles- 
Loyal,  son  gendre,  et  Guny  et  Relier,  ces  derniers  vers  1788^ 
en  fbrent   successivement  les  propriétaires.  Elle  appartient 


512  POTERIES  OPAQUES 

acluellement  à  HH.  Keller  et  ûuéria;  le  premier  esl  le  petit- 
filg  du  Kellerdsl788. 

Une  autre  manufacture  à  Lunéville  appartient  à  Af.  Adrien 
Evrat. 

Toutes  ces  jardinières,  de  Tonne  circulaire,  et  ornées  de  ces 
charmante  décors  Pompadour-Votteau,  sur  fonds  de  paysage, 
et  qui  se  signalent  par  la  manière  esquissée  de  leurs  dessins, 
sortent  de  la  fabrique  de  Lunéville ,  où  les  moules  existent 
encore.  Une  de  ces  pièces  fait  partie  de  ma  collection. 


Des  corbeilles  à  jour,  dans  le  genre  des  porcelaines  de  Saxe, 
des  lions  et  des  chiens  assis  et  couchés,  ces  derniers  souvent 
en  grandeur  naturelle,  proviennent,  en  majeure  partie,  de  ces 
fabriques  de  Lunéville,  où  Schneider  était  un  potier  renommé. 
L'ancienne  faïence  de  Lunéville  esl  trèa-lèg&e  et  ressemble 
presque  à  de  la  terre  de  pipe. 

Les  belles  faïences  sans  marques  [jardinières,  par  exemple), 
aux  formes  qui  rappellent  celles  attribuées  faussement  à 
Sceaux-Penthtèvre,  où  l'émail  est  blanc  et  suave,  et  le  dëcw 
souvent  à  simples  filets  ou  à  petites  fleurs  d'or,  sont  presque 
toutes  de  Lunéville.  (Voir  ces  pièces  au  musée  de  Bouen.) 

Cyflet  (Paul-Louis),  modeleur  et  statuaire,  né  à  Bourges 
en  1724,  qui  a  aussi  travaillé  à  Kiderviiler  et  à  Nancy,  vint  se 
lixeren  1746  à  Lunéville,  ou  il  a  laissé  des  groupes  et  statuettes 
en  biscuit  d'une  grande  Gnesse  d'exécution,  et  des  statuettes  en 


EUROPÉENNES.  5i3 

terre  cuite  de  Lunéville,  connue  sous  le  nom  de  Terre  de  Lor- 
raine K 

On  peut  citer  le  Baiser^  joli  groupe  dans  la  manière  de  Fra- 
gonard  et  de  Houdon,  ainsi  qu'un  beau  buste  de  Voltaire,  dont 
M.  Valferdin,  à  Paris,  possède  des  exemplaires  marqués  au- 
dessous  du  pied^  en  creux  dans  la  pâte  : 

Cyfletj  à  Lunéville, 

Cette  môme  signature  a  été  recueillie  sur  un  groupe  de  joueurs 
de  cornemuse  de  la  collection  de  MM.  D.  M.  Davidson. 

Le  groupe  de  Henri  IV  ^  et  de  Sully,  et  celui  de  Bélisaire, 
ainsi  que  la  statue  en  pied  du  roi  Stanislas  se  trouvent  à  la 
bibliothèque  de  Nancy. 

Une  statuette  en  terre  de  pipe  blanche,  au  vernis  plombifèrej 
au  musée  de  Cluny  (2177),  est  encore  une  œuvre  de  Cyflet. 
Cette  statuette  représente  le  fils  de  Paul  Rubens,  petit  en- 
fant, assis  sur  une  chaise.  Il  est  modelé  d'après  le  tableau 
peint  par  ce  grand  artiste  en  i627,  et  qui  se  trouve  actuelle- 
ment au  musée  de  Stadel,  à  Frankfurt-sur-Mein,  tableau  qui  est 
sorti  de  la  collection  du  duc  de  Valentino,  prince  de  Monaco, 
entre  1737  et  1752.  Salvador  Carmona  l'a  gravé  sur  cuivre 
en  i762,  et  dédié  la  gravure  au  marquis  de  Grimaldi.  (Un 
exemplaire  de  cette  gravure  dans  les  cartons  de  M.  Dusomme- 
rard  et  un  autre  dans  les  miens.) 

Des  trois  fils  de  Cyflet,  Stanislds  se  fit  peintre,  François  ingé- 
nieur, et  Joseph  succéda  à  son  père. 

Le  musée  de  Sèvres  possède  un  groupe  :  VOiseau  mort^  qui 
est  marqué 

François, 

signature  qui  pourrait  bien  être  celle  du  jeune  ingénieur. 
Un  groupe  :  Léda,  appartenant  à  M,  Bryant,  est  signé  : 

Léopold 
Terre  de  Lorraine 


1 .  Madame  CaiUard,  à  Paris,  possède  un  grand  nombre  de  médaillons  en  terre 
cuite  qui  se  rapprochent  tant  soit  peu  des  œuvres  de  Nini  (artiste  dont  on  trouve 
la  biographie  ci-après).  Je  pense  que  ce  sont  là  des  terres  cuites  de  la  Lorraine. 

2.  J'ai  aussi  rencontré  ce  groupe  en  faïence  émaillée  signé  en  toutes  lettres 
Huet.  Est-ce  une  cootrefaçon? 


0 1  '4  POTBIIIKS^  OPÂt)UES 

La  pétition  des  ftrTiramew  de  l'année  4790^  conservée  aux 
archives  de  la  ville  de  Nevers,  constate  Texisteiice,  à  cette 
époque,  de  trois  fabriques  de^fàrencé  à  Luné vHle;  mais  le  Dic- 
tionnaire des  Pùstes  aux  lettt^Sy  par  Leeousttirier,  des  aniréês- 
1802  et  18^7,  n'en  mentionne  plu&  qu'une  seule. 

MM.  Keller  et  Guérin,  les- propriétaires  de  la  manufkotur&la 
plus  importante  qui  existe  encore  aujourd'hui  à  Lunéville, 
marquent  en  blanc  au  poncis  : 

K^et  G 
LUmVILLE. 

On  y  fabrique  des  faïences  dans  le  bleu,  de  Nevers  d!une 
grande  pureté,  et  d'un  bon  marché  incroyable^  Le  fond  bleu  à 
décalques  blancs  et  jaunesfixes,  s'y.  fait  égalemenU.MM..  Keller  et 
Guérin  fabriquent,  en  outre,,  des  faîenee&  à  décor  polychrome, 
QÙ  le  vert  et  la  rose  dominent.  Ce  sont  des  bouquets:  et  des 
fleurs  sur  fond  blanc,  tout  à  fait  dans  le  genre  de  l'ancien 
Strasbourg,  mais  le  décor  est  bien  plus  commun. 

Une  autre  fabrique  appartient  à  M.  Adrien  JEî;ra<. 

Actuellement  la  Lorraine,  ne  possède  guère  qu'une  dizaine,  de 
fabriques  de  ce  genre. 

Voir  aussi  la  note  de  renvoi  k.Sincenyy  concernant  un  mo- 
nogramme composé  d'un  G  et  d'un  S,,qjie  j'ai  attribué  à  Joseph. 
Le  Cerf;  des  Islettes,  établi  dans  le.  temps  à  Sinceny^  et  q^ii. 
pourrait  bien  être  un.  monogramma  de  Lunéville.  ou  de.Nider- 
viller. 

A  1 0  kilomètres  de  LunéTille. 

Faïence  a  émail  stannifére,  à^  partir  de  la  seconde  moitié  du 
dix-huitième  siècle. 

Môme  fabrication  qu'à  Lunéville  et  à  Niderviller,  c'est-à-dire 
la  plupart  des  faïences  décorées  au  petit  feu  de  réverbère. 

La  liste  des  faïenciers  pétitionnaires  de  l'année  1 790,  con- 
servée aux  archives  de  la  ville  de  Nevers,  mentionne  une 
fabrique  de  faïence,  en  activité  à  cette  époque,  à  Saint- 
Glément. 

M.  Caillot,  à  PariS),  possède  un  petit  plateau  octogono,  dé- 
coré d"un  paysage  et:  qui  est  marqué  en  toutes  lettres  : 

s*  Clément 


J 


SURÛPÉ£NN£S.  c>io 

UIlHICHeS  (nante-Tleniie) . 

Faïences.  A  partir  de  17.3.7,  jusqu'à  ce  jour. 

Massé  ou  Massie  obtint,  en  1737,  l'autorisation  d'établir  une 
manufacture  de  faïence  àXimoges,  jQii.il  s' associa  plus  tard 
avec  un  nommé  lî'awmem^et.les  frères  Gre/Ze(,  pour  la  fabrica- 
tion de  la  porcelaine.  (Voir  PotCBlaine  de  Limoges.) 

.On  sait,  par  laliste  des  pétitionnaires  faïenciers  conservée  à 
Nevers,  qu'il  existait  encore,  en  1 7.90,  .une  fabrique  de  faïence 
k.Lïmq^QSt.QiiM.J^JPouyat  fabrique  actuellement,  et  marque  : 

-"  J.  P. 

L. 

M,  Dussent  fils  aîné,  y  fabrique  de  la  faïence  et  de  la  po- 
terie. 

.flUBHliBCY  (Setne*e4HOkif$), 

A  7  kilomètees  .de  Gorbeil. 

Faïeekce  a  Émail  sTANNrFBHE.  Vers  1735 

On  verra  au  chapitre  des  porcelaines  françaises,  que  la  pcUe 
tendre  s^est  Éabriquée.à  Mennecy-Villeroy  {chàiesM)^  vers  nSo, 
et  cela  sous  la  protection  du  maréchal  de  Yilleroy. 

Certaines  faïences  à  décor  polychrome,  attribuées  jusqu'ici 
à  Rouen,  doivent  être  restituées  à. la  fabrique  de  Mennecy. 

Le  décor  de  ces  assiettes  et  plats,  ordinairement  festonnés 
et  d'une  pâte  lourde,  représente  souvent  des  oiseaux,  espèces 
de  perroquets  entourés  ideJoranchage^,  de  feuilles  et  de  fleurs, 
et  tels  qu'on  les  rencontre  sur. les  faïences  rouennaises,  où  les 
oiseaux  sont  le  plus  souvent  en  bleu,  tandis  que  ceux  du  décor 
de  la  îaïence  de  Mennecy  sont  ordinairement  d'un  vei^t  jaunâtre 
qui  rappelle  le  vert  de  Delft. 

Les  têtes  de  ces  perroquets  ressemblent  aussi  dans  le  décor 
de  Mennecy  plutôt  à  des  cailloux  ronds  taillés  (  07iyx  ou  aga- 
the  ),  qu*à  des  têtes  d'oiseaux. 

Des  œillets  bleus  et  d'un  rouge  vif  jaunâtre,  tirant  sur  la 
brique,  des  branchages  d'un  brun  noirâtre  et  la  présence  de 
papillons  qui i accompagnent  presque  toujours  les  oiseaux^  «ont 
entcore  des  signes  qui  peuvent  ^ider  pour  faire  distinguer  la 
ÊafiBnoe  de  Mennecy  de  selle  de  Rouen ,>  dont  la  teinte  de  l-émail 
bhmc  est  ^presque  aussi  kméme. 


516  POTERIES  OPAQUES 

Depuis  que  j*ai  acquis  la  certitude  de  Texistence  de  cette 

faïence,  je  n*ai  pas  encore  rencontré  de  pièces  marquées, 

mais  le   monogramme 

D.  V. 

Celui  du  duc  de  Villeroy,  ordinairement  estampillé  en  creux 
sur  les  porcelaines  à  pâte  tendre  de  Mennecy,  pourrait  aussi 
bien  être  la  marque  de  la  faïence. 

Une  théière  de  la  collection  de  M.  Eugène  Laurent,  à  Paris- 
Montmartre,  et  une  assiette  festonnée  de  ma  collection,  toutes 
deux  de  Mennecy,  offrent  les  signes  distinctifs  indiqués.  La 
belle  faïence  de  ce  genre  est  fort  rare  et  paraît  a^ftir  été  fa- 
briquée en  très-petite  quantité,  mais  on  rencontre  en  pro- 
fusion de  la  faïence  plus  commune,  plus  récente,  et  bien  plus 
grossièrement  peinte,  qui  paraît  de  la  même  provenance  ou 
des  environs  de  Mennecey.  Tels  sont  les  quatre  grands  plats 
creux,  enseignes  de  marchands,  de  la  collection  de  M.  Eugène 
Laurent.  Les  inscriptions  de  ces  plats  sont  intéressantes  en  ce 
sens,  qu'elles  prouvent  que  Strasbourg  a  aussi  imité  le  décor 
japonais  : 

Magasin  .  de  bouteilles  .  a  serises  .  et  cloche  .  poar  jardin. 

Magasin  .  de  poteries  .  de  toutes  espèces. 

Magasin  .  de  fayence  de  Strasbourg  en  japonée  .  camayeu  .  rose  et 

verd  .  terre  de  pipe  et  autre. 

Magasin  .  de  cristal  de  bôeheme  .  dallemagne  .  et  de  France. 

ITAIIYEBT  («ard), 
Petite  Tille  à  20  kilomètres  de  Nîmes. 

Terre  cuite  au  vernis  plombifère  et  gravée.         Vers  1736 
La  Gazette  des  Beaux-Arts  en  a  mentionné  un  plat  signé. 

SIMCENT  (Alsne)^ 

Village  près  Chauny,  en  Picardie,  dont  l'orthographe  était, 
j  usqu  'en  1745,  Sincheny . 

Faïence  a  émail  stannipêre.  Vers  1737 

La  première  manufacture  y  fut  établie  par  Baptiste  Fayard, 
gouverneur  de  Chauny,  seigneur  de  Sinceny,  qui  obtint  des 
lettres-patentes  en  1728.  D'après  les  documents  importants  que 
possède  M.  Fouquet  à  Sinceny,  il  résulte  que  la  fabrication  n'a 


1 


I 


EUROPÉENNES.  SI  7 

commencé  qu'en  1737,',  sous  !b  fils  du  seigneur  Fayard, 
comme  cela  ressort  de  la  phrase  :  Depuis  1737,  il  est  proprié- 
taire, par  succession,  tfune  manufacture  de  faïence,  contenue 
dans  une  pétition  adressée  auComité  du  Salut  public  de  Chauny, 
par  Fayard,  pour  obtenirs  a  mise  en  liberté;  pétition  que  M.  Lam- 
bert a  rapportée  dans  une  notice  publiée  par  lui  à  Sinceny. 

La  fabrique  du  seigneur  Fayard  fut  installée  en  1737  par 
le  potier  André  Joseph  Le  Comte  ■,  établi  depuis  1733  à  Lille,  et 
enterré  à  Sinceny  en  (705.  L'origine  de  cette  fabrique  dérive 
donc  encore  du  Nord,  des  écoles  hollandaise  et  flamande,  et  non 
pas  de  celles  du  Midi. 

Les  produits  de  la  manufacture  de  Sinceny  peuvent  être 
divisés  en  trois  époques  : 

<°  Faïences  dans  le  goût  de  Delft  et  de  Rouen,  où  le  décor 
est  souvent  en  camaïeu  bleu;  De  1737  &  1770 


I.  (CoIlcclioD  Lectrp«alier.] 


20  Faïences  dans  le  genre  des  fabriques  de  la  Lorraine,  dé- 
corées au  petit  feu  de  réverbère,  et  où  le  ro^e  et  le  vert  do- 
minent, comme  dans  les  faïences  de  Strasbourg  et  de  Marseille. 


5i^  POTSfiOB  lICUliQUES 

Lexhinois  .marseillaiB  s'y  rencontre  souvent  «ur  les  assiettes, 

qui  sont  ordinairement  â. bords ifestonnës;         De  1770  à  1760 

3<^  .Faïences  de  la  dé«sadenGe^>;c^5t*à-diFe<  dîun  décor  grossier, 

où  le  vert  domine,  «et  qui  sont  encore  'bien  plus  souvent  en 

blanc  sans  aucune  ipeinture.  De  4760  jusqu'à  ce  jour. 

Les  premiers  peintres  rcéramist^  de  xïette  manufacture , 

mentionnés  dans  des  documents  de  famille  de  %.  F.  Touquet 

fils,  à  Sinceny,  petit-fils id^un  des  anciens  propriétaires,  du 

successeurs  de  Fayard,  étaient  : 

Michel  Quetenilk,  Vers  1737  à  1736 

Malriat,  Wers  1737  à  1736 

Aleœandre  Daussy,  Ver-s  1737  à  1738 

Les  archives  des  villages  ont,  en  outre,  conservé  les  noms  de  : 

Pierre  Pellevé,  premier  directeur  de  la  manufacture.         1 737 

Pierre  Jeannot,  peintre  céramiste  de  Rouen,  1737 

Philippe  -  Vincent   Coignard    fils ,    peintre     céramiste   de 

Rouen,  1737 

Antoine  (7oîgnorSTpBre,|peintre.Gëramiste  de.iRouen,        J737 

Léopold  MabnfMtiy^mimiû  ôirBcJbsat.  ©©,1738  à  1775 

Julien  JMotQ^,  Pieinœ  JJhqpÉUe^JtntmneJJhqpélle  et  Joseph 

Berfoiw;,fpeirtliHB<ite  ^ouen,«Mtaient:teBaUtreStTtéramistBB  connu 
de  la^pimnièreiépjsquB. 

Apiààsxeus-là, liesdaBumentede 'M.'FûuguetniBntionnent  : 
Beitirundyi^TukfB,  Vbbb  4742 

Gto6v«Z.Morï?i/Ti«iiïtfejîto9Brs,ttournBur.  if.743 

^ors  .f77SPD,'te:£abÊigue'0]mupaHLti!BiUe'!^^  tandiSiqiiB  la 
pétteion  deiFan  Iltne  pBrftefplus  qMBotoHasBrite  ouvrier&en'tout. 
FayHrt  aiauflsi  lait  LfabriquBi;,(BnH77tfï),  une  centaine  de  sta- 
tuettes eni,tflFi©  'laiite' et '.peintes  èifrom,  .gûi  nont  M  pDuces  de 
hauteur,i«,  qûirrapréaaiUBit^daBnrDigiiersdeirêpDrque,  tant  ca- 
valiers quB&iltBfiainB  Ayant  vëiécdfiStinées'Tà'un^  étranger, 
il  paraît  que  l'envoi  nikiap«6  n&ja  tim^  ♦et  .ig»e  «ces  figurines  ont 
été  vendues  en  détail.  H.  ^ïtegudt  *ien  possède  une  qui  repré- 
sente un  soldat  de  l'infanterie  ^ 

Claude  Borne  ,  peintre  céramiste  de  Lille,  et  qui  avait  tra- 
vaillé bngiiemps  à  Hlot4«n,  «e  ifiaaft  durant  nine  année,  de  1751 
ài7S2,à  Sineeny,  d'où  jl  partit  ipourlBooriiick  {Tournât/),  de 
làipaurjfotzs. 

1 .  Quelques  personnes  de  la  localité  croient  que  c'étaient  plutôt  des  jovels 
d'enfants. 


EUROCÉBïfNfB;  5i^ 

De  la  seconde  époque,  celle  de  la  fabrication  des  faïences 
genre  Lorraine,  décorées  au  petit  feu  de  réverbère,  onconnaît: 

Pierre  Bertrand,.  peiniTe  céramiste  lorrain; 

François-Joseph  Ghail^  peintre  céramiste-de  Doornick  (Tour- 
nay);  et 

Joseph  Le  Cerf,  peintre  céramiste  des  Islettes,  en  Lorraine, 
de  qui  un  plat  ovale,  ondulé  et  festonné  de  bonds,  et  décoré  de 
fleurs  bleues,  vertes,  jaunes  et  roses,  appartenant  à  M. .Des- 
moutis,  à  Paris,  est  signé  : 


5* 


tandis  que  la  marque  ordinaire  •  de  Sinceny  est  : 


■s 


Le  musée  de  Sèvres-poaaède.  une  assiette,  fort  probablement 
fabriquée  à  Sinceny^^^  qui-  porta  insccit.  : 

Eeurùonfosse, 

nom  altéré  du  village  de  Buronfôsse,  du  département  de  l'Aisne^ 
à  16  kilomètres  de  Vervins. 

L'école  céramique  de  Franconie  ou  plutôt  de  Suisse  s'est  trou- 
vée aussi  représentée  pendant  quelque  temps,,  à  Sinceny,  par 

Fèlix-^oseph  Novat'ou  KovacU^  céramiste-modeleur  suisse,  de 
Toggenburg,  entre  Sàint-Gr'allèn'  et  Constanz,  qui  produisait  à» 
Sinceny.  Vers  178U 

Bouquet  (legrandipèredèMl  F'.  Fouquet,  de  celui  qui  demeure 
toujours  à  Sinceny  où  il  possède  de  grandes  propriétés  et  des 
usines)  était  le  directeur  de  la  manufacture  de  1775  à  17^;  e* 
son  fils  propriétaire  en  17991 

1.  M.  Aigoin,  à  Paris,  possède  une  soupière  de  cette  marque  qui  me  fait  dou- 
ter que  le:G.  9.  soit  bien  lé  monogranuBed^ùiiipolier  dé  Sinceny.  Elle  esttfès- 
belle,  et  bien  plus  artistique  que  tout  ce  que  je  connais  de  celte  fabrique^ 
M.  Charles  Rossigneux,  à  Paris,  a  dans  sa  collection  une  corbeille  à  jour,  égale- 
ment marquée  de  ce  monogramme,  et  qui  a  tous  les  caractères  des  fabriques 
de  Lunéville  et  de  Nideryiller. 


520  POTERIES  OPAQUES 

L'  -S-  entre  deux  points,  indiqué  plus  haut,  est  le  mono- 
gramme de  cinq  pièces  authentiques  de  la  collection  de  M.  F. 
Fouquet  fils.  La  collection  de  ce  descendant  d'anciens  cé- 
ramistes de  la  manufacture  est  la  plus  riche  et  la  plus 
complète;  elle  contient  à  peu  près  deux  cents  céramiques, 
consistant  presque  toutes  en  faïences  authentiques,  qui  avaient 
été  conservées  de  père  en  fils,  dans  les  familles  d'anciens 
potiers. 

Comme  morceaux  curieux  de  cette  intéressante  collection,  on 
peut  citer  un  cadran  de  coucou^  à  fleurs  de  lis,  et  daté  de  1771  ; 
une  sorte  de  petit  pot  à  anse  et  rétréci  d'en  haut ,  qui ,  empli 
de  sable,  servait  de  contre -poids  à  ce  môme  coucou  ;  un  pot 
au  millésime  de  1757,  et  signé  : 

RoussellCj 

le  nom  d'un  potier  qui  travaillait  à  Sinceny  vers  cette  date; 
un  saladier  festonné,  à  décor  chinois,  vert  et  rose,  de  la  seconde 
époque,  décor  genre  lorrain,  et  une  semblable  soucoupe, 
où  on  voit  le  vert,  ordinairement  attribué  à  Savy,  de  Mar- 
seille; et  enfin,  une  assiette  en  faïence  parlante  ou  à  devise, 
au  millésime  de  1789,  et  qui  rappelle,  par  son  décor  et  par  sa 
forme,  la  faïence  populaire  de  la  décadence  de  Nevers;  elle 
est  ornée  de  crosses  d'évôques,  d'épées  et  de  bêches  en  tro- 
phées, avec  le  mot  :  Réunion» 

Quantàllouy,  c'est  une  localité  limitrophe  de  Sinceny,  et  les 
deux  productions  doivent  être  confondues. 

Dans  les  précédentes  éditions  de  ce  Guide ,  j'avais  parlé  en 
premier  des  faïences  de  Sinceny,  qui  jusque  là  avaient  été  con- 
fondues avec  celles  de  Rouen,  de  Marseille  et  de  la  Lorraine  ; 
j'avais  indiqué  l'S,  comme  marque  appartenant  à  la  fabrique 
de  Sinceny.  Un  traité  spécial  a  été  publié  depuis  sur  cette 
faïence,  mais  l'auteur  n'a  apporté  rien  de  nouveau,  et  a  omis 
môme  les  points  les  plus  essentiels. 

Le  Dictionnaire  des  Postes  aux  lettres,  par  Lecousturier,  des 
années  1802  et  1817,  mentionne  une  fabrique  de  faïence  à 
Chaunyy  qui  ne  peut  ôtre  que  celle  de  Sinceny,  rétablie  sous 
le  consulat. 

M.  Mandois  y  fabrique  actuellement  de  la  faïence. 

(Voir  les  porcelaines  de  Sinceny). 


EUROPÉENNES.  5'2i 

BOmftO-D^OCUlEli,  près  de  Blneeny  (Aisne). 

Faïence  a  émail  stannifère.  1737 

La  fabrique  a  été  fondée  en  1737  i^div  Christome  Lecomte,  de 
Lille,  père  d' André-Joseph  Lecomte,  le  plus  ancien  potier  de 
Sinceny,  et  elle  remonte  à  la  môme  date  que  celle  du  seigneur 
Fayard  de  Sinceny.  On  croit  aussi  qu'un  M.  de  la  Fosselière  y 
était  directeur.  La  fabrique  a  cessé  vers  1774,  après  avoir  été 
consumée  par  un  incendie.  M.  Fouquet  possède  un  petit  mo- 
dèle du  château  d'Abeycourt,  qui  a  été  modelé  et  fabriqué  par 
ce  Ghristome  Lecomte. 

Faïence  a  émail  stannifère.  1736 

Fait  par  moy  Jean  Gautier  à 
VAUVERT  CE  iO  AVRIL  1736 

et  : 

Camarade  beTOunt  tandi  que  le  vin  et  bont 
Vyala  D,  D, 

sont  des  inscriptions  recueillies  sur  des  céramiques  de  cette 
provenance. 

Le  fils  de  ce  Jean  Gautier  père,  Jean  Gautier  fils  aîné,  a  créé 
plus  tard  à  Anduze  une  fabrique  de  vases  à  fleurs,  également 
do  terre,  vernissée  en  vert  et  quelquefois  en  marbrée. 

SCEAVX-PKMTHIKYRE^  près  Parla. 

Faïence  a  émail  stannifère.  (Voir  les  observations  à  Tarticle 

des  Porcelaines  de  ce  môme  Sceaux.)  1740 

Cette  faïence  est  décorée  dans  le  genre  de  celle  de  Strasbourg, 

où  le  rose  et  le  vert  dominent,  et  où  il  y  a  abondance  de  bouquets 

et  de  fleurs;  mais  le  décor  de  celle-ci  est  plus  fin  et  plus  soigné. 

Les  jardinières  demi-circulaires,  ornées  de  paysages  et  de 

sujets  genre  Yateau,  esquissées  d'une  manière  charmante,  et 

que  l'on  attribuait  ordinairement  à  Sceaux-Penthièvre ,  sont 

de  fabrication  lunévilloise,  comme  le  démontrent  les  anciens 

moules  qui  existent  encore  dans  la  fabrique  de  Lunéville. 

Le  sceaux  est  d'une  pâte  fine  et  légère  et  l'émail  est  blanc  et 
suave, 

44. 


522  rOIBBIB»  QBftKIimS 

La  fabrique  fut  établie  par  le  professeur  de  chimie  Chapelle, 
de  PariSj.quiiiDarqttaiVcto  i7â4i  ki760f: 

Le  sculpteur  Jacques  et  le  peintra  Julien,,  qui  en.  devinrmt 
les  acquéreurs,,  marquaient,  de  la  mêiue  manière,  de  i76.0  à 
1772. 

Glot,  autre  sculpteur,,  propriétaire  en  1772,  signait  Juaqu!en 

1774: 

SCEAUX, 

et  adopta,  sous  le  patronage  du  duc  dePenthièvra  (grandi  ami- 
ral), en  1774,  l'ancre: 

6 


L'amateur  doit  cependant  observer  que  la  porcelaine  en  pâte 
tendre,  c'est-à-dire  la  faïence  translucide,,  de  Venise,,  de  Chelsea 
(Angleterre),  de  Poppelsdorf  (Allemagne),  ainsi  que  la. faïence 
suédoise  de  Gustafsberg,  sont  également  marquées  d'une  aaiGre; 
mais  leurs  formes  diffèrent,, —  et  le  genre  et  la  qualité  de  ces 
poteries  sont  tout  autres.  Il  y  a  plus,  de  faïences^  de  Sceaux 
sans  marque  qu'il  n'en  existe  de  marquées,  mais  elles  se  recon- 
naissent à  la  légèreté  de  la  gâta,;  à.  lai  finesse  et  au.  genre  parti- 
culier de  leurs  décors. 

Je  pense  que  la  fkïence^  vendtie  en  1776,  rue  Sèint-Hbnoré, 
près  la  rue  de  l'Échelle,  à  Paris,  que  VlntelUgenzblatV dit  pro- 
venir de  la  fabrique  royak  de  M,  GhoepeUe,  était  un  produit  de 
la  fabrique  de  Soeaux-Penthièvre,  alors  qu'elle  se  trouvait 
souft  la  direction  de  ce  chimiste. 

La  liste  des  pétitionnaires  faïenciers  de  l'année  1790,  conservée 
dans  le&  archives  de  la  ville  deNevers,  mentionne  égalemrait 
la  fabrique  de  farônce  de  Sceaux,,  qui,  ayant  passé  vers*  1795  à 
un  nommé  Cabariet,A\mi  devenue  tout  à  fait  industriellej  et  ne 
confectionnait  plus  que  de  la^  faïence  blanehe  commmie. 

Achetée  par  Jtforceauœjen  1^0,  elle  est,  depuis  184B^  la  pro- 
priété de  M.  Emile  Auboin,  qui,  tout  en  continuant  le  genre  de 


raRQFÉHSfffiK.  523 

fabrication  de  Manteaux,,  fait^.  aussi  confecticmner  dès*  poteries 
artistiques  pour  le»  peiiitre»GéF9mi8ti9i»^;  pourM;  Jean  et  autres-. 
Sèvres  possède  quelques  joliffexemplaires-d^une  vieîllë-fkrence 
que  Ton  y  attribue  à  la  fabrique  de  Sceaux. 

Faïence  A  émail  stànnifebe  (?). 

On  m'a  signalé  des  faïences  fabriquées  durant  le  dix-hui- 
tième siècle,  dans  une  localité  nommée  Samadé  ou  Samadèt, 
et  dont  le  décor  ressemblerait  a  celui  de  Moustiers. 

Je  donne  cette  note  sous  toute  réserve,  ne  connaissant  par 
moi-môme  ni  l'endroit  ni  les  produits- 

IiE  «AVIiT  (I^olr-et-Cher), 

A  36  kilomèlres dû. Vendôme. et  à  4i5  d'Ajignoii. 

Faïence  a  émail  stannipère.  De  1740  à  l^î$ 

Fabrique  fondée  par  les  de  Dont ^  seigneurs  de  Gault,  qui 
eux-mêmes  aimaient  à  &*accuper  de  la  fabrication.  Vers  1788, 
c'étaient  des  ouvriers  d'Apt  et  de  Moustiers  qui  y  travaillaient 
et  la  fabrique  fut  fermée  en  4805. 

Quelques  pièces  portent  le  monogramme  d'un 

E  réunlàun-A.. 

On  y  a  fabriqué  des  faïences  à*  émail  stannifère  très4)lanches> 
décorées  souvent  de  poissons,  lézards  et  au  trois  animaux  ea  relier 
et  en  polychrome  sur  fond  blanc. 

APBET  (Haate-mame),  près  liangres . 

FaIence  a  émail  stannifèhe.  1740  jusqu'à  ce  jour. 

Cette  fabrique  a  été  fondée  par  un  sieur  de  Lallemand,  sei- 
gneur d'Aprey,  entre  1740  et  17S0,  et*  elle  ftit  dirigée  par  Olli^ 
vierS  céramiste  de  Nevers;  Fermée  en  1792,  rouverte  après  la 
résolution,  et  devenue^  alors  lar  propriété  de  Léon  Gérard,  elle 
fonetionne  encore  aujonrd-hui. 

Jary  ou  Jarry  étaib  un  peintre  habile  de  cette  fabrique; 

Les  ancienne»  fàïence&d'Afirey  sont  décorées  dans  les  nuances 

i .  Cet  OlUvier  serait-il  odoi  dé Ikmerdè  la  HtoqueHe  (Voir  paçe  524)  ? 


524  POTERIES  OPAQUES 

des  faïences  de  Strasbourg  :  le  rose,  le  vert  et  le  jaune  domi- 
nent, et  leur  cuisson  a  toujours  eu  lieu  au  petit  feu. 
La  marque  la  plus  ancienne  est  l' 


/v. 


Aprey,  en  toutes  lettres,  est  une  signature  plus  récente* 

(Collections  de  MM.  Ed.  Pascal,  Mathieu  Meusnier  et  C.  W. 
Reynolds). 

La  liste  des  pétitionnaires  faïenciers  de  1790,  extraite  des 
archives  de  Nevers,  constate  l'existence  d'une  fabrique  à  A pray 
{sic)  à  cette  époque. 

Le  Dictionnaire  des  Postes  aux  lettres,  par  Lecousturier,  de 
i817)  la  mentionne  aussi,  mais  celui  de  1802  la  passe  sous 
silence. 

Aujourd'hui,  c'est  M.  Abel  Girard  qui  y  fabrique  de  la 
faïence. 

PARIS, 

Rue  Basfroy,  près  la  Roquette. 

Faïences.  .        1749 

On  lit  dans  V Intelligenzblatt  de  Leipzig,  de  Tannée  1766, 
page  206. 

«  Rue  Basfroy,  près  la  Roquette,  on  fabrique  dans  la  manu- 
facture de  M.  Roussel  des  faïences  qui  sont  intérieurement 
blanches,  et  extérieurement  de  couleur  olive.  On  en  fait  toutes 
sortes  de  services  complets.  Cette  faïence  va  au  feu,  est  très- 
légère  et  à  meilleur  compte  que  celle  faite  en  terre  de  pipe  an- 
glaise. La  douzaine  d'assiettes  se  vend  de  3  à  5  livres.  » 

PARIS, 

41,  rue  de  la  Roquette,  faubourg  Saint-Antoine. 

Terre  cuite  a  émail  stannifère.  1742 

Ollivier,  qui  avait  une  fabrique  (fondée  en  1742  )  41,  rue  de 
la  Roquette  et  qui  y  existait  encore  en  1802,  a  confectionné  de 
beaux  poêles  en  terre  cuite  émaillée  et  vernissée,  et  en  faïence. 
Le  poêle  représentant  la  Bastille,  au  musée  de  Sèvres,  et  un 
tuyau  de  poêle  de  ma  collection,  qui  est  formé  d'une  cor- 
beille remplie  de  grappes  de  raisins,  de  feuilles  de  vigne  et  d'un 
soleil,  etc.,  le  tout  décoré  en  polychrome,  sont  de  cet    OUi- 


EUROPÉENNES.  525 

vier,  dont  la  manufacture  se  trouvait  pour  ainsi  dire  sous  le 
patronage  du  gouvernement  républicain,  et  portait  le  titre  : 
Fabrique  générale  de  faïences  de  la  République, 

Le  poêle  au  musée  de  Sèvres  (dont  un  pareil  existe  encore 
dans  la  rue  delà  Roquette)  fut  offert  à  la  Convention  par  le  ma- 
nufacturier. Il  paraît  qu'Ollivier  était  bien  en  —  club, — puisque 
Camille  Desmoulins  lui  fit  une  grosse  réclame  dans  un  article 
des  Réwlutions  de  France  et  de  Brabant  On  y  lit  «  que  les 
patriotes  embrassent  M.  Ollivier,  et  les  aristocrates  eux-mêmes 
sont  forcés  de  mêler  des  compliments  à  d'horribles  grimaces. 
Ce  poêle  conviendrait  parfaitement  à  l'Assemblée  nationale,  dont 
il  est  tout  à  fait  digne,  si  on  ne  craignait  que  les  noirs  et  tous 
les  culs-de-sacs  ne  vinssent,  dans  quelques-uns  de  leurs  accès 
de  rage,  chanter  (?)  ce  poêle-Bastille,  comme  le  chantre  et  sa 
troupe  sur  le  fameux  lutrin.  » 

Outre  les  poêles,  Ollivier  a  aussi  fabriqué  de  la  vaisselle. 

M.  Arosa,  à  Paris,  possède  un  plat  rond  festonné  en  gros- 
sière et  lourde  faïence  décorée  de  filets  tricolores,  et  au  milieu 
d'un  médaillon  à  trois  fleurs  de  lis  et  couronné  d'un  bonnet 
phrygien  rouge ,  on  lit  :  Vive  la  liberté  sans  licence.  Ce  plat 
qui  est  brun  à  l'envers,  pour  aller  au  feu,  et  qui  porte  en  creux, 
estampillé  dans  la  pâte,  au  revers  : 

Ollivier 

à 
Paris, 

avait  été  fabriqué  entre  1789  et  1792,  ainsi  que  ceux  de  la 
même  fabrique  sur  lesquels  on  voit  des  balances  surmontées 
d'un  bonnet  phrygien  bleu  avec  les  mots  :  liberté,  égalité.  Ce 
même  genre  de  plats  bruns  à  Tenvers  et  allant  au  feu  a  été  fait 
et  se  fabrique  encore  à  Quimper  (Voir  cette  localité). 

Ollivier  a  aussi  laissé  un  cahier  d'ornementations  de  poêles, 
sous  le  titre  :  Collections  de  dessins  de  poêles  de  forme  antique  et 
moderne^  de  l'invention  du  sieur  Ollivier, 

On  lit  sur  ce  fabricant,  au  Bwsc/i  Handbuch  der  Erfindungen, 
U IV,  p.  95,  la  citation  du  Journal  fur  Fabriken  de  1798,  p.  410. 

0  Louis-Franc.  Ollivier,  à  Paris,  a  été  breveté  à  la  fin  du 
mois  d'avril  1802,  pour  une  nouvelle  manière  de  décorer  la 
faïence  et  la  terre  émaillée,  qui  est  très- propre  à  l'usage  des 
numéros  des  rues,  moyennant  leur  contre^stampille(l). 


526  POTBRIBS;  OPAX}VES 

Ce  malheureux  manufacturier  qui  se»  trouvait?  avant  la  révo- 
lution à  la  tôte  du  plus-  grand  établissement  céramique  de 
France,  fut  forcé  bientôt  d'abandonner  ses-  usines  et  mourut 
pauvre  à  l'hôpital.  Fmssow.  reprit  la- fabrication  qu'il  céda  plus 
tard  à  son  neveu,  M.  Masson  père^  auquel*  ont  succédé  depuis 
MM.  Masson  frères,  ses"  fîlg^  qui  fabriquent  des-  faïenoe»  com- 
mune* sur  une  grande  échelle,  plus*  de  1000  piècfâ^  par  jour. 
11&  cuisent  actuellement  avec  tlDis  fours  et  occupent  ii9  mo- 
deleurs et  un  très-grand  nombre  d'ouvriers;  ii&  ont  une  ma- 
chine à  vapeur  de  broyage  qui  leur  remplace  trente  manoBuvreSk 

Après  que  M.  Hippolyte  Pinart'  y  eut^  fait  cuire  ses  célèbres 
peintures  sur  l'émail  cm ,  MM!.  Màsson  frères-  adoptèrent  en 
1864  le  procédé  de  ce  genre  de  peinture  pour  une  febrica- 
tion  spéciale  de  produits  plus  artistiques  qu'ils  ont  jointe  à  leur 
courant.  Ils  ont  exposé  pour  la  première  fois  au  Palais  de  Tin- 
dustrie  au  mois  de  novembre  de  la  môme  année;  C'étaient  des 
faïences  à  décors  variés  et  très^sBftîsiaisantes-,  qui  ont  prouvé 
une  fois  de  plus  la^  supériorité -de  la'  peinture  céramique  sur  le 
cru,  si  heureusement  renouvelé  à  notre  époque  par  Ml  Pinart, 
et  après  les  procédés  dès  anciens  maîtres  du-  noid  de  rBurope 
et  de  l'Italie. 

M.  Marey  peintre,  est  à  la  tôte  dé  l'atélièrde  la  peinttire'Cër»- 
mique  de  la  fabrique  de  la  Roquette,  et  y  produit  les  morceaux 
les  plus  beaux. 

MM.  Masson  frères  marquent. leurs  produits  artistiques  : 

Beént  $%ir  Uoru 

Paris 
Masson  frères. 

Marey,  la  signastune  de  l'antiste  susmentionné,  se  tronsre 
quelquefois  à  aôté  de  ceUft  de  la.  fabriqua. 

Ancienne  villeà  13  kilomètres  de  Vèleueiennes. 

Faïence  AuBmail  smnaiBEiiE,  A  partir  de  t746 

jusqufài  cas  Içuirs* 

Pxmquet  fU&,  né  à  Ydenciennes,  mort,  à  Doonrick  (Touriiay)^ 
paraît  avoir  établi  la  féerique.  C'est  le  môme  qui  se  trouve 
mentionné  daiœ^  le?  Galenâtier  du  Qow)emement'  de  Flandres  de 


IfiUROFfiENNlS.  32:7 

Eainaut  et  Gambrésis  de  1 -année  i775,  ccorame  propriétaire 
de  deux  fabriques  de  faïence  et  une  de  porcelaine^  établies  à 
Saint-Âmand,  etiquiiutautorisé<en  1765,  par  lettres  patentes, 
à  établir  une  fabrique  de  porcelaine  à  Yalenciennes.  Cette  dep- 
nière  marchait  sous  la  direction  de-sonibeau-^père  Lamoniary. 
Une  théière  en  ia£ance  décorée  à  flaurs,  et  appartenant  à 
M.  Fouquet,  à  Sinceny,  est  signée 


monogramme  et  initiales  que  j'attribue  à  SaintrAinand.  d'au- 
tant pliEs.que/M.Riocreux  attribue  la  .marque  que  voici  * 


où  l'on  voit  les  mêmes  .lettres  S.  et  A  (Saint-rAmand?),  éga- 
lement à  cette  localité. 

M.  Lejeal  de  Valenciennes  qui  a  publié,  depuis ,  une  note 
sur  ce  môme  genre  de  monogramme,  sans  les  lettres  S.  et  A. 
dont  voici  le  spécimen  : 


(marque  qui  'varie  souvent  dans  les  détails  'de  sa  composition), 
l'attribue  encore  à  Saint-Amand,  contrairement  à  la  classi- 
fication de  la  dernière  édition  de  mon  Gme^e,*  où  elle  avait  été 
indiquée  comme: appartenant  à  une  fabrique  alsacienne.  Quant 
à  l'interprétation  par  laquelle  M,  Lejeal  veut  lever  le  voile, 
elle  est  fort  ingénieuse  mais  peu  sérieuse  pour  ce  qui  regarde 
les  sabres^  qui  pourraient,  seton  lui,  vouloir  représenter  Vépée 
que  Fouquet  aimait  à  porter  aux  jours  de  cérémonie,  en  sa 
qualité  de  maître  potier.  J^gnofB  si  ce  Fouquet  de  Saint- 
Amand  était  parent  de  celui  de-^Sinceny. 
,M.ikeJBal  nous  a  aussi  ^appris. queute  môme  J'ouquet,  après 


528  POTEBIES  OPAQUES 

son  retour  de  l'étranger  où  la  révolution  l'avait  forcé  d*émi- 
grer,  rétablit  une  fabrique  de  faïence  à  Saint- Arnaud  en  1807, 
mais  dont  l'existence  ne  paraît  pas  avoir  été  de  longue  durée. 
Le  même  auteur  cite  les  peintres  suivants  : 

Bastenaire-Daudenart,  père  du  chimiste  et  potier  auquel  on 
doit  deux  mauvais  traités  sur  la  céramique. 

Desmuralle,  peintre  de  fleurs. 

Gaudry,  Louis-Alexandre,  né  à  Tournai,  mort  à  Saint-Amand 
en  1820,  paysagiste. 

Henri  de  BettignieSj  mort  en  4866,  établit  à  Saint-Aniand  en 
1814,  une  autre  manufacture  ;  son  fils  fabrique  encore  au- 
jourd'hui toutes  sortes  de  poteries.  (Voir  pour  ses  porcelaines 
à  pâte  tendre,  le  chapitre  des  porcelaines  françaises.) 

Arras,  Saint-Pol,  Desvres,  Saint-Omer  et  Hesdin,  dans  l'Ar- 
tois, sont  également  des  fabriques  du  Nord  du  dix-huitième 
siècle,  qui  n'ont  produit  cependant  que  de  la  vaisselle  affreu- 
sement laide.  M.  Champfleury  a  signalé  de  ces  fabriques  : 

I.  De  la  collection  du  chanoine  Derguesse,  une  pièce  qui 
porte  l'inscription  : 

Que  cette  salade  tous  fasse  plaisir,  monsieur  Famelicq. 

II.  Un  moutardier  appartenant  à  M.  Desvres,  et  qui  repré- 
sente un  homme  assis  sur  une  chaise  percée,  avec  la  devise  : 

Ma  moutarde  est  meilleure  que  celle  de  Dijon. 

MIDEBiriIil^ER  (nenrthe)^ 

A  6  iiilomètres  de  Sarrebourg. 

Faïence  a  émail  stannifère.  Vers  1746 

Établie  par  le  baron  Jean-Louis  Beyerlé,  directeur  de  la  Mon- 
naie de  Strasbourg,  cette  fabrique  fut  entièrement  fondée  à  l'aide 
d'ouvriers  allemands,  et  sous  la  direction  du  chimiste  Anstatt  : 
a  marque  sous  Beyerlé,  qui  mourut  en  1784,  était 


M.  Aigoin,  à  Paris,  possède  deux  coquilles  de  22  cent,  de 


J 


EUROPÉENNES.  529 

largeur,  à  décor  polychrome  à  fleurs,  dans  le  genre  ordinaire 
des  faïences  de  la  Lorraine  et  de  l'Alsace,  qui  sont  marquées  : 


M 


Vers  1780,  la  fabrique  fat  achetée  par  le  général  comte  de 
Custine,  qui  la  fit  diriger  par  Lanfrey.  On  attribue  à  la  fa- 
brique de  Custine  les  marques  suivantes  : 

J^  ^J^     ,   ou  un  simple    ,3i 

(Voir  aussi  Ludwigsburg  et  Buen-Retiro.) 

On  a  vu,  dans  l'article  de  Lunéville,  que  Cyflet,  modeleur- 
statuaire,  né  à  Bourges  en  1724,  a  produH  des  terres  cuites 
à  Lunéville,  qui  sont  connues  sous  le  nom  de  Terres  de  Lot- 
raine.  Ce  Cyflet  a  aussi  modelé  pour  la  manufacture  de  Nider- 
viller.  Ses  figurines  sont  quelquefois  signées  en  toutes  lettres  à 
côté  de  la  marque  de  la  fabrique,  et  elles  sont  très-recherchées 
et  appréciées  par  les  collectionneurs  de  la  Lorraine. 

Les  porcelaines  à  pâte  dure  que  cette  fabrique  a  produites 
portent  les  mômes  marques.  Cependant  ni  les  deux  C  entrela- 
cés sous  la  couronne  de  comte,  ni  l'N,  ne  sauraient  prouver 
que  l'objet  soit  de  Niderviller. 

Cette  môme  marque  se  rencontre  aussi  sur  les  faïences  et 
les  porcelaines  dures  de  Ludwigsburg,  en  Wurtemberg,  et  sur 
les  pâtes  tendres  de  la  fabrique  espagnole  de  Buen-Retiro,  qui 
ont  employé  l'une  et  l'autre  ces  deux  C  entrelacés  avec  et  sans 
couronne.  Quand  la  couronne  surmonte  les  C,  —  la  marque 
est  facile  à  reconnaître,  puisque  la  couronne  de  Ludwigsburg 
est  la  couronne  d'électeur,  ornée  d*une  croix. 

La  faïence  de  Niderviller  est  belle,  assez  légère  de  pâte,  et 
d'un  émail  suave  et  blanc. 

On  peut  voir,  à  Sèvres  et  dans  ma  collection,  quelques  as- 
siettes décorées  avec  des  paysages  en  camaïeu  rose. 

Aristide  Lecarpentier,  à  Paris,  possédait  plusieurs  assiettes 
de  cette  faïence,  où  le  décor  en  camaïeu  rose  représentait  égale- 

45 


510  POTBBIHB  OPAQUES 

méat  des  pa^Fsages,  mais  peints  sur  un  fond  imitant  le  sapin, 
et, qui  iétaient  marquées  «n  toutes  lettces  : 

NidervillerniA, 

Une  pareille  assiette  avec  la^nÈème  signature,  se  trouve  au 
musée  de  Sèvres. 

M.  Achille  Jubinal'  possède  une  statuette  de  plus  de  50  cen- 
timètres de  hauteur,  qui  représente  un  enfant  à  figure  vieillie, 
en  costume  de  hussard,  et  décorée  en  polychrome;  elle  porte  au- 
tour du  socle  l'inscripjlon  suivante  : 

N»  R.  fecit  de  Lanne,  1746.  Portrait  naturel  d*un  enfant  âgé  de  six  ans. 

Je  pense  que  N.  R,  désigne  Niderviller,  et  Lanne,  Tannée. 

La  datecest  la  pluck  ancienne  de  cette  faïence  que  J'aie  ren- 
contrée. 

Cette  statuette  parait  être  le  .portrait  d'un  nain  qui  attiiîait 
alors  la  curioâité ,  publique. 

Après  l'exécution  du  comte  de<Custine,Xan/'rey  devint  adju- 
dicataire de  la  fabrique  en  Tan  II  ^  et  l'exploita  depuis  jusqu'à 
sa  mort,  en  1827,  où  elle  passa  àM.L.  (j.  Dryander  de  Sarre- 
bruck  qui  en  est  encore  le  propriétaire. 

Sous.Lanfrey,  la  marque  .était  : 


La  porcelaine  et  la  faïence  ont  été  fabriquées  simultané- 
ment à  cette  manufacture,  à  partir  de  sa  fondation  jusqu'à  ce  jour. 

Leustch  était  un  bon  peintre  de  fleurs  attaché  à  la  fabrique 
de  Niderviller,  et  qui  avait  de  la  réputation  pour  ses  œillets» 

Actuellement  cette  manufacture  de  porcelaine,  de  faïence  et  de 
cailloutage  (terre  de  pipe)  appartient  toujours  à  M.  i.-G.  Bryan- 
der,  qui  a  obtenu,  à  l'exposition  de  1855,  la  médaille  d'argent. 

(Voir  aussi  Lunéville.) 

1.  Le  Dictionnaire  des  Postes  aux  lettres  de  1802  et  de  i8l7  parle  delà 
fabrique-dé  NrdeFviïler  que  l'on  trofUYe  aassi  mentionnée  dans  la  pétition  des  faïcn- 
cieFs.de  r«iiBiée  1790. 


A'ille  à  i6  kilomètres  de  Samt-Omer,(Pas-de-»Calais). 
FAÏBDSfCE  A  ÉMAIL  STANNIFÈRE.  De  1730  jUSqu'à^Oft  jOUr. 

Un  sieur  Proudhomme  ou  Prudbomme  y  fonda  une  fabrique 
en  1730,  qu'il  dirigea  jusqu'en  1755,  et  qui  cessa  complète» 
ment  en  1790. 

Quelques  amateurs  attribuent' à  cette  fabrique  un  mono- 
gramme entrelacé^  qu'ils  interprètent  par  Atre-Prewdftomme, 
mais  qui  selon  d'autres  appartient  à  Lille  (voir  le  monogramme, 
page  485). 

On  fabrique  encore  aujourd'hui  à  Aire;  Gë  sont,  comme  jadiSj 
des  faïences  à  déeor  mono  et  polychrome  dans  le  genre  de 
celles  fabriquées,  au  petit  feu  de  réverbère  en  Alsace  et  en  Pi- 
cardie. 

PATO0. 

Terre  cuite  sans  couverte.  Vers  1740 

Edine  Bumonty  statuaire,  mort  en  1775,.  de  qpi  le  Louvre 
possède  un  Milon  de  Croione^  qui.  est' le  morceau.de  réception 
exécuté  pour  l'académie,  en  1768,,  a  laisséi  plusieurs  terres- 
cuites. 

Terre  de  pipe  a  vernis  plombifère.  1740 

Manufacture  royale  dite  «  en  terre  d'Angleterreu.».^ 

iiOCAUiTÉ  mcomiiiB. 

(Probablement  Paris.) 

Terre  cuite  sans  couverte.  1745 

lancWeoulaneWe,  modeleur  (vers  174^,  est  un  artiste  pro- 
bablement français^  dont  la:  signature,  se*  nraroontre  souvent 
sur  des  médaiilonsen.terre  cuite  sans  couverte^. ornés  de  chart- 
mants  sujets  en  bas-relièfs  ;  il  m'a  été  impossible  de  déeouwir 
les  moindres  renseignements  biographiques  sun  ce  oéramiste 
ou  graveur. 

M.  Gion;  àPàm;  possède  deux' diieiis^oarHns'ennferre  cuite, 
signés  tous  les  deux  delanelle  ou  lanette,. avec  1&  millésime  de 
1745  et  1746.  Le  premier  porte  en  outre,  gravé  dans  la  pâte, 
sur  le  collier  : 

J'appartiens  à  M'"^  la  daehtsse  de  Chevreuse. 


532  POTERIES  OPAQUES 

PARIS. 

Terre  cuite  sans  couverte.  A  partir  de  1748 

Augustin  Pajou,  statuaire,  né  à  Paris  en  i730,  mort  en  1809, 
élève  de  Lemoine.  Grand  prix  de  Rome  en  1748,  Pajou  resta 
de  1748  à  1760  en  Italie.  On  connaît  de  lui  plus  de  deux  cents 
morceaux  de  sculpture  en  bronze,  marbre,  pierre,  terre  cuite, 
en  plomb,  en  bois  et  môme  en  carton.  Il  exposa  en  1768, 1800 
et  1802,  et  fut  de  l'Institut.  Comme  œuvres  importantes,  on 
peut  nommer  :  les  statues  de  Descartes,  Bossuet,  Pascal,  Tu- 
renne,  Démosthène,  Psyché  abandonnée,  Pluton  tenant  Cer- 
bère et  un  buste  de  Buffon. 
Un  médaillon  représentant  Lemoine,  et  signé 

Pajou  .1787 

faisait  partie  de  la  collection  Tondu,  vendue  à  Paris  au  mois 
d'avril  1865. 

Faïence  a  émail  stannifère.  Vers  1750 

Un  pot  de  pharmacie,  à  décor  polychrome,  et  aux  armes  de 
la  maison  d'Orléans,  est  désigné,  sous  le  n»  114,  au  musée  de 
Sèvres,  comme  provenant  de  Digne. 

Terre  de  pipe.  Vers  1750 

Faïence.  Vers  1775 

A.  Morreine,  modeleur  en  terre  de  pipe,  est  connu  par  sa  si- 
gnature qui  se  trouve  sur  une  statuette  représentant  un  moine 
en  prière  : 

A,  Morreine.  Poitiers.  1752. 

Pasquier,  fabricant  de  faïence  émaillée  à  Poitiers,  «  sollicita, 
en  1778,  la  protection  du  ministre  Bertin,  etc.,  etc.  » 

Aujourd'hui  MM.  Auge  frères  et  MM.  Léon  frères  y  fabri- 
quent des  poteries. 

TOUIiOUftE  (eheMlea  de  la  Hanle-Claroiine). 

Faïence  a  émail  stannifère.  A  partir  de  1750 

Des  services  dans  le  genre  du  décor  de  Moustiers,  à  grotes- 
ques, sont  signés  : 

Toulouse. 


EUROPÉENNES.  533 

M.  C.-W.  Reynolds,  en  Angleterre,  possède  un  grand  vase  de 
fleurs  en  camaïeu  bleu,  qui  est  signé  : 

Laurent,  Basso. 

À  Toulouza 
Le  14  mai  1756. 

La  liste  des  pétitionnaires  faïenciers  de  l'année  1790  men- 
tionne deux  fabriques  existant  à  cette  époque  à  Toulouse,  et  les 
Dictionnaires  des  Postes  aux  lettres,  par  Lecousturier,  des 
années  1802  et  1817,  parlent  d'une  fabrique  dans  cette  lo- 
calité. 

(Voir  aussi  Saint-Gaudens.) 

MM.  Richarme  frères  fabriquent  encore  aujourd'hui  des 
faïences  et  des  terres  de  pipe  (voir  leur  porcelaine  tendre); 
M.  Dubois  fils  y- a  des  ateliers  de  décors. 

1IABA1V0  (Charente-Inférieure), 

Petite  ville  à  24  kilomètres  de  La  Rochelle. 

Faïence  a  émail  stannifère.  De  1750  à  1760 

Une  fontaine  appartenant  à  la  collection  céramique  de  Sè- 
vres, et  ornée  de  guirlandes  et  de  feuilles,  le  tout  décoré  dans 
le  goût  de  Rouen,  est  signée  en  toutes  lettres. 

Marans  1754, 

et  en  outre,  d'un  monogramme,  formé  d'un 

B  et  d'un  K  réunis. 

J'ai  vu  des  pièces  sans  marque  attribuées  à  cette  localité  ; 
elles  étaient  décorées  en  polychrome  sur  fond  blanc,  dans  le 
genre  de  l'ornementation  rouennaise,  mais  en  teintes  plus  pâles. 

POUPSE, 

Village  près  Moustiers. 

Faïence  a  émail  stannipére.  Vers  1750 

Le  musée  de  Sèvres  possède  une  pièce  signée  en  toutes 
lettres. 

li'lIàE-D'BUIE  (Selae-lnférlenre). 

Terre  cuite  a  émail  stannifère.  Vers  1760 

46. 


534  poTimres^orAQUEs 


Terre  CUITE  SANS  couvERTBh*  1760  à  1817 

Félix  Lecomte,  statuaire,  né  àPàris  en  1737,  mort  en  1817, 
élève  de  Falconet  et  de  Vassi,  grand  prix  en  1764  pour  son 
bas-relief i le  Massacre . des  Innocents^  et . membre,  deu  T Académie 
en  1771  pour  son  groupa.:  Mor&as  dé^OGÂanti'ÛËiiiptf^.ûa.cûik- 
nait.encore  de  cet  artiste  unafiiatua  de  la^Yiergâei  uxiba&éràHaf,, 
à  la  cathédrale  de  Rouen,,  qpi  furent  expions  en  1775  et  la. 
statue  de  Rolîin,  exposée  en  1789,  et  celle  de  Fénelon,  plaoéei 
rinstitut. 
Lecomte  a  aussi  produit  des  figurines  en  terra  cnita 
La  Mort.  d'Adonis,,  à.  la.  collection. Eugèna  Tûndu^  à^Pam 
(vendue  au  mois  d'avril  1865 ),  était  sig^ntée.: 

Lecomte  1780. 


Bourg  dans  le  département  du  Var,  à  quelques  lieues  de  Tarages. 
FAfiSNGE  A  ÉMAIL  STANNîPèRE  TRÉS-QOMMUNE..  1760  à  1780 

Cette  fabriqiie,  établie  par  lé  potiw^Gràzc,  a^marqué  : 


^C^ 


(M 


ffU^ 


comme  on  peut  voir  sur  une  pièce  de  la  collection  de  Sèvres. 

€HA17]lfONV>(nnBMDOmE, 

Château  près  de  Blois'. 

Terres  CUITES.  1760  à  178B 

Jean-Baptiste  JVmVnéen  Lombardîè  vers  1716,  avait  d'abord 

habité  en  France  la  Charité-sous-Loire,  et  était  entré  vers  1760 

i .  Le  château  de  Chaumont,  à  quinze  kilomètres  de  Blois,  d'architecture  et 
débite  :pittMe8ques,  élevé  d'abord,  av'qinBxièiM  siècle,'  sur  les  raiites>  d'un- 


cûBum  graveur  dans'leBinafliifacittnBs  d&^eifsffet  dë^potmes 
de  M.  Leray,  intendant  de  Phôtelde»^  Itiv«iâîdes>  acqn^neordu 
châleaii:  de  Ghaumont,  oii^  oii<  le^  voit:  même  fîgnrer  à  partir 
de  1778,  comme  régisseur  général. — Une  lettre  du  \  6  mars  1776, 
qui  existe  dans  les  archives,  de.  la  manufacture  de  Sèvres, 
adressée  au  directeur  par  un  nommé  Berthevin,  céramiste  à 
Orléans,  ami  de  Nini,  prouve  que  ce  dernier  avait  refusé  des 
offres  faites  par  la  manufacture  royale^  préférant'  conseny^r sa- 
portion  à  Gbaumoni;;  —  L'axtrait  dai  registre  mortuaire  de  la 
paroisse  de  Ghaumont-sort^iioire ,  du  3'  mai  1 7^^.  dit  :  cv  Que 
Nini  était  né  en  Italie,  nsané  en  Bspagne,  où  saifesome  démena 
rait  encore,  et  décédé  hier^âgé  d'environ  soixante-'dixvans,  après 
avoir  reçu  dans  sa  maladie  les  sacrements  de  pénitence.  »  H 
avait  unerfîlle  qui  habitait  avec  sr mère: 

Nini  a: laissé  quelques  verres^  gravés  d'une  extrême  finesse^.ett 
un  grandi  nombre  (70  à  80)'  de  portraits  médaillons'  en  terre 
cuite^  d^un  travail  caractéhstiqae.  B'expresBon  magistrale,, 
jointe  à  un  uni  excessif  dans  l'exécution' des' détails^  àr'tiiie  sér 
vérité  antique  fondue  avec*  le  goût  efféminé  du.  dix-hiatième. 
siècle,  plaœ  ces  médaillons  et  leur  aut^raupresneFrrangdans 
ce  genre  d'ouvrage. 

Ses  moules  piimitifs  en  cuivre  ei  exécuté»  au  burin  furent 
achetés  en  ISI^parunbabitant  de  Blois,  et  revendus  à  sa  mort 
à  un  fondeur  de  cette  ville  qui  en  fit  des-  lingots. 

Nini  était  un^bon  vivant,  deuédlun  caractère  jovial;  —  «il 
aimait. la  table  et  abhorrait  le  freîd.  »  Un  certain  site,  àGhau- 
mont,  arrosé  par  unesourceet'ombragé  d'arbustes  où  le  maître 
avait  l'habitude  de  faire  sasieste  pendant  les  chaleurs  de  l'été; 
s'appelle  encore  aujourd'hui  le  Fossé  ISinii 

Cet  artiste  mélangeait  ses  terres,  les  travaillait  beaucoHp,  et 
les  tamisait  enfin,  à  l'état  humide,  à  travers  desétoffes  desoie, 
(f  en  formant  une  espèce  de  crème,  M'Comme  le  dit  Yernonf  an-^< 
cien  potier  de  GhaumontL 

Ses  délicieux  médaillons  ne  se  vendaient,  à  Pépoque^  que 

noir  féodal  par  Gueldin,  chevalier  danois,  fut  détroit  par  Tfiîbaud,  comte  de 
Blois,  et  reconstruit  plus  tard  dans  un  style  bâtard.  Ce  château  passa  aux  sei- 
gneon  de  Là  Rochefoucauld  qui  le  Tendirent'  à  Catherine  de  Médîcis.  Devenu 
pioBtard  la  propriété  dû  cardinal  d'Amhfoise  et  ensuite  celle  d'un  sieur  Leray^ 
il  fut  habité  par  madame  dé  Slaël  a  son  retoxir  d*AUcmagne,  et  appartient  aujour- 
d'hui au  vicomte  de  Wateh. 


536  POTERIES  OPAQUES 

a  vingt  sols  la  pièce.  »  —  Us  se  payent  aujourd'hui  de  5  à  50  fr., 
et  atteindront  bientôt  le  prix  de  100  fr. 

Tous  ces  médaillons  sont  signés  trés-finement  en  creux  dans 
la  pâte. 

NINI,  ou  NINI  F.,  ou  J.  B.  NINI.  F.,  ou  J.  B.  NINI, 

ouJ.  B.  NINI.  F. 

et  le  millésime  à  côté  et  en  dessous. 

Quelquefois  aussi,  comme  par  exemple  sur  le  médaillon  qui 
représente  «  Franklin,  citoyen  américain,  »  le  millésime  est  en 
relief.  Il  existe  deux  modules  de  la  plupart  de  ces  médaillons  : 
l'un  de  i5  à  16  centimètres,  l'autre  de  10  à  11  centimètres  de 
diamètre. 

Les  portraits  les  plus  estimés  sont  ceux  de  Louis  XV,  de  ma- 
dame de  la  Reynière  (de  qui  M.  le  baron  Pichon  possède  deux 
modules  différents*),  de  madame  de  Nivenheim,  du  prince  de 
Beauvau,  du  marquis  de  Paroy,  du  seigneur  de  Mosnac,  de 
l'impératrice  Catherine,  de  Louis  XVI  et  quelques  modules  de 
Franklin,  dont  il  existe  six  différents  exemplaires. 

Sur  un  de  ces  derniers,  se  rencontre  une  particularité  qu'on 
ne  remarque  sur  aucun  des  autres  médaillons  de  Nini  :  une  pe- 
tite fleur  de  lis,  poinçonnée  en  creux  sur  le  revers.  Les  pre- 
miers auteurs  qui  ont  parlé  de  Nini  sont  :  M.  le  vicomte  de  Walsh 
dans  son  Histoire  du  château  de  Chaumont^  et  M.  L.  de  la 
Saussaye,  dans  son  Guide  historique  dans  le  Blésois,  mais  très- 
brièvement.  M.  A.  Villers,  directeur  du  musée  de  Blois,  a  publié 
le  premier,  sous  le  titre  :  Jean-Baptiste  Nini,  ses  terres  cuites 
(Blois,  1862),  une  monographie  complète.  C'est  un  travail 
où  la  science  et  la  clarté  du  style  se  trouvent  heureusement 
réunies. 

Le  musée  de  Blois,  —  ceux  de  Nevers  et  de  Sèvres,  les  col- 
lections de  M.  de  Grièges,  de  M.  Louis  de  la  Saussaye,  de 
M.  Bellaguet,  de  M.  Walferdin  et  de  M.  le  baron  de  Pichon  à 
Paris  (ce  dernier  possède  quinze  exemplaires,  dont  plusieurs 
proviennent  de  la  collection  d'Eugène  Tondu),  celle  de  M.  de 
Duré  à  Moulins,  et  la  mienne,  contiennent  de  ces  médaillons, 

1.  La  collection  de  cet  amateur  est  riche  en  argenterie.  M.  de  Pichon,  biblio- 
phile ardent  pour  tout  ce  qui  regarde  l'histoire  de  son  pays,  s'occupe  d'un  ou- 
vrage sur  les  marques  et  poinçons  des  orfèvres  français,  que  les  curieux  atten- 
dent avec  impatience. 


EUROPÉENNES.  537 

qui  forment  les  soixante-quatre  sujets  différents  connus  jusqu'à 
ce  jour,  et  que  M.  Villers  a  presque  tous  décrits  dans  son  ou- 
vrage. Voici  la  liste  de  ceux  que  Ton  connaît  par  ordre  chro- 
nologique, avec  leurs  marques  et  millésimes. 

De  1762  à  1781,  les  portraits  d'Aimé-Louis  des  Moulins,  de 
risle;  1762,  4764,  1769  et  1771,  de  Marie^Thérèse;  1764,  de 
J.-A.  de  Castellas  Chantre,  comte  de  Léon;  1764,  de  Hugues- 
Joseph  Gamot,  graveur  du  roi;  1766,  de  Charles- Juste,  prince 
de  Beauveau;  1767  et  177Q,  de  Guy  Le  Gontel,  marquis  de 
Paroy;  1767,  de  Charles-René  Péan,  seigneur  de  Mosnac*; 
1768,  d'Albertine  née  baronne  de  Nivenheim  ;  1768,  de  Suzanne 
Janentede  la  Reynière;  1766,  deLudovicus  XV;  1?70  et  1774, 
de  Hyacinthe  de  Rigaud,  comte  de  Vaudreuil  ;  1770,  de  Charles- 
Juste,  prince  de  Beauvau;  1770,  de  l'Amirande,  marquise  de 
Vaudreuil,  de  J.-L.  Leray  de  Chaumont,  intendant  des  Inva- 
lides; 1771 ,  de  Thérèse-Jacques  Leray  de  Chaumont;  1774,  de 
Jacques-Donatien  Leray  de  Chaumont  (le  fils);  1783,  de  Thérèse- 
Elisabeth  Leray  de  Chaumont;  1785,  de  Catherine  H,  impéra- 
trice autocratede  toutes  les  Russies  ;  1774  et  1779,  de  Louis  XVI  ; 
1780,  de  Michel  Faucault;  1775,  d'Orien  Marais,  notaire  à 
Chaumont,  et  de  sa  femme,  amis  de  Nini;  1775,  de  Berthevin; 
1775,  de  Franklin;  1777,  1778  et  1779,  de  Claudine  de  Bussy 
et  JeanBouin;  1777,  de  Voltaire;  —  les  autres  sont  des  por- 
traits inconnus. 

Sur  un  des  médaillons,  —  portrait  de  Marie-Antoinette,  de  la 
collection  de  M.  Bellaguet,  à  Paris,  —  on  voit  au  revers,  écrit 
à  l'encre,  presque  effacé  : 

Prio  D» Ckipart 1774. 

Opus  amigo (signé)  J.  B,  Nini. 

Sur  les  médaillons  qui  représentent  le  portrait  de  Franklin, 
l'artiste  a  composé  au  savant  inventeur  du  paratonnerre  un 
blason  :  —  c'est  une  étincelle  électrique  sortant  d'un  nuage,  et 
se  précipitant  vers  une  main  qui  tient  une  tige  de  fer  *.  Nini  a 
laissé  aussi  quelques  médaillons,  som  couverte,  en  brun  et  rouge. 


1.  Un  de  ces  médaillons  faisait  partie  de  la  collection  de  Bf.  de  Fontenelle, 
vendue  en  1865. 

2.  Ces  médaillons  sont  très-répandas;  toute  une  cargaison  était  restée  en  douane, 
et  ce  n'est  que  depuis  quelques  années  qu'on  les  a  retrouvés  et  mis  en  vente. 


^ 


538?  POiraiIES  OFÂQÇBS 

—  Les  bruns-mutsi  scmt;  les  plu»  beaux. ,  On  i  renooiitte  esc  outre 

des  médailloBS  decetartiste  sans  léç^endesm  encadrements: — Ce 

sont  des  épreuves  d'eseaiqueron  pourrait  appei^ropontla  lettres 

Le  catalogue  du  musée  de  Gluny  déaigne^.par  ermnr^.sen 

n*^  1995  (médadlloHi  si»BS-^ODUverte  et;  en  petit,  médite,  portrait 
de  Franklin  entouré  de  la  légende  et  du 'millésime 4  797)  couple 
nom  de  «  terre  cuite  de^Neversj.»  Ge.  musée  s'eMitencoreenriehi' 
dernièrement  de  deux  autres  très-jolis  médaillon»  du  grmid' 
module,  à  bord  ondulé,  également  sign^  et  datés,,  ett  qni^sent^ 
ornés  des  bustes- en  relief  de  deux  jeunes^femmes  en  costume 
de  la  fîn  de  Louis  X Y,  sans  aucune  légende* — M:  lé  doottar 
Guerard,  à  Paris^  possède  de  Nini^  outre  plusieurs  portraits 
en  terre  cuite,  un  médaillon  da^  grand  module^  qui  est'  en 
((  cuivre  repoussé»  et: signé.  Son  bas-relief  mi  celtii  de  Leray. 
C'est  un  exemplaire  très-précieux,  peut-étre^  unique,  car  il 
n'a  pu  servir  de  moule,  comme  on  ponirait  le  croire  à  pre- 
mière vue. 

Les  médaillons-  de  Nini  ont  été  snrmoulés  par  des^faiencierB^ 
de  Rouen,  de  Sinceny  et  autres^  lieux;  Ce  sont:  ces^  arffi*ea8es^ 
moB^niosités  coloriées  que  l'on  renoontre  si  semvent;  et  qui 
n'ont  lien,  gardé  de  laiûnesse  des-originaiix. 

M*  le  hBTon  dePichon  possèdeunouvrageoù  iiestfait  nsentièni 
de  Nini,  qui,  selon  l'autear,  éiaUun^nain f  de  quatre  jried$'d&  hou-- 
teur,  et  dont  les  ongles  étaient  longs  comme  des.griffesxi^igle. 


FaIence  a  émail  stannifére.  1700  à*  1790 

M.  Edouard  Lamasse,  àMeudon,  près  Paris^.possède  une  fon- 
taine de  55  cent,  de  Uautenr,  et  en  style'.  Louis- XYI,  forme 
vase-œuf,  à  guirlandes,  fruits  et  feuilles  en  relief,  rouges  et 
verts.  Le  décor  est  en  rose  sur  fond  blanc,  dans  lé  goût  des 
faïences  de  la  Lorraine.  Le  pied  carré' imite  le  marbre.  La  cu- 
vette contient  un  paysage  très-vert  mais  largement  peint.  Sur 
le  dos  de  la  fontaine,  le  monogramme  : 

Saint-lMnge,         (en  creux  dans  la  pâte.) 


Chasset,  sculpteur.  Vers.  4  765 

Ginq  médaillons  ronds,  les  bustes^^de  Beiiefaer,  Gbardin,  R«- 


I 


SURQPâSNlfBS.  539 

meau  At  Yan  Lao  >  de  la  collection  rBugène  Tondu ,  vendue 
en  1865,'Létaient  signés  : 

PoMc/ié,  sculpteur.  Vers  1786 

Une  figurine  de  baigneuse  accroupie  dans  une  coquille 
(36  cent.),  de  la  collection  Eugène' Tondu,  était  signée  : 

Poucké,  1786. 


Terre  cuite  sans  couverte.  1765  à  1728 

Eoudin,  statuaire,  né  à  Versailles  en  1741,  mort  en  1828, 
séjourna  dix  ans  en  Italie  qprès  «voir  obtenu  le  grand  prix  de 
Rome.  On  connaît  de  lui  Les  'bustes  de  Voltaire,  de  Rousseau, 
deux  de  Molière  (un  exemplaire  de  l'un  de  ces  deux  bustes  est  en 
la  possession  de  M.  Burger)  ;  ceux  de  (Franklin,  de  Trouvilte,  de 
Buffon,  de  Diderot,:  de  GaUierine .  II,  de  Montgolfier,  <  y  inventeur 
des'aéiostats;  lesrstectues  de^Washington  en  Amérique,  de  Vol- 
taire au  Théâtre^Français,  à  Paris,  et  une  Diane  nue  au 
Louvre, 

Houdin  a  aussi  lais^  quelques 'terres  cuites.  J'ai  vu  dans  la 
collection  Eugène  Tondu,  à  Paris  (vendue  au  mois  d'avril  1865), 
un  groupe  :  le  Boiser,  qui  provenait  de  la  collection  Duchesne, 
et  paraissait  être  une  ébauche  de  Houdin.  'M.  Walferdin,  à 
Paris,  possède  tie  'Houdin  les  terres  cuites  suivantes  :  mé- 
daillon de'  Charlotte  Corday  et  les  bustes  de  Diderot,  Mirabeau, 
Marie-ïoseph  Chénier,  Franklin,  Washington,  etc.,  ainsi 
qu*une  ébau<;he  de  la  fontaine  de  Mousseau,  détruite  sous  la 
Révolution. 

'SSSXLtAHUAM  (Ain), 

.  ville  bressanne  située  à  12  kilomètres  de  Bourg,  qui  s'écriy.ait  anciennement 

MtUona, 

FAffîNaE  X  ÉMAIL  STANHIFÈRE.  YeP6  i 765 

M.  Yailliard  possédait,  lorsqu'il  habitait  Paris,  une  jardinière 
qui  portait  rinficription  : 

Pidour  à'Miliona  1735. 

M.Joly  et  M»  J.  AIontbarboD,  fabriquent  encore  actuellemaiu 
despoteries,  à  MsUlonas. 


540  POTERIES  OPAQUES 

Le  Dictionnaire  géographique  d'Aynes  prétend  que  des  tra- 
ditions font  remonter  les  premières  fabriques  de  poteries  éta- 
blies dans  cette  localité,  au  dixième  siècle. 

Rue  de  Charenton,  yis-à-vis  l'ancienne  manufacture  de  yelours. 

Faïences  bronzées.  1766 

«  Rue  de  Charenton,  faubourg  Saint-Antoine,  vis-à-vis  l'an- 
cienne manufacture  de  velours,  se  trouve  actuellement  une 
manufacture  de  faïences  bronzées  qui  vont  au  feu.  On  y  fait 
toutes  sortes  de  vaisselle.  »  {Intelîigenzblatt.) 

Rue  Saint-Honoré,  près  de  la  rue  de  l'Échelle. 

Faïences.  i766 

On  lit  encore  dans  Ylnieîligenzblatt^  : 

a  A  la  manufacture  royale  de  M.  Chapelle,  dont  les  magasins 
sont  rue  de  l'Échelle,  on  trouve  des  faïences  blanches  et  déco- 
rées. Elles  vont  au  feu  et  supportent  Teau  bouillante.  » 

CHATIIiliOM  (flvr  liOlre?}. 

Faïences.  1766 

Les  lignes  qui  suivent  sont  encore  empruntées  à  ce  même 
Intelligenzblatt  de  Tannée  1766,  page  206,  Leipzig. 

«  Depuis  que  Ton  a  envoyé  à  Paris  les  services  en  argent  à  la 
Monnaie,  on  s'occupe  d'inventer  toutes  sortes  de  faïences  et 
d'imitations  de  porcelaines.  Il  serait  utile  de  visiter  les  diffé- 
rentes manufactures  pour  apprendre  à  connaître  les  meilleures 
espèces  et  leur  fabrication,  ainsi  que  de  rassembler  une  pro- 
vision de  bons  modèles.  A  Chàtillon-sur-Oise  {t),  il  existe  une 
manufacture  de  faïence.  Cette  faïence  résiste  contre  le  feu,  et 
rougirait  plutôt  que  de  casser.  On  y  fait  des  casseroles  et  toutes 
sortes  de  vaisselle  pour  l'usage  usuel.  Cette  faïence  ne  perd  pas 
intérieurement  son  émail  blanc,  et  ne  se  noircit  pas  extérieu- 

i .  Les  renseignements  suivants  sont  extraits  de  cette  même  publication,  sous 
la  rubrique  d'une  communication  de  Paris  : 

«  Tabouret  d'équitation.  -—  M.  Genneté,  premier  mécanicien  de  S.  M.  1.,  a 
intenté  ane  machine  qu'il  appelle  «  tabouret  d'équitation.  »  Cette  machine, 
suspendue  au  plafond,  est  faite  en  sorte  qu'assis  dessus  on  peut  lui  faire  faire  tous 
les  moutements  du  cheTal,  pas,  trot  et  galop.  Ce  mécanicien  a  en  outre  confeo- 


EUROPÉENNES.  541 

rement  au  feu.  On  la  transporte  par  le  canal  de  Briare^  sur  la 
Seine  à  Paris.  )) 


Faïence  a  émail  stannifére.  1767 

Maurin  des  Abiez  y  établit  une  fabrique  à  l'instar  de  celle  de 
Strasbourg  (patente  du  31  décembre  1767),  et  on  lui  accorda  pour 
rinstallation  un  emplacement  dans  le  château.  Cette  manu- 
facture royale  avait  pour  directeur  Pierre-Antoine  Hannong, 
qui  établit  plus  tard  une  autre  fabrique  pour  son  propre  compte 
à  Vincennes,  mais  y  fit  faillite  au  bout  de  quatre  mois. 

Il  parait  cependant  que  Hannong  avait  déjà  travaillé  à  Vin- 
cennes pour  son  propre  compte  avant  l'établissement  de  l^f^wi- 
nufacture  royale,  puisque  on  connaît  l'ordre  de  1766  qàTrai 
interdisait  de  continuer  sa  fabrication. 

Là,  comme  au  faubourg  Saint-Antoine,  Hannong  marquait  : 

H. 

La  marque  de  la  manufacture  de  Maurin  des  Âbiez  est  restée 
indéterminée. 

(Voir  porcelaines  de  Vincennes,  et  la  note  à  la  fin  de  l'article 
sur  les  faïences  de  Strasbourg). 

msiEft  (Gard).   • 

Faïence  a  émail  stannifére,  vers  la  fin  du  dix-huitième  siècle. 
Une  rue  appelée  :  Rue  de  la  Faïence ,  qui  y  existe  encore 

tionné  un  cheval  en  bois  sur  lequel  on  peut  prendre  les  premières  leçons  d'équi- 
tation.  Il  demeure  rue  de  l'Hirondelle. 

0  Batterie  de  cuisine  —  en  fer  étamé,  fabrique  à  Montmartre,  magasin  rue 
de  l'Arbre-Sec. 

«  Remède  contre  la  rouille.  —  Charlier,  2,  rue  des  Fossés-Pont-aux-Choux, 

«  Foret  de  mineur.  —  Nouvelle  invention.  Lacotle,  place  Louis  XV,  à  la 
Porte  Saint-Honoré. 

«  Similargent.  —  Bassand,  rue  Saint-Jacques,  près  la  fontaine  Saiot-Seve- 
rin,  chez  M.  Fremont. 

«  Chapeaux  de  soie  pour  porter  sous  le  bras  et  sur  la  tête  —  au  prix  de 
24  à  60  livres,  chez  Prévost,  marchand  chapelier,  rue  Guénégaud. 

«  Spalme —  M.  Besnard  a  publié  une  disposition  des  propriétés  du  Spalme, 
à  Paris,  chez  Lebreton,  imprimeur  du  roi,  rue  de  la  Harpe. 

«  Lampes.  —  Rubiqueau,  ingénieur,  faubourg  Saint-Germain,  vis-à  vis  des 
Filles  Sainte-Marie-Royale,  a  inventé  des  lampes  à  verres  grossissants  qui  per" 
mettent  de  lire  à  920  pas  de  distance. 

1.  Briare  est  une  ville  du  Loiret,  à  10  kil.  de  Gien  et  à  15  kil.  de  Paris. 

i6 


542  POTERIKS  <)PâQUES 

gous  ce  nom,  parait  indiquer  Texistence  d'andennes  StAttir 
ques.  M.  Edouard  Pascal,  nalif  de  Nîmes,  possède  une  pièce 
de  la  fabrication  nîmoise,  qui  porle  l'inscription  en  patois  sui- 
vante : 

Loubier  travaijo  (Loubier  trarallle 

ÂiASO  9al  braijo  £n  calotte  qui  braille 

Din  son  ùuataiU  Dans  son  réduit  de  iou, 

El  neubais  coumo  un  trou  Où  il  boit  comme  un  trou. 

Touffeur  badino  et  sai  eesino  Badinant  aTec  le  voisin, 

An  badinant  et  ntufow  son  pwU»  Vraiment  il  enfoiire  son  pain.) 

La  liste  des  faïenciers  pétitionnaires  de  Tannée  1790,  aux 
archives  de  Nevers,  mentionne  deux  fabriques  fonctionnant  à 
cette  époque  à  Nimes. 

MM.  Plantier,  Boncoirant  et  Cs  de  qui  le  musée  de  Sèvres 
possède  des  échantiilcHis  (1831)  marquaient: 

P.  B.  G. 

TOURS  (Indre-el-tiolre}. 

Faïisnce  a  émail  sTANNirfeRK.  vers  1770 

Noèl  Sailîy  y  établit  vers  1770  une  fabrique  au  faubourg 
Saint-Pierre-des-Corps,  qui  après  sa  mort  en  1783  fut  conti- 
nuée par  son  fils  (Voir  porcelaines  de  Tours). 
Une  gourde,  au  musée  de  Sèvres,  est  signée  : 

Fait  à  Tours  ie  ti  mare  1782. 
Louis  .  Liaute, 

Dans  la  liste  des  fabriques  de  fiilences  existant  en  1790 
conservée  aux  archives  de  Nevers,  figure  encore  une  fa- 
brique de  Tours.  Le  nom  qui  se  trouve  dans  rinseriplion  £i- 
dessus  me  paraît  cependant  celui  du  propriétaire  et  mm  pas 
du  fabricant.  Les  BinUonmaxtes  des  Postes  aux  litres,  par  Le- 
cousturier,  de  1802  et  1817,  mentionnent  des  fabriques  à  Touis. 

Charles-Jean  Avisseau  a  été  à  notre  époque  le  premier 
continuateur  moderne  des  poteries  dites  de  Palissy  (8  ans 
avant  Barbizet  et  14  ans  avant  Pull).  C'est  loi  qui,  après 
de  longues  recherches,  a  remis  en  honneur  cette  branche 
céramique.  Le  musée  de  Sèvres  possède  de  ce  potier  une  œuvre 
acquise  en  18tô,  date  de  la  création  de  la  fiibrique.  M«  Avis- 


sufiOPÉimiBS.  543 

seeu  fils  continue  «ujonrd'hui  avec  succèa  la  fabrication  de 
8<m  père. 

Les  amateurs  préfèrent  généralement  les  poteries  des  A^is- 
aemi-Palissy,  aux  produits  des  autres  continuateurs,  parce 
qu'elles  imitent  le  mieux  le  cachet  ancien. 

La  marque  était  et  est  toujours  : 


^ 


M..  £»  Avisseau  fils  avait  envoyé  à  la  grande  Exposition  de 
Londoa  trois  céramiques  qui  lui  ont  fait  obtenir  la  médaille»  — 
Cette  récompense  est  méritée,  car  les  deux  pièces,  genre  de 
Henri  II,  étaient  charmantes,  et  le  plat  à  poissons  dépassait 
tout  ce  que  Bernard  a  produit  dans  ce  genre.  Pour  arriver 
à  rendre  la  nature  avec  autant  de  vérité,  M.  Avisseau  a  dû 
cependant  sacrifier  un  peu  la  beauté  de  la  couleur  de  son 
émail. 

Son  magnifique  plat  ovale  à  la  langouste,  que  le  musée  du 
Louvre  montre  parmi  ses  richesses  de  Tépoque  de  la  Renais- 
sance, et  qui  lui  a  été  donné  en  t863  par  M«.  Jules  Gloquet, 
prouve  le  grand  mérite  de  feu  Avisseau  dana  ce  genre  de  po- 
terie; ce  i^t  est  certainement  supéneuur  à  ceux  attribués  à 
Palissy. 

Landais,  le  neveu  de  feu  Avisseau,  de  Tours,  avait  fait  ad- 
mettre à  l'Exposition  de  Paris,  en  1855,  plusieurs  exemplaires 
de  ces  mêmes  imitations  des  poteries  dites  de  Bernard  Palissy, 
dont  quatre  pièces  se  trouvent  au  musée  Kensîngton  sous  les 
no«  3900  à  3903.  Il  existe  encore  à  Tours  un  troisième  fabricant 
de  ce  genre  de  poterie  dont  j'ignore  le  nom. 

MM.  Durand,  Deguelle  fils,  Masquet,  Bigeon,  Poirier,  Mau- 
rice Marion  et  Villemin,  y  fabriquent  aujourd'hui  des  faïences 
et  des  poteries  brunes  et  blondes. 

Du  Sa«r»^miind  aUemaiid,  qu  8a«r^C<mfluft]}t. 

Faïences  a  émail  STANNiPiUE,  i770  à  184^ 

Des  services.  J'en  ai  vu  de  charmants  k  fond  bleu  lapis,  en 
rocaille,  et  à  décor  couleur  et  or.  On  fabrique  aussi  à  Sarre- 


1 


544  POTERIES  OPAQUES 

guemines  la  faïence  commune,  la  porcelaine  à  pâte  tendre 
avec  impression,  la  porcelaine  opaque  anglaise  et  le  grès  ar- 
tistique. 

MM.  Uschneider  et  Gie  sont  des  manufacCuriers  considérables, 
ils  marquent  : 

(en  coulear  du  décor,  tracé 
au  pinceau). 

On  trouve  dans  une  des  salles  du  Grand-Trianon,  à  Versailles, 
deux  beaux  vases  forme  Médicis,  et  imitant  le  porphyre,  qui 
ont  été  fabriqués  à  Sarreguemines  du  temps  de  Louis  XVI. 

Les  faïences  que  cette  manufacture  fabrique  actuellement 
sont  décorées  en  majeure  partie  par  l'impression,  et  rarement 
marquées  des  initiales,  mais  souvent  d'écussons  et  de  noms  qui 
désignent  chaque  genre. 

(Voir  les  porcelaines  de  Sarreguemines.) 

HABTBBft^  en  Iiansnedoe  (Hante-Garoiiiie}, 

Près  Saint •Gaudens,  à  36  kilomètres  de  Muret. 

Faïence  a  émail  stannipère.  1775 

Le  Comte f  céramiste. 

Une  pièce  appartenant  à  M.  Pujol,  de  Toulouse,  est  mar- 
quée : 

Fait  àMarlreSj  1775. 

Prosper  Ané,  Bw-ieu,  Deschamps  et  Leclerc  jeune  et  Comp*, 
y  fabriquent  encore  aujourd'hui  de  la  faïence  blanche. 

Il  parait  que  l'on  a  confectionné  depuis  des  siècles  déjà  des 
poteries  dans  cette  localité,  et  qu'il  y  existait  de  nombreuses 
fabriques. 

léOCJLIMTÛ   mCOIVlflJE. 

Terre  cuite  sans  couverte. 

Saint-Amans,  né  à  Agen  en  1774,  mort  à  Lamarque  en|]1858, 
céramiste. 

On  rencontre  de  petits  médaillons  ronds  et  ovales  en  terre 

cuite,  signés  : 

Saint-Amans  ', 

1 .  Il  existe  des  faïences  et  des  porcelaines  à  pâte  tendre,  fabriquées  à  Saint- 


EUROPÉENNES.  545 

d'une  grande  finesse  d'exécution,  et  dont  les  sujets  en  bas- 
reliefs  sont  ordinairement  empruntés  à  la  mythologie. 

Ces  terres  cuites  ont  été  fabriquées  par  Pierre-Honoré 
Bourdon  de  Saint-AmanSj  soit  à  Sèvres,  à  Greil,  à  Bordeaux 
(Bacalan),  soit  à  Lamarque.  On  trouvera  dans  le  chapitre  qui 
traite  des  porcelaines  françaises  (voir  Lamarque  près  Agen), 
une  note  biogrsqphique  plus  complète  sur  ce  céramiste. 

Terbe  cuite  sans  couverte.  1780  à 

Clattde  Ramey,  statuaire,  né  à  Dijon  en  1754,  et  qui  demeu- 
rait encore  eu  1832,  n®  38,  rue  Vaugirard,  obtint  le  grand  prix 
de  sculpture  en  1781. 11  a  exposé  en  1801  le  buste  de  Scipùm 
r Africain  et  une  Sapho  assise;  en  1817,  le  cardinal  Richelieu; 
en  1824,  Biaise  Pascal,  destiné  pour  la  ville  de  Glermont,  et  en 
1827,  Lasaudade,  buste  en  marbre.  On  connaît  de  cet  artiste 
en  outre  les  statues  de  Scipion,  du  général  Kléber,  de  8  pieds, 
dQ  Napoléon,  de  7  pieds,  du  prince  Eugène  Beauharnais,  en  mar- 
bre ,  de  6  pieds ,  les  bustes  de  Cousin,  de  Burazzo  et  de  Pras- 
lin;  \ei  Naïade,  de  12  pieds,  au  jardin  du  Luxembourg;  une  Pru- 
dence, de  6  pieds,  un  Athlète,  de  4  pieds,  une  Sapho,  de  3  pieds, 
et  le  bas-relief  à  l'arc  de  triomphe  du  Carrousel,  représentant 
VEntrevue  à  Austerlitz.  Ramey  a  aussi  laissé  des  terres  cuites. 
J'ai  vu  dans  la  collection  Eugène  Tondu,  à  Paris  (vendue  au 
mois  d'avril  1865),  un  grand  médaillon  rond,  représentant  en 
bas-relief  un  buste  de  femme  vu  de  proûl,  signé  : 

^  Ramey. 

I.OCAIJIT1É0  IMDlÉTBBaiIinÉES. 

Faïence  a  émail  stannifére.  Dix-huitième  siècle. 

Faïences  à  la  marque  de  la  fleur  de  lis. 


t 


en  bleu,  rouge,  Tert  ou  brun  sous  le  couyercle. 

Toutes  sortes  de  plats,  assiettes  à  fruits  en  ronde-bosse,  etc., 

Amand-leS'Eaux  (Nord),  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  ces  terres  cuites  sans 
couTerte  signées  du  nom  de  l'artiste  Saint'Amans. 

46. 


1 


516  POTERIES  OPAQDES 

en  pâte  lourde,  mais  d'un  bel  émail  suave  et  blanc.  On  attribue 
ces  produits  à  Savy,  de  Marseille,  qui,  en  1777,  après  avoir 
obtenu  un  brevet  de  Monsieur,  frère  du  roi,  aurait  marqué  ses 
produits  d'une  fleur  de  lis.  On  en  attribue  aussi  à  Lille  (qui 
a  des  fleurs  de  lis  dans  ses  armes),  et  Rouen  a  également  mar- 
qué d'une  fleur  de  lis  au  trait 

Plusieurs  exemplaires  à  Sèvres,  chez  M.  Edouard  Pascal  et 
dans  ma  collection  (voir  Rouen,  Marseille,  Lille  et  Palissy). 

Faïence  a  émail  stannifère.  Dix-huitième  siècle. 

M.  A.  Assegond  possède  ua  pot  à  tabac  décoré  en  polychrome^ 
où  le  sujet  représente  un  homme  occupé  à  fabriquer  du  tabac 
à  ûimer.. 

Cette  céramique  est  si^gnée  ? 

Ba)ieu,  à,  Saint'Savin  (ou  Sarin)» 

Faïence  a  émail  stannifêhe.  1785  à  1800 

Deux  coquilles,  conservées  dans  la  collection  Perillieu,  sont 
marquées  d'un  monogramme  en  bleu  au:  grand  feu,  qui  repré- 
sente une  espèce  de  lézard. 

Faïence  a,  émail  stanntfére.  V^rs*  1790 

M.  Michel  Piascal  possède  une  terre  marquée  : 

D.  G. 

Terre  cuite  sans  couverte,  i793 

M.  Ghampfleury  possède  un  buste,  la  DéessS  de  la  Raison, 
qui  est  signé  : 

Le  SwvTj  t7§9. 

PAUM, 

rue  de  U  Pépinière. 

Poteries  dites  hygiocérames^  Vers  1801 

Fourmy,  potier  et  auteur  des  Mémoires  sur  les  anciennes  terres 
cuites,  publiés  en  1802,  exposa  au  Louvre  en  1801  ses  hygiocé- 
rames,  qui,  selon  hii,  réunissaient  les  trois  meilleures  qualitë^que 
l'on  puisse  demander  à  une  bonne  poterie  :  salubrité,  bon  mar- 
ché e€  solidité,  c'est-à-dire  la  résistance  dms  les  pctësaçf^s  sti*- 
bits  du  froid  au  chaud. 


tuftOPénniJia.  547 

C*^ëtai0nt  des  terres  cuites  recouvertes  de  vernis  i9rr0m 
exempts  d'oxyde  et  composés  uniquement  de  pierre  ponce* 
—  (Voir  à  la  fin  du  chapitre  intitulé  :  Poteries  vernissées  smis 
plomb,  à  beese  de  lave  ou  de  pierre  porne.) 


CBEII<  (Oise)  et  nonmmMAMi  («elne-et-]!l«rne). 

Terre  de  pipe  au  vernis  plombifâbe.  1780 

FaIergbs, 

Hall,  Anglais  de  naissance,  établit  Is  première  fabrique  à 
Montereau  en  1780  ;  De  Saint-Cricq  lui  le  succéda  vers  iSiO 

Lebœuf  et  Thibaut  —    1 829 

MM.  Louis  Lebœuf  et  Thibaut  —    1834 

sous  lesquels  on  marquait  : 

L,  £.  el  T»  JKbn(f<"'.        (««  ereax  dast  la  pàt«.) 

marque  que  j'ai  rencontrée  sur  des  pièces  noires,  genre 
Wedgwood.  Aujourd'hui  la  manufacture  appartient  à  MM.  Le- 
bœuf, Milliet  et  C^ 

C'est  de  Saint-Cricq  qui  a  établi  la  première  fabrique  à 
Creil;  ses  successeurs  furent  également  MM.  Lebœuf  et  Gra- 
tien  Milliet  vers  1836 

La  marque  est  CREIL» 

La  liste  des  faïenciers  pf^titionnaires  de  Tannée  1790^  trouvée 
dans  les  archives  de  la  ville  de  Ncnrers,  mentionne  deux  fabri- 
ques à  Montereau. 

Les  Dictionnaires  des  Postes  aux  lettres,  par  Lecousturier,  des 
années  1802  et  181 7,  meiutiaBneBi  la  manufacture  de  Creil 
comme  usine  importante. 

Pierre  Honoré  Bourdon,  de  Saint-Amans,  a  été  attaché  pen- 
dant quelque  temps  à  cette  manufacture  (voir  Lamarque  et 
Saint' Amans),  et  c'est  sur  les  cémmiques  de  Greil  et  de  Bfon- 
tereau,  que  M.  A.  (jrouvrion ,  à  Paris,  produit  le  plus  souvent 
ses  jolis  décors,  dont  plusieurs  sont  e»$eutés  sur  émail  stan^ 
nifère,  contrairement  à  l'opinion  de  M.  Salvetat,  le  chimiste 
de  Sèvres,  qui  soutient  dans  se?  Leçons  céramiques  que  le 
cailloutage  français  (  terre  de  pipe  )  ne  pourrait  être  émaillé  à 
rétain. 

MM.  Bear  A-éres  fabriquent  acttwllement,  à  Montereau,  des 


548  POTERIES  OPAQUES 

poteries  bronzées  ;  M.  Galliot,  à  Gourbeton,  des  poteries  de  jar- 
dins et  M.  Fouinaty  à  Montereau  môme,  des  briques  rëfractaires 
(usine  à  vapeur). 
(Voir  les  Porcelaines  opaques  de  Greil  et  de  Montereau.  ) 


Terre  cuite  sans  couverte.  i780  à 

Joseph-Charles  Marin,  statuaire,  né  à  Paris  en  1749,  élève  de 
rAcadémie  des  Beaux-Arts,  demeurait,  en  1832,  impasse  des 
Feuillantines,  10. 

Il  a  exposé,  en  1782,  Vénus  et  F  Amour,  en  marbre;  en  1808, 
une  Jeune  fille  à  la  chèvre,  en  marbre;  en  isn,  VAmitiéy  Jean- 
Jacques  Rousseau  et  le  Vice-amiral  Trouville;  et  en  1822,  une 
Baigneuse,  en  marbre.  On  connaît  en  outre  :  Télémaque,  berger 
chez  le  roi  SésostriSj  en  marbre,  au  château  de  Fontainebleau; 
Agaret  Ismaèl,  groupe  en  marbre,  appartenant  au  duc  de  Brac- 
chiano,  à  Rome  ;  Jupiter  et  Ganymède  ;  une  Mère  et  son  fils, 
Paris;  une  Baccfiante;  une  Galathée,  en  bronze;  la  statue  de 
Toumy,  en  marbre,  à  la  ville  de  Bordeaux,  et  le  tombeau  de 
madame  de  Beaumont  à  l'église  Saint-Louis^  à  Rome,  que  Marin 
y  a  exécuté  sous  les  auspices  de  Chateaubriand.  Grand  prix,  il 
a  passé  dix  ans  en  Italie. 

On  connaît  aussi  de  cet  artiste  un  certain  nombre  de  figurines  et 
de  bas-reliefs  en  terre  cuite.  J'ai  rencontré  de  lui  une  Femme  nue 
couchée  et  un  Bacchvs  accompagné  d'une  bacchante,  de  26  cent, 
sur  18,  et  deux  petites  statuettes  dans  la  collection  Eugène 
Tondu,  à  Paris. 

MANCT  (Henrtiie). 

Terre  cuite  sans  couverte.  1780  à  1814 

Faïence  a  émail  stannifère.  Époques  indéterminées. 

Michel  Clodion,  statuaire,  né  à  Nancy  vers  1745,  mort  en 
18i4,  exposa,  en  1801,  plusieurs  groupes,  dont  un  repré- 
sentait (iétiâ?  /'emtnésa^ac^és;  en  1806,  une  Jeune  Pille  donnani 
à  manger  à  deux  oiseaux,  et  en  1816,  un  Homère  aveugle  chassé 
par  des  pécheurs,  et  une  Jeune  Fille  voulant  prendre  un  papillon^ 
en  marbre. 

En  fait  de  grands  ouvrages,  on  connaît  aussi  de  cet  artiste  : 
V Hercule  au  repos;  le  Fleuve  Scamandre,  le  Léluge^  et  les 


EUROPÉENNES.  549 

bustes  de  Madame,  première  fille  de  Louis  XYl,  et  celui  de 
Tronchet 

Le  Louvre  possède  une  Bacchante  en  marbre. 

Clodion  a  aci|uis  une  grande  popularité  par  ses  charmantes 
statmttes^  figurines  et  petits  bas-reliefs  en  terre  cuite,  qui  sont 
presque  tous  signés  en  toutes  lettres,  et  qui  se  vendent  aujour- 
d'hui fort  cher. 

La  manière  de  ce  sculpteur  est  un  peu  mignarde,  et  on  pour- 
rait l'appeler  le  Pradier  en  miniature.  Dans  la  collection  de 
M.  Eugène  Tondu,  à  Paris,  il  y  avait  de  Clodion  la  statuette  de 
Léda  et  le  Cygne  de  40  cent,  de  hauteur;  une  Vestale  de  44  c.  ; 
une  Jeune  Filleportant  dans  sa  chemise  des  fruits  et  des  fleurs,  de 
39  cent.  ;  deux  petits  vases  Médids,  ornés  de  bas-reliefs,  repré- 
sentent le  Triomphe  de  Vénus,  etc.,  de  22  cent.;  un  bas-relief 
de  forme  carrée  représentait  une  bacchante-enfant,  2S  c.  sur  21 
et  un  médaillon  rond  de  15  cent,  de  diamètre,  où  le  sujet  en 
haut-relief  montrait  une  femme,  satyre  et  son  enfant. 

Les  amateurs  sont  prévenus  qu'un  marchand  de  curiosités  à 
Paris,  que  je  ne  veux  pas  nommer,  fait  continuellement  surmouler 
sur  des  bas-reliefs  originaui  de  Clodion,  des  terres  qui  sont 
cuites  dans  une  fabrique  de  faïence  de  la  rue  des  Trois-Bornes. 
Vendues  pour  des  originaux,  elles  inondent  le  commerce.  On 
les  reconnaît  aux  contours  moins  vifs  des  lignes  et  aux  reliefs 
moins  saillants,  mais  elles  sont  signées. 

Voir,  pour  le  sculpteur  Cyfl£t,  Lunéville  et  Niderviller  où  il 
a  travaillé,  ainsi  qu'à  Nancy  et  aussi  à  Tout  où  l'on  a  encore  con- 
servé de  ses  moules,  ce  qui  donne  carrière  à  la  contre-façon. 

M.  A.  Majorelle  fabrique  à  Nancy  des  faïences  fort  dan- 
gereuses pour  le  collectionneur  puisqu'il  les  produit  avec  des 
moules  anciens  (voir  aussi  Toul).  Les  Dictionnaires  des  Postes 
aux  lettreSy  par  Lecousturier,  des  années  1802  et  1817,  men- 
tionnent une  manufacture  de  faïence  à  Nancy,  où  M.  Vei- 
senburger  confectionne  encore  aujourd'hui  des  poteries  com- 
munes. 

HO1JUII0  (AlUer). 

Faïence  a  émail  stannifére.  De  1780  à  1785 

Le  musée  de  Sèvres  possède  une  assiette  octogone,  décorée 
dans  le  genre  de  la  décadence  de  Nevers,  signée  : 

a  Moulins 


550  POTERIES  OPAQUES 

Le  Dictionnaire  des  Postes  aux  lettres  de  1802  mentionne  e»- 
core  une  fabrique  à  Moulins,  et  M.  Massieu  y  a  aussi  fabriqué 
plus  récemment  des  terres  de  pipe,  dont  le  musée  de  Sèvres 
possède  des  échantillons  acquis  vers  i809.  M^^Thibaud  y  pro- 
duit actuellement  de  la  poterie  commune  et  du  grès. 

COGllAC  (Charente). 

Faïence  A  ÉMAIL  sTANNiFèRE.  Vers  la  fin  du  dix-huitième  siècle. 

M.  £.  Michel,  à  Avignon,  possède  un  bidon,  forme  baril,  eo 
faïence  à  décor  polychrome  vert,  manganèse,  jaune  et  bleu  clair, 
sur  fond  blanc,  genre  Nevers,  de  15  sur  10  centimètres  de 
grandeur,  qui  est  signé  : 

Pierre  Guichard,  toitfne*ir,  feeit  et  C«*,  pinxit, 

et  sur  lequel  on  lit  en  outre  : 

FAIT  A  COGNAC. 

ainsi  que  les  mots  17  fructidor  X,  Niceux.  Le  dernier  nom  était 
probablement  celui  du  propriétaire  du  bidon. 

Une  autre  faïence  de  cette  même  provenance  et  de  la  mémo 
collection,  une  sorte  de  gourde  de  8  sur  6  centimètres  de  grafl* 
deur,  et  décoré,  comme  le  bidon,  porte  inscription  : 

Jean  Guichard  de  Cognac. 

Ce  Jean  Guichard  était  probablement  potier  et  parent  de 
Pierre  Guichard. 

Le  Dictionnaire  des  Postes  aux  lettres  des  années  1802  et  1817 
mentionne  aussi  des  fabriques  de  faïence  à  Cognac. 

AI8T  (Tonne). 

FaXbnce  a  émail  stannifâbb.  4780 

Cette  faïence  est  dans  le  genre  de  la  faïence  commune  popo- 

laire  de  Nevers  de  la  fin  du  dix-huitième  siècle. 
Le  musée  de  Nevers  en  possè(fo  des  exemplaires  qui  sont  sam 

marques  ni  monogrammes. 

mmvMM  (flMvd). 

Terres  de  pipe  au  vernis  minéral.  Vers  1782 

Leech  frères.  Anglais,  sous  la  direction  de  George  Bm,  y  com- 


k 


mencèrent  à  fabriquer  à  partir  de  i  78â,  rue  des  Carmes.  En  1790 
il  existait  deux  fabriques  de  poteckos  à  Douai,  comme  le  con- 
state la  liste  desiISSenciers  pëtitionuaires,  aux  archives  de  Ne- 
vers,  et  MM.  Viment  Cachet  etU^,  y  fabriquaieat  vers  1832. 

Païence  a  i]îAiL  STANNIPÊRE.  1783  jusqu'à  ce  jour. 

Un  moine  italien,  nommé  Leonardi,  de  passage  dans  ^  pays, 
eofieigna,  vers  i  783,  la  fabrication  de  la  faïence  au  proprié- 
taire d'une  briqueterie,  qui  s'a]^elait  Laval.  Le  petit^ls  de  ce 
dernier,  M.  le  docteur  Laval,  y  fabrique  eiicoi^  aujourd'hui  des 
faïences  artistiques,  toutes  peintes  sur  le  cru. 

La  pâte  est  formée  de  l'argU©  ferrugineux  ordinaire,  mélangé 
de  marne  et  conservé  en  cave.  Tous  les  produits  de  cette  fa- 
brique sont  marqués  : 


Le  docteur  Laval,  homme  d'une  grande  intelligence  artis- 
tique, a  su  donner  une  féconde  iiupulsion  à  la  fabrication  de 
la  poterie  fine!  On  y  proéfoit  des  plats  et  vases  de  dimensions 
colossales,  entre  ay^es  le  fameux  grand  vase  qui  a  été  offert  à 
M.  Favre,  l'avocat- député.  ^ 

M.  Pignant  dirigeait  tme  autre^'ftbrique  qui  existait  encore 
à  Premières  vers  1826.  - 

y 

Terre  cuite  a  émail  stannifère,  1785 

Terres  cuites  et  terres  de  pipe  au  vernis  de   plomb  et 

coloriées  dans  la  PATE.  Vcrs  1806  à  1811 

L'établissement  de  La^ert,  qui  a  été  ferme  vers  1790,  n'était 
pas  le  seul  à  Sèvres.  Il  y  existait  encore  d'autres  petites  fa- 
briques de  faïence.  Ëntjre  autres,  celles  de  Levasseuryers  1790, 
et  de  Ctovareou  (1806). 

Un  grand  et  très-joli  vase  de  Lambert,  style  Louis  XIV»  au 
musée  de  Sèvres,  ne  porte  pas  de  monogramme. 

Les  DùsUonnaires  desPo$tesmiœ,leUnsdeiSQ2ei  1817  mention- 
nent àSèvres  des  fabriques  àefatence^ierres  blanGh4S  et  cri$taux. 


552  POTERIES  OPAQUES 

L'empereur  Napoléon  1*^  croyant  porter  un  couji  mortel  à 
l'Angleterre  par  rétablissement  de  son  système  contînental  en 
1806,  mais  qui,  au  lieu  de  ruiner  T Angleterre,  ruina  la  France, 
et  mit,  de  1809  à  4811,  la  population  înj^ustrielle  à  de  dures 
épreuves,  avait  chargé  à  cette  époque  la  manufacture  de 
Sèvres  de  fabriquer,  en  outre  de  ses  porcelaines,  toutes  sortes 
de  potél^^  qui  devaient- imiter  celles  de  TAjl^leterrey  et  par- 
ticulièrement de  la  grande  manufacture  ^  Wedgewood  à 
Astbourg. 

M.  Charles  Rossigneux,  à  Paris,  possède  des  vases  imitant 
rosier,  ainsi  que  des  seaux  à  fiëurs,  provenant  de  ces  essais 
infructueux  ;  ces  poteries  sont  marquées  : 

SHtfiitr;;'  (en  creux  dans  la  pâte.) 

Aujourd'hui,  la  manufacture  de  Sèvres  a  repris  la  fabrication 
des  faïences  artistiques. 

M.  Ch.  Ficouenetj  à  Sèvres,  s'est  aussi  signalé  depuis^elque 
temps  par  ses  décors  polychromes  sur  faïence,  dans  le^bt  de 
ceux  de  la  fabrique  de  M.  Laurin  à  Bourg-la-Reine,  exécutés  par 
M.  Chapelain. 

La  marque  de  M.  Ficouenet  est  : 

Ch,  F.  Sèvres, 
WKEnuetÊSBiC  (Dord|>giie]. 

Faïence  a  émail  stannifère.  1785  à  1793 

Un  encrier  en  faïence,  d'un  émail  blanc  qui  laisse  à  désirer, 
et  décoré  dans  le  genre  des  faïences  de  Strasbourg,  au  petit  feu 
de  réverbère,  est  marqué  : 

Bonnet  de  Bergerac  (Dordogne). 

Cet  encrier,  qui  était  exposé  à  l'Exposition  de  Bordeaux 
en  1 865,  a  été  attribué  à  Bergerac,  mais  je  pense  qu'il  faut  ac- 
cepter cette  classification  sous  toute  réserve ,  car  le  nom  de 
Bonnet  peut  être  le  nom  du  propriétaire  pour  lequel  la  com- 
mande de  l'encrier  a  été  faite,  et  non  pas  celui  du  potier. 

Ce  qui  est  plus  positif,  c'est  qu'un  dictionnaire  géographique, 
antérieur  à  89,  parle  d'une  fabrique  de  faïence  à  Bergerac,  et  que 
M.  Henri  Dévier,  de  Bordeaux,  m'écrit  être  sûr  qu'un  nommé 


^ 


EUROPÉENNES.  553 

JoUet  ou  Joîivet  est  venu  acheter  Tancienne  fabrique  pour  en 
continuer  Texploitation ,  au  commencement  de  ce  siècle.  Il 
parait  que  la  maison  qu'il  y  a  fait  construire  existe  tou- 
jours. 

M.  lé  docteur  Belmas,  à  Bordeaux,  possède  des  farences  de 
Bergerac  qui  sont  d'une  qualité  commune,  et  décorées  au  feu 
de  réverbère  ;  elles  ressemblent  à  celles  de  Strasbourg,  où  lo 
rose  domine,  mais  se  signalent  par  une  teinte  violacée  dans 
le  blanc  de  Témail. 

a  liste  des  faïenciers  pétitionnaires  de  1790,  conservée 
aux  archives  de  Nevers,  mentionne  môme  deux  fabriques  de 
Bergerac. 

l0l<ETTStl  (les  srandes), 
À  3 1  kilomètres  de  Verdun  {Meuse). 

Faïence  a  émail  stannifère.  1790  à  1830 

Cette  faïence,  décorée  au  feu  de  réverbère,  de  tons  criards, 
rose,  vert,  jaune  et  bleu,  s'est  fabriquée  sous  la  République, 
sous  le  Directoire,  sous  FEmpire  et  jusqu'au  commencement 
du  règne  de  Louis-Philippe. 

Les  fabricants  empruntent  ordinairement  à  l'imagerie  d'Épinal 
ces  paysages  animés  de  bergèresetde  bergers,  dont  les  premières, 
si  elles  ne  sont  pas  ôetûsle simple  appareil j  n'ont  le  plus  souvent 
qu'une  chemise  pour  tout  vêtement.  Chose  assez  curieuse, 
les  ingénieux  céramistes  des  Islettes,  sans  rien  changer  au  reste 
de  la  copie  de  la  gravure,  remplaçaient,  à  une  certaine  époque 
de  l'empire,  le  berger  par  le  militaire  flamboyant,*  a  toujours 
vainqueur  auprès  des  belles.  »  On  voit  alors  la  bergère. nue  ou 
à  peu  près,  vis-à-vis  d'un  militaire  qui,  en  uniforme  et  le  shako 
sur  la  tête,  lui  présente  ses  hommages,  tantôt  sous  la  forme 
d'un  bouquet ,  tantôt  sous  celle  d'un  oiseau  en  cage. 

On  connaît  un  potier,  le  nommé  Joseph  Le  Cerf,  qui  figure 
parmi  ceux  qui  ont  introduit  à  Sinceny  la  fabrication  des  faïences 
genre  lorrain,  au  feu  de  réverbère»  J'ai  attribué  à  ce  Joseph  Le 
Cerf,  des  Islettes,  établi  à  Sinceny,  le  monogramme  C  et  S 
(voir  Sinceny). 

Le  Dictionnaire  des  Postes  auœ  lettres  de  1817  parie  d'une  ma- 
nufacture de  faïence  aux  Islettes. 

M.  Champfleury  signale  de  la  collection  de  M.  Desnoyers, 

47 


554  POTXaiES  OPAQUES 

grand  vicaire  de  l'évoque  d'Orléans,  un  plat  qui  est  décorera 
portrait  de  La  Fayette^  avec  la  légende  : 

Jjt  philosophe  r^publioaiB  fraaçais, 

et  qu'il  attribue  à  la  fabrique  des  Islettes. 

C9IonrY«4bK4M»I  («nr  Seine). 

Faïence  a  émail  stannifère.  Yecs  1790 

M.  G.  Gadan,  à  Vannes,  possède  deux  petits  yases  blancs 
ornés  de  perles  en  relief  ;et  sans  aucun  décor,  nuu:qués  : 

amsï. 

Le  Dictionnaire  des  Postes  aiix  lettres  de  1817  mentionne  une 
fabrique  de  faïence  dans  cette  localité,  et 

M.  H.-A.-G.  Boulanger;  et  M.  G.  Feliker  y  fabriquent  actuel- 
lement encore  de  la  faïence. 

AHIttlIT-mOlJlf  et  AinriKlSirilXE  (iUsne), 

A  1  kilomètre  de  Chaimyi  en  Picardie. 

Faïence  a  iêuail  stannifére.  1790 

Une  première  fabrique  fut  établie  à  Rouy  en  1790,  et  fermée 
en  1840;  une  autre  en  1S2I4,  par  M.  Lecovnfe,  à  Autitmile,  sous 
la  raison  Leeomte  et  Dantier;  celle-cH  existe  eohcoi^  (vmrSin' 
ceny). 

Petite  locaiité  aux  enTirons  dTAlais  qu'auenn  BîctionnaiTe  géôgrapiàqoe  ne  dé- 
signe. (On  trouve  Ixen  trois  CasUlUm  :  l'un  'dans  la  Gircade,  Taotre  da» 
l'Ariége  et  le  Iradsiène^  CastiUaaMte-Xatz  (Ger^  mais  pas  de  CasiUbùiu) 

Faïence  a  bmail  sTAîmiFèRE. 

M.  Edouard  Pascal  possède  un  plat  décoré  de  grotesques  et 
de  feuillages  en  vert,  qui  est  signé  : 

Cattilhon. 

Faïence  a  émail  stannifére. 

Il  est  certain  qu'on  y  a  fabriqué  cette  poterie  au  dix-huitième 
siècle.  La  liste  des  faïenciers  pétitionnaires  de  Taimée  1790, 
conservée  aux  archives  de  la  ville  de  Nevers,  ne  mentionne 
plus  aucune  fabrique  d'Épinal. 


EUROPÉENTÏES.  355 

mAMWEKmMJaSM  «n  BAMHgainiAliBRa  (Toflge*). 

A  28  kilomètres  d'Épûia}. 

Faïence  a  email  stannifebe* 

Celte  fabrique  se  trouve  déjà  mentionnée  dans  la  liste  des 
faïenciers  pétitionnaires  de  l'année  1T90,  et  le  Bictionnaire  des 
postes^  aux  lettres,  par  Lecousturief,  des  années  1802  et  1817, 
en  parle  également,  il  paraît  que  l'on  y  fabrique  encore. 

BOITIftO-IiA^BEnE,  pré»  Paris. 

Faïence  a kkail  stannifere.  ^partir  do  1790 

L'ancienne  fabrique  de  porcelaine  à  pâte  tendre  ou  de 
faïence  translucide  de  Boùrg-la-Eetne ,  près  Paris,  appar- 
tient aujourd'hui  à  Madame  veuve  Laurin  et  fils,  et  produit 
exclusivement  de  la  faïence.  Outre  la  iiaïence  blanche  à  l'usage 
domestiq[ue,  on  y  fabrique  aussi  de  la  belle  faïence  artistique 
dont  les  décors  sont  peints  sur  Tëmail  dégourdi  *,  c'est-à-dire 
sur  un  émail  demi-cru,  et  imitent  la  faïence  polychrome  ita- 
lienne eu  le  jaune  domine.  La  marque  de  cette  fârenee  est  la 
même  que  Tancienne  marque  da  la  porceliaine  tenc^e, 

B.  La  R. 

L'artiste  peintre  attaché  à  la  fa-  •     # 

brique,  ancien  élève  de  Sèvres,  se  ^ 

nomme  Chapelet.  Il  signe  ses  pein-  ^ 

tures  d'un  monogramme  parlant, 
'  c'est-à-dire  qui  représente  un  c/ia-  * 

pelet. 

(Échantillon  dans  ma  collection.)  t         ^ 

M.   Auboin  Pardoux,  frère  de  ^     I 

M.  Auboin  de  Sceaux-Penlhièvre,  ^^ 

a  aussi  établi  à  Bourg -la -Reine, 

d^uis  quelque  temps,  une  fabrique 

assez  importante  de  faïences  blan- 
ches. Ce  potier  travaille  souvent 

pour  les  décorateurs  de  Paris. 

1.  Dég(mrdir  -vent  dire  donaec  une  \éf^e^  caisson  à  l'émail,  sana  qu'il  soil 
amené  à  une  entière  fusion.  Peindre  sur  le  dégourdiy  sur  le  cuit  et  sur  le  cru, 
sont  les  trois  manières  £stinctes  de  la  peinture  céramique. 


556  POTERIES  OPAQUES 

On  verra,  par  la  liste  des  fabriques  de  faïences  tirée  des  ar- 
chives de  Nevers,  que  la  fabrication  de  la  faïence  existait  déjà 
à  Bourg-la-Reine  en  1790. 

l>IEV-I.lS-nT  (Drdme). 

Terre  cuite  au  vernis  minéral. 

On  trouve  cette  fabrique  mentionnée  dans  la  liste  des  faïen- 
ciers qui  pétitionnèrent  en  i  790  à  TAssemblée  nationale. 

M.  Vignol  a  exposé  en  1834  et  1847. 

MM.  Benjamin  Aubert,  —  E.  Benoît,  —  J.-L.  Benoît,  — 
N.  Blanc,  —  J.  Basson,  —  CyprienFaure  etComp.,  —  Emile 
Laplace,  —  Louis  Lefèvre,  —  Pouzet  aîné,  —  Edouard  Pou- 
zet,  —F.  Rochieret  Jean  Tardieu,  sont  les  fabricants  actuels 
de  cette  localité. 

Rue  Fontaîne-aa-Roi. 

Terre  cuite  au  vernis  plombifère  et  faïences  a  email  stan- 
NiFÉRE.  1790  à  1862 

Le  potier  Vogty  Bavarois,  vint  à  Paris  vers  1790,  où  il  éta- 
blit une  fabrique  de  poêles,  66,  rue  Fontaine-au-Roi.  En  1834, 
il  y  fabriquait  déjà  des  carreaux  et  poêles  en  niellures,  dont 
les  dessins  sont  formés  de  terres  colorées  dans  la  pâte  et  recou- 
vertes d*un  vernis  plombifère,  genre  des  poteries  de  Henri  II. 
Madame  veuve  Dumas,  sa  fille,  continue  aujourd'hui  encore 
cette  fabrication  artistique,  et  produit  des  ouvrages  remar- 
quables. Pendant  longtemps  elle  marquait  en  creux  dans  la 
pâte: 

VveDUMASy 
66,  me  Fontaine^aU'Roi. 

mais  souvent  aussi  ses  poêles  et  carreaux  ne  sont  pas  marqués. 

Le  fils  de  Vogt,  M.  Vogt  Jearij  exploite  une  pareille  fabrique 
rue  de  la  Roquette. 

Les  carreaux  à  niellures  de  la  fabrique  Dum*as  sont  supérieurs 
^  ceux  de  Minton,  en  Angleterre,  qui  consistent  en  terre  de 
pipe,  et  dont  la  plupart  sont  peints  et  non  pas  niellés. 

M.  Théodore  Deck,  ancien  contre-maître  de  la  fabrique  de 
madame  Dumas,  y  a  appris  à  faire  des  niellures  en  terres  co- 
loriées dans  la  pâte.  —  Madame  Dumas  m'a  parlé  des  anciens 
documents  en  langue  allemande,  où  son  père  avait  consigné  la 


EUROPÉENNES.  557 

recette  de  la  coloration  des  pâtes  nécessaires  pour  la  fabrica- 
tion des  niellures. 

A  Marburg,  en  Allemagne,  on  fabrique  aussi  sur  une  grande 
échelle  des  poteries  avec  des  terres  coloriées  dans  la  pâte,  et  à 
des  prix  très-minimes.  (Voir  Marburg.) 

VOI»«E»-I<E0-EA1JJL  («elne-mrér.). 

Faïence  â  émail  stannifére.  Vers  la  fin  du  dix-huitième  siècle. 
Leech  frètes.  Anglais. 
Mutel  et  Comp,  vers  1823  et 
Destrées  et  Damman^  vers  1850. 

TOIJI<  (Blenrthe) , 

A  23  kilomètres  de  Nancy. 

FArENCE  A  ÉMAIL  STANNIFÉRE .  1 790 

J.  Aubry  aîné  (à  Bellevue),  manufacturier,  y  fabrique  ac- 
tuellement des  faïences  polychromes  et  monocromes,  doiit  le 
décor  et  l'émail  ressemble  à  ceux  de  Delft  et  de  Niderviller  et 
qui  sont  souvent  vendues  pour  anciennes.  Ces  faïences  portent 
ordinairement  la  marque  : 


La  fabrique  possède  un  certain  nombre  d'anciens  moules  du 
sculpteur  Cyflet  de  Nancy,  entre  autres  celui  du  groupe  Re^ 
naud  etArmide,  L'amateur  doit  donc  se  mettre  en  garde. 

Une  fabrique  de  faïence  à  Toul  se  trouve  déjà  mentionnée 
dans  la  pétition  des  faïenciers  de  Tannée  1790,  conservée  aux 
archives  de  la  ville  deNevers,  et  les  Dictionnaires  des  Postes  aux 
lettres,  par  Lecousturier,  des  années  1802  et  1817,  parlent  éga- 
lement d'une  manufacture. 

BIOZ  (H«ii«e«fladne), 

Près  Besançon,  en  FrancUe-Comté. 

Faïence  a  émail  stannifére.  1790  à  1796 

Un  cordonnier,  arrivé  dans  ce  pays  vers  cette  époque,  s'ap- 
pliquait à  produire  des  faïences,  malgré  sa  complète  ignorance 

47, 


&58 


POTEISE»  OPAQUES 


en  fait  de  procédés  céramiques»  A  force  dressais,  il  finit  par 
fabriquer  des  assiettes  d'une  bonne  pâte  et  d'un  bel  émail,  dans 
un  four  qu'il  s'était  eonatruit  lui-même. 

Les  dessins  de  ces  assiettes,  dont  M.  Francis  Wey,  à  Paris, 
possède  plusieurs  exemplaires,  sont  très-ciirieifx  par  leur  naï- 
veté  :  tout  y  indique  encore  l'apprentissage  du  potier-cordon- 
nier. Absence  complète  de  perspective  dans  le  décor  de  ses 
sujets,  qui  représentent  des  intérieurs  de  ménage,  des  caveaiiix 
d'inquisition  môme^  etc.  Les  bords  sont  en  bmn  foncé. 

Le  JHctionnaire  des  Postes  aux  lettres  de  1817  fait  encore 
mention  d'une  faïencerie  à  Rioz,  et  aujourd'hui  c'est  M.  Emile 
Peignot  qui  y  fabrique  de  la  faïence  fine  imitant  la  porcelaine. 

LI8TB  DBS  LOGAUTÉS 

montionnées  pour  los  fabriques  de  faïences  existant  en  France  en  1T90< 

(Extraite  des  archives  deNevers.) 


Aire,  1. 

Hardes,  1. 

Paris,  14. 

Ancy-le-Franc,  1. 

Laplume,  1. 

Poitiers,  1. 

AngonIème,[l. 

Langreff,  I. 

Qnimper,  Z, 

Apray  {sic),  1. 

Lille,  2. 

Bambenritliers,  1. 

Bazaz,  1. 

Limoges,  1. 

Renac,  1. 

Bechaume,  1. 

Lunéville»  a. 

Rennes,  1  (grands  plats           ! 

Bergerac,  2, 

Lyon,  3. 

au  musée  de  Gluny).             1 

Besançon,  3. 

MâcoD,  2. 

Rochelles,  1.                           1 

Bordeaux,  8. 

Marinai,  2. 

Rouanne,  1.                           1 

Bois-Depausse,  1. 

Marseille,  tir 

Rouen,  16. 

Boulogne,  1. 

Marthe,  2. 

Saintes,  2. 

Bourg-Ia-Reine,  1 . 

Melun,  1. 

Sceaux,  1. 

Bourg-en-Bresse,  1. 

Mones,  1. 

Saint-Cénfs,  1. 

Bourvalles,  1. 

Montereau,  2, 

Saint-Gléffient,  1. 

Ghantilj,  1. 

Montions»,  2. 

Saint-Gtuyé.  t. 

Qément  et  Mayenne 

,  Montaigu,  î. 

Saint-Omer,  t. 

5. 

Montatâ»»,  H.. 

Saiat-VaUier,   1. 

Bannièrer  i.. 

Monlpeilier,  2. 

ThioBfvilie,  1. 

Dieu-le-Fit,  1. 

Moustiers,  5. 

TOUly     1. 

Dijon,  2. 

Mayat,  1. 

Toulouse,  2. 

Douai,  2. 

Nantes,  f . 

Tours,  1. 

Ëpiaal,  2, 

Nevers,  2. 

Yaucoulears,  1.                      l 

Espedel,  1. 

Nîmes,  2. 

Tarages,  3.                             1 

Grenoble,  2. 

NidrevîUe   (Nîdervll- 

Vermeuil,  1. 

Havre,  2. 

1er),  1, 

Eh  tout,  grandes  et  pe- 

Haguenau, 2. 

Orléans,  2, 

tites  fabrique»,  165. 

KimOPÉBNÎfTO.  o59 

A  16  kilomètres  dé  Ghimeey. 

Faïences  a  émail  stannifére.  1794  à  1803 

Un  sieur  Rollirij  qui  avait  acquis  à  vil  pirix,  en  1793,  tout 
la  matériel  de  la  fabrique  d'Auserre,  ruinée  par  les  événements 
politiques,  en  établit  une  nouvelle  à  Yarzy,  à  Tancien  château 
seigneuffis^,  dont  il  était  devenu  égjalement  acquéreur.  Cette 
fabrique  cessa  en  1803,  à  la  mort  du  propriétaire.  C'est 
M.  Grasset,  propriétaire  et  conservateur  du  musée  à  Varzy,  qui 
a  recueilli  cea  renseignements» 

A  &  kilooiàlres  de  Boiuiy. 

Faïence.  A  émail  stainnifêre. 

M.  Reynolds,  à  London,  m'a  commoniqué  qu'il  possède  une 

faïence  signée  : 

Fait  à  Ànron* 

TAIiliilLIJIKIS  (Var), 

Arrondisement  de  Grasse  {Àîpes'Maritimet») 

Poterie  dr  terbjb  cufte  dite  terre  de  tallacris. 

Jl  y  adans  cette  localité  unequarantaine  defabriques  qui  ne  pr(^ 
duisent  que  des  poteries  communes,  pour  usages  domestiques,  et 
dont  la  majeure  partie  a&pédie  leurs  produits  à  Marseille. 

Un  de  ces  fabricants  s*est  cependant  appliqué  à  un  genre 
moins  commun,  tels  qu'ornements  pour  la  construction  des  édi- 
fices, vases,  balustres,  corniches,  animaux,  et  aussi  petits  vases 
pour  étagères  et  à  fleurs.  Cette  poterie  fabriquée  en  argile  dé- 
gourdie,  est  très-légère  et  blanchâtre,  très-peu  cuite  et  absorbe 
l'eau.  Elle  est  sans  émail  ni  décor  peint,  mais  ornementée 
en  reliefs  moulés,  le  plus  souvent  gaufrée  très-finement  ;  les 
formes  sont  gracieuses  et  pures  de  lignes  ;  elles  affectent  quel- 
quefois l'antique. 

Les  fabricants  actuels  de  poteries  courantes  sont  :  MM.  AH- 
veî,  —  J.  /.  Carhonel,  -^Durand,  —  Ganneij  —  Jflielj  —  Jlfo- 


\ 


560  POTERIES  OPAQUES 

rius  Gannet,  —  J.  Gazan^  —  Gras^  —  Lientard  aine  et  cadet, 
—  jff.  Mikssé,  —  Jérôme  Mtissé^  —  Maurel,  —  Ricard,  — 
Quant  aux  poteries  artistiques,  c'est  M.  Massier  aîné  qui  les 
fabrique. 

Terre  de  pipe  au  vernis  minéral. 

On  rencontre  souvent  des  assiettes  en  terre  de  pipe  de  cou- 
leur jaune  et  décorées  d'impressions  noires  sous  couverte,  qui 
sont  marquées  en  creux,  dans  la  pâte^  du  mot  estampillé  : 

Chantily. 

Elles  ont  toutes  les  caractères  de  la  fabrication  anglaise  du  dix- 
neuvième  siècle,  et  proviennent  probablement  d'un  élève  des 
frères  Leech,  Anglais^  engagés  vers  1782,  à  Douai,  dont  les 
élèves  allèrent  à  Montereau,  Chantilly  et  autres  places.  Cepen- 
dant la  liste  des  pétitionnaires  faïenciers  de  1790,  aux  archives 
de  Ne  vers,  constate  déjà  Fexistence,  à  cette  époque,  d'une  fa- 
brique de  faïence  à  Chantilly. 

UB  nULintE  (Selne-Inférlenre). 

Faïence  a  email  stannifere. 

Plusieurs  fabriques  y  existaient  vers  la  fin  du  dix-huitième 

siècle,  ainsi  que  celles  de  : 
M.  Delavigne  (1809],  échantillons  à  Sèvres  ;  et 
M,  Ledoux  Wood  (1837)  au  dix-neuvième  siècle.  Aujourd'hui 

M.  Devaux  et  M.  £ug.  Limon  y  produisent  des  poteries. 

JMCAMMTÉm  I11CO1V1I17E0. 

Un  pot  en  faïence  au  musée  cantonal  de  Freiburg,  en  Suisse, 
est  marqué  : 


Le  décor  et  l'émail  indiquent  la  Lorraine  comme  provenance. 
M.  Lottin  de  Laval,  aux  Trois- Vais,  près  Bernay  (Eure), 


EUROPÉENNES.  561 

possède  un  plat  ovale  en  faïence  française,  dëcorë  en  camaïeu 
bleu,  qui  est  marqué  : 

Z.  B.  F.  B. 

M.  G.  Gadan,  à  Vannes,  m'a  communiqué  la  marque  sui- 
vante : 


Elle  se  trouve  sur  deux  consoles  ornées  en  relief  de  cornes 
de  béliers  et  décorées  en  polychrome. 

M.  le  docteur  Denis,  à  Roscoff  (Finistère),  possède  deux  sta- 
tuettes en  terre  cuite  et  décorées  à  froid,  qui  représentent  le 
cordonnier  Simon  et  sa  femme.  Au-dessus  de  la  tète  de  Simon? 
on  voit  accroché  au  mur  un  petit  médaillon,  le  portrait  de  la 
Dauphine. 

On  rencontre  aussi  à  Roscoff  beaucoup  de  plats  et  assiettes  en 
faïence  de  Delft,  probablement  du  dix- septième  siècle,  comme 
les  grossiers  décors  en  camaïeu  bleu  et  les  'piqûres  de  Vémail 
à  Tenvers  paraissent  l'indiquer.  Quelques  amateurs,  qui  ignorent 
le  commerce  important  que  Roscoff  faisait  avec  la  Hollande  à 
cette  époque,  attribuent  à  tort  ces  faïences  à  Rennes. 

M.  Chauvin,  à  Saint-Paul-de-Léon  (Finistère),  possède  un 
médaillon  rond,  en  terre  de  pipe  sous  couverte  plombifère,  dé- 
coré par  l'impression  d'un  sujet  noir  qui  indique  le  commence- 
ment de  ce  siècle  comme  date  de  fabrication  ;  il  montre  aussi 
l'inscription  en  français  :  l'Amour  faiant  de:oant  les  grâces.  Ce 
médaillon  est  marqué  en  creux  dans  la  pâte  : 

P.  et  H. 
10. 

Au  musée  historique  de  la  ville  du  "Mans,  un  énorme  plat 
ovale  festonné  et  décoré  peu  artistiquement  de  fleurs  poly- 
chromes, est  marqué  : 

R.     B.      (Rennes?) 

Une  grosse  bouteille  de  la  même  provenance  est  décorée 


562  POTERIES  OFAQOES 

d'une  figure  dont  le  costume  indique  la  fin  du  dix-septième 
siècle,  et  porte  rinscription  :  Consolation,  par  allusion  au 
contenu  (le  cidre). 

Worms  de  RomiUy,  à  Paris,  possédait  une  veilleuse  du  dix- 
huitième  siècle  qui,  décorée  de  fleurs  polychromes,  était  mar- 
quée : 

E. 
EL  A. 

Sur  un  plateau  décoré  finement  dans  le  genre  des  faïences 
polychrome  du  midi  de  la  Franee,  du  dix-huitième  siècle,  j'ai 
rencontré  le  monogramme  suivant  : 

i.  G. 

Uae  soupière  ronde:  dass  ce  mètna  genre  de  décor,  porte  la 
lettre  : 

Terre  CUITE  sans  couverte. 

M.  le  docteur  lacquart,  à  Paris,  possède  une  statuette  en 
terre  caite  sans  couverte,  représentant!  S«^/io  debout,  et  qui  me 
parait  dater  du  siècle  actuel  ;  elle  est  marquée  eu  creux  dans 
la  pâte  : 

T  et  A.       (réiuûs  ea  monognmme..) 


U8TE  ALPBABETIQUE  DES  FABRigUBS  FAAHÇAISSa  BE  FAmCB 

iDMiUoBntfes  par  1»  DieHoBiuiiM  de«  ff^»«le»  avz  tettres,  par 
rier,  det  années  180S  «kltl7  ei  wn  teaqMltes  J*  n'ai  pa 
tret  renseiffneménto. 


troward^aa* 


Alain  (Gard),  1817. 
Angouléme  (Charente),  1802^ 
Badenviller  (Meurthe),  1817.. 
Barjols  ( Var) ,  1 8  02  et  1 8 1 7 . 
Bar-sur-Aube  (Aube),  1817. 
Bazas  (Gironde),  1817 
Blamont  (Meurthe),  t8f  7. 


5/aye  (Gironde),  1817. 
Boulogne^mr-Mer    (PaftHlo-Calais), 

1817. 
Charité-sur-Loire    {la)     (SUèTre^ 

1802  et  1817. 
Charleville  (Ardennes),  1802. 
Chûtean'Tfnerry^  (Aisne),  18W. 


eubopërnkes. 


563 


Clair  fontaine  (Haute-Saèae),  1817. 
Clermont-en-Argonne  (Meuse),  1802 

et  1817; 
Dax  (Landes),  1817. 
Domièvre^en'Hay(Ùe\ivX\ïe),  HSl  7. 
Ecomay  {Saxihe),  1817* 
Epense-4e-Bois  (Marne),  1817« 
Evideuil  {Dordogne),  1817. 
Flhche  (la)  (Sarlhe),  1802  et  181 7. 
Forges  leS'Eaux  (Seine-Ioférieune), 

1802  et  1817. 
Fréfnonvi7/e  (Meurthe),  1617. 
Harfleur  (Seine-Inférieure),  1817. 
Hazebruck  (Nord),  1802  et  1817. 
Langres   (Hautor^Iarne),    1802  et 

1817. 
Liancourt'le-Château  (Oise),  1817. 
limoges  (Haute-Vienne),    1802  et 

1817. 
If fttour« (terre  bronzée  de  Seine-et- 

Oise),  1817. 
Longwy  (Bhône),  1802  et  1817. 
Metz  (Moselle),  1817. 
Mirande  (Gers),  1802  et  1817. 
MûKtguban     (Tarn  -  et-Garonne) , 

1817. 
MontivUliers  (  Seine^  Infénmire  ) , 

1802  et  1817. 
Moulins  (Aisne),  1802. 


Foligny  (Jura),  1802  et  1817. 

Font-de-  Vaux  (àisne),  1802- 

Ptty-en- F(e/ay(Hmute'Loipe),  18Û2. 

Roanne  (Loire),  1817. 

£oKffnj  (Drôme^,  1^02  et  18.17. 

Sarrebourg  (Meurtba),  1602. 

JSedan  (Ardeimes),  160^  et  1817. 

Saint-Brieuc  (dôtee-du-Xiord), 
1802  et  11817. 

Sainte-Ménekmld  (Marne),  1802 
et  1817. 

Sa2n/-Oiner(Pa8-de-Caiais),  1817. 

Saint-Sever  au  Chalone  (Landes), 
1817.. 

Tonnerre  (Yoûnc),  1802  et  1817. 
Voir  aussi  dans  le  cfaapilre  des 
porcelaines  françaises  :  Lamar- 
que,  propriété  où  le  céramiste 
Scmt-Àmans  avait  établi  son 
Hfiine. 

Tournéaux  puis  Meiun;  Sesdm 
,(Pas  -  de-  Calais  )  ;  Liancowrt 
(Oise);  MauJbea^e  (Nord),  et 
MiUiaC'de-Mantron  (Derdogne) , 
sont  des  fabrÎ4ines  de  iSaïences, 
dont  le  musée  de  Sèvms  pos- 
sède défi  éeh&ntttleiis,  et  qui 
datent  probablement  du  pre- 
mier i|ua/rt  de  ee  ùècle. 


LISTB  AT.PHftBfegPB  DES  UHUkMJTÉB  TRàMÇIàlMmB  (Ul) 

«A  l'on  fabrique  aotaellement  det  poteries  opaques  (briques,  poteries, 
terres  cultes,  terres  de  pipe,  grès  et  SaTencei0 1  fabriques  qui  ne 
pouvaient  pas  être  mentieniées  pamd  les  anciennes. 


Acheux  (Somme),  M.  J.  Descunps. 

Aix  (Bouches-du-Bti6fie),  M.  fiipert. 

AJais  ifiàrd),  M.  Deipueefa.  —  MM.  Oumay  et  C«. 

Allevard  (Isère),  M,  Billoz. 

Allonne  (Oise),  MM.  Clerc  et  Taupin  (Àu-rPânl.). 

AUenstadt  (Bas-Rliin). 

Altkirch  (Haut-Rbin),  M.  Hauser.  —  M.  Klemann. 


Fùteries* 
» 

» 

Grés.. 
Fottries^ 


564  POTERIES  OPAQUES 

Amance  (Aube),  M,  ArnauU-Chamerois.  —  M.  Leroy.  Poteries» 

Amance  (Haute-Saône),  MM.  Claude  et  Grenier.  » 

Anduze  (Gard),  M.  Baisset.  —  M.  Bourquet. —  M.  David.  —  M.  Cos- 
tanet.  Poteries, 

Angouléme  (Charente),  M.  Léon  Durandeau.  —   M.  Nicolet  ûls.  — 
MM,  Tasset  et  Gonse.  Faïences  (échantillons  à  Sèyres). 

Anisy  (Aisne),  M.  Duperrîer,  —  M.  Poriaux.  Poteries. 

Aramon  (Gard),  M.  Cavene.  — M.  Gargas. —  M.  Truphèmes.     » 
Arboras  (Rhône),  MM.  E.  Decaen  et  C«         Faïences  et  terre  de  pipe. 
Argenton  (Indre),  MM.  Ballerand  et  Prungnot.  Poteries. 

Argnian  (Nièvre),  M.  Normand.  —  M.  Drausselet,  Grès. 

Aubagne  (Bouches -du -Rhône),   M.    Richelme.  —    M.    BIoîs.    — 
M.  Maurel.  Poteries. 

Aubusson  (Creuse),  MM.  Clément  père  et  fils.  » 

Auch  (Gers),  M.  Lassonguère.  —  M.  Rivayrant.  —  M,  Vives.      » 
Audun-le-Tiche  (Moselle),  M.  Stolz.  Faïences. 

Auneiiil  (Oise),  MM.  BouUanger  frères.  —  M.  Th.  Court.      Carreaux, 
Aups  (Var).  Poteries, 

ilut;t7/ar5(Tarn-et-Garonne),  M.  André  Carra.  —  M.  Jos.  Castex.  — 
M.  Ch.  Castex.  —  M.  E.  Marseille.  —  M.  Verdier.  Faïences. 

Auxonne  (Côte-d'Or),  M.  Roux  (à  Villiers-Ies-Pote).  » 

Badenviller  (Meurthe),  M.  Gondrexon.  » 

Bagnères-de-Bigorre  (Pyrénées),  M.  Cantet.  » 

Bagnes-Sainte-Badegonde  (Charenle),M.L.  Landry,  Faïences  etpoteries. 
Bain  (Ile-et-Vilaine),  M.  Cuault.    —   Mademoiseile  Magnaire.    — 
M.  Orain.  Poteries, 

Bayonne  (Doubs),  M.  Delîot fils. — M.  Lafitte. — M.  Novion.     Faïences, 
Balaives  (Ardennes),  M.  Valeur-Cheneau.  Poteries, 

Bar~8ur-Aube  (Aube),  MM.  Checq  et  Tesse.  » 

Baulne  (Aisne),  M.  Maréchal.  —  M.  Gaillard.  » 

Bavay  (Nord),  MM.    Deltour  frères.  —  M.  Lebrun-Zourdain. 

Poteries. 
Bea«ne(Côte-d'Or),M  Gambertpère. — M.  Gambert  iîls  aîné.        »> 
Beaucaire (Gard),  M.Contestin. — M.  Massis. —  M.  Meunier.        » 
Beauîieu  (Indre-et-Loire),  M.  Garnier-Véron.  » 

Beaumont-leS'Autels  (Eure-et-Loire),  M.  Blière.  Faïences. 

Beaumont-de-Lomagne  (Tarn-et-Garonne) ,  MM.  Bellotto  frères.     » 
Belbeuf  (Seine-Inférieure),  M.  Cécile.  —  M.  Abraham.  —  M.  Fir- 

™in«  Poteries 

Belley  (Ain),  M.  Charansonnet. —  M.  Collet.—  M.  Silbereissen.      » 
Benais  (Indre-et-Loire),  MM.  Loireleur  et  Bellanger 

frères.  Faïences  etpoteries. 


EUROPÉENNES.  565 

Benneval  (Eure-et-Loire),  M.   Barré.  —  M.  Chevalier.  —  M.  Gou- 

dard.  Faïences  et  poteries, 

Besançon  (Doabs),  Madame  veuve  Alhoud. —  M.  Martin. —  MM.  Brey 

et  Ûls.  —  MM.  Ruedi  et  Solla.  Faïences, 

Béthune  (Pas-de-Calais).  Poteries, 

Beiigniers  (Nord).  » 

Bézières  (Hérault),  M.  Caries,  dit  Bone.  —  M.  Caries.  » 

Billom  (Puy-de-Dome)',  M.  Grenet,  —  M.  Tixier,  n 

Bletterans  (Jura),  M.  Guillemés.  » 

Bonnétable  (Sarthe).  Faïences. 

Boulay  (Moselle),  M.  Thomas  aîné,  Poteries, 

Bourg  (Ain),  M.  Ch.  Bozennet.  —  M.  Bédet  aîné.  —  M.  Cuinet  et 

M.  Bédet  cadet,  poteries,'--  Madame  veuve  Chervin.         Faïences, 
Bourg-du-Péage  (Drôme),  M.  Merdenne.  » 

Bourgueil  (Indre-et-Loire),  M.  Delarue.  Poteries, 

Braine-en-  Vesle  (Âisne),M .  Phiiippot  (à  Courcelles-les-Brâmes) .  n 
Breteuil  (Oise),  M,  Bastide.  —  M.  Frémaux.—  M.  Portemer.  » 
Brive  (Corrèze),  M.  Lachaux.  » 

Brives'Charensac  (Haute-Loire),  M.  Berard.  —  M.  Fromenteau.  — 

M.  Pol.  —  M-  Robin.  Poteries. 

Brugny  (Marne),  M.  Cernick.  a 

Butten  (Bas-Rhin).  n 

Caudebec  (Seine-Inférieure),  M.  Fleury.  » 

Carcassonne  (Aude),    M.   Armengaud.  -~  MM.  Bel   et  Guirait.   — 

M.  Pradel.  Poteries, 

Casamène  (Doubs),  M.  Martin  Brey.  Carreaux, 

Castelnaudary  (Aude).  Poteries, 

Castillon  (Gironde),   M.    Dennier.   —  M.  lansienne;  Poteries. 

et  M.   Rosciano.  Faïences, 

Castres  (Tarn),  MM.  Ducros  et  C«.  Faïences, 

Caudam  (Morbihan),  M,  Bruyère  aîné.  —  M,  Collin.  » 

Chambon  (Haute- Vienne),  MM.  Lamy  frères  et  Georgeny 

fils.  Poteries, 

Chapelle-aux-Pots  (Oise).  Grès  et  autres  poteries, 

Charelles  (Saône-et-Loire),  M.  Prost.  Faïences, 

Chartres  (Eure-et-Loir),  M,  Fouquenau.  Poteries, 

Chateaubriant  (Loire-Inférieure),  M.  Bridel.  Grès. 

Chateaudun  (Eure-et-Loir),  M.  Boudet.  —  M.  Vivier.  Faïences, 

Chateauneuf-de-Mazene  (Drôme),  M.  Rousset-  Poteries, 

Chaumont  (Ardennes),  M.  Porcien. —  M.  Isidore  de  Fressen- 

court.  « 

Cheroy  (Yonne),  M.  Coquelet.  —  M.  Reynier.  » 

48 


^66 


P0TBILK6  OPAQUIES 


Faf«ncet. 

Poteries, 


Fmkswes. 

Foterien. 
Faïences, 

Pùteries. 


Chéveuges  (Ardcaum),  M.  Niles. 
Cldnon  (ladre^et-toire),  M.  Guibert.  —  H.  Truteau. 
Chitem  (Isère),  M.  Pécheur. 
CUtirfontaine  (Saône),  MM.  Rigal  et  Sanegonand. 
Clamecy  (Nièyre),  M.  Daché. 
Clermont-en-Àrgonne  (Meuse),  M.  Mouet. 
Cluny  (Saône-et-Lolre). 
Co/mar  (Haut-Rhin),  M.  kc\xr, —  M.  Mfihllœrger.  ToHei  €t  fmateu. 
Conches  (Eure),  M.  Goesnon. —  M.  Dumerque.*— M.  RaBsent.  Fasatce». 
Condom  (Gers),  M.  Dubouzet.  FoierieM» 

Contres  (Loir-et-Cher),  M.  FouiIloiU"Gajieher.  » 

Coudreceau  (Eure-et<-Lolr),  'M.  OiUot.  » 

Courbesêcn  (Seine^t-Mame),  M.  CUdSlot.  » 

Courtaven  (Haut-Rhin).  • 

Oti^t  (Allier),  M.  Janin.  —  M.  I^aiifisier.  » 

Dartal  (Maine-et-Loire),  MM.  iabault  et  Loiieau.  » 

Dax  (Landes),  M.Pierre  Casaiu  {«ux  Sablou)»    Poterie*  et  faseaoee. 
Diemeringen  (Bas-Rhin),  M.  Ch.  Ziegler.  Poêles  eî  Fateuees, 

Dignoc  (Charente),  M«  DebieeU 
Dizy  (Marne),  M.  Lisnard-Beaupère.  —  M.  Mouues. 
Dormons  (Marne),  M.  Baillot. 
Dimkerque  (Nord),  MM,  Delacour  frère  et  sœur. 
Ecemmoy  (Sarthe),  M.  Caudio. 
Engel-Foutaine  (Nord). 
Efisisheim  (Haut-Rhin),  M.  Fichter.  » 

Erome  (Drôme).  • 

Espaubourg  (Oise),  M.  J.-M.  Anselin.  « 

Etrepi^ey  (Jura),  M.  Clautheret.  —  MM.  Dautant  irhrea,  « 

FovUres  (Meurlhe),  M.  Nathîs.  —  M.  Pierson.  » 

Ferneji  (Ain).  ^ 

Ferrière-la-Petite  (Nord),  M.  Delmef . —  M.  Belhaye.  Fait^actf^  el  grès, 
Fleurance  (Gers),  M.  Jtoeole.  Poteries. 

Forcalquier  (Basses-Alpes),  M.  Godin.  » 

Forgùs^es-Eaux  (&eine-lnférieure),  M.  Bigot.  —  M.  HeiML  — 
M.  Herbel-Dumas.  FafeHCU, 

Ganges  (Hérault),  M.  Gros.  —  Madame  veuTe  A.  Liebra.  » 

Génélard  (Saône-et-Loire),  M.  Durot.  —  M.  Fouane^  des. 

GenU  (Dordogne),  —  M.  Lachand.  Poteriei^ 

Ger  (Manche),  M.  Chaudesoflfie. — M.  G.  Dnmaioe. —  M.  L.  Dum^e. 
M.  LelièYre-Laprise.  —  M«  Robbes-B<U8sonnièr€.  —  M.  Babbas- 
Lécluze.  —  M.  Theot.  —  M.  Vérou.  Poteries, 

Gerardmer  (Vosges),  M.  Boeh.  » 


Fasencei, 
Poteries, 


Fffiences. 
Poteries, 


EUROPÉEHIIES.  5^7 

GiutmwMMt  (Marne),  MM.  Lorrey  et  Àubriot.  Poteries, 

Givorê  (Rhin},  M.  Gh.  Revol.  —  M.  D.  RbtoI.  n 

Gradignan  (Gironde),  M.  Labeiie  et  Deid>ot8.        Fëience  et  poteries, 
GrenoHe  (Isère),  M.  Billy. —  M.  Paris.  Poteries. 

Origny  (Rhône),  MM.  Dunéault,  Motle  el  G*.  —  Madame  veuve  Emile 

DMaen.  Fafences. 

Grignùls  (Gironde).  M.  Gardenne.—  M*  Peny.  Poteries, 

Gokuourt  (Oise],  Madame  veuve  Signez.  Paieries  et  faïences, 

GaebetviUer  (Haut-Rhin),  M.  Marckett.  Pt}ê(es  en  faïence» 

Gttéeélard  (Sarthe),  M.  Berger,  €h^, 

Guingamp  (Côles-du-Nord),  M.Joret. — M.Garo. — M.  Bîttionr.  Faf ewcw; 
Guines  (Pas-de-Calais,  M.  Brunetr  Poteries, 

Balmose  (Meurthe),  M.  Scliv^artz.  Faïences. 

Haiilol-«tir-J!fer(Seine-lnférieiire),  Mtf-.  Duburqooy  frères.  —M.  Le^ 

gros  aîné.  Poteries. 

Hazebrottck(^ori3i)t  M.  Lelong. —  MM.  MassartetGuermonprez.     » 
Henrichement  (Cher),  M.  Devaliy.  —  M.  Pierre  ^irault.  —  M.  L.  Pâ- 

narion. —  M.  Pelle,  — M.  Guilpain.  —  M.  €.  Panarion.  M.  Tal- 

bot-Michet.  —  M.  Talbot-Vataîrc.  Poteries. 

Snehennerville  (Somme),  M.  Bourgeois.  » 

ITirmMtgn^  (Cher),  MM.  Auchère  frères,  b 

liingé  (Ile-et-Vilaiue),  M.   Gautier.   — '  Mademoiselle  Gonesse;  --' 

M.  Poîard.  Faïences» 

Ibligny  (Meurthe),  M.  Clément.  » 

léanmenil  (Vosges),  MM.  Biaise  et  Vilmff.  » 

Illiers  (Eure-et-Loir),  M.  Fouquerreau.  Poteries, 

Isle  d*E8pagnac  (Charente),  M.  Debect«  Faïences, 

îvry^^ur^Seine  (Seine),  M.  Caseedanne.  » 

La  Folatière  (Isère).  M.  Guinet.  Poteries, 

Laissac  (Aveyron),  M.  Grasset.  —  M.  Sahnet.  » 

La  Madeleine  (Nord),  M.  Bouet-Cuveffiier.  » 

Lamée  (Seine-et-Marne),  M.  Gabry  (Boisettes).  Faïences. 

Landerneau  (Finistère),   Madame  venre  Bonnet.  —  M.   Jouan.  — * 

H.  Legall.  Faïences, 

Langeais  (Indre-et-Loire),  MM.  Ch.  dd  BoissimofL  et  C*.  —  MM.  Le- 

bertet  Busson.  Grès  artistiques, 

hongres  (Haute-Marne).  Faïences, 

Lannilis  (Finistère),  M.  Mercelle.  —  M.  Pelïcs.  Poteries, 

Lavatre  (Creuse),  M.  Saint-Jules.  Tuyaux  de  drainage. 

La  Palisse  (Allier), M.  Cornet.— M.  Gindre.—  M.  Treillet.    Poteries, 
Laval  (Mayenne),  M.  E.  le  Pannetler.  —  M.  Sîgoîgne.  » 

La  Valteuse  (Saône-el-Loire),  M.  Ducraf.  » 


! 


568 


POTERIES  OPAQUES 


Tuyaux  de  drainage. 
Poteries. 


La  Versine  (Aisne),  M.  Hue. 

Le  Bar  (Âlpcs-Maritime). 

Le  Fossé  (Seine-Inférieure),  M.  Carpeniier.  Carreaux. 

Le  Fréchet  (Haute-Garonne),  M.  Sarranto.  Faïences, 

Le  Montet-aux-Moines  (Allier),  M.  Pajot.  Grés, 

Lenglay  (Côte-d*Or),  M.  Landel.  Faïences, 

Le  Reil-d*Ardècbe  (Ardèche),  M.  Richard  Vincent.  Poteries, 

Le  Vivier-d^Ànger  (Oise).  Grès. 

Lezoux  (Puy-de-Dôme),  M.  Beaujer.  Faïences. 

Lheraule  (Oise),  M.  Godin.  —  M.  Thuilier.  —  M.  Lefèrre.         Grès, 

Libourne  (Gironde),  M.  Daniel.  Faïences, 

Limours  (Seine-et-Oise),  M.  Guerlier.  » 

Lomme  (Nord),  M.  DelÛs.  —  M.  Plalel.  Poteries, 

Longchamp  (Côle-d*Or),  M.  Phat-Blandon.  Faïences. 

Longwy   (Moselle),  M.    D*Huart-de-Nothomb    (échantillons    à   Sè- 
vres). 

Louviers  (Eure),  M.  Aubin.  — M.  Sébiros.  —  M.  Patry. 

Louvigné'du-Désert  (Ile-et-Vilaine),  M.  Maugin. 

Louvroil  (Nord),  M.  Roeh  frères  et  C*. 

Mâcon  (Saône-et-Loire).  • 

Jlfanctat^o;  (Haute-Garonne),  M.  P.Her. 

Marcigny  (Saône-et-Loire),  M.  H.-C.  Blanchon. 

Marcillat  (Allier),  M.  Gilbert.  —  M.  Tardirat. 

Marronnelle  (Pas-de-Calais),  M.  Evrard.  —  M.  Lecuyer. 

Maurs  (Cantal),  M.  Cautalonbe.  —  M.  Goustenson. 

Maynal  (Jura),  MM.  Centecalix  frères. 

Melun  (Seine-et-Marne),  M.  Gabry  {an\  Fourneaux). 

Menil'Saini'Père  (Aube),  M.  Hymonnet. 

Méreau  (Cher),  M.  Gonon. 

Metz  (Moselle),  M.  Hangen. 

MirebeaU'Sur-Bèze  (Côte-d'Or),  M.  Brétin. 

Molinet  (Allier),  M.  Lemoine. 

Montèard   (Côte-d'Or).    M.    Emiot.    —    M.   Gaveau.  — 
lard. 

Montelimar  (Drôme),  M.  JuUian. 

Montendre  (Charente-Inférieure),  M.  Dupont. 

Montherme  (Ardennes),  M.  Debeg. 

Montluçon  (Allier),  M.  Thuret;  faïences,  —  M.  Clémeal. 

Montmarault  (Allier),  M.  Baron. 

Morlaix  (Finistère),  M.  Coriou.  " 

Munster  (Haut-Rhin),  M.  Ph.  Tresch. 

Mussidan  (Dordogne),  M.  Duluc. 


Faïences. 


Carreaux, 

Faïences, 

Faïences. 

Poteries, 

Faïences, 

Poteries. 

n 

• 

Faïences. 

Poteries, 

» 


Grès. 
M.  Guil- 
Poteries, 

» 
Faïences. 
Poteries. 

» 
Faïences. 
Poteries. 

» 
Faïences. 


\ 


EUROPÉENNES.  569 

Nagon  (Oise).  Faïences, 

iV^an56-50t<s-5a2?2/e-iinne(Dordogne),MM.  HugOD,  Langlard  et  compa- 
gnie. ^  Terre  de  pipe, 
Nassy  (Marné),  M.  Chopin.  —  M.  Bon.  Poteries, 
Neuilly-en-Sancerre  (Cher),  M.  Auchère.  —  M.  Chollet.  o 
Neuvy-deuco-Clochers  (Cher),  M,  Chollet.                                      » 
Nogent'le-Rotrou   (Eure-et-Loir),    M.   Barillet.  —    M.  Tram- 
blin.                                                                                   Faïences. 
Syons  (Drôme),  MM.  Grolot  et  Simon.  —  M.  Rousset.          Poteries, 
Oberbostschdorf  (Bas-Rhin).                                                           Grès, 
Ollivilliers  (Haut-Rhin),  MM.  Zeller  et  C^.                   Tuyaux  émaillés. 
Palinges  (Saône-et-Loire),  M.  Pajot.  —  M.  Ruaut.                       Grés, 
Pamiers  (Corèze),  M.  Caillas.  —   M.    Cazals.  —  M.   Dougnac.  — 
.  M.  Nadal.                                                                           Faïences, 
Peipin  (Basses-Alpes),  M.  Baille.  —  M.  Boutoux.                  Poteries, 
Pelissanne  (Bouches-du-Rhône),  M.  Roubaud.          ^                    n 
Perrt(i5  (Vaucluse),  M.Amaul.  —  M.  Signoret.                    Faïences, 
Petit-Masse  (Nièvre),  M.  Chognas.                                                Grhs, 
*Pexonne  (Meurthe),  M,  Fenal  fils.                                        Faïences, 
Poet-Laval  (Drôme),  M.  Armand.  — M.  Berard.  —  M.  Berhaud. — 
M.  Brès.  —  M.  Charavel.  —  M,  Fontaine. —  M.  Gros.  —  M.  Piol- 
lenc.  —  M.  Plan.  —  M.  Poncon.  —  M.  Danielau.  —  M.  Reboul. 

—  M.  P.  Reboul.  —  M.  RoUin.  —  M.  Roussin.  —  M.  Terpaud. 

—  M.  Vernet,  Poteries. 
Sombernon  (Côte-d'Or),  M.  E.  Viennot.  —  M.  B.  Viennot.  —  M.  V. 

,  Viennot.  *  Poteries, 

Ponch^gfjfiïse),  M.  Decayny,  —  M.  Dumontier.  —  M.   Du- 

pressia.  —  1^.  Leclerc.  —  MM.Cedoux  frères.  —  M.  Tru- 

ptil.  Carreaux  de  faïences, 

Pont'Audemer  (Eure),  M.  Laser.  — M.  Delamure.  —  M.  Lésant.  — 

M.  Toscan.  •  Faïences, 

Pont'de-  Vaux  (Ain),  M.  Borel.  —  M.  Courtois.  —  M.  Gauthier.  — 

M.  Gauthier  fils.  Poteries, 

Radenvilliers  (Âube)rHM.  Miellé  frères.  Faïences. 

Rambervillers  (Vosges),  M.  de  Menonville.  » 

Ham  VÉtape  (Vosges),  MM.  Millier  fils  et  Marotel.  » 

Ravel-Salmerange  (Puy-de-Dôme),  M.   L,    Laroche.   —  M.    Ganil- 

lier.  Faïences  et  grès, 

Reims  (Meuse),  M,  Gray -Roger.  -—  M.  Richard-Cottin.  Poteries, 

Remoulins  (Gard),  M.  Beanne.  » 

Revel  (Haute-Garonne),  MM.  Chazotes  frères.    —  M.  Durand.   — 

M.  Garaize.  —  M.  Maillabiau.  » 

iS. 


570 


POTEAfirâ?  (^AtHlBS 


RibeauviUe  (Haut-Rhin),  M.  Schaeffer.  ^i 

Héei  (Eaases-Alpes),  M.  Ferand,  fatenees^,  —  M.  Ailland.         'Igî 
Rim»  (Garonne),  M.  Gouvrin.  —  M.  Morance.  » 

Bf02  (Haute-Saône),  M.  Emile  Feignot.  Terre  de-fdpe. 

Roanne  (Loire),  M.  Labarre.  —  M.  Nfeolas..  Fafmeeg^ 

Romanhche-Thorins  (Saône-et-Loiire).  Poteries, 

Bmey  (^OTô)^  MM.  Boudad  frères;  —  m.  GapeBe  et  €*".  » 

Roquevaire  (Bouches -du -Rhône),  M.  Aubert.  —  MM.  NicI  et 
GHze.  Faïences, 

Roseemvel  (Finistère),  M.  Boisdron.  —  M.  Hermance.  Poteries, 

RoussHlon  (Isère),  M.  Gascon.  — M.  Paccard.  --^M.  Feset.         » 
Russmige  (Moselle),  M.  Gregorias.      ^  Poteries. 

Sttdirac  (Gironde),  M.  Prosper  Geoffroy,  fahnces,  —  M.  AlïegWBt  — 
M«  Fontaneau.  —  M.  Lamirot.  —  MM.  Norzilleau  Mireê;  — 
M.  Bellet.  ^  Poteries. 

Sains-du'Nord  (No^rd),  M.  I^pmt,  •*-  II.  Mrefsw.  » 

Samt'Aignan  (Loir-et-Ch€fr),  M.  Pérrtganlf . 

Saint-Amand-en-Puisaye  (Nièvre),  M»  LMffeiXt. 

Saint-André  (Eure),  M.  Morize.  —  M.  Notf. 

Saint^André'de-Cubsac  (Gironde),  M.  Toxtri'as', 

Saint'André-de-Sangonis  (Gfronde),  M.  Fiem 

Satnt'-Aqumn  (Eure),  M.  Echard. 

Saint'Aubin  (Oise),  M.  Lebis.  —  M.  Mbrda  fila. 

5amr-J;wèin-Ce//ot;i7/e(Seine-Jnférieure),  M.  Lecontre; 

Saint'Avît  (Lo!re-et-Chert,  M.  Hilaire: 

Saint'Brice  (Mayenrife),  MM.  Gauthier  et  Viat. 

Saint-Dents,  IMF.  Salmon. 

Sainte-Poy-la^rande  (Gîrcfnde),  ik.  Jaobin. 

S«iwNl?é?rme  (Gironde),  M.  Rabin. 
Snint^Florentin  {y onne)f  M.  Paulhier. 
Samt-^oirs  (Isère),  M.  Genevey,  "* 

Snint'Georpe'^e'RoneUy  (Manche),  M.  Wsrfe» 
Saint-Germain  (Dordogne),  M.  Payet.  —  M.  Lafju^et 
Saint-Germain-Laval  (Seine-et-Mame)f,  M.  G«llî6t* 
Saint-Germain-la-Poterie  (Oise),  M.  Lftttittteui'. 
Saint'Jusi-des'Marais  (Oise),  MM.BoUbergne  etO.  —•M;  Hatati««r' 

M.  Ghéron.  Gris, 

S«înf-Jfi^de»Yf  (Gironde),  M.  Roger.  Faïences, 

Saint-Vallier  (Drôme),  M.  Baissoimdt.  —  MM.  Rôtol  fils.  —  MJRSI* 

guret  et  C«.  Gris, 

Saint-VérainÇSibfn^,  M.  Jacq.  n 

Saliés-de-Salat  (Haute-Garonne),  M^  Jaaac.  Pa^enets, 


Poteries  U  Grés, 
Poteries, 


» 


FiOènees. 

Poteries. 

Grés, 


i 


\ 


EjLlRORÊEimES.  571' 

Salvmge  (Hevtse),  -     ,^    ,  Fatences. 

Saméon  ^ord),  MM.  Reuaud  frères.  Poterfes, 

Sancoins  (Cher),  M.  Boin,  —  M^  EonfileV'^  M.  (Mfray;  » 

Sàm'Pbteirîe  (Nord).  » 

SatiHeu  (Côtes-à'Or),  M.  Dessaulx.  FaîenceSi 

5aiiMi*>tfMaîii[iRet-Loire),  MM.  Loiselcur  et  Bélanger.  '  » 

5attv*((îard),  MM.  Broc  frères.  Poteries, 

Sauviat  (Haute-Vienne),  MM.  Tharand  et  G*».  » 

SanxUla/hges  iJ^iy-ée-Dàma),  M.  Cotinel,  —  M.  Gaîgueberl.       » 
Savigny-en-Revermont  (Saône-et-Loire).   -  •  » 

Schlestadt  (Bas-Rhin),  M.  Ch.  Zîegter.  Poêles  de  faïence, 

Senelle  (Moselle),  M.  D'Huart  de  Notomb.  ^  Fa'ience»» 

Sen^  (Yonne),  M.  Saulnier.  Poteries, 

Sîerck  (MoseHe),  M.  tamort.  Faïences. 

Solignac  (Haùte-Yienne),  M.  Latrille  iïls.  -~  MM.  Noger  et  Peri- 
(Aon.  Paieries, 

Soufflenheim  (Bas-Rhin),  M.  Vergniaud.  » 

Suresnes  (près  Pari«),  M.  Jules  Maréchal.  » 

Tarbes  (Pyrénées),  M.  Nelli;  » 

Tassenières  (Jura),  M.  Degermann  aîné.  » 

Taulignan  (Drôme),  M.  Julhan.  —  M.  Monteillet.  Faïences, 

T^emn  (Haut-Rhin),  M.  Rudolf.  Pâêies  en  faïence, 

Thias  (Haute-Vienne).  Poteries, 

Thiviers  (Dordogne),  M.  Démartou.—  MM,  Dubourdieu  frères,  sœurs 
et  G®.  —  Dttboardiea  fiU-atoé.  Faïences, 

.^nkir  (Pyrénées).  » 

Toumus  (Saône-et-Loîrô)'.  Poteries, 

Toary--£ttf et/ (Nièvre),  tt*^Brac  de  Lapenièper.  Grès, 

Treignf  Çtoime),         1  » 

Tfie^rt  (Aiiij,  M*  Garne*  ---  M.  Moidiarbcm*  Poteries^ 

Vaifon  (Vaucluse)^  M..BertFandetpère.r^M,  Beetiandet  jeune.     »' 
Varkkfray  (Oise),  M.  Dret.  »> 

Yendeuvre''SUr-'Barêe  (4ab6)„Mé»  Seiàmià^,fa§sncesk  — -  M.  Lageroi.r- 
M«Wumet.—  ^  Tùêiatd^  poteries  (éohauUUon  à  Sèvres).  -*- 
M.  Moynet.  Statues  religieuses^  en  terre  aiite, 

Yevnaux  (Ardèche),  M*  Vialûl,  Faïences, 

Verneuil  (Indre).  Poteries^ 

ViUerS'les-fots  (Côte-d'Or),  M.  Roux  (A.  Renaud).  Faïence». 

Vic-Sxempîet  (Indre),  M.  Bouchaud.  —  M.  Chauvot.  Poteries, 

Vic-le 'Comte  (Puy-de-Dôme),  MM.  Pernet  et  Perret.  Faïences, 

Vierzon-Village  (Cher),  M.  Renard.  Faïences  et  poteries, 

VUlandrat/t  {Gitonde)t  M.  Belin.  Faïences. 


572  POTERIES  OPAQ#& 

■'■''•  ""t. 
ViUemur'80us*Tnrn  (Haute-Garoône),  M.  BçMÎsquet.  ^>  M.  Gastella. — 

M.  J.  Gastella.  —  M.  Dastres.  rff    Poteries, 

Voiron  (Isère),  M.  Gauthier.  -*-  M.  Péeheux.  Grès, 

Voncq  (Ardcnnes),  M.  Manouvrier.  -^fiiUnces. 

Htasselonne  (BasrRhin),  M.    Frîlsch.  —  M.  Rothan.   —  A.  Sief- 

.     fert.  Viiéries. 

"W^^sheim  (Bas-Rhin).  ./» 

Wwtèmbourg  (Bas-Rhin),  M.  Braun.  —  M.  Fr.  ' 

vTresch.  Poteries  et  faïences. 


•   <'.^^^ 


AmBAg  (giw  aiNralal») 

TeRBES  cuites  ad  vernis  MINERAL.  ''^' 

M.  Fourneaux,  potier,  est  représenté  à  Sèvrea  jMye  quelques 
échantillons  provenant  de  l'année  1809.  ^ 

Aujourd'hui,  c'est  M.  Nonjsn  qui  y  fabrique  le  môm< 


TH1JIB,  prè0  Perpignan. 

Terre  cuite  sous  encore  et  au  vernis  plomrifére.  Farriga-*- 

TION  MODERNE. 

On  trouve  de  cette  localité,  aux  Arts  et  Métieirs,  à  Paris,  une 
pièce  marbrée. 

8Alinr-«AVDBllS  (Hanfe-ttaronne).     ^ 

•ai 

Terre  de  pipe  au  vernis  plombifére.  ^ 

Manufacture  fondée  en  1829  (?)  par  MM.  Fougtie  (des  Fouque  de 
Moustiers)  et  Amoux,  qui  l'ont  cédée  en  1862  à  des  manufac- 
turiers anglais.  M.  Amouœ  fUs,  actuellement  aHftché  à  la  ma- 
nufacture de  MM.  MintonetGie,  à  Stoke-Upon-Trent^  en  Angle- 
terre, avait  pendant  longtemps  dirigé  les  ateliers  à  Saint-Gau- 
dens.  M.  Fouque  s'était  aussi  attaché  le  potier  Gorsin,  qui  plus 
tard  a  fabriqué  à  Bordeaux,  et  après  en  Suis^^  près  de  Genève, 
où  il  est  mort  en  1865. 

M.  Moitessiery  l'ancien  contre-maître  de  Ruibelles,  près  Me- 
lun,  a  passé  neuf  ans  dans  la  manufacture  de  ^int-Gaudens, 
dont  la  fondation  doit  cependant  remonter  bien  avant  1829, 
puisqu'elle  se  trouve  déjà  mentionnée  dans  le  Dictionnaire  des 
Postes  aux  lettres  des  années  1802  et  1817» 

(Voir  les  porcelaines  à  pâte  dure  de  cette  localité.)- 


1 


^ 


i 

I 


i 


EtlHOPÊESKES. 


574  P0TER1E9  OPAQUES 

Grès  céramiques.  Actuellement 

Terres  cuites  sans  cauvEATK. 

Terres  cuites  sous  couverte  plombifère. 

Terres  cuites  a  émail  stannitère. 

MM.  Virebent  frères  et  fils  y  fabriquent,  depuis  1830,  de 
belles  terres  cuites  et  des  grès  céramiques  (le  même  genre  qui 
a  servi  à  la  restauration  de  l'église  de  Marburg  (voir  mes  Souve- 
nirs de  voyage  d'un  collectionneur),  particulièrement  des  bas  et 
hauts-reli^s,  des  statues^  colonnes,  omemeaiis,  etc.,  pour  con- 
structions artistiques,  religieuses  et  civiles.  Le  croquis  ci-contre 
représente  une  des  sculptures  céramiques  de  cette  importante 
usine. 

La  manufacture,  qui  produit  ces  céramiques  jusque  dans  les 
plus  grandes  dimensions  et  même  des  clochers  d'église  entiees, 
s'est  fait  une  juste  réputation  par  l'expression  des  têtes  de  sas 
statues  et  statuettes. 

De  grandes  plaques  avec  peinture  céramique^  et  enfin  tout 
ce  qui  peut  embellir  une  construction  et  être  utile  aux  archi-- 
tectes  intelligents,  sortent  de  la  manufacture  de  Miramo&tr  qiai 
est  brevetée  pour  son  grés  céramique^ 


5,  rne  des  Trois^ooronaes. 

FAÏENCES  A  EMAIL  sTAcmiFÉRE  (eiieoro  en  exploitation).       1833 

Feu  Pichenot  commença  d'exploiter  sa  fabrique  sous  la  di- 
rection de  M.  Lœbnitz,  potier  de  l'école  du  nord,  et  qui  a  trar 
vaille  longtemps  à  Berlin.  Breveté  en  1843  pour  son  émail  a  iA- 
gerçable  S  »  il  fit  poursuivre  plusieurs  de  ses  soi-disant  coûire- 
facteurs,  procès  qu'il  gagna  tous,  et  cela  selon  moi  bien  à  tort, 
avec  l'appui  de  feu  Brongniart,  dont  les  rapports  avaient 
conclu  à  la  validité  du  brevet.  Madame  veuve  Pichenot  a  cédé 
depuis  la  fabrique  à  M.  Jules  LcBbniUf  fils  de  l'ancien  contre- 
maître, toujours  à  la  tête  des  ateliers. 

On  a  obtenu  dans  cette  usine  des  résultats  remarquables. 


1 .  Ce  que  Pichenot  entendait  par  «  ingerçable  >  s'obtient  par  une  grande 
addition  de  chaux  dans  U  composition  de  la  terre,  qui  fait  que  l'émail  adhère  et 
fait  corps  avec  la  pâte. 


EUROPÉfilfNES.  S?5 

J'jai  vu  au  musée  de  Sèvres,  n«  il8,  une  grande  baignoire  {wo- 
veaant  de  l'Exposition  de  iS49,  qui,  fabriquée  d'une  seule  pièce^ 
est  émaillée  en  dehors  et  en  dedans.  Des  plaques  de  revêtements 
de  murs,  très>convenabIes  pour  des  cabinets  de  bains,  égaler 
ment  d'une  seule  pièce,  de  2  qaètres  25  sur  1  mètre  de  large, 
parfaitement  planes  et  recouvertes  d'un  émail  complètement 
pur  de  craquelures;  un  vase  d'un  demi-mètre  de  diamètre,  éga- 
lement émailié  ;  des  plaques  de  moyenne  dimension  à  fond  bleu 
au  grand  feu,  dont  la  couleur  bleue,  si  difficile  à  obtenir  pure, 
peut  rivaliser  avec  celle  des  cél^res  porcelaines  bleues  de 
Sèvres  ;  des  poêles  artistiques,  décorés  au  feu  de  moufle,  etc.: 
tels  sont  les  genres  de  produits  qui  placent  cette  usine,  tra- 
vaillant avec  trois  grands  fours,  au  rang  des  fabriques  artis- 
tiques de  premier  ordre.  Toutes  les  plaques  et  tous  les  carreaux 
de  poêles  étaient  marqués,  du  temps  de  M.  et  de  madame  Pî- 

chenot : 

Pichenot,  7,  rue  des  Trots-Couronnes. 

La  marque  actuelle,  qui  se  trouve  à  l'envers,  en  creux  dans  la 
pâte,  est  : 

Jules  Lœhnîtz,  5,  rue  des  Tr ois-Couronnes, 

M.  Lœbnitz  père  a  aussi  imité  tout  récemment  le  violon  de 
faïence  de  Delfl  de  ma  collection  ;  mais  quoique  bien  réussi  de 
forme,  ni  l'émail,  ni  le  décor  ne  pouvaient  faire  la  moindre 
illusion.  Malgré  cela,  des  agents  du  musée  d'Athènes  l'ont  en- 
core payé  à  la  vente  publique  340  fr. 

Cette  importante  manufacture  a  depuis  ajouté  à  sa  fabrica- 
tion ordinaire  celle  des  carreaux  de  revêtement,  et  particuliè- 
rement les  carrelages  ûd  terre  rougeâ  nieUures blanches,  ainsi 
que  celle  des  carreaux  à  émail  stannifère,  genre  Lisieux.  La 
grande  salle  des  États,  au  cfhâteau  de  Blois,  a  été  carrelée  avec 
les  produits  de  la  fabrique  Lœbnitz. 

M.  Clément-Amédée  Bidat,  né  v^ars  1834  à  Lons-le-Sanhiier 
<Jttra),  peintre  à  l'huile  et  élève  de  M.  Cogniet,  a  commencé, 
en  1864,  à  peindre  dans  cette  fabrique  sur  cuit  et  sur  cru  ;  il  a 
exposé  à  l'exposition  des  Beaux-Arts  de  la  même  année  une 
grande  et  belle  plaque  ronde,  décorée  en  camareu  bleu  d'un 
sujet  allégorique  de  sa  composition,  intitulé  :  Arts  et  Misère. 
Ce  sont  trois  belles  lemmes  représentant  la  Peinture,  la  Sculp- 


576  POTERIES  OPAQUES 

ture  et  la  Musique,  avec  le  Génie  qui  tend  une  sébile  pour  re- 
cevoir l'aumône.  M.  Bidot  s'occupe  aussi  de  la  peinture  de  por- 
traits sur  faïence  et  atteint  de  beaux  résultats  comme  ressem- 
blance. 
Les  œuvres  de  ce  peintre  sont  signées  : 


^, 


ou  A.  BidoU 


Un  médaillon  de  ma  collection  est  marqué  du  monogramme, 
et  mesure  i8  cent.  ;  la  peinture  en  camaïeu  bleu  représente  un 
buste  de  femme  en  pro61. 

SAmT-SAHSOM  (Ol«e). 

Poteries. 
Cette  manufacture  de  poteries,  qui  marque 

E.  L*  B. 

a  exposé  à  Paris  en  1834. 

BOlTliT)  près  de  lftlo«^ 

A  3b  kilomètres  de  Vesoul  (Haute-Saôae). 

Terre  cuite  sans  couverte  et  au  vernis  minéral.  Époque 

actuelle. 

M.  Gaspard  Guidot  fabrique  des  poteries  artistiques,  comme 
paniers  imitant  l'osier,  cadres  imitant  le  bois  sculpté,  etc. 
(Échantillons  dans  ma  collection  et  dans  celle  de  madame  Nau- 
din.) 

WLVmMJLEm,  près  Helnik. 

Terre  de  pipe  a  émail  ombrant  plombifébe  et  alcalin.     1836 

Le  baron  sénateur  Bourgoing,  ancien  ambassadeur  français 
à  Miinchen  et  à  Madrid,  mort  en  1866,  invent-eur  de  cette  po- 
terie à  émail  ombrant,  en  mono  et  polychrome,  d'après  le  sys- 
tème allemand,  de  la  manufacture  royale  de  Berlin,  des  litho- 
phanies  transparentes  en  porcelaine  dure,  se  fit  breveter  et 
fonda  en  1836  une  fabriquée  Rubelles,  près  Melun,  au  château 
de  M.  le  baron  du  Tremblé,  son  associé.  M.  Moitessier  était  le 
directeur  de  cette  fabrique,  qui,  dès  1855,  après  TËxposition 


EUROPÉENNES.  577 

universelle,  passa  à  M.  Hocëdë,  gendre  de  M*  du  Tremble,  et 
cessa  complètement  d*étre  exploitée  en  1858. 

Ces  poteries  sont,  pour  ce  qui  regarde  le  décor,  d'un  genre  tout 
à  fait  nouveau  ;  elles  appartiendront  un  jour  à  la  curiosité,  car 
elles  sont  maintenant  déjà  fort  recherchées;  leur  place  est 
marquée  d'avance  parmi  les  poteries  des  collections. 

Les  formes,  le  dessin  et  Tornementation  sont  beaux  ;  seu- 
lement, rémail  laisse  à  désirer  sous  le  rapport  de  sa  du- 
reté, il  se  raye  facilement  parce  qu'il  contient  trop  de  sels. 

Les  dessins  sont  formés  par  les  épaisseurs  delà  couverte  colo- 
rée, qui  produit  les  ombres  là  où  l'ornement  est  creusé,  et  la 
lumière  là  où  il  est  formé  parle  relief,  absolument  comme  dans 
la  lithophanie  transparente.  L'émail  par  lequel  la  manufacture 
de  Rubelles  obtenait  ses  émaux  ombrants,  était  composé  de 
1 00  parties  de  sable  de  Fontainebleau,  80  de  borax  (sel),  80  de 
minium  (plomb),  et  20  de  potasse.  M.  Moitessier,  qui  y  était 
l'âme  de  la  fabrique,  a  passé  plus  tard,  durant  neuf  années, 
dans  la  manufacture  de  Saint-Gaudens  (Haute-Garonne),  après 
que  M.  Arnoud  était  entré  dans  celle  de  M.  Minton,  en  An- 
gleterre. 

Rubelles  a  fait  des  services  de  table  et  à  thé  complets  ;  ils 
sont  souvent  à  jour  et  armoiries.  On  lui  doit  aussi  des  paysages, 
des  sujets  de  genre,  des  portraits  et  des  ornements  de  toutes 
sortes  sur  plaques  ;  des  carreaux  de  revêtement  et  pour  meubles, 
des  va<^s,  des  suspensoirs  et  des  jardinières,  des  pots  à  tabac; 
de  très-jolis  services  en  agathe  et  à  médaillons  bleus;  verts  ou 
lilas;  des  émaux  à  jour  imitant  la  pierrerie;  des  vierges,  christs 
et  sujets  bibliques  et  historiques  sur  plaques,  etc.  La  plupart 
de  ces  produits  sont  sans  marque.  Quelques-uns  portent  : 

A.  D.    T.         (Alexis  du  Tremblé.) 
OU 

Rubelles. 

S.  et  M.  (Seine-et- Marne.) 

(en  creux  dans  la  pÂte.) 

Au  café  du  Grand-Balcon^  à  Paris,  deux  salles  sont  entiè- 
rement ornées  de  plaques  de  ces  terres  à  émail  ombrant. 

Un  beau  service  de  table,  fait  pour  le  roi  de  Hollande, 
en  vert  et  brun  clair,  avec  les  armes  des  Pays-Bas,  se  trouve 
au  château  du  Loo,  en  Hollande.  Une  assiette  de  ce  même  sev- 

49 


578  POTBRIBS  OPAQUES 

Tice  est  dans  ma  collection,  ainsi  qu'un  grand  nombre  de 
beaux  plats.  Plusieurs  échantillons  à  Sèvres,  et  je  possède  un 
traité  manuscrit  sut  la  fabrication  de  ces  faïences,  que  feu  le 
baron  de  Bourgoing  m'avait  offert  *, 

Ce  chercheur  érudit  a  aussi  fait  de  nombreux  essais  dans 
la  lilhophanie  transparente  en  porcelaine  dure,  pour  laquelle 
il  a  pris  un  brevet  en  i827.  Ses  premières  tentatives  eurent 
lieu  chez  Darte  et  Billèle,  de  la  rue  de  la  Roquette,  dont  la 
manufacture  a  cessé  vers  1836,  et  plus  tard  M.  de  Bourgoing 
continua  à  produire  à  Montreuil-sous-Bois,  près  Paris,  dans 
la  fabrique  de  M.  Leclerc,  où  il  se  ût  construire  un  four 
carré. 

VAVDAliCOlJBT  (Marae). 

Grès.  Vers  1836 

M.  Bodelet,  fabricant. 

VZC8  («ard). 

Faîjbnce  st  tebrb  cuite. 
François  Pickon,  potier,  a  marqué  vers  i837 


MM.  Pichon,  Jules  Vernet  et  Josa  Vernet  y  fabriquent  encore 
actuellement  des  faïences,  et  MM.  Barry  et  Julien  des  pote- 
ries. 

COVlftBBTOli,  près  Moniereau  (Selne-et-SIarBe). 

Grés.  Vers  1839 

M.  H.  Mamety  fabricant. 
Échantillons  à  Sèvres. 

1 .  Le  baron  de  Bourgoing  était  un  érudit  et  un  chercbeur  ardent,  à  qui  la  pas- 
sion des  découYertes  et  des  essais  dans  le  domaine  des  arts  industriels  enlevait 
souyentle  sommeil.  Réunissant  au  savoir  pratique  les  qualités  les  plus  exquises  de 
l'bomme  du  monde  et  TafTabilité  de  la  vieille  noblesse  française ,  on  ne  le 
quittait  jamais  sans  avoir  appris  quelque  cbose  et  sans  être  cbarmé  de  ses  ma- 
nières. 11  avait  constf  Té  jusqu'à  sa  mort  le  petit  laboratoire  établi  à  e^té  de  sa 
cb&mbre  àcoucher,  où  il  contfnuait  àfaire  des  expériences,  partageant  son  temps 
entre  sa  famille,  sa  position  politique  et  ses  recherches. 


EDROriCICHBS. 


TerBB  cuite  au  VBRN13  PLOMBIFÈRE,  FaIENCB  A  âUAIL  ETINNIFÈM. 

M.  C.  Gadan,  à  Vannes,  possède  un  porte-huilier  octogone, 
décoré  en  camaïeu  bleu  à  fleurs  et  filets  en  relief,  marqué  : 


P 


que  cet  amateur  attribue  à  Andouze.  Je  n'ai  pas  vu  cette  faïence, 
dont  la  marque  me  parait  plutôt  hollandaise. 


Faïences  et  terbes  cuites  a  ëuail  stahkifére. 


T«iTet  aàlet,  modcMo  tl  peiatea  pu  M.  Deien. 


S80  POTDUS  OFAQUIS 

H.  Joseph  Devers,  né  &  Torino ,  ancien  peintre,  ëlève  d'Ary 
Scheffer,  de  Rude  et  de  Picot,  a  commence  à  s'occuper  de  la 
Alence  vers  1847,  et  a  établi  uue  usine  vers  4853.  C'est  cM 
altiste  qui  a,  pour  ainsi  dire,  créé  à  Paris  le  goût  des  faïences 
artistiques  modernes  de  l'école  italienne,  et  peut-être  de  la  cé- 
ramique moderne  en  général,  et  c'est  encore  lui  qui,  l'un  des 
premiers,  a  peint  sur  lave. 

H.  Devers,  après  avoir  obtenu  la  grande  médaille  aux  eipo- 
sitiong  de  London  (18SI},  de  Paris  (1849),  et  de  Nevers  (<864], 
a  été  décoré  par  le  roi  d'Italie.  Ce  céramiste  a  fabriqué,  outre 
des  plats,  des  assiettes  des  buires,  des  vases,  etc.,  é  peinture 
décorative,  toutes  sortes  de  terres  cuites  à  reliefs  et  à  orne- 
ments moulés  dans  le  genre  des  Délia  Robbia.  Les  cadrans  de 
la  tour  de  Saint- Germai n-l'Auxerrois,  les  bas- 
reliefs  de  Saint-Eustache,  le  tympan  de  l'an- 
cienne église  de  la  Trinité  et  les  grands  mé- 
daillons des  théâtres  Lyrique  et  de  l'Impératrice 
sont  de  cet  artiste,  dont  la  fabrication  est  très- 
propre  à  l'architecture,  à  cause  des  réminis- 
cences archéologiques  qu'il  sait  imprimer  à 
ses  œuvres.  Une  assiette  polychrome  à  mé- 
daillon, Sainle-Cécik,  dans  îe  caractère 
du  seizième  siècle,  fait  partie  de  ma 
collection. 
Cette  assiette  est  marquée  ; 


I.  D.  et  : 

Le  premier  monogramme  ménagé 
dansledécor.lesecondposéau  revers. 

Le  modelage  et  le  dessin  sont  les 
partiesdanslesquellesH.Deveraeicelle 
plus  quedans la  composition  desémam, 
qui  laissent  à  désirer,  et  ressemblent 
quelquefois  à  la  peinture  à  l'huite. 

Un    morceau    a    signaler,    c'est  le 

grand  tableau  encadré  et  d'une  seule 

pièce,  une  Vierge,  qui  décore  l'ateliw 

du  statuaire  Cordier,  à  Paris.  C'est  un 

ipourii.Draiicd«ic«ieiii.  Jour  de  force  de  caisson.  L'eipres- 


EUROPÉBNNES.  581 

sion  de  la  figure  de  la  Vierge  est  d'une  grande  et  belle  dou- 
ceur, mais  les  couleurs  sont  au  petit  feu  et  l'ensemble  manque 
de  corps  et  ressemble  trop  à  des  teintes  plates. 

Terre  cuite  au  vernis  plombifère.  1850 

M.  Victor  Jean-Baptiste  Barbizet,  né  à  Gray  (Haute-Saône), 
est  un  des  premiers  continuateurs  de  la  renaissance  moderne 
*(8  ans  après  Avisseau),  du  genre  de  terres  cuites  dit  Bernard 
Falissy,  et  c'est  de  sa  manufacture  qu'est  sortie  une  im- 
mense variété  de  modèles  presque  tous  modelés  par  M.  Bar- 
bizet  fils.  On  y  fabrique  du  moulé  d*un  seul  jet  et  des  moulés 
671  ornements  rapportés. 

C'est  la  première  maison  qui  soit  arrivée  à  un  grand  bon 
marché  ;  ses  produits  sont  accessibles  à  toutes  les  bourses,  et 
peuvent  servir  à  répandre  le  goût  des  objets  d'art  jusque 
dans  les  classes  les  moins  fortunées. 

M.  Barbizet  imite  bien  mieux  les  animaux  que  M.  Pull,  mais 
les  couleurs  de  ses  émaux  sont  moins  belles. 

Les  produits  de  M.  Baii)izet  sont  le  plus  souvent  sans  signa- 
ture et  quelquefois  marqués  : 

B«   Y.         (en  creux  dans  la  pAte.) 

Faïence  A  ÉMAIL  stannif.  et  au  vernis  de  plomb,  etc.  1850  à  1859 
M.  Emile  Lessore,  ancien  peintre  de  genre,  fut  jadis  attaché 
à  Sèvres,  manufacture  qu'il  a  quittée  vers  1850.  Il  s'était 
établi  plus  tard  dans  sa  propriété,  16,  rue  de  l'Empereur, 
aux  Batignolles,  et  partit  en  1859  pour  l'Angleterre,  où  il  est 
maintenant  occUpé  dans  la  grande  manufacture  de  Wedgwood, 
à  Aslburg,  mais  où  il  peint  aussi  pour  d'autres  fabriques, 
particulièrement  pour  la  manufacture  de  Minton.  Cet  ar- 
tiste a  fabriqué  dans  son  atelier,  aux  Batignolles,  des  plats  à 
relief  et  à  reflets  métalliques  dans  le  genre  des  plats  musulmans, 
ainsi  que  de  ceux  de  l'Italien  Terchi,  du  dix-huitième  siècle,  et 
toutes  sortes  de  poteries  vendues  longtemps  dans  le  commerce 
de  la  curiosité  pour  des  anciennes.  Son  monogramme  est  : 


quelquefois  il  a  signé  en  toutes  lettres  :  Lessore. 

49. 


582  POTERIES  OPAQUES 

Il  y  a  au  musée  de  Kensington,  sous  le  n"  3235,  un  plateau  que 
M.  Lessore  a  exécuté  dans  la  fabrique  de  MM.  Minton  et  C«. 

La  plus  belle  œuvre  que  j*aie  vue  de  cet  éminent  artiste  est 
une  assiette  dans  le  cabinet  de  M.  Barbedienne,  à  Paris,  où  le 
sujet  est  peint  en  polychromie  sur  un  fond  qui  imite  le  marbre. 
Cett«  farence,    parfaitement  réussie,  a  été  exécutée  à  Paris. 

Tbrre  cuite  au  vernis  plombifère.  i8c6 

M.  Pullj  né  en  1810  à  Weisenbourg  (Bas-Rhin),  ancien  ftiili- 
taire,  puis  naturaliste,  a  entrepris,  vers  4856,  la  fabrication 
des  poteries  dans  le  genre  de  celles  attribuées  à  Bernard  Pa- 
lissy,  et,  sans  avoir  jamais  été  céramiste,  il  est  arrivé,  par  ses 
seules,  recherches,  à  produire  d'excellentes  pièces  qui,  en  géné- 
ral, sont  plus  légères  de  pâte  que  celles  même  dites  de  Palissy, 
et  les  surpassent  par  le  brillant  des  couleurs  et  la  sonorité  de  la 
terre,  mais  ses  animaux  sont  moins  bien  imités  que  ceux  de 
M.  Barbizet  et  de  M.  Avisseau.  Il  a  imité  les  deux  statuettes  du 
Louvre,  la  Nourrice  et  le  Joueur  de  vielle,  (un  pouce  plus  grand), 
et  surmoulé  un  plat  d'étainde  François  Briot*,  plat  que  les  con- 
tinuateurs de  Palissy  avaient  également  surmoulé'. 
Il  marque  : 

PULL  (en  noir  dans  l'émail), 
OU  :  Pull  (en  creux,  et  aussi  en  relief  dans  la  pâte). 

M.  Pull  est  le  troisième  imitateur  moderne  de  cette  poterie; 
il  a  commencé  sa  fabrication  quatorze  ans  après  Avisseau  et 
six  ans  après  Barbizet. 

Terre  cuite  et  faïence  a  émail  stannifère,  et  terre  de  pipe 

AU  VERNIS    plombifère   ET  A  ENGOBE.  1859 

M.Théodore  Beck,  ancien  contre -maître  de  madame  Dumas,  a, 
pendant  quelque  temps,  essayé  d'imiter  la  fameuse  terre  de  pipe 

1 .  François  Briot,  est  né,  comme  je  l'ai  déjà  publié  dans  mes  Souvenirs  et 
causeries  d'xm  collectionneur  (Renouard,  1864,  Paris),  à  Lucens  (Lobsingea, 
en  allemand),  près  Lausanne,  en  Suisse. 

2.  Un  de  ces  plats,  fabriqué  par  M.  Pull,  a  été  vendu  par  un  marchand  de 
curiosités,  à  un  amateur  de  Paris,  pour  du  vrai  palissy,  au  prix  de  6,000  francs. 
Ce  n'est  pas  la  première  fois  que  cet  amateur  a  été  exploité  de  la  sorte.  M.  deLas- 
teyrie  dit  de  M.  Pull  «  que  ses  produits  sont  tellement  bien  imités,  qu'il  est  devenu 
le  désespoir  des  collectionneurs  du  palissy.  >  Mais  parmi  ces  collectionneurs,  on 
doit  entendre  des  collectionjieurs  novices  :  les  anciennes  terres  cuites  de  ce  genre 
sont  toujours  faciles  à  distinguer  des  modernes  pour  tout  amateur  qui  a  de  l'ex- 
périence, et  les  poteries  de  M.  Avisseau  imitent  mieux  les  anciennes  que  celles 
de  M.  Pull. 


! 


dite  de  Henri  II  ou  de  Diane  de  Poitiers,  genre  de  fabrication 
qu'il  a  abandonné  depuis.  Il  produit  toujours  des  faïences  d*art, 
des  poteries  à  mosaïques  et  à  émaux  très-briliants.  C'est  le  pro- 
cédé deniellures  en  terres  coloriées,  pratiqué  chez  madame  veuve 
Dumas»  et  provenant  de  Tallemand  Yogt ,  qui  formait  la  base  de 
sa  fabrication  pour  les  poteries  genre  de  Henri  H.  Les  incrusta- 
tions ou  niellures  de  ses  poteries  à  dessins  persans  et  de  Henri  II 
sont  en  polychromie,  mais  moulée$,Les  plats  et  assiettes  en  mo- 
saïque de  M.  Deck  sont  composés  de  brillants  émaux  qui  riva- 
lisent, pour  la  vue,  avec  le  strass.  Ses  plats  et  ses  plaques  de  jar- 
dinières, en  décor  ditpersan  (turque),  sont  bien  imités.  Il  fabrique 
aussi  de  grands  médaillons  pour  constructions  et  toutes  sortes 
de  pièces  pour  lampes.  La  sonorité  de  sa  pâte,  la  dureté  et  l'ad- 
hésion de  rémail  à  la  terre  cuite  laissent  cependant  à  désirer. 
Le  monogramme  de  ce  céramiste  est  : 


TD. 


(en  creux  dans  la  pâte.) 


(Un  échantillon  dans  ma  collection). 

Les  peintres  de  genre,  MM.  Hamon,  J.  Legrain,  Ranier  et 
ijluckoni  aussi  quelquefois  peint  sur  les  faïences  de  M.  Deck. 

Faïence  a  émail  stannifére.  i859 

M.  Aiiguste  Jean,  ancien  artiste  peintre  sur  porcelaine,  a 
commencé  vers  1859  à  peindre  sur  des  faïences  qu'il  faisait 
confectionner  à  Sceaux-Penthièvre  et  à  Bourg-la-Reine.  Depuis 
quelques  années,  il  fabrique  lui-môme.  Le  principal  mérite  des 
peintures  de  M.  Jean  consiste  dans  leur  genre  original,  puisqu'il 
ne  cherche  nullement  à  imiter  les  anciens.  Le  décor  se  fait, 
dans  ses  ateliers,  sur  cuit,  et  les  couleurs  sont  plutôt  des  cour 
leurs  de  porcelaine  que  des  émaux  de  faïence,  ce  qui  leur  ôte  le 
cachet  de  suavité  que  l'amateur  de  faïence  recherche  avant  tout. 
Les  produits  de  M.  Jean,  d'ailleurs  fort  artistiques,  sont  marqués  : 


<^  )iQ 


*) 


Depuis  quelque  temps,  cet  artiste  donne  encore  plus  de  va- 
riétés à  ses  modèles,  et  a  obtenu  des  effets  fort  heureux  et  très- 


5B4  POTERIES  OPAQUES 

décoratifs.  Les  formes  de  ses  poteries  sont  de  bon  goût  et  par- 
faitement modelés.  C'est  en  définitive  un  des  fabricants  de 
faïences  artistiques  les  plus  importants  de  Paris. 

FaIence  a  émail  STAimiFÈRE^  genre  de  fabrication  des  poteries 

de  Rhodos. 

MM.  Colinot  et  Comp.  ont  établi,  vers  i862,  une  fabrique  de 
faïences  sous  la  direction  artistique  de  M.  Adalbert  de  Beau- 
mont,  artiste,  qui,  après  avoir  séjourné  sept  ans  en  Perse,  avait 
déjà  fourni  des  indications  à  M.  Deck  pour  le  décor  de  la  faïence, 
genre  turque,  dit  persan.  La  fabrique  de  M.  Colinot  est  établie 
dans  le  Parc-aux-Princes  (Bois  de  Boulogne),  dans  une  construc- 
tion persane,  qui  se  signale  par  ses  ornementations  de  carreaux 
de  faïence.  Les  produits  de  ces  messieurs  imitent  en  majeure 
partie  la  poterie  faussement  appelée  persane  (turque),  genre  de 
formes  et  de  décors  qui  n'exigent  pas  de  compositions  de  décors, 
ni  la  création  du  modeleur,  puisque  les  potiches  et  vases,  co- 
piés exactement  d'après  ceux  des  orientaux,  sont  décorés  sur 
patrons  ou  poncifs,  qui  reproduisent  les  fleurs  et  ornements  cal- 
qués sur  les  dessins  turcs. 

Cette  fabrication,  très-décorative,  belle  de  couleurs  et  d'un 
émail  sans  craquelure,  aura  certainement  de  Tavenir  pour  l'em- 
ploi architectural  dans  les  intérieurs,  comme  salles  de  bains 
et  chambres  décorées  à  l'orientale. 

Quoique  ce  genre  n'ait  rien  du  cachet  archéologique,  comme  tout 
ce  qui  est  oriental,  où  la  figure  d'homme  manque  ordinairement 
ou  est  rare,  il  flatte  cependant  l'œil,  et  doit  plaire  aux  personnes 
qui  aiment  l'éclat  des  couleurs  brillantes  et  gaies,  d'autant  plus 
que  M.  de  Beaumont,  fanatique  de  l'art  oriental,  connaît  toutes 
les  ressources  que  le  décoratif  de  l'ornementation  des  palais 
de  ces  contrées  offre  pour  une  habitation  d'homme  du  monde. 

Ce  que  MM.  Colinot  et  Comp.  appellent  très-improprement 
des  faïences  à  émaux  cloisonnés,  sont  des  faïences  où  le  peintre 
imite  par  des  posées  de  couleurs  et  d'émaux  tendres,  les  reliefs 
du  décor  de  la  porcelaine  chinoise,  et  figure  les  cloisons  en 
cuivre  par  des  traits  de  peinture  noirs. 

I<AN«BAI8  (indre-et-IiOlre], 

Petite  "ville   à  26   kilomètres   de    Chinon. 

Terre  currE  au  vsrnis  plombifère.  Époque  actuelle. 

M.  Landais,  de  Tours,  mentionné  déjà  dans  l'article  sur 


EUROPÉEICNES.  585 

M.  Avisseau,  dont  il  est  le  beau-frère,  fabrique  le  même  genre 
de  poteries  dites  de  Palissy.  On  trouve  de  cet  artiste  quatre 
pièces  au  musée  de  Kensington,  à  London,  sous  les  n^"  3,900  à 
3,903,  où  sa  résidence  est  indiquée  :  Langeais  (?). 

OliliAINCt  (Mord), 

A  6  kilomètres  de  Yalenciennes. 

Terre  de  pipe  au  vernis  plombifère  et  aux  émaux  alcalins. 

Époque  actuelle. 

MM.  Mauzin  frères  et  C>e  y  fabriquent  des  poteries  à  relief  et 
coloriées  d'une  seule  teinte,  qui  ressemblent  à  cette  même  espèce 
faite  en  Angleterre,  et  à  quelques  produits  de  Rubelles. 

Ce  sont  des  compotiers,  des  assiettes  à  dessert,  des  brocs,  etc. , 
d'une  tournure  fort  artistique. 

La  marque  est  : 

Onnaing  {Nord) 
Mouzin. 

NAN8-SOIJ8-SAIliTB-ANNE  (OOUbs), 
A  40  kilomètres  de  Besançon. 

Terre  de  pipe.  Époque  actuelle. 

Terre  de  pipe  avec  kaolin  (porcelaines  opaques  ou  caillou- 

tage  français). 

Langlard  et  C'e ,  fabricants  actuels. 


Terres  cuites  sans  couverte.  Époque  actuelle. 

Terres  cuites  sous  encore  et  au  vernis  plombifère  et  émail 

M.  François-Michel  Pascal,  statuaire,  né  à  Paris  en  1810, 
élève  de  David. 

L'Adoration  de  la  Croix,  groupe  acheté  par  le  ministre;  la 
Conversation,  groupe,  au  musée  du  Luxembourg;  un  Trappiste, 
statue  achetée  par  le  ministre  ;  une  Vierge,  à  Nantes  ;  les  En- 
fants d'Edouard,  appartenant  à  Madame  Léon  ;  les  Enfants  aux 
couronnes,  qui  appartenaient  à  feu  M.  le  duc  de  Morny  ;  Deux 
Anges,  à  la  chapelle  de  Vincennes  et  une  Adoration^  appartenant 
à  la  grande  duchesse  Marie  de  Russie,  sont  les  CBuwves  en  marbre 
de  ce  statuaire,  de  qui  on  trouve  en  outre  des  statues  et  orne- 


S86  POTERIES  OPAQUES 

ments  en  pierre  à  la  Sainte-Chapelle,  à  Notre-Dame,  à  Saint- 
Étienne-du-Mont,  au  Louvre  et  au  Tribunal  de  commerce  à 
Paris;  àVezelay,  à  Sens,  à  Autun,  à  Auch,  à  Périgueux,  à  Saint- 
Denis,  à  Bordeaux,  etc.,  etc. —Il  a  aussi  produit  quelques  terres 
cuites  sans  couverte  et  sous  couverte,  marquées  : 


PASCAL,  tantôt 

Les  rares  produits  céramiques  de  cet  artiste  et  collection- 
neur ardent  se  signalent  par  leurs  formes  gracieuses. 

A  68  kilomètres  d'Orléans. 

Terre  de  pipe  au  vernis  plombifére  et  a  l'éhail  sTAimiFÈRs, 
ET  POTERIES  COMMUNES.  Époque  actuelle. 

Gtténw  et  Cie,  manufacturiers  importants. 

BlIliCtlS,  près  ParUi. 

Faïence  a  émail  stannifèbe.  Époque  actuelle. 

M.  Fortuné  de  Monestrol,  dit  le  Potier  de  Bungis,  arcaniste, 
fabrique  des  fa rences,  dont  quelques-unes  même  à  reflets  métal- 
liques, à  la  manière  de  celles  du  maestro  Giorgio  da  Gubio.  M.  de 
Monestrol  compose  aussi  toutes  sortes  d'émaux  et  de  strass  trans- 
parents et  coloriés  dans  le  genre  de  ceux  fabriqués  en  Bohème, 
et  qu'il  nomme  Monestrol  K  ^ 

i .  Le  strass f  espèce  de  cristal  qui  imite  les  pierres  précieuses,  fut  inSrodnit 
eu  Europe  vers  1200  par  des  alchimistes  allemands,  et  figure  déjà,  à  partir  de 
cette  époque,  dans  la  bijouterie  et  Torrévrerie  allemande,  avant  d'être  connu  dans 
aucun  autre  pays  de  l'Europe.  Ce  strass,  aussi  appelé  pierre  de  Bohême^  est 
un  mélange  de  sable  blanc  ou  de  cristal  de  roche,  de  potasse  pure,  de  minium, 
d'un  peu  de  borax  et  d'acide  arsénieux.  Composé  de  silicate  de  potasse  et  de 
plomb,  il  est  coloré  par  les  acides  :  le  cobalt  pour  le  saphir  ;  le  manganèse,  le 
pourpre  de  Cassius  (l'oxyde  d'or}  pour  l'améthyste  ;  l'oxyde  de  cuivre  et  de 
chrome  pour  l'émeraude  ;  l'antimoine  et  l'oxyde  d'or  pour  la  topaze  ;  le  verre 
d'antimoine,  le  pourpre  de  Cassius  et  l'oxyde  de  manganèse  pour  le  grenat;  etc. 
L'étainlui  ôte  la  transparence  et  forme  ce  qu'il  plait  à  M.  de  Monestrol  d'appeler 
des  monestrolites  (voir  mes  Recherches  sur  la  priorité  de  la  Renaissance  d€ 
l'art  allemand^  Paris,  chez  Renouard,  1862.) . 

Il  paraît  que  M.  de  Monestrol  prétend  à  tout,  même  à  la  médecine  appli- 
quée aux  huîtres,  car  on  a  vu  avec  étonnement,  à  l'exposition  industrielle  des 
Champs-Elysées,  de  l'automne  de  1865,  briller  sur  sa  vitrine  l'inscription  sui- 
vante :  c  Fortuné  de  Monestrol,  marquis  d'Esquille,  dit  le  potier  de  Rungis, 


k 


EUROPÉENNES.  587 

Le  monogramme  de  ce  chercheur  est  : 


Tc. 


CtAMBAlS,  près  Hondan  (Seine- et-Olse). 

Terres  cuites  décorées  sous  engobe  et  au  vernis  plombifère,  dans 
le  genre  defabricalion  des  poteries 'de  Rhodos  et  de  la  Turquie. 
M.  Charles  Longuet,  a  fabriqué  à  Gambais,  depuis  1863,  de 
jolies  poteries  dont  les  dessins  imitent  ce  que  Ton  appelle  faus- 
sement la  poterie  persane  (turque),  et  qu'il  signe  souvent  sous  les 
pieds  en  toutes  lettres.  M.  Longuet  a  transporté  depuis  qtielques 
temps  sa  fabrique  à  Paris-Montrouge.  Les  produits  de  M.  Lon- 
guet, que  M.  Deck  imite  actuellement,  sont  très-propres  pour 
l'ornementation  des  lustres  et  des  lampes. 

Terres  cuites  sans  couvert k.  Époque  actuelle. 

MM.  Gossin  frères  fabriquent  depuis  plusieurs  années  des 
statuettes  et  groupes  de  toute  sorte  en  terre  cuite  sans  cou- 
verte, très-bien  modelés,  et  à  des  prix  qui  permettent  au  com- 
merce d'en  faire  un  article  d'exportation. 

Faïence  a  email  stannifére.  Époque  actuelle. 

MM.  Brocard  frères  et  Duchesne;  —  Engel  et  Tremblay;  — 
Jacques  Fradelizi;  —  veuve  Levestcau  et  Radot;  —  Scheib  et 
Victor  Vogty  sont  encore  des  potiers  qui  font  particulièrement 
des  panneaux  de  poêles. 

Les  peintres  céramistes  les  plus  remarquables  de  Paris,  qui 
s'occupent  actuellement  avec  succès  de  la  peinture  sur  faïence 
sont  (par  ordre  alphabétique)  les  suivants  : 

MM.  Paul-Jean-ÈtienueBaheet  Raymond  Bahe  frères,  élèves 
d'Ingres,  nés  à  Rome  de  parents  français.  Ils  ont  exposé  aux 

minéralogiste  et  chimistef  honoré  de  sept  médailles  d'argent  et  de  onze  mé- 
dailles d'or  y  rend  aux  perles  firmes  malades  V  éclat  et  la  fraîcheur,  etc.  n  La 
Pintadine,  la  Pinne-marine  et  la  Mulette  margaritifère  peuvent  s'écréter  à 
l'avenir  sous  toutes  les  formes,  et  produire  des  monstruosités^  M.  de  Monestrol  est 
là  pour  les  guérir  I  Je  connais  aussi  une  recette  pour  décrasser  les  perles  fines 
et  leur  rendre  leur  blancheur,  mais  je  n'en  fait  point  un  secret  !  On  n'a  qu'à  les 
laver  avec  de  l'eau  et  les  tremper  durant  24  heures  dans  l'eau  mercurielle. 


J 


588  POTERIES  OPAQUES  EUROPÉENNES. 

dernières  expositions  de  grands  tableaux  composés  de  nombreux 
carreaux  de  faïences  (comme  ceux  du  seizième  au  dix-huitième 
siècle  si  universellement  répandus  en  Hollande),  sur  lesquels  ils 
ont  reproduit  des  fresques  de  Raphaël.  Le  dessin  est  correct  et 
le  coloris  vif,  mais  comme  tout  est  exécuté  au  petit  feu  de  ré- 
verbère, où  les  couleurs  ne  peuvent  être  que  tendres  par  la 
grande  addition  des  fondants  qu'elles  contiennent,  ces  carreaux 
sont  peu  propres  à  l'architecture  extérieure,,  là  où  ils  sont 
exposés  à  la  pluie  et  au  soleil.  Ce  décor,  qui  n'est  qu'un  décor 
de  porcelaine,  doit  se  détériorer  même  sous  l'action  d'acides 
peu  forts,  comme  par  exemple  le  vinaigre.  Que  ces  intelli- 
gents artistes  se  décident  à  peindre  sur  le  cru  et  au  grand 
feu  en  sacriGant  quelques  nuances;  ils  laisseront  alors  des 
œuvres  qui  pourront  rivaliser  avec  les  anciennes  faïences  et 
peut-être  même  les  dépasser  ! 

Madame  Hélène  Bosséy  à  Paris,  peintre  céramiste.  Elle  excelle 
dans  la  peinture  décorative  des  plats,  dans  le  genre  italien, 
soit  en  camaïeu  bleu,  soit  en  polychromie,  toujours  exécutée 
sur  l'émail  stannifère  cru  ;  elle  marque  : 


>Ô 


aussi  Bossé. 


Le  faire  de  cette  artiste  est  gras  et  montre  une  bonne  touche; 
sa  manière  estcelled'un  peintre  d'un  goût  élevé,  et  fort  décorative. 


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