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I=> . EBERH ARDX
GUIDE DE L'ANNAM
/l. CHALLAMEL
éditeur
Guide de rAnnam
MAÇON, l'ROTAT ïRlillES. IMPRl.MEUUS
Ph. EBERHARDT
Guide
de lAnnam
PARIS
Augustin GHALLAMEL, Éditeur
17. Rue Jacob
Librairie Maritime et Coloniale
1914
Quand je suis eu voj'age. plus je m'éloigne,
plus mes sensations s'aiguisent et la
violence de mon envie s'augmente d'avan-
cer vers plus d'inconnu et plus d'étran-
geté...
Jules lituiîT.
20G51S7
"-^ 1S^
CIkIr- de .M. Cailnlli'i.
Fi<i. 1. — I,a Tour Centrale de Pn-Klouu-Garaï.
GUIDE DE L'ANNAM
Cet opuscule a été rédigé à la demande de Monsieur le Délégué
Général du Tourisme colonial en Indochine et de M. Mahé, alors
Résident Supérieur en Annam.
A l'heure où les touristes s'engagent chaque année plus nom-
breux sur les bateaux d'Extrême-Orient, il était indispensable
d'établir des guides leur permettant de visiter notre colonie par
les moyens les plus pratiques, et d"y acquérir, dans un temps
limité, des notions justes et précises tant au point de vue histo-
rique et économique quau point de vue du pittoresque des
sites.
Aussi, avons-nous cherché, dans ce livret, à mettre en lumière
les uns et les autres, à éviter surtout les pertes de temps dans les
pays sur lesquels le métropolitain ignore à peu près tout.
Notre tâche a été grandement facilitée par Faimable enthou-
siasme que son but même a soulevé dans l'esprit des Français
d 'Annam et il nous est particulièrement agréable d'adresser
s (irii)i; D1-; i/\nn\,m
nos l'einei'cic'ineiiLs ;i MM. Agostim, di; l>Ai{Tiit;j.i:MV, DuDiiv, et
IiouGiKH pour la coUal^oration précieuse qu'ils nous ont apportée.
Nos remerciements s'adressent aussi à I excellent artiste-peintre
M. UE Maiu.iavi:. Ses études, comme les photographies qu'ont
bien voulu nous communiquer MM. Dumoutier, Ghau et le
D'' Tun^RRY, aideront singulièrement la lecture de ces pages dont
le style n'a d'autre prétention que d'être celui d'une documen-
tation que nous avons cherché à rendre aussi nette que possible.
RÉSUMÉ HISTORIQUE SUR L ANNAM
Sans vouloir entrer ici dans des détails trop spéciaux, il nous semble
indispensable de retracer en quelques mots Thistoire d'Annam, sachant
par expérience combien il est difficile à ceux qui séjournent dans ce
pays et à plus forte raison à ceux qui passent, d'y recueillir des
renseignements précis.
Ce sont eux cependant qui permettent de prendre un intérêt réel
aux choses que l'on a sous les yeux, elles ont alors un sens, une rai-
son d'être, un lien entre elles; les ig-norant, le touriste n'emporte
dans son souvenir qu'une succession de vues cinématographiques où
l'iinage de l'une etface l'empreinte de la précédente.
Quels furent les tout premiers habitants de l'Annam? En réalité, on
l'ignore. Il semble normal d'admettre que les i^aces ou plutôl les
tribus qui vivent dans la chaîne annamitique et que l'on désigne sous
le nom de « Mois » en sont les descendants directs et les derniers
vestiges, encore est-il probable que ces restes des races aborigènes
ont été plus ou moins mélangés avec l'élément cham d'une part et
l'élément kmer de l'autre. Les Annamites, qui occvqjent le pays
aujourd'hui, sont des envahisseurs venus du Nord par le ïonkin. à
quelle époque reculée, on ne peut le préciser.
Guiniï UI5 i.'Ann,\.m. 2
Kl (iUlDE DE L ANNA.M
De 111 ;i\ . J.-(^. jiiscjuen Îi08 ap. J.-C. rAniuini l'ut à intervalles
irréguliers, sous la domination chinoise. D autre part. l'Annam actuel
a été, un peu avant notre ère conquis par les Ghams qui établirent
leur domination tout le long de la côte. D'origine malaise et de civili-
sation indoue, les Chams se constituèrent en un royaume indépendant,
le l'oyaume du Champa. Progressivement, ils s'étendirent vers le
nord jusqu'à un prolongement de la chaîne annamitique séparant
géographiquement le Tonkin de TAnnam. Ce massif montagneux
(ju'ils occupèrent correspond à la partie fortifiée plus tard par les
Annamites et dénommée aujourd hui « Mur de Dong-Hoi ». Ils ne
semblent pas avoir dépassé cette limite nord autrement que pour aller
périodiquement livrer bataille aux Annamites établis alors au Tonkin.
De 800 à 980, des luttes pénibles ensanglantèrent le Nord-Annam
et les Annamites repoussèrent les Ghams au sud du col des Nuages.
Ils continuèrent leur extension vers le Sud au xiv® siècle, pour
linalement, en 144o, anéantir les Ghams ainsi que leur royaume et
localiser les survivants dans la partie méridionale de TAnnam actuel.
Du xi*" au XV*" siècle, le royaume d'Annam fusionné avec leTonquin,
avait le col des Nuages comme limite Sud.
Vers cette époque deux iîefs furent constitués : le Tonquin. sensi-
blement égal au Tonkin d'aujourd'hui avec en plus les provinces de
\\n\\ et de Thanh-Hoa, et la CochincJiine qui comprenait toutes les
régions du Sud.
Juscpi'ii la lin du xvii'' siècle, la Gochinchine et le Tonquin furent
régis par deux familles de grands seigneurs : la famille des Nguyên
dans les l^tats du Sud, la famille des Trinh dans les Etats du Nord,
et cela pour le compte des rois Le, alors possesseurs du royaume et
résidant au Tonquin.
L'entente la plus parfaite régna entre les Nguyên et les Le, mais
vers 1545 ceux-ci ne restèrent plus rois que de nom, un habile et
grand dignitaire du Tonquin, nommé Trinh, ayant épousé la sœur de
RÉSUMÉ HISTORIQUE 1 1
Tancètre de Gia-Long-: Xg-uyén-Koang-. étendit peu à peu son intluenee
aux dépens de celle du roi même. Trinh conçut également le projet
de se défaire de son beau-frère : Nguyèn-Hoang-, et de prendre son titre
de « Chua » c'est-à-dire généralissime des états du Sud. A force de
prières, sa femme obtint la vie sauve pour son frère, qui fut relégué
dans son royaume de Gochinchine.
Trinh mourut et ses fils lui succédèrent dans les charges qu'il occu-
pait à la Cour du Tonquin; ils continuèrent son œuvre d'usurpation.
En présence de ces faits, les Nguyên protestèrent, les deux familles
devinrent livales, et le règne entier de Nguyèn-Hoang se passa en
guerre contre les Trinh. Il laissa plusieurs fils. mais, tels les fils de
Clovis en F.urope, ils donnèrent à l'Asie le spectacle de tous les crimes
que peut susciter l'ambition. Le plus énergique d'entre eux se défit de
la plupart de ses frères par l'assassinat, et chassa les autres.
En 1771. trois aventuriers cochinchinois : les Tav-Son. conçurent
alors le projet de profiter de ces luttes intestines pour s'emparer du
royaume. L'un deux, Quang-Trlng passa brusquement au Tonquin,
déclarant qu'il venait venger la famille des Le, délivrer le roi et punir
l'usurpateur: son appel fut entendu, le peuple se souleva en masse,
Trinh fut égorgé et le roi délivré du joug si longtemps subi. Quang ne
tarda pas d'ailleurs à le tuer et à prendre possession du trône.
De leur côté, les deux compagnons de Quang-Trung réussirent à
soulever la Gochinchine, si bien que. lorsque le parti resté fidèle à la
dvnastie du Sud reconnut comme roi le dernier survivant des Xo-uvèn
le jeune Xguyên-Anh, qui plus tard régna sous le nom de Gia-Long,
celui-ci trouva ses états réduits à la seule province de Saigon.
Des luttes ne tardèrent pas à s'engager entre lui et les Tay-Son : il
se vit au bout de peu de temps obligé de fuir dans 1 ile de Pulo-Panjang
(golfe de Siam). Après plusieurs reprises et abandons successifs de
Saigon, il dut finalement accepter les propositions de secours que lui
offrait le Siam; mais, après quelques succès, les troupes siamoises, plus
1:2 i;i IDE lli: I.AN.NAM
iirck'utt's ;iu pillage (|u an combat, turent toinplùtenu'iit mises en
(li'-roule par larmëe des Tav-Son. Xguvén-Anh se relira alors aux
environs, dans les torèts doù il ne put s'évader que grâce à un prêtre
français : Pierre Pigneai; ue Behaine. évèque d'AoRAN. Il fut alors
décidé que Nguvén-Anli demanderait asile au Siam, tandis que
lévèque d Adran. accompagné de l'héritier présomptif, le prince Canh.
irait en France demander à celle-ci sa protection effective. En compen-
sation, le roi de (^ochinchine offrait la cession d'un port sur la côte,
lile de Poulo-Condore et le commerce exclusif avec la Gochinchine.
Lévèque arriva à Paris avec le prince Canh, en février 1787; ils
furent reçus par Louis XVI et ses ministres, un traité d'alliance
fut signé à ^'ersailles le '2^ novend)re 1787. Un mois après, lévèque
s'embarquait pour la Gochinchine ainsi que son pupille. En septembre
1788. la « Dryade», bâtiment français, débarquait à Poulo-Condore
1.000 fusils; quelques mois plus tard la " Garonne» y déposait des
canons, le « Robuste » mouillait au cap Saint- Jacques à la disposition
de Xguyèn-Anh. Toute une pléiade d'officiers français, dont les noms
doivent être retenus : Olivier. Dayot. de GiiAKiNEAU, Lehrun, Vannier,
DE FoRSANT, s'occupciit alors d'organiser la défense, de former une
armée et une marine, tandis que de nouveaux navires abordent chargés
de munitions. Avec des secours aussi exercés, la victoire était certaine;
malgré tout, la guerre espaça ses combats sur dix années encore. Les
succès se multiplient cependant : c'est d'abord la destruction de la
flotte des Tay-Son a Tlii-Xai par les officiers français Vannier et Dayot
en 1792, puis toute une longue série de victoires de 1792 à 1797,
mais (^uinhone, la capitale, reste imprenable. En 1797, Xguyèn-Anh
détruit une nouvelle flotte des Ta} -Son à Tourane. En 1798, l'évêque
d Adran et le Pi'ince Ganii vont assiéger (^uinhone et finalement
prennent la ville en 1799. Mais le 2 novembre l'évêque d'AoRAN
("puisé, succombe à ses fatigues. Les Tay-Son reprennent (^uinhone
immédiatement. En 1800 Xguyên-Anh parti de Saigon monte au
RÉSUMÉ HISTORIQLK
13
long- des côtes, décidé à attaquer Hué avec sa Hotte. Cest là que s'était
retiré le chef des Tay-Son. Le 12 juin 1801. Xg-uyèn-Anh entre dans
Hué et un an plus tard, la dernière bataille, livrée à l'embouchure du
Xhut-Le, rend la victoire complète et termine enfin la longue période
de troubles qui avait ensanglanté la Cochinchine et l'Annam, la période
d'org-anisation commence et se continue pendant tout le règne de
Nguyên-Anh, qui prend alors le titre de Gia-Long.
Les empereurs qui se succédèrent sur le trône d'Annam depuis cette
époque jusqu'à nos jours sont les suivants :
Gia-Long, ISO'^-JSJO. — Reconstitua son royaume avec une science
et une fermeté remarquables ; de grands travaux se firent sous sa
direction, tels que : la construction de la citadelle de Hué, d'un grand
nombre d'autres et la restauration de celles déjà existantes. Il org-anisa
l'armée, établit des lois qui régissent encore le royaume. 11 chercha de
plus à fixer par écrit l'histoire et la géographie de son pays.
Minh-Mang, i8''20-JS4(L — Ne continua pas l'œuvre de son père, ne
se souciant pas d'entamer des relations plus intimes avec la France et
se montra plus qu'ingrat vis-à-vis des officiers de Chaigneau et Vanmer
qui, après avoir aidé son père à remonter sur le trône, restèrent vingt-
cinq ans à son service. 11 les renvoya afin de pouvoir librement ouvrir
la lutte contre le christianisme et ses adeptes qu'il voulait faire dispa-
raître du pays pour satisfaire d'une part le parti des lettrés et d'autre
part pour servir ses propres intérêts.
Thiêu-Tri, 1841-1841 . — Montra moins de haine que son père
vis-à-vis de l'étranger, mais n'abolit pas ses édits et laissa les prisons
regorger de chrétiens. L'opinion en France commença à s'émouvoir:
des navires furent envoyés à Tourane et l'on put faire relâcher un
14 GUID1-: DE l'annam
certain iK)iiil)i'e de missionnaires retenus en c;q)livilé. Tni(-:i -Tri
ordonna alors de tuer tous les Euro|3éens, mais il mourut quelques
mois ai)rès, alors (|ue sa tlolte venait d'être détruite par l'amiral Pugault
DE GeNOLILLV.
Tu-Duc, iSiS-iSS''J- — Grand lettré, se montra, au début de son
rèj;ne, bien disposé pour les étrangers, mais ne tarda pas à suivre la
politique de son père et les persécutions contre les chrétiens recom-
mencèrent plus terribles qu'elles ne l'avaient jamais été. Le gouverne-
ment français ayant envoyé des ambassadeurs pour protester, ils ne
furent point reçus. La France et l'Espagne se décidèrent alors à une
action énergique. L'amiral Rigallt de Genouillv commandant la flotte
franco-espagnole, se présenta devant Tourane; après quelques heures
de bombardement, il prenait la ville, d'où le traité de 1862, cédant ;i
la France les provinces cochinchinoises de Gia-Dimi, Mytiio, Poi lo-
(jOndore et une indemnité de guerre de 20 millions de francs. Tr-Dic
essaya ensuite de rentrer en possession des provinces cédées et, au
mépris de la foi des traités, reprit les hostilités. A bout de patience,
la France annexa simplement les trois provinces occidentales de la
Cochinchine que le traité de 1862 avait respectées. La Gochinchine
était désormais colonie française; elle fut organisée par les Amiraux
jusqu'en 1870, puis par les Gouverneurs civils dont le premier a été
M. le Myre de Vilers.
Malgré la perte de la Gochinchine, Tu-Duc ne voulut pas désarmer;
une tentative d'empoisonnement de tous les Français amena l'inter-
vention de Fi-ancis Garisiek au Tonkin et la prise de Hanoï. L'appui
des Pavillons Noirs demandé par l'empereur d'Annam y entraînait la
mort de Francis Garniek le 21 décembre 1873, mais peu après, le
lo mars 1874, un nouveau traité fut signé entre la France et l'Annam.
Ti-Duc ayant manqué une fois encore à ses engagements la France
lut obligée d'organiser une nouvelle expédition contre l'Annam et la
RÉSUMÉ HISTORIOIE 15
Chine en 1882. L'empereur d'Annam mourut au commencement de la
campagne et le 6 juin 1884, les succès des troupes françaises obli-
g-èrent la cour de Hué à demander la paix. Elle fut sig-née par un
nouveau traité où l'Annam reconnaissait le protectorat de la France.
La mort de Tu-Dlc avait amené sur le trône l'empereur Duc-Duc,
neveu de Tu-Duc, en 1883. Il mourut la même année emprisonné et
privé de nourriture. Hiep-Hoa, frère de Tu-Duc qui lui succéda ne
survécut que quelques mois à son avènement, il fut empoisonné. Kien-
Phuc, petit-fils de Thieu-Tri. le remplaça sur le trône au début de
1884, mais pour peu de temps; il mourut le 31 juillet 1884. On lui
donna pour successeur son frère Ham-Ngui, âg'é de 13 ans. Le Conseil
de Régence dont il fut pourvu ne sut pas comprendre le véritable
intérêt du royaume : sous l'instigation du Ministre de la guerre, la
garnison française de Hué, alors que l'on croyait la paix définitivement
établie, fut l'objet dune violente attaque dans la nuit du o juillet 1885,
les Français s'emparèrent alors de la citadelle et Ham-Nghi s'enfuit
entraîné par le Ministre de la guerre.
La France décida alors de prononcer la déchéance du fugitif et
d'appeler sur le trône un roi nouveau. Le choix se porta sur un frère
aîné de Kien-Phuoc, Dong-Khanh, qui fut couronné le 20 septembre 1 885,
tandis que Ham-Nghi était exilé en Algérie. Dong-Khanh affirma dès
le début, sa reconnaissance et son attachement à la France; il régna
trois ans jusqu'en 1888 où il mourut non empoisonné, ainsi qu'on le
dit couramment, mais des suites d'un paludisme aigu.
Son successeur Thanh-Thai, fils de Dic-Dlc, monta sur le trône,
régna 19 ans et abdiqua en 1907 en faveur de l'un de ses fils, DuV-
Tan, l'empereur actuel, alors âgé de huit ans.
16 ('.l;iiik I)K l'annam
GENERALITES
L'Anna m forme du Sud au Nord, en bordure de la mer de la
Cochinchine au Tonkin, une long'ue bande de terre répartie en i)^ pro-
vinces dont les noms suivent :
Binh-Thuân (]hel'-lieu : Plianlhiêt
Ninh-Tliuâii — Phanrang
Khaiih-Iloa — Nhatrang"
Phu-Yên — Song-Gau
Binh-Dinh — Quiiilion
Quang-Ngaï — Quan^-Ni^aï
Quan^-Nam — Faifoo
Thua-Thièii — Hué
Quang-Tri — Quang-Tri
Quang-Binli — Don^-IIoi
Ha-Tinh — Ha-Tinh
Ngké-An — \'inh
TI)anh-IIoa — Thanh-Hoa '.
Nos itinéraires permettent de traverser les provinces du Sud : le
liinh-Thuân, le Ninh-Thuàn, le Khanh-Hoa;
les provinces du centre : le Quan^-Ngaï, le Quang-Nam, le Thua-
Thièn, le Quang-Tri.
1. l'n arrêté du Gouverneur général a supprimé l'an dernier les provinces de Ninh-
Tliuan ef de Phu-Yên puur les rattacher respectivement aux provinces de Khanh-Hoa et
de Binh-Dinh. Ignorant si cette décision sera délinitivement admise nous avons cru
devoir maintenir dans cette énumération, comme sur la carte, l'ancienne distribution.
RENSEIGNEMENTS GÉNÉRAUX 17
Nous avons laissé intentionnellement de côté le Phu-Yên et le
Binh-Dinh, non point que ces provinces soient dépourvues d'intérêt,
leur allure de régions océaniennes, enfouis que sont les villages sous
les grandes palmes des cocotiers, est des plus pittoresques, mais parce
que l'accès en est difficile et qu'elles ne présentent rien de particuliè-
rement attrayant au point de vue tourisme ; celles de Quang-Binh et
de Ha-Tinh pour les mêmes raisons, enlin celles de Vinh et de Thanh-
Hoa qui, tout en appartenant à l'Annam politiquement, font géogra-
phiquement partie du Tonkin et parce qu'on j accède à l'heure
actuelle plus facilement par le chemin de fer de Hanoï à Vinh.
RENSEIGNEMENTS GENERAUX
Climat. — Le climat de l'xAnnam est salubre, surtout dans le centre,
au-dessous du « col des Nuages » et dans le sud. Deux saisons bien
tranchées s'y affirment : la saison des pluies et la saison sèche.
La première commence en septembre, elle arrive avec la mousson
de Nord-Est et se termine vers avril. La seconde fait son apparition
à cette époque avec la mousson de Sud-Ouest et dure jusque tin
août.
La saison des pluies est la saison fraîche ; la température moyenne
est de 22 ou 2'^" centigrades; en novembre, décembre et janvier le
thermomètre descend parfois jusqu'à lo", bien rarement au-dessous.
La saison sèche, par contre, est la saison chaude ; la moyenne est
de 29 ou 30", mais le thermomètre monte fréquemment à 3o et 3(5".
Cette température est dure à supporter en plaine, dans l'intérieur,
mais sur la côte la brise de mer la rend moins pénible.
Equipement . -— Des costumes de toile blanche ou kaki seront suffi-
sants même en saison des pluies jusqu'à la hauteur de Nhatrang,
toutefois on pourra y joindre un pardessus d'été léger pour les soirées.
Guide de l'A>nam. 3
IS oribi: i)i; i.a.n.na.m
.Vu-dessus do Xlialraii^-. il sera bo:i d'avoir à sa disposition, pour la
saison des pluies, des vêtements de diap, 1 évaporation ambiante pro-
duisant tles eourants d'air froid dont il faut préserver le corps et prin-
cipalement le ventre. Avoir soin de couvrir celui-ci, pendant la nuit,
d ime ceinture de tlanelle.
Précautions à prendre. — Tant qu on est à bord, la quinine est
inutile, mais nous ne saurions trop recommander aux touristes qui
s'engageront dans l'intérieur, de prendre, le matin, un comprimé de
quinine de 25" centigrammes pendant la durée de leur excursion.
Cette mesure préservera les natures délicates des accès de fièvre,
qu'elles seraient susceptibles de rapporter.
ITINÉRAIRES
On arrive en Annam, soit pai' le Nord, soit par le Sud, c'est-à-dire
soit de Haïphong, soit de Saigon, par les bateaux de la Compagnie
annexe des Messageries maritimes, faisant le service entre ces deux
ports extrêmes de la colonie.
Nous donnons ci-dessous quatre itinéraires parmi lesquels les tou-
ristes choisiront, suivant le temps qu ils désireront consacrer à l'An-
nam :
I" l'iiNKKAïKK A. — Durée : De trois à quatre semaines.
Saïgoii-Phanrang i bateau)
Phanran^-Dabang ( voiture
Dabaiig-Dran (chaise à porteurs)
l)rau-l)alat (Plateau (chaise ou cheval)
du Lang-Bian)
Daiat-Dran (chaise ou chevalj
Drau-Dabang- —
nabanir-Phaurau" (voilure^
RENSEIGNEMENTS GÉNÉRAUX 19
Phanrang-Gamranh (chemin de ïer)
Camranh-Suôi-Giao —
Suôi-Giao-Nhatrang —
Nhatrang-Tourane (bateau;
Tourane-Faifoo (chemin de fer, automobile ou pousse-
pousse)
Faifoo-Quang-Ngai ! automobile ou pousse-pousse)
Quang-Xgai-P"aifoo —
Faifoo-Grottes de
marbre-Tourane (chemin de l'er
Tourane-Hué —
Hué-Tourane —
Aux personnes qui préfèrent éviter la mer et surtout pour celles qui
cherchent à voir le plus de pays possible nous conseillerons de modi-
tier la première partie de litinéraire précédent : Saigon-Phanrang de
la façon suivante :
Itinéraire A' :
Saïgo n - P h a n t li i ê t c h e m in tl e te rj
Phanlhièt-Giau-Mau automobile, chaise ou cheval;
Giau-Mau-Vankar —
Yankar-Djiring —
Djiring-Danhim chaise ou cheval
Danhim-Dalat —
Dalat-Dran
Dran-Dabang
Dabang-Phanrang.
Le voyao^e se trouve de ce fait augmenté de la durée dune semaine,
mais nous ne saurions trop recommander aux touristes cette excur-
sion qui leur fera traverser entièrement lest de la Cochinchine soit en
20
GUIDK DE L ANNAM
auluinobiK-, par d'excellentes routes, soit en chemin de fer jusqu à
Phanthiêt. A l'heure où paraîtront ces pages on pourra même atteindre
Djiring en automohile et peut-être aussi Dalat et l'on traversera ainsi
l'une des régions les plus belles et les plus ])ittoresques de l'Extrême-
Orient.
2" iTiNÉRAiHi: B. — Diirre : De deux à trois semaines.
Saïgon-Nhatrang (bateau)
Nhatrang-Suoï-giao' (voiture ou chemin de fer)
Suoï-giao-G;imranh (chemin de fer)
Gamranh-Phanranjj
Phanrang-Tourane
Faifoo-Tourane
Tourane-Hué
Hué
IIué-Tourane
(bateau)
(chemin de fer)
'.)" Iri.NKiiAiKi: G. — Durée : Une semaine.
Saïgon-Tourane (bateauj
Tourane-Grottes de (chaloupe ou sampan, chemin de fer)
niarlîre-Faifoo
Faifoo-Tourane (chemin de fer)
Tourane-Hué —
Hué-Tourane —
DE PHANRANG AU LANG-BIANG
A Phanrang-, il faut, pour se rendre au Lang^-Biang, se préoccuper
en premier lieu des moyens de transport. Le propriétaire de Ihôtel de
Phanrang qui dirige aussi celui de Dalat vous met en rapport avec le
Malabar, loueur de voitures ; on trouvera chez celui-ci les moyens de
transport nécessaires pour gagner Dabang, c est-à-dire le pied de
la montagne. Le tarif, suivant la saison, est de lo à 18 piastres par
voiture à deux places ; trois ou quatre relais sont organisés sur le par-
cours. L hôtelier procurera également soit des chaises, soit des chevaux
pour le reste de la route. On priera le Résident de Phanrang de bien
vouloir télégraphier à Dran. au garde de milice, afin que celui-ci assure
le recrutement des Mois porteurs, (jue l'on loue de 20 à 'iO cents par
jours et par tête.
Départ de Phanrang le matin de bonne heure (oh. l/2(. Arrivée à
Dabang vers 11 h. 1 '2 après avoir parcouru la plaine de Phanrang,
puis la forèt-clairière sur une longueur de oO kilomètres. Vers le pied
de la montagne, la végétation augmente, on traverse de véritables
forêts d arbres à très grandes feuilles : des Dipterocarpus, exploités
pour Ihuile que renferme leur bois. Les six derniers kilomètres vous
amènent au poste de Dabang à travers de hautes futaies où les lianes
enserrent sur 100 mètres et quelquefois davantage des fûts élancés qui
atteignent fréquemment 3o et iO mètres de hauteur.
Dabang est enfoui dans l'ombre des grands feuillages. On s installe
dans une vaste maison de bois où Ion déjeune avec le repas froid qu'il
■)•)
(\V\\)K DK L AN.NA.M
ne faut pas oublier dCinporter avec soi. On trouve là les Mois qui vont
porter les touristes jusqu'à Dran, où ils coucheront le soir.
11 est bon de ne consacrer qu'une petite heure au repas et de partir
(le suite, afin d'ari'iver au poste de Dran avant la nuit.
Dès le déj)art. on escalade les pentes abruptes de la niontag-ne, au
niilit'u duiu' vr^élalion débordante, dans laquelle des trouées naturelles
laissent apercevoir de place en place la plaine traversée le matin qui
se perd au loin dans les brumes marines. De temps à autre le mur-
A Dran, on se
trouve à 1.000
mètres d'altitude
environ et il faut
avoir soin de se
couvrir, car les
nuits sont très
fraîches en saison
chaude.
Au matin, la
brume couvre
toujours les fonds
Vu. 2. — Ri)ule de la cascade à Dran. et se traîne en
voiles blancs au
mure lég-er des
cascades s affirme
jusqu à devenir
étourdissant
quand on les en-
jambe sur des
ponts de bois je-
tés en travers de
leur cours, puis,
s'éteint progTes-
sivement pour
faire place au
grand silence de
la forêt tropicale.
Cliché ilu D'' Thierry.
Ri)ule de la cascade à Dran.
fil des vallées. La vue, de ce point élevé, est de toute beauté : les
pointes des sommets environnants se dorent au soleil levant tandis
que monte dans l'air le concert non discordant des singes hurleurs
et que les fumées du village moï se mêlent au JM'ouillartl d'oîi se
dégagent peu à peu les maisons sur pilotis qui le composent.
Il faut réunir les porteurs vers o h. i l'I afin de partir à (» heures
environ.
Le trajet de Dran à Dalat va se faire en grande partie à travers les
pins qui ont déjà apparu à 800 mètres d'altitude. De loin en loin, dans
LANG-BIANG
23
les fonds et sur la partie inférieure des pentes, on traverse sur des
kilomètres, une forêt aux arbres rabougris, petits chênes dont l'é-
corce rugueuse, profondément sillonnée, est un excellent support pour
les orchidées; on en trouvera de nombreux spécimens en Heurs aux
mois de mars, avril, mai et de juillet, août, septembre.
Ce parcours est sauvage et grandiose, d'une beauté prenante : il
fixe dans le sou-
venir des images
uniques et ineffa-
çables.
Vers 11 heures
à un tournant de
la route, une nou-
velle trouée dans
le feuillage laisse
apercevoir le pla-
teau de Dalat et
ses chalets. On se ;
croirait subite- i
ment transporté •
en face d'un pay-
sage alpestre et
la fraîcheur du
climat aide à cette illusion.
Rappelons en passant, que c'est le D'' Yersinqui. en exploration dans
le Sud-Annam, découvrit le plateau du Lang-Bianget signala à M. Dou-
mer, alors Gouverneur général de l'Indochine, tout le parti qu'on
pourrait tirer de cette station d'altitude pour le plus grand bien et la
santé des Européens de la colonie.
^ Cliché du D' Thierry
Route du Bos<{uet près de Dalat.
Ihlal. — Dalat est situé sur le plateau du Lang-Biang à 1 .350 m.
24
GUIDi: iJi: I. ANNA.M
d allitudi'. (Juel((iu's cluilets en bois dont une grande sala (ranst'orniée
en hôtel, puis la poste, sont les premières habitations (jui occujjent la
rive gauche du Kanilv. étroite rivière que Ion franchit sur un pont de
bt)is. Sur la rive droite sont groupées les maisons du village annamite
installé là depuis peu.
Une larg-e route, dans
l'argile rouge, grimpe
le mamelon que sur-
plombe le grand chalet
du Gouverneur général
autour duquel se dres-
se celui du Déléîcué
et celui de l'ancienne
douane converti auj our-
(1 hui en poste de mili-
ciens.
Le plateau mesure
environ 20 kilomètres
carrés et il est entouré
dune véritable ceinture de mamelons couverts de pins. Au fond, le
mont Lang-Biang dresse son sommet à 2.200 mètres et. tapi k ses
pieds, se trouve le village moi de Dang-Kia.
Durant la saison des pluies, de mars à octobre, le thermomètre ne
s'élève pas au-dessus de 30° : les soirées et les matinées sont toujours
fraiches. La saison sèche est plus agréable encore, les nuits sont
froides et l'on n'a jamais plus de lo à 20° dans la journée. C'est un lieu
unique en Indochine et la réalisation du projet tendant à y établir non
pas un sanatorium à proprement parler mais une station d'altitude est
souhaitée vivement par les indochinois de Cochinchine et d'Annam.
Les excursions dans la forêt environnante, sur le plateau même, aux
•cascades du Kamly '^ km. de Dalatj et d'Ankroêt .à 16 kilomètres"),
FiG.
Cliché du D' Thierry
Délégation de Dalat.
I,AN(;-IUANG
2o
sont d'un charme indéniable. Les chasseurs trouveront là ég-alement
un terrain de chasse extraordinaire, de véritables troupeaux de cerfs
et de biches paissent sur le plateau, dans une sécurité bien rarement
troublée.
Les excursions se feront soit à pied, soit en chaise, soit à cheval.
Cliché Eherluirdt.
FiG. 5.
Cascndc du Kaiiilv.
Dans le cas où Ion voudra employer les chaises, le Déléfj'ué donnera
des ordres et fournira des porteurs.
Trois jours suffiront pour Dalat et ses environs.
Les Mois sont les derniers représentants des races aborioènes de
ITndochine ; ceux que l'on retrouve au Lang^-Biang- appartiennent à
GlIDK l>H l'A>.\AM.
26
«aiDi; DK L ANNA M
(les Irihus diverses : Moïs-Lal. Moïs-Kils. Moïs-Gohos. etc. Ce sont
(les j)ii|)iilations douces. triiiKjuilles. présentant des ty[)es ethnogra-
phic[ues très divers, et quelques spécimens très beaux au point de vue
esthétique: les artistes trouveront là des modèles parfaits.
Hommes, femmes et enfants ont les jambes et les bras encerclés dans
de hauts bracelets et tils de cuivre : ils
/^"^^ aiment tout ce qui brille et ralfolent
^^^ÉjD^^^^^^^ (les perles de verre et de couleur. Les
^^KL Jk«^Mv^ hommes sont nus. une ceinture entoure
^^BÈk "^/^I^^L seulement leurs reins : les femmes ne
^ ^^P^ ^ portent qu'une jupe courte partant des
reins jusqu'aux genoux. La coquetterie
se manifeste chez elles par rallonge-
ment exagéré du lobe inférieur de
1 Oreille. Celui-ci d'abord percé, est pro-
gressivement distendu au moyen de ron-
delles de bois, puis on y suspend de
lourds anneaux de cuivre, quelquefois
de fer mais rarement d argent. C est
aussi par coquetterie qu'hommes et
femmes de certaines tribus se liment
les dents de la mâchoire supérieure jus-
(juà la gencive et taillent en pointe les dents de la mâchoire inférieure
afin que celles-ci viennent se loger dans l'alvéole dentaire des dents
supérieures.
Il Isera bon dans la montée de Dabang à Dalat, comme dans les
excursions environnantes, de laisser les porteurs s'arrêter pour se
reposer aux endroits (ju'ils choisiront eux-mêmes. Ils ont leurs habi-
tudes et il est préférable de ne point les changer vu qu'ils connaissent
les lieux et leurs forces. Du reste ils ne sont point paresseux et four-
nissent le maximum delforts qu'on peut exiger d eux.
Fis. 6.
Cliché du D' Thierry.
- Femme Moï.
LANG-BIANG
27
Les personnes de poids léger prendront i C()t)lies porteurs par chaise,
mais il en faut 8 pour toute personne dont le poids dépasse 75 kg-.
»• 4-
FiG. 7.
Cliché Ebci-liai'iil .
Mois Cohos.
i2 "^ =--
il I N c n I N K r^
DE PHANTHIET A DJIRING (97 kilomètres).
FiG. 9. — Phanihict. Le Pimt sur la rivière.
De Phanthiêt on va à l'heure actuelle en auto à Neutoung- ; il y a 42
kilomètres de route.
Puis de Neutoung on franchit le col de Loukil à oSO mètres ; on
s'élève de 780 mètres entre Neutoung et Yaback, c'est la partie la plvis
pénible, elle ne peut se faire qu'en chaise ou à cheval.
On trouve à Yaback un très joli campement, une maison bien instal-
lée avec 5 grandes chambres. De cet endroit la vue est merveilleuse,
on domine toute la province de Phanthiêt jusqu'à la mer qui limite
l'horizon.
De Yaback à Srépa (820 mètres), la route est très belle, carrossable;
elle court sur un plateau boisé coupé d'immenses clairières herbeuses.
Après Srépa, on
gagne Y a n k a '"
(1.000) par le col
d'Haloung situé à
I.OoO mètres, la
route est en pente
très douce (o °/o
de pente).
Yankar est un
campement très
bien situé au mi-
lieu des Pins, dans
un site merveilleux
qui rappelle un peu
les coins pittores-
ques des Vosg'es.
'M)
r.UIDE F) F, I. ANN AM
La route conduit ensuite de Yankar à Djiring- ' 1,01 (I lu. par le col de
Datroum 1.230 m. . Du haut du col on jouit des deux côtés d'un
panorama splendide.
Enfin Djirino-, situé sui le sommet d'un plateau mamelonné com-
y^':V^. -%i
Cliché du D' Pic.
l-'iii. 10. — Neiitoun^'. Route de Phanthiet à Djiriui;.
prend une délégation admirablement aménagée et les touristes trouvent
en même temps que l'accueille plus charmant de la part de M. et M""'
Gunhac, le Délégué et sa femme, à se loger confortablement dans la
maison des passagers en attendant l'établissement très prochain d un
hôtel, dans cette merveilleuse station d'altitude environnée de forêts
de pins qui donnent à l'air une puissance vitale très réelle. On trouve
à Djiring un bureau postal télégraphique.
A l'est de Djiring se dresse le massif duDaïan 1 .700 m. : au Nord-
LA.NG-BIANG
31
Cliché du D'' Pic .
FiG. 11. — Tram de Yankar.
Nord-Est le plateau du Laiii^-Biano^ ! 1.650 m. i avec
■ mont Lang-Biang- (2.200 m.) et au Nord-Ouest le
grand massif du Taodung
(2.400 m.).
Tiinpéraluie maxima. 30° plutôl rare.
— minima. 25° rare.
— moyenne. 22°.
La température y est
des plus agréable :
La saison des pluies
règne d'avril à octobre :
il tombe de 2 à 3,5 mètres
cubes d'eau par an.
Il faut visiter, à 6 kilo-
mètres de Djiring, à l'Ouest, la chute du Da-kiam au village de Bobla.
De 32 mètres de hauteur, cette chute est située au milieu d'un décor
de verdure du plus bel ellet.
Le plateau de Djiring est un lieu de chasses des plus Aariés ; la
chasse à la grosse bête .surtout y réserve maintes émotions (éléphants,
bœufs et buffles sauvages, cerfs, etc.).
De Djiring pour gagner Dalat (75 km.i on descend par une bonne
route qui sera rendue carrossable fin 1014. Le mieux est, pour le
moment, de la faire soit à cheval soit en chaise à porteurs. On parcourt
de Djiring à Tambou une région très bien cultivée par les Mois et
relativement peuplée, les rizières abondent entre Tambou et Danhim :
après 13 kilomètres en terrain rocailleux et accidenté, on traverse une
série de cols et de cours d'eau, puis la route redevient très bonne en
pleine forèt-clairière et forêt de pins.
Le tram de Danhim est une construction confortable et bien
abritée, au bord même du fleuve Danhim que l'on passe sur un bac
32
r.n 1)1-; m: i, a\n \m
parfailenicnl ainénai't'' avec càl)lc iii(Halli(|iir U-ndu diin bord à rautre.
Le tram de l)anliim csl ii la limite des deux délégations de Djirinj^ et
de Dalat.
De l'autre côté du tleuve, on se trouve en terrain [)lat, dans la
forêt de pins et on se dirigée sur PHmnom. Quatre kilomètres avant d y
arriver, la route long-e les chutes du Danhim, de 28 mètres de hauteur
sur une centaine de largeur : suivant la saison elles se divisent en deux
ou trois branches.
Cliché Cniiivcl.
l*"i<i. \'2. — D.jiriui;-. Troupeau de bullles.
De Pfîmnom à Dalat, on parcourt ' lo km. environ^ une étroite val-
lée cultivée sur la rive droite du Da-Tam avec au N.-O. les deux mas-
sifs très escarpés du Mnil et du Bo-Roué (tête d'éléphant). Puis on
remonte pendant 6 kilomètres le lonsf du Da-Prenn et Ion suit sur
4 kilomètres un chemin (pii serpente sur la crête de mamelons
rocheux. Le sentier est des plus pittoresques ; on surplombe par
moments des abîmes de i^lusieurs centaines de mètres de profondeur,
toujours au milieu des pins.
LANG-BIANG
33
Enfin 1914 on pouiTa probablement aller de Phanthiêtà Djiring-, voire
à Dalat en automobile, mais à l'heure actuelle les moyens de locomo-
tion les plus pratiques sont le cheval, le pousse-pousse et la chaise à
porteurs.
Les touristes trouveront ci-dessous les tarifs et les distances.
Les chevaux se louent dans la rég-ion moi environ 1 piastre par
jour, la nourriture non comprise.
Phanthièt-Giau-Mau
Giau-Mau-Neutoung
Neutoun^-Yabak. . .
Yabak-Yankar
Yankai'-Djiring
Djiring-Tambou. ...
Tanibou-Danhim. ..
Danhim-Piimnom . .
Pfimnoin-Dalat
Km.
Tarif
Porteurs
•20
0,25
Annamites
22
0,35
Chams
8
0,10
Mois
1!-:
0,30
..
28
0,40
..
17
0,25
..
J3
0,20
M
20
0,30
»
25
0,iO
"
De Phanthièt à Neiitoung' pai
charrette à bœufs : 1 charrette
1 piastre.
Phanthièt à Giau-Mau : 3 S 50.
Phanthièt à Song-Quao : 4 S 50.
Pousse-pousse. Lajournée de 5 h.
1 S. La journée de 10 h. : 1 S 75.
Fig. 13.
GumE iiE i."Ann.\ji.
Cliché Eberhardf.
Musiciens Mois. Plateau du Lanc'-Bian.
DE PHANRANG A NHATRANG
Au retour du Lang-Biang, on s'arrêtera au G*" kilomètre avant Phan-
rang-, à la station du chemin de fer dite «Tour cham ». Cette excur-
sion peut aussi se faire de Phanrang même, soit le matin soit le
soir : des voitures de Malabars ou de Chinois partant toutes les demi-
Fio. 14.
Récolte de sel aux salines de Trai-Ca.
heures de Phanrang assurent le service Phanrang-Tourcham et retour
'^ tarif : 1 piastre aller et retour).
Là, sur un mamelon qui domine toute la plaine de Phanrang à 300
mètres de la route environ, s'élève un groupe de ruines chames des
plus intéressants.
L'ensemble des ruines est constitué par (i bâtiments dont le princi-
pal est une grande tour, la « tour centrale », en bon état de conser-
vation. Elle montre o étages en jiyramide avec des motifs d'angle qui
CAMRANH 35
découpent leur silhouette sur le ciel dans une harmonie de courbes des
plus gracieuses. Le vestibule d'entrée a sa première porte surmontée
d'un tympan sur lequel est sculpté Çiva dansant. A gauche, en entrant,
se trouve un nandin grossièrement sculpté, agenouillé, le cou entouré
d'un collier de grelots. Les tympans des fausses portes représentent
un roi barbu, la tête coiffée d'une tiare, les mains jointes, assis sur
ses genoux repliés. La salle est un édifice de forme rectangulaire aux
murs nus ; malg-ré son état de délabrement elle sert encore de salle de
festins.
Tout le groupe forme le temple de Po-Kloun-Garaï ; il daterait du
xiii" siècle. Les Chams, dont quelques villages ont subsisté jusqu'à nos
jours dans la plaine de Phanrang y rendent encore le culte jadis prati-
qué par leurs ancêtres. On pourra, si l'on s'intéresse à l'ethnographie
et à l'histoire des peuples, visiter, à quelques kilomètres des ruines,
deux villages chams ; on aura ainsi une idée de ce qu'étaient ces popu-
lations d'origine malaise, les premiers conquérants de la presqu'île
indochinoise.
Une voie ferrée relie Phanrang à Nhatrang. Les touristes visiteront
en passant les salines de Traïka avant d'arriver à Bangoï. De Bangoi
ils se rendront à Gamranh que les efîorts persévérants du marquis de
Barthélémy ont appelé à devenir l'un des ports d'avenir de l'Extrême-
Orient. La rade immense et parfaitement abritée, communique avec
la mer par une seule passe et les fonds de la baie permettent aux
navires du plus fort tonnage d'y évoluer avec facilité, toutes disposi-
tions qui appellent, indubitablement, l'installation définitive d'un port
d"où notre escadre pourra rayonner dans les mers de Chine.
La baiede Gamranh, depuis l'installation du marquis de Barthélémy,
en 1902 a été le centre de travaux importants qui méritent d'être signa-
lés :
En 1903 se placent les études de défense faites par le commandant
FiLLONNEAU et le capitaine Favelli.
36 (Il IDE DE I. ANNA.M
Va\ I !)().") raclu'NH'mcnl du premier appontement et d'une jetée ; Tap-
poutenienl arrivait sur des fonds de 7 m. oO. Cette même année vit
passer à Camranh l'escadre russe qui y séjourna quelque temps. Une
première jetée mise en construction en 1900 s'achevait en 1907.
Le « Vauhan » et la défense mobile occupèrent la baie pendant
H mois jusqu au jour où brusquement une dépêche la leur fit aban-
donner, la France ralliait à ce moment toutes ses unités devant un
dano^er éventuel.
En 1910-1!M I M. de Barthélémy obtint (jue les paquebots mixtes
de la lig"ne commerciale de l'Indochine touchassent Camranh.
Une maison de commerce fut installée à Camranh. Prochainement
sans doute on verra l'unification des escales Phanrang-Xhatrang à la
jetée de Dabac au fond de la baie et à l'arrivée du chemin de fer.
C'est à Camranh que se trouve lag^ence du Yacht-Club de France
pour l'Indochine représentée par le marquis de Barthélémy et le comte
de HouDEDOTqui sont, de plus, membres correspondants du Saint-Hu-
bert-Club. Les amateurs de yachting- ou de chasse trouveront auprès
d'eux les meilleurs renseig-nementscomme lesplus aimables directions.
CAMRANH
Camranh, point d'escale pour les navires au long cours, est exacte-
ment placé sur la gi'ande ligne d Extrême-Orient.
On peut y louer des canots à voiles français et des chaloupes à
vapeur pour tous les points de la baie, à la journée ou au voyage.
Les points d'accostage sont :
Camranh, deux jetées 7 m. 50
Salines de Trai-Ca, une jetée ô m. 00
Dabac ^chemin de fer) i m. 00
Camranh (phare ) 8 m. 00
CAMRANH
;r
A Dabac, les trains viennent à la
tête de la jetée et la navig^ation trouve
correspondance directe avec Nhatrano^,
tête de ligne du chemin de fer, Binh-
Thuàn, Khanh-Hoa. Lang-Biang et
Phanrang-Tourcham. Les travaux se
continuent et en fin 1914, Camranh sera
relié à Saigon. De Phanrang'-Tourcham.
un embranchement dit embranchement
de Xomghom mènera d'ici deux ans les
voyageurs en chemin de fer jusqu'à
^ Dabang, c'est-à-dire jusqu'au pied de la
^ chaîne annamitique.
J On trouve à Camranh un dépôt de
■^ charbon de la maison de Barthélémy et
^ de PouRTALKS. des entrepôts de transit
' dont nous avons déjà parlé.
L'hôtel tenu par les Comptoirs fran-
'L çais du Sud-Annam possède 6 chambres.
11 est bon de les retenir à l'avance :
l'adresse télégraphique est la suivante :
Sanh-Hung Caranh.
Une expédition de chasse peut être
montée de toutes pièces à Camranh. en
s'adressant à la maison de Barthélémy
et de POLRTALÈS.
A certaines époques, des milliers de
perruches au vol rapide s'abattent sur
les mais de Trai-ca fournissant des coups
de fusil nombreux et difficiles.
Parmi les promenades aux environs.
38
GUIDE UE L ANNAM
citons celles de : My-Ca, Thuy-Triêu, pointe du Doig-t, Gio-Ta, Hoa-
Tan, Lac Mercier.
My-Ca est à 12 kilomètres de Camranh dans le Nord, sur la lagune
de Thuy-Triêu. Un pavillon de chasse de l'agent du Yacht-Club de
France est situé en face la merveilleuse plaine de Hoa-Du à cause de
la facilité avec laquelle on y chasse le g-ibier variant de l'éléphant,
bulTïe, tig-re, aux plus petits animaux dans un espace de 10.000 hectares
peu boisé et où l'on se repère facilement. Pour les guides on s'adres-
sera au gardien annamite du pavillon.
La lagune de Thuy-Triêu est fort agréable à remonter entre les
sables des dunes bordées de cocotiers et la vaste plaine de Hoa-Du
dominée par la g'rande montagne Hon-Rông-.
Thuy-Triêu, joli village dans les cocotiers, est situé entre la maison
Fig-. 10. — Le séchage du poisson au bord de la lagune.
CAMRAMI
39
de M. le Comte de Houdetot, planteur, et l'amorce de la route de
Nhatrang-. Les chaloupes accostent à rextrémité du village grâce à un
appontement. C'est également un lieu de chasse recommandé. Le trajet,
c'est-à-dire les 22 km. qui le séparent de Camranh sont faisables en
chaloupe à vapeur à toute marée.
Pointe du Doigt. On y a fait des plans de ville et d'établissement
d'un grand port militaire. Les rochers y sont pittoresques et les prome-
nades fort belles avec vue sur les baies intérieure et extérieure.
Gio-Ta. Riche village au fond de la baie, mais l'accostage en est
difficile pour les canots et les chaloupes, surtout en mousson de N.-E.
Hoa-Tan, situé à 28 km. environ au nord de Camranh au milieu des
rizières et de grandes forêts, est désigné spécialement aux chasseurs
d'éléphants.
Lac-Mercier. Dans les dunes de sable, au-dessus de Camranh, on
a, de Lac-Mercier, une vue magnifique sur la baie extérieure. Pour
cette promenade, il est facile de se procurer des mulets à l'hôtel.
Après Camranh, le chemin de fer traverse de pittoresques vallées.
Dans l'une d'elles, la vallée de Suoï-Giao, leD'" Yersin élève et entretient
le bétail dont il a besoin pour ses expériences. De plus il y a créé une
plantation de caoutchouc où les essais les plus intéressants ont été
faits sur la culture de T Hévéa, ainsi que sur celle de la Coca, de l'Eloeïs
guienensis (palmier à huilej, etc. C est un véritable jardin dessais,
comme il serait à souhaiter d'en voir beaucoup dans la colonie.
De Suoï-Giao à Nhatrang, on parcourt les 16 kilomètres, qui séparent
ces deux points, soit en chemin de fer, soit sur une bonne route qui
traverse la citadelle annamite de Khanhoa.
40 (iUlDE DK l'aNNAM
Dans le cas où l'on arriverait directement à Nhatran^, il serait bon
de télég-raphier à l'avance à l'hôtel de Nhatrang- afin de retenir des
chambres et aussi pour qu'on envoie des voitures chercher les voya-
ij;eurs à Khanlioa, point terminus de la voie ferrée, à '■) kilomètres envi-
ron de Nhatrano-ville.
NHATRANG
Nhatrang est un port de la côte d'Annam. On y compte relativement
peu d'Européens, une trentaine environ ; néanmoins im hôtel bien tenu
permettra aux voyageurs de se reposer de leurs fatigues.
Deux choses à visiter : l'Institut Pasteur de Nhatrang- et les Ruines
de Po-Nagar.
1" Institut hactériologique . — L'Institut Pasteur de Nhatrang est
dirigé par le D'' Yersin. Il serait déplacé de retracer ici la biographie
du savant que ses belles recherches sur la peste ont rendu illustre à
côté de tant d'autres travaux dont la science française lui est redevable.
Nous rappellerons seulement que c'est en Indochine, dans ce même
Annam où il a établi le premier laboratoire scientifique de la colonie,
qu'il fut frappé du nombre de rats morts qu'on trouvait dans les cases
des indigènes. Là fut le point de départ de ses recherches ; l'examen
du sang des rats morts, lui révéla chez eux la même maladie que celle
des indigènes. Il cultiva les bacilles inconnus qu il décela dans leur
sang, il inocula des rats et des souris bien portants avec ses cultures;
ces animaux ne tardèrent pas à succomber après avoir manifesté tous
les symptômes de la peste : le bacille de la peste était découvert. Le
D"" Yersin poursuivant ses recherches avec une inlassable énergie finit
par obtenir les fonds nécessaires pour établir im Institut bactériolo-
gique en Indochine. Il créa alors à Nhatrang le merveilleux organisme
scientifique auquel les touristes ne peuvent manquer de s'intéresser.
Ml AT RANG '(. |
Le nombre d'animaux indispensables pour continuer les recherches
et fabriquer le sérum ne pouvant trouver dans la plaine sableuse de
Nhatrang l'alimentation nécessaire, le D'" Yersin fut amené à créer
plus tard à Suoi-Giao, la concession qu'on a visitée avant d'arriver à
Nhatrang et dont nous avons déjà parlé.
2" Les raines de Po-Nagar. — Un peu en arrière de Nhatrang, la
rivière coupe une lagune qu'un banc de sable sépare de la mer laissant
seulement une passe étroite par où sortent et rentrent les barques des
pêcheurs. Il faut traverser cette lag^une pour g-agner la proéminence
rocheuse sur laquelle s'élèvent les ruines d'un sanctuaire cham : le
temple de Po-Nagar. que la science ingénieuse de M. Parme.nïier. le
chef du Service archéologique de l'Ecole française d'Extrême-Orient
a pu sauver de la destruction et remettre en état. Ce monument était
l'un des principaux sanctuaires des Chams.
Sur le sommet du mamelon deux rangées de tours sont enfermées
dans une clôture visible encore. Un escalier très raide conduit de là à
une terrasse où s'allonge de l'est à l'ouest une grande salle à piliers.
Dans la salle principale de la grande tour, signalons une belle figure
d'Uma en très bon état de conservation.
La tour comprend 4 étages en pyramide ; sur les frontons antérieurs
les sculptures présentent le motif habituel : têtes de lions et têtes de
Makara. A remarquer sur le corps principal du '1" étage de grands
oiseaux, des oies, les ailes déployées, un collier de grelots au cou, qui
jouent le rôle de métopes.
Sur le terrasson du 1"' étage, elles sont remplacées par des biches
et sur celui du 3*^^ étage par des éléphants en marche. Nous ne pouvons
entrer ici dans le détail des descriptions des bâtiments, nous renvoyons
pour cela au volume si intéressant de ^L Parmentier ' : nous nous
1. Pahmi;ntieh, //iren/.K/r (/es niDiiitinenIs chuma.
Guide de i/Annam. 6
42
GlIUE DE L AN.NAM
bornerons à signaler rexistenee. dans la lour Xord-Uuest, du piédes-
tal dune statue aujourd'hui disparue et dans la tour Ouest d'un linga
avec les cuves à ablutions.
Cet ensemble du monument nest pas dune seule date, le morceau
le plus ancien, la tour Nord-Ouest est de 813. le plus récent, l'édifice
Sud-Ouest, aurait été édifié en 12o5.
La situation de ce sanctuaire est unique. En arrière et à gauche, de
riches vallées au premier plan, puis la montagne couverte de forêts
au second ; à droite, le cours sinueux de la rivière qui se perd dans les
sombres verdures, en face le village de pêcheurs, la lagune et la mer.
L'hôtelier assurera le transport des voyageurs de Xhatrang à 1 em-
barcadère situé au fond de la baie à 2 km. 700 de l'hôtel, les navires
n'avant pas assez de fond en face de Xhatrang même. Les touristes
pourront ainsi reprendre le bateau parti de Sa'igon 8 jours après celui
qui les a conduits k Phanrang, et se rendre directement de Xhatrang
à ïourane.
TOURANE
Le port et la ville de Tourane qui semblaient appelés à un dévelop-
pement qu'ils n'ont pas atteint, confinent à la province du Quang-Nam.
Concession française depuis l'ordonnance royale du 9 octobre 1888,
elle comprend en outre quelques villages voisins.
FiG. 17.
Hôtel Morin. Tourane.
Les courriers annexes du Tonkin et de la Gochinchine, les cargo-
boats pour la France et les bateaux mensuels vers la Chine mouillent
près de la presqu'île de Tiên-Cha ; ils sont signalés dès qu'ils arrivent
44 GUIDE DE l'aX>AJ1
en vue (K' Li lack- par le poste de télégraphie installé à l'îlot. Les appon-
tements imposants que l'on remarque en arrivant à Tourane n'ont pas
de chance d'être utilisés avant qu'un drag-age sérieux n'ait rendu la
passe praticable.
Pour descendre à terre on aura la chaloupe des Messageries Mari-
times. Elle peut prendre une quinzaine de passagers, mais pas de
bagages. Le mieux est de s'entendre entre trois ou quatre voyageurs et
de fréter un sampan sur lequel on les fera disposer avec les boys et
qui. à raison de 0 S 15 par malle, les transportera directement à l'hôtel.
Il existe k Tourane un seul hôtel, l'hôtel Morin, situé au bord même
de la rivière de Tourane. On y trouve de grandes chambres au l*"''
étage sur la rivière et, sur la cour, des chambres plus petites. Vu le
nombre réduit des chambres il sera toujours prudent de les retenir
télégraphiquement de Nhatrang.
La visite de la ville est vite faite ; elle ne renferme aucun bâtiment
important, à part la gare dite de « Tourane central » située à la pointe
dans les sables, mais au centre de l'endroit où on avait pensé voir la
ville se construire. Tourane est relié à Hué, Quang-Tri. Dông-Hà par
une ligne ferrée qui traverse le col des Nuages.
Les quelques jolies promenades que l'on peut faire hors de Tourane
en voiture ou en automobile, conduisent immédiatement sur le terri-
toire de la province du Quang-Nam.
Citons cependant :
Tourane-(Jam-Lê, route uiaudarine et retour, soit par la route de la con-
cession (Travelle, soit par Ihôpital indigène ouïe bord de la nier.
Tounine-Hmite nianilunne-Marché de Tu y-Loan el relour.
Tourane- Tu ij-Luai^-Phu-Thuonif -Tourane.
Tourane-X(jhi-An et retour. Concession Gravelle. Différentes cultures :
manioc, thé.
TOUR ANE 45
Tourane-Phu-Tkuong et retour. Concession Bertrand : aréquiers, caféiers,
thé.
Tourane-Bord de la mer. Thanh-Khè. route mandarine après le passage à
niveau, retour par l'hôpital indigène ou Gam-Lé.
Tourane-Col des Nuac/es. point culminant et retour.
(Pour toutes ces promenades se rapporter à l'horaire annexé à Quang-
Xam.)
L'organisation administrative et judiciaire de Tourane est la même
que dans les villes françaises de Hanoi et Haiphong-.
La ville possède un hôtel où l'on peut manger, coucher et s'appro-
visionner pour l'intérieur ; un cercle, deux tennis.
La banque de 1 Indochine y a une succursale: les Messageries Mari-
times et les Chargeurs Réunis, un agent.
Le jardin de Tourane situé à l'extrémité de la ville, près du tennis
de la Douane, et improprement dénommé Musée cham, contient quelques
belles pièces provenant des ruines de Tra-Khièu et My-Son, mais,
n'étant ni clôturé ni surveillé, et ayant à diverses reprises été l'objet
d'actes de vandalisme que l'on ne sut ni empêcher ni réprimer, ce
dépôt tend à olfrir de moins en moins d'intérêt.
Le commerce indigène et chinois de Tourane est surtout représenté
par les entrepôts des grosses maisons du Quang-Namqui chargent les
marchandises que leur expédie l'intérieur. Le commerce européen est
représenté par la maison Dérobert et Fiard que nous retrouverons au
Quang-Namet des succursales des maisons Speidel. "Charrière, U.C. I.
La Standard Oil et l'Asiatic Petroleum C'*". nouvelle Société Franco-
Asiatique des Pétroles y possèdent également des agents.
EXCURSIONS ET PROMENADES
1 . Visite aux concessions Gravelle et Bertrand. — Avoir soin d'em-
porter un repas froid pour déjeuner sur place.
2. Excursion en sampan ou chaloupe. — On peut se rendre en trois
quarts d'heure à la presqu'île de Tiên-Cha où se trouve l'ancien lazaret
et un peu j)lus loin les niag-asins des Docks et Houillères qui cédèrent
au Protectorat en 1907 le chemin de fer à voie étroite menant à
Faifoo et dont le point terminus était là. On peut y voir encore une
caserne abandonnée et le Phare. Dans la presqu'île très giboyeuse on
peut organiser des chasses au chevreuil. C'est là aussi qu'on trouve le
sing-e gris à culotte rouge dont la fourrure est très estimée.
3. Excursion au col des Nuages. — Le trajet de Tourane jusqu'au
sommet du col des Nuages par la route mandarine est des plus pitto-
resques. La route récemment répart'^e est praticable entièrement aux
automobiles, aux pousses et chevaux, difficile aux attelages. Elle
est plate jusqu'au 18" kilomètre, à Liên-Chiêu. où l'on passe sur le
pont du chemin de fer pour rejoindre la route ; la montée de 13 kilo-
mètres commence alors. Il ne s'y rencontre pas de rampe supérieure à
12 °/o, sur tout le parcours, la vue sur la rade de Tourane et la mer est
magnifique.
Arrivé à la porte d Annam, au tram qui marque le point culminant
et où l'on peut déjeuner si l'on ne veut pas faire un voyage rapide,
on peut descendre l'autre versant jusqu'à Lang-Cô : le coup d'œil en
vaut la peine. A Lang-Cô on retrouve le train qui ramène les voya-
geurs à Tourane.
48
(;i iDi; i)i; i. a.n.n wi
Il est reo;rettable (|ue la maison Ilyckelynk de Tourane ait supprimé
son service de voitures-automobiles qui permettait de faire celte pro-
menade et de revenir en 2 heures i/2 ou trois heures mais la maison
Morin doit le rétablir prochainement.
Cliclié Kberliardl
FiG. 19. — Mnntaunes de niai'l)i'('. \'uc nciicralt'.
4. Excursion aii.r k Montagnes ou grottes de marbre ». — Bien que
les Montagnes de marbre de même que Tièn-Cha se trouvent dans le
territoire de la province, nous les conq)rendrons dans les promenades
qu'il est facile de faire de Tourane ainsi que celle du col des nuag'es qui
chevauche sur le Quang'-Nam et le Thua-Thièn.
On peut aller et revenir soit par le train, ce qui oblige à déjeuner
sur place et attendre le train du soir pour rentrer, soit en sampan.
Le plus pratique est de partir par le train du matin à 7 heures 10 et
de revenir en sampan avant ou après déjeuner, ce qui permet de gagner
GrillK ElE i,'An>am.
50 (IIIDK DK l'aNNAM
le soir même Fait'oo par route, le trajet par fer à travers les sables
n'offrant aucun intérêt.
Los montagnes ou carrières de marbre, groupes de rochers qui
dominent la plaine, contiennent une grotte fameuse qui est l'objet d'un
culte bouddhique et dans un coin de laquelle on trouve quelques scul-
ptures attestant le passag-e des Ghams dont il existe, dans le même
village, maints vestiges.
On parvient à cette pagode par un large escalier en partie ensablé
et par des terrasses successives. Le sommet de ces rochers calcaires,
extrêmement tourmenté, présente une série de petits vallons où se
tapissent des bonzeries, des escaliers taillés à même le marbre
grimpent à l'assaut des plateformes d*où la vue s'étend indéfiniment
sur la mer.
On peut déjeuner près de la grande grotte, dans une pagode dont
les bonzes autorisent facilement l'accès. Cette grotte se trouve dans le
rocher principal et son entrée est gardée par deux génies : c'est une
vaste excavation, probablement causée par les infiltrations qui en ont
respecté la voûte d"où tombe, tamisée et blonde, une lumière pâle,
jetant dans les pénombres du m\'stère et de la féerie.
De Tourane on peut encore s'embarquer en sampan directement pour
Faifoo, Quang-Huê. Nông-Son, ou Bèn-Vang, Quang-Ngai.
De Tourane à Faifoo (par la route mandarine 33 km.).
On sortira de Tourane pour gagner Faifoo par terre, en pousse, en
voiture ou en automobile, par le tronçon qui rejoint la route manda-
rine 3 kilomètres ou 4 avant le bac de Gam-Lé, selon que l'on prend
la l'*" ou la 2^ traverse à gauche.
Le bac de Gam-Lê, assez large, est à hauteur des montagnes de
marbre; 13 kil. 300 le séparent de celui du Song-Quang-Nam qu'un
TOURANE
51
pont en ciment armé de 103 m. livré tout récemment à la circulation,
vient de supprimer.
On peut traverser la citadelle où se trouvent les habitations des
mandarins provinciaux et rejoindre Faifoo par une route de 9 kil. 500
Fie. 21. — Pont en ciment armé sur le Sonsj-Quans-Nam.
qui bifurque un peu avant Thanh-Hà, le village des briquetiers, pour
rejoindre la route mandarine au bac de Gho-Gui dans la direction
de Tamky.
Faifoo, où sont établis les Européens et la Résidence, comprend
une ville chinoise et indigène importante sur larpelle nous reviendrons
plus loin.
Un hôtel tenu par un annamite sert pour 1 $ 20 des repas confor-
tables mais ne donne pas à coucher. Deux chambres de passagers
peuvent en en faisant à l'avance la demande à la Résidence, être mises
à la disposition des touristes.
FAIFOO
La province du Quang--Xam. peuplée de près d'un milliond'habitants,
est à bien des points de vue 1 une des plus intéressantes de TAnnam.
A proximité de Tourane cpii la remplacé en tant que port de mer,
Faifoo. port tluvial. après avoir été le plus gros centre peut-être du
commerce indig'ène. est une ville dont les origines assez obscures
méritent de retenir l'attention. La [)rovince fort bien arrosée, ren-
fermant cependant une rég-ion montagneuse importante, a vu succes-
sivement l'occupation chame. l'invasion annamite, la domination chi-
noise, les visites commerciales des g^randes compagnies du xvi'' siècle;
telle est, en résumé. Ihistorique de la province et de la capitale que
nous allons préciser brièvement.
Le Quang-Nam représente un des plus grands points de 1 occupa-
tion chame du m^' au xiv'' siècle.
Dans aucune province les vestiges ne sont aussi nombreux de même
que les documents épig-raphiques qui permettent de reconstituer, peu
à peu. 1 histoire des dynasties (jui se sont succédé au pouvoir ; ce
travail activement poursuivi par l'Ecole Française d'Extrème-Oi'ient
ne permet pas encore de donner autre chose que des noms de souve-
rains et leur g-énéalogie. Il suffit de savoir que toute la partie au nord
de Tourane et la vallée du Sông'-Thu-Bôn fut à ditlerentes époques
l'un des points les plus prospères du Champa ; c est là qu'il semble
avoir fleuri et produit notamment au vru'' et i\'' siècle les plus belles
(Kuvres littéraires et artistiques.
Les ouvi'ag'es chinois (jui parlent de la partie du Champa corres-
pondant au Quang-Nam actuel, surtout sous la dynastie des Song,
FAIFOO o3
nous prouvent {|u"il fallait compter avec cette puissance ; de nom-
breuses ambassades furent envoyées et il est probable que des Chinois
commerçants coexistaient déjà à cette époque.
A partir du xiii*^ siècle, les Chams refoulés peu à peu, les Chinois
prirent la première place ; bientôt après on voit apparaître les Japo-
nais et les Hollandais : ou du moins ces derniers vinrent commercer
avec ceux-ci. C'est une légende accréditée que Faifoo est une vieille
ville japonaise et que les bateaux de la Compag-nie des Indes qui
venaient relâcher à Faifoo commerçaient là avec une colonie d'origine
japonaise.
Les sources qui permettent de se ranger à cet avis sont peu nom-
breuses. Elles ont consisté longtemps dans le pont couvert appelé Pont
ou Porte japonaise. Cette origine est confirmée par une inscription
désormais célèbre, actuellement dans la pagode de Hôi-An. Elle se
borne à affirmer que des hommes venus du Japon construisirent ce pont.
Les autres documents qu'il a été donné à M. RoufiiER de réunir à ce
sujet seraient les tombeaux qu'un bonze japonais vint examiner en
1910 : ces tombeaux de forme inusitée, parallélipipèdes de 2 m. de haut
environ, portent chacun des inscriptions relatives à des bonzes fort
connus pour leur piété.
On les trouve à droite à 600 mètres environ de la caserne de la garde
indigène sur la roule de Lang-Càu ; un autre tombeau de forme ana-
logue et situé à l'entrée de ladite route, derrière l'ambulance, ne porte
aucune inscription.
A noter également près de Thanh-Hà dans les sables, le tombeau
d'un bonze « venu de loin ».
Dans l'intérieur de la province du village près du canal de Cho-
Duoc où l'on avait signalé une « maison en bois construite au xvrr
siècle parles Japonais ->, M. Rougier a trouvé deux fort belles plaques
de cuivre ciselé portant le chitîre d'une célèbre famille Samouraï du
xv*" siècle.
54 GLiDE m: i/a>i\am
Hollandais et Japonais auraient continué à commercer jusqu'aux
xvii" et xviii" siècles. La compag-nie des Indes Néerlandaises parle
dans les relations de ses voyages, du port de Faifoo. Le commerce
français y aurait aussi été représenté à en juger par la tombe d'un
officier du navire « Le Fleury » mort en 1721, et retrouvée cette année
même près de Faifoo.
L'histoire des missions étrangères cite la province de Cham comme
étant le Quang-Nam au xv!!!*" siècle et le passage de la mission hispano-
sarde est affirmé à Faifoo par deux tombeaux situés derrière l'empla-
cement actuel de la garde indigène.
Au moment de l'occupation, les troupes françaises s'installèrent
après 1880 à Faifoo et dans différents points de l'intérieur. Et la ville
s'est peu à peu groupée suivant l'ordre qu'on constate maintenant.
Visite de la ville : Les pagodes.
Le tour de la ville chinoise — d'une remarquable propreté —
peut se faire en une heure ou deux heures en y comprenant la visite
des principales pagodes.
Itinéraire proposé. — En sortant de la gare, prendre la rue allant à
larroyo, s'arrêter au premier carrefour ;on trouve à gauche, dans la
rue de Quang-Nam, la pagode de la congrégation de Triêu-Châu; cette
pagode très ancienne a été refaite en l'état actuel vers 1890, elle
contient de fort intéressantes décorations murales polychromes et des
portes en bois sculpté d'un joli travail. Fête annuelle : mars.
En suivant la rue de Quang-Nam on trouve, un peu après, lapaçfocJe de
Haï-Nan, les mosaïques représentant une procession qui couronnent
le faîte du portique y sont plus délicates (|ue partout ailleurs. Les
flambeaux et brûle-parfums apportés dans toutes les pagodes à peu
près à la même époque (de 1888 à 1897), les reliquaires sculptés
offerts par les maison chinoises y sont les plus riches.
FAIFOO o5
Les g-ens de Hai-Nan, habituellement considérés comme les Béo-
tiens de la Chine, ont sans doute envoyé au Quan^-Nam une élite ; ils
possèdent, en outre, un orchestre de musique de chambre fort exercé
qu'il est possible d'entendre en en faisant la demande au chef de la
maison Quang-Hoà-Loi.
Cette pagode toute récente aurait été construite vers 1889.
La fête annuelle de la congrégation a lieu au mois à. août.
A côté se trouvent deux pagodes annamites : celle du village de
Minh-Huong dit Tiên-Hièn vouée au fondateur du village, autrefois
sur l'emplacement de la gendarmerie, transportée ensuite au marché,
et enfin à sa place actuelle, et qui contient la célèbre inscription du
pont japonais (1805); puis celle de Quan-Thanh. Représenté en bois
peint et couvert de facettes de verre, moins imposant que son collègue
de Hanoï le Grand Bouddha, il est l'objet du même culte. Dans une
vitrine tout à côté de lui, avec leurs montures, ses deux gardes du corps :
un célèbre vice-roi et son propre enfant. Cette pagode, ou du moins
ce qui reste de l'édifice primitif, est peut-être la plus vieille de Faifoo.
Les différentes réfections, dont la plus ancienne remonte à la quatrième
année de Gia-Long (1818), sont attestées sur les murs.
Devant la petite pagode bouddhique construite postérieurement, on
a transporté un panneau de Khanh-Duc (1649). On peut voir encore
deux vieilles cloches de la 21'^ année de Kang-Hi et de la 11^ année
de Kiaking.
Cette pagode est située sur la place du marché, vaste construction
couverte qui va de là jusqu'au fleuve. Fête annuelle: Septembre.
On rencontre ensuite, la pagode de PhuOC-Kiên de style différent, au
fond d'un jardin surélevé où l'on accède par un portique. A remarquer
deux portes peintes or sur bois noir qui attestent une science de la
décoration très sûre. La principale curiosité de cette pagode qui con-
tient quelques belles pièces bleues consiste en un bateau tout gréé
56
(.1 Ihi: liK I, A.WAM
pliicé sous riuvocaliou de la Rouan- Yiii, rappelant aussi que les habi-
tants du Kokien ou Phuoc-Kiên durent passer la mer pour venir
s'établir ici.
Aucune inscription n'existe dans cette pagode que les cong-réga-
nistes déclarent plus ancienne même que la pagode des cinq congréga-
tions et qu'on peut dater sur la foi d'une poutre qui porte cette date
cyclique « de 1609 ou 1729 ».
La fè/e annuelle se célèbre au mois ôi'octohre.
L'on arrive alors à la plus ancienne et la plus intéressante pagode,
celle des Cinq congrégations. Tous les ans au mois de septembre, les
Vu
' I Ih' F.lierlinr.li.
l'iii'k- (1 filirée de la Pagode des Cinq Conj<Té;jations.
congrégations se cotisent et célèbrent une fête où des pyramides de
gâteaux élevées devant les portes, sont distribuées aux enfants et où
un bateau de jiapier gréé et monté est brûlé près du tleuve.
Elle aussi [)ossède une embarcation placée sous l'invocation de la
FAIFOO 0/
bonne déesse. Mais la pièce la pluscurieuse, malheureusement déman-
telée, se trouve dans la cour : c est un brûle-parfums de bronze de
1 m. 20 de diamètre dont le couvercle, renversé à g'auche au pied du
plus petit des deux énormes banians, donne une date de la tin du xvu"
siècle. Il n'en subsiste au milieu que la grande vasque utilisée comme
pot de fleur. Les autres morceaux g-isent près des petites portes et une
réplique du couvercle se trouve à quelques mètres de là, devant une
pagode de Minh-Huong\ de l'autre côté de la ruelle.
L'inscription qui est au nord de l'entrée de la pagode contient
diverses indications, et notamment une interdiction de fumer l'opium.
La pagode de Canton, dont l'aspect extérieur est des plus engageants
avec sa grille en fer et ses belles pierres de taille, est actuellement
abandonnée. Elle sert à emmagasiner des rotins et donne asileà divers
industriels locaux, entre autres au photographe.
On y remarque encore quelques dessins bleus sur bois blanc dont
on se sert pour apprendre les noms des objets aux enfants. Cette
pagode fut construite en 1 885 .
On arrive ensuite au Pont japonais dont il a été parlé plus haut : c'est
un pont en pierre de une arche qui supporte un passage couvert en
bois dont les traverses supérieures portent la date des réfections suc-
cessives ; gardée à l'entrée et à la sortie par deux singes et deux
chiens de bois, elle renferme à droite une petite pagode complètement
abandonnée et dans laquelle il est imprudent de s'avancer. La véri-
table pagode, ou du moins la niche où probablement les restes de l'an-
cienne ont été transportés, se trouve dans la première maison à droite
en sortant au fond du jardin. Ils consistent d'ailleurs dans quelques
Kouan-Yin de porcelaine sans intérêt.
En suivant la route qui prend à droite avant l'entrée du pont on
arrive bientôt en vue de la pagode dite Pagode de la Maternité dont la
GiiiiE dp: 1,'Ann.vm. 8
58
(,l IhK DK I. A.N.NA.M
t'aviick" inonunu'nlale fait prcjuj^er (11111 ensemble intérieur imposant :
il n'en est rien.
Deux pauvres pagodes renferment une série de démons échappés de
l'enfer bouddhique et diverses représentations de la Kouan-Yin dans
différentes fonctions naturelles. Les femmes stériles y viennent faire
quelques olfran-
des, elles ne sont
pas assez nom-
breuses pour que
la pagode ait pu
prospérer. La fa-
çade n'en reste
pas nionis agréa-
ble avec les fruits
de pierre sculp-
tés aux angles et
dans lesquels dés
esprits facétieux
autant qu'in-
compétents ont
cru voir certains
attributs sexuels ([u'aurait justifiés la destination de la pagode.
La disproportion flagrante qui existeentre cette façade et l'intérieur,
a souvent fait ])enserà un ensemble primitivement beaucoup plus impor-
tant et dont la façade principale avait seule subsisté. Rien ne vient
cependant confirmer cette hypothèse.
La tradition veut que cette pagode, ou du moins sa façade, soit un
peu moins ancienne que celle du Quan-Than ce qui la fait naître vers
la fin du xvu'' siècle.
l'Ol'tilllll" tlLMltl'l'
Cliché Eberhardt.
de la Patrude de la Maternité.
L ne autre pagode située au milieu des sables à une demi-heure de
la gare de Faifoo, celle de Phuoc-Lâm, est remarquable seulement par
60
(.rilïi: I»K I. ANN AM
les cérémonies qui s'y célèbrent, 1 ordination des bonzes, ou ce que
l'on pourrait appeler des concours de sainteté. Des bonzes venus de
tous les [)()ints de l'Annani y accourent alors, ils restent trois jours en
jirière sous la direction du Ilnk-TJiuony. sorte de « pape des bonzes »,
et se livrent à ditFéreiitcs mortifications dont une des plus curieuses
consiste à laisser brûler sur le crâne jusqu'à extinction trois bougies.
Dans la plupart des cas, les boug-ies brûlant entièrement creusent des
trous dans le cuir de la tète rasée, pendant que les patients, impas-
sildes sous la douleur, récitent de plus en plus vite les litanies rituelles.
Certains bonzes ont ainsi le crâne raviné par ces stig-mates g-ràce aux-
quels ils conquièrent leurs grades et excitent l'admiration des foules.
On remontera ensuite la rue de Minh-Mang^ qui aboutit à l'établis-
sement de thé de la maison Dérobert et Fiard de Tourane. Elle possède
dans la rue de Quang-Xam et sur les quais un autre établissement
important oii l'on traite la soie et les peaux. Le représentant de la
maison fait fort aimablement visiter ces différents comptoirs aux
personnes qui lui en font la demande.
Un dernier tour en pousse à travers les deux rues chinoises et le
quai et Ton peut revenir rue Xeuve à l'hôtel.
POINTS INTÉRESSANTS A VISITER
DANS LE QUANG-NAM
\° Le groupe des îles que l'on voit en face de Lang-Cao, dites Cu-
Lao-Cham, peuvent fournir une promenade en sampan ou en chaloupe
(1 ou 2 heures à partir de Lang-Gao ou Cua-Day). Peu peuplées par
quelques villages de pécheurs, c'est dans ces îles qu'on trouve les nids
d'hirondelles les plus estimés et dont l'exploitation est affermée pour
près de 20.000 §. La légende chinoise qui veut que les rois Chams
eussent leur palais d'été sur l'un des sommets n'a pu être vérifiée par
aucune des ascensions très pénibles tentées jusqu'ici.
2° Excursions aux ruines chames de Dông-Duong . — Les ruines du
monastère boudhique sont situées à Dông-Duong- kl h. 1/2 du Phu de
Thang-Binh, où l'on peut aller en automobile. Le plus praticfue est
d'emporter un déjeuner froid et de revenir dîner à Faifoo.
L'ensemble des bâtiments comprend trois parties dont l'orientation
générale va de l'Ouest à l'Est. Au centre, la « tour principale» flanquée
de quatre sanctuaires élevés sur la même terrasse et qu'une muraille
entoure. Sept petits sanctuaires, deux tours et toute une série de cours
mènent k un porche extérieur dont subsistent deux grands pylônes.
A quelque huit cents mètres de Ik, on aboutit, par une longue
chaussée, k une enceinte rectangulaire dont les talus sont encore très
élevés.
Les bas-reliefs et les statues que l'on voit sur ces ruines présentent
le plus vif intérêt i.
1. Paniientier, Inventaire des monuments chams.
02
r.iiDi-: iJi: l annam
'■i'^ Ruines chantes de My-Son. — Le cirque de My-Son à 1.') km.
environ de Thu-Bùn est le centre d'une capitale où se sont succédé
difîérenles dynasties chames. 11 en reste d'importants vestiges.
PLAN D' ENSEMBLE
des
RUINES deMYSON
djpresM'ii ParmciiLicr
FiG. 2.'). — Plan d'ensemble des ruines de Mv-Snii.
A My-Son, ou plus exactement dans le cirque de My-Son, où
68 édifices ont subsisté, se trouvait une agglomération extrêmement
MY-SO.N 63
importante. Les édifices sont répartis en huit temples établis sur des
éminences de faible hauteur et dans le fond de la vallée. Nous en
donnons ici le plan d'après M. Parmentier, dont l'étude extrêmement
intéressante ' fournira aux touristes tous les détails sur les monuments
indiqués ci-dessous.
L'état de conservation de ces ruines permet d'admirer des sculptures
nombreuses en parfait état. Les bas-reliefs sont d'une richesse inouïe,
les sanctuaires et les salles de dimensions grandioses; My-Son est
l'Angkor de l'Annam.
D'après M. Parmentier la construction des monuments de My-Son
a été répartie sur trois périodes :
Line première période du iv'' au vi'^ siècle.
Une deuxième période du vi^ au ix*^ siècle.
La troisième irait du x" siècle à l'époque de la conquête du Quang-
Nam par les Annamites.
A la !'•' époque appartiennent les édifices : A' à A", B, C, etc.
A la 2« — A8àAi3,A',B4,G6,G7,F.
A la 3*- — D2, D%D^ G, H, K, L.
Les principales pièces qui méritent de retenir spécialement l'atten-
tion sont :
Dans le groupe A. — La magnifique tour A ', de proportions
grandioses et de conservation surprenante; c'est là peut-être, quoique
le plus vieux, le mieux conservé des bâtiments de My-Son. On y remar-
quera un étage principal orné de cinq pilastres sur chaque face et
d'entre-pilastres moulurés, le tout orné de rinceaux extrêmement gra-
cieux, la corniche s'unit aux pilastres par une frise à guirlandes pen-
dantes.
1. Parmentier, Les ruines de Myson. Bulletin de V École française d'Extrême-Orient,
tome III.
Fir,. 26. — Temples de My-Son. Détail des groupes A et A'
MV-SON 65
Au-dessus trois autres étages en fort bon état, seul le couronnement
a disparu. Ces étages ont la même composition que le premier, mais
avec trois pilastres seulement.
Autour de ce sanctuaire principal, sur une terrasse commune existent
six petits sanctuaires.
La tour A'" est un bâtiment encore très important dont il ne reste
plus que la face sud ; la décoration est intéressante surtout par les
corps de serpents se fondant avec les rinceaux et qui devaient sortir
probablement d'une tête de monstre placée au sommet du fronton.
Celui-ci se trouve ainsi entouré dune ligne ondulée qui le fait ressem-
bler, dit M. Parmentif.r, aux frontons des monuments du Cambodge.
La tour A ' n"a plus sa divinité, il n'en reste que le piédestal; elle
possède une très belle cuve à ablutions.
La tour A^" a conservé son dieu, un superbe linga faisant corps
avec la cuve. A signaler encore dans ce groupe sept petites statues,
sans doute les divinités des six petits sanctuaires annexes de A ' et
comme autres pièces décoratives deux tympans sculptés en A'- et A''.
Dans le groupe A' . — En A'' la divinité du temple est dans un état
de conservation parfait, c'est une statue de Çiva debout, le haut des
jambes roulé dans un sampot, les bras sont ployés en avant, la main
gauche tient une tiole, la droite un chapelet, le torse est nu. La statue
est en plan sur la cuve à ablutions ci'eusée dans son centre.
A remarquer aussi les deux fi-agments du tympan A' ' au centre
duquel est sculpté un Çiva à 12 bras dansant sur la tète d'un homme
renversé : à droite du dieu une femme en prière, devant elle un enfant,
de l'autre côté, faisant pendant à l'enfant, une ligure qui danse et fai-
sant pendant à la femme : un ganeça, la trompe levée vers le dieu.
Dans le groupe B. — L'allure grandiose de la tour principale, les
sculptures très bien conservées des tours secondaires.
66
GIÎIDK or, LANiNAM
A signaler la statu • représentant une figure de Skanda sur un paon
accroupi, Tune des plus helles (euvres de l'art cham.
Fiii. •-'■. — Temples de My-Son. Détail des gi-impes B. C. D, E, F. G et H.
MY-SON 67
Dans le f/roupe C. — Le tympan appartenant sans doute à la tour C^
est une pièce d'art de réelle valeur. C'est derrière sous la divinité que
M. Pakmentier a trouvé la cachette des bijoux ^
Dans le groupe D. — La salle D ' est remarquable par ses dimensions
et l'élégante composition des décors inférieurs. Peu de sculptures
intéressantes ont été retrouvées dans ce groupe, à part le développe-
ment des scènes sculptées sur les édifices D' et D'^. La scène représente
deux musiciens dont lun assis tape des mains sur des tambourins et
l'autre agenouillé agite des sonnettes tandis que des danseuses, un
poing sur la hanche, une fleur dans l'autre main, ploient leur corps au
rythme de la musique.
Dans le groupe E. — L'édifice E ' présente un intérêt spécial ; il
difïère des sanctuaires habituels par sa construction ; il n a pas été
couvert par la voûte de briques, mais par de simples tuiles ainsi que
le révèle le peu d'épaisseur des murs. C'est une grande salle à décors
extrêmement simples.
La divinité de la tour E ' était un énorme linga disposé sur un haut
piédestal très heureusement décoré. La face principale de ce piédestal
possède un perron constitué par trois marches entre deux niches, le
tout décoré de très habile façon.
Dans la même tour, un tympan curieux en forme d'U renversé,
d'une très jolie décoration représente Visnu couché sur le Naga dont
les tètes l'ombragent.
En E' le dieu était un ganeça à 4 bras; la statue est très belle de
conservation.
En E* un ensemble important de sculptures : le dieu, un linteau,
deux Dvarapalas et vm tympan.
1. On trouvera l'énumératiou et la description de ceux-ci dans le Bulletin de l'Ecole
française d' Extrême-Orient ftome III. p. 663).
()N Cl IDK DK I.'a.WAM
La tour F ' abrite un linga curieux, il présente en effet un décor de
chif^non et un tympan dont il ne reste qu'une partie. Son centre est
occupé par une fig'ure à 10 paires de bras et à quatre jambes, la figure
est vue de dos.
Rien de particulier à sig-naler dans les groupes G et H. Le groupe K
n'est composé que d'une tour-porte et en L ne se trouve qu'une salle
bâtie à mi-côte de la petite colline dominant le groupe B, C, D.
En M. un amoncellement de briques indique l'emplacement d'une
construction dont il ne reste rien aujourd'hui.
On peut, en partant le soir, visiter les ruines dans la journée du
lendemain et être de retour la nuit à Faifoo.
4° Phu-Làm où se trouve un poste de garde indigène à 28 kilomètres
de la route mandarine par une route en corniche praticable aux seuls
pousse-pousse ; la route traverse une région très fertile où les rizières
en gradins successifs forment un aspect très pittoresque.
3° Tamky. — Poste administratif sur la route mandarine à o4 kilo-
mètres de Faifoo, centre indigène et chinois au milieu de l'ancien
Huyén de Ha-Dông, région riche et cultivée.
Les maisons Déroberl et Fiard, Leroy, y ont des représentants pour
le thé.
De Tamky on peut aller voir les tours chames de Chiên-Dang (à 8 km.
en avant sur la route mandarine) et celle de Kliuon(j-Mi)-Phu-Hung k
'1 km. sur la route mandarine dans la direction de Quang-Ngai. On
peut également de là se rendre k Bông-Miêu. Ouc-Bô, Phu-Làm et
Tamky pour faire le tour de la province.
6° Tamkij. Mines d'or de Bôncf-Miêu. — Les mines d'or, exploitées
par la Compagnie minière de Bong-Miêu à 28 kilomètres de Tamky dans
un site montagneux très pittoresque, valent une visite. L'installation
BÔNG-MTÊL' 69
entièrement électrique est unique en Indochine. La production d'or
varie entre 4 et 500.000 francs par an.
La Compaj^nie minière de Bông'-Miéu ou Bono--Miù. exploite, près
du villag-e du même nom, une ancienne mine annamite qui, autant
qu'on peut s'en rapporter aux légendes locales, aurait été abandonnée
depuis 40 ou 50 ans environ.
Les traces d'exploitation sont d'ailleurs extrêmement nombreuses, et
permettent de dire que les travaux des premiers exploitants ont été
très importants et qu'ils sont très anciens.
Les indigènes se bornaient à recueillir d'une façon assez rudimen-
taire l'or natif qui existe en plus ou moins grande quantité dans la
plupart des rivières qui descendent de la chaîne annamitique. 11 ne
paraît même pas qu'ils aient connu l'usage du k sluices » par exemple ;
ils se servaient sans doute uniquement de la bâtée; quelques indigènes
se livrent encore actuellement à la recherche de l'or dans la région,
mais sans que la proportion de métal précieux provenant de cette
source paraisse avoir la moindre importance.
La compagnie actuelle occupe environ 500 coolies annamites.
Pour se rendre à la mine, de Tourane qui est le port le plus rappro-
ché, on peut prendre : soit la voie de terre, soit la voie des lagunes;
par la route mandarine on se rend d'abord k Tamky, puis on prend en
ce point une route perpendiculaire à la grande route mandarine, et la
mine se trouve à 27 kilomètres.
On peut emplover l'automobile, la voiture, ou tout autre moyen de
locomotion, car les routes sont bien entretenues ; pourtant pendant la
saison des pluies, il ne serait pas prudent de s'aventurer autrement
qu'en pousse-pousse, c'est le véhicule avec lequel on passe partout
quelque temps quil fasse.
La distance entre Tourane et Tamky est de 70 kilomètres environ,
ce qui donne donc, pour distance totale de la mine, un chill're rond de
100 kilomètres.
70
(.nui-; di: i. an.na.m
On suit d abord la route
- mandarine dont la mono-
1 tonie a son charme; il n'y
2 a pas bien longtemps
T encore, il fallait passer
cinq bacs dans ce par-
cours de 70 kilomètres,
et deux d'entre eux d une
larg-eur de 300 et 500
mètres ; aujourd'hui leur
nombre est réduit à trois,
I on peut espérer qu'à la fin
c de 1914 il n'en restera
S^ plus que deux.
I Quoi qu'il en soit, l'ac-
f^ ces de la mine est facile,
£ en automobile le voyao^e
^ se fait en quatre heures,
■1 à condition toutefois de
i ne pas être retardé au
~- passag'e des bacs ; en
pousse-pousse, on peut
'\ arriver à la mine en
^ douze ou treize heures si
l'on ne s'arrête pas à
Tamky.
Si la partie de la route
comprise entre Tourane
et Tamky n'a rien de
particulièrement pitto-
resque, il n'en est pas de
même de la partie com-
prise entre Tamky et la
mine ; en certains points
liÔNd-MlKL' 71
on peut, sans trop de peine, se lig-urer parcourir, non pas l'Annam,
mais plutôt les régions les plus sauvages et les plus pittoresques de
la Lozère par exemple, ou encore les gorges de la Romanche, en Dau-
phin é.
La visite de la mine elle-même, bien quelle présente surtout un
intérêt pour des techniciens, n'est pas cependant sans charmes pour
un voyageur profane; la surprise est grande de trouver dans une région
aussi éloignée des centres habités, les méthodes les plus perfectionnées
des exploitations de France et des machines si récentes, qu'on pourrait
les rencontrer dans les mines les mieux montées d'Amérique par
exemple.
La mine est exploitée par des galeries à flanc de coteau, le nombre
de galeries ainsi faites dans lallleurement de quartz pyriteux qui coupe
transversalement la montagne de Nuy-Kem, n'est pas inférieur à
quinze, et encore, dans ce nombre ne figurent pas les centaines de
puits et de descenderies plus ou moins profonds qui ont été creusés
par les Annamites.
La partie exploitée en ce moment est située à environ 100 mètres
au-dessus du niveau de la plaine où est installée lusine du traitement ;
on travaille dans trois galeries dont les longueurs sont de 300, 600 et
550 mètres.
C'est au moyen de la dynamite qu'on abat le minerai et les trous de
mme sont perforés, soit à la main par des mineurs indigènes, soit au
moyen de perforatrices à air comprimé dans les points où la dureté
du terrain rendrait le travail à la main trop long et trop coûteux.
Le transport du minerai de la mine à l'usine est fait au moyen d'un
chemin de fer aérien disposé de manière à fonctionner automatique-
ment sous la seule action de la gravité ; la capacité de cet appareil est
de 200 tonnes par 24 heures.
Le minerai, une fois à l'usine, est broyé dans des bocards qui le
réduisent en grains de 1 mm. environ ; une partie du sable stérile est
ri
(.1 Ihi: l)i; I. AN.N AM
éliminée [)ar des appareils de coucenlralioii automatiques, et le
mélang"e de pyrites et de- sahle restant est traité dans de grandes cuves
en acier de 7 mètres de diamètre par une solution étendue de cyanure
de potassium qui dissout l'or et une partie de lardent.
FiG. 29. — Bonj;-Micu. La halaiit-t* el le plan incliiu-.
Cliclic C.
Le fond des cuves étant muni de filtres, le liquide contenant les
métaux précieux peut être amené clair et limpide dans des caisses en
bois où il passe lentement sur des copeaux de zinc qui ont pour pro-
liÔNG-MlÊL" 73
priété de faire déposer l'or sous forme d'une poudre noire ; cette poudre
est recueillie toutes les quatre semaines, et passe au laboratoire où elle
est fondue en lingots qui sont envoyés en France sans subir d'autre
manipulation.
La quantité de minerai traitée à l'usine de broyage est de 27.000
tonnes annuellement.
On conçoit aisément que les oj)érations d'extraction, de transport et
de traitement du minerai rendent nécessaires aussi bien un personnel
indig-ène et européen assez nombreux, qu'un matériel considérable et
de l'énergie mécanique pour ainsi dire indispensable partout.
Etant donné les prix de transport de Tourane à la mine, et le prix
d'achat assez élevé du charbon, il est impossible d'imaginer l'emploi
de la vapeur soit pour actionner l'usine de broyage, ou le compres-
seur qui actionne les treuils et perforatrices à air comprimé; aussi
a-t-on eu recours à la houille verte dont la région est abondamment
fourme.
Jusqu'à ces derniers temps, on employait seulement la puissance
motrice d'une seule cascade auprès de laquelle l'usine a été construite,
mais en raison de l'absence d'eau en saison sèche, il arrivait trop
souvent que l'on manquait de force en été, et que l'usine chômait au
grand détriment de la production.
Or, dans la même vallée où se trouvent toutes les installations de la
mine et de l'usine, une assez forte rivière, le Song-Van, a été captée et
on en a utilisé la puissance motrice pour l'établissement d'une station
centrale électrique ; l'énergie ainsi recueillie est ensuite distribuée
partout où elle est reconnue nécessaire.
La puissance actuellement disponible à cette station est de 175 che-
vaux environ ; la ligne de transport de force a un peu plus de deux
kilomètres de longueur totale, la plus grande partie de cette ligne est
en câbles d'aluminium, les lignes secondaires seules sont en cuivre.
En somme, tout est actionné actuellement par l'électricité, seul le
câbleway marche par l'action de la gravité.
Guide de i.'AiviNAM. 10
/')
CI IDK 1)1-; 1. X.N.NAM
7" Los mines de zinc de l)uc-Bà à 12 kilomètres de Tramky appar-
tenant autrefois à la Société des Docks et Houillères, actuellement
exploitées par M. lîrizard de Tourane, sont dans une région assez
accidentée, très giboyeuse ; les tigres comme à Bông-Mièu, du reste, y
sont très abondants.
Fiii. .id. ^ Hdim-.Mic'u. La Station centrale.
Cliché Cu.
8° Tra-Kiêu, citadelle Chanie. — Les plus belles pièces de l'ancienne
citadelle de Tra-Kiêu, qui fut au moyen âge une capitale importante du
Ghampa, ont été transportées au Musée de Tourane.
Il reste cependant quelques belles statues, la plupart décapitées, et
des bas-reliefs et frises intéressants. On en verra également quelques-
uns dans le jardin de la Mission où le Père Bruyère en 1885 soutint
NUNG-SO.N
le sièg-e avec ses catholiques. L'on peut s y arrêter si, en allant à
My-Son, on gag-e Thu-Bôn par la route.
9" Trami/, poste delà garde indigène à 60 kilomètres de Tamky, en
région nioï. Route très pittoresque. On peut de là rejoindre le village
de Ba-Dôn en chaise puis remonter le Sông-Thu-Bôn en passant à
Fui. 31. — Le criblage vu d"en haut. Au fond à droite maison d'un maitre niineui
Phuc-Son avec de petits sampans qui traversent des biefs successifs.
Passer ensuite les gorges deThach-Bich, s'arrêter aux mines de Xông-
Son et rejoindre Faifoo toujours en sampan par Thu-Bôn ou Quang-
Hué.
Il est encore possible de gagner Nông-Son en sens inverse, par
Quang-Hué, où la maison Delignon du Binh-Dinh possède un comp-
toir pour la soie. Le trajet peut se faire soit en sampan ou en pousse
par la route qui mène au Huyên de Dai-Lôc. de là on gagne le poste
de garde indigène d An-Diêm en région moi. Près d"An-Diêm on
remarque à Tàn-My linstallation de M. Belle qui permet avec quatre
76
(il H)!-; DK I. AN.NAM
pompes centriluges actionnées par une machine à vapeur d'irriguer
les rizières à raison de 'JOO me. à l'heure à la hauteur de 12 mètres.
10" Les mines de Nong-Son, achetées par M. Brizard à la Société
des Docks, fournissent un charbon de plus en plus demandé par la
Chine. Ces mines, dont l'exploitation occupait autrefois plus de
30 Européens dont les habitations existent encore, sont dans un site
FiG. 32. — I,e criblai;e vu de face.
très pittoresque et où Ton peut chasser le tigre et même parfois le
rhinocéros.
Les mines de charbon de Xông-Son dans la province de Quang-Nam
furent concédées par l'empereur Tu-Duc le 13'' jour du 2*" mois de la
34'' année de .son règne, soit le 12 mars 1881, à un négociant chinois
qui n'avait d'autre objectif que la fourniture de combustible aux
verreries et fonderies de sapèques de Canton, ainsi qu'à la consom-
NONG-SON
77
niation ménagère de Shang-Haï où le bois et le charbon de bois sont
hors de prix.
En juillet 1889 le Gouvernement annamite ratiiîa la cession des
droits du commerçant chinois à un négociant français du Tonkin ({ui
fonda la « Société française des houillères de Tourane ». A celle-ci.
FiG. 33. — Couloir d embar([uement du charbou dans les jonques.
succéda la « Société des Docks et Houillères de Tourane » et actuelle-
ment M. E. Brizard est le propriétaire de la mine de Xông-Son.
Le charbon quelle produit est maigre et anthraciteux ; il convient
très bien pour le chautlage des chaudières marines, sa qualité s'amé-
liore de plus en plus au fur et à mesure que l'exploitation gagne en
profondeur. Il existe là un gisement considérable qui promet de
longues années d'exploitation. Celle-ci à l'heure actuelle atteint
100 mètres de profondeur. La production annuelle est de 20,000 tonnes.
En réalité le charbon de'Nông-Son est de 1 anthracite proprement dit.
Il ne donne aucune tlamme. il brûle sans décrépiter et reste très
solide au feu de même que les anthracites américains de Pensylvanie.
"S
ni 11)1-: i)i: i. a.n.nam
I^a couduik' des IVux (\st. parail-il, plus facile avec ce charbon
qu'avec certains charl)ons de Hongay ou de Kebao qui se délitent trop
au li'u et bourrent trop les <j;rilles. 11 est difficile à allumer, brûle sans
fumer et nécessite une surface de grille relativement supérieure à celle
dont s'acconmiodent les charbons gazeux.
Sur la concession la maison du Directeur placée au bord même du
ileuve dans un site merveilleux oll're un abri aux visiteurs ainsi que
d'autres maisons plus éloignées du fleuve à l'entrée même de la mine
et qu'habite le personnel européen attaché à celle-ci. Elle est reliée
par un Decau ville au bord du fleuve, où les wagonnets déchargent
eur contenu dans les jonques qui les transportent à Tourane.
A ?i heures de là, on peut voir des eaux sulfureuses à Trung-Lôc
analogues à celles que l'on remarque à quehjues kilomètres de Phuoc-
Loi sur la route de Ïamkv-Bông-Mièu.
FiCr. 34. — .loiuiucs li-anspiii'taiil le cliiii'linii de la miuo à Tiuiimii
lAlFOO 79
Autres promenades faciles à faire de Faifoo.
Il" De Faifoo — Lang-Caû : maison d'été de la Résidence.
12" Faifoo-Chocui — Quang-Nam et retour.
A l kilomètre du pont de Quang-Nam sur la route de Dai-Lôc on
rencontre la tour chame de Bang-An dont la mer venait battre les
murs au w^ siècle.
Programme proposé.
/''''jour de Tourane : .Arrivée par la roule, crochet sur Bang-An, traversée
de la citadelle. F'aifoo, visite de la ville, des pagodes.
Promenades à Lang-Càu, à Ghocui, à Quang-Nam dans Tciprès-midi.
Le soir s'embarquer pour Tra-Kièu, ^ly-Son. retour le soir ou la nuit du
S*^ jour.
3" jour : Départ pour Thang'-Binh, Dông'-Duong déjeuner, après-midi
arrivée à Tamky (sarrêter à Ghên-Dang).
J*^ jour : Bông-Miêu ou Duc-Bô.
.)'' jour : Tramy, Ba-Dôn, Thach-Binh, Xông-Son et retour à Faifoo pour
partir sur Quang"-\gai.
Ou seulement o'' jour : Tramy départ sur Quang-Xgai.
Le gros commerce de la province est aux mains des Chinois si l'on
tient compte que les maisons Dérobert et Fiard, Delignon, Leroy ont
leurs établissements principaux à Tourane ou au Binh-Dinh.
Les maisons chinoises au contraire ont leur siège à Faifoo, y centra-
lisent les produits expédiés par leurs comptoirs de l'intérieur et les
entreposent seulement à Tourane avant de les charg-er. L'exportation
porte surtout .sur la cannelle de Tamky-Tramy et de la région moi, la
noix darec, les défenses d'éléphant, le thé, le poivre. Les plus grosses
maisons traitent et charg^ent directement sans avoir recours à la
Banque.
FAIFOO
81
Les maisons européennes se sont surtout attachées à la culture du
thé (maisons Dérobert et Fiard, Leroy, Vacherot , du café et de la soie
iid. et Delig'non). Cette dernière industrie a pris une plus grande
extension depuis la création de l'atelier de grainage de Faifoo qui
distribue aux demandeurs des séries de pontes sélectionnées.
Les rizières qui, dans certaines rég-ions, fournissent jusqu à trois
récoltes par an ne donnent cependant pas sulïisamment pour la pro-
vince qui en importe chaque année une certaine quantité des provinces
du Nord.
Le réseau des routes qui comprend plus de 400 km. carrossables
ou automobilisables est pratica])le même à la mauvaise saison.
GlIDE DK lANNAM.
82
GllUK DK L .\r<NAM
HORAIRE
De Faifoo à la frontière de Thua-Thiên.
INDICATION
ilos |ii)iiits.
De Faifoo à Toiiranr
De Faifoo à (,Jiiang-Nain
De Quaiifi-Nam à Càni-lA'.,
De Càni-I>è à ïoiii-ane
De Toiirane au ecil de;
Nuages ; fortin)
De Touranc à Naiii-O
De Nam-() au col des Nuaj;(';
fortin
un.
:i2,000
0,980
1:^,500
S.fiOO
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2,20
0.15
0.30
0
,50
2,00
1 ,00
1,00
,')
00
7.00
0,20
1,30
2
,00
3,00
0,40
2,30
3
,00
4,00
OBSEKV.\TIONS
et
KKNSEIGNEMENTS
di\ers
De Faifoo à la frontière Quang-Ngai.
De Faifoo à Cho-Cui (bae . .
De Cho-Cui à Sonjr-Ha-lien
(bac)
De Song-Ba-Ren à TanikA'. .
De Tamky à Bao-lîan
De Bao-Bao à Hèn-\'anf;
De Bèn-Vanfï à la IVonliéi-e
du Qiiaii;;-N;;ai (Tri-Binj; .
De Faifoo à An-Diêm Région Moi .
De l'aifiMi à (Juaii};-Nani
l'"^')
De (^iian^ Nani à Dai-I.iic
(IIu\ên
De Dai-Liie à .\n-Diéin
poste;
2 1.000
2 bacs.
1 bac.
I bac.
1 1 . IIOII
o.i:.
1 .00
1,20
2,10
o.ooo
O.OK
0,20
0,40
1,10
37,00(1
1,00
3,20
4,00
7,30
S, 000
0.10
0,40
0,50
1,30
1 5, 000
0,20
1,30
2,00
3,00
12.000
0,1. "1
1,00
1,30
2,20
I bac très loni
1 bac. »
2 bacs.
2 bacs.
0.
12
0,30
0,50
2,00
1,
15
2,00
3,00
i,00
3,00
3,20
4,20
1 bac à Ai-Nsrhi.
1 bac à la saison
sèche et 4 en hive
HORAIRK POUR LK QUANG-NAM
83
INDICATION
des points.
5 S ^
^ j;
J'I
■i.
C C '^
1 ^
OHSKUVATIOXS
et
liFASKH.XKMKXTS
ili\ ers
De Faifoo à Tamky-Phu-Làm et Viêt-An marché).
De Faifoo à Tamky
De Faifoo à Phu-Lâm
De Tamky an tram de Xam-
Dông-
De Nam-Donjï à Phu-Làm.. .
De Phii-Làni à \'iét-An
'marché
54.000
70,000
18,000
12,000
13.(100
1.45
5.00
6.50
1..30
1.30
heures
heures
6.00
12,00
7,30
»
2.00
3.30
1,40
2.3(1
■>
2.30
2 bacs.
50 kil. en auto.
Houle en construc
tion.
De Faifoo à Tamky-Bong-Miêu et Duc-Bo
De Faifoo à Tamky
De Tamky an tram de Pliiioc-
I.ni
Du tram de Pluioc-I.oi à Au-
Laof^embrancliement mute
Tramy
De .\u-Lao à Hniiu-Mièu
1 Mines d'or
De Au-Lao à Tramy poste .
DeTamkv à Duc-Bo Mines .
54.(1(10
1.15
5.011
6.00
12.00
1 1.000
0,30
1.15
2.00
3,30
6.(J0O
0.15
1,00
1,15
1. 0
7.000
0,12
0.45
1.00
1.10
30. 000
»
4,30
5.30
7,00
12.000
0,30
1,(0
1 .30
2,30
1 col.
1 bac en liiver.
1 bac après Tamky et
1 bac sur la route
Duc-Bo.
De Faifoo à Phu-Lac poste forestier par Quang-Hué ou Tra-Kiêu.
De Faifoo à (Juanj^-Hué. , . ,
De Faifoo à Phu-I>ac
De Faifoo à Tra-Kiéu nii*
sion'i
DeTra-Kiëu ;i l'hu-Lae. . ..
25,000
25,000
20.000
10.000
3.00
3.30
5,00
3,00
3.30
5.00
2.00
3.00
1.00
2 bacs.
2,00
1 bac route en con
struction .
Si
1.1 Ihi: DK L ANNAM
INDICATION
des points.
^
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V
- — —*
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= = c
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V r
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î^
-
-
y
'X
~
OHSKRVATIONS
et
RENSEIGNEMENTS
divers
De Faifoo aux ruines de My-Son par Tra-Kiéu et Thu-Bôn
et aux mines de charbon de Nông-Son.
DeNông-Son àTra-Kieu mis-
sion)
De Tra-Kieu àTlui-Hnn mar-
chés
De Thii-Bon aux i-uines de
Mj-Son
De Thu-Bôn aux mines de
cliarbon de Nônj^-Son
route en construction . . .
kil.
heures
heures
heure?
lieures
211.00(1
1,00
2.00
■i. 00
4.00
7.000
•'
»
■'
3.00
7.000
»
••
"
1..30
20. 000
"
4,00
Autres points principaux.
De Tamky
'Df)uanes .
à Hiép-Hua
De Faifoo à Lan^-Cao
De Tourane à Xghé-An
De Tourane à Tuy-Hoan. .
De Tourane à Phu-Thuon^
mission
De Phu-TIuionf: à Tuy-Loan
De Thanh-Binh à Pliu-Làn
])ar ^'inh-Huy
De Phu-Làm à Tramy
De Què-Son à Gia-Lôc-
Tliuonir col du Deo-Le . .
20,000
»
"
»
»
5.000
O.JO
0,20
0.30
1,00
9.000
0,13
0.45
1.00
..
14,000
O.-'iO
2.00
2.15
3.00
i.'i.OOO
0. iO
2.00
2.30
3.00
10.000
0.25
1.1 4
1..30
2.00
2ii. 000
„
.,
„
5,00
50.000
■'
"
»
10,00
.3.Î. 000
"
"
5,00
2 bacs.
Pour les ruines jusqu'à
Thu-Bôn environ
2 h. en sampan.
Pour les mines jusqu'à
Xônjf-Son environ
de 6 à 8 h. en sam
pan.
Le trajet se fait en
sampan environ 3 h.
Route en cnnstruc-|
tion.
niANG-NGAI S'\
DE TAMKY A QUANG-NGAI
Si Ton va par terre du Quani4--Nam au Quang--Ngai on rencontrera
sur la route mandarine à partir de Tninkv :
D"abord. après le premier bac. les tours Chames de Khuong My-
Phu-Hunrj signalées plus haut : on traverse un pavs assez monotone
coupé par trois bacs jusqu'à Bên-Vang, où aboutit la lagune et d'où
le trajet par sampan est, jusqu'à Faifoo, sensiblement le même que
de Tamky.
Quelques kilomètres après, on entre dans la province de Quang-
Ngai. Le pays est plus accidenté. On passe devant le poste de garde
indig-ène de Tri-Binh pour arriver ensuite au bac du Sông-Tra-Bông ;
à partir de là, la région est remarquable par sa parfaite irrigation ;
en arrivant au dernier bac, celui du Song-Tra-Khiic, à un kilomètre
de la citadelle, on est étonné des énormes systèmes de noria de 12 à
lo mètres de diamètre couplées par dizaines, permettant d'irriguer de
13 à 20 Ha. de rizières.
Après avoir traversé une route de sable qu'un plancher en caï-phên
rend praticable même aux automobiles, on arrive à la Citadelle, dans
l'enceinte de laquelle les différents services du Protectorat se sont
groupés. Le Chef de la province a su en faire un véritable jardin
anglais. La Résidence, située au milieu d'un parc magnifique et les
jardins sont fort heureusement décorés au moyen de plus belles pièces
chames provenant des ruines voisines de Chanh-Lo, notamment une
figure d'Uma. A voir également en faisant le tour de la Citadelle les
autres pièces déposées sur les marches du bureau des Postes et Télé-
graphes.
Une fort bonne route conduit de la Citadelle à Phu-To où, sur un
mamelon situé en face de celui sur lequel est construite la maison de
S. E. le Càn-Chanh, \guyèn-Thàn, ancien Régent de l'Empire
86
GUIDE DE L ANNAM
d'Annam, sélèvc la maison d'été de la Résidence au bord de la mer,
et, à quekjue distance du poste de douanes de Co-Luy.
(In peut, de l;i, conlourncîr la demeure de S. \\. le Gàn-(]hanli que
des relations j)ers()nnelles ou une intervention particulière peuvent
permettre de visiter et cpii contient de lorl belles pièces bleues ainsi
que des meubles anciens.
Perché sur le haut d'un rocher, cette position stratég'iquement très
forte surtout autrefois, oll're en même temps une vue splendide sur la
Cliché Choulcl.
FiG. 3ti. — Route de Qiianj;-Niiai à Son-Tinli
mer et la campagne environnante qui, semée de quartiers de roches au
milieu de monticules rougeàtres, dut être un point important de l'oc-
cupation chame. Un très beau bas-relief en provenant est actuelle-
ment devant la maison d'été de la Résidence.
On peut de là, rejoindre Thu-Xa la ville chinoise et revenir ensuite
sur Quang-Ng-ai.
Un hôtel, anciennement tenu par un Européen, actuellement par un
Annamite, existe aux portes de la Citadelle. Il sert à manger ; il
existe en outre des chambres mises par la Résidence à la disposition
des passagers.
QLANG-NGAI
87
Vers le Sud de la province de Binh-Dinh, la route est praticable
même aux autos pendant 7(1 kilomètres jusqu'aux salines de Sa-
Huynh, un col praticable seulement aux chevaux le Binh-De rend
difficile le passage d une province à l'autre.
Les postes de garde indigène de Duc-Pho, Xha-An, Tri-Binli,
Son-Tinh, Vinh-Tuy sont tous reliés au chef-lieu par des routes
carrossables sinon automobilisables.
liclié ( '.lioiilet .
Fifi'. 37. — Le poste de i^arde indigène à Son-Tinh.
Historique. — Le Quang-Xgai a été occupé par les Chams à ditTé-
rentes époques, sûrement du viii*^ ou x^ siècle où il faisait partie du
même système et était sous la même domination fjue le Quang-Nam.
Il est facile de visiter les ruines de Chanh-Ln à une demi-heure de la
Citadelle et la très curieuse enceinte du village de Châii-Sa de l'autre
côté du Sôn(/-Tra-Khiic. qui laisse supposer de gigantesques fortifica-
tions. Environ 400 chinois sont installés à Thu-Xa.
Le Quang-Ngai dépendait autrefois administrativement du Quang-
Xam : le Tông-Dôc du (Juang-Xam conserve actuellement encore son
titre de Gouverneur des deux provinces de Xam-Xghia(Quang-Xam et
Quang-Xgai ou Xghiai.
88
fil IDK DK L ANNAM
G esl depuis Tassassiiuit d'un ctmunis des Houanes, M. Hegnard en
18î)7 (jue Quang-Ngai a été érig-é en résidence et que les services se
sont installés dans la citadelle.
Des cultures très dilVérentes sont l'objet des soins des indigènes du
Quang-Ngai parmi les(|uelles le riz tient la première place. Le com-
merce chinois qui s'exerce au Quang-Nam sur la cannelle dans la région
de Tramv v poursuit ses opérations sur celles provenant des planta-
tions analogues du Haut Song-Tra-Bong.
Les mouvements commerciaux se font par les ports de Gù-Luy et
Son-Tra .
Le centre commercial de la province est au village de Thu-Xa qui
est à Quang-Ngai ce que Faifoo est à (Juang-Nam, la ville chinoise,
mais qui Test restée exclusivement de par l'installation à la Citadelle
des services publics.
Les gisements miniers cependant nond^reux n'ont été de la part des
Européens l'objet d ;iu;'uiie exploilalion suivie.
QUANG-NGAl 89
Points intéressants de la province à visiter.
1° Les noria du Quan(f-Xgai forment la plus g-rantle curiosité de la
province ; on n'en rencontre de seml)lables dans aucun autre des pays
de l'Union. Celles construites sur le Sông-Trà-Khuc sont bien supé-
rieures à celles du Song-Ve.
2° Domaine de S. E. Nguijèn-Thàn. Càn-Chanh, ex-Régent d'An-
nani, sis au village de Phu-Tho ; on peut y aller en auto.
3° Village chinois de Thu-Xa en auto.
( Chanh-Lô
4" Différentes ruines chanies •' ] /-.i < c
o° Montagne de Thièn-An (montagne des bonzes); on peut y accé-
der en auto.
6° Thach-Tru, village siège du Huyên de Mô-Duc. Berceau de la
famille de S.E. Nguyên-Thàn. Pagode des ancêtres. Source d'eaux
ferrugineuses ; on peut y aller en auto.
Programme proposé.
l"jour. — Arrivé*' matin, de 8 heures à il heures :
Visiterla citadelle eu pousse eten voiture, pousser jusqu'aux ruinesde Chanh-Lô.
Après-midi: aller jusqu'à Phu-Tho, Coluy. Visiter s'il se peut le palais de S. E.
le Càn-Chanh, retour ])ar Thu-Xa.
2" jour. — De 8 heures à 1 i heures :
Aller voir les noria du Sông-Trà-Khuc. Descendre le fleuve jusqu'à Châu-Sa,
faire le tour de l'enceinte chame et revenir.
Après-midi : aller voir la montagne des bonzes.
Guide ue l'Anna m. 12
Hor.Allîl': 1)K PAliCOlP.S DK (HANG-XGAI
AUX POINTS PKIXCIPAl'X DK I.A PROVINCE
/ -
/" - '''
OHSKH^■.\TlONS
INDICATION l)i:S POINTS
ô r ~
et
l'.KXSKIGXEMEXTS
-
- '-^ '£.
cli\ers
De Quang-Ngai à la frontière de Binh-Dinh.
heures
heures
De Quaiif;-Ni:ai à M('i-1 )iic
■■<,.M)
•
Ni;ai-(Ouau est le point leiminus
])c Mnl )iH' au Tiani de N;.ai-(Juan .
(le la \(iilui-e.
Di' N,uai-IJuaii à Sa-lluyiih
•J. io
De Xjiai-IJuau à la IVcuilirrc lîiilh-
Dinh
•J.l.^
De Sa-llu\nh à la roule niajida-
riiie ])ar ti'a\ei-se
1.15
De Mô-Duc à Duc-Phô. Oanli Son. Nghia-Hanh et Quang-Ngai.
De Mo-Due i'i Duc-I'ho
o,!."! 1
De Due-Phn à Oaiili-Sou
l.OJ
De Oanh-Soii à X^rhia Ilành
;-.,io
1 )e Xuhia-I làiih à (^)iiaui;-N'_:^ai . . . . i
•'•■ '•'
I.a ripute peul être faite en voilure.
De Mô-Duc à Liét-Son par Bo-Coi . De Liêt-Son à Nuoc-Vang.
Ba-To. Minh-Long. Nghia-Hanh.
De Mi>-Due à Liét . :'<.i)ii
De Mo-Duc on peut aller en \oi-
hu'e jusiju'à l'embranchemeut de
Lièt-Son, soit : 1 h. 30.
Licl-S< iH à N ui n'-\ anii
l.."1(l
Chemin difficile. 11 faut descendre
en i|uel(|ues endroils ; poui
ne i)as fatiguer les porteui'i-
on |)eul déjeuner en route à Ba-
kliani :i h. 2(1 de marche .Sans
|)(uteurs ou peut faire la routi
iluni' traite.
Xui>e-\ au;; à lia-Tci
l.(MI
Cheuiin difficile. Il faut de-eeudrc
en quelques endroits.
HORAIRE PdlR LE OE A.Nli-.NGAI
91
=
'.; = "Û. OBSKm'ATIONS
INDICATION DES POINTS
^ 'c
î >r.
et
H ENSEIGNEMENTS
l'a
ch
pas
di^■ers
heures
Ba-To à \'()-(!) ôtape
:3.3()
Poiu" celte étape, il est pré
de quitter Ba-To le soir
cher à Vo-0 pour passer
de Eo-Chim le malin de
heure.
'érable
Cou-
le col
bonne
2.10
1 .-Mi
De Miiih-Loni;\;i Nfi-hia-Ilànj;-
De Duc-Pho à Liêt-Son. De Liét-Son à Vinh-Tuy,
1
Tram Ngai-Quang par Deo-Ai.
De Duc-I'Ik) à Lièt-Son
.{.{10
De Lièt-Smi'à ^'illh-Tll^■ par Deo-
Ai
.■{.00 1
i
De Nghia-Hanh à Bao-Gôc. par col Deo-Lai
et à route mandarine et My-Trang.
Nghia-Hanh à Bao-Gôc
, 3.(10
Bao-Gôc à route mandarine
2.00
De Quang-Ngai à Binh-Son. Bê-Van.
De giianii-Niiai à Binh-S(in I.IU 1,1 2 Deux liaes.
De Binh-Son à Bên-\'an :\.U{) en auto
De Binh-Son à Trung-Son. Son-Tra et route mandarine.
Binh Son à Trung-Son 1 1 1 -"n i
Trung:-Son à Son-Tra
3.00
Son-Tra. 'Roule mandarine par tra-
1.10
92
«illDK DE L AiNNAM
'fj '•>
t/. S ^
OHSKUVATIOXS
INDICATION l)i;S l'olNTS
c ."
'-1 o
% s. S.
•^ V ~
et
RENSEIGNEMENTS
b >
a -r tj
ilivers
De Binh-Son à Châu-Me, Sa-Ky, Châu Xa, Quang-Ngai.
heures
heures
De Binli-Son à ('liAu-Mc
:i.()o
De Châu-Mc à Ciiàu-Xa, (^)uai)^'--
Nyai
Igai à Son-Tinh, Lang-Ri.
De Quang ^
De Quan^-Ngai à Sou-Tinh
2,:io
j.3()
De Son-Tinh à Lan^-Ri
2,10
De Son-Tinh à Vinh-Tuy par Huong-Nhuong ou par marché
Ba-6ia à Vinh-Tuy, Xuân-Khuong.
De Son-Tinh à rembraiiclienient
de IIuong-Nliuonf;- à \'inli-Tuy.
0.4.1
De renibrancliement à ^'inh-Tlly..
1.20
De Vinh-Tuy à Xuân-Khiionji'
3.00
De Xuân-Khuong à Thach-An, Tri-Binh et My-Thién.
De Xuân-Khuong' à Tluuh-Au ....
3.00
De Thach-An à Tri-Binh
3.00
1.3(1
Ou peut (Icseeuilrc le Tra-Bonj;
en
De Tri-Binli à My-Tliièn
1 1
sauii)an.
La province de (Juan^-Ngai étanl avec celle de Faifoo la plus l'acile à parcourir nous
avons cru bon de rendre cet horaire comme le précédent, beaucoup plus comjilet que
ne le réclamerait en réalité le proçframme proposé, dans la certitude dètre en cela
aussi bien utile aux habitants de la colonie quaux touristes.
DE TOLRANE A HUE
93
DE TOURANE A HUÉ
Pour se rendre de Tourane à Hué, on emprunte la voie ferrée sur
105 kilomètres, dont 40 eu bordure de la baie, surplombent la mer
qui déferle à ioO ou 200 mètres au-dessous. La vue est merveilleuse
CliclM- li.lh.Uld.
Fi(i. 38. — Lièn-Chièii et la baie de Tourane.
par ])eau temps et vaut dans certains endroits celle de notre corniche
de la côte d'Azur ; mais ici la note d'exotisme se montre dans le vert
î)4 (il iiji: Di'. i.'a.nnam
c'iaii' des bananiers sauvages tapis au lond des gor^'es où mug'it leau
des cascades.
Pour se rendre à Hué il v a deux trains par j<»ur :
Celui du matin : départ à ('» h. H).
(]elui du soir : départ à \ li. 8 en hiver et à 2 h. 'iO en été.
11 est préférable de prendre celui du matin tant pour jouir des effets
de lumière sur la baie, que pour éviter la chaleur étouffante des après-
midi d'été dans des wagons surchauffés et forcément mal aérés où l'on
est obligé de baisser les stores pour éviter la réverbération.
Le chemin de fer seng-age dans la plaine jusqu'à Lièn-Chiêu, au
fond de la baie. A Lièn-Chiêu un court tronçon de rails conduit aux
])àtiments de la Standard oil Company dans le vaste réservoir de
laquelle les pétroliers viennent décharger leur cargaison. A partir de
là. on s'élève peu à |)eu en bordure de la mer par une ligne aux
courbes trop fréquentes et souvent trop osées, mais qui contribuent
à ajouter au pittoresque de la ligne sinon à .sa sécurité.
On s'élève ainsi jusqu'à 300 mètres en contournant la pointe du cap
et les beautés souvent tourmentées du larg-e succèdent au calme repo-
sant de la baie.
La ligne redescend ensuite jusqu'à Lang'-Co, où un vaste banc de
sable sépare, par une pa.sse, qui se rétrécit tous les jours, la pleine
mer de la lagune dite « Lagune de Lançf-Co ». L'aspect des montagnes
boisées qui bordent la ligne à gauche, devient alors de plus en plus
sauvage. A peine quelques sentiers aperçus de loin en loin dans le
débordement d'une végétation toujours ascendante, témoignent-ils de
la présence d'êtres humains, tandis que sur la lagune les embarcations
des pêcheurs cinglent dun bord à l'autre ou se reposent sur les
plages sableuses pendant (jue les filets sèchent au soleil.
On perd de A-ue la lagune de Lang-Co au coJ de Phu-Gia, qvi on
franchit sous un tunnel, et l'on atteint la plaine de Chu-Mai avec la
station de Thua-Luu. L'usine à vapeur créée par M. Bogaert se montre
HIK
93
sur la gauche ; on pourra la visiter ainsi que l'exploitation forestière
V attenant et qui s'élève à quel([ues centaines de mètres dans la mon-
tagne (voir pag-e 154).
Après Thua-Luu. c'est la plaine dénudée, presque stérile jusqu'à la
station de Da-Bach, dont les environs sont riches en cultures. Far
endroits, la voie terrée passe au milieu d'un sable si blanc qu'on
dirait de la neige. A gauche les contreforts montagneux s'éloignent
Cliché Cliau.
FiG, 39. — Thiia-Luu. Usine Bosaert.
dans l'intérieur tandis qu'on longe à droite la lagune de Cau-Hai
limitée à l'horizon par une longue bande de sable que peuplent des
villages de pêcheurs.
De Truôi à Hué, les rizières se multiplient, les villages s'étalent
au long du rail, enfouis dans les masses de verdure des pamplemous-
siers et des arbres à pain.
Bientôt on arrive dans la plaine des Tombeaux. A perte de vue
moutonnent sur le sable de fpetits tas de [terre isolés ou groupés.
96
(;IU)K r>K L ANNA M
sépultures des indig-ènes. De place eu place, un tombeau plus ricke
s'eueadre d un mur en pierres tandis que ceux des bonzes tig-urent
une pyramide à étages couronnée par un bouton sculpté de tleur de
lotus, au-dessus de lenceinte de britjues revêtues de maçonnerie.
Mais la caractéristique de- cette plaine des tombeaux est la nudité.
Si loin en ell'et que r(eil puisse aller touiller, ce sont des tombes et
rien que des toml)es. Les seules traces de végétation que 1 on aper-
çoive sont les arbres plantés en bordure de la route quand il y en a.
Et cela est du à ce que des ordres royaux interdisaient jadis dorner de
plantes les abords des tombes autres que les tombes royales.
Au fond de la plaine, très haut au-dessus de cette immense nécro-
pole, la silhouette de la cathédrale se dessine enfin ; on arrive dans la
ville des Empereurs d Annam.
HUE
Hué. le chef-lieu actuel de la province de Thua-Thiên, est la capi-
tale du royaume d'Annam depuis la lin du xvii'' siècle. Elle occupait
alors l'emplacement du village de Kiin-Lnnçf et c'est là que s étaient
fortifiés les Tay-Son en dernier lieu.
L'empereur Gia-Long-, leur vainqueur, lit raser les murailles de
lancienne capitale. 11 s'installa lui et sa famille sm- le coteau qui
domine la gare aujourd'hui, et conçut, avec laide des officiers fran-
çais qui lavaient aidé à reconquérir son royaume, le plan de la cita-
delle actuelle qui s'acheva en 1804.
xVutour de la citadelle se groupèrent peu à peu les demeures des
mandarins et du peuple, surtout sur le côté Est de la citadelle, et les
familles riches et aristocratiques s'installèrent dans la presqu'ile de
Gia-Hoi qui, à l'heure actuelle encore, forme le faubourg de Hué où
logent les descendants de la famille rovale et les « lettrés » .
Le Song-Thuong-Thièn ou Song-Huong-Giang, aux eaux bleues et
limpides, est le fleuve de Hué. Il se jette dans la mer à 13 kilomètres
de la ville au lieu jadis fortifié, appelé Thuàn-An.
Sur la rive gauche se trouve la ville annamite. La ville européenne
s'est malheureusement établie juste en face de la citadelle alors qu'il
eût été préférable et plus sain de l'installer sur les mamelons dénudés
qui la bornent au Sud.
La capitale de l'Annam a gardé son caractère local et notre présence
ne s'y traduit guère autrement que par l'assainissement général, l'exis-
tence du pont Than-That et celui du chemin de fer, la construction
d'édifices européens cantonnés en face de la ville indigène qui est bien
Grir>E DE l'Annam. ^"^
Ihu
HUE
99
restée figée dans ses coutumes et ses mœurs anciennes malgré la pré-
sence, à lautre extrémité de la citadelle, de la « Concession », cest-
à-diie du quartier militaire français.
En Cochinchine comme au Tonkin, lassimikition des Annamites à
nos mœurs se fait de plus en plus rapidement. Ici. les indigènes sont
restés à peu près les mêmes que les ont connus, il y a un siècle, les
11. — Hué. Ilntei Morin
premiers de nos compatriotes qui ont vécu en Annam. les mêmes
aussi que les a trouvés après le traité de 1874 M. Dutreuil de Rhins,
lun des officiers de marine chargé de leur instruction navale et qui
les a si bien décrits dans 1 ouvrage qu'il leur a consacré.
Hué est une ville de i().()00 habitants, parmi lesquels on compte
150 Européens colons ou fonctionnaires civils et 150 hommes de
troupe.
100 nriDE i)K i/a.nnam
La ville possède deux hôtels, un cercle, un hôpital.
Hué est un centre d'attraction par sa citadelle, son palais et ses
tombeaux qui méritent de retenir l'attention des touristes et des artistes
d'une façon toute particulière. A eux seuls les tombeaux des Empe-
reurs d'Annam valent le voyage ; de l'avis général ils sont plus beaux
que les tombeaux des Minh en Chine.
Les deux hôtels sont situés l'un en face même de la gare, l'autre
plus important, au centre de la ville à l'entrée du pont de fer dit
n pont Tlian-Tlini •>. Poiir y parvenir, on trouve des pousse-pousse à
la g-are et, si l'on a eu soin de télégraphier de Tourane pour retenir des
chambres, on peut aussi, en en faisant la demande à la maison Morin,
avoir une voiture à sa disposition.
LES TOMBEAUX DES EMPEREURS
Les tombeaux des Empereurs sont échelonnés au long du fleuve
des Parfums dans des lieux où la recherche de la solitude comme
celle de la beauté du site ont présidé à leur érection.
A l'intérieur des tombeaux on trouvera toujours :
1" Entourant les dilférents bâtiments ou leur faisant face, des étangs
ou des pièces d'eau.
2" Lne cour d'honneur dallée dont deux éléphants, deux chevaux et
un nombre variable de mandarins de pierre gardent les abords.
3° Cette cour précède généralement (Minh-Mang, Tu-Duc, Thiêu-
Tri) le pavillon qui abrite la stèle inscrite sur ses deux faces et rela-
tant les hauts faits du mort. Cette stèle a été le plus souvent érigée
par le successeur de celui-ci.
4" Une pagode où sont disposées les tablettes du défunt et devant
lesquelles de vieilles femmes, les gardiennes du tombeau, entretiennent
HUÉ LKS TOMBEAUX 101
un culte fidèle à côté des objets familiers les plus chers dont l'Empe-
reur avait coutume de se servir pendant sa vie '.
Autrefois, les gardiennes préposées à la garde sacrée et rituelle des
tombes royales étaient choisies parmi les concubines du défunt. 11
n'en existe plus aujourd'hui; néanmoins presque toutes celles que l'on
aperçoit dans les tombeaux appartiennent à la famille royale.
5" En arrière de cette pagode et sur les côtés, les bâtiments où
logent les femmes et les linh de garde.
6° Dans certains tombeaux (Minh-Mang, Thièu-Tril, on voit : soit
des pavillons où le monarque venait, de son vivant, surveiller la
construction de sa dernière demeure, en diriger les travaux et rêver
ensuite dans la solitude après l'achèvement de celle-ci, soit des bâti-
ments d'un tout autre usage (Tombeau de Tu-Duc) : tel celui des bains
où le roi se rendait avec ses femmes pour prendre ses ébats et pêcher
dans les eaux claires de l'étang au bord duquel se dresse encore un
gracieux embarcadère.
7° Enfin, dans un coin de mamelon, entouré par un mur de pierres,
scellé d'une porte de bronze, en un lieu dont tous ignorent la place
exacte, repose le corps de celui qui fut un empereur.
Il faut consacrer deux journées à la visite de ces tombeaux.
Le l'^'' jour on visitera ceux de Tu-Duc, Dông-Khanh, Thiêu-Tri.
L'autre sera consacré à ceux plus éloignés de Gia-Long et de Minh-
Mang.
1. Sous ce rapport les pagodes sacrées donneronl évidemmenL au visiteur une impres-
sion de nudité regrettable. En 1909, une mesure administrative locale fit enlever de ces
lieux saints tous les objets ayant appartenu aux Empereurs sous prétexte dempêcher
leur disparition et pour faire dans le Palais une sorte de Musée. Le résultat fut que,
malgré l'inventaire établi avant leur transport, un grand nombre de pièces précieuses
disparut. En outre, ces différents objets ne sont plus dans leur cadre naturel. Ils s'en-
terrent dans la profondeur sombre de viti-ines, hâtivement construites pour les abriter,
dans un style qui veut être annamite, et que caractérisent seulement la lourdeur de
formes et l'absence de goût des sculptures.
111:2
fUIDi; l)\: I. \N.NAM
TOMBEAU DE TU DUC
Deuxième (ils de Thièu-'Iri. ri^mi)eieur Tu-Duc monta sur le trône
en ISIS: il moiiiut en ISSM.
— Plan du tombeau do Tu-Duc.
I. Paji-odc sacrée.
-. Embarcadère.
3. Bains.
4. Ilot.
5. Ciiur d'iiouneur.
6. (2our au milieu de laquelle est K
pavillon de la stèle.
7. Tombe de Tu-Duc.
s. Mausolée de la fcnnnc de Tu-Duc.
9. Pagrode où vient le roi tous les
trois ans pour rendre hommagre
à la mémoire du roi défunt.
m. Celui de sa mère.
Pour se i-endreau tombeau de Tu-Due, on suivr,.. en quittant l'hôtel,
la rue Jules-Feirv jusiiuà la o-are. (.ii louinera à droite et par la route
des Arènes en bordure d'abord du canal de Fhu-Cam et de la rivière
ensuite, on arrivera au « village des fondeurs ». Ce villag-e, autrefois
lOi
liL IDK DE l. A.NNAM
Iri'S riflic. entretenait un ^land commerce avec la (Ihine et Saïi^on.
Près d'une petite église chrétienne enfouie sous les aréquiers, on s'en-
gagera dans le chciiiin de gauche qui mène directement au tombeau de
Tu-Duc. C'est une belle route qui traverse les remparts de l'ancienne
citadelle chame ; on aperçoit encore, dans leur épaisseur, de nombreuses
l)ri(jues. Au milieu de cette citadelle
entre les remparts et la rivière,
sont les « arènes » construites sous
le règne de Minh-Mang pour faire
combattre des tigres et des élé-
phants, coutume qui s'est conser-
vée jusqu'au règne précédent. Le
dernier combat entre un éléphant
et un tigre capturé, eut lieu en
1903.
Derrière le rempart, les tombes
(le deux jésuites seirrilent lente-
ment; elles portent la date de l(j40
et attestent la lointaine arrivée
des Européens dans ces régions.
Du rempart cham la route plan-
tée de pins domine un panorama
splendide sur le coude de la rivière.
Le tombeau de Tu-Due commencé en février 181)4. terminé en mars
1SC7 est entouré d'un énorme mur de pierres couronné d'éclats de por-
celaine. Une porte nu»numentale s'ouvre sur sa face nord-ouest : c'est
l'entrée. Quelques marches conduisent dans l'allée principale et tout
de suite le touriste est séduit par le pittoresque du décor : une vaste
pièce d'eau au bord de la(|uelle l'embarcadère est posé sur pilotis
ainsi que le pont menant aux ])ains: à droite une ile de verdure dans
laquelle de grands jjanians sont peuplés d'une quantité innombrable
Fif..
ciich.;- c
La stèle.
HUE LES TOMBEAUX
105
d'oiseaux aquatiques ; on long-e dabord sur la gauche un mur suré-
levé, puis un large escalier de pierre aux marches hautes aboutit à une
autre porte monumentale derrière laquelle se trouve la pagode sacrée.
Quand on l'aura visitée, on reprendra la route qui la précède, et qui
mènera le visiteur devant la cour d'honneur ornée de chaque côté de
Cliché Eberhardt.
Fici. 15. — Tumbcau de Dôns-Kanh.
statues d'éléphants, de chevaux et de o mandarins. Au delà, sur la
terrasse suivante.se dresse la stèle érigée en mai l87o. c'est-à-dire
du vivant même du roi. monolithe énorme abrité par un pavillon de
maçonnerie que flanquent à droite et à gauche deux pylônes gigan-
tesques. Une petite pièce d'eau entourée d'un mur et bordée d'arbres
dont les racines s'encastrent dans un étroit carré de briques au dessin
GiiriE DE l'Annam. 14
i06
(il llii; l>i: L AN>A.M
chinois, st'pare la stèle du mur vi dv la porte de bronze derrière lesquels
repose la dé[)ouille de Tu-Due.
Delà courd'honneur on aperçoit éj^alement deux constructions sur la
g-auche : 1(> tombeau delà Reine-mère et la pagode y attenant, auxfjuels
Cliclié Chau.
FiG. 16. — Porte dentréc du tombeau de Dông-Kanh.
on accède par de larg-es escaliers où courent de haut en bas les corps
sinueux de dragons de pierre, enfin un autre mausolée où repose le
corps de la femme de Tu-Duc.
Il ne faut pas oublier de sig-naler les énormes frang^ipaniers. les plus
beaux de la région, qui précèdent et entourent la cour d'honneur.
Une route qui prend en face de la porte d'entrée conduit au tombeau
de Dônsï-Khanq:. situé enviion à 200 mètres de là.
(^elui-ci, assez original par la forme du mausolée de dimensions
réduites d'ailleurs, fut commencé en février 1889 et achevé vers la fin
HIE
LES TOMBEAUX
I 07
de la même année. A remarquer dans la pagode sacrée un portrait du roi
exécuté jadis par un artiste annamite et que les membres de la famille
royale s'accordent à trouver d'une ressemblance parfaite.
Si l'on est pressé par le temps, il faut tout de suite, après la visite à
ces deux tombeaux, jeter un coup d'œil sur l'usine deseaux, bâtiment
Cliché Chau.
Fie 47.
Usine des eaux.
construit pour envoyer à Hué de l'eau potable. Il mérite l'attention, car
il a été conçu dans le style annamite d'une façon très heureuse par
l'architecte Bossard.
Commencé en 1909 il fut terminé en 1911. Les eaux, puisées dans
le fleuve, sont amenées par une simple communication dans une
chambre à eau creusée dans le sol près des pompes. De là, elles sont
aspirées, après avoir été épurées dans des filtres à sable couverts, du
même type ([ue ceux récemment adoptés par la ville de Paris pour sa
banlieue. La surface de tiltration est d'environ 1.400 mètres carrés,
leur débit de 100 litres par mètre carré et par heure.
lus GLIDE DK l'aNNAM
Le volunu' (Ifau ameiu' à Hué est de 2. ;)()()"" par jour, il est conduit
des liltres à la ville à laide dune canalisation de distribution, desser-
vant les fontaines et les installations particulières. L'ensemble des
machines élévatoires est constitué par 3 groupes indépendants, de
même puissance, et tels que 2 d'entre eux, fonctionnant simultané-
ment à leur puissance normale, élèvent iO litres d'eau par seconde,
de la cote 0 à la cote 44 qui est celle du bassin filtrant.
Delà, en remontant, gagner l'esplanade des Sacrifices par une belle
route toute plantée de pins, puis s'engager à droite dans celle qui
mènera au tombeau de Thiêu-Tri.
On pourra ainsi être de retour pour le déjeuner après avoir visité
tout ce qu'il y a d'intéressant dans cette partie des environs de la ville.
TOMBEAU DE THIEU-TRI
Si l'on se rend directement de l'hôtel au tombeau de Thiêu-Tri, il
faut prendre la rue Jules-Ferry jusqu'à la résidence de Thua-Thiên ;
une longue avenue (la route du Nam-Giao) perpendiculaire à la rivière
conduit à l'esplanade des Sacrifices ou Nam-Giao, que l'on côtoie.
Au milieu d'un vaste emplacement rectangulaire qu'encadre un mur
de pierre de l m. oO de hauteur environ, s'étagent trois terrasses
superposées, les deux premières sont carrées et la troisième circulaire.
Tous les trois ans l'empereur d'Annam, ses ministres et ses manda-
rins viennent y faire le sacrifice au Ciel et à la Terre.
Ce lieu fut choisi par l'empereur Gia-Long. Il y fit en 1807 édifier
les terrasses et rétablit la cérémonie du sacrifice qui auparavant, sous
les Tay-Son, avait lieu sur la colline dite « Ecran du Roi ». Tout l'es-
pace compris entre le mur d'enceinte et la première terrasse est couvert
de pins, dont l'espèce fut importée de Chine à la même époque. Pour
HUE LES TOMBEAUX
109
en assurer la dispersion Gia-Long- avait établi la coutume suivante :
chaque mandarin nommé à un grade supérieur était tenu de planter
dans lenceinte un jeune pin qu'il devait entourer de soins sa vie
durant. La coutume s'en est perdue aujourd'hui, mais elle a singuliè-
Pavillon
0
Pagode de
la Sorcière
DE THIEU-TRI
Fid. 48.
Plan du tombeau de Thièu-Tri.
1. Pagode sacrée.
2. Cour d'honneur.
3. Pavillon de la stèle.
4. 2* pavillon e'est celui où se rend
le roi lors de ses visites au tom-
beau de son ancêtre).
j. Tombe de Thièu-Tri.
6. Pavillon où venait séiournep
Thiùu-Tri.
7. Mausolée de la femme de Thièu-
Tri.
8. Mausolée de la femme de Minli-
Manff.
rement aidé l'acclimatement de cet arbre très abondant maintenant
dans toute la région des tombeaux.
On laisse à gauche l'esplanade des Sacrifices et l'on rejoint le fleuve
(H IDi; l)l-J I, A.NNAM
pai' uiH' route accidentée (|ui traverse quelques villages annamites
mais peu de cultures car cette rég-ion a un caractère sacré, jusqu'à
présent resj)ecté par les indigènes.
La route se bi-
furque, el l'on
trouve tout de suite
à gauche le tom-
beau de Thiêu-Tri ;
à droite la route
aboutit à la rivière.
Le tombeau donne
à première vue
l'impression d'être
abandonné au mi-
lieu dune forêt de
Cliché Chau. Pi"^; Pourtant là
FiG. 59. — La ixjitc ninmimontale de la paj,-ode sacrée. aussi les gardiens
veillent et les voi-
tures sont à peine arrêtées que des linh vêtus de bleu apparaissent
brusquement et viennent escorter le visiteur jusqu'à la sortie des lieux
saints.
Le tombeau fut commencé en octobre LSiT et achevé en novembre
Ici, pas de mur d'enceinte, on accède directement aux bâtiments.
A droite, en entrant, une pièce d'eau avec un écran au Sud; en face
un portique de bronze couronné de motifs en émail, une cour et trois
terrasses successives auxquelles on arrive par quelques marches, pré-
cèdent la porte monumentale qui accède à la pagode sacrée.
A gauche, une autre pièce d'eau, un autre écran et un portique de
même style, puis la cour d'honneur, un pavillon surélevé avec la stèle,
inscrite ici d'un seul côté (érigée en novembre ISi8^ ; encore quelques
HUE
LES TOIBKALX
111
marches et un deuxième pavillon entouré {liin jardin à la chinoise.
Quand on a descendu les marches qui se trouvent de l'autre côté, on
se trouve devant une pièce deau avec trois ponts de pierre, aux para-
pets ajourés, aux portiques élancés et crracieux. L'escalier qui conduit
à la porte de bronze fermant le mur d" enceinte où repose le corps, est
encadré par deux dragons sculptés.
On remarquera à gauche un dernier pavillon de repos, perdu dans
le fouillis des pins qui semblent monter à l'assaut du mamelon qu il
couronne.
Si Ion suit la route qui prend à droite du tombeau environ à
200 mètres de celui-ci. on arrive devant le mausolée de la mère de
Thièu-Tri. C'est un très joli monument précédé de trois terrasses
garnies de plantes, qui viennent aboutir à un terre-plein dominant
une pièce d eau en arc de cercle.
cliché Chau.
FiG. 50. — Le pavillon de la stèle et les jardins.
112
(iUlDi: UE L AiNNAM
TOMBEAU DE GIA-LONG
La (ieuxièine journée, on visitera d'abord le tonil)eau de Gia-Lonjj^
puis celui de Minh-Manj^-. On consacrera à cette excursion, soit une
TOMBEAU Di: GIA-LONG
Tombeau
de la merc 1 I /, |
de Cia-Lonç I I __ -' ~"^=^
/, I I sacrée vf'
Tombuau
de la P,' femme. I , p, „„ j„
sacrée
de Cl a Lonq I — '
„ , '^ 7 1. Pagode sacrée
ragodon j h A -^
^^ Tombeau
Fi<;. j].
Plan (lu tumlieau de (lia-Lonj:
matinée, soit une après-midi entière à cause de leur éloig-nement et
de leur importance. Ces lieux g-ognent à ne pas être parcourus trop
rapidement; il faut séjourner quelques heures dans ces enceintes
funéraires pour g-oûter davantag-e au milieu du silence profond le
calme reposant qui se dég'age de ces paysag'es tourmentés et sereins
à la fois.
HUE LES 10MBEAUX
113
De plus, on fixera le départ de grand matin. 5 heures 1 /2 par exemple,
afin de jouir sur les rives du tleuve de visions d'une délicatesse
extrême : la brume qui s'élève au-dessus des eaux pour se dorer aux
premiers rayons du soleil donne aux reliefs du paysage une transpa-
rence d'une douceur inconnue sous nos climats d'Europe.
''^
V 11-.. 01. —
Cliclié KlicM-hiinlI.
Pairode sacrée du tombeau de la nirrc «le (lia-Long-.
On prend d'abord la route qui mène au tombeau de Thiêu-Tri
mais à la bifurcation précédemment signalée, on tourne à droite : à
200 mètres de là, une route mène sur la rive du fleuve, que 1 on ne
quitte plus jusqu'au point terminus.
Gl IDE DE I.'AnXAM.
1J
114
(;lidk uk la.n.nam
.Vprès ini l;il(iiiiètre environ on laisse it main fi:auche une pag'ocle
voisinant avec un mausolée : c'est le tonihcaii du père de Gia-Long,
et (juelque 300 mètres jilus loin, deux pagodons sérigent à flanc
de coteau, tandis qu'en bas un petit ha ne de sable trace sur les
eaux bleues une raie lumineuse. C est à l'extrémité de ce banc de sable
qu'un pêcheur retrouva jadis la tète de l'ancêtre de Gia-Long dont la
Cliché Clinu.
FiG. 53. — Tombeau de Gia-Lony.
tombe avait été violée par les Tay-Son pendant la guerre qui décimait
alors les deux camps. Le pêcheur tut mis à mort pour avoir osé
porter la main sur une tête royale, mais en récompense il reçut le
titre de mandarin (réversible sur la tête de son fils). Une stèle sur le
banc de sable marque 1 endroit de la découverte macabre et le pagodon
à mi-flanc de la colline a été élevé en l'honneur du pêcheur.
l^ncore un kilomètre et la route traverse le marché d un villag'e.
C'est là qu'on s'arrêtera au retour pour se rendre au tombeau de
Cliché Chau.
FiG. 54.
Tombeau de la deuxième femme de Ciia-Loiu
Minli-Mang-, tout proche. Mais on suit maintenant le chemin parmi
des villages échelonnés sur la rive, au milieu des cultures d'orang-ers,
d'aréquiers, de maranta, de g-ingembre, etc.
Après une demi-heure, la route s'élargit un peu afin de permettre
aux voitures de tourner, et le bac, au bas de la berge, transporte les
touristes jusqu'au banc de sable qui, aux basses eaux, soit de avril
à fin août, augmente de 150 mètres à peu près, la route qui mène
au tombeau de Gia-Long-.
Au delà du banc de sable une belle allée de 1.500 mètres toute
plantée de Ficus conduit au tombeau proprement dit.
On laisse sur sa droite un monument funéraire ; c'est le tombeau
de la mère de Gia-Long, le plus ancien de tous. Il lut construit par
IIG
Gl IDi: DK I. ANNAM
Uvs soins (lu grand enipoi'eiir ({ui faillit y perdre la vit' un .jour dorade
en surveillant les travaux : un coup di- vent violent avant jeté à terre
le pavillon sous lequel il sahritait, on le l'etrouva sous les décondjres,
ensanglanté, le front ouvert.
Cliché Eberhai'dl.
FiG. ôâ. — \'illage sur pilotis près du banc de sable.
Le tombeau de Gia-Long' fut commencé la treizième année de son
règne, en 1814, il ne fut terminé que la première année du règne de
son successeur Minh-Mang-, en mai 1820,
Les bâtiments formant l'ensemble du tombeau sont disposés en
largeur, ainsi qu'on peut s'en rendre compte sur le plan. La stèle fut
érigée par les soins de Minh-Mang la première année de son règne en
août 1820. Il se dégage de ces lieux une austérité saisissante et Ion y
sent en même temps la volonté du mort de faire quelque chose de
durable. Ce tombeau est remarquable par l'allure grandiose du lieu
choisi et par sa simplicité générale.
Q
HUÉ LES TOMBEAUX 117
L eau des étangs v est immobile, verte et profonde ; des espèces
végétales rares et venues à grands frais de Chine, s'épanouissent sur
le pourtour. Jadis elles étaient innombrables mais beaucoup ont péri;
on y voit encore quelques T/mijojjsis centenaires tordus sur eux-
mêmes.
A signaler les grands dragons de pierre sculptés encadrant l'esca-
lier qui conduit de la pagode à l'étang et, devant celle-ci, quelques
beaux bleus de Chine de l'époque des Minh.
La Cour d'honneur, où Ion remarquera le soin tout particulier avec
lequel ont été travaillé les dill'érentes statues qui l'ornent, précède
cinq terrasses que (juatre ou cinq marches séparent les uns des autres
et en arrière desquelles un mur épais entoin-e deux catafalques jume-
lés, celui de Gia-Long et de sa femme. Ces lignes simples, sans
aucun motif de décoration, ajoutent dans ce cadre admirable à la
grandeur imposante du tombeau.
A droite de la pagode du tombeau de l'Empereur, un autre existe au
bord d'un étang couvert de lotus : c est le tombeau de la deuxième
femme de Gia-Lony-.
TOMBEAU DE MINH-MANG
Au retour, on prend, au marché situé au confluent du tleuve des
Parfums et de la rivière de Minh-Mang, le bac qui dépose les visi-
teurs sur 1 autre rive, à l'entrée d'une large route bordée de Calophyl-
lum, grands arbres dont le fruit donne une huile comestible et dont
la feuille rappelle un peu celle des Ficus avec lesquels on les confond
souvent. Commencé en janvier IcSil le tombeau de Minh-Mang fut
achevé en janvier I8i3.
Au fond de l'allée, on franchit l'une des deux portes latérales et
l'on se trouve dans l'enceinte qu'un mur de pierre entoure.
118
(;riDi-; uk l annam
La ])orU' contralc, loujoiirs lerinée, ne s'ouvre que devant le Roi
seul, un écran extc'iicur la nias([ue et deux lions de pierre en
défendent lentrée.
A l'intérieur, ou tourne ;i j^auche pour <^a<^ner la cour d'honneur
iK'vant le pavillon où repose la stèle.
TOMBEAU
DE MINH-MANG
<y..
Fi G. 5(5.
Plan du toml)(.'iiii de Minh-Maiiu:.
1. Cour d'honneur.
2. Pavillon de la stèle.
3. Terrasses en escaliers.
1. Paijode sacrée.
ô. Pa\illon du roi.
6. Idem.
7. Tombe de Miiili-Mant
De chaque côté les éléphants, les chevaux et cinq statues de pierre
g-ardent lensemble du tombeau dans le calme et le silence qui les
caractérise tous.
La stèle qu'abrite le pavillon fut éri§^ée par Thièu-Tri, fils de Minh-
Mang, le douzième mois de la première année de son rèo^ne en janvier
1841. Il y chante les louanges du grand empereur défunt ; la stèle est
un monolithe de plus de 2 mètres de hauteur sur 1 m. 30 de largeur.
HUE
LES TOMBEAUX
119
Trois cours en gradins mènent ensuite k lescalier qui, par une porte
monumentale, conduit à la pagode où sont déposés les objets fami-
liers du défunt et où le culte de sa mémoire est pieusement entre-
tenu. On y voit encore des plateaux d'ivoire ajourés avec les coins en
or sculpté, quelques services en beau bleu, des cuillers d'écaillé et
d'argent et|deux sceptres de jade.
Clicliê Chan.
Fitt. ô7. — La coui- dhonneur.
De chaque côté de ces bâtiments, deux étangs étalent en courbes
gracieuses leurs eaux limpides et mortes : derrière la pagode elles se
réunissent en un canal étroit que franchissent trois ponts de pierre.
Celui du milieu mène à un pavillon à étage ; on y voit encore le lit de
camp où venait se reposer le roi Thiêu-Tri pendant la construction
du tombeau ; les vases rituels dans lesquels très religieusement
brûlent des baguettes parfumées à la mémoire de Minh-Mang ornent
une table laquée rouge et or.
HUÉ
LES TOMBEAUX
121
Ce pavillon est flanqué de deux petits belvédères qui se mirent
dans l'eau des étangs et par derrière, descendant en gradins vers la
dernière pièce d'eau .
une série de petits
jardins sont enca-
drés à la manière
chinoise de minus-
cules murs de bri-
ques en un dessin
compliqué et bi-
zarre.
Un grand pont de
pierre est jeté sur
létang et à chaque
extrémité un por-
tique de bronze élève
ses fines colonnes
ovi se tordent des
dragons et que cou-
ronnent des motifs
fleuris en émaux
ajourés.
On a devant soi,
après avoir franchi
le pont et tout en
haut d un escalier
de pierre, une porte Fig. 59.
de bronze qui s'ouvre
dans un mur imposant enserrant le mamelon sacré où repose le corps
de Minh-Mang.
Les allées qui encadrent les monuments sont plantées de letchiers et
Cliclië Eberhardt.
Pavillon de repos.
Guide de l'Anxam.
16
122
(il iiii': i)i; L A.\.NA\i
lie Irang'ipaniers ; presque louL le reste est envahi par les pins dont
le feuillage léger jette dans Tensemble une note grise qui s'harmonise
adinirahlenient avec la ti'istesse naturidle des lieux.
Une chose frappera l'œil des visiteurs, c est la ressemblance entre
le tombeau de Thiêu-Tri et celui de Minh-Mang, et l'on sera tenté de
trouver dans l'un trop de ra[)pels de l'autre. Cela n'a rien cependant
Clichù Eberhardt.
Fui. 00. — Le iiianu'Iun sucré uii repose le corps de Minh-Manjj.
(\u\ doive étonner si l'on songe (pie ces deux tombeaux ont été exécu-
tés sous le règne du même empereur et selon toute probabilité par
les mêmes artistes. Minh-Mang en efTet n'a pas fait exécuter son
tombeau sous son règne, et ce n'est qu après sa mort, dès le premier
mois de la première année du règne de Thiêu-Tri et sous la surveil-
lance de celui-ci c{ue les travaux commencèrent pour être terminés
deux années plus lard.
H LE
Li:s roAiiiKAUX
123
D'ailleurs, dans rensemble du tombeau de Thiêu-Tri si toute la
partie gauche rappelle sing-ulièrement le tombeau de Minh-Mang,
celle de droite comprenant la pag-ode et les terrasses qui la pré-
cèdent rappellerait plutôt le tombeau de Gia-Long.
Quoi qu'il en soit, chacune de ces dernières demeures a une allure
particulière, un cachet qui lui est propre et l'on peut, semble-t-il, y
distinguer comme caractéristiques : la simplicité g-randiose de celui
de Gia-Long, la conception quehjue peu maniérée mais ag'réable aux
veux de ceux de Minh-Mang et de Thiêu-Tri ; enfin les efforts faits
pour dissiper l'ennui dans le raffinement trop cherché et moins artis-
ti(jue de celui de Tu-Duc.
QÏF lïQ
Fu.. (il.
LA CITADELLE DE HUÉ
Delhôtel, on se rendau Palais en traversant le pont en fer, le pont
Than-Thaï, construit une première fois en 1900, enlevé par le tvphon
Cliché Kberhardl.
FiG. 62. — Le Quoc-Tu-Giam et la Bibliothèque.
de 1904 et refait en 1906. Après avoir dépassé le pont, on tourne à
g^auche et par la première rue à droite, on arrive à la porte du Mira-
dor 8 par laquelle on pénètre dans la citadelle. Cette porte appartient
LÉGEM>E DE LA FIG. 61.
Plan de la citadelle.
a. Porte de Mirador. S. — h. Alice des Ministères — A. Comat. — B. yuoe-Tu-Giam. —
G. Jardin d'été. — D. Ancienne Bibliothèque. — E. Pagode. — F. .Ancienne demeure
du Phu-Doan. — G. Autel de lollrande à la Terre. — H. Autel de la fête du Labour. —
L Ancienne pagode de Tu-Duc. — J. Camp des Lettrés. — K. Pagode de Duc-Duc. —
P. Autel du sacrifice à la Terre. — Q. Observatoire. — R. Demeuie des Astrologues.
— X. Autel. — Z. Porte de Xgo-Môn.
1. Résidence supérieure. — 2. Bureaux. — 3. Hôtel .\Iorin. — i. Travaux publics. —
5. Trésor. — 6. Hôpital. — 7. Préfecture annamite. — S. Collège du Quoc-Hoc. — 9. Rési-
dence du chef de Province. — - 10. Bureaux de la Résidence. — 11. Hôtel de la gare. —
12. Gare.
i2(;
C.riDI': l)l', I. ANNA.M
à l;i |)rc'mière enceinte consiruilc en INO'i [);ir le roi (1ia-L<>.N(; sous la
direct ion tles olïiciers français : de (Ihaujneau et Vannier. L'enceinte
construite à la \';iuban, mesure environ 10 km. de tour et consiste en
murs de bri(jues de 12 mètres d'épaisseur. Elle est percée de portes
surmontées de pavillons à la chinoise, aux toits lecourbés ; ces pavil-
lons servaient autrefois dahri aux sentinelles (|ui gardaient la nuit l'ac-
cès de la citadelle dont les portes étaient fermées à î) heures du soir.
("liclii'' CIkiu.
Fk;. 03. — J^c palais tlii dunal.
Dès qu'on a franchi la port(> du Mirador S (fi) on se trouve dans
r Allée des Ministères { h), plantée de Galophyllum, que l'on suivra dans
toute sa longueur, A droite une pelouse précède le Comat [A), à gauche
une série de bâtiments dont l'ensemble constitue le Quoc-Tii-Giam (B)
ou collège pour les fils de mandarins; derrière celui-ci, la Biblio-
thè({ue.
Le Conutt et les délégations qui l'entourent sont de construction
récente ; ils datent du règne de TiiAN-TnAï. Deux fois par semaine le
HIK LA (;iTAlJi:i.l.E 127
Résident supérieur et les Ministres annamites se réunissent dans la
salle du Gomat pour délibérer sur les affaires publiques.
Les deux délégations delà Justice etde Ilntérieur occupent l'un des
deux autres bâtiments, celui de o'auche: l'autre, le Musée économique,
réunit dans ses salles toutes les matières premières animales et végé-
tales de l'Annam.
Quant au collège de Quoc-Tu-Giani, qui se trouvait jadis très éloi-
gné du palais, derrière la pagode de Thièn-Mô. au coude de la rivière,
il fut en 1908 construit sur l'emplacement actuel, sous le règne de Duy-
Tan, le jeune empereur régnant. Une stèle, monolithe de près de
2.000 k., érigée au milieu de la pelouse, devant les bâtiments, en
retrace l'édification.
La Bibliothèque, ou plus exactement le Bâtiment des Annales, a
une origine intéressante. L'empereur Ti-Duc fit autrefois dresser ce
pavillon au nord de la citadelle et le désigna plus tard comme
devant abriter ses tablettes après sa mort et devenir ainsi une pagode
où serait adorée sa mémoire. L'ensemble formé par cette pagode et les
jardins qui l'entouraient était, paraît-il, une merveille. Une décision
prise en 1908 en attribuait le terrain au service de l'Agriculture. On
résolut alors de sauver le pavillon et on le transporta k l'endroit qu'il
occupe aujourd'hui, mais en changeant sa destination première et en
le transformant en bibliothèque. 11 est particulièrement intéressant
par ses colonnes de bois dur et les sculptures des travées qui les
unissent au sommet constituant indubitablement la plus belle mani-
festation que nous connaissions de l'art annamite. Si Ion pénètre à
l'intérieur, contrairement k ce que l'on voit habituellement dans les
constructions annamites, on se trouve dans une pièce très bien éclairée
qui forme une salle de travail idéale. La partie en retrait est occupée
par les bibliothèques, vastes boîtes, laquées de rouge, sévèrement ali-
gnées dans la pénombre, et qui renferment les archives, les livres et les
manuscrits précieux.
I2S GlIDi: iJi: LANNAM
On rt'inarcjucrii encore au milieu des bâtiments d école un fj;Tacieux
j)avill()n à élai^e. Il appartenait à 1 ensemble des constructions élevées
par Ti -Die. dans la parlic nord de la citadelle.
On reprend V Allée des Ministères qui longe maintenant les enclos
de maisons annamites, demeures des ministres, de grands et petits
mandarins et dont on n aperçoit que les toits cachés à moitié sous les
feuilles de bananiers.
Puis, un long mur encadre à gauche le Jardin d'été, où les empe-
reurs aimaient à chasser et que Ion peuplait à cet effet de cerfs, de
daims et de gibier d eau. Son usage est réservé uniquement au Roi.
De l'autre côté, une mare entoure un quadrilatère à mur de briques
isolé au milieu des eaux calmes, mais profondes ; une prison s élevait
autrefois sur cette éminence. Au nord, l'étang est borné par un bâti-
ment bizarre, sans style défini (Dj, mélange dart européen et dart
annamite ; il date du règne de Minh-Mang et servait de bibliothèque,
c'est là qu'étaient déposées les archives, il garda cette afTectation jus-
(ju'en 1908, époque où l'on transporta la majeure partie des ouvrages
(pi'il contenait dans le bâtiment du Quoc-Tu-Giam. 11 reste cependant
encore un certain nombre de manuscrits au premier étage.
L^ Allée des Ministères se termine peu après devant un pont de pierre
en dos d'âne jeté sur le canal intérieur. 11 mène à la Concession ou
partie de la citadelle cédée au gouvernement français pour y loger ses
troupes. Après le traité de 1874, nous avions déjà obtenu le Mang-Ca
à cet elFet ; à la suite des événements de 188t) le Mang-Ca s'augmenta
de toute la portion que l'on voit sur le plan ci-joint désignée sous le
nom de Concession .
Mais laissons la Concession à droite et suivons le canal intérieur.
On aperçoit sur l'autre rive le mur du Jardin d'été que précèdent deux
vastes hangars vides aujourd'hui et (|ui servaient jadis de greniers à
HUE LA CITADELLE
1211
riz où s'entassaient les réserves avec lesquelles on payait ministres et
mandarins.
La route t'ait un coude et 1 on tovirne à gauche. A droite c'est le nord
de la citadelle occupé aujourd'hui par des rizières etdes'étangs couverts
de lotus roug-es. Il faut signaler en passant deux bâtiments en [E) et
(F). Le premier est une pagode et l'autre servait d'habitation à l'ancien
Phu-Doan ou préfet de la ville, avant notre établissement dans le pays.
Cliché Eberhardt .
Fi<;. (îL — L'autel du saci'itice à la Terre.
Au milieu des rizières, on remarquera deux autels [G et H). C'est en
G que se célèbre annuellement la fête du labour. Le monarque, à chaque
printemps, venait en grande pompe tracer lui-même, avec une charrue
dorée, un sillon dans la terre afin de montrer à son peuple tout le cas
qu'il fait de l'agriculture et l'engager ainsi à s'y livrer. Sur le deuxième
autel [H], on fait annuellement aussi, et avant de procéder à la céré-
Gl'IDE nE I.'AXXAM. 1 '
130
GLIDIC DE L ANNAM
monie du labour. l'olVrande à la Terre, la jurande nourrice des peuples.
Mais depuis dix-neuf ans le Roi, pour cette fête dont l'apparat
entraînait à cause de sa présence de trop ^-rands frais, délèg-ue mainte-
nant un mandarin.
Un peu plus loin on laisse à sa gauche ce qui fut la pagode de Tu-
Duc (/) et les jardins qui l'entouraient. Ils sont transformés aujour-
mm
Cliché Kberliarilt.
FirT.--65. — La porte du Nf^o-Môn.
d'hui en prairies au milieu desquelles se dressent encore lamentable-
ment abandonnées les portes monumentales de l'ancienne enceinte.
Le vaste quadrilatère [J] encadrant à droite tout un groupe de cons-
tructions est le Camp des Lettrés. Tous les trois ans, de tous les points
du royaume, lettrés ou étudiants, tous candidats aux titres de Cu-nhon
et de Tn-Taï, viennent y concourir. Ils sont, pendant la durée entière
des examens, enfermés dans ces murs et ne peuvent communiquer avec
qui que ce soit de l'extérieur.
HUE
LA CITADELLE
131
On retrouve non loin de là le canal intérieur que Ton franchit sur
un autre pont de pierre ég-alement en dos d'âne et Ton contourne le Pa-
lais sur sa face ouest tandis que successivement on dépasse :
1" La pagode (K) de Duc-Duc, père du roi Than-Tiiaï et grand-père
dvi roi actuel. Duc-Duc mourut de faim, muré dans une prison isolée
au milieu du srrand étano- situé au nord-ouest de la citadelle derrière la
(.:iiclié Cluiu.
FiG. 66. — Miradui-, fossés et le Cavalier du Roi.
pagode de Duc-Duc, et dont on n'aperçoit plus aujourd'hui que la base
des murs couronnant File qui lui servait de soubassement. Elle portait
jadis le nom de Prison d'Etat.
2° En P, l'autel du sacrifice à la Terre : trois terrasses successives
que précède une vaste pièce d'eau.
3° En Q et surmontant Tangle de la muraille, un pavillon se dresse
au-dessus d'un escalier monumental : c'est \ Observatoire. Autrefois
il servait aux observations des astrologues du Palais ; ceux-ci sont
aujourd'hui relégués dans un bâtiment voisin où ils passent leur
132
r.U IDE DK L AN.NAM
temps a iHahlir iuétlio(li(|iu'inent dans le silence et le recueillement, le
calendrier de l'année suivante
Plus loin en X sur un petit autel presque dissimulé par la végéta-
tion t(ui l'entoure, le culte des Annamites tués pendant la révolte de
188G est pieusement entretenu.
Bientôt. Ton gagne l'allée de pourtour qui ramène devant la porte
d'entrée du Palais : la porte monumentale du Xgo-Mon [Zi. Elle ap-
partient à la deuxième enceinte, celle (jui (ut construite par les soins
de Mi.mi-Mang en 1823, dans le but de mettre plus ;t l'ahri le palais
j)rivé et par conséquent la personne royale. Trois ponts de briques
pavés de grandes dalles de pierre y aboutissent. Elle se compose de
^■•&*
Cliché Eberhnrilt.
l''i<;. (J7. ^ Vn des familiers de la citadelle.
HUÉ LA CITADELLE 133
trois parties : la partie centrale dans laquelle s ouvrent trois portes,
et de deux ailes qui flanquent de chaque côté la voûte centrale.
Au premier étage de l'édifice se placent le Roi, ses ministres, ses
mandarins ainsi que ses invités européens lors des grandes cérémonies,
telles la revue du 1 i juillet, ou la représentation de plein air donnée
pour la fête du monarque, sur le terre-plein situé entre la porte et le
Cavalier du Roi.
L'étag'e du dessus, autrefois réservé pendant les fêtes, au harem des
empereurs, n'est plus aujourd'hui qu'un grenier où sont cantonnés les
veilleurs, le sonneuret les musiciens, chargés d'annoncer le commen-
cement et la fin du jour, tous deux signalés par deux coups de canon,
et (le scander les veilles diurnes et nocturnes par le son métallique
d'une cloche de bronze à laquelle répondent successivement toutes
celles des principaux édifices du Palais.
Non loin de la porte monumentale on reniarquera encore deux
bâtisses. Lune abrite neuf canons de bronze, coulés du temps de
Miinh-Mang près de Hué au village des fondeurs, derrière les arènes
oîi l'on voit encore les tranchées creusées pour la fonte. Notons en
passant que ces canons furent élevés au grade de mandarins et même
à celui de génies i non pour les services qu'ils rendirent mais pour ceux
qu'ils auraient pu rendre). Montés sur des affûts de bois dont les
roues se désagrègent peu à peu sous la morsure des termites, ils consti-
tuent des masses énormes, difficiles à remuer et qui seraient d'un carac-
tère vraiment imposant si l'on n'avait eu la mauvaise idée de les
peindre en plusieurs couleurs.
Dans l'autre sont les écuries et remises de Sa Majesté: la présence
de ces deux bâtiments nuit à la vue d'ensemble et la dépare.
134
GlIDK 1)1-; L ANWA.M
LE PALAIS DU ROI
Pour l;i visite au Palais nous reproduisons ici certaines parties de la
notice ivdiyée par AI. de la Susse, tdlesdonneront aux visiteurs tous les
détails dont ils auront besoin pour cette partie de la citadelle qui con-
stitue certainement lun des attraits les plus puissants de Hué. Nous y
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Musée
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Trésor Royal
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^rnm^h^
Porte (/'entrée
Fin. (is. — l'Iiiu du Palais.
1. Thai-Hoa. — 2. Dai-Cuiiy-Mnii P(jrte duroo. — :i. Salk- à man;;er. — 1. Can-Chaiili. —
."). Salon. — 6. Phung-Thièn un paiiode dé-diée au culU' des Empereurs Gia-Lon^-. Min^-
Mang, Tliiéu-Tri et Tu-Duc. — 7. Thc-Miéu et Ilun^-Miéu. — S. Pagode des ancêtres
— Tricu-Miêu et Thai-Micu. — 9. Porte de Noï-Vu.
joindrons le plan ci-dessus qui permettra aux touristes de mieux se diri-
fj^er et nous ajouterons, qu'à notre avis, il est préférable, au point de
vue inqiression artistique, d'entrer non par la porte du Noï-Vu comme
le préconise M. de la Susse, mais par la porte principale du Palais, la
porte du Ng-o-Môn et de visiter successivement les ditTérentes parties
suivant les numéros indiqués sur le plan. L'œil est autrement frappé
par la vue d"enseml)]e que l'on a dès l'arrivée. Parla porte de Noï-Vu,
au contraire, on est ol)liij;-é de suivre d'un bout à l'autre une interminable
allée entre deux hautes murailles (jui ne permettent aucune perspective.
HUE
LE PALAIS
35
Renseignements généraux. — Il faut pour être admis au Palais, se
« munir au préalable d'une carte d'entrée délivrée par le Chef de
« Cabinet du Résident Supérieur. Cette carte est nominative et doit
" être remise au chef du poste de g-arde à la porte où l'on se présente.
La consigne de
« ce poste est de
« ne laisser en-
« trer ni les en-
ce fants en bas
« âge , ni les
« pousse -pousse
(( de location. 11
« est également
« interdit d'ame-
« ner des chiens.
En ce qui con-
« cerne lespous-
« se- pousse . la
« sentinelle s'oc-
« cupe de les renvoyer à la porte par laquelle on doit sortir, du moins
(( si l'on suit l'itinéraire ci-après, de sorte que l'on n'a pas à se préoc-
« cuper de donner des ordres aux coolies, ordres toujours mal com-
« pris si l'on ne parle pas la langue du pays.
Il est encore à noter que si l'on désire amener avec soi des Asia-
« tiques, on doit demander pour eux une autorisation spéciale, géné-
« ralement refusée du reste.
On pénètre donc par la porte du Xoï-^'u, sur la face nord-est du
« palais, le caporal de garde, sur le vu de votre carte d'entrée, désignera
« un linh pour vous accompagner.
La porte aussitôt franchie, ime longue allée s'étend en droite ligne
« devant le visiteur. C'est celle que l'on doit suivre pendant toute l'ex-
« cursion.
Clic
Fk;. 69. — Porte du ^>oï-^'u.
El)orharc
\'M\
GFIDK DE L ANNA^I
\()ï-\ II. Sur la (Iroifr. derrière une seconde enceinte s'élève un
hàtinu'iil aux lignes européennes dont l'aspect dépare un peu l'en-
semble purement annamiledu Palais. C'est le Trésor Royal, où sont
installés les bureaux du Déléj^iié français aux Finances. C'est un
lieu privé et dans lequel il n'y a du reste rien à voir.
Triêu-Miêu et Thai-Miêu.
« — En face, se trouvent
« deux pag-odes royales con-
« sacrées au culte des an-
« cêtres de la dynastie.
" L entrée en est permise
« mais à part quelques vieux
'< arbres, les jardins et l'ex-
« térieur des bâtiments dont
u les toits sont assez curieu-
<( sèment ornés, elles nof-
« frent aucune particularité
Il remarquable.
Puis ce sont des jardins et une cour dallée entre deux bâtiments le
Thai-Hoa à gauche et. à droite, le Dai-Cung-Môn.
Le Thai-Hoa. — Le Thai-Hoa est la salle des audiences solennelles.
C'est là que le roi reçoit dans les grandes circonstances, fêtes rituelles,
visites du Gouverneur Général, etc. Cette salle immense, aux hautes
colonnes laquées, au décor invariablement roug-e et or. paraît un peu
vide au visiteur des jours ordinaires. Elle ne comporte en effet pour
tout mobilier, que le trône recouvert de son voile jaune, posé devant
une tapisserie de fond, surmonté d'un dais et précédé d'une table
incrustée de nacre.
Sur l'esplanade où se rangent les mandarins on remarquera des
rangées de neuf jietiles stèles : ce sont elles qui mar((uent leurs places
Fi<;. 70. — l'ui'
Cliché Dumoutier
lu Trièii-Miéu.
Vir.. 71.
Clirlu- Kljcrhardt.
I.c Thui-llua on Salle tlii 'ri'nnc.
« hiérarchiques aux jours d'audience solennelle. Le mandarinat est en
« effet divisé en neuf degrés. Les mandarins de chaque degré se placent
« en rang-ées parallèles au l)àtiment, face au souverain, chaque degré
" au niveau de la stèle correspondante, ceux de Tordre civil à g-auche,
« ceux de l'ordre militaire k droite.
Plus loin, deux portiques en bronze ciselé avec panneaux en cuivre
« émaillé.
Dal-Cnnff-Mnn. — Le Dai-Cung--Môn n'est qu'une porte de céré-
« monie donnant accès dans le Palais intérieur. A noter la décoration
« du bâtiment, si harmonieuse malgré la vivacité des tons employés.
« Au milieu, la porte jaune cpii ne s'ouvre que devant le Roi ou ses
« visiteurs les plus hauts placés, Gouverneur Général et Résident
« Supérieur.
Guide i>e l'A.nnam. 18
:{8
fil iDi; m: i. anna.m
.S,7//(' ,7 nuiiKicr. — Le lîoi n y |)reii(l ses i-epas (|ue lus jours où il
« reçoit des Européens à sa table. Cette salle pourrait aussi être
« appelée la salle îles présents diplomatiquL's. ( )n peut v voir notani-
(( nient \\\\ suilnut de tahlf en ari^cnt, présent du (Gouverneur général
t'.lirlié l)uinoutier.
Fi(i. 72. ■ — l.c tronc île rEmpcrcur il;ui< le Thai-Hua.
" Ki.oiiiKowsKi . un Ijron/.e de lîarbedienne. dnndini autre Gouverneur
'< Général. M. Bdal ; une tapisserie des Gobelins. et quantité de vases
« de Sèvres. Les meubles, la vaisselle, larirenterie et le lintre. tous
« rnaripiés au ehiiVre impérial, sont de fabrication française. Ces objets
" ont été |)(iur la plupart achetés à Paris sous le règne du roi Dông-
« Khanli '.
1. Ces iiieiihles IViiiiriiis, huU'ets. dessei-les. elc.. sont .u-arnis de masrnifiques pièces de
ixireelaine cliiiioisc dont i|nel(|iies-iines d'une 1res frrande \aleiir. Leur présence an milieu
HUE LE PALAIS
139
A côté de la salle à manger se trouve une salle de g-arde où les
(( plus hauts mandarins viennent passer la nuit à tour de rôle, se
« tenant prêts à répondre au premier appel du Roi. On y a installé
« pour eux des lits de camp avec leurs moustiquaires, etc.
Le Can-Chanh. — On arrive entin au Gan-Chanh. Cette salle est
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Clicli<> Ehorlianll.
Fin. 7.3. — Porto dnrce ou l)ai-("-iiiiL;-M("in.
« la plus belle du Palais. C'est là que se tiennent les audiences ordi-
« naires. Elle servait autrefois de salle à manger, avant ({ue ne fût
« édifiée celle que Ton vient de voir et qui date de IIMO. Elle sert actuel-
le lement de salon lorsqu'ont lieu les grandes réceptions du Palais.
des cadeaux diplomatiques d'origine française reste ine.vplicablc autant qu'inattendue
L'entassement dans une même salle, d'objets d'une orig:ine et d'un art si dillV-rents laisse
au visiteur une impression de malaise telle qu'on ne peut que vivement souhaiter l'orga-
nisation prochaine d'une répartition à la fois plus rationnelle et plus ai'tistique des
richesses du Palais. — P, E.
cri DE DR L ANNA M
Ses coloiiMos. ses parois et siirloul ses plafonds loul en bois de
« lini massif, sculpté et incrusté de nacre et divoire sont remar([uables.
Au centre de la salle se trouve un trône poiii- le Hoi ainsi qu'un
« lit de camp et sa natte de parade. Devant le trône, une série de
« petites tables annamites rectangulaires de forme allongée, aux pieds
(( très hauts. Lune dClles placée dans la travée centrale se signale par
• — .. • - , • ■ 4Mr > — V,"-'. •.-..-;',. -
r s? ; ■ ■: ..•-.. - ■
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h£-k ■■■■--': ^T^^'--
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5 yrjM :■■• .:• .-r..:••;■•^ . .-:•..
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p*^-.^;
•X-V.J ■■■■ ■ ..■;
Vu;
(iliilii- Duiiiouticr.
Le caractère P/!/;r Hdiiheur) dessiné par Thicu-Tri.
la pureté et 1 harmonie de ses formes. Egalement une table dorée à
dessus de marbre l'apportée de Paris il y a (pielques années par un
mandarin en mission. Celle-ci a été jugée si belle parla Cour qu'on
la lit reproduire. Mais comme il était dune extrême difficulté d obte-
nir à Hué une dorure pareille à celle de l'original, on préféra rem-
placer cette dorure par des incrustations de nacre. Le visiteur pourra
se prononcer, le modèle et la copie se trouvant près Tun de l'autre.
HIÉ LE l'Ai. AÏS 144
Sur les côtés de la salle, six armoires eu bois incrusté renfermanl
<( les objets les plus précieux de l'Empire d'un prix inestimable : des
« sceaux en or massif dont 1 un pèse 18 kilos. Les guidons en soie des
<( oHîciers d'ordonnance de Gia-Long- (1802-1820) datant de l'époque où
« il conquit son empire, des jades particulièrement précieux, des bre-
(( vêts délivrés autrefois par les empereurs de Chine transcrits en
« double texte mandchou et chinois sur soie jaune, l'arbre généalo-
« g'ique et les règlements de la famille royale, etc.
Les objets nen sortent qu une seule fois, quelques jours avant le
(' Têt, à l'occasion de la cérémonie dite « du nettoyag-e des cachets ».
(( Ce jour-lk, les mandarins supérieurs de la Capitale, en grand costume
« de cour, brisent les scellés et portent les précieux objets sur des
« tables disposées dans la salle à cet etïet. Ensuite, à laide de linges
(( spéciaux, humectés d'une eau contenue dans des bassins en cuivre
« où baignent des feuilles odorantes et des tleurs, les mandarins eux-
a mêmes avec toutes sortes de précautions, procèdent à leur nettoyage.
« Cette cérémonie est strictement privée.
Dans le fond de la salle quatre grands panneaux égayent la paroi
a de bois sombre. Les deux panneaux extrêmes portent deux caractères
« gig^antesques : Phuc [bonheur) à droite et Tho [longévité) à g-auche.
Ces caractères ont ceci de particulièrement précieux qu'ils ont été
(( tracés de la propre main du roi Thiêu-Tri, en la troisième année de
'( son règne (1843). Les deux panneaux du milieu appellent une expli-
« cation. On a pu constater déjà que l'un des motifs les plus fréquents
«. de l'art décoratif chinois ou annamite est la chauve-souris. C'est que
« le caractère qui désigne la chauve-souris se prononce « Phuc » de
« même que celui qui signifie <' Bonheur ». Figurer une chauve-souris
« c'est donc tracer l'emblème du bonheur. De même les motifs qui
« composent les deux ])anneaux en question ne sont pas jetés au
« hasard, mais choisis, et dis[)Osés dans un certain ordre, de manière
« à ce que les sons correspondant aux caractères qui les iigurent
I 'l'2 GLIDi; DR I.'aNNAM
« rorinent, quand on les prononce dans l ordre voulu, des phrases à
u sens très heureux.
A si<>naler encore deux g-laces à cadre en bois sculpté très
« anciennes, une quantité de porcelaines, et enfin plusieurs grosses
« clociies de hron/.e (|ui servent à piquer les heures.
La salle synu''tri({ue de la salle ;t mang-er nest pas encore aména-
« ii;éx\ On y trouve cependant deux énormes vases « Bleus de Hué »
<( et trois bahuts sculptés et incrustés, de toute beauté. L'une des
" pièces continues contient les coffres dans lesquels sont conservés
.< les vêtements de cérémonie de Sa ^L1jesté, ses bottes à la chinoise.
« sa coiffure enrichie de pierreries.
Franchissant à nouveau la porte du Dai-Gung-Mùn on tourne à
'< droite et on reprend Lallée par laquelle on est venu. D'un côté, des
<( jardins au fond desquels se trouvent les écuries des éléphants. De
(( l'autre, le mur d'enceinte du Palais réservé, percé, un peu ])lus
<' loin, d une avenue au bout de laquelle une allée couverte et dallée
" conduit des ap})artements privés du Roi à ceux des Reines-Mères.
P}nin(f-Tièn. Musée. — Le Phung^-Tién est une pagode consacrée
<- au culte des quatre grands empereurs : Gia-Long (1802-1820) ;
« Minh-Mang (1820-1840); Thièu-Tri (1840-1848); Tu-Duc (1848-
« 1883j. Elle est gardée par un certain nombre de linh et habitée par
« des femmes âgées, toutes de la famille royale, et qui ont remplacé
« au fur et à mesure de leur disparition les femmes des anciens rois,
« et, comme elles, rendent le culte journalier à l'àme de leur maître,
« lui préparant ses repas, son thé, ses cigarettes, allumant lorsqu'il
'< est nécessaire, les bougies rituelles, etc. Un eunuque d'un rang
<< élevé commande k tout ce personnel.
C'est dans cette pagode qu'est installé le Musée. Au début de 1910,
« la plupart des objets précieux ayant appartenu aux rois ou à leurs
« femmes y ont été placés sous vitrines et catalogués.
Aux deux extrémités de la salle, en des armoires vitrées se
HUE
LE PALArS 143
« trouvent exposés vingt-trois fusils k pierre ayant appartenu à Tu-
« Duc. Ce sont des armes de fabrication française, dont le canon
« porte une marque parisienne. La plaque de couche, faite le plus
<( souvent d'une plaque d'or, indique l'année où l'arme fut acquise.
« Ce ne sont pas des armes de parade. Tu-Duc était un grand chas-
« seur et de nombreuses lég-endes circulent encore touchant ses
« chasses dans la province de Hué.
Les deux premières vitrines contiennent une série de bronzes
<( aux formes étranges. Ces bronzes ont été fondus par des artistes
u annamites sous le règne de Minh-Mang, d'après des descriptions
(( très anciennes de vases rituels chinois. C'est donc de l'art chinois
« vu par des yeux annamites. Ce sont des vases massifs, très lourds.
« La forme de chacun d'eux traduit certaines allusions littéraires, des
« assemblages de mots et d'idées d'une subtilité excessive et d'une
« complication extraordinaire.
La troisième vitrine contient des émaux sur cuivre communément
« appelés émaux de Hué : des plats, des assiettes, deux grands bas-
« sins jaunes, tm service à dessert.
La quatrième contient des objets ayant appartenu à Thiêu-Tri, la
(( cinquième des objets de Gia-Long, la sixième de Minh-Mang, la
« septième, la huitième, la neuvième de Tu-Duc. La dixième renferme
« une collection de monnaies.
Des vitrines beaucoup plus petites placées entre les colonnes ren-
" ferment des « arbres d'or » aux branches de corail et de jade, dont
« les feuilles, les fleurs et les fruits sont en jade, en or, en pierres pré-
« cieuses ou en perles. Ces arbres méritent un examen attentif, car
(( les détails en sont sovivent exquis.
Le Musée contient principalement des jades. On y trouve une
<( profusion de vases, de tasses, de bols, de services à thé, de néces-
(( saires à écrire, d'objets de toute nature et de toute forme en jade
« blanc, vert, gris, veiné, uni, travaillé, quelquefois admirablement
i
r.iiDi: \)v: l annam
« roiiilU'. h'ile la i^rosse agrafe de ceinture ([ui se trouve dans lune
Cl des vitrines de Tu-Duc. Les pièces les ])Ius renuu'([ual)les sont deux
o services tle culte, dits ^ tani seu », en jade vert, dont la matière,
" la l'orme et le travail sont ég'alement merveilleux, deux {grands plats
(. de (piarante centimètres de diamètre environ, deux écrans formés
M (1 une seule pla([ue de jade.
Cliché i:berliardt
FiG. ":>.
Le bassin cliiiiois du l'Iiunii-Thien.
(Juant aux ors, ils consistent surtout en des cachets et des livres
« d"or. Les premiers sont les sceaux des divers rois, sceaux ofïïciels en
« or massif pesant chacun de 3 à i- kilos. D'autres cachets en argent
« doré sont ceux des femmes de ces trois rois, qui régnaient sur
« le peuple des concubines comme leur époux sur son royaume.
« Les « livres d'or » sont composés de feuillets d"or pur, sur lesquels
« sont gravées les dates et la nature des principaux événements de la
« vie privée et familiale des personnages royaux aux([uels ils ont
« appartenu.
HUÉ
LE PALAIS
145
On peut voir ég-alemeut des chaulïerettes, des théières, des gardes
(( de sabre, en or pur et massif, l'Annamite n"ap[)réciant le précieux
« métal que s'il est exempt de tout alliage, el n'attribuant à nos bijoux
« européens par exemple qu'une valeur toute relative. A remarquer
« aussi la tiare
« de Tu- Duc, en ►"^^^SBb^ /? *^ î^
« tissu d'or, sa
« ceinture , mo-
(« saïque de jade,
<( de corail et de
« perles, fermant
« sur un gros
« diamant '.
La vitrine aux
« monnaies con-
<( tient une col-
(( lection à peu
u près complète
« de la numis-
« matique de la
« dynastie actuelle des Nguyèn. En outi*e il s'y trouve une série de
« monnaies en cuivre chinoises très anciennes.
Dans la cour de Phung-Thièn est un petit bassin à la chinoise avec
'< ses pagodons en miniature, ses arbres minuscules aux formes
« contournées, ses ponts liliputiens.
En franchissant la porte qui s'ouvre en face on arrive aux pagodes
« du Thè-Mièu et du Hung-Mièu. symétriques de celles déjà aperçues
i( enentrant au Palais.
Fi.
Clichi- Diimiiutier.
Portique du Thè-Mièu.
1. Au sujet de l'oi-igine des pièces qui coasliluent ces collections, se reporter à la note
de la page 101.
Guide de i.".\nn.\m. '-'
1 40
GUIDE \)E L ANNA.M
T/ic-Miêu ('/ Ifnit(/-Mirii. — Dans liiiic de ci's paj^-odes, deux
i< vitrines analogues à celles du Phung-Tliièn, renferment des objets
(( ayant apjaartenu au roi Dong'-Klianh.
L'autre pag'ode est intéressante par les énormes vases en bronze
i.liclie «.hai
Les unies du Iluii^-Micu.
<f rangés dans la Cour. Ces vases, entre autres dessins, portent deux
'< caractères : l'un toujours le même, signifie « Marmite, urne » ; l'autre
(( est le titre posthume que les traditions rituelles assignent à chaque
« roi. Tels de ces titres s'appliquent aux rois passés, tels autres aux
« rois à venir. Chacun de ces vases est donc consacré à un souverain.
« En Chine, autrefois, il y a plus de 2.000 ans, un empereur de la
« dynastie des Ilan eut l'idée de faire fondre un grand vase à trois
« pieds sur lequel il lit graver l'image de tout ce que les habitants de
Hl K LE PALAIS
147
« son royaume devaient connaître. Pour les habitants de la plaine il
« fit dessiner des montagnes, pour ceux de la montag^ne, il fît repré-
« senter les flots de la mer.
Peu à peu le trépied devint le symbole de la puissance impériale
Cliché Dumoutier.
FiG. 78. — Lurne consacrée'à Gia- Long-.
« et le vase en bronze l'emblème de la dynastie. (Test pourquoi, sur
« ceux qui nous occupent sont aussi représentés les éléments naturels.
« certains objets tels que des fusils par exemple, et les sites célèbres
(( du pays d Annam : le col des Nuag'es, la barre de Thuan-An, etc.
Ces vases nont aucun caractère relig;ieux. On ne leur rend aucun
« culte. Ils nont été fondus et placés là en la huitième année du règne
« de Minh-Mang (1827) que pour témoigner dune manière tangible,
« solide et durable, de l'existence des rois dont ils portent le nom.
148
GL iDK \)K \. \yy \M
Les visiteurs retixtuvtToiil Irurs pousse-pousse k rextérieur de la
« porte qui terniiue Tallée cenlrali'.
Le chemin qu'ils suivront pour sen retourner les fera passer devant
« l'entrée principale du palais, la porte monumentale du Ngo-Môn,
« dont ils ont déjà aperçu la l'ace intérieure lorsqu'ils étaient au Thai-
« Hoa.
En face du Ni^o-Môn. se trouve le « Cavalier du Roi ». On ne
(( saurait trop en recommander l'ascension. Du haut de cet ouvragée on
'■ jouit d'une vue générale de Hué et des environs depuis la mer jus-
« qu'aux montag-nes de la chaîne annamitique, avec, au premier plan,
« le panorama du fleuve et de la ville européenne, et, en arrière,
« celui tle la Citadelle et de l'ensemble du Palais. »
Fitï. 7!'.
Face iiitL'rii'ure du Xiru-Mon iirise du Thai-Hoa.
130 (illlJK UE l'a.NNAM
A Hut' nu'ine el autour de la ville nii peut l'aire quelques jolies pro-
mi'nades :
IIiir-Toiif (le (loiifucius '^10 kil. 'iOO aller et retour). — • La route
en bordure de la rivière est très aj^-réahle, on traverse dans toute sa
longueur le rielie village chrétien de Kiiu-Long, réputé par la qualité
de ses oranges et de ses noix
d'arec et situé sui- rempla-
cement de l'ancienne Hué,
Hué d'avant la reprise du
royaume par Gia-Long-. A
Cliclu- KbuiiuudL.
FiG. si. — Tour de Conlucius.
remar({uer quelques maisons de riches Annamites en bordure de la
route ainsi qu'un couvent de Carmélites près des bâtiments de la
Sainte-Enfance. Après une légère montée on arrive à la Tour de Confu-
cius. Malgré le nom (jue lui attribuent sans raison les Européens,
cette pagode n'a rien de Confucéen. Son origine est la suivante :
Alors que l'ancêtre de Gia-Long, jeune encore, était à ses débuts de la
guerre contre les Trinh il rencontra en cet endroit une baïa (vieille
femme indigène) qui, affectant de ne pas le reconnaître, lui adressa la
HUIC
loi
parole et lui dit « qu'un jour
un roi, vainqueur de ses
ennemis, établirait là sa ca-
pitale » ; puis brusquement
elle disparut à ses yeux. Le
souverain, devant cette dis-
parition subite, conclut à
l'origine extra-terrestre de
la baïa et fît le serment que
s'il était victorieux il cons-
truirait en ce lieu une pagode
à la mémoire de la pro-
phétesse.
La prédiction s'étant réa-
lisée le Roi tint sa promesse
et dès son installation défi-
nitive à Hué, fit élever la
pagode qui s'appelle en
réalité pagode de Thièn-Mô
(pagode de la vieille femme
du Ciel). Au sommet d'un
escalier de pierre se dresse
la tour proprement dite, con-
struite d'après le modèle des
tours chmoises : deux très
belles cloches de bronze et
deux stèles sur tortue de
bronze méritent d'attirer
l'attention du visiteur.
Le retour doit s'effectuer
par la même route.
\-')'2 (lUlDE DE l'a.N.NAM
IIiU'-Lany-Tlio (^10 kil. allui' el retour;. — Visite à l'usine des
IviAMLissKMENTS BoGAERT. PouF s'v rendre on })rend le chemin qui con-
duit au t()inl)eau de Tu-Duc jus(ju au villag'e des Frondeurs, là. au lieu
de tourner a g-auche après l'ég-lise. on continue tout droit.
L'usine du Lang--Tho a été fondée en 1S98 par M. Bogaert qui avait
découvert à proximité de cet endroit un important gisement de calcaire
propre à la fabrication de la chaux hvdraulique. Elle ne tarda pas à
se développer; en 1904 son propriétaire y adjoignait une fabrique de
carreaux en ciment et l'année suivante venait s'ajouter aux industries
précédentes celle des tuiles vernissées complètement abandonnée en
.\nnam depuis l'empereur Tu-Duc. Disons en passant que, sous l'em-
pereur Minh-Mang-, il existait une fabrique de ces tuiles à l'intérieur
de la citadelle chame, tout à côté du Lang-Tho.
Le Lang-Tho forme une sorte d'épi avançant dans le lleuve, et sur la
colline qui le surmonte. Ming-Mang- avait fait élever pour son usag-e
particulier une maison de campagne. C'est là également, au bord du
petit arroyo qui longe 1 usine, que le cortège nautique qui transportait
le corps de Minh-Mang à son tombeau s'arrêta pour passer la nuit, et
ces souvenirs expliquent les ditTicultés que M. Bogaert rencontra
pour obtenir ce terrain en concession.
L'usine est très intéressante à visiter, les touristes qui désireront
la voir en détail n'auront qu'à en faire la demande au Directeur de
la Société des Eïahlissemems Bogaert dont la maison touche l'hôtel
MoRiN à Hué.
Hiié-TIuia-LuLi \^{W) kil. aller et retour) (Chemin de ferj. — Une
excursion des plus intéressantes est celle de Thua-Luu à 60 kilomètres
de Hué, '1 heures de chemin de fer. On prend le train du matin à Oh. 23
et l'on revient par celui du soir à •") h. 1/2.
On arrive à Thua-Luu à 8 h. 1/4. On commencera par s'élever en
forêt à 200 mètres de hauteur, soit en chaise, soit à cheval, soit à pied,
il s'agit simplement de fi'anchir im raidillon de 20 minutes.
HUE
lo3
Thua-Luu est un important village annamite, c"est un ancien tram •
situé sur la route mandarine Hué-Tourane, et aujourd'hui sur la voie
ferrée.
En 1907, M. Bogakrt obtint là une importante réserve forestière
CliL-hé Chau.
F[<i. S3. — Exploitation foi-esLière de Thua-Luu.
actuellement en pleine exploitation. On y trouve, au milieu de la
montag-ne boisée, les installations les plus modernes pour la sortie des
bois. Plus de 30 kilomètres de route ont été construits sous bois, on
y verra plusieurs transporteurs aériens auxquels aboutissent des voies
1. On désigne sous le nom de tram, les endroits qui marquaient les étapes le lon^- de la
route mandarine, on y trouvait un lieu de repos et des coolies frais.
Guide de l'Annam. 20
KU
(il IDI'; DI-; I, AN.NAM
DecauvilK' dont on pourra emprunter les lorrys. Dès (|u"on a franchi
le raidillon on a devant soi une vue admirable : toute la Ijaie de (^hu-
Mai encadrée par le col de Phu-Gia à droite et celui de C.au-Hai à
<;auche, deux cours d'eau dans lesquels viennent se déverser les
Cliché Chau.
Fir,. 84. — Thua-Luu. — Les réservoirs.
torrents de la chaîne niontag-neuse y serpentent jusqu'à la mer. qui
borne 1 horizon. Le panorama y est de toute beauté.
Du sommet du raidillon, se rendre par lorry jusqu'à la Cascade où
l'on déjeunera avec le repas froid qu'il faudra emporter de Hué.
Redescendre à 2 heures.
Au retour, et en attendant le train, visiter l'usine elle-même établie
au pied de la montag-ne. Elle fut construite en 1908 par M. Bogaert.
On y installa une scierie mécanique qui débite le bois venant de la
HUÉ lîîo
forêt. De plus l'eau étant réputée comme une des meilleures du pays
est captée par l'usine et transformée en i^lace qui alimente Hué et
Tourane.
La force motrice nécessaire est fournie par l'eau des torrents captée
à 4 et 6 kilomètres de l'usine; il a fallu construire dans la roche un
canal que l'on suit dans la promenade en forêt. Cette eau est amenée
dans deux "grands réservoirs creusés dans le roc à flanc de montagne
constituant un travail gigantesque, et ces réservoirs alimentent alors
une turbine d'environ 220 chevaux.
Hué-Gia-Hoï i6 kil. aller et retour). — Traverser le pont Than-
Thaï, tourner à droite, traverser le pont de Gia-Hoï, visiter : 1" la
pagode des Eléphants qui se trouve derrière le marché à la pointe
même de la presqu'île de Gia-Hoï. pagode taotique; 2" à gauche dans
la rue de Gia-Hoï les pagodes des congrégations chinoises.
Elles sont au nombre de cinq et contrairement à celles de Faifoo
elles ne donnent pas l'impression de richesse artistique qui frappe dans
ces dernières.
Toutes sont à gauche dans la rue de Gia-Hoï qui longe le fleuve.
La première est celle des Chinois de Haï-Nan construite en 1907 et
terminée l'année suivante. Si extérieurement elle est assez belle,
grâce à l'ornementation architecturale relativement poussée, l'intérieur
ne contient rien de particulièrement saillant. L'autel des divinités en
bois sculpté, laqué et rehaussé de motifs dorés, est cependant d'un
travail fouillé et intéressant.
La fête annuelle a lieu le lo*" jour du 6'' mois de Xham-Ti. c est-à-
dire le ^-28 juillet.
La pagode des Cantonnais qui vient ensuite, fut construite en 1892.
L'aspect extérieur en est également séduisant mais l'autel intérieur ne
présente rien de particulier; on remarquera seulement quelques fau-
teuils en bois sculpté d'un travail original, dans la cour intérieure.
La fête annuelle a lieu le lo du l'"'' mois, soit le S niars.
:;(*.
GUIDE DE L A^NAM
Au niveau de rembarcadère des chaloupes chinoises se trouve l'an-
cienne pagode des Chinois de Haï-Nan. La (^ongrég-ation qui en a
Cliché Eherliarclt,
FiG. 85. — Rue de Gia-Hoï.
construit une autre plus grande et plus riche, déjk citée, a laissé
subsister l'ancienne où le culte se pratique encore. Elle fut édifiée en
1849. La fête annuelle se célèbre le 23 du 3" mois, soit le 9 mai.
Un peu plus loin s'élève un petit pagodon aux allures plus annamites
([ue chinoises, celui de la congrégation de Tyên-Ghau. Autrefois situé
près de la gare il fut démoli il y a 10 ans povxr être reconstruit sur
l'emplacement actuel. La congrégation, l'une des plus riches, ne
témoigne guère de ses moyens dans l'aménagement de sa pagode qui
est certainement la plus pauvre de toutes.
La fête annuelle a lieu le 15'' jour du T*" mois, soit le ^7 août.
HUE
lo7
Enfin la dernière pagode, celle des Chinois de Phuoc-Kiên, date de
la T'' année du règne de Tu-Duc, elle fut restaurée une première fois
la 27'' année du même règne, puis en dernier lieu il v a 10 ans, sous
le règne de Than-Thai. C'est la plus ancienne de toutes et la fête
annuelle v a lieu le '27 aoùl .
Cliché Chau.
FiG. 86. — Canal de Done--Ba.
11 faut ensuite continuer la route tout droit, la suivre quand elle
tourne à gauche et revenir par la rue de Minh-Mang. Celle-ci vous
ramène sur le canal de Dong-Ba où l'on visitera la pagode annamite
de Diêu-De curieuse par ses bouddhas; nous recommandons cette pro-
menade qui permettra de plus, aux touristes, d'avoir en passant des
aperçus sur les intérieurs et les jardins d'Annamites aisés.
Hué. — An-Cuu. — Phii-Cam. — A recommander aussi la promenade
du canal de Phu-Cam. Outre que les bords en sont très agrestes, la
l'IS Gl'IDK l)K I.' ANNAM
vit' (les .sainpaiiiers se (.léroule aux yeux des loiu'istes sous ses aspects
les plus variés coninie les plus inattendus. Il est bien rare de se pro-
mener sur ses rives sans avoir sous les yeux des sci^nes de naturisme
intéressantes (jui vous mettent un peu en contact avec des mœurs très
neuves [)our le métropolitain.
Dans les l^rumes du matin ou dans la lumière dorée du soleil couchant
on jouit sur cette voie deau d'ell'ets très pittoresques.
Hué. Descente de la rivière jusqu'à Bao-Vin/i, retour par le canal
de Dong~Ba (8 kil. 500 aller et retour]. — Choisir un sampan confor-
table (l'hôtel le fournira) et descendre la rivière jusqu'au village des
pécheurs : Bao-Vinh où s'arrêtent les jonques de mer à qui leur tirant
d'eau rend difficul tueuse leur montée jusqu'à Hué, revenir par le
canal de l)ong-Ba ([ui longe la (Citadelle à l'est et qui fut construit
sous le règne de Minh-Mang. Promenade de 2 heures 1/2 environ,
très pittoresque au soleil couchant ou au clair de lune.
Hué à Thuàn-An (24 kil. aller et retour). — La route qui mène de
Hué à Thuàn-An au bord de la mer est l'une des plus riantes de la
contrée.
Après une jetée submersible elle traverse une région très peuplée
qu'habitent de riches Annamites, descendants directs pour la plupart
de Gia-Long. Très ombrag-ée, elle est bordée par de hautes haies taillées
dans lesquelles s'ouvrent des portiques de bois ou de maçonnerie. On
aperçoit, au travers, les jardins plantés d'arbres fruitiers qui entourent
de somptueuses cainhas.
On traverse le village de Diên-Phaï, puis l'on suit un petit canal
aux rives plantées de bambous épais et serrés; vers le 6'' kil. l'horizon
s'ouvre et la digue s'allong-e à perte de vue à travers les rizières et les
marais. ( A'tte partie est peut-être la seule en Annam <jui rappelle l'as-
[)eel du delta Tonkinois avec les immenses plames inondées sui- les
HUE
59
bords desquelles, en hiver, on aperçoit encore des tribus d aigrettes et
au grands hérons cendrés.
La brise du large qui y souffle constamment y est particulièrement
agréable aux heures chaudes de l'été. A l'extrémité de la route on
peut traverser en sampan la lagune et après 20 minutes environ aboutir
au grand banc de sable sur lequel existent encore les ruines des forts
annamites qui jadis défendaient 1 entrée de la rivière de Hué. Tout
Cliché Eljerhardt.
Fki. 87. — Les Ixjrcb du canal de Plui-Cam.
près de là s'élève la maison d'été du Résident Supérieur en Annam
dans une situation très heureuse d'où la vue s'étend à liniini sur la
mer de Chine .
Enfin les personnes qui s intéressent à Télevag'e du cheval pourront
visiter la « Jumcnterie » clans l'intérieur et au nord de la citadelle,
vis-à-vis de la Concession.
La junienterie de Hué dont la création remonte à 1900 fut gérée et
administrée parle service de l'Agriculture jusqu'en 1906. Le but de
cet établissement fut alors de poursuivre l'amélioration de la race par
sélection. A la fin de 1906, M. le Gouverneur général Beau promulga
une série de textes destinés à encourager l'élevage en Indochine. C'est
à cette époque qu'en Annam et au Tonkin le service des Jumenteries
fut confié aux vétérinaires du Service Zootechnique et des Epizooties
et que la Junienterie de Hué prit l'extension qu'elle a aujourd'hui.
Les bâtiments de cet établissement occupent une superficie de
3.000"'-, les paddocks et terrains affectés aux cultures fourragères ont
une superficie de 25 hectares environ. Le but povirsuivi est d'améliorer
à la fois par sélection et par croisement la race locale.
L'effectif actuel de l'établissement comporte environ 200 têtes, avec
un point de départ composé de :
5 étalons annamites,
9 juments annamites,
20 juments tarbaises,
23 juments australiennes.
Depuis 1907, une trentaine de produits ont été cédés soit à des
colons, soit à des fonctionnaires.
Les 55 poulinières de diverses races ont donné depuis cette époque
près de 200 produits, ce qui représente une production sensiblement
égale à celle des établissements d'élevage métropolitain.
HUÉ 1(11
En outre de ces promenades on pourra faire les suivantes soit en
pousse-pousse soit en voiture :
Hôtel. — Route du Xam-triao. — Ecran du Roi. — Retour p;ir An-
Cuu : 1) k. (300.
Hôtel. — Arènes. — Route de Tu-Duc. — Esplanade des Sacri-
fices. — Ecran du Roi. — An-(hiu. — • Hôtel : 14 kil.
Hôtel. — Arènes. — Route de Tu-Duc. — Esplanade des Sacrifices.
— Retour par la route du Nani-Giao ; 12 kil.
Programme proposé.
\ Matin : \Msite de la Citadelle. Visite de la Jumenterie.
"' I Soir : Promenade sur la roule de Thiiân-.\n.
\ Matin : \'isite du Palais.
■' i Soir : Visite de la pagode de Thién-Mô.
^ Matin : Tonibeavix de Tu-Duc, de Dongr-Khanh, Usine des Eaux.
f Soir : Promenade à (îia-Hoï. — Visite des pagodes annamites et chinoises.
^ Matin : Esiilanade des Sacrilices. — Tonibeau.v de Tliièu-Tri et de sa mère.
'' ' Soir: ^'isite aux .Vi'ènes el au I.anu-'l'ho.
^ Matin : Tombeaux de Gia-Lon^- et de Minh-Many.
■* ' Soir : Promenade en sampan sur la rivière de Hué voir plus liautj.
, . ; Matin \ ^,,,
0" lour ; c- • I lliua-Luu.
'' I Soir '
Guide ue l'Axnam. 21
Ui2
(iUlDE DR L ANNAM
Ij' 7' jour : ( )n retournera à Tourane afin de prendie le bateau (jui
Iduche Tourane le dimanche pour porter les touristes à Haiphong'.
Toutefois il est bon de signaler que très prochainement un service
d'automobiles sera installé de Tourane-Hué à Vinh par la route man-
darine, traversant par conséquent les provinces de Quang-Tri, de
(Juang-Binh, de llatinii et déposant les vo^^ageurs ;i \'inh oii ils pour-
ront sarrèter dans un hôtel très confortable. La ligne de chemin de
fer qui y aboutit les mènera directement à Hanoï.
(]e service évitera aux personnes qui craignent la mer la traversée
toujours pénible du golfe du Tonkin. 11 leur [)ermelti-a de plus de pai'-
courir des régions intéressantes qui leur donneront une idée d'ensemble
sur le nord de lAnnam.
Distances kilométriques.
Aller et retour
Temps moyen
en voilure ou
en pousse-
pousse
En automobile
en tenant
compte du
temps néces-
saire à la
visite
10 kilciui.
ti.OOO
10.500
10,000
12.000
s. 000
12.400
20,500
27,000
24,000
2 h.
1 b. 1/4
2 h. 1 2 à -^ h.
2 h.
2 b. 12
1 b. 1 4
2 b. 3 1
:5 b. 1 2
5 b.
4 b.
3 4 d'il.
1 2 b.
1 b. 12
1 b. 1/4
1 b. 1 4
12 b.
1 b. 12
2 b.
2 b. 3/4
2 b. 12
IIué-Gia-IIoï et retour par rue de Minh-
Mang cl canal de Donfc-Ba
IIué-Toiip de Confucius
Hué-Laiig-Tho
Hué-Esplanade des Sacrifices
Hué-Tombeau de Thiéu-Tri
Hué-Tombeau de Minh-Mang;
Hué-Tombeau de Gia-Lonj;-
HuéTliuân-An
HUE
63
Ajoutons pour terminer qu'avant deux ans, la grande route automo-
bile Quang--Tri-Savannaket sera achevée et permettra la pénétration
facile et sans dang-er du Laos par des sites d'un pittoresque achevé à
travers un pays presque vierge où la nature garde encore son cachet
merveilleux de terre inviolée.
-n
OrVRAGES A C0\ST'LTK1{
1" Sur rindochine
Ajalbert. Lf^i tlestinpes de /'Indochine Paris, Michaud, 1909.
Doumer. L'fmlochine française. Souvenir^!. Paris, Vuil)erl et Noiiy. \'.)0'.\.
Russier etBrenier. L Indochine françaiin'. Paris, Colin, 1911.
UmbdenstOCk. Guide-alhivn du Inurish en Indochine. Paris, Toiirino-Clul) de
France, 1911.
2° Sur lAnnam.
Chaigneau. Souvenirs de Hué. Paris. Challamel, 1867.
de Pouvourville (Matgioi . L'Annam sanr/lanf. Paris, Chatnuel.
G. Cordhéri. Heures dWnnani. Revue indochi noise., 1913.
Dutreuil-de-Rhins. Le Roijau/ne (TAnnam el les Annamites. Paris, Pion, 11S79.
G. Eberhardt M™" . Le Lanr/hian, fu fur Sanatorium de VAn?iam. Tour du Monde,
n» 23. Paris, Hachette, 1908.
Lagrillère-Beauclerc. A travers l'Indochine.
Lannelongue D>). Un four du monde. Paris, Larousse, 1910.
Launay. Histoire ancienne et moderne de rAnnam.
Capitaine Masson. Souvenirs de VAnnam et du Tonkin.
Georges Maspero. Le roijaume de Champa. Paris, J. Brill, 1914.
Parmentier. Inventaire des monuments c/iams de iAnnam. Paris, Leroux, 1909.
P. Pasquier. L'Annam cVaufrefoix. Paris, Challamel, 1907.
Capitaine Rouyer. Histoire militaire et politique de VAnnam et du Tonkin.
Russier et Maybon. Histoire dWnnam. Hanoï, De Chahert, 1909.
R. delà Susse. Le palais de Hué. Revue indocliinoise, 1913.
TABLE DES FIGURES
1. La Toiii- centrale de Po-Klouu-Garaï (Cliché Carbillet) G
2. Route de la Cascade-Dran (Cl. du D'' Thierry 22
3. Route du Bosquet à Dalat CI. du ir Thierry 23
4. Délégation de Dalat Cl. du D'^' Thierry» 24
5. Cascade de Kanily (Ci. Eberhartlt) 25
(). Femme Moï (Cl. D'" Thierry) 26
7. Mois Cohos (Cl. Eberhardt ' 27
8. Carte de toute la région entre Phanthièt, Djiring, Dalat et Phanrang. . . 28
9. Phanthièt. Le pont sur la rivière (Cl. Plucinzckil 29
10. Neutoung, route de Djiring (Cl. du D'' Pic) 30
11. Tram de Yankar (Cl. du D'' Pic) 31
12. Djiring. Troupeau de buffles (Cl. Canivel' 32
13. Musiciens Mois (Cl. Eberhardt) 33
14. Récolte du sel aux salines de Trai-t^a. 34
lo. Baie de Camranh. Panorama . 37
16. Le séchage du poisson au bord de la Lagune 38
17. Tourane . Hôtel Morin 43
18. La Porte d'Annam au col des Nuages (Cl. Rabaud) 47
19. Montagnes de marl)re. Vue générale (Cl. Eberhardi 48
20. Les grottes de marbre. L'Étang (Cl. Eberhardt 49
21. Pont en ciment armé sur le Song-Quang-Nara 51
22. Pagode des Cinq Congrégations (CL Eberhardt) ">6
23. Pagode de la Maternité (Cl. Eberhardt) o8
24. Thé indigène. Triage à la main (Cl. Co) • •'•9
23. Plan d'ensemble des ruines de My-Son 62
26. Temple de Myson. Détail des groupes A et A' 64
27. — — Détail des groupes B, C, D, E, F, G et II 66
28. Panorama des mines de Bong-Mièu (CL Eberhardt) 70
29. La balance et le plan incliné (Bong-Mièul (Cl. Co 72
30. La station centrale (Bong-Mièu) 74
31. Nông-Son. Le charbon est amené au criblage 75
32. Le criblaae vu de face ■ 76
lis
l'Ai'.i.i: i)i:s FKii i!i:s
'.V.\. douloii' i| c'iiil)ai(|ui'iiieiil du cluiiliou sur les j<>iii|ucs 77
•Ti. .loïKiuos (raiisportanl k; charbon de la iiiiiic ;i Touraue 7S
:v:,. Plantation de thé de MM. Deroberl et Fiard (Ci. Co) 80
.{(i. l{()uto de Quanfi;--Ng-ai à Son-Tinh (CI). Clioulol; Hd
:i7. Le poste de g-arde indigène à Son-Tinli (Cl. Clioulet ,S7
:{S. Lièn-Chièu et la l)aie de Tourane i (^1. Rabaud > i);j
.51». Tluia-Luu . Usine Bogaert (Cl. Chau 95
40. Plan des environs de Hué 98
41 . Hué. Hôtel Morin (Cl. Chau 99
42. l^lan du tombeau de Tu-Duc i P. E.) 102
4:5. L'embarcadère et les bains (Cl. Ebei'hardt] IO;j
44. La stèle (CL Chau) 104
45. Tombeau de Dông-Kanh (Cl. Eberhardt i lO;!
46. Porte d'entrée du tombeau de Dông-Kanh (Cl. Chau ' . 10(1
47. Usine des eaux (Cl. Chau) 107
48. Plan du Tombeau de Thiêu-Tri (P. Ei 10'.»
49. La porte monumentale de la pagode sacrée (Cl. Chau 110
oO. Le pavillon de la stèle et les jardins 111
51. Plan du tombeau deOia-Long (P. E.) 112
Pagode du tombeau de la mère de Gia-Long (Cl. EberhardI ) 1 Ui
^)Z
5:L Tombeau de Gia-Long (Cl. Chau) 114
54. Tombeau de la 2'' femme de Gia-Long 115
55. Village sur pilotis près du ])anc de sable ,C1. EberhardI 1 Ui
.■■>(■). Plan du tombeau de Minh-Mang ( P. E.) 118
57. Cour d'honneur (Cl. Chau) Il'-'
5S. Belvédère au bord des étangs (Cl. EberhardI 120
il'.l. Pavillon de repos i ('.1. Eberhardt) 121
(')(). Le mamelon sacré où repose le corps de Minh-Mang [VA. Eberhardt).. . 122
r.l. Plan de Hué et de la Citadelle (P. E.) 12V
62. Le Quoc-Tu-Giam et la Bibliothèque (Cl. Eberhardt I 2.'i
iV.\. Le palais du Comat (".1. Chau) 12(1
6'f. L'autel du sacrifice à la Terre i Cl. Eberhardt I 2'.i
6."i. La porte du Ngo-Môn I •<••
66. Mirador, fossés et Cavalier du Roi (Cl. Chau) LJl
67. Un des familiers de la citadelle (Cl. EberhardLi i:^2
6S. Plan du Palais iP. E.). .. . . 134
69. Porte du Noï- Vu (Cl. Eberhardt) I ^i"'
70. Porte du Trièu-Miêu (CI. Dumoutiei'l 1-^li
71. Le Thai-Hoa ou Salle du Trône (Cl. Eberhardt) \M
72. Le trône de l'Empereur au Thai-Hoa Cl. Dumoutieri l'M
TABLE DES FIGURES 169
7.'^. Porle Dorée ou Daï-Cung-Môn (Cl. Eberhaidt I ;v.)
74. Le Caractère Phuc dessiné par Thièu-Tri (Cl. Duinoutien 140
7;i. Le bassin chinois du Pliung-Thien (Cl. Eberhardt) 144
76. Portique du Thê-Mièu (Cl. Dumoutier) 14.')
77. Les urnes en bronze du Hung-Miêu (Cl. Cliau) 146
78. L'urne consacrée à Gia-Long (Cl. Dumoutier) 147
79. Face intérieure du Ngo-Mon (Cl. Dumoutier) 148
80. Coude de la rivière avec la tour de Confucius (Cl. Chau 149
81. Tour de Confucius (Cl. Eberhardt) 150
82. Usine du Lang-Tho (Cl. Chau) 151
83. Thua-Luu. Exploitation forestière (Cl. Chaui 153
84. Thua-Luu. Les réservoirs (Cl. Chau) 1.54
85. Rue de Gia-Hoï (Cl . Eberhardt) 1 5(i
86. Canal de Dong-Ba (Cl. Chau) . 157
87. Les bords du Canal de Phu-Cam (Cl. Eberhardt 159
GuiriK HE l'An.n.vm.
CAPiTHS HORS TEXTE
1, Siul-Auiiain 21
II. ( leiilre-Aiiiiiim 43
III. Noid-Aiiiinm 164
TABLE DES MATIERES
Paries
Résumé historicjue sur lAnuaiu 9
Généralités I '">
Renseignements généraux 17
Climat. Saisons. iMiuipement. Précautions à prendre.
Itinéraires 18
De Phanrang au Lang-Bian 21
De Phanthiet à Djiring 29
De Phanrang à Nhatrang 34-
Camranh 36
Nhatrang 40
Toui'ane 43
Tourane. — Cam-Lè. — Tourane. — Roule mandarine. — Marché de
Tuy-Loan. — Tourane, Tuy-Loan, Phu-Thuong, Tourane. — Tourane,
Xghi-An et retour. — Tourane, Phu-Thuoug et retour. — Tourane,
bord de la mer, Thanh-Khè. — Tourane, col des Nuages.
De Tourane à Faifoo -^O
Faifoo ^2
Points intéressants à visiter dans le (Juang-Nam (il
Groupe des îles Cu-Lao-Cham. — Excursion aux ruines chames de
Dông'-Duon"-. — Ruines de Mv-Son. — Phu-Làm. — Tamkv. —
Mines d'or de Bông-Miêu. — Mines de zinc de l)uc-Bô. — Tra-Kièu,
citadelle chame. — Tramy. — Mines de charl)on de Xùng-Son.
Promenades à faire de Faifoo "9
Horaire 82
De Tamky à Quang-Ngai 8l>
Points intéressants de la province à visitei- 89
Les norias du Quang-Ngai. Domaine de S. E. Nguyèn-Thàn. —
Village chinois de Thu-Xa. — Ruines chames de Clianli-Lô et de
Châu-Sa. — Montagne de Thièn-Au. — Thach-Tru.
Horaire du Quang-Ngai 90
De Tourane à Hué ^3
Hué ^~'
172 lAULK DKS >IAIIKIthS
1,1's lombi-aiix des EuipcrtHUs. KM)
Tombeau de Tu-Duc, [). t()2. — Usine des eaux, p. 107. — Tombeau
de Thiêu-Tri, p. 108. — Tomlieau d<' (iia-Long-, p. 112. — Tom-
beau de Minh-Mang, p. 117.
La ciladelledo llué 125
Ouoc-Tu-Giam. — Couiat. — Jardin d'été. — Mang--Ca. — Conces-
sion. — Autel de la tète du Labour. — Camp des lettrés. — Pagode
tle Duc-Duc. — L'Observatoire. — Porte du Ngo-Môn. — Le Cava-
lier du Roi.
Le Palais du Roi 1 .34
Renseiguenn'nts généraux. — - Porte du Noï-Vu. — Trièu-Miêu et Tiiai-
Miêu. — Le Thai-IIoa. — Dai-Cung-Môn. — Salle à manger. — Le
Can-Chanli. — Le Musée, pagode de Phung-Tien. — Thè-Miêu et
Hung-Miêu.
Tour de Confucius 150
Lang-Tho 152
Thua-Luu 152
Gia-Moï et pagodes ciiinoises 155
An-Cuu. Phu-Cam 1 57
Descente de la rivière jusqu'à Hao-Vinh et retour par le canal de Dong-Ba.. 158
Thuân-An l.iH
.lumenterie . 160
Programme proposé 161
Distances kilométriques 162
Ouvrages à consulter 165
Table des figures 167
Cartes hors texte 170
Table des matières 171
MAÇON, r-ROTAT FRERT-S, IMPRIMEURS
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